Digitized by the Internet Archive
in 2009 witii funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/languesmodernes18asso
"4/
L
Supplément des Langues Modernes
de Janvier- Février 1921
TABLE DES MATIERES
Pour l'Année 1920
Bulletin de l'Association
Pages
Annuaire de l'Association pour 1!)2() 298
Avis aux Sociétaires 1
Avis important Hl, 185, 297, 401, W;î
A nos Collaborateurs 185, 297, 401, 49.'}
Livre d'Or 2, 18f>
Assemblée générale du IS décembre 1919 5
Assemblée générale du 8 févriea" 1920 200
Statuts adoptés par l'Assemblée générale du 22 décembi'e 1910.. 20
Réunions du Comité " 8.3, 60, 188, .'524, 402
Adhésions nouvelles 86, 215, ."ÎIW, 408, M[\
Etude de l'allemand 87, 199, 326, 409, ."lOH
Uéunions Pédagogiques 88, 192
Section Régionale de Poitiers 21. 89
Section Régionale de Lyon 95, 208, .500
Section Régionale de Toulouse 204
Section Régionale de Clermont-Ferrand 837, 411, 497
Section Régionale d'Aix-Marseille .'{37, 414
Section Régionale de Rordcaux 496
Témoignages étoulïés 200
Note sur l'anglais et l'allemand obligatoires pour les (Candidats
aux Grandes Ecoles • 3'28
Situation de la Société au 1 " octobre 1920 409
Correspondance
Lettres à M. le Recteur de l'Académie de Paris 331, .332
Lettre de M. le Recteur de l'Académie de Paris 332
Lettre au Ministre de la guerre 333
Lettre au (îéuéral Serrigny .'134
Lettre de M. le Directeur de l'Enseignement Supérieur 335
Lettre de M. le Directeur de l'Enseignement Secondaire .'135
.I^ettre à certains Membres du (Conseil Supérieur 335
Note à M. Louis Marin, Député .'536
Lettre de M. Rancès, Délégué au (Conseil Supérieur 214
Lettre de M. Camerlynck .504
Correspondance avec le Vice-Président de la Eédéralion 505
Lettre de M. Pierre Legouis ."i09
Réponse du Président de l'Association à M. P. Legouis 510
Lettre de M. Rancès au Hédacteur en chef du liiiUetin 511
Nécrologie
Darriulat (M. Hancès) 166
L.-(l. Hitz (.1. (lommarmond) 167
M. Lucien Poincaré (ICmiie Legouis) 271
Albert Maffrc (L. E.) 272
M. Lematle 273
Auguste (iuiliaunu- (L. Beaujeu) 16;!
Articles d'information, de Pédagogie eu de Critique
L.-W. ('.ART. — * Si nous parlions des Compagnons ? ;;it
P. Lannes. — L'Abandon de l'allemand et les Initiatives à prendre 97
M. LoRAXS. — A propos d'une Annonce 100
M. Rangés. — L'Epreuve des Langues \'ivantes au (Conseil
Supérieur 102
G. HiRTz. — La Méthode des Résultats 111
E. GoiRio. — De la .Méthode Directe 1;4
G. BiAXQUis. — De l'Inconvénient que présente pour les Acadé-
miciens l'Ignorance des Langues \'ivantes 122
M. Mu.NON. — L'Accord Interscolaire Franco-Italien V2Ô
E. Kanceli.ahv. — Lettre d'un Professeur Français à un Profes-
seur .\llemand 8i»
Léo Pard. — La Pédagogie Gaie 21(), 341
M"'« Albert. — Les Langues vivantes à l'Ecole Normale 219
G.-E. Broche. — Les Langues Vivantes au Congrès Régionaliste
d'Ai.\-en-Provence 22.")
G. HiRTZ. — La Réforme Scolaire en Allemagne ;U2
MoNGiTLLON. — Le Certificat Primaire de Langues Vivantes .... 349
A. RivoALLAS. — L'Esprit qui Vivifie 41()
G. HiRTZ. — La Reichschulkonferenz 428
G. d'Hangest. — Orthodoxie et Autonomie ôi:;
Chroniques Etrangères
M. LoRAXS. — Notes Anglaises l.'^l, 227, 357, 433, 533
G.-E. Broche. — Notes Rhénanes 140, 244, 366, 438, 543
G. BocssAGOL. — Notes Espagnoles 144, 24.S
G. Meyer. — Notes Américaines .'il, 252. 547
J. Denis. — Notes Allemandes 235, 360, 537
G. HÎRTZ. — Il n'y a pas que chez nous 442
P. Paoli. — Notes Italiennes 549
Bibliographie
(Les noms des auteurs de comptes rendus sont donnés entre
parenthèses).
E. Rochelle. — Mon livre de Français (Ch. N'eilkt-Lavallée). . . 54
DE V. Payen-Pavxe. — Frcncli^dioms et Provcrbs (Ch. \'. L.).. .55
A. HoRNBLON. — A History of the Théâtre in America (G. .Meyer). 157
H. DoNALi>soN. — The Praclicai Book of Interior Décoration
(G. Meyer) 157
L. Gi iLLET. — L'Enseignement Technique Supérieur 157
M. Berger. — La Nouvelle .Allemagne ((i. Raphaël)., 15.S
Lluenuorfk. — Mes Souvenirs de Guerre (G. Raphaël) 158
Général Buat. - - Liidendorlï (G. Raphaël) 1,59
F. Delattre. La Pensée de Newman ((;. Cliemin; 159
P. VvoN.— Traits d'L'nion Noimands avec l'.Angleterre (C. Chemin) 160
.I.Gaument et Camille CE. — LesCliandelles ÉteintcsfG. d'Mangest) l(i2
Cloi deslev-Bhereton.— Mystica et Lyrica (Cli. N'eillct-Lavallée) 2.56
Rev. H. -F. Ste.wart. — The Hoilncss of Pascal (H. Dupré) ... 257
E. BoNAKEÉ. — Dictionnaire des .Anglicismes <P. (^Iiauvet) 2.59
Robert Dell. — My Second Country (.1. Bezard) Jlil
- 4 —
L. N'iLi.ARD. — La F'emme Anglaise au xi.v siècle (H. Hovelaquc) '2iV2
D' H. Frenzell. — Gœthe unser Fûhrer durch die Zeit der
schweren Not (M. C.) '. 'ifiô
G. ^'AHE^•NE. — Le Malaise de l'Université et la Doctrine des
Compagnons (L.-W. Cart) 267
E.-V. DowNS. — Englisli Literature (G. d'Hangesl) 'JfiiS
John Gaesworthy. ^ Tatterdemalion (G. d'Hangest) 2(i9
G. Raphaël. — Walter Rathenau (A. Godart) ;5H9
H. Lightenberger. — Faust (1" partie), traduction (A. Godart). ;570
H. Bradley. — Relations between Spoken et Written Language
(P. Chauvet) 371
O.-H. Prior. — French Studies et France (G. Joussaume) 372
E.-A. Craddock. — The Class-Room Repuhlic (G. d'Hangest). . . 372
P. Lapie. — Pédagogie Française (G. Joussaume) 443
A. Lefraxc— Sous le masque de William Shakespeare (A. Koszul) 44()
E. Laivrière. - E. Poe, Contes et Poésies (L. Lemonnier) 44.S
Lee Holt. — Paris in Shadow (G. Joussaume) 449
C.-R.-L. Fi.etcher. — The Great War (G.-E. Broche) 4r)0
R. Stlrel. — Baudello en France au xvi« siècle (G.-E. Broche). 451
H. Baixhe. — Le Langage populaire (P. Cliauvet) 452
Grifi-on. — Recueil de Documents Allemands de la Grande
Guerre (G. Varenne) 453
P. Passv. — Conversations Françaises en Transcription Phoné-
tique (G. d'Hangest) 454
WissEMAXS. — Code de l'Enseignement Secondaire 455
Mai;geis de Bourglesdo.n. — Les Sténographes Pohglottes
(G. d'Hangest) 455
D. Sai:uat. — lilake and Milton (L. Cazamian) 554
D. Salrat. — La Pensée de Milton (P. Chauvet) 554
P. Godet. — La Pensée de Schopenhauer (G. Raphaël) 558
M. Mlret. — La Littérature Allemande pendant la Guerre
(G. Raphaël) 558
E.-A. Peers. — The Organization of Educational Experiment
(Ch. V. L.) 559
J.-M. Kkvnes. — Les Conséquences Economiques de la Paix
(M. Basserrc) 500
Sir A. T. QuiLLEK-CorcH. — The Kings Treasuries of Literature
(G. d'Hangest) 5()2
Anatole Graixdkmil. — On demande des Lycées Modernes (G.
d'Hangest) 5(13
Soutenances de Thèses Km, 373
Revue des Revues i()5, 374, 455, 5G4
Notes et Documents
Cirnildiri'ft, Arrclés el Di'crcls Miiiisléricls :
Arrêté relatif à la Session Spéciale d'Agrégation en 1020 72
Décret relatif an Recensement des Professeurs Chargés de Cours
dans les Lycées de Garçons 75
Circulaire relative au Frais de Déménagement à déduire de
l'Impôt sur le Revenu 7(1
Décret (lu 22 1 U)2(t relatif aux Nouvelles Epreuves du Baccalauicat 170
Circulaire relative aux Listes d'Auteurs Etrangers pour le Brevet
Supérieur en 1920 l^J
Circulaire relative aux Nouvelles Epreuves du Baccalauréat 275
Décret du 13 2 21, relatif à l'Admission à lEcole Normale Supé-
rieure et aux Bourses de Licence -^t'
Arrêté du 12/3 20, fixant la date d'application du Décret du 12 2 21,
relatif aux Nouvelles filpreuves -'' '
Arrêté du 6 3, fixant le nombre des candidats à recevoir aux
différents concours de 1921 277
Arrêté relatif aux concours de 1920 '-^'
Licence d'arabe instituée à Bordeaux et à Lyon (Arr. du 7 4) . . 278
Arrêté du 18 3, fixant le nombre des candidats à recevoir 278
Circulaire relative aux Certifiés de L. V. (25 2) 279
Dégrèvements de frais d'études (Décret du 25 3) 280
Le russe et l'arabe au Baccalauréat (Arr. du 3 5 20) 46(1
Arrêté modifiant les Programmes des Ecoles Primaires Super--. 570
Renseignements divers :
Ecoles Anglaises 71
Nouvelle Loi Scolaire en Saxe 72
Les Langues ^'ivantes à l'Ecole Polytechnique et à St-Cyr 170
Chaires et Services d'allemand 171
Visite à M. le Directeur de l'Enseignement Secondaire 171
Séjours à l'Etranger 172
Postes vacants en Italie 173
Créations ou Suppressions de Chaires, Cours et Instituts :
Université de Paris ;'83, 5(i«
Université de Toulouse 383, 46(5
Université de Nancy 4(i(i
Université de Grenoble 467
Université de Lyon 568
Université de Bordeaux 5(58
Université de Strasbourg 568
Université de Bennes 5(58
Bibliothèque Américaine à Paris 175
Fédération Nationale 180
Les Langues Vivantes aux Arts et Métiers (Ch. \ . L.) 281
L'anglais à l'atelier (Ch. V. L.) 281
Séjours à l'Etranger (Ch. V. L.) '^82
Postes tlAssistants en Anglererre (B. Gallant) 283
Visite au Becteur de l'Académie de Paris 283
iModern Humanities Bescarch Association "286, 467, 567
La Crise du Livre 280
Association des Institutrices Diplômées 28(1
Université de Londres ((2ours de ^'^acances) 287
Université de Strasbourg (Cours de Vacances) 288
Séjours en .-Mlemagne occui)ée 289
Lycée tie Mayence ((lours de \'acances; 289, 339
Bureau International d'Education 290
Les Langues \'ivantes au (;r)nseil Supérieur 378
\'a'U de la Société des Professeurs de Français 379
Diplômes de l'Université de Strasbourg 380
- 6 -
Bourses (Commerciales de Séjour à l'Etranger '.<iil
Bourses Industrielles de ^^oyage à l'Etranger 388
Chaires de français vacantes aux Etats-Unis ;{88
Convention Universitaire entre la France et la Serbie .'590
Préparation des Professeurs de français à l'Etranger 4(i(5
Indemnité des Examinateurs au Baccalauréat 4(i7
Admissibilité au Certificat Secondaire (Réponse du Minisire à
Question écrite) .")68
Date de publication des Nominations ..:...... ô(>8
Cours de (iarnison 'ûO
A propos de la Nouvelle Licence Ô71
Examens et Concours :
Dates des Concours en 1920 7(5
Programme de l'Agrégation d'anglais pour 1920 72
Note relative au Programme de l'Agrégation d'anglais en 1920.. 175
Réductions des Programmes des différents Concours en 1920 ... 7;{
Programme du Certificat d'Aptitude à l'Inspection Primaire et à
la Direction des Ecoles Normales 74
Auteurs Etrangers du Brevet Supérieur 74
Epreuves orales du Certificat d'allemand 77
Compositions données au Baccalauréat 78, 79
Programmes des Licences de langues à Strasbourg, pour 1920 et
1921 17;$
Sujets d'Examens et de De\oirs.:
Hautes Etudes Commerciales 177
Enseignement des Jeunes Filles 294
Epreuves du (lertificat Secondaire d'anglais (Avril 1920) 294
Epreuves du Certificat Secondaire d'allemand 39()
Epreuves de l'Agrégation d'allemand (Section Normale) 475
Epreuves du (Certificat Secondaire d'allemand (S. N.) 477
Epreuves de l'Agrégation d'anglais (S. N.) 478, 571
Epreuves du Certificat Secondaire d'anglais (S. N.) 480
Epreuves du Certificat Secondaire d'allemand (S. N.) 482
Brevet d'Etudes Primaires Supérieures .^. . . . 484
(Concours d'Admission à l'Ecole Polytechnique 398
Epreuve du Concours d'Admission à l'Ecole Navale 400
Modification du Programme d'Admission à l'Ecole Navale 5(59
Programme de l'Agrégation d'allemand en 1921 4(58
Programme de l'Agrégation d'anglais en 1921 468
Programme de l'Agrégation d'espagnol en 1921 4(59
Programme de l'.Kgrégation d'italien en 1921 470
Programme de l'Agrégation d'arabe en 1921 474
Programme du (Certificat Secondaire d'allemand en 1921 .^ 470
Programme du (Certificat Secondaire d'anglais en 1921 470
Programme du Certificat Secondaire d'italien en 1921 471
Programme du (Certificat Secondaire d'espagnol en 1921 471
(Certificat d'Aptituile des (Classes Elémentaires 471
Agrégation de l'Enseignement Secondaire des Jeunes Filles 472
(Certificat d'Aptitude à l'Enseignement Secondaire des Jeunes
Filles, et Admission à Sèvres 472, 474
ICpreuves du (Certificat Secondaire d'espagnol (S. N. 1921) 574
ICpreuves du (Certificat Secondaire d'italien (S. N. 1921) 577
Epreuves du Certificat Primaire de L. V 578
Résultats des Concours de 1920 082
Coellicients des Epreuves des Concours Secondaires en 1921 .... 584
Programmes des Certificats Primaires de L. V. en 1921 587
Programme du Certificat d'Aptitude au Professorat dans les E.N.
Primaires et d'Admission à St-Cloud et Fontenay-aux-Roses. 588
Extraits de la J^rcssc :
Réformons (La Victoire) 276
Les Compagnons et les Langues X'ivantes (L. Caz.\mi.\n, Solidarili') 284
Les Idées du Recteur de l'Académie de Paris {Tcmj)s) 379
Les Langues \'ivantes et les Leçons de la Guerre (Information). 390
Faut-i! apprendre l'allemand ? (Informateur Civique) 393
Faiit-il apprendre l'allemand ? (Démocratie Nouvelle) 393
Les Langues Etrangères dans l'Enseignement Supéiieur 393
Moiweimnl du Personnel 63, 181, 291, 395, 485, 590
Tableau d'Avancement 487
Promotions de Classe. ' 488
Dix-huitième année. — N' i Janvier-Février 1920
Les
Langues Modernes
L'Assemblée générale du 18 décembre 1920 a
porté la cotisation des sociétaires à 10 francs
par an pour la France, à 14 francs pour l'Etran-
ger ; l'abonnement à la Revue sera de 12 francs
pour la France, de 14 francs pour l'Etranger,
d'autre part, « Les Langues Modernes » paraîtront
désormais tous les deux mois.
Avis aux Sociétaires
'La Rédaction s'efforce actuellement,, malgré la persistance
des difficultés de publication issues de la guerre, et conformé-
ment à de nombreux désirs, de rendre à bref délai aux Lan-
gues Modernes leur caractère compréhensif de 191'f. Organe
de défense corporative, elles tendront en outre à grouper,
sous une forme concise, les renseignements d'ordre général
que l'éloignement des centres d'études, la cherté des livres
et des revues, ou la lourdeur des tâches professionnelles,
tiennent hors de portée pour tant d'entre nous.
Au premier plaii de cette reconstitution figure la reprise des
chroniques composant jadis Le Mois à l'Etranger, où trouve-
ront leur écho les mouvements, problèmes sociaux ou politi-
ques, les livres et les faits significatifs pour chacune des races
dont les langues et les cimlisations sont l'objet de notre en-
seignement.
A ces « notes étrangères » nous tenterons de joindre une
bibliographie critique, à la fois succincte, claire, et suffisante
pour épargner au lecteur qu'échappent à sa curiosité /es*
quelques livres autour desquels s'oriente la réflexion du public
l LES LANGUES MODERNES
instruit. Mais pour assurer à cet effort son aboutissement,
nous faisons appel dès maintenant à la collaboration de
tous nos collègues, ni copieuse, d'ailleurs, ni concentrée sur
des sujets trop particuliers :. il importe et il suffit qu'à la lec-
ture de tout livre étranger digne d'attention, un compte-rendu
soit envoyé à notre rédacteur. La diversité des sources de
cette documentation, dont la plus grande partie sera certai-
nement publiée, ne contribuerait pas peu à la vie du Bulletin,
et lui assurerait de nombreux points de contact avec l'en-
semble de l'Association, en augmentant pour tous sa valeur.
Le grand nombre de communications reçues à la suite du
référendum d'avril 1919 au sujet de la réforme des épreuves
du baccalauréat, ne nous permet pas de douter que les mem-
bres de notre groupement veuillent affirmer encore leur soli-
darité sous cette forme nouvelle.
Dans le prochain numéro, nous espérons pouvoir publier
des Notes Anglaises, Allemandes, Espagnoles, Italiennes et
Américaines.
AU CHAMP D'HONNEUR
LE LIVRE D'OR"'
VINGT-SEPTIÈME PAGE
CITATIONS
BÉ/AEH, Oliicier Interprète de 1" classe, à la 1(5' D. I., profes-
seur d'allemand au lycée d'Orléans :
« Interprète à la W Division d'infanterie depuis le début
de la guerre jusqu'en septembre 1917.
« A rendu d'excellents services soit comme interprète,
soit en exécutant des missions en secteur, spécialement
l)endant la bataille du 17 avril 1917. » (Ordre de la bri-
gade).
LoisKL {Ernest-l*aul), professeur d'allemand, inspecteur d'aca-
démie à Aurillac, oilicier interprète de 1" classe à l'état-
major du !{()' corps d'armée :
(1) La rédaction sera reconnaissante à tous ceux qui voudront
bien l'aider à mettre à jour le Livre d'or en lui conini.iniquant
les renseignements qu'ils possèdent.
AU CHAMP D HONNEUR ^
« Au cours de plus de deux mois de combat, a interrogé
près de treize miile prisonniers et s'est rendu à plusieurs
reprises en première ligne pour pouvoir renseigner plus tôt
le commandement. A pleinement justifié à nouveau la con-
fiance absolue de ses chefs dans sa haute valeur person-
nelle. » (Ordre du corps d'armée.
ScHouMACKER (Lucien-Jean-Joscpli), professeur au collège de
Saint-Dié (Vosges) :
l"^" citation :
« Sur le front sans interruption depuis le début de la
campagne, n'a cessé de rendre les plus grands services par le
courage et l'habileté avec lesquels il a rempli toutes les mis-
sions et reconnaissances qui lui ont été confiées en première
ligne, notamment en des circonstances difficiles au feu, en
Lorraine, en Belgique et à Verdun. » (Ordre du régiment,
21 août 1917).
2" citation :
« Officier interprète d'une division, a montré dans
l'accomplissement de ses fonctions les plus belles qualités de
bravoure et de dévouement ; le 13 juillet 1918, afin de
recueillir plus tôt des renseignements sur une attaque enne-
mie probable, a demandé à aller faire en première ligne le
premier interrogatoire des prisonniers, rapportant ainsi des
renseignements très précieux. » (Ordre de la division du 5
août 1918).
3" citation :
« Le 9 octobre, devant Orfeuil, appelé à l'improviste à
remplacer, au centre de renseignements avancé, son cama-
rade blessé, s'est acquitté de sa mission avec courage et
sang-froid, sous un bombardement des plus violents, et a
tenu constamment l'Etat-Major parfaitement au courant de
la tournure du combat. » (Ordre de la division du 7 novem-
bre 1918.
LÉGION d'honneur
Chevalier
LoRANs (Marcel), professeur de lettres et d'allemand au collège
de Neufchâteau (Vosges), capitaine au lO" régiment d'infan-
terie :
« Ofllcier de devoir, brave, compétent, très énergique,
s'est remarquablement conduit pendant les dernières ofTen-
sives, particulièrement au cours- des attaques de l'Ourcq
4 LES LANGUES MODERNES
(juillet et août 1918) ; a été grièvement blessé le 24 octobre
1918. — Une blessure antérieure. — Une citation. »
MÉDAILLE MILITAIRE ANGLAISE
NÉMo, professeur d'anglais au collège de Menton, brigadier
interjDrète au 19" escadron du train des équipages militaires :
« Pendant le bombardement de B..., des 11 au 15 mars
1918, puis quotidien à partir du 18, s'est constamment
dévoué, organisant par toute la ville des services d'ordre et
de sauvetage. Malgré le bombardement, s'est porté au
secours des victimes ensevelies et par son attitude a contri-
bué à maintenir le calme parmi la jjopulation. »
•
b'
ASSEMBLÉE GENERALE
du 18 décembre 1919
L'assemblée générale de notre Association a eu lieu cette
année le jeudi 18 décembre, à 3 heures, au Lycée Louis-le-
Grand, sous la présidence de M. Pinloche, président de l'Asso-
ciation.
Après avoir déclaré la séance ouverte, le Président prononça
l'allocution d'usage, puis le Secrétaire Général et le Trésorier
donnèrent lecture de leurs rapports qui furent adoptés après
une discussion dont on trouvera plus loin le compte rendu.
Allocution du Président
I,e Président rappelle d'abord les noms des sociétaires décédés
au cours de la j)résente année : MM. Coiidray (Nogeiit-le-Retrou),
iJardel (Montargis), Letouzeij (Artois), Guingonin (Cliarleville),
mort au champ d'honneur, Darriulat ((^ondorcet), auquel notre
collègue Hovclaque a consacré un article nécrologique dans le
dernier numéro de la Revue des lamfues vivantes, et Miss Wil-
liams, directrice de la Guide internationale, et adresse à leurs
familles l'expression de ses condoléances les plus sincères au
nom de l'Association.
Il envoie aussi un souvenir et des vœux particulièrement
S3'mpathiques à Mlle Weiller, trésorière de l'Association, momen-
tanément séparée de nous par son étr.t de santé, et ses profonds
remerciements au nom de tous à M. L.-\V. Cart, vice-président,
qui a bien voulu assumer à titre intérimaire les délicates fonc-
tions de la trésorerie.
Il souhaite ensuite la bienvenue aux nombreux sociétaires
revenus à leur ])oste après avoir participé et souvent avec éclat
à la défense nationale, ainsi qu'en témoignent les innombrables
citations du Livre d'or de l'Université.
Puis il rend compte des travaux de l'Association en 1919 dans
les termes suivants :
Notre activité en 1919
•Te n'étonnerai personne en disant que la plus grande partie
de notre activité cette année-ci a été absorbée par notre réfé-
rendum sur la question de la réforme des épreuves de langues
vivantes au baccalauréat. Cela ne nous a pas empêchés toute-
fois d'apporter notre soin habituel aux allaircs courantes, plus
multiples que jamais à cause de la liquidation de la guerre, et
d'obtenir dans la plupart des cas des solutions satisfaisantes.
L'élection au Conseil Supérieur. — 11 en est une i)ourtant où
nous nous sommes trouvés, bien malgré nous, dans l'impossi-
bilité d'agir en tant que vSociété : c'est celle de l'élection de
b LES LANGUES MODERNES
notre délégué au Conseil Supérieur. C'est en eft'et le 25 novem-
bre seulement que nous avons été avisés olliciellement, à Paris
tout au moins, que les élections étaient fixées au 28. Sans
doute nous l'avions déjà entendu dire quelques jours avant,
mais trop tard pour pouvoir faire autre chose que de provo-
quer une réunion des électeurs parisiens, le 20 novembre, où
l'occasion fut donnée aux candidatures de se produire L'uni-
que candidat qui se soit présenté, notre collègue d'anglais
M. Rancès, qui avait déjà fait partie du Conseil Supérieur, a
été élu, comme vous le savez, et je m'empresse de lui en expri-
mer nos vives félicitations. Mais nous ne pouvons nous em-
pêcher de regretter, comme il l'a fait lui-même, la précipi-
tation avec laquelle s'est accompli cet acte si important et
qui lui a certainement enlevé l'ampleur qu'il aurait dû
avoir.
/Votre référendum
J'arrive maintenant aux résultats de notre référendum, qu'il
m'est particulièrement agréable de vous faire connaitre.
Vous vous rappelez que cette grande consultation fut décidé*?,
sur ma proposition, à la suite de la réunion pédagogique du 6
février, dans laquelle furent discutés les points essentiels de la
réforme que vous désiriez. Votre Comité fut comme moi d'avis
qu'il y avait lieu d'inviter à }• prendre part tous les professeurs
de langues vivantes de l'enseignement public, sans exception,
membres ou non de l'Association, et appartenant à tous les
ordres d'enseignement.
Le nombre inespéré de réponses (467) qui parvint au
Comité dans les délais fixés, c'est-à-dire pour la rentrée de
Pâques, prouve quelle importance nos collègues, dans tous les
ordres d'enseignement, attachaient à cette première réforme et
combien ils ont eu à coeur de travailler en commun, au seuil
de la paix, à la solution d'un problème dont dépend le sort de
nos études de langues vivantes, lié si étroitement à l'avenir de
notre pays. (Voir le Questionnaire et les résultats du référen-
dum dans le n° 2 des Langues modernes de 1919).
Mis au courant dès le début, par le président de l'Associa-
tion, de ce mouvement d'opinion dont la vigueur et la cohé-
sion, non moins que la sûreté d'orientation, ne pouvaient
manquer de le frapper, M. le Directeur de l'enseignement
secondaire ne lui ménagea pas ses errcouragements. Et devant
les résultats si nets du référendum, il voulut bien constituer
une Commission des langues vivantes chargée de les examiner,
et devant laquelle, j'ai eu, comme rapporteur, l'honneur de les
exposer et de les défendre.
Cette commission, présidée par M. l'inspecteur général
Hovelacjue, com])renait, outre nos trois inspecteurs généraux,
les auteurs des difiérents projets soumis au référendum. Elle
comptait en tout douze membres, dont ([uatre ])our l'allemand,
(1 » Voir les comptes rendus de ees dinérentes réunions dans
les Langues modernes, u" 1 de 1919.
ASSEMBLEE GENERALE /
quatre pour l'anglais et quatre pour les langues méridionales.
Enfin trois d'entre eux appartenaient ou avaient appartenu à
l'Enseignement supérieur.
Je n'ai pas eu de peine à intéresser une commission ainsi
composée aux vœux exprimés par la grande majorité de nos
collègues. Ces vœux, vous savez en quoi ils se résument. Nous
demandons pour notre enseignement, et dans l'intérêt même
de celui-ci, des sanctions plus efficaces que celles qui existent
actuellement, tant pour les quatre sections de la première
partie du baccalauréat que pour celles de la seconde iiartie
(Philosophie et Mathématiques).
L'épreuve écrite de la 1"^ Partie
(Sections B et D)
INSUFFISANCE DE L'ÉPREUVE ACTUELLE. SES CAUSES
La faiblesse générale de l'épreuve écrite en B et en D était,
déjà avant la guerre, constatée par tous les correcteurs.
L'un d'eux, M. Henri Bloch (lycée Hoche), nous l'a décrite
avec une exactitude saisissante au cours de la discussion.
« Les compositions de la majorité des candidats (1) », dit-il,
se réduisent à quelques petits clichés passe-partout, appris
par cœur, placés n'importe comment et reliés par quelques
phrases où s'accumulent les fautes les plus grossières » (2).
Mêmes constatations du côté des Facultés. Non seulement
aucune d'elles n'a contesté cette déclaration, mais plusieurs,
notamment Aix, Marseille, Bordeaux, Lille, Poitiers, Toulouse,
l'ont soulignée, au moment du vote, avec une force d'expres-
sion caractéristique : « Tout vaudra mieux que cette épreuve
trompe-l'œil », nous écrit notre collègue Loiseau, de Tou-
louse. « Tout vaudra mieux que l'épreuve actuelle », répète
notre collègue Dresch, doyen de la Faculté de Bordeaux. Et
l'on peut dire que toutes les autres communications envoyées
à ce sujet par les Facultés ne sont que des variantes de ce
thème lamentable.
(}uelques-uns ont bien essayé de plaider les circonstances
atténuantes, en réclamant le maintien du statu qiio. Leur
opinion se résume dans les arguments suivants, présentés par
M. Dupré à la réunion pédagogique : « Ce n'est pas parce
qu'une épreuve est faible qu'on doive la supprimer... Quelle que
soit l'épreuve, composition, thème on version, il y aura tou-
jours des élèves paresseux ou inintelligents... De toutes les
épreuves à inij^oser à nos élèves, la com])osition en langue
étrangère me semble être la moins défectueuse. Elle offre le
grand avantage d'exercer les facultés d'imagination et de sen-
sibilité... Enfin, dans l'ignorance où le candidat se trouve du
sujet qu'il aura à traiter, il est incité à lire et à lire beaucoup :
ce n'est i)as là le plus petit avantage dont nous sommes rede-
vables à la composition en langue étrangère » (3).
(1) Des candidats composant en allcnumcl.
(2) Ibid., p. 58.
(3) Ibid., p. 57.
8 LES LANGUES MODERNES
Malgré ces arguments, et après les avoir appréciés, une forte
majorité (362 voix contre G8), s'est prononcée pour une mo-
dification de l'épreuve actuelle, reconnue InsutTisante par tous.
A quoi tient donc cette insuffisance, et quels sont les moyens
d'y remédier ?
« Ce n'est pas, nous dit-on, parce qu'une épreuve donne de
mauvais résultats qu'elle est mauvaise en elle-même ». « Les
vrais coupables », nous dit M. Rancès, d'ailleurs jjartisan
d'une modification, « c'est vous, c'est moi, ce sont les exami-
nateurs. Il n'y a qu'à se montrer plus exigeant, plus sévère
dans les examens ». On aurait pu en dire autant du thème et
de la version lorsqu'il fut question de leur suppression en 1^02
et je crois me rappeler qu'on n'y a pas manqué. Je suis même
convaincu qu'on serait arrivé à un résultat satisfaisant si l'on
avait, en accordant à notre enseignement le nombre d'heures
dont il dispose aujourd'hui, maintenu ces deux exercices,
même comme épreuves d'examen, en les subordonnant à l'étude
directe de la langue, parlée et écrite. Le passage à la rédaction
libre en eût été rendu plus facile, il se serait fait tout seul en
quelque sorte, beaucoup plus sûrement en tout cas que par
cette brusque ascension sans transition, sans paliers, vers l'un
ries sommets qui, malgré tout, reste diilicilement accessible
dans l'état de notre organisation actuelle.
Non, en effet, ce n'est pas l'épreuve qui est mauvaise en elle-
même : aucune épreuve n'est mauvaise en soi, qu'elle s'appelle
composition, thème ou version, comme le dit très bien M.
Dupré, pas plus qu'aucune ne saurait, prise isolément, consti-
tuer un critérium suffisant, celui-ci ne pouvant exister que
dans la réunion des trois épreuves. Ce n'est pas davantage,
j'en suis convaincu, la façon dont on la prépare : la con-
.science et la compétence de la majeure partie de nos profes-
seurs les met à l'abri de ce reproche. Ce n'est pas enfin la
façon dont elle est jugée aux examens : les correcteurs ne peu-
vent empêcher que le meilleur de ce qu'on leur présente ne
soit médiocre.
Ce qui manque à l'épreuve actuelle, comme d'ailleurs à celles
qui l'ont ])récédêe, c'est une base solide, qui ne peut être pré-
cisément constituée que par les deux autres ou, à défaut, par
les qualités qu'elles exigent et les exercices qui y conduisent.
Alors que les anciennes épreuves négligeaient de s'appuyer sur
la langue même comme source directe de toute acquisition,
aujourd'hui c'est la possession préliminaire des formes du lan-
gage et d'un vocabulaire suffisant et précis qui fait défaut.
Comment penser et écrire dans une langue si l'on n'a pas les
moyens de s'exprimer dans cette langue avec correction et
précision ? Or, c'est l'absence de ces deux dernières qualités
précisément qui constitue, de l'aveu de tous, la grande fai-
blesse de l'épreuve actuelle, comme l'absence de pensée et de
forme originale caractérisait les ê])reuves de pure traduction :
parce qu'on a perdu de vue, dans un cas comme dans l'autre,
que la valeur de la pensée était fonction de celle de l'exprès-
ASSEMBLEE GENERALE V
sion, comme inversement la valeur du langage contribuait
puissamment à fixer et à déterminer celle de la pensée. C'est
pour avoir omis de réaliser cette synthèse, en négligeant le
contact direct et permanent avec la langue, qui seul donne le
pouvoir de penser en cette langue, que le thçme et la version
échouèrent en tant que critériums de la possession effective de
la langue. La composition libre échouerait également si elle
voulait continuer à poursuivre la chimère de vouloir penser et
écrire dans une langue quelconque, à plus forte raison dans
une langue étrangère, sans avoir acquis au préalable les qua-
lités de correction et de précision sans lesquelles la rédaction
n'existe pas. Pareillement, les moyens et exercices qui doivent
conduire au but sont tellement solidaires entre eux qu'ils ne
peuvent ni s'exclure ni se suppléer à aucun moment des études
et que jamais aucun d'eux séparément ne saurait constituer
une fin en soi.
La nécessité inéluctable de cette synthèse semble pourtant
avoir été reconnue au moins implicitement par les Instructions
de 1902, qui prescrivent très nettement l'usage des exercices
de thème et de version, dans les termes suivants : « On pourra
faire de temps en temps des traductions écrites {thèmes et
versions). Le thème — et c'est le rôle auquel il convient de le
réduire — servira à vérifier si les règles présumées connues le
sont en effet. Il sera un moyen de contrôle et non un instru-
ment d'étude. Dans ces thèmes, les mots seront connus de
l'élève ou lui seront indiqués, de telle façon qu'il n'ait pas à
recourir au dictionnaire. » (1).
Détrônées avec raison comme but suprême et sanction uni-
que des études, les exercices de traduction conservaient
ce])endant la place qui leur convenait dans l'enseignement
comme exercices d'acquisition et de contrôle que rien ne sau-
rait remplacer. Faute peut-être d'avoir été suflisamment éclai-
rés par les Instructions sur la relation nécessaire à établir
entre les exercices de traduction et les exercices de compo-
sition, troj) de jeunes professeurs furent incités à croire, sur
la foi d'aflirmations extérieures à ces Instructions, que les
exercices de composition sulfisaient à tout et se sufïisaient à
eux-mêmes, et abandonnèrent les exercices de traduction
écrite qui leur étaient sagement recommandés. Il ne faut pas
voir ailleurs les causes du mal dont tout le monde se plaint
aujourd'hui.
Solutions proposées
1" VehSIOX combinée avec la COMI'OSITION
Il semblerait, d'après ce qui précède, qu'il suffise d'ajjpli-
quer les Instructions existantes pour permettre à l'épreuve
(1) Plan rrclitdes, programin.es et examens de l'enseignement
secondaire, 1902. p, 72. — Cf. Pinlothc, Essai d'orientation péda-
<)0(iique (juin 1901) : " .l'afTirim; que le thème doit être maintenu,
non tant eonime moyen d'étnde pio|)rement dit que eomme moijen
de contrôle des connaissanees aequises directement dans ta lan-
gue et par la langue. •> (\ounelle pédagogie des langues vivantes,
p. 30>.
1(1 LES LANGUES MODEKNZS
actuelle, en rétablissant la synthèse un moment détruite, de
donner son plein rendement. En principe et dans un monde
idéal, oui assurément. Mais la plupart estiment avec raison
qu'en pratique cela serait insuliisant. Il est à craindre que les
mêmes causes qui ont empêché les Instructions, dans le passé,
d'être appliquées sur un point cependant essentiel, ne conti-
nuent à les rendre aussi vaines dans l'avenir. On sait combien
nos élèves sont peu sensibles à toute obligation prescrite qui
n'est pas accompagnée d'une sanction effective, chifirée par
un coefticient à l'examen, la seule à laquelle ils attachent de
l'importance.
Telles sont les considérations qui ont amené une majorité
de 386 voix à demander que l'épreuve écrite comporte désor-
mais, outre la composition en langue étrangère, une version,
donnant lieu à une note spéciale : car il ne parait malheureu-
sement pas possible pour le moment de réaliser par l'addi-
tion d'un thème le critérium idéal que constitue la réunion
des trois épreuves.
Il importe de remarquer que cette nouvelle épreuve, dans
h> pensée des auteurs du projet, n'est nullement exclusive de
la composition en langue étrangère, qui doit rester un des
buts principaux de notre enseignement. Loin de vouloir sup-
primer celle-ci, ils entendent la maintenir, non telle qu'elle
est, sans doute, ce qui équivaudrait à une suppression de fait,
mais en la fortifiant et en l'étayant sur une base solide,
fournie précisément par l'épreuve et le texte même de la ver-
sion.
Il leur a paru, pour cette raison, avantageux de rattacher
directement le sujet à traiter en langue étramière au texte de
la version. Il n'est pas douteux que le candidat qui a consacré
à peu près la moitié du temps qui lui est accordé, soit 1 h. 1/2,
à méditer et à s'assimiler, dans la mesure où il en est capable,
les idées contenues dans un texte particulièrement bien choisi
(d'une quinzaine de lignes au plus), ne se sente plus apte à
développer ces idées ou celles qui s'y rattachent, et plus dis-
posé à ijorter tout son effort sur le petit travail de composi-
tion qu'on lui ])ropose et qui pourrait avantageusement être
limité à une vingtaine de lignes. Cette limitation de son effort,
tout en lui i)ermettant de i)rouver aisément son aptitude à
manier la langue avec correction et précision, ne l'empêche-
rait nullement de faire valoir par surcroit, s'il les possède,
les qualités d'imagination et (l'invention, d'élégance même,
qui rehausseraient la valeur de son travail, mais qui ne doi-
vent pas, il est bon de le rappeler, être le but essentiel de cette
épreuve.
Ainsi comprise, l'addition d'une version à l'épreuve actuelle,
loin d'être une surcharge comme ce serait le cas si l'une était
indéi)endante de l'autre, - aussi personne ne l'a demandé, —
constituerait en fait un allégement. Elle serait en même temps
un progrès et un progrès notable, dont tout l'enseignement
bénéficierait non moins (|ue l'examen lui-même. Car l'exer-
cice de la composition libre, au lieu de reposer sur des lectu-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 11
res plus OU moins vagues et souvent trop rapides, serait dé-
sormais appelé à proliter immédiatement chaque fois de la
substance formelle et réelle d'un texte étranger qui, tout en
restant constamment l'objet direct de la pensée, serait d'au-
tant plus suggestif qu'il aurait été clarifié et assimilé par la
traduction.
Ce n'est pas ici qu'il est besoin de faire ressortir, outre
ce progrès, les multiples avantages pédagogiques de la version
et surtout l'heureuse répercussion qu'aurait encore cet exer-
cice sur tout l'enseignement, non seulement en ramenant les
élèves aux habitudes de précision trop longtemps négligées,
mais aussi en favorisant puissamment l'acquisition et l'ex-
tension du vocabulaire indispensable à cette précision même.
Beaucoup apprécieront aussi un avantage qui n'est pas à
dédaigner : celui de rétablir le lien nécessaire entre l'ensei-
gnement' des langues vivantes et l'enseignement du français,
pour le plus grand profit de l'un et de l'autre non moins que
de la culture générale de nos élèves.
Enfin, même au point de vue strictement utilitaire, il n'est
pas inutile de remarquer en passant que le rétablissement de
la version donnerait satisfaction au vœu d'une très notable
partie du public cultivé, qui estime que ceux qui ont besoin
de lire et de comprendre une langue étrangère sont en nom-
bre infiniment plus grand que ceux qui pourront avoir besoin
de l'écrire et même de la parler.
Il est facile de coinprendre le sentiment qui a fait pencher
le plus grand nombre en faveur de ce nouveau système : c'est
le désir d'en finir avec l'abus des développements vagues et
tout faits-, des « clichés passe-partout », pouvant servir à peu
près à n'importe quel sujet, comme cela se passait autrefois
pour le discours latin, — dont ce fut la perte. L'expérience
n'ayant fait que confirmer la gravité de ce danger (que j'avais
pour mon compte signalé avant 1902), je pense qu'il suffira
de laisser aux Facultés le soin de donner leurs sujets de la
façon qui leur paraîtra le plus propre à l'éviter.
Explications de mois ou d'expressions et questions littérai-
res. — Dans le spécimen qui a rallié le plus grand nombre
de suffrages (spécimen C, pp. 6t)-71) figurent encore des ex-
plications de mots ou d'expressions et des questions d'ordre lit-
téraire qui ont donné lieu les unes et les autres à de sérieuses
critiques au point de vue surtout de l'application. Mais ce ne
sont là que de simples indications données à titre d'exemples,
la majorité ayant estimé que la plus grande liberté devrait
être laissée aux examinateurs dans le choix de leurs questions,
qui pourra toujours varier d'une Faculté à l'autre et même
d'une session à une autre suivant les besoins et les circons-
tances.
Questions de qrammaire. — Enfin, pour obtenir des candi-
dats les habitudes de correction qui leur manquent faute de
notions grammaticales suHisantes, la même majorité estimant
qu'il est vain de compter sur la simple persuasion pour les
12 LES LANGUES MODERNES
décider à attacher à cette partie de leurs études l'importance
qui convient, a cru devoir réclamer une sanction spéciale
poiir la grammaire aux épreuves écrites. Il a paru suffisant,
après examen approfondi de la question, de réclamer une in-
terrogation avec coellicient spécial à l'épreuve orale.
Les questions d'ordre purement philologiques ou didacti-
que n'ont été proposées que par un petit nombre. Il ne faut
pas jierdre de vue, en effet, qu'il ne s'agit pas ici d'un examen
scientifique ou pédadogique. Le meilleur moyen d'introduire
la grammaire à l'examen écrit, pour éviter les réponses ap-
prises par cœur, semble être de proposer au candidat, comme
l'a très bien fait ressortir M. Delobel et comme cela se prati-
que dans l'enseignement journalier, des exercices directs de
langage, choisis de manière à l'obliger à l'emploi de certaines
formes grammaticales, tels que : transformations de i^hrases
ou de parties de phrases tirées du texte de la version (chan-
gements de mode, de temps, de forme, de tournure, passage
du style direct au style indirect ou réciproquement, etc.). On
pourrait ajouter utilement des phrases à former librement à
l'aide de certains verbes ayant une syntaxe particulière (ver-
bes séparables ou inséparables en allemand, verbes à post-
])osition en anglais, etc.), ou d'expressions idiomatiques cou-
rantes doni on ne craindrait pas de donner l'équivalent fran-
çais strictement nécessaire (Ex. : se souvenir de, se rappeler,
rappeler à, s'approcher de, changer de, penser à, réussir à,
entrer dans, vivre de, être content de, être occupé à, deman-
der {pour obtenir), demander {pour savoir), avant de... afin
de... après avoir..., etc.).
On retrouverait ainsi, au milieu d'une variété infinie de
questions ])armi lesquelles les examinateurs n'auraient que
l'embarras du choix, les avantages du thème sans avoir à en
craindre les abus.
2" Version avec retraduction indirecte. — La version avec
retraduclion indirecte (spécimen E) a eu pour elle 107 voix.
Ainsi que l'a très bien dit M. Simonnot, « c'est un excellent
exercice scolaire, mais tous les exercices écrits ne peuvent
figurer dans l'examen final, où il faut que l'élève puisse mon-
trer ce qu'il a retiré de ses études, c'est-à-dire qu'il est capa-
ble de cami)rendre un texte de moyenne difficulté et d'expri-
mer quelques idées directement » (1). Aussi l'auteur de ce
projet d'éjjreuve s'est-il rallié sans peine au système adopté
par la majorité, tout en demandant que les exercices de re-
traduction ne soient ])as négligés dans le cours des études,
où ils i)euvent rendre les ]dus grands services.
3° Nfwration ou thème d'après un te.vte assez long donné
en français. — Ce système d'épreuve, qui a l'inconvénient de
ne ])as inciter l'élève à exprimer ses idées directement, n'a
rallié que (Hl voix, et n'a pas été défendu à la réunion péda-
gogique.
(1) Ihid., p. 59.
ASSEMBLÉE GÉXÉBALE 13
C'est donc la première de ces trois solutions qui a prévalu
et a trouvé son expression dans le projet de modification que
j'ai soumis à la Commission ministérielle des langues vivan-
tes.
Après deux séances de discussions approfondies, au cours
desquelles des multiples questions soulevées par le référen-
dum n'a été laissée de côté, la Commission a terminé son
travail en rédigeant ses conclusions, prises en général à
l'unanimité, et qui donnent satisfaction dans l'ensemble, et
même au delà sur certains points (notamment en ce qui con-
cerne les sections A et C et la 2" langue en B et D, pour les-
quelles elle a adopté le principe d'une courte épreuve écrite,
aux vœux exprimés par notre corps enseignant. Ces conclu-
sions serviront de base aux délibérations du Conseil supérieur
qui va en être saisi dès sa prochaine session, et nous avons
tout lieu d'espérer qu'il les approuvera.
Je ne peux terminer cet exposé sans vous proposer, mes
chers collègues, d'exprimer nos remerciements à tous ceux
qui nous ont aidés à mener à bien cette entreprise que d'au-
cuns ont pu juger quelque peu téméraire, voire inutile. Ces
remerciements s'adresseront donc tout d'abord aux 467 collè-
gues de tous les ordres d'enseignement qui ont pris la i^eine
de répondre aux nombreux points de notre questionnaire,
sans nous ménager leurs conseils ni leurs critiques, montrant
par là le désir qu'ils avaient de mettre sur pied quelque chose
de solide et de durable ; puis à la Commission ministérielle
des langues vivantes, dont le fructueux labeur a si puissam-
ment contribué au succès de nos eftorts, et enfin, — last not
least, — à notre directeur de l'enseignement secondaire et à
nos inspecteurs généraux, qui n'ont cessé de nous encourager
et de nous soutenir dans la poursuite de notre but. Ce n'est
pas, je pense, trahir le secret professionnel, mais simplement
remplir un devoir que de vous faire part ici du témoignage
de satisfaction exprimé dès la première séance de la Com-
mission, par son président, tant au nom de l'Administration
que de ses collègues, aux représentants de notre Association
pour la grande preuve de dévouement à l'intérêt général
qu'elle venait de donner. Reconnaissant l'objectivité et le dé-
sintéressement qui ont présidé à notre enquête, « en dehors
de toutes préventions personnelles ou de vues théoriques »
(je cite textuellement), et frappé de voir que « les graves
préoccupations de toute sorte, nées de la guerre, n'ont pas
empêché le corps des professeurs de langues vivantes de
mettre au-dessus de tout les intérêts de l'enseignement dont
il est chargé », ses membres n'ayant eu que « la préoccupation
d'apporter à l'amélioration de leur enseignement tous les
éléments qu'une expérience prolongée leur a fournis », il a
loué sans réserve « l'eflort considérable » fait par notre
Association « pour exposer les résultats obtenus ])ar les ré-
formes de lfl02, et les diverses critiques qu'on est aujourd'hui
en mesure de formuler. >■>
Si je me permets de citer ces témoignages, que nous avons
14 LES LANGUES MODERNES
conscience de mériter sans doute et auxquels nous sommes
très sensibles, mais qui ne font que s'ajouter à la satisfaction
du devoir accompli, croyez bien que ce n'est pas pour en tirer
vanité en votre nom ni au mien. C'est parce que j'y vois sur-
tout, et avec une véritable joie, la réalisation du ferme espoir
que j'exprimais l'an dernier en ces termes généraux : « Du
jour où nous nous appliquerons à étudier et à préparer nous-
mêmes, comme il nous appartient, les réformes qui nous pa-
raissent utiles, nous serons moins exposés à nous les voir
imposer par des incompétents ou des utopistes. Et comme
nous ne chercherons en cela que le plus grand bien de nos
études et par conséquent du pays, il n'est pas de gouverne-
ment ni d'administration, qui ayant le même souci des grands
intérêts nationaux, ne nous sache gré, en élevant ainsi le
niveau de notre mission, de lui faciliter aussi la sienne. »
Cette expérience, dont le succès ne lit jamais de doute pour
moi, méritait donc d'être faite. Contrairement à ce qui se pas-
sait naguère, nous avons été admis à collaborer avec l'Admi-
nistration aux réformes dont nous croyons être meilleurs
juges que qui que ce soit, et ce doit être pour nous une sa-
tisfaction profonde de voir avec quel libéralisme sincère cette
collaboration a été acceptée. C'est d'une telle contiance réci-
proque que peuvent seulement sortir des réformes sérieuses
eî durables, parce que ce sont ceux-là mêmes qui les ont de-
mandées et étudiées qui auront la charge et la responsabilité
de les appliquer : garantie plus puissante que toutes les cir-
culaires du souci qu'ils auront d'en assurer le succès.
Ceci est d'un bon augure et nous permet d'aborder avec
pleine confiance l'étude des problèmes qui nous restent à ré-
soudre, et dont le plus urgent me paraît être posé clairement
par la crise très grave et très inquiétante pour nos intérêts
nationaux que traverse depuis la guerre notre enseignement
de l'allemand, et que certaines mesures trop hâtives du Minis-
tère de la guerre n'ont fait qu'aggraver. Puis viendront les
questions non moins importantes mais plus complexes que
j'ai déjà signalées à votre attention l'an dernier, relatives
d'une part au recrutement et à la formation de notre person-
nel enseignant, et d'autre part à l'organisation de nos classes,
tlont la réforme s'impose à bref délai si nous voulons que
celle du baccalauréat porte tous ses fruits. Autant de problè-
mes ardus que vous êtes résolus, j'en suis sûr, à attaquer avec
la même fermeté que celui de la réforme des épreuves de
langues vivantes, au baccalauréat, et dont vous n'aurez pas
plus de peine à découvrir et à indiquer les solutions.
Je termine en exprimant le v(ru que, là encore, le succès
vienne couronner bientôt vos efforts (lésintéressés, pour le
plus grand bien de notre enseignement et par conséquent aussi
de notre pays. {Applaudissements).
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 15
Rapport du Secrétaire général
Après l'allocution si nourrie, si pleine de faits de notre pré-
sident, la tâche de votre secrétaire général est singulière-
ment simplifiée. On vous a montré comment en cette année
de paix relative, nous reprenons peu à peu une vie normale,
comment nous abordons à nouveau les problèmes qui nous
tiennent à cœur. Par deux fois nous avons manifesté notre
existence. D'abord dans l'organisation du référendum, dont
notre Président vient de vous entretenir, référendum qui a
eu le succès et le résultat que vous savez. Ensuite en réunis-
sant à la hâte les agrégés de l'Académie de Paris pour leur
permettre de choisir en connaissance de cause un candidat
au Conseil supérieur de l'Instruction publique ; (la convoca-
tion au Journal Officiel avait passée inaperçue, celle insérée
au Bulletin de l'I. P. a paru le 22 novembre dans un n" daté
du 1"). Le candidat choisi et élu est notre ami de toujours,
un des fondateurs de notre société et l'ancien Président de
notre Association, sur le dévouement duquel nous pouvons
compter et auquel nous réitérons nos plus chaleureuses félici-
tations. Il n'a pas tenu à nous que nous n'ayons pu une troi-
sième fois donner signe de vie. Pourquoi faut-il que l'Ensei-
gnement supérieur soit resté dans son splendide isole-
ment ? Avec votre secrétaire, vous regretterez sans doute que
votre société n'ait pas été conviée à l'inauguration de la nou-
velle Université de Strasbourg et qu'à ces fêtes commémorant
la création d'un grand établissement, destiné à propager no-
tre influence intellectuelle et littéraire à travers le monde,
nous n'avons pas été représentés.
Il ne me reste donc qu'une tâche fort courte à remplir, vous
esquisser la vie intérieure de notre Associa'ion : le diagnostic
est évidemment meilleur, nous avons enregistré près de 60
adhésions nouvelles, deux fois plus que dans la moins mau-
vaise des années précédentes. C'est un progrès, mais un pro-
grès insuffisant, et je m'excuse de me répéter damnée en an-
née, nous ne sommes une force que si nous avons le nombre :
pour intervenir dans les graves problèmes de l'avenir, dans
ces questions de réforme et de refonte complète de l'Ensei-
gnement qui vont se poser, pour avoir dans la pédagogie des
langues vivantes l'autorité que nous devons avoir, il faut que
la grande majorité de nos collègues des trois ordres d'ensei-
gnement viennent à nous. Leur adhésion, il ne tient qu'à
vous, mes chers collègues, de nous la procurer.
D'autre part la question du Bulletin se pose avec une acuité
inquiétante. Il est une des raisons d'être de notre société,
notre organe de renseignement, la preuve de notre solidarité,
^il disparaissait, je craindrais fort que ce ne fût un coup très
dur pour l'existence même de notre société. Or notre trésorier
vous montrera qu'en l'état actuel des choses nous allons droit
à la faillite. Quelques chiffres : En lî)14 et jusqu'en mai 1915
un numéro de nôtre revue nous revenait à environ 3(50 francs
pour un tirage à 1.300 exemplaires. En octobre 1918, nous
16 LES LANGUES MODERNES
étions à 700 francs, en octobre 1919 nous dépassons 800 francs
et notre imprimeur nous annonce une liausse minimum de
40 0/0 à partir du 1" janvier 1920.
Si à ces chiffres vous comparez ceux de notre budget de
recettes, vous constaterez qu'avec le montant actuel des coti-
sations, nous serons obligés de réduire encore le nombre de
nos numéros, de ne paraître que deux fois par an.
Or de toute part on me demande de faire mon possible
pour augmenter le nombre de n"" publiés chaque année, de
revenir à l'état de choses d'avant-guerre. Nombre de mes
collègues m'ont répété que dans leur petite ville de province, il
leur semblait que notre revue était l'unique lien les rattachant
à la vie universitaire du pays. Cet état d'àme, votre secrétaire
le comprend si bien que vous avez pu lire son annonce témé-
raire sur la première page de notre revue. Il voudrait davan-
tage, il voudrait que notre publication redevint bimensuelle,
qu'elle fût de nouveau l'organe de renseignements commun à
tous les ordres d'enseignement, l'organe de progrès pédagogi-
que qu'elle était en 1914, et qui lui valait son rang honorable
parmi les revues d'enseignement du monde entier.
Mais pour cela, il faut que vous l'aidiez de deux façons.
Pécuniairement d'abord : en votant le relèvement de la
cotisation de façon à nous permettre d'envisager l'avenir avec
sécurité, il ne faut pas que tous les deux mois il y ait pour le
trésorier un quart d'heure de Rabelais inquiétant et angoissant ;
il faut qu'il puisse sans difficulté faire honneur à nos engage-
ments.
Il faut autre chose encore : si comme toujours mes remer-
ciements vont aux collaborateurs dévoués qui m'ont donné
une copie abondante et intéressante, à M. Pitollet, chercheur
infatigable qui vient de nous faire pénétrer dans l'âme de
Tommy et de Sammy et qui volontiers nous fait courir d'un
bout (le l'Europe à l'autre ; à M. Veillet-Lavallée, à M. Rocher,
à tous ceux oui prennent sur leurs heures de liberté ou de
bridge, le tenlf)s de rédiger pour nous, notes et articles, votre
secrétaire en son insatiable ambition voudrait que le nombre
de ses collaborateurs augmentât sans cesse ; il voudrait re-
constituer les revues littéraires consacrées à chaque pays,
que nous publiions jadis, qui vous permettait de vous tenir
au courant des i)ublications étrangères, il voudrait une revue
bibliographique plus complète, il ferait d'ailleurs tout son
possible pour obtenir des éditeurs les livres dont nos collègues
consentiraient à faire un compte rendu. Et pour que ce rêve se
réalisât, votre secrétaire seriiil fort heureux de passer dossiers
et classeurs â un collègue plus jeune et plus actif qui conti-
nuerait sa besogne avec plus de hardiesse et de vigueur.
ASSEMIiLÉE GÉNÉBALE 17
Rapport du Trésorier
Mes cheus collègues,
Ce n'est pas simplement par courtoisie ou pour obéir à la
tradition que je tiens, au début de cet exposé, à rendre à Mlle
AVeiller le plus sincère des hommages, et à lui exprimer ici
tous nos regrets de ce que la maladie l'empêche aujourd'hui
de nous présenter le rapport financier. Avant d'aborder toute
autre question, je voudrais vous prier de vous joindre à moi
pour adresser à Mlle Weiller nos meilleurs vœux de prompt et
comi^let rétablissement, et pour lui souhaiter de pouvoir
bientôt reprendre sa place au milieu de nous.
Les circonstances toutes fortuites qui m'ont amené à m'oc-
cuper liendant quelques semaines des finances de notre Asso-
ciation sufllront, je l'espère, à me justitier si je ne vous ap-
porte pas un rapport aussi détaillé, aussi complet, aussi soli-
ile que celui que vous aurait présenté notre trésorière. Mais
c'est précisément en qualité de trésorier intérimaire — et
incompétent — que je vous demanderai la liberté de vous
comnuiniquer, très brièvement, quelques réflexions qui m'ont
été suggérées et par la situaiion où nous nous sommes trouvés
et par la fréquentation passagère de notre grand livre.
J'aurai à vous faire une première proposition qui me sem-
ble non seulement expliquée, mais, en quelque sorte, imposée
par les démarches mêmes qu'a nécessitées le transfert
d'un nom à un autre des fonds et des titres de notre As-
sociation. Une fois en tête-à-tète avec la caisse qui, pour
n'être pas bien lourde, contient cependant quelques millier.'i
de francs, notre trésorier ne peut choisir, je pense, qu'entre
deux alternatives : ou bien garder chez lui dans son cofïre-
fort — s'il en a un — les fonds et les titres et encourir ainsi
la responsabilité d'un vol, d'une destruction peu probables,
mais possibles ; ou bien déposer ces fonds et ces litres dans
un établissement de crédit, en son nom — car les sociétés
ignorent notre Association et son trésorier — çt être, par là-
niêmc seul capable d'en disposer. Mais alors, en cas de mala-
die ou tl'accident grave, quelles peuvent bien être les angois-
ses d'un trésorier, en songeant aux diUicultés très réelles qui
l)Ourraient surgir pour l'Association. Vous le voyez : l'une
et l'autre de ces cond)inaisons rendent plus pénible encore
une besogne toujours absorbante et souvent fastidieuse. Nous
avons donc cherché s'il n'y aurait pas un moyen de remédier
à cette situation et, grâce aux indications que bien obligeam-
ment nous a fournies un directeur d'agence du (]. N. E., nous
croyons avoir trouvé ce moyen. S'il vous agrée, nous vous
demanderons l'autorisation de faire au nom de l'Association,
les démarches nécessaires et dont je vais vous ])ai'ler.
Pour que le C. X. E. accepte l'ouverture d'un compte cou-
rant et d'un compte de dépôts au nom d'une Association, il
18 LES LANGUES MODERNES
faut que cette Association soit autorisée par la l^réfecture de
police. Notre groupement est très certainement dans ce cas^
encore que je n'aie pas pu en avoir la preuve formelle, mais
il sera aisé de consulter les archives à ce sujet et, en tout
état de cause, nous obtiendrions facilement l'autorisation
exigée. Il sutlira alors de déposer nos statuts au C. N. E. en
y ajoutant l'extrait de la délibération par laquelle l'Assemblée
générale a nommé le comité et l'extrait de la délibération
du comité nommant le président et lui donnant tous pouvoirs
pour verser et pour retirer les fonds et valeurs au nom de
l'Association, pièce portant la signature légalisée de notre
président. L'ouverture du compte peut alors se faire dans un
délai très court.
Ces démarches ne vous paraîtront pas trop compliquées
si vous songez aux avantages qu'ottre cette combinaison
d'abord pour notre Association, mais peut-être plus encore
pour notre trésorier qui y gagnera à la fois la sécurité maté-
rielle et la tranquillité morale. Je vous prierai donc, mes
chers collègues, de vouloir bien dans quelques instants discu-
ter la i^roposition que je viens de vous faire.
"Voici une autre question. Vous seriez bien surpris, n'est-ce
pas ? si nous ne vous demandions pas d'augmenter la cotisation.
C'est une surprise que nous ne vous ferons pas. Sur le prin-
cipe même de cette augmentation il est peu probable qu'il
s'institue ici un débat. Nous serons tous d'accord, car nul de
nous ne désire voir disparaître notre Association qui vrai-
ment ne peut exister, ou du moins attirmer son existence,
qu'à condition que nos recettes soient augmentées. Pas plus
pour une société que pour un individu la « vie chère » n'est
maintenant un vain mot. La question sera donc simplement
de fixer le chiffre auquel sera porté la cotisation. Nous vous
proposerons de l'élever à dix francs. Le prix de l'abonnement
aux « Langues Modernes » sera de 12 francs pour la France
et de quatorze francs pour l'étranger. Le prix du numéro sera
naturellement augmenté. Et, par voie de conséquence, le taux
des annonces sera modifié. La cotisation de membre à vie
sera de deux cents francs.
Nous pouvons donc prévoir que nos recettes seront sensi-
blement accrues. Ce ne sera pas tout bénéfice. Je ne crois
l)as d'ailleurs que notre Association ait intérêt à capitaliser :
« mettre de l'argent de côté w ne me semble nullement être
pour nous l'idéal et je suis absolument d'accord avec Mlle
Weiller qui nous disait l'an dernier : « nous n'avons ni le
devoir, ni l'obligation de thésauriser. » Ce n'est donc pas
dans l'espoir d'augmenter notre fortune que nous vous deman-
dons un supplément de cotisation. Tout au plus y aurait-il lieu
<I'examiner si la réserve inaliénable (jui est actuellement de
22 francs de rente 3 0/0 vous parait toujours suffisante. Tré-
sorier, j'aurais peut-être un avis ferme à ce sujet ; simple-
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 19
membre, la question me semble peu importante et je croirais
volontiers qu'il est assez inutile d'immobiliser un capital dont
l'emploi nous demeul'e à peu près interdit.
Soyez sûrs que nous trouverons d'ailleurs facilement à faire
usage de nos ressources augmentées. Et tout d'abord, si nous
tenons à ce que le bulletin paraisse régulièrement, nous en-
verrons des chèques assez coquets à notre imprimeur, qui ne
gardera pas tout pour lui. Cette dépense est la plus utile
que nous puissions faire, puisque, en réalité, notre Association
existe surtout par et pour le bulletin. Mais nous nous arran-
gerons pour qu'elle ne mette pas notre caisse complètement
à sec. Et cela m'autorise à vous proposer d'autres dépenses
qui ne grèveront pas très lourdement notre budget et dont
"vous voudrez bien, je l'espère, admettre au moins le prin-
cipe.
D'accord avec le rédacteur du bulletin, je vous demanderai
d'abord d'examiner s'il n'y aurait pas avantage à ce que cer-
tains articles — articles de fond ou correspondances régu-
lières — fussent payés. Non pas certes qu'il y ait parmi nous
des auteurs embusqués qui, gardant précieusement leurs ar-
ticles en portefeuille, attendent patiemment qu'on leur offre
une légère indemnité pour leur prose. L'article écrit, on ne
demande, le plus souvent, qu'à le livrer aux typographes. Ce
n'est donc point pour avoir de la « copie » que nous vous
proposons cette mesure nouvelle, mais c'est peut-être pour
donner pfus de prestige à notre bulletin. Et je crois bien que
l'on peut soutenir que d'une façon générale, les auteurs —
par un sentiment confus et qui n'est point l'appât du gain —
apportent un soin particvilier aux articles destinés à une
Revue qui paie. Quoiqu'il en soit, si vous êtes d'accord sur
le principe — et il y a ici avant tout une question de prin-
cipe — le bureau pourrait étudier la question plus en détail
et soyez assurés que le taux auquel seront payés les articles
ne sera pas assez élevé pour ruiner l'Association — ni pour
enrichir nos collaborateurs.
Dans le même ordre d'idées, puisqu'il s'agit de reconnaître
ici encore des services rendus à notre Association (et je me
félicite de n'être qu'un trésorier de rencontre, ce qui me per-
met d'aborder librement la question), je vous proposerai,
au moins à titre d'indication, et dans la mesure où le budget
le perniettra, de relever légèrement les indemnités allouées
à notre secrétaire et à notre trésorier. Si nous décidons d'aug-
menter les cotisations, c'est uniquement parce que les condi-
tions pécuniaires de l'existence ont subi une brusque évolu-
tion et alors, il me semble naturel et normal que nos dépenses
fixes soient plus élevées qu'elles ne l'étaient jusqu'à présent.
C'est, au fond, une question de ])rincipe à résoudre.
2U LKS LANdLES MODEKNKS
Voici maintenant quelle était notre situation linancière au
1" décembre 1911) :
KECEÏÏES
Avoir au 1' décembre 11)18 6 . 212 80
Cotisations 4 . 471) 75
Publicité et abonnements 31G 80
Intérêts - 306 »
Don anonyme 200 »
Total 11.015 3,')
DÉPENSES
Bulletin 3 . 271 90
Indemnité au secrétaire et à la trésorière .... 800 »
f?Àivre de guerre ()00 »
Frais de~ bureau et frais divers C25 lo
Total 5.297 05
Notre avoir au 1" décembre 1911) est donc de. 11.515 35
— 5.297 05
Soit 0.218 30
Représenté par :
Dépôt C. N. E 1 . 212 55
Espèces en caisse , 203 35
Bons de la Défense ' 2 . 500 »
Capital 5 0/0 (rente (iO fr) 1 . 054 80
Capital 4 0/0 17 (rente 57 fr.) 1 . 008 90
Capital 4 0/0 18 (rente 10 fr.) 178 60
Total égal 6.218 30
Plus le capital de 22 francs, rente 3 0/0 représentant la ré-
serve.
PROJET DE BUDGET POUR 1920
FONDS DISPONIBLES
lîons (le la Défense 2 . 500 »
En caisse 263 35
Dépôt C. N. E 1 . 212 55
RECETTES
Cotisations (à 10 francs) 8.000 »
Intérêts 250 »
Pillai icilé 51)0 »
12.725 90
DÉPENSES
lUilletin 0.000 »
Indemnité secrétaire et trésorier 1 . 200 ^>
l'rais de présidence 100 »
iM-uis divers . 300 »
7.600 »
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 21
Plus une somme consacrée à payer les collaborateurs et qui
ne peut pas être lixée pour l'instant de façon précise.
Une courte discussion s'engage au sujet des dittérentes pro-
positions de M. Cart.
1° COTISATION
M. Cart, trésorier, et M. Bloch proposent de porter à 12 fr.
la cotisation annuelle pour les sociétaires habitant la France.
M. Camerlijnck croit qu'il vaudrait mieux, pour des raisons
d'ordre psychologique, se contenter de 10 fr.
M. Milliot-Maderan, est du même avis. Il rappelle que les
associations similaires prévoient des cotisations beaucoup
moins élevées ; d'autre part il ne faut pas risquer, par de
trop grandes exigences pécuniaires, de diminuer le nombre
des adhésions nouvelles, ni de perdre les anciennes. En tout
cas, la section régionale de Poitiers demande que la ristourne
aux régionales subilîe une augmentation proportionnelle à
celle de la cotisation.
.1/. Bloch, secrétaire général, fait remarquer que la S. R. de
Poitiers a déjà reçu de lui des assurances satisfaisantes à ce
sujet.
M. Milliot-Maderan le sait, mais comme le trésorier n"a pas
touché le point en question, il a tenu à provoquer une décla-
ration du Bureau aussi explicite que possible et un vote pré-
cis de l'Assemblée générale.
Le trésorier accepte la proposition de MM. Camerlynck et
Milliot-Maderan ; niais pour que les sociétaires aient doré-
navant un avantage sur les simples abonnés, il demande que
la cotisation soit désormais de 10 francs pour les sociétaires
habitant la France, de 14 francs pour ceux habitant l'étran-
ger, le prix de l'abonnement aux Laïu/iies Modernes étant
porté à 12 francs par an., et que l'article 4 des statuts soit
modifié en ce sens. Par suite le versement des membres à vie
sera augmenté également et porté à 200 francs.
^I. Dupré se fait inscrire comme membre à vie.
La modification aux statuts est votée à l'unanimité.
2" KRÉQUEXCE DE LA PUBLICATION' DU BULLETIN
M. Becker demande que les Lanques Modernes ])araissent
tous les mois.
M. Bloch fait remarquer que la nouvelle cotisation ne suf-
firait pas à couvrir les frais d'une jjublication mensuelle.
Malgré toute sa bonne volonté l'imprimeur ne pourrait assurer
la publication régulière de 12 n"" ]jar an ; il est à la merci
d'accidents et de retards imprévus. Il se passe plus d'un mois
entre l'envoi du manuscrit et rexjjédition des numéros. Il
vaut mieux se contenter de (i numéros et tâcher de paraître
toutes les six semaines environ ])endant l'année scolaire,
quitte à ne ])as ])araitre pendant les vacances, ce ([ui laisserait
au rédacteur un rejjos bien gagné.
M. Milliot-Maderan i)ropose d'ap])rouver les propositions
du Bureau, mais en l'invitant à revenir progressivement au
22 LES LANGUES MODERNES
système d'avant-guerre, dès que les circonstances le permet-
tront.
3° INDEMNITÉ AUX COLLABORATEURS DE LA ReVUE
M. Cart, trésorier, souhaite qu'on revienne à l'usage d'avant-
guerre, que les collaborateurs réguliers des Langues Modernes
soient rétribués.
M. Milliot-Maderan estime qu'il vaut mieux y renoncer.
Sans doute il est rassurant pour un secrétaire général, qui se
demande parfois le 10 du mois ce qu'il pourra bien envoyer
le 15 à l'imprimeur, de pouvoir compter sur une « copie »
régulière ; mais il paraît peu équitable que seuls les articles
des collaborateurs réguliers soient rémunérés, alors que
ceux des collaborateurs intermittents, qui ne sont pas d'un
moindre intérêt, ne valent qu'un merci à leurs auteurs. Si
d'ailleurs, en fin d'exercice financier, 1^ caisse de l'Associa-
tion est assez riche pour récompenser les concours accueillis
aux Langues Modernes, il ne sera que juste d'indemniser les
collaborateurs au prorata de leurs contributions. Il va sans
dire qu'il s'agit ici exclusivement des articles de fond.
M. Bloch croit qu'il faudra en tout cas, étant donné la cherté
des Journaux et des Revues, que le Comité décide d'aider, les
collaborateurs du Bulletin à se procurer les ouvrages qui leur
seraient nécessaires.
L'ensemble du budget est voté à mains levées.
M. Varenne demande quelle sera l'attitude de l'Association
à l'égard des Compagnons, il rappelle que de très graves
questions ont été posées par eux, questions mettant en jeu
l'organisation complète de l'enseignement, et l'enseignement
des Langues vivantes en France ; il serait urgent que l'asso-
ciation s'en occupât.
Le Président répond que le bureau s'occupera de la ques-
tion.
M. Milliot-Maderan lit les vœux adoptés par la Section Ré-
gionale de Poitiers que l'on trouvera ci-dessous. Il appelle
l'attention de l'Assemblée sur les géminations de classe dont
l'usage et même l'abus semblent se généraliser de plus en plus.
Il soumet au Bureau la demande d'enquête générale réclamée
par la S. R. de Poitiers sur les géminations de classes, les
augmentations d'effectifs et les réductions d'horaires abusi-
ves.
Toujours au nom de la S. R. de Poitiers, M. Milliot-Maderan
défend aussi devant l'Assemblée un vœu de cette régionale
visant à réaliser l'unité d'action et même si possible la fusion
de la Société des i)rofesseurs de langues vivantes et de la
Société des i)rofesseurs de langues méridionales, dont les
intérêts .sont plus que jnmais essentiellement identiques.
Les vœux sont approuvés par l'Assemblée et seront sou-
mis à une réunion ])édagogi(iue ultérieure.
La séance est levée à ;') h. 1/2.
SECTION RÉGIONALE DE POITIERS
de l'Association des Professeurs de Langues vivantes
de l'Enseignement Public
ASSEMBLÉE GENERALE du 14 DECEMBRE 1919
La Section Régionale de Poitiers s'est réunie en Assemblée
générale le 14 décembre 1919, à 10 heures 30, à la Faculté
des Lettres de Poitiers, sous la j^résidence- de M. Castelain,
professeur à l'Université de Poitiers.
M. Hirtz, vice-président, donne lecture des lettres qu'il a
reçues des professeurs des lycées de Limoges et d'Angoulême;
et par lesquelles ceux-ci lui délèguent leurs voix pour la dé-
libération des questions à l'ordre du jour.
1° EXPOSÉ DE LA SITUATION'
M. Hirtz rend compte des récentes séances du comité de
l'A. P. L. V., où il a représenté la S. R. de Poitiers et de sa
correspondance avec le Rureau de l'A. P. L. V. au sujet des
géminations de classes et des élections au Conseil supérieur.
2° ÉLECTION DU BUREAU ET DU COMITÉ POUR 1919-20
Le Comité sortant est réélu.
M. Macary, membre du comité, nommé à Falaise, est rem-
placé par M. Martin, professeur d'anglais à l'Ecole Primaire
Supérieure de Chàtellerault.
M. Audoin, professeur d'allemand au Lycée de Poitiers, est
élu secrétaire, en remplacement de M. Duméril, nommé à
Nantes.
3° ENQUETE SUR LES GÉMINATIONS DE CLASSES
M. Audoin (Lycée de Poitiers) fait remarquer que les gémi-
nations des classes de 3- et 'f et surtout des classes de V et
T A B C D, qui existent au Lycée de Poitiers sont funestes
à l'enseignement des langues vivantes.
Mlle Chaigneau (collège de jeunes filles de Poitiers) si-
gnale les géminations suivantes :
5" et 6\ — 2' {V langue) et ¥ {2' langue). — 1" (1" lan-
gue) et 3" (2" langue).
Les candidates au baccalauréat ont par semaine une heure
seulement pour la deuxième langue.
24 LES LANGUES MODERNES
Mme Ciodillon (Ecole Primaire Supérieure de jeunes filles^
de Poitiers) fait les remarques suivantes :
1" Le nombre des élèves par classes est excessif : 51 élèves
dans une 1" année ; 57 dans l'autre ; 40 élèves en 3' année.
2" En troisième année les élèves n'ont que 3 heures d'en-
seignement d'anglais au lieu de 4 par semaine. Il est vrai
que la directrice de cette école a conlié, à ses frais, une heure
d'enseignement à une répétitrice anglaise.
M. Chausse (collège de Chàtellerault) déclare, en son nom
et au nom de son collègue M. Russeil, que les géminations
suivantes existent au collège de Chàtellerault :
1'' A et 2'' B D {2' langue) ;
2" '/" A B, 3" A B V (deuxième langue) ;
3° ?"' et seconde.
De plus en philosophie et mathématiques élémentaires, il
n'y a qu'une heure de langues vivantes par semaine, au lieu
de deux.
M. Hirtz estime qu'il convient de prentlre une attitude pré-
cise en face d'une situation reconnue par tous ; il propose
une enquête sur la gémination auprès de tous les professeurs
de langues vivantes de l'enseignement public, et, en attendant
les résultats de l'enquête, présente, en manière de protesta-
tion, le vœu suivant, qui est voté à l'unanimité après discus-
sion détaillée de chaque paragraphe, par les membres pré-
sents :
La Section Régionale,
Considérant :
1" que les instructions ministérielles du lî) juillet 1902 po-
sent en principe que l'ellectif des classes, notanuuent celles
de langues vivantes, ne doit pas dépasser 25 élèves ;
2° que non seulement ces instructions ministérielles n'ont
pas été observées (en ce sens que les groupes sujîérieurs à
25 élèves n'ont pas été divisés), mais que des groupes dispa-
rates dépassant l'effectif de 25 ont été créés artificiellement
et sans tenir compte des difiicultés de l'enseignement ;
3° que ces géminations arbitraires s'acconîpagnent fré-
quemment d'une réduction de l'horaire légal prévu pour cha-
que enseignement ;
4" que les professeurs de langues vivantes reçoivent des
j)arents d'élèves de nondjreuses plaintes rehitives à cet état
de choses ;
protestant avec énergie contre ces jjrocédés, i\u\ atteignent
])articulièrement l'enseignement des langues vivantes et ten-
dent à l'annihiler,
émet le v(i>u :
1" que l'etreclif d'une classe de langues vivantes ne soit
jamais supérieur à 25 élèves ;
2" que dans aucun cas les géminations ne portent sur plus
de 4 sections d'une même classe (A 13 (' D dans le 2' cvcle) ;
SECÏtOX 1ÎHGK)XALE DE POITIEllS J5
3" que dans aucun cas l'horaire légalement prévu par les
programmes ne soit réduit, tant que les programmes actuels
resteront en vigueur.
4" QUESTIONNAIRE DE L'A3 ET REFONTE DES PROGRAMMES
SECONDAIRES
Le Bureau de Paris est d'avis de ne pas s'immiscer dans la
liberté de discussion des Al des lycées. D'autre part les don-
nées précises n"ont pas encore pu être recueillies. En consé-
quence, l'étude de cette question est remise à la prochaine
réunion pédagogique.
Ô" QUESTIONS DIVERSES
a) Mandat du délégué de la» S. R. pour l'A. G. de Paris, le
18/12/19.
A l'unanimité, M. Milliot-Maderan est prié de représenter
la S. R. de Poitiers à l'Assemblée générale de l'A. P. L. V.
du 18 décembre 1911).
b) Relations avec la Société des Prolcsscurs de langues mé-
ridionales.
Le Bureau est saisi d'une tlemande de professeurs appar-
tenant seulement à la Société des professeurs de langues mé-
ridionales, qui désirent prendre part aux travaux de la S. R.
Les statuts de l'A. P. L. V. ne permettent pas actuellement
cette collaboration sans adhérer à cette société. Toutefois
l'Assemblée est d'avis qu'il y aurait intérêt à faire cesser la
dualité qui existe actuellement entre les deux sociétés et à
inviter le Bureau Central à étudier les moyens de réaliser la
fusion.
Le vœu suivant est adopté :
La Section Régionale :
Considérant que les intérêts des professeurs des difî'érentes
langues vivantes deviennent de plus en plus étroitement soli-
daires ;
que la dispersion entre plusieurs sociétés est nuisible à
une action commune et nécessaire ;
émet le vœu :
qu'une entente intervienne avec les professeurs de langues
méridionales, afin de réaliser cette unité d'action ;
que les modifications nécessaires soient apjjortées aux sta-
tuts des deux sociétés afin de permettre cette fusion.
c) Achat d'un appareil de polycopie.
Afin de faciliter les travaux de secrétaire, on envisage
l'achat d'un appareil de polycopie. Toutefois cet achat est
ajourné jus([u'au moment où l'encaisse de la S. R. i)ermettra
d'eflecluer une déj)ense aussi considérable.
d) (Cotisation et ristourne.
M. Hirtz fait connaître que, d'après les renseignements re-
çus du secrétaire général de la société, le Bureau parisien
26 LES LANGUES ^lbDERNES
accepte en i^rincipe en faveur de la S. R. une élévation de la
ristourne proportionnelle à l'élévation de la cotisation.
e) Rappel de vœu.
Le vœu adopté dans la séance du 18 mai 11)19 et relatif
aux mesures à prendre pour remédier à l'abandon de l'étude
de la langue allemande est rappelé.
f) Prochaine Assemblée générale.
La prochaine Assemblée générale est fixée au jeudi 8 jan-
vier 1919, à 10 heures, à la Faculté des Lettres de Poitiers.
La séance est levée à midi 15.
Le Secrétaire, Le Président,
H. AuDoiN. H. Caste^^ain.
Poitiers, le 1^ décembre 1919.
Statuts adoptés par l*Assemblée générale
DU 22 DÉCEMBRE 1910
Modifiés par l'Assemblée générale du 18 décembre 1919
Ahticle PREMiEii. — Il est formé une Association sous le nom
de : Association des Professeurs de Langues Vivantes de l'Ensei-
gnement Pub'tic. Elle a son siège au domicile de son Président.
Art. 2. — L'Association a pour but :
1" De défendre les intérêts professionnels, matériels et moraux
de ses membres.
2" D'étudier toutes les questions de doctrine et de pratique
relatives à l'enseignement des langues vivantes.
3" De tenir ses membres au courant des faits *t des idées qui
peuvent intéresser les professeurs de langues vivantes.
Art. 3. — 1" L'Association publie une revue. Les Langues Mo-
dernes qui est son orPane. Toute personne étrangère à l'Associa-
tion peut s'y abonner ; le prix de l'abonnement est de 12 francs
j)Our la France, de 14 francs pour l'Etranger.
2° L'Association organise des réunions corporatives et des
conférences.
Art. 4, — L'Association comprencf :
1^ Des membres actifs, qui paient une cotisation annuelle de
10 francs. Fait de droit, sur sa demande, partie de r.\ssociation
en qualité de membre actif, tout fonctionnaire ou professeur de
l'Enseignement [uiblic enseignant les langues vivantes ou pourvu
d'un dii)lôme spécial de langues vivantes, qu'il soit en activité
de service, en congé, à la retraite, en disponibilité, ou détaché à
l'étranger.
2" Des membres associés, (jui ^■ersent une cotisation annuelle
tle 12 francs. I/Association admet comme membres asscciés des
l)ersonnes françaises ou étrangères qui, ne réunissant pas les
STATUTS 27
conditions requises pour être membres actifs, désirent néanmoins
coopérer à l'œuvre de l'Association. Les membres associes doi-
vent être présentés par deux membres actifs et agréés par le
Comité ; en cas de non-admission, le Comité n'a pas à faire
connaître les motifs de sa décision.
Les membres actifs et associés résiuant à l'étranrer versent
une cotisation annuelle de 14 francs.
3° Des membres à vie, actifs ou associés, qui rachètent leur
cotisation en versant dans le délai de deux ans la somme de
200 francs.
4t° Des membres bienfaiteurs, actifs ou associés, qui versent
la somme de 400 francs dans le délai de deux ans.
Les memljres à vie désireux de devenir membres bienfaiteurs,
n'auront à verser que la somme de 200 francs.
5° Des membres d'honneur, nommés par le Comité sur la pro-
position du Bureau.
Art. 5. — 1" Les membres de toutes les catégories ont droit
au service de hi Revue et sont admis aux conférences organisées
par l'Association, ainsi qu'à l'Assemblée générale.
. 2° Seuls les membres actifs ont le droit d'assister aux réunions
corporatives et de prendre part aux scrutins.
Aht. 6. — 1" L'Association suit, au point de vue financier,
l'année civile.
2° Les cotisations doivent être payées avant le 1" avril de cha-
que année.
3° Les membres actifs et associés qui, après un avis du tréso-
rier, n'auraient pas acquitté leur cotisation pour l'année cou-
rante, seront considérés comme démissionnaires et ne pourront
rentrer dans l'Association qu'après avoir versé la cotisation
restée impayée.
4° Sera exclu par le Comité, à la majorité des deux tiers de
ses membres, tout sociétaire qui se sera rendu coupable de faits
de nature à porter préjudice au bon renom de l'Association.
L'exclusion ne j.eut être prononcée que si l'intéressé a été
admis à présenter sa défense devant le Comité. Il a le droit de
faire appel des décisions du Comité devant l'.Xsscmblée générale,
qui statuera à la majorité des deux tiers des membres présents.
Pour examiner ces cas d'exclusion, le Comité et l'Assemblée
générale devront se constituer en Comité secret.
Art. 7. — 1" L'Association est administrée par un Comité de
33 membres, jiris parmi les membres actifs, auxquels s'r.joutent
les représentants des régionales.
2" Le Comité est nommé pour trois ans et renouvelable par
tiers chaque année.
3" Les membres sortants et démissionnaires re sont rééligibles
qu'au bout d'un an, sauf les membres du Bureau en fonctions
qui sont rééligibles à la fin de leur mancjat de membres du
Comité.
Art. 8. — 1" Chaque année, après l'Assemblée générale, le
(Comité nomme au scrutin secret son Bureau composé de : un
l^résident, deux vice-présidents ; un secrétaire général, rédacteur
en chef de la revue ; deux secrétaires-adjoints, un trésorier, un
trésorier-adjoint, un bibliothécaire-archiviste.
2" Les membres du Bureau sont nommés pour un an et rééli-
28 LES LANGUES MODERNES
gibles dans la limite de leur mandat de membres du Comité. Le
Président ne peut être réélu plus de deux fois de suite.
3" Les fonctions de Président sont incompatibles avec celles de
membre des Conseils académiques et supérieur et de membre des
Bureaux des Fédérations nationales.
4" Le Comité nomme également les Commissions qui doivent
assurer le fonctionnement des différents services de l'Association.
Tout membre du Comité fait partie d'une commission. Les com-
missions rendent compte de leurs travaux à chaque réunion du
Comité.
Les membres du Bureau font de droit partie de toutes les
commissions.
Dans les votes émis par le Comité, en cas de partage égal des
suffrages, la voix du Président est prépondérante.
5" Les membres du Comité qui, sans excuse, resteraient un an
sans assister aux réunions, seront considérés comme démission-
naires ; il sera pourvu à leur remplacement aux élections sui-
vantes.
6" Le Bureau, de sa propre initiative ou sur la demande de
11 membres du Comité, est cbargé de réunir le Comité, d'orga-
niser les réunions corporatives et les conférences.
7" Le Confite élira son Bureau dans les quinze Jours qui sui-
vront l'Assemblée générale.
L'ancien Bureau restera en fonctions jusqu'à Lélection du
nouveau.
Aht. 9. — 1" Une Assemblée générale statutaire, dont la lîatc
est fixée par le Comité, est tenue chaque année.
L'Assemblée générale désigne elle-même la ville où elle se
réunira l'année suivante.
2" Aucune question ne jjourra être mise en discussion si clic
n'a été communiquée au Président au moins quinze jours avant
la date de l'Assemblée et acceptée par le tlomité, qui arrête défi-
nitivement l'ordre du jour.
3" Le Secrétaire généi'al et le Trésorier ])résentent chacun un
rapport qui est soumis à l'approbation de l'Assemblée.
4" L'Assemblée générale nomme au scrutin secret les meml)res
du Comité. Le vote par correspondance est admis.
5" Poiii' |)ermettre la reijrésentation des ditVéïentes catégories
de membres actifs, le Comité établira chaque année la liste îles
catégories à représenter et le nombre proportionnel auquel cha-
cune a droit. Seront déclarés élus les candidats arrivant en tête
de leur catégorie respective. Les élus de province peuvent, par
une i)rocurati()n régulière i-enouvelée tous les ans, déléguer leurs
pouvoirs à un collègue tic Paris, membre actif de l'Association
ne faisant pas fiéjà i)artie du (Comité, sans cjue s<»n mandat puisse
être renouvelé plus de trois ans de suite.
6" Outre l'Assemblée générale statutaire, une .Assemblée géné-
rale extraordinaire peut être convoquée sur la demande du
Comité ou du fiers des membres de l'Association.
,Anr. 10. — 1" L'Association favorise la création de gi'oupe-
ments locaux et régionaux, auxquels elle donne, sur leur de-
mande, une pl.'ice dans la fU'vue avec une rubrique particulière
et dont les communi(|ués seront soumis à l'exanien de la (ioni-
mission de Hédacfion.
STATUTS 29
2" Les membres de ces groupements font partie de l'Associa-
tion et doivent en accepter les statuts.
o' (les groupements s'adininistrent eux-mêmes. Leur Bureau
se met en relations avec le Bureau de l'Association et envoie
chaque année la liste de ses membres, ainsi que le montant des
cotisations avant le 1"'' avril.
4" Lorsque le chiffre de leurs membres dépasse quinze, il est
accordé à ces groupements une réduction de 2 francs par cotisa-
tion versée au Trésorier de l'Association.
5" Ces groupements locaux ou régionaux éliront au Comité un
représentant par vingt-cinq membres. Ces représentants auront
le droit de déléguer leurs pouvoirs par procuration régulière,
renouvelée chaque année, à un membre actif de l'Association ne
faisant pas déjà partie du Comité.
Aht. 11. — La dissolution de l'Association ne pourra être pro-
noncée que par une Assemblée générale représentant au moins le
tiers des membres actifs de l'Association.
Cette Assemblée statuera sur l'emploi des fonds disponibles.
Si nous parlions des '* Compagnons ** 7
Commençons, si vous le voulez bien, par lixer quelques
points d'histoire. Cela ne serait sans doute pas indispensable.
J'y tiens cei^endant pour diverses raisons. Et puis cette
façon de procéder a l'avantage de me fournir mon exorde.
*.
La réunion générale des professeurs de langues vivantes
tenue le jeudi 20 novembre au Lycée Louis-le-Grand, sous
les auspices de notre Association, avait pour but de permet-
tre aux futurs candidats au Conseil supérieur d'exposer et de
défendre leur programme — au candidat unique serait plus
exact. En effet, seul M. Rancès, cédant aux affectueuses et pres-
santes sollicitations de quelques-uns de ses collègues, se pré-
sentait à nos suffrages. Il venait de développer avec beaucoup
de netteté, beaucoup de force, beaucoup de chaleur même ses
idées sur notre enseignement lorsqu'un de nos camarades,
M. Becker, lui posa cette question : « Si vous êtes nommé,
quelle sera votre attitude à l'égard des « Compagnons » V
M. Rancès répondit qu'il qe faisait pas partie du groupement
des « Compagnons », mais que d'ailleurs il était partisan
résolu d'un enseignement démocratique. Puis la discussion
très rapide, très brève, nous sembla dévier en abordant le
domaine de l'enseignement libre où M. Rancès, pour l'instant,
refusait avec raison de s'aventurer. On en resta donc là. —
Un mois plus tard, à l'Assemblée générale de notre Associa-
tion, la lecture des rapports était à peine achevée que M. Va-
renne nous dit à peu près ceci : « Il est un sujet que nous
brûle les lèvres et auquel nulle allusion n'a été faite : quelle
sera notre attitude à l'égard des « Compagnons » ? Et de nou-
veau, par suite de circonstances fortuites et que, pour ma
part, je regrette vivement, aucun débat ne put s'engager. Mais
il n'en est pas moins vrai que nos collègues avaient eu le
mérite d'attirer notre attention sur un mouvement récent que
nous n'avons pas le droit d'ignorer. A notre étonnement
même ils auront pu juger que beaucoup d'entre nous — et
moi tout le premier, et je m'en excuse — nous n'avions que
des idées très vagues (en avions-nous ?) sur la doctrine et sur
l'action des « Compagnons ». S'ils me le permettent, je tâ-
cherai, en quelque mesure, d'expliquer, sinon de justifier cette
ignorance. Mais, en tout cas, je tiens à les remercier de
m'avoir moralement obligé à sortir de ma tour d'ivoire.
*.v
■A- *
Et, sans nul doute, ce nom de « Compagnons » ne m'était
pas totalement étranger. J'avais le souvenir d'avoir reçu.
SI NOUS PARLIONS DES <( COMPAGNONS )) ? 31
par un jour de grand soleil, une lettre-circulaire, de l'avoir
lue sans plaisir, d'un œil distrait, car le ton m'en avait
paru violent et, ce qui est pire, morose. Puis à l'occasion je
m'étais informé auprès de quelques-uns de mes collègues et
à la question que je leur posai : « Que savez-vous des
« Compagnons » ? » les uns m'avaient répondu : « Rien » ;
et d'autres: « Ce sont des rouges qui veulent tout jeter bas » ;
et d'autres encore : « Ce sont des réactionnaires, voire des
royalistes déguisés ». Et ce n'était pas là simple jeu du ha-
sard. La preuve en est que, dans l'Opinion du 20 décembre
1919, M. J.-M. Carré, secrétaire général de la Compagnie, écrit
ceci : « Pour les uns, les « Compagnons », partisans intran-
sigeants d'une réforme totale furent des révolutionnaires, les
bolchevistes de l'enseignement. Pour les autres (ju'inquiétait
leur libéralisme, ils devinrent des cléricaux, payés par les
évêques. Leur ton prophétique leur amena le reproche d'être
des mystiques, mais leur nom les fit aussi suspecter d'être
des francs-maçons. » Le pseudo-anonymat des « Compa-
gnons » explique, en effet, au moins en partie, ces jugements :
il a permis de découvrir, au gré des passions, dans leur
mystérieux groupement quelque « main noire » laïque ou
cléricale. Ces conspirateurs qu'on savait aux armées avait-
ils remplacé par les tranchées les huttes des « charbon-
niers » ?
C'est vrai. Ce nom de « Compagnons » surprenait les uns,
inquiétait les autres. Et nous sommes heureux que M. Carré,
dans l'article que j'ai déjà cité, ait levé un coin du voile.
« Un jour, je demandai à notre camarade Jules Isaac, l'un
des fondateurs de l'Association des anciens combattants de
l'Université, de nous trouver dans l'histoire du moyen-âge,
un nom de grand architecte qui pût symboliser tout ensemble
notre travail constructeur et notre inspiration corporative.
II me répondit tout bonnement : « Mais pourquoi aller cher-
cher si loin ? Appelez-vous donc les « (Compagnons ». L'idée
était simple et heureuse. Elle fut ado])tée et c'est ainsi que
nous reçûmes le baptême. » Et le dictionnaire nous dit :
« Les Compagnons formaient des associations de compagnon-
nage, dans le but d'établir un lien d'amitié et de bonne
confraternité entre tous les ouvriers d'un même métier. » Et
c'est dans ce sens qu'il nous plaît d'entendre le mot « Com-
pagnons ».
La guerre terminée, les 45 « Compagnons » du début se
firent connaître. Leur groupement se dévelop])a rapide-
ment (1) ; et perdit le caractère de société fermée, tout en
conservant un nom qui, en réalité, n'a plus qu'une valeur
symbolique. Les « Compagnons » sont, en somme, une asso-
ciation constituée en vue d'une action bien déterminée. Ni la
j)aresse d'esprit, ni le scepticisme qui est un si mol oreiller,
ni la méfiance qu'inspire à notre individualisme foncier
• 1) II compte un millier de mejiil)res (novembre 1919).
LES LANGUES MODERNES
toute tentative d'organisation, ni beaucoup d'autres sentiments
également factieux ne nous excuseraient de persister dans
notre indifférence. Nouvellement instruit, j'écris pour ceux
qui ignorent ; quant à ceux qui « savent », point n'est besoin
qu'ils lisent plus avant. Je ne leur apprendrais rien.
]\Iais avant d'aborder l'analyse de la doctrine des « Com-
pagnons », il me sera bien permis de dégager quelques-unes
des inq^ressions générales cjue m"a laissées la lecture de leurs
différents manifestes (1).
Le ton des articles, l'allure de leur polémique n'est pas
toujours agréable. Et j'entends bien que des verges n'ont
pas à être enrubannées comme la houlette du berger Céladon.
Cela est d'ailleurs voulu : « Nous fûmes, à dessein, violents
dans nos critiques, dogmatiques dans nos propositions... »
((. Notre but n'était pas moins de déplaire que de plaire. »
<' ...A quoi nous eùt-il servi d'écrire en 1917 des articles bien
sages dans une revue pédagogique quelconque... » Et
M. (^arré nous avoue avoir atténué la forme d'articles dont
« le ton était toujours vif, souvent prétentieux, parfois inso-
lent )'. L'on fonce sur les adversaires — et ces adversaires
ont peut-être eu simplement la maladresse de naitre vingt ans
trop tôt — avec une fougue, une ardeur qui ne connaît ni
la grâce, ni le sourire. Ah ! les « Compagnons )> ne se met-
tent pas en frais de coquetterie pour gagner des partisans.
El pourtant il nous semble que des hommes encore jeunes,
le visage tourné vers l'avenir, devraient créer dans la joie,
bien plus soutenus par l'espoir lumineux d'un « ordre nou-
veau » qu'attristés par le souvenir des erreurs passées. Ce
sentiment de joie, nous ne l'avons trouvé nulle part. L'en-
thousiasme qui élève l'âme au-dessus d'elle-même, dans un
élan de vive allégresse, l'emballement, serait-il vieux jeu ?
Mais d'ailleurs la tentative des « Compagnons » est certai-
nement une tentative de bonne foi. Elle commande ce sen-
timent de respect sympathique auquel a droit tout effort
sérieux et loyal. En outre l'idée d'œuvre collective nous paraît
excellente. Et ce n'est pas dans notre Association qu'on la cri-
tiquera. Car nous-mêmes — sur une question spéciale, il
est vrai, et donc de moindre inqjortancc — nous avons établi
un référendum qui a eu tout le succès que nous en espérions
— même au|)rés de l'Administration.
.T'indiquerai maintenant quels sont les i)rincii)aux points
<le la doctrine des « Compagnons ■>■> et quels sont les princi-
paux moyens tie réalisation ([u'ils ])roposenf. .Te tâcherai
(1) LTiiiversité Noint-Ue. I, La Doctrine; les Applications de
la Doctrine. Paris. Fisclibacher. 1919. — La Snlidarilc, 15 juillet,
15 octol)rc, L5 novembre. 15 dêee.iihre. — L'Opinion, '20 déceiii-
bre. 1919.
SI NOUS PARLIONS DES « COMPAGNONS » ? 'V,i
d'être purement objectif. Le moment venu — s'il vient —
soyez bien certains que je ne craindrai pas de dire ce que je
pense.
C'est au premier volume de l'Université .Nouvelle que nous
emprunterons la plupart des développements cjui vont suivre.
La doctrine des « Compagnons », « elle apparaît vite à
qui la regarde attentivement ; elle passe comme un fil rouge
à* travers tous leurs essais. Il est facile de la résumer d'un
mot : les « Compagnons » veulent développer la valeur so-
ciale des Français. Or la France est encore dans un état
inorganique... il faut l'organiser (1) ». Et dans la vaste en-
treprise d'organisation de la démocratie, les « Compagnons )
sont un groupement important « celui qui s'aligne le premier,
parce qu'il travaille à l'œuvre qui vient la première dans la
vie ».
Or, l'Université a, au sens propre du mot, un besoin urgent
d'être reformée. « Nous ne nous contenterons pas d'un relè-
vement de traitement ou d'une réforme de la Licence. On
ne nous satisfait point par des améliorations partielles, qu'elles
soient matérielles ou morales... 11 faut tout remettre à neuf,
tout unir, tout cimenter. Il faut refondre les idées, les pro-
grammes, les méthodes et le recrutement... Une réforme totale,
ce n'est pas une série de réformes qui touchent à tout, c'est
une réforme unique qui comprend tout. » Il convient de
signaler que ce programme subversif est parfois atténué. Cette
réforme « doit être non l'œuvre de quelques pédagogues dis-
cutant autour d'un tapis vert, mais l'expression de la volonté
quasi-unanime du corps enseignant » (ce qui, sauf erreur, nous
permet d'augurer que bien des choses seront conservées) et
encore : « Ce que nous entendons ])ar réforme totale, c'est
un examen de tout ce qui existe à la lumière de certaines
idées directrices, et c'est sa modification, sa suppression ou
son maintien, suivant ce qui sera reconnu nécessaire. Nous
ne voulons pas faire table rase, mais nous ne voulons pas non
plus nous abandonner aux hasards de l'empirisme » ; et enfin
dans la lettre de M. Cazamian, actuellement président du
Comité directeur : « Vous détruisez magnifiquement. Vous
y a'pportez la belle fougue de la jeunesse. .le ne jcrois i)as que
tout soit vermoulu dans l'édifice, ni que toutes ses parties
doivent tomber. »
L'esprit qui ])résidera à cette refonte de l'Université sera
purement démocratique. « Nous voulons un enseignement
démocratique... c'est celui qui permet de tirer de tout homme
le meilleur rendement. » En fait, il ne doit plus y avoir de
distinction entre ])rimaire, secondaire et supérieur : il ne
doit y avoir qu'un enseignement. Ce qui ne signifie i)as que,
le moment venu, cet enseignement ne sera pas diversifié par
(1) (y'est par là qu'ils se rattachent à r,\ssociation nationale pour
l'organisation de la Démocratie de Probus [M. Corréurd],
34 LES LANGUES MODERNES
la spécialisation : d"un tronc unique ne sort-il pas de nom-
breuses branches ? Et même il y aura place pour un ensei-
gnement « aristocratique », celui des Humanités : « Nous
devons avoir la franchise de le proclamer et de l'accepter :
l'enseignement des humanités est en enseignement aristocra-
tique et il faut, même dans une démocratie, qu'il y ait quelque
part, ouvert à tous les talents et à toutes les bourses, un en-
seignement qui soit aristocratique. S'il n'en est pas ainsi, la
démocratie n'est qu'un troupeau. »
La conception démocratique de l'enseignement a pour pre-
mière conséquence l'établissement de la « gratuité d'un bout
à l'autre des études, idéal qu'on ne pourra peut-être lias réa-
liser tout d'abord à cause de notre situation financière. »
Elle a une autre conséquence plus imprévue : « nécessité de
la collaboration de tous, sous le contrôle de l'Etat, à l'œuvre
de l'Education, parents et maîtres, professeurs de l'Etat et
professeurs libres, car la concentration seule des efforts est
efficace. » « Nous voulons que l'enseignement libre entre dans
la corporation pour marquer, par un fait concret, la subordi-
nation plus ou moins directe de tous les enseignements à cet
organe de coordination nationale qu'est l'Etat ; nous le vou-
lons encore pour sceller la réconciliation nationale. » Et
même : « Il est de l'intérêt de tous que l'enseignement libre
entre dans la corporation, contribue à l'élaboration de la
politique scolaire et la pratique sans arrière-pensée. Pour cela
la simple entrée dans la corporation ne sullit pas ; il faut un
lien plus concret encore, un lien matériel. // faut, si légère
soit-elle, une subvention de l'Etat... l'enseignement libre a
droit à une subvention dans la mesure où il remplit une fonc-
tion de l'Etat m.
Une autre idée chère aux « Compagnons » est celle du
régionalisme « L'enseignement doit être adapté à la région.
On est de sa province comme on est de son siècle. S'il est
folie de ne pas préparer les enfants à la vie actuelle, il l'est
tout autant de ne pas les préparer à la vie régionale. Puisqu'on
vit, iHiisqu'on travaille autrement dans le Nord que dans le
Midi, sur la côte cjue dans la montagne, il faut que l'enseigne-
ment à tous les degrés, soit de la couleur du ciel et du sol.
qu'on y sente la présence de la vigne ou celle du charbon,
c(u'on y respire ici l'odeur de la mer, là celle de la forêt ou
(lu pâturage. »
Sur l'importance et la nécessité de la culture physique,
que les « Compagnons « soutiennent avec vigueur, qui ne
serait d'accord ?
Enfin, pour achever cet ex])osé sommaire de la doc-
trine des « Compagnons », indiquons, sans pouvoir insister,
la valeur qu'ils attribuent à l'idée corporative et syndicaliste.
Je copie : « Entre l'Etat omnipotent et centralisateur, indif-
férent (Ui.v vies intérieures, et les citoyens isolés, impuissants.
(1) Ce n'est lias nidi qui souligne.
SI NOUS PARLIONS DES « COMPAGNONS )) ? 35
révoltés, il faut introduire le moyen ternie : l'association, l'or-
ganisation corporative. Il faut entre l'Etat et l'individu, la
corporation de l'enseignement, de tout l'enseignement pri-
maire, secondaire, supérieur, professionnel, la corporation
dans chaque région... Le syndicalisme universitaire doit en-
tretenir enti'e les membres de l'Enseignement, l'esprit d'as-
sociation dans tous les domaines et à tous les degrés. L'esprit
(l'association peut faire des prodiges : il peut faire surgir pour
le plus grand bien des maîtres de toutes sortes des coopéra-
tives, des institutions d'assistance, des cercles, des bibliothè-
ques de prêts, etc.
Quelque brève que soit l'analyse que nous venons de ten-
ter, elle sufiira, nous le pensons, à donner une idée d'ensemble
assez exacte de la doctrine des « Compagnons ». Faute de
place, nous insisterons moins encore sur les « applications
de la doctrine » exposées dans le second volume de VUniver-
.sité Nouvelle ; nous nous bornerons à signaler celles qui nous
paraissent très importantes ou qui ont pour nous, spécialistes,
un intérêt particulier.
L'école primaire sera non seulement l'école primaire uni-
que, mais l'école primaire prolongée. Les enfants y resteront
jusqu'à 14 ans. Ils n'en sortiront qu'après avoir subi un exa-
men final et obtenu, ainsi pour plus tard, le droit de voter.
Les élèves qui pourront se destiner avec fruit aux humanités
seront cependant autorisés à quitter l'école à l'âge de 13 ans.
C'est « introduire une exception », mais elle est en faveur
du mérite. Il ne faut pas être « intransigeants contre la vie
qui n'admet guère de constructions rigoureusement géomé-
triques ». Sur le programme et le fonctionnement de l'école
unique, il n'y a pas lieu d'insister ici. (Cf. Université Nou-
velle, II, p. 58-75).
Au sortir de l'école, l'enfant choisira la voie qui lui con-
viendra le mieux, soit qu'il cherche une formation profes-
sionnelle immédiate, soit qu'il se sente attiré vers la culture
intellectuelle :
Dans le premier cas, il aura besoin d'un « enseignement
théorique et ])ratique en vue de l'exercice d'une profession
industrielle, commerciale ou agricole ». Il ne peut donc plus
être question d'une école unique : « par essence même l'édu-
cation professionnelle doit être diverse... et non pas seule-
ment diverse dans un même cadre, mais dilférente radicale-
inent suivant la profession, suivant la région, suivant l'élève,
suivant le degré de formation professionnelle que désire ou
peut atteindre le jeune homme. »
Dans le second cas, l'élève entrera au hcée. Il y restera
cinq ans : « 11 entrera donc au hcée à 13 ans, âge qui cor-
resjjond à la classe actuelle de quatrième ; il en sortira à
17 (sic, 18 ?) ans à la fin de la classe actuelle de ])hilosophie.
Nous ne pouvons ])as réduire davantage : en ellet, l'œuvre de
la culture demande du temps... Mais à un âge où l'enfant se
36 LES LANGUES MODERNES
développe vite, ce quinquennium peut avoir, malgré sa
brièveté d'apparence, le maximum d'ellicacité. >■> Au lycée
on étudiera le latin. Ce sera le « latin court )i. Mieux que les
sciences, les langues vivantes ou même le français, le latin
est par excellence l'instrument de culture. « Notre tentative
est la dernière qui puisse sauver le latin. Si elle échoue nous
n'aurons plus qu'à nous incliner et à demander à d'autres
exercices le profit gymnastique et à des traductions la con-
naissance de l'antiquité. >>
Le baccalauréat sera conservé. « On a dit beaucoup de
mal du baccalauréat. Nous reconnaissons qu'il pèse sur les
programmes et les méthodes d'une façon terrible. Mais d'au-
tre part, il est un stimulant. Voici ce que nous proposons
bien que certains d'entre nous lui .soient radicalement hosti-
les : réformer l'examen de façon à le rendre aussi juste, aussi
sincère que possible, en y incorporant même les moyennes
des notes. Ne pas le rendre obligatoire à l'entrée des cai'-
rières, mais en tenir compte (en avantageant en outre les
« mentions ») dans les mêmes carrières, »
Enfin sur l'organisation de l'enseignement supérieur : « Il
succède à l'enseignement secondaire. On pourra y accéder
aussi bien des humanités que des sections professionnelles.
Nous concevons l'enseignement supérieur pour les étudiants
non pas comme un moyen de culture générale, mais comme
un moyen de culture spéciale. D'autre part, les universités
ont en outre pour mission d'élaborer la science et de la vul-
gariser. Il faut que leur organisation corresponde à ce triple
rôle : scientifique, pédagogique, vulgarisateur. Nous deman-
dons pour cela la concentration des ressources en quelques
grands instituts bien outillés. Mais pour n'avoir pas à sup-
primer d'universités, nous admettons que chacune d'elles
cessera d'être complète, si l'on excepte celle de Paris. »
Et voici enfin les idées exprimées par les « Compagnons -
au .sujet de l'enseignement des langues vivantes. Ici plus
encore que dans les pages 'jiii précèdent, je me boinor.ii :"i
citer textuellement : ce sera pour moi le moyen le plus sur
— le seul — de rester neutre et de ne pas trahir involontai-
rement mes sentiments.
Université nouvelle, I. p. 40 : « La géographie et les langues
vivantes seront des facteurs importants et nouveaux de notre
culture. »
Université nouvelle, 11, p. (54 : « Nous voulons aussi que
tous ceux qui auront besoin, jjour des raisons de jirofession,
commerce, industrie, ou pour des raisons de culture, de con-
naître les langues vivantes en fassent ra])prentissage au cours
supérieur. Autant nous trouvons inutile que l'instituteur
sache le latin, autant nous croyons nécessaire qu'il possède
une langue moderne, ('et enseignement des langues vivantes
sera donné surtout par la méthode directe qui présente un
SI NOUS PARLIONS DES « COMPAGNONS » / .)/
caractère tout pratique et qui permettra de gagner du temps...
Il va sans dire que la langue étudiée, sera, autant que pos-
sible, choisie en fonction de la région où l'on vit et du métier
auquel on se prépare, w
Université nouvelle, II, p. 102 : « Il nous faut donc une
base littéraire. Prendron.s-nous les langues vivantes ? Le tra-
vail de traduction, de confrontation de deux génies difterents
existe là, comme dans le latin. Le bénéfice qu'on en retire,
souplesse, précision, vigueur d'esprit, serait le même. Au fait,
est-ce vrai ? Y a-t-il une comparaison possible entre le travail
qu'il faut faire pour assimiler le génie simplificateur de l'an-
glais, la richesse trouble de la pensée allemande, la redon-
dance espagnole, la facilité et la grâce italiennes et cet autre
travail qui consiste à suivre dans les détours de la phrase
latine une pensée logique, nua.i;;ée et précise ? Nous croyons
que la comparaison est à l'avantage du latin... Laquelle choi-
sir parmi les quatre langues vivantes fondamentales ?... Ceci
nous amène à l'objection la plus grave que soulèvent les lan-
gues vivantes...
A se frotter continuellement à une humanité étrangère, on
iinit par lui prendre quelque chose... Cela peut aller jusqu'à
la façon de penser et de sentir... Or réfléchissez bien : vous
allez prendre comme base de la nouvelle culture l'étude de
l'étranger, quel que soit d'ailleurs cet étranger. Cette étude
ne sera pas un des accessoires de votre culture, c'en sera la
base même. C'est le monde étranger qui sera notre éducateur :
c'est lui qui deviendra la pierre de touche de nos sentiments
et la norme de notre raison ; c'est tout de même raide, quand
on est la France.
(^hez un peuple comme le nôtre, hospitalier, curieux.
'c gobeur >>, est-ce d'une bien saine politique que de lui dis-
perser l'âme aux quatre coins du monde ? «
Université nouvelle, II, p. 120: « Les langues vivantes et la
méthode directe. On peut se servir de deux façons d'une lan-
gue vivante : pour la parler ou i)our la lire. Il faut sans doute
concilier les deux points de vue, mais si l'un d'eux doit
l'emporter dans les classes, ce doit être le second. On n'ap-
prend guère à parler autrement que par la méthode directe ;
elle a l'avantage de faire passer l'usage de la langue étrangère
en réflexes, mais elle a l'inconvénient de n'assurer qu'une
connaissance instinctive et qui manque de solidité. La bonne
vieille méthode grammaticale jieut seule donner cette assise
sans laquelle toute acquisition est éi)hémère. Or, c'est au
lycée seulement qu'on peut l'employer ; plus tard, en effet,
dans la vie, le temps manque pour cela, tandis que, si le
besoin s'en fait sentir, on trouvera facilement quelques heures
par semaine pour des exercices de conversation dans des ins-
tituts spéciaux, qui rafraîchiront les connaissances acquises
et achèveront l'éducation de l'oreille et du gosier. La classe,
au contraire fort propre aux études livresques, n'est pas
faite pour ce dressage-là. Les élèves y seront toujours trop
38 LES LANGUES MODERNES
nombreux pour que la méthode directe y soit elticace. Dès
lors s'y consacrer c'est y perdre son temps. »
Si cet article tombe sous les yeux de quelques « Compa-
gnons », ils ne m'en voudront pas, je l'espère, d'avoir abusé
du droit qu'on a de citer ses auteurs. C'était, me semble-t-il.
le procédé le plus loyal pour faire connaître leurs idées. Je
n'ai été et n'ai voulu être qu'un « rapporteur » fidèle. Tant
mieux si j'y ai réussi.
L. W. Cart.
(Lycée Carnot).
P.-S. — Au moment où nous corrigeons les- épreuves de
cet article, nous recevons le n" du 15 janvier de la « Soli-
darité » . ^I. Cazamian, y parlant de la subvention de l'Etat
à l'enseignement libre proposée d'abord par les « Compa-
gnons w, écrit ceci : « Cette partie de la doctrine des « Com-
pagnons n est caduque ; elle est tombée comme une branche
morte. »
Lettre d'un professeur français à un professeur allemand
(Mai 1915)
Le 16 juillet 1914 je quittais Paris pour l'Allemagne avec une
caravane de vingt-huit jeunes gens confiés à mes soins par le
Foyer à l'Ecole. Nous devions jjasser toutes nos vacances dans
une ville allemande des bords du Rhin. A peine étions-nous
installés que les bruits de guerre commencèrent à circuler, et le
31 juillet au soir nous reprenions précipitamment le train pour
Paris, où nous arrivâmes le lendemain, juste au moment où Ton
affichait le décret de mobilisation.
Pendant ce bref séjour j'avais eu l'occasion de faire la connais-
sance de M. X..., professeur à l'Université de Y..., qui me fit un
excellent accueil et me parut animé de sentiments très différents
de ceux que nous avons trop souvent constatés chez la grande
majorité de ses compatriotes.
A la rentrée d'octobre une pénible surprise nous attendait. Le
Censeur de notre lycée, qui était allé passer ses vacances dans la
Meuse, n'avait pas rejoint son poste. Nous étions sans nouvelles
de lui depuis plus d'un mois, et ce n'est que vingt jours plus
tard qu'une lettre nous apprit que, surpris par l'invasion alle-
mande, il avait été déporté comme prisonnier civil dans un cam])
bavarois. Je songeai immédiatement à M. X... et je lui écrivis
dans l'espoir qu'une intervention bienveillante de sa part pour-
rait, sinon obtenir la mise en liberté de notre censeur, du moins
lui assurer des conditions d'existence plus douces. Mon espoir
ne fut point déçu. M. X... s'employa, avec un dévouement dont
je lui garde une grande reconnaissance, à adoucir le sort de
notre ami, et si le résultat de ses démarches ne répondit pas à
ses efforts, ce ne fut pas de sa faute et cela ne diminue en rien
son mérite. Le censeur dut son élargissement à une autre inter-
vention ]j1us efficace. Le 24 janvier 1915 nous eûmes la joie de
le voir rentrer sain et sauf au milieu de nous.
.l'écrivis alors une seconde lettre à M. X... pour lui annoncer
la bonne nouvelle et le remercier. Quatre mois |)lus tard, n'ayant
pas reçu de réponse à cette lettre, qui sans doute avait dû s'éga-
rer, j'en écrivis une troisième ; mais, je ne sais comment cela
se fit, cette troisième missive, qui devait être courte et somme
toute assez banale, s'allongea sous ma plume un peu ])lus que
de raison peut-être et se trouva être finalement, sans que je
l'eusse jirécisément voulu ou prémédite, une sorte de ])laidoyer
en notre faveur, et en même temps un réquisitoire contre r.\lle-
magne. Persuadé d'une part — sur la foi d'une impression que je
ne crois |)as trompeuse — que M. X... ne ressemble en rien à ces
tristes Intellectuels qui ont signé le fameux manifeste îles 93.
qu'il est digne d'entendre toute la vérité et capable de la com-
prendre, et d'autre part convaincu que l'.Mleniagne devait
compter, en plus grand nombre qu'on ne le pense communément,
de ces Injmmes monientanément bâillonnés qui souffrent en
40 LES LANGUES MODERNES
silence en attendant le jour, proche peut-être, où ils pourront
élever la voix et ramener leurs compatriotes égarés dans le
chemin de la raison et du droit, je ne sus pas résister à Timpul-
sion secrète qui fit jaillir du fond de mon âme la |jrotestation
qu'on va lire et l'espoir dont malgré tout elle demeurait pleine.
Je ne me fais pas d'illusion sur le peu d'originalité (tout est
dit et l'on vient trop tard...) des modestes idées que j'exprime,
* ni sur la qualité de mon allemand. Ceci n'est pas un document
historique et je n'ai rien à révéler de sensationnel. Je n'ai eu.
au point de vue du fond comme à celui de la forme aucune
jjrétention excessive. J'ai simplement voulu dire à un Allemand
intelligent et aux idées larges, comme il en faudrait heaucoup,
en toute sincérité et avec toute l'impartialité dont je suis capable,
ce que j'avais sur le cœur. Il me semble que si un Allemand
m'écrivait en français pour me communiquer le résultat d'un
examen de conscience aussi sincère que le mien, je serais très
indulgent pour sa tentative qui rn'apparaîtrait — même si elle
était gauche — plus touchante encore qu'audacieuse.
Pourquoi ces lignes, écrites depuis plus de quatre ans, sont-
elles restées si longtemps dans mon tiroir ? C'est que. au moment
de les expédier à leur destinataire, en mai 1915, j'ai été retenu
par un scrupule auquel je n'avais pas songé tout d'abord. J'ai
craint de causer des ennuis à M. X... au cas. fort probable, où
la censure allemande aurait pris ombrage de certaines vérités
trop librement exprimées dans nia lettre. Je pense qu'aujourd'hui
ce danger n'est plus à redouter, et je me décide à exhumer
ce produit de ma plume qui, aux défauts qu'il peut avoir déjà,
ajoute le tort plus grave de n'avoir pu, comme un vin généreux,
s'améliorer en vieillissant.
J'ai pensé qu'il ])ourrait être intéressant, même à quatre ans
de distance, de jjublier cette lettre comme témoignage de ce que
pensait en 1915, un peu naïvement peut-être, un homme qui ne
se ]îiqiie pas de connaître à fond cette sournoise et décevante
Allemagne, niais qui avait tout de même le droit d'exprimer des
opinions personnelles fondées sur une longue et impartiale
observation. Les événements ont donné raison à mon optimisme,
du moins en ce qui concerne le succès final : nous avons — avec
le précieux concours de nos .Alliés, ne l'oublions pas ! — vaincu
le monstrueux adversaire. Mais hélas ! je me demande si la
mentalité allemande est vraiment changée, et je demeure scep-
tique. Je crois cju'à ce point de vue je me suis un ])eu trop
abandonné à des ilhisions. dont ma raison au fond n'était pas
tout à fait dupe, mais que généreusement je m'efforçais d'entre-
tenir au fond de mon cœur, dans la pensée qu'après tout ou ne
sait jamais ce qui arrivera et que toutes les surprises sont pos-
sil)les. Certes, je crois toujours, et les faits l'ont ])rouvé, qu'il
A a en .Allemagne des hommes de cœur noble et de haute raiso.i
<]i'i, non seulement ne s'dtTenseraient jias des ternies un ])eu vifs
<iont j'ai jjarfois usé à l'égard de leurs compatriotes, mais qui
même approuveraient sans trop d'hésitation la plupart de mes
jugements sortis d'une conscience libre, droit* et impartiale.
,Slais combien sont-ils ? J'ai peur que le noble exemple des
(Irelling, des Muelbon, des Nicolaï et de quelques autres ne
demeure stérile et que Ce longtemps encore nous ne jiuissions les
saluer que comme de glorieuses exceptions. Je ne connais pas
sulTisamment M. X... jjour avoir le droit d'affimer qu'il souscrira
sans réserve à ces jugements ; je ne puis nie ])orter garant des
Nentimcnts que, sur une impression favorable mais un peu som-
LETTRE d'un PROFESSEUR 41
maire, je me suis peut-être un peu trop pressé de lui attribuer.
Il peut se faire que ma lettre lui cause quelque surprise. Mais,
quoi qu'il en soit, comme je ne lui ai prêté que des sentiments
très nobles, j'ai la certitude que, même s'il ne les éprouve pas
dans la mesure où je l'ai espéré, il ne pourra en vouloir à un
Français généreux de lui avoir fait le grand honneur de le
considérer comme un digne fils de ces grands Allemands d'autre-
fois, de cette élite de penseurs libres, pour qui nous n'éprouvons,
par comparaison surtout, que du respect et de la sympathie.
Décembre 1919.
E. K.
LETTRE D'UN PROFESSEUR FRANÇAIS
A UN PROFESSEUR .\LLEMAND
Toulouse, don %'. Mai 191.')
Sehr geehrter Herr Professor
HofTentlich haben Sie meinen letzten Bricl vom Knde .lanuar
erhalten, wodurch ich Ihnen niitteilte, dasz Herr L... endlich
f'reigelassen worden ist. Ich will aber — aus Sorge, er mochte
verloren gegangen sein — noch einiiial zur Feder greifcn und
Ihnen die glùckliche Nachricht zukomnien lassen.
Herr L... ist am 24. Januar ganz unerwartet hierher
eingetrolFen. Ich sagte Ihnen, wie ereinem auszerordentlichen
Zufall und der Vermittelung einer hohen, deutschen Pcrson-
lichkeit seine Freiheit verdankte. Es tut mir unendlich leid,
dasz Sie sich vergeblich so viel Mûhe gegeben. Ihr Brief an
Herrn L..., den der Kommandant des Gefangenenlagers hiitte
ûberniitteln sollen, ist unterschlagen worden. Wahrend seines
dortigen Aufenthalts hat mein Freund von Ihren Remûluingen
keine Kenntnis gehabt ; erst nach seiner Ankunfl in Toulouse
hat er ailes crfahren, was wir zusammen zu seiner Refreiung
ins Werk gesetzt hatten.
\Yie dem auch sei, ich werde nie vergessen, \vas Sie fiir
meinen Landsmann getan liaben, und er selbcr hat niich
beauftragt, Ihnen den Ausdruck seiner innigsten J)ankbarkeit
zu iibersenden. Dasz Sie sich unter den gegenwiirtigen Unis-
tanden, die so grausam ungùnstig sind, so einfach vernùnftig
und menschlicli gezeigt haben, wo so viele « gcbildete » Leute
in Deutschland von einem fôrmlichen Wahnsinn beiallen zu
sein scheinen, das gereicht Ihnen bcsonders zur Elire. Noch
einmal nehmen Sie unseren aufrichtigsten Dank entgegen. Ich
holl'e, es werden bessere Zeiten koiumen, \vo esbraven Leuten,
auf beiden Seiten der Grenze, niôglich sein wird, Bûrgerpilicht
mit Menschenpflicht zu vereinbaren. Moge dièse Zeit niciit
allzuferne sein !
Wie oft habe ich seit dem Ausbrucb die.ses janiniervollen
Kriegcs an Sie gedacht! Sie hatten auf mich in unserer k'ider .so
kurzen Unterhaltung einen so liefcn Eindruck gemachl, Sic
42 LES LANGUES MODERNES
erschiencn niir damais als ein Mann, der fàhig war, sich ûber
engherzige Vorurteile hinwegsetzend, fur eine gereclite Sache,
und \\i\re es auch fur die Sache eines Franzosen, energisch
aufzutreten. Deshalb habe ich keinen Anstand genonimen, in
der Angelegenheil des Herrn L..., mich an Sie zu wenden. Der
Erfolg bat bcwiesen (wenigstens Avas den guten Willen betrifft)
dasz dièses Yertrauen vônig begrûndet war. Scbade nur,
dasz solche Manner in Ihreni Vaterland heute so selten sind !
Vielleicht gibt es deren mehr als man gewôhnlich bei uns
glaubt ; aber in diesem aufgehetzten Deutschland, wo die
veriichtliche Klique der Maulhelden und Hurrahschreier ein so
toiles Gepolter macht, wàre es jetzt zu gefahrlicb und jeden-
falls vergeblich gegen den allhinreiszenden Stroni zu rudern !
Vox clamai in deserto !
Es wàre mir eine Freude, wenn ich niich heute ein paar
Stunden mit Ihnen unterlialten kônnte. Wie gern rnôchte ich
von Ihrcm Mund erfahren, was freie, unabhiingige Manner
jenseits des Rheins im Grunde ihres Gewissens von den gegen-
Aviirtigen Ereignissen denken ! Ich habe meinerseits viel darû-
ber nachgedacht, und nach langen Monatcn der reiflichsten
Erwagung darf ich wobl sagen, dasz ich jetzt imstande bin,
ein durchaus unparteiisches Urteil zu fallen.
Uni meinen Beweisgrùnden grosseren Kredit zu verleihcn,
will ich zuerst die Bemerkung vorausschicken, dasz ich ailes
getan habe, mich in die Lage eines un])arteiischen, ich niôchte
sagen, neutralen Beobachters zu versetzen, indem ich mich
womoglich von jedem einseitigen Patriotismus losmachte.
Dièses Vorrecht eines nûchternen, unbefangenen Richters darf
ich wohl mehr als die meisten meiner Landsleute beanspru-
chen, weil ich von jeher bemùht \var — selbst auf die Gefahr
hin, von oberfliichlicben Menschen fur einen schlechten Fran-
zosen gehalten zu werden — eurem Lande Gerechtigkeit
widerfahren zu lassen. Wie oft habe ich gesucht, schon lange
vor dem Krieg, falsche Ansichten iiber èuch zu berichtigen.
dumme Vorurteile zu bekampfen, ungerechte Kritiken zu
Aviderlcgcn ! Wie oft habe ich eure (irdnungsliebe, euren
Organisationsgeist, eure Subordinierung der Privatinteressen
dem allgemeinen Vorteil gepriesen, indem ich unsere eigenen
Fehler und Miingel schonungslos hervorhob und euer Volk in
vielen Hinsichten dem unsrigen als Muster hinstellte, so dasz
ich mir beinabe Unannehmlichkeiten zugezogen hiitte !
Nun denn, laszt uns die Frage erortern : \ver ist an dem
Krieg Schuld ?Wer bat das Unheil beraufbeschworen ?Oniziell
wird bei euch ailgemein behauptet, Deutschland sei absolut
unschuldig, es sei von den L nitrieben neidischer Nachbarn
dazu gezwungen worden, durch eigenes, plotzliches . Darein-
schlagen, einem tiickiscb geplanten Angriff zuvorzukommen,
Das ist euer Standpunkl. Freilich ist das dcutsche Volk im
allgemeinen davon ùberzeugt. Ich habe hier mit zahireichen
Kriegsgefangenen dariiber gesj)rochen ; ich musz bekennen,
dasz ich keine einzigc Ausnabme gefuuden habe : sie glauben
LETTRE d'UX PROFESSEUR 43
aile, Unteroffîziere oder Gemeine (mit Oflizieren konnte ich
nicht in Berûhrung kommen) felsenfest an Deutschlands Cns-
chuld. Denen will ich keinen Vorwurf maclien, dcnn sic sind
unveranUvortlich. Wie eine von bôsen Hirten irregeleitete
Herde, haben sie ailes gierig verschluckt, \Yas man ihnen
eingetrichtert hat. Denn Deutschland — von einigen seltenen
Mànnern abgesehen, die voiiaufig schweigen mûssen — besteht
heutzutage nur aus zwei Kategorien Individuen : einerseits
Millionen von angeblich zivilisierten Menschen, die aile Dumm-
heiten und Lûgen wie eine heilige Manna blodsinnig ein-
schlucken ; andernseits eine vermeintliche Elite, von der man
nicht zu sagen vermag, ob sie mehr verrùckt oder verbre-
cherisch ist. So etwas wie das berûhnite Manifest eurer 93^
Kulturtrager liiitte man sich nie trâumen lassen : das ist der
Gipfel der Unverfrorenheit !
Aus tausend Beweisen erhellt es doch lûr jeden unbelangenen
Geist, dessen Urteilskraft nicht durch sch\vachsinnige Vorein-
genommenheit umnachtet ist, dasz ^vir nicht an den Krieg
dachten, dasz wir im Gegenteil ailes aufgeboten haben, den
Frieden zu erhalten. Mitte Juli 1914 war ich mit meiner Fraii
und acht und zwanzig jungen, mir anvertrautcn Scliûlern nach
Deutschland gereist, in der Absicht die ganzen Ferien in X...
zu verbringen. Wir hatten damais keine Ahnung, dasz der
Friede,, wenigstens fur den Augenblick, irgendwie get'ahrdet
sein konnte, sonst wiiren wir selbstverstandlich zu Hause
geblieben. Bis zuni letzten Tag meines Aufenthalts — davon
legt mein ganzes Benehmen sowie die Haltung meiner Zoglinge
klares Zeugnis ab — wollte ich, trotz aller mehr oder \veniger
alarmierenden Gerùchte, an die Môglichkeit eines Krieges nicht
glauben. Selbst nachdem der Vater eines dieser Kinder, der
als Beamter eines Ministeriums in Paris besser unterriclitet
war, am 29. Juli seinen Sohn telegraphisch zurûckriel", war
meine Zuversicht nicht erschûttert. Bis zur letzten >Iinute
wollte mir das nicht redit in den Sinn kommen, dasz irgend
jemand auf der Welt die schreckliche Vcrantwortlichkeit auf
sich laden konnte, das Ungeheuer zu entlesseln und die ganze
zivilisierte Welt in F"lammen zu setzen. Und dièse meine
Zuversicht \Yar von der bei weiteni grôszeren Mehrzahl meiner
Landsleute geteilt. Sonst hatten sich acht und zwanzig Fami-
lien, aus allen Teilen Frankreichs, hùbsch davor gehûtet, ihre
Kinder in den « Wolfsrachen » zu schicken, wie man bei uns
zu sagen pflegl.
Fin anderer, noch triftigerer Beweis ist, dasz wir keineswegs
vorbereitet waren, einen Krieg zu unlernehmen. Trotz aller
Mahnungen hellsehender Biirger, deren Stimme, wie die der
Kassandra, von dem wûsten Toben der politischen Fehdcn
ùbertônt wurde, schlummerte Frankreich auf dem weichcn
Kopfkissen einerleichtsinnigen Sorglosigkeit. Fest entschlossen,
auf dem Altar des Friedensalle môglichcn Opfer darzubringen,
hatlen wir sogar in den letztvergangenen Jahren blos durch
Sanftmut und Geduld auf eure Neckereien geantwortet und
infolgedessen mehr aïs einen Xasenstûber eingeheimst, so dasz
<lie besten unter uns sich erniedrîgt fùhitcn und mit schmerzli-
chcr Sehnsucht an andere Zeiten zurûckdachten, wo Fran-
kreich derartige Sticheleien nicht so geduldig hingenommen
44 LES LANGUES MODERNES
hiittc. Aber ein fiir allenial war es bei uns ausgemacht, dasz
der kostbare Schatz des Friedens unnioglich zu teuer erkauft
werden kônne, und \vir dachten nîcht einmal dabei, dasz aile
von uns bewilligten Opfer nur ein unseren Wûnschen entge-
gengesetztes Résultat zur Folge haben mùszten, nanilich
beutschiand ùbermiitiger zu niachen. Wir \Yarcn wie der
Strausz, der bekanntlich den Kopf in den Sand hineinsteckt,
uni die dringendc Gefahr niclit zu sehen. Daher waren, als der
Krieg ausbracb, auf unserer Seite keine Vorsichtsmaszregeln
getroffen worden, so dasz ibr — \vare der heldennnitige
W'iderstand Belgiens nicbt dazwischen getreten, der euch ein
paar ïage aufhielt— ohne einen Flintenschuss die franzôsische
Grenze ûberschritten hiittet.
Also \venn wir es nicht sind, die den Krieg angezettelt
haben, wer war es denn? Ist es wohl der Mûhe wevt, die Frage
zu beantworten ? Is fecit cui prodesl, sagtein alter HecbtssprucTi.
Deutschland bat den Krieg gewollt und ailes aufgeboten, ihn
unvernieidlicb zu niachen, weil es sein Intéresse darin fand.
Das unterliegt keineni Zweifel fur den, der seit einigen
Jabrzehnten den Entwickelungsgang der deutsclien Mégalo-
manie verfolgt bat. Seitdeni es Preuszen gelungen ist, den alten
Traum zu verwirklicbcn, d. h. eine unbestritte;ie Vormacht-
stellung unter den Bundesstaaten zu erringen und das iibrige
Deutschland am Schlep])tau zu lûhren, konnte es nicht anders
sein. Uni den alten Geist war es nunniehr geschehen, die altcn
Gôtter nuisztcn den Platz riiunien und an ihre Stelle trat ein
neues Idéal, das in deni Triuniph der niateriellen Gewalt und
der Anhaul'ung eines schnôden Manimons die bôcbsten Werte
des Lebens sali. Und das bat euch alhnahlicb zu der schonen
Konsequenz gebracht, dasz eine sabelrasselnde, eroberungs-
sùchlige Hohenzollernpolitik, im Bunde mit den unlautersten
Machenschaften eines geldgierigen Industricgelicbters, das
z\"niscb belogene deutsche Volk in den Krieg getrieben bat, in
den « Irischen und frohen » Krieg, wie euer Kronprinz sagt.
Was ist ans deni alten Deutschland geworden? aus jeneni
Deutschland des Piomantisnius, des Wellbûrgertiinis und der
schonen klassiscben Zeit, wo Ireie, erbabene Geister in unster-
blicben Werken die edelslcn menscblichen Interessen ver-
traten ? \Vo seid ibr, grosze Schatten, die ibr cinst aus einem
unbedeutenden sacbsiscben Stiidlcben das berrliche Obdacb
des Ireien Gedankens, den bebren Tenipel der friedlichen
Kunst gemacht liabt? Die « gutc Frau » von Staël, die sich unter
dem .loche des Napoléon nicbt beugen konnte und in Weiniar
ihre Gotter suchte, wiirde jetzt die fronime Pilgerfabrt nicht
mehr unterneiinien, und wenn es ibr eintiele, ein neues Buch
ûber euch zu schreiben, in wekhe Tinte, mit Blul und Kol
gemischt, niiiszte sic lieute die Feder taucben !
Ach, wenn icli bedenke, dasz dièses iiuch « de l'Allemagne »
bei uns so lange das Fvangeliuni war, woraus wir ail unserc
Ideen ùber Deutschland scbopften ! So sind wir einmal in
unserem lieben Frankreich! wir glauben so gern ailes was nian
uns vorscbwatzt, wenn es uns nur gefalll und unseren seibst-
LETTRE d'un PROFESSEUR 45
gemachten Vorstellungen einigermaszen entspricht. Es ist
nâmlich viel bequenier als die ferne, komplizierte Wirklichkeit
mit eigenen Augen zu beobachten. Und wenn \vir uns cinmal
eine Idée ins Gehirn eingepràgt haben, so haftet dieselbe dann
niet-und nagelfest. Selbst nach der schrecklichcn Lehre des
70 er Krieges haben wir uns von unseren alberncn Einbildun-
gen nicht ganz befreien kônnen. Man wuszte zwar dasz seit
Kôniggratz und Sedan manches sich verandert batte, dasz es
bei euch nun ganz anders aussah aïs zur Zeit der roniantischen
Mondscheinnâchte und der rûbrenden Gemiitlichkeit, dasz der
nervenschwache Werther, der sich einnial so dumm totge-
schossen, wahrscheinhch heute durch eine prosaische Ver-
mahhing mit einer ruhig geschiedenen Charlotte seine Lei-
denscliaft kurieren wùrde, denn ilir seid praktisclie Leute
geworden. Ja, das \vuszten wir ailes, aber den^ioch wollte sich
die alte Légende, \Yie ein Baum, der seine Wurzeln zu tief
geschlagen, nicht recht ausrotten lassen, und wir fuhren fort,
uns an den alten Trugbildern zu weiden.
An Zeichen und Warnungen, dasz eine gewaltige Umwàlzung
auf allen Gebieten sich im modernen Deutschland vollzogen
batte, bat es doch nicht gefehlt, besonders in den letzten Zeiten.
Aber vergebens ! Bei allen schonen Eigenschaften und Ver-
diensten, die uns die Welt nicht absprechen kann und worauf
wir stolz sein dûrfen, haftet unsleider noch ein groszer Fehler,
der nicht auszutreiben ist. Wir sindleichtsinnig, leicht vergesz-
lich, absolut unfâhig eines langen Xachtragens ; das wider-
spricht zu sehr unserer Xatur. Heine bat von euch gesagt, ihr
hattet uns den Tod Konradins noch nicht verziehen ! Wir ha-
ben schon liingst den alten Z^vist vergessen und wenn wir die
gewaltsame Annektierung von Fllsasz-Lothringen nicht ver-
schmerzen konnlen, so ersvarteten wif — einige Hitzkôpfe oder
Eisenfresser ausgenommen, die auf die ofTentlicbe Mcinung
keinen Einflusz hatten und sogar uns selbst mehr lacherlich
als wirklicb patriotisch erschienen — nur von einer kùnftigen,
friediichen Losung die Rûckkehr der verlorenen Provinzen in
den Schosz des Vaterlands. Der blosze Gedanke an einen Krieg
war uns so unertraglich, dasz keiner von uns uni einen solchen
Preis die Revanche batte erkaufen mogen. Wir hielten an dem
Frieden so fest, dasz wir uns nicht entschlieszen konnten,
selbst vor der immer mehr drohenden Gefahr, die Augen zu
ôffnen.
Wie musztet ihr ùber die Einfàltigkeit unserer Sozialisten
lachen, die sich einbildeten, dasz die Sozialdemokraten im Fall
eines Krieges nicht marschieren wûrden, dasz sie sogar geneigt
wâren, die Briiderlichkeit der Proletaricr aller Nalionen zu
proklamieren ! Der grosze Jaurès selbst wan davon iiberzeugt,
als er der Gesetzvorlage iiber die Wiederherstellung der
dreijahrigen Dicnslzeit — die iibrigens nur eine Antwort auf
eure eigene Verstiirkung des Kontingents war — so energisch
entgegentrat. Was wùrde er heute sagen, nachdem die Sozial-
demokraten sich auf die Seite der Kriegspartci so schamlos
geschlagen haben ! Ja, icii mâche kein lichl daraus, obgleich
es meinem personlichen Scharfsinn keineswegs zur Ebre
gcreicht, ich selbst, trolz aller Befiirchtungen, batte die HofT-
nung nicht ganz aufgegeben, dasz nicht ailes verloren sei. Ich
46 LES LANGUES MODERNES
bestand hartnackig auf meiner Verblendung, dasz neben dieser
stolzen, wutschnaubenden Germania der letzten Jahre, die mit
der gepanzerten Faust der ganzen Welt zu trotzen schien —
obgleich ihr niemand wirklich zu nahe getreten war — eine
andere Germania immer noch existiere, die sicli im Grunde mit
uns noch vertragen kônnte und nocli imstande wâre, die
erstere im Zaum zu halten.
Und zu meiner Besti'irzung musz ich wahrnehmen, dasz es
nur ein Deutschland gibt, ein kriegerisches, raubsûchtiges
Deutschland, das Deutschland der Junker, der Pangermanen,
der industriellen Beutemacher, der groszmàuligen Générale,
ein Yom Grôssenwahn verblendetes. von materieller Habsucht
getriebenes Voll?, das keine moralischen Gesetze raehr kennt
oder vielmehr sich selbst eine neue, unerhôrte, seinem schran-
kenlosen Ehrgeiz angepaszte Moral geschafTen hat !
Frûher, als ich von einigen abenteuerlichen, im Gehirn eines
gewissen Nietzsche ausgeheckten Ideen horte, von jenen « Uber-
menschen », die ùber einem unbedeutenden, verachtlichen
Sklavengeschlecht so hoch schweben sollen, konnte mein
gesunder Menschcnverstand nicht umhin zu protestieren und
ich zuckte die Achseln darûber. Ich irrte mich gewaltig ; was
ich fiir das Produkt einer ûberschwanglichen, krankhaften
Phantasie Jiielt, ist zur Wirklichkeit geworden. Der Nietz-
sche'sche Ûbermensch, derniir nur theoretisch môglich schien,
ist jetzt in Fleisch und Elut iibergegangen ; er ist bei euch
ûberall zu trefTen ; ja, man mochte sagen, ganz Deutschland
sei in ein Volk von lauter Ubermenschen verwandelt. Der gliin-
zende Sicg von 1(S70, der aile eure Erwartungen ûbertraf, die
militarische und politische Vormachtstellung die daraus erfolgte,
der ungeheure Aufsch\vung des Handels und der Industrie, ein
zu rasch angehâufter Uberflusz an Reichtiimern aller Art, das
ailes hat euch den Kopf verdreht. \Yie .i^ene Emporkommlinge,
die aus niedrigen Verhâltnissen zu einem unerwarteten Wohl-
stand zu rasch gestiegen sind und dem entfesselten Hochmut
nicht Einhalt tun kônnen, so habt ihr das Ûbermasz des mate-
riellen (ilùcks nicht ertragen kônnen. Ihr habt aft euch nicht
zu halten gewuszt, ein Schwindel hat sich euer bemiichtigt.
Jeder noch so plumj) jjhilisterhaftaussehende Ladendiener,jeder
nocli von Xatur so friedlich gesinnte Musensohn glaubte sich
verpflichtet, dem kaiserlichen Bicspiel folgend, seine Schnurr-
barlhaare aufwiirts zu bùrsten und bildete sich ein, durch ein
lorsches Auftreten und braïuarbasierende Heden der Welt zu
imponieren. Mit einem \\oy\. ihr seid allinahlich zu der Uber-
zeugung gekommen, das erste Volk auf der lù'de zu sein, das
von (iolt auserwahlte Volk uni ûber aile anderen zu gebicten :
« Deutschland iiber ailes in der Well ! .> Und das habt ihr in
jeder Tonart und ùberall so oft wiederliolt, das habt ihr den
Leuten so hartnackig eingepaukl, dasz ihr am lùide daran
nicht mchr gezweifelt und es als ein liochhciliges Dogma ange-
nommen haben. Ihr seid schlieszlich in eine Art Dclirium ver-
fallen, das euch aus aller l'assung gebracht und in die wildes-
ten Torheiten sestiirzl hat. Nie hat sich die Wahrheit des altcn
LETTRE D'lX PROFESSEUR 47
Sprichworts j^lànzender bewiUirt : » Qiios nuit perdere Jupiter
demental ! »
In eurem ûberspaiintcn Hochniut habt ihr euch nicht nur von
eurer angeblichen L'beiiegenheit cinen viel zu hohen Begrifl
yemacht, ihr habt noch einen grôszeren Fehler begangen : ihr
habt eure Gegner zu sehr unterschatzt. Ilir seid vom iiuszeren
Schein erl)armlich getauscht worden. Weil es bel uns, beson-
ders von eurem deutschen Standpunkt aus, ziemlich traurig
aussah, weil wir einer kraftiosen Hegierung keincn besonde-
ren Kespekt bezeigten, \veil in Bezugauf Ordnung undDisziplin
manches iibrig zu wûnschen liesz, habt ihr geglaubt, wir seien
ein entartctes Volk, unfàhig einem miichtigen, entschlossenen
Feind zu widerstehen. Man rechnete sogar darauf, dasz unsere
Soldaten nicht marscliieren wùrden ! Wie hàtte sonst bei uns
ein verrûckter Journalist vom « drapeau sur le fumier » spre-
chen konnen !
Ihr habt keinen Augenblick vermutet, dasz der Kern bei uns
bcsser war als die Schale. Ihr konntet nicht begreifen, dasz
euer frevelliafter AngrilTaus einem leichtsinnigen, aller Diszi-
plin entwohnten, von bestandigen Zerwûrfnissen entncrvten
Volke mil einem Schlag eine ernste, streng geeinigte Nation
machen wùrde, test entschlossen auf Leben und Tod zu
kàmpien. Ihr rûhiut euch, ein «grûndliches » Gesclilecht zu
sein, ihr tut ailes grûndlich. Kein NVunder, dasz ihr euch auch
grùndlich geirrt habt.
Dièse schône Eigenschaft, die unser Pascal l'esprit de finesse
nennt (wofûr, beilaufig gesagt, ein vollig entsprechender Aus-
druck in eurer Sprache nicht leicht zu fmden istj. kennt ihr
wahrscheinlich vom Horensagen ; abcr sie wurde euch in
geringem Masz beschieden. Wàret ihr kliiger gewesen, so hâttet
ihr viel einfacher gehandelt; ihr brauchtet nur ein wenig mehr
Geduld zu haben. Ihr waret ebcn daran, in unserem arglos
gleichgûltigen, allzu gastfreundlichen Land festen Fusz zu
gewinnen; ihr hattet euch vermittelst einer meisterhaft orga-
nisierten Spioniererei, mit Hilfe gcheimer Verbindungcn und
gedungener Strohmanner, durch unzahlige, unvorsichtig geoll-
nete Turen in eine Menge Stellungen eingeschlichen, die es
euch moglich machtcn, auf unserem eigenen Boden, den deut-
schen Interessen zu dienen. Ihr hattet uns vielleicht auf die
Dauer aus dem eigenen Hause verdriingt ; am Ende wâre es
euch vielleicht gelungen, ohne einen einzigen Kanonenschusz,
zu eurem Ziel zu gelangen, das bekanntlich darin bestand, uns
unter eure wirtscliaftliche und politische Herrschaft zu kriegcn.
Ihr hâttet auch begriflcn, dasz es nicht so leicht ist, einem
Yolkc wie das unsrige, das im Laufe seiner alten Geschichte so
glànzende Beweise seiner Festigkeit und seiner Ausdauer gege-
ben bat, durch eine planmàszige, wohliiberlegte Inszenirung
von (ireueltaten, Schrecken einzujagen ; dasz die barbarische
Anhâufung von unniilzen l'.uinen und Verheerungen eine
schlcchte Vorbereitung zu einem leichten Siège ist, weil man
dadurch nur ein durciiaus entgegengesetztes liesultat erzielt,
nàmlich den Gegner zu erbittern und zu einem vcrzweifelten
48 LES LANGUES MODERNES
Widerstand zu treiben. Wcnn man anderen Kultur brinyeiT
will, so musz man andere Mittel anwenden und vor allen
Dingen mit der echtcn Kultur, nicht mit einem Zerrbild dersel-
ben, bci sich selber anfangen. Man ist, seit der Zerstôrung der
Lô^vener Bibliothek, der Kathedrale von Reims und nacli
anderen solchen Artigkeiten, gegen eure kulturellen Fàhigkei-
ten ziemlich misztrauisch geworden.
Aber es stand geschrieben, dasz ihr, von dem Gaukelbild
wahnsinniger Hoftnungen geblendet, selbst wenn ihr es gewollt
hâttet, nicht mehr in der Lage wàret, die Augen zu ôfïnen. Es
war zu \veit gekommen als dasz ihr hiittet zuriickgehen
kônnen. Man soll mit gewissen Trâumen nicht zu geialHg spie-
len. Es kommt bald der verhangnisYolle Augenblick, \vo man
von einer dunklen, unwiderstehlichen Gewah hingerissen wird;
ehe man es sich vcrsieht, steht man sclion am Rande des
Abgrunds, worein man kopfûber hineinstùrzt. So batte sich
Wallenstein hingc Zeit mit dem bôsen Vorsatz herumgetragen,
bevor er der Versuchung unterlag. Erinnert euch an die
schônen Verse des Schiller'schen Stûcks :
Wàr 'es môglicli? Konnt'ich niclit mehr, wie ich wollte?
Nicht mehr zurùck, wie niir's beliebt? Ich miiszte
Die Tat vollbringen, weil ich sie gedaclit,
Nicht die Versuchung von mir wies... !
Verzeihen Sie mir, geehrter Herr Professor, (hisz ich Ihnen
so frei und aufrichtig gesprochen. Ich halte Sie fur einen Mann,
der die Gerechtigkeit vor allem liebt und sich vor der
ungeschminkten Wahrheit nicht fùrchtet, selbst wenn dièse
Wahrheit nicht schr angeiiehm unseren Ohren klingt. In unse-
rer kurzen Unterhaltung, die kaum eine halbe Stunde dauerte,
hatte ich natùrlich nicht Zeit, Sie genug kennen zu lernen. Ich
rûhme mich nicht, den unfehlbaren Scharfblick zu besitzen,
der gewissen Leuten erlaubt, in einigen Minuten einer fremden
Scele bis auf den (irund hineinzuschauen. Aber, wie ich es
schon oben gesagt, es gibt Eindrûcke, die auf uns so màchtig
wirken, dasz man, ohne weitere Betrachtung sich hingerissen
fiihit, so zu handeln oder zu sprechen wie es uns einc innere
Stimme eingibt. Deshalb zôgerte ich keinen Augenblick mein
Vertrauen auf Sie zu setzen, und die Art und Weise wie Sie
demselben entsprachen, bûrgt dafûr, dasz Sie mir auch hcute
nicht ziirnen werden, wenn ich Ihnen olTen geschrieben, was
mir so schwer auf dem Ilerzen liegt.
Ich kann seibstverstandiich nicht darauf rechncn, dasz Sie
iibcr die gegenwiirtigen Ereignisse genau dieselben Ansichten
und (iefiiiile hegen wie ich selbst. Denn selbst die besten unler
uns, die aufgekliirtesten, die von jedem Vorurtcil und von
jedcr kurzsichligen Voroingenommonheit befreitcsten, sind
noch in einen! solchen Kreis von gelieimnisvollen, unbcwuszten
Einflùssen gebannt, dasz jede Moglichkeit ausgcschlossen ist,
ihnen eine vollig objektive Einsicht, eine absolut unparteiische
Beurteilungsfahigkeit zuzumulen. a Le cœur a des raisons que la
raison ne connail pas ».
LETTRE d'un PROFESSEUR 49
Trotz alledem gibt es (loch auszerhalb dieser unergrûnd-
lichen, instinktmaszigen, in einer dunklen Yergangenheit wur-
zelnden Yerschiedenheiten, die uns vielleicht ewig trennen
werden, auszerhalb dieser sich jeder Analyse entziehenden
Iniponderabilien einen allgemeinen festen Boden, einen univer-
salis consensus von Grunclbegriffen, die fur jede menschliche
Gesellschaft eine unentbehrliehe Bedingung sind. Auf dieseni
gemeinen Boden konnen sich aile Nationalitâten, wenigstens
aile denkenden Kopfe, vereinigen und versôhnen.
Und ûber dièse gemeinsame Grundlage, welche das uralte
Gebàude der mit so saurer Mûhe ûber die tierischen Triebe
der ersten Menschen eroberten Zivilisation tràgt, ragen beson-
ders zwei Saulen hervor : nâmlich der BegrifT der Vôlkerrechte
und die Achtung vor den Vertragen. In dieser doppelten
Hinsicht bat sich eure Begierung selbst aus dem Bunde der
Nationen gebannt. Das kann das belorte deutsche Yolk in die-
ser trûben vStunde nicht begreifen. Aber ich zweifle nicht daran,
dasz wer in Deutschland von dieseni « délire collectif», der
wie eine ansteckende Krankheit zur Zeit bei euch grassiert,
vèrschont geblieben ist, vor einer solclien Geistesverirrung und
einem solchen Gemûtszustand Schrecken und Abscheu enipfin-
den musz. Das kann aber nicht lange so fortbestehen ; das
Fieber wird bald nachlassen ; die allzustraff gespannten Ner-
ven wûrden es auf die Dauer nicht aushalten. Sobald die
unausbleibliche Abspannung eintritt, sobald der von einer
systematischen Aufhetzung der chauvinistischen Instinktc
hervorgebrachte Tauniel verrauscht sein wird, dann werdet
ihr einsehen, dasz. man mit solchen Prinzipien nicht weit
kommt. Dièse verruchte Politik, die von den bisher allgemein
anerkannten moralischen Gesetzen nichts mehr weisz, die aile
bisher allgemein respektierten gesellschaftlichen Yertrage wie
einen alten Plunder wegwirft, werdet ihr verdammen und
verfluchen.
Mehr als einmal in der Geschichte bat man es erlebt, dasz
eine ehrgeizige, wenig skrupulose Nation ihre Uberlegenheit
miszbrauchte, um eine kleinere, zu vergewaltigen und unter
ihre Botmàszigkeit zu bringen. Aber jedesmal suchte der Kro-
berer oder der Tyrann wenigslens seine Gewaittat mit dem
Yorwand irgend eiiies annehmbaren Grundes zu bemanteln :
man bemûhte sich den àuszeren Schein zu retten. Unserem
zwanzigsten Jahrhundert war es vorbehalten, ein miichtiges,
an der Spitze der Zivilisation stehcndes Yolk zu sehen, das
einer besseren glorreicheren Yergangenheit vergeszlicli, das
nioralischc (icmeingul der Menschheit mit Fûszen tritt und an
die Stelle der von Luther, Lessing, Kant, Herder, Schiller,
Gœthc und vielen anderen so hoch verehrten iMcnschenreclite
eine neue, unerhorle Aufîassung der Moral cinschmuggeln will,
die in der widerwtirtigén Formel « Not kennt kein Gebot » ihr
Motto findet und die heiligsten Yertrage als ein « Felzen Pa-
pier » bctrachtet !
Was lïir eine Tiefc der moralischen Yerworfenheit, was fur
eine Yerachtung der Menschen\vin-(ie selzt ein solchcs lictra-
gen voraus ! Aber was kùmmern sich die « Ùbermenschen »,
die am Steuerrad cures Schilles stehen, uni solche Kleinigkeitcn !
50 LES LANGUES MODERNES
Sie w issen recht \vohl, dasz der Erfolg ailes reclitfertigen kan»
imd das ist eben die Hauptsache. Es handelt sich schlieszlich
nur darum, ob der Anschlag gelingt oder nicht. Was wiegt die
Moral dagegen ! Was bedeutet das Gewissen fur dièse Mànner!
Haben sie uberhaupt noch ein Gewissen? Das mag sehr zwei-
felhaft sein; jedenfalls komrat es mir so vor, als batte ihr
Gewissen eine speziell von Krupp geschmiedete Riistung ange-
legt, also ein gepanzertes Gewissen an welchem jede Mahnung
des Herzens und der Vernunft erbarmlich abprallen niusz.
Noch weit mehr ! Nicht genug dasz ganz Deutschland der
eisernen Faust eines aile sanfte Regungen, aile groszmûtige
Gefiihle erstickenden Militarismûs preisgegeben ist, so dasz
die Kinder selbst bei cuch mit einer Pickelhaube auf dem mùr-
ben Schàdel und stramm zusamniengehaltenen Hacken auf die
Welt zu koninien scheinen, ihr habt noch ein grôszeres Kunst-
stiick geleistet : den alten Gott, der doch seit langer Zeit iiber
die Jahre der Mobilmachung hinaus sein dûrfte, habt ihr he-
rangezogen und er musz jetzt, wie ein einfacher Landwehr-
mann,unter dem Befehl Hindenburgs den Feldzug niitmachen.
Was hiitte er freilich mit seinen veralteten, durch zu langea
Gebrauclî stumpf gewordenen Donnerkeilen, gegen die nagel-
neuen 42"" Kanonen ausrichten konnen !
Also in der Hoffnung, dasz ein rascher, vollstàndiger Erfolg
ailes mit einem glànzenden Mantel decken wûrde, habt ibr den
Sprung in den Rubikon getan. Durch den wohldressierten
ôsterreichischen Helfersheifer habt ihr das drakonische Ulti-
matum an Serbien zustellen lassen ; aile Vermittelungsversuche
Frankreichs und Englands habt ihr schrofî abgelehnt ; aus
Furcht, die langersehnte Gelegenheit zu versiiumen, habt ihr
euch sogar vor einer dummen, unverschiimten Luge nicht
gescheut : wahrend auf unserer Seite der Befehl gegebcn
wurde, unsere Truppen zehn Kilometer von der bedrohten
Grenze entfernt zu halten, habt ihr das alberne Miirchen von
den Niimberger Flugmaschinen erdichtet, die kein Nùrnberger
Auge gesehen hat. Ihr hiitlet doch dabei bedenken sollcn, dasz
man gewohnlich solchen a aus der Luft gegriffenen » Behaup-
tungen, selbst in Deutschland, kcinen Glauben schenkt! Gibt
es denn in eurem Land keine Ziiune mehr, dasz ihr jetzt eure
Strcite so wunderlich von den ^Yolken brechen mûszt?
Ihr habt noch ein grôszeres Verbrechen verûbt : ihr habt die
von euch selbst verbûrgte Xeutralitiit Belgiens durch den
schnodesten Einfall verletzt, und was noch schlimmer ist, dièse
Verletzung durch niedertrachtige Verleumdungen zu rechtfer-
tigen gcsùcht. Ihr behauptet, dasz England nicht berechtigt
war, sich in den Streit zu mischen und sich zum Richter ùber
dieFrevellat aufzuwerfen. \Vas hiitte Schiller dazu gesagt?In
seinem groszen Werke ûber den « Abfall der Niederlande »
finden sich jeden Augenblick Stellen, die man zilieren konnte,
welche die schiirfste Vcrurteilung cures Benehmcns sind, denn
sie passen auch zu ûcn hculigen l-lrcignissen ganz vorlrefîlich.
Ich kann mich nicht enthalten. einigc Zeilen aus der bei Colta
erschienenen Sakuliir-Ausgabe (Band XIV, Seile 403-404) anzu-
fiihren : « Die Slaaten haiigen so gut zusammen als die cinzel-
« nen Menschcn. I^olitik und Menschlichkeit erfordern, dasz
i< ein Unrecht, welchos einer Nation zugcfiigt wird, von allen
I
LETTRE d'un PROFESSEUR 51
« anderen bemerkt und geahndet werde... Sobald die Gesetze
« der Menschheit verletzt werden, tritt ailes in das ursprùng-
« liche Recht zurûck; eineni unterdrûckten Volke beizustehen
« und groszmûtig aufzuhelfen, das ist die Aufîorderung der
« Natur; eine mâchtige AufTorderung, ^velche mit den Grund-
« sâlzen der natûrlichen Freiheit ûbereinstimmt und allen
« Nationen wechselsweise zugute kommen kann, weil hier
« die Sache der Vôlker gegen die Sache einiger Fûrsten in
« Anschlag kommt, u. s. \v. » Vielleicht dûrfte ein solches
Zitat vernûnftige Deutsche zu einigem Nachdenken anregen,
aber ich fûrchte sehr, der arme Friedrich Schiller \vùrde heute
schon làngst in Schutzhaft sitzen.
Und damit ist es nicht fertig ! Ans jenem traurigen Ursprung
des Kriegs entslanden, wie natûrliche Frûchte einer an der
Wurzel vergifteten Pflanze, allerlei Griiuel, die aus eurer neuen
Kriegsfûhrung etwas Abscheuliches gemacht haben. Bis auf den
heutigen Tag hatte der Krieg, bei allen seinen Gràszlichkeiten,
doch wenigstens eine schône Seite, die uns beinabe mit ihm
versôhnte und mitunter den Dichter und den Kùnstler begeis-
tern konnte. Ihr habt dafùr gesorgt, dasz dieser Trost uns
fortan nicht mehr gewiihrt sein soll. Aus den stolzen Kriegern,
die sich frûher in glanzender Uniform unter Gottes heller
Sonne gegenùberstanden, habt ihr ein Heer von Maulwûrfen
gemacht, deren Haupttugend nunmehr darin besteht, monate-
lang in dunklen Hôhlen und Granatenlôchern zu kauern, in
Kot und Nasse bis ûber die Ohren steckend, und die Minute
abzuwarten, \vo sie wie Xachtgespenster auf einen unsichtba-
ren Feind losstûrzen Nverden. Ihr habt dan Krieg entehrt. Und
was wird die Xachwelt von den erstickenden Dûnsten sagen,
von den LuftschifTen und F"lugmaschinen, die wehrlose Zivilis-
ten, unschuldige Weiber und Kinder meuchlings ermorden '.
und erst recht von dem U-Bootskrieg, der allen diesen
Scheuszlichkeiten die Krone aui'setzt ! Bis in die spiitesten
Zeiten wird man von der « Lusitania » sprechen und wie
ein unauslôschlicher Flecken wird dièse Schande an deincr
Stirn haften, o (iermania !
Ich bin also ùberzeugt, geehrter Herr Professor, dasz Sie ini
tiefsten Grund Ihres (iewissens die von eurer Regierung vers-
chuldete Katastrophe bedauern und dasz Sie, wenigstens in
Bezug auf die obenerwàhnten, fur jcden Freund der Menschheit
heiligen Grundsàtze, die Deutschland verliôhnt hat, meiner
Beurteilung der Dinge unbedingl beipflichten. Und ich glaube
damit dieser hôheren Form des Patriotismus, die ich bei Ihncn
voraussetze und der ich auch bei deiu Feind die gebùhrende
Ehre zollen will, keinen Kintrag zu tun.
Wie pcinlich musz aber eine solche Lage fiir Sie sein ! Fine
traurigere kann man sich niclit leicht vorstellen. Icli frage
niich, was ich selbst lun wùrde, wcnn ich mich in einer
solchen befande, wenn mein Land sicii auf gleiche NVeise an
den heiligsten Rechten der Menschheit versiindigt iuittc, und
auf dièse Frage finde ich nur eine Antworl, eine scbmerziiche
aber einzig mogliche Antworl : wie grosz meine Liebe zum
52 LES LANGUES MODERNES
Vaterland auch sein mag, wie grausam mir das Herz ûber eine
solche Xotwendigkeit bluten niôchte, ich wàre moralisch
gezwungen, mich von (ien meinigen zu trennen. Gewisz werden
Sie auch nicht anders denken und fûhlen, Herr Professer, und
ich bemitleide Sie deswegen herzlich. Zwar kônnen Sie die
Niederlage Deutschlands nicht wûnschen, das wàre gottlos !
Aber wenn es doch geschieht, \venn wir den Sieg davontragen,
so werden Sie wenigstens einer von denen sein, die im Xamen
der erhabensten Interessen der Menscliheit, unseren Triumph
als gerecht und wûnschenswert anerkennen.
W'ir glauben hier felsenfest an eure Niederlage, denn « es
lebt ein Gott zu strafen und zu ràchen ». Die Avachende
Neniesis wartet auf die Stunde des Schicksals. Ein dunkles
Vorgefùhl sagt euch schon, dasz es mit euren Geschàften nicht
so ganz ordentlicla steht, wie es euch eine besoldete Presse
gern weis maclien môchte. Der plôtzliche Ûberfall, der einen
raschen Schkisz der Feindseligkeiten herbeifûhren sollte, ist
fehlgeschhigen ; wir haben uns zusammengerafTt ; es mogen
noch so vieie sch^Yarze Wolken den Horizont verdunkeln, ihr
môgt noch so viele Millionen Nàgel in euren holzernen Hin-
denburg hineinschlagen, \vir sehen nunmehr mit vollem
Vertrauen einer giinstigeren Zukunft entgegen.
Aber wie lange wird dieser unglùckselige Krieg noch dauern ?
Seit zehn Monaten wûtet das Ungeheuer und wie ein Brand,
der gierig weiter uni sich greift, droht das Unheil die ganze
Hrde zu verheeren. Jeden Tag lèse ich in Zeitungen und
Flugblattern haarstraubende Berichte ùber Greuelszenen, die
ich bei dem gegenwiirtigen Zustand der europàischen Kultur
fur unmôglich gehalten hiitte. Man mochte glauben, es sei nlir
ein boser Trauni, ein graszliches Hôllenbild, das bald
verdiegen wird. Leider aber ist es nur zu wahr. Bei diesem
Anblit-k stutzt die Vernunft und ist nahe daran zu verzweifeln.
Aber was konnen wir dafûr, wir einzelnen Privatmenschen !
wie ein win/.iges Slaubkorn. das in ein nuichtiges Haderwerk
hineingeraten und unbarmherzig zermalmt wird, wir mogen
uns noch so sehr gegen das Unvermeidliche striiuben und
allerlei philosopliische Betrachtungen anstellen, wir mûssen
uns schlicszlich in unser Schicksal ergeben. Das gehort
viclleiclil eineni geheinmisvollen Plan des Allmachtigen. der
allein weisz was zum ewigen Zusammenhang der Dinge
notwendig ist und uns, vergànglichen Geschopfen, keine
Rechenschaft zu geben bat.
Aber es regt sich doch et was im Grunde des Herzens, wir
vernelimen in unscrem Inncrn eine Slimmc, die klar und
deutlich ruft : du sollst deine Pflicht erfùllen ; um das Ùbrige
kiimnicre dich nicht, das gelit dich nicht an. Die Ameise geiit
ihre \Vcge und verrichtet ihre Arbeit und fragt nicht oi) nicht
ein nuitwiiligcr Knabe mit eineni Fusztritte die Frucht ihrer
Bemiihungen vcrnichten wird,
Wahrend Tausende und aber Tausende von Mcnschen, mit
den vollkommensten Krrungensciuiften einer môrderischen
AVissenschaft bcwalfnel, weit und breit Unlieil anrichten und
LETTRE d'un PROFESSEUR 53
Schmcrz und Trauer verbreiten, ist es nicht iinserf Pflicht fi'ir
lins, die wir fern von den Sclilachtfeldern geblieben sind,
womôglich, nach den uns zugemessenen Kràften, dem cbel
entgegenzustreben und ûberall wo es nur angeht, Scbaden zu
ersetzen und Wunden zu heilen ? Môgen also diesseits und
Jenseits der Grenzen edle Menschen, durch W'ort und Tat,
dazu beitragen, die erregten Gemùter zu besànftigen, dasz sich
der wilde Sturm niôglichst schnell legen moge, damit auch die
Summe des Unbeils môglichst verringert werde !
Ach, konnten wir doch die furclitbare Huile, die uns die
Zukunft verbirgt, ein wenig lùften ! Was versteckt sich
dahinter ? was wird uns noch aufbewahrt ? AVie traurig dasz
die Zensur in Deutschland nicht erlaubt, ùber dièse Dinge zu
sprechen ! Wenn eurem Volke gestattet wàre, an siclieren
Quellen die Wahrheit zu suchen, so wùrde es bald einsehen,
dasz es nur von euch abhàngt, dem ruchlosen Genietzel ein
Ziel zu setzen. Leider ist undbleibt — aut ^vie lange Zeit noch ?
— das deutsche Volk unfàhig, das Joch abzuschûtteln, ^^"enn
lîian ihm nicht dazu verhilft. Das ist die Sache der aufreohten
hochherzigen Manner, wie es auch solche in Deutschland
geben musz, die sich bis jetzt leider zu fern von der politischen
Arena halten niuszten, denn es bat wenig Sinn in den Wind zu
predigen und sich einem zwecklosen Martyrertuni auszusetzen.
Wir haben auch im vielbewegten Lauf unserer Geschichte
traurige Augenblicke gekannt, wo das monienfan verdunkelte
Nationalgefùhl auf falsche Wege irregeleitet wurde (wiewolil
unsere Verirrungen einer anderen Xatur waren, denn sie baben
meistens nur uns selber geschadet, wahrend wir hingegen in
raanchen Fàllen, mit voiler Hintansetzung des eigenen Vorteils,
wie don Quixote, fur das Wohl der ganzen Menschheit in die
Schranken traten) ; aber eshat uns nie an unverzagten Rittern
des Idealismus gefehlt, die sich der vergewaltigten Menschen-
wùrde annahmen und sich dem Gemeinwohl opferten ; und
wir haben es jedesmal durchgesetzt, dasz die Vernunft und die
Wahrheit wieder zu ihren Rechten kamen. Holfentlich wird
auch jenseits des Rheins eine Zeit konimen, wo solche Manner
es wagen werden, mit dem guten Beispiel voranzugehen, wo
es ihnen moglicb sein wird, den bisher unterdrùckten Protest
laut ertônen zu lassen. Ich hege die unerschûtterliche Zuversicht,
dasz auch fûreuer geknechtetesLand die Stunde schlagen wird,
die euch die Rinde von den Augen reiszen soll. Dann werdet
ihr mit einem verhaszten Régiment, das euch ins Verderben
stûrzt, griindlich abrechnen und ein neues Deutschland auf-
bauen, das dem friedlichen Fortschritt der Menschheit kein
Hindernis mehr sein wird.
E. Kancellarv.
Professeur d'allemand au Lycée de Toulouse.
Livres & Revues
LIVRES.
E. Rochelle. — Mon Premier Livre de Français, suivi de :
Mon deuxième Livre de Français ; Mon Troisième Livre de
Français ; Mon Quatrième Livre de Français (4 volumes in 8" écu.
de 80 à 100 pages, reliés toile. Chaque volume 3 fr. 50, majora-
tion comprise). G. Delmas, Editeur, Bordeaux.
Le premier des quatre volumes dus à la plume de notre collègue
bordelais en est déjà à sa deuxième édition ; c'est dire le succès
atteint dès le début par l'ouvrage. On ne saurait d'ailleurs s'en
étonner, quand on se souvient de l'expérience et de la sagacité
pédagogiques dont M. Rochelle a donné mainte preuve dans le
passé. Comme tous les maîtres qui savent observer, il a constaté
une les livres scolaires, surtout ceux que l'on destine aux débu-
tants, contiennent toujours trop de choses, et il s'est appliqué,
par d'heureux procédés, à simplifier, à alléger, à clarilier les
leçons. . Minimum de vocabulaire, dit-il, minimum de notions
grammaticales essentielles ; le tout égayé par quelques chansons
historiettes, poésies bien françaises », telle est la formule même
de l'ouvrage. Elle est excellente.
Je ne saurais trop approuver aussi la place prépondérante
donnée par l'auteur, au seuil même de sa méthode, à l'action,
au geste, au mouvement, et, par suite, au verbe. Dans la jîlupart
des ouvrages de méthode directe, les premières leçons sont, eu
grande partie, descriptives : on nomme les choses, on les situe
et on exprime leurs qualités. Il y a là une légère exagération.
Et la tendance opposée que manifeste ici M. Rochelle, son entrée
brusque dans la vie active constitue à mon sens, une sage mise
au point et un réel progrès. Au fond, l'enseignement est tout
action. C'est par l'action que le maître suscite chez ses disciples
une imitation féconde, qu'il fait sentir son influence maïeutique
et l'action se traduit par le verbe, qui est le mot par excellence,
le verbum latin, " l'âme de la langue » (1). — Dès la première
leçon, M. Rochelle enseigne aux élèves, par les gestes mêmes du
maître, les verbes : je me lève, je prends, j'essuie (le tableaui,
je pose, j'écris, je vais, je m'assieds, etc. Et tous les verbes,
d'un bout à l'autre de l'ouvrage, mesure fort judicieuse, sont
imprimés en caractères gras. A la fin du premier volume, l'élève
aura assimilé, sous la direction d'un bon professeur, un <■ stock »
de 150 \'erbes et de 300 substantifs, qui embrassera les voca-
bulaires se rapportant à VEcole et au.\ Ecoliers, au Corps humain.
aux Jeux, au Temps, à la Température.
Le Deuxième Livre de Français suit, bien entendu, un plan
(1) A verb is a Word whereby the chief action of the mind
(the assertion or the déniai of ;» ])roj>osition) finds expression.
(Earlc).
LIVRES ET REVLES OO
-analogue, mais les aspects de la \ie envisagés s'étendent et se
-compliquent. C'est maintenant de la Famille que parle l'auteur,
de VAge, du Costume, de la Santé, de la Ville, de l'Habitation,
de la Campagne, des Animaux Domestiques, des Trauaux cham-
pêtres, de la Chasse et de la Pèche. La grammaire s'élabore aussi
avec plus de soin ; on aborde le récit suioi, la subordonnée
relative et conjontive ; Télève s'habitue à s'exprimer correc-
tement à l'aide de toutes les formes usuelles de la langue et il
groupe les mots de liaison (adverbes, prépositions, conjonctions)
de même nature autour d'une idée générale telle que le lieu, la
juanière, la cause, le but, etc. Le vocabulaire acquis est porté
ainsi à 425 verbes et 800 substantifs.
La progression s'accuse quand on aborde Mon Troisième Livre
et les notions générales déjà acquises se développent. Les diverses
leçons conduisent le lecteur à la Montagne, la Forêt, la Mer (où
Jious retrouvons les Ports de Commerce, de Guerre, de Pèche des
tableaux Delmas), la Ville avec ses Monuments, les Postes et
Télégraphes, les Voyages, etc. Et ces vastes sujets allongent
-encore la liste des verbes et des noms acquis par l'élève : il
possédera maintenant 646 des premiers et 1.412 des seconds. —
Avec le Quatrième Tivre s'achève l'étude élémentaire de notre
langue. Le vocabulaire n'est plus celui de l'enfant, mais celui de
l'adolescent prêt à voyager dans les pays étrangers ; on y ren-
contre les vocables en usage à VHôtel, au Café, au Restaurant ;
jjuis viennent les Scènes de la Rue, le Commerce, les Achats,
V Alimentation, le Marché, le Grand Magasin, les rudiments de
la Langue Commerciale, la Musique, les Questions Militaires ou
Sociales. C'est au total respectable de 800 verbes et 2.100 noms
que s'élèvent les réserves terminologiques accumulées par l'étu-
diant. L'enseignement grammatical, du reste, a suivi au cours
<les deux derniers volumes un développement parallèle. Le pro-
fesseur étranger trouve dans ces deux livres un véritable précis
de grammaire française où les lois de la langue sont exposées en
tenant compte des besoins particuliers aux étrangers qui étudient
le français et des difficultés où, d'ordinaire, ils se heurtent. —
M. Rochelle s'est aussi préoccupé de la culture littéraire qu'il
convient de donner aux élèves. Dans les trois premiers volumes,
les morceaux de prose et les petites poésies sont d'un caractère
enfantin ou, tout au moins, fort simple. Le quatrième Livre
contient des jjassages empruntés aux meilleurs auteurs français ;
on aborde alors la Lecture expliquée, <■ deuxième stade », dit
M. Rochelle, ■ de toute étude complète d'une langue vivante ".
Et l'auteur, d'un mot caractéristique, souligne l'idée générale qui
<lomine chaque morceau, faisant ainsi comprendre à l'élève
comment, en Méthode Directe, il passe insensiblement de la
langue concrète au vocabulaire abstrait.
Ne terminons ])as sans donner une parole d'éloge aux nombreux
petits dessins qui éclairent le texte. Ils sont simples et étonnam-
ment vivants, d'un trait accusé qui voisine parfois avec la
silhouette en noir des ombres chinoises et j'en connais peu, dans
les ouvrages scolaires qui soient aussi vigoureux, aussi amusants,
aussi pédagogiqucment pratiques.
Ch. Veili.et-Lavali.ée.
Df. V. PAYEN-PAYNii. — Frcuch Idiouis and Proverbs : 6th
édition ; London. David Nutt. 1 vol. in-16. Vlll>-269 pj).
L'auteur, un des membres les plus actifs de la Modem Language
56 LES LANGUES MODERNES
Association, compte de nombreux amis parmi ses collègues fran-
çais. Beaucoup d'entre nous ont eu l'honneur de le rencontrer
au cours d'un Aoyage en Angleterre ; d'autres ont fait sa connais-
sance de ce côté-ci de la Manche. M. de Payen-Payne, qui a
reçu une partie de son éducation en France, y séjourne assez
souvent. On retrouve dans son ouvrage l'érudition, la finesse
de pensée et de sentiment qui font apprécier son commerce. Et
si le livre est destiné à nn public de lettrés et d'étudiants dont
l'anglais est la langue maternelle, il n'offre pas moins d'attrait
à ceux de nos compatriotes qu'intéressent les rapprochements et
les comparaisons possibles entre le génie des deux langues fran-
çaise et anglaise, entre l'esprit des deux peuples voisins. M. de
Payen-Payne ne se borne d'ailleurs pas à énumérer les idiotismes
et les proverbes en suivant l'ordre alphabétique, ou à les classer
plus ou moins arbitrairement, comme dans maint recueil déjà
publié et dont je me garderai de faire fi, tel celui de M. Aigre,
paru il y a de longues années déjà et qui est une mine pré-
cieuse de renseignements pour nos étudiants. Mais le chercheur
et le liseur qu'est M. de Payen-Payne va plus loin ; il s'est livré
à de sagaces et heureuses recherches et il nous en fait profiter.
A l'article Jour, qui occupe du reste une longue page, notre collè-
gue, après avoir indiqué le proverbe français : « Il n'est si long
jour qui ne Aienne à vêpres, » nous offre, comme équivalent, le
joli distique suivant tiré d'un poème de Stephen Hawes, lequel
llorissait sous le règne d'Henri VII :
■ Be the day weary, be the day long,
At length it ringeth to evensong. »
Vient ensuite — comment s'en étonner puisque Shakespeare a
pénétré toute la vie, — un passage de Macbeth :
..." Come what come may
Time and the hour runs through the roughest day. »
(Macbeth I. 3.).
Et voici un dicton : " The longest day must hâve an end ».
puis un de ces refrains où l'âme populaire exprime son opti-
misme confiant et sage :
« Come day, go day,
God brings Sundaj'. »
Mes collègues, quoique maîtres de langues, ne me tiendront
pas rigueur, j'aime à le croire, de leur copier l'article suivant :
Langage. — " Je vis de bonne soupe et non de beau langage. » =
Pair wods butter no parsnips. [The French is found in
.MoLn'.nE, Les Femn)es ^nixtiites II. 7. and the English équivalent
in WvcHKHLKV, Plaiit Dealer V. 3. — Contrast : C'est un bel ins-
trument que la hmguc = A ready longue is a useful ally.].
Que ce soit aux ("ommissions d'examen, que ce soit en classe,
la désagréable faute de (jranuuaire nous arrache bien souvent,
hélas ! un sourd gémissement. C'est comme une roue mal graissée
qui grince à notre oreille. Semblable souffrance fut infligée d*«
tout temj)s aux amateurs de correction ; le malheur de nos
LIVRES ET REVIES 0/
anciens doit, sinon faire notre bonheur, du moins nous apprendre
à supporter avec philosophie les violences anti-grammaticales
comme les coups du Destin. Exemple :
Soufflet. ■ Donner un soufflet à Vaugelas .■ ^ To murder the
King's English ; To offend Lindley Murray il). , Vaugelas (1585-
1650) was a celebrated writer on French grammar, one of the first
members of the Académie Française, and one of the chief contribu-
tors to its Dictionary. Comp. Molière, Les Femmes Savantes 11. 7 :
• Elle y met Vaugelas en pièces tous les jours. ■> Donner un
soufflet à Ronsard was also used, and, in the Middle Ages, Casser
la tête de Priscien, from the famous grammarian of the fourth
century.j .
Les quelques extraits que nous venons de donner de cet excel-
lent livre pourraient suffire à édifier nos lecteurs sur son intérêt
et le charme que l'on trouve à le consulter. 11 nous parait utile
cependant de reproduire encore trois articles où chercheurs et
lettrés goûteront l'instructive documentation dont M. de Payen-
Payne a orné son ouvrage :
BAT. — Vous ne savez pas où le bât le l^lesse = You do not
know ^vhere the shoe pinches him. [" Je sçay mieux où le bas me
blesse. •> — Maistre Pathelin 1. 1357. Bât = pack-saddle. Compare
the German : Jeder weiss am beslen wo ihn der Schuh driickt.
The phrase first appears in PhvrAnca's Life of Œmilius Paullus. \
certain Roman, having forsaken bis wife, lier friends fell out
with him and asked what fault he found in her ; was she not
faithful and fair, and had she not borne him niany beautiful
children . He rcplied by putting forth his foot and saying : ■ Is
not this a goodly shoe ? Is it not finely made. and is it not new ?
And yet I dare saj- there is not one of you can tell where it
pinches me. »]
COMMEN'CER. — \'a pas fait qui commence = The beginning
is not every thing. [-■ Qui commence le mieux ne fait rien s'il
n'achève » Corneille.]
A moitié fait qui commence bien = Well bcgun is half done ;
A good beginning is half the battle. [ .■ Unes vespres bien sonnées
sont à demy dictes ■> Rabelais,. Gargantua CXL. — Also : Matines
bien sonnées sont à moitié dites. Barbe bien savonnée est à moitié
rasée. — Dimidium facti qui capit habet Horace Ep. 1. 2.' .
Qui commence mal finit mal = A bad day never has a good
night.
CŒUR. — Diner par ca'ur =: To go without a dinner ; to dine
with Duke Humphrey. [Humphrey, Duke of Glouccster. son of
Henri IV, was renowned for his hospitalité'. At his death it was
reported that he would hâve a monument in St-Paul's, but he
was buried in St Alban's .\bbey. St Paul's was at that time the
common lounge of the town, and when the iiromenaders left for
dinner, those who had no dinner to go to, used to say they
would stay behind and look for the monument of the good Duke. A
(1) Lindley Murray (1745-1826), grammairien, né en Amérique.
mais qui s'établit par la suite en .Angleterre et y publia de n(mi-
breux ouvrages dont le plus célèbre est : (irammar of the EnijUsh
Lanyuacjc (1795j.
58 LES LANGUES MOUEKNES
similar saying was : » To sup with Sir Thomas Gresham, » the
Exchange, built by him. being a place of resort., (1^.
L'auteur a eu soin de faire suivre son travail d'un Index
détaillé des proverbes anglais qui rend autant de services au
lecteur français qu'à l'étudiant anglais préoccupé de découvrir en
notre langue l'équivalent d'un de ses proverbes nationaux.
Certes un ouvrage de ce genre est indétiuiment perfectible. Au
hasard des lectures et des conversations, il se présente toujours
quelque dicton nouveau, un proverbe inconnu, une expression
idiomatique rare ou désuète et qu'il vaudrait la peine d'ajouter
à la collection. Dans l'article Eau, par exemple, qui est fort
détaillé et contient mainte remarque curieuse et instructive,
puisque l'auteur nous cite des phrases latines, grecques, alle-
mandes, françaises, nous lui proposerons d'y adjoindre l'amusant
adage latin qui pourrait si bien servir de devise à toutes les
stations balnéaires, à tous les établissements d'hydrothérapie de
France et de Navarre, voire même à tous les sectateurs de l'Abbé
Kncipp, et enfin au célèbre D' Sangrada : Corpus domat aqua.
Et quand il rédigeait le commentaire historique dont il accom-
pagne l'insouciant : " A demain les affaires sérieuses » de cet
étourdi d'Archias, gouverneur de Thèbes, il eût été intéressant
d'en rapprocher, pour tonifier le moral de nos élèves et dévelop-
per leurs connaissances littéraires, la mâle, la cornélienne parole
d'Othello :
■■ (!ome Desdcmona ; 1 hâve Ijut an hour
Of love, of worldly matters and direction
To spend with thee : we musl obey the timc. » (Othello I. 3).
Ah ! celui-là ne jiégligcrait pour rien au monde, pas même pour
s'aliandonner aux douceurs de l'amour, k- soin des intérêts que
l'Etat a confiés à sa garde. Dans une âme si fortement trempée,
le sentiment du devoir jirime tout. Mais Orosmane langoureux
s'écrie en vers qui résonnent comme le chant d'un luth, mais où
se décèle un faible pastiche de Racine :
• .Te vais donner une heure aux soins de mon empire
Et le reste du jour sera tout à Zaïre. » (Zaïre I. 5).
De même, M. de Payen-Payne offrirait à ses lecteurs une sage
leçon de prudence en ajoutant au vers de La Fontaine : ■ La
méfiance est mère de la sûreté. » (Safe bind, safe find) l'adage
que les Romains semblent a\ oir composé à l'intention des Nor-
mands ou des guerriers Sioux : Cui f'ulus ride.
L'ouvrage de M. de Payen-Payne a eu en .Angleterre un grand
et légitime succès. 11 serait, semble-t-il, utilisé avec |)rotit par
les élèves de nos classes supérieures qui ont à comjjoser en
anglais. L'étude des proverbes d'une langue se lie toujours à
l'étude des expressions idiomatiques qui donnent à cette langue
sa physionomie propre. Que sont les proverbes, d'ailleurs, sinon
les plus idiomatitiues des raccourcis de phrases et de pensées ?
Ils nous offrent, en tous cas, un champ magnifique d'investiga-
tions et linguistiques et psychologiques. L'autorité d'un Bacon
nous en est garant : <■ The genius, wit and spirit of a nation »,
<lit-il, ■ are discoxered in its proverbs. »
Ch. N'kii.lkt-Lavali.ée.
(1) Il va de soi que ce n'est pas le seul article se rattachant au
mot ftrj/r. En réalité, ca-ur est le mot principal de vingt proverbes
ou expressions idiomatiques étudiés par M. de Payen-Payne.
LIVRES ET REVUES 39
REVUES
The South Atlantic Quarterly est une revue trimestrielle dout
».haque numéro forme un volume d'une centaine de pages et qui
paraît à Durham, dans la Caroline du Nord. Elle est dirigée par
deux professeurs de Trinity Collège, le grand établissement
d'enseignement supérieur dont les bâtiments et les vastes ter-
rains avoisinent Durham. MM. William K. Boyd et William H.
Wannamaker. Principaux articles des deux derniers numéros
<juillet et octobre 1919) : Rossetti Studies, I Craftmaiiship, II The
Liftic, par A. E. Trombh' ; Our place in the ivorld, par O. D.
Wannamaker, hardie et noble étude sur le rôle que les Etats-Unis
ont à jouer pour le rétablissement de la paix et de l'harmonie
dans le monde ; dans une veine analogue Democracij or Desaster
par W. T. Laprade ; une forte critique littéraire : the Modem
Drama as it reflects the Thought and Life of the people, par
C. T. Ryan, etc.
ARTICLES A LIRE
Revue de Paris, 15 octobre. Elle Halévy. La nouvelle loi scolaire
anglaise — (article dont la lecture est indispensable à quiconque
s'intéresse à l'évolution de l'enseignement en .Angleterre). 1" et
15 novembre, .André Maurel. Goethe, génie latin. — (bon article
de vulgarisation!. Ed. Carteron. Les HohenzoUern colonisateurs.
Revue Universitaire : novembre, décembre, .Maurice Calien :
Héflexions sur l'enseignement de l'allemand.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Séance du Comité du 23 novembre 1919. à 2 h. 1/2, au parloir
du Lycée Montaigne, sous la présidence de M. Pinloche, président
de l'Association.
Etaient présents : MM. Bellec, Bloch, Brocard, Cart, Duverger,
Guillotcl, Meadmore, Mlles Ledoux, Latappy, Rocheblave. Excusés :
Mlle Clôt, MM. Arnaudet, Delobel, Jamin, Koszul. Lecigne.
Le président ouvre la séance en envoyant à Mlle Weiller et à
M. Delobel, les souhaits de pronijjte et complète guérison, au
nom du comité.
M. Cart expose la situation faite par la maladie de Mlle Weiller.
il lui paraît nécessaire que les fonds de l'Association ne soient
plus déposés dorénavant au nom d'une personne, mais au nom du
trésorier de l'Association dûment autorisée par la préfecture, et
il demande que le trésorier qui sera désigné pour l'année 1920
fasse les démarches indispensables pour cela, si ces démarches
n'ont pas encore été faites.
La proposition de M. Cart est adoptée et le président remercie
M. Cart du service qu'il a rendu à l'Association en se chargeant
pour ainsi dire à l'impr^^viste des fonctions de trésorier.
M. Bloch déclare qu'il lui paraît indispensable d'augmenter les
cotisations et qu'il demandera à l'assemblée générale de voter
cette augmentation. La hausse continue des frais d'impression
rend cette mesure indispensable ; il désire que l'augmentation
soit assez forte pour que le Bulletin puisse paraître six fois par
an.
Le président appuiera cette demande.
Après avoir examiné la liste des candidats au comité, M. Pin-
loche donne lectiiie d'une lettre de M. Dodanthun demandant que
les années passées à l'étranger puissent compter pour rancienneté.
quel que soit le moment où ce séjour a eu lieu. M. Pinloche
déchire qu'il reprendra la question déjà soulevée à différentes
reprises, et qu'il fera les démarches nécessaires.
Puis il donne lecture d'une lettre de M. Veillet-Lavallée au
sujet de la sujîjîression de l'Enseignement des Langues vivantes
dans les Ecoles d'.Arts et Métiers. M. Pinloche déclare que
M. Boussagol le secrétaire général de la Société des Langues,
a déjà entrepris des (■.émarches à ce sujet, et qu'il s'associera à
ces démarches.
11 déclare ensuite cjue le référendum a en les conséquences que
l'on pouvait espérer ; la commission nommée pour la réforme des
épreuves de langues vivantes au baccalauréat l'a désigné comme
rapporteur et s'est l'éunie pour la 2" fois au ministère, le 23 octo-
bre, sous la présidence de M. l'Inspecteur général Hovelaque ;
elle a adopté la pluiKirt des vreux formulés par la majorité du
corjjs enseignant des langues \ivantes. notamment celui qui
concerne la modification de l'épreuve écrite en 15 et D. Le pré-
sident de la Commission a exprimé son désir conforme à celui
de M. le Directeur de l'enseignement secondaire de voir aboutir
cette réforme au ])lus vite ; le Conseil Supérieur va être .saisi
incessamment du rapport de la Commission.
M. Pinloche rappelle en terminant qu'une circulaire du prési-
dent du conseil a tout dernièrement soulevé la (jucstion des deux
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
61
langues obligatoires aux grandes écoles militaires et que cette
question sera certainement posée à nouveau, un jour ou l'autre ;
il ajoute que l'année 1920 nous obligera probablement à convo-
quer de nouvelles réunions pédagogiques pour étudier la réforme
probable de l'enseignement.
M. Bloch rend compte de la séance préparatoire à laquelle
étaient convoqués les présidents de sociétés de spécialistes le
23 octobre au Lycée Louis-le-Grand.
La séance est levée à 4 heures.
Copie de la réponse reçue du Ministère à propos de la question
posée par M. Dodenthun, et transmise à ce dernier le 9/12-19.
« La situation des fonctionnaires qui obtiennent un congé
d'inactivité pour aller à l'étranger ou pour tout" autre cause est
réglée par la loi de 1853, qui dispose qu'" à l'égard des fonction-
< naires de l'enseignement, le temps d'inacti\ité durant lequel
<' ils ont été assujettis à la retenue est compté comme service
- effectif. »
« Il ne ))eut être admis dans la liquidation ))our plus de cinq
ans. »
Assemblée Générale. Voir l'article spécial, page 3 du présent
numéro.
Elections au Comité : Le dépouillement du scrutin, pour lequel
Mlles Clôt, et Ledoux et ]\L Cart avaient bien voulu se joindre
à M. Henri Bloch a eu lieu aussitôt après l'assemblée générale.
En voici les résultats.
Nombre des votants 81. — Ont obtenu"
Collèges de garçons
MM. Carillon... 70 voix
Montaubric 70 —
Enseignement pri-
maire, commercial et
technique.
M. Gov 66 voix
M. Veillet-lavailée. 56 —
D'autre part ont obtenu : M. Carré (\'ichy) 14 voix, M. Varenne
10 voix. M. Milliot-Madéran 4 voix. MM. Desclos, Becker et
Roudil chacun 3 voix et MM. Berthet, Bloch, Camerlynck, Copil-
let-Fleurant. Godard, Servajean, Pitollet 1 voix, ainsi que
Mlles Bigoudot et Davesne. Enfin 6 suffrages se sont égarés sur
le nom de Mlle Marichy qui à ce moment ne faisait pas partie de
notre .Association, non plus que MM. Amado, Dubois et Leclaire
qui ont eu une voix chacun.
Par application de l'article 9 des statuts et du règlement adopté
par le comité dans sa séance du 29 octobre 1911 ont été déclarés
élus :
Lycées de garçons : MM. Boussagol, Chemin, d'Hangest, Martin,
Pinloche.
Collèges de garçons : MM. Carillon et Montaubric.
Enseignement secondaire féminin : Mlles Brunel et Ledoux.
Enseignement primaire, commercial et technique : MM. Goy
et Veillet-Lavallée.
Nous rappelons que les membres du comité élus en 1918 sont :
MM. .Arnaudet. Aubenas, Banchet, Breuil, Monguillon, Brocard,
Cart, Mlle Clôt, M. Delobel, Mlle Demmer, M. Garnier.
Ceux élus en 1919 : M.M. Henri Bloch. Bellec, Duvergé, Guillotel,
Jamin, Koszul, Lecigne, Mlle Latappv, MM. Léon M's, Roux,
Mlle Weiller.
Lycées de garçons
MM. Boussagol. 67 voix
Chemin. . . 66 —
d'Hangest. 63 —
Martin 59 —
Massoul. . . 43 —
Pinloche. . 45 —
Enseignement secon-
daire féminin
M»'
5 Brunel.. . 60 voix
Ledoux. . 56 —
Schlesser. 50 —
62 LES LANGUES MODERNES
Le Bureau de 1920. Dans sa séaucc du 8 janvier 1920 le comitL-
de l'Association a procédé à l'élection du nouveau bureaa.
Président : M. Veillet-Lavallée, professeur à l'Ecole Arago.
Vice-présidents : Mil. Cart, professeur au Lycée Carnot et
Boussagol, professeur au Ljcée Cliarlemagne.
Secrétaire général : M. Henri Bloch, professeur au Lycée Hoche.
Secrétaire chargé de la Rédaction du Bulletin, M. d'Hangest.
professeur au Lj'cée Cond>jrcet.
Trésorière : Mlle Ledoux, professeur au Lycée Victor-Duruy.
Trésorier-adjoint : M. Bellec, professeur au Collège de Pontoise.
Archiviste : Mlle Brunel, professeur au L^cée Fénelon.
Les Langues Vivantes dans les E. N. P.
Une délégation composée de MJL Rancès, représentant des
Langues vivantes au Conseil Supérieur de l'Instruction Publique :
Veillet-Lavallée, Président de l'Association des Professeurs de
Langues vivantes ; Boussagol, Secrétaire général de l'Association
des Professeurs de Langues méridionales, a rendu visite, le
24 février à M. Lapie, directeur de l'Enseignement primaire.
M. Rancès a exposé, avec beaucoup d'énergie et de bonheur dans
l'e.xpression, les sentiments de sui'prise et de désappointement
qu'a fait naître dans le public en général et dans le monde des
Langues vivantes en particulier, l'annonce des réformes projetées
dans les Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institutrices où les
Langues vivantes deviendraient simplement facultatives. Il ne
pouvait être question dans ce premier entretien que d'un simple
échange de vues. Mais nos collègues peuvent être assurés que de
tels projets, devant entraîner une si grave diminution dans
l'enseignement des Langues vivantes en France, seront suivis avec
la plus grande attention. ^
Adhésions nouvelles
M. Audouin, professeur lycée, Poitiers. — Mlle Audy, profes-
seur E. N., E. P. S., Bordeaux. — Mlle Bécourt, professeur lycée
Molière, Paris. — M. Boutinaud, professeur école St-Louis, Limo-
ges. — M. Briquelot, professeur lycée, Bar-le-Duc. — M. Broche,
professeur lycée, Marseille. — Mlle Brunel, professeur Lycée
Fénelon. Paris. — M. Byron-Galini, A'incennes. — M. Caillet.
professeur collège, St-Germain. — Mlle Cambou, professeur collège.
Tanger. — M. J.-M. Carré, agrégé de l'Université, Paris. — M. Chan-
geur, Bi-essuire, Deux-Sèvres. — M. P.-H. Cheftaud, agrégé de
l'Université, Paris. — M. Chemin, professeur Lycée Carnot.
Paris. — Mme (Vaudeville, professeur E. P. S., Poitiers. — M. Den-
jean, professeur lycée, Poitiers. — M. Joseph Duncan, Acting
Secrctary of Public Instruction, Panama City. — Mlle Jeanne Ca-
chet, Londres. — M. E. Goiulry, i)rof. collège, Arras. — iline Huot-
Sordot, professeur collège jeunes filles, Avignon. — M. G. Jous-
saume. professeur lycée, Nantes. — Mlle Lacombe, professeur.
Toulouse. — M. Labeyrie, professeur, collège, Parthenay. —
INIme Leroy, professeur collège jeunes filles, Toul. — M. Lazare C.
Liacos, professeur, Salonique. — M. Victor Malesset, professeur
Lycée Kléber, Strasbourg. — Mlle Marichy, professeur Lycée
Victor-Duruy, Paris. — M, Martin, professeur E. P. S., ChâtcUe-
rault. — M. Perrin, professeur E. P. S., St-Junien. — M. le prin-
cipal du gymnase, Schlestadt. — M. Rolet, professeur lycée. Tours.
— M. Saurai, professeur lycée, Bordeaux. — M. Simonot, profes-
seur, école .Arago, Paris. — M. Vannier Robert, professeur lycée
Lyon. — M. Veignot, professeur lycée, Moulins.
Chronique du mois
Elections au Conseil Supérieur de l'Instruction publique
Agrégés des langues vivantes
Electeurs inscrits : 332.
Votants : 304.
Bulletins blancs, illisibles, irréguliers : 27 à déduire du nombre
des votants.
Majorité absolue des suffrages exprimés : 139.
Nombre de membres à élire : 1.
MM. Rancès 256 voix. Elu
Pinloche 4 —
Dupré 3 —
Beaujeu 2 ■ —
Masquillier 2 —
Peyrot 2 —
MM. Millot, Madéran, Vincent, Sigwalt, Paoli, Burgbard, Dibic,
Travers, Kœsler, chacun 1 voix.
Mouvement du Personnel.
Enseignement Supérieur
M. Mérimée (Henrij, docteur es lettres, chargé d'un cours de
langue et littérature espagnoles à la P'aculté des lettrts de l'Uni-
versité de Toulouse, est nommé proiesseur de langue et litté-
rature espagnoles à la dite faculté. — M. Guyot, docteur es lettres,
professeur au collège Rollin, est chargé d'un cours de littérature
anglaise à la Faculté des Lettres de Rennes. — M. Ronzy, pro-
fesseur au lycée de Lyon, est chargé d'un enseignement complé-
mentaire de langue italienne (2 leçons par semaine), à la Faculté
des Lettres de Lyon. — M. Amade, agrégé d'espagnol, professeur
au lycée de Montpellier, est délégué, dans les fonctions de maître
de conférences de langue et littérature espagnoles à la Faculté
des Lettres de Montpellier. — M. Basset, professeur à l'Ecole
supérieure de langue arabe et de dialectes berbères de Rabat, est
chargé d'un cours d'nistoire de la civilisation musulmane, à
l'Université d'Alger. — M. Berger, docteur es lettres, est
chargé d'un cours de langue et littérature anglaises à l'Université
de Bordeaux. — M. Vulliod, maitre de conférences à la F'aculté
des lettres de Nancy, est chargé de l'enseignement de l'allemand
à la F'aculté des lettres de l'Université de Dijon (chaire de
M. Legras, mobilisé, tn mission en Sibérie). — M. Roger, profes-
seur au lycée, est chargé de faire par semaine trois cor.férenccs
de langue et littérature anglaises à la Faculté des lettres de Mont-
pellier.
Faculté de Strasbourg.
Professeur de langue et littérature italiennes. "SI. Maiiguin, pro-
fesseur à la Faculté des lettres de l'Université de (îrenoliie. —
Professeur de littérature allemande du moyen âge et classique.
C4 LES LANGUES MODERNES
M. Tonnelat, professeur à l'Université de Genève. — Professeur
de littérature allemande contemporaine, M. A. Lévy-Sée, pro-
fesseur à la Faculté des lettres de l'Université de Nancy. — Pro-
fesseur de langue et littérature anglaises, M. Koszul, maître de
conférences à la Faculté des lettres de l'Université de Paris. —
Professeur de littératures comparées, M. Baldensperger, chargé
<le cours à la Faculté des lettres de l'Université de Paris. —
M. ]\lichel, professeur au Ij'cée de Strasbourg, est délégué dans
les fonctions de maître de conférences de langue et de littéra-
ture allemandes. i
Enseignement Secondaire
Services généraux
Inspection académique
A Lons-le-Saunier, M. Molitor, inspecteur d'académie à Privas. —
M. Loisel, professeur d'allemand au lycée Bufïon, est délégué dans
les fonctions d'inspecteur d'académie en résidence à Aurillac. —
;M. Rimey, professeur agrégé d'espagnol au l^cée de Foix, est délé-
gué dans les fonctions d'inspecteur d'académie, en résidence à
Gap.
Lycées et collèges de garçons de la Seine et de Seine-et-Oise
M. Bertaux (Rouen), professeur d'allemand (5* classe) au lycée
Buffon. — M. Pitollet, professeur d'espagnol et allemand (Nîmes),
suppléant, professeur d'espagnol (,5*^ classe) aux lycées Henri-IV
et Carnot. — M. Meyer, prof, d'ang. (Henri-IV), au lycée Coudorcet.
— M. Rabâche, professeur d'anglais (petit lycée Coudorcet), lycée
Henri-IV. — M. Bourgeois, professeur d'anglais (Versailles), au
lycée Rollin. — M. Digeon (Rouen), professeur d'anglais (5*= clas-
se), au lycée Coudorcet (petit lycée).
Lycées des départements
M. Delahaye, professeur d'italien (Marseille), censeur des
études {y classe), La Rochelle. — M. Delevallée, professeur d'alle-
mand (Saint-Onier), Douai. — M. Husson, professeur d'allemand,
maintenu à Douai. — M. Dontenville (Toulon), professeur d'alle-
mand à Avignon. — M. Barthe, nommé professeur chargé
de cours d'anglais (Marseille). — M. Duméril, professeur
d'iUleniand (Poitiers), à Nantes. — M. Houyvet (lettres et
anglais, Fécani])), jirofesseur chargé de cours d'anglais (ô' classe). —
M. Cornu (allcinaiid), Soissons, délégué Saint-Omer. — M. Salin,
agrégé d'anglais, professeur (4" classe), Aix. — M. Talbot, agrégé
d'anglais, professeur (5' classe) Périgueux, au dit lycée. — M. Gra-
nier, agrégé d'anglais, |)rofesseur (4'' classe), Alais. — M. Pruvost
(Clermont), professeur d'anglais, Guéret. — M. Demeaux, licen-
cié es lettres (espagnol), C. A. S. (espagnol), E. P. S. Toulouse,
délégué (espagnol), Albi. — M. Pézard, agrégé d'italien, élève de
l'Ecole normale supérieure, ]>rofosseur d'italien (5'' classe), Avi-
gnon. — M. Cannac (La Roche-sur-Yon), ])rofesseur chargé de
cours d'anglais, Clermont. - M. Bedarida, agrégé d'italien, pro-
fesseur d'italien (5' classe), Annecy. — M. Vivent, maintenu pro-
fesseur chargé de cours d'espagnol, j\h)nt-de-Marsan. — M. Camp,
agrégé d'espagnol, professeur d'espagnol (i>« classe) au lycée de
N'îmcs, — M. Paoli, agrégé d'italien (E. P. S., Grenoble), profes-
CHRONIQUE DU MOIS 05
-seur d'italien (5' classe;, Marseille. — M. Prost (grammaire et
italien, Viennei, professeur chargé de cours d'italien (4* classe).
Valence. — M. Haussaire (Augers^ professeur chargé de couri
d'allemand, Constantine. — M. Laval (Rocheforti, professeur
chargé de cours d'allemand, Augers. — .M. Vieux, agrégé d'alle-
mand, élève de l'Ecole normale supérieure, professeur d'allemand,
Rochefort. — M. Pradère, agrégé d'allemand (Etampes), professeur
d'allemand, Bastia. — M. Garçon (Bourg», professeur d'allemand.
Besançon. — M. Carpentier (.\rgentan), professeur chargé de cours
d'allemand (4*^ classe». Bourg. — M. Buisson, agrégé d'allemand,
professeur d'allemand, Alais. — M. Gasc, agrégé d'allemand
(Perpignan), professeur d'allemand (4'^ classe». Montpellier. — •
M. Delmas, agrégé d'allemand (.Auxcrre», professeur d'allemand.
Nevers. — M. Bézier, agrégé d'allemand, professeur d'allemand
(3" classe», Orléans. — M. Bourgoin (Poitiers), professeur d'alle-
mand, Toulouse. — M. Audoin, agrégé d'allemand, professeur
d'allemand, Poitiers. — M. Declerck, professeur-adjoint (.Saint-
Quentini, délégué (anglais) au dit Ivcée. — M. Veaux, agrégé
d'anglais, professeur d'anglais (2- classe». Rennes. — M. Baudet-
Desroches (lettres et allemand). Cognac, chargé de cours d'alle-
mand (2' classe), Alençon. — M. Loup, agrégé d'allemand (Cons-
tantine), professeur d'allemand (5' classe), Avignon. — M. Jalabert
(Bagnères-de-Bigorre), chargé de cours (4= classe», Toulouse. —
-M. Fouret, agrégé d'allemand, élève de l'Ecole normale supérieure,
professeur d'allemand, Troyes. — M. Doyen, agrégé d'allemand,
élève de l'Ecole normale supérieure, professeur d'allemand. Va-
lence. — M. Maurice, licencié es lettres (allemand», délégué
Vesoul. — M. Gondry, agrégé d'anglais, professeur d'anglais
(5" classe», Bar-le-Duc. — ^L Houy\et (Chaumont». professeur
chargé de cours d'anglais, Bastia. — M. Rassat, agrégé d'anglais,
professeur d'anglais, Belfort. — M. .Martin, agrégé d'anglais, pro-
fesseur d'anglais, Bordeaux. — >L (^am, agrégé d'anglais, profes-
seur d'anglais, Brest. — ^I. Boyer, agrégé d'allemand, professeur
d'ail., Chambéry. — M. Casati, licencié es lettres (ang.). délégué
(anglais), Chambérj'. — M. Matruchot, agrégé d'anglais (.\uxonne),
professeur d'anglais (5^ classe), Dijon. — M. Ferlin, agrégé d'an-
glais, professeur d'anglais, Gap. — M. Pica\et agrégé d'anglais
(Sedan), professeur d'anglais, Laon. — M. Le Porh. licencié es
lettres (anglais», délégué (anglais), La Roche-sur- Yon. — M. Le-
gouis, agrégé d'anglais, élève de l'Ecole normale supérieure, pro-
fesseur d'anglais au lycée Ampère, à Lyon. — M. Vannier, agrégé
d'anglais, élève de l'Ecole normale supérieure, prof, d'ang. au
lycée du Parc, à Lyon. — M. Broche, agrégé d'anglais, (Ecol • nor-
male d'.\vignon), nommé professeur d'anglais. Marseille. —
M. Pallier, agrégé d'anglais, délégué professeur d'anglais (Mont-
luçon). — M. Humilien (Pézenas), délégué (espagnol), Monti)ellier,
en remplacement de M. Roustan, a|)])elé à d'autres fonctions. —
M. Rérat, agrégé d'anglais, professeur d'anglais. Nancy. — M. .lous-
saume, agrégé d'anglais, répétiteur (.Angers», professeur d'anglais.
Nantes. — >I. Mossé, agrégé d'anglais, professeur d'anglais, Nice. —
M. Maillet, agrégé d'anglais, professeur d'anglais (S' classe),
Saint-Etienne. — M. Géilévricr, agrégé d'anglais, nommé profes-
seur d'anglais (5'' classe). Tours. — M. Léopold (Figeac), profes-
seur chargé de cours d'anglais (5" classe), Tulle. — M. Porez.
agrégé d'anglais, est nommé jjrofesseur d'anglais (.V classe).
Valenciennes. — M. Sayn, agrégé d'anglais, délégué (Château-
Thierry), professeur d'anglais, Rouen. — M. Houyvet, maintenu
à Chaumont. — M. Laisney (Saint-Lô), agrégé d'anglais, professeur
d'anglais (5' classe) au lycée de Rouen (Elbeuf).
()6 LES LANGUES MODERNES
collP:ges de garçons
Principaux
M. Pécheux, professeur d'anglais au collège d'Ajaccio, principal
à titre provisoire, Corte, charge de l'enseignement des lettres et
de l'anglais (l" cat. 5- classcj. — M. Pactus professeur d'allemand
(Aubussoni, principal (4'' classe) à Saint-F'our, en remplacement
de M. Deluy, appelé à d'autres fonctions, et chargé de l'enseigne-
ment des lettres et de l'allemand (4* classe, P" catégorie). —
-M. Gallèpe (espagnol et grammaire) (1'^' cat., 3' classe), Lodèvc,
principal, Sisteron et chargé de l'enseignement des lettres. —
M. Zurbach, professeur d'allemand ( Arles i, principal, à t'tre pro-
visoire (3" classe), du collège de Longwy. — M. Jaume, professeur
chargé de cours d'anglais (Gap), principal, Fécamp, et chargé de
l'enseignement des lettres et de l'anglais (f" cat., 3"= classe).
Enseignement
M. Lemaire, délégué Montauban, délégué lettres et allemand
(1*"^ ordre) [6' classe], Barbezicux. — M. Urouin, maintenu délé-
gué des lettres et de l'allemand, Beaune (1'^' ordre) [6" classe". —
M. Colomb, délégué lettres et allemand de Bourgoin, enseigne-
ment, Bonneville (l-"^ oril.re) [6- classej. — M. Marchai, maintenu
délégué des lettres et de l'allemand, (^hàtilIon-sur-Seine (1"^ ordre»
[6* classej. — M. Bourdonde, licencié et certifié d'allemand, délé-
gué (lettres et allemand) (!-'' ordre) [6' classe], Clamecy. —
M. Bouichère (Embrun), allemand, Confolens. — M. Sigal,
(Rodez), délégué lettres et allemand (1"^ ordre) [6" classe], Fon-
tenay-le-Comtc. — M. Ghauveau, délégué lettres et allemand
(!"■ ordre) [5' classe], Briançon à Issoudun. — M. Deconde, main-
tenu, délégué lettres et allemand, Joigny (1'"^ ordre) [6' classe]. —
M. Zimmermann. délégué lettres et allemand de Villefranche-de-
Roucrgue, Lure d" ordrei '^6* classe]. — M. Bénazet, licencié et
certifié d'allemand, délégué lettres et allemand (1"^ ordre) [6"^ clas-
se] à Mende. — M. Babel, délégué (lycée Charlemagne), délégué
lettres et allemand (l'"^ ordre) [6' classe], Morlaix. — M. Serreau,
délégué (Brest), délégué (lettres et allemand) (1"'' ordre) [6* classe],
Mortain. — M. Séclet (Sétif), professeur d'allemand, Philippe-
\ille. — M. Lafon (Béziers). professeur d'allemand, Bergerac. —
M. Pézièrcs, délégué (lettres et allemand) (1"^ ordre) [6' classe],
Béziers. — M. Le Gouaille, répétiteur de collège, délégué lettres
et allemand, Etampes, est délégué (l'""" ordre) [6" classe], au Ques-
noy. — M. Schmit (Pont-à-Mousson), professeur d'allemand, Saint-
Dié. — M. Budclot. délégué, Saint-Omer, délégué (lettres et alle-
ftiand), Saint-Pol (Pas-de-Calais). — M. Gourbeault (Issoudun),
délégué (allemand) (1" ordre) [5" classe], Saint-Scrvan. —
M. Duchatelle (Condé-sur-Escaut), professeur d'allemand. Salins. —
M. Vigourel, maintenu délégué (lettres et allemand), Sisteron
(1'^' ordre) [6" classe]. — M. C^ornu (.\uguste), licencié et certifié
d'allemand est délégué (lettres et allemand) (1"" ordre) [6' clas-
se], Soissons. — M. Panetotte (lettres et allemand) (Beaufort),
délégué (1"^ ordre) [6' classej, à Vire. — M. Guerrapin, (Sillé-le-
Guillaumei. professeur de lettres et allemand à Wassy. —
M. .Meillereux, délégué (lettres et allemand), .Auxerrc (l*""" ordre)
[6' classe], — .^[. Baulot, licencié d'allemand, répétiteur (1" ordre)
[4'' classe], Bar-le-Duc, est délégué (lettres et allemand) (V ordre)
[4* classe], Château-Thierry. — M. Canquery, certifié d'allemand,
répétiteur, Saint-Germain-en-Laye, délégué (allemand) (!"" ordre>
CHRONIQUE DU MOIS 67
[6' classe], Honfleur. — M. Laurent, licencié d'allemand, répé-
titeur de collège, délégué (lettres et ail.) (1" ordre) [6* classe]
Sedan. — M. Phéline, licencié d'anglais (Villefranche-sur-Saôue),
délégué lettres et anglais (1" ordre) [6 classe], Ambert. — ■
M. Ginestet, licencié d'anglais, délégué (lettres et aaglaisj
d''^ ordre) [6' classe], Aubusson. — M. Urgel (Saintes), profes-
seur de lettres et anglais, Brive. — M. Espagnet, licencié d'anglais,
répétiteur au collège du Blanc, délégué lettres et anglais (P'' ordre)
[6* classe]. Saintes. — M. Gauthier, certifié d'anglais, délégué
(lettres et anglais), Clamecy. — M. Legrand, licencié es lettres,
délégué (lettres et allemand^, Condé-sur-Escaut. — M. Camp,
délégué (Aix), délégué (lettres et anglais) (l*^"^ ordre) [6" classe].
Cosne. — M. Le Normand, licencié d'allemand, délégué lettres et
allemand (l"" ordre) [6" classe], Dinan. — M. Herlemont, licencié
d'allemand (allemand) (1'^'^ ordre) [6'= classe], Dunkerque. —
M. Davoine, délégué (Roanne), délégué (allemand) (l''"^ ordre)
[6'' classe], Lunéville. — M. Rivière, ancien délégué de lycée, délé-
gué lettres et ang. (l'"^ ordre) [6*= classe], Marmande. — M. Lé-
cuyer, licencié d'ang., délégué lettres et ang. (1" ordre) [6'^ classe],,
Mauriac. — M. Pigelet, licencié d'ang., répétiteur au collège du
Blanc, délégué (lettres et ang.) (l*"" ordre) [6" classe], Montargis. —
M. Sage, licencié d'ang. (lettres et ang.) (1"^ ordre) [6" classe],
Nogent-le-Rotrou. — M. Boulègue, licencié d'anglais, délégué
(lettres et ang.) (V ordre) [6'' classe]. Privas. — M. Lefèvre, certifié
d'ang., répétiteur, Verdun, délégué (lettres et ang.) (l*""" ordre)
[6* classe], Saint-Claude. — M. Caillet, délégué, Sainte-Menehould,
délégué lettres et ang. (l""" ordre) [6'- classe], Saint-Germain-en-
Laje. — M. Pigeon (Issoire), délégué lettres et ang. (1"^ ordre)
[6" classe], Saumur. — M. Honoré, ancien délégué de collège, certifié
d'ang., délégué lettres et ang. (l''"" ordre) [6*^ classe], Issoire. —
M. Picavet, licencié d'ang., délégué lettres et ang. (l*""^ ordre)
[6" classe], Sedan. — M. Fleury, licencia d'anglais, délégué (let-
tres et anglais) (l'"'' ordre) [6" classe] à Sées. — M. Rey (Trei-
guac), délégué lettres et allemand (1" ordre) [6" classe], Sézanne.
— M. Letonturier, licencié d'anglais, répétiteur à Verdun, délégué
(lettres et anglais) (1" ordre) [6' classe], Valognes. — M. Boue
(Loudunj lettres et allemand (1"^ ordre) [6'' classe], Villefranche-
de-Rouergue. — M. Vinot, licencié d'anglais, délégué (lettres et
anglais) (l'"" ordre) [6" classe], Autun. — M. Destour, licencié
es lettres, ancien délégué, Brest, est délégué lettres et allemand
(l""" ordre) [6*^^ classe], Avranche. — M. Ambec, licencié es lettres,
ancien répétiteur (Millau), délégué lettres et anglais (l""^ ordre)
[6° classe], Cassel. — M. Lafue, délégué lettres et allemand
(1"^ ordre) [6" classe], Cusset. — M. Parmin, délégué lettres et
anglais iV'' ordre) [6" classe], Pont-l'Evèque à Lisieux. — M. Mar-
tin (Yves), licencié d'anglais, délégué lettres et anglais (1" ordre)
[6" classe], Pont-l'Evèque. — M. Auniac, licencié d'italien, main-
tenu délégué, Manosque (l"" ordre) [6- classe]. — M. Ressigeac,
licence es lettres (espagnol) (Blaye), délégué lettres et espagnol
(1" ordre) [6' classe], Oloron. — M. Normand (Mo»tain), délégué
(lettres et allemand) (1"^ ordre) [6"^ classe], Pontoise. — M. Lé-
cuyer (Mauriacj, délégué (lettres et anglais) (l'"'' ordre) [6' classe].
Saint-Maixent. — M. Hérisson-Laroche, licencié d'anglais, délé-
gué lettres et anglais (l" ordre) [6' classe], Vitry-le-Franyois. —
M. Lanne, licencié d'allemand, délégué (lettres et allemand)
(1" ordre) '6' classe], Beaufort. — M. Gozzi, licencié d'italien,
répétiteur, MiUau, délégué lettres et italien O"" ordre) [6' classe].
Orange. — M. Chauchard, licencié d'allemand, délégué lettres et
68 LES LANGUES MODERNES
allemaud (1" ordre) [6- classe], Fécamp. — M. Lavcnture, licen-
cié d'anglais, délégué lettres et anglais (l'^^'^ ordre) [6« classe].
Provins. — M. Anglade, répétiteur (1" ordre) [5'^ classe] (Alais),
délégué lettres et allemand (_!" ordre) [6« classe], Baveux. —
M. Monnot, licencié d'italien, délégué lettres et italien (1" ordre)
[6'^ classe], Carpentras. — M. Albié, licencié d'espagnol (Ville-
franche-de-Rouergue), délégué lettres et espagnol (1" ordre)
[6*^ classe]. Cognac. — M. Agoub (Agde), professeur de lettres et
anglais, Draguignan. — M. Pourverelle, licencié d'anglais, délégué
(lettres et anglais) -(l" ordre) [6" classe], Parthenay. — M. Cam-
bedouzou, licencié d'allemand, lettres et allemand (l'"^ ordre)
[6" classe], La Rochefoucauld. — M. Le Roi (Ajaccio), professeur
de lettres et d'anglais (2'' ordre) [3" classe]. Romans. — M. Elvin,
ancien répétiteur (Semur) délégué lettres et anglais (1" ordre)
[6* classe]. Salins. — M. Verret, maintenu délégué letti'es et
allemand, LTzès (.1" ordre) [6' classe]. — M. Colomb, licencié
d'allemand délégué lettres et allemand (P"^ ordre) [6'' classe],
Briançon. — M. Saint-Jean (Lectoure), délégué lettres et allemand
(1'^'" ordre) [6' classe], Saint-Girons. — M. Blanchet. licencié
d'allemand, délégué lettres et allemand (1" ordre) [6'= classe],
Aubusson. — M. Soulé, professeur-adjoint (Alger), délégué, arabe
d*"" ordre) [4'' classe], Blida. — M. Leroy, certifié d'anglais, délé-
gué lettres et ang. (1" ordre) [6'^ classe], Bourgoin. — M. Bailly.
licencié d'ang., délégué lettres et ang. (1*^"^ ordre) [6" classe]. Calais.
M. Sayn, licencié d'ang. (lettres et ang.) il"' ordre) [6* classe], Châ-
teau-Thierry. — M. Brun, certifié d'anglais, lettres et anglais
d" ordre) [6° classe], Epernay. — M. Houyvct (Fécamp), délé-
gué lettres et anglais (l" ordre) [6'^ classe], Sillé-le-Guillaume. — -
M. Gangné (Eu), délégué lettres et allemand (l'"^ ordre, 6* classe),
^lostagauem. — M. Millier (Treignac) professeur lettres et alle-
mand Eu (1"^ ordre, 4'" classe). — M. Bosmorin, ancien principal
(Cusset), professeur lettres et allemand (l*"^ ordre, 2" classe), Car-
pentras. — M. Van Troostenberghen, licencié d'allemand, délégué
lettres et anglais (l*"- ordre, 6'' classe), Bonnevillc. — M. Roze,
licencié d'allemand, délégué lettres et anglais, Chàtillon-sur-
Seine. — Î\L Suran, licencié d'espagnol, délégué lettres et espagnol,
Lodève. — M. Labegrie, licencié d'allemand, ancien surveillant
d'internat, délégué lettres et allemand, Parthenay. — M. Laulan,
licencié es lettres (anglais), délégué (lettres et anglais) (l''"' ordre)
[6' classe]. Cette. — M. Niort, licencié d'anglais (lettres et anglais)
(!'''■ ordre) [6'' classe], Treignac. — M. Deschamp (Marcel), licencié
d'allemand (lettres et anglais) (l'^'" ordre) [6^ classe], Sainte-
Menehould. — M. Guérithault, licencié d'ail., délégué (lettres et
allemand) (l'"^ ordre) [6' classe], Saint-Yrieix. — M. Kerdavid,
licencié d'allemand, délégué (lettres et allemand) (1" i^dre)
[6" classe]. Fiers. — M. Pctiteau, professeur délégué, Réole, lettres
et ail. (l*""^ ordre) [6*" classe]. — >I. F'rappicr, licencié d'ang., répé-
titeur (l"' ordre) [6° classe], Rochefort, délégué (lettres et ang.)
il'"' ordre) [6'' classe], (7ivray. — M. Morin, pourvu des i)arties spé-
ciales de la licence d'anglais (lettres et anglais), Autun. —
M. Baltcau (Sedan), professeur d'anglais (1" ordre) [2" classe],
Fontainebleau. — M. Stefanini, répétiteur (3* classe), Bonneville,
délégué (lettres et italien) (l"" ordre) [4' classe], la Mure. —
M. Dubois (Falaise), délégué (lettres et anglais) (1" ordre)
f6' classe], Pont-l'Evèque. — M. Létang, répétiteur, Dunkerquc
(lettres et anglais) (1"^ ordre) [5" classe;, Saint-Dié. — M. Fouché,
licencié es lettres, délégué (lettres et italien) (!•" ordre) [6'' clas-
se], Bonneville. — M. Lévi-Proveni;al, délégué, arabe (1" ordre)
CHRONIQUE Dfe" MOIS 69
[5° classe] (Médéa), est mis à la disposition de M. le Ministre des
Affaires étrangères, pendant cinq ans, pour occuper au collège de
Tanger un emploi de professeur (l*"" ordre, 5" classe;. — M. Cha-
bert, licencié d'allemand, délégué (lettres et allemandj d" ordre)
[6* classe], Sétif. — M. Martin (Marcel), licencié d'allemand
(lettres et anglais) (l'^'" ordre) ]6* classe]. Commerce. — M. Morin,
licencié d'allemand, délégué (lettres et allemand) (1'='" ordre)
[6* classe], Treignac. — M. Le Roi (Romans;, professeur de lettres
et aiîglais (1" ordre; [3^ classe], Romorantiu. — M. Corneau,
licencié d'allemand, délégué (lettres et allemand) (l'='' ordre;
[6' classe]. Cette. — M. Ancourt, répétiteur stagiaire, Lisieux,
délégué (lettres et allemand) d"' ordre; ]6' classe], Valognes.
Enseignement Secondaire des Jeunes filles
Mlle Bianconi, agrégée d'allemand, déléguée (Vesoul;, profes-
seur (6*= classe; à Nancy. — Mlle Huin, agrégée d'allemand, délt»-
guée (Guéret), professeur (5* classe; à Auxerre. ^ — Mlle Arlès-
Dufour, chargée de cours d'anglais (4"^ classe) (Saint-Etienne; à
Alger. — Mlle WheatcrofT, agrégée d'anglais, professeur (6* classe),
Saint-Etienne. — Mlle Le Cossec, professeur d'anglais (6'^ classe)
(Lorient;, chargée de cours (même classe;, Brest. — Mlle Leyrisse,
C. A. S. (anglais;, professeur (6'= classe), Lorient. — Mme Ban-
quet, nommée professeur d'anglais (4' classe). Digne. — Mlle Goi-
sey, chargée de cours d'anglais (1" classe) (Rodez), nommée à
Dreux. — Mlle Berlandina, C. A. S. (anglais), Nice, au lycée Mont-
grand, Marseille. — Mlle Gélain, C. A. S. (anglais) professeur
d'anglais {&'■ classe; (Digne). — IMlle Collette, agrégée d'allemand,
en congé, professeur (6" classe» (Reims). — Mme Pruvost, admis-
sible à l'agrégation d'anglais, chargée de cours d'anglais, Guéret. —
Mlle Roux, professeur d'allemand (5* classe) ( Verdun i à Valen-
eiennes. - — Mlle Simon (Saint-Etienne) à Dax. — Mlle Guignon.
C. A. S. (Cusset). chargée de cours d'anglais (6" classe) à Saint-
Etienne. — Mlle Desinzeur (le Luc), nommée chargée de cours d'an-
glais (5^ classe), cours secondaires de jeunes filles de Cette. —
Mlle Pitiot, C. A. S. (anglais), ex-déléguée (Barbezieux), profes-
seur d'anglais (6^ classe; au collège de jeunes filles du Luc. —
Mlle Montois, Lille, est mise à la disposition de M. le Ministre des
Affaires étrangères, pour exercer pendant une période de cinq ans à
compter du 4 octobre 1919, les fonctions de professeur d'anglais
(5* classe; aux cours secondaires de jeunes filles du Caire. —
Mlle Llouch (Jeanne-Marie), déléguée (espagnol), Cette, est nom-
mée chargée de cours d'espagnol (6'' classe) au dit établissement. —
Mlle Dejeanne, agrégée d'espagnol, professeur (6'' classe) à
Bcziers. — Mlle Le Chevalier, C. A. S. (anglais), professeur
(6' classe), Lorient. — Mlle Bayot (Suzanne), C. A. S. (anglais),
déléguée Gaillac, professeur de collège (6" classe), Cahors. —
Mlle Siredey, C. A. S. (anglais), ex-déléguée (Saumur), profes-
seur d'anglais (6- classe), Neufchâteau. — Mlle Przybylowiecz.
déléguée (Saint-Lô), professeur d'allemand (4' classe), Valencien-
nes. — Mlle Poncey (Gabrielle), C:. A. S. (anglais), professeur
d'anglais (6« classe), Béthune. — Mlle Tournier, admissible au
C. A. S. (anglais), ex-déléguée (Ambert». chargée de cours de let-
tres et d'anglais, Quimper. — Mlle Gauvin, professeur d'alle-
inand (Mayence), professeur d'allemand, .Auxerre.
70 LES LANGUES MODERNES
Enseignement Primaire
Ecoles primaires supérieures de garçons
M. Marland. instituteur-adjoint (Périers), délégué (lettres et
ang.). Granville. — M. Mazurat (Saiut-Jean-de-Maurienne), C. A.
Utalien), prof, d'ital., Chanibéry (5' classe). — M. Daubrivc, prof.
(2' classe) (Marcigny) [lettres et allemand], Louhans.
Ecoles primaires supérieures de jeunes filles
Mlle Dôle (Catherine), intérimaire (Salins) C. A. (anglais), délé-
guée institutrice-adjointe (lettres et anglais), Pontivy. — Mlle Phi-
libert (Marcelle), C. A. (allemand), déléguée institutrice-adjointe-
(lettres et allemand), Saint-Claude. — Mlle Mijot (Marthe, Marie,
Pauline), instit. intérimaire, Luxeuil, C. A. (ail.), déléguée, instit.
(lettres et allemand), Thaon-les-Vosges. — Mlle Audy (Talence),
professeur d'anglais (S"" classe), Bordeaux. — Mme Pujol, née
Combrisson, institutrice-adjointe, E. P. S.. C. A. (anglais), délé-
guée institutrice-adjointe (lettres et anglais), Talence. — Mlle
Launay. institutrice intérimaire (Pons), C. A. (anglais), déléguée
institutrice-adjointe (lettres et anglais), Saint-Jean-d'Angély. —
Mlle Baigue, institutrice-adjointe, Saint-Maixent, déléguée, insti-
tutrice-adjointe (lettres et anglais), Chaumont. — Mlle Boudet
(Cécile), licenciée es lettres (allemand), déléguée professeur (let-
tres et allemand), E. P. S., Rethel. — Mme Serrurier, née Le Guet,
institutrice en congé, jjourvue de la licence es lettres, C. A.
(anglais), nommée professeur ' (lettres et anglais), Tréguier.
Notes et Documents
Mlle Sanua, fondatrice de l'Association des institutrices diplc-
niées, fondatrice et directrice de l'école de Haut-Enseignement
Commercial des jeunes tilles, vient d'être nommée membre du
<Jonseil Supérieur de llnstruction publique.
Le comité connaissant de longue date son dévouement à notre
association est heureux de lui adresser ses félicitations les plus
chaleureuses.
Revue germanique
Le dernier numéro de la Revue (Jermanique de l'année 1914
sera prochainement adressé aux anciens abonnés, membres de
l'Association des Professeurs de Langues vivantes de l'Ensei-
gnement public. A partir du 1""^ janvier 1920, le prix de faveur
consenti aux membres de l'Association devra, en conséquence
du renchérissement excessif du prix du papier et de la hausse
des frais d'impression, être porté à 12 francs.
Modem Languages ,
La Modem Langiiage Association, le groupement professionnel qui,
en Angleterre, correspond à notre Association, a procédé, il y a
quelques mois, à une refonte complète de son Bulletin qui a mainte-
nant comme titre : Modern Languages, a revieiv of Foieign letters.
Science and the Arts. Cette belle et intéressante revue est publiée,
sous la direction de M. Eric G. Underwood, par la Maison A. et G.
Black Ltd, 4, Soho Square London W. 1.
L'Association et lEditeur veulent bien consentir à nos sociétaires
une réduction très forte sur le prix de l'abonnement qui sera, pour
eux. de 3 shillings à verser à Mlle Ledoux, notre trésorière, qui
centralisera les abonnements. Nous ne saurions trop engager nos
sociétaires à profiter de cette offre si avantageuse.
Notons, en passant, que la cotisation versée à leur Association par
nos collègues anglais est de 17 sh. donnant droit au Bulletin, Modern
Languages,
M. Féli.x Boillot, aujourd'hui titulaire de la chaire j3e français
de l'Université de Bristol, a été choisi par cette Université et par
celle de Birmingham comme membre de la délégation des
Universités Britanniques qui s'est rendue en Belgique à la prière
du Gouvernement belge. Il n'est pas pour nous déplaire qu'un
Français — professeur de Langues vivantes — ait été désigné
par des Universités anglaises pour les représenter à l'étranger.
II nous est non moins agréable d'apprendre que, sur la pro-
position de M. Boillot, le Sénat de l'Université de Bristol a décidé
d'autoriser ses étudiants de français et d'allemand à passer un
trimestre d'été à l'Université de Strasbourg, et de compter cette
période comme équivalente de scolarité.
Ecoles anglaises
Une récente statistique révèle qu'il existe, dans les écoles
élémentaires, de l'agglomération londonnienne, environ 4.200 enfants
atteints de bégaiement. Le Conseil du Comté de Londres s'est
ému d'une pareille situation, en raison des diJticultés qu'éj)rou-
72 LES LANGUES MODERNES
vent les bègues, lorsqu'ils arrivent en âge de travailler, pour se
procurer un emploi. Aussi organise-t-on en ce moment, dans la
capitale du Royaume-Uni des classes spéciales où les enfants qui
souffrent de cette infirmité, aussi fâcheuse qu'aisément curable,
seront traités et guéris. 11 serait à souhaiter que pareille mesure
fût prise chez nous par les autorités universitaires.
Ch. V.-L.
Nouvelle loi scolaire en Saxe
Votée définitivement le 11 juillet 1919, elle apporte trois
modifications essentielles à l'organisation scolaire.
L'enseignement de la religion est supprimé, d'abord partielle-
ment, puis totalement à partir du 1" avril 1920.
Les écoles privées existantes ne doivent pas s'accroître ; on
ne peut en fonder de nouvelles que pour des enfants malades ou
anormaux.
Les écoles à plusieurs classes sont dirigées par un maître élu
par ses pairs pour trois ans et rééligible.
La Saxe, qui dans l'empire allemand fut le « royaume rouge > ..
reprend dans le Reich nouveau sa place d'avant-garde.
{VEcoIe et la Vie, 10-1-1920).
Les décrets relatifs au traitement, au classement et à i avance-
ment du personnel de l'enseignement secondaire, trop longs pour
être reproduits ici, ont paru dans le Bulletin de l'Instruction
Publique du 29 novembre 1919.
AGRÉGATION D'ANGLAIS
Programme pour 1920
1. L'édition Braybrooke, de Pepys, étant épuisée, le texte pres-
crit sera :
Pepys'diary. Edition Everyman, jusqu'au 31 décembre 1665,
c'est-à-dire le prenîier volume en entier.
2. Le passage du Hudibras de Butler, inscrit- au programme, ne
comprend que les deux premiers chants de la première partie,
et non la première partie entière.
Session spéciale en 1920 pour les agrégations de l'enseignement
secondaire et le certificat d'aptitude à renseignement des langues
vivantes.
Arrête :
Une session spéciale s'ouvrira en ly20 pour les agrégations de
l'enseignement secondaire, et le certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment des langues ^•ivanles.
Pour l'agrégation des langues vivantes, les certificats d'apti-
tude à l'enseignement des langues vivantes, le lundi 28 juin 1920.
Art. 2. Le nombre des candidats à recevoir à ces concours ne
sera pas fixé à l'avance ; il ne pourra toutefois dépasser les deux
tiers des admissibles aux épreuves orales.
Art. 3. Seront seuls admis à se présenter à la session spéciale :
1° Les candidats qui ont échoué ai'X épreuves écrites ou orales
à la session sjjéciale d'octobre 1919 ;
2" Les candidats mutilés ou réformés de guerre, quelle que soit
la date à laquelle ils ont été rendus à la vie civile, à titre tem-
poraire ou définitif ;
3" Les candidats qui comptaient deux ans au moins de présence
sous les drapeaux au moment de la signature de l'armistice.
NOTES ET DOCUMENTS 73
Art. 4. La dispense du diplôme d'études supérieures prévue
par l'arrêté du 15 mars 1919, sera maintenue aux candidats qui
prendront part au concours spécial de juillet 1920 et leur demeu-
rera acquise pour les concours ultérieurs.
Art. 5. Dans chaque concours spécial les candidats mutilés ou
réformés seront l'objet d'un classement à part pour l'admissibilité
aux épreuves orales et seront présentés hors rang pour l'admis-
sion définitive.
Art. 6. Les candidats déclarés admissibles aux concours
d'agrégation à la session spéciale d'octobre 1919 conserveront le
béttéfice de cette admissibilité.
Art. 7. Les inscriptions des candidats seront reçues, au secré-
tariat de chaque académie et au secrétariat de la direction géné-
rale de l'enseignement public en Tunisie du 1'''' mars au
17 avril 1920.
Les programmes de juillet sont des programmes réduits,
empruntés à ceux de la session normale, que nous avons déjà
publiés (L. 'M., 1919, p. 180). Nous nous bornons donc à indiquer
ci-dessous les suppressions ou modifications apportées aux pro-
grammes complets.
Agrégation d'allemand
Supprimer, dans l'Histoire de la Civilisation, le premier alinéa
(les dieux germaniques), et dans l'Histoire de la Littérature, sup-
primer, dans le premier alinéa, la litlera b), Lenz, der Hofmeis-
ter ; et, dans le troisième alinéa, littera b), supprimer Bilder
der Sehnsucht.
Erratum. — Novalis, Heinrich von Ofterdingen, lire, 2" partie,
au lieu de 12^ ;
Walter Rathenau, Von konimvnden Dingen, pages 25 à 151, au
lieu de 85 à 151 ;
Goethe, Jubilaiimausgabe, tome 39, au lieu de tome 31.
Agrégation d'anglais
Supprimer le premier alinéa en entier : A. Les origines de la
prose anglaise.
Agrégation d'espagnol
Supprimer le premier alinéa entier : La littérature autobiogra-
phique en Espagne (Santa Teresa, Torres Villanoel, Azorin).
Agrégation d'italien
Les suppressions portent sur les textes indiqués pour les expli-
cations orales, à savoir :
Enéide, liv. VI. supprimer les vers 295 à 336 :
Paruta, pages 295 à 316 ;
Cl. Baretti et F. de Sanctis, en entier.
Certificat secondaire d'allemand
Supprimer Walther Rathenau, Von komnienden Dingen.
Certificat secondaire d'anglais
Supprimer Pepys's Diary,- et Stevenson, An Inland Voyage.
Sont donc maintenus les textes de Shakespeare, Byron, Hazlitt
et Th. Hardy.
A la session d'avril, les quatre auteurs sont Shakespeare, Byron»
Stevenson et Th. Hardy.
74 LES LANGUES MODERNES
Certificat secondaire d'espagnol
Supprimer Azorin.
Certificat secondaire d'italien
Supprimer Fogazzaro.
Certificat d'aptitude au professorat des langues vivantes dans
les écoles normales et les écoles primaires supérieures.
Les candidats au certificat d'aptitude au professorat des lan-
gues vivantes dans les écoles normales et les écoles primaires
supérieures, admissibles à la session d'examen de 1919 et qui,
aux termes de la circulaire ministérielle du 5 avril 1919, conser-
vent le bénéfice de l'admissibilité pour les deux sessions sui-
vantes, seront interrogés, à l'exclusion de toute autre, sur la
liste d'auteurs prévue pour la session à laquelle ils demanderont
à subir de nouveau les épreuves orales.
Examen du certificat d'aptitude à l'inspection des écoles pri-
maires et à la direction des écoles normales.
La liste, fixée par l'arrêté du 11 décembre 1916, des œuvres et
des auteurs à expliquer à l'examen du certificat d'aptitude à
l'inspection des écoles primaires et à la direction des écoles
normales, est maintenue pour l'année 1920.
Brevet supérieur
Arrêté fixant pour une période de quatre ans, à partir de
1920 ; la liste des auteurs étrangers à expliquer dans toutes les
académies.
LANGUE ALLEMANDE
AV. Heinrich Riehl. — Burg Neideck.
Gœthe. — Gefunden. — Mignon. — Der Sànger. ■ — Schàfers
Klagelied.
Schiller. — Das Mddchen aus der Fremde. — Die Teilung der
Erde. — Der Handschuh.
Heine. — Die Grenadiere. — Die Lorelei.
Chamisso. — Das Schloss Boncourt. — Die alte Waschfrau.
LANGUE ANGLAISE
Washington Irving. — Rip van Winkle.
Longfellow. — The Raini/ dai/. — Curfew. — DayhreaU. — • The
Arrow and the Song. — The Windmill. — The Lighthouse. —
The Village Blarksmith. — A Psalm of Life
Wordsworth. — The Rainbow. — The Daffodile. — To the
Cuckoo. — The Solitarg Reaper.
Campbell. — The Soldier's Dream. — Hohenlinden. — . The
Alariners of England.
Tennyson. — The Sailor Boij. — The Charge of the Light
Brigade.
LANGUE ESPAGNOLE
Choix de fables de Samaniego et de Iriarte (collection Mérimée),
de la page 119 à la fin
Lecturas espanolas moderiias :
Espronceda. — La pala de palo.
NOTES ET DOCUMENTS 75
Buque de Rivas. — El ventero.
Fernan Caballero. — La suegra del diablo.
Antonio de Trueba. — Lu biienaventuro.
Antonio de Alarcon. — La buenaoentiira.
Carlos Frontaura. — Rnbiando.
Juan Valera. — Joselito el seco.
F^milia Pardo Bazan. — Nieto del Cid.
José Echegarav. — Cuando nifio. — Recuerdos.
LANGUE ITALIENNE
Glasio. — Favole (cdit. Sonzogno). Fav. I, XVIII, XXXVII,
I.XI, XCIV.
Silvio Pellico. — Le mie Prigioni. Ch. 2, 23, 53, 57, 87.
Manzoni. — // Conte di Carmagnola. Acte V.
LANGUE IIUSSE
PouchV;iue. — La fille du Cajiitaine.
L. Tolstoï. — Enfance.
Ivan Tourgucnief. — Les poèmes en prose.
Décret relatif an recrutement des professeurs chargés de cours
des lycées de garçons.
Article premieh. Les professeurs chargés de cours sont nom-
més, après avis des recteurs et du Comité consultatif de l'ensei-
gnement public (2" section).
Art. 2. Ne peuvent être nommés professeurs chargés de cours
que :
1" Les professeurs du jjremier ordre des collèges comptant
plus de cinq années de service dont trois au moins dans les
fonctions de professeur ;
2" Les candidats justifiant d'une double admissibilité à une
agrégation ;
3' Les professeurs de collège et les délégués dans les lycées
pour un service normal de professeur ayant exercé pendant deux
ans à l'un ou à l'autre titre et qui jutifient :
Soit de l'admissibilité à l'agrégation.
Soit du grade de docteur.
Soit de la licence es lettres et du certificat d'aptitude à l'ensei-
gnement des langues vivantes.
Art. 3. Les délégués mentionnés à l'article précédent ne pour-
ront exercer, à ce titre, plus de deux ans dans les lycées si,
avant l'expiration de ce délai, ils ne justifient pas soit de l'admis-
sibilité à une agrégation, soit du grade de docteur, soit de la
licence es lettres et du certificat d'aptitude à l'enseignement des
langues vivantes ; ni nlus de trois ans si, satisfaisant à une de
ces conditions, ils n'ont pas été nommés professeurs chargés de
cours.
Art. 4. Les dispositions du décret du 21 février 1897, demeu-
rent applicables aux professeurs chargés de cours.
Art. 5. Les professeurs chargés de cours ayant été l'objet d'une
nomination dans les conditions prévues à l'article 4 du décret du
13 mai 1905, conservent toutes leurs prérogatives.
Art. 6. Par dérogation transitoire aux articles 2 et 3 ci-dessus
pourront également, après avis du Comité consultatif de rensei-
gnement public (2« section), être nommés professeurs chargés de
76 LES LANGUES MODERNES
cours les professeurs adjoints et les professeurs délégués, licen-
ciés ou certifiés qui, au cours de la guerre 1914-1919 auront été
chargés d'un service complet de professeur dans un lycée.
La durée de cette délégation devra être de trois ans pour ceux
qui comptaient déjà deux années de services, et de quatre ans
pour ceux qui ne justifient d'aucun service antérieur. Les délé-
gués licenciés ou certifiés, qui auront été chargés pendant la
guerre d'un service normal de professeur dans un collège, pour-
ront, après avis du Comité consultatif de l'enseignement public
(2' section), être nommés professeurs chargés de cours s'ils
comptent cinq années de services dont quatre au moins dans
les fonctions de professeur.
Art. 7. Sont abrogées toutes les dispositions contraires au pré-
sent décret et notamment les décrets des 13 mai 1905, 23 juillet
1911 et 9 mai 1919.
Arrêté fixant les dates des concours de l'enseignement secondaire
en 1920.
I. Enseignement secondaire des jeunes filles
Certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire des jeunes
filles (1" partie) et admission à l'Ecole normale supérieure de
Sèvres : le lundi 14 juin, au chef-lieu de chaque académie.
Inscriptions, 2 février au 3 avril, au secrétariat de chaque
académie.
Agrégations de l'enseignement secondaire des jeunes filles et
examen du certificat d'aptitude (2" partie). Session normale : le
lundi 21 juin, au chef-lieu de chaque académie.
Inscription, du 1" mars au 30 avril, au secrétariat de chaque
académie.
II. Enseignement secondaire des garçons
(Session normale et session spéciale).
Agrégations des langues vivantes (anglais, allemand, espagnol
et italien), certificat d'aptitude à l'enseignement des langues
vivantes dans les lycées et collèges (anglais, allemand, espagnol
et italien) et certificat d'aptitude au professorat des classes
élémentaires: le lundi 28 juin, au chef-lieu de chaque académie,
ainsi qu'à Bastia, Constantine, Oran et Tunis.
Inscriptions, au secrétariat de chaque académie et au secré-
tariat de la Direction générale de l'enseignement public en
Tunisie, du 1" mars au 17 avril.
Circulaire relative aux frais de déménagement à déduire dans
l'établissement de l'impôt général sur le revenu
Lorsqu'un fonctionnaire a changé de résidence soit dans l'inté-
rêt du service, soit pour cause d'avancement, les frais de démé-
nagement que lui a occasionné son déplacement doivent être
considérés comme une charge de la fonction et déduits, à ce
titre, du montant brut de ses émoluments tant pour l'assiette de
rimpôt sur les traitements et salaires que pour l'établissement
de l'impôt général sur le revenu. »
En contre-partie de ce dégrèvement d'impôt les fonctionnaires
devront faire état dans la déclaration de leur revenu de l'indem-
nité de déplacement qui peut éventuellement leur être accordée.
NOTES ET DOCUMENTS / /
Certificat secondaire d'allemand (Versions orales)
I
Die Last jugcudlicher Unbesoniienhcit lag schwcr auf Mira-
beau ; die Verschwendung seines Vermôgens bùszte er desto
hàrter. je unbiegsamer sein stolzer Geist den einzigeu Weg
verschmàhte. dei- an einem verderbten Hofe zu Wiirden und
Reichtûmern fùhrt. Irrend durch Europa, oft gezwungen von
seiner Feder notdiirftigen Unterhalt zu entlehnen, war Freiheit
sein Thema. und Biirgergliick der Eudzweck aller seiner Schriften.
Sein Vaterland behielt jederzeit seine eifrigsten Wùnsehe, und
bei alleni was er tat, verlor er es nie aus deni Auge : allein auch
in andern Staaten predigte er laut. was er dachte, was er
empfand. vias er fiir das allgemcine Wohl fur uneutbehrlich
oder zutràglich hielt. Mit prùfendem Blicke sichtete er ûberall
die Menschen um sich her ; es war ihm gegeben, tief in ihr Herz
zu schauen und ihren Verstand auf die Feuerprobe des seinigen
zu bringen ; sein Urteil traf sicher und scharf. Mit der Gabe, das
Ganze zu umfassen und zu durchdringen, verband er. was nur
deni Génie niôglich ist : jenes Ausharren, das die kleinsteu
Bestandteile einer Wissenschaft oder eines Zweiges voni men-
^chlichen Wissen erschôpft, so gelang es ihni mit grûndlichen
und weit umhergreifenden Vorkenntnissen, in der Bahn des
Staatsmanns Kenntnisse vom gegenwârtigen Zustande unsers
Weltteils zu sammeln, die vor ihm nicmand so vollstandig
2usammengetragen und so fruchtbar fur die Politik geordnet
batte. Seine Schriften uber unzàhlige Gegenstiinde der Finanzen,
der Politik, der Rechtspflege tragen eben dièses Siegel der tiefen
Einsicht. des reifen Urteils und der mannigfaltigsten. durchdach-
testen Kenntnis.
II
Im Allgau an den Quellbâchen der Hier und weiter ôstlich in
den Jjayrischen Alpen erhebt sich der Boden uuseses Reichs wie
nirgends sonst bis iiber die Schneegrenze. Hier allein jagt
man die Gemse. wohneu halbnomadisch die Sennhirten in
wettergebraùntem Blockaus nur sommersiiber auf der grùnen
Alpmatte. die sich einschaltet zwischen die schneedebeckten
Zinnen des Hochgebirgsgrates und die tannendunkle Zone der
unteren Gehangestufe. Auch dièse wird haufig unterbrochen vom
lichteren Griin der Weidelânderei. wiihrend Feldfluren ganz
zuriicktreten im Landschaftsbild, beschriinkt gewôhnlich auf die
Talsohlc in der Umgebung der Dorfschaften. Tiefer Xaturfriedcn
lagert iiber dem Ganzen. Rinderzucht ncbst Waldwirtschaft
ernahrt cine- spiirliche Anzahl geniigsamer Menschen. Gleichviel
ob Schwaben im Westen, Baycrn itn Osten. — die .\lpeunatur
drûckt den Bewohnern ganz gleichartigen Stempel auf. Gesund-
heit und Kraft spricht ihnen aus dem .Antlitz. aus dem riistigeu
Gang, selbst auf schwindeldem Pfad an jaher Fclswand. Stets
von Gefahr bedroht durch ùbermenschlichc Màchte. ist der Alpler
?in aufrichtig frommer Mensch, nur kein Kopfhanger. Das
erhebende Bewusztsein des Gelingens, der Uberwindung von
Gefahren ist hier mchr als anderwarts in Deutschland mit den
einfachsten .Arbeiten verbunden. mit dem Nicderbringen einer
Kôtze (1» Heu, dem Holzflôszen. dem Botenweg. Das stimmt zur
Frôhlichkelt. die sich im Echo weckenden Juchzer und Jodicr
Luft macht, genahrt von der korpcrlichcn Frische in dieser
herrlichen, Gesundheit spendenden Natur.
1) Riickentragkorb.
78
LES LANGUES MODERNES
Compositions données au Baccalauréat
ALLEMAND
BRIEF EIXES JUNGEN OFFIZIERS AN EINEN FKEUXD
L Er erzâhlt, er habc einen kiirzen Aufenthalt in Reims ge-
iionimcn und die zertrùmnierte Domkirche gesehen.
Er klagt ùber den Verlust eines so wunderbaren Gebàudes der
mittelalterlichen Kunst, woraiif die ganze Kunstwelt so stolz war.
IL Er erwiihiit dabei der bistorisehen Erinneruiigen, die sich
daran knùpfen (Salbung iinserer Kônige. Johaiiiia d'Arc und Karl
der siebente u. s. w.).
IIL Das Munster >\ird vermutlich nicht wiederaiifgebaut
werdeu. Es soll ewig in Trummern da stchen, ein Zcuge der
Barbarei und der Zerstôrungswut der modernen Vandalen.
ITALIEN
EROISMO d'un CANE DI TEHHANOVA
Un piroscafo, spinto dalla tempesta vei'so una costa irta di
scogli, sta per perdersi con tutti i passeggeri, in vista d'un porto.
Taie è l'uragano, tali i niarosi, ehe nessun marinaio puô arris-
c-hiarsi a portare a terra, nuotando. il cordame che potrebbe ser-
vire al salvataggio. • ,
Il cane d'un passeggere. un coraggioso terranova, ubbidendo
al suo padrone, si butta in acqua col cordame in bocca. A varie
riprese sta per cssere travolto dalle onde e per atïogare, ma lotta
animosamente. Dalla riva, due jjescatori assistono meravigliati ai
suoi sforzi ; quando lo vedono abbastanza vicino e in pericolo di
esser vinto dalla violcnza délia correute, si slanciano verso lui. c
raccolgono la corda.
La nave è salvata !
Descriveretc tre niomciiti del dramma : discussioni tra marinai
e j)asseggeri di fronte al pericolo ; — eroismo del cane ; — gioia
dei passeggeri salvati.
ESPAGNOL
LA COHBATA DE MARK TWAIN
Mark Twain, el célèbre huniorista americano, regresa una ma-
nana a casa sin corbata.
La senora Twain, que nota en seguida este descuido, lamenta
que su senor esposo baya \isitado a sus amigos Stowes sin haberse:
tomado el trabajo de anudar una corbata.
La misma tarde recibe la sciiora Stowes una cajita en que iban
una corbata ncgra y una carta de Mark Twain rogando a la des-
tinataria le devuelva la corbata, despues de haberla guardado
cuanto tiemjx) habia |)ennanecido el humorista durante su visita
de la manana.
ANGLAIS
An .\merican soldier, back in America from the battle-fields of
France writes to a Frencb comrade-at-arms to tell bim bow glad
and i)i-oiid he is tbat America took lier sliare in the conflict.
America, at lust, did not uiuUrstand the moral causes implicd
in the war. But slie icarnt lo know tbem.
She crcated a buge army, built a large fleet, intensified her
indu striai production, gave away her mmiey in loans, in Works
of help and assistance, ungrudgingly.
Finally her sons came o\er and fought \aliant by the side of
the French iicrr-soldiers, for victory.
Série li, I*aris.
NOTES ET DOCUMENTS 79
alle:\iand
Wariin soll das Elsasz Frankreich gehôren :
1" Geschichtliche Grùnde.
2'' Feste und beharriiche Treue dei' Elsiisser gegen Franki'eith.
3° Liebe der elsâssischen Bevôlkerung zur Selbstiindigkeit.
Schlusz : das Elsass fordert es, wiedcr ein Teil Frankreichs
zu werden, es musz ihm von Rechtswegen — deii Ansichten des
Pràsidenteii Wilson gemasz — nicht abgeschlagen werden.
ANGLAIS
One of your Euglish friends bas sent yoii a letter in whicb tbe
traditional arguments against tbe Channel Tunnel are stated.
In your answer you try to sbow bim bow tbe situation bas been
altered by the war and what benefits botb countries would
economically as well as intellectually dérive from tbat master-
piece of engineering.
ESPAGNOL
<. Que obra de las clâsicas castellanas estudialas pur \'. le ha
gustado nias ?
Diga V. las razones.
ITALIEN
Le foreste. La loro utilità : principali alberi e aniniali che vi
s'incontrano.
Paris, Série D.
Compositions données'à Bordeaux (séries B et D)
A 3'oung brotber of yours is discouraged bccausc be does not
succeed in bis work as quickly as he would likc. You Write to
him, in order to encourage him and urge bim to persévère. Speak
to him about the English proverb : <• Rome was not built in a
day », and comment it for him. Sbow him the truth of it :
1" in school-life ; 2" in business and trade ; 3" even (if you like)
in tbe life of a nation and its institutions. Througb ail your
letter, insist on the necessity of those qualities which are consi-
dered as especially English, but may be F"rencb also : persévé-
rance and encrgy.
Un bermano de V. esta desalentado porque no tiene en sus
estudios el éxito que desea. — V. le escriljc para animarle,
explicàndole el refrân que dice que no se bizo Roma en un dia.
En la vida del joven escolar, en cuanto emprende cl bombre, en
el desarroUo de una naciôn, se précisa paciencia, sufrimiento,
disciplina v orden.
***
Einer deiner Briider ist entmutigt, wcil es ihm in der Schule
nicht gelingt, wie er es wiinscht. Du schrcibst ihm, um ihm
Mut einzutlôszen.
Erklâre ihm das Sprichwort : •< Rom wurdc nicht i.i einem
einzigen Tag gebaut. <> — In dem Leben des Scbùlers, in allem
was der Mensch unternlmmt — in der Entwickelung einer
Nation selbst sieht man, dasz Geduld und Ausdaucr, Zucht und
Ordnung nôtig sind.
80 LES LANGUES MODERNES
BIÎSUCH EIXEn MARINEAUSSTELLUXG
Die anziehendsteii Schenswiirdigkciten : Modelle von Kriegs-
und Handelsschiffen in verkleinertem Maszstab ; aile Gegenstànde
die zur Ausriistuug solcher Schiffe nôtig sind, sowie auch fiir das
Fischen und die Seesports ; wirkiiche Schiffe, von fremden
Regierungen hergesaudt, die ueben den frauzôsischen Schififen
vor Anker liegen. Herbeistrômende Menge der Besucher. Zweck
dieser Ausstelluug : das bisher zu laue Interesse der Franzosen
tûr das Seewesen und fiir die Erweiterung unseres Wirkungs-
kreises zu wecken und zu steigern.
AX AFTERXOOX IX A MARITIME EXHIBITIOX
Describe the great attractions — niodels of menof-war or
cargo-boats ; ail that pertains to sailing, fishing, sea-sports. Real
ships too sent by the foreign goveruments. side by side with the
French ships. The crowding of visitors. The object of the exhi-
bition : to make the French interested in naval affairs and our
expansion abroad ; two things which they hâve uot till now
paifl sufficicnt attention to.
Compositions données à Rabat. Séries B et D.
Communiqué par M, Grémilly, Collège Gouraud, Rabat.
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris VII^, à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
1. Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à Ofr.50 la ligne.
2. Nos correspondants sont prévenus que la composition des Petites
Annonces des Langues Modernes est arrêtée le 15 de chaque mois.
1. Professeur diplômé (Oxford), veut recevoir pensionnaires dans sa
maison. Vie de famille et leçons. Conditions modérées. Références
excellentes. S'adresser : M. a!, 28, Woodbastwich Road, Sydenham,
Londres.
2. On achèterait d'occasion. Chamber's Cyclopœdia of English Lite-
rature, dernière édition, en bon état. Ecrire : Louis Rocher, prof..
Lycée du Parc, Lyon.
Le Gérant : A. Coueslant.
CAHORS, IMP. COUESLANT (persoiuicl intéressé). — 22.496
Dix-huitième année. — N" 2 Mars-AvrîJ içao
Les
Langues Modernes
Avis Important
Le Secrélaire cl la Tvésorière prient instamment leurs
collègues de leur signaler le plus tôt possible leurs change-
ments d'adresse ou de situation, seul moyen d'éviter les
letours, les pertes de la Revue ou les erreurs d'envoi.
La Trésorier e (Mlle Ledoux, 30, rue Chevert, Paris vu*),
informe les numbres de l'Association qu'un compte-courant
lui est ouvert sous le n" 151-11 par le bureau de Paris. En
conséquence, elle les prie de vouloir bien de préférence lui
envoyer le montant de leurs, abonnements par chèque postal.
Ils pourront faire cette opération dans n'importe quel bureau
de poste ; frais de l'opération : 0 fr.. 15. Ils épargneront ainsi
à la trésorière un travail considérable et elle leur en sera
reconnaissante.
Elle prie également les membres de l'Association de bien
vouloir lui envoyer leurs cotisations, sans attendre qu'elles
leur soient réclamées par la poste, ce qui sera fait à partir
du ï" mai.
N. B. — La cotisation des sociétaires est de 10 fr. pour la
France, de l'f fr. pour l'étranger: elle leur donne droit au ser-
vice de la revue.
L'abonnement îi la Revue pour les non-sociétaires est de
12 fr. pour la France et de l'i fr. pour l'étranger.
« Les Langues Modernes », jusqu'à avis contraire, paraî-
tront six fois par an.
<>»<>-r :
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Réunions du Comité
Le Comité s'est réuni le jeudi 8 janvier 1920 à 2 h. 1/2,
;iu parloir du Lycée ^Montaigne, sous la présidence de
M. Pinlocke. Etaient présents : MM. Banchet, Bellec, Bloch,
Boussagol, Brocart, Mlle Brunel, MM. Carillon, Cart, Che-
men, Mlles Clôt, Demmer, MM. Diivergé, Garnies, Guillotel,
d'Hangest, Jamin, Mlles I^atappy, Ledoux, MM. Pinloche et
Veillet-Lavallée. Excusé : M. Montaubric.
M. Pinloche souhaite la bienvenue aux nouveaux élus et
les remercie d'avoir accepté d'être à la fois à 3'honneur et à
la peine, au moment où il faudra beaucoup d'énergie et de
dévouement pour défendre à nouveau la cause des Langues
% ivantes ; il rappelle que, malgré l'article 8 des satuts qui
permet au président d'être réélu deux fois, l'usage s'est
établi dans notre Société, ainsi que le confirme d'ailleurs
M. Bloch, de ne conserver ces fonctions que deux années
de suite, sauf pendant la durée , de la guerre, qui fut une
]>ériode anormale. C'est pour se conformer à cet usage qu'il
croit devoir se retirer, malgré l'aimable insistance de plu-
sieurs collègues, afin de ne pas créer un précédent. Toute-
fois, il ijropose, dès maintenant, la modification de cet
article, qui s'impose si l'on veut qu'il soit d'accord avec la
réalité : ce sera le meilleur moyen d'éviter des questions de
personne qui se poseraient nécessairement un jour ou
l'autre.
La règle étant également de suivre le roulement adopté,
dès la fondation de la Société, entre professeurs d'allemand
et professeurs d'anglais ou de langues méridionales, M. Pin-
loche déclare qu'il y a lieu d'élire un candidat choisi parmi
les professeurs d'anglais, et il propose la candidature de
M. Veillet-Lavallée, professeur (l'anglais à l'Ecole Arago,
ancien trésorier de l'Association.
La séance est suspendue pendant un quart d'heure pour
le vote.
A la reprise de la séance, M. Bloch, secrétaire général,
proclame le résultat de l'élection :
BULLETIN DE l'ASSOCL\TION 83
Votants : 2i.
M. Veillet-Lavaîlée : 17 voix.
M. Pinloche : 3 voix.
Bulletin blanc : 1.
M. Veillet-Lavallée est élu président.
Sont ensuite élus à l'unanimité :
Vice-présidents : MM. Cart, professeur d'allemand au
Lycée Carnot, et Boussagol, professeur d'espagnol au lycée
Charlemagne (en remplacement de M. Koszul, nommé pi'O-
fesseur à l'Université de Strasbourg).
Secrétaire générai : M. Bloch, professeur au lycée Hoche.
Rédacteur en chef du Bulletin : :M. d'Hangest, professeur
au lycée Condorcet.
Trésorière : Mlle Ledoux (Mlle Weiller avait déclaré ne
pouvoir continuer à exercer les fonctions de secrétaire —
et M. Cart s'était chargé de l'intérim de ces fonctions.
Trésorier-adjoint : M. Bellcc, i^rofesseur au collège de
Pontoise.
Archiviste : Mlle Brunel, professeur au lycée Fénelon.
M. Veillet-Lavallée, prenant place au fauteuil présidentiel,
remercie ses collègues de la confiance qu'ils veulent bien
lui témoigner. Il s'appliquera à la justifier. Pour la pre-
mière fois, le Président de l'Association appartient aux
cadres de l'Enseignement primaire. M. Veillet-Lavallée sou-
ligne cette innovation et veut y voir un signe éclatant de
l'union qui règne entre tous les professeurs de Langues
vivantes, à quelque degré que ce soit de l'édifice universi-"
taire. Les membres de l'Association appartiennent en
énorme majorité à l'Enseignement secondaire et ils donnent,
tn désignant M. Veillet-Lavallée pour la Présidence, une
marque de sympathie et de .sollicitude à l'égard de leurs
collègues de l'Enseignement primaire et de l'Enseignement
technique. Ceux-ci en seront vivement touchés. -
Cette manifestation de solidarité professionnelle a un
sens précis dans les heures que nous traversons. Des mesu-
res hostiles ont été prises contre les Langues Vivantes :
d'autres, plus désastreuses encore, sont en préparation. Il
y a deux ans, la réforme du Brevet d'études ])rimaires supé-
rieures a supprimé les épreuves de Langues Vivantes à
l'oral de cet examen. Un examen de Langues Vivantes sans
oral, sanction d'études éminenunent pratiques, est chose à
peine concevable. Dans le nouveau programme duv concours
d'entrée aux Ecoles d'Arts et Métiers, les Langues Vivantes
ne sont plus que facultatives. Comme matière d'enseigne^
84 LES L.^XGUES MODERNES
ijient il l'intérieur de ces grands établissements nationaux,
( lies deviennent facultatives aussi. D'autre part, les projets
de réforme des Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institu-
trices n'acceptent les Langues Vivantes qu'à titre faculta-
tif. Enfin, on parle de supprimer le Brevet Supérieur. —
Nous observons donc, au lendemain de la grande guerre
que les Langues Vivantes, contre toute attente, sont l'objet
d'une hostilité marquée. L'Association aura à cœur de lut-
ter contre des mesures aussi contraires à l'intérêt national.
Mais le Président ne perdra pas de vue les questions si
importantes qui concernent l'Enseignement supérieur et
l'Enseignement secondaire : la Réforme de la Licence et la
Réforme du Baccalauréat. Il suivra avec attention le déve-
loppement des événements en consultant ses collègues, afin
de faire toutes démarches, toutes interventions qu'indi-
quera l'intérêt de notre cause.
Soucieux de travailler de façon pratique et elïicace, il se
maintiendra en contact avec le représentant des Langues
Vivantes au Conseil supérieur de l'Instruction Publique,
il. Rançès, qui a une grande expérience de toutes les ques-
tions qui nous touchent, et il s'attachera à collaborer aussi
jnec VAssociation des Professeurs de Langues Méridiona-
les, dans une action bien coordonnée qui assurera ïa
défense de la cause commune. Il entretiendra les relations
cordiales qui ont toujours régné entre la Modem Language-
Association de Grande-Bretagne et notre groupement. Il
cherchera à en nouer d'autres avec les Associations similai-
res des pays amis. Enfin, le Bureau suivra avec intérêt et
sympathie toutes les activités pédagogiques de l'heure
actuelle, celle, entre autres, de la Société des Compagnons.
M. Veillet-Lavallée se fait l'interprète du Comité pour
remercier M. Pinlochc du travail assidu que ce dernier a
fourni pendant deux ans dans l'intérêt des Langues Vivan-
tes et de l'Association.
M. Cart demande que la trésorière soit autorisée à s'ad-
joindre une aide rétribuée, au moment de l'envoi des quit-
tances, de façon à ce que ce travail puisse être assuré sans
excès de fatigue.
La proposition de M. Cart est adoptée à l'unanimité.
D'autre part, M. Cart demande que les fonds de la
Société ne .soient jilus déposés au nom d'une personne.
n:ais au nom du trésorier dûment autorisé par le président
et jjar un vote de comité, de façon à éviter les dilUcultés
qui pourraient se produire en cas de maladie du trésorier ;
BUIXETIN DE L ASSOCIATION Ho
il rappelle les diflicultés et les ennuis qu'il a eus pour reti-
rer les sommes déposées au nom de Mlle Weiller ; difficul-
tés qui, le cas échéant, pourraient être bien plus graves.
M. Jamin propose que les fonds soient déposés au crédit
p.iunicipal de Paris où ils rai^porterâient 3 0/0.
M. Pinloche demande que les fonds soient déposés dans
l'ne banque et que les. sociétaires puissent y verser leurs
cotisations par virement. M. Bloch rappelle l'organisation
de.s comptes de chèques postaux et croit qu'il serait utile
que la Société ait un compte postal, précisément pour faci-
liter la rentrée des cotisations.
La proposition de M. Cart est votée à l'unanimité.
M. Cart rappelle que la Société ne doit pas se désintéres-
ser du mouvement créé par les Compagnons. C'est un grou-
pement vivant, ardent, se donnant beaucoup de mal et
dont le travail doit être suivi et examiné de près. Beaucoup
de nos collègues connaissent à peine leurs théories, il
serait bon de convoqua* une réunion pédagogique pour
les discuter, essayer de voir ce qu'il y a d'utile et aussi
de tout à fait contestable dans leurs idées. Leurs théo-
ries sont d'ailleurs très confuses, ils paraissent surtout
vouloir tout renverser, refuser toute vertu éducative aux
Langues Vivantes, avoir une confiance absolue dans la cul-
ture par le latin. Mais même sur ces idées, ils ne .sont pas
d'accord entre eux ; ils s'entendent pour démolir, non pour
reconstruire.
.Sur sa proposition, le comité décide d'organiser une
rtunion pédagogique pour le 26 février à 2 heures, dont le
programme sera : Le problème de l'Université nouvelle.
M. Pinloche quittant la séance, M. Veillet-Lavallée le
remercie du dévouement avec lequel, en des circonstances
pénibles et difficiles, il s'est consacré à notre Association,
il rappelle que depuis seize ans M. Pinloche lutte à nos
côtés ou à notre tète, et le Comité tout entier lui est recon-
naissant des services éminents qu'il nous a rendus.
M. Jamin se joint à M. Veillet-Lavallée pour exprimer à
M. Pinloche toute la reconnaissance du comité et tous ses
vreux de prompt rétablissement de la santé de Mme Pin-
loche.
M. Pinloche, très touché de cette manifestation, déclare
qu'il ne cessera jamais de s'intéresser aux travaux du
flomité et qu'il compte bien continuer à travailler avec
nous pour le plus grand bien de la cause des Langues
Vivantes.
80 LES LANGUES MODERNES
^I. Veillel-Lavallée rappelle que l'allemand a été sup-
primé à l'examen du degré supérieur du Certificat commer-
cial, et il propose au Comité le vœu suivant, tendant au
rétablissement de cette langue :
« Attendu qu'il est désirable de faciliter l'accès du Cer-
tificat commercial — degré supérieur — aux candidats
d'Alsace et de Lorraine-;
Que l'intérêt national bien compris nous commande de
Le pas ignorer la langue de nos rivaux industriels et com-
merciaux ;
Le Comité émet le vœu ' que la langue allemande soit
admise dorénavant au même titre que l'anglais, l'italien et
l'espagnol dans les épreuves de la 1'* série du Certificat
commercial, degré supérieur. »
Le vœu a été adopé à l'unanimité.
La séance est levée à 4 heures.
Le Comité, réuni sur la demande de M. Rancès, le 22 février
1!)20, au lycée Montaigne, pour examiner la manière dont
avaient été interprétés les résultats du référendum d'avril
Ifliy sur la réforme des épreuves de Langues Vivantes au
baccalauréat, a constaté à l'unanimité la régularité parfaite-
de cette interprétation.
Adhésions nouvelles
yi. Avraaniide;.. lie de Chypre. — Mlle Barrât, prof. E. P. S.
garçons. Pons. - M. Bascan, prof. Ecole .J.-B. Say, Paris. —
Mlle Bernard, prof, lycée jeunes filles, Bordeaux. — M. .A.-G.
Bovee, Head of the Department of Freiich ; University of Chi-
cago. — M. Chauchard, prof, collège, Fécamp. — M, Colens, prof.-
lycée, Poitiers, — M. Combes, prof, lycée, Montauban. — Mlle
tiortot, prof, lycée Molière, Paris. — Mlle Courtors, prof. E. P. S.,
.Aubenas. — M. Despont, Cahors. — M. Dubreuil, prof, collège.
<;holet. — : Mlle Elhel Duncan, prof, lycée jeunes filles, Grenoble.
— -M. Eournery, prof, lycée Louis-le-Grand, Paris. — M. Forgct»^
secrétaire général Fédération des anciens combattants de l'E. P..
Paris. — Mlle Kegreiss, ])rof. E. P. S., Mulhouse. — M. Kouluhal-
lifiis, Helsingfors (Finlande*. — M. Laurens, prof, lycée, Avignon.
- M. Pierre Legouis, prof, lycée Ampère, Lyon. — M. Maillan,
prof, lycée, Toulon. — Mlle Maître, prof, lycée Racine, Paris. —
M. Malard, prof. E, P. S., St-Calais. — M. Massoii, prof, lycée^
BULLETIN DE l'ASSOCIATIOX 87
Bourges. — M. Maiirer, prof, lycée Kléber, Strasbourg. —
.M. Mejcr, prof, lycée Condorcet, Paris. — Mlle Nonat, prof. Châ-
lous-sur-Marne. — Mlle Oricux. prof, lycée, Orléans. — Mlle A.
Ott, prof. E. P. S., Mézières. — .M. Parmin, prof., Lisieux. —
.M. Emile Schwcitzer. prof, collège Chaptal, Paris. — Mlle Sialticl.
prof, à Paris. — Mlle Terrasse, prof, cours secondaire, XP arr., Paris.
— M. Théphaine, prof. Prytanée Militaire, La Flèche. — M. de Vos,
répétiteur, collège Eu. — M. G. Tisseau, instituteur, St-Nazaire. —
Mlle Weil, prof, lycée Racine, Paris. — M. Wilhelm, prof. lycée
Kléber, Strasbourg.
L'Etude de l'Allemand
Tous nos collègues savent que, depuis 1914, les classes d'allemand
ont perdu une grande partie de leurs élèves au profit des autres
langues. Cette désertion de l'allemand pose une question complexe.
D'une part, les relations de plus en plus actives qui s'établissent entre
la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, doivent développer nécessai-
rement l'étude de l'anglais. D'autre part, il est indispensable, dans
l'intérêt du pays, que les générations actuelles continuent à appren-
dre l'allemand pour connaître r.\llemagne. Il faut donc rechercher
une solution qui permette d'établir un juste équilibre entre les deux
langues, sans oublier non plus les langues méridionales.
En raison de l'importance des problèmes soulevés, le Comité a
décidé la création d'une Commission spéciale chargée de les étudier.
La Commission est ainsi composée : >L Delobel, professeur d'alle-
mand au lycée Voltaire, président ; MM. Goy, professeur d'allemand
à l'école .L-B. Say, Hirtz, professeur d'allemand au lycée de Poitiers,
plus un professeur d'anglais et un professeur d'espagnol à désigner,
auxquels se joindront, naturellement, les membres du Bureau de
l'Association.
La Commission s'est mise aussitôt à l'œuvre pour établir une docu-
mentation précise et rechercher les solutions sur lesquelles doit por-
ter l'effort de notre Société. Le Comité prie tous nos collègues de
vouloir bien l'aider dans cette tâche en lui adressant tous renseigne-
ments et suggestions utiles, en particulier sur les points suivants :
1" Situation comparée des différentes langues daivs chaque établisse-
ment, en octobre 191.3 et en octobre 1919. Nombre des élèves, nombre
des professeurs pour chaque langue.
2" Mesures des administrations locales ayant porté préjudice à
l'enseignement de l'allemand : réunions de classes, réductions d'ho-
raires, etc.
.1° Raisons invoquées par les familles pour ne pas choisir l'allemand.
4" Moyens à proposer : y aurait-il lieu d'instituer dans les examens
des épreuves de nature différente pour les différentes langues, afin
88 LES LANGUES MODERNES
d'établir entre elles plus d'équilibre ? Quelles seraient ces épreuves ?
Y aurait-il possibilité d'obtenir des élèves l'acquisition de deux lan-
gues étrangères au minimum ? Quelles modifications conviendrait-il
d'apporter dans ce cas aux programmes, aux boraires, aux métbodes ?
Prière d'adresser toutes les communications relatives à ces ques-
tions à M. Dklobel, professeur au lycée Voltaire, 33, rue Jacob,
Paris (6 ).
Le Comité.
Réunion Pédagogique
Au cours de la réunion pédagogique où M. Rancès, délégué au
Conseil supérieur, était venu expliquer la décision par laquelle sont
modifiées les épreuves de langues vivantes au baccalauréat (1), M. l'Ins-
pecteur Général Guillaume, prenant part aux débats, s'exprima en ces
termes :
« Mes chkus Coi.i.kgles,
« Cette discussion ne fait que confirmer ce que je savais déjà.
Vous avez été émus de la récente décision du Conseil supérieur.
Nous aussi. Cette émotion doit-elle être mêlée d'inquiétude ? Je ne
le crois pas. Rien n'est changé qu'une épreuve d'examen, et la nou-
velle épreuve n'est pas de nature à affaiblir notre enseignement, ni à
en modifier l'esprit. Il reste ce que l'ont fait la réforme de 1902 et dix-
sept ans d'expérience. C'est ce qu'expliquera prochainement une circu-
laire oflicielle : c'est ce que j'ai tenu à venir vous dire dès aujourd'hui,
au nom de l'Inspection Générale et de la Direction de l'Enseignement
Secondaire. »
L'assemblée vota eu outre l'ordre du jour suivant :
« Les professeurs de Langues \'ivantes, assemblés en réunion péda-
gogique au Ij-cée Louis-le-Graud le 26 février 1920, après avoir entendu
l'exposé de leur représentant au Conseil supérieur et après une dis-
cussion à laquelle a pris part M. l'Inspecteur général Guillaume,
expriment à l'unaiiimité moins une voix leur conviction que les nou-
velles épreuves de Langues \'i vantes au baccalauréat ne changent rien
à l'orientation et à l'esprit général de leur enseignement. »
{1 ) \.v (Ircrol li's instituant ne M.Ta pas applicable avant juillet l'.i21.
BULLETIN DE l'ASSOCLA.TION' 89
SecHon Régionale de PoiHers
Assemblée générale du 15 Janvier 1920
La S. R. de Poitiers s'est réunie en Assemblée générale,
le jeudi 15 janvier 1920, à 10 heures, à la Faculté des
Lettres de Poitiers, sous la présidence de M. Castelain, pro-
fesseur à l'Université de Poitiers.
M. Audoin, secrétaire, donne lecture du procès-verbal de
l'Assemblée générale du 14 décembre 1919.
1. M. Hirtz, vice-président, expose la situation et rend
compte du mandat de M. Maderan à l'Assemblée générale
de l'A. P. L. V. du 18 décembre 1919.
Le secrétaire général de l'A. P. L. V. s'en remet aux S. R.
pour l'organisation de l'enquête sur les géminations. Les
renseignements recueillis devront lui être envoyés par les
S. R. et il procédera au dépouillement.
La cotisation annuelle a été portée à 10 francs. Le mon-
tant de la ristourne est augmenté proportionnellement.
2. Refonte des Programmes.
^I. Sauvage prend la parole.
11 pose la question telle qu'elle est formulée par le ques-
tionnaire de rA3.
1. Estimez-vous que l'on ait abusé de la méthode directe ?
2. Estimez-vous que dans l'intérêt de la culture humaine
et française, et pour obvier à la crise du français, il y ait
lieu de rétablir les exercices de thème et de version ?
S'apjHiyant sur l'étude de M. Cahen parue dans les der-
niers numéros de la Revue Universitaire, M. Sauvage prend
à partie la méthode directe. Elle crée une habitude de
divination. Elle fausse les esprits en les habituant à l'im-
précision. Elle rend impossible l'explication littéraire et les
résultats prouvent qu'elle est néfaste à l'enseignement de la
'.grammaire.
M. Sauvage demande que la méthode directe soit employée
d"une façon moins exclusive.
Il faul, dès les premières années, contrôler par une tra-
<iuction rapide la compréhension des textes expliqués ;
enseigner la grammaire en français ; faire apprendre les
])aradigmes par cœur. Le thème doit être le complément
de rétiide de la grammaire. — Du reste, tous les concours
comiKutenl un thème. — Les dictionnaires bilingues sont
90 LES LANGUES MODERNES
seuls utiles ; les dictionnaires en langue étrangère n'ont
jamais rendu de services aux élèves.
— yi. Hirtz objecte qu'en 1902 la méthode ancienne a
été combattue avec autant de vigueur que la méthode
directe, actuellement, et qu'en gros les reproches qui lui
étaient faits, étaient les mêmes que ceux que l'on fait
aujourd'hui à la méthode directe. — Il faut enseigner, en
\ue de parler. Il est facile en 6" et en 5" de s'en tenir à la
méthode directe exclusive, le vocabulaire à enseigner
étant d'ordre concret. En 4* et en 3", l'explication en langue
étrangère doit précéder la traduction et non la suivre,
comme le désire M. Sauvage.
M. Ruyssen s'oppose à cette façon de voir. Il faut, dit-il,
traduire d'abord, pour ne pas semer en route les élèves,
faibles, car en 4" et en 3* il y a entre les élèves des différen-
ces de valeurs très grandes.
La discussion continue, bientôt générale. Devant la néces-
sité de rédiger un vœu précis .sur lequel il se crée une
entente parmi les membres de la S. R. et étant donnée
l'heure avancée, l'Assemblée décide sur la proposition de
M. Castelain, de remettre la question à la prochaine
séance.
3. Enquête au sujet des géniiiiations.
M. Hirtz propose que le questionnaire suivant soit envoyé
aux membres de la S. R.
l** Y a-t-il eu dans votre établissement des géminations.
de classes ?
• 2° Si oui, sur quelles classes ont-elles porté ?
3° Eft'ectif de chaque classe géminée.
Effectif total obtenu pour le groupe.
4" Y a-t-il eu en même temps des réductions d'horaires,
et lesquelles ?
Les réponses seront envoyées au secrétaire. Le projet est
adopté à l'unanimité.
4. Questious diverses.
Sur la proposition de M. Hirtz, il est décidé que les étu-
diants d'anglais, d'allemand et d'espagnol de la Faculté des ^l
Lettres seront invités à faire partie de la Section Régionale
à titre d'adhérents, n'ayant pas voix consultative. Ils auront )J
à verser une cotisation d'un franc pour frais de convoca-
tions aux Assemblées.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 91
Prochaine Assemblée Générale
La prochaine Assemblée générale est fixée au dimanche
8 février 1920, à 10 heures, à la Faculté des Lettres de
Poitiers.
La séance est levée à midi 15.
Le Secrétaire : H. Audoin. Le Président : L. Castelaix.
Poitiers, le 15 janvier 1920.
Assemblée générale du 8 Février 1920
La section régionale de Poitiers s'est réunie en Asseni-
hlée générale le dimanche 8 février 1920, à 10 heures à la
laculté des Lettres de Poitiers, sous la présidence de
M. Castelain, professeur à l'Université de Poitiers.
1. Exposé de la situation.
M. Castelain donne lecture de la lettre qu'il a reçue de
M. Veillet-Lavallée, nouveau président de l'A. P. L, V. —
puis de la lettre par laquelle M. Hirtz annonce la prochaine
réunion de l'A. P. L. V. fixée au 12 février 1919, et son
désir de connaître nos desiderata pour les présenter à cette
réunion.
M. Audoin, secrétaire, donne lecture du compte rendu
de la séance du 15 janvier 1920.
2. Refonte des Programmes.
M. Sauvage présente le vœu suivant, qui est adopté à
l'unanimité :
Considérant que l'enseignement des Langues Vivantes
peut et doit avoir un double objet : 1" donner à l'élève,
comme le demandent les instructions ministérielles de 1901
«' la possession réelle et efTective de la langue enseignée »,
en vue de l'usage pratique. 2° Travailler, concurremment
avec les autres disciplines, à la culture spéciale qui reste le
but principal de notre enseignement ;
Que de ces deux fins, qui ne sont en aucune manière
exclusives IHine de l'autre, la méthode directe n'a que très
incomplètement atteint la première et nullement la
seconde, avec laquelle près de vingt ans d'expérience loyale
ont montré qu'elle était nettement incompatible ;
Pénétrés de leurs responsabilités vis-à-vis des élèves qui
leur sont confiés, soucieux de la dignité de leur enseigne-
ment et désireux de lui assurer dans l'éducation de la jeu-
nesse française la grande place qu'il devrait mériter,
92 LES LAN'ULES MODEliNES
Les professeurs de Langues Vivantes, membres de la sec-
tion régionale de l'Académie de Poitiers, réunis en Assem-
blée générale le 8 février 1920, émettent à l'unanimité les
vœux suivants :
1 " Que les limites au delà desquelles l'application exclu-
sive de La méthode dirocte constitue un obstacle au progrès
des études et un danger pour la formation des esprits
soient le plus tôt possible, clairement définies.
2° Qu'aucune doctrine olïiciellement imi^osée ne vienne
entraver désormais les libres initiatives de maîtres qui
.sont aussi dévoués que jamais à leur tâche, et qui deman-
dent à être jugés à l'avenir, moins sur la méthode suivie
que sur les résultats obtenus.
Les signataires des vœux exprimés ci-dessus considè-
rent que la réforme de 1901, en assignant à l'enseignement
des Langues Vivantes un but essentiellement utilitaire en a
fâcheusement compromis la valeur éducative.
Ils constatent avec peine que les élèves de l'Enseigne-
ment secondaire ne dépassent guère, après sept années
détudes, le maniement d'un vocabulaire très élémentaire
qui les laisse étrangers aux formes les plus élevées et les
plus délicates de la pensée et ils se demandent si un tel
résultat vaut une telle dépense de temps et d'efforts.
Ils souhaitent que l'enseignement des Langues Vivantes
cesse de se proposer comme but unique l'acquisition d'un
utile instrument commercial ou d'un talent extérieur et
tout secondaire, et, sans renoncer à la poursuite des résul-
tats pratiques qu'on est en droit d'attendre de lui, vise à
devenir, au même titre que les autres enseignements, une
discipline intérieure travaillant à l'enrichissement et à la
culture des esprits. Ainsi le professeur de Langues Vivan-
tes cessera d'être uniciuement un maître de langues pour
devenir ce que la méthode actuellement en vigueur ne lui
permettra jamais d'être, — un éducateur.
A cet effet l'Assemblée propose :
1" Que l'application intégrale de la méthode directe, suf-
fisante pour l'acquisition du vocabulaire élémentaire et
concret, et excellente pour l'éducation des organes vocaux,
soit limitée aux classes de sixième et de cinquième, sous
réserve que l'enseignement de la granunaire sera, dans ces
mêmes classes, donné de façon systématique.
2" Qu'à partir de la classe de quatrième, le professeur
puisse, toutes les fois qu'il le jugera nécessaire, recourir
îui thème d'application et à la version, exercices que les
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 9,')
instructions oflicielles n'ont d'ailleurs jamais formellement
interdits et qui restent, malgré l'usage trop timide qu'on en
■u fait jusqu'ici, les seuls moyens efticaces que nous ayons
de contrôler chez nos élèves « la possession réelle et
effective » des vocables et des idiomes.
3° Que l'explication des textes littéraires puisse se faire
en langue française, une importante partie de la classe
demeurant réservée aux commentaires et aux conversa-
tions en langue étrangère. C'est une triste vérité que, à
l'heure actuelle, la plupart des professeurs de Langues
Vivantes préfèrent renoncer à l'explication littéraire plu-
tôt que de se voir réduits à accumuler autour des plus belles
]iages des grands écrivains, les puérilités auxquelles les
conduit fatalement l'application exclusive de la méthode
directe. Il peut d'ailleurs y avoir de très sérieux inconvé-
nients à imposer une méthode uniquement maternelle à des
élèves de seize, dix-sept ou dix-huit ans que leurs profes-
seurs de lettres anciennes et de français ont habitués à une
toute autre discipline.
4° Que le professeur de Langues Vivantes travaille con-
jointement avec ses collègues des autres enseignements lit-
téraires, toutes les fois que cette collaboration sera possi-
be, en vue d'assurer plus de cohésion et d'unité à la cul-
ture humaine que nos élèves attendent de nous et qui doit
être plus que jamais le but commun de nos efforts.
2. Questions diverses.
— M. Sauvage donne lecture d'une note relative aux
modifications apportées par le (Conseil supérieur de l'Ins-
truction Public[ue, à l'épreuve des Langues Vivantes des
Baccalauréats des sections B et D. — La Section Régionale
enregistre avec satisfaction cette décision d'ailleurs con-
forme aux vœux qui avaient été exprimés par elle en mai
1010.
— Au sujet de la suppression de l'enseignement des
Langues Vivantes dans les Ecoles Normales d'Instituteurs
et d'In.stitutrices, M. Guy propose le vœu suivant, qui est
;idoj)lé à l'unanimité.
La Section liégionale de Poitiers de l'A. P. L. V., considé-
rant :
1" (pi'il est question de rendre facultatif et peut-être de
supprimer l'enseignement des Langues Vivantes dans les
Kcoles normales prinuiires ;
2° qu'on invoque, pour justifier celte réforme, « l'insigni-
•94 LES lan(;lf.s modernes
fiance des résultats obtenus, tant au point de vue éducatif
qu'au point de vue pratique » ;
3" que si en eft>t les résultats ne 'sont pas toujours ce
qu'ils devraient être, il est des cas où ils sont meilleurs
qu'on ne serait en droit de l'espérer, tant est réduit le
temps dont le professeur dispose, et irrationnelle l'organi-
sation de cet enseignement ;
4° qu'en effet, il faut parcourir en deux ans, et à raison
lie 2 h. par semaine, un programme (vocabulaire, gram-
maire, auteurs) beaucoup trop vaste ;
5° qu'en outre la présence dans les mêmes classes d'élè-
ves ayant déjà fait 2 et 3 ans de Langues Vivantes, et de
débutants issus d'écoles rurales, oblige les uns à des répé-
titions ennuyeuses et inutiles, force les autres à un travail
trop hâtif et superficiel, et a les mêmes inconvénients que
les géminations de classes dont se plaint avec raison l'en-
seignement secondaire ;
6° que dans ces conditions on ne saurait justifier par
l'insigniliance des résultats obtenus aucune mesure tendant
à réduire la part déjà insufTisante faite à un enseignement
si utile par ailleurs ;
7° qu'il suffirait pour lui permettre de porter ses fruits,
d'une meilleure organisation et d'une méthode moins défec-
tueuse ;
8" qu'au moment où il est question de confier aux Ecoles
].rimaires supérieures surtout, la préparation des candidats
aux Ecoles normales, il est logique et naturel de faire pour-
suivre à ces élèves une étude à laquelle ils auront déjà con-
sacré 3 ou 4 h. par semaine pendant 3 ou 4 ans ;
Considérant, d'autre part :
9° qu'à défaut du latin, l'étude d'une langue étrangère
étudiée avec précision, oblige l'esprit à des analyses et à
des comparaisons de sens, à toute une gymnastique très
utile à l'intelligence du français ;
10° que c'est un des enseignements les plus propres à
ouvrir l'esprit à de nouveaux horizons, à des manières de
penser et de sentir différentes des nôtres, et que les élèves
issus pour la plupart des milieux populaires ne soupçon-
nent même pas ;
11° que c'est aussi l'un des plus i)roi)res à corriger le
dogmatisme auquel les expose l'enseignement scientifique
forcément élémentaire qu'ils reçoivent ;
I
BULLETIN' DE L'ASSOCIATION 95
12" que la connaissance d'une langue étrangère s'impose
de plus en plus à qui veut être de son temps ;
13° considérant enfin que la réforme des Ecoles normales
s'annonce très prochaine, et pour éviter qu'elle se fasse
sans qu'on ait au préalable entendu la voix des professeurs
de Langues Vivantes,
Emet le vœu :
1° que l'A. P. L. V. intervienne énergiquement en favf.'ur
■d'un enseignement menacé, et qui risque d'être mal défendu
par le petit nombre des professeurs d'Ecole normale per-
dus parmi leurs collègues soucieux d'obtenir le plus possi-
ble pour leurs propres enseignements, et parmi les direc-
teurs et les inspecteurs chez qui prédomine le souci de la
préparation professionnelle ;
2° que non seulement l'enseignement des Langues Vivan-
tes reste obligatoire, mais qu'il soit renforcé par l'adjonc-
tion d'heures nouvelles enlevées à des exercices moins
éducatifs ou trop favorisés déjà ;
3° qu'il soit réorganisé de manière que les élèves soient
groupés en classes homogènes :
4° que l'épreuve facultative de Langues Vivantes soit
rétablie au concours d'entrée des Ecoles normales ;
ô" et qu'à titre de sanction, il soit ajouté au diplôme
actuel du Brevet supérieur une mention spéciale de Langues
Vivantes à partir d'un nombre de points à déterminer.
Prochaine Assemblée Générale
La prochaine Assemblée générale est fixée au dimanche
7 mars, à 10 h., à la Faculté" des Lettres de Poitiers.
La séance est levée à 11 h. 30.
Le Secrétaire : H. Audoin. Le Président : Castelaix,
Section Régionale de Lyon
La Section Régionale de Lyon, dont la guerre avait dis-
persé les membres, s'est réunie de nouveau le jeudi 26
février 1920 au Lycée du Parc, sous la présidence de
M. Douady, professeur à la Faculté des Lettres, ancien pré-
sident de la Section.
M. Chaurand, professeur honoraire au Lycée Ampère, a
rappolé en termes émus le souvenir de M. Ritz, ancien
96 LES LANGUES MODERNES
secrétaire de la Section, récemment décédé à Annecy, des
suites d'une maladie contractée au front.
Un bureau provisoire a été constitué, comprenant Mlle
Mathieu, professeur d'allemand au Lycée de Jeunes filles,
vice-présidente ; M. Douadj', professeur à la Faculté des.
Lettres, président ; M. Legouis, professeur d'anglais au
Lycée Ampère, secrétaire ; M. Chaurand, professeur hono-
raire au Lycée Ampère, trésorier. La Section a examiné le
projet de réforme du baccalauréat présenté par le Conseil
supérieur, et qui consiste, pour l'épreuve écrite de langue
étrangère, à remplacer la composition actuelle par une
version suivie d'un thème d'imitation.
Elle s'est prononcée énergiquement contre l'introduction
d'un thème d'imitation dans l'épreuve écrite. Elle a exprimé
le voeu - — conforme aux résultats du référendum organisé
par les « Langues Modernes j) — que cette épreuve consis-
tât en une version, suivie d'une composition libre dont le
sujet se rattacherait à celui de la version, chacun de ces
exercices ayant une note spéciale.
Elle serait reconnaissante au Bureau de Paris de toute
démarche faite en vue d'une réforme de cette nature.
Elle le prie de bien vouloir, à ce sujet, lui fournir quel-
ques renseignements sur l'avis exprimé par M. Rancès,
représentant des Langues vivantes à la dernière session du
Conseil supérieur (1).
Les vœux ci-dessus ont été adoptés par la section régio-
nale de Lyon à l'unanimité, moins une voix.
(1) Voir page 102 un article de M. Rancès répondant au vd'U de la
Section Régionale de Lyon. (N. D. L. R.).
->m<-
rabandoa de rallemand
et les initiatives à prendre
Les professeurs d'allemand vivant des jours pénibles ;
pour eux, la question du lendemain se pose. Devront-ils se
persuader qu'ils ont consacré le meilleur de leurs forces à
acquérir un savoir désormais sans emploi ? Chez la plupart,
sans doute, l'émoi est grand, et si la résignation peut être le
fait des professeurs au déclin de leur carrière, les jeunes
ou. ceux qui sont dans la force de l'âge éprouvent quel-
que malaise et quelque tristesse à la vue de leurs clas-
ses désertes : à peine voit-on dans chaque classe trois ou
quatre élèves, dépaysés dans la salle trop vaste, et qui
prend, à la voix du maître, comme des résonnances de
sépulcre ; bientôt, si l'on n\ met bon ordre, l'enseigne-
ment de l'allemand aura vécu.
Certes, nous renoncerions à enseigner l'allemand, nous
]i'hésiterions pas à fermer nos livres, si notre enseigne-
ment était, comme on a pu l'insinuer, inutile et antina-
tional. De toutes nos forces, nous croyons le contraire.
Nous sommes convaincus que l'allemand est plus que
jamais indispensable, que sa connaissance est une arme de
paix et de guerre, qu'il est imjîrudent de laisser se rouiller
ou de reléguer à l'arsenal des vieux engins démodés. Pen-
dant la guerre, il pouvait sembler habile de laisser croire
que l'ennemi serait à ce point taillé en pièces que sa langue
perdrait désormais toute importance et que les heures pas-
sées à l'apprendre seraient perdues. La force de résistance
du pays fut faite en partie de telles illusions, et les « bour-
reurs de crâne » ne méritent pas tout le mal qu'on a dit
d'eux. Mais l'ère des pieux mensonges est close ; il con-
vient maintenant de regarder en face la réalité. Est-il d'ail-
leurs un Français si ignorant, qu'il ne sente confusément
combien l'Allemagne reste, en dépit de sa défaite, inquié-
tante et redoutable ? Ne cessons donc pas de l'observer,
restons sur le qui-vive ; sachons l'allemand.
Or, les parents d'élèves persistent dans leur déraisonna-
ble parti-pris : d'ici vingt ans, c'est tout au plus si quel-
98 LES LANGUES MODERNES
ques rares universitaires attardés pourront encore lire un
texte d'outre-Rhin. Qu'on cesse au lycée d'apprendre l'alle-
mand, on ne l'apprendra pas hors du lycée : l'effort à
fournir sera trop grand. Les maisons de commerce ne
trouveront plus d'employés en état de comprendre une 4et-
tre de Francfort ou de Vienne, à plus forte raison d'y
répondre. Nos futurs ofiiciers ignoreront le premier mot
de la langue ennemie. Il n'est pas impossible, si le mal
empire, qu'un jour vienne où l'allemand ne suit plus ensei-
gné qu'à l'Université de Strasbourg et au Collège de France
au même titre que l'hébreu et le syriaque.
L'enseignement de l'allemand périclite chez nous au
moment précis où nos olîiciers reçoivent la mission de par-
courir l'Allemagne en tous sens, de l'épier, de chercher à
deviner ses desseins secrets, de dresser l'inventaire de son
matériel de guerre, de surveiller ses usines et la comptabi-
lité de ses banques. On conçoit leur embarras, comme l'inu-
tilité de leur tâche, si dans ce travail d'investigation en
territoire ennemi, ils sont à tout instant obligés de recourir
à un interprète. — On n'apprend plus l'allemand en France,
alors qu'il est question au Parlement de pénétration paci-
fique, que l'on songe à détacher de Berlin les populations
rhénanes et à les conquérir moralement. Dans cette oeuvre
délicate d'assimilation progressive, la connaissance de
l'allemand n'apparait-elle pas aussi comme nécessaire ?
Les esprits chagrins et butés à la façon du père xle Goethe
ne sont peut-être pas encore l'exception dans les villes du
bord du Rhin. Nous gagnerions plus aisément ces mécon-
tents à notre cause en parlant leur langue, qu'en imposant
la nôtre. Vainqueurs, nous pouvons, sans déchoir, nous ser-
vir de la langue des vaincus.
Le péril est grand, mais peut-être n'est-il pas trop tard
])our essayer de le conjurer. Des articles récents montrent
que l'allemand compte des champions parmi les hommes
éminents du pays : réussiront-ils à vaincre l'erreur, à rame-
ner à la raison l'opinion publique égarée ? Ou faudra-t-il
nous redire avec Schiller « qu'en face de la sottise, les
dieux eux-mêmes sont impuissants ». Nous gardons la foi ;
nous avons la conviction que l'enseignement de l'allemand
renaîtra si l'on sait prendre à temps des mesures énergi-
(jues. I^c premier et le i)lus eflicacc remède, beaucoup sans
doute y ont déjà songé, sera de relever le coeOicient de
l'allemand à l'examen d'entrée des grandes écoles. 11 faut
qu'un avantage concret incite un certain nombre d'élèves
l'ahaxdon de l'allemand 99
à choisir cette langue, en dépit de sa difficulté, de préfé-
rence aux autres. Il faut revenir partiellement au système
d'autrefois, qui a valu à l'allemand, des années durant,
son étonnante prospérité.
Les chefs d'établissement auront ainsi un argument subs-
tantiel et convaincant à présenter aux pères de famille
hésitants. Que ne feront-ils pas avec un peu de persuasion !
Ne sont-ils pas auprès des parents comme des directeurs de
conscience ? Qu'ils prennent à cœur la cause de l'allemand,
qu'ils aient souci d'une répartition équitable de l'effectif
de leur lycée dans les différentes classes de langues vivan-
tes ; s'ils perdent quelques élèves, les professeurs d'anglais
surmenés seront les premiers à s'en féliciter.
Le relèvement du coefficient de l'allemand à l'examen
des grandes écoles dépend de la haute administration. Cette
heureuse réforme, espérons-le, sera faite ; en attendant,
que notre Association multiiDlie les démarches. Deux me
paraissent opportunes, que je me permets de suggérer :
Ne pourrait-on « interviewer » au sujet de la crise de
l'allemand deux ou trois de nos grands chefs militaires ?
Déjà, au cours de la guerre, alors que l'enseignement de
l'allemand était attaqué avec l'ardeur que l'on sait, la décla-
ration si nette du général Galliéni aurait pu, si elle avait
reçu une publicité suffisante, je ne dis pas arrêter l'exode
des élèves transfuges, mais calmer les scrupules patrioti-
ques d'an grand nombre. Qu'un Foch ou qu'un Castelnau se
déclare partisan de l'étude de l'allemand, que le public en
soit informé : l'opinion pourra se retourner, et nos sixiè-
mes, à la rentrée prochaine, retrouver comme par enchan-
tement leur animation.
Sans doute aussi serait-il bon d'envoyer aux municipali-
tés des villes possédant un établissement d'enseignement
secondaire ou primaire supérieur, une lettre circulaire sus-
ceptible d'ouvrir sur l'importance de la crise les yeux des
notables.
Remèdes empiriques, dira-t-on. Mais après 1870, l'ensei-
gnement de l'allemand ne fut-il pas créé presque de toutes
pièces, par ordre en quelque sorte et empiriquement ? Des
mesures énergiques, prises en haut Heu, triomphèrent de
la résistance manifestée, dès cette époque, par les familles.
L'allemand devint obligatoire à l'excUision de toute autre
langue à l'examen d'entrée des grandes écoles ; on multi-
l)]ia peut-être à l'excès les chaires, en en créant jusqu'à
Mostagancm, jusqu'à Nouméa. Si on compare ce passé
100 I.ES LAN(;i'ES MODKHNES
prospère et le misérable présent, peut-être comprendra-t-on
que l'allemand ne méritait ni cet excès d'honneur, ni cette
indignité. Ce qu'a pu réaliser l'Etat lorsqu'il s'est agi de
tlonner à l'allemand une place prépondérante, serait-il
impossible, lorsqu'il importe seulement de prévenir avec
ses conséquences funestes la disparition de cet enseigne-
ment ?
P. Laxnes,
Professeur d'allemand au Collège de Libonrne.
■5s»-
A propos d'ui)e' ai)r)or)ce
Dans le numéro du 5 mars du Journal d'Alsace et de Lor-
raine se trouve l'annonce suivante :
ARMÉE FRANÇAISE DU RHIN
L'Armée Française du Rhin recherche de bons
INTERPRÈTES CIVILS
connaissant parfaitement le Français et l'Allemand.
Conditions : Etre français, ou Alsacien (carte A). Avoir
une bonne instruction générale et pouvoir traduire un texte
à première vue (instruction primaire ne suffit pas).
Salaires de début : 13 francs par jour, avec augmenta-
tions périodiques.
Salaire maximum : 20 francs par jour.
Logement : Gratuit.
Les candidats devront adresser leurs demandes avec
références au Général Commandant l'Armée du Rhin 2'
Bureau C. E. Secteur postal 77.
Délai d'inscription 20 mars 1920.
Pour ceux qui ne sont sensibles qu'aux leçons de choses>
c'est la preuve éclatante que la connaissance de l'Allemand
est i)lus que jamais nécessaire aux Français. Il en sera ainsi
tant que nos divisions occuperont la rive gauche du Rhin, et
peut-être même, tant qu'il y aura une Allemagne, peuplée
A PHOIMJS DLNE ANNONCE 101
de gens parlant allemand, et avec laquelle il nous faudra
entretenir de bons ou de mauvais rapports de \^isinage.
('ar le procédé qui consiste à éliminer un peuple de nos
préoccupations, en nous abstenant d'apprendre sa langue,
otl're peu de garanties d'ellicacité.
En attendant, la plupart des postes d'interprète actuel-
lement offerts, vont être occupés par des Lorrains et par
des Alsaciens. Et si l'hostilité des « anciens Français »,
comme on api^elle ici les habitants de l'intérieur, à l'égard
de la langue allemande, ne s'atténue pas, il sera créé,
dans un avenir rapproché, au profit de nos frères reconquis,
un véritable monopole ; eux seuls, pourront tenir les
emplois exigeant la connaissance des deux langues.
Le privilège dont pourraient jouir les départements
retrouvés, du fait de l'abstention des autres provinces fran-
çaises, n'est pas sans inconvénient. Ce n'est pas que l'on
]>uisse suspecter le loj'alisme des Alsaciens et des Lorrains.
A part quelques individus mécanisés par la culture germa-
nique, et pour cette raison inaptes à recevoir des notions
nouvelles, ce sont d'excellents patriotes. Mais il n'est pas
souhaitable que la France corresponde commercialement,
administrativement, intellectuellement avec l'Allemagne par
le seul intermédiaire de l'Alsace-Lorraine, à l'exclusion de
toute autre province ; nous ne verrions nos ennemis qu'à
travers le prisme du particularisme alsacien.
Il importe donc d'éviter que nos représentants en Allema-
gne forment un groupement compact, émanant d'une seule
région. Cette nécessité qu'on ne pourra éluder sans s'expo-
ser à de graves ennuis, est, après tant d'autres, un nouvel
argument en faveur des études germaniques que la bour-
geoisie française, par pur sentimentalisme, voudrait pres-
que voir rayer des programmes d'enseignement. Ceux que
leurs affaires ou leurs fonctions ont amenés en Alsace ou
en Lorraine, sont revenus à un jugement plus sain des faits
et reconnaissent qu'il est non seulement utile, mais sage, de
savoir l'Allemand. Leurs fils l'apprennent avec ardeur, et
eux-mêmes cherchent à acquérir les éléments indispensa-
bles de la langue. Il est à souhaiter cfiie l'intérieur se laisse
gagner par cette vague de bon sens ; le patriotisme, bien
entendu, l'exige.
Marcel Lf)HAXS.
Professeur d'A iif/lais.
„a;,.
L'épreuve de Lai)gue5 vivantes
au Cor)5eil Supérieur
Le projet de décret relatif au Baccalauréat de l'Ensei-
gnement secondaire (épreuves de Langues Vivantes), a été
.soumis au Conseil supérieur de l'Instruction publique à sa
dernière session (27-31 janvier 1920).
L'exposé des motifs, que nous tenons à reproduire inté-
gralement, dira très exactement dans quelles circonstances
le ijrojet fut conçu, étudié et présenté par le Ministre à
l'examen du Conseil.
Exposé des Motifs
La question des épreuves de Langues Vivantes au Baccalauréat
préoccupe depuis longtemps le personnel qui a mission de pré-
parer à ces épreuves, et qui dans l'ensemble, n'a pu se- déclarer
jusqu'à présent satisfait des résultats obtenus.
A la suite de discussions approfondies et d'un référendum aux-
quels ont été invités à pi'eudre part tous les professeurs de
Langues Vivantes de l'enseignement public, y compris ceux de
l'Enseignement supérieur, le Corps enseignant des Langues
Vivantes représenté pnv 467 votants, a exprimé à de fortes
majorités un certain nombre de vœux qui ont été soumis par
M. le Directeur de l'Enseignement secondaire à l'examen d'une
commission spéciale.
(!es vœux portent spécialement sur les épreuves de langues
vivantes dans les quatre sections de la 1"""^ partie du Baccalauréat
et subsidiairemeiit sur celles de la 2' partie (Philosophie et
Mathématiciues\ et tendant à remédier à l'insurtisance notoire
de ces é|)reuves comme sanctions.
Épreuve écrite de la 1'« partie
{Seclioius B cl D)
L'insuffisance de l'épreuve actuelle (composition libre en lan-
gue vivante», unanimement reconnue, provient visiblemenl de
l'absence d'une base solide, qui ne peut être constituée «jue par
des exercices approjjriés de traduction, seuls capables de donner
aux connaissances acquises par l'usage rationnel des exercices
directs les qualités de correction et de précision qui, de l'aveu
de tous, manquent en général à nos candidats. Or. ces qua-
l'épreuve de langues vivantes 103
lités ne sont pas moins indispensables dans le maniement
d'une langue étrangère que dans celui de la langue mater-
nelle, tout en étant plus difficiles à acquérir. Il a donc paru
à la majorité des professeurs (386) (1) qu'à défaut des épreuves
de thème et de version dont l'adjonction serait la solution idéale
si Ton y pouvait songer, cette base solide pouvait être suffisam-
ment fournie au moins par une épreuve de version, à la condi-
tion toutefois que le sujet à traiter en langue étrangère y soit
direcfement rattaché. Loin d'être alors une surcharge, comme ce
serait le- cas si l'un des deux exercices était indépendant de
l'autre, cette adjonction constituerait en fait un allégement :
car l'exercice de la Composition libre (2), au lieu de reposer sur des
lectures plus ou moins vagues et souvent trop rapides, ou de se
réduire à des développements appris par cœur, serait désormais
appelé à profiter immédiatement chaque fois de la suljslancc
formelle et réelle d'un texte étranger qui, tout en restant cons-
tamment l'objet direct de la pensée, serait d'autant plus suggestif
qu'il aurait été clarifié et assimilé par la traduction.
Ceci sans préjudice des avantages multiples de la Version,
qu'il n'est pas besoin de rappeler ici. et dont le moindre ne sera
pas de rétablir le lien nécessaire entre l'enseignement des lan-
gues vivantes et l'enseignement du Français, pour le plus grand
profit de l'un et de l'autre, uon moins que de la culture générale
des_élèves.
Enfin, même au point de vue strictement utilitaire, le réta-
blissement de la Version donnera satisfactioji au vœu de la
majeure partie du public cultivé, qui estime que ceux qui ont
besoin de lire et de comprendre une langue étrangère sont en
nombre infiniment plus grand que ceux qui pourront avoir
besoin de l'écrire et même de la parler.
Sections A et C (Langue unique)
Sections li et D (Seconde langue)
Les autres vœux tendent uniquement à obtenir, sans créer de
surcharge, un renforcement parallèle des langues vivantes dam>
toutes les sections et parties de l'examen, l'insuffisance des
sanctions purement orales en matière de Langues \'i\antes
n'ayant plus besoin d'être démontrée.
Ces propositions ont été d'autre part, soumises aux Facultés
des Lettres. Si ces Facultés ont dans l'ensemble et avec des
réserves et des modifications, accepté le principe des améliora-
tions demandées ])our la composition écrite des Sections B et I).
elles n'ont pas approuvé en général l'addition d'une épreuve
écrite, si courte fût-elle, dans les Sections .\ et (' et pour la
seconde langue dans les Sections \i et D.
La Section Permanente du Conseil a examiné le présent
projet, liais en l'absence de représentants de l'Kiiseigncment des
(1) Ce chiffre a été obtenu en additionnant le nombre des \()ix
accordées à trr)is des épremes suggérées par le Référendum poui'
remplacer l'épreuve actuelle : (ino + 121 + 16.")). (\o(e de la Ré-
daction).
(2) La composition libre ajoutée à la Version a obtenu 100 voix
(sur 467 votants» au Hefercnduni. (Xote de la Rédaction).
104 I.ES LANGUES MODERNES
Langues Vivantes, et en raison des conséquences ])ossibles« la
Section a estimé qu'il ue lui appartenait pas de proposer une
solution, et a décidé de transmettre TafTaire au Conseil Supérieur.
Le projet de décret émanait donc des professeurs de
Langues Vivantes eux-mêmes. M. le Directeur de l'Enseigne-
liient secondaire a tenu à dire qu'en faisant siennes les con-
clusions très modérées de la Commission ministérielle, il
avait voulu donner satisfaction à un personnel dont la
compétence et le dévouement lui paraissent /au-dessus de
tout éloge. Et si le projet avait été déposé in extremis (les
lîiembres du Conseil l'ont trouvé à leur place, le jour même
de l'ouverture de la session), c'est que l'Admini-stration
savait répondre au désir unanime des professeurs de Lan-
gues Vivantes en hâtant i'examen d'un projet impatiem-
ment attendu.
Divers membres du Conseil ont néanmoins contesté la
valeur du référendum organisé par l'Association. — « C'est
à peine y>, a dit l'un d'eux, « si un tiers du personnel a
répondu. Le reste a-t-il bien été touché ? » — « Un réfé-
rendum ", a dit un autre, « où il faut répondre sèchement,
par oui ou par non, à une vingtaine de questions dont la
moindre prêterait à d'interminables discussions, ne peut
signifier grand'chose ». — « Cette consultation », a déclaré
enfin M. le Doyen Brunot, « ne me dit rien qui vaille. Orga-
nisée à un moment où une notable proportion des profes-
seurs de Langues Vivantes, les plus jeunes et partant les
plus intéressés en respèce, étaient encore mobilisés, ou
n'avaient i)as i-epris contact avec leurs collègues et leurs
élèves, il ne |)résente à mes yeux qu'une valeur médiocre,
jiisuflisanfe en tous cas pour justifier la présentation du
]>r<)jel actuel. Toucher à l'épreuve existante serait compro-
mettre (juinze ans d'efiorts et de succès obtenus par la
méthode directe. Au surplus, si les résultats obtenus ne
répondent pas à l'attente des professeurs de Langues Vivan-
tes, mon expérience me permet d'aflirmei'' ([u'ils ne sont
nullement inférieurs à ceux du Grec, du Latin et même du
français. Ce (ju'il faut transformer, si l'on lient à un résul-
tat positif, ce n'est pas l'épreuve de Langues, c'est le
Baccalauréat lui-même. On ne replâtre pas une maison
(ju'on va démolir. »
Le maintien du statu qiiu ne fut cependant pas sérieuse-
l'ÉPHEIVE de I.ANdLES VIVANTES 105
iiient discuté. La majorité considérable qui condamna le
type actuel de composition libre, ne fut que le reflet de
celle qui s'était dégagée du référendum. En présence d'un
sentiment aussi unanime, les derniers partisans de la com-
j)Osition libre ne purent que regretter ce qu'elle aurait pu
être, si elle avait été mieux préparée dans les classes et
plus sévèrement corrigée à l'examen.
Pour remplacer l'exercice défunt, le Conseil a accepté
sans longs débats la Version proposée par le projet de
décret. Les uns y ont vu surtout un auxiliaire essentiel de
l'enseignement littéraire ; d'autres, un moyen de supprimer
ce qu'on a fort improprement appelé « la cloison étanche
qui séparait depuis 1902 la culture étrangère de tous les
autres domaines de l'intelligence ». La difficulté très réelle
de l'épreuve, l'aléa qu'elle représente pour les candidats,
même les plus solidement préparés, n'ont échappé à per-
sonne. Le Conseil a prétendu y remédier en exigeant que
le texte fût court (quinze lignes au maximum), de difficul-
té moyenne, et extrait d'un ouvrage de prose. 11 ne s'est
trouvé que trois voix pour réclamer en faveur de la
poésie, et le court débat qui s'est engagé à propos de la
difficulté relative des poésies allemande et anglaise, a mon-
tré combien il est malaisé de traiter des questions aussi
techniques, autrement qu'entre spécialistes. La prose a
finalement paru seule apte à réaliser l'équilibre rêvé entre
les deux langues.
La discussion a été plus longue et plus vive quand il s'est
agi de choisir le type d'épreuve à adjoindre à la Version.
Le projet de décret proposait « une composition dans la
langue du texte de la Version, se rattachant autant que
possible, à ce texte ». Mais ce libellé assez vague n'a pas
satisfait le Conseil. « Il permet, a-t-on d'abord déclaré, le
choix entre tout au moins trois types d'épreuves : compo-
sition libre sur le sujet de la Version ; réponse à des ques-
tions posées à propos du texte ; commentaire critique ou
grammatical ; toutes éj^reuves de difficulté matérielle et de
valeur littéraire très inégales. Le baccalauréat ne saurait
tout de même être assimilé au Brevet supérieur ni à la
Licence. On en revient donc presque forcément à la com-
position libre. Mais après l'avoir condamnée, à très juste
raison, sous sa forme actuelle, comment pouvons-nous
l'adopter maintenant sous une forme à peine moins dange-
reuse ? S'il est vrai que la composition libre favorise, au
dire même des professeurs de Langues Vivantes, i'impréci-
lOG LES LANGUES MODERNES
•sion, l'incorrection, la préparation artificielle aux dépens
de la réflexion, pourquoi ne pas choisir un type d'épreuve
qui exige des candidats ce minimum de connaissances
grammaticales sans lesquelles il n'est pas de savoir
sérieux ? » — « Au reste, déclarait le délégué des Agrégés
des Lettres, en une intervention très habile, les initiateurs
du projet considèrent évidemment l'épreuve proposée
comme une manière de pis-aller, puisque l'exposé des motifs
allirme positivement que l'adjonction d'un thème à la
version serait la solution idéale, si l'on y pouvait songer.
Pourquoi le Conseil s'arrêterait-il à une formule b'àtarde,
alors qu'une solution meilleure lui est suggérée ? »
L'opinion du Conseil semblait faite, et un de ses mem-
bres proposa l'adjonction d'un thème conçu suivant l'an-
cienne formule, laquelle subsiste d'ailleurs au concours
d'entrée de plusieurs grandes Ecoles de l'Etat. Le délégué
des Langues Vivantes fit observer que l'efficacité de l'ensei-
gnement par la méthode directe n'ayant été contestée par
personne au cours du débat, il était essentiel de choisir un
type d'épreuve dont la préparation put se faire sans com-
promettre des résultats certains. Il demanda en consé-
quence au Conseil de s'arrêter à un exercice prévu et
recommandé par les Instructions de 1902, dont l'adoption
ne fera que fortifier la méthode, en lui assurant, dans le
second cycle, la base solide qui lui fait défaut, s'il faut en
croire, du moins, l'exposé des motifs. Le thème d'imitation,
empruntant le vocabulaire difficile à la version précédem-
ment traduite, et permettant par conséquent au candidat de
s'attacher exclusivement à la précision de l'expression,
remplira un double office, puisqu'il permettra de contrôler
à la fois la sûreté grammaticale dans les formes ordinaires
de la langue, à laquelle le Conseil paraît très justement
tenir, et l'étendue du vocabulaire usuel. Bien entendu, il
conviendra de le faire sans l'aide du dictionnaire bilingue,
afin de supprimer l'effort automatique et irréfléchi. Ainsi
peut-on espérer que les qualités de correction de la langue
et, s'il y a lieu, d'élégance du style, seront sûrement sanc-
tionnées.
L'accord se fit, en fin de compte, sur ce type d'exercice.
Il a été entendu que chacune des deux épreuves serait affec-
tée du coefficient 1, se ferait en une heure et demie, et
que le texte du thème ne serait distribué aux candidats
qu'après remise des copies de version. Enfin, il sera recom-
l"épreuve de i.angles vivantes 107
mandé aux examinateurs de choisir les textes de manière
à ne pas désavantager les candidats d'allemand, par rap-
port à leurs camarades. Ce scrupule de M. le Directeur de
l'Enseignement secondaire a vivement retenu l'attention du
Conseil, unanime à déplorer l'abandon, tout au moins
momentané, d'une discipline plus que jamais indispensable
à la formation du jeune Français.
La seconde partie du programme proposait :
1" L'adjonction d'une épreuve écrite de seconde langue aux
Ijaccalauréats B et U.
2° L'adjonction d'une épreuve écrite de langue unique aux
iaccalauréats A et C.
Ces épreuves seraient courtes (version d'une dizaine de
lignes au maximum, faite en une 1/2 heure), et affectées
d'un faible coeflicient (0,5).
Cette seconde partie a donné lieu à une discussion plus
l)rève, mais beaucoup plus vive que la première.
Les délégués des Facultés des Lettres se sont plaints
d'avoir été consultés trop tardivement. Presque partout,
les professeurs de Langues Vivantes ont été les seuls qui
aient donné leur avis, les Assemblées n'ayant pu être con-
voquées en temps utile. Ils font donc les plus expres.ses
réserves en ce qui concerne l'adjonction d'une épreuve
■écrite, si courte soit-elle, dans les sections A et C, et les
section B et D (seconde langue).
Le représentant des Langues Vivantes a fait valoir que
l'importance des études de Langues Vivantes ayant moins
■que jamais besoin d'être démontrée, il importait de four-
nir aux professeurs les moyens qu'ils réclament d'obtenir
de leurs élèves le maximum d'efforts et de rendement ; que
l'insuffisance des sanctions orales en matière de Langue*
Vivantes n'avait, ainsi que le reconnaît l'exposé des motifs,
plus besoin d'être signalée ; que si, à propos de l'opportu-
nité de modifier la nature de l'épreuve écrite de première
langue dans les sections B et D, l'opinion du personnel
avait pu varier, il n'y avait du moins qu'une voix pour
approuver les dispositions de la seconde partie du projet ;
qu'au surplus, l'épreuve nouvelle de langue unique aux
baccalauréats A et C, et de seconde langue aux baccalau-
réats B et D, ne créait aucune siu-charge appréciable, ni eu
108 LES LANGUES MODERNES
ce qui concerne l'examen lui-même, ni en ce qui touche le
travail de préparation des candidats ; qu'en efïet, les exer-
cices de traduction sont les seuls que le maitre exige déjà
en fait dans les sections intéressées, et d'autre part, les
initiateurs du projet ont pris soin de maintenir l'équilibre
de l'examen puisque aussi bien le coefficient de 0,5 de
l'épreuve de seconde langue vient en déduction du coef-
licient de 2 actuellement attribué à l'épreuve écrite de
Langues. Bref, la seule objection qu'il semblerait que l'on
put opposer "à l'épreuve proposée, toucherait aux diflîcultés
matérielles d'organisation, mais sur ce point, les Facultés
consultées ne paraissent pas avoir soulevé d'objection.
Les adversaires du projet, sans nier aucunement que les
dispositions nouvelles faciliteraient la tâche des professeurs
de Langues et fortifieraient singulièrement cette discipline,
ont paru craindre d'abord que les adjonctions proposées
n'assurassent aux Langues Vivantes, dans l'ensemble du
plan d'études, et au détriment des autres disciplines, une
place qu'ils ne jugeaient ni désirable, ni justifiée. Par
ailleurs, ils soutenaient que l'adjonction d'une épreuve
écrite nouvelle créait malgré tout une surcharge, même si
la somme des coefficients ne se trouve pas modifiée, à
plus forte raison si, comme ce serait le cas pour les Sec-
tions A et C, cette épreuve nouvelle ajoutait un coefficient,
si faible qu'il fût, au total actuel. Qui dit que les autres dis-
ciplines, encouragées par un tel précédent, ne viendraient
pas à leur tour réclamer une épreuve écrite, dussent-elles,
])our justifier leur point de vue, accepter de scinder le
coeiïlcient dont elles disposent actuellement à l'oral. Et le
représentant des agrégés d'Histoire, notamment, se décla-
rait décidé à prendre une telle initiative.
Le Conseil semblait hésitant, et l'on pouvait espérer
qu'une nuijorité se formerait pour voter tout au moins la
disposition relative à l'épreuve de seconde langue, lors-
((u'un argument fut présenté qui détermina sa tlécision.
M. le Vice-Recteur de l'Académie de Paris, après avoir
allirmé sa sympathie pour les Langues Vivantes, et son
intention de voter l'adjonction de l'épreuve de seconde lan-
gue, déclara regretter c[u'on ne touchât jamais au Bacca-
lauréat que ))our le surcharger, sans songer januiis à allé-
ger le i)rogramme. N'est-il pas à craindre que les épreuves
proposées ne compliquent encore la préparation des can-
ilidats déjà surmenés, au détriment des matières essentiel-
les du i)rogramnie ? — En vain, le délégué des Langues
I.'ÉPRErVE DE LANCilES VIVANTES 109
Vivantes, soutenu par M. le Directeur de l'Enseignement
secondaire, afiBrma-t-il que les élèves — partout du moins
où les classes sont faites conformément aux instructions
ministérielles ■ — ■ n'auraient pas une heure de travail de
plus par semaine. L'argument avait porté : des membres qui
avaient approuvé le projet en Commission se déjugèrent en
séance plénière. A la majorité de IG voix contre 14, la dis-
position relative à l'épreuve de seconde langue fut repous-
sée. Celle qui touche à l'épreuve de langue unique dans les
section A et C ne réunit que 7 voix contre 23.
Enfin, la partie du projet de décret relative à l'adjonc-
tion aux épreuves orales des sections B et D d'une note
spéciale, affectée du coefficient 0,5, venant sanctionner spé-
cialement l'acquis des connaissances grammaticales, fut
repoussée sans discussion. En effet, le Conseil a jugé qu'il
avait assez nettement marqué son sentiment en substituant
à l'épreuve actuelle un exercice où il faudra, coûte que
coûte, faire preuve de sûreté et de précision. A l'examina-
teur reviendra le soin de compléter son information à
l'oral, s'il le juge à propos. C'est pure affaire de métier.
En résumé, comme a pu le dire Mlle Sanua, déléguée
<ie l'Enseignement libre, qui a vaillamment combattu avec
nous, le Conseil a refusé d'accorder aux Langues Vivantes
ce que le personnel enseignant, l'Inspection générale et la
Direction de l'Enseignement secondaire sollicitaient pour
«lies. La substitution d'une épreuve à une autre ne sau-
rait être considérée comme un appréciable avantage. Mais
la discussion, si abondante et si vive qu'elle ait pu être, a
paru se développer au milieu d'une indifférence à peu près
générale. Le projet ne répondait évidemment pas à la
préoccupation quasi unanime du Conseil. On l'a bien vu
lorsque des personnalités aussi considérables que M. Emile
Picard, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.
MM. les doyens Appell et Brunot ont réclamé la réforme
complète d'un examen désuet et vieillot. L'affaire reviendra
donc entière et peut-être à bref délai. Il appartient aux
professeurs de Langues Vivantes de provoquer le mouve-
nient d'opinion 'qui réclamera pour leur discipline un tout
autre traitement.
En attendant, comme dit l'autre, « la séance continue ».
Le vote du Conseil est un échec très net pour nous, et nous
110 LES LANGUES MODERNES
ne pouvons que marquer le coup. Mais si notre enseigne-
luent ne sort pas renforcé du débat, comme nous le souhai-
tions dans le seul intérêt des élèves et du pays, il n'en sort
aucunement diminué. Et la méthode active et vivante —
quelque nom officiel qu'on lui donne — reste plus que
jamais en faveur. La composition en langue étrangère n'est
nullement bannie de nos programmes, mais demeure un
exercice scolaire de premier ordre à pratiquer comme un
des buts principaux de notre enseignement : le Conseil l'a
voulu et l'a dit en termes formels. Surtout ce serait faire
fausse route que de commencer, dès le premier cycle, à
faire de la Version et du Thème : le vote du Conseil, ins-
piré par le désir unanime de nos collègues, doit être uni-
quement considéré comme indicatif de sa volonté d'assurer
à notre discipline la base grammaticale solide, qui, de
l'aveu de certains, lui fait actuellement défaut. Lui donner
une autre signification serait faire un contre-sens inutile. Il
convenait, je crois, que ceci fût dit.
Il reste que, modérés comme à Tordinaire, nous deman-
dions bien peu de chose et que nous n'avons rien obtenu.
Nous ne prétendions jDoint à la première place, quoi qu'on
ait pu dire ou insinuer. Notre intérêt ])ersonnel n'était pas
en jeu : le vote du projet, en augmentant notre responsa-
bilité, eût exigé de nous plus de travail encore. Il faut
donc regretter que, malgré l'intervention si nette de M. le
Directeur de l'Enseignement secondaire, la liiajorité du Con-
seil n'ait pas admis notre point de vue. Déplorons surtout
— et sachons nous le rappeler à l'occasion — que tous nos
collègues de l'Enseignement secondaire aient fait bloc con-
tre nous. De quelques-uns, tout au moins, nous nous
croyions en droit d'attendre plus de clairvoyance et de
sympathie. Nous savons maintenant que nous ne pouvons
compter que sur nous-mêmes ; le dernier mot n'est pas dit
si nous savons organiser la défense, en attendant de prépa-
rer l'attaque.
M. Rangés,
Membre du Conseil supérieur.
-<!»>-
La Méthode des Résultats
Il n'est point de peuple qui soit, en matière d'enseigne-
ment, plus révolutionnaire que les Français. Je n'entends
point dire par là que nous prêchions à nos élèves des théo-
ries subversives, ni même que nos conceptions pédagogi-
ques soient d'une particulière hardiesse. Mais nous mon-
trons un goût singulier pour les bouleversements fréquents
et radicaux ; et nous n'avons pas plus tôt fait triompher un
programme, que nous le discutons déjà passionnément, et
que nous nous acharnons à réclamer le contraire.
11 n'}- aurait point lieu de s'inquiéter des crises périodi-
ques qui résultent de cette habitude, si elles étaient des
crises de croissance et s'il ne s'agissait que d'adapter
notre enseignement à des conditions devenues différentes.
Malheureusement, il n'en est pas ainsi. Nous nous bornons
trop souvent à faire alterner entre elles des concei^tions
pédagogiques, dont aucune n'apporte rien de nouveau, et
qui ont toutes été rejetées en leur temps comme insuffisan-
tes. Adorer ce que nous avons brûlé, brûler ce que nous,
avons adoré : il semblerait vraiment que ce soit là notre
seule façon de concevoir le progrès ; si bien qu'il sufïirait
de feuilleter la collection d'une revue pédagogique, pour y
rctreuver toutes les critiques que l'on peut adresser, non
seulement aux programmes en vigueur, mais encore à ceux
qui les remplaceront.
Il est impossible de sortir de ces difficultés, si l'on ne se
résout pas à aborder dans un esprit entièrement nouveau
l'étude des questions pédagogiques. Nous ne rendrons
notre enseignement vraiment vivant, que si nous nous déci-
dons enfin à laisser à chacun une liberté d'expérimentation
qu'il n'a pas actuellement.
Nous assistons, en ce moment, à un assaut général contre
les programmes de 1902, et particulièrement contre la
méthode directe. Je n'ai point l'intention d'intervenir dan.s^
cette polémique. Mais je crains fort qu'elle ne nous apporte
({u'un changement de plus et nullement un jjrogrès.
112 LES LANGUES MODERNES
La méthode directe a été imposée en 1902 avant d'avoir
été mise au point. Non seulement, la majorité des maîtres
lî'était nullement familiarisée avec le maniement d'exerci-
ces entièrement nouveaux, mais on ne s'était que très insuf-
lisamment préoccupé des conditions les plus favorables au
bon rendement de notre enseignement. La mise au point
de la méthode a été improvisée d'après les résultats d'expé-
riences souvent décevantes. Elle était loin d'être terminée
en 1914 pour les classes du 2" cycle. Faut-il s'étonner que
les résultats obtenus dans de pareilles conditions aient
laissé quelques déceptions ? Aujourd'hui, on vient propo-
ser, pour coopérer à la culture générale, de recourir au
thème d'imitation. Je ne méconnais point la valeur de cet
exercice de contrôle, bien que je n'aperçoive que très impar-
faitement la dose de « culture » qu'il peut receler. Mais
que doit être cet exercice ? Tous ceux qui vont avoir à
l'utiliser en ont-ils une idée nette ? En a-t-on étudié le
rendement avant de l'imposer V Quels seront les défauts à
éviter ? Quel sera le résultat à atteindre ? Si l'on ne s'est au
préalable posé ces questions, et si l'on s'avance à l'aventure,
ne risque-t-on pas nécessairement à bref délai des décep-
tions ?
C'est pourquoi je voudrais que l'on renonçât enfin à
imposer toujours des méthodes hâtivement étudiées et que
Ton n'abandonnât une méthode qu'après avoir soigneuse-
luent élaboré celle qui devra la remplacer. Mieux : que l'on
se contentât de fixer le but à atteindre, laissant à l'initia-
tive de chacun le moyen d'y parvenir. Il appartient à
l'administration, éclairée par les controverses des théori-
ciens, de fixer ce but. Il appartient aux groupements de
techniciens, dans leurs discussions pédagogiques, d'étudier
le rendement et la mise au point de tel ou tel exercice et
de faire connaître à tous les efl'orts de chacun. Mais novis
ne reconnaîtrons pratiquement la valeur respective de théo-
ries actuellement à peu près inconciliables, que si nous ins-
tituons entre elles une libre concurrence. Nous ne pourrons
renouveler notre enseignement que si nous laissons à toutes
les doctrines nouvelles, le moyen de se développer, de se
]>réciser, de s'imposer, non comme un article de foi, mais
comme le résultat de l'expérience.
Il va sans dire que cette libre concurrence n'implique
en aucune façon l'anarchie des conceptions pédagogiques,
ce qui aurait pour conséquence de tirailler nos élèves, au
cours de leurs études entre des conceptions contradictoi-
i
LA MÉTHODE DES RÉSULTATS 113
res. Mais il faut que les réalités de la classe prennent enfin
dans notre enseignement la place qui leur revient, et que
Ton cesse d'imposer par un acte d'autorité, des conceptions
théoriques non exiDérimentées au préalable. Les profes-
seurs de Langues Vivantes ont de tous temps montré un
souci assez grand de leur métier, pour qu'on leur fasse
confiance. Qu'on leur donne donc enfin la liberté de recher-
cher la meilleure méthode pour obtenir un maximum de
résultats.
Gaston ' Hirtz.
"« =
OE LA MÉTHODE DIRECTE
Les pages qui suivent sont le dernier chapitre d'un petit
livre de M. Gourio, qui paraîtra prochainement sous le
titre : « La Méthode Directe dans la première année
d'étude ».
Il ne serait utile que pour les tout nouveaux venus de
souligner longuement ici l'autorité acquise par leur auteur.
Nous tenons seulement à lui dire toute notre reconnaissance
d'avoir consenti à nous livrer avant la lettre les conclu-
sions oîi l'a conduit une longue et féconde expérience.
La méthode que je viens d'exposer n'est donc autre
chose que la méthode maternelle ordonnée, adaptée au
milieu particulier qu'est une classe. Elle est renforcée d'une
part, à mesure que s'étend la connaissance pratique de la
langue enseignée, par des préceptes toujours exprimés en
cette langue, et d'autre part, par les procédés et les exerci-
ces en usage dans les classes inférieures pour l'étude de la
langue maternelle.
Ainsi elle s'oppose à la méthode grammaticale qui donne
aux règles la priorité sur l'usage et qui a recours pour les
fixer à la version et au thème ; méthode qui depuis des siè-
cles prévaut dans les classes de langues mortes d'où elle a
passé, à leur création, dans les classes de langues vivantes.
De celles-ci, elle tend à disparaître chez toutes les nations.
L'abandon s'en fait encore parfois avec un peu de timidité,
et cela se comprend. 11 est malaisé de se soustraire à une
longue domination, et ennuyeux de quitter de vieilles habi-
tudes. Et on veut retenir quelque chose de l'ancienne
méthode.
Un assez grand nombre de maîtres, s'ils reconnaissent
qu'il faut fonder l'enseignement sur l'usage, placer la
grammaire après la langue, et ne chercher à fixer celle-ci
que par des exercices directs, oraux et écrits, aussi bien
que par son emploi constant pour la conduite de la classe,
DE LA MÉTHODE DIRECTE 115
préfèrent néanmoins se servir de la langue maternelle dans
l'explication des mots. Ils trouvent que c'est un moyen si
simple, si rapide, et si précis. Pourquoi, disent-ils, ne pas
employer la traduction dans l'explication si cette traduction
reste une rapide indication du sens, qu'elle n'est jamais
faite pour elle-même, et ne prend par conséquent qu'une
très minime portion du tenues qui doit revenir à la pratique
de la langue étrangère ? Il est certain qu'ainsi limité, l'em-
ploi de la traduction n'empêche pas d'obtenir des résultats
appréciables. Mais c'est s'arrêter à mi-chemin. L'explica-
tion directe, elle aussi, peut être rapide et claire ; il y suffit
un peu d'habitude et d'attention. Et elle est pins efficace,
puisque tout recours à la traduction a pour effet de res-
tî eindre l'usage de la langue enseignée, de supprimer ce
rappel fréquent et naturel qu'on fait des mots anciens
quand on les emploie pour découvrir la signification des
Tiiots nouveaux, de détendre l'attention de la classe et
d'amortir l'intérêt de l'enseignement.
Quelques-uns voudraient aller plus loin dans l'emploi de
la traduction. Ils pensent que des exercices écrits de version
et de thème sont nécessaires, non seulement pour contrôler
les résultats obtenus mais encore pour les fixer. Cette opi-
nion n'est pas fondée. C'est toujours un usage réitéré qui
grave le mot dans l'esprit. Or, les exercices écrits directs
qtte je propose, font une répétition plus intensive des mots
que celle qu'on obtient, dans le même temps, au moyen des
exercices de traduction. Sans compter, ce qui a une grande
importance, que les premiers sont beaucoup plus intéres-
sants pour l'élève et qu'ils l'habituent à penser dans la
langue étrangère. Quant au contrôle, il se fait également
bien par les devoirs directs et par la dictée. On ne donne
pas de thèmes dans la classe de langue maternelle que la
nôtre prend pour modèle, et cependant, le professeur sait
quels sont les élèves qui connaissent le mieux leur langue.
Un collègue me disait un jour — c'était dans une classe de
débutants, vers le huitième mois — : « Je vois que ces élè-
ves vous comprennent et manient déjà bien toutes les petites
phrases du livre, dans les divers exercices de la classe. Mais
peut-on être absolument sur de la solidité de leurs con-
naissances grammaticales si on ne les contrôle pas au moyen
de la version ou du thème ? » Je répondis aflirmativement
et pour dissiper l'incertitude de mon visiteur, je composai
sur le champ un thème, d'une dizaine de phrases détachées,
dont chacune traduisait une des formes essentielles de la
116 LES LANGUES MODERNES
langue enseignée. Ce thème fut enlevé rapidement, le temps
de l'écrire. Je remis les copies à mon collègue qui les exa-
mina pendant que j'achevais ma leçon. A la fin de la classe,
il nie dit : « Je suis fixé ! les thèmes sont presque tous sans
fautes. Permettez-moi de les emijorter pour les montrer à un
ami qui ne croit j^as du tout à la méthode directe. » J'avais
en cette occasion donné un thème de préférence à une ver-
sion, car de ces deux instruments de contrôle, c'est le thème,
sans conti'edit, qui permet d'apprécier plus sûrement le
savoir de l'élève.
Je ne conseillerai donc pas l'emploi des exercices écrits
de traduction dans la classe des commençants. On n'en a
nul besoin, et ils ont le grave défaut de diminuer l'usage
de la langue enseignée à un moment de l'étude où il doit
être aussi intensif que possible.
La méthode d'enseignement par l'usage, avec ses moda-
lités diverses d'application, n'est pas nouvelle. On l'a sou-
vent employée ou réclamée même pour l'étude des langues
mortes. Jetons un coup d'oeil sur l'histoire de la pédagogie
des langues.
Roger Ascham (1), l'illustre précepteur de la reine Eliza-
belh d'Angleterre, voulait qu'on enseignât toutes les langues
par l'usage, les savantes comme les vulgaires.
Au collège de Strasbourg, dirigé par Sturm (2), l'un des
pédagogues les plus renommés du xvi^ siècle, et dont l'ensei-
gnement attirait chaque année des milliers d'étudiants, il
était interdit au professeur de parler la langue maternelle
dans les classes de latin, même avec les jeunes élèves. Les
Jésuites suivirent pendant longtemps une méthode analogue
à celle de Sturm, et dans toutes leurs classes on parlait
latin."
Montaigne (3), qui eut pour précepteurs d'éminents lati-
nistes, nous raconte comment il avait appris le latin :
f; Quant à moy j'avoy plus de six ans, avant que j'enten-
disse non plus de françois ou "de périgourdin que d'ara-
besque ; et, sans art, sans livre, sans grammaire ou pré-
cepte, sans fouet, et sans larmes, j'avois apprins du latin
tout aussi pur que mon niaistre d'eschole le sçavoit. Mes
précepteurs domestiques m'ont dict souvent (|ue j'avoi.-s ce
(1) Roger Ascham. The Schoolmaster.
(2) Farrar's Essays on a Libéral Education.
(.1) Essais. Livre L chap. XXV.
DE LA MÉTHODE DIRECTE 117
langage si prest et si à main qu'ils craignoient à m'accos-
ter. '> Il faut dire que le cas de Montaigne n'est pas ordi-
naire. Il ne savait aucune langue quand on lui apprit le
latin qui fut en quelque sorte sa langue maternelle. Mais il
est intéressant de remarquer que ses savants maîtres ne
jugèrent pas à propos de se servir des règles de la gram-
maire pour échiircir et fortifier leur enseignement.
I-'ranchissant un siècle, nous trouvons un maître très
habile, Lefèvre de Saumur (1), qui s'élève avec énergie con-
tre ce que Montaigne appelait « la mode des collèges » où
l'on plaçait le thème au début même des études. « Je me
gardai bien, dit Lefèvre, de suivre la manière qu'on suit
ordinairement, qui est de commencer par la composition.
Je me suis toujours étonné de voir pratiquer une telle
niéthode pour introduire les enfants dans la connaissance
de la langue latine, car cette langue, après tout, est comme
les autres langues. » Lefèvre employa sa méthode avec sa
fdle, la célèbre Mme Dacier, qui parvint à la grande connais-
sance qu'elle avait de la langue latine sans avoir fait un
seul thème en sa vie.
PLis tard, Locke (2), dans son traité de l'Education, juge
avec une grande sévérité l'enseignement des langues par les
règles, tel qu'on le pratiquait de son temps dans les écoles.
'• C'est par l'usage, dit-il, qu'on doit apprendre les lan-
gues... La méthode la plus facile est de ne pas ennuyer
l'enfant avec des règles de grammaire, mais de lui faire
apprendre le latin de la même manière qu'il a appris sa
langue maternelle, en le lui parlant. » Et Locke demande
c{u'à défaut d'un maître parlant le latin, on mette l'élève à
même de lire des livres faciles et intéressants au moyen
d'une interprétation interlinéaire ; mais il considère ceci
comme moins efTicace que la pratique de la conversation.
En P'rance, au xvin' siècle, Dumarsais, grammairien dis-
tingué, adopta les vues de Locke, et il les a développées
avec beaucoup de clarté dans sa « Méthode raisonnée pour
apprendre la langue latine ». « Je fais d'abord apprendre
aux enfants, dit-il, les noms latins de toutes les choses sen-
sibles qui frappent leur imagination. Je leur fais aussi
apprendre quelques phrases qui entrent dans la conversa-
tion, ce qui leur donne un goût infini pour le latin. »
(1) Lefèvre. Méthode pour apprendre les humanités.
<2) Locke. Thoughts on Education.
118 LES LANGUES MCDERNES
A l'aide d'une traduction interlinéaire Dumarsais fait
ensuite lire à ses élèves un auteur latin rangé suivant la
construction française et sans inversion. Dalembert (1), dans
l'exposé qu'il fait de la méthode de Dumarsais, écrit les
lignes suivantes : « M. Dumarsais n'a pas de peine à mon-
trer les avantages de sa méthode sur la méthode ordinaire.
Les inconvénients de celle-ci sont de parler aux enfants de
cas, de modes et de concordance, sans j^réparation, et sans
qu'ils puissent sentir l'usage de ce qu'on leur fait appren-
dre ; de leur donner ensuite des règles de syntaxe très
composées, dont on les oblige de faire l'application en met-
tant du français en latin ; de vouloir forcer l'esprit à pro-
duire, dans un temps où il n'est destiné qu'à recevoir, de
les fatiguer, en cherchant à les instruire ; et de leur inspi-
rer le dégoût de l'étude, dans un âge où l'on ne doit songer
qu'à la rendre agréable. En un mot, dans la méthode ordi-
naire, on enseigne le latin à peu près comme un homme
qui, pour apprendre à un enfant à i^arler, commencerait
par lui montrer la mécanique des organes de la parole.
M. Dumarsais imite, au contraire, celui qui enseignerait
d'abord à parler, et qui expliquerait ensuite la mécanique
des organes. Rien ne me parait plus i^hilosophique que
cette méthode, plus conforme au développement naturel de
l'esprit et plus propre à abréger les diffîcultés. «
Je pourrais citer encore bien des esprits excellents qui,
après Dumarsais, ont estimé qu'on ne doit pas enseigner les
langues par les règles et par des thèmes, mais plutôt par
l'usage, auquel on joint peu à peu les préceptes. Mais ce
serait allonger inutilement une démonstration qui visait à
établir que cette dernière méthode n'était pas une nouveauté
et que des voix autorisées s'étaient depuis longtemps élevées
en sa faveur. Que cette méthode s'impose au professeur de
langue vivante, cela me parait hors de doute. Son but ne
doit-il pas être, comme c'était celui des grands maîtres de
latin du xvi' siècle, alors que le latin était encore la langue
de la philosophie, de l'érudition et de la science, d'appren-
dre à ses élèves à parler, à lire et à écrire la langue qu'il
enseigne ? Et s'il réussit à l'atteindre, il aura par contre-
coup assuré à son enseignement une place honorable dans
Ir, discipline des études. Mais je m'empresse de dire qu'il
convient à ce ])roi)os d'être modestes, et de se garder de
(1) Dalembert. Eloge de Dumarsais.
DE LA MÉTHODE DIRECTE 119
l'alTirmation gratuite qui attribue aux exercices scolaires
une action souveraine dans le développement des facultés
intellectuelles. La géométrie, a-t-on dit, avec raison, n'a
jamais redressé que des esprits droits ; et nous voyons les
différents professeurs, dans les notes de fin d'année, refu-
ser de la mémoire, de la vivacité d'esprit ou de l'imagina-
tion à des élèves qui n'en avaient guère quand ils sont
entrés au collège. Il faut se contenter, je crois, quand on a
la certitude d'avoir inspiré aux enfants le goût de l'étude,
et contribué à fortifier chez eux l'habitude de l'application
dans le travail régulier et méthodique.
Le professeur de langue vivante peut avoir cette certi-
tude. Regardons ce qui se passe dans une classe conduite
suivant la méthode directe.
Le maître explique la leçon nouvelle. Ses élèves, amusés
ou sérieux, l'écoutent attentivement. La manière dont on
leur fait apprendre le nom des choses sensibles est, en effet,
pour eux une sorte de jeu qui les passionne et auquel ils
veulent participeri pleinement. Les exemples qui mettent
en lumière le rôle d'un mot grammatical, la description qui
évoque un objet absent, la définition qui donne le sens d'un
mot moral ou abstrait, sont autant d'énigmes dont ils sont
avides de connaître le mot, et qui mettent leur sagacité à
l'épreuve. Les élèves apprennent vite dans cette classe
qu'une attention souteniie est absolument nécessaire, d'une
part pour saisir les sons, d'autre part, pour suivre dans la
langue étrangère les associations d'idées qui doivent les
conduire au sens du mot nouveau. Ils savent qu'un instant
de distraction les empêchera de partager avec les camara-
des la joie d'avoir compris. Cette privation est aussi pour
toUX une petite humiliation, et leur amour-propre vient sti-
muler leur effort d'attention.
Et ces élèves ne restent pas inactifs. Au plaisir qu'ils ont
éprouvé à exercer leur sagacité et à étendre leurs connais-
sances en écoutant le maître, succède celui plus grand peut-
être de parler à leur tour, d'être acteurs après avoir été
spectateurs. Quand ils ont pris un peu d'assurance, ils
aiment s'exi)rimer dans la langue étrangère. Aussi tous
veulent donner des ordres, poser des questions et jouer un
rôle dans les petites scènes qu'organise le professeur pour
mettre en usage la matière de sa leçon. Rien n'est plus
propre pour les habituer à penser dans la langue étrangère
que de donner ainsi satisfaction à ce besoin d'activité qui
120 LES LANGUES MODERNES
est un des grands traits de leur naturel. On les appelle
encore à un rôle actif où se trouve engagée leur responsabi-
lité en leur faisant corriger leur propre devoir ou la dictée
d'un camarade. Il est curieux de voir quel souci d'exacti-
tude et de probité ils finissent par apporter à cette correc-
tion pour mériter votre confiance.
Leur application ne reste pas confinée à la salle de
classe ; elle est transportée à la maison par les leçons à
apprendre, les devoirs à faire, les dictées et les révisions à
préparer. Ces premières leçons sont très courtes, et ayant
été préparées soigneusement en classe, il suffit pour les rete-
nir d'un léger effort de mémoire. Nous n'abusons pas de
l'exercice de récitation. Et en épargnant ainsi à nos élèves
une fatigue inutile, nous obtenons plus sûrement la justesse
de la prononciation, la netteté et l'intelligence de la diction.
Les devoirs directs ont une grande importance. Répondre
à un questionnaire varié ou en établir un, décomposer une
phrase en ses éléments, en changer la forme ou en mettre
le verbe à un autre temps, trouver pour une phrase incom-
plète le mot qui fait la juste liaison des idées, construire
des phrases originales qui doivent contenir un mot donné,
appliquer les règles d'accord, faire de petites descriptions,
donner des définitions, etc., sont des exercices qui en con-
solidant la langue que les élèves ont apprise en classe, sol-
licitent en divers sens l'activité de leur esprit et sans jamais
en dépasser la portée. C'est pourquoi ils .les aiment et les
font avec régularité et avec soin. Ils aiment mieux encore
préparer leurs dictées où il s'agit de ne pas faire de fautes,
et dresser ces listes qui doivent servir aux « grandes inter-
rogations » et qu'ils remplissent de questions aussi subtiles
qu'ils peuvent les faire. Ces deux exercices excitent une
grande émulation dans la classe ; je n'en connais point où
elle mette yne application aussi, vive et aussi persévérante.
L'action de ces procédés direcis est singulièrement (avo-
risée par le goût naturel qu'ont les enfants pour l'étude
d'une langue vivante. Ils sont ravis d'entendre ces sons
nouveaux et qui' leur semblent souvent étranges ; ils sont
fiers de pouvoir les reproduire à leur tour. A ce plaisiv
musical, vient s'ajouter le sentiment qu'ils ont 'de bonne
heure de l'utilité de cette langue qu'on leur parle, et qu'ils
])Ourront bientôt parler eux-mêmes en pays étranger. Ce
sentiment qu'ils n'éprouvent pas à l'égard des autres matiè-
res, avec la même vivacité tout au moins, augmente encore
leur désir d'apprendre.
DE L\ MÉTHODE DIRECTE 121
Est-il nécessaire d'ajouter que la manière directe qui
procède du connu à l'inconnu, du concret à l'abstrait, du
simple au complexe, et ce ne sont pas là de vains mots, a
les qualités d'une méthode rigoureuse. Elle ne iJermet pas
au professeur d'aborder au début des études, par pure
fantaisie ou sous prétexte de donner plus d'élévation à son
enseignement, des morceaux difficiles de langue et de pen-
sée qu'on voit souvent y introduire à l'aide de la traduc-
tion." Elle impose la simplicité, la clarté et la mesure sans
lesquelles, avec les enfants surtout, un enseignement ne
peut avoir de valeur d'aucune sorte.
Que le professeur de langue vivante écarte résolument
la méthode généralement en usage aujourd'hui dans la classe
de langue morte ; elle ne convient à la classe de langue
vivante ni par son esprit, ni. par ses procédés. On lui
<lemande parfois de collaborer à l'enseignement de la lan-
^gue maternelle. Il y a lieu de s'en étonner. Il le voudrait
qu'il ne le pourrait pas. La langue maternelle s'aijprend par
la bonne conversation, la lecture des bons auteurs, les
explications de textes et les divers exercices qu'on prati-
que dans les classes des professeurs compétents. La contri-
bution que peut apporter à leur enseignement leur collègue
de langue vivante, par l'exercice de là version, est insigni-
fiante pour ne pas dire nulle. Celui-ci ne doit donc pas
sacrifier à des prétentions, qui sont loin d'être justifiées,
l'efficacité de son propre enseignement, et sa valeur éduca-
tive qui dépend entièrement de cette efficacité.
E. GouRio.
<«>
De rinconvénient que présente pour les Académiciens
l'ignorance des Langues vivantes
La guerre, hélas ! ne nous a pas corrigés de tous nos
défauts — et je tiens qu'un des principaux est l'ignorance,
endémique chez nous, de tout ce qui se passe ou s'écrit
en dehors de nos frontières. L'exemple, malheureusement,
vient de haut. Cependant des esprits bornés s'imaginent
qu'un des résultats de notre victoire devra être de nous
ramener à une culture purement française et gréco-latine,
et d'éliminer des programmes ou d'y réduire au strict
minimum les langues vivantes, corruptrices du génie
national.
Je n'examinerai pas ce que vaut cette doctrine réaction-
naire. Je me placerai à un point de vue tout réaliste et utili-
taire, et que d'aucuns trouveront frivole. Que gagnons-
nous en prestige, quand les étrangers s'aperçoivent que nous
ignorons tout ce qui n'est pas de notre pays et de notre
langue ? Je ne parle pas ici de la masse, mais de l'élite. Je
l)arle de l'Académie française, s'il faut tout dire.
Il y a peu de mois éclatait l'affaire de V Atlantide.
L'Académie se trouvait dans cette situation délicate d'avoir
couronné un livre qui semblait être par trop fortement ins-
piré d'un roman étranger ; que M. Pierre Benoît ait ou
non plagié Rider Haggard, ou que tous deux aient une source
commune, ou que la coïncidence soit fortuite — peu m'im-
porte et je n'en sais rien. Mais c'est avant et non après le
jugement que l'enquête eût dû être faite. Oui, mais lequel
de nos académiciens a jamais lu Rider Haggard ?
Je me suis laissé dire qu'à une séance mémorable de
l'Académie des sciences morales et politiques, bien rares
étaient dans la docte Assemblée ceux dont la physionomie
trahissait qu'ils pouvaient suivre et comprendre la brève
allocution du président Wilson.
J'en viens à un autre incident. En novembre dernier, une
de nos plus grandes revues, dont la couverture citron
s'orne du nom de deux académiciens illustres, publiait sur
LES ACADÉMICIENS ET l'iGNORANCE DES LANGUES VIVANTES l'iS
Gœthe, génie latin, deux articles vraiment singuliers. On y
lisait sur la vie de Gœthe et sur son caractère des détails
que je ne nie souviens pas d'avoir jamais lus ailleurs, bien
que l'auteur- nous prévint qu'il n'avait lu Gœthe qu'en tra-
duction. Voici d'abord un comte de Morane, que, jusqu'ici,
nous avions appelé, non pas Thorane, comme dit Gœthe,
mais Thorane. Un peu plus loin, nous apprenons que
Gœthe a mis dans Gœtz d? Berlichingen « ses premières
tendresses de jeune privat-docent >^. Voilà, où je ne m'y
connais guère, un fait nouveau ! Et que dire de celui-ci qui
nous consterne : « Des comédies intitulées : Le Caprice de
VAniant, les Complices, il ne nous est resté que les titres. »
.J'attends qu'un Allemand découvre que de la Thébaïde et
ùWlexandre le Grand, de la Veuve et de la Galerie du Palais
« il ne nous est resté que les titres ».
Je passe sur des péchés plus véniels, Winckelmann, de^ix
fois appelé Wickelmann, Christiane, toujours appelée
Christine, les amoureuses rangées dans cet ordre fantai-
siste : « Lili à Francfort, Frédérique à Strasbourg, Char-
lotte, enfin. » J'en viens aux appréciations générales.
La thèse d'abord : « Gœthe fut élevé en pur Latin. Et
que ses œuvres, en dehors des deux premières, soient dues
à cette éducation latine, c'est ce. que je voudrais démon-
trer. » En vertu de ce principe, on réduit l'éducation de
(iœthe aux gravures de Piranèse, aux classiques latins, au
théâtre français et aux leçons d'italien, on escamote com-
plètement Herder et la cathédrale de Strasbourg, Ossian
et la poésie populaire. On déclare, en termes délicats, que
Gœthe « avec Gœtz et Werther, a vidé son génie germa-
nique », qu'il a « jeté sa gourme germanique et tout dit
de son cœur francfortois » ; qu'il est, pour tout dire, à
bout de souille, à vingt-cinq ans ! Heureusement, il
retrouve en Charles-Auguste « toute son enfance, les
gravures du vestibule, les tableaux du comte de Morane
et tout ce génie latin des Métamorphoses et de Racine qui
îîvait aidé à l'éveil des premières réflexions, des plus pures
exaltations ». Mme de Stein, par contre, n'a pas les faveurs
de l'auteur ; il la juge « dame de cour aux petites idées, aux
mesquins intérêts, dont toute l'ambition se limite aux sou-
rires de ses princes ». Et la cour de Wcimar elle-même
scrMble devoir être peinte « à la manière de Jean Veber, où
de petites gens bouflonnes (sic) n'abdiquent pas complète-
iiient tout idéal ni toute noblesse humaine ».
Lorsque, en 1786, Gœthe décide de partir pour l'Italie»
124 L.ES LANGUES MODERNES
« il demande un congé au duc, fait ses adieux à Mme de
Stein ». Quoi de plus raisonnable? Mais que signifient
aloi's ces lettres où Goethe s'excuse de sa « fuite », de ce
que son départ a eu de « souterrain » et de furtif ? Il est
vrai que M. André Maurel n'a jamais lu ces lettres...
Sur le caractère de Goethe, les contre-sens abondent : on
lui reproche d'être sec, purement cérébral, insensible,
égoïste. On déclare — avec quelle hauteur ! — •« qu'un tel
insensible devait épouser sa bonne ». On affirme que
« toutes les amours l'eilleurent sans l'atteindre », bref,
« qu'il n'est un homme que tout juste ce qu'il faut pourvue
jjas être monstre » et que « lorsqu'il s'abandonne à quel-
que volupté sensorielle {sic), il se la reproche et il en
rougit », ceci en pleine période napolitaine. Par ailleurs,
on parlera de lui comme du « bon petit Allemand qui a
écrit Gœtz et Werther » et aussi du « bon chrétien réfor-
mé » qui a donné à Iphigénie les sentiments d'une prin-
cesse chrétienne.
Je ne veux pas prolonger cet épluchage. Le dernier
contre-sens, au sujet de Faust, est le plus gros. Si le pre-
mier Faust semble obscur et germanique, le second, en
revanche, paraît à notre auteur « tout simple et limpide,
radieux de sérénité et de franchise, ouvert à tous comme il
rétait devant l'auteur qui n'a rien écrit de plus ingénu ».
Que signifie-t-il, en efTet, si ce n'est la victoire de l'art
classique, le triomphe d'Hélène, « la supériorité du grand
art latino-grec ? » Je soupçonne l'auteur de ne pas avoir lu
le second Faust ou de n'en connaître que des pages choi-
sies, en tout cas de n'avoir pas dépassé l'épisode d'Hélène
qui est loin de clore le drame.
Voilà de quelles pauvretés on nourrit le grand public.
Voilà ce que couvre — involontairement, je l'espère —
l'autorité de deux académiciens. Les lecteurs allemands
qui lisent les revues françaises, ont de quoi faire des gor-
ges chaudes à nos dépens, et ce n'est peut-être pas le but
([ue nous devrions nous proposer. Mais c'est un des petits
inconvénients de l'ignorance des langues et des littératures
étrangères, telle qu'elle sévit chez nous, même dans les
cercles cultivés.
Geneviève Bianquis,
Professeur au lycée de Reims.
.»»
L*Accord interscolaire Franco-Italien
Le projet d'accord franco-italien relatif aux échanges
interscolaires vient de recevoir la haute approbation du
Conseil des Ministres en Italie : il est à la signature du
Roi ; les élections à la Commission Royale prévue vont
avoir lieu, après un précédent essai : on peut donc consi-
dérer l'accord comme désormais réalisé et le signaler à la
presse et au grand public.
C'est un grand pas qui vient d'être fait dans la voie du
rapprochement intellectuel des deux plus grandes nations
latines. C'est, jusqu'ici, le seul instrument sérieux de la lutte
contre l'hégémonie allemande eii Italie et en France, dans
le domaine intellectuel. Il reste à étudier la question, très
importante, du livre et de la librairie française en Italie,
du livre et de la librairie italienne en France, ainsi que la
diffusion réciproque de nos revues et journaux. Il reste à
créer une sorte d'association franco-italienne de la presse,
par le moyen d'agences et de correspondants habilement
distribués dans les deux pays. Déjà, l'Italie possède un
excellent périodique d'information de librairie et de biblio-
graphie, l'Italia che scvive, dû à l'activité ardente' et désin-
téressée de M. Formiggini. Mais c'est là un point sur
lequel nous comptons insister bientôt plus en détail.
Préparé en Italie par trois professeurs éminents de l'Uni-
versité romaine, MM. le Sénateur Vito Volterra, l'illustre
mathématicien. Doyen de la Faculté des Sciences et mem-
bre de notre Institut, le juriste Pietro Bonfante et le criti-
que littéraire Vittorio Rossi, ainsi que le Commandeur
Giovanni Filippi — et en France par le maître incontesté
cies études italiennes M. Henri Hauvette, professeur à la
Sorbonne, et par le Directeur de l'Office National des Uni-
versités et Ecoles françaises, M. Charles Petit-Dutaillis et
M. A. Coville, Directeur de l'enseignement supérieur mixte
I. P., le projet d'accord international des échanges inter-
scolaires, depuis de nombreuses années à l'étude, a été mis
sur pied et conclu avec une louable rapidité, en quelques
mois, par l'Ambassade de France à Rome. Par là, M. Camille
126 LES LANGUES MODERNES
Barrère a ajouté un nouveau titre à la gratitude que tous les
amis sincères de nos deux pays doivent lui avoir, pour
l'œuvre si féconde et si haute du rapprochement franco-
italien, dans tous les domaines de l'activité, à laquelle il
s'est attaché depuis plus de vingt ans.
Examinons maintenant, dans son esprit et dans quelques-
uns de ses détails, le nouvel et si important accord entre la
France et l'Italie.
Le succès de l'accord dépendra uniquement de la façon
dont il sera pratiqué. Bref dans ses termes et conçu dans
\\n esprit assez large (le bénéfice s'en étend aux membres
de l'enseignement libre, au moins en ce qui concerne l'en-
seignement supérieur), le projet peut être bon ou mauvais,
fécond ou stérile, ou même nuisible, suivant la manière dont
on l'interprétera, et surtout dont on le fera fonctionner.
Qu'on nous permette ici une série d'observations précises.
Avant tout, il importe d'envisager les choses largement,
au point de vue matériel. Si l'on en croit certaines infor-
mations, l'Italie n'aurait pas l'intention d'attribuer des
fonds très considérables à la question des échanges inter-
scolaircs. C'est là une erreur fondamentale, si telle est bien
l'intention du Gouvernement, ou plvitùt des ministères inté-
ressés. Pas d'argent, pas d'action : l'argent sera le nerf des
échanges et de toute œuvre d'après-guerre, comme il a été
le nerf de la guerre.
Il faut que les Gouvernements italien et français se per-
suadent de la nécessité de consentir de grands sacrifices
pour l'expansion intellectuelle et universitaire réciproques.
Les Parlements et les différents Ministères doivent admettre
le principe d'une large rémunération de tous les professeurs
envoyés en mission à l'étranger, non seulement pour qu'ils
puissent se donner à leur enseignement ou à leurs travaux
sans préoccupations matérielles, mais aussi pour le bon
renom de chaque nation. Nous croyons savoir qu'en Italie
le projet primitif était conçu sur des bases dignes de l'œu-
vre à accomplir ; ce serait un grand danger que de s'écar-
ter par trop de ces vues.
Une deuxième condition absolue, pour l'efficacité des
échanges, c'est qu'on leur donne une véritable portée scien-
tifique. Conformément à un des articles du projet, on s'ef-
forcera de favoriser les recherches en cours, en confiant
aux érudits des deux pays qui s'attachent à des œuvres
l'accord interscolaire franco-italien 127
originales, des missions aussi larges qu'il sera nécessaire.
Ainsi, notre science se fera connaître et apprécier direc-
tement chez nos amis et on verra s'établir entre les spécia-
listes des deux nations des liens personnels qui jusqu'ici
faisaient trop souvent défaut. On pourrait songer à faire de
ce desideratum une règle générale dans l'application des
échanges, sur toute leur étendue. De même qu'il convien-
drait d'envoyer dans les Universités étrangères des maîtres
capables d'exposer des vues nouvelles, de même, il serait
opportun de détacher dans les établissements d'enseigne-
ment secondaire {lycées, scuole medie, instituti iecnici,
scaole di coinmercio et minerarie) , des professeurs qui
enseignent telle ou telle partie des programmes d'histoire,
de littérature, de mathématiques, etc.. qu'ils connaissent
davantage et dont ils sont « spécialistes ». De la sorte, on
éviterait le grave inconvénient de faire enseigner, par un
professeur étranger, la même discipline qui serait enseignée,
dans la classe voisine, par un professeur national, sans
profit pour les élèves ni pour les maîtres.
Enfin, il sera nécessaire aussi de dépouiller, dans l'appli-
cation des échanges interscolaires, des préjugés étroits qui
ont jusqu'ici paralysé si malheureusement notre action uni-
versitaire à l'étranger ; comme il y aurait lieu d'assimiler
aux professeurs d'échange — pour le traitement et pour les
indemnités — tous les professeurs envoyés en mission d'en-
.seignement ou d'études, ainsi l'on devrait prononcer cette
assimilation pour les maîtres destinés à l'étranger, d'une
manière stable, soit dans les établissements de l'Etat, soit
dans les établissements libres que l'Etat jugerait dignes de
cette faveur.
Si l'on a le droit d'écarter du bénéfice des échanges les
fonctionnaires peu actifs et peu méritants, on a le devoir
également de traiter de la meilleure manière ceux qu'on
estime capables d'exercer à l'étranger, par leur enseigne-
ment ou par leur présence, une influence heureuse pour
notre cause commune : on cherchera à multiplier, pour
ceux-là, les avantages matériels et moraux, de façon à ren-
dre leur tâche plus aisée, et à retirer de leur travail le
maximum d'utilité.
De même, pour les élèves et pour les étudiants : on aura
soin de les choisir avec discernement et on s'occupera d'eux
par tous les moyens. Oji donnera des relations aux élèves
des lycées et des scuole medie ; on favorisera les relations
entre les étudiants de toutes les Universités et Ecoles. Ainsi
128 LES LANGUES MODERNES
que l'indique un des articles de l'accord, on encouragera
les caravanes d'étudiants alliés, qui viendront, en dehors de
l'année scolaire, visiter le pays étranger : on leur fera
attribuer des facilités de parcours et des cartes spéciales
pour visiter les monuments et les musées ; on leur adjoin-
dra des maitres compétents pour les diriger.
Diverses règles de nature particulière devraient être sui-
AÛes dans l'application des échanges, par l'Italie et la France,
surtout dans les débuts. Ce serait un danger de ne considé-
rer que l'intérêt scientifique ; il faudra veiller à ce que les
intérêts d'ordre général soient toujours sauvegardés. Com-
ment ne pas éviter, par exemple, l'envoi à l'étranger de tel
propagandiste dangereux dans ses idées, ou de tel chef
d'école qui serait tenté de mettre à profit son séjour dans le
pays pour exercer une influence regrettable et nuisible à
l'intérêt commun ? On aura soin, également, de n'envoyer
en France que des professeurs italiens capables de donner
leur enseignement en langue française, sauf peut-être, pour
les professeurs destinés à enseigner la langue italienne, la
réciprocité, très difTicile, pour ne pas dire impossible à réa-
liser, pourrait être tentée dans certains centres plus parti-
culièremen! importants d'Italie, où l'on détacherait des mai-
Ires français capables de professer en langue italienne.
Chacun de ces points mérite une attention spéciale et ce
sera l'oeoivre des universitaires appelés à siéger au. sein des
Commissions techniques italienne et française, auxquels il
appartiendra d'organiser les échanges. C'est déjà une
preuve de garanties que le mode électif prévu, en Italie
j>our la nomination des membres de cette Commission, qui
fera partie intégrante du Conseil supérieur de l'Instruction
Publique.
Une grande attention devra être apportée au choix du
délégué national à la Commission étrangère. Ce délégué ne
saurait être qu'un délégué permanent, qui puisse par son
séjour dans la capitale étrangère, tenir en mains toute l'an-
née les fils de l'organisation des échanges et garder un con-
tact perpétuel avec les différentes directions d'enseignement,
au Ministère et avec la plupart des Universités du pays.
C'est à ce prix seulement que les échanges pourront être
féconds et méthodiques et fonctionner sûrement sur une
large échelle sans craindre de voir s'accroître des inconvé-
nients qui dépasseraient de beaucoup les avantages. Qu'on
l'accord ixterscolaire franco-italien 129
se persuade qu'aucune mission temporaire ne pourrait
jamais suppléer à cette permanence, et que, par l'absence
de tel délégué, on s'exposerait à compromettre irrémédia-
blement un projet appelé au meilleur avenir, s'il est réalisé
avec toutes les garanties de succès désirables.
Il semble superflu de faire observer, en terminant, que les
échanges interscolaires ne doivent pas fonctionner seule-
ment entre les établissements relevant du Ministère de
l'Instruction Publique, mais aussi entre les Ecoles et Ins-
tituts qui dépendent des divei^'s autres Ministères, tels que
les ^Ministères de l'Agriculture, du Commerce et de l'Indus-
trie, des Travaux publics (pour les Ecoles d'Ingénieurs des
Mines, ces dernières étant, en Italie, rattachées au Ministère
de l'Agriculture), des Colonies, de la Guerre et de la Marine
principalement. Déjà, plusieurs de ces départements minis-
tériels, tant en France qu'en Italie, ont donné leur adhé-
sion à l'accord international.
Il va de soi aussi que cet accord ne se limite pas en prin-
cipe aux échanges entre la France et l'Italie, mais peut
s'étendre aux autres nations qui ont fait partie du groupe
de l'Entente pendant la guerre, ainsi qu'à celles qui ont
témoigné leur sympathie à notre cause. Telles sont les
intentions du Gouvernement Italien, qui a chargé la Section
du Conseil Supérieur de l'Instruction Publique « pour les
relations intellectuelles avec l'étranger », d'organiser les
échanges de professeurs et d'étudiants avec les pays alliés
et amis.
Malgré les différences qui séparent, par exemple, dans
l'organisation didactique et dans l'ordre administratif,
l'enseignement anglais de l'enseignement français, il n'est
pas douteux qu'il apparait nécessaire d'étendre l'accord
franco-italien à la Grande-Bretagne. On peut en dire autant
des Etats-Unis et des Etats latins de l'Amérique du Sud. Pour
l'Espagne, l'opportunité de ces échanges est encore plus
évidente, puisque déjà l'Italie, par l'entremise d'un de ses
plus éminents universitaires, M. Guido Mazzoni, de l'Uni-
versité de Florence, a pris des accords avec la péninsule
ibérique pour l'institution de relations universitaires régu-
lières, tandis que le Gouvernement espagnol décrétait la
création de chaires de langue et de littérature italiennes dans
toutes les Universités du Royaume. De même, le Directeur
de l'Institut Français de St-Pétersbourg avait conçu, entre
la Russie et la Frartce des échanges du même genre, lorsque
la guerre et la révolution ont éclaté.
130 LES LANGUES MODERNES
En conclusion, l'organe des échanges interscolaires, tel
qu'il vient d'être créé, semble un organe excellent: à nous
de savoir nous en servir et de le faire fonctionner réguliè-
rement et eflicacement. Souhaitons que les Gouvernements
de France et d'Italie, pénétrés de l'opportunité de cette ins-
titution, lui accordent tous les soins qu'elle mérite, et con-
tribuent de la sorte à créer entre les deux nations un ter-
rain d'entente universitaire et une atmosphère intellec-
tuelle commune.
Maurice Mignon.
-oso-
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
Le 10 février s'est ouverte à Westminster la nouvelle
session i^arlementaire. Les journaux n'ont pas manqué
d'observer que pour la première fois depuis 1914, cette
inauguration s'est faite avec le cérémonial traditionnel,
abandonné pendant les hostilités. Ce retour aux usages
anciens voudrait peut-être donner l'illusion qu'il ne s'est
rien passé depuis 1914, et que la vie continue connue
auj^aravant : il est malheureusement difficile de rayer d'un
trait de plume les quatre années de guerre et d'éluder les
conséquences du cataclysme.
Le discours du trône aussi bien que la déclaration de
M. Lloyd George ne dissimulent d'ailleurs ni la multiplicité
ni la gravité des problèmes qui se posent à l'Angleterre.
Mais les deux exposés se contentent de généralités et l'on
n'y apprend rien qui ne soit déjà en partie connu depuis
quelque temps.
Sur deux points seulement, le Premier Ministre est caté-
gorique. A l'extérieur, il n'admettra aucune relation avec le
gouvernement des Soviets ; à l'intérieur, il s'opposera à
toute iniiltration d'anarchie. Et le premier vote qu'il a
obtenu des Communes condamnait une expérience de natio-
nalisation, première étape, à ses yeux, vers le bolchevisme.
Le discours de M. Lloyd George se borne par ailleurs à
indiquer les problèmes, et promet des solutions plutôt qu'il
UQ les formule de façon précise.
Nous ne nous y arrêterons donc pas davantifge, voulant
surtout, dans ce premier article, passer en revue les dif-
licultés rencontrées par nos voisins d'outre-Manche dans
1l*s deux domaines, intérieur et extérieur, et noter les diver-
gences de vues des groupes parlementaires dans le choix
des solutions, divergences d'où naît un malaise que seul
semble pouvoir résoudre un regroupement des partis.
132 LES LANGUES MODERNES
Sans doute, les difïicultés de l'après-guerre ne sont pas
particulières à l'Angleterre ; mais de toutes les nations vic-
torieuses, il semble qu'elles se manifestent chez elles avec
le plus d'acuité.
Dans le domaine politique, la guerre (avec son corollaire,
la révolution russe) a fait naître chez les nations oppri-
mées l'espoir de disposer d'elles-mêmes ; dans le domaine
social, elle a éveillé la conscience de leur force chez les
masses populaires : deux ordres d'aspirations auxquelles
s'opposent inéluctablement les forces conservatrices du
pays.
Dans un organisme sain, rien n'en résulte de grave, mais
s'il est en état de moindre résistance, comme l'Angleterre
affaiblie à la fois par la lutte et par la dureté des condi-
tions économiques, les revendications des humbles et des
opprimés se font pressantes, et aboutissent à des violences
qui, dans la répression, appellent elles-mêmes la violence.
La Conférence de la paix s'est fait du principe des natio-
nalités une arme contre les puissances ennemies. C'est dire
qu'elle l'a méconnu quand il la gênait ; ce qui eut lieu lors-
que les intérêts mercantiles et financiers des paj's anglo-
saxons étaient en jeu, ou lorsque les minorités aspirant à
l'indépendance étaient sous la tutelle de quelque puissance
alliée ou associée. Dans ce dernier cas, l'opi^ression réelle
ou prétendue, fut considérée comme extérieure à la juridic-
tion de la conférence, et comme constituant un problème
de politique intérieure.
Au sein de l'empire britannique, si vaste et aux races si
diverses, l'absence eût été paradoxale de groupements
anxieux de bénéficier du droit reconnu aux Polonais et aux
"Ïougo-Slaves. Aussi, l'agitation nationale n'a-t-elle cessé de
croître dans l'Inde et surtout en Egypte, et la question irlan-
daise, pendante depuis si longtemps, est-elle entrée dans une
l)hasc critique.
Dans soit message de fin décembre 1919, le roi George V
recommande au vice-roi des Indes, comme mesure d'apai-
sement, une large amnistie pour tous les délits politiques ;
il annonce en outre une série de dispositions parmi les-
quelles la création d'une Chambre des Princes est la plus
importante, et qui ont pour objet, en faisant l'éducation
f)olitiquc des populations indigènes, de préparer les voies
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 133
À l'octroi de l'autonomie, but suprême de l'effort anglais
dans l'empire des Indes.
En Egypte, l'effervescence a peut-être été plus grande, et
il ne semble pas qu'on ait fait pour ce pays autre chose que
de prendre des mesures de répression.
Mais c'est surtout en Irlande que la situation est grave.
On s'en fera une idée en lisant la statistique récemment
publiée par le Temps :
à Tableau des violences anglaises en Irlande du 1 "
mai 191G au 31 décembre 1919 :
« Raids dans les domiciles particuliers, 12.888;
« condamnations 2.181 ; proclamations menaçantes et
« interdictions, 396 ; déportations sans jugement,
« 2.086 ; arrestations, 5. 055 ; jugements en conseil de
« guerre, 557 ; suppressions de journaux, 54.
« En outre, des actes de répression injustifiée ont
« entraîné la mort de 59 personnes, sans compter 481
« victimes qui ont survécu à leurs blessures. » (Ren-
seignements fournis par les délégués républicains irlan-
dais à Paris).
Dans son discours d'ouverture, M. Lloyd George annonce
le dépôt très prochain du « Home Rule Bill ». Les termes
n'en sont pas encore connus, et l'on peut se demander s'ils
procéderont d'un esprit assez libéral pour dénouer une
situation chaque jour plus tendue. Il existe, en effet, en
Irlande un parti dont la force ne cesse de croître, qui
demande la proclamation de la république et la séparation
totale d'avec l'Angleterre. En jjrésence des revendications
des Sinn-Feiners, le Labour Party n'a pas encore indiqué
quelle serait son attitude. Il a envoyé des délégués enquêter
sur place en fin janvier, et promis une déclaration sur la
question irlandaise. Quant aux autres partis, si leurs concep-
tions des moyens diffèrent, il y a lieu de penser qu'ils sont
unanimes sur le but : maintenir un lien solide entre
l'Irlande et l'Angleterre pour que la première ne devienne
pas au flanc gauche de la seconde une menace perpétuelle.
On espère arriver à un résultat favorable en opposant
l'Irlande catholique à l'Ulster protestant. Cette confiance
dans l'utilisation éventuelle des conflits religieux pourrait
bien être déçue. Car si le sentiment national naît générale-
ment de la communauté de langue et de religion, il se trouve
.singulièrement renforcé par la communauté d'intérêts. Or,
134 LES LANGUES MODEHNES
en face d'une Angleterre, accablée sous les charges linanciè-
les, issues de la liquidation de la guerre, n'est-il pas tentant
pour tous les Irlandais qu'à défaut d'autres sentiments plus
nobles, l'^goïsme peut rapprocher, de faire de l'Irlande,
déjà unité territoriale, une' nation, rejetant toute tutelle, et
assurée de l'avenir, parce que n'ayant à collaborer à aucune
œuvre de reconstitution ? Déjà, aux dernièi-es élections
municipales, les Sinn-Feiners, qui dominent dans les trois
provinces catholiques, ont remporté, dans l'Ulster, une vic-
toire réelle : conquérant 110 sièges sur 421 à pourvoir. On
conçoit l'inquiétude des coalitionnistes et même des radi-
caux, partisans sincères d'une très large autonomie, mais
nettement hostiles à la rupture. Peut-être, la solution la
meilleure serait-elle celle que préconisait, à Paisley,
:Mr. Asquith, au cours de sa campagne électorale : laisser
l'Irlande décider de son sort, et s'en remettre à sa sagesse
pour l'avenir.
Les problèmes sociaux ne le cèdent en rien en gravité à
ceux que pose l'application ou la non-application du prin-
cipe des nationalités. Ils n'existent nulle part sous une
forme plus obsédante qu'en Angleterre. Cela peut tenir à ce
que le contraste entre les classes possédantes et ,les classes
laborieuses est plus grand qu'ailleurs ; ou doit-on penser
que l'éducation syndicale du prolétariat y est plus avancée
que dans les pays continentaux ? Quoi qu'il en soit, après
des élections faites dans la joie et dans l'espoir, à l'issue
de la guerre, et qui donnèrent une majorité écrasante à
Mr. Lloyd George, le mécontentement n'a pas tardé à se
faire jour dans les milieux populaires, puis à gagner les
classes moyennes. 11 serait trop long d'énumérer les causes
de ce mécontentement qui résulte en partie d'une immense
déception. L'on s'attendait, la guerre finie, à une améliora-
tion des conditions économiques. Or, le prix de la vie ne
cesse de croître ; le pouvoir d'achat de la livre sterling en
Amérique diminue chaque jour ; et l'Angleterre connaît
aussi une crise des logements. Le remède évident a été
mainte fois indiqué des deux côtés de la Manche dans les
discours olliciels : effort de production, de restriction et
d'économie. La formule est simple : seule son application
])résentc quelque difïiculté. Les classes riches donnent
l'exemple du gaspillage et du mépris de l'ordre. D'autre
part, les gros salaires ont donné aux classes populaires le
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 135
goût des plaisirs, les ont déshabituées du travail et de l'ap-
plication sincère à la tâche. Dans tous les milieux, enfin, le
contact permanent du danger et l'incei'titude de l'avenir,
ont tué l'esprit d'économie. Bien que le danger immédiat
n'existe plus, l'avenir reste incertain : il ne faut guère
compter sur un retour rapide aux anciennes vertus, ou à la
façon de vivre d'avant-guerre.
La Révolution Russe a d'ailleurs fait naitre au cœur du
monde ouvrier, ou du moins chez ceux qui parlent en son
nom, l'espoir de secouer la domination du capital, et d'éta-
blir un ordre nouveau donnant au prolétariat la première
place. La grève a été considérée par certains dirigeants
syndicalistes comme le plus sûr moyen d'atteindre leurs
lins. Il est peu de corporations qui n'aient été affectées par
une interruption plus ou moins longue du travail ; dans
l'esprit des masses engagées, la grève n'avait pour objectif
que des améliorations immédiates : l'arrière-pensée des
dirigeants syndicalistes était de la faire glisser du terrain
corporatif sur le terrain politique ; mais il faut reconnaître
que contre la triple entente des mineurs, des cheminots et
des dockers, ainsi que pendant la grève des transports, la
réaction des forces au pouvoir a été rapide et intense. Le
gouvernement, il est vrai, s'est trouvé appuyé par l'opinion
publique, constituée en grande partie par les ouvriers eux-
mêmes, qui en tant que producteurs se réjouissent, par
l'arrêt du. travail, de voir dans l'embarras les classes enne-
mies, mais qui, consommateurs, s'accommodent mal d'une
raréfaction des produits et d'une augmentation sensible de
la misère, résultats de leur propre inaction. Après l'échec
des dernières grèves, la démonstration semble faite que
l'interruption, même brusque, du travail, affectât-elle un
service public essentiel ou une industrie vitale, est inopé-
rante pour des fins révolutionnaires. Nul ne s'en rend mieux
compte que le Labour Party : malgré le rejet par les Com-
iriunes du projet de nationalisation des mines, on sent chez
les organisations syndicales qui avaient menacé le pays
^"une grève générale si elles n'avaient pas satisfaction, une
hésitation sérieuse à mettre leur menace à exécution. La
grève semble redevenir purement et simplement le dernier
argument du travail dans des conflits uniquement profes-
sionnels. Et les représentants du monde ouvrier comptent
surtout sur les moyens légaux pour prendre le pouvoir. La
puissance de la classe ouvrière, d'ailleurs, est plus grande
que ne l'indiquerait le nombre des députés travaillistes :
136 LES LANGUES MODERNES
son action dépasse les limites du Parlement. Par sa presse,
ses manifestes, ses conférences, elle est cai^able de créer des
courants d'opinion : elle l'a fait en faveur de la nationali-
sation des mines. Le succès peut ne pas être immédiat :
mais le travail de propagande est achevé, et peut porter ses
fruits plus tard. Dans la question de l'intervention armée
en Russie, elle a du moins obtenu assez rapidement de très
substantielles satisfactions : elle a modifié, non seulement
l'opinion publique, mais l'attitude même du Gouvernement.
Toute la politique extérieure de l'Angleterre est actuelle-
ment dominée par le problème russe ; les autres sujets de
préoccupation — et en temps normal on leur attacherait
une très grande importance — sont passés au second plan.
L'extradition des coupables, (dont Mr. Lloyd George avait
cependant fait sa plate-forme électorale), l'application dif-
ficile du traité de paix, les questions d'Orient, ne retiennent
que modérément l'attention publique, pour ainsi dire mono-
polisée par le problème obsédant du bolchevisme.
La conduite de Mr. Lloyd George, dans le passé, à l'égard
de la Russie des Soviets, manque de netteté. Elle est caracté-
risée par de nombreuses retraites, d'une stratégie peut-être
incohérente. La dernière déclaration ministérielle ne garan-
tit pas qu'il n'y en aura pas d'autres.
La politique du fil de fer barbelé n'a pas résisté à la
victoire des armées rouges, et les appuis en matériel, en
argent, en instructeurs militaires donnés ou promis aux.
armées blanches, à la Pologne et à la Perse, ont été retirés.
Non que le péril d'une infiltration bolcheviste dans le
inonde musulman protégé par l'Angleterre, ait cessé
d'exister ; mais la pression qui s'exerce à l'intérieur a été
assez forte pour faire cesser un état mal défini, qui ouverte-
ment était la neutralité, et sournoisement la guerre. Cette
attitude sans franchise s'est trouvée condamnée moins peut-
être pour sa tare originelle que pour les déceptions qu'elle a
causées, pour les pertes en vies humaines qu'elle a coûtées^
indépendamment de celles en argent. D'après des évalua-
tions modestes, celles-ci s'élèvent à cent millions de livres
sterling, envoyés depuis quatorze mois aux généraux com-
battant contre la Russie centrale. Le moins que l'on puisse
dire de la politique anglaise en Russie est qu'elle n'a pas
été droite. Pour être tranquille du côté de l'Inde, l'Angle-
terre devait, soit faire la guerre — ouvertement et avec tous
CHKOXIQUE ÉTRANGÈRE 137
•
ses moyens — à la Russie bolcheviste, ou traiter avec le
ÎjOuvernement des Soviets. Elle a choisi un moyen terme qui
n'était ni la paix, ni la guerre ; et elle a persuadé aux états
voisins de la Russie de lancer leurs armées contre les con-
tingents de Trotzky, comptant en outre sur le blocus pour
accomplir le reste. Elle espérait de la sorte une rapide
déconfiture du bolchevisme : ceui-ci s'est trouvé renforcé.
Le blocus et la guerre ont réalisé dans la Russie assiégée
l'union des partis ; et, de simplement social, le mouvement
communiste est devenu par surcroît national.
Le gouvernement anglais ne voulant pas heurter le senti-
ment populaire, et se rendant compte qu'il a fait fausse
route, a fait adopter par la Conférence de la Paix le prin-
cipe d'une politique de collaboration commerciale avec la
Russie. Par suite de la pression du Labour Party, la guerre
est terminée ; et sous la pression des marchands de la Cité,
les affaires vont reprendre avec la Russie. Mais il n'y aura
pas de relations avec le gouvernement des Soviets. A voir
cependant la rapidité avec laquelle évoluent les idées en ce
qui touche la Russie, il n'est pas téméraire de penser que la
nouvelle situation n'est pas définitive, et qu'elle aboutira
dans un avenir prochain à sa conclusion, sinon .souhaita-
ble, du moins logique, qui est la reconnaissance par l'Angle-
terre du gouvernement de Lénine.
Telles sont, à l'extérieur et à l'intérieur, les principales
diflicultés que connaît à l'heure actuelle l'empire britanni-
que. Le gouvernement, issu de la Chambre élue aussitôt
après l'armistice, sera-t-il encore longtemps qualifié pour
y faire face ? Si l'on ne considère que le chiffre de la
majorité qui le soutient, sa situation paraît très forte. Mais
son chiffre ne doit pas faire illusion, car au lieu d'apparte-
nir à un parti homogène, elle est constituée par la réunion
de plusieurs groupements soucieux de faire aboutir un nom-
bre limité de questions. Les membres les plus représentatifs
du Cabinet ne dissimulent pas eux-mêmes la faiblesse orga-
nique de la coalition : c'est le Lord Chancelier qui lui a
appliqué l'épithète d'« invertébrée ». D'autre part, le
crédit du gouvernement semble baisser dans le pays, à en
juger par le résultat des dernières élections partielles. A
Bromley, circonscription formée d'électeurs des classes
moyennes, la coalition perd du terrain, tout en conservant
le siège. Il y a un an, une majorité de 12.500 voix assurait
138 I-ES LANGUES MODERNES
•
le triomphe du candidat conservateur sur le candidat
libéral ; en fin décembre 1919, le candidat conservateur
l'emporte, mais avec une majorité réduite à 1.000 voix, sur
son concurrent, non pas libéral cette fois, mais travailliste.
La circonscription de Spen Valley, représentée l'an dernier
par un coalitionniste, élit en janvier un membre du Labour
Party, et n'accorde qu'un nombre de voix restreint au
candidat unioniste qui lui-même arrive loin derrière le
libéral.
Le pays qui, après l'armistice, s'était fortement orienté
vers la droite, cherche à nouveau son équilibre, et se tourne
vers la gauche. Ce sont naturellement les partis extrêmes
qui profitent de ce changement de direction. Les partis
moyens, qui pratiquent la politique de la part du feu, se
trouvent débordés entre deux forces contraires, voient dimi-
nuer leur influence, et n'ont d'autre ressource que de mar-
cher à la remorque de leur voisin de droite ou de gauche.
Quel est l'avenir du parti libéral indépendant, dont les
effectifs sont renforcés par la défaillance de quelques coali-
tionnistes, et dont l'autorité peut considérablement s'accroî-
tre, si les électeurs de Paisley se montrent favorables à
Mr. Asquith ? Seul, le parti radical ne peut espérer prendre
le pouvoir, ni même constituer une opposition agissante ;
mais ses orateurs envisagent l'éventualité d'une alliance
î>vec le Labour Party. Lord Haldane constate publiquement,
le 13 janvier, à Edimbourg, que l'idéal du libéralisme n'est
pas moins élevé que celui du Labour Party, et fait ressortir
l'intérêt qu'il y aurait pour les deux partis à collaborer
étroitement à la réalisation de ce qu'il y a de commun dans
les deux programmes ; cette alliance, en outre, ne peut
qu'être utile au Labour Party, dont les effectifs augmentent,
mais qui ne compte dans .son sein qu'un nombre restreint
de personnalités possédant une sérieuse expérience poli-
tique.
La pénurie de « capacités « dans le Labour Party a
en outre servi d'argument à un autre orateur, placé de l'autre
côté de la barricade. Mr. Churchill, le 3 janvier, à Sunder-
land dénonce les dangers que ferait courir au pays l'avène-
jnent d'un gouvernement travailliste ; et il exprime le souhait
(fue tous ceux à qui l'inexpérience politique des socialistes
inspire de rin(|uiétude, viennent se grouper autour du gou-
vernement actuel.
Lord Birkenhead, dans des articles de la Wceklij Dis-
patch s'est exprimé dans le même sens. Il recommande aux
1
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 1S9
coalitionnistes de se sentir les coudes ; il fait appel à toutes
les bonnes volontés pour former un parti national, dont on
ne voit pas très bien le programme coristriictif, mais dont
le programme négatif, tout d'opposition aux tentatives tra-
\aillistes, est très nettement dessiné.
La tradition parlementaire en Angleterre comporte l'exis-
tence de deux partis, l'un de gouvernement, l'autre d'opi)o-
sition. Le malaise actuel vient de ce qu'en face d'une
« coalition invertébrée », il existe deux ou trois partis
dopposition ; un retour à la tradition peut le dissiper. Lt
c'est ce qui semble devoir se produire.
Une opposition forte est en voie de formation, gnàce à
l'appui donné aux travaillistes par les radicaux, auxquels
viennent et viendront se joindre certains éléments dont les
liens avec la coalition sont assez lâches. Celle-ci, d'autre
part, gagnera en cjohésion ce qu'elle aura perdu en éten-
due ; même diminuée numériquement, elle restera forte,
tant qu'elle aura à sa tète Mr. Lloyd George, dont la suprême
habileté est de subordonner sa conduite aux événements
au lieu de vouloir les diriger.
Au début de cet article, nous annoncions notre intention
il'exposer les problèmes qui attirent l'attention publique en
Angleterre. L'exposé fini, nous nous rendons compte de ses
insudisances et de ses lacunes ; mais dans cette première
contribution, il importait moins de tout dire que de faire ce
.jue les observateurs d'artillerie appellent un tour d'horizon.
Tourné vers l'Angleterre, nous n'avons pas fait autre chose.
Nous n'avons certes pas tout vu : tout n'est pas visible ;
dans la vie sociale aussi, il y a des angles morts où se dissi-
mulent des bouillonnements, ignorés aujourd'hui, qui peu-
vent se révéler demain et étonner le monde. Nous avons pu
iiussi, dans nos jugements, faire des erreurs d'optique ; les
situations troublées, dé même que le brouillard, les rendent
jiarfois inévitables. Notre seule recherche est celle d'une
impartialité rigoureuse dans l'examen des faits, et d'une
neutralité bienveillante dans l'appréciation des honunes.
Sarreboiirf/, le Ki février 1920,
Marcel Lorans.
140 LES LANGUES MODERNES
NOTES RHÉNANES
Maintenant que le traité de paix e'st ratifié et que les
relations de toutes sortes avec l'Allemagne sont rétablies,
il y a lieu de présumer que la plupart de nos collègues dési-
rent être exactement renseignés sur cette Allemagne si nou-
velle — tout au moins en apparence — de la défaite et de
la révolution. Nombreux, il est vrai, sont ceux de nous qui
ont pu déjà suivre l'altération croissante des traits de la
physionomie allemande, soit dans leurs douloureux loisirs
de captivité, soit dans les loisirs agréables de l'occupation.
Mais ceux-là-même ont tout au moins à se tenir au courant
et les autres ont presque tout à aj^prendre. 11 y aurait donc
quelque intérêt, semble-t-il, à ce que tous ceux de nos
collègues qui savent l'Allemand, et de plus ont séjourné en
Allemagne, après la déclaration de guerre, se partageassent
la tâche d'alimenter dans notre bulletin une chronique
documentaire où se verrait à nu, en quelque sorte, avec tous
ses frémissements, le visage de rAlleniagne nouvelle. Si ce
partage était fait avec méthode, si par exemple, — outre
tous ceux qui sont invités à signaler à l'occasion tel livre,
tel article de revue, tel fait qui les aura frappés, — il y
avait un certain nombre de collègues s'engageant à nous
renseigner avec suite sur la partie de l'Allemagne qu'ils con-
naissent le mieux, et avec laquelle ils s'assureraient un cori-
tact continu (surtout par l'abonrirement à un journal ou pério-
dique local), qui ne voit la valeur compréhensive que pren-
drait une telle chronique ! Il est facile de voir d'ailleurs que
cette méthode pourrait s'appliquer à tous les pays étran-
gers. Pour la rendre praticable, dans les limites relativement
étroites de notre bulletin, il ne faut que l'art d'être concis.
On ])Ourrait d'ailleurs, pour cette chronique, adopter le
.style de répertoire. Et quel précieux répertoire de vie étran-
gère, constituerait peu à peu la collection des Langues Mo-
dernes !
Notre lâche ne se borne pas à enseigner une langue
moderne : elle comporte aussi le devoir d'être des vigies
,de l'opinion étrangère. Heureux ceux qui, à cette deuxième
tâche sauront en ajouter une troisième : celle d'être des
conciliateurs entre cette opinion étrangère et notre opinion
nationale, des organisateur.s, en esprit et en vérité, de cet
ordre nouveau que l'humanité api)elle !
Or, s'il se trouvait possible d'organiser cette répartition
CHHOMQli: KTRANCÈHE 141
méthodique d'une information strictement objective, au
[joint de vue de l'esprit public en général (.dont la litté-
lature n'est qu'un aspect), je me chargerais volontiers d'une
partie des régions rhénanes et en particulier de Cologne.
Entré à Cologne avec la 2" armée anglaise, après l'armistice,
je n'en suis i)arti qu'au mois d'avril suivant pour être démo-
Inlisé. Pendant ces quatre mois, l'étude de l'esprit public
m'a absorbé presque tout entier. Journaux de tous les par-
tis, brochures, livres, conversations sans nombre avec des
Pihénans de toutes les classes sociales — conversations que
mon uniforme n'empêchaient pas d'être instructives —
m'ont évidemment appris beaucoup sur la forme qu'a revê-
tue, sur le P.hin, la grande désillusion allemande.
Des voix amicales et impatientes me demandent de la
résumer, dès maintenant, .sous réserve d'examen ultérieur
des pièces justificatives. Je le veux bien. Que je dise tl'abord
d'un mot ce qu'elle n'a pas été : elle n'a pas été, à consi-
ilérer l'ensemble, un reniement de l'Allemagne. Quoique la
formule Los von Dentschland, ait été prononcée par un
publiciste fort rhénan, effrayé .surtout — non sans raison
d'ailleurs — de voir le bolchevisme maître de Dùsseldorf et
de Munich — sans parler des batailles de rues de Berlin —
et quoique sa formule retentissante ait été approuvée,
expressément ou silencieusement, par beaucoup, au total, ce
Los von Deatschiand n'a groupé qu'une faible minorité (1).
En revanche, le mot d'ordre antiprussien Los von Ber-
lin, en faveur d'une large autonomie rhénane, franche-
ment orientée vers le travail, vers la paix, vers une mis-
sion de conciliation entre l'Est et l'Ouest, a eu pour lui
la quasi-totalité de la grande et de la petite bourgeoisie
rhénanes, soit catholique et conservatrice, soit démocrati-
que, ainsi que les classes rurales, qui, au fond de leur
cœur, iraient sans doute plus loin encore !
On se demandera alors pourquoi ce mouvement vers
(1) Cf. La Rheinische Volksstimme, quotidien paraissant à Cologne,
bureaux à Bonn, 9 Gaugolfstrasse, abonnement 18 mark, plus frais
d'envoi. Son directeur, M. Cari Hauptmann, dirige en outre la vaste
imprimerie la Rhenania, Bonn. Il a publié un grand nombre d'ouvra-
ges, notamment plusieurs romans historiques fort curieu.x, dont
l'action se passe sur le Rhin à l'époque romaine, et une ingénieuse
étude sur les routes romaines cisrhénanes. Au reste cette fidélité
au grand souvenir de Rome — par laquelle il se rapproche de nous —
est un sentiment commun à Cologne, qui est très fière d'avoir été
fondée par le gendre d'Auguste, M. \'issanius Agrippa, et qui en
pleine guerre, en 1915, a dressé une magnifique louve romaine,
avec bas-reliefs inspirés de Tacite, sur l'une de ses principales places
publiques.
142 LES LANGUES MODERNES
l'autonomie rhénane n'a pas abouti, malgré la présence des
armées alliées. — L'explication en est assez simple : il a
trouvé sur son chemin, d'abord l'élément prussien immigré,
tenant toutes les avenues du jîouvoir et les conservant,
précisément grâce au maintien de l'ordre, par les armées
alliées, et ensuite la . masse ouvrière absolument résolue,
jusqu'à la barricade inclusivement, à ne pas perdre son con-
tact avec la révolution allemande victorieuse et surtout
avec la révolution prussienne. Il en est résulté cet équilibre
des forces que consolide la présence des troupes alliées
ennemies de tout désordre. Rien donc n'a été changé, poli-'
tiquement et administrativement dans ce qui demeure la
« Prusse rhénane », et on ne voit guère maintenant que le
temps qui puisse y amener quelque changement essentiel. Or,
pouvons-nous faire quelque chose pour que cette évolution
se fasse au profit de l'ordre européen et de la paix ? — Oui,
certainement, nous pouvons seconder, sans les compromet-
tre, ceux qui veulent de l'autonomie rhénane définie plus
haut. L'intérêt de l'Europe, celui de la paix, exigent impé-
rieusement que Cologne cesse d'être une ville prussienne
pour redevenir une ville allemande, que dis-je, une des
capitales allemandes ! Ce qui est dangereux pour tout le
monde, c'est qu'elle demeure ce que la force et une diplo-
matie cynique firent d'elle en 1815 : une simple préfecture
prussienne ! — Elle a tout ce qu'il faut pour assumer à
nouveau un grand rôle : la masse, l'éclat, un caractère ori-
ginal dans l'esprit, l'urbanité, le goût des arts (1). — Ce
n'est pas en vain que son antique université vient de renaî-
tre, comme fondation municipale indépendante (2), en
face de la jeune université, fondée par la Prusse à Bonn, il y
a un siècle, et que, par la bouche de son recteur, le pro-
fesseur Eckerl, elle assigne, avec une si claire intelli-
gence à Cologne la mission d'être une conciliatrice entre
(1) Déjà tous ces caractères frappent Pétrarque au xiv siècle :
« Mirum in terra barbarica quanta civilitas, qua- urbis specics, quie
virorum gravitas, qu.-e munditjic matronarum, etc. ». (De reb. form.
Epist. I, 4'^ édit., Fracassetti). Cologne se souvient avec reconnais-
sance de l'éloge de Pétrarque. Seule de toutes les villes allemandes
(Pétrarque a été fort méprisant pour l'Allemagne !) elle s'est
unie au cortège des villes italiennes et françaises qui, en 1904, ont
commémoré le 6- centenaire de la naissance du grand poète et huma-
niste italien ! — Voir également sur les populations et les villes du
Hhin, Byron, Cliilcle Ilarold, 111, Her])ert Spencer, Corresp. 185:5, etc.
(2) Le Conseil municipal de Cologne a été unanime à vouloir cette
reconstitution, malgré l'opposition acharnée de la Koclnisch& Zeilung,
le puissant organe des intérêts prussiens à Cologne.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 143
les civilisations occidentales et l'Allemagne. Mais un rôle
pareil suppose, moralement et administrativement, la liberté.
Il suppose aussi quelque bon vouloir de notre côté. Or,
familiariser les esprits, chez nous, avec ces distinctions que
la plupart trouvent artificielles ou sans portée, et qui sont
pourtant, pour quiconque sait, très réelles et fécondes —
sous certaines conditions — en conséquences heureuses
pour l'avenir de la paix, voilà qui devrait tenter tous ceux
de nos collègues que leurs études ont orientés du côté de
ces problèmes. Si l'esprit public français s'obstine par goût
de simplification, par patriotisme mal entendu, à né voir,
dans la paix comme dans la guerre, que des « Boches », là
où il y a des Rhénans et des Prussiens — si Allemands
d'ailleurs, au vieux sens du mot, que soient les premiers —
il est certain que Cologne, Trêves et Mayence se résigne-
ront définitivement à n'être que d'humbles préfectures ou
sous-préfectures prussiennes, au lieu de redevenir, dans
l'intérêt commun de l'Europe, de l'Allemagne et de la France,
des centres indépendants de pensée et de volonté allemandes.
Tout cela est si évident que M. Clemenceau lui-même, dans
un discours afïiché sur tous les murs de la France, l'a dit en
termes fort explicites et fort hardis, mais je n'ai rencontré
encore personne qui y ait pris garde, tant il est vrai que
c'est avec l'esprit qu'on lit et non avec les yeux ! Qji'on.
nous permette donc de pratiquer, à tous les points de vue,
économiquement et intellectuellement, une politique de rap-
prochement avec les populations rhénanes. 11 s'est trouvé
ti op tard pour les réannexer (et je ne suis pas de ceux
qui reprochent à notre gouvernement de n'avoir pas fait
cette réannexion, qui nous eût suscité des difficultés sans
nombre, eût rendu l'Allemagne irréconciliable et nous eût
brouillés avec nos plus intimes alliés !), mais il n'est pas
encore trop tard pour les aider à se dégager de l'étreinte
de cette Prusse tentaculaire, hybride et toujours dange-
reuse, la moins allemande d'ailleurs des Allemagnes !
Ainsi affranchies, moralement et administrativement, elles
pourront jouer le rôle bienfaisant auquel elles aspirent, de
conciliatrices entre l'Occident franco-anglais et le reste de
l'Allemagne ; elles déchargeront de leur électricité les nua-
ges qui se forment constamment à l'Est et à l'Ouest, et le
désarmement du Rhin sera alors une vérité !
Marseille, mars 1920. Gaston-E. Broche.
144 LES LANGUES MODERNES
NOTES ESPAGNOLES
Les quelques paragraphes qui suivent n'ont pas la pré-
tention de résumer toute la vie de l'Espagne depuis 1914.
Dans l'ordre de la politique espagnole extérieure et inté-
rieure, dans l'ordre social, dans l'ordre artistique et litté-
raire, il y aurait beaucoup à dire. De propos délibéré, nous
nous bornerons à l'essentiel.
L'Espagne, quoique travaillée par une active propagande
germanophile, avait accueilli par des manifestations d'en-
thousiasme la victoire rapide et décisive des « Alliés ».
(C'est ainsi que là-bas l'on désigne l'Entente). Wilson,
Président d'une nation qui a arraché à l'Espagne 400.000 km.
carrés et 11.000.000 d'habitants, est nommé citoyen de Bar-
celone. Son nom est donné à des places, à des avenues,
dans de grandes villes. Des députés, par groupes nombreux,
enAjoient à Clemenceau des adresses de félicitations. La
politique espagnole est nettement ententophile. Seuls, les
journaux germanophiles combattent vivement l'adhésion de
l'Espagne à la Société des Nations.
Ces mêmes journaux — El Debate, el A B C, la Tribuiia, la
Correspondencia Militai', etc.. ■ — combattent l'idée d'une
alliance avec la France. La Tribiina du 19-12-19 écrit même
des phrases comme celle-ci : « On prétend ruiner l'Espagne
en la mettant au même niveau de décadence que la
France. »
Il ne faut pas croire que ce soit là la note dominante de
l'opinion. Celle-ci, bien au contraire, se rend compte que la
prospérité du pays, regorgeant d'or comme aux temps qui
suivirent la découverte de l'Amérique, est due uniquement
aux circonstances favorables créées par l'état de guerre ;
elle sait que la l'rancc a montré trop de vitalité pendant
cinq ans d'épreuves pour ne pas tribmpher à bref délai
des diflicultés de l'heure présente. Non, l'Espagne ne veut
])as rester isolée, et elle ne veut pas se mettre à la remorque
de l'Allemagne. Elle a participé à la conférennce internatio-
nale du travail de Washington. Elle y était représentée par
CHRONIQLE KTRANGKKE 145
M. le vicoiute d'Eza qui a fait, à un rédacteur de O Seciilo,
de Lisbonne, des déclarations que ne peut laisser passer
inaperçues un professeur de Langues Méridionales : <f J'ai
pensé qu'il conviendrait de demander que l'on adoiJtât
l'espagnol pour les écrits de i)ropagande et les documents,
et, après de rudes débats (1)... nous avons réussi à obtenir
ce que nous désirions. Nous avons appuyé notre opinion sur
le fait que quinze des nations (|ui assistaient à la Conférence
parlaient espagnol, ([ue cent millions d'hommes en Améri-
que emploient cet idiome, et {[ue seulement à New-York
plus de 25.000 étudiants apprennent notre langue et qu'en
France plus de 19.000 pcrsonne's l'étudient... Finalement, il
a été établi par l'art. 11 du règlement que la traduction et
la distribution des documents de la Conférence se ferait
aussi en espagnol. ■>
Ce désir de rentrer dans la vie mondiale s'est manifesté
à propos des projets de construction d'un chemin de fer
a gabarit international Dax-Algésiras, amorce d'une grande
ligne Paris-Dakar, qui ^)ermcttrait de réduire à trois jours
la traversée de l'Atlantique et ferait transiter par l'Espagne
tout le commerce entre l'Europe et l'Amérique du Sud. Bien
des gens craignent que la réalisation de tels projets n'en-
iraîne la ruine des ports de l'Atlantique, et surtout de Vigo.
Mais quel projet n'a pas soulevé des objections ? Espérons
que celui-ci passera dans l'ordre des faits, pour le plus
grand bien des deux nations.
La solution ù intervenir à son sujet est subordonnée au
règlement de la question marocaine. L'opinion prête aux
« Coloniaux )> français des visées ambitieuses sur le Maroc
espagnol ; le pays s'est ému. Le problème de Tan-ger, Gibral-
tar et Ceuta est trop complexe pour être exposé en quelques
lignes. Mais il est bon de remarquef que, vers la mi-septem-
bre 191 î), nos voisins ont intensifié au Maroc leur action
militaire, dont le principal objectif stratégique consistait à
débarrasser le chemin qui, par le Fondak, établit les com-
munications entre Tetouan et Tanger. Le Fondak a été
abandonné par Raisouli le 21 septembre. 12.000 hommes
avaient été engagés dans cette opération. En fait, le Gou-
vernement veut : 1° démontrer que l'Espagne est cai^able
de coloniser, et 2" détruire toutes les idées exprimées sur
tous les tons à propos de son peu de succès au Maroc. Les
M) Où l'on l'éclamait les mêmes avaiitajjjes pour l'Allemand.
10.
146 LES LANGUES MODEHXES
voyages du Roi et du Comte de Ronianones sont, évideni-
Jiient, liés à la politique marocaine.
Il faut avouer que l'Espagne aurait accompli une œuvre
coloniale plus importante si elle avait joui d'un gouverne-
ment stable et de la paix intérieure. Mais la période qui va
de 11)14 à nos jours est une des plus troublées que ce pays
ait connues. Les crises ministérielles se sont multipliées ;
il n'y a pas eu de bon budget depuis celui présenté en 1914
par Bagallal. La vie chère, les grèves, le séparatisme (auto-
nomie de la Catalogne), la crise agraire en Andalousie, et
enlin les « Juntes militaires ;>, tels sont les principaux pro-
blèmes qu'on ne peut qu'énumérer ici, et qui constituèrent,
pour les Cabinets espagnols, autant de pierres d'achoppe-
ment.
Si l'on peut réserver poar des développements jiarticuliers
la plupart des questions précitées, il semble toutefois qu'on
doit, sans tarder, dire quelques mots des « Juntes mili-
taires ». Celles-ci ont fait tomber i)lusieurs ministères, et à
riieure où nous rédigeons ces lignes, l'existence même du
C<abinel Allendesalazar est très menacée.
(]es juntes existent depuis 1910. Leur but premier fut
d'obtenir une plus juste attribution des récompenses mili-
taires. Puis, peu à peu, l'institution dévia de son but : les
juntes d'ofliciers, et, en particulier, celles de l'Infanterie,
sans demander une participation directe au pouvoir, ont
])arfois lancé des vetos. Elles exigent de tous les olïiciers
d'Infanteiie, au sortir de l'Ecole spéciale militaire de
Tolède, un serinent d'obéissance à leurs décisions. Or, le
j(i octobre dernier, 2.'^ olïiciers, sans doute à l'instigation de
l'Etat-Major, ennemi juré des juntes, se séparent de celles-ci.
Un tribunal d'honne-u- les condamne et les exclut de l'ar-
mée, (k'tte sentence est annulée par le Conseil suprême de
1-i (iuerre et de la Marine. A la suite d'une entrevue du
général Tovar, Ministre de la Guerre, et le général D. Miguel
Primo de Riviera. délégué i)ar les Juntes, le (kibinet Sàn-
chez de Toca, démissionne dans la soirée. Le général Vil-
lalba. Ministre de la Guerre dans le Cabinet Allendesalazar,
a bien allirmé (jue les juntes n'existaient plus ; on a bien
essayé de reformer les Juntes de défense (1) ; mais la Cor-
rcspondcncia militar écrit ([ue ce n'est pas leur nom qui
(1) Décret royal du :U) ik'cembrc 1!)1!).
CHHONiylK KTKANCiÙHi; 117
compte, mais l'esprit dont les Juntes s'inspirent. Oet esprit.
])ersonne ne pourrait s'y oppos3r ni le détruire, ('oninie les
Fédérations patronales, les Juntes militaires révèlent la
faillite des hommes [)olitiques. Et l'on va jusqu'à allirmer
(lue le décret du général Villalba lui a été dicté par les
.iuntes.
Quoi qu'il en soit, celles-ci restent très puissantes. On le
voit très nettement ces jours-ci : Le capitaine-général de
Catalogne Milans del Bosch, a été remplacé par le général
Weyler, à la suite d'un grave incident provo([ué par M. de
Honianones et qui a entraîné la démission du Ministre des
Travaux Publics. Les juntes barcelonaises ont alors envoyé
au Ministre de la Guerre le général Tourne, chef d'Etat-
Major du général Milans del Bosch, pour lui signal .-r quels
troubles pouvaient résulter du changement de capitaine-géné-
ral. On dit (1), que les Juntes auraient donné au Ministre un
délai de 72 heures pojr réintégrer le capitaine-général
^lilaus del. Bosch. Et le gouverneur militaire de Barcelone,
général Martinez Anido, aurait sommé (au nom des Juntes)
le général Weyler de se retirer. Tous ces événements sont
fort graves et font craindre les pires éventualités. Il ne
faut pas exagérer l'importance d'événements tels que
l'émeute militaire de Saragosse. Mais l'affaire des Juntes
est de tout autre envergure. Quelle position prendra le
Gouvernement espagnol ? Osera-t-il et pourra-t-il dissoudre
les Juntes, ou cèdera-t-il la place à un nouveau ministère,
aussi éphémère que lui ? (2).
Et pendant ce temps, la mortalité augmente, et le chiffre
des illettrés reste très élevé.
Dans les 49 capitales de province, comptant ensemble
3.650.755 h., soit 1/5 de la population globale, le chiffre
des décès l'emporte sur celui des naissances. Il est vrai de
dire que, dans les campagnes, l'inve'rse a lieu. Pour l'en-
semble du royaume, en aj'ril 1919, les naissances l'ont
emporté de 11.046 sur les décès (50.096 contre 39.050).
La proportion des illettrés est tout aussi fâcheuse. Si l'on
défalque de la population les enfants âgés de moins de dix
ans. on obtient les chiffres : population : 14.814.049 : illet-
(1) X la date du 1(1 février.
(2) Les journaux du 21 février annoncent la démission du ministère
Allendesalazar, qui est revenu aussitôt au pouvoir.
148 LES LANGUES MODERNES
très : 7.436.423 ; pourcentage : 50,2 ; pour les campagnes r.
GO 0/0 ; pour les villes : 48 0/0, et jusqu'à 49,3 0/0 dans
les villes de plus de 50.000 h., qui devraient être des foyers
de culture.
L'hygiène sociale et l'éducation doivent donc être au pre-
mier rang des préoccupations des gouvernants espagnols.
Le pays dispose de capitaux abondants qui lui permettent
fi'ètablir un vaste programme de relèvement, et de le réali-
ser à la faveur des circonstances exceptionnellement propi-
ces que lui créent le change et l'affaiblissement momentané
des grandes nations européennes. Il lui faut entrer dans la
voie des réformes sociales, établir une solide paix inté-
rieure, grâce à laquelle pourront se développer les initiati-
ves privées qui ne lui manquent pas. On doit beaucoup
attendre, par ailleurs, d'un pays où, comme l'écrivait
M. E. Mérimée (1) « se multiplient les signes d'une renais-
sance littéraire, artistique et scientifique ».
De ce mouvement, nous ne pouvons pas donner même une
idée dans ces quelques notes déjà longues. Mais nos lecteurs
ne comprendraient pas que l'on y mit le point final sans
rien dire du grand événement qui domine les éphémérides
dès dernières semaines : la mort de Galdôs.
D. Benito Pérez Galdôs naquit à Las Palmas de Gran
Ganaria le 10 mai 1843. Il était le plus jeune de nombreux
enfants d'un officier. Il commença à 13 ans, dans sa ville
natale, ses études en vue du baccalauréat. De bonne heure,
il montra des dispositions très heureuses pour la musique
et le dessin, et acquit dans ces arts une habileté peu com-
mune. Plus tard, il s'amusa à fixer par le crayon la phy-
sionomie des personnages qu'il créait, et ses dessins purent
servir pour la grande édition illustrée des deux premières
séries des Episodios Nacioiiales. En 1803, il vint à Madrid
faire ses études de droit. En 1866, il publiait dans la Xaciôn
son premier article. Il s'adonna à la critique théâtrale et
artistique et s'essaya, dès 1870, au drame en vers. II fit plu-
sieurs voyages à Paris, et revint de son second voyage en
1868. G'est à Bagnères-de-Bigorre, en 1870, que fut achevé
son premier roman, La Fonlana de Oro. En 1883, il visita
Londres ; il séjourna 3 fois en Angleterre, au cours d'un de
(1) Biillclin des Iaiihiucs Méridionales, iv 'Mi, j). 8.
CHRONIQIE ÉTRAXCKlîi; 149
CCS séjours, il passa en Hollande, en Allemagne, en Dane-
mark ; il vit aussi la Suisse, l'Italie, la Belgique. Quant à
l'Espagne, il la visita en détail, en voiture, à cheval, dans
(ies wagons de 3' classe, interrogeant ses compagnons de
voyage et sur eux-mêmes et sur le pays traversé. Puis son
humeur voyageuse se calma, il s'établit près de Santander.
en face du golfe cantabrique, tout en conservant un pied-
a-terre à Madrid.
11 fut, en 1886, député de Puerto-Rico, dans le parti libéral
lie Sagasta, et assista à la présentation du nouveau-né
D. Alfonso XIII, le roi actuel de l'Espagne. A la fin de 1913,
(ïaldôs fut reçu par la famille royale avec la plus exquise
cordialité dans la loge du Théàtro Espaiïol, un soir où l'on
jouait « Celia en los infiernos ».
En janvier 1901, la « première » d'Electra au Teatro
Espaùol, lit à Galdôs une réputation d'homme de jjarti qui
nuisit i)eut-ètre à la pureté de sa gloire littéraire. Il est
navrant de j^enser que ce méchant drame à tendances anti-
cléricales lit connaître, — et mal connaître — - à l'étranger
le merveilleux auteur de tant de romans. Dès lors, Galdôs
était classé parmi les républicains ; il fut élu député par
le peuple de Madrid en 1907 et revint au Parlement en
1910. 11 présida le Comité directeur de l'Union nationale
lépublicaine et publia diverses lettres et discours qui rap-
l)ellent les pages d'Anatole France dans « Vers les temps
meilleurs «.
Une statue lui fut dressée de son vivant. L'Académie
esj)agnole, qui lui avait préféré un sieur Commelerân en
j894, l'accueillit en 1897 : il y fut reçu par le prince des
Critiques espagnols, D. Marcelino Menéndez y Pelayo, et
eut la joie d'y saluer à son tour son excellent ami l'illustre
lomancier D. José Maria de Pereda. Galdôs gagna beaucoup
il'argent, n;ais il en déi)ensa beaucoup. On dut avoir recours,
]>our l'aider, à une souscription publique, dont le résultat ne
fut pas très satisfaisant.
Il était d'une constitution très vigoureuse,' qui lui permit
d'écrire une œuvre immense (1). Mais, dès 1911, il fallut
(1) Œuvres de Galdôs. — Xovelas de la priiueia cpoca. — La foii-
tana de oro (1870). La sombra (1871). El audaz (1872). Dofia Pcrfecta
(1870). (iloria (dos tomos) (1877). Marianela (1878). La familia de Lcôn
Hoch (très tomos) (1878).
Piimeros cpisodios nacionaJes. — Primera série. — Trafalf^ar, La
curte de Carlos IV. El 19 de marzo y el 2 de Mayo, IJaik'n (187H). Na-
poléon en Chamartin, Zaragoza, Gerona, Câdiz (1874). Juan Martin el
Enipecinado, La batalla de los .Arapiles (1875).
150 LES LANGIES MODERNES
opérer de ]a cataracte ses deux yeux ; la première opération
eut lieu le jour de l'Ascension ; et « don Benito «, comme
tous l'appelaient en Espagne, disait : « Vétlrines va arriver
à Madrid. Si je pouvais le voir ! ■> Il devint complètement
aveugle, en 1!)12. L'urémie et l'artério-sclérose eurent raison
de sa robuste santé. Il ne sortait plus dans la rue depuis le
22 août dernier. A la mi-octobre, il s'alita et ne se releva
plus. La rudesse de l'hiver l'éprouva beaucoup ; le 29 décem-
bre, il eut une hémorrhagie intestinale qui dura, avec des
intermittences, jusqu'au 1" janvier. Le 3, le mal s'aggrava,
le docteur Maranon lit au malade deux injections d'huile
camphrée. Galdôs eut un moment d'égarement, il pria ses
familiers de le conduire à son cabinet de travail : « Il me
faut travailler beaucoup... beaucoup... », disait-il d'une voix
éteinte. Le 4, à 3 h. 1/2 du matin, il eut un léger cri d'an-
goisse, et mourut peu après.
L'Espagne a fait à Galdos des funérailles nationales. La
dépouille mortuaire a été exposée à l'Hôtel de Ville, dans
Segunda série. — El équipage del rey José, Memorias de un corte-
sano de 1815 (1875). La segunda casaca. El (irande Oriente, 7 de Julio
(1876). Los cien mil hijos de San Luis, El terror de 1824 (1877). Un
voluntario realista (1878). Los apostôlicos, Un faccioso mâs y algunos
frailes nienos (187!»).
Novelas espailolas contemporancas. — La Desheredada, primera
parte (1880). Segunda parte (1881). El amigo Manso (1882). El doctor
U.enteno dos tomos (188.3). Tormento, La de Bringas, Lo prohibido,
primera parte (1884) ; segunda parte (1885). Fortunata y Jacinta, cuatro
tomos (1886-87). Miau, La Incognita (1888). Realidad, Torquemada en
la hoguera (1889). .•Vngel guerra, très tomos (1890-91). Tristana, La loca
de la casa (1892). Torquemada en la cruz (1893). Torquemada en el
purgatorio (1894). Torquemada y San Pedro, Nazarin, Halma (1890).
Misericordia. El .^buelo (1897). Casandra (190ô). El caballero encantado
(1909). La razôn de la sinrazôn (1915).
Xuevos episodios nacionales. — Tercera série. — Zumalacârregui.
Mendizâbal. De Ofiate a la Granja (1898). Luchana, La campana del
Maestrazgo, La estafeta romântica, Vergara (1899). Montes de Oca, Los
Ayacuchôs, lîodas reaies (1900).
Cuarta série. — Las tormentas del 48 (1901). \arvaez (1902). Los
duendos de la camarilla (190;3). La Revoluciôn de .Julio, O'Donnell, Rita
Tettauen (1904). Carlos VI en la Râpita (1900). La vuelta al mundo en
la « Numancia *>, Prim (1906). La de los tristes destinos (1907).
Série final. — Espana sin Rey (1908). Espana tragica (1909). Amadco I
(1910). La primera Repûblica, De Cartago à .Sagunto (1911). Canovas
(1912). Un nouvel épisode m en preparaciôn » : Sagasla.
Teatro. — Realidad (estrenada en 1892). La loea de la cas» (1893). La
de San Quintin (1894). Los condenados (1894). N'oluntad (1895). Dona
Perfecta (1896). La Fiera (1896). Electra (1901). Aima v vida (1902).
Mariucba (19 .{). El abuelo (1904). Hârbara (1905). Auior y Ciencia (1905).
Pedro Minio (1908). Gcrona (1908; publicado solamcnte en « El Cuenfo
Semanal » numéros 70 v 71). Casandra (1910). Celia en los inficrnos
(1911). Alccste (1912). Sor Simona (1915). El tacano Salomôn (1916).
Santa Juana de Castilla (1918).
Obras varias. — Discurso académicos. — Memoranda (190(5).
CHRONIQUE ÉIKANGÈKI-: l")!
la Cour de Cristal, le 5 janvier, de 8 h. du matin à 13 h.
Les obsèques eurent lieu à 15 heures. Elles furent l'expres-
sion d'un véritable deuil national. Sur le cercueil en acajou,
une main pieuse répandit une poignée de jasmins. Los
cordons du j)oële étaient tenus par 1). Jacinto Octavio
Picon, D. Joaquin Alvarez Quintero, un représentant du
(Conseil municipal de Madrid, un député des Canaries, un
représentant de l'Association de la Presse et un ouvrier. La
foule remplissait les rues, les places, les balcons. En l)ien
des endroits, le drapeau était en berne. Suivant la volonté
du défunt, le corps fut déposé dans le caveau de famiile, au
cimetière de l'Abnudena.
Ainsi s'en est allé le patriarche des lettres espagnoles. La
grande presse mondiale ne lui a jias accordé toute l'atten-
tion qu'il méritait ; son œaivre n'a pas obtenu la consécra-
tion qui lui était due. Ses comi)atriotes demandaient pour
file le prix Nobel, et il est surprenant que ce vœu n'ait pas
été réalisé. Si grand qu'apparaisse Galdôs, il ne peut que
grandir aux j'eux de la postérité, parce que son œuvre,
malgré bien des défauts, est vivante.
G. BOL'SSACiOL.
.»..
NOTES AMÉRICAINES
Les discussions relatives à la ratification du Traité de
Paix se poursuivent au Sénat américain sans qu'un résultat
tangible ait encore été atteint. Les dépèches souvent con-
fuses et toujours brèves qui paraissent dans les journaux
européens nous apprennent que les négociations entre
démocrates et républicains continuent.
La situation a été rendue plus nette, au point de vue
européen, par la publication de la lettre adressée au Times
par Lord Grey, à son retour d'Amérique. En effet, les Gou-
vernements alliés, par suite du conflit entre le Président et
le Sénat, se trouvaient dans une situation délicate pour
faire connaître leurs vues. L'état de santé du président
Wilson l'empêchait de participer aux débats, et . d'autt'c
152 LES LANGUES MODERNES
part c'eût été manquer de déférence envers le Chef de la
nation américaine et l'un des « pères » da Traité que de
s'adresser directement au Sénat. La lettre de lord Grey a
été écrite, dit-il, uniquement en son nom personnel. Il n'en
est pas moins vrai qu'elle a eu pour résultat de faire
savoir au peuple américain, sous la forme la plus indirecte
et de la manière la plus propre à ménager toutes les sus-
ceptibilités, que les Alliés, ou du moins l'Angleterre,
n'avaient pas d'objections à la plupart des réserves
présentées au Sénat.
Cette question de la ratification du Traité peut se réduire
à deux éléments principaux que je voudrais examiner rapi-
dement. L'un est plus particulièrement politique, l'autre,
plus général, relève plutôt de la mentalité américaine, telle
qu'elle ressort des événements récents.
I. Le traité a provoqué un conflit entre le pouvoir exécutif
et le pouvoir législatif. La Constitution Américaine — lord
Grey le dit lui-même dans sa lettre — rend possibles et
même parfois inévitables, des conflits de ce genre. Lm
ratification du traité a donc posé une question nettement
politique et même constitutionnelle. Les adversaires de
M. Wilson lui ont reproché d'avoir mené les négociations
de paix uniquement d'après ses vues personnelles, sans
consulter les représentants élus de la nation — et la démis-
sion de ^1. Lansing vient de montrer que les vues person-
nelles du président n'étaient même pas partagées par celui
qui aurait dû être son ])rincipal collaborateur. Le président,
de par la Constitution, avait le droit d'agir ainsi, mais, de
l)ar la même Constitution, le Sénat a également le droit
d'examiner îe traité résultant de ces négociations et de ne
l'adopter qu'à bon escient. Un conflit ne peut manquer
d'éclater si le pouvoir législatif ne i)artage i)as les idées
de l'exécutif sur le traité à ratifier. Or, au moment même
où le président Wilson se rendait en Euroi)e, contre le
gré de beaucoup de sénateurs, pour diriger les négociations
<le paix, la majorité que son parti possédait au Sénat, était
jéduite à rien, les élections i)artielles ayant été des succès
pour les réi)ublicains.
Au point de vue ])ratique, les rojjroches adressés à la
politique suivie par le président varient avec les tendances
des groupes d'opinion qui les formulent. Les uns — le
petit groupe des intransigeants — ont accusé M. Wilson
d'avoir, dans les discussions avec les chefs d'Etat alliés,
abandonné certains des principes essentiels des 14 articles.
CHl'.OXIQUE ÉTRANGÈKE 103
'Ct de s'être laissé arracher des concessions qui sont en
contradiction tonnelle avec ces articles. Les autres — et ce
sont les plus nombreux — partisans de la politique tradi-
tionnelle, conforme à l'avis de Washington et formulée
dans la doctrine de ]\Ionroë, ont reproché au Président
d'avoir inconsidérément engagé la parole de l'Amérique, en
l'obligeant à intervenir désormais, financièrement et mili-
tairement, dans les aiïaires européennes. Ils estiment que
l'article X, par lequel les Etats-Unis s'engagent à maintenir,
dans tous les cas et par tous les moyens nécessaires, l'inté-
grité territoriale des Etats cosignataires, oriente la politique
extérieure des Etats-Unis dans une voie dangereuse à tous
égards. Les extrémistes voudraient la radiation jjure et sim-
ple de cet article ; ceux qui cherchent un terrain de conci-
liation proposent que l'emploi des moyens de coercition
économiques ou militaires soit subordonné à une loi spé-
ciale votée par le Congrès pour chaque cas qui se présente-
rait.
Tel est l'aspect politique jjersonnel (car la personnalité
wilsonienne est surtout en jeu) de la question : conflit
constitutionnel entre l'exécutif et le législatif — conflit
entre deux conceptions de la politique extérieure des
Etats-Unis : l'une idéaliste, tendant à faire de l'Amérique
l'arbitre mondial, la clef de voûte de cet édifice nouveau
qu'avait rêvé le président Wilson ; l'autre, pratique et
réaliste, maintenant les Etats-Unis en dehors des compli-
cations européennes et visant au rétablissement d'une poli-
tique dont ils se sont départis un instant, mais à laquelle
ils doivent revenir au plus vite.
II. Passons à l'aspect général de la question. Les Etats-Unis
sont entrés dans la lutte mondiale avec la tension volon-
taire, la spontanéité nerveuse et franche, qui caractérisent
le tempérament américain. Mais, dans toute société humaine
comme dans le corps humain, ces exaltations nerveuses sont
suivies d'une inévitable réaction plus sensible encore dans
un pays pour lequel la guerre a été une réalité certes, mais
une réalité lointaine, malgré tout. Cette réaction physique,
l)our ainsi dire, qui se fait sentir dans les pays européens
^lyant participé à la lutte, se fait sentir aussi en Amérique.
Les milieux financiers, industriels et commerçants, rendus
plus puissants encore par la guerre, sont portés à dire que
l'ère du sentiment est passée, qu'il faut maintenant traiter
les questions qui se posent avec toute la froideur méthodi-
que d'un calculateur, et non avec l'idéalisme d'un théori-
154 I.KS LANGUES MODEKNKS
cien. L'Amérique, disent-ils, ne saurait être la « niilch-
cow ■> du inonde. Elle a de graves questions à résoudre
(question ouvrière, question des chemins de fer, question
mexicaine) et charité bien ordonnée commence par soi-
n;ême. De là, l'opposition croissante à de nouveaux prêts aux
i>ouvernements alliés et aux nouveaux Etats ; de là, la réduc-
tion récente, et peut-être la suppression prochaine des
crédits destinés au ravitaillement de l'Europe centrale ;
de là, les déclarations des financiers et des business men
disant que l'Europe doit mettre ordre à ses propres affaires,
sans compter sur d'autre appui de la part des Etats-Unis
que celui résultant de contrats commerciaux conclus sur
le modèle ordinaire. De là, les relations commerciales otli-
cieuses reprises dès l'armistice, avec l'Allemagne et la
Russie des Soviets. De là, la tendance à « passer l'éponge »
sur les cinq années passées et à considérer l'Allemagne
comme un débiteur au même titre que les autres nations.
Cette tendance ne peut qu'être renforcée par des causes
Ijsychologiques, plus particulièrement américaines. Certes
l'Amérique est le « melting-pot », le creuset où les races
fondent pour constituer l'Américain. Mais, dans le métal
recréé subsistent des traces du métal ancien, et la nationa-
lité primitive, subconsciente des Américains nouveaux, mise
tn présence des problèmes extérieurs, réagit selon l'atavisme
de chacun. La cession même momentanée de Tsingtao et
du Chantung aux Japonais a réveillé les sentiments anti-
japonais. Les Irlandais sont nombreux aux Etats-Unis et
disposent d'une influence supérieure à leur nombre, car ils
ont « trusté » l'organisation électorale et l'activité poli-
tique de certaines régions. L'agitation Sinn-Uein, i)uissam-
ment organisée, entretient et propage, par la presse, ttn
sentiment d'hostilité contre l'Angleterre et aussi de jalousie,
jjuisque dans le Conseil de la Ligue des Nations, les Domi-
riions et elle disposeront de G voix contre 1 à l'Amérique.
La France continue à jouir de sympathies ardentes et
d'amitiés fidèles, mais il ne faut pas oublier qu'il y a aux
Etats-Unis une vingtaine de millions d'américains, d'origine
germanique ou de tendances germanophiles, occupant des
situations considérables dans le commerce, la finance, l'uni-
versité. 11 est tout naturel — même si, par conviction ou par
l>rudence, leur loyalisme fut entier pendant la guerre, —
que, maintenant, ils travaillent discrètement au moins, à
effacer ces cinq années, et que leurs efforts tendent à une
lente dissociation, pour ainsi dire, des éléments constitu-
tifs de l'Entente.
ClIUONlyLK KTltANCHRK 153
Les semaines qui viennent seront sans doute décisives au
point de vue du vote ou du rejet du Traité. Mais l'expérience
montre que les traités valent moins par le texte même de
leurs clauses que par l'esprit qui préside à leur exécution.
Que le traité soit adopté ou non, les tendances esquissées
ci-dessus, et qui se préciseront au cours de la campagne
d'élection présidentielle, entreront en jeu pour orienter,
dans un sens ou dans l'autre, la future politique extérieure
des Etats-Unis.
/.) fi-vrier PrJO.
Geori^es Mkvkr.
-.. :«S:«-
BIBLIOGRAPHIE
A Historif of the Théâtre in Amefiea, from its beginnings
to the présent time, by Arthur Hornblow. (2 vols. 9x6.
Lippincott, 42 s.).
The Practical Book of Interior Décoration, by Harold
Donaltlson, Eberlein, Abbot IMcClare, Edward Stratton
Ilolloway (Lippincott, 35 s).
11 vient de paraître chez Lippincott une Histoire du
Théâtre en Amérique, depuis ses origines jusqu'à l'époque
actuelle. Cet ouvrage considérable (de près de 800 pages)
semble être le premier qui traite la question dans son
ensemble et avec le souci d'exactitude historique. L'auteur,
M. Arthur Hornblow était tout qualifié pour écrire cet
ouvrage ; il a dirigé pendant 20 ans la Revue du Théâtre
et a écrit des pièces et des intrigues (h'aniatiques appré-
ciées.
Le Literari] Supplément du Times, en date du 11) février,
publie un compte rendu d'un ouvrage sur l'ameublement
et la décoration, sorte de guide copieux et orné de belles
reproductions, à l'usage des Américains désireux de se meu-
bler dans les styles, des époques diverses, des principaux
pays d'Europe : Angleterre, France, Espagne et Italie. Le
critique du Times déplore, à ce propos, que l'Europe se
dépeuple de plus en plus de ses objets d'art, dont le passage
en Amérique n'a fait que s'accélérer avec la guerre. L'Amé-
rique tend, dit-il, à devenir le nuisée "i)ar excellence de l'art
européen.
La maison Doubleday, Page, de New-York publie une
traduction de l'ouvrage de M. Léon Bazalgette sur « Walt
Avhitman ». (ieorges Mkvku.
Lkox Guillht. — L'Enseiçinement technique supérieur à
ruprès-f/uerre. Payot, Paris 1018.
A un double titre, les professeurs tle langues vivantes ne
l)euvent se désintéresser des questions concernant l'ensei-
gnement technique ou technique suj)érieur. Une place
ti'autant plus grande sera progressivement faite à cet ensei-
gnement que la France aura désormais i)lus que jamais
IiIBLIO(;HAPHlE 157
besoin d'ingénieurs et de techniciens. Or, il ne semble pas
douteux que l'essor -et l'orientation que prendra cet ensei-
gnement exerceront sur le secondaire une action immédiate.
II n'est pas douteux, d'autre part, que là aussi les langues
vivantes devront jouer leur rôle, à la fois comme instru-
ments de culture et d'investigation. Nous ne pouvons pas
ignorer que de grands débats vont s'ouvrir, si nous ne vou-
lons pas que nos assemblées générales se traînent sur des
discussions d'une morne platitude, comme la dernière pour-
rait le faire craindre.
Le livre de M. Guillet nous renseignera. 11 nous fait con-
naître les vœux très importants adressés pendant la guerre
;iU Ministre de l'Instruction Publique par la Société des
Ingénieurs civils, le compte rendu de la grande séance de
cette même Société le 3 avril 1916, puis dans une série de
chapitres, les desiderata relatifs à la réorganisation de
l'Enseignement technique supérieur, c'e.st-à-dire, des Ecoles
Polytechnique, Centrale, Techniques, etc., programmes,
recrutement, professeurs, etc.
Il va de soi qu'on remarquera les plaintes sur l'insuffi-
sance des études et des méthodes aussi bien dans les lycées
que dans les Universités. Ici, nous retiendrons surtout deux
observations. Dans sa préface, M. Le Chàtelier cite l'exemple
d'un problème de physique donné au baccalauréat de la sec-
tion C, dans une bonne série, et qu'aucun candidat ne sut
traiter convenablement alors que tous, à l'oral, répondirent
parfaitement sur les théorèmes de mécanique qu'ils avaient
méconnus. Ne croirait-on pas entendre les élèves nous dire :
« M'sieu, je sais bien la règle de grammaire, mais je ne
peux pas l'appliquer ! » Grammaire allemande, ou anglaise,
ou latine ! Alors étaient-ils justes et sages ceux qui criaient
haro sur ces infortunées épreuves de langues vivantes
comme si elles étaient seules pitoyables ? Cette maladie de
langueur leur est-elle spéciale, ou bien ne serait-elle pas
commune à toutes les discii^lines ? Il était bien urgent
d'aller s'ofïrir soi-même en victime exiDiatoire à des sacri-
ficateurs trop empressés !
Et peut-être ne sera-t-il i^as inutile de savoir, pour résis-
ter plus courageusement à des attaques menaçantes, que la
Société des Ingénieurs civils est unanime à demander « le
développement de l'enseignement des langues vivantes ».
Car celles-ci sont loin d'avoir cause gagnée, et le moment
serait mal choisi pour s'endormir béatement. Mais avis à
ceux qui s'aviseraient de vouloir leur rogner la place.
158 LES LANGUES MODERNES
Maurice Berger. — La Nouvelle Allemagne. Bernard
Grasset, Paris 1!)!!).
Aussitôt après l'armistice, le G. Q. G. belge chargea
-Ai. Maurice Berger d'une mission d'enquête en Allemagne.
11 nous en rapporte les résultats sous forme d'interviews et
de réllexions personnelles. Il a pu joindre les personnalités
les plus intéressantes, généraux, industriels, diplomates,
artistes, etc., et nous communiquer leurs impressions du
lendemain de la défaite. Tant de chemin a déjà été par-
'jouru depuis le 11 novembre 1918, qu'on lit avec surprise
les déclarations de ces hommes au premier ennemi qu'il
leur était donné de voir. On est surpris en ce sens surtout
que toutes les théories ofïiciellement soutenues par ^l'Alle-
magne aujourd'hui apparaissaient déjà à ce moment, timi-
fles sans doute et peureuses dans certains cas. mais parfaite-
ment reconnaissables. Les positions n'ont pas changé, çt
l'on ne peut dire que l'Allemagne .ait ouvert les yeux.
M. Berger, s'il rejjrenait lui-même les réflexions justes et
heureuses de sa conclusion, ne manquerait sans doute pas
d'insister sur ce point, car les événements viennent les con-
lirmer et l'intérêt de son livre, qui à maint endroit pas-
sionne comme un roman, se trouve de ce fait singulière-
Uicnt accru. Il est vraiment de ceux qui peuvent aider à
voir clair dans les affaires d'Allemagne.
LuDENDORFF. - — Mes souvenirs de f/uerre, 2 vol.
Général Buat. — Ludendorjf . Pavot, Paris li)20.
Indiquer le titre de ces ouvrages doit sullire. A qui serait-il
iiécessaire de signaler l'intérêt qui s'attache à la lecture des
« Mémoires » d'an Boche probablement surfait, mais désor-
mais célèbre V 11 n'a peut-être i)as confié au papier toutes
les explications que nous aurions attendues de sa part, mais
ces deux gros volumes (qu'en raison de leur prix nous som-
mes, en toute franchise, obligés de recommander à des cer-
cles ou bibliothèques i)Ius encore qu'à des bourses isolées),
lenferment tant de détails et de précisions que ceux qui lircnt
la campagne croiront la revivre en les lisant. Et que de
révélations, volontaires et involontaires surtout, sur les
militaires allemands, leur mentalité, leur ex-empereur,
l'edroyable dictature du sabre i)endant la guerre, etc. Ce
livre ne pourra plus être ignoré, et il faut savoir gré à
l'éditeur français qui a réussi à en publier la traduction.
Le général Buat, a largement particii)é en la qualité de
BIHI.KXIllAl'HIE lôO
major-f*tMK'ral du (1. Q. (i. français à la préparation des
belles manœuvres qui, en trois mois, ont terrassé les Alle-
mands. Son étude sur son adversaire principal constitue
la meilleure introduction aux « Mémoires », car elle éclaire
et rectifie aussi les dires de celui qui n..' deviendra sans
doute jamais plus feld-maréchal. (laston H.\i'HAëi..
La pensée de J.-II. Xeivman. — l-'loris Delattre (Pavot,
édit.).
M. Delaltre a extrait de l'ceuvre de Newniann l'essence
d'une pensée subtile, ondoyante et diverse et à travers ces
Images judicieusement choisies il nous fait suivre l'évolution
d'un esprit courageux, l'ascension d'une vie d'apôtre. Dans
une sobre et ferme introduction, il nous montre le réforma-
teur naissant qui. à la suite tle John Keble, prend bientôt
la tête de ce mouvement d'Oxford, révolte contre la servi-
tude, protestation contre la stagnation de l'Evangélisme
laiglican. Précurseur du mouvement pré-raphaëlite, ce mou-
vement religieux se retourne aussi vers le passé, l'atmos-
})hère mystique du Moyen-âge. F'ellow d'Oriel, curé de
St3-Marie, Newman par une série de tracts cherche à remon-
ter le courant d'un libéralisme raisonneur et lâche, et
s'achemine vers la discipline dogmatique, la tradition apos-
tolique, source de la foi. .\vec courage, non sans un déchi-
rement intérieur, un long * regard de regret et d'adieu, il
quitte les dômes et les tours de son cher Oxford, rompt avec
tout là'^he compromis et se rallie déiinitivement à l'autorité
des Pérès et à l'église de Home, « véritable mère des âmes ».
Attaqué, soupçonné, harcelé par ses amis d'hier, il souffre
«Ml silence dans sa sensibilité maladive, au fond de sa cel-
lule de Birmingham. Ses sermons, son histoire d'un con-
verti (Loss and Gain) (1848), sa Callista (1855), son Apolo-
f/ia pro vita sua (18G4), sont des justifications ou des confi-
dences de sa via dolorosa où il repousse victorieusement
les attaques maladroites de Kingsley, dissipe tout soupçon de
duplicité, révèle son âme inquiète, passionnée. La sérénité
rentre enfin dans cet être vibrant et douloureux. Il publie,
en 1805, son Rêve de Gérontius, ardent monologue lyri-
que d'une âme qui se sépare du corps et rentre,
partagée entre l'efTroi et l'esprit, dans l'éternité. Un des
premiers actes de Léon \Ul fut de rendre hommage au
grand et vieil oratorien, mais il resta simple et ferme jusque
dans la pourpre cardinalice.
160 LES LANGUES MODERNES
M. Delattre dégage toute la complexité de cette jjensée, de
ce « dogmatisme affectif » qui dans son austérité reste plus
libéral que le latitudinarisme anglican, de cette âme aux
convictions robustes et pourtant fiévreuse et « frissonnante
d'elle-même ». Peut-être eût-il pu insister davantage, dégager
l'action de ce grand converti sur l'Eglise d'Angleterre, le
rôle qu'il joua dans ce curieux retour à l'orthodoxie catho-
lique. Il veut avant tout soulever ce qu'on a appelé le
« mystère de Newman », analyser cette sensibilité compli-
quée où la candeur se mêle à l'ironie, la timidité à la har-
diesse, et qui, sous son rigorisme sévère, cache des ten-
dresses féminines.
L'œuvre de Newman reste tout imprégnée de l'huma-
nisme d'Oxford. Les plis de ce style, comme un voile trans-
parent et souple, suivent les inflexions de la pensée. New-
man est « le Platon d'Oxford » dont l'élégance attique
charme et les croyants et ceux qai n'ont plus la foi.
Une traduction- élégante et fidèle garde la limpidité du
texte anglais dont l'auteur, par modestie et loyauté scrupu-
leuses la fait suivre page par page. On y peut goûter « le
vin et le lait » d'un esprit fluide supérieur, suivre dans sa
transparence les ondulations d'une dialectique subtile et
])ersuasive, les mouvements d'une éloquence qui rappelle
celle de Chrysostome, que Newman préféra à tous pour sa
vibrante sympathie, les palpitations d'un cœur plein
d'élancements et de nobles ferveurs. Cor ad cor loquitiir.
C. Chemin.
Traits d'union normands avec l'Angleterre, avant, pen-
dant et après la Révolution. Paul Yvon. (Editeurs : L. Jonan
n Caen. — Dulan and C° London).
Dans ses limites provinciales volontaires, ^I. Yvon a écrit
avec une haute conscience, une étude qui, à l'heure actuelle,
est particulièrement intéressante. 11 montre comment par
ses voyageurs, ses émigrés politiques ou religieux, ses tra-
ducteurs, ses chercheurs érudits, la Normandie a pu,
depuis le xvir' siècle servir de trait d'union entre la France
et l'Angleterre. Sujet fuyant, immense, inépuisable, dont il
a su fixer plusieurs points. Complétant l'ouvrage de
M. Bastide : An(/lais et Français an xvir siècle, il dit com-
ment l'esprit d'aventure entraîna de bonne heure plus d'un
Normand cultivé vers l'Ile, presque inconnue, comment
înaint Huguenot de Normandie y chercha refuge à la Révo-
BIBLIOGKAPHIE 161
cation de l'Edit de Nantes, comme maint émigré, plus tard
à la Révolution. De tous ces découvreurs des mœurs, de la
société, de la littérature anglaises, M. Yvon décrit les ava-
tars, indique l'eflorl parfois balbutiant, mais touchant ou
méritoire. C'est Montchrétien qui « parti poète, revint
d'Angleterre économiste », Moisant de Brieux, fondateur de
J'Académie de Caen, le calviniste Samuel Brochart, St-Evre-
mond qui ouvre la voie à Voltaire. Ces Académies provin-
ciales de Caen, de Rouen ont un rôle, sont des centres de
culture, c'est-à-dire de curiosité et de sympathie. Autour de
Voltaire, réfugié à Rouen sous un nom de gentilhomme
anglais, gravite l'élite de la société rouennaise, l'abbé des
Fontaines, traducteur de Swift, M. Resnel qui traduit l'Essai
sur la Critique et l'Essai sur l'Homme, de Pope, Yart qui
expose de clairvoyantes idées sur la poésie anglaise, i^uis
de gracieuses figures féminines, Mme du Boccage qui pénè-
tre dans la haute société anglaise, admire Addison et
Pope, et donne une adaptation du Paradis Terrestre à une
élégante in/idèle ; c'est le Tourneur, traducteur de Shakes-
peare et d? Young qui contribua autant que Voltaire à révé-
ler le grand Will à la France, c'est Mme le Prince de Beau-
mont, la conteuse de la Belle et la Bête qui résida en Angle-
terre, visita Hampton-Court et Oxfort ; c'est Elie de Beau-
mont, avocat au Parlement, qui relata finement ses impres-
sions sur la société anglaise, connut Walpole à Strawberry
Hill. Voyageurs ou exilés au xviir siècle, sont attirés par la
Constitution anglaise et reviennent en France, Moysant, de
la Rue, de Gerville pour y répandre un nouvel esprit. C'est
aussi pendant la Révolution que le rapprochement d'éru-
dits, d'artistes normands et anglais favorise cette commune
])assion pour les choses communes du passé, événements
historiques, monuments littéraires (Wace, Marie de France,
trouvères), abbayes romanes {Norman Style), pour tous
les souvenirs anglo-normands où les esprits des deux
races sœurs communient. Tout cela, intimement associé,
au mouvement romantique, moyen-âgeux, aux Ballades de
Percy, aux romans de W. Scott. Des rapports étroits s'éta-
blissent entre la société des antiquaires normands et les
antiquaires de Londres. Sir Joseph Banks fut le Mécène du
grand archéologue de la Rue et c'est chez lui que ce dernier
connut le collectionneur Towneley et Francis Donce. Ce
commerce d'érudits scelle des amitiés durables et pleines de
charme. Tandis qu'un jeune émigré, un gentilhomme nor-
mand, de Gerville, se met à l'école des archéologues anglais
11.
J()2 LES LANGUES MODERNES
et ouvre la voie à Arcisse de Caumont, l'artiste Cotman
dessine les abbayes anglo-normandes et Charles Stottard la
lapisserie de Baveux. Ducarel, à demi anglais, à demi nor-
mand, Auguste Le Prévost forment de nouveaux traits
d'union sur ce terrain d'études pacifiques. C'est un échange
(ie lettres et de travaux qui suscite une fervente émulation.
Toute une colonie anglaise, au commencement du xix* siècle
réside à Caen autour de la vieille Université.
De cette étude provinciale un peu touffue peut-être, se
dégagent des idées générales : tous ces liens créés par un
échange de vues politiques, économiques, littéraires, artisti-
ques, ont formé un faisceau puissant qui contribua au rap-
])rochement intellectuel des deux peuples.
Cette étude de Normands et d'Anglicisants qui sait évo-
quer la vie de la société londonnienne au xviii'' siècle, évo-
que aussi celle de vieilles cités normandes, centres de culture
provinciaux. Elle garde — et c'est un charme rare — une
saveur de terroir, et des souvenirs s'accrochent à tel vieux
hôtel, à tel vieux bourg : « Cela nous reporte en des temps
plus prospères que disent encore tel vieil anneau de fer du
nuir ombragé, où venaient s'amarrer les navires, tandis que
retentissaient les maillets des chantiers et qu'aux fortes
marées les beauprés anglais et norvégiens, pénétrant dans la
)ue de la Mer, y frôlaient les portes des maisons. »
C. Chemin.
Jean Gaument et Camille Ce. — Les Chandelles éteintes-
(L'Edition Française Illustrée, Paris, !..">()).
Ce livre n'aurait pas sa place en notre cadre, bien qu'écrit
on grande ])artie par un universitaire anglicisant, s'il ne
(iécouvrait le peuple français à nos collègues de l'étranger,
et si d'autre part il ne contenait de lumineux points.de repère
pour le classement des valeurs humaines, à la fois supérieu-
les et inhérentes à tous les groupements. Au surplus, près
de ([uiconque, ayant lu ceci, lira l'ouvrage, je n'aurai point
l/Csoin d'excuse.
« Les Chandelles Eteintes » sont les âmes des pauvres ;
elles brillèrent dans les joies de l'enfance, étirant souvent
leurs llammes i)àlies au souffle des mauvais hasards. Puis les
duretés de la vie, les servitudes morales, la conscience des
op])ressions arbitraires, et du peu qu'il eût fallu pour pleine-
ment surgir, ont retourné sur elles, lentement (car les volontés
résistent), et sûrement (car l'humanité est éternelle devant
l'individu), le boisseau où la lampe étoufîe. Elles disparais-
BlBLKXiRAl'im-: 163
sent donc, ces âmes, plus tôt que les autres, mais surtout,
sans avoir eu leur place au soleil de l'expression. Nos deux
évrivains en conservent-ils quelque fiel ? Xon : leur mélan-
colie n'est pas tristesse : partout, à son heure, s'exhale de
leur œuvre la poésie des choses chargées de souvenirs
humains, de souflrances et d'extases ; et leur tendresse est
telle des forts et des lucides, qui, ayant vécu, ont vaincu, et
ayant vaincu, savent.
La sincérité est sans doute un des traits essentiels du
livre ; mais elle est à ce point élevée et rare, qu'elle entraine
une renonciation proprement scientifique à l'intrusion du
moi, ou plutôt, de ce moi surérogatoire et vain, qui, en
dehors de la forme issue de lui, entrave l'observation chez
le lecteur, comme d'abord chez le psychologue. La vision est
à la fois aiguë et forte : elle comporte le sens inné: des
valeurs positives ; elle découvre les originalités sous les
écorces ternies ; elle illumine ensemble le pittoresque des
gestes et leur symbolisme, et garde jalousement la vie même
y ces dosages variés de matière et d'esprit. C'est dire que ces
].ortraits i^rovinciaux sont au premier rang des documents
humains, et par suite, aussi riches d'idéal que de réalisme :
ils laissent à la vie sa complexité et ses fluctuations, étran-
gères aux matérialismes mécanisés comme aux idéalisations
faciles : à leur base est le respect des faits de tout ordre, du
monde tel que, plus encore qu'à ceux de l'artiste, il s'ofîre
aux regards, aussi humbles qu'avides, du chercheur de
vérité. Un des aspects d'une telle attitude est l'équilibre phi-
losojlhique, l'humour, un relativisme fait de souplesse et de
largeur d'àme et qui n'est aucunement celui d'un dilettante.
Seul le maximum d'émotion puisée aux contemplations suc-
cessives permet d'atteindre le point de fusion où naissent la
vie et son mouvement.
La sympathie s'épanouit en un milieu ainsi ordonné par
l'intelligence ; elle constate les faiblesses humaines, tendre-
ment lorsqu'elles no sont pas des crimes du coeur, même
lorsqu'elles sont ridicules, ou jugées telles par les rétrécis du
snobisme. Et elle est d'autant plus grande pour les valeurs
individuelles, que celles-ci souvent s'ignorent, et s'étonnent
qu'en un instinct confus du divin, parfois on se découvre à
leur passage. Même les antipathiques sont décrits dans leur
milieu comme des fails, bizarreries d'une nature impar-
faite, qui ne sauraient annuler les beautés voisines, fût-ce
dans les existences qu'ils assombrissent. Car les auteurs
repoussent le rôle de juges, — non parce qu'ils « ne veu-
lent point être jugés » — , mais par le seul respect d'une
1G4 LES LANGUES MODERNES
réalité ondoyante et subtile. La seule, caste avec laquelle on
les pressent susceptibles de garder intimement leurs distan-
ces, est celle des pharisiens aigris, auxquels l'orgueil, le prurit
de l'autorité, interdisent l'intelligence féconde, la vision de
ce qui surgit de grandeur des injustices du sort, de ce qui
éclôt de beauté sous les résignations et les cruautés accumu-
lées.
Certains critiques de la grande presse, examinant le livre
parmi les cinq ou six qui leur paraissaient dignes du prix
Goncourt, lui ont reproché çà et là une vulgarité excessive
dans les termes : je ne suis pas de leur avis. Les notations
sordides y sont fréquentes et doivent l'être, parce qu'elles
tiennent au sujet : les personnages, et pour cause, ne se sont
pas fait les ongles : aucun d'eux ne serait introduit sans une
nuance perceptible de condescendance dans un cercle bour-
geois : ils n'émondent pas davantage lear très savoureuse
langue, qui répond à la franchise de leurs indignations ou
de leurs satisfactions matérielles, presque les seules, hélas !
qu'ils puissent en paix goùt?r. Ce qui répugne à ces critiques
ou à leur public, c'est, moins que la vulgarité des termes,
celle des états que seuls peuvent rendre, intégralement, des
termes vulgaires : de cette fidélité, pour ma part, je ne sau-
rais trop louer l'écrivain. L'emploi de l'argot me semble, en
outre, judicieusement dosé : à part quelques locutions par-
ticulières à la région rouennaise, on ne trouve rien qui ne
soit universellement intelligible. La vérité la plus générale
sur ce style, c'est qu'il émane spontanément des choses, Jean
Gaument et Camille Ce n'ont voulu que leur vision fût trou-
blée d'aucune préoccupation extérieure, d'aucune confor-
mité à tel ou tel vocabulaire ; de même que leurs enthou-
siasmes sont issus du sol même où ils s'élèvent, essentielle-
ment dissemblables des fleurs exotiques, transplantées et
tristes. Ces deux curieux d'âmes, en des domaines rarement
décrits avec la même respectueuse fidélité, même par les
plus grands romanciers, se sont tenus dans leur coin
d'ombre, et n'ont ouvert la bouche en leur propre nom que
pour dire ce qu'il eût été petit de ne pas dire, pour ne pas
refuser leur assentiment ému à une forme de vie pleine de
grâce ou héroïque sous ses haillons. Ils ont vu de leurs pro-
pres yeux, ils ont aimé parce qu'ils ont beaucoup vu, parce
qu'aucun des éléments fondamentaux ne linir a échappé ; ils
ont ensuite parlé selon leur esprit courageux et leur cœur
averti ; ils font voir qui veut voir, et ils font aimer.
G. d'Hangest.
KIBLI<)(;JÎ.\PHIK 165
MoDKHN Lanoua<;ks. — December IDll)
So-MMAim;. — Observations. ïhe Editor. — Britain as an
llalian Province. Thomas Okey. ^ La langue française. Abel
Herniant. — Xationality and language. Léonard Magnus. —
The course at Burgos. J.-P. Howard. — The draniatic ins-
tinct. Edith Stent. — Sonie modem ])ainters. H. A. X. —
Récent poetry and fiction. Ahlous Huxley. — Correspon-
dence. — Bibliography.
MoDKi'.N Language Notes. — .Tanuary 1920
CoN riîNrs. — Lovejoy. A. (). Schiller and the (ïenesis of
l'iomanticism. — Schinz, .\lbert. Un «. Rousseauiste » en
Amérique. — Wells, John E(hvin. Eielding's « Champion >).
More notes. - — O'Connor, H. W. Addison in Young's « Con-
jectures ». — Beach Sarah M. — The « Julius Cœsar Obelisk »
in the « English Faust Book •> and elsewhere. - — Ely
(>atherine. The i)sychology of Becky Sharp.
Rkvle de i/enseignement des i.axgues vivantes (Février
ii)20).
Un Abonné. — Les Langues vivantes dans l'Enseignement
primaire et l'Enseignement technique.
(Cet exposé alerte et substantiel établit d'une part l'hostilité
des mesures projetées par la Direction de l'Enseignement
l)rimaire ou proposées par quelques chefs d'établissements,
sans d'ailleurs que les programmes en doivent être allégés.
Il souligne d'autre part la contradiction entre ces initiatives
d'administrateurs et l'orientation nouvelle de l'opinion, basée
elle-même sur la réalité de nos besoins économiques, natio-
naux et culturels).
Soutenance de thèses pour le doctorat es lettres
Le samedi .31 janvier 1!)20, M. Raphaël (Théodore-Gaston),
agrégé de l'Université, professeur au lycée Lakanal, à SceaMX
(Seine), a soutenu, devant la Faculté des Lettres de l'Uni-
versité de Paris, ses thèses pojr le do'^torat sur les sujets
suivants :
Thf:se compeémentaihe. — Walter Halhenau. Ses idées et
ses projets d'or(/(inisalion économique.
Thèse principale. — Otto Liidwig. Ses théories et ses œu-
vres romanesques.
M. Raphaël a été déclaré digne du grade de docteur es
lettres avec la mention : Très honorable.
>o<
NECROLOGIE
Allocution prononcée par H. Rancès, le 11 novembre 1919,
aux obsèques de M. Darriulat
Au nom de TAmicale des Professeurs du Lycée Condor-
cet, je viens, le cœur très lourd, apporter l'adieu suprême au
collègue trop tôt enlevé à notre afîection.
Le sort a des vicissitudes cruelles. Darriulat avait, sans
faiblir, traversé les fatigues et les dangers de la guerre qui
eut pour lui ses heures de gloire. Il nous était revenu, il y a
.six sema'ines, semblant remonté par le repos qu'il avait pris,
paraissant enchanté de ses vacances et nous parlant avec
enthousiasme de sa villégiature de Chatou, qui lui était si
chère. Au bout de peu de jours cependant, on l'entendit se
plaindre de malaises subits : il dut prendre un repos forcé.
Luis ce furent les progrès rapides de la maladie sournoise,
les nouvelles s'aggravant brusquement, et enfin cette mort
soudaine, impitoyable, mettant le terme à une existence trop
brève et nous laissant à tous l'impression d'une perte per-
.'onnelle irréparable.
Jamais collègue, eh effet, ne fut plus justement sympathi-
<(ue. Arrivé, il y a sept ans, dans cette vieille maison de
Condorcet qui a .ses traditions très particulières, et dont il
faut se garder de forcer l'accueil, Darriulat avait su d'emblée
s'inqjoser à notre estime et à notre alfcction. On appréciait
l'ardeur raisonnée de ses conyictions pédagogiques, son
tsprit pénétrant, son bon sens sûr et réfléchi, sa tolérance,
sa bienveillance, indulgente sans aucun scepticisme, son
entière indépendance de pensée et de langage. On l'aimait
])our la sûreté de ses relations, i)Our sa bonhomie, sa gaieté
si fine et souriante, et surtout pour cette bonté agissante que
l'on sentait au fond de son cœur, et qui résume tout son
caractère.
.Tamais homme ne mérita d'avoir plus d'amis ; et de fait,
l)art()ut où il a passé, il a laissé les plus solides affections.
NÉClU)I.OGIK 107
Je sais ce que pensaient ses maîtres de létudiant de Lyon ;
travailleur robuste, sachant communiquer son entrain à ses
camarades ; je sais aussi, pour le leur avoir entendu dire,
lorsque le bruit se répandit que sa vie était en danger, ce que
jjensaiont ceux-ci. Partout où il a passé dans sa carrière
provinciale, il a compté autant d'amis que de collègues.
L'un de ces derniers, bien loin de connaître le malheur qui
nous atteint, loin même de le savoir souffrant, m'écrivait
hier de le rappeler au souvenir du « Vieux Darriulat » et
de lui dire que personne ne l'oubliait en ce Lycée de Tou-
lon où pourtant son passage fut si rapide.
De telles affections ne sont le privilège que de ceux qui les
ont méritées : leur souvenir persiste, et réconforte les vivants.
Nous pouvons l'assurer aux êtres chers que Darriulat laisse
derrière lui : à sa mère, à sa veuve, à son petit enfant qui
i:'aura pas assez connu un tel père. Que tous soient certains
de notre sympathie profonde ; qu'ils sachent bien surtout
qu'au Lycée Condorcet où Darriulat aura passe les dernières
années d'une belle carrière, son nom ne mourra pas : son
fils s'en apercevra s'il a jamais besoin de nous !
Louis - Georges RITZ
La guerre est finie. Malheureusement la liste de ses victi-
mes n'est pas encore close. Aujourd'hui c'est notre ami Ritz
qui succombe à la maladie qu'il avait contractée au front,
dans la boue des tranchées. Il s'est éteint doucement, le 12
février, dans sa bonne ville d'Annecy où il attendait avec
une résignation admirable la convalescence lente à venir que
lui promettaient i^arents et amis, mais que les médecins
n'espéraient plus.
Ritz enq)orte dans la tombe les regrets unanimes de ceux
(fUL l'ont connu. Tous ont apprécié la délicatesse de .son âme
et la générosité de son cœur, la finesse de son esprit curieux
et la douce fermeté de son caractère. Il avait l'estime de ses
chefs et l'affection de ses élèves, la sympathie de ses collè-
gues ou leur amitié.
Le hasard nous rapprocha il y a seize ans. Nommés en
même temps professeurs au Lycée de Marseille, nous faisions
168 LES LANGUES MODERNES
presque nos débuts clans l'Université. Nous avions les mêmes
goûts, des idées communes, et chacun nos projets. Nous nous
attardions volontiers après la classe à parler de nos occupa-
tions du moment et de nos rêves d'avenir. Je retrouvais sou-
vent Ritz dans le calme de sa petite chambre, au milieu de
livres précieux, tantôt courbé sur de vieux documents,
comme l'obituaire de l'abbaye de Talloires qu'il édita, tantôt
lisant quelque poète anglais ou quelque humoriste américain
dont il se plaisait à me découvrir les intentions ou les fines-
ses. Quand le soir tombait, il se mettait au piano et dans
l'obscurité croissante, ses longues mains, souples et légères,
couraient mystérieusement sur le clavier. Le jeudi et le
dimanche, il quittait la ville et vagabondait des heures
entières dans la campagne environnante. Il n'y avait pas un
point de la côte, pas un sentier de la montagne qu'il ne vou-
lût reconnaître. Il descendait sur des rochers vertigineux
jusqu'au fond des plus sombres calanques ou bien tentait,
sans souci du danger, l'ascension scabreuse des cheminées
les plus raides. En bon fils de Savoie, il avait le pied sûr et
ie cœur opiniâtre. Et rien n'échappait à sa curiosité durant
ces courses folles. Tout à coup il s'arrêtait pour se pencher
sur une petite fleur, sur le lin ou l'iris sauvages ; il cher-
chait la cigale sur le tronc brun des pins et considérait lon-
guement le suintement discret d'une source cachée dans
l'ombre d'un vieux lierre, pour repartir enfin vers d'autres
jouissances, à la suite du papillon multicolore qui dansait
devant lui.
Avant d'être appelé >au Lycée de Lyon, Hitz s'était marié.
Les souvenirs d'enfance et de jeunesse l'avaient ramené à
Annecy-le-Vieux ; et c'est dans la i)etite église île ce village
(|ue fut bénie, au milieu du concours sympathique de toute
la population, une union qu'aucun nuage ne devait jamais
troubler, ('e jour-là, un jour d'éclatant soleil, les cloches
sonnèrent gaiement au pays du maitre-fondeur, et long-
temps elles envoyèrent par-dessus le lac, aux montagnes
amies, la joyeuse nouvelle que deux familles d'antique sou-
che savoyarde et de réputation bien française, commu-
niaient dans l'amour de leurs enfants.
.\ Lyon où Ritz s'établit délinitivemenl, autant à cause de
la proximité de son pays natal (|ue |)ar reconnaissance
envers ia vieille ville où il avait fait ses études, sa maison
retentit bientôt des cris et des rires de tout un petit monde.
Trois garçons et deux filles, également adorés, s'y succédè-
rent sous la i)lume douillette du berceau, apportant chaiiue
NÉCROLOCilE l(')î)
fois aux heureux parents une nouvelle raison de vivre. Kitz
les éleva avec la sagesse avertie et la tendre bonté qu'il
tenait de son père et de sa mère, jouant volontiers mais
sachant aussi contenir une ardeur importune quand l'heure
des ébats était passée. Et je vois encore au fond d'un tiroir
(!e sa table de travail tel sac de bonbons où de petites mains
avaient le droit de se glisser quand elles n'avaient pas été
trop bruyantes et n'avaient pas interrompu de studieux
labeurs.
Les travaux pédagogiques de Ritz sont présents à toutes
les mémoires, ('.hacun sait qu'il a publié chez Hachette deux
jolis petits ouvrages destinés aux élèves du premier cycle
des lycées Jack the naiightij boy et Peter the yood servant,
et qu'il a fait paraître chez Colin une charmante anthologie
des poètes anglais English Poeins and Sonfjs. De temps en
temps il adressait une communication au bulletin des Lan-
gues Modernes, où nous aimions lire sa prose vive et alerte.
Cette année encore, il nous avait amusés en signalant les
fantaisies parfois burlesques du commandement dans la
nomination des interprètes aux armées.
Ritz avait espéré pouvoir reprendre en octobre dernier
son poste de professeur au Lycée de Lyon. Mais le mal dont
il souflrait lui avait déchiré la gorge et lui interdisait désor-
mais tout enseignement. Il s'habituait à l'idée d'entrer dans
l'administration où il n'eût pas manqué de réussir avec son
tact naturel et sa grande bienveillance, quand sa belle éner-
gie fut brisée.
Ritz meurt, à peine âgé de 41 ans, après avoir conservé
jusqu'au bout sa bonne humeur. La mort elle-même l'a trouvé
docile. Guidé toute sa vie par un idéalisme souriant et natu-
rellement porté vers les belles et nobles actions, vers la
vérité et la vertu, il a réalisé le plus sublime des sacrifices
sans l'apparence d'un effort. Joyeusement il a donné sa vie
pour la France.
Puissent sa veuve éplorée et ses chers enfants, puisse
aussi sa famille trouver dans l'hommage ému qu'au nom de
ses collègues un ami douloureusement attristé rend aujour-
d'hui à Louis Ritz, le témoignage respectueux que leur
grande allliction est unanimement partagée !
Joannv Commahmoxd.
Notes et Documents
Les Nouvelles Epreuves de Langues Vivantes
au Baccalauréat
Le déLict rcformaut les articles 17 et 20 du décret du 31 mal
1902, ntodifiés par décret du 22 janvier 1917. a paru à VOfficiel
du 18 février :
. L'épreuve écrite de langues vivantes est une version suivie
d'un thème d'imitation.
<■ Le texte de la version de langue étrangère vivante sera choisi
dans un ouvrage de prose et ne dépassera pas quinze lignes.
» Le thème dit d'imitation sera conforme à la définition de cet
exercice telle qu'elle est formulée dans l'instruction ministé-
rielle de 1902 relative à la réforme de l'enseignement des Lan-
gues Vivantes dans les Ijcées et collèges. Le candidat trouvera
dans le texte de la version la solution des principales difficultés
de vocahulaire, de manière qu'il puisse réserver son attention à
la correction et à la précision grammaticales.
> Pour le thème comme pour la version, sera seul autorisé
l'emploi d'un dictionnaire en langue étrangère.
< Chacune des parties de l'épreuve de Langues Vivantes aura
une durée d'une heure et demie. >
Le coefficient sera de 1 pour chaque épreuve.
Aucun changement à l'oral.
Les Langues Vivantes à l'Ecole Polytecl)>)ique
et à Saii)t-Cyr
Le 6 mars, M. Lucien Poincaré, vice-recteur de IWcadéniie de
Paris, donnait l'avis suivant aux proviseurs des lycées de son
ressort :
M, le ministre de la Guerre a décidé d'exiger désormais des
candidats au concours d'admission à l'Ecole polytechnique et à
l'Ecole spéciale de Saint-Cyr, la connaissance obligatoire de deux
langues vivantes (allemand et anglais).
L'obligation pour les candidats de ces grandes Ecoles de con-
naître les langues allemande et anglaise n'aurait d'elTet (|ue poui-
Ibs concours de 1923.
Il est nécessaire, dans ces conditions, d'organiser pour la ren-
trée 1920-1921, l'enseignement des Langues Vivantes dont il s'agit,
dans les cours préparatoires aux écoles militaires des établisse-
ments cVcnseignement secondaire.
NOTES ET nOCL-MENTS 171
Chaires et Services d'7Mien)ai)d
M. Rancès, délégué au Conseil Supérieur, ;iyiHit cru devoir signaler
à M. le Directeur de l'Enseignement Secondaire, certaines irrégularités
dans l'organisation de Services d'allemand, et particulièrement la
suppression injustifiée d'une des deux chaires d'allemand du Lycée
du Havre, a reçu la réponse suivante, cju'il nous paraît intéressant de
publier :
Paris, 23 février 19W.
« Vous avez bien voulu appeler mon attention sur certaines gémina-
« tions de classes d'allemand qui auraient été effectuées dans les
« Lj'cées où les effectifs des élèves d'allemand sont réduits, et qui
« seraient préjudiciables à l'intérêt des études.
« Mon Administration a toujours pris les mesures nécessaires pour
« que l'enseignement de l'allemand soit donné dans les meilleures
« conditions possibles.
« En ce qui concerne notamment le L3'cée du Havre, un nouveau
^( professeur d'allemand vient d'être désigné pour cet établissement. »
Pour le Ministre et par son autorisation :
Le Directeur de l'Enseignement secondaire.
Signé : Bellin.
Visite à M. le Directeur de i'Ei)seigi)en)ei)t SecoQdaire
M. Veillet-Lavallée, Président, a été reçu le jeudi 4 mars, par
M. Bellin, Directeur de l'Enseignement secondaire, qui a bien voulu
lui promettre de faire réunir les documents statistiques dont la.
Commission pour la Défense de l'allemand, présidée par M. Delo-
bel, a demandé communication. M. Bellin a assuré le Président
de toute sa sympathie pour notre groujjemcnt. Il avait pris le
plus grand intérêt au compte rendu, qui lui en avait été fait par
M. l'Inspecteur Général Guillaume, de notre Réunion Pédagogi-
que du 26 février. Il approuve entièrement les termes de la décla-
ration faite par M. Guillaume à cette Réunion et dont on trou-
vera le texte d'autre, part. Une circulaire qui sera prochainement
învoyée dans toutes les Acadéi.'àes précisera que si les 'épreuves
le Langues Vivantes au Baccalauréat ont subi une modiiication,
trien n'est changé aux méthodes actives pratiquées depuis 1902.
En ce qui concerne Vallemand, M. Bellin est le premier à déplo-
rer qu'un fléchissement aussi caractérisé se soit produit dans
[l'étude de cette langue. Le ministère a recommandé non seule-
[ment aux Inspecteurs de Langues Vivantes, mais aussi aux Ins-
[pecteurs de toutes les autres disciplines, de mener une active
(«ampagne auprès des Proviseurs, des Principaux, des Directrices
i<ie Lj'cées de Jeunes Filles, afin que tous les chefs d'ctablisse-
[înents insistent auprès des élèves et des familles pour les cmpè-
icher d'abandonner l'allemand ou les v ramener.
172 LES LANGUES MODERNES
Enfiu, le Président a signalé plusieurs cas de géminatioii oit
d'encombrement excessif de classes. Il a insisté auprès de M. le
Directeur pour que des mesures soient jirises en \ue d'anicliorei
cette situation.
Les séjours à l'Etranger
Il est indispensable, chacun le sait, que les Proi'esseurs de Langues
vivantes fassent de temps à autre un séjour plus ou moins prolongé
dans le pays dont ils enseignent la langue. Ces voyages constituent
pour nos collègues une charge que ne connaissent pas les professeurs
des autres disciplines. Ne serait-il pas possible de découvrir des
modalités en vue d'alléger cette charge ? C'est là un point que nouf^
soumettons aux réflexions de nos collègues.
Mais, au début même de notre carrière, il nous a fallu étudier à '
l'étranger, et l'Administration peu soucieuse de faciliter la préparation
professionnelle de ses jeunes fonctionnaires, ne nous a aidés qu'en de
rares occasions. Il est souvent arrivé, par exemple, qu'un professeur
a dû quitter son poste pendant un ou deux ans pour allei^ travailler
à l'étranger. Parfois le fonctionnaire a interrompu ses versement^
pour la retraite. Il en est résulté pour lui un dommage appréciable,
comme c'est le cas pour notre collègue Doclanthnn (V. Langues
Modernes, janvier-février 1920, p. 61).
La réponse donnée à son sujet par le ministère étant des plus
Nagues, M. Veillet-Lavallée a invité M. Dodanthun à formuler une
nouvelle demande en vue d'obtenir que les deux années scolaires
pendant lesquelles notre collègue occupait les fonctions de professeur
assistant français à la Boys' Higli School de Glasgow lui soient comp-
tées comme années de services valables pour la retraite. M. Dodantiuiu
sollicite, en outre, la permission de verser à l'Etat, par mesure de
rétroactivité, les sommes qu'il aurait dû légalement verser à titre de
retenues pour la retraite pendant la période où il cessa son service T»
l'E. P. S. de Calais pour séjourner en Angleterre.
M. Veillet-Lavallée, président, en présentant cette demande aur
ministère, y a joint les observations qui suivenl :
Paris, le 2.") janvier V.)'2o.
(f MONSIKIH LK DiKECTELR,
« J'ai l'honneur de vous transmettre ci-inclus une lettre de
" M. Dodanthun, professeur au Lycée de Nevers.
« Notre collègue demande à être autorisé à verser une somme de
« cent francs pour chacune des années qu'il a passées à Clasgow
« comme professeur-assistant français à la lioijs' Iligh School de cette
« ville. Ces années pourraient ainsi être comptées plus tard pour le
« calcul de sa pension de retraite.
« Le cas de notre collègue vous a déjà été soumis, je crois.
« Permette/.-moi cependant, je vous prie. M.. le Directeui', en vous
« le représentant, de vous indiquer que M. Dodanthun avait été délégué
NOTKS ET DOCUMENTS ll'.i
à cette occasion, dans cet établissement anglais, avec des fonctions
presque ofTicielles, par M. Friedel, agissant lui-même pour le
compte du ministère.
« Enfin, les séjours à l'étranger sont, pour les jeunes professeurs de
Langues vivantes, au début de leur carrière, une condition absolue
de leur préparation professionnelle. Il est de l'intérêt de l'Etat
lui-même que ces séjours soient fréquents, prolongés, mais aussi
peu onéreux que possible pour les fonctionnaires. Il en va même du
bon recrutement des professeurs de Langues vivantes.
« C'est à la lumière de ces considérations d'ordre général que je
vous prie, M. le Directeur, d'examiner le cas de M. Dodanthun.
'( Je vous prie d'agréer, M. le Directeur, etc..
« Ch. Veillet-Lavallée. »
Nous tiendrons nos lecteurs au courant de l'affaire.
Gh. V.-L.
Postes vacants ei) Italie
On demande des professeurs agrégés des lettres et de gram-
maire pour l'Ecole Secondaire française de Rome (Lycée Cha-
teaubriand).
Traitement de lu métropole, avec bénéfice du change, aug-
menté d'une indemnité supplémentaire de 2.000 lires par an
.frais de voyage payésj.
Service maximum de 14 heures.
Les professeurs continuent à faire partie des cadres de l'Etat
avec droits à ravaucement et à la retraite.
On demande un professeur agrégé d'histoire et géographie pour
l'Ecole Secondaire française de Rome (Lycée Chateaubriand».
Traitement de la métropole, avec bénéfice du change, aug-
menté d'une indemnité supplémentaire de 2.000 lires par an
frais de voyage payés i.
Service maximum de ]4 heures.
Les professeurs continuent à faire partie des cadres de l'Etat
avec droits à l'avancement et à la retraite.
On demande un professeur licencié de sciences physiques ou
naturelles pour l'Ecole Chateaubriand (Ecole Secondaire fran-
çaise de Rome).
Traitement de la métropole, avec bénéfice du change, aug-
menté d'une indemnité supplémentaire de 2.000 lires par an
frais de voyage payés».
Service maximum de 14 heures.
Les professeurs continuent à faire partie des cadres de l'Etat
avec droits à l'avancement et à la retraite.
Liste des auteurs choisis en vue des compositions écrites et des
explications orales pour la licence es lettres en 1920 et 1921
à l'Université de Strasbourg. (Arrêté du 20 décembre 1919).
Série Langues et Littératures étrangères vivantes
AUTEURS ALLEMANDS
Nibelungenlied. — Ed. Gôschen.
Lessing. — Emilia Galotti.
174 LES LANGUES MODERNES
Goethe. — Iphigenie anf Taiiris.
Schiller. — Don Carlos.
Novalis. — Hymen an die Xachl.
Heine. — Die romantische Schule.
Môrike. — Idiflle ani Bodenser.
G. Keller. — Romeo nnd Jiilia auf dem Dorfe.
ALTEUHS ANGLAIS
Sweet. — Anglo-Saxon Primer (Clarendon).
Chancer. — The Knight's Taie.
Shakespeare. — Romeo and Jiilicl.
Swift. — A taie of a Tiib. — Gulliver's Travels (Parts I et III).
De Foe. — Robinson Crusoe (part I).
Palgrave. — Golden Treasurii (vol 1, Bks 3 et 4).
Tennjson. — Idylls of the Kintj.
G. Eliot. — Silas Marner.
AUTEURS ITALIE.NS
Dante. — Enfer (Chants 10 et 26).
D'Ancona et Baici. — Mannale dclla Lefterafura Italiana.
Firenzc, G. Barbera, 1911, t. I. p. 107-110 ; 113-117 ; 400-405 ;
427-437 ; 521 -.->45 ; 594-622.
Arioste. — Orlando Fiirioso. Ch. XIII, str. 96-136 ; eh. 24,
str. 14.
Machiavel. — Mandragola.
Torquato Tasso. — Jeriisalemme liberafa. Ch. II, VII, XII, XVI.
Manzoni. — Promessi Sposi. Chap. 4-5.
Carducci. — Odi Barbare, livre I.
Pascoli. — Poésie con note di !.. Pietmbiiono, Bologna, Zani-
chelli.
AUTEURS FRANÇAIS
Corneille. — Le Cid.
Molière. — Le Misanthrope.
Bossnet. — Oraison funèbre du Prince de Condé.
Voltaire. — Lettres philosophiques.
Rousseau. — Nouindle Ilêloïse, 1"" partie : 4, 5, 11, 13 ; 4' par-
tie : 11,
Rivard. — Discours sur l'uniin'rsalilè de la langue française-
Mme de Staël. — De l'Allemagne.
Lamartine. — Premières Mëdilations poétiques : L'Isolement,
L'Homme, Le Soir, Le Vallon, Souvenir, Le Lac, Dieu, L'Automne.
V. Hugo. — Les Burgranes. — Légende des Siècles : Le Petit
Roi de Galice. K%ira(Iiius.
Flaubert. — S(dammbo. I : Le I""estiii ; \'II : Haniilcar Barca,
jusqu'aux mots : ■■ Leurs coureurs et leurs cochers ».
Taine. — Iphigenie à Sic Odile (dans les Nouveaux Essais litté-
j-aires . ^— Extraits des Origines de la France Contemporaine
(dans les Extraits des Historiens français du 19"' siècle, par
C. .Tullian).
AUTEURS ESPAGNOLS
Poema del Cid, cd. Menéndez Pidal, vers 2492-3507.
Cer\antes. — Rinconete g Corladillo.
Calderon. — f.a Vida es Suena.
Quintana. — Odas.
.^iigel Ganivct. — Los Iraluijos del lnf(itig(d>le Creator Pio Cid^
NOTES ET DOCUMENTS 175^
NOTE
Programme de l'agrégation d'anglais 1920
L'édition de VEnglish Bible of 1611 étant épuisée, les can-
didats sont autorisés à lire dans n'importe quel texte les six
chapitres figurant au programme.
Circulaire relative aux listes d'auteurs étrangers
ei) vue des sessions d'exanr)ei) du brevet supérieur
eo 1920.
Du 7 février
Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts,
à Monsieur le Recteur de l'Académie d
La question m'a été ])osée de savoir si, vu la date tardive à
laquelle la liste nouvelle a été publiée, les candidats et candi-
dates au brevet supérieur seraient interrogés obligatoiremnt, à la
session d'examen de 1920, sur la liste des auteurs étrangers
modifiée par arrêté du 25 novembre 1919.
J'ai décidé, par mesure de bienveillance, que les candidats et
candidates à l'examen dont il s'agit auraient la faculté, à la ses-
sion d'examen de 1920, de se faire interroger sur l'ancienne ou
sur la nouvelle liste d'auteurs étrangers, à leur choix.
Vous voudrez bien assurer rexécution de cette décision.
Pour le Ministre et par autorisation :
Le Directeur de l'Enseignement primaire.
Conseiller d'Etat,
P. Lapie.
Ci)aire de PI)Oi)étique
Un arrêté ministériel en date du 4 février 1920 porte création
d'un cours de phonétique, conformément à la décision du Conseil
de l'Université de Paris. (Fondation de l'Université).
Ui)e Bibliotl)èque an)éricaine à Paris
Le Comité français de la Bibliothèque américaine à Paris
(10, rue de l'Elysée) a l'honneur de faire connaître aux nombreux
lecteurs de langue anglaise à Paris, la ressource nouvelle qui
s'offre à eux et de faire appel à leur aide en faveur d'une institu-
tion à laquelle ils ne peuvent manquer de s'intéresser.
La nation américaine, qui avait constitué pour la guerre vine
bibliothèque circulante à l'usage des soldats du corps expédi-
tionnaire, a décidé de laisser à la France un fonds de 25.000 volu-
mes choisis parmi les plus représentatifs et les plus importants.
La bibliothèque américaine existe dès maintenant, 10, rue de
l'Elysée, ouverte à tous les lecteurs de 10 h. à 22 h., tous les-
jours, et le dimanche de 14 h. à 22 h.
176 LES LANGUES MODEHNES
Elle contient une abondante collection de livres de référence :
encyclopédies, biographies, traités d'histoire, dhistoire de l'art,
de critique littéraire, de droit, de science sociale, qui sont à la
disposition. Les ouvrages constituant la bibliothèque proprement
dite, accessibles sur demande d'après un catalogue sur fiches,
ont été choisis par des spécialistes pour rcijrcsenter l'ensemble
de la production littéraire, philosophique, politique, juridique,
morale, sociale, scientifique, technique, religieuse, des Etats-
Unis. De nombreux livres anglais complètent la collection, qui
tendra de plus en plus à devenir anglo-américaine.
Une salle de revues et journau.x est ouverte au public.
Les frais d'entretien et de développement de cette bibliothè-
que sont élevés. Les colonies américaines et anglaises de Paris ont
fait des dons importants pour la faire vivre. Le public parisien,
curieux de lectures en langue anglaise, voudra contribuer à l'éta-
blissement permanent et à la croissance de ce fonds unique à
Paris et en France. Travailleurs et lecteurs bénévoles y sont
également intéressés.
Une salle spéciale est réservée aux enfants, avec des livres et
des nîagazines spéciaux.
La Bibliothèque reste ouverte pendant la période des vacances.
Membres bienfaiteurs : 5.000 francs.
Membres fondateurs : 2.000 francs.
Membres donateurs : versement initial de 100 francs, et coti-
sation annuelle de 100 francs.
Membres souscripteurs : cotisation annuelle de 20 francs ;
donnant droit à emprunter deux livres à la fois.
Membres participants ; cotisation annuelle de 10 francs ; don-
nant droit' à emprunter un livre à la fois.
Envoyer les adhésions et verser les souscriptions, à .\mehican
LiBnARY FiND, 10, rue de l'Elysée, ou à l'ordre de Mr. O. W.
Roosevelt, Trésorier, American Library Fund. Farmer's Loan and
Trust C", 41, Boulevard Haussmann.
Le Yice-Président Président
du Comité Français : du Comité Français :
Charles Cestre Salomon Rei.nach.
Professeur à la Sorbonne. Conservateur du Musée
de Saint-Germain
Sujets d'Exan)ei)5 et de Devoirs
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES COMMERCL\LES (2'= auuée)
i" Composition — t?= Langue (Vendredi 19 décembre 1919)
I. — ALLEM.\NI)
L Infolge der Wicdereinnahmc dcr verlorenen Provinzen beab-
sichtigt die Pariscr Firma N. cine Filiale in Metz zu crrichten ;
vorliiufig wird ihr Rcisender den Platz besuchen.
IL Bilde Sdtze mit je einem der folgenden Ausdriicke :
1. Depuis de longues années ; — 2. transférer ses magasins ; — ■
3. en date de ce jour ; — 4. s'adjoindre comme associé ; —
5. déposer son bilan : — 6. sur la i^réscnte place ; — 7. vers la
fin de ce mois ; — 8. se faire représenter.
NOTES ET DOCUMENTS 1//
II. — ANGLAIS
1. ()1(1 Paris firni, F"rcnch wines, informs Eiiglish customers,
opening a branch in London ;
orders to bc sent tjicre, to be cxcciited at once or transmitted
to France ;
anticipating delay in delivcry owing to transport crisis, , will
do its l)est to rcduce it, etc..
2. Put inlo sentences :
Toujours honoré jusqu'ici,; — avertir par la présente ; — espé-
rant recevoir bon accueil ; — veuillez avoir la bonté ; — confier
la signature ; — par suite de l'extension des affaires ; — si vous
profitiez de l'occasion ; — nous venons d'être avises.
III. — ESPAGNOL
I. Una Sociedad participa â sus parroquianos la expiraciôn
de su duraciou légal y su reconstituciôn con otra razôn social,
sin olro canibio, por retirarse un socio.
II. Introduire dans des phrases espagnoles les expressions sui-
vantes :
Sans concurrence possible. — signer par procuration. — donner
l'assurance que... — le prix-courant ti-contrc. — quand nous
aurons changé de domicile. — à compter de ce jour. — si je
pouvais faire face à mes engagements... — disposer de beaucoup
plus de fonds que, par le passé.
IV. — ITALIEN
I. Milano — creazione di una casa di commercio — tessuti di
seta e velluti — circolare — Vi si aggiunge la carta dei cam-
pioni.
IL Formez de courtes phrases avec les expressions suivantes :
1. Succursale de la maison X. de Venise — dentelles — ouverte
à Paris rue... le... (jour et moisj. — 2. Le voj'ageur d'une manufac-
ture de... passera le... à... lui réserver... — 3. La raison sociale...
la signature. — 4. Prendre bonne note de... - — 5. Par suite de
l'extension de mes affaires... — 6. Transfert d'une maison de vins
en gros, dans des locaux plus... rue... arrondissement... — 7. Un
nouveau fondé de pouvoirs... — 8. Célérité dans l'exécution des
ordres — qualité supérieure des marchandises.
2" Composition — l" Langue {Vendredi 13 février 1920).
I. — ALLEMAND
A) Der Verwalter eines Berliner Bankgeschaftes antwortet
eincm Kunden aus Koln, dcr an ihn eine Anfrage betreffs der
Zahlungsfàhigkeit eines Zuckerfabrikanten gericbtet batte. Die
Antwort lautet ungûnstig. Besar;ter Fabrikant hat sich wahrend
des Kriegs in Spekulationen eingelassen, die mit seinen Mitteln
in gar keinem Verhaltnisse stehen.
N. B. — Die Schiller werden gebctcn, sich hier nicht rn^it
verbrau'chten Redensarten und uichtssagenclan Allgemeinheiten zu
begniigen, sondern danach zu trachten, durcb Mannigfaltigkeit
der Ausdriicke und durch Reichtum des Wortschatzes dem Briefe
ein persônliches Geprage zu geben.
12.
178 LES LANGUES MODERNES
B) Mit jedem der folgenden, ins Deutsche ûbertragenen Aus-
drûcke soll ein Satz gebildet werden :
1) Se recommander de quelqu'un ; — 2) renseigner quelqu'un
en connaissance de cause ; — 3) avoir une hypothèque sur ses
biens ; — 4) remplir une fonction ; — 5) faire des affaires avec
quelqu'un ; — 6) occuper une position honorable ; — 7) être de
tout crédit ; — 8) trop étendre ses relations ; — 9) endosser une
responsabilité ; — 10) être à la tète d'un établissement et lui
donner un développement important.
II. — ANGLAIS
A. Bordeaux merchant replies to Chicago correspondent ■ —
\^^ho served in France with U. S. forces and now offers to act
as bis agent for sale of French Wines and Spirits in Illinois ; —
willing to seud 50 samplebottles : clarets of varions growths,
brandies of « high and low degree » ; case insured and freight
paid to X. Y. ; draft at 30 days'sight ; terms and arrangements
proposed for future shipments.
X. B. — Students are requested to give ail the necessarj^ deve-
lopments, and to introduce any new and interesting item they
can think of in connection with the subject, vague statements
and stereotyped formulas being of little worth.
B. Composer dix phrases anglaises au moyen des expressions
suivantes :
1. La maison dont le nom figure sur le bulletin ci-joint. —
2. N'avons jamais fait d'affaires avec cette maison. — 3. Il passe
pour un homme riche. — 4. Ne pouvoir donner des renseigne-
ments plus détaillés. — 5. Toujours heureux de vous rendre le
même service. — 6. Consignation d'un placeraient difficile. —
7. Frais de débours à la charge du commettant. — 8. Prière de
vendre pour notre compte au mieux de nos intérêts. — 9. Les
droits de douane sont si élevés que... — 10. Envoyer compte de
vente tous les mois.
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES COMMERCIALES (1" année)
2' Composition — 2' Langue {Vendredi 6 février 1920)
I. — ALLEMAND
1. Bilde je einen Satz mit : • ■
a) reflexiver Konjugation (Akk.) ;
b) einer Praposition mit Dativ u. Akkusatif ;
c) dem Perfektum von se lever.
2. Ubersetze folgende Sdtze :
Je n'ai pas pu apprendre mes leçons, car j'ai dû rester au lit.
Nous avons du papier blanc, de l'encre noire, de bonnes plumes
et... du temps en sullisance pour faire notre devoir. J'irai à
l'école à huit heures du matin et verrai mes amis.
3. Beantworte folgende Fragen (je 6-9 Zeilen) :
a) Wclche Personen sieht man im Schulzimmer und was
niachen sie ?
b) Sprich von einigen Spielen I
c) Was crwartet der gute Schiller von der Preisvcrtcilung ?
NOTES ET DOCUMENTS 179
II. — ANGLAIS
I. «. Makc a few rcniarks about our soldiers' clothes during
the war ; what of our allies ?
h. What are the principal signs of good health ?
II. c. Givc the superlative of far, fat, easy, bad.
d. Conjugate in the future : I must undress myself.
e. Translate into English :
Il va moins bien qu'hier ; — je l'ai rencontré il }• a deux
jours ; — Je n'apprends que depuis trois mois ; — est-ce que je
ne peux pas sortir ? — l'élève qui copie sur son voisin est aussi
méprisable qu'un menteur.
III. — ESPAGNOL
I. 1) Haga Vd. su proprio retrato (Persona y traje).
2) a) o Cômo se Ilaman las cuatro edades de la vida ?
b) 6 Cuâles son los buenos v los malos lados de cada una de
ellas ?
II. Pônganse en plural las frases siguierites :
Tu. por ser muy trabajadora, empiezas tu tarea temprano
(2" person. del plural).
Este zapato no me aprieta, pero aquél, si.
No cierres esa puerta, al contrario âbrela mâs.
III. Hacer una frase von cada uno de los adjetiuos siguientes
empleados :
1° en comparaiivo de igualdad ; — 2" en superlative absoluto :
Grande, bueno. largo.
IV. — ITALIEN
La vostra casa
L'esterno — l'interno — gli arredi della vostra caméra da letto.
IL Composez de courtes phrases avec les mots suivants :
1^ La famiglia comprende... ; — 2" L'orgoglio di un padre è
quello di... ; — 3" Le persone cleganti portano„. ; — 4° L'om-
brello... la pioggia ; — ^ 5" Il sarto... la misura per... ; —
6" Ogni settimana contiene... giorni.
III. Traduisez :
1° Le drap de ce vêtement ci n'est pas bon du tout. — L'étoffe
de cet habit là est meilleure. — 2° Certaines maisons ont, à
New-York, 8, 20 ou 25 étagea ; à Paris, les maisons ont rarement
plus de six étages. — 3'^ En Italie, les classes commencent à
huit heures en été, à 9 heures en hiver. — 4" On doit aux
parenjs et aux maîtres l'obéissance et le respect. — 5" La main...
Nommez les doigts.
ENSEIGNEMENT DES JELXES FILLES
Imagine a visit of Chrysale's Ghost to your lycée.
Explain this thought : A library is the soûl of a house.
.Explain thèse lines and comment upon them :
A woman maj' wear her stockings as blue as she likes, provi-
ded her petticoats are long enough to cover them.
180 LES LANGUES MODERNES
Fédératioi) Nationale des Professeurs des Lycées
de GarçoQS et des Etablissen)ei)ts secondaires de
Jeui)es Filles.
Paris, le 30 Janvier 1920.
Réorganisation de l'Enseignement
Monsieur et Cher Collègle,
Le questionnaire qui vous a été envoyé a paru à certains un peu
vaste, et il est ressorti de la dernière délibération des Bureaux des
Sociétés de spécialistes (le procès-verbal en sera publié incessamment)
qu'un certain nombie de ces questions présentaient un intérêt pri-
mordial et devaient être étudiées avant toutes les autres.
Nous avons pensé que ces questions étaient faciles à dégager et
votre Société l'a fait déjà, sans aucun doute.
Cependant nous tenons à vous en donner un aperçu, à titi'c
documentaire.
Nous vous prions donc de vouloir bien, si vous ne l'avez déjà fait,
les étudier d'une manière toute particulière, en vue du procbain
Congrès, sans préjudice des autres que vous avez déjà examinées ou
désireriez examiner.
1. — Nature et objet de l'Enseignement secondaire.
Est-ce un enseignement de culture ou un cnscignemenl pratique ?
2. — Quelle doit être la durée des études nécessaii'cs à la formation
des esprits ?
3. — Quelle est l'origine des élèves ?
a) Uniquement par un concours initial ?
h) A la fois par un concours initial et
Comment doivent-ils ) des examens ultérieurs ?
^ ^ \ i^'J Pai' nn concours initial et par des
être recrutes . j examens d'entrée (projet Rameil).
1 ri) Le sjstème des bourses : modifications
i et améliorations.
,, .. \ Examen final : le baccalauréat.
4. — Sanctions. { ^. ,. , , ^ , ^ ,
I Facultés et Grandes Ecoles.
5. — Formation du personnel.
Au cours de cette réunion on a décidé aussi qu'il convenait d'ajou-
ter, particulièrement à l'usage des Sociétés de spécialistes la question
suivante :
Quels sont, selon vous, les besoins de votre spécialité dans un pro-
gramme d'étude d'une durée égale à celle du système actuel ?
Pour le Bureau,
Le Vice-Président : E. Uev.
•sa--
Mouvement du Personnel
Ei)seigoen)eot Supérieur
M. Baldensperger, ancien professeur de littératures modernes
conii)arccs à la Faculté des lettres de l'Université de Lyon, est
nommé professeur honoraire à la dite Faculté.
M. Carré, agrégé d'allemand, pensionnaire de la fondation
Thicrs, est chargé, du l'"" jar.vicr 1920 à la fin de l'année scolaire
1919-20, d'un cours de littératures modernes comparées à la
Faculté des lettres de l'Université de Lyon.
M. Tculier, professeur au lycée de Montpellier, est chargé, en
outre, du 15-12-19. à la fin de l'année scolaire 1919-20. de confé-
rences de langue italienne à la Faculté des lettres de l'Univer-
sité de Montpellier.
M. Reyher, docteur es lettres, nuiître de conférences de langue
et littérature anglaises (Nancy), est nommé, à partir du 16-12-19,
professeur de langue et littérature anglaises à la dite Faculté.
M. Hauvette, professeur de langue et littérature italiennes, est
nommé directeur d'études pour les langues méridionales (Uni-
versité de Paris I.
M. Cazamian, maître de conférences de langue et littérature
anglaises, est nommé directeur d'études pour l'anglais (Univer-
sité de Paris).
M. Legouis, professeur de langue et littératuj-e anglaises, mem-
bre du Conseil de l'Université de Paris, est nommé assesseur du
doyen de la Faculté des lettres de l'Université.
M. Garnier, jjrofesseur au lycée de Lyon, est chargé, en outre,
du l""" février 1920 à la fin de l'année scolaire 1919-20, d'un cours
complémentaire de langue italienne (.2 leçons par semaine».
Légioi) d'Hooo^ur
Sur la proposition du Président du Conseil, Ministre des Affai-
res Etrangères, est nommé Chevalier dans l'ordre de la Légion
d'Honneur :
M. Camerlyxck, professeur au lycée St-Louis et à l'Ecole Colo-
niale, chef du Service des interprètes à la Conférence de la Paix.
Le Comité est heureux d'adresser ses plus cordiales félicita-
tions à notre collègue, qui est un des amis les plus anciens et
les plus dévoués de notre Association.
Lycées de GarçoQS des départen)ei)ts
Anglais. — M. Dhérissart, admissible, agrégé anglais, délégué
pour année scolaire, St-Omer. — M. Vettier, agrégé anglais, passe
de l'Ecole normale au lycée d'Amiens. — M. Leroy, délégué
182 LES LANGUES MODERNES
(anglais), au collège de Bourgoin, délégué (anglais) Châteauroux.
— M. Mairot, agrégé d'anglais, du collège de Lunel au lycée
d'Alais. — M. Moulinier, licencié d'anglais, délégué de l'E. P. S.
Bourges à lycée St-Etienne.
Allemand. — J\I. Carpentier, professeur chargé de cours. Bourg,
est nommé à Besançon. — M. Laurens (Rodez), nommé Avignon.
— M. Enslen, agrégé d'allemand, 5* classe, Lons-le-Saulnler.
Collèges de Garçoi)S
Anglais. — M. Bongard, lettres et anglais (1" ordre, 4" classe),
Uzès. — M. Fabre, délégué lettres et anglais (l''"" ordre, 5' classe),
Condé-sur-Escaut. — - M. Martin, délégué (1" ordre, 6* classe), Par-
thenaj'. — ■ M. Provost, licencié d'anglais, délégué lettres et
anglais (1"" ordre, 6" classe), Sancerre.
Allemand. — M. Sireygeol, lettres et allemand (1" ordre,
5' classe), Brive, nommé professeur d'allemand (1^'' ordre,
5" classe), au même collège. — M. Séclet, professeur d'allemand
(l"' ordre, 5° classe), Philippeville, nommé • professeur lettres et
anglais (1" ordre, 5" classe), Lure. — M. Capdet, licencié d'alle-
mand, délégué lettres et allemand (1" ordre, 6" classe), Carpen-
fras. — M. Alaroze, répétiteur Valenciennes, délégué lettres et
allemand (1" ordre, 5'= classe), Auxerre. — M. Guinet, certifié
d'allemand, instituteur-adjoint à l'E. P. S., Douai, délégué lettres
et allemand (1" ordre, 6'- classe), Cognac, — M. Boulon, licencié
d'allemand, délégué lettres et allemand (1"' ordre, 6" classe),
Argentan. — M. Bénazet, licencié et certifié d'ail., délégué, Mende,
délégué lettres et ail. (l""*^ ordre, 6' classe), Etampes. — M. Ferran.
répétiteur, 5" classe, Figeac, délégué lettres et allemand (1" ordre,
5^ classe), Mende.
Espagnol. — M. 'Dhers, certifié d'espagnol, délégué lettres et
espagnol (l""^ ordre, 6= classe), Blaye. — M. Recoule, répétiteur
(1" ordre, S"" classe), lycée Oran, délégué lettres et espagnol
(1'"'' ordre, 5"^ classe), Brive. — M. Lignières, licencié d'espagnol,
délégué lettres et espagnol (1" ordre, 6* classe), Pézenas.
Italien. — M. Monnot, délégué lettres et italien (l" ordre,
6' classe), Carpentras, délégué mêmes fonctions (b"" ordre, 6" clas-
se), Vienne. — M. Siragzol, répétiteur (1" ordre, 4" classe).
Cognac, délégué lettres et italien (l"' ordre, 4* classe). Embrun.
Ecoles Prirqaires Supérieures
M. Renacci, instituteur à Zalena (Corse), certificat d'aptitude à
l'enseignement des L. V., délégué (lettres et italien), Aix-en-Pro-
vence. — M. Arnaud, professeur (5^ classe), St-Marcelin, nommé
(même classe), lettres et italien), Grenoble. — M. Lccontour, pro-
fesseur-adjoint (3" classe) à Angers, certificat d'aptitude à l'ensei-
gnement des L. V., nommé professeur d'anglais au même établis-
sement. — M. Bouche, instituteur, Toulouse, certificat d'aptitude
à l'enseignement des L. V., délégué instituteur-adjoint (lettres
et espagnol), Toulouse. — M. Albert (espagnol) de Lavaur à Tou-
louse. — M. Crouzet, instituteur-adjoint, Maison-Carrée, certifié,
est nomtné professeur d'arabe, même établissement (4" cl., 2 ans
d'ancienneté). — Mme Dedoîtrc, née Burfin, professeur adj.
MOUVEMENT DU PERSONNEL 183
(5* cl.), La Côte-St-André, certifiée, est nommée professeur d'an-
glais au même établissement. — Mlle Doutenville, de Pitliiviers,
est déléguée à Avesnes (lettres et anglais) jusqu'au 30 septembre
1920.
Professeurs t)oi)oraires
MM. Schmitter (Nevers), Barthélémy (La Rochelle), Guadellé
(Maçon), Chou (Poitiers).
Mises à la retraites
MM. Sigwalt (Micheletn Burg (Montaigne», Posth (Rollin), Devaus-
sanvin (Chaptal) ; Roy (Albi), François (Alençoni, Llanta (Alger;,
Meyer (Aucli), Bousquet (Belfort), Guesnel (Cherbourg», Schmutz
(Grenoble», Barthélemj- (La Rochelle», ("haurand (Lyon), Gua-
dellé (Mâcon), Fischer (Marseille», Schmitter (Nevers», Wirth
(Niort), Chon (Poitiers), Odemps (St-Brieuci.
Ei)seigi)en)ei)t Secondaire des Jeui)es filles
Mme Bonat, née Bagary, certifiée d'italien, nommée collège
d'Alais. — Mlle Desanti, professeur d'italien (6" classe), Alais,
nommée au lycée de Bourg (suppléance^ — Mlle Bénéteau, char-
gée de cours d'anglais, supplée Mlle Mesnier, en congé, au hcée
d'Alger. — Mlle Rouché, certifiée d'espagnol déléguée Montauban,
nommée chargée de cours d'espagnol au dit lycée. — Mlle Fran-
conie, professeur d'anglais (6' classe), au collège d'Epernay
(emploi nouveau). — Mlle Desroche, certifiée d'allemand, supplée
Mlle Hanotaux-Huguenin au lycée du Havre. — Mlle Jourdau,
certifiée d'italien, nommée professeur d'italien au collège d'Alais.
— Mlle Dien, certifiée d'anglais, nommée professeur au collège
d'Epernay. — Mlle Cousin (Yvonne), agrégée d'anglais, nommée
professeur d'anglais au lycée de St-Quentin.
École Prin)aire Supérieure de Jeui)es filles
Mlle Goep, directrice de l'E, P. S. de Gondecourt, nommée
professeur (anglais et morale», Roubaix. — Mlle Petithuguenin,
institutrice-adjointe, Saint-Lô, certificat d'aptitude à l'ensei-
gnement des L. V., nommée professeur d'anglais à la dite école. —
Mlle Hussou, déléguée Salins, nommée professeur-adjoint d'E. P.
S. — Mlle Baudoin, institutrice intérimaire Thaon-les-Vosges,
certificat d'aptitude à l'enseignement des L. V., nommée profes-
seur-adjoint, Belfort. — Mme Kuntz, née Good, déléguée Illiers,
certificat d'aptitude à l'enseignement des L. V., nommée profes-
seur d'anglais d'E. P. S. (4* classe).
-ogo-
184 LES LANGUES MODEBXES
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trésorière, 30, rue Chevert,
Paris VII% à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
1. Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à 0fr.50 la ligne.
2. Nos correspondants sont prévenus c/ue la composition des Petites
Annonces des Langues Modernes est arrêtée le 15 de chaque mois.
1. Ppofesseup diplômé (Oxford), veut i-ecevoir pensionnaires dans sa
maison. Vie de famille et leçons. Conditions modérées. Références
excellentes. S'adresser : M. A", 28, Woodbastwich Road, Sj'denham,
Londres.
2. On aclièterait d'occasion. Chamber's Cyclopœdia of Engiish Lite-
rature, dernière édition, en bon état. Ecrire : Louis Rocher, prof.,
Lycée du Parc, Lyon.
3. Mademoiselle Trivier, pi'ofesseur d'anglais à l'E. P. S. de Tré-
voux (Ain), banlieue de Lyon, désire son changement. Prière aux
Collègues de faire connaître mutations probables. Au besoin accepte-
rait permutation.
-<^>-
Le Gérant : A. Coueslant.
c.vHORS, iiMP. COUESLANT (persoiiiiel intéressé). — 22.GG5
Dix-huitième année. — M° 3 Mai-Juin 1920
Les
Langues Modernes
^éV"\rîs îtx:i.i3or't:a.nt:
Le Secrétaire Général et la Trésorière prient instamment
leurs collègues de leur signaler de suite leurs changements
d'adresse ou de situation, tant afin d'éviter la perte de la
revue que de reconstituer avec exactitude l'annuaire de la
Société, destiné à paraître dans le prochain numéro.
La Trésorière (Mlle Ledoux, 30, R. Chevert, Paris, 7"),
rappelle aux membres de l'Association qu'un compte-courant
de chèques postaux lui est ouvert sous le n" 151-11 par le
bureau de Paris. Elle les prie donc de lui envoyer éventuel-
lement le montant de leurs abonnements par chèque postal,
et de conserver à titre de reçus le talon du chèque ; elle
leur sera reconnaissante de lui épargner ainsi un travail
considérable, ainsi qu'à la Société des frais de correspon-
dance.
Elle informe en outre les sociétaires abonnés à la Revue
Germanique qu'ils doivent lui adresser aussi le montant de
leiw abonnement (soit douze francs). Ceux qui n'auraient
pas encore payé leur abonnement de 191^ (soit huit francs),
voudront bien l'acquitter en même temps. Le premier numéro
de 1920 est sous presse et paraîtra incessamment.
.».
A nos Collaborateurs
La Rédaction est à son grand regret contrainte, par une augmenta-
tion subite et considérable du prix du papier, de demander aux colla-
borateurs qui ont si largement répondu à son appel de février dernier,
un effort supplémentaire de condensation, tant en ce qui concerne
les articles indépendants que les comptes rendus bibliographiques
ou corporatifs.
L'étendue maxima des Chroniques Etrangères doit être de quatre
pages, et d'une demi-page celle des comptes rendus critiques. A ce
prix seulement ne sera pas rompu l'équilibre entre la partie corjîo-
rative et l'information professionnelle, qui sont également essentielles
à la vie et à l'intérêt de la revue.
13.
AU CHAMP D'HONNEUR
LE LIVRE D'OR
Brosse (Henri), professeur d'anglais dans les Ecoles de la
ville de Paris :
« Le commandant Brosse s'est distingué dans la défense
d'un secteur lors des combats de février 1916 ; est resté
plusieurs jours sans prendre de repos ; se multipliant
dans les tranchées pour relever le moral de ses hommes ;
déjà cité à l'ordre de la pour s'être fait remarquer en
différentes circonstances par son sang-froid et sa belle
attitude au feu. » (Rapport du Vice-Recteur de l'Académie
de Paris du 7 février 1920).
« Engagé volontaire, officier de réserve des plus méri-
tants, alors que dégagé de toute obligation militaire par
suite de son âge, il pourrait être à l'intérieur, le capitaine
Brosse est parti avec le régiment. Evacué en septembre
pour cause de maladie, est revenu au début de décembre,
s'est fait remarquer dans différentes circonstances par son
sang-froid et sa belle attitude aii feu, notamment à l'atta-
que de Marchéville (9 et 13 avril 1915). Supporte comme
un jeune homme et sans jamais se plaindre la vie souvent
dure des tranchées, donnant ainsi un très bel exemple
d'abnégation et de patriotisme. » (Ordre de la division. —
Rapport du Vice-Recteur de l'Académie de Paris du 7
février 1920).
Flaire (Lucien), professeur de langues vivantes à Paris :
« A fourni le 5 octobre 1914, l'exemple du plus grand
sang-froid et de la plus grande énergie au cours des com-
bats pendant lesquels il eut à repousser de nombreux
assauts de la part de l'ennemi et fut grièvement blessé. »
(Ordre de la brigade. — Rapport du Vice-Recteur de
l'Académie de Paris du 7 février 1920).
Pailian (André), inspecteur de l'enseignement des langues
vivantes, officier interprète de 1" classe attaché au l"""
corps anglais :
1" citation :
« A fait preuve en toutes circonstances du plus com-
plet dévouement. Témoigne au feu des plus belles qualités .
AU CHAMP D'iIONNIilR 187
de calme, d'énergie et de sang-froid. S'est particulièrement
fait remarquer à Bourg, dans les combats de l'Aisne et à
la bataille d'Ypres, par !a sûreté de ses communications.
Deux fois signalé par les autorités militaires anglaises,
spécialement mentionné par le maréchal commandant en
chef. » (Ordre de la Mission française près l'Armée bri-
tannique).
2'' citation :
« Lors de la réoccupation par toutes les troupes britan-
niques des villages situés aux environs de C..., en novem-
bre 1917, a organisé, sous le feu de l'artillerie et des
mitrailleuses ennemies, l'évacuation de la population
civile ; a fait preuve, en cette circonstance, d'un courage,
d'un dévouement et d'un esprit d'organisation qui ont
permis de mener à bien cette difficile opération; déj.\ cité
le 1"" juin 1915 » (Ordre de la Mission française près
l'Armée britannique. — Rapport du Vice-Recteur de
l'Académie de Paris du 7 février 1920).
LÉGION' d'honneur
Chevalier
Brosse (Henri), profosceur d'anglais dans les écoles de la
ville de Paris :
* Modèle de patriotisme et d'abnégation, sert à 56 ans
avec un zèle et un dévouement absolus ; fait l'admiration
de ses chefs pour son énergie, son caractère et son sang-
froid. » {Journal Officiel du 12 janvier 1916).
MÉDAILLE MILITAIRE ANGLAISE
BoiRiN (Louis), professeur d'enseignement commercial dans
les écoles de la ville de Paris. (Rapport du Vice-Recteur
de l'Académie de Paris du 7 février 1920).
Laurent (Victor), professeur d'enseignement commercial
dans les Ecoles de la ville de Paris. (Rapport du Vice-Rec-
teur de l'Académie de Paris du 7 février 1920).
CROIX MILITAIRE ANGLAISE « MILITARY CROSS »
Paulian (André), inspecteur de l'enseignement des langues
vivantes. (Rapport du Vice-Recteur de l'Académie de Paris
du 7 février 1920).
oao
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Réunions du Comité
Le 12 février, une réunion du Comité a eu lieu au Lycée Mon-
taigne. Etaient présents : Mlles Brunel, Clôt et Ledoux ; MM. Bloch,
Cart, Delobel, Duverger, Garnier, Goy, d'Hangest, Hirtz, Jamin,
Montaubric, Veillet-Lavallée.
La séance est ouverte à 2 h. 1/2. Le Présidenî' donne la parole à
M. Montaubric, qui appelle l'attention sur un vœu de M. Appell
reproduit dans le numéro de novembre de la Revue Universitaire
(page 310) et déposé par son auteur au Cojiseil supérieur de l'Ins-
truction publique : que la séparation entre les lettres et les scien-
ces ne soit pas maintenue, et qu'il y ait seulement deux modes de
formation : A. Français-latin-grec-philosophie-sciences ; B. Fran-
çais-latin, UNE langue vivante, philosophie-sciences. Ce projet, s'il
était adopté, donnerait le coup de grâce à l'allemand, non seule-
ment dans les collèges, mais sans doute encore dans beaucoup de
lycée. M. Montaubric espère que le Comité combattra ce projet.
M. Hirtz fait à son tour allusion à un vœu de la régionale de
Poitiers en faveur de la renaissance de l'allemand.
M. Garnier signale l'opportunité de grouper des vœux sembla-
bles.
i M. le Président fait remarquer l'urgence, à ce point de vue en
particulier, de la reconstitution des régionales et remercie celle
de Poitiers de son activité qu'il espère voir se généraliser.
M. Goy, qui a pris connaissance de l'ensemble des vœux de la
régionale de Poitiers, en dehors de ceux concernant l'ordre du
jour, signale en passant l'intérêt qu'il 3* a à étudier ceux qui
portent sur les méthodes d'enseignement, et qui comportent des
critiques inacceptables en leur intégralité. La question est ajour-
née.
Le Président rend compte de, sa visite à M. le Proviseur du lycée
Montaigne qui a fort aimablement consenti à mettre à la disposi-
tion du comité le parloir de l'établissement comme lieu de réu-
nion.
Le Président rend compte en outre de la visite de remerciement
faite à M. le doyen Brunot. à la suite de sa vigoureuse défense des
L. V. au Conseil supérieur.
11 informe ensuite le Comité de l'acceptation par les librairies
E. Bel in et Didier du nouveau tarif des annonces dans le Bulletin.
M. Cart a de même reçu une réponse satisfaisante de la librairie
Delagrave, qui accepte les conditions nouvelles transmises par
M. Bloch.
BULLETIN DE l'ASSOCL\TION 189
En ce qui concerne le projet de suppression de l'enseignement
des L. V. dans les Ecoles Normales, le Président signale qu'il a fait
paraître dans la " Revue des L. V. » un article non signé répon-
dant à celui de M. Lapie dans la Revue Pédagogique ; et qu'un
autre article de lui-même paraîtra incessamment dans le Journal
des Instituteurs, selon qui l'enseignement des L. V. dans ces écoles
manque de rendement.
Le Président annonce en outre qu'une lettre de M. Andler lui pose
la question de savoir si nous nous occuperons de l'enseignement
à donner aux Alsaciens-Lorrains séjournant en France.
M. Goy fait connaître à ce sujet qu'il existe à la Sorbonne des
coursi destinés à ce public, et surtout aux instituteurs ('qui commen-
cent à les fréquenter) constituant d'une part un enseignement
général sur la Civilisation française, de l'autre un enseignement
pratique de la langue.
Mlle Clôt signale un article récent du Figaro sur l'enseignement
nécessaire aux autres catégories d'Alsaciens-Lorrains.
Mlle Ledoux fait connaître un projet d'organisation au lycie
Fénelon, de cours de français destinés aux jeunes alsaciennes et
lorraines.
M. Goy signale que la question a été envisagée en Alsace, mais
qu'une organisation serait possible auprès des L^niversités.
Le Président répondra à M. Andler que l'aide de l'Association
est en tout cas acquise à cette initiative. Il passe ensuite à la
question principale qui est celle de la défense de l'allemand. Il
importe de créer une commission spéciale chargée d'étudier les
mesures efficaces. Cette commission devra être peu nombreuse
pour travailler avec clarté et chances de succès. Elle devra se
placer aux deux points de vue de la culture: et de l'intérêt natio-
nal.
M. Hirtz fait connaître qu'à Poitiers la diminution des effectifs
germanisants est seulement de 33 0/0. Il y a moins lieu de mener
une campagne que d'éviter les géminations ; celles-ci créent des
conditions décourageantes pour les élèves, lesquels émigrent dans
les classes d'espagnol. La régionale de Poitiers a d'ailleurs
demandé qu'une enquête fût faite sur les conditions générales de
l'enseignement des L. V.
M. Cart demande que cette enquête soit faite par l'intermédiaire
du Bulletin, et que les statistiques soient publiées,
M. Goy indique l'opportunité de faire intervenir à ce sujet les
régionales qui canaliseront les informations.
M. Bloch est' dit même avis, mais rappelle qu'elles ne se sont pas
encore reconstituées. Il a d'ailleurs été questionné sur la légalité
des géminations.
M. Hirtz déclare qu'à Poitiers celles-ci sont extrêmement gênan-
tes.
Le Président revient, à l'organisation d'une commission de l'alle-
mand ; il serait bon que le travail en fût préparé localement.
190 LES LANGUES MODERNES
M. Bloch recommande une action auprès du ministère, pour
obtenir que des ordres soient donnés à ce sujet aux proviseurs ;
une action aussi auprès des Chambres de commerce et des Asso-
ciations de pères de famille intervenant auprès des recteurs et
des inspecteurs d'académie ; enfin une action auprès du ministère
de la guerre.
■M. Goy est partisan d'une orientation de cette action dans le sens
national.
M. Hirtz recommande une campagne dans la grande presse, et
dans la presse associée de province, avec laquelle bon nombre
d'universitaires sont en relation.
Le Président insiste pour que l'on désigne d'abord les promo-
teurs de ce mouvement ; il fera ensuite les démarches indiquées.
M. Hirtz consent à s'en occuper pour la région poitevine, et
même au delà.
M. Delobel, qui un des premiers a soulevé la question, accepte
sur les instances du Président, de diriger cette commission.
M. Hirtz et M. Goy en fe^rout partie, ainsi que le Président de
r.Association. M. Boussagol recherchera en dehors du comité un
membre représentant les langues méridionales.
M. Bloch propose ensuite' la reconstitution^ du comité de lecture :
il est décidé qu'en plus du rédacteur en chef M. d'Hangest, eU^
comprendra MM. Boussagol, Cart et Chemin, qui tous les trois ont
accepté.
M. Bloch, secrétaire général, donne alors lecture du procès-verbal
de la dernière séance du comité, qui est approuvé.
Mlle Ledoux rend compte des démarches faites pour que l'.Asso-
ciation ait un compte de chèques postaux.
M. Cart aborde ensuite le programme de la réunion pédagogique
du 26 février, et s'exprime ainsi qu'il suit :
Mes chers collègues.
Si j'ai demandé à notre président la permission de vous entv.'-
tenir quelques instants de notre prochaine réunion pédagogique,
ce n'est point — vous le pensez bien — que je veuille engager le
comité ni esquiver une responsabilité d'ailleurs légère à porter.
Je ne vous dirai donc à peu près rien des idées q«e je compte
développer dans le bref exposé introductif que le Bureau m'a
chargé de faire, et je me bornerai à vous indiquer la méthode de
discussion qui me semble devoir être la plus utile — en vous
priant de l'approuver ou, si cela vous parait nécessaire, de la
modifier.
Vous savez que nous avons été amenés à convoquer la réunion
pédagogique parce que quelques-uns de nos collègues ont estime
que nous ne devions pas nous désintéresser des idées émises par
les " Compagnons ». Ces idées, nous les discuterons sans aucun
doute, et avec d'autant plus de précision et de sûreté que M. Caza-
mian — président du (Comité directeur des " Compagnons > —
BULLETIN DE l'aSSOCL\TIOK 191
nous a promis de prendre part à la discussion. Mais je ne -.-rois
pas que — au moins dans une première séance — nous puissions
aborder utilement les très grosses questions d'ordre général comme
celles de l'Ecole unique ou de l'organisation syndicale. Il vaudra
mieux rester résolument sur le terrain de l'enseignement des lan-
gues vivantes. La besogne ne fera pas défaut. Et ici encore, pour
éviter que la discussion ne s'égare, nous réserverons pour plus
tard des questions dont nous n'ignorons pas l'importance : la crise
de l'enseignement de l'allemand, la classe d'une heure, la colla-
boration des " lecteurs » etc.
Par éliminations successives, nous nous trouverons en présence
d'une question unique — mais vitale : Quel peut être, quel doit
être le rôle de l'enseignement des langues vivantes dans l'Univer-
sité nouvelle — sans considérer d'ailleurs les réformes que l'admi-
nistration adoptera finalement ? En cherchant à établir, ainsi,
une fois de plus, notre doctrine, nous lépondrons au questionnaire
de la Fédération et nous prendrons en même temps position
vis-à-vis des " Compagnons ». Vous voyez donc bien quel sera
l'objet de notre discussion volontairement théorique : De la valeur
éducative de l'enseignement des langues vivantes. Et c'est des con-
clusions auxquelles nous aboutirons que sortiront tout naturelle-
ment les applications pratiques.
En terminant, je soumettrai à l'Assemblée un questionnaire
que je vais vous demander la permission de vous lire. Si vous le
jugez bon, je communiquerai à l'avance ce questionnaire à M. Caza-
mian qui sera invité à y répondre avant que l'Assemblée ne le
discute. Le Bulletin le fera connaître aux Régionales et aux adhé-
rents isolés qui. nous l'espérons, ne refuseront pas de prendre
part à la discussion. Et si enfin nous pouvons aboutir à formuler
des " vœux > précis, nous n'aurons, je pense, pas complètement
perdu notre temps. ■>
Lecture est alors donnée du questionnaire qui sera proposé à la
réunion pédagogique :
1^ Estimez-vous que l'étude des Langues Vivantes jointe à celle
du Français puisse être une base solide de culture ?
2i Souhaiteriez-vous qu'une section de l'enseignement fût créée
sur cette base ?
3; Y aurait-il avantage à ce que le même professeur enseignât
le français et une langue vivante ?
4) Estimez-vous que dans cette section, l'élève pourrait utile-
ment apprendre deux langues vivantes ?
5) Estimez-vous que pour les élèves de la section latine, l'étude
de la langue vivante pourrait être facultative ?
Après un court échange de vues, le comité accepte la méthode
de discussion proposée par M. Cart.
La séance est alors interrompue pendant 1/2 heure pour attendre
M. Rancès, qui doit venir exposer au comité le résultat des déli-
bérations du Conseil supérieur au sujet de l'épreuve de L. V. au
192 LES LANGUES MODERNES
baccalauréat. (Voir, sous la signature de M. Rancès, page 102 du
dernier Bulletin, le compte rendu de ces délibérations).
La séance est levée à 5 h. 3/4.
Le Comité de TAssociation, réuni le 6 mai au Lycée Montaigne,
a adopté l'ordre du jour suivant :
L'Association des professeurs de langues vi\'antcs de l'enseigne-
ment public.
Enregistre avec la plus grande satisfaction la décision par
laquelle M. le Ministre de la Guerre rend obligatoire pour le
concours d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr à partir de 1923
la connaissance de l'allemand et de l'anglais.
Voit dans cette mesure le seul moyen efificace, en gardant un
juste équilibre entre les deux langues, d'empêcher la désertion
des classes d'allemand et d'éviter le péril national que consti-
tueraient pour la France des générations d'officiers et d'ingénieurs
ignorant l'allemand et l'Allemagne,
Affirme qu'en ce moment où s'impose d'urgence la réorganisa-
tion totale de l'enseignement, l'étude de deux langues vivantes
dans la section C en vue des grandes écoles peut être organisée
sans surcharge, si les professeurs des différentes spécialités veu-
lent se mettre d'accord pour remanier les programmes en vue de
présenter aux élèves un choix judicieux de connaissances à acqué-
rir par les méthodes les plus actives et les plus hautement éduca-
tives.
Constate que le souci de la cuUure générale ne peut être
invoqué en cette matière, étant donné qu'un enseignement bien
compris des langues vivantes sait concilier l'acquisition des
connaissances pratiques avec le développement des facultés
intellectuelles, et constitue un facteur essentiel des humanités
modernes.
Réunion pédagogique
La réunion pédagogique projetée a eu lieu le 26 février 1920 au
Lycée Montaigne. Le Président de l'Association a ouvert la séance
à 2 h. 1/2 en souhaitant la bienvenue à ^L Cazamian, Président
de la société des Compagnons, en lui disant l'intérêt et la sympa-
thie avec lesquels les professeurs de langues vivantes ont suivi les
efforts et les publications consacrées par cette société au problème
de l'éducation, et en rendant hommage à l'idéalisme et à la bonne
foi, ainsi qu'au courage d'un groupement qui doit s'affirmer et
combattre avant même que sa doctrine soit arrêtée. Il donne
ensuite la parole à M. Cart, vice-président de l'Association, qui
a bien vonlu préciser les points sur lesquels doit s'engager une
discussion.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 193
M. (Idrl rappelle le vœu émis par plusieurs collègues, d'une dis-
cussion a\ec les (Compagnons, où se préciserait l'attitude de ceux-ci
à l'égard de notre enseignement, pour lequel nous revendiquons
un rôle essentiel dans la vie nationale. Sont donc écartées les
questions d'ordre général (école unique, enseignement libre, orga-
nisation syndicale, méthodes), à discuter plus tard par la voie du
Bulletin. En formulant nos desiderata, nous répondrons à la fois
au questionnaire de l'AS et prendrons position via-à-vis des
(^)mpagnons, parmi lesquels les professeurs de langues vivantes
ont des représentants assez nombreux et assez distingués pour
que leur Association, dont la formation et l'autorité ne sont déjà
]j1us toutes récentes, conserve entière son autonomie. Il pose à
M. Cazamian la première et la plus importante des questions sur
lesquelles la lumière est attendue : 1) Estimez-vous que l'étude
des langues vivantes ait une valei^r culturelle, sinon identique, du
7noins égale à celle de l'étude des langues mortes et spécialement
(lu latin ? Puis il cite le texte du 2' volume de ■< l'Université Nou-
velle » (page 103) selon lequel la comparaison serait à l'avantage
du latin ; et un paragraphe de la page suivante selon lequel les
études de langues vivantes auraient pour effet d'ériger l'étranger
en arbitre et en éducateur de la France, il reproduit aussi l'anti-
thèse contenue dans la déposition des Professeurs de langues
\ ivantes devant la Commission parlementaire en 1913 (1) : Qu'on
ne dise pas que nous préparons le » Sedan de la personnalité
nationale » ; ce serait en vérité exagérer notre influence ; ce serait
avoir bien peu de confiance en la vitalité de l'âme française.' Le
contact direct avec les réalités étrangères, bien loin d'affaiblir le
sentiment de notre personnalité nationale, le fortifie par con-
traste : jamais l'Alsacien Ehrmann ne .s'est senti si pleinement
français qu'« Au service de V Allemagne ». L'Assemblée dira si
ce qui lui paraissait vrai en 1913 l'est encore aujourd'hui ; elle
se prononcera également sur l'opportunité, indiquée dans la même
déposition, d'organiser un enseignement du français sans latin,
section d'humanités modernes, en face d'une section où l'étude
(lu latin et de la civilisation antique jouerait un rôle de premier
plan.
L'enseignement moderne antérieur à 1902 n'a pas eu le temps,
en effet, de faire ses preuves ; et la tentative d'un enseignement
combiné du français et d'une langue vivante, menée à bien dans
les classes de 6" et ô", sous l'inspiration de M. Gréard, eut assez
de succès pour qu'une commission fût chargée d'élaborer un projet
d'agrégation français-langues vivantes (2), dont une chute de minis-
tère entraîna l'oubli.
D'où les autres questions vis-à-vis desquelles M. Cazamian,
(1) Voir Bulletin de la Fédération (avril 1914, p. 490) et Langues
Modernes (octobre 1913, p. 467).
(2) Voir Revue Universitaire, 1896, Tome H.
194 LES LANGUES MODERNES ^
assisté de nos collègues MM. Gérard et Cheffaud, a accepté de
définir l'attitude des Compagnons :
2) Souhaiteriez-vous qu'une section de l'enseignement fût créée
sur cette base (français-langues vivantes) ?
3) y aurait-il avantage à ce que le même professeur enseigncit
le français et une langue vivante ?
4) Estimez-voii9 que dans cette section, l'élève pourrait utilement
apprendre deux langues vivantes ?
5) Estimez-vous enfin que, pour les élèves de la section latine,
l'étude de la langue vivante pourrait être facultative ?
La parole est à M. Cazamian, qui remercie d'abord M. Cart de
lui avoir communiqué à l'avance le questionnaire, dont il adopte
l'ordre. A la première question, celle de l'équivalence culturelle
des langues vivantes et des langues mortes, il répond » nettement
et avec enthousiasme : oui ! » Si on lui objecte des textes de
VUniversité Nouvelle, il répondra qu'ils n'ont été qu'un point de
départ, et que, contenant certes beaucoup de choses excellentes,
durables, définitives, ils ne représentent cependant qu'une doctrine
non cristallisée et qui garde toute sa liberté d'évoluer ; il n'en
est pas moins vrai qu'à ce sujet les Compagnons ne sont plus en
contradiction avec les 'aspirations des professeurs de langues •
" nous allons vers les Humanités modernes, ne voulant pas d'ail-
leurs jeter le latin par-dessus bord... 11 y a quinze ou vingt ans
que je parle en mon nom propre pour les Humanités modernes, je
suis de cœur avec vous. Je tends personnellement à réduire la part
du latin à son strict minimum, la connaissance du français étant
possible sans latin, par des leçons d'ctymologie donnant le sen-
timent d'un arrière-fond étymologique latin...
n ne faudrait pas, d'ailleurs, que les Humanités françaises fus-
sent les Humanités tout court : il y a un compromis à établir
entre les quatre avenues de l'ancien régime. Dans le programme
des Humanités, deux branches sont prévues, dans l'une les langues
vivantes auraient leur place de premier plan, dans l'autre le latin.
MM. Lanson, Brunot et Andler ont envisagé la création d'une sec-
tion d'Humanités français-langues vivantes, celle qui contient la
formule de l'avenir. Nous sommes en train de l'étudier. A la
deuxième question, sur l'opportunité de créer un enseignement
sur cette base, nous répondrons donc : oui, encore. Le nombre de
ceux qui pensent ainsi va croissant. Les Compagnons y travaille-
ront directement de toutes leurs forces ; conçu dans un esprit de
sympathie, cet <.'nseignemcnt absorbera rensemble de la cultU:-e
française.
La troisième question, sur l'opportunité de charger le même
professeur d'enseigner le français et une langue vivante, est plus
spéciale. Bien que je ne puisse donner*, à ce sujet qu'une impression
personnelle, je suis tenté de ré|)ondre : non, apparemment. .Je
vois dans* chacun de ces deux enseignements une spécialité ; et il
convient d'examiner s'il serait sage de les juxtaposer, au risquf
de faire considérer les langues comme annexes du français.
BULLETIN DE l'ASS0CL\T10N 195
M. Cart s'est coiitciitô de formuler sa quatrième question. C'est
celle sur laquelle je serais en délicatesse vis-à-vis de vous. Je
l'ai dit et écrit : une réforme de renseignement est indispensable
dans un esprit de hardiesse, une refonte totale des programmes,
comportant moins de surmenage des jeunes santés et des jeunes
çsprits. Si nous sommes d'accord pour penser que des sacrifices
sont nécessaires, je ne vois pas pourquoi les langues vivantes en
feraient moins que l'intérêt général ne le demande. Je crois qu'il
n'y a pas trop d'heures pour la langue principale, mais je crois
possible que dans cet allégement nécessaire, la seconde langue
doive être la part de lest à jeter. Je ne veux pas dire qu'elle soit
toujours inutile, mais je crois qu'en moyenne les résultats ne
sont pas tels qu'on puisse toujours parler d'un succès indéniable,
et qu'elle prête le flanc aux volontés homicides des rédacteurs des
programmes.
En ce qui concerne la cinquième question, qui n'est pas encore
venue en discussion, je dirai en mon nom personnel que je ne
crois pas que pour les élèves de la section latine,, l'étude d'une
langue vivante puisse être facultative ; car une langue est un
instrument indispensable de vie pratique et de culture, et je ne
vois pas sans inquiétude ce que serait un esprit formé par le
latin et qui ne connaîtrait du monde moderne que- la France.
M. Cart, en remerciante, (^azamian d'avoir clairement exposé et
délimité la doctrine des Compagnons relativement à notre ensei-
gnement, constate que sur un bon nombre de points nous serons
d'accord avec eux.
M. Cheffaud fait à nouveauv remarquer que les Compagnons en
sont encore à la période de discussion et d'hypothèse.
M. Goddrf déclare avoir été frappé de la souplesse de la doctrine,
qui a toujours fortement évolué, sur les questions d'ensemble
comme sur celles de détail. •> Ce ne sont d'ailleurs pas les ques-
tions de détail qui ont préoccupé le plus les Compagnons, mais
les questions d'éducation. Actuellement ce sont des problèmes
d'organisation technique que l'on traite, et c'est ce qui m'inquiète
un peu. Ce' qui doit survivre, je crois, c'est le désir de réforme,
qui renouvellera la doctrine, qui l'adaptera à l'état d'esprit que
nous trouvons autour de nous. La tâche des Compagnons est
actuellement, par une propagande active, de créer cet examen de
conscience d'où sortira la nouveauté, non pas une forme seulement
pédagogique, mais totale, d'un système d'éducation de la volonté.
Tandis que les quêtions agitées aujourd'hui n'ont pas une très
grande valeur. •<
M. Delobel, au sujet de rcqui\alence des cultures latines ci
modernes, fait remarquer que >■ l'expérience, par la faute du recru-
tement des sections scolaires, n'est pas probante. La question l.i
plus importante est celle de la répartition des élèves entre les
différents modes de culture ; je ne vois pas d'argument permettant
de se décider en faveur de l'une ou de l'autre : il n'est pas de
196 LES LANGUES MODERNES
critérium, parce que la répartition a été faite à un âge trop ten-
dre ; ne serait-il pas bon de la retarder jusqu'à un moment où les
aptitudes de l'enfant sont visibles ? *»
M. Diipré, ancien président de l'Association, rend hommage à
l'élévation de vues pédagogiques de M. Cazamian et à la foi qui
l'anime. Il déplore cependant qu'à une époque où l'université n'a
pas encore eu le temps de se remettre des coups que lui ont portés
les événements, il soit encore question de bouleverser notre plan
d'études. • Le système scolaire actuel n'est pas aussi mauvais
qu'on le dit. Il y aurait lieu sans doute d'y apporter des l'etouches :
mais ses avantages ne sont pas négligeables : il tient compte des
goûts et des aptitudes. Les circonstances surtout ont créé le mal
dont nous souffrons. Trop de parents se désintéressent du travail
de leurs enfants : les enfants eux-mêmes sont trop souvent dis-
traits de leur travail. La discipline devrait être plus ferme et plus
constante. Les examens de passage sont trop souvent une simple
formalité. Ce sont, en somme, bien plus les mœurs que les pro-
grammes qu'il faudrait réformer. D'autre part, notre prestige
auprès des familles pâtit de ce qui s'imprime d'absurde sur notre
compte dans les journaux, même dans les grands. Nous ne protes-
tons pas : ne devrions-nous pas avoir dans le journalisme des
défenseurs attitrés de la cause universitaire ? Le plan d'études
de 1902, après tout, a formé toute une génération de héros. L'arbre
a fourni des fruits de grande valeur. Emondons-le, s'il le faut ;
ne l'abattons pas, surtout après une période de désorganisation
dont les résultats exceptionnels ne peuvent baser un jugement. »
La question est )>osée de l'âge d'entrée dans l'enseignement secon-
daire. M. Girard fait remarquer que " la grande difficulté est d'éta.
blir une charnière entre l'école primaire et le lycée, comme plus
tard entre le lycée et la faculté... Nous sommes en train d'y tra-
vailler. Il faut tenir compte entre autres de la question de temps :
si nous retardons l'âge des choix, par l'institution d'une année
d'enseignement commun avant la spéciali.sation, nous aurons des
études qui dureront éternellement. L'enseignement secondaire ne
doit pas en effet être un raccourci. Nous n'avons enoore que des
esquisses de solutions, et nous sommes heureux d'avoir l'avis de
tout le monde. Mais la tendance actuelle est d'admettre l'institution
de cette année charnière... II est en tout cas difficile de dogmatiser,
des facteurs importants étant aussi le rôle du père de famille, les
préférences mêmes de l'enfant. »
M. Dupré demande au Président dci j^arlcr ^e la mort de la com-
position en langue étrangère ; la parole lui est donnée. Il déplore
la disparition de cette épreuve et — sans mettre aucunement en
cause la bonne foi ni le désintéressement de ceux qui ont milité
contre la composition — que bon nombre de collègues n'aient pu
voter, n'étant pas démobilisés ou ayant à peine repris contact avec
leurs élèves, aient négligé de le faire. Il regrette le perpétuel
besoin de changement qui se manifeste, après avoir nié que notre
effort ait abouti à un échec. '■ L'argument i)rincipal sur lequel
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 197
on s'est appuyé pour tuer la composition, à savoir qu'elle donnait
de lamentables résultats, me parait extérieurement faible. La plu-
par" des versions latines, un grand nombre de dissertations fran-
çaises, sont au-dessous du médiocre. Quelques-unes sont exécrables,
nulles. Est-ce que les professeurs de français et de latin deman-
dent la suppression de ces épreuves ? Ils s'en gardent bien. Ce
n'est pas à nous qu'il convenait de faire une déclaration de fail-
lite ; s'il y a eu faillite, ce que je me refuse à croire, n'avons-
nous pas notre part de responsabilité ? S'il y a eu faillite, nous
avons eu le tort de suivre nos élèves dans la voie <le la décadence
scolaire. Nous n'aurions jamais dû être les agents du nivellement
par en bas. > M. Dupré incrimine en outre le choix presque exclu-
sivement anecdotique des sujets de dissertation, et regrette qu'on
n'ait pas plus souvent choisi ces derniers dans les matières voisi-
nes de notre enseignement, histoire, géographie ou littérature
française. « Telle qu'elle était en tout cas, l'épreuve supprimée
était la moins imparfaite ; elle incitait les élèves à lire beaucoup
et développait leur curiosité d'esprit. D'ailleurs, nous avions déjà
à notre disposition la version et le thème, dont nous aurions pu
user en philosophie et mathématiques pour préparer entre autres
les candidats aux grandes écoles. Nous gardions ainsi tous les ins-
truments propres à exercer les facultés des jeunes gens. Nos ins-
pecteurs généraux avaient ouvert devant nous de vastes territoires
à défricher. Bien des champs étaient, sans nul doute, destinés à
demeurer incultes, mais nous avions, au moins, la joie de respirer
l'air vivifiant des grands espaces... Tout d'un coup, notre horizon
s'est rétréci... Nos classes, je veux l'espérer, ne seront jamais
plongées à nouveau dans la morne pénombre que nous avons con-
nue dans notre adolescence. Mais elles ne recevront plus en aussi
grande abondance ces ondes de lumière venues du dehors qui leur
donnaient une physionomie riantq et originale ; car de nos propres
mains, nous avons fermé bien des fenêtres ouvertes sur la vie
extérieure ; ce qui me console, c'est la pensée que très probable-
ment, un jour ou l'autre, la composition ressviscitera, quand ou
aura une fois de plus constaté l'insuflisance de la version et du
thème. »
M. Legouis, s'associant à ces regrets, déplore la hâte avec
laquelle la mesure a été prise. << Nous avons reçu un jour un
papier du ministère nous demandant de nous réunir le surlende-
main. Nous n'avions pas le temps de nous compter, nous ne savions
même pas quel était le projet. Il s'agissait alors de la version et
non du thème. Ce qui fut significatif, c'est l'attitude opposée des
examinateurs des diverses langues. Les germanisants ont été una-
nimes à déclarer que l'épreuve sous la forme de dissertation alle-
mande, était nulle et devait être changée. Les professeurs d'anglais,
de tempéraments très différents, ont déclaré que cela ne répondait
pas à leurs propres observations, que les copies reçues n'étaient
sanâ" doute pa^ de^ chefs-d'œuvre, mais que cela n'était rien auprès
du grand fait qu'en quinze ans, on était arrivé à rendre des élèves
198 LES LANGUES MODERNES
de 17 ans capables d'écrire deux ou trois pages en une langue
étrangère, ce dont nous aurions été incapables : j'ai été trente-cinq
ans examinateuP et je puis faire la comparaison... Une constata-
tion qui s'impose en outre me semble être la nécessité de tenir
compte des différences profondes entre les deux langues en insti-
tuant des épreuves différentes... La réunion convoquée dans les
conditions que j'ai indiquées eut pour effet que nous nous associâ-
mes aux vœux des professeurs de langues vivantes qui deman-
daient la version... >■
Après M. Dansac, M. Marchand s'associe aux regrets exprimés
au sujet de la suppression de la dissertation. <■ Elle équivaut à la
mort de l'enseignement des langues. Nous avons nous-mêmes
commencé par le thème et la version, et nous pensons que l'ensei-
gnement est devenu vivant quand on a adopté la dissertation,
forme écrite de la conversation. Il arrivera que si cet exercice qui
subsiste théoriquement, n'est pas sanctionné par une épreuve,
professeurs et élèves l'abandonneront. Avant de changer d'avis,
il eût mieux valu examiner scientifiquement le problème. »
M. Rancès, délégué au Conseil supérieur, expose alors très en
détail comment et dans quel esprit la modification de l'épreuve
avait été décidée, et fait ressortir l'inexactitude de toute interpré-
tation selon laquelle cette mesure correspondrait dans l'esprit du
Conseil, à un désaveu de la méthode inaugurée en 1902 (li.
Le Président demande à M. l'Inspecteur Général Guillaume, qui
assistait aux débats, de bien vouloir donner son avis au sujet des
inquiétudes qui s'étaient manifestées à cet égard' ; et M. l'Inspec-
teur général Guillaume s'exprime ainsi qu'il suit :
" Mes chers collègles,
" Cette discussion ne fait que confirmer ce que je savais déjà.
Vous avez été émus de la récente décision du Conseil supérieur.
Nous aussi. Cette émotion doit-elle être mêlée d'inquiétude ? Je ne
le crois pas. Rien n'est changé qu'une épreuve d'examen, et la nou-
velle é|)reuve n'est pas dcl nature à affaiblir notre enseignement, ni
à en modifier l'esprit. Il reste ce que l'ont fait la réforme de 1902
et dix-sept ans d'expérience. C'est ce qu'expliquera prochainement
une circulaire officielle : c'est ce que j'ai tenu à venir vous dire
dès aujourd'hui, au nom de l'Inspection générale et de la direction
de l'enseignement secondaire. »
L'assemblée vote alors l'ordre du Jour suivant, à l'unanimité
moins une voix :
'■ Les professeurs de Langues Vivantes, assemblés en réunion
|)édagogique au lycée Louis-le-Grand le 26 février 1920, après avoir
(1) ^'oir dans les Langues Modernes (mars-avril 1920. pp. 102- ^
110), le compte rendu donné par M. Hancès de la séance du Conseil '-
Sui)éricur où la version et le tlièinc furent adoptés comme épreu-
^•cs.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 199
entendu l'exposé de leur représentant au Conseil supérieur et après
une discussion à laquelle a pris part M. l'Inspecteur Général Guil-
laume, expriment leur conviction que les nouvelles épreuves de
Langues Vivantes au baccalauréat ne changent rien à l'orientation
et à l'esprit général de leur enseignement. >>
La séance est le\ée à six heures et demie.
L'Etude de l'Allemand
La Commission chargée d'examiner la situation des études
d'iillemand s'est réunie le 27 mars. Elle a pris connaissance
des renseignements déjà fournis par un certain nombre de
collègues. Elle a enregistré avec satisfaction la décision du
Ministre de la guerre qui rend l'allemand et l'anglais obliga-
loires au concours d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr ù
partir de 1923, et s'est occupée de la situation qui en résulte
pour l'enseignement.
La Commission a décidé l'envoi d'une lettre au Temps
pour répondre aux assertions d'un article paru le 24 mars,
.qui critiquait la décision mentionnée ci-dessus.
Elle a transmis au Président de l'Association, avec prière
d'intervenir auprès de l'Administration supérieure, les mesu-
res défavorables à l'enseignement de l'allemand qui lui
avaient été signalées par quelques collègues. La note parue
dans le Bulletin mars-avril, page 171, a déjà fait connaître
que le ministère avait recommandé à tous les Inspecteurs
généraux de mener une active campagne auprès des chefs
d'établissement pour qu'ils empêchent les élèves d'aban-
donner l'allemand. Il résulte d'ailleurs des renseignements
recueillis que la rentrée d'octobre 1910 a marqué, en général,
dans les classes de 6', une augmentation des élèves d'alle-
mand, mais cette légère amélioration ne permet pas encore
d'envisager l'avenir avec confiance.
La "Commission a émis le vœu que les examinateurs pour
les différentes langues au baccalauréat ou aux examens de
l'enseignement primaire soient invités à se concerter sur
le choix des sujets et la correction des compositions, afin que
les épreuves dans les différentes langues présentent, soit par
les sujets, soit par les principes adoptés pour la correction,
un égal degré de difficulté. Ce système, déjà en vigueur dans
l'Académie de Poitiers, y a donné de très bons résultats (1).
(1) Ce vœu a été porté à la connaissance de MM. les Directeurs de
TEnseignement secondaire et primaire.
200 LES LANGUES MODERNES
La Commission a envisagé la publication dans la presse
quotidienne d'articles où seraient exposées les raisons pour
lesquelles l'étude de l'allemand ne peut être négligée, tout
en restant dans un juste équilibre avec les autres langues.
Elle sera reconnaissante aux collègues qui pourraient agir
de même dans la presse départementale et se met à leur dis-
position pour leur fournir la documentation nécessaire. Elle
signale à ceux qui sont chargés du discours d'usage à la distri-
bution des prix l'intérêt qu'il y aurait à attirer sur cette
question l'attention des familles. Dans les villes où existe une
Association de parents d'élèves, il serait bon que les pro-
fesseurs entrent en relations avec elle ; de même avec les
Associations d'anciens élèves.
La Commission remercie très vivement les collègues qui
ont bien voulu lui adresser des renseignements et des sug-
gestions. S'il ne lui est pas possible de répondre à chacun
d'eux, leurs lettres sont attentivement dépouillées et seront
utilisées pour le travail de la Commission. Rien ne peut être
plus précieux que cette documentation tirée de l'expérience.
La Commission renouvelle donc à tous les professeurs de
langues vivantes l'appel publié dans le Bulletin de mars-
avril, page 87. Elle les prie en particulier : 1" de donner des
chiffres précis, noHimment de fournir autant que possible la
répartition des élèves de 6' A et B entre l'allemand et l'an-
(flais en octobre 19t3 et en octobre 1919 ; 2° en raison de
l'obligation des deux langues pour les candidats aux grandes
écoles, d'étudier comment leur acquisition peut être obtenue
sans surcharger les élèves des section A et C.
Prière d'adresser les communications à M. Delobel, pro-
fesseur au lycée Voltaire, 33, rue Jacob, Paris G''.
Le Comité.
Témoignages étoujfés
-'^oiis rc}iroduisons ci-dessous deux lettres adressées ])ar noire
président, M. Veillet-Lavallée, au directeur du Temps, au sujet
d'articles pul)liés dans ce journal. Le Temps qui amût ouùert lar-
gement ses colonnes aux adversaires de l'enseignement des lan- ^
(jues vivantes, n'a pas inséré ces lettres, refusant ainsi de faire '.
connaître à ses lecteurs l'opinion contraire. Nos collègues appré-
cieront ' t'imparlialité » dont il fait i)reuve à leur égard.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION • 201
I
MONSIELII LE DlMECTELJt,
Le •■ Temps » du 24 mars a publié sous le titre « Une décision
contestable » un article sur les langues vivantes au concours de
Polytechnique et de St-Cyr. L'auteur proteste contre la décision
du Ministre de la guerre qui exige des candidats, à compter de
1923, la connaissance obligatoire de l'allemand et de l'anglais.
Pcrniettez-nioi de présenter à \ os lecteurs des considérations dif-
férentes.
Sur les raisons de droit qu'il invoque, je n'insisterai pas. L'au-
teur de l'article qui semble connaître de très près le Conseil de
perfectionnement de l'Ecole polytechnique s'appuie sur des délibé-
rations que le public ignore et sur lesquelles il est par suite dif-
ficile de disoiiter. Mais il ressort de son exposé même que le
Conseil ne s'est prononcé contre l'obligation des deux langues
qu'en ce qui concerne les études intérieures de l'Ecole. Pourquoi,
en effet, aurait-il e-xigé que les élèves apprennent deux langues
à l'Ecole alors qu'ils n'étaient tenus que d'en savoir une pour le
concours d'entrée ? C'est d'abord pour ce concours que doit se poser
la question des deux langues.
Une considération domine tout le débat. Laisser aux candidats
le choix entre l'allemand et l'anglais, comme on l'îfsait fait
depuis 1916, c'était rompre l'équilibre entre les deux langues.
Sous prétexte que l'anglais était plus facile, nos élèves, candidats
aux écoles, désertaient les classes d'allemand. Le mouvement de
sentiment, commencé en 1914, avait été renforcé par la décision
de 1916. Pouvait-on admettre que de futurs ofiBciers, de futurs
ingénieurs puissent ignorer et l'allemand et l'Allemagne ? Le
Ministre ne l'a pas pensé ; il a considéré que cette ignorance serait
un péril national. Mais quelle mesure prendre ? Rétablir le statu
qiio et décréter l'allemand seule langue obligatoire comme avant
1916 ; c'eût été méconnaître la nouvelle situation de la France,
les liens qui l'unissent et doivent l'unir de plus eu plus à l'An-
gleterre et aux Etats-Unis ; l'anglais est devenu pour nos officiers,
nos ingénieurs, aussi indispensable que l'allemand. Un coefficient
différent, donnant un avantage à 1 allemand, n'aurait pas suffi à
en développer l'étude. Le Ministre s'est arrêté à la solution la
plus raisonnable : l'obligation des deux langues. Votre collabora-
teur craint que nos élèves ne puissent les apprendre sans que
leur culture générale soit compromise, sans que leur travail
subisse une surcharge excessive ! Pour résoudre ces questions, il
ne faut pas se contenter de les considérer en elles-mêmes, il faut
It's placer dans le plan général des études.
Au moment où la réorganisation de l'enseignement national se
pose toute entière, il est un peu vain de continuer à conxparer
les mérites respectifs des sections A, B, C ou D, et de ne pas recon-
naître qu'un même degré de culture générale peut être atteint
14.
202 ^ LES LANGUES MODERNES
par des moA-ens différents. Les jurys d'admission seront, je pense,
toujours à même de reconnaître leurs élus.
De même, la surcharge qui résulterait de l'étude d'une seconde
langue n'existerait que si l'on se contentait de la superposer aux
programmes des sections A et C. Les professeurs de langues vivan-
tes ne sont pas si gourmands. Ils savent très bien eux aussi que
« le cerveau des jeunes gens n'est pas extensible au commande-
ment ». Ils seront tout disposés à agencer leurs horaires, leurs
programmes et leurs méthodes de manière à faciliter à leurs
élèves l'acquisition de deux langues sans surcharge fâcheuse.
Mais ils demandent à leur collègues des autres spécialités de
faire preuve d'une égale bonne volonté pour transformer, et il
faut entendre par là, pour réduire nos programmes. Faire un choix
judicieux parmi les connaissances au lieu d'en entasser le plus pos-
sible dans les cerveaux, les présenter par les méthodes les plus
actives et les plus hautement éducatives, c'est le problème de
l'heure présente. Nul doute que les professeurs de langues vivantes
ne soient capables de le résoudre en ce qui les concerne et de
rendre au pajs le service de donner à nos officiers et à nos ingé-
nieurs la connaissance de deux langues essentielles.
Veuillez agréer,...
II
Lettre adressée au journal <■ Le Temps » en réponse à un arti-
cle sur les récentes réformes des épreuves de langues vivantes au
Baccalauréat. Cet article se terminait ainsi :
» Ces décisions diverses ont un sens auquel il convient de prêter
attention. En éliminant la composition libre, même inspirée par
le sujet de la version, le conseil a voulu sans doute supprimer une
épreuve de délayage creux et trop souvent incorrect. Surtout, ren-
dant à la version et au thème leur place nécessaire, il en arrive
à une mise au point de la " méthode directe ». Il remet en
honneur la traduction écrite et restitue aux connaissances gram-
maticales leur im])ortance intellectuelle. Cela revient à reconnaître
en grande partie la justesse des objections faites, depuis 1902, à
l'application de doctrines outrancières que venaient promulguer
jusque chez nous les pédagogues teutons, avec l'autoritarisme
hautain qui, en ce temps-là, en imposait au monde. »
Lettre du PnÉsmENT :
Paris, le 17 février 1920
M. le Rédacteur en chef du journal " Le Temps »
Monsieur,
Les Professeurs de langues vivantes, qui ont appliqué avec
conviction et avec succès les méthodes pédagogiques mises enjj
\
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 203
vigueur à la suite de la réforme de 1902 n'ont pas lu sans une
certaine tristesse l'entrefilet paru dans votre numéro du 4 février
au sujet de la dernière réunion du Conseil supérieur de l'Instruc-
tion Publique. Beaucoup d'entre ces maîtres sont des abonnés sinon
des amis de votre journal ; il leur a été pénible de trouver dans
le Temps des imputations aussi injustes à l'égard de leurs doctri-
nes d'enseignement, » doctrines outrancières, a écrit votre rédac-
teur, que venaient promulguer jusque chez nous les pédagogues
teutons avec l'autoritarisme hautain qui en ces temps-là, en impo-
sait au monde.»
Les Professeurs de Langues Vivantes de France et leurs chefs
universitaires n'ont pas eu besoin en 1902 de recevoir un mot
d'ordre de la pédagogie allemande. La méthode dite directe ou
vivante, adoptée par eux est vieille comme le monde. Chez nous,
elle eut de l'ombieux adeptes aux siècles passée : Montaigne,
Dumassais, Dalembert, pour n'en citer que quelques-uns ; les
.Jésuites, qui n'étaient pas de médiocres pédagogues, l'employaient
pour enseigner le latin à leurs élèves. Mais ce n'est point ici ie
lieu de faire l'historique de la question. Toutefois, j.e dois rappeler
que beaucoup de professeurs et de savants étrangers sont venus
notamment d'Outre-Rhin, avant la guerre, visiter nos établisse-
ments d'instruction publics et privés ; ils n'ont pas dissimulé leur
admiration pour les résultats obtenus, pas plus que leur intention
de s'inspirer de nos méthodes. Au Congrès International de Pro-
fesseurs de Langues Vivantes organisé avec éclat à Paris en 1909
par l'Association des Professeurs de Langues Vivantes de l'Ensei-
gnement Public, l'excellence des procédés employés fut reconnue
et proclamée. La modification introduite récemment par le Con-
seil supérieur dans les épreuves de Langues Vivantes au Baccalau-
réat ne touche en aucune façon la question des méthodes en
usage dans les classes. L'enseignement des Langues Vivantes res-
tera ce qu'il est devenu depuis les réformes : actif et vivant,
pour le plus grand bien de la formation linguistique des jeunes
Français et de leur culture intellectuelle et morale.
Les Universitaires français ne sauraient accepter l'accusation
de s'être mis à la remorque de ceux qui étaient alors leurs collè-
gues allemands et nous espérons. Monsieur le Rédacteur en chef,
que vous v^oudrez bien, en accordant l'hospitalité à cette petite
note, donner un nouveau témoignage de ce libéralisme de pensée
et de cette sympathie pour le monde et les choses de l'enseigne-
ment que l'on s'est toujours plu à reconnaître dans le Temps.
Veuillez agréer, etc..
Ch. Yeillet-LavaUée>
Président de l'Association des Professeurs de L. V.
de l'Enseignement Public.
204 LES LANGUES MODERNES
Section Régionale de Toulouse
Assemblée générale du 21 Mars 1920
A la suite d'un appel adressé par les Professeui's de L. V. du
Lycée de Toulouse à leurs Collègues de l'Académie, en vue de
réorganiser la Section Régionale dont l'action avait été interrom-
pue par les années de guerre, une Assemblée générale a été orga-
nisée le dimanche 21 mars dans la salle des Professeurs du Lycée
de Toulouse.
Le Secrétaire, prenant provisoirement la présidence, remercie les
Professeurs qui ont bien voulu répondre à cet appel et en parti-
culier les collègues de l'Enseignement féminin et des Langues
Méridionales qui ont envoyé de nombreuses adhésions au groupei-
ment régional.
Considérant l'étendue des deux Académies de Toulouse et de
Montiiellier, la difficulté toujours croissante des communications,
l'impossibilité actuelle de réunir les professeurs des deux Acadé-
mies, et la nécessité de provoquer des réunions plus fréquentes
du groupement, l'Assemblée décide de ne comprendre dans la
Régionale que les établissements de l'Académie de Toulouse. Il est
cependant établi que les collègues des Académies voisines seront
admis à titre individuel comme membres de la Régionale de Tou-
louse, en attendant la formation très désirable d'une section
ré'gionale dans leur Académie.
Les statuts de la Régionale, votés à la réunion du 20 juin 1912
sont en conséquence modifiés comme suit :
Article premier. — Il est créé dans l'.^cadémie de Toulouse un
groupe régional des Professeurs de L. V. Ce groupe se rattache
directement à l'Association des Professeurs de L. V. de l'Enseigne-
ment public dont il reconnaît les statuts généraux.
Le groupe régional pourra accepter comme membres honoraires
les personnes ou les groupements s'intéressant à l'Enseignement
des L. V. moyennant un minimum de cotisation annuelle de
cinq francs.
Les membres actifs de la Section Régionale paient une cotisation
annuelle de dix francs, par laquelle ils se trouvejit affiliés de
droit à r.\ssociation des Professeurs de L. V. de rEnscignement
public dont ils reçoivent le bulletin « Les Langues Modernes ».
Aucune cotisation supplémentaire n'est demandée aux adhérents,
les frais de la Régionale étant couverts par les ristournes consen-
ties par l'Association sur les cotisations de ses membres.
Art. 2. — Le groupe a pour but :
a) de resserrer les liens de solidarité universitaire entre les
Professeurs de L. V. des trois ordres d'enseignement dans H'Aca-
démie de Toulouse ;
h) de défendre les intérêts professionnels, matériels et moraux
de ses membres ;
BULLETIN DE l'aSS0CL\T10N 205
CI de tenir ses adhérents au eourant des faits et des idées qui
peuvent intéresser les Professeurs de L. V. ;
d) de centraliser tous les renseignements pouvant intéresser les
Professeurs de L. V. de l'Académie.
Art. 3. — Le groupe est administré par un bureau se com-
posant d'un Président, de deux vice-présidents, d'un secrétaire-
trésorier, assisté d'un Comité composé de six membres. Le Comité
comprendra un représentant des trois ordres d'enseignement et de
chaque catégorie de professeurs, à savoir : Enseignement féminin,
Enseignement Supérieur, Professeurs agrégés. Professeurs chargés
de cours. Professeurs de collèges. Enseignement primaire.
Les membres du Bureau sont élus en Assemblée générale tous
les ans au scrutin secret et à la majorité absolue des membres
présents. Si au premier tour de scrutin, la majorité n'est pas
atteinte, il sera procédé à un second tour où la majorité relative
suffira. Le vote par lettre et par procuration est admis.
Chaque catégorie de professeurs désignera son représentant au
Comité.
Art. 4. — Tous les ans, une réunion générale aura lieu pen-
dant le premier trimestre dans la ville fixée par l'Assemblée géné-
rale précédente.
Art. '5. — L'ordre du jour des réunions générales sera arrêté
quinze jours au moins avant la date fixée pour la réunion.
Art. 6. — Sont inscrites à l'ordre du jour toutes les questions
présentées par l'un des membres du bureau ou du Comité.
Art. 7. — Le Bureau pourra convoquer les membres de la
Section Régionale toutes les fdis qu'il estimera devoir le faire.
Art. 8. — La dissolution du groupe ne pourra être prononcée
qu'en Assemblée générale aux deux tiers des voix des membres
inscrits.
Les statuts ci-dessus étant adoptés. l'Assemblée procède à
l'élection du bureau et du Comité de la Section Pvégionale de
Toulouse.
Sont élus :
Président : M. Loiseau, Professeur de Langue et Littérature
allemandes à l'Université de Toulouse.
Vice-Présidents : M. Mérimée, Professeur de Langue et Littéra-
ture Espagnoles à l'Université de Toulouse ; Mlle Mayrand, Pro-
fesseur d'anglais au Lycée de jeunes filles de Toulouse..
Secrétaire-Trésorier : M. Oranger, Professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Le Comité a été composé comme suit :
Enseignement féminin : Mlle East, Professeur d'anglais à
l'Ecole P. S. de jeunes filles de Toulouse.
Enseignement supérieur : M. Duméril, Professeur de Langue et
Littérature anglaises à l'Université de Toulouse.
206 LES LANGUES MODERNES
Professeurs agrégés : M. Escai-ti, Professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Professeurs chargés de cours : M. Jalabert, Professeur d'aMc-
mand au Lycée de Toulouse.
Professeurs de collèges ; X.
Enseignement primaire : M. Py, Professeur d'espagnol à FEcole
P. S. de Castres.
Sont élus comme représentants de la Régionale auprès du
Comité de l'Association des Professeurs de L. V. de l'Enseignement
Public (Art. 10, par. 5 des statuts de l'Association) :
MM. Hilleret, Professeur d'anglais au Lycée de Toulouse ; Py,
Professeur d'espagnol à l'Ecole P. S. de Castres.
L'Assemblée aborde ensuite l'étude des questions portées à l'or-
dre du jour de la réunion :
1° Décision du Conseil Supérieur au sujet de la modification des
épreuoes de L. V. aux examens du baccalauréat {Thème d'imi-
tation).
Après l'exposé de la question et discussion, l'Assemblée émet le
vœu suivant :
La Régionale des Professeurs de L. V. de l'Académie de Toulouse,
saisie de la décision du Conseil Supérieur relative aux épreuves
de langues vivantes,
a) proteste contre le fait que la décision touchant la 2' épreuve,
ait pu être prise conti'e l'avis de la majorité des Professeurs inté-
ressés ;
h) déclare que l'épreuve du thème d'imitation risque d'être
insuffisamment probante, au moins pour certaines langues ;
c) estime d'ailleurs qu'il y aui'ait lieu d'établir des épreuves
différentes i)our les diverses langues dont la difficulté est si inégale
du point de vue scolaire ;
d) demande que la décision du Conseil supérieur soit rapportée
et la question remise à l'étude.
2" Les Cycles et les Sections dans l'Enseignenient Secondaire. —
La Méthode directe.
a) Cycles et Sections.
Les Professeurs de L. V. de la Régionale de l'Acadénaie de Tou-
louse, émus des accusations portées contre l'Enseignement des
L. V. rendues injustement responsables de la faiblesse des sections
B et I), persuadés que cette faiblesse n'est imputable qu'à la
défectuosité du recrutement actuel de ces sections, vers lesquelles
l'Administration oriente trop souvent les élèves faibles, peu doués,
ou retardataires ;
Considérant que les L. V. ont une valeur éducative indéniable
et peuvent ap|)()rter une contribution efficace à la culture géné-
rale ;
Considérant que la guerre a fait apparaître plus impérieusement
que jamais la nécessité de connaître les langues étrangères; ;
I
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 207
Emettent le vœu.
Que soit erééc, dans la réorganisation projetée de l'Enseigne-
ment secondaire une section sans latin qui sera véritablement une
section d'humanités modernes et dans laquelle les L. V. seront
appelées à apporter à la culture générale l'appoint que Ton pré-
tend réclamer des seules langues mortes.
h) La méthode directe.
M. Bertrand (Toulouse) présente les observations suivantes :
1" Il montre que la méthode directe a été l'objet de diverses
critiques :
«) Critique des humanistes : c'est une école d'imprécision et d'à
peu près, nuisible à la culture générale ;
b\ Critique des spécialistes : la méthode strictement directe n'a
pas donné tous les résultats attendus (nous avons en effet cons-
taté l'insuffisance grammaticale et la faiblesse générale de nos
candidats).
2" Il pose ensuite en principe que :
a) Les L. V. ne sauraient être équitablement rendues responsa-
bles par nos collègues de lettres de l'insuffisance des résultats de
leur propre enseignement ;
b) que les résultats acquis pour les L. V., si inégaux soient-ils,
n'en sont pas moins considérables ; qu'on sait beaucoup plus et
beaucoup mieux les L. V. que jadis ; qu'il n'y a pas lieu de reve-
nir à l'ancienne méthode grammaticale ; que les résultats sont et
doivent forcément être différents suivant qu'il s'agit de l'anglais,
de l'allemand ou des langues méridionales ; que les résultats
varient suivant les professeurs, leurs procédés, les classes et leur
composition, que les résultats seraient meilleurs si notre ensei-
gnement était organisé avec plus d'homogénéité et plus de bien-
veillance ;
(•) que dans les applications du principe de la méthode directe,
on a souvent dépassé la saine mesure., que cette méthode ne
constitue pas un système intangible, applicable sans nuances
à tout et à tous ; que les langues synthétiques ne sauraient user
des mêmes procédés que les langues analytiques ; que la gram-
maire, quand elle est complexe, doit faire l'objet d'un enseigne-
ment grammatical particulièrement développé ; qu'exclure la lan-
gue française de l'enseignement des L. V. est d'un sectarisme dan-
gereux ;
3° Il conclut que :
La méthode directe a donné des résultats variables, mais impor-
tants et qu'il faut sauvegarder ; qu'elle est susceptible d'amélio-
rations ; qu'il n'j' a pas de méthode absolue et souveraine et qu'au
lieu d'imposer une doctrine intangible, l'Administration devrait
se borner à donner des directives générales conçues dans un esprit
de large libéralisme, laissant aux professeurs le soin de les appli-
quer suivant leur propre tempérament et les circonstances, et qu'il
y a tout lieu de croire que de la libre activité pédagogique qui
208 LES LANGUES MODERNES
en résultera, naîtra une méthode plus parfaite, la méthode de
l'avenir.
3° Les Langues Vivantes dans l'Enseignement Primaire.
4" Organisation de l'Enseignement des L. Y. dans les divers éta-
blissements (Réductions d'horaires ; Géminations de Classes ; Effec-
tifs des classes).
Pour ces deux dernières questions, rAsscmblée estime, qu'.à
cause de leur importance, un questionnaire devra être adressé à
chaque établissement de l'Acpdémie, afin d'élaborer un travail
d'ensemble dont les conclusions seront discutées à la prochaine
réunion de la Régionale.
5° Questions diverses. La seconde langue.
L'Assemblée adopte les conclusions suivantes :
La classe d'humanités modernes ne donnera les résultats atten-
dus que si l'enseignement des L. V. y est complètement organisé.
Or la seconde langue est indispensable à une culture complète par
les humanités modernes. Outre que sa suppression entraînerait
une diminution du rôle des Langues Méridionales, régression regret-
table au point de vue de la culture générale et de la culture fran-
çaise, on peut poser en principe qu'il est nécessaire de renforcer
l'enseignement de chaque langue et de chaque littérature par l'en-
seignement d'une langue et d'une littérature d'un esprit diffé-
rent.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à midi.
Toulouse, le 21 mars 19-20.
Le Secrétaire-Trésorier de la Régionale,
H. Oranger.
A'. B. — Le Trésorier de la Régionale serait reconnaissant à ses
collègues de bien vouloir lui faire parvenir dans le plus bref délai
possible leur cotisation pour 1920, ou de faire bon accueil au
recou\rcment qui leur sera présenté par la poste.
SecHcn Régionale de Poitiers
Assemblée générale du 7 Mars 1920
La section régionale de Poitiers s'est réunie en Assemblée géné-
rale le dimanche 7 mars 1920 à 10 heures, à la Faculté des lettres
de Poitiers, sous la présidence de M. Castelain, professeur à l'Uni-
versité de Poitiers.
1° M. Sauvage, remplissant, en l'absence de AL Audoin, les fonc-
tions de secrétaire, donne lecture du compte rendu de la séance du
8 février 1920.
2" L'Assemblée passe ensuite à l'examen des diverses réponses
qui ont été faites au questionnaire relatif aux géminations de
BILLETIN DE J.ASSOCIATION
209
classes et aux réductions criioraiies. Les irrégularités suivantes
ont été signalées :
LYCKES
ET
COLLÈGES
CLASSES
p R I M A I R K s '
NOMBRE
d'élëves
RÉDUCTIONS
o'horaikes
NOMBRE
D'HEI RES
de cours
i
Matli. Spéciales...
Total
6 1 ..
11 i ^'
2î|26
2
31
Ih
3h
3
3
Lycée de POITIERS )
3' A B
1 h. eu 3', 4* B
(4 heures au lieu de 5)
lAlleitKind) i
4' A B
l- A B C D
2* A B C D
Pas de gémination.
En6'et.vrallemand).
En Seconde (2' langue-
anglais)
Math. Pliilosoph..
1" A B C D
1* A B C D seule.
T'BD seule (1" langue).
1- BD (2- langue).
2- A B C D
3' A B
1",3'B D seuls
1
l
1 heure en 3'
U àu lieu de 5)
4 h. au lieu de 5
3 h. au lieu de 4
i:n Math. Philo.
(1 h. au lieu de 2)
Lycée de LA ROCHELLE '
1
1
7-7
3 - 3
>!■■
6 )
4 - 4
C - i;
11 - 11
2 ) f.
4 1 "^
3 - 3
3 ) -
2 1 ■"
^ ' 3
2 . ^
2 ( ^
11 i . ,
3 ) ^^
lJ|l^
18 j
11 )
2 /
6 } 16
8 )
?).-
a i li
3 )
Lycée de NIORT ,
(2Ioislh. I/2>
(Àllemcuul) 1
!■• BD (2* langue) seuls.
3' A B seuls
2'BD (2* langue)....
4' A B
5' A B
3 h. au lieu de 4
4 h. au lieu de 5
3 h. au lieu de ô
3 h. au lieu de 5
3 h. au lieu de 4 eu 5
Pas de réduction
d'horaire
id.
4 h. au lieu de 5
C- A B
1
6° A B
5- A B
Lycée de la ROCHE- S -YOn\
4' A B
3' A B
(Allemand) 1
1" B D
2' A B C D
f
1
Philo. Math
1" A C
1
Lycée de Jeunes Filles \
2' année
3* année
de LIMOGES j
(Allemand) \
1
1
Baccalauréat; 1" Partie.
— : 2' Partie.
Brevet: l'année
— : 2* année
6- A B
\
5' A B
Collège de CIVRAY j
(Anglais) \
Brevet : 3* année..
4' A B
5' A B
1
2' B C D
I
1" B D
1
Philo. .Math
210 LES LANGUES MODERNES
3° M. Castelain ayant donné lecture d'une lettre de
M. Hirtz, relative aux questions en cours, l'Assemblée procède à
un échange de vues au sujet de la situation de l'Enseignement des
Langues Vivantes et des modifications apportées par le Conseil
supérieur de l'Instruction publique à l'épreuve écrite du Bacca-
lauréat.
La fin de la discussion est remise à la prochaine séance qui
aura lieu le dimanche 18 avril 1920, à 10 heures, à la Faculté des
lettres de Poitiers.
La séance est levée à 11 h. 30.
Poitiers, le 7 mars 1920.
Pour le secrétaire, Le Président,
Jules Sauvage. Castelaix.
La S. R. de Poitiers s'est réunie le dimanche 18 avril 1920, à
10 heures, sous la présidence de M. Castelain, à la Faculté des
lettres de Poitiers (Salle des Actes).
1" Après la lecture par le secrétaire du compte rendu de la
dernière séance, M. Castelain lit une lettre de M. Hirtz. M. Hirtz
regrette de ne pouvoir prendre part aux délibérations de la S. R. ;
il fait connaître ses vues sur les questions à l'ordre du jour :
1) épreuves du baccalauréat ;
2) propagande par la presse en faveur des études d'allemand :
3) bourses de voyage et de séjour à l'étranger.
L'Assemblée prend note des renseignements et des vœux, de
M. Hirtz et les prendra en considération au cours de la discus-
sion.
2" Epreuve écrite du liaccalauréat : thème d'imitation et diction-
naire.
Après une brève discussion, le vœu suivant est adopté :
La Section régionale de l'Académie de Poitiers, aj-^ant pris con-
naissance du décret ministériel modifiant les épreuves écrites de
Langues vivantes au baccalauréat des sections' B et D, considérant :
1" Qu'il n'est pas désirable de rétablir à l'examen du bacca-
lauréat l'usage du dictionnaire bilingue qui simplifierait trop le
travail des candidats en ce qui concerne la vei'sion et présenterait
pour le thème de graves dangers ;
2° Que le dictionnaire uniliugue, prévu par le dit décret, est
inutile pour la version qui, nécessairement, ne devra présenter
qu'un vocabulaire de difficulté moyenne, dont on est en droit
d'exiger la possession d'un candidat au baccalauréat ;
3" Que ce dictionnaire est tout aussi inutile pour le thème
d'imitation puisque, aux termes mêmes du décret, « le candidat
trouvera dans le texte de la version la solution des principales
diflicultés de v<)cal)ulaire, de manière qu'il puisse réserver son
attention à la correction et à la i)récision grammaticales » ;
BULLETIN UI-: L'ASSOCIATION 211
4' Qu'en ce qui concerne certaines difficultés grammaticales
(verbes irréguliers, etc.), l'expérience a montré que trop de can-
didats, confiants dans leur dictionnaire, se reposaient uniquement
sur lui ;
émet le vœu que l'usage de tout dictionnaire soit interdit à
l'épreuve prévue par le décret du 18 février 1920. Dans le cas où
la version contiendrait une ou deux diiricult,és réelles de voca-
bulaire, il suirirait de faire suivre le texte de notes explicatives
nécessaires.
3" Sur la demande de M. Guy, trésorier, les membres de lu
S. R. de Poitiers sont priés d'envoyer leurs cotisations à M. Guy,
15, rue de la Monnaie (Poitiers), car il est impossible au bureau
de la S. R. de Poitiers d'établir un annuaire, si une partie des
membi-es s'adresse directement au bureau de l'A. P. L. V. et lais-
sent ainsi ignorer au bureau de la S. R. leur présence dans l'Aca-
démie.
4' La S. R. décide qu'il importe d'engager dans la presse locale
une action en faveur de l'étude de l'allemand. M. Rujssen est
prié de prendre en mains la direction de cette tâche, dans laquelle
l'aideront des collègues bénévoles.
5" Sur la question des bourses d'études et de voyage, le vœu
proposé par M. Hirtz est adopté.
La Section Régionale,
Considérant que la suppression d'un grand nombre de bour-
ses de voyage ou d'études à l'étranger, par suite de la situation
résultant de la guerre, est de nature à compromettre gravement
l'avenir des études de langues vivantes ;
— que les étudiants d'allemand sont actuellement obligés
d'entreprendre leur séjour en' Allemagne à leurs risques et
périls ;
■ — que pour les étudiants d'anglais (et de langues méridio-
nales) l'état des changes diminuant considérablement les sommes
qui leur sont allouées (et qui sont payées en francs) les mettent
dans l'impossibilité de se consacrer en pleine indépendance à leurs
études »,
émet le vœu :
1" que les facilités de séjour à l'étranger qui existaient en 1914,
aussi bien pour les étudiants que pour les professeurs, soient réta-
blies le plus tôt possible-;
2" que les sommes allouées soient complétées par une allocation
temporaire de cherté de vie, dont l'échelle variera selon les années
et suivant les pays, cette allocation devant être supprimée lorsque
la situation redeviendra normale ;
•3" que les boursiers séjournant en Allemagne soient groupés
dans les universités rhénanes, où ils pourront êlre protégés effica-
cement.
Le vœu suivant, présenté par Mme Godillon, vice-présidente,
professeur d'anglais à l'Ecole Primaire Supérieure de Poitiers,
est adopté :
212 LES LAXGL'ES MODERNES
La Section régionale,
Considérant :
1" qu'une circulaire ministérielle du 30 décembre 1919 pres-
arit :
A) de rétribuer au taux moyen déterminé par son traitement,
les heures d'enseignement données par un professeur de l'ensei-
gnement secondaire dans une école normale ou une école primaire
supérieure ;
B) d'assimiler d'autre part à un maître auxiliaire d'école nor-
male un professeur d'école primaire supérieure, certifié apte à
l'enseignement d'une langue vivante, quand il est chargé dé l'ensei-
gnement d'une langue dans une école normale ;
2° qu'en application de cette circulaire, dans l'académie de Poi-
tiers, un professeur de lycée reçoH 650 fr. par heure d'anglais
dans une école primaire supérieure, un professeur de dessin de
l'enseignement secondaire 450 fr. par heure d'enseignement dans
une école uormale, — et qu'un professeur de l'enseignement pri-
maire, certifié de langues, reçoit seulement^ dans la même école
225 fr. par heure, taux nettement inférieur au taux moyen de son
traitement de professeur ;
3" que la règle édictée pour les professeurs de l'enseignement
secondaire devrait logiquement s'appliquer aux professeurs de
l'enseignement primaire, et qu'eu fait elle est suivie i)our la rétri-
bution des heures supplémentaires d'enseignement général (lettres
et sciences) ;
4" que le traitement d'un professeur de langues vivantes de
l'enseignement primaire est le même que celui de son collègue
professeur de lettres ou de sciences, et que par suite une heure de
langues vivantes équivaut à une heure d'enseignement général ;
5" qu'il n'est pas équitable de considérer dans les Ecoles nor-
males et les écoles primaires supérieures les langues vivantes
comme nue « maàère accessoire », étant données l'importance de
cet enseignement et la culture générale exigée du professeur qui
en est chargé ;
émet le v<cu :
que l'A. P. L. V. intervienne énergiquement pour faire classer
les langues Aivantes dans les Ecoles normales et les Ecoles pri-
maires supérieures parmi les matières dites d'enseignement yénéral.
et faire rétribuer les heures supplémentaires de langues données
par un professeur de l'enseignement primaire au taux moyen
déterminé par son traitement (comme pour les heures d'enseigne-
ment général».
La prochaine réunion aura lieu au cours de la première quin-
zaine de juillet.
Le Secrétaire, * /,e Président.
A, AUDOIN. M, GVSTELAIN-
BULLETIN DE «l'aSSOCLXTIOX 213
Section Régionale de Lyon
La Section s'est réunie le jeudi 20 mai, à ô heures et demie.
I.e Président était assisté de Mlle Mathieu, vice-présidente et de
."M. Chdiirund, trésorier ; présents, quinze membres, professeurs
aux trois lycées et aux annexes. L'Assemblée déplore l'absence
de son dévoué secrétaire. P. Legoitis, qu'une blessure de guerre
rouverte retient à l'hôpital militaire. Klle lui fait transmettre
des souhaits de prompt rétablissement.
Le Président rend compte de diverses démarches relatives au
baccalauréat. 11 regrette à ce propos l'imprécision de l'apologie
intitulée L'Epreuve de Langues Virantes au Conseil Supérieut,
publiée dans le bulletin d'avril. Le délégué des agrégés de langues
a-t-il soutenu les vœux de ses collègues ou les a-t-il combattus ?
La question reste en suspens. Un supplément d'information serait
le bienvenu. Nous considérons tous le « thème d'imitation <■■
comme un exercice factice, bâtard, absolument dépourvu d'intérêt
pour de grands élèves d'intelligence moyenne. C'est une idée bien
étrange que d'avoir pris l'initiative (alors que personne n'y
songeait, n'en disait mot) de le proposer aux membres du
(Conseil, et d'avoir sur ce point fait l'accord à nos dépens. Pour
essayer de réparer le mal, qui n'est peut-être pas irréparable,
le Président, par l'intermédiaire de M. Angles, agrégé d'anglais,
député des Basses-Alpes, a attiré l'attention du Ministère sur
les fâcheuses conséquences d'un décret tout à f;>it propre à
désorienter et à décourager un personnel compétent et labo-
rieux. M. Angles, à l'obligeance duquel nous sommes heureux
de rendre témoignage, a reçu en réponse une note qu'il a bien
voulu nous transmettre. Elle rappelle seulement que « le décret
de février a été pris conformément au vœu exprimé par le corps
enseignant des langues vivantes, et à la suite d'un référendum
auquel tous les professeurs de cet ordre d'études ont pris part. »
Ce référendum donne lieu à diverses remarques.
M. Duisit et un grand nombre de jeunes collègues mobilisés
n'ont pu répondre au questionnaire, ainsi que M. Brunot l'a
fait observer au Conseil Supérieur. Mlle Mathieu donne les chif-
fres du référendum {Limgues Modernes. 1919, n" 2>. La compo-
sition libre (sans versioni et la même précédée d'une version
ont obtenu respectivement 99 et 386 voix, total 485 voix sur
624 avis exprimés, soit plus des 4/5 des suffrages. M. Tiret affirme
qu'un nouveau référendum ne pourrait que fortifier cette majo-
rité significative. Le Président est de cet avis ; il se demande
dès lors par quelle subtile magie on nous a découvert une irré-
sistible vocation pour le < thème d'imitation ». Il donnera tous
les éclaircissements nécessaires, poursuivra les démarches entre-
prises pour qu'on nous délivre d'un exercice éminemment propre
à discréditer notre enseignement.
M. Porteau demande, sans ironie, si les latinistes admettraient,
pour l'épreuve latine, une version et un thème, ledit thème étant
calqué sur ladite version ?
MM. Duisit et Guélin demandent quelques précisions sur ces deux
frères siamois. Au baccalauréat, les deux textes seront-ils remis
ensemble au candidat ? Si oui. on devinera la version grâce au
thème. Si non, vous demandez au candidat de vous traduire des
mots dont le dictionnaire étranger ne peut lui donner le sens
précis. — Le Président estime que le meilleur moyen de résoudre
-la mfficulté c'est de la supprimer. Le Groupe s'emploiera de
toutes ses forces à faire retourner le thème d'imitation dans les
limites où gisent déjà le vers latin, le discours latin, la thèse
latine et autres débris de pédagogies périmées.
214 LES LANGUES MODERNES
M. Diiisit pense qu'il faut agir sans délai. En classe de seconde,
les élèves se désintéressent déjà de la narration parce qu'en 1921
elle ne figurera plus au programme du baccalauréat. A ce propos,
le Président et plusieurs membres déclarent qu'ils ne partagent
en aucune façon l'optimisme de leurs collègues parisiens. Ceux-ci,
le 26 février, ont à l'unanimité moins une voix, exprimé " leur
conviction que les nouvelles ^épreuves de langues vivantes au
baccalauréat ne changent rien à l'orientation et à l'esprit général
de leur enseignement. » Nous admirons cette conviction, mais
nous ne la trouvons point en nous. De fait, l'enseignement
sera orienté par le programme du baccalauréat. Il en est de
même pour l'enseignement supérieur, dont les directeurs d'étu-
des sont les présidents des jurys d'agrégation et de certificat.
A propos des mesures à prendre, M. Chaurand, volontiers
sceptique, met en doute la bonne volonté du Comité de l'Asso-
ciation. Il préconise une sorte de scission, un splendide isole-
ment. Plusieurs collègues répondent que le nombre fait la force.
D'ailleurs nous ne nous contenterons pas de faire nombre. Nous
agirons de notre côté et notre exemple sera peut-être contagieux,
même à Paris. Peut-être même convertirons-nous les hérétiques
de Poitiers.
La Question de l'Allemand donne lieu à un échange d'obser-
vations auquel pi-ennent part Mlles Mathieu, Girard et les pro-
fesseurs d'allemand d'Ampère et du Parc. M. Denis donne pour
Ampère quelques chiffres significatifs : en 1913, 660 élèves
d'allemand, contre 390 d'anglais ; en 1919, 238 élèves d'allemand,
contre 436 d'anglais. Dans les classes du l"*^ cycle, à Ampère et
au Parc les allemands sont de 7 à 10 contre 20 à 40 anglais. A
Saxe, M. Guélin avait 120 élèves d'allemand avant la guérie ;
il n'en a plus qu'une vingtaine. M. Ravizé pense que les adminis-
trateurs peuvent faire beaucoup pour rétablir l'équilibre entre
les deux langues. Le proviseur de Rouen a obtenu d'excellents
résultats en donnant aux parents de judicieux conseils. Certains
établissements libres ont pris la même initiative avec le mcnie
succès. Notre Association pourrait émettre un vœu pour que le
Ministère attire sur ce point l'attention des proviseurs et prin-
cipaux. Mlle Mathieu signale que M. Bellin a déjà pris des
mesures en ce sens. MM. Gonx et Ravizé rapjjellent qu'on a aussi
suggéré une différence de coefficient en faveur de l'allemand :
mais le procédé est d'une application bien délicate. La majorité
de la Section préfère qu'on n'y ait pas recours.
-M. Roche demande que les examinateurs se montrent plus
exigeants pour la 2" langue, et aussi pour l'épreuve de 2'^ partie.
Il en est pris acte par les membres des jurys présents à la séance.
L'.Assemblée règle quelques questions d'ordre intérieur et se
sépare à 7 heures.
Le Président,
.T. DOUADY,
Professeur à l'Université.
Lettre de M. Rancès, Délégué au Conseil Supérieur
Paris, le ?7 mai 19-20.
Mon cheh colli^xue.
Je vous remercie de m'avolr communiqué la partie du procès-
verbal de la Régionale de Lyon où je suis directement mis en
cause. Je n'ai que très peu de chose à répondre.
1) Il est inexact que je n'aie pas soutenu les vœux de mes
collègues. -Au cours de l'exposé que j'ai été charge de faire,
BL'LLETIN DE i/aSSOCIATION 215
devant le Conseil, avant toute discussion, j'ai insisté aussi nette-
ment que possible sur la volonté du personnel de voir substituer
à l'épreuve actuelle : a) une version ; b) une forme à détermine
de composition libre. Ma tâche eût été plus facile, et celle de
nos adversaires un peu plus malaisée, si le référendum, à propos
de ce dernier exercice, eût donné des résultats plus précis.
2) Il n'est pas vrai que j'aie pris l'initiative, " alors que per-
sonne n'y songeait et n'en disait mot ", de proposer le thème
d'imitation au Conseil. Je n'ai préconisé le thème d'imitation
qu'après que d'autress encouragés ])ar les termes mêmes de l'ex-
posé des motifs eurent proposé, au milieu de l'approbation pres-
que générale, de revenir à l'ancien thème littéraire, avec dic-
tionnaire bilingue. Et si j'ai employé ce terme, très imparfait ù
mon sens, c'est qu'il fait depuis toujours partie du vocabulaire-
de la méthode active, au nom de laquelle je l'ai défendu et fait
adopter.
3) Je n'admets pas le terme d'» apologie •> appliqué au
compte rendu, peut-être imparfait, en tous cas fidèle et sincère,
que j'ai fait jjour les Lanrjiies Modenies. J'aurais bien voulu dis-
paraître complètement derrière le récit des faits, mais on admet-
tra que ce n'était guère possible. En tous cas, je n'ai écrit que
pour m'expliquer, sans avoir jamais éprouvé le besoin de me
justifier ou de me disculper.
Au surplus, par trois fois, devant le bureau du Comité de
l'Association, devant le Comité lui-même, et devant une Assem-
blée où plus de cinquante collègues se tromaient réunis, j'ai
rendu 'compte de mon mandat. La décision du Conseil Supérieur
a été partout discutée, souvent critiquée, mais pas une voix ne
s'est élevée pour me reprocher de n'avoir pas tenu toutes mes
promesses ni fait tout mon devoir.
Très cordialement à vous,
M. Raxcès,
Délégué au Conseil Supérieur.
Adhésions nouvelles
MM. Abosson, professeur collège, Bagnères-de-Bigorre ; Allanche,
prof, collège, Moissac ; Anne, prof. E. P. S. Gisors ; Baradat,
prof. Lycée, Toulouse ; Béchot, Avesnes ; Mlle Bénazet, prof.
E. P. S., Toulouse ; MM. Bompieyre, prof. Lycée. Foix ; Curayon,
prof, collège, Bagnères-de-Bigorre ; Mlle Chariot, prof. E. P. S.
jeunes filles, Toulouse ; M>L Darnaud, prof. Lj-cée Toulouse ;
Demeaux, prof. Lj'cée Albi ; Desvignes, prof, collège, Vic-en-
Bigorre ; Dubois, prof. Lvcée. Toulouse ; Mme Dupont, Chartres ;
Mlle East, prof. E. P. S. jeunes filles, Toulouse ; MM. Hilleret,
prof. Lycée Toulouse ; Jalabert, prof. Lycée. Toulouse ; Jeannette,
Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg ;' Jotlivet, prof. Lycée Fus-
tel de Coulanges. Strasbourg ; Leroux, prof. Lycée Fusteî de Cou-
langes, Strasbourg ; Lucas, rép. collège .\ltkirch ; Mlle Mayran,
prof. Lycée jeunes filles, Toulouse ; MM. Marin, prof. Lycée Auch;
Mérimée, prof. L'université, Toulouse ; Nussbaumer, pVof. Lvcée
Fustel de Coulanges. Strasbourg ; Ponget, prof, collège Villefran-
che-de-Rouergue ; Pruvost, Guéret ; Simon, prof. Lycée Périgueux ;
Schout, prof. Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg ; Speicti, prof.
Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg ; Talbot, prof. Lycée, Péri-
gueux ; Truchot, prof. Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg ;
Vettier, prof. Lvcée, Amiens ; Villeneuve, prof. Lycée, Albi ; Watd-
ner, prof. Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg.
>'M<
LA PEDAGOGIE GAIE
ou
l'Enseignement par le français des langues étrangères ('>
M. Tardigradc, critique universitaire à Tantôt, le grand
journal du soir, et professeur d'humanités au Lycée Robes-
pierre, ne put retenir un soupir de satisfaction : Habemiis
confitenteni ! murmura-t-il en lissant sa moustache entre le
pouce et l'index de sa main gauche. Il parlait naturellement
latin dans ses moments d'expansion, car il redoutait par-des-
sus tout comme vulgaire et bonne pour des gens sans culture,
l'expression directe de sa pensée en français.
Les professeurs de Langues Vivantes de l'Académie de
Pithiviers, ajouta-t-il, en déposant sur sa table les Laïu/iies
Modernes, revue qu'il se plaisait à lire parce qu'elle lui
avait toujours fourni les meilleurs arguments contre l'ensei-
gnement des Langues Vivantes, sont un peu comme ces
enfants trop vigoureux qui battent leur nourrice, ou plus
exactement comme une nourrice qui talocherait son nourris-
son en mal de croissance. Mais au moins ils sont francs ;
ils sont mécontents de leur propre enseignement et ils le
disent. Et en quels termes ! M. Tardigrade, assurant son
lorgnon sur son nez, relut à mi-voix, en pesant chacun des
mots, le passage qui l'avait incité à rappeler l'exorde du dis-
cours de Cicéron en faveur de Ligarius :
« Les professeurs de Langues Vivantes de l'Académie de
Pithiviers constatent avec peine que les élèves de l'enseigne-
ment secondaire ne dépassent guère, après sept années
d'études, le maniement d'un vocabulaire très élémentaire qui
les laisse étrangers aux formes les plus élevées et les i^lus
délicates de la pensée et ils se demandent si un tel résultat
vaut une telle dépense de temps et d'efforts. »
« Evidemment, évidemment >\, murmura l'éniinent huma-
niste... « Nous serions trop heureux si nos futurs bacheliers
ne demeuraient pas étrangers aux formes les plus clevé<"s et
(1) X. D. L. R. — La Ucdaction laisse à M. Léo Pard, membre de
notre Société, et qui nous demande l'insertion de son article, toute
la responsabilité de ses opinions.
LA PÉDAGOGIE GAIK 217
les plus délicates de l-.i pensée française. Mais que nos jeunes
gens, après sept ans d'études, soient incapables de pénétrer
dans les arcanes des littératures étrangères, qu'ils n'en sai-
sissent même pas les formes les plus élevées et les plus déli-
cates, c'est un pur scandale, une perte de temps des plus
regrettables. Ne nous étonnons plus après cela s'ils ne savent
I)as l'orthographe française !
Il faut que je signale dans Tantôt ce lamentable éciiec de
l'enseignement des Langues Vivantes reconnu par les jîlus
autorisés des juges, puisque l'aveu vient^des professeurs eux-
mêmes, qui sont chargés de le donner. Parbleu, ce qu'ils
désirent est bien clair. Ils veulent que leur enseignement
fournisse à nos jeunes gens une discipline intérieure, travail-
lant à l'enrichissement et à la culture des esprits. C'est une
noble tâche. Et pour avoir une discipline intérieure faut-il
donc connaître une langue vivante ? Certes non. Le 'latin
\ suffit ; le latin suflit à tout, à condition pourtant qu'on lui
accorde quelques heures de plus par semaine. Or cet ensei-
gnement se meurt ; tout le mal vient de là. Le moment est
bien choisi vraiment de demander à nos futurs candidats à
l'Ecole Polytechnique et à St-Cyr, comme l'a fait le Ministre
de la Guerre tout récemment^ la connaissance de deux Lan-
gues Vivantes ! Est-ce qu'on gagne des batailles avec des
langues étrangères ? La guerre n'a décidément rien appris
à ce ministre civil... »
Méditant ces graves problèmes, M. Tardigradc prit son
lourd stylet et, d'une traite, sans souffler, sans aller une
seule fois à la ligne, il écrivit ceci :
M L'ei)seigi)erT)ei)t par le français
des langues étrai)gères
« Nous avions déjà, appelé l'attention sur les dangers qui
résultaient de la réforme aussi hâtivement qu'inconsidéré-
ment décrétée par le Ministre de la Guerre, concernant
l'introduction de deux Langues Vivantes aux examens d'en-
trée aux grandes écoles militaires. Réforme pédagogiquement
impossible, avions-nous dit, en ajoutant qu'au surplus elle
était illégale et qu'elle résultait d'un vœu qu'il convenait de
tenir pour nul et non avenu. Les professeurs de Langues
Vivantes semblent partager entièrement notre manière de
voir à ce sujet et ils repoussent les dons d'un ministre qui
15.
218 LES LANGUES MODERNES
vient à eux les mains trop pleines de présents dont ils se
méfient, non sans quelques bonnes raisons. Conscients de la
dignité de leur enseignement, les professeurs de Langues
Vivantes de l'Académie de Pithiviers, non seulement préten-
dent bien n'enseigner qu'une seule langue, ils regardent
encore pour désirable que nos élèves ne consacrent à cette
discipline que le minimum d'entraînement. Deux années y
suffiraient largement d'après eux, en sixième et en cinquiè-
me. A partir de la quatrième, il importe, en effet, tant pour
les progrès des élèves en langue étrangère, que pour les
progrès des éludes en général, et surtout pour la formation
des esprits, que la classe de langue étrangère se fasse pres-
que entièrement en français. Car il peut y avoir de très
sérieux inconvénients à faire parler allemand, anglais, ita-
lien ou espagnol des élèves de 16, 17 ou 18 ans, que les
professeurs de lettres anciennes et de français ont habitués
à une tout autre discipline. Ainsi les professeurs de Langues
Vivantes et ce sont les termes mêmes des vœux qu'ils ont
formulés, travailleront enfin conjointement avec leurs collè-
gues des autres enseignements littéraires, en vue d'assurer
plus de cohésion et d'unité à la culture hiintaine que nos
élèves attendent de nous avec une vive impatience et qui
doit être plus que jamais le but commun de nos efforts.
Nous félicitons les professeurs de Langues Vivantes d'avoir
si parfaitement compris les nécessités de l'heure présente et
les besoins généraux du pays qui réclame plus i[\\^ jamais,
•après cette guerre, non pas la pratique ni même la vagiu
connaissance des Langues Vivantes ou de la pensée étran-
gère, mais des esprits formés au culte de dulie que tout Fran- j
çais doit aux idées générales qui, comme chacun sait, ont |
seules assuré la victoire de la France sur la Kultur germa-
nique froidement réaliste et bassement utilitaire. Victrix
causa deis placiiit... y
Seize adverbes, mais une seule citation latine, ne put
s'empêcher de murmurer M. Tardigrade, avec un peu de
dépit, après avoir parcouru des yeux sa copie ! Néanmoins
il !^e frotta les mains, puis passa l'une de celles-ci sur son
crâne, qu'il avait poli,, et son œil se plissa d'un air malicieu
et satisfait.
Léo Pard
<i^>
iii
Le5 Langues vivantes
à TEcole i)orn)ale^^^
Ce n'est pas sans peine, on le sait, que les Langues Vivan-
tes ont conquis droit de cité dans l'enseignement public en
Kra.ice. Pour ce qui nous regarde, nos proprammes de 1881
ne les admettaient ru'à titre facultatif, et c'est en 1885 seu-
lement qu'elles devinrent matière obligatoire. Trente ans
sont passés ; la langue vivante a tenu bon ; il semblerait
que sa situation dût mainlenant être assurée dans nos éco-
les ; il n'en est rien. Pour peu qu'une matière d'enseigne-
ment se trouve à l'étroit dans l'horaire, ou qu'un nouvel
article cherche à s'y faire place, si un sacrifice s'impose,
la victime est toute désignée, c'est la h;ngue vivante et il se
trouve toujours quelqu'un pour l'offrir en holocauste. Ainsi
propose-t-on (Revue pédagogique, mai 1918, p. 351) de la
rendre facultative, c'est-à-dire, pratiquement, de la suppri-
mer, pour faire place à l'agriculture.
On dirait qu'une défaveiir latente s'attache à cet enseigne-
ment malchanceux. Classé, avec la musique, la gymnastique
et le dessin, dans la catégorie inférieure des matières « acces-
soires », il occupe, dans ce quadrivium d'un nouveau genre,
une place encore mal définie. On sait exactement pourquoi
nos élèves font de la gymnastique, apprennent la musique
et s'exercent à dessiner. Mais on n'a pas encore réussi à
s'entendre sur la véritable utilité de l'enseignement des Lan-
gues Vivantes.
A vrai dire, cet enseignement est à deux fins, l'une immé-
diate, pratique : apprendre à parler une langue étrangère ;
l'autre plus lointaine, moins intéressée, et d'ordre intellec-
tuel : développer l'intelligence critique et le sens littéraire,
et prêter secours à l'enseignement du français. Ces deux
points de vue ne sont pas inconciliables, loin de là*; c'est
une question de méthode, mais, surtout, de temps. Celui-ci
nous étant strictement mesuré, il faut choisir. En fait, nous
ne choisissons pas ; l'examen nous impose la première
(Il Que Mme Albert et la Revue Pédagogique veuillent bien trou-
ver ici nos sincères remerciements pour l'autorisation de repro-
duire ici cet article, qui dès avril 1919 établissait avec autant de
force que de clarté l'importance essentielle des langues vivantes
dans la formation intellectuelle des instituteurs et institutrices.
La Rédaction.
220 LES LANGUES MODERNES
méthode. Au brevet supérieur, l'épreuve écrite, éliminatoire,
porte (singulier renversement des choses !) sur la langue
vulgaire, sur la langue de conversation ; la traduction ne
figure qu'à l'oral, et dans des conditions qui la rendent, en
tant qu'épreuve d'intelligence littéraire, assez illusoire.
L'opinion publique, qui se retrouve au fond de tout, en a
décidé ainsi. « Une langue vivante est une langue qui se
parle. » Voilà une de ces formules qui, comme le sabre de
M. Prudhomme, peuvent servir à défendre une institution,
et au besoin à la combattre. Si une langue vivante est faite
pour être parlée, il faut l'apprendre en vue de la parler ;
mais si l'on ne doit pas la parler, il est inutile de l'appren-
dre ; et comme nos élèves, devenus instituteurs et institu-
trices, n'auront que rarement, ou point du tout, l'occasion
de converser en langue étrangère, le temps passé à l'Ecole
normale à apprendre cette langue est manifestement du
temps perdu.
Ce raisonnement est trop simpliste pour être absolument
juste. D'abord, il ne se peut pas que l'acquisition d'une
langue vivante, même si l'on ne doit jamais avoir l'occasion
de la parler, même si elle se fait par la méthode directe,
dont la valeur éducative, il faut le reconnaître, est médiocre,
laisse l'esprit comme elle l'a trouvé. Elle lui ouvre bien au
moins quelques perspectives nouvelles. D'ailleurs, la méthode
directe, on le sait, a vite épuisé ses efï^ts, et le professeur
ne tarde pas à lui adjoindre l'ancienne méthode dans ce
qu'elle avait de meilleur, le thème,, et surtout la version.
En troisième année, rien n'empêche cet enseignement de
devenir tout à fait littéraire. Un normalien sortant, s'il a
bien employé son temps, n'est pas un linguiste consommé,
mais il sait lire, écrire et parler une langue vivante assez
couramment, et il s'est initié à la vie et à la pensée du peu-
ple qui la parle d'une façon assez complète pour se trouver
vite à Taise en pays étranger, si le désir lui vient de l'aller
visiter.
Or, c'est ce qu'il faut souhaiter le plus vivement, et voir.n-
tiers j'adopterais, pour juger de l'enseignement d'un pro-
fesseur de Langues Vivantes ce critérium : a-t-il su intéres-
ser ses élèves au point de leur inspirer l'irrésistible désir
de passer la frontière ? A-t-il su les mettre en état de se
débrouiller promptement en pays étranger ? Nous vivons
une époque où il n'est plus permis de s'enfermer dans ses
murs. Les rel itions internationales vont se multiplier, les
LES LANGUES VIVANTES A l'ÉCOLE NORMALE 221
peuples échanger des visites ; nous ne nous contenterons
pas d'en recevoir sans jamais les rendre. Les instituteurs et
les institutrices devront apprendre à voyager, à consacrer
chaque année une partie de leurs vacances, une fraction de
leur budget, à parcourir une terre étrangère. Mais il serait
d'un médiocre profit de circuler à la suite de quelque agence
Cook qui parle, compte cl pense, si pensée il y a, pour vous.
On ne pénètre bien la vie d'un peuple que si l'on parle sa
langue. Il faut donc que nos élèves pyrénéens pratiquent
l'espagnol, les provençaux l'italien, et j'allais dire tous
l'anglais, car l'anglais aujourd'hui est une langue mondiale,
l'organe de la civilisation la plus agissante, langue com-
mune de l'action comme au moyen-âge, et jusqu'au seuil
du xviii- siècle, le latin fut la langue commune de la pensée.
Mais c'est peut-être trop demander, au moins avec nos pro-
grammes actuels.
Ainsi, l'acquisition d'une langue vivante apparaît à l'heure
présente comme d'un intérêt primordial. Loin d'être un luxe,
elle constitue une obligation, un devoir, pour ainsi dire,
international, ou, si l'on préfère un autre motif, un devoir
envers notre patrie, qui ne lieut s'isoler sans se diminuer :
à ce titre seul, les instituteurs, qui doivent aller de l'avant
et montrer le chemin, sont tenus de connaître au moins une
langue étrangère.
Que si cependant l'on traite de vision cette esquisse de
demain, plaçons-nous, pour défendre l'enseignement des
Langues Vivantes, sur un autre terrain. Une langue étran-
gère n'est pas seulement une langue qu'on parle, c'est aussi
une langue qu'on traduit ; le thème et surtout la version
sont d'incomparables instruments d'éducation intellectuelle.
La composition française ne les supplée pas. Exprimer sa
propre pensée n'est pas un travail facile, mais tant il y a que
l'inspiration soutient en quelque mesure, que de temps en
temps jaillissent, du fond de l'inconscient des trouvailles
heureuses ; le moins doué a de ces réussites dont il s'étonne
tout le premier : « Où prend mon esprit toutes ces gen-
tillesses ? « La traduction ferme délibérément la porte à
l'imagination intellectuelle, ou ne l'admet qu'au service de
la pensée étrangère. La traduction donne la plus haute leçon
de probité intellectuelle. On a jusqu'à un certain point le
droit de se tromper sur ses projjres idées, du moins nous
sommes excusables de nous laisser influencer par l'une ou
l'autre des forces ennemies que nous recelons en nous, par-
m LES LANGUES MODERNES
fois sans nous en douter ; mais il n'y a aucune raison d'espé-
rer l'indulgence de celui dont on déforme la pensée sous
prétexte de l'exprimer autrement. Le traducteur doit accom-
plir un effort de raisonnement parfois très pénible pour arri-
ver au fond de la pensée de son auteur, pour découvrir la
logique interne de ses idées, ce qui est le seul moyen, après
avoir décomposé une phrase étrangère, de la reconstruire
sur le plan d'une autre syntaxe. L'emploi des termes est
une autre source de difîicultés. Il exige la possession d'un
vocabulaire étendu, et une connaissance exacte du sens des
mots dans les deux langues. L'esprit, animé d'un mouvement
continuel de va-et-vient, considère les termes sous leurs
divers aspects, non seulement en eux-mêmes, mais aussi
sous le reflet qu'ils se jettent l'un à l'autre, ce qui exige plus
que des connaissances grammaticales : le sens de la valeur
poétique des mots, de leur force vitale, de leur rayonnement,
de leur influence réciproque. Enfin, la fidélité littérale est
insuffisante ; il faut aussi rendre, dans toute la mesure du
possible, avec le génie de la langue étrangère, le génie de
l'auteur, donner l'impression de son style ; après avoir
reproduit l'ordre de ses pensées, il faut aussi en rendre sen-
sible le mouvement, en tenant compte, bien entendu, du
rythme de chaque langue. En vérité, la traduction est semée
de pièges, et si « un sonnet sans défaut vaut seul un long
poème », on peut dire qu'une traduction sans faute vaut une
bonne composition française. Elle prouve même, à certains
égards, plus que celle-ci quant au sens littéraire et aux
habitudes mentales des candidats, et une version, adjointe à
la composition française au brevet supérieur, aiderait sin-
gidièrement les examinateurs à porter sur cette dernière
épreuve des jugements plus assurés.
Ce serait donc, je crois, une grosse erreur pédagogique
que de supprimer l'enseignement des Langues Vivantes à
l'Ecole normale. Ce serait supprimer nos humanités, à nous
qui n'avons pas le grec et le latin. L'introduction des Lan-
gues Vivantes dans nos programmes a été saluée comme une
mesure « libérale ». On assimilait par là l'étude des Langues
Vivantes à celle des Langues Mortes, dont la vertu réside
précisément dans le travail de la traduction. Or, ce travail
est le même, quelles que soient les langues en présence. Le
grec et le latin ont, sur les Langues Vivantes, la supériorité,
l'un de servir d'exj^ression à des œuvres de beauté parfaite,
l'autre d'être la source directe de notre propre langue, mais
t1
LES LANGUES VIVANTES A L'ÉCOLE NORMALE 223
puisque, par les dinîcultés que présente leur étude et le
temps qu'elle exige, leur introduction chez nous est hors de
question, conservons au mf)ins, en retenant les Langues
Vivantes, l'avantage essentiel de l'étude des langues classi-
ques : celui d'assouplir, de fortifier, d'enrichir l'esprit, celui,
en particulier, de donner aux élèves une connaissance plus
étendue plus profonde et mieux raisonnée de leur propre
langue.
Ainsi, quel que soit le but qu'on assigne à l'enseigne-
ment des Langues Vivantes à l'Ecole normale, on voit com-
bien sa suppression serait inopportune et nuisible à l'intérêt
de no!^ élèves. Il faut, au contraire, le développer comme vont
se développer nos relations avec nos alliés d'aujourd'hui,
avec nos voisins de toujours. Pour cela point n'est besoin
d'augmenter le nombre des heures de cours ; il suflirait de
remettre les choses dans l'ordre, la version à l'écrit, la con-
versation à l'oral ; on assurerait ainsi dès la première année
la base de cet enseignement, qui est. en définitive, la gram-
maire, et on pourrait aller plus avant qu'on ne fait dans
l'étude de la littérature et de la vie intellectuelle du peuple
étranger. La langue parlée n'en souffrirait pas, au contraire.
Au vocabulaire de la vie courante, qui est borné, s'ajouterait
celui de la pensée dans tous ses domaines, arts, lettres,
scienc<?s, là où la langue déploie le mieux ses richesses et
prouve le mieux sa valeur intrinsèque.
Ainsi conduit, cet enseignement devrait créer chez nos
élèves un intérêt permanent, qui persisterait après les
années de scolarité, et qui leur serait d'un précieux secours
pour leur culture personnelle. Quand nos élèves nous quit-
tent, nous ne manquons pas de les exhorter à poursuivre
leur propre éducation, et nous leur en indiquons les moyens :
mais que ces moyens sont peu nombreux ! A part la botani-
que, quelle science est directement accessible à des institu-
trices rurales ? Ne parlons ni de physique, ni de chimie.
L'histoire, la géographie, ne leur offrant, en somme, que des
documents de seconde main, ne peuvent donner matière à
un travail véritablement personnel. Les élèves qui ont un
goût décidé pour la musique et le dessin se créent sans
difliculté une sphère d'intérêt où se retrouver elles-mêmes
après le labeur du jour. Mais il y faut des dispositions par-
ticulières. La littérature s'ouvre davantage à tous ; sa techni-
que est moins hermétique, du moins en apparence ; chacun
peut se flatter d'y comprendre quelque chose ; et d'ailleurs,
224 LES LANGUES MODERNES
le verbe s'adresse d'abord à la raison, il est obligatoirement
intelligible ; en outre, il a pour véhicule la lettre imprimée,
le plus mobile, le plus insinuant outil de pénétration, presque
immatériel et omniprésent. Une bonne bibliothèque littéraire
française est, pour la plupart de nos élèves, le seul instru-
ment possible de culture personnelle ; qu'en outre une litté-
rature étrangère leur soit accessible, le profit est double, et
même davantage, toute connaissance se multipliant indéfini-
ment par toutes les autres, comme les images dans les miroirs
qui se font face.
Au surplus, il se trouve toujours un certain nombre
d'élèves pour continuer, une fois sorties de l'Ecole normale,
l'étude d'une langue vivante ; il y en aurait davantage, si elles
se sentaient en possession d'une base solide, et si elles
avaient pris, dès l'école, l'habitude d'emprunter au fonds
étranger de la Bibliothèque aussi facilement, aussi naturel-
lement qu'au fonds français le livre de récréation du diman-
che. Certes, l'étude d'une langue étrangère est plus qu'un
délassement ; mais dussent nos élèves ne voir dans cette
connaissance qu'un moyen de varier leurs lectures récréa-
tives, qu'il vaudrait encore la peine de leur apprendre une
langue vivante. Il faut ouvrir à leur imagination en quête
d'aliments les sources vives qui sont à leur portée ; la langue
étrangère en est une. Elle fournit des motifs d'intérêt indé-
finiment renouvelables. Elle convient aux esprits de tout
étage, du simple lecteur à demi paresseux au linguiste le
plus érudit. Elle peut faire naître l'envie de voyager, le désir
de s'instruire en d'autres branches ; c'est une étude féconde,
qu'on n'a pas encore exploitée sufTisamment dans nos écoles,
à laquelle on n'a pas encore fait rendre tout ce qu'elle con-
tient. La faute en est, en partie, à l'organisation actuelle, qui
rejette en troisième année le travail vraiment intéressant et
fructueux, l'étude littéraire de la langue. Mais, tel même qu'il
est compris, cet enseignement, s'il venait à disparaître, lais-
serait, dans la formation intellectuelle de nos élèves, un vide
qu'aucune autre discipline ne comblerait. Il en serait comme
de ces gens dont l'activité silencieuse n'est reconnue et
appréciée que lorsqu'elle s'est arrêtée. On ne ressuscite pas
les hommes ; mais si l'on rayait les Langues Vivantes de nos
programmes, il n'y aurait bientôt i)lus ({u'une cliose à faire,
ce serait de les y rétablir.
R. Alhkht.
Directrice de l'Ecole normale de Tarbes.
Les Langues vivantes au Congrès régionaliste
d'Aix-en-Provence
Le 1" Congrès des Jeunesses régionalistcs s'est tenu à
Aix-en-Provence les 10 et 11 avril, dans la Salle des Etats, à
l'Hôtel de Ville. Les régions suivantes y c4aient représentées :
Provence, Languedoc, Catalogne, Béarn, Limousin, Dauphiné,
Lyonnais, Bresse et Bugey, Alsace et Flandre, l'Ile-de-France
et la Normandie y étaient représentées « de facto ». Comme
représentants : des universitaires, des avochts, des écono-
mistes, des industriels, des commerçants, des conseillers
généraux, plusieurs députés (1). Au cours de la séance con-
sacrée au régionalisme intellectuel, l'un des congressistes a
présenté un vœu tendant au remplacement de la langue
étrangère par le dialecte local à l'Ecolo normale primaire, à
la condition, bien entendu, que. ce dialecte eût lexique, gram-
maire et littérature. Je me préparais naturellement à plaider
pour qu'il y eût adjonction et non remplacement, lorsque
M. Raoul Blanchard, professeur de géographie à la Faculté
des lettres de l'Université de Grenoble, directeur de l'Institut
de géographie alpine, avec l'autorité qui s'attachait à son
nom, à sa situation élevée ~dans l'enseignement et en même
temps à sa parfaite indépendance, a pris la défense des Lan-
gues Vivantes à l'Ecole normale d'instituteurs. Il a fait
observer, avec beaucoup de tact mais aussi avec beaucoup
de fermeté, qu'il y avait un intérêt de iDremier ordre, au
point de vue culture générale, à ce que tous les instituteurs
fussent mis en contact avec une langue, une littérature et
une civilisation étrangères et que nombre d'entre eux d'ail-
leurs étaient appelés à sortir des cadres de l'enseignement
élémentaire, soit par leur admission aux écoles normales
supérieures primaires, soit par immatriculation dans les
facultés, où on les considérait comme de préHeuses recrues.
— — — . 1
(1) Parmi eux M. André Fribourg, agrégé d'histoire, député de l'Ain,
questeur du Groupe régional de la Chambre, groupe qui avant la
guerre comprenait 15 députés et qui en comprend maintenant près
226 LES LANGUES MODERNES
Par une heureuse inspiration, usant de son droit de prési-
dent de la séance, il demanda si, dans le nombreux public
qui assistait aux débats du Congrès, il ne se trouvait point
d'instituteurs qui désirassent donner leur opinion dans ce
débat. Un jeune instituteur se leva aussitôt et prit chaleureu-
sement la défense de la langue étrangère. LTa discussion se
généralisa mais je n'y pris aucune part, réflexion faite et
rassuré sur l'issue, dans mon désir de voir vers quelle atti-
tude inclinerait d'elle-même une assemblée composée de
personnes extrêmement distinguées mais étrangères à l'ensei-
gnement des langues vivantes ! Grande fut ma satisfaction de
la voir, en conclusion, se trouver unanime pour rejeter l'idée
de ce remplacement et la remplacer par celle d'adjonction.
Le promoteur même du vœu se déclara convaincu !
Pour le baccalauréat elle accepte la formule de « Langue
à option », au même titre que les Langues Coloniales. Ainsi
se termina un débat qui avait été pour moi du plus haut inté-
rêt et dont la conclusion mérite bien d'être soulignée. Nous
la soumettons aux réflexions de ceux qui, en voulant, sup-
primer la Langue Vivante à l'Ecole normale primaire — car
c'est la supprimer que la rendre facultative — mureraient
la fenêtre qui est ouverte à nos instituteurs sur les plus
magnifiques horizons de l'esprit. Cette fenêtre, ne fût-elle
qu'une lucarne, doit rester ouverte.
Gaston E. Buoche.
Professeur 'af/rêgé au (rrand Lifcée de Marseille,
Secrétaire Général de l'Ecole du Palais
des Papes d'Avignon.
Marseille, 12 avril 1920.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
Dans le cadre étroit de cette chronique, il est impossible
de faire sa place à chacun des événements qui ont récem-
ment agité l'opinion publique anglaise. Ils ont été particu-
lièrement nombreux ces deux derniers mois et certains ont
eu un retentissement considérable. Force nous est de nous
limiter en nous rappelant toutefois que l'importance d'un
incident ne se mesure pas à l'émotion qu'il soulève. En dres-
sant le bilan des dernières semaines, dans le domaine politi-
que ou intellectuel, nous ne retiendrons donc que les faits
qui, dépouillés de l'intérêt périssable que confère l'actualité,
semblent, du point de vue de l'historien, devoir garder quel-
que valeur comme points de repère.
L'élection de Mr. Asquith, à Paisley, en fin février, n'a
pas apporté dans la vie parlementaire les perturbations
escomptées par la presse libérale indépendante. Le seul effet
sensible jusqu'ici de la rentrée en scène du leader de l'oppo-
sition a été d'amener Mr. Lloyd George à préciser ses idées
sur la nécessité d'une fusion des partis centristes. Ses atta-
ques un peu vives, de même que les ripostes de. Mr. Asquith,
ont parfois donné l'impression qu'au fond de la querelle
entre ces deux hommes d'état il y avait surtout une rivalité
de personnes. A la vérité les préoccupations que trahissent
les discours prononcés de part et d'autre dépassent singuliè-
rement la portée d'un simple conflit d'ambitions égoïstes.
Le vrai problème est de savoir quelles digues seront élevées
par les puissances conservatrices contre, la marée montante
du Travaillisme,, et au-dessus même de la discussion sur les
moyens de défense sociale se pose la question de l'orienta-
tion et des progrès du parti ouvrier.
Mr. Lloyd George a pris nettement position. S'appuyant
sur les résultats d'ensemble des élections partielles, il arrive
228 LES LANGUES MODERNES
au classement suivant des partis : en tète vient le Labour
Party avec 146. ÛOU voix, puis les unionistes (124.000), les
libéraux indépendants (85.000), les libéraux coalitionnistes
(43.000). « Un conflit entre unionistes et libéraux, constate-
t-il. amènerait au pouvoir un gouvernement travailliste. Or
la doctrine travailliste est ceDe de la propriété collective —
connue en France sous le nom de communisme, en Allema-
gne de socialisme et en Russie de bolchevisme. Cette doc-
trine contredit celle du libéralisme qui voit dans la propriété
privée un aiguillon et une récompense, c'est-à-dire un moyen
très puissant d'assurer le bien-être de la communauté. «
A cette théorie, Mr. Asquith ne fait vraiment qu'un seul
reproche sérieux : celui d'exploiter jjour des fins démagogi-
ques la crainte et l'ignorance des masses, et de mettre en
garde « ceux qui possèdent » contre les desseins révolu-
tionnaires de '( ceux qui ne possèdent rien » ; politique dan-
gereuse, puisqu'elle aboutit à la guerre de classes.
En somme, entre Mr. Asquith et ^Ir. Lloyd George il y a
divergence d'idées, non sur la façon de concevoir la pro-
priété, mais sur l'attitude à observer à l'égard du Labour
Part}-. En assimilant celui-ci au bolchevisme, le Premier
Ministre a fourni des armes contre lui à ses adversaires. Il
lui a manqué de faire la distinction entre le but et les mé-
thodes du Socialisme.
Or, le Labour Party s'oriente nettement vers l'action poli-
tique à Texclusion de l'action directe. Au congrès des Tradc-
Unions convoqué pour étudier les mesures à prendre après
le rejet par les Communes du projet de nationalisation des
mines, les Thomas, les Clyaes ont pris vigoureusement parti
pour l'action légale contre la grève générale révolutionnaire.
Et au vote qui a clôturé le congrès, 3.800.000 voix se sont
prononcées pour les méthodes réformistes contre un million
seulement en faveur de l'action directe.
Il n'est pas jusqu'à l'Independent Labour Party qui ne
répudie formellement la violence. Cette organisation, qui se
place entre le British Socialist Party aux tendances sovié-
t;stes, et le Labour Party fidèle à la Deuxième Internationale,
tenait le fi avril, à Glasgow, son congrès annuel. Faisant
sienne la résolution volée par les socialistes français à
Strasbourg, elle s'est déclarée favorable à la reconstruction
d'une Deuxième Internationale où les difTérenles sections
conserveraient l'initiative de leur tactique. El Mr. Macdonald
ï
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 229
ainsi que, Mr. Snowdcn ont précisé que pour l'I. L. P. cette
tactique consistait à réaliser les principes socialistes par les
moyens uniquement constitutionnels.
Citons enfin un article de Mr. Arthur Henderson en
réponse à la déclaration de guerre de Mr. Lloyd George.
« Le monde ouvrier, écrit-il, vient de se prononcer solen-
nellement contre l'action directe. Il doit en résulter un déve-
loppement rapide du mouvement politique travailliste basé
sur un large appel à toutes les classes. Le Labour Party
entend poursuivre la réalisation de son programme sur le
terrain constitutionnel... Mr. Lloyd George nous assimile aux
Bolchevistes ? C'est faussement interpréter nos théories que
de prétendre qu'elles cachent des buts subversifs... Le
Labour Party relève le défi. Il adressera un appel non seule-
ment aux travailleurs organisés, mais à quiconque s'intéresse
à son programme. Nous voulons donner aux électeurs le
le moyen de choisir entre la politique de classes de Mr. Lloyd
George et la politique de propriété collective et d'adminis-
tration démocratique des services publics que défend le
Labour Party. »
Ce document, avec son appel à la collaboration des clas-
ses, n'est pas sans bouleverser certaines idées admises. Mais
il s'explique avec netteté et franchise sur la tactique du parti
et ne dissimule rien du but travailliste : substituer à la pro-
priété privée la propriété collective. Or c'est à cela même
que s'oppose avec non moins de netteté et de franchise
Mr. Lloyd George, à cela que se sont opposés les électeurs de
Mr. Asquith, unionistes et libéraux confondus, en votant
pour lui à Paisley contre le candidat du Labour Party, à cela
enfin que s'opposerait Mr. Asquith s'il était au pouvoir. La
logique est donc du côté de Mr. Lloyd George et aussi du
côté du Labour Party. Ou bien on veut le maintien de la
propriété individuelle, et il faut marcher derrière la bannière
gouvernementale, ou l'on veut la disparition de cette pro-
priété individuelle au profit de la collectivité, et il faut sui-
vre alors la bannière socialiste. Entre ce courant et ce con-
tre-courant il faut opter ; car il n'existe pas de position
intermédiaire. A en chercher une, le libéralisme indépen-
dant court vers sa ruine ; il ne pourrait se sauver que par
une alliance avec le Labour Party. Les dernières élections
montrent qu'il ne faut s'attendre à rien de semblable ; par-
tout les travaillistes mènent le combat pour eux seuls et avec
230 LES LANGUES MODERNES
leurs seules forces. Entre la coalition qui maintient ses posi-
tions et le Labour Party dont la croissance rapide ne laisse
pas d'étonner, le parti libéral indépendant, malgré la grande
valeur de plusieurs de ses membres, doit se résoudre à .voir
diminuer chaque jour son influence... Et l'Angleterre aura
parcouru une nouvelle étape de son évolution politique
lorsqu'elle ne comptera plus que deux grands partis : le
parti du travail et le parti de conservation sociale.
C'est au milieu de l'émotion causée par la recrudesceiice
d'attentats contre des Sinn-Feiners ou des fonctionnaires
britanniques cfue se sont déroulés aux Communes les débats
précédant l'adoption en seconde lecture du Home Rule Bill.
Voici dans ses grandes lignes le projet gouvernemental.
L'Irlande serait divisée en deux régions ayant chacune son
Parlement ; celle du Nord, comprenant les six comtés dits
« protestants » de FUlster, élirait un Parlement de 52 mem-
bres ; celle du Sud, formée du reste de l'Irlande, un Parle-
ment de 128 membres. La représentation irlandaise à
Westminster serait réduite à 42 membres et pour donner
quelque unité à la vie de l'Irlande, il serait constitué un Con-
seil de 40 membres, choisis par moitié dans les deux régions.
Enfin l'Angleterre exigerait le paiement d'un tribut annuel
de £ 18.000.000.
Ce bill a reçu des intéressés un accueil dépourvu d'en-
thousiasme. Les Sinn-Feiners naturellement refusent de le
discuter puisqu'ils réclament pour l'Irlande, non un Home
Rule, mais le droit de disposer d'elle-même. Quand aux autres
partis du Sud (nationalistes ou partisans de la forme gou-
vernementale accordée aux dominions), ils sont unanimes à
condamner un projet qui ne réalise pas l'unité du pays, qui
perpétue l'hostilité de l'Ulster à l'égard des catholiques, et
qui refuse l'indépendance fiscale, base de toutes les autres.
Par contre, au Nord, les Carsonistes, tout en protestant de
leur fidélité à l'Empire, se disent prêts à accepter la formule
actuelle (|ui ménage leur situation. Ces critiques et ces réser-
ves ont trouvé leur écho au Parlement avant le vote. Mais
rimi)uissance des groupements d'opj)osition à mettre sur
pied un programme conciliant davantage les aspirations de
l'Irlande et les intéi'êts de rEnq>ire, explique la large majo-
rité obtenue i)ar le gouvcrHement dans le vote final.
CHHONIQCE ÉTRAXOÈHE 231
La conclusion des débats a été dégagée par Ivir. Lloyd
(icorge. En face des Sinn-Feiners réclamant l'autonomie
complète, il voit tous les partis politiques de l'Angleterre
(y compris le Labour Party) manifestant leur ferme volonté
de s'opposer à la séparation. « Il ne peut être question,
a-t-il ajouté en substance, de reconnaître à l'Irlande le droit
'Je disposer d'elle-même ; de même que les Etats du Nord en
Amérique ont enq)èché par la force la sécession des Etats du
Sud, de même l'Angleterre serait obligée par des mesures de
répression identiques de maintenir l'Irlande au sein de
l'Empire. » Ces paroles s'adressaient non seulement aux
Sinn-Feiners, mais aussi au Sénat Américain qui avait voté
quelques jours auparavant une motion de sympathie à
l'adresse de l'Irlande.
Cette déclaration est peut-être trop tardive pour enlever
aux Républicains irlandais tout espoir de réaliser leur des-
sein. Ils se sentent plus ([ue jamais soutenus par les descen-
dants de ceux contre qui l'Angleterre a exercé la politique
du bateau d'émigrants. Tant que l'étranger, et en particulier
l'Amérique, les observera avec sympathie, il est peu vrai-
semblable qu'ils désarment, et dans les événements insur-
rectionnels de Pâques, il faut voir une première aflirmation
éclatante de leur désir de ne pas capituler devant les mena-
ces de Mr. Llovd George.
A l'extérieur, l'attention s'est détournée de la Russie pour
se porter, de façon modérée, sur l'Allemagne qu'il faut
désarmer et, de façon soutenue, sur la Turquie qu'il faut
partager. Ce dernier pays qui contrôle les Détroits, qui peut
assurer des communications plus rapides avec l'Inde, et qui
possède, entre autres richesses, des puits de pétrole, ne
peut manquer d'exciter les convoitises. La conférence actuel-
lement réunie à San-Remo pour fixer le statut nouveau de
l'empire ottoman n'entendra peut-être pas prononcer par
Mr. Lloyd George un Ego noniinor leo, mais elle assistera
certainement :,ux efforts de la diplomatie anglaise pour
s'assurer la part du lion. Les avantages qu'elle se fera attri-
buer seront d'ailleurs avant tout théoriques, car il est plus
facile de rédiger des clauses de traité cjue d'en obtenir ou
d'en imposer l'exécution.
232 LES LANGUES MODERNES
C'est sans doute le souci d'enrichir son actif autrement
que sur le papier, qui a amené l'Angleterre à honorer le
problème de Constantinople d'une discussion et d'une solu-
tion à part. Un mémoire signé des hauts dignitaires de
l'Eglise anglicane et de personnalités universitaires ou poli-
tiques, déclare les Turcs indignes de rester en Europe. Ce
document aurait gagné à être rédigé avec plus de modéra-
tion. Il parle de la sauvagerie et de la cruauté des Turcs
envers leurs prisonniers, au moment même où le général
Townshend, dans ses souvenirs de campagne (1), rend hom-
mage à l'esprit chevaleresque de ses adversaires. Ce témoi-
gnage, venant après celui de Pierre Loti et aussi de nom-
breux combattants qui ont été frappés de l'humanité (rela-
tive bien entendu) avec laquelle ces prétendus sauvages ont
conduit la guerre, ne laisse pas d'être troublant. Le héros
de Kut-el-Amara conclut au maintien des Turcs à Constan-
tinople et préconise une organisation de l'Asie Mineure pres-
qu'en tous points conforme au plan français. Cette solution
est adoptée également par ceux qui jugent les faits de la
diplomatie orientale en fonction de leur répercussion éven-
tuelle sur l'Inde. Entre ces deux formules extrêmes, il s'en
insère une troisième, de conciliation, proposant de « vati-
caniser » la résidence du calife, autrement dit de maintenir
le Sultan à Constantinople, en lui retirant son pouvoir tem-
î}orel sur les Détroits.
Après des hésitations, dues à des divergences d'idées au
sein même du Cabinet, on a finalement admis le point de
vue du parti turcophile. Mais celui-ci venait à peine de
recevoir cette satisfaction de principe, que les auteurs du
mémoire, groupés autour du Secrétaire d'Etat pour les AfTai-
res Etrangères, obtenaient une satisfaction de fait. A la suite
de troubles causant la mort de plusieurs milliers d'Armé-
niens, Mr. Lloyd George décidait en effet l'occupation de
Constantinople. « astreinte » provisoire et n'ayant d'autre
but, dit-on, que d'obliger le gouvernement turc à respecter
ses engagements et à prendre des mesures de protection en
faveur des minorités chrétiennes.
Rien n'est plus dans la tradition britannique que cette sol-
licitude à l'égard des minorités. C'est pour défendre les Pro-
(1) My campaign in Mesopotamia. By Major General Sir Charles
Townsliend (Thornton Butterworth. 28's. net).
I
CHRONIQLl-: ÉTRAXGliUK 233
testants de l'Ulster contre la tyrannie catholique des provin-
ces du Sud que l'Angleterre refuse à rirlande son indépen-
dance ; c'est pour éviter aux minorités allemandes l'humilia-
tion de subir le joug polonais qu'elle s'est fait donner par la
Société des Nations le mandat d'administrer l'enclave de
Dantzig ; c'est enfin pour protéger certains groupements non
musulmans du centre de l'Asie Mineure qu'elle met la main
sur Constantinople. Toutes ces interventions sont décidées
liu nom de principes supérieurs d'humanité ; mais elles
comportent de tels profits oji commerciaux ou stratégiques
(quand les deux ne sont pas réunis), que, si l'homme d'Etat
peut les approuver sans réserve, le moraliste ne peut s'empê-
cher d'en suspecter le désintéressement.
Dans le domaine intellectuel, il convient de noter deux
mesures prises à l'Université d'Oxford, par lesquelles l'insti-
tution la plus traditionaliste de l'Angleterre marque sa
volonté d'adaptation aux nécessités nouvelles.
Constatant que le maintien du grec obligatoire à Oxford,
sans servir aucunement la cause du Grec, ne faisait que
favoriser le recrutement des autres universités, la « Convo-
cation » a décidé d'en finir avec une exigence pour le moins
excessive. L'influence déclinante d'Oxford y trouvera un
regain de vitalité, et le grec lui-même n'y perdra rien, si,
comme le souhaite le professeur Gilbert Murray, les Princi-
paux des Ecoles secondaires en facilitent l'étude aux jaunes
gens attirés vers la culture désintéressée. « A notre époque
de spécialisation à outrance, lit-on dans le Manchester
Guardian, c'est moins le nombre qui importe que la qualité
des hellénistes. «
D'autre part, l'Assemblée Académique d'Oxford a résolu
d'accorder aux femmes le droit de prendre leurs grades
universitaires. La question n'a donné lieu à aucun débat, et
c'est assez naturel. Le dernier argument des anti-féministes
pour maintenir la femme dans une situation inférieure, était
qu'en cas de guerre elle n'avait ni les mêmes devoirs ni les
mêmes responsabilités que l'homme. Or l'expérience a fait
justice de cette théorie. La femme s'étant montrée l'égale de
l'homme dans l'endurance, l'effort, et souvent même le dan-
ger, aucune raison ne subsistait de lui refuser les droits
ic.
234 LES LANGUES MODERNES
politiques. On a prétendu que le rôle traditionnel d'Oxford
était de former l'esprit de ceux qui se destinent à servir leur
pays « dans l'Etat ». La femme ayant accès au Parlement et
aux fonctions gouvernementales, la logique imposait qu'on
lui donnât les mêmes moyens qu'à l'homme de se préparer
à sa tâche.
Les droits de la femme se trouvent ainsi pleinement recon-
nus au moment où disparait un écrivain qui fut un des pré-
curseurs du féminisme. Mrs Humphrey \Yard, au début de
sa carrière, étonna ses contemporains par la nouveauté et le
courage de ses conceptions ; elle fut en effet une novatrice,
mais sur la route même qu'elle avait ouverte, elle ne tarda
pas à se trouver dépassée par sa génération, dont les idées
évoluaient rapidement alors que les siennes restaient immua-
bles.
La publication en 1888 de Robert Elsmere souleva
l'enthousiasme de la critique, qui vit en son auteur le suc-
cesseur et l'égal de George Eliot. Les années devaient corri-
ger ce qu'il y a d'excessif dans ce jugement. Semblable par
l'activité et la culture à George Eliot, elle avait de plus
comme celle-ci la conscience de ses devoirs sociaux. Mais
dans ses romans, que les questions agitées soient religieuses,
politiques ou économiques, elle semble hésiter, ses prémisses
posées, à faire le pas décisif après quoi le raisonnement se
développe jusqu'à sa conclusion logique. Elle donne ainsi
l'impression d'un esprit timoré qui a parfois des velléités de
hardiesse.
Pour Mrs Ward, l'action sociale était le prolongement de
l'activité littéraire. L'intérêt qu'elle portait à l'enfance se
traduisit par la création de colonies scolaires, de cours de
vacances, d'écoles pour jevsnes infirmes. Opposée à ce que la
femme jouât un rôle actif en politique, elle souhaitait par con-
tre la voir se pencher sur les misères sociales. A l'action direc-
te sur le gouvernement du pays, elle préférait l'influence dis-
crète que la femme sait exercer dans les questions qui
l'intéressent.
Aussi les récentes conquêtes du féminisme, aboutissant à
l'élection de Lady Astor au Parlement, la laissèrent-elle
indifférente, sinon inquiète. I-.îais ses préventions durent
tomber en partie lors(iu'elle vit la ])remière intervention
féminine aux ('omnumes se produire en faveur de la jjrohibi-
tion de l'alcool. Le problème de la tempérance fut toujours
CHRONIQUE ÉTRAXOKRE 235
au premier plan de ses préoccupations. C'est ainsi que même
dans Enfjland's Effort (1917), petit livre de propagande pour
l'Amérique, sa curiosité se porte autiint sur la santé morale
du personnel ouvrier que sur le rendement en obus des usines
de guerre. Si donc la formule d'émancipation féminine linale-
ment réalisée n'a pas eu toute son approbation, Mrs Ward a
pu du moins trouver cjuelque satisfaction à la pensée que sous
une autre forme et par d'autres mojens, son œuvre se pour-
suivait.
Sarreboiiry, 23 avril.
Marcel Lorans.
N0TE3 ALLEMANDES
Il ne saurait être question dans les quelques pages qui
vont suivre d'étudier dans son ensemble le mouvement poli-
tique, social et littéraire d'un pays qui a subi des modifica-
tions aussi profondes que l'Allemagne. Nous nous bornerons
à présenter successivement quelques aspects intéressants du
nouvel Empire, et nous consacrerons ces iiremières notes à
la situation intérieure de r.\llemagne.
L'Allemagne, comme tous les pays qui ont subi un désas-
tre militaire, a cherché son salut dans une orientation poli-
tique nouvelle ; elle a prétendu vouloir prendre en mains
ses destinées, et a fait choix d'une constitution démocrati-
que ; mais on ne saurait prétendre que la stabilité des
institutions républicaines y soit désormais assurée. Ce pays
est encore bien loin d'avoir franchi la période des convul-
sions intérieures qui accompagnent nécessairement l'instau-
ration d'un régime nouveau.
Le coup d'Etat de Kapp a sans doute misérablement
échoué, parce que le peuple, sur Tordre de Xoske, se dressa
résolument en travers des entreprises des hobereaux, et ne
craignit pas d'opposer à la tentative de restauration monar-
chique cette mesure de défense désespérée qu'est la grève
générale. L'échec du coup de force révéla l'attachement indé-
236 jles langues modernes
niable du peuple aux conquêtes de la Révolution, en même
temps qu'il réussit à fortifier la coalition des partis libé-
raux. Le centre., les démocrates et les socialistes sentirent la
récessité de resserrer les liens un peu lâches de l'alliance
qui les avait unis pour la défense des principes républicains,
et ils disposent au Pailement d'une majorité écrasante : ils
sont en efïet les mandataires de 23 millions d'électeurs, tan-
dis que les partis de droite (die Deiilsch-Xationalen et die
Volkspartei), n'en comptent que 4 millions 1/2, et que les
extrémistes de gauche {die Unabhângigen et die Spartakis-
ten) ne représentent que 2 millions 1/2 de voix. La compo-
sition de cette majorité fixait au gouvernement scn pro-
gramme : le nouveau cabinet devait apporter toute sa vigi-
lance à la défense du régime actuel, développer les institu-
tions démocratiques, et pour ne point partager le sort de
Xoske, éviter de s'endormir dans un optimisme excessif :
en un mot, il devait mener une politique de combat. Telles
furent du reste les promesses que fit' solennellement M. Mill-
ier à l'Assemblée Nationale quand il prit la présiden e du
nouveau ministère ; et son succès oratoire fut grand, lors-
qu'il convia la majorité à faire front avec lui contre toutes
les tentatives de dictature du prolétariat ou des monarchis-
tes. La sincérité du ministre ne paraît pas jusqu'ici devoir
être mise en doute ; mais la tâche qu'il s'est proposée est
considérable ; et il devra parcourir un long chemin, tout
semé d'embûches, avafit que d'avoir réalisé une démocrati-
sation véritable de l'empire allemand.
De graves embarras ont été suscités immédiatement au
nouveau gouvernement par les ouvriers du bassin de la Ruhr.
Les troubles communistes de cette région semblent avoir
inquiété réellement les cercles dirigeants en Allemagne.
Cependant la rapidité avec laquelle les bandes de Hôlz
purent être désarmées, prouve nettement qu'une opération
de police eût été aussi efïïcace et beaucoup plus opportune
qu'une expédition militaire. La répression de .ce mouvement
révolutionnaire a été menée d'autre part avec une telle
vigueur par les éléments réactionnaires de la Reichswehr,
que les syndicats ouvriers, obéissant aux directions de
Legien, protestèrent eux-mêmes avec énergie contre un tel
déploiement de forces ; ils réussirent du reste à limiter le
champ de cette action militaire. Dès le début, le gouverne-
ment de MûUcr se trouve donc en conflit avec les masses
ouvrières.
CHRONIQUE ÉTRANCIÈRE 237
Mais les difficultés que lui préparent les partis de droite
constituent une menace certainement plus redoutable, et
semblent avoir retenu davantage aussi l'attention du pays.
Si Kapp et von Lùttwitz sont devenus pour le moment inof-
fensifs, lîuisqu'ils se sont soustraits à l'action des lois,
leurs lieutenants travaillent plus ou moins ouvertement à
poursuivre l'oeuvre des grands chefs absents. La réaction
n'a peut-être jamais été plus active que depuis l'échec de
Kapp ; elle a groupé en un organisme puissamment articulé,
tous les éléments de l'Empire qui aspirent à une restau-
ration de l'ancien régime ; et elle travaille à celle-ci avec
une hâte d'autant plus fébrile que le temps lui est mesuré.
C'est à l'Est surtout que gronde l'orage ; les signes pré-
curseurs nous en sont révélés chaque jour par la presse
libérale. Dans les provinces de Poniéranie et de Silésie une
nouvelle kappiade s'organise qui s'annonce d'autant plus
dangereuse qu'elle prétend tirer parti des enseignements de
la première : le coup d'Etat ne doit plus être tenté à Berlin ;
les troupes seraient concentrées dans la province dont elles
assureraient la soumission ; elles marcheraient ensuite sur
la capitale qu'elles investiraient. Le mouvement est dirigé
par les grands propriétaires terriens, auxquels ont promis
leur concours les corps du Baltikum et de la Reichswehr,
ainsi que les troupes de volontaires constituées à cet effet.
Les agrariens de Poméranie et de Silésie voient avec effroi
l'influence dont ils disposaient jadis leur échapper définiti-
vement : il s'est produit là-bas comme ailleurs un glissement
du pouvoir, qui est passé des partis de droite à ceux de
gauche. La Révolution a accéléré tout particulièrement l'orga-
nisation du prolétariat agricole, et celle-ci a progressé si
rapidement qu'il n'est pas de grande exploitation où les
ouvriers n'aient constitué un groupement socialiste. Les
agriculteurs, efi"rayés par les progrès de la cause révolution-
naire, ne peuvent se résigner à accepter aujourd'hui une
abdication qui demain leur sera imposée ; et pour sauver
du naufrage leurs privilèges politiques et économiques, ils
sont décidés à recourir aux mesures extrêmes, jusqu'à celle
de l'alliance temporaire avec les communistes : tout chan-
gement politique, quel qu'il soit, sera pour eux le bienvenu.
Mais où trouver les janissaires, résolus à tenter un nou-
veau coup de force ? Les agrariens les recruteront sur leurs
propres domaines, parmi les troupes licenciées de la Balti-
238 LES LANGUES MODERNES
que, qu'ils ont hospitalisées et dissimulées à dessein. Ce
n'est pas par hasard que le Baltikum a cherché un refuge
sur les terres dilTicilement pénétrables de Poméranie ; il j-
était appelé par la réaction, qui s'est constitué ainsi une
garde du corps docile et prête à toutes les besognes. Les
troupes baltiques en effet se composent surtout d'aventuriers
et de déclassés, qui mèneront la guerre jojeuse avec leur
sauvagerie coutumière ; ils attendent pour le moment, sous
la blouse d'ouvriers agricoles, que leur soit donné le signal
du ralliement pangermaniste.
L'appel aux armes ne prendra pas ces troupes au dépourvu.
Des dépôts de munitions ont été aménagés sur tout le terri-
toire de ces provinces, en lieux sûrs : c'est ainsi qu'au cours
d'une perquisition opérée chez le député deutsch-national
V. Kessel à Obcrglauche, en Silésie, on ne découvrit pas
moins de 4 canons et de 4 lance-flammes. Ailleurs, ce sont
de véritables parcs d'aviation qui ont été dissimulés dans
les plus grandes propriétés.
En Bavière, la réaction présente un aspect différent ; et
celle-ci, pour être moins provocante, et rester en apparence
dans les limites de la légalité, ne cause pas moins de soucis
au gouvernement de Berlin. L'ancien bloc majoritaire s'est
désagrégé au lendemain du coup d'Etat de Kapp ; la concen-
tration s'est opérée à droite ; un nouveau bloc s'est consti-
tué, dont furent exclus les socialistes, mais qui ouvrit lar-
gement ses rangs à la ligue des paysans. Or, de tous les par-
tis de droite, le Bauernbund est particulièrement suspect à
Berlin, en raison de sfes menées séparatistes. On l'accuse de
chercher à constituer un Etat bavarois indépendant, séparé
de l'Allemagne du Nord par la ligne du Mein, et englobant
l'Autriche. Cette politique a sans doute été désavouée par
les ministres bavarois ; mais ceux-ci n'ont ]>eut-être pas
réussi à dissiper toute la méfiance qu'ils inspiraient à la
Prusse. ^
De graves menaces pèsent donc sur l'existence du régime.
A quels éléments le gouvernement pourra-t-il faire appel,
afin de barrer la route à la réaction, qui se prépare à un
nouvel assaut ?
La ReiqhsNvehr ne peut guère inspirer confiance au parti
républicain ; elle n'est entre les mains de ses chefs qu'un
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 239
instrument destiné à réaliser leurs ambitions : ceux-ci, nom-
més par les hommes du cabinet militaire de Guillaume II,
qui sont restés très puissants au Ministère de la Guerre, sont
tous dévoués à la cause monarchique. Les corps de volon-
taires d'autre part, qui prétendaient s'être constitués pour
combattre le bolchevisme, ne poursuivent que la restaura-
tion de l'ancien régime ; ils ont le^'é le masque dernière-
ment, en offrant asile aux officiers que l'échec de Kapp a^4ait
contraints à une retraite temporaire. La loyauté des troupes,
qui peuvent être appelées à défendre la Constitution, reste
donc plus que douteuse.
Les Universités enfin, qui de tout temps ont exercé une
^influence si profonde sur la formation de l'esprit national,
sont hostiles au nouveau gouvernement et gardent intact le
culte de la tradition prussienne : la plupart des étudiants
et des professeurs fêteraient dans le retour des Hohenzol-
Icrn la résurrection de leur Messie. Au lendemain de la
tentative de Kapp, plusieurs membres du Comité de l'Asso-
ciation des étudiants à Berlin crurent devoir signer la pro-
clamation du dictateur ; et la protestation des étudiants
républicains contre cette adhésion au coui:> d'Etat souleva
en son temps un beau tumulte.
Si, entre toutes les Universités, il en est une qui ait bien
mérité de la monarchie déchue, c'est celle de Greifswald.
Elle fut pendant longtemps la citadelle de l'orthodoxie pro-
testante et elle est devenue aujourd'hui un des centres les
plus actifs de l'agitation réactionnaire. Son chauvinisme,
plus âpre qu'ailleurs en cette terre de Poméranie, se trouve
encore exalté par la présence de l'Etat-Major de Lûttwitz,
qui chercha un refuge aux environs de Greifswald. Lorsque
le 9 mars dernier fut célébrée en cette ville la fête des
Hohenzollern, le drapeau noir-blanc-rouge fut hissé sur
l'Université, et les étudiants célébrèrent à l'envi les bien-
faits du militarisme prussien, qui seul est capable, à leurs
yeux, d'assurer le relèvement de l'Allemagne : Deutschland
ivird nicht s^in, oder es wird eine militàrische Monarchie
sein. Aux manifestations oratoires succéda la formation
d'une ligue pangermaniste : Hochschulring deiitscher Art ;
tes adhérents s'engagèrent à intercaler dans leur programme
d'études toute une série d'exercices de tir et de lancement
de grenades.
Ce vent de folie nationaliste, qui souffle sur les Universi-
240 LES LANGUES MODERNES
tés, a tourné la tête de la jeunesse allemande tout entière ;
et l'on cite telle ville de Poméranie, où le jour du coup
d'Etat de Kapp, un seul élève de première se présenta au
Lycée, tous les autres s'étant enrôlés derrière leurs profes-
seurs, sous les bannières du dictateur.
L'Université, toute pleine du bruit des armes, ne peut plus
offrir désormais d'asile sur aux esprits libres et aux con-
sciences qui prétendent résister au vertige de la grandilo-
quence pangermaniste. Aussi s'explique-t-on que Fr. \Yil.
Foerster, le pédagogue et le pacifiste bien connu, ait cru
devoir renoncer à sa chaire de Munich ; il abandonne l'L'ni-
versité, où la liberté de la parole n'est plus assurée, comme
Ta prouvé dernièrement le cas du professeur^ Nicolai ; il
gardera le silence jusqu'au jour où il aura trouvé une sphère
d'action plus vaste qui lui permette de s'adresser au peuple
lui-même.
Ainsi peu à peu se creuse entre les masses "populaires et
ceux qui sont appelés à les diriger un abime où risquent
d'être ensevelies les libertés de l'Empire ; l'élite intellec-
tuelle, qui prétend assumer la direction morale du peuple,
ne professe pour lui que mépris, et voudrait le soumettre
de nouveau à la rude discipline des Hohenzollern ; et ces
jeunes générations, dont l'éducation politique n'a jamais été
faite, sont livrées sans défense aux menées du pangerma-
nisme. Un pays dont l'unité morale est aussi gravement
compromise, ne peut qu'aller de crise en crise, si le gouver-
nement ne réussit pas à modifier rapidement la situation
en sa faveur.
Le cabinet Mùller a conscience des dangers qui le mena-
cent ; mais il est malheureusement beaucoup plus préoccupé
d'obtenir la révision du traité de Versailles que de pour-
suivre vigoureusement la démocratisation du pays.
Devant les nationalistes il a sans doute évoqué le spectre
d'une nouvelle grève générale, qu'il n'hésiterait pas, prétend-
il. à déclarer si la République était en danger. Il annonce
d'autre part son intention de procéder à l'assainissement de-
la Reichswehr, dont il serait urgent d'éloigner les officiers
compromis dans l'échaufTourée royaliste ; on ne peut être
qu'étonné cependant de la mansuétude qu'il a témoignée
CHKONigiE ÉinANGÈUE 241
jusqu'ici aux fauteurs de désordres. Enfin une réforme est
en voie de préparation, dont l'intérêt dépasse singulière-
ment les limites de l'Empire ; il s'agit d'une réforme sco-
laire, qui aflccterait la situation respective et les program-
mes des trois ordres d'enseignement ; une commission parle-
mentaire vient de se constituer à l'Assemblée Nationale, qui
discute actuellement de ce sujet ; nous étudierons dans un
prochain Bulletin les projets qu'elle a établis, ainsi que les
mesures législatives qui ont pu intervenir dans l'intervalle :
dès aujourd'hui cependant il apparaît que l'Assemblée est
décidée à introduire en Allemagne l'école unique. Elle pense
pouvoir réaliser ainsi cette unité morale et ce rapprochement
des classes, sans lesquels il ne saurait y avoir de sécurité
pour aucun régime politique.
Les réformes projetées ne sont pas de celles dont l'effet
peut être immédiat. Le gouvernement aura-t-il alors le temps
de créer une armée républicaine, gardienne tutélaire des
conquêtes de la Révolution ? Saura-t-il préparer les voies à
l'avènement d'un esprit public vraiment nouveau : telle est
la question à laquelle un avenir prochain permettra seul
de répondre.
Si le cabinet Miiller prétend résister à l'assaut des forces
conservatrices liguées contre lui, il devra du moins faire
preuve de plus de vigilance et de plus d'énergie qu'il n'en a
témoigné jusqu'ici ; il devra veiller à garder intacte cette
majorité, sans doute imposante par le nombre, mais peu
cohérente, que menace de dissocier la discussion d'un pro-
gramme social aux prochaines élections ; il devra enfin et
surtout se forger un instrument de gouvernement qui lui
soit docile, alors que sa volonté est aujourd'hui constamment
paralysée et trahie par une armée de fonctionnaires dévoués
à l'ancien régime. Si le gouvernement actuel fait preuve
d'incapacité politique, il ne serait pas impossible que le pro-
létariat, groupé en syndicats puissants, prît la direction des
affaires et qu'il réalisât, à sa façon, les réformes attendues.
L'arche des libertés allemandes, ballottée entre les écueils
de droite et de gauche, vogue donc sur une mer houleuse
et elle est exposée à bie" des naufrages encore, avant d'avoir
atteint le port.
242 LES LANGUES MODERNES
La détresse économique de l'Empire, à laquelle ne réus-
sit pas à remédier la multiplication des impôts nouveaux, se
fait péniblement sentir dans tous les domaines de l'activité
nationale, et n'est pas sans apporter de sérieuses entraves à
la vie intellectuelle du pays.
Les Universités en particulier se trouvent dans une situa-
lion financière qui menace de paralyser, au dire des Alle-
mands, leur essor scientifique : les bibliothèques et les divers
instituts n'arrivent plus à pouvoir se procurer les livres et
les instruments de travail que réclament j^rofesseurs et étu-
diants. La baisse du change allemand est telle que les achats
à l'étranger se trouvent considérablement réduits ; l'abonne-
ment au Philosophical Magazin, qui coûtait avant-guerre
40 marks en vaut actuellement 1.000. Aussi la Preiissische
Staatsbibliothek de Berlin, qui étalait orgueilleusement dans
ses salles de lecture 2.300 revues étrangères, a-t-elle dû
réduire leur nombre à 140. Des etîorts ont été tentés pour
obtenir avec les Universités américaines l'échange de leurs
travaux scientifiques ; ils n'ont encore abouti à aucun résul-
tat.
Les Instituts scientifiques, dont l'Allemagne d'avant-guerre
était fière, se plaignent aussi amèrement : ils ne peuvent
plus supporter les frais que leur imposent les augmentations
de traitement (500 i)/0), l'élévation du prix des appareils
(700 à 900 0/0), ainsi que les achats de matières premières
et de produits chimiques, dont la valeur est environ aujour-
d'hui 45 fois supérieure à celle d'avant-guerre.
Les Universités et les Instituts qui en dépendent préten-
dent donc être menacés d'une ruine prochaine, si l'Empire
ne prend pas leur entretien à sa charge. Cette situation ne
saurait cependant particulièrement nous émouvoir ; nous ne
pouvons oublier que ceux qui voudraient éveiller la sym-
pathie, ordinairement réservée aux victimes, ont pillé et
déménagé méthodiquement nos bibliothèques et nos insti-
tuts. Avant que l'étranger vînt en aide aux Universités alle-
mandes, il importerait qu'on songeât à restaurer les nôtres,
plus durement éprouvées par la guerre.
Les théâtres berlinois aussi se plaisent à clamer aujour-
d'hui leur détresse ; les salles de spectacle, où s'engouf-
fraient l'Allemagne de Ludendorfi' et celle de l'armistice, ont
vu s'éclaircir enfin les rangs de leurs spectateurs. Les res-
trictions en efl'et deviennent plus impérieuses pour tous, et
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 243
des taxes nouvelles frappent lourdement public et directeurs.
La Liistbarkeitssteiier prélève jusqu'au cinquième de la
recette brute. Pendant la semaine de Kapp les théâtres, diri-
gés par Reinhardt, accusèrent un déficit de 700.000 m. ; et
plus de 60 scènes allemandes ont déjà dû fermer leurs portes.
Ces charges nouvelles, qui pourraient contraindre rapide-
ment les directeurs de théâtre à ne plus s'évader de l'ancien
(répertoire, n'ont pas encore limité la production dramatique
de l'iVllemagne ; et toute une série de pièces nouvelles ont
vu le feu de la rampe pendant les deux derniers mois. Parmi
1 celles qui ont été le plys remarquées, je dois citer un nou-
veau drame de Ger. Hauptmann : der iveisse Heiland, qui, en
comparant au cours de longs dialogues le paganisme de
Montézuma au christianisme de Fcrd. Cortez, semble vouloir
nous enseigner que le mystère de la passion du Christ se
renouvelle continuellement dans le monde là où souffrent
les hommes ; on reprocha généralemnt à l'auteur de n'avoir
pas développé dans toute son ampleur la poésie du thème
religieux qu'il prétendait illustrer. Je dois signaler encore
une adaptation de Calderon par Hofmannsthal, intitulée
Dame Kobold, ainsi qu'une pièce viennoise Fraii Rat, qui
obtint un vif succès ; l'auteur, Paul Wertheimer, nous y
présente une Christiane Yulpius réussissant à conquérir
l'affection de la mère de Gœthe. La tragédie en 2 actes
d'Holderlin : der Tod des Empedokles fut représentée pour
la première fois à Francfort en l'honneur du 150" anniver-
saire de la naissance du poète ; et le fragment dramatique
das Hirtenlied de Ger. Hauptmann fut mis à la scène, sans
obtenir du reste grand succès. Enfin, détail piquant, c'est
Romain Rolland qui était destiné à fournir le prélude de
l'entrée des Français à Francfort : une traduction de sa
pièce Homo homini lupus, intitulée die Wolfe, fut jouée
dans cette ville la veille du jour où elle fut occcupée par
nos troupes.
J. Denis.
Lyon, 25 avril.
•■m--
244 LES LANGUES MODERNES
NOTES RHÉNANES
De nouvelles élections générales vont avoir lieu en Alle-
magne. On estime généralement qu'elles n'ont été que trop
différées, l'assemblée actuelle ayant épuisé son mandat qui
consistait à donner une nouvelle constitution à l'Allema-
gnc sans en fair? clle-n ^me l'application. Il est clair qu'on
ne pourra interpréter le sens de ces prochaines élections
qu'à la clarté de celles de janvier 1919. Profitons donc du
répit actuel pour voir ce que furent en pays rhénan ces
élections à plusieurs égards mémorables.
Ce qui me fiappa le plus, tout d'abord, dans l'attitude
des partis, au cours de la campagne électorale, ce fut leur
extrême réserve sur la question rhénane considérée comme
question internationale. A lire les journaux de Cologne,
pendant tout le mois qui précéda les élections, on ne se
serait guère douté que cette question eût un intérêt inter-
national et cpje cet intérêt devait dominer tous les autres.
D'une façon générale, en effet, on ne l'envisageait que
comme une question d'organisation intérieure de l'Alle-
magne, la situation intérieure de l'Allemagne absorbant
d'ailleurs la presque totalité du premier plan. Ce qu'on
se demandait par-dessus tout, pendant ce mois de jan-
vier 1919, c'était si les partis de l'ordre en Allemagne
réussiraient à l'emporter sur les fauteurs de subver-
sion sociale. Toutefois' ce problème perdait en pays rhé-
nan tout son intérêt immédiat, par suite de la présence
des armées alliées qui assuraient le maintien de l'ordre
social établi. Il ne s'y produisit donc pas, comme à Berlin,
une union des socialistes majoritaires — devenus le grand
jjarti de gouvernement — et des partis bourgeois, pour
résister aux éléments anarchiques. Ce conflit — logique —
entre le centre catholique, (|ue soutenaient les anciens
conservateurs et les libéraux, contre les socialistes majo-
ritaires, sur le terrain .social et religieux, fut donc le trait
l)rincipal de la lutte électorale dans toute la région de
Cologne. Entre ces deux grands partis et affectant de s'en
tenir à une distance égale, le iiarfi démocraticpie bourgeois
CHKOXIQUE lÎTRANGÈRn; 245
espéra jouer le rôle d'arbitre, Spartacus qui avait failli
devenir maître de Berlin et qui le fut assez longtemps de
Dùsseldorf, à portée de fusil de nos avant-postes, ne parut
même pas à Cologne.
Les résultats de la lutte, pour la vaste circonscription
de Cologne, Aix-la-Chapelle, furent les suivants :
Centre Catholique 568. G14 voix
Socialistes majoritaires 242. 05() —
Parti démociatique 73.5)17 —
Conservateurs et libéraux (en-
semble) 64.190 —
Socialistes indépendants 5.758 —
On votait par listes. La répartition des 13 sièges de la
circonscription pour l'assemblée nationale constituante fut
faite de la façon suivante :
Centre Catholique 8 sièges
Socialistes majoritaires 3 —
Parti démocratique 1 —
Libéraux 1 —
Parmi ces 13 députés, deux femmes.
Ainsi donc, le Centre remportait une victoire écrasante,
due pour une large mesure, à l'influence considérabl > du
clergé dans les campagnes et au vote des femmes. Notons
qu'à Cologne mvme les deux partis rivaux s'équilibraient
d'une façon presque parfaite :
Socialistes majoritaires 113.615 voix
Centre 113.420 —
Parti démocratique 33 . 864 —
Conservateurs et libéraux .... 25.214 —
Socialistes indépendants .... 4.197 — -
Notons enfin qu'aux élections d'avant-guerre, le Centre
avait obtenu 10 sièges sur 11.
La force des partis en présence étant ainsi déterminée,
essayons, malgré leurs réticences de définir quelle était leur
attitude sur la qnesiion rhénane. <»
246 LES LANGUES MODERNES
Dans sa grande réunion électorale du 11 janvier, à Colo-
gne, le Centre, par l'organe d'un de ses orateurs, donna en
ces termes, la définition de son attitude :
« La question de la république westplialo-rhénane ne
peut se poser pour nous qu'en étroite union avec l'Empire.
Il ne saurait être question d'un Etat tampon, ni d'une
annexion à un autre Etat de langue étrangère. »
(Kôlnische Yolkszeitung, 13 janvier 1919) (1).
Au reste, la « Kôlnische Yolkszeitung », organe prin-
cipal du Centre dans le pays rhénan, s'exprimait cons-
tamment comme si elle ne doutait pas du maintien du
statu qiio territorial en ce qui concernait la région rhénane.
Elle plaidait énergiquement pour une république rhénane,
ou plutôt westphalo-rhénane, mais comme Etat fédéral
allemand. Tout le parti, sur les bords du Rhin, soulignait
son patriotisme allemand avec autant d'énergie que son
aversion pour la Prusse. En tout cas, cette aversion parais-
sait profonde et il y avait toutes sortes de raisons pour la
croire sincère et durable. Dans l'ensemble des élections
allemandes, le .Centre n'avait obtenu que 88 sièges sur 421,
guère plus que le cinquième. Il avait donc tout à craindre
de la médiocrité de son influence dans une Allemagne trop
centralisée et dominée par les socialistes majoritaires. On
pouvait supposer qu'il ferait des efforts désespérés pour
obtenir cette autonomie rhénane qui lui assurerait le pou-
voir. Ces efforts il les a tentés, en effet, ou plutôt ébauchés,
mais il n'a pas tardé à se rendre compte qu'ils n'abou-
tiraient pas. Il s'est heurté d'abord à la froideur des élé-
ments non-rhénans du parti, fort peu satisfaits de la per.s-
pective d'être abandonnés à eux-mêmes. Ensuite il a vu à
Cologne même, les socialistes, aussi forts que lui-même,
prêts aux pires violences, pour empêcher toute séparation,
même relative. Enfin toutes ces protestations de patriotisme
allemand n'ont pas empêché ces ennemis d'élever par-
tout contre lui des clameurs de trahison et de l'accuser
d'être vendu à la France ! Comme si ce n'était pas assez
(^) Il Die vhcinischc Wcstphiilischc Rc|mblik kann fiir uns am
Rhfin nur iii Frage Konimen iin festcn Anschluss an ilas Reich.
nicht als Pufferstaat, iioch durch Anschluss an cincm ircmdspra-
chigen anderen staat. »
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 247
pour ranètcr, le ijarti socialiste majoritaire, lui a oflert
de gouverner avec lui ! De son acceptation — qu'il n'a pas
eu de peine à expliquer par les intérêts pressants et vitaux
de l'Allemagne, tant av. point de vue extérieur qu'au point
de vue intérieur — est sorti ce gouvernement de coalition
qui a réussi à triompher successivement des fauteurs de
subversion sociale et des réacteurs militaires. Réussira-t-il
aux prochaines élections à se justifier par ces résultats
d'avoir abandonné son programme de parti et surtout son
grand projet d'autonomie rhénane ? Nous le saurons bien-
tôt, mais nombreux sont les mécontents, surtout dans les
classes rurales !
L'attitude du parti démocratique a été assez diflicile à
déiinir. 11 m'a semblé cependant l'héritier le plus direct de
cette bourgeoisie intellectuelle qui fit,, il y a un siècle, aux
idées révolutionnaires françaises, l'accueil enthousiaste que
l'on sait. Il ne pouvait être question, bien entendu, en 11)19
de l'état d'esprit de 1792. Cependant il y avait — et il y a
encore — ceci de commun entre eux, que les démocrates
rhénans d'aujourd'hui revendiquent encore la tradition de
cosmopolitisme du xvin" siècle. C'est ainsi que dans le
« Dcmokrat », feuille électorale du parti à Cologne, un
grand article de fond, du 18 janvier 1919, reconnaissait
ouvertement la déchéance politique de l'Allemagne au rang
des puissances de second ordre et ne demandait son relè-
vement que par le retour à la grande tradition humaine
qui fit autrefois sa gloire. Dans le même ordre d'idées, je
vois la « Rheinische Volkszeitung «, de M. Cari Hauptmann,
rompre ouvertement avec le Centre et imprimer tous les
jours, comme mot d'ordre d'un parti nouveau de l'ordre :
« D'abord nos devoirs envers l'humanité, puis nos devoirs
envers l'Allemagne et enfin nos devoirs envers notre parti. »
Cette conception semble dépasser de beaucoup, comme
renonciation, le programme de l'ensemble du parti démo-
cratique allemand, où l'ancien élément national-libéral est
assez largement représenté, mais elle répond indubitable-
ment à la tournure d'esprit traditionnelle des Rhénans.
En face de ces démocrates Rhénans, plaçons les Libéraux,
pour la plupart Prussiens immigrés, et dont l'organe est la
fameuse « Gazette de Cologne ». Pour eux il ne pouvait
être question, bien entendu, d'une autonomie rhénane !
Tout ce qu'ils admettaient, à la rigueur, c'était une autono-
248
LES LANGUES MODERNES
mie provinciale plus large au sein de la Prusse. Leur libé-
ralisme n'allait pas jusqu'à la notion d'un Etat fédéral au
sein de l'Allemagne.
Tel était l'état des partis, dans la région Cologne-Aix-la-
Chapelle, au lendemain des élections générales du 19 jan-
vier 1919. Nous verrons quels changements y auront appor-
tés les élections prochaines.
Gaston-E. Broche.
Marseille, l't mai 1920.
-ogo-
NOTES ESPAGNOLES
La lecture des journaux espagnols depuis la fin février
laisse une impression de monotonie. Il y est question de la
crise ministérielle annoncée chaque jour pour le lendemain
ou le surlendemain. « A quand la crise ?» — «. La crise pour
demain ? » etc.. Ces grosses manchettes donnent la note
dominante de la vie politique espagnole. Il est aussi ques-
tion d'incidents, de scandales au Parlement... Enfin, la crise
si souvent annoncée s'est ouverte le 28 avril.
Le ministère Allendesalazar a fait voter le Budget ; il
(fonsidère sa mission comme terminée et n'a pas voulu
attendre, pour remettre sa démission au Roi, que le Maréchal
JofTre ait quitté INIadrid, ni que le 1"^ Mai soit passé. Le Roi
étudie longuement la situation politique avant de prendre
une décision.
Le Ministère s'en va — pour mieux revenir, peut-être —
sans résoudre la question du relèvement des tarifs ferroviai-
res. Ce relèvement, voté par le Sénat, s'est heurté à l'oppo-
sition d'une grande partie de la Chambre, dont l'opinion
reflète celle du pays. Commerçants et industriels ont pro-
testé contre ce relèvement auprès du Président du Conseil.
La majorité des Espagnols voient, dans le relèvement pro-
jeté, une menace d'enchéris.sement de la vie. Aussi ime cam-
pagne très active est menée contre le projet, et par la
parole, et par la plume, et par l'image : tel, ce dessin repré-
sentant un actionnaire des chemins de fer, à genoux devant
un employé, et le suppliant de faire grève. ])our ])ermettre
CHRONIQUE ÉTRANGÈKE 249
aux Compagnies d'obtenir avec plus de facilité les relève-
ments demandés. En France, à une date récente, les choses
allèrent d'autre sorte....
Par bonheur, les Juntes militaires, par leur attitude conci-
liatrice, ont laissé au Gouvernement, pendant ces deux der-
niers mois, plus de liberté d'esprit pour s'occuper de la
situation intérieure, laquelle est loin d'être satisfaisante. Les
attentats terroristes et les crimes sociaux se multiplient, en
particulier dans les régions de Saragosse et de Barcelone.
Bombes, pétards, blessures, arrestations : la presse esjjagnole
nous en apporte l'écho presque chaque jour.
La politique extérieure de l'Espagne offre une ligne plus
nette et plus ferme que la politique intérieure. La grande
question pendante reste toujours celle du Maroc. Des négo-
ciations franco-anglo-espagnoles sont engagées, et il faut en
attendre l'issue avec confiance, mais non sans impatience. Car
il est temps qu'un accord intervienne à la satisfaction des
deux parties et fasse disparaître toute cause ou occasion
de conflits entre les deux pays, par ailleurs si disposés à
pratiquer une politique d'entente et d'union. La campagne
d'opinion en faveur de l'attribution de Tanger à l'Espagne
n'altère en rien les bienveillantes dispositions du Gouver-
nement et du peuple à notre égard. Cette sympathie s'est
aiïîrmée, en particulier, à propos de la Casa de Velâzquez et
à l'occasion du voyage du Maréchal JofFre.
La Casa de Velâzquez, « Villa Médicis » de Madrid ! Le
Gouvernement Espagnol est autorisé par les Cortès à nous
céder en- usufruit temporaire gratuit, de durée indéfinie,
une superficie de 21.000 mètres carrés, dans le parc de la
Moncloa. « Cette autorisation — dit le projet de loi — est
accordée comme preuve de spéciale affection envers la
nation française, et dans le but unique d'ériger à Madrid
une Ecole Française des Beaux-Arts, semblable à celles éta-
blies à Rome et à Athènes, pour logements de jeunes artistes
pensionnés, des membres de l'Ecole des Hautes Etudes His-
paniques, des maîtres français qui \dsiteront l'Espagne, et
des artistes espagnols qui le solliciteront et réuniront les
conditions réglementaires, » Le projet de loi, qui énumère
ensuite un certain nombre de dispositions juridiques, a été
17.
250 LES LANGUES MODERNES
adopté par les Cortès ; la France aura donc Bientôt à Madrid,
dépendant de l'Académie des Beaux-Arts ( « parte inté-
grante de la Academia de Bellas-Artes de Paris ») une ins-
titution permanente dont on est en droit d'espérer les plus
heureux effets sur les relations intellectuelles, artistiques, et
même politiques des deux pays. Heureux les artistes qu'abri-
tera la Casa de Velâzquez et qui jouiront de l'hospitalité
espagnole.
Cette hospitalité, le Maréchal Joffre a dû en ressentir toute
la chaleur et la sympathie lors du voyage qu'il vient de faire
à Madrid pour remettre la ^lédaille militaire au Roi qui a,
pendant la guerre, soulagé tant de misères et de douleurs
françaises. Le séjour du Maréchal a duré du mardi soir 27
avril au jeudi soir 29. Le jeudi, il a assisté à un grand déjeû-
ner, donné en son honneur par le Roi. Le soir même, il
partait pour Barcelone où le grand Catalan français, dont
le buste est à l'Hôtel de Ville de Barcelone, a dû recevoir
un accueil qu'il est aisé d'imaginer.
Avant de terminer ces notes, disons un mot d'un décret
présenté par le Ministre de l'Instruction publique et signé
par le Roi.
Le 7 mars, à midi, le Roi, la Reine, la Reine-Mère, l'In-
fante Isabelle se sont rendus à la Bibliothèque Nationale, où
ils ont été reçus par le Ministre de l'Instruction publique
(D. Natalio Rivas), Mam-a, Dato, F. Rodriguez Marin, le pein-
tre Muiioz Degrain, etc. ; là eut lieu l'inauguration de la
salle de Cervantes, dont l'idée remoate à l'illustre critique
I). Marcelino Menéndez y Pelayo ; on est parvenu à réunir
dans cette salle 648 éditions difTérentes de Don Quichotte,
et 21 tableaux de Munoz Degrain.
C'est au cours de cette cérémonie que le Ministre lut le
décret " dado en Palacio a 6 de marzo de 1920 », ordon-
nant la lecture obligatoire du Don Quichotte dans les écoles.
Le rapport ])réliminaire expose, en i)remier lieu, les titres
de Cervantes, « genio culminante de nuestra raza « et les
excellences du Don Quichotte. « el libro ;iiâs immor-
tal y excelso que vieron los siglos »... « biblia profana de
la Fdad Moderna », convenable pour tout homme, quel que
CMROXIQIK ÉTRANGÈRE 251
sdit son degré de culture. Et malgré ces mérites universelle-
ment reconnus, il faut avouer, continue le rapport, que la
majorité des Espagnols n'ont pas encore savouré sa lecture.
C'est donc une " obligation sacrée » d'obtenir, par tous les
moyens, que tout homme vivant en territoire espagnol soit
familiarisé avec ce merveilleux joyau de la littérature natio-
nale ; car il est de tous points regrettable que les compatrio-
tes de Cervantes ignorent une œuvre qui a été traduite en
plus de trente langues et dont on a fait 800 éditions, dont
plus de 200 en Espagne.
Pour remédier à cet état de choses, le décret dispose :
Art. 1. — Est obligatoire la lecture de Vlm/enioso Hidalgo
Don Qiiijote de la Mancha, de Miguel de Cervantes Saavedra,
dans toutes les Ecoles Nationales établies en territoire -espa-
gnol.
Art. 2. — On consacrera à cette lecture, chaque jour
ouvrable, le premier quart d'heure de classe, ai)rès quoi, le
maitrc expliquera aux élèves, avec brièveté et en des termes
appropriés à leur intelligence, la signification et l'importance
du ou des passages lus.
Art. 3. — Afin de doter les Ecoles nationales du matériel
nécessaire... on publiera une nombreuse édition abrégée du
Quijote, préparée par les soins, du Directeur de la Bibliothè-
([ue Nationale, d'un Académicien désigné par la « Real Acade-
mia Espaiiola » , et du professeur de Langue et Littérature espa-
gnoles de l'Université Centrale.
Ce décret n'a pas contenté tout le monde. Pourrait-il en
être autrement ? Les enfants ont été consultés (?) : les résul-
tats du référendum n'ont eu d'autre effet que de démontrer
l'inanité de semblables enquêtes. Mais un ingénieux com-
merçant, quatre jours après la publication du décret, faisait
insérer dans les journaux une grande et belle annonce qui
constituait pour le décret et... pour lui-même, la meilleure
réclame. Combien on a raison d'imposer la lecture de Don
Quichotte, dit ce marchand de produit dentifrices ! Dans ce
livre, les enfants apprendront même l'hygiène de la bouche.
Ils graveront en leur cerveau ces deux sentences essentielles
de l'immortel Cervantes : « En mucho mâs se ha de estimar
un diente que un diamante )> ; et cette autre : « Boca sin
muelas es como molino sin piedra... »
Mais, que ne trouve-t-on pas dans Don Quichotte ! Souhai-
252 LES LANGUES MODERNES
tons que sa lecture répétée forme des générations d'Espa-
gnols aptes à réaliser une régénération totale et prompte de
leur cher Pays,
G. BOUSSAGOL.
2 mai 1920.
NOTES AMÉRICAINES
Le sort du Traité de paix a été momentanément réglé le
19 mars par le vote du Sénat.
Il fallait 56 voix pour atteindre la majorité des 2/3 néces-
saire à la ratification du Traité avec les réserves précédem-
ment votées ; 49 voix se sont prononcées pour (dont 21
Démocrates et 28 Républicains), et 35 contre (dont 23 Démo-
crates et 12 Républicains). La répartition des votes « Démo-
crates « montre les divergences d'opinion qui existent dans
le parti de AYilson au sujet de l'acceptation des réserves.
L'orientation de la politique étrangère des Etats-Unis ne
sera donc sans doute définitivement fixée qu'ajirès l'élection
présidentielle de novembre, et la question du Traité inter-
viendra dans la lutte politique, surtout dans l'Est, car dans
le Middle et le Far-West, les questions économiques seront
au premier plan. Il ressort des articles de journaux et de
revues, ainsi que des livres qui continuent à paraître sur ce
sujet, qu'il faudra choisir entre les trois solutions suivantes :
acceptation du Traité sans réserves, ce qui paraît de moins
en moins probable, — retour à la politique d'isolement, qui
s'est manifesté par l'adoption, à la Chambre des Représen-
tants et au Sénat, d'une motion établissant l'état de paix
entre les Etats-Unis et l'Allemagne" — sans obligations pour
les Etats-Unis d'exécuter aucun des engagements pris à Ver-
sailles, — second examen et adoption du Traité, soit avec
les réserves déjà votées, soit avec des réserves nouvelles qui
permettraient aux Etats-Unis d'entrer dans la Ligue des
Nations, mais avec des obligations nettement définies et très
restreintes.
La Convention Nationale qui choisira les candidats à
l'élection présidentielle se réunira en juin. Il est difficile de
prévoir les décisions qui y seront prises et les hommes qui
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 253
y seront choisis. Les Républicains sont scindés en deux
groupes : les Républicains conservateurs et les Républicains
progressistes ; les Démocrates se divisent en partisans ou en
adversaires de Wilson. D'autre part les candidats qui ont été
mis en avant jusqu'ici, sont plutôt des « gloires locales »,
des « Easterners » ou des « Wcsterners » qui ne semblent
pas jouir du prestige ou de l'autorité nécessaires pour grou-
per sur leur nom' les votes de tous les Etats de l'Union.
Vn nouvel élément dont l'influence se fera sentir d'une
manière peut-être décisive, interviendra dans la lutte : le
vote féminin. Trente-six Etats ayant accordé le droit de vote
aux femmes, cette réforme a désormais force de loi et plu-
sieurs millions de femmes américaines participeront sans
doute à l'élection présidentielle de novembre.
La Société Nationale des Professeurs français en Améri-
que donne dans son bulletin de février 1920 d'intéressantes
statistiques concernant le nombre des élèves apprenant le
français dans les écoles américaines :
A New-York, il y avait dans les écoles de la ville 14.970
élèves de français en octobre 1917 ; ils étaient 19.993 en
octobre 1919 ; quant aux élèves d'allemand, il y en avait 17.511
en octobre 1917 et 909 le 1" octobre 1919. La Société évalue
à 4U0.000 (cootre 136.000 au 1"^ juillet 1915), le nombre des
élèves de français dans les écoles secondaires des Etats-Unis.
Le Literary Suppieiuent du limes (8 avril), publie un
intéressant article sur les lettres de Henry James (1).
Cette correspondance vient s'ajouter à ses souvenirs auto-
biographiques et aux introductions de la nouvelle édition de
ses romans ; elle nous permet surtout de reconstituer plus
exactement les différentes étapes de sa vie littéraire, car on
sent dans ces lettres une sorte de réserve, de pudeur suprê-
me qui laisse les correspondants et les lecteurs, pour ainsi
dire sur le seuil, sans les initier aux idées définitives, inti-
mes, de l'homme et de l'écrivain sur la Vie et sur l'Art.
(1) The letters of Henry James, selected and edited by Percj'
Lubbock, 2 vols, Macmillan and C», London, 36 s. net.
254 . LES LANGUES MODERNES
D'abord, le jeune américain qui vient explorer la vieille
Europe, tirer des civilisations qui ont fleuri sur ce sol antique
tout ce qu'elles peuvent donner de sensations et d'idées. Les
lettres écrites entre 1874 et 1880, donnent sous une forme aler-
te, les impressions d'un esprit intelligent, prompt, ouvert , à
toutes les curiosités et qui a l'occasion de voir de près les
hommes et les choses. Il note 107 invitations à diner pour
l'hiver de 1878-1879, et une liste de convives, choisie au hasard
de la correspondance et comprenant Gladstone, Tennyson,
Schliemann, « plus une demi-douzaine d'autres personnes
d'une haute culture », nous pi'ouve que l'intérêt de ces diners
n'était pas uniquement gastronomique. Il se définit lui-même
comme étant « un américain cosmopolite » pour qui la vie
sociale et mondaine des grandes capitales européennes est le
milieu d'élection. Il s'étonne que Stevenson puisse vivre heu-
reux au milieu de ses « sauvages du Pacifique ».
Quand à 37 ans (1880), il s'agit pour lui de s'établir, ou
tout au moins de se poser, il hésite. De l'Amérique, il ne
saurait être questi n car <« il faut une civilisation déjà
ancienne pour mettre en mouvement un romancier ». L'Italie
a contre elle les séductions de son « climat doré » fatal à
tout travail. Paris a des avantages mais il n'aime pas les
clans littéraires qui s'y sont formés et qui ne sont pas
« accueillants ». Londres, malgré ses désagréments ceiHains,
lui paraît l'endroit le plus favorable pour mettre en pratique
les ' principes d'existence auxquels il s'est arrêté : « Ecrire
une série de bonnes petites histoires, voilà qui est bien suffi-
sant pour occuper une vie. C'est au moins un soulagement
que d'avoir arrangé son existence. »
Mais le romancier ne trouve pas les lecteurs qu'il rêvait
tt voici la période des déceptions, du doute et du décourage-
ment. .Après l'échec « mystérieux » et à ses yeux «. inexpli-
cable » des « Bostonians » et de « Princess Casamassima »,
il se tourne vers le théâtre où il ne trouve que des succès
incertains ou des insuccès retentissants, et l'accueil fait à
« Guy Domville », les « hurlements des barbares » qu'il a
à affronter ])cndant un quart d'heure, lui font comprendre
qu'il vit dans « une génération qu'il ne connaît pas, qu'il J
n'estime j)as », et qui ne peut apprécier ce qu'il a à lui t
offrir ». En dépit de cette réserve que nous avons signalée, *
en raison de laquelle il ne parle de ses déboires littéraires
(|ue par contre-coup et incidemment, on peut sentir dans les
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 255
lettres de cette période l'amertume profonde que lui cause
cette incompréhension du public, et qui entre peut-être pour
une part dans les jugements sévères qu'il porte sur les écri-
vains du temps : Ibsen, Hardy, Meredith, auxquels il repro-
che un « manque de curiosité esthétique », sont sévèrement
jugés ; il apprécie Kipling mais sa sympathie va surtout à
Stevenson et à Wells qu'il considère comme l'écrivain le plus
intéressant de sa génération.
Vient ensuite l'a dernière période où l'écrivain, r.etiré du
monde dans son confortable ermitage de Rye, dominant- ses
rancœurs et son découragement, ayant renoncé aux succès
faciles, parvenu enfin à la maturité de son talent, exprime
sa vitalité profonde et frémissante dans ses œuvres les plus
caractéristiques et les plus dignes de survivre : « The Wings
of Dove », « The Ambassador » et « The Golden Bowl ».
M. Percy Lublock a écrit pour cette édition une intro-
duction et des notes dont tous les critiques s'accordent à
reconnaître le mérite et l'intérêt.
G. Mever.
30 avril 1920.
BIBLIOGRAPHIE
Cloudesley Bpereton. — Mystica et Lyrica. 1 vol. Impérial,
Jn-16 ; 128 pp. ; 6 sh. net ; Londoii. Elkin Mathews.
Un de nos collègues d'Outre-Manche, Mr. Cloudeslej' Breretoa
vient de publier sous le titre suggestif ; Mystica et Lyrica, un
volume de vers où s'exprime, en un langage pur et fortement
imagé, une pensée habituée à fréquenter les hauts sommets de la
philosophie. Mr. C. B. est très connu en France et nous le rencon-
trions autrefois à chacune des Assemblées générales de l'Associa-
tion où il venait assister comme représentant de la Modem Lan-
giiage Teuching Association. Il s'est occupé, au début de sa car-
rière de tout ce qui touche à l'éducation, en général ; puis, rétré-
cissant le champ de ses études, il a porté son attention sur le
sj'stème éducatif français et l'organisation de nos trois ordres
d'enseignement, en les comparant aux institutions anglaises cor-
respondantes. A cette période de son activité, on peut rattacher
son ouvrage : «' Studies in Education » (London, Harrap). L'en-
seignement des langues vivantes, leur méthodologie ne pouvaient
manquer d'attirer son esprit chercheur. Son livre <' The teaching
of modem Languages » fait autorité en Angleterre. Mais Mr. C. B.
est avant tout un philosophe ; il a même passé en Sorbonne la
licence de philosophie. Elève d'Izoulet et de Bergson, il a traduit
certains de leiysi ouvrages en anglais ainsi qu'un livi?e de G. Tarde.
En ce moment, Mr. Brereton est inspecteur de l'enseignement des
langues vivantes dans les écoles du London County Council.
L'amitié de vieille date qu'il a conçue pour notre pays, il en
donne une preu\e nouvelle dans son récent volume de vers et
nous ne saurions mieux faire pour donner à nos lecteurs une idée
de son talent poétique, de la distinction de son stA'le et de sa
pensée, que de reproduire ci-idessous une des deux odes qu'il a
consacrées à la France :
To FiiANCE, 11'", .Tulvv 1918. To M. Lucien Poincaré.
Hall, gracions land, wliere Norlh and Soiitli keep tryst,
W'hcre rivalling sea and land ha\e met and liissed ;
O temperate land, whose people tempcrate
Seem born between mankind to médiate,
Franlc, sympathetic, hospitable and free
Like thy bioad valleys winding to thc sea ;
Yet in their soûls as Tierce a fire doth burn
.As that beiKath thy central core, Auvergne ;
O land where freedom sows lier deatlrttss sceds,
BIBLIOC.HAPUIE . 257
Wlure ck'ar-L\v(.'d vision loads iiun stnii}{lil to (ictcis ;
'rorch-b'-îTer of thc Arts whos'j stcady l'ght
Tlinnigh thc dark Ages lit oui- western night ;
Skilled in the lore aliUe of war and peace,
Misti-ess of ail the charnis of ancient Greecc,
Stecped in the stateeraft of Invperial Rome,
To every race a second land and home,
Wlio ghidly révérence thy hegemony
That seeks to niake them free as^ thou art free.
L'ouvrage se divise en deux parties dont la première, Miislivn.
<iui contient comme son titre le suggère, les poèmes plus particu-
lièrement philosophiques,- l'emporte sur la seconde en longueur
et en importance. Du reste, dans les vers de Lyrica où domine la
veine affective, on retrouve la tournure philosophique de l'esprit
et du talent de l'auteur, « ever fascinated », comme il le dit lui-
même dans sa préface, « by that sui)rcnu' riddie of the Universe,
the double acrostic of Life and Fate... -
Ch. V.-L.
Rev. H. -F. Stewart. — The Holiness of Pascal. (Cambridge.
Univcrsity Press.).
Peu d'écrivains ont, plus que Pascal, tenté la plume du commen-
tateur, du biographe, de l'historien, de la Pensée. Pascal exerce
une véritable fascination sur le lecteur qui veut l'approfondir.
Venant après Vinet, Sainte-Beuve, Molinier, Paquier, Sully-
Prudhommc, le Père L. Laberthonnière, Houtroux, Strowski,
Hrunschvicg, le doyen Church, TuUoch, Arthur Tilley, Ernest
.lovy entre autres, l'auteur de The Holiness of Pascal, le Rev.
H.-F. Stewart, D.-l)., naguère Fellow and Denn of Sl-John's Collège,
Cambridge, aujourd'hui Fellow and Prœh'clor in French Sludics,
Triniii] Collège, a trouvé le moyen d'apporter une contribution
précieuse à l'étude de Pascal.
The Holiness of Pascal est un recueil de 4 conférences ou plutôt
de 4 sermons réunis en un volume de 14iî pages. (]es sermons ont
été i)rononcés, il y a ') ans, dans la chaire de l'Kglise universitaire
de Cambridge, conformément aux dispositions testamentaires
prises par John Hulse. ,Iohn Hulse était un pasteur de l'Kglise
d' -Angleterre qui mourut en 1790 en léguant sa fortune à l'Uni-
versité de Cambridge, à charge de fonder une chaire professorale
de théologie, un prix annuel et un cours, également annuel, de
conférences sur un sujet religieux.
Le Rev. H.-F. Stewart dit modestement dans la préface de son
livre : <■ The book lias no pretension to do more than clear away
some current misconceptions about the work and charactei" of a
great (Christian and a great genius and suggest some thoiig'hts
regarding his présent value. » L'auteur n'a pas seulement réalisé
ses intentions ; grâce à la pénétration de sa pensée, il a su tracer
de l'écrivain français un portrait plein de vie. Crâce à une érudi-
258
LES LANGUES MODERNES
tion, attrayante et fervente à la fois, il a su mettre en relief les
points essentiels de la doctrine de Pascal. M. Fortunat Strowski,
bien qualifié pour juger un ouvrage sur le polémiste-philosophe,
déclare que " l'on n'avait jamais dit avec plus de force, de bon
sens et de vraisemblance ce que devait être, ce qu'était Pascal sur
la fin de sa vie. »
Nous avons été heureux de présenter the .Holiness of Pascal
aux lecteurs des Langues Modernes, il y a 4 ans. Ce qui nous
incite à parler à nouveau de ce livre, c'est la publication d'une
traduction en français qui vient d'en être faite par M. Georges
Roth. Cette traduction qui a paru chez Bloud et Glay, 5, rue Garan-
cière, Paris, sous le titre " la Sainteté de Pascal » est remarqua-
ble par sa fidélité, par sa sobre élégance. Les nuances les plus
délicates du stj'le original y sont reproduites avec bonheur. Ajou-
tons qu'elle est précédée d'un avant-V>ropos de M. Emile Boutroux
qui, en quelques pages très substantielles, résume la pensée de
Pascal. A son tour, M. Boutroux rend hommage à l'excellence du
livre du Rev. H.-F. Stewart : « Il contribuera », dit-il, " de la
façon la plus efficace, à faire comiprendre et à répandre les idées
pascaliennes. C'est plus qu'une exposition de la pensée de Pas-
cal ; c'est, en vérité, cette pensée même se communiquant aux
esprits, les animant et les fécondant, grâce à une cordiale et péné-
trante collaboration avec le maître. »
Le Rev. H.-F. Stewart vient de fournir une nouvelle preuve de
son activité et de sa sagacité critique et littéraire en publiant une
édition des Lettres provinciales de Pascal. Le point intéressant
qu'il met en lumière, d'accord en cela avec M. Ernest Jovy, est
l'évolution des sentiments du génial polémiste à l'égard du Jansé-
nisme. L'introduction et les nombreuses notes jettent de vives
clartés sur l'œuvre de Pascal. Le texte est présenté avec un soin
scrupuleux. L'orthographe de l'écrivain français est respx.'ctée,
sauf en ce qui concerne les lettres i et ii que les imprimeurs du
dix-septième siècle substituaient aux lettres j et v (1).
Tous les travaux du Rev. H.-F. Stewart, depuis >< The Romantic
movenient in French Lileratiire » dont nous avons signalé en son
temps la publication, jusqu'aux ouvrages sur Pascal, lui font le
plus grand honneur. Nous constatons avec une joie profonde que
nos-, gloires trouvent en lui, en Angleterre, un admirateur passionné
et un éloquent interprète.
Henri Dlpiu':.
E. Bonafé. — Dictionnaire des Anglicismes. (Delagrave, Paris, ^J
1920K
Le livre de M. E. Bonnaffé se présente bien, ce qui est appré-
ciable par ces temps de papier-chiffon et de caractèces baveux.
(1) Les Lettres Provinciales de Biaise Pascal, edited by H. F.'
Stewart, D. D. — Manchester. At the University Press. 12 Lime
Grave, Oxford, Road et Longmans, Grenn and CÔ. London.
BIBUOGHAPHIE 259
Il est, typographique'mciit parhint, compact et solide. Une préface
de M. Ferdinand Brunot, sobre et nourrie comme il convient,
l'accompagne.
L'introduction, qu'on nous annonce comme « une étude d'en-
semble, méthodique et systématique de l'anglicisme », est assez
décevante. A côté de passages touffus et de remarques sans nouveauté
sur les échanges de l'anglais et du français, on trouve des lignes
tendancieuses où les vocables étrangers sont opposés aux " bons
verbes de France » et des allusions amèrcs au « fléchissement
général des études classiques ». Mais nous serrons la question de
plus près quand l'auteur, qui s'attribue peut-être trop volontiers
le rôle de précurseur, présente son « dictionnaire à la fois étymo-
logique et historique des anglicismes qui se sont introduits chez
nous I) et ajoute entendre par anglicismes <■ suivant Ta définition
niéme du Dictionnaire de l'Académie les façons de parler emprun-
tées à la langue anglaise et transportées dans notre langue. •>
Dès ce moment les difficultés commencent. Trop soucieux de
donner une apparence scientifique à son ouvrage, M. BonnafTc
s'embarrasse dans ses catégories, classe, par exemple, clown dans
la l"""" (anglicismes proprement dits) et football dans la 3" (termes
de sport), ce qui semble bien arbitraire et artificiel. Ses raisons
d'accepter ou de rejeter un vocable ne paraissent pas non plus très
probantes. S'il n'introduit pas dans son lexique, comme exprimant
des habitudes étrangères, revival et high chiirch, que dire de
lyiich, qui ne correspond pas encore, que je sache, à un passe-
temps national ? Pourquoi écarter sensationnel et admettre senti-
mental, où pour ma part je me refuse à voir un anglicisme ? Et
puis il ne suffît pas, pour taxer u« mot d'anglicisme, qu'il ait été
imprimé par un écrivain connu, car un écrivain connu, même
académicien, peut se servir de termes que le vulgaire n'accepte
pas. (Mais cela, (Test toujours l'histoire de la définition de l'an^,
glicisme). Enfin, ou pourra reprocher à l'auteur le décousu de
l'introduction, où il a malheureusement écourté des aperçus inté-
ressants sur les apports de l'anglais, principalement ceux de la
guerre.
Il résulte de cette indécision et de ce manque à conclure que
nous arrivons au dictionnaire proprement dit avec la conviction
intime qu'il est à la fois incomplet et trop chargé. Cela du reste
ne lui enlève rien du charme particulier à tous les dictionnaires,
à condition qu'on ne les prenne pas trop à la lettre et qu'on les
lise un peu comme un poème. La vérité est que, pour me servir
des termes mêmes de M. Bonnaffé. » la délimitation de l'angli-
cisme a été un des problèmes les plus délicats que nous ajons eu
à résoudre » ; et que, sans vouloir faire de peine à M. Bonnaffé,
il ne l'a pas résolu. C'est pourquoi, comme le dit pittoresquement
le préfacier, l'auteur nous présente les mots dans " l'ordre ou
plutôt dans le désordre alphabétique ». Eacore une fois, cela n'em-
pêche pas que ce désordre soit amusant, à condition de ne pas
260 LES LANGUES MODERNES
s'embarrasser de grands mots scientiliqiies. On s'aperçoit de son
ignorance, on s'étonne du nombre des mots inconnus. On reste
pensif devant des anglicismes comme bns-bleii et franc-maçon,
qui en tout cas ne sont plus des anglicismes, pas plus que
pain, rose et mère ne sont des latinismes ; on en rencontre comme
English spoken, qui sont des citations plutôt que des anglicismes ;
d'autres qui sont périmés, comme singeing déjà remplacé chez les
coiffeurs par brûlage. Et naturellement l'on s'étonne de ne pas
rencontrer de vieilles figures de connaissance, surtout des termes
de guerre, comme bully, job, business, ours (cheval), finish, napoii,
plenty, souinque, et bien d'autres, qui ont fleuri aux lèvres des
poilus, des villageoises et conquis ainsi droit de cité>
Le lecteur ferme le dictionnaire avec le sentiment qu'ont tous
les critiques de ces livres utiles, d'étonnemeut et de gratitude
devant la peine énorme de l'auteur, et de tristesse devant l'ina-
chevé. 11 faut saluer ceux qui s'attellent à de si terrifiants ouvra-
ges ; et notre meilleure manière de les remercier est de leur
donner quelques humbles conseils. M. Bonnaffé a eu l'intuition de
ce qu'il fallait faire, mais il n'a pas eu la décision de l'exécuter.
Il eût fallu amplifier l'introduction et ne faire intervenir le voca-
bulaire, largement expurgé, qu'à titre de pièce à l'appui. Mais pour
cela il eût fallu élargir la définition de l'anglicisme. Notons bien
que la grande majorité des termes qui figurent au dictionnaire
sont des termes techniques, employés par un nombre limité d'in-
dividus. Quand les industriels parlent de best best et de rouleau
à beetler, ils ne se servent pas, à vrai dire de " façons de parler »,
mais bien de formes passe-partout qu'on pourrait comparer aux
chiffres arabes ou à des formules mathématiques. .Anglicismes,
si l'on veut, mais qu'il convient en tout cas de situer sur un plan
secondaire, ou tertiaire, conime ceux des mondaines de Paul Bour-
get et de Paul .\dam. IMais quand je vais acheter un bifteck ou que
Uavroche lance, au touriste un Olrède, Angliche ! d'une voix
grasseyante, j'ai l'autorité de Boileau que ces formes, martelées
sur le carreau des Halles, ont perdu toute attache étrangère et
qu'il ne s'agit plus d'an>;licisme.
Il eût fallu, au lieu de nous donner pèle-nièle une liste d'angli-
cismes de toute zone, nous faire saisir, à la façon des géologues
qui lisent dans les couches superposées l'histoire de la Terre, le
développement de l'influence du parler d'.Angleterre sur le parler
de France. M. Bonnatïé avait, pour bâtir cette maison, amassé des
matériaux de la plus haute valeur. Il est dommage qu'il ait laissé
à d'autres l'occasion de s'en servir.
Paul { H.VIVET,
Docteur es lettres, i>rofesseur agrège iVanglais
au Ljjei'e (/<• Mulhouse.
BIBI.IOGRAPHIK 261
Robert Dell. — My Second Country. (Jolin Lanc, London, 7/6j.
Il est toujours intéressant de connaître l'opinion d'un étranger
sur les gens et les ehoses de notre pays. Les facultés d'observation,
n'étant pas émoussées i)ar l'habitude, lui permettent de décou-
vrir des particularités qui ne peuvent plus nous frapper, et sa
qualité même d'étranger lui assure une liberté de jugenienj. à
laquelle un Français ne peut atteindre qu'en s'élevant du plan
national au plan humain, c'est-à dire au prix d'un effort consi-
dérable. Mais si tout étranger est capable de s'étonner devant
certains aspects de notre vie nationale, il est donné à bien peu de
surprendre les raisons profondes de nos actes et d'expliquer le
jeu de nos pensées. Il faut, pour y réussir, avoir longtemps vécu
chez nous, pénétré dans l'intimité française, et avoir fréquente
dans des milieux sociaux différents.
M. Robert Dell réunissait toutes ces conditions : c'est ce qui l'a
autorisé à intituler son ouvrage : « Ma seconde patrie ». L'auteur
trace d'abord les grands traits du caractère français et expose ce
qu'il présente de paradoxal, au moins en apparence : conservateur
et iconoclaste, frondeur et soumis aux autorités, généreux et un
peu " trop près de son argent » comme l'on dit en certaines
régions. Il oppose l'Anglais, surtout homme d'affaires et de sport,
au Français intellectuel et artiste. Il note très justement notre
solide bon sens d'individus contrastant avec notre idéologisme
national. Tout le chapitre où il analyse notre mentalité un peu
complexe fourmille d'observations exactes ; et il n'a pas limité le
champ de ses investigations aux grandes villes ou aux gens d'une
certaine classe ; le paysan lui est aussi connu que le citadin, le
petit bourgeois que l'ouvrier.
A la différence de beaucoup d'autres socialistes, Robert Dell
estime le paysan français qui, selon lui, possède au plus haut
degré la qualité foncière de la race : un remarquable bon sens.
D'ailleurs, il voit dans le retour à la terre, dans l'exploitation,
suivant des méthodes modernes, des prodigieuses richesses de notre
soL, la solution du grand problème de reconstruction de la
France.
Cette question du relèvement de son " Second Country <> le
préoccupe vivement. 11 en examine les différents côtés : abaisse-
ment du chiffre de la population, abandon des campagnes, état
lamentable de nos finances. Il dit à ce propos des choses si vraies
que l'on serait tenté de le qualifier de défaitiste.
La recherche des moyens propres à relever notre pays le conduit
tout naturellement à découvrir les obstacles : nos systèmes admi-
nistratifs et politiques. Ici les critiques s'amoncellent. On peut
souscrire à la plupart des jugements portés sur les méthodes de
nos administrateurs et de nos politiciens par Robert Dell ; mais
une, expérience administrative déjà longue me permet de douter —
quoi qu'en pense l'auteur de « My Second Country •> — qu'elles
ne soient pas conformes aux vœux secrets de nos concitoyens.
262 LES LA.>^GUES MODERNES
Toutes les lamentations du public et ses protestations contre une
telle assertion ne peuvent prouver le contraire: si nos lois sont
souvent mal faites, c'est peut-être que les parlementaires pensent
trop à leurs électeurs en les votant ; si les règlements adminis-
tratifs procèdent d'un « esprit chinois », n'est-ce pas parce que
la méfiance à l'égard des fonctionnaires est générale, et que l'Admi-
nistration se forge à elle-même une ceinture compliquée pour
n'être pas plus soupçonnée que la femme de César ? Et si nous
étouffons sous la paperasse, n'est-ce pas parce que nous avons,
non pas le sentiment, mais la «lanie de l'égalité et que, pour
la satisfaire dans les circonstances les plus diverses, l'adminis-
trateur imagine, combine, ratiocine, et finalement édifie quelque
règlement monstrueux d'ingéniosité i_t de sottise mêlées en parts
égales, d'où le raisonnement a banni la raison ? Qui sait si le mal
qui ronge les organes administratifs et politiques de notre corps
social n'a pas sa cause profonde dans notre caractère national,
beaucoup plus que dans la corruption de certaine Presse et des
politiciens '?
Peut-être, au surplus, Robert Dell ne s'est-il abstenu de nous
suggérer cette idée que par pure courtoisie d'étranger.
Il est, en revanche, une catégorie sociale qu'il n'a pas épar-
gnée : c'est celle des petits bourgeois ». Elle est, dans son livre,
condamnée sans appel, de même que cette forme rabougrie du
capitalisme : la petite propriété. Ceci nous amène à un exposé
clair et précis des doctrines socialistes et syndicalistes, plus ins-
tructif et substantiel que bien des articles de journaux ou de
revues. Enfin, le volume se termine par une revue des personna-
lités françaises les plus marquantes des deux derniers siècles, de
Voltaire à M. Bergson en passant par Chateaubriand et Joseph
de Maistre.
M. Robert Dell n'a pu avoir la prétention de résoudre, ni même
d'exposer tout au long, dans un volume de 300 pages, cent ques-
tions, dont chacune pourrait faire l'objet d'un lourd traité ; mais
son ouvrage contient les notions indispensables à l'honnête homme
désireux d'apprendre à connaître la France de l'heure présente :
précieux pour un .Anglais, « My Second Couni'-A' » est d'une lectuie
attrayante et souvent même instructive pour un Français.
Jean Hkzaud.
La femme anglaise au XIX' siècle, par L. Villard, chez II. Didier.
1 vol. .TJO p.
Le livre de Mlle Villard est de ceux devant lesquels volontiers
on s'attarde. Son titre, à lui seul, La femme amjlaise au xlV .<îjÏ'-
cle, est séduisant. De plus la tentative ])araît inédite. Si, en effet,
l'on a souvent parlé du mouvement féministe, on n'a pas jus-
qu'ici, que nous sachions, essayé d'en suivre les principales étapes
en .Angleterre.
BIBI.IOORAPIIIE 263
Pareil sujet est si vaste, si complexe qu'il demanderait, pour
être traité avec toute l'ampleur voulue une thèse de longue
haleine, quelque chose comme le Burns d'Angellier ou le Ben Jonson
de Castelain. Aussi l'auteur du modeste petit volume d&, 320 pages
que nous avons sous les yçux a-t-elle bien fait de limiter son
effort en tâchant de préciser ce qu'est la femme anglaise au
\i\' siècle, rien que d'après les romans de cette époque.
Le plan suivi par Mlle Villard nous paraît valoir surtout
par sa simplicité et sa clarté : dans, une première partie elle
cherche à montrer ce que fut la femme anglaise avant le xix« siè-
cle ; dans la deuxiènxe et la troisième ce que celle-ci a pu
devenir grâce à ses longs et persistants efforts. .Ainsi l'on voit se
succéder à des années de servitude, — pendant lesquelles la
femme anglaise conserve son rôle effacé, — une époque où elle
;icquiert son indépendance économique et sociale, élargit sou
champ d'action et s'affranchit définitivement; au point de vue
sentimental.
Il faut, à quiconque veut mener à bonne fin une telle étude,
des qualités peu ordinaires, tlela suppose, pour le moins, de très
vastes lectures» une connaissance aussi variée qu'étendue de la
vie anglaise, du passé comme du présent, un sens critique
éveillé, de la pénétration et du goût.
A ce point de vue, nous ne saurions trop louer Mlle Villard
dans un sujet d'une pareille richesse, celle de la vie elle-même,
d'avoir su rester abondante, sans pour cela être touffue ; d'avoir
réussi par un choix très judicieux d'exemples, à nous servir rien que
des faits probants, à faire défiler devant nos yeux tant de person-
nages significatifs ou intéressants et, grâce à Va légèreté, la rapi-
flité, et la sûreté de sa notation, à nous laisser finalement des
impressions aussi agréables que précises.
Pour rendre pleinement justice aux mérites de ce petit livre,
il nous aurait fallu plus d'une page de notre modeste revue, mais
en plus de l'espace, le temps nous est mesuré. Nous ne voudrions
cependant pas quitter une œuvre aussi attachante que celle-ci
sans demander à son auteur l'autorisation de lui soumettre les
quelques réflexions que nous avons pu faire au cours de la lecture
que nous en avons faite avec grand plaisir. Pour plus de simpli-
cité, nous suivrons l'ordre même du texte :
D'abord pour ce qui concerne le roman niênie, peut-on oublier
aussi complètement que semble le faire Mlle Villard, le sens et
■a portée du nom même que celui-ci porte plus spécialement en
Angleterre, à savoir Fiction ? Le théâtre n'est-il donc pas, à tout
Ijrendre, tout aussi capable de nous fournir des documents don-
nant ■■ the form and pressure of the times > ?
Pourquoi, d'une façon générale, dans l'avant-propos, ne pas
avoir fait preuve de la même sobriété de style que celle qui carac-
térise le reste du volume ? Le début et la fm^ de celui-ci ne sont
peut-être pas irréprochables à ce point de vue. Des métaphore?
264 LES LANGUES MODERNES
ajoutent rarement à la clarté d'un texte, les répétitions trop fré-
quentes d'un même terme non plus. Et pourquoi aussi, p. 8, parler
de la formation mystérieuse (.?) et lointaine ? quand il n'en est
plus question dans les pages qui suivent ? A la place d'une allu-
sion passagère, il eût fallu en une esquisse rapide préciser en
quoi la femme Saxonne, Normande et Puritaine surtout, prépare
et explique celle du xYur siècle. De même, p. 9, c'est trop affir-
mer, de dire que la femme avant le xix" siècle n'attacha aucun
prix à ses droits. On fait ainsi trop bon m.irché de tout ce qui a
précédé cette époque — des efforts et de l'influence réelle d'Addi-
son, des femmes d'esprit comme Hannah More, des grandes actrices
comme Mrs Fordan et l'immortelle Siddons. Et puis, que de reines
oubliées ! Pages 18, n'eùt-il pas été intéressant de signaler, ne
serait-ce qu'en passant, combien le livre de Mary Woltstonecraft
devait à l'influence des idées françaises ? Quant à l'exemple de
Miss Wardle, l'auteur, à notre avis, y attribue trop d'importance.
Dickens avait dans ses cartons un personnage, il l'a casé là où il
risquait le mieux de produire un eiîet risible. P. 32, Charlotte
Brontë est présentée de façon un peu trop ex-abrupto. Page 37.
dans l'intervalle qui suit l'apogée de Dickens et de Thackeray,
on cite Gissing. Le trou est un peu grand, il eût été aisé de le
combler. L'exemple de la Marthe de David Copperfield est-il aussi
net qu'on le voudrait ? (p. 48), et pourquoi ne pas avoir au moins
mentionné The bridge of Sighs de Hood ? Page 97, Il nous semble
dommage qu'il y manque une vue d'ensemble de cette Angleterre
d'alors^ d'une Angleterre étroite et bornée, routinière telle que la
voit un Wells aujourd'hui. L'exemple, un peu plus loin, de
Mrs Jellyby, nous parait mal choisi, p. 137; pourquoi citer Tenny-
son ? est-ce du roman ? et si l'on cite du Tennyson, pourquoi pas
déborder du cadre ailleurs ? La Girton Girl n'a-t-elle pas. été cons-
tamment ridicule, tout au moins extérieurement ? A la page 172,
on est heureux de trouver un bon e.xposé de l'insuffisance du déve-
loppement artistique de la femme, mais l'auteur à la fin semble
s'écarter de son point de départ. Nous aurions voulu quelque part,
ici au besoin, quelques vues sur la place qu'occupe la femme
anglaise par rapport avec les femmes des autres pays, tels la
Suède, r.\llemagne, la France. Les comparaisons ne feraient que
mieux mettre en vale«r les progrès acquis par chacune d'elles.
Les pages 206, 209, auraient gagné, nous semble-t-il, à être plus
développées. La page 215 est bien venue et d'excellente allure,
mais n'aurait-il pas été bon de citer le cas de cette femme suf-
fragette morte volontairement aux courses pour pouvoir servir
la cause de ses amies ? Et pourquoi en l'occasion ne pas avoir
cité quelques diatribes de B. Shaw ? L'exemple unique donné
])ar l'admirable .1. Eyrc est mis en pleine valeur, mais un mot sur
The Scarlet Letter eût été bien à sa place égale ment. Est-ce volontaire-
ment que l'auteur l'omet ? En est-il de même pour les premiers
romans de (i. Eliot ? Les pages sur Mercdith sont fines et bieu
BIBMOGR.VPHIE 265
venues, mais on n'insiste pas assez, à notre gré, sur la variété et
l'étendue de son influence. De même un oubli grave est celui
d'avoir passé sous silence H. Spencer et les énergiques campagnes
de Stuart Mill.
Enfin, certaines affirmations de la lin du livre — telle que la
suivante — « le lent épanouissement que permet la civilisation
moderne » (p. 302) paraissaient tout au moins contestables.
Mais le reproche (1) le plus grave que l'on serait en droit de
formuler, serait sans doute celui de l'absence trop marquée
d'idées générales dans une œuvre comme celle-ci. A la place
d'une conclusion — trop brusquement amenée à notre gré, trop
remplie jusqu'au dernières pages de brèves analyses de romans
contemporains — nous aurions préféré qu'un dernier résumé
quelque succinct qu'il fût, nous eût ramassé, en un faisceau lumi-
neux tous les développements antérieurs, nous mettant par là
à même de juger d'un coup d'oeil rapide l'état actuel de la quesi-
tion et ce que l'avenir lui réserve. Car, en dépit de certains théo-
logiens du Moyen-Age qui affirmaient que la femme ne faisait
point partie intégrante du genre humain (<■ iniilierem hoinineni
non passe vocitari ») nous croyons que le problème relève essen-
tiellement de la constitution civile, politique, aussi bien que
morale d'un pays, et que, selon le mot profond d'un grand savant,
la tâche de la société future n'est pas d'identifier les deux sexes,
mais bien de s'appliquer à mettre chacun dans les meilleures
conditions possibles pour accomplir sa fonction particulière.
H. HovELAQLE (Lycéc Lakanalj.
Dr. Heinrich Frenzel : Gœthe unser Fùhrer durch die Zeit der
schweren Not. Deutsche Freiheit. Berlin w. 9 1919.
U me semble qu'on ne doit nas rend.o compte seulement (.hs
bons livres, et qu'il est bon aussi de signaler ceux qui ue valent
rien pour éviter aux collègues une perte d'argent et de temps.
C'est pour cette raison que je veux vous parler de la brochure
ci-deSsus dont le titre m'avait alléché.
C'est une œuvre de parti : les démocrates sociau.x ayant tenté,
nous raconte M. Frenzel, d'enrôler Gœthe sous leur bannière, il
se propose de démontrer que l'auteur de Faust en fut ni un révo-
lutionnaire, ni un socialiste, mais bien un précurseur de la Deuts-
che Voikspartei c'est-à-dire de l'ancien parti des nationaux-libé-
raux. Je n'exagère pas :
Was hier der grôsste Geist unsres Volkes in ' packenden,
(1)_ Les fautes d'impressions sont assez rares, voir cependant
pp. 74, 269 et 307. Il est vraiment dommage que l'impression du
volume se trouve tout à fait compromise par suite de la qualité
très inférieure du papier.
18.
266 LES LANGUES MODERNES
anschaulicheii Worten ausspricht, deckt sich mit der Uberzeugung,
die heute die Deutsche Volkspartei im politischeii Leben vcr-
tritt. » (p. 17). <i Hier ist also dasselbe Idéal aufgestellt, auf
das die Deutsche Volkspartei iinlàugst in ihreru kraftvollen
Aufruf zum " Arbeitsfrieden », zur Arbeitsgemeinschaft der Untcr-
nehmer und Arbeiter, ja des deutscheii Volkes hinwies als die
einzige Môglichkeit um uns nach unserem tiefen Falle wiedet"
emporzuarbeiten. « (p. 28). " Die <> gemâssigten Liberalen »,
denen sich Goethe sein Leben lang zugerechnet hat, sind heute
in der Deiitschen Volkspartei vereinigt, die auf diesen Gesinnungs-
genossen hôchsten Ranges mit vollem Recht stolz sein darf. »
En fait M. Frenzel ne démontre rien du tout. J'attendais une
étude sérieuse des opinions politiques, économiques, sociales de
Gœthe et leur application à la situation actuelle de rAUemagne :
je n'ai trouvé rien de pareil. La brochure n'est faite que d'un
ramassis de citations auxquelles l'auteur ajoute des commentaires
très spéciaux et qui consistent principalement en des injures à
l'adresse de ses adversaires politiques <> die demokratisch-sozial-
demokratisch-klerikale Regierung » et de l'Entente : <■ der
Erdrosselungsvertrag », ■< unsre sadistischbrutale t'einde » < die
jenigen, die dièses ungeheuere Verbrechen veriibt haben, konnen
wir als <■ Menschen » im wirklichen Sinne des Wortes nicht aner-
kennen, da jeder einzelne der 440 Artikel des Mordsvertrages
Unnienschlich ist » (p. 32).
Les citations de Gœthe étant prises à toutes les époques de sa
vie, il est facile à M. Frenzel de lui faire dire ce qu'il veut, d3
même qu'il serait facile, avec la plupart de ces citations, de
démontrer la thèse contraire et d'attaquer aussi énergiquement
l'ancien régime qu'il vitupère le nouveau. La conclusion n'est pas
neuve : « Travaillons », bien d'autres l'ont dit avant lui et il
n'était pas besoin pour cela d'aller chercher cette leçon dans
Faust.
Pour terminer ce compte rendu, qu'on me permette une digres
sion. Ce sera une citation qui éclaire d'un jour singulièrement cru
les tendances politiques de la bourgeoisie éclairée allemande (nos.
collègues du secondaire et supérieur p. ex.) : « die Vôlkervcr-
sôhnung ist unmôglich, solange eine Vercinigung aller Dcutscheu,
die sich zum Reich bekennen, einschliesslisch der ôsterreichischen
Deiitschen, vcrhindcrt und der uns aufgczwungcne Gewaltfriedi
aufrcchterhalten wird. Wir verlangen, unhekûmmert um die fre
chen Zunuitungen der Vcrbrechcrischen Urhcberdes Vertrags von
Versailles, den Wiederaufbau eines Volksheeres und einer Flottei
auf der Grundlage der allgemeinen Wehrpflicht zum Schutz desj
Reiches und seines Handels. » Par la suite M. Frenzel déclare
que l'Allemagne veut être marteau et non enclume.
M. G. !
BIBLIOGRAPHIE 267
Gaston Varenne, professeur au Lycée Condorcet. — Le malaise
de l'Université et la doctrine des Compagnons (avec lettre préface
de Henri Lichtenbcrger, professeur à la Sorbonne) 63 p., Paris,
Didier, 1920.
Notre collègue, M. Varenne, a réuni en brochure les articles qu'il
a publiés dans l'Information en juin et juillet 1919 sous le pseu-
donyme de Georges V^ernon. Il a eu raison et nous ne pouvons
qu'être reconnaissants à tous ceux qui comme lui, et dès mainte-
nant, prennent position dans les discussions utiles, nécessaires,
qui s'instituent à propos de l'enseignement et qui aboutiront en
lia de compte à des solutions pratiques dont on ne saurait exagérer
l'iniporfance. Et M. Varenne a eu d'autant plus raison qu'il avait
quelque chose à dire et qu'il l'a fort bien dit.
Après avoir recherché les causes qui expliquent le malaise actuel
dont souffre l'Université et appuyé sur la nécessité de -lutter contre
la routine, M. Varenne en vient très naturellement à exprimer ses
sympathies pour la « courageuse campagne » qu'ont entreprise les
Compagnons : car, il " importe que toutes les bonnes volontés
s'unissent loyalement pour faire bloc contre les forces d'inertie
ou de résistance ». Sur bien des points du programme des Com-
pagnons, M. Varenne formule cependant des réserves sérieuses :
sur la question de la corporation, sur celle du régionalisme, et il
apporte ici des arguments fort intéressants et qui vraiment don-
nent à penser. Ce ifest pas le lieu de les indiquer ici, puisque
aussi bien vous lirez la brochure de M. Varenne.
Ce qui touchera' de plus près encore les professeurs, ce sont les
idées de M. Varenne sur renseignement en soi et sur la constitu-
tion de l'enseignement. C'est surtout ici que l'auteur serait '< heu-
reux de voir la discussion s'engager ». Et nous aussi. Pour l'ins-
tant bornons-nous à l'essentiel. « L'enseignement ne peut viser
à autre chose qu'à former avant tout des hommes qui seront en
situation d'opter ensuite aisément pour l'occupation qu'ils esti-
meront la plus conforme à leurs goûts et à leurs aptitudes. » A
l'enseignement primaire donné à l'école unique succédera un
enseignement secondaire soit classique, soit professionnel et com-
mercial. La division classique conduira à une première partie de
baccalauréat et sera complétée par deux années d'études spéciales
réparties en quatre cA-cles très différents de ceux qui existent
actuellement. Tel est le plan de l'édifice et l'on ne peut nier qu'il
ne soit ingénieux. Il n'est pas non plus à l'abri de toute critique
et M. Varenne le sait bien.
Mais comment la division classique serait-elle constituée ?
Nous voilà au point sensible. Longtemps encore cette division,
s'opposant à une division professionnelle et commerciale, draine-
rait sans nul doute la majorité des élèves. Et tous ces élèves
feraient du latin. Vous vous récriez. Attendez un peu, car je ne
crois pas que M. Varenne lui-même soit entièrement satisfait de
cette solution à laquelle il aboutit cependant. Nous notons en
268 LES LANGUES MODERNES
effet les passages suivants : » Le latin fait partie nécessairement
d'une culture (moderne), du moins jusqu'à présent. 11 est hors de
doute qu'il n'en sera plus ainsi dans cinquante, cent ou deux cents
ans, le chiffre importe peu, et que le latin deviendra de plus en
plus, au même titre que le sanscrit aujourd'hui, une étude de
savants spécialisés. » Sans doute M. Varenne ne veut que le " latin
court », et si l'essai ne pouvait être tenté <• il ne faudrait pas
hésiter à sacrifier complètement le latin plutôt que de continuer
à le voir peser comme aujourd'hui d'un poids heaucoup trop lourd
sur tout l'enseignement secondaire ».
Je crois bien comprendre que voulant avant tout un enseigne-
ment classique unique et ne pouvant jeter le latin par-dessus bord
pour tous les élèves, M. Varenne en arrive, un peu malgré lui, à
le garder pour tous. Mais c'est précisément sur la nécessité d'un
enseignement classique unique que nous ne sommes 'pas d'accord.
Pour moi je persisterai à souhaiter qu'à côté de l'enseignement
avec latin on constitue un enseignement classique sans latin, basé
sur l'étude du français en soi et dans lequel l'étude des langues
vivantes occuperait une place importante. Et si cela devait amener
la mort du latin scolaire (même dans les lycées de jeunes filles
où M. Varenne reconnaît que fort heureusement il n'est — jusqu'à
présent — que le complément et non le support des études) eh
bien ! nous qui fûmes saturés de latin, nous nous en consolerions
le plus aisément du monde. Et si nous allions jusqu'à chanter le
psean, nous demanderioiis à M. Varenne d'y faire sa partie. S'y
refuserait-il *?
L.-W. Cart.
E. V. Downs, B. A. — English Literature, The Rudiments of its
Art and Craft. (Hodder and Stoughton, 1920, 4/6 net).
Dix-sept chapitres, sur la rime, la prosodie, le rjthme ; les
images mentales ; le stjie ; l'essaj' ; l'histoire et la technique du
poème lyrique, du roman, de la " short stcrj'- », de la ballade, du
drame, de la poésie épique et héro'ique : livre de pédagogie claire
et sérieuse, à égale distance d'un utilitarisme étroit et d'uri
dilettantisme historique. Il esquisse pour chaque genre sa défini-
tion extraite de son évolution, l'illustre de quelques judicieuses
citations, ajoute enfin une bibliographie sommaire et d'abondants
exercices d'imitation et de critique. Sui'tout, il dégage l'intérêt
actuel des études littéraires, et les oriente vers l'intelligeuce du
présent national : on n'y, peut manquer de sentir que l'on parti-
cipe à la vie de son temps, et l'on y gagne le sens de son rôle pos-
sible et de sa valeur sociale. Car loin d'arrêter l'élève en ses
/exi)lorations à quelque trente ans en arrière des réalités contem-
poraines, il encadre celles-ci de pages rétrospectives et sobres, qui
tiennent compte de la dispersion infligée à l'attention par des pro-
grammes chargés. On sent en outre que l'auteur a appliqué là son
teiniH'ramcnt et ses aptitudes personnelles: qu'il n'a dit que ce qu'il
/
HIBLIOGRAPHIE 269
a bien vu (.il voit d'ailleurs tout ce qui importe); de sorte qu'à sa
suite l'élève ne se perd pas en excursions vagues, mais acquiert à
la fois au cours de ses constatations la confiance en son propre tra-
vail, l'habitude de l'observation directe des faits littéraires et
humains, celle aussi de formuler et de classer ses acquisitions. — Très
anglais en son harmonie de l'inspiration avec le sujet traité, ce
manuel fait sans mesquinerie leur ])art aux inlluences du dehors,
et témoigne, en ces temps de renfrogiienicnt nationaliste, d'un
patriotisme éclairé. Il peut être utile à nos étudiants de licence ;
et à ceux que les nouvelles épreuves du baccalauréat tenteraient
de déserter, pour la lettre, l'esprit de l'enseignement littéraire, il
peut fournir en un équilibre du cadre et du contenu, bon nombre
d'indications utiles à la vie de la classe d'anglais dans le deuxième
cycle.
G. d'Haxgest.
John Galsworthy. — Tatterdemalion. (7/6, Heiiicm;nin, London,
F1920).
Vingt et un sur vingt-trois de ces articles, ou commentaires sur
les souvenirs variés, sont postérieurs à 1914. Leur unité réside
8n leur vérité seule, extraite soit de milieux lointains des con-
rentions mondaines, comme l'indique le titre général, soit de situa-
liions issues de la guerre, laquelle^ à ces niveaux, ne comportait
fguère de conventions superficielles. Nous sommes donc en pleine
lobservation directe, c'est dire en pleine complexité, et avec un guide
ravare de rhétorique, j'entends par là qui ne poétise qu'autant
jue l'inspiration est en lui, et dont il est bon de dire que son
besoii^ de vérité lui fait ménager ses émotions et ses hymnes. Le
style familier et la couleur locale surgissent donc d'eux-mêmes
avec la vie décrite, surtout lorsqu'il importe d'aller droit à l'idée
sans que la forme distraie.
Nous retrouvons en particulier, parmi les aspects de l'âme
anglaise, la part de romanesque sentimental qui, au regard du
Français ordinaire, revêt, par contraste avec les traits classiques
du caractère national, un faux air d'irréalité (1) ; puis la violence
avec laquelle se peut manifester, au pays même du fair plag, l'in-
tolérance des masses (2) ; et encore la clarté d'esprit et l'indépen-
dance de l'élite dans les jugements sur la vie (3).
Chez l'auteur lui-même, on a plaisir à rencontrer de nouveau
cette sensibilité aiguë aux valeurs positives, qui sous ce que le
monde humilie du nom de faiblesse, aperçoit la vie intense ; sous
les avortements de l'action, la finesse des intentions et la délica-
tesse d'âme ; sous le refus de trancher et de formuler, le sens
(1) Grey Angel.
(2) Pecice Meeting. The bright side.
(3) Nightmare child. Munnà.
270 LES LANGUES MODERNES
exact du réel, l'intelligence, qui est la meilleure, la véritable sym.
pathie. Il y a là protestation implicite contre quiconque, sur le vu
d'une non-conformité à la morale traditionnelle, et d'autant plus
facilement que le succès social leur est dénié, juge et morigène
des êtres ; et aussi une apologie du calme indispensable, surtout
en présence du mal, à l'invention du vrai, — calme auquel suffit
seule l'élimination du moi autoritaire, et dont l'inattendu- décon-
certe le Destin lui-même et irrite les pauvres en introspection. C'est
dire que l'auteur se défie des foules : sans aller, comme l'un de
ses personnages " essentiellement combatif, jusqu'à s'opposer
à tout ce que soutient une majorité » (1), il réserve son adhésioU:
en présence de vérités à succès. Et sans doute n'y a-t-il là rien
de remarquable chez un intellectuel digne du titre ; mais cette
défiance à l'égard des forces grégaires ou incultes inclut l'intelli-
gence de leur étendue et de leurs effets, et lui fait admettre, pro-
visoirement du moins, l'inévitabilité de la guerre.
Semblable constatation, contraire à ses aspirations, laisse sub-
sister en lui une rancune indicible contre la race des responsables
de fait, épars en proportions diverses chez tous les peuples, et qui,
pour le plus grand nombre que sont les pacifiques, salissent l'uni-
vers, incorporant les forces morales les plus nobles en un système
de domination. Son grief essentiel contre la guerre est qu'elle
s'interpose comme un voile entre nous-mêmes, d'une part, et de
l'autre la beauté, la poésie, l'âme humaine justifiable seulement
en l'harmonie de son ensemble.
Sa rancune n'absorbe pas sans doute toute son énergie ; elle est liée
à la mise en lumière des bienveillances errantes parmi les cruau-
tés de la vie militaire ; et Tétude de toutes les beautés du monde,
leur vulgarisation pour ainsi dire (2), alors qu'en raison même de
l'efFort de perception qu'elles exigent (3), elles ne sont accessibles
qu'aux privilégiés de l'intelligence et des sociétés, semble à l'écri-
vain le seul remède essentiellement cajjable d'écarter le retour du
cataclysme.
Le livre ajoute peu de chose, peut-être, à l'œuvre que nous con-
naissons ; du moins nous montre-t-il comment, en un monde
bouleversé, au milieu de ruines et d'incertitudes, une âme de pen-
seur et d'artiste cherche et trouve, ou croit trouver, ses raisons de
vivre et d'espérer.
G. d'Hangest.
(1) Petice meeting.
(2) Spindlebernes. Beautv... the extra value in the human nia"-
ket.
(3^ A dreen hill fnr nnuty.
>::S:-
NECROLOGIE
M. Lucien POINCARÉ
En Lucien Poincarc les Lanç/iies Modernes ont perdu un ami
puissant et éprouvé. Bien que sa carrière scientifique ne semblât
pas le prédisposer à un intérêt spécial pour nos études, la largeur
de son esprit et son sens vif des besoins du pays lui avaient révélé
la nécessité de donner une forte impulsion à l'enseignement des
langues étrangères. S'il les pratiquait par lui-même, il recherchait
volontiers ceux qui avaient en ces matières autorité et compétence.
Il comptait parmi ses amis les plus intimes, Emile Hovelaque
dont la stimulante influence se fit maintes fois sentir dans les
mesures libérales que Poincaré prit soit comme directeur de
l'Enseignement secondaire ou supérieur, soit ensuite comme Rec-
teur. II avait du reste naturellement le goût des initiatives' et on
le trouvait tout préparé pour les solutions neuves.
Il me souvient de son attitude dans une commission où se dis-
cutait la réforme du diplôme d'études supérieures. J'avais et''
amené à demander que pour les langues vivantes la mémoire cor-
respondit mieux aux conditions jjarticulièi'es dans lesquelles se
trouvaient nos étudiants, qu'il fût pour eux non le produit de
séances de bibliothèques, mais le résultat de leurs observations
dans le pays où ils avaient séjourné ; qu'il se rapprochât plus du
journal de notes que de la thèse proprement dite. Seul dans la
commission Poincaré se déclara favorable à cette idée. II la défen-
dit avec chaleur, désireux d'affranchir les langues vivantes d'une
formule qu'il ne sentait pas faite précisément pour elles, décla-
rant qu'en homme de- science, il sentait tout le prix d'un exercice
qui tendrait à aiguiser dans son emploi, et d'un examen qui
honorerait dans sa manifestation la faculté d'observation directe.
J'eus dès ce moment déjà lointain la conviction que nos études
étaient par lui profondément conçues dans leur nature propre,
et qu'il serait disposé à les aider et à les développer, non selon
des règles abstraites et générales, mais conformément à leur
caractère distinct.
L'intérêt qu'il leur portait s'étendait aux maîtres qui étaient
chargés de les diriger. On n'oubliera pas dans l'enseignement
secondaire que c'est grâce à ses efforts comme directeur que fut
enfin obtenu cette réduction du maximum des heures de classe
qui formait depuis longtemps l'objet principal des vœux de notre
personnel,, étant la mesure dont dépendait sa parfaite égalité en
272 LES LANGUES MODERNES
dignité et en avantages avec les collègues des autres enseigne-
ments.
Il avait aussi à cœur de resserrer et de multiplieii nos liens avec
l'étranger. Lorsqu'il devint recteur, il considéra comme une partie
essentielle de sa tâche la réception des professeurs et savants
d'autres pays. Les salons de l'Université de Paris trop longtemps
déserts et inutiles, prirent vie sous son impulsion. Chacun se
rappelle les belles fêtes qui s'y donnèrent en plus d'une occasion,
par exemple le jour où le Président Wilson fut fait docteur
honoris causa. Et non moins que les salons officiels de l'Univer-
sité, les appartements' privés du Recteur s'ouvrirent à mainte
reprise par l'accueil de nos hôtes du dehors.
D'autre part, sans compter la fatigue, sans prendre garde aux
menaces d'une santé que lui seul pouvait savoir fléchissante, il
était toujours prêt à aller porter aux étrangers le salut de la
France. L'hiver dernier il conduisait une mission française
en cette Roumanie où nous appelaient de si grands intérêts
universitaires et où nos délégués reçurent un si cordial accueil.
Déjà malade, il allait encore, quelques jours avant sa mort,
inaugurer à Londres la succursale de notre office national des
Universités et tendre une main amie à l'Université d'Oxford.
C'est avec un regret profond que nous avons vu disparaître le
Recteur qui en si peu de temps, avait su donner de tels gages
aux études qui sont les nôtres, aux causes qui nous sont chères.
Les Langues Modernes assurent de leur respectueuse sj'mpathie
pour sa douleur la compagne admirable qui s'associa si étroite-
ment à sa tâche et répandit tant de bonne grâce, simple' et exquise,
sur des réceptions de grande conséquence pour notre extension
universitaire. Ceux d'entre nous à qui il fut donné d'approcher
l.'homme, qui ont connu toute la loyale bonté, toute l'ardeur pra-
tique aussi qu'il dérobait parfois sous un air de plaisanterie un
peu sceptique, mesurent mieux que les autres l'étendue de la
perte qu'ils ont faite. Ils savent qu'au-delà du bien déjà accom-
pli, il y avait à espérjcr indéfiniment (\'un chef si plein de bon
vouloir et si ouvert aux idées neuves.
Emile Legoi is,
: '^.:
M. Albert IVIAFFRE
Le lycée de Toulouse vient d'éprouver une grande perte.
M. Maffre (Louis-Francois-.\lbert\ un de ses maîtres les plus
anciens, s'e^st éteint dajis la nuit du 26 au 27 mars, à la suite
d'une courte et violente crise cardiaque. Il avait soi.xante-trois ans
et quarante-cinq ans de services.
A peine âgé de dix-sept ans, il débutait au collège de Cette, eu
NÉCHOI.OGIE 273
qualité de niaiUe d'études, le 1"^ iiovenihrc 1874. Tout à tour mai-
Irc répétiteur aux lycées de Tarbcs et de Montpellier, étudiant en
Angleterre, délégué au lycée Saint-Louis (1880-1884), chargé de
i-ours d'anglais au lycée d'Alençon (1884-1885), au lycée de Tarbes
(1885-1891). il arrivait} enfin le 3 octobre 1891 au lycéei de Toulouse,
qu'il ne devait quitter que par la mort après avoir servi jusqu'à la
dernière heure.
Combien de générations d'élèves l'ont connu et aimé !) Sa bien-
veillance pour eux se montrait inaltérable ; aussi tous étaient-ils
• licureux de se retrouver avec lui et de se soumettre une fois de
plus à la fermeté délicate de sa discipline bénigne.
Cette complaisance à rechercher son enseignement, il la rencon-
trait plus accentuée encore au cours municipal d'anglais qu'il
professait depuis une quinzaine d'années : elle était la véritable
récompense de son labeur. Car M. MafFre travaillait beaucoup. Il
ne passait guère uu seul jour sans une recherche, une lecture utile,
sans l'étude d'un procédé pédagogique, toujours en quête non de
l;i méthode idéale, mais d'une méthode pratique de laquelle il pût
tirer pour ses élèves un profit nouveau. Il n'arrêtait d'ailleurs pas
son action à la classe : les quémandeurs de conseils trouvaient
toujours près de lui un accueil simple,. paternel et avisé : désinté-
ressé par nature, il donnait sans compter son temps et sa peine.
C'est ainsi qu'il a pu iormer mainte recrue pour l'enseignement
qu'il aimait et savait faire aimer. Son triomphe fut un jour de
pousser au certificat d'aptitude un bachelier es sciences (ancien
régime) : l'impulsion cette fois fut si bien donnée que notre certl-
tié, devenu bientôt licencié es lettres, puis agrégé et docteur, par-
vint à une chaire de Faculté, où il ne discontinue pas ses travaux.
Et ces bénéficiaires privilégiés de son action bienfaisante, il les
déchargeait de toute reconnaissance, les priant seulement de faire
à leur tour pour un autre ce qu'il, avait fait pour eux.
Tant valait le maître, tant valait l'homme. Ses collègues n'ou-
blieront ))as son aménité souriante, son obligciuice prompte, sa
conversation primesautière, humoristique et savoureuse. Ils regret-
tent tous le causeur aimable qui charmait les minutes oisives et
lais^sait l'impression sereine d'une douce philosophie, impression
bien trompeuse en vérité. Derrière le visage accueillant se dissi-
mulait la volonté tenace d'étouffer les chagrins, . de dompte.' la
douleur, de souffrir seul pour ne pas assombrir la vie des autres.
II était resté veuf à trente et un ans avec deux fils en bas âge,
jalousement aimés, qu'il éleva lui-même dans des sentiments de
droiture et d'honneur. II avait perdu successivement ses sœurs et
sa mère ; il avait subi des revers de! fortune ; il avait traversé enfin
pendant six ans des angoisses cruelles pour un père. En effet son
fils aîné, receveur de l'enregistrement, après être sorti sain et sauf
de meurtrières attaques au nord d'Arras, avait été fait prisonnier
en Argonne dès 1915. Le cadet, officier d'infanterie coloniale, était
parti deux ans; avant la guerre pour notre hinterland africain ; il y
274 LES LANGUES MODERNES
avait fait campagne pendant quatre années consécutives et conquis
son troisième galon au prix d'une blessure grave ; demandant alors
à rentrer dans l'armée métropolitaine, il y participait à toutes les
actions sérieuses, recueillant deux nouvelles blessures, trois cita-
tions et la croix. Quelle que fut sa fierté de la dette si noblement
acquittée envers la patrie, M. Maffre cependant avait été torturé
. d'inquiétude pour la sécurité de ses enfants. Pas plus que les
épreuves cruelles du passé, celles-ci ne laissaient paraître une trace
sur son visage bienveillant ; son cœur seul continuait à souffrir.
Peut-être u'est-il mort si tôt que pour s'être si bien contenu.
C'est un vide difficile à remplir que le vide fait dans notre lycée
par la disparition de cet homme aimable qui fut en même temps
un homme de devoir et un homme de bien.
L. E.
M. LEMATTE
Le lycée d'Alger vient d'être cruellement atteint par la fin
tragique d'un de ses professeurs.
M. Lematte. professeur agrégé d'anglais, rentrait chez lui vers
11 h. du soir quand il fut assailli par des apaches et tué d'un
coup de revolver tiré à bout portant. La mort avait été foudroyante
et notre malheureux collègue tombait aux pieds de sa femme,
témoin affolé et impuissant de l'assassinat de son mari.
Depuis 10 ans au lycée d'.\lger, M. Lematte ne comptait que des
amis. Par la franchise et la gaité de son caractère, son intelligence
vive et sa haute valeur professionnelle, il avait gagné l'amitié et
l'estime de ses collègues et de ses chefs.
D'une activité prodigieuse, toujours serviable et souriant, il se
dépensait sans compter comme professeur, journaliste, militant
socialiste et conseiller municipal. En décembre dernier, son parti
l'avait envoyé siéger au Conseil municipal où, membre de la
minorité, il s'était imposé par sa connaissance des questions
ouvrières et la rédaction de rapports clairs et précis.
Il disparaît à 40 ans, en pleine maturité, avant d'avoir donné sa
mesure.
M. le Gouverneur général et une foule innombrable iissistaient
à ses obsèques, apportant à sa veuve et à ses enfants le témoignage
de leurs regrets et de leur sympathie.
Puissent les êtres chers qui le pleurent, trouver un peu de récon-
fort dans cette manifestation émouvante, et qu'ils soient assurés
que notre grande famille universitaire partage leur deuil et ne
les oubliera pas dans le nutlheur.
<R>
Notes et Documents
Circulaire n)ii)>Stérielle
relative aux nouvelles épreuves de langues vivantes
au Baccalauréat
Confomicmcnt au décret du 13 février 1920 et à l'arrêté du
12 mars, l'épreuve écrite de langue vivante au Baccalauréat consis-
tera, à partir de la session de juillet 1921, en une version suivie
d'un thème d'imitation (1).
Le texte de la version sera choisi dans un ouvrage en prose.
l.ts professeurs savent par expérience qu'un élève, intelligent) et
i)icn préparé peut manquer une version en vers, parce que la
pensée du poète est souvent difficile à saisir et à suivre sous la
richesse ou le tour spécial de l'imagination ou qu'elle s'exprime en
une forme trop elliptique, avec des archaïsmes de syntaxe et de
\ ocabulaire. La \ersion en vers est un exercice scolaire des plus
utiles, qu'il faut pratiquer fréquemment dans les classes supé-
rieures, niais sa valeur est plus contestable en tant qu'épreuve du
baccalauréat. On s'est donc résigné à l'exclure de l'examen, mais
en imposant une version en prose, on n'a pas voulu — est-il besoin
de le dire ? — recommander le choix de pages banales et dépour-
vues de mérite littéraire. Les littératures modernes fournissent
dans tous les genres une ample moisson de textes intéressants, de
difficulté moyenne, que maîtres et examinateurs sauront aisément
découvrir.
>■ Pour le thème d'imitation, le candidat, selon les termes du
décret, trouvera dans le texte de la version la solution des prin-
cipales difficultés de vocabulaire, de manière qu'il puisse réserver
son attention à la correction et à la précision grammaticale ;
mais il devra — et c'est là un point essentiel — posséder le voca-
bulaire usuel tel qu'il est défini dans le plan d'études du 31 mai
1902. Le thème d'imitation remplira donc un double office ; il
permettra de contrôler à la fois la sûi'eté grammaticale et à la
possession eff'ective de la langue courante.
La version et le thème d'imitation ainsi compris sont des
exercices déjà prévus par les instructions de 1902 (2). En les choi-
sissant comme épreuve, le (Conseil supérieur n'a pas entendu
changer en quoi que ce soit l'esprit et l'orientation de l'enseigne-
ment des langues vivantes. Cet enseignement reste ce que l'a
fait la méthode prescrite par les programmes de 1902, éprouvée
(1) Chacune des 2 parties de l'épreuve sera affectée du coeffi-
cient I, durera une heure et demie^ et le texte du thème ne sera
distribué aux candidats que lorsqu'ils auront remis leur copie
de version. L'usage d'un dictionnaire eu langue vivante restera
seul autorisé.
(2) On pourra faire également de temps en temps des traduc-
tions écrites (thèmes et versions). Ce thème — et c'est le rôle
auquel il convient de la réduire — servira à vérifier si les règles
grammaticales présumées connues, le sont en eff'eU. Il sera un
moyen de contrôle, et non un instrument d'étude. Dans ces
thèmes, les mots seront connus de l'élève ou lui seront indiqués
de telle façon qu'il n'ait pas à recourir au dictionnaire.
276 LES LANGUES MODERNES
et mise au point par dix-sept années d'expérience. Les professeurs
devront donc se garder de renoncer aux précédés vivants qui ont
rénové leur discipline, pour revenir sans une extrême prudence à
des exercices qui sont et doivent rester un moyen de contrôle et
non d'acquisition. Même dans le second cycle, tout en orientant
peu à peu leurs élèves vers les nouvelles épreuves de l'examen,
ils ne perdront pas de vue que l'expression spontanée et directe
de la pensée en langue étrangère reste le but à atteindre, et que par
conséquent la narration et la rédaction libres doivent continuer
d'être largement pratiquées.
RéforrT)Oi)S !
Assemblés au Lycée Louis-le-Grand, cent quarante proviseurs
demandent au ministre de la guerre de rapporter au plus vite le
décret qui exige des candidats à l'école Polytechnique la connais-
sance de deux langues( vivantes ; s'il était maintenu, il est évident,
n'est-ce pas, que la <■ culture générale > autrement dit l'enseigne-
ment des sornettes gréco-latines baptisé effrontément par les Alle-
mands — oui Monsieur, par les Allemands — de " Allgeineine
Bildiing > — cesserait aussitôt de former le centre et le noyau
de tout l'enseignement secondaire.
Par où l'on voit que depuis le jour où, en 1895, M. Gazeau —
d'ailleurs le plus brave et le plus charmant des hommes — traita,
devant M. Combes, l'enseignement moderne ■ d'enfant gâté ■■.
l'esprit de nosi administrateurs n'a point varié. 'Sï. Combes d'ail-
leurs, répliqua que renseignement secondaire coûtait très cher au
pays et ne rendait pas du tout les services que celui-ci était en
droit d'en attendre.
• La réforme de l'enseignement secondaire ?» a coutume de dire,
lorsqu'on lui en parle, notre rédacteur en chef, <■ commencez par
fusiller tous les proviseurs. »
La Victoire. Mardi, 13 avril 1920.
7Hdn()issioi) à l'Ecole Norni)ale supérieure et Bourses
de licei)ce
— Du 13 février —
.Article 1". — L'article 1" du décret du 3 mars 1914 est modifi
ainsi qu'il suit : les Candidats de la section des sciences choisis-
sent entre les deux groupes suivants d'épreuves écrites :
Groupe I : ...5° Deux versions choisies par eux entre six textes :
latin, allemand, anglais, espagnol, italien et arabe (.durée : 2 h. ;
coefficient, 2).
Groupe II : 6° Deux versions (épreuve commune avec le groupe L.
Tout candidat qui, pour l'une des deux versions prévues au
5" (groupe 1) et au 6" (groupe' II), a fait choix soit du texte italien, ,
soit du texte espagnol, soit du texte arabe, doit obiigatoirenxent, .
pour l'autre, choisir l'un des trois textes : latin, allemand nu
anglais proposés.
NOTES ET DOCUMENTS , 277
Arrêté fixai)t la date d'applicatioi) du décret du 12
février 1920 relatif aux épreuves de langues étran-
gères vivantes du baccalauréat.
— Du 12 mars , —
AiiTici-E l'^ Les dispositions du décret du 13 février 1920. modi-
fiant les épreuves de langues étrangères vivantes du baccalauréat
'série: latin langues vivantes et sciences langues vivantes), n'au-
ront effet qu'à partir de la session de juillet 1921.
AnT. 2. La durée totale des épreuves écrites de langues vivantes
jjrévues par le décret susvisé sera de trois heures, soit une heure? et
demie pour la version et une heure et demie pour le thème d'imi-
tation. Le texte du thème ne sera distribué que lorsque les copies
(le version auront été remises par les candidats.
Arrêté supprin)ai)t la lln)i:atloi) du i)onr)bre des candi-
date à recevoir aux concours de renseignenf}ent
secondaire (session spéciale) en 1920.
— Du 6 mars —
AinicLE 1". Le nombre^ des candidats à recevoir à la session spé-
ciale de l920 pour les agrégations de l'enseignement secondaire, le
certificat d'aptitude au professorat des classes élémentaires et le
certificat d'aptitude à l'enseignement des langues vivantes ne sera
•B4)as fixé à ra\'ance.
Les jurys des divers concours auront la faculté de comprendre
dans leurs propositions tous les candidats qu'ils jugeront dignes
d'être présetités pour l'admission définitive.
.Art. 2. Les dispositions de l'article 2 de l'arrêté du 22 novembre
1019 sont rapportées.
Arrêté relatif aux concours de renseignen)ent
secondaire en 1921
— Du 6 mars —
AnxicLE 1". 11 ne sera pas ouvert, en 1921, de session spéciale
pour les agrégations de l'enseignement secondaire, le certificat
d'aptitude au professorat des classes élémentaires et le certificat
d'aptitude à l'enseignement des langues vivantes.
Toutefois, les candidats ayant participé aux concours spéciaux de
1919 et de 1920. ainsi que les mutilés et réformés de guerre et les
candidats comptant au moins deux ans de présence sous les dra-
peaux lors de la signature de l'armistice (11 novembre 1918i seront
admis à se présenter à la session normale de 1921 sans autre con-
dition préalable, pour les candidats à l'agrégation, que la pro-
duction de l'un des diplômes de licence prévus par l'arrêté du
18 juin 1904.
Art. 2. La dispense du diplôme d'études supérieures demeurera
définitivement acquise aux candidats à l'agrégation autorisés à
prendre part au concours de 1921 dans les conditions indiquées à
l'article précédent.
Art. 3. Dans les divers concours de 1921. les candidats visés à
l'article 1", .? 2, du présent arrêté seront l'objet d'un classement à
part pour l'admissibilité ou sous-admissibiiité et seront présentés
hors rang pour l'admission définitive.
278 LES LANGUES MODERNES
Art. 4. Les candidats à l'agrégation qui auront échoué aux
épreuves définitives ou, s'il s'agit de l'agrégation d'histoire, aux
épreuves préparatoires du second degré, conserveront "pendant un
an le bénéfice de leur admissibilité ou de leur sous-admissibilité.
NOTE
relative au progran)n)e de Tagrégatioi) d'allenf)ai)d
(concours oorrT)al et spécial) de 1920
Pour les Reden, de Schleiermacher, on recommande aux candidats
l'édition : Schleiermacher, Reden ûber die Religion in ihrer ur-
spriinglichen Gestalt ; neii herausgegeben von Rud. Ott, Gôttingen.
Vandeuhoeck und Ruprecht.
Arrêté autorisait les Facultés des lettres des Ui)iver-
Sités de Bordeaux et de Lyoi) à faire subir, p.ei)dai)t
rai)i)ée scolaire 1919-1920, les épreuves de la licen-
ce es lettres, série langues et littératures étran-
gères vivantes, n)ei)tioi) <f langue arabe ».
— Du 7 avril —
Les Facultés des lettres des Universités de Bordeaux et de Lyou^
sont autorisées à faire subir, pendant l'année scolaire 1919-1920,
les épreuves de la licence es lettres, série langues et littératures
étrangères vivantes, mention " langue arabe ».
Les épreuves qui déterminent la collation du grade de licencié,
mention " langue arabe », dans lesdites Facultés, sont fixées
conformément au décret du 22 février 1910 relatif à la Faculté de-
lettres de l'Université d'Alger.
Arrêté fixai)t le i)on)bre des candidats et aspirantes
à recevoir aux divers concours de renseignen)ent
secondaire en 1920.
— Du 18 mars — -
Le nombre maximum des candidats et aspirantes à recevoir, en
1920, à la suite des divers concours de l'enseignement secondaire,
est fixé ainsi qu'il suit :
Agrégations et certificats d'.\ptitude
(SESSION normale)
.\grégation d'allemand : 8, dont 1 femme.
Agrégation d'anglais : 26, dont 6 femmes.
.Agrégation d'espagnol : 5, dont 1 femme.
Agrégation d'italien : 4, dont 1 femme.
Certificat d'aptitude : allemand, 11, dont 3 femmes.
Certificat d'aptitude : anglais, 32, dont 12 femmes.
(Certificat d'aptitude : italien 5, dont 2 femmes.
Certificat d'aptitude : espagnol, h, dont 2 femmes.
Certificat d'aptitude : classes élémentaires, 20.
NOTES ET DOCUMENTS 279
Circulaire relative aux professeurs pourvus de certi-
cat d'aptitude à rer)seigoen)eot des langues vivantes.
— Du 25 février —
Le MiNisTiiE DE l'Ixstkictiox publique et des Beaux-Arts
à Monsieur le Hecteur de rAeadémie d
La loi du 6 octobre dernier a jjorté à 500 francs l'indemnité des
professeurs des classes élémentaires pourvus du certificat d'apti-
tude à l'enseignement .des langues vivantes dans les lycées, collèges
et écoles normales. La question m'a été posée de savoir si le béné-
fice de cette disposition devait être étendu aux maîtres qui ne sont
pas chargés de l'enseignement des langues vivantes mentionné
sur leur certificat.
Dans la plupart des établissements, il sera possible d'utiliser les
connaissances de ces professeurs dans les classes du 1" cycle,
conformément aux prescriptions de la circulaire du 12 novem-
bre 1903. Si l'organisation des services ne permet pas momentané-
ment de leur confier cet enseignement, il conviendra néanmoins,
par analogie avec les autres piofesseurs qui reçoivent une indem-
nité de titre, de leur allouer l'indemnité de 500 francs fixée par la
loi du 6 octobre dernier.
Je vous prie de porter ces instructions, qui auront leur effet à
dater du 1" juillet 1919. à la connaissance de MM. les Proviseurs
de votre ressort.
THrrêté désigo^Qt les langues vivantes sur lesquelles
pourront porter les épreuves de langue étrangère
à l'exarnen du certificat d'aptitude à l'enseignenjent
con)rnercial dans les écoles prin)aires supérieures
(degré supérieur).
— Du 4 mars —
L'article 232 de l'arrêté du 18 janvier 1887 est modifié ainsi qu'il
suit :
<' La demande d'inscription, pour l'examen du degré supérieur,
doit indiquer sur quelle langue (anglais, allemand, italien, espa-
gnol, portugais ou russel le candidat désirera être interrogé.
" Pour le degré supérieur, les épreuves de la première série
comprennent :
« 1° Une composition de correspondance commerciale en fran-
çais et en langue étrangère (anglais, allemand, italien, espagnol,
portugais ou russe). Durée : quatre heures.
'< Les épreuves de la deuxième série comprennent :
"1° L'explication d'un texte anglais, allemand, italien, espagnol,
portugais ou russe (choisi sur une liste établie par la commission)
et une conversation en langue étrangère sur un sujet d'ordre éco-
nomique. »
280 LES LANGUES MODERNES
Décret relatif aux dégrèven)ei)ts de frais d'études
prévus par la loi du 12 août 1919 ei) faveur des
étudiants étrangers.
— Du 25 mars —
Le Président de la RÉPUBLiQrE française.
Sur le rapport du Ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts,
Vu la loi de finances du 12 août 1919,
DÉCRÈTE :
Article l*"^. Les crédits prévus pour dégrèvement de frais d'étu-
des aux étudiants étrangers par la loi du 12 août 1919 sont affec-
tés au payement des droits d'équivalence, d'inscriptions, de biblio-
thèque, de travaux pratiques, de recherches et de laboratoire et
de tous autres droits établis, dus par des étudiants immatriculés
ou inscrits dans les facultés, écoles supérieures de pharmacie et
établissements publics d enseignement supérieur.
Art. 2. Les demandes pourront être transmises soit directement-
par les autorités universitaires et scolaires des établissements
étrangers où les étudiants et élèves auront commencé leurs études,
soit par l'intermédiaire des agents diplomatiques des pays, d'ori-
gine. Elles seront accompagnées de pièces justificatives concernant
leur état civil et leurs études antérieures, ainsi que d'une attesta-
tion des autorités administratives ou universitaires compétentes
que les candidats méritent par leur situation de famille et leurs
aptitudes de bénéficier des exonérations demandées. Les étudiants
qui sollicitent ces exonérations doivent justifier d'une connaissance
au moins élémentaire de la langue française.
Art. 3. Des subventions prises sur l'ensemble des crédits visés à
l'article l*""^ du présent décret pourront être accordées aux Univer-
sités pour exonérer les étudiants déjà inscrits ou immatriculés
dans les facultés et écoles supérieures. Pour obtenir une subven^
tion, les Universités devront fournir un état numérique des étu-
diants inscrits ou immatriculés dans chaque établissement.
Art. 4. Une Commission spéciale établie au Ministère de l'Ins-
truction publique est chargée :
1" De faire connaître, avec le concours du Ministère des Aft'aires
étrangères et de l'office des Universités, soit aux agents diploma-
tiques des pays amis en France, soit aux agents diplomatiques de
France dans les mêmes pajs, les disponibilités et les conditions
d'attribution des exonérations et d'assurer la publicité nécessaire ;
2" D'examiner les demandes d'exonération parvenues directement
ou par l'intermédiaire des agents diplomatiques au Ministère de
l'Instruction publique et d'établir des listes de classement des
exonérations qu'elle propose d'accorder ;
3" De contrôler avant l'ordonnancement la répartition" entre les
étudiants déjà inscrits ou immatriculés des subventions accordées
aux l'niversités.
Art. 5. Sur la proposition des conseils de facultés ou écoles ou
des conseils de discipline des lycées et collèges, après examen du'
dossier, ellei pourra proposer au Ministre la suppression des exoné-
rations accordées eu cours d'année scolaire, pour des raisons d'or-
dre, de moralité ou d'inaptitude.
.Art. 6. Le Président du ("onseil. Ministre des .Affaires étrangères,
le Ministre de l'instrucf ion publique et des Beaux-.Arts et le Minis-
tre des Finances sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de
l'exéciititMi du présent décret.
NOTES ET DOCUMENTS 281
Les Langues vivantes aux Arts et Métiers
On sait qu'une récente réforme du concours d'entrée aux Ecoles
nationales d'Arts et Métiers a beaucoup diminué l'importance des
épreuves de Langues Vivantes qui, obliuntoires naguère deviennent
simplement facultalives.
Le Journal Officiel du 14 mars nous fait connaître la façon dont
ces épreuves seront cotées . • L'épreuve de langue sera cotée tant
à l'écrit qu'à l'oral de 0 à 20, mais elle ne pourra donner lieu qu'à
une majoration de point calculée dans les conditions suivantes :
toute note égale ou inférieure à 12 ne sera pas comptée. Au-dessus
de 12 la majoration sera : 1 point pour la note 13, 2 points pour
la note 14, etc., 8 points pour la note 20. Cette majoration s'ajou-
tera au total des points obtenus pour les autres matières à l'écrit
et à l'oral.
• Tout candidat qui n'aura pas obtenu à l'épreuve écrite de lan-
gue une note égale ou supérieure à 6 ne sera pas admis à subir
l'épreuve orale sur cette matière. »
(;e règlement semble iustifier les observations suivantes :
1" Les conditions rigoureuses imposées aux candidats qui vou-
dront présenter une langue vivante, le peu d'avantages qu'ils en
retireront, ne sont point faits pour engager nos futurs ingénieurs
A. ^f. à s'imposer la besogne supplémentaire de l'étude d'une lan-
gue vivante.
2" En effet, il est déjà malaisé d'atteindre le chiffre 12 dans un
examen, écrit ou oral. Nombreux jjarmi les candidats présentant
une langue seront ceux qui n'en retireront aucun avantage et
auront travaillé en pure jjerte.
3' Supposons qu'un candidat ])ossédant bien une langue
obtienne 14 à l'écrit et 15 à l'oral, qu'un autre, très fort, ait
16 et 16. Le premier bénéficiera de 5 points, celui-ci de 8, piteux
résultat dans un concours où le total des points peut atteindre
725 :
4' Ne vaut-il pas mieux, se diront les candidats abandonner
carrément les langues et consacrer tout notre effort aux matières
obligatoires dont certaines ont comme coefficient 3, d'autres
même 4 ? Qui donc en sera surpris ou aura le courage de blâmer
ces jeunes gens ?
5" Notons en passant que l'épreuve d'écriture reste obligatoire.
6" Mettons en regard de celle-ci la réforme qui vient de prescrire
deux langues obligatoires pour l'entrée à Polytechnique. Le con-
traste entre les deux mesures est piquant. Sans songer à mettre
X et Gadart sur le même plan, il s'agit cependant dans les deux
cas de la formation de futurs ingénieurs.
7" Au fond, cette mesure n'est qu'une nouvelle manifestation
de l'hostilité qui règne dans trop de milieux à l'égard des Langues
^'ivantes. /
Ch. V.-L.
L'Aoglais à l'Atelier
L'Ouvrier Moderne, périodique édité par la maison Dunod, et
qui a comme sous-titre : Revue Pratique du Contremaître et de
l'Ouvrier, publie, dans chacune de ses livraisons qu'illustrent de
nombreux dessins de machines, un Vocabulaire Technique avec la
mention supplémentaire : L'Anglais à l'Atelier. Notre confrère
justifie en ces termes son initiative : - Sous ce titre et dans le but
de rendre familière dans tous les ateliers la langue anglaise de plus
19.
282 LES LANGUES MODERNES
en plus répandue par suite de nos relations constantes avec nos
alliés, nous publions, avec leur traduction, un certain nombre de
mots techniques anglais concernant Tinstallation des usines, leur
personnel, leur outillage, les matières premières et leurs méthodes
de travail. — Nous donnons également des nomenclatures détaillées
d'organes d'appareils ou de machines. "
C'est un signe des temps ! Le monde de l'Industrie, comme" le
monde des Affaires a besoin, de plus en plus chaque jour, de con-
naître les Langues Etrangères.
Et c'est le moment que choisit la direction de l'enseignement
technique pour décréter la quasi-destruction des Langues Vivantes
dans les Ecoles Xationales d'Arts et Métiers, en décidant qu'elles
ne seront plus que facultatives au concours d'entrée et comme
matières d'enseignement dans ces établissements !
Ch. V.-L.
Les séjours à rEtrai)ger
Nous donnons ci-dessous le texte de la réponse reçue du Minis-
tère au sujet de la réclamation de notre collègue Dodauthua
(V. Langues Modernes, mars-avril 1920, p. 172). On observera que
cette lettre passe sous silence la question générale soulevée par le
Président de l'Association. Dans sa lettre à M. Bellin, directeur
de l'enseignement secondaire, M. Y eillet-Lavallée s'inquiétait de la
nécessité qui, souvent, oblige les jeunes professeurs de Langues
Vivantes, au début de leur carrière, d'interrompre leur service
pour aller faire un service à l'étranger en vue de préparer un
examen, conditions très onéreuses que ne connaissent pas nos col-
lègues de lettres, de sciences, d'histoire et que l'Administration
semble considérer avec indifférence.
27 février lOW.
Monsieur le Ptsésident,
Vous m'avez transmis récemment une demande formée par
M. Dodanthun, chargé de cours d'anglais au lycée de Nevers, en
vue d'être autorisé à valider par un versement rétroactif de rete-
nues les années scolaires 1905-1906 et 1906-1907. pendant lesquelles
il a exercé les fonctions de professeur assistant français à la
Boys'High School de Glasgow.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que les versements
rétroactifs, dont le principe n"est d'ailleurs pas inscrit dans la loi,
ne sont admis par le ininistère des finances et la Cour des Comptes
que lorsqu'il s'agit de réjjarer une erreur de l'administration,
c'estrà-dire lorsque le traitement d'un fonctionnaire a été indû-
ment affranchi des contributions réglementaires.
Or, tel n'est pas le cas pour M. Dodanthun. attendu qu'ainsi qu'il
le reconnaît lui-même, il a, pendant les périodes susvisées, été en
congé sans traitement.
.Au surplus, l'intéressé qui était alors professeur d'école primaire
supérieure, ne pouvait prétendre à un congé avec traitement, les
fonctionnaires de sa catégorie n'ayant pas, à cette époque, droit à
l'inactivité.
J'ajoute (|ue M. Dodanthun n'aurait pu continuer à subir les
prélè\enients |)our pensions civiles pendant son séjour à (ilasgow
que s'il v avait été détaché dans les conditions de rarticlc 4 de la
loi du 9'juin 18.Ï3.
Il ne mVst donc pas jjossiblc d'accorder aujourd'hui à ce fonc-
NOTES ET DOCUMENTS 283
lioiiiiaire l'autorisation qu'il sollicite et je vous e!i exprime mes
•vifs regrets.
lU'cevez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considération
très distinguée.
Le Directeur de la comptabilités
Signé : Illisible.
Le cas de notre collègue Uodanthun n'est pas unique. Et, vrai-
ment, est-il bien juste que les années de bourses, seules, soient
comptées pour l'ancienneté dei services ? Beaucoup de nos collègues
n'ont pu aller à l'étranger comme boursiers pour se préparer à
leur carrière ; certains, en partant, figuraient dans les cadres de
l'Université. Quelques-uns onf eu la chance de se trouver sous
les ordres de chefs qui s'intéressaient à leurs subordonnés et
s'inquiétaient, avec leur expérience de la vie et des règlements
universitaires, de l'avenir de ces jeunes professeurs. Ceux-ci reçu-
rent le conseil de demander un congé avec un traitement de 100 fr.
Ils continuaient ainsi à verser pour la retraite et ces années de
congé leur étaient décomptées comme annuités de services. Mais
la plupart, avec la belle imprévoyance de la jeunesse, ont été
mis en congé sans traitement. Ils' ressentent maintenant les fâcheu-
ses conséquences de cette mesure.
11 serait souhaitable qu'une décision s'inspirant de vues larges
et généreuses, des intérêts bien compris de l'enseignement univer-
sitaire permît à ceux de nos collègues qui ont été mis en congé
sans traitement, de faire des versements rétroactifs : ainsi serait
rétablie la situation qui devrait être la leur. On pourrai;! leur
imposer de faire la peuve qu'ils sont allés à l'étranger en vue de
leur préparation professionnelle. Cette preuve, il serait facile,
dans la plupart des cas, de l'administrer par la date des congés
accordés, la date de l'obtention de tel ou tel grade, et, poui" le
plus grand nombre sans doute, par les changements de résidence
inscrits sur le livret militaire. On ferait enfin état des attestations
délivrées par les établissements étrangers où ils ont enseigné.
Vaut-il mieux, au contraire, se retrancher derrière des textes,
invoquer des articles de lois, des règlements qui justifieront
l'inaction, s'inspirer de la lettre plutôt que de l'esprit ? Est-il
souhaitable que la forme prime la raison et l'équité ? Nous ne le
pensons pas.
Ch. V.-L.
Postes d'Assistai)ts eo Angleterre
Etant à Londres l'hiver dernier, • j'ai pu me rendre compte que
la situation des étudiants français en Angleterre est fort peu
brillante. Lorsque la livre valait ÔO fr. (elle est encore à 55 fr.
après avoir dépassé 67 fr), 500 fr. par mois ne représentaient
que 10 livres, et cette somme ne su/Jît pas pour vivre à Londres,
sans de réelles privations. Que dire des étudiants non boursiers ?
Ils cherchent, souvent en vain, des leçons particulières ou des
postes dans les écoles et s'estiment satisfaits quand ils peuvent
n'enseigner que 20 heures par semaine, et recevoir logement, nour-
riture et une guinée !
Or, il existe un système d'échanges qui a fait ses preuves : c'est
celui des assistants. Pour tout assistant britannique pris par un
lycée ou collège français, une école secondaire de Grande-Bretagne
reçoit un de nos étudiants. Dix heures de conversation par
semaine, en échange du pair ou de son équivalent, telles sont les
284 LES LANGUES MODERNES
conventions. Et à l'époque où nous sommes, avec les fluctuations
imprévues du change, les avantages sautent trop aux yeux pour,
qu'il soit nécessaire d"insister.
Mais la guerre a ralenti et presque interrompu ces échanges, et
maintenant les lycées de filles et de garçons qui demandent des
assistants ou assistantes britanniques sont en très petit nombre.
II y a, du côté français, une crise des assistants.
Comment a' remédier ?
En imitent l'exemple que viennent de donner nos collègues de
Lyon : les professeurs d'anglais du Lycée du Parc sont allés trou-
ver leur proviseur et lui ont exposé leur désir d'avoir un assistant
pour la rentrée d'octobre. Ils ont fait ressortir l'intérêt du lycée
à posséder un assistant, et l'intérêt de la France à faciliter le
séjour de ^cs étudiants en Grande-Bretagne. Le proviseur,
M. Vacher, a compris, et il a chargé un des professeurs de deman-
der un assistant à i^L Lucien Herr, qui au Musée Pédagogique,
41, rue Gay-Lussac. Paris (5''), centralise les demandes des provi-
seurs et les trouvent au Board o{ Education.
Telle est la marche à suivre ; si une trentaine de lycées français
agissaient de même, la crise serait conjurée. Nous adressons un
appel pressant à nos collègues d'anglais : qu'ils se souviennent de
leurs années d'étudiants, qu'ils songent aux conditions nouvelles
créées par la vie chère, à l'intérêt que présente le maintien de
l'amitié franco-britannique, et nous sommes sûrs qu'ils sauront
procurer un assistant à leur lycée et par réciprocité à un de leurs
jeunes camarades, un poste outre-Manche.
R. Gallanï.
Visite au Recteur de rAcadén^ie de Paris
Le jeudi, 6 mai, le président et les deux vice-présidents de
notre groupement ont été reçus à la Sorbonne par M. le recteur
Appell auquel ils désiraient présenter les hommages de l'Associa-
tion des professeurs de langues vivantes, et auquel ils jugeaient
opportun de faire connaître, tout au moins dans leurs grandes
lignes, les questions qui nous préoccupent le plus à l'heure
actuelle, notamment celles des deux langues obligatoires à Poly-
technique et à St-Cyr, et la réforme des Ecoles Normales Primai-
res. M. le Recteur a bien voulu les assurer de tout l'intérêt qu'il
porte à notre enseignement et de toute l'importance qu'il attache
à la connaissance des langues étrangères. Nous tenons à le remer-
cier ici de la bienveillance de son accueil et à lui renouveler
l'expression de notre resi^ectiieux ilé\ouement.
Les Conf)pagi)oi)S et les Langues vivai)tes
EXTHAITS DK LA >i SOLIDAnlTK •• Df 15 MAI5S
I. Sous la sii/nature de M. Cazamian
...Il semble que, tournant désespérément autour de la forteresse
des horaires, sur laquelle les intéressés montent la garde avec une
^•igilance toujours en é\eil — chacun sa tour ou son bastion — la
haute administration ait aperçu un point faible ou moins garni :
les langues vivantes. C'est de ce côté que se dessinerait l'assaut
prochain. Fidèles à leur doctrine, les Campagnons ne défendront
pas malgré fout, si des sacrifices y sont nécessaires, l'horaire
actuel de renseignement des langues. .Mais ils lutteront pour
qu'une tliscipliiie c[ui a fait, ([iioi qu'on en dise, ses preuves écla-
NOTES ET DOCUMENTS 285
tantes, ne soit point réduite dans un es|)rit de jîure réaction péda-
gogique. Le plan, Téchelle des programmes nouveaux, doiveuit être
élaborés en toute lumière, en toute sécurité impartiale. Les vérita-
bles bumanités modernes restent encore à définir.
Dès aujourd'hui des moyens sont à l'étude pour alléger le poids
dont l'apinentissage pratique des langues étrangères charge les
maîtres et les cours. On cherche à multiplier pour nos élèves les
séjours en pays étrangers ; on veut généraliser les échanges. Des
sections, des colonies norvégienne, suédoise, espagnole, polonaise,
danoise, tchéco-slovaquc, sont déjà créées ou préparées au Nord,
à l'Est, au Midi de la France, dans les lycées ou autour d'eux.
Des instituteurs anglais, en grand nombre, vont venir enseigner
dans nos écoles. La brièveté de l'entretien ne nous a pas permis
d'obtenir, sur ce dernier point, les précisions désirables...
Quel sera le sort des " secondes langues » *? M. Luchaire ne peut
oublier que les intérêts de l'italien, qui lui sont chers, paraissent
liés au régime actuel. Mais nul problème n'est insoluble. La sou-
plesse des programmes devra s'adajjter à la complexité des faits.
L'enseignement des langues vivantes gagnera infiniment à la rup-
ture du cadre autoritaire qui les ploie toutes, quel que soit leur
génie, quel que puisse être leur rôle, aux mêmes méthodes, aux
mêmes règlements.
IL Paragraphes du questionnaire de la section d'études de l'en-
seignement des humanités, relatifs an Français et aux Langues
Vivantes.
Français
.\dmettez-vous que le français devienne le centre des humanités
modernes ?
Pensez-vous qu'on pourrait mettre d'accord le programme des
auteurs français avec le programme d'histoire et avec celui de
géographie de chaque année, en étudiant par exemple l'année où
l'on étudie le moyen âge les auteurs de cette époque les plus acces-
sibles et les auteurs en œuvres des autres époques qui se rappor-
tent au moyen âge ; de même l'année où l'on étudierait par exem-
ple l'Afrique en géographie, des œuvres se rapportant à l'Afri-
que ?
Comment envisagez-vous l'explication française ? Doit-elle êtr.-
une lecture expliquée ou doit-elle être poussée à fond ?
Comment envisagez-vous l'enseignement de l'histoire littéraire ?
Comment répartissez-vous le programme entre les classes ?
Langues vivantes
Faut-il concevoir l'enseignement des langues vivantes comme
une discipline simple, ou y établir des distinctions profondes
selon chaque langue étrangère, son génie, sa grammaire, la situa-
tion géographique du peuple qui la parle, et l'état de nos relations
avec lui ?
Comment formuleriez-vous les fins de l'enseignement, et dans
quelle mesure feriez-vous place à la méthode directe, pour la lan-
gue ou les langues que vous connaissez ?
Que pensez-vous de l'utilisation des lecteurs étrangers qui
prendraient, les élèves hors de la classe par peti'ts groupes et
seraient chargés d'entretenir les connaissances pratiques acquises
avant l'entrée au lycée (à l'école unique» ?
Pensez-vous que l'extension du nombre des lecteurs pourrait être
obtenue à peu de frais en accueillant des élèves ou des étudiants
étrangers que l'on échangerait au besoin avec des Français "?
Quel doit être le rôle des langues vivantes dans le programme
des humanités modernes ?
286 LES LANGUES MODERNES
Moderi) Hun)ai)jties Research Association
Une réunion provoquée par la Modem Humanities Research
Associafion dont le Président d'honneur est M. G. Lanson, directeur
de l'Ecole Normale supérieure, a eu lieu le 20 mars, à la Sorbonne.
M. Allison Peers, de l'Université de Cambridge, qui est secrétaire
de l'Association, a pris la parole pour exposer le but de ce grou-
peinent scientifique : il s'agit de faciliter les recherches et les
travaux des personnes qui s'adonnent à des études littéraires, phi-
losophiques, linguistiques, historiques sur les civilisations et les
langues modernes. En créant des centres d'information, on procu-
rera les renseignemelits nécessaires aux chercheurs empêchés de
se déplacer et on évitera les études simultanées et parallèles sur
un même sujet.
On voudrait organiser en France un groupement national qui
serait une ramification de la Modem Hiimnnities Research Asso-
ciation. La réunion était présidée, en l'absence de M. Lanson,
empêché, par M. Legouis. Une discussion a suivi à laquelle prirent
part Miss Black, MM. Aïlison Peers, Cazamian, Cestre, Chamard,
Hauvette, Hazard, Hiichon, Huçiiiet, Michon, Mornet, Pernot, Reynier,
Thomas, Van Tieghein, Veillet-LaiHillée.
Le Président de l'Association des P.-L.-V. a notamment assuré
M. Allison Peers du concours sympathique de notre groupement à
l'oeuvre entreprise par la M. H. R. A. qui est en rapports étroits
avec la Modem Langiiage Association, société anglaise qui corres-
pond à la nôtre et avec laquelle nous; entretenons depuis longtemps
des relations amicales. Le Bureau de l'Association s'est déjà
préoccupé de contribuer, dans la mesure où la chose sera possible,
à cette organisation du travail scientifique, but de la M. H. R. A.
Il a désigné Mlle Brnnel, notre archiviste, comme représentant de
notre association auprès de la M. H. R. .\. Notre groupement sera
toujours heureux d'aider de tout son pouvoir ceux' qui luttent
pour la cause des Humanités Modernes.
La Crise du livre
Un correspondant nous écrit :
« ...Vous savez quelle est la gravité de la crise du livre. Les
études anglaises en particulier sont paralysées par le change. Il
faut être riche ])our acheter des livres anglais. Or il y a beaucoup
de livres anglais en F"rance et de livres inemployés, dans les
bibliothè(|ues de professeurs décédés par exemple. Ne croyez-vous
pas que votro Revue rendrait un très grand service en ouvrant une
rubrique pour la vente et l'acliat de li\res anglais ?
« Ceux qui les possèdent i)ourraient en tirer un prix avantageux ;
ils pourraient les revendre au jjrix d'achat, j'imagine, et cepen-
dant ce serait encore grand bénéfice pour les acquéreurs. H y a
sûrement quelque chose à faire... »
Nous suggérons à nos abonnés l'utilisation à cet égard de nos
< Petites Annonces » qui leur sont gratuitement ouvertes à raison
de i]Ln\x par an, et qui pourraient être l'embryon de ce, service de
librairie.
Associatior) des Institutrices diplôn)ées ^
La double assemblée générale de l'Association des institutrices
diijlômées fondée |)ar Mlle Sanua et de l'Association des élèves de
l'école du baut enseignement commercial s'est tenue à 10 h. et
demie du matin, le dimanche 29 fé\ riei\ au Musée Social.
NOTES ET DOCUMENTS 287
L'Association des institutrices diplômées connue sous le nom de
TA. I. D. a rendu d'immenses services aux jeunes filles pourvues
de brevets et désireuses de les utiliser. Mlle Sanua qui, comme
secrétaire générale, en est l'àme, s'est toujours fait un agréable
devoir de leur venir en aide et, mettant à leur service, son infati-
gable dévouement, a réussi à leui^ procurer des situations dignes de
leur savoir.
L'Ecole du Haut Enseignement commercial (E. H. E. C.) qui s'est
greffée sur l'A. L D. fournit à ses adhérentes un enseignement
très substantiel, à la fois théorique et éminemment pratique,
<lestiné à leur être d'un grand secours dans la vie.
La double initiative de Mlle Sanua est couronnée de succès et,
malgré les circonstances tragiques que nous avons traversées,
l'A. L D. n'a cessé de prospérer sous son imjjulsion bienfaisante.
Au cours de la séance du 29 février, Mlle Sanua, en un langage
éle\é, a rendu hommage au zèle de ses collaboratrices, n'oubliant
qu'elle-même. Les membres du Comité avaient tenu à lui témoigner
leur affectueuse estime en lui demandant de présider l'Assemblée
générale au moment même où son activité et la pleine réussite de
ses projets ont été otriciellement reconnues par sa nomination au
("onseil Supérieur de l'Instruction Publique. Notre Association qui
entretient a^ec l'A. I. D. des relations de bon voisinage et qui a,
plus d'une fois, eu recours à elle pour le placement de jeunes filles
se fait un plaisir d'adresser à Aille Sanua ses vi^•es félicitations
pour l'honneur qui vient de lui être conféré.
La Secrétaire générale de l'A. I. D. avait présidé la première
Assemblée en 1909. Entre 1909 et 1920, Mme Cruppi, Mlle .Milliard.
M* Henri-Robert, le Professeur Landouzy. Mlle Chaptal, M. Mau-
rice Donnay. Mme Jules Siegfried. M. \'ictor Cambon, se sont
succédé au fauteuil ])résidentiel. L'œu\re accomplie par Mlle Sanua
devait attirer l'attention et gagner la sympathie d'éminentes oer-
sonnalités.
Ui)iversité de Londres
L'Université de Londres organise à partir du 23 juillet, en par,-
ticulier pour les Professeurs ou étudiants étrangers, déjà familia-
risés avec l'emploi courant de la langue, des cours de vacances
ayant pour objet les sons de la langue parlée, la législation péda-
gogique récente, l'histoire de Londres, et un certain nombre de
grandes œuvres littéraires. Des classes de phonétique pratique, de
conversation et de lecture auront également lieu, sous la direction
ou avec la participation du professeur Walter Ripman. Trois diplô-
mes (d'assiduité, d'anglais parlé et d'anglais écrit) seront délivrés
(les frais d'examen sont de 10 fr. pour chacun des deux derniers)
sous la responsabilité du Unioersitij Extension Board^ Des réun-ons,
un concert, une réception par le personnel enseignant, et plusieurs
excursions font partie du programme. Les frais d'inscription pour
l'ensemble des conférences sont de £ 4, et de £ 2 si l'étudiant
n'assiste pas aux classes de phonétique et de conversation ; mais
ils ne seront pas reçus avant que la demande d'admission ait été>^
acceptée. Ecrire pour tous renseignements à :
The University Extension Registrar,.
LTniversity of London,
London. S. W. 7.
et inscrire sur l'enveloppe : Holiday Course.
288
LES LANGUES MODEHNES
Université de Strasbourg
Cours pratiques d'allemand pour les étudiants
Français et Etrangers 0)
Des cours spéciaux destinés aux étudiants et aux personnes qui
désirent se perfectionner dans la connaissance de la langue alle-
mande auront lieu à l'Université de Strasbourg pendant les
vacances scolaires de l'année 1920. Ils commenceront le 1" juillet
et prendront fin le 30 septembre. L'enseignement forme un toui.
continu ; néanmoins il sera organisé de telle façon que les parti-
cipants puissent se faire inscrire à la date de leur choix pour des
périodes de durée variable.
Ces cours, dont le caractère est essentiellement pratique, ont
pour objet d'habituer les étudiants à parler et à écrire correcte-
ment l'allemand. Toutefois quelques heures seront réservées à des
conférences en langue allemande sur des sujets d'ordre littéraire
et historique. Ces conférences constitueront une utile initiation à
l'étude de l'Allemagne contemporaine.
Tous les cours et conférences sont faits par des professeurs
appartenant depuis de longues années soit à l'Université de Stras-
bourg, soit à divers établissements d'enseignement public de l'Al-
sace et ayant une connaissance parfaite de la langue allemande
et des choses d'Allemagne.
Le nombre des cours ou conférences en langue allemande est de
11 par semaine (2 heures par jour les lundi, mardi, mercredi,
jeudi et vendredi, 1 heure le samedi matin'. L'horaire sera établi
de façon à permettre aux étudiants étrangers de suivre également
les cours de français moderne qui auront lieu aux mêmes dates à
l'Université de Strasbourg.
Programme. — L'enseignement porte sur les matières suivantes :
Phonétique, exercices de prononciation, de diction et d'éio;-
cution. — Exercices grammaticaux, dictées, compositions écrites. --
Traduction orale (de français en allemand ou d'une langue étran-
gère en allemand). — Conversation dirigée et exposés oraux. —
Lecture et explication de textes modernes. — Conférences, littéraires
et historiques.
Conditions d'admission. — Les étudiants qui désirent suivre les
cours devront être âgés de 17 ans au moins et être pourvus d'un
diplôme ou certificat attestant qu'ils ont fait des études secondaires
ou primaires supérieures.
Frais d'études. — La fréquentation des cours d'allemand don-
nera lieu à la perception des droits suivants :
Pour une période^ de 4 semaines : 45 francs. — Pour une période
de 6 semaines : 60 francs. — Pour une période de 8 semaines .
75 francs. — Pour une période de 12 semaines : 90 francs.
Direction. — Les cours praticjues d'allcmaml sont dirigés par
un Comité, composé de professeurs de la Faculté des lettres de
Strasbourg, qui ont pu, au cours de leur carrière, se familiariser
avec les conditions de l'enseignement dans divers pays étran-
gers.
(1) I) est à peine nécessaire d'insister sur les avantages uniques
ainsi offerts aux étudiants de licence, et à quiconque veut étendre
ou raffermir sa connaissance de l'allemand : le moindre ne sera
pas la combinaison du maximum de compétence avec une parfaite
tranquillité d'es|)rit |)our les visiteurs, par comparaison avec
l'Allemagne, sans parler de la beauté du pays et de la facilité des
excursions.
N. D. L. R.
NOTES ET DOCUMENTS 289
MM. F. liALDiiNSPEUGEK, chargé de cours à la Sorboiinc, profes-
seur de littératures conii)arées, ancien ■ professeur
échange ■> aux Universités Harvard et Columbia (Etats-
Unis).
G. Cohen, chargé de cours de littérature du moyen âge,
ancien professeur de langue et littérature françaises à
l'Université <î' Amsterdam.
E. KoHLEH, maitre de conférences de langues et littératures
romanes. Directeur de l'Institut de français moderne.
G. Maugain, professeur de langue et littérature italiennes,
ancien directeur des cours de français à l'Institut français
de Florence.
A. Mazon, chargé de cours de langues et littératures slaves.
A. Terracher, professeur d'histoire de la langue française,
ancien professeur aux Universités de Baltimore (John
Hopkins) et de Liverpool.
E. Tonnelat, ancien professeur à l'Université de Genève
(Suisse), professeur de langue et de littérature allemandes
à l'université de Strasbourg.
E. Ver.meu,' professeur de langue et de littérature alleman-
des à rUiliversité de Strasbourg.
Pour les renseignements concernant les études et les inscrip-
tions, s'adresser à M. Tonnelat, délégué du Comité de Direction, à
l'Université de Strasbourg.
Pour les renseignements concernant les dé{ails de la vie prati-
que, s'adresser au Bureau de renseignements pour les étudiants
étrangers, à l'Université de Strasbourg.
Séjours ei) AllerT)agi)e occupée
Plusieurs collègues nous ont demandé quelles étaient les forma-
lités à remplir pour pouvoir séjourner en Allemagne occupée ;
voici quelques indications pouvant leur être utiles :
1° Dans la zone d'occupation le sauf-conduit ordinaire, délivré
par le commissaire de police, est suffisant. — Il ne faut de passe-
port que pour pénétrer en .\llcmagne non occupée (on ne l'exige
même pas pour une simple excursion; ;
2° Les voyageurs peuvent emporter dix francs de petite monnaie
et mille francs en billets ;
3" D'après les renseignements que nous avons recueillis, nos
collègues trouveront aisément à se loger partout, et surtout dans
les grandes villes et les villes d'eaux, ils auront peu de difficulté
à se procurer une nourriture convenable.
Cours de vacaQces
Le Proviseur du Lycée de Mayence comj)te organiser cette année
des cours de vacances pour les élèves des lycées et les jeunes gens
C^ui désireraient se perfectionner en allemand. Il se chargera volon-
tiers d'indiquer aux parents des familles disposées à prendre des
pensionnaires.
Pour le moment il n'est pas question d'organiser de cours
pour étudiants dans le genre de ceux qui avaient lieu jadis à
Fribourg et à Kaiserslautern.
290 LES LANGUES MODERNES
Bureau lr)teri)atioi)al d'éducatioi)
COMITÉ DE PATRONAGE
M. HovELAQUE, Inspecteur général de Flnstiuction publique.
Général Lyactey.
Général de Mald'huy.
M. Jean Périer, Consul général, attaché commercial à l'Arahas-
sade de France à Londres.
M. H. Berthon, Professeur à ITniversité d'Oxford.
D"" Fletcheh. Headmaster, Gharterhouse.
The Hon. Alice Bruce, Vice-Principal, Somerville, Collège,
Oxford.
M. Louis-.J. Mercier, Professeur à l'Université Harvard. •
Mettre eu rapport ceux qui, en France comme au dehors, s'occu-
pent d'éducation et, en particulier, les parents et les maîtres dési-
reux soit d'envoyer leurs enfants dans un "pays étranger, soit de
recevoir les jeunes gens de ces pays.
Rien autant que ces visites mutuelles ne peut contribuer à res-
serrer l'union des peuples vraiment civilisés ; mais il faut qu'elles
soient bien organisées et que les choix de familles ou d'écoles
soient faits très soigneusement et en connaissance de cause.
Spécialisés en ces questions d'éducation internationale, les fon-
dateurs du B. I. E. s'adressent :
Aux familles qui veulent envoyer leurs enfants à l'étranger ;
qui cherchent un précepteur ou une institutrice de nationalité
étrangère ;
qui désirent recevoir de jeunes étrangers ;
Aux ÉCOLES qui cherchent des maîtres, des lecteurs ou des élèves
étrangers.
Aux ÉTUDIANTS ET AUX PROFESSEURS qui vculent Organiser un
séjour d'études à l'étranger.
Le B. I. E., soucieux de favoriser le développement intellectuel
et moral des jeunes gens qu'il guide, demande à ses correspondants
de lui fournir d'indiscutables garanties et s'astreint à un contrôle
aussi minutieux que possible.
Pour tous renseignements écrire à l'adresse ci-dessous en deman-
dant, s'il y a lieu, un rendez-nous à Paris (récci)tion une fois
l)ar seniaiMc).
lîrr.EAU Inteuxational D'É!)t(:ATL')x,
^'ER^EUIL (Eure).
-<iKl>-
Mouvement du Personnel
Ei)seigi)en)eot Supérieur
Sont rangés dans la 2 classe, par ordre d'ancienneté, les maîtres
de conférences des Facultés des lettres de ri'niversitts de Paris tlont
les noms sui\ent :
A partir du 1" juillet 1919 : MM. Huelion, Cazamian.
Ecole Norroale Supérieure
Les professeurs et maîtres de conférences de la Faculté des
lettres de l'Université de Paris dont les noms suivent, sont dési-
gnés pour faire leur service à l'école normale supérieure pendant
l'année scolaire 1919-1920 :
Legouis, professeur de langue et littérature anglaises.
Cazamian, maître de conférences de langue et littérature anglai-
ses.
Huchon, maître de conférences de langue et littérature anglaises.
Andler. professeur de langue et littérature allemandes.
Lichtenberger. jjrofesseur de littérature et jîhilologie germani-
ques.
Rouge, maître de conférences de langue et littérature alle^
mandes.
Hauvette, professeur de langue et littérature italiennes.
Sont nommés membres de la Commission extraparlementaire
chargée d'étudier les projets relatifs au développement de l'ensei-
gnement supérieur instituée au Ministère de l'Instruction publique
par le décret du 15 mai 1919 :
M. Legouis, professeur à la faculté des lettres de l'Université de
Paris, président de l'association des professeurs des Facultés des
lettres.
Lycées de GarçoQS
.Anglais. — Xominations : MM. Dufrénois, chargé de cours à
Evreux, y est nommé. — M. Salle (Grenoble) permute avec
M. Mairot (Alais). — M. Artorit, chargé de cours à la Roche-sur- Yon,
y est nommé. — M. Vannier, en suppléance, lycée du Parc (Lj'on)
remplace M. Ritz, décédé, jusqu'à fin année scolaire (même
h'cée). — M. Audian, délégué Toulouse, jusqu'à la fin de l'année
scolaire, en remplacement de M. Maffre. décédé.
Congés : M. Camerlynck (lycée St-Louis) du 19 janvier au 12
juillet. — M. Pellissier, ancien délégué (Havre) pour l'année
1920. — M. Amy, chargé de cours (Cahors) du P"" janvier au 30
septembre. — M. Fleurant (Carnot) du 15/4 au 14/10.
Honornriat : M. Roy, ancien chargé de cours (Albi). — M. Ques-
nel, ancien professeur (Cherbourg).
Allemand. — Xomiiialion : M. Roy. ancien chargé de cours (Rar-
292 LES LANGUES MODERNES
le-Duc» est uomnié (3* classe) Bastia, en remplacement M. Pra-
dère. •
Congés : M. Pradère (.Bastia). — M. Berthelot (Alais) et M. Lous-
sert (Tullei, du 1^"^ janvier au 30 septembre. — M. Hirtz (Poitiers
du 19 janvier au 30 juin. — M. Milliot-Madéran (Louis-le-Grand
12/1 ail 30/9. — M. Loquet, délégué (Voltaire) 12/1 au 30/9. —
M. Pradère (Bastia», du 1/2 au 30/9. — M. Gaubert (Belfort), du
12/1 au 30/9. — M. Malaisée (Evreux) du 12/1 au 30/9. — M. Breis-
troffer (Grenoble) du 12/1 au 30/9. — M. Barnier (Metz), du 12/2
au 30/9. — M. Thierry (Montluçon^ du 12/2 au 30/9.
Honorariat : M. Schmutz, ancien chargé de cours (Grenoble).
Espagnol. — -domination : M. Bistos. agrégé, collège Bagnèreé-
de-Bigorre, nommé (4* classe) lycée de Tarbes (emploi vacant j.
Honorariat : M. Lianta, ancien chargé de cours (Oran).
Congé : M. Dibie (Henri IV et Carnot) du 1/2 au 30/9.
Italien. — M. Paolantonacci (Thonon), délégué Annecy jusqu".'i
la fin de l'année scolaire.
Collèges de Garçoos
Anglais. — Xominations : M. Dombre, délégué (1" ordre
(5- classe), la Rochefoucault est délégué (1*"^ ordre) (6* classe), Per-
jjignau (chaire transformée). — M. Pérat, licencié, répétiteur à
Parthenay ; délégué même titre à la Rochefoucault en remplace-
ment M. Dombre. — M. L'Hommelais, délégué Chàteaudun. —
M. Robart, délégué provisoire lettres et anglais, ^Melun, nommé
professeur d'anglais' sur place. — M. François, nommé de Chàteau-
dun à Sidi-Bel-Abbès.
Congés : M. Combe (Montargis) pour l'année 1920.
Honorariat : M. Courau (Libourne), à la retraite.
•Allemand. — Xominations : M. Tabernat, délégué non installé
(Baume-les-Dames) passe (1*"^ ordre) (5' classe), à St-Claude en
remplacement M. Buisson, non acceptant. — M. Buisson, licencié,
est délégué en remplacement M. Barraud (St-Claude). — M. Boinct.
licencié, est délégué (1" ordre) (5"^ classe) à Fiers, en remplacement
M. Kerdavid. — M. Clerc, licencié, est délégué à St-Yrieix, en rem-
placement de M. Guérithault, appelé à d'autres fonctions. —
M. Cathaly, licencié, est délégué jusqu'au 14 juillet en remplace-
ment de M. Basty (Blanc).
Congés : M. Kerdavid, délégué à Fiers. — M. Schoenlaub
(Brioudc) du 1"" janvier au 31 décembre.
Honorariat': M. Laurent (CJiinon).
Congés (l'inactivité : AL Ricard, Agde, du 20/1 au 14/7. —
M. Bastv, Le Blanc, du 1/2 au 14/7. — M. Armand, Civrav. du
20/1 au* 14/7. — .M. Colle. Pontoise, du 20/1 au 14/7. — M." Bar-
raud, St-Claude, du 20/1 au 14/7. — M. Guérithault, St-Yrieix.
du 26/1 au 14/7. — M. Soum, Saintes, du 20/1 au 14/7. — M. Fèvre,
Vassy. du 20/1 au 14/7.
Espagnol. — M. LafTaye, répétiteur, Toulouse, délégué lettres et
espagnol, Béziers.
Lycées de Jeunes Filles
.Anglais. — Mlle Dosmond (Louise), certifiée (4*' classe) à Tour-
non est nommée à \ancy (emploi nouvtmu). — Mlle Simon
(Jeanne) à Dax (4" classe) en congé, est nommée chargée de cours
(même classe; à Tournon, en remplacement Mlle Dosmond.
MOrVKMENT Dl' PKHSONNEI, 29:5
Ai.i.icMANu. — Mlle Tocquard (.Suzanne), certifiée, suppléante au
collège d'Epernay, est chargée de cours {6' classe) à Nancy (emploi
nouveau).
Collèges de JeuQes Filles
Anglais. — Mme Michel (4" classe) Villeneuve-sur-Lot, est nom-
mée professeur (même classe) à Grasse en suppléance de Mlle
Bouchet, en congé jusqu'au 3(J septembre. — Mlle Berlandina,
certifiée, sup|)léante au lycée Montgrand (Marseille) est nommée
(6" classe) collège de Villeneuvc-sur-Lot, en suppléance Mme Michel.
— Mlle Bréchaille, agrégée (6' classe) lycée de Lille, détachée pour
.") ans à Kabat (Maroc». — Mlle Balcncy (6" classeï à Saumur. nom-
mée (même classe) à Dax, en remplacement Mile Simon. — Mlle
Peyre. certifiée, déléguée lycée gartjons de Tulle, est nommée
(6" classe) Saumur, en remplacement Mlle Balency. — Mlle Cha-
puis, certifiée, déléguée lycée de garçons de Roanne, est nommée
(6'' classe) à H|)erney, en remplacement Mlle Dieu en congé. —
.Mlle Barry, certifiée, est nommée (6' classe) en suppléance de
.Mlle Perraut (déléguée au lycée de Nancy jusqu'au 30 septembre)
au collège de Chalon-sur-Saône. — Mlle 5letzger, certifiée, nom-
mée suppléance Saumur.
Allemand. — Mlle Roux (5'< classe) à Verdun, en congé, nommée
(même classe) à Langres, en suppléance de Mme Baudot (en congé
jusqu'à fin année scolaire^
Ecoles NoriT)ales d'Instituteurs
Anglais. — .M. Pouron (CerJ. Apt. E. N. et E. P. S.) est nommé
<6' classe) à Rennes, en remplacement de M. Ozouf.
Allemand. — M. Hénon est nommé (6" classe) à Varzy, en rem-
placement de M. Higault.
Ecoles Priroaires Supérieures de CarçoQS
Anglais. — M. Durand, licencié, est délégué à Dax en remplace-
ment M. Galibert.
Allemand. — M. Riss, adjoint à Giromagny (6' classe) ((lert. Apt.
L. V. I est nommé (même classe) professeur, à partir de jan-
vier 20. — M. Lechner, nommé professeur d'allemand, Toul.
Ecoles Prini)aires Supérieures de JeuQes Filles
Anglais. — .Mlle Savard. C. Apt. Eus. L. V.. auxiliaire à Lille
est nommée professeur à partir de janvier 20 à la même école
(emploi nouveau) et passe 4'" classe. — Mlle Exbrayat (4'' classe) à
Tulle, est nommée (même classe) à Tours (emploi nouveau). —
Mlle Bourgeois, inst. à Bellac, C. .\pt. Ens. L. V. est déléguée
jusqu'au 30 septembre inst. adj. à Tulle, en remplacement de
.Mlle Exbrayat. — Mme Huet-Lefebvre (.5" classe) à Pithiviers
est nommée (même classe) à Gondecourt en remplacement Mlle
Paillard qui résigne ses fonctions. — Mlle Canidet. C. Apt. Ens.
L. V. est déléguée inst. adj. jusqu'au 30 sept, à Pithiviers en l'em-
placement Mme Huet. — Mlle Ombredane, inst. adj., déléguée à
Orléans, est nommée même école à partir 1'"'^ janvier 20 (passe
294 LES LANGUES MODERNES
5* classe). — Mlle Foiiassicr, prof. adj. à St-Chamoud, C. .Apt. Eus.
L. V. est nommée à partir l'^'' mars, même école (passe 3' classe».
Allemand. — Mlle Girardot, inst. adj. à Grav, C. Api. Eus. L. V.
est nommée professeur même école à partir du 1'""^ janvier 20
(passe G' classe). — Mlle Pougeux, inst. adj. à Sarreguemines, est
déléguée jusqu'au 30 sept, à Rethel, en remplacement Mlle Boudet.
— Mlle Ott, inst. adj. à Mézières (Cert. L. V.) est nommée à partir
de janvier 20, prof, même école (6'' classe).
Sujets d'Exan)ei)
Certificat d'aptitude à rEoseigoenr)eot de la Langue
Anglaise dans les Lycées et Collèges
Session spéciale d'Avril 1920
Version angloise
So it was with a fairly hlank mind, and yet a liopc of imuIli-s-
tanding, or at least of seeing. something rèmarkably fresh. that
1 woke to hear we were in harbour. and tumbled ont on deck' at
six of a fine siimmer morning to view a new world. New York
harbour is loveliest at night perhaps. On the .Staten Island ferry
boat you slip ont from thc darkncss right under the immense sky-
scrapers. As they recède they form into a mass togethcr, heapiiig
up one behind another, fire-lined and majestic, sentinel over the
black, gold-streaked waters. Their clift-like boldness is thc grca-
ter, bccausc to either side sweep in the East River and the Hudson
River, leaving this pilcd promontory between. To the right hang.->
the great stretch of the Brooklyn Suspension Bridge, its slignl.
curve very purely outlined with light ; over it iuminous trams,
likc shuttles of firc, are thrown across and across, continually
weaving the stuff of human existence. From further off ail thèse
lights dwindle to a radiant semicirle that gazes ont over the
exjjansc with a quiet, mysterious expcctancy. Far away seaward
you may see the low golden glarc of Coney Island.
But therc was bcauty iiV the view that morning, also, half an hoiir
after sunrise. New York, always the cleanest and least snioky of
citics, lay aslcep in a queer, pearly, houricss light. A thin mist
softencd the further outlines. The water was opalescent under a
silver sky, cool and dim, very siightly ruftlcd by thc sweet wind
that foUowcd us in from the sea. .\ fcw strcanicrs of smoke
flew above the city, oblique and parallel, ]H'nnants of our civi-
lisation. The spacc of water is great, and so the vast buildings do
not towcr above one as they do from the strcet. Scale is lost, and
they might be any size. Thc impression is, rat'her, of long, low
buildings strctching dowii to the watcr's edge on cvery side. and
innumerablc low black wharvcs and jcttics and picrs. And at one
point, the lowcr ciid of thc island on which thc (".ity |)ro])er stands,
rose that highcr clunip of thc great buildings, thc Singer, the
Woolworth, and the rest. Their strength, almost scvcrity, of line
and the lightncss of their coloiir gave a kind of classical feeling.
classical, and yet not of Euro])c. It had thc air, this block r)f
MOUVKMENT I)f PEHSONNKL 295
niasoiiry, <>f cdificos built to satisfy sonie faith, far niorc than
immédiate ends. Oiily, thc faith was unfamiliar... It came upon
me, at that moment, that thèse strange fanes could not hâve been
dreamed and made withoiit some nohility. Perhaps Ihe hour lent
them sanctity. For I hâve often noticed since that in the early
morning, and again for a little about sunsel, the sky-serapers are
no longer the mcans and local conveniencc for men to pursue thcir
purposes, but acqiiire that characteristic of the great buildings of
thc world, an existence and mcaning of their own.
Rupcrt BitoOKE, Le tiers frum Ainerica.
Dissertation anglaise
Out of the weaith and variety of materials in An Inland Voijage,
point out the unity of R. L. Stevenson's personality.
Thème anglais
A la fourche maîtresse d'un robuste pommier sauvage, une
étrange créature féminine était juchée. Sans pitié i)our la santé
du fruitier qu'elle avait pris d'assaut, elle cassait de, belles bran-
ches chargées de pommes vertes, et les distribuait libéralement à
deux gamins en haillons, vautrés au pied de l'arbre. ql.ii détalè-
rent précipitamment dés qu'ils eurent entrevu le visiteur. La
cueilleusc de pommes, empêtrée dans les ramures touffues, ne pou-
vait se tirer d'affaire avec la même facilité. Elle saccrocha à
l'une des branches, abaissa violemment les feuillées, et, se voyant
bloquée sur son perchoir, elle demeura un moment bouche béante.
C'était une jeune personne à laquelle, à première vue, Francis
donna H ou 15 ans. Elle paraissait en effet à peine sortie de
l'adolescence. Ses épaules, sa poitrine plate et sa taille mince
n'avaient pas encore pris tout leur développement ; ses mains
rouges, emmanchées à de longs bras, semblaient d'autant plus
démesurées qu'elles sortaient des manches étriquées et trop
courtes d'un corsage taillé en blouse. Pourtant la partie inférieure
du corps, déjà plus complètement formée, indiquait qu'après
l'achèvement de la croissance tous ces angles étaient dcslims à
disparaître : les hanches s'arrondissaient sous la jupe collante, et,
grâce à la posture de cette fillette perchée sur une branche, les
jaml)es pendarvtes et bien modelées montraient leurs chevilles
finement attachées à deux pieds mignons et cambrés, chaussés de
bottines dont plusieurs boutons avaient sauté. La tête, qui passait
à travers le feuillage, était pour le moins aussi originale que la
toilette de cette créature. Une figure longue au nez retroussé, à la
bouche très rouge et largement fendue ; deux grands yeux fauves,
un front busqué, des mâchoires saillantes, un teint blanc semé
de taches de son, et. comme encadrement, une épaisse chevelure
rousse, frisée comme une toison et moutonnant jusqu'au-dessus
des épaules — puis, dans la bouche, dans les ailes du nez, les
fossettes des joues et les prunelles des yeux, un éclair d'audace
et de malice passant rapidement par intervalles, comme passe un
coup de soleil sur la plaine par une journée de vent.
André TheurieT' La Sauvageonne.
-^-
296
LES LANGUES MODERNES
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris VH% à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
1. Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre -lignes chacune; insertions ultérieures à Ofr.50 la ligne.
2. Nos correspondants sont prévenus que la composition des Petites
Annonces des Langues Modernes est arrêtée le 15 de chaque mois.
1. Ppofesseup diplômé (Oxford), veut recevoir pensionnaires dans sa
maison. Vie de famille et leçons. Conditions modérées. Références
excellentes. S'adresser : M. k., 28, Woodbastwich Road, Sjdenham,
Londres.
2. On achèterait d'occasion. Chamber's Cyclopœdia of English Lite-
rature, dernière édition, en bon état. Ecrire : Louis Rocher, prof..
Lycée du Parc, L^on.
3. Vilia, 6 pièces, à louer meublée (5 lits) de juin à octobre. Bord
de la mer. 2.000 francs. Colleville-sur-mer (Calvados). S'adresser à
Mme Meister, 71, rue Servan, Paris Xl% ou à M. Commarmond, 37,
rue des Martyrs, Paris IX«.
4. L'Ecole de Bedales-Petersfield cherche un professeur de français.
Prière au.x candidats de se mettre en rapport avec M. Veillet-Lavaïlée,
président de l'Association.
-«a»-
Le Gérant : A. C.oueslant.
CAHOKS, iMP. couESLANT (persoimel intéressé). — 22.933
Dix-huitième année. — N* 4 Juillet-Août içao
Les
Langues Modernes
A.'vîs îïiai^oï'ta^nl:
Le Secrétaire Général cl la Trésorière prient instamment
leurs collègues de leur signaler leurs changements d'adresse on
de situation, afin d'éviter la perte de la revue.
La Trésorière (M"'' Ledoux, 30, R. Chevert, Paris, 7')»
rappelle aux membres de l'Association qu'un compte-courant de
chèques postaux lui est ouvert sous le w 151-11 par le bureau de
Paris. Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant
de leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à litre
de reçus le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
<W>-
A nos Collaborateurs
La Rédaction est à son grand regret contrainte, par une augmenta-
tion subite et considérable du prix du papier, de demander aux colla-
borateurs qui ont si largement répondu à son appel de février dernier,
un effort supplémentaire de condensation, tant en ce qui concerne
les articles indépendants que les comptes rendus bibliographiques ou
corporatifs.
L'étendue des Chroniques Etrangères doit être au maximum de
quatre pages, et d'une demi-page en moA'enne celle des comptes ren-
dus critiques. A ce prix seulement ne sera pas rompu l'équilibre
entre la partie corporative et l'information professionnelle, qui sont
également essentielles à la vie et à l'intérêt de la revue.
20.
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION POUR 1920
BUREAU
Président : M. Veillet-Lavallée, professeur d'anglais à l'Ecole
Arago, 2 rue Mizon, Paris XV'.
Vice-Présidents : M. L.-V. Cart, professeur d'allemand au Ljcée
Carnot, 8, rue Jouffroy, Paris, XYII" ; M. Boussagol, professeur
d'espagnol au LA'cée Condorcet, 6, rue du Moulin-Vert, Paris, XIV.
Secrétaire général : M. Bloch, professeur d'allemand au Lycée
Hoche, 3, avenue de Picardie, Versailles.
Rédacteur du Bulletin : M. G. d'Hangest, professeur d'anglais
au Lycée Condorcet, 117, pd. Exelmans, Paris XVP.
Trésorière : Mlle Ledoiix, professeur d'anglais au Lycée Victor-
Duruy, 30, rue Chevert, Paris. VIP.
Trésorier-adjoint : M. Bellec, professeur d'anglais au Collège de
Poiitoise.
Archiviste : Mlle Briinel, professeur d'anglais au Lycée Fénc-
lon, 35, rue Madame, Paris VP.
COMITÉ
Membres élus en 1918
MM. Arnciudet, professeur d'anglais au Lycée Carnot.
Aiibenay, professeur d'allemand au Collège de Privas.
Banchet, professeur d'anglais au Lycée Hoche,
Breiiil, professeur d'allemand au Collège de Compiègnc.
Brocard, professeur d'anglais à l'Ecole Lavoisier.
C(irt, professeur d'allemand au Lycée Carnot,
Mlle Clôt, professeur d'anglais au Lycée Racine^
M. Delobel, professeur d'allemand au Lycée Voltaire.
Mlle Demmer, professeur d'allemand au Lycée Victor-Duruy.
MM. Garnier, professeur d'anglais au Lycée Henry-IV.
Monyiiillon, professeur d'anglais E. P. S. Le Havre.
Membres élus en 1919
MM. H. Bloch, i)rofesseur d'allemand au Lycée Hoche.
Bellec, professeur d'anglais au Collège, Pontoise.
Diivergé, professeur d'anglais au Lycée Michelet.
Guillotel, professeur d'anglais au Lycée Charlemagnc.
Jciniin, professeur d'anglais à l'Ecole Lavoisier.
Kosziil, professeur à l'Université de Strasbourg.
Lecigne, professeur au Collège, Cambrai.
Mlle Lalappi}, jirofesscur d'anglais au Lycée Victor-Duruy.
i
I
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION 299
MAf. Mis, professeur d'allemand au Lycée de Lille.
Roux, professeur d'anglais E. P. S., Orléans.
Mlle Weiflcr, professeur d'allemand au Lycée Jules Ferry.
Membres élus en 1920
M. Boussagol, jjrofesseur d'espagnol au Lycée Condoreet.
Mlle Brunel, professeur a'anglais au Lycée Fénelon.
MM. Carillon, professeur d'allemand au collège de St-Germain.
Chemin, professeur d'angLiis au Lycée Carnot.
(joy, professeur d'allemand à l'Ecole normale supérieure de
St-Cloud.
d'IIangest, professeur d'anglais au Lycée Condoreet.
Mlle Ledoiix, professeur d'anglais au Lycée Victor-Duruy.
MM. Martin, professeur d'allemand au Lycée Janson ôe Sailh*.
Montaubric, professeur d'anglais au Collège de Nogcnt-le-
Rotrou.
Pinloche, professeur d'allemand au Lycée Michelet.
Veillet-Lavallée, professeur d'anglais à l'Ecole Arago.
COIVIITÉS DES SECTIONS RÉGIONALES
Lyon
Président : M. Douadij, professeur à l'Université de Lj-on.
Vice-présidente : Mlle Mathieu, professeur au Lycée de J. F. de
Lyou.
Trésorier : M. Chaurand, professeur-honoraire au Lycée Am-
père.
Secrétaire : M. Pierre Legouis, professeur au Lycée Ampère.
Poitiers
Président : M. Caslelain, professeur à l'Université de Poitiers.
Vice-Président : Mme Godillon, professeur à l'E. P. S. de Poi-
tiers.
Vice-Président : M. Hirlz, professeur au Lycée de Poitiers.
Secrétaire : M. Audoin, professeur au Lycée de Poitiers.
Trésorier : M. trwy, professeur à l'Ecole normale de Poitiers.
Membres du Comité : Mlles Chaigneau et Pivetaud, professeurs
au Collège de Jeunes filles de Poitiers.
M. Martin, professeur à TE. P. S. de Châtellerault.
Toulouse
Président : M. Loiseau, professeur dé Langue et Littérature
allemandes à l'Université de Toulouse.
Vice-Présidents : M. Mérimée, professeur de langue et litté-
rature espagnoles à l'Université de Toulouse ; Mlle Maijrand,
professeur d'anglais au Lycée de jeunes filles de Toulouse.
300 LES LANGUES MODERNES
Secrétaire-Trésorier : .1/. Oranger, professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Membres du Comité :
Enseignement féminin : Mlle East, professeur d'anglais à
l'E. P. S. de jeunes filles de Toulouse.
Enseignement supérieur : M. Duméril, professeur de Langue et
Littérature anglaises à l'Université de Toulouse.
Professeurs agrégés : M. Escarti, professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Professeurs chargés de cours : M. Jalubert, professeur d'alle-
mand au Lycée de Toulouse.
Professeurs de collèges : N.
Enseignement primaire : M. Py, professeur d'espagnol à l'Ecole
P. S. de Castres.
Représentants de la Régionale auprès du Comité de l'Associa-
tion des Professeurs de L. V, de l'Enseignement Public (Art. 10,
par. 5 des Statuts de l'Association) :
MM. Hilleret, professeur d'anglais au Lycée de Toulouse ; Py,
professeur d'espagnol à l'Ecole P. S. de Castres.
RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE (1)
des membres de l'Association
A
Abisoii, professeur au Collège, Bagnères-de-Bigorre.
Achille, professeur au Lycée, Fort-de-France (.La Martinique'/.
Airault, professeur au Collège, St-Maixent.
Albert, professeur à l'Ecole Normale, Miliana (Algérie).
Aldecoa {de), proviseur du Lycée de Casablanca (Maroc).
Allanche, professeur au Collège, Moissac (Tarn-et-Garonne).
Ancelet Hiistache (Mme), professeur au Lycée, St-Qucntin.
André, prof, au Lj'cée Janson-de-Sailly, Paris.
André (Mlle), professeur. Cours Secondaires, Chàtellerault.
André (Mlle), professeur à l'E. P. S., Decazeville (Aveyron).
Andréa, professeur au Ljcée, Marseille.
Anne, professeur à l'E. P. S., Gisors (^Eure).
Araneder, professeur à l'Ecole du Grand Bayonne, Bayonne (B.-P.).
Arnaudet, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Arlaril, 10, rue de Saumur, La Roche-s.-You.
Ascher, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Assant, professeur au Lycée, 20, rue Aniiral-Liuois, Brest.
Aube, professeur à l'E. P. S., 52, rue Balay, St-Etienne.
Aiibenas, professeur au Collège, Privas (Ardèche).
Audibert, prof., Lycée BufTon, Paris.
(1) Prière d'adresser les rectifications à M. H. Bloch, 3, avenue
de Picardie, Versailles. Wl
ANNUAIUK DE L'ASSOCIATION 301
Audoin, professeur au Lycée, Poitiers.
Aiidy (Mlle), prof. Ecole normale et K. P. S., 22, U. des Sablières,
Bordeaux.
Au/fret, i)rofesseur à TE. P. E., Douarnenez rinistère.
Auvrny, professeur au Lycée, St-Hrieuc.
Aniilcarc Azzi, professeur' au Lycée Virgile, Mantouc (Italie").
Ai'r(i>in}i(!es (Andréas), Km\. Police Oirice, Nicosia (C-yprusi.
Bitbin, professeur Lycée Poincaré, Nanc}-,
Ihuhflart (Mlle), professeur au Lycée J. P., Reims.
licihans, professeur au Lj'cée -Condoreet, Paris.
BaiUy, professeur au Lycée Poincaré, Nancy.
Balandinn (Mlle), professeur au Lycée de garçons, Périgueux.
Baldensperqer (Mlle), professeur. Collège J. F. Pau.
Bitlli}, prof., 9, rue des Alpes, Grenoble (Isère),.
Balsenle, ])rofesseur au Collège, Sarlat (Dordognc).
B(tnchet, professeur au Lycée Hoche, Versailles.
Banon, professeur au Collège, Draguignan (Var).
Bnraddl, professeur au Lycée, Toulouse.
B(ir(tt, professeur au Lycée, Grenoble.
Barbeau, professeur à la Faculté des lettres, Cacn.
Barbigino (Mlle), professeur à l'Ecole Normale, Arras.
Baret, professeur honoraire à la Sorbonne, 2, rue Gare de Long-
champs, Suresnes,.
Barbier, professeur E. P. S. Chàtillon-s.-Chalaronne (Ain).
' Barnier, professeur, Prytanée militaire, La Flèche.
^;Baron, professeur au Collège, Brive (Corrèze).
iarrat (Mlle), professeur à l'Ecole primaire supérieure (g.), Pons.
Barraud, jn-ofesseur au Collège, Saint-Claude (Jura).
Bartier, professeur au Lycée, 46, rue de la Chèvre, Metz.
Barthélémy, professeur au Collège, Verdun (Meuse).
Bascan, professeur. Ecole J.-B. Say, Paris, IG''.
Bastide, professeur au Lycée Charlemagne, Paris.
Basty, professeur au Collège, Le Blanc (Indre),
Bayle, professeur à l'Ecole primaire supérieure, Angoulême.
Bazennerie, professeur au Lycée Henri-IV, Paris.
Bazillon, professeur au Collège, Sarreguemines.
Beaujeu, professeur au Lycée Condoreet, Paris,-
Beaumont, professeur à l'Ecole primaire supérieure, Rouen,
Beourepère, professeur au Prytanée militaire, La Flèche.
Bec, professeur au Collège Chaptal, Paris.
Béchade (Mlle), professeur au Collège de filles, Limoges.
Bêcher, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Béchot, professeur, 102, rue Victor-Hugo, Avesnes.
Bécoiirt (Mlle), professeur au Lycée Molière, Paris.
Bégiiinot (Mlle), professeur à l'E. P. S., Bazas (Gironde).
302 LES LANGUES MODERNES
•
Beilvert, professeur au Collège, Condé-sur-Escaut (^Nord;.
Beley (Mlle), professeur au Lj'cée de Jeunes filles, Marseille.
Beley, professeur au Lycée St-Louis, Paris.
Bellec, professeur au Collège, Pontoise, Seine-et-Oise.
Beltetie, professeur au Ljcée, Tourcoing.
Benassy, professeur au Lycée Caruot, Paris.
Benazet (Mlle), professeur à l'E. P. S., Toulouse.
Bénéteau (Mme), professeur au Lycée (F.), (Alger).
Berger, professeur à la Faculté des lettres, Bordeaux.
Bérillon (Mlle), professeur au Lycée Racine, Paris.
Berland, professeur au Collège, Auxerre.
Bernard, professeur villa Anselme, rue a'Auvergne, Vichy.
Bernard (Mlle), professeur au Lycée (F.), Bordeaux.
Bernard (Mlle), professeur au Collège (F.), Oran.
Bernaux; professeur à l'Ecole Arago, Paris,
Bernère, professeur au Lycée, Foix (Ariège).
Bcrnheim, professeur au Lycée Charlemagne, Paris.
Bertaux, professeur au Lycée Buffon, Paris.
Berthet, professeur au Lycée Lakanal, Sceaux (Seine),
Bertrand, professeur au Lycée, Limoges.
Bertrand, professeur au Lycée, Toulouse.
Bessé, Directeur de l'Ecole Jules->Ferry, Versailles.
Besson, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Bezier, professeur au Lycée, Orléans.
Bianqiiis (Mlle), professeur au Lycée (F.), Reims.
Bibliothèque du Collège, Gaillac.
Bibliothèque du Collège, Gray.
Bichet, professeur au Collège, St-Nazaire.
Bié, professeur. Ecole Pratique de Commerce, Mazamet (Tarn).
Bieth, professeur au Lycée, Roanne.
Bigoudot (Mlle^, prof. Lycées Victor-Hugo et Fénelon, Paris.
Bistos, professeur au Lycée, Tarbes.
Bloch (Albert), 24, rue de Château-Landon, Paris.
Bloch (E.-H.), professeur au Lycée Janson-de-Sailly, Paris.
Bloch (Henri-L.), professeur au Lycée Hoche, Versailles.
Bloch (Maurice), professeur au collège, Sarreguemincs.
Blondelet (Mme\ 5, rue des Filles-St-Thomas, Paris.
Bocave, professeur au Lycée, Lille.
Bade vin (Mlle), professeur au Lycée Kléber, Strasbourg.
Boisset, professeur Ecole primaire supérieure, Voiron (Isère).
Boisson (Mlle), professeur. Ecole normale (F.), St-Germain.
Bompieyre, professeur au Lycée, Foix.
Bondii (Mme), Le Clos Joli, av. du Ch. de fer, Combes-la-Villc
(S.-et-M.h
Bonnal, professeur au Collège, Millau (Aveyron).
Bonnard, 46, rue Dulong, Paris.
Bonnet (Mlle), prof, cours compl., V, P., 12, place d'Anvers, Paris.
i
ANNUAIRE DK I/aSSOCIATION 303
Monnet, professeur. Ecole militaire, Montreuil-s.-Mer (Pas-dtv-
Ciilais).
Bnnniol, professeur. Cours de la Ville, 37, rue Delambre, Paris.
Honnct-Cros (Mme), Cours du XV", 234, boulevard Raspail, Paris.
Honnoront, professeur au Lycée du Parc, Lyon.
Borner, professeur au Lycée Janson-dc-Saill}', Paris.
Hosc (Mlle), professeur, Ecole supérieure (F.), Nancy.
Bostj (André), professeur au Collège national et à l'alliance fran-
çaise Casilla de Correo, liuenos-Aires.
Boucher (U.), pi-ofesseur au Lycée, Bourges.
Boucher (Emile), professeur au Collège, Boulogne-s»-Mer.
Bouchez, professeur au Lycée Poincaré, Nancy.
Bouchon, professeur à l'Ecole J.-B. Say, Paris.
Boudimjou (Mme), professeur, 4, rue de la Communauté, Brest.
Boudonis, professeur au Collège, Castelsarrazin (Tarn-et-G.).
Boue (Mlle), professeur au Collège (F.'», Auch.
Boue, professeur au Collège, Villefranche-de-Rouergue,
Bouet, professeur à l'PvColc Normale, Beauvais.
Bouillerce (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Nay (B.-P.).
Boulaij (Mile), professeur au Lycée (F.), Màcon.
Boulai/ (Mlle), professeur au Collège (F.), La Roche-sur-Yon.
BouWès (Mlle), Ecole primaire supérieure (F.), Miliana, Algérie.
boulègue, professeur au Collège, Privas (Ardèche).
Bourdoncle, prof. Collège, rue Crot Pinçon, Clamecy (Nièvre).
Bourgeois (Camille), professeur au Lycée, Orléans.
Bourgeois (Maurice), élève à l'Ecole normale supérieure, 20 bis,
rue Censier, Paris.
Bourgoin (Mlle), professeur au Lycée (F.), Poitiers.
Bourgoin, professeur au Lycée, Périgueux.
Bourgougnon, professeur au Collège, à Cusset (Allier).
Bousquet, professeur au Lycée de Sens (Yonne).
Bousquet, professeur à l'Ecole normale, Miliana, Algérie.
Boussngol, professeui* au Lycée Condorcet, Paris.
Boussinesq (Mlle), professeur au Lycée Victor^Duruy, Paris.
Bourgin, professeur au Lycée, Montpelliert
Bourgogne, professeur au Lycée Condorcet, Paris,
Bontinaud, professeur à l'Ecole St-Louis, Limoges.
Bovee (A. G.), Head of the Departnaent of French, University of
Chicago, U. S. A.
Boger, administrateur de l'Ecole spéciale des langues orientales
vivantes, rue de Lille, Paris.
Brauer, professeur Institut St-Berthuin, Malonne-lez-Namur (Bel-
gique).
liriquelot, professeur, Bar-le-Duc.
Brocard, professeur à l'Ecole Lavoisier, 34, rue Madame, Paris.
Brocart, professeur E. P. S., Lille.
Broche, professeur au Grand Lycée, Marseille.
304 LES LANGUES MODERNES
Brosse, prof. Cours compl., V. P., 31, R. des Vignerons, Vinccnnes.
Brûlé, professeur au Ljcée, Evreux.
Brun, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Brun (Louis), professeur au Lycée Charlemague, Paris.
Briinel (Mlle), professeur au Lycée Fénelon, Paris.
Briinet, professeur au Lycée, Cahors (Lot).
Bruno (Mlle), professeur. Collège J. F., Castres (Tarn).
Bruyères, professeur au Collège, Pont-de-Vaux (Ain).
Burghard professeur au Lycée Voltaire, Paris.
Byron-GalUni, 17, rue du Château, Vincennes.
Cagniard, professeur au Lycée, St-Omer.
Cahen (Maurice), 78, rue Montplaisir, Valence (Drôme).
Cfa'Z/ef/ professeur Collège, St-Germain (Seine-et-Oise).
Collais, professeur au Collège Baume-les-Dames (Doubs).
Calmettes (Mlle), professeur au Collège (P.), Carcassonne.
Calos (Mlle), professeur aux Cours Commer. V. P., Paris.
Calzan, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Camerlynck, professeur au Lj'cée St-Louis, Paris.
Camerlynck (Mme G.), professeur, cours second. XP arr.. Paris.
Cambillard (Mlle), 3, rue de la Courte-Côte, Le Havre.
Camhrou (Mlle), professeur au Collège, Tanger, Maroc.
Campmas, professeur au Collège, Lectoure (Gers).
Capela, professeur au Collège, Barbezieux (Chai'ente^.
Carayon, professeur au Collège, Bagnères-de Bigorre.
('.(trayon, professeur au Collège Chaptal, Paris.
Cardon, professeur au Collège, St-Xazaii'e.
Carias (Mme), professeur E. P. S., Pézenas.
Carillon, professeur au Collège, St-Germain-cu-La3'e.
Carré (J. M.), maître de conférences à l'Université, Lyon.
Carré, professeur à l'E. P. S., Vichy, Allier.
Caron (Mlle), professeur au Lycée (F.). Tarbes.
Curroué, professeur au Collège, Thiers.
Cart (L. W.\ professeur au Lj-cée Carnot, Paris.
Castelain, professeur à la Faculté des lettres, Poitiers.
Calala, professeur au Lycée, Douai (Nord^.
Instituto Tccnico di Catania (Sicile).
Caujollc. professeur au Lycée, Agen.
Cauvin, jîrofesseur au Collège, Mortain.
Camiillon (Mlle), professeur à l'E. P. S., Thionvillc.
Cayrou, professeur au collège. Le Blanc.
Cazainian, maître de conférences à la Sorbonne, Paris.
Cellier, professeur au Collège, Narbonne.
Central High School, Scranton, Pennsylvanie.
Chahas, professeur au Lycée Carnot. Paris.
ANNUAIUE DE L'ASSOCIATION 30")
Chabot, professeur au Lycée, Guéret.
Chabot, professeur à la Faculté des lettres, Lyon.
Chnffiirin, professeur au Lycée Buffon. Paris,
Chaigneau (Mlle), professeur au ('oUège (F.), Poitiers.
Chailliin, maître aux E. P. S., La Seyue, La Loubière, Toulon.
Chanibitle, professeur au Collège, Riom (Puy-de-Dôme).
Chumbonnaud, professeur. Ecole supérieure comm., Paris.
Champion, ])rofesseur-adjoint. Lycée Condorcet, Paris.
Changeur, Hôtel Cordier, Brcssuire.
Charles, rue Jean-.Iackson, 1245, Montevideo, Uruguay.
Charles (Mme), professeur à l'E. P. S., La Souterraine (Creuse).
Chariot (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Toulouse).
Charpentier, professeur au Lj'cée, Pau.
Châtelain, professeur au Collège (F.), Valence (Drôme).
Chauchard, professeur au collège, Fécamp (S.-Inf.).
Chaufoiir, Directeur du Collège français, Beyrouth (Asie-Mineure).
Chausse, professeur au Collège, Châtellerault (Vienne).
Chauvet, professeur au Lycée, Mulhouse.
Cheffaud, Pens. Fond. Thiers, 5, Rond-Point Bu^eaud, Paris.
Chemin, professeur au Lycée Carnet, Paris.
Chevron (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Romans (Drôme)
Chon, professeur au Lycée, Poitiers.
Choux, professeur au Lycée, Evreux (Eure).
Cicille, professeur au Lycée, Poitiers,
Claudei'ille (Mme), professeur à l'E. P, S., Poitiers.
Clermont, proviseur du Lycée, Nice,
Cloarec, professeur à l'E, N, d'Instituteurs, Renues.
Clôt (Mlle), professeur au Lycée Racine, Paris.
Cochet, professeur au Ljcée, Orléans.
' Cohen-Solal, professeur au Lycée, Oran, Algérie.
'Coiffier (Mlle), professeur au Lycée (F.), Toulouse.
Coignaud, professeur à l'E. P. S., Carentan, M^anche.
Coince (Mlle), professeur. Lycée (J, F,), Le Puy (Hte-Loire).
Cotens, professeur au Lycée, Poitiers,
Colle, professeur agrégé d'allemand.
(follet, professeur agrégé d'espagnol, 10 avenue Kléber, Paris.
Collette (Mlle), professeur au Lycée (F.), Reims,
Collin, professeur, rue Tarbé, Paris, XVIP.
Combes, {)rofesseur au Lycée, Montauban.
Commarmond, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Comment, professeur au Lycée Oran.
Commiano, Athènes.
Constant, professeur au Lycée Janson-de-Sailly, Paris.
Copillet, 4, rue des Ursulines, Meaux.
Coricon, professeur au Lycée, Coutances.
Corteel, professeur au Lj'cée Condorcet, Paris.
Cortot, (.Mlle), professeur au Lycée Molière, Paris.
306 LES LANGUES MODERNES
Coste, Professeur au Lycée d'Avignon.
Coiilonjon {Mlle"), professeur à l'E. P. S., Albi.
Crampton (F. "NV.), 28, Woodbastwich Road Sydeuhani, Londres.
Courtois (.Mlle), professeur à l'E, P. S., Aubenas, Ardèche.
Crayssac, professeur au Lycée, Angoulême.
Créances (Mlle), professeur au Lycée Fénelon, Paris.
Christiani, professeur à l'E. P. S., Bandol-Var.
Cru. professeur Williams Collège, Wllliamstown, Mass. — U. S.
Cruvellier (Mlle), professeur au Collège (P.), Béziers.
Cury (Mlle), Déléguée au Collège, Fiers, Orne.
Danchin, professeur au Collège Rollin, Paris.
Dansac, professeur au Lycée Pasteur, Neuilly-s. -Seine.
Darnaiid, professeur au Lycée, Toulouse.
Dassonville, professeur au Collège, Cambrai (Nord).
Daubié, professeur à l'E. P. S., Besançon.
Daiidin (Mlle), professeur au Lycée (F.), Bordeaux.
Daiinois (Mlle), Directrice à l'E. P. S. (F.), Nontrou.
Daiiven, prof, au Lycée, Charleville.
Davesne (Mlle), professeur au Lycée (F.), A^ersailles.
Dax, professeur au Lycée, Tourcoing.
Uebfiilleiil, professeur au Lycée, Lille.
Debès, professeur au Prytanée militaire, La Flèche (Sarthei.
Deconde, professeur au Collège, Joigny.
Decroix, professeur au Lycée {¥.), Rouen.
F-edde (Mlle), professeur au Lycée (F.), Guérct.
Deflers, professeur au Collège, Lisieux.
Deglaire, professeur au Lycée, Cherbourg,
Degniuu, professeur au Collège, SaiTcguemines
Degré, professeur au Collège Diderot, Langres.
Déluge, 123, rue St-.Tacques, Paris.
Delattre, professeur à la Faculté des lettres, Lille (Nord).
Delavaiid, professeur à l'Ecole Pratique de Commerce, Le Mans.
Delcros (Mlle), professeur au Lycée, Agen.
Delmas, professeur au Collège, Morlaix (Finistère).
Delobel, professeur au Lycée Voltaire, Paris.
Demaud, 38, cours Fauriel, St-Eticnne.
Demeaiix, professeur au Lycée, Albi.
Déminer (Mlle), professeur au Lycée Victor-Diiruy, Paris.
Deniniolle, ])rofesseur an Lycée, Nevers.
Denis (Paul), professeur au Lycée, Beauvais»
Denis (J.), professeur au Lycée .ampère, Lyon.
Denjan, professeur au Lycée, Poitiers.
Deny, professeur à l'Ecole des langues oriejitales, Paris.
Dequaire, professeur au Lycée Voltaire, Paris.
ANNUAIH1-; DE L'ASSOCIATION 307
Derucquignij, professeur, à la F"aculté des lettres, Lille.
Dcsdiilis, professeur au Lycve, Bastia, (-orse.
Descoiichaiil (Mlle), professeur au Collège (F.), La (Châtre.
Desclos-Auricoste, professeur au Lycée Coiidorcet, Paris.
Desesbats, professeur au Lycée, Périgueux.
Desfeiiilles, professeur au Lycée, Amiens.
Desinis, professeur à PE. P. S., Landrecies, Nord.
Despont, 57, Bd Gambetta, Cahors.
Desport (Mlle), professeur à l'E. P. S., Pontlevoy (.Loir-et-Cher).
Dessagnes, professeur au Lycée LoUis-le-Grand, Paris.
Desoanx (Mlle), professeur à l'E. P. S., La Gravière, par Migennes
(Yonne).
Destyignes, professeur Ecole J.-H. Say, Paris.
Desvignes, professeur au Collège, Vic-en-Bigorre (Htes-Pj'rcnécsj.
Dethoor (Mlle), 11, rue des Sables, Coudekerque-Branche (Nord).
Devaiissanoin, professeur au Collège Chaptal, Paris.
Devaiix, professeur au Collège, Vire (Calvados).
Deveaud (M. l'abbé), 30, rue Basse, Niort.
Devin, professeur au Lycée, Le Havre.
Dézert, professeiur au Lycée, Angers.
Dihie, professeur au L^cée Henri IV.
Didelot, profess-eur au collège, Commercy.
Digeon, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Digoit, professeur au Collège de Verneuil-s.-Avre (Eure).
M. le Directeur des Cours Secondaires, Trêves (Allemagne occupée).
Dispan de Floran, professeur au Lycée Lakanal, Bourg-la-Reine.
Dodanthiin, professeur, 1, rue des Récollets, Nevers.
Dollé, professeur à PE. N. d'instituteurs, Pau.
Doiitonville, professeur au Lycée, Avignon.
Doiiady (Mme), professeur au Lycée (F.), Lyon.
Douadij, professeur à la Faculté des lettres, Lyon.
Dreseh, professeur à la Faculté des Lettres, Bordeaux.
Dreyfus, professeur au Lycée, Besançon.
Drain, professeur au Lj'cée Buffon, Paris.
Droin, P., pi-ofesseur au Collège de Beaune (Côte-d'Or).
Dubois, professeur au Lycée de Toulouse.
Dubos, professeur au Lycée, Bordeaux.
Dubourg, professeur au Lycée, Agen.
Dubreuil, professeur au Collège, Cholet (.Maine-et-Loire).
Duc (Mlle), professeur au Collège (F.), Evreaix.
Duc, professeur au Collège, Chinon.
Duchatelle, professeur au Collège, Salins (Jura).
Duc}iei7iin, professeur à l'Ecole Turgot, Paris.
Ducheniin, professeur au Lycée Voltaire, Paris.
Ducos, professeur au Collège, Schlestadt.
Dudin, professexir au Lycée, Rochefort.
Dufrénois, professeur au Lycée, Evreux,
308 LES LANGUES MODERNES
Iniisit, professeur au Lycée, Chambéry.
Dumarchat, professeur au Collège, Libourue.
/J«77!«s, professeur au Collège, Vienne (Isère).
Diiineril (E.), Chargé de cours à la Faculté, Poitiers.
Lumeril, professeur à la Faculté des lettres, Toulouse.
Diimont, professeur à TE. P. S., Rouen.
Duniont, professeur au Lj'cée Ampère, Ljon.
Diincaii (Mlle), professeur au Lycée, Grenoble.
Diincan, Jos.-B., Acting Secretraj of Public Instruction, Panama
City (Rep. de Panama).
Diiplenne, professeur au Collège de Cholet (Maine-et-Loire).
Dupont (Mme), 50, rue St-Brice, Chartres.
Diipré, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Diipré (Mme), professeur au Lycée (J. F.), St-Cloud.
Diipiiy (Mlle), professeur au Lycée (F.), Nantes.
Duraffoiir, chargé de cours de philologie française à la Faculté
des Lettres, Grenoble (Isère).
Durand (Mlle), professeur à l'E. N. (F.), Rodez (Aveyron).
Durand (Mlle), 7, rue Mourillon, Toulon.
Durand, professeur, 10, quai du Midi, Tournus (Saônerct-Loire").
Duraud, professeur au Lycée, Toulouse.
Dussaud, professeur au Lycée, (llermont-Ferrand.
Duvergé, professeur au Lycée Michelet, Vanves.
Dycke, professeur au Lycée, Lille. '
East (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Toulouse. ■
Elirhardt, professeur à la Faculté des lettres, Lyon.
Engel, professeur au Collège, Mirecourt (Vosges).
Ensch, professeur à l'Ecole Indust., Esch-sur-^l'Alzette (Luxem,-
bourg).
Escurti, professeur au Lycée, Toulouse.
Eslibolte, professeur à l'E. N., Perpignan (Pyr.-Or.).
Evrard (Mlle), 32, Bd Montparnasse, Paris.
E.vhrai/at (Mlle), professeur à l'E. P. S.. Tours.
Fiibre^ professeur au Lycée, Fort-de-France.
Fafin (Mlle), professeur au Collège (F.), Vitré (Ille-et-Vilainc).
Farenc (Mlle), professeur au Collège (F.), Cahors (Lot).
Farsat, professeur au Lycée, Bastia.
Fuucon-Dumonl (Mlle), ])rofcsseur à TE. P. S., Quimpcrlé.
Faure (l'al)bé), professeur à TF^cole N. I)., Guéret (Creuse).
Faure (L.-,T.-I)ésiré), professeur au Collège, VillefrancJic-Sr
Saône (Rhône).
l'arre. |)rofcsseiir au Lycée. Moulins.
ANNL'AIKE DE L'ASSOCIATION 309
Ferlin, professeur au l.ycc'c (larnot, Tunis.
Feuilleral, professeur à la Faculté des Lettres, Rennes.
Fcvre (Mme), 15, rue Philibert de la Mare, Dijon.
Fischer (Mlle), professeur au Collège (F.), Chalon-s.-Saôuc.
Fischer, j)rofesseur au Lvcéc Talcnce, Bordeaux.
Hscher (F-), professeur au Lj'cée, Marseille.
Flaire, professeur à l'Ecole J.-B. Say, 5, rue Mignon, Paris.
Fleur, professeur au ('.ollègc. Vannes.
Fleurant, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Foui (R. L.\ professeur au Lycée, St-Ktiennc.
Forgei, instituteur, secrétaire général de la F'édération des
Anciens combattants de l'K. P., 108, rue de Patay, Paris, XIIF.
Forné, 49, rue Maubeuge, Paris.
Foucaull, professeur au Collège, Melle.
Fourgeaud, professeur au Lj'cée, I>a Roche-s.-You.
M. le Directeur de l'Ecole Pratique Comm. et Ind., Fourniies
(Nord).
Fourneau (Mlle), 26, rue de l'Yraon, Tourcoing.
Fournenj, professeur au Lycée Louis-le-Grand, Paris.
Fournier, professeur au Lycée, Charleville.
Fournier, professeur à l'E. P. S., Cannes.
Fourot, professeur à l'E. N., Colmar.
Français, professeur au Lycée, Laon.
François, professeur au Lycée, St-Omer.
François-Poncet, professeur agrégé d'allemand, 90, rue d'Assas,
Paris.
Franzini, professeur au Lycée, Bastia.
Fruppier, professeur au Collège, Civi'aj' (Vienne).
Fiéchet, 7, rue Bausset, Paris.
Frédric, professeur à l'E. P. S., Lorient (Morbihan).
Frehse, professeur au Lycée Eti.-Quinet, Bourg (Ain).
Fremin, professeur au Collège. Sauniur (Maine-et-Loire).
Freytag, professeur à l'Ecole de la rue Molitor, 10, Paris XVP
Gachet (Mlle), 5, Aima Tcrrace, Allen Street, Kensington,
Londres W.
Gagnot (Mlle), professeur au Lj'cée Victor-Duruy, Paris.
Gai, professeur à l'E. P. S., Barbezieux.
Galla, Instituto Tecnico Teusinieri, Vicenza, Italie.
Galibert, professeur à l'E. P. S., Dax, Landes.
Gallant (Mlle), 1, rue prée d'Allemagne, Angers (Maine-et-Loire).
Galland, 12, rue Montalembert, Limoges.
Gallas, professeur à l'Université, Palestriuastraat, 7, Amsterdam.
Gallot, professeur à l'E. P. S., St-Désir-de-Lisieux (Calvados).
Gambier, professeur au Lycée, Constantine, Algérie.
310 LES LANGUES MODERNES
Gnrcin, professeur à l'E. P. S., Riez (Basses- Alpes).
Garçon, professeur au Lj'cée, Bourg (Ain).
Garnier, professeur au Lycée Henri-lV, Paris.
Gasca (Vicente Antonio), Escuela Profesional de Comercio, Valen-
cia (Espagne).
Gasne, professeur au Lycée, Toulon (Gard).
Gassan, professeur au Lycée, Tarbes, (Htes-Pyrénées).
Gaucher (Mme), professeur au Lycée (P.), St-Etienne (Loire).
Gandin, professeur au Collège, Saulieu (Côte-d'Or).
Gandin (Raoul), professeur au Lycée, Bordeaux.
Gehendez-Denis (Mme), professeur Cours Secondaires, Montbcliard
(Doubs^.
Geismar, professeur au Lycée, Limoges.
Genevois, professeur au Lj'cée, Bordeaux.
Genévrier, professeur au Lycée, Tours.
Georg (Mlle), professeur à l'E. N., Lons-le-Saulnier.
Gérard, professeur au Lycée, Strasbourg.
Gérard, professeur au Lycée Buffon, Paris.
Gérardin, 7 bis, av. Gambetta, Clermont (Oise).
Geyer, professeur au Collège, Nouméa (Nouvelle-Calédonie).
Giacomoni, professeur au Ljcée, Toulon.
Gibeliii, professeur au Lycée, Nîmes.
Gilard (Mlle), professeur au Ljcée (F.), Marseille.
Gillard, professeur au Lycée, Toulouse.
Gillet, professeur au Collège (Chalon-sur-Saône).
Girard (Mlle), professeur au Lycée (P.), Lyon.
Girard, professeur au Lycée, Rennes.
Girardot (Mlle), professeur à l'E. P. S., Gray.
Girolanii, professeur au Lycée, Bastia.
Girot, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Gladivin (Irving C), Groton School, Groton Mass., U. S. A.
Gober t, professeur au •Collège, Mirecourt.
Godart, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Godillon (Mme), professeur à l'E. P. S., Poitiers.
Ga'pi> (Mlle), professeur à l'Ec. Prat. de Comm. (P.), Reims.
Goiseij (Mlle), professeur Coll. (P.), Dreux.
Goret, professeur à l'E. P. S., Bordeaux.
Ga'tschy, professeur au Lycée Voltaire, Paris.
Goll, professeur au Lycée, Besançon.
Gondry, professeur au Collège, Arras (Pas-de-Calais).
Gonin, professeur au Lycée Mignet, Aix.
Gorce, professeur à l'E. N., .Ajaccio (Corset .
Gorcet, professeur à l'E. P. S., Talcncc, Bordeaux.
Goupillon (Mlle), Impasse de la Moutonnerie, Chartres.
Gourhault, professeur au (Collège, Saint-Servan.
Gourio, professeur au Lycée Bulfon, Paris.
Goulay, jjrofesseur au Lycée, Le Puy.
ANNUAIRE DE j/aSSOCIATION 'M\
iioij, professeur à l'Ecole J.-B. Say, 1 bis, rue de Vaugirard, Paris.
Ooyon-Mdtiç/non (Mlle de), professeur au Collège (F.), Avranches.
Grnnet (Mlle), professeur à l'E. P. S., Saint-Maixent (D.-Sèvres).
Grainje, professeur à l'E, N., Bonneville (Hte-Savoie).
Urand(je<>r(je, professeur au Lycée Henri-IV, Paris.
(Jranyer, professeur au Ljcée, Toulouse.
Gremillet, professeur au Collège, Bruyères (Vosges).
Gremillij, professeur au Collège Gouraud, Rabat (Maroc).
Gressard, chargé de cours au Lycée, Vesoul.
Gricourt, professeur au Collège Chaptal, Paris.
Griffon, professeur au Lycée, Lille.
Grivet, professeur à l'E. N., Lyon.
Gromdire, professeur au Lycée BufTon, Paris.
Guéri lot (Mme;, professeur au Lycée (F.), Nancy.
Giierold, professeur au Collège. Verdun.
GiKjenheim (Mlle), professeur, 9, Corso Plebisciti, Milan (Italie;.
Guennebaitd, professeur au Lj'cée, St-Brieuc.
Guibillon, professeur au Lycée, Mulhouse.
Guichard, professeur au Lycée, Marseille.
Giiien, professeur à l'E. P. S., Lorgnes (Var).
Guillain, professeur au Lj'cée, Monaco.
Guillaume, Inspecteur Gén, de rfniv., 27, rue d'Erlanger, Paris.
Guillon, professeur au Lycée, Besançon.
Guiliotel, professeur au Lycée Charlemagne, Paris,
Giiillois (Mme), professeur C. Com. V., Paris.
Guinaudeau, professeur au Lycée, Bordeaux.
Guzmnu, professeur Colegio Nacional, Buenos-Ayres.
Guittard (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Limoux.
Guy, jjrofesseur à l'E. N., Poitiers.
H
Ilagen, professeur au Lycée, Alger.
Huinzelin, instit. à l'E. P. S., Lunéville.
d'Hangest, prof. Lycée Condorcet, 117, Bd. Exelmans, XVP,
Haniez (Mlle), professeur au Collège, Valenciennes.
Hanneton, professeur au Collège, Montargis.
Hanss, professeur au Collège Rollin, Paris.
Hantz, professeur au Lycée Charlemagne, Paris.
Hartensiein (Mlle), professeur E. P. S., Wissembourg.
Hébert, professeur au Lycée, Bordeaux.
Hekking (Mlle), professeur au Lycée Jules-Ferry, Paris.
Heldt (Marcel), professeur au Lycée, Cahors (Lot).
Heller, professeur au Lycée, Avignon.
Henin (B.-L.), The Stuyvesant, High School, 345 East, 15"'
Street, New-York.
Henry, professeur à TE. P. S., Nantes.
312 LES LANGUES MODERNES
Herbert, professeur à l'Ec. des Htes-Et. Comm., Paris,
Hérisson, professeur au Collège, Valencieunes.
Herpe, professeur à l'E. P. S., Carhaix.
Herzog, professeur au Lycée, Chambcry (Savoie).
Hesnard, professeur au Lycée Charlemagne, Paris.
Heywang (Mlle), 1, rue Constautine, Lyon.
Hilleret, professeur au Lycée. Toulouse.
Hirsch, professeur au Lycée, Dijon.
Hirsch, professeur au Lycée, Bordeaux.
Hirsch-Weiger (^Mme), Professeur E. P. S., Pont-à-Moussou.
Hirtz, professeur au Lycée de Poitiers.
Hirtz (Georges), professeur au Collège, Pontoise.
Holin, professeur à l'Ecole prat. de comm., Montbéliard, Doubs.
Horlaville, professeur au Collège, Auxerre (Yonne i.
Homps, professeur au Collège, Perpignan.
Hovelaque, Insp. Gén. de l'Univ., 55, rue de Babj'lone, Paris.
Hovelaque, professeur au Lycée Lakanal, Sceaux.
Hovenkanip> Barbarossastr, 64, Nimègue, Hollande,
Hiichon, maître de ccnf. à la Sorbonne, 19, rue Remilly, Ver-
sailles.
Huet, inst., 15, avenue de la Gare, Charleville.
Huot-Sordot (Mme», professeur au Collège (P.), Avignon.
Hiigon (Mlle;, professeur au Collège (F.), Chalon-s.-Saône,
Hiinibert, professeur au Lycée, Niort.
Husson, professeur au Lycée, Douai.
Jmbert. professeur au Lycée, Niort.
Institut de philologie gerfhanique, Strasbourg.
Issele, professeur au Lycée,' Ox'léans.
Jacquard, professeur au Collège, Epernay,
Jalrus, professeur au Lycée, Toulouse.
Jalabert, professeur au Lycée, Toulouse.
Jainin, prof. Ecole Lavoisier, 76, rue des Sts-Pèrcs, Paris.
Jaubert, professeur au Lycée, Marseille.
Jeandet (Mlle), 2, Avenue de la Gare, Beaune (Côte-d"Ort.
Jeannelle, professeur au Lycée Fustel de Coulangcs, Strasbourg
Jobard (Mme), professeur au Lycée (F.), Versailles.
Joffroij, professeur au Lycée, Nantes,
Jollivet, professeur au Lycée Fustel de Coulangcs, Strasbourg,
Joussaiime, professeur au Lycée, Nantes,
Jubien, professeur au Lycée, Niort.
Jiinel, professeur au Collège Jules Simon, Vannes (Morbihan)
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION 313
Kdfilé (Mlle), professeur au Collège (F.i, Hagucnau (Bas-Rhin).
Ktihn (Mme), professeur au Lycée (F.), Versailles.
Kimccllarij, professeur au Lycée, Toulouse.
Kayser, directeur d'Institution, 3, avenue Montespan, Paris.
Kef/reiss (Mllej, professeur à l'E. P. S., Quai du Fossé, Mulhouse.
Klein (Mlle), professeur au Collège, Valenciennes.
Koessler, prof, au Lycée Janson de Sailly, Paris.
Koszul, professeur à la F'aculté des lettres, Strashourg.
Kotiltilrallilus, Rotakatu 2, Helsingfors, Finlande.
Krtiiise, Janiaica Higli School, .laniaica New-York.
Krcnier, professeur au Lycée, Nancy.
Kron (Mlle», professeur à VE, P. S., (F.), Commercy.
Kiihii, 62. Hd Exelmans, Paris.
Labeyrie, professeur au Collège, Parthenay (Deux-Sèvres).
Laborde, professeur au Lycée, .Angoulème.
Luborie, Direct, de l'K. I'. S., Belvès (Dordogne).
I.dcIdiH're, professeur au Collège, Cannes (.\lpes-Maritimes).
Lacomhe (Mlle), professeur, 2, rue Bellegaroe, Toulouse.
Lacoste (.Mme), professeur à l'E. P. S., La Ferté-Macé (Orne).
Lacroix, professeur E. P. S., Charlieu (Loire).
Ladrière (Mlle), professeur au Collège, Sedan (Ardcnnes).
Lafon, professeur au Collège, Bézicrs.
Lagurde, professeur au Lycée, Agen.
Lalagiie, professeur au Lycée, Rayonne (Basses-Pyr.).
Lulunde (Mme), professeur au Collège (F.), Morlaix (Finistère).
Lallay, professeur à l'E. P. S., St-Léonard (Hte-Vienue).
Laloii, professeur au Lycée, Amiens.
Lamarche, proviseur des Ecoles Réaies Supérieures, Strasbourg.
Lamielle, professeur au Collège, Grasse (Alp.-Marit.).
Lomnrlete (Mlle), professeur au Lycée Fénelon, Lille.
Landre, professeur au Lycée, Quimper.
Landii (Mme), professeur à l'E. P. S., St-Gaultier (Indre).
Langevin, prof. Ec. Colbert, 27, rue Château-Landon, Paris.
Langlais, professeur au LAcée, Clermont-Ferrand.
Lannes, professeur au Collège, Libourne.
Lapalus, professeur au Collège, Reaune (Côte-d'Or).
Larrivière, professeur à l'E. N., Dax (Landes).
Lascaux, professeur au Collège, La Châtre (Indre).
Lassalle (M. l'abbé), prof. Ec. N.-D. de Bétharam, Lestelle (B.-P.).
Latuppy (Mlle), professeur au Lycée Fénelon, Paris.
Lalhani (Miss), 15, rue Thillois, Reims.
Laiinay, professeur au Lycée, Bourges.
Luurens, professeur pu Lycée, Avignon.
21
314 LES LANGUES MODERNES
Laurent, professeur au Collège, Châlons-s.-Marne.
Laurent, professeur au Collège, St-Pol-s.-Ternoise (Pas-de-Calais).
l.auvrière, professeur au Lycée Louis-le-Grand, Paris.
Le Blanc, instituteur, Alais (Gard).
Lebraly, professeur au Lycée, Guéret.
Leca, professeur au Collège, Draguignan.
Lechner, professeur à l'E. P. S., Toul (M.-et-M.).
Lecigne, professeur au Collège, Cambrai.
Leclère, professeur au Lycée (Bar-le-Duc).
Ledoux (Mlle), professeur au Lycée Victor Duruy, Paris.
Le Forestier, prof. Ecole Arago, 4, rue d'Arpajon, Versailles.
Legenisel (Mme), prof. Ec. Sophie Germain, Paris.
Legouis, professeur à la Sorbonne, 128, av. Emile Zola, Paris.
Legouis (Pierre), professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Legras, professeair à l'Université, Dijon.
Lelong, professeur au Collège Henri IV, Béziers.
Lemazurier, professeur ad. à l'Ec. Prat. Sup., Bourganeuf (Creuse).
Lenionnier, prof, au Lycée, Le Havre.
Lengaigne, professeur ad, au Lycée, Lille.
Lepape, professeur au Collège Chaptal, Paris. '
Leroux, professeur au Lycée, Rochefort.
Leroux, professeur au Lycée Fustel-de-Coulangcs, Sti-asbourg.
Leroy (Mme), professeur au Collège (P.), Toul.
Lestang, professeur au Lycée, Marseille.
Le Tournau, professeur au Lycée, Lorient,
Lewtow, professeur au Lycée, Vesoul,
Liacos (Lazare G.), rue Ipaprantes B., Salonique,
Lichtenberger, prof, à l'Université, 127, rue de la Pompe, Paris.
Lirondelle, professeur à la Faculté des lettres, Lille.
Lis, professeur au Collège, Cambrai.
Loiseau, professeur à la Faculté des lettres, Toulouse.
LoiseL inspec. d'académie, Aurillac.
Longuevalle, professeur, 12, Bd St-Germain, Paris.
Lorans, professeur au Collège, Sarrcbourg (Moselle).
Largues, professeur au Lycée, Toulon.
Lorilleux (Mmei, professeur au Lycée Molière, Paris.
Loury, professeur à TE. N., Auxerre.
Lucas, répétiteur au Collège, .\ltkirch (Ht-RhinK
Lune, professeur à l'E. P. S., Douai.
M
Macary, professeur au Collège, Falaise.
Mady, pro-fesseur au Lycée Janson-de-Sailly, Paris.
Magné (Mlle), professeur au Collège (F.), Saintes.
Mahieu, professeur au Lycée Montaigne, Paris.
Maillan, professeur au Lycée, Toulon.
Mainguy, professeur au Lycée Victor-Duruy, Mont-de-Marsan.
ANNUAIHK DE i/ASSOCIATIOX 315
Mdilrc (Mlle), professeur au Lycée Racine, Paris.
Malaisée, professeur au Lycée, Evreux.
XJftlard, professeur à l'E. P. S., Saint-Calais (Sarthe).
Malesse t, professeur au Lycée Kléber, Strasbourg.
Mnllet, professeur au Lycée, Le Mans.
Mdllet-Goissedet (Mme), 19, rue Jeanne-d'Arc, Le Mans.
Mdlye, professeur au Lycée Pasteur, Ncuilly-s. -Seine.
Maraiita, professeur au Lycée Hoche, \'crsailles.
Mnrcaggi, professeur, Ljcée du Parc, Lyon.
Marcel (Mlle), professeur au Lycée, Montauban.
Marcet, professeur au Prytanée Militaire, La Flèche.
Marchand, professeur à l'Ecole Arago, Paris.
Maresqiielle, professeur au Lycée, Nancy.
Marichy (Mlle), professeur au Lycée Victor-Duruy, Paris.
Marin, professeur au Lycée, Auch.
Martin, professeur au Lycée Janson-de-Saillj-, Paris.
Martin, professeur à l'E. P. S., Châtellcrault.
Martin, Ecole St-Sigisbert, Nancy.
Masqiiillier, professeur au (k)llcge Rollin, Paris.
Massarf, professeur à TE. P. S., Tourcoing.
Massicault, professeur à l'Ec. Edgar-Quinet, Paris.
Masson, professeur au Lycée, Bourges.
Massoul, professeur au Lycée Louis-le-Grand, Paris.
Mathieu (Mlle), professeur au Lycée (F.^, Lyon.
Mattmann (Mlle), professeur au Lycée (F.), Amiens.
Maurer. professeur an Lycée Kléber, Strasbourg.
Maurice, professeur au Lycée St-Etienne.
Mayrun (Mlle), professeur au Lycée (F.), Toulouse.
Mayrot, professeur au Collège, Thonon, Hte-Savoie.
Mazurat, professeur à l'E. P. S., Chambéry.
Meadmore, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Méjean (Mlle), 66, rue Nationale, Nîmes (Gard).
Mendez, direct, de l'E. P. S., Bagnoles-s.-Cèze (Gard).
Meneau, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Mérillac, professeur au Collège, Issoudun.
Mérimée, professeur à l'Université, Toulouse.
Mérite, professeur au Lycée, Bordeaux.
Merle (Mlle), Châlons-sur-Marne.
Merle, professeur au Collège de Mende (Lozère).
Métifeu (Mme), professeur au Collège (F.), Limoges (Hte-Vienne;.
Meut, professeur au Lycée, La Rochelle.
Meyer, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
Meyer, professeur au Lycée, Aix.
Michel, professeur à l'E. P. S., Beaucaire (Gard).
Michel, professeur à l'Ec. Pierre-Puget, rue Beaujour, Marseille.
Michel, professeur au Lycée, Avignon.
Michel-Briand (Mlle), professeur au Lycée Lamartine, Paris.
316 LES LANGUES MODERNES
Mieille, professeur au Lycée, Tarbes.
Mignon, Ambassade de France à Rome.
Milliot-Maderan, Officier Interprète à la Mission Nollet.
Mmssen, The Copse, Harrow on the Hill, Angleterre.
Miquelard. professeur au Lycée, Carcassonne.
Mis (.Léon), professeur au Lycée, Lille.
Mis (Mme), professeur au Lycée (F.j, Lille.
Miserié (Mlle), professeur à l'E. P. S., St-Labre. Carpentras.
Miquel (Mlle), professeur au Ljcée (P.), Lille.
Molitor, inspecteur d'académie, Lons-le-Saulnier.
Monurd, professeur au Lycée, Alger.
Monghal, professeur au hycée, Nantes.
Monguillon, professeur à l'E. P. S., Le Havre.
Monin, professeur au Collège, Antibes.
Monsinjou, professeur au Lycée, Douai.
Montagne, professeur au Lycée, Bastia.
Montuiller, professeur au Lycée Corneille, Rouen.
Montaiihric, professeur au Collège, Xogent-le-Rotrou.
Monteils (Mlle), professeur au Lycée (P.), Moulins.
Mook, professeur au Collège, Epernay.
Morel, professeur au Lycée Buffon, Paris.
Mory, instituteur, rue X.-D.-de-Xazareth. 39, Paris.
Mosnier, Collège de Courpière, Puy-de-Dôme.
Mothes (Mmei, professeur à TE. P. S. (P.), Pontenay-le-Comte.
Mourlet, professeur au Lycée, Quinîper (Pinistère).
Muret, professeur au Collège Rollin, Paris.
Musy, professeur au Lycée, Valenciennes (Nord).
IM
Ecole Primaire Supérieure de Pilles, Nancy.
Nantet (Mlle), 5, rue des Filles-St-Thomas, Paris 2«
Nathan (Mlle), Déléguée au Lycée Jules-Perry, Paris.
Nerson (Mlle), professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Netter-Gidon (Mme", professeur au Collège (P.), Caen.
Neyton, professeur au Lycée, Alger.
yicolas, professeur au Lycée Carnot, Paris.
Nicolas, professeur au Lycée, Brest.
Nicot, professeur au Collège, Maubeuge.
Nimsgern (Mlle), professeur au Lycée {F.), Charlevillc.
Ninot, professeur à l'E. P. S., 2, avenue Dorian, Paris.
Nissiat (Mlle), étudiante, 30, rue des Chartreux, Lyon. y
Nonat (Mlle), professeur, 13, rue St-Hlloi, Chàlons-s.-Marne. ?
Norguin (Mlle), professeur au Collège (P.), .Angoulème. '•-'
Novel,- professeur au Lycée, Marseille. ^
Nusshaumer, prof, au Lycée Pustel-de-Coulanges, Strasbourg.
i
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION 317
Obrij, pit)fesseur au Lycée, Le Havre.
Odrii, professeur au Lycée, Bourg.
Ombredane (Mlle), professeur à l'E. P. S., Orléans.
Orieiix (Mllej, professeur au Lycée, Orléans.
Osborne, 80 Chesnut R", Plumstead, London, S. E.
Ott (.Mlle A.), professeur à l'E. P. S., Mézières.
Oiidot, professeur au Collège, St-Amand (Cher).
Ouvrard, professeur au Collège Ste-Barbe, Paris.
l'<t<ji's, professeur au Collège de Cannes.
Vdillardon, professeur, 52, rue Fondary, Paris XV°.
Vaoli, professeur au Lycée Louis-le-Grand, Paris.
l'upin, professeur à l'E. P. S., Moulins.
Parentij, professeur au collège, Arras.
Paringdux, professeur au Lycée, Mont-de-Marsan.
Paris, professeur à l'E. P. S., Marseille.
Pttnnin, professeur au collège, Lisieux (Calvados).
PatrouUleaii, instituteur. Colvert, par Soulaj' (Charente-Infé-
rieure).
Pdulian, professeur à l'Ecole des Htes-Et. Conim., Neuilly-s. -Seine.
Pecdslainfi, i)rofesseur au (Collège, ^'ic-de-Bigorre (Htes-Pyréuées).
Pecheiix, i)rincipal du Collège, Corte.
Pedon (Mlle Térisita), Schio, Italie.
Peignier, professeur au Lycée, Bordeaux.
Pellissier (Mlle), professeur au Lycée de garçons, Bourges.
Penof, professeur au Lycée, Limoges.
Perat, professeur au Collège, La Rochefoucauld.
Perdoncini (Mlle), professeur au Lycée (F.), Niort.
Pire, professeur au Lycée, Valenciennes.
PernoUe, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Perret, professeur au Collège, Brioude (Hte-Loire).
Perret (Mlle), professeur dél. au Lycée garçons, Bourg.
Perrin, professeur à l'E. P. S., St-Junien l(Hte^-Vienne).
Peseiix, prof€sseur à l'Ec. Colbert, Loisj' (Saône-et-Loire).
Petelot, directeur de l'E. P. S., Beaucourt (Terr. de Belfortj.
Petit (Mme), professeur au Collège (F.), Albi (Tarn).
Petit (Mlle), directrice des Cours Sec. (F.), Angers.
Petit, professeur à l'E. P. S., Nancy.
Petrique (Mlle), professeur au Collège de garçons, Libourne.
Peijre, professeur à l'E. P. S., Limoux.
Picot, professeur au Collège Chaptal, Paris.
Pieyre, professeur au Collège, Dôle du Jura.
Pieyre (Mlle), professeur au Lycée, Tulle.
Pigeaiid (Mme), professeur aux cours secondaires, Brives.
318 LES LANGUES MODERNES
Pigeon, professeur au Collège, Sauniur.
Pinloche, professeur au Lycée Michelet, Paris.
Piquet, professeur à la Faculté des lettres, Lille.
Piquet, principal du Collège, Sidi-bel-Abbès (Oran).
Pitiot (Mlle), professeur au Collège (F.), Le Luc CVar).-
Pitollet, professeur aux Ljcées Carnot et Henri-IV, Paris.
Pivetaud (Mlle), professeur au Collège, Poitiers.
Planés, professeur au Collège, Béziers.
Pluquet, professeur au Collège, Péroune (Somme).
Pluvinage, professeur au Lycée, Tourcoing.
Paimboeuf, professeur au Lycée Victor-Hugo, Besançon.
Pomès (Mlle), professeur agrégé d'espagnol, Paris.
Pongy, professeur au Lycée, Alger.
Postel (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Vire (Cialvados).
Potel, inspecteur général de l'Université, 14, Quai d''Orléa!ns,
Paris.
Pouget, professeur au Collège, Villefranche-ôe-Rouergue.
Poujol, professeur au L^cée, Marseille.
Pozzi (Mlle), professeur au Lycée (F.), Perpignan.
Pradat, professeur au Lycée (Alger).
Pradel-Genès, professeur au Lycée, Montluçon.
Prat (Mlle), professeur à l'E. E. S., St-Amand (Cher).
Prentout (Mlle), prof. Collège de garçons. Baveux (Calvados).
Principal (M. le), du Collège, Blida (Algérie).
Principal (M. le), du Collège de Carpentras (Vaucluse).
Principal (M. le), du Collège de Sancerre (Cher).
Principal (M. le), du Collège de Schlestadt (Bas-Rhin).
Principal (M. le), du Collège, Uzès (Gard).
Priant, professeur au Lycée, Caen.
Procureur, professeur au Collège, Fontainebleau.
ProiiV, professeur à l'Ecole J.-B. Say, Paris.
Proist, professeur au Collège, Louhans, (Saône-et-Loire).
Proviseur (M. le), du Lycée (G.), Casablanca (Maroc").
Proviseur (M. le), du Lycée, Moulins.
Proviseur (M. le), du Lycée, Maycnce.
Proviseur (M. le), du Lycée Rollin, Paris.
Pruyniard, professeur au Lycée, Annecy.
Pruvost, 1, rue du Bras-d' Argent, Guéret.
Pruvôt, professeur au Prytanée militaire, La Flèche (Sarthe).
Psalmon, professeur agrégé d'anglais, 37, rue du Château (Parc
des Princes), Boulogne-s. -Seine.
Pnjos (Mlle), dél. au Lycée de garçons, Cahors.
Py, professeur à l'E. P. S., Castres.
Q
Quezel (Mlle), professeur au Lycée (F.), Lyon.
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION 319
Rnbtiche (Mme), prol'csseiir au Lycée Jules Ferry, 9, rue ('.:im|)n^iie-
Premièrc, Paris XIV".
Rabâche, jjrofcsscur au Lycée Henri-IV.
R(ibnn-M arien (Mme), 25, rue Kstelle, Tours.
Rdbiiiedu. professeur au Collège, (laillac (Tarn).
R(ujon, professeur au Lycée F'ustel-de-Coulangcs, Strasbourg.
RailUtril, professeur au Lycée, Toulon.
Rdimbuult, professeur à l'K. P. S., (^onstantinc.
Rdiiuiud (Mme), prof. Collège d'.Auxerrc, déléguée Versailles.
Rdllii, professeur au Collège, Morlaix.
Rdinès, professeur au Lycée Condorcet, Paris.
hdpbiiël, professeur au Lycée Lakanal, Sceaux (Seine). ,
hds (Mlle), i)rofesseur au Lycée (F.), Limoges.
Rascol, Directeur de l'E. P. S., Albi.
Rdi'izé, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Rdynaud (Mlle), institutrice, Ressons-s.-Matz (Oise).
Revoules, professeur au Lycée, Oran. ,
Réijnier, 29, Bd. Vauban, Cambrai.
Keibel, professeur au Collège, Soissons (Aisne).
Renard, professeur an Ljcée Janson-de-Sailly, Paris.
Renoir, professeur, 5, rue Léopold-Robert, Paris XIV*.
Reijnaiid, professeur au Lycée, Rouen.
Richard, professeur au Lj'cée, Tournon.
Riegel, professeur au Lycée, Rouen.
Riemer, professeur au Lycée, La Rochelle.
Rigambert, professeur au Lycée, Tarbes.
Rifjaudières, professeur au Ljcée, Brive.
Rilh (Mlle), directrice du Lycée, Besançon.
Rivière, professeur au Lycée, Rodez.
Rinière, professeur au Lycée, Bordeaux.
Rivoullan, professeur au Lj'cée, Bordeaux.
Robert-Dumas, professeur au Lycée St-Louis, Paris.
Robert-Dumas, professeur au Collège, St-Germain-en-Laye.
Robine, professeur au Lycée, Le Havre.
Robineau, professeur au Collège, Eu (Seine-Inférieure),
Robson (Miss), 11, Westhall Gardens, Edinburgh, Ecosse.
Roche, professeur au Collège. St-Maixent.
Rocheblaue (Mlle), professeur au Lycée Fénelon, Paris.
Rochelle, professeur au Lj'cée, Bordeaux.
Rocher, professeur au Ljcée du Parc, Lyon.
Roesch (Mme A.), 6, Hintere Tsehôppengasse, Guebwilkr
(Ht-RhinT.
Rolet, professeur au Lycée, Tours.
Romens, 11, professeur Ecole réale, Marienthal (Bas-Rhin).
Romeu, prof. agr. d'espagnol, Calle de Recoletos, 23, 10, Madrid.
Rosiès, professeur au Lycée, Bordeaux.
320 LES LANGUES MODERNES
Roth, 40, rue Oberlin, Strasbourg.
Bottée, pi'ofesseur au Lycée Rolliu, Paris.
Roiidil, professeur au Lycée BufFon, Paris.
lioiige, maître de conf. à la Sorboiine, Paris.
Librairie Rouge, nie Haldinand, Lausanne (Suisse).
Rongé, professeur au Lycée Descartes, Tours.
Roiillet-Debenay, professeur au Lycée, Limoges.
Rouquette, professeur au Lycée Gay-Lussac, Limoges.
Roussel, professeur au Lycée, Vendôme (Loir-et-Cher).
Rousset (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F.), Pons (Char.-Inf.).
Roux (Mme), professeur à l'E. P. S. (F.), St-Mai"cellin (Isèrej.
Roux, professeur à l'E. P. S., .Orléans.
Roux, professeur au Collège, Barcelonnette.
Rouyer, instituteur à Brauvilliers (Meuse), -
Ruayres (Mme), professeur à l'E. P. S. (F.), C^steluaudary.
Ruini'be (Mme), professeur à l'E. P. S., Nay (Basses-Pyrénées).
Russeil, professeur au Collège, Châtellerault (Vienne).
Ruyssen, professeur au Lycée, Poitiers.
S
Sayols, censeur des études au Lycée, Rodez.
Sagot, censeur des études au Lycée, Mayencc.
Saillens, professeur au Lycée Charlemagne, Paris.
Salin, professeur au Lycée, Aix.
Salmoii, professeur au Collège, Sedan.
Saloan, professeur au Lycée, Rayonne.
Sampré, professeur au Lycée, Dijon.
Santoni, professeur au Lycée, Bastia.
Saroïhandy, professeur suppléant au Collège de France, Paris.
Saugrain, professeur au Lycée Louis-le-Graud, Paris,
Saugrain, professeur au Lycée, Cherbourg.
Sauret, professeur au Lycée, Bordeaux.
Sauvage, professeur au Lycée, Poitiers.
Sauzet (Mlle), institutrice à Montmartel-Saillans (Drôme).
Save, professeur au (Collège, Castres (Tarn).
Saville, 23, Southaniiîton, Londres, W. C.
Savory, professeur, ()uecn's University, Belfast Irlande.
Sayn, professeur au Lycée, Rouen.
Schacher, professeur au Lycée Henri-lV, Paiis.
Schaeffer, professeur adj. au Lycée, Nancy.
Schieffer (Mme), professeur au Collège (F.), Aurillac.
Schlesser (Mlle), professeur au Lycée Molière, Paris.
Schlieitger, direct, de l'Enseig. second., Strasbourg.
Schneider, professeur au Lycée, ('lermont-Ferrand.
Schont, professeur au Lycée F"ustel-de-Coulanges, Strasbourg.
Schiitz, professeur au Lycée, Strasbi)urg.
Schweitzer, professeur honoraire, 1, rue Le GolT, Paris.
ANNLAIHE DK L'ASSOCIATION 321
Schioeilzcr (Kiuilc), professeur au Collège Chaptal, Paris.
Svolt (Mllel, professeur au Lycée Molière, Paris XVP.
Scidltiet, professeur Lycée Raeiue, Paris.
Scjutc, prt)fesseur à l'Ecole Lavoisier, Paris.
Sénéchal, professeur à l'K. P. S., Lyon.
Sénil, professeur au Lycée Henri-I\', Paris.
Seruajean, professeur au Lycée Bulfoii, Paris.
Senern Storr (Mrs), Harwell, Steventon Berkshire (Angleterre).
Sevrette, professeur au Lj'cée, Chartres.
Sicre, professeur au Lycée, Carcassonne.
Siywdll, ])rofesseur au Lycée Michelet, Paris.
Simidiid (Mlle), professeur à l'E. N., Grenoble.
Simon, jîrofesseur au Lycée, Casabianca, Maroc.
Simon, professeur au Lycée. Périgueux.
Simolu!, ])rofesseur à E. P. S., 6, rue Jacquard, Lyon.
Simonnot, inspecteur de renseignement technique, Strasbourg.
Simonnol, professeur à l'Ecole Arago, Paris.
Société d'Exportation des éditions françaises, 3, rue de Grenelle,
Paris.
Souillurt, professeur au Lycée Lakanal, Sceaux.
Soulet, professeur au Lycée Lakanal, Sceaux.
Spcich, professeur au Lycée Fustel-de-Coulanges, Strasbourg.
Spenlé, professeur à la Faculté des lettres, Aix.
Spizelc, professeur, doct. 8, Palackeno nabocsci, Prague IL
Sldhl (Mlle), 35, rue de l'Arbalète, Paris.
Stdhlberger (Mlle), 2, rue du Levant. Vinccnnes.
Slecbert (.Librairie), 18, rue de Condé, Paris.
Steg-Muller (Mlle), Ec. N. d'instit., 56, Bd. des BatignoHes, Paris.
Slopin (Mme), Directrice de PE. P. S., Gondecourt, Nord.
Sulger-Biiet, professeur, Lj'cée du Parc, Lyon.
Siicher, professeur au Lycée, Moiitpellier, Hél-ault.
Sijmmonds, 17, Norfolk R', Margate.
Tabourcaii (Mlle), professeur à l'E. P. S., Nancy.
Taboureux, professeur au Lycée, Coutances.
Talbot, professeur au Lycée, Périgueux.
Tiwiot (Mlle), professeur au Lycée (F.), Lons-le-Saulniei".
Terrade, professeur à PC P. S., Aubenas (Ardèche).
Terrasse (Mlle), 59, Fg St-Martin, Paris.
Théphaine, professeur au Prytanée militaire, La Flèche, (Sarthe).
Thibault, professeur au Lycée, Pontivy, Morbihan.
Thiébaiit, professeur au Collège, Châteaudun (Eure-et-Loir).
Thiret, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Thomas, professeur à l'Université, Lyon.
Thomas (Mlle A.), 31, rue Boulard, Paris.
322 LES L.\N'GUES MODERNES
Thuriot, professeur à l'E. P. S., La Charité-sur-Loire (Nièvre".
Tibal, maître de conf. à la Faculté des lettres. Nancy,
Tiburce, professeur au Collège, Libourne.
Tisseau, instit. Ec. Waldeck-Rousseau, St-Nazaire.
Tissot, professeur au Lycée, Gap.
Tonnelat, professeur à l'Université. Strasbourg.
Toulze, professeur au collège, Castelnaudary (Aude).
Tousain, professeur au Lycée Ampère, Lyon.
Travers, professeur au Lycée Hoche, Versailles.
Tréglos (Mlle), Lç Dorât (Hte-Vienne).
Treille (Mlle), professeur Lycée, Roanne (Loire).
Trevet, professeur au Lycée, Caen.
Trey, professeur au Collège, St-Gaudens (Hte-Garonne).
Trivier (Mlle), professeur à l'E. P. S. (F,), Trévoux (Aîn).
Triuhot, professeur au Lycée Fustel-de-Coulauges, Strasbourg.
Truxillo, professeur au Lj-cée, Fort-de-France, Martinique.
Tweddie (Miss), Edinburgh ladies Collège, Queen St., Edinburgh.
Vachet, professeur au Lycée, Toulon (Var).
Valat, professexir au Lycée, Constantine.
Valdy-Fritz (Mme), professeur au Lycée Fénelon, Paris,
Ydlentin, professeur au Collège, Soissons.
Yallod, professeur au Lycée Poincaré, Nancy.
Yan de Yen, Wormerveer près Amsterdam, Hollande,
Yan den Berg (Mlle), professeur au Lycée (F,), Dijon,
Yandercolme, 8, rue Carnot, Mons-en-Barceul (Nord),
Ydiinier, Directeur E. P. S., 67, rue Chaponnay, Lyon.
Yannier (Robert), professeur au Lycée du Parc, Lyon.
Yan Oppen, 178, rue Legendre, Paris Vf.
Yarenne, professeur iau Lycée Condorcet, Paris.
Yarinau (Mlle), 6, R. de la S.-Préfecture, St-Gaudens (Hte-Gar.).
l eigneau, professeur au Ljcée, Moulins (Allier).
Yeillet-Lavallée (Charles), prof. Ecole Arago, 2, R. >[izon, Paris.
Yeillet-Lauallée (Albert), professeur au Lycée, Guéret.
Yentard, professeur au Collège Auxonne (Côte-d''Or).
Yerdier, professeurà l'E. P. S., Joinvillc (Hte-Marne).
Yercoultet, professeur à l'E. P. S., Saulieu (Côté-a'Or).
Yeslot, professeur au Lycée Hoche, Versailles.
Yettier, professeur au Lycée, .\miens.
Yidal (Mlle), professeur au Lycée (F.), Montpellier.
\ Kjnolles, professeur au Lycée, Janson-de-Sailly, Paris,
l illard, i)rofesscur au Collège. La Châtre (Indre).
Yillttrs (.Mlle), professeur au Lycée (F.), Lyon.
YiHeneupe, professeur au Lycée, .Albi.
Vincendon, professeur an Lycée, Le Puy.
ANNUAIRE DE l/ASSOCIATION 323
Vincent, professeur ;ui Lycée (Ihnrleniagne, Paris.
Vincent, professeur atf Ljcée, Albi.
Vinien, 4, rue Sadi-Carnot, La Roche-s.-Yon.
Vii'ien, professeur à TE. P. S., Clermont-Ferrand.
Voillot, professeur au Collège, Beaune.
Voisennt (Mme), professeur au Lycée, Dijon.
Vos (de), répétiteur au Collège, Eu.
Viilliod, professeur à la Faculté des Lettres, Nancy.
W
Wahart, professeur au Lycée Buft'on, Paris.
Waldner, professeur au Lycée Fustel-dc-Coulangcs, Strasbourg.
Wdidner, pi'ofesseur au Lycée, Aniiens.
Walfz, professeur au Lycée, Lille.
Wasserer, inst. Annonay, Ardèche.
Weill, professeur au Lycée Louis-le-Grand, Paris.
Weill (Mlle), professeur au Lycée Racine, Paris.
Weiller (M! le), professeur au Lycée Racine, Paris.
Wersinger (Mlle), professeur au Lj'cée (F.), Toulouse.
Wilhelm, professeur au Lycée Kléber, Strasbourg.
Willemin, professeur au Collège, Epinal.
Woeipel, professeur au Collège, Fougèi'es.
]Volff, professeur au Lj'cée Rollin, Paris.
Wol/J (Armand), professeur au petit Lycée, Elbeuf.
Wrù/ley, University High School, Lyson St., Melbourne, Australie.
Y
Yvon, professeur au Lycée, Caen.
z
Zarzeska (Mlle), professeur au Collège (F.), Carcassonne (Aude).
-<«>-
BULLETIN DE L'ASSOCLITION
Réunions du Comité
Le Comité s'est réuni le 6 mai 1920, à 2 h., au parloir du Lycée
Montaigne, sous la présidence de M. Veillet-Lavallée, Président
de l'Association. Etaient pi'ésents : M. Bloch, Mlle Bruncl,
MM. Cart, Chemin, Delobel, Goy, d'Hangest, Mlle Ledoux, M. Pin-
loche. Excusés': MM. Jamin et Montaubric.
Le Président donne lecture des passages importants de la cor-
i-espondance qu'il a reçue : 1) d'une lettre de M. Legouis deman-
dant qu'étant donnée la hausse continuelle du prix des livres, on
établisse une rubrique dans le Bulletin pour la vente et l'achat
des livres d'anglais. Le Comité, adoptant cette idée, décide que
dès le prochain numéro cette rubrique sera ouverte ; 2) d'une
lettre de M. Nicolas (Brest) au sujet de la rétribution des cours
de L. V. faits aux militaires ; le Président lui indiquera la mar-
che à suivre ; 3) d'une lettre de M. Monguillon, relative à ren-
seignement des L. V. dans les Ecoles Normales, au sujet de
laquelle le Président a demandé des explications complémen-
taires.
AL Veillet-Lavallée annonce ensuite qu'à la suite des démar-
ches de M. Rancès et des siennes propres, l'épreuve d'allemand
est rétablie au Certificat d'aptitude à l'enseignement commercial.
Puis il rend compte de la visite du bureau au nouveau recteur
de l'Académie de Paris, M. Appell ; le bureau a été reçu fort
aimablement par M. Appell, qui paraît bien disposé à notre
égard.
M. Deloijcl donne lecture d'un projet de résolution demandant
le maintien de l'arrêté du Ministère de la Guerre exigeant la
connaissance de deux langues aux concours d'entrée aux grandes
écoles. Il rappelle les articles hostiles aux L. V. parus dans les
grands journaux, dans le Temps notamment, qui n'a pas inséré
sa réponse, puis les protestations de l'Association des Proviseurs
demandant le maintien du slatii quo. Il lui paraît nécessaire
que l'A. P. L. V. se fasse entendre, car la mesure est bonne et
constitue le seul moyen de rétablir l'équilibre entre l'enseigne-
ment de l'anglais et celui de rallemand, — et elle est nécessaire,
non dans l'intérêt étroit de notre enseignement, mais dans l'in-
térêt même* du paj's. Les objections contre cette mesure lui parais-
sent faciles à réfuter ; il n'est pas sérieux de prétendre que quel-
ques heures de L. V. puissent compromettre la culture littéraire
BULLETIN DK I-'aSSOCIATION 325
(ks élèves. Plus {friivc est la question du surmenage des élèves
dans les sections C et D, où ils ont trente heures de classe ; mais
cette question est liée à celle de la réforme générale des pro-
grammes. 11 faut agir sur les autorités pour qu'elle aboutisse,
sur les spécialistes pour que chacun fasse les sac-'ifices néces-
saires, — et obtenir que les programmes d'entrée aux grandes
écoles soient mis en harmonie avec cette réforme.
M. Dclobel lit alors l'ordre du Jour suivant :
L'Association des Professeurs de L. W de l'Enseignement
Public :
Enregistre avec la plus grande satisfaction la décision par
laquelle M. le Ministre de la Guerre rend obligatoire pour
le concours d'entrée à Polytechnique et à St-C.yr à partir de
1923 la connaissance de l'allemand et de l'anglais ;
Voit dans cette mesure le seul moyen efficace, en gardant
un juste équilibre entre les deux langues, d'empêcher la déser-
tion des classes d'allemand, et d'éviter le péril national que
constitueraient pour la France des générations d'officiers et
d'ingénieurs ignorant l'allemand et l'Allemagne ;
Affirme qu'en ce moment où s'impose d'urgence la réorga-
nisation totale de l'enseignement, l'étude de deux langues
vivantes dans la section C en vue des grandes écoles peut
être organisée sans surcharge, si les professeurs des différen-
tes spécialités veulent se mettre d'accord pour remanier les
])rogrammes, en vue de présenter aux élèves un choix judi-
cieux de connaissances, à acquérir par les méthodes les ])lus
actives et les plus hautement éducatives ;
(Constate que le souci de la culture générale ne peut être
invoqué en cette matièi'e, étant donné qu'un enseignement
bien compris des L. V. sait concilier l'acquisition des cou-
naissances pratiques avec le développement des facultés
intellectuelles, et constitue un facteur essentiel des huma-
nités modernes.
L'ordre du jour est adopté à l'unanimité.
M. Cart demande à l'Association d'affirmer la nécessité d'un
enseignement basé sur le français et les langues ; il faudra,
ajoute-t-il, établir un programme réclamant la place qui nous
est due dans là société moderne, indiquant le rôle que nous
devons y jouer. Ceci devra être une des tâches prochaines de notre
association.
M. Delobel rappelle qu'il est en train de réunir un certain
nombre de déclarations en faveur de l'enseignement de l'alle-
mand, et la séance est levée à 4 h. 1/2.
326 LES LANGUES MODERNES
Le Comité de l'Association, réuni le 27 juin au Lycée Montai-
gne, a adopté l'ordre du jour suivant :
L'Association des professeurs de Langues Vivantes de l'ensei-
gnement public, après une discussion à laquelle ont pris part
MM. Rancès, membre du Conseil supérieur de l'Instruction publi-
que, et Rouge, professeur à la Sorbonne.
regrettant que les projets de décret relatifs aux futurs pro-
grammes des Ecoles Normales d'instituteurs et d'institutrices, et
des Ecoles Primaires Supérieures, aient été élaborés en dehors
de toute consultation des milieux compétents et des groupements
professionnels intéressés,
affirmant la solidarité des quatre ordres d'enseignement (Supé-
rieur, Secondaire, Primaire, Technique) dans cette question qui
intéresse au plus haut point l'avenir des Langues Vivantes dans
tout l'enseignement public,
proteste éncrgiquement contre toute décision qui, rendant facul-
tative, dans les établissements indiqués plus haut, l'étude des
Langues Vivantes, porterait ainsi un coup mortel à cet enseigne-
ment, diminuerait le pouvoir d'expansion économique du pajs.
amoindrirait la culture donnée aux enfants du peuple et de la
petite bourgeoisie, irait à l'encontre des tendances modernes, et
plus particulièrement des projets de coordination et de démocra-
tisation de l'enseignement national.
L'Étude de l'Allemand
La question la plus urgente, qui devait attirer en premier lieu
l'attention du Comité, était l'obligation de l'allemand et de
l'anglais au concours d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr. Tous
les collègues qui ont répondu à notre questionnaire ont souligné
l'influence que ces sanctions peuveut exercer siir notre enseigne-
ment. Il s'agissait tout d'abord de défendre cette mesure contre
les attaques dont elle était l'objet. Dès le 24 mars, le Temps,,
dont on connaît l'hostilité à tout modernisme, la critiquait dans
un article, évidemment inspiré par les idées qui régnent au Con-
seil de perfectionnement de l'Ecole Polytechnique. L'Assemblée
générale de l'Association des proviseurs de Lycée, réunie pendant
les vacances de Pâques, émettait le vœu que le statu quo fût
maintenu et qu'une seule langue, allemand ou anglais, restât
obligatoire ; elle alléguait •■ les conséquences que pourrait avoir
au point de vue de la culture générale, l'obligation de présenter
deux langues vivantes ». Nous ne rechercherons pas si, derrière ce
grand mot de culture générale, il n'y a pas des préoccupations
plus tcrrc-à-tcrrc, si le désir de ne pas avoir à établir une
BUIXEVIN DE l'association 327
oitjanisalioii nouvelle, ou la eraiiile d'avoir à inscrire des heu-
res supplémentaires, n'ont pas été aussi des raisons déterminan-
tes. Mais nous espérons que les proviseurs qui ont appartenu au
corps' des professeurs de langues vivantes, siiuront défendra
lîotrc cause auprès de leurs collègues.
Le Comité ne resta pas inactif. 11 envoyait aussitôt au Temps
une lettre pour lui demander de présenter à ses lecteurs des
considérations ditîérentes de celles de l'article du 24 mars, mais
i! se heurtait à un silence significatif. Le 6 mai, il votait à
Tunanimité l'ordre du jour que nos collègues ont pu lire dans le
Bulletin précédent (mai-juin, p. 192). Cet ordre du jour fut
adressé aux deux ministères de la Guerre et de l'Instruction
publique, dans la semaine du 10 au 17 mai, avec lu letftre
exj)licative suivante :
MoXSIKin LE MlNISTHE,
J'ai l'honneur de soumettre à votre bienveillant examen l'ordre
du jour ci-joint, voté par le Comité de l'Association des Pro-
fesseurs de Langues vivantes, dans sa séance du 6 mai.
Cet ordre du jour enregistre avec la plus grande satisfaction
la récente oécision par laquelle M. le Ministre de la Guerre rend
obligatoire pour le concours d'entrée à Polytechnique et à
St-Cyr, à partir de 1923, la connaissance de iallcmancl et de
l'anglais.
* En elTet, la décision qui en 1916 avait permis aux candidats de
choisir entre l'allemand et l'anglais avait achevé de ruiner dans
nos Lycées et (collèges l'étude de l'allemand, déjà abandonnée
depuis le début de la guerre, sous l'insjiiration d'un patriotisme
mal entendu. Les générations actuelles risquaient ainsi d'ignorer
l'allemand et par suite lAllemagne. C'était là un véritable péril
national qui a été signalé, non seulement par les membres de
l'enseignement des Langues vivantes, mais encore par de nom-
breuses personnalités, notamment par M. Ernest Lavisse, dans
sa Lettre au Temps, du 24 octobre 1919.
Il ne saurait être question, eu égara aux nouvelles conditions
politiques et économiques où se trouve la France, de reve-
nir à l'état de choses d'avant 1914 et de redonner à l'allemand
la priorité sur les autres langues. Nos futurs officiers,
nos futurs ingénieurs ont besoin aujourd'hui de savoir l'anglais.
Mais il ne leur est cependant pas permis de négliger la connais-
sance de l'allemand, au moment où l'exécution des clauses finan-
cières du traité de paix, le contrôle du désarmement de l'Alle-
magne, la surveillance de son développement économique, l'occu-
pation de la rive gauche du Rhin, exigent un nombre de plus en
plus grand de Français avertis, capables d'informer exactement
leur pays.
C'est pourquoi la récente décision ministérielle nous paraît
donner la seule solution possible du problème, en établissant
un juste équilibre entre deux langues d'une égale importance.
L'unique objection sérieuse qui puisse être faite à cette mesure
s'appuie sur la surcharge qu'imposerait l'étude de deux langues
aux candiaats aux grandes écoles. Mais les programmes actuels
ne sont pas intangibles ; leur refonte est bien au contraire
réclamée de tous côtés. Une réorganisation de notre enseignement
national, établie de manière à présenter un choix judicieux de
328 LES LANGUES MODERNES
connaissances par les méthodes les plus actives et les plus haufë-
inent éducatives, permettrait d'introduire dans la section C (la
seule d'ailleurs qui soit en question), l'étude d'une seconde langue
sans imposer de surcharge aux élèves. En attendant cette réor-
ganisation, notre Société > croit pouvoir être en mesure de propo-
ser des mesures transitoires qui rendraient dès maintenant cette
étude possible sans créer de nouvelles heures de classe.
Dans ces conditions, Monsieur le Ministre, nous espérons que
vous voudrez bien prendre notre ordre du jour en considération
et maintenir la mesure qui en est l'objet. Nous nous tenons
d'ailleurs à votre disposition pour vous fournir tous les rensei-
gnements que vous jugerez nécessaires.
L'ordre du jour, complété par la lettre d'envoi, assignait à
1 action du Comité une double tâche : l'une, immédiate : montrer
la possibilité d'organiser dès maintenant l'étude d'une seconde
langue en C pour les candidats aux grandes écoles ; l'autre,
à échéance plus lointaine: introduire l'étude de deux langues dans
la réorganisation générale ce l'enseignement. ,
Le 22 mai, MM. Veillet-Lavallée et Delobel remettaient à M. le
Directeur de l'Enseignement scondaire et à M. le Recteur de
l'Académie de Paris, une note . indiquant dans quelles conditions
l'enseignement d'une seconde langue pouvait être organisé en
Seconde C, dès la rentrée d'octobre 1921.
»
Note concernant l'étude obligatoire de Tallemand et de l'anglais
pour les candidats aux Grandes Ecoles
22 mai, WW.
Tout le débat sur l'obligation de l'allemand et de l'anglais au
concours d'admission à Polytechnique et à St-Cyr, se ramène, en
définitive, à la seule question : est-il possible d'enseigner deux
k.ngues aux élèves de la Section C, sans leur imposer de sur-
charge ?
A notre avis, cette question ne peut être résolue d'une façon
complète que si l'on envisage dans son ensemble la réorganisa-
tion de notre enseignement national. Mais il serait dangereux
<rattendre jusque là pour la résoudre ; la crise que subit l'étude
de l'allemand nous oblige à rechercher dès maintenant les moyens
d'appliquer une mesure qui nous paraît être le seul remède efli- v
cace à la désertion des classes d'allemand, tout en établissant un^ ^
juste équilibre entre les deux langues.
Le premier principe qui doit nous guider est de placer les ^
<l'lè^■es de la Section il dans les mêmes conditions que ceux de la
Secion D. Or, si la mesure entrait en vigueur à jiartir de 1923,
les élèves qui se ])réscntcraient au concours à cette date n'au-
raient pu commencer l'étude d'une seconde langue qu'en Prc- ■-
n-.ièrc, à la rentrée d'octobre 1920, alors que leurs camarades de
D l'auraient déjà commencée normalement en Seconde, à partir /
d'octobre 1919. Il ))arait donc équitable, pour ne pas favoriser les
i:ns au détriment des autres, de donner à tous la même ciiiréc de ^
préparation, et de reporter l'application de la décision ministé- f
rielle au concours de 1924. 5
BULXETIN DE L'ASSOCIATION .■}29
I^ problème ne revient plus qu'à introduire l'étude d'une
deuxième lanj^ue en Seconde C, dès la rentrée d'octobre 1920.
Nous pensons que, dans cette période transitoire, l'étude d'une
deuxième langue devrait être facultative et réservée aux élèves
(]ui ont l'intention de se présenter aux grandes écoles. Le nombre
d'heures pourra être lixé à trois. 11 sera ainsi inférieur d'une
heure aux qiitilre heures de la Section D, mais cette inégalité
peut se justifier si l'on considère d'une part qu'il s'agit d'un
enseignement facultatif, suivi par des jeunes gens bien doués,
d'autre part que les élèves de C ne ile\ront faire preuve de leurs
connaissances qu'après quatre années d'études, alors que ceux de
la Section D subissent au bout de deux ans une épreuve au
Baccalauréat.
Ces trois heures peuvent être trouvées sans qu'il y ait lieu de
bouleverser horaires et programmes.
On peut établir que, pour les élèves qui suivront le cours
facultatif de seconde langue, le dessin d'ornement sera facultatif
(comme il l'c^t déjà en philosophie et en mathématiques). On
disposerait ainsi de deux heures. La troisième heure peut être
obtenue : l*" en ramenant les heures de mathématiques, actuelle-
Hient sept heures (,5 _(_ 2 heures de dessin graphique), jusqu'au
15 février, et six heures après cette date, à six heures pendant
toute l'année. — des professeurs consultés estiment qu'une meil-
leure utilisation des heures de dessin graphique permettrait de
compenser cette réduction ; — 2" en ramenant les heures d'en-
seignement littéraire, huit heures (.4 heures de français _|_ 4
heures de latin) pendant toute l'année, à sept heures pendant
un semestre. Il n'j' aurait ainsi qu'un simple prélèvement d'une
demi-heure annuelle sur les mathématiques comme sur l'ensei-
gnement littéraire, et le nombre total des heures de classe .res-
terait le même.
En Première C, si les programmes actuels étaient encore en
vigueur en octobre 1921, les trois heures peuvent être obtenues
de même en rendant facultatives les deu.v heures de dessin d'or-
nement et en ramenant les sept heures de mathématiques (5
heures _U 2 heures) à six heures.
Dans les classes suivantes, deux heures seraient suffisantes, si,
dans les deux premières années, l'enseignement est poussé assez
activement.
Les modilications que nous proposons ne sont pas très impor-
tantes ; elles ne sont pas de nature à compromettre les autres
er.seignements ; elles n'imposent aucune surcharge aux élèves.
Nous espérons qu'elles pourront servir de base à l'application
d une mesure dont dépend l'avenir des études a'allemand aussi
^bien que l'intérêt du pays.
Ch. Veillet-Lavallée.
Président.
Nous croyons savoir que cette note a été soumise à l'examen
de l'Inspection générale.
'Notre représentant au Conseil supérieur, M. Rancès, informé
que le Cabinet du ministre s'était ému des objections soulevées
. par les Proviseurs, aéfendit également l'ordre du jour de l'Asso-
ciation auprès de M. Bellin, et demanda qu'aucune mesure ne
fût prise sans consultation des intéressés.
D'autre part, M. l'Inspecteur général Potel a bien voulu nous
faire savoir que, dans différents entretiens avec des représentants
330 LES LANGUES MODERNES
de l'ctat-major, il a pu attirer leur attention sur la crise de
rallemand, et leur montrer les graves répercussions que tout
retour au statu quo pourrait exercer sur notre enseignement.
Par ces différents concours, notre Association a fait entendre
sa voix auprès des administrations intéressées. Nous voulons
espérer qu'il sera tenu compte de son intervention. Le Comité a
pensé qu'il fallait aussi essayer d'atteindre le public par une pro-
pagande de presse. Nous sommes heureux de signaler à nos col-
lègues plusieurs articles qui traitent, soit de la question des
ijrandes écoles, soit de la question, plus générale, de l'étude de
l'allemand ou des langues vivantes : J. Lalbent, Pour la défense-
de l'enseignement des Langues Vivantes. {Avenir, 16 mai). —
J. Leblanc, Faut-il apprendre l'allemand ? (1) {Ere nouvelle, 17
mai). — G. Vernox (notre collègue G. Varenne), Les langues
vivantes et les leçons de la guerre (2). {Information, 22 mai), —
A. T., Désertion des classes d'allemand dans les Collèges. {Démo-
cratie nouvelle, 9 juin. — G. Delobel, Faut-il apprendre l'alle-
mand ? {Informateur civique, 3 juin (.3 et 2). Le Comité sera
reconnaissant à tous les collègues qui voudront bien collaborer à
cette propagande dans la presse parisienne ou départementale.
Le Comité se propose de plus, d'obtenir de personnalités émi-
nentes des déclarations qui indiqueraient aux familles tout le
danger que fait courir au pays l'abandon de l'allemand.
Mais cette action immédiate ne doit pas nous faire perdre de
vue le problème général qui est au fond même du débat : la
place des Langues vivantes dans l'enseignement national, La
réorganisation de l'enseignement est à l'ordre du jour ; elle n •
doit pas se faire en dehors de nous, sans que nous ayons exposé
et défendu nos conceptions. Elle risquerait trop de se faire con-
tre nous. Il serait trop tard ensuite pour récriminer. Le Comité
a donc inscrit cette question à l'ordre du jour de ses travaux et -^
prie les régionales d'en aborder l'étude le plus tôt possible. On
peut prendre comme base le questionnaire publié par la Fédéra-
tion des professeurs de Lycée pour le Congrès de 1920 (4^. H
sera utile d'étudier en particulier l'organisation de l'enseigne-
ment de la seconde langue, soit dans les sections sans latin, soit
t'ans les sections avec latin, ainsi que la constitution d'un vérita-
ble enseignement des hunuinitcs modernes. Le Comité.
(1) Cet article reproduit les arguments donnés en faveur de:
l'étude de l'allemand par notre collègue. .M. P. Lannes, dans les;
Langues modernes de niars-uvril dernier, pages 97-100.
(2) Voir Sotes et Dorumenis. page 390.
(3) L'Informateur, correspondance périodique adressée par laJ
Ligue civique aux journaux de province, autorisant la rcproduc- >
tion libre et gratuite de ses articles, avec ou sans leur signature, .
nos collègues peuvent demander aux journaux locaux l'insertion
(4) Voir le Bulletin île la Fédération, décembre 1919, janvie^
1920 et suivants.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION [i'M
LeHre adressée à M. le Recteur de l'Académie de Paris
Paris, le 12 mai W2U.
\[ONSIKi;ii LK IlKCTKUIt.
Ainsi que vous m'y avez invité au cours de la visite que j'ai
tu l'honneur de vous faire le jeudi 6 courant, en compagnie
des deux vice-présidents de notre Association, j'ai l'honneur de
vous adresser ci-joint le texte de l'ordre du jour voté par le
(Comité, en sa séance ou 6 mai 1920 (li. Il s'agit de la ques-
tion des deux langues obligatoires (anglais et allemand) au con-
cours d'entrée à Polytechnique et à St-thr,
\'ous remarquerez. Monsieur le Itecteur, que notre groupement
professionnel enregistre avec satisfaction la récente décision de
.M. le Ministre de la (nierre, qui nous ])arait éminemment sage,
prévoyante et de tous i)oints heureuse i)our l'intérêt national.
La décision qui, en 1916, avait permis aux candidats de choi-
sir entre l'allemand et l'anglais avait achevé de ruiner dans
nos Lycées et Collèges l'étuoe de l'allemand déjà abandonnée
depuis le début de la guerre, sous l'inspiration d'un patriotisme
mal entendu. Les générations actuelles risqueraient ainAi d'igno-
rer raJlemand et, par suite, l'Allemagne, (/était là un véritable
péril national qui a été signalé, non seulement par les membres
de l'enseignement des Langues vivantes, mais encore par de nom-
breuses personnalités, notamment par M. E. Lavissc, dans i.sa
;ttre au Temps du 24 octobre 1919.
Il ne saurait être question de revenir à l'état de choses d'avant
1914 et de reaonncr à l'allemand la priorité sur les autres lan-
gues. Nos futurs officiers, nos futurs ingénieurs ont liesoin
aujourd'hui de savoir l'anglais. Mais il ne leur est pas davantage
jiermis de négliger la connaissance de l'allemand au moment
où le pays a besoin d'un nombre de Français toujours croissant
qui, avertis, au courant des choses allemandes et de la mentalité
germanique, pourront renseigner l'opinion publique, assurer
Texécution des clauses financières du traité de paix, contrôler le
désarmement oe r.Allemagne, surveiller son développement éco-
nomique, pratiquer l'occupation de la rive gauche du Rhin.
CL'est pourquoi la récente décision de M. le Ministre dé la
(hierre nous paraît donner la seule solution possible du pro-
blème en établissant un juste équilibre entre deux langues d'une
égale importance.
L'unique objection sérieuse qui puisse être faite à cette mesure
s'appuie sur la surcharge qu'imposerait l'étude des deux langues
aux candidats aux grandes écoles. Mais les programmes actuels
ne sont pas intangibles ; une refonte en est réclamée, a'ailleurs.
cic tous côtés. Une réorganisation de notre enseignement national
établie de manière à présenter un choix judicieux de connais-
s;;nces, par les méthodes les plus actives et les plus hautement
éducatives permettrait d'introduire dans la section C, la seule,
d'ailleurs, qui sôit en question, l'étude d'une seconde langue,
sans imposer de surcharge aux élèves. En attendant cette réor-
ganisation, notre Société croit pouvoir afTirmer qu'elle est, à
même de proposer des mesures transitoires qui rendraient, dès
maintenant, cette étude possible sans créer de nouvelles heures
de classe.
(1) Voir Langues Modernes (Mai-Juin 1920), p. 192.
332 LES LANGUES MODERNES
Nous nous tenons donc à votre disposition. Monsieur le Rec-
teur, pour vous exposer le détail de ces mesures, s'il vous plaît,
le cas échéant, de nous convoquer. Nous nous permettons d'indi-
quer en passant que la question personnel ne se pose pas, car les
professeur d'allemand ont, en beaucoup de cas, à l'heure actuelle,
un service incomplet.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Recteur, l'expression de mon
respectueux dévouement.
Ch. ^'EILLET-LAVALLÉE,.
Président.
Lettre de M. le Recteur de l'Académie de Paris
Paris, le 15 mai IVW,
MoxsiEUH LE Président,
.l'ai pris connaissance de l'ordre du jour de l'Association des
Professeurs de Langues vivantes de l'Enseignement Public, que
vous avez bien voulu m'adresser le 12 mai courant.
Je suis tout disposé à examiner et à soumettre à M. le Ministre
les mesures pratiques que l'Association est, me dites-vous, à
même de proposer. Je vous serais obligé de vouloir bien m'expo-
ser, dans un rapport spécial, le détail de ces mesures qui ren-
draient possible, dès maintenant, l'étude d'une seconde langue,
sans création de nouvelles heures de classe. (
Veuillez agréer. Monsieur le Président, l'assurance de mes
sentiments très distingués.
Le Recteur,
Signé : Appel.
Lettre adressée à M. le Kecteur de TAcadémie de Paris
Paris, le 22 mai, 19:20.
Monsieur le Recteur,
Vous avez bien voulu, par votre lettre du 15 courant, m'inviter
à vous présenter un rapport exposant le détail des mesures qui
nous paraissent propres à faciliter, dès maintenant, l'étude des
deux langues — allemand et anglais — qui seront obligatoires à
partir de 1923 au conours d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr.
J'ai l'honneur. Monsieur le Recteur, de vous remettre ci-joint
le rapport en question (D, en vous remerciant d'avance de la bien-
veillante attention que vous vouerez bien consacrer à nos sug-
gestions.
Dans les efforts que nous déployons, en ce moment, nous som-
mes inspirés par la double conviction que la connaissance des
langues étrangères est indispensable à la culture moderne et que
fintérèt général du pays, la défense nationale exigent que nos
futurs olficicrs et ingénieurs sachent et l'anglais et l'allemancl.
Je vous prie d'agréer, etc..
Ch. Veillet-Lavallée»
Président,
(1) Voir page 328 : Sole roncemunt l'élude obligatoire, etc.../
lUI.LKTIN DE i/ASSOCIATION 333
LeUre adressée au Ministre de la Guerre
Pans, le 10 mai, 19W.
A Monsieur le Ministre de la (inerre.
MONSIF.IH LK MiMSTHK,
J';ii l'honneur de soumettre à votre bienveillant examen l'ordre
du .jour ci-joint, volé par le Comité de l'Association des Profes-
seurs de Langues vivantes oe l'Enseignement Public dans sa
scance du 6 mai 1920.
Cet ordre du jour eniegistre avec la plus grande satisfaction la
I Lcente décision par laquelle M. le Ministre ôe la Guerre rend
I bligatoire. pour le concours d'entrée à Polytechnique et à
Si-(^yr. à partir de 192;i. la connaissance de l'allemand et de
I anglais.
Eu eflet, la décision qui, en 1916, avait permis aux candidats
tic choisir entre l'allemand et l'anglais avait achevé de ruiner
dans nos Lycées et Collèges l'étude de l'allemand déjà aban-
donnée depuis le début de la guerre sous l'inspiration d'un
patriotisme mal entenau. Les générations actuelles risqueraient
;Hnsi d'ignorer l'allemand et par suite l'Allemagne, C'était là
un véritable péril national qui a été signalé, non seulement par
les membres de l'enseignement des Langues vivantes, mais encore
par de nombreuses personnalités, notamment par M. E. Lavisse,
dans sa lettre au Temps du '24 octobre 1919.
Il ne saurait être question, eu égard aux nouvelles conditions
politiques et économiques où se trouve la France, de revenir à
l'état de choses d'avant 1914 et de redonner à l'allemand la
priorité sur les autres langues. Nos futurs officiers, nos futurs
ijigénieiirs ont besoin aujourd'hui oe connaître l'anglais. Mais
il ne leur est cependant pas permis de négliger la connaissance
de lalleinaud au moment où l'exécution des clauses financières
du traité de paix, le contrôle du désarmement de l'Allemagne, la
surveillance de son développement économique, l'occupation de
la rive- gauche du Rhin exigent un nombre de plus en plus grand
de Français avertis, capables d'informer exactement leur pays.
C'est pourquoi la récente décision ministérielle nous paraît
donner la seule solution possible du problème en établissant un
juste équilibre entre deux langues d'une égale importance.
L'unique objection sérieuse qui puisse être faite à cette mesure
s'appuie sur la surcharge qu'imposerait l'étude de deux langues
aux candidats aux grandes écoles. Mais les programmes actuels
ne sont pas intangibles ; leur refonte est, bien au contraire,
réclamée de divers côtés. Une réorganisation de notre enseigne-
ment national, établie de manière à présenter un choix judicieux
de connaissances par les méthodes les plus actives et les plus
hautement éducatives, permettrait d'introduire dans la section C
(la seule d'ailleurs qui soit en question), l'étude d'une seconde
langue sans imposer de surcharge aux élèves. En attendant cette
réorganisation, notre Société croit pouvoir affirmer qu'elle est
en mesure de proposer des mesures transitoires qui rendraient,
dès maintenant, cette étude possible sans créer de nouvelles heu-
res de classe.
Dans ces conditions. Monsieur le Ministre, nous espérons que
vous voudrez bien prendre notre ordre du jour en considération
et maintenir la mesure qui en est l'objet. Nous nous tenons.
334 ].ES LANGUES MODEKNES ,
d'ailleurs, à votre disposition pour vous fournir tous les rensei-
gnements que vous jugeriez nécessaires.
Je vous prie d'agréer, etc...
Ch. V^eillet-Lavallée,
Président.
Lettre adressée au général Serrigny.
Directeur des Ecoles Militaires au Ministère de là Guerre
10 mai.
Mon Général,
.T'ai l'honneur de vous adresser ci-inclus le texte d'un ordre du
jtur voté par le Comité de notre Association dans sa séance du
6 mai 1920. Je vous informe, en outre, que j'envoie en même
temps à M. le Ministre de la guerre un autre exemplaire de cet
oidre du jour pour qu'il en prenne connaissance.
Nous avons enregistré avec la plus vive satisfaction la décision
récente qui a rendu obligatoires, à partir de 1923, au Concours
d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr, les langues allemande et
anglaise.
La décision, prise en 1916, permettant aux candidats de pré-
senter, au choix, l'une de ces deux langues avait achevé de rui-
ner, dans notre enseignement secondaire, l'étude de rallemand,
ce qui constituait un véritable péril national.
(Certes, on ne peut songer à retourner à l'état de choses d'a\'ant
1914 et rendre à l'allemand son ancienne et quasi exclusive
piépondérance. (Miciers et ingénieurs ont besoin de savoir l'an-
glais. 11 leur est cependant impossible d'ignorer l'aîTemand au
moment où il nous faut assurer l'exécution des clauses économi-
ques du traité de Versailles, contrôler le désarmement de l'Alle-
magne, occuper la rive gauche du Rhin. Ces tâches exigeront un
nombre toujours croissant de Français connaissant la langue, les
mœurs, la mentalité de nos ennemis d'hier et capables de rensei-
gner avec exactitude nos compatriotes.
La récente décision ministérielle nous a paru donner au pro-
blème sa seule solution possible en créant un juste équilibre
entre l'allemand et l'anglais.
Certains s'inquiètent de la surcharge que la mesure va impo-
ser aux candidats. L'objection est sérieuse, mais les progranimcs
actuels ne sont pas intangibles ; il semble même que leur refonte
aura lieu dans un avenir prochain. Il sera facile alors d'établir
un choix judicieux de connaissances que les élèves acquerront
par les méthodes les plus actives et les plus éducatives. En atten-
dant cette réorganisation, notre groupement se croit en mesure
de proposer des solutions transitoires qui permettraient d'étu-
dier, dans la Section C, dès maintenant, une seconde langue, sans
<}u'il fût nécessaire de créer de nouvelles heures ae classe.
Nous espérons donc, mo)i Général, que vous voudrez bien exa-
:î)iner avec sympathie l'ordre du jour ci-joint et que la mesure
récemment adoptée sera appliquée dans son intégrité.
Je vous prie d'agréer, etc..
Ch. Vkillkï-Lavai.i.ée» g^
Président.
à
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 335
Lettre de M. le Directeur de l'Enseignement Supérieur
Paris, le '20 niai, lUlO.
A Monsieur le Président de l'Assorialion des Professeurs
de Langues viixintes de l'Enseiynemenl public.
Vous jivez bifii voulu me saisir d'un vœu teiiuant à ce qu'une
entente iiitervienne entre les examinateurs de Langues vivantes
afin que, dans un même ordre d'examen, les épreuves des diffé-
nntes langues |)résentent un même degré de diflîculté.
J'ai l'honneur de vous informer que cette mesure me parais-
si.nt justifiée, je viens d'envoyer à MM. les Recteurs des instruc-
tions dans ce sens.
Signé : (".ovili.e.
Lettre de N. le Directeur de l'Enseignement Secondaire
Paris, le l't mai, 1920.
MOXSIEUH LE PhÉSIDENT,
.)'ai l'honneur de vous accuser réception du vœu que vous
m'avez transmis au nom de l'Association des professeurs de Lan-
gues vivantes et tendant à un accord préalable des examina-
teurs des ditférentes langues au baccalauréat et aux examens de
l'enseignement primaire.
.Je vous remercie de cette communication, dont j'ai pris con-
naissance avec intérêt, et que je me suis empressé de recom-
mander à la bienveillante attention de MM. les Directeurs de
l'Enseignement supérieur et de l'Enseignement primaire, qu'elle
concerne plus particulièrement.
Agréez, Monsieur le Président, l'assurance de ma considéra-
tion très distinguée.
Le Directeur de l'Enseignement secondaire.
Signé : M. Bellin.
Lettre envoyée à certains membres du Conseil Supérieur
de l'Instruction Publique'^*
Paris, le l'2 juin 1910.
.Monsieur
Au moment où le Conseil Supérieur va examiner le projet de
réforme des Ecoles Normales d'Instituteurs et d'Institutrices, nous
avons l'honneur de vous adresser ci-inclus le tirage à part d'un
article qui a paru en février dernier dans la • Revue de l'Ensei-
gnement des Langues Vivantes >.
Cet article expose les principaux arguments qui, à nos yeux,
montrent combien serait dangereuse pour le pays toute diminu-
tion de l'enseignement des Langues Vivantes dans les Ecoles
Normales Primaires. Nous sommes persuadés, en effet, que ren-
dre facultative dans ces établissements l'étude des langues moder-
nes serait tuer cet enseignement. Les conséquences désastreuses
(1) Voir sous la rubrique Notes et Documents : Les Langues
Vivantes au Conseil Supérieur (page 378).
336
LES LANGUES MODERNES
de cette mesure, qui va droit à l'encontre des tendances de
l'opinion publique, seraient bientôt les suivantes :
1'' Amoindrissement de la culture des futurs instituteurs et
institutrices au point de vue :
n) grammatical ;
h) littéraire ; •
c) social et patriotique.
2" Diminution de la force d'expansion économique du pays.
3° Diminution de la connaissance que doit posséder le public
français dans son ensemble des faits politiques, moraux et sociaux
des pays étranfjers. en d'autres termes, ignorance et incompréhen-
sion dangereuses de ce qui se passe au delà des frontières.
4" Impossibilité à l'avenir de recruter les Professeurs de Lan-
gues Vivantes des Ecoles Primaires Supérieures de garçons et de
filles et des Cours Complémentaires, au moment où ce recrute-
ment, surtout pour l'anglais (garçons), est assez malaisé.
Il y a lieu d'observer, en outre, que dans les pays les plus
avancés au point de vue de la diffusion de l'instruction (AUe-
nîagne, Angleterre, Belgique, Hollande, Suisse), on accorde dans
les Ecoles Normales et, plus généralement, dans tout l'enseigne-
ment primaire, une place plus importante aux Langues Vivantes
qu'on ne le fait chez nous. La mesure projetée augmentera encore
notre infériorité.
Je vous prie d'aguéer... etc.
Ch. Veillet-Lavallée,
Président de l'Association des Prof, de L. V. de l'E. P.
P.-S. (ajouté après réception de la nouvelle relative aux pro-
grammes des E. P. S.). — Les observations qui précèdent s'ap-
pliquent avec plus de force encore à tout projet qui tendrait à
rendre facultatif l'enseignement des Langues Vivantes dans les
Ecoles Primaires Supérieures. Une telle mesure serait à propre-
ment parler désastreuse pour notre avenir économique et intel-
lectuel.
Note remise à M. Louis Marin, Député
' Paris, 26 juin 1920.
Un projet de décret préparé par la direction de l'Enseignement
Primaire, sans consultation préalable ni des milieux intéressés,
ni des groupements ])rofessionnels compétents et soumis après-
demain à l'examen du Conseil Supérieur de l'Instruction publi-
que, décide qu'à l'avenir l'étude des Langues Vivantes, obligatoire
jusqu'ici, deviendra seulement facultative :
1" dans les Ecoles Normales d'Instituteurs et iVInstilutrices :
2° dans les Ecoles Primaires Sui>érieurcs de garçons et de
Filles.
Une pareille mesure, si elle est adoptée, nous ramènera dv
cinquante ans en arrière. Elle aira des conséquences déplorables :
1" pour la formation intellectuelle du personnel de 1 cnseign.
ment primaire et des cinquante mille élèiyes qui fréquentent Us
filcoles Primaires Supérieures et les C>ours Complémentaires :
2" pour la force d'cifuinsion économi<iue du ])ays.
fciUe met les Langues \'ivantes au niveau des arts d'agrément :
elle en rend l'enseignement précaire; elle nuit à la dignité du Corps
des Professeurs de Langues Vivantes.
BULLETIN' DE L'ASSOCIATION 337
On n'ose pas supprimer purement et simplement l'étude des
langues et littératures modernes et des choses de l'étranger. En
la rendant facultative, pour des jeunes gens et des enfants, on
atteint le même résultat d'une façon détournée.
(;h. Veillet-Lavallék.
Président de l'A. P. L. V.
Section Régionale de Clermont-Ferrand
La lettre-circulaire ci-dessous a été adressée à la date du 10
juin, à tous les professeurs de Langues vivantes de l'Académie
de Clermont :
Clermont-Ferrand, le... Î'J'20.
.\ la suite d'une convocation adressée aux professeurs de Lan-
gues vivantes à Clermont-Kerrand, les professeurs des trois ordres
de l'enseignement, réunis le 3 juin à l'Ecole Professionnelle, ont
décidé, à l'unanimité, qu'il y a lieu de créer au siège de l'Aca-
dcinic une Régionale (section de l'Association des professeurs
ce Langues vivantes de l'enseignement public, comme il en existe
déjà dans mainte académie, notamment à Poitiers, Lille, .Aix,
ctc...i.
Afin de procéder à l'élection du bureau définitif de la Régio-
nale, de permettre les échanges de vues nécessaires, et de déter-
miner un programme d'action, à mettre en œuvre, dès .la rentrée
d'octobre 1920, il a été convenu qu'une première assemblée
régionale trimestrielle serait tenue à Clermont-Ferrand, Lycée
lîlaise-Pascal, le dimanche 11 juillet, à 17 heures.
Les professeurs de Clermont espèrent que liurs collègues de
l'Académie ne refuseront pas leur coopération dans la dpfense
de l'enseignement des Langues vivantes, l'étude de toutes ques-
tions d'ordre technique, et la défense des intérêts corporatifs.
Ils les en remercient d'avance bien cordialement.
En conséquence, ils jjrient M de bien vouloir considérer la
présente circulaire comme une invitation à assister à r.\s^emblée
régionale ou 11 juillet.
Le secrétaire provisoire,
R. Vivien.
Section régionale d'Aix- Marseille
Lappel suivant a été adressé à la date du 19 juin 1920 aux 70
établissements d'enseignement secondaire et primaire supérieur
de l'Académie d'Aix-Marseille :
Marseille, le 19 juin, 1020,
Chehs CoLLi^;GUES,
On reconstitue partout. Il nous faut donc reconstituer aussi
notre groupement régional de l'Association des Professeurs de
L. V. de l'Enseignement public. Nous sommes déjà devancés
(les circonstances seules , en sont cause i, par Poitiers, Lyon et
338 I.ES LANGUES MODERNES
Toulouse. Soyous du moins de ceux qui aui-out fait cet effort de
résurrection dès la première année de la paix.
A aucun moment nous n'avons eu plus besoin d'être fortement
organisés. Nos méthodes et les sanctions de notre enseignement
sont un peu partout dans l'Université et même hors d'elle —
l'objet des discussions les plus vives et viennent d'être soumises
à des remaniements sur lesquels les avis peuvent différer, mais
c'u'il importe d'examiner très attentivement . tous ensemble,
maintenant que la paix nous a réunis, avec l'unique préoc-
cupation du progrès des études.
D'autre part, la place même de notre enseignement dans le
système général de l'éducation nationale est remise en questioji
par diverses mesures déjà prises et par divers projets de réforme,
li importe que nous puissions participer avec autorité à cette
discussion dans laquelle, au reste, nous n'avons pas la moindre
arrière-pensée d'hostilité contre aucune autre discipline. Une des
caractéristiques les plus certaines de notre Section Régionale sera
précisément l'esprit de mesure et de bienveillance à l'égard de
Lttte culture gréco-latine que nous ne pourrions vouloir ruiner,
ou même amoindrir davantage, sans arracher les pages les plus
anciennes — et elles comptent parmi les plus belles et les plus
familières — de notre histoire de Provence. En affirmant qu'il y
a une part à faire aux humanités modernes nous n'avons donc
pas la moindre intention de dénigrement à l'égard des humanités
anciennes.
Pour ce qui est de l'organisation Intérieure de notre Sectiît)n
rcgionale, nous la désirons telle que les plus Tsolés de nos collè-
gues y soient assurés de toute leur part d'influence. Nous posons
Gonc le principe que tout acte engageant la Section régionale, et
même tout avis exprimé en son nom. devront être précédés
dune consultation, par référendum, de tous ses membres.
La tâche la plus urgente consiste à nous rassembler et à nous
compler.
Une soixantaine de membres de r.\ssociali<)n des P. L. V. rési-
dent dans l'Académie. L'adhésion à la Régionale n'impliquant
aucune charge supplémentaire, nous les considérons naturelle-
ment cHjmme membres de la Régionale. Nous les prions en même
temps d'employer leur influence pour amener à l'.Association
ceux de nos collègues qui n'en font pas encore partie. Tout
professeur de Langue vivante estimera certainement. dès
réflexion faite, qu'il est à la fois de son intérêt et de son devoir
de faire partie, soit de l'A. des P. L. V.. soit de celle des pro-
fesseurs de Langues méridionales. Les deux Associations sont
résolues à marcher de concert. En ce qui concerne notre Acadé-
mie, elles sont décidées à établir le plus complet synchronisme
dans leurs réunions et leurs démarches pour pouvoir agir, en
lait, comme une seule association.
Dès que nous serons à peu pi-ès au complet, nous convoque-
rons une .assemblée générale, a\ec \()te jjar correspondance,
pour régler dans tous ses détails l'organisation de notre régio-
nale.
Secrétariat provisoire :
Pour les Lycées et Collèges de garçons : M. (i.-E. hroihe> profes-
seur agrégé d'anglais au Grand Lycée, Marseille.
BULLETIN DK l'ASSOCLATION 339
Pour lis Lvc-ccs et Collèges de filles : Mlle L. Beley, professeur
ii';:lleniiind ;iu Lyeéc de jeunes filles, Miirseille.
Pour les Kcoles normales et primaires supérieures de garçons:
HJ. Michel, professeur d'anglais à l'Keole Pierre-Puget, Marseille.
Pour les Ecoles normales et primaiies supérieures de filles :
Mme Paris, professeur d'italien à l'Keole Kdgar-Quinet, Mar-
seille.
F^rière u'adresser les adhésions nouvelles aux secrétaires respec-
tifs.
L'adhésion à la Régionale donne droit au service du Bulletin de
l'A. P. L. V^ Les Langues modernes, publié six fois par an.
Envoyer les cotisations HO fr.), aux secrétaires respectifs.
L'annuaire de la Société doit paraître dans le prochain numéro
du Bulletin.
Vu et II]) prouvé.
Le T'résident de la Régionale d'avant-guerre :
P. Lestaxg.
Professeur agrégé d'anglais au grand Lijcée, Marseille.
!^.-B. — Prière ne désigner pour votre établissement un corres-
pondant du Secrétariat de la Hégionale.
Le représentant de T.Association des professeurs de Langues
Méridionales pour l'.Acadêmie d'.Aix-Marseille, s'associe à cet
appel et centralise les adhésions en ce qui concerne son groupe-
ment.
Paoli.
Professeur <igrégé d'italien au Grand Li/cée, Marseille.
Adhésions nouvelles
M. Brauer. professeur. Institution St-Berthuin. Malonne-les-
Namur. Belgique. — Central High School, School District of City
of Siranton, Pennsylvania. — M. E* Didelot, professeur au collège,
Commercy. — M. le Directeur des Cours Secondaires de français.
Trêves. — M. Favre, professeur au Lycée. Moulins. — Mlle Goisey.
professeur au Collège de J.-F.. Dreux. — Institut de Philologie
Germanique, Strasbourg. — M. Marcaggi, professeur au Lycée du
Parc, Lyon. — M. Parenty, Professeur au Collège d'Arras. —
M. Reynaud, professeur au Lycée de Rouen. — Mrs Severn Storra.
Harvell. Ste\enton. — M. Simonnot, St-Sauvent (Charente-Inf.t. —
M. Sulger-Buet. professeur au Lycée du Parc, Lyon.
•S>
LA PEDAGOGIE GAIE
ou
Les disciplines traditionnelles
Je croisai, l'autre matin, mon ami Tardigrade dans les esca-
liers du lycée Robespierre. Le lycée Robespierre ne ressemble en
rien à l'Université que nous a dépeinte M. Herriot. Ce lycée, le
plus parisien des lycées de Paris, est tout en étages, et entre ces
étages, il y a des escaliers, beaucoup d'escaliers, et pas d'ascen-
seurs ; et pour passer du rez-de-chaussée au premier étage et du
premier étage au second, et du second au troisième, les élèves
n'ont même pas la joie de faire le long des murs ces prodigieux
rétablissements dont parlait l'historien de Mme Récamier, car
les fenêtres y sont aussi grillagées que celles d"une prison, — ce
qui est à la fois triste et symbolique...
Mon ami Tardigrade était radieux, contre son habitude, et il
m'aborda d'un air triomphant.
— Vous avez lu, me dit-il, le discours de Léon Bérard à la
Chambre. Les humanités classiques ont enfin trouvé un magnifique
avocat et je pense qu'après son éloquent plaidoyer, il sera bien
difficile au Ministre de ne pas se décider à renforcer les études
classiques qui se meurent, après avoir fait la force de la France !
— J'ai lu, répondis-je, la rhétorique creuse de Léon Bérard et
je comprends qu'elle vous ait plu. Mais je pense que, par ce dis-
cours malheureux, M. Léon Bérard a bien compromis la cause
qu'il prétendait défendre.
— Vous serez toujours paradoxal ou peu sérieux !
— ( Croyez-vous ? Et si je vous démontrais qu'avec l'argument le
plus fort dont s'est servi M. Bérard pour célébrer les vertus
« des vieilles disciplines classiques et traditionnelles », toute la
vie, toute la civilisation s'arrêteraient, que l'on serait condamné
à vivre éternellement comme ont vécu nos pères, et que l'on se
couvrirait de ridicule, à tenir le langage de M. Léon Bérard, s'il
s'agissait d'autre chose vraiment que de la misérable question
du latin qui est. à l'heure actuelle, quoi que vous en pensiez, une
question de bien minime importance au regard de la réforme
totale qui s'impose à l'Université pour l'avenir même de la France.
— Je ne vous comprends pas, articula dédaigneusement M. Tar-
digrade.
— Vous allez comprendre. <■ Il est possi!)le », vous a dit
M. Bérard, et je sais jiar cœur sa belle période, <i que les méthodes
modernistes soient bonnes. Malheureusement pour elles, la valeur
i,A PKnA(;o(;iE oaik 341
n"tn est pas vérifiée et elle demeure, quant à présent, invéri-
iiable. » il'n beau truisme !i • Par contre, des sièles de haute
iivilisation française témoignent de la vertu des disciplines tradi-
tionnelles, auxxiuellcs je voudrais que l'Université restât fidèle. »
\ ous ne saisissez pas l'infirmité a'un pareil raisonnement ?
— Vous appelez infirmité ce qui fait sa noblesse.
— .J'appelle infirmité une attitude de l'esprit qui se dérobe
par avance et par principe à toute expérience, lors même qu'elle
pourrait être bonne, et l'inquiétude d'un homme qui se croirait
j^c-du, à conduire un seul de ses pas hors des traces des pas de
res pères, et à s'écarter des chemins battus. C'est de cette infirmité-
là que la France se meurt, tout simplement.
— Hon ! voilà que vous exagérez une fois de plus ; vous détestez
tout ce qui est tradition !
— N'employons pas ce grand mot hors de propos ; et concédez-
moi qu'avec de pareils raisonnements, nous en serions encore aux
diligences de nos pères, que dis-je ? aux chariots des rois fai-
néants ! Voyez-vous, au moment où le premier chemin de fer
essayait de remorquer péniblement quelques voyageurs de Paris à
St-Germain, qu'un Léon Bérard — il y en eut un alors, il y en
a toujours un dans ces circonstances, et il portait un nom illus-
tre — eût dit au pays : - Il est possible que cette invention des
chemins de fer soit bonne. Malheureusement pour elle, la valeur
n'en est pas vérifiée et elle demeure jusqu'à présent invérifiable. »
(L'éternel truisme !) " Par contre, des siècles de haute civilisation
témoignent de la vertu d^s bonnes vieilles diligences traditionnel-
les, etc. » Avec des esprits comme ceux de M. Léon Bérard, je
vous dis que l'humanité demeurerait éternellement à l'époque des
diligences.
— C'est une époque qui avait d'ailleurs du bon, interrompit
M, Tardigrade.
— Je vous l'accorde, répliquai-jt< ; mais à condition d'être logi-
que avec vous-même et avec vos goûts, et de me promettre d'user
de cette diligence que vous appréciez tant, lorsque vous irez
prochainement prendre vos vacances à Biarritz, au lieu de vous
installer tout bêtement dans le rapide Paris-Côte d'Argent.
Mais déjà M. Tardigrade avait cessé de m'écouter, et il s'était
éloigné furtivement. J'eus ressemblé à la voix qui clamait dans
le désert, si, autour de nous, les joyeuses piailleries des élèves
lâchés dans la cour trop étroite, ne m'eussent rappelé que l'avenir
de la France était là, et non dans les discours d'un député des
Basses-Pyrénées, qui n'empêchera ^as plus le monde de tourner
et l'Université d'évoluer, que M. Thiers n'a empêché, en son temps,
le chemin de fer de remplacer les ■ bonnes vieilles diligences
traditionnelles ».
Léo Pabd.
<>g<>
La Réforme scolaire en Allemagne
La guerre qui s'achève n'a pas laissé que des ruines matérielles
à relever. Elle lègue à tous les peuples, belligérants ou non, une
tâche de rénovation formidable. Le remaniement de la carte de
l'Europe n'a enregistré, pour ainsi dire, que le résultat brut de la
lutte. Mais des situations nouvelles se sont présentées, des insti-
tutions séculaires sont ébranlées, de multiples problèmes politi-
ques, sociaux, moraux, viennent se poser aux jeunes nations qui
veulent vivre, aux anciennes qui ne veulent pas périr ; et dans la
crise où s'élabore un monde nouveau, l'humanité réclame anxieu-
sement des orientations nouvelles, un rajeunissement des idéals et
des méthodes, l'abandon des routines et des conceptions devenues
surannées.
Parmi les forces de vie et d'expansion nationale, il n'en est peut-
être pas de plus puissante pour chaque peuple, ni qui mérite plus
d'attention, que son système d'enseignement et d'éducation. C'est
l'enseignement qui a pour tâche d'assurer sa cohésion morale, la
persistance et le rayonnement de sa culture, et de former les hom-
mes de demain. La jeunesse qu'il modèle, sera appelée à travail-
ler côte à côte avec celle des autres peuples, ou peut-être à s'affron-
ter avec elle. Il n'est donc pas étonnajit de voir dans tous les
pays cet imjiortant problème figurer en ce moment au premier
lang des préoccupations d'actualité.
Nous avons en France un intérêt vital à reconstituer notre
erseignement, désorganisé par la guerre, afin de maintenir notre
culture à son juste rang. Nous avons le devoir pour cela, de
connaître à fond nos amis comme nos ennemis, et de suivre
avec attention tout ce qui se dit et se fait chez eux dans cet
ordre d'idées. Je voudrais me borner ici à signaler ce qui se
passe chez nos ennemis d'hier. Nous pouvons tirer <Jes polémi-
ques et des discussions qui agitent en .Allemagne la Commission
nationale (Reichsschulkonferenz), les Parlements provinciaux,
les associations, les partis, la presse tout entière, des indications
utiles, et des enseignements précieux, l'n article de la « Gazette
de Cologne » du 15 février dernier, résume assez nettement les
données du problème ; en nous permettant d'apercevoir dès
maintenant les tendances de l'école allemande, il nous donne
l'occasion d'une comparaison fructueuse avec les solutions qi;
nous pouvons et que nous devons nous proposer chez nous.
LA KKIOlîMK SCOLAIRE EN ALLEMAGNE 343
l,ts principes dont s'inspire la reforme, et que notre auteur
r;ippellc' brièvement, sans s'astrehidrc d'ailleurs à un exposé
î.yslcmatiquc, méritent d'être mentionnes. Nous pouvons d'abord
y relever cet aveu : - Notre culture est devenue si complexe,
qi''il n'est plus possible à un individu d'en avoir une vue d'en-
semble. I/idéal d'une culture <■ générale », — l'expérience l'a
démontré — est imj)()ssible à réaliser. >> De plus en plus, des
matières nouvelles viennent surcharger les programmes. Et, sans
d<.ute, chacune de ces additions se justifie par d'excellentes rai-
sons. Mais le résultat de cette manie d'encyclopédie est que les
études deviennent de plus en plus superficielles et qu'elles abou-
tissent de moins en moins à une culture. La science, l'industrie
ont adopté le principe de la division du travail. N'est-il pas
temps que l'école les imite enfin, et n'est-ce pas dans notre vie
moderne, la condition même de tout progrès ? Sachons moins de
choses et sachons les mieux. Donnons à chaque enfant une ins-
tinct ion en rapport avec la profession à laquelle il se destine,
cl iivec le rôle social qu'il peut être appelé à jouer.
Afin de répondre à ce besoin de spécialisation, il est question
(le multiplier les types d'établissements. L'écolier aurait le choix
entre divers programmes, limites sans doute, mais formant cha-
ciMi un tout. Il y aurait des établissements de culture classique,
d'autres de culture moderne, d'autres de culture scientifique,
d'autres enfin de " 'culture allemande > sur lesquels nous aurons
Inccasion de revenir plus loin.
Il est naturel que, si l'on oblige les enfants à se spécialiser de
Itonne heure, il soit nécessaire d'assurer à tous ceux dont les
dispositions ne se manifesteraient que tardivement, la possibilité
de changer de route. Pour une nation vaincue, et épuisée par la
f-uerre, c'est une obligation impérieuse de ne laisser se perdre
aucune force utilisable. 11 est assez piquant de voir les Alle-
mands emprunter à nos programmes de 1902, tant honnis chez
nous comme une « imitation étrangère », le système des bifur-
cations et des « ponts » entre les différents ordres d'ensei-
gnement. Certains de ces raccordements constituent d'ailleurs un
effort de démocratisation tout nouveau en Allemagne, par
exemple, la création sous le nom d'<< école de perfectionne-
ment » (Aufbauschulei, d'un raccord entre l'école primaire
(Volksschnle) et l'enseignement supérieur. La scolarité de six
années permettrait aux élèves délite, trop âgés pour entrer
normalement dans les établissements secondaires de se préparer
directement à l'enseignement supérieur. Une autre innovation
intéressante consisterait, pour les petites localités, dans la possi-
bilité de créer une école unique à sections multiples, sur le
modèle de nos lycées et de nos collèges. Cependant icette con-
ception se heurte à des difficultés matérielles et financières assez
sérieuses.
344 LES LANGUES MODERNES
Il est nécessaire également, si l'on veut éviter l'abaissement du
niveau des études, qu'il y ait égalité de valeur éducative entre
les divers enseignements. " Guerre à l'école facile » ! Tel est
le troisième principe de la réforme. Il ne faut pas que les éta-
blissements nouveaux soient le refuge des paresseux, désireux
d'obtenir plus aisément leurs diplômes. » Elever le niveau des
études, éliminer les incapables, favoriser sans conditions de for-
tune ni de rang social l'accès de toutes les carrièi-es à tous ceux
qui font preuve des aptitudes nécessaires, tels sont, nous dit
l'auteur, les trois points qu'un programme d'enseignement démo-
cratique ne devra jamais perdre de vue. »
Quant à l'organisation même de l'enseignement, elle peut se
résumer à peu près de la façon suivante : Au premier degré, une
école élémentaire unique (Grundschule), réduite à quatre classes
et prolongée soit par l'enseignement primaire (Volksschulej, et
primaire supérieure (Mittelschule), continué par l'enseignement
technique et professionnel (Faciischule), soit par l'enseignement
secondaire (hôhere Schule). Nous avons pai-lé plus haut de
l'école de perfectionnement (Aufbauschule;, entre l'enseignement
primaire et l'enseignement supérieur.
Dans l'enseignement secondaire, auquel on accéderait vers
l'âge de dix ans, au sortir de l'école élémentaire, la scolarité,
maintenue à neuf années, préparerait directement à l'enseigne-
ment supérieur. Aux types d'établissements existant actuellement
viendraient s'ajouter plusieurs types nouveaux, permettant une
spécialisation plus parfaite. Le nombre des gymnases d'enseigne-
ment classique serait réduit. Parmi les créations nouvelles qui
sont envisagées, on peut signaler quelques projets intéressants :
l'établissement à sections multiples, l'école d'enseignement
scientifique général, enfin" l'» école allemande »,
Le premier de ces types, se rapproche des sections de nos
lycées et collèges. Il serait destiné aux petites localités, qui n'au-
raient pas les moyens d'assumer les frais de plusieurs établisse-
ments spécialisés. Un amendement intéressant de ce projet, per-
mettrait de Qonner aux sections une très grande variété. Il serait
fixé un certain nombre d'heures et de matières obligatoires :
allemand, mathématiques, histoire, géographie, une langue étran-
gère ancienne ou vivante. En outre, un certain nombre d'heures,
obligatoires également, mais consacrées à des matières au choix
de rélève, à peu près comme le font les étudiants pour les cours
des Universités allemandes. La difficulté d'établir un emploi du
temps commode, l'éparpillement des élèves entre des sections
multiples, le nombreux personnel enseignant nécessité par ce
type d'établissements, sont les principales objections opposées à
cette conception.
L'école de culture scientifique est destinée à développer l'étude
des programmes scientifiques, en réduisant à un minimum les
I.A IIKI-OIIMI-: SCOLAIRE EN ALLEMAGNE .Uf)
proifianinK's littcrairos. Ce type tonstituerait une variété du
lycée d'/enseignement moderne (Healgyninasiumi. qui, sans
doute, développerait oe son eôté, la i)artie littéraire de ses pro-
j;i'aninies.
Knfin, un troisième type mérite de retenir spécialement l'atten-
tion : c'est celui de l'- école allemande >< (Deutsche Schule). Ce
genre d'établissements, auquel l'auteur de l'article de la Gazette
de (loloyne consacre un long développement, a les plus grandes
chances d'être réalisé. II était réclamé depuis longtemps par tous
les milieux nationalistes, et pendant la guerre même, le parti
pangermaniste eu avait fait un des articles oe son programme.
1! s'agissait, disait-on alors, de guérir les .Allemands de leur
snobisme pour tout ce qui est étranger et d'éveiller leur • cons-
cience ethnique . . L'auteur de notre article constate, non sans
mélancolie, qu'il a fallu la Hévohition de novembre 1918 et
l'arrivée au pouvoir d'un parti qui prêche le rapprochement
des peuples et la fraternité internationale, pour que ce projet
de\ int une réalité. L'école allemande se propose de développer la
culture nationale allemande, en lamenant au point de vue alle-
maïul toutes les matières enseignées. Elle doit, nous dit l'auteur,
placer au centre de son enseignement la culture et la vie intel-
Jcctuelle allemandes, et n admel dans ses programmes que
l'étude d'iine langue étrangère unique, anglais, français ou même
latin, suivant les cas. Son objet principal sera <■ une étude
approfondie de l'histoire de r.\llemagne, de la langue, oe la
poésie allemandes, des arts plastiques allemands ; de la musique,
de la philosophie, de l'économie politique allemandes ; du ter-
roir, de l'Etat et du droit allemands : le tout, constituant un
vaste enseignement ne la culture allemande d'autrefois et d'au-
jourd'hui, pénétré de pensée philosophique ».
("e qu'il y a d'intéressant et qui mérite d'" être retenu, sous
ces formules abstruses et grandiloquentes, c'est que l'on est à
peu près d'accord dans tous les partis, pour développer largement
ce type au détriment des autres. L'auteur reconnaît, sans amba-
ges, que l'oii compte drainer vers ces écoles, d'abord toute la
population scolaire de l'enseignement secondaire féminin, ensuite
l'enseignement primaire de perfectionnement (aufbauschulei et
les écoles normales d'instituteurs (Volksschullehrer-Seminare) (1) ;
enlin, que l'on espère au moyen de ces écoles maintenir vivace
le sentiment national allemand dans les provinces soumises à
(Il Notons d'ailleurs à ce propos, que des résistances semblent
se manifester de la part des professeurs d'Ecoles normales, et
que l'auteur de l'article s'attache à réfuter longuement les
objections faites de ce côté. Des raisons invoquées contre la
fusion des Ecoles normales avec l'école allemande paraissent
d'ailleurs se ramener à celle-ci : il ne faudrait pas porter atteinte
;> des situations acquises.
346 LES LANGUES MODERNES
J'occupation, t-t créer des foyers d'irrédentisme dans les terriv
toires séparés de l'Allemagne par le traité de Versailles. « Dans
3a période d'impuissance politique, pendant laquelle les AUe-
Biands des provinces frontières seront partagés entre dix nations
voisines au moins, ce genre d'école est destiné à graver profon-
dément, dans l'esprit des populations, le sentiment de la valeur
allemande, et à maintenir vivacc, sans chauvinisme cependant,
leur conscience ethnique. Dans notre aémocratie, elle réalisera
une culture plus proche du terroir et du peuple, afin que le fossé
qui sépare les^ classes se trouve comblé par la conscience d'appar-
tenir à une même communauté de race et de culture. » Bien que
l'auteur se défende de vouloir exciter les sentiments chauvins, et
qu'il critique vivement la tendance " plus dynastique que natio-
nale » de l'enseignement sous l'ancien régime, il est clair que, si
l'< école allemande » parvient à réaliser son programme, la
plus grande partie de la jeunesse d'Outre-Rhin recevra un
enseignement d'un caractère nationaliste très marqué.
En ce qui concerne les principales modifications aux program-
ries, dont l'adoption apparaît comme probable, citons brièvement
l'augmentation du nombre d'heures consacrée à l'étude de l'alle-
mand dans tous les types d'établissements ; l'élargissement de
cet enseignement en un enseignement de la « culture alle-
mande 11. Notons encore la limitation à deux, du nombre des.
langues étrangères — anciennes ou vivantes — à enseigner ;
l'extension de l'enseignement de la géographie, qui doit être
poursuivi jusque dans les classes supérieures ; enfin, l'introduc-
tion de matières nouvelles, comme V» initiation à la pensée
philosophique » ; l'enseignement artistique ; l'enseignement des
questions économiques ; l'enseignement civique ; sans piarler^
bien entendu, de la culture physique, dont le Ministère de la
Guerre assumerait le contrôle.
Tel est, dans ses grandes lignes, le projet de réforme dont la
plupart des points semblent appelés à être réalisés. Si nous le
comparons aux solutions actuellement en discussion chez nous,
nous constatons, u'abord, sur cei'tains points des analogies : par
exemple, le souci aigu de ne laisser inemployée aucune force
vive de la nation, mais en même temps d'éliminer rigoureuse-
ment toutes les non-valeurs, et de favoriser au contraire, l'accès
de toutes les carrières à tous ceux qui possèdent les aptitudes
nécessaires. D'autre part, dans la réfection des programmes,
l'introduction de matières nouvelles, comme l'enseignement
artistique, qui fait également partie de nos préoccupations. On
peut noter également le développement de l'étude de la langue
maternelle, — il y a aussi une crise de l'allemand de l'autre
côté de la frontière ! — et la restriction de l'enseignement des
langues vivantes. Mais tandis que chez nous l'étude des langues
anciennes semble devoir bénéficier des heures d'enseignement
LA RÉFORME SCOLAIRE EN ALLEMAGNE 347
ainsi devenues libres, il est à peu près certain qu'elle subira
en Allemagne une assez forte diminution, comme l'indique la
réduction du nombre des gymnases classiques. D'autre part,
l'abandon de l'idéal d'une culture •• générale », et en réalité
encyclopédique, et la création d'enseignemeuls parallèles, semble
une solution intéressante. La grosse difficulté serait d'assurer
aux sections des programmes complets, et d'une valeur éducative
équivalente. Quoi qu'il en soit, nous oevons retenir que les Alle-
mands orientent délibérément leur enseignement vers les pro-
grammes de culture moderne.
l'ne autre remarque s'impose au sujet des tendances qui se
manifestent en .Allemagne, L'extension de l'étude de l'allemand,
la création de 1'" école allemande » et le but que l'on assigne à
ce genre d'établissements, sont un symptôme que l'enseignement
cbez nos voisins, tend à se replier sur lui-même, à se recueillir
et à éviter le contact avec les peuples étrangers. Cette tendance,
qui se comprena chez un peuple vaincu, n'est pas sans présen-
ter un danger, si elle se généralise. Sans doute, si l'on considère
la valeur absolue d'un tel enseignement, et si l'on se demande
ce que représeutera dans la pratique cette culture de !'« essence
ethnique » (Volkswesen) germanique, on peut montrer quelque
scepticisme. H n'en va pas de même, si nous nous représentons
ce que pourra être dans une génération ou deux, la mentalité
d'une jeunesse formée par un tel enseignement. On est en droit
de craindre que les rêves pangermanistes ne viennent dans peu
de temps agiter de nouveau les esprits.
Cette constatation nous crée le devoir de demeurer vigilants et
de prendre, dès maintenant, les précautions nécessaires. Il y a
chez nous aussi, une tendance à nous écarter de tout ce qui est
étranger, et à nous replier sur nous-mêmes. Si elle prévalait,
nous serions bientôt à la merci d'une surprise comme celle de
1914. Il ne suffit pas de déclarer à un ennemi que l'on ne veut
pas le connaître, pour être effectivement à l'abri de ses entrepri-
ses ; et nous portons peut-être maintenant le poids de maint
malentendu avec nos alliés, né de notre ignorance de leur carac-
tère. La question est de savoir si nous nous renfermerons en
nous-mêmes, en repoussant tout ce qui vient du dehors, ou bien
si nous voulons faire rayonner largement au dehors notre
influence et notre culture. Si nous choisissons cette dernière
alternative, qui est conforme à la mission séculaire de la France
dans le monde, il est nécessaire que nous fassions dans nos
programmes, une large place à la connaissance des peuples étran-
gers, et que nous continuions à nous inspirer de l'esprit' des
programmes de 1902 — - ce qui ne nous empêchera pas de les
amender ! — Loin de les affaiblir, il faut que nous renforcions
nos « humanités modernes >>, et tout en conservant jalousement
tout ce qui, dans, notre culture classique est devenu partie inté-
348 LES LANGUES MODERNES
grante de nous-mêmes, il faut que nous sachions trouver les
points de contact avec les peuples qui nous entourent, afin de
leur l'aire connaître notre culture. C'est ainsi seulement, que
nous permettrons à notre jeunesse de lutter à armes égales dans
la concurrence pacifique entre les nations, et que, tout en demeu-
rant vigilants contre les entreprises hostiles, nous assurerons
à notre pays le rang qui lui revient parmi les peuples civilisés.
^ Gaston Hirtz.
P. -S. — Au moment où le présent article était sous presse,
une première étape vers la réalisation de la réforme de l'ensei-
gnement était franchie : l'Assemblée nationale a, en effet, voté,
avant de se séparer, la loi instituant l'école élémentaire unique
(Grundschule\ à quatre classes. Elle n'a pas eu le temps d'aller
au-delà. Il appartiendra à la Reichsschulkonferenz, dont la con-
vocation, retardée par le coup d'état de mars, est définitivement
fixée au 11 juin, de tracer les directives à suivre à cet égard!.
Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet.
G. H.
-<^>-
Pourquoi et comment le Certificat de Langues Vivantes
de l'Enseignement Primaire
doit devenir un Certificat professionnel
On ne peut mieux préciser le but que doit poursuivre rensei-
gnement primaire supérieur qu'en répétant ce qu'a écrit autre-
lois à ce sujet \f. l'Inspecteur général Hené Leblanc : ■ L'ensei-
• gnement primaire supérieur ne saurait justifier les raisons
" invoquées à sa création qu'à la condition de donner à ses
<< enseignements un caractère franchement professionnel. ■>
Nos élèves viennent, en cflet, dans nos Ecoles, non seulement
pour y acquérir un complément d'instruction générale, mais
surtout pour se préparer à la vie, c'est-à-dire aux professions
qu'ils vont bientôt embrasser. Il en résulte que les enseignements
en réalité les plus importants, ceux qui donnent à l'enseignement
primaire supérieur son originalité et sa valeur, sont précisé-
ment ceux cju'on appelait autrefois enseigements accessoires ;
fils sont les langues vivantes, la comptabilité, le travail manuel,
etc. Ce sont ceux-là, et en particulier les langues vivantes qu'il
s'agit aujourd'hui de fortifier et d'étendre si l'on veut que nos
Ecoles rendent au pays tous les services qu'il peut en attendre,
qu'elles contribuent à former cette armée de pionniers connais-
sant les langues étrangères : commerçants, correspondants,
commis-voyageurs, etc.... qui est absolument indispensal)le à
notre expansion commerciale.
Pour atteindre ce but, il nous faut un nombre considérable de
professeurs compétents. Malheureusement, nous devons recon-
naître que pour des causes diverses le personnel est actuellement
insulJlsant, surtout dans les Ecoles de garçons. Ces dernières sont
même menacées d'une crise très sérieuse dans un avenir rap-
proché (1).
L'insuffisance du personnel tient surtout aux causes suivan-
tes : I^s candidats éprouvent des dtfJk-uUés de toute sorte pour
se préparer et pour les surmonter ils doivent surtout compter
sur eux-mêmes, car on ne fait pas grand'chose pour les aider.
(1) Nous montrerons plus loin que dans quelques années les
E. P. S. de garçons auront perdu presque tous les maîtres ayant
séjourné à l'étranger une ou plusieurs années.
350 LES LANGUES MODERNES
Sortis de TEcole normale avec des notions élémentaires de laxi-
gues vivantes, la distance qui leur reste à franchir est considé-
rable et exige, même de ceux qui sont dans les conditions les
plus favorables, plusieurs années de travail soutenu. Sans la
possession préalable du Certificat de sciences ou de lettres, ils ne
peuvent obtenir que des bourses de vacances de trois mois, ce
qui est tout à fait insuffisant. Pour cette raison, bon nombre
d'entre eux ont dû se rendre à leurs frais à l'étranger pour y
faire un plus long séjour. Souvent aussi, ils manquent de direc-
tions dans leurs études, surtout en province, et l'aide que quel-
ques-uns reçoivent parfois des Facultés n'est en rien comparable
à celle que trouvent à St-Cloud et à Fontenay les maîtres et les
maîtresses qui y préparent les Certificats de lettres et de sciences.
D'un autre côté la situation des certifiés de langues, débutant
dans les E. P. S., est devenue, depuis quelques années de moins
en juoins satisfaisante. Pourtant, la réforme du certificat de lan-
gues en 1912, notablement renforcée par cette mesure, le vote
GP la loi de finances du 25 février 1914 (1), avaient eu le buti,
hautement proclamé, de permettre aux Certifiés d'arriver plus
facilement et plus rapidement à la titularisation.
Il n'en a pas été ainsi : quelques semaines plus tard, le décret
du 1" mai 1914 (2), leur était appliqué, ruinant ainsi, en grande
partie, les espérances si légitimes qu'ils avaient fondc-^es. Dès
lors, les Certifiés de langues, entrés dans les E. P. S. y sont restés
en qualité de délégués pendant trois années au moins; ils oïit été
ensuite, après avis favorable du Recteur et de l'Inspecteur géné-
ral, nommés professeurs adjoints, situation inférieure à tous les
points de vue (traitement et autres avantages) à celle d'un pro-
fesseur titulaire.
Plus tard, il est vrai, les plus favorisés des professeurs-adjoints,
ont été titularisés professeurs ; mais pour arriver à ce résultat
il^ ont dû attendre encore une ou plusieurs années !
Parmi les moins favorisés on peut citer ceux qui ont été nom-
més dans des postes où les horaires ne sont pas appliqués, où ils
(1) D'après la loi de finances du 25 février 1914, le minimum
d'heures d'enseignement de langues vivantes exigé par l'art. 53
de la loi de iinances du 24 décembre 1905 pour la création d'un
emploi de ])rofesseur dans les E. P. S., a été abaissé de 15 à 11.
(2i Voici la partie principale du décret du l" mai 1914, qui a
marqué, de l'aveu de tous, un recul considérable pour la cause
des (Certifiés de langues. " Nul ne peut être nommé professeur-
< adjoint d'E. P. S. s'il ne compte trois années de services effec-
' tifs en qualité d'instituteur-adjoint d'E. P. S. et ne justifie en
" outre, soit d'une adniissibilté au professorat des Ecoles nor-
>' maies "et des E. P. S., soit de la ])ossession d'un des certificats
'< d'aptitude à l'enseignement des langues vivantes, du dessin, du
« travail manuel, de la comptabilité, de l'agriculture «.
I-K CEHTIFICAT HUIMAIHi: DKS LAN(1LI:S VIVANTES ;>.')1
n'ont que 8, 9. ou 10 heures de lan{{uc vivante ; il s'ensuit que
ces eollègues, n'atteignant pas 11 heures de langue vivante par
semaine, restent indéfiniment sans aucune chance d'être titula-
risés jjrofesseurs.
Entin, en ce qui concerne les professeurs tilulajrets ou ne
peut nier les graves inconvénients du fait que la titularisation
reste attachée au poste et non au titre.
La situation que nous venons de signaler contribuera, sans
^ucun doute, à détourner beaucoup de jeunes maîtres et de jeu-
nes maîtresses de la préparation du Certificat de langues ; elle
aura probablement aussi pour résultat d'empêcher un certain
nombre de ccrtiliés de solliciter une délégation dans les E. P. S.
et d'accentuer le mouvement d'exode qui a commencé, depuis
la cessation des hostilités, à se manifester dans les E. P. S. de
garçons (1).
Les considérations qui précèdent nous montrent que pour
arriver à doter nos Ecoles du corps de professeurs de langues
vivantes qui leur est nécessaire, il faut à la fois :
1" Faciliter autant que possil)le aux candidats la préparation
dé l'examen, prendre toutes les mesures nécessaires pour que
leur formation soit bien en rapport avec les besoins de l'ensei-
giiement primaire supérieur.
2" Modifier le Certificat ue telle sorte qu'au lieu de ne procurer,
comme actuellement, que quelques chances d'une titularisation
lointaine, il donne aux professeurs de langues une situation
égale à celle des autres professeurs titulaires, qu'il prenne rang,
en un mot, parmi les diplômes professionnels.
Avant de chercher à résoudre le double problème qu'on vient
d'indiquer, examinons tout d'abord le régime des bourses de
séjour à l'étranger et voyons comment il pourrait être amélioré.
Ces bourses sont de deux sortes : 1" les bourses de vacances,
de trois mois environ, accordées surtout aux maîtres ayant déjà
fait à leurs frais un séjour à l'étranger et à ceux qui sont
déjà chargés de l'enseignement des langues ; bien que d'origine
assez récente, elles ont permis à un nombre considérable de
candidats au Certificat de faire à l'étranger un séjour de deux
ou trois mois ; — 2" les bourses d'un an, accordées à la suite
d'un concours auquel ne peuvent prendre part que les certifiés de
lettres ou de sciences ; elles existent depuis plus de trente ans
et ont fourni des professeurs aux Ecoles normales, bien que.
(1) Il y a pénurie oe Certifiés de langues, surtout de Certifiés
d'anglais, dans les Ecoles de garçons ; or, depuis la cessation des
hostilités, ces Ecoles ont perdu 8 Certifiés (2 d'allemand et 6
d'anglais), qui sont entrés dans l'enseignement secondaire, l'en-
seignement technique, les Ecoles militaires, les Ecoles françai-
ses à l'étranger.
352
LES LANGUES MODERNES
dune manière tout à fait insuflisante (1). Quant aux E. l'. S.»
elles n'ont ie<;u qu'un nombre infime de ces boursiers et la plu-
part de L-eux qui y sont venus n'ont pas tardé à se diriger vers
les Ecoles normales et les Lycées.
Le régime des bourses d'un un, tel qu'il est appliqué uctuelte-
ment, se condamne donc sans aucun doute par ses résultats, sur-
tout en ce qui concerne le recrutement du personnel des E. P. S.
S"il n'est pas réformé à bref délai, dans le sens que nous allons
indiquer plus loin, il n'y aura plus dans quelques années, dans
les Ecoles primaires supérieures ue garçons, de maîtres ayant
séjourné une année ou davantage à l'étranger (2).
L'intérêt de nos Ecoles exige non seulement qu'une telle
situation ne se produise pas, mais qu'au contraire tous les pro-
fesseurs de langues de nos établissements passent un année, au
moins, à l'étranger. Cette conclusion se justifierait encore pleine-
ment si l'on mettait en parallèle le nombre des élèves, les horai-
res et surtout l'importance au point de vue national, des langues
vivantes dans les E. P. S., d'une part, et de l'autre, dans les
Ecoles normales. Il résulterait de cette comparaison que si l'on
admet qu'un professeur d'Ecole inormale ou d'Ecole technique
eu même de Collège doive faire un assez long séjour à l'étran-
ger, il doit rigoureusement en être de même du professeur
l'Ecole primaire supérieure (3i.
Une mesure s'impose donc de suite : il faut élargir les condi-
tions du concours pour les bourses d'un an en supjîrimant la bar-
rière du Certificat de sciences ou de lettres.
(1) D'après l'annuaire de l'Ecole de St-Cloud, publié vers 1910
ou 1911. sur 63 noms de boursiers qu'on y relève, 17 seulement
enseignaient dans les Ecoles Normales et... deux dans les E. P. S.
cie province 1
(2) Depuis quelques années, par suite de l'application des lois
militaires (service de deux ans ou de trois ans), le nombre des
jeunes maîtres allant à leurs frais à l'étranger pour y passer une
ou plusieurs années devient de |)lus en plus réduit. L'instituteur
d'Ecole primaire élémentaire et le délégué d'Ecole primaire supé-
licure, qui ont déjà fait trois années d'Ecole normale, quelquefois
cjuatre, puis trois années c.c service militaire ont hâte de mettre
lin aux sacrifices de leurs familles et d'arriver à une situation
qui leur permette de gagner leur vie. ^
D'un autre côté, les quinze ou vingt certifiés de langues qui,
a\ant l'ajiplication des lois militaires en question, ont séjourné
plusieurs années à l'étranger, pi-endr(uit presque tous leur retrai-
te d'ici quatre ou cinq ans. A ce moment, à part deux ou trois
exceptions en\ iron, tous les professeurs de nos Ecoles de gar-
(;t:ns n'auront fait à l'étranger que des séjours de vacances,
cest-à-dire de trois mois.
(3) Dans l'enseignement technique (Ecole de commerce et
d'industrie), les professeurs chaj'gés de l'enseignement des lan-
t'ues ont séjourné une année à l'étranger.
I.E CERTIFICAT FRlMAIRi: DES I.ANGLKS VIVANTES 3.x{
(A-tle suppression semble d'autant plus logique à un autre
|)oint (le vue, qu'un professeur de langues peut posséder une
culture générale convenable, voire même excellente, sans avoir
l'un ou l'autre des deux certilicats précédents. Il est certain que
lorsqu'elle aura lieu, beaucoup de jeunes maîtres et de jeunes
n:;i«tresses de l'enseignement primaire élémentaire, des cours
complémentaires et des E. P. S., que l'étude des langues intéresse,
mais qui ne peuvent songer à la conquête préalable du certificat
de lettres ou du certificat de sciences, s'empresseront de préparer
sérieusement le concours des bourses de séjour.
II conviendrait, nous semblc-t-il, d'introduire à ce concours la
plupart ou la totalité même des épreuves de culture générale que
compf)rte le certificat actuel. En ojjérant ainsi, on ne risquerait
pas d'envoyer à l'étranger pendant une année des candidats
qu'on devrait ensuite refuser à l'examen final, faute d'une cul-
ture générale suffisante.
L'examen du Certifient de langues comprendrait alors deux
intrlies en réalité : la première partie servirait aussi d'examen
p<.ur les bourses de séjour d'un an ; la ueuxième partie, subie
une année |)lus tard, à l'expiration du séjour, porterait presque
exclusivement sur la langue étrangère.
Les modifications proposées présenteraient en outre les avan-
tages suivants: 1" Kn divisant l'examen en deux parties séi)arées.
par un intervalle d'une année i)assée à l'étranger, on pourrait
demander davantage aux candidats, tant sous le rapport de la
culture générale que sous celui des connaissances en langue
c'trangcre ; 2" En reportant à la l" partie, la plupart, ou même
la totalité ces épreuves de culture générale, on i)ermettrait au
boursier de consacrer entièrement l'année passée hors de France
il l'étude et à la pratique de la langue étrangère ; — 3° La divi-
sion de l'examen en deux parties rendrait le Certificat de langues
conforme au plan général adopté déjà jjour les autres certificats
dits professionnels : certificats de lettres, de sciences, de scien-
ces appliquées.
Dès 1906, l'Administration a reconnu que l'examen du Certi-
ficat de langues était tel qu'il convenait de donner le titre de
professeur aux certifiés, et c'est sur sa proposition même qu'a été
votée la loi de titularisation du 24 décembre 1908. Depuis cette
date, le progamnie de l'examen a été modifié et étendu, surtout
pour les épreuves ayant trait à la culture générale (.réforme de
1912). On pourrait donc parfaitement se dispenser de toute
njoûification ultérieure. Toutefois, la transformation du certifi-
cat actuel en certificat professionnel semble devoir entraîner
quelques légères additions. La 1" partie, par exemple, pourrait
être renforcée par une épreuve écrite portant sur la psychologie
et la morale appliquées à l'éducation, car ces matières figurent
aussi à la l""* partie de tous les certificats, dits professionnels et
il ne faut pas qu'on puisse prétendre encore que les Certifiés de
354 ij:s langues modbrnbs
hingues ont une culture générale insuffisante. D'ailleurs, la psy-
chologie et la morale sont déjà inscrites au programme des
Ecoles normales et les candidats n'auraient pas un grand effort
à faire de ce côté. Enfin, il est incontestable que la connais-
sance de la psychologie serait une excellente préparation pour
aborder avec fruit l'étude de la pédagogie pratique, spéciale* à
l'enseignement des langues vivantes. Comme le futur professeur
de langues vivantes passerait une année au moins à l'étranger,
qu'il n'aurait plus pendant cette période à s'occuper de préparer
les épreuves de culture générale, et qu'au contraire, il dispose-
rait de tout son temps pour l'étude de la langue, il ne serait pas
excessif de lui demander de connaître un peu mieux que par le
passé, le pays étranger, ses habitants et ses ressources. Il semble
donc tout naturel qu'à la 2« partie de l'examen il y ait une
épreuve, orale par exemple, et d'un caractère simple et pratique,
comportant des questions sur l'histoire moderne et contempo-
raine du pays étranger, sur sa géographie envisagée surtout au
point de vue économique (1).
Comme on ne peut guère comprendre la manière d'enseigner
\\\\e langue avant de bien la connaître, il s'ensuit que c'est
surtout vers la fin de leur séjour à l'étranger que nos boursiers
pourront aborder avec fruit l'étude de la pédagogie spéciale aux
langues vivantes. Malheureusement, ils s'apercevront bientôt qu^
les ouvrages traitant de la matière sont très rarement adaptés à
notre enseignement ; ils seront loin, en un *mot, d'y trouver tout
ce qu'ils désirent savoir sur les méthodes et les procédés qu'ils
auront à employer plus tard. 11 importe donc d'aider les candi-
tlats à compléter leur préparation pédagogique et de leur permet-
tre en même temps d'affronter avec succès l'épreuve pratique de
leur deuxième examen.
Dans ce but, il serait possible, je crois, de profiter du séjour
que feraient les boursiers dans la capitale entre l'examen écrit de
la 2" partie (examen subi à Paris) et l'examen oral.
Les candidats assisteraient pendant ce temps, c'est-à-dire pen-
dant une quinzaine de jours environ à des conférences sur les
méthodes et procédés d'enseignement ; ils iraient visiter plu-
sieurs écoles modèles pour y voir l'installation des salles con-
sacrées spécialement aux langues vivantes ; ils seraient exercés
à faire des leçons et assisteraient, s'il était possible, à quelques
leçons faites dans les Ecoles primaires supérieures ou les Ecoles
ou les Lycées.
Quant aux maîtres qui seraient chargés de faire ces conféren-
ces, de donner cet enseignement pratique, on pourrait faire appel
(1; On pourrait peut être aider les candidats à la préparation
de cette dernière épreuve en inscrivant sur la liste des auteurs
étrangers quelques ouvrages se rapportant aux sujets qu'on
vient d'indiquer.
1,1 C.Einil-IC.M l'KIMAIRE DES LANGIES VIVANTES
355
;u;\ proCosscurs {les Kcoks primaires supéi-icurcs, des Ecoles
normales et des Lycées de Paris. Peut-être serait-il possible à
quelques membres du Jury du Certificat de collaborer à cette
œuvre ?
Les mesures que nous venons d'indiquer procureraient donc
aux candidats une aide très efficace pour la préparation de
l'é|)reuve pratique de la 2" partie et contribueraient à élever la
valeur pédai^ogique du personnel. Elles créeraient un centre
<l"études pédagogiques, un foyer pour ainsi dire dont l'action ne
tarderait pas à se faire sentir dans toutes nos Ecoles primaires
supérieures.
On peut se demander coiumenl le recnitcnient des professeurs
(il- langues t'iixinles des Ecoles normales pourrait se concilier
oi'cc les modifications qu^on vient d'exposer.
Le problème ne paraît pas insoluble et on peut en envisagei-
les solutions suivantes :
1" On pourrait, par exemple, établir en faveur oes ppofesseurs
d'Ecole normale un concours spécial jjour les dix ou douze bour-
ses qui leur seraient réservées chaque année ; ce concours cons-
tituerait aussi pour eux la 1'' partie du Certificat de langues.
A Texpiration de leur bourse, ils subiraient le même examen
(2- i)artie du Certificat) que les boursiers se destinant à l'ensei-
gnement primaire supérieur.
'2' Bon nombre d'élèves de St-Cloud (et probablement aussi de
rontenay), qui se trouvent trop âgés à leur sortie de l'Ecole pour
aller passer une année à l'étranger, accepteraient volontiers de
concourir pour une bourse si, après la l"^' année de leur séjour à
St-(;iouà, on leur permettait d'opter pour le professorat de lan-
gues vivantes. Ainsi, après avoir subi avec succès la 1" partie
du Certificat de langues, ces jeunes gens iraient préparer à
l'étranger la 2- partie de l'examen, au lieu de faire une deu.xième
année à l'Ecole de St-Cloud.
Le tableau suivai)t résuroe l'exposé précèdent
Le Certificat d'aptitude à renseignement des langues vivantes
dans les E. X. et E. P. S. deviendra un Certificat professionnel.
L'exanten sera divisé en deux parties subies à une année
tt'intervalle au moins.
I / Par exemple :
[ [ Une composition française
(sujet de littérature).
L'ne composition (sur un sujet
de pédagogie ou morale).
L'ne épreuve de lecture expli-
quée.
Epreu\cs écrites
et épreuves orales
La 1'^ partie
comprendra
h toutes les épreuves
de culture générale
2" des épreuves
de langues vivantes
3ÔG hES LANGUES MODEKXES
Les candidats admissibles à la l'" partie de Texameii obtien-
dront une bourse de séjour d'une année. On continuera à leur
demander en retour de s'engager à enseigner les langues pendant
un certain nombre d'années dans les E. N. ou les E. P. S. (1).
L'une des épreuves orales
1 • des épreuves ^ consistera en questions sur
Ln'^^„artie\ '^^}^'}ënes yWanies l'histoire, la langue du pavs
La_paitie1 écrites et orales / ..mn-rer
comprendra ] euaiij^n.
i
2" Une ou plusieurs
1 épreuves pratiques
Pour aider les candidats dans leurs études et contribuer à leur
formation pédagogique, il sera institué :
1° Un Comité de direction (ou de correction) pour les candidats
à la V' partie. Ce Comité donnera des conseils aux candidats,
dirigera leur travail et pourra même corriger quelques devoirs.
2" Ui) Comité de surveillance pour diriger et contrôler le tra-
vail des boursiers séjournant à l'étranger. (Ce Comité existe
déjà).
3" Une série de conférences, d'exercices pratiques, de visites
d'Ecoles, etc. (Avant l'examen oral de la 2' partie).
Pour conclure, nous rappellerons les principaux avantages que
k projet précédent nous semble présenter :
1" En raison de la double sélection qui s'effectuerait aux deux
parties qc l'examen, par suite de la nature des épreuves et du
séjour minimum d'une année fait à l'étranger, on obtiendrait un
corps de jjrofesseurs oifrant toutes les garanties désirables.
2" Comme le professeur de langues \ivantes posséderait tous
les a\antages accordés aux autres professeurs, beaucoup de l)on-
nes volontés hésitantes, bon nombre de sujets d'élite seraient
attirés vers l'enseignement des langues dans les Ecoles primaires
supérieures. On arriverait ainsi, au bout de quelques années, à
posséder un personnel stable et suffisamment nombreux.
;{" En admettant que chaque année l'on accoroe une vingtaine
de bourses d'un an et à peu près autant de bourses de vacances,
la dépense totale serait relativement peu élevée. Elle serait, dans
tous les cas, inférieure à celle qu'entraînerait un séjour de deux
années à St-Cloud ou à Fontenay de vingt candidats au professo-
rat de sciences ou de lettres (2).
M0NGUn.I,0N,
iE. P. S., Le Havre).
(1) II. arri\era parfois que pour des raisons particulières cer-
tains candidats renonceront à la bourse d'un an. On pourra alors
leur accorder à la place une bourse de vacances de trois mois.
(2) Si, par raison d'économie budgétaire, on ne pouvait accor-
der de boursi'S qu'à une fraction des candidats admis à la 1"
partie de l'examen, à la moitié par exemple, il serait facile de
faire obtenir aux autres des j)ostes d'assistant dans les Ecoles
étrangères.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
L'n cc•ri^Jlill. aiuien combattant, confit- au Maiicheslcr Guardian
SCS impressions sur l'un des aspects de la civilisation anglaise
actuelle, " cette civilisation, dit-il, pour laquelle nous avons fait
la guerre ». 11 voit un trop grano nombre de ses contemporains
enrichis dans le commerce, étalant un luxe tapageur et une joie
de vivre à la fois grossière et immodérée. La laideur morale de
ceux qu'Henry Hordeaux ap|)elle ■■ les bolchevistes d'en-haut ■•.
ainsi que la futilité bruyante de leurs compagnes, lui inspirent
des réllexions pessimistes et le poussent à une attitude de révolte.
•*>• j'appartenais aux services de propagande soviptiste, écrit-il,
je conduirais des groupes de tra\ailleurs, hommes et femmes,
dans Bond Street, je leur dirais d'ou\rir les yeux et de tirer
eux-mêmes leurs conclusions. «
La promenade serait peut-être encore plus féconde en enseigne-
ments que ne le pense l'auteur de l'article. Une caravane d'on-
^^iers descendant Bond Street risquerait de tomber sur les pré-
paratifs ainstallation de M. Krassine. Et le cicérone, en le sup-
posant impartial, devrait expliquer que ces meubles luxueux et
confortables, amenés à grands frais dans l'hôtel d'un ancien
(irand-Duc, sont destinés au représentant, à Londres, du gouver-
nement des Soviets. Peut-être viendrait-il alors à l'esprit de cer-
tains, les plus affranchis de tout mysticisme, que le bolchevisme
ne change pas la nature des hommes en changeant les formes
jvolitiques et que si ses théories répondent à maintes asjiirations
du cœur, ses réalisations sont loin oe satisfaire l'entendement.
M. Lloyd George a été amené à causer avec un représentant de
Lénine, moins par désir d'étudier la nature du bolchevisme que
pour prendre contact avec la nouvelle doctrine et ensuite en tirer
le meilleur parti possible pour sou pays. Ces négociations tou-
chant la reprise des relations commerciales, étaient envisagées
dès fin février par le Conseil suprême, et il ne fallut rien moins
que les opérations militaires de la Pologne pour les faire passer
dans le domaine des réalités. Les succès polonais furent d'abord
interprétés par quelques organes du. la presse libérale comme
une victoire de la France, mais les déclarations de M. Bonar
Law aux Communes ont prouvé que l'Angleterre aussi avait indi-
rectement participé à la lutte en fournissant au gouvernement de
Varsovie du matériel de guerre. Les anciennes attaques contre
358 I.ES LANGUES MODERNES
M. Lloyd George reprirent alors, dénonçant la duplicité de sa
politique ouvertement pacilique et sournoisement belliqueu>se.
Entre deux maux, a-t-on pu dire, il n'hésite pas ; il choisit les
deux.
Les progrès de l'offensive polonaise ont été d'autant plus sen-
sibles à l'Angleterre qu'ils coïncidaient avec la prise de Bakou et
la violation du territoire persan par les bolchevistes. Y a-t-il eu
simplement coïncidence ou bien, sur l'échiquier politique mon-
dial, jouant leur partie avec l'habileté propre aux Orientaux, les
dirigeants des Soviets ont-ils voulu mettre l'Angleterre en échec
là où elle est le plus vulnérable et soulager du même coup une
situation diflTicile du côté de Kief et de la Bérézina ?
Le gouvernement de Téhéran, ou plutôt le président du Conseil,
Vossough-ed-Doulé, après des négociations secrètes, a signé quel-
ques semaines avant l'armistice, un accord plaçant son pays sous
le protectorat de l'Angleterre. Mais ni le Parlement (qui n'a pas
siégé depuis 1911), ni le peuple, n'ont ratifié ce traité que les
contingents britanniques trop, peu nombreux sont d'ailleurs inca-
pables d'imposer par la force. Sans peut-être épouser les théories
bolchevistes, la Perse, pour recouvrer son indépendance natio-
nale, semble devoir accepter l'appui de la Russie.
Que les contingents rouges envahissent le territoire persan et
réchafaudage péniblement élevé par l'Angleterre à Téhéran
s'écroule ; la route de l'Inde devient libre et la contagion révolu-
tionnaire peut gagner les sujets musulmans de George V ; d'autre
part, la zone pétrolifère est menacée, et sans le pétrole de la
Mésopotamie, l'Angleterre tombe, en ce domaine, sous la dépen-
dance de l'Amérique, alors que la marine consomme une quan-
tité croissante de ce combustible.
C'est pour conjurer ce double péril que M. Lloyd George est
entré en pourparlers avec M. Krassine. 11 espère que les moyens
diplomatiques lui donneront les sécurités qu'il n'a pu obtenir
autrement. Mais, ofiHciellement, c'est la question des relations
commerciales entre la Russie et l'Angleterre qui fait l'objet des
conversations entre les deux hommes d'Etat. La reprise des
affaires, même si elle ne devait porter ses fruits que dans un
avenir éloigné, est d'un grand intérêt pour l'Angleterre. Celle-ci
en elTet ne jouit pas de l'indépendance économique, et doit se
montrer indulgente aux pays qui peuvent lui fournir des vivres
et des matières premières ; de plus, en raison du cours élevé
de la livre, elle voit les pays à change défavorable se fermer à
ses produits, et doit donc chercher de nouveaux débouch'ésj
Acheter, vendre, c'est de ces deux nécessités que le peuple anglais
tire sa notion de solidarité internationale : il ne faut pas s'éton-
ner que celte notion soit entachée de mercantilisme. M. Lloyd
George d'ailleurs, dans le discours où il défend sa politique
russe, a proclamé, non sans crànerie, que les affaires ne doivent
CHKONIQli: ÉTRASGÈnK .{59
pas être entravées par des considérations d'ordre moral. Pour-
quoi les excès bolchevistes seraient-ils un obstacle à la reprise
des relations d'aflaires avec la Russie, puisque les crimes des
Turcs, des Mexicains, des cannibales n'ont jamais empêché les
Anglais de faire du négoce à Constaqtinople, à la Vera Cruz et
avec les peuplades africaines ? L'argument n'est pas sans force
et l'on ne peut manquer d'en louer la sincérité. Mais pourquoi
ne pas le pousser à sa conclusion naturelle en décidant de recon-
naître ofliciellemcnt le gouvernement des Soviets ? Le Premier
Ministre s'eflorce à la fois cie donner satisfaction aux intérêts
commerciaux de son pays et de tenir compte dé certaines répu-
gnances insurmontables à l'égard de la Russie : il aboutit de la
sorte à un compromis sans logique ni clarté.
11 est difficile de pronostiquer ce qui, commercialement et stra-
tégiquemeut, sortira de ces négociations entre M. Lloyd George
et M. Krassine. Mais dès maintenant, il est clair qu'entre la
Russie et l'Angleterre une grosse partie se trouve engagée dont
il sera intéressant de suivre les péripéties, car ce qui est en jeu,
c'est toute la puissance britannique.
L'esprit bolcheviste, si l'on entend par là le mépris des con-
traintes à un aegré jusqu'ici inconnu, mine tous les territoires
de l'Empire. Le Canada, pendant et surtout après la guerre, n'a
cessé d'agir de plus eu plus en nation indépendante. Il était
représenté directement au Conseil des Puissances. Il vient de
faire un pas de plus dans le sens de l'autonomie en désignant
un ambassadeur à Washington. Ce n'est pas encore l'indépen-
dance diplomatique totale, mais on ne peut nier l'importance
d'un tel précédent. La décision du Cabinet d'Ottowa a été prise
après échange de notes avec M. Lloyd George. Cette correspon-
dance ne doit pas être publiée, ce qui semblerait indiquer que
la concession a été accordée par le Premier Ministre anglais à
son corps défendant. Cependant, l'innovation n'est pas prise au
tragique dans la métropole : on estime que si les liens créés par
la constitution se relâchent sans résistance, la piété filiale s'en
trouvera renforcée.
En décembre 1919, des désordres se produisaient dans l'Inde
qui furent réprimés par des tirs de mitrailleuses et des bombar-
dements aériens. Une enquête fut décidée dont les conclusions
viennent de paraître. Les méthodes de répression du général Dj'er,
commandant les troupes de police, sont nettement condamnées ;
on lui reproche surtout un certain " crawling order » auxquels
les habitants d'Amritsar devaient se soumettre dans la rue. La
Commission d'enquête demande des sanctions contre le général
Dyer ; elle aura certainement satisfaction, et avec elle toute la
population indigène de l'Inde. Bien plus, il ne sera tenu aucun
360 LES LANGUES MODERNES
compte des témoignages des colons, prétendant que les mesures
prises par le général Dyer ont évité des révoltes plus graves et
dont la répression aurait coûté infiniment plus cher.
Dans cette aflaire malheureuse, l'Angleterre fait amende hono-
rable. En réalité, le gouvernement sent que sou autorité sur les
territoires d'outre-mer est assez précaire et qu'il importe de jeter
du lest. Par contre, il montre de la fermeté quand il s'agit de
l'Irlande et des mouvements ouvriers, sur lesquels il peut exer-
cer directement son action. Pour répondre à la guerre de parti-
sans, menée par les Sinn Feiners, H fait débarquer chaque jour
en Irlande des troupes, du matériel, des munitions. D'autre part,
il n'a pas permis l'extension de la grève déclanchée par les che-
minots et les dockers irlandais pour immobiliser ce déploiement
gucrritr. Son attitude énergique, ainsi que l'intervention du
Labour Party, lié par ses décisions antérieures contre l'action
directe, ont mis un terme à cette agitation ouvrière. Du reste,
i! semble que du côté gouvernemental, comme du côté travailliste
on soit assez enclin à réaliser ce qu'on pourrait appeler la sépa-
ration du syndîcalisme et de l'Etat.
Sarreboiirg, le 13 juin 19'2{\. ^larccl Lorans.
NOTES ALLEMANDES
L'.\ssembiée nationale a réussi à terminer ses travaux le 21
mai, sans avoir à subir de nouvel assaut des éléments révolu-
tionnaires de droite ou de gauche. Quoique parfois encore sur-
i^issent de par l'Empire des rumeurs inquiétantes de réaction
monarchique, ou de révolte spartacienne, la campagne électorale
(lu mois de mai s'est déroulée dans le calme des luttes oratoires :
c'est qu'en raison de l'imminence des élections, les partis extrê-
mes n'ont pas osé se discréditer par un nouveau coup de force ;
ils ont préféré courir leur chance, a\ant d'avoir recours à la
violence, qui reste, en cas de défaite, leur oernière ressource.
La consultation du 6 juin présente un intérêt trop évident,
]iour ne pas retenir l'attention de l'Europe entière. Les élections
jjrochaines permettront au peuple allemand de prononcer, sur
l'œuvre du gouvernement et sur celle de l'Assemblée nationale un
\erdict d'autant plus éclairé que les partis seront jugés non plus
sur leurs programmes, mais sur leurs actes. Il s'agit de savoir si
IWllemagne entend désormais se consacrer aux réformes démo-
cratiques qu'elle prétendait vouloir réaliser au lenuemain de la
défaite, ou si, hantée par un rêve absurde de revanche, elle est
disposée à prendre comme arbitre de ses destinées les forces de
réaction qui furent une fois déjà responsables de sa ruine. I^
]H)litique pour laquelle nous verrons opter le peuple allemand.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 261
dctf nui liera Tattitude que prcudront à son égard l'Europe, et la
France, en particulier.
S'il est vain et téméraire de vouloir se livrer aujourd'hui au
calcul des pronostics, il peut être intéressant du moins d'étudier
l'œuvre de la dernière législature, et de déterminer la situation
des partis à la veille des élections : cet examen pourra contri-
buer à éclairer les résultats ue demain.
L'Assemblée nationale nous apparaît comme un parlement de
transition, qui, partagé entre des tendances divergentes, dut faire
trop souvent le sacrifice de ses principes, pour se résigner à
suivre une politique opportuniste.
Comme aucun des partis de l'.Assemblée ne disposait à lui seul
de la majorité, celle-ci fut constituée par l'union un peu dispa-
rate des députés du centre catholique (88j, des démocrates (75;,
et des socialistes majoritaires (165). Cette coalition pouvait
ainsi triompher facilement de l'opposition des socialistes indé-
pendants (22), et de celle des partis de droite représentés par
les allemands nationaux (42), et par le parti populaire alle-
mand (21).
I^ bloc majoritaire, qui oisposait sur ses adversaires d'une
supériorité numérique indiscutable, ne représentait cependant
qu'un groupement de forces peu homogènes. .Aussi, sa politique
intérieure fut-elle soumise à de nombreuses oscillations; elle dut
se plier aux concessions et aux compromis qui énervent la
volonté d'une Assemblée et la rendent souvent impopulaire. On
ne saurait sans doute dénier à la Constituante allemande le
mérite d'avoir assuré le maintien du régime républicain, et
d'avoir par là-même réservé l'avenir. Son œuvre législative est
par ailleurs considérable ; mais elle apparaît plus imposante par
sa masse que par son caractère novateur. L'.Assemblée nationale a
sans doute fait preuve à certaines heures de sagesse et a'initia-
tive ; mais elle manqua souvent aussi de courage, et elle a
amorcé beaucoup de réformes qu'elle n'a pas toujours su réali-
ser dans un esprit vraiment démocratique.
Sa politique extérieure présenta les mêmes hésitations : elle
ne réussit pas à s'affranchir des directives anciennes que l'expé-
rience de la guerre aurait dû condamner définitivement. L'.Assem-
blée nationale avait commis l'imprudence d'inscrire en tête de
son programme la révision du traité de Versailles, qu'elle déclara
inexécutable dans ses clauses militaires, économiques et finan-
cières. .Aussi le gouvernement de Millier, au lieu de remplir les
engagements qu'il avait souscrits, crut-il opportun d'en différer
ou d'en' éluder l'exécution, dans la mesure du possible. Il y avait
là une erreur de méthode, qui eut du moins l'avantage de nous
renseigner, exactement sur les intentions véritables de la démo-
cratie allemande.
24
362 LES LANGUES MODERNES
L'hostilité que celle-ci manifestait à la France ne s'était pas,
en effet, atténuée depuis l'armistice, même dans les rangs du
bloc majoritaire ; l'hypocrisie avec laquelle furent exploitées et
l'occupation de Francfort et la présence des troupes noires dans
les territoires rhénans, fut à cet égard symptomatique. Alors
que l'Allemagne nous suppliait de prendre conscience de cette
solidarité d'intérêts, qui devait nous rapprocher, alors qu'elle
prétendait ne vouloir attendre son salut et celui de l'Europe que
de la collaboration des peuples, divisés, tués par la guerre, elle
travaillait à dissocier le groupe des Alliés : et tout en évitant
une explication loyale avec la France, elle poursuivait contre
elle sa politique de chicanes et d'atermoiements.
L'Allemagne se croyait d'autant plus autorisée à persévérer
dans cette attitude de résistance passive^ que certaines paroles
imprudentes, échappées à de hautes personnalités alliées, lui
permettaient d'espérer l'appui de leur influence ; par ailleurs,
l'attribution d'un crédit de 200 millions de florins que lui ouvrait
la Hollande pour achat de vivres et de matières premières, la
fortifia dans cette illusion que les sympathies du monde allaient
de nouveau vers e>lle.
Le gouvernement de Mùller célébra alors comme un grand suc-
cès politique sa participation à la Conférence de Spa, et il
annonça joyeusement à son peuple que sonnait enfin le retour
de l'exil. L'Allemagne vit en eflet dans l'invitation des puissan-
ces alliées la promesse d'une réhabilitation prochaine ; elle
n'était donc plus la lépreuse exclue de la communauté euro-
péenne ; elle allait pouvoir reprendre sa place au Conseil des
Nations. Les avantages qu'elle espérait pouvoir tirer des entre-
tiens de Spa n'étaient pas seulement d'ordre moral ; elle espé-
rait pouvoir faire prévaloir à la Conférence le principe d'è la
fixation forfaitaire de ses indemnités de guerre, évaluées selon
l'état des ressources et selon les capacités de travail du pays.
Elle déclarait, du reste, à l'avance, les unes et les autres très limi-
tées ; à cet eft'et, elle constituait déjà tout un dossier de docu-
ments impressionnants, et en appelait au témoignage d'Anglais
germanophiles, tels que Keynes. Lii fièvre avec laquelle les
ministres de Berlin poussaient les préparatifs de la Conférence
de Spa, laissait deviner la tactique qu'ils adopteraient : il s'agi-
rait pour eux d'utiliser à leurs fins les divergences d'opinion
qui pouvaient se manifester entre les Alliés.
Aussi la déception du peuple allemand fut-elle amère, quand
il a|)prit que la réalisation d'accords antérieurs, tels que celui ,
de Hythe, limiterait le droit de discussion de ses délégués, ou
plutôt paralyserait le jeu tic leurs intrigues ; les journaux libé-
raux allèrent jusqu'à parler, avec leur emphase habituelle, du
<' sabotage » de la Conférence de Spa. Le gouvernement alle-
mand était à iu)uveau victime de cette erreur psychologique, qui
CHUONIQIE KTRANCKRE SG.'}
iivait causé tant de mécomptes à ses prédécesseurs : il croyait
pouvoir, à son tour, opposer les Alliés les uns aux autres et
trouver chez les jjeuples anglo-saxons un écho de sympathie à
sa politique anti-fraiiyaise. Cette fois encore, le chancelier Millier
se vit inlliger un crUel démenti ; à l'isolement prétendu de la
France, répondit le resserrement de l'entente anglo-française ;
et le traité de Versailles, que déclaraient caduc les augures her-
linois, gardait sa validité aux yeux des Alliés, qui prétendaient
régler à Spa les modalités de son exécution. Le peuple allemand
ne fut que médiocrement satisfait de cette longue campagne
révisionniste ; il ne pouvait que mesurer la distance qui sépa-
rait les plus brillantes promesses des dures réalités au milieu
desquelles ij se débattait. La politique extérieure de l'Assemblée
nationale et de ses ministres, par ses initiatives maladroites et
par son manque de franchise, s'était épuisée en protestations
violentes et stériles : celles-ci n'étaient pas destinées à augmen-
ter le prestige du gouvernement, ni au dedans, ni au dehors de
rp]mpire.
Ainsi s'explique-t-on que le ministère Millier et sa majorité
n'aient pas vu croître leur popularité, et que les élections pro-
chaines leur inspirent des craintes, sans doute légitimes. La
politique qu'ils ont suivie, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, ne
s'est pas suffisamment libérée de l'emprise du passé ; elle a
manqué souvent de la décision et de la vigueur que réclamait
l'organisation d'un Etat démocratique. Elle fut 'enfin soumise à
ce régime de compromis, souvent néfaste, qui menace aujourd'hui
de se retourner contre la coalition majoritaire. Déjà nous par-
viennent de ses rangs des bruits de scission qui ne sont pas
destinés à fortifier sa situation à la veille du scrutin.
La discipline électorale ia ])lus stricte sera suivie par les par-
tis de droite qui vont à la bataille en rangs serrés. Les ■< natio-
naux allemands », guidés ]Kir le Comte Westarp, et partisans
irréductibles de la monarchie, viennent de conclure une alliance
avec le parti populaire ; celui-ci. dirigé par Stresemann, est,
comme on le sait, le mandataire de la . Schwerindustrie », et il
a groupé autour de lui les débris du parti national libéral.
L'union des « Deutschnationalen > et de la « Volkspartei »
survivra du reste sans doute aux élections : car rien n'est plus
'-conforme à la tradition prussienne que cette coalition des impé-
rialistes du sabre et des annexionistes de l'industrie. Le nou-
veau groupement sera assez cohérent, et peut-être assez fort, pour
tenter d'imposer sa collaboration au gouvernement de demain.
Les partis réactionnaires, en effet, s'efforcent visiblement de
déplacer le centre de la coalition libérale, afin de ralentir autant
que possible la démocratisation du pays. Dès aujourd'hui, ils
364 LES LANGUES MODERNES
font des avances non dissimulées au parti socialiste majoritaire,
et surtout aux indépendants. Il est peu probable que les troupes
de Millier, du moins, répondent à leur appel, et consentent à
pactiser avec un groupement aussi peu constitutionnel, qui est
responsable de la guerre, et qui n'a pas encore renoncé à ses
espoirs de restauration monarchique.
Si cette concentration des éléments de droite se réalise à peu
près unifoi'mément dans tout l'Empire, c'est en Bavière que les
forces conservatrices se sont unifiées le plus rapidement et le plus
complètement. Il s'est formé dans ce pays un bloc de l'ordre,
« der Ordnungsblock », qui a réussi à grouper sous une direc-
tion unique les partis suivants : la ligue des paysans, la ligue
des agriculteurs, les nationaux allemands, que l'on désigne encore
sous le nom de Mittclpartei ; le centre bavarois, monarchiste,
agrarien et particulariste, qui s'institue encore « bayerische volks-
partei » ; et enfin le ^ parti monarchiste bavarois », qui dans
son organe, le » Bayerischer Kônigbote », réclame ouvertement
le retour des wittelsbach, ainsi que l'annexion des territoires du
Tyrol, du Vorarlberg et de la Styrie. Cette union des droites
mène la propagande la plus active ; elle dispose de l'argent, avec
lequel elle achète les journaux, et elle inonde le pays de brochu-
res et de tracts. Dès aujourd'hui, elle croit s'être assurée l'adhé-
sion de la bourgeoisie bavaroise, qu'effarouche toujours le
spectre du communisme.
A cette unification des forces réactionnaires, les partis libéraux
opposent le spectacle de leurs divisions : c'est que la pratique
d'un an et demi de politique gouvernementale a mis trop sou-
vent chacun d'eux en contradiction avec ses propres principes.
Aussi, les doctrinaires les plus intransigeants prétendent-ils
désormais s'isoler, pour rester plus fidèles à la tradition de leur
parti.
Le Centre devait être le plus directement menacé d'un danger
de scission. Sa politique d'avant-guerre, qui s'inspirait directe-
ment de ses intérêts confessionnels, ne laissait point prévoir son
alliance actuelle avec les socialistes, même majoritaires : il ne
consentit à cette union que dans un intérêt national supérieur,
et l'on doit reconnaître qu'il s'efforça loyalement d'adapter son
programme aux exigences de partis plus libéraux.
Son évolution vers la gauche fut sans doute accueillie favo-
rablement par la masse des ouvriers catholiques ; mais elle ne
pouvait que satisfaire médiocrement le clergé et la bourgeoisie.
1,'antagonisme social de ces deux éléments du centre se mani-
festa plus vivement, après que le coup d'Etat du 13 mars eut
obligé le gouvernement à suivre une politique plus radicale. Une
première scission se produisit en Bavière, où se constitue la
« bayerische volkspartei », suivie bientôt d'une seconde sur
les bords du Rhin. La fraction rhénane dissidente, qui a pris lej
CURONIQIE ÉTRANGÈUE 'Mj'y
)U)ni de " clii'istlichc volUspartei », et qui prétend renouer la tra-
dition fondée par Mallinckrodt et Windthorst, se refuse à pac-
tiser plus longtemps avec les socialistes, et cherche son point
d'appui à droite. Il y a là deux tentatives de schisme qui, sans
être encore irrémédiables, peuvent inquiéter le Centre.
Le parti déniocraticpie, au contraire, a gardé intacte son
unité ; et ce lui fut facile, car sa ))olitique devait fournir à la
coalition un terrain d'entente. Les démocrates se sont très nette-
ment prononcés i)our le renouvellement du bloc libéral, qui a
garanti à rAllcmagne sa paix intérieure, et qu'ils déclarent
(iésigné au choix des électeurs par les préférences de l'Europe.
C'est surtout le parti socialiste majoritaire qui sent sa situa-
tion menacée. Il eut la responsabilité du pouvoir en des heures
<iilïiciles, et dut assurer la liquidation d'une guerre malheureuse.
Aussi s'ettorce-t-il de justilier ses actes de gouvernement par la
voix de ses chefs les plus autorisés. Il défend avec quelque
embarras la coalition qui rendait nécessaire la défense du régime
républicain et qu'il a servie par esprit d'opportunisme ; il
jjromet, du moins, de rompre cette alliance compromettante et
de suivre une politique exclusivement socialiste, dès qu'il dispo-
sera de la majorité. Dans la crainte de voir se détourner de lui
les masses populaires, il sollicite, mais en vain, la collaboration
cies indépendants. Ceux-ci prétendent vouloir rester fidèles à la
doctrine marxiste; ils prêchent la lutte contre le capital et la
réconciliation des peuples, qu'une exécution loyale du traité ne
pourrait, pensent-ils, que favoriser. Les indépendants ont retiré
trop de bénéfices de leur attitude d'oppositio^i, pour se résigner
à y renoncer dès maintenant.
A l'extrême gauche, enfin, le parti communiste tend, lui aussi,
à s'eiï'riter, sous la poussée des éléments les plus violents. De
l'union spa^t^acienne vient de se détacher récemment une fraction
anarchiste, dirigée par Laufenberg, et qui a pris le nom die
• neue kommunistische Arbeiterpartei ». ' Les révolutionnaires
extrémistes accusent les Spartacistes d'avoir voulu corrompre la
Révolution allemande en acceptant de participer aux travaux
])arlementaires. Ils réclament l'institution de Conseils d'ouvriers,
la dissolution de la Reichswehr, et l'organisation militaire du
prolétariat, qui reprendrait à son compte la lutte contre " le
capitalisme anglo-américain et l'impérialisme français ». Le nou-
veau parti ne reculerait devant aucune compromission pour s'as-
surer l'appui de l'armée : il a déjà lié conversation, pendant le
règne, éphémère de Kapp, avec l'extrême droite, qui semble lui
avoir promis son appui : si étrange que puisse paraître la ren-
contre d'éléments aussi opposés, elle s'explique par l'espoir que
nourrit chacun d'evix de trouver dans son comparse un auxiliaire
et une dupe.
Que devons-nous conclure dé cet examen trop rapide d'une
situation encore confuse ? l/ancienne coalition aura à soutenir un
366 LES LANGUES MODERNES
choc d'autant plus rude qu'elle se présente en ordre dispersé
devant un adversaire, qui, à son aile droite, tout au moins, a
réalisé son unité de front. Tandis que le centre, les démocrates
et les socialistes majoritaires vont se livrer bataille, les partis
de droite ont renoncé aux luttes fratricides, et semblent avoir
même conclu avec les indépendants un accord secret, qui pourrait
bien ménager quelques surprises ,aux partis gouvernementaux.
C'est donc bien le procès du bloc libéral qui se trouve engagé
devant le corps électoral, et les scrutins qui ont eu lieu au mois
de mai ne laissent guère prévoir de résultats qui lui soient favo-
rables. Les élections du Landtag de Mecklembourg-Strelitz vien-
nent d'éprouver durement les socialistes majoritaires, et d'assu-
rer la victoire des partis de droite et d'extrème-gauche. Le
même phénomène fut observé en Silésie, dans la province de
Brunswick, et à Dantzig, lorsque fut renouvelé le parlement de
cette ville, le 16 mai. Il y a là une indication qui ne saurait être
négligée. La coalition gouvernementale sortira sans doute aflai-
blie des élections du 6 juin ; mais peut-être les partis qui la
composent auront-ils intérêt à conclure une nouvelle alliance,
si, toutefois, ils peuvent encore imposer leur volonté à l'Assem-
blée.
/a juin 19-20. J. Denis.
.»»
NOTES RHÉNANES
On sait quel est le résultat — assez imprévu — des élections
allemandes. Comme récompense d'avoir tant bien que mal évité
k- Charybde de la révolution sociale et le Scj'lla de la dictature
militaire, les pilotes socialistes majoritaires, démocsrateis, et
catholiques, sont jetés par-dessus bord ! Comparons en effet les
voix et le nombre de sièges qu'ils ont obtenus eh janvier 1919
et le 6 juin dernier :
y ombre de voix et de sièyes Le 6 juin dernier :
Socialistes ^" ^^^^
majoritaires : 10.288.211 ; 163 sièges. 5.614.452 ; 112 sièges.
Démocrates: 4.903.533; 75 — 2.220.334; 45 —
Centre
catholicpie : 5.241.493; 89 — 3.540.830; 68 —
S'enrichissent de leurs jjertes les deux partis extrêmes :
Socialistes
indépendants : 1.218.341 ; 22 sièges. 4.894.317 ; 81 sièges.
Communistes: 441.995; 2 —
Conservateurs : 2.549.721 ; 42 — 3.736.778 ; 66 —
Libéraux: 1.343.140; 23 — 3.606.316 ; 62 —
D'autre part, le Centre a fourni les éléments d'un nouveau
parti, dit <■ populaire bavarois », qui a rompu toutes relations
CHRONIQUE KTRANC.KRE .3()7
avec le Reichstafi cl a rc'imi 1.171.722 voix lui doiiiiaiit droit à 21
sièges (1).
Notons, toutefois, que les partis extrêmes s'étant renforcés
sinuiltancmeiiK semblent s'exclure l'un l'autre de la direction du
navire. Il est donc probable que les pilotes qui viennent d'être
jetés à l'eau remonteront à bord et ressaisiront le gouvernail
inoccupé, quoique à leurs risques et périls et en tout cas à titre
précaire. .\u moment où j'écris tout paraît annoncer un gouver-
nement cohstitué par le Centre, les démocrates et les libéraux,
avec la neutralité plus ou moins bienveillante des socialistes
majoritaires. Jamais régime parlementaire ne vit . situation plus
trouble et équilibre plus instable.
Telle est en gros, la situation de l'Allemagne. Voyons celle
des provinces rhénanes autour de Oologne.
Le fait capital est que le Centre catholique, à la ditlérence du
reste de l'Allemagne, y conserve, et même y raffermit (dans les
campagnes) ses positions déjà formidables. Le parti socialiste,
au contraire, comme dans le reste de l'Allemagne, s'y disjoint,
faisant place à ses côtés aux socialistes indépendants. Voici les
chiffres :
CinCONSCMII'TlON DK (vOLOfiNE, AIX-I.A-ChAPELLE
Jniwier li)!!) Juin 1920
Centre catholique : r)79.212 611.384
Socialistes majoritaires : 247 114 143.633
Socialistes indépendants : 5.806 70.210
Les oscillations des autres partis sont moins intéressantes : les
démocrates perdent du terraiij comme dans le reste de l'.^llema-
gne, en revanche — et c'est fort agréable à constater — les vieux
conservateurs nationalistes n'en gagnent pour ainsi dire point,
passant de 31.071 à 37.968, différence caractéristique d'avec le
reste de l'Allemagne. Les libéraux passent de 33.471 à 76.384 (2).
Il s'est f_9rmé un nouveau parti dit « populaire chrétien »,
formé surtout d'anciens électeurs ou Centre, mécontents de
l'intimité de leur parti avec les partis de gauche et désireux
aussi de ramener au premier plan la question de l'autonomie
rhénane : il a réuni 33.136 voix.
Mes documents sont incomplets à ce jour pour la répartition
exacte des sièges, mais c'est moins intéressant.
(1) Chiffres définitifs donnés par la Frankfurter Zeitung, du
20 juin.
(2) Le lecteur attentif jjourra remarquer que nos chiffres pour
1919 diffèrent de quelques milliers, ou de quelques centaines,
avec ceux de mon dernier article. Ce sont ceux de cet article
qu'il faut considérer comme définitifs. Les autres furent notés
sur place, le lendemain des élections, avant les petites rectifica-
tions officielles.
368 LES LANGUES MODERNES
La question de l'autonomie rhénane n'a joué aufun rôle visi-
ble, au premier plan, dans ces élections. Il s'en faut cependant
qu'elle soit définitivement écartée. Le Centre rhénan, qui l'avait
lui-même posée, l'a ajournée en 1919 pour des raisons qui ont
été dites, à la suite de l'entrée du parti dans le gouvernement
de coalition. Il continuera à l'ajourner si la nouvelle coalition
réussit à se maintenir, malgré sa faiblesse, par l'impossibilité
de toute autre formule de gouvernement. Mais si cet équilibre
instable était détruit, si l'Allemagne redevenait le champ clos
d'une nouvelle lutte violente, et indécise, entre la réaction
cynique et la révolution sociale,- le centre rhénan serait certaine-
ment amené à imiter le centre bavarois, 'c'est à-dire à élever un
mur de protection entre le reste de l'Allemagne et lui, pour être
maître chez lui. A la vérité, pour le centre bavarois, la besogne
a été facilitée par les institutions existantes : la tâche est plus
dure sur le Rhin, transformé depuis longtemps de barrière en
grande route ! Mais le danger est un grand maître. Le Centre
pourrait être amené à envisager le conflit avec les partis socia-
listes affaiblis des provinces rhénanes comme le moindre danger.
Le succès du Centre bavarois, tout ce qu'il a gagné en force et
en tranquillité en se séparant du Centre allemand, en s'abstenant
de participer aux affaires de l'Empire, est évidemment matière
à utiles méditations. Si grand a été ce succès qu'il a fait surgir
d'audacieuses exigences : sondés par Trimborn, le chef du centre
rhénan, ces catholiques bavarois ont mis comme conditions à la
reprise de la vie commune au Reichstag la revision de la Consti-
tution dans un sens fédératif et une représentation diplomatique
distincte et effectii>e (pas comme celle d'avant 1914 !) pour la
Bavière l (1). Là-dessus, naturellement, on a poussé les hauts
cris dans les camps unitaires et les pourparlers n'ont pas abouti.
La Bavière continue donc à faire bande à part. La leçon d'indé-
pendance donnée par Munich ne saurait être perdue pour Colo-
gne ! Que vienne l'heure, et le Centre rhénan saura d'autant plus
s'en souvenir qu'il a déjà l'année passée exprimé ambition
pareille. Lui aussi parlait alors non seulement d'autonomie inté-
rieure, mais encore de représentation diplomatique spéciale, ne
fût-ce, disait-il, que pour les rapports de l'Etat rhénan avec la
Papauté. Il se souviendra d'autant plus facilement oe tout cela
que la seule tentative de scission dont il ait été l'objet au cours
de ces élections est venue de ceux qui veulent, avec impatience,
l'engager sans plus tarder dans cette voie.
Gaston E. Brochk.
Marseille, 2'/ juin 1920.
(1) Cf. sur ce point l'article de foi>d, très inquiet, de la Frank-
furter Zeitung du 15 juin dernier.
BIBLIOGRAPHIE
Castoi) Rapl)aël. — Wa(tl)er Rat))er)au. — Pavot, Paris,
4.:)(i.
Le doctorat se renouvelle. C'est une heureuse innovation que de
l'avoir élargi, en l'ouvrant, à certaines conditions, aux sujets
d'actualité. Le travail que M. Raphaël a présenté comme thèse
complémentaire est le premier à bénéficier, pour les études ger-
maniques, de cette hospitalité. Son Rathenau est un sujet de
guerre, mieux, par certains prolongements, d'après-guerre. .Aucune
personnalité ne se détache avec plus de relief sur l'arrière-plan
économique et social de l'histoire de ces dernières années que ce
grand chef d'entreprise, cet industriel socialisant, qui, après
avoir porté la " Société Générale d'Electricité » au degré de
puissance que l'on sait, après avoir assuré, dès le début de la
guerre, le ravitaillement de son pays en m-atières premières,
est mieux que personne préparc, à façonner 1' .Allemagne de
demain. On peut juger différemment l'originalité et l'efficacité de
ses idées ; on peut ap|>récier diversement sa personnalité, son
rôle et en particulier sa part de responsabilité dans l'exploita-
tion industrielle de la Belgique et du Nord de la France ; on
peut être plus ou moins sensible à ce que son idéalisme recouvré
de réalisme et d'inquiétant impérialisme, à ce qui se mêle
inconsciemment de cabotinage à la prédication morale de cet
hf)mme d'affaires ; il reste qu'il représente éminemment certains
traits de l'esprit nouveau -de l'Allemagne. Son rôle est pour le
moment un peu effacé. Dans le chaos politique et économique de
l'.Allemagne présente, sa voix est sans écho, et il ne paraît pas
avoir retrouvé depuis l'armistice la place à laquelle ses qualités
d'intelligence et de volonté semblaient lui donner droit. Il est,
en tous cas, parmi les démocrates à qui l'.Allemagne pourrait
demander un enseignement et une direction, un de ceux qui ont
le mieux réalisé la signification véritable de la défaite, et il n'est
pas impossible que cet infatigable remueur d'idées, cet incitateur,
doué d'un si remarquable instinct d'organisation et d'assimila-
tion, soit appelé un jour, dans une atmosphère nouvelle, à jouer
un rôle de premier plan dans la reconstitution morale et éco-
nomique de son pays.
("est dire le très vif intérêt qui s'attache à ce livre. Un tei
sujet présentait, en raison même de son actualité et de son
caractère un peu mouvant, de sérieuses difficultés. M. Raphaël
l"a abordé et traité avec de minutieuses précautions de méthode.
Son étude est sage et prudente; son exposé du système de Rathenau
est complet, clairement ordonné, étayé de copieuses analyses.
370 LES LANGUES MODERNES
Il s'est tenu avec raison près des textes : Rathenau n'est pas un
écrivain qu'on aborde de plain-pied. C'est un auteur de lecture
malaisée. Ses livres sont écrits d'un style personnel, mais inégal
et trouble. A côté de pages drues, denses, et où la force et la
précision de la pensée communiquent à la forme un relief vigou-
reux, il 3' a bien des parties opaques, gâtées par un jargon péni-
ble. M. Raphaël, en laissant la parole aux textes, les a clarifiés
de soïl mieux. Et cette pi-omenade patiente, parfois un peu lente,
à travers le détail de l'œuvre, ne contribue pas moins que la
sj'nthèse des idées générales à mettre dans leur véritable jour
la variété et l'intérêt d'une pensée que nous ne saurions négli-
ger.
A. GODAHT.
Heqri Licl)tei)gerber. — Faust, 1" partie. — La Renais-
sance du livre, Paris, 3,75.
Voici enfin une traduction du Faust de Goethe. Celles que nous
possédions jusqu'à présent étaient trop peu sûres et trop mal
éclairées pour rendre ce poème accessible dans son intimité aux
lecteurs ignorants de l'allemand. Rien n'est plus difficile, à vrai
dire, que de faire pénétrer le public non spécialisé dans la
familiarité d'un tel drame. Une traduction précise n'y suffit
point, si elle ne s'accompagne d'un commentaire qui éclaire à la
fois l'ensemble et le détail de l'oeuvre. M. Lichtenberger nous
donne en même temps l'une et l'autre dans la collection com-
mode des " Cent Chefs-d'œuvre Etrangers ». Sa traduction, par-
faite de justesse, d'aisance, de sobriété, a su garder, avec toute
la densité du sens, ce qu'il est possible de retenir du relief, de
la couleur et du mouvement du texte original. Et sa préface est
une merveille de présentation et de construction. Aucun ouvrage
n'avait réuni, jusqu'à présent, de façon aussi ramassée, et en
même temps aussi complète, tous les résultats essentiels de la
critique faustienne. En 84 pages, cette notice condense tout ce
qu'il est nécessaire de savoir pui; la formation et la transmission
de la légende, sur la genèse du poème et les différentes phases de
la composition, sur la signification du drame, sur les problèmes
essentiels qu'il pose et la façon dont ils se développent dans les
deux parties. L'étude" du second Faust sera d'une utilité particu-
lièrement précieuse. Elle rassemble non seulement tous les maté-
riaux indispensables pour la com])réhension des différents épi-
sodes : elle rétablit le lien qui unit l'œuvre à la philosophie et
à la personnalité du poète, et on ne peut s'empêcher de déplorer,
en lisant ces pages, que les dimensions de cette collection, en
imposant à l'auteur de continuels renoncements, ne lui aient
pas permis de nous offrir, au lieu de ces reflets rapides, cette
image totale du vieux Gœthe, qu'il devrait bien se oécider à
nous donner. A cette présentation d'ensemble s'ajoute enfin,
BIBLIOGRAPHIE 371
pour c'ha(|iK> scène de la première partie — la tiadiietioii de la
seconde doit paraître incessaninient — une introduction som-
maire qui siUic chaque fragment dans la genèse de l'œuvre et
en oélinit les intentions essentielles. M. Lichtenberger a eu rai-
son de penser qu'on ne saurait troj) multiplier les précautions
pour déblayer les abords si embroussaillés de ce poème et en
faciliter l'accès à tous les lecteurs : il a réussi finalement, à
force de scrupules et de soins ingénieux, à nous donner un F"aust
«pii s'adresse non seulement au public simplement curieux de
littérature étrangère, mais aux germanisants qui tiendront à
avoir dans leur bibliothèque et à recommander à leurs élèves cet
instrument de travail indispensable.
A. GODAKT.
Hei)ry Bradiey. — Tt)e Relations betweeo Spoker>
ar)d Writtei) Laoguage, witi) spécial référence to
EQgliSi)- — Clarendon Press, V.VH), 2 M
La (^larendon Press a bien fait de réimprimer cette brochure,
qui date de 191.S ; car c'est un petit livre sensé et utile. L'au-
teur se défend d'y exposer ses idées sur la réforme de l'orthogra-
phe. Mais après avoir montré que la fonction de l'écriture n'est
pas, comme celle de la musique, uniquement de représenter des
sens, et que- l'écriture est devenue, chez les civilisés, idéographi-
que, il arrive ,à des conclusions intéressantes : le langage et
l'écriture sont deux organes d'expression indépendants. L'idéal
de l'orthographe phonétique serait de faire de l'écriture l'esclave
de la parole. Mais l'écriture constitue, à certains égards, un
meilleur organe d'expression que la parole. Pour l'éduqué, la
forme é^-rite devient partie intégrante de l'essence d'un mot. Et
c'est ainsi que, chez les peuples supérieurs, qui lisent et écrivent
beaucoup, le langage écrit tend à se développer plus ou moins
indépendamment du langage parlé. Cela est vrai en particulier
ôe l'anglais.
Dès lors, voici singulièrement compliquée, pour l'anglais,
toute réforme orthographique. M. Bradiey doit, logiquement, don-
ner son avis sur cette question, et ses conseils sont ceux de la
sagesse. Il est évident que le système actuel gagnerait à être
amendé. L'orthographe phonétique libérerait l'anglais de beau-
coup de ses ambiguïtés et démocratiserait une grande partie du
vocabulaire littéraire.
Mais que de difficultés déjà ! Il ne faut pas songer à une réforme
radicale, qui, en bouleversant le symbole, détruirait la langue
elle-même, mais à un compromis seulement. On pourrait com-
mencer par les noms propres ; mais on ne peut y toucher sans
détruire leur personnalité ; les mots littéraires et scientifiques ?
mais ils sont internationaux. Eu tout cas, on devrait ne pas
orthographier pareillement deux mots différemment prononcés.
372 LES LANGIES MODEUNES
Le public aura du mal à se faire même à cette dernière inno-
vation, car rien n'est plus déroutant pour la pensée que des for-
mes inconnues ou des visions grotescjues. Soyons donc modestes,
évitons les rêves impossibles. Même le professeur Skeat (M. Brad-
ley a de rhumour), n'emploie ni dans ses livres, ni dans sa cor-
respondance, l'orthographe qu'il prêche si chaleureusement. En
matière d'orthographe, comme en d'autres, ne soyons pas plus
roj'alistes que le roi.
Paul Chauvet.
O.-H. Prior, Drapers Profcssor of Fpci)ct) io tl)C
Ui)iversity of Can)bridge : Frei)cl) Studies ai)d Frai)ce.
7^1) Inaugural Lecture. — Cambridge, University Press, 1920.
Au moment où la question des Humanités Modernes est au
premier plan de nos préoccupations, il est intéressant d'en voir
défendre la cause par un professeur de l'Université de Cambridge.
Sacrifiée aux disciplines classiques, oesservie par un enseigne-
ment insuffisant et sans autre idéal qu'une connaissance pra-
tique et .rudimentaire, l'étude du français en Angleterre, affirme
le Prof. O.-H. Prior, n'a jamais eu l'occasion de faire ses preuves
en tant qu'instrument de culture. Mais (et c'est là la tâche
de l'Université), quand on aura, par une sérieuse initiation pho-
nétique et grammaticale, mis l'étudiant à même de sentir l'har-
monie et, par delà le sens littéral, le génie profond de la langue,
alors s'ouvrira ce champ fécond a'études que forment la littéra-
ture, la nationalité et le caractère français.
Une connaissance exacte de nos méthodes d'enseignement,
des vues personnelles (Taine s'y trouve assez malmené), sur
notre littérature, défendue d'ailleurs contre les préjugés commu-
nément reçus à sou égard en Angleterre, et de flatteuses appré-
ciations sur l'intellectualisme de notre éducation, illustrent cette
conférence-programme qui marque une très intéressante tendance
en faveur des études françaises à Cambridge.
G. JOISSAIME.
E.-fi. Craddock. — T))e Clas5-rooiT) Republic. — (2 0 net,
A. & C. Black, London, 1920;.
Ce petit livre, œuvre d'un professeur de français dans un exter-
nat londonien, mériterait un long article. 11 s'adresse aux profes-
seurs qui aiment les enfants, qui ^•()ient en eux l'avenir, croient en
eux, qui savent aussi s'effacer sans effort ; il repose sur l'idée que
la discipline n'est pas silence, répression, contrainte imposée de
l'extérieur, mais que le caractère est une acquisition i)ersonnelle.
issue de l'exercice de la raison, du choix entre les actes possibles
M. Craddock voit en l'opposition du gouverné et du gouvernant
la source première des nombreuses fautes scolaires, au delà de
BIBLIOORAIMIIIÎ 373
raïuoiir liu risque dans la partie disciplinaire engagée entre niai-
Ire et élève ; et il propose, après les deux anni'es d'une heureuse
expérience, conduite à la fois dans plusieurs classes, de substi-
tuer à l'organisation et aux sanctions ordinairement confiées au
professeur, celle qu'élabore un comité d'élèves, régulièrement
élu par la classe entière, et renouvelable si besoin est, p.irtielle-
ment ou dans son ensemble. Cette délégation d'autorité réalise le
passage d'une autocratie arbitraire, quoique bienveillante, à une
démocratie basée sur le sens individuel de la responsabilité, sur
la nécessité de collaborer aux conditions les meilleures où peut
être donné l'enseignement, c'est-à-dire à l'absorption totale de
l'énergie du maître par l'enseignement seul. Ce régime soulage
et ranime le professeur fatigué ou soucieux, et assure en une
atmosphère de confiance la souplesse de ses rapports avec ses
élèves, en même temps que le maximum de rendement pédago-
gique.
L'auteur insiste sur l'indépendance à laisser au Comité, sur
l'importance et le nombre de ses fonctions, aussi nécessaire que
la fermeté même à son prestige ; sur l'abandon total, par le
maître, des ordres pour les conseils ; sur le sérieux et la loi
réelle qui doivent présider à l'expérience. Ainsi, en effet, la classe
extrait d'elle-même' son idéal ; elle l'eu poursuit d'autant plus
volontiers ; elle commence son éducation civique, apprend à
juger les hommes, et comment l'individu s'adapte harmonieuse-
ment au groupe ; elle acquiert, 'en outre, la notion des réalités
sociales élémentaires, tout en perdant l'habitude du mensonge.
Les pages où M. Craddock décrit le tempérament de l'enfant,
son amour de la justice, sa haine de la pose, son courage, sou
respect de la tradition scolaire, sa crainte du ridicule, sa capacité
d'enthousiasme, et où il met eu lumière les ressources de son
activité, sont d'un apôtre et presque d'un poète, autant que d'un
analyste ; elles respirent la joie que comporte pour lui sou ensei-
gnement, et sont aussi inspiratrices que le détail même de l'orga-
nisation et des expériences d'où est née sa République Scolaire.
Je ne puis indiquer ici ses projets d'extension du régime à
l'école entière, où professeurs et administrateurs n'auraient plus
que voix consultative : ce domaine est encore, en effet, pour
M. Craddock lui-même, pratiquement inexploré ; mais celui que
nous ouvre son livre m"a paru aussi accessible que merveilleux.
G. d'Hangest.
Soutei)ai)ce de thèses pour le doctorat es lettres
Le samedi 1" mai 1920, M. Saurai (Denis), professeur au lycée
de Bordeaux, a soutenu, devant la Faculté des lettres de l'Univer-
sité de Paris, les deux thèses suivantes pour le doctorat es let-
tres :
374 I>ES LAXGIES MODERNES
Thèse complémentaire. — Blake and Milton.
Thèse piuxcipale. — La pensée de Milton.
M. Saurat a été déclaré oigne du grade de docteur es lettres
u\ec la mention^ Très honorable.
REVUES ANGLAISES
TJ)Ô Bookn)ai) a édité en avril un « Spring spécial number »
qui contient entre autres deux études sur Herbert Spencer, dont
on vient de célébrer le centenaire, et une étude de John Frceman
sur le poète Charles-M. Doughty.
TI)C Book Moi)tt)ly> édité par The Graphie, Wliitefriars.
London E. (',., revue bibliographique très nourrie. Outre de nom-
breux échos et une revue des livres du mois, chaque numéro
contient une étude des romans les plus marquants, quelques
poèmes, une rubrique d'enquêtes et de renseignements touchant
oes questions de bibliographie, un < rayon des enfants ■, et
quelques études. Le n" d'avril donne un compte rendu d'une*
représentation du •■ Roi Lear », écrit par Dickens pour VExami-
ner du 27 octobre 1849 ; cette page de Dickens, qui n'avait
jamais été réimprimée, est ramenée au jour par M. C. Vai^
Noorden, qui prépare une biographie du grand romancier. — Lt<
r." de mai publie une étude sur Keats (dont le centenaire appro-
■che>, du D"^ Arthur Lynch, ■ a lifelong student of the poet ...
Ath^QS^un), 19 3: Publie en supplément hors-texte un catalogue
des nouveaux livres de la saison. — 26/3 : Courte étude
sur le roman danois contemporain. M. J.-H. Whitehouse
exhume, dans ce n* et celui du 2/4, une partie 'd,e la corres-
pondance du peintre George Jones (1786-1869), l'ami de Ruskin.
— 16/4 : M. Edward Garnett publie quelques lettres du poète
et critique Edward Thomas. — 30/4: W.-J. Laurence: The mecha-
iiics of Elizabethan playwriting. Comment l'existence de bons
acteurs et la composition des troupes eurent une influence con-
sidérable sur la production des chefs-d'œuvre dramatiques de
l'époque élizabéthaine et sur leur structure. — Shakespeare et
Stralford. Ce n'est pas à Stratford en réalité qu'il faut aller pour
goûter Shakespeare, c'est à Londres, car Shakespeare a été avant
tout un dramaturge londonien. — 7/5 : La poésie de Franz Wer-
fet. — 21/5 : Courte étude sur la poésie d'Arthur Symons. —
28/5 : Etude sur William Bcckford. Lettre d'Italie sur le ■• maté-
rialisme historique ><.
BIBLIOdHAl'IIIK 1575
To-Day, revue mensuelle ((Jd.^ éditée par Holbrook Jackson.
(Février) : Holbrook Jackson : Xational poets niul a nalionnl
menioridl. Héllexions suggérées par le banquet qu'a donné le
liurms Club de Dunifries, le 2.'$ janvier dernier, à l'occasion de
son centenaire. Le culte voué par les Ecossais à leur poète natio-
nal est quelque chose d'unique au monde. — Art. de Eugène
Mason sur le jeune- poète et romancier irlandais James Stephen,
auteur de The rrock of gold, The Demi-qods. — Sisley Huddles-
ton : The poet in Ihe café. Aperçu pittoresque sur le rôle du café
comme rendez-vous favori de quelques-uns de nos hommes de
lettres.
(Mars 1920) : HoUbrook Jackson : R. B. Ciinninghume, the nutn
and his ivork. — Sidney Grew : British opéra. — S. P. H. Mais :
The poelrg of James A. Mackerelh.
(Mai) : Etude d'Arthur Symons sur Renoir.
Chaque numéro de <> To-Day •> contient également un ou deux
contes, un ou deux essais fantaisistes, un certain nnmbre oe
poèmes, et une revue des livres du mois.
Moderi) LaoguaÇ^S (Mars). — « Lettre de Caml)ridge », donne
aes détails sur les nouvelles chaires et les nouveaux examens de
langues vivantes à la vieille Université. Un commerçant de la
Cité vient d'olTrir une somme de £ 500 pour encourager la publi-
cation de travaux sur la langue et la littérature allemandes, dont
les auteurs seraient des étudiants ou des professeurs de natio-
nalité britannique.
(Juin). Angelo Crespi : The philosophy of Benedetio Croce. —
H.-R. Chillingworth : Modem languages in Irelancs. Le français
est la langue vivante la plus populaire, de beaucoup» dans les
écoles secondaires d'Irlande. — D*" L. Savory.
.4 Sorfolk poel {Cloudesley Brereton). — Lettre du D"^ Charles
Didier, de Bruxelles : The language of Belgium. La solution la
plus logique et la p'us commode du dualisme linguistique de la
Belgique serait l'adoption de l'anglais comme langue officielle.
11 vient ùe se fonder à Bruxelles une association qui se propose
de répandre l'étude et l'usage de l'anglais en Belgique ; elle va
publier à partir de juillet un bulletin mensuel, organiser des
tournées de conférences, des représentations théâtrales, etc. —
Miss Dorothy L. Sayers, de Some^^'ille Collège, Oxford, publie
des extraits d'une version anglaise en vers rimes du « Tris-
tan '), de Thomas, poète anglo-normand du xii"" siècle, trop sou-
Aent négligé.
M. F.
Cette revue nous apprend (mars) qu'un revirement se dessine
en .Angleterre en faveur des études allemandes, en partrculier
dans les milieux scientifiques ; qu'en Irlande, le français est.
376 LES LANGUES MODERNES
de toutes ks langues vivantes, la plus étudiée, avec 86 0/0 de
candidats, mais que la méthode directe n'est employée que oans
les meilleures écoles (n" de juin) ; enfin, que les Universités ont
renoncé à demander aux candidats aux . Honours > la connais-
sance de deux langues vivantes, deux ou trois années ne suf-
fisant pas, du moins pour deux idiomes non apparentés, à
acquérir la perfection nécessaire (avril). — A relever également,
dans le n° d'avril, un article de Magnus sur la réforme de l'or-
thographe. Certes, il y a parfois des modifications à introduire,
mais il ne faut pas oublier que le symbole écrit a sa valeur
propre, et qu'il importe de la lui conserver en dépit des sollici-
tations de la paresse et du •• moment qui passe »,
TI)C Scl)OOl Review (University of Chicago).
A signaler (mars) un article sur l'action éducatrice de l'Armée,
et cette idée, assez neuve en Amérique, que l'Armée pourra pro-
duire, en temps de paix, <■ des iiommes du meilleur type pos-
sible, munis d'une bonne éducation générale et d'un métier
utile, et surtout complètement entraînés aux devoirs et aux
responsabilités du citoyen ». La guerre, du reste, suggère plus
d'une leçon. Le n" d'avril cite un rapport du Commissioner of
Education, où l'on signale l'américanisation imparfaite des immi-
grés et les moyens dy remédier. Celui de mai pose la question,
si souvent débattue, de savoir s'il faut apprendre l'allemand, et
la résout, en toute sagesse, par l'affirmative. La vieille Allema-
gne n'est plus, et nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe
dans la nouvelle .Allemagne. Seulement, il faut éviter que d{ans
certains milieux on se serve de l'allemand comme d'une arme
de germanisation, et veiller à ce qu'on se tienne sur un terrain
strictement pédagogique, dans les limites de la' sécurité améri-
caine. Notons enfin, dans le n° de mars ces chiffres intéressants :
à Indianapolis, tandis que les maçons touchent, par an $ 1.900,
les forgerons 1.700 et les manœuvres 1.200, les maîtres élémen-
taires n'en reçoivent que 800.
T))e Moderi) Lai)guage Journal (University of Chicago;.
On lit, dans le n" de mars, que la guerre a nui en beaucoup de
cas à l'enseignement des langues vivantes. De nombreuses écoles
Un Nebraska n'enseignent plus que le latin et la L'ouisiane a
défendu sur |Son territoire l'enseignement de l'allemand.
Cette dernière langue, toutefois, rentre peu à peu en faveur
surtout dans les états comme le Wisconsin, de population en
grande partie allemande. L'engouement pour le français et l'espa-
gnol n'aura cependant pas été qu'un feu de paille. De tous les
états "on signale l'organisation de clubs français solidement
constitués, où se fera vraisemblablement de bon travail.
BIUI.IOGKAPHIE 377
A noter un intéressant article sur les méthodes d'enseignement,
qui attribue la paternité de notre système au grand précurseur
Vietcr Duruy. Dès 1863, le grand maître de l'Université énon-
çait simplement les vérités premières qui devraient être à la
base de nos convictions : « Nous composerons les classes d'un
petit nombre d'élèves et nous rapprocherons le p'us possible les
leçons. Peu de grammaire. 11 ne faut plus réciter, il faut parler.
La méthode à sui\Tc est ce que j'appellerai la méthode natu-
relle, celle qu'on emploie pour l'enfant dans la famille. » Remer-
cions la revue américaine o'avoir cité ces lignes lumineuses du
grand éducateur français.
Pedagogical 5en()ii)ary (Worcestcr, .Mass.).
A retenir de celte excellente revue quelques conseils utiles. Il
faut dormir, et savoir bien dormir, c'est-à-dire ne pas gâter son
sommeil par des veilles inutiles, une alimentation défectueuse, ou
une activité mal exercée. A méditer par beaucoup de professeurs
et d'étudiants. Se l'appeler aussi qu'une atmosphère trop sèche
nuit au bon fonctionnement de l'intelligence et qu'un certain
(k'gré d'humidité est Indispensable. Regarder le thermomètre
quand on sent que la classe s'énerve, et laisser entrer de l'air,
frais et mouillé si possible.
Moderi) Lar)guage Notes (Johns Hopkins Press, Baltimore).
Dans le n" de mai, étude intéressante du Professeur H. C. Not-
cutt, de l'Université de Stellenbesch, S. A., sur l'Interprétation
d'Endijminn ; réfutant ceux qui, comme Hancok, ne voient en
cette œuvre qu'un document magnifique sur la vie de Keats, le
criihque essaye de montrer, avec (".olvin et de Sélincourt, qu'il
faut y voir l'épanouissement d'un plan fortement conçu et
d'une allégorie classique, délibérément poursuivie.
Bulletil) Officiel de la Société des Professeurs de
Français ei) 7^n)érique (New-York City).
Renseignements intéressants sur les progrès du français en
-Amérique. Même dans l'état très allemand de Wisconsin, alors
qu'en octobre 1917 on enseignait le français dans 21 écoles, on
renseigne dans 104 en juillet 1919. Au 1" juillet 1915, dans les
écoles secondaires des Etats-Unis, 136.000 élèves faisaient du
français et 312.000 de l'allemand ; l'enseignement de cette der-
nière langue ajant été supprimé, pour les commençants, dans 37
états de l'Union, on peut compter que celui du français est dis-
pensé en ce moment à pi'us de 400.000 enfants.
P. G.
Notes et Documents
Les Langues Vivantes au Conseil Supérieur
La session d"été du Conseil Supérieur (28 juin-4 juillet) compor-
tait l'examen de plusieurs projets de décrets ou d'arrêtés intéres-
sant directement les Langues Vivantes.
1" Enseignement Supérieur .
Le projet de décret relatif à la réforme de la Licence es Lettres
a été adopté après une discussion passionnée.
L'examen actuel est supprimé. Il est créé deux types de Licence.
L'un et l'autre exigent l'obtention de quatre certificats, au cours
de deux années au moins de scolarité.
Pour la Licence n" 1, il suffira de quatre certificats au choix du
candidat. Elle représentera plutôt des curiosités spécialisées qu'une
culture organisée. En conséquence, elle ne donnera droit à aucun
poste d'enseignement.
La Licence n" 2, dite Licence d'Enseignement, se compose de
quatre certificats obligatoires. Elle sera exigée des candidats à
toute fonction de l'Enseignement Secondaire ou Supérieur.
Le programme de la nouvelle Licence de Langues Vivantes est
le suivant : ' .
a) ÉTUDES LITTÉRAIIIES CLASSIQUES
Ecrit : Version latine ou grecque, au choix du candidat. — Com-
position française.
Oral : Explication de deux textes d'auteurs français tirés du
programme. Un des deux textes sera extrait d'un auteur du moyen
âge. — Interrogation sur la littérature française.
b) LITTÉRATUHE ÉTRANGÈRE
Ecrit : Composition sur un sujet tiré de la^iittérature étrangère
et dans la même langue étrangère désignée par le candidat.
Oral : Explication avec commentaire d'un texte d'un auteur du
programme. — - Interrogation sur l'histoire de la littérature étran-
gère choisie par le candidat.
C) PHILOLOGIE
Ecrit : Thème.
Oral : Interrogation sur la grammaire de la langue choisie par
le candidat. — Interrogation sur l'histoire de la langue, d'après
un texte d'un auteur du programme.
(l) ÉTUDES PRATIQUES
Ecrit : Version.
Oral : Entretien, en langue étrangère, sur la civilisation du
jjays où le candidat aura séjourné d'après un jjrogramme d'ou\Ta-
ges à consulter, donné d'avance. — Interrogation sur une deuxième
langue étrangère vivante.
Le projet de décret prévoyait en outre, pour les candidats à la
Licence d'Enseignement, l'obtention préalable d'un certificat
d'Etudes classiques générales, à la suite d'un examen subi dans les
académies. Mais cette innovation n'a pas été admise par le Con-
seil.
2° Enseignement secondaire. — .^ucun projet d'intérêt majeur
ne figurait à l'ordre du jour.
NOTES ET DOCUMENTS 379
li" Enseiijnemenl priniiiirc. — Deux projets, intéressant, l'un la
réforme tJes programmes des Ecoles primaires .supérieures, l'autre
la réforme des jîrogrammes des Ecoles Normales primaires, sont
venus en discussion.
Ces deux projets contenaient une innovation très grave pour
notre enseignement, qu'ils ne tendaient à rien moins qu'à rendre
faculldtif, tant dans les Ecoles Normales que dans les Ecoles pri-
maires supérieures. On ne pouvait nous porter un coup plus grave
et plus immérité.
Après des débats très longs et très animés, le représentant des
Langues Vivantes a réussi à faire maintenir le principe de l'obli-
gation dans les deux catégories d'écoles. lAien n'est donc modifié,
et l'horaire lui-même demeure identique.
De plus, le représentant des Langues Vivantes a fait assimiler,
pour le mode de rétribution âes heures supplémentaires, les pro-
fesseurs et maîtres-adjoints de Langues à leurs collègues des Ensei-
gnements dits généraux, (^'est une réforme |)our laquelle nos
can^arades de l'Enseignement primaire luttaient de|)uis long-
temps.
Enfin, ])our les maîtres auxiliaires des Ecoles Normales et Eta-
blissements d'Enseignement primair" supérieur de la Seine, l'heure
hebdomadaire d'enseignement sera désormais payée de 500 à 700
francs, conformément aux vœ'ix exprimés par cette catégorie du
personnel. Le projet de décret pro|>osait de 4.')0 à 600.
Vœu de la Société des Professeurs de Fraocais
Les professeurs de lettres et de grammaire du lycée de Troycs
signalent que, en philosophie, il existait jadis jjour les élèves un
droit d'option entre le cours de langue vivante et le cours de grec.
En rendant l'épreuve de langue vivante obligatoire à la seconde
l)artie du baccalauréat, on a aboli en fait cc^droit d'option. Ne
pourrait-on le faire rétablir en dispensant de l'épreuve de langue
vivante les candidats au baccalauréat de philosophie qui deman-
deraient à remplacer cette épreuve par une explication grecque '.'
Et ne pourrait-on aussi assurer plus régulièrement qu'on ne le
fait en général l'organisation des cours de latin en philosophie ?
— ■ Après un échange de vues, l'Assemblée adopte les vceux de
Troyes.
(Bulletin de lu Société des Prof, de Français et de Langues
Anciennes, n" "21. Compte rendu de l'Assemblée générale du 8
avril 1920).
Les idées du Recteur de rAcadéiT)ie de Paris
" J'estime que le primaire doit, si jose dire, demeurer en bas.
Le secondaire vise une formation spéciale. C'est là qu'on apprend
à apprendre. Par suite je souhaite qu'on établisse le moyen de
faire passer du primaire au secondaire vers 11 ou 12 ans. les meil-
leurs sujets de l'école. Les programmes lui paraissent trop char-
gés, et chaque classe devrait avoir un professeur principal pour
assurer la liaison entre les enseignements. Les sciences et les let-
tres sont trop séparées. Il faut revenir sur la réforme de 1902.
<< Je mettrais du latin pai-tout. Et je vois fort bien deux divi-
sions, l'une avec plus d'humanités classiques et moins de sciences,
l'autre-avec plus de sciences et moins d'humanités. Dans l'une et
380 LES LANGUES MODERNES
l'autre il suffit cVune langue vivante bien sue il). C'est donc, dites-
vous, la suppression des sections B et D ? Parfaitement. Vous
pouvez même ajouter que je ne partage pas l'opinion de ceux qui
tiennent pour l'oUligation de l'allemand et de l'anglais au con-
cours d'admission à l'Ecole polytechnique (1). Je voudrais pour
chaque baccalauréat une composition unique dans chaque mati'èrc,
avec un grand jury unique de correcteurs qui ferait, d'une façon
continue pendant la session, des séries d'admissibles comprenant
toutes un même nombre de candidats : une douzaine. D'autres
jur3's, présidés par des professeurs des deux facultés (sciences
et lettres), procéderaient aux épreuves orales. On pourrait même
dispenser de l'oral les candidats classés l6s premiers à l'écrit (1).
Quant au baccalauréat lui-même, on ne peut pas le supprimer. »
Pour l'enseignement supérieur, « c'est là qu'on apprend à cher-
cher ». 11 prévient l'opinion contre la dangereuse opinion de vou-
loir réduire la science à ce qu'elle a d'utile. La télégraphie sans
fil ne naquit-elle pas d'une expérience de laboratoire qui parais-
sait fort éloignée de toute application ? Le doctorat doit être main-
tenu à son haut niveau scientifique, mais l'accès en doit être
facilité. Je veux faire une distinction entre le titre scientifique
et le grade professionnel. Pour le doctorat conférant le droit
d'enseigner en France, j'exigerais une licence d'enseignement plus
corsée, par exemple en sciences 4 certificats au lieu de 3. Le titre
scientifique, au contraire, ne comporterait pas la prérogative
d'enseigner dans nos universités. Sous cette condition, l'équiva-
lence de la licence en vue du doctorat devrait être donnée en bloc
à certains étrangers munis de diplômes déterminés. Les facultés
des lettres ont un projet encore plus libéral. »
Le Temps, 22 mai.
Diplôroes de rUi)iver5ité de Strasbourg
Délibération du Conseil de l'Université du 12 janvier 1920,
approuvée par Arrêté ministériel du 26 avril 1920.
Article premier. — 11 est institué à la Faculté des lettres de
l'Université de Strasbourg un Doctorat de l'Université de Stras-
bourg (mention « Lettres »).
Art. 2. — Les épreuves pour l'obtention de ce doctorat compor-
tent :
1° Une thèse dont le sujet aura été agréé par la Faculté et qui
aura été écrite en français par le candidat, la Faculté restant
maîtresse, avec l'agrément de la section intéressée, d'autoriser
l'usage d'une langue classique ou de l'une des langues modernes
enseignées à la Faculté. La soutenance aura lieu en français,
nevant un jury de trois membres, et sera publique. Des mentions
honorable et très honondAe pourront être données.
\ja thèse sera soumise en manuscrit à la Faculté. Une fois
revêtue du visa du doyen et du recteur, elle sera imprimée en
(1) Les italiques sont de nous. — Cet interview, publié par
M. H. Parigot, a le grand avantage de préciser les déclarations
faites par AL le Recteur de l'Académie de Pari* au bureau de notre
association le 6 mai dernier. \a\v à ce sujet le luiméi'o de mai-
juin 1920 des Langues Moderneis, page 284, et aussi la Corres-
pondance publiée aux pages 31-3a du présent numéro (\. D. L. R.").
NOTES ET DOCUMENTS .'j8I
\ lit' de l;i sDiiteiiiUicc. 6.> exemplaires devront être remis à la
FiJCiilté. La publication ne sera permise qu'après la soutenance.
Le curricnliim scientifique du candidat figurera à la fin du
volume.
2" La (iiscussion en français de sujets (trois au maximum'
proposés par la Faculté et communiqués au candidat trois mois
au moins avant la soutenance.
Amt 3. — Tout aspirant produit en se faisant iiJscrirc :
1" Son acte de naissance ou, s'il est étranger, une pièce offi-
cielle attestant son âge et son identité.
2" L'ne note indiquant ses études antérieures ;
3" Le diplôme de licencié ou, à oéfaut, des attestations d'étu-
des ou des titres scientifiques dont la Faculté appréciera la
valeur.
Anx. 4. — ^ Le candiiiat devra être immatriculé à la Faculté et
\ avoir pris huit inscriptions trimestrielles, qui pourront être
prises cumulativement. Il devra, en principe, avoir passé au
moins deux semestres à la F'aculté ; la scolarité efTcctivc pourra
cependant être réduite par décision gc la F'aculté.
.AuT. 5. — Le diplôme, revêtu de la signature du Doyen et de
celle des membres du Jury, sera délivré par le Recteur, président
du Conseil de l'Université.
.\ht. 6. — Le présent règlement sera mis en vigueur à |)artir
ue l'année scolaire 1919-1920.
La Faculté des lettres de rUniversitc de Strasbourg est auto-
risée à faire subir, pendant l'année scolaire 1919-1920, les épreu-
ves de la licence es lettres, série • langues et littératures étran-
gères vivantes », avec les mentions ci-après :
Allemand. — Anglais. — Italien. — Espagnol. — Russe.
Dclibêrations du Conseil de ri'nii'crsité de Sinisboiirg
<V2 janvier et 20 avril 192(h
Approuvées par Arrêté Ministériel du 26 mai li)20
Certificat d'études françaises modernes
Aht. l"^ II est institué à la Faculté des lettres de l'Université
de Strasbourg un certificat d'études françaises modernes.
.Art. 2. Tout candidat à ce titre aura dû faire acte de scolarité
pendant au moins un semestre à l'Université de Strasbourg et
suivre régulièrement tout ou partie de l'enseignement donné à
l'Institut d'études françaises modernes fonctionnant sous la direc-
tion de la Faculté des lettres.
Le cours de vacances complet peut compter pour un semestre.
Art. 3. Les épreuves comportent :
Epreuves écrites :
l" Une composition en français sur un sujet de la vie courante,
.ou sur une question empruntée à l'histoire ou à la littérature.
Cette épreuve est éliminatoire et dure 3 heures. Elle est faite
sans dictionnaire.
2" La traduction en français d'un texte emprunté à une langue
vivante enseignée à la Faculté (3 heures. Pas de dictionnaire).
Pour les candidats dont la langue ne serait pas enseignée à la
Faculté ou n'y aurait pas de juge compétent, cette épreuve serait
382 LES LANGUES MODERNES
remplacée par un exercice d'application des principales règles de
la grammaire française pratique (3 heures).
Epreuves orales :
1" Traduction à livre ouvert d'un texte de moyenne difficulté
emprunté à la langue maternelle du candidat (sous les mêmes
conditions que ci-dessus).
2° Explication à livre ouvert d'un texte français emprunté à
la liste des auteurs de licence, avec interrogations, en français,
relatives à ce texte.
3" Interrogations sur trois cours professés à l'Université et sui-
vis régulièrement par le candidat. Deux de ces cours devront faire
partie de l'enseignement donné à l'Institut d'études françaises
modernes ou des cours de vacances. Le troisième pourra être
emprunté à l'enseignement donné dans l'une des six Facultés ou
de l'Ecole de Pharmacie de l'Université de Strasbourg ; une con-
naissance suffisante du français devra ressortir de cette épreuve.
Une note spéciale sera attribuée à la prononciation et à l'élo-
cution. Le certificat afférent au diplôme fera mention du détail
des notes. Les mentions ■ assez bien », •> bien », « très bien »
pourront être données.
Art. 4. Le jurv' se compose de trois membres, qui pourront
s'adjoindre un représentant de la matière faisant éventuellement
l'objet de l'interrogation ci-dessous. Le diplôme portera, outre la
signature du doyen, celles des membres du jury. Il sera délivré
par le Recteur, président du conseil de l'Université.
Art. 5. Quatre sessions sont prévues : fin février, début de juil-
let, mi-août et septembre.
Diplôme supérieur d'études françaises modernes
Art. l'^ Il est institué, à la Faculté des lettres de l'Université
de Strasbourg, un diplôme supérieur d'études françaises moder-
nes.
Art. 2. Tout candidat à ce titre aura dû faire acte de scolarité
pendant deux semestres au moins, ou un semestre et une série
de cours de vacances, à l'L'niversité de Strasbourg, et suivre régu-
lièrement tout ou partie de l'enseignement donné à l'Institut
d'études françaises modernes fonctionnant sous la direction de
la Faculté des lettres. Cette durée de scolarité pourra être réduite
après délibération de l'assemblée de la Faculté.
Art. 3. Les épreuves comportent :
Epreuves écrites :
1" Une dissertation en français sur un sujet de la compétence
du candidat et représenté dans les enseignements de la Faculté
des lettres.
Le sujet de la dissertation sera indiqué au candidat par le
doyen, un mois à l'avance.
2" Une composition française sur une question générale emprun-
tée à l'histoire de la littérature ou de la civilisation française
(5 heures. Pas de dictionnaire).
3" La traduction en français, sans dictionnaire, d'un morceau
emprunté à la langue maternelle du candidat (3 heures). Si cetl ^
langue n'est pas enseignée à la Faculté, ou n'y a i)as de juge com-
pétent, cette épreuve sera remplacée par l'explication gramma-
ticale et littéraire d'un texte français moderne postérieur à 1.500.
NOTES ET DOCUMENTS SSii
Ejireiioes orales :
1 ■ Traduction en français d"iin texte moderne emprunta à une
des langues étrangères enseignées à la Faculté.
2' Explication philologique et littéraire d'un passage d'un
auteur français du xvn" siècle.
3" Discussion d'un passage emprunté à un jjériodique contem-
porain et ayant trait à la vie française d'aujoiy-d'hui.
Une note spéciale sera attribuée à la i)rononciation et à l'élocu-
tion. Le certificat allèrent au diplôme fera mention du détail
des notes.
Toutes les épreuves sont notées de 0 à 20, sauf la composition
française (2") qui sera notée de 0 à 40. La moyenne des points est
nécessaire pour l'admission.
Ar.T. 4. Les candidats ajournés après les épreuves écrites ne
conservent le bénéfice de l'admissibilité que pour la session sui-
vante.
Aht. 5. Le diplôme sera signé par le doyen et par les membres
du jury. Il sera délivré sous le sceau et au nom de l'Université
de Strasbourg par le Recteur, président du conseil de l'Université.
Il portera l'énoncé de la nature des épreu\es subies. a\ec les notes
obtenues pour chacune d'elles, et une mention qui pourra être :
- assez bien ■>, « bien », ■ très bien. "
Art. 6. Deux sessions sont prévues chaque année : fin février et
début de juillet.
Université de Psris
Du 16 avril
Fdcullê des lettres. — Est approuvée la délibération du Conseil
de l'Université de Paris créant, pour l'année 1920 :
1" Un cours d'histoire de la civilisation chinoise ;
2' Des conférences sur lart chinois (peinture, poésie, musi-
C'IK- .
Ui)iversité de Toulouse
Délibération du Conseil de l'Université en date du iG juillet 1919
modifiée par celle du 19 mars 1920, et approuvée par Arrêté
ministériel du S mai 1920.
I. Institut normal d'études françaises
Article premier. — Il est créé à l'Université de Toulouse un
institut normal d'études françaises particulièrement destiné à la
formation des professeurs de français pour l'étranger, (xt institut
pst annexé à la Facuté des lettres.
.Km. 2. — L'enseignement de l'Institut normal d'études fran-
çaises est organisé ainsi qu'il suit :
COURS SEMESTRIELS
Semestre d hiver
Phonétique et histoire de la langue. — Littérature française.
— Histoire de France. — Civilisation de la France contemporaine.
— Géographie de la France.
384 LES LANGUES MODERNES
Semestre d'été
Phonétique et histoire de la langue. — Littérature française.
— Histoire de France. — Civilisation de la France contempo-
raine. — Histoire de l'Art français.
CONFÉRENCES ET EXERCICES PRATIQUES
Pédagogie. — Grammaire. — Lecture. — Conversation. —
Leçons. — Orthographe et rédaction. — Explications de textes.
Il pourra être organisé, en outre, ces cours et exercices prépa-
latoires pour les élèves qui ne seraient pas reconnus aptes à
suivre directement l'enseignement normal de l'Institut.
Art. 3. — L'enseignement de l'Institut est assuré par des pro-
fesseurs de la Faculté des lettres ou par des professeurs de lycée
en ce qui concerne les cours ; les conférences et exercices pra-
tiques, ainsi que les cours préparatoires, peuvent être confiés soit
à des professeurs de Faculté ou de lycée, soit à des licenciés ou
à des maîtres ae l'enseignement primaire :
Art. 4. — Les professeurs de l'Institut sont nommés par le
Recteur dans les conditions fixées par l'article 14 du décret du 21
juillet 1897.
Ar. 5. — La direction des études à l'Institut appartient, sous
l'autorité du doyen, à un directeur nommé par le Recteur et
assisté d'un comité de professeurs.
Art. 6. — Les programmes des cours, conférences et exercices
pratiques sont arrêtés, chaque année, par le comité des profes-
seurs sur la proposition du directeur.
II. Di'plôme de l'Université de Toulouse pour l'enseignement
du français à l'étranger
Article premier. — Il est institué près la Faculté des lettres
de l'Université de Toulouse un diplôme de l'Université de Tou-
louse pour l'enseignement du français à l'étranger.
Art. 2. — Aucune condition d'âge, de grade ou de nationalité
n'est exigée pour l'olitention de ce diplôme.
Art. 3. — Les candidats devront justifier de deux semestres
d'études à l'Institut normal d'études françaises oe la Faculté des
lettres, sauf dispense d'un semestre par délihération spéciale du
Conseil de la Faculté.
Art. 4. — • Le jury se compose de trois mcmhres au moins dési-
gnés par le doyen.
Art. 5. — L'examen pour l'obtention ae ce diplôme comporte
ries épreuves écrites et des épreuves orales. Le coefficient de
chacune d'elles sera fixé ci-dessous.
Les épreuves sont notées de 0 à 10. Pour être admissibles aux
épreuves orales, il est nécessaire d'obtenir aux épreuves écrites
une note moyenne au moins égale à 5.
A. Epreuves écrites
1. C<)mi)osition française sur un sujet choisi par le candidat
sur une liste de trois sujets pris respectivement dans la matière
des trois enseignements suivants : littérature française, histoire
de France, civilisation de la France contemporaine. Durée : 4
heures ; coefficient : 2.
2. Epreuve pratique de langue française (orthographe, gram-
maire, vocabulairej. Durée : 3 heures ; coefficient : 2.
NOTES ET DOCUMENTS 385
li. ICiireunes orales
1. Leçon d'iiiK' durée de 20 minutes environ à fnirc en français,
après 3 heures de i)rc'paration, sur un sujet pris, au ehoix du
candidat, dans la matière de l'un oes trois enseignements sui-
vants : littérature française, histoire de Franee, eivilisation de
la Franee eontemporaine. (^ocfiieient : 2.
(La leçon sera suivie de questions sur la pédagogie du sujet!).
2. Lceture et explieation d'un texte. C-oeffieient : 1.
3. 4, 5. Interrogation sur chaeun des enseignements suivants :
phonétique et histoire de la langue française, littérature fran-
çaise, histoire de Franee, eivilisation de la Franee contemi)oraine.
sauf eelul de ees euseignements dont la matière a été ehoisie pour
l'épreuve éerite n" 1. (loellieient : 1.
6. Interrogation sur la géographie de la Franee. Coeflieicnt : 1.
7. Interrogation sur l'histoire de l'art français. Coefiicient : 1.
Les candidats que justilieront soit de la licenee es lettres, soit
du certificat d'aptitude à renseignement secondaire des jeunes
filles, soit du certificat o'aptitude au professorat des écoles nor-
males seront dispensés des épreuves écrites.
Aht. 6. — Pour être admis, le candidat doit obtenir la moyenne
5 sur l'ensemble des épreuves. La mention •< honorable » pourra
lui être attribuée s'il a obtenu la moyenne 6 et la mention " très
honorable ", s'il a obtenu la moyenne 8.
AitT. 7. — Les sessions d'examen auront lieu à la (in du semes-
tre d'hiver et à la fin du semestre d'été.
Aht. 8. — Le diplôme est délivré par le président du conseil
de l'Université ; il est signé par le doyen et les membres du jury.
Aht. 9. — Mention est faite sur le diplôme des enseignements
non obligatoires que le candidat aurait suivis et sur lesquels il
aurait été admis à se faire interroger à titre facultatif, à condi-
tion qu'il ait obtenu, pour les interrogations supplémentaires
non comprises dans le calcul de la moyenne, une note au moins
égale à 5 sur 10.
111. Diplôme de l'Université de Toulouse pour l'enseignement
de l'espagnol
Article premier. — Il est institué près la Faculté des lettres
de l'Université de Toulouse un difilôine de l'Uninersité de Tou-
louse pour l'enseignement de l'espagnol.
.\rt. 2. — .\ucunc condition d'âge, de grade ou de nationalité
n'est exigée pour l'obtention de ce diplôme.
.Art. 3. — •, Les candidats devront justifier de deux semestres
d'études à la Faculté des lettres, sauf dispense d'un semestre
par délibération spéciale du conseil de la Faculté.
.\rt. 4. — Le jur}- d'examen se compose de trois membres au
moins, désignés par le doyen.
Art. 5. — L'examen pour robteution de ce diplôme comporte
des épreuves écrites et des épreuves orales. Le coefficient de cha-
cune d'elles sera fixé ci-dessous.
Les épreuves sont notées de 0 à 10. Pour être admissible aux
épreuves orales, il est nécessaire d'obtenir aux épreuves écrites
une note moyenne au moins égale à 5.
A. Epreuves écrites
1. Composition en espagnol sur un sujet choisi par le candidat
sur une liste ae trois sujets pris dans les matières suivantes :
386 LES LANGUES MODERNES
la littcraturc espagnole depuis 1830 jusqu'à nos jours, la civilisa-
tion contemporaine de l'Espagne. Durée : 4 heures ; coefficient: 2.
2. Epreuve pratique de langue espagnole (.orthographe, gram-
maire, vocabulaire). Durée : 3 heures ; coefficient : 2.
B. Epreuves orales
1. Lecture expliquée d'un texte espagnol choisi dans la période
qui va de 1830 à nos jours. Préparation : 1 heure. Durée de
l'épreuve : 1/2 heure ; coefficient : 2.
2. Commentaire grammatical d'un texte espagnol ch'oisi dans
la période qui va du xvi'' siècle inclus jusqu'à nos jours. Durée
oe l'épreuve : 1/2 heure ; coefficient : 2.
3. Interrogation sur l'histoire de la civilisation espagnole, prin-
cipalement depuis le xvi'" siècle inclus jusqu'à nos jours. Durée
de l'épreuve : 20 minutes ; coefficient : 2.
L'interrogation sera suivie de questions sur la pédagogie du
sujet.
4. Interrogations sur les principales œuvres de la littérature
espagnole. Durée de l'épreuve : 20 minutes ; coefficient : 1.
Toutes les épreuves, tant écrites qu'orales, se font exclusive-
ment en espagnol.
Les candidats qui justifient soit de la licence es lettres (langues
vivantes, mention : espagnol), soit du certificat d'aptitude à
l'enseignement de l'espagnol dans les lycées et collèges, soit du
certificat d'aptitude à l'enseignement de l'espagnol dans les
écoles normales, seront dispensés des épreuves écrites.
Art. 6. — Les candidats peuvent, à leur gré, ou bien sui)ir en
une seule fois, à la fin de l'un ou de l'autre semestre d'études,
toutes les épreuves, ou bien subir ces épreuves; en deux fois.
Dans ce cas, l'examen est scindé de la façon suivante :
La première partie de l'examen comprenant, à l'écrit, la com-
position en espagnol, à l'oral, la lecture expliquée et l'interro-
gation sur l'histoire de la civilisation, sera subie à Toulouse, à
la fin de Tun ou de l'autre semestre d'études ; la seconde ])artie,
comjjrenant : à l'écrit, l'épreuve pratique de langue espagnole ;
à l'oral, le commentaire grammatical et l'interrogation sur les
principales œuvres de la littérature espagnole, sera subie à Bur-
gos, au mois de septembre, à l'issue du cours de vacances que
VInstitut fntnçais en Espagne (Université de Toulouse) organise.
Les candidats auront dû suivre, au préalable, ce cours de vacan-
ces. Mention en sera faite sur le diplôme.
L'Institut français en Espagne (Université de Toulouse) leur
délivrera, en outre, un certificat d'assiduité.
Dans le cas d'examen scindé, nul ne peut se présenter à la
deuxième partie sans avoir subi avec succès les épreuves de la
première partie. Les notes de l'une et l'autre parties se com-
jjensent et la moyenne est calculée sur l'ensemble, comme dans
le cas de l'examen unique. Les droits d'examen se payent en
iMie seule fois, lors de l'inscription pour la première partie.
AiiT. 7. — Pour être admis le candidat devra avoir obtenu la
moyenne 5 sur l'ensemble des éiireuves. La mention " honora-
ble " pourra lui être attribuée s'il a obtenu la moyenne 6 et la
mention •< très honorable «, s'il a obtenu la moyenne 8.
Aht. 8. — Le diplôme est délivré par le président du Conseil
de l'Université ; il est signé par le doyen et les membres du jury.
.\nT. 9. — Mention est faite sur le diplôme des enseignements
non obligatoires que le candidat aurait suivis et sur lesquels
il aurait été admis à se faire interroger à titre facultatif, à con-
NOTES ET DOCUMENTS 387
f'ition qu'il ait obtcMui, pour ces intcrrogutioiis supplômentairt-s,
non comprises dans le calcul de la moyenne, une note au moins
égale à 5 sur 10.
Note relative au certificat d'aptitude à rei)seigr)en)ei)t
secondaire des jeuQes filles (lettres, 2 partie)
Session de juin-juillet 1920
En raison de rimpossibilitc constatée où se sont trouvées cer-
taines aspirantes de se |)rocurer l'ouvrage d'Ebner Eschenbach,
intitulé : Ein Buch fur die Juqend, qui figure au programme des
auteurs allemands, l'explication de ce texte pourra être rempla-
cée, au gré des candidates, par celle des actes III-V de Vlphigénie
en Tfiuride, de Gathe. Mention de cette faculté d'option sera
portée sur les bulletins du tirage au sort.
Bourses corT)nt)erciales de séjour à l'étranger
Le Sous-Secrétariat d'Etat de l'Enseignement technique met au
concours, en 1920, 4 bourses commerciales de séjour à l'étranger.
(a's bourses sont attri'duées pour une année et peu\ent être
ren<jiivelées pour une deuxième année par oécision ministérielle.
Leur valeur est fixée à 4.000 francs ; les frais de voyage restent
à la charge des intéressés ; toutefois, des allocations spéciales
destinées à couvrir une partie de ces frais à l'aller peuvent être
;;ccordées aux titulaires de bourses que se rendent à une rési-
dence éloignée. La quotité en est fixée sur la proposition de la
J'ommission d'examen par la décision allouant la bourse.
(Il-s bourses sont réservées (lux jeunes (jens libérés de tout ser-
vice nulilaire actif, âgés de 2i ans au moins et de 30 ans au plus
au i"' juillet de l'année du concours, qui désire^nt aller s'établir
hors d'Europe, dans une colonie française, sauf l'.Algérie, ou en
Russie.
Toutefois, les jeunes gens âgés de 20 ans au moins au L'' octo-
bre de Tannée du concours pourront prendre part aux épreuves,
mais il ne pourra leur être attribué de bourse que lorsqu'ils rem-
pliront les conditions spécifiées à l'alinéa précédent.
Cette année, et par exception, les candidats qui auraient dépas-
sé pendant la guerre la limite d'âge fixée ci-dessus seront admis
à concourir.
Peuvent être admis à prendre part au concours :
1" Les jeunes gens titulaires du diplôme de fin d'études d'une
école supérieure de commerce reconnue par l'Etat ou de^ l'école
spéciale des langues orientales vivantes.
2' Les titulaires du certificat d'études pratiques commerciales,
du diplôme de fin d'études des écoles commerciales de Paris
(école de l'avenue Trudaine et école de la Rive gauche) s'ils jus-
tifient s'être initiés à la pratique des affaires, pendant un an au
moins, dans le commerce ou l'industrie.
3' Les titulaires du- diplôme de bachelier, du certificat d'étu-
des primaires supérieures ou d'un certificat établissant qu'ils ont
suivi pendant deux ans nu moins les cours commerciaux d'une
association recevant des encouragements et des récompenses du
Sous-Secrétariat d'Etat de l'Enseignement technique, s'ils jus-
388 LES LANGUES MODERNES
tilient de deux anuces de pratique au moins dans le commerce
ou rindustric.
Le concours comprend des épreuves écrites et des épreuves
orales. Les épreuves écrites auront lieu les 11 et 12 octobre 1920
au chef-lieu de chaque département. Elles comprennent :
1° Une rédaction ;
2° Une composition de géographie commerciale ;
'à" Une composition de langue étrangère (allemand, ang'laisi,
arabe, espagnol, portugais ou russe, au choix du candidat) (thème,
version et correspondance, sans dictionnaire).
Les demandes d'inscription accompagnées des pièces exigées
par le règlement doivent être adressées, à la préfecture du
département où le candidat a son domicile, du l""^ juillet au 1^""
août. Des exemplaires du règlement sont mis à la disposition
des candidats dans toutes les préfectures et au Sous-Secrétariat
d'Etat de l'Enseignement technique, 2" bureau, 110, jue de Gre-
nelle.
Bourses ii)dustrieiles de voyage à l'étranger ei) 1920
Un concours pour l'attribution de bourses industrielles de
voyage à l'étranger aura lieu cette année.
Ces bourses sont accordées pour un an et peuvent être renou-
velées pour une deuxième année et même pour une troisième
année. Leur valeur est de 4.000 francs.
Pour être admis à prendre part au concours les candidats doi-
vent justiiicr qu'ils auront 21 ans au moins et 30 ans au plus à
l'époque du concours, qu'ils sont en règle avec l'autorité mili-
taire et qu'ils sont munis du diplôme de fin d'études d'une
école industrielle publique relevant du Sous-Secrétariat d'Etat
de l'Enseignement technique ou d'une école industrielle libre,
subventionnée ou reconnue par lui.
Ils doivent se faire inscrire à la préfecture du département de
leur domicile avant le 1*"^ septembre.
Les épreuves écrites auront lieu au siège de chaque départe-
ment le 25 octobre 1920.
Des exemplaires du règlement sont tenus à la disposition des
candidats dans les préfectures et au Sous-Secrétariat d'Etat de
l'Enseignement technique, 2" bureau, 110, rue de Grenelle.
/ Cette année, et par exception, les candidats qui auraient dépassé
pendant la guerre la limite d'âge fixée ci-dessus seront admis à
concourir.
Chaires de français vacai)tes aux Etats-Ui)is
L'Ollice national des Universités et Ecoles françaises (96,
boulevard Raspail, Paris), a l'amabilité de nous signaler quelques
offres de postes de professeur de Langue et de Littérature fran-
çaises vacants aux Etats-Unis :
1. Unioersité de Minnesota. — • Traitement : 3.000 dollars ;
aucune iiulication précise sur le service.
2. Uninentitc de Siir(tcuse. — Professeur-adjoint. Traitement :
1.800-2.000 dollars.
3. Université de Syracuse. — Instructeur de français (Ensei-
gnement élémentaire). Traitement : 1.5000 dollars.
NOTES ET DOCUMENTS 3Si)
4. Mishdinalkti Public School diuliaiiai. — Traitement de 120
à 1<S0 {h)llars par mois, poiii" une année seolaire de 10 mois, soit
1.200 à 1.800 dollars.
Les candidatures dexraient être posées d'urgence, et chacune
accompafînée d'un curriculuni et de deux références universi-
taires (Professeurs de Faculté. Inspecteurs Généraux. Hccteurs,
etc...'.
Cours de Vacances à IVIayei)ce
Li; Lyciîi; rj(AN(;Ais de .Mavknci: organise pendant les mois d'août
et de septembre des cours de vacances pour les jeunes Français
désireux de se perfectionner dans la pratique de la langue alle-
mande, tout en passant des vacances agréables sur les bords du
Uhin, dans une belle ville et une contrée pittoresque.
Siirneilldnce et eiiseifinemenf. — Les jeunes F^rançais seront, en
principe, hospitalisés au Lycée même, comme pensionnaires, dans
des conditions analogues à celles de France ; ils pourront aussi
être |)lacés, sur le désir exprimé par les parents et dans la
mesure des jilaces disponibles, par les soins du Lycée, dans des
familles allemandes où ils trouveront l'occasion de s'exercer
Journellement à la conversation étrangère.
Les uns et les autres seront sous la surveillance de maîtres du
Lycée qui, pour les élèves placés en ville, se tiendront en rapport
avec les familles allemandes et serviront d'intermédiaires entre
elles et les enfants.
L'enseignement sera donné par des professeurs de l'Université
dont le savoir et le dévouement offriront aux familles fran-
i^aises toutes les garanties. Ils seront secondés aaus leur tâche
par des assistants allemands. La matinée sera consacrée à l'étu-
de ; les élèves, groupés selon* leur connaissance de la langue
allemande, seront réunis tous les matins au Lycée, où ils rece-
vront des leçons théoriques et pratiques.
Les ctuididats' à la session d'octobre du baccalauréat auront de
plus l'occasion de revoir les matières du programme ae l'examen
avec des interrogateurs spéciaux. Ils pourront faire constater
leur travail sur leur livret scolaire.
L'après-midi, les élèves iront se promener avec la famille alle-
mande ou feront des excursions en commun, sous la direction
d'un de leurs professeurs, dans les environs de Mayence. Ils pour-
ront également jouer au foot-ball ou au tennis sur le terrain de
sports du Lycée et se livrer, si les parents les y autorisent, aux
exercices de la natation et du canotage.
Prix et conditions. — La durée du cours de vacances sera en
principe de six semaines, du 16 août au 30 septembre.
La rétribution pour ce cours de six semaines est fixée à 725 fr.;
elle sera exigible à l'arrivée de l'élève et sera due à partir du
16 août, quelle que soit la date de sou entrée au cours. Tout
élève pourra cependant quitter le cours le 15 septembre : dans
ce cas, la rétribution ne sera que de 500 francs.
Ces prix comprennent le logement et la nourriture, soit au
Lycée, soit en ville, ainsi que les frais d'enseignement et de sur-
veillance. Le blanchissage et les débours pour les excursions res-
tent à la charge des parents.
Un trousseau réduit comprenant les objets suivants sera
nécessaire pour les élèves hospitalisés an Lycée :
Un vètjemeut d'intérieur et un vêtement de sortie, 8 chemises
390 LES LANGUES MODERNES
de jour, 3 chemises de nuit, 12 mouchoirs, 6 paires de chausset-
tes, 2 paires de chaussures. Le tout devra être marqué à ua
numéro, attribué par l'Economat du Lycée. Si le trousseau est
déjà marqué, les familles auront intérêt à le faire savoir au
moment de l'inscription pour le cas où le numéro pourrait être
conservé.
Les familles sont instamment priées de pourvoir leurs enfants
de vêtements chauds pour le cas où la température viendrait à
s'abaisser exceptionnellement au mois de septembre.
y.-B. — Le nombre des admissions étant limité, les familles
sont priées d'adresser au Proviseur du Lycée Français de
Mayence leur inscription dans le plus bref délai possible.
Cor)ver)tioi) universitaire
ei)tre la Frai)ce et la Serbie
Le gouvernement serbe a conclu récemment avec la France une
convention relative à l'échange c'e professeurs entre les deux pays.
Aux termes de cet accord, les professeurs français mis à la dis-
position du gouvernement serbe doivent recevoir ~de celui-ci un
traitement en francs français égal à celui qu'ils touchaient en
France, et quelques allocations supplémentaires. Cependant, le
gouvernement serbe, tout en reconnaissant qu'il a, de son plein
gré, signé la Convention, se refuse à l'exécuter, et ne paie aux
professeurs engagés qu'une faible partie de ce qu'il leur doit. C'est
ainsi qu'à l'un d'eux, agrégé de l'Université, qui avait en F"rance un
traitement d'environ 10.000 francs, on ne prétend payer à Belgrade
que quatre mille dinars par an (le dinar ne vaut pas actuellement
plus de 50 centimes français». .Aux protestations des intéressés, on
répond narquoisement qu'on les paiera quand la France enverra de
l'argent. Les professeurs français détachés en Serbie ne sont d'ail-
leurs pas les seuls envers lesquels la Serbie se récuse quand il
s'agit de tenir les engagements pris.
Une vingtaine de médecins français et hollandais, engagés lors
de l'armistice, ont dû depuis, par groupe ou isolément, quitter
leurs postes, les traitements auxquels ils avaient droit par contrat
ne leur ayant pas été payés en totalité, et les avantages qu'on
leur avait formellement promis ne leur ayant pas été accordés.
Les uns et les autres ont demandé aide et protection à la léga-
tion de France à Belgrade (chargée, il y a peu de temps encore, d5
la défense des intérêts hollandais en Serbie), mais les efforts du
ministre de France n'ont eu aucun résultat, même pour les Fran-
çais.
i/iifornuitioii, du 4 juillet..
EXTRAITS DE LA PRESSE
Les Langues Vivantes et les leçoQS de la guerre
L'Université doit s'adapter plus que jamais aux besoins du
pays. Cette vérité banale est évidente pour tout le monde, sauf
pour la plupart des Universitaires qui trouvent déjà trop moder-
nes les programmes de 1902 et volontiers nous ramèneraient, si
on les écoutait, de cinquante ans en arrière ! Or, les program-
I
NOTES ET DOCUMENTS 391
nus de 11)02 ne sont niillcnKiit niocluriies, ils sont boiteux, inco-
hérents et touffus. Qu'on les aère et qu'on les déleste ! C'est ce
qu'ont demandé les Compagnons, c'est ce que demandent avec
eux tous ceux qui, dans l'i'niversité ont souci des réalités. Le
nombre de ces ■• novateurs > que les vieilles barbes traitent
volontiers de téméraires, s'est heureusement accru depuis "la
jîuerrc ; il ne constitue encore qu'une minorité dans l'ensemble
du personnel enseignant.
Incapable de se rénover elle même, il faut donc qu'on imposv
du dehors à l'Université les réformes aont s'alarme le souci
qu'elle a de sa quiétude. (>'est ce que vient de faire, très heureuse-
ment le... Ministère de la guerre ! Aux fins de non recevoir que ne
cessait de lui opposer la maison de la rue de Grenelle, il a
répondu par un ultimatum, qui déclare qu'en 1923, il exigera de
tous les candidats aux examens d'entrée à Saint-Cyr et à l'Ecole
polytechnique — comme c'est son oroit — la connaissance de
Vdllemciml et de l'anglais I
Voilà qui est parler net. Il ne reste plus à l'Université qu'à se
soumettre ou à se démettre. Dès maintenant, elle entend ne
faire ni l'un ni l'autre ; elle préfère ergoter.
Les pro\iseurs, en leur dernier congrès, ont voulu témoigner
pour une fois de leur esprit d'initiative, de leur sens profond des
besoins du jjays, en protestant au nom de la ciiUnre générale,
contre une mesure dictée par l'expérience de la guerre. Mais on
peut être proviseur et n'avoir pas fait, ni compris la guerre !
Seule, r.\ssociation des Professeurs de Langues vivantes a
oénoncé avec beaucoup de bon sens • le péril national que cons-
titueraient pour la France des générations d'officiers <;{ d'ingé-
nieurs ignorant l'allemand et l'Allemagne ».
Ce péril est trop évident. L'Université, comme l'autruche, pré-
fère se cacher la tète pour ne pas le voir ; elle ferme les yeux
sur la désertion croissante et menaçante pour l'avenir des classes
d'allemand, et elle remet à demain le souci de parer au daiiger
qu'elle veut ignorer.
L'obligation de l'étude simultanée de l'anglais et de l'allemand
est à l'heure actuelle le seul moyen d'écarter ce danger. L'anglais
est plus que jamais utile à nos futurs officiers et à nos ingé-
nieurs. Rien de plus certain. Ne souhaitons pas que l'on revienne
sur la mesure si heureuse qui a permis aux candidats aux écoles
militaires de présenter cette langue aux concours d'entrée, d'où
elle avait été trop longtemps écartée. 11 ne faut pas se dissimuler
cependant qu'en vertu de la loi ou moindre effort, l'anglais mis
à i'entréo des écoles sur le même pied que l'allemand, c'est à brève
échéance l'allemand abandonné en France par tous ceux qui auraient
le plus besoin de le connaître. Comme l'allemand est au moins
aussi nécessaire que l'anglais aux générations actuelles, la seule
solution logique est donc d'imposer à tous l'étude de l'une et de
l'autre langue. F'élicitons le ministre de la guerre de l'avoir com-
pris et l'ayant compris, d'avoir agi sans retard.
Quelle surcharge pour les études, vont dire quelques pères de
famille timorés et surtout les mamans inquiètes de - la santé
de leurs enfants ! Evidemment, il y aurait surcharge si la mesure
n'entraînait pas, de toute nécessité un allégement bienfaisant des
programmes. Cet allégement est réclamé vainement par tous ceux
qui estiment depuis longtemps qu'il est la seu'e mesure capable
d'orie«ter l'enseignement universitaire vers la vie. 11 entraînera
l'élimination de tout le poids mort que les programmes scolaires
traînent après eux depuis Napoléon, la mise eu pratique de
méthodes actives, l'abandon de toute routine, un rajeunissement
392 LES LANGUES MODERNES
salutaire, dont certains désespéraient, qui voudi'aient que l'Uni-
versité, au ieu d'être un Conservatoire, où l'on vit confiné dans
le culte exclusif du passé, fût enfin l'école ouvrant de larges pers-
pectives sur le présent.
Qu'on ne déclare pas, d'autre part, que c'est la mort de la cul-
ture générale. La bonne plaisanterie ! A qui fera-t-on croire
aujourd'hui que la culture générale se trouvera menacée par un
enseignement plus développé du français, rendu possible par
une réduction sur les heures consacrées au latin. On sait les
résultats pitoyables que donne ce dernier enseignement étendu
cependant sur toute la durée des études. Qu'on le concentre sur
trois ou quatre années et qu'on intensifie ses méthodes, cela est
aisé et souhaitable. A qui arrivera-t-on à persuaoer enfin que la
possibilité de se tenir au courant des manifestations de la pensée
étrangère, que le fait de lire couramment une revue anglaise ou
allemande, un journal de Berlin ou de Londres, entraîne fatale-
ment une diminution de valeur intellectuelle, et qu'on n'est un
homme cultivé qu'à condition de ne pratiquer qu'Homère et
Virgile, à l'exclusion des deux langues étrangères les plus indis-
pensables à un Français de notre époque
La cause est entendue. Ne sacrifions jamais, et sous aucun
prétexte, la culture générale, mais cessons enfin de confondre
la culture avec l'ignorance des nécessités présentes, ou alors
ayons le courage, la franchise et la logique d'exiger désormais,
à l'çntrée à Saint-Cyr et à Polytechnique, une dissertation latine
et un thème grec, et déclarons nettement que l'Université ne voit
pas de meilleur entraînement pour prépai-er la jeunesse aux
luttes économiques de la paix et peut-être à la guerre de demain.
{Information, 22 mai). Georges Veun'on.
Faut-il apprendre rAllen)ai)d ?
Le ministre de la Guerre vieut de décider que les candidats à
Polytechnique et à Saint-Cyr n'auront plus le choix entre
l'allemand et l'anglais à l'examen d'entrée, mais devront obliga-
toirement subir une épreuve dans les deux langues à partir ae
1923.
La mesure n'est pas de celles qui émeuvent l'opinion publique.
Et cependant, toute modeste qu'elle est, elle est appelée à conju-
rer un véritable péril national.
Sait-on que depuis 1914 les classes d'allemand de nos Ij'cées et
collèges se sont peu à peu vidées par suite d'un patriotisme mal
entendu ? Du train dont nous allons, dans cinq ou six ans, une
infime minorité d'élèves apprendrait seule l'allemand ; nos gran-
des écoles n'auraient plus de candidats pour cette langue.
Qu'en résulterait-il ? .\lors que pendant quinze ans nos jeunes
soldats doivent occuper les territoires rhénans, alors que la
sécurité de la France dépend du contrôle que nous saurons exer-
cer sur le désarmement de l'.\llomagne, alors que la restauration
de nos finances exige que nous connaissions exactement ses res-
sources, alors que les mines de hi Sarre sont passées sous l'exploi-
tation française, nous nous trouNcrions bientôt sans ofilciers,
sans ingénieurs, sans administrateurs en mesure de remplir ces
diverses tâches. C-ar la première condition de connaître l'Alle-
magne, c'est évidemment de savoir l'allemand.
C'est à ce danger si grave que remédie hi décision du ministre
NOTF.S FT DOCUMENTS ^'Xi
lie la j^ucno. l-^lk it:ii)lit un jiistf cquilibrc entre l'alleinand et
l'iinglais.
Appitiioiis la lan<iiu' «le nos alliés et amis d'Angleterre et
trAnu'ri(|iie. mais n'oublions pas le mot de Galliéni : ■ l'n
homme qui aujourd'iiui ignore ralleiiintid. je le considère comme
désarmé. •.
(Inforniiilfiir rirniue. 'A juini. (',. Delobel.
(La reproduetioii des articles de l'Informateur, avec ou sans
leur si}{nature. est absolument libre et i^ratuite).
On ne peut oublier que lu sccurUc de la France dépend du con-
trôle que nous saurons exercer sur le désarnienienl de VAllema-
<ine ; que la restauration de nos tinances exige que nous connais-
sions exactement ses ressources, et que la condition indispen-
sable pour tout cela, c'est de savoir l'allemand.
Kappelons-nous le mot du général Galliéni : ■ l'n homme qui,
aujourd'hui, içinore l'allemand, je le considère comme di'sarmé. »
Ha|)pelons-nous aussi qu'au lendemain de la guerre de 1870,
\M\ historien allemand, von Sybel, écrivit une brohure intitulée :
i'.e que nous jioiii'ons (ijqirendre des Français.
Qui donc, disait récemment M. E. Lavisse, qui donc prétendra
que nous n'avons rien à apprendre des Allemands ?
(Comprenons donc que le voisinage immédiat de la France et
de l'Allemagne les met forcément en eoncurience dans tous les
domaines de l'idée, sur tous les chani|)s de ractioii. et que. dès
lors, ignorer rAlkniagne serait jiour nous une faute et une cause
(le faiblesse dans le présent, un péril très grave dans l'avenir.
^'oublions pus, au surplus, qu'en Allemagne les langues
nioanles, et notamment le français et l'anglais, sont considérées
comme les deux étriers sans lesquels le jeune commerçant, le
jeune industriel, ne sauraient se mettre en selle.
(Démocralic \ourelle, 9 juin). A. T.
Les langues étrangères
dar)S l'Ei)seigi)erT)ei)t supérieur
Quand on pense que l'un des principaux facteurs de la puis-
sance de l'Allemagne a été la connaissance très étendue des idio-
mes étrangers, on ne peut que trouver inadmissible d'arrêter
l'apprentissage des langues vivantes au bacalauréat. Pour beau-
coup, le temps passé à cette acquisition, au lycée, se trouve
ainsi perdu. Il est nécessaire, au contraire, de poursuivre cet
enseignement jusque dans les écoles supérieures ; car si la con-
naissance des langues étrangères est importante dans la vie pra-
tique et les professions, elle est indispensable pour les hommes
qui, par leur intelligence, leur jugement, leur savoir, leurs capa-
cités, Doivent diriger le pays (1).
•Aussi, cette connaissance doit-elle être exigée pour deux lan-
(1) L. Azoulay : •< L'enseignement des langues étrangères, son
but réel et ses moyens.' Division de la France en réglons d'ensei-
gnement linguistique spécial >. Revue internationale de l'Ensei-
gnement, mai 1901.
>
26.
394 LES LANGUES MODERNES
gues, au choix des élèves à la rentrée de toutes les écoles supé-
rieures, appartenant ou non à l'Etat, à tous les examens, et con-
L'ours pendant la durée des études et à la sortie.
Ces épreuves sont éliminatoires. Cela ne peut paraître excessif
SI l'on se rappelle : l*^' que l'étudiant a appris ces langues au
lycée ; 2" que l'Etat, dans l'intérêt commun, a le nroit que non
seulement elles ne soient pas oubliées, mais qu'elles soient
appliquées à un but pratique, utilitaire.
D'autre part, ces épreuves ne doivent nullement contribuer au
succès d'un examen, sauf dans le cas où la connaissance des
langues fait partie intégrante des études (1).
Orales, ou écrites et orales, suivant la nature du diplôme ou
concours, les épreuves doivent porter sur les matières de chaque
examen. Ainsi un étudiant en médecine aura à traduire, en bon
français, à livre ouvert, sans préparation de préférence, un cer-
tain nombre de lignes d'un ouvrage étranger sur la physiologie
si son examen porte sur la physiologie, sur la pathologie interne
s'il porte sur cette branche, etc. Un candidat à la licence ou à
l'agrégation d'histoire fera une narration écrite oans la langue
étrangère principale et subira des épreuves orales dans cette
langue et la langue accessoire en histoire, géographie, particu-
lièrement économique des pays dont il connaît l'idiome, etc..
Un élève de l'école des Mines, de l'Ecole centrale, etc. fera en
fin d'étude un rapport dans les langues qu'il a choisies, etc.
Mention des langues apprises sera faite sur le diplôme. L'Etat
n'a pas à enseigner les langues étrangères dans les Ecoles supé-
rieures, excepté pour les diplômes qui en comportent et pour les
écoles dont les élèves sont internes. Il n'a donc rien à dépenser.
Il lui suffit d'exiger des épreuves sérieuses pour atteindre son
but : le rendement maximum de tout ce cju'il a semé. C'est aux
candidats à entretenir et perfectionner la connaissance des deux
langues, principale et accessoire, qu'ils ont acquises dans leurs
études seconciaires. Ils le pcuveiit à l'aide du procédé de traduc-
tion dans les débuts et à l'aide de cours gratuits qui ne man-
queront pas de se fonder, à l'exemple de ceux de* la société pour la
propagation des langues étrangères en France.
Nous insistons sur cette réforme parce que le besoin en est
très urgent et parce que les événements qui viennent de se passer
semblent porter les esprits et les pouvoirs vers des modifications
pratiques de notre enseignement à tous les degrés.
Nul ne peut concevoir les conséquences d'une telle innovation.
Non seulement elle activera (2), le progrès intellectuel, commer-
cial, agricole par les renseignements fournis et l'émulation pro-
voquée, mais encore elle améliorera notre presse en la rendant
plus scientifique, plus comparative, et notre librairie en la pous-
sant à des entreprises plus sérieuses, plus utiles, plus grandioses,
fe'les ces encyclopédies si nécessaires et répandues à si bon
compte dans toutes les classes, à l'étranger ; elle fera en outre
ne la P'rance le centre d'information si précieux pour elle-même
qu'était l'Allemagne avant la guerre.
^ Léon AzouLAY.
(Extrait de VEnrope Nouvelle, 2.') octobre 1919, publié par la
l'resse mvdicttle du 7 avril 1920).
(l)~P()ur l'altribiition des bourses de voyage et de perfection-
iiemenf à l'étranger, la cDiinaissaïue parlée et écrite des langues
jouera un rôle important ; on le fera savoir au.x candidats.
Mouvement du Personnel
£r)Stigr)€rri€f)ti Secondaire et Prini)aire Supérieur
\(nuiii<ili(nis: M. (iiimbillard. i)ri)l. iiiji'. d'aiig., éltvi- de l'ii. N. S.,
nomnu' du Lycée de Marseille au Lycée d'Alger (Muslaphai.
- M. Haussaire, nommé du Lycée d'Angers, prof, chargé de cours
d'allemand, au Lycée de Reims, — M. Garnier supplée M. Mignon
comme prof, d'italien au Lycée du Parc, Lyon. — ^L Langlais,
Lycée du Bourg, nommé jjrof. d'italien, Clermont-Ferrand. —
M. Thomas, du Lycée de Tarbes, nommé prof, d'espagnol, Car-
cassonne. — yi. Parenty, lettres et anglais, collège d'Arras. —
^^. Macary, lettres et anglais. Collège de Falaise. — >L Parmin,
lettres et' anglais. Collège de Lisicux. — .M. Rivière, lettres et
anglais, (Collège de Marmaude. — M. Fourrier, lettres et alle-
mand. Collège de St-Dié. — M. Meunier, licencié d'nnglais, délé-
gué lettres et anglais, Collège d'Autun. — M. Balteau. lettres et
anglais, Fonlaineîjleau, nommé Collège de Sedan. — NL Bongard,
lettres et anglais au Collège d'L'zès, nommé Fontainebleau. —
M. Bourillon, répétiteur au collège de Bourgoin, délégué lettres
et anglais. Collège d'Uzès. — >L Rouleux, ré|)étiteur Brest, délé-
gué lettres et anglais, St-Jean-d'Angély. — M. (Laillat, délégué
lettres et allemand. Collège de Bône. — M. Secchi, délégué
lettres et arabe, Bône. — >L Goudet. délégué allemand. Collège
Rcmiremont. — M. Chrétien, délégué lettres et anglais. Collège
d'Ajaccio. — M. Chelle, délégué lettres et anglais, C^jllège d'.\gde.
— M. Lapalus, délégué lettres et anglais, collège de Beaune, —
M. Burignat, délégué lettres et allemand. Collège de Romans. —
M. Petiteau, nommé prof, lettres et allemand. Collège de La
Réole. — M. Nemo, prof, agrégé, anglais et lettres, collège.
Menton, nommé au Lycée, .Alger. — .Mlle Bescam (Marguerite),
certifiée anglais, nommée collège Saumur, en remplacement Mlle
Metzger. non acceptante. — M. F"rancc (Louis), inst.-adj. E. P. S.,
Valencieunes, certifié L. V., nommé professeur anglais, même
école, — Mlle Corny (Mariej, inst.-adj. E. P. S., Gondecourt,
certifiée L. V., nommée prof, d'anglais, même école.
Congés : ^^ Coullet, prof, anglais. Lycée Chartres, du 1/4 au
3((/9. M. Lebelle, prof, anglais, lycée Rouen, du 1/4 au 31/12.
M. Griffon (allemand, lycée Lille), du 12/1 au 30/9. — :\I. Saroïhan-
dv, prof, espagnol (Buffon, Louis-le-Grand et St-Louisi, du 1/12/19
ail 30/9/20. — M. Koessler, prof, allemand .Janson, du 1/10/19
au 30/9/20, — M. Vernet, prof, allemand. Lycée Valence, année
scolaire 1919-20. — M. Schmitt. prof, allcrnand. Lycée .\lger,
année scolaire 1919-20. — M. Blanc, ancien prof, d'allemand,
Lvcéc de Bordeaux, année scolaire 1919-20. — >L Chappev, prof,
d'allemand. Lycée Chambéry, du 4/10/19 au 30/9/20. —
M. Roques, prof, d'allemand, Lvcée de Chartres, année scolaire
1919-20. — M. Martin, prof, d'aîlemand. Lycée Laon, du 3/10/19
au 30/9/20. — M. Guev, prof, allemand, Lvcéc Montauban, année
scolaire 1919-20.
Iloiwrdriat : M. Feytel, anglais, Bonneville. — M. Schaller,
allemand, Brive. — •' M. Sabardu, anglais, Draguignan. —
M. Roche, anglais, St-Maixent.
396 LES LANGUES MODERNES
ExarT)ei)s et CoQcours
Certificat Secondaire d'Alien)ai)d (1
(Session spéciale d'Avril 1920)
Version orale. — An der Front
Bescheidcnheit steht dir an. du Nichtkricgfi-, iind Rewuiiderung
und Ehriurcht iind Dank auch gegonùbcr doin kleinstcn Fcld-
graucn ohiic ciscrncs Kreux, ohnc Gc'freitcnknopf und oline
Trcsscn. Demi auch ci' hat Jcue scltsani liclkn .lagcraugcn. die
nur hci Mcnschcn zu Icuclitcn bcginnen. dcrcn Secle jedcn Augen-
blicK bcrcit ist zur Ausfahrt und zum Aufstiirnien in die
\'crklarung. Dièse Soldatenaugen werde ich nie vergessen. Wtr in
sic bineingesciiaut bat und dann noch nichts weisz voni Lcben,
\<)m ewigen, unbeugsanien, Tod und Teufel trotzenden, der isl
vin armer Maîin. Aus deu scljwerfalligen Bauernburseben ui-.d
gcscbeiten Groszstadtarbeitcrn, aus don ilotten Studenten und
den \ei\vôbùten Muttersôbncben liât der I\rieg gewisz Keine
Hciligen gemacht. Aber er bat sic gebeiligt. Er bat deui Lebcn
des cinzelncu gemeinen Soidaten eine Bedeutung und eineii Werl
\erlieben, weit iiber seine Môglicbkeiten in Friedenszeiten binaus.
Die Feldgrauen, die Hunderttausende, sie stehen da in tler
groszen Reibe dercr, die fur andere zu sterben bereit sind, uiul
das ist immer das Grôszte, was der Menseb verniag. Daruni stebt
aiieli der Infanterist und der Kanonier und der Jager und der
Pionier und wie sie aile beiszcn, obne Rang und Abzeichen
drauszen ini Feld vor Gott and den Meuscben boher da, als der
m assyrische Studien versunkene Universitatsproiessor in der
llcimat. Die Phrase vom wertvolen Mensehen, die in den letzleii
lalircn iui Mund di^r neuen Pliarisiier zu boren war, hat eine
tietgebende Umwertung erfahren. Der Wertvolle ist Jetzt der. der
die Baeke am Gewehrkolben bat und gut zielt.
Thème oral. — Mulhouse
Repliée sur elle-même et discrète, voici la cité méditative qui
engendre sans cesse l'eiTort. Il ne faut point y chercher les vieil-
les églises ni les traces d'un long passé. Bourgade insignifiante
au moment où défilaient sur les hauteurs les lansquenets de
Charles le Téméraire, son humilité la sauva. Mulhouse comptait
trois mille habitants (juand Golmar était une petite capitale
riche et lettrée. Son essor date du xvui' siècle et de sa réunion à
la Frajicc. Mulhouse ne l'a jamais oublié. Le luxe criaid des
grandes villes allemandes ne l'a i)as même effleuré. Par ses
iaçjades ])lates, aux balcons en fer, par l'élégance discrète lie
SCS villas, ce centre industriel de l'Alsace évoque l'image de
certaines villes françaises d"uue sobre régularité. Pendant i)rès
de cinquante ans, Mulhouse a porté le deuil de la France, dédai-
gneux des fêles bruyantes, ennemi de tout clin(|uant, étranger
:"i la joie de parvenus qui secouait toute l'.^Uemagne enrichie, et
tandis que ses patriciens réfugiés sous les arcades grises de la
(1) Pour l'anglais, voir N" de mai-juin. i)p. 2')l-2!)r).
EXAMENS ET CONCOURS 397
rue de. la Bourse ou de la Paix, ferniaient leurs portes aux
intrus, tandis que ses industriels, sans bruit, éloignaient de
leurs usines rAlieniand, e'est dans le travail obstiné que la ville
cliereliait un refnjje contre l'ennui de l'exil. De cet effort, il est
sorti de grandes choses.
VkhSION ALLli.MANUi;
<ie<n'niiiarliiie and znkiinflige W'irlsvhajl
Mit lUeht riilinien wir uns unserer Fal)rikation:.einiielilungcn ;
sie sind neuer, l)esser und tlurehdaeliler als in Mngland, Fi'an-
kreieh iiiui lielgien. Vwd dennoeh : welehe Krlalirungen \\ iirde
niitn niaihen, wenn nian sic \\'erli fiir Werk (inrcliforsclUe, ilie
l'iraflaniagen auf ihren Wirkungsgrad. die Arbeitsniaschinen auf
ihre Lcislungsfaliigkeit, den Arbeitsvorgang auf seine Wirtschafl-
liclikeit priifte. Die kalorische Krafterzeugung liât in /wei .lalu-
/cimlcn iiiren Wirkungsgr.ad verdo|)|)elt, die Kosten elektrisciun
Slronies iiahen sich gedrittelt ; die Ivcnutnis der Transporteinrich-
inngcn ist zu einer NN'issenschaft ge\vorden ; es gibt wenig Wrricii-
liiiigen, die sich, déni (Irifl' des Maschinc ent/.iehcn, der Arbeits-
piozcsz ist ans den Hiinden des Wcrkmeistcrs in die Aufsicht
lies Ingénieurs und Fabrikleiters iibergegangen ; doch aile dièse
l'oitschritte sind nur einem Teil unserei- (iiiterer/.eugung zugiin-
glicii. In einer Zeit, die ans deni noIIcii wirtschaflcn durfte, die
luir cine Aufgabe kannte : ^^'are sciialVen, war es \erzeih|licli,
wciiM Prodiizenten auf Vorteilc \ei'ziciitelen, die eine wisscns-
tiiaftiiche Technik ihnen von Tag zu Tag bot ; iiberdies forderten
ilicsc \'erl)esserungen Anlagckosten, unil bei der Zersplitlei'ung
(1er Krzeugung in willkiirlich zerlegte Hetriebe, in uniiberselibare.
rypenniengcn war das einzelne Werk nicht inimer stark, nicht
iniiner konzentriert genug, uni der Kntwickelung zii folgen.
N'crgeudete es Ai-beitskriifte und Matcrial, so war das ein Scbadci
fiir das Hrtriignis, jedoch ini letztcn Sinne l'rivatsaehe. Heute ist
jeder Verlust, .jede Vcrschwendung Sache der Genieinschift ; es
bat nieniand niebr, aiicii wenn er es bezablen kann, das Recbt,
eine Maschinc zu bctreiben, die das FiinfTache des Zuliissigen an
Ivohie friszt, so wenig wie jcmand das I\echt bat, lirot zu zei-
treten. Hier wird eine der sittlichen rnistellungen fiiblbar, die
(lie neue Wirtscbaft fordert. Der blosze i\oblenvcri)raucb Dculs-
tiiiands konntc auf die Halfte verringert werden, wenn aile
Hetriebe wissensehaftlich durebdrungen und geordnet und aile
Kraftqucllen crschlosscn wùrden. Dièse Krspainis abcr wiirde weii
in den Schatten gestcllt dureh den Gewijin an Arbeit, Matcrial
und Transport, durch die Stcigerung der Leistungsfiihigkeil und
Umsatznienge, wenn die Durcbforsehung und Reform sich zugleich
auf Lagc uijd Anlage, auf Einrichtung und Betrieb crstrcckte.
\V. Rathenau.
THÈME ALLEMAND
La nouvelle Reli(jiun
Nous croyons savoir ce que c'est que le ])aliiotisme. C'est en
iM-ancc et en Angleterre, avant tous les autres pays de l'Europe,
que la conception en est apparue d'abord. Et on nous en avait
tant parlé, et l'on s'imagine de jios .jours, que les choses vont
si vite, qu'avant cette guerre certains la considéraient comme une
idée (|ui avait fait son temps, qui était dépassée, presque usée,
devait être, dans un avenir prochain, remplacée comme moteur
des masses humaines par une nouvelle mystique. C'est le con-
traire qui est la vérité. Nul, il y a quatre ans, n'avait encore
la conscience précise des formidables sacrifices qu'on pouvait
demander à tout homme sur la terre au nom de la patrie. Si le
398 LES LANGUES MODERNES
mot de religion, comme l'affirmait jadis Brunetière, vient de reli-
gare, le qui relie les hommes entre eux — étymologie qui par
ailleurs n'est pas très sûre — le patriotisme est la religion de
rinimanité contemporaine. Elle est encore dans toute sa fleur,
dans toute sa force, assez jeune pour être ardente et passionnée,
assez vieille, et par conséquent " établie », pour demeurer indis-
cutable et indiscutée. Elle est la borne de l'individualisme
contemporain, bien qu'elle s'en réclame : " Le droit des peuples
à disposer d'eux-mêmes » est issu du droit qu'on reconnaît à
l'individu de disposer de lui-même. Mais il n'en est pas moins
vrai que nul n'admet que le devoir envers la patrie soit aiïaire
de consentement iiersonnel. C'est le seul cas où les droits de la
conscience individuelle s'évanouissent devant ceux de la cons-
cience collective. Et cela est si évident qu'alors que la loi, consa-
crant le vœu de l'opinion universelle du monde civilisé, recon-
naît à tout être humain le droit de choisir et d'exercer n'importe
quelle religion ou de n'en avoir aucune — au sens ancien qu'on
donnait à ce mot de religion — ni la loi, ni l'opinion he permet-
tent nulle part qu'un homme déclare ne vouloir reconnaître
aucune patrie et prétende se soustraire aux obligations que cette
patrie exige : obligations terribles et qui vont jusqu'à la mort.
Ceci d'une façon si nette, si claire, si impérative, que celui qui
donne sa vie pour sa patrie n'est pas considéré comme un héros :
il a fait ce qu'il devait, voilà tout ; tandis que le martyr (jui
niarchait au supplice pour confesser sa foi, bien qu'il accomplît
un devoir, paraissait cependant illuminé d'un mérite exception-
nel, il entrait au nombre des saints.
(Pierre Mille).
N. 1). — Les candidats devront se servir de l'écriture alle-
mande.
COMPOSITION p;n langue allemande
(iœthc soll vom Kohihaas gesagt haben : <• .\rtig erziihlt und
geistreich zusammengestellt. » Was halten Sic von diesem
Urteil ?
COMPOSITION FHANÇAISE
Sin UNE QUESTION GÉNÉItÀLE DE MOHALE OU DE LITTÉUATUKE
Qut-T est, à votre avis, le poète allemand ou français qui a le
mieux décrit les caractères de femmes ?
Donnez les motifs de votre opinion, sans craindre d'établir une
comparaison entre les deux poètes qui, dans chaque nation rcs-*
pectivement, vous sembleraient pouvoir y donner lieu.
Concours d'adroissioo à l'Ecole Polytechnique (1920)
VERSION ANGLAISE (1)
'l'o a homeless nian, who bas no spot on this widc wm'ld
\vhicli he can tiiily call bis own, thcre is i\ momentary foeling
f)f soinethiiig like independence and territorial conséquence,
wheii, after a weary day's travel, hc kicks off bis boots, thrusts
bis feet into slippers, and stretches himself bcfore an inn fire.
Let the world without go as it may ; let kingdoms rise or fitll,
so long as he bas the ^\1heI•c^vithal to pay bis bill, he is, for the
time being, the very monarch of ail he surveys. The arm-chair
(1) Le thème sera rétabli au prochain concours.
RXAMENS ET CONCOTHS M9
is liis lliioiie, IIk' poker his sceptre, imd tlic little parlour, some
twelve feet square, his oiitlisputed empire. H is a . niorsel of eer-
laiiity, snafelied from Ihe niidst of tlie uneertainties of life ; it
is a simny inoiiienf j^leaniing ont kiiully on a eloiidy day ; and
Ile wlio lias advanced some way on tlie pili^riniai^e of existence,
luiows llie importance of luisbandin},' even niorsels and momentv
of enjoyment. •■ Sliall I not taive mine ease in mine inn ? »
llionf^lit l, as I gave tlie lire a stir, lolled back in my elbow-chair.
and east a complacent look about the little parlour of the Hed
lloi'se, at Stratford-on-A\()n.
Washinctox InviNfl.
VKIISIOX A I.M-: M A M)i;
Auf (Icni Siidfriedhof in Lille
Friihlingsanfang !
An einem Sonntag kam cr in diesem .labre /u uns, an cincm
waliren Sonnentage \ Wie klar die Liift, wie warni der Sonne
SIrahl ! l'ber Triimmer und Not, wolbt sieb der liebe, blaue
l'"riiklingshinimei als wiiszte er gar nichts voni Kiend dieser har-
len Kriegstagc. Wie lockt er hinaus in das griinende Feld, in die
wiedererwachte. nacb langeni Schlafe tief aufaimende Xatur !
Im Herzen regt sich Frciuïe und Lust und wili nicht liinger die
Kessel dulden, in die Scbmerz und Herzeleid, Triibsal und Krie-
gesschrecken sic gcscblagcu. Aber sic ist zu scbwach, sie kann.
nicht durchdringen. Nein, das ist kein rechtcr Friihling, dcu wir
fern von der Heimat, im F'eindesland vcrleben miissen.
Ich gelie heute einen crnste i (laiig. Zii meiiien Ki'.meraden will
ich, zu denen da drauszeii ira Siidfriedhof. Vor den Toren der
Stadt, auszerhalb der F\>stungswalie, liegt der friedliche Gotte-
sacker. Fùnfhundei't Kameraden môgen hier schlafen, jenseits von
Kricg und Streit. Da ruhen sic still beisammen : im Kampfc uni
Lille (icfallenc. Viele bii'gt die Krdc, an deren Brust das schlichte
Kreuz von Eisen strahlte. Einstnials ! Der Tod keniit nur die
Kreuze auf den kleinen brauncn Hiigeln.
N'eugierigc Franzosen gehen voriiber, schwatzend, mùhsam die
Namen der Toten entziffernd. » Très-triste ! ■> hore ich cine Frau
klagcn, und daneben seufzt ein Weiszbiirtiger : « Quel malheur ! »
Ob es aufrichtig gemeint ist ? Wahrer scheinl mir zu sein, was
ich aus ihren Mienen lèse, den haszerfiilltcn Wunsch : Miige es
(loch alleu Deutschen so crgehen !
Ersatz-Reservist O. G. (Lille in deutscher Hand).
Langue vivante faclltative : Thème
La fête d'Inlerlaken
Le jour de la fête, le temps était doux mais nébuleux. Tous les
spectateurs, au nombre de près de six mille, s'assirent sur les
hauteurs en pente, et les couleurs variées des habillements res-
semblaient, dans l'éloignement, à des fleurs répandues sur la
prairie.
Lorsque la foule des spectateurs fut réunie, on entendit venir
de loin la procession de la fête, procession solennelle en effet,
puisqu'elle était consacrée au culte du passé. Une musique agréa-
ble l'accompagnait ; les magisti-ats paraissaient à la tête des
paysans ; les jeunes paysannes étaient vêtues selon le costume
ancien et pittoresque de chaque canton ; les bannières de chaque
vallée étaient portées par des hommes à cheveux blancs, habillés
précisément comme on l'était il y a cinq siècles. Une émotion
profonde s'emparait de l'âme en voyant ces drapeaux pacifiques
qui avaient pour gardiens des vieillards. Le vieux temps était
représenté par ces hommes âgés pour nous, mais si jeunes en
présence des siècles. Mme de Staël.
400 LES LANGUES MODERNES
Concours d'adn)issioo à l'Ecole Navale (1920)
THK.Mi: ANGLAIS OL' AI.LtMAM^
Dt'iJiiis deux heures, nous sommes là, enfermes, par ordre du
capitaine, dans la batterie basse qui nous sert de dortoir. Sur le
pont, il pleut, et de temps en temps, quand le quart change, on
entend une cloche cjui sonne dans le brouillard, tout au bout du
navire. Le vent fraîchit, la mer grossit et le navire file ; nous
devons aller très vite. On entend craquer les mâts, crier les voiles ;
des montagnes d'eau s'abattent sur le pont avec un bruit de
tonnerre : décidément c'est la tempête. Autour de moi, il y en a
qui ont le mal de mer, d'autres qui ont peur ; mais cfiacun essaie
de se comporter bravement et de ne rien laisser voir de ses ter-
reurs : on a son amour-propre, n'est-ce pas ? Et puis, on se sent
en bonnes mains : le capitaine sait son métier, et les matelots,
avec leurs airs tranquilles et leurs yeux clairs bien décidés, vous
inspirent confiance. 11 fait chaud et sec, dans notre prison d'un
jour, mais eux, tandis que le vent creuse de grands trous noirs
où la frégate plonge en frémissant, ils sont pendus là-haut, au
bout des vergues, entre ciel et eau. à rouler les lourdes toiles
raidies par la pluie. Ah ! ("/est une dure vie que la leur ! Et
jiourtant ils ne se ])laignenl pas. ils font leur devoir simplement,
en héros inct)nnus.
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris Vir, à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à 0fr.50 la ligne.
1. Professeur diplômé (Oxford), veut recevoir pensionnaires dans sa
maison. \'ie de famille et leçons. Conditions modérées. Ucférences
excellentes. S'adresser : M. A., 28, Woodbastwich Uoad, Sydenham,
Londres.
2. Villa, (i pièces. Ti louer meublée (.'> lits) de juin à octobre. Boni
de la *mer. 2.000 francs. Colleville-sur-mer (Calvados). S'adresser ;t
Mme Meister, 71, rue Servan, Paris \I% ou à M. Commarmond, '.M,
rue des Martyrs, Paris IX*-.
3. Je cherclie à aciietcr les tomes 1(1, 17,21, 28, .'50, 39. 10 et liegister-
Band de Cœllie, Jiihilnrnnis-.Ansgabe. Ecrire à Mlle Iiian(iiiis, pmf.
lycée de jeunes filles, Reims.
4. Céderai prix avant-guerre (7.50) plus port : Ilislnrical Oiillincs of
F.nglisli Stinta.r &. Acridence, de Kelliier ; excellent état. Ecrire : Mlle
Tréglos, Le Dorât. Hte-\'icniic.
Le Gérant : A. (^ou es la NT.
CAHORS, iMP. couESLANT (personnel intéressé). — 23.089
Dix-huitième année. — N» 5 Septembre-Octobre ipao
Les
Langues Modernes
Le Secrétaire Général el la Trésorière prient instamment
leurs collègnes de leur sif/naler leurs changements d'adresse ou
de situation, afin d'éviter la perte de la revue.
La Trésorière (M"'' Ledoux, 30, R, Chevert, Paris, 7"),
rappelle aux membres de l'Association qu'un compte-courant de
chèques postaux lui est ouvert sous le /i" 151-11 par le bureau de
Paris. Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant
de leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à titre
de reçus le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
<«>-
A nos Collaborateurs
La Rédaction est à soia grand regret contrainte, par une augmenta-
tion subite et considérable du prix du papier, de demander aux colla-
borateurs qui ont si largement répondu à son appel de février dernier,
un effort supplémentaire de condensation, tant en ce qui concerne
les articles indépendants que les comptes rendus bibliographiques ou
corporatifs.
L'étendue des Chroniques Etrangères doit être au maximum de
quatre pages, et d'une demi-page en moj'enne celle des comptes ren-
dus critiques. A ce prix seulement ne sera pas rompu l'équilibre
entre la pai'tie corporative et l'information professionnelle, qui sont
également essentielles à la vie et à l'intérêt de la revue.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Réunion du Comité
Le Comité s'est réuni le 27 juin, à 9 heures du matin, au lycée
Montaigne, sous la présidence de M. Veillet-Lavallée, président
de TAssociation. Assistaient à la séance : MM. Bloch, Boussagol,
Mlle Brunel, M. Delobel, Mlle Demmer, MM. Duvergé, Goy, Guil-
lotel, d'Hangest, Mlle Ledoux, M. Montaubric, M. Potel, inspec-
teur général de l'Enseignement secondaire, M. Rancès, délégué au
(lonseil supérieur de l'Instruction publique, M. Rouge, professeur
de littérature allemande à la Sorbonne, M. Hirtz, délégué de la
Régionale de Poitiers.
Excusés : MM. Carillon, Cart, Martin.
M. Veillet-Lavallée ouvre la séance en remerciant M. l'Inspecteur
général Potel d'avoir bien voulu assister à cette séance et d'avoir
donné ainsi une nouvelle marque d'intérêt à cette association
dont il est un des fondateurs ; il remercie également M. Rancès
d'avoir tenu à venir nous donner des précisions sur les projets
dont le Conseil supérieur va être saisi et M. Montguillon, Profes-
seur à TE. P. S. du Havre, dont l'activité inlassable a singulière-
ment secondé ses efforts de propagande et de défense des L. V.
dans l'Enseignement primaire.
Il donne lecture ensuite des passages essentiels d'une lettre
de M. P. Legouis (de Lyon) demandant au nom de sa régionale
l'ajournement des nouvelles épreuves du baccalauréat et invitant
notre bureau à émettre un vœu en ce sens. M. Rancès, à qui une
lettre pareille a été adressée, répond qu'un tel vœu ne produirait
aucune impression sur le Conseil. Ce serait en effet lui deman-
der le maintien du statu qiio ; or la décision du C. de l'I. P. a été
prise conformément au vœu de 300 collègues s'opposant formel-
lement à ce statu quo. C'est en leur nom qu'il a défendu nn
projet dont il n'était pas partisan. De plus, c'est à peine si l'on
peut compter au Conseil 4 partisans avérés du statu quo qui a eu
contre lui l'administration tout entière. Nous risquerions d'autre
part de produire une impression fàcheiise sur le Conseil en lui
demandant de se déjuger avant même que le nouveau système
ait été essayé. Nous sommes en présence d'une, décision prise de
propos délibéré ! Ce qu'il faut, c'est prendre des mesures pour
DL'LLEVIN DE L'ASSOCIATION 103
que nos méthodes actives s'accommodent de la nouvelle situa-
tion : c'est le rôle de l'inspection générale, et non le nôtre.
M, Potel partage l'avis de M. Rancès ; il est au moins inutile
de présenter actuellement le vœu de M, P. Legouis. Le Conseil
Supérieur aurait rimpression qu'on veut maintenir une épreuve
discréditée et condamnée. Nous garderons de l'ancien examen
le souvenir et le regret de quelques bonnes copies, sans oublier
que la majorité des devoirs était d'une extrême faiblesse.
L'administration a fait opérer des prélèvements parmi les com-
positions faites dans les différentes académies, et de l'examen
des copies s'est dégagée l'impression que la moyenne était des
plus faibles.
La demande de retrait du décret produirait un effet déplorable
sur le Conseil Supérieur et sur l'opinion publique. Au cours de
sa tournée M. Potel a constaté que les professeurs paraissaient
résolus à s'accommoder du nouveau programme et ne manifes-
taient nullement l'émotion des professeurs de Paris. Il est con-
vaincu que l'essai des nouvelles épreuves mettra les choses au
point. Il faudra seulement ne pas recourir trop tôt aux exercices
de traduction.
Notre enseignement se transforme constamment. Dcijuis 40
ans l'épreuve de langues jtivantes a été fréquemment modifiée
sans que nos études aient été pour cela compromises. Nous
ferons loyalement l'essai de l'épreuve nouvelle ; M. Potel est
pour sa part convaincu qu'elle donnera de bons résultats pourvu
qu'au baccalauréat les examinateurs n'en affaiblissent pas lu
portée par une indulgence excessive.
M. Rdncès apprend au comité que l'arrêté ministériel imposant
deux langues vivantes au concours d'entrée des gi'andes écoles a
été retiré ; les Conseils de perfectionnement des grandes Ecoles
se sont prononcés en faveur du statu quo. M. Rancès a fait
observer que ce statu quo entraînerait forcément l'affaiblisse-
ment continu et peut-être la mort de l'enseignement de l'alle-
mand. Il a demandé officiellement que les professeurs de Lan-
gues Vivantes soient entendus par les conseils de perfection-
nement des grandes Ecoles, si la question leur est soumise à nou-
veau par le ministre de la guerre» Certains membres du Conseil
de perfectionnement de l'Ecole Polytechnique voudraient qu'on
arrivât à maintenir une proportion une fois admise entre les
élèves d'allemand et d'anglais ; il suffirait, pour cela, croient-
ils, de- donner à l'allemand un coefficient préférentiel qui pour-
rait varier chaque année selon que diminuerait ou croîtrait le
nombre des candidats inscrits pour cette langue. Si coefficient
il y a, M. Rancès voudrait pour l'établir une entente cordiale
cnlre les i)rofesscurs d'allemand et d'anglais.
M. Potel déclare 1° que dès l'an prochain le thème sera rétabli
404 LES LANGUES MODERNES
au concours d'enti'ée de TEcole poljtechnique" ; 2° que les nou-
velles instructions introduisent à l'oral les* langues facultatives
et permettront au candidat d'être interrogé sur une deuxième
langue étrangère. Le coefficient de l'épreuve facultative sera
assez élevé.
M. Rancès rappelle que M. Bloch a été saisi d'un vœu deman-
dant qu'il y ait aux grandes écoles, des examinateurs différents
pour chaque langue ; il est entièrement d'accord avec les pro-
moteurs de ce vœu : il vaudrait infiniment mieux qu'il y ait
deux examinateurs, mais il est convaincu qu'on se heurtera con-
tre une opposition formelle de l'Administration .de la guerre
fondée sur des raisons d'économie et d'organisation pratique.
.V. Potel est favoi'able à ce vœu et fera son possible pour l'ap-
puyer.
M. Rancès expose ensuite les traits essentiels des projets qui
vont être discutés par le C. S.
Le projet de reforme de la Licence es lettres implique un
système tout à fait nouveau de certificats à obtenir par le
candidat. II faudra 4 certificats pour obtenir le diplôme de Licen-
cié, el il y aura d°ux sortes de .Licence.
«) Une licence « omnibus >> comportant 4 certificats au choix
du candidat. Deux de ces certificats pourront être pris dans une
autre Faculté, et même dans une Université étrangère. Il s'en-
suit qu'on pourra désormais être licencié sans latin : ceci pour
faciliter l'accès du grade aux étrangers et aux membres de l'En-
seignement primaire.
b) Une licence dite «' d'enseigneihent », ne pouvant être accor-
dée que si le candidat a obtenu quatre certificats spécifiés par le
Décret lui-même.
Pour les Langues Vivantes " ces certificats représentent des
épreuves très sérieuses et difficiles. On sent que les programmes
ont été établis par des hommes compétents, et ils constituent
un indéniable progrès sur ce qui existe actuellement.
Le seul point qui paraisse inquiétant dans le nouveau projet,
c'est qu'il ne spécifie pas que la licence d'enseignement soit
exigible d'une part à l'Agrégation, de l'autre au Doctorat d'Etat.
11 faudra faire préciser les tlcux points. En ce qui concerne
l'Agrégation, il ne semble pas qu'il puisse y avoir la moindre
difficulté, mais il pourrait bien n'en être pas de même pour le
Doctorat. Aussi M. Rancès a-t-il l'intention de poser la question
préalable : envisage-t-on, en manière de corollaire au projet
actwel, la création d'un double doctorat ; le premier consécutif
à la Licence d'Enseignement, et donnant seul accès à l'Enseigne-
ment Supérieur ; le second attribuable aux autres licenciés, et
remplaçant le doctorat d'Université, complètement discrédité
chez nous et à l'étranger. — De la réponse qui sera faite par
BILLETIN DE L'ASSOCIATION 405
l"A\iminislration dépendra son vote, car il juge indispensable
d'obtenir les garanties nécessaires pour que ne puisse entrer
dans l'Enseignement supérieur, comme dans l'Enseignement
secondaire, un candidat dénué de la culture générale qui lui
parait indispensable.
• M. Delobcl considère qu'il est essentiel qu'il y ait une sépara-
tion nette entre la licence sérieuse pour les futurs professeurs
et la licence pour amateurs ; il désire que d'autre part, le cer-
tificat secondaire soit maintenu.
M. Ditvergé demande lui aussi s'il y aura une étiquette assez
caractéristique pour différencier les deux licences et ce que
tieviendra le certificat.
.1/. Rtincès- répond qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir
pour qut la séparation soit nette. Au reste, le projet prévoit
qu'on exigera de tous les candidats à la licence d'Enseignement
un certificat de culture générale, dont seraient dispensés les
admissibles au concours des Bourses de Licence et de Sèvres :
il prévoit sur ce point une grosse bataille ; avee tous ses collè-
gues de TEnseignenient Secondaire il votera pour qç certificat,
mais pour des motifs différents, les délégués du Primaire et du
Supérieur le coniibattront avec a/rharnement.
En ce qui concerne le certificat, ce n'est qu'après l'organisa-
tion de la nouvelle licence qu'il faudra s'en occuper et demander
le renforcement de certaines épreuves, et l'adjonction de cer-
taines autres : la lecture expliquée, par exemple. Pour le moment
il lui paraît que le nouveau projet est à approuver sans discus-
sion, sauf au cas où la Licence • omnibus ■> permettrait l'accès
• de l'Enseignement Supérieur. 11 ferait alors une opposition achar-
n l'x.'.
Ces déclarations ayant été approuvées à l'unanimité par le
•comité, M. Rancès expose la substance des projets relatifs à
l'enseignement primaire. L'un de ces projets était attendu ; de
concei't avec le bureau de l'Association il a fait à ce sujet des
démarches auprès du Directeur de l'enseignement primaire
auquel MM. Veillet-Lavallée. Boussagol et lui, ont exprimé leurs
inquiétudes. Ils savaient que le Directeur de l'Enseignement pri-
maire voulait rendre facultatif l'enseignement des langues vivan-
tes dans les Ecoles Normales, mais il leur avait promis de ren-
forcer cet enseignement dans les E. P. S. 11 y a une quinzaine de
jours, le bruit se répandit que là aussi des changements devaient
avoir lieu. En l'absence du Directeur, M. Rancès ne put obtenir
auclin renseignement dans les bureaux, où on lui affirma qu'au-
cune modification à l'état de choses actuel n'était prévue. Ce n'est
que mardi dernier, 21 juin, qu'il a eu communication du projet
de réforme, rendant l'enseignement des langues vivantes facultatif
dans l'enseignement primaire supérieur, sauf dans la 2' et 8'
406 LES LANGUES MODERNES
année de la Section Commerciale. C'est là un des coups les
plus graves qui aient jamais été portés à notre enseignement.
Une réunion des représentants les plus qualifiés de l'E. P. S. à
Paris eut lieu aussitôt chez le président de notre association et
d'un commun accord on établit un plan de défense.
En ce qui concerne les Ecoles Normales le principal argument*
de M. Lapie porte sur la nullité des résultats obtenus par
notre enseignement, mais il faudrait pour juger de cet argu-
ment, savoir sur quels rapports il est fondé ; sur quelles décla-
rations de Directeurs ou de Directrices hostiles à cet enseigne-
ment. De toute manière on peut leur opposer les opinions de
M. l'Inspecteur Général Guillaume et de M. Gricourt, qui tous
deux s'occupent de cet enseignement depuis de si longues années,
et un seul fait suffirait à prouver les résultats obtenus rien que
pour l'Anglais : 500 instituteurs ont demandé des bourses de
voyages et d'études à l'étranger en 1920.
Quant aux arguments en faveur de l'obligation de renseigne-
ment des L. V. nous n'avons qu'à les chercher dans les collections
de notre bulletin ; dès la 1'" année de son existence nos collègues
Simonnot et Jost ont publié des articles essentiels en ce sens. Si
nous sommes battus dans notre défense des L. V. dans les écoles
normales, notre défaite entrahiera la suppression de notre
enseignement dans une grande partie de l'enseignement libre ;
elle entraînera une diminution de notre enseignement dans tous
les établissements de jeunes filles et aura surtout une répercus-
sion "très grave en prpvince.
L'expérience personnelle de M. Rancès lui fait ajouter qa'un
enseignement facultatif est bien près de disparaître, et que par- .
tout où il la gênera, l'administration aura bientôt fait de le
supprimer.
Que • dire, à plus forte raison, du projet tendant à rendre
facultatif l'enseignement des L. V. dans les E. P. S. ?
Au point de vue de la culture générale comme au point de
vue purement utilitaire et pratique, il semble inouï de vouloir
restreindre l'enseignement des Langues \'ivantes dans le type
même d'écoles où elles sont les plus indispensables. Les argu-
ments sont si nombreux qwe la seule difficulté sera de choisir
les plus toprtiues devant le Conseil. Un seul suffira aujourd'hui :
les L. V. ont toujours été considérées comme le pont naturel
entre l'Enseignement Primaire et le Secondaire : grâce à elles,
tout garçon intelligent pouvait bifurquer à son heure : il se
pourrait désormais, si brillant qu'il soit, que l'accès du Sec-on-
daire lui soit fermé parce que, mal informé ou mal conseillé, il
aura négligé d'apprendre une Langue Vivante.
Quel sera le sort du projet ? Ce sera surtout des délégués de
l'Enseignement Primaire que dépendra l'échec ou le succès des
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 407
projets Lapic : ce sont eux qui feront la majorité à la (com-
mission. M. Rancès les connaît assez pour espérer que leur vote
nous sera favorable néanmoins, et les verra dès demain. 11
regrette qu'il ait été impossible de prévenir qui que ce soit, ni
d'organiser aucun mouvement de protestation. Ce projet aura été
déposé sans qu'on ait eu le temps de consulter les .\ssociations
professionnelles, alors que l'.Administration déclare chercher
l'appui du personnel enseignant et sa collaboration.
Le Comité peut compter que le délégué des L. V. fera l'impos-
sible pour faire échouer un projet aussi néfaste. Mais il' faut
compter que la bataille sera rude, et l'issue n'en, est aucunement
certaine.
M. Veillet-Lavallée remercie M. Haucès de ses déclarations, il
s'est adressé à tous les collègues qu'il a pu atteindre, et à quel-
ques personnages politiques dont l'action sera peut-être efficace.
II propose l'ordre du jour suivant :
L'Association des Professeurs de Langues Vivantes de l'En-
seignement public, après une discussion à laquelle ont pris part
.MM. Rancès, membre du Conseil Supérieur de l'Instruction Publi-
que, et Rouge, professeur à la Sorbonne,
regrettant que les projets de décret relatifs aux futurs pro-
grammes des Ecoles Normales d'instituteurs et d'institutrices, et
des Ecoles Primaires Supérieures, aient été élaborés en dehors
de toute consultation des milieux compétents et des groupe-
ments professionnels intéressés,
affirmant la solidarité des quatre ordres d'Enseignement
(Supérieur, Secondaire, Primaire, Techniquei, dans cette question
qui intéresse au plus haut point l'avenir des Langues Vivantes
dans tout l'Enseignement public,
proteste énergiquement contre toute décision qui, rendant
facultative dans les Etablissements indiques plus haut, l'étude
des Langues Vivantes, porterait ainsi un coup mortel à cet Ensei-
gnement, diminuerait le pouvoir d'expansion économique du
pays, amoindrirait la culture donnée jiux enfants du peuple et de
la petite bourgeoisie, irait à l'encontre des tendances modernes,
et plus particulièrement des projets de coordination et de démo-
cratisation de l'Enseignement national.
L'ordre du joiir est adopté à l'unanimité.
M. Boussagol remet une note sur les variations de paiements
des heures supplémentaires. M. V.-Lavallée fera les démarches
et demandera les vérifications nécessaires.
M. Rouge s'excuse et regrette d'arriver après la clôture de la
discussion, mais la convocation ne l'a touché que tout à l'heure.
11 n'a donc pas pu prendre l'avis de ses collègaes. croit cependant
pouvoir dire que plusieurs germanistes de l'enseignement supé-
408 LES LANGUES MODERNES
rieur sont comme lui partisans de toute mesure facilitant pour
les capacFtés le passage d'un étage de renseignement à l'autre. •
S'ils y sont portes par des principes généraux, ces principes ont
été conflrmés par des expériences strictement professionnelles.
Dans ces dernières années ils ont constaté aux examens et con-
cours de tous degrés maint brillant succès de candidats venus
de l'enseignement primaire supérieur. On en peut conclure qu'il
serait fâcheux de supprimer cette base de recrutement, puisque
rétrécir le champ de la sélection, c'est risquer de diminuer la
sélection elle-même.
La séance est levée à 11 heures.
Rectifications à l'Annuaire
M. Bonnard est professeur au Collège de Châlons-sur-Marne.
M. Maurice Bourgeois, ancien élève de l'Ecole Normale Supé-
rieure, agrégé d'anglais, est chef de la Section britannique et
américaine aux Bibliothèque et Musée de la Guerre, à Paris.
M. Biirghnrd est professeur au Lycée St-Louis.
M. Cbaiifoiir est professeur à l'Ecole Normale Sultan ieh au
Caire.
M. Demolon est professeur d'anglais au Lycée Voltaire.
M. Diichemin est professeur à l'Ecole Arago et à l'Ecole Supé-
rieure de Commerce et d'Industrie à Paris.
M. Foot nous prie de faire savoir qu'il est professeur privé,
a, rue Balay, St-Etienne, qu'il n'a aucun lien avec le Ijxée, et
que l'erreur qui lui est attribuée nous est imputable ; nous nous
en excusons ici bien volontiers.
M. Liacos est professeur, 13, rue Ipapantis à Saloniquc.
Mlle Xerson est professeur à l'Ecole Technique Municipale de
jeunes filles à Lyon.
M. Rigoiidières est professeur au Lycée de' Cahors.
Mlle Saiizel est institutrice à Jaujac (Ardècheh
Adhésions nouvelles
.V. le D' l).-B. Anthony, Maida-Vale, Londres ; Associalion des
Sténoyrnphes polyglottes, 30, rue de Bourgogne, Paris ; Mlle Cow-
bebias, prof. E. P. S. (J. f.), Clermont-Ferrand ; Mlle Comberolle,
prof. E. P. S. (j. f.), Clermont-Ferrand ; M. Gniran, prof. L\'céc
•Avignon ; M. Monin, prof. Coll. Antibes j M. Ragoût, prof. E. P. S.
Chasseneuil-sur-Bonnieux (Charente); M. Rascol, Directeur E. P, S.
Albi ; Istiliito Tecniva Fnsinieri, Vicenza (Italie) ; .l///e Chalard,
professeur E. P. S. (j. f.), La Rochelle ; M. Richard, prof. E. P. S.
(g.i, Mézières ; Mlle Villemot, pvof. E, P. S. (j. f.), Valognes ;
Mlle Vanqiiais, prof. E. P. S. (j. f.), St-Céré : Mlle Dccollogny.
prof, au Lycée Ampère, Lyon.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 409
Situation de la Société au V octobre 1920
Total des Abonnés et Sociétaires : J.007
Rcjiurtition il^s Sociétaires :
Enseignement supérieur 34
Enseignement secondaire :
Lycées 384
Collèges 143
Enseignement féminin ; . . . 134
Enseignement primaire supérieur 188
Total 883
Nous avons reçu de M. F". Piquet, professeur de langue et Jitté-
rature allemandes à l'Université de Lille, la lettre suivante:
. MONSIIîl'U i.v. Phésident,
D'une lettre que je viens de recevoir de M. le Président de la
Fraternelle des Régions libérées (9, boulevard Vauban, Lille), il
résulte que la somme de deux cents francs mise à sa disposition
par l'Association des Professeurs de Langues Vivantes a été
distribuée le, 3 août 1919 aux pauvres de La Bassée. Cette loca-
lité est une de celles qui ont été le plus cruellement éprouvées
par la guerre. Ses habitants - — ceux qui restaient — étaient
pour la plupart dans un dénuement absolu. Il a paru à la Fra-
ternelle que soulager ces infortunes dans la mesure du possible
était répondre aux généreuses intentions des donateurs.
M. le Président de la Fraternelle me charge d'exprimer sa gra-
titude à l'.Association des Professeurs de Langues Vivantes. Per-
mettez-moi de vous répéter que nous avons été ici profondément
émus du sentiment si touchant auquel l'Association a obéi, et
que nous en conserverons précieusement le souvenir.
Veuillez agréer. Monsieur le Président, l'expression de mes
sentiments les plus distingués.
F. PlQVET.
Lille, IV, juillet 1920.
L'étude de TAllemand
Dans le numéro de juillet-aoûf, le Comité avait annoncé son
intention d'obtenir de personnalités éminentes des déclara-
tions qui indiqueraient aux familles tout le danger que fait
courir au pays l'abandon de l'étude de l'allemand. Nous som-
mes heureux de publier aujourd'hui la belle lettre que
M. Raymond Poincaré a bien voulu adresser au président de
l'Association. Tous les professeurs de langues vivantes lui
410 LES LANGUES MODERNES
seront reconnaissants de nous avoir donné si pleinement
l'appui de sa haute autorité pour seconder nos efforts au sujet
de l'allemand et pour marquer l'intérêt national que présente
l'étude des langues et des littératures étrangères.
Lettre de M. Rayn()oi)d Poiqcaré (1)
ancien Président de la République
à M. Veillet-Lavallée, Président de l'Association
17 jiiillel 19W.
« Monsieur le Président,
« Vous avez bien voulu me demander mpn sentiment sur un
problème qui préoccupe vivement votre Association, celui des
études allemandes en France.
« Pour quiconque examine de sang-froid cette question, il
ne peut y avoir, à mon avis, aucun doute sur la réponse.
« Qu'un certain nombre de Français aient eu avant la guerre,
un goût excessif pour les méthodes germaniques, qu'ils se
soient exagéré comme à plaisir la grandeur de la science alle-
mande et la beauté des lettres allemandes, c'est un fait que je
me garde de nier et dont nous n'avons pas, je pense, à crain-
dre le retour. Mais, pour éviter de retomber, après la victoire,
dans le même travers qu'après la défaite, allons-nous commet-
tre la faute inverse et ignorer de parti-pris la langue et la civi-
lisation de ceux que nous avons vaincus? Nous devons occuper
pendant quinze ans au moins la rive gauche du Rhin ; nous
devons réapprendre le français à une partie tie l'Alsace qui a
perdu l'habitude de le parler ; nous avons une œuvre de
longue haleine à poursuivre dans la Sarre ; nous pouvons
créer en Allemagne des entreprises françaises et y développer
notre influence économique. S'imagine-t-on qu'il soit indiffé-
rent de savoir la langue allemande pour réussir dans ces
tâches diverses?
« Mais si importantes que soient ces considérations d'or-
dre pratique, elles ne sont pas les seules. Pour dominer la
science allemande, rtous avons besoin de la connaître. Pour
maintenir l'indépendance et la supériorité même de notre
littérature, nous ne devons pas fermer les yeux sur les littéra-
tures étrangères, pas plus sur l'allemande que sur les autres.
C'est par opposition au non-moi que le moi prend le mieux
conscience de lui-même.
(1) Cette lettre a été communiquée par les soins de l'.Association à
la presse de Paris et des départements, et reproduite par un grand
nombre de journaux, parmi lesquels le Temps, les Débats, le Journal,
la Liberté, le Petit Parisien ; elle a en outre été énvo^'ée sous forme
de circulaire ^à tous les chefs d'Etablissements des enseignements
secondaire et primaire supérieur, pour qu'ils puissent s'en servir
auprès des parents au moment de la rentrée.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 411
« Que désormais nous apprenions surtout l'anijlais, j'y
consens volontiers. Mais la meilleure façon de bien savoir
l'anglais — tout l'anj^lais, l'ancien et le moderne — n'est-elle pas
(le le suivre attentivement dans ses deux courants mélangés, le
germanique et le latin, et de commencer, par conséquent, par
pratiquer à la fois le français et l'allemand?
« Pour toutes ces raisons et pour beaucoup d'autres, je
partage, Monsieur le président, l'opinion que votre Association
a constamment défendue et ([ue je crois conforme aux intérêts
permanents de la France.
« Recevez l'assurance de mes sentiments distingués.
« R. POINCARL. »
Section Régionale de Clermont-Ferrand
Réui)ioi) du 11 Juillet
Les |)rofesscurs des 4 ordres de renseignement de rAcàdéniie
de Clermont-Ferrand, convoqués par la lettre-circulaire du 10
juin 1920, publiée dans le dernier numéro des ■ Langues Moder-
nes », — organe de l'A. P. L. V. de l'enseignement public — se
sont réunis dans le parloir du Lycée Biaise-Pascal, à Clermont-
Ferrand, le dimanche 11 juillet, à 17 heures.
Etaient présents :
Mines Chevreuil) Ehrhard (Lycée .J. F., Clermont-Ferrand) ;
Coinhéhias, Comberole, Rault (E. P. S. .1. F., Clermont-Ferrand).
MM. Langluis, chargé de cours à la Faculté des Lettres ; Cannai;
Dussaud, Schneider (Lycée G., Clermont-Ferrand).
MM. Lébraly (Lycée G., Guéret) ; Fanre (Lycée G., Moulins) ;
Garde (E. S. S., Pléaux, Cantal) ; Bouyssij (E. S. de Commerce,
("lermont-Ferrand) ; Vivien (E. P. S. G., Clermont-Ferrand),
Membres représentés ou excusés :
Mmes Honoré, chargée de cours à la Faculté ; Marchessoii
(E. N. J. F. Clermont-Ferrand).
MM. Chauliat, Honoré (Lycée G., Clermont-Ferrand) ; Pailler
(Ljcée G., Moulins) ; Pruvost (Ljcce G., Guéret) ; Blanqiiet (Col-
lège Thiers) ; Papin (E. N., Moulins) ; Lion (E. professionnelle.
Clermont-Ferrand) .
M. Vivien, secrétaire de la réunion du 3 juin, indique briève-
ment à la suite de quelles circonstances a été projetée la créa-
tion d'une section régionale dans l'Académie de Clermont. Il
donne lecture de deux lettres du 9 et du 23 février 1920 de
M, Veillet-Lavallée, Président de l'A. P. L. V. de l'enseignement
public ; il rend compte des démarches entreprises immédiatement
après la réception de ces lettres, et qui ont abouti :
1° A la réunion du 3 juin dernier ; 2" à la réunion du 11 juil-
let. Puis il 'constate que tous, ou presque tous les professeurs
de L. V., sont d'accord sur la nécessité àe se grouper.
X"y a-t-il pas lieu, par exemple :
412 LES LANGUES MODERNES
1° De résister aux attaques dirigées contre notre discipline,
attaques qui ont abouti à la suppression des épreuves de L. V.
au concours des A.-et-M., et qui ont failli rendre facultatif l'en-
seignement des L. V. dans les E. N. et les E. P. S. ?
2" De faire cesser l'étrange anomalie par laquelle dans les
E. P. S., les L. V. sont rangées dans la catégorie des enseigne-
ments accessoires (l'écriture j' est matière d'enseignement géné-
ral !) et les heures supplémentaires de L. V. rétribuées au taux
ridicule de 100 francs l'heure ?
3° D'obtenir la réduction, dans l'intérêt même de notre ensei-
gnement, des classes trop nombreuses '?
A ce moment, plusieurs membres de l'Assemblée, notamment
Mlles Combébias et Coniberole, MM. Langlais et Lébraly pren>-
nent la parole pour illustrer d'exemples précis les remarques
précédentes.
Après avoir attiré l'attention sur le fait que notre section régio-
nale, bien qu'affiliée à l'A. P. L. V., conserve son entière liberté
de programme et d'action, M. Vivien propose à là discussion de
l'Assemblée l'ordre du jour suivant, qui est accepté :
1'^ Adoption des statuts de la Régionale ;
2° Election des membres du Bureau ;
3° Fixation de la date et de l'ordre du jour de la prochaine
réunion.
STATUTS. — Un projet de statuts, présenté par M. Vivien, est
soumis à l'Assemblée. Diverses modifications y sont apportées.
Le projet suivant qui réunit — sauf sur l'article 4 — l'unanimité
des suffrages, est adopté. Mais il est entendu qu'il pourra être
modifié au cours des réunions suivantes.
Article premier. — Il est créé dans l'Académie de Clermont-
Ferrand une section régionale des professeurs de langues vivan-
tes de l'enseignement public.
Article 2. — Cette section régionale, affiliée à l'Association des
Professeurs de Langues Vivantes de l'Enseignement public
(P. L. V. E. P.) a pour but :
1 " De resserrer entre les professeurs de L. V. de l'Académie
les liens de solidarité universitaire ;
2° de défendre les intérêts professionnels, matériels et moraux
de ses membres ;
3° de contribuer à l'étude des moyens les plus propres à forti-
fier l'enseignement des L. V.
Article 3. — Font partie de droit de la Section régionale, sans
cotisation supplémentaire tous les professeurs affiliés à V.\. P. L.
V. E. P. dont ils reçoivent le bulletin <• Les Langues Modernes »
(catégorie A).
Peuvent faire partie de la Section régionale, moyennant paie-
ment d'une cotisation annuelle de 2 francs, tous les professeurs
de L. V. non affiliés à l'A. P. L. V. E. P. (catégorie H).
Seront également accueillies avec reconnaissance, à titre de
membres d'honneur, toutes personnes ou groupements attestant
par des libéralités l'intérêt qu'ils portent à l'enseignement des
L V. (catégorie C).
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 413
Article i. — Les fonds dont dispose la S. R. servent à couvrir
les frais de secrétariat, à constituer une bibliothèque circulante
de pédagogie et de littérature L. V., gérée par le secrétaire de la
Section, et à en assurer le fonctionnement. Ils servent en outre à
l'acquisition de tout matériel utile à l'enseignement des L. V.
(tableaux, phonographes et disques, etc.). Eventuellement, ils
peuvent servir à l'attribution de bourses de séjour à l'étranger.
Ces fonds sont constitués :
1" Par la ristourne (2 francs par cotisation) consentie par
l'A. P. L. V. de l'enseignement public sur la cotisation de chacun
de ses membres (catégorie A) ;
2" Par la cotisation des membres appartenant à la cai/'gorie B;
3" Par les libéralités des membres de la catégorie C.
Article 5. — • La S. R. est administrée par un Bureau composé
d'un président, d'un vice-président, d'un secrétaire et d'un tréso-
rier, et comprenant obligatoirement un représentant de chacun
des 4 ordres de l'enseignement (supérieur, secondaire, primaire et
technique).
Ce Bureau est assisté d'un Comité de 6 membres choisis indif-
féremment parmi le personnel féminin ou masculin, et compre-
nant :
1 représentant de l'enseignement supérieur ;
1 — des professeurs agrégés ;
1 — — chargés de cours ;
I — — des collèges ;
1 — — de l'enseignement primaire ;
1 — — de l'enseignement technique.
Les membres du Bureau sont élus pour deux ans. Leur élection
a lieu au scrutin secret et à la majorité absolue (ou, dans l'éven-
tualité d'un second tour, à la majorité relative» des membres
des catégories A et B présents lors de la 2" réunion trimestrielle.
Le vote par lettre et par procuration est admis.
Chaque catégorie de professeurs élit dans les mêmes conditions
son représentant au Comité. Tout membre du Bureau ou du
Comité qui. avant l'expiration de son mandat cesse, pour une
raison quelconque (décès, démission, etc.), de faire partie du
Bureau ou du Comité, est remplacé, par voie d'élection, dès la
première réunion trimestrielle qui suit.
Article 6. — En principe, il est tenu, au cours de l'année sco-
laire, 3 réunions, une par trimestre. La date et le lieu de cha-
cune de ces réunions sont fixés, lors de la réunion précédente,
par la majorité (absolue ou relative) des membres présents.
S'il le juge utile, le président peut convoquer les membres du
Bureau et du Comité en dehors de ces réunions trimestrielles.
Article 7. — L'ordre du jour ordinaire de chaque réunion est
fixé par le Bureau, d'accord avec le Comité, lors de la réunion
précédente. Un ordre du jour extraordinaire peut comporter des
questions présentées après épuisement de l'ordre du jour ordi-
naire, par l'un quelconque des membres présents.
Article 8. — La dissolution de la Section régionale ne pourra
être prononcée que par un vote des deux tiers au moins des
membres des catégories A et B, mentionnés à l'article 3.
414 LES LANGUES MODERNES
Election des membres du Bureau
Sur la proposition de .V. Lungfais, l'Assemblée décide qu'il y a
lieu de surseoir, jusqu'à la réunion d'octobre, à l'élection du
Bureau définitif et du Comité.
Un Bureau provisoire est constitué. Sont élus membres de ce
Bureau :
Présidente : Mme Honoré, chargée de cours à la Faculté des
Lettres.
Vice-Président : 3/. Lébraly, professeur agrégé d'allemand au
Collège de Guéret.
Secrétaire : M. Vivien, professeur à l'E. P. S. de Clermont-Fei'-
rand. ••
Trésorier : M. Bouyssy, professeur à TEcole professionnelle et
à l'Ecole supérieure de commerce de Clermont-Ferrand.
Ordre du jour, D\rE et lieu de la prochaine réunion de la C. R.
Ordre du jour: 1. Compte rendu du trésorier; 2. Election du
Bureau définitif; 3. Adhésions nouvelles; 4. Etc.
Date et lieu. — L'Assemblée s'en remet au Bureau pour fixer
la date et le lieu de la prochaine réunion. Dans la première
quinzaine d'octobre une convocation sera envoyée par le secré-
taire à tous les membres de la S. R.
Un compte rendu de la séance du 11 juillet sera adressé à
tous les professeurs de l'Académie de Clermont.
Le nécessaire sera fait par le Bureau pour porter à la connais-
sance des personnes ou groupements mentionnés à l'article 3
(catégorie C) la création de la Section régionale de r.\cadémie
de Clermont-Ferrand.
La séance est levée à 18 heures 30.
yota. — Les. adhésions sont reçues par M. VIVIEX, secrétaire
de la S. R., 15, avenue de l'Observatoire, Clermont-Ferrand ; et
les cotisations par M. BOUYSSY, trésorier, Ecole professionnelle,
Clermont-Ferrand. Mais afin d'éviter d'inutiles frais de corres-
pondance, les collègues ou personnes qui désirent faire partie
de la S. R. peuvent envoyer à la fois leur adhésion et leur coti-
sation soit à M. Vivien, soit à M. Bouyssy.
SecHon régionale d*Aix-Marseille
CoQvocatioi)
Les membres de IWssociation des professeurs de L. V., et ceux de
l'Association des professeurs de langues méridionales, résidant dans
l'Académie d'.Aix-MarseilIe, sont convoqués en assemblée générale le
jeudi 2 décembre, à 9 h. 30 du matin, dans la salle des professeurs
du Grand Lycée de Marseille.
ordre du JoiR :
L Election du bureau pour 1920-21 :
2. Enregistrement de l'état de l'opinion au sujet de la réforme de
l'épreuve écrite de langue vivante au baccalauréat (B. /).).
RL'LLETIX DE 1,'aSSOCIATION 415
3. Echange de vues et de renseignements précis sur les effectifs
comparés des classes de langues vivantes (en particulier allemand et
langues méridionales) en 191D et 1920.
4. Inscription et examen préliminaire de vœux divers intéressant les
diverses catégories, en vue de l'ordre du jour de l'assemblée générale
suivante.
Les secrétaires provisoires :
G.-E. Broche (Grand Lycée) ; L. Heley (Lj'cée de
jeunes filles, rue Montgrand) ; M. Michel (Ecole
l'ierre-Puget) ; Mme Paris (Ecole Edgar-Quinet).
Le représentant de l'Association des langues méridionales,
?*. Paom (Grand Lj'cée).
Le président de la Régionale d'avant-guerre,
P. Lestang (Grand L3'cée>.
Marseille, '> octobre 1920.
N. B. — Le professeur le plus ancien dans chaque l)'cée de l'Aca-
cadémie est prié de vouloir bien organiser une réunion locale des
membres des 2 associations pour le jeudi 25 novembre, et de vouloir
bien communiquer aussitôt au secrétariat provisoire le procès-verbal
de cette réunion. Les membres qui ne pourraient assister ni à cette
réunion, ni à l'assemblée générale sont priés de vouloir bien faire
connaître, par lettre, leur opinion, vœux, etc. au secrétariat pro-
visoire.
:g!:«-
L'ESPRIT QUI VIVIFIE
(Réponse à M. Maurice CAHEN, « Revue Universitaire »
d'Octobre, Novembre et Décembre 1919)
Une institution que nul n'attaque plus est Wen proche de
sa fin : l'enthousiasme de ses partisans cesse d'être stimulé
par l'âpreté de ses détracteurs, va peu à peu s'éteignant et
tombe à l'indifférence. Tel ne sei'a pas le sort de la Méthode
Directe, si l'on en juge par les* assauts qu'elle doit encore
repousser, et dont le plus récent lui fut livré par M. Maurice
Cahen dans la Bévue Universitaire. Je dois dire que ses
trente pages d'une argumentation tenace et minutieuse n'ont
point ébranlé ma confiance dans les procédés actuels d'en-
seignement des langues vivantes. En efl'et, plusieurs des
coups destinés par no're collègue à la méthode sont toir.bés
ailleurs ; il y a dans ses critiques des flottements, des incer-
titudes et même des contradictions qui font une base péril-
leuse pour y asseoir des conclusions pratiques.
Je demanderai tout de suite à M. Cahen quelle peut être
la vertu des statistiques qu'il a établies. Il y a des statisti-
ques objectives, que l'on peut sans doute tirer un peu dans
le sens de ses propres désirs, mais qui ont une certaine valeur
scientifique. Quant aux statistiques subjectives, elles éclai-
rent surtout l'attitude de leur auteur. Je démêle dans celles
qui nous sont présentées une habitude de sévérité dans la
notation des copies, beaucoup d'exigence de la part du
correcteur, et une teinte générale de pessimisme. J'y relève,
et c'est plus grave, l'oubli des circonstances, except'ionnelles
pourtant, dans lesquelles se sont élaborés ces pourcentages.
Certes, M. Cahen nous fera plus loin une concession en
reconnaissant que «. le désarroi de quatre années de guerre
a jeté dans tout l'enseignement un trouble profond ». Mais
a-t-on coutume de prélever, pour juger une récolte, les échan-
tillons les plus mal venus, les plus abîmés, ceux qui ont le
plus souffert des intempéries et des orages ? Juger une mé-
thode sur les résultats qu'elle a donnés en 1917 ou 1918,
constitue une généralisation également arbitraire. Aussi
opposerai-je aux résultats obtenus par M. Cahen en pleine
l'ksi'HIt gui VIVIFIE 417
désorganisation scolaire, les résultats obtenus par moi avant
la guerre. Aucune ir.cthode ne saurait être tenue pour res-
ponsable de la disette de professeurs qualifiés ; du relâche-
ment de l'autorité Tamiliale en, l'absence du père ; de l'inat-
tention des enfants, tournés' tout entiers vers les grandes nou-
velles du front ; des répercussions douloureuses que cau-
saient, chez les jeunes écoliers, les souflrances, les blessures,
la captivité, la mort de leurs proches. Il est injuste de choi-
sir, entre tous, des élèves ainsi formés, pour les soumettre
à un examen inexorable, eux qui méritent à tel point notre
indulgence. Et j'ajouterai : dans quelles mesures sont-ils le
produit de la méthode directe ? La science pédagogique
de nos suppléantes ou suppléants fut-elle toujours à la hau-
teur de leur zèle ? On peut sans blesser personne se poser au
moins la question.
Acceptons cependant que l'on examine les résultats obte-
nus pendant la guerre, et suivons M. Cahen dans le détail
de ses doléances. A l'en cîroire, le vocabulaire est d'une
maigreur squelettique, la grammaire n'est pas sue ; et ainsi
est rendu impossible l'accès, par la méthode directe, à la
culture véritable en langue étrangère. Mais, dit notre collè-
gue, " le marasme où s'étiole notre discipline ne lui est
pas particulier. Nos collègues des lettres le signalent avec
une véhémence égale. Partout s'accuse un fléchissement
redoutable des études ». Je ne sache pas que nos collègues
de lettres qui ont afTaire aux mêmes élèves que nous em-
ploient notre méthode. Or ils se plaignent des mêmes insuf-
fisances, portant .sur les mêmes points ; ce n'est pas d'hier
qu'il existe une « crise du français », compliquée d'une
« crise du latin <>, auxquelles se joindrait une « crise du
grec ». si le grec s'apprenait encore. Donc, ce nest pas la
méthode qui est en cause. « Cet état de choses très grave »,
dit M. Cahen, o tient sans doute à des raisons multiples,
surtout d'ordre social, qui dépassent le cadre de cette
étude. » Remarque fort juste, et qui trouve ailleurs son
application, en particulier lorsque M. Cahen, faisant flèche
de tout bois, s'élève contre la diversité du recrutement de
nos élèves (il aurait pu dire : et son étroitesse), et contre
l'inégalité de leurs dons naturels, qui ruinent « le principe
de continuité absolue ». Méthode voulant dire continuité;
tout ce qui atteint le << principe de continuité absolue » est
funeste à la méthode, cp-ielle qu'elle soit, directe ou indirecte.
Malheureusement nous avons à vivre, la vie n'est pas l'absolu,
28.
418 LES LANGUES MODERNES
et voilà pourquoi tant d'élèves sont muets. De quel cœur je
me rallierais à une méthode qui n'aurait pas à s'inquiéter
de cette inégalité des dons naturels, et dont l'infinie sou-
plesse la rendrait également efficace pour l'élite et pour les
cancres ! (Il est vrai qu'il n'y aurait j)lus de cancres !). En
attendant, revenons sur cette terre, où sévissent tant d'iné-
galités et de diversités, et voyons de tout près les reproches
qu'on nous adresse.
Quand on en vient à l'analyse des griefs énumérés par
M. Cahen, on voit que ce sont de simples constatations, ras-
semblées en réquisitoire, et qu'il serait facile, en remontant
à nos souvenirs de 1913 et 1914., de leur opposer autant de
constatations contraires, groupées à leur tour en forme de
plaidoiries. Mais on peut aussi retourner quelques-unes de
ces constatations contre celui qui les apporte.
Ainsi, je me demande comment concilier ces deux allir-
mations: 1° le vocabulaire est indigent ; 2° la méthode directe
enseigne rapidement le vocabulaire concret. Je ne trouve
point si indigent l'élève; qui possède déjà ce vocabulaire con-
cret. Mais M. Cahen veut que la méthode directe s'arrête,
frappée d'une impuissance totale, au seuil du vocabulaire
abstrait. Y a-t-il donc dans la vie deux domaines ainsi déli-
mités que leurs confins ne se chevauchent quelque peu ?
Existe-t-il entre le concret et l'abstrait une haute muraille de
montagnes sans col ni passage ? Au contraire, le concret et
l'abstrait se mélangent d'une manière parfois si intime qu'il
est délicat de les dissocier, et bien souvent nous n'avons
piesque rien à faire pour « concrétiser l'abstraction ».
« Il n'y a », dit M. Cahen, « aucun rappoi't entre le signe et
la parole »i : et il montre l'élève, à qui on dit, avec une
mimique expressive, « Sugar is siveet », en train de com-
prendre que le sucre est bon, que le professeur aime le sucre,
tout, excepté le sens véritable : le sucre est doux. Quelle
facile exagération ! Il est si simple de mimer, en liaison avec
sweet, les sens de bitter, soiir ; de montrer le café avant et
après l'introduction du sucrfe dans la tasse : que sais-je ?
cent procédés se présentent à l'esprit, et quand on a épuisé
toutes ces vérifications et ces recoupements, bien mal doué
l'élève qui n'a pas su de quoi il s'agissait ! M. Cahen fait
trop volontiers fi de nos petits moyens, dont l'expér'ienc©
quotidienne proclame l'efficacité.
Des élèves de seconde, dit notre collègue, ont manqué leur
composition finale à cause d'un mot — abstrait, bien enten-
U'ESPRIT qui VIVIME 419
du — qui figurait dans le texte donné : anecdote bien dan-
gereuse, bien faite pour éclater dans la main de l'opérateur !
Je n'y insiste pas. Des élèves confondent to ivonder avec to
wander ; combien d'autres confondent inclination avec incli-
naison, quoique nos collègues de français n'usent pas de
notre méthode ! La grammaire ? Va\ admettant qu'elle soit
plus difficile à enseigner pour l'allemand que pour l'anglais
(quoique, contrairement à l'opinion commune, la grammaire
anglaise existe), s'ensuit-il qu'on ne puisse l'enseigner qu'en
français ? S'ensuit-il qu'il faille enseigner d'abord le para-
digme, d'abord la règle, et seulement plus tard l'application
et l'exemple ? Il ne manquera pas sans doute de germanistes
pour penser le contraire. Quant à moi, j'ai éprouvé que la
meilleure manière d'enseigner la grammaire anglaise, c'est
de faire patiemment sortir la règle des exemples, répétés
avec insistance et variété ; c'est de faire du paradigme,
appris par' cœur, un aboutissement et non un point de
ilépart. A mon tour, malgré le danger des anecdotes, je puis
dire que cette année même, en 5", j'ai obtenu" de mes élèves
qu'ils parvinssent tout seuls à extraire, d'un certain nombre
de phrases appropriées, la règle de can et may, à dire en
quoi ces auxiliaires diffèrent des verbes complets, et à rédiger
cette règle en un anglais, ma foi, tout à fait convenable.
Très bien, va m'objecter M. Cahen ; mais vous n'avez ainsi
développé ni leur réflexion, ni leur mémoire mécanique.
— Excusez-moi, mais il me semble avoir bien travaillé à
développer l'une d'abord, pour aboutir à la règle ; puis l'au-
tre, pour la faire retenir.
Si M. Cahen, fidèle à sa promesse, s'était borné à accumu-
ler les faits pédagogiques observés par lui, notre désaccord
n'aurait pas de conclusion possible, chacun maintenant mor-
dicus ses constatations. Mais M. Cahen, encore qu'il s'en
défende à l'avance, ne peut pas faire autrement que de tirer
de sa pratique une théorie ; de ses expériences personnelles,
des vues générales. Il a même été presque impossible, dans
les pages qui précèdent, de discuter les unes sans s'attaquer
aux autres, tant elles se lient étroitement (toujours l'interpé-
nétration du concret et de l'abstrait !) S'élevant donc au-
dessus de ses déconvenues, M. Cahen les contemple en phi-
losophe et les ramène toutes à une cause unique : la méthode
420 LES LANGUES MODERNES
directe. Je crois avoir montré que dans certains des cas
choisis par M. Cahen, la méthode ne saurait être mise en
cause. On ne peut la rendre responsable ni de la difficulté
que présenterait l'enseignement de la grammaire allemande,
ni de certaines erreurs des élèves, erreurs dont l'équivalent
se retrouve en classe de français ; ni du manque d'imagina-
tion ou d'initiative de certains professeurs ; ni de l'inégalité
des dons naturels ; ni du recrutement de nos élèves ; ni enfin
de la guerre, avec ses innombrables répercussions. Il est bon
d'écarter d'abord tous ces reproches, qui portent à côté, pour
retenir ceux que M. Cahen formule vraiment cette fois con-
tre la méthode elle-même.
Autre chose, dit-il, est d'apprendre sa langue maternelle,
autre chose une langue étrangère. On ne peut pas employer
les mêmes procédés pour l'acquisition des deux. Surtout, la
classe en langue étrangère est un milieu artificiel, et nous
manciuons des sanctions qui, dans la réalité, contrôlent et
châtient les fautes de l'enfant : besoin de s'exprinTer, crainte
du ridicule. Que nos classes en anglais ou en allemand créent
un milieu artificiel, je ne songe nullement à le nier : ce
serait d'ailleurs diminuer leur mérite, et toute éducation
n'est au fond qu'un artifice. Comment ce milieu ne serait-il
pas artificiel ? Et qu'importe d'ailleurs qu'il le soit, si nos
élèves sont consentants et complices, comme ils le sont dès
qu'il s'agit d'une comédie à: donner, d'un rôle à tenir? Les
sanctions qui peuvent jouer dans cette société artificielle
sont très suffisantes pour atteindre leur but. Croyez bien que
l'élève fait effort pour être compris du professeur, volontai-
rement sourd tant que la question n'est pas correcte ; et
l'élève qui s'exprime le plus mal tombe dans le ridicule aux
yeux de ses camarades. Assurément l'atmosphère que nous
nous efforçons de faire régner entre nos quatre murs fran-
çais n'est pas la parfaite atmosphère de l'étranger, nul de
nous n'y prétend : notre seule ambition, très modeste, est
d'aider un peu le travail d'assimilation de nos élèves par des
moyens nécessairement artificiels. Au surplus, M. Cahen lui-
même elTace et annule cette distinction subtile entre la lan-
gue maternelle et la langue étrangère, lorsqu'il proclame que
rien ne remplace la nîéthode directe pour l'acquisition du
vocabulaire concret : nous le verrons tout à l'heure. Que
reste-t-il alors du reproche c[ue je viens d'examiner ?
Il en est un autre, plus grave, et qui semble avoir déter-
l'esprit qui vivifie 421
miné rhostilité foncière de notre collègue contre la Méthode
directe. Le mieux en pareil cas est de citer :
« La méthode directe appliquée rigoureusement dans les sept
classes de nos lycées, depuis la sixième jusqu'à la Philosophie,
est une école d'imprécision. Elle désorganise lentement, mais
profondément, l'esprit de nos élèves. Elle y cultive les mauvai-
ses habitudes que nos <?oliègues de français s'efforcent de gué-
rir, »
Ainsi, quand des élèves, au terme de leurs études secon-
daires, confondent to woiider avec to wander, ce n'est pas
un accident, c'est le résultat logique, naturel et nécessaire de
notre façon oHicielle d'enseigner les langues vivantes. Si
nous laissions subsister cette accusation, nous mettrions en
péril toute la situation acquTse par notre enseignement à la
faveur des réformes de 1902. Mais je la relis, et mon esprit
aussitôt y souligne un mot que M. Cahen ne pense pas à sou-
ligner : c'est le mot rigoureusement. Je crois que nous tou-
chons ici au cœur même du débat, sur lequel ce simple
adverbe va jeter des clartés nouvelles. M. Cahen a manifes-
tement la passion de l'absolu. Nous l'avons vu se plaindre
des atteintes portées « au principe de continuité absolue » ;
il a reproché à nos classes de n'être pas un milieu étranger
absolu. Maintenant le voici en guerre contre la méthode
directe absolue. D'accord, mon cher collègue ! Mais quelle
conception vous étiez-vous donc faite de la méthode directe ?
L'auriez-vous compromise, comme l'ont fait certains d'entre
nous, en la poussant au delà de ce qu'elle peut donner ?
Toute idée suscite autour d'elle des fanatiques, qui exigent
d'elle l'impossible, l'absolu, et qui, ne l'ayant pas obtenu, se
retournent contre elle avec toute l'amertume de leur décep-
tion.
Je ne crois pas que la conception étroite et rigide dont
M. Cahen veut nous affranchir soit celle de la majorité d'en-
tre nous. S'interdire à tout jamais et sous aucun prétexte de
laisser échapper en classe un mot de français, — se refuser
constamment un contrôle rapide en français, — ce sont là
des erieurs depuis longtemps reconnues et, croyais-je, aban-
données. Il se peut bien qu'un élève garde sept ans dans
l'esprit une idée fausse d'un mot étranger: la chose n'est pas
moins possible'^en français. Mais un accident, une faiblesse
individuelle, c& n'est pas assez* pour condamner toute une
méthode.
422 LES LANGUES MODERNES
Contre l'imprécision que diagnostique M. Cahen, le bon
sens et les instructions officielles sont d'accord pour nous
suggérer un remède : la traduction. Y a-t-il incompatibilité
entre l'acquisition directe du vocabulaire et le contrôle de
cette acquisition à l'aide de la traductions ? Où serait-elle ?
La traduction ne vient jamais s'interposer entre l'objet ou
l'idée et l'esprit de l'élève. Elle n'entre en jeu qu'après un
intervalle très appréciable, p'endant lequel l'enfant n'a pas
rapproché le mot français du mot étranger. Autrement dit, la
traduction systématique et suivie, la version n'est pas
un exercice de C ni de 5''. Tout ce que l'on peut
admettre à l'égard des débutants, c'est, une fois de loin
en loin, pour rattraper ceux qui déjà seraient des traînards,
un sondage extrêmement rapide, presque furtif, pratiqué
pour ainsi dire à l'insu dé la classe, de manière à ne pas
intervenir dans la formation directe du vocabulaire concret.
Il serait dangereux d'apporter à ces vérifications une main
tant soit peu lourde, il serait très dangereux de les renouve-
ler fréquemment. Il me semble que tout le monde est à peu
près d'accord sur ce point, et qu'il n'est nul besoin d'y
insister.
Quant à l'utilité de la version en 4'" et en 3% elle est ins-
crite dans les instructions qui nous dirigent, et qui vien-
draient tempérer, si la pratique et le bon sens ne s'en char-
geaient déjà, les théories absolues dont M. Cahen entreprend
la démolition. Certes, là encore, il ne faudrait pas courir aux
excès : la méthode directe offre assez de ressources pour que
la version n'y soit qu'un exercice entre beaucoup d'autres.
En outre, la démarcation n'est pas si tranchée entre la cin-
quième de juillet et la quatrième d'octobre : ce sont les
mêmes élèves, après des vacances où ils ont plus oubliés
qu'appris. Pourquoi bouleverser dès la rentrée les méthodes
qui les ont si bien formés et dont ils ont acquis l'accoutu-
mance ? Ne lisait-on pas en 5^ ? La lecture en 4* deviendra
plus systématique voilà tout ; elle sera le grand procédé
d'enrichissement du vocabulaire, qui reste encore, et long-
temps, en grande partie concret, ouvert à l'acquisition direc-
te. Ne croirait-on pas, à entendre M. Cahen, que dès l'entrée
en 4^ tout se hérisse d'abstractions, impossibles à définir, de
synonymes si délicatements nuancés qu'aucune approxima-
tion ne parvienne à les différencier ? La choi^ se rencontre :
mais si vraiment on y éjJuisD sans succès tous les moyens
directs d'explication, pourquoi ne pas reconnaître qiie la
LKSPRIT Qll VIVIFIE 423
(lidiculté est exceptionnelle, et ne i)as la résoudre par le pro-
cédé exceptionnel de la traduction ? Mais pour M. Cahen,
épris d'absolu, les moyens; directs d'explication ne réussis-
sent jamais. Il écarte tour à tour; les contraires, dont j'ai
esquissé l'emploi à propos de sweet ; les synonymes, —
inexistants peut-être pour un Littré, mais acceptables dans
notre sphère plus modeste ; les étymologies, — parce que
certaines sont trompeuses ; la définition, — comme imprati-
cable ; bref, tous les procédés d'un usage courant et fécond
pour l'extension du vocabulaire. Pour ma part, j'ai la fai-
blesse de leur rester fidèle, parce que l'expérience m'a
démontré leur utilité, — toute relative, je m'empresse de le
dire, — et je ne vois pas bien par quoi les remplacer. L'im-
précision qu'on les accuse de faire naître est facile à dissi-
per, et la lecture expliquée, lente, complexe, bien préparée
par le professeur, aboutissiiiit parfois, toujours pour les poé-
sies, à une traduciton, reste à mes yeux l'exercice typique de
4' et de 3".
.l'arrivé ainsi au second cycle, dont je n'ai pas encore
parlé. M. Cahen prétend que nos élèves y accèdent avec un pau-
vre vocabulaire, imprécis et incorrect, bon tout au plus pour
une médiocre conversation ; et il conclut, comme il faut s'y
attendre, que nous ne concourons en rien à la culture générale;
que notre enseignement, bassement utilitaire, est incapable
d'assurer à ceux qui le reçoivent le moindre bénéfice intel-
lectuel. Basée sur le reproche fondamental d'imprécision
dont je viens d'exposer l'importance, cette conclusion tombe
d'elle-même si sa base est ruinée. Si, par la traduction sage-
ment mesurée, nous combattons avec succès les quelques
idées fausses nées chez nos élèves, il ne reste rien de la
grave accusation portée contre nous. Nous nous retrouvons
alors à armes égales en face l'un de l'autre, forts chacun
de son expérience personnelle, les constatations de l'un,
apportées en toute bonne foi, sans souci de démonstrations,
valant les constatations de l'autre. Or, mes souvenirs, pour
ne pas se présenter sous forme de statistiques, n'en sont pas
moins nets ^et concluants, et tous se reportent à la période
normale d'avanteguerre, où la méthode directe donnait son
plein effort et son plein rendement. Du Kipling dès la 3'.
authentique, bien entendu ; en 2-, du Washington Irving et
424 LES LANGUE^ MODERNES
de nombreuses pages classiques ; en 1", Dickens alternant
avec Shakespeare, voilà ce qu'ils me rappellent. Je vous
garantis que l'on se passionnait contre les bourreaux de
David Copperfield ; et je voudrais pouvoir montrer certaine
dissertation où l'on comparait les deux discours de Brutus
et dé Marc-Antoine. C'est dire combien vivantes étaient ces
classes d'explication de texte et de lecture que M. Cahen
nous peint si désespérément ternes et stériles. Nous avions
encore le temps de faire d'autres lectures, aboutissant à des
traductions parfois, je ne fais nulle difficulté de le dire.
N'ai-je pas obtenu ainsi une excellente version en vers du
Faust mourant de Marlowe ? Et le célèbre passage de John
of Gaunt sur «cette pierre précieuse sertie dans la mer d'ar-
gent », que nous avons examinée à un triple point de vue ;
historique, dramatique et contemporain ? Même Milton a été
étudié, et le poète enjoué de l'Allégro comparé au puissant
écrivain du Paradise Lost.
Tout ceci prouve qu'une classe d'anglais peut — et doit —
au même titre que n'importe quelle autre classe, contribuer
à cet embellissement, à cet élargissement de l'esprit, but
supérieur de notre long effort. J'irai même jusqu'à dire que
peu de maîtres sont plus vite que nous récompensés de leurs
peines, car nous voyons naitre sous nos yeux et grandir,
d'année en année, l'entrain à la conversation; le goût de la
lecture et de la poésie, enfin le sens des nobles et belles
choses. Nous prenons un enfant ignorant tout de la langue
étrangère, et il sort de nos mains familier avec cette langue,
non seulement capable de l'utiliser à toutes fins pratiques,
ce qui ne serait pas déjà si ridicule, mais aussi d'en tirer
le profit intellectuel que procure le contact des grands
ouvriers de la tâche humaine. C'est pourquoi, lorsque nous
parlons d'humanités modernes, nous reportons mentalement
sur la méthode directe le mérite de leur possibilité. Non
que cette méthode soit parfaite ! Il faudrait., pour l'affirmer,
être imbu de l'étroit fanatisme que je dénonçais plus haut.
Mais telle *quelle:, avec ses imperfections, que chacun corrige
de son mieux, suivant son tempérament et suivant les cir-
con.stances, elle est la seule que je reconnaisse capable de
mener à bien la tâche qu'on attend de nous et de sauve-
garder notre dignité au milieu des disciplines autres et par-
fois rivales. Je déplore sexilement qu'on l'ait découronnée de
sa sanction logique ; la composition en langue étrangère,
pour y substituer une version, ce qui est admissible, et un
l'espkit qui vivifie 425
thème tiré de cette version, ce qui n'est guère défendable.
C'est une atteinte sérieuse à l'hoinogénéité de notre enseigne-
ment qui fut basé d'ailleurs sur un référendum étrangement
prématuré et brusque.
A cette méthode, éprouvée et sincèrement adoptée par la
plupart d'entre nous, que nous enseignions l'allemand ou
l'anglais, l'italien ou l'espagnol, que voudrait substituer
M. Cahen '? Après des critiques si véhémentes, si étudiées,
si nombreuses, portant sur la pratique et la théorie, j'atten-
dais, je le confesse, une révélation positive, l'exposé d'une
méthode nouvelle qui restaurât l'édifice croulant, et par
laquelle rien ne serait sacrifie à la conversation bassement
utilitaire, tout se résoudrait en bénéfice intellectuel, sans
perte de temp«^, mais tout en ne négligeant pas les résultats
pratiques. J'ai connu la surprise et la déception. J'ai été
surpris de voir l'attaque de M. (^ahcn aboutir à un éloge de
la méthode directe que je tiens à citer en entier, avec ses
réserves, parce que, tel c{iicl, il ruine une bonne partie de ses
arguments les plus ingénieux. Le lecteur jugera :
• ...Je ne demande pas l'annulation pure et simple de la
réforme de 1901. Je sais qu'elle a tire notre enseignement de la
torpeur que nous avons eonnue sur les bancs de la classe. Elle
a fait entrer dans nos maisons le large souffle de la vie. Certains
exercices qu'elle a introduits ou généralisés dans notre pratique
quotidienne représentent une conquête pédagogique de premier
ordre. Nous ne voulons pas y renoncer. Tous mes griefs se résu-
ment à un seul : la méthode directe a, de par sa nature même,
des limites au delà desquelles il est dangereux de l'employer. Je
pense l'avoir montré en étudiant l'enseignement du vocabulaire :
elle est une méthode intuitive, elle n'est que cela et rien d'autre. Je
n'en sais pas de meilleure pour nos jeunes élèves de 6* et de 5\
Elle les jette en pleine eau ; elle assouplit les organes vocaux,
affine l'oreille, enseigne rapidement le vocabulaire concret,
enhardit le débutant à la conversation. Méthode orale, elle alour-
dit et dénature l'exercice de la lecture ; elle ralentit l'acquisition
des hautes abstractions du langage et donne à l'esprit de redou-
tables habitudes d'imprécision. Je me résume et je conclus : la
méthode directe donne rapidement des résultats pratiques qui ne
sont pas négligeables, mais on' ne saurait lui demander une
culture quelconque de l'esprit. »
426 LES LANGUES MODERNES
Quand on songe que l'auteur a constamment dans l'esprit
une conception absolue — et démodée — de la méthode
directe ; quand on sait ce que l'on peut répliquer à ses accu-
sations, ce morceau constitue en faveur de cette méthode
l'éloge le plus complet que l'on puisse souhaiter. Il ne reste
donc plus à M. Cahen qu'à adopter la méthode directe en
6" et en 5% où elle fait, dit-il, merveille. Détrompez-vous !
M. Cahen fera traduire à la fin de chaque classe le vocabu-
laire acquis au cours de cette classe ; il fera des classes de
grammaire systématique en français, avec paradigmes à
savoir par coeur. C'est ce qu'il annonce en ces termes : « La
pratique intégrale de la méthode directe... est limitée... aux
classes de 6" et 5* » ! Pratique intégrale ! O abus des mots !
En 4', et au delà, « l'explication se fait en français ; on
traduit le texte, et on le commente succinctement en fran-
çais. » Il y aura cependant des exercices oraux en langue
étrangère, qui prendront ec 4^ les 2/3 de la classe, pour
diminuer progressivement jusqu'à 1/3 en 1" : plus l'élève
peut s'exprimer facilement, plus il faut lui en refuser l'occa-
sion.
Comme devoir, ^L Cahen, que la récente « réforme >> du
baccalauréat doit combler d'aise, ne voit et ne prône que le
thème d'imitation, et il avance en sa faveur cette raison inat-
tendue : tous les concours des grandes Ecoles comportent
un thème ! Par suite, sans doute, d'un décret spécial de la
providence.... " La grammaire doit être en français. » « jLJn
bon dictionnaire étranger-français. » Tout l'api^areil d'étude
des langues luortes. Pour couronner cette construction
M. Cahen, au milieu d'idées justes sur la liaison de notre
enseignement avec celui de l'histoire, propose une série de
conférences en français sur l'histoire littéraire du pays
étranger dont nous enseignons la langue.
J'ai parlé de déception. C'est que je connais un système
d'enseignement des langues modernes qui ressemble comme
un frère à celui qui nous est ici proposé : c'est celui qui fai-
sait régner la « torpeur » sur les bancs de la classe. La
no'uveauté de M. Cahen est une régression pure et simple.
Tout ce qu'il préconise, on l'a fait avant nous, on l'a rejeté
pour adopter la méthode directe, non seulement en France,
mais à peu près partout dans le monde. Les concessions à
l'esprit moderne introduites dans le vieil organisme ne sont
qu'apparentes. On ne peut pas mener une classe à la fois en
français et en langue étrangère. A mélanger les deux métho-
L'ESPHIT Ql'I VIVIFIE 427
(les, {|ui sont inconciliables, on risque simplement de les
fiiusser toutes deux : il faut choisir. Quant aux conférences
sur les hauts sommets littéraires, prenons garde de faire au
lycée de l'enseignement supérieur sous sa forme la plus futile
e* la plus oratoire. A coup sûr, M. Cahen m'a déçu en con-
lirniant à mes yeux cet adage, que détruire n'est rien auprès
de construire. Qu'il me soit permis d'ajouter qu'à mon avis
il n'a rien détruit, et — malgré- la discourtoisie non voulue, et
dont je m'excuse, d'une expression commode, — qu'il a sur-
tout enfoncé des portes largement ouvertes.
Si les critiques et les i^ropositions de notre collègue repré-
sentaient l'opinion de tous les professeurs d'allemand, il ne
s'agirait plus tant de les critiquer que de les admettre
comme un fait important, devant lequel on ne peut que s'in-
cliner. C'est ce que semble faire M. Maillan, dans la très
intéressante réponse qu'il a écrite pour la Revue Universi-
taire (1). Pour moi, je ne pense pas que M. Cahen soit suivi
par la majorité des germanistes, chez lesquels se trouvent
quelques-uns des défenseurs les plus attitrés de notre ensei-
gnement actuel. Cet examen de conscience fait en public
n'en est pas moins un symptôme à la fois heureux et fâcheux:
heureux en ce qu'il montre nos scrupules professionnels et
notre profonde sincérité ; fâcheux peut-être, s'il fournit des
arguments spécieux aux gens qui ne sont pas les partisans
ou les adversaires d'une méthode, mais les ennemis achar-
nés des langues modernes. Peut-être n'y a-t-il au fond, entre
'SI. Cahen et nous, qu'un sérieux malentendu. Peut-être a-t-il
donné une interprétation étroite, un tour absolu, à de sim-
ples indicaflons toutes relatives. En tout cas, ses griefs lui
demeurent, jusqu'à présent, personnels. Il les a érigés en
doctrine. Mais j'estime que si, en 1917 ou 1918, pour les rai-
sons diverses que j'ai rappelées, les élèves de Valence n'ont
pas donné, en allemand, tout ce qu'on attendait d'eux, —
ce n'est pas une raison suffisante pour bouleverser dans
toute la iFrance une manière d'enseigner qui a fait ses
preuves, que la majorité continue à préférer, et qui est liée
si intimement à la place que nous avons su conquérir dans
l'enseignement secondaire.
A. RiVOALLAN,
(1) N» 4. avril 1920.
La Reichsschulkonferenz
Retardée par les troubles du coup d'Etat de Kapp-Lutt-
Avitz, la Reichsschulkonferenz n'a pu se réunir qu'en juin, du
11 au 19. Ce retard de ti'ois mois lui a nui grandement. Les
événements marchent vite, en ce moment, en Allemagne, et la
situation, au moment où les séances s'ouvrirent, n'était plus
la même qu'au moment où la conférence avait été convo-
quée. Peut-être faut-il attribuer à cette circonstance le désap-
pointement qui se révèle dans la presse à l'occasion de cette
assemblée. On avait fondé sur elle des .espoirs prodigieux.
Elle devait être une manifestation unique dans les annales
de l'enseignement, une Constituante chargée de légiférer et
d'élaborer le statut définitif de l'Ecole. Elle a été, en réalité,
un congrès toufTu, confus, empêtré dans les théories pédago-
giques les plus variées et dans des conceptions politiques et
philosophiques disparates. Malgré une préparation très cons-
ciencieuse des questions traitées, et malgré les efforts méri-
toires de son président et organisateur, le sous-secrétaire
d'Etat Schulz, pour assurer une stricte discipline des débats,
elle n'a, en somme, abouti à aucun résultat positif. Peut-
être avait-elle été trop ambitieuse en cherchant une solution
définitive à tous les problèmes scolaires de notre époque.
C'est à grand'peine qu'elle a réussi à les énumérer, et elle a
dû, en présence des difficultés rencontrées, renoncer à être
autre chose qu'une consultation pédagogique sans aucune
sanction. On peut se faire une idée de ces difficultés par les
aperçus suivants : près de 700 participants, délégués par
tous les ordres d'enseignement, toutes les classes de la
société, tous les partis politiques ; 8 groupes de questions, 22
commissions et un nombre imposant de sous-commissions,
un ordre du jour si chargé, que la seule publication des rap-
ports et l'énuméralion- des matières à traiter remplissent un
gros volume de près de 900 pages (1) ; une limitation très ri-
goureuse des débats: 10 minutes accordées à chaque rappor-
(1) « Die deutschc Scliiiheform » Librairie Quelle et Meyer, Leipzig,
1920,1 vol., 886 pages, 80 .Mk. Ce vohime, publié en mars, était destiné
à servir d'aide-mémoire aux congressistes.
LA REICHSSCHLLKOXFEREXZ 429
leur pour exposer ses conclusions, 5 minutes à tout orateur, à
condition {l'être inscrit à l'avance, pour faire valoir ses objec-
tions ou ses propositions: tout contribuait à étriquer, si je puis
dire, le grandiose projet primitif. Faut-il s'étonner dès lors,
que rien de nouveau ne soit sorti de ces débats ? Ils ne pou-
vaient être qu'une énuniération rapide de théories que la
brièveté des discussions ne permettait ni de réfuter ni de
conrilier sérieusement.
Il n'est guère possible, dans le cadre restreint d'un article,
de retracer, même en les résumant, ces débats touffus. Quel-
ques-unes des questions traitées présentent cependant pour
nous un vif intérêt, soit cp-i'elles se posenT également dans
notre pays, soit qu'elles révèlent les tendances de l'enseigne-
ment en Allemagne. Toutefois, en exposant les principaux
problèmes qui ont occupé la Conférence, il convient de se
rappeler qu'elle a pour ainsi dire, délibéré dans l'absolu,
sans se soucier de la réalisation et surtout des possibilités
financières de mise en pratique des systèmes proposés.
On peut affirmer que la Conférence a été un effort d'unili-
cation, de centralisation de l'enseignement. Sans difficultés
à la presque unanimité, elle a admis en principe que l'éduca-
tion nationale était du ressort du Reicli, et que la création
d'un organisme central de l'Instruction Publique s'imposait.
Elle a également admis que les membres du corps enseignant
devaient être fonctionnaires du Reich, et que leur statut
devait être uniforme. Il est vrai que dans la suite, la confé-
rence n'a pas hésité à se déjuger, et qu'elle a rendu aux
Etats particuliers une large part dans l'administration de
l'enseignement. Si l'on • ajoute - quelques points de détail
(unification de l'année scolaire, date des vacances, etc.), on
aura à peu près épuisé la série des questions sur lesquelles
l'unanimité a été réalisée. Les vœux tendant à l'unification
du statut du personnel, à celle de la durée des études et de
\p date des congés, ont les plus grandes chances d'être adop-
tés par tous les Parlement locaux.
Parmi les grandes questions posées devant le congrès il en
est trois qui ont particulièrement retenu son attention puis-
qu'il a été consacré un jour entier à chacune d'elles : ce sont,
dans l'ordre de la discussion : l'organisation scolaire
(Schulaufbau), la préparation des maîtres, enfin la pédagogie
du travail.
430 LES LANGUES MODERNES
La première est politique autant que pédagogique. Nous la
connaissons, car elle se pose chez nous également ; c'est en
deux mots la question de l'école unique. On reproche à l'an-
cien système de maintenir la séparation entre les classes socia-
les ; on sacrifie, dit-on, 95 0/0 de la population scolaire pour
distribuer à 5 0/0 les bienfaits d'une culture supérieure, et ces
5 0/0 ne sont pas les meilleurs, mais ceux que la fortune ou
la naissance ont favorisés. Il faut réparer cette injustice,
faire équitablement la sélection de l'élite, éliminer à tous les
degrés les non-valeurs. Les partis d'extrême-gauche propo-
sent de négliger délibérément les 5 0/0 de l'élite les « dix
mille des classes supérieures » (Obère Zehntausend) et de
pratiquer la culture des masses (Massenkultur). Ils restent à
peu près seuls de" leur opinion. Mais une autre solution réunit
les partis les plus différents : Elle consiste à dire : pour réa-
liser cette sélection de l'élite, il est nécessaire que tous les
enfants sans distinction d'origine, passent par la même école,
et que seuls les meilleurs accèdent aux degrés supérieurs. Un
premier pas a été fait dans "cette voie par l'institution de
l'école élémentaire (Grundschule) obligatoire pour tous pen-
dant 4' ans. La loi actuelle votée en avril dernier, maintient
les divers types d'école existant actuellement, au delà de la
quatrième année d'études. La question posée à la conférence
était : Faut-il maintenir ce système ou prolonger la période
de l'école unique de deux, trois ou quatre ans ? La politique
se mêle ici très intimement à la question scolaire. L'école
unique est. incontestablement une revendication démocrati-
que et la prolongation de la Grundschule à 6 ou même à
9 années a été vigoureusement appuyée par les partis de gau-
che. Mais, fait étrange et digne de remarque : cette proposi-
tion n'a pas rencontré parmi les délégués conservateurs l'op-
position que l'on aurait pu en attendre. Ceux-ci se sont ral-
liés assez facilement à l'idée de l'école unique, se réservant
d'imposer leur conception au moment où seraient discutés
les programmes de ces établissements : et ils ont en effet
proposé que l'école unique ainsi instituée eût le programme
de r « école allemande » ou « gymnase allemand «, c'est-
à-dire que toutes les matières enseignées fussent subordon-
nées à l'allemand et au point de vue allemand, à l'e^cclusion
de tout élément étranger. Et il semble bien que les objections
à cette proposition n'aient pas été bien fortes.
La différenciation des écoles a été réclamée par la plupart
des professeurs de l'enseignement secondaire et supérieur.
LA REICHSSCHULKONFERENZ 431
Le groupe des « Réformateurs radicaux de l'école » (Bund
entschiedcner Schulreformer) a proposé un système extrê-
mement souple : 12-16 heures d'enseignement fondamental,
de 6 à 16 ans, et, au choix de l'élève, suivant ses aptitudes,
un certain nombre d'enseignements facultatifs. Il semble
malheureusement que ce projet, très intéressant, ne soit
guère réalisable, à cause de ses répercussions linancières ;
comme il ne sera pas possible d'entretenir partout des chai-
res peut-être sans auditeurs, le choix sera forcément limité
aux enseignements déjà existants, et les possibilités d'option
seront très restreintes.
Une autre motion transactionnelle, adojjtée finalement par
la commision, propose l'organisation suivante :
1) A la base une Grundschiiœ d'une durée de 6-8 ans, ou
bien, dans les villes et pour les enfants destinés à l'enseigne-
ment secondaire, 4 ans suivis ' d'une école moyenne
(Mittelstufe) de 3 ans, donnant accès à l'enseignement secon-
daire.
2) Au-dessus de la « Grundschule », une bifurcation dont
les deux branches peuvent aboutir à l'enseignement supé-
rieur ; d'une part les établissements secondaires à 3 ou à
6 classes (Realschulp, Lyceum, ou Gymnasium, Realgymna-
sium. Oberrealschule, deutsche Oberschule), de l'autre une
école primaire (Volksschule) aboutissant à l'école technique
professionnelle, soit à une école de perfectionnement
(Aufbauschule) donnant accès à l'Université après 4 années
d'études. .
Il est remarquable que le maintien des écoles privées, sup-
primées par la loi sur la « Grundschule » a été demandé ;
ces écoles constituent en effet d'utiles champs d'expériences.
C'est aussi à l'initiative privée que l'on abandonne l'éduca-
tion de l'enfance dans la période pré-scolaire (jardins d'en-
fants, etc.).
On a bataillé ferme également sur la formation des maî-
tres. On reproche aux professeurs de l'enseignement secon-
daire de ne recevoir qu'une préparation pédagogique insuf-
fisante, aux professeurs de l'enseignement primaire, de ne
posséder qu'une culture générale rudimentaire. Pour y remé-
dier les représentants de l'enseignement primaire réclament
une préparation uniforme pour tous les candidats à un poste
d'enseignement, et l'accès de ces candidats à l'université. Les
représentants de l'enseignement supérieur se sont opposés
énergiquement à ce vœu ; ils se sont par contre déclarés
432 LES LANGUES MODERNES
favorables à l'établissement d'écoles pédagogiques (padago-
gische Hochschule) par lesquelles devrait passer tout can-
didat à un poste d'enseignement soit primaire (à la sortie de
Ir « deutsche Oberschule » ), soit secondaire (après les étu-
des à l'université). Les professeurs de l'enseignemeat supé-
rieur collaboreraient volontiers à l'ejaseignement dans ces
écoles.
Enfin, il y a lieu de noter tout particulièrement la transfor-
mation des écoles d'instituteurs (Lehrerseminare) en
« deutsche Oberschulen », c'est-à-dire en écoles oii le
caractère nationaliste allemand des programmes est particu-
lièrement accentué. On semble compter Outre-Rhin sur le
maitre d'école pour préparer la revanche.
Si nous pouvons en somme nous applaudir de ce que, sur
les deux points énumérés ci-dessus, il ne soit pas intervenu
de solution définitive, et si les solutions proposées nous lais-
sent l'inquiétude de voir peut-être l'école dresser la jeunesse
allemande à l'orgueil de race et à l'agression de ses voisins,
en revanche le débat sur la pédagogie du travail a été des
plus intéressants. Il s'est dit, tant en séance plénière que
dans la Commission, beaucoup de choses excellentes, neuves,
et — pour l'Allemagne surtout, — révolutionnaires. C'est une
révolution pédagogique de proclamer en Allemagne que le
but de l'école n'est pas de former des sujets obéissants et
des fonctionnaires chargés, de multiples diplômes, mais des
citoyens libres ; c'est une révolution de substituer au prin-
cipe iVi^nitçrité celui de responsabilité, à l'enseignement exté-
rieur, que l'on verse dans les mémoires, la formation de l'es-
prit par l'expérience et la réflexion. C'est aussi une révolu-
tion véritable de ne plus séparer comme on le faisait, d'une
part la famille et l'école, l'éducation et l'instruction, de l'au-
tre l'école et la cité. Les hardis réformateurs qui se sont
occupés de cette question considèrent l'école comme une
petite cité, comme une « communauté de travail >>
(Arbcitsgemeinschaft) que tous ses membres ont intérêt à
faire prospérer, où tous peuvent exprimer leur opinion et la
faire valoir pourvu qu'elle soit juste, où tous sont solidaires
les uns des autres. Et pour que cette discipline librement
consentie soit réelle ou donne à chacun — même aux élèves
— sa part de responsabilité, l'Assemblée de l'Ecole, qui se
réunit solennellement à certaines époques de l'année et
extraordinairement, selon les besoins, se compose des maî-
tres, de délégués élus par les familles (Eltcrnbeiriite) et de
délégués des élèves, désignés par leurs camarades.
l.A IIEICHSSCHCLKONFEHENZ 433
In autre point de cet intéressant projet semble emprunté
à nos programmes d'enseignement primaire, — où il est
d'ailleurs imparfaitement réalisé. Il s'agit de réhabiliter le
travail manuel. L'élève qui n'aura pas été admis à l'enseigne-
ment supérieur, ou que l'on aura dirigé sur l'enseignement
technique, ne doit pas être une non-valeur, ou avoir l'impres-
sion d'en~ctre une. Pour donner à l'enfant la notion que le
travail manuel n'est pas une déchéance par rapport au tra-
vail intellectuel, on cherchera, au cours des récréations, à
dévelo])pcr l'habileté manuelle de l'enfant, à tous les degrés
d'enseignement. Il apprendra à manier un outil, bêche ou
rabot, et à créer selon ses forces, ses aptitudes, sa fantaisie,
des objets usuels. Cela vaudra miénx que de tourner en rond
dans des cours maussades, comme le font tant de nos élèves
en attendant avec impatience l'heure de rentrer en classe —
non point d'aillexirs par amour de l'étude, mais par désoeu-
vrement. N'oublions pas que des prescriptions se trouvent
déjà dans les programmes de Jules Ferry, pour l'enseigne-
ment primaire, avec les mêmes limitations qu'ici (il ne s'agit
pas de faire l'apprentissage complet d'un métier, mais sim-
plement de développer chez tous les enfants l'ingéniosité et
l'habileté manuelle) : dans combien d'écoles, chez nous, cet
enseignement a-t-il pu être organisé ?
Il s'est- dit encore bien d'autres choses à la Reichsschul-
konferenz. Il n'est guère de sujet pédagogique qui n'ait figuré
à son ordre du jour. Malheureusement le nombre en était tel
qu'il n'a pu leur être consacré qu'un temps dérisoire, et que
les comptes rendus de la presse les passent à peu près tous
sous silence. Les questions dont nous avons parlé ont formé
véritablement le centre des débats. Ce sont les seuls au sujet
desquels il y ait eu une discussion un peu sérieuse, permet-
tant d'apercevoir les grands courants d'opinion. Nous avons
vu que ces courants, en ce qui concerne la formation des
maîtres et des divers types d'écoles, ne laissent pas d'être
inquiétants, et bien que le débat n'ait pas reçu de solution
définitive, nous avons lieu de craindre qu'il en intervienne
une qui soit peu favorable. Par contre, nous pourrons peut-
être tirer d'utiles indications de la pédagogie nouvelle for-
mulée à ce congrès. En proclamant le droit de l'enfant à ne
plus être traités co:nme une matière à expériences, en dévelep-
29.
434
LES LANGUES MODERNES
pant chez lui le sens de la responsabilité, en faisant tomber
les cloisons étanches qui séparent l'école de la famille et du
monde extérieur, elle affirme des choses qui déjà ne nou;s
sont pas étrangères, mais qui sont trop souvent demeurées
chez nous des formules. Nous pouvons souhaiter qu'elles
deviennent des réalités, et que nos maîtres, qui, au contraire
de leurs collègue^ d'Outre-Rhin, n'ont jamais perdii de vue
le souci d'être des éducateurs, donnent à l'école régénérée sa
place véritable dans la nation.
Gaston HIRTZ.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
Parlant le mois dernier à Birmingham, H.-d. Wells présen-
tait une intéressante défense* de l'utopisme. Quiconque veut
construire, dit-il, doit avoir une vision utopique de son édi-
fice. Faute de l'avoir eue, les fondateurs de la Société des
Nations ont abouti à une institution qui, loin de créer un
état d'esprit international, entretient ardents les patriotisrties
étroits et agressifs. De même l'absence de cette vision utopi-
que chez les bolchevistes explique leur impuissance à réali-
.ser le socialisme en Russie, où la terre ne tardera pas à
appartenir à de petits propriétaires, et les industries à des
capitalistes étrangers.
L'auteur de .4 Modem Utopia, romancier visionnaire et
observateur minutieux, se propose, par souci de docjmienta-
tion, d'aller en Russie y étudier l'état des choses. Rien ne
sera plus curieux que de savoir comment Wells aura réagi au
contact des réalités bolchevistes et de confronter ses obser-
vations avec celles que rapporte de Moscou la délégation tra-
vailliste.
Celle-ci fait justice de certains récits publiés dans la presse
dite capitaliste sur la garde chinoise, le luxe des commis-
saires, la nationalisatiqn des femmes ; elle notif avec admira-
tion l'effort considérable des Soviets pour amener plus de
justice sociale ; mais pour établir un bilan sincère, elle ne
manque pas de mettre en regard le prix dont les avantages
acquis sont payés : restriction de la liberté individuelle et
militarisation de plus ert plus sévère de l'atelier. Sa conclu-
sion^est qu'avec la guerre étrangère, la guerre civile et le
blocus, la Révolution Russe s'est développée dans des condi-
tions particulièrement difTiciles, « the Riissîan Révolution
has not had a fai^ chance «^ et qu'il importe à l'Angleterre
de faire avec la Russie une paix durable sur la base de la
non-intervention de l'une dans les affaires intérieures de
l'autre.
Pendant la retraite polonaise, le Labour Party a montré
436 LES LANGUES MODERNES
une sympathie agissante pour la Russie, sympathie qui s'est
surtout manifestée quand les armées bolchevistes étaient vic-
torieuses, tant il est vrai que même dans les milieux antimili-
taristes, les hommes ne peuvent rester insensibles aux succès
des armes. Dès que Varsovie fut menacée, les Trade-Unions,
revenant sur la décision prise à leur dernier congrès, se
déclarèrent prêtes à recourir à l'action directe pour empê-
cher leur pays d'intervenir dans le conflit russo-polonais, et
de fait elles désignèrent un comité d'action chargé d'imposer
au gouvernement une stricte neutralité. Neutralité n'est d'ail-
leurs qu'un euphémisme camouflant les sentiments dénués de
bienveillance des travaillistes à l'égard de la Pologne. Déjà le
1^' Mai dernier avait été l'occasion pour les masses ouvrières
de Londres défilant devant la légation -jjolonaise d'une mani-
festation contre le gouvernement de Varsovie. Cette hostilité
ne fit que s'accentuer lorsque la Pologne donna der. signes
de lassitude et qu'on put croire à sa capitulation prochaine.
De sorte que la générosité des classes populaires anglaises
ne s'étend pas à tous les faibles, elle se laisse émouvoir
par le succès militaire et elle est trop partiale pour ne pas
être suspecte.
Le Comité d'Action se félicite d'avoir épargné à l'Angle-
terre les risques d'une guerre. ^îais d'après M. Lloyd George,
il n'aurait fait qu'enfoncer une porte ouverte. C'est M. Lloyd
George qui doit avoir raison. On sait que dans les affaires
continentales, le Premier se soucie peu de montrer de la déci-
sion, de la fermeté et de l'esprit de suite ; il lui est plus
facile d'aller au secours du vainqueur. Cependaht, l'initiative
du Comité d'Action, bien que secondant l'effort gouverne-
mental, avait ceci d'inquiétant qu'elle. était anticonstitution-
nelle. La victoire polonaise a empêché que ■ la constitution
anglaise ne fût violée davantage et pour quelque temps elle a
délivré le gouvernement d'une assez grave préoccupation.
Si l'horizon s'est éclairci momentanément en Europe,
les possibilités de contamination bolcheviste du côté de la
Perse subsistent. Plus que jamais l'Inde et l'Egypte sont
menacées. Mais les récentes négociations entre les nationalistes
ég>ptiens et Lord Milner n'indiquent-elles pas d'autre part
que par une politique hardie et souple l'Angleterre saura
défendre sa situation dans les territoires d'Outre-Mer ? Nul
doute qu'elle ne consente aux émancipations inévitables
CHKONIQLE ÉTRANGÈRE 437
avant inênie que les sommations se produisent. Au prix de
certaines renonciations dans l'ordre gouvernemental, il lui
sera possible de retenir des avantages d'ordre stratégique et
commercial ; de s'attacher par traités ses anciens vassaux,
d'en faire de nouveaux associés, intéressés au maintien de la
puissance britannique.
L'on s'étonne que ce qui est réalisable en Egypte ne le soit
pas encore en Irlande. Est-ce la volonté d'aDoutir qui fait
défaut de part et d'autre ? L'Angleterre manque-t-elle de libé-
ralisme ou l'Irlande est-elle irréductible? Chaque jour voit sur-
gir de nouvelles difiicultés. Certains esprits craignent que lu
mort attendue du Lord-Maire de Cork ne rende encore plus
difficile le règlement de la question irlandaise, comme si en
l'état actuel des choses des aggravations de celte nature
étaient à redouter. Quelque pénible qu'il soit, il en sera .de
cet événement comme de l'expulsion de l'archevêque Mannix,
comme de l'assassinat chaque jour plus fréquent des poli-
cemen ; de nouvelles violences, de nouveaux meurtres les
feront oublier. C'est tout à l'honneur des Anglais, que leur
sensibilité s'émeuve à la pensée d'un adversaire décidé au
suicide plutôt qu'à la captivité ; mais le spectacle n'est pas
non plus sans grandeur d'un gouvernement résolu, malgré
ses répugnances, à montrer qu'il n'offre aucune prise à cette
sorte de chantage que constitue la grève de la faim.
Il faut souhaiter que si M. Mac Swiney vient à s'éteindre,
son sacrifice ne soit pas vain, que devant cette fin lamentable
les partis opposés se ressaisissent, cherchent à se rencontrer
et à s'entendre. Ils n'aurorft qu'à obéir aux suggestions de la
Conférence Irlandaise pour la Paix qui a siégé pour la pre-
mière fois à Du'ulin le mardi 24 août. Les travaux, d'approche
sont maintenant achevés ; la Conférence qui réunit des per-
sonnalités d'esprit modéré appartenant à tous les partis (à
l'exclusion des Unionistes de l'Ulster et des Sinnfeiners), et
n'ayant jamais pris une part active aux luttes politiques,
den^^ande au gouvernement d'abandonner la tactique actuelle
menant à la guerre civile et d'accorder à l'Irlande l'indépen-
dance au sein de l'Empire. Cette pétition, effort désespéré en
vue d'une solution pacifique du conflit, présentée au moment
où agonise le Lord-Maire de Cork, ne manque pas de pathé-
tique ; on voudrait croire qu'elle sera entendue et qu'elle
marquera le signal d'un retour rapide des partis extrêmes à
la raison froide sans laquelle rien ne se fait d'utile ni de
durable. Marcel Loraxs.
Sarreboiirg, le 11 septembre 1920.
438 LES LANGUES MODERNES
N0TE5 RHÉNANES
L'Ur)iversité de Cologne
I
Le titre de cette Note excitera sans doute quelque surprise,
et en effet l'université de Cologne ,^_t une création toute
récente, mais elle est en même temps une résurrection. J'ai
sur ma table un ouvrage fort curieux publié en 1594, à Colo-
gne, par un certain Jacob Middendorp, alors recteur de
l'Université de cette ville, sur les Ecoles les plus célèbres du
monde entier (1). Bien entendu, l'auteur n'a pas manqué
d'être abondant sur l'université dont il était le chef. Elle
avait été fondée en 1388 par une bulle d'Urbain VI, le pap •
dont l'élection amena le grand schisme. Cette université fut
donc des premières créées en Allemagne, et presque aussitôt
après Vienne et Heidelberg qui paraissent être respectivement
de 1365 et 1386. Quant à l'université de Prague, la première
qui ait été fondée au Nord des Alpes, en 1348, elle ne doit
pas être mentionnée au point de vue exclusivement allemand
et c'est de toute évidence fausser l'histoire de ses origines, et
surtout les intentions de son fondateur, que de la définir, ainsi
que l'a fait un des professeurs de la nouvelle université de
Cologne, le D' Moritz, comme « le plus ancien boulevard du
germanisme » (2). Qu'on me permette d'insister un peu sur
ce point, très intéressant en soi et surtout qui a sa répercus-
sion sur le classement de Cologne dans l'histoire des univer-
sités allemandes. L'université de f'rague, en efTet, a été fon-
dée sans aucun doute par un empereur d'Allemagne, Charles
IV, mais un empereur qui n'avait guère d'allemand que son
titre ! iFils d'une mère tchèque et d'un père luxembourgeois
« à moitié français » (3), et qui devait se faire tuer dans nos
rangs à Crécy ; élevé depuis l'âge de 7 ans à la Cour de
France ; formé par un précepteur du Limousin, et qui devait
(1") « Academiarum cclebrium univcrsi tciraruin orbis libri
1res, etc. axitbore lacobo Middendorpio, etc. Colonire .Anno
MDXCIIII. .. 716 pages.
(2) '■ ...das iilteste Bolhverk dcutschen Geistcs, die deutsche
Universitat von Prag. >. (Reden gclialtcn, usw.., am*17 Januar
191-9. Kôln. 1919).
(3) <' ...Sohn des halbfranzôsischen Liixemburgers Johann... —
In déni (Karl IV) der Franzosc, der Dentscbe und der Bôhme.
einander die Wage hieltcn. i Allgemehie Geschiebtc. Oncken. Ber-
lin, 1887. II. 6. IV.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 439
être Clcment VI ; porté à l'empire par la protection de la
papauté avignonaise (1); ayant passé une bonne part de sa vie
à guerroyer contre les Prussiens (2) et les Autrichiens, Char-
les'IV n'a évidemment pas fondé l'université de Prague sur
le modèle de l'université de Paris, pour être le « boulevard
du germanisme » !! Il était pour cela bien trop Européen
d'esprit et bien trop tchèque de cœur ! (3). Avec beaucoup
plus de raison les meilleurs historiens allemands eux-mêmes
voient eit lui, et naturellement regrettent de voir en lui, le
fondateur de la Bohème moderne et de la nationalité tchè-
que (4). Au reste, s'il est vrai — comme je le trouve dans
Middendorp — qu'à l'origine les 4 c nations » de l'univer-
sité de Prague étaient, outre la bohémienne et la polonaise,
la bavaroise et la saxonne, il convient de noter que l'élément
allemand ne tarda pas à y trouver l'atmosphère peu agréable,
puisqu'il en sortit, en 1408, pour aller fonder l'université de
Leii)zig, jîostérieure et non pas antérieure, par conséquent, à
(1) Voir à l'année 1347 la note du chroniqueur Ph. Bergom, qui
fait d'ailleurs de Charles IV les plus grands éloges : •■ lubente
(Ilemente i)ontifice ab Electoribus iniperator treatus. ■>
(,2i " ...Auf deu Feldziigcn. welchc. er mit seiuem koniglicheii
Vater gegen die heidnischen Preussen... unttrnahm ■ (Allge-
meine Weltgcschichtc, D'" Georg. Weber VIII. Leipzig, 1870),
(3) " Xil nisi Bohemiam suspiras ! » lui écrit Pétrarque, irrité
de le voix se désintéresser de toute ambition impériale. (Epist.
XIX, 12).
(4) Seine Anregung veranlasste den ers-tcn Versuch die
Czechische Volksprache in die historische Litteratur einzu-
fiihren... » in Oncken, op. cit. II, 6 iv. Ce chapitre est du prof.
H. Prutz, de l'Université de Kôliigsberg. Enfin, comme document
décisif, voir l'autobiographie de l'empereur, en latin, plusieurs
fois réimprimée et notamment dans Freher. Script, rer. Bohem,
1602. où je l'ai lue à Cologne dans les loisirs de l'armistice. Il
dit lui-même qu'à son retour en Bohême, après son long séjour
en France, il avait complètement oublié le tchèque, qu'il dut
rapprendre, mais qu'il sut ensuite parfaitement : " ...idioma
quoque Bohemicum ex toto oblivioni tradideramus. quod post
redidicimus ita ut loqueremur et intelligeremus ut altcr Bohe-
mus. » Dans son oraison funèbre, l'archevêque de Prarue dit
que le tchèque fut sa langue maternelle, " naturalis ». et il note,
comme le feront après lui tous les historiens, son goût et spn
aptitude remarquable, pour les langues. Dans la chronique, déjà
citée^de Bergom. je^ trouve à l'anqée 1352 un édit de lui, rendu
en (Conseil des princes" de l'Empire, prescrivant que les candidats
à la dignité impériale devront connaître assez de langues pour
se passer d'interjirètes, et en particulier ■■ le latin, l'italien, le
français, le croate et l'allemand. » On remarqueréi l'absence de
l'anglais mais le français était encore à cette époque et pour
10 ans encore, la langue olTicielIe de l'Angleterre. L'ordre d'im-
portance donné pour les 5 autres langues est suggestif et ne
témoigne pas d'un germanisme fougueux !
440 LES LANGUES MODEKXES
celle de Cologne. On voit que je donne à Cologne, dans l'his-
toire des universités allemandes, un rang plus flatteur encore
que celui que lui assignent tes professeurs actuels, puisque je
lui donne le 3* au lieu du 5% par la mise hors concours de
Prague et la priorité sur Leipzig. J'ignore pour quelles rai-
sons ils cèdent le pas à Leipzig. Au reste, elle mérite le l""'
si on tient compte que, bien avant d'être constituées en uni-
versité, les Ecoles de Cologne avaient conquis une célébrité _
européenne par l'éclat que leur avaient donné, dès l'cpoque
de saint Louis, des maitres comme le dominicain Albert-le-
Grand, plus tard le franciscain Duns Scot, et des élèves com-
me saint Thomas d'Aquin. A la vérité le premier était originai-
re de Souabe et il enseigna'aussi à Paris ; le second était Ecos-
sais, fut étudiant d'Oxford et enseigna également à Paris.
C'est à Paris aussi que saint Thomas d'Aquin prit son grade de
docteur. On voit combien étroites dès l'origine sont les rela-
tions entre les Ecoles de Cologne et l'université de Paris, com-
me d'ailleurs entre toutes les universités d'Europe, toutes, avec
des différences de degré seulement, internationales par l'orga-
nisation et par l'esprit.
L'Université de Cologne fut constituée sur le modèle de
celle; de Paris. C'est uij détail que soulignent orgueilleusement,
non seulement le recteur de Cologne de 1594, mais même le
D'' Franz Bender qui a publié en 1912 une excellente histoire
de Cologne. La nouvelle université ne tarda pas, dit ce der-
nier, à devenir florissante : elle compta bientôt 8.000 étu-
diants, chiffre évidemment très considérable, surtout si on
tient compte que la Cologne du Moyen Age n'avait pas
40.000 habitants (population actuelle : 640.000).
Lorsque l'imprimerie eût été inventée, Cologne, par suite
des besoins de son université, fut une des premières villes de
l'Europe à l'utiliser : en 1466, deux ans avant Oxford, trois
avant Paris, cinq avant Strasbourg et Bologne, sept avant
Lyon, huit avant Londres, dix avant Toulouse, treize avant
Poitiers, dix-neuf avant Heidelberg, trente et un avant Avi-
gnon, trente-quatre avant Munich et Amsterdam, etc. (1).
Tout le monde sait qu'elle demeura fort longtemps un des
plus grands centres européens d'impression.
Enfin, pour terminer cette note, et avant de parler de la
nouvelle université de Cologne, disons que l'ancienne se
(1) D'après Viriville. Histoire de l'inslruction publique en
Europe. Paris. 1849 et le livre de F. Beudcr sur l'histoire de
Cologne.
CUKOMQIE F.TRANGÈKE 441
glorifiait non seulement comme nous venons de le voir, d'être
la '< fille » de celle de Paris, mais encore la <> mère » de
celle de Louvain ! (1). O spectacles déconcertants de l'his-
toire ! Quel thème, en ce moment, que ce double lien pour un
orateur ! Quel sujet de méditations pour un philosophe !...
Middendorp dit de l'université de Louvain, à la fin du xvr
siècle, qu'elle a été portée par ses bienfaiteurs, surtout
ecclésiastiques et royaux, à un tel degré de magnificence
qu'il semble bien difficile qu'elle puisse jamais i)érir ! (2).
S'il revenait parmi nous, je crois qu'il adjurerait la nouvelle
université de Cologne de participer spontanément et de tou-
tes ses forces à la restauration de celle de Louvain et qu'il
plaiderait à Louvain pour qu'on y acceptât ce c.oncours, en
rej)résentant que l'université de Cologne ayant cessé d'exister
(ie 1798 à 1919 ne saurait être tenue pour co-responsable,
comme personne morale distincte, de la destruction de 1914.
Mais je laisse l'ombre de l'ancien recteur de Cologne se tirer
de cette épineuse plaidoirie comme elle pourra !
Quant à l'université de Cologne, elle ferma ses portes,
après une longue décadence, en 1798, lorsque tous ses profes-
seurs eurent été i évoqués en bloc par le Directoire, pour
avoir refusé le serment de fidélité à la République exigé par
le décret du 9 Fructidor, an V. Le procédé était évidemment
un peu vif ! Mais la l" République n'était pas aussi bonne
fille que la S"" ! Au reste la Révolution avait, dès le début,
passé la faux à travers toutes les universités françaises, sans
exception, parce qu'elle les considérait comme do redouta-
bles ennemies de l'esprit nouveau, et parce que d'ailleurs elle
ne voulait plus sous aucune forme d'organisations corporati-
ves. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner qu'elle n'ait pas
m.ieux respecté l'université qui se glorifiait d'être le foyer de
l'esprit de réaction r.ur le Rhin et le bras droit de l'archevê-
que prince Electeur de Cologne ! Puisse cette redoutable
fmpartialité, qui n'épargna aucune des universités françaises,
être considérée comme une circonstance largement atté-
nuante par les historiens de l'ancienne université de Colo-
gne !
Marseille, i octobre 1920. Gaston-E. BROCHE.
(A suivre).
(1) - ...Porro si quis hanc Academiam a Parisiensi matrc. a
Lovaniensi caelerisque clarissimis academiis fîliis commendare
voluerit. etc. », p. 521. L'Université de Louvain fut fondée en
1426.
(2) " ...Sic formata, sic dotata. sir ornata ut vix un:]i:ara
interire posse videatur », p. 534.
Il n'y a pas que chez nous
Les professeurs de l'Université de Berlin se sont émus du
niveau auquel sont tombées depuis la guerre les études du
français et de l'anglais en Allemagne. Ils ont adressé au
ministre prussien des Cultes un mémoire pour appeler son
attention sur le péril national que constituerait l'abandon de
ces enseignements.
Dans le but d'éclairer de son côté l'opinion publique et de
lui faire comprendre ses intérêts véritables en cette matière,
la « Société Be^^linoise pour l'étude des Langues Modernes »
a fait paraître chez l'éditeur Weidmann, de Berlin, une petite
brochure intitutée : <• AYozu franzôsisch und englisch ? »
C'est un recueil de déclarations faites par des personnalités
éminentes appartenant à l'enseignement supérieur^ à l'admi-
nistration, à la politique, à la littérature. Les noms seuls de
ces personnalités, comme le D'' Soif, ancien ministre des
colonies, A. v. Zahn-Harnack, Clara Viebig, etc., les mettent
à l'abri du reproche d'un manque de patriotisme ou d'une
admiration servile! de l'étranger, et donne d'autant plus
d'autorité à leurs conseils.
Parmi les arguments d'ordre utilitaire, pédagogique ou
moral invoqués pour détourner les Allemands d'un ostra-
cisme irréfléchi des études étrangères, il en est un qui
revient avec insistance et qu'il faut retenir : c'est seulement,
dit-on, par la comparaison avec l'étranger que peut se former
une conscience claire de l'esprit national. De même que c'est
à l'étranger que l'on a le plus vivement conscience de sa
nationalité, et qu'on l'afïirme avec le plus de vigueur, de
même la comparaison avec le français et l'anglais habituera
les Allemands à sentir plus profondément ce qui leur est pro-
pre.
Ce n'est pas chez nous seulement qu'un patriotisme impri^-
dent croit se mettre à l'abri du danger en ignorant volontai-
rement ce qui se fait autour de lui. Nous applaudirions
volontiers, pour uneVois, à l'initiative des organisations ber-
linoises, si le détail cité plus haut ne nous montrait dans
quel esprit cette étude est faite en Allemagne. Néanmoins
nous ne pouvons que souhaiter aux études de français et
d'anglais une large diffusion : plus elle sera grande, et plus
l'œuvre de haine pourr,uivie par certains milieux d'Outre-
Rhin sera facile à paralyser. Et nous ne pouvons, pour notre
part, qu'y trouver un avantage appréciable. G. HIRTZ.
BIBLIOGRAPHIE
Pédagogie libérale et effort joyeux ^
Malgré la diversité des articles qui le composent, il est aisé
et il nous a paru intéressant de systématiser, en les exposant,
les idées générales et essentielles du volume de <> Pédagogie
Française « de M. Lapie (1). Elles vont se précisant dans ces
neuf études échelonnées sur plusieurs années, mais dictées par
une même doctrine : les principes psychologiques de i)édagogie
que l'auteur exposait en 1909 à l'Ecole militaire de St-Maixciit,
se retrouvent, en effet, dans ses tout récents projets de réforme
des Ecoles Normales.
A la pédagogie autoritaire, a Tindiscutabilité de la parole du
maître, au formalisme et au psittacisme de la scolastique,
M. Lapio oppose ce qu'il résume sous le nom de " pédagogie-
libérale ». C'est celle que représente la tradition française depuis
Rabelais et Montaigne, celle qui n'impose aucun précepte à priori,
qui fait appel au jugement, à la rétlexion, au raisonnement
beaucoup plus qu'à la mémoire, qui n'afïirme rien qu'elle ne
prouve, ou plutôt qui, avant d'affirmer, fait la lumière par
l'accumulation des exemples, par le contact avec la réalité, puis
invite l'esprit à dégager lui-même la définition ou la loi géné-
rale, le jugement abstrait ou l'opinion personnelle. C'est en
vertu de ce principe (dont on pourrait en somme retracer la
parenté avec la maïeutique de Socratc) que, pour les sciences
physiques, par exemple, l'expérience ou la manipulation devrait
l)récéder le cours et non le suivre et que l'enseignement littéraire
devrait reposer sur un contact direct avec les textes eux-mêmes.
Cette idée directrice explique la nature des procédés d'appli-
cation. Mais, auparavant, remarquons que les procédés pédago-
giques ne seront pas acquis au prix d'un vague empirisme pro-
fessionneL : l'art de l'éducateur implique la connaissance préala-
ble de principes psychologiques, de certaines normes scientifi-
quement déterminées, selon lesquelles s'exercent les modes
d'acquisition de l'esprit : le professeur saura, par exemple, que
la chose enseignée ne devient pas connaissance acquise de la
même manière dans tous les cas, que tels élèves sont des auditifs,
les autres des visuels, d'autres des musculaires ; l'attention a
(1) Paul Lapie, directeur de l'Enseignement primaire au Ministère
de l'Instruction publique. « Pédagogie Française ». Librairie Félix
Alcan, 3 fr. 50.
444 LES LANGUES MODERNES
ses limites, la mémoire a ses lois d'acquisition et de conserva-
tion, et ce n'est qu'à la condition de les soumettre à ces proces-
sus psychologiques que les méthodes d'enseignement donneront
leur plein rendement et assureront la stabilité des connaissances.
S'il est intéressant de voir donner cette impulsion scientifique
à la pédagogie, qu'il nous soit permis de remarquer combien il
^ serait exagéré de la classer parmi les sciences exactes ; remar-
quons d'ailleurs avec M. Lapie que la psychologie de l'enfant et
surtout de l'adolescent (nous ajouterions volontiers aussi celle
da ces petites collectivités que forment nos classes) est loin
d'avoir été complètement étudiée et nous devrons conclure que
c'est à l'art, à l'initiative et à l'expérience du professeur qu'il
appartiendra de parfaire ce que la science ne peut encore lui
fournir.
Mais supposons le maître en possession de ce clavier psycho-
logique ; selon quelle méthode en tirera-t-il le maximum de ren-
dement ? Cette méthode, elle se l'ésume, elle aussi, en une for-
mule qu'on a déjà ti'op facilement dénigrée, mais qui, prise au
sérieux et dans le sens que lui donne son auteur représente une
doctrine ; c'est celle de l'effort joyeux. L'effort intellectuel est
d'autant plus profitable qu'il s'accomplit dans la joie : il y a
effort joyeux lorsque l'esprit s'acquitte librement d'une tâche
qu'il a choisie et qui lui agrée ; il y a effort joN'eux à rechercher
la solution d'un problème posé et dans la satisfaction qui accom-
pagne la découverte de cette solution ; il y a effort joyeux lors-
que l'esprit abordant une difliculté s'adonne à l'effort avec
spontanéité et avec curiosité pour rimpré\'<» qu'il y rencontre.
Les meilleurs procédés pédagogiques seront donc ceux qui favo-
riseront chez l'enfant le travail accompli avec joie ; c'est ainsi
que l'on s'efforcera le plus possible de remplacer en classe les
exposés dogmatiques par des questions, des interrogations qui
prendront forme de problèmes à résoudre : l'esprit de l'enfant
sera simplement guidé à la recherche de la vérité scientifique
ou de la beauté littéraire qu'il aura l'illusion de découvrir lui-
même comme prix de ses efforts; puis, on n'imposera pas avec une
stricte rigueur une heure fixe pour l'accomplissement des devoirs
en étude ; l'élève travaillera avec d'autant plus de goût et de
joie qu'il suivra son inspiration du moment ; par un semblable
appel à la spontanéité et à la liberté du 'travail, le . choix du
sujet de composition française sera, de temps à autre, laissé
libre ; certaines classes enfin seront consacrées à la lecture
vix'ante et animée d'œuvres complètes. Aucune occasion, en un
mot, ne sera perdue, d'éviter l'ennui et la fatigue, d'éveiller l'at-
tention, de rendre l'enseignement attrayant.
Nul doute que beaucoup de nos collègues ne reconnaissent là
des principes que, dans la limite compatible avec la nature de
(
BIBLIOCRAI'HIE 445
leur' cMiscignemciit, leur tcmpôranicnt personnel, la composition
et le niveau de leurs classes ils se sont efforcés d'appliquer,
sans les ériger peut-être à la hauteur du système rigoureux que
M. Lapie, doctrinaire et dégagé des contingences a pu exppser
dans J'abstrait. Non pas que la doctrine ait perdu tout contact
avec la vie scolaire : elle est au contraire illustrée d'exemples,
d'exposés de classes, de résultats d'enquêtes faites près du per-
sonnel enseignant. Mais pourquoi faiit-il qu'ici nous ayons la
déception de ne pas voir les langues vivantes prendre la place
qui leur revient près des disciplines sœurs ? La composition
française et l'enseignement des sciences font l'objet d'4»tudes spé-
ciales ; la coordination nécessaire des enseignements littéraire,
historique et scientifique y est à i lusieurs reprises mise en
valeur. Vainement nous avons cherché la place assignée aux
Langues Vivantes- et nous avons constaté qu'il n'en était ques-
tion que pour proposer de les rendre facultatives au concours
d'admission aux Ecoles Normales- (1). 11 semble que pour l'En-
seignement secondaire elles soient quantité négligeable et...
négligée. Si pourtant les programmes de 1902 ont préconisé de
nouvelles et libérales méthodes pour l'enseignement des sciences
et des lettres dans le but de " mettre les jeunes gens en contact
direct avec la vérité scientifique et avec la beauté littéraire »,
le progrès marqué par ces mêmes programmes dans l'enseigne-
ment des langues vivantes s'inspire du même libéralisme et
dénote les mêmes préoccupations.
II nous semblait que les langues vivantes ne i)ouvaient man-
quer d'être invoquées comme une initiation fructueuse à d'au-
tres modes de pensée et d'expression et que, dans cet édifice de
pédagogie libérale, elles seraient la fenêtre largement ouverte
vers l'étranger. Nous songions aussi à .l'effort si joyeusement
accompli par nos bons élèves pour s'exprimer en une langue
nouvelle et à la satisfaction qu'ils éprouvent en se rendant
compte eux-mêmes de leurs progrès. En dehors de la connais-
sance pratique de la langue, nous pensions que la pédagogie
libérale reconnaîtrait une valeur d'assouplissement intellectuel
à l'effort que nécessitent l'acquisition et l'assimilation d'une
syntaxe étrangère, et un élément de culture dans le contact avec
une civilisation et une littérature jusque-là inconnues. D'autre
part, au point de vue méthode, les mots même de < Méthode
directe. Méthode active >> élevés dans ce volume à la hauteur
d'un dogme pédagogique, n'ont-ils pas trouvé leur sens premier
(1) Nous rappelons à ce sujet l'excellent article de Mme R. Albert,
directrice de l'E. N. de Tarbes, reproduit dans le n" de mai-juin des
Langues Modernes. D'autre part, on sait que le Conseil supérieur s'est
récemment prononcé en faveur des langues vivantes obligatoires dans
les E. P. S. et les E. N.
446 LES LANGUES MODERNES
dans la pédagogie des Langues Vivantes, et la source vive de ce
courant que M. Lapie voudrait voir déborder sur les autres
disciplines n'a-t-elle pas jailli dans nos classes et dans nos
congrès ? C'est bien, il me semble, parmi les linguistes, que l'on
s'est surtout préoccupé d'adapter par le geste, par l'image et
par la phonétique, les moyens pédagogiques aux facultés d'ac-
quisition de nos élèves. Ce sont encore les classes de langues
vivantes qui les premières ont favorisé l'effort joyeux en pré-
sentant le travail sous une forme attrayante, vivante et spon-
tanée, il me souvient même que ces tendances cérébrales, accu-
sées de compromettre les méthodes plus autoritaires d'autres
enseignements soulevèrent contre nous au début, d'amères récri-
minations. Enfin, n'est-ce pas la préoccupation de mettre l'es-
prit de l'enfant en* contact direct avec la réalité des choses étran-
gères qui a inspiré toute la série des livres scolaires de langues
vivantes ?
Pédagogie libérale et effort joyeux, nous en avons, il me sem-
ble, .pratiqué les principes avant la lettre ; aussi est-ce avec
regret que nous avons constaté le silence, sur nos efforts en ce
sens, d'un livre où chaque page nous rappelle nos méthodes et
évoque les problèmes qui nous ont préoccupés. Ce point de vue
particulariste à part, nous avons eu plaisir à retrouver sous
une plume aussi autorisée que celle de M. Lapie, l'expression de
vérités établies scientifiquement et à voir fixées dans des pages
définitives les tendances actuelles de la pédagogie nationale.
G. JOUSSAUME.
Abel Lefrai)c : Sous le r^asque de Williait) S\)zkes-
peare : W. 5tai)ley, Vh Coni)te de Derby. — 2 vol. Payot
1914, 12 fr.).
Quoi qu'on puisse penser de la thèse de M. Lefranc, il faut
reconnaître, croyons-nous, qu'elle n'avait pas été critiquée, jus-
qu'en ces dernières semaines, avec l'attention minutieuse et
sérieuse à laquelle l'auteur, sinon son livre, a droit. Les exé-
cutions un peu sommaires de M. Beaunier {Revue des Deux-
Mondes, 1" février 1919) ou de Mme la comtesse de Chamhrun
(Revue de Paris, 1" et 15 février 1919, l'Opinion, 11 janvier 1919;
Les Débats, 24 février 1919) ne pouvaient consolider beaucoup
les positions traditionnelles. Aussi est-ce avec plaisir que nous
signalons un article prudent et sage, même dans soij attitude
négative, d'un spécialiste en matière de théâtre élizabéthain,
comme M. Castelain, dans le dernier numéro (janvier-mars 1920^
de li\f Revue Germanique.
Qu'il nous soit permis ici de nous l)orner à quelques remar-
ques.
Tout d'abord, si la critique des idées de M. Lefranc n'a pas
toujours été ce qu'on eût souhaité qu'elle fût, il faut bien dire
BIBLIOCinAPHIE 447
quL- leur défense n"a pas non plus été convaincante. M. liou-
lenger {Revue de P<tris, 1"^ février 1919. — tirage à part avec
additions, (Champion, 1919) n*a pas soutenu son maître sans
réserves. Et sur certains points essentiels, il ne fait que répéter,
en les grossissant enco»e, des assertions étrangement inexactes.
Dire par exemple : " ce n'est qu'au xviu' siècle que Shakespeare
a été classé ^parmi les hommes de génie » (p. 60 de « L'affaire
Shakespeare ») c'est par trop méconnaître l'énorme quantité des
jugements, souvent enthousiastes jusqu'à l'idolâtrie, qui nous
viennent du wiT siècle. On se demande vraiment comment
M. IJoulenger — et M. Lefranc lui-même — arrivent à faire si
peu de cas des témoignages accumulés dans deux recueils
comme ceux de M. Ingleby (A. Centiiry of Praise) et de M. Fur-
nivall (300 more allusions to Shakespeare). On dira : qu'importe
la réputation, même contemporaine, puisque par hj'pothèse il j' a
subterfuge ? Sans doute ; mais il ne faut pas voiler ce que le
subterfuge a de colossal — et d'invraisemblable à première vue
— en nous présentant un Shakespeare que le xviii' siècle aurait
le premier salué comme un. grand génie.
Mais venons-en à la thèse même. Elle repose sur une impres-
sion négative, tout d'abord. Pour M. Lefranc, l'impossibilité d'ad-
mettre que Shakespeare, <■ l'homme de Stratford », ait écrit
l'œuvre qui depuis des siècles passait sous son nom.
Pourtant, cette évidence n'est apparue qu'au milieu du xviiii<^
siècle — et à quels pauvres esprits, autodidactes naïfs ou pas-
sionnés d'Amérique, d'Autriche, et d'ailleurs, on ne peut l'igno-
rer. — Premier scrupule.
Et puis quelle est la grande base de cette < évidence » ? Le
contraste entre la qualité savante et aristocratique du théâtre
de Shakespeare et la médiocrité rampante de ce que nous con-
naissons de sa carrière d'acteur et de toute sa vie. Mais cette
qualité n'est pas sans mélange. Pour la science, il y a les
rivages de Bohème... et combien d'anachronismes, indiscutables
ceux-là, et presque aussi surprenants. Et pour l'aristocratisme est-
il sûr qu'il faille de toute force un comte de Derby pour imaginer
les politesses raffinées de certaines scènes de Love's Labours
Lost ? Tel savant, d'ailleurs, qui depuis plus de dix ans s'est
cantonné dans ce domaine (M. Schiicking) reste frappé au con-
traire par le caractère essentiellement populaire du théâtre de
Shakespeare (Cf. Shakespeare im literarischen Vrteil Seiner
Zeit, 1908 ; et Die Charakterprobleme bei Shakespeare, 1919i.
Très certainement les impressions, aujourd'hui encore, ne jouent
pas dans le même sens. — Second scrupule.
L'impressionnisme, l'intuitionnisme ont leur rôle, certes, en
critique. Et déjà M. Lefranc a montré sur d'autres terrains qu'ils
mettent à l'occasion sur des voies sûres, qui s'afiBrment sûres à
448 LES LANGUES MODERNES
répreuve. Mais ici je crains que l'épreuve, que la preuve ne
soient ni faites, ni faciles à faire.
Ni négativement, ni positivement. Car que de curieuses ren-
contres dans l'étude des sources shakespeariennes nous mènent
en présence du comte de Derb}' c'est possible. Et c'est ce qu'il
faudra retenir sans doute, en tout cas, du grand effort de M. Le-
franc. Mais quand même les rapports de l'acteur Shakespeare et
du "noble amateur se révéleraient un jour moins hypothétiques
qu'ils le sont aujourd'hui, il serait encore aisé d'admettre qu'une
amitié de ce genre ait fourni une information, plutôt qu'une
collaboration, à <■ l'homme de Stratford. »
En vérité, M. Lefranc est " up against a hard proposition .
En attendant qu'il nous mette, comme il promet de le faire,
dans l'atmosphère où le grand subterfuge paraîtra moins invrai-
semblable, remercions-le de son audace, tout en avouant qu'elle
éveille en nous plus d'inquiétudes encore que d'espoir.
. A. KOSZUL.
En)ile Lauvrière : Edgar Poe, coi)tes et poésies
(Introduction, traduction et notes. Les cent chefs-d'œuvre étran-
gers, Paris. La Renaissance du Livre i.
M. Lauvrière est le Français qui connaît le mieux Edgar Poe
et son œuvre, et il était tout désigné pour composer ce volume.
La position de M. Lauvrière n"a point changé depuis le temps où
il publia son importante étude sur l'auteur américain (1904> :
il estime toujours que seule la psychologie morbide, ou plutôt la
pathologie mentale permet de comprendre l'homme et l'œuvrt ;
et sous une forme concentrée il a dans cette préface répété t.a
démonstration.
Le choix des contes était certes fort délicat, car ils sont de
valeur fort inégale et les meilleurs ne sont pas toujours les
plus connus. M. Lauvrière a écarté les contes macabres, policiers,
scientifiques et humoristiques ; il n'a donné que les contes psy-
chologiques, comme William Wilson et le Cœur révélateur, les
contes fantastiques purs comme Morella et Ligéia, ou les poè-
mes en prose comme Ombre où nous sommes heureux de nous
rencontrer avec M. Lauvrière pour y voir la plus belle page de
prose de Poe. Quant aux poèmes, nous nous permettrons seule-
ment de regretter l'absence d'I'lahune, si prisé par nos symbo-
listes.
,M. Lauvrière a mis au J)as des pages des notes qui sont,
sous une forme modeste, et presque déguisée, de véritables
critiques de chaque morceau, et qui éclairent le lecteur dans la
voie où M. Lauvrière veut la voir s'engager.
Nous avons eu la curiosité de comparer toutes les fois que
c'était possible, ces traductions avec celles du premier ouvrage
de M. Lauvrière ; si elles sont substantiellement les mêmes.
blBLIOGRAIMIin
419
elles ont étt- allégées et assouplies, sans rien perdre de leur
fermeté et de leur exactitude.
Ce livre met, sous une forme morcelée et facile, les études de
M. Lauvrière sur Poe à la portée du grand public ; les amateurs
y trouveront d'ailleurs quelques passages, supprimés plus tard
par Poe, dans le texte définitif, et qui n'avaient jamais été tra-
duits en français, ni publiés en Amérique avant la Virginia
édition. Le plus important de ces morceaux inconnus se trouve
dans Bérénice (pp. 10.5-106 1 et met Tamant-vampire en présence
du cadavre de l'amante-victime.
La grande utilité de ce livre est de réunir dans le même livre,
pour la première fois en France, la traduction des principaux
contes et des principales poésies. C'e^t le premftr manuel de
l'œuvre de Poe. Léon LEMONXIER.
Lee Holt. — Paris iO Shadow. — The Bodlev Head,
1920. 7 sh.).
C'est un roman sans l'être que ce journal personnel écrit à
Paris pendant la guerre : l'auteur, dont le <• moi » est loin
d'être haïssable •>, se présente sous les traits d'un américain
d'élite, idéaliste et sceptique, distingué et fin, vieux garçon aux
habitudes confortables, parisianisé et aristocratisé de longue date
par une fréquentation assidue du faubourg St-Gcrmain.
Sa sympathie pour la Fra.ice, devenue <■ son pays de préfé-
rence », sa situation dans la colonie américaine, de hautes rela-
tions et une grande aisance 1 ont amené à s'occuper d'oeuvres
de guerre ; ce faisant, il a observé et relaté dans son journal
(octobre 1916 à août 1917) tout ce que parmi son entourage la
guerre a apporté de changements dans les esprits, les caractères
et les mœurs. Ce n'est pas, il nous le dit lui-même, dans une
intention critique qu'il note les faits ; c'est à titre documentaire
qu'il s'est plu à fixer ses impressions de chaque jour et <• les
petits événements qui, mieux que tout le reste, reflètent l'esprit
véritable de l'époque >. Au^si est-ce à bâtons rompus, au hasard
de ses occupations, de ses fréquentations, de sa correspondance
quotidienne, qu'il nous promène à travers les conditions nou-
velles d'existence issues de la guerre. En dehors de ses réflexions
personnelles sur les gens et les choses, il fait revivre des con-
versations de table, de salon ou de cercle sur les événements ;
il nous conte les histoires humoristiques ou pitoyables de ses
filleuls, retrace de petites scènes de la vie de Paris sous le bom-
bardement, nous dit ses visites au front ou dans les hôpitaux.
Certains caractères, heureusement nuancés, passent à travers le
livre et y assurent la continuité d'intérêt ; une intrigue de roman
où la jeune veuve de guerre épouse en fin de compte le pupille
de l'auteur, devenu officier-aviateur, se prête à de fines notations
de sentiment.
30.
450 LES LANGUES MODERNES
Malgré quelques jugements qui nous paraissent un peu faussés
par les affinités exclusivement aristocratiques de l'auteur, le
livre évoque dans toute sa réalité un des moments les plus
sombres de la vie de Paris pendant la guerre. 11 sera sans doute
pour nombre d'Américains une révélation ; il fixe pour nous sous
une forme agréable, des souvenirs qui menacent déjà de s'es-
tomper dans le recul du temps. G. JOUSSAUME.
C. R. L. Fletcl)er (Formerly Fellow of Ali Souls'aud Magdalen
Collèges, Oxford) : Tl)e Créât War, 1914-1918. (XIII-200 pp.
with maps. Loudon. Murra}', 1920. 6 sli.).
Personne ne s'étonnera que cette histoire de la guerre par un
Anglais soit t^ès anglaise. La guerre maritime, le front britan-
nique en France, et les campagnes de Mésopotamie et de Syrie
y sont traitées avec une abondance qui restreint de façon sou-
vent déconcertante la place réservée aux autres fronts. Plus que
jamais on sent en la lisant que le véritable historien, suivant
la fameuse formule de Fénelon, ne doit être " d'aucun temps et
d'aucun pays ». La condition étant difficile à réaliser, il n'y ;«.
qu'à réunir et confronter les diverses histoires faites, comme
celle-ci, par des historiens qui sont tout à fait de leur temps
et de leur pajs. C'est par conséquent, dans les histoires faites
par des étrangers que chacun de nous apprendra le plus de cho-
ses, ou du moins trouvera la plus ample matière à réflexions.
11 est certain que pour nous Français il ne faut pas trop comp-
ter sur nos historiens pour nous obliger à nous rendre compte
du rôle qu'a joué dans la guerre la maîtrise de la mer, et même
pour mettre dans toute la lumière qui lui est due le rôle' magni-
fique joué par l'armée anglaise dans l'ultime phase. — Au reste,
il serait difficile de trouver des pages plus généreuses, plus
ardemment amicales pour la France que celles qu'on trouve dans
cette histoire anglaise. La concentration en formules énergiques
d'une sympathie qu'on sent — < et que je sais — profondément
sincère fait apprécier avec indulgence le déséquilibre, à notre
détriment, de la répartition des matières. M. Fletcher dit aussi
souvent « la France et l'Angleterre » que " l'Angleterre et la
France » ; il appelle la France <■ notre plus noble ennemie
autrefois ; notre plus noble et plus chère alliée maintenant > ;
lorsqu'il est question d'un généralissime, il observe <' qu'il ne
pouvait être que Français », et il félicite Lloyd George, qu'il
n'aime guère pourtant, d'avoir eu le courage de demander ce
généralissime français, malgré l'attitude hostile, à cet égard, de
la majeure partie du public — mais non des soldats ! — anglais;
pour Foch, dit-il, « tout semble indiquer que son nom retentira
dans les siècles à venir comme celui du Sauveur de la civilisa-
tion occidentale ». (p. 132), Je pourrais multiplier des citations
semblables.
BIBLIOGRAPHIE 451
Je n'ai pas été surpris de ne pas retrouver dans ce petit volu-
me cet éclat de style et cet humour qui font le charme des
autres ouvrages d'histoire de M. Fletcher. (An introductory his-
tory of England, 4 vols. London-Murray, etc). La couleur en est,
comme il convient, plus austère et ne s'éclaire que çà et là d'un
pâle sourire. Nous sommes encore loin en effet de l'époque où
il sera possible de n'écrire sur cette guerre qu'avec son esprit.
Pour la plupart de nous, il se mêle à ces événements le sou-
venir de trop de deuils domestiques, et pour M. Fletcher la part
de deuils a été lourde... Puisqu'il la dissimule avec une réserve
toute Spartiate, je n'en dirai rien de plus, mais je comprends
l'amèrc consolation avec laquelle il reproduit en épigraphe de
son livre le mot célèbre prononcé par Périclès à propos d'autres
guerriers tombés comme ceux-là : <• Toute la terre est leur tom-
beau .., rriia 77, tï-vO;.
Gaston-E. BROCHE.
Rer)é Sturel. — Bai)dello ei) Frai)ce au XVI' siècle.
(avec une préface de Henri Hauvette). Bordeaux, Feret et fils ; —
Paris, Fontemoing (in-8, 186 p.i.
Cet ouvrage est surtout consacré aux traductions que firent
les Français Boaistuau et Bclleforest des Xovelle du Milanais
Bandello. Il est bon de noter qu'il ne contient rien qui se rap-
porte au séjour que fit Bandello lui-même en France, comme
évèque d'Agen sous le règne de Henri II, sujet qui a été étudié
par Francesco Picco (Mél. Ro'd. Renier; .
Les traducteurs du .\vi« siècle prenaient avec leurs textes de
singulières libertés : il leur arrivait souvent de traduire quel-
ques pages par quelques lignes, et quelques lignes par quelques
pages ! Voilà pourquoi il est fort intéressant de les étudier. A
quelles préoccupations obéissent-ils lorsqu'ils arrangent et
adaptent ainsi l'original ? Ces préoccupations ne sont-elles pas
suggestives non seulement de leur goût à eux mais encore, et
tout autant, du goût public, avec tout ce qu'il contient de ten-
dances intellectuelles et d'aspirations morales ? — Tel est le
problème que se posait Sturel en examinant, et souvent à la
loupe, ces traductions maintenant bien oubliées mais qui con-
tribuaient alors si largement à l'éducation du public. Il nous
fait assister ainsi à la métamorphose de ces Xovelle, touffues,
alourdies de digressions injustifiables, d'une immoralité souvent
cynique, en récits bien construits, plus sobrement écrits et,
sinon toujours parfaitement moraux, du moins très suffisam-
ment décents. — Pour ma part, j'avoue ne connaître les tra-
ductions de Boaistuau et de Belleforest que par les larges extraits
comparés que donne Sturel mais j'ai parcouru les Xovelle de
Bandello dans l'original : quelques-uns m'ont paru être de taille
à résister à toute tentative de métamorphose pareille ! L'excel-
452 LES L.\NGUBS MODERNES
lent évêque d'Agen (il se démit d'ailleurs bientôt» aurait sou-
vent fait rougir Boccace son modèle ! Nos traducteurs français,
quoique de fort peu postérieurs à Rabelais, ont donc très souvent
renoncé à une impossible entreprise. Ils n'ont traduit qu'un
tiers des récits de leur auteur. C'est qu'en effet déjà dans la
seconde moitié du xn^ siècle, on marchait à grands pas vers
tout ce qui allait caractériser le grand siècle, la sévérité du goût
littéraire et l'austérité de la morale. Sur ve dernier point, il est
permis de penser que la pression grandissante exercée par la
Réforme à compté pour quelque chose. On voit même que notre
gascon Belleforest, malgré la transformation qu'il impose à son
modèle, ne se sent pas parfaitement en règle avec sa conscience.
II a des scrupules sur l'utilité d'un Bandello même à peu près
moralisé, et il n'encourage personne à continuer ce travail.
On voit tout l'intérêt de cette contribution à l'Histoire des
lettres italiennes, ou plutôt du goût français. Les anglicisants y
trouveront quelques pages curieuses sur les variantes imposées
par Boaistuau à Bandello dans la nouvelle de Roméo et Juliette,
et qui, à travers les traducteurs anglais du traducteur français,
ont passé dans Shakespeare. La valeur de ces variantes, au point
de vue de l'art dramatique, a donné lieu à d'assez vives discus-
sions, en particulier pour la scène du tombeau.
Il ne nous reste qu'à déplorer que cet ouvrage, où s'attestent
à chaque page la probité et la haute distinction d'un noble
esprit, soit de ceux qui n'auront pas de lendemain, et qui n'ont
même pu trouver leur achèvement... La guerre a passé par là
aussi. Après plusieurs années d'un labeur ininterrompu et
fécond {Amyot. traducteur de Plutarque, 1908 ; Essai sur les
traductioixs du théâtre grec en France, 1913), et plusieurs années
d'enseignement aux lycées de St-Etienne, Beauvais et le Havre,
Sturel est tombé, dans sa 30" année, le 22 août 1914, près de
Charleroi, en couvrant avec ses mitrailleurs la retraite de son
bataillon. Hélas ! nous n'avons eu que trop souvent à méditer
sur de pareils destins, méditation doublement douloureuse, où
l'esprit se déchire comme le cœur... Gaston-E. BROCHE.
Hei)i*i Baucl)e. — Le langage populaire (Payot, Paris,
1920).
Ce volume de 288 pages tient les promesses de sa couverture.
C'est une contribution solide et intéressante à l'étude du
; français tel qu'on le parle dans le peuple de Paris ».
Divisé en deux moitiés sensiblement égalés, la seconde partie-
du volume est un dictionnaire complet, savoureux et amusant
des expressions que, faut-il l'avouer, nous connaissions déjà
presque toutes et que les mœurs de la guerre nous ont accou-'
lûmes à employer sans rougir. C'est le riche musée — et quel
vivant musée ! — des vocables parisiens que tout Français doit
BIBLIOGRAPIIIi: 453
^a^^)il• et que l'clranger, s'il aspire à ""e cuiiiiaissaïue approfon-
die de notre langue, ne peut pas ignorer. Tout y est. M. Bauche
a été '• à la hauteur > et s'il veut bien permettre l'expression,
nous a donné là un document ■• pépère maous >.
Mais la première partie du volume, qui traite de la grapimaire
et de la syntaxe, est plus intéressante encore. Sans jamais tom-
ber dans le pédantisme l'auteur donne de lumineux aperçus sur
la déformation de la prononciation en L. P., l'alTaiblissement
des consonnes, le déplacement de l'accent tonique, les mots
tombés en désuétude. De temps en temps, il remet d'un mol les
choses en place, comme au sujet des origines du mot ■ boche •>.
Et le lecteur épris de simplicité étudiera avec plaisir les pages
sur la variation des genres (l'appel est faite, l'air est bonne),
sur l'attribut, qui marque une tendance très nette à devenir
invariable, et surtout sur les transformations du verbe, qui se
simplifie et dont plusieurs formes sont en voie de disparition.
Ainsi l'auteur justffie-t-il, par l'exposé de ses recherches, les
vues modestement exprimées au cours de son introduction. S'il
est vrai que le langage populaire, qu'il ne faut pas confondre
avec les argots, est pour l'idiome national une source ;népuisable
de renouveau, s'il est vrai que beaucoup de ses vocables devien-
dront classiques avec le temps, il est nécessaire d'un autre côté,
que les penseurs et les écrivains s'opposent aux déformations
exagérées de la grammaire et de la syntaxe, qui précipiteraient
la langue " aux abîmes de la confusion et de la décomposi-
tion .). Il est bon que, dans le corps du verbe, le sang se rajeu-
nisse et se revivifie ; mais il ne faut pas que ce soit au détri-
ment de la norme et de la beauté. Paul CHAUVET.
Recueil de DocuiT)ei)ts n)iiitaires allenf)ai)ds de la
grai)de guerre 1914-1918, par rOffîcier-Interprète Griffon,
Professeur à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr et au Lycée
de Lille, accompagnés d'introduction et de commentaires tacti-
ques par le Commandant breveté Méra. Préface du Général de
Maud'huy. (Librairie C.hapclot, 1920, l.ï.^ pages avec cartes).
Quiconque voudra enseigner désormais la langue militaire
" telle qu'elle se parle », ou plutôt telle qu'elle s'est parlée
dans la dernière guerre, aura recours à cet excellent recueil.
Gomme le dit fort bien le Commandant Méra, dans Pavant-pro-
pos, les documents allemands de la grande guerre sont révéla-
teurs d'une terminologie nouvelle, d'une langue complexe et
souvent imprévue. Pour comprendre ces documents, la connais-
sance de la langue du temps de Napoléon, ou de celle qui cor-
respond à la guA-re de 1870, fonds commun de tous les ouvrages
militaires ou lexiques en usage jusqu'ici, est totalement insuf-
fisante.
Remercions .AL Griffon d'avoir entrepris ce nouveau travail
454 LES LANGUES MODERNES
qui s'imposait. Nul n'était plus qualifié que lui pour le mener
à bien. Après avoir été Officier Interprète au front, il a eu.
comme Professeur à Saint-Cjr, à se préoccuper de mettre rapi-
dement, au cours même de la dernière guerre, les futurs officiers
appelés à commander devant l'ennemi, au courant de ce qu'ils
devaient savoir, pour les besoins de leur service aux " armées.
Ce sont les textes réunis pour cet enseignement, d'abord auto-
graphiés et <' confidentiels », qui sont devenus la matière du
présent volume, composé uniquement de documents pris à l'en-
nemi, de rapports quotidiens des différentes unités, de circu-
laires, d'instructions générales ou particulières, d'ordres ou de
comptes rendus.
Le plan est très clair et comprend deux parties : 1" Infan-
terie, 2" Artillerie et Pionniers. Un chapitre supplémentaire
concerne la guerre <> chimique », les émissions de gaz et les pro-
jectiles toxiques. Un appendice groupe toutes les cartes et les
plans directeurs nécessaires, ce qui pei'met au professeur des
interrogations pratiques dont l'utilité est évidente. Quelques
documents ont été reproduits en fac-similé ; un lexique contient
enfin les principaux termes militaires et les abréviations usitées
dans le volume.
Puisque l'auteur nous invite à lui indiquer les lacunes que
l'on peut relever dans son ouvrage, nous lui exprimons le seul
désir qu'un chapitre spécial puisse, dans une prochaine édition,
être consacré à l'aviation, une des armes nouvelles de la der-
nière guerre et peut-être l'arme j:>rincipale de la guerre de
demain.
Tel qu'il est, le volume constitue un excellent instrument de
travail, non seulement pour les classes de nos Lycées préparant
à St-Cyr, mais encore pour tous les Officiers, pour tous ceux
qui ont pour obligation d'être exactement informés et de se tenir
au courant de l'actualité militaire. Sa place est indiquée éga-
lement dans la bibliothèque d'un Officier Interprète, A tous ces
titres, il méritait d'être signale ici. Gaston VARENXE.
Paul Passy- — Conversations Françaises ci) traos-
criptioi) pl)Oi)étlque, avec traductions anglaises.
(University of London Press, 1920, 4/6 net),
" Destiné à des jeunes gens connaissant déjà assez bien les
éléments du français, et désireux de se familiariser à fond avec
le langage de la conversation courante », ce petit livre de 119
pages répond parfaitement à son but. »
Il consiste en 27 dialogues pratiques imaginés au cours d'un
séjour d'étudiant en France et plus particulièrement à Paris.
<. Le langage, dit l'auteur, est un peu plus contracté que dans
ses transcriptions scolaires ; et dos formes propres à un parler
plus rapide sont indiquées en note. » Sauf en ce qui concerne
BIBLIOGRAPHIE 455
quelques rares exceptions, je ne suis pas des lecteurs que
• celles-ci pourront surprendre, choquer même >> ; non seule-
ment je tiendrais pour mal instruit de notre langue l'étranger
qui ne les comprendrait pas sans effort, mais aussi pour préten-
ticujf, ou peu doué, celui qui n'arriverait pas à les employer
automatiquement dans la conversation usuelle.
La transcription est dans les six premiers chapitres divisée
en groupes de sens, et en mots dans les autres ; l'exclusivisme
eût été arbitraire, chaque notation ayant avantages et inconvé-
nients et l'élève peut, à l'aide de la première manière, saisir
entièrement de façon concrète les problèmes même qu'il serait
tenté de résoudre autrement que M. Paul Passy. C'est dire que
l'ouvrage, comme on pouvait d'ailleurs s'y attendre, est excel-
lent. G. Vhangest.
WiSSeni)ai)S> Ciicf de bureau au ministère de l'I. P. : Code
de rEi)seigi)en)ei)t Secondaire (Ggs pp. Hachette, 1920. 20 fr.).
Cet ouvrage, complété depuis sa première édition, contient le
texte des lois, ordonnances et décrets qui régissent l'université
et renferme tous les renseignements relatifs à la situation des
fonctionnaires des lycées, collègues et cours secondaires.
Maugéis de Bourguesdoi). — Les Stéi)ograpl)es Poly-
glottes (Chea l'auteur, 30, rue de Bourgogne, Paris, 7% 1920, 6 fr.).
Ce livre effleure inefficacement de vastes questions linguisti-
ques ou phonétiques ; il ne saurait être utile à qui voudrait en
réelle connaissance de cause choisir telle méthode sténographi-
que* plutôt que telle autre : un travail persévérant donne d'ail-
leurs avec les trois ou quatre méthodes les plus répandues des
résultats équivalents. Les employés qui veulent devenir sténo-
graphes polyglottes }• trouveront les adresses de sociétés suscep-
tibles de leur procurer des postes, l'indication des manuels de
sténographie les plus connus,' quelques conseils relatif aux
séjours à l'étranger, et des considérations sur le rendement éven-
tuel de leur profession. G. D'HAXGEST.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
Tînmes Literary Supplen()ei)t (3 juin): Revues de livres :
The coiinlry toivn and other poems (O. U. P., 3 sh. 6), recueil
des meilleurs poèmes de W. J. Courthope (1842-1917), l'auteur
d'une History of English Poetry ; le recueil est précédé d'une
biographie par A. O. Prickard et orné d'un portrait ; — Théodore
Roosevelt, an intimate biographij, by W. R. Thayer (Constable,
24 sh.) ; un autre ouvrage sur « Teddy », intitulé Talks with
T. R. par .John J. Leary, doit paraître incessamment chez Hough-
ton, Mifflin et Cie, Boston ; — l'ouvrage récent de M. Baldens-
' perger, l'Avant-guerre dans la Littérature française, fait l'objet
456 LES LANGUES MODERNES
d'une critique assez hostile dont " l'esprit de Sorbonnc ... qui
voudrait >■ démontrer la vertu française par des procédés teu-
tons », a aussi sa part.
10/6 : Essai sur .. l'idée de progrès », suggéré par deux publi-
cations récentes. The Idea of-Progress, an inqiiiry info ils origin
and growth, by J.-B. Bury, Regius Prof, of History in Carab.
Univ. (Macmillan, 14 sh.), sorte d'histoire de l'idée de progrès
à travers les âges, et The Idea of Progress, by W. R. Inge. Doyen
de St-Paul (Clarendon Press, 2 sh., ou recueil des <• Romanes
Lectures », 0. U. P. 16 sh.), simple conférence pleine d'aperçus
originaux. Le problème est à l'ordre du jour depuis que la g'uerre
nous a fait douter de la réalité du progrès humain, et ces deux
ouvrages ont provoqué de nombreux articles dans toute la presse
britannique. — Revues de livres : Deux ouvrages sur l'histoire
d'Irlande, Irehtnd iinder the Xormans 1216-1333, by G. H. Orpen
(O. U. P.), en 4 vol. et The Irish Rébellion of 16il, with a history
of the events which led up to and siicceeded il, bj' Lord Ernest
Hamilton (Murray), qui fait suite à l'étude du même auteur sur
rUlster sous Elisabeth ; — J.-R. Tanner, Samnel Pepys and the
Royal Xavy, ■ cours fait à Trinity-College, Cambridge (C. U. P.
6 sh. 6) ; — W. H. Moreland, India al the death of Akbar (Mac-
millan, 12 sh.), vue d'ensemble sur la situation économique de
l'Inde au début du xvir' siècle qui, dans l'esprit de l'auteur, doit
servir de point de départ à toute une série d'études sur l'Inde
économique ; — la maison Humphrey Milford (O. U. P.i, vient
d'ajouter un nouveau volume à sa série d'études sur les reli-
gions de l'Inde, An oiitline of the religions literature of India,
by J.-N. Farquhar, auteur d'un autre volume. Modem religions
monements in India; — Lelters of travel (1892-1913) de R. Kip-
ling (Macmillan 7 sh. 6) recueil dé lettres publiées jadis dans
différents journaux et relatives à l'.^mérique, au Japon, au
Canada et à l'Egypte ; — Th. H. Dickinson, The contemporary
drama of England (Murray, 7 sh. 6i ; — revue très élogieuse de
Marrakech ou les Seigneurs de l'Atlas de J. et J. Tharaud, ainsi
que du Verlaine d'Ernest Delahaye, et du Serenus de .T. Lemaître,
dont vient de paraître une traduction chez Selwyn and Blount
(7 sh. 6) ; — un correspondant se plaint du prix de plus en plus
inabordable des livres en Angleterre, enviant à la France ses
éditions bon marché, notamment sa collection » Une heure
d'oubli », ses éditions de la maison E. Champion ou celles de la
Bibliothèque de l'Ecole des Hautes-Etudes ; cette question de la
cherté des livres provoque d'ailleurs des échanges de vues dans
toute la presse.
17/6 : The life of Disraeli ; il vient de paraître (chez Murray,
18 sh. chaque vol.) les deux derniers volumes, V et VI, de la vie
de B. Disraeli, commencée par W.-F. Monypenny et continuée par
G. Farle Buckle ; — William O'Bricn, Evening memories (Maun-
sel 16 sh.), autobiographie du grand chef irlandaisi ; — Rev.
Edward Gepp : A conlribuiion to an Essex dialecl dictionary
(Uoutledgc, 5 sh.) ; — H. Clément Xotcutt : An interprelalion of
Keats's >■ Endymion » (publié à Capetown) ; l'auteur de cette
étude veut voir dans <• Endymion », outre les péripéties de l'àmc
BIBLIOGKAPHIE 457
du poète à la recherche de hi vérité, un exposé des idées de
Keats sur la poésie anglais» ; — la C. U. P. commence la publi-
cation d'une série de • Shakespeare proJ)lems -, dont le premier
volume s'intitule Shakcspeare's fif/ht with the pirates and the
/irohlenis o( the transmission of his test, by A.-W. PoUard ; —
Gyldendal (13 York Street, Covent Garden, London W.-C„ 2i,
succursale d'une maison de Copenhague et Christiania, publie
une série de traductions d'œuvres Scandinaves ; — la maison
Allen et Unwin annonce deux volumes d'études sur Ruskin :
The Haruest of Ruskin, hy Principal John W. Graham, et Ruskin
the Prophet, recueil d'essais par différents auteurs publié à l'oc-
casion du centenaire.
1/7 : Revues de Jivres : Prof. H. Cecil Wyld, A history of
modem colloquial English (F"isher Unwin 21 sh.), ouvrage inté-
ressant, quoique encore loin d'égaler celui de John Earle ; —
Watson Nicholson, The historical sources of Defoe's, Journnl of
the Pla<jue Year (Boston, Mass., The Stratford Company, ft 2) ; ce
journal de Defoe, que l'on considérait jusqu'ici comme un
l'Oman, serait en réalité un recueil de faits au*heutiques ; —
Margarct Deancsly, The Lollard Bible and other médiéval bibli-
cal nersions (C. V. P., 31 sh. 6> ; — H.-G. Wells. The out-
line of history, vol. 1 (Xewnes, 2 vol., 45 sh. et Cassell
1 vol., 21 sh.) ; le grand romancier sociologue a entrepris une
histoire de l'humanité brossée ■• à la manière des grandes fres-
ques de la Renaissance ■> ; le premier volume, qui prend la
terre à l'état de nébuleuse,, nous mène jusqu'à l'avènement du
christianisme; — Joseph Conrad, The Rescue (Dent. 9 sh.), nou-
veau roman dont le héros est encore un marin ; — arficlc
de W.-J. Lawrence, Was ■• Sir Thomas More <> ever acted ? où
il conclut contrairement à Mr W.-W. Greg, que la pièce fut
cffertivemcnt jouée ; — • la maison A. et C. Black publie un
Who was mho 1897-1916, contenant la biographie de tous les
gens connus morts au cours de cette période ce qui dispense de
l'obligation de conserver toute la collection du IVho's whn ; —
vient de paraître l'index du Times pour le premier trimestre
1920 (chez S. Palnier, Shepperton. On. Thames, 30 sh.).
8/7 : The navels of Disraeli : une nouvelle édition de ces
romans est en train de paraître chez Longmans (4 sh. 6 le vol.) ;
— art. de W.-J. Lawrence, The casting eut of Ben Jonson, petit
épisode de la vie du poète qui, en janvier 1604 se fit un jour, en
compagnie de son ami sir John Roe, expulser d'une représenta-
tion à Hampton-Court ; — Revues de livres : Walter H. Burgess,
John Robinson, Pastor of the Pilgrim Fathers. A sludy of his
life and limes (Williams and Norgate. 12 sh. 6). L'auteur de l'ar-
ticle rappelle deux études antérieures sur les Pilgrim Fathers :
Fngland and Holland of the Pilgrims, du D-" H.-M. Dexter (1906),
et surtout l'excellent ouvrage du D"^ R.-G. Usher, The Pilgrims
and their history (1918) ; — Rev. James M. Wilson The Worces-
ter Liber Albus, Glimpses of life in a great Bénédictine monas-
tery in the fourteenth century (S. P. C. K. = Society for the
propagation of Christian Knowledge, 15 sh.") ; — Prof. G.
Saintsbury ne se contente pas d'étudier notre littérature, nos crus
458 LES LANGUES MODERNES
de Bourgogne n'ont pas davantage de secrets pour lui, si nous
en jugeons par ses Notes on a cellar-book (Macmillan 7 sh. 6),
fragments d'une » Histoire du vin » que le savant professeur
avait eu un moment l'intention d'écrire ; — on annonce la publi-
cation (chez Constable), d'une History of the Chartist movement,
par Julius West, ancien collaborateur du New Statesman, mort
peu de temps après l'armistice ; cette histoire est basée sur des
documents inédits, tirés notamment de la collection de manus-
crits et de coupures Francis Place, au British Muséum ; —
l'université de Manchester va faire publier (chez Longmans)
un essai de Kathleen Lamblej-, The teaching and ciiltivation of
the French language in England during Tudor and Stiiart time'È ;
— la maison américaine Friedman annonce, une bibliographie
de Walt Whitman.
15/7 : Deux centenaires : Gilbert White of Selb'orne ; né le
18 juillet 1720 ; — The Pilgrim Fathers, their story and their
connection with Southampton i6'20-1920 (Southampton, Hauts
Advertiser Company, 2 sh. 6) ; c'est le 15 août 1620 que les
Pilgrims partirent de Southampton ; — J. Ford Rhodes vient
de publier (Macmillan 18 sh.) History of the U.S. froni Hayes
to Me. Kinley 1877-1896 qui forme le 8* vol. de son History of
the U. S.
22/7 : Revues de livres : Sir Vernej- Lovett (Late of the J. C. S.'-.
The groivth of Indian, nationalism, a history of the Indian natio-
nalist movement (Murray 12 sh.) ; — The English Association
vient de reprendre sa publication annuelle, commencée en 1910
et interrompue pendant la guerre ; le 6* volume des Essays and
stiidies written by members of the E. A. comprend des études de:
Henry Bradley sur la Genèse de Caedmon, Prof. Wyld sur les
dialectes, Prof. Saintsbury sur Trollope, Miss Stawell sur J. Con-
rad ; — le British Muséum vient d'ajouter à son exposition de
manuscrits une exposition de livres rares, de sorte qu'on peut y
admirer maintenant, en manuscrit ou dans leur édition princeps,
la plupart des œuvres importantes de la littérature anglaise,
depuis le Beowulf jusqu'au manuscrit de Tess of the d'Urber-
villes ; — le Norihampton Mercury célèbre son bicentenaire :
The bicentenary record of the Northampion Mercury, by W.-W.
Hadlcy (The Mercury Press, Northampton 1 sh.) ; — les Quakers
manifestent un regain d'activité ; leurs œuvres de guerre, tant
dans les régions dévastées que dans les camps de prisonniers,*
ont rendu populaire la Society of Friends ; le « Friends' Council
for international service », 91, Bishopsgate, annonce la publi-
cation d'un grand nombre de livres et de brochures destinés à
divulguer les croyances des Quakers et rédigés dans les diverses
langues européennes ou en espéranto ; — on annonce l'appari-
tion d'une nouvelle revue trimestrielle, The Pilgrim, a reniew of
Christian polilics and religion (chez Longmans), sous la direction
du chanoine William Temple.
Atl)ei)3SUn) (4 juin): The poetry of Leigh Hunt: Revue délivres:
l'nknown London, by W.-G. Bell, l'auteur de Fleet Street in
seven centuries (Lanc, 6 sh. 6) ; Stenenson's Germnny, by C.
HIBMOGRAPHIF. 459
lîrunsdon Fictchcr (Heinemann 12 sh.>, étude sur les agissements
de rAlIeniagiic dans le Pacifique, dont l'auteur conclut L la
nécessité d'expulser les Allemands de ces parages.
11/6 : Revues de livres : A.-H. Cruikshank (Prof, of Greek
in the Univ. of Durham), Phili/) Massinger (Oxford, Blackwell
15 sh.), 0 ouvrage consciencieux et utile » ; — E.-H. Fellowes :
Englixh madrigal verse 158H-Î63'2, edited from the original song-
books (O. U. P. 12 sh. 6), on vient de rééditer, chez Graut
Richards, l'ouvrage de S. M. Ellis, George Meredith, His life and
friends in relation to his work, dont la première édition avait
valu à son auteur des poursuites judiciaires ; et dans la " Bohn's
Pojjular Lil)rary u^ 2 sh. 4, The life of Robert Oiven, d'après
l'édition originale de l'autobiographie parue en 1857-58.
18/6 : The Marij Carie ton narratives 1663-73 : a missing chap-
ter in the historij of the English novel, by Ernest Bernbaum
(Harvard Univ. Press, Cambridge,\Mass. ; Milford, London 5 sh. 6).
(les romans, inspirés par la vie d'une fameuse aventurière et dont
le plus célèbre, The Counterfeil Ladij Unveiled, a pour auteur
Francis Kirkman. ont servi de modèles aux romans de Defoe.
25 6 : Revues de livres : Enslaved and other poems by John
Masefield (Heinemann 6 sh.) ; — The Stonor leiters and papers
1'200-l'iS3, edited, from the original documents in the Public
RcA'ord Office, by Ch. Lethbridge Kingsford (2 vol. " Camden
third séries 29 et 30, Royal Historical Society) documents inté-
ressants par ce qu'ils révèlent de la vie sociale en Angleterre
.aux XIV et xv" siècles ; — compte rendu élogieux de la thèse de
M. Saurat.
La Pensée de Milton (Alcan 24 fr.) ; — petite note de J.-H.
Whitehouse sur l'amitié, peu connue, de Ruskin et George
Macdonald ; — bonne nouvelle pour les celtisants : la maison
Morgan et Higgs, de Swansea. commence la publication d'une
série d'ouvrages en gallois, bien imprimés sur bon papier, à un
prix relativement modique, 1 sh. 6 ; le premier volume est une
anthologie d'englynion, compilée par le Prof. \V.-J. Gruffydd,
qui y ajoute une introduction sur l'origine et la nature de
Venglijn (petit poème rappelant l'épigramme grec). La série, inti-
tulée " Cyfres y Werin », sera continuée par des traductions
d'Ibsen, de Maupassant, de Gogol.
2/7 : A Taie of a Tub : to which is added the Battle of the
Books, and the Mechanical Opération of the Spirit, nouv. édition
par A. C. Guthkelch et D. Xichol Smith, avec introd. et notes
(Oxford. Clarendon Press 24 sh.). Cette édition, qui reproduit
l'orthographe originale avec les variantes des diverses éditions
contemporaines, contient aussi un appendice sur les connaissan-
ces de Swift en Littérature occulte. — Dans les <■ Notes from
Ireland ■>, article •• nécrologique > sur la disparition de VIrish
Stafesnian, journal hebdomadaire fondé il y a un an par les
nationalistes modérés sous l'inspiration de sir Horace Plunkett.
16/7 : On annonce la préparation, chez Cobden-Sanderson,
d'une édition des plus beaux poèmes de .John Clare (v. l'Athe-
naeum du 5-3 et du 9-4-1920) ; cette édition contiendra, un cer-
tain nombre de poèmes inédits et une biographie à laquelle col-
labore Mr. S. Gefton, pctit-fils du poète.
460 LES LANGUES MODERNES
SatUrday Review (12 juin): The Guitry Seasonatthe Aldwych.
Une comparaison de Mon père avait raison, qui a terminé la série
de représentations données à Londres par les Guitry, avec
Tiger ! Tiger ! l'une des pièces qui tiennent l'affiche en ce mo-
ment en Angleterre, suggère à la .S. R. de mélancoliques réflexions
sur la pauvreté du théâtre anglais à l'heure actuelle.
TI)C Nioeteei)tl) Cei)tury Cjuin) •• Etude de Lord Ernle sur
la genèse du Troy Book et les plagiats de ses divers auteurs ; —
Frances Towers : Thomas Traherne, his outlook on life.
Juillet : Three niosters of English : The voetry of Ralph
Hodgson, by W.-H. Chesson, The genius of Thomas Hardy, l)y
W.-M. Parker, A rare traoeller, W.-H. Hudson; by Ernest R.hys.
Tl)e Fortl)igl)tly Review (juin) : A. B. Walkley, Henry James
and his letters ; — Rowland Grey, The heroines of Mrs Humplory
Ward ; — W.-J. Lawrence : The masque in <• The Tempcst "
Tl)e Poetry Review (mai-juin) : E. M. Rutland : Birmingham
in poetry (avec bibliographie) ; le recueil de Ballads t.; oUl
Birmingham, de E.-M. Rutland, fait aussi l'objet d'un compte
rendu.
To-day(juin) : Holbrook Jackson : Frederick Locker, bookman
and poet (Mr. Aug. Birrell, gendre du poète, vient de publier
Frederick Locker Lampson, a character sketch, Constable
25 sh.).
Juillet : The poetry of Frederick Locker ; A. Burford Poster :
Henry Dawson Lowry, poet of Cornwall 1869-Î906. La revue
To-Day a dans chaque numéro une rubrique originale et intéres-
sante sur le gramophone : études sur le rôle de cet instrument
considéré, il est vrai, au point de vue de l'éducation musicale
plutôt qu'à celui de l'enseignement des langues, et liste, avec
appréciation, des meilleurs disques récemment parus.
Tl)e LOQdol) Mcrcary (juin) : Etudes de Bohun Lynch sur
l'humoriste Max Beerbohm ; de .\ldouS Huxley sur Chaucer,
poète de la vie, qui a su, dans un âge particulièrement sombre,
s'amuser du spectacle sous ses yeux, et que le critique se plaît
à comparer à notre Anatole France ; d'Edward Shanks sur la
poésie de John p-reeman, à propos du choix de poèmes que cellii-
ci vient de publier sous le titre Poems old and new (Sclwyn and
Blount 10 sh. 6i. Le L. M. donne des bibliographies d'auteurs con-
temporains ; le numéro de mars dernier avait donné celles de
Maurice Hewlett et de Max Beerbohm ; le numéro de juin donne
celle de W.-B. Yeats.
.hiillet : art. de Mr. Freeman sur George Moore.
Tl)e Library vient de fusionner avec les Transactions of Ihe
Bihliographic<d Society (qui paraissait semestriellement depuis
une trentaine d'années, sou> la direction de Sir John Mac .Mis-
ter) ; la nouvelle publication est trimestrielle. Le numéro de juin
contient une étude de R, Farquharson Sharp : Travesties o(
Shakespeare' s plays (Parodies des pièces de Shakespeare).
A signaler un article du MUSiCal QuaPteriy N" d'avril (édité
chez Schirmcr, New-York) : Music in the F.lizabetlran théâtre,
de W.-J. Lawrence. M. FHRLIX iTiinis).
HIlil.lOGHAPniE 461
Moderi) Laoguages (A. et C. Black, London;. — A signaler
dans le luinuio d'août les lignes (jù (Iloudesliy Brereton sonliaito
qn'on inocule aux élèves avancés quelques-uns des principes de
la critique française. •• Ail French criticism is not good, but
its traditions, embodying nuich that lias corne down from classic
times, make it far superior to any method based en passing
fashion or niere personal La|)rice ...
Modero Lai)guage potes (.lolms Hopkins Press, Baltimore).
— Dans le numéro de .juin, un article intéressant sur Jes lectu-
res de Dickens. Le grand romancier n'aimait, semble-t-il, rien
que de très orthodoxe. Don Quichotte, Gil Blas, les solides con-
teurs du xvur siècle, à l'exception toutefois de Richardson. A
part les Idylles de Tennyson, il prisait médiocrement la poésie,
mais était nourri de la Bible et de (^arlyle. — Un article sur les
manigances de Pope, l'écrivain rusé, qui aurait composé son
" Bathos •> à seule fin de provoquer des attaques pouvant jus-
tifier la publication de la Dunciad. — Enfin, un compte rendu
de ■ The life and dramatic works of Robert Montgomery Bird ".
auteur américain (1806-1854).
Tt)e Moderi) Lai)gUageJOUri)al (University of Chicago). —
Le ininiérij de mai est intéressant. D'abord, un rapport sur les
excellents résultats d'un échange de correspondance franco-amé-
ricaine institué en janvier 19 par la Muniiul Training Iligh Schoot
of IJcnoer, Colorado ; la nouvelle, rassurante, que les publica-
tions de la M. L. A. respecteront l'orthographe établie ; et la
résolution de la M. L. A. of America exprimant le vœu « que
l'étude des langues modernes commence, en général, plus -tôt et se
continue plus longtemps qu'il n'est habituellement pratiqué. » Il y
aurait des signes que l'hystérie de guerre à laquelle on doit l'af-
faiblissement des études allemandes est en voie d'apaisement. Le
Wisconsin se ressaisit, sans pour cela que les études françaises
soient délaissées. \ signaler une appréciation de CoI;tte Baudoche
considéré comme livre d'étude : <• psychologie à l'extrême, cou-
pant les cheveux en quatre, manquant d'intérêt, sans action » ;
mais surtout les Fulminations >< d'un professeur à l'Université
de Boston. Elles s'appliquent à l'espagnol, qui semble partager
la popularité de la peseta, mais nous pouvons tous en faire
notre profit. L'auteur se plaint des conséquences néfastes de la
guerre, qui a permis à beaucoup d'Américains d'apprendre l'an-
glais et de leur inculquer des méthodes d'hygiène, mais qui a
abaissé terriblement le niveau de la culture. Il ne veut pas que
l'espagnol soit uniquement considéré comme une langue com-
merciale, mais aussi comme un instrument de civilisation. Il
s'insurge contre le matérialisme où certains, sous des prétextes
trop connus, voudraient confiner la discipline des langues vi%-an-
tes : " Notre tendance actuelle est d'abaisser notre niveau déjà
si bas. Mais s'il est dit que nous serons vaincus pav l'avalanche
des théories bolchevistes (remarquons que beaucoup nous les
réservent charitablement), qu'on dise au moins de nous : Ils ont
rombattu le bon comliat ». Avertissement contre le sabotage,
que nous aussi pouvons méditer. Paul CHAUVET.
NÉCROLOGIE
AUGUSTE GUILLAUME
La mort prématurée de M. Auguste Guillaume, Inspecteur
général de l'Instruction Publique, a causé dans l'Université
tout entière une tristesse profonde.
L'Association des Professeurs de Langues Vivantes porte
ce deuil.
Peut-être devrais-je, en évoquant le chef disparu, essayer
de retracer ici, ne fût-ce qu'à grands traits, mais sans négli-
ger ni le^ faits ni les dates, sa belle carrière qui, hier encore,
promettait un long avenir toujours plus fécond, et qui vient
brusquement de tomber dans le passé. Mais, plus simplement,
j'aime mieux vivre avec lui quelques heures de plus, penser
à lui tout haut, assembler quelques souvenirs bien chers, et
les déposer en gerbe sur sa tombe.
Je le revois à chacune des étapes de sa vie toute remplie
d'action et de bonté.
Je revois le Guillaume des jeunes années, de nos grands
concours professionnels. Il s'en approchait, venant d'un
autre point de l'horizon universitaire, les bras déjà chargés
de toutes les récompenses et de tous les diplômes dont dis-
pose l'Enseignement Primaire dans ses régions les phis hau-
tes. Il s'y présentait avec une solide préparation pédagogi-
que, une précoce maturité, une méthode sûre, et, par ailleurs,
une rare possession de la langue qu'il devait enseigner.
Devant son anglais impeccable, le juge méticuleux — impec-
cable lui-même — qui occupait la chaire de la Sorbonne,
n'avait qu'à louer et applaudir. Au surplus, d'aucuns afTir-
maient que notre ami possédait de l'autre langue, la langue
sœur, une maîtrise presque égale, et voyaient dans ce si
exceptionnel bilingui5:mc — dûment consacré plus tard par
des parchemins universitaires — le sûr présage d'un grand
avenir. Ceux-là ont été bons prophètes.
Je revois le professeur de Chaptal, ceMe maison toute four-
millante de jeunes vies. Il semblait y porter sans effort — sur
NÉCROLOC.IE 463
des épaules, liélas, pas bien robustes — un poids d'heures et
de classes capable de faire chanceler les plus vaillants. Les
innombrables travaux scolaires qu'il contrôlait inlassable-
ment ont souvent fait frémir son voisin de Condorcet, pour-
tant bien pourvu lui-même d'élèves et de copies. Guillaume
vécut là de longues années heureuses, trouvant dans son
labeur énorme des joies toujours plus vives. Et de cette exis-
tence si laborieuse et si remplie., il réussissait encore à dis-
traire quelques semaines — non pas pour écrire : il était né
et resta professeur jusqu'à son heure dernière — mais pour
apporter aux grands jurys de l'Enseignement Primaire l'ap-
point de son autorité incontestée et dé son équité scrupu-
leuse.
Mais tous, tous, autant que nous sommes, les plus jeunes
comme les autres, nous revoyons l'Inspecteur Général. C'est
cette figure qui vivra dans notre souvenir aussi longtemps
que nous vivrons nous-mêmes. C'est à elle, enfin, que la mort
a donné, avec sa consécration suprême, le caractère de ce
qui ne doit plus changer jamais.
J'avoue d'ailleurs que les quelques évocations qui précè-
dent ne sont que des reflets à peu près identiques d^ la
même image: l'homme, en efTet, en déj^it des années, était
resté physiquement, autant que par la saine vigueur de son
esprit, d'une surprenante jeunesse. Tout au plus avions-nous
remarqué chez lui, avec tristesse, quelques signes d'une fati-
gue que nous espérions passagère — des nerfs plus tendus,
un peu de fièvre peut-être, ou tout au moins d'inquiétude —
lorsque nous le vîmes pour la dernière fois. C'était au lycée
Louis-le-Grand, le jour où, dans une séance désormais inou-
bliable de notre Association, il était venu affirmer avec nous,
par une déclaration dont la mort a fait une sorte de testa-
ment pédagogique, que « rien n'était changé dans l'orienta-
tion générale et dans l'esprit de notre enseignement. » Cette
fois encore, l'amitié de ses plus anciens compagnons se rassu-
ra en constatant que notre chef de 1920 était toujours, à quel-
ques lignes près, le jeune agrégé de jadis. A peine quelques
reflets d'argent dans l'or bruni des cheveux, quelques fils
blancs dans la moustache à la Française, un pli plus accusé
au front, des joues sans doute plus creuses. Mais l'âge n'avait
pas ralenti son allure si vive, ni assourdi le timbre si net de
sa voix. Et surtout — oh, surtout ! — c'était bien la même
flamme claire que nous voyions briller dans ses yeux si
francs et si droits, qui se posaient confiants et bons sur les
.&
464 LES LANGIES MODERNES
êtres et sur les choses, dans ses yeux d'honnête homme enfin.
Et son âme était aussi limpide que son regard. On eût dit
qu'elle s'offrait d'elle-même à l'analyse. Elle ignorait ces jar-
dins secrets où croissent parfois, parmi les fleurs rares, quel- .
ques herbes mauvaises ; ces replis presque inexplorés où se
dissimule à certains jours, même chez les meilleurs, l'arrière-
pensée à jjeine avouée ; ces recoins obscurs assez sembla-
bles, n'est-il pas vrai, aux réduits pas très propres que l'on
trouve dans les logis les mieux tenus, et dont on ferme furti-
vement la porte quand on fait visiter la maison. Elle se livrait
toute, parce qu'elle n'avait rien à cacher, étant faite de droi-
ture et de bonté. II aS-ait le mépris de la demi-vérité, presque
autant que du mensonge même. Sa parole était sans réticen-
ces, comme sa pensée était sans détours. Il ne lui imposait
d'autres contrainte que celle que commandait sa bienveil-
lance innée, car s'il distribuait l'éloge avec une joie qui dé-
bordait jusque sur son visage, j'imagine qu'un mot de blâme,
ou simplement C3s réserves nécessaires et inévitables que sa
loyauté professionnelle le forçait à formuler parfois, étaient
une souffrance pour son cœur avant d'arriver à ses lèvres.
n exerçait ses fonctions à la façon d'une mission : il s'était
donné celle de deviner et d'encourager l'effort sincère vers
le mieux. Il le faisait simplement, comme il faisait toute
chose, sans plus de hauteur que d'humeur chagrine. Dans ses
rapports avec ses vieux amis, il semblait ne se souvenir de
son titre que pour mieux s'appliquer à le leur faire oublier.
Auprès des jeunes, con meilleur argument était une bonne
parole, et les devoirs toujours plus nombreux qui lui incom-
bèrent ne firent en quelque sorte qu'élargir le champ où
s'exerçait sa bont". Le jour où un décret le fit pnsser des
cadres de l'Enseignement Primaire dans les nôtres, il
s'adapta à ses fonctions nouvelles avec la mêm.e modestie
aimable, avec ce tact qui lui venait du cœur, et ce dévoue-
ment de toute son âme qui était le fond même de sa nature.
Il ap])orlait à faire le bien une sorte d'enthousiasme géné-
reux, et comme une allégresse. Cet homme qui vivait en cou-
rant semblait, si j'ose dire, avoir des ailes quand il s'agissait
de secourir ou de consoler. Et je sais plus d'un d'entre nous
qui pourrait en témoigner sans chercher loin, ni longtemps.
11 emporte avec lui une belle moisson de reconnaissance, de
respect et d'affection.
Ce tendre n'était dur que pour lui-même, mais pour lui-
même il était sans pitié. Ayant à remplir un double devoir,
NÉCROLOGIE 465
dans rEnseignemcnt Primaire et dans le nôtre, il trouvait
naturel de se dépenser deux, fois plus vite. Il ne s'accordait
ni trêve ni merci, étant de ceux qui se reposent du travail
par le travail. Et cette activité toujours égale et toujours
excessive, qui, à toutes les heures de sa vie, semble bien
avoir dépassé les forces de l'homme, seule la maladie, sou-
daine et terrible, la devait arrêter brutalement. Un jour du
printemps dernier, il quitta Paris pour y revenir brisé et
mourant. .La congestion cérébrale avait fait son oeuvre et
après un débat qui dura trois mois entre la vie et la mort,
il s'abattit.
J'imagine qu'aucun hommage ne peut être plus doux à la
mémoire de cette âme simple et bonne que celui qui lui fut
rendu par d'autres âmes simples et bonnes, et qu'il me fut
donné de recueillir. C'était le jour même où, au concours
d'agrégation, nous avions appris la triste nouvelle. Je la
transmis à un groupe de candidats qui sont depuis long-
temps nos collègues — des professeurs déjà mûris dans le
service — qui avaient mainte fois reçu sa visite, serré sa
main tendue, apprécié les belles qualités de son cœur. Un
lourd silence pesa' sur eux. Enfin le plus âgé, les lyeux au loin
et comme un peu vOilés, dit : « C'était un brave homme ! »
— « Oui, c'était un brave homme ! » répétèrent les autres,
chacun à son tour.
Honneur à celui qui a tenu dans sa main fût-ce une par-
celle de l'autorité ; oui a été, ne fût-ce que pour quelques-
uns de ses semblables, le conseiller, l'arbitre, le juge, et qui,
le jour où ses yeux sei sont fermés à la lumière, où il n'est
plus qu'une pauvre dépouille mortelle prête pour le tombeau,
reçoit des hommes mêmes qu'il a jugés ce suprême et touchant
témoignage !
A la belle famille universitaire que sa mort met en deuil —
à Mme Guillaume qui, comme jeune fille et comme épouse, a
porté deux noms également honorés de nous tous — à son
fils, le jeune agrégé d'hier — à son gendre, qui continue à
Chaptal la tradition de son aine — à M. Vial, inspecteur
général de l'Instruction Publique, l'Association des Professeurs
de Langues Vivantes présente l'expression de sa sympathie
douloureusement émue.
Lucien BEAUJEU.
-:»!:
31.
Notes et Documents
Le Russe et l'Arabe au Baccalauréat
Extrait de l'arrêté du 3 juin 1920 :
Article premier. — Les Facultés des lettres et des sciences des
Universités de Paris, Aix-Marseille, Bordeaux, Lille, Lyon et Toulouse
examineront, pendant les sessions de 1920, les candidats au baccalauréat
de l'enseignement secondaire qui désireraient subir les épreuves de
langue vivante étrangère sur la langue russe.
Art. 2. — Les Facultés des lettres et des sciences des Universités de
Paris et de Bordeaux examineront, pendant ces mêmes sessions, les
candidats au baccalauréat de l'enseignement secondaire qui désireraient
subir les épreuves de langue vivante étrangère sur la langue arabe.
La préparatioi) des professeurs de français
à TEtraoger
Il vient de se fonder à Paris, sous la direction de la Faculté des
Lettres, une école de préparation des professeurs de français à
l'étranger.
L'école est ouverte aux hommes et aux femmes, âgés de dix-huit ans
au moins. Français ou étrangers, possédant le baccalauréat, le brevet
supérieur ou le diplôme de fin d'études.
Il y a deux séries de cours, pour chacune desquelles le prix de
l'inscription est de 300 francs. Les cours sont divisés en deux semes-
tres, et se terminent par un examen en vue de l'obtention du diplôme
d'aptitude à l'enseignement du français à l'étranger.
Le siège de l'école est à la Sorbonne, où toute demande de rensei-
gnements doit être adressée à M. Sudre, secrétaire.
(L'Ecole et la Vie, juillet 1920).
Université de Toulouse
Est approuvée la délibération du Conseil de l'Université de Tou-
louse, portant création d'une maîtrise de conférences de langue et
littérature espagnoles.
Université de Nai)cy
Est approuvée la délibération du Conseil de l'Université de Nancj-
portant :
1» Création, pour l'année scolaire 1920-1'.)21, d'une conférence
d'anglais.
2» Renouvellement, pour la même période, d'un cours de langue et
diction françaises.
NOTES ET DOCUMENTS • 467
Université de Grenoble
Est approuvée la délibération du Conseil de rL'uiversilé de Grenoble
portant création à la Faculté des lettres, à partir du 1" janvier 1921,
d'une conférence d'allemand.
Tt)e Moderr) HurT)ai)ities ResearcI) THssociatioi)
Fondée à Cambridge (Angleterre) le 1-' juin 191cS, et présidée pour
l'année 1919-19'20 par le professeur G. Lanson, la M. H. R. A. a pour
principal objet de faciliter et de développer les éludes supérieures de
langues et de littératures modernes, en organisant l'aide mutuelle et
la coopération entre les personnes adonnées à ces études.
Ce travail en commun est mis en œuvre au moyen de la correspon-
dance, des relations personnelles, l'écliange d'informations et de
conseils, l'aide pécuniaire offerte aux travailleurs. Le Comité sert
d'organe central et publie un Hulletin trimestriel.
Pour tous renseignements s'adresser à Mlle Hrunel, archiviste de
l'Association, 35, rue Madame, Paris (Ci'), qui a bien voulu se charger
d'assurer la liaison entre notre groupement et la M. H. R. A.
M. Cazamian, professeur à la Sorbonne, préside le groupe parisien,
et Mlle Brunel en est la secrétaire.
\i)den)t)\té des exanr)i03teurs au baccalauréat
Cette indemnité est restée ce qu'elle était avant la guerre : 1 fr. par
copie corrigée et 1 fr. par élève inscrit, qu'il soit admisible ou non.
Autrefois chaque série comptait environ 30 candidats et les profes-
seurs n'étaient pas obligés de rester jusqu'à la lin de la séance. ^
Aujourd'hui les séries comptent 20 à "24 candidats et le jurj, ce qui
est équitable, doit délibérer sur l'admission ou non-admission des
candidats : de sortfe que pour une séance d'au moins 3 heures le pro-
fesseur touche de 20 à 24 francs !
Parfois il n'j' a que très peu de candidats pour une certaine langue,
5 ou 6 : le professeur est tenu de siéger avec ses collègues et reçoit
5 à 6 francs. Avis aux amateurs !
-ogo-
PROGRAIVIIVIE5 DES CONCOURS
de 1921
Agrégatioi) d'allen)ai)d
I. HISTOIRE DE L.\ CIVILISATION
1. Les démons et esprits élémentaires dans la tradition populaire.
Textes :
Grimmelshausen. — SimpUcissimus, livre V, chapitres X-X\'I1.
Heine. — Elemeniargeister .
Consulter en particulier : W. Golther, Handbiich der germanischen
Mythologie (Leipzig, Hirzel;.
2. Le libéralisme religieux de 1830 à 1848.
Heine, Feuerbach, Strauss.
468 - LES LANGUES MODERNES
Textes :
Heine. — Ziir Geschichie der Religion und Philosophie in Deulschland.
Feuerbach. — Das Wesen des Christeniums, Einleituug, Erster Teil.
3. Le mouvement constitutionnel de 1848 à 1919.
Consulter en particulier : Deutscher Geschichtskalender (Leipzig,
Meiner, 1910-1920, les fascicules 52 (Der Entwurf der deutsclien Reiclis-
Verfassung), 59 (Die Beratungen im Ausscliuss), 62 (Zweite und dritte
Lesung im Plénum).
II. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
1. Le roman picaresque au xvif siècle.
Moscherosch, Grimmelshausen, Cliristian Weise.
Textes :
Moscherosch. — Gcsichtc Philanders von Sittewald, U, 1 : A la mode
Kehrauss (édition Robertag, Kûrschnars National-Litteratur, tome 32).
Grimmelshausen. — Simplicissimiis, livre III (édition Robertag,
même collection, tomes 33-35).
2. La vie et l'œuvre de Schiller jusqu'en 1790.
Textes :
a. Gedichte : Faniasie an Laiira, Laiira am Klavier, Rousseau, Die
seeligen Augenblicke an Laura, Die Kindsmôrderin, Der Triumpf der
Liebe, An einen Moralisten, Vorwurf an Laura, Kaslraten und Màn-
ner (= Mànnerwiirde), An den Frûhling, Die Grosse der Welt, Das
Geheimniss der Reminiszenz, Die Freuudschafl, Melancholie an Laura,
Morgenfantasie (= der Flûchtling), An Minna, Elisium, Graf Eberhard
der Greiner von Wirtemberg. — Freigeisterei der Leidenschaft (= der
Kampf), Résignation, An die Freiide, Die Gôtter Griechenlands, Die
Kiinstler. (Autant que possible la première version de toutes ces
poésies, qui se trouve dans le tome II de l'édition Boxberger, Kûrsch-
nars National-Litteratur).
b. Kabale und Liebe.
c. Die SchauhiUine als cine moralische Anstalt betrachtet. — Philo-
sophische Briefe, Theosophie des Julius.
3. Le vojage de Gœthe en Italie.
Textes :
a. Rômische Elegien.
b. Torquato Tasso.
c. Italienische Reise : Rom (novembre 1786-février 1787), Zweiler
Rômischer Aufenthalt (les mois de juin et juillet 1787). — Einfuche
Xachahmung der Natur, Manier, Stiî. — Von Arabeskeu.
L'examen oral comportera la traduction et le commentaire linguis-
tique d'un texte de moyen haut-allemand.
Agrégatioi) d'anglais
I. LES ORir.INES DE LA PROSE ANGLAISE
1. Swect. — Anglo-Saxon Reader :
\TII. Alfred's ivars with the Danes.
XIV. Ailfric's Xativily of the Innocents.
2. Morris. — Spécimens of Early English :
IX. The Ancren Riwle.
3. Morris and Skeat. — Spécimens of Earlv English :
XVII. (A) .1. Wyclif. — The Gospel of Mark (ch. I-Vl).
II. LA BOLRGEOI.SIE ET LES MÉTIERS
DANS LE THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE (1600-1611)
1. Dekker. — The Shoemaker's Holiday (1600).
2. Shakespeare. — The Merry Wives of Windsor (1600).
3. Chapman, Marston and .lonson. — Eastward Hoe (1605). [Belles
lettres séries].
4. Beaumont and Fletcher. — The Knighl of the Burning Pestle ',
(1611).
NOTES ET DOCUMENTS 469
III. La Sociktk et la littérature au début de l'âge classique
(1710-1720)
1. Addison and Steele. — The Spectalor, n»' 81 à 169 (du 2 juin au
IH septembre 1711).
2. Fope. — a. Essatj on (^rilicism (1711).
b. Windsor Forest (17 V^).
3. Gay. — Trivia (1716)-[Poems, vol. I. The Muses* Library, Rou-
tledge].*^
IV. les dernières années du règne de VICTORIA (1890-1901)
1. O. Wilde. - Dorian Gray (1891).
2. H. Kipling. — Barrack-Room Ballads (1892).
3. Th. Hardv. — Jiide Ihc Obscure (1895).
4. G. B. Shaw. — Candida (1896) [à part, ou dans Plaijs Pleasant
and l'npleasant ; vol. il, Pleasant ; Conslable].
Agrégatioi) d'espagnol
PREMIÈRE QUESTION
Le type du paysan et la peinture de la vie rustique dans la littéra-
ture en Espagne.
Antonio de Gucvara. — Menosprecio de corte y alabanza de aldea,
depuis le prologue jusqu'au chapitre VU inclus.
C.alderôn. — El Alcade de Zalamea.
Breton de los Herreros. — El pelo de la dehesa.
Palacio Valdés. — La aldea perdida.
DEUXIÈME QUESTION
Les théoriciens du théâtre espagnol au xvr et au xvn= siècle.
Torres Naharro. — Proemio de la Propaladia.
Cervantes. — Don Quijote, première partie, chapitre 48.
Lope de Vega. — Arte niievo de hacer comedias en este tiempo'
Ricardo de Turia. — Apoloç/ético de las Comedias espanolas. (Bulletin
hispanique, IV, p. 47).
Tirso de Molina. — Cigarrales de Toledo, édition Said Armesto,
bibliothèque Renacimiento ; cigarral primero, depuis p. 123, « con
la apaziblc suspension » jusqu'à p. 128, « no barre su memoria w ;
cigarral cuarto, depuis p. 338, « la sazon y la destreza de los recitan-
tes « jusqu'à 341, « entre dos juridiciones ». (Ces fragments sont repro-
duits dans Comedias de Tirso de Molina, édition Cotarelo y Mori,
tome I, pages 29-33).
TROISIÈME QUESTION
Le conte et l'apologue en Espagne, des origines à la fin du
xviiF siècle.
Don Juan Manuel. — El conde Lucanor, chapitres 5, 6, 7, 24.
Juan de Timoneda. —El sobremesa y alivio de caminantes ; pre-
mière partie, contes 1, 4, 22, 34, 69 ; seconde partie, contes 29, 51, 59.
Samaniego. — Fabulas, livre I, 2 et 8 ; livre II, 2 ; livre III, 8 ; livre
I.V, 14 ; livre VI, 4 ; livre VII, 5 ; livre VIII, 7 et 8 ; livre IX, 14 et 16.
Iriarte. - Fabulas, n^^ 1 (prologue), 2, 6, 8, 11, 18, 31, 43, 58, 63, 66.
AUTEURS SUPPLÉMENTAIRES
Gonzalo de Berceo. — Vida de santo Domingo de Silos, édition Fitz-
Gerald, copl. 1-85.
Agustiii de Rojas. — El viaje entretenido, livre premier.
Campoamor. — Pequeiïos poemas : El tren expreso ; la gloria de los
Austrias ; los Buenos y los Sabios.
AUTEUR LATIN
Tite-Live. — Livre XXI, R-16 {Prise de Sagonte).
470 LES LANGUES MODERNES
Agrégatioi) d'italiei)
I. HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE ET DE LA CIVILISATION
l'« question. — Le Purgatoire de Daiite.
2« question. — Les arts à Florence de 1400 à 146(5.
3« question. — Le problème de la langue italienne du xiv^ au xvr
siècle.
4« question. — L'Italie de 1789 à 1830.
IL AUTEURS POUR LES EXPLICATIONS ORALES
Virgile. — Éneide, VI, 628-755.
Dante. — Piirgatorio, III, X et XXXI. — De viilgari eloqiieniia, 1. I,
c, 16 et 17.
Boccaccio. — Decamerone, Giornata X, nov. 4, 5, 7, 9.
L. B. Alberti. — Délia Pittura, 1. II et III, éd. Papini, Lanciano,
Carabba.
Prose filologiche (La qitestione délia lingiia), p. 1-81 ; éd. F. Fôffano,
Florence, Sansoni.
P. ,\retino. — L'Orazia.
U. Foscolo. — 7 Sepolcri.
G. Berchet. — Lettera semiseria di Grisostomo.
D'Ancoiia e Bacci. — Monnaie délia lett. iiaL, t. V : extraits de
V. Cuoco(p. i:?2-138)et de P. Colletta (p. 165-173).
A. Manzoni. — Il conte die Carmagnola.
Leopardi. — All'Italia ; Brnto minore; Vlnfmiio ; la Sera del di
di festa ; il Pensiero dominante ; Amore e Morte; A se stesso.
Certificat secondaire d'alleii)ai)d
1» AUTEURS
Gottfried von Straszburg. — Tristan iind Isolde, neu bearbeitet von
W. Hertz (Stuttgart, Cotta) : Die Brautfahrt; der Drachcnkampf.
Lessing. — Dramaturgie : Stùck 8-26.
Goethe. — Torquato Tasso.
Schiller. — Kabale und Liebe.
J. V. von Scheffel. — Gaudeamus (Stuttgart, Bonz), excepté le
Festgrusz.
G. Frenssen. — Jôrn l'hl (Berlin, Grote).
2" DICTIONNAIRE AUTORISÉ POUR LES ÉPREUVES ORALES
Duden. — Orthographisches Wôrterbuch der deutschen Spraclie.
3° OUVRAGES A CONSULTER
(). Lyon. — Deutsche Grammatik (collection Goschen).
Behaghel. — Die deutschc Sprache.
Friedrich Kluge. — Unser Deutsch (Verlag von Quelle und Mejer).
Friedrich Sciler. — Die Entwicklung der deutschen Kullur im Spiegel
der deutschen Lchnworts (Halle, 1905).
F. Piquet. — Phonétique allemande.
H. Paul. — Deutsches Wôrterbuch.
Certificat secondaire d'ai)giais
1. Shakespeare. — The Mcrrij Wiocs of Windsor.
2. The Spectator, n" 97 à 153 et 159 à 169 (Fveryman's Library).
3. Pope. — Essag on Criticism. — Windsor Forcst.
4. Kipling. — The Five Nations. — liecessional. — Ode to France.
5. Walt Whitman.
Siartinq from Paumanok : 1, 5, 6, 7. 10, 11, 14.
Song of Mijself : 5, 6, 10, 13, 15, 21, 22, 41, 43, 52.
NOTES ET DOCUMENTS 471
Song of Ihc Open Road.
Song of thc Red-Wood Tree.
Oui of ihe Cradle endlcssh) rocking.
Song of thc Exposition : 2, 3, 4, ô, 6.
Passage to India : 7, 8, i).
Praijer of Columbus.
a. Heniy James. — Roderick Hiidson (Xelson's Library).
Certificat secondaire d'itaiiei)
Dante. — Piirgatorio, c. III et XXXI.
Boccaccio. — Decamerone, Gioniato X, nov. 4, .">, 7 et 9.
P. Arctino. — L'Orazia.
Prose filologiche (La qiiestione délia lingua), p. 1-81 ; éd. F. FofTano,
Florence, Sansoni.
U. Foscolo. — I Sepolcri.
G. Carducci. — Di alcuni giudizi su Alessandro Manzoni.
Certificat secondaire d'espagi)ol
1. Antonio de Guevara. — Menosprecio de corle y alabanza de aldca,
depuis le prologue jusqu'au chapitre ^'II inclus.
2. Agustin de Rojas. — El oiage cntretenido, livre premier.
3. Cervantes. — Don Qnijote, première partie, cliapitre 48.
4. Calderôn. — El Alcalde de Zalamea.
.'). Iriarte. - Fabulas, n»s l (prologue), 2, 6, S, 11, 18, 31, 43, 38, 63, G6.
(5. Breton de los Hcrreros. — El pelo de la dehesa.
7. Campoamor. — Pequefios poemas : El tren expreso ; la gloria de
los Austrias ; los Buenos y los Sabios.
8. Armando Palacio \'aidés. — La aldca perdida.
Certificat d'aptitude au professorat des classes
éléni)ei)taires
III. LANGUES VIVANTES
AUTEURS ALLEMANDS
G. Burghard. — Die Meister werke der deutschen Literatur. Classes de
seconde et de première (Chez Rieder, Paris). Pages 33-81 (Bùrger,
Goethe, Schiller); 3Ô6-301 (Frevtag, G. Kellcr, K. F. Mever, H. W. Riehl,
Willibald Ale.xis, Auerbach); 398-411 (Storm, Raabe;; 435-440 (Wilbrandt,
Jensen).
AUTEURS ANGLAIS
Morceaux choisis des classiques anglais. — \'ers et prose, par
M. Baret ; 2« partie (Librairie Garnier).
Prose. — Quatrième époque, de la page 126 à la page 148 ; cinquième
époque, de la page 333 à la page 3S)3.
Poésie. — Les extraits de Drjden, Robert Browning et Matthew
Arnold.
AUTEURS ITALIENS
Prose dei secoli XIX c XVIII, scelle da S. Ferrari (Firenze, Sansoni),
pages 161-204.
Poésie dei secoli XIX e XVIII (même édition), pages 239-269.
AUTEURS ESPAGNOLS
Poésie. — D. Ramôn de la Cruz. Saineles : La Petra y la Juana (La
Casa de Tôcame- Roque). Tome 35 de la Biblioieca universal.
Prose. — Juan de Zabaleta. — El dia de fiesta por la maùana y por
la tarde. Segunda parie (de la page 109 à la fin). Tome 103 de la
Biblioieca universal.
472 LES LANGUES MODERNES
AUTEUUS ARABES
René Basset. — Recueil de textes littéraires (page 1 à la page 50).
Alger, édition Carbonnel, 1918.
Jouder le pécheur. Edition Houdas, Alger.
Agrégatioi) de rei)seigoen)ei)t secoi)daire
des Jeui)es filles
Ordre des lettres
AUTEURS ALLEMANDS
Goethe. — Gœtz von Berlichingen.
. Schiller. — Balladen (edit. Reclam n» 1710).
Eichendorff. — Aus dem Leben eines Taugenichts.
Deutsche Lj'iik. — Recueil par, M. Gromaire, Armand Colin, édft.,
tome II : Annette von Droste-Hidshoff', Geibel, Storm, Keller, Heyse,
Liliencron.
AUTEURS ANGLAIS
Shakespeare. — Antony and Cleopatra.
Pope. — The Râpe af the Lock,
Galsworthy. — Justice.
J. London. — While Fang.
AUTEURS ESPAGNOLS
Cervantes. — La ilustre Fregona.
Calderon. — El alcalde de Zalamea.
Breton de los Herreros. — El pelo de la debesa.
B. Pérès Galdôs, — Geronci.
AUTEURS ITALIENS
-Dante. — Vita Nuova, chap. xiii à xxl inclus.
T. Tasso. — Gerusalemme liberata, chant XII.
Goldini. — La bottega del cafji.
G. Pastoli. — Poésie scelle, éd. Pietrobono (Bologne>. Zanirhelli),
n« V-XVII (p. 17-75).
Certificat d'aptitude à Ver)seigi)enier)t secondaire
des jeui)es filles
(lf«' PARTIE)
et concours d'eotrée à l'école i)orn)ale supérieure
de Sèvres
Section des lettres
LANGUE LATINE ET LANGUES VIVANTES
EXAMEN ÉCRIT (Lettres)
Rédaction et version en langue étrangère ; — ou version latine.
Nota : Sont autorisés les lexiques en langue étrangère et, pour la
version latine, le dictionnaire latin-français.
EXA.MKN ORAL (Scicnccs et Lettres)
L'épreuve orale de langue étrangère comprend deux parties :
1» L'aspirante traduit un passage pris dans l'un des trois auteurs
(deux poètes et un prosateur) qu'elle aura choisis elle-même parmi
ceux qui sont énumérés ci-dessous ; elle le commente ensuite en se
servant de la langue étrangère ;
NOTES ET DOCUMENTS 473
2» Elle lit à haute voix un texte tiré d'une revue ou d'un jouri\al et
elle le résume en se servant de la langue étrangère.
L'épreuve en langue latine comprend la traduction d'un texte latin tiré
d'un auteur choisi par l'aspirante sur une liste publiée chaque année et,
pour la section des lettres, des questions relatives à la grammaire et
au vocabulaire du texte tradait.
AL'TKIRS ALLEMANDS
Gœthe. — Ipliiijenie auf Taiiris. — Ilmenan.
Schiller. — Die Braut von Messina. — Die Kranicbe des Ibykiis.
Sigwalt. — Morceaux choisis de littérature allemande (D^e roman-
tisclie Période).
La Motte-Fouqué. — i'ndinc.
Andler. — Dos moderne Deutschlaiid (Politische Geschichte), \''^ Bucli.
Liliencron. — Kriegsnovellen (Eine Sommerschlacht).
Otto Ernst. — Asmul Seinpers Juqenland.
AUTEURS ANGLAIS
Shakespeare. — A Midsiimner Nighl's Dream ou Richard II.
Milton — Paradise Lost, Book 1, ou Comns.
Swift. — GnUiver's Travels. l'art. III : A voyage to Laputa, etc.
Sheridan. — The School for Scandai.
Palgravc. — Golden Treasurg : Poèmes de Keats et "de Shelley.
George Eliot. — Adam Bede, lîook I et Book II.
Tennyson. — The ladg o/ Shaloit. — The lotos-eaiers. — A dream of
l'air women. — Locksley Hall.
Walt Whitman — The woiind-dresser. — Give me the splendid Silent
siin. — Memories of Président Lincoln.
John Drinkwatcr. — Abraham Lincoln, a play.
AUTEURS ESPAGNOLS ,
.Jorge Manrique. — A la muerle del maeslre de Santiago, n» 2 de Las
Cien mejores poesias liricas (édit. Perche).
Cervantes. — Don Quijote, 1" partie, ch. xxiii-xxvii (éd. Dubois, chez
Garnier).
Lope de Vega. — La estrella de Sevilla (éd. Garnier).
Juan de Zabaleta. — Il dia de fiesta por la maiïana y par la tarde
(éd. Bi])lioteca Universal, tome 103).
Quintana. — A Espana, ïv> 68 de Las Cien mejores poesias liricas
(édit. Perche).
Xunez de Arce. — Un idilio y una elegia (éd. Fernando Fé, Madrid).
Dan Benito Pérez Galdâs. — .Marianela.
AUTEURS ITALIENS
Dante — Enfer, chants III et V.
Tasso. — ^^ Aminta.
Carducci. — Cadore. — Le risorse di San Miniato al Tedesco. (Anto-
logia Carducciani di Mazzoni.)
Nievo. — Confessioni d'un ottogenario : les deux premiers chapitres.
Fucini. — Le veglie di Neri : Fiorella, Scampagnata ; Dolci Ricordi.
Fogazzaro. = Daniele Cortis.
AUTEURS LATINS
César. — Commentaires (1. I, xxx-liv; I. IV, xx-xxxvi; 1. VI, xi-xxx),
Tite Live. — L. XXVI. XXVII.
Virgile. — Enéide. (1. VI).
Cicéron. — Extraits des œuvres morales (édit. Thomas, Hachette) ;
De Of/iciis, p. 271 à 330.
474 LES LANGUES MODERNES
Certificat d'aptitude à \'eriseigt)err)et)t secondaire
des jeuoes filles
(2^ PARTIE)
AUTEURS ALLEMANDS
Lessing. — Fables.
Goethe. — Hermann et Dorothée, chants I, IV, IX.
Schiller. — Le Camp de Wallenstein.
Sigwalt. — Morceaux cttoisis de littérature allemande : Extraits de
Gottfried Keller et de Paul Hevse.
*
AUTEURS ANGLAIS
Shakespeare. — Richard III.
Miltou. — Samson Agonistes.
Goldsmith. — She stoops to conqiier.
Ed. Gosse. — Father and son.
AUTEURS ITALIENS
Dante. — Inferno, III. — Purgatorio, III (vers 100-145).
Ariosto. — Orlando Furioso, XVIII (strophes 146-192).
Foscolo. — Le ultime lettere di Jacopo Ortis (les dix-huit premières
lettres). •
Carducci. — Sogno d'Estaie. — Cadore. — Le risorse di San Miniato
al Tedesco. iAntologia Carducciana di Mazzoni, Bologna, Zanichelli):
D'Annunzio. — La Gioconda.
AUTEURS ESPAGNOLS
Romances viejos : n"' ;}-10, dans Las Cien mejores poesias liricas (édit.
Perche).
, Cervantes. — El coloquio de los perros, dans Sovelas ejemplares
(édit. Dubois, chez Garnier).
Lope de Vega. — La moza de cantaro (édit. Bibliotcca Universal,
t. 109).
Jnau Valera, — Juanita la Larga (édit. Nelson).
THgrégatioi) d'arabe
PROGRAMME ET QUESTIONS
1. La famille de Zohaii,
2. La littérature arabe sous le klialife omayyade Abd el-Malik.
;{. Le Kalilaii et Dimnah et son histoire.
4. Les Hamdamides.
5. Les historiens des dvnasties marocaines des Chorfa Saadia et des
Chorfa Filali.
6. La littérature populaire dans le .Maghreb au xvin- et au \ix- siè-
cles.
AUTEURS
Zoair. — Moallayah (avec commentaire).
Ka'b ben Zoair. — Ranat So'ad.
Qoran. — Sourates (16 à la fin.
Ibn Idhari. — Histoire de IWfrique et de l'Espagne, édit. Dozv, t. I,
p. 1-47.
Kalilah et Dimuah. — Prolégomènes, jusqu'au chapitre du Lyon et
des deux Taureaux.
Motanabbi. — Poésies en l'honneur de Saïf Addaula.
Ibn Salama el Mofadhdhal. — Kitâb el Fakhir.
Delphin. — Textes pour l'étude de l'arabe parlé.
NOTES ET DOCUMENTS 475
Certificat d'aptitude à l'ei)seigo«n)C')t d^ l'arabe
dai)s les lycées et collèges
^ Mille et une N'uits : Histoire de Taivuddond.
Kalilah et Dimnah (à partir du chapitre du Lion et des deux
'l'aurcaux).
Maçoudi. — Prairies d'or, t. V, édit. Barbier de Meynard.
Ibn Idhari. — Histoire de l'Afrique et de l'Espognc, édit. Dozv, t. I,
p. 1-47.
Zohair. — Moallaqah.
Dclpliin. — Textes arabes pour l'étude de l'arabe parlé.
-<ll>-
EPREUVES ECRITES
des Concours et ExaiT)eff)5 de 1920
^grégatioi) d'allen)ai)d
{Session Normale)
Thème. — Le Peintre Olivier Berlin à la recherche d'un sujet de
tableau. — L'aménité de ses manières, toutes les habitudes de sa vie,
le soin qu'il prenait de sa personne, son ancienne réputation de
force et d'adresse, d'homme d'épce et de cheval, avaient fait un
cortège de petites notoriétés à sa célébrité croissante. Après Cléopàtre,
la pi'emière toile qui l'illustra jadis, Paris brusquement s'était épris
de lui, l'avait adopté, fêté, et il était devenu soudain un de ces
brillants artistes mondains qu'on rencontre au bois, que les salons se
disputent, que l'Institut accueille dès leur jeunesse. Il y était entré en
conquérant avec l'approbation de la ville entière.
La fortune l'avait conduit ainsi jusqu'aux approches de la vieillesse,
en le choyant et le caressant.
Donc, sous l'influence de la belle journée qu'il sentait épanouie au
dehors, il cherchait un sujet poétique. Vn peu engourdi d'ailleuis par
sa cigarette et son déjeuner, il rêvassait, le regard en l'air, esquissant
dans l'azur des figures rapides, des femmes gracieuses dans une allée
du bois ou sur le trottoir d'une rue, des amoureu.\ au bord de l'eau,
toutes les fantaisies galantes où se complaisait sa pensée. Les images
changeantes se dessinaient au ciel, vagues et mobiles dans l'hallu-
cination colorée de son œil ; et les hirondelles qui rayaient l'espace
d'un vol incessant de flèches lancées semblaient vouloir les eff"acer en
les biffant comme des traits de plumes.
Il ne trouvait rien ! Toutes les figures entrevues ressemblaient
à quelque chose qu'il avait fait déjà, toutes les femmes apparues
étaient les filles où les sœurs de celles qu'avait enfantées son caprice
d'artiste ; et la crainte encore confuse dont il était obsédé depuis un
an, d'être vide, d'avoir fait le tour de ses sujets, d'avoir tari son
inspiration, se précisait dans cette revue de son œuvre, devant cette
impuissance à rêver du nouveau, à découvrir de l'inconnu.
Il se* leva mollement pour chercher dans ses cartons parmi ses
projets délaissés s'il ne trouverait point quelque chose qui éveillerait
une idée en lui.
Tout en soufflant sa fumée, il se mit mit à feuilleter les esquisses,
les croquis, les dessins qu'il gardait enfermés en une grande armoire
ancienne ; puis, vite dégoûté de ces vaines recherches, l'esprit
meurti'i par une courbature, il rejeta sa cigarette, siffla un air qui
courait les rues et, se baissant, ramassa sous sa chaise un pesant
haltère qui traînait.
476 LES LANGUES MODERNES
A3ant relevé de l'autre main une draperie voilant la glace qui lui
ser^•ait à contrôler la justesse des poses, à vérifier les perspectives,
à mettre à l'épreuve la vérité, et s'étant placé juste en face, il jongla
en se regardant... ^
Debout devant la glace, les talons uni, le corps droit, il faisait
décrire aux deux boules, de fonte tous les mouvements ordonnés, au
bout de son bras musculeux, dont il suivait d'un regard complaisant
l'effort tranquille et puissant.
(Guy de M'acpassast. Fort comme la Mort).
Version. — Hamanns Religion. — Hamann ist eine ganz und gar
sjnthetische Natur gegenûber den anahtischen, eine durch und
durch elementare gegenûber den differenzierten Vertaudesmenschen
der deutschen Aufklârung : darum seine keineswegs nur principielle,
sondern vor allem auch hôchst persônliche Abneigung gegen die
letzteren. Und vergcgenwàrtigen wir uns nun : dièse sonderartige,
gleichsam aus vorzeitlichen seelischen Entwicklungsperioden stam-
mende Persônlichkeit mit ihrer urwûchsigen Kraft, ihrer unbeirr-
barer Eigenrichtigkeit und ihrem funkelnden Génie war in die ihr im
Innerstengegensàtzliche rationalistische Geistesatmosphàre hineigebo-
ren, wo sie, die nacli Ursprùnglichkeit, nach elementarer Grosse, nach
ungebrochener Einheitlichkeit und bezwingender Wucht der Eindrù-
cke lechzte, nur spielerische Rokokozierlichkeit, subtiles Formen-und
Verstandeswesen, das niedliche Kleinwerk einer mùden Uberkultur
vorfand. Wo gab es da fur einen Elementarmenschen von Hamanns
Pràgungeinen Auweg, eine Zuflucht, ein festes Bollwerk gegen die ihm
halb verachtlich-làclierlicbe, halb feindlich-verhasste Umwelt ? Wo
anders als in jener geistigen Macht, die, aus der grauen Ferne der
Zeiten, zu der sich sein Geist halb unbewusst zurûcksehntc, entstam-
mend, in sich noch so reiche Schatze an Elementarem und Ursprûn-
glichem bewalirt, an erhabener, einfiiltiger Grosse, naiver Kindlich-
keit und machtvoller Einheitlichkeit, kurz an alledem, dessen er als
geistige Lebensnotwendigkeit bedurfte : in der Religion. In der Tat,
dies ist der tiefere ps^ciiologische und geistesgeschichtliche Sinn von
Hamanns « Bekehrung » : er wandte sich zur Religion seiner Vàter,
zur Religion Jesu, Pauli und Luthers als zum einheitlichen Urquell
und zur beherrsclienden Grundtatsache ailes geistigen Lebens, zur
Trjigerin und Bewahrerin ûberzeitlicher Erhabenheit, ùberverstandiger
Einfalt und urtûmlicher Grosse. Hier, und nur hier fand er Spielraum,
Avûrdigen Gegenstand und Rechtfertigung oder docli Entschuldigung
fur den elementaren Sturm und Drang seines Innern, fur sein unges-
tûmes Verlangen nach letzter Einheit und ûberlegener KraftfùUe, fur
sein seelisches Bedùrfnis nach miichtigen Erregungen und Erschûtte-
rungen, fand er ail das, was seine Zeit und ihre alternde, ja greisen-
hafte Kultur ihm versagte. So Icist sich denn auch jener scheinbare
Widerspruch, dass der Magus bei aller Altglaubigkeit doch ein.^o
scharfer Gegner aller beschrànkten Orthodoxie sein konnte. Fur ihn
war eben die Religion unendlicii mehr als ein geistiges Gebiet nebcn
ardern, ein dogmatisch umzauntcr Bezirk, iiber dessen mehr oder
minder enge (îrenzen man rechtet : er erlebte in ihr, \vie einst die
Menschen elementarer Zeiten, nichts Minderes als die urspriingliche
Einlieit ailes geistigen Lebens, der Wissenschaft und Kunst, des
Rechts und der Sitte, der Philosophie und des Xatnrsinns, gegenstiin-
dlicher Realitiit und aiinungsvoller Mvstik. Die Religion ûbcrnahm
fiir diesen sozusagen anachronistischen Elementarmenschen fast
dieselhe allumfassende Funktion, die einst der Mythus fiir den "urs-
prùiiglichen Naturmensciicn besessen batte.
(Ri noi.F UsT.KR. Hamann und die AiifkUiriing).
Dissertation française. — Le sentiment de la nature et son expres-
sion chez Lenau.
NOTES ET DOCUMENTS 477
DissEUTATiON ALLEMANDE. — Folgcndcr Âusspi'ucli Goctlics cilautert
werden :
« Das ist die wahre Symbolik, wo das Besoudere das Allgemeinere
rcprascnticrt, nicht als Traum und Scliatten, sondcrn als lebendig
augenblickliclie Offcnbarung des Unciforscblichen, »
Certificat secondaire d'allen[)ai)d
SESSION NORMALE
-V. 13. — Les candidats devront se servir de l'écriture allemande.
Thème allemand. — Goethe. — Sortons un peu des liabitudes
françaises pour nous faire une idée juste de Goethe. Personne n'a
mieux parlé que lui de Voltaire même et ne l'a mieux défini et
compris comme le type excellent et complet du génie français ;
tâchons à notre tour de lui rendre la pareille en le comprenant, lui
le type accompli du génie allemand... Le propre de Goethe était
l'étendue, l'universalité même. Grand naturaliste et poète, il étudie
chaque objet et le voit à la fois dans la réalité et dans l'idéal ; il
l'étudié en tant qu'individu, et il l'élève, il le place à son rang dans
l'ordre général de la nature et cependant il en respire le parfum
de poésie que toute chose recèle en soi. Goethe tirait de la poésie de
tout ; il était curieux de tout. Il n'était pas un homme, pas une
branche d'étude dont il ne s'enquît avec une curiosité, une précision
qui voulait tout en savoir, tout en savoir, jusqu'au moindre repli. On
aurait dit d'une passion exclusive ; puis, quand c'était fini et connu,
il tournait la tête et passait à un autre objet. Dans sa noble maison,
qui avait au frontispice ce mot : Salve, il exerçait l'hospitalité envers
les étrangers, les recevant indistinctement, causant avec eux dans
leur langue, faisant servir chacun de sujet à son étude, à sa connais-
sance, n'ayant d'autre but en toute chose que l'agrandissement de son
goût : serein, calme, sans fiel, sans envie. Quand une chose ou un
homme lui déplaisait, on ne valait pas la peine qu'on s'3' arrêtât plus
longtemps, il se détournait et portait son regard ailleurs dans ce
vaste univers où il n'avait qu'à choisir ; non pas indifférent, mais non
pas attaché ; curieux avec insistance, avec sollicitude, mais sans se
prendre au fond ; bienveillant comme ou se figure que le serait un
dieu.,. Paraissait-il un talent nouveau, un talent marqué d'originalité.
Goethe l'étudiait aussitôt avec un intérêt extrême, et sans 3' apporter
aucun sentiment personnel étranger ; il avait l'amour du génie...
Pour Schiller il fut admirable de sollicitude, de conseil. 11 vit ce
jeune homme ardent, enthousiaste, qui était emporté par son génie
sans savoir le conduire. Mille différences, qui semblaient des antipa-
thies, les séparaient. Goethe n'usa pas moins de son crédit pour faire
nommer Schiller professeur d'histoire à léna. Puis un incident heu-
reux les aj'ant rapprochés, la fusion se fit, il prit insensiblement en
main ce génie qui cherchait encore sa vraie voie. La correspondance,
publiée depuis, a montré Goethe le conseillant, influant salutairement
sur lui sans se faire valoir, le menant à bien comme eût fait un père
ou un frèi'e. Il appelait Schiller un Etre magnifique.
Sainte-Becve.
Version allemande. — Aus einem Briefe an Schiller. — Bei der
Katastrophe des Wallenstein habe ich deutlich empfunden, dasz die
Ruhe, die man mit Recht bei keiner poetischen. Wirkung vermissen
will, nur darauf beruht, dasz man jede angeregle Stimmung nur mit
voiler Kraft bis an ihr Ende durchfûhre. Nichts kann eigentlich so
zerreiszend sein, als der Ausgang Ihres Stûks. Dennoch fûchlt sich
das Gemût zuletzt in volliger Harmonie und ausgesôhnt mit dem
Schicksal und der Menschheit. Mar und Thekla sind der Empfindung
gefolgt, der sie ihr Leben anverlraut hatten ; das Einzige, was
-178 LES LANGUES MODERNES
ihnen, und an ihnen uns wert war, ist auf ewig durch ihren Tod
gesichert und geborgen. Wallenstein konnte nich stillstehen und
nicht zurûckgehen. Ein so gewaltiges Fortstreben der Krâfte muszte
fortrollen, bis es zerscliellte. Das, was siegen hinter ihm
zurùckbleibt, kann freilich nur .Miszbilligund, sogar Berachtung bei
uns finden, aber es verbinden sich auch schône und wohltâtige
Ideen damit. Wallenstein war eine so fùrchterliche, so gewaltsame
Erscheinung, dasz die Hoffnung friedlicber Ruhe unmittelbar mit
seinem Fall eintritt. Die furchtsbarste Idée Ihrer ganzen Dichtung,
und die ihr zu einen Schauder erregenden Hintergrunde dient, die
Ubermacht der Heere, die nicht blôsz dieser oder jener Provinz,
sondern allem ruhigen Bûrger-Dasein einen endlosen Krieg ankùndigt,
sinkt mit ihrem Schopfer dahin. Ein gewaltig ûbergetretener Strom
kehrt in sein Bett zurùck, Saaten konnen wieder grùnen, Bolker
wieder glùcklich sein.
Das ist gerade so grosz, dasz die Summe ailes Menscliendàseins sich
in Ihren Stùcken so klar und kurz zusammenzieht. Die innere und
reine Menschengnisze, die sich einer Idée hingibt, und lieber
untergeht, als sie verliiszt auf der einen Seite ; auf der andern die
nâher dem Boden verwandte, beschriinktere Gemùtsstimmung, die,
leichter befriedigte Wùnsche nuhrend, Ruhe, Zufriedenheit und
auszeres Gluck sucht, und die Sie sehr zweckmiiszig nur in Massen,
und nicht unmittelbar, sonder nur in dem Kontrast der ihr
Zerstôrung drohenden Kriegsraacht, und in den weisen Reden
Octavios und den begeisterten Schilderungen seines Sohnes
dargestellt haben.
Wilhem von Humboldt
(1800, Anfang September).
Composition allemande. — Erkliiren Sie Lenaus Wort : « Meine
Poésie lebt und und webt in der Xatur. »
Composition française sur une question générale de morale ou de
LITTÉRATURE. — Un critique français a dit : « La littérature est la
préoccupation de ce qui est beau et élevé, ou fin et délicat, la recher-
che de la vérité dans la pensée et de la mesure dans l'expression. »
La littérature allemande de l'époque classique répond-elle à cette
définition ?
Agrégation d'aoglais
(session N0RMAL£)
Thème. — Oiseaux de passage
C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.
Le bac, où les chevaux au retour viendront boire.
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.
Loin de l'endroit humide oîi gît la couche grasse
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpillé à coups d'ongle et de bec.
Plus haut, entre les deux l)rancards d'une charrette.
Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi.
Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête.
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.
NOTES ET DOCUMENTS 479
Des canards hébétés voguent, l'œil en extase.
On dirait des rêveurs, quand soudain, s'arrêtant.
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase.
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.
Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent.
Des pigeons violets aux reflets de turquoises.
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.
Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail.
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre.
Semblent sur du velours des branches de-corail.
Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace.
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En foi me de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.
Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendantes,
Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.
Qu'est-ce que vous avez, bourgeois? So}'ez donc calmes.
Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.
Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pajs des palmes.
Crois-tu que ton fumier ait pour eux'des appas ?
Regardez-les passer ! Eux, ce sont les saur\'ages.
Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts.
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.
Ils sont maigres, meurtris, las, harassés, qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte,
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.
La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre, au-dessus des badauds.
Jean Richepin.
Version. — A Portrait. — Womeu do not défend their joungest
sisters for doing what the^- perhaps hâve done — lifting a veil to be
seen, and peeping at a world where innocence is as poor a guarantee
as a babe's caul against shipwreck. Women of the world never think
of attacking the seAual stipulation for perfect bloom, silver purity,
which is redolent of the oriental origin of the love-passion of thelr
lords. Mrs. Mountstuart congratulated Sir Willoughbv on the prize
he had won in the fair western-eastern.
« Let me see her », she said ; and Miss Middleton was introduced
and criticallj- observed.
h
480 LES LANGUES MODERNES
She had the mouth that smiles in repose. The lips met full on the
centre of the bow and thinned along to a lifting dimple ; tlie eyelids
also lifted sliglith' at tlie outer corners and seemed, lilie tlie lip into
the limpid cheek', quickeniug up the temples, as with a run of life,
or the ascension indicated olf a shoot of coulour. Her features were
plaj'fellows of one another, none of them preteuding to rigid
correctness, not the nose to the ordinary dignity of governess among
merry girls, despite which the nose was of a fair design, not acutely
interrogative or inviting to gambles. Aspens imaged in water, waiting
for the breeze, would offer a susceptible lover some suggestion of her
face : a pure smooth-white face, teuderh* flushed in the cheeks,
where the gentle dints were faintlj' intermelting even during quiet-
ness. The eyes were brown, set well betwen mild lids, often
shadowed, not unwakeful. Her hair of lighter brown, swelling above
lier temple ou the sweep to te knot, imposed the triangle of the
fabulous wild Avoodland visage from brow to mouth and chin,
evidenth^ in agreement with her taste ; and the triangle suited her ;
but her face was not significant of a tameless wildness or of weak-
ness ; her equable shut mouth threw its long curve to guard the
small round chind from that efîect ; her ej'es wavered only in
humour, thcA- were steady when thoughtfulness was awakened ; and
at such seas'ons the buiîd of her winter-beechwood hair lost the
touch of,n3'mph-like and whimsical, and strangely, bj- mère outline,
added to' her appearance a studious concentration. Observe the hawk
on stretched wings over the prey lie spies, for an idea of this change
in the look of a young lady whom Vernon Whitford could liken to
the Mountain Echo, and Mrs Mountstuart pronounced to be « a dainty
rogue in porcelain ».
Vernou's faiic}- of lier must hâve sprung from her prompt and most
musical responsiveness. He preferred the society of lier learned
fatlier to that .of a girl under twenty engaged to his cousin, but the
charm of lier ready toiigue and her voice was to his intelligent
understanding wit, iiatural wit, crystal wit, as opposed to the paste-
sparkle of the wit of the town. In his encomiums he did not quote
Miss Middleton's witt ; nevertheless he ventured to speak of it to
Mrs Mountstuart, causing that lady to saj' « Ah, well, I bave not
noticed the wit. You ma\' hâve the art of drawing it out ».
George Meredith {The Egoist, chapt. 5).
Dissertation française. — Y a-t-il dans « Hudibras » une satire
de la nature humai nié en général ?
Dissertation anglaise. — Elizabethan prose as an index of the
Elizabethan mind.
Certificat secoi}daire d'ai)glais
(session normale de 1920)
Thème. — Le Capitaine du « Normandg ». — Tout à coup dans la
brume une noirceur surgit, fantôme et montagne, un promontoire
d'ombre courant dans l'écume et trouant les ténèbres. C'était la
« Mary », grand steamer à hélice, venant d'Odessa, allant à Grimsby
avec un chargement de 500 tonnes de blé; vitesse énorme, poids im-
mense. La « Mary » courait droit sur le « Normandy ». Lancée à toute
vapeur, elle prit le « Normand}- » par le travers et l'éventra. Du choc,
elle-même, avariée, s'arrêta. Il y avait sur le « Normandy » vingt-huit
hommes d'équipage, une femme de service, 1%» « stewardess », et
trente et un passagers dont douze femmes. La secousse fut effroyable.
En un instant, tous furentsur le pont, hommes, femmes, enfants, demi-
nus, courant, criant, pleurant. L'eau entrait furieuse. La fournaise de
la machine, atteinte par le flot, râlait. Le navire n'avait pas de cloisons
étanches: les ceintures de sauvetage manquaient.
Le capitaine Harvey, droit sur la passerelle de commandement,
NOTES ET DOCUMENTS 481
cria : « Silence tous, et attention ! Les canots à la mer. Les femmes
d'abord, les passagers ensuite. L'équipage après. Il y a soixante per-
sonnes à sauver. » On était soi.xante et un, mais il s'oubliait.
On détacha les embarcations. Tous s'y précipitaient. Cette hâte
pouvait faire chavirer les canots. Ocklcford, le lieutenant, et les trois
contremaîtres continrent cette foule éperdue d'horreur. Dormir, et
tout à coup, et tout de suite, mourir, c'est affreux. Cependant, au-
dessus des cris et des bruits, on entendait la voix grave du capitaine:
«... Lieutenant Ockleford, combien avons-nous de minutes ? — ^'iiigt.
— Cela suffit, dit le capitaine. Que cliacun s'embarque à son tour. Et
brûlez la cervelle à tout homme qui voudra passer avant une femme. »
Tous se turent. Personne ne résista ; cette foule sentait au-dessus
d'elle une grande âme.
La ('- Mary », de son côté, avait mis ses eml)arcations à la mer, et
venait au secours de ce naufrage qu'elle avait fait. Le sauvetage
s'opéra avec ordre et presque sans lutte. 11 y avait, comme toujours,
de tristes égoïsmes ; il }• eut aussi de pathétiques dévouements.
Harvey, impassible à son poste de capitaine, commandait, domi-
nait, dirigeait, s'occupait de tout et de tous, gouvernait avec calme
cette angoisse, et semblait donner des ordres à la catastrophe. On eût
dit que le naufrage lui obéissait. A un certain moment il cria : « Sau-
vez Clément ! >> Clément, c'était le mousse, un enfant.
Le navire décroissait lentement dans l'eau profonde. On hâtait le
plus possible le va-et-vient des embarcations entre le « Normandy »
et la (( Mary ». « Faites vite ! » criait le capitaine. A la vingtième mi-
nute le steamer sombra. L'avant plongea d'abord, puis l'arrière.
Le capitaine Harvey, debout sur la passerelle, ne fit pas un geste, ne
dit pas un mot, et entra immobile dans l'abîme. On vit, à travers la
brume sinistre, cette statue noire s'enfoncer dans la mer. Ainsi finit
le capitaine Harvey.
Victor Hugo,
Pendant l'Exil.
Vf.rsion. — Drowned in nyheat. — Then began tliat terrible dance of
death — the man dodging, doubling. squirming, hunted from one cor-
ner to another ; the wheat slowly, inexorabh' flowing,
rising, spreading to evcr}' angle, to every nook and crann}-. It reaclied
his niiddle. Furious and witli bleeding hands and broken nails, lie
dug his way out to face backward, ail but exhausted, gasping for,
breath in the dust-thiclcened air. Roused again by the slow advance
of the tide, lie leaped up and stumblcd awa}'. blinded with the agony
in his eyes, only to crash against the métal hull of the vessel. He
turned about, the blood streaming from his face, and paused to collect
his sensés, and with a rush, another wave swirled about his ankles
and knees. Exhaustion grew upon hini. To stand still meant to sink ;
to lie or sit meant to be buried the quicker ; and ail this in the dark,
a\1 this in an air that co.uld scarcely be breathed, ail this while he
fouglit an enemy that could not be gripped, toilingina sea thatcould
not be stayed.
Guided by the sound of the falling wheat, S. Belirman crawled on
hands and knees toward the liatchwa}'. Once more lie raised his voice
in a shout for help. His bleeding throat and raw, pai'clied lips refused
to utter but a wheezing moan. Once he tried to look towards the one
liatch of faiiit light above him. His ejelids, clogged withchaff, could
no longer open. The wheat poured about his waist as he raised
himself upon bis knees.
Reason fled. Deafened with the roar of the grain, blinded and made
dumb with its chaff, lie threw himself forward with clutching fingers,
rolling upon his back, aiid laj' there, moving feebly, the liead rolling
from side to side. The wheat, leaping continuously from the chute,
m poured around him. It filled the pockets of the coat, it crept up the
B. sleeves and trouser-legs ; it covered the great protubérant stomach ;
k
32.
482 LES LANGUES MODERNES
it ran at last in l'ivulets into the distended, gasping mouth ; it covered
the face.
Upon the surface of the wheat, under the chute, nothing moved but
the wheat itself. There was no sign of life. Then, for an instant, the
surface stirred. A hand, fat, with short fingers and swollen veins,
reached up, chitching, then fell limp and prone. In another instant it
was covered. In tlie liold of the « Swanhilda » there was no move-
menf, but the widening ripples that spread flowing from the ever-
breaking, ever-reforming cône ; no sound but the rusliing of the wheat
that continued to plunge incessantly from the iron chute in a pro-
longed roar, persistent, stead}', inévitable.
Frank Norris (The Octopus).
Composition Anglaise. — Wlierein does tlie spécial charm of
« Winter's Taie » lie ?
Composition Française. — Quel est l'intérêt d'un ouvrage comme le
journal de Pepj's ? '
Certificat secondaire d'allen)ai)d
(session spéciale de juin 1920)
A'. B. — Les candidats devront se servir de l'éciitiire allemande
TTième. — L'homicide dans la guerre. — Il faut distinguer deux cas :
la guerre offensive est une injustice, par définition, et entraîne mille
injustices ; la guerre défensive se ramène au cas de légitime défense.
Dans la guerre défensive, les hommes groupés en société unissent
leurs efforts pour défendre en commun leurs droits. Si la défense est
légitime pour chacun pris à part, en présence d'une agression injuste,
la défense collective contre un péril commun est légitime aussi, avec
toutes les conséquences qu'elle entraîne. C'est donc bien un droit,
c'est un devoir même, de se défendre par les armes contre une
agression collective menaçant la communauté. Mais c'est un droit qui
a ses limites, car, dans la guerre aussi, tuer sans nécessité, tuer des
ennemis désarmés, tuer les blessés, les malades, les infirmiers, les
vieillards, les femmes, les enfants, est une injustice souveraine et une
cruauté révoltante.
Dans la guerre offensive, le devoir du simple soldat est le même
que dans la guerre défensive : le soldat, en effet, n'est pas juge des
causes de la guerre, et il n'est pas responsable des conséquences qu'elle
entraîne. 11 ne peut qu'exécuter les ordres qu'il reçoit. Son premier et
unique devoir est d'obéir, la discipline étant la première condition
d'existence pour une nation et de salut pour une armée. Mais la res-
ponsabilité, qui ne pèse pas sur le soldat, pèse sur les chefs, à raison
de leur initiative ; elle grandit de proche en proche, à mesure qu'on
s'élève vers ceux qui exercent le commandement supérieur, et chacun
est responsable dans la mesure où il prend une initiative injuste. Si
c'est une volonté unique et souveraine qui provoque une guerre ini-
que, cette volonté est responsable de tous les crimes que la guerre
engendre nécessairement : meurtres, vols", incendies, attentats de
toute sorte, (^eux qui commettent ces attentats sont coupables assu-
rément, s'ils n'y sont pas forcés ; mais il ne faut point hésiter à mettre
pour la plus grande part ces crimes et ces maux sur la conscience de
ceux qui les ont déchaînés par leur faute.
Henri Marion.
Version. — Die dentscbe Poefie nach dem dreiszigjàhrigen Krieg.
— Als dann endlich der Friede geschlossen war, muszte die vollig
zerschmetterte und betiiubte Nation sich erst langsam wieder auf sich
selbst besinnen, sich aufrichten, sich sammcln. Auf geistigen (îebiete
galt es zunachst, den Schaden zu iibersehen und die abgeschnittene
NOTKS ET DOCLMKNTS 483
Berbindung mit dcr Hcrgangenheit wiederherzustellen. L'nter alleii
Umstandeu war der ungchcucrc Zeitverlust nicht mehr hereinzu-
bringen. Doch verfi'igte dcr deutsche Geist ùber so unermeszliche
Hilfsmittel, dasz er sich alliniihlicli selbst aus dieseni tiefsten Elende
wieder emporarbeitete. Wie auf deii ùbrigen Gebietea iiesz man es
auch in der Dichtlvunst an redliclien Beniûhungen nicht fehlen, das
Bersaumte naclizuholen . Aber aller Eifer und aile Beieitwilligkeit
erzielten vordcrhand docli nur kliigliche Ergebnisse. Fast nichts
stand fest, als die in der Kriegszeit gcfundenen metrischen Gefetze.
In den ùbrigen Stiicken — welch ein unsicheres Umhertasten, welch
ein qualvolles Suchen ! Heute wollte man sich auf frcmden Krùcken
in das Paradies der Dichtkunst stehlen, morgen versuchte man es
mit einer Selbstiindigkeit, die das reine Unvermogen schonungslos
^aufdeckte. Man erprobtejedc Stilart, man taumelte iiilflos von einem
Ertreme zum anderen, man schwankte umher zwischen Dcutschtùmelei
und Xachafferei, zwischen Nùchternheit und Schwulst, zwischen
Langeweile und Gemeinheit. Aber durch das toile Chaos von
verschiedenen Schulen, durch das wirre Durcheinander von
entgegengesetzten Bestrebungen zog sich wie ein gemeinsames Band
das Berlangen, eine bestimmte poetische Regel zu finden. Und in der
ei'sten Hiilfte des 18. Jahrhunderts glùckte es dem Leipziger Professer
Gottsched, mit seiner Idée durchzudringen, der deutschen Litteratur
cinen festen Mittelpunft zu geben. Doch erhob sich im iiuszersten
Sùden der deutschen Sprachzone, in der Schweiz, beftiger
Widerspruch gegen die àsthetischen Grundsàtze des norddeutschen
(ieschmackstyrannen, dessen stolzc Herrschast schlieszlich ein
jàmmerliches Ende nahm. Dem Idéale Gottscheds, der die
verstandesmiiszig nûchterne Méthode der Franzosen auf den Schild
erlîoben batte, setzten die Zûricher Professoren Bodmer und
Breitinger die Auffassung dcr englischen Schule, die der freien
Phantaste ilir Redit widerfahren Iiesz, als mustergùltig entgegen.
Es handelte sich um eine grosze Prinzipienfrage, um einen Kampf
zwischen romanischen und germanischem Geiste, der zu Gunsten des
letzteren entschieden wurde. Damit war eine lange Borbereitungszeit
abgeschlossen ; auf die Gârung war die Kliiiung gefolgt. An die
Lehrjahre der neuhochdeutschen Poésie schlossen sich ihre
Meisterjahre an. Ximmermehr hiitten die Schmeizer lediglich durch
das Ubergewicht ihrer iisthetischen Theorien so entschieden den
Sieg liber Gottsched errungen, wenn sich nicht die jungen Talente
auf ihre Seite gestellt und praktische Beweise fur die Gûte jener
Theorien geliefert hiitten. Dièse jungén poetischen Kriifte, gleich
herrlichen Kràften aus einem fleiszig beackerten Boden
hervorschieszend, waren es, die nuumehr die deutsche Dichtung aus
dem Dunfel zu den Hohen des Lichtes emporfûhrten.
Rudolf Krauss.
Composition française sur une question générale de morale ou
DE littérature. — Appréciez ce jugement d'un critique contempo-
rain : « La littérature n'est pas objet de savoir : elle est exercice, goût,
plaisir. On ne le sait pas, on ne l'apprend pas : on la pratique, on la
cultive, on l'aime. »
Composition en langue allemande. — Novalis bat von Schiller
geschrieben : « Konnte ilin jemand besser zeichnen, jemand beseer
die wahrnehmbaren Umrisse seines intellektuellen Wesens in irgend
einer menschlichen Sprache entwerfen, als er selbst im Bilde seines
Posa getan bat ? »
Wie ist dieser Ausspruch zu beurteilen ?
484 LES LANGUES MODERNES
Brevet d'études prin)aires supérieures
(1" SESSION 1920 — GARÇONS)
Version anglaise. — A rainy Sunday in England. — A wet Sunday
ia a country iun ! Whœver lias had the luck to expérience one, can
alonejudge of niy situation. Tlie rain paitered against the casemeut,
the bell tolled for church with a melancholy sound. I went to tlie
Windows in quest of sometliing to amuse tlie eye, but it seemed as if
I had been placed completeh- out of the reach of ail amusement. The
Windows of my bed-room looked out among tiled roofs and stacks of
chimneys, whiîe tlioî^ of my sitting-room commanded a full view of
the stable-yard. I Kuow of nothing more calculated to make a raa-n
sick of this world tlian a stable-yard on a rainy day. The place was
littered witli wet straw that had been Kicked about travellers and
stable-boys. In one corner was a stagnart sool of water surrounding
an island of muck ; there were several kalf drowned fowls crowded
together under a cart, among which was a crest-fallen cock.
W. Irving.
1. E.xplain in jour own words tliose which hâve been marked out
in the text.
2. Write three questions and as many answers concerning the above
passage.
3. On what occasions, festive or sad, are bells tolled ? When do j'ou
feel crestfallen ? What Kind of view would you like 30ur bed-room
window to command ?
Version allemande. — Berlin. — Die Hauptstadt der Kônigreichs
Preussen und des deutschen Reiches Berlin entstand aus den zwei
Fischerdorfern, Kôlln und Berlin, zwischen dcnen Kurfùrst Friedrich II
seine Burg erbaute. — Als dauernde Residenz bat es seit 1491 gedient
und ist mit dem Emporsteigen des preussisched Staates durch seiner
Fûrstcn Fùrsorge grossgeworden. — Seine Lage unterstùtzte die
fùrstlichen Bestrebungen. Demi Berlin liegt in der writte der mark
Brandenburg zwischen den Elb-und Oderstrassen, zwischen der
sùdlichen und der baltischen Landhohe, an derjenigen Stelle der
schiffbaren Spree, wo zwischen breiten seen in der sandigen
Umgebung feste Ufer den Fluss einengen und Cbergang erleictern. —
Infolge des bequemen Flussifljerganges wurde Berlin zum Kreuzungs
punkte der grossen mitteleuropiiischen Verkehrswege. — Dieser Lage
^vegen liann es aber trotz grossen Eintlusses im geistigen Leben nicht
die auschliesslichc Fùhrerrolle im deutschen Reiclie gewinnen.
Von Seydlitz.
1. Was ist Berlin ?
2. Wo liegt es ?
3. Kennst du cine Strasse ein offentliches Gebâude, ein Denkmal in
Berlin ?
4. Welchc sind die zwei Telle des Verbs : entstand ; gib die
Grundformen dièses Verbs an ?
Mouvement du Personnel
li)Spectioi) Générale
M. Lucien Beaujeu, agrégé d'anglais, professeur dans les classes
supérieures de lettres aux Lycées (^ondorcet, Henri IV et Louis-le-
(Irand, a été nommé Inspecteur général de l'Enseignement secondaire
I 1. ,1 „ \f 4 /' ..;ii„...^„ j.'.^/:,ix
classes
le-
en remplacement de M. A. (luillaume, décédé.
Université de Toulouse
M. Boussagol, professeur au Lycée Condorcet, est nommé maître de
conférence de langue et littérature espagnoles à la Faculté des Lettres
de l'Université de Toulouse.
Université de Paris
Un congé, du 1" novembre 1920 au 31 mars 1921, est accordé, sur sa
demande, à M. Fouchcr, chargé d'un cours complémentaire de
littératures de l'Inde.
M. Jules Bloch, docteur es lettres, directeur-adjoint à l'Ecole des
Hautes-Etudes, est chargé, du 1""^ novembre 1920 au 31 mars 1921, de
conférences de langue sanscrite à la Faculté des lettres de l'Université
de Paris pendant la durée du congé accordé à M. Fouchcr.
M. Masson-Oursel, agrégé de philosophie, est chargé, du 1" novem-
bre 1920 au 31 mars 1921, de conférences de littérature hindoue à la
Faculté des lettres de l'Université de Paris pendant la durée du congé
accordé à M. Foucher.
Université d'Aix-Marseille
M. Spcnlé, professeur à la Faculté des lettres, est chargé pour
l'année scolaire 1920-1921, d'un cours de littérature allemande.
Université de Bordeaux
M. Berger, docteur es lettres, chargé de cours de langue et littérature
anglaises à la Faculté des lettres, est nommé, à partir du 1<" novem-
bre 1920, professeur de langue et littérature anglaise à la dite Faculté,
en remplacement de M. Cestre, appelé à d'autres fonctions.
f Décret).
M. Cestre, ancien professeur à la Faculté des lettres de l'Université
de Bordeaux, est nommé professeur honoraire à la dite Faculté.
(Décret).
Université de Lille
M. Delattre, docteur es lettres, maître de conférences de langue
anglaise à la Faculté des lettres de l'Université de Lille, est nommé, à
partir du 1«' novembre 1920, professeur de langue et civilisation
anglaises à ladite Faculté. (Décret).
Université de Clern)ont
Sont chargés, pour l'année scolaire 1920-1921, des enseignements
complémentaires ci-après désignés :
M. Langlais, professeur au Ij'cée. — Langue italienne.
M™« Honoré, professeur au Jj'cée déjeunes filles. -•- Langue anglaise.
486 LES LANGUES MODERNES
Légioi) d'\)oi)t)eur
Notre cher collègue et ami Beltette vient d'être nommé chevalier de
la Légion d'honneur. Le comité lui adresse ses félicitations les plus
cordiales pour cette distinction, témoignage de reconnaissance, remer-
cîment que lui devait le gouvernement pour son patriotisme à toute
épi'euve, pour son dévouement inlassable, pour son courage inébran-
lable aux heures les plus sombi'es de l'occupation et de la déportation.
Ecbai)ge5 scolaires Frai)CO-Britai)i)><1ues
MM. Petit-Dutaillis, inspecteur général de l'Instruction publique,
directeur de i^l'ofiBce national des Universités et écoles françaises, et
Desclos, professeur au Lycée Condorcet, membre du conseil d'admi-
nistration de l'office national des Universités et écoles françaises, sont
chargés d'organiser les échanges d'élèves 'entre établissements d'ensei-
gnement secondaire et primaire supérieur français et anglais.
Lycées de la Seii)e et de S^iOS-st-Oise
Nominations : M. Chaffurin, angl., Buffoji. nommé Condorcet (empl.
vac). — M. Baujard, angl., Grenoble, nommé Buffon. — M. Colens,
angl., Poitiers, nommé Lakanal (empl. nouveau). — ^L Lalou, angl.,
Beauvais, supplée M. Lemarquis à Lakanal. — ^L Debailleul, angl.,
Lille, nommé Louis-le-Grand (empl. nouveau). — M. Orieux, angl.,
Orléans, nommé Michelet (empl. nouveau). — M. Brûlé, ail., chargé
cours d'angl., Condorcet. supplée M. Wjsocky, ail., même lycée. —
M. Moiel, ail., Buffon (chaire supprimée), nommé Henri IV et Mon-
taigne. — M. Joffroj-, ail., Nantes, nommé Voltaire. — M. Goetschy,
ail., Buffon et Voltaire, supplée M. Marquis, Michelet. — M. Bonnet,
angl., Rennes, nommé Rollin. — M. Bourgeois, angl. à titre de suppl.,
Rollin, nomme même ]ycée. — M. Roger, angl., Montpellier, nommé
Versailles.
Congés : M. Wysockv, ail., Condorcet, du 1'^ oct. 20 au 31 mars 2L
— M. Marquis, ail., Michelet, du 1*' oct. 20 au 31 mars 21. — M. Lemar-
quis, angl., Lakanal, du l^'"^ oct. 20 au 31 mars 21.
Retraite : MM. Cart, ail., Henri IV. — Girot, ail., Condorcet. —
Henry, ail., Reims, détaché Buffon.
Honorariat : M. Girot, ancien prof, d'ail., Condorcet. — M. Henry,
ancien prof, d'ail., Reims, détaché au Lycée Buffon.
Lycées des départen)ei)ts ^
Sominalions : M. Danchin, angl.. Douai, nommé Lille. — M. Vei"
gneau, angl.. Moulins, nommé lycée Ampère (Perrache), à Lyon. —
M. Vannier, angl., suppl. à L^on (Ijcée du Parc), nommé même hcée.
— M. Guerber, lettres et angl., collège Dreux, nommé Montluçon. —
M. .Mossé, angl., Nice, nommé Nancj-. — M. Bailly, prof, de collège,
dél. angl., Bar-le-Duc, }• est nommé. — M. Gédéon, ch. de cours,
angl., Chaumont, nommé Poitiers. — M. F"auré, angl., St-Brieuc,
nommé ^Pontiv\'. — M. Clech, angl., Dijon, nommé Rennes. —
M. Picadet, angl., Laon, nommé Dijon. — M. Laisney, angl., Rouen
(Elbœuf), nommé Rotien. — M. Casati, dél. angl., Chambér}, est
délégué St-Etienne. — M. Dhérissart est maintenu 20-21, dél. angl.,
St-Omer. — M. Declerck, certif. d'angl., dél., St-Quentin, y est nommé.
— M. Bertrand, ch. de cours d'angl., Limoges, est nommé Toulouse.
— M. Perrin, prof.-adj.. Voltaire, dél. angl., La Rochelle, est nommé
ch. de cours, Limoges. — M. Rose, angl., détaché Strasbourg, est
nommé Alger. — M. Leclère, lettres et angl., collège Meaux, est
nommé ch. de cours d'angl., Beauvais. — M. Dézert, angl., Angers,
nommé Chambéry. — M. Joussaume, angl., Nantes, nommé Angers. —
MOLVEMHNT DU l'LKSONNEL 487
M. Le Roi, lettres et angl., collège Komorantin, est nommé ch. de
cours d'angl.. Roche-sur- You.
M'"* Gazaj', maintenue 20-21 dél. angl., Gap.
Congés : MM. Gonin, ail., Aix, du 1"^ octobre 20 au 31 mars 21. —
Guinaudeau, ail., Bordeau.x, prolong, d'un mois. — Galland, angl.,
Alger, pour l'année 19'20.
lietraiie : MM. Marjault, angl.. Tours.— Medrzccki, ch. de cours
d'ail., St-Quentin, détaché Aurillac. — Jeanneret, ail., Lons-Ie-
Saunier. — Le Gai, angl., Lorient. — Anglade, ch. de cours d'ail.,
Montauban.
Honorariat : M. Lautard, ancien prof, d'angl., Nimes. — M. Odemps,
ancien ch. de cours d'angl., St-Brieuc.
Collèges
Nominations : MM. Marie, lie. angl., délégué collège Saintes, suppl.
M. Prunet. — Carillon, dél. laltres et angl., Issoire, est délégué
Baume-les-Dames (chaire vacante). — Bêché, prof, ail., Falaise,
nommé lettres et ail. au même collège. — Barriéty, lie. d'angl.,
surv. d'intern., Toulouse, est déléf,'ué lettres et angl.. Menton
(chaire vac). — Coursier, dél. lettres et angl., Philippeville, y est
nommé. — Deconde, dél. lettres et ail., Joignj-, y est nommé. —
Salenc, détaché à la Mcdersa de Saint-Louis du Sénégal, précédem-
ment prof, d'arabe, Médéa, est mis à la disposition de M. le Ministre
des Affaires étrangères pendant cinq ans, pour occuper l'emploi de
directeur du collège musulman du Maroc. M. Salenc reste rangé dans
la 3"^ classe du l"' ordre des prof, de collège et y conservera ses droits
à l'avancement et à la retraite. — Boinet, dél. lettres et ail., Fiers,
y est nommé.
Concjés : ^L Loux, ail., Issoire, du V' oct. 20 au 31 mars 21.
Retraites : MM. Verdier, ail., Bône. — Schœnlaub, ail., Brioude.
— Laborier, angl.. Provins. — Lou.x, ail., Issoire.
Honorariat : M. Sciialler, ex-prof, ail., Brive.
Ecoles Prlipaires Supérieures »
Sominations : MM. Hennemann (St-Cloud), certifié E. N., nommé
Rethel, lettres et ail. — Huguenard (St-Cloud), certifié E. N., nommé
Luxeuil, lettres et ail. — Mme Macé, née Faivre, adj. Epinal, y est
nommée prof. ail. — Mlle Mac-Namée, angl., Sidi-bel-Abbès,
nommée Alger.
TABLEf^U D'AVANCEMENT
Sont inscrits sur la liste d'aptitude aux fonctions de professeur dans
les lycées de garçons de la Seine et de Seine-et-Oise, pour une année,
a compter du l"'juillet 1920 :
Pour les chaires d'allemand : MM. Desfeuilles (Amiens). — Joffroj'
(Nantes). — Sucher (Montpellier). — Tiret (Ljon).
Pour les chaires d'anglais : MM. Baujard (Grenoble). — Bonnet
(Rennes). — BruIé (Rouen). — Colens (Poitiers). — Debailleul (Lille).
— Hilleret (Toulouse). — Lalou (Beauvais). — Orieux (Orléans). —
Roger (Montpellier). — Fannière (Alger).
Pour les chaires d'espagnol : MM. Denjean (Poitiers). — Fouret
(délégué, .Janson-de-Sailly).
488 LES LANGUES MODERNES
Pour les chaires d'italien : M. Marcaggi (Ljon).
Sont inscrites sur la liste d'aptitude aux fonctions de professeur
dans -les h'cées de jeunes filles de la Seine et de Seine-et-Oise, pour
une année, à compter du 1" juillet 1920 :
Professeurs d'allemand : Mlles Bianquis (Reims). — Daudin
(Bordeaux). — Mme Guéritot (Nanc^'). — Mlle Girard (Lj'on).
Professeurs d'anglais : Mlles Castella (Clermont-Ferrand). —
Dupouts (Bordeaux). — Fournery (Brest). — Mazurier (Nice). —
Perrenoud (Bordeaux).
Professeur d'espagnol : Mlle Auriac (Montpellier).
Professeurs d'italien : Mlles Cathelin (Grenoble). — (^uézel (Lyon).
PROMOTIONS pE CLASSE
Lycées de la S^iO^ ^t de SeiO^-et-Oise
PROFESSEURS AGRÉGÉS (TABLE.^U A)
.4 la classe exceptionnelle : MM. Beaujeli, angl., Henri IV, Condorcet
et Louis-le-Grand. — Meneau, ail., Carnot. — Pinloche, ail.,
Michelet. — Schmitt, ail., Louis-le-Grand. - — Staffler, ail., Chaptal.
— Wj'zocki, ail., Condorcet.
De la 2« à la P^ classe. — MM. Schlinger, ail., Janson-dc-Sailly.
— Bloch (Ernest), ail., Janson-de-Sailly. — Lecoq, angl., Rollin. —
Garnier, angl., Henri IV. — Lugné-Philippon, angl.. Pasteur. —
Bourgogne, angl., Condorcet. — Steck, ail., Saint-Louis. — Delobel,
ail., Voltaire. — Borner, angl., Janson-de-Sailly. — Karppe, ail,.
Charlemagne. — Burghard, ail., St-Louis. — Dessagnes, angl.,
Louis-le-Grand. — Dupré, angl., Montaigne. — Godard, âll., Con-
dorcet, Henri IV et Louis-le-Grand. — Lauvrière, angl., Louis-
le-Grand. — Paoli, italien, Louis-le-Grand et Henri IV. — Ponge,
angl., Condorcet. — Bancès, angl., Condorcet. — Wahart, ail., Bufîon.
— Weill, ail., Louis-le-Grand.
De la 3« o la 2« classe : MM. Droin, ail., Buffon. — Commarmond,
ail., Condorcet. — Milliot-Madéran, ail., Louis-le-Grand. — Petit,
angl., — Buffon. — Raphaël, ail., Lakanal. — Picot, angl.,
Chaptal. — Audibert, angl., Buffon. — Becker, ail. Louis-le-Grand. —
Beley, ail., Louis-le-(jrand. — Bernheim, ail., Louis-le-Grand. — Ca-
merlynck, angl., St-Louis. — Grandgeorge, ail., Henri ÎV. — Hanss,
ail., Rollin. — Mady, angl.," Janson-de-Saillj'. — Massoul, ail., Louis-
le-Grand. — Meyer, ail., Henri IV. — Varennc, ail., Condorcet.
De la ^' à la 3'^ classe: MM. Servajean, angl., St-Louis. — Desclos,
angl., Condorcet. — Banchet, angl., Versailles. — Bernard, ail. Rollin.
— Dibie, esp., Carnot et Henri IV. — Longuevalle, angl., Charlemagne.
— Muret, ail., Rollin. — Rottée, ail., Rollin. - Wolff, angl., Henri IV.
De la 5- à la '/'• classe : MM. Bloch, ail., Rollin. — Cornuel, angl.,
Rollin.
De là 6^' à la 5« classe : MM. Savage, angl., Bulfon. — Renoir, angl.,
Louis-le-Grand.
TABLEAU B
De la 2' à la t" classe : M. Robert-Dumas, ail., Saint-Louis.
molvj;ment dl- pkksonnkl 489
Lycées des départerT)ei)ts
PUOI-'ESSEUBS AGRKGKS (TAHI-EAC A)
Sont promus à In classe exceplionnelle : MM. Chabaud, ail.,
Mâcoii. — Hirsch, ail., Hoideaux. — Mérite, ail., Hoideaux. — Miisj',
ail., Valencienncs. — Hessleii, ail., Bellort.
De la 2"^ à la 1'" classe : MM. Cochet, angl., Orléans. — Garnier, alL,
Dijon. — Girolami, ital., Bastia. — Goché, angl., Houen. — Hébert,
angl., Mordeau.x. — Hessc, ail., Nancy. — Mcyer, ail., \\x. — Hougé,
ail.. Tours. — Coullct, angl., Chartres. — Masson, ail., Bourges. —
Escarti, angl., Toulouse.
De la :i' à la 2' classe : MM. Marin, csp., Auch. — Baujard, angl.,
Grenoble. — Bernus, ail.; Annec}'. — Fleury, ail., Clermont-Ferrand.
— Fouret, csp., dcl. .lanson-de-Sailly. — Genevois., ail. , Bordeau.x. —
Goll, ail., Besançon. — Bitz, angl., Lyon. — Valentin, ital., Grenoble.
Delà V' à la 3<' classe : MM. Bahans, angl., Bordeaux. — Charpen-
tier, angl., Pau. — Colson, ail., Lille. — Guinaudeau, ail., Bordeaux.
— Hirtz, ail., Poitiers. — .lalras, ail.. Pau. — .Jotîroy, ail., Nantes. —
Launay, angl., Bourges. — Marquis, angl., Mâcon. ~ Monghal, angl.,
Nantes. — Biegcl, ail., Rouen. — Roques, ail., Chartres. — Rouède,
ital. Nice. — Saugrain, ail., Cherbourg. — Schniitt, ail., Besançon. —
Teulier, ital., Montpellier. — Vallod, angl., Nancy. — Vermeil, ail..
Ecole Alsacienne. — Waltz, ail., Lille.
De la > à la 4'^ classe : MM. Blanc, ail., St-Etienne. — Boucher,
ail., Lyon. — Bourgoin, ail., Poitiers. — (Malien, ail., Grenoble. —
Cahen, ail., \'alence. — Doutenwille, ail., Avignon. — Forné, angl.,
Monaco. — Guiran, angl., Avignon. — Lambin, angl., Kléber, Stras-
bourg. — Leroux, ail., Fustel-de-Coulanges, Strasbourg. — Maurice,
angl., St-Etienne. — Ménos, angl., Nimes. -^ Pons, angl., Anncc}'. —
Bivoallan, angl., Bordeaux. — Talbot, angl., Périgueux. — Waldmer,
ail., Amiens.
De la C^ à la j'hélasse : M. Chaux, angl., Pau.
pnoi-ESSEi:Rs titulaires non agrégés
Sont promus à la classe exceptionnelle : MM. Chéiy, ail., Cahors. —
Lemonnier, angl., Nice. — Maffre, angl., Toulouse. — Marjault, angl..
Tours. — Mathelin, ail., Ampère, Lyon. — Pernolle, ail.. Ampère,
Lyon,
De la 2' à la 1" classe : MM. Pradel, angl., Montluçon. — Durand,
ail., Toulouse. — Rouquette, angl., Limoges. — JauïSert, angl., Mar-
seille. — Roussel, angl., Vendôme. — Aviron, angl., Lyon (Ampère).
— Kancellary, ail., Toulouse. — Winter, angl., Oran. — Sampré, ail.,
Dijon. — Brunet, angl., Cahors. — Debès, ail., La Flèche (Prjtanée
militaire). — Esswein, ail., Oran. — Despont, angl., Cahors. — Girard,
ail. Rennes. — Hirsch, ail., Dijon. — Lacuire, ail., Nice. — Marcou,
angl., Marseille. — Monard, angl., Alger (.Mustapha). — Montailler,
ail., Rouen. — Ostermann, angl., Reims. — Piazza, italien, Chambéry.
— Rosiès, esp., Bordeaux.
PROFESSEURS CHARGÉS DE COURS (TABLEAU B)
Sont promus à la classe exceptionnelle : MM. Arbogast, ail.. Le
Havre. — Choux, ail., Evreux. — Fort, angl., Boixleaux. — Père, ail.,
Valenciennes. — Raillart, ail., Toulon. — Riemer, ail., La Rochelle.
De la 2« à la /" classe : MM. Novel, ail., Marseille. — Parraentier,
angl., Amiens. — Thibault, ail., Pontiv3'. — Michel, ail., Digne. —
Barthe, angl., Marseille. — Leclère, ail., Bar-le-Duc. — Bonifacio,
lettres et italien, Nice. — Dévidai, ail., Montluçon. — Schneider, ail..
490 LES LANGUES MODERNES
Clermont. — Bonnieux, ail., Laval. — Dubourg, ail., Ageii. — Guélin,
ail., Lyon. — Riegert, ail., Châteauroux. — Lemoine, angl., Guéret. —
Boue, ail., Angoulême. — Villard, angl.. Digne. — Andréi, angl., Mar-
seille (Perler). — .^ubry, ail., Alger. — Bertrand, ail., Alais. — Bon-
net, angl., Angers. — Borroméi, lettres et italien, Tunis. — Boss, ail.,
Quimper. — Ghauliat, angl. Clermont-Ferrand. — Coricon, ail., Cou-
tances. — Cournut, ail., Albi. — Dalzell, angl., Nimes. — Delmas, ail.,
Nice. — Ferrou, angl., Marseille. — Flayac, angl., Montauban. —
Guignot, ail., La Rochelle. — Hamon, al).. Tours. — Lalaguè, ail.,
Bayonne. — Lapeyre, esp., Pau. — Meynadier, ail., Montpellier. —
Mollet, ail., Marseille. — MuUer, ail., Mont-de-Marsan. — Oudot, ail.,
Tourcoing. — Petit, ail., Nimes. — Provenzali, arabd, Oran. —
Richard, 1. v., Tournon. — Rivière, angl.. Rodez. — Rolet, ail. Tours.
— Roos, ail., Beauvais. - SchufFenecker, ail.. Le Mans. — Thiétrj',
ail., Belfort. — Thouaille, angl.. Tulle. — Touzain, angl., Ljon (Ampè-
re). — Vignolles, angl., Oran. — Wolff, ail., Rouen.
De la 3' à la 2« classe : MM. Andriot, ail., Chaumont. — Anvraj-,
angl., Nantes. — Bousquet, angl.. Sens. — BreistrofTer, ail., Grenoble.
— Delany, angl., Tours. — Desanlis, ail., Chaumont. — Dives, esp.,
Angoulême. — Dudin, 1. v., Rechefort. — Gillon, angl., Dijon. —
Giraud, ail., Nimes. — Simon, ail., Vendôme. — Foulon, ail., Roche-
fort. — Drejfuss, ail., Besançon. — Villeneuve, angl., Albi. — Tissot,
ail., Gap. — Goutaj-, angl.. Le Puj-. — Haussaire, ail., Reims. —
Kremer, ail., Nancj'. — Labarthe, esp., Pau. — Lagarde, angl., Agen.
— Laurent, angl., Nevers. — Masson, angl., PontivA'. — Noir}-, angl.,
Rochefort. — Olié, esp., Agen. — Penot, ail., Limoges. — Salvan,
angl., Bayonne. — Schieffer, 1. v., Aurillac. — Taboureiix, angl., Cou-
tances. — Tourneux, ail., Angers. — Vaillant, ail., Orléans. — Varret,
angl., Vesoul. — Wolff, ail., Oran. — Zigliara, italien. Digne.
De la ¥ à la S' classe : MM. Beaurepère, ail., La Flèche (^Prjtance
militaire). — Bietlo, 1. v., St-Etienne. — Dodanthun, angl., Nevers. —
Euvrard, ail., Périgueux. — Farsat, ail., Bastia. — Frétign^', ail., La
Flèche (Prytanée militaire). — Griffon, ail., Lille. — Guillin, ail., St-
Brieuc. — Hélias, angl. Marseille. — Laborde, angl., Angoulême. —
Léger, ail., Châteauroux. — Le Tournau, ail., Lorient. — Lorgnes,
angl., Toulon. — Mart}-, ail., Auch. — Nicolas, angl., Brest. — Bobi-
ne, angl.. Le Havre.
De la 5« à la '*« classe : MM. Dufrenois, angl., Evreux. — Guenne-
baud, angl., St-Brieuc. — Pomiès, angl., Grenoble. — Rigaudières, ail.,
Cahors. — Roth, ail., Aurillac.
De la 6^ à la 5« classe. — M. Lebay, ail., Toulon.
Collèges
(t.\bleau K)
Sont promus de la l" classe à la classe exceptionnelle :
I. — Section supérieure
M. Cellier, ail., Narbonne.
II. — Assimilés
MM. Loux, ail., Issoire. — Paulus, alL, Chalons-sur-Saône. —
Chevalier, angl., Boulogne- s/Mer. — Henry, angl., Châlons-s/Marne.
III. — Section normale
MM. Chenu, alL, Coulommiers. — Monis, angl., Chalons-s/Saône. —
Veranneman, ail., Armentières.
MOrVEMKNT DU PERSONNEL 491
Sont promus de la 2" à la 1^* classe :
I. — Section supérieure
M. Procureur, ail., Fontainebleau.
II. — Assimilés
MM. Valentin, angl., Soissons. — Steullet, 1. v., Epernay. — Mathey,
ail., .\utun. — Letourni}-, angl., Boulogne. — Lascaux, lettres et alf.,
la Châtre. — Aigon, al!.. Cette.
III. — Section normale
M.M. Willemin, ail., Epinal. — Rayon, angl., Melun. — Fabre, dél.,
angl., lycée Fort-de-France. — Bourgoin, angl., Blois. — Desvignes,
ail., Vic-Bigorre. — Chausse, ail., Châtellerault. — Tive3rat, angl. e"t
gram., Carpentras. — Delpy, ail., Saint-Girons. — Guerold, ail.,
Châlons-sur-Marne. — Soubielle, lettres et esp., Perpignan. — Coué,
angl., Saint-Scrvan. — Godai, angl. Bayeu.\. — Poggi. angl. et lettres,
(llermont. — Laborier, angl. et lettres. Provins. — Fieux, angl. et
lettres, Chinon. — Genouy, angl., Bône. — Sautereau A., angl., Saint-
Germain-en-Laye. — Bartiei, angl., Armentières. — Carillon, ail.,
Saint-Gcrmain-en-Laye. — Dassonville, ail.. Cambrai. — Maresquelle,
ail. et lettres, Antibes. — Rougeyfon,!. v,, Domfront. — Guéroult,
angl., Avranches. — Devaux, angl.. Vire. — Bosmorin, lettres et ail.,
(Carpentras.— Igonet, arabe, Blida. — Voulland, ail., Perpignan. —
Thuiller, angl., Fontainebleau. — Lambert, ail., Béthune. — Martin,
ail., Villefranche-sur-Saône. — Robert-Dumas, ail., Saint-Germain-
en-Laye. — Casse, angl., Villeneuve-sur-Lot. — Breuil, ail., Compiègne.
De la 3* à la "2" classe : Section normale. — M.M. Béchot, angl.,
Avesnes. — Outrebon, gram. et ail.. Abbeville. — Bioux, angl., Arras.
Colson, ail., Langres. — Chaussade, ail., Bergerac. — Gauthier, ail.,
Autun. — Dumarchat, ail., Libournc. — Prost, ail., Louhans. —
Fremin, ail., Saumur. — Belaygue, lettres et esp., Saint-Gaudens. —
Bonnet, lettres et esp., Vic-Bigorre. — Clausse, I. v.. Romans. —
Poiré, angl. et lettres, Compiègne. — Chevolot, lettres et ail., Cosne.
— Abison, angl., Bagnères-de-Bigorre. — Boucher, ail., Boulogne-sur-
Mer. — .Jacquard, ail., Epernay — Barthélem}', ail., Forbach. —
Duplenne, angl. et lettres, Cholet. — Topin, aïl., Blois. — Berland,
ail., Auxerre. — Capela, angl., La Réole. — Carlin, ail., Blida. —
Bonnard, ail., Châlons-sur-Marne. — Duchemin, lettres et angl.,
Brioude. — Dumas, ail.. Vienne. — Matharel, angl., Tanger. — Bour-
niquel, ail.. Castres. — Juret, ail., Poligny. — Balsente, ail. et lettres,
Sarlat. — Leroy, angl., Abbeville. — Pélegrin, ail., Perpignan. —
Nirascou, lettres et esp., Saint-Nazaire. — Rosier, lettres et angl.,
Pontoise. — Deflers, ail., Lisieux. — Paimblant, angl.. Vienne. —
Pouget, lettres et angl., Villefranche-de-Rouergue. — Cayrou, angl..
Blanc. — Perret, ail., Brioude. — Le Roi, angl., Romorantin. —
Bisto,s, esp. et gram., Bagnères-de-Bigorre.
De la i' à la 3« classe : MM. Zeter, ail., Melun. — Giot, lettres et
angl., Au.xerre. — Monin, angl., Antibes. — Gillet, ail., Epinal. —
Gérardin, ail. et lettres, Abbeville. — Lafon, ail., Bergerac. — Trej',
ail., Saint-Gaudens. — Letrait, ail., Auxerre. — Botté, angl., Dieppe.
— Wagner, ail., Bar-sur-Aube. — Tbiébaut, ail., Châteaudun. —
Métais, angl., Brive. — Weigel, ail., Saverne. — Affre, ail., Ambert. —
Leclère, lettres et angl., Meaux. — Lis, angl.. Cambrai. — Auboin,
lettres et ail.. Saint- Lô. — Léonetti, lettres et ail.. Calais. — Eude,
gram. et ail., Boulogne-sur-Mer. — Gaudin, lettres et alL, Saulieu. —
Beaume, esp. et franc., Revel. — Pécastaing, lettres et angl., Vic-de-
Bigorre. — Touzé, angl., Dinan. — Sainte-Marie, lettres et angl.,
Oloron.
492 LES LANGUES MODERNES
De la j« à la 4« classe : MM. Sireygeol, ail., Brive. — Chevarin,
lettres et ail., Domfront. — Pochard, angl., Pontarlier. — Lecoruu,
letti-es et angl., Moiiaix. — Pezières, lettres et ail., Béziers. —
Deconde, lettres et ail., Joigny. — Guignard, lettres et ail., Manosque.
— Campmas, ail., Lectourne. — Mej'er, ail., Luçon. — Delmas, lettres
et ail., Morlaix. — Barrère (dél.), philo, et ail.," Bischwiller. — Wer-
quin (dél.), angl., Dunkerque. — Cahuzac (dél.), lettres et angl..
Cette. — Dounarel (dél.), lettres et angl., Blaye. — Digoit (dél.), ail.,
Verneuil. — NcA-ton (dél.), lettres et ail., Lûxeuil. — Capela, angl.,
Barbezieux. — Meyer (Sylvain), lettres et ail.. Menton. — Baratte
(dél.), angl. et lettres, Vannes. — Carrouée, 1. v., Tliiers. — Vigne
(dél,), lettres et angl., Montélimar.
De la 6' à la 5' classe : MM. Kei'david (dél.), lettres et ail., Flei"s. —
— Petiteau, lettres et ail., La Réole. — Apibec (dél.), lettres et angl.,
Cassel. — Hérisson-Laroche (dél.), angl., VitrA'-le-François. — Macary
Cdél.), lettres et angl.. Falaise. — Auniac (dél.), lettres et italien,
Manosque. — Niort (dél.), lettres et angl., Treignac. — Le Normand
(dél.), lettres et ail., Dinan. — Corneau (dél.), lettres et ail.. Cette. —
Suran (dél.), esp., Lodève.
PROFESSEURS CHARGÉS DE COURS DE COLLÈGE (TABLEAU L)
Sont promus de la P' classe à la classe exceptionnelle : MM. Gayte,
ail.. Orange. — Hauck, ail., Remiremont. — Voillot, angl., Beaune. —
Quenouille, angl., Grasse.
De la 2« à la 1^^ classe : MM. Banon, ail., Draguignan. — Woelffel,
ail. et lettres. Fougères. — Bonnal, angl., Millau. -■ Gabriel, angl.,
Lunéville. — Miégeville, ail., Castres. — Chantalou, ail. et gram.,
Lannion. — Gillon, ail., Blaj'e. — Majrot, ail., Thonon. — Jayet,
angl., Thonon. — Cornou, 1. v., Bernay. — Oudot, ail., Saint-Amand.
Marteau, angl.. Cognac. — Gremillet, 1. v., Bruj'ères. — Guyot,
lettres et ail., Montbéliard.
De la 3^ à la 2« classe : MM. Lamy, angl., Condé-sur-Noireau. —
Guillot, sciences et angl., Vassj'. — Alric, ail., Pertuis. — Zolt, lettres
et angl., Saint-Amand. — Le Pautremat, lettres et angl., Château-
Gontier. — Naquet, surv. gén. et prof, angl., Blois.
Dix-huitième année. — N* 6 Novembre-Décembre 1920
Les
Langues Modernes
VÀ'^
Le Secrétaire Général et la Trésorière prient instamment
leurs collègues de leur signaler leurs changements d'adresse ou
de situation, afin d'éviter la perte de la revue.
La Trésorière (M"'' Ledoux, 30, R. Chevert, Piiris, 7^),
rappelle aux membres de l'Association qu'un compte-courant de
chèques postaux lui est ouvert sous le n° 151-11 par le bureau de
Paris. Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant
de Jeurs abonnements par chèque postal, et de conserver à litre
de reçus le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
-<W>-
A nos Collaborateurs
La Rédaction est à son grand regret contrainte, par une augmenta-
tion subite et considérable du prix du papier, de demander aux colla-
borateurs qui ont si largement répondu à son appel de février dernier,
un effort supplémentaii'e de condensation, tant en ce qui concerne
les articles indépendants que les comptes x-endus bibliographiques ou
corporatifs.
L'étendue des Chroniques Etrangères doit être au maximum de
quatre pages, et d'une demi-page en moyenne celle des comptes ren-
dus critiques. A ce prix seulement ne sera pas rompu l'équilibre
entre la partie corporative et l'information professionnelle, qui sont
également essentielles à la vie et à l'intérêt de la revue.
33.
BULLETIN DE L'ASS0CL4TJ0N
Assemblée générale. — Convocalion du Comité
Assen)blée géi)éraie
Le Comité a fixé au jeudi 23 décembre, à 2 h. 1/2 précises, la
date de la réunion de l'Assemblée Générale annuelle prévue
par les statuts de l'Association. — L'assemblée aura lieu au
L^cée Louis-le-Grand.
Nous espérons que nos collègues se rendront nombreux à
l'appel du Comité.
L'ordre du jour suivant a été arrêté :
Allocution au Président.
Rapport du Secrétaire général.
Rapport de la Trésorière.
Projet de budget pour 19"21.
Questions dii>erses.
ElectiOQS au CoiT)ité (1)
Xou5 rappelons qu'en vertu de l'article 9 des statuts, le Comité
doit fixer chaque année le nombre des membres à élire dans
chaque catégorie de membres actifs, le nombre total des repré-
sentants de chaque catégorie au sein du comité devant rester,
autant que possible, proportionnel au nombre' des électeurs
appartenant à cette catégorie. Sont déclarés élus, dans chaque
catégorie, jusqu'à concurrence du nombre préalablement fixé, ics
candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix.
Conformément aux dispositions qui précèdent, le nombre des
sièges attribués aux différentes catégories a été fixé comme suit :
Lycées de garçons 4
Collèges de garçons 2
Enseignement secondaire féminin 3
Enseignement primaire, commercial, technique ... 2
Total 11
(1) Nous empruntons à M. Milliot-Maderan la note très claire
qu'il a publiée à ce sujet dans le Bulletin de décembre 1914. Il
y a lieu de pourvoir au remplacement de Mlle Weiller, élue en
1919, démissionnaire pour raisons de santé.
BULLF.TIN I)F. L'ASSOCIATION 495
Notre association compte en dccenibic 1920, environ 916 mem-
bres actifs qui se répartissent ainsi :
Knseignement supérieur 34
Lycées de garçons 391
(Collèges de garçons 146
Enseignement secondaire féminin 136
Enseignement primaire, commeiciai, technique . . 209
Total 916
I^'s 33 membres du Ciomité doivent donc se répartir comme
suit :
Enseignement su|)ôrieur 1
Lycées de garçons • 14
C]ollèges de garçons 6
Enseignement supérieur féminin fi
Enseignement primaire, cnmmercil. technique . . ■ • 6
Total 33
Les membres sortants sont, cette année :
M.M. Arnaudet, Aiibenas, Banchet, Br^uih Brocard, Cari, Mlle
Clol, M. Delohel, Mlle Demnien ?«IM. Garnier, Mongiiillon.
L'Assemblée générale doit donc élire :
4 représentants des Lycées de garçons.
2 représentants des Collèges,
3 membres de l'enseignement secondaire féminin.
2 membres de l'enseignement primaire, commercial et technique.
Les collègues dont les noms suivent ont bien voulu consentir
il poser leur candidature.
M. Cart, rééligible, conformément au S 3 de l'art, 7 des statuts
décline toute candidature.
Liste des Candidats
Lycées de garçons :
MM. Servajean. ])rofesseur d'anglais au lycée Buffon, ancien
m.embre du Comité ;
Beley, professeur d'allemand au lycée St-Louis ;
Demolox, professeur d'anglais au lycée Voltaire ;
GoETTscHY, professeur d'allemand au Ij'cée Michelet ;
Lalou, professeur d'anglais au lycée Lakanal.
Saroïhandy, professeur d'espagnol au lycée St-Louis.
Collèges de garçons :
.M.M, Caillet, professeur d'anglais au collège de St-Germain-en-Laye.
HiRTZ (Georges), professeur d'allemand au collège de Pontoise,
Enseignenienl secondaire féminin :
.Mlles BoussixBsQ, professeur d'anglais" au lycée Victor-Duruy ;
Maître, professeur d'anglais au lycée Racine ;
Weii.l, professeur d'allemand au lycée Racine.
496 LES LANGUES MODERNES
Enseignement primaire commercial et technique :
MM. Bec, professeur au collège Chaptal, ancien membre du
Comité.
CoiGNAUD, professeur à l'E. P. S., Carentan.
Il va saus dire que la liste ci-dessus n'est pas limitative et le
président se fera un devoir d'annoncer, dès l'ouverture de l'As-
semblée générale, les candidatures qui se seront produites après
l'impression du présent Bulletin- Nous attirons en particulier
l'attention des professeurs de collège sur ce fait qu'une candi-
dature seulement a été jusqu'ici enregistrée pour leur catégorie,
alors qu'il y a quatre sièges à pourvoir.
Le vote par correspondance est admis. (Voir page 11 de la
couverture).
Nous rappelons que, conformément à nos statuts (article 5,
paragraphe 2), seuls les membres actifs (voir art. 4, paragraphe
1) ont le droit de prendre part au scrutin.
La prochaine réunion du Comité aura lieu le jeudi 6 janvier
à 2 h. 1/2, au parloir du lycée Montaigne. Nos collègues sont
priés de considérer le présent avis comme tenant lieu de con-
vocation.
Section Régionale de Bordeaux
Procès-verbal de la réunion du '2i octobre 1920
Sur l'initiative de M. Mainguy, Vice-Président d'avant-guerre de
la Section Régionale de Bordeaux, et de M. Bahans, ancien secré-
taire de la même section, un groupe de Professeurs de Langues
Vivantes de l'Académie s'est réuni au Lycée de Bordeaux, le 24
octobre 1920.
Considérant qu'à la période des bouleversements apportes par
la guerre succède celle de la stabilisation, où les liens d'entente
et de solidarité doivent se renouer ;
que l'enseignement des Langues Vivantes, après avoir subi des
remaniements partiels, est aujourd'hui discuté dans son ensemble ;
que son importance même est remise en question ; que des atta-
ques sont à prévoir et qu'une coopération en vue de la défense ne
fût jamais plus opportune ;
qu'il convient de créer un organisme permettant à chacun,
même au plus isolé, de faire entendre sa' voix ; capable de cen-
traliser les vœux et les revendications de tous, d'exprimer cl de
manifester une opinion collective fidèle ;
Il a été décidé à l'unanimité de reformer la Section Régionale
de Bordeaux de l'Association des Professeurs de Langues Vivan-
tes, dispersée depuis 1914.
bii-i,i:tin de l'association 497
Vn Coinitr provisoire ;i été constitué comme il suit :
\f^résidcnl : M. DiiKscii. |)rofcsscur à la Faculté des Lettres de
Bordeaux ;
Vice-I'rcsideiils : Mme Hkbkht, Lycée de Jeunes Filles de
l'ordeaux ; M. MainTiUV, Lycée de Mont-de-Marsan ;
Secrétaire : M. Mahtin, Lycée de Garçons, Bordeaux ;
Trésorier : M. Hivoallan, Lycée de Garçons, Bordeaux.
La fin de la séance fut consacrée à la discussion des moyens
pratiques pour établir, le plus rapidement possible, le contact
entre tous les membres de l'AsscK-iation dans l'Académie, — la
première nécessité étant de se connaître et de se compter. Il a été
convenu à cet cfïet de s'assurer dans chaque établissement le con-
cours d'un correspondant, qui se mettrait en relations directes
avec le bureau, et qui se dévouerait au recrutement et à la pro-
pagande dans sa sphère.
La réunion, empreinte de la plus grande cordialité, a donné à
chacun des membres présents pleine confiance en l'avenir de la
Section renaissante.
Le Secrétaire : Le Vice-Président :
M. Mahtin. J. Maixguy.
SecHon Régionale de Clermont-Ferrand
La première réunion trimestrielle (année scolaire 1920-21) de la
S. R. régionale de Clermont-Ferrand a eu lieu le jeudi 21 octobre,
au Lycée Biaise-Pascal, sous la présidence de Mme Honoré, pro-
fesseur au Lycée Jeanne-d'Arc, chargée de cours à la Faculté des
Lettres.
Un certain nombre de membres de la section s'étaient excusés
ou fait représenter.
OnDHE DU JOLI? DE LA RÉLNION :
1. Compte rendu des résultats obtenus depuis la réunion du 11
juillet ;
2. Election du Bureau définitif et du Comité ;
3. Questions diverses.
1. Mme Honoré donne la parole à M. Vivien, secrétaire. 11 cons-
tate que, les vacances ayant entravé l'action du Bureau, les résul-
tats obtenus ne sont i)as encore très tangibles. Beaucoup de pro-
fesseurs, quoique désireux de faire partie de la S. R. n'ont pas
encore donné leur adhésion formelle. Pour la provoquer, le
Bureau fera le nécessaire, mais il compte sur les collègues appar-
tenant déjà à la S. R. pour la propagande à faire dans tout le res-
sort de l'Académie.
498 LES LANGUES MODERNES
Le Secrétaire dit ensuite la satisfaction du Président de
l'A. P. L. V. au sujet de la création de la S. R. de Clermont et se
fait son interprète auprès de tous les professeurs de l'Académie
L-n invitant ceux-ci à envoyer leur adhésion, au plus tard pour
Tannée 1921, à l'A. P. L. V., dont le Bureau actuel a. déployé tant
d'efforts, en ces derniers temps, surtout pour sauver les études
allemandes en France, défendre nos intérêts et pro\oquer, au
sujet de l'enseignement des L. V. les déclarations sensationnelles
(Déclaration Poincaré..., etc.) qui ont paru dans la Presse.
En ce qui concerne les démarches que le bureau de la S. R.
devait entreprendre auprès des persoriues susceptibles d'entrer
dans notre section comme membres d'honneur (catégorie C),
Mme Honoré, présidente, nomme plusieurs personnalités de Cler-
mont auprès de qui elle a trouvé le meilleur accueil et elle expri-
me son espoir d'obtenir de bons résultats.
Des démarches individuelles seront faites simultanément par le
Bureau et d'autres membres de la S. R. et, dès que quelques
résultats auront été acquis, un appel aux personnes s'intcressant
à la question des L. V. sera lancé dans la presse locale. (Lecture
est donnée de cet appel, dont les termes sont approuvés par
r.Assemblée) (1). Le Bureau ne désespère pas de pouvoir, réunir,
avant la fin de l'année scolaire, les fonds suffisants pour attri-
buer plusieurs bourses de séjour à l'étranger (bourses de \ acan-
ces) à des élèves méritants.
2. Le Bureau provisoire, nommé le 11 juillet dernier, a été trans-
formé en bureau définitif. Puis il a été procédé à l'élection des
membres du Comité. Ont été élus :
(1) Appel aux personnes s'intéressant à la question de l'étude
des Langues Vivantes. —^ (Cet appel a été publié, par les soins du
Bureau de la Régionale de Clermont-Ferrand. dans la presse locale
et régionale).
En multipliant les contacts entre la France et les pays étran-
gers, alliés ou ennemis, en conférant à notre pays un prestige
moral incomparable, la guerre a donné à l'étude des langues
vivantes une importance qu'on ne saurait exagérer. Afin de recher-
cher les moyens les plus projjres à encourager celte étude, et de
la fortifier par l'emploi des méthodes les plus sûres, les profes-
seurs de l'Académie de Clermont, invités à grouper leurs efforts,
ont constitué, en juillet dernier, une Section Régionale des pro-
fesseurs de Langues Vivantes. Ils désireraient notamment i)ou-
voir attribuer, chaque année, un certain nombre de bourses de
séjour à l'étranger (Angleterre, Allemagne occupée, Italie, Espa-
gne) à des élèves méritants. Afin de réunir les fonds nécessaires
à cet effet, ils font appel à la générosité de toutes les i)ers()iines
qui suivent d'un œil attentif la question des Langues Vivantes.
Et — pour rai)peler les termes mêmes de l'article ,5 de leurs Sta-
tuts — ils accueilleraient avec reconnaissance, à titre de membres
d'honneur de leur Section Régionale, " toutes personnes t)u grou-
BULLETIN DE LASSOCL^TION 499
1. Hi-pitsciitiiiit de reiiseignenu'iit MipLiitur : M. Lunriluis, char-
gé de eours à la Faculté.
2. Représentant des professeurs agrégés : M. Piillier, professeur
au Lycée de Montluçon.
'.i. Représentant des professeurs chargés de cours : M. Chauliat,
professeur au Lycée de (llermont-Ferrand.
4. Représentant des professeurs de collège : M. lildiKjucI, pro-
fesseur au Collège de Thiers.
5. Représentant des professeurs des E. N. et des E. V. S.,
.M. Papin, professeur E. N., Moulins.
6. Représentant des professeurs, enseignement technique :
M. Bernurâ, professeur, Ecole pratique d'industrie hôtelière du
(ÀM)tre, à Vichy.
;{. Mlle Chevraut, professeur au Lycée Jeanne-d'Arc, et M. Lan-
glais se plaignent de ne pouvoir donner à leurs élèves candidats
au hacc (lauréat, le nomhre d'heures d'italien prévues par le
' plan d'études et programme d'examen ». Ils demandent au
bureau de faire auprès de l'A. P. L. V. les démarches nécessaires.
Mlle Comberolc, de l'E. P. vS. de Clermont-Ferrand se plaint
d'être rétribuée, pour '6 heures d'Anglais considérées comme
heures supplémentaires, au taux ridicule de 100 francs l'heure.
EUe demande au bureau de l'A. P. L. \'. de défendre ses intérêts.
Sur une proposition de M. Langlais, présentée par le secrétaire,
l'Assemblée émet le v(eu :
■ (Jue l'enseignement de l'Espagnol, donné dans un assez
grand nombre d'établissements secondaires et d'enseignement
technique du ressort, soit enfin représenté à la Faculté des Let-
tres, conformément aux vœux en ce sens déjà formulés par la
Faculté elle-même, et aux intérêts de la Région >>.
penients attestant par des libéralités, l'intérêt qu'ils portent à
l'enseignement des Langues Vivantes ».
Présentement, le Bureau de la Section Régionale est ainsi cons-
titué :
- Présidente : Mme Honoré, chargée de Cours à la Faculté des
Lettres.
Vice-Président : M. Lébraly, professeur agrégé au Lycée de
Ciiiéret.
Secrétaire : M. Vivien, i)rofcsseur à l'E. P. S. de Clermont-Fer-
rand.
ïrésorier : ^L Bouyssy, professeur à l'Ecole Supérieure de Com-
merce à Clermont-Ferrand.
Les personnes désirant se faire inscrire comme membres d'hon-
neur de la S. R. sont priées d'envoyer leur adhésion à JL Bouyssy,
trésorier.
yotd. — S'il y a lieu, un règlement concernant l'attribution
des bourses de séjour à l'étranger sera élaboré en temps utile et
porté à la connaissance des membres d'honneur.
500 LES LANGUES MODERNES
Le Bureau de l'A. P. L. V. sera invité à faire auprès de l'Admi-
nistration le nécessaire pour que ce vœu soit pris en considéra-
tion.
Prochaine réunion. — • La prochaine réunion de la S. R. aura
lieu en janvier, à une date fixée par le Bureau. Une convocation
individuelle sera envoyée en temps utile aux membres de la S. R.
Clermont-Ferrand, le 22 octobre 1920.
Le Secrétaire-
R. Vivien.
Section Régionale de Poitiers
La S. R. de Poitiers s'est réunie le dimanche 24 octobre, sous
la présidence de M. Castelain, à la Faculté des Lettres de Poi-
tiers.
M. Castelain donne lecture de trois let,ti'«s d'excuse* de
MM. Ment (La Rochelle), Rougé (Tours) et Hirtz, puis ouvre la
délibération sur la question à l'ordre du jour : l'épreuve écrite
du baccalauréat.
Les conclusions auxquelles aboutit cette délibération sont les
suivantes :
Le texte de la version — choisi selon les prescriptions minis-
térielles — pourra être accompagné de notices explicatives des-
tinées à élucider les termes difficiles s'il y a lieu.
On évitera en principe les textes philosophiques, vu la difficulté
du thème, qui en résulterait.
I^ rédaction du thème devra être telle que le texte ne soit ni
trop proche, ni trop éloigné de celui de la version. L'important
est de ne pas perdre de vue qu'il d destiné uniquement à véri-
fier les connaissances grammaticales des candidats. Le vocabu-
laire du thème sera celui de la version : mais il pourra fort
bien comporter des termes autres que ceux de la version, à
condition qu'ils fassent partie du programme que doivent con-
naître les candidats.
La prochaine réunion aura lieu en décembre. La (hite en sera
fixée ultérieurement. L'ordre du jour comportera : 1. le renou-
vellement du bureau ; 2. l'organisation matérielle de l'ensei-
grement (Livres, Bibliothèques, Textes de devoirs).
/.(' Secrétaire.
\\. AlDOlN.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION âOl
SecHon Régionale de Lyon
La Régionak' s'est réunie le samedi 19 novembre à 16 h. 'M), au
Lycée du Parc, sous la présidence de AI. Douady, assisté de
jMllc Mathieu, Vice-Présidente, et de M. Pierre Legouis, Secrétaire.
Le Président donne lecture de deux lettres de M. Rancès. Dans
la première, celui-ci explique son attitude au Conseil Supérieur,
critique l'organisation du référendum, se déclare adversaire
résolu de la version, et alfirme n'avoir demandé le thème d'imi-
tation que pour éviter le thème littéraire dont nous étions
menacés.
A ce propos, M. lionnoronl fait remarquer que dans le recueil
paru récemment sous la signature de M. Rancès, recueil destine
à " illustrer de façon précise la volonté du Conseil », les thèmes
n'ont guère de commun avec les versions que le titre ; parlant
comme partisan du thème d'imitation, M. Bonnoront déplore
qu'il cil soit ainsi. D'un point de vue opposé, M. Diiisit, adver-
saire d'j toute espèce de thème, demande en quoi les exemples
concrets de M. Fiancés diffèrent du thème littéraire dont il nous
a préservés, (lomme préparateur au baccalauréat, M. Duisit
désirerait être fixé sur la nature d'une épreuve encore flottante,
et que la circulaire ministérielle du 20 mars 1920 a insufTisam-
nient définie. Enfin, le Président constate que beaucoup de ces
thèmes seraient trop difficiles à la Licence.
Dans sa deuxième lettre, AL Rancès refuse de s'associer au
vœu d'ajournement des nouvelles épreuves jusqu'à un référen-
dum mieux organisé ou jusqu'à la refonte totale du baccalau-
réat. « L' .Administration, dit-il, se retranchera facilement der-
rière la décision du Conseil, au besoin derrière les résultats du
référendum, pour refuser de maintenir l'épreuve actuelle au delà
de l'année 1920. ..
Le Secrétaire lit ensuite une lettre ouverte de M. Camerlynck
à M, Veillet-Lavallée, lettre dont l'objet est d'obtenir pour les
candidats au baccalauréat qui se présenteront en 1921, l'option
entre l'ancienne épreuve (composition) et les nouvelles (thème
et version).
Dans la discussion qui suit, le droit des élèves actuellement
en première à se présenter avec la composition, aboutissement
naturel de leurs études antérieures, est admis à l'unanimité. Le
Président cite de nombreux précédents, particulièrement celui
du régime transitoire de la Licence.
Sur les moyens de réaliser pratiquement l'option, divers avis
sont émis. Le Secrétaire soutient la méthode proposée par
M. Camerlynck, qui consiste à accorder au professeur de première
un pouvoir discrétionnaire. Mais Mlle Qiiézel, MM. Sulger-Buel
et Tiret ne croient pas que le professeur puisse ainsi décider
502 LES LANGUES MODERNES
l)our tous les élèves de sa classe, saus s'exposer aux récrirnina-
tious de certains parents ; ils demandent que l'arrêté ministériel
qui accordera l'option, fixe le rôle du ])rofesseur ; la famille res-
terait donc libre de faire donner à l'enfant en dehors de la classe
une préparation à l'épreuve de son choix. Enfin, M. Bonnoront
considère que le professeur de première peut mener de front la
]3réparation à la composition, à la version et au thème. Cette
opinion est combattue par plusieurs membres, notamment
Mme Douady. Il est entendu que le Secrétaire répondra à
M. Camerlynck en résumant la physionomie du débat, et eu
apportant l'adhésion des membres présents au principe du vœu.
L'Assemblée s'occupe «ensuite du prochain renouvellement par-
tiel du Comité de l'Association. Le Président remarque que nous
connaissons peu l'attitude des membres sortants. Il propose
que les candidats soient invités à faire connaître dans une
courte, mais claire profession de foi, leur opinion sur les nou-
velles épreuves du baccalauréat. Cette proposition est adoptée
à l'unanimité.
M. Ravizé suggère que nous communiquions cette demande
au.x autres régionales et aux groupements locaux, pour qu'ils
puissent la présenter en même temps que nous au Bureau de
Paris. Cette proposition est également adoptée à l'unanimité.
Les élections pourraient ainsi avoir un sens.
M. Vannier se plaint de l'entrée en d' d'élèves chaque année
plus nombreux qui n'ont jamais fait d'anglais: cette année, la
moitié de la classe en S'' B à St-Rambert. Il juge cet état de cho-
ses on ne peut plus fâcheux, tant pour les retardataires que pour
les élèves normaux, et, de plus, humiliant pour le professeur de
Langues Vivantes, puisqu'on n'admettrait jjas en 5* A un élève
qui n'aurait jamais fait de latin. Pour toutes les disciplines, la
sixième est la seule classe qu'on ne devrait jamais sauter.
M. Diimont répond que le mal a souvent été signalé sans aucun
succès. .M. Veigncau demande un remède : ne pourrait-on rendre
efticaces les examens de passage ? M. V<j;i;jier réplique que la
situation vient au contraire d'empirer, du fait d'un récent
décret qui supprime l'examen de Langues Vivantes au concoure
des bourses pour l'entrée en 5°. Ce décret est dû à l'action des
Compagnons », qui ont eu l'intention louable de faciliter le
passage du primaire au secondaire, mais qui semblent n'avoir
pas vu les répercussions de cette mesure.
\ l'unanimité, l'Assemblée s'associe aux doléances de M. \'an-
nier, et demande que le décret en question soit rapporté.
M. Rocher demande que dans la prochaine loi militaire l'uti-
lisation des professeurs de Langues \'ivantcs comme interprètes
soit assurée. Ce vœu est adopté à l'unanimité.
La séance est levée à 18 h. 30.
Le Secrétaire : Le Président :
Pierre Legouis. J. Dolauy.
BULLETIN UK L'ASSOCIATION 503
L'étude de TAllemand
>>a Oominissioii serait recomiaissante aux collègues qui vou-
draient bien lui faire parvenir les renseignements suivants sur
la rentrée d'octobre :
Nombre des élèves de sixième étudiant rallemaïul en c)ct()bre
1919 et en octobre 1920.
Prière d'adresser les renseignements à .M. Delobel, <\l^, rue
Jacob.
Adhésions nouvelles
M. B(tër, Paris ; M. Besloti, prof, agrégé d'anglais. Collège
(ihaptal, Paris ; M. Bouissy, prof. Ec. Sup. Commerce, Clermont-
Ferrand ; Mlle Bouriel, prof. E. P. S. j. f., Valognes ; Mlle Biinel,
Malo-les-Bains ; Mlle Caninet, prof., Cours secondaires, Pithi-
viers ; M. Cattet, prof. Cours S. V. P., Paris ; Mme Colver, prof.
E. P. S., Lorieiit ; M. (Marc) Delang, prof, an'gl.. Lycée, Tours ;
Mme Diiril, E. P. S., f., St-Etienne ; M. Fannières, prof, angl..
Lycée Versailles ; .1/. France, prof. E. P. S., Valenciennes ;
.1/. .4. Giiinet, prof, (ail.). Collège, Cognac ; M. Giiiran, prof.
Lycée .Avrgnon ; Mlle Klunlz, prof. E. P. S. Illiers ; Mlle Lafon,
prof. E. P. S., Cette ; M. P.-H. Larivil, 30, Kengou Collège,
(ianibier, Knox C. IT. S. ; M. Laval, prof, d'ail.. Lycée, Angers ;
Mme Marchessou, prof. E. P. S., j. f., Clermont-Fcrrant ; .V. Mar-
tin, prof, angl.. Lycée, Bordeaux ; M. Morin, prof. Collège .\nti-
bes ; Mlle Moshacher, prof. E. P. S., j. f., Mamers ; M. G. Pactus,
principal, prof, d'ail.. Collège St-Flour; Mme Philij, prof. E. P. S.,
Grenoble ; M. Plissard, délégué au bureau International du tra-
vail, Genève ; Mlle Pommier, prof. E. P. S., j. f., Montluçon ;
Mme Sarrailh, prof. E. P. S., j. f., Excideuil, Dordogne ; Mlle
Savart, prof. E. P. S., Lille ; M. I^ual, prof, à l'Université d'Up-
sal ; M. Tiiloup, prof. E. P. S., Le Havre ; Mlle Villard, prof.
E. P. S., Château du Loir ; .1/. Vizen, Rio-de-Janeiro.
RecHlicaHons à TAnnuaire
M. Durhemin est professeur à l'Ecole (>olbert, et non à l'Ecole
.^rago. M. Kiihn est professeur à TEcole Supérieure des Postes
et Télégraphes.
504 LES LANGUES MODERNES
CORRESPONDANCE
Les nouvelles épreuves du Baccalauréat
Le Président de l'Association a reçu la lettre qui suit et dont la
teneur sera portée à la connaissance du Comité lors de sa pro-
chaine séance. Emanant d'un de nos collègues, dont l'expérience
pédagogique garantit le bien-fondé de ses suggestions, cette lettre
et les propositions qu'elle contient méritent un sérieux examen.
Nous avons lieu de croire que les idées formulées par M. Camer-
lynck vont prendre corps dans une pétition ou projet de vœu qui
sera soumis aux autorités compétentes (1).
N. D. L. R.
Paris, le 2 novembre 1920.
RIox CHER Président,
Puis-je appeler votre amicale attention et celle du Comité sur
une proposition qui se présente à vous sous la forme d'un vœu
très modeste, facile à exaucer, et dont cependant la réalisation
donnerait, je crois, satisfaction à un grand nombre d'entre nous ?
Il s'agit des épreuves écrites de Langues Vivantes au bacca-
lauréat, qui, vous le savez, ont été modifiées tout récemment.
Une formule nouvelle, version et thème d'imitation, nous a été
brusquement imposée, sans qu'aucune des mesures transitoires,
qu'on prévoit habituellement en pareil cas, ait été accordée. On
ne saurait en efPct considérer comme période de transition l'an-
née scolaire actuelle, au bout de laquelle la nouvelle épreuve
devient obligatoire. Les élèves qui viennent d'entrer en première,
après avoir été pendant quatre ou cinq ans entraînés de bonne foi
aux méthodes directes, dont la composition libre est l'aboutisse-
ment naturel, vont avoir à subir deux épreuves de traduction.
Ce sera une génération sacrifiée, ou qui tout au moins servira
(l'anima vilis à l'expérience qu'on va tenter. Car si quelques-uns
(en B ou en D) ont pu faire des versions, il en ost bien peu sans
doute qui aient pratiqué le thème.
Vous voudrez bien remarquer, mon cher Président, que je ne
soulève pas du tout la question de fond ; le Conseil Supérieur
s'est prononcé, le Ministre a ordonné, il ne nous reste plus qu'à
faire l'application loyale des dernières instructions; ce n'est
que i)lus tai'd qu'on pourra juger l'arbre à ses fruits.
(1) Au moment de mettre en pages, nous apprenons que ce
vœu a déjà recueilli un certain nombre de signatures, qui ont
été communiquées au Président de l'Association. L'es collègues
qui voudraient y donner leur adhésion sont priés de bien vouloir
l'adresser directement à M. (î. Canierlynck, IH, rue Soufllot.
Paris, V'.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 505
Il ne s'agit pas davantage de surseoir à l'exécution des mesu-
res prescrites : la version et le thème restent les épreuves de
la session prochaine. Mais nous demandons qu'à titre purement
transitoire on permette aux candidats l'option entre le régime
ancien et le nouveau ; que ceux qui le désireront puissent au
moins, cette année encore, passer l'examen avec la rédaction.
Présentée sous cette forme modérée et libérale, s'iwspirant uni-
quement de l'intérêt de nos élèves, et de nos enfants pour ceux
qui en jjarlcnt en pères de famille, je me permets de penser qu'il
sera diflicilc à nos collègues, quelles que soient leurs opinions par-
ticulières, de ne pas souscrire à notre requête. Aucun de ceux à
qui j'en ai parlé n'a hésité à me donner son adhésion, et je suis
assuré qu'un vœu ou une pétition, rédigés si cela était nécessaire,
dans le sens que je viens d'indiquer, recueilleraient immédiate-
ment un nombre imposant de signatures. Xi vous, mon cher
Président, ni notre représentant au Conseil Supérieur de l'Ins-
truction publique, vous ne refuserez de prêter à ce vœu, s'il vous
paraît justifié, l'appui de votre autorité.
Pour obtenir même cette légère modification au nouveau statut
du baccalauréat, il faut en effet prendre l'avis du Conseil Supé-
rieur. Mon ami Rancès m'a objecté à ce propos — et c'est aussi,
je crois le savoir, l'avis exprimé en haut lieu — qu'il serait
impolitique de porter à nouveau la question devant le Conseil, en
lui demandant de se déjuger à six mois de distance. La réponse
à cette objection est aisée : il ne s'agit ni pour le Conseil, ni pour
l'administration de se déjuger, mais de faciliter le passage de
l'ancien état de choses au nouveau, qui n'est pas discuté, par
l'octroi d'une mesure transitoire sous la simple forme d'une option
temporaire.
J'ai aussi entendu alléguer, contre cette suggestion, la crainte
de compliquer et de troubler la tâche du professeur de Première.
Dans ma pensée, le Maitre libre de son enseignement déciderait
lui-même quelle épreuve répond le mieux, selon lui, à la prépara-
tion antérieure de la classe dans son ensemble ; ici encore, l'inté-
rêt bien compris des élèves entrerait d'abord en ligne de compte.
Veuillez agréer, mon cher Président, mes sentiments bien cor-
dialement dévoués.
G. Camerlyxck.
Le Président de l'Association a adressé à M. Uey, à la suite
d'une démarche que ce dernier a faite, avant les vacances, en sa
qualité de Vice-Président intérimaire de la Fédération nationale
des Professeurs de Lycée, une lettre conçue en ces termes :
506 LES LANGUES MODERNES
Paris, le 8 novembre 1920.
Mon cher Collègue,
Nous avons pu lire dans le Bulletin Ofjlciel de la Fédéra-
tion Nationale des Professeurs de Lycée (n° d'octobre 1920,
page 10, Démarches du Bureau), les lignes suivantes :
i< M. Rcy entretient ensuite M. le Directeur du projet du
<i Ministère de la Guerre tendant à exiger deux langues
<' vivantes au Concours d'admission des Ecoles Polytech-
<' nique et de St-CjT.
" Certaines familles qui destinent leurs enfants à ces
<' écoles ont déjà demandé aux Proviseurs de les placer
<■ dans la Section D au lieu de la Section C.
" M, le Directeur répond que le Ministre de la Guerre a
<' abandonné son projet, mais établit une majoration de
<' points en faveur des élèves présentant deux langues
« vivantes. Le danger de désertion de la Section C est donc
<• bien moindre.
" M. . Rej' fait observer à M. le Directeur que, dans ce
« cas, il est absolument urgent d'envoyer aux Proviseurs
« des instructions précises sur la réponse qu'ils doivent
« faire aux familles qui demanderaient la Section D pour
<' leurs enfants, à cause des deux langues;
<i M. Bclin ])rcnd note et déclare que le nécessaire sera
« fait. »
Le compte rendu de cette démarche — vous ne serez pas
surpris, mon cher Collègue, que je vous en fasse la décla-
ration très nette — a vivement ému le Bureau de notre
Association qui, saisi de l'incident, considère cette initia-
tive comme très regrettable de la part du Bureau de la
Fédération,
Cette dernière, en elTet, groupant les professeurs de tous
ordres et de toutes disciplines, devrait, à notre sens, s'im-
poser une ligii:.' de conduite absolument impartiale et se
défendre avec soin d'intervenir, comme, en cette occasion,
elle l'a fait, en faveur d'un enseignement au détriment
d'un autre.
Bien entendu, je m'abstiens, en ce moment, d'examiner
l'aspect théorique de la question et de peser les mérites
pédagogiques respectifs des Sections C et D. iVo/i est hia
lociis.
Le Bureau de r,\ssociation des P. L. V. élève d'ores et
déjà une protestation formelle contre l'attitude prise à
l'égard de notre discipline par le Bureau de là Fédération
Nationale des Professeurs de Lycée, contre la démarche
faite au Ministère, démarche qui lui paraît contraire aux
Statuts de la Fédération et se réserve de soumettre la
HULLETIN DE L'ASSOCIATION 507
question à l:i prochaine Assemblée générale de l'Associa-
tion.
Je vous serai très obligé, mon cher (Collègue, de vouloir
bien faire coruiaîtrc le texte de ma lettre au Bureau actuel
de la Fédération et de recevoir l'expression de mes senti-
ments distingués.
(;h. Veillet-Lavai.lkk.
Toujours soucieux de renseigner nos lecteurs et nos adhérents
sur l'activité déployée par le Bureau et sur les aspects variés des
campagnes que mène l'.Association, nous donnons ci-dessous la
réponse de M. Rey :
Paris, S nnnembre 19'20.
MONSIEL'H ET CHEH COLLI^XilE,
Je m'e.xplique mal l'émotion qui s'est emparée du Bureau
de votre Société à la lecture du Bulletin Fédéral relatant
ma démarche auprès de M. Bellin ; car je ne vois vraiment,
dans cette démarche, aucune attitude hostile à l'égard de
votre discipline. Vous n'y sauriez relever aucune attaque
contre l'enseignement des langues vivantes, ni contre son
utilité.
Vous connaissez les faits :
Le Ministre de la Guerre était sur le point d'e.xiger deux
langues vivantes à l'entrée des Grandes écoles. Personne
n'y aurait vu d'inconvénient s'il avait été possible d'ajou-
ter dans toutes les sections actuellement existantes l'étu-
de de la deuxième langue. Mais il n'y fallait pas songer,
les programmes étant déjà surchargés. Une seule section
offrait la possibilité d'étudier deux langues vivantes : la
Section D.
Il ne s'agit pas, et sur ce point je suis de votre avis, de
disserter sur les mérites respectifs de la Section C et de la
Section D. Mais ce sont là justement les deux directions,
et les deux seules, où peuvent s'engager les jeunes gens qui
se destinent aux carrières scientifiques.
Or, par suite de cette simple addition au programme des
Concours d'entrée aux grandes écoles, les jeunes gens eus-
sent été obligés d'emprunter la seconde voie, même si
leurs préférences et celles de leurs parents les avaient por-
tés vers la première. Que devenait dès lors la liberté des
pères de famille ?
Vous dites que le Bureau de la Fédération a manqué
d'impartialité eu intervenant << en faveur d'un enseigne-
ment au détriment d'un autre ». Ce serait vrai si la
balance avait été en état d'équilibre parfait entre les
508 LES LANGUES MODERNES
deux enseignements ; mais, dans cette affaire, l'un des pla-
teaux descendait brusquement, et l'équilibre était rompu.
Vous pouvez être assuré que, sr la rupture d'équilibre
s'était produite en faveur des humanités classiciues, vos
réclamations eussent été appuyées de même ; car vous pou-
vez bien penser que les membres de la Société Franco-
Ancienne et les pères de famille se sont émus eux aussi,
et à juste titre, en apprenant les projets du Ministre de la
Guerre. Nous n'avons pas été, crojez-le bien, sans enten-
dre pousser des cris d'alarme. La véritable partialité eût, ^
au contraire, consisté à sanctionner, par notre silence,
cette atteinte directe et grave portée à l'une des disciplines
fondamentales de notre enseignement secondaire.
J"ai donc conscience d'avoir servi la cause de la stricte
justice et je compte sur votre appui. Monsieur et cher
Collègue, pour dissiper ce que je considère comme un
simple malentendu.
Veuillez agréer, etc..
Signé : E. Rev.
Le Comité de l'Association sera mis au courant, lors de sa pro-
chaine séance, de la question, et nous ne saurions, dès à présent,
préjuger de l'opinion qu'il émettra, de la suite qu'il décidera de
donner à l'affaire. Toutefois, rendant hommage au ton courtois de
la lettre de M. Hey, nous devons faire remarquer à notre collè-
gue que, à notre avis, tel que nous l'avons, du reste, exprimé eu
lui écrivant et dans lequel nous persistons, la Fédération Natio-
nale est sortie de son rôle en cherchant, comme il dit, à mainte-
nir à un niveau égal les deux plateaux de la balance. Nous ne
croyons pas nécessaire que, semblable à la figure allégorique du
célèbre tableau du Louvre, la Fédération armée de cet appareil
de mesure, poursuive, de l'air farouche que l'on sait, le coupable
enseignement des Langues Vivantes.
Défendre les intérêts matériels et moraux du personnel ensei-
gnant des Lj'cées, tel est l'unique rôle de la Fédération. Elle
devrait s'y tenir strictement. Pour ce qui est d'intervenir en
faveur de la liberté des pères de famille, cela encore est un souci
généreux dont la Fédération, pensons-nous, ferait bien de se
débarrasser. 11 est tout à fait inutile que la Fédération prenne
sous son aile protectrice lesdits pères de famille qui savent fort
bien se faire entendre des pouvoirs publics. Pourquoi, encore, la
Fédération prend-elle en mains la défense des intérêts de la
Société Franco-Ancienne ? C'est ce qui ne peut manquer d'éton-
ner. Nos collègues latinistes ont bec et ongles pour faire préva-
loir leurs vues. S'ils avaient jugé à propos d'intervenir, on n'en
eût pas été surpris, d'ailleurs.
Ch. V.-L.
BULLETIN DE L'ASSOCL\TION 509
Lettre reçue de M. Pierre Legouis
Professeur mi Li/cre Aiupcre
Lyon, 10 novembre 10^20.
MONSIKIII I,F. KlCUACTEUn,
(Test avec surprise que je me suis vu mis en cause dans le der-
nier liiillelin de^ Langues Modernes, pages 402 et 403. En rendant
compte de la réunion du Comité qui a eu lieu le 27 juin, vous
parlez •• d'une lettre de M. P. Legouis (de Lyon) demandant, au
nom de s<t Hégionalc, l'ajournement des nouvelles épreuves du
baccalauréat •■. .le n'ai jamais écrit à ce sujet à aucun membre
ûu Comité.
Ce n'est point toutefois que je désavoue les opinions que vous
me prêtez. Tout au contraire, si je regrette cette étrange méprise,
c'est qu'elle a sans doute empêché le succès d'une démarche inté-
ressante, en dissimulant, pour l'attribuer à un débutant inconnu,
les noms de ses auteurs véritables, deu.\ hautes autorités de notre
enseignement, M. Emile Legouis, Professeur à la Sorbonne, et
A'., Douady, Professeur à l'Université de Lyon ; l'un et l'autre, en
etfet, ont écrit à M. Veillet-Lavallée et à M. Rancès pour solliciter
leur concours au vœu d'ajournement.
Permettez-moi de saisir cette occasion pour expliquer à vos
lecteurs l'origine et la portée de ce vœu. Celui-ci a été déposé
au Conseil Supérieur par M. (^lédat, Doyen de la Faculté des
Lettres de l'Université de Lyon, et M. Brunot, Dojen de la Faculté
des Lettres de l'Université de Paris. M. Rancès, invité à s'y asso-
cier, a refusé, en affirmant : 1) qu'il ne pouvait se déjuger (c'est
reconnaître qu'il a toujours poussé à l'adoption du thème) ; 2)
que le Conseil Supérieur ne reviendrait pas sur sa décision : or,
celui-ci n'avait pas à délibérer sur le vœu, et le Ministre, de sa
seule autorité, aurait pu décider l'ajournement de l'application
de la " réforme •>. Il l'aurait peut-être fait si M. Rancès était
intervenu dans ce sens. La procédure ne coûtait de grand eff"ort à
personne et la tentative valait d'être faite. En tout cas, les obsta-
cles étaient moins importants que ceux que nous devrons surmon-
ter maintenant pour nous débarrasser du thème. Quoi qu'en dise
M. Rancès, on n'allait pas contre les résultats du référendum,
puisque la question restait ouverte et qu'une solution véritable-
ment conforme à ces résultats pouvait être apportée dans l'inter-
valle.
Nous sommes nombreux parmi les jeunes professeurs à avoir
été empêchés par la mobilisation de prendre part à cette consul-
talion d'avril 1919. Elle ne nous lie donc point, et je ne cache pas
que, personnellement, je suis en faveur de la composition pure et
simple. Mais si l'on voulait nous faire accepter le référendum,
il fallait du moins s'y soumettre soi-même, et renoncer à ce
34.
510 LES LANGUES MODERNES
moyen de défense qui consiste à soutenir que les épreuves
nouvelles répondent au désir exprimé par les professeurs de
langues vivantes, alors que le thème a obtenu 107 voix, et que
la composition (sous ses différentes formes et avec ou sans ver-
sion) en a réuni 485.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments très
distingués.
Pierre Legouis,
Professeur au Lycée Ampère, 'i3, rue de Sèze.
X. D. L. R. — Cette lettre a été communiquée au Prési-
dent de l'Association et à M. Rancès, tous deux mis en
cause, le premier à titre de membre du Bureau, le second
comme délégué au Conseil supérieur ; nous donnons ci-
dessous leurs réponses respectives, à la suite de la recti-
fication que nous fait parvenir le rédacteur du procès-
verbal de la dernière séance du Comité.
Rectificatioi)
Le Rédacteur du procès-verbal de la séance du 27 juin der-
nier a attribué à M. Pierre Legouis, professeur au Ij'cée Ampère,
à Lyon, — son correspondant, — deux lettres adressées à
MM. Veillet-Lavallée et Rancès, lettres qui émanaient de M. Emile
Legouis, professeur à la Soi'bonne. Pour gagner du temps, le
procès-verbal a été imprimé avant d'avoir été lu et adopté en
séance du Comité, d'où l'erreur que nos lecteurs voudront bien
excuser.
H. B.
M. Pierre Legouis, professeur au lycée Ampère,
iS, rue de Sèze, Lyon.
n novembre i920.
Monsieur,
M. d'Hangcst m'a communiqué votre lettre du 10 novembre.
Une erreur a, je suppose, été commise dans le compte rendu de
la séance du Comité à laquelle vous faites allusion. J'avais,
en effet, reçu à cette époque une lettre de M. E. Legouis, votre
père, pour qui j"ai autant d'amitié que de vénération, et j'en ai
donné connaissance au Comité. Comment avez-vous été mis en
cause ? Je ne puis, si longtemps après, et en faisant appel à
mes seuls souvenirs, me l'expliquer. Nous recherchons dans les
archives les notes qui nous permettront sans doute d'élucider
cette difficulté.
Ceci dit, je ne ])uis auiuiienunt accepter l'imputation inju-
rieuse contenue dans une phrase de votre lettre et qui met en
BULLETIN DE l'association 51 1
cause le bureau tout entier : » ...si je regrette », dites-vous,
" cette étrange méprise, c'est qu'elle a sans doute empêché le
succès d'une démarche intéressante, en dissimulant, pour l'attri-
Inier à un déliutant inconnu, les noms de ses auteui's vérita-
bles... »
Sachez, Monsieur, que personne, au Bureau, ne dissimule rien.
II y a là, de votre part, une insinuation qui porte atteinte à
l'honorabilité de mes collaborateurs immédiats et de moi-même.
Je ne saurais l'admettre. Je repousse, avec la plus grande éner-
gie, toute accusation de ce genre, au nom des membres du Bureau
et en mon nom personnel surtout, car j'assume la responsabilité
de tout ce qui a été fait au Bureau.
Tout ce que je connais. Monsieur, de votre passé m'est garant
que, faisant un retour sur vous-même, vous jugerez que votre
plume a été trop vive et que vous n'avez pas le droit, partant
d'une erreur possible de procès-verbal, de conclure à la mauvaise
foi d'hommes que vous connaissez fort peu et que la confiance
de leurs collègues a investis d'une lourde charge à laquelle ils
sacrifient leurs forces et leur temps. J'attends de vous qu'en
véritable gentleman vous nous donniez les apaisements auxquels
nous avons droit. Vous vous honorerez vous-même en eft'açant
les termes flétrissants que vous avez — • certainement par inad-
vertance — ' laissé glisser dans votre lettre.
Pour ce qui est de la motion d'ajournement que votre lettre
traite en détail, elle concerne M. Rancès surtout, et il répondra.
Du l'esté, il est difficile de suivre une discussion académique
lorsqu'elle débute de la façon dont vous l'avez entamée.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, etc..
Ch. Veillet-Lavallée.
Paris, le 13 novembre 1920.
Mon cher Collègue^
Je vous remercie de m' avoir communiqué la lettre de M. Pierre
Legouis : je n'en veux retenir que la partie qui me met directe-
ment en^ cause.
M. Pierre Legouis est difficilenîent excusable. Non seulement
il a pu lire tout ce que j'ai écrit ici-même, mais il a certaine-
ment eu communication de la correspondance que j'ai échangée
avec M. Emile Legouis, son père, et M. Douady, Président de la
Régionale dont il est le Secrétaire. Donc, en affirmant que j'ai
refusé de m'associer au vœu de MM. Brunot et Clédat parce que
<' je ne voulais pas me déjuger », il a sciemment trahi ma pen-
sée. 11 est vrai que cela lui permettait d'ajouter cette perfidie :
« C'est reconnaître qu'il a toujours poussé à l'adoption du
thème. » Je répète ce que j'ai écrit deux fois, et affirmé devant
cinquante collègues, sans rencontrer d'autre démenti que celui
512 LES LANGUES MODERNES
de M, Pierre Legouis : je n'ai parlé du thème d'imitation qu'après
avoir constaté que la Composition libre était définitivement con-
damnée, et le thème littéraire à deux doigts de triompher.
La jeunesse et l'inexpérience de M. Pierre Legouis ne sau-
raient davantage excuser ses affirmations gratuites. J'ai dit que
je ne m'associerais à aucun vœu d'ajournement parce que j'étais
convaincu que le Conseil Supérieur ne reviendrait jamais sur
sa décision. M. Pierre Legouis répond d'un ton définitif que le
Conseil n'avait pas à délibérer sur un vœu pareil. Il se trompe ;
tout vœu déposé au Conseil par un ou plusieurs de ses membres,
est nécessairement examiné par sa Section Permanente, laquelle
est tenue d'exprimer un avis. Le Ministre a, bien entendu, le
droit de ne pas s'y conformer, puisque le Conseil n'est qu'un
organe consultatif, mais il n'y a pas d'exemple qu'il ait jamais
passé outre, M. Pierre Legouis ajoute que si j'étais intervenu
dans le sens qu'il souhaite, le Ministre se serait peut-être décidé
en faveur de l'ajournement : mon jeune collègue me fait vrai-
ment trop d'honneur, et j'ai de mon pouvoir de persuasion une
idée plus modeste que lui.
M. Pierre Legouis me reproche enfin (car je suis biéli forcé de
prendre pour moi le dernier paragraphe de sa lettre) de m'ètre
retranché derrière le référendum pour soutenir que les nouvelles
épreuves répondaient au désir de la majorité de nos collègues.
En vérité, M. Pierre Legouis, qui par ailleurs me suppose
omnipotent, se fait une piètre conception de mes connaissances
arithmétiques. Evidemment je n'aurais pas trouvé comme lui
que la composition (sous ses différentes formes et avec ou sans
version» a réuni 't85 suffrages, alors que 'i67 collègues seulement
(dont 107 voulaient le thème) ont pris part au référendum. Je
lui afiirme cependant que. même sans le secours de ses additions,
j'ai su défendre devant le Conseil, avec toute la conviction néces-
saire, l'opinion, hélas ! trop imprécise de mes collègues. Je
suis le premier à regretter — et ce n'est pas la première fois que
je le fais publiquement — qu'il n'ait pas jugé opportun de me
suivre.
11 reste de tout ceci que M. Pierre Legouis semble vraiment
manquer d'esprit criticjue, et qu'il se laisse parfois aveugler
par sa passion. Ce sont là travers juvéniles, et qui passeront,
j'espère, l'âge venant. Lorsque M. Pierre Legouis aura bataillé
aussi longtemps que moi en faveur des idées qui lui sont chères,
il excusera, j'en suis sûr, les échecs, ou les fausses manœuvres,
qui peuvent en retarder l'évolution, et se gardera bien de les
attribuer, comme il le fait aujourd'hui, à je ne saisXquellcs inten-
tions secrètes et malignes.
Veuillez, mon cher Collègue, etc..
M. R.wcKS.
Dclciiuc (tu Conseil Supérieur.
ORTHODOXIE et AUTONOMIE
Des cent manuscrits de romans nouveaux entre lesquels
a pu choisir l'éditeur A. Melrose, — organisateur cette
année encore d'un concours littéraire, — le plus remarqua-
ble, nous dit-il, est l'œuvre d'une femme, Catherine Carswell,
à qui a été attribué le prix de deux cent cinquante livres ;
je i)ense pour ma part que l'Académie Française couronne
rarement son égal.
Voici en effet un livre (1), de 400 pages serrées, dont la
forte volonté d'analyse embrasse, en son essence, totalement
une vie, et dont la gravité implique chez l'écrivain une jeu-
nesse indestructible qui est la j)oésie même. J'imagine, à tort
ou à raison, que cette œuvre est la première de son auteur,
et je ne puis croire qu'elle ne soit pas en grande partie
autobiographique. Elle dépeint et accompagne une famille
chrétienne de Glasgow et ses relations principales, groupées
à des plans divers adéquatement éclairés, autour d'une
seule personnalité marquante, d'une seule force intellectuelle
en développement ; celle-ci cherche à travers des expérien-
ces fondamentales, au lieu d'acquiescer sans un acte critique
aux exigences des paresses traditionnaliste ou mondaine, —
sa voie réelle et la stabilité morale où le bonheur lui sera
donné par surcroît.
.loanna, l'héroïne, sa sœur aînée et ses deux jeunes frères,
sont les enfants d'un missionnaire évangéli^ue, Sholto Ban-
(\) Catherine Oirsiuell : Open Ihe Door ! (7/6 net. Melrose,
London, 1920).
514 LES LANGUES MODERNES
nerman, qui combat l'effroi du doute religieux par l'intoxi-
cation des succès oratoires, qui cherche surtout la paix,
l'illusion de la foi, et dont la superficialité sentimentale
s'enveloppe des attitudes les plus spontanément charitables.
Sa femme, Juley, dont la foi centrale et profonde ne com-
porte que des incertitudes d'application, l'a épousé pour
s'assurer l'atmosphère indispensable à sa propre paix et à
ses œuvres ; mais son humanité, qu'éveille le mariage,
réclame en union avec elle un enthousiasme émotif que
l'évangéliste n'a pas en lui, et que réprime en elle-même à
mainte reprise l'attraction spirituelle du renoncement. Sa
vie, de dévouement aussi réel que souvent intempestif, et de
méditation étroitement canalisée par l'enseignement de son
église, contracte à la longue, en cet abandon de son désir
le plus cher, une mélancolie irrémédiable qu'elle ne veut
pas s'avouer à elle-même. Sa tendance à la prédication, son
optimisme volontaire basé sur les compensations de l'au-
delà, sur la réalisation céleste des bonnes entreprises mal
conduites ici-bas, s'accusent fâcheusement dans le milieu
familial, en une exaspérante coïncidence avec la médiocrité
de la vie matérielle : lorsque le père meurt, pendant un
voyage de propagande aux Etats-Unis, cette opposition des
résultats pratiques, de la grisaille de la vie, avec les homé-
lies quotidiennes de la prédicante responsable, a déjà ruiné
dans l'âme des enfants, et pour de longues années chez
Joanna, le prestige de la doctrine. Pourtant la semence idéa-
liste, en une terre aussi riche, ne périt point.
Nous sommes en effet dans un groupe où les sensibilités
sont vivantes, prêtes à la sympathie qui est intelligence des
combinaisons psychologiques voisines, comme aux antipa-
thies qui exigent la classification à part des dift'érences une
fois formulées. Très tôt, on s'y achemine vers l'analyse des
âmes dont la vie familiale conditionne l'observation pro-
longée. La distinction s'accomplit donc sûrement, au cours
de notations et de confirmations nombreuses, entre les élé-
ments moraux naturels et le rôle de la croyance. Celle-ci
apparaît d'abord comme une puissance à la fois arbitraire
et réelle, introduction volontaire ou sociale d'une formule,
instrument de cohésion et de discipline, et source éventuelle
ORTHODOXIE ET AUTOXOMIK i")!')
(le bonheur, si, coinine jadis le père mort, on peut aux. ins-
tants de doute échapper à l'esprit critique, à la connais-
sance pénétrante et à l'humble aveu de soi-même. Les prin-
cipes inclus en cette croyance et dont l'héroïne éprouvera
la valeur, sont en tout cas détachés par elle du cadre reli-
gieux de son enfance, et, selon leur réalité nue, demeurent
accessibles par les voies ordinaires de l'expérience et de la
réflexion.
Autour de cette famille non dirigée, à peine maintenue
par une bonté faible, et que les préoccupations religieuses
des parents retenaient, en un coin perdu do la grande ville,
à l'écart du matérialisme triomphant, — le tlot immense
des masses ouvrières, et la prospérité satisfaite des adora-
teurs de Mammon, passaient comme autour d'un remous
instable les courants irrésistibles de la vie même, d'une
unité sociale constante qui était réalité, et, sans doute aussi,
vérité. Il importait d'échapper à l'inacceptable parallélisme
iiistitué dans la maison paternelle, par le hasard peut-être,
entre l'absence d'union, de confiance spontanée en la vie,
et la rhétorique d'un idéalisme sans aboutissement tangible.
Une parole même du Livre des Rois, en harmonie avec une
interprétation profonde de la parabole des Talents, prêtait
une voix aux injonctions chaque jour plus fortes de la soli-
tude morale et à la protestation de son moi inexprimé, pour
crier à la jeune fille : « Ouvre la porte, et enfuis-toi ! »
C'est sur cette recherche de la vérité morale qu'insiste le
titre du livre, et sur les déchirements qu'elle implique.
« Enfuis-toi ! » Il reste à déterminer dans quelle direc-
tion. Sans autres guides que son désir de réalisation exté-
rieure, son intelligence sincère en même temps aidée et
entravée par une sensibilité délicate, par un coeur et un
corps ardents, — Joanna, consciente à la fois des risques
et de leur nécessité, explore les avenues morales et les cou-
rants sociaux qui l'entourent. Le spectacle est grand, de cet
être humain dont la désunion spirituelle au sein de la
famille a accentué l'individualisme, — recherchant ses émo-
tions premières comme les plus purs miroirs de son moi
intime, et aussi d'un océan de vérité cosmique où flottent
comme des outres éventrées les formules confessionnelles :
516 LES LANGUES MODERNES
l'influence des longs séjours de l'enfant près des bois, des
étangs et des landes écossaises, d'autre part la gravité du
style et sa précision descriptive, évoquent à mainte reprise
les chefs-d'œuvre poétiques de "Wordsworth et l'idée cen-
trale de VOde sur l'Immortalité. Un des passages les plus
caractéristiques à cet égard nous montre comment, dès
l'adolescence, même au loin de la grande ville dont l'om-
bre eût pu s'atténuer en son souvenir au milieu des paysa-
ges et des joies des vacances, l'enfant cherchait avec ardeur
hors de l'atmosphère familiale, dans la majesté de la nature
et le spectacle de sa vie innombrable, les intuitions d'une
vérité à la fois morale et esthétique :
Leur dernier été à Duutarvie fut celui qui précéda la mort de
Slîolto. Pour une raison quelconque, il fut impossible de renouveler
le bail. Le chagrin s'exprima en lamentations dans la maison, et mal-
gré l'énorme accroissement de soucis domestiques que représentait
pour elle cette villégiature, Juley fut aussi attristée que les enfants.
Quant à Joanua, à mesure qu'approchait le départ, son amour pour
ce lieu devint une angoisse véritable, et peu à peu sa voix ne s'enten-
dit plus dans le chœur des regrets. Au lieu de cela, quand elle pou-
vait, elle quittait les autres, remontait en courant la lande en face de
la maison, ne s'arrêtait qu'à une tanière secrète qu'elle avait trouvée
elle-même, — sorte de couche sèche, pâle et dorée parmi la bruyère
haute, tout près de la petite sapinière dont la clôture argentée pour-
rissait ; et là, se précipitant sur le sol, elle enfouissait sa ligure dans
la mousse tiédie par le soleil, et humait la terre avec ardeur.
Parmi ces baisers prodigués par l'enfant à la terre, baisers plus
fervents qu'elle n'en eût jamais donnés à aucun être humain, un entre
tous devait vivre en son souvenir.
Par une matinée de septembre, pendant la dernière semaine de leur
séjour, elle s'était esquivée quelque temps avant le déjeuner, prenant
pour chemin la frange de hêtres qui derrière la maison montait entre
des champs à pente raide, et finissait par entourer létang le plus
élevé. L'étang du bas, près des communs et de la balançoire, était une
mare familière ou barbotaient les canards, et sur laquelle naviguait
un radeau fait des portes d'un vieu.\ hangar, les échasses de Joanna
servant d'avirons. Mais l'étang d'en haut, en outre de son étendue
deux fois plus grande, était une onde mvstérieusc. 11 était alimenté par
une source naturelle, et une légende du voisinage disait qu'en ses
profondeurs reposait dans un berceau d'or le corps d'un enfant royal
que la mort ne pouvait décoinpo.ser. Des roseaux rencoml)raient, sa
surface traîtresse n'apparaissait que par reflets ; et mille espèces d'oi-
seaux aquatiques en avaient fait leur retraite. Les renards, au clair de
lune, se glissaient jusqu'au bord pour boire ; et -sur une petite île, au
centre, d'une saison à l'autre, un couple de hcrotis élevaient leurs
petits.
OHT1IOUOXII-: LT ALTONOMII-: •)!/
(^cst à cet étang liante, à la ceinture de hêtres, dont Joanna savait
tous les endroits où l'on pouvait poser le pied, et toutes les branches
dangereuses, qu'elle s'enfuit ce jour-là. P^tendue et cachée parmi les
roseaux trempés du bord, elle attendit que les foulques et les poules
d'eau effarouchées eussent repris, rassurées, leur interminable activité.
II lui sembla passer un siècle, immobile, à écouter tous les petits cla-
potis ou plongeons, les bruissements dans les roseaux touffus, les
bonds soudains des grenouilles, et le ricanement des poules d'eau sous
les rives.
Alors cette enfant de douze ans pénétrait au c(i.ur même de la
Nature ; pour la première fois, il lui vint à l'esprit que de son extase
elle pourrait faire un lieu de retraite pour les jours à venir. Ce fut
une découverte : elle ressentit que désormais nul événement, nul être
n'aurait le pouvoir de lui nuire. Pour sa vie entière elle aurait en
elle-même ce refuge secret. Dût-elle être brûlée au poteau, ou écor-
chée vive comme les martyrs du livre de Foxe, elle pourrait échapper
en esprit à ses bourreaux, parmi les roseaux de cette onde ; et ils
s'émerveilleraient de lavoir sourire au milieu des flammes.
Elle resta ainsi jusqu'à ce que son corps devînt insensible ; le froid
seul, pénétrant ses habits, lui rappela la réalité ; elle bougea, et s'a-
perçut seulement alors qu'elle était trempée et courbattue. Ses mou-
vements effrayèrent le vieux héron : il se leva bruyamment, laissant
d'abord traîner quelque temps ses pattes à la surface de l'eau, puis il
s'éloigna vers l'ouest, jusqu'à n'être plus qu'un point dans le ciel,
au-dessus du creux où se trouvait la ferme la plus proche.
Après s'être étirée et avoir secoué ses cheveux mouillés, Joanna se
réjouit en pensant au déjeuner ; il était bon de savoir que les autres
Tattendaicnt, assis à une table où s'étalaient les tourteaux encore
poudrés de farine, que chaque matin on apportait frais du village,
puis le café, les confitures de mûres, le beurre fait avec la crème du
lait de leur propre vache, et qu'elle aimait jusqu'à la gourmandise.
Mais avant de retourner vers la maison au milieu des troncs des
hêtres, elle se pencha une fois encore vers le sol ; et appuyée sur ses
deux paumes, elle baisa l'herbe mouillée jusqu'à sentir sur ses lèvres
le goût de la terre : « Si jamais je t'oublie, ô Duntarvic, murmu-
ra-t-elle, fais que ma main droite oublie tout ce qu'elle sait ! » Le
sens de l'expression ne lui apparaissait, pas clair : mais elle aimait à
travailler de ses mains, et cette phrase, mieux que toute autre, lui
semblait exprimer son émotion. Alors elle ramassa quelques débris,
— une petite branche couverte de lichen, une feuille réduite à son
squelette, une samare de sycomore prématurément tombée, — pour
les garder en souvenir de son vœu ; puis se précipitant à toute vitesse
vers la maison, elle y arriva toute rouge, les joues brillantes, sa robe
courte dégouttant encore après son passage dans la fougère.
Les années passent, accentuant le contraste ; le mariage.
avec ses indécises promesses de satisfactions mondaines,
émotives et physiques, que consacrent à la fois tradition
518 LES LANGUES MODEKNES
sociale et suggestions de la nature, paraît à Joanna la route
naturelle vers une activité générale libre et salutaire. Mais
rimpulsion passionnée de ses besoins, le trouble de ses
aspirations, son égoïsme ignoré d'elle-même et aussi réel
que son idéal de sacrifice, constituent en un faisceau
d'inexpérience et de conflit, un danger immense au seuil
d'une aussi durable aventure. Heureusement, après des fian-
çailles passives et soudaines avec Bob Ranken, fils d'un
ancien collègue de son père, elle répudie à temps, violem-
ment, en un sursaut d'instinct irréparable et qu'elle regret-
tera plus tard, la perspective de malentendus graves avec
cet homme jeune, travailleur et aimant, mais dont les soucis
d'avenir assombrissent le sourire, paralysent les gestes affec-
tueux, semblent dissoudre tout le courage et la foi. L'attrac-
tion récipropre, quoi qu'en puisse faire plus tard l'analyse,
avait pourtant été sincère, et au cours même d'expériences
plus complètes, devait persister en un souvenir précis et
troublant, dans le cadre des passages inoubliables de la ville
natale. Car malgré l'abandon du culte, l'essence des croyan-
ces premières restait en elle, simple coïncidence peut-être
avec ses tendances innées ; et dans la faiblesse de ses inten-
tions, le fiancé participait confusément à cet idéalisme.
C'est par contraste avec l'incertitude spirituelle de Bob
Ranken, qu'à la recherche d'un meilleur équilibre moral,
elle va franchir une autre étape où seules doivent régnei- les
préoccupations temporelles.
Elle reçoit alors d'une vieille tante depuis longtenq)s fixée
en Italie, une lettre affectueuse dont la rhétorique exaltée
lui suggère des horizons romantiques, jusque-là abstraits
pour elle, mais qui se précisent à la pensée que sa propre
mère avait été élevée à Rome, à l'ombre de l'église presby-
térienne où officiait son père, et qu'elle avait rapporté de ce
lointain séjour un souvenir quasi extatique. Joanna décide
alors de suivre des cours d'italien, et se fait inunatriculer ; la
salle de conférences est presque déserte, mais les rapports
entre étudiants en sont moins distants ; la jeune fille y
retrouve une femme du monde que jadis avaient frappé sa
beauté et sa distinction, et dont les invitations sont immi-
nentes. C'est ainsi cju'en rentrant chez elle à travers les jar-
ORTHODOXIE KT ALTONOMIK 519
«iins (le riiniversité, elle est un jour présentée à Mario Ras-
poni, inventeur italien enthousiaste de ses essais mécani-
ques, et dont ciîaque {^este et chaque intonation aflirment hi
volonté tenace, la clarté de conception et la décision, qu'ac-
centuent encore le charme de ses manières et sa facilité de
jjarole méridionale.
Lorsque le nom de Joaiiiia fut prononcé pour lui, Mario sourit en
découvrant de petites dents d'un blanc de lait, et sa main caressa
impulsivement sa courte moustache noire. Au grand jour, son visage
était, plutôt que l)lanc, couleur d'ivoire ; ses traits fins et sculptés,
ses paupières extraordinaires. 11 avait quelque chose, aussi, de la
dureté de l'ivoire ; et sous son ample costume de drap d'Ecosse, elle
perçut que son corps ressemblait à un ressort d'acier tendu. Il était
l'énergie elle-même, mais accumulée, non épanouie. Joanna n'avait
jamais lessenti d'impression aussi vive, jamais imaginé d'être aussi
vivant, et la proximité de celui-ci la troubla intensément.
Cette force en équilibre, aux limites inaperçues, séduit
comme un symbole inattendu de ses propres désirs la jeune
lille en quête de certitude et d'appui ; l'opposition des deux
types physiques et nationaux fournit un élément d'attrac-
tion, et le mariage précède à très courte distance le départ
vers la vie nouvelle à Florence.
Mariage sans amour, à l'insu même de la femme éblouie,
soutenue dans sa poursuite du projet par l'excitation devant
l'inconnu, par la vision d'une prospérité sûre et Tintérèt de
l'étape sociale, tandis que le passé médiocre, encore présent
et visible, justifie extérieurement l'évasion, et que la beauté
de l'automne encadre en un somptueux silence le songe où
s'estompe l'avenir. Au départ de Glasgow pourtant, une
angoisse l'étreint comme le remords d'une désertion, comme
la conscience d'une réalité essentielle irréparablement per-
due, et d'un déchirement qui était une clarté. Puis, la
variété des paysages traversés, l'éclat insoupçonné ou la
délicatesse des teintes, la pureté des contours, la joie visi-
ble de la vie dans la nature italienne, la charment et l'ab-
sorbent ; en la sœur de son mari comme en lui-même, elle
découvre à la fois l'absence complète de croyance reli-
gieuse, et la satisfaction parfaite d'existences sensuelles et
simples, d'une indéniable harmonie.
520 LES LANGUES MODERNES
Elle attendait, dans l'éveil de ses sens, l'arrivée du soir, et pour la
première fois avec l'intention arrêtée d'émouvoir son mari, elle se
retourna dans la lumière frémissante et le regarda. Joanna se recon-
naissait à peine dans cette voluptueuse séductrice sous le ciel italien.
Etait-elle dans la vérité? toutes les épouses sentaient-elles et agis-
saient-elles de même? Elle pensa à sa mère, à sa tante, à l'enseigne-
ment et aux traditions dont on l'avait nourrie. A quoi se fier? à cette
tradition ou à cet abandon ? Il paraissait impossible que les deux
fussent la vérité ; et pourtant, le mal pouvait-il résider en semblable
libération, en semblable harmonie avec le monde d'or et avec les
cieux violets ? D'elles ne venait nulle souffrance pour un seul être, et
le malaise dont sa jeunesse avait si longtemps souffert se trouvait
effacé. Elle riait désormais d'une voix qu'elle connaissait à peine ;
elle pleurait sans effort, se sentant rafraîchie ; elle exprimait ses
émotions en gestes rapides; elle n'était plus en lutte avec elle-même.
Joanna se rappela une parole fréquente de sa mère, selon laquelle le
critère de la moralité d'un acte était que l'on pût, à son sujet, prier
Dieu sans honte ; or elle ne s'était jamais sentie si pleine d'adoration.
Là était donc la vérité?... et pourtant...
Le bras de son mari passé autour d'elle, elle regarda au-dessous
d'eux la grande plaine à travers l'or et l'argent des bouleaux. La
brume s'3' allongeait en colonnes abattues ; les méandres de la
rivière, — l'Arno, lui avait dit Mario, — s'y déployaient comme les
reflets d'une traînée de colimaçon. Sur une colline pointue, une haute
et vieille villa se campait majestueusement contre le ciel au milieu
de son escorte de cyprès. Près d'eux, le long de leurs troncs rouges^
quelques arbres retenaient des feuilles vertes alanguies. Passant du
violet à un bleu plus intense, le ciel, aux yeux de .loanna, semblait
se pencher en tremblant vers la terre avide, comme un amant sûr de
l'accueil et pourtant incrédule devant cette joie offerte. Une fois
encore, sans une trace de calcul ou de coquetterie, elle tourna son
visage vers Mario, et les yeux de celui-ci continrent alors pour elle
toute la magie de la nuit italienne.
Mais les semaines passent ; et même sans tenir compte de
la jalousie de Rasi)oni, les murs de cette vie facik, et artis-
tique par le cadre, sont bien ceux d'une prison : les âmes
voisines sont à peine des âmes, tandis qu'en la lointaine
maison d'Ecosse brûlait une humble flamme, courbée chaque
jour sous quelque souffle hostile, mais dont s'éclairaient
quelques visages chers et tristes, — et dont l'i-nsuflisance
était encore une réalité, gage de possibilité plus pleines.
L'expérience florentine comporte en quelques mois sa con-
clusion : la crainte d'incompatibilités à venir surgit au
cœur de Joanna, lorsque, providentiellement i)0ur elle, son
mari meurt dans un accident de machine. Lorstpie la jeune
ORTHOOOXIE KT AUTONOMIE 521
vt'iivi', qui n'attend pas d'enfant, et qui jamais en leurs plus
fouj^ueuses intimités n'a livré son moi, est emportée par le
train vers l'Ecosse, elle se sent vibrante et indemne, avec
toute sa vie et peut-être le bonheur devant elle, comme au
soilir d'un tribunal qui après un meurtre commis en cas de
légitime défense, l'aurait acquittée.
Pendant trois ans elle réside à nouveau près de sa mère,
el d'un jeune frère qui explore sans direction morale, aux
dépens de sa dignité, des milieux plus aisés que le sien.
Avec toute sa sincérité et sa piété, Joanna lente de i)rouver
à Juley, dont jadis les défauts et les travers l'exaspéraient,
l'amour filial qu'elle ressent bien au fond d'elle-même H
qu'elle n'a pu sufïisamment lui témoigner ; mais elle ren-
contre trop souvent comme visiteuse à son foyer, interdi-
sant sans scrupule ce qui eût pu devenir l'intimité indis-
pensable à l'union, une organisatrice de cérémonies cul-
tuelles, dont le prosélytisme atteint à l'égard de Joanna les
limites extrêmes de l'indiscrétion, et voile à peine l'hostilité
envieuse d'une femme sans grâce contre tout ce qui n'est
pas renoncement, destruction de sa beauté sous le boisseau.
La conquête facile de sa mère par semblable influence
achève donc de ruiner l'entreprise touchante de la jeune
femme, et la contraint de chercher encore à l'extérieur
l'atmosphère favorable à ses aspirations les plus légitimes.
Au cours d'agréables incursions dails certaine bourgeoisie
aisée de Glasgow, où, par réaction contre la laideur et la
ir.onotonie ambiantes, par velléité artistique et intellec-
tuelle, et par vanité, on cherche (et l'on réussit mieux qu'à
Londres, à revenus égaux), à grouper les femmes les plus élé-
gantes, les plus jolies, ou les plus correctement amorales de
la ville, et encore les éléments mondains de l'Université et des
Beaux-Arts, — Joanna, rapidement au fait du vide et de l'éclat
factice du milieu, y oublie pour un temps sa solitude ; elle
forme en outre parmi les visiteurs plus ou moins éphémères
quelques camaraderies d'art, dont le hasard peut transfor-
mer soudain l'une ou l'autre en une relation plus vitale.
522 LES LANGUES MODERNES
Son expérience est d'ailleurs connue dans ce cercle, et
ajoute à l'attrait qu'elle exerce, entre autres sur un ancien
condisciple des cours d'italien, Lawrence Urquhart, étu-
diant distingué d'anthropologie, et sur un miniaturiste, Louis
Pender. Le premier est un enthousiaste silencieux, dont les
préoccupations sont d'une part sa carrière universitaire, et
surtout cette religion que peut être l'amour. Mais la sobriété
de gestes que lui confère son tempérament intellectuel, et la
gaucherie issue de sa sensibilité, sont pour la jeune femme,
malgré la sympathie qu'elle ressent à son égard et le trouble
que depuis longtemps elle jette en lui, des apparences encore
indéchiffrables. Le salut, sans aucun doute, est là pour elle,
immédiat ; mais la réserve d'Urquhart voile la virilité qui
l'eût conquise ; et le consentement au mariage, qu'elle
accorde presque par surprise, souffre d'un caractère acci-
dentel qui en entraîne presque aussitôt l'annulation.
Le miniaturiste, au contraire, a l'expérience et l'assurance
d'un homme fait ; fils d'un acteur hongrois et d'une fille de
pasteur anglais assez indépendante pour entrer elle aussi au
théâtre, il a hérité d'eux cet esprit d'aventure qui jamais ne
se résigne à cesser de corriger la vie lorsqu'un hasard heu-
reux n'a pas satisfait d'abord les exigences fondamentales ;
puis la sincérité parfaite à l'égard de soi-même, qui condi-
tionne cette recherche du mieux ; en outre, le sens et le
besoin d'une certaine approbation sociale ; enfin le désir
ardent d'expression personnelle sans lequel il n'est point
d'art. En tout cela son tempérament s'harmonise avec celui
de Joanna ; elle goûte en ses œuvres délicates et romanes-
ques la mélancolie lasse ou révoltée d'une vie semblable à
la sienne ; de l'art et de l'homme la puissance de séduction
sur elle a pour alliés sa propre solitude et l'cftort nécessaire
au calme extérieur. Pender, qui approche de la cinquan-
taine, est lui-même d'autant plus i)éniblement seul que son
mariage, contracté très jeune, est dans sa vie une source de
dépression et d'amertume : sa femme, créature froide, con-
forme par ailleurs au code mondain, a en effet, au bout
d'un an, mis des jumeaux au monde dans des conditions
telles qu'elle éprouve constamment par la suite, à l'égard de
son mari, une véritable terreur ])hysiquc ; la vie commune
ORTHODOXIE ET AUTONOMIE 523
n'est plus qu'une façade, et si dans l'intérêt des enfants le
divorce n'a pas lieu, il est moralement consommé, ainsi que
dans la réalité par le mari, sans hésitation. Jusqu'ici, faute
de personnalités remarquables dans ses rencontres fémini-
nes, Pentler n'a gardé de celles-ci qu'une sensation d'éphé-
mère vanité. En présence de Joanna, toute possibilité sem-
blable parait écartée : presque assez âgé pour être son père,
mais la sachant veuve, et capable de peser les risques d'une
liaison à laquelle il saura d'ailleurs épargner toute consé-
quence physiologique, il s'achemine sans hâte comme sans
inquiétude vers sa réalisation.
Le problème est donc grave pour Joanna. Il est indénia-
ble que Pender la satisfait intellectuellement par sa capa-
cité d'introspection et par le sens de ses créations artisti-
ques ; qu'il est précisément attiré par sa vertu la i)lus haute,
par l'alliance de sa curiosité supérieure et de son courage ;
que même en leurs conflits d'opinions, il l'aide à préciser et
à distinguer les valeurs, sensibles et esthétiques d'une part,
intuitives et absolues de l'autre ; et que leur intimité crois-
sante est pour elle un enrichissement dont les possibilités
sont indéfinissables. Serait-ce là la porte ouverte, une fois
pour toutes, vers l'équilibre et la paix ?
Par ces importantes certitudes, par de tels dons inatten-
dus, l'attention est absorbée tout entière ; le spectacle desr
réalités offertes s'unit au trouble grandissant des émois
physiques pour guider vers l'abandon final cette femme que
Hardy eût sans doute appelée pure, et à qui nul sans irré-
flexion ne saurait jeter la première pierre. L'étape est donc
franchie. Mais l'épreuve à l'égard l'un de l'autre d'une
liberté et d'une sincérité sans entrave révèle seulement à
Joanna de façon plus frappante l'importance du rôle joué
dans la- vie de Pender par tout ce qui n'est pas elle, sa soif
de concentration et d'absolu, — par le monde sensible, par
la prospérité matérielle et par le cadre extéi'ieur de l'art.
L'esprit critique de l'artiste, au milieu de leurs conversa-
tions les plus affectueuses, ne s'endort jamais en une extase
définitive devant la personnalité de Joanna ; une fois dissi-
pées les premières ivresses, elle se ressaisit, et connaît que,
non plus que Rasponi, cet homme ne l'a faite sienne.
Ô24 LES LANGUES MODERNES
Elle fut surprise, puis effrayée, de ne pouvoir trouver en Louis
qu'une aide aussi faible. Sans aucun doute la supériorité qu'elle
croyait apercevoir en sa connaissance de la vie, avait été l'un des
éléments puissants qui l'avaient attirée. Avec l'avantage de l'âge, de
l'expérience, de sa situation, il lui paraissait se mouvoir avec sûreté
dans ce monde fabuleux de Mammon dont elle ressentait depuis son
enfance la faim encore insatisfaite... Entre les deux extrêmes de
l'aventure irrégulière et de l'élégance conventionnelle (quelle que fût
leur dépendance réciproque), s'étendait tout le royaume merveilleux
que constitue le « siècle », et qui est lesthétisme, l'histoire, le fruit
chatoyant, substantiel en apparence, de la civilisation. Pour des
raisons complexes, locales et personnelles, la jeune fille s'était
toujours sentie privée de ce monde traditionnel; désormais, en Louis
elle allait le posséder.
Et pourtant, une semaine ne s'était pas passée encore depuis qu'ils
étaient amants, qu'elle savait déjà ce même Louis incapable de diriger
le cours de leur amour. Il était comme dans une tempête un compa-
gnon dont la seule notion de commandement était de laisser dériver le
navire. Elle ne saisissait pas facilement cette vérité, que pour Louis
même, de par sa propre nature à elle, la situation était essentiellement
sans précédent. Et elle comprenait moins encore, — bien que, prati-
quement elle dût agir en conséquence —, ce fait curieux que Louis,
tel un noyé, s'accrochait à sa certitude spirituelle. C'était essentielle-
ment le même mouvement que, trente ans auparavant, Sholto, son
père, avait accompli vers Juley, sa mère.
Sans doute la sympathie de Pender est supérieure, et son
indulgence intelligente a la même mesure ; sans doute, à
son contact, la jeune femme apprend à découvrir dans la vie
quotidienne mille menus faits ou facettes qui sont signes et
symboles ; et certes la joie est intense de cet épanouissement
intellectuel, dont la conscience comble le vide de deux
années. Mais les périodes longues ou fréquentes de .solitude
ne laissent à l'oubli facile, aux joies de second plan, aux
désirs de repos, en cette âme incapable de paresse, aucune
chance de triomphe ou de durée. Malgré son humanité, dont
la faiblesse est aussi grandeur. Joanna com})lètera ce q^ie
l'acquies'^ence a comporté de sacrilice, par l'acte également,
supérieurement humain, de détachement intellectuel, de
choix et de coordination, d'autonomie.
Elle s'est montrée cajjable d'ignorer les tiers, ou de leur
donner le sjjectacle d'une fidélité i)arfaile à la lumière inté-
lieure. au ])rix de sa paix matérielle et d'une partie de .son
bonheur. Il reste cependant indispensable à la vertu esscn-
OHTHOUOXIE HT AUTONOMIE 525
tielle, au triomphe réel de son initiative sentimentale, que
celle-ci comporte de chaque côté la même somme d'effort
et de sacrifice, — que Pender par consécjiient rompe avec
tout son passé stérile, avec sa femme qui n'est pas une
épouse et avec tous les liens noués autour de cette liction
morale, avec ses fils même (dont l'indépendance sociale est
acquise), s'ils ont l'audace de juger avec l'intransigeante
ignorance de la jeunesse et l'incuriosité psychologique de
la foule.
Sûre du bienfait essentiel que comporterait pour elle, et
éventuellement pour lui, leur union complète. Joanna consi-
dère qu'elle n'aura point péché, si de sa longue acceptation
elle fait surgir le plus persuasif des exemples, en le specta-
cle même de ce qui manque à leur bonheur imparfait. D'une
joie profonde mêlée pour elle seule à la souffrance du com-
promis, des fréquentes solitudes et du secret, la vision se
lèvera peut-être, aux yeux de l'amant, d'un état supérieur,
d'une i)aix et d'une liberté totales, où tous les deux naî-
tront enfin à la vie intense et commune du cœur et de l'es-
l)rit. Telle se construit en l'esprit de Joanna l'éthique de la
situation ; et sans doute Pender en sent bien la valeur
idéale ; mais sa connaissance du monde, sa fatigue et son
sens pratique s'unissent pour confirmer son refus de sacri-
fier en une lutte ouverte où le monstre social l'écraserait à
coup sûr, la vitalité qui lui reste et qu'absorbe tout entière
cette expérience nouvelle.
Aussi, malgré les joies intenses qui, après mainte crise
douloureuse, raniment sa volonté de vivre jusqu'au bout cet
amour si réel et si varié, Joanna sent désormais un mal invin-
cible l'envahir comme un poison. En ses méditations solitai-
res, l'humiliation intime de ce renversement des rôles, de
l'indifférence de Pender à cet égard, de sa richesse d'âme
abandonnée, subordonnée aux pauvretés voisines et aux
plus révoltantes contingences, ronge d'épuisantes morsures
la chair de ce cœur ardent.
Alors survient la mort de sa mère, dont les deux princi-
pes religieux centraux, la liberté d'examen des problèmes
moraux, et la nécessité pour chacun d'harmoniser sa vie
' , avec sa conscience la plus claire de la beauté ou de la vérité.
526 LES LANGUES MODERNES
n'avaient été représentés dans la pratique que par des vel-
léités fugitives, aussi inefïicaces que sincères et touchantes.
Etait-ce après tout sa mort qui avait changé la face du monde ? ou
plutôt ii'était-ce pas la façon dont elle était morte '? Elle avait diparu
sans jamais parvenir à la taille intégrale de son âme, sans avoir jamais
dit la parole qu'il lui incombait de prononcer. Avec toutes ses luttes,
ses sacrifices, sa noblesse, elle restait irréalisée. Elle ressemblait, en
l'absence de la clef de voûte, aux deux côtés qui s'effondrent. Et
pourtant, qui donc avait la foi, sinon elle ? Et que lui avait-il manqué?
Dans les commentaires que la famille juge opportun de
faire entendre autour du cercueil de Juley, Joanna, non
moins aimante parce que clairvoyante, discerne l'insincé-
rité, la non-acceptaticn des faits ; pour elle la connaissance
de l'échec en entraine l'aveu nécessaire, qui n'exclut ni
l'amour filial pour cette bonté disparue, ni la pitié pour
cette faiblesse, — mais qui surtout laisse aux survivants
une clarté et une direction. En ses souvenirs ravivés,
Joanna retrouve au moment voulu la notion nette du devoir:
de ses actes, aujourd'hui comme jadis, elle n'est responsable
que devant Dieu, source unique de son inspiration ; elle ne
doit déléguer à personne, à nul avenir, à nul enfant même,
— si son désir de maternité avait trouvé en Pender un écho,
— le devoir de la réalisation personnelle. Et si à la lumière
de sa rétlexion la plus calme en son pouvoir, ayant donné
tout son effort pour la vérité, ayant vu jadis en l'union avec
cet homme l'instrument de sa propre floraison morale, nulle
considération mondaine, nulle désapprobation des majorités
moutonnières ne l'arrêta, — si d'autre i)art elle maintient
en elle-même contre la conspiration des paresses ou des
impuissances individuelles, la nécessité d'entreprendre et
tout au moins de ne jamais abandonner la tâche de l'abou-
tissement moral. — elle est prête aujourd'hui, i)lutôt que de
subir connue autrefois sa mère aui)rès de .Sholto, l'empri-
s(uinemenl d'un effort inutile, à reprendre seule le dur che-
min de la fidélité à sa conscience, à ouvrir de nouveau la
]jorte du séjour où le rêve ne fut qu'un rêve et qu'une
attente, à répudier l'alliance dont l'insufiisance deviendrait
trahison, pour tenter de trouver les conditions de l'expres-
sion jjleine ([ui seule comporte l'intuition de l'absolu et du
réel.
ORTHODOXIE ET AUTONOMIE 527
Dans les froides éclaircies du désespoir, le jugement s'est
formulé, la sympathie morale ne s'ajoute plus à l'amour qui
survit ; la fatigue physique de Pender ne trouve plus en
Joanna l'attention qu'elle mérite comme circonstance atté-
nuante ; et d'ailleurs, la logi(iuc de la situation triomphe des
hésitations et des retours, des détresses et des abandons
douloureux qui ne sont plus qu'accidents devant la perma-
nence de la vérité même : à la première défaillance de
l'amant, la rupture se consomme dans la souffrance, et les
formules ou les réactions qui la suivent, tout en semblant
réserver l'initiative à Pender, ne font qu'éclairer l'enchaîne-
ment irrésistible des réalités dominantes, avec la reconnais-
sance des richesses échangées, l'acceptation des faits et la
douceur essentielle du souvenir.
Ce fut alors, dans le calme, que résonna à ses oreilles une petite
voix mélodieuse oubliée depuis l'enfance. Autrefois, à Duntaivie, elle
entendait de son lit le réservoir d'eau de la maison. Et voici que dans
la chambre même ou elle était, par un curieux hasard, se trouvait le
réservoir de l'hôtel; il était caché dans un placard, et pendant le
jour elle n'avait eu qu'obscurément conscience d'une présence fami-
lière, à certains chocs assourdis, à certains jets et jaillissements.
Elle n'avait encore remarqué aucun son pendant la nuit. Mais à cette
heure secrète qui précède l'aube, alors que tout le reste du monde
dormait, et que Joanna, silencieuse, attendait que le sommeil vint
vers elle, cette eau se mit ?i parler.
Cela jaillit mystérieusement du silence avec une précision exquise.
(Cadence minuscule, aux échos argentins, interminable. Oui, comme
l'argent cette musique tintinnabulait, comme des perles marines,
comme des stalactites, si fine, si claire et si dépouillée, que l'enten-
dre était une extase, extase intense, pure de toute tache d'excitation.
Pendant une ou deux mesures la chanson se prolongeait, chaque into-
nation parfaite suivant l'autre. Puis, comme un ruisselet qui bondit
dans la lueur des étoiles, elle éparpillait ses gouttelettes en un embrun
de fioritures. Et cela se poursuivait, parfois en un chant, parfois en
paroles, les modulations passant sans cesse d'un rythme délicat à un
autre, inconnus même dans le rêve. Bien que cette voix fût celle de
son enfance, Joanna ne l'avait jamais réellement entendue encore.
C'était la voix calme et légère d'une naissance, d'une vie nouvelles,
d'un monde nouveau. Car c'était la voix qui précède la création,
assurée, supra-terrestre, d'une fragilité de filigrane et pourtant d'une
tîdélité d'étoile.
Quelques mois se passent, où l'intelligence psychologique,
qui détermina extérieurement la décision, rétablit par degrés
528 LES LANGUES MODERNES
/
en Joanna le calme dans lequel seul est possible son règne.
De l'expérience, l'âme de la jeune femme sort plus claire
pour elle-même, dépouillée des impulsions et des extases
stériles ; grâce à son courage, comme à sa soif artistique du
maximum réalisable de perfection, grâce surtout à son inlas-
sable activité d'esprit, digne essentiellement de l'épithète
d'intellectuelle, — sa volonté s'est faite l'humble servante
d'une vision sûre, d'un choix véritable, au delà des illu-
sions et des entraînements, parmi les valeurs masquées,
déformées et enchevêtrées sous les apparences.
C'est alors qu'à la lumière de la méditation, et à l'aide du
hasard purement extérieur qui épargne à Joanna l'oubli où
ceux-là l'auraient pu laisser que jadis sur sa route elle avait
croisés, fascinés et rejetés, — le retour s'accomplit vers les
intuitions sentimentales certaines dont la lueur fut pour
elle prématurée, faute de la sobriété de jugement que seule
'une douloureuse expérience pouvait conférer à sa richesse
émotive. Bob Ranken, le camarade d'enfance dont les cour-
tes fiançailles éveillaient encore en elle une curieuse ten-
dresse, mêlée sans doute de pitié pour sa propre solitude
en sa première jeunesse, reparaît accidentellement dans sa
Aie, et la subjugation d'autrefois luit encore en ses yeux.
Mais la faiblesse qui toujours émane de sa personne est à
ce point éloquente, que mieux vaudrait pour Joanna s'isoler
en un culte secret de celui par lequel elle vécut intensément,
que de risquer auprès d'une personnalité moins riche à tant
d'égards, l'abandon à des souvenirs plus lumineux que le
présent même.
Il n'en est pas de même de Lawrence Urquhart, dont
l'énergie ne lui était point jadis apparue, lorsqu'absorbé
par l'intérêt de ses premières études, et replié d'ailleurs sur
lui-même pour sauvegarder son indépendance contre une
mère bornée et autoritaire, il n'avait révélé à Joanna que
l'accablement de l'amour, incai)able encore de fournir à
cette exigeante imagination les symboles extérieurs de la
force et de la clarté, à cette intelligence l'encadrement de
la sécurité, à cette solitude la garantie visible d'une alliance
et d'une protection. L'étudiant d'anthropologie, coiitroint
d'abandonner l'université à la suite d'un concours malheu-
ORTIIODOXIK KT AUTONOMIE 529
reux, est entré au barreau ; mêlé plus directement à la vie,
il a dû acquérir l'art d'une expression plus efficace ; et Jes
quelques années qui le séparent de son premier contact avec
•loanna lui ont révélé la nécessité d'une analyse sûre d'au-
trui, pour réaliser dans l'entourage choisi l'intelligibilité
voulue de son tempérament. Joanna sait désormais la qualité
du sentiment de Lawrence à son égard, son calme devant
l'opposition, sa pénétration psychologique et sa faculté
d'affirmation personnelle ; elle a appris en outre, au cours
de leurs dissentiments même, que l'amour n'obscurcit pas en
lui la notion du vrai, et que contre ses décisions et sa rai-
son, ses propres cruautés féminines sont sans pouvoir. Pour
lui, la conception vulgaire du bonheur n'est qu'une eutha-
nasie : seule la vie dans son intensité peut satisfaire sa soif
de réel, et c'est en Joanna, courageuse exploratrice des rela-
tions essentielles entre les êtres, et réalisatrice des possibi-
lités du moi, qu'il trouve l'inspiration nécessaire à son
développement. La même logique impérieuse qui domine
fout le livre, qui bouleversa les éléments inconscients d'eux-
mêmes égarés sur sa route, qui lentement et douloureuse-
ment, amena à l'acquiescence et à la pleine lumière les âmes
QÛ l'ordre ne régnait pas encore, unit ici avec Joanna
celui-là seul des personnages de premier plan qui soit doué
de la même réalité, et clôt dans l'harmonie l'évolution mora-
le de héroïne. '
L'attachement à la seule intrigue, bien qu'explicable par
la couleur et la précision du style, par l'enthousiasme de
l'accent, par la sensation de réalité descriptive qui à nul
instant né m'a quitté au cours de ma lecture, entraînerait à
coup sûr la négligence du message moral, de l'intention
peut-être prédominante de l'auteur. J'ai tenté ici de dégager
des complexités de l'action les événements significatifs, et
de mettre en lumière leur caractère symbolique : il n'en
faudrait pas conclure que le commentaire philosophique
alourdit l'œuvre. L'un de ses principaux mérites réside au
contraire en la fusion intime des faits extérieurs et de l'élé-
530 LES LANGUES MODERNES
ment spirituel ; jamais celui-ci, comme au cours d'une ana-
lyse critique, ne se sépare en développements abstraits du
mouvement même de la vie.
Il est impossible par ailleurs de passer sous silence la
beauté constante du stjle ; celle-ci en tout cas ne semble
nulle part résulter d'une recherche de l'effet ; à la base de
cet art résident partout l'intensité de souvenirs personnels,
la richesse de sens des événements pour l'écrivain, l'amour
suprême de la vie, l'attraction de ses profondeurs, la con-
fiance en une vérité palpitante pour laquelle nulle autorité
confessionnelle, nulle cristallisation en absolu métaphysi-
que n'est revendiquée. L'union en Catherine Carswell d'une
sensibilité large et vibrante, d'une foi et d'une énergie intel-
lectuelles égales, suffisent à l'invention immédiate d'un voca-
bulaire riche et précis, d'une syntaxe souple et naturelle,
d'une intonation spontanée qui semble être lé murmure inti-
me du courant psychologique.
Les paysages, entre autres spectacles, semblent interprétés
par leur créateur même ; leur existence matérielle n'est
susceptible de rayonnement esthétique que comme véhicule
de la vérité dont ils conditionnent le relief en la conscience
humaine ; ils apparaissent comme l'un des termes entre les-
quels oscille l'âme de Joanna, comme les symboles de la
beauté terrestre à laquelle il est moins difficile peut-être
que périlleux de renoncer, et dont il est jjrudent d'harmoni-
ser les joies avec les exigences organisatrices et les aspira-
tions les plus hautes de la raison.
Ce qui frappe peut-être davantage en cette œuvre, c'est sa
parfaite liberté ; en dehors de la description même des
gestes les plus intimes, sans d'ailleurs qu'à aucun moment la
chasteté en souffre, la sincérité de la conviction, l'objecti-
vité de l'observation se meuvent en ce livre, — pour une
société où le traditionnalisme, devant les forces révolution-
naires, trouvait hier encore de si éloquents interprètes, —
avec tant d'aisance, de sûreté d'elles-mêmes, que l'indépen-
dance intellectuelle d'importants milieux de langue anglaise
semble être la constatation qui s'impose. Dieu sait si pen-
dant la guerre l'opinion française a pu de façon concrète
prendre conscience des différences profondes qui séparent
OHTHODOXIK ET AUTOXOMIK .«.';i
les deux races, de riiiipénétrabilité de tant d'Anglais aima-
bles, à l'analyse et à la critique ; si en dehors des irrégii-
liers, des résidents à l'étranger, des exilés volontaires en des
colonies lointaines, et de quelques délicieux sages trop pru-
demment muets dans leur tour d'ivoire, dans l'extase des
couchers de soleil sur le lierre ou sur la patine de leurs
collèges, — la fraction de la société anglo-saxonne qui tente
de préserver l'accord entre la musique du jjassé et les cla-
meurs du ])résent, reste pour ainsi dire congénitalement
sourde aux notes les plus centrales de ces dernières, et aveu-
gle devant la complexité croissante d'une machine sociale i*
la direction de laquelle suflisent à i)eine le développement et
l'exercice constant de toutes les ressources intellectuelles. Je
vois pour ma part en la i)ublication, et ])lus encore, en le
seul accent d'un livre semblable à celui de Catherine
(!ii''s\vell, la garantie d'existence d'un auditoire adéquat ;
peut-être me soupçonnera-t-on, ce disant, de n'avoir i)oint
encore découvert H. -G. Wells, Hardy, (iissing, Galsworthy,
et d'autres. Je répondrais que Wells, dont les conceptions
théoriques les i)lus just<?s sont logiquement issues d'études
biologiques, ne les a réellement incarnées en des œuvres
complexes, i)leinement vivantes autant qu'éloquentes, que
soiis la forme d'une histoire de sa propre culture autour de
principes une fois scientifiquement dégagés ; que la vie vient
s'y greffer plutôt qu'elle ne les a initialement comportés ; et
que d'ailleurs mainte intrigue s'achève ou reste en suspens
lorsque le développement de l'idée semble à l'icrivain devoir
sufiire au lecteur : son art, si réel, si magistral souvent, reste
un moyen ; et cette séparation même de ses facultés d'action
marque la limite de son influence.
Je n'oserais, de Thomas Hardy, affirmer la même crainte ;
mais son pessimisme particulier, son manque de foi en la
volonté humaine, son individualisme anarchique, le stoï-
cisme de son accent et son amertume de solitaire, consti-
tuent aux yeux de la moyenne intellectuelle une attitude
outrée qui détourne l'attention vers son art seul et la poé-
sie de son œuvre. Le même reproche s'adresse à George Gis-
sing, dont la sensibilité douloureuse et l'idéalisme longtemps
m.eurtri expliquent d'ailleurs la poignante tristesse.
532 LES LANGUES MODERNES
Sans doute trouve-t-on chez Galsworthy un équilibre supé-
rieur, une sérénité d'observation et de jugement, une adapta-
tion savante de l'art à la vérité ; mais chez ceux-là mêmes
que n'impatiente pas ce que d'autres voient, en ses œuvres
principales, de virtuosité par trop consciente d'elle-même, la
présence sur un seul plan de l'art et de la vérité, comme si
dans le domaine de la certitude intime le premier pouvait
marcher de pair avec la seconde, est un obstacle à sa puis-
sance de persuasion.
De toutes ces entraves à l'influence, sur le public réfléchi,
des œuvres les plus grandes du temps, nulle ne me semble
exister dans le livre de Catherine Carswell ; je n'en ai point
recherché ici les défauts ; j'en trouverais sans doute si j'y
tenais... comme au soleil des taches ; mais ils seraient peu de
chose devant l'alliance intime des faits et des idées, devant
leur synchronisme, si je puis dire, dès le principe, — en un
mot devant leur vie indiscutable comme telle. Des hostilités
intéressées, ou simplement le hasard, pourraient tisser au-
tour d'une œuvre semblal^le le silence ou l'oubli ; nul insuc-
cès n'ébranlerait ma certitude qu'elle perpétue le germe de
lo plus délicate, de la plus proprement humaine des activi-
tés ; et que sa seule floraison implique l'existence de cet
auditoire averti dont je parlais tout à l'heure, qui est le
milieu le plus essentiel à l'existence et au progrès de la race
anglo-saxonne.
G. d'HANOEST.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
La session d'automne à Westminster s'est ouverte le mardi
19 octobre, et dès les premières séances ont été abordés les
différents problèmes, — chômage, grève, Irlande, — qui
préoccupent l'opinion anglaise.
En ce qui touche le chômage, le Premier a fait une décla-
ration favorablement accueillie. Toujours irritante à l'entrée
de l'hiver, cette question menace d'être ijarticulièrement
grave cette année, en raison de la crise industrielle consé-
cutive au fléchissement des prix. L'intention du gouverne-
ment est d'occuper les « unemployed » à d'importants tra-
vaux de voirie et à la construction d'habitations, les charges
financières de l'opération devant être réparties entre l'Etat
et les localités. Ainsi espère-t-on éviter le retour des scènes
d'émeute dont s'est accompagnée la manifestation des chô-
meurs londoniens à Whitehall, la veille de la rentrée parle-
mentaire.
La grève des mineurs a donné lieu à un large débat, où
représentants des grévistes et membres du gouvernement ont
montré un égal désir de conciliation, qui permet de croire à
un rapide règlement du conflit. Par les revendications tout
d'abord formulées, augmentation de salaire et diminution du
prix du charbon domestique, les mineurs montraient une
double intention : s'assurer des avantages matériels immé-
diats, et faire un pas en avant vers la nationalisation des
mines. Devant la résistance gouvernementale, ils ne tardèrent
pas à renoncer à la seconde revendication ; dès lors, le
conflit perdait de sa gravité, et même pouvait être considéré
comme virtuellement réglé, car de révolutionnaire il deve-
nait purement professionnel. Il reste à savoir si l'augmenta-
tion de salaire doit être subordonnée à une amélioration
dans le rendement, ou si elle se trouve, dès maintenant,
justifiée par l'élévation du coût de la vie. Il peut y avoir là
matière à discussion ; mais la volonté d'aboutir existant des
534 LES LANGLES MODERNES
deux côtés, l'entente ne peut tarder à se faire. — L'évolution
de cette grève comporte quelques enseignements ; elle nous
montre d'abord que les masses ouvrières s'ébranlent diffici-
lement s'il s'agit d'intérêts politiques, mais qu'elles luttent
avec ténacité si des questions de salaire sont en jeu. L'idéal
des foules n'est pas assez élevé pour permettre les grandes
réalisations envisagées par les chefs ; le serait-il, qu'on se
demande s'il y aurait progrès sur l'état de choses actuel. En
tous cas, les trade-unions prendraient-elles le pouvoir en
Angleterre, que les relations de ce pays avec ses voisins n'en
seraient ni meilleures ni pires. Tout gouvernement, quel
qu'il soit, monarchiste, bourgeois, prolétarien, est nationa-
liste ; le cas de la Russie en est un exemple et c'est d'ailleurs
l'instinct de conservation qui le veut. La solidarité interna-
tionale des travailleurs n'est réelle que contre un adversaire
commun ; elle ne va jamais jusqu'au sacrifice d'un avantage
en faveur d'un voisin plus mal partagé. Il a été facile de
constater pendant cette grève que les mineurs anglais n'ont
eu de pensée que pour leur augmentation de salaire, sans se
soucier de la gêne qui en résulterait pour les consommateurs
de charbon, et en particulier pour les ouvriers italiens et
français, honorés en d'autres circonstances du titre de frères.
Il ne sera légitime de parler de solidarité internationale des
travailleurs que le jour où la C. G. T. française, intervenant
auprès de l'organisation correspondante de Londres, obtien-
dra que pour se chauffer l'hiver il n'en coûte pas i^lus de ce
côté-ci de la Manche que de l'autre.
Si le gouvernement s'applique à trouver des remèdes aux
malaises sociaux, il semble impuissant à résoudre les diffi-
cidtés irlandaises. Une demande d'enquête sur les représailles
exercées par les soldats du roi en Irlande a été rejetée à une
forte majorité, après des débats qui d'ailleurs n'ont rien ré-
vélé qui ne fût déjà connu. M. Lloyd George, dès les premiers
jours d'octobre, à Carnarvon, avait ainsi formulé son opinion:
" Les .Sinn-FcintTs justifient leurs crimes en se déclarant en
état de guerre avec l'.Angleterre. S'il y a guerre, il -faut que ce
soit des deux côtés. Quant à accorder le Dominion Home Ruk-
à l'Irlande, c'est impossible. 11 faudrait imposer la conscription
à rAnglcterrc, qui ne peut tolérer dans l'île voisine des forces
armées indépendantes. »
Cette approbation lacite des représailles a fait dire à
M. Asqiiith que répondre an meurtre par le meurtre, à la
ciinoNiui I. i:iuAN(.Kiu-; 535
violence i)ar la terreur n'est pas un acte de gouvernement,
mais une concession à l'anarchie. — De son côté, M. Arthur
(irifiith, qui porte le titre de Président de la République
Irlandaise, a fait à un journaliste l'intéressante déclaration
suivante :
<■ Fcrsoiiiic eu Irlande iic songe à dctiuirt- rAngktcnc. Dès
que celle-ci reconnaîtra notre droit à l'indépendance, nous som-
mes prêts à nous rencontrer avec des représentants désignés par
elle pour discuter dans un esprit amical toutes questions mili-
taires, diplomatiques ou financières qui l'inquiètent et à signer
tels traités qui assureront la i)rotection de nos intérêts
mutuels. »
D'autre part, le correspondant du Temps à Dublin (n" du
29 oct.) cite une autre déclaration de M. (jriffith, conçue à
peu près dans les mêmes termes et qui, bien que datant du
22 juin, est restée sans réponse. Dernièrement, en manière
de conclusion à une anecdote, Pierre Mille faisait dire à un
Anglais: « Nous ne comprenons jamais ce que nous avons in-
térêt à ne pas com])rendre. C'est ce qui fait notre force. Et
une fois qu'on s'est fatigué, nous en profitons. » Ces paroles
ccnticnnent une part de vérité. Le gouvernement britanni-
que donne l'impression de rester sourd aux avances irlan-
daises et d'attendre que l'Irlande se fatigue. Wait and See
reste la devise du cabinet.
Le courant favorable à l'Allemagne qui se dessinait en
Angleterre dans les milieux libéraux a gagné les sphères
intellectuelles. C'est Oxford qui a pris l'initiative de tendre
la main à l'adversaire de la veille ; cinquante-sept docteurs
et professeurs appartenant aux divers collèges de la vieille
cité universitaire ont, en effet, adressé à leurs confrères
allemands et autrichiens une lettre leur proposant d'oublier
ce qui peut les diviser, pour reprendre une collaboration
utile au progrès des arts et des sciences. Oxford était en
relations étroites avec les universités allemandes, et accueil-
lait chaque année à l'époque des vacances une clientèle,
impressionnante par le nombre, d'étudiants venus d'Allema-
gne ; son désir de reprendre les habitudes d'avant 1914, et
d'amener un état de paix qui soit mieux qu'une prolongation
de l'état de guerre, est donc tout à fait naturel ; le Times n'en
536 LES LANGUES MODERNES
juge pas ainsi, et trouve inopportun de faire des avances aux
savants et aux professeurs de la Germanie tant qu'ils n'ont
pas reconnu publiquement les torts de leur patrie. Il y a dans
cette appréciation quelque chose d'excessif ; l'entretien de
ressentiments nationaux est une chose, l'intérêt supérieur de
la science en est une autre ; or l'intérêt de la science com-
mande aux représentants de la pensée d'élargir leur horizon,
et non de murer leurs fenêtres.
L'initiative oxonienne est intéressante, en outre, parce
qu'elle marque une réaction contre la tendance des esprits à
se laisser enchainer par certains préjugés et habitudes nés
de la guerre ; elle tend à ramener l'intelligence à la contem-
plation des sommets. La libération définitive ne peut natu-
rellement être l'oeuNTC d'un jour. Après une secousse aussi
violente que la dernière guerre, la pensée semble éprouver
le besoin de se replier sur elle-même, de récapituler les der-
niers efforts, de dresser un état des ruines et d'étudier des
méthodes de reconstitution. Le mouvement intellectuel est en
partie dominé par la guerre et ses conséquences. De grands
écrivains n'hésitent pas à abandonner parfois la plume pour
l'action ; c'est Wells qui va enquêter en Russie (1) ; c'est
B. Shaw qui fait campagne en faveur des mineurs. Les œuvres
publiées donnent souvent l'impression de bilans ou de plan.»
de reconstruction ; c'est le sort, en particulier, des travaux
d'histoire, de critique et de sociologie qui sortent nombreux
des presses et sont lus avec avidité : Wells publie An Oiitline
of Historij : la librairie Constable met en vente la septième
édition de An English Wife in Berlin, par la Princesse
Bliicher. Le besoin de faire œuvre de propagande n'épargne
aucun genre. Le théâtre devient une tribune ; lé Garrick, par
exemple, représente une pièce, The Right to Strike, qui est
un véritable réquisitoire contre le Labour Party, mais d'où
les préoccupations artistiques, comme il est assez comnuin
dans les productions modernes, semblent exclues.
Les périodes de convalescence chez les peuples ne sont
favorables ni au fignolage, ni même à la création de la simple
beauté. On va au plus vite ; le Primuni vivere semble s'im-
poser à tous. Dans cette course au plus pressé, que l'on
(1) Notons que le Progrès Civique a entrepris la publication de
La liussie telle que je viens de la voir, par H. -G. Wells. Lo premier
article a paru dans le numéro du 6 Novembre.
CUUOMyLE lÎTHANGliKE 537
constate même dans le domaine de l'intelligence, seuls les
maîtres forment des îlots de résistance. Un Galsworthy
montre par l'exemple que les conflits sociaux jjeuvent être
traités sans qu'il soit besoin d'écarter tout souci d'art et de
beauté. Mais Galsworthy lui-même, gagné par l'ambiance, ne
dédaigne pas de s'asseoir à la table du conférencier pour
défendre, par un procédé plus rapide et i)lus direct que le
roman ou le théâtre, les idées qui lui tienneriT à cœur.
Tout récemment, il prononçait à Liverpool un discours
plein d'intérêt sur la place de l'art dans notre existence de
chaque jour. En ces années de bouleversements, il existe,
«bserve-t-il, une tendance à oublier la dignité de la vie humai-
ne. Cependant, c'est le sens de la beauté qui élève l'humanité,
et c'est l'art seul qui peut ennoblir la vie. Or, qu'entend-on au-
tour de soi? Pensonne ne parle que de rendement, de produc-
tion, de commerce et d'industrie; personne ne pense à l'objet
réel de la civilisation. Si l'on n'y prend garde, si l'on cesse
d'entretenir le culte de la beauté, l'humanité ne tardera i^as
à s'avilir, les peuples que rien de noble ne retiendra, se
laisseront glisser vers de nouveaux conflits sanglants. Et
l'écrivain de conclure : Puisque le sens du beau est ce que
la Nature a accordé de plus précieux à l'homme, que chacun
veille à ce que ce don ne soit ni perdu, ni même amoindri.
Ainsi, à notre époque de féroce utilitarisme, les efforts
d'un Galsworthy de même que ceux du groupement d'Oxford,
tendent vers un même but : soustraire l'individu à la tyran-
nie de Caliban, quel que soit le déguisement sous lequel il se
dissimule.
Sarreboiirg, 29 octobre 1920.
Marcel Lor.\ns.
NOTES ALLEMANDES
Les élections du 6 juin ont justifié les craintes du gouver-
nement ; les partis, qui soutenaient sa politique timorée, ont
subi un revers très sérieux qui, sans leur interdire l'accès du
pouvoir, leur impose du moins la collaboration de leurs en-
nemis de la veille.
Les 466 députés, que compte le premier Reichstag de la
République allemande, se répartissent ainsi :
538 LES LANGUES MODERNES
Socialistes majoritaires 112 députés ayant obtenu 5.614.456 suffrages
Démocrates 45 — — 2,202.334 —
Centre 68 - — 3.54U.830 —
Socialistes indépendants 81 — — 4.895.317 —
Communistes 2 — — 441 .995 —
Parti populaire allemand 62 — — 3.606.316 —
Parti national allemand 66 — — 3.736.778 —
Parti hanovrien 5 — — 319.100 —
Parti populaire bavarois 21 — — 1.171.722 —
Ligue des paj'sans 4 — -» 218.884 —
Un grand nombre d'électeurs avaient donc refusé leur
confiance au bloc gouvernemental, constitué par les socialis-
tes majoritaires, les démocrates et le centre, pour accorder
leurs voix aux partis d'opposition de droite ou de gauche.
Les espoirs et l'enthousiasme des journées révolutionnaires
s'étaient en efîet évanouis ; et tandis que les uns songeaient à
relever les idoles détruites et revenaient affirmer leur fidélité
aux mauvais bergers, responsables du désastre, d'autres, plus
fidèles aux idées qu'aux hommes, demandaient aux Indépen-
dants l'institution d'un régime essentiellement républicain.
De toute façon cependant ces élections marquaient le recul
de l'idée socialiste en Allemagne.
L'échec de la coalition que dirigeait le chancelier MciUcr,
eut des causes multiples. La campagne violente de presse et
d'argent, menée par Stinnes, n'y fut certes point étrangère :
à Berlin par exemple, sur 24 quotidiens, 7 sont des journaux
d'information, 9 expriment l'opinion des droites, tandis que
7 seulement sont les organes du centre et de la gauche réu-
nis. La presse réactionnaire exerça particulièrement son
action sur les populations rurales qui, en 1918, n'avaient
voté pour les socialistes que dans un dernier sursaut de
colère, provoqué par les souvenirs de la vie de tranchées,
^lais la défaite des majoritaires et des démocrates fut surtout
déterminée par leur politique bâtarde d'atermoiements et de
comi^romis, qui ne pouvait plus se soutenir à la longue.
Enfin la participation des femmes allemandes aux derniè-
res élections contribua pour sa part au glissement delà majo-
rité vers la droite ; une statisti(iue curieuse établie pour la
ville de Cologne, où hommes et femmes votèrent dans des
locaux distincts, permit de définir ainsi les préférences
j)olitiques des 2 sexes.
11.231
().r)ô4
4.677
27. 21 S
18.24.-)
8.973
8.307
4.247
4.060
33.712
17.768
15.914
6.612
3.190
3.422
cni'.o.NUjii; KTi{.\N(;Ki'.i: 539
Suliruges ex|<rîmes Suilraoes masculins Stitlraues leminias
Socialistes majoritaires. 60.429 36.293 24.134
Centre 82.118 32.964 49.154
Démocrates
Indépendants
Parti popul. chrétien. .
— allemand.
Nationaux allemands. .
229.627 119.263 110.364
Les voix des femmes allemandes sont donc allées aux par-
lis conservateurs.
J.a réunion imminente de la conférence de Sjja exigeait la
constitution rai)ide d'un cabinet, celui-ci dùt-il se conten-
ter d'expédier les atl'aires courantes. Mais la composition du
nouveau i)arlement était telle qu'elle rendait bien dillicile la
tâche du futur chancelier.
L'ancienne coalition ne disposait que d'une majorité trop
précaire, pour prétendra gouverner. Les socialistes indépen-
dants d'autre jKirt refusaient de tendre la main aux majori-
taires. Les partis de droite eniin, qui occupaient à peine le
1/4 des sièges du Parlement, ne pouvaient songer à exercer
la dictature dont ils avaient rêvé. L'n? nouvelle coalition
s'imi)osait donc, coalition purement bourgeoise, dont les élé-
ments pouvaient jjaraitre assez homogènes, mais que de gra-
ves divergences de doctrine ne devaient pas tarder à oppo-
ser les uns aux autres.
I>es conservateurs furent d'abord assez embarrassés de
leur victoire, surtout lorsqu'ils eurent conscience qu'il leur
était impossible de gouverner contre la volonté des masses
ouvrières. Le 13 juin, un des membres les plus influents du
])arti populaire, Heinze, à qui le président Ebert avait confié
le soin de former le cabinet, essayait, mais en vain, d'inté-
resser à sa combinaison les socialistes majoritaires.
Le lendemain, le député du centre, Trimborn, reprit les
négociations abandonnées par Heinze ; elles aboutirent le
25 juin à la constitution du cabinet Fehrenbach, qui réussit
à grouper autour de lui, ceux qui, la veille encore, se déchi-
raient dans une lutte sans merci, le parti populaire, le centre
et les démocrates.
540 LES LANGUES MODERNES
Cette nouvelle coalition, qu'en mai dernier l'on eût décla-
rée impossible, devait causer à ceux qui la subissaient, de
cuisantes «blessures d'amour-propre. Le parti populaire, qui
avait jeté l'anathème sur l'œuvre de l'Assemblée nationale,
était contraint d'abandonner ses compagnons de lutte, les
nationaux allemands, pour s'unir à ceux qu'hier encore il
déclarait être les pires ennemis de la patrie ; il se voyait
imposer par les Démocrates la reconnaissance de la cons-
titution de Weimar et le renoncement à ses menées monar-
chiques antérieures, toutes promesses du reste assez illusoires.
Le parti démocratique de son côté acceptait une collabora-
tion, contre laquelle il n'avait jamais cessé de protester ; il
ne se résignait à entrer dans le ministère que pour assurer
par sa présence dans les conseils du gouvernement, le res-
pect des institutions républicaines. Ce cabinet ne pouvait
donc être qu'un cabinet de défiance mutuelle, et il avait con-
tre lui l'hostilité sourde des partis dont il avait refusé ou dont
il n'avait pu obtenir la collaboration.
Les nationaux allemands manifestèrent leur dépit de
n'avoir pas été appelés à partager l'honneur redoutable du
pouvoir ; et les socialistes à qui l'on prêtait volontiers une
attitude de neutralité bienveillante, revendiquèrent bien haut
leur liberté d'action à l'égard d'un gouvernement dont ils ne
pouvaient approuver le programme.
Le discours de Fehrenbach, prononcé le 28 juin au Reichs-
tag, refléta l'embarras du chancelier ; il ne réussit pas à dis-
simuler, sous le voile de l'éloquence parlementaire, l'oppo-
sition des idées et des personnes appelées à collaborer. Seule
une politique extérieure, à la fois ferme et habile, pouvait
par ses succès, assurer au cabinet sa cohésion ai^iDarente et
sa popularité dans l'Empire.
La conférence de Spa, si impatiemment attendue par le
gouvernement de Berlin, ne devait pas réaliser tous ses
espoirs. Le talent de diplomate que révéla M. Simons, joint
à l'éloquence un peu âpre du syndicaliste Hue, assura de très
l)récieux avantages à l'Allemagne ; celle-ci n'en conserva pas
moins de graves appréhensions pour l'avenir, les Alliés ayanc
afTirmé leur intention de ne point jouer un rôle de dupes.
Un délai de 6 mois fut, comme on le sait, accordé au minis-
tre Gessler pour ramener les efl'ectifs de son armée au chif-
CMHONIQLE ÉTRANGÈRE 541
fi-e (le lOO.OOl» h. : cl les Alliés consentirent à réduire les
livraisons de charbon qui leur étaient dues de 39 millions 1/2
de tonnes par an à 29, puis finalement à 24 millions. Mais si
ce dernier contingent n'était pas fourni en temps voulu, la
J-"rance et l'Angleterre se réservaient le droit d'occuper le
bassin de la Ruhr. Or aucune menace n'inquiète davantage
les Allemands que celle d'une intervention alliée au pajs de
la houille. Ils craignent en elFet que les mineurs, trouvant
auprès de l'Entente des facilités plus grandes de ravitaille-
ment, n'obéissent à l'appel de la faim et ne fassent bon
marché de leur patriotisme ; ils redoutent surtout que la
création d'un commissariat interallié du charbon ne permette
à l'Entente de favoriser, dans ses répartitions, les Etats du
sud au détriment de ceux du nord ; les tendances séparatis-
tes, ou plutôt fédéralistes, que l'on dénonce dans certaines
provinces de l'Empire, s'allirmeraient alors plus' ouvertement.
M. Simons, en défendant devant le Reichstag l'accord de Spa,
déclara précisément ne s'être incliné devant les exigences des
Alliés que pour mieux sauvegarder l'intégrité et l'unité de
l'Empire. Son attitude fut du reste approuvée par les autorités
compétentes d'outre-Rhin ; elle reconnurent sans peine que les
promesses faites par leur ministre à l'Entente ne compromet-
taient ni l'existence ni la prospérité de l'industrie alle-
mande.
En résumé, si la conférence de Spa avait révélé au monde
en temps opportun l'union étroite de la France et de l'An-
gleterre, elle avait aussi fourni aux ministres allemands l'oc-
casion de cette discussion contradictoire, qu'ils réclamaient
depuis longtemps. A la satisfaction des résultats acquis se joi-
gnait enfin pour eux l'espoir que ce premier entretien prépa-
rerait les voies à toute une série de négociations, au cours
desquelles le traité de Versailles serait soumis à de rudes
assauts.
Le prestige de M. Simons subit au mois d'août une éclipse
rapide. Dans sa hâte à vouloir recruter pour l'empire alle-
]nand des alliés, quels qu'ils soient, le ministre des affaires
étrangères de Berlin s'empressa de reconnaître le gouverne-
ment des Soviets : et il le fit avec une maladresse remarqua-
ble. Ne déclara-t-il pas du haut de la tribune que Lénine avait
été l'agent le i^lus actif du relèvement économique de la Rus-
sie ? Ce dithyrambe imprévu en l'honneur du régime bolche-
viste provoqua le plus gros émoi dans les rangs de la droite,
et M. Simons dut promettre à l'avenir d'être moins prodigue
3G.
542 LES L.\NGUES MODERNES
de ses félicitations diplomatiques ; ce lui fut d'autant plus
facile, il est vrai, que la victoire polonaise avait dissipé le
mirage de l'alliance russe, et que la retraite des légions sovié-
tiques avait imposé au cabinet de Berlin une attitude plus
réservée.
Cet échec de la diplomatie allemande eut pour efïet de
détourner pendant un certain temps l'opinion publique des
problèmes européens vers ceux de la politique intérieure.
Alors apparut dans tout son éclat le vice inhérent à la coali-
tion actuelle. Tandis que le parti populaire réfrénait avec
peine ses velléités de restauration monarchique, le centre et
les démocrates, conscients de leurs responsabilités, implo-
raient les socialistes majoritaires de rentrer dans le giron
gouvernemental. L'hiver en effet s'annonce rude à Berlin,
la vie reste chère, le chômage s'étend chaque jour davantage,
et les chefs d'industrie se demandent aujourd'hui avec inquié-
tude quelle sera -demain l'attitude des masses ouvrières. Le
parti socialiste n'ignore point les avantages qu'il -x retirés di-
son isolement ; il s'attarde sous la tente, sachant que son
heure viendra. Il est évident qu'il ne peut siéger aux cotés
de ces conservateurs, qui, hier encore, n'avaient pour ui que
mépris et sarcasmes, mais il n'est pas encore arrivé à s'en-
tendre davantage avec les indépendants. Un fait nouveau
s'est produit cependant, à la fin de septembre, qui ponrr:-.it
ouvrir de nouvelles perpectives ': majoritaires et minoritaires
ont conclu à cette époque une alliance au conseil munie ii)al
de Berlin, i^our imposer l'élection de Wermuth au po:>l'. do
bourgmestre. Cette union locale se généralisera-t-elle ? Le
prochain congrès de Cassel doit statuer sur ce cas et déter-
miner la ligne de conduite du parti socialiste. Si la réconci-
liation des frères ennemis, encore improbable, se réalisait
bientôt, le cabinet de Fehrenbach n'aurait plus longue vie.
Lyon, 15 octobre.
J, Denis.
CHKUNigiH l':rHAN(iKHE 543
NOTES RHÉNANES
L'Ui)iverslté de Cologne
II
L'Université de (Pologne supprimée par la Révolution —
comme toutes les universités françaises — ne pouvait évi-
demment renaître sous l'Empire. Les temps n'étaient pas
favorables, sous ce régime, à la résurrection de ces grands
corps, de pensée trop indépendante. On sait assez que si
r« Université de France » naquit alors d'un « Fiat » du
Maître, elle ne fut durant tout son règne qu'un noble corps
privé d'âme, du moins de l'âme qui lui convenait. Ce n'est
pas à ce genre de Prométhée qu'il fallait demander une créa-
tion désintéressée, aimée pour elle-même, l'argile animée par
resjirit. Prométhée même n'y avait réussi qu'avec la colla-
boration d'Athéna et de cette collaboration Napoléon ne se
souciait guère ! Au reste nos gens de Cologne ne paraissent
pas, au total, avoir gardé de lui mauvais souvenir. Il y avait
été populaire tout de suite. Lorsqu'il y vint, en 1804, la foule
détela son carrosse et le traîna en triomphe ! L'historien de
Cologne que j'ai déjà cité, le D'^ Franz-Bender, dit que son
gouvernement fut « plus supportable » (ertraglicher) que ne
l'avait été celui des proconsuls républicains, et il le loue
hautement à divers titres, qui ne sont cependant que ceux
de l'exécuteur du grand programme révolutionnaire : égalité
civile, liberté religieuse, liberté économique, etc. De nos jours
encore il est courant à Cologne, au l""' janvier, d'offrir un
petit buste de Napoléon en marbre ou en bronze.
Lorsque le grand règlement de 1814-15 eût fait passer les
pays rhénans sous la domination de la Prusse, qui les accepta
« dente superbo » — car elle eût préféré achever de dévorer
la Saxe, dont on ne lui donnait que les deux tiers ! — les
habitants de Cologne firent grise mine. Bender cite là-dessus
des témoignages fort édifiants et notamment celui du contem-
porain Karl Schurz, qui devait jouer un rôle distingué dans
le mouvement allemand de 1848. Des trois régimes qui
s'étaient succédé en moins de vingt ans — celui de l'arche-
vêque princa électeur, le régime français et le régime prus-
sien — ce fut, écrivait Schurze dans ses Mémoires, ce dernier
que les Rhénans aimèrent le moins. Il leur faisait l'impres-
544 LES LANGUES MODERNES
sion « d'une sorte de domination étrangère ». Il ajoute que
des trois régimes c'était pourtant le meilleur mais le fait
de l'antipathie originelle — et on peut ajouter persistante —
est indubitable (1).
Le gouvernement prussien vit parfaitement clair dans cet
état d'esprit. Il se garda bien de rétablir l'université de Colo-
gne. Cependant, comme il fallait bien une université à la vaste
province rhénane, il la créa, sous son égide, dans une ville
voisine, à Bonn. Comme c'était une fort petite ville, il vit
qu'il y pourrait créer artificiellement une tradition nouvelle,
toute i^russienne, à l'abri du patriotisme municipal et rhénan
de Cologne. Ce calcul s'est trouvé juste. Ce n'est pas sans
raison, et aussi sans effet, que l'ex-Kronprinz fit élection de
Bonn comme Aima mater !
Cologne cependant, déçue de ce côté, se dédommageait par
un développement industriel et commercial inouï. Se débai'-
rassant du corselet de murailles où elle étouffait, elle décu-
plait en un siècle sa population et devenait la 4* ville de
l'Allemagne, la 2' de la Prusse. Mais cette croissance purement
matérielle, même accompagnée de la beauté architecturale,
et même couronnée par l'achèvement — en 1880 — de sa
fapieuse cathédrale, commencée au xiii'^ siècle, ne pouvait lui
suffire. Elle n'arrivait pas à se résigner, malgré le temps, à
être découronnée de sa vieille gloire de cité universitaire.
Il y avait d'ailleurs danger moral, disaient ses meilleurs
interprètes, à ce que les préoccupations matérielles et l'in-
fluence de la seule richesse demeurassent sans contrepoids.
Avec un rare mélange de courage et d'habileté, malgré l'hos-
tilité ouverte de Berlin et la jalousie de Bonn, elle attaqua
le problème. En 1901, par une de ces initiatives purement
municipales où elle se complaît, elle se donnait une magni-
fique Ecole Supérieure de Sciences économiques et sociales,
la première de ce genre qu'ait eue l'Allemagne. En 1904, elle
(1) <' \'on dieseii drei Hcirscliaften... liehte der Rhcinlander
die preiissischc am wcnigslen. obglcich sie luizweifelhaft bei
wcitcni dio bestc war... .\llc dièse Dinge liesscn die prcussisehe
Herrschaft am Rhein wie eine Art von Fremdberrschaft crs-
cheineii... <> Geschiehte der Stadt Koln, von D' Franz Bender.
Koln, Verlag von liachem, 1912.
J'observe cjue l"aiiteiir a donné en 1914 une édition abrégée de
son histoire pour les écoles : l'iiis rien ne s'y trouve de tout ce
développement ! Dans le 1"^ ouvrage. Tauteur fait de la vSeience ;
dans le second, ce n'est plus que du dressage !
ciinoNiyi i; i-:T)5A.N(ii;Ki; 545
inaugurait une Académie (k' médecine pratique. En 1900,
elle fondait une sorte d'institut de sciences juridiques et
politiques et en 1912 une Ecole Supérieure d'administration
municipale et sociale. Une grande pensée, discrètement
voilée mais très consciente de ses lins, et tendue par un
vouloir énergique, imprimait à l'ensemble de ces créations
successives un caractère d'unité, celui d'un vaste système à
construire, d'une université entière, mais toute moderne, à
ressusciter.
La pierre angulaire de ce vaste édilice était l'Ecole Su[)é-
rieure de sciences économiques et sociales. En 1919, elle
comptait 79 professeurs ou chargés de cours, et un millier
d'étudiants. — Les langues vivantes occupaient dans cette
Ecole une place particulièrement distinguée : y étaient ensei-
gnés l'anglais, le français, le hollandais, l'italien, l'espagnol,
le portugais, le russe, le bulgare, le grec moderne, les langues
Scandinaves, l'arabe, le turc, le néo-persan, l'hébreu (ancien
et moderne) et le chinois. Observons que beaucoup de ces
langues comportaient plusieurs cours (langue commerciale,
lîhilologie, littérature, traduction, conversation), et que le
professeur en titre, pour les langues principales, y était
assisté d'un chargé de cours et d'un lecteur. J'ai ])u consta-
ter que la bibliothèque des « séminaires » d'anglais et de
français était fort abondamment pourvue. Je me garde, bien
entendu, de faire des commentaires : on les fera pour moi !
Outre sa tâche technique, l'Ecole assumait un rôle de
grand style, comme éducatrice du grand public, par une
quarantaine de cours publics dans lesquels la culture la
plus désintéressée et la plus sereine était largement représen-
tée. Qu'on en juge par ces quelques titres, cités un peu au
hasard, d'après les programmes des 2 semestres de 1918-1919 :
La peinture française au xix' siècle ; l'art dans les pays
rhénans ; l'art de la Renaissance italienne ; Rubens et son
temps ; introduction à l'art allemand du xix" siècle ; la Re-
naissance allemande et hollandaise; la peinture romantique; —
la préhistoire des pays rhénans ; la civilisation romaine sous
l'Empire, en particulier dans les régions rhénanes ; l'histoire
intérieure de la France de 1814 à 1914 ; histoire des révolu-
tions dans les Pays-Bas et en Belgique ; histoire de Cologne
(par le D"" Bender) ; — Racine comiue homme et comme poète;
Voltaire et sa philosophie ; le drame romantique français ;
les comédies de Shakespeare ; la vie de l'esprit dans l'Amé-
rique de langue espagnole ; la littérature moderne de l'Ame-
546 LES LANGUES MODERNES
rique de langue espagnole ; les relations intellectuelles et
économiques entre la péninsule ibérique et l'Amérique latine
(ces 3 cours par 3 professeurs) ; psychologie du sentiment
et de la volonté ; les recherches modernes sur la vie de
Jésus, etc., etc.
Et je ne parle pas bien entendu des cours publics se rap-
portant aux sciences économiques, politiques et sociales qui
caractérisent l'Ecole, i^ar exemple celui-ci : le concours de
l'Etat et l'initiative individuelle dans l'expansion du com-
merce extérieur (par un syndic de la Chambre de Com-
merce).
Mais, précisément parce qu'elle était intelligente et hardie,
l'initiative de Cologne ne devait pas tarder à susciter des
rivalités dangereuses. Frankfort ne tardait pas à l'imiter et,
bien en cour à Berlin, obtenait le droit de convertir ses éta-
blissements d'enseignement supérieur en université de nou-
veau style. D'autre part les vieilles universités s'empressaient
de se doter à leur tour d'instituts de sciences économiques,
sociales et politiques. Cologne se voyait menacée de perdre
ses étudiants qui pouvaient trouver ailleurs non seulement
un enseignement aussi approprié à leurs besoins mais encore
la consécration de grades enviés. Cologne devait se borner à
donner un diplôme d'études, ne conférant aucun titre. Il lui
fallait donc ou perdre tout le bénéfice de, ses efforts ou les
couronner par la conquête de tous les jjrivilèges universitai-
res, y compris le droit de conférer les grades. Ce fut l'objet,
à partir de 1910, de négociations difficiles avec Berlin. En
novembre 1918 tout ce que la diplomatie du maire de Colo-
gne avait obtenu, c'était la perspective d'une incorporation
de l'Ecole supérieure de sciences économiques à l'Université
de Bonn, comme 5' faculté. Quant aux autres instituts d'en-
seignement supérieur de Cologne, Berlin refusait nettement
d'en entendre parler. Ce médiocre compromis — à l'état de
promesse — était bien misérable auprès de ce que l'ambition
de Cologne avait rêvé. Sur ces entrefaites éclatent les coups
de foudre : la révolution à Berlin le 9 novembre, l'armistice
le 11 ! Nouveau ministre et situation toute nouvelle ! Le Maire
de Cologne ne manqua pas de voir qu'à ce point de vue du
moins le moment était favorable, mais il fallait agir vite et
sans bruit ! 11 sut trouver, improviser les arguments nouveaux
que les circonstances semblaient connnander : La culture
allemande perdait ses bastions de Strasbourg, de Posen et de
Prague. Ne fallait-il pas essayer de combler de pareils vides ?
CIIROMQLE KTBAXGÈRE 547
(Pologne devenait ville-frontière de l'intelleclualité allemande :
ne fallait-il pas qu'elle i)ùt s'équiper, s'armer, pour son nou-
veau rôle ■? — Le 4 janvier lîMO le gouvernement prussien
autorisait par décret la ville de Cologne à transformer en
université de nouveau style ses instituts d'enseignement supé-
rieur (1).
La bataille était gagnée. I>e droit de créer était obtenu.
Restait à créer; ou plutôt à mettre au point, ou compléter, la
grande création si hardiment entreprise. Je dirai dans mon
prochain article où en est Cologne de la réalisation de son
l^rogramme ; et surtout, je tâcherai de dégager des ombres
mouvantes qui le dissimulent Tesprit véritable qui préside
à cette résurrection et qui animera cette force nouvelle.
Gaston-E. Broche.
(A Suivre).
Marseille. V novembre 1920.
<!g>
NOTES AMÉRICAINES
La campagne électorale jjour la présidence se poursuit
sans qu'il nous en parvienne, par la voie de la presse, autre
chose que de vagues et rares échos. On ne saurait trop déplo-
rer l'insuffisance des informations que l'on trouve dans les
journaux français, et même dans les journaux anglais, concer-
nant les événements d'Amérique. D'autre part, l'Association
des journalistes britanniques, qui vient de faire un voyage
d'études aux Etats-Unis, a constaté que la presse américaine
ne publie guère que des renseignements incomplets et sou-
vent tendancieux sur la situation de l'Europe. Cette igno-
rance, ou plutôt cette incuriosité réciproque pour des problè-
mes politiques et sociaux, lointains certes, mais qui ne peu-
vent manquer d'avoir une répercussion de l'un et de l'autre
côté de l'Atlantique, risque d'élargir le fossé qui s'est creusé
] / Texte de l'art. 1 du décret : <■ Die preussische Regierung
genehmigt den Plan der Stadt Kôlu, ihre wissenschaftlichen
Anstalten zu einer neuartigen Universitât anszubauen. ■> Univen-
sitat Koln, Dcukschrift von Prof. D"- Eckert Kôln, Màrz 1919.
548 LES LANGUES MODERNES
depuis deux ans entre les Etats-Unis et leurs alliés européens.
J'ai pu voir, pendant les vacances, plusieurs amis améri-
cains et d'anciens collègues d'université, qui ont conlirmé les
indications que j'avais précédemment données sur l'attitude
des Etats-Unis à l'égard de l'Europe. D'après eux, M. Harding
et M. Cox, qui ont bénéficié de la rivalité de concurrents plus
connus et plus qualifiés, ne sont, tous deux, que les repré-
sentants des puissances financières et industrielles rendues
plus prépondérantes encore par la guerre. Et si, comme il est
possible, M. Harding est élu, ce sera moins jiour lui-même ou
pour un programme intérieur nettement défini, que contre
son prédécesseur, M. Wilson, et contre la politique extérieure
suivie par ce dernier. « L'abstentionnisme » prôné i^ar
M. Harding, ses déclarations concernant la nécessité pour
les Etats-Unis de se dégager de toute participation aux atïai-
res d'Europe, répondent à un mouvement d'opinion, diffé-
rent dans ses causes, mais identique dans ses résultats, qui
se fait sentir dans diverses, parties du corps électoral améri-
cain. D'une part, la masse, le man in the street subit le
contre-coup de l'après-guerre qui se fait sentir en Amérique
comme en Europe : crise des loyers, vie plus chère ; et sa
mauvaise humeur en fait retomber la responsabilité sur la
politique wilsonienne qui a jeté les Etats-Unis dans la mêlée.
D'autre part, une portion, considérable paraît-il, des classes
instruites, intellectuelles, a éprouvé une vive et profonde
désillusion en constatant que le traité de Versailles n'a pas
amené Fàge d'or en Europe. Déçue dans son idéalisme géné-
reux, elle est portée à accuser tous les Etats européens,
indistinctement, de visées impérialistes, d'une soif de conquê-
tes et d'appétits égoïstes qu'elle se refuse à encourager et à
sanctionner par une coopération politique ou diplomatique
quelconque des Etats-Unis. La France elle-même n'échappe
pas toujours à des reproches, fondés sans doute sur des infor-
mations tendancieuses répandues par la presse germanophile
si puissante du groupe Hearst ; et j'ai eu quelque peine à
convaincre certains de mes interlocuteurs que la France
assaillie et meurtrie n'avait qu'un but : celui de se garantir
et de se protéger contre le retour des événements de 1914.
Ce rôle tendancieux de la presse germanophile ne fera
que s'accentuer et s'affermir. Dis])osant de capitaux considé-
rables, et d'une influence qui s'étend sur les millions de
lecteurs d'origine ou de sympathies germaniques, son plan
cunoMQii; l'niiA.NdKiu; 519
d'action est d'abord de dissocier l'Entente de 1918 : (luestion
d'Irlande, question de l'Adriatique, insinuations sournoises
sur le soi-disant « impérialisme français » et en même
temps, lamentations sur la détresse et la misère allemandes
(l'envoi en Allemagne, par certaines associations du Middle
West, de bétail et de matériel agricole, est symptomatique à
cet égard). Elle espère ainsi arriver à faire table rase des
six dernières années et à rétablir avec les puissances centra
les les relations d'antan. Nous devons prévoir et prévenir ce
danger et pour cela ne pas compter uniquement sur La
Fayette et sur le facile cliché des « Républiques sœurs ».
G. Meyer.
NOTES ITALIENNES
On sait que l'Italie, à qui la guerre n'a pas été imposée, ne
s'est décidée à y prendre part qu'après avoir bien pesé le
pour et le contre et à la suite de longues et vives — sinon
violentes — discussions entre neutralistes et intervention-
nistes. Une belle victoire a couronné ses efforts et ses sacri-
fices. Non seulement elle a donné au jeune pays un prestige
moral incontestable, mais elle lui a permis d'atteindre ses
principaqx buts de guerre. Avec Trente et Trieste, désormais
italiennes, l'ceuvre du Risorgimcnto est heureusement ache-
vée. En même temps, l'Autriche — renneniie héréditaire —
est abattue pour toujours.
Malgré ces résultats, la victoire n'a pas apporté au pays
l'apaisement espéré. Bien plus, depuis l'armistice, le mécon-
tentement semble être devenu général.
Ce qui frappe, d'abord, le plus, dans l'état de l'opinion
publique italienne, c'est le discrédit dans lequel sont tombés
les hommes politiques et les partis qui ont décidé et fait la
guerre. Cela devient sensible dès la chute du Ministère
Orlando et la formation du Ministère Nitti (fin mai 1919).
L'échec des nationalistes, le triomphe des Catholiques (parti
populaire) et des Socialistes aux élections législatives de
novembre 1919 eu sont une confirmation solennelle. Enfin, le
550 l-ES LANGUES MODERNES l
Ministère actuel, formé le 11 juin dernier, en est la manifes-
tation la plus éclatante. Le président du Conseil, M. Giolitti,
était, en 1915, à la tête des neutralistes. C'est l'homme du
pareccA/o^ celui qui négociait avec le prince de Bulow. Taxé
de germanophilie par les uns, de trahison par d'autres, il a
été attaqué par presque tous les partis. Des patriotes ardents
l'ont même brûlé en effigie.
Et cependant, lorsque, au commencement de juin, le troi-
sième ministère Nitti était démisionnaire, tous les i-egards
— ■ ou à peu près — se tournèrent vers le député de Dronero.
La situation était assez critique, et seul, M. Giolitti, parais-
sait pouvoir la dominer.
« Pourvu qu'il sauve le pays, nous oublierons le passé, »
voilà ce que la plupart pensaient et ce que beaucoup disaient
tout haut. Alors, l'un des chefs du parti socialiste, M. Turati,
l'a même appelé le dernier rempart de la bourgeoisie.
C'est que la crise de l'autorité du gouvernement commen-
çait à inquiéter sérieusement tous les partisans de l'ordre.
Les cheminots, les fonctionnaires des P.-T.-T., et d'autres, se
mettaient en grève et finissaient par avoir raison du gouver-
nement. L'armée elle-même, poussée par les nationalistes et
le parti militariste, n'obéissait pas toujours. Des troupes
régulières désertaient pour se joindre à M. d'Annunzio, au
lieu de faire la police autour de Fiume. L'amiral Millo, gou-
verneur de la* Dalmatie, jurait au Comandante de Fiume qu'il
n'abandonnerait pas le pays où il se trouvait au cas où le
gouvernement et les chambres accepteraient un arrangement
dans ce sens, et il restait sourd aux appels, à Rome, du pré-
sident du Conseil, qui d'ailleurs le laissait à son poste.
Des esprits très sérieux et très distingués, ainsi que les plus
grands journaux du pays, entre autres le Corriere délia Sera,
Il Secolo, Il Messaggero, voient dans ce manque de discipline
l'une des causes du malaise actuel. Si l'on y ajoute une véri-
table campagne de presse de l'ex-président du Conseil,
M. Nitti, contre le traité de Versailles, on comprendra, dans
une certaine mesure, le désarroi qui peut régner dans l'esprit
de nos voisins. La brûlante question de l'Adriatique n'est pas
encore résolue, ce qui a déçu amèrement la grande majorité
des Italiens. Le pacte de Londres leur donnait la Dalmatie,
cnHoNiyLi: !nKAN(;iii<K 551
Je principe (le l'autodécision qui ligurait parmi les douze
points de M. Wilson, devait leur donner Fiunie. Ils oubliaient
qu'en retournant ce raisonnement, les Yougo-Slaves pou-
vaient revendiquer Fiume, en vertu du pacte de Londres, et
la Dalmatie, par l'application du principe de l'autodécision.
On sait que, sur cette question, l'habileté et l'opiniâtreté de
l'ancien ministre des affaires étrangères Sonnino se heurtè-
rent, tout de suite, à l'intransigeance de M. Wilson. Des négo-
ciations directes allaient finalement avoir lieu, avec les
Yougo-Slaves, quand la chute du Ministère Nitti a tout
arrêté. Dans sa séance du 25 du courant, le Conseil des Minis-
tres a décidé de les commencer sous peu, puisque les Yougo-
slaves acceptent volontiers de le faire. On espère même
qu'elles pourraient être terminées pour la rentrée des cham-
bres, fixée au 10 novembre prochain.
En attendant, des bruits de crise ministérielle circulent
depuis deux semaines environ ; mais, si la majorité du
cabinet n'est sans doute pas compromise pour le moment, elle
sera quelque peu réduite par la défection des nationalistes
et des libéraux de droite hostiles aux négociations avec les
Yougo-Slaves. Les catl^oliques font quelques remontrances au
sujet de la faiblesse du gouvernement et vont s.e montrer
moins dociles. Enfin, les socialistes pratiqueront peut-être
l'obstruction à laquelle ils semblaient avoir renoncé au mois
de juillet dernier. Et cependant, le gouvernement aurait
besoin d'être solidement appuyé, car les difficultés qu'il a à
surmonter, à l'intérieur, sont très grandes.
La nouvelle de complots militaristes ou socialistes ne
semble pas devoir être prise au sérieux, mais la crise écono-
mique et sociale est réelle. Il semble que l'une des plus gran-
des fautes des différents gouvernements qui se sont succédé
depuis l'armistice ait été de viser surtout à obtenir de grands
avantages territoriaux à l'occasion des traités de paix, au
lieu de chercher à combattre ie malaise économique, plus
grand en Italie que chez ses anciens alliés, puisque la valeur
de notre franc oscille, à Rome, autour de 1 lire 70, depuis
plusieurs semaines. Depuis bientôt deux ans, le renchérisse-
ment de la vie a amené des demandes d'augmentation de sa-
laires et occasionné des gi'èves. Au mois d'août dernier, les
552 LES LANGUES MODEHNKS
patrons métallurgistes, ayant répondu par le lock-out au
sabotage de la production systématiquement organis.é par les
ouvriers, parce qu'on leur refusait de nouvelles augmenta-
tions de salaires, les travailleurs ont occupé les usines afin de
les exploiter par leurs propres moyens. Ils ont même créé
des gardes rouges et des tribunaux, à l'exemple des bolche-
vistes. Le gouvernement n'a pas cru devoir intervenir, tout
d'abord, puis, au bout de trois semaines, dans l'espoir de
résoudre rapidement ce conflit qui prenait des proportions
inquiétantes, ^I. Giolitti a décidé que les industriels devraient
admettre le contrôle syndical pour toutes leurs entreprises.
Cette mesure a calmé momentanément le monde ouATier qui,
cependant, ne la considère que comme une étape vers
l'expropriation des industriels.
Il faut remarquer, en effet, que l'exemple de la Russie
fascine certains milieux ouvriers italiens qui ont accepté les
21 conditions imposées par la 3" internationale de Moscou.
Aussi Lénine a-t-il accordé sa Consécration au périodique
de Turin. L'ordine iiiiouo (l'ordre nouveau) qu'il a déclaré
l'interprète le plus fidèle de la pensée communiste. Mais le
groupe de l'ordine miovo n'est pas la majorité dans le parti
socialiste italien. Un autre groupement refuse d'a'^cepter les
conditions de Moscou, d'autres les acceptent avec des réser-
ves. Une scission va-t-elle se produire? Le congrès prépara-
toire de Reggio Emilia organisé par la fraction des « Cen-
tristes » vient de se prononcer pour l'unité du parti ; il a
bien accepté les vingt et une conditions de Moscou, mais en
faisant des réserves et en refusant les exclurions demandées
par Lénine.
Parallèlement à l'agitation ouvrière s'est développé, en
Italie, un assez vaste mouvement agraire. Le problème de la
transformation de la gi'ande propriété, à peu près inculte
dans l'Italie méridionale, en Sicile et en Sardaigne, se pose
depuis longtemps chez nos voisins. Aux paysans, dans les
tranchées, on avait promis de donner une partie des terres
qu'ils cultivaient, mais, après la démobilisation, ils ont re-
trouvé le statu qiio, ce qui les a ([uelque ])eu exas])érés et
portes à occuper, d'abord, les i)roi)riétés peu ou pas cultivées,
puis celles qui étaient en plein rapport, mais qui apparte-
naient à de riches propriétaires fonciers. Depuis cinq ou six
r.iii\(iN"iyri: KTi'.ANdKHi-: "),'),'{
mois, l'occupation des terres par les paysans prpnant des
proportions inquiétantes, le gouvernement a décidé de la
discipliner et de la régler. Un décret, le troisième, a été
rendu, à ce sujet, le 20 octobre courant et concerne surtout
la Sicile. Il assurerait aux paysans, non pas la propriété des
champs qu'ils cultiveront, mais une très longue jouissance,
ce qui leur permettrait d'y apjjorter les améliorations néces-
saires, en attendant qu'ils puissent les acheter.
L'espace nous manque pour parler des rapports franco-ita-
liens de|)uis l'avènement du Ministère Giolitti qui a été plutôt
fraîchement accueilli chez nous lors de sa formation. A vrai
dire, les relations avec nos voLsins, sans être vraiment cordia-
les, n'ont pas été plus mauvaises qu'avec les autres ministères,
depuis l'armistice. L'entrevue de M. Millerand et de M. Gio-
litti. à Aix-les-Bains, fort bien vue dans les deux pays, semble
être de bon augure, et l'on espère fermement que les diffé-
rents malentendus se dissiperont peu à peu. Quant à
l'échange de professeurs et d'élèves, prévu par l'accord
approuvé au mois de juin dernier, il semble qu'il ne sera pas
réalisé pour cette année, du moins en ce qui concerne l'ensei-
gnement secondaire.
Marseille, le 29 octobre 1920.
Paul Paoli.
->o<-
BIBLIOGRAPHIE
Dei)iS Saurat: Blake ai)d MiltOI). — Thèse complémentaire;
Bordeaux, Cadoret, 1920 ; 74 p. in-S».
Ce livre courageux se propose un double objet : démêler
d'abord l'influence directe de Milton sur Blake ; étudier ensujte
d'ans leur dcvleloppement parallèle les grandes constructions
imaginatives où se sont exprimés deux tempéraments voisins
et divers, de façon à préciser leurs analogies, leurs difTérences.
et à les éclairer l'un par l'autre.
Lei champ est vaste, et l'étude est courte : mais sa méthode n'est
pas celle des dépouillements complets. Elle procède par coups de
sonde, en profondeur ; et les points choisis étant essentiels, c'est
bien une coupe des deux esprits vus d'un certain angle, que cha-
cune de ces confrontations nous donne. Autour des grandes affir-
mations de la conscience religieuse s'organisent l'univers moral
de Milton et celui de Blake, avec l'intime ressemblance qui les
unit, et le mouvement qui semble les faire sortir l'un de l'autre,
Blake étant à bien des égards un Milton plus entièrement affran-
chi de toute contrainte.
11 est impossible de lire cette étude sans en garder l'im-
pression d'un rafraîchissement du savoir et d'une plus claire
intelligence, les deux œuvres prenant une précise et délicate
transparence à leur contact. Sans doute, M. Saurat paie le prix
de sa méthode et de son audace. Les analyses sont parfois plus
suggestives que certainement probantes. Toute ramassée en une
comparaison hors du temps, son étude néglige le fonds com-
mun, contemporain ou traditionnel, sur lequel ont vécu et
Milton et Blake ; le pourquoi de leurs analogies si frappantes
ne nous est pas donné — dans la mesure où il est saisissable.
Mais le fait de cette parenté secrète, qu'a trop longtemps mas-
quée l'image orthodoxe et presque hiératique de Milton, est for-
tement établi. Ecrit en un anglais virgoureux, le livre témoigne
d'un sens riche de la vie spirituelle, et d'une pénétration qui
promet, appliquée à d'autres problèmes, des fruits plus précieux
encore.
L. Gazamian.
Dei)is Saurai : La pei)sée de Miltoi)* — Thèse principale,
Alcan, 1920.
Rien de ce que je pourrais dire ne saurait ajouter à la
valeur, officiellement reconnue, du livre de M. Saurat sur la pensée
de Milton. 11 faut avoir, pour ceux qui compulsent l'œuvre
énorme du poète, la leconnaissance qu'on voue d'habitude aux
Bénédi'ctins. (/est un dur labeur, toujours, même quand c'est
labeur d'amour. Et pour moi qui, il y a onze ans, soutenais une
BIBLIOGKAPHlIi 00,y
thèse sur un sujet analogue, il est agréable île saluer un sueces-
seur que le même culte a guidé et soutenu.
Nous nous entendons sur ce qu'on pourrait appeler le chimis-
me du temiiéramcnt de Milton. Sans doute, il est difficile
d'admettre avec M. Saurat que le poète représente <• la nature
humaine normale ", qu'il possède <• l'équilibro de caractère »,
ni qu'il soit exempt de •> fanatisme étroit ■>. 11 y a contradic-
tion, ce semble, à nous le montrer prenant •■ l'habitude de se
considérer comme un grand homme dès son enfance >>, sans souf-
frir d'" aucune mégalomanie ». Mais les grands traits de lu
figure miltonicnne nous frappent également : sensibilité, orgueil,
naïveté. Et je crois aussi que M. Saurat pense, comme moi, qu'il
faut chercher l'essence de la philosophie de Milton dans le gros
volume de la Doctrine (Chrétienne plus ou moins agrémenté de
la trilogie poétique des Paradis et de Samson.
Mais c'est peut-être sur l'interprétation de ces documents
essentiels quo M. Saurat et moi ne serions pas tout à fait
d'accord. L'auteur a le souci légitime et fécond du renouvel-
lement. Il a trouvé que les ouvrages antérieurs faisaient trop
de cas de l'environnement historique et il a décidé de nous
jirésenter un Milton penseur, fondateur de doctrine, séparé
des idées de son siècle. Il a ainsi échafaudé de toutes pièces
une ontologie, une cosmologie, une psychologie, une religion et
une politique miltoniennes, une espèce de palais aérien dont
les fondations restaient habilement camouflées.
L'idée est séduisante et M. Sauras en a tiré de bons effets.
Nous y avons gagné de nous promener avec lui dans les- régions
magnifiques de l'entendement et de voir s'ouvrir devant nous
des allées qui ne sont pas sans noblesse : l'immortalité, condi-
tion normale de l'être, le temps, fonction du mouvement, la
création par retrait, la matière, divine en son essence. Non
que, si lucide que soit le guide, il lui ait été possible de
solidifier le résidu de cette philosohie personnelle que Milton
aurait conçue. Cela était impossible sans plus de matière. Et
c'est devant cette difficulté à conclure que le critique, en cons-
cience d'honnête ouvrier es lettres, nous donne, pour que nous
y fassions notre choix, tout un Selectœ de la Doctrine, ainsi
qu'un aperçu très intéressant des sources judaïques du thème
poétique miltonien. Mais, comme il nous avertit en même temps
qu'il « ne faut pas prendre trop au sérieux toute la mjthologie
de Milton », nous suivons sagement son conseil en le générali-
sant un peu.
Au fait, et c'est ià l'objection qu'en toute admiration je vou-
drais faire à l'ouvrage de M. Saurat (que je désirerais moins
décousu et plus fondu), et puisque, par ailleurs, il s'agit de
rinterpi'étation de la Doctrine Chrétienne, il semble bien qu'il
ait examiné cet ouvrage capital sous un faux angle et dans un
faux-jour.
556 LES LANGUES MODERNES
^L Sauvât n'aime pas Jes critiques anglais et anglicans de
Miltou. C'est son droit. A ce qu'il dit de << certaine légende
absurde et choquante pour le bon sens » et à quelques autres
remarques peu obligeantes, je devine qu'il lui est difficile
d'étudier la Doctrine Chrétienne en croyant. C'est encore son
droit. Mais ces convictions le gênent tout au long de son
consciencieux examen. M. Saurat voit tout pensée dans Milton.
J'y vois tout religion. II suffit d'avoir manié les lourds volumes
pour s'assurer des origines de la philosophie miltonienne :
elle a ses racines profondément ancrées dans la foi des Apô-
tres, dans l'enseignement de Paul, le grand puritain, <■ créa-
teur des dogmes du péché originel et de la Rédemiîtion par
le Christ », et dans la tradition augustinienne. Et c'est pour-
quoi tant de miltonisauts se sont crus autorisés à étudier, dans
la Doctrine Chrétienne, au lieu d'un tissu plus ou moins lâche
de citations mal digérées, le faisceau serré qui est à la base du
système philosophique niiltonien. C'est pourquoi, aussi, ils
ont cru justifiée leur humble prétention de comparer les
tenants du système miltonien aux sources dix-huit fois cente-
naires d'où ils découlaient. Milton, en somme, fut trop chré-
tien. Pur philosophe, il serait monté plus haut peut-être. Mais
la Bible, où il se dél^attit toute; sa vie comme un géant,
l'entravait, en le soutenant, de toutes parts. Certes, < il a
une facilité fatale à retrouver dans la Bible tout ce qu'il y veut
trouver. » Mais c'est à la Bible qu'il boit la vie. En inscrivant
le titre de Doctrine Chrétienne en tète de son ouvrage, il auto-
risait ses lecteurs à faire la comparaison entre sa propre con-
ception et la tradition, à la placer dans l'évolution et à la situer
dans l'histoire.
.Je reste convaincu que Milton est avant tout de son temps
et je n'en veux pour preuve que sa conception du dogme de la
Rédemption qu'il a compris et traité mieux que tout autre.
M. Saurat trouve que Milton a consacré « peu de place à la
Rédemption, alors que la Rédemption est pourtant le mystère
central du Christianisme ». Il l'étudié lumineusement, cepen-
dant, au cours de trois beaux chapitres du premier livre. Christ
pour lui a été humilié et exalté. " 11 a fait la réparation com-
plète en sa double capacité de Dieu et d'homme, par l'accom-
plissement de la loi et le paiement du prix requis pour toute
l'humanité. > Milton combat l'erreur de ceux qui croient que
Christ " mourut, non pas à notre place, ni pour notre rédemp-
tion, mais simplement pour donner un exemple à l'humanité. »
<i II meurt pour nous racheter ». Dans le Paradis Perdu, le
poète insiste sur l'impossibilité* où sont les hommes de se sau-
ver sans l'entremise de Jésus-Christ. Eît le thème sans cesse
renouvelé, jjlonge plus profond que dans la personnalité pour-
tant si profonde du poète. La Rédemption est le dogme puritain
par excellence, parce qu'il complète l'autre dogme puritain du
HIKI.IOCKAPHII-; 00/
|)oiho et de Ui chute, t.e sont ks IHii itaiiis qui oui vu, plus
loin que quiconque, d'accord avec l'orthodoxie protestante, dans
la réalité du mal et du jiéché, conséquences fatales de la déso-
béissance ; et c'est leur gloire d'avoir affîrnié la providence éter-
nelle dans la lU'demption. Ce sont les deux grands thèmes de la
Doctrine, des PdnuUs et de Sumson.
Sans donc méconnaître les lumières nouvelles que M. Saurat a
pu jeter sur la philosophie miltonienne, il me semble encore,
à onze ans de distance, qu'il est plus sûr d'en rechercher les
éléments dans la religion plutôt que dans la pensée du poète.
M. Saurat lui-même avoue que l'originalité de .Milton ■< a con-
sisté à choisir et à organiser et non à inventer ». A maintes
reprises, il nous montre l'auteur de la Docirine ChrcUenne
attaque passionnée dans laquelle il a mis toute l'animosité
personnelle et insultante de ses jiamphlets politiques », tenaillé
par les questions contemporaines. Il est étrange d'entendre un
critique de cette valeur nous affirmer, en se contredisant lui-
même, <|ue chez Milton, c'est < l'élément raison qui prédomine ».
Au contraire, il serre de plus près la vérité en nous montrant
que la « critique incessante de Satan que fait Milton a les
caractères de l'examen de conscience du Puritain » ; que, dans
Samson, le héros est •• le parti puritain; terrassé » ; que le
Dieu-Destin est " le Dieu puritain » ; en relevant enfin des allu-
sions constantes aux soldats de Cromwell.
Aussi bien les allusions vagues qu'il fait dans la con-
clusion aux points Je contact qui existeraient entre Milton d'une
part et de l'autre Spinoza et (lorneille, ne sont pas moussées
avec conviction. Milton a peu du philosophe. Plus religieux
que penseur, plus flamme que lumière, il a rarement joui di\
calme nécessaire pour se rencontrer face à face, toute passion
éteinte, avec les redoutables problèmes de la destinée. Grand
certes, il l'est, par son génie, au-dessus de ceux qui l'en-
tourent. Mais il met ce génie au service d'une cause. 11 est
lutteur. Il faut savoir gré à M. Sayrat de nous avoir promenés
aux points ultimes que Milton, au cours de sa lutte tragique, a
atteints dans le domaine de la raison pure. Mais on ne saurait
sans risquer d'attenter à la vérité, se laisser capter par ces
mirages pieux. La manière la plus profitable encore d'étudier
Milton est de le placer dans l'ambiance d'adversité et de
controverse du xvii' siècle anglais et du mouvement puritain,
beaucoup moins philosophe que chrétien, protestant libre beau-
coup plus que libre penseur, porte-parole de ceux qui virent en
cette héroïque époque et à la lumière de la foi, si loin dans
la triste et magnifique fortune des hommes.
Paul (^HAIVET,
Docteur es lettres,
professeur cgréfjé au Lycée de Mulhouse-
.37.
558 LES LANGUES MODERNES
Pierre Godet : La pei)5ée de Sci)oper)l)auer. — Payot,
Paris.
C'est un ouvrage sérieux que nous a donné là M. Pierre Godet.
Admirablement versé dans la philosophie de Schopenhauer, il a
entrepris de faire connaître aui public français la pensée du maître
auquel il porte, on le sent, une grande affection. Il a réuni les passages
qui pouvaient le naieux résumer cette pensée, en laissant déli-
bérément de côté ceux où le moraliste parle plus que le philoso-
phe. Peut-être regrette-t-on cette omission volontaire, car
TAllemagne est bien pauvre en psychologues aussi clairvoyants
et incisifs que Schopenhauer, et peut-être aussi la connaissance
directe de l'homme aurait-elle mieux aidé à comprendre le pen-
seur. M. P. G. n'a pas essayé de grouper les morceaux qu'il
choisissait, et dont il donne à la fois le texte et la traduction, de
manière à construire un exposé systématique de la philosophie
schopenhauérienne. Il les assemble sous cinq rubriques qui lui
paraissent essentielle^ : de la connaissance, de la nature, de l'art,
de la vie et de la mort, niorale et religion. Suivent quelques
fragments divers. En les lisant, on percevra bien, ainsi que le
désire M. P. G., l'originalité de la personnalité de Schopenhauer,
'< l'attitude caractéristique de cet esprit en face de l'Univers »,
et devinera en quoi il peut être aujourd'hui encore un maître et
un guide. La traduction, entachée parfois de tournures helvéti-
ques, est exacte et claire. Une introduction, une biographie, un
index, une table des matières détaillée, une bibliographie som-
maire, font de cet ouvrage consciencieux et intéressant, un
instrument de travail fort utile.
Gaston Haphaei..
Maurice Muret : La littérature aliernar)de pei)dai)t
la guerre. — Payot, Paris.
Peut-être le nom seul de 'SI. Maurice Muret suffirait-il à
recommander la lecture de ce livre, si les circonstances mêmes
ne venaient en augmenter l'intérêt. Bien rares sont ceux qui
ont pu continuer à suivre l'évolution de la littérature allemande
pendant la gueri'e. Les ouvrages qui paraissaient là-bas étaient
ignorés ou inaccessibles. Et s'occupait-on beaucoup de littéra-
ture ? On peut donc savoir gré à M. Muret de nous faire connaître
dans des études menées avec son ta'ent coulumier, les œuvres
qui peuvent compter parmi les plus importantes : des romans
sur l'Alsace, sur Frédéric II, sur la guerre, des poésies de haine
et de combat, et aussi des œuvres où perce une désillusion allant
jusqu'au défaitisme, sans oublier les mirifiques métainorphoses
du pangermaniste Maximilicn Harden de la Zukunfl. M. Muret
lîIBI.IOfïRAI'MIE S.'jO
nous avertit lui-mèinL- qiu- parfois l'aspect national et social
«les œuvres étudiées l'a intéressé davantage que leur côté
j)iirenient littéraire. Nul ne saurait lui en savoir mauvais gré.
Gaston Raphaël.
E. THIlisoi) Peers. — Tt)e orgai)izatioi) of Educatioi)al
Experini)ei)t. — (Brochure !» pp.).
lui jaM\ier dernier, la Modem Lanyiiaye Associalion d'Angle-
terre a créé une section de pédagogie expérimentale (Department
of Edueational Expcriment». .\ cette occasion, M. AUison Peers,
chargé de diriger l'activité de cette section, a prononcé un dis-
cours inaugural reproduit dans le Journal of Expérimental
l'edaffofjn and Trainimj Collège Record et dont un tirage à part
a été fait. M. A. P., esprit généreux et enthousiaste, montre que
le professeui", une fois |)ourvu de ses titres et d'un poste, mettra
dans sa vie de la variété et de l'intérêt, dans son enseignement
une .Association fructueuse pour ses élèves, s'il sait se défendre
cmitre la tentation du laisser-aller et de l'indolence, contre
Tattrait dangereux du train-train quotidien où s'enlisent de
i-'eaux talents, de la bcsognn éternellement répétée que l'on
accomplit avec langueur, la pensée au loin. Non, il y a mieux à
faire : le professeur a des loisirs et, par une sage économie, de
ses heures libres, en maintenant son activité éveillée, en
sachant utiliser ces odd moments que l'on gaspille d'ordinaire,
il peut se livrer, par exemple, à des travaux de littérature ou
d't^rudition, dont profiteront aussitôt le ton, Pallure, la richesse
de son enseignement.
Ce n'est pas tout ; le maître a, dans sa classe même, un champ
tout ouvert à des investigations d'ordre pédagogique. Sans
doute, à l'Ecole normale, ou encore s'il a fréquenté quelque
laboratoire de psychologie, il a reçu un rudiment de la Science
de l'éducation. Mais le travail vraiment fructueux, et personnel,
c'est dans sa classe même et avec ses propres élèves que le
professeur peut l'accomplir. La classe est, ou plutôt doit être,
pour le maître désireux d'améliorer sa technique et de colla-
borer à l'œuvre d'ensemble menée par les chercheurs, un véri-
table laboratoire pédagogique. La méthodologie des Langues
Vivantes n'est pas achevée : mille problèmes se posent encore
devant nous. C'est aux professeurs d'en chercher la solution au
cours de leurs expériences journalières. Telle est l'essence du
programme de travail que s'est dressé le nouveau Department
of Experiment in Modem Language Teaching de l'Associatioa
anglaise qui correspond à la nôtre. M. A. P. en expose les détails,
que nous ne pouvons songer à résumer dans le cadre restreint
de ce bref compte rendu, et il exprime l'espoir de voir ces
560 LES LANGUES MODERNES
enquêtes, dépassant les limites de son propre pays, entreprises
et suivies en même temps en Amérique, en F"ranee, en Italie, a^i
moyen d"une fructueuse collaboration internationale. Nous enga-
geons nos lecteurs, que ce travail en commun intéresse, à se
mettre en rapport avec M. Allison Peers, 24, Beaufort Road,
Kingston-on-Thames, Angleterre.
Ch. Veillet-Lavallée.
J.-M. Keyi)es : Les Coi)séquei)ces Ecoi)onr)iques de
la Paix (Traduction française publié par la Xoiiuelle Revue fran-
çaise, Paris 1920).
Je me bornerai à analyser ici cet ouvrage, qui critique la poli-
tique économique du traité de paix. AI. Keynes, repré-
sentant de la Trésorerie anglaise à la Conférence de la paix, juge
le traité avec l'esprit d'un homme qui a assisté aux discussions,
qui n'a pu s'opposer à sa rédaction, mais qui en a vu l'erreur.
La solidarité de l'Europe est la base même de sa prospérité
économique, l'isolement de chacun des états est la ruine de la
masse ; or, le traité de paix a développé chez toutes les nations
un égoïsme qui leur cause préjudice à elles-mêmes sans atteiri-
dre leur ennemi commun.
Avant la guerre, le système économique européen se groupait
autour de l'Allemagne qui jouait vis-à-vis de tous les états,
non seulement le rôle d'acheteur et de vendeur, mais aussi de
banquier. D'autre part, l'Europe souffrait d'une population
excessive, organisée artificiellement, — de l'instabilité des classes
laborieuses et capitalistes, et de sa dépendance à l'égard du
nouveau monde en ce qui concerne son ravitaillement. La
guerre a intensifié ce mouvement ; la tâche de la Conférence de
la paix était de le rectifier, de rendre à l'Europe une vie écono-
mique possible : Keynes, en analysant ses diverses proposi-
tions, en démontre linefficacité.
Les ouvriers du traité sont d'abord en pleine contradiction :
Clemenceau, intransigeant, impassible, veut une complète revan-
che de 70 ; réaliste, il veut ruiner l'.Allemagne par tous les
moyens possibles. Wilson, idéaliste, le héros des imaginations
populaires, n'est qu'un presbytérien entêté, incapable de déve-
lopper les belles idées qu'il a jetées à travers l'Océan. Lloyd
George, d'esprit souple et vif, mais d'une hypocrisie flagrante,
cherche à donner des satisfactions à son peuple pour sauver
sa candidature électorale. Orlando, au milieu d'eux, paraît insi-
gnifiant.
l^e traité cherche à ruiner le système économique de l'Alle-
magne.
1" Sa marine marchande est détruite pour de longues années.
BIBLIOGRAPHIE 561
L'AJlemagne a cédé ses colonies, et ses nationaux indigènes
sont même dépouillés, atteinte injuste à la propriété privée.
Les mêmes dispositions s'appliquent à l'Alsace-Lorraine, où leur
importance est beaucoup plus grave que dans les autres colonies
allemandes.
L'influence et les capitaux de l'Allemagne sont exclus des pays
voisins où elle pouvait trouver des débouchés. Enfin, une somme
d'un milliard est exigée par la Commission des Réparations
<■ suivant les procédés qu'elle fixera ». Le commerce allemand
d'outre-mer est ruiné.
2" Le traité frappe r.Allemagne dans son charbon et dans
son fer, source de son énorme développement industriel. Il
exige jiour la France, en compensation de ses mines du Nord,
la propriété des mines de charbon de la Sarre, en confiant pour
15 ans son gouvernement à la Société des Nations ; un plébiscite
transformera à cette date l'occupation en possession définitive ;
mais la Sarre a été allemande pendant plus de mille ans, et
sa popu'ation est très homogène. \^\ même clause fixe le sort
de la Hautc-Silésie, au profit de la Pologne. Or, la perte de la
Sarre et de la Haute-Silésie diminuerait les ressources houillères
de l'Allemagne de près d'un tiers ; avec ce qui lui reste, l'Allema-
gne doit fournir annuellement à la France une certaine quantité de
charbon pour compenser la perte de ses mines du Nord.
Knfin, r.\llemagne doit livrer à chacune des nations, sauf à
r.Angleterre, une certaine quantité de houille. L'.^llemagne est
dans l'impossibilité de satisfaire toutes ces mesures. Quant au
fer. 75 0/0 du minerai extrait en Allemagne, provenait de
! '.Alsace-Lorraine. Or le traité a établi des frontières écono-
miques entre le charbon et le fer.
3" Intervention dans le système douanier de l'.Allemagne.
En dehors des dispositions économiques du traité, l'Allemagne
est obligée à des Réparations. L'erreur de la Conférence est énor-
me sur ce chapitre.
Chaque pays a exagéré ses dommages ; Clemenceau comprend
dans ses revendications, même les pensions et les allocations, con-
trairement à nos engagements. Lloyd George s'était engagé
vis-à-vis de son peuple à exiger de l'.Allemagne vaincue des paie-
ments qui violaient les promesses des .Alliés à l'armistice. En un
mot, les hommes d'Etat cherchèrent à faire payer à l'.Allemagne
toutes les dépenses de guerre, discutant sur des problèmes poli-
tiques et territoriaux sans apercevoir que les questions finan-
cières et économiques devaient être réglées d'abord. Chacun vou-
lait tirer de l'.Allemagne des réparations exagérées, supérieures
à sa capacité de paiement. Personne ne pensa qu'on devait com-
mencer par examiner cette capacité de paiement de son ennemie
avant de lui réclamer des sommes qu'elle ne possédait pas.
562 l^ES LANGUES MODERNES
Il en résulta un compromis ou chaque homme d Etat apporta
satisfaction à son peuple.
La somme représentant la dette de TAllemagne n'étrait pas
iixée ; elle pouvait se traduire en or, en navires, en placements
étrangers, ou eu biens situés sur les territoires évacués. L'Alle-
magne pouvait la payer par versements annuels. Une Commis-
sion des Réparations avait été instituée pour régler la situation.
' De grandes fautes avaient donc été commises dans la rédac-
tion du traité de paix : les intérêts économiques de l'Europe
avaient été négligés. On avait trop demandé à l'Allemagne pour
en obtenir un peu.
Il n'y a plus, actuellement, aucune solidarité entre les dif-
férents Etats de l'Europe. L'Europe ne peut plus produire, ne
peut plus échanger, et ne peut plus se ravitailler.
Keynes propose des remèdes au traité :
1 " Sa révision : fixer les réparations à un chiffre payai^lc par
1 Allemagne. Supprimer les frontières de la houille et du fer
par l'échange du minerai de fer. Créer une Union libre-échan-
giste entre l'Europe (-entrale, l'Europe Orientale, rAngletcrre,
l'Egypte, etc..
2" Su])primer les dettes interalliées à rAnglelerrc et à l'AiiH-
rique.
'A" Faire un emprunt international.
4" Ne pas rompre les relations russes et allemandes ; laisser
l'Allemagne se ravitailler à l'aide des échanges faits avec la
Russie, pour l'empêcher de nous disputer les produits du Nou-
veau-Monde qui nous sont nécessaires.
Et Keynes fait appel à rintelligence des peuples pour modi-
fier un traité qui n'a pas été rédigé dans leur intérêt.
Madeleine Basski!i;i:.
Tl)c Kîog's Trcasurics of Literature, Editey by Sir A. T.
Quiller-Couch. — Dent et Sons, Ltd., London li)'iU.
J'ai seulement quatre volumes de cette ciiarmante colkction
classique. Le jjlus long a 2.16 j)ages ; on peut donc espérer en
|)arcourir un en entier au cours d'une année scolaire. Le papier,
— par ces temps durs, comme en a pu Juger le lecteur encore
privilégié de cette revue, — est excellent ; l'impression aussi. Le
format est très commode, la reliure solide, et exempte des sur-
charges de dorure si fréquentes encore en Angleterre.
Mais tout cela est peu, auprès du choix des textes, et de
l'esprit des annotations ou cojnmentaires ; les titres seuls en
leraient foi : The Lore of îhe \y(indcrer, collection d'essais de
R.-L. Stevenson, Hazlitt, lUiskin, Bacon, .I.-A. Symonds, Ed.
Thomas, W. Raymond, R. JelTcrics, Miss Milford, Thoreau, A'. m
BIBLIOGRAPHIE 563
Sullivan ; il y a là une mine de paysages, de jugements esthéti-
ques ou moraux, de vocabulaire moderne et d'écriture aussi artis-
tique que fidèle à la psychologie anglo-saxonne. Un autre volu-
me : Modem Poelrij, trop intensément idiomatique parfois pour
être utilement confié à nos élèves, recèle au moins pour le pro-
fesseur sensible à la réalité contemporaine, un champ limité,
mais fertile, d'excursions chez A. Noyés, Kipling, R. Brooke,
Masefield, Stevenson, Henley, Xewbolt, Bridges, Yeats, Whitman,
Hardy, J. Drinkwater, F. Thompson, et d'autres ))<)ètes aussi
extatiques, forts ou délicats. La série comprend en outre le
Wonder Book de Hawthorue, et l'Essay on Clive de Macaulay ;
et je note l'existence d'un Shakespeare Progress, composé par
M. Dent lui-même, pour montrer à l'aide de scènes habilement
choisies et discrètement reliées, le développement de l'art et des
idées du poète.
(les volumes sont apparemment destinés aux élè\es anglais
de treize à quinze ans : les notes, ou préfaces aux différentes
divisions des ouvrages, sont rédigées avec clarté, simplifient
rapidement toutes l'es diflicultés d'ordre purement mécanique,
et passent à l'essentiel, à la foj'mation de l'esprit critique de
l'enfant. La collection, d'après le prospectus, comprendra au
moins cinquante volumes, qui seront vendus de 1/6 à 1/9, et
par conséquent accessibles même dans l'état actuel du change.
Il est souhaitable que figurent parmi eux les textes mentionnés
aux programmes de nos grandes écoles françaises ; ainsi nous
serait éjjargnée, comme à nos élèves, la longue et décourageante
recherche d'éditions assez honnêtes, ou d'exemplaires en nombre
suffisant, pour attaquer sérieusement avant novembre les œuvres
parfois étendues dont l'explication doit être terminée en juin.
G. d'Haxgest.
THo^tole Graioden)il. — Oi) den)aqde des Lycées
Moderi)es (Cahors et Alençon, Imprimeries A. Coueslant).
Sous une forme incisive et amère, l'auteur de cet article
de 15 pages dénonçait dès 1913, — après M. G. Hirtz ici-même eu
1912 — , le sabotage des sections B et D par les proviseurs ; la
faillite des arguments opposés par nos collègues de lettres à
l'institution d'une culture sans latin ; le sophisme qui exclut de
l'évolution le jeu des forces d'adaptation, et n'y admet que
celles de conservation ; puis l'association des forces de réaction
politique et pédagogique ; enfin, les tentatives de monopolisation
du patriotisme par les apôtres connus de ladite association. Des
citations convergentes de Taine, Renan, Frary, Lavisse sont
opposées aux déclarations tendancieuses des romanciers les plus
orfèvres en la matière, ou des iJoliticiens les plus extrêmes. En
564 LES LANGUES MODERNES
outre, est dénoncée l'infirmité du raisonnement qui condamne
a priori les humanités modernes parce qu'elles n'ont en fait
jamais été expérimentées en dehors du sabotage ci-dessus indi-
qué : Léo Pard a pu reprendre ce thème toujours actuel dans
l'avant-dernier numéro du Bulletin. Comme conclusion, très
modérée, l'auteur demande (après Jules Lemaître !) la création,
de quelques lycées modernes, où se vérifieraient, ou bien seraient
ruinées, les hjpothèses jusqu'ici malveillantes et anti-scientifi-
ques de nos adversaires. Décidément, cet article où règne le bon
sens mériterait d'être relu : je ne sais si le tirage à part que
j'ai reçu est ou non dans le commerce : mais le texte s'en trouve
dans cette revue même, année 1913, page 313 et sqq.
G. d'Hangest.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
TI)C Sc>)OOl Review (Université' of Chicago). — A signaler
dans le n'' de septembre un article sur les dortoirs dans les
Public High Schools où Ion pourrait trouver un plaidoyer en
faveur de l'internat, ainsi qu'une étude sur la participation des
élèves à la discipline de l'établissement, chose impossible dans
de forts groupements liiérarchiques sportifs ; et dans le n"
d'octobre une notice sur deux antliologies de Louis Untermeyer.
Modem Americdn Poctri/ et Modem Brilish Poetry (New- York :
Harcourt et Howc).
TI)C Pedagogical S^l^iO^ry (Worcester, Mass.). — Un article
sur l'intérêt qu'il y a pour les parents à étudier scientifiquement
les mensonges de leurs enfants : Une notice sur le livre
d'Albert Schinz sur la Littérature française pendant la grande
guerre : l'auteur croit voir dans le mouvement littéraire fran-
çais un retour aux idéalS catholiques et médiévaux.
TI)C 7^n)ericai) iOUri)al of P5ycl)Ology (Worcester. Mass.).
.-\ s^i^naler dans le n" de (Uillet l'annonce d'uii livre n'is.idor
Griat sur The Hysteri(t of Lady Macbeth. (N.-Y., Moffat, Yard et
C") ; et surtout une excellente étude psychoanalytique de Lucile
Dooley sur Charlotte Bronlë. L'auteur insiste sur l'importance
ca|)itale de la jeunesse de la grande romancière. Essentiellement
névrotique, sous forme hystérique le plus souvent, C. B. révèle
dans ses contes la vie intime de la femme. L'atmosphère fami-
liale a eu sur elle une influence prépondérante. Elle est restée
toute sa vie fixée dans son moule infantile, la vie émotive arrê-
tée, toujours psychologiquement adolescente. victime d'une
HIBMOr.HAPHIE 50.')
répression de vie intérieure. De bonne heure avertie des problè-
mes sexuels, elle fait un dieu de son père, auquel toute sa vie
elle se consacrera par devoir, jalouse de la mère, et lui jaloux
de tout mari éventuel. Elle fait un autre dieu de Branwell, son
frère. Vers la trentaine, désireuse d'élargir sa vie, elle va à
Bruxelles où elle aime Helger, son professeur, toujours plus
prête à obéir qu'à commander. Mais les circonstances l'obligeant
à renoncer à cet amour, voilà de nouveau son grand instinct
réprimé, du reste tempérament de madone, désirant l'enfant de
tout son pouvoir et pourtant répugnant à la connaissance de
l'homme : psychologiquement homosexuelle. Confinée dans un
monde d'imagination, elle vit avec ses superstitions et ses rêves,
ses héros, comme le duc de Wellington. Voici pourquoi ses
œuvres littéraires, comme Jane Kyre, sont " faites de feu ». Lucy
Snowe est son portrait, type parfait de la névrotique. Son effort
pour résoudre le problème de sa vie-amour est à la source de
sa [)ro(kiction littéraire.
El)gliSl) (Harham House, Handel Street, W. C. I.>. — L'n article
intéressant sur le dialecte d'Essex ; un autre sur The Eiu/lish of
Ihe Brewer.
P. Chaivf.t.
Notes et Documents
La sectioi) parisienne
de la « Moderi) Hun)ai)ities Researcl) Association »
A la suite d'une réunion préliminaire, tenue en mars dernier,
une section parisienne de la M. H. R. A. (Modem Humanities
Research Association) est en voie d'organisation définitive. Elle
compte déjà un nombre suffisant de membres inscrits pour
jouir, d'après les statuts, d'une existence autonome. Elle sera
d'autant plus vivante et utile qu'elle réunira des adhérents plus
nombreux.
Son objet, on le sait, est de mettre en rapport les uns avec les
autres, et avec les chercJieurs étrangers, tous ceux qui. à Paris
ou aux environs de la capitale, s'occupent de travaux personnels
dans le domaine des langues et littératures modernes. Elle agit
naturellement en liaison avec les diverses sections nationales
ou locales constituées dans la plupart des pays de civilisation
a\ancée, amis, alliés ou neutres ; et une fraternité plus étroite
encore l'unira aux groupes provinciaux qui pourront se former
en France — à l'exemple de celui de Strasljourg, déjà créé,
dette organisation d'ensemble permettra l'aide mutuelle, l'échange
des renseignements, l'établissement d'une bibliographie, si l'on
])eut dire, en puissance — la plus intéressante peut-être, celle
qui fait connaître les travaux en cours; elle préviendra les
doubles emplois, les rencontres regrettables, cause de tant
d'efforts perdus. Il va sans dire que tout ce qui relève du con-
tact — à distance et par lettre, ou dans une même salle, lors
de réunions — entre étudiants des mêmes problèmes, toute_ la
vertu scientifique, mais aussi sociale et humaine de la solidarité.
— est inclus dans l'objet de l'association.
Un groupement analogue, mais plus restreint, existait eu
France, avant la guerre. Tous ceux qui ont fait partie de la
■ Société d'études germaniques », élargie, si je ne me trompe,
peu avant 1914, en ■< Société pour l'étude des langues et litté-
ratures modernes », se rappellent la fécondité de son action ;
les séances modestes, mais suggestives du dimanche matin, à
l'école normale ; les travaux scientifiques encouragés ou publiés,
etc..
dette société, plus limitée en ^on objet, mais répondant sans
nul doute à des besoins, ne demande qu'à renaître ; et puisque
la guerre a i)u nous enseigner l'unification des efforts, il a j>aru
opportun et avantageux de ne pas les disperser eutrc deux asso-
NOTES ET DOCUMENTS "jfiT
fiât ions rivales. Une fusion permettrait un appui mutuel, et en
même temps une certaine division du travail. La section pari-
sienne de la M. H. H. A. resterait surtout la ■ chambre de
compensation » (dearing-house), de renseignements, le centre
de ralliement ouvert aux néophilologues nationaux et étran-
gers ; la société d'études germaniques renaissante tiendrait des
réunions distinctes, mais en liaison avec elle ; elle écouterait,
dans son domaine spécial, des communications, les discuterait,
et chercherait les moyens de faciliter la publication des tra\aux
qu'elle approuverait.
Il reste à fixer le chiffre de la cotisation c(mimune, qui dépas-
sera forcément, 12 francs — chiffre statutaire de la M. H. R. A.
— mais ne s'élèvera au-dessus que dans la mesure où l'exige-
ront les I)esoiiis, estimés au plus juste, de la société sœur.
Ainsi, les travailleurs parisiens de tous les ordres d'enseigne-
ment — ou libres de toute attache avec l'Université — qui s'inté-
ressent à la langue, la littérature, la civilisation de la France
et des nations modernes, peuvent, s'ils le désirent, rendre à
l'organisation collective de la recherche un précieux service, en
donnant leur adhésion morale au groupement qui se prépare ;
et surtout en lui donnant, dans quelques mois, leur adhésion
définitive. Ils seront assurés de profiter des avantages variés
que les deux sociétés leur promettent, et de participer largement
à la vie scientifique, par les contacts désormais bien plus faciles
entre eux et leurs collègues français ou étrangers. Peu importent
la forme, la nature, l'objet précis de la recherche. Quiconque,
en dehors du métier quotidien, travaille et vit par la pensée,
par le besoin de connaître et de comprendre, a sa place marquée
dans l'association de ceux qu'un esprit commun anime ; les
forces qu'il y apportera, il les recevra, au centuple, du rayon-
nement de curiosités parallèles et sympathiques.
La section parisienne de la M. H. R. A. est placée sous le
patronage de M. Gustave Lanson, président de l'association. Son
secrétaire est le signataire de ces lignes (132, avenue du
Maine, Paris XIV) ; il sert d'intermédiaire pour les échanges
(!e renseignements, reçoit les communications d'ordre bibliogra-
phi([ue, transmet, s'il y a lieu, les demandes et les réponses aux
sections principales ou étrangères intéressées, etc.. Mlle Brunel
(35, rue ^ladame, Paris VI), veut bien recevoir les adhésions
nouvelles, et recevra les cotisations dès que le chiffre en sera fixé,
— La trésorière et le secrétaire convoqueront les membres à des
réunions régulières ; et à celles, hors série, que pourra justifier
par exemple, le passage à Paris d'un savant étranger, assez
aimable pour nous exposer l'état des recherches, en son pays,
dans son domaine spécial.
L. Cazami.\.\.
568 LES LANGUES MODEHNES
Création de CIjaires et de Maîtrises
de Coi)férei)ces de Faculté
Faculté des lettres de Paris. — Le cours complémentaire d'his-
toire des civilisations des peuples de l'Extrême-Orient est sup-
]jrimé.
Il est créé un cours complémeutaire de phonétique.
11 est créé une chaire de civilisation japonaise (fondation de
V Universités
Faculté des lettres de Lyon : une chaire de langue et littéra-
ture russes.
Faculté des lettres de Bordeaux : une maîtrise de conférences
d'anglais.
Faculté des lettres de Rennes : une maîtrise de conférences
d'anglais.
Faculté des lettres de Strasbourg. — La chaire d'histoire du
moyen âge est transformée en chaire d'histoire de la civilisa-
tion allemande. (Décret).
7Vdn)issibilité au Certificat Secondaire
M. Ferdinand Buisson, député, demande à M. le Ministre de
l'Instruction publique pourquoi les candidats admissibles au
certificat de l'enseignement secondaire des langues vivantes,
ayant -échoué aux épreuves définiti^•es. n'ont pas conser\'é le
bénéfice de leur admissibilité pour le concours spécial de 1920
au même titre que les candidats aux différents ordres d'agréga-
tion et aux divers concours de l'ejiseignement primaire, et s'il
ne serait pas possible de remédier aux effets de ce traitement
défavorable. (Question du 21 juillet 1920).
RÉPONSE
L'arrêté du 22 avril 1919. fixant les conditions dans lesquelles
les candidats de ^agrégation conserveraient le bénéfice de l'admis-
sibilité, a été pris conformément aux intentions manifestées par
la Commission de l'enseignement de 'a (".hambre des Députés. A
aucun moment, il n'a été question d'étendre cette mesure aux
candidats détclarés antérieurement à 1914, admissibles aux
épreuves orales du certificat d'aptitude à l'enseignement des
langues vivantes dans les lycées et collèges. 11 a paru, en effet,
qu'en ouvrant des sessions spéciales avec jirogrammes réduits et
en supjjrimant même toute limitation du nombre des candidats
à recevoir au concours de renseignement secondaire en 1920, on
assurait des facilités suffisantes aux candidats au certificat d'ap-
titude à l'enseignement des langues vivantes dont la préparation
— qui ne saurait être comiiarée à celle de l'agrégation — aurait
été entravée par la guerre. On doit ajouter que, sauf quelques
exce|)tions, les intéressés n'ont présenté aucune réolamation à
ce sujet. {Journal ojjiciel du 1.") août 1920).
Date de publicatioi) des Non)ii)atioi)S
M. Ferdinand Buisson, député, signale à M. le Ministre de
l'Instruction publique le v(vu d'un certain nombre de fonction-
naires de l'enseignement secondaire et de l'enseignement pri-
NOTES ET DOCUMENTS 569
jiKiirc (|ui souliaitcraient d'être avisés lic leur nomination ou
mutation de poste au cours du mois d'août si possible, ou tout
au moins de septembre, afin d'avoir le temps de faire face aux
dépenses, en ce moment très lourdes, qu'entraîne un démc-
nagement, surtout elTeetuc précipitamment. (Question du 29 juillet
1920).
UÉPONSE
Entière satisfaction a toujours été donnée aux fonctionnaires
de renseignement secondaire sur ce point. Seul, le mouvement
de replacement des démobilisés en fin d'année scolaire 1918-
1919 a dû être commencé longtemps après les vacances et s'est
terminé seulement fin décembre, des agrégations spéciales du
mois de novembre ayant nécessité des nominations très tardives.
Cette année, t<jus les mouvements seront acbevés à la fin d'août.
En ce qui concerne le mouvement des fonctionnaires de l'ensei-
gnement primaire, des mesures sont prises également pour que,
sauf circonstances spéciales, les intéressés soient avertis, dans
le courant des mois d'août et de septembre, des mutations les
concernant. Néanmoins, quelques nominations tardives doivent
intervenir dans certains cas, en raison, notamment, de la non
acceptation des emplois antérieurement attribués ou par suite
de vacances inopinées (Journal officiel du 25 août 1920).
Modification des Epreuves du Coi)cours d'adn)lssioi)
à l'Ecole Navale
Lctnijues Diiuinles. — La langue anglaise est obligatoire. Les
conditions des épreuves sont celles actuellement réglementaires.
La langue allemande peut être présentée à titre facultatif
à l'oral, dans les conditions prévues actuellement pour la langue
présentée à titre facultatif, c'est-à-dire avec le coefficient 1 et
les notes inférieures à 5 ne comptant pas.
Cette modification au programme ne sera appliquée qu'à partir
du concours de 1922.
(Décision ministérielle ilu "20 octobre Î9'20, Journal officiel du
n octobre li)20).
Baccalauréat
Les candidats au baccalauréat de l'enseignement secondaire,
originaires des pajs qui ont conclu une convention scolaire avec
la France, peuvent présenter leur langue maternelle au lieu
d'une des langues vivantes prévues à l'article 17 du décret du .31
mai 1902, modifié par les décrets des 22 janvier 1917 et 13
février 1920.
Ils peuvent, en outre, aux épreuves orales des séries « Latin-
langues vivantes » et < Sciences-langues vivantes », présenter
leur langue maternelle comme première langue, en remplace-
ment de l'allemand ou de l'anglais.
Toutefois, cette substitution n'est autorisée que dans les aca-
démies où il sera possible d'adjoindre au jury un examinateur
comjîétent.
(Décret du 19 août 19-20K
570 LES LANGUES MODERNES
Progran)n)e des Ecoles Norn)ales d'li)stituteurs
Langues oioantes : 2 h. par semaine dans chaque année.
Exercices d'acquisition de vocabulaire au moyen de la méthode
intuitive et active.
Lectures et traductions de textes étrangers.
Devoirs : Versions. — Courts résumés, en langue étrangère,
de textes expliqués en classe. .
{Annexe à T'Arrête organique du IS janvier 1887, publié ou
Bulletin du Ministère de l'Instruction publique le 18 septembre
1920).
Cours de Gari)isoi)
La question si délicate des cours de Langues vivantes aux
militaires (^Cours de Garnison), semble avoir reçu une solution
satisfaisante. Sur intervention de M. Bellin, Directeur de l'Ensei-
gnement secondaire, le Ministre de la guerre — précisant les
termes de la Circulaire du 8 décembre 1919 — fait savoir, par
Circulaire, n" 3930 10/11 E., en date du 4 octobre 1920, que les
crédits alloués à ces cours doivent être divisés par dixièmes
et non par douzièmes ; que la durée de ces cours est celle de
l'année scolaire ; que leur rétribution n'est pas influencée par
les vacances ou les suspensions de service.
Arrêté n)odifiai)t les prograiT)n)es des Ecoles
Prini)alres Supérieures
LANGUES VIVANTES
i" Année : S heures par semaine
Enseignement du vocabulaire. — La numération, le temps, la
température.
Le corps humain, le vêtement, la nourriture.
L'élève à l'école et à la maison.
Enseignement de la gr(mimaire. — Connaissances grammatica-
les indispensables à l'expression d'un jugement simple.
1'" Année : 'i heures par semaine
Enseignement du vocabulaire. — La ville et la campagne.
Leurs habitants.
Principaux métiers.
Occupations et distractions suivant les diAcrses saisons.
La nature sous ses aspects divers : la plaine, la montagne, la
mer, le ciel.
Enseignement de la grammaire. — Etude des règles essentielles
•particulières à chaque jjartie du discours. Insister sur le verbe,
les particules \erbales et les ])ré|)ositions.
.*»• Année : 'i heures par semaine
Enseignement du vocabulaire. — La vie commerciale, sociale,
morale et intel'lectueillc. Lectures appropriées au vcH-abulairo
enseigné.
Enseignement de la grinnmairc rattaché aux divers exercices.
NOTES ET DOCUMENTS ÔTl
A propos de la nouvelle Licence
Il y :iur;i disonnais une juxtaposition, propice à toutes les
équivoques et à toutes les spéculations suspectes, de deux
sœurs, de deux licences es lettres, afTublées indistinctement du
même nom, mais n'ayant pas du tout le même caractère et ne
donnant |)as (pcjur le moment) les mêmes droits. Pour 'es acqué-
rir, il faudra |)résenter 4 certificats d'études supérieures, dont le
ctioix est complètement libre pour la première et minutieuse-
ment réglementé pour la seconde, et qui seront délivrés de six
en six mois par les Facultés ; il faudra donc deux ans pour
acquérir une quelconque des deux licences. — La première, n'a
pas de nom propre, et ses droits sont pour commencer des plus
\agues : ses ambitions, c'est autre chose, et vous pensez bien
que, spéculant sur la captieuse identité de nom, cette belle et
inquiétante inconnue, de conquête facile (aucune condition préa-
lable tie grades et de titres», ne tardera pas à réclamer l'égalité
complète avec sa s(tur aînée : c'est une équivoque qui commence,
une nouvelle manœuvre pour de nouvelles équi\alences. C'est la
licence dont pourront se contenter les professeurs de l'ensei-
gnement libre ; on ne tardera |)as à nous demander qu'elle ail
cours dans l'enseignement primaire et dans l'enseignement supé-
rieur ; — et alors le toui- sera joué, le mouvement tournant sera
complet, on passera directement du primaire au sujjérieur, sans
s'embarrasser du secondaire. A celui-ci on laisse et on laissera
ce que nous appelons, nous, la vraie licence et qui devrait être
la seule autorisant à enseigner aussi bien dans l'enseignement
libre que dans rUni\ersité. Cette seconde licenc-e sera seule
admise pour les candidats à l'enseignement secondaife public.
KUe com|)rendra quatre sections (Philosophie, Lettres, Histoire et
(léographie. Langues vivantes» dans chacune desquelles les
épreuves, écrites et orales, des 4 certificats obligatoires sont
dé'terminées avec soin, de façon à assurer à tous les futurs pro-
fesseurs des lycées et collèges une forte culture classique.
^Bulletin de la Société des Professeurs de Français et de
J.nixfjues Anciennes, n" :22).
CONCOURS i^T EXAMENS
Epreuves orales de l'Agrégation d'anglais
{.Juillel-aoùt 1920)
Leçons françaises
1. Dans quel but, selon vous. Spencer a-t-il écrit son Colin
Clout's corne home acjain ? — 2. Sidney d'après son livre. — 3.
L'amour dans VArcadie de Sidney. — 4. Comment expliquez-\ous
le succès de r.4rcrtf/je de Sidney. — 5. L'amitié dans VArcadie
de Sidney. — 6. Comment s'accordent le genre chevaleresque et
le genre pastoral dans VArcadie de Sidney ? — 7. Les opinions
morales et philosophiques de Sidney. — 8. Les femmes dans
VArcadie de Sidney. — 9. La nature dans VArcadie de Sidney. — ■
10. Les caractères d'hommes dans VArcadie de Sidney. — 11. Que
pensez-vous de Sidney comme conteur ?
0/2 LES LANGUES MODERNES
12. Le rapport de la pastorale et du drame dans le Conte
d'Hiver. — 13. En quoi le Conte d'Hiver pouvait-il plaire à un
auditoire Elisabethaiu ? — 14. Le caractère d'Autolycus, et sa
place dans le théâtre de Shakespeare. — 15. Perdita. — 16.
Florizel.
17. Quel est l'intérêt du Sad Shepherd ? — 18. Le berger dans la
littérature pastorale anglaise de la Renaissance.
19. Quel tableau Butler trace-t-il de la Société anglaise à la
veille de la Restauration ? — 20. Est-il possible de reconstituer
la physionomie morale de Samuel Butler d'après son œuvre ? —
21. Où vous paraît résider l'unité artistique nu poème de Samuel
Butler, Hudibras ? — 22. Définissez et appréciez le comique de
Butler. — 23. Le caractère de Ralpho dans Hudibras. — 24. Sir
Hudibras.
25. Le journal de Pepys vous semble-t-il offrir un intérêt lit-
téraire en dehors de son intérêt historique ? — 26. Sous quel
jour la figure de Pepys vous apparaît-elle dans son journal ?
27. .\pprécier la qualité des portraits dans Absaloni et Achito-
phel. — 28. L'objet, les moyens, le succès d'Absalom et Achi-
tophel comme satire politique. — 29. De l'utilisation des person-
nages et de la couleur bibliques dans Absaloni et Achitophel. —
30. Dans quelle mesure la poésie de Dryden vous paraît-elle se
proposer et atteindre un idéal classique ?
31. Donnez une appréciation d'ensemble du Gentleman Dan-
cing-Master comme comédie. — 32. La satire des modes étrangè-
res dans le Gentleman Dancing-Master. — 33. Quelle place faut-il
faire à l'intention morale dans le Gentleman Dancing-Master ?
— 34. Esquissez les traits individuels de Wycherley parmi les
auteurs comiques de son temps. — 35. Wycherley et Molière. —
36. Définissez, d'après les textes du programme, les caractères
d© la Restauration comme âge littéraire. — 37. Y a-t-il, dans les
quatre auteurs de la Restauration que vous avez à étudier, des
caractères d'ordre littéraire où se reconnaisse une influence
générale ou précise venue de France ?
38. Quelle est l'attitude de Byron devant la nature, d'après
Childe Harold ? — 39. Définissez l'attitude morale de Byron dans
les deux derniers chants de Childe Harold. . — 40. La rhétorique
de Byron dans Childe Harold. — 41. Dans quelle mesure vous
êtes-vous laissé gagner par les émotions que Byron cherche à
produire dans les deux derniers chants du Pèlerinage de Childe
Harold ? — 42. L'évocation historique les deux derniers chants
de Childe Harold.
43. Quel vous paraît être l'intérêt humain du Prometheus
Unbound ? — 44. La nature dans Prometheus Vnbovnd. — 45.
L'amour dans Prometheus Unbound. — 46. L'imagination cos-
mique de Shelley dans le 4*= acte de Prometheus l'nbound. — 47.
Quel vous paraît être l'enseignement philosophique et moral de
Shelley dans Prometheus Unbound ? — 48. Les caractères et
raction dans Prometheus Unbound. — 49. Quelle place occupe
Prometheus Unbound dans le développement de l'œuvre de
Shelley ? — 50. Shelley poète lyrique dans Prometheus
Unbound.
51. Définissez et classez les principaux thèmes des Odes de
Keats. — 52. La conception de l'Ode chez Keats. — 53. Les sour-
ces du pessimisme de Keats. — 54. Le rôle de la sensation dans
la poésie de Keats, d'après les Odes. — 55. L'originalité de
l'image dans les Odes de Keats. — 56. Comparez le sentiment de
l'antiquité grecque chez Keats et Shelley. — 57. Par quels traits
généraux la seconde génération des romantiques anglais se dis-
lingue-t-ellc de la première ?
NOTES ET DOCUMENTS •)/.!
.")S. L'intérêt jisytliologiqiie dis (Confessions d'un mangeur
d'opium., — 59. La prose de De (juincey d'après les Confessions.
— 6((. Dans (fiiclle mesure les Confessions de De Quincey vous
j>araissent-t"lles inspirées par le goût de la vérité ?
61. La conception de l'essai chez Hazlitt. — 62. La personna-
lité de Hazlitt d'après le Table-Tulk. — 63. Hazlitt moraliste
dans le Tahle-Talk. — 64. Les idées de Hazlitt sur la peinture
d'après le Tnble-TidU. — 65. Apjjréciez le stvle de Hazlitt dans
le Tuhle-Tulk-
Leçons anglaises
1. Study Spenser's verse in the first two hundred Jines of
Colin Clout's come home again. — 2. Colin Clout's impressions
of the Knglish Court. — 3. The National feeling in Colin Clout's
home again.
4. What are the chief arehaic éléments in Sidney's prose ? —
.'i. .Sidney's vocabnlary in .Arcodiu, Book I. ch. 5. — 6. Sidney's
syntax in Arcadia, Fiook I. ch. 9. — 7. .\ commentary in .Arcadia,
pp. loi to lO.T (cil. 16).' — 8. .\ literary commentary on .Arcadiu.
p. 132. .As I my little flock... — 137, .According to the nature...
— 9. .A commentary on .Arcodia : p. 5 (the beginning) to 9
(Clains presently went...i. — 10. .A commentary on .Arcndia. L,
ch. m, pp. 59-64. — 11. .A commentary on .Arcadia, p. 9 (Clains
presently went... — the end of the chapter). — 12. .A commen-
tary on .Antidia, p. 108. But the night... — the end of the chapter.
13. The language of counti^y pcople in Shakespcarc's Wintcr's
Taie. — 14. Hohin Hood and his crew in the Sad Shepherd. —
15. .A commentary on Sad Shepherd, p. 290, Enter F'riar... — the
end of the act. — 16. A literary commentary on Ben Jonson's
.Sad .Shepherd, act. I, se. 2. Enter .Eglamour... — But I will study.
17. Religions satire in Hudibras. — 18. The language of Hudi-
hrns.
19. The life of London as illustrated by Pepys. — 20. Tcn years
of the history of England as mirrored in Pepvs' Diarv. — 21.
Ihe life of the English Court as illustrated by Pepys. — 22. The
language of Samuel Pepys. — 23. A commentary on Pepys, p. 132
«Lord's Dayi. This day I first began — p. 135 (Valentine's Day)
up early... — 24. ,A commentary on Pepys' Diary, pp. 146-150.
25. The crisis at the end of Charles II's reign (1678-1685i as
leflected in the satires of Dryden. — 26. A commentary on Dry-
den's portrait of Shaftesbury, lines 150 to 230. — 27. A commen-
tary on Dryden's .Absalom and Achitophel, lines 585 to 681. —
28. The verse in Absrdom and Achitophel.
29. The moral temper of the Restoration as shown is Pepvs and
Wychcrley. — 30. The Restoration fop. — > 31. The Restoration
as a resuit of political and moral forces.
32. The individual quality of Byron's romanticism. — 33.
Byrou's use of the Spenserian stanza. — 34. What are the dis-
tinctive featurés and merits of the last two cantos of Childe
Uarold ? — .35. (vlassical éléments in Byron's mind and art. —
.36. The language of Byron in the last two cantos of Childe
llarold. — 37. .A commentary on Byron's Childe Harold. III,
^tanzas 86 to 98. — 38. A commentary on Byron's Childe llarold.
IV. stanzas, 18 to 26. — 39. A commentary on Byron's Childe
Harold, III, stanzas 68 to 76. — 40. A' commentary on Byron,
Childe Harold, IV. stanzas 177-185.
41. The A-arious aspects and forms of Keats's worship of
Beauty and Art. — 42. A study of Keats's vocabulary in the Ode
to Psyché. — 43. .A commentary on Keats's Ode on a Grecian
l'rn. — 44. A commentary on Keats's Ode to Aafumn. — 45. A
."îs.
574 LES LANGUES MODERNES
commentary on Keats's Ode to the Nightingale. — 46. A com-
mentary on Keats's Ode to Indolence.
47. Shelley's metrical experiments in Prometheus Vnbound. —
48. Prometheus as a symbol in Shelley's poeni. — 49. Demogor-
gon in Prometheus Unbound. — 50. A commentary on Shelley's
Prometheus Unbound, p. 229. Who reigns '?... — Ail spirits are
enslaved... — 51. A commentary on Shelley's Prometheus
Unbound, p. 224 : The path through which... Canst thon imagine.
— 52. A commentarj' on Shelley's Prometheus Unbound, p. 226,
Panth. Hither the sound hath... — the end of the scène. —
53. A commentary on Shelley's Prometheus Unbound, p. 232 ;
Voice in the air singing... — tlie end of the act. — 54. A com-
mentary on Shelley's Prometheus Unbound, p. 243. The begin-
ning of the act, p. 248... Panthea. Ha ! they are gone ! — 55. A
conimentafA' on Prometheus Unbound, act- 1. « Chorus of spi-
rits ». — 56. A commentary on Shelley's Prometheus Unbound,
p. 241, The spirit of the hour enters... — the end of the act. —
57. Later English romanticists as harbingers of the anti-Roman-
tic reactions. — 58. Define the attitude towards Democracy and
contemiJorary problems in the later English romanticists.
59. Hazlitt's relation to the main tendencies of Romanti-
cism. — 69. Hazlitt as a critic of Literature. — 61. A commen-
tary on Hazlitt, p. 152, Few things show... — p. 156, There was
a rcmarkable instance. — 62. The Romantic éléments in De
Quincej's Confessions. — 63. The second English romantic wave
in its connection with political -md social influences.
Certificat Secoi)daire d'Espagi)oi
(Session normale de 19'20)
Version espagnole
Al Verano
i O cômo es el Verano
tiempo mas génial y mas humano
(jue otro alguno que da el volver del Cielo !
; ô quâl niiniero y quanto trae de flores !
i ô quai admiracion en sus colores !
De la imagen de amor ardiente rosa
las encendidas alas,
que fueron ya de sus espinos galas,
con el color, con el olor divino
son lustre y ornamento al blanco lino,
dô al gusto se niinistra, coronando
la niesa regalada
y fruta sazonada
con el puro rocio blaïuiueando.
i Fues quai parcce el Inkaro sangriento
de flores esparcido,
y el cristal \'eneciano,
â quien la agua de helada
la tersa frento la dejo empanada !
(. A c|uâl \aga lazada de oro crespo,
â quâl purpura y nieve,
por dô las gracias y cl amor se mucvc,
no aiimcntô herinosura peregrina
alguna flor divina ".'
.1
NOTES ET DOCUMENTS 575
; O florido voraii(3 !
Si â mi afccto se debe,
caniinu â lento paso,
déjà el volar, déjà el volar ligero
para tiempo mas triste y mas severo.
Tû candido y sua\e y blaiido espira,
y tardo te retira.
Pero sordo y dificil â mi ruego
veloz pasa volando,
al humano linaje amonestando,
vieiido las rosas, que su aliento cria,
como nacen y miieren en un dia :
que las humanas cosas
quanto con mas belleza rcsplandecen,
mas presto desvanecen.
(, Y tu la edad no miras de las rosas ?
Arde en aquel ilustre y blando fuego,
que dulccmente engana tu cuidado :
toma ejemplo dcl tiempo que nos huye,
y en sus flores de tardos nos arguye ;
y nos dejes pasar en ocio un punto,
que tan excelsa llamia
â nueva gloria y resplandor te llama.
(, Y sabcs si â este dia claro y puro
otro i)odrâs contar ledo y seguro ?
(, O si cl hermoso incendio que te apura
lucirâ con eterna hermosura ?
(Francisco de Rioja).
Thème espagnol
Le bon tour d'un Saint
...Certain jour, paraît-il, au soleil couchant, le Diable et le
Saint se rencontrèrent à la place même où nous sommes : le
Saint en costume de saint, crosse, mitre, nimbé, doré; le Diable
noir et cuit à son habitude, cuit comme un épi, noir comme un
grillon...
— Voj-ons, ça va-t-il ? dit le Diable.
— Ça ne va pas mal, ça ne va pas trop mal ! répondit le
Saint...
J'ai même trouvé moyen, ce mois dernier, de me bâtir une
chapelle, petite, il est vrai, mais c'est un commencement. Veux-
tu que je te la montre ?
— Volontiers, si ce n'est pas loin.
Et les voilà partis tous les deux, le Saint en tête, le Diable
derrière, suivant les vallons, gravissant les pentes dans les
grands buis, dans les lavandes, montant sans cesse, montant
toujours...
Enfin, ils arrivent à la chapelle.
— Joli ! très joli ! dit le Diable en regardant par le trou de la
serrure, car l'eau bénite l'empêchait d'entrer ; les bancs sont
neufs, les murailles blanchies à la chaux ; ton portrait sur l'au-
tel me semble d'un effet magnifique. Je te fais mon sincère
compliment.
— Tu dis ça d'un ton !
— De quel ton veux-tu que je te le dise ?
— C'est donc mieux chez toi ?
— Un peu plus grand, mais voilà tout.
576 LES LANGUE.> MODERNES
— Allons-y voir, répondit le Saint.
— Allons-y, répondit le Diable, mais à une petite condition :
c'est qu'une fois dedans, tu ne feras pas de signe de croix ; vos
sacrés signes de croix portent malheur aux bâtisses les mieux
construites.
— Je te le promets.
— Ça ne suffit pas, jure-le moi !
— Je te le jure ! dit le Saint, qui avait déjà son idée.
Aussitôt, un char de feu partit, et tous deux, si vite, si vite
qu'ils n'eurent pas le temps de voir le chemin, se trouvèrent
transportés dans le plus magnifique palais du monde. Des colon-
nes en marbre blanc, des voûtes à perte de vue, des jets d'eau
qui dansaient, des lustres, des murs en argent et en or, un pavé
en rubis et en diamant, tous les trésors de dessous terre.
— Eh bien ? demanda le Diable.
— C'est beau, très beau ! murmura le Saint devenu vert ; c'est
beau d'ici, c'est beau de là, c'est beau à gauche, c'est beau à
droite.
En disant cela, le Saint montrait du doigt les quatre coins de
l'édifice. Ainsi, sans manquer à son serment, il avait fait le
signe de la croix. .Aussitôt, les colonnes se rompirent, les voûtes
s'effondrèrent ; le Saint, qui avait eu soin de se tenir près de
la porte, n'eut pas de mal, et le Diable, pincé sous les décom-
bres, se trouva encore trop heureux de reprendre, pour se sauver à
travers les pierres, son ancienne forme de serpent.
(Paul Ariîne. Au bon Soleil).
Composition française
Quelles sont les productions de la littérature espagnole dont
la fortune a été la plus grande en France ? Comment expliquez-
vous leur succès et leur influence '?
Composition espagnole
Dice Torres Villaroel que sus padres a! ponerle la cartilla eu
la mano le clavaron en el corazôn " el miedo al maestro, el
horror a la escuela, el susto continuado a los azotes y las demâs
angustias que la buena crianza tiene establccidas contra los
inocentes muchachos. ■>
Por otra ])aite, cucnta Azoriii en Las confesiones de un ]>eque-
no filôsofo : « Yo me quedaba soh) en la escueh\ ; cntonces el
maestro me llevaba, pasaïuio por los claustros y por el patio, a
sus habitaciones. Ya aqui entrâbamos en el comedor. Y ya en el
comedor, abria yo la cartilla, y ilurante una hora este maestro
feroz me hacia delctrcar con una insistencia bàrlKira. Yo siento
aùn su aliento de tabaco y percibo el rascar, a intervalos, de su
bigote cerdoso. Deletrcaba una pagina, me hacia volver atràs ;
volviamos a avanzar, vohiamos a rétrocéder ; se indignaba de
mi estiilticia ; exclamaba a grandes voces : « ; Que jio ! i Que
no ! >> Y al fin yo, rendido, anonadado, ojirimido, rompia en un
largo y amargo llanto. >>
<•, Se jîuede comparar la educaciôn del />f(/Ht'ilo filôsofo con la
del catcdràtico salmantino ? Y a |)esar de que tanto el uno como
el otro se rebelaron contra la tirania de los maestros de prime-
ras letras, ;, no le parece a V. cjiie entre los dos se nota una
gran diferencia en cuanto a la educaciôn v formaciôn pédagô-
gica ?
NOTES ET DOCUMENTS 577
Certificat Secondaire d'Italiei)
i.Sfssioii iionnnlc Î920)
Version italienne
Anuildo (1(1 Jircscid (^Atlo lU, scemi 1")
(Luogo deserto ntlla ("ampagna di Roma, presso il mare)
AnxAi.DO. 1^'onda dfl vogo, che levommi in alto.
Fuggi fremcndo, c mi ha, quai nave iiifiaiita,
Sopra sqiiallidc arcne abbandonato ;
Hd io ni()\o allât icate cd arse
Iv'ignude plante... Aride è il labbro, c poca
Acqua non trovo che la setc estingua...
Arbor non v'ha, muta ogni valle ; all'ouda,
Che improveri nell'arenoso letto,
Più la vita non mormora. — Corragio,
.Aima cristiana ! a te conviene un pio
Sofl'rir tranquillo ! non hai tu promcsso
Fede alla C.roce, et sollevarti a Dio
Fuor del monde c dei sensi ? A questa polve
La vita c ugual, chè sempre il suo cammino
Segnasi con dolor... l'orma d'un piede
Un altro piè cancella, e tutti un vano
Simulacre qui siam, che appar pcr poco,
E soffre e muoro... — Io non cembatto invauo,
Figlie di Dio, ceU'immoi'tal parela
Quel tiranno del tempo e deireterno,
Che usurpa in terra il loce tuo, che i piedi
Tien negli abissi, e fra le nubi il cape,
E cei fulmini grida : Il monde è mie !
Leggi, virtudi e Libertà tentai
Renderti, e Roma... Ahi, sel dov' è la morte
.\bita la tua gloria, e ben l'alloro
Qui fra i sepelcri nasce e le ruine !
Su celenna atterrata il fiance infermo
Posar mi giovi. .\h, più di lei giacete,
-Aime latine ; ed alla prima altezza
Chi tornavi petrà ? — Mi sente oppresse
Dal grave duel délie speranze altère
Sempre deluse nell'Italia, e trêve
Dentre l'anima mia maggior deserto
Che questo, eve dr già l'aër s'irabruna,
E m'annunzia la sera un suon di squilla
Da lentano Cenobio : iidir nol pesso
Senza un desio che tréma, e in cor mi desta
Una memoria che divien rimorso...
r .... Or mené oscuro
Il ciel si fa, che minaccio procelle,
L'aër men pigre ed insalubre, e tremula
Lucc di stelle fra le nubi appare. .
Oh sia Iode al Signer ! Sente l'eterna
-Armonia del create ; e se un'incerta
Luce qui sel mestra paludi e tombe.
L'aima dal peso che quaggiù la grava
Non è vinta cosi che pur sia telta
La libertà del vole ai supi pensieri...
(G.-B. NiccoLi.Ni).
578 LES LANGUES MODERNES
Thème italien
La tempête augmentait. Chassée par le vent, la neige courait
en blanches fumées rasant le sol, et ne s'arrêtant que lorsqu'elle
était retenue par quelque obstacle, revers de tertre, mur de pier-
railles, clôture de haie, talus de fossé. Là, elle s'entassait avec
une prodigieuse vitesse, débordant en cascade de l'autre côté de
la digne temporaire. D'autres fois, elle remontait au ciel en
tourbillons pour en retomber par masses, que l'orage dispersait
aussitôt. Quelques minutes avaient suffi pour poudrer à blanc,
sous la toile palpitante de la charrette, Isabelle, Sérafine et
Léonarde, quoiqu'elles fussent réfugiées tout au fond et abritées
d'un rempart de paquets.
Ahuri par les flagellations de la neige et du vent, le cheval
n'avançait plus qu'à grand'peine. 11 soufflait, ses flancs battaient
et ses sabots glissaient à chaque pas. Le Tyran le prit par le
bridon, et, marchant à côté de lui, le soutint un peu de sa main
vigoureuse. Le Pédant, Sigognac et Scapin poussaient à la roue.
Léandre faisait claquer le fouet pour exciter ^a pauvre bête : la
frapper eût été cruauté pure. Quant au Matamore, il était
resté quelque peu en arrière, car il était si léger, vu sa maigreur
phénoménale, que le vent l'empêchait d'avancer, quoiqu'il eût
pris une pierre en chaque main et rempli ses poches de cailloux
pour se lester.
Cette tempête neigeuse, loin de s'apaiser, faisait de plus en
plus rage. Elle devint si violente que les comédiens furent con-
traints, bien qu'ils eussent grand'hâle d'arriver au village,
d'arrêter le chariot et de le tourner à l'opposite du vent. La pau-
vre rosse qui le traînait n'en pouvait plus ; ses jambes se roi-
dissaient ; des frissons couraient sur sa peau fumante et baignée
de sueur. Un effort de plus et elle tombait morte ; déjà une
goutte de sang perlait dans ses naseaux largement dilatés par
l'oppression de la poitrine et des lueurs vitrées passaient sur
le globe de l'œil. (Théophile Gautiei\).
COMPOSITION FBAXÇAISE
Est-il juste d'appeler Goldoni <■ le Molière italien » '?
COMPOSITION EX LANGUE ITALIENNE
Si suol dire che nei suoi personaggi Dante ha ritratto molta
parte di se stesso. Chiarite taie giudizio, commentando qualche
episodio a vol bcn noto.
Certificat Prin)aire de Langues Vivantes
Thème commun aux langues anglaise, allemande,
espagnole et italienne
...Tout à coup, un grand bruit se fit dans la rue : une voiture
s'arrêtait à notre porte. Un homme, que mes yeux troublés
m'empêchaient de reconnaître, sauta sur- le trottoir, puis un pas
pesant et dur résonna dans l'escalier. Je fus saisi d'un trem-
blement involontaire de tous mes membres. La. porte s'ouvrit.
C'était mon père !
Mon père effleura le front de ma mère du bout des lèvres,
serra la main à son frère, murmura un bonjour et, sans me
regarder, s'assit. Sa physionomie crispée trahissait une extraor-
dinaire irritation. J'aurais dû i)eut-être lui sauter au cou dès
NOTES ET DOCUMENTS .)/t)
son entrée et conjurer par des caresses sa colère prête à dobor-
der : une terreur invincible m'avait tenu cloué contre la fenêtre.
J'étais resté là immobile, respirant à peine, i)étrifié. On se tai-
sait, dans l'attente de quel(}ue é|)ouvantable éclat.
" \'ous faites fort bien. Monsieur, dit enfin mon père se tour-
nant vers moi, de vous tenir à distance, car vous eussiez reçu
la correction que vous méritez. Mais ce qui est différé n'est
point perdu, et vous aurez de mes nouvelles, je vous le jjromets.
M. le principal m'a écrit. Monsieur ; je sais comment vous avez
travaillé depuis deux ans, et je viens tout exprès de Lyon pour
régler mes comptes avec xous. Ah ! vous ne voulez rien faire !
,Ah ! vous préférez l'Escandorgue, Gourgas, le Soulondrc aux sal-
les d'études du collège ! Eh bien, soyez tranquille, vous n'y
reviendrez i)lus au collège, et puisque vous êtes amoureux de
grand air, \ous serez satisfait. Tout à l'heure, j'ai rencontré
l'entrepreneur Brunot, qui bâtit une manufacture sur l'Ergue ;
je lui ai demandé une i)lace pour vous. Vous n'avez pas voulu
devenii' avocat, prêtre, médecin, vous serez maçon. Demain
matin, je vous mènerai moi-même au chantier de Brunet. En
attendant, comme je n'entends jias que ^•ous paraissiez au collège
où vous n'avez que faire aujourd'hui surtout, vous allez rester
enfermé dan's le grenier d'en haut. Vous pourrez y réfléchir jus-
qu'à ce soir sur votre situation nouvelle.
— Mais, mon ami, hasarda ma mère toute pâle, .Julien m'a
promis de travailler à l'avenir ; pardonne-lui cette fois encore.
— Donnez-moi la clef du grenier et ne gâtez pas tant ce mau-
vais sujet. .. (Fehdinand Fabhe, Julien SoirignacK
Version allemande
So sasz icii stolz und trutziglich in meineni Kabriolett, schaukelte
micli in den Federn und bedùnkte mich was Hechtes. Die Sonne
brannte wohl mit (iewalt, und die Staubsàulcn der Kalk-Cliausseen
umwirbelten mich oft, so dasz ich nicht meine Nasenspitze mehr
erkennen mochte ; — doch das rùhrte mich nicht, denn den Staub
war ich schon von Berlin her gewohnt, nur gab's dort keine so
pràchtige Gàrten und Landhàuser als hier zur Rechten und Linken
der Strasze. Da standen auf den Mauern entsetzlich grosze Blumentopfe
von Stein, aus denen seltsame hreite stachlichte Blàtter mit gelber
Einfassung herauswuchsen — Aloe geheiszen, wie ich spiiter erfuhr ;
und durcli die eiserne Gittertùr sah man auf lange, schnurgerade
Alleen, zu deren Seite die beschnittenen Hecken wie grùne Gemâuer
liefen. Der Gang war mit Sand und Kies sauber bestreut ; am Ende
stand dann gemeiniglich das grosze blitzende Grafenschlosz mit
himmelhohen, nachtschwarzen Bàumen, hierzulande Zypressen
genannt, die sich wie trûbfelige Leichendiener ringsherum driingten
und keine Aliène verzozen und kein Glied rùhrten. Dazwischen
standen wieder gewaltige Kùbel mit Apfelstnen und Zitronen, und
Springbrunnen zischten in die Luft, sprudelten belles klares Silber
aus und streuten die glitzernden Perlenfunken gen Himmel, als
v\ollten sie den Brand der Sonne auspritzen. Hart am Wege standen
Steinkapellchen mit allerlei auf die Mauer gemalten Schildereien,
und wo die Sonne schon die Farben ausgezogen hatte, da waren
friche Blumen - und Blàtterkrànze davor gchàngt und Bander und
allerhand Flitter. Zu beiden des Weges hing Garten an Garten, und
die Kornfelder waren erst recht Gàrten, und die Baume rundherum
mit Wcinreben umwunden, die von Ulme zu Ulme wie Fenstergardinen
hingen. Da schaukelte sich die Nachtigall auf den Zweigen und
jauchzte aus jeder Hecke, Lerchen tirilierten dazu, es war Jubels
ohne Masz und Ende.
Franz von Gacdrv. — .4jis dem Tacjehiiche
eines wandernden ScbneidergescUen .
580 LES LANGUES MODERNES
Version anglaise
The she-bear and Ihe two ciib-hiinlers
Tlie bear was mouuting the tree on the other side. He heard iier
claws scrape, and saw lier bulge on both sides of the massive tree.
Her eye not beiug ver}' quick she reached the fork and passed it,
mounting the main stem. Gérard drew breath more freely. The bear
either heard him, or found by scent she was wrong : she paused :
presently she caught sight of him. She eyed him stcadil\' ; then
quietly descended to the fork.
Slowly and cautiously she stretched out a paw and tried the bougb.
It was a stitT oak branch, sound as iron. Instinct taug.ht the créature
this : it crawled carefully out on the bough, growling savagely as it
came.
Gérard looked wildh' down. He was fort}- feet from the ground.
Death below. Death moving slow but sure on him in a still more
horrible form. His hair bristled. The sweat poured from him. He sat
helpless, fascinated, tongue-tied.
The bear crawled on. And now the stupor of death fell on the doo-
med man ; he saw the open jaws and bloodshot eyes coming, but in a
mist.
As in a mist he heard a twang : he glanced down ; Uenvs, white
and sileut as death, was shooting up at the bear. The bear snarled
at the twang ; but crawled on. Again the cross-bow twanged ; and
the bear snarled ; and came nearer. .\gain the cross-bow twanged :
and the next moment the bear was close upon Gérard, where he sat,
wit hair standing stiff on end, and ev'es starting from their sockets,
palsied. The bear opened her jaws like a grave ; and hot blood
spouted from them upon Gérard as from a pump. The bough rockcd.
The vounded monster was reeling ; it clung, it stuck its sickles of
claws decp into the wood ; it toppled, its claws held firm, but its
bod}- rolled off, and the sudden shock to the branch shook Gérard
forward on his stomach witli his face upon one of the bear's
straining paws. At this, by a convulsive effort, she raised her head
up, up, till he felt her hot fetid breath. Then her huge teeth snapped
together loudly close below him in the air, with a last effort of baffled
hâte. The pondérons carcass rent the claws out of the bough ; then
pounded the earth with a tremendous thump. There was a shout of
triumph below, and the vei-y next instant a cry ofdismay ; for Gérard
had swooned, and, without an attempt to save himself, rolled
iieadlong from the perlions height.
From Charles Heade's, The Cloister and the Hearth.
Version italienne
Siior Béatrice
Intorno al letto di morte del poeta ftioruscito erano i due suoi tigli-
uoli superstiti, condannati auch'essi per ribelli ; v'era la figliuola
Béatrice, condannatasi da se per la carità del padrc ramingo a lasciare
quel che iian più caro le fanci&lle, le consuetudini patrie e domestiche
e l'aspetto materno. Oh non dubitate : ovunque la sventura sia aile
prese con un uomo di gran cuore ed ingegno, ivi è pure una pia
immagine di donna a confortalo : in questa nobile parte del génère
umano .Antigone non manca mai. La Heatrice consolù certo l'agonia
del genitore col soavc eloquio della patria, con la memorîa d'un puro
affetto giovanile vie più purificata in quel nome della figlia sua : la
Béatrice nata della Gemma Donati scorse la grande anima di Dante
nel suo passaggio alla visione della Béatrice céleste. K poi la figliuola
dei poeta di Piccarda (1) si rese a vita di spirito nel convcnto ravcgnano
(1) l'iccarda entrô nel monasloro di Sanla C.liiara ; ])o.sl:i da Danlo nel
l*ara<liso (o. ni).
NOTES ET DOCUMENTS 581
di Santo Stcphano dell' Uliva. Clie aveva ella a far piCi col mondo,
dopo chiusi gli occhi e l)aciate l'ultima volta le fredde labbra del
padre suo ? come poteva accompagnarsi ad altr' uomo quclla che
elesse per parte sua l'esiglio c le miserie di Dante? Tra chi aprî e
chi cliiuse il lisorgimcnto italiano, tra Uanto e Galilco, è ancora
questa soinigliaiiza. che la iigliuola del primo e ambcdue quelle del
secondo preferirono d'un modo il padre alla madré, finirono d'un
modo uergini sorelle : forse nelle femmine di siffati nomini, più che
ne' maschi, rinasce per un mistero fisiologico, troppo del padre,
si che elle possano contentarsi del resto del mondo : per loro il padre
diventa come un idéale, e vivono e muoiono per lui ed in lui. Men
fortunata di suor Béatrice, perocchè per tali anime è una lortuna
consolare altrui macerando se stesse, suor Céleste Gaiilei primori al
gran genitore. (^arducci.
Version espagnole
Saciniienlo y crianza de Don Diego de Torres
Yo nacî entre las cortaduras del papel y los rollos del pergamino
en una casa brève del barrio de los librerosde la ciudad de Salamanca;
y renaci por la misericordia de Dios en el sagrado bautismo en la
parroquia de San Isidoro y San Pelayo, en donde consta este carâcter,
que es toda mi vanidad, nii consuelo y mi esperanza. La retahila del
abolorio, que dejamos atrâs, esta bautizada también en las Iglesias de
esta ciudad, unos en San .Martin, otros en San (histôbal y otros en la
iglesia catedral, nicnos los dos hermanos, Uoque y Francisco, que son
los que trasplantaron la casta. Los \'illarroeles, que es la derivaciôn
de mi madré, también tiene de trescientos afios â esta parte asentada
su raza en esta ciudad ; y en los libres de bautizados, muertos y
casados, se encontrarân sus nombres y ejercicios.
Criéme, como todas los ninos, con teta y moco, lâgrimas y caca,
besos 3' papilla. Xo tuvo mi madré, en mi prefiado ni eu mi
nacimiento, antojos, revelaciones, suenos ni senales, de que ya habia
de ser astrôlogo 6 sastre, santo ô diablo. Pasô sus meses sin los
asombros 6 las pataratas que nos cuentan de otros nacidos, y yo sali
del mismo modo, naturalmente, sin mâs testimonios, mâs pronôsticos
ni mâs senales y significaciones que las comunes porquerîas en que
todos nacemos arrebujados y sumidos. Ensuciando panales, faldas }•
talegos, Morando â chorros, jimiendo â pansas, hecho el hazme reir de
las viejas de la vecindad y cl embelesamiento de mis padres, fui
pasando, hasta que llegô el tiempo de la escuela y los sabanones.
Mi madré cuenta todavia algunas uinadas de aquel tiempo : si dije
este despropôsito ô la otra gracia, si tire piedras, si embadurné el
vaquero, el papa, caca y las demâs sencilleces que reficren todas las
madrés de sus hijos ; pero siendo en ellas amor disculpable, prueba
de memoria y vejez referirlas, en mi sera necedad y molestia
declararlas. Quedemos en que fui, como todos los ninos del mundo,
puerco y llorôn, â ratos gracioso y â vcces terrible, y estân dichas
todas las travesuras, douaires y gracias de mi ninez.
Composition en langue étrangère
Do Passy, en 1784, F"ranklin écrivit une lettre au Journal de
Paris.
11 y raconte avec sa verve malicieuse et son humour bon
enfant qu'il vient de faire deux grandes découvertes, à savoir
que le soleil se lève de bonne heure et qu'il donne sa lumière
dès qu'il se lève. Ces deux faits lui suggèrent des réflexions et
des réformes.
Il trouve que la bonne ville de Paris, à elle seule, épargnerait
96.075.000 livres tournois de cire et d'huile en se servant du
soleil gratis au lieu de lumière artificielle. Il propose au roi :
582 LES LANGUES MODERNES
1° de faire sonner les cloches à toute volée au lever du soleil ; 2"
de mettre une lourde taxe sur les fenêtres garnies de volets
pleins ; 3^ de poster un gendarme à la porte des ciriers pour
interdire aux familles d'acheter plus d'une livre de bougie par
semaine.
Frankin ne trouva pour le prendre au sérieux que M. Quinquet,
l'inventeur. Mais une idée juste ne meurt point. "
Dire dans quelles circonstances la France a repris l'idée de
Franklin, comment elle l'applique et le profit matériel et moral
qu'elle en retire.
Composition française
Faites comprendre, d'après des exemples tirés principalement
de la pièce intitulée Booz endormi, en quoi consiste la poésie
de Victor Hugo dans la Légende des siècles-
RÉSULTATS DES CONCOURS DE 1920
Abréviations : S. X. = Session normale ; S. S. = Session spé-
ciale ; A. A. = Anciens admissibles ; N. A = Nouveaux admissi-
bles ; A. L. = Candidats alsaciens et lorrains.
Agrégation d'Allemand. — S. N. Admissibles : (A. A.) MM. Mau-
rice (Lucien), Wolfï (Léon). — (N. A.) M. Lyotard. — (A. L.)
MM. Bleicher, Neibecker. — (Candidates^ : Mlles Friedsheim,
Leclercq, Scholchow, Arbanz, Bonnus, Lévy.
Reçus : (A. L.) 1. ex-œquo : Mlles Friedsheim, Scholchow ; 1.
M. Neibecker. — (Candidates) : 1. Mlle Lévy. — Pour les autres
catégories : (Néant).
S. S. Admissibles : (A. A.) MM. (^ornu, Deniniol'c, Handrich,
Le Tournau, Maurice (Ferdinand), Ortalli, Sénéchal, Vachet. — ■
(N. A.) MM. Adde, Angelloz, Basti, Bénazet, Drouin, Fraisse, Gué-
rin, Harman, Lafeuille, Lebay, Lévy, Di.spacher, Louchart,
Proust, Renard, Ruche, Taillebot, Ternat.
Reçus : (A. A.) MM. 1. Deniniolle ; 2. Maurice (Ferdinand) ; 3.
Le Tournau ; 4. Sénéchal. (N. A.) MM. 1. Ruche ; 2. Basti ; 3.
Angelloz ; 4. Adde ; 5. Renard. {Blessés réformés) : MM. 1.
Lafeuille ; 2. Drouin ; 3. ex tvquo : Lebaj', Taillebot.
Certificat Secondaire d'Allemand. — S. N. Admissibles : Mlles
Couard, Crayssac, Graff, Pellot, Siffert. MM. Crombez, Gobin.
(A. L.) Mlles Lischer, Wantz, M. Friedrich.
Reçus : Mlles 1. Crayssac ; 2. Pellot ; 3. Couard. — MM. 1. Go-
bin ; 2. Crombez. — (A. L.) Mlles 1. Wantz ; 2. Li.scher.
S. S. — Admissibles : MM (^astanier, CJiavegrand, Gérard,
Gorier, Hanras, .lérôme, Marion, Muller, Robin, Rousse.
Reçus : MM. 1. Gérard ; 2. Gorier ; 3. Rousse ; 4. Marion ; 5.
Robin ; fi. Muller ; 7. Chavegrand.
Agrégation d'Anglais. — S. N. — Admissibles : Mmes Baudoin,
Boscq, Chalmel, Denis. Dcsjonquières, Dieu, Fabin, Farenc,
Gircsse. Laflitte, Legouis, Liron, Lunier, Richer, Seurre, Tellier ;
MM. Brisset, Dclamarre, Dottin, Gervais. — (A. A.) MM. Delany.
Henry, Pluvinage.
Reçus : Mmes 1. Farenc : 2. Boscq ; 3. Clialmel ; 4. Seurre ;
5. e.v-wquo, Desjonquères, Dieu ; 7. e.r-ivquo, Legouis, Liron ;
MM. 1. Dclamarre ; 2. Gervais : 3. Dottin.
(A. A.) MM, 1. Pluvinage ; 2. Delany ; 3. Henry.
S. S. — . Admissibles. (N. A.) MM. Àudiaud, Aulagnon, Bailly,
NOTES ET DOCUMENTS 583
Bertrand, Hoiilègue, Bouscharain, (Uitcl, Dhérissart, Driit'snc,
Fabrc, Gaillard, Gautier, Guillaiinic, Honoré, Kouindjy, Laniar,
Leroy, Liévaiix, Médard, Meunier, Mollon, Nicolas, Ferros, Poiniès,
Hatier, Sage, Veaux.
(A. A.) MM. (".asati, Coquclin, Ou, Fillicul, Gandin, Hillerct,
Houyvct, Jouclas, Léopold, Le l'orh, Marcet, Morand, Morfin, Mou-
linier, Hocher, Werquin.
Reçiis : (S. A.) MM. L Médard ; 2. Guillaume ; 3. Gautier ; 4.
Catel ; 5. Leroj' ; 6. Liévaux ; 7. Honoré ; 8. Druesne ; 9. Mollon ;
10. Dhérissart ; 11. I^mar ; 12. Fabrc ; 1.3. Nicolas ; 14. Pomiès ;
1 .'). Perros.
(A. A.) MM. 1. Rocher ; 2. Morand ; 3. Coquclin ; 4. Hilleret ;
.'j. Morfin ; 6. Moulinier ; ?.. ^Llrcct.
Certiflcat Secondaire d'Anglais. — S. N. — Admissibles : Mmes
Bouvet. (Irépin, Deschamps. Doux. Ducheiine, Forget, Gaspard,
(iautray. Grappin, Grenat, Gukowski, Henriet, Herlemont, Jausse,
.louglas, LafTin, Moussié, Muret, Nicod, Pétrique, Prieur, Ricliard
'M.-L.), Salnion, Sibon, Soyer, Valore, Verrier ; MM. Podevin,
Ricommard.
Reçus : Mmes 1. Gautray ; 2. Forget ; ,3. Prieur ; 4. Moussié ; 5.
Richard (M.-L.) ; 6. \'errier ; 7. Henriet ; 8. Valore ; 9. Gaspard ;
10. Gukowski ; 11. Sil)on ; 12. Deschamps ; 13. Nicod ; 14. Soyer.
— 1. M. Ricommard.
S. S. — Admissibles : MM. Bernard, Blériot, Bonnet, (.auvain,
Dumas, Farmer, Goldbauji, Héno, Lenain, Matricon, Pages,
Papin, Pourverelle,
Reçus : MM. 1. Farmer ; 2. Matricon ; .3, Bonnet ; 4, Blériot ;
.'). Gauvain ; 6. ex-œquo Papin, Pourverelle ; 8. Dumas ; 9. Gold-
baun ; 10. Héno ; 11. Bernard.
Agrégation d'EspagnoL — S. N. — Admissibles : M. Albié. —
A. A.) MM. Agostiuo, Suran.
Reçu : {A. A.) 1. M. Suran.
S. S. — Admissibles : M.^L Bataillon, Cazenavc. Roustan.
Reçus : MM. 1. Bataillon ; 2. Cazenavc.
Certificat d'EspagnoL — S. N . — Admissibles : Mmes Garrigue,
Llouch, Ruayrcs, Sicret.
Reçus : Mmes 1. Sicret ; 2. Ruayres.
S. S. — Admissibles : MM. Fitte, Verdier.
Reçu : M. Verdier.
Agrégation d'Italien. — S. N. — Admissibles : M>L Arrighi,
Maillan ; Mmes Laignel. Rouillard.
^eçijs ; ALM. 1. Arrighi, 2. Maillan. — 1. Mme Laignel.
S. S. — Admissibles : MM. Anton iotti, Guastalla. Monnot, Roget,
— (A. A.) MM. Borronici, Guiton, Massa, Michel, PaoLintonacci,
Poli, Riby, Simongiovanni.
Reçus : MM. 1. Roget ; 2. Anton iotti. — (A. A.) 1. >L Paolan-
tonacci.
Certificat Secondaire d'Italien. — S. N. — Admissibles : M. Ar-
naud ; Mmes Giacobbi, Giacomoni. Manicacci, Poletti.
Reçus : 1. Mlle Manicacci ; 2. Mlle Giacomoni ; 3. M. Arnaud.
S. S. — (Néant).
Certificat secondaire. — CoQcours spécial d'avril 1920
Liste, par ordre de mérite, des aspirantes admises définitivement:
ALLEMAND
Mlles Proebster, Hirler, Lejault. '
584 LES LANGUES MODERNES
ANGLAIS
Mlles Procureur, CAiry, Gouillou, Machot, Racloz.
ESPAGNOL
Mlle Dujardin.
ITALIEN
Mlles Cladel. Maurice.
Certificat Primaire d'Allemand. — S. N. — Reçues : Mmes 1.
Dresch (Sarah) ; 2. Didier ; 3. HeiDrich ; 4. Schneider ; 5. Vitrey.
Reçus : MM. 1. Luthringer ; 2. Kessler ; 3. ex-œquo Merme,
Schneider ; 5. Miart ; 6. Barthelemé ; 7. Beck.
Certificat Primaire d'Anglais. — S. X. — Reçues : Mmes 1.
Valore ; 2. Albert ; 3. Eprinchard ; 4. ex-œquo Bruuel, Margez ;
6. Garola ; 7. Lovy ; 8. Champagne ; 9. Bonerandi ; 10. Brun ;
11. ex-œquo Crouzillac, Postel ; 13. Granade ; 14. Raoul.
Reçus : MM. 1. Coindeau ; 2. Chavenon ; 3. Aiibé ; 4. Lohenet ;
5. Canetto ; 6. Mazatàud ; 7. cx-sequo Bréhant, Rochaix ; 9. Bur-
laud ; 10. Martin ; 11. ex-œquo Collin, Lefefcvre ; 13. Fabre.
Certificat Primaire d'Espagnol. — S. N. — Reçues : Mmes 1.
Venturiui ; 2. Llonch ; 3. Barthélémy ; 4. Duberuet .
Reçus : MM. 1. Paloumé ; 2. ex-œquo Marquez, Poiccy, Gode-
froy ; 4. Lalagiie ; 5. Bouchan.
Certificat Primaire d'Italien. — S. N. — Reçue : Mlle Boyer.
Coefficients à attribuer aux épreuves des divers
concours de l'ei)seigr)en)ei)t secondaire et) 1921
Agrégation d'allemand
ÉPHELVES PliÉPAUATOIKES
Gomposition française sm- un sujet d'histoire littéraire alle-
mande 4
Gomposition allemande sur un sujet relatif à la civilisation
moderne des pays de langue allemande 4
Thème •'•
Version '■'<
ÉPHEUVES DÉFINniVES
Leçon française préparée 4
Leçon allemande préparée 4
Explication de deux textes allemands, l'un en prose, l'autre
en vers 4
Thème oral improvisé ">
Agrégation d'anglais
\ ÉPliELVES PRÉPARATOIHES
Composition française sur un sujet d'histoire littéraire an-
glaise 4
Composition anglaise sur un sujet relatif à la civilisation
moderne des pays de langue anglaise 4
Thème ". -^
Version 3
ÉPUErVKS DÉFINITIVES
Leçon anglaise préparée 4
Leçon française préparée 4
NOTES ET DOCUMENTS 585
Explication do deux textes anglais, l'un en prose, l'autre en
vers 4
Thème oral iniprovis>é 4
Agrégation d'espagnol
ÉPHELVES PRÉPAMATOIIIES
Composition en français sur un sujet d'histoire littéraire ... 4
Composition en langue espagnole sur un sujet relatif à la
civilisation moderne des pays de langue espagnole 4
Thème 3
Version ••...• 3
KPHEIVES DÉFINITIVES
Leçon en français 4
Leçon en langue espagnole • 4
Explication de deux textes espagnols, l'un ancien, l'autre mo-
derne ; explication d'un texte latin ït
Thème oral improvisé 3
Explication improvisée d'un passage d'une revue en portu-
gais ou en italien 2
Note pour la |)rononciation • ■ 3
Agrégation d'italien
KPHELVES PHÉI'AItATOlUES
Composition en français sur un sujet d'histoire littéraire . . 4
Composition en langue italienne sur un sujet relatif à la
civilisation moderne des pays de langue italienne 4
Thème 3
Version . 3
KPREIVES DÉFINITIVES
Leçon en français 4
Leçon en langue italienne 4
Explication de deux textes italiens, l'un en prose, l'autre en
vers ; explication d'un texte latin 4
Thème oral improvisé 3
Explication improvisée d'un passage d'une revue en langue
complémentaire 2
Note pour la prononciation 2
Agrégation d'arabe
ÉPREUVES PRÉPAKATOIMES
Composition française sur un sujet de littérature arabe .... 4
Composition en arabe littéral sur un sujet relatif à la civi-
lisation des pays de langue arabe 4
Thème en ai-abe littéral 2
Version d'arabe littéral 2
ÉPREUVES DÉFINITIVES
Leçon préparée en français 3
Leçon préparée eu arabe vulgaire maghrébin 4
Explication préparée : 1" d'un texte tiré d'une publication
périodique arabe ; 2° d'un texte de prose, de prose rimée
ou de poésie arabe 3
Lecture d'arabe littéral expliquée en arabe vulgaire maghré-
bin 2
586 USS LANGUES MODERNES
CERTIFICATS
Certificat d'aptitude à l'enseignement de l'allemand
ÉPREUVES PRÉPARATOIRES
Thème 1
Version • • . . 1
Composition allemande 1
ÉPREUVES DÉFINITIVES
Thème oral 2
Version orale 2
Lecture expliquée 1
Commentaire grammatical 1
Prononciation 1
Certificat d'aptitude à l'enseignement de l'anglais
ÉPREUVES PRÉPARATOIRES
Thème 1
Version • • 1
Composition anglaise 1
ÉPREUVES DÉFINITIVES
Thème oral 1
Version orale 1
Lecture expliquée 2
Commentaire grammatical 1
Prononciation 1
Certificat d'aptitude à l'enseignement de l'espagnol
ÉPREUVES PRÉPARATOIRES
Thème 1
Version • 1
Compositioiî espagnole 2
ÉPREUVES DÉFINITIVES
Thème oral 1
Version orale 1
Lecture expliquée 2
Commentaire grammatical 'l
Prononciation 2
Certificat d'aptitude à l'enseignement de l'italien
ÉPREUVES PRÉPARATOIRES
Thème 1
Version 1
Composition italienne 2
ÉPREUVES DÉFINITIVES
Thème oral 1
Version orale 1
Lecture expliquée 2
Commentaire grammatical 2
Prononciation 2
NOTES ET UOCCMKNTS 587
Certificat d'aptitude à l'enseignement de l'arabe
ÉPHEUVES PHÉPAltATOIRES
Thème écrit en arabe régulier 1
Version écrite d'arabe régulier 1
Composition en arabe régulier sur un sujet facile 2
ÉPltEL'VES UÉFlîJlTIVES
Thème oral 1
Version orale 1
Hxercice de conversation 2
Prononciation 1
Certificat d'aptitude au professorat des classes élémentaires
ÉPHEUVES ÉCHITES
Français ■ • 3
Langues vivantes et langues anciennes . 2
Histoire et géographie 2
Arithmétique 1
Sciences physiques et naturelles 1
ÉPREUVES ORALES
Lecture et explication d'un texte français . . : 2
Exercices pratiques 1
Langues vivantes et langues anciennes 1 1/2
Histoire et géographie . . . ■ • 1 1/2
Sciences 1 1/2
Pédagogie • • 1 1/2
Certificats Prirnaires de Langues Vivantes
La liste des auteurs français auxquels seront empruntés, en
1921, les sujets de la composition française et le texte de l'expli-
cation française à l'examen du certificat d'aptitude à l'enseigne-
ment des langues vivantes dans les écoles normales et les écoles
primaires supérieures est fixée ainsi qu'il suit :
Corneille. — Cinna.
Molière. — Le Bourgeois gentilhomme.
La Fontaine. — Préface des fables : Les Deux Rats ; le Renard
et l'Œuf (livre X).
Marivaux. — L'Epreuve.
Buflon. — Discours sur le style.
V. Hugo. - — L'Expiation {Les Châtiments) ; les Pauvres Gens (La
Légende des Siècles). (Morceaux choisis de V. Hugo, Delagrave,
édk.).
A. Daudet. — Lettres de mon moulin : Le secret de Maître Cor-
nille ; La Chèvre de M. Seguin ; Le Phare des Sanguinaires ;
L'Agonie de la Sémillante.
Elrnest Renan. — Prière sur l'Acropole (Souvenirs d'enfance et de
jeunesse).
Les épreuves orales de Tangue étrangère porteront, à la même
session, sur les ouvrages suivants :
i° Traduction d'un passage d'un auteur français
Edmond About. — Le Roi des montagnes.
588 LES LANGUES MODERNES
1'" Lecture et traduction d'une page d'un auteur étranger
Auteurs allemands
Gœthc. — M'erther.
Lessing. — Minna i>on Barnhelm.
Gromaire. — Deutsche Lijrick. I Teil (Colin).
Loiseau. Seuil et Wolfromm. ■ — Erziililende Prosa, p. 1-199 (Didier).
Auteurs anglais
Shakespeare. — Jutes César-
Teiinyson. — Four Poems (édit. Vallod, Hachette/.
jliss Alitford. — Dur Vittage.
Macaiilay. — Deux essais : Milton, Addison. •
Auteurs espagnols
Cervantes. — Don Quijote, 1" partie (collection Mérimée, Garnier).
Tirso de Moliua. — Marfa la piadosa-
Antonio de Villegas. — Historia del Abencerraje y ta hermosa
Jarifa.
Azorin. — Lecturas e^spanolas (collection Nelson, Paris).
Auteurs italiens
Boccace. — yovelle scelte (édit. Fornaciari ; Florence, Sansoni^.
Nov. VII, X. XIII.
Le Tasse. — Jérusatem détivrée, ch. XIII.
Prose dei sec. XIX c XVIII, scelte da S. Ferrari (Sansoni), p. 161-
204.
Poésie dei sec. XIX e XVIII (même édition), p. 149-181.
Auteurs arabes
Milte et une Nuits, tome III (édit. Beyrouth).
I\. Basset. — Textes littéraires à l'usage des candidats au brevet
d'arabe (.lourdan. Cari)onel. Alger).
Certificat d'aptitude au Professorat dai)s les Ecoles
NorrT)ales PrirT)aires (Pren)ière partie), et adn)issîoi)
aux Ecoles Norni)ales de SaiOt-Cloud et de Foi)tei)ay-
aux-Roses.
SECTION DES LETTRES
Auteurs allemands
Heine. — E.vtraits par Suchei-. ciiez Haciiette. pages 26 à 92.
Dentscliland. Extraits de romans et de nouvelles en allemand, par
L. André, chez Hachette, pages 11 à H.'i. 19ri à 205, 292 à 313.
Auteurs anglais
Palgrave. — Tl^e Children's Treasury of I.yric(d Poeiry : Poems
of Wordsworth, Coleridge and Tcnnyson.
G. Eliot. — Silas Marner (édit. Hachette").
Auteurs espagnols
P. Antonio de .\larc6n. • - lit sonil>reri> de très ])icos-
liietôn (le los Herreros. — Mûerete y nerds.
NOTES ET DOC.LMENTS
589
Auteurs italiens
Foscolo. — l'Hiuie Icllerc di Juropo Ortis.
Manzoni. — Adelrhi.
Auteurs arabes
Dcsparmet. — Enseiçfnement de l'arabe dialectal d'après la métho-
de directe. \'" et 2'^^ périodes (Jourdaii, Alger).
lielUaseir; hen Sedira. — Cours de litlérutiire arabe ; textes extraits
(lu ' Mostratef » et des •• Mille et une Nuits » (Jourdan,
Alger).
.1 Jourdan. — Cours normal et pratique d'arabe vulgaire, dialecte
lunisien, 1^" et '2" années. (Tunis, Imprimerie nationale, 57,
Souk-el-HlIat».
De Aldecoa. — Cours d'arabe marocain, 2' année. 'Paris. Clialla-
niel, 17, rue Jacobj.
DEIXIKMK PARTIE
Kjireuve orale. — L'épreuve eonsistera dans le compte rendu en
langue étrangère d'un passage de deux pages environ, pris dans une
re\ ue ou un journal étrangers. Il sera tenu comjjtc. dans l'expli-
cation de ce passage, de la connaissance, dont jiourra faire preuve
le candidat, soit dVeuvres littéraires étrangères, soit de textes
relatifs au développcnicni politique et économique du pays dont
il étudie la langue.
39.
Mouvement du Personnel
li)Spectioi) géi)érale
M. Luchaire (Jean-Marie-Julien), agrégé de grammaire, docteur es
lettres, professeur ù la faculté des lettres de Grenoble, dii-ecteur de
l'institut français de Florence, est nommé inspecteur général de l'ins-
truction publique (enseignement secondaire) emploi nouveau], en
remplacement de M. Crouzet, non acceptant, maintenu dans ses fonc-
tions antérieures et appelé à remplir une mission spéciale.
En cette qualité, M. Luchaire est particulièrement chargé de l'ins-
pection du personnel administratif et enseignant détaché à l'étranger.
O décret aura son effet à dater du 1" octobre 1920.
Collège de Frai)ce
M. Morel-Fatio, professeur de langues et littératures de l'Europe
méridionale au Collège de France, est suppléé, pendant l'année sco-
laire 1920-1921, par M. Saroihandy, professeur au lycée de Bayonne,
chargé de cours aux Facultés des lettres de Poitiers et de Bordeaux.
Ecole i)atioi)ale des langues orientales vivantes
M. Marçais (William), directeur de l'Ecole de Jangueet de littérature
arabes de Tunis, chargé de cours à l'Ecole nationale des langues
orientales vivantes, est nommé professeur titulaire de la chaire d'arabe
maghrébin à ladite école, en remplacement de M. Houdas, admis à la
retraite (Décret).
Université d'Alger
M. Bel est chargé, pour l'année scolaire 1920-1921, d'un cours com-
plémentaire d'arabe, à Tlemcen.
M. Basset (René), professeur de langue arabe, est chargé, en outre,
pendant l'année scolaire 1920-1921, d'un enseignement complémentaire
de dialectes berbères (enseignement théorique).
.M. Ben (^heneb, professeur à la Medersa d'Alger, est chargé, en
outre, de faire par semaine, pendant l'année scolaire 1920-1921, trois
conférences d'arabe pratique (arabe vulgaire).
M. Boulifa Si .Amar Ben Saïd, pourvu du brevet d'arabe et du
diplôme de dialectes berbères, répétiteur de langue kabA'le à l'école
normale de Bouzaréa, est chargé, en outre, pendant l'année scolaire
19*20-1921, d'un cours complémentaire de dialectes berbères (répétitions
pratiques).
M. liasset (Henri), professeur à l'Ecole supérieure de langue arabe
et de dialectes berbères de Rabat, est chargé, pour l'année scolaire
1920-1921 (durée du congé accorde à M. Doutté), d'un cours d'histoire
de la civilisation musulmane.
M. .Massé (Henri) est diargé, pour l'année scolaire 1920-1921, d'un
cours de littérature arabe et persane.
Université de Clerrnont
Est chargé, pour l'année scolaire 1920-1921, de l'enseignement com-
plémentaire ci-après :
M. Langlais, professeur au lycée. — Langue italienne.
MOrVKMF.NT DU PKHSOXNEL 591
Université de Grenoble
M. Haujaid, i)i()t'csseur au lycée, est chargé, pour la laii},'ue an{{laise
de deux coufcreuces par semaine.
Université de Lille
Kst ciiargé, pour l'année scolaire 1920-1921, de l'enselî^nement com-
plémentaire ci-après désij^né :
M. Piquet, professeur. — Allemand.
Université de Lyon
M. Patouillet, docteur es lettres, est nommé à partir de; novembre
l'J20, professeur de langue et littérature russes à la Faculté des lettres
de l'Université de Ljon.
Est chargé de cours pour l'année scolaire 1920-1921 :
M. Carré, agrégé d'allemand. — Littératures modernes comparées :
Sont chargés, pour l'année scolaire 1920-1921, des enseignements
complémentaires ci-après :
M. Garnier, professeur au lycée. — Langue italienne (deu.\ leçons
par semaine).
M. Denis, professeur au lycée. — Langue allemande (deux leçons
par semaine).
M. Porteau, professeur au lycée. — Phonétique expérimentale (deux
leçons par semaine).
Université de Montpellier
Est chargé, à partir du l<^r novembre 192li, sans limite de temps, de
cours complémentaire :
M. Fauconnet (A.), docteur es lettres. — Langue et littérature alle-
mandes.
Sont chargés, pour l'année scolaire 1920-1921, des enseignements
complémentaires ci-après :
M. Teulier, professeur au lycée. — Langue et littérature italiennes
(;5 heures par semaine).
M. Roger, professeur au hcée. — Langue et littérature anglaises (.'5
heures par semaine).
M. Amade, agrégé d'espagnol, professeur au lycée de Montpellier,
est délégué, pour l'année scolaire 1920-1921, dans les fonction de maî-
tre de conférences de langue et littérature espagnoles.
Université de Rennes
Est chargé, pour l'année scolaire 1920-1921, de l'enseignement com-
plémentaire ci-après.
M. Macé, professeur. — Langue et littérature espagnoles.
Sont nommés maîtres de conférences, pour l'année scolaire 1920-
1921.
M. Bahon, agrégé d'allemand. — Langue et littératures allemandes.
M. GuA'ot, docteur es lettres. — Langue et littérature anglaises.
592 LES LANGUES MODERNES
Université de Strasbourg
Faculté des lettres. — M. \'ermeil, docteur es lettres, est nommé
professeur d'histoire de la civilisation allemande à la Faculté des
lettres de l'Université de Strasbourg.
M. Hoeffner, docteur en philosophie de l'Université de Sti'asbourg,
est nommé, à partir du 1"" novembre 1920, professeur de philologie
romane à la Faculté des lettres de ladite Université. (Décrets).
Lycées de la Seine et de Se>oe-et-Oise
Nominations. — MM. Saroihandy, esp., Louis-le-Grand, Buffon, St-
Louis et .Michelet, est nommé Buffon et St-Louis. — Denjean, esp.,
Poitiers, nommé provisoirement, Condorcet. — t'ouret, ancien pro-
viseur, dél. esp., Janson de Sailly, nommé même ]\"cée et Pasteur. —
PitoUet, maintenu suppléant de M. Dibie, esp., Louis-le-Grand et
Henri IV. — Marcaggi, italien, Lyon (Ampère), nommé Carnot et
Michelet. — Hilleret, angl., de Toulouse à Henri IV. — Garnier, angl.,
Henri IN', est nommé Condorcet, Henri I\' et Louis-le-Grand. — Fan-
nière, angl., d'Alger à \'ersailles. — Gaudin,angl., collège de Libourne,
dél. Montaigne. — Roger, angl., Versailles, nommé Henri IV.
Lycées des Départen)ei)ts
Nominations .'MM. Loussert, ail., de Tulle à Nevers. — Delmas, ail.,
de Nevers à Tulle. — Casati, angl., dél., de Chambéry à Bourg. ^
Nicolas, ch. de cours d'angl., Brest, nommé même hcée. — Bruneau,
maintenu dél. ch. de cours d'angl., Brest. — Liéveau.x, angl., dél.
Chaiiemagne, chargé suppléance à Caen. — Leroy, angl., dcl.. Château-
roux, nommé même hcée. — Andraux, angl., dél., de Charlemagne, à
Chaiimont. — Honoré, angl., dél., Clermont, nommé même lycée. —
Druesné, angl., de collège Montbéliard à lycée Clermont. — Lamar,
angl., Clermont. — Fabre, lettres et angl., du collège de Gondé-sur-
Escaut au lycée de Douai. — Aulagnon, angl., collège Nyons, nommé
ch. de cours, lycée Gap. — Pomiès, ch. de cours d'angl., Grenoble,
nommé même lycée. — Hilleret, angl., dél., Lorient, nommé Greno-
ble. — Perros, angl., Lorient. — Sage, lettres et angl., collège Nogent-
le-Rotrou, dél., lycée de Laon. — Merle, angl., collège Mende, ch. de
cours d'angl., en suppléance, Lorient. — Rocher, ch. de cours d'angl.,
Lyon (Parc), nommé même hcée. — Gervais, angl., collège Manosquc,
chargé suppléance, Montpellier. — Médard, angl., nommé Nancy. —
Henry, angl., E. P. S. de Nantes, nommé lycée de Nantes. — Coquelin,
angl., collège d'Argentan, nommé lycée de Nice. — Dhérissart, angl.,
dél., St-Omer, nommé à Nice. — Veaux, angl., répétiteur, Lille, est
dél. répétiteur, Oran. — Mortin, ch. de cours d'angl., Roanne, nommé
même lycée. — Delamare, angl., collège Dieppe, nommé lycée Rouen.
— Villard, lettres et angl., collège La Châtre, nommé ch. de cours
d'angl., St-Brieuc. — Catel, angl., nommé Toulouse. — Pluvinage, ch.
de cours d'angl., Tourcoing, nommé même lycée. — Delany. ch. de
cours d'angl.. Tours, nommé même lycée. — Moulinier, angl., dél.,
St-Etienne, nommé à Tours. — Mollon. lettres et angl., de collège
Charolles à hcée St-Etienne. -- Demcaux, esp., maintenu dél., Albi.
- Delcombre, maintenu répétiteur, dél., ens. esp., Brest. — Capmar-
tin, esp., Cahors, nommé Montpellier. — Albié, esp., collège Cognac,
délégué, lycée (>ahors. — Cazenave, répétiteur. Périgueux, nommé
Oran. — Agostino, ancien prof. esp.. collège lilaye, dél., Michelet, est
nommé ch. de cours, Périgueux. — Tiiomas, esp., Carcassonnc, nommé
Poitiers. — Suran, esp., collège de Lodè\e, nommé lycée Carcassonne.
— Pézard, italien, Avignon, nommé Lyon (.Ampère). — Roget. italien,
est nommé Avignon. — Arrighi, italien, est nomme Bourg. —
Antoniotti, italien, répétiteur, Grenoble, nommé prof., Gap. —
MOrVEMENT DU PERSONNEL 593
Bonifacio, cil. de cours, dél., lettres, Nice, nommé ch. de cours, lettres
et italien, Nice. — Maillan, ch. de cours angl., Toulon, est nommé
italien, même lycée. — Taillebot, ail., chargé suppléance, Aix. —
Renard, ail., chargé suppléance, Laon. — Le Tournau, ch. de cours
d'ail., Loricnt, nommé môme lycée. — Deniniolle, ch. de cours d'ail.,
Nevers, nommé même lycée. — Lebay, ancien ch. de cours d'ail., Ai.x,
maintenu ch. de cours d'angl., Toulon. — Maurice, ail., dél., Vesoul,
nommé même lycée. — Dhers, lettres et esp., collège de Blaye,dél., esp.,
Aurillac. — Angelloz, ail., chargé de suppléance à Rochefort. — Bailly,
prof, de collège, délégué angl. à Bar-le-Duc, chargé de cours, même
lycée. — Vaillant, ch. de cours d'ail., Orléans, y est nommé ch. de
cours d'angl. — Sinian, prof, adj.. Rodez, est délégué à ce titre, esp.,
même lycée. — Lamar, angl., de Clermont à Beauvais. — Catel, angl.,
de Toulouse à Montpellier. — Rassat, angl., de Belfort à Nice. —
Bailly, angl., collège de Calais, nommé ch. de cours, Alger. — Le Goff,
détaché Alexandrie, nommé ch. de cours d'angl., Toulon. — l'aolen-
tonacci, délégué italien, .Annecy, nommé Digne. — \'oize, agr. ail.,
nommé angl. et ail., Vendôme. — Nicolas, agr. angl., ch. cours, Brest,
nommé même lycée. — Bruneau, maintenu dél. ch. de cours d'angl.,
Brest. — Liéveâux, agr. angl., dél., (^harlemagne, chargé suppléance,
Caen. — Leroj", agr. angl., dél., Châteaurou.\, nommé même lycée. —
Andraud, dél. angl., de Charlemagne à (Ihaumont. — Honoré, agr.
angl., prof, de collège, dél., Clermont. nommé même lycée. — Druesne,
agr. angl., de collège Montbéliard à Clermont. — Lamar, agr. angl.,
nommé Clermont. — Fabre, agr. angl., prof, lettres et angl., collège
de Condé-sur-Escaut, nommé Douai. — Aulagnon, angl., collège
Nj'ons, nommé ch. cours angl., Gap. — Pomiès, agr. angl.. ch. de
cours, Grenoble, nommé même lycée. — Hilleret, agr. angl., dél.,
Lorient, nommé Grenoble. — l'enos, agr. angl., nommé Lorient. —
Sage, lettres et angl., collège Nogent-le-Rotrou, délégué angl., Laon.
— Merle, de collège Mende, ch. cours angl., Lorient (suppl.). —
Rocher, agr. angl., ch. cours, Lyon (lycée du Parc), nommé même
Ij'cée. — Gervais, agr. angl., collège .Manosque, chargé suppléance à
Montpellier. — Médard, agr. angl., nommé Nancy. — Henry, agr.
angl., de l'E. P. S., au lycée de Nantes. — Coqueîin, agr. angl., de
collège d'.Argcntan à Nice. — Dhérissart, agr. angl., dél., St-Omer,
nommé Nice. — Veau,\, répétiteur, Lille, déi. angl., Oran. — Leba\',
ch. cours d'ail., Toulon, supplée AL Gonin, ch. cours d'ail, à Aix. —
Roy, ch. cours ail., de Bastia à Lons-le-Saunier. — Prost, ancien
prof, d'ail., Montpellier, nommé Bastia. — Duméril, suppl. ail.,
Nantes, nommé même lycée. — ^'ieux, ail., de Rochefort à Nantes
(suppl.). — Rolet, ch. cours d'ail., de Tours à Poitiers (suppl.). —
Jalabcrt, ail.,, suppl., Toulouse, nommé ch. de cours, (Juimper. —
Colle, agr. ail., de collège Pontoise à St-Omer. — Cahen, ail., Greno-
ble, nommé sur sa demande à St-(Juentin. — Carel, ch. de cours
d'angl., de Laval à La Rochelle. — Barrât, angl., de Toulon à Tou-
louse. — Dhers, lettres et esp., collège Blaje, délégué, Aurillac. —
Angelloz, agr. ail., supplée M. Vieux, Rochefort. — Bailly, dél. angl.,
Bar-le-Duc, nommé même lycée. — Vaillant, ch. cours d'ail., Orléans,
nommé ch. cours d'angl., même lycée. — Siman, prof.-adj.. Rodez,
délégué esp., même lycée. — Carel, ch. de cours d'angl., à La Rochelle,
maintenu sur sa demande à Laval. — .Merle, agr. angl., collège Mende,
chargé de suppléance à Lorient. — Drouin, agr. d'ail., collège Beaune,
chargé de suppléance à Vesoul. — Loussert, ail., de Tulle à Nevers. --
Delmas. ail., de Nevers à Tulle. — Casaté, dél. angl., de Chambér\' à
Bourg. — Morfin, agr. angl., ch. cours, Roanne, nommé même lycée.
— Delamare, agr. angl., du collège de Dieppe an petit lycée de Rouen
(FAhœuP). — Villard, lettres et angl., collège La Châtre, nommé ch. de
cours, St-Brieuc. — (>atel, agr. angl., nommé Toulouse. — Pluvinage.
agr. angl., ch. de cours, Tourcoing, nommé même lycée. — Delany,
agr. angl., ch. cours. Tours, nommé même hcée. — .Moulinier, agr.
angl., dél., St-Etienne, nommé. Tours. — Mollon. agr. angl., lettres et
594 LES LANGUES MODERNES
angl., collège Charolles, nommé angl., St-Etieune. — Demeaux,
maintenu 1920-21, dél. esp., Albi. — Delcombre, maintenu répétiteur,
esp., Brest. — Capmartin, esp., Cahors, nommé Montpellier. — Albié,
esp., collège Cognac, délégué, Cahors. — Cazenave, agr. esp., répéti-
teur, Périgueux, nommé, Oran. — Agostino, ancien prof, esp., collège
Blaye, dél., Michelet, nommé ch. de cours d'esp., Périgueux. —
Thomas, esp., de Carcassonne à Poitiers. — Suran, agr. esp., du
collège de Lodève à Carcassonne. — Pézard, italien, d'Avignon à Lyon
(Ampère). — Boget, agr. italien, nommé Avignon. — Arrighi, agr.
italien, nommé. Bourg. — ' Antoniotti, agr. italien, répétiteur, Greno-
ble, nommé, Gap. — Bonifacio, ch. de cours, dél. lettres, Nice, nommé
ch. de cours d'italien et lettres, même hcée. — Maillan, agr. italien,
ch. de cours d'angl., Toulon, nommé prof, italien, même Ijcée. —
Taillebot, agr. ail., chargé suppléance à Aix. — Renard, agr. ail.,
chargé suppléance à Laon. — Le Tournau, agr. ail., ch. de cours,
Lorient, nommé même lycée. — Deniniolle, agr. ail., ch. de cours,
Nevers, nommé même lycée". — Lebaj-, agr. ail., maintenu prof, d'angl.,
Toulon. — Maurice, agr. ail., dél. ail., Vesoul, nommé même hcée. —
MM""' Liron, agr. angl., lycée garçons, Alger. — Richard, angl., délé-
guée, hcée garçons, DaV-le-Duc! — Gouillon, angl., déléguée, h'cée
garçons". Moulins", — Cur3-, angl., déléguée, lycée garçons, St-Omer. —
Procureur, angl., déléguée, hcée garçons, Vendôme. — Racloz, angl.,
déléguée, lycée garçons, Alençon. — Feytens, déléguée, angl., lycée
garçons, Troj'es, déléguée, Constantine. — Dieu, agr. angl., nommée,
St-Quentin. -^ M»>= Faure-Muret, angl., déléguée, lycée garçons, Bastia.
Con';c : M. Coste, ch. de cours d'angl., Avignon, du 1" octobre 1920
au 31 mars 1921.
Fonctionnaires détachés : MM. Crémieux, italien. Valence ; et Lous-
sert, ail.. Tulle, sont mis pour une durée de cinq ans, à dater du
1«' octobre 1920, à la disposition du Ministre des alTaires étrangères,
en qualité d'attachés au bureau d'études de Presse étrangère. —
M. Enslen, en congé d'inactivité, est mis à la disposition du ministre
de la Guerre pour occuper un emploi de professeur d'allemand au
Prytanée militaire de la Flèche.
Collèges
Xominations : MM. Boinet, ail. et lettres. Fiers, nommé principal,
à titre provisoire, Bruyèi-es. — Denis, angl., Ijcée Beauvais, nommé
principal à titre provisoire, Valognes. — Bosmorin, lettres et ail.,
Carpentras, nommé principal Cholet. — Desrosier, licencié ail., délé-
gué lettres et ail., Auxonne. — Herman, délégué lettres et ail., du
Cateau à Cassel. — Duchemin, lettres et angl., de Brioude à Dreux. —
Andraud, délégué angl., lycée Montaigne, délégué lettres et angl.,Cou-
lommiers. — Cornu, délégué lycée Saint-Omer, délégué lettres et ail.,
Dunkerque. — Jugnet, licencié ail., répétiteur délégué lycée Roanne,
délégué lettres et al!.. Fiers. — Canquery, délégué ail., de Honflcur à
Longwv. — Hayes, licencié ail., délégué lettres et ail., HonFleur. —
Guérin", licencie ail., répétiteur stagiaire Etampcs, délégué lettres et
ail., Maubeuge. — Druesnc, angl., de Montbéliard à Meaux. — Dupont,
angl.. Fiers, nommé lettres et angl., Meaux. — Dubois, délégué lettres
et angl., Pont-l'Evêque, délégué angl., Mers. — Cheminaud, licencié
angl., délégué lettres et angl., Neufchâteau. — Buisson, licencié angl.,
répétiteur RoUin, délégué lettres et angl., Pont-l'Evêque. — Clerc,
délégué lettres et ail., de St-Yrieix à Provins. — Pongy, délégué lycée
Alger, délégué lettres et ail., Sétif. — Touchard, chargé angl.
vSaint-Lô, délégué même collège. — Ayrault, licencié angl., répétiteur
stagiaire Ciiâtellerault, délégué lettres et angl., Saulieu. — Martin,
licencié ail., délégué lettres et ail., Soissons. — Ternat, délégué let-
tres et ail., de Morlaix à Castres. — Montbouyran, délégué lettres et
al!., du Cateau à Mortain. - Cros. répétiteur stagiaire Bagnères-de-
Bigorrr, délégué lettres et angl., Riom. — Meunier, adni. agr. angl..
MOUVEMKNT DU PERSONNEL Ô95
délégué lettres et aiif^l., Charolles. — Monteil, délégué lettres et ail.,
de Conipiègne à Carpentras. — Thiébaut, ail., de Cliâteaudun ù Com-
l)iègiie. — Dubreuil, délégué lettres et ail., de Cliolet à Cliâteaudun.
— liounet, cert. angl., délégué lettres et aiigl., Château-Tliierr}-. —
Haill\-, délégué .Nancy, ancien prof. 1. v. Pout-à-Mousson, nommé
angl. et ail., Pont-à-Mousson. -- Cathaly, délégué lettres et ail..
Le Blanc, nommé même collège. — Mabilaf, licencié angl., répétiteur
Clirdons-sur-Marne, délégué lettres et angl., Cosne. — Clerc, ancien
prof, lettres et ail., Dôlc, nommé ail., Issoire. — Maurice, délégué
lettres et ail., de Hcrnay à Morlai.x. — Lanne, délégué lettres et ail.,
de IJeaufort à Bernaj-. — Moriii, délégué lettres et ail., de Treignac à
Beaune. — .Marion, cert. ail., ancien délégué Provins, délégué lettres
et ail., Treignac. — Blériot, cert. angl., délégué E. P. S. Calais, délé-
gué angl., Soissons. — Chapiet, délégué lettres et angl., de Fougères
à Dieppe. — Kossigneux, délégué lettres et angl., de Libourne. à
Manosque. — .Ambec, délégué lettres et angl., de Cassel à Mende. —
Proust, licencié ail., délégué lettres, angl. et ail., Nyons. — Marie,
licencié angl., suppléant Saintes, délégué lettres et angl., même
collège.
Ecoles Pr\n)a\res Supérieures
M.M. Villejame, licencié es lettres, répétiteur cli. de cours d'csp. aux
écoles (^olbert et Lavoisier, nommé Lavoisier et Arago. — Berlioz-
Benier, inst. adj. à (iérardmer, nommé prof, lettres et ail., Montbri-
son. - Laurent, inst. à Paris, nommé prof, lettres et angl., Touloji.
- Bernadac, prof, adj., Givet, nommé lettres et ail., Rambouillet. —
Bouchaud, inst. adj., Bourganeuf, délégué (1920-21), lettres et ail.,
.Montbrison. — Tisseau, inst. Saint-N'azairc, délégué (1920-21), inst.
adj. lettres et angl., Ancenîs. — Bivot, inst. en congé, délégué
(1920-21), inst. adj., lettres et ail., Louhans. — Misery, adj., Bourg-
Saint-Andéol, est nommé adj., lettres et angl., .\vignon, - Laurent,
inst., Targon, délégué (1920-21), inst. adj., lettres et angl., Cadillac. —
(îiroud,en congé, délégué (1920-21), adj. lettres et angl., Saint-Marcel-
lin. — Drot, adj., Valenciennes, nommé adj., lettres et angl., Dourdan.
— Garcin, adj.. Riez, nommé adj., lettres et italien, Digne. — Benais,
Gannat, nommé lettres et angl., Saint-Jean-d'.\ngély. — Mazataud, en
congé, nommé lettres et angl., Nantes. — Pccli, Castêlnaudar\-, délégué
(1920-21), adj. lettres et espagnol, Aire-sur-l'.Adour. — " Boudon,
délégué (1920-21), adj., lettres et ail., Gérardmer. — Montsanat,
Valence (Espagne), délégué adj., lettres et esp., Saint-Céré. — Aimé,
de Labégude, est délégué (1920-21), adj., lettres et angl., Bourg-Saint-
.\ndéal. — .Alavoine, de Halluin, est délégué (1920-21), adj., lettres et
angl., Hénin-Liétard. — Cervoni, délégué (1920-21), adj., lettres et
italien, Lorgues. — Coindeau, en congé', délégué (1920-21), adj.. lettres
et angl., Gannat. — Lacaque, de Witteschule de Graffenstaden (Alsace),
est délégué (1920-21), adj., lettres et ail., Thaon-lcs- Vosges. — .Manan-
teau, en congé, délégué (1920-21), adj., lettres et angl., Belvès. — Brun,
en congé, délégué (1920-21), ^dj., lettres et angl., Nevers. — .M"' Carias,
née Rey, déléguée (1920-21), inst. adj., lettres et angl., Pézenas. —
Mlles Bénazet, déléguée (1920-21), inst. adj., lettres et esp., Toulouse. —
Détaille, prof, adj., Pézenas, nommée adj. angl., Nimes. — Miserie,
angl., de Carpentras à Aix-en-Provence. — Boguet, ail., de Clamecy
à Belfort. — V^ercoutter, adj., langues vivantes, Saulieu, nommée ail.,
Clamecy. — Coulonjou, ex-inst. intcr., E. P. S. de garçons d'Albi,
déléguée (1920-21), adj., lettres et angl., Casteinaudàry.' — Bouvier,
1. V., Mézières, déléguée inst. adj., lettres et ail., RetheL — Pedevilla,
ex-intérimaire E. P. S. de garçons d'Aix-en-Provence, déléguée
il920-21), inst. adj., lettres et angl., Brignole. — Perrier, intérimaire
E. P. S. de garçons, Chambéry, déléguée (1920-21), inst. adj., lettres et
angl., Saint-Claude. — Mazuries, Privas, est nommée, lettres et angl.,
Draguignan. — Desvaux, angl., en congé, nommée angl., Gap. —
096 LES LANGUES MODERNES
Richard, prof. d'E. N. en congé, nommée lettres et angl., Chambéry.
— Goy, adj., Brignolles, nommée lettres et angl., Carpentras. —
Martin, inst. adj., Gap, déléguée (li»'20-*21), adj. angl., Sisteron. — Gai,
adj. angl., Barbezieux, nommée même école. — Le Brigant, adj. école
maternelle, annexe E. N. de Caen, déléguée lettres et angl. (1920-21;,
à Saint-Xazaire. — Boulay, nommée titre provisoire (1920-21), lettres
et ail., \anc3'. — Woltz, intérimaire E. P. S. garçons, Nantes, déléi^uée
adj., lettres et angl., Bressuire. — M""= Simon, intérimaire E. P. S.
garçons, Saint-Marcellin, nommée lettres et angl., Draguignan. —
M"'« Munet, intérimaire Aire-sur-l'Adour, déléguée (1920-21), adj.,
lettres et esp., Nérac.
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris VII-, à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à Ofr.50 la ligne.
1. Le Collège de Valognes (près de Cherbourg) reçoit élèves français
et anglais. Climat doux et sain. Vastes locaux, jardins, à proximité de
la mer, sur la grande ligne Paris-Cherbourg. Préparation au.x divers
examens. Ecrire au Principal, M. P. Denis, Agrégé de l'Université.
2. Correspondance Interscolaire : Les professeurs d'anglais dési-
reux de procurer à leurs élèves (garçons ou filles) des correspondants
de langue anglaise sont priés de s'adresser au plus tôt à Miss Sheehan-
Dare, Alexandre House School, Hatfield, Herts., qui se fera un plaisir
de leur donner satisfaction.
-<a>-
Le Gcranl : A. (^ouesl.xnt.
c.MiORS, LMP. COUESLANT (personnel intéressé). — 23.520
Dix-neuvième année. — N" i Janvier-Février 1921 i
Les
Langues Modernes
/.<• Secri'ldire Gcnértil (H. Sehvajkan, professeur ;iu lycée
Sl-Louis, i:{'2, avenue du Mniue, XIV) et In Trésorii-re jinent
insliimnient leurs collègues de l^ur signaler leurs cbamjenicnls
d'adresse {indiquer autant que possible le domicile personnel),
(lU, s'il i] a lieu, de situation, non seulement afin d'éviter la perte
de la rerue, mais aussi en nue d'établir l'Annuaire de l'Associa-
tion pour 19'21.
I.a Trésorii-re (Mlle Ledoi x, 30, R. Chevert, Paris 7') rappelle
aux membres de l'Association qu'un compte-courant de chèques
postaux lui est oiinert sous le n" 151-11 par le bureau de Paris.
lAle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant de
leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à litre de
reçu le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
Les Régionales de Bordeaux, Poitiers, Lille, Aix-.Marseille,
Lyon, (Ucrmont-Ferrand, Nancy, Toulouse sont reconstituées.
Les Jlembres de l'Association qui sont du ressort de chacune de
ces académies, sont priés de bien vouloir envoyer directement
leurs cotisations à leurs trésoriers respectifs, dont la liste est la
suivante :
Poitiers : M. Giy, lô. rue de la Monnaie ;
Aix-Marscille : M. Iîhoche, Grand Lycée, Marseille ;
Lyon : M. Legouis, 43, rue de Sèze ;
Ciermont-Ferrand : M. Bolyssy, Ecole supérieure de connuercc;
Bordeaux : ^L Rivoallax, 76, rue de Belleville ;
Toulouse : M. Gp.axgeR, 7, rue du Japon ;
Xiincy : M. Petit, professeur à l'E. P. S.
L'abonneniqjit à Modem Languages est désormais de G shil-
lings.
Les membres de r.\ssociation abonnés à la Revue Germanique
sont informés que le prix de l'abonnement de faveur" qui leur est
consenti est porté, à partir du 1" jaiivier 1921, à seize francs.
Ils sont priés de verser cette somme, en même temps que leur
cotisation pour 1921, à Mlle Ledolx, trésorière de l'Association,
(eux qui n'ont pas encore payé leur abonnement pour 1914 ou
1920 voudront bien le faire par la même occasion. Ils sont ins-
tamment priés d'effectuer ces divers paiements dès maintenant.
.\ partir du mois de mai, les abonnements à la Revue Germa-
nique et les cotisations en retard seront perçus par la poste au
nom de la trésorière de l'Association des Professeurs de langues
vivantes.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
AsseiT)blée Générale du 6 jai)vier 1921
L'Assemblée générale de notre Association a eu lieu le jeudi 6
janvier 1921. à 3 heures, au Lycée Louis-le-Grand, sous la pré-
sidence de M. Ch. Veillet-Lavallée, président de l'Association.
Après avoir déclaré la séance ouverte, le Président prononça
l'allocation d'usage, puis le Secrétaire Général et le Trésorier
donnèrent lecture de leurs rapports après une discussion dont on
trouvera plus loin le compte rendu.
IklIocutJoi) du Président
Mes chers Collègues,
Notre première pensée va vers ceux que la mort nous a ravis.
(Certes Ritz, Maffre, Lematte ont reçu dans le Bulletin l'hommage
qu'ils méritaient si bien ; je me borne aujourd'hui à évoquer,
une fois encore leurs noms en cette dernière réunion, ainsi que
ceux de Mlle Taviot et de Devaussanvin, dont nous avons appris
le décès au moment des vacances du jour de l'an. Le Président
n'a pas manqué de représenter l'Association aux obsèques de
M. le Recteur L. Poincaré ; il a pu aussi, triste privilège, accom-
|>agner à sa dernière demeure l'homme de bien, le cœur généreux,
l'àme droite et simple, le défenseur convaincu de notre disci-
|j]ine qu'était M. l'Inspecteur général Guillaume.
.Activité des hégioxales. — Après le ralentissement qui. au
cours de la guerre et par la force des choses, s'était produit dans
la vie de l'.Association, un effort s'imposait à nous pour lui ren-
dre son activité d'autrefois. Nous pou\ons constater avec plaisir
que le résultat de nos tentatiAes est très satisfaisant. Les régio-
nales anciennes se sont reconstituées ou renaissent, à cette heure
même, de leurs cendres, de nouvelles se sont formées. Il y a
maintenant dans toutes les parties de la France des groupes de
professeurs de langues vivantes qui organisent des réunions,
ttudient les questions qui touchent à notre enseignement, se
tiennent en contact avec l'organisme central de l'Association,
soutiennent ses ctïorts, prennent des initiatives aussi intéressan-
tes que fécondes et donnent ainsi au public, à "os collègues des
autres disciplines, à nos chefs, la preuve que les langues vivantes,
les Humanités modernes, ont en elles une source de \ ie culturale
et d'énergie qui ne le cède en rien aux vertus que l'on attribue
aux autres études.
Vous serez d'aci-ord avec moi, mes chers Collègues, pour saluer
les nou\eaux groupements régionaux. Celui de Clennont-Ferrnnd
qui a su, par son activité, le cié\ouement de son bureau, intéres-
ser des personnalités industrielles et eomnierciales de la région
lUM.KTIN" I)K L'ASSOCIATION 3
à la cri'iitioii de bf)iirses de séjour à l'êlriinger pour les élèves
méritants et peu fortunés. Nous avons maintenant une régionale
;"'. Nancy ; celle de Strasbourg s'organise ; Bordeaux s'est refor-
mée. Quant au.\ autres groupements, tels que ccu.x de Lyon, de
Poitiers, de Toulouse, dWix-Marscille, vous avez vu dans le
Bulletin quelle vie intense est la leur. Une mention spéciale doit
être réservée à Lille où le dévouement de M. Piquet, de M. Mis
et de leurs collègues, trouve une fois de |)lus, a|)iès tant d épreu-
ves, l'occasion de se manifester.
Je manquerais à num devoir si je ne signalais, à cette occasion,
aux vaillants organisateurs de régionales nouvelles les dangers
aiixrpiels on s'expose en rédigeant ce que certains collègues
appellent des statuts p<irticuliers. L'expression n'est d'ailleurs
pas très juste et l'isque d'amener des confusions. 11 ne peut y
avoir d'autres statuts que ceux votés en .Assemblée générale de
rAsst)ciation et déposés conformément à la loi. Les membres
des Régionales ont toute liberté, certes, et la chose est avanta-
geuse, pour s'imposer à eux-mêmes un Réfilement Intérieur. Il ne
faut toutefois pas perde de vue que ce Règlement Intérieur doit,
de toute nécessité, s'harmoniser avec l'esprit et les principes
généraux de nos Statuts, (les réserves faites et ces conseils de
prudence formulés par celui que ses fonctions désignent comme
le gardien de la Constitution, si j'ose dire, je me félicite encore
avec vous du magnitique développement de nos Régionales.
Les SKJoriis a i/KTiiAXGEn. — Le Bulletin vous ayant renseigné
au fur et à mesure, je ne reviens pas en détail, mes chers (Col-
lègues, sur l'activité déployée par le Bureau et le Comité pendant
l'année 1920. (^u'il me suffise de rappeler, en passant, notre
effort en faveur de ceu.x de nos collègues qui, tel M. Dodanthun,
de Nevers, ont perdu au début de leur carrière une ou deux
années de services susceptibles de compter pour la retraite, alors
qu'ils étaient détachés dans des établissements scolaires à l'étran-
ger, ])ar les soins du Ministère, et, jusqu'à un certain point, oifi-
cJellemeiit désignés et chargés d'un service. La Direction de la
(Comptabilité se retranche derrière des textes et nous oppose une
lin de non recevoir. Nous songeons à une intervention législative
«ui seule peut remédier à cette situation.
Les épheuves ou baccalauhéat. — (}uaiui le Bureau est entré
en fonctions au mois de janvier de l'année dernière, la question
des épreuves de langues au Baccalauréat était déjà hors du
domaine de nos délibérations et l'Administration, avec une rapi-
dité qui n'a pas laissé de paraître un peu inaccoutumée, a
d"abord présenté au Conseil supérieur un projet sur lequel notre
action n'a pu s exercer, puis a pris des mesures précipitant l'en-
trée eu vigueur du nouveau régime.
Depuis, la question n'a cessé de donner lieu à des controverses
dont le Bulletin vous a apporté les échos. 11 semble s'en dégager
que le problème n'a pas reçu sa solution définitive et qu'il se
posera derechef à l'attention du nouveau bureau.
DÉFENSE DES LANGUES VIVANTES DANS LE PRIMAI HE.
Avant que le (Conseil supérieur se réunît pour tenir sa seconde
4 LES LANGUES MODEIÎNES
session à la fin de juin, l'Association a eu le temps de faire cam-
pagne pour parer un des coups les plus graves qui aient menacé
l'otre discipline depuis bien des années. L'Administration, sans
consulter les milieux intéressés et compétents, contraitrement au
iameux principe si souvent formulé de la collaboration avec le
|)ersonnel, l'Administration avait projeté de rendre facultative
l'étude des langues vivantes, non seulement dans les Ecoles nor-
males d'Instituteurs et LVInstitulrices, mais, chose plus stupé-
fiante encore, et cjui ne fut dévoilée qu'à la onzième heure, dans
les Ecoles Primaires supérieures de garçons et de filles. I/Asso-
ciation a pu empêcher ce désastre ^ràce à ses efforts, à son
action auprès des membres du Conseil Supérieur, grâce surtout à
l'énergie persuasive de M. Rancès. A son nom, je tiens à associer
celui de M. Monguillon qui, dans cette circonstance, — mais
aussi dans beaucoup d'autres, — a secondé nos efforts avec une
inlassable activité. Je ne puis énumérer ici tous les membres du
(Conseil supérieur qui ont des droits à notre gratitude. Il ne faut
pas. cependant, passer sous silence le nom de Mlle Sanua qui
nous a défendus avec autant d'ardeur que de talent.
Le Conseil supérieur a donc décidé que l'on ne tuerait pas les
langues vivantes dans l'Enseignement Primaire en les rendant
facultatives. Il a maintenu le principe de l'obligation. Cependant,
un des derniers numéros du Bulletin administratif de l'Instruc-
fwn Publique nous a révélé que dans certaine section normale,
de nouvelle création dans les E. P. S., et dont la physionomie
est encore assez brumeuse, puisqu'aucuu tableau d'horaii'e ni au-
cun programme d'études n'ont été publiés pour cette section, les
élèves seraient libres d'étudier ou de ne pas étudier les langues.
\'oilà encore un point que le jjrochain Bureau fera bien de sur-
\eiller avec sollicitude.
DÉFENSE DE l'ai.lemand- — L'abaudou presciue total des études
(["allemand dans les établissements d'instruction de tous ordres
créait une situation menaçante pour l'intérêt national et pour
l'avenir de notre discipline. Nous ne pouvions y demeurer insen-
sibles. Notre action, vous avez pu la suivre dans le Bulletin, voire
même dans la presse où nous avons trouvé certains concours.
Qu'il me soit permis, à cette occasion, d'adresser de nouveau les
remerciements de l'.Association à M. R. Poincaiê, dont l'éloquent
appel a été entendu. Je remercie également .1/. Delobel, président
(le la Commission nommée eu vue de la défense de l'allemand,
pour tout le dévouement et le zèle éclairé qu'il a consacrés à
cette (vuvre.
Mes chers collègues, nous avons, au Comité, éprouvé quelque
surprise en constatant que, dans certains milieux, on prenait
im peu ombrage de l'action entreprise par nous pour éclairer le
pays sur le danger que lui aurait fait courir l'abandon à peu
près complet des études germaniques. Le rôle de l'.Associatioij.
inspirée d'ailleurs jiar l'unique intérêt national, n'est-il point
de. défendre la cause des langues vivantes, tout d'abord sur les
points où elle est le plus menacée ? Qu'une autre langue ait été
txposée à un péril, notre groupement s'en serait égaliiinent
inciuiétc. .Sa sollicitude s'étend à toutes les langues modernes.
BLI.I.KTIN I)i: L ASSf)r.lATI(>N" .)
iiu-i!u\ quoi qii"iii pLiisciit qui-Ujues c-s|irits nuil informes. ;uix
Langues MériilioiuiU's qui posséciciit pourtant, pour soutenir leurs
intérêts une Société particulière, sœur de la nôtre, avec laquelle
i.ous marchons ct)nimc toujours la main dans la main, avec
laquelle il est permis d'espérer que nous pourrons conclure une
alliance plus étroite encore, pour le plus grand bien de notre
«l'uvre commune.
dette union des cœurs, souhaitons de la voir s'affermir encore.
Que nos travaux engendrent des discussions parfois vives, rien
de plus naturel, (/est en signe de vie intense au sein de notre
Association. Mais il ne faut pas que ces oppositions de p»>inls de
\ ne et de théories dégénèrent en j)olémiques. t'ne bonne union
cfinfraternelle doit régner entre nous. Toute division à l'intérieur
de notre groupement ne peut que favoriser l'action des milieux
hostiles à notre discipline.
La refonte des i'mogma:iimes. — Et nous savons que ces derniers
i:"ont pas désarmé, qu'à l'heure actuelle où va s'élaborer une
vaste refonte des programmes de TEnseignement scondaire. de ces
fameux programmes de 1902 dont on dit tant de mal et qui ne
méritent peut-être pas cet excès d'indignité, un assaut violent se
prépare contre notre discipline. I/offensive menée l'an dernier
dans le Primaire en était un signe avant-coureur. 11 ne faut cer-
tes pas s'alarmer outre mesure, ni trop tôt. Ces réformes ne
sont encore qu'à l'état lU- projets assez lointains et peu précisés,
et les renseignementr, que l'on peut obtenir sont assez contradic-
toires. Il est question, dit-on, d'un amoindrissement apprécialjle,
sinon d'une suppression de la Section D. .\ l'inverse de ce que
l'on aurait pu croire et redouter, B deviendrait une Section de
véritables humanités modernes. Quoi qu'il en soit, le prochain
Bureau ne manquera pas au devoir de suivre la question d'un
œil attentif. Espérons que l'Administration, cette fois-ci, voudra
bien appliquer le ))rincipe de la collaboration avec le personnel
compétent. D'ores et déjà, l'Association, représentée par M. D^lo-
bel. prend part aux travaux de la Commission instituée pour la
réforme des programmes par la Fédération nationale des Profes-
seurs de Lycées. Dans le même ordre d'idées, notre groupement a
suivi avec sympathie l'œuvre entreprise par les ■ Compagnons •>
et vous vous rappelez la réunion pédagogique du 26 février 1920
où ces hardis pionniers ont bien voulu nous faire connaître l'état
de leurs doctrines par la bouche autorisée de M. Ccizamian. leur
distingué président.
Relations avec les autres gholpements- — Les mêmes rela-
tions cordiales ont uni celte année, comme par le passé, notre
.Assi^ciation avec la Modem Langnage Association d'Angleterre et
la Fédération Xalionale des Prof(^ssenrs de Langues Modernes
d'Amérique. Comme nous le devions à nous-mêmes, nous avons
f.lîert notre active collaboration à la Modem Hunianities Research
Association. Je rappelle en passant les démarches faites conjoin-
tement avec la Société des Langues .Méridionales représentée par
M. Boussagol, son président, que nous avons été heureux de voir
nommé Maître de Conférences à la Faculté des Lettres de Tou-
louse, mais dont le départ a laissé un grand vide au Bureau et
; i Comité.
â
6 LES LANGLES MODERNES
La réforme du certificat primaire et l'inspection générale
DANS LE primaire. — Mes chers Collègues, le souci de ne pas être
trop long me force à passer sous silence un certain nombre de
faits qui ont intéressé cette année la vie de l'Association, et bon
nombre de questions qui s'imposeront à notre attention dans un
])rochain avenir. Il me faut pourtant indiquer deux mesures dont
l'application indispensable intéresse particulièrement nos collè-
gues du Primaire : la réforme du Certificat d'Aptitude à l'Ensei-
gnement des langues vivantes dans les Ecoles normales et Pri-
maires supérieures suivant les grandes lignes du projet expose
par .1/. Monguillon dans le n" de juillet-août 1920 des Langues
Modernes ; puis Torganisation d'une inspe<.'tion homogène, sys-
tématique et compétente de notre discipline dans les Ecoles nor-
males et Primaires supérieures.
I^s Langues Modernes. — 11 est très désirable aussi, pour la
l'onne marche de l'Association que nous puissions- reprendre la
publication mensuelle des Langues Modernes- Mais le coût du
papier, les frais d'impression et de poste, qui sont si élevés, ren-
dent encore ce projet peu réalisable, pour le. moment, avec le taux
actuel de la cotisation.
Je tiens, en terininant, à adresser mes plus chaleureux remer-
ciements au groupe de collaborateurs immédiats dont le dévoue-
ment amical a rendu un peu moins lourde la tâche du président,
aux deux vice-présidents, M. Cart et .1/. Boussagol, qui m'ont
souvent accompagné dans mes démarches ; à M. Bloch qui, par
son activité a su augmenter, de façon sensible, le nombre des
adhésions nouvelles ; à Mlle Ledoux, notre dévouée trésorière
dont la tâche est souvent ingrate, mais dont rhabilctc financière
et administrative a permis à M. d'Hangest de publier le Bulletin
intéressant et nourri que vous connaissez. Le Rédacteur en chef
des Langues Modernes est absent et je le regrette, car j'aurais
aimé lui offrir sa juste part de remerciements et lui transmettre.
les appréciations élogieuses que j'ai recueillies de tous côtés sur
le Bulletin. J'exprime aussi ma gratitude à Mlle Brunel, notre
archiviste, à M. Bellec, le trésorier-adjoint et à tous les membres
c!u Comité.
Les années de guerre avaient singulièrement anémié l'Associa-
tion. L'ambition de la vaillante équipe que je viens de nommer
a été de rendre tout d'abord à notre groupement sa situation
florissante et sa vigueur d'autrefois. L'année qui vient de finir a
donc été surtout marquée par un effort de reconstruction. Le
rapport de notre Secrétaire général, à qui je donne la' parole,
\ous montrera que nous y avons réussi (iaiis la mesure de nos
forces.
Rapport du Secrétaire géi)éral
-Mes chkrs collègues,
{/année 1920 marque le retour à la \ ic de noire Association ;
depuis ■") ans nous végétions, le nombre des adhésions compen-
sant à peu j)rès le nombre des démissions. Cette année, nous
lill.l.KTIN I)i: L ASSOCIATION /
iiNoiis (iépassc le cliillrc dt- 1913 : jjiiis «k- Jdll socit-taircs et
abonnés nouveaux figurent sur nos listes pour eet exerciee. 11
nous faut reniereier bien eordialenient notre eollègue Monguillou
(ionl la pio|):igande inlassable et le dévouement corporatif nous
vaut près de ôO adhésions nouvelles depuis le mois d'octobre.
Nous continuons d'ailleurs, mes chers collègues, à a\<)ir besoin
de votre action personnelle, de votre pro|)agande continue en
lîotre faveur, (lar l'augmentation, à Jîeine suflisante d'ailleurs
de la cotisation a entraîné une centaine de démissions, en partie
l>arnii ceux même au\(|uels, pendant toute la durée de la guerre
MOUS avions fait le ser\ ice sans leur réclamer quoi ((ue ce soit.
D'autre part, nous avons fait un réel effort de |)ropagande cette
r.nnée; depuis la renirée il a été envoyé uu bulletin spécimen et
nos statuts à tous les professeurs nouvellement nommés, dans la
niesure où ie bulletin du Ministère rend ces envois possibles :
cette propagande n'a pas donné ce que nous espérions, il sem-
blerait que les jeunes professeurs demeurent encore en grand
nombre étrangers au sentiment corporatif ; et pourtant ce sont
des Français, connaissant l'étranger, ayant vu combien ce senti-
iiient est vixace et efficace chez nos \oisins.
Nous comptons enfin et surtout sur l'effort de nos régionales ;
presque toutes sont reconstituées. Elles nous vaudront se rayon-
nement à travers toute la France, dont notre Société a besoin,
(|ui est indispensable à notre action en présence des dangers qui
sans cesse menacent notre enseignement, de l'incomprchension
où est plongée une grande partie du public et surtout de nos
collègues, dès qu'il s'agit de l'utilité des langues vivantes dans la
société moderne, ou de la possibilité d'une éducation adaptée aux
nécessités actuelles de la vie et fondée sur l'étude des langues et
des civilisations acuelles.
Notre dévouée trésorière vous a montré que l'augmentation de
la cotisation nous a à peine permis de boucler notre budget ; com-
me la hausse semble terminée, il nous est permis d'espérer que
nous n'aurons i)lus de surprise désagréable en recevant les bor-
.dereaux de notre imprimeur, qu'il nous sera possible d'établir un
ibudget normal sans modification nouvelle de nos statuts. Ceci
serait d'autant plus important que notre Bulletin s'est réguliè-
rement transformé cette année ; je suis extrêmement à l'aise pour
en parler, car je ne suis pour rien dans cette transformation,
dont le mérite tout entier revient à notre ami d'Hangest. Ne
ménageant ni son temps, ni sa peine, non plus que le temps et la
peine de ses collaborateurs, il vous a donné une revue pleine de
faits et d'idées et vous vous associerez certainement à moi pour
lui adresser nos jîIus vifs remerciements.
Rapport de la Trésorière
.Mi:S CHEHS (".OLLÈGUES,
Le budget de l'Association a pris cette année des proportions
assez considérables, si nous le comparons à ceux des années pré-
cédentes. Nos dépenses ont beaucoup augmenté. Mais d'autre
8
LES LANGUES MODERNES
l'-art, nos recettes ont augnienté aussi, grâce, d'une part, an relè-
■\ement des cotisations que vous avez voté l'an dernier, — et
d'autre part, aux efforts jiersonuels de notre Secrétaire-adjoint.
M. Bloch, qui nous a obtenu des éditeurs une publicité fruc-
tueuse. Nos jjrofits, de ce chef, se sont élevés à 1241 francs, contre
;il6 fr. 80 en 1920. Nous en remercions très vivement et très cor-
dialement Mi Bloch.
Au l""^ décembre 1920, notre avoir était de :
Réserve : 22 fr. Rente 3 0/0 425 3:{ 423 315
Immohilisaiions : 60 fr. Rente 5 0/0 1916 1.054 80
57 fr. » 4 0/0 1917 1.008 90
- 10 fr. » 4 0 0 1918 178 60
Bons de la Défense 2 . 500 4 . 742 30
Dispouibililés : Dépôt C. N. E 1 .212 55
Espèces en cause 263 35 1 .475 90
6.643 53 6.643 53
Au 1"' décembre 1921, notre avoir est de :
Réserve : 22 fr. Rente 3 0/0 425 33
Immobilisalions : 60 fr. Rente 5 O'O 1916 1 .022 40
57 fr. » 4 0/0 1917 477 55
10 fr. » 4 0/0 191 ^' 173 12
75 fr. » 5 0,0 1920 1 .466 25
Disponibililés : Solde créditeur (;. N. E 159 3o
Encaisse c/c postal 2.924 80
7.148 70
\'oici comment s'étîiblit maintenant notre compte
l'ertes ». jjour l'année 1920 :
l-.F.CETTKS
425 33
3.639 32
3.084 13
7.148 78
> —
Prolits et
Cotisations 10.356 25
Rachat de 2 cotisations
Publicité
Intérêts, Capitau.\,
C. N. E
300 »
1.241 »
189 25
12.086 50
»
DEPENSKS
Bulletin 8.229
Secrétaire et trésorière l.'iOO
.\ide-trésorière 50 »
Correspondance, pape-
terie, frais généraux. 1 745 »
C. N. E., frais de garde
et correspondance.. . 13 82
Total des dépenses.... 11.238 57
Excédent des recettes.. 847 93
(Solde rrédileiir â nouveau)
12.086 5t»
Nous a\()ns donc celte année encore réussi à vivre sans toucher
iuix fonds de l'.Association ; et nous nous efforcerons de le faire
(ic même en 1921, ^.allS m)us demander un nou\eau relèvement
(hi chiffre de la cotisnlion. (lependanl, il est de mon devoir de
Hll.l.KTIN l)K L ASSOCIATION
\>tu^ sigiialci quil nus sera peul-ctrf diflicile d'y réussir. D'une
part, il serait imprudent d'escompter une baisse des frais de
j)ublication du Bulletin, frais qui constituent à eux seuls environ
les 2/3 du montant de nos dépenses. D'autre part, je prévois une
diminution du montant des cotisations, due au fait que la plu-
part des Hé}{ionales sont maintenant reconstituées. Or, vous le
-avez sans doute, l'usage est que les trésoriers respectifs des
liégionales prélèvent pour leur (baisse une ristourne de 2 fr. sur
thaque cotisation qu'ils touchent.
.Te ne prévois c|u*un remède possible : augmenter le nombre
<ies membres de noire Association. Pour cela, je fais appel à la
bonne volonté de tous ceux qui sont ici présents, et de tous nos
collègues qui liront ce rapport. Veuillez faire autour de vous un
])eu de propagande personnelle. Nombreux sont encore les profes-
seurs de langues vivantes qui ne font pas partie de notre Asso-
ciation. Je vous remercie d'avance des cflorts que vous ferez, et
c'est en comptant sur eux que j établis le projet suivant pour
1!>'_'1 :
Rfxkttks
Cotisations
1).,S2<;
Publicité
1 . 100
Intérêts des capitaux.. . .
224
11.150
Dkpf.nses
Bulletin
Secrétaire et trésorière.
Aide-trésorière
Frais généraux
8.:500
l.'iOO
50
i.(;oo
ii.i:>()
Les deux rapports sont api)rou\és à l'unanimité.
M. MilUdl-Modéran regrette c]ue le programme de l'Assemblée
l'^nérale ne comporte pas de questions précises ; le C^omité aurait
tiû établir une série de questions de façon à ce qu'on ne discute
pas en l'air.
M. Veillel-Ldixillt'c répond qu'il y a plusieurs problèmes qui
se posent ; il y aurait d'abord la question d'une inspection géné-
rale de l'E. P. S. M. Guillaume, en plus de sa tâche déjà si lourde
;i'lnsi)ecteur de l'Enseignement secondaire, était chargé de cette
fonction ;. personne ne l'a remplacé et il serait extrêmement
liésirable qu'un inspecteur au moins soit chargé de ce service. 11
jiropose donc à l'Assemblée le vœu suivant :
Les membres de l'Association des Professeurs de langues
vivantes, réunis au lycée Louis-le-Grand, en Assemblée géné-
rale, le 6 janvier 1920,
Considérant que, dans l'intérêt des études, des élèves et des
jjrofesseurs, il est indispensable que l'enseignement des langues
vivantes dans les Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institu-
trices, et dans les Ecoles Primaires supérieures de garçons et
de filles, soit l'objet d'inspections régulières confiées à un
Inspecteur général spécialiste de cette discipline,
Emettent le vœu qu'il soit créé un poste d'Inspecteur gént*-
ral des langues vivantes dans l'Enseignement primaire. »
10 LES LANGUES MuDEKNES
M. ritispecteur général Beaiijeu désire vivement que cette ins-
pection suit créée et il s'associe à tout vœu de cette espèce.
Le ^œu est adopté à l'unanimité.
M. Veillet-Lavallée rappelle qu'il a été saisi de vœux deman-
dant une nouvelle modification des épreuves du baccalauréat.
MM. Godart et Droin pensent qu'il serait opportun d'attendre
les résultats du régime nouveau avant de reprendre la cjuestion.
M. Veillet-Lavallée propose d'examiner dans la prochaine réu-
nion i^édagogique la liste des auteurs d'explication, inscrits au
j/rogramme du second cycle.
M. Chemin rappelle que les professeurs de lettres se plaignent
de ne disposer que de listes de textes trop courtes ; des listes
longues vaudraient mieux, laissant une grande latitude aux
]jrofesseurs, ou bien des listes plus courtes, mais qui seraient
renouvelées tous les deux ou trois ans. Les professeurs finissent
] ar être lassés d'expliquer toujours les mêmes textes.
MM. SeriHijedn et Schacher croient que le problème est actuel-
lement inabordable, étant donnés les prix des li^•res.
M. Bloch espère que. dans un temps assez prochain, mais
recouvrerons une certaine liberté ; les proviseurs de Paris ayant
l'intention de demander la suppression de la fourniture des livres
aux pensionnaires, le fond existant devant être réservé aux bour-
siers.
M. Varenne demande que l'Association intervienne au moins
pour qu'à la P'aculté des lettres on se décide enfin à donner aux
examinateurs des textes conformes aux programmes. Pour la 2"
partie du baccalauréat surtout, — la situation est absolument
scandaleuse, — les examinateurs n'ont pas à leur disposition un
seul livre se rapportant au programme d'Elémentaires ou de
Philosophie. 11 souhaite que, la réunion pédagogique ne tende pas
à trop restreindre le nombre des textes à mettre entre les mains
des élèves. Nous ne serions plus maîtres de diriger notre ensei-
gnement avec une liberté suffisante.
.\ ce choix d'auteurs, pourrait se lattacher toute hi (piestion de
l orientation des études de langues viininles dans les classes supé-
rieures, que notre prochaine réunion |)édagogique aurait intérêt
à discuter.
.1/. (iodart déclare qu'il serait, en effet, avantageux de subor-
donner la question particulière tles épreuves écrites au problème
général de l'orientation linale de notre enseignement.
■M. Berl.er demande qu"a\ant ia léunion i^rochainc M. Delobel
rende compte du travail fait à la Commission de l'éfovme de
l'enseignement de la Fédération.
.1/. Bloch répond que ce conii)te rendu sera fait à la prochaine
■séance du (Comité.
M. Milliot-Madcran demande <iiie dans un des niinu'rns île fin
d'année du Bulletin, on imite les sociétaires à |)oser leurs can-
didatures.
M. Bloch ne demande pas mieux (luc île reprendre la tradition
i!'a\ ant-guerre, mais M. Milliot-.Madéraii se rapi)ellera. comme
lui, que ce moyen n'a jamais servi à grand'chose ; on est obligé
lie solliciter les candidats du Comité, et comme il |;arait fâcheux
HLLl.KTIN m; i/aSSOCIA I ION 11
(If l'aire- aller à un ^'chcc ceux (lu'oii a sullicilc^, le sciiOtaiii.- e>l
iiatiircllfim-iil porte à cesser ses démarches des qu'il a tirnivé un
imnibre de candidats suflisaiit.
.1/. Go(l(trl remarque à f<-' propos qu'ii sérail fort désirable d'as-
suier una périodicité plus fréquente de la iU-vue. Cette publica-
tion doit rester avant tout le Bulletin d'un i^roupement profes-
sionnel. Il importe d<inc qu'elle paraisse ù intervalles plus rap
|irochés et nous tienne réguièrenient au courant de tous les faits
(pii intéressent notre action corporative. Au moment où, de tous
côtés, se discute le très grave problème de rKnseignement secon-
daire, il est nécessaire qu'il prenne parti sur toutes les questions
relatives à notre enseignement et que notre infoiunation soit aussi
rapide et complète (jue possible. .lamais il n'a été plus souhaita-
ble qu'un contact |)ermanent soit maintenu entre les membres de
notre Association et le Bureau, qui d'ailleurs a déployé en' ces
(ierniers temps, en particulier, dans ses rapports a\ ec la l'édé-
ration nationale, une si louable activité.
Mais, pour paraître d'une fa^;on moins espacée, le liuUetin
devra consentir à certains sacrifices. Tout en rendant hommage
à rheui'euse initiative i\i\ secrétaire de rédaction qui en a élargi
le cadre, en y introduisant une revue de la politique étrangère,
on ne peut s'emi)écher de trouvei' que ces chroniques n'ont plus,
ini moment où elles paraissent, qu'un intérêt rétrospectif, ("est
ainsi que le numéro de décembre apporte le commentaire d'évé-
lîcments antérieuxs ni'.x grandes vacances : ces considéiations, si
intéressantes qu'elles puissent être, risquent de paraître, après
six mois, un peu inactuelles et périmées. 11 y aurait donc lieu, si
les embarras de la Trésorerie obligent le Bulletin, pour multiplier
ses numéros, à s'alléger, de renoncer à ee travail d'inventaire
politique, qui est fait ailleurs dans de meilleures conditions de
documentation, et de s'en tenir à l'actualité pédagogique. Notre
Bulletin se résignera ainsi, pour des raisons d'économie, à n'être
|)lus qu'un instrument de travail professionnel. Ce que nous lui
demandons avant tout, ce que lui demandent aussi les collègues
étrangers qui s'y sont abonnés pour être tenus au courant du
mouvement de la pédagogie linguistique en France, pour être
lenseignés sur le sens et les résultats de nos expériences, c'est
une information de métier, et c'est dans ce sens technique qu'il
Lonviendrait de le développer.
M. Bloeh fait remarquer que les chroniques sont publiées à la
demande d'un grand nombre de collègues de province qui y voient
un moyen d'être tenus' au courant et renseignés sur les choses de
l'étranger. Ils apprécient fort ces mises au point, fussent-elles tar-
dives, il regrette vivement que M. d'Hangest soit retenu à la
Société des Nations, n'ait pu assister à TAssembléc, et ne puisse
défendre lui-même sa conception du Bulletin.
M. Milliot-Madéran sans aucune intention de blâme pour la
Uédaction dont il reconnaît volontiers les efforts, propose la sup-
pression des chroniques ; ces articles demandés et acceptés à
l'avance lui i^araissent constituer un précédent fâcheux et gêner
la liberté d'action du Secrétaire de la rédaction ; M. Milliot-Ma-
déran voudrait, il l'a déjà demandé l'an dernier, que le Bulletin
12 LES LANGUES MODERNES
parût plus souvent, en diminuant le nombre 'des pages comme Ta
demandé M. Godart, on arriverait à concilier les nécessités de la
trésorerie et le besoin d'être renseigné des sociétaires.
M. liant- demande que le nombre des Bulletins annuels soit
|)()rté de 6 à 8. C'est également l'opinion de M. Goy.
M. Yarenne ayant rappelé l'intervention de M. Veillet-Lavallée
auprès du Bureau de la Fédération, MM. Godard, Milliot-Madéran
et Yarenne déposent la solution suivante :
L'Assemblée générale des professeurs de langues vivantes affir-
mant ses sentiments de solidarité corporative, approuve l'inter-
vention de son Président auprès du Bureau de la Fédération, et
ne renonce que dans un) intérêt d'union à renouveler sa protesta-
tion contre l'action du Bureau de la Fédération dans des ques-
tions intéressant un enseignement particulier.
Gette solution est adoptée à l'unanimité.
Note du Rédacteur en Clief
Etant donné l'impossibilité de se rendre compte de la mesure
où certaines critiques isolées, adressées à l'i Rédaction lors de
l'Assemblée générale, reflètent les désirs de nos collègues, je
serais reconnaissant au.x Sections Régionales, en particulier, de
bien vouloir recueillir l'opinion réelle de la majorité, et de la
faire connaître, dès que possible, au Bureau de l'Association.
Les critiques en question ne tiennent évidemment pas compte
des difficultés industrielles qui entraînent un délai d'un mois
environ entre l'envoi des manuscrits et l'expédition de la revue
aux abonnés.
En ce qui concerne sa liberté d'action, le Rédacteur en Clief
tient à rassurer ses collègues : il ne l'a jamais sentie menacée.
Il est heureux de pouvoir exprimer ici à ses collaborateurs,
en j)articulier aux rédacteurs des ditférentes Chronitiues Elran-
(jères, ses très- cordiaux remerciements pour leur régularité, et
pour le dévouement qu'elle implique.
G. d'Hangkst.
Réunion du Comité
Le Comité s'est réuni le 18 novembre à 3 heures de l'après-midi,
au parloir du Lycée Montaigne, sous la présidence de M. Veillet-
Lavallée, i)résident de l'Association. .Assistaient à la séance :
MM. Bellec, Bloch. Mlle Brunel, MM. Carillon, Cart, Chemin, Mlle
Clôt, MM. Dclobcl, Duvergé, Goy, Guilloiel, Mlle Ledoux, M. Rancès,
délégué au Conseil Supérieur de l'Instruction Publique, M. Hirlz.
délégué de la régionale de Poiliers.
lUIJ.iniN D\: l/.\SSO(.IATI0N 13
Kxciisos : .M.M. AiiKiiulfl, lirocart, d'Himgcsl, .lainiii, Moiilauhric.
Lf PrésidiMit ouvre la séance en adressant ses félicitations et
ses renu'icienients à M- Hanccs pour Ténertiic avec laquelle il a
défeinhi les Langues \'ivautes au (lonseil Siii)érieur de l'Instruc-
tion l'uidique et |)our le succès qu'il a obtenu en mettant en échec
les projets administratifs et en obtenant le maintien de rensei-
gnement obligatoire des L. V. dans les écoles normales et les
écoles primaires supérieures. Ses remerciements cordiaux iront
aussi il M. Monguillon jjour la campagne rapide et courageuse
(pi'il avait entreprise contre les mêmes projets et pour la propa-
gande continue (ju'il fait en notre faveur et qui depuis la rentrée
se traduit par un nombre très respectable d'adhésions nouvelles ve-
nant de l'enseignement primaire sujjérieur. 11 regrette enfin le départ
de notre \ ice-président, M. Boiissagol, qui était en quelque sorte
le trait d'union entre notre Société et la Société des langues niéri-
(iionales, dont le séjour fut trop court parmi nous, mais dont
nous apprécions tous la droiture, la netteté dans les itlées, et le
dévouement à la cause commune. M. Vcillet-Lavallée communique
ensuite la lettre de démission de M. .lamin et exprime ses regrets
très vifs au sujet de la «lécision de notre excellent collègue qui a
si souvent et si longtemps siégé au milieu de nous, et au dévoue-
ment et aux avis duquel nous n'avons jamais fait appel en vain,
l'ne autre démission de l'Association lui est également parvenue,
qu'il déplore vivement, celle de M. Paoli ; M. Paoli est un des
seuls professeurs d'italien en fonctiV)ns à Paris, il est une auto-
rité dans sa partie, et il est très regrettable qu'il s'en aille ainsi,
brusquement.
M. Hdticc's, qui lui aussi regrette cette décision, propose que le
comité fasse une démarche collective auprès de lui, il est persuadé
qu'après réflexion, M. Paoli reviendra sur sa démission. Dans
tout cela, il semble qu'il n'y ait qu'un malentendu.
M. VeUlet-LavaUée continue le compte rendu de ses démarches
et de la vie de l'Association pendant les vacances. Il est heureux
de constater la reconstitution successive de presque toutes les
régionales existant en 1914, mais il soumet au comité les statuts
de la Régionale de Clermont, il donne lecture de l'article 3 qui lui
parait être incompatible avec les statuts de notre association :
.. Peuvent faii'c partie de la société régionale, moyennant le
paiement d'une cotisation annuelle de deux francs, tous les pro-
fesseurs de L. \. non affiliés à l'A. P. L. V. E. P. ».
M. Ilirtz dit qu'il faut demander à la Régionale la suppression
de ce paragraphe, et demander au bureau d'instituer dans tous les
lycées et établissements d'enseignement publics un délégué qui
s'entendrait avec ses collègues, et leur demanderait leur avis sur
toutes les questions d'intérêt général.
M. Goy répond que notre société ne peut connaitrt^que ceux qui
paient leur cotisation.
M. Bloch ajoute que ceci est une question d'administration
intérieure, que cette organisation, quelqu'intéressante qu'elle puisse
être, ne regarde que la Régionale, mais que le paragraphe en ques-
tion ne peut à soii avis être maintenu dans les statuts. Le comité.
14 LES LANGUES MODElîKES
à runaiiimité, se range à son avis et le Président interviendra
auprès du bureau de la régionale pour lui demander la modifica-
tion du paragraphe.
Le Président donne quelques indications sur l'activité déployée
par la Régionale de Clermont. Il a été saisi par elle d'un vivu
tendant à la création de cours- d'espagnol à la Faculté des Lettres
de (llermont, et de diverses réclamations, émanant en particulier
de professeurs de Langues Méridionales, portant sur des horaires
insufiisants. Il fait les démarches nécessaires. La Régionale
s'adresse aux grands industriels de la région pour les intéresser
au déveloi)pement de l'étude des langues, notamment par la créa-
tion de bourses de séjour à l'étranger.
M. Veillet-Lavallée rappelle ensuite la démarche de M. Rcy, vice-
présideiit de la Fédération nationale des professeurs de Lycée,
auprès de M. Bellin, au sujet des deux langues à Polytechnique
et à St-Cyr ; M. Rey avait insisté pour que l'administration em-
pêchât les élèves d'entrer dans la section D. La Fédération sem-
blait ainsi lutter en faveur du latin contre notre discipline et
sortait, ce faisant, de son rôle. Cette démarche a causé un réel
émoji parmi nos collègues ; elle leur a semblé contraire à l'esprit
même de la Fédération, et M. Veille t-Lavallée a adi-essc à M. Rey
une lettre de protestation, dont il donne lecture au comité. La
réponse de M. Rey, très aimable et polie, dont lecture est donnée
égiUement, constituait une rétractation insuffisante, et .¥. Vcitlel-
J aiHillée avait l'intention de aaisir le comité de l'incident, et de
Aoir quelles suites il comporterait. Mais il vient de recevoir une
lettre de M. Cope, le nouveau président de la Fédération, dont le
Bureau reconnaît le bien-fondé de notre protestation, et promet
que chose semblable ne se renouvellera plus.
M. Bloch déclare que dans ces conditions il n'j' a qu'à passer
l'éponge sur ce qui s'est passé, mais qu'il était venu avec l'in-
tention de protester vivement contre des procédés de ce genre, où
l'on s'appuie sur des faits manifestement faux pour continuer
la campagne contre les L. V. Tout le monde savait en effet, que
les élèves de C. ne seraient i)as handicappés par rapport aux élè-
ves de D., car l'enseignement d'une deuxième langue vivante avait
été prévu pour 1920-21 dans la section C. Ce n'est là qu'un épi-
sode, symptôme inquiétant de l'état d'esprit de nos collègues ;
il a d'ailleurs eu uue impression analogue,, à la réunion des spé-
cialistes convoqués par la Fédération pour étudier la réforme des
programmes. Le dédain des Langues Vivantes ou plutôt la con-
fiance dans le vieil enseignement classique, panacée de tous nos
maux, lui paraissent y régner en maîtres.
M. Runcî-s est convaincu qu'une très grande partie de nos collè-
fiucs croient vraiment en cette panacée, et seraient volontiers de
Tavis d'un grand, journal du soir, à savoir que l'enseignement clas-
sique a sauvé la France. Quoi qu'il en soit, la lettre de AL Cope
peut être considérée comme satisfaisante à condition qu'el'e soit
jHibliée dans le Bulletin de la Fédération.
M. Veillet-Lavallée rend compte ensuite de l'inquiétude qui sem-
ble se manifester (larmi certains de nos collègues au sujet do la
lUI.r.ETlN I)K I/aSS()(.IATIOX lu
c-iinipagiK- ((uf lions avons entreprise contre l'abandon irraisonné
de l'étude de ''allemand : il a re<ju des lettres de plusieurs pro-
fesseurs d'anglais et même .1/. Boussngol dans la lettre si aimable
qu'il vient de lui adresser, se |)laint de cette campagne au nom de
ses collègues de Langues Méridionales. Tout le monde devrait
cependant reconnaître que notre campagne est entièrement désin-
îéressée et ne songe qu'à l'intérêt supérieur du pays.
.M. Rames dit que ces manifestations étaient inévitables et ne
doivent i)as surprendre. Les Langues Méi idionales, notamment. Ont
trop gagné à l'abandon de l'allemand pour ne pas con\oiter des
gains supplémentaires. Cela est tout naturel de la part d'une disci-
pline réduite pendant trop longtemps à la portion congrue. Mais
certains j)rofesscurs d'anglais, surtout les jeunes, se |)laignent
aussi, en termes jjarfois fort vifs, de la campagne en faveur de la
rej)rise des études d'allemand. Pour avoir paru admettre la pos-
sibilité de favoriser l'allemand grâce à un coeflicient préférentiel
aux examens d'entrée aux giandes Ecoles, ne lui a-t-on pas repro-
ché de ■' lâcher ses collègues d'anglais pour se faire une popula-
rité auprès des autres ? » Son opinion n'a cependant pas varié :
il faut agir de manière à éviter tout froissement, à ménager toutes
les susceptibilités légitimes, mais il faut continuer la campagne
dans l'intérêt national. Les jjarents font en ce moment une sottise
que le pays pourrait payer très cher. Il faut leur ouvrir les yeux
et a|)puyer l'intervention administrative jusqu'à ce qu'un juste
équilibre ait été rétabli.
M. Delobel ajoute qu'au comité nous avons toujours montré que
nous voulions établir une juste luiuinalence entre les deux langues.
Pour Polytechnique et St-Cyr nous avons demandé la mise sur le
même pied de l'allemand et de l'anglais. On ne peut pas se forma-
liser de ce que nous avons fait, et d'autre part les Langues Méri-
dionales ont toujours été représentées dans nos commissions.
.1/. Rdiicès signale que certains articles, dont l'un a paru récem-
ment dans une de nos revues spéciales, ont, il faut le déclarer,
beaucoup surpris, et quelque ])eui indigné, les professeurs d'anglais
en demandant, non pas une situation égale pour toutes les lan-
gues, mais le retour à la suprématie de l'allemand. On comprendra
qu'aucun professeur d'anglais ne puisse accepter ce point de vue
exclusif, et si on veut aboutir, il faudrait se garder de manifes-
tations qui rendraient vite impossible l'entente actuelle.
M. Bloch a eu communication il y a quelques jours de l'arrêté
supprimant l'allemand au concours d'entrée à l'Ecole Navale, à
l)artir de 1922, et il demande quelle est la raison de ce nouveau
coup porté à l'enseignement de l'allemand.
M. Rancès répond que les examinateurs d'admission à l'Ecole
Navale n'ont pas été spécialement consultés, et n'ont connu la ine-
sure prise que par une lettre du Ministre. Mais il savait que
l'Etat-Major général déplorait que dans les dernières promotions,
et particulièrement celles de guerre, 60 0/0 des admis ne sussent
l)as un mot d'anglais. D'autre part, l'équivalence de l'anglais et
de l'allemand n'avait jamais été considérée, à la Marine, que
comme une mesure d'attente, ])rise il y a quelques années pour
16 I.i:S LANGUES MOUKHNES
relever le nombre des candidats : on pensait attirer ainsi a ers
l'Ecole Navale un certain nombre de candidats à l'Ecole Polytech-
nique, surtout en province, et de fait, la niesure donna des résul-
tats appréciables. Mais il était bien évident qu'on la considérait
comme toute provisoire, et qu'à la première occasion favorable,
on reviendrait à l'ancien système.
Au Lycée St-Louis, le Proviseur a été consulté, mais seulement
sur la date d'application du régime nouveau. D'après des rensei^
gnements fournis par un collègue du même Lycée, il semble que
personne n'ait protesté, pas même les professeurs d'allemand de
la maison, pourtant directement lésés. En province, il n'a pu
savoir comment la mesure avait été accueillie. Cependant M. Chu-
niin, proviseur du Lycée de Bordeaux, la trouve toute naturelle,
tout en protestant contre la date de son application, qu'il trouve
prématurée.
Bref, il est certain que la décision du Ministre n'a surpris per-
sonne, si elle ne satisfait pas tout le monde, et qu'on l'attendait
dans les milieux les plus directement intéressés.
..]/. Delobel s'étonne que les administrations de la Guerre et de
la Marine agissent sans que jamais l'Instruction Publique in-
tervienne. 11 devrait y avoir une commission interministérielle
pour régler les questions de programme.
M. Rancès. — Ces Commissions existent. Il y a trois Univer-
sitaires au Comité Consultatif des Ecoles de la Marine. D'autre
part, deux délégués de l'Instruction Publique font partie du Con-
seil de perfectionnement de' l'Ecole polytechnique, et sont con-
voqués quand l'ordre du jour comprend des questions relatives
aux conditions d'admission. C'est ainsi que l'avis du regretté vice-
recteur, M. Lucien Poincaré, très nettement défavorable à l'obli-
gation de deux Langues Vivantes au Concours d'PZntrée à l'Ecole,
fut pour beaucoup dans la décision de l'Assemblée, hupielle en-
traîna évidemment, en fin de compte, l'opinion du .Ministre de !;i
guerre.
Il est donc possible que les hommes qualifiés pour parler au
nom d'une discipline, fassent entendre les vœux de leurs collè-
gues, et peut-être aujourd'hui, au lieu d'une lettre de protesta-
lion, cotiviendrait-il de faire une démarche auprès des membres
universitaires du Comité consultatif des Ecoles de la Marine.
M. Bloch, constatant l'inutilité à i)eu près certaine de sa proti.—
tation, retire le vœu qu'il avait déposé, mais il proteste contic
les modifications successives et en cours d'année du programme de
Polytechnique, rétablissement et .suppic-ssion nouvelle du thèni'.-
de L. V. depuis 6 semaines, par des circulaires que d'ailleurs .m
oublie de nous communiquer.
M. Cnrt se plaint également de la difficulté d'obtenir commu-
nication des circulaires. 11 a fini i)ar savoir que le thème était
supprimé cette année par mesure tr;!nsitoire et serait rétabli cii
1922,
M. Blnch dépose le vtru suivant : Lv Coiuilé de l'Associalioi,
des Prnfi'ftsciirs de L. V. ronsidênml que les meilleurs juges dans
un e.vdnien de L. V. sonl les jtrofesseurs spcritdiscs dans l'élude
Itn.l.KTIN DK I, ASSOCIATION
17
(le celle limijiic, ciiiet le invii <iu'(iii concours d'enlrée des (irniules
écoles, les canilidats soie ni interrogés sur lu longue allemande par
lin professeur d'allemand et sur ta langue anglaise par un profes-
seur d'anglais.
Co \œu est ;ui()|)tc' à riiiianimitc.
-V. Hancès tout en s'associaiit pleinement au |)rinci|)e tlu vcuii,
craint bien (|u'il ne reste j)latonic|ue. Pour des raisons budgé-
taires d'abord, sur lesquelles il est inutile d'insister ; mais aussi
parce qu'il paraîtra diftlcile d'unifier les notes données pour une
même discipline par des examinateurs ditTérents. Or c'est un s«)uci
qui préoccupe. Justement en somme, l'administration de certaines
;::randes écoles. Ainsi, à l'une d'entre elles, en ce qui concerne les
examens de passage et de sortie, la Direction des Etudes insiste
pour que les correcteurs et les examinateurs de Langues se met-
tent d'accord pour aboutir à la même moyenne générale. Il en est
de même pour les correcteurs d'écrit au Concours d'entrée. Ce
souci d'équité est absolument légitime, et il nuira certainement à
l'adoption du vn.'U.
M. Veillci-Lavallée lit une lettre de M. (lamerlynk demandant
au comité de s'associer à la requête qu'il a l'intention d'ailresser
à l'administration su|)érieure pour que, cette année encore, les
candidats au baccalauréat soient autorisés à opter entre la compo-
sition en langue étrangère et la Aersion suivie du thème d'imita-
tion.
M. Hancè's, invité à faiie connaître son o|)inion, dit qu'il est très
sensible aux craintes exprimées par les pères de famille, dont
M. (]amerlynck se fait l'écho. Il se déclare tout disposé à appuyer
Je vœu, si telle est l'opinion du Comité. Il tient cependant à faire
remarquer que, dans le dernier paragraphe de sa lettre, M. Camer-
lynck passe !rop rapidement sur ce qui lui paraît être l'incon\é-
nient majeur de la proposition. Il ne pense pas, pour sa part, que
le professeur puisse décider pour ses élèves de la nature de
l'épreuve qu'ils . devront présenter. En cas d'échec, quelle respon-
sabilité serait la sienne vis-à-vis des familles ! D'autre part.
|)réparer à la fois les deux types d'éjirevive lui semble à peu près
impossible. Il rci)ète néanmoins qu'il suivra volontiers ra\is du
Comité, bien (pialilié i)ot.ir fournir une <)|)inion raisqnnée.
Sur la proposition de MM. Duoergé et iJelobel, le Comité décide
(pie la demande de M. Camerlynck arrive trop tard, jetterait le
trouble dans l'f'sprit des élèves et gênerait leur préparation.
.M. Veillet-Larallée met le Comité au courant d'une protestation
adressée en ternies fort vifs à M. d'Hangest, rédacteur du Bulle-
tin, par M. P. Legouis, i)rofesseur au Lycée de Lyon.
Ce dernier se plaint d'une erreur commise à son sujet dans le
compte rendu de la séance du Comité du 27 juin 1920. Cette lettre
mettant en cause le Bureau de l'Association et M. Pïancès, il y a
cil réplique de celui-ci et du Président.
M. Delobel donne lecture de son rapport sur l'état actuel de
l'enseignement de l'allemand, rapport qu'on trouvera plus loin.
Sur la proposition de M. Bloch, le comité remercie M. Delobel
|)our ce travail si consciencieux et si complet ; il demande ensuite
k
18 LES LANGUES MODERNES
au Comité d(» prier .]/. Delobel de bien vouloir continuer à repré-
senter TAssociation à la Commission d'enquête sur la réforme
de l'Enseignement. 11 est convaincu que les intérêts de l'Associa-
tion ne sauraient être confiés à des mains plus expertes.
M. Delobel remercie le Comité de cette marque d'estime. A ia
demande de .1/. Blocb. empêché, il l'a remplacé pendant le mois
de décembre aux séances de la Commission et continuera volon-
îiers à en suivre les travaux. Mais il fait remarquer que le
(Comité n'ayant pas encore répondu au questionnaire rédigé par
hi Commission, il lui est difficile de parler au nom de l'Asso-
ie iation ; il n'a pu jusqu'ici parler qu'en son nom personnel. Il
t'emande donc au Comité de se prononcer sur le questionnaire
dont il donne lecture, ainsi que sur le second questionnaire. .qui
\a être publié sous peu.
A l'objection que les questions soulevées dépassent la compé-
tence de l'association et que nous ne devons nous occuper que de
ce qui concerne notre spécialité. M. Delobel répond que nous ne
sommes pas seulement des professeurs de langues vivantes, mais
que nous sommes aussi des membres de l'enseignement. Ce serait
nous diminuer que de nous refuser à avoir une opinion sur les
i;rands problèmes qui se posent à l'heure actuelle. D'ailleurs,
même du point de vue de notre spécialité, nous avons intérêt à
en suivre la discussion, car la place attribuée à notre discipline
dépend de la conception générale que l'on se fait de l'enseigne-
ment. Enfin, par le fait même que nous groupons les trois ordres
d'enseignement, ne sommes- nous pas encore mieux qualifiés que
d'autres associations de spécialistes pour traiter les questions qui
intéressent tous les éducateurs.
Le Comité décide que l'Association répondra au qucstionnitiie
(le la Commission.
M- Delobel expose que le principe étant adopté, le Comité ne
|)eut prendre à lui seul des décisions sur des questions aussi
importantes. 11 ne peut songer non plus à solliciter les avis
individuels des membres de l'Association. Mais les Régionales
s(-nt tout indiquées pour centraliser les opinions de nos collègues.
Le Comité pourrait faire parvenir le questionnaire aux différen-
Us Régionales en les priant de l'examiner dans leurs réunions,
("est d'après les réponses reçues qu'il répondrait lui-même à la
(ommission d'enquête. En même temps, les membres de l'Asso-
ciation pourront intervenir dans leurs .\micales pour y rcprésen-
tir l'opinion des professeurs de langues vivantes.
U en est ainsi décidé. Les Régionales seront saisies de la ques-
tion et invitées à y répondre dans le plus bref délai. Une réunion
pédagogique sera organisée à Paris, pour le jeudi 17 février à
2 h. 1/2, au lycée Louis-Ie-Grand. M. Rancès informe le Comité
que le Conseil supérieur doit se réunir le 20 janvier prochain, et
(ju'il a reçu ce mâtin seulement le bordereau des affaires soumi-
ses à r.Assemblée, et un certain nombre de projets de décret.
Il n'en est qu'un qui touche particulièrement les langues vivan-
tes, en ce qu'il porte supi)ression de l'épreuve écrite de langues
au Brevet supérieur. Seule subsiste l'épreuve orale, réduite à la
liLI.LETIN UK i/assoCIATION 1Î>
• (racliiclii)ii d"uii texte fitcile ». C'est là une atteinte i)ortée à
notre enseignement ; en elYet, il est facile de se rendre compte des
répercussions «[u'aurait cette suppression, non seulement sur le
itcrutement et la situation des professeurs de langues dans
renseignement primaire public à tous les degrés, mais aussi,
particulièrement en province, sur l'enseignement des langues dans
les lycées, collèges et Cours secondaires <le Jeunes filles, et enfin
dans l'Enseignement libre féminin. Enfin, cette mesure porte
atteinte au |)restige des langues vivantes, et M. Hancès compte
cjue tous leurs partisans se retrouveront unis au Conseil pour
faire échouer cette partie du projet relatif au Brevet supérieur.
M. Rancès regrette enfin que des projets de cette nature puis-
sent être proposés sans que le personnel enseignant, directement
intéressé et tout désireux de collaborer avec la Direction de
PEnseigncment primaire, soit jamais consulté, ou tout au moins
soit i>révcnu à temps pour délibérer utilement et présenter à la
!)ircction une opinion solidement appuyée. Cest tout le contraire
du ce qui se passe dans les deux autres directions. Il essaiera,
bien entendu, de faire triompher notre point de vue.
Le Comité prie M. Kancès d'intervenir énergiquement auprès
(le ses collègues du Conseil supérieur pour combattre ce projet
cl le Président dépose le vœu suivant, qui sera transmis à tous
lis membres du Conseil supérieur :
L'Association des professeurs de langues \ivantes des trois
ordres d'enseignement, proteste vivement contre le projet de
■ suppression de l'épreuve écrite de langues vivantes au Brevet
■ supérieur, que la Direction de l'Enseignement primaire se pro-
pose de soumettre aux délibérations du Conseil supérieur de
l'Instruction iJublique (session du 20 janvier ])rochain).
Elle regrette, que, contrairement à ce qui su passe dans les
deux autres Directions, la Direction de l'Enseignement primaire
■ se refuse, lors de Télaboration de ses projets, à faire appel à
> la collaboration des professeurs compétents et directement in-
• téressés. »
— I Le Comitt' adopte le vœu suivant que lui ])résente M. Hirtz
au nom de la Régionale de Poitiers :
La S. R. de Poitiers de l'A. P. L. V.,
Considérant que l'élévation indéfinie du prix des publications
trançaises et étrangères, met les études de langues vivantes dans
une situation de plus en plus difficile ;
Que les étudiants et les professeurs, indépendamment de la
question de prix, ne peuvent se procurer qu'avec la plus grande
difQiculté, les publications nécessaires à leurs travaux ; qu'ils ne
|)euvent même plus trouver comme autrefois ces publications
dans les bibliothèques, celles-cii n'ayant plus les moyens d'en faire
l'acquisition ;
Emet le vœu :
1" que les jjublications étrangères nécessaires aux études soient
exemptes de tout droit à l'importation ; que des démarches soient
entreprises sans délai, afin d'obtenir que la circulation de ces
publications d'un Etat à l'autre, soit libérée de toute entrave ;
20 LES LANCIUES MODEISNES
2" que l'échange des publications scientifiques soit repris avec
tous les pays ;
3' Qu'en attendant l'efTet de ces mesures, un service soit créé,
qui serait chargé : a) de faciliter l'acquisition des publications
étrangères ; b) d'assurer une meilleure répartition de ces publi-
cations entre les bibliothèques (éviter les doubles emplois, etc..»
La S. R. saisit le Bureau de l'A. P. L. V. de la question et
l'invite à entreprendre toutes les démarches utiles auprès des
autorités universitaires ou des personnes qualifiées pour mettre
lin à cette situation.
M. Delohel ayant indiqué que le Ministère se préoccupe de
Lomprimei" les horaires,
Le Comité exprime le vœu que les heures de langues vivantes
ne soient réduites que si des réductions proportionnelles ont lieu
pour toutes les autres disciplines.
La séance est levée à 5 heures.
Résolutions du Comité
Paris, le 18 janvier 19^1-
Le Comité de l'Association des Professeurs de Langues Vivan-
tes de l'Enseignement public n'a pu se défendre d'une émotion
mêlée de surprise en apprenant, le 13 janvier, qu'un projet de
décret ayant pour effet de supprimer l'épreuve écrite de langue
étrangère au Brevet Supérieur venait d'être distribué aux mem-
bres du (vonseil Supérieur de l'Instruction Publique pour venir
en discussion au cours de la session qui s'ouvre le 20 courant.
Nous estimons, en tout état de cause, qu'une mesure aussi grave
et que rien ne permettait de prévoir, aurait dû être précédée d'une
étude approfondie de la question et d'une enquête largement ou-
\erte, où toutes les opinions, toutes les conceptions, toutes les
com])étences auraient pu se faire entendre.
Nous ])rions les membres du Conseil Supérieur de vouloir bien
remarquer que des jeunes gens et des jeunes filles, en nombre
considérable, dans toute la France, passent le Brevet Supérieur,
non pas i)our devenir instituteurs et institutrices, mais en vue de
l)osséde-r une attestation de culture, à Li fois théorique et prati-
que, qui leur licrmette d'aborder des carrières commerciales,
iiulustrielles ou administratives où une langue \ivante est indis-
pensable ;
Que toute étude ilont rimique sanction se trouve dans la
seconde partie (oraL d'un examen, est toujours négligée et que,
par suite, il y aura diminution des connaissances linguistiques
dans de ncnubreux centres à une époque où, plus que jamais, les
relations intellectuelles et économicpies se dévelo|)pent a\ec Us
Ijays étrangers ;
Que si un examen oral est indisi)ensable pour vérifier la con-
naissîHice pratique d'une langue et la bonne lu'ononciation des
HL'LI.IMIN 1)1-; l/.VSSOCIATION 21
;ts|)ii\mlN, sfulo iiiu' (.'-pi-omo cci'itc (loiiiii' les ijrécisions néces-
saires sut- la eiiltiire intellectuelle, grammaticale et littéraire du
candidat ;
Qu'une des conséquences de la mesure, si elle était adoptée,
serait de diminuer gravement la dignité de renseignement des
langues vivantes et sa valeur éducative ;
Qu'une autre en serait de tarir le recrutement des candidats et
des candidates au Certificat d'Aptitude à l'Knseignement des Lan-
gues Vivantes dans les Keoles Normales et Primaires Supérieures
et, par suite, le recrutement du personnel enseignant de ces éta-
blissements.
Les observations qui précèdent ont conduit le Comité de l'As-
sociation des Professeurs de Langues Vivantes à prendre la réso-
lution suivante :
« Le Comité de l'A. P. L. W, réuni le \',i Janvier 1921 au siège
" sioii de répreuve écrite de Langue Vivante au Brevet Supé-
>• social (Lycée Montaigne», proteste contre le projet de suppres-
■ rieur,
<■ et regrette que cette mesure soit pro])osée sans consultation
' préalable du |)ersonnel enseignant. »
L'Association, si elle avait été appelée à examiner la réfoime,
en eût fait l'objet de discussions en commun et de réunions péda-
gogi(|ucs, comme elle en organise pour étudier toutes les questions
qui touchent à notre discipline. Pris au dépourvu, le Bureau ne
peut jjrésenter de solution délibérée en assemblée générale, ni de
conclusions définitives et officielles.
Toutefois, il est permis de déduire d'enquêtes préalables et
d'opinions exprimées par de nombreuses personnes autorisées que
la majorité serait favorable au remplacement des questions en
langue étrangère par une version siiiuic de (/iiestions se nippnr-
lanf à son texte. C'est l'épreuve qui se pratique depuis de longues
années au Brevet d'études prinruires supérieures. EUe donne toute
satisfaction. Pour le Brevet Sufiérieur il conviendrait, semble-t-il,
de choisir un texte plus difficile, plus littéraire et des questions
d'un caractère plus élevé.
Enfin une telle sanction serait le couronnement naturel des
études faites par les futurs instituteurs et institutrices à l'Ecole
Xormale, suivant les directives données par le Conseil Supérieur
dans sa dernière session : " Arrêté du 18 août 1920 : Ecoles Nor-
males, Langues \'ivantes ; Devoirs : Versions ; courts résumés en
langue étrangère de textes expliqués en classe. » — ■ Instructions
officielles du 30 septembre 1920 : Pourquoi veut-on qu'il (l'insti-
tuteur) l'étudié (la langue étrangère) ? C'est pour lui permettre
d'élargir son horizon et de perfectionner sa culture. La langue
qu'on doit lui enseigner, c'est donc la langue littéraire plutôt
que la langue usuelle. Et la méthode qu'on doit suivre, c'est la
lecture et la traduction, plutôt que la conversation. »
Ch. Veillet-Lavallée,
Président.
k
22 LES LAXOUKS MODKRXES
L'étude de TAllemand
Œa/>jiort jirésenlé <iu nom de la Commission par 'SI. Uelobei.
professeur au lycée Voltaire)
Depuis 1914, les classes d'allemand ont perdu une grande partie
de leurs élèves au profit des autres langues. Il est naturel que les
relations de plus en plus actives, qui se sont établies entre la
France, l'Angleterre et les Etats-Unis aient développé l'étude de
l'r. nglais. Mais " l'énigme allemande » est toujours là, la France
a toujours besoin d'hommes avertis qui' puissent l'aider à la
déchitïrer. Comment concilier ces deux nécessités ? Le Comité de
l'Association a pensé qu'il avait le devoir d'étudier de près ce
problème d'ordre national. En février 1920, il confiait à une
Commission spéciale (1), le soin de » rechei'cher une solution
qui permette d'établir un juste équilibre entre les deux langues,
sans oublier non plus les langues méridionales (2) ». C'était
indiquer par là que le C-omité se préoccupait, non pas de réta-
blir la situation d'avant-guerre, mais de tenir compte des besoins
nouveaux pour donner à chaque langue la place qui lui revient.
Le premier soin de la Commission fut de réunir une docu-
mentation précise. Dans le n" des Langues Modernes de mars-
a\ril 1920, elle demandait aux membres de l'Association de lui
adresser des renseignements sur les questions suivantes :
1" Situation comparée des différentes langues dans cliaqiie
établissement en octobre 1913 et en octobre 1919 ;
2" Mesures des administrations locales ayant porté préjudice à
l'enseignement .de Tallemand ;
3" Raisons in\()quées par les familles pour ne pas choisir
l'allemand ;
4" Moyens à ])rop()ser.
Dans ses séances du 27 mars, du 6 mai, du 18 novembre, la
Commission a examiné les réponses reçues et pris un certain
nombre de décisions. Le présent rapport enregistre le résultat
de ses travaux.
(1) La (lommission fut ainsi composée: M. Delobel, professeur
d'allemand au h cée Voltaire, président ; Mlles Demmer, profes-
seur d'allemand au lycée Victor-Duruy et Marichy, professeur
d'italien au lycée \'ictor-Duruy ; MM. Dupré, professeur d'anglais
au lycée Montaigne ; Goy. i^rofesseur d'allemantl à l'école J.-H.
Say ; Hirtz. |)rofesse;ir d'alleniaïul au lycée de Poitiei-s. Les mem-
bres du Bureau en faisaient partie de droit.
(2) .A\is ilu Comité, dans les LiUKjues Modernes, mars-avril
1920, p. 87,
BUIXF.TIN I)K i/aSSOCIATION 23
Au ir> jiiillit. ôl réponses nous étaient i)aivenucs. La Commis-
sion remercie très vivement les collègues qui ont bien voulu
lui adresser, non seulement des renseignements statistiques,
mais encore des commentaires des plus intéressants. Elle regrette
que leur nombre ne soit pas plus élevé. Heureusement, les com-
munications proviennent de toutes les régions, de sorte que sur
17 Académies. 15 sont représentées : Paris, 10 réponses ; Aix, 1 ;
l>esan(,'on, 2 ; Bordeaux, 4 ; Caen, 2 ; Chambéry, 1 ; Dijon, 3 ;
Lille, 2 ; Lyon, h ; Montpellier. 1 ; Nancy. 2 ; Poitiers, 11 ;
lUnnes, 1 ; Toulouse, 5 ; Alger, 1 ; manquent (Mcrmont et Greno-
ble. Remarquons en |>assant qu'en dehors de Paris, ce sont les
Aiadémies où les régionales ont une vie active qui ont donné le
|iiu> de réponses et souhaitons que, dans les questions d'intérêt
général, nos collègues ne se contentent pas de demander au
<lomité d'agir, mais lui en fournissent encore les moyens.
L — Etat actuel des études d'allen)ai)d
Les renseignements obtenus ne |)ermettent pas d'établir une
statistique com|)lète mais, par suite de la diversité des régions
dont ils proviennent, ils peuvent tout au moins servir d'indices.
19 établissements ont donné l'efTectif global des élèves d'alle-
mand en octobre 1913 et en octobre 1919. Ils fournissent un total
t'.e 3.402 élèves en 1913 contre 1.414 en 1919, ce qui représente
ine diminution de plus de moitié, 58 0/0.
15 établissements ont donné l'effectif des élèves de sixièrae
étudiant l'allemand en 1913 et en 1919. Le total est de 618 pour
1913. contre 282 en 1919. ce qui représente une diminution de
plus de moitié. 54 0/0. Bien que les établissements considérés
ici ne soient pas tous les mêmes que ceux qui figurent dans la
siatistique précédente, on aboutit cependant à des résultats à
peu près semblables. Si la perte sur l'effectif global apparaît
un peu plus grande que celle sur l'effectif de sixième, c'est que
l'effectif global comprend les élèves ayant commencé leurs études
en 1914, 1915, 1916, 1917, 1918. années les plus critiques pour
l'allemand, alors que la rentrée de 1919 a marqué une faiblci
amélioration dans certains établissements.
14 établissements ont fourni la comparaison entre les effectifs
globaux d'allemand et d'anglais. En 1913, l'allemand était étudié
par 2.950 et l'anglais par 2.269 élèves. En 1919, l'effectif des
élèves d'allemand est tombé à 1235, et celui des élèves d'anglais
est monté à 3,176. Ce qui revient à dire qu'en 1913, la proportion
était de 56 0/0 pour l'allemand, contre 44 0/0 pour l'anglais.
En 1919, la proportion pour l'allemand n'est plus que de 28 0/0
contre 72 0/0 pour l'anglais. Ainsi, l'équilibre qui existait à peu
près entre les deux langues avant la guerre, est maintenant tout
à fait rompu.
24 I>ES LANGUES MODERNES
Cette rupture d'équilibre apparaît encore plus nettement si
Ton compare les effectifs de sixième, fournis par 12 établisse-
ments. En 1913, on compte 530 élèves d'allemand et 357 élèves
d'anglais ; en 1919, 253, contre 795. En 1913, la proportion est
de 59 0/0 pour l'allemand contre 41 0/0 pour l'anglais ; en 1919,
la proportion n'est plus que de 24 0/0, contre 76 0/0 pour l'an-
glais (1). On peut admettre, par suite, qu'à l'heure actuelle, à
peine un quart des élèves de nos lycées et collèges étudie l'alle-
mand. Si l'on considère notre situation vis-à-vis de l'Allemagne,
on pensera que cette proportion est absolument insuffisante.
On serait encore plus inquiet si l'on pouvait considérer les cas
particuliers. Dans les statistiques, certains établissemients de
l'Est relèvent les moyennes en faveur de l'allemand. Les lycées
de Nancy, de Besançon, le collège de Chalon-s.-Saône, par
exemple, possèdent encore un nombre d'élèves d'allemand supé-
rieur à celui des élèves d'anglais : Nancy, 617 contre 501,
Besançon (P"" cycle), 136 contre 99, Chalon-s.-Saône, 81 contre 67.
Ils sont d'ailleurs menacés, car en Sixième, les élèves d'anglais
sont plus nombreux que les élèves d'allemand.
Partout ailleurs, la régression est sensible et souvent bien
au-dessous de la moyenne. En octobre 1919, Micbelet n'a plus que
88 élèves d'allemand au lieu de 228 en 1913, Nantes 170 au lieu
de* 434, Tours 69 au lieu de 214 et de même dans les collèges. St-
Germain 36 au lieu de 96, Montargis 12 au lieu' de 50. En Sixième.
Lakanal n'a que 21 élèves d'allemand pour 80 élèves d'anglais.
Toulouse 23 contre 147, Lyon (Ampère), 22 contre 6L Poitieis 9
contre 37, Agen 7 contre 31, Tarbes 5 contre 40. Et jjour finir, le
lycée d'Albi n'avait en 1919-20 aucun élèvu de Sixième inscrit
pour l'allemand !
II. — Les causes de l'abaodoi) de rallen)ai)d
Nos collègues ont indiqué très clairement les raisons qu'imo-
quent les familles — lorsqu'elles se donnent la peine d'en cher-
cher — ])our ne pas choisir l'allemand. C'est en -première ligne
l'argument patriotique : " On a cru que c'était faire œuvre de
bon Français que de cesser d'apprendre l'allemand. » — <• On
s'est appliqué à ignorer l'.AIleniagne au lieu de se contenter de
la haïr. » Dans de petites villes, on a même \u d'un marnais
(1) Une statistique antérieure établie par les soins du minis-
tère montre également que les élèves d'allemand, en 1913, repré-
sentaient 56 0/0 de l'etTectif total (20.215 sur 35.956 dans le 1"
cycle), et qu'en 1917, ils ne représentaient plus que 32 0/0
(11.707 sur 36.398». La (limiinition a c<nitiniié depuis.
I
BULLETIN UE L ASSOCIATION 2.)
(v'\\ les l'ainilks dont k-s (.iiruiits CDiitiiiiiaiciit à a|)|)iLiulr(.' le
• boche ". (Certaines campagnes de presse ont répandu l'idée
que l'Allemagne ne serait plus qu'une expression géographique.
que les relations commerciales n'existeraient plus, que l'étude
ne ]'allcman<l était par suite inutile. Kt, la. loi du moindre effort
aidant, ce fut " une aubaine pour certains élèves de pouvoir
au nom du patriotisme esquiver l'étude jngée trop difl'icile de
l'allemand •>.
L'anglais a profité de ces préventions. Familles et élèves s'ac-
cordent à le trouver plus facile, parfois même < plus distingué •>.
I.a présence de troupes anglaises ou américaines dans de nom-
hreuscs régions rendait pendant la guerre son étutle plus
attrayante et fournissait de nombreuses occasions de conversa-
tion. Les parents font aussi remarquer qu'ils peuvent sans
inconvénient envoyer leurs enfants se perfectionner par un séjour
en Angleterre, alors qu'il n\'n est pas de même en .Allemagne.
Knfin, la mesure qui a permis le choix entre l'allemand et l'an-
glais aux concours d'entrée à Polytechnique et à St-Cyr a eu les
résultats les plus graves. Nos correspondants confirment par les
faits ce que disait M. Ernest Lavisse dans une de ses Lettres au
Temps : • H n'est guère en France de pères de famille qui ne
destinent pas leurs fils à l'Ecole Polytechnique, dès le berceau.
Beaucoup renonçaient à cette ambition, quand ils avaient cons-
taté que l'enfant était impropre aux études scientifiques ; mais
l'écolier demeurait dans la classe d'allemand où son père l'avait
inscrit. 11 n'en sera plus de même à l'avenir. » (.1). L'anglais
conduisant aux grandes écoles, aussi bien que l'allemand, il
était naturel que les élèves choisissent ce qui i)araissait devoir
leur coûter le moins d'efforts.
in. — Mesures préjudiciables à l'étude de l'allen)aod
Si de vives critiques sont portées sur l'action de certains
administrateurs, le sentiment général reconnaît qu'il n'y a pas
eu d'hostilité systématique. Les chefs d'établissement ont sou-
vent regretté la désertion des classes d'allemand, et certains ont
même agi efficacement pour l'enrayer. Quelques mesures fâcheu-
ses ont cependant été signalées. C'est un recteur qui use de son
autorité pour faire remplacer l'allemand par l'anglais, puis par
l'espagnol, sans que cette substitution réponde aux besoins de la
région ; c'est un proviseur ou ce sont des directrices (les plaintes
de ce genre sont plus fréquentes dans les établissements de
filles que dans ceux de garçons), qui font campagne contre
(1) Temps, 24 octobre 1919.
26 LES LANGUES MODERNES
rallcniand. Il faut parfois bien du courage à nos collègues pour
défendre les intérêts de leur enseignement.
Des diminutions d'heures ont été opérées, mais en petit nom-
bre ; presque toutes ont disparu avec la fin de la guerre. Plus
regrettable est la suppression de l'allemand dans les classes
primaires, l'anglais seul restant enseigné, ou un agencement de
l'horaire tel que les élèves ayant commencé l'anglais ne peuvent
prendre Tallemand comme seconde langue, faits signalés dans
des établissements de jeunes filles.
La guerre a créé parfois des situations défavorables à l'alle-
mand. Dans deux collèges, le professeur de langues vivantes
mobilisé, n'a pu être remplacé que par une institutrice brevetée,
qui ne connaissait que l'anglais ; l'allemand a été abandonné.
Dans un autre, un des deux professeurs d'allemand étant mobi-
lisé, celui qui restait a eu la charge de tous les élèves. Dans un
lycée important, deux professeurs d'allemand sur trois ont été
mobilisés ; un seul suppléant, un répétiteur sans titres, est
nommé, tandis que les trois chaires d'anglais continuent à être
occupées. On conçpit que les professeurs d'allemand qui ont
re])ris leur poste après la guerre, aient grand mal à rétablir une
situation aussi compromise et à retrouver les élèves qu'une orga-
nisation défectueuse a détournés de leur enseignement.
Les réunions de classes ont été plus fréquentes et subsistent
souvent encore aujourd'hui. La régionale de Poitiers a donné un
très bon exemple en publiant les résultats de son enquête sur les
géminations (1>. On y voit réunies les classes de 6' et 5* (Civray,
l\ochc-sur-Yoni, de 4' et de 3"" (les mêmes, plus Poitiers), de 5"
et de 4« (Niort, Limoges filles). D'autres faits analogues ont été
signalés. A Annecy, pendant la guerre, la 1" BD (2' langue), a
été réunie à la 2' (l""* langue) et la 2"^ BD (2- langue) à la 3*. Au
collège de Parthenay, on a réuni la 2'' C à la 1" BD ; les 3' et 4''
1). Au collège de Béziers, classes géminées pendant la guerre 6''
et 5 ; 4'^ et 3" ; 2' et l". Au lycée de jeunes filles de Dijon, les
|r,. j.^ 2" années sont réunies. La conséquence est souvent une
réduction d'horaires, si l'on prend comme base la classe ayant
le moins d'heures de classe. A vrai dire, et certains collègues
le font remarquer, ces mesures ne sont pas toujours ducs aux
chefs d'établissement eux-mêmes. Les instructions qu'ils reçoi-
vent au sujet des écon()mies à faire et des réductions d'heures
supplémentaires les obligent à procéder à ces géminations. On
donne comme excuse le petit nombre des élèves dans les classes
tl'allemand. Sans doute, mais comment espérer augmenter ce
nombre, tant cpie les parents pourront comparer à des classes
(1) J.cs l.dinjucs Moilcriivs, mai-juin 1920.
BlI.MVrIN DE L ASSOCIATION li
^cmiiK'cs, à horiiiiL- lédiiit. les classes d'anglais séparées et pos-
sédant leur horaire n»>rnial ; ils dirigeront leurs enfants vers
l'enseignement qui Kiir |)aiaitra le mieux organisé.
IV. — Mesures proposées
] ' Sdnrlioiia. — L'analyse des causes qui ont conduit à l'aban
<lon de l'allemand permet de distinguer quelles mesures peuvent
y porter remède. Il faut agir sur l'opinion publique, dissiper
les préventions qui persistent, encourager le retour à une plus
^aine appréciation des réalités. Mais, si persuasive que soit notre
jjrojjagande, en admettant que nous puissions facilement attein-
dre le grand public, elle a bes<»in d'être appuyée par une interven-
tion oflicielle qui puisse faire réfléchir les familles. Et cette
intervention ne peut s'exercer etïîcaccnient que par des sanc-
tions ai)|)ropriées, les e.xamens étant en définitive les régulateurs
lies études. Action sur les familles, démarches auprès de l'admi-
nistration, recherche des meilleures sanctions, tel est le triple
but que doivent se proposer nos efforts. Problème fort complexe.
(lomme nous l'avons dit dès le début, il ne s'agit pas de réclamer
pour son saint » et de redonner à l'allemand la prépondérance
un peu abusive qu'il avait avant la guerre, mais d'établir entre
les dilTérentcs langues un juste équilibre qui réponde aux besoins
(lu ])ays.
Four aller droit au but, il faut s'attaquer en premier lieu au
problème des sanctions. Pour Polytechnique et St-Cyr, avant la
guerre, l'allemand seul était obligatoire ; en 1916, les candidats
ont |)u choisir entre l'anglais et l'allemand. Eu 1919, une déci-
sion iiu ministre de la guerre a rendu obligatoire la connais-
sance de l'allemand et de l'anglais à partir du, concours de 1923.
l^arnii les 14 collègues qui ont exprimé leur opinion sur cette
question, 11 se sont prononcés pour l'obligation des deux lan-
gues, et les 3 autres ne l'ont écartée, par crainte de surcharger
k-s ijrogrammes, que pour réclamer la priorité en faveur de
rallemand. Le coelïLcient différentiel a quelques partisans ici
comme dans les autres examens, mais on fait remarquer que,
même le principe admis, il a toujours été très difficile de se
mettre d'accord sur le taux des coefficients ; la régionale de Lyon
en a repoussé l'application (1). Ajoutons que, pour les grandes
écoles, l'épreuve de langues vivantes a déjà un coeffit^ient si
faible que la diftérence de taux serait à peine sensible.
Dans sa séance du 6 mai 1920, le (Comité s'est prononcé à
l'unanimité pour l'obligation des deux langues (.2), et le Bureau
Il Langues Modernes, mai-juin 1920, p. 214.
2 Ihid, p. 192.
2cS LES LANGUES MODERNES
a fait les démarches nécessaires pour que la mesure fût main-
tenue (1). Il a fal tremarquer que le souci de la culture générale
ne pouvait être invoqué, car un enseignement des langues
vivantes, bien compris, sait concilier l'acquisition des eonnaii-
sances pratiques avec le développement des facultés intellectuel-
les. Quant à l'objection, que cette mesure imposerait une sur-
charge aux élèves de la section C, le Comité a toujours ijeiisé
qu'il ne s'agissait pas de superposer l'étude d'une seconde langue
aux programmes actuels, mais de l'introduire dans la refonte
générale de l'enseignement qui est réclamée de tous côtés. L'allé-
gement des programmes d'admission aux grandes écoles entraî-
nerait celui de l'enseignement secondaire lui-même, (^est une
raison de plus pour les professeurs de langues vivantes de ne
pas étudier en elles-mêmes les questions qui les concernent,
mais de les replacer toujours dans le plan général de renseigne-
ment.
Ce sont les arguments qui ont été développés par notre Prési-
dent dans ses lettres aux ministres ds l'Instruction publique et de
1» Guerre (1). En même temps, il remettait à M. le Directeur de
l'enseignement secondaire et à M. le Recteur de l'Académie de
Paris une note indiquant les mesures transitoires qui pouvaient
être prises dès maintenant (2).
Notre opinion n'a pas prévalu, et M. le Ministre de la Guerre
vient de rapporter la mesure prise par son prédécesseur. Nous le
regrettons dans l'intérêt général du i)ays. La faculté de choisir
entre l'allemand et l'anglais continuera à éloigner les élèves de
l'allemand, réputé trop difficile ; et la France court le risque de
n'avoir bientôt, ni les officiers, ni les techniciens que réclament
l'exécution du traité de paix, le contrôle du désarmement de
l'.Allemagne, la surveillance de son développefhent économi()ue.
l'occupation de la rive gauche du Rhin, l'exploitation des mines
de la Sarre. Notre Association a le devoir de ne pas perdre de vue
celte question (3).
Pour le baccalauréat, trois réponses seulement demandent des
épreuves de nature différente : par exemple, la narration ixuir
l'anglais, le thème et la version pour l'allemand. Dix demandent
des épreuves de même nature, mais avec des modalités qui les
rendent d'une difficulté à peu près égale pour toutes les langues.
Diverses projiositions ont été faites : donner des textes plus
courts pour rallemand que pour l'anglais et les langues méri-
dionales ; n'autoriser de dictionnaire que pour l'allemand ; éta-
(1) Ldiiqiics ,]f(t<leriies, juillet-août, i). ii'Jfi, se(i.
(2) Ihid., p. ;r28.
(3) KUe le peut d'autant moins (|u'une récente décision du
ministre de la Marine vient de rendre l'anglais seule langue
obligatoire au concours de i'Lcf)le na\ale.
KILLETIX DE L'ASSOCIATION 29
l)]ii- iiiu' iiolc- ilimiiuiloiic pour ks langues autres que rallemaiul.
.Mais la inijorifé souhaite que l'équilibre soit obtenu par le
iiic)ix des sujets ou par les principes adopté;* pour la correction des
copies, ('/est à ce système, déjà mis en i)ratique avec succès dans
l'Académie de Poitiers, que s'est ralliée la Commission. Une
entente entre les examinateurs permettrait d'éviter des inégalités
trop choquantes et contribuerait à détruire la légende des
langues faciles. Nous avons eu la satisfaction de voir notre vani
accueilli |)ar les Directions de l'enseignement supérieur et de
l'enseignement secondaire ; et M. Ooville a informé notre Prési-
dent qu'il avait adressé des instructions dans ce sens à MM- k's
Recteurs (Il
2" Action ih's luliuinislnileurs. — Tout le monde s'accorde à
rcconnaitre la très grande influence que peut exercer le chef
(l'établissement. Le plus souvent, les familles hésitent, ne savent
pas. s'en remettent au choix de l'enfant ou — comme le conte
un de nos correspondants avec humour — le mettent là où se
trouve déjà un ami. L'intervention du proviseur peut alors être
très effic^tce et fournir aux parents des raisons de fixer leur
choix. 11 ne s'agit pas, encore une fois, de pousser tout le monde
vers l'allemand, mais d'empêcher qu'on n'en déserte l'étude par
un sentiment de patriotisme mal entendu ou par méconnais-
sance des réalités présentes. Des instructions données j)ar l'admi-
nistration supérieure encourageraient les chefs d'établissement à
agir. L' .Association est reconnaissante à M. Bell in, Directeur de
rKnscignement secondaire, d'avoir recommandé non seulement
aux Inspecteurs de langues vivantes, mais aussi aux "Inspecteurs
(le toutes les autres disciplines, de mener une active propagande
auprès des jiroviseurs, des principaux, des directrices, afin que
tous L's chefs d'établissement insistent auprès des élèves et des
familles ])our les empêcher d'abandonner l'allemand ou les y
ramener (2). (l'est dans le même ordre d'idées que le Bureau a
décidé l'envoi, avant la rentrée d'octobre 1920, à tous les chefs
d'établissement des enseignements secondaire et ])rimairc supé-
rieur de la circulaire dont il sera parlé plus loin.
■i" Action des professeurs. — Mais les professeurs ont aussi un
rôle à jouer. Dans certains établissements, les professeurs de
langues vivantes se sont entendus avec le professeur de Septième
et ont pu ainsi renseigner utilement les familles. Dans d'autres,
ils se sont adressés à des collègues de spécialités différentes qui
ont jju mettre en garde contre la désertion de l'allemand, sans
paraître " orfèvres » eux-mêmes. Les discours de distribution
(11- prix fournissent une occasion favorable d'appeler l'attention
1) Lamjiies MoilernCs. mai-juin 1920, p. 33.').
2i Ilnd., mars-avril 1920. !)'. 171.
1)0 LES LANGUES MODERNES
des parents sur la question; c'est ce qu'ont fait plusieurs,
collègues, comme MM. Rochelle à Bordeaux, Dubourg à Agcn,
Dontcnville à Avignon, Guinet à Cognac. Ces difïéreuts ^îrocédés
eut toujours donné des résultats appréciables, et la Commission
les recommande particulièrement.
4*> Action sur l'opinion publique. — L'action de l'administra-
tion, comme celle des professeurs, n'aura sou plein effet que si
elle répond à un courant d'opinion. De là, la nécessité de ne pas
se contenter d'étudier le problème dans nos réunions profession-
nelles, mais de le porter devant le public. Nos correspondants
signalent l'utilité d'une propagande active faite dans la presse
|>ari sienne et départementale pour aider l'opinion à se ressaisir
cl montrer comment les clauses du traité, la situation générale,
les circonstances économiques, nous imposent l'obligation de
connaître l'allemand et l'Allemagne. Un article de journal peut
déterminer le choix d'une famille ; plusieurs collègues nous en
fournissent des exemples. De même, les déclarations de person-
nalités éminentes sont de nature à influencer l'esprit du public.
La Commission s'est préoccupée d'assurer cette propagande.
Des articles ont été publiés à Paris par l'Information, F Avenir,
l'Ere nouvelle, l'Œuvre, la Victoire, la Démocratie nouv>eUe,
é'.Infornidteur civique, l'Europe nouvelle, la /V République ;
dans les départements par la Touruine républicaine, le Messager
de la Vendée, le Progrès de Seine-et-Oise, le Quotidien du Midi'
le Radical de Marseille, l'Avenir de la Vienne, pour ne citer que
ceux qui nous ont été communiqués (1).
En réponse à une demande du président de l'Association,
M. Raymond Poincaré nous a honorés d'une longue lettre, où il
plaide chaudement la cause de l'allemand (2). Communiquée à
la presse par les soins de l'Association, elle a été reproduite par
un grand nombre de journaux, parmi lesquels le Temps, les iJé-
bals, le Journal, la Liberté^ le Petit Parisien. Elle a en outre été
envoyée sous forme de circulaire, vers le 15 septembre, à tous
les chefs d'établissement des Enseignements secondaire et pri-
maire supérieur (garçons et filles), pour qu'ils puissent
s'en servir au moment de la rentrée.
Elle a donné lieu à différents articles sur la question, notam-
ment à une série de chroniques de M. Maurice Barrés dans
l'Echo de Paris (3), qui ne rencontreront pas toujours l'approba-
tion des professeurs de langues vivantes, mais leur fournissent
d'intéressantes suggestions. ^L Barrés est d'ailleurs d'accord avec
M. Poincaré sur la nécessité d'étudier l'allemand, comme il l'a
(1) Les Langues Modernes, juillet-août 1<.)2(). p. 330, 390.
(2) Ibid., septembre-octobre, p. 409.
(3) 11, 18, 25 octobre, 3 novembre.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 'M
marqué ilaiis s;i réponse à la lettre que M. Pluspeeteur j;éiiéral
Potel lui avait adressée. Héeeniment, .Vf. Haymoud Poincaré a, de
nouveau, fortement dévclopi)é les raisons de l'étude de Talle-
mand dans une de ses Lettres libres au Temps (1;.
V. — Résultats
Nous ne nous flattons pas que l'aetion de notre .Assoeiation ait
suffi à résoudre' le problème. Mais ajoutée à l'action de l'adminis-
tration supérieure et de nos Inspecteurs généraux, aux avertisse-
ments des esprits clairvoyants, elle contribue à déterminer le
mouvement d'opinion nécessaire pour empêcher la désertion de
l'allemand et rétablir un juste équilibre entre les difTérentes
langues. Certains indices annoncent que tous ces efl'orts n'ont pas
été inutiles, et les renseignements que nous avons déjà reçus
indiquent une reprise de l'allemand.
.\ Lakanai. la rentrée d'octobre 1920 accuse 48 élèves d'alle-
mand en 6-, contre 21 l'an dernier, à Voltaire 67 contre 51, à
Tourcoing 24 contre 10, à Maubeuge 24 contre ,"), à .\rras 16
contre 4, à .Avignon 18 contre 4, à,Agen 20 contre 1, à Chartres
13 contre 6, à Orléans 15 contre 6, à Annecy 8 (sur 32) contre 5
(sur 33), à Chalon-s.-Saône 22 (sur 30) contre 8 (sur 16), à Bourg
17 contre 15 (et 3 en 1918i, à Epernay 15 contre 2 (et 0 en 1918s
à Chaumont 19 contre 10, à Dôle 10 contre 7, à Epinal 30 contre
19. A Lyon, le lycée .Ampère a 17 élèves d'allemand (sur 70»
contre 22 (sur 75), le Parc en a 18 (sur 56 1 contre 9 (sur 44 1,
l'annexa Sa.xe 18 (sur 43) contre 7 (sur 45). Par contre, à l'Ecole
primaire supérieure d'Epernay, aucun élève n'apprend plus l'alle-
mand ; au collège de Chàteaudun, un seul élève est inscrit en 6" ;
i Bourgoin, la chaire d'allemand est supprimée.
Presque toujours, les collègues qui nous communiquent ces
ilîiiTres, indiquent que l'augmentation du nonabre des élèves
d'allemand est due surtout à l'intluence des chefs d'établissement.
Ces résultats doivent nous encourager à persévérer dans notre
action. Ils n'indiquent encore qu'une atténuation du mal ; le péril
est loin d'être conjuré. 11 restera d'ailleurs à rechercher d'après
quelles règles doit se faire la répartition des élèves entre les
difl'érentes langues, à se demander si les jeunes gens qui sortent
de nos lycées peuvent se contenter à l'heure actuelle d'étudier
une seule langue, par suite à déterminer quelle place doit être
réservée aux humanités modernes dans la refonte de notre ensei-
gnement national. Ce sont là les questions essentielles que les
nécessités immédiates ne doivent jamais nous faire perdre de
vue. G. Delobfx.
(1.) Temps, 25 octobre.
32 LES LANGUKS MODKI'.NES
Section régionale d'Aix-Marseille
L'Assemblée générale de la section régionale de notre académie
s'est réunie le 2 décembre, à 9 h. 30, dans la salle des professeurs
du Grand Lycéf de Marseille. Sur la proposition de M. Lestang.
j)résident de la Régionale d'avant-guerre, d'accord lui-même avec
le secrétariat provisoire, elle a constitué ainsi qu'il suit le bureau
de la section :
Président : M. A. Lévy-Sée, professeur de littérature allemande à
l'Université de Strasbourg, détaché à l'Université
d'Aix-Marseille.
Secréldire-fjénéral : M. G.-E. Broche, professeur agrégé d'anglais au
Grand Lycée de Marseille.
Secrcliiires : pour les lycées et crrllcges de garçons : M. G.-E. Bno-
CHE.
— pour les lycées et collèges de jeunes filles : Mlle Be-
LEY, professeur d'allemand au lycée Montgrand, Mar-
seille.
— pour les écoles normales et primaires supérieures de
garçons : M. Michel, professeur d'anglais à l'école
Pierre Puget, Marseille.
— pour les écoles normales et primaires supérieures de
jeunes filles : Mme Pakis, professeur d'italien à
l'école Edgar-Quinet, Marseille.
Trésorière : Mlle Coste, professeur d'italien au tjcée Montgrand.
Déléijné ('lu de rAssociafion des professeurs de Langues Méridio-
n(des : M. P. Paoli, professeur agrégé d'italien au
Grand Lycée, Marseille.
L'.Assemblé;.' a formulé les vccux suivants :
1. Qu'il y ait une épreuve de langue vivante au concours d'admis-
sion à Pfccole Centrale, et que soit rétablie l'épreuve de langue
Aivante au concours d'admission aux Ecoles nationales d'Arts et
.Métiers, car il n'est pas admissible que nos ingénieurs et sous-ingé-
nieurs soient incapables de suivre directement les progrès de Ti»-
(lustrie étrangère "t. au besoin, de s'en inspirer.
2. Que l'épreuve faciillatiue de langue vivante au concours d'en-
trée des écoles normales primaires soit rétablie, puisque rensei-
gnement d'une langue étrangère demeure, et avec raison, oblitjdloire
dans ces écoles.
3. Que l'italien et l'espagnol soient admis comme langues à
option au concours d'admission à l'Institut agronomique.
4. Que dans tous les établissements d'instruction les heures de
langues vivanlrs (langues méridionales comprisesi soient placées
aux heures normales (de 8 h. à 12 h. ou de 14 h. à Ifi h.) : que
luiJ.icTiN iJE l'association :53
leur nombre ne soit pas diiniiuié, contrairement aux prescrij)tions
des programmes ; que les réunions de classes soient fonnellement
interdites.
5. Kn ce qui concerne répreuve de langue vivante au baccalauréat
(I). I).), trente et un votes ont été enregistrés, soit à l'assemblée
générale, soit par correspondance : ils se décomposent ainsi :
Pour le retour pur et simple à l'ancien régime (composition) .. 9
Pour l'approbation pure et simple du nouveau (version
-I- thème) 8
Pour le nouveau, corrigé par le droit d'option entre le thème
et une composition (avec coefficient plus fort pour cette
dernière, et plus de temps pour la faire) 4
Pour la formule uersion et composition 9
Pour la version avec questions en langue étrangère sur la
version, les réponses faites bien entendu dans la dite
langue 1
Total 31
En somme, 22 voix sur 'M approu\ent sans réser\e la version,
(lud la mïnorité elle-même a déclaré accepter avec résignation mais
lomme épreuve complémentaire seulement. Le conflit n'existe véri-
tablement; que sur l'épreuve thème (12 voix), ou composition (18 ou
19 voix). Mais il semble résulter dès maintenant d'un échange de
\ ues en cours que raccord se ferait sans trop de peine sur la
formule suivante — proposée par M. Joubert — qui donnerait en
clfet satisfaction à tous : outre la version, un sujet de compo-
sition donné en français d'une façon un peu détaillée (une dizaine
de ligues), et qu'il faudrait traduire avant de le traiter. C'est
d'ailleurs l'ancienne formule de l'épreuve de langue au concours
d'admission à l'Ecole Polytechnique. Elle devrait — semblc-t-il —
faire l'unanimité, ou presque, dans l'Association comme elle est
près de le faire, croyons-nous, dans notre Régionale.
Enfin a été approuvé le vœu de Lyon tendant à obtenir des
déclarations d'opinion, sur l'objet de cette controverse, de la
part des candidats au Comité de l'Association. L'Assemblée n'a
vu d'autre pai't aucune inconvénient à ce que l'option fût per-
mise, cette année, entre le nouveau régime et l'ancien.
La séance a été levée à midi.
I.c Président de la Régionale : Le Secrétaire général :
.\. LÉVY-SÉE, Gaston-E. Broche.
Marseille, 3i décembre 1920.
34 LES LANGUES MODERNES
Section Régionale de Lille
Pour la première fois depuis la guerre, le groupe régional du
Nord s'est réuni à Lille, le jeudi 25 novembre en vue de sa
reconstitution.
Le Président, M. Piquet, professeur de langue allemande, à la
Faculté des Lettres de Lille, ouvre la séance à deux heures.
Il prononce une allocution au cours de laquelle il rend hom-
mage aux disparus et adresse ses félicitations à ceux de nos
collègues qui viennent d'être l'objet de distinctions honorifiques
et particulièrement à M. Derocquigny, professeur à la Faculté
des Lettres de Lille, M. Beltette, professeur à Tourcoing, et
M. Bartier, professeur à Armentières, chevaliers de la Légion
d'honneur.
Le Président informe l'Assemblée qu'une somme lui avait été
adressée par un anonyme en vue de soulager une personne
infortunée des régions dévastées. L'Assemblée émet un vote de
gratitude à l'adresse du généreux donateur.
iSL Beltette exprime, au nom des nouveaux chevaliers et au
nom de toute l'Assemblée, l'admiration générale pour la belle
attitude de M. Piquet, au début de l'occupation allemande, qui
lui a aussi valu le ruban rouge (assentiment unanime),
L'Assemblée passe ensuite à l'élection du Bureau de la Régio-
nale. M. Piquet déclare ne pas être candidat. M. Delattre, pro-
fesseur de langue et de civilisation anglaises à la Faculté des
Lettres de Lille est nommé Président.
oont nommés Vice-Présidents :
Mlle Lamorlette, professeur au lycée Fénelon. Lille.
M. Beltette, professeur au lycée de Tourcoing.
M. Gondry, professeur au collège d'Arras.
Secrétaire-Trésorier :
M. Brocart, professeur E. P. S., Lille.
Le Président, en prenant possession du fauteuil adresse ses
remerciements à l'Assemblée. 11 lui souhaite la bienvenue à la
Faculté des Lettres qu'il lui demande de vouloir bien considérer
comme la <■ maison commune « et il est heureux de la bonne et
chaude sympathie qui règne entre tous les professeurs de langues
Ai\antes du J'.Académie de Lille. 11 promet, d'autre part, de
faire tous ses efforts en \ ne de faire aboutir nos vœux.
Résolutions
1. L'.Assemblée a))j)rouve à riinanimité le vœu de M. Camer- ^
lynck tendant à permettre aux candidats aux divers baccalau- /
réats d'opter, lors (ie leur inscription, entre la composition en
BULLETIN DE L'ASSOCIATION ii')
langue étrangère (ancien mode) et l'épreuve de version et thème
(l'imitation (nouveau mode), j)our les deux sessions de 1921 et à
titre transitoire.
II. Au sujet des auteurs auxquels seront empruntés les textes
de version, l'Assemblée après en avoir délibéré estime qu'il eon-
Aiendrait de ne pas remonter pour l'anglais au delà de 1660 et
pour l'allemand au delà de 1750,
III. Elle propose que la versipn soit de longueur et difficulté
moyennes et que le thème d'imitation reproduise le ton général
(lu texte de la version. Des difficultés grammaticales et des idio-
tismes pourront s'y retrouver dans un ordre quelconque.
Crise de i'Allen()ai)d
IV. L'Assemblée est d'avis qu'il serait désirable que les chefs
d'établissements éclairent les familles sur l'utilité plus pressante
que jamais de l'étude de l'allemand. Les professeurs d'anglais
eux-mêmes insisteront auprès de leurs élèves sur la nécessité
(le cette étude.
V. Le vœu émis par M. Bouchez, tendant à ce que les années
passées à l'étranger entrent dans le calcul de la retraite est
renvoyé pour discussion à la prochaine réunion. M. Bouchez sera
prié de présenter un rapport sur la question.
VI. La prochaine réunion est fixée au jeudi 28 avril 1921.
Ordre du jour de cette réunion :
1 ' Question des retraites : motion de M. Bouchez.
2 " Représentation des P. L. V. au Conseil supérieur ; extension
du droit de vote aux Certifiés de Langues vivantes.
3" L'Enseignement des Langues vivantes dans les E. P. S. ; M.
Brocard présentera un rapport.
7Vdl)ésioi)S nouvelles
Au cours de la réunion, les collègues dont les noms suivent
ont donné leur adhésion à l'.Association :
Mlles .Tanin, prof, anglais, lycée Fénelon, Lille.
Régis, prof, anglais, collège de Douai.
MM. Werquin, prof, anglais, collège de Dunkerque.
Albert, prof, anglais, collège de Calais.
Blériot, prof, anglais, collège de Calais.
Léonetti, prof, allemand, collège de Calais.
La séance a été levée à 4 heures.
Le Secrétaire :
Brocart.
36 LES LANGUES MODERNES
Section Régionale de Nancy
Le 3 novembre dernier, la lettre suivante était adressée à tous
les professeurs de langues vivantes de l'Académie de Nancy, ainsi
qu'une convocation, pour le 9 décembre, au l\-cée Heuri-Poincaré.
La Régionale s'est rapidement constituée, 42 adhésions avant été
reçues en décembre.
Monsieur et cher collègue.
Un certain nombre de nos collègues de langues vivantes de
renseignement primaire, secondaire et supérieur, seraient dési-
reux de voir se constituer dans l'Académie de Nancy une asso-
ciation régionale des professeurs de langues vivantes de l'Ensei-
gnement public, affiliée à l'A. P. L. V. E. P. qui publie la revue
« Les Langues Modernes » et poursuivant les mêmes buts. Des
régionales ont déjà été créées à Clermont, Marseille, Poitiers,
Toulouse, etc..
Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir nous faire
savoir si nous pouvons compter sur votre adhésion, et ceci dans
le plus court délai possible, étant donné l'urgence de certaines
questions à étudier (par exemple, définition exacte de la nature
des nouvelles épreuves du baccalauréat, pour laquelle une
entente entre les trois ordres d'enseignement parait très désira-
ble^.
Les membres adhérents à l'A. P. L. V. E. P., donc abonnés à la
revue •■ Les Langues Modernes » seront de droit membres de la
Kégionale de Nancj'. Pour les non-adhérents, la Régionale pré-
voiera très vraisemblablement dans ses statuts l'adhésion des
professeurs de L. V. à la Régionale seule, moyennant une coti-
sation de deux francs par an.
Au cas, où dans votre établissement, ou d^ns les établisse-
ments voisins, certains de nos collègues n'auraient pas été tou-
chés par le présent avis, nous vous serions reconnaissants de
vouloir bien le leur communiquer.
\'euillez agréer, Jlonsieur et cher collègue, l'assurance de nos
sentiments dévoués.
J. Peyraube,
Professeur d'allemand au lycée de Xanci).
RéUQioi) du 9 DéceiT)bre 1920
La 1"^' réunion de la S. R. de Nancy a eu lieu le 9/12/192(1. à
15 heures, au Lycée Henri-Poincaré.
Etaient présents : MM. Rabin, Railly. Mme Rianconi, Mlle Rt«u-
lay, MM. Rouchez. Rriquelot. Chamoud, C.oulet, Davoine, I3uthil.
KILLETIN DE L ASSOCIATION àé
(iiolïrox, (jobcit, (iiiilliii, Hesse, Krcnur, .MarLSfjuelle, Mattcnet,
-Michel, Mossé, Petit, Peyraube, Hérat. Keyher, Vallod, Mme- Vitrev.
M. Vulliod. Mlle Taboureau.
Exrusés : Mlle Dosmond. M. Hr)elii)gei-. Mlle I.cnoir.
I^i presque totalité des établissements d'enseignement public
(If N'ancy sont; représentés, ainsi que le lycée de Bar-le-Uuc, les
Killèges de Lunéville, de Mirecourt et de Pont-à-Mousson.
M Maresquelle rend compte de la lettre qu'il a reçue de
M. Veillet-Lavallée, il y a quelques mois, et des démarches qui
nul abouti à la présente Réunion. La présence de 27 professeurs
(le langues \i\antes et les 45 adhésions reçues afïirment notre
intention de nous constituer en S. U. de l'A. P. L. V. K. P. Le
liiireau se constitue :
Sont élus : '
Président : M. Keyher, professeur à la Faculté des Lettres.
Vice-Présidenle : Mme Bianconi, lycée de jeunes filles, Nancy.
\ Îce-Pi\'sident : M. Geoffroy, lycée de Bar-le-Duc.
Secrétaire : M. Peyraube. lycée de Nancy.
Secrétaire-adjointe : .Mile Taboureau, Ecole pr. sup. de .1. F.,
Nancy.
Trésorier : M. Petit, Kcole primaire sup., Nancy.
Sont élus membres du Comité :
Ens. sup. : M. Vulliod, Maître de conférences à 'a Fac. des
Lettres.
Prof, agrégés : M. Vallod. lycée H. Poincaré (anglais) ; M. Mares-
quelle, lycée Poincaré (allemand i.
Chargés de cours : M. Kremer, lycée H. Poincaré (allemand».
Prof, de Collèges : M. Bailly, Pont-à-Mousson (anglais) ; M. Cou-
let. Mirecourt (anglais).
Enseignement primaire : Mlle Bosc, Ecole pr. sup. (allemand) ;
M. Mattenet, Ecole normale inst. (allemand).
.M. Reyher prend la présidence. Il se félicite de voir réaliser ici
la collaboration des trois ordres d'enseignement, que les nouvel-
les épreuves du baccalauréat vont rendre particulièrement néces-
saire. Il croit constater un certain flottement au sujet du thème
d'imitation. Par exemple, les textes contenus dans les ouvrages
]jarus pour illustrer la décision du C. S. I. P. relèvent plutôt du
thème littéraire, qu'on a justement voulu éviter, que du thème
d'imitation.
>L Maresquelle conçoit le thème d'imitation comme un exercice
essentiellement grammatical, reprenant sous une forme différente
les termes de la version et créant une série de petits problèmes
grammaticaux, permettant aux élèves de prouver qu'ils possè-
dent effectivement le mécanisme grammatical de la langue.
Cette conception tend surtout à écarter l'emploi du dictionnaire
38 LES LANGUES MODERNES
langue étrangère-français, dont les élèves useront inévitablement,
dès que paraîtront dans un thème des mots étrangers au vocabu-
laire de la version.
M. Maresquelle admet d'ailleurs fort bien que cette conception
puisse être élargie suivant la formule présentée par M. Bouchez :
le thème d'imitation suppose la connaissance : 1° du vocabulaire
de la version ; 2" du vocabulaire concret des classes du 1*' cycle,
à l'exclusion de tout terme technique ; 3" d'un vocabulaire abs-
trait élémentaire à définir plus exactement.
M. Kremer donne lecture de textes de thèmes empruntés à
l'ouvrage de M. Pinloche, et réalisant le thème d'iinitation sous
sa forme rigoureusement grammaticale. Toutefois, M. Pinloche
prévoyait à côté du <■ thème de classe ». un thème d'e.xamcn .'
correspondant à la conception à laquelle nous aboutissons aujour-
d'hui.
M. \'allod trouve dans le recueil de M. Rancès des passages
réalisant bien le thème d'imitation tel que nous nous efforçons de
le définir : vocabulaire, surtout concret, style simple et précis»
excluant les effets de style (cf. thème intitulé " le Loisir »».
yi. Vallod ne croit pas que le thème ainsi conçu puisse se borner
à n'être qu'un moyen de contrôle. Le thème ne devra jamais être
un moyen d'acquisition du vocabulaire, mais par la comparaison
que, dans les classes du second cycle, il instituera entre les
moyens d'expressions des deux langues, il peut être susceptii)le de
donner à notre enseignement plus d'intérêt encore et de solidité.
M. Vulliod signale les dangers de la correction du thème en
classe. Il insiste pour maintenir cette correction dans l'esprit de
la méthode directe.
M. Bouchez remarque que lorsque l'élève aura pris nettement
conscience du phénomène grammatical, il suffira de symboliser la
règle par un seul exemple, — suivant le procédé des grammaires
latines — pour réduire au minimum l'emploi du français.
Quelques collègues font appel à des souvenirs personnels pour
iridiquer le danger de la méthode pratiquée avant la réforme de
H102 : un enfant sachant couramment l'allemand, et l'oubliant
complètement après quelques années de classes; virtuoses du
thème, absolument incapables de s'exprimer ni d'écrire en
anglais.
Ces souvenirs montrent évidemment ce que nous ne devons pas
faire. Il dépend de nous qae la pratique du thème et de la version
ne nuise pas à la qualité de notre enseignement, tout en lui per-
mettant peut-être d'échapper au reproche d'imprécision qui lui a
été adressé. .M. Peyraube envisagerait l'introduction de la version
et du thème d'imitation dans nos classes, suivant la progression
suivante : jusqu'en troisième, on continue à ne pratiquer que les
exercices grammaticaux en langue étrangère. Dans le cours de la
HCLLETIN DK l.'ASSOriATION 39
;> , pt'lits thénus dMiiiitalioii restreints à F ipplicatiim d'une
seule règle ; en seciinde. version préparée, et thème d'imitation
restreint au vocabulaire de la version ; en première, et à l'exa-
nieu. version et thème d'imitation mettant en œuvre le vocabu-
laire actif acquis par les élèves au cours de leurs études anté-
rieures.
M. Vallod insiste sur la nécessité de continuer à pratiquer la
dissertation conjointement au thème. Il sera intéressant d'obser-
ver si la pratique de cet exercice n'amènerait pas une amélioration
dans la qualité de la dissertation.
(;es principes étant acquis, il reste à en réaliser Tapplication
par entente entre les |)rofesseurs des divers établissements et
entre les trois ordres d'enseignement. M. Kremer fait remarquer
que cela doit être i)ossible dans !e cadre de la •• Région •. qui est
pour nous l'.Académie de Nancy.
("/est la question qui 'sera portée à l'ordre du jour de la pro-
chaine séance, qui aura lieu un jeudi de la dernière quinzaine
de février, à l'A heures 1/2. (Dès maintenant, le bureau se propose
de faire tirer à un nombre suflisant d'exemplaires, pour être com-
maniqués aux professeurs intéressés, les textes de versions et de
thèmes d'imitation que nos collègues auront expérimentés dans
leurs classes et qu'ils voudront bien faire parvenir au secrétariat;.
M. Reyher donne lecture d'une communication de la Section
lyonnaise demandant que les candidats des sections B et D puissent
opter entre la composition libre et les épreuves de thème et ver-
sion. M. Camerlynck avait déjà demandé à M. Maresquelle de
\ouloir bien consulter ses collègues à ce sujet. Dans les 2 cas. la
réponse a été défavorable.
La proposition suivante est adojitée : La section régionale de
Nancy considérant,
que l'existence de l'A. P. L. \'. E. P. est insuflisamment connue
et parfois même ignorée des professeurs de L. V.,
qu'il y a lieu de chercher à développer dans le public cultivé et
parmi le personnel enseignant l'intérêt pour notre enseignement
et la connaissance de ses méthodes,
charge son bureau de faire les démarches nécessaires pour que
les bibliothèques publiques et universitaires et celles des éta-
blissements d'enseignement public de l'Académie de Nancy s'abon-
nent à la Revue ■< Les Langues Modernes », invite les adhérents
à l'A. P. L. V. E. P. à agir dans le même sens dans leur établis-
sement et dans leur ville.
En cours de séance, les statuts suivants ont été adoptés :
-Article phemieh. — 11 est créé dans l'Académie de Nancy une
Section régionale de l'Association des professeurs de langues
vivantes de l'enseignement public.
40 LES LANGUES MODERNES
Aht. II. — Cette section régionale, atfiliée à l'A. P. L. V. E. P.. fi
pour but :
1" de resserrer les liens de solidarité universitaire entre les
professeurs de L. V. des trois ordres d'enseignement de l'Acadé-
152 ie de Nancy ;
2" de défendre les intérêts professionnels, matériels et moraux
de ses membres ;
.3" de contribuer à l'étude des moyens les plus propres à forti-
licr l'enseignement des L. V. ;
4" de tenir ses adhérents au courant des faits et des idées qui
j)euvent intéresser les professeurs de L. V ;
5° de centraliser tous les renseignements pouvant intéresser les
professeurs de L. V. de l'Académie.
Art. III. — Font partie de droit de la Section régionale, sans
cotisation supplémentaire, tous les professeurs affiliés à l'A. P.
L. V. E. P., dont ils reçoivent le Bulletin •> les Langues Moder-
liCS ».
Peuvent faire partie de la S. R., moyennant paiement d'une
cotisation annuelle de 2 fr.. tous les professeurs de L. V., non
;.ffîliés à FA. P. L. V. E. P.
Art. IV. — La S. R. est administrée par un bureau composé
d'un président, de deux vice-présidents, d'un secrétaire, d'un secré-
taire-adjoint et d'un trésorier, et comprenant obligatoirement
un représentant de chacun des 3 ordres d'enseignement.
Ce bureau est assisté d'un comité de nombre variable, mais
com|)renant obligatoirement :
1 représentant de Fenseignement supérieur,
1 — des professeurs agrégés.
1 — des professeurs chargés de cours,
1 — des professeurs des collèges,
1 — de Fenseignement primaire.
Les membres du Bureau et du (Comité sont élus pour 1 an.
L'élection a lieu au scrutin secret et à la majorité absolue (ou
dans l'éventualité d'un second tour à la majorité relative). Le
vote par lettre et par procuration est admis. Autant que possible
il sera désigné pour chaque établissement un membre corres-
pondant plus particulièrement chargé d'assurer les relations entre
les professeurs de l'établissement et le bureau de la S. R.
.\rt. V. — En principe, il est tenu, au cours de Fannée scolaire,
!; réunions. 1 j)ar trimestre.
L'ordre du jour de chaque révinion est fixé en principe lors de
la réunion précédente. 11 peut être comjjlété par le Bureau, le
(Comité ou sur Finitiative de l'un quelconque des membres
adliérents, 1.') jours au moins avant hi date fixée pour la réunion.
Art. W. — La dissolution de la Section régionale ne pourra'
èlre prononcée (uie par un \ote des 2^^ au moins des membres
présents. I.c Secrétaire : J. PEVHArBE.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 41
Section Régionale de Poitiers
La Section légionalc de Poitiers s'est réunie le 19 décembre
sous la présidence de M. (^astelain, à la Faculté des Lettres.
^L Ruyssen présente les excuses de MM. Chausse et Russcil
(Ihàtelkraultj qui regrettent de ne pouvoir assister à la réunion.
On procède ensuite an renouvellement du bureau qui est ainsi
(.uiistitué :
Président : M. (lastelain. 13 voix (sur 14 votants, dont lii pré-
sents).
Vice-Présidents : Mme Godillon, 13 voix ; M. Ruyssen. l'i voix.
Secrétaire : M. Sauvage, 10 voix.
Trésorier : M. Guy, 14 voix.
M. Castelain donne ensuite lecture d'une lettre de M. Ronno-
nint (Lyon), relative à 1 élection des membres du Comité, et du
rapport ei-dessous adressé par M. Hirtz à la S. R. de Poitiers
sur « Le matériel d'Enseignenient des Langues vivantes »,
question figurant à l'ordre du jour.
Le Matériel d'ei)seigi)en)ei)t des langues vivantes
(lahlcaiix, collections, bibliothèques)
L'enseignement des langues vivantes, pour pouvoir porter tous
ses fruits, a besoin, plus encoi-e que les autres enseignements
littéraires, d'un outillage approprié. Dans les classes du premier
cycle, les tableaux muraux, les liAres de classe abondamment,
illustrés, ou même des collections d'objets familiers, fournissent
des sujets de conversation et d'enseignement direct ; après les
preinières années, les élèves trouvent dans les ouvrages de leur
bibliothèque de classe, la possibilité de lectures cursives et sur-
tout, la possibilité de connaître, au lieu des fragments expliqués
en classe, des ouvrages complets.
C'est grâce à cet outillage qu'il était possible, conformément
aux exigences du programme, de plonger les élèves dans l'atmos-
phère même du pays étranger, et de leur faire retirer le béné-
fice de ces voyages — intellectuels — < au dehors.
Les conditions créées par la guerre ont bouleversé cet état de
choses. L'enseignement des langues vivantes en souffre plus gra-
vement que tous les autres. La crise s'étend non seulement à la
préparation scolaire, mais encore à la formation des étudiants
et elle menace l'entraînement professionnel des maîtres. Et cette
menace est plus grave que toutes les autres.
Le renchérissement excessif de tous les produits de librairie,
rend très onéreux l'entretien et le remplacement des collections.
42 LES LANGUES MODERNES
des livres de lecture et des auteurs classiques édités en France.
Il prohibe à peu près complètement la variété daus le choix des
livres et des auteurs.
L'acquisition de volumes étrangers à bon marché, que nous
lecherchions pour nos bibliothèques de classes, est soumise à
de sévères restrictions. Tantôt, c'est un change prohibitif qui
les grève ; tantôt c'est une législation douanière pire que celle
qui avait cours pendant les hostilités. Les commandes de livres
allemands, passant obligatoirement par des intermédiaires neu-
tres et par un Office d'exportation de la librairie à Leipzig, gre-
vées d'une taxe d'exportation de 100 0/0, du change neutre et
d'uiie taxe d'importation, sont livrées avec de longs retards,
avec de scandaleuses majorations, quand elles ne sont pas sim-
plement égarées ou saisies à la frontière : car les administra-
tions ont conservé le droit, qui leur avait été donné pendant la
guerre, de retenir arbitrairement ce qui leur parait de nature à
nuire au prestige du pays à l'extérieur, et la douane allemande
fait largement usage de cette faculté. -
Les répercussions de ces difficultés sont inégalement gênantes.
Ce sont — fort heureusement — nos classes qui en souffriront le
moins. D'abord, parce que beaucoup possèdent déjà l'outillage
nécessaire ; ensuite parce que cet outillage, en ce qui concerne
les tableaux et les collections, peut être remplacé par des moyens
de fortune (gravures, cartes postales, etc.). Les bibliothèques
renonceront momentanément à l'achat de nouveaux ouvrages.
Parmi les livres de lecture, on pourra utiliser de préférence ceux
qui peuvent s'employer pendant plusieurs années consécutives.
La situation est beaucoup plus grave en ce qui concerne les
candidats à un diplôme de langue vivante. Pour ceux-ci, c'est
une nécessité impérieuse de pouvoir se procurer facilement les
auteurs de leur programme d'examen, et de trouver à la biblio-
thèque universitaire ou municipale de leur résidence, les ouvra-
ges indispensables à toute recherche scientifique. Il leur faut
aussi se tenir au courant du mouvement des idées en France et
à l'étranger, en lisant quelques-unes des principales revues
françaises et étrangères de leur spécialité. Or, par suite des dif-
iicultés d'importation signalées plus haut, ils risquent de se
trouver privés à la fois des ouvrages qu'ils voudraient acheter à
titre personnel et de ceux qu'ils voudraient trouver dans les
bibliothèques : car les crédits, dérisoires la plupart du temps, ne
permettent qu'un nombi'e infime d'achats nouveaux. On se
demande avec angoisse quelle sera la valeur professionnelle de
ces diplômés de demain, mis dans l'impossibilité de voyager à
l'étranger, comme ils le faisaient autrefois, et privés par surcroît
de la possibilité de se tenir au courant de la vie étrangère.
Quant aux professeurs en exercice, désireux de conserver leur
entraînement professionnel, ils se trouvent aux prises avec les
mêmes difficultés. Il en résultera un inconvénient, moins grave
sans doute dans ses effets immédiats, mais qui ne saurait se
prolonger sans nuire dangereusement aux études de langues
\i vantes.
HILLKTIN DE I-'aSSOCIATION JIJ
Si sombre (jik- soit ce tableau, il n'est point poussé au noir,
l/objct de ce travail n'est d'ailleurs pas de signaler des faits
connus de tous, et que chacun déplore. Il voudrait rechercher les
moyens pratiques de remédier, dans la mesure du possible, k
cette situation.
Ce n'est j)as de problématiques relè\ements de crédits, que
nous pouvons attendre un secours eflicace. 11 parait vain égale-
ment de chercher à faire liaisser immédiatement le i)rix des
livres. Mais nous pouvons nous efforcer d'obtenir la levée des
lestrictions douanières (jni jjcsent sur les instruments du travail
scientifique.
II faut que les bibliothèques reçoivent gratuitement tous les
liériodiqucs français et étrangers qui leur sont nécessaires, et
(|ue les établissements de recherches scientifiques étrangers
échangent leurs publications avec elles. Cet échange doit s'éten-
dre même aux établissements des pays ennemis. Cela est néces-
saire, car les pays neutres et même certains pajs alliés (.Améri-
{'(Ue. .Angleterre, Italie), l'admettent, et nos établissements, ne
pouvant acheter ces publications, faute de crédits, et ne les rece-
vant pas par voie d'échange, se trouvent par ce fait en état
d'infériorité. Un tel échange est d'ailleurs très différent d'une
leprise de relations personnelles avec les savants ennemis, que
tout le monde s'accorde à considérer comme prématurée.
Pour les publications non universitaires, et qui ne peuvent
être comprises dans les échanges, il serait peut-être possible
de conclure des accords internationaux tendant à assurer aux
parties contractantes des abonnements à prix réduit, ou bien
encore de créer un office central de compensation, qui se charge-
rait de procurer aux établissements français l'abonnement au
revues étrangères, et aux établissements étrangers, l'abonnement
aux revues françaises ; il subviendrait en totalit<j ou en partie
aux frais des abonnements demandés par les établihscinents
français, et répartirait les revues de façon à cviti-r les doubles
emplois dans une même ville, et à rendre accessibles ces revues
au plus grand nombre possible de lecteurs.
En attendant que des démarches puissent être entreprises en
vue d'obtenir ces résultats, il faut nous aider nous-n,èmes. II
faut grouper les initiatives privées. Au lieu de nous abonner
chacun à une revue, prenons s'il le faut, des abonnements à frais
communs. Créons, moyennant une petite cotisation, des salles de
périodiques dans nos bibliothèques, ou bien encore, formons des
bibliothèques circulantes. L'expérience faite par l'Œuvre des
Journaux à la Campagne, vers 1900, a montré qu'une telle orga-
nisation peut fonctionner. Elle pourrait soulager la crise que
traversent nos études jusqu'à ce que les conditions redeviennent
plus favorables.
Pour conclure cette étude, je proposerais d'examiner le vœu
suivant :
La S. R. de Poitiers,
Considérant que l'élévation indéfinie du prix des publications
françaises et étrangères met les études de langues vivantes dan«
une situation de plus en plus difficile ;
44 LES LANGUES MODERNES
Que les étudiants et les professeurs, indépendamment même de
la question de prix, ne peuvent se procurer qu'avec la plus grande
difficulté les publications nécessaires à leurs travaux ; qu'ils ne
peuvent même plus trouver comme autrefois ces publications
dans les bibliothèques, celles-ci n'ayant plus les moyens d'en
faire l'acquisition ;
Emet le vœu :
1" Que les publications étrangères, nécessaires aux études,
soient exemptes de tout droit à l'importation ; que des démar-
ches soient entreprises sans délai, afin d'obtenir que la circu-
lation de ces publications d'un Ëtat à l'autre, soit libérée de
toute entrave ;
2° Que l'échange des publications scientifiques soit repris avec
tous les pays.
3" Qu'en attendant l'effet de ces mesures, un service soit créé
qui serait chargé : a) de faciliter l'acquisition des publications
étrangères ; b) d'assurer une meilleure répartition de ces publi-
cations entre les bibliothèques (éviter les doubles emplois, etc.).
La S. R. saisit le Bureau de l'A. P. L. V. de la question, et
l'invite à entreprendre toutes les démarches utiles auprès des
autorités universitaires ou des personnes qualifiées pour mettre
lin à cette situation.
La S. R. adopte à l'unanimité les vœux formulés par M. Hirtz.
Elle les transmet au bureau de l'A. P. L. V. qu'elle prie d'étudier
le plus tôt possible les mesures propres à en obtenir la réalisa-
tion et suggère, sous toutes réserves, les moyens d'action sui-
vants :
Un délégué français pourrait acheter en Allemagne les
ouvrages dont un ofTice central lui adresserait périodiquement la
liste. Les livres ainsi achetés seraient eUvoyés en bloc et francs
de tous droits d'importation, au service public (le Musée pédago-
gique, par exemple), qui se chargerait de les faire parvenir à
destination. Un correspondant pourrait, dans chaque centre uni-
\ersitaire, recueillir les convmandes pour les adresser au bureau
centrai, celui-ci ne fournissant, cela va sans dire, que les mem-
bres de l'Enseignement, les étudiants et les établissements
d'instruction publique. Une provision représentant approxima-
tivement le prix des livres demandés serait Jointe à chaque
commande.
La prochaine réunion de la Section Régionale aura lieu en
mars. La date et l'ordre du jour en seront fixés ultérieurement.
Le Secrétaire, Le Président,
Félix SxrvAGE. A. Castklain.
lui.i.ETiN nii i/association 45
CORRESPONDANCE
Lettre adressée par M. Cope, Président de la Fédéra-
tion nationale des Professeurs de Lycée, à M. Cb-
Veillet-Lavallée, Président de l'Association des
Professeurs de Langues Vivantes.
Tourcoing, le 17 noi)einbr<^ IU'20-
M. W'illcl-Lduallée, Président de l'Association des
Professeurs de Langues Vivantes
Mon cheh collkgue,
M. Iley a communiqué au Bureau de la PY-dcration Xatiouale
des Professeurs de Lycée la lettre que vous lui avez écrite, le
8 novembre pour protester contre une démarche faite par lui,
au nom du Bureau de la F'édération, auprès du Directeur de
rKnscignement secondaire. Le Bureau, tout en rendant hommage
aux intentions de M. Rey, a reconnu que votre protestation
n'était pas sans fondement et a décidé d'éviter à l'avenir toute
initiative et toute intervention dans les questions qui sont du
ressort des Sociétés de spécialistes. En vous communiquant cette
décision je me permettrai, mon cher Collègue, d'exprimer le désir
que votre Association veuille bien considérer l'incident comme
clos, par l'assurance que je lui donne que la décision du Bureau
de rA3 sera scrupuleusement appliquée.
Veuillez agréer, mon cher Collègue, l'expression de mes senti»-
ments dévoués.
Le Présidenl de l'A3,
Signé : V. Cope.
Réponse écrite par M. CY). Veillet-Lavallée, Président
de l'A. P. L. V., à M. Cope, Président de la Fédération
Nationale des Professeurs de Lycées.
M. V. Cope, Président de la Fédération Xationale
des Professeurs de Lycée.
Paris, le 21 novembre 1920.
Mon chek collègue.
Votre lettre du 17 m'est parvenue au moment même où je
partais pour aller assister à une séance du Comité de l'Associa-
tion des Professeurs de langues vivantes. J'ai pu ainsi exposer
à nos collègues l'état de la question.
Nous sommes tombés d'accord pour reconnaître que votre der-
nière lettre apportait à l'incident soulevé la plus heureuse conclu-
sion en nous apprenant que le Bureau de la Fédération comp-
tait, désormais, par mesure générale, s'abstenir de toute interven-
tion dans les affaires qui concernent les Sociétés de Spécialistes.
46 LES LANGUES MODERNES
Il nous :i paru que, dans ces conditions, il était inutile de faire
figurer le sujet qui nous occupe à l'ordre du jour de notre pro-
chaine Assemblée générale et l'incident peut être considéré comme
clos.
Le Comité a décidé de vous prier, toutefois, de reproduire dans
le Bulletin de la Fédération, comme nous le ferons nous-mêmes
dans les " Langues Modernes », la correspondance échangée à
cette occasion : il y a utilité, ce nous semble, à renseigner les
collègues que le récit contenu dans le n" d'octobre du Bulletin
aurait pu émouvoir et inquiéter.
Nous avons ainsi, et surtout grâce à votre esprit de raison et
de justice, mon cher Collègue, contribué à resserrer les liens de
bonne confraternité qu'il est si nécessaire, à l'heure actuelle, de
rendre plus forts et plus étroits entre les divers membres du
corps professoral.
Je vous prie, mon cher Collègue, d'agréer Texpression de mes
sentiments tout dévoués.
Ch. Veillet-Lavallke,
Président de l'A. P. L. V.
Lettre à M. le Recteur de l'Université de Paris
Dès la rentrée d'octobre, les autorités qui dirigent ces établis-
sements, obéissant à un mot d'ordre venu d'en haut, se sont mis
en devoir d'appliquer strictement, en première année notamment,
les nouveaux programmes votés par le Conseil Supérieur, d'où il
est résulté une diminution assez sensible des heures consacrées à
l'étude des langues. Invoquant le statut particulier qui régit le
Collège Chaptal et les Ecoles Pi-imaires supérieures de la Ville
de Paris, le Président de l'Association, M. Veillet-LavalU'e, a
jidressé la lettre suivante nu Recteur de l'.Académie de Paris •
Paris, le .') novembre lO'ÙO.
M. Puni Appel, Recteur de V Académie de Paris.
MONSIEUU LE ReCTEUH,
Notre .Association, soucieuse de tout ce qui Ij^juche à l'étude
<les langues vivantes en France, n'a pu se défendre d'une certaine
émotion en ajjjjrenant que les j)rogrammes et les horaires adoptés
par le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique au cours de
sa dernière session étaient mis en application sans délais et sans
adoucissements dans certaines Ecoles Primaires supérieures de
la Ville de Paris.
Jusqu'à présent, ces établissements jouissaient d'un régime spé-
cial que justifient le nombre des élèves, leur recrutement parti-
culier, les carrières auxquelles ils se destinent. Ces conditions
ji'ont pas changé et il serait désastreux pour les intérêts de ces
jeunes gens et de ces jeunes filles — au double point de vue de
leur culture générale et de leur préjiaratiou professionnelle —
15LM.ETIX I)K l'association . 47
de les soiiiiicttre au règlement édicté pour la province. Uniformiser
t't centraliser de si rigoureuse façon irait d'ailleurs à l'encontrc
des tendances générales actuelles qui visent à la spécialisation
<ies Kcoles en fonction des nécessités locales ou régionales.
Or, il se manifeste dans la population scolaire des établisso-
nients dont j'ai l'honneur de vous entretenir, .Monsieur le Rec-
teur, même chez les élèves qui se préparent à des carrières tech-
niques ou industrielles, comme les candidats aux Ecoles d'Arts
et Métiers, une volonté bien nette, que confirment les désirs
exprimés par les familles, d'apprendre les langues étrangères.
.lusqu'ici, alors que les classes de 1" Année des Ecoles Primai-
res Supérieures de province avaient un programme hebdomadaire
de 3 heures consacrées aux langues (Décret et .Arrêté du 26
juillet 1909j, on avait maintenu 4 heures h<.'bdomaduires de
langues en l'" Année dans les Ecoles Primaires Supérieures de
Paris. Or, depuis la rentrée d'octobre, certaines divisions de
1" .Année, dans ces établissements, se voient réduites à .3 heures
d'anglais ou d'allemand.
Cette mesure, il est vrai, n'est pas appliquée partout ; les 4
heures hebdomadaires sont, en général, maintenues, ce qui est
conforme à l'esprit des j)rescriptions d'ordre général et pédago-
gique contenues dans les programmes et instructions de 1902, qui
préconisaient, à juste titre, un enseignement intensif dès le début
de l'étude d'une langue vivante.
Connaissant le bienveillant intérêt que vous portez. Monsieur
le Recteur, à l'enseignement qui nous est confié, nous sommes
assurés que vous voudrez bien empêcher toutes mesures qui
aftaibliraient des études aussi importantes pour les jeunes Pari-
siens et Parisiennes qui fréquentent les Ecoles Primaires Supé-
rieures de la ville.
D'ailleurs ces établissements sont toujours régis par l'arrêté
du 25 janvier 1895 qui n'a jamais été abrogé et le Comité consul-
tatif du Collège Chaptal et des Ecoles Primaires Supérieures de
la ville de Paris n'a pas été appelé à se prononcer sur l'adapta-
tion des nouveaux programmes aux Ecoles dont il a la charge.
.le vous prie d'agréer, .Monsieur le Recteur, etc..
Ch. Veillet-Lavallée.
Correspondance avec M. Boussagol
y ic-^ Président de l'Association
Toulouse, 6, rue Neuve de la Balance, H novembre 19^20-
A M. Veillet-Lavallée, Président de l'Association des
Professeurs de langues vivantes de l'Ens. Public.
Mon cher phésident et ami,
Ma récente nomination à une maîtrise de Conférences à la
Faculté des Lettres de Toulouse me fait une obligation de
remettre entre vos mains ma démission de vice-président.
48 LES LANGUES MODERNES
Ce n'est pas sans regrets très vifs que je quitte ce Bureau,
dont tous les membres, si dévoués à la cause de nos chères disci-
plines, travaillaient de toutes leurs forces au perfectionnement
de nos méthodes et à l'amélioration des conditions de notre
enseignement. Je n'oublierai jamais ni les réunions si cordiales,
où tant de bonne besogne fut faite, ni, en particulier, votre si
charmant accueil. Veuillez trouver ici l'expression très sincère
de ma gratitude.
Et avant que je ne rentre dans l'ombre, permettez-vous à celui
qui représentait au Bureau la liaison entre la grande Association
des Langues Modernes et la petite Société des Langues méridio-
nales, de vous indiquer quelle fâcheuse impression a produite
sur de nombreux professeurs d'espagnol et d'italien la campagne
des Langues Modernes en faveur do l'allemand. Une sorte de
pression officielle — exagérée par les organes d'exécution — tend,
et a réussi eu partie, à imposer la langue allemande aux parents
incompétents ou indécis.
Nous, dont la part est si petite et l'utilité si grande, nous dont
l'enseignement est plus mal orgauisé que celui des Langues Sep-
tentrionales à leurs pénibles débuts, nous ne pouvons nous asso-
cier plus longtemps à une campagne qui, si elle continuait,
risquerait de compromettre irrémédiablement les efforts que
Présidents des Langues Modernes et Présidents des Langues
Méridionales ont toujours tentés en vue de préparer une fusion
en tous points souhaitable.
Veuillez agréer, etc..
BOLSSAGOL,
Président de lu Société d'Etudes des Professeurs
de Longues Méridionales
Paris, le 5 décembre 1920.
M. Boussagol, Maître de Conférences à la Faculté des
Lettres de Toulouse, Président de la Société d'Etudes
des Professeurs de Langues Méridionales.
Mon cher président bt ami, .
J'ai reçu votre lettre du 14 novembre dernier à la veille mcniL-
d'une réunion du Comité de votre Association. Il a partage l'émo-
tion un peu triste et les regrets que m'avait inspirés la nouvelle
de votre démission, imposée par votre éloignement de Paris.
Le compte rendu de la séance vous fera connaître, par le Bulletin'
quelles formules ont été données par nos collègues et par moi-
même aux, sentiments que j'exprimais plus haut. Votre présence
au Bureau, au Comité, nous était chère, parce que vous étiez
un vice-président assidu, dévoué, amène, que vous nous suggé-
riez les vues claires et justes des civilisations méditerranéennes
dont votre formation intellectuelle a été nourrie, et enfin parce
lUM.KTiN 1)1-: l'association 1!'
f|ue vous étiez, au milieu dv nous, T^igent de liaisou ciilie le^
deux associations sœurs des Langues Aféridionales et des Lan-
t;ues Septentrionales.
Cloninie vous le dites si bien, but et aspirations, tout est com-
mun dans les raisons de vivre de nos deux groupements profes-
bionnels. Ce n'est donc pas sans quelque surprise que nous avons
lu les observations contenues dans la seconde partie de votre
lettre. La campagne menée par l'Association en vue d'empècber
l'eftondrement des études allemandes en France — j'ai presque
honte à insister sur ce point — est uniquement inspirée par
l'intérêt national. .Aucune hostilité ne s'y mêle, certes, contre les
Langues Méridionales, pas même une indifférence à l'égard de
leurs intérêts et de leur développement. Nous pensons, bien au
contraire, que les Langues \'ivantes sont solidaires et que le suc-
cès de l'une entraîne, tôt ou tard, le succès de l'autre. Je suis
persuadé, pour ma part, que si, triomphant de préjugés anciens
et d'une hostilité invétérée qu'inspirent des vues trop courtes et
des conceptions dépoui'X'ues d'ampleur, nous arrivions à donner
à notre discipline l'essor que nous rêvons, l'étude des langues
ferait, pour me servir d'une métaphore un peu usée, mais bien
juste, ferait boule de neige car c'est un phénomène connu
que l'acquisition d'une langue inspire le goût d'en savoir d'au-
tres.
La campagne pour la défense de l'allemand ne saurait nuire
aux langues méridionales dont le développement a été considé-
rable — ■ et à juste titre — depuis quelques années. Il y a main-
tenant des chaires d'espagnol 1" langue à Paris, à Poitiers. J'en
Isuis heureux. Notez, je vous prie, en revanche, ce simple fait
entre cent autres : cette année, en 6Mtiu lycée d'.\lbi, pas un élève
d'allemand. Et songez que, cependant, sur 10 élèves d'une école
secondaire ou technique, en .Allemagne, 9 apprennent le français !
Notre acti\ité, si elle s'exerce j>Ius particulièrement en ce
Jiiomeut, dans le sens favorable au maintien de l'allemand, ne s'y
:l>orne d'ailleurs pas. J'ai eu l'occasion d'intervenir, ces temps
iderniers, comme on m'y conviait, au profit de certains profes-
iseurs d'italien et d'espagnol dont l'horaire n'atteignait pas le
quantum réglementaire, et aussi pour la création d'un enseigne-
ment de l'espagnol à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand.
Vous le voyez, mon cher Président, par la force même des cho-
ses, il y a une solidarité inéluctable entre les diverses langues
modernes étudiées dans nos établissements d'enseignement public.
Vouloir rompre cette solidarité parce que, pour un temps, au
hasard des événements qui s'imposent à nous, la balance penche
un peu d'un côté ou d'un autre, ce serait une politique singuliè-
rement bornée.
Bien plutôt, devons-nous songer à une union plus étroite encore
r>0 LES LANGUES MODERNES
entre nos deux Associations vers laquelle une première étape
pourrait être la création d'une sorte de bureau fédératif où
Tune et l'autre seraient représentées. Je propose ce point à vos
réflexions sympathiques, sans plus, pour le moment. Mais quelle
l^uissance nous posséderions si tous les professeurs de langues
vivantes, sans exception, formaient un seul bloc avec un idéal
commun et des moyens de défense communs contre des ennemis
qui, eux, nous englobent dans une même aversion !
Je vous prie d'agréer, mon cher Président, l'assurance de mes
sentiments d'amicale confraternité.
(".h. Veillet-Lavalliîe.
Lettre à M. Can)erlyi)ck
Paris, le 2 décembre 19'2(>.
Mon cher collègle,
En sa réunion du 18 novembre, le Comité de l'Association des
Professeurs de langues vivantes a pris connaissance de la lettre
que vous avez bien voulu m'adresser à la date du 2 novembre der-
nier, ainsi que du vœu relatif à l'ajournement des nouvelles épreu-
ves de langues au baccalauréat. Ce vœu était, d'ailleurs, appuyé
par les signatures d'un certain nombre de nos collègues dont les
noms connus et justement estimés apportaient un surcroît d'au-
torité aux observations formulées.
Sans qu'il soit besoin d'énumérer ces dernières et de les passer
de nouveau en revue, je puis vous assurer que votre lettre a pré-
cisé et donné une forme aux objections que nous nous étions fai-
tes déjà. Nous avons été, mon cher collègue, très frappés de la
force et de la qualité de vos arguments et le Comité a discuté
avec ampleur vos propositions. Mais, en fin de compte, il a estimé
qu'elles présentaient plus d'inconvénients que d'avantages.
Donc, après un examen sérieux de la question qui lui était sou-
mise, le Comité n'a pas cru pouvoir prendre la responsabilité de
recommander l'adoption du vœu implicitement contenu dans votre
lettre, aux autorités supérieures de l'Université, en joignant à
cette recommandation l'appui de l'Association.
II ne vous avait pas échappé qu'on obtiendrait difficilement du
Conseil supérieur de l'Instruction Publique qu'il revînt sur sa
décision et vous avez propesé de laisser aux élèves le droit de
choisir entre l'ancien et le nouveau régime. Mais alors que de dif-
ficultés pour le ])rofesseur qui devrait préparer ses élèves à des
exercices d'ordre aussi différents ! Que deviendrait l'homogénéité
de la classe ? Quelle perte de temps pour indiquer les devoirs et
plus encore, lorsque Aiendrait la correction de ces travaux person-
nels ! .\ussi aviez-vous pensé confier au professeur le ))ouvoir que
j'appellerai discrétionnaire de décider à quel genre d'épreuves il
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 7)1
prcpari-rait tous les élèves de sa classe, l.c maître, après avoir
jaugi' la qualité et les aptitudes de ses jeunes disciples, leur impo-
serait eollectivcment, soit la Version avec Thème d'Imitation,
soit la Réduction et toute l;i classe devrait suivre.
Le Comité de TAssociation a pensé que de graves inconvénients
pourraient résulter de cette manière de procéder. Le professeur
ne saurait, à notre avis, sans assumer la plus lourde des respon-
sabilités, prescrire à tous ses élèves l'adoption de tel ou tel genre
d'épreuves. Les échecs, en fin d'année, ne manqueraient pas de lui
être imputés. Les parents adresseraient des réclamations que les
autorités ne pourraient se défendre d'accueillir et des diflicultés
sans nombre surgiraient.
-Au surplus, le (lomité estime qu'il est trop tard maintenant
l)Our présenter le vœu à l'Administration et que l'année scolaire
est trop avancée pour que l'on lente d'appliquer la mesure. Elle
ne pourrait que jeter le trouble dans l'esprit des candidats et
p;èner leur préparation. 11 y a lieu de considérer aussi que la
réforme remonte au mois de fé\Tier 1920 et que, depuis cette épo-
que, professeurs et élèves ont eu les délais nécessaires pour adap-
ter aux nouvelles épreuves leurs méthodes d'enseignement et leurs
efforts de préparation.
Je vous prie d'agréer, mon cher Collègue, rexjjression de mes
sentiments de dévouée confraternité.
(.h. \'EJI.LKT-La VALLÉE
Lettre de M. Pierre Legouis
Af i) décembre î!fW.
MOXSIELR LE PnÉSlDEXÏ,
Le dernier numéro du Bulletin a publié, en même temps qu'une
lettre de moi, deux répliques, l'une de vous, l'autre de M. Rancès
auxquelles je me vois obligé de répondre à mon tour.
Dans la première de ces lettres, vous convenez de la méprise
que j'avais signalée, mais vous voyez dans les termes dont je me
suis servi << une imputation injurieuse ■> à l'égard du Bureau de
l'Association. S'il en avait été ain''i, mon père à qui j'avais soumis
ma lettre (car il était aussi intéressé que moi à cette rectifica-
tion), ne l'aurait certes pas approuvée, l'amitié qu'il a pour vous
n'étant pas moindre que celle que vous exprimez pour lui. Vous
savez, d'ailleurs, maintenant, qu'il n'a pas dépendu de moi, mais de
l'imprimeur, que le Bulletin ne publiât un texte qui, de votre
propre aveu, vous donnait toute satisfaction.
La lettre de M. Rancès insiste sur ma jeunesse et mon inex-
l^éricnce : je souscris à tout ce qu'il en peut dire, et constate
qu'il justifie ainsi mon émotion à voir mon nom substitué à
celui de maîtres éprouvés. — Mais M. Rancès est-il fondé à
o2 LES LANGUES MODERNES
m'accuser de " perfidie » ? Je suis « inexcusable », dit-il, car
j'ai pu lire sa letti-e à mon père, du 20 juin 1920. En effet, et
voici ce que j'y trouve : « Que M. Clédat ou M. Brunot, qui ont
Tun et l'autre fait toutes réserves au moment du vote présentent
un tel vœu (d'ajournement), rien de plus normal et de plus
naturel. Mais qu'il émanât de moi, semblerait... paradoxal (sic.) »
Ai-je donc « trahi la pensée » de M. Rancès en disant « qu'il
ne voulait pas se déjuger » ?
Le vœu d'ajournement, entre autres avantages, avait celui
d'cclaircir une situation confuse. Dans quelle mesure M. Rancès,
après avoir exposé les désirs de ses électeurs (version et compo-
sition libre), avait-il subi, accepté ou prôné le thème ? La ques-
tion eût été tranchée du coup si notre représentant avait secondé
les efforts de MM. Clédat et Brunot. Mais il n'a point voulu
profiter de cette occasion qui s'offrait à lui de dissiper les malen-
tendus nés de la séance du Conseil supérieur. A nous de tirer nos
conclusions. Quant à distinguer entre le thème littéraire dont
M. Rancès nous a préservés et le thème d'imitation dont il nous
a dotés, j'avoue, surtout après avoir étudié le recueil de M. Ran-
cès, destiné à " illustrer la volonté du Conseil », en être incapa-
ble. M. Rancès traite d'" affirmation gratuite » la thèse énoncée
dans ma lettre, que le Conseil supérieur n'avait pas à se pro-
noncer sur le A'œu d'ajournement. Malheureusement pour lui
cette thèse n'est pas de moi, mais de l'un des membres les plus
anciens et les plus expérimentés du Conseil, M. Clédat, doyen de
la Faculté des Lettres de Lyon. Le ministère, saisi directement
l)ar M. Rancès, qui a le droit d'être modeste personnellement
mais le devoir de se faire entendre lorsqu'il nous représente tous,-
pouvait à son gré consulter ou non la set-tion permanente. S'il
l'avait fait, il est vraisemblable que celles-ci se serait récusée, la
question de la date d'application d'une mesure étant purement
administrative.
Enfin, puisque M. Rancès veut bien vérifier mes additions, je
le prie de se reporter au Bulletin, année 1919, n° 2, p. 123 et
notes (99 -|- 386 = 485). S'il y a de la confusion dans le referen-
(ium, ce n'est pas à un des nombreux professeurs qui n'ont pu y
participer qu'il convient de s'en prendre.
Voilà une longue lettre sur un sujet purement rétrospectif :
je m'excuse de tenir tant de place dans le Bulletin et c'est une
raison de plus pour regretter l'erreur qui m'y a fait entrer malgi'é
moi.
A'euillez agréer, etc..
Note. — Il serait vain, pensons-nous, et sans intérêt pour nos
lecteurs, de faire suivre la lettre ci-dessus d'une nouvelle répli-
que. De biè\es observations suffiront.
liLLi.KTiN 1)1-: i/association 03
Le Président est trop soucieux de voir la paix régner dans
l'Association et un esprit de cordiale confraternité unir tous les
n.cnibres du groupement, à l'heure où tant d'hostilité se
manifeste en maintes sphères administratives et autres, pour ne
pas désirer voir la (in de cette polémique. M. P. Legouis voudra
hien convenir à son tour, qu'une erreur de noms propres, dans
«n compte rendu, est chose fréquente et inévitable. Si fâcheuses
qu'en puissent être les conséquences, elles ne sauraient justifier
des sentiments d'animosité entre nous. Il reconnaît déjà, j'en
suis sûr, que le rapprochement de certaines expressions comme :
> étrange méprise .> et • dissimulant » dans une phrase, quand
bien même des précision^ syntaxiques puissent atténuer la viru-
lence des ternies, n'en produit pas moins un cfiet que je m'abs-
tiens de cpialifier, mais dont pourraient s"olTusquer les moins
chatouilleux.
Il sait aussi — et cela seul importe — que les membres du
Comité, dans cette séance du 29 juin, ont été informés sans
aucune erreur possible, que l'auteur de la lettre dont je leur
donnais lecture, émanait bien de M. Legouis, professeur à la
Sorbonne. Le Comité a donc jugé et apprécié les divers argu-
ments qui lui furent présentés, en j)leiue connaissance de cause.
Ch. \'Eri,LET-LAVALLÉE.
Lettre de M. Rai)cè5
Paris, le 'Mi décembre 1920-
.MOX CHEU PliÉSlDENT,
.le m'étais bien jjromis de ne plus répondre à M. Pierre Legouis.
Mais dans la lettre que vous me communiquez, il se place sous
l'égide de deux hommes dont l'opinion compte beaucoup à mes
yeux. Force m'est donc de prolonger cette polémique, et je m'en
excuse : quoi qu'il arrive, ce sera mon dernier mot.
Il a plu à M. Pierre Legouis de détacher d'une de mes lettres à
son père une phrase qui doit me confondre. Or, toute cette lettre
du .30 juin à M. Emile Legouis peut se résumer ainsi : « J'ai
soutenu, au nom de trois cents de mes collègues, qu'ils, ne vou-
laient plus du statu quo — sur ce point du moins, le référendum
a donné une indication très nette. — Il serait paradoxal que je
vinsse aujourd'hui m'associer à un vœu qui équivaut à réclamer
le maintien sine die de la situation actuelle. » Partant de cette
lettre, que je l'invite à relire, M. Pierre Legouis, eu toute bonne
foi, se croit-il autorisé à m'accuser de duplicité ?
Sur un autre point, M. Pierre Legouis cherche vainement à me
Uîcttre en désaccord avec mon collègue, M. Clédat. S'il veut me
contraindre à déclarer que le Ministre a théoriquement le droit
de prendre tel décret qu'il lui plaît sans consulter le Conseil, à
'A LES LANGUES MODERNES
plus forte raison de modifier, d'annuler même, un projet de
Décret approuvé par l'Assemblée, il se donne bien du mal pour
rien. Ce que je soutiens, c'est qu'en fait il n'y a pas d'exemple
que le Ministre ait jamais passé outre à la volonté du Conseil, ni
qu'il ait modifié un décret sans le consulter derechef. Je ne dis-
cute pas davantage que la fixation de la date d'application ne
puisse être une mesure purement administrative, bien que le Con-
seil soit constamment appelé à fournir son avis sur ce point
comme sur les autres. Mais le vœu auquel j'ai refusé de m'asso-
cier Cet qui doit a^1oir suivi la filière commune), ne réclamait
pas l'ajournement jusqu'à une date précise : il remettait l'appli-
cation du Décret jusqu'à l'heure incertaine où on jetterait bas
tout l'édifice du baccalauréat. Parlons net : c'était une manière
détournée d'annuler le vote du Conseil. M. Pierre Legouis croit-il
sincèrement que le Ministre, saisi directement, n'eût pas vu où
on voulait le mener, ou que la Section Permanente, régulièrement
consultée, se fût contentée de se récuser ?
Tout ceci, d'ailleurs, n'est que broutilles. Ce qui est plus
sérieux, c'est que M. Pierre Legouis, en dépit d'affirmations for-
melles qu'il ne me plaît pas de renouveler, maintient ses insinua-
tions sur mon rôle au Conseil. Là-dessus, j'ai tout dit: à chacun, en
effet, de tirer ses conclusions. Je ne redoute certes rien de ceux
qui m'ont élu sur les promesses d'un passé qui demeure mon
meilleur garant. La méthode directe ? Mais je l'appliquais, à ma
laçon, bien avant qu'elle ne devînt oflicielle. L'épreuve du bac-
calauréat ? Mais tous ceux qui assistent à nos réunions pédagogi-
ques ou qui en lisent les comptes rendus, savent ce que je récla-
me depuis des années : un programme de deux ou trois auteurs,
renouvelable tous les deux ans, et une composition portant obli-
gatoirement sur l'un ou l'autre de ces auteurs. Et voici que brus-
quement j'aurais • prôné » le thème auquel personne ne son-
geait " (pas même le rédacteur de l'exposé des motifs) ?
Reste le livre que j'ai signé avec cet autre contempteur de la
méthode active, M. G. d'Hangest. Ce livre vaut ce qu'il vaut, mais
il dit bien ce qu'il veut dire. Le thème qu'a voulu le Conseil n'est
nullement un exercice de reproduction intégrale, de retraduction
jjure et simple. Portant sur le même sujet que la version, afin de
hisser le candidat dans la même ambiance, il devra contenir les
termes, les formes, les règles de la gi-ammaire essentielle qui sont
du domaine commun et doivent être supposés acquis par un élève
qui étudie les langues vivantes depuis six ans. Entre l'exercice
ainsi cont;u et l'ancien thème fabriqué à grands coups du dic-
tionnaire bilingue, n'y aurait-il vraiment aucune différence ?
(^*uoi qu'il en soit, c'est cette conception que nous avons tenté de
réaliser, tout au moii\s dans la première moitié de notre volume,
les autres devoirs étant clairement destinés aux candidats aux
grandes Ecoles. Et nous n'avions pas la singulière jnétention de
Bl'LLEïlN I)K L ASSOCIATION .).>
satisfaire tout k* monde, mais seulement, et sur leur invitation
même, de suggérer quelques exemples eontrets aux chercheurs de
bonne volonté.
Mon jeune collègue me permettra-t-il, en terminant, de lui
<lonncr un conseil entièrement désintéressé ? Je ne crois vraiment
pas qu'il use du bon moyen pour aboutir. Que ne recherche-t-il
plutôt, avec le Comité de notre .Association, un terrain d'action
commune ? Kt quand, de cette collaboration nécessaire, sortira
un projet bien clair, cette fois, et bien mis au point, chacun sera
forcé de prendre ses responsabilités. M. Pierre Lcgouis verra
que je ne serai pas le dernier à réclamer les miennes.
Veuillez croire, mon cher Président, etc..
.M. Rancis,
Déli'ijiié (III Conseil siijiérii'ur.
Adhésions nouvelles
M. Aboulkel, prof. K. P. S., Omstantinc ; M. Paul Arriyhi, prof,
lycée. Bourg ; Mlle Btiigiie, prof. E. P. S. F"., (Ihaumont ; Mlle
henesis, prof. E. P. .S., Blida ; M.- J. Berlioz, prof. E. N., Montbri-
son : Mme BiniKinii. (".aunes ; Mme Boiitemps, prof. E. P. S. F.,
(^haumont ; Mlle Brisch, C.olmar ; M. Jean Catel, prof, lycée,
-Montpellier ; M. Chahnel. prof, lycée, St-Qi:entiu ; M. Clech, prof.
lycée. Rennes ; Mlle Colomlntz, prof. E. P. S. F., Nice ; .1/. Connes,
prof, lycée, Marseille ; M. Couvreur, prof. E. P. S., Bagnols-sur-
C^èze ; Mme Decloitre, prof. E. P. S., La Côte-St-André ; M. Des-
biot, prof. E. P. S., Caen ; M. IJesrosier, prof, collège, .\uxonue ;
M. L. Dreyfus, prof, lycée Kléber, Strasbourg ; M\ J. Dreyfus, prof,
rlycée Kléber, Strasbourg ; M. Ehrhardt. prof, lycée Kléber, Stras-
tboiirg ; M. Fabre, prof., lycée Douai ; M. Féret, prof. E. P. S„
[>Louviers ; M. Fouret, prof, lycée Janson, Paris ; M. Gautherot.
srof. Ec. Prat.. Montbéliard ; M. Gédéon, prof, lycée Poitiers ;
fM' Ch. Kray. prof, lycée Kléber, Strasbourg ; Mll^ Lacrouze, prof.
|E. P. S., Talence ; .)/. R. Lamar, prof. lycée Beauvais ; Mlle La-
\rab, prof. E. P. S. F., Mascara ; M. Laurent, prof. E. P. S., Cadil-
;lac ; M. Le Golf, prof, lycée, Toulon ; Mlle Legouis, prof, lycée
f^J. P., Mulhouse ; M. Olivier-Leroy, prof, lycée, Châteauroux ;
}M. Jean Meunier, prof, collège, Charolles ; M. de Montaigu. prof.
Fcollège, Luçon ; M. Moulinier, prof, lycée, Tours ; Mlle Passard.
h>Tof. E. P. S. J. F., Largentière ; Mlle Pédevilla, prof. E. P. S..
[Brignoles ; Mlle Perrenoud, prof. Ij-cée J. F., St-Germain-en-Laye ;
^Mlle Petithuguenin, prof. E. P. S.' J. F., St-Lô ; M. J. Peurauhe,
prof, lycée, Nancy ; Mme Pujol, Bordeaux ; Mlle M. Richard, prof,
déléguée lycée, Bar-le-Duc ; M. Rouleux, prof, collège. St-Jean-
d".\ngély ; M. Ruche, prof, lycée, Tunis ; M. Taillebot, prof, lycée,
Aix-en-Provence ; M- Thénard, prof. E. P. S., Chinon ; M. Thomas,
prof, lycée, Poitiers ; Mlle Thourot. prof. E. P. S. J. F., Ste-Marie-
aux-Mines ; M- Vieu.r. jirof. lycée, Nantes ; M. Villeméjane, prof,
d'espagnol à l'Ecole Arago ; M. WolfJ, prof, lycée Kléber, Stras-
bourg.
CONSIDERATIONS INACTUELLES
C'est donc cette année que la comi^osition en langue étran-
gère se verra supplanter, à l'écrit des baccalauréats B et D,
par la nouvelle formule : Version, thème d'imitation. La loi
est la loi, et il nous appartient d'en assurer l'exécution, quoi
que nous puissions en penser dans notre for intérieur. Mais
il est permis, croyons-nous, de réserver l'avenir, et même,
en un sens, de le préparer, en nous demandant pourquoi et
comment la petite révolution de 1920 a pu réussir.
Quand nous sommes partis pour la guerre, en 1914, nul ne
paraissait songer à mettre en question la réforme de 1902,
avec tous ses corollaires, au nombre desquels figurait en place
honorable la composition en langue étrangère. De tem])s en
temps, quelque fidèle des anciens dieux jetait bien sur nous
la malédiction, mais sans la prendre lui-même au sérieux.
Aucun nuage n'assombrissait notre petit horizon. Nous res-
tâmes longtemps sous le harnois militaire. A notre retour,
trop heureux de retrouver les douceurs de la vie civilisée,
nous avions repris nos bonnes habitudes d'avant-guerre, et
ne soupçonnions nulle menace suspendue sur nos tètes. Mais
un beau jour nous entendîmes parler d'un référendum qui,
parait-il, reflétait avec une fidélité admirable le nouvel état
d'esprit des professeurs de langues.
D'où surgissait le monstre ? Je ne sais. Je sais seulement
que je n'ai pas eu l'honneur d'être consulté. Et conuue tous
mes camarades de la guerre ont eu l'occasion de se faire la
même remarque, il est clair que ce référendum, silencieuse-
ment préparé, mais bruyamment exploité, ne signifie plus
grand'chose. vSi ciuelqu'un avait le droit de faire connaître
son opinion en la matière, c'étaient apparemment les anciens
mobilisés, pour ne pas dire les anciens combattants. Or, la
date même à laquelle on a recueilli les votes était, ou si bien,
ou si mal calculée, que la plupart des démobilisés ont été mis
en présence rlu fait accompli. C'est ce qui ressort, aussi bien,
des chiffres donnés récemment dans cette revue, si on les
compare seulement aux chiffres des adhérents de IWssocia-
tion.
Donc ce référendum est insigniliant <i priori, puisque tous
les jeunes en ont été exclus. Cependant, examiné en lui-même,
CONSIDKHATIONS INACTCEI.LliS ,')7
;i-t-il If SLMis qu'on a prétendu lui donner ? Eniporte-t-il,
même incomplet et mutilé, condamnation de la composition
en Janj»ue étrangère ? Il dit exactement le contraire. Le thème,
adopté par le Conseil Sui)érieur, et présenté par certains
comme le désir secret ilu personnel enseii,Miant, avait recueilli
107 voix sur 407 sufVrages exprimés, tandis que la cc)nii)osi-
tion, modifiée ou non, réunissait 300 suffrages.
Le 0)nseil Supérieur se trouvait donc en face d'une situa-
tion très nette. Même si personne ne lui signalait l'abstention
bien involontaire de plusieurs centaines de professeurs, en
grosse majorité fidèles à la réforme de 1902, il n'y avait qu'à
regarder les chiffres pour se convaincre des intentions de
ceux qui avaient pu voter. La composition, ou la version
suivie d'un large questionnaire, répondait aux vœux de la
plupart. Aussi le Conseil Supérieur, dans sa sagesse, décida-
t-il que la composition avait vécu, et que la version elle-même
ne se concevait que flanquée d'un thème d'imitation.
O n'est pas ici le lieu d'étudier la composition du (Conseil
Supérieur. Il est excellent, in abstracto, que ce grand et noble
organisme puisse au besoin départager les enragés tenants
de nos mille catégories éternellement rivales. Cependant,
lorsqu'il s'agit de maintenir ou de modifier, et que l'immense
majorité des gens compétents et intéressés se prononce pour
le maintien, il est assez étrange qu'on leur impose ainsi du
dehors des formules pédagogiques rejetées par eux. Mais le
travail d'investissement avait été sans doute entrepris de
longue date, et sans donner le moins du monde dans le
rocambolisme, il est permis de trouver quelque suite dans tous
ces événements inattendus, d'y retracer une idée directrice
et une volonté tenace.
Encore fallait-il des prétextes pour pouvoir condamner une
é])reuve acceptée par nous pour lui en substituer une autre
que nous refusions. On a donc présenté la composition comme
un affreux pot-pourri de formules toutes faites, apprises par
cœur, insérées bon gré mal gré dans n'importe quel sujet, et
reliées aussi mal que possible par de pauvres balbutiements
déi)ourvus de syntaxe et de logique. C'est vraiment se donner
la partie belle. Si tel était le résultat de nos six années
d'efforts, qui de nous serait assez aveuglé par le parti pris
pour ne pas y renoncer spontanément ? La vérité est qu'un
élève moyen de nos classes de première fournissait à l'exa-
men un papier fort honorable, rédigé avec beaucouj) moins
.")8 LES LANC.IES MODEUNES
de maladresse et de gaucherie et de barbarismes et d'erreurs
qu'on ne voudrait aujourd'hui le laisser entendre. D'une ma-
nière générale, la composition étrangère valait à peu près,
relativement bien entendu, la composition française. Les
épreuves écrites du baccalauréat n'ont pas coutume de servir
aux anthologies ; il faut donc juger une épreuve en la rem-
plaçant dans son cadre, dans son rôle, et se demander com-
ment elle le remplit. Or, la composition nous servait parfaite-
ment à apprécier l'étendue et la justesse du vocabulaire, et
les acquisitions grammaticales du candidat. Elle répondait
à sa fin. Elle avait aussi le mérite de couronner harmonieuse-
ment notre patiente construction de six années. Quant aux
élucubrations que Ton a produites comme de fidèles spéci-
mens de cette épreuve, la plupart des examinateurs savaient
isoler les clichés, et condamner l'insuffisance éclatante de
tout le reste, qui représentait la force vraie de l'élève..
On aurait pu adresser cependant des reproches à la compo.-
sition telle qu'elle se pratiquait jusqu'à 1914. Au lieu de lancer
l'élève à corps perdu sur un de ces thèmes qui reviennent
forcément toujours, avec quelques variantes ingénieuses, on
aurait pu le maintenir plus longtemps sur la voie, l'empêcher
de dérailler, en lui donnant par exemple une version suivie
d'un commentaire bien compris. La composition n'était pas
intangible dans sa forme, si elle semblait l'être dans son prin-
cipe. Mais ce qu'on voulait, ce n'était ni satisfaire les désirs
du personnel, même imparfaitement exiirimés, ni améliorer
une épreuve d'utilité reconnue par l'expérience, ni mieux
armer les candidats contre l'incertitude des examens. On
avait l'arrière-pensée de ramener triomphalement dans nos
classes, en vainqueur et en maitre, le thème, naguère honni,
le thème, relégué au rang de rapide exercice oral, le bon vieux
thème du latin et du grec, que certains ne se consolaient pas
de voir abandonné. Les partisans du thème l'ont emporté,
grâce à l'obscurité que l'on a su faire, autour de notre opinion
presque unanime. Ils ont trouvé un peu partout les compli-
cités qui ne manquent januiis aux ennemis des humanités mo-
dernes. Leur victoire est une défaite pour nous. Sachons du
moins en tirer la leçon. Apprenons d'abord à tous ceux qui
nous lisent (juc le référendum de 1919 n'a pas de valeur, que
c'est une consultation hâtive et incomplète dont nous n'avons
pas la responsabilité. Et apprenons nous-mêmes, par l'im-
]u-évu de ce revirement, (jui nous a surpris, qu'il ne faut
NOIES SIR LA MiriHODi; DIKKCTE i/,)
jamais désespérer ; que si nous savons le vouloir, ce qui a été
fait malgré nous sera défait grâce à nous ; que nous aurons
un jour notre revanche, comme les amis du thème ont en ce
moment la leur.
Faisons loyalement l'essai (|ui nous est proposé, bien qu'à
mon avis la conclusion soit inscrite dans les prémisses, et
voyons d'ici quelque temps ce que donnerait un référendum,
organisé cette fois dans des conditions normales. Je ne serai
pas mauvais prophète en prédisant que ce jour-là, si le
(lonseil vSupérieur veut bien tenir compte de nos vœux, la
méthode vivante d'enseignement des lanj^ues vivantes retrou-
vera son couronnement naturel, la composition vivante et
libre en langue étrangère.
A. HiVOAI.LAX.
:;*;:
Notes sur la méthode directe
« Des ni)Ot5, des n)Ots, des n)ots ! » (Harolet)
Abslrait et Concret — La méthode directe n'a plus d'adver-
saires, c'est entendu ; mais elle a des partisans fervents et
des partisans tièdes. Ces derniers veulent bien la reconnaître
bonne pour enseigner le vocabulaire << concret », mais lui
refusent toute vertu pour enseigner le vocabulaire « abs-
trait ».
Ils oublient, évidemment, que nos élèves nous arrivent
possédant l'un et l'autre vocabulaire' dans leur langue mater-
nelle. Or, la langue maternelle tout entière a été acquise
directement : « Quand le petit tétait, et que la mère allaitait,
où donc était le dictionnaire bilingue ? »
Je soutiens qu'il n'y a pas de mots concrets. Tous sont
abstraits.
En etïet, une chose quelconque peut être représentée par
le mot " ceci » ou par le, mot « cela ». Deux mots aussi
abstraits et aussi généraux que possible. Ce sont pourtant les
premiers mots que nous enseignons : « Ceci est un livre ! »
Or si le mot « ceci » est abstrait, ce dont, j'espère, personne
ne doute, le mot « livre » qui en est l'équivalent est abstrait
aussi. C. Q. F. D.
60 LHS LANGUES MODERNES
La Classification siiraimêc. — Alors, comment distinguer
les mots tels que « ceci » des mots tels que « livre » ? Voici.
Nous ferons table rase de la classification d'Aelius Donatus
(IV' siècle) en noms et i^ronoms, classification parfaitement
inadéquate, et controuvée d'ailleurs par les découvertes de
la linguistique (D'après M. Michel Bréal, les pronoms au-
raient été les premiers mots de tout langage). Et nous regar-
derons «' ceci » comme une armature, et «. livre » comme
un des revêtements possibles de cette armature primitive.
Les mots servant à représenter les idées de choses : ceci
et cela, de lieu : ici et là, de temps : maintenant et alors,
d'action : faisant, d'état : étant, sont de simples armatures.
Ils sont susceptibles, chacun, d'une infinité de revêtements.
Syntaxe directe. — Si nous savons nommer ainsi simple-
ment toutes les choses (et toutes les personnes), tous les lieux,
et tous les temps, au moj'en d'une dizaine de mots d'armature,
que nous manquera-t-il pour compléter notre vocabulaire ?
Il nous manquera d'abord les mots représentant l'Espace.
Je veux dire les mots qui indiquent les positions relatives des
images (choses, lieux, temps) les unes par rapport aux autres.
Ceux-ci, par exemple : DE, indiquant séparation ; A, direc-
tion ; et EN, union. Ces mots, que les grammairiens négligent,
sont des plus abstraits : mais je les comparerai aux boulons
de notre armature.
Car, faire de la Syntaxe directe, si je puis dire, devient
aussi amusant, pour de petits gosses, que de jouer au
'( Meccano ->. Quelques exemples :
Armature : Crci est à cela.
Hevètement : Le livre appartient à Jacques
id. : Ce jouet marche à perfection, etc.
Un deuxième exercice consistera à trouver l'armature
d'une phrase dont on donne le revêtement. Exemple :
lU'vêlemenl : Marchez' - vous en rang?
.\maturc : Faites ceci en cela ?
Je parle par expérience. Lorsqu'on a jjassé le temps dévolu
aux langues en Sixième et en Cinquième, à de semblables
exercices, on ne se casse plus la tête à essayer de résoudre,
en Quatrième, le i)roblème de l'Abstraction par le problème
autrement compliqué de la Traduction.
\(»Ti:s SI H I.\ MKTIIODE OIRECTK (il
.l'ajouti' que l'on est p(nti- jiimai.s dégoûté de la Grammaire.
J'entends de celle que Donatus composa en latin pour son
élève saint Jérôme, au iV siècle de notre ère, et que Chapsal
transposa en français, pour le malheur de tous les écoliers,
vers 1825.
Il me reste à avouer que j'emi)loie quelques objets concrets
pour développer devant des élèves de dix ans ces théories
subversives et paradoxales. Mon parapluie suffit cependant à
démontrer le mécanisnie de l'armature et du revêtement.
Nous nous représentons DE, comme les Egyptiens, ])ar une
scie ; A, par une flèche ; et EN, par un anneau.
La Pcmi'e coinplcte. — Il n'est pas de problème gramma-
tical qu'on ne puisse résoudre par le moyen des quelques mots
abstraits que j'ai indiqués. Je ne m'occupe pas de l'orthogra-
■. phe qui s'apprend, connue elle s'est installée, par l'usage,
et notre usage est intensif. Mais il y a encore autre chose.
Les opinions étant libres, nies contradicteurs auront sans
doute besoin de quelques mots abstraits (j'y compte du
moins) pour exprimer la leur. En voici de très simples : ET,
MAIS, OU, QUOIQUE, etc. Car ces mots représentent des
opinions (Ed. L. Starck, Boston Univ.). La preuve ?
a) Nous savons parler français.
h) Nous appi'onons la Grammaire.
Voici l'opinion de mes contradicteurs :
c) Nous savons parler français PARCE QUE nous appre-
nons la Grammaire.
Et voici la mienne exprimée non moins simplement :
d) Nous savons parler français QUOIQUE nous apprenions
la Grammaire.
C'était aussi l'opinion de Paul-Louis Courier quand il disait:
" On reconnaît les gens qui savent bien leur Grammaire à
ce qu'ils parlent plus mal que les autres » (Conv. chez la
Comtesse d'Albany).
Plumeau.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
Deux ouvrages de publication récente, When Labour Bules
par M. J.-H. Thomas, et A Policij for the Labour Partij, par
M. Ramsay Mac Donald, ont attiré l'attention des milieux
politiques, et en particulier du parti libéral, curieux de
connaître la pensée de ses voisins de gauche pour apprécier
dans quelle mesure il peut collaborer avec eux.
'SI. Thomas n'a rien du révolutionnaire hirsute. Il réclame
bien la nationalisation, mais pour quelques industries essen-
tielles seulement ; et il lui sufl&rait de voir les autres sous
un vague contrôle public. Il se soucie peu de la forme répu-
blicaine soit pour l'Angleterre soit pour l'Irlande et il est
très nettement hostile à la séparation des deux pays. Enfin, il
ne veut pas entendre parler de bolchevisme, dans le Royau-
me-Uni.
M. Ramsay Mac Donald étudie surtout le problème de la
nationalisation. Les industries sont classées par lui en deux
catégories, les petites industries où la concurrence fait en-
core sentir son action vivifiante, et les grandes constituant
des monopoles de fait entre les mains d'un trust. Il ne touche
pas aux premières, par respect de la liberté qu'implique la
concurrence ; mais il fait passer les autres sous le contrôle
de la nation, car pour lui trust signifie tyrannie économique.
Quant au contrôle des services nationalisés, il le confie non
pas à de nouveaux ministères où régnerait la torpeur bureau-
cratique, mais à des organismes très souples où seraient
représentés techniciens, producteurs et consommateurs. En
limitant la nationalisation aux seules industries dont l'évolu-
tion a abouti au trust, il condamne implicitement le bolche-
visme et reste fidèle à l'esprit du marxisme. 11 pourrait contre-
signer le jugement de H.-G. Wells sur Lénine ; le romancier
anglais reproche, en efi^et, au dictateur de Moscou d'avoir
brûlé les étapes en cherchant à réaliser brusquement l'^
marxisme en Russie, et cela à rencontre de la {)ensée n^ême
de Karl Marx qui disait que les premiers pays touchés par le
socialisme seraient ceux de forte concentration industrielle.
CHiiONKJLt: ÉTKANdÉKE ()3
La doctrine de M. Kanisay Mac Donald ne fait qu'étendre
l'idée tiéniocratique aux faits d'ordre économique ; à ce titre,
elle ne peut que séduire les libéraux. Ils n'ont pas plus de
raisons d'admettre la concentration du pouvoir économique
entre les mains de jjetits groupes que la concentration du
pouvoir j)olitique entre les mains d'un homme ou d'une cote-
rie ; pour eux la démocratisation du pouvoir est la condition
même de la liberté individuelle.
Les précisions sur le socialisme tel qu'il est com])ris en
Angleterre et tel qu'il est appliqué en Russie offrent cet
avantage d'éclairer le parti libéral sur sa propre doctrine,
restée assez vague, surtout en matière économique, i)en(lant
les premiers mois qui ont suivi l'armistice. A proprement
parler, le libéralisme a souffert d'une véritable crise de
conscience. Pendant la guerre, tous les partis dans un désir
d'union s'étaient détournés des débats politiques. La guerre
finie, les partis extrêmes retrouvaient facilement leur voie ;
mais moins heureux qu'eux, parce que sa nature même hii
interdit de se laisser guider par des dogmes rigides, le parti
libéral alla un peu à la dérive. Certains de ses membres, pré-
férant à l'angoisse d'une incertitude prolongée, la sécurité
que donne la soumission à un Evangile, rejoignirent ceux
qui, soit à leur droite, soit à leur gauche, semblaient savoir
où aller. Il ne resta qu'un noyau de fidèles ou d'entêtés du
libéralisme ; avant de rien entreprendre, ils durent se recon-
naître ; en fait, ce n'est qu'après l'élection de M. Asquith
qu'ils commencèrent à se ressaisir. L'échec travailliste aux
dernières élections municipales, la constatation que le Labour
Party est trop prisonnier des contingences syndicalistes pour
embrasser les problèmes d'ensemble et faire œuvre efficace
d'opposition, tout cela leur a rendu confiance et leur a donné
le sentiment qu'à l'aile gauche du Parlement il y avait un
rôle important à jouer et qu'eux seuls pouvaient le jouer.
The New Liberalism, petit volume de M. Masterman, reflète
cet état d'esprit, c La liberté dans la coopération w, telle est
la formule dont M. Masterman fait sa base de départ. Entre
la liberté et l'esprit d'organisation à la manière allemande,
il n'hésite pas ; v mieux vaut pour l'homme, dit-il, appren-
dre à bien choisir après des expériences malheureuses que
se sentir pousser dans le bon chemin sans avoir eu à choisir. »
La place qu'il assigne au libéralisme est à égale distance du
vieil individualisme et des conceptions égalitaircs de la guerre
<'4 LES LANdUES MOOEllXES
de classes : le but qu'il lui offre est la destruction, non pas
du capital, mais de la pauvreté.
Ce réveil de l'idée libérale est intéressant à noter. Il est
possible que dans un avenir prochain des résultats soient
enregistrés, dus à la foi agissante dont est animé le groupe
Asquith. C'est en lui que mettent leur confiance ceux qui
souhaitent la cessation des hostilités sur le front irlandais ;
car il n'est personne qui croie que le Home Rule, aujourd'hui
voté, soit capable d'ameiier l'apaisement ; applicable dans
ri'lster. il se heurtera à l'opposition intransigeante des
Sinn Feiners dans le sud de l'Irlande.
D'autre part, les libéraux auront à intervenir dans un
débat actuellement en perspective sur la vieille question du
protectionnisme ; nul doute qu'ils ne le fassent avec une
ardeur toute juvénile, car ils seront alors sur un terrain solide
et connu. La lutte entre les partisans de la protection et ceux
du libre-échange s'est rouverte à l'occasion de l'entrée en
Angleterre de jouets et de produits colorants venus d'Alle-
magne. Il serait prématuré de parler d'invasion commerciale,
ou de dumping, mais les industriels anglais se sentent mena-
cés dans leur situation et craignent de ne pouvoir résister
.si l'on n'oppose des barrières protectrices aux produits
étrangers.
Quelle que soit l'issue du débat, il méritera d'être suivi
avec attention. Il sera intéressant de voir l'attitude des libé-
raux de la coalition, et pour nous Français eu particulier,
d'observer comment évolueront les sentiments de l'Angle-
terre à l'égard de l'Allemagne, en présence de ce nouveau
péril commercial. In fait est acquis, c'est que l'Angleterre,
conuîie avant la guerre, se trouve aux prises avec la concur-
rence allemande et qu'elle en éprouve quelque inquiétude.
Faut-il y voir l'origine des dispositions peut-être plus conci-
liantes qu'elle montre envers la France, considérée après tout
comme une rivale de .second ordre et encore dans un avenir
assez lointain ? Au début du mois, à Manchester, Lord Derby
préconisait comme garantie de paix future une alliance entre
l'Angleterre et la France et, d'autre part, il semble que depuis
peu la ])resse radicale soit plus réservée dans ses apprécia-
tions à notre égard. 11 n'y a pas longtemps, il n'était question
(lue de militarisme et d'impérialisme français ; on prêtait à
liotrt' i^ouverneiiiciit rintcntion d'envoyer de nombreuses di-
visions culbuter le régime moscovite ; l'alliance avec la Belgi-
que dissinudait les plus noirs desseins et les moins avoua-
bles. Aujourd'hui, le Manchester Guardian admet que si l'on
entend en France la note impérialiste, elle est loin d'être
((ominante; que» l'étranger s'est trompé sur les vraies tendances
de la France d'après-guerre. Cet aveu ne pouvait manquer de
se produire ; ce qui est inattendu, c'est l'explication qui a
été donnée de l'erreur commise à notre sujet. D'après le
correspondant parisien du Manchester Guardian, nous devons
notre réputation de peuple militariste à Pertinax ; il recon-
naît bien que le rédacteur de VEcho de Paris ne parle qu'au
nom de certains cerclas sans influence ni autorité ; mais il
lui fait une sorte de grief de « l'excellente clarté » de son
style ; tout le mal vient de c.e que ses articles, faciles à com-
prendre et probablement faciles à traduire, ont été copieu-
sement cités dans la presse étrangère ; d'où la conviction au
dehors qu'ils reflétaient l'opinion française. Le mal aurait
cependant été moins grand si, à « l'excellente clarté » de
Pertinax, ne s'était ajoutée l'extrême timidité des informa-
teurs étrangers dans leur chasse aux documents. Les récri-
minations, parfois un peu vives, que la majorité des journaux
parisiens fit entendre contre l'Angleterre au moment de la
grève des mineurs ont eu du moins ce résultat de faire connaî-
tre à notre alliée nos vrais sentiments. On parle moins de nos
intentions belliqueuses et davantage de nos besoins, et l'on
commence à comprendre outre-Manche que pour compatir
efficacement à la détresse de la France, # il ne suffit pas de
lui vendre au prix fort certaines commodités, ni de chanter,
même avec conviction : Keep thc Home-I'ires bwninti !
Sarrebourg, le 21 décembre 1920. Marcel Lorans.
-^-
N0TE5 ALLEMANDES
M. Maurice Muret rend service à ceux qui n'ont pu se
tenir au courant de la production littéraire en Allemagne
pendant la guerre, en publiant une dizaine d'études qui
demeuraient dispersées dans les revues (1). De l'excellent
(\> La littérature allemande pendant la guerre, Pavot, 1920.
66 LES LANGUES MODERNES
poste d'observation auquel il était placé, l'écrivain suisse a
pu noter au jour le jour les manifestations de la « psychose
de guerre » chez nos adversaires. D'où l'intérêt de ses
essais. D'où leur faiblesse aussi. Ils ne constituent pas à
proprement i^arler une étude d'ensemble telle qu'il nous la
faudrait, conduite avec un souci d'historien, mais plutôt
une suite de propos qui relèvent autant du journalisme que
de la littérature. Les sujets qu'il aborde sont intéressants en
eux-mêmes, et rien que la table des matières est suggestive.
M. Muret anahse les romans de guerre de Clara Viebig
(Tôchter der Hekuba), de Mme Nannj' Lambrecht (Eisente
Freiide et die Fahne der M'allonen), et celui de Frenssen
(Die Brader). Il passe en revue les publications récentes des
deux frères Thomas et Heinrich Mann, qui se sont enfon-
cés plus avant, le premier dans la voie d'un nationalisme
étroit, l'autre dans celle du libéralisme, du « républicanis-
me », et il signale le poème de Stefan George « der
Krieg », où l'aristocrate rhénan a gardé son attitude hau-
taine, son dédain des passions grégaires, et des agitations
grossières. Le livre se clôt sur les noms de Dehmel, Dau-
thendey et Harden.
Tout cela permet une reprise de contact, donne des indi-
cations sur un mouvement terriblement confus. Mais ce ne
sont là précisément que des indications. Les jugements
])ortés par M. Muret sont ceux d'un homme échauffé par la
lutte immédiate. Les arbres l'ont empêché de découvrir la
forêt. A vrai dire, ce n'est qu'après de longs travaux que
l'on arriverait à dé|;>roailler le chaos, à dégager les tendan-
ces nouvelles qui ont pu se faire jour en Allemagne j^en-
dant les cinq années de guerre.
Dès aujourd'hui pourtant on peut distinguer entre ceux
qui n'ont rien appris, ni rien oublié, et ceux pour qui la
guerre a été la révolution véritable, apportant à l'esprit
allemand de quoi réfléchir, se nourrir d'aliments nombreux,
se régénérer peut-être, (les derniers sont les seuls intéres-
sants du point de vue de l'avenir et il est dommage que
M. Muret n'ait ])as songé à nous entretenir d'un Fritz von
l'nruh, le tyi)e du hobereau, de l'ollicier prussien qui trouve
à Verdun son chemin de Damas (1), ou des groupes d'ocri-
(1) I'"ritz von rnriih. Opter^ang, Kiith Reiss Vcrlag.
(iiiiOMorK 1- rK\\(;Ki!i: GT
vains jeiiiu's ijiii sont ifiMi-si-nlcs dans dos anthologies
comme Menschheilsdainincniiif/, dus Ziel, die Erhcbinu/.
Nous aurons à y revenir,
I>es autres représentent le i)assé : « prophètes tournés
en arrière », ils n'ont fait cpie prolonger les aspirations
d'une Allemagne de plus en plus avide de hien-être et de
puissance. Richard Dehniel était-il du nombre ? La guerre
fut i)our ce poète, dont on discutait le talent, une épreuve à
laquelle il a mal résisté. Kien de plus naturel que de le
voir, cédant à l'entraînement de son jjeuple, s'engager à
l'âge de cinquante ans et prendre le fusil comme un jeune
homme. Ceci pourtant déjà nous refroidit, qu'au lieu de
IKjrtir en guerre contre le « czarisme », comme on nous
l'avait dit d'abord, c'est sur le front français qu'il fit ses
jjremières armes. Et il ne semble i)oint qu'il ait vu de
difTérence entre une guerre menée contre la Russie et une
guerre menée contre la France. Il n'aimait pas les Français ;
à un enquêteur qui lui demandait en 1913 ce que l'Allema-
gne contemporaine devait à la culture française, il répon-
dait par carte postale avec une injuste froideur : « Rien ! »
Mais au moins eùt-il pu se souvenir de son i)assé socialiste.
Il s'en souvenait sans doute, obscurément, à la façon de la
Sozial-Demokratie engraissée, embourgeoisée. Pas assez pour
lever l'interdit qui pesait sur les esprits et échapper à cette
mobilisation de l'intelligence qui fit taire toute faculté cri--
tique. Si Dehniel se plaignait, à son arrivée au corps, du
« Drill », il s'en consolait aussi en écrivant des hymnes à
la discipline, en exaltant l'abnégation c[n'exige non seule-
ment le patriotisme, mais le militarisme. Son journal de
guerre, « Zwischen Volk und Menschheit » (1) nous con-
duit de déception en déception. Sous l'uniforme qu'il avait
revêtu, Dehmel n'était plus Dehmel. Sa vanité surexcitée lui
faisait "considérer moins la beauté d'un sacrifice obscur,
que la gloire de donner, lui, le poète quinquagénaire, un
exemple aux jeunes. Il tenait à ce que l'on connût son geste,
à ce que l'on se ralliât à son nom. C'est dans cet esprit que,
nouveau Tyrtée, il entreprit des tournées de conférences à
l'arrière-front, dans la région de la Somme. Ce qu'il y disait
ne dépassait pas les banales affirmations sur le droit de
1) S. Fisctier Verlag.
68 LES LANGUES MODERNES
rAllemagne à l'existence et à la victoire. Au spectacle des
régions françaises mal peuplées, mal cultivées, il ne trouvait
guère que l'ordinaire conclusion allemande : « la meilleure
terre au meilleur homme ». Et il se sentait, uniquement
parce qu'il était AUemanfl, sans chercher de raisons pro-
fondes, un de ces « meilleurs hommes ». Sans doute lui
arrivait-il parfois d'avoir un doute. Telle église de campa-
gne, tel intérieur de paysan ou de bourgeois français, lui
donnaient à réfléchir sur la valeur respective des civilisa-
tions opposées. Mais pour faire un retour sur lui-même, il
était trop pris par le milieu, trop flatté d'être invité aux
popotes d'état-major, encore que simple sous-officier. Et il
est navrant de le voir souffrir en son amour-propre, lorsque
les décorations que l'Empereur lui envoie lui semblent infé-
rieures à son mérite, bonnes pour de simples civils. Dans le
mouvement révolutionnaire même, qui acheva de jeter
bas la machine guerrière, Dehmel ne puisa pas une inspi-
ration nouvelle. Son appel à une ultime résistance rappelait
l'esprit des guerres d'indépendance plus qu'il ne permet-
tait de retrouver la poète de Erlôsungen, de Venus Socia, et
de la pitié sociale qui l'avait animé vingt ans auparavant.
*A force de vouloir selon sa théorie et son tempérament
lyrique, assujetti aux impressions du dehors, rapprocher
l'art de la vie, confondre l'art et la vie, Dehmel était devenu
impuissant à dominer d'un regard lucide la vie allemande,
à faire monter de l'épaisse civilisation matérielle qui l'en-
tourait, l'étoufFait, une flamme plus haute.
Sa mort, qui remonte à un an, permettra d'étudier l'en-
semble de son œuvre,, de le classer dans le Parnasse alle-
mand contemporain, où il est à craindre qu'il ne tienne pas
la place à laquelle il s'attendait : la première. La génération
dont il faisait partie est de plus en plus clairsemée. Càsar
Flaischlen lui aussi vient de mourir. On se souvient qu'il
avait été il y a vingt-cinq ans, rédacteur en chef du Pan,
auquel Dehmel collabora. Celte revue, aujourd'hui introuva-
ble à prix d'or, avait donné le signal d'une action concertée
entre les peintres et les écrivains. Eclectique, elle avait
groupé des poètes et des artistes qui dans des sens diffé-
rents, tâchaient de créer une culture esthétique i)ropre aux
Allemands. Ces tentatives, qui ont en partie échoué, relè-
vent aujourd'hui de l'histoire. Il sera bon de les rappeler,
et de mettre en lumière l'efl'ort de ceux qui comme Dau-
CICHOMQLE ÉTKANdKHi: 69
thendcy (mort en 1914) esquissaient dès avant la guerre
un mouvement d'opposition contre leur entourage béotien et
<'e qu'ils appelaient « uUdeulscher Massenioahnsinn. » (1).
F. Bkktaux.
NOTES ITALIENNES
Cabrlele d'Ano^ozio et le traité de Rapallo
I-e traité de Rapallo signé le 12 novembre 1920 semble
inarquer la lin des longs et pénibles difTérends qui avaient
surgi entre les Italiens et les Yougo-Slaves depuis la fin de
la guerre. Résultat des négociations directes des gouverne-
ments de Rome et de Belgrade, on peut dire qu'il est le fruit
d'un accord amical précurseur d'accords économiques et
même politiques visant surtout à empêcher le rétablissement
de la dvnastie des Habsbourg. L'Italie reçoit enfin, à l'est,
sa frontière naturelle des Alpe^, toute l'Istrie avec les îles
de Cherso, de Lussin et les ilôts voisins ; en Dalmatie, Zara
et ses dépendances, ainsi que l'ile de Lagosta et le groupe de
Pelagosa. Environ 500.000 Yougo-Slaves deviennent italiens
alors que 40.000 Italiens seulement passent à la Yougo-Slavie
avec de sérieuses garanties pour leur italianitc.
Les limites que revendiquaient les irrédentistes, avant
1914, semblent donc dépassées. Elles coïncidaient, à peu
près, avec celles dont parle Dante dans ces vers de la
Divine Comédie :
A Pola dentro del Quarnero
Ch'Italia chiude e suoi termini bagna.
Carducci lui-même, dans son Salut italien, ne va pas
au delà, ajoutant, après s'être adressé à Trieste et à Capo
d'Istria : « Saluez le Divin sourire de l'Adriatique jusqu'aux
lieux où Pola montre avec orgueil ses temples, à Rome et à
César. »
Quant à Fiume. le traité reconnait son indépendance. Le
nouvel Etat comprendra l'ancien « Corpus separatum » pro-
1' Max Dauthendey. Gredankengut aus nieinen W'auderjahreu,
191.3. Das Schônste vod Max Dauthendey. 1920. Albert I^angen
Verlag.
70 LES LANGUES MODERNES
longé à l'ouest, vers la côte, par une bande de terre qui la
relie à l'Italie avec deux grand'routes et la voie ferrée : pier-
res d'attente qui serviront peut-être un jour — du moins
nous le souhaitons — à sceller intimement la petite cons-
truction nouvelle à la grande maison italienne.
AjDprouvé à une énorme majorité par la Chambre des
Députés et le Sénat, ratifié par le roi et accepté par l'im-
mense majorité du pays, le traité de Rapallo a été farouche-
ment repoussé par Gabriele d'Annunzio qui occupait Fiume,
avec ses légionnaires, depuis le 12 septembre 1919. On sait
que son occupation avait empêché l'installation, dans la
ville, des troupes de police anglaises venues de Malte pour
assurer l'ordre dans Fiume, à la suite des incidents de
juillet 1919 où plusieurs soldats français avaient trouvé la
mort. Lors de l'entrée des troupes victorieuses de" Victor-
Emmanuel dans Fiume, le 30 octobre 1!>18, par un vote à
peu près unanime, la population fîumaine demanda à être
italienne. Et depuis septembre 1919, sous l'influence de la
parole entraînante et de l'éloquence prodigieuse du poète
des Laudi, son Comandante. la ville est devenue, de plus en
plus, un foyer d'ardent patriotisme italien. Cependant son
sort tardait à être réglé et justifiait bien des craintes. Aussi,
en vue de préparer l'annexion désirée, (îabriele d'Annunzio
lit-il adopter, à l'occasion de l'anniversaire de l'occupation,
la création de la Régence italienne du Carnaro en même
temps que la promulgation d'une Constitution très originale
l)ar endroits et qui donnait aux arts un rôle assez considé-
rable. Mais d'Annunzio comptait sans l'énergie et l'habileté
du gouvernement de M. Ciolitti que, d'ailleurs, il a eu l'im-
prudence de provoquer en occupant les iles de Veglia et
d'Arbe et en envoyant des troupes de débarquement pour
soulever la Dalniatie. Le général Caviglia qui commandait
une division dans la région de Trieste reçut l'ordre d'investir
Fiume et au besoin de prendre la ville i)ar n'importe quels
moyens, afin de l'amener, sans retard, à respecter le traité
(le Rapallo. La veille de Noël les troupes régulières italien-
nes marchent sur la ville et font le coup de feu contre les
légionnaires qui leur 0|)posent une résistance acharnée. Le
27, les opérations sont suspendues, le 29 d'.Xnnunzio abdique
ses pouvoirs et le 31 décembre les ])arlemcntaires liumains
CHUONlyri-; KThANOKI'.K 71
acceptent les conditions imposées ])ar le gouvernement ita-
lien, c'est-à-dire, outre le res])ect du traité de Rapallo, la
ilissolution du corps des légionnaires et le départ, pour leur
port d'attache, des navires de guerre italiens passés à Fiume.
Malheureusement tout ce merveilleux moyen âge, suivant
les mots même de (jahriele d'Annunzio, a lini d'une façon
tragicpie. Il va eu à (lé]jlorer 40 morts et environ 180 hles-
sés.
]>'équipée humaine de d'Annunzio n'a guère surpris ceux
qui connaissent l'homme et son œuvre. Aussi bien avons-
nous pu voir, pendant la guerre, celui qui s'est appelé lui-
même r « (inimuteur » devenir un chef héroïque stimula-
teur d'énergies et dont les exploits nautiques et aériens
dépassent ce que l'on pouvait attendre de ce soldat plus que
quinquagénaire.
En allant à Fiume et en jjrojetant d'occuper la Dalmatie,
d'Annunzio n'a vraiment fait qu'essayer de réaliser un plan
qu'il mûrissait depuis longtemps. On peut dire qu'il reve-
nait à ses premières amours, celles de la mer, qui sont à
l'origine de son nationalisme impérialiste.
Bercé dès sa naissance — ou plutôt dTès le sein de sa
mère — par les flots de l'Adriatique dont il s'est plu, pen-
dant longtemps, à contempler les nuances inhnies et chan-
geantes et à écouter le murmure, il en a toujours gardé un
souvenir attendri. Bientôt cet amour de la mer se confondra
avec l'amour de l'Italie.
O mare, o gioria o forza d'Italia ! (Canto novo, 1882).
Dans ses Odes Navales (1892-1893), l'un des plus beaux
poèmes est consacré à un torpilleur évoluant dans l'Adria-
tique. Et le 1" volume des Laudi, publié en 1901, porte en
épigraphe : « Xavigare necesse est ; vivere non est ne-
cesse ». Aussi quelle joie ce fut pour lui quand, à l'automne
de 1911, le canon des cuirassés italiens alla tonner devant
Tripoli. De son exil poétique d'Arcachon il envoya, du 8
octobre 1911 au 14 janvier 1912, au Carrière délia Sera, une
série de dix Canzoni écrites en terza rima comme la Divine
Comédie et destinées à former le quatrième volume des
Laudi. Et dans l'une d'elles, unissant dans son cœur la
France et l'Italie, il s'écria : « Et toi occupe le Ciel avec tes
il LES LANGUES MODKBNES
ailes, <■) guerrière ailée. Nous, nous pousserons nos puissants
navires, de nos quais, vers la haute mer. »
Cette mer qu'il rêvait de conquérir c'était, l'on s'en doute
bien, celle qu'il a appelée la très cimère Adriatique. Dans la
Xave (1ÎH)8) ses ambitions semblent plus vastes, car, au Dieu
qu'il invoque, il dit sans réticences : « Fais que tous les
Océans soient notre mer. >>
Aussi bien ne s'est-il pas contenté de chanter la mer. Du
27 mai au 4 juillet 1888, il a publié huit remarquables arti-
cles intitulés Armata d'Italia, consultés longtemps avec fruit
par tous ceux qui cherchaient à développer la marine ita-
lienne. Au lendemain de l'occupation de Fiume il s'adresse
en ces termes aux marins des navires de guerre italiens
mouillés dans le port : « Compagnons, accordez l'honneur
de vous appeler de ce nom au marin volontaire qui, depuis
de longues années, a été l'illustrateur du renouvellement
naval italien et a célébré en toute occasion le grand esprit
marin de l'Italie... Le Quarnero est à nous. C'est une mer
dantesque. » Après avoir été en quelque sorte le Lamartine
des journées nationales de mai 1915, il sera donc le Garibaldi
qui donnera Fiume et même la Dalmatie à son pays. A Cari-
baldi qu'il a chanté dans la Nuit de Caprera, il empruntera
sa devise fameuse : « Italia o morte. y>
Et ce cri, chez d'Annunzio, partait du cœur. Parlant des
dangers courus pendant la guerre, il a pu écrire à des amis :
« dix fois, vingt fois, je l'ai cherchée la mort, je l'ai appe-
lée. Elle n'a pas voulu de moi. » Soldat ailé, c'est en plein
ciel qu'il aurait voulu être ravi par la mort. Mais les Dieux
n'ont pas voulu que ce fils d'Apollon succombât sous les traits
de Mars. Et naguère encore, le 15 août 1920, au Conseil na-
tional de Fiume qui hésitait à accepter la Création de la
Kégence italienne du Carnaro il adresse ces paroles : « Plu-
tôt que i)ourrir dans la tranchée fiunuune, je reprendrai mon
aile de Vienne et vous disant adieu du haut des Cieux, je
descendrai parmi les Albanais de Kossovo pour combattre
contre les Serbes et chercher le beau trépas que me doit le
destin. » l^ne fois de plus, la mort n'a pas voulu de lui :
bien plus, il a dû lui-même déclarer, dans un accès d'indi-
gnation. (|ue l'Italie ne mérite pas que l'on meure pour
elle.
(■.iiiioNigi K i:i KANc.i.Ki: /.-5
Si l'on objeclait à Cliibriele d'Anniinzio que l'Italie, à peu
près tout entière, a accepté le traité de Hapallo, il répon-
drait, sans doute, que cela importe peu, car c'est lui seul qui
représente le juieux les « instincts, les tendances et les
sentiments fondamentaux de sa race ». Et ce que Stelio
Kjfretia, le héros du Feu, c'est-à-dire d'Annunzio lui-même,
disait : « Je ne dois et ne veux obéir qu'au génie de ma
race », le Comandante de Fiumc a voulu le réaliser. Ce qu'il
appelle Vilalionilc fait réellement partie de son moi à qui
il a toujours donné une place extraordinaire. Or, l'un des
besoins de ce moi c'est de briser tous 'les obstacles. A la
Chambre des Députés, en 1897, ayant brusquement quitté la
droite où il siégeait, pour aller se ranger parmi les révolu-
tionnaires d'extréme-gauche, il expliqua ainsi sa volte-face
à quelques amis : « Je ne partage pas les idées de mes nou-
veaux amis, mais je m'associe à leur puissance de destruc-
tion » et il ajoutait : « parmi les entreprises ^viriles, j'ad-
mire surtout celle de l'homme qui brise la loi imposée par
un autre pour établir sa propre loi. »
Obligé à son tour de céder à la force, il semble ne pou-
voir guère s'y résigner. Dans un discours d'adieu à ses légion-
naires qu'il venait de délier de leur serment, suivant les
conditions imposées par le général Caviglia, il cherche à
les lier à nouveau par la vague promesse d'un inconnu révo-
lutionnaire et rénovateur. « A qui l'inconnu ? » dit-il. —
« .\ nous. >
Le ô janvier courant, à l'occasion du dernier rapport des
officiers, il a donné lecture d'un projet de fédération natio-
nale des légionnaires et il a annoncé la fondation d'un jour-
nal qui en sera l'organe. Il vient de quitter le palais du Com-
mandement, mais pour aller s'installer dans la villa de l'an-
cien gouverneur autrichien réquisitionnée, pour lui, par le
Conseil national. En attendant, Fiume se prépare pour les
élections de l'Assemblée Constituante, fixées au 28 février, et
qui vont se faire sur un programme annexionniste. D'aucuns
prétendent que la future assemblée élira d'Annunzio chef
de l'Etat libre. Quoi qu'il en soit l'ancien Comandante n'a
pas encore dit son dernier mot. Vraisemblablement le drame
de Fiume n'en e.st encore qu'au troisième acte.
Marseille, le 10 janvier 1920.
Paul P.\OLi.
74 LES LANCLHS MODERNES
SUR LES ORIGINES DE L'UNIVERSITÉ
DE PRAGUE
Nous publions ci-dessous une lettre fort intéressante de
M. F. Mares, Recteur de l'Université de Prague, adressée à
notre collaborateur M. G. E. Broche. On se souvient que
notre collègue, dans ses Xotes rhénanes (L. M., n" 5, p. 't3H
et suivantes), cherchant à déterminer la place de l'Univer-
sité de Cologne dans l'histoire de la fondation des Univer-
sités allemandes, avait refusé de mettre au nombre de ces
Universités celle de Prague. X. D. L. /?.
REKTOR Pragite, le :il) novembre 1!)'2IK
CESKE UXIVERSITY KARLOVY
V PRAZE
Monsieur et très honoré Collègue,
La note dans les « Langues Modernes » par laquelle vous
protestez contre la présomption que l'Université de Prague
ait été fondée par Charles IV comme « le plus ancien bou-
levard du germanisme « nous est arrivée très à propos, à
notre grande satisfaction.
L'assemblée nationale de notre république a sanctionné
cette année une loi par laquelle l'Université tchèque à Pra-
gue est proclamée seule successeur de l'ancienne université
Charles, et l'Université allemande à Prague en est séparée,
restant autrement tout à fait intacte. Mais nos Allemands
proclament dans tout le monde que c'est une rupture de
leurs droits historiques.
Vous nous apportez un précieux secours dans cette cause.
par votre caractéristique de notre bon roi Charles, qui sera
toujours pour nous le père de la patrie. Quand vous con-
naîtrez les événements tragiques qu'a dû subir l'Université
de Charles (lei)uis 1(;22, où elle fut sui)i)rimée par le vain-
queur de la Montagne Blanche, jusqu'à 1882 où elle a été ]
divisée par le monarque hab.sbourgeois de sorte ([ue la nation
tchèque a été privée de son ancien héritage, vous devien-
drez, j'en .suis sur, un défenseur de la justice encore plus
résolu.
m
Clir.ONlyt i; KTHAN(ii:iiK /,)
Je vous fsiis envoyer, connue don, l'Iiistoire de l'Univer-
sité (Charles jusqu'à l'an 1848, écrite à l'occasion de son cin-
([uiènie centenaire par notre historien Toinek (1). L'histoire
ultérieure, surtout celle de la division de l'ancienne Uni-
versité en 1882, a été écrite par le professeur (loll, en tchè-
que, mais avec des documents en allemand que vous jjou-
vez juger vous-même.
l'n article sur la question universitaire de Prague a été
public dans la Revue Bleue de Paris, premier semestre de
cette année.
Je regrette que vous ne puissiez user de nos publications
tchèques, mais tout de même je vous fais envoyer le Décret
de Kutna' Hora de 1409, très important pour nous, dont vous
trouverez un fac-siniile et une traduction latine.
Enlin j'ajoute un spécimen de l'ancien sceau de l'I'ni-
versité Charles montrant celui-ci agenouillé devant saint Vcn-
ceslas, le patron des Tchèques, lui offrant la bule de ia
fondation universitaire ; à côté, les armes du Ptoyaume de
Bohême (lion avec deux queues).
Voici « le plus ancien boulevard du germanisme » sous
"^le patronage de saint Venceslas! La bulle du pape Clément VI.
que nous avons dans nos archives, parle expressément du
royaume de Bohème, au centre duquel se trouve la ville de
Prague. Je ne crois pas qu'un pape d'Avignon eût voulu fon-
der un boulevard du germanisme !
Monsieur, pardonnez-moi cette idée un peu fantaisiste,
mais vous me semblez avoir quelque liaison avec les Esprits
d'Avignon qui vous ont inspiré de prendre la défense de la
vérité sur l'Université de Prague créée à Avignon.
Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de ma plus haute
considération.
F. Mauès,
Recteur de l'Université Charles
à Prague.
(1) Geschichtc dcr Prager Univcrsitat, Prag., 1849.
BIBLIOGRAPHIE
Wild, Hei)ry Cecil. — A History of Moderi) Colloquial
EogliSb- — Fisher Unwin, London. 1920. XVI 4^ 398 pages, 21 sli.
Il ne saurait être question de donner ici, dans les limites que
les difficultés présentes imposent à notre Bulletin, un compte
icndu digne de ce très remarquable ouvrage. Mais nous voulons
au moins essayer de faire entrevoir son importance et son inté-
rêt.
M. Wyld est déjà bien connu comme l'auteur, entre autres cho-
ses, d"un excellent manuel général d'histoire de l'anglais. —
A short History of English, Murray, 1914. Le livre nouveau, quoi-
que beaucoup plus considérable, embrasse une matière moins
étendue, et n'a pas le même caractère de mise au point définitive.
Mais son esprit, ses idées, sa méthode, sont d'une belle origina-
lité. M. Wyld. dont on n'est pas surpris d'entendre dire qu'il est
tout l'opposé du philologue sec et ennujeux qui si longtemps a
])u, et dû sans doute, sévir en ce domaine, s'attaque au plus vif
de son sujet, et fait hardiment litière du reste. Il part d'un prin-
cipe bien banal, mais dont il est, je crois, le premier à tirer tou-
tes les conséquences. Ce principe est que seule la langue parlée
est le siège de toutes les transformations — de prononciation, de
morphologie, de syntaxe, de style même — dont la langue écrite
ne fait qu'enregistrer plus ou moins bien (et fort mal, comme
on sait, pour l'anglais), les résultats acquis parfois depuis long-
temps. Conséquence : c'est l'histoire de la langue parlée qui im-
porte, et que toujours d'ailleurs on essaie d'atteindre derrière les
■ documents ». Conséquence, et celle-ci plus nouvelle : une
méthode vivante et économique s'attachera surtout, parmi les
documents ... à ccu.x qui reflètent le plus directement cette his-
toire. Et donc c'est un luxe toujours, et ce peut être un leurre
jiarfois, que de mettre sur le même plan, comme on fait d'habi-
tude, à côté des textes qui nous livrent l'image la plus fidèle de
la langue parlée à telle ou telle époque, d'autres textes, peut-être
plus attachants au point de vue de la ■ littérature .. ou de la « grau-^
de » histoire, mais qui risquent de porter l'empreinte de la main
timide et volontiers traditionnelle des gens de lettres ou des
scribes officiels. Puisque, dans le cas qui nous occupe, la tâche
essentielle du i)hilologuc est de nous expliquer la formation du
bon anglais courant d'aujourd'hui, et. subsidiairement, de
l'anglais modifié ))ar quehpies influences de région ou de classe
qui n'en font cependant pas un patois ou un argot, à quoi bon
charger notre histoire de rétude de dialectes qui n'ont eu aucune"
HIBlJOCiKAFUIK / /
part à rélaboriilion de ce •• rccelvcd standard ■'. (jui mil niéiiie
fort peu retenti sur Jes •• modified standards » ?
Aussi, M. Wyld, remontant au moyen-anglais (le vieil anglais
l>(trlc est sans doute trop malaisé à discerner nettement), jette-t-il
carrément par-dessus bord Tétiide des dialectes du Nord ou des
.Midlands occidentaux dont l'anglais de Londres ne laisse aper-
cevoir que des traces insignifiantes. Il nous épargne les tableaux
- horrifiques pour certaines mémoires — qui nous résumaient
l'histoire de " O E. iu », dans tous les dialectes à la fois. II
j)rend. les dialectes formateurs l'un après l'autre, les étudie dans
leur unité vivante, fait suivre chaque série de paradigmes de
(|uelques exemples concrets bien choisis, et contiuuc dans le
même esprit. Il montre la fusion qui s'opère dans l'anglais de
Londres, chez l'humble moine .^am Davie comme chez le grand
( hauccr — précisant fort clairement les différences qui séparent
la prose de la poésie de ce dernier. Il va ainsi, de siècle en siècle,
ilépouiilant les textes les plus riches en anglais parlé qu'il ren-
contre — et ce sont des chroniques, des lettres, des testaments,
(les livres de raison, autant ou plus que des « œuvres littérai-
res ». Bien entendu, M. Wyld ne se targue pas d'épuiser la
matière, et l'on songe tout de suite, par exemple, au riche filon
que le théâtre populaire de la Renaissance, dans ses humbles
' Quartos », offrirait au chercheur. Mais il suffit à tous, au lec-
teur comme à l'auteur, qu'un admirable guide de travail soit ici
mis par l'un à la disposition de l'autre. La nouveauté des résul-
tats acquis apparaîtra nettement aux jeux des spécialistes dans
les derniers chapitres (.VI et suivants), où M. Wyld, " abstrait »
des chapitres tout concrets qui ont précédé une histoire sché-
matique de la prononciation anglaise. On remarquera notamment
que la chronologie des transformations connues est sensiblement
modifiée sur plus d'un point. Mais c'est bien la première et la
plus grosse partie de ce beau livre qui en offre la leçon la plus
féconde. Sans doute, elle n'est pas partout également dense d'idées
eL de faits. L'auteur n'a pas voulu faire un manuel et chercher
le minimum de mots : il parle, raconte, observe, sourit souvent,
se moque quelquefois, s'amuse évidemment toujours. Le livre
est clair, il n'est pas absolument net. C'est la rançon, si l'on veut,
de l'entrain avec lequel il a été écrit, et de la vie qu'il portera
partout où il ira.
On ne saurait, croyons-nous, souhaiter niicu.x aux philolo-
gues anglais que notre pays devrait bien voir naître enfin en
plus grand nombre, que d'aller à Oxford (.1) se mettre à l'école de
l'élève et du successeur de Swect.
A. KoszUL.
(1) M. Wyld vient d'y être nommé, et va quitter sa chaire de
Liverpool.
78 LKS LAXGCES MODERNES
}. et Barbara Han)n)ood : Tl)e Skilled Labourer
(1760-1832). — Londres, 191!). In-S" Longman et Grcen.
Los auteurs de cet ouvrage se sont spéeialisés de longue date
dans l'histoire des milieux ouvriers anglais à l'époque de la
grande révolution économique qui marque le passage de la petite
à la grande industrie. Sur les traces de Paul Mantoux, ils ont
cherché à rendre, dans tous ses détails, pittoresques et navrants,
le tragique d'une période qui fut pourtant le début de la mer-
veilleuse prospérité industrielle du peuple britannique.
Dans deux études précédemment parues (1), les auteurs se sont
livrés à une enquête minutieuse sur les conditions d'existence
matérielle, et sur les aspirations des ouvriers anglais des. villes
et des campagnes à la fin du xvni" siècle et au commencement
du XI.V. Ils ont cette fois limité leurs recherches à quelques-uns
tles métiers les plus importants et les plus réputés de la vieille
.Angleterre, et nous montrent les vains etforts de ces ouvriers
spécialisés (skilled), pour lutter contre la dépréciation continue
des salaires, conséquence terrible et fatale de l'apparition du
machinisme et du remplacement de l'atelier familial par la
fabrique.
A l'histoire de ces malheureux, mineurs et tisserands pour la
])lupart, ils ont ajouté le récit d'un des plus curieux mouvements
ouvriers de ce temps, celui des <■ briseurs de métiers » ou
' luddites >>, qui passa au cours des années 1812 et 1813 comme
une vague de fond sur les Comtés du Centre et lit naître dans
l'égoïste aristocratie d'argent qui gou%ernait alors l'Angleterre
comme une soudaine panique.
Dans leur préambule, les auteurs croient devoir Justifier les
termes de " révolution » et de " guerre civile » dont ils se ser-
vent pour caractériser l'époque qu'ils étudient. Ils n'ont pas tort
d'insister sur cette métamorphose rapide qui sembla faire passer
l'Angleterre économique d'une sorte de Moyen Age attardé à la
période moderne de son histoire. Us insistent justement sur la
transformation radicale des formes traditionnelles du travail,
sur la concentration de la puisance économique entre les mains
tl'une classe étroite, sur la naissance d'un nouvel esclavage
rivant aux machines des fabriques brusquement multipliées une
foule misérable, non seulement d'hommes, mais de femmes et
d'enfants.
Les huit premiers chapitres de l'ouvrage promènent le lecteur
successivement chez les mineurs du Northumberland, chez les tis-
(1) •■ The Towii liiboiircr » et <■ 77ic Villnijc hibuiirer » (Lon-
dres, Longmans).
BIBLIOGHAl'HII': 7'.»
straiids en coton cl en l;iinc du F.aïuiisliiic, du Voikshirc, du
West-Uiding. cIk-/1 les ouvriers en soieries de Spitelfield, le fau-
bourg de Londres, et ceux eu l)onueterie de Nottingham. Chez
tous, l'histoire est la uièmi: : diminution continue des salaires,
lente aggravation de la niisèi-e. La crise aiguë est généralement
nuirquée dans tous ces métiers par les années de dépression éco-
nomique ' qui suivent en Angleterre la fin des guerres napoléo-
niennes et que les troubles du radicalisme politique et le souve-
nir de Peterloo ont signalé à l'attention des historiens. On ti-ouve
un peu partout des tentatives identiques de résistance à ces phé-
Jiomènes économiques qui accablent les ouvriers sans que ceux-ci
les comprennent, et le témoignage de sentiments exaspérés, colère
sournoise contré les auteurs et les bénéficiaires de cette machine-
rie nouvelle qui transforme l'industrie, en rabaissant le prix du
travail, haine grandissante et (Kailleurs mutuelle entre classes,
essais localisés, spasmodiques d'entente, toujours jnalheureux.
par sociétés secrètes, puisque la loi défend les coalitions. .Jus-
qu'au jour où 'a ténacité d'un Place fera comprendre au gou-
vernement qu'il est plus sage de laisser les ouvriers s'associer
au grand jour. Grèves et lock-out remplissent déjà les pages de
ce volume bourré de faits et de documents.
La deuxième partie de l'ouvrage est spécialement consacrée à
ce curieux mouvement de caractère ouvrier qu'on a appelé
luddite u, du nom d'un apprenti, Ned Ludd, qui, le premier,
l;risa à coups de marteau le métier de son patron. Les <• briseurs
de métiers » furent légion dès l'automne 1811 dans les comtés
(lu (-entre. Ils avaient pour eux la sympathie des populations.
Leurs méthodes rappellent assez celles des Sinn Feiuers moder-
nes : expéditions nocturnes, incendies de fabriques, mais surtout
destruction de métiers ; plus de 1.000 en quelques mois, dans les
environs de Nottinghiim. Contre ces .. Jacobins » d'un nouveau
genre, le gouvernement usa de rigueur implacable. Le crime de
bris de métier >> fut, en vertu d'une loi de circonstance, puni
de mort, et pour stimuler le zèle des magistrats locaux, souvent
indolents, Londres détacha sur place de grosses forces de police
el tâcha de dépister les organisations secrètes des Luddites par
un savant service d'espionnage. Le livre de Hammond se termine
par le récit pittoresque des aventures d'un de ces agents provo-
cateurs. Ils en tirent j)lus d'une bonne raison pour assimiler le
régime de Castlereagh à celui des tsars russes.
Si ce jugement final apparaît audacieux, il n'en est pas moins
\rai que les auteurs ont, au cours de leur ouvrage, continué à
faire mieux connaître l'histoire politique anglaise du début du
.\i\« siècle.
Mais c'est surtout au jjoint de vue économique et social que
The skilled labourer importe à l'histoire de l'Angleterre. Les au-
<S0 LES LANC.LES MODEHNES
teurs ont travaille utilement dans la voie si lai-gement tracce
par les Webb (1>, les Aslhey et les Grahani Wallas.
Nous nous permettrons de revenir proehainement sur ce cha-
pitre capital de la vie contemporaine anglaise à propos d'ouvra-
ges récemment parus.
P. Devinât.
Kei)i)y. — Esquisse du droit crini)ii)el anglais. —
traduction par M. Adrien Paulian, docteur en droit, secrétaire-
rédacteur à la Chambre des Députés (Paris, Giard, éd. 1921).
On sait combien la législation anglaise diffère de la législation
française. Si l'on exclut le régime de la propriété foncière, nulle
part, peut-èti-e, les oppositions ne sont plus marquées que dans
le domaine du droit criminel, La loi réprime à peu près les mê-
mes faits des deux côtés de la Manche, mais <> la théorie des
preuves, que domine le principe de la preuve légale, ne ressemble
pas du tout à notre système de preuve par intime conviction,
écrit ;\I. le professeur Garçon. Enfin la dialectique juridique an-
glaise est très éloignée de celle à laquelle les esprits français sont
accoutumés. On ne raisonne pas de la même manière des deux côtés
du détroit. Un juriste anglais ne serait probablement pas con-
vaincu par nos argumentations si nous cherchons la solution
d'une controverse, en consultant le texte, les précédents histori-
ques, les travaux préparatoires, les nécessités pratiques. ]\Iais, de
notre côté, nous avons peine à comprendre les arrêts anglais où
chaque juge se détermine par les précédents librement interprétés
et procède sou^■ent par pures affirmations. »
On comprend quelle est l'importance de l'élude du droit anglais
pour tous ceux qui cherchent à connaître, non dans ses formes
extérieures, mais dans son essence, la civilisation britannique.
On peut suivre, dans les Acls of Parliament les transformations
subies par la pensée de nos voisins. L'ouvrage de M. Paulian per-
met à ses lecteurs de se livrer à cette excursion dans le domaine
de la phvchologie et de l'histoire. La traduction, très exacte et.
cependant élégante et sobre, est une image parfaite de la pensée
de l'auteur anglais.
M. Paulian est, d'ailleurs, un spécialiste des travaux de cette
nature. 11 a, pendant plusieurs années, analysé et traduit, pour
la Chambre des Députés, les manifestations les plus intéressantes
de l'activité du Parlement anglais et italien : projets de loi, lois,
rapports, discussions, enquêtes, etc. .\vant la guerre, la Faculté
(1) A signaler la léccnte édition de The Uislory of Trwh-
Unions dont les trois derniers chapitres, nouvellement ajoutés,
sont hi synthèse du mouvement ouvrier ;inglais contemporain.
BIHLIOGRAPHJK
81
<]e' droit a honoré d'un prix un oiivrajîo c»ii il étudiait les fraiis-
forniations historiques et le rôle pai'ticulièrenient ini|)ortunt
aujourd'hui, des engagements de diverse nature (engagement de
ne pas troubler l'ordre public, d'observer une bonne conduite à
l'égard de telle ou telle personne, etc.i qui viennent s'ajouter
;iux |)eines ou s'y substituer (Il
G. Malgopi) : Lexique tecijoique A09l3is-Frar)çais. —
C.authier-Villars et Cie. 1920.
(let ouxrage >ient à son heure, et sera utilement consulté par
tous ceux qui s'occupent de Métallurgie, d'Klectricité, de Cons-
tructions navales et de Moteurs à combustion interne. On ne sau-
rait dire qu'il est tout à fait complet ; la langue technique s'en-
richit journellement de vocables nouveaux, et à peine un volume
de ce genre est-il paru qu'il faudrait le mettre au point ; mais
l'essentiel y est ; sous un format commode, le texte est clair et
bien ordonné et l'ouvrage facile à consulter. 11 faut souhaiter que
l'auteur complète bientôt son livre : il manque presque tout le
vocabulaire de r.Automobile, et en matière de Constructions
navales, il y a beaucoup de trous. Mais, tel qu'il est, il est à
recommander et s'oppose heureusement aux nombreux produits
similaires de la librairie allemande.
M. H.
Mariai) Edwardes. — A Pocket Lexicoi) and Concor-
dance to t\)e Works of Shakespeare, i vol. petit in-i(i
carré, Vni-274 pp.. .T. M. Dent et G", London.
Tous les professeurs d'anglais ont tenu entre leurs mains les
jolis volumes de la collection du •• Temple Shakespeare >•. La
Maison Dent a publié dans le même format si coquet et si pra-
tique un Glossaire destiné plus particulièrement aux lecteurs de
ces ouvrages, mais appelé à rendre service à toutes les personnes
qui étudient Shakespeare, quel que soit le texle dont elles se
servent. Le <• Lexicon ■> contient à la fois un Index-Glossaire,
mais aussi une Concordance, c'est-à-dire la liste de tous les pas-
sages de l'œuvre shakespearienne où se retrouve le mot dont on
veut préciser le sens, découvrir les diverses acceptions. Ces ren-
vois permettent d'étendre le champ des investigations sémantiques
autour d'un terme employé plusieurs fois par le grand dramaturge.
Des citations empruntées aux critiques les plus autorisés fournissent
au lecteur les interprétations qui ont été données des passages les
(1) La Recognizance dans le droit anglais, Paris, Giard et
Brière, éd.
82 LES LAX(iL"ES MODERNES
plus obscurs. Eufiu, des gravures fort nettes, qui reproduisent,
pour la plupart, des objets exposés au British Muséum, éclairent
de la meilleure façon certains termes techniques vieillis ou les
dénominations d'ustensiles, d'outils, d'armes, d'instruments dis-
parus de l'usage courant.
Ch. Veillet-Lavallée.
RolaQd Bréauté. — Uq Universitaire aux arn)éeS' —
Editions Bossard, Paris.
M. Roland Bréauté, professeur dans le civil, et territorial de 2
classe, ou comme il le dit lui-même simplonime, dans le mili-
taire, montre dans son livre les qualités que sa double situation
d'universitaire et de vétéran nous met en droit d'attendre : la
pondération et la mesure. Il ne se lamente pas sur l'injustice de
son sort. Non que la promiscuité des camps lui ait moins pesé
à lui qu'à tous ces hommes cultivés maintenus, de par le principe
fondamental de l'inutilisation des compétences, dans une situa-
tion subalterne ; mais stoïque par tempérament ou par pudeur,
il ne fait entendre aucune récrimination. Il se borne à raconter
ce que les hasards de la guerre lui ont permis de voir. Et ce qu'il
a vu ne manque ni de variété ni d'intérêt. D"abord terrassier et
homme de garde dans la tranchée, puis gardien de prisonniers
allemands, travailleur auxiliaire dans la guerre de mine, enfin
météorologiste attaché à une escadrille ifaviation et à une sta-
tion de dirigeables maritimes, il a rapporté de ses différents
emplois des notes, des portraits, des tableaux, des anecdotes qui
seront pour l'historien des à-côtés de la guerre, de précieux docu-
ments.
La précision et la sobriété du trait, le dédain de l'effet, donnent
au style une pureté classique qui est un des agréments du livre.
L'indépendance de la pensée en est un autre. .Au contraire de
certains esprits généreux mais mutilés, il se refuse à voir les
humbles doués de toutes les vertus ; il ne se ci'oit pas obligé de
témoigner une tendresse étendue aux prisonniers :qu'il garde
j.our les dédommager du mal qu'ils ont fait à son pays. Il a la
même aptitude à saisir le comique de certains contrastes que le
tragique de certaines situations. De savoureuses révélations sur
les rapports, parfois tendus, entre le baromètre et le commande-
ment font penser aux meilleures pages de Jérôme K. Jérôme ;
par contre, il est des détails macabres qui rappellent Roland
Dorgelès, d'autres qu'on croirait sortis de l'imagination outran-
cière d'un Mirbeau. .A cet égard, l'histoire de la station de diri-
geables maritimes qui ne compte, à son actif, que deux actions
d'éclat, la mise à mal d"un cachalot et l'envoi par le fond d'ua
sous-marin anglais, n'est peut-être pas la plus caractéristique,
mais elle est la plus facile à indiquer ici.
Hilii.iodiiAiMiii-: 83
Kn gênerai, M. Roland liréautc laisse parler les faits, il
s'efl'acc devant eux. Non (iirrl soit insensible à la soufl'rance
DU ineapable <le révolte ; derrière sa neutralité, son émotion ou
son indignation percent et jjarfois même éclatent ; et avec son
attitude réservée, il en laisse plus à entendre qu'il n'en dit.
Cependant, quand il parle des souffrances de Tavant, quand il
note de quelle gravité le contact du danger revêt les plus vulgai-
res, quand il dit l'âpre poésie de la guerre, il se livre tout entier
et atteint à l'éloquence simple et belle.
Arrivé au terme du livre, on s'étonne que l'œuvre d'une intel-
ligence^i é(|uilibrée, si lucide et si peu partiale n'ait pas trouvé
grâce devant la censure, l'ne note en effet avertit le lecteur que
faute de rim))rimatur, l'auteur a dû attendre l'armistice pour se
faire i)uhlier intégralement. Qu'on ait craint de voir le livre de
M. Roland Rréauté exercer une influence déprimante sur l'armée,
cela coufond l'esprit. Les censeurs étaient seuls à ignorer que
des œuvres comme le Feu lui-même faisaient moins de tort au
moral du combattant que le bourrage de crâne enfantin dont
élaient remplies les feuilles populaires.
Marcel I.ohans-
Gastoi) Esoault. — Le Poilu tel qu'il se parle. -Edition
Brossard, 1919, 1 vol. in-Ki, de 603 pages.
La matière semble inépuisable, mais l'auteur a su se borner.
Tout l'argot antérieur à la guerre, s'il n'a repris une vie nou-
velle, est exclu de ce livre par un impitoyable expert, d'une
riche et savoureuse érudition. 11 en reste pourtant 600 pages,
d'une lecture qui ne lasse pas l'attention, M. G. Esnault s'attache
surtout à rechercher les sématismes, les circonstances spéciales
<|ui ont déformé le mot correct et formé le mot poilu. Il nous
donne ainsi des lumières imprévues sur des termes d'usage aussi
courant que bécdiie : bécane, féminin de bécant, qui signifie
oiseau ; par suite, machine, outil, voiture, qui fait du bruit, qui
grince. Il nous initie aux avatars de eherrer, et nous montre
comment eherrer se confond et s'entremêle avec bousculer. Si
bien qua^ c'est si l'on veut, en un sens, un dictionnaire, mais
surtout un témoin enregistreur des fortunes successives d'un mot
ou d'une expression dans les milieux les plus divers. L'informa-
lion de M. Esnault est précise et variée, et il est de ceux qui
n'ont pas oublié la marine, pour le grand avantage de son
enquête. Il est rare qu'on le trouve en défaut : les quelques
remarques qui suivent tendent plutôt à confirmer ses indications,
sans lesquelles on n'aurait rien trouvé.
P. 132, faire eapsaille pour : chavirer. Au lieu d'en faire une
suffixation libre de capoter, ne vaut-il pas mieux y reconnaître,
prononcée par des gens qui ne lisent pas l'anglais, le mot to
capsize, chavirer, avec chute de Vs finale ?
84 LES LANGIKS MODERNES
Quant à cahtboiirs pour prison, appris des marins américains,
Webster donne en eifet : calaboose, a prison, a jail ; de l'espa-
gnol calabozo, même sens (p. 126).
Au lieu de chercher un rapport entre magognian (p. 332i, grosse
marmite, quotidien en effet au 154 en 1&18, et mangonneaii,
baliste du Moyen Age, ce qui paraît bien savant, je risque timi-
dement l'hypothèse suivante : j'ai entendu dire t>«gogniau,
c'est-à-dire pour moi, contenu d'un wagon, ou encore petit
wagon (on disait aussi que les gros ol)us venaient sur des railsj.
■ N'allez pas là-bas ! >> est bien antérieur à 18 : c'était déjà
une scie en vogue au 256, secteur de Reims, dès août 17.
Mais il faut, comme M. Esnault lui-même, savoir s'arrêter,
bien à contre-cœur, dans cette conversation, non sans signaler le
Poilu à tous les anciens frontards qui auraient encore l'infortune
de l'ignorer. Et non seulement aux frontards, mais à tous ccu.x
qu'intéresse la formation et l'évolution du langage populaire,
alimenté par tous les métiers, tous les terroirs, et le flamand, et
le breton, et le gascon, et le provençal. Avec M. Esnault, nous
suivons notre langue en son perpétuel devenir : en même temps,
nous y retrouvons, avec une émotion profonde, tous nos souve-
nirs de là-bas, concrétisés autour des formules, des tics, des cris,
qui ont fait partie de nous-mêmes pendant une si longue suc-
cession de mois et d'années. Par là, le Poilu est plus attachant
que les plus justement célèbres des romans du front : car Bar-
busse et Dorgelès, tout en s'inspiraut constamment de la réalité,
en recomposent les éléments selon leur propre génie,' tandis
qu'axec M. Esnault, chacun de nous erre à sa fantaisie dans un
liasse qu'il ressuscite à sa guise.
Un dictionnaire du même genr;i. sinon de même valeur, existe-
t-il pour le ■• poilu britannique » tel qu'il se parla ? .Je pose
\î< question à ceux de mes collègues qui ont pu servir comme
interprètes. A défaut d'une telle source, ne pourraient-ils nous
tenir, ici-même, au courant des déviations et créations populaires
dont ils ont été les témoins ? Ils rendraient ainsi un grand ser-
vice à ceux qui, n'ayant approché ni les Anglais, ni les .\méri-
cains, n'osent pas davantage contempler la perspective d'une
enquête en pays anglo-saxons, par ces temps de vie trop chère
et (le change accablant. ^ Rivo\i i ^x
L. Marc>)ar)d. — Petit Guide Pédagogique du Profes-
seur de français ei) Alsace-Lorraii)e. — 1 brochure grand
in-16. 16 j)]). Siège central de la Conférence au Village. 9, avenue
de l'Opéra, Paris.
Notre collègue Marchaïul, sur la demande de la ■ (".ommission
fin .Manne! > tiu Comité .\lsacien de la Conférence au Village,
(Commission (pie préside M. le professeur V.h. Andler. a récem- •
miîi.i()(ii!AiMin: S.")
jîic'iil public', il riiiUiitiou des instiliiteiirs et iiislituliicie^ qui
Iravitillcnt à l;i dillusioii du friinçais en Alsace et en Lorraine,
une brochure où abondent les conseils d'une sage doctrine péda-
{{ogique et les formules heureuses et frappantes. M. .Marchand
invite les futurs professeurs de français à adopter les procédés
de la méthode, directe, car la traduction présente •< d'immenses
inconvénients ». ("/est que les mots, dit-il, ne sont pas, • jetons
interchangeables, (-e n'est pas de la matière brute, ("/est de la
vie. ' D'une langue à une autre, assurément, il y a concordance,
mais combien peu précise, par exemple entre schiih et chaussure,
lieben et aimer. Le sens de chaque mot est ■ comparable au noyau
d'une cellule vivante, analysable par la raison », conccde-t-il,
mais : " il y a autour d'eux comme un halo mouvant qui ne se
perçoit que par le sentiment, et que la traduction est très souvent
impuissante à exprimer ». ^L Marchand insiste sur la valeur de
renlruinement intuitif donné par l'emploi de la méthode directe
où l'élève est obligé de comprendre sans intermédiaire linguisti-
que les mots et les tournures de la langue étudiée, de deviner
d'intuition le sens de tous les mots, seule façon d'acquérir « le
sentiment de la langue étrangère sans lequel ou n'arrive jamais
à tout saisir spontanément et à s'exprimer couramment ».
Le professeur qui traduit est contraint " d'enseigner les ter-
mes de la langue étrangère dans l'ordre où ils surgissent et s'épa-
nouissent dans leur milieu naturel. On croit pouvoir commencer
par n'importe quel bout ! » Certains maîtres ont cherché à
pallier cet inconvénient eu dressant " des listes de mots groupés
d'après le sens », source d'ennui mortel pour les élèves, méthode
(]ui impose à la mémoire des etïorts aussi pénibles que parfaite-
ment inutiles : il ne reste rien dans l'esprit, au bout d'un bref
délai.
L'auteur de la brochure ne se borne pas à un exposé doctrinal
et théorique, il passe ensuite à une série de conseils pratiques
qui résument fort bien toute la technique de l'enseignement sco-
laire et dont la lecture ne pourrait que rendre service aux futurs
professeurs, en particulier aux étudiants des deux sexes qui se
préparent au Certificat primaire. Ils trouveront dans ces pages,
où se condensent l'expérience et le savoir d'un professeur émi-
nent, des indications précieuses pour la leçon de pédagogie qu'ils
auront à faire en passant l'oral. Ch. V.-L.
E. Courio. — La Métljode directe dar)s la preni)ière
ai)l)ée d'études* — l ^ol- broché, grand in-16, 106 pp. Librairie
Ferran jeune, Marseille.
A qui lit attentivement l'ouvrage de doctrine publié par
M. Gourio, la remarque s'impose que la Méthode Directe est en
possession maintenant d'un ensemble de procédés aussi nombreux
86 Li:S LANC.UES MODEKXES
et aussi variés que sûrs. Et si les contempteurs de notre disci-
pline, ou plutôt les ignorants, plus abondants encore, étudiaient
sans parti pris cet exposé si complet, ils ne pourraient s'empê-
cher de reconnaître la valeur pédagogique des méthodes préconi-
sées en 1902, mises en pratique depuis dix-huit ans avec un suc-
cès indéniable que seuls une modestie peut-être exagérée, le souci
de faire mieux encore, nous empêchent de proclamer comme il
serait opportun — et juste — de le faire. Et. certes, cet excès
de scrupule est tout à l'honneur des professeurs de langues vivan-
tes. Il atteste d'une part leur esprit critique qui ne se contente
pas de rà-peu-près, ni d'une approximation dans le bien, d'autre
part l'ardeur généreuse de leur tempérament qui vise sans cesse
à la perfection. Mais à l'inverse de certains concurrents extra-
iniiversitaires qui jouent du tam-tam autour de leur or\ictan et
vantent bruyamment l'excellence de leur marchandise linguisti-
que, nos collègues ont trop souvent avoué que le résultat acquis
ne leur donnait pas entière satisfaction. On sait avec quel em-
])ressemeiit certains éléments hostiles se sont emparés de ces
honnêtes déclarations pour les transformer en confessions d'im-
iiuissancc. en aveu d'insuccès. Nous avions, comme le disait
yi. Rancès, confectionné nous-mêmes le paquet de verges, nous
le tendions d'une main bénévole à d'âpres adversaires qui, main-
tenant, nous en fustigent.
V\\ livre comme celui de M. Gourio arrive à point pour mon-
ticr la réalité des choses et convaincre ceux qui ne ferment pas,
de propos délibéré, leurs yeux et leurs oreilles. Il suit de prè.^
l'ouvrage d'ensemble de ilM. Simonnot et Vincent ; la brochure
de M. Marchand, dont nous rendons compte ailleurs, a paru après
un bref intervalle. Nous laissons de côté les nombreux articles
publiés dans les revues. Mais on est fondé à admirer cette florai-
son si drue d'ouvrages traitant de la pédagogie des langues
vivantes. Notre discipline a une intensité de vie qu'il est juste de
souligner, car c'est un des signes ^es moins discutables <le sa
A ertu.
L'espace nous manque pour analyser dans le détail ce manuel
du maitre es langues. Nous en recommandons l'étude à tous les
jeunes professeurs dont il pourrait être le bréviaire, en particu-
lier aux candidats qui se préparent au Certiticat d'aptitude à
l'Enseignement des langues vivantes dans les Ecoles normales et
Primaires supérieures. Beaucoup de ces derniers ne peuvent
acquérir, en faisant eux-mêmes la classe, cette connaissance pra-
tique des méthodes actives qui leur est nécessaire pour l'épreuve
de pédagogie à l'oral. Le livre de M. Gourio y suppléera du mieux
|)<)ssible. Ils mettront surtout à profit le chapitre V : •• De la
nécessité de la préj)aration de la leç^on. — Gomment conduire
son explication. — Erreurs à éviter. ■■ Mais il est difficile — et
asez vain — de désigner tel ou tel chapitre comme |)résenlant
b[blio<;rai'Hik 87
iiMc utilité particulière aux jeunes professeurs. Tout se tient
dans cet cxeellent traité dogmatique, car tout y est le fruit de
longues et fortes réflexions chez un maître qui a consacré sa vie
et les qualités d'un esprit lucide, imaginatif et tenace à l'élabo-
ration d'une méthode logiquement organisée. Signalons toutefois
la portée générale et philosophique des derniers chapitres. I.e
N'I" traite en détail des devoirs (nature, correction et valeur des
devoirs directs), celle des leçons, de Venseignemenl de l'orthogrit-
jihe par la dictée, de la revision, de l'exercice scolaire que M. Gou-
rio appelle la grande interrogation et dont nous avons exposé
naguère un emploi particulier (V. Langues Modernes, année 1918,
p. 163, Les Concfntrs de mots). On trouvera dans le chapitre VII
une étude complète sur renseignement de la prononciation ; l'au-
teur y donne une foule de conseils pratiques et justes, mais ne
se déclare pas en faveur de l'emploi scolaire des scripts phonéti-
ques ; le dressage oral donné par un maître bien en ])ossession
de la huigue qu'il enseigne et des procédés éducatifs appropriés
lui parait la meilleure méthode. Chose curieuse, M. Gourio laisse
entièrement de côté la question du phonographe. Il eût été inté-
ressant de connaître son avis, favorable ou non, sur l'emploi sco-
laire des machines parlantes.
Nos lecteurs connaissent déjà — et nous n'y re\ iendrons donc
pas — le dernier chapitre de l'ouvrage (Opposition des Méthodes.
— Un peu d'historique. — Place de notre enseignement élémen-
taire dans la discipline des études) ; les Langues Modernes l'ont
publié, en bonnes feuilles, dans le n" de mars-avril 1920. Il
résume et condense les idées directrices dont l'ouvrage procède
dans son ensemble.
Quelques remarques, en terminant, s'imposent. Tout d'aboi'd
insistons sur l'importance qu'a toujours eue, dans la pensée de
M. Gourio, l'enseignement de la grammaire, contrairement à ce
que croient, ou plutôt ce qu'affirment les détracteurs des métho-
des actives. Otte prééminence de la grammaire se manifeste
ejicore dans l'ouvrage qui nous occupe. L'étude des faits gram-
maticaux, des formes et des règles syntaxiques est bien le fil
conducteur, pour nous servir des termes mêmes d'une des ques-
tions qui figurent au programme des leçons pédagogiques du Cer-
tificat primaire. Un examen superficiel ne permet pas toujours
de s'en rendre compte. « Tout ce vocabulaire s'interpénétre sans
cesse, écrit quelque part M. Gourio, selon une logique qui n'ap-
paraît pas toujours au premier examen. » Et c'est une étude
un peu trop sommaire qui a amené certains critiques à accuser
les ouvrages classiques de M. Gourio . de présenter quelque
désordre. Il serait facile de rétorquer, d'ailleurs, en empruntant
la maxime de l'Aristarque, que ce beau désordre n'est que l'effet
d'un art savant et poussé. Mais non, il n'y a là aucun désordi-e,
l'est le foisonnement d'une vie drue qu'informe une logique soli-
88 LES LANGUES MODERNES
de dont l'affirmation reste discrète. Sur les 106 pages que compte
le livre de M. Gourio, 69 sont consacrées à l'enseignement gram-
matical. Que l'on ne vienne donc pas accuser la méthode directe
de négliger la grammaire !
Mais M. Gourio n'en a pas moins mille fois raison quand, après
avoir indiqué, — ce qui est l'évidence même, — que l'étude d'une
langue vivante est surtout affaire de mémoire (1), il insiste sur
la nécessité de répéter sans cesse mots et formules et de les faire
répéter plus souvent encore par les élèves. Psittacisme, dira-t-on !
Point. Car nous suscitons chez les élèves les observations, les
comparaisons, la notation des ressemblances et des dissemblances.
Nous ne laissons pas dormir dans ces jeunes esprits les facultés
de raisonnement. La répétition et la vie active, l'action, voilà les
principes fondamentaux d'un enseignement fructueux parce qu'in-
téressant et source de joie pour les enfants, (''est en agfssdnt que
s'apprend, en particulier, le verbe, le» vocable par excellence.
■ car, écrit M. Gourio, l'élève aime agir et voir agir,, le mouve-
ment attire et retient son attention ». Le vieil .Aristote, s'il m'en
souvient bien, avait dit de même : •■ Le plaisir s'ajoute à l'acte
comme à la jeunesse sa fleur ».
Ch. Veillet-Lavai.lée.
C-C. Picavet : Ui)e dérpocratie historique. La St'isse.
— Paris, E. Flammarion (Bibliothèque de Philosophie Scienti-
fique i, 1920 ; in- 12. 296 p. 7 fr. 50.
Chose étrange, la plus ancienne des démocraties du monde,
comme la Suisse se plaît à se nommer, n'avait pas encore fait
chez nous l'objet d'un travail d'ensemble. Et pourtant, un Fran-
çais est peut-être plus apte qu'un Suisse même, toujours plus
ou moins prisonnier de ses origines cantonales, à démêler et
apprécier impartialement ^é^■olution de ce jjetit peuple dont
l'histoire récèle plus d'un enseignement pour les grands Etats.
M. Picavet a heureusement comblé cette regrettable lacune. .Ana-
lysant d'abord les éléments naturels, géographique et économique,
de la nation suisse,; il montre comment s'est constituée lentement,
depuis le pacte de 1921, cette unité historique fondée et mainte-
nue par la libre volonté de démocrates. Car. c'est là le point essen-
tiel, que M. Picavet met, avec raison, en pleine lumière dès le
début, et que bien des Suisses mêmes, sans en excepter les
Komans, n'aperçoivent pas toujours, imprégnés qu'ils sont des
doctrines germaniques sur la nationalité. " La Suisse, dit AL Pi-
cavet, est un démenti vivant à tous ceux qui veulent fonder la
nationalité sur la race on sur la langue, comme jadis on \t>uliit
(1) p. 1.
lUHl.UXilJAIMIlt: <Si)
lui donner la base, iiii|josc-t' par la l'orct-, de ruiiito de leiigiun. •.
Sans nKconnaître l'importance des autres facteurs, l'auteur
|)r()u\e, au cours d'un exposé extrêmement riche de faits et
d'idées, mais où, grâce à la clarté du plan et l'heureuse disposi-
tion de la matière, nul arbre n'empêche de voir la forêt, •• qu'en
définitive une des raisons essentielles de la survivance de cet
Etat, ce fut la volonté d'un i)eui)le qui s'était constitué librement
el qui tendit rapidement au maintien d'une habitude historique
qu'il jugeait conforme à ses intérêts comme aussi à son tempé-
rament et à son génie propres •>.
A l'heure où l'on commence à reconnaitre aux peuples, au
moins en théorie, le droit d'être eux-mêmes les libres arbitres de
leurs destinées, l'exemple de la petite Suisse, tra\ersant intacte
une crise universelle et fortifiant même, quand les empires crou-
lent autour d'elle, son unité nationale, malgré la diversité ethni-
tiue, linguistique et confessionnelle de ses éléments, est peut-être
utile à méditer, même en «lehors de ses frontières. Remercions
.^f. Picavet, dont l'ouvrage se range parmi les meilleurs d'une
collection renuircjuable, de nous en fournir si opportunément
l'occasion.
.1. Mii.i.iot-Madi'iman.
Soutei)ai)ce de thèses pour le doctorat ès-lettres
Le samedi 12 juin 192(1, .M. Tronchon (Hcnri-Jean-Eugènei, pro-
fesseur au lycée Charlcmagne, a soutenu, devant la Faculté des
lettres de l'Université de Paris, les deux thèses suivantes pour le
doctorat es lettres :
Thkse complé.mentaiue. — La Fortune inlellecliicUe de Renier
en France. — Bibliographie critique.
Thèse phixcipale. — La Fortune intellectuelle de Herder en
France. — La préparation,
M. Tronchon a été déclaré digne du grade de docteur es lettres,
avec la mention : Très honorable.
Le mardi 15 juin 1920, M. Tournoux (Georges-.\imé-Prosperi,
professeur à la Faculté libre des lettres de Lille a soutenu, devant
la Faculté des lettres de l'Université de Lille, les deux thèses sui-
vantes pour le doctorat es lettres :
Thèse coMPLÉME.NTAinE. — La langue de Xoualis dans Henri
d'Ofterdingen, les Disciples à Sais et l'Essai sur la Chrétienté.
Thèse principale. — Les mots étrangers dans l'a-uvre poétique
de Henri Heine.
M. Tournons a été déclaré digne du grade de docteur es lettres
avec la mention : Très honorable.
90 LES LANCILES MODERNES
Diplôroes d'Etudes Supérieures de littérature étran-
gère. — Faculté des Lettres de Bordeaux.
Année scolaire 1918-1919
Mlle Peyue ; Kipling et Wells ; la vieille et la jeune Angle-
terre. — Comparaison entre l'idéal impérialiste et militaire de
Kipling et l'idéal social de Wells ; et étude de l'évolution qui
s'est produite dans les idées et les conceptions anglaises pendant
ces dernières années,
Mme GuiBiLLON : Vainihun ihe Siliirist. — Etude de sa vie et
de son mysticisme, des sources de son inspiration, de son art,
de la place et de l'influence de sa poésie religieuse.
Mlle Roux : La Musique et les Musiciens dans la poésie
itnglaise. — Comment la musique a été sentie et comprise par
les grands poètes, depuis Chaucer jusqu'à Swinburne. Dans
quelle mesure ils ont exprimé l'opinion et le goût de leur temps,
et dans quelle mesure ils ont été personnels. — Etude spéciale
de plusieurs passages de Shakespeare, de Shelley et surtout de
Browning.
M. Battista : Boccace et Chaucer.^ — Ce que Boccace a fourni à
Chaucer. Comment les contes populaires se sont transformés,
comment ils se forment encore chez les paysans de l'Italie du sud
et comment ils se transmettent.
Année 1920-21.
M. Landre : '^ small New England Collège. {Amherst, Mass.,
U. S. A.). — f.a formation du Collège et son développement ; son
administration ; les études qu'on y fait, ses relations avec la
population de la Nouvelle-Angleterre, et son caractère qui a
MUihi rester provincial.
M. Laui.an : The Dog in Jack London. — Le caractère du chien
dans les principaux romans de London (Call of the Wild ; Wh!te
KiUig ; Jerry ; Michael brother of Jerrj') ; comment il ?st à l'état
sauvage ; comment il s'adapte à un milieu civilisé. La persis-
tance des instincts primitifs, et le passage d'un état à l'autre
))ar évolution ou par régression. Les théories de London et son
art ; les molifs nouveaux qu'il a introduits dans le roman.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
TilT)esLiterary Supplen)eot,'-^(>- «• Matnnn and the n-ovel of
lerror, brève étude sur Ch.-i\ob. Maturin (1782-1824), romancier
irlandais, tombé dans l'oubli, et qui pourtant fut en graïuk-
faveur chez les romantiques français ; son « Melmoth the Wan-
derer " (1820), l'un des derniers représentants du >■ novel of
lerror and woiuler " illustré par Mrs Badclitte et le .. Monk •>
lilBLIOdllAI'IIIi: '.)1
• L-wis, fut mis par Balzac et ses contemporains au rang de Faust
l do .Manfred. — (loniptes rendus : M. Béer : .4 history of Bri-
li^li socialisni, \o\. II, 18.'{6-1919 (Beil 15 sh.), ouvrage soigné,
• ù les faits sont exposés avec impartialité et une certaine clarté,
(juoique de façon un peu sèche et décousue, par suite du mauquL-
de vues personnelles ; — on vient de rééditer en un seul volume
<0. r. I». 36 sb.>, le second supplément (1901-1911), du Dictio-
uary of national biographij.
'2é 9. Seiv tighl on Ihe l'ilyrini Slori/, h\ Uev. Th. .M. .Mason and
Rev. B, Nightingale ; à j)ropos de cet ouvrage, qui jette lui-même
peu de " lumière . sur la question, Tarticle donne une bonne
bibliographie des ouvrages relatifs au.x Pilgrim Fathers et aux
origines de la nation américaine.
16. 9. Venli Settembre 1870-1920 : article flatteur sur l'œuvre
glorieuse et féconde du •■ Risorgimento •<. L'intérêt que prend le
jjublic anglais aux choses d'Italie n'a d'ailleurs point faibli : un
simple petit fait, que nous annonce une lettre publiée dans le
T. L. S. du 28-1 0 : il vient de se former, avec l'approbation des
^Muvernements italien et britannique, et sous la présidence de
Sir Frédéric Kenyon, directeur du British Muséum, une société
qui se propose •■ de faciliter la circulation de la littérature ita-
lienne, tant classique que moderne, eu Angleterre. .\ cet effet, la
librairie Truslove and Hanson (^hc London Literary Lsounge)
\ ient d'ouvrir une exposition permanente de livres et de périodi-
ques italiens. D'autre part, des centres d'études italiennes s'orga-
liisent dans toutes les universités, notamment à Oxford. Cam-
bridge, Londres et Manchester. — Comptes rendus : English Sotes.
beinij a rejthf to ChurU's Dickcns's ■ American \otes •< ; with
critical eomments by .1. .Jackson and G.-H. Sargent (New-York,
Lewis .M. Thompson, s 15). Cet ouvrage, qui était devenu rare et
qu'on connaissait peu, publié en 1842, est la plus curieuse des
répliques suscitées en .\mérique par les •■ .American Notes » de
Dickens ; il semble, à de nombreux indices, qu'on puisse l'attri-
buer à Edgar Poe ; — Spanish influences in Scottish history, by
.lohn H. Elder (Glasgow, MacLehose Jackson 12 sh. 6i ; traite
principalement de l'intervention de l'Espagne dans les affaires
(le l'Ecosse dans la seconde moitié du .\vi' siècle.
7. 10. Mr. T.-W. RoUeston, gendre de Stopford Brooke, vient de
j)ublier un opuscule de Shelley resté jusqu'ici inédit, .4 Philoso-
phicul View of Reforni (Milford 7 sh. 6) ; — C.-B. Burchardt,
\orivegian Life and Literature ; English Accoiints and Views
lO. U. P. 10 sh. 6), revue historique de l'intérêt et des études
suscités en .\ngeterre par la culture norvégienne.
14. 10. Shakespearien Playhouses, by. J. Quincy Adam (Consta-
ble 21 sh.) ; cet ouvrage, s'aidant des recherches les plus récen-
tes, résume ce que nous savons actuellement sur les théâtres de
l'époque de Shakespeare et leurs acteurs.
92 Li-:s LAN(;U1£.S mookrnes
21. 10. Etude de A. W. Pollard sur deux passages de l'HeDri
IV, 1' partie, de Shakespeare (II, iv, 369-421 et III, u, 1-113/,
tiont le texte présente des variantes dans les divers exemplaires
tic Fin-quarto.
28. 10. John Evelyn : on célèbre cette année son tricentenaire :
M. H. Ma3uard Smith vient de publier The Earlij Life and Educa-
tion of John Evelyn, 1620-i6il, with a commentary (Clarendon
Press 12 sh. 6) ; — Xellie Van de Grift Sanchez, The life of
Mrs R.-L. Stevenson (Chatto and Windus 12 sh.). L'auteur est la
sœur de Mrs Stevenson.
4. 11. La maison Hodder and Stoughton va publier une édition
complète des poèmes d'Anne Brontë (avec introduction bibliogra-
phique). — Compte rendu : A Thoiisand and One .Yofe.s on \
Xeiv English Dictionary >, by George G. Loane (Philpott, ô sh.i.
supplément utile au dictionnaire d'Oxford.
11. 11. Le " Johnson Club » publie (chez Fisher Unwin, 10/6
un recueil d'essais, Johnson Club Papers, sur le grand homme ;
on y remarque entre autres un essai de feu Mr Spencer Leigh
Hughes sur <• Johnson's e.xplétives «, un autre de Mr WalUky
sur " Johnson anci the Théâtre », un de Mr Ilussell sur • Johnson
and the Catholic Church >, etc. — Dans un article sur Shalces-
}>eare and the Itidian Coniedians, W.-J. Laurence commente une
étude du Prof. H. -13. Gray sur The Sources of <• The Tempest .
|.aruc dans le n" de juin des •■ Modem Language Notes ».
D'aijrcs le prof Gray, Shakespeare se serait simplement inspiré,
pour cette pièce, de représentations données à Londres par une
troupe d'acteurs italiens. — MM. Constable annoncent une
étude sur Shelley and Caldcran, and Olher Essaysf, on Spanish and
English Poeiry, par Salvador de Madariaga, " Espagnol qui a
abandonné, en 1916. une situation importante en Espagne pour
venir en .Angleterre se faire le champion de la cause des Alliés
dans la presse espagnole et sud-amcricaine ». — Le D'' Fitzmaurice-
Kelly (V. T. L. S. du 18-11), va également publier à h» O. U. P.
un volume de Readings in Spanish Lilerature, allant de la Coro-
nica de Pcro Nino (.\V sièdei aux auteurs contemp'orains. où il
s'eft'orce, par le choix de ses extraits, de marquer les rapports
que peut avoir chaque auteur espagnol avec la littérature anglaise
de son époque.
18. II. Comptes rendus : A llistory of Scolland froni Ihe Roman
cnacualion lo Ihe I)isruj)lion IH'i.'l, by Prof. C. Sanf()rd Terry :
ouvrage de quelque 650 pages destiné à tenir le milieu entre Us
simples manuels scolaires et les histoires en plusieurs volumes
de Hume IJrown ou d'.Xndrew Lang. — Une nouvelle étude à
ïijonter à la colossale bibliogra))hie «le Hamlet : Hanilet and the
Sroltish Succession, by Miss L. Winstanley (C. V. P). — La
!■ Talbot Prr-ss ■ du Dublin annonce tout un stock d'ouxrages
BIBI.KXili.VPIlIE 9;>
itlatifs il l'Irlande : littérature, art, histoire, politique contem-
poraine (p. ex. : la collection ■• Modem Ireland in the making >. ».
l'Irlande y est présentée sous tous ses aspects.
■Jô. 11. Scbohirshi/) ami Social Service, courte étude sur .Juan
1 uis X'ives. l'ami de Sir Thomas More, grand humaniste et grand
philanthrope, dont l'cruvre ne semble pas encore avoir reçu toute
l'attention dont il est digne. — dompte rendu élogieux de
VAnloine et Cléopùtre d'.André (iide (publié dans la Nouvelle
Revue fntnçiiise, juillet-septembre 1920). — On attire l'attention
sur i\Qux revues américaines : l'une, ■■ The Dial », déjà ancienne,
l'autre l'oetry », fondée en 1912 par Miss Harriett Monroë,
toutes deux attachées au même idéal : faire connaître la jeune
littérature américaine, celle qui est proprement américaine, eu
particulier les poètes. .A ce |)ropos, on rappelle l'étude de Mr John
<iould Fletcher, ■• Sonic contemporary American poets •>, qui
ciinstiluait le n" de mai dernier du Monthly Chapbook •>.
Atl)CI)aeui1)t i- H- Dans une « lettre d'Allemagne ». Edward
.1 Dent rapporte ses impressions de la nouvelle Allemagne intel-
lectuelle. On a beau:roup parlé du blocus économique de l'Allema-
gne ; elle a souffert aussi du blocus intellectuel qui l'a empêchée,
durant des années, de se tenir au courant du mouvement des
idées dans les autres pays ; la situation défavorable de son
change ne lui i)ermet guère encore de réparer ce mal. Beaucoup
de nouvelles librairies se sont ouvertes à Berlin : à part le livre
ce Mr Keynes, qui a dépassé le centième mille, et quelques ouvra-
ges de Wells ou de G.-B. Shaw, bien rares y sont les livres étran-
gers. Il en est de même de la musique, à laquelle l'auteur cou-
sacre deux autres lettres 19 et 26. 11.
h^Athenwum du 19. 11, à propos du poème « And there was
a great calm » publié dans le supplément spécial du " Times »,
le 11 novembre par Thomas Hardy, déplore que T'Académie sué-
doise ait attribué le prix Nobel de littérature à Cari Spitteler,
' a meritorious but entirely second rate Swiss poet ■ plutôt
qu'au < grand old nian of English literature ». — Compte rendu :
.4 historij of the Théâtre in America, by .Arthur Hornhlow (Lip-
pincott. 2 vols., 42 sh.).
27. 8. .4 Historij of English Phitosuphij, by W.-R. Sorley (C. U.
P. 20 sh.i, avec table chronologique et bibliographie très com-
plète ; — article de W.-J. Lawrence (continué dans le n" du 3. 9i,
sur les remaniements que les auteurs de l'époque élizabéthaine
faisaient subir à leurs pièces.
24. 9. Frank HarriS, Oscar Wilde, his Life and Confessions.
2 vol. (publiés par l'auteur, 29, Waverley Place, New-York),
excellente biographie, contenant aussi Memories of Oscar Wilde
by G. Bernard Shaw, et la partie inédite de De Profundis. L'au-
94 I^ES I,AX(;LES MODIiUNKS
teur exagère peut-être son admiration pour le génie de Wilde.
On annonce d'autre part la publication prochaine, à la Chiswick
l'ress, d'un essai de Mr. Elkin Mathews, Oscar Wilde in America,
qui contiendra, outre des portraits et des fragments littéraires,
quelques lettres inédites. La maison Methuen publie, sous le
titre Arts and Décoration tO sh. 6)^ des extraits de critiques esthé-
tiques, œuvres de jeunesse d'Oscar Wilde (compte rendu dans le
T. L. S. du 28. 10).
29. 10< C.-H Lockitt : The relations of English and French
Society 176:i-179:j (Longmans, (i sh. 6).
Studies il) PI)ilOlogy (publication de la N'orth Carolina
rniversity). juillet : art. sur les mises à la scène des œuvres de
Milton.
M. Ferlix {Tunis}.
TI)C Modero Laoguage JOUri)al. (University of Chicago).
Oct. 1920. — Une belle étude de Calvin Thomas sur l'enseignc-
nient des langues vivantes. Un peu pessimiste certes, et beaucoup
refuseront de voir avec l'auteur, dans notre discipline, un exer-
cice prépondérant de la mémoire. Mais on relève des aperçus
féconds, comme (au point de vue américain), la nécessité de
façonner l'immigrant et le fils d'immigrant au moule anglo-
saxon ; et, (au sujet de l'étude de l'allemand), l'éloquent appel
pour qu'on n'empoisonne pas la jeunesse du « virus amer » de
la guerre et qu'on permette à chaque génération nouvelle de ten-
ter en toute fraîcheur de cœur la " grande aventure ». Notons
que l'auteur attribue, dans l'échelle des littératures, la première
place à la grecque et la seconde à l'angaisc. — Les trois grands
besoins : de bons maîtres, de petites classes, du temps. Le qua-
trième : de l'argent. — Un nouveau plaidoyer en faveur de
l'enseigncment de l'allemand, qui a maintenant cause gagnée.
Modcri) Lai)guagc NotCS(Tlie.Iohns HopkinsPress, Baltimore).
Xov. 1920. — Une étude sur les ,sources des " Fates of thc
Apostlcs » et d' « Andréas ". — Unei notice sur les contributions
faites par Mrs Browning à la presse américaine : Graham's
Magazine dans les 1840 et Xeiv-York Indépendant en 1860-61.
Tl)e Pedagogical Seni'tt)ary (Wercester, Mass.). Oct. 1920. - ^
lu article apijrofondi sur ■ The jisycholo^y of thc thrill ». Des 9
citations intéressantes, comme celle-ci, de Havelock Ellis. que le T
toucher » est la mëre des autres sens ■.
)UBLl<)(iKAl'lIlE
U.")
Tl)e 5cl)OOi Review* (l'niversity oï Cliicago), Dec. l'J'JO. —
1,0 11" tout entier ost excellent. .\ Cleveland, on met entre les
ninins des jeunes filles des écoles supérieures une brochure sur
les <' i)rocédés de la reproduction ». — Kn Amérique, comme chez
nous, il est mal porté, financièrement du moins, d'être profes-
seur. .. Que voulons-nous ? dit un article, des économies ou des
gens qui sachent leur métier ? » Or, ces gens-là sont découragés
par les salaires de famine qu'on leur oflre. .Mors nous avons
des classes en désordre ou qu'étrcint la discipline de la crainte.
Payez vos maîti'cs si vous les voulez bons. — \ signaler une
résolution de la " National Fédération of Modem Language
Tcachers ». Noire credo à tous. Notons la tendance, qu'on relève
également en Angleterre, à confier l'enseignement des langues
vivantes dans les établissements secondaires à des maîtres qui
aient fait leurs études en Amérique.
Paul Chauvet-
,
Notes et Documents
A propos d'ui) vœu
Lors iruiie léuiiion récente, la Section Régionale de Lyon a
émis, à runaniniité, le vœu que soit rapporté le décret qui sup-
prime l'examen de langues vivantes au concours des bourses
pour l'entrée en 5*. Selon ^L Vannier, ■ ce décret est dû à l'ac-
tion des " Compagnons >>, qui ont eu l'intention louable de faci-
liter le passage du primaire au secondaire, mais qui semblent
n'avoir pas vu les répercussions de cette mesure. » {Les Langues
Modernes, novembre-décembre 1920, p. 502).
Le président des Compagnons, lui-même, professeur de lan-
gues vivantes, regretterait de laisser passer un vœu et des
réflexions de ce genre sans un mot d'explication.
Les Compagnons, en effet, ont le vif souci de faciliter, le plus
tôt et le plus largement possible, le raccord du primaire au
secondaire. L'intérêt vital de cette réforme a été trop souvent
démontré pour qu'il soit utile d'y revenir (voir en particulier
le discours de M. Hcrriot, rapporteur du budget de l'instruction
j.ublique à la Chambre, le 10 juin 1920). .\ussi ont-ils proposé
toute une nouvelle organisa'tioit, dans laquelle, à une école '■ uni-
(|ue » et prolongé;-, se superposeraient, avec des contacts parfaits
el simples, l'enseignement technique et les humanités de cinq
ans. Si leur programme était adopté, l'inconvénient signalé i)ar
M. Vannier cesserait d'être, car tous les lycéens commenceraient
les langues vivantes en même temps, à l'entrée du lycée.
En attendant une réforme d'ensemble, les Compagnons ont
suggéré la mesure qu'a instituée le récent décret. A-t-elle été
due, en fait, à leur influence ? M. Vannier l'affirme, et je jic
demande qu'à le croire. Quoi qu'il en soit, ils se doivent de l'ap-
prouver. Elle ne tardera pas à produire, au point de vue natio-
nal et social, les jjlus heureuses conséquences. Un dii^ecticur
d'école de la ville de Paris les évaluait ainsi ces jours derniers :
Si ce décret avait été appliqué à temps, c'est 20 de ses élèves,
au lieu de 4 dont 3 médiocres, qui auraient été admis cet
automne à concourir pour une bourse; et ]>armi ces 20, la pro-
])ortion des succès possibles eût été très forte. Par l'effet de Ja
limite d'âge, on le sait, l'ignorance des enfants du peuple en lan-
gues vivantes était l'insurmontable obstacle qui s'opposait à leur
accès normal aux études secondaires. Si cet ol)stacle est désor-
mais levé, le rajeunissement des cadres de notre démocratie
l)eut en être facilité dans une mesure appréciable.
Tout progrès s'achète. Faut-il que de cette réforme partielle,
et où les Compagnons voient un compromis jjro\isoire, les pro-
fesseurs (le langues \ i\antes fassent les frais ? Faut-il ((u'ils les
NOTKS ET DOCIMENTS '.)/
IrisMiit sous la Coriiie la plus pciiiblc à leur consciciuc |)r()fcs-
siDiinclk', aux dépens de refTieacifc de leur enseignement ? Assu-
rément non. Peut-être, toutefois, serait-il exagéré de dire, eomme
seml)le le faire M. N'annier, que ect enseignement serait aussi
atteint dans sa tiignité. Nul ne croira, parmi nous, que si le latin
a joui et jouit encoi'e de pri\ ilèges d'ordre moins universitaire
que social, il soit essentiel à notre véritable prestige de les par-
tager avec lui. Nulle discipline, pas plus le latin que les langues
vivantes, ne devrait faire obstacle à la sélection élargie des ca|)a-
cités. Mais autre chose est, pour les professeurs de langues, une
vii>hition flagrante des conditions de tout enseignement eflicace.
Sur -ce point, qui ne s'associerait à leurs justes protestations ?
La présence de retardataires dans une classe d'élèves normaux
est un lléau pédagogique contre lequel les Compagnons — après
tant d'auti'es. avec tant d'autres — se ^ont bien souvent élevés.
Ont-ils, sans le vouloir, fortifié le mal qu'ils déplorent ? Disons
plutôt qu'une mesure excellente, prise peut-être à leur instiga-
tion, achève d'en rendre la guérison indispensable. Le décret
récent n'a pu encore produire l'état de choses signalé par
M. Vannier ; mais il l'aggravera fatalement ; nous sommes d'ac-
cord, là-dessus, avec notre aimable critique. Reconnaissons, tou-
tefois, que la situation présente est déjà ancienne, et n'engage
CM rien la responsabilité des (Compagnons. Ladministration, tou-
jours à l'affût des, réformes partielles — jiarce qu'elles semblent
dispenser des autres — , et des réformes économiques — ceci n'a
|)as besoin d'explication — a pris au mot l'une de leurs deman-
des, et l'a réalisée sans faire de son côté le geste complémen-
taire et attendu. Ce geste, il faudra bien désormais qu'elle le
fasse. La suppression de la barrière des langues vivantes à l'en-
trée de la classe de cinquième pour les enfants du peuple exige
une contre-partie immédiate : l'institution d'un cours spécial
j.our les commençants de cette catégorie ; ou la division des
classes en sections de •• forts .. et <■ faibles i., qui neutralise-
rait au moins le mal en grande partie.
Les Compagnons ne croient point que l'intérêt du corps ensei-
gnant soit de répondre à un décret juste, démocratique, salu-
taire, mais incomplet, par une demande d'annulation pure et
simple. C'est ainsi hélas, que se fait souvent — trop souvent —
le progrès en France : par une marche en avant et en arrière
qui nous laisse — si étrange que cela puisse paraître — après
beaucoup de chemin et d'effort, au point de départ... Mais il leur
parait qu'une campagne énergique pour obtenir les mesures cor-
rectrices nécessaireg serait la réponse la plus naturelle, et peut-
être la plus adroite ; et ils s'3' associeront, de leur côté, avec
toute l'influence que M. Vannier veut bien leur prêter ; sans
oublier la sympathie profonde qui les anime envers renseigne-
ment moderne et fécond des langues vivantes.
Louis Cazamfax-
98 LES LANGUES MOUEHXKS
Conseil Supérieur de rii)structioi) Publique
Le Conseil supérieur a tenu sa première session de l'aniue
1921 les 20, 21 et 22 janvier.
Deux projets intéressaient plus spécialement renseignement
des langues vivantes. L'un d'eux prévoit, à l'Agrégation d'itaiien.
1 adjonction du portugais et du roumain à l'espagnol comme lan-
gue complémentaire que les candidats sont tenus de présenter à
l'oral, dette modification était réclamée par les Jurys de l'Agré-
gation et du Certificat d'italien ; elle a été votée sans discussion
par le Conseil.
L'autre projet, émanant de la Direction de l'Enseignement pri-
maire, portait suppression de ^ép^eu^■e écrite de langues vivantes
à l'examen du Brevet supérieur. Après une discussion assez vive,
le Conseil a maintenu l'épreuve, qui sera désormais une Version,
conformément au nouveau plan d'études adopté par le Conseil à
sa session de juillet 1920. Bien entendu, l'épreuve orale subsiste
et notre enseignement ne sort pas diminué d'une discussion que
l'on pou^ait redouter pour lui.
Enfin, il a été donné lecture des deux vœux suivants, ayant l'un
et l'autre trait à la nouvelle épreu\ e du baccalauréat, et des
l'épouses données par la Section permanente.
Vœu n" 766
Les soussignés, membres du Conseil Supérieur.
Considérant que le projet de décret sur les épreuves de langues
vivantes au Baccalauréat, préparé par M. l'Inspecteur général
Hovelaque et approuvé par la Section permanente, a été remanié
par le Conseil supérieur dans sa session de 1920, principalement
parce qu'on, croyait se conformer au vœu de la gi'ande majorité des
professeurs de langues vivantes ;
Considérant que le décret du 13 février 1920 a sanctionné ces
remaniements ;
Considérant que les diverses associations de Professeurs de
langues vivantes ont vivement protesté contre les modifications
ajjportées au premier projet, montrant ainsi que le vote du Con-
seil supérieur reposait sur une méprise ;
Expriment le vœu que le décret du 13/2/20 soit rapporté avant le
commencement de la nouvelle année scolaire, et la question
remise à l'étude,
Ou qu'à tout le moins, pour permettre une enquête nou>clk'.
la mise en vigueur de co décret soit ajournée sine die.
{Signée : (]léi>at-Biu not.
PilCPONSE
La Section |)erniaiieiite,
Considérant que dans le i)ersonnel des langues vivantes dv
l'Enseignement secondaire les opinions restent partagées, que le
décret du 13 février 1920 ne saurait par suite être condamné sans
<iue ses effets aient pu être constatés.
Est d'avis qu'il n'y ai jjas lieu de donner suite au jirésenl \(vu.
M. le Ministre a adopté cet avis.
XOTKS KT DOCLMIATS 99
Vn'll /i" 7I>7
J.es soussignés,
(loiisidcTiuit que le décret du \'.\ février 1920 poitant modifica-
tion des épreuves écrites de langues vivantes au Baccalauréat de
rKnseigneinent secondaire (1" Partie), a prescrit que le nouveau
régime serait appliqué dès la session ordinaire de juillet 1921 ;
Qu'en réalité, aucune période transitoire, qui est de règle en
pareil cas, n'a été prévue, puisque les élèves entrant cette année
en Première (B et D) après/ a\oir été entraînés iiendant quatre ou
cinq ans aux méthodes directes, dont la rédaction libre est l'abou-
lissement naturel, vont axoir à subir en fin d'études deux é|jreu-
ves de traduction ;
Que, sans qu'il soit question d'ajourner la mise en \ igueur de
l'arrêté ministériel susdit, on de\rait iJcrmettre, pendant cette
année au moins, aux candidats qui le désireraient de subir l'exa-
men avec les anciennes épreuves, en autorisant l'option à titre
provisoire ;
Ont l'honneur de prier M. le Ministre de bien vouloir décider :
" Que pour les sessions de baccalauréat en 1921, les candidats
soient autorisés à opter entre la composition en langue étrangère
et la version suivie d'un thème d'imitation. ■>
(Vœu transrais par M. Rancès au nom d'un certain nombre de
ses collègues),
RÉPONSE
La Section Permanente,
Considérant qu'une période transitoire est nécessaire pour l'ap-
|)lication du décret du 13 février 1920, et que d'ailleurs cette
période ' transitoire permettra d'examiner à nouveau les disposi-
tions de ce décret et d'apprécier l'opportunité de le maintenir, ou
de le modifier s'il y a lieu,
Est d'avis qu'il convient de donner suite au présent vœu dans
le sens de ces observations.
EXTRAITS DE LA PRESSE
Appel aux personnes qui s'ii)téresseot à la question
de l'étude des langues vivantes-
En multipliant les contacts entre la France et les pays étran-
gers, alliés ou ennemis, en confèrent à notre pays un prestige
moral incomparable, la guerre a donné à l'étude des langues
vivantes une importance qu'on ne saurait exagérer. Afin de
rechercher les moyens les plus propres à encourager cette étude
et de la fortifier par l'emploi des méthodes les plus sûres, les
professeurs de l'Académie de Clermont, invités à grouper leurs
efforts, ont constitué, eu juillet dernier, une Section Régionale
100
LES LANdlES MODERNES
des Professeurs de Langues vivantes. Ils désireraieut notam-
ment pouvoir attribuer, chaque année, un certain nombre de
l)ourses de séjour à l'étranger (Angleterre, Allemagne occupée,
Italie, Espagne) à des élèves méritants. Afin de réunir les fonds
]:écessaires à cet effet, ils font appel à la générosité de toutes
les personnes qui suivent d'un œil attentif la question des lan-
gues vivantes. Et, — pour rappeler les termes mêmes de l'article
'à de leurs statuts, — ils accueilleraient avec reconnaissance, à
titre de membres d'honneur de leur Section Régionale, " toutes
personnes ou groupements attestant par des libéralités l'intérêt
qu'ils portent à l'enseignement des langues vivantes ».
M. le Recteur de l'.Académie de Clermont a bien voulu accor-
der son précieux appui à la Section Régionale dont, présente-
ment, le bureau est ainsi constitué :
Présidente : Mme Honoré, chargée de cours à la Faculté des
Lettres ;
Vice^président : M. Lébraly. professeur agrégé au lycée de
Guéret ;
Secrétaire : M. Vivien, professeur à l'E. P. S. de Clermont-Fer-
rand ;
Trésorier : M. Bouissy, professeur à l'Ecole supérieure de com-
merce à Clermont-Ferrand.
Les personnes désirant se faire inscrire comme membres d'hon-
ileur de la S. R. sont priées d'envoyer leur adhésion à ^I- Bouys-
sy, trésoriei'.
Vn règlement concernant l'attribution des bourses de séjour à
l'étranger sera élaboré en temps utile et porté à la connaissance
tles membres d'honneur.
Le bureau de la Section Régionale se fait un plaisir de publier
ci-après la liste des souscriptions déjà recueillies et d'adresser
aux généreux souscripteurs, au nom de tous les professeurs de
Langues vivantes de l'.Académie de Clermont-Ferrand, ses bien
sincères remerciements.
M. Michelin. Clermont-Ferrand 500
M. Bergougnan, Clermont-Ferrand ÔOO
M. OlikM-. Clermont-Ferrand 200
^L le Directeur de FEcole professionnelle de Clermont-P'er-
rand 20
:\1. Vidal, député de l'Allier - fié)
Souscriptions diverses recueillies à Thiers par Mlle Caillot 150
M. Carrias, directeur Ecole <■ DactAia 30
Total 1.450
La liste des souscriijtions annoncées mais non recueillies sera
publiée ultérieurement.
(/.es .47;i/.s (lu I'ini-(l('-l)i'>iiu\ n" du 7 décembre 1920).
NOTES i;r DociMiCNTs irn
La « Revue Pédagogique » et les Langues Vivantes
Il nous il cto iigréablc- de n.-lc\ er dans la Reinw Péddfioyiqiie de
septembre 1920, des appréciations favorables à l'étude des lan-
gues vivantes dans TEnseignement |)riiTiaire et en particulier
dans les Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institutrices. Alors
fiu'un vent hostile à notre discipline souffle sur certains hauts
sommets administratifs, il \ a presque du courage de la part de
M. Hoger Thal)ault, auteur de lartiele, à prendre la plume pour
attester la valeur culturale de notre enseignement. Mais ses
déclarations nous sont d'autant plus précieuses que l'écrivain,
esjirit averti et fin, est lui-même professeur de lettres dans une
l'.cole normale. L'article dévelojjpé. plein d'idées justes, traite de
• La (Ailture intellectuelle des Instituteurs ■•. .Je n'en veux déta-
cher que le passage qui intéresse nos collègues :
■ Il est un autre enseignement, fort attaqué en ce momenî et
(lui cej)endant peut contribuer pour une large part à la forma-
tion intellectuelle des élèves : l'enseignement des langues vivantes.
Quand on s'adresse à de grands jeunes gens, on ne doit pas se
borner à leur apprendre des mots et des expressions. On peut —
i-.n doit — s'efforcer de leur faire sentir l'originalité de la langue,
traduisant l'originalité du peuple ; car la langue est exactement
représentative d'un peuple et les particularités de sa grammaire
et de son vocabulaire sont autant de traductions instinctives et
adéquates » de réalités psychologiques... ■•. Suivent quelques
exemples. L'auteur résume enfin sa penser? : • Peu à peu, par des
remarques de ce genre, portant, soit sur la grammaire, soit sur le
vocabulaire (par exemple sur la différence de sens entre le mot
home et le mot foyer), nous parviendrions à intéresser nos élè-
ves à r.\ngleterre, à leur faire p^ssentir le tempérament de
l'Anglais, pratique, individualiste et ^irécis, son esprit ferme,
riche de pensée et sobre d'expression, réaliste et concret. Nous
signalons à ce sujet un livre qui fut jiour nous une véritable
ré\élation : le livre de M. F. Delattre sur L(i Culture par l'An^
glais <' .
L'hommage rendu au bel ouvrage de notre collègue Delattre
ne pourra que faire plaisir aux professeurs de langues vivantes.
Ils se réjouiront aussi de voir un professeur de lettres reconnaî-
tre quelque mérite éducatif à leur discipline. Ils ne sont pas
très souvent gâtés sous ce rapport par certaines catégories de
leurs collègues. Ne furent-ils pas naguère, comme le bouc-émis-
saire d'Israël, chargés de tous les méfaits, en particulier de la
crise du français ? Les observations si sensées de M. Thabault
viennent corroborer l'article publié l'an dernier par Mme Albert
dans cette même Revue pédagogique et que les Langues Modernes
ont reproduit en avril. Le Conseil supérieur, du reste, semble
avoir partagé les vues de ces deux auteurs, quand, écartant les
propositions administratives qui tendaient à rendre facultative
létude des langues vivantes à l'Ecole normale, il a nettement
indiqué que l'enseignement des langues devrait être orienté dans
102 LES LANGUES MODERNES
le seus de la culture intellectuelle et tendre à faire faire aux élè-
ves des lectures étrangères ? Il serait bon aussi d'envisager l'uti-
lité de la langue étrangère pour l'étude de la grammaire, que
les jeunes instituteurs savent d'assez médiocre façon en général.
Ch. V.-L.
Ce r)'est point ui) orfèvre q^ui parle...
La Revue Pédagogique, organe officieux de la Direction de
TEnseignement Primaire au Ministère de l'Instruction Publique,
est généralement assez froide à l'égard de notre discipline. Nous
lui sommes d'autant plus reconnaissants d'avoir ouvert ses colon-
nes, dans le n" de novembre-décembre 1920, à un éloge de l'ensei-
gnement donné par nos collègues des langues, dans les Ecoles
Xonnales d'Instituteurs et d'Institutrices et dans les Ecoles Pri-
maires Supérieures. Les appréciations flatteuses que l'on va lire
prennent une valeur particulière sous la plume d'un inspecteur
général qui n'est point un spécialiste de notre discipline, mais,
au contraire, dont le nom fait autorité dans tout ce qui touche à
la philosophie et à la pédagogie.
Dans la conclusion d'un article nécrologique consacré à son
collègue, M. A. Guillaume, notre chef regretté, M. Félix Pécaut,
inspecteur général de l'Université, écrit donc ces lignes :
" L'œuvre à laquelle a présidé Guillaume est solide. Quand on
" entre dans une première année d'Ecole Supérieure, l'ensei-
" gncment de l'anglais jjaraît d'abord une paradoxale tentative.
< C;es petits paysans, ou ce^ enfants du faubourg, comment
. entreraient-ils dans une langue étrangère, quand ils ont de
• leur propre discours une connaissance si peu analytique.
" l'oreille obtuse et la prononciation emprisonnée dans l'accent
• du terroir ? Cependant, en troisième année, on est surpris des
•' ])rogrès de l'élite et souvent, à l'Ecole normale, on rencontre
■ des élèves ayant ))assé d'abord par l'Ecole supérieure, en état
de lire des textes à livre ouvert et d'y trouver du plaisir. C'est
• qu'il faut rendre hommage à des maîtres qu'on ne peut qu'ad-
■ mirer dans leur jft'ort pour façonner cette matière indocile. Us
" pratiquent à mer\eille la méthode directe, intelligents de sa
• vraie nature : noii qu'ils se privent de l'exercice écrit, mais
■ ils rattachent directement le vocable étranger à l'objet qu'il
• faut désigner, à l'action qu'on veut exprimer sans passer par la
connexion d'une langue dans une autre. 11 en est parmi eux
• d'éminents. |)leins d'un humour charmant, et l'ensemble est
l'un (les corps qui fait le plus d'honneur à ri"ni\-ersité. >■
Cet ensemble de remarques fort justes, rédigées en une langue
sobre et forte, appellerait de iu)nibreux commentaires, car il est
gros de sens et plein de suggestions intéressantes. Bornons-nous
à recueillir et souligner l'hommoge, rendu par un homme qui
NOTES ET DOCUMENTS l(l3
"y coiiiKiit, ;uix méthodes employées et à leur mise en miivre |)ar
(es bons édncateurs que sont nos collègues du primaire. Espérons
que ce jugement favorul)ie et indépendant sera entendu et qu'il
(. Mntril)uei a à entra\er l'rin\re de desti uct ion entreprise.
Cti. V.-I..
Nouveau régiiT)e de la Licence (1)
Extrait du décret du 20 septembre 1920 relatif à l'organi-
sation de certificats d'études supérieures dans les Facultés
des Lettres.
Ahticle puemieh. — Les Facultés des lettres délivrent après
examens des certificats d'études supérieures correspondant aux
matières enseignées jjar elles.
AnT. 2. — La liste des matières pou\anf donner lieu à la déli-
vrance de certificats tl'études sujïérieures est arrêtée pour chaque
Faculté par le Ministre de l'Instruction publique sur la proposi-
tion de l'assemblée de la Faculté, après avis favorable de la Com-
mission compétente du Comité consultatif de l'enseignement
public (section de l'enseignement supérieur).
Elle peut être modifiée dans les mêmes formes. Elle est publiée
au Bulletin udministrutif du Ministère de l'Instruction publique.
Art. 3. — Nul ne peut prendre part aux examens à la suite
desquels un certificat d'études supérieures est délivre, s'il ne
justifie d'une inscription semestrielle sur les registres d'une
Faculté des lettres.
Aucun diplôme n'est exigé pour se présenter à ces examens. Il
ne pourra être obtenu que trois certificats dans ces conditions.
Art. 4. — Le diplôme de licencié es lettres est délivré aux can-
didats qui justifient :
1'^ D'un diplôme de bachelier ;
2° De quatre inscriptions semestrielles sous réserve d'inscrip-
tions cumulatives accordées conformément au décret du 8 juillet
1914- ;
3" De quatre des certificats institués par l'article P".
Le diplôme est délivré en même temps que le quatrième cer-
tificat.
Art. 5. — • l'n des quatre certificats mentionnés à l'article pré-
cédent peut être remplacé par un certificat obtenu dans une
Faculté d'un autre ordre. La liste de ces certificats sera arrêtée
dans la forme établie par l'article 2, après entente entre les
Facultés intéressées.
Un arrêté ministériel, pris après avis de la section permanente
du Conseil supérieur de l'instruction publique, déterminera
d'autre part les certificats et diplômes obtenus dans les écoles
<lt Voir texte complet des Décrets. Arrêtés, Circulaire, ainsi que
du Rapport au Président de la République sur le même sujet,,
aux B. I. P.. n'- 2.446 et 2.448^ en date des 16 et 30 octobre 1920.
104 LES LANGUES MODERNES
oti instituts d'enseignement supérieur qui pourront dispenser
dun des certificats prévus aux articles 1"^ et 4 pour obtenir le
dijîlôme de licencié es lettres.
Art. 6. — Mention est faite sur le diplôme des matières c( i-
respondaut auxdits certificats.
Mention sera également faite sur le diplôme des autres certifi-
cats obtenus soit devant la même Faculté, soit devant une autre
Faculté.
.\rt. 8. — Les enseignements sur les matières pouvant donner
lieu à la délivrance de certificats d'études supérieures sont
répartis dans l'année scolaire eu deux semestres, le premier se
terminant à la fin du mois de février, 'e second à la fin du mois
de juin.
Art- 9. — Les sessions d"examens ont lieu à la fin de chaque
semestre.
.Art. 10. — Les examens pour chaque certificat comprennent
une ou plusieurs épreuves écrites et des épreuves orales. Les
épreuves écrites sont éliminatoires.
.\rt. 11. — Pour obtenir le diplôme de licencie es lettres, tout
candidat devça subir une épreuve orale de langue étrangère
vivante à son choix sur une liste établie par chaque Faculté, à
moins qu'un des certificats obtenus par le candidat porte sur une
langue étrangère vivante.
.\rt. 12. — Le jury se compose de trois membres au moins sié-
geant ensemble. 11 pourra être fait appel pour constituer les
jurys à des professeurs, chargés de cours, maîtres de conférences
des autres Facultés ou d'établissements d'enseignement supérieur
public, ou, à défaut, à des professeurs des autres enseignements
publics munis du grade de docteur es lettres.
.Art. 13. — L'admissibilité, l'admission, l'ajournement sont
prononcés après délibération du jui-A".
Art. 14. — Nul candidat ajourné ne peut se présenter de\ant
une autre Faculté à la même session pour le même certificat.
.Art. 16. — Deux des quatre certificats nécessaires pour la déli-
vrance du diplôme de licencié es lettres peuvent être obtenus
dans des Universités 'différentes de celle où l'étudiant a commencé
ses études.
Des accords pourront être conclus avec les Gou\ erncmcnts ou
les Universités de pays étrangers pour l'équivalence des semes-
tres accomplis et des certificats obtenus à la suite de ces semes-
tres dans les Facultés étrangères. L'équivalence ne pourra être
accordée pour plus de deux semestres et de deux certificats.
Art. 17. — Le dernier certificat permettant la délivrance du
diplôme de licencié es lettres doit être obtenu dans une Faculté
française des lettres.
Art. 18. — Les dispositions du pi-ésent décret seront mises à
exécution à dater du 1"" novembre 1920.
XOTKS KT DOCfMKNTS • 1U.>
Amt. 19. — Les candidats iiistTits avant la (in de raiinée 1921
auront la faeultx* de passer les examens de licence es lettres con-
formément au décret du 8 juillet 1907.
AnT. 20. — Sont abrogées toutes les dispositions antérieures
contraires au présent décret et en particulier le décret du 8 juillet
1907.
Extraits du décret du 20 septembre 1920 relatif aux mentions
que doit porter le diplôme exigé des aspirants aux fonctions
de l'enseignement secondaire public pour lesquelles le grade
de licencié es lettres est requis.
AiiTicLE pnEMUîH. — Lcs aspirauts aux fonctions de l'ensei-
gnement secondaire ])ublic jjour lesquelles le grade de licenciés
es lettres est requis, doivent justifier d'un diplôme portant mcn-
tif)n dun des groupes de certificats sni\;)iits :
Langues vivantes
Ktudes littéraires classiques.
Littérature étrangère.
Philologie.
Ktudcs pratiques.
AitT- 2. — Un arrêté ministériel déterminera les conditions
particulières des examens à la suite desquels ces certificats seront
délivrés. Les examens de chaque groupe de certificats comporte-
ront au moins une épreuve de langue ou littérature ancienne.
Extrait de l'arrèié du 21 septembre 1920 déterminant les
conditions des examens à la suite desquels les certificats
d'études supérieures seront délivrés dans les Facultés des
lettres.
.Article phemier. — Les examens pour l'obtention des certi-
ficats d'études supérieures dans les Facultés des lettres compren-
dront au moins une épreuve écrite et deux épreuves orales. Une
des épreuves pourra avoir le caractère pratique.
.\rt. 2. — L'épreuve ou les épreuves écrites détermineront l'ad-
missibilité. Le bénéfice de l'admissibilité est maintenu à la ses-
sion suivante.
Art. 4. — Tout candidat qui n'aura pas obtenu au moins la
moyenne aux épreuves écrites et aux épreuves orales sera ajourné.
.Art. 5. — Lorsqu'il sera établi des listes de questions ou d'au-
teurs, ces listes seront valables pendant deux ans et renouvela-
bles partiellement
106 • LES LAN(;U1-:S modeiixes
Art. 6. — Pour le règlement de toutes les questions de détail
concernant l'application du nouveau régime d'études et d'exa-
mens, les professeurs, maîtres de conférences et chargés de cours
ou de conférences seront répartis en Sections ou Instituts, com-
prenant les enseignements essentiels ou des groupes d'enseigne-
ment de même ordre.
Extrait de l'arrêté du 21 septembre 1920 fixant les conditions
des examens en vue des certificats d'études supérieures
exigés des aspirants aux fonctions de l'enseignement
secondaire public pour lesquelles le grade de licencié
es lettres est requis.
AiiTicLE PiiEjiiEiî- — Les épreuves des examens pour l'obtention
des certificats d'études supérieures, dont la mention est exigée sur
le diplôme des aspirants aux fonctions de l'enseignement secon-
daire public pour lesquelles le grade de licencié es lettres est
requis, sont les suivantes :
IV. — LANGUES VIVANTES
A. ÉTLDES LlTTÉHAir.ES Cl.ASSIQLKS
Ecrit :
Version latine ou grecque, au choix du candidat.
Comjjosition française.
Oral :
Explication de deux textes d'auteurs français. Un des deux
textes sera extrait d'un auteur du moyen âge.
Interrogation sur la littérature française.
B. LITTÉRATLIŒ ÉTItANGÈUE. .
Ecrit :
Composition dans la langue étrangère vivante cln)isie par le
candidat sur un sujet tiré de la littérature de cette langue.
Oral :
Explication d'un texte d'un auteur dans la même langue
étrangère vivante.
Interrogation sur l'histoire de la littérature étrangère clioisie
par le candidat.
(".. PHILOLOGIE.
Ecrit :
Thème.
Oral :
Interrogation sur la grammaire de la langue clioisie par le can-
didat.
Interrogation sur l'histoire de celte langue, d'après un texte
tiré d'un auteur.
Pour les épreuves orales des trois certificats d'études littéraires
tiassiques, de littérature étrangère el d;/ philologie, il sera établi
un j)rograinme d'auteurs.
N()Ti:S I;T DiiCLMEMS 107
I). liTL'DES PliATigiKS.
Ecrit :
X'cTsioii.
Oral :
Kiitreticii. en langue étrangère, sur la eivilisation du pays uù
le candidat aura séjourné, d'après un programme d'ouvrages ù
consulter, donné d'avance.
Interrogation sur une deuxième langue étrangère vivante.
Aht. 2. — Dans le groupe des langues vivantes, une des épreu-
ves orales du certificat d'études pratiques aura pour objet une
seconde langue vivante étrangère, l'our les autres épreuves de et
certificat et i)our les certificats de littérature étrangère et de phi-
lologie, les examens porteront exclusivement sur une seule . et
même langue et sur la litttérature de cette langue.
Extrait de la circulaire du 8 octobre concernant le nouveau
réèime de la liscence es lettres
La création de certificats d'études supérieures de; lettres, la
substitution d'e.xamens séparés et spécialisés à un examen unique,
l'obligation de justifier de quatre de ces certificats jjour obtenir le
diplôme de licencié es lettres ont pour objet de mieux adapter les
sanctions à l'organisation actuelle de l'enseignement, mais non de
modifier le caractère essentiel de grade littéraire de la licence
ts lettres...
L'enseignement sous toutes ses formes et dans toutes ses parties
('oit se préoccuper de développer les qualités littéraires et classi-
ques. Dans aucun examen écrit la correction de la langue et du
style, la clarté et la logiciue de la composition ne doivent être
considérées comme secondaires en com|)araison des connaissances
et de l'érudition.
1. ORGANISATION DES ÉTUDES.
Deux règles importantes sont jjosées par le premier décret :
1" La scolarité pour la licence doit être au minimum de deux
ans. .\fin d'assurer cette scolarité, aucun candidat ne sera admis
à se présenter aux examens du quatrième certificat s'il ne justifie
de quatre semestres d'études. Les seules exceptions légitimes sont
uéjà prévues par le décret du 8 juillet 1914 qui précise les cas dans
lesquels il peut êti'e accordé des inscriptions cumulatives. Il suf-
fira d'appliquer simplement ce décret.
2" Les enseignements sont répartis entre deux semestres, l'un
finissant à la fin de février, l'autre à la fin de juin.
Désormais la Faculté ne sera plus morcelée en enseignements
isolés. Ses enseignements devront former des groupes, sections ou
instituts, où tout devra être coordonné par l'accord de tous les
maîtres. Les groupes, sections ou instituts essentiels seront ceux
qui correspondront aux grouj)es de certificats de la licence d'en-
seignement. Mais il en pourra être formé d'autres selon les res-
sources des Facultés.
Dans chaque groupe d'enseignement, les professeurs devront
se mettre à la disposition des étudiants pour les recevoir, se rendre
compte de leurs préférences, des aptitudes indiquées par leurs
antécédents scolaires, de leurs besoins d'avenir, les conseiller et
108 I.KS I,ANGL"ES MODERNES
assumer la direction de leurs études. 11 serait à désirer que cha-
que maître prit, dans toute la mesure possible, la charge de diri-
ger un certain nombre d'étudiants, t.'cst là un des buts essentiels
du nouveau régime. '
IV. DES EXAMENS.
Il est un point sur lequel il est nécessaire d'insister avec la plus
grande netteté. Les examens de certificat sont des examens de
Facultés des lettres. Par suite, dans le jugement de toutes ïes
compositions il devra être tenu compte de la correction et des qua-
lités de style et d'exposition. Dans l'annotation générale, le cor-
recteur donnera son avis à cet égard. Il pourra demander au
jury l'élimination d'un candidat qui. tout en faisant preuve de
connaissances étendues, aurait montré une trop grande insuffi-
sance littéraire. La note sera diminuée en conséquence par déli-
bération spéciale du jury.
Il importe également d'attirer dès maintenant l'attention sur
l'article 11 du premier décret du 20 septembre 19'20. Les Facul-
tés ont à établir sans retard la liste des langues étrangères
vivantes sur lesquelles les candidats à la licence qui ne se pré-
senteront pas à un certificat de langue vivante devront subir une
épreuve orale. Les candidats choisiront sur cette liste. Ils
devront faire connaître leur choix en prenant leur première ins-
cription et désigner le certificat auquel ils désirent que cette
épreuve soit annotée, afin que les mesures nécessaires à la pié-
paration de cette épreuve puissent être prévues. Un candidat ne
pourra changer son optLon primitive qu'avec l'autorisation écrite
du doyen. 11 y aura lieu de signaler aux candidats l'importance
de cette épreuve : elle ne doit pas être une formalité. Elle sera
dirigée par un professeur spécialiste. Si le candidat n'obtient pas
la moyenne, il sera ajourné. Il ne pourra obtenir le diplôme
de licencié que s'il atteint cette moyenne. Au cas où un candidat
serait pourvu du quatrième certificat, mais n'aurait pu encore
être admis à l'épreuve de langues vivantes, il devra attendre
la prochaine session pour réparer son échec.
La durée des compositions sera de quatre heures : 1" pour les
compositions proprement dites, 2° pour les thèmes, versions, tra-
ductions, commentaires, exercices' divers qui formeront l'épreuve
écrite unique d'un examen de certificat. Elle sera de trois heures
pour les thèmes, versions, traductions avec commentaires, exer-
cices divers qui formeront la seconde é|)reuve de l'examen écrit
d'un certificat. La durée moyenne des épreuves orales sera d'un
c(uart d'heure. Il sera accordé aux candidats, pour toute épreuve
orale, dix minutes de réflexion entre la désignation du sujet ou
du texte et l'interrogation ou l'explication proprement dite.
Les notes seront données, comme sous le régime précédent, de
0 à 20. Les ^'acuités pcnirront proposer des coefïîicients, si elles le
jugent nécessaire, ))our les certificats de la licence libre. Il n'y
aura pas de coefficients pour les éiireuves de la licence d'ensei-
gnement.
La correction des épreuves éci'ites sera faite ])ar deux mem-
bres du jury ; le premier correcteur sera le membre du jury le
))lus spécialement comi)étent.
Vous remar(|uerez ciu'il n'est pas pré\ u de session de novem-
bre, ce qui permettra de reprendre tout l'enseignement dès les
premiers jours de no\cmbrc.
NOTKS ET DOCUMENTS 101)
V. DE LA MCENCF. U'EXSEIGNE.MENT
L'importance du (lécrct et de l'arrêté sur la licence d'enseigne-
ment ne saurait vous échapper. De la valeur de cette licence
<lépendra la valeur du |)ersonnel de l'enseignement secondaire.
De plus, elle doit servir de modèle pour l'organisation de la
licence libre. Fn(în. je fais étudier actuellement un plan de réor-
ganisation et tie coordination des grades et titres de renseigne-
ment supérieur, qui donnera encore plus de sanctions à cette
licence, en particulier pour le recrutement du personnel de l'en-
seignement supérieur.
C.v qui est dit plus haut d'une façon générale sur la valeur
littéraire des compositions écrites s'applique d'une façon plus
étroite encore aux compositions des examens de certificat pour la
licence d'enseignement. Vous ne cesserez de recommander aux
Facultés d'y veiller sans faiblesse.
.le recommande également à l'attention des Facultés les épreu-
ves de traduction et de commentaire de textes grecs ou latins,
surtout pour les groujies de certiticat de philoso|)hie, d'histoire
et de géographie et tle langues \ivantes. Il convient d'attacher
une ^aleur spéciale à ces épreu\es, de tenir grand compte de la
connaissance de la langue. .Afin de bien jjréparcr les candidats, de
_ leur permettre d'acquérir la méthode nécessaire, il devra leur
être proposé régulièrement dans l'année des exercices de ce genre.
Dans les épreuves orales, il faudra se garder de faire appel avant
tout à la mémoire. Les connaissances précises et ordonnées sont
certes indispensables. .Mais il convient d'éveiller le goût, le juge-
nent scientifique et l'esprit critique des étudiants et de leur don-
ner l'occasion à l'examen de faire leurs i)reuves. 11 de\'ra être
tout particulièrement tenu compte de ces instructions dans les
interrogations d'histoire littéraire.
Dans tous les cas où une option est admise, le candidat de\ i :i
faire connaître son choix en prenant les inscriptions semestrielles.
VI. QUESTIONS DIVEHSES
Le décret général sur la licence es lettres prévoit qu'un des
quatre certificats nécessaires pour la licence pourra être remplacé
par un certificat obtenu dans une Faculté d'un autre ordre. La
Faculté des lettres devra s'entendre à cet égard avec les autres
Facultés de l'Université. Les certificats admis pour la licence
es lettr'.'s pourront être soit des certificats déjà institués, suit des
certificats nou\eaux répondant à certains enseignements, soit des
certificats délivrés à la suite de deux semestres d'études régu-
lières faites conl'orniément aux programmes des Facultés de droit,
de médecine et de pharmacie. Les propositions établies par l'ac-
cord des Facultés seront soumises au Comité consultatif de
l'enseignement public dans les mêmes conditions que pour les
certificats prcjpres aux Facultés des lettres. Ces certificats réser-
\ es au.x candidats à la licence es lettres seront institués dans
les mêmes formes et donneront lieu aux mêmes obligations. La
liste en sera publiée au Bulletin administratif-
Deux des quatre crtificats nécessaires pour la licence peuvent
être obtenus dans d'autres Universités que l'Université d'origine.
L'étudiant qui changera d'Université devra demander le trans-
fert de son dossier en justifiant sa demande. La demande sera
accordée par le recteur. Le doyen avisera la Faculté auprès de
laquelle Tétudiant doit continuer ses études. L'exeat devra être
inscrit dans les formes sur le livret de l'étudiant.
110 LKS LANC.UIiS MODEHNKS
Pour les Universités étrangères, il appartient aux UnivLTsités
françaises d'engager avec celles-ci les pourparlers préliminaires.
Les accords ainsi préparés ne pourront devenir définitifs qu'aprèb
avis du Comité consultatif de l'enseignement public et approba-
tion du Ministre de l'Instruction publique et du Ministre des
Affaires étrangères. Des équivalences pourront être également
établies par conventions entre le Gou^■ernement français et les
gouvernements étrangers. Mais le Comité consultatif de l'ensei-
gnement public devra toujours être consulté au préalable. Pour
les étudiants français, la procédure de sortie de leur Faculté
d'origine sera la même que pour le passage d'une Faculté fran-
çaise dans une Faculté française. L'entrée des étudiants étran-
gers dans les Facultés françaises, le retour des étudiants fran-
çais dans une Faculté française pour l'obtention du dernier
certificat ne pourront être réglés que dans les accords particu-
liers d'Université à Université ou dans les conventions entre
Gouvernements.
Le nouveau régime est applicable dès la rentrée prochaine. Le
délai est court, puisque les décrets et arrêtés n'ont pu ])araître
que le 25 septembre dernier. Toutes les opérations nécessaires
pour les mettre en vigueur doivent donc être aussi rapides que
possible. D'ailleurs, les candidats peuvent se faire inscrire jjour
l'ancien régime jusqu'au SI décembre 1921. Cette date tardive a
été prise en raison de la libération au milieu de l'année 1921 dj
la classe 1919, la dernière classe de recrutement qui ait été soir-
les drapeaux pendant la guerre.
Université de Grenoble
Faculté des lettres. — Est approuvée la délibération du Conseil
de l'Université de Grenoble portant création, à dater du !■' novem-
bre 1920, d'une conférence d'espagnol.
Sectioi) Scai)dir)ave
à la Bibliothèque 5ai0te-Cei)eviève
11 est institué à la bibliothèque Sainte-Geneviève un comité de
patronage de la section Scandinave.
Ce comité a pour mission, d'une manière générale, de dévelop-
per en France les études Scandinaves par l'enseignement et par le
livre.
Il est spécialement chargé : 1" d'examiner quelles acquisitions
il y a lieu de faire ; 2" d'étendre, grâce à l'influence personnelle
de chacun de ses membres, les relations de la bibliothèque Sainte-
Geneviève avec les sociétés savantes, les administrations publi-
ques, Icsl éditeurs de chacun des trois royaumes scandinavt^s, en
vue de provoquer des dons on des échanges dont bénéficierait
ladite bibliothèque. (F.ilrail de l'Arrêté du .') n(>i>cnil>rc IWith.
NOTHS El IXX.LMI-NTS 111
Ecole de préparatior) des professeurs de Français
à rétranger
Kst approuvée la délibération du (Conseil de l'Université de
Paris instituant une Keole de préparation des professeurs de fran-
çais à l'étranger et créant un diplôme d'aptitude à renseignement
du français à l'étranger de cette l'ni\ersité.
Comité (le direction
Le Doyen de la P'aculté des lettres, |)résident ;
(juatre professeurs de. la Faculté des lettres ;
Un professeur de la Faculté de droit, désigné par la Faculté ;
Le Directeur de l'Ec-ole normale supérieure ;
Le Directeur de TOfiRee national des Universités ;
Le Directeur de l'Ecole ;
Vn inspecteur général de l'enseignement public ;
l'n membre de l'enseignement secondaire ;
Un membre de l'enseignement primaire (ces deux membres dési-
gnés par la F"aculté des lettres) ;
Un membre de la Chambre de commerce de Paris (désigné par
elle).
Le Secrétaire de l'Ecole est secrétaire du Comité a\'jc vcjix con-
sultative.
But de l'école. -^ L'Ecole est placée sous la direction technique
de la Faculté des lettres. Elle se propose de donner à tous les pro-
fesseurs de français à l'étranger des directions et une méthode.
Xatche de l'enseignement. — L'enseignement comprendra des
leçons, conférences et des exercices pratiques. Dans les leçons, on
choisira surtout les faits qui seront nécessaires pour des démons-
trations générales. Les exercices pratiques seront l'application
des principes et habitueront les élèves à les adapter à des publics
différents.
OiiGANisATioN de l'exseignement. — L'enscigncment sera divisé
en sections, chacune ayant un président chargé de maintenir la
coordination et l'unité de direction entre ses collaborateurs.
I^s sections seront au nombre de dix :
1" Re\ision des connaissances relatives à l'histoire, la géogra-
phie et la civilisation de la France; 2" Vues sommaires sur les
divers pays où les professeurs doivent être envoyés ; 3" Littéra-
ture française ; 4° Phonétique du français ; 5" Lecture à haute
v(nx ; 6" Vocabulaire français ; 7" Grammaire, formes et syntaxe
du français ; 8 ' Orthographe du français ; 9" Composition fran-
çaise ; 10" E.xplication de textes.
En outre, des littérateurs, des artistes, des savants et des hom-
mes d'action seront invités à venir donner des conférences sur
les grands courants littéraires, artistiques, scientifiques, polili-
(lues et économques de la France contemporaine.
(Voir Programme des Cours. B. 1. P. du 20 nov. 1920, W 2451.
])!). 1551-1559».
112 LES lan(;li:s modernes
Echanges loterscolaires FraQco-Britaooiques
Le Ministre de l'Instruction Publique,
à M. le Recteur de l'Académie de
J'ai rhouneur d'attirer votre attention sur le système d'échange
iiiterscolairc Franco-Britannique que je vais vous demander d'ap-
pliquer dans votre Académie, et sur sa grande importance au
point de vue des relations futures entre la France et l'Angleterre.
11 n'est pas besoin d'insister sur la nécessité de maintenir et
de fortifier nos relations amicales avec l'Angleterre et de fon-
der cette amitié sur une connaissance mutuelle des deux peuples.
Les sympathies du peuple anglais pour notre pays, on peut
l'affirmer, sont vives et profondes, mais il est très peu au courant
des choses de France,
Rien de jjIus utile, pour dissiper les préjugés et les malenten-
dus, que des échanges d'écoliers et d'étudiants. Mais les Univer-
sités anglaises, pour des raisons d'organisation d'études, ne se
r.^.ontrent pas disposées à nous envoyer un grand nombre d'étu-
liiants. Au contraire, du côté des établissements d'enseignement
secondaire, le terrain est maintenant préparé et nous trouverons
iiM accueil aussi favorable qu'on peut le désirer.
Une enquête qui a été faite sur -cette question par l'Offlcc des
l'niversités a démontré en effet qu'un très grand nombre de
familles anglaises sont disposées à en^•oyer leurs filles et leurs
fils accomplir uue partie de leurs études dans nos établissements,
ciue beaucoup d'écoles anglaises sont prêtes à entrer en rapports
étroits avec les nôtres, et que les unes et les autres recevraient
avec plaisir les enfants français que l'on voudrait bien leur
confier.
Le Ministère anglais de l'Education auquel l'idée a été sou-
mise a accepté les propositions qui lui ont été faites ; il a auto-
risé les écoles anglaises à entrer en ra]3ports avec nos établiss*^-
ments, il maintiendra le bénéfice de leur bourse à ceux des bour-
siers anglais qui viendront dans un établissement français par
\oie d'échange régulier et acceptera à la place de chacun de ces
boursiers anglais un élève français en échange ; il s'efforcera
c-nfin, par l'action de ses inspecteurs, de développer les relations
ainsi créées et de multiplier le nombre des enfants cnvoj'és en
France.
Mais la condition essentielle pour que ce mouvement aboutisse,
c'est que nous puissions fournir aux familles et aux écoles
anglaises des écoliers d'échange. Or, comme vous allez le voir,
dans les conditions actuelles du change, l'organisation que je
désire \o\t se réaliser est de nature à rendre à nos familles
françaises les plus grands services, puisqu'elle leur permet
d'envoyer leurs enfants en Angleterre sans autres frais que le
prix du voyage et l'argent de poche.
Cette organisation fonctionnera dans les conditions suivantes :
1. Chaque établissement français (lycée ou collège, Ecole pri-
maire supérieure de garçojis et de filles) désigné pour preiulre
part à l'échange sera associé à un établissement anglais de même
ordre et d'importance égale. 11 conviendra de ne choisir parmi les
établissements français que ceux qui, en particulier, par leur
organisation matérielle, offrent des chances de succès certain.
En ce qui concerne nos Ecoles primaires supérieures, il sera
nécessaire de ne faire appel qu'à celles qui' vous doitnent, au
point de vue de l'installation, entière satisfaction, et, pour com-
mencer, de n'en désigner c(u'un très petit nombre. Cette réserve
NOTi:s iT 1)()(,imi;ms 11-!
l■^l (l";uilant plus iiitlispins:!!)!*.- qiic- l;utivilé très l«>iial)li- de
beaucoup de nos directeurs les jjousscra j)rol)al)lejneiit à s'inté-
resser à cette innoviition. et il est à prévoir que vous aurez de
((■ côté beaucoup de sollicitations (juand elle sera connue.
2. I,cs |)arents des élèves de ces établissements seront avisés
par le clief de rétablissement des conditions dans lesquelles
récbange aura lieu, et invités à <léclarer s'ils désirent en faire
protiter leurs enfants.
3. L'élève français étluini,'é sera reçu gratuitement.
m Soit flans une famille anglaise de condition analogue à la
sienne, où il vivra comme l'enfant de la maison jjendant tout son
séjour, hln cours d'année scolaire il sera admis comme élève
externe dans l'établissement anglais correspondant.
h) Soit dans l'internat de l'école anglaise pendant le cours
de l'année çcolaire et dans une famille anglaise pendant les
vacances.
Kn écbange, la famille de l'élève français recevra, en même
temps et dans les mêmes conditions, l'enfant de la famille
anglaise corrcs|)ondante. 1/élève anglais suivra les cours de
l'établissement français.
Dans le cas oii l'élève français écbangé serait interne en
l'i'ance, son correspondant aiig'ais le remplacerait dans l'internat
cl n'entrerait dans la famille française que pendant les vacances.
Toutefois, il serait préférable de recevoir le moins possible
d'élèves anglais dans nos internats, où la vie est si dilTércnte de
celle à laquelle ces enfants sont habitués, et risfjuerait parfois
de leur laisser des sou\enirs plutôt i)énibles qu'agréables. Du
reste, une fois (jue les cbefs des deux établissements auront été
mis en relations, il leur sera aisé de s'entendre sur les diverses
modalités d'échange qui peuvent le mieux convenir dans chaque
cas.
4. Les frais de scolarité seront acquittés dans l'établissement
français par la famille française, en Angleterre jjar la famille
anglaise. l>cs élèveîî français boursiers, et ceux qui bénéficient de
la remise de frais de pension ou d'études, continueront à jouir de
leur bourse o^i de leur remise; et en leur absence, les élèves
anglais qui les remplaceront seront admis dans des conditions
identiques à celles où les élèves français l'eussent été.
5. Dans chaque établissement français, un emploi du tenii)s
s|)écial sera établi en faveur des élèves anglais, d'après les indi-
cations du chef de l'établissement anglais correspondant, de
manière à permettre à ces élèves de suivre les cours les mieux
adaptés à leurs besoins. Des dispositions semblables seront prises
en Angleterre en faveur de'i élèves français.
(). Aiia de faciliter l'organisation de ces études spéciales, il
cûiuiendia de désigner pour l'échange des élèves apparten.int à
une même classe. En principe, dans les lycées de garçons, imur-
ront être désignés pr.ur le séjour en cours d'année scolaire, les
élèves qui vont entrer dans 'es classes de 3'= A et B.
Le même principe sera appliqué dans les autres établissements.
Les chefs de ces établissements s'inspireront des convenances
locales pour désigner la classe sur laquelle pourra porter
l'échange.
Il conviendra aussi de ne désigner que des élèves dont la con-
duite et le travail soient de nature, à donner à l'étranger une
bonne opinion de l'enseignement français. En associant les
familles, le plus grand conii)te sera tenu de la situation sociale,
(te la religion, etc..
111 LES I.AMirns MOUtr.NKS
7. JJmx séjours seront oi;^:miscs :
(I) Un séjour s'éteiuliint seiik-nieiit sur la période des grandes
\acanccs, et convenant ])arf iculièrement aux élèves qui pour
diverses raisons ne peuvent pas faire de séjour dans le cours de
l'année scolaire.
h) l'n séjour commençant au début des grandes vacances et
s'étendant jusqu'à la fin du premier trimestre ou même plus
tard.
Les élèves de la deuxième catégorie seront moins nombreux
sans doute, mais ce sont eux qui nous permettront de fonder
dans de nombreuses écoles anglaises des points fixes de rayonne-
ment de l'amitié française en terre anglaise. Par les rapports
qui s'établiront entre les directions et les corps enseignants des
écoles associées, par rinfluence des bons élèves français que
nous enverrons en Angleterre, par celle que nous aurons dans
nos classes sur les jeunes anglais qui y seront admis, une puis-
sante action peut être exercée. L'organisation proposée fournit
à chacun de nos établissements associés une petite zone d'in-
fluence, où il aura à cliarge de faire connaître et aimer la France,
et de susciter des amitiés personnelles qui contribueront au déve-
loppement des bonnes relations politiques et économiques.
En conséquence, je vous prie de bien vouloir écrire aux chefs
des établissements de votre ressort (.Lycées et Collèges de garçons
et de filles. Ecoles primaires supérieures» qui vous paraissent
désignés pour participer à l'échange, ou mieux encore de les
réunir, pour leur exposer l'économie du système et pour leur
demander d'intervenir avec la plus grande persévérance auprès
de leur personnel, de leurs élèves, des familles, afin d'ohtenir
qu'un certain nombre d'enfants se fassent inscrire pour être
échangés dès les jjrochaines grandes vacances et pour le trimes-
tre suivant avec un même nombre d'élèves anglais. Les chefs
d'établissements pourront se mettre directement en relations
avec M. Desclos, professeur au lycée Condorcet, chargé d'organi-
ser les échanges à l'Office National des Universités, 96, Boulevard
Ilaspail. Il leur fournira les renseignements complémentaires
dont ils auront besoin.
f'niir le Ministre de l'Inslruclion Publique et des Beaiix-Arls<
et par aiitorisntion :
L^ Directeur de l'Enseignement Supérieur,
Ecole des Langues Orientales vivantes
Par arrêté du '2 novenilire 1!)20. une chaire magistrale et un
emploi de répétiteur sont créés à l'Ivcole des Langues Orientales
jioiir chacune des langues suivantes : jiolonaise. serbo-croate et
tchèque.
Cours de Langue T^nO^rnite
Vn cours de langue annamite a été créé au lycée de Tours par
décision ministérielle du 24 janvier 1919 à l'intention des jeu-
nes gens de la métropole désireux d'aller se créer une situation
en Indo-dhine et des enfants de familles annamites (|ui vien-
draient compléter leur instruction en 1-rance.
Cet enseignement comporte actuellement :
1" Un cours élémentaire ou de 1" année. sui\i par les élèves
NOTES ET DOrA'MENTS
115
(II- seconde qui n'ont Jîinwus l'ait d'annaniitc. "J" l'n cours moyen,
( u <k' 2" aniR'c, (|nc les anciens élèws de seconde suivent eu
classe de 1". '.i" L'n cours de -i" année que les élèves qui ont déjà
dvwx ans d'étude d'annamite suivent en classe de philosophie ou
(le mathématiques.
CoQCOurs des agrégations de TEoseigoenoeot
Secondaire er) 1921
Aux termes de l'aiièté du G mars 192(1, article 1 ", >; 2, les can-
didats ayant participé aux concours spéciaux de 1919 et de 1920,
ainsi que les mutilés et réformés de guer^re et les candidats
comjjtant au moins âvux ans de présence sous les drapeaux lors
(le la signature de l'armistice (11 novembre 1918), seront adniis
à se présenter à la session normale de 1921 sans autre condition
préalable pour l'agrégation que la production de l'un des dii)lô-
Mies de licence pré\ us par l'arrêté du 18 juin 1904.
ŒXrtrail de l' Arrêté du l'2 iiot'ciiiUrc).
Les candidats à l'agrégation cpii ont |)ris part à la session spé-
ciale de 1920 et qui ont échoué aux épreuves détinilives ou. s'il
s'agit de l'agrégation d'histoire, aux épreuves jjréparaloires du
second degré, conserveront le bénétic:- de leur admissibilité ou
de leur, sous-admissibilité au concours de 1921.
{Arrélé du IS octobre l'J'JO).
Note relative au prograrnrne de l'agrégation
d'alleiT)ai)d et) 1921
L'édition indiquée pour les Gesichtc de Moscherosch étant
épuisée, cet ouvrage est supprimé du i)rogramme des textes à
expliquer.
Moscherosch est ma'iitenu au nombre des auteurs à étudier.
Ecoles Norn)ales Prirnaires
L'enseignement des Itngues \i\antes présente, à l'école normale,
des diftïcultés particulières. Parmi les élèves, les uns. avant
d'entrer à l'école, ont déjà appris, pendant plusieurs années, une
langue étrangère, les autres en ignorent le premier mot. Les uns,
après leur sortie de l'école, continueront à la pratiquer, les au-
tres, beaucoup plus nombreux, n'ont nullement l'intention d'en
poursuivre l'étude et ne l'abordent, à l'école même, qu'avec un
zèle modéré. Aussi s'était-on demandé s'il ne conviedrait pas de
conférer à cet enseignement le caractère facultatif qu'il préscijte,
dès maintenant, en troisième année et de le réser\er uniquement
à ceux des élè\es qui, qu'ils aient ou non entrepris cette étude
avant d'entrer à l'école Jiormale, désirent, en tout cas, s'y perfec-
tionnei'. On esj)érait, l'enseignement étant ainsi restreint à une
élite de volontaires, pouvoir le porter à un niveau plus élevé.
116 J-ES LANGLES MODERNES
].c (lonscil sui)crieur n'a pas admis cette conception et il a
maintenu le slutii qiio. Toutefois, frappé des difficultés spéciales
c;ue présente à l'école normale iL-nseignemeii des langues vivan-
tes, il a modifié, pour y parer, la méthode dont on s'était inspiré
LU 1905. Sans doute, le vocabulaire étranger continuera à ètr^
requis par la méthode intuitive et active. Mais le but de l'ensei-
i.nemcnt ne sera plus de donner aux élèves la possession effective
de la langue. On reconnaît que la méthode directe exige, pour
])ermettre aux élèves de conserver couramment en allemand ou
en anglais, ^■oire en es|)agnol ou en italien, plus de temps que
celui dont on dis|)ose dans les écoles normales. La méthode
directe exige des heures de c()n\ersation quotidienne durant des
années. Or, nos normaliens n'ont pas le loisir de conserver cha-
que jour, pendant plusieurs heures en langue étrangère. Ces
exercices seront pratiqués partout où le permettra l'état de pré-
paration des élèves, et notamment dans les écoles où viendra
faire un séjour un docteur étranger. Mais le but de l'enseignement
r.'est plus la conversation en langue étrangère, c'est la lecture
et la traduction, écrite ou orale, de textes faciles. Aucune indi-
cation n'est fournie au sujet de ces textes. Les professeurs choi-
siront à leur gré, sui\ant le niveau atteint par les élèves.
En somme, le (lonseil supérieur s^est rendu com)Jte que les lan-
gues Aivantes n'ont pas, à l'école normale, le même rôle que dans
les autres établissements d'enseignement. \ l'école primaire supé-
rieure et aussi dans les lycées et collèges, on doit apprendre aux
élèves à parler, à lire et à écrire en langue étrangère, car il s'agit
de former des hommes qui. industriels, commerçants, ingénieurs,
soldats ou diplomates seront en contact a\ec des persgnnes ne
parlant pas le français. Tel n'est pas le cas de l'instituteur : il
est, en général, destiné à vi\re au milieu de ses compatriotes, et la
langue étrangère n'est pas pour lui nécessaire, au sens utilitaire
(iu mot. Pourquoi ^eut-on qu'il l'étudié ? C'est pour lui ])ermettre
«l'élargir son horizon et de ])erfectionner sa culture. La langue
qu'on doit lui enseignei". c'est donc la langue littéraire plutôt
c[ue la langue usuelle. Lt la méthotle qu'on doit suivre, c'est la
lecture et la traduction plutôt que la conversation. \'oilà ])our-
niioi le Conseil supérieur a romjju avec les programmes de 1905,
Irop identiques à ceux des écoles ])rimaires supérieures, et leur
a substitué des directions plus sim])les, laissant aux maîtres plus
de liberté et assignant à leur enseignement un objectif moins
utilitaire et plus éducatif.
(EiXlnnl du Décret el des Ai'rètcs du ÎS (kjùI IU"2U. jiublics au
B. I. P. du 1:i novembre WWk
Ecoles Priroaires Supérieures
l.aiifiut's riixiiitcs
De légères modilicatious ont été apportées au |)i()gramme pour
disposer les matières suixant un ordie progressif. On étudiera
d'abord les i-éalités les plus proches, les actes de la % ie indivi-
duelle (le corjjs. le vêlement, l'aliment» : ceux du milieu social
le plus familier à l'enfant, ceux (ju'on i)eut le plus aisément évo-
((iiei" devant lui en prononçant leur nom (.l'enfant à l'école, à la
maison i.
Puis l'horizon s'élai'git: en seconde année, on étudie la ville et
la campagne, les métiers, la nature.
N'OTKS KT IXU l MP.NTS 117
En troisicim- année, on s"élève aux i)i()l)lèmt's abstraits et Ton
apprend non seulement le vocabulaire usité dans la langue cou-
rante mais celui de la langue industrielle et commerciale dont
les élèves des écoles primaires supérieures auront souvent à se
servir.
La méthode à suivre dans l'enseignement des langues vivantes
demeure celle que recommandaient les instructions de 1909.
{.Extrait du licvrel et des Arrêtés du 1S (tout 1920)
Appel aux professeurs de langues vivantes ayar)t
ei)seigi)é à Tétraoger
J'adresse, par la voie du Bulletin, un ajipel à tous ceux de mes
collègues de Langues \'ivantes qui, ayant interrompu, j)our rai-
sons d'études, leur carrière en France pendant une ou plusieurs
années, ont exercé des fonctions d'enseignement public à l'étran-
ger, et qui, pendant ce laps de temps, ont été mis en congé sans
traitement, de telle sorte que leurs années d'enseignement à
l'étranger ne sont pas comptées par l'administration dans le cal-
cul de leurs annuités de service. Il s'agirait de trouver un député
qui s'intéresserait à notre sort et qui déposerait, sur le bureau de
la Chambre, une proposition de loi tendant à assurer, par la récu-
pération de ces années de service à l'étranger, une satisfaction
qui nous a été refusée jusqu'ici, malgré nos efforts individuels.
L'.\ssociation des Professeurs de Langues Vivantes, par l'organe
de son Président, M. Veillet-Lavallée, s'offre à se mettre en cam-
pagne pour soutenir notre légitime revendication. 11 importe donc
de nous unir et de nous concerter pour la rédaction d'une note
— aussi brève que possible f- qui serait remise, à titre de docu-
ment, à un membre du Parlement. En conséquence, je recevrai
avec plaisir toutes les suggestions que les collègues intéressés
voudront bien me communiquer à ce sujet, et je les prie de me
faire parvenir, avec leur nom et leur adresse, l'indication : 1° de
leurs fonctions actuelles ; 2" des fonctions qu'ils occupaient en
France lors de leur mise en congé ; 3" des fonctions remplies
par eux dans l'enseignement à l'étranger ; 4" du temps passé
dans la position de congé sans traitement.
Jules DODANTHUN,
Professeur d'anglais au Lycée de Nevers,
Ex-assistant français à Glasgow.
Mouvement du Personnel
Universités d'Aix-Marseille et de Strasbourg
M. Mazon, docteur es lettres, chargé de cours de langues et lit-
tératures slaves est nommé professeur-adjoint à la Faculté des
Lettres de l'Université de Strasbourg.
M. Spenlé, professeur de littérature étrangère à la Faculté des
lettres de l'Université d'Aix-Marseille, et M. Lévy-Sée, professeur
de littérature allemande contemporaine à la Faculté des lettres
de l'Université de Strasbourg, sont autorisés à faire échange
d'enseignements pendant Tannée scolaire 1920-1921.
M. Lévj'-Sée, professeur de littérature allemande à la Faculté
des lettres de l'Université de Strasbourg, chargé d'assurer l'en-
seignement de la littérature étrangère à la Faculté des lettres de
l'Université d'Aix-Marseille, est chargé, en outre, pour l'année sco-
laire 1920-21 d'un cours annexe de littérature allemande à la
Faculté des sciences de ladite Université, en remplacement de
M. Spenlé, délégué à la Faculté des lettres de l'Université de
Strasbourg.
Université de Bordeaux
M. Saurai, docteur es lettres, professeur au lycée de Bordeaux,
est nommé, pour l'année scolaire 1920-21, maître de confé-
rences de langue et littérature anglaises à la F"aculté des lettres
de rUniversité de Bordeaux (cmph)i nouveau).
Université de Grenoble
M. Luchaire, Inspecteur général de l'Instruction Publique, an-
cien prof, de langue et littérature italiennes, est nommé profes-
seur honoraire. — M. Ronzy, agrégé d'italien chargé d'un cours
de langue italienne et littératures italienne et française compa-
rées (Fondation de l'Université de Grenoble), est chargé pour
l'année scolaire 1920-1921, d'un cours de langue et littérature
italiennes (chaire d'Etat, vacante). — M. François-Vcrnols, prof,
au lycée de Grenoble, est chargé, en outre pour l'année scolaire
1920-1921, de deux conférences par semaine de langue anglaise,
en remplacement de M. Baujard, uomnié à Paris.
Université de Lille
M. Lirondelle, professeur de langue et littérature russes (fon-
dation de l'Université), est chargé, en outre, pour l'année sco-
laire 1920-21, d'une conférence complémentaire de civilisatio<n
russe.
Université de Montpellier
M. Catel, professeur au lycée de Montpellier, est chargé en
ou^^e, pour l'année scolaire 1920-1921, de faire par semaine à la
Faculté des lettres, trois conféifMues de langue et littérature
anglaises.
MOUVEMENT Dl PERSONNEL 119
Ecole Norn)ale de Sèvres
Miles : Wcilkr, prof, ail.. Ecole N. de Sèvres et lycée Jules-
Ferry, est nommée à l'E. N. de Sèvres et à l'Ecole d'application
annexée ; Scott, prof, d'angl., à PE. X. de Sèvres et au lycée
•Iules-Ferry, est nommée à l'E. N. de' Sèvres et à l'Ecole d'appli-
cation annexée, et maintenue à .Iules-Ferry.
Lycées de la S^iO^ et de la $zirie-et-Oise
\o7iiin<itions : MM. Uelpy, csp., de Hayonne à Carnot et Miche-
lel ; Digeon, angj. petit C-ondorcet, chargé suppl., grand Condorcet
pendant la durée de la mission confiée à M. d'Hangest ; Ponge,
angl., petit Contlorcet, chargé suppl. grand Condorcet pendant la
durée de la Mission confiée à M. Desclos ; Chahas, ail., de Vol-
taire à Condorcet ;, Baude, angl.. délégué de Montaigne à St-ouis
pendant la durée du congé accordé à M. Camerlynck.
Mlles Fialip, angl., chargée suppl. petit Condorcet ; Richer angl.,
chargé suppl. petit Condorcet ; Auriac, esj). de Montpellier à Jules-
FeFry et Racine ; Duponts, angl., de Bordeaux à Lamartine et
Fénelon ; Perrenoud, angl., de Bordeaux à St-Germain-en-Laye ;
Cathelin, italien, de Grenoble à Fénelon et .Iules-Ferry. Mme Gué-
ritot, ail., de Nancy à .lules-FerrA- et St-Germain-en-Laye.
Congés : MM. Cart, ail., Henri-lV, du l" octobre 1920 au 31
mars 1921 ; Camerlynck, angl., St-Louis, du 13 juillet 1920 au 12
juillet 1921 ; Hesnard, ail., Charlemagne, du l" octobre 1920 au'
31 mars 1921.
Lycées des départen()ei)ts
Nominations : MM. Boycr, ail., de Chambéry à Amiens ; Séné-
chal, agr. ail., de l'E. P. S. de Lyon, au lycée de Chambéry ;
Marsigny, lie. es lettres (angl.) est délégué Bastia ; Dottin, agr.
angl., nommé Belfort ; Guérin, ail., du collège de Maubeuge au
lycée de Chartres ; Callais, ail., chargé suppl. Laon ; Denis, esp.,
délégué Bayonnel ; Adam, angl., maintenu délégué, Bourges ;
Berthé, italien. d'.\ix à Nice ; Paolantonacci, italien, -du collège
de Thonon au lycée de Digne ; Colomb, ail., délégué Chartres ;
Proust, ail., chargé suppl. Grenoble ; Merle, agr. angl., du collège
de Mende, nommé au lycée Lorient ; Ruche, ail., chargé suppl-,
Bastia ; Riey, angl., délégué Bordeaux ; Vaillaudet, E. P. S. de
Nancy, est délégué ail., Grenoble ; Gaubert. chargé cours d'ail.,
le Mans ; Maurice, ail., de collège Bernay, ch. de cours au Mans ;
Berthé, précédemment nommé italien, Nice, est maintenu sur sa
demande à Aix ; Mercier, arabe, nommé Alger ; ^Trey, ail., collège
St-Gaudens, est chargé suppl., Laon ; Santelli, ail., est affecté
aux établissements d'ens. second. d'Alsace et de Lorraine ; Blanc,
ancien prof, ail., Bordeaux, est affecté aux établissements d'ens.
second. d'Alsace et de Lorraine ; Guérin, ail., du collège de Mau-
beuge à Chartres ; Bescon, angl., délégué Laval ; Voize, ail.,
nommé Chartres ; Griffon, ch. de cours d'ail, de Lille à Vesoul ;
Carrouée, 1. v., collège de Thiers, chargé suppl. ail., Nevers ; Gau-
bert, ch. cours, d'ail., Belfort, nommé le Mans.
Mlles Lelarge d'Ervau, déléguée suppl. angl., lycée garçons.
Angers ; Gautray, angl., déléguée lycée garçons, Alençon ; Soyer,
angl., déléguée lycée garçons, Alençon ; Racloz, angl., déléguée
lycée de garçons, Belfort ; Bonérandi, angl., déléguée lycée gar-
120 LES LANGUKS MODICHM.S
çons. Moulins ; Gukowski, anglais, déléguée lycée garçons
St-Oraer ; Liron, angl., du lycée de garçons d'Alger à celui
de Nice ; Procureur, déléguée angl., lycée garçons, Chartres, est
chargée suppl. 1. v., Chartres ; Fabin, chargée cours lettres et
angl., Quimper ; Gouverd, angl., du collège de Bône, nommée
ch. de cours aux cours secondaires de jeunes filles, Gap ; Feytens,
déléguée angl., du lycée de garçons de Constant ine à celui de
Troyes ; Beneteau, oh. cours d'angl., du Ijcée de jeunes filles au
lycée de garçons d'Alger ; Lavertujon, ch. cours d'esp. à Bordeaux,
est déléguée maîtresse ch. cours d'esp., même lycée ; Hatoux
(licenciée es lettres anglais), déléguée lycée garçons, Cahors ;
Henriet, angl., déléguée lycée garçons, Belfort ; Estève, angl.,
déléguée Ijcée garçons. Bourg ; Domec, ail., déléguée lycée gar-
çons, Bastia ; Lapierre, angl., déléguée lycée garçons, Bastia ;
lAoux, angl., déléguée lycée gaTçons, Troyes. — Machot, angl.,
déléguée Ij'cée garçons, Bourg ; Lenoir, ail., des cours secondaires
de Belfort à Nancy ; Duman, angl., suppl., Grenoble, y est main-
tenue pendant l'année scolaire 1920-1921 ; Erhardt, ail., suppl. à
Clermont-Ferrand, y est nommée ; Roux, suppl. à Langres, y est
maintenue suppl. pour l'année scolaire 1920-1921 ; Lévj', ail., est
nommée Lons-îe-Saunier ; Regnault, ail., du collège au lycée de
(Hiarfres ; Marcourel, ail., collège d'Avignon, est nommée ch. de
cours au lycée d'Avignon ; Friedolsheim, alL, directrice adj. à
Strasbourg, est nommée prof, à Charleville ; Cru, ch. cours
d'angl., au Ij'cée Longchamp, Marseille, en congé, est autorisée à
reprendre son poste ; Deschamps, anglais, déléguée suppl., lycée
.de garçons. Bourg ; Gallois, ch. cours d'angl., Orléans, en congé,
est autorisée à reprendre son poste ; Bory, angl.,, de Lille à
.Alger ; Valeris, angl., de Niort à Bordeaux ; Leurre, angl., nom-
mée Niort ; Nazon, angl., de Caen à Bordeaux ; Chauvet, angl.,
du collège de St-Germain-en-Laye, à Caen ; Chalmel, angl., nom-
mée St-Quentin ; Boscq, angl., nommée Quimper ; Farcnc, agr.
angl., du collège au lycée de Cahors ; Fournie, angl., du collège
de Villeneuve-sur-Lot à Marseille, en suppl. ; Lunier, angl..
déléguée ch. de cours à Lons-le-Saunier ; Simon, ch. de cours
d'angl., de Tournon à Nancj' ; Dosmond, ch. de cours d'angl., de
Nancj- à Tournon ; Pomès, déléguée Jules-Ferry (Paris), est nom-
mée esp., Bordeaux ; Lafont, italien, de Bourg à Grenoble ;
Desanti, ch. de cours d'italien, en suppl. à Bourg, y garde les mê-
mes fonctions pour l'année scolaire 1920-21 ; Cézanne, italien,
du collège au lycée d'Avignon. Mmes Hanotaux, ail.. Le Havre,
en congé, est autorisée à reprendre son poste ;i Bianconi, ail.,
suppl. à Nancy, y est nommée ; Janin, angl., nommée Lille ;
Huot-Sordet, angl., du collège au lycée d'Avignon ; Dupont-Gou-
pillon, angl., du collège au lycée de Chartres ; Raniaud, ch. de
cours d'angl., déléguée lycée garçons de Versailles, est chargée
suppl. à Brest ; Michel, esp., du collège de Béziers à Montpellier ;
Moreau. angl., du collège de Laval, est déléguée lycée garçons à
Chartres; Beneteau, ch. cours d'angl., du lycée de filles au lycée
de garçons d'Alger ; Rouliès, angl., déléguée suppl. lycée gar-
çons de Cahors.
Congés : MM. Bonnet, ch. de cours d'angl., .Angers, du 1"' octobre
1920 au 31 mars 1921 ; Schmitt. ail.. .Alger. 1920-1921 ; Caminade.
angl., Alger (Mustapha), justju'au :îO septembre 1921 ; Yvon.
nngi., Caen. jusqu'au 30 septembre 1921 ; Casati, angl., Cham-
béry ; Coulel, angl., Chartres ; Touzol, ail.. Lvon : Cordier.
ail., St-Quentin ; Lote, ail., Troyes, pendant l'année scol. 1920-
1921 : Hirtz, ail.,; Poitiers ; Gillard, ail., Toulouse, jusqu'au 30
sept. 1921.
MOIVFMKNT Pf PF.HSONNEL 121
Uoiinnuuiln : MM. Mîiijaull. aiiiicii prof, il'aiiî^l.. Tours ; \x
(ial, ancien prof, d'aiigl., Koricnt.
Fointionimires dëlachés : MM. Maiiiiio. ail.. X'csoul, est mis
pour 5 ans, à dater du 1"^ octobre lO'iO, à la disposiiton de la
C.oniMiission Interalliée des territoires rhénans ; Voize, ail.,
N'endônie. est mis pour 5 ans ù Ja disposition du Comité national
d'études sociales et |)olitiqiies. 45, rue d'I'hn, Paris ; Schufle-
neclter, ail., le Mans, est mis pour 5 ans à dater du l*""^^ octobre
1!)20, à la dispositit)n du Ministre des Colonies, pour exercer les
fonctions de prof, au lycée de la Héunion ; F.ambert, ail.,
Aurillac, est mis pour 5 ans à la disposition du .Ministre des
XTaiies étrangères pour exercer les ftnictions de prof, au lycée
français de Madrid ; Uoustan, cb. de cours d'esp., .Montpellier, est
mis poui' 3 ans à la disposition du .Ministre des .AtTaires étran-
gères pour exercer les fonctions de pr«)f, au lycée français de
.Madi'id ; Buriot, ail., .Moulins, est mis pour 5 ans à la disposition
du Ministre des .Affaires étrangères |)our exercer les fonctions
de prof, à Iccole «le (>ha'teaubriand, à Home ; Lewtow. ail.,
A'csoul, mis. pour ô ans. à la disposition du Ministre des .Affaires
l'ti'angèrcs, comme prof, à l'rague ; Mauilressy, angl.. .Aix. mis
pour 5 ans à la disposition du .Ministre des (iolonies, comme prof.
St-Denis (Héunion) ; .Moulinior, angl., St-Ktienne mis pour .ô ans
à la disposition du Nfiuistre dos .Affaires étrangères comme tra-
ilucteur des radiotélégrammes de son département.
Collèges
Xoiniiuitioiis : M^^. Oberlé, cbargé provisoirement ita'ien au
lycée Gap, est nommé principal, provisoirement, .Aubusson ;
Remlinger. délégué lettres et ail.. Mortain ; Bosc, est délégué let-
tres et ail.. Fécam|) : Larroque, angl., et esp., Sarlat, nommé
angl., IJbourne : Lorenzi. répétiteur la Afure, délégué lettres et
italien, Cortc ; Letonturier, délégué lettres et angl., de Valognes
à .Autun ; Schneider, de Harr est délégué, lettres et ail.. Pontar-
lier ; Houichère. lettres et ail., de (lonfolens à Barbczieux ;
Cathaly, lettres et all„ du Blanc à (^onfolens ; Vérines, lettres et
esp.. ilélégué, Blayo ; Beynaud. lettres et ail., délégué St-Yrieix ;
(louilbers, adj. (^liarlemagne, nommé lettres et esp., Bagnères-de-
lîigorre ; Casablanca, surv. général, lycée Constantinc, délégué
lettres et italien. Bône ; Lebeau, lettres et ail., délégué Maubeuge ;
Cabanes, lettres et ail., de la Mure à St-Gaudens ; Xeyton, let-
tres et ail., de Luxeuil à la Mure ; .lauze. répétiteur, Gaillac,
délégué lettres et esp., Castelnaudary ; Bars, répétiteur Lille,
délégué lettres et angl., Dieppe ; Ferdinand, répétiteur, Lisieux.
délégué lettres et angl., Chàlons-sur-Marne ; Fournet. répétiteur
.Mauriac, délégué lettres et ail., Sillé-le-Guillaume ; Arrighi,
délégué lettres et italien, .Ajaccio ; Chelle, lettres et angl.,
d'.Agde est délégué Béziers ; Lyotard. lettres et ail., d'.Auxoune
à Tlcmcen ; Dupont, nommé lettres et angl., Meaux ; Truxillo,
délégué lycée la Guadeloupe, délégué angl.. Romorantin ; Maury-
Nègre, ch. cours d'angl., Bastia. nommé lettres et angl., Corte ;
Baudouin, inst.-adj., Nice, délégué letties et italien, Sisteron ;
Callais, en congé, délégué ail., de Bauïiie-les-Damcs à Beaune ;
Ktchegoin, délégué lettres et esp., Blaye ; Blériot. lettres et angl.,
délégué de Soissons à Calais ; Cutfi, délégué lettres et esp..
Cognac ; Pages, lettres et angl., délégué de Cassel à Condé-s.-Es-
caut ; Dayre, délégué lettres et italien, Driançon ; Berriot, prof,
au Cateau, y est nommé, lettres et ail. ; Somme, surv. d'int. au
122 LES LANGUES MODERNES
lycif. Nancy, di-lègut- lettres et aiigl.. Longvy ; Fischer, lie. ail.,
délégué lettres et aiigl., Verdun ; p-errié, répétiteur lycée Ageu,
m mille lettres et angl.. St-.Marcellin ; LalTaye, lettres et esp.,
délégué de Lodève à Béziers ; Lignières, letti'es et esp., délégué
de Pézenas à Lodève ; Humilieii, lettres et esp., de Béziers à
l'ézeiiaH i; Chabert, Lons-le-Saunier, délégué lettres et all„ Beau-
fort : Chauchard, lettres et ail., de Fécanip à Romaus ; Mahdad,
délégué lettres et arabe, Mostaganem.
.Mnies .Audouin, agr. ail., nommée sur sa demande eh. cours
de lettres à Poitiers ; Baudot, ail.. Langres, en congé, est autori-
sée à reprendre sou poste ; Michel, angl., suppl. à Grasse, r est
nommée ; Bénéteau, angl., déléguée lycée Alger, nommée cours
r^ccondaires, Philippe\ille.
Mlles Estève. angl., ex-déléguée lycée garçons, Lyon, nommée Epi-
nal ; Gerniche, angl.. d'Epinal à N'evers ; Perret, angl., ex-délé-
guée lycée garçons. Bourg, est nommée, en suppl., Epernay ; Cury,
répétitrice. Dieppe, nommée angl., Laval ; Arbenz, ex-déléguée
ail.. Sézanne. nommée lettres et alL, Dunkerque ; Tocquard. ail.,
nommée Epinal ; Mathias, ail., ex-déléguée collège garçons,
Lodève, nommée lettres et alL, Dunkerque ; Cahour, lettres et
angl., Dinan, en congé, est autorisée à reprendre son poste ;
Thieulin, angl., suppl., Dinan, nommée Coutances ; Fournies,
suppl.. lycée Longchamp, à Marseille, nommée Villeneuve-sur-
Lot ; Troude, angl., de (juimper à .Avranches ; Caron, angl., de
Pamiers à Tarbes ; Leyrisse, angl., en congé, nommée à Pamiers ;
Goisey, ch. cours d'angl., en suppl., à Dreux, y est nommée ;
Hebmann. angl.. chargée cours d'angl., aux cours secondaires de
.T. F. de Montélimar, y est nommée ; Mesplc, angl., Cholet, en
congé, est autorisée à reprendre son poste ; Welsch, ch. de cours
d'angl., à Oran, en congé, nommée Armentières ; Sibon, angl., ch.
de cours d'angl.. aux cours secondaires de Toulon, est nommée
au collège ; Denis, angl.. nommée Villeneuve-sur-Lot ; Richaud,
es]).. de Castres à Béziers ; Salembien, esp. ex-déléguée, collège
garçons. Cognac, nommée Castres ; Mme Roy, esp., inst. lycée.
Bordeaux, nommée Da.x ; Mlles Fauré, esp., nommée Castres ;
Richaud, esp., de Castres à Béziers ; Gaulle, angl., en congé,
nommée Fécanij) ; Feytens,
('oii(/és : M. Ricaud, délégué lettres et angl.. Tarascon, du 1"
octobre 1920 au 31 mars 1921 ; Mme Ijongue, ancien prof, d'angl.,
à Grasse, pendant l'année scolaire 1920-1921.
FonciioniKtircs dclachés : MM. Monbouyran, délégué lettres et
ail.. Mortain, est mis à la tlisposition du Ministre des .Affaires
étrangères pour .5 ans, i)our occuper un emploi de prof, de collège
au Maroc ; Pons, lettres et esj)., Tanger, est mis à la disposition
i\u Ministre des .Affaires étrangères i>eiulant une nouvelle périoiie
de .') ans, |)our occu|)er un emi)loi de professeur dans les cadres
àvi Protectorat français i\u ;\Iaroc..
Relniile : M. Schcvulaub, alL, Brioude.
Ecoles PriiT)aire5 Supérieures
\oiinniitions : M.M. .Laurent, inst. à Paris, nommé lettres eL
angl., .Amiens ; Leroy, inst. à ('.(uirgains (Sarthe), clélégué ))en-
dant l'année scolaire 1920-1921. inst. adj. (lettres et angl.\ à Sée.s ;
Charpentier, inst. f» Charle\ille. délégué pendant l'année scolaire
192(I-I92L inst. adj. (lettres et alLi," .'i Rethel ; Barrey, inst. h
Luxeiiil. \ est délégfié pendant l'année scolaire 1920-192!. inst.
adj. (lettres cl ail.).
MOI vi.mi:m 1)1 pi.us()nm:i. 12;>
.MiiK's I.c .M;iij{ic. cil i-oiigc, iiommoc tantiJ.i (liiinjiJinil) ; Croii-
sjilac, cx-intciiinitirc à l'K. N. (rinslitutciirs de Tulle, déléguée
l-eiidant raiiuée scolaire 192(»-H»2l, inst. adj. (lettres et angl.),
à Tulle ; Mlles Houvcl. niaîlicssc aux., Aix-eu-Provcuce, est dclé-
};uée i)eudant raniiée scolaire 1ÎI'J<»-1!)21, inst. adJ. (lettres et angl.),
;. iAi.n rf 11 : .f ti -wi • l.*.*!! : 1 1 •! f •! /I i •*> I i 1 /' iiixi 11 11 i^titi 111 /wt f fi 11 tri \ Ù
-<11>-
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris Vir, à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
(le GO lettres. Pour les n^embres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à 0 fr.50 la ligne.
1. Le Collège de \'aiognes (près de Cherbourg) reçoit élèves français
et anglais. Climat doux et sain. Vastes locaux, jardins, à proximité de
la mer, sur la grande ligne Paris-Cherbourg. Préparation aux divers
examens. Ecrire au Principal, .M. P. Denis, Agrégé de l'Université.
2. Correspondance Interscolaire : Les professeurs d'anglais dési-
reux de procurer à leurs élèves (garçons on filles) des correspondants
(le langue anglaise sont priés de s'adresser au plus tôt à Miss Slieehan-
Dare, Alexandre Ilouse Scliool, Hatpeld, IJerts., qui se fera un plaisir
de leur donner satisfaction.
->o<-
Lc Gcranl : A. Coueslant.
cvHORS, IMP. COUESLANT (persoîmel intéressé). — 23.787
\
LIBRAIRIE CHAPELOT
136, Boulevard Saint-Germain^ PARIS, Vi' (même Maison à Hansy)
Vient de paraître :
RECUEIL
DE
Documents Militaires
Allemands
DE LA
GRANDE GUERRE
1914 - 1918
Publiés pour la première lois
avec rautorisation du Grand Quartier Généra!
A l'usage des Ecoles Militaires et Etablissements Secondaires
des Officiers, des Interprètes et Aspirants de toutes armes
Par lOfficier-Interprète GRIFFON
Professeur à l'Ecole Sf-é^i^iU Mililaiie de Saint-dyi et au Lycce Je Lille
Accompagnés d'Introductions et de Commentaires tactiques
Par le Commandant breveté MÉRA
Je il-ltat-Majoi Je l'Armée
Préface du Général DE MAUD'HUY
Ouvrage pourvu d'un LEXIQLJK ALLEMAND-FRANÇAIS des termes milit;iire6l
et de nombreux CROQUIS et CARTES D'ETAT-iMAJOR
rgio. — I vol. in-S". Prix, m;ijoralion comprise 12 îr.
Dix-neuvième année. — N* 2 i5 Avril 1921
Les
Langues Modernes
A.^%rîssi IrÈrkt^OT'ta.rxt
Le Secri'laire Gênerai (H. Skuvajican, professeur au lycée
St-Louis, 132, avenue du Maine, XIV'.i et In Trcsnrière prient
instamment leurs collègues de leur signaler leurs changements
(l'adresse (indiquer autant que possible le domicile personnel».
ou, s'il y a lieu, de situation, non seulement afin d'éviter la perle
de la renne, mais aussi en vue d'établir l'Annuaire de rAssocia-
tion pmir 1921.
La Trésoricre (Mlle Ledoux, 30, R. Chevcrt, Paris T') rappelle
aux membres de rAs.'>ociation qu'un compte-courant de chèques
l)Ostau.v lui est ouvert sous le n" 151-11 par le bureau de l'aris.
Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant de
leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à titre de
reçu le talon du chèque ; un Iraimil considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
Les Régionales de Bordeaux, Poitiers, Lille, Aix-Marseille,
Lyon, Clermont-Ferrand, Nancy, Toulouse sont reconstituées.
Les membres de l'.Association qui sont du ressort de cbacune de
ces académies, sont priés de bien vouloir envoyer directement
leurs cotisations à leurs trésoriers respectifs, dont la liste est la
^:uivante :
Poitiers : AL Guy, 15, rue de la Monnaie ;
Aix-A[arseille : M. Broche, Grand Lycée, Marseille ;
Lyon : M. Legovis, 43, rue de Sèze ;
Clermont-Ferrand : M. Botyssy, Ecole supérieure de commerce;
Bordeaux : M. Rivoallax, 76, rue de Belleville ;
Toulouse : M. Giiaxcer, 7, rue du Japon ;
Nancy : M. Petit, professeur à l'E. P. S.
Lille : JL Brocart, professeur à l'E. P. S.
L'ai)onnemcnt à Modem Languages est désormais de 6 shil-
lings.
Les membres de l'Association abonnés à la Revue Germanique
sont informés que le prix de l'abonnement de faveur qui leur est
consenti est porté, à partir du V janvier 1921, à seize francs.
Ils sont priés de verser cette somme, en même temps que leur
cotisation pour 1921, à Mlle Ledoux, trésorière de l'Association.
Ceux qui n'ont pas encore payé leur abonnement pour 1914 ou
1920 voudront bien le faire par la même occasion. Ils sont ins-
tamment priés d'elTectuer ces divers paiements dès maintenant.
A ))artir du 15 mai, les abonnements à la Repue Germanique et
les cotisations en retard seront jicrçus par la poste au nom
de la trésrjricre de l'Association des Professeurs d« langues
vivantes.
10.
Note du Secrétaire Général
Le Secrétaire Général assume la responsabilité de ce nu-
méro, qu'il a dû rédiger, à la place de M. d'Hangcst, à qui les
travaux de plus en plus absorbants de la Société des Nations
ont malheureusement rendu toute collaboration impossible.
->o<-
Au Champ d'Honneur
Légion d'\)Oi)t)eur. — Citations
Nous adressons nos bien sincères félicitations à nos collè-
gues, dont les noms suivent, pour leur nomination dans
l'ordre de la Légion d'Honneur :
MM.
Beleii, professeur au lycée St-Louis, interprèle de 1'" classe,
27 ans de service, 4 campagnes, déjà titulaire de la citation
suivante :
(( Très dévoué, a interrogé avec la plus grande conqjétence
les jjrisonniers allemands et a fourni dei)uis le début de la
campagne les renseignements les plus précieux au comman-
dement (()7'' l>ivision). »
Bloch (Ernest-Henri), professeur d'allemand au lycée Jan-
son-de-Sailly, à Paris, officier-interprète de 1'" classe, corps
des interi)rètes militaires de complément ; 29 ans <le services,
4 campagnes.
Le Forestier, professeur à l'Ecole Arago, engagé volontaire,
au début de la guerre, ainsi que son fils.
Marchand, professeur à l'Ecole Arago, oflicier-interprèle.
Pinloclie, ])rofesscur au lycée Michelet.
Nous enregistrons avec plaisir la citation de notre collègue
Dancliin :
Dauchin (Fernand, Cbarles. Cieorges), professeur d'anglais
au lycée Faidiierbe. à Lille, sous-lieufenant au 41'' régiment
d'infanferie :
NKCIiOI.OCIK 127
« Modèle (le dévoilement et de conscience ; a, depuis plus
d'un an, i)a\ é largement de sa personne dans des circonstan-
ces difliciles et des secteurs violemment bombardés, pour
assurer l'exécution de son service spécial d'officier Z. P. du
corps. » (Ordre du régiment. — Rapi)ort du Recteur de
l'Académie de Lille du 10 février 1921).
NÉCROLOGIE
Paul Dussaud
Le 31 janvier dernier, nous avons accompagné à sa dernière
demeure notre collègue Paul Dussaud, professeur d'allemand
au Lycée de Clermont-Ferrand. C'est une perte douloureuse
que fait notre Association. Dès la fondation de la Section
Régionale des Professeurs de langues vivantes de l'Académie
de Clermont, Dussaud n'avait mesuré ni son temps, ni sa
peine pour assurer la prospérité de cette filiale de notre Fédé-
ration, aussi sa mort fait-elle un grand vide parmi nous.
Eminemment sympathique, Paul Dussaud ne comptait que
des amis. Jamais personne n'avait en vain fait ajjpel à son
dévouement. Lorsque la guerre éclata et que le Lycée de
Clermont perdit ses professeurs les plus jeunes, Dussaud,
classé dans le service auxiliaire, se mit à la disposition de
l'administration pour assurer les services qui restaient en
soufïrance. C'est ainsi qu'il fut appelé à enseigner en même
temps que l'allemand, le latin, le français, l'histoire et la
géographie. C'était une rude tâche ; Dussaud l'accomplit
avec toute son intelligence et tout son coeur. Mais la guerre
se prolongeant, Dussaud fut mobilisé d'abord au IIP d'in-
fanterie, puis au contrôle lîostal à Lyon. Rendu au Ljxée en
1917, Dussaud reprit ses enseignements multiples. Mais les
services du temps de guerre, tant civils que militaires, avaient
déjà considérablement fatigué notre collègue. Il lui aurait
fallu du repos. Cependant ni les sollicitations de son entou-
rage, ni celles de ses amis n'avaient pu l'arracher à ses clas-
ses. Honmie du devoir, il luttait jusqu'au bout. Mais que de
fois, pendant les récréations d'interclasse, nous avons échan-
gé nos impressions sur les fatigues que la Méthode directe
128 LES LANGUES MODERNES
impose au professeur, que de fois nous avons fait des vœux
pour que les classes de langues vivantes soient moins nom-
breuses et n'aient lieu que le matin. Une après-midi de no-
vembre dernier, pendant la courte récréation qui précéda sa
dernière classe, Dussaud m'avouait sa grande fatigue et il
se jDroposait d'aller voir un médecin le soir même. Le prati-
cien reconnut immédiatement la gravité de son état et lui
ordonna un repos absolu. Hélas ! il était trop tard. Deux
mois après, la mort avait fait son œuvre.
Près de la tombe de Dussaud qu'entourait une fouie éplo-
rée d'amis, de professeurs et d'élèves, M. Toiireng, Inspecteur
d'Académie, remplaçant le Recteur absent, a retracé, en ter-
mes émus, les états de service de notre collègue, puis il a
ajouté :
« Les vacances de 1920 avaient été impuissantes à rétablir
sa .santé compromise et cependant, à la rentrée d'octobre, il
voulut encore, et quand même, reprendre le contact avec ses
élèves. Cette fois, pourtant, malgré la force de volonté, le
corps plia, la voix s'éteignit. L'arrêt s'imposa, immédiat. Le
cas fut jugé exceptionnellement grave. Les soins éclairés des
praticiens, la tendre sollicitude de sa compagne n'ont pu
rendre à son organisme les forces qu'il avait données dans
leur totalité à l'enseignement devenu pour lui un apostolat.
Une telle mort est celle d'un vrai soldat dans les batailles
de la paix. »
.1. ('H.VI'LLXT.
I
1
BULLETIN DE L'AS80CiATiOl\
Assemblée Générale du 6 Janvier 1921 (Suite)
Nous nous exciisdiis niiprès de nos collègues de ne pouvoir
publier que dans ce numéro la suite des procés-verhaux des
séances i\u 6 et du 13 janvier 1921. (le retard est dû à une erreur
de la poste dans la transmission des manucrits.
Elections au Con)lté
l.e dépoiiillemeiit di\ scrutin pour lequel MM. (i. liiitz, Milliot-
Madéran et Veillet-Lavalléc avaient bien voulu se Joindre â
M. Blocli a eu lieu aussitôt après l'Assemblée générale.
l*;n \()ici les résultats :
N'ombre de votants : 144. — Bulletins nuls : i;{ (1;. — Oui
ol)lenu.
Lycées (h' (itirrons
.MM. Servajeaii 112 voix, Heley 110 v., Demolon 8.") v., Gœttschy
(il V., Lalou 62 v., Saroïhondy 77 v.
Enseignenient seconddire féminin
Mlles Boussinesq 100 voix. Maître 83 v., Weill 91 v.
Collèges (le gurçons
M.M. Caillet 100 voix, Hirtz Georges 97 v.
Enseignement primdire, commercial et lechni<iiic
MM. Ik'c 111 voix, (ioiquaud 72 v., Kiihn 69 v.
D'autre part, ont obtenu : M. Gourio 23 voix, M. Camerlynck
20 voix, M. Pierre Legouis 4 voix, M. Dupré 3 voix. Mlle Bigoudot,
Mme Camerlynck, Mme Douad\-, Mlle Mathieu, chacune 2 voix ;
MM. Becker, Berthet, Bourgogne, Burghardt, Dessagnes, Desvi-
gnes, Dibie, Duchemin, Gilet, Guérold, G. Hirtz, Malaisée, Mallet,
Malye, Mlle Michel-Briand, MM. Monguillou, Muret, Paoli, Ravizé,
Roche, Roussel, SchaefTcr, Vincent, Veillet-Lavallée, chacun
1 voix.
Par application de l'article 9 des statuts et du règlement
0) Gts bulletins qui contenaient plus de 12 noms ont dû être
annulés. D'autre part, un bulletin arrivé le 7 janvier n'est pas
entré en ligne de compte.
130 LES LANGUES MODERNES
adopté par le Comité dans s:i sôimce du 29 octobre 1911 ont été
élus :
Lycées Oe yarçons : MM. S(.rv;ijcaii, Bclcv, Dcmoloii, Gœttsdiy,
Saroïhandy.
Enseignement secondaire féminin : Mlles Boussinesq et Weill.
Collèges de garçons : MM. Caillet et Hirtz.
Enseignement primttirc ommercinl et technique : MM. Bec,
C'oiquaiid, Kiihn.
Nous rappelons que les membres du Comité élus en 1919 sont :
.MM. Henri Bloch, Bellec, Duvcrgé, Guillottel, Jamin, Koszul,
Leeigne, Mlle Latappy, M. Léon Mis, Mlle Weiller.
M. Kiihn est élu en remplacement de M. .lamin démissionnaire
et son mandat expirera le 31 décembre 1921.
Ccu.x élus en 1920 : M. Boussagol, Mlle Brunel, M.M. Carillon,
Chemin, Goy, G. d'Hangest, Mlle Ledoux, M.M. Martin, Montaubric,
Pinlochc. Veillet-Lavallée.
Délégué de l<i Régionale de Lyon : M. H. Ser\ajean.
Délégué de la Régionale de Poitiers : M. Gaston Hirtz.
Délégués de la Régionale de Xancy : MM. Varennc. Servajean.
Séance du Comité du 13 janvier 1921 (SuiU)
A 3 h., au parloir du lycée Montaigne, sous la présidence de
.1/. Veillet-Lavallée, président de l'Association.
Etaient présents : MM. Bec, Belley, Bloch, Mlle Boussinesq,
MM. Caillet, Chemin. Duvtrgé, Gœttschy, Goy, Gaston Hirtz,
Georges Hirtz, .Mlle Ledoux, M. Servajean.
Excusés : Mlle Brunel, M.M. Carillon, Coiquaud, Kiihn, Pinloche,
Mlle Weill.
M. Fiancés, délégué au Conseil supérieur de l'Instruction |)ubli-
que, et M. Delobel, faisant ])artie de la série sortante du Comitv
assistaient à la séance.
Le Président ouvre la séance en souhaitant la bienvenue aux
nouveaux élus, il exprime l'espoir qu'avec leur concours le Comité
fera de bonne et utile besogne. M. Bloch donne les résultats des
élections au Comité, il lit ensuite le procès-verbal de la séance
du 18 novembre, qui est adopté. Il demande que le Comité veuille
bien donner mandai à M. Delobel, de le représenter à la Commis-
sion de réformes des programmes de la Fédération. Par ses tra-
vaux antérieurs, et sa compétence connue de tons, M. Delobel
est tout désigné pour nous représenter, et (pioiqu'il ne soit plus
membre du Comité, il est extrêmement désirable qu'il puisse
continuer à nous donner son concours.
La proposition de M. Bloch csl adoptée à runanimité.
f
BULLETIN DE L ASSOCIATION 131
La séance est MispciKiiif pendant un (jnait (l'iicurt- pour rilcc-
tion du IJuieau.
A la reprise de la séance, M. Hloeli prcrelanie le résultai de
l'élection.
Votants : U
l'résideni : M. Veiilet-!,a\ allée, 13 voix.
Vice-I'rcsideiUs ; M. Bloch, 12 voix ; M. Saroïhandy. Il voix.
Secrétaire (jénérdl : M. Servajcan, 13 voix.
Hédacleiir du Hulletiu : M. d'Hangest, 11 voix.
Trésoricre : Mlle Lcdoux, 13 voix.
Tràsorirre-dd jointe : Mlle Boussines(|, 12 voix.
Archiviste : Mlle Uiunel, 13 voix.
Sont donc élus :
Président : M. Veillet-Lavallkk.
Vice-Présidents : M. Bloch, professeur d'allemand au lycée
Hoche, en remplacement de M. Cart, qui faisait partie de la série
sortante du (loniité, et avait décliné toute candidature, et
.M. Samoïhanuv, professeur d'espagnol au lycée St-Louis, en rem-
jjlacement de M. Boussagol (nommé maître de conférences à la
l'acuité des Lettres de Toulouse».
Secrétaire général : M. Sehvajean, professeur au lycée St-Louis.
Rédacteur du Bulletin : M. d'Hangest, professeur au lycée Coii-
liorcct.
Trésorière : Mlle Leuoix. professeur au lycée Victor-Diiruy.
Trésorière-adjoinle : Mlle BoissiSEsg, i)rofesseur au lycée Vic-
tor-Duruy.
Archiviste : Mlle Bulnel, professeur au lycée Fénelon.
AL Vcillet-Lavallée remercie ses collègues de la marque de
confiance qu'ils viennent de lui donner à nouveau ; il fera son
possible pour justifier cette confiance, malgré ses occupations
très absorbantes et très fatiguantes.
Assemblée Générale du 17 Février 1921
L'ue nouvelle Assemblée générale de notre Association a eu lieu
le jeudi 17 février à 2 h. 1/2, au lycée Louis-le-Grand, sous la
Présidence de AL Ch. Veillet-Lavallée, président de l'Association.
Xos trois Inspecteurs généraux ; .MM. Legouis. Hauvette, Caza-
mian, Huchon, avaient bien voulu se rendre à l'invitation du
Bureau. .
Le Président déclare la séance ouverte, et prononce l'allocu-
tion salivante :
Mes chers collègues, je tiens tout d'abord, en ouvrant la séance,
à. présenter nos remerciements respectueux à nos chefs qui ont
bien voulu venir nous apporter aujourd'hui leur concours, et le
réconfort de leur présence.
132 LES LANGUES MODERNES
J'ai quelques excuses à vous présenter ; celles de M. iMartincn-
che. qui a été obligé de partir et s'excuse de ne pouvoir venir ; il
aurait tenu cependant à assister à la réunion pour nous dire son
sentiment sur des projets qui risquent d'atteindre plus spécia-
lement l'enseignement des langues méridionales. J'ai aussi une
lettre de M. Legouis, qui compte venir un peu plus tard. Les
excuses de M. Monguillon : « Je regrette, dit-il, d'autant plus de
ne pas pouvoir venir que j'aurais vivement désiré remercier le
Président et le Bureau de tout ce qu'ils ont fait pour la cause
des langues vivantes dans l'enseignement primaire. » Enfin, des
excuses de M. Gœtschj-.
Mes chers collègues, avant d'aborder le but précis de la réunion
d'aujourd'hui, c'est-à-dire la réponse que nous devons faire au
questionnaire préparé par la Fédération Nationale des Profes-
seurs de lycées, je vais tout d'abord donner la parole à M. l'Ins-
pecteur général Hovelaquc, qui a une déclaration à nous faire.
M. l'Inspecleur général Hovelaqiie. — Mes chers Collègues, ce
n'est pas une " déclaration » que je vous apporte, mais simple-
n-.ent l'explication de ma longue absence — carence serait peut-
être un mot plus exact — et quelques considérations sur la situa-
tion présente de notre enseignement. Mais tout d'abord, je veux
remercier M. le Président et le Bureau, d'avoir bien voulu m'ac-
coi'der la parole avant ce débat, et vous dire nettement que ni
moi ni mes collègues, nous ne sommes venus pour y prendre part.
Nous avons tenu à y assister : nous l'écouterons avec intérêt,
comme toute discussion où il est question d'enseignement. Mais
vous comprendrez que notre situation nous impose une certaine
discrétion, et vous ne nous en voudrez pas de rester simplement
des auditeurs.
Personnellement, rien ne pouvait d'ailleurs m'être plus agréa-
ble que toute occasion de reprendre contact avec vous. Si je ne
l'ai pas fait plus tôt, c'est que cela m'a été impossible. Et c'est
l?.-dessus que je voudrais d'abord vous donner quelques bi'cves
explications.
Vous savez d'ailleurs déjà en gros, pourquoi pendant la guerre
je n'ai pu vous voir que d'une manière très intermittente : c'est
que d'autres devoirs m'ont été imposés. Je voudrais vous en
exposer sommairement le détail assez complexe : vous verrez
ainsi à quel point, ils ont été absorbants et ont nécessairement
diminué nos rapports. Dès le commencement de 1915, on m'a
brusquement rappelé d'une tournée d'inspection générale pour
me charger d'une première inission aux Etats-Unis. Mon absejice
a duré pi'ès de six mois, pendant lesquels j'ai dû non seulement
inaugurer, pour le Ministère, le Pavillon de la Culture Française
à l'Exposition de San Francisco, mais faire un peu partout des
Conférences et parcourir la majorité des Etats de l'Union, afin
de me renseigner sur Tétat de l'opinion publique américaine.
Le surmenage que j'ai subi nlors, ju'a valu une très grave mala-
die, qui m'a retenu quelque temps à l'hôpital de San-Francisco.
A peine remis, j'ai publié à la <■ Revue de Paris » des articles
destinés à expliquer ici raltitude des Etats-Unis vis-à-vis
lU'I.I r.TIN I)F. l/.\SSOr,lATION 133
de In gui-rii-, tl aux Aiiiéiicaiiis la siUialiun ilc la Iraiicc. A
la suite (k' ces articles, j'ai été chargé au commencement de 191G
d'organiser notre propagande aux Etats-Unis. Quiconque connaît
l'étrange conception que l'on s'est faite chez nous de la propa-
};ande peut facilement s'imaginer que cette mission n'était pas une
sinécure. Mais personne, sauf moi, ne sait à quels obstacles je
nie suis heurté, quelle activité obstinée j'ai dû déployer, et quel-
les inutiles fatigues m'ont été imposées. Puis, en avril 1917, j'ai
été appelé à accompagner, comme conseiller général, la mission
Viviani-.IofTre, aux Etats-Unis ; j'ai vécu toutes les émotions de
cette tournée triomphale, plus épuisantes encore peut-être que
le tra^•ail écrasant que je de\ais fournir la nuit comme le jour.
Le départ de la mission ne m'a pas apporté de soulagement :
j'ai dû rester plus d'un mois encore pour liquider la situation
et accomplir une autre mission dont j'étais chargé ; et, à peine
rentré, on m'a envoyé en -Angleterre avec Af. Legouis déposer
devant la grande Commission chargée d'élaborer la réforme de
l'Enseignement primaire secondaire et supérieur. Et enfin, dès
le commencement de 1918, le bureau de propagande du " War
Office 11 m'a demande de faire en Angleterre, dans les principaux
centres industriels, des conférences en anglais sur « l'Eflort de
la France » et sur la « Question d'Alsace-Lorraine ». Le moment
était critique, vous le savez. C'était en février-mars 1918 : une
violente propagande dans les journaux socialistes et les milieux
ouvriers affirmait que seules les ambitions impérialistes de
la France décidée à ravoir à tout prix l'AIsace-Lorraine prolon-
geaient la boucherie et empêchaient la paix. Des brochures de
M-M. Morel, d'autres chefs socialistes, membres du Parlement,
soutenaient que ces provinces appartenaient légitimement à l'.Al-
lemagne, et qu'il serait monstrueux de verser le sang d'un seul
soldat anglais pour les rendre à la France : que le devoir des
ouvriers était, par le refus du travail, de mettre fin à une guerre
criminelle. Je ne pouvais pas ne pas accepter pareille mission, si
peu efficaces que pussent être mes cff"orts. J'ai donc, pendant si.x
semaines, au moment des plus fortes restrictions — ni les trains
ni les hôtels n'étaient chauffés et la nourriture était partout
insuffisante — parcouru la Grande-Bretagne, de Birmingham
à Glasgow, d'Edimbourg à Newcastlc, à Huddersfield, à Coventry,
à Londres, partout, parlant parfois deux fois par jour, devant
les auditoires les plus divers, après de longues heures passées
dans des trains glacés — et je suis rentré à Paris dans un état
d'épuisement complet pour y subir de nouvelles émotions, de
nouvelles fatigues dont je ne vous parle pas. Et enfin, après une
tournée en Alsace-Lorraine et en Allemagne annexée en 1919, je
me suis définitivement écroulé. Ma santé minée par d'incessantes
fatigues, un labeur forcené, était si profondément ébranlée
que j'ai dû cesser tout travail. Et alors il m'est arrivé un
malheur pire que tous les autres : je suis tombé entre les mains
de la Faculté qui, rapidement, m'a mis à deux doigts de la mort.
Ce n'est qu'à la longue que l'on a découvert ce que l'on croyait
être la véritable cause de mon état, une très profonde intoxica-
tion générale causée par le foie en même temps qu'un épuise-
134 LES LANGUES MODERNES
ment nerveux total. Une cholécystite grave s'est déclarée, et
pendant trois mois, égayés de deux jaunisses et de coliques
hépatiques, j'ai dû garder le lit et me nourrir uniquement de lait.
Ce n'est pas dans de telles conditions que l'on inspecte ou que
l'on préside des jurys d'agrégation ni des Commissions. J'a.i
cependant tenu, au plus fort de ma maladie, à présider la Ses-
sion spéciale de l'Agrégation en octobre 1919, et la Commission
des langues vivantes instituée pour discuter votre référendum et
proposer des modifications aux examens du baccalauréat. Ces
efforts ont achevé ma déconfiture ; et en décembre on m'a déclaré
que seul un long voyage en mer, et le repos absolu, pourraient
me rendre la santé. J'ai demandé un congé et je suis parti en
janvier 1920 à la recherche de l'amélioration promise. Je suis
rentré en septembre 1920 un peu plus mal en point qu'au départ,
un peu plus sceptique sur la science médicale. Et c'est alors
seulement qu'un dernier médecin — le bon enfin ! — a découvert
une nouvelle cause de tous mes maux, la dernière et la bonne
j'espère ! et m'a imposé un traitement épuisant, mais qui sem-
ble enfin devoir être efficace.
Je m'excuse, mes chers collègues, de vous parler si longue-
ment de moi. Mais j'ai cru devoir vous fournir ces explications
afin de dissiper certaines légendes et parce que vous avez le
droit de saxoir pourquoi j'ai semblé avoir si longtemps négligé
mes devoirs envers vous, qui me sont chers, et que je retrouve
enfin, définitivement j'espère, avec joie. Et d'autre part, en appre-
nant avec quelque détail les raisons de mes absences, vous
reconnaîtrez, je pense, que je n'ai pas cessé de servir notre cause,
et que je n'ai fait que remplir autrement notre fonction à tous,
qui est de servir d'interprètes entre noti'e pays et l'étranger ;
et que dans les circonstances où nous nous sommes trouvés,
mon premier devoir était peut-être celui que j'ai accompli
aux dépens de mon devoir envers vous. Votre indulgence m'est,
je l'espère, acquise. Vous n'aurez plus besoin à l'avenir de
l'exercer ; et je compte, dans la mesure du possible, rattraper le
temps perdu.
Quelques mots maintenant au sujet de la seule chose qui
importe, la répercussion sur notre discipline de cette apparent
abandon de mon devoir, et au sujet de la situation de notre
enseignement telle que je la trouve en reprenant contact avec
vous.
Et d'abord, je voudrais brièvement m'expliquer sur cette
fameuse Commission du baccalauréat et les décisions du Conseil
supérieur. Bien des choses restent encore obscures pour moi en
dépit — ou à cause — de toutes les explications, fort variées
d'ailleurs, que j'ai recueillies. Aux conclusions de mon rapport,
qui étaient celles de la Commission tout entière, et que je n'étais
hélas ! ])lus là pour défendre, s'est substituée une note destinée à
leur donner pour la Section Permanente la forme d'un projet 1
])récis : un mot, thème d'imitation, que nous n'avions examiné "{
que pour l'écai'ler, semble alors, par suite de je ne sais quel
malentendu, avoir pris une importance injustifiée; on semble
avoir cru (]i\v le persoinul tout entier le réclamait^ comme
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 135
iprtMivt' au baccalauréat. Kl au (loiisi-il supérieur, poiif c\iti'r.
cruyail-oii. radoplion du thème pur et simple, demandé par quel-
ques membres, ou a fait voter le texte adopte dans mon absence
à la Section Permanente, et que, présent, j'aurais combattu de
foutes mes forces. Or, j'estime que cette décision du (Conseil su-
périeur, contraire aux conclusions de la Commission, non seule-
ment ne répond pas aux vœux du |K'rsonnel, mais constitue une
atteinte directe à la méthode dont nous sommes partisans. Kt
pour des raisons que je vous dirai tout à l'heure, j'estime que
cette méthode et notre enseignement sont solidaires, et que quand
on attaque l'une on ébranle l'autre.
Kntendons-nous bien : Contre le thème d'imitation lui-même
je n'ai aucune prévention. Nous avons toujours préconisé cet exer-
cice excellent : il figure dans nos instructions de 1902 et l'on a
raison de le pratiquer. Mais comme épreuve d'examen, il présente
des inconvénients multiples, dont j'ai pu, comme mes collègues,
dans de récentes Inspections constater la gravité. Très vite, il
cesse d'être un véritable thème d'imitation : il mène insidieuse-
ment à l'abandon des principes de notre méthode ; il dégénère en
thème pur et simple, et tend à devenir l'exercice essentiel dans
les classes d'examen. Par là, il ébranle toute la méthode que
vous suivez : il devient un moyen d'acquisition de la langue, ce
qu'il ne saurait être, au lieu de rester un simple moyen de con-
trôle ; au lieu de rester cantonné dans ces classes, il s'infiltre
1H.'U à peu dans les classes inférieures ; et j'ai trouvé, même
dans des classes de, S", le thème pur et simple, pratiqué comme
aux temps antiques. Dans ce retour apparent au thème et aux
méthodes anciennes, il y a de quoi réjouir le cœur de nos adver-
saires qui crient à la faillite de nos méthodes, détestées par eux.
parce qu'ils ne les connaissent et ne les comprennent pas, et
auxquelles ils attribueJit toutes les insuffisances qu'ils constatent
dans leurs classes et dont, naturellement, ils rejettent sur d'au-
tres toute la responsabilité.
Et puisque j'ai parlé d'« adversaires », je voudrais tout de
suite m'expliquer à ce sujet. Je ne suis ni un pessimiste, ni un
alarmiste. Mais je ne crois pas exagérer en disant que notre
enseignement est, en effet, en butte à une hostilité certaine, dont
l'aggravation récente se manifeste par de nombreux symptômes.
Je n'en veux d'autre exemple que ce qui se passe dans l'ensei-
gnement primaire, où je constate une diminution progressive
indéniable de la situation des langues vivantes. Or, de même que
la méthode et notre enseignement me paraissent solidaires, ce
qui se passe dans l'enseignement primaire nous intéresse au pre-
mier chef ; et toute diminution de notre enseignement, où
qu'elle se produise, nous atteint tous.
Autrefois, les langues vivantes, dans le corps des Inspecteurs
généraux primaires avaient un représentant en titre, M. Josse.
A sa mort, il n'a pas été remplace. ;\I. Guillaume fut, sans doute,
plus tard, nommé Inspecteur général de l'Enseignement i)rimaire,
mais au nxème titre que ses collègues, et bien qu'il fût spécia-
liste, l'Inspection Générale des langues vivantes n'était qu'une
partie de sa charge. Et lorsqu'enfin, il fut nommé dans l'ensei-
136 LES LANGl'F.S MODERNES
giK'meiit .secondaire, s'il fut toujours prié de voir aussi cet
enscignenient dans le primaire, le temps qu'il pouvait y consa-
crer devint forcément encore plus minime : les intérêts du per-
sonnel n'étaient plus défendus au Comité et toute direction
efïii-acc avait disparu. Et enfin, lorsque notre pauvre collègue
eut succombé aux fatigues excessives qu-e sa grande conscience
lui imposait, notre enseignement cessa d'avoir aucun représen-
tant à ce Comité. Or, cet évanouissement graduel d'un Inspec-
teur général me semhle être le symbole de ce qui se passe dans
l'Enseignement primaire ; une diminution progressive de la
situation des langues vivantes s'y révèle. C'est ainsi qu'il a été
question de rendre cet enseignement facultatif, sous prétexte de
le renforcer, et dans l'intérêt même, disait-on, des langues vivan-
tes. Nous savons ce que cela veut dire : et pareille bienveillance
nie parait mortelle. Et de même, à la dernière séance du Conseil
supérieur on a tenté de supprimer l'épreuve écrite de langues
vivantes au Brevet supérieur ; et si nous avons pu, mon collègue
M. Hautes et moi, en obtenir péniblement le rétablissement, ce
fut au prix d'une diminution du coefficient de l'épreuve.
Cette situation est grave parce qu'elle est symptomatique d'uu
état général. Une hostilité non moindre se révèle dans l'En-
seignement secondaire et sous les formes les plus variées. Les
défenseurs des humanités « pures » — les nôtres sont " impures >.
sans doute — voudraient par une singulière contradiction, ren-
dre notre enseignement ou purement utilitaire et lui défendre
loute ambition plus haute, ou s'il doit rester un enseignement de
culture, en faire je ne sais quelle discipline morte à l'imitation
du latin. C'est à la méthode Berlitz ou à la méthode des latinis-
tes férus du thème, des règles de grammaire apprises par cœur,
du mot à mot, de toutes les antiques routines périmées, que
l'on voudrait ramener notre enseignement vivant et varié, et
qui prétend qu'il n'y a pas de vraie culture sans la possession
effective de la langue, et qu'il est possible d'atteindre en même
temps l'une et l'autre.
Mon Dieu ! je comprends fort bien cette hostilité de nos col-
lègues épris d'humanisme. Elle a une solide base d'ignorance. Ils
ne savent rien de ce qui se passe dans vos classes : combien de
j)rofcsseurs de 6% de 3-, de 1" y ont jamais mis les pieds? Ils
ignorent tout de nos méthodes qu'ils condamnent à priori. Ils
sont très sincèrement convaincus que nous semons le désordre
dans l'esprit des élèves, que nous sommes des maîtres d'imiiré-
cision, que notre enseignement purement empirique et utilitaire
va au hasard, qu'il ne peut rien pour la formation de l'espril.
qu'il faudrait par conséquent revenir aux habitudes qui assu-
raient des correspondances entre renseignement si parfait du
latin et celui des langues vivantes, et «ne forte unité entre les
disciplines. Pour eux, noiis sommes le ])elé, le tondu d'où vient
tout le mal. C'est nous <|ui sommes res|)onsables de tous les
péchés d'Israël, et notamment de cette >■ crise du fran(,ais » dont
on a d'ailleurs raison de s'alarmer, et dont quehiues-uns de nos
adversaires nous fournissent d'ailleurs dans leurs attaques d'éda-
lants exenqiles.
HUIJ.lVriN 1)1. l,'.\SSO(.IMl()\ liiT
Kl puisque j'ai prononce ce mot fatidique, je voudrais exami-
ner raj)ideniejit avec vous les causes réelles de cette « crise »
(|ue l'on nous attribue, bien à tort. .le crois que noire premier
elîort doit tendre à convaincre nos collègues de la vanité
de leurs superstitions et de l'inanilé de leurs accustitious
contre nos méthodes ; que nous devons par tous les
moyens ijous efTorcer d'éclairer pour eux, pour l'opinion publi-
que, toutes ces questions, et qu'il n'y a pas de meilleur moyen
(le nous défendre que d'y porter la lumière. Or, je constate que
cette crise de la langue maternelle est générale, et que la France
Ji'en a pas le monopole. Elle doit donc tenir à des causes géné-
rales et non particulières, et noti-e enseignement n'y est pour rien,
.le me rappelle, qu'avant la guerre, M. Lavisse m'a remis une
lellre qu'il avait reçue d'un savant allemand qui se lamentait
avec minutie sur la <i cri.se de l'allemand », et déclarait que l'on
)ie savait plus rédiger un rapport en allemand, ni même une let-
tre convenablement. Il attribuait, lui aussi, cette crise à l'aban-
don du latin et aux langues vivantes : pareilles doléances abon-
dent en Angleterre, aux Etats-Unis, partout ; je les ai recueillies
;ui .lapon même ■ — il en eût été de même en Chine, j'en suis
convaincu, si les Chinois n'étaient pas des gens discrets qui
dissimulent leurs tares, et n'en parlent guère. .le ne sache pas
d'ailleurs qu'ils attribuent secrètement la décadence du chinois à
l'oubli du latin ni aux méfaits de. notre enseignement. Cela vien-
dra.
En réalité, cette crise n'est pas française, elle est universelle ;
ses causes ne sont pas scolaires, mais sociales, et le remède
miraculeux ne se trouve pas dans le latin, ni aucune panacée
pa'-ticulière : il n'existe peut-être pas, et c'est un mal auquel il
faut se résigner partiellement. Autrefois, l'esprit des élèves
n'était sollicité que par un petit nombre d'idées et d'images tou-
tes familières, précises et limitées : leur vocabulaire comme leur
horizon était borné, et ils s'y trouvaient à l'aise ; le monde était
petit et homogène, la civilisation était une, rien n'y était vague,
le " style » était partout : l'attention n'était jias disséminée à la
l'ois sur un grand nombre de choses disparates. Aujourd'hui, une
vie vaste et complexe, en perpétuel changement, nous entoure,
et SCS sollicitations sont incessantes, désordonnées, d'une variété
inlinie : elles font à chaque instant irruption dans notre cerveau,
qui plie sous leur poids et leur nombre incessamment accrus,
et ne peut plus les dominer et les ordonner. Et d'autre part,
si autrefois la moindre femme de chambre (qui ignorait d'ailleurs
les bienfaits du latin) écrivait mieux que nos académiciens,
aujourd'hui, c'est que cette culture étroite — tout au moins la
française — était le patrimoine d'un grand nombre de gens,
était perpétuellement soutenue et confirmée par le milieu
ambiant : tous parlaient un français clair et simple comme leurs
idées. C'était d'ailleurs une élite intellectuelle qui recevait l'en-
seignement secondaire ou supérieur ; et cette élite trouvait dans
la famille, dans le milieu où elle vivait, un culture semblable à
celle qu'elle recevait de ses maîtres : l'enseignement reçu à
l'école se continuait inconsciemment à la maison. Aujourd'hui où
l'}8 LES LANGIES MODERNES
trouve-t-on pareille culture générale, l'habitude des lectures
sérieuses, les longues heures de loisir qui les permettaient ? Où
le temps de réfléchir ? Où ce souci constant de bien dire, autre-
fois général ? — On lit, rapidement des journaux, des <• maga-
zines » illustrés ; on va au cinéma : l'esprit s'éparpille sur mille
choses incohérentes ; et l'enfant ne trouve plus au même degré,
auprès de ses parents, de soutien intellectuel ni de vraie cul-
ture : l'inculture est générale, le style n'est nulle part ; cela est
si vrai que, dans ce pays de clarté, d'ordre, de mesure, de ferme
construction, on semble ne plus savoir construire ni une maison
qui soit française, ni un meuble logique, ni des phrases qui se
tiennent : le goût est vicié ; la confusion et le disparate sont
dans toute la société et non seulement dans nos classes.
Sur cette question, que je ne fais qu'effleurer, j'aurais encore
beaucoup à dire. Mais le temps presse, et j'ai déjà abusé de votre
patience. Il me semble cependant que voilà des questions que
vous pourriez utilement traiter, et des idées qu'il faudrait répan-
dre. I/établissement de ces vérités serait de nature à déplacer
les responsabilités que l'on rejette sur vous, et à constituer une
première défense de notre enseignement ainsi déchargé de quel-
ques crimes. Vous pourriez ainsi montrer que cette crise n'est
pas imputable aux pauvres professeurs de langues Avivantes —
c'est leur faire vraiment trop d'honneur et je ne vous savais pas
si puissants — mais qu'elle tient à des causes plus profondes,
plus générales, plus ruineuses de la vraie culture qu'aucune
cause particulière. C'est la vie moderne et la civilisation présente
tout entière, trop vaste, trop complexe, trop incohérente, qui sont
responsables dun état de choses que, moi-même saturé de disci-
plines antiques, et amoureux d'elles, je suis le premier à déplo-
rer, tout eh sentant avec force qu'aucune réaction ne nous ren-
dra les simplicités du passé et le style disparu, et que quarante
heures de latin par semaine ne pourraient rien contre cette crise
sociale comme cinq heures de langues vivantes ne peuvent l'aggra-
ver.
Et en même temps, nous ])ourrions, me semble-t-il, montrer
que nos méthodes ne sont pas ce qu'un vain peuple pense ; et
qu'elles tendent, autant que le latin, à donner à l'esprit des
habitudes de précision, d'analyse, de clarté dans les idées, des
connaissances exactes, bref, une véritable culture. Et, de plus,
elles apprennent par leur principe même à observer, à réfléchir,
à comparer, à faire acte d'initiative intellectuelle : elles font un
appel peri)étuel à l'imagination, à la raison, à la sensibilité, et
maintiennent une constante et féconde activité d'esprit. Nos col-
lègues le reconnaîtraient s'ils allaient dans nos classes, et leur
l)arti-pris tomberait devant l'évidence des faits qu'ils persistent
à ignorer. Il y a là toute une prédication à faire. Qu'on l'étende
auprès de nos collègues, que vous avez sous la main et que vous
jjourriez inviter à aller dans vos classes : elle pourrait ensuite
atteindre l'opinion publique et l'éclairer, et lui faire connaître le
véritable esprit de nos méthodes. Nous avons essayé autrefois
de l'exposer dans des conférences. Nous avons démontré que notre
enseignement conduit à unv véritable culture. Mais ces conféreji-
BUU>ETIN DE L'ASSOCIATION l'îl»
ic'S scnihlent être ignorées de nos collègues même : il faudrait
que cette démonstration soit reprise, ces idées répandues par-
tout, par Jes journaux si possible, les revues, dans les milieux
les plus divers. Que chacun de vous s'emploie dans sa sphère à
faire cette propagande ; elle gagnerait de proche en proche :
elle finirait par obtenir quelques résultats. Que l'on dise
surtout qu'il est paradoxal que l'on veuille diminuer en France
la part des langues vivantes précisément au moment où dans
toutes les autres parties du monde, depuis le .lapon jusqu'à l'An-
gleterre, en passant par les Etats'-Unis, on proclame qu'il faut
l'augmenter. Nous serions les seuls à nous montrer réactionnai-
res et à vouloir boucher nos ouvertures sur le vaste monde, juste
au moment où partout ailleurs on en ouvre, et où l'on reconnaît
que tous les pays et toutes les civilisations sont solidaires,
et que nul pays ne peut plus sans danger s'isoler, se refermer
sur lui-même. Il faut montrer où nous mènerait cet étroit natio-
nalisme qui fait à la France l'injure de supposer qu'elle n'est
pas assez forte pour résister aux corruptions étrangères, et
qu'elle ne peut conserver sa santé et son essence qu'en se cal-
feutrant comme une malade.
Surtout, il faut faire appel partout aux esprits clairvoyants
et vivants qui pensent comme nous, et leur demander leur
témoignage. .le puis en évoquer de nombreux. M. Lavisse
notamment nie disait il y a longtemps qu'il était frappé par la
maturité plus grande d'esprit des élèves de l'Ecole normale
supérieure qui font des langues vivantes et ont séjourné à
l'étranger. Ils en rapportent une curiosité plus éveillée, une
véritable fécondation de l'esprit par les réalités nouvelles
qu'ils ont connues et comme un rajeunissement de leurs points
de vue. Le bienfait pour leur caractèi-e, me disait M. Lavisse,
était encore plus grand que pour l'intelligence : c'étaient des
hommes qui nous revenaient, et non plus des écoliers ou de sim-
ples érudjts. Et récemment encore, entre deux séances de la
dernière session du Conseil supérieur, un des membres les plus
éminents de ce Conseil, — mon Dieu, je puis le nommer, je sais
qu'il ne m'en voudra pas — le D"^ Widal, une des lumières de
la science française, déplorait l'esprit de réaction présente
et cette superstition du latin. Il me disait la différence qu'il
constatait chez ses élèves entre ceux qui possédaient une
langue étrangère, — allemand, anglais, italien, espagnol — • et
ceu.x qui n'avaient que la culture latine. Les uns avaient une
largeur, une activité d'esprit, un allant, une absence de préjugés
qu'ils devaient à cette ouverture qu'ils avaient sur le monde ;
et cela non seulement parce qu'ils étaient à même de se rensei-
gner sur les progrès de la médecine, de la chirurgie, de la
science à l'étranger, mais parce que toute leur attitude était
autre, et qu'ils étaient capables d'autres réactions personnelles.
d'une toute autre activité de caractère comme d'esprit.
Voilà les plus précieux des témoignages, et qu'il faudrait
opposer aux témoignages contraires, et répandre partout.
Au Conseil supérieur, même, qui, comme tous les grands corps
constitués,, passe plutôt pour réactionnaire, nous avons des amis,
l.J(l M. s KANGLES MODERNES
et non des moindres. ^[. Bergson. M. Brunot, d'autres encore, et
dans notre Directeur, un esprit qui comprend les nécessités de la
vie moderne. Peut-être même arriverait-on à recueillir pareils
témoignages parmi ceux, — des ingénieurs, présidents de Cham-
bres de commerce, industriels, — qui, parce qu'ils n'ont pas
connu la culture traditionnelle, en ont La superstition aveugle, et
par esprit de conservatisme social sont naturellement quelque peu
léactionnaires. Il faudrait aussi, puisqu'on nous attaque dans la
Presse, nous y défendre, et tenter d'intéresser à notre cause des
journalistes, de grands écrivains, eux aussi réactionnaires eu
général quand ils sont arri\és, parce que très vieux ou nés très
vieux et académiques.
ÎSIais quels que soient les concours que nous puissions obtenir,
comptons d'abord sur nous-mêmes, et, pour nous défendre,
présentons un front uni. Soyons d'accord sur les principes :
n'abandonnons rien de nos conquêtes : c'est la méthode directe
qui nous a fait obtenir enfin un nombre d'heure suffisant.
Défendons-la si nous ne voulons pas voir diminuer la situation
de notre enseignement, car méthode et .enseignement sont soli-
daires et tout ce que l'on abandonnera de l'une est une perte
pour l'autre. Il faut conserver toutes les positions conquises,
et toutes nos ambitions, ne rien abandonner des fins que nous
poursuivons. Modifier votre méthode et les fins qu'elle vise, c'est
reconnaître cette prétendue faillite que vos adversaires procla-
ment l>ruyammcnt afin de vous ramener aux méthodes anciennes
dont l'adoption entraînerait automatiquement un retour aux
anciens horaires et à la situation humiliée des langues vivantes
autrefois. Déjouez par votre union le plan de vos adversaires, et
proclamez hautement cette indispensable solidarité de renseigne-
ment et de la méthode. C'est pour ruiner notre enseignement que
Ton attaque d'abord la méthode : défendez ce bastion avancé si
vous ne voulez pas que toute la place tombe. Et par conséquent
maintenez le thème dans les limites où il doit être employé, dans
les classes préparatoires aux grandes écoles, où il est légitime,
et conscr\cz au thème d'imitation sa vraie nature et son rôle
réduit. Vous donnerez ainsi à nos adversaires le sentiment qu'ils
ne peuvent compter sur aucune défection dans nos rangs, que
notre front est uni. que nous ]ie cédons pas, que nous ne sommes
j>as, comme le ferait croire la décision du Conseil supérieur, une
armée divisée contre elle-même et qui se replie en désordre.
Principiis ohstn : il faut résister dès le début et sur toute la
ligne. Cédez sur la méthode et vous serez forcés de céder sur
l'enseignement.
Voilà, Mesdames, Messieurs, l'essentiel de ce que je voulais
dire. Il m'a semblé que je vous devais ces explications et que
vous accepteriez les conseils d'un vieil ami désolé d'être resté
si longtemps sans grand contact avec vous. Nul n'a déploré plus
que moi l'impossibilité où je me suis trouvé de participer à
la défense de nos iutérét. Certes, je n'ai pas la prétention d'être
le David qui abattra le Goliath de la réaction, ^iais si ma santé
me l'avait permis, j'aurais i)u combattre à vos côtés, et avoir au
moins l'ilhision de faire quelque chose pour notre dur enseigne-
ment.
juM.KTiN 1H-; i/asso<;iati()n in
Kt maintciiiiiil paidDiiiiez-moi de vous avoir retenus si long-
temps : je eomptais ne parler que dix minutes, et voilà plus
(l'une heure que je discours. Mais considérez que c'est pour la
))remière fois, depuis cinq ans : après tout, cela ne fait guère
qu'une moyenne de dix minutes par an. J'espère que vous ne
trouverez pas que c'est excessif.
Donc, si je pouvais me permettre de vous donner en
terminant un conseil qui résume l'esprit de tout ce que je vous
ai dit, il est excellent que vous ne vous désintéressiez d'au-
cun débat d'enseignement et je me réjouis de vous voir entamer
celui-ci. .Mais occupez-vous d'abord des intérêts, non de l'en-
seignement en général et de vastes projets que nos arrières petits-
neveux verront peut-être al>outir, mais de nos intérêts les plus
|)rochc-s. Mettons d'abord en ordre notre maison et défendons-la,
lar elle est menacée et vous ne de\rez le salut qu'à vous-mêmes
et en restant unis.
Et maintenant, à regret, je vous quitte, car mon médecin —
le dernier, le bon j'espère — m'attend et je dois, comme vous,
m'oceuper d'abord de me défendre ; afin d'avoir ensuite, si besoin
est, plus de forces pour attaquer.
.le vous remercie de l'attention que vous m'avez accordée et je
remercie encore une fois M. Veillet-Lavallée et M. Servajean
d'avoir bien voulu m'accorder la parole aujourd'hui. [Applaudis-
sements).
Le Président. — Nous vous sommes très reconnaissants,
Monsieur l'Inspecteur général, de l'exposé que vous venez de
nous faire et des directives que vous nous avez données, nous
eri tirerons profit. Pendant la guerre, nous vous avons suivi par
la pensée ; les journaux nous tenaient au courant de l'action
que vous meniez pour le plus grand bien de notre influence à
l'étranger ; nous savions que vous serviez, comme vous l'avez
dit tout à l'heure, d'intermédiaire entre la France et les nations
alliées, et nous étions très fiers de savoir que ce rôle si impor-
tant avait été confié à l'un de nos chefs. C'était pour nous, non
seulement un objet de fierté, mais aussi un exemple, puisque bon
nombre d'entre nous avaient une mission un peu analogue, quoi-
que bien plus modeste ; les interprètes attachés aux armées
alliées de langue anglaise étaient aussi des intermédiaires entre
la France et ses alliés et ils mettaient à s'acquitter de leurs
délicates fonctions tout leur cœur et tout leur dévouement
patriotique, comme faisait au même moment M. l'Inspecteur
général Hovelaque, dans des sphères plus élevées.
Vous nous avez donné d'excellents conseils au sujet de la
campagne, que nous pourrions mener en ce moment. Nous avons
fait de notre mieux, depuis un an, et nous ferons encore de notre
mieux dans ra\enir ; seulement, ce qui nous gêne le plus, c'est
le manque de temps, mais j'espère que nous pourrons tout de
même mettre cette besogne sur pied, en organisant quelque
chose comme l'année dernière, pour la défense de l'allemand, «n
créant une Clommission, un petit groupe de collègues, qui pour-
raient s'occuper de cette question, faire de la iiropagandc. 11 y a
toute une action à mener. Déjà, l'année dernière, nous avons
11.
142 LES LANGUES MODERNES
manœuvré ainsi pour défendre l'allemand qui était menacé de
disparaître ; nous sommes arrivés à un résultat. Je crois que
nous pourrions arriver à un résultat analogue en menant une
campagne du même genre, et je compte demander au Comité
de nommer une Commission, un petit groupe de collègues dévoués
qui s'occuperaient de faire cette propagande.
M. Rancès demande la parole.
M. Rancès. — M. l'Inspecteur général Hovelaque a cru devoir
s'excuser de nous avoir retenus trop longtemps. Je crois, pour ma
part, que nous devons le remercier très chaudement d'avoir mis
notre discussion sur son véritable terrain. Je vous avoue qu'en
relisant tout à l'heure le questionnaire sur lequel nous serons
appelés à nous prononcer, j'ai eu l'impression très nette que
nous n'étions pas à la page ; que depuis le moment où le Comité
a décidé de réunir cette Assemblée, et de lui proposer pour ol)jet
de ses délibérations les réponses à faire au questionnaire de la
Fédération, il s'est passé un certain nombre de faits nouveaux, à
propos desquels M. l'Inspecteur général Hovelaque était tout
naturellement t*nu à une certaine réserve, et qui sont de
nature, sinon à nous inquiéter (je ne veux pas dépeindre une
situation 4"i n'est que grise sous des couleurs trop noires), du
moins à nous préoccuper très vivement. Ces faits nouveaux sont
de deux sortes. Vous savez certainement qu'à bref délai, l'Admi-
nistration se propose de consulter le Conseil supérieur sur l'op-
])ortunité de réduire à vingt le nombre d'heures d'enseignement
hebdomadaire dans chacun des deux cycles de l'enseignement se-
condaire masculin. \'ous savez d'autre jiart, pour les avoir lues
dans la presse, les déclarations qu'a faites devant le Conseil
supérieur, au lendemain même de son avènement, le Ministre
actuel ; vous avez lu, dans différents journaux, les inter-
views qu'il s'est laissé prendre et dans lesquels non seulement,
comme il l'avait fait devant le Conseil supérieur, il a prôné l'en-
seignement par les humanités classiques, mais où il est allé jus-
qu'à dire qu'il pensait que la Section D du second cycle devait
disparaître. Vous savez enfin, pour l'avoir lu, pas plus tard
qu'avant-hier, dans les journaux du soir, l'accueil qu'a fait la
Commission de la Chambre aux déclarations de M. le Ministre :
" Lu Commission de l'Enseignement et des beaux-arts de lit
Chambre a entendu hier M. Léon Bénird, ministre de l'Instruc-
tion publique.
M. Gaston Deschamps, Président de la Commission, a félicité
le Ministre au nom de ses collègues, et lui a fait pttrt de l'im-
pression très vive, très favorable, que ses récentes déclarations
denant le Conseil supérieur de l'Instruction publique ont pro-
duite chez tous les savants, chez tous les lettrés, ainsi que de
l'approbation unanime que son intelligente initiative a rencon-
trée dans tous les nuli^u.v oii la culture générale et l'Humanisme
fran(;ais sont en honneur... »
Vous voyez donc que la situation mérite bien de nous préoc-
cuper. Le premier point que je vous ai signalé, à savoir la réduc-
tion prochaine de notre horaire, i)eut paraître moins inquiétant
i
BULLETIN DE L'ASSOCIATION .143
que le second ; il est cependant capital. M. le Directeur de l'En-
seignement secondaire, que j'ai vu lundi soir, m'a autorisé à vous
dire que celte diminution de l'horaire général ne toucherait pas
plus notre discipline que les autres, et que l'équilibre actuel
entre les diverses branches de renseignement serait scrupuleuse-
ment observé. A vrai dire, nous n'eu avons jamais douté, mais il
est certain que par cette diminution des heures de classe, notre
enseignement sera tout de même plus lésé qu'aucun autre. Je
conçois très bien une diminution en Histoire, en Mathématiques,
en Histoire Naturelle : c'est une question d'adaptation de pro-
grammes ; mais je conçois bien plus dilTicilement une dimi-
liution similaire dans les langues vivantes, précisément à cause
des méthodes par lesquelles nous les enseignons. Il n'est pas
douteux que si nous avons obtenu depuis 1902 les résultats que
vous savez, nous les devons surtout à l'excellence des méthodes
qui ont vu le jour en 1902 ; mais nous les devons aussi, pour
une part appréciable, à ce que nous avons obtenu un horaire
suffisant pour les mettre en œuvre. La situation est donc trou-
blante pour nous. Ainsi, je crois qu'il ne convient pas de nous
incliner sans avoir combattu. Lorsque la question viendra en dis-
cussion devant le Conseil supérieur, le point de vue que je me
))ropose de soutenir est le suivant : j'estime qu'en réduisant à 20
heures par semaine l'enseignement dans les deux cycles, on fait
peut-être une très bonne chose dans le second cycle, on eu fait
une détestable dans le premier, et ceci au point de vue stricte-
ment pédagogique. Dans le second cycle,, il est certain qu'il
y aura des élèves — pas beaucoup à mon sens, mais il suffît qu'il
y en ait quelques-uns — qui sauront profiter de la liberté qui
leur sera offerte, pour travailler intelligemment et fructueuse-
ment chez eux. Mais dans le premier cycle, la même mesure ne
rime à rien, et serait une erreur pédagogique grave. Au début des
études, et particulièrement en 6' et 5*^, l'esprit des enfants ne se
forme que par le contact permanent avec le maître : ce n'est pas
par le travail à la maison qu'il se développe et se fortifie. Si
j'étais chargé d'établir l'horaire des classes du premier cycle, je
voudrais qu'en sixième et en cinquième tout au moins, l'enfant
••arrivant au lycée le matin, ne le quittât que le soir, qu'il eût
sept ou huit heures de présence au lycée, lesquelles seraient cou-
pées, bien entendu, par des récréations généreusement distri-
buées, et une heure d'enseignement physique scientifiquement
donné. Je voudrais que toutes ces heures ne fussent pas des heu-
res d'enseignement, mais que certaines fussent des heures d'étude,
où l'enfant ferait, sous la direction de ses divers maîtres, ses
devoirs et ses préparations. Je voudrais, en échange, lorsqu'il
rentrerait chez lui le soir à six heures, qu'il n'eût plus rien à
faire jusqu'au lendemain matin, bien plus qu'il n'eût, du samedi
soir au lundi matin, et du mercredi soir au vendredi, rigoureuse-
ment aucun travail scolaire à faire, ce qui lui permettrait de consa-
crer ces longs loisirs bi-hebdomadaires, à la lecture, à l'ensei-
gnement physique et aux sports, au travail manuel. Je crois
que si l'on commet dans l'Université cette erreur grave de réduire
à quatre heures par jour la présence au lycée des jeunes enfants,
Ul
LES I-ANGIKS MODEllNES
les parents, loin de nous en savoir gré, s'empresseront de chercher
des denîi-jjensionnats où on les débarrassera de leur progéniture,
tout en les maintenant dans l'ordre et la discipline. Bien heu-
reux s'ils ne les confient pas aux maisons conçu rrejites, qui se
i^arderont bien de rien changer à leurs façons de faire, et ne nous
rendront j^lus les élèves que nous aurons nous-mêmes détachés
de nous.
Voilà le iireniier point sur kciuel je pense qu'il y a peut-être
quelque chose à tenter. Je n"ai d'ailleurs aucune illusion sur mes
chances de succès ; niais ce qui doit être dit, sera dit.
En ce qui concerne le second point, comme l'a lumineusement
démontré M. l'Inspecteur général Hovelaque, il y a beaucoup à
dire et beaucoup à faire : beaucoup à faire surtout. 11 nous a
parlé d'une campagne de presse, à laquelle il nous a tous invités
à collaborer. 11 nous a dit que nous trouverions chez des hommes
comme M. Bergson et M. le Professeur Widal des appuis que
nous pourrions invoquer en faveur de nos idées et de notre dis-
cipline. Et j'abonde évidemment dans son sens. Mais je crains
qu'une campagne de presse ne soit si diiïicile à faire qu'il soit
pour ainsi dire impossible d'aboutir à un résultat certain. Tous
ceux qui ont essayé de collaborer occasionnellement aux grands
organes qui font l'opinion publique savent les difïicultés qu'ils
ont rencontrées, lorsqu'ils ne se sont pas heurtés à des fins de
non-recevoir absolues. Même quand nous avons essayé de rec-
tifier des inexactitudes matérielles, des faits faussement rap-
portés, nous n'avons jamais réussi à faire insérer une réponse.
I.cs grands journaux, au moins ceux de Paris, ou bien n'ont pas
de rubrique pédagogique, ou l'ont depuis longtemps confiée à
des universitaires qui ne sont pas précisément amis de notre dis-
cipline, ou tout au moins de nos méthodes. Vous voyez donc la
difficulté d'aboutir par cette voie. Donc, en dehors peut-être de
certaines revues, où nous serions heureux de trouver, sous la
signature d'un de nos Inspecteurs généraux, les choses excellentes
quq nous a dites M. Hovelaque, la grande presse quotidienne nous
est fermée, et je ne vois pas comment nous en pourrons forcer
l'accès. Je parle évidemment en Parisien, et peut-être la presse
de province, où un collaborateur nouveau est souvent bien
accueilli, ne nous rcfusera-t-elle pas son concours, si nous savons
le solliciter.
Il y a d'ailleurs autre chose à tenter. .l'ai beaucoup réfléchi
:< tout cela, et je suis convaincu que notre .Association, non seule-
ment par l'effort individuel de ses membres, mais collectivement,
corporativcment, se doit à elle-même d'intervenir. Et elle peut le
faire aussitôt de la manière suivante : je voudrais, comme suite
à ce débat, — auquel nous assistons si nombreux que les votes
qui seront émis représenteront l'opinion de la grande majorité
des professeurs de Paris, ■ — que la décision fût jirisc de consul-
ter officiellement toutes les grandes (lorporat ions, les grandes
.Associations qui sont les forces vives de la Nation ; je veux dire,
les Chambres de commerce, les Chambres d'agriculture, les
Consortiums des Chemins de ter et des Banques, tous les Syn-
dicats jiatronaux d'abord, tous les Syndicats ouvriers ensuite.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 145
FA ne croyez pas que j'aille trop loin ; non seulement le i)iécé-
clcnl (labinct nous a donné l'exemple en proposant que deux
membres des Syndicats ouvriers, élus par le Conseil supérieur
du Travail, fissent partie du Conseil sui)érieur de l'Instruction
l)ublique, mais les Fédérations ouvrières ont le droit d'être con-
sultées à un autre point de vue. Si la réfornie dont nous parais-
sont menacés s'accomplit dans un sens rétrograde quant aux
lirogrammes, elle ne pourra pas être réactionnaire quant aux
principes, il faudra bien qu'on ouvre de plus en plus grandes
les j)ortes de l'Enseignement secondaire à tous les enfants de
France, à quelque catégorie sociale qu'ils ai)particnnent, jjourvu
qu'ils aient l'intelligence nécessaire, et qu'ils ne ménagent pas
leur peine.
Que sortira-t-il de la grande consultation que je vous pro-
pose '? Il se peut évidemment qu'elle condamne notre point de
vue ; nous n'aurons en ce cas qu'à nous incliner, et à nous
consoler comme nous i)ourrons de n'être pas d'accord avec ceux
de nos concitoyens qui comptent le plus en ces temps troublés.
Mais je suis convaincu, pour ma part, que ces hommes nous don-
neront raison. Je le crois parce qu'il y a, en notre pays de France,
une majorité d'hommes de pensée claire et de volonté ferme, qui
ne s'abusent pas sur les besoins immédiats de la Nation. J'ajoute
que maints indices nous donnent confiance ; M. le Directeur de
rKnseignement secondaire me disait l'autre soir qu'il a reçu
dernièrement la visite des représentants du Consortium des
Crandes banques, et, à quelques jours de distance, ceux des
commerçants du Havre : sans se concerter, ils étaient venus lui
demander de réorganiser dans un sens évidemment nouveau et
avec des formules différentes, l'ancien Enseignement spécial,
basé sur un solide enseignement du Français, des Sciences appli-
quées et des langues vivantes ; ils lui ont dit que les employés
qu'ils recevaient directement de l'Enseignement primaire supé-
rieur ne suifisaient pas à tous les emplois, parce que cet ensei-
gnement dure trop peu pour développer chez l'élève les qualités
de réflexion, de jugement et d'initiative qui sont indispensables
dans les jiostes, même secondaires, de l'Industrie moderne. Bien
plus, le Sous-Secrétaire d'Etat à l'Enseignement technique du pré-
cédent Cabinet a jugé opportun de demander à M. Bellin d'orga-
niser dans un certain nombre de lycées de province nommément
désignés, des sections d'enseignement technique, convaincu qu'il
était que de la collaboration des maîtres de l'Enseignement
secondaire avec son jjropre personnel sortirait quelque
chose d'aussi parfait que possible. Tout cela me permet
d'appuyer ma conviction sur autre chose que de vaines
suppositions. Oui, je crois que de la consultation que je vous
propose pourra sortir une opinion générale qui donnera à réflé-
chir à ceux qui s'illusionnent sur le sentiment de la grande majo-
rité des F'rançais. Mon opinion n'est pas loin d'être, d'ailleurs, et
sur tous les points, celle de M. le Directeur de l'Enseignement
secondaire, devant qui j'ai développé mon projet, et qui l'a très
franchement approuvé.
En tous cas, quoi que vous décidiez de faire., laissez-moi vous
146 LES LANGUES MODERNES
demander d'agir vite. Il faudrait, si tuiisultation il y a, qu'elle
ait donné un résultat, et que ce résultat puisse être rendu public
avant qu'aucun projet soit déposé devant le Conseil supérieur. Or,
dans rallocution qu'il a prononcée devant le Conseil, et que
M. Hovelaque a entendue comme moi, le Ministre a annoncé au
('onseil qu'il aurait à s'occuper, dès la session de juillet, tout
au moins d'un avant-projet i-elatif à la réforme des programmes
de 1902. Je ne crois pas, pour ma part, qu'il soit possible, d'ici
là, de préparer quelque chose de définitif, car la Direction est
bien décidée, et M. Bellin m'a prié de vous en faire part, à
consulter tous les intéressés, et notamment les représentants du
personnel. Une pareille consultation ne peut se faire en un jour,
et ceci nous laisse quelque temps pour organiser notre propa-
gande. Néanmoins n'attendez pas trop longtemps pour agir, et ne
comptez pas surtout, sur l'influence que peuvent avoir, au Con-
seil supérieur, vos i-eprésentants et les partisans de notre disci-
pline. Je parle en connaisance de cause, avec la conviction que
M. l'Inspecteur général Hovelaque ne me démentira pas. Il est de
toute urgence pour nous que le projet du Ministre, quand il
arrivera devant le Conseil, ne nous soit pas par avance défavo-
rable. Croyez-moi, s'il vous plaît, à demi-mot.
Un seul mot encore. M. le Directeur de l'Enseignement secon-
daire, qui ne nous a jamais ménagé ses sympathies, m'a charge
en son nom de vous rassurer. Je me suis bien volontiers chargé
de son message, mais j'espère vous avoir démontré néanmoins
que nous courons un danger, auquel il convient de faire face.
M. Hcvelaque vous a dit comment il concevait celle manœuvre
de front. Pour ma part, je n'ai cherché qu'à compléter son
exposé par quelques suggestions que je crois bonnes. Je vous
demande d'y réfléchir, et d'être prêts, chacun en ce qui vous
concerne, à appuyer de votre concours individuel l'efTort de ceux
qu'à des titres divers, vous avez choisis pour vous représenter,
et qui, livrés à eux-mêmes,'' faibliraient devant une pareille
tâche.
M. l'In.specteiir général Hovelaque. — Vous voudrez bien me
permettre d'ajouter quelques mots, non pour répondre à M. Ran-
cès, nous sommes d'accord, mais pour préciser certains points.
J'ai eu l'air tout à l'heure de critiquer le but de cette réunion.
Nullement. J'estime qu'il est indispensable que nous intervenions
dans de pareils débats. Nous ne pouvons nous désintéresser
d'aucune question d'enseignement. Mais si l'on a raison de dis-
cuter ces vastes projets généraux, j'estime comme M. Rancès.
((u'il y a sui*tout urgence à défendre d'abord nos intéi-êts corpo-
ratifs. Pour cela, je crois qu'il faut agir, et sans retard, et par
tous les moyens à la fois. M. Rancès pense qu'une action dans
la Presse n'est guère pratique. Cela est possible : cela n'empêche
pas de la tenter, même sans grand espoir de réussir. Les célè-
bres paroles de Guillaume d'Orange sont éternellement vraies :
je n'ai pas besoin de les citer : nous n'avons pas besoin d'encou-
ragements pour persévérer, et il faut conibaltre même sans espoir
(le victoire.
Sur l'opportunité d'associer à nos ciToils tous les ordres d'en-
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 147
scigiu-nictit cl l'iippui que nous pourrons trouver dans renseigne-
ment technique et ailleurs^ je suis pleinement d'accord avec
M. Hancès. Il faut encourager tous les mouvements favorables à
notre enseignement, (juant à la bienveillance de Af. le Directeur
de rKnseignement secondaire, j'ai été très heureux d'entendre le
témoignage de M. Uancès. Par discrétion, je n'y avais fait qu'une
iiilusion rapide, mais je suis heureux de pouvoir corroborer per-
sonnellement les paroles qu'il a prononcées. Soyez sûrs que
nous trouverons toujours en lui un ami. Et je me permets d'ajou-
ter que l'.Administration supérieure a été infiniment sensible à
l'initiative, <|ue, seuls, painii tous les professeurs, vous avez prise
pendant la guerre, en discutant à fond la pédagogie de votre
enseignement, et en cherchant à l'anvéliorcr. Elle vous en a eu
une grande reconnaissance, et sa bienveillance déjà acquise ne
pourra qu'être renforcée par l'activité désintéressée que vous
ne cessez de déployer, et le haut exemple que vous donnez.
( .4 pplaudissem enis).
M. le Président. .le donne la parole à notre collègue, M. Delo-
bel, qui a suivi les travaux de la Commission d'enquête au nom
de l'Association, et va nous en donner le compte rendu. 11 s'agit
de répondre aux questions posées par la (.ommissiou. Les
I épouses que vous donnerez seront recueillies par M. Delobel
qui fera un travail d'ensemble avec les réponses venues de
province.
M. Godard demande si la réponse de l'enseignement secondaire
doit se faire par voie uniquement universitaire, sous forme d'un
projet soumis au Conseil supérieur, ou si le Parlement sera
appelé à donner son avis après une consultation générale de
l'opinion comme en 1902.
3/. le Président. 11 m'est diflicilc de vous répondre sur ce point,
car nous ne sommes jjas plus renseignés que vous.
M. Delobel s'associe aux paroles du Président. Nous ne pou-
vons savoir actuellement quellej. sont les intentions du minis-
tère et quand on établira un projet de réformes. Mais la question
est déjà posée par la décision de la Fédération nationale qui a
inscrit à l'ordre du jour de son Congrès de Pâques la réorgani-
sation de l'enseignement. Une enquête a été ouverte par la Com-
mission nommée au dernier Congrès de Strasbourg, enquête très
large dans le sens indiqué tout à l'heure par M. Rancès et qui
s'est adressée raix Amicales, aux Associations de spécialistes, et
à des groupements extra-universitaires, comme les syndicats
patronau.x et ouvriers.
Le Comité de notre Association m'ayant demandé en décem-
bre de suivre en son nom les travaux de la Commission d'en-
quête, j'ai été frappé de voir qu'aucune réponse n'avait encore
été envoyée au nom des professeurs de langues vivantes, alors
que les historieus, les philosophes, les grammairiens, avaient
déjà fait connaître leur opinion. 11 m'a paru nécessaire que nous
fassions aussi entendre notre voix. C'est pourquoi j'ai demandé
au Comité d'étudier le plus tôt possible le premier questionnaire
envoyé par la Commission d'enquête et d'y joindre le second
qu'elle allait publier. Le Comité ne pouvait pas, lui-même, pren-
148 LES LANGUES MODERNES
dre des décisions qui engageaient toute l'Association. Il décida
de transmettre les deux questionnaires (1' aux régionales en leur
demandant de se prononcer. Les régionales de Lyon, Nancy,
Poitiers, Toulouse ont déjà répondu. Celles de Bordeaux, Caen,
Lille, Marseille, en voie de reconstitution ou d'organisation, se
sont excusées de ne pouvoir réunir leurs membres. .\ujourd'hui,
Ja Régionale de Paris doit se prononcer à son tour. Les deux
questionnaires représentent un ensemble de problèmes très vas-
tes, et nous ne pouvons les résoudre en quelques heures. Mais il
y a urgence à faire entendre notre voix au Congrès de la Fédé-
ration. Puisque l'heure est déjà avancée, nous pouvons laisser de
côté les points de détail et ne retenir que les questions essen-
tielles. La tâche nous est d'ailleurs facilitée. La Commission d'en-
quête a dégagé des réponses reçues au sujet du 1""^ questionnaire
un certain nombre de conclusions, que vous avez trouvées dans
la circulaire jointe par notre Secrétaire général à la convocation.
Nous pouvons simplifier la discussion sur ces points et voter
seulement sur les conclusions de la Commission. Le 2' question-
naire concerne l'organisation générale de l'enseignement secoiv-
daire et pose la question des humanités classiques et des huma-
nités modernes. C'est là-dessus, je crois, que devra porter le
débat essentiel. Il y aurait lieu d'y ajouter les questions relati-
ves aux langnes vivantes.
M. le Président donne lecture de la résolution 1.
M. Godard- Beaucoup de ces questions sont d'ordre social ou
politique et dépassent la compétence de l'Association. Nous
n'avons pas intérêt à y répondre. 11 faudrait plutôt retenir cel-
les qui concernent les langues vivantes et sur lesquelles nous
sommes d'accord, comme la constitution d'un véritable ensei-
gnement d'humanités modernes, et nous dérober, par tactique, à
tettc consultation, car nous pouvons dilîérer d'avis sur des
questions comme l'organisation générale de renseignement ou
l'étude du latin.
M. Rancès considère comme anti-statutaire de discuter ici
cette question qui est purement politique. 11 demande qu'on vote
sur la question préalable.
M. le Président répond qu'il ne faut pas exagérer. Il est égale-
ment intéressant pour les i)rofesseurs de langue6 vivantes de
savoir comment sont formés les élèves qu'ils reçoivent dans leurs
classes.
M, Delobel répond aux diverses objecti«)ns. 11 y a d'abord des
questions de fait. D'autres .Associations de spécialistes (gram-
mairiens, historiens, philosophes» ont cru avoir la compétence
nécessaire pour prendre position. Pourquoi l'.Association des pro-
fesseurs de langues vivantes, qui est la seule! à réunir les trois
ordres d'enseignement et à i)osséder ainsi en elle-même les élé-
ments nécessaires pour étudier toutes les questions, serait-elle
aussi la seule à se déclarer incompétente '?
(1) Les deux questionnaires se trouvent publiés à la suite du
compte rendu de cette séance.
BULLETIN DE L'.VSSOCLVTIOX 149
Dans notre Association, les rcgioiuilcs qui n'ont pas repondu
ont indiqué qu'elles en étaient empêchées, étant en voie d'orga-
nisation ou de reconstruction. Mais les autres n'ont pas hésité
à répondre. Si elles ont mis en première ligne la défense des
langues vivantes, aucune ne s'est tlésintéressée du questionnaire
lui-même.
Bien entendu, les questions relatives aux langues vivantes
doivent retenir surtout notre attention. Les S 7 à 28 nous en
fournissent am|)lcnient l'occasion et seront le centre du débat.
.Mais il ne nie paraît pas que nous devions écarter les autres
questions d'intérêt plus général et nous cantonner étroitetiicnt
sur le terrain de notre spécialité. La place et le rôle des langues
vivantes dépendent de la conception qu'on se fait de renseigne-
ment tout entier. Il n'est pas inditîérent de savoir comment seront
recrutés nos élèves, d'après les ressources de leur famille
ou d'après leurs aptitudes, à quel âge coramenctpa l'étude des
langues vivantes, quels seront les rapports des écoles techniques
et des écoles générales. Pour ne pas prolonger le débat, et puis-
que des propositions fermes nous sont soumises, je demande si
nous voulons adopter les conclusions de la Commission. Si«on.
nous écarterons ces questions afin de ne pas entrer dans une
discussion dont nous ne pourrions plus sortir.
M. Varenne fait une proposition transactionnelle. Chargeons
une Commission spéciale d'étudier les grandes questions géné-
rales et de nous apporter ses conclusions, et réservons notre
eflort pour les questions qui intéressent les langues vivantes.
.V. Delobel. La Commission d'enquête demande une réponse
pcui' le 25 février. Le Congrès discutera les conclusions au Con-
grès de Pâques. La Commission que nous nommerions aujour-
d'hui n'aurait pas le temps d'aboutir. D'ailleurs, nous avons
déjà des conclusions fermes qui nous sont proposées. Votons
là-dessus.
M. le Président met aux voi.x la question préalable. La ques-
tion préalable est votée sur les résolutions 1, 2, 3. Les résolu-
tions 4 et 5 sont disjointes pour être réunies a>i second ques-
tionnaire. La résolution 6 est adoptée.
M. Delobel. Nous arrivons au second questionnaire. Nous pou-
vons résoudre brièvement les questions 1 à 6. Les n»' 7 à 28
concernent le problème central, l'organisation de renseignement
secondaire et la place que doivent y occuper les langues vivantes.
M. le Président lit la question n" 1.
M. Rcuicès. Je ne comprends pas ce qu'on entend par traits
essentiels.
M. Milliot-Maderan propose de traiter la question au point de
vue des langues vivantes seules.
M. Delobel appuie cette proposition : ■< L'enseignement des lan-
gues vivantes est le même au point de vue des horaires et des
programmes pour les garçons et pour les filles, i
Adopté.
M. le Président. Question n" 2.
M. Ronces. Voilà encore une grosse question politique. Certains
veulent que l'enseignement primuire se termine à 11 ans, d'au-
150 LES L.VNGUES MCDER.NES
très à 14 ans. La question est trop importante et je demande
qu'on n'y touche pas.
M. Delubel. Ce n'est pas l'avis de la Régionale de. Lyon. Elle
fait remarquer que, si l'on supprime les classes de 6' et de 5', on
enlève aux langues vivantes deux années très favorables à la
méthode directe, surtout pour l'anglais, et elle refuse tout
relèvement de l'âge d'entrée avant d'avoir l'assurance de mesu-
res compensatrices pour les langues vivantes.
M. Bêcher. On restreindrait le problème eu ne le considéraut
que du point de vue étroit des langues vivantes.
M. Kuhn. Nous he pouvons pas répondre à cette question après
avoir écarté par la question préalable la résolution n" 1 qui
parle de l'école unique.
La question préalable est votée. On passe aux questions 3 et 4.
M. Milliot-Maderan pose la question préalable ; « ce n'est pas,
dit-il, que le questionnaire manque d'intérêt à mes yeux ; il pose
au contraire, des problèmes très importants ; je puis avoir sur
CVS problèmes une opinion très précise, comme citoyen, comme
professeur, mais pas comme professeur de langues vivantes. Si
nous avons ici une doctrine spéciale sur les questions que pose la
Fédération des lycées, nous pouvons l'affirmer et la faire con-
naître à la Fédération, mais en dehors du questionnaire et sans
nous attacher à répondre à ce questionnaire, article par article. >>
.V. Rancés. Lorsque ces questions seront examinées par le Con-
grès de la Fédération, ce ne sont pas les représentants des Asso-
lions qui voteront, mais ceux des Amicales de Paris et de pro-
vince. Que nous répondions ou non, ce sera exactement la même
chose. Ce qui importe, c'est ce que nous allons faire en face des
dangers qui nous menacent et qui ont été signalés par M. l'Ins-
pecteur Hovelaque.
M. Delobel. Sans doute, mais les professeurs de langues vivan-
tes font partie des Amicales. Il serait utile qu'ils aient une doc-
trine commune, dont ils s'inspireraient pour prendre part aux
travaux des Al. Et cette doctrine, c'est nous, dans nos réunions
corporatives, qui devons l'élaborer. D'ailleurs, nous abordons
maintenant avec la question 7 le problème des langues vivantes.
Il ne s'agit pas, bien entendu, de suivre l'ordre des questions,
mais d'indiquer notre conception sur le rôle et la place de notre
enseignement.
M. Laloii demande qu'on retienne la question u" 14, concer-
nant le professeur principal. Beaucoup de nos collègues de let-
tres ne sont pas encore pénétrés de cette vérité que renseigne-
ment des langues vivantes donne une discipline intellectuelle.
Nous ne devons pas craindre de déclarer que nous pouvons assu-
mer aussi l'enseignement du français.
M. Godard est d'avis que l'Association se déclare incompé-
tente pour toutes ces questions et que, sans se j)rononccr sur la
question i\\i latin et sur celle de professeur principal, elle expri-
jne siniplcnieiit le vœu que, dans ht réorganisation de l'ensei-
gnement secondaire, il soit fait une place à un enseignement
d'humanités modernes. Il dépose un ordre du jour dans ce sens.
M. Rancès insiste pour (pie soit faile une mauifeslation con-
1
BULLETIN DE L'ASS0CL\TI0N 151
tre li-s déclaiatioiis du grand-iiiaitrc de rTnivcrsitc où il a indi-
qué qu'il convenait de supprimer la section D parce qu'il n'y
avait pas de latin. Nous devons aflirnier (jue, par les langues
vivantes, nous donnons un enseignement d'Iuimanités. Il faut
obtenir surtout que, dans cet enseignement d'humanités n)oder-
nes, la langue française soit traitée comme une langue moderne.
,1/. Godard craint qu'on ne veuille surtout attaquer les program-
n)es de 190'2.
M. Varcnite demande comme sanction av débat que le Bureau
aille exprimer au Ministre l'inquiétude que ses paroles ont sou-
levée chez les professeurs de langues vivantes.
M. Desclos-Auricoste demande hi parole :
Je voudrais ajouter ù l'éloquente argumentation de M. Tlns-
pecteur général Hovelaque, sur la vertu éducative de l'étude des
ii.ngues vivantes, quelques considérations d'ordre utilitaire, mais
qui me semblent de nature à inllucr sur l'opinion publique et à
porter un coup sérieux à la thèse de nos adversaires, sur le ter-
rain même qu'ils ont choisi. Kn effets s'ils veulent ramener
l'enseignement secondaire de cinquante ans en arrière et le
réduire à l'étude à peu près exclusive du grec et du latin, c'est,
disent-ils, pour défendre la culture française et se^^•ir 1 intérêt
national, que menaceraient les programmes en vigueur.
Outre ce qu'il y a d'inconvenant à parler ainsi de la discipline
où se sont formées les générations qui ont rendu à la patrie ses
provinces perdues et son rang dans le monde, la proposition de
nos adversaires manifeste une méconnaissance complète des
conditions qui régissent la vie nationale ; et, bien loin de servir
l'intérêt du pays, elle ne tend à rien moins, en réduisant à néant
l'étude des langues vivantes, qu'à le priAer de ses armes essen-
tielles et à la livrer sans défense à la merci de ses concurrents
et de ses ennemis plus résolus que jamais.
Ce qui distingue en effet notre époque de la période d'avant-
guerre, c'est que, dans tous les domaines, la plupart des problè-
mes qui se posent à l'examen de l'opinion et des pouvoirs publics,
de problèmes intérieurs qu'ils étaient naguère, sont devenus
aujourd'hui des problèmes mondiaux, que les conditions régis-
sant notre vie nationale sont de plus en plus déterminées par des
événements extérieurs, et que si nous n'intervenons pas pour agir
sur ces événements en notre fa\'eur, d'autres, et ils sont nom-
breux, sauront bien les diriger contre nous. Or, nous n'avons pas
fait la guerre pour nous laisser ainsi dépouiller du fruit de nos
sacrifices ; nous savons que notre victoire n'a été qu'un début,
qu'une longue lutte nous attend ; nous entendons en sortir vic-
torieux encore et nous ne souffrirons pas qu'on nous enlève nos
armes.
La lutte porte sur tous les terrains. Lutte politique d'abord.
Depuis deux ans, nous voyons la propagande allemande travailler
avec ténacité et habileté l'opinion publique dans tous les pajs,
pour l'amener à exiger une révision du traité de Versailles qui
permettrait au vaincu de se dérober aux justes réparations qu'il
nous doit. Et je ne veux d'autre preuve du succès de cette pro-
pagande que ce fait qui a si fortement impressionné tous les
152 LES LANGUES MODERNES
Français à rAsserablée de la Société des Nations : les délégués
de la majorité des puissances sont arrivés avec l'ordre de leurs
Gouvernements de se méfier de la France. Et l'on a vu cette chose
jnonstrueuse. la France pacifique, toute saignante encore des
j)laies qu'elle a reçues pour la défense du droit, pour la cause
lie l'humanité, accueillie avec défiance, comme la nation de proie
dont les desseins impérialistes menaceraient partout la paix du
Monde. Et il a fallu tout le talent de nos représentants pour dis-
siper cette impression fausse et permettre aux thèses si justes
et si modérées de la France de triompher enfin comme elles le
méritaient. Allons-nous abdiquer devant cette propagande ? Et
si lious n'abdiquons pas, comment donc pourrons-nous la dépis-
ter et la combattre si nous n'apprenons plus les langues étran-
gères ?
La lutte ne sera pas moins rude sur le terrain économique ?
Où allons-nous trouver les ressources qui nous permettront tle
iaire face à des budgets de 25 milliards, à la reconstitution des
régions dé\astées, si nous ne nous enrichissons pas par notre
commerce extérieur ? (".omment écoulerons-nous les produits de
nos industries dont nous saluons tous l'essor comme un gage de
richesse et de force nouvelle si nous ne savons pas nous assu-
rer les débouchés et les matières premières nécessaires ; et com-
ment le faire encore si, ne sachant plus les langues vivantes,
nous devenons incapables d'aller enlever sur place, de haute lutte,
les commandes que nous dispute l'industrie étrangère déjà si
avantagée par ailleurs. L'instant est favorable ^pourtant ; d'après
certaines informations, récemment publiées, nous savons que
des offres nous ont été faites de nature à jirocurer à nos indus-
tries d'immenses débouchés. On nous propose des matières pre-
mières, on nous réclame une véritalîle armée de techniciens,
administrateurs, ingénieurs, ouvriers d'art. Du travail et de la
richesse ])our tous pendant des années à venir nous sont ainsi
annoncés. Allez-vous donc refuser ces offres, allez-vous fermer
à nos élèves ces carrières qui s'ouvrent devant eux en leur
ôtant la possibilité d'acquérir l'instrument indispensable pour ce
travail : la connaissance des langues étrangères. Je suis bien
certain que nos commerçants, nos chefs d'industrie, nos pères de
famille, soucieux de l'avenir de leurs enfants ne le permettront
pas.
Esî-ce que le rayonncnicnt de la culture française ne dépend
pas aussi, en grande j)artie, de notre connaissance des langues
étrangères ? (",roit-on que notre pensée, notre art. notre civili-
sation se répandront si nous n'allons pas nous-mêmes les porter
de par le monde. Est-ce le moyen do conquérir l'estime de l'étran-
ger que de se montrer dédaigneux et ignorant de sa langue, de
sa civilisation, dont il est aussi fier que nous le sommes de la
nôtre, et croit-on se rendre aimable en s'enfermant chez soi et
en répondant à nos visiteurs par un hargneux <■ comprends
pas ».
i\econnaissons la justesse de ce que dit Pierre llamp : ■ Que
les routes du monde soient parcourues par des automobiles de
marque française n'est pas moins important que de \oir des
mil. MIN 1)1. i.'a.ssoci \ I loN l'iiî
miviaiie.s français ulaz les libraires étrangers, ce qui est moins
important encorf que de rencontrer dans tous les pays des Fran-
Vais. Ecrire chez soi et faire voyager i\u j)apier ne vaut point
tant que de voyager soi-même et de fonder au loin des œuvres
tic réalité. Le travail vainqueur est le meilleur agent de pénétra-
tion des peuples. ■
• Trade fellows tlie tlag ., disait jadis (".hamberlain. sachons
reconnaître qu'aujourd'hui le livre suit le commerce, et que si
nous Jie savons pas aller faire à l'étranger, dans la langue du
pays, la publicité nécessaire, pas plus que nos produits fabriqués,
nos livres, notre culture ne s'y répandront. Nos ennemis ne s'y
trompent pas d'ailleurs, et vous me permettrez d'étayer mon
argumentation par l'e.xpo.sé des faits signalés à la dernière réu-
nion de l'Office National des l'niversités par M. Mérimée, le dis-
tingué Directeur de l'Institut français de Madrid.
.\u cours de l'automne dernier, le Gouvernement allemand a
envoyé en mission en Kspagne trois des plus réputés chirurgiens
d'Ontre-Hhin. Ils se sont partagés le pays et chacun d'eux a fait
dans une ville de Faculté un séjour de trois mois pendant lequel
il n'a cessé d'opérer et d'enseigner aux étudiants et à tout le
j)ersonnel médical de la région, accouru en foule admirer la
science et l'habileté de ces maîtres, .\utre fait : Sur rînter\-en-
tion personnelle du Ministre des .Affaires étrangères von Simons,
la Commission du budget du Reichstag a voté les millions néces-
saires à la création à Berlin d'un grand Institut germano-hispa-
nique, et à Madrid d'un Institut hispano-germanique correspon-
dant.
Enfin, les maisons d'édition de Leipzig ont installé deux de
leurs meilleurs chefs de service à Santander, où ils se proposent
d'imprimer, à un nombre suffisant d'exemplaires pour en inonder
1h péninsule et l'Amérique latine, des traductions espagnoles des
ouvrages scientifiques allemands de tout ordre, que jusqu'à pré-
sent les Espagnols, qui ignorent généralement l'allemand, ne pou-
vaient lire. S'ils veulent bien se souvenir que les cent marks
allemands valent aujourd'hui treize pesetas, les champions de la
culture gréco-latine mesureront la valeur de l'eftort et la fer-
meté du dessein que ces trois ordres de faits nous révèlent, ils
mesureront le péril qui menace la culture française, et, ces-
si-.nt de dénoncer les langues vivantes, ils demanderont avec nous
qu'on en maintienne et qu'on en renforce l'étude.
Comment, devant de pareils faits, pourrait-on présenter aux
Chambres françaises une proposition aussi périlleuse que cette
prétendue réforme. Notre Parlement a tellement conscience des
nécessités nouvelles, que, bien loin d'envisager pour le pays un
repliement sur lui-même qui serait mortel, il songe à favoriser
son développement extérieur par la création d'un Sous-Secré-
tariat de l'Expansion nationale. Et c'est dans un pareil moment
que l'on voudrait supprimer l'étude de l'instrument indispen-
sable à toute l'action envisagée. Quelle folie et quelle impiété !
Que l'on ne dise pas non plus que l'étude des langues vivantes
est facile et que par exemple on apprend l'anglais en six mois,
ainsi que je l'ai entendu dire dans une réunion de parents d'élè-
154 LES LANGUES MODERNES
ves. D'abord, il ne s'agit pas seulement d'apprendre la langue
étrangère ; il s'agit tout autant d'apprendre à connaître l'âme
étrangère. Tous ceiix qui ont participé au travail de liaison avec
les armées alliées, ceux que leurs occupations ou leurs goûts met-
tent en relations suivies avec des peuples étrangers, savent que
la connaissance de l'esprit étranger est aussi nécessaire que celle
de la langue qui sert à l'acquérir. Mais encore, c'est une illusion
dangereuse que cette prétendue facilité. Je n'en veux pour preuve
que les erreurs grossières où elle a mené certains rédacteurs du
traité de Versailles.
Cette œuvre diplomatique, comme chacun sait, est rédigée en
anglais et en français, et les deux textes font également foi. Or,
en maints endroits, il est facile de relever "entre eux des diver-
gences de sens, qu'explique évidemment l'illusion de la facilité
des langues vivantes qu'avaient certains rédacteurs, mais qui
peuvent entraîner des conséquences de la plus grande impor-
tance. Je me contenterai d'en citer une très grave. Par l'açt. 10
du Pacte de la Société des Nations, les membres de la Société
s'engagent à maintenir contre toute agression l'intégrité terri-
toriale et l'indépendance politique de tous les membres de la
Société. L'article, envisageant la possibilité d'une telle agression
s'exprime ainsi en français :
" En cas d'agression, de menace ou de danger d'agression, le
(Conseil noise aux moyens d'assurer l'exécution de cette obliga-
tion. »
Le texte anglais dit :
'. In case of any such agression or in case of any threat or
danger of such agression, the C.ouncil shall advise upon the
ineans by v^'hich Ihis obligation shall be fulfilled. »
Evidemment il est facile de remarquer que " aviser » et <« to
advise > se ressemblent. Il aurait aussi fallu savoir que leur sens
est dillerent et que le mot français implique non seulement une
délibération mais la mise à exécution de la décision prise, tandis
que le verbe anglais signilie seulement délibérer, conseiller. L'un
prévoit des actes, l'autre des mots. Quel secours ce texte nous
apportera-t-il le jour où nous serons attaqués ?
Quoi qu'il en soit, les Ktats-Tnis ont vu dans cette dualité
(l'expression un piège, et i)our n'y point tomber n'ont pas ratifié
le traité.
Voilà où aboutit l'illusion de la facilité des langues vivantes.
Je ne m'excuserai j)as, mes chers collègues, de vous avoir pré-
senté une argumentation d'ordre purement utilitaire. La généra-
tion qui a fait la guerre a autant que toute autre le respect des
idées, elle l'a montré en faisant triompher celles de droit, de
justice, d'Iiumanité, de patrie, mais elle sait y joindre le respect
des faits. La guerre lui a appris qu'on ne méprise pas les faits
impunément, et que, si l'on veut vaincre, il faut savoir les obser-
^er, les comprendre et y adapter son action. Je suis profondé-
ment convaincu que l'opinion publique lorsqu'elle les connaîtra,
exigera qu'on en tienne compte.
.1/. Diipré i)arle en faveur des |)rogramnies de 1902. S'ils n'ont
j>as donné les résultats espérés, ce n'est pas notre faute, mais
celle des circonstances.
lui.i.i/riN ni: l'association I'm
.1/. 7va/i;i ])rf)i)Osc de i)rt'fisc'r le sens Hii va'ii de M. Godard.
l."en!>eignement d'hiinianités modernes doit être fondé sur un
large et vivant enseignement du français, renforcé par l'élude
solide et sérieuse d'une ou de deux langues vivantes. Il est néces-
saire de préciser ce que nous entendons par humanités modernes.
Nous ne nous prononçons i)as contre le latin, mais nous récla-
mons pour les langues vivantes une place honorable dans tous
les types d'enseignement i\\.\ second degré. 11 donne lecture d'un
ordre du jour ainsi complété.
Une discussion assez confuse s'engage sur les deux ordres du
jour, des modifications ou des additions étant proposées de
divers côtés.
M. Godard demande à maintenir son ordre du jour qui ne
répond pas aux mêmes préoccupations que celui de M. Kuhn.
11 craint qu'en ne parlant pas du latin, nous ayons l'air de lui
être hostiles et que nous nous aliénions les sympathies de cer-
tains collègues de lettres. On peut concevoir des humanités
modernes avec latin. 11 faut éviter de préciser et laisser loute
l'élasticité à la formule.
M. Rancès appuie l'ordre du jour Godard qui laisse volontai-
rement de côté les questions délicates et dit exactement ce qu'il
doit dire. Quand nous nous adresserons aux organisations écono-
miques, nous pourrons faire valoir d'autres considérations. Ceci
est un ordre du jour pour la Fédération.
M. Kuhn répond que son ordre du jour ne contient pas un mot
contre le latin. Les questions politiques et économiques ont aussi
leur importance.
M- Descland insiste pour que l'on mentionne les questions éco-
nomiques. Nous ne pouvons réussir dans notre |)ropagande
qu'avec l'appui des groupements économiques.
M. Gricaiit appuie aussi l'ordre du jour Kuhn.
M. Delobel constate qu'on a écarté tout à l'heure des questions
jiarce que nous n'étions pas d'accord à leur sujets II ne paraît
pas que l'accord soit plus facile sur les questions qui ne con-
cernent que les langues vivantes. Nous ne devons pas nous con-
tenter de formules générales qui éludent les difficultés, mais nous
mettre résolument à l'étude des problèmes essentiels.
Les deux ordres du jour ayant été relus. M- Godard déclare
retirer le sien pour simplifier la discussion.
L'ordre du jour de M. Kuhn est adopté à l'unanimité. Sur la
proposition de M. Rancès, il est décidé que les Chambres de
commerce, les Chambres d'agriculture, etc.. seront consultées.
Voici l'ordre du jour Kuhn :
L'Assemblée générale des professeurs de langues vivantes
réunie à Paris, au lycée Louis-le-Graud, le 17 février 1921,
-Après examen du questionnaire de la Fédération des profes-
seurs de lycée, et se plaçant au point de vue de l'intérêt national,
qui impose plus que jamais au peuple français, danç les condi-
tions politiques et économiques actuelles, la connaissance des
langues et des nations étrangères.
Demande : - .
156 M"-?» ;-\Nr,rEs moihchnes
1" Qi;e reiiscigiiemùiit des langues vivantes conserve une pince
au moins égale à celle qu'il occupe actuellement dans toutes
les catégories d'enseignement ;
2" Qu'il soit constitué, à côté de renseignement des humanités
classiques, un véritable enseignement des humanités modernes,
reposant sur xine étude vivante et approfondie du français et des
langues étrangères.
L'Assemblée examine ensuite le cas • Bernheiin » dont nous
donnons un compte rendu plus loin.
L'ordre du jour étant épuisé, le Président lè\e la séance à
6 heures.
Le double quesHonnaire de la Fédéralion Nationale
des Professeurs de Lycée
Nous croyons devoir publier les deux questionnaires de la
Fédération nationale des Professeurs de lycée, pour permettre à
nos collègues de suivre plus clairement la discussion précédente,
ei leur faciliter aussi l'examen des réponses des Régionales de
Province à ces mêmes questionnaires (réponses qu'ils trouveront
plus loin).
Preroier questioooa^r*^
Titre I. — a) Etes-vous d'avis ou non, que tous les enfants
reçoivent un même enseignement primaire sur un programme
commun '? -
l» Etes-vous d'avis ou nou. que cet Enseignement soit donné
dans une seule espèce, ou dans plusieurs espèces d'établissenvents
(public ou privé, secondaire ou primaire). .Ce paragraphe pose
entre autres la question du maintien, ou de la suppression des
classes élémentaires des lycées.
c) Etes-vous d'avis ou non, que cet enseignement ait pour sanc-
tion un examen commun à tous ?
Titre II. — a) Etes-vous d'avis ou non, qu'à la suite, ou au ct)urs
(ie cet Enseignement soit ouvert aux enfants l'accès de plusieurs
enseignements du deuxième degré (classique, moderne, techni-
que, jjrimaire supérieur, ctc.i
h) Quels seront ces divers enseignements ?
c) A quel âge faite.s-vous commencer et linir chacun d'eux '?
d) Quelles doivent être les conditions {\c l'entrée des enfants
dans chacun de ces enseignements?
c) Quelles liaisons prévoyez-v.)us entre eux ?
Titre III. — Quelles liaisons ou conditions de passage prévoycz-
\ous entre ces divers enseignements et l'Enseignement supérieur ?
(Facultés, Grandes Ecoles, Instituts techniques, etc..)
BULLETIN DK L'ASSOCIATION 157
litre IV. — Ces divers enseignements seront-ils gratuits entiè-
reraent ? ou gratuits seulement dans certaines conditions ?
DeuxièrT)e questionnaire
En attendant, la Commission décide d'étendre son enquête, en
vue du Congres de Pâques 1921, à l'organisation de TEnseigne-
nient secondaire général du deuxième degré, ou enseignement
des Humanités. Le questionnaire suivant sera envoyé aux groupe-
ments et aux Associations à qui s'est adressée la première par-
lie de notre enquête :
l; L'Enseignement général du 2' degré ^Humanités) sera-t-il,
dans ses traits essentiels, le même pour les garçons et pour les
filles ?
2) Quel sera l'âge d'entrée dans cet enseignement ?
3) Comment sera conçu l'examen exigé pour être admis dans
cet enseignement ?
4) Comment se passera cet examen ?
5) Quelle sera la durée de cet enseignement ?
6; Quel sera le maximum de l'horaire hebdomadaire : (o) heu-
res de classes ; b) heures d'étude ; c) exercices physiques).
I) Cet enseignement du 2* degré sera-t-il, pendant toute sa
durée, unique et commun à tous les élèves ?
8) Si oui, sera-t-il conçu comme un Enseignement d'Humanités
classiques avec latin ?
9) Sera-t-il dans la même hypothèse, conçu comme un ensei-
gnement d'Humanités modernes sans latin ?
10) Convient-il d'établir, au début seulement, et pendant un
certain nombre d'années, un enseignement commun à tous les
élèves admis dans les classes d'Humanités ?
II) Si oui, combien durera cet enseignement commun ?
12) Le latin sera-t-il obligatoire dans cet enseignement com-
mun ?
13) Cet enseignement commun sera-t-il sans latin ?
14) Dans le cas où il serait sans latin, comme dans le cas prévu
au n" 9, pourrait-on organiser un enseignement d'Humanités
modernes avec un Professeur principal ?
15j Le Professeur Principal serait-il le Professeur des lan-
gues vivantes chargé, outre son enseignement propre, de l'en-
seignement du français ?
16) Serait-il le Professeur de français ?
17) Dans ce cas, le Professeur de français pourrait-il être
chargé, outre son enseignement propre, d'un autre enseignement ?
18) Quelles seraient les matières d'enseignement pour ces
années d'Enseignement Unique ?
19) Après les années d'enseignement commun, comment se
ferait la répartition des élèves ?
12.
158 LES l'.ANGUES MODERNES
20) Quelles seraient les matières d'enseignement pour les
années succédant aux années d'enseignement commun ?
21) Convient-il d'envisager un enseignement diiférencié dès
l'origine, sans aucune année d'enseignement commun ?
22j Dans ce cas, les divers enseignements qui se partageraient,
dès l'origine, les élèves, seraient-ils selon les deux types envisa-
gés ci-dessus : a) Humanités classiques ; b) Humanités moder-
nes.
23) Sinon, selon quels types seraient-ils organisés ?
24) Comment se ferait la répartition des élèves ?
25) Dans tous les cas, estime-t-on que toutes les matières
d'enseignement prévues seraient obligatoires ?
26) Quelles seraient ces matières ?
27) Si toutes les matières ne devaient pas être obligatoires,
quelles sont celles qui le seraient ?
28) Dans la même hypothèse, quelles seraient les matières
-facultatives ?
29) Comment seront organisés les examens de passage ?
30) Quelle en sera la sanction ?
31) Quel sera l'examen final du deuxième degré ? Où et com-
ment se passera-t-il ?
Réponses aux qoe5t\or)r)a\res de la « Fédération
Nationale des Professeurs de Lycée » forn)Ulées
par les Régionales de Lyon, Nancy, Poitiers,
Toulouse, Le Havre.
Régionale de Lyon
La Régionale s'est réunie au Lycée du Parc, le jeudi 10 février,
à 17 heures, sous la présidence de M- Douady ; présents : Mme
Douady,. Mlles Mathieu, Girard et Quézel ; MM. Denis, Duisit,
Dumont, Legouis, Pernolle, Ravizé, Rocher, Tiret, Vannier et
Veigneau.
Le secrétaire rend compte des démarches entreprises pour orga-
niser des groupes locaux dans les centres de l'Académie, autres
que Lyon : il faut arriver à avoir partout un délégué, chargé
de grouper les cotisations pour éviter les frais d'envoi, et de
communiquer à ses collègues les convocations et autres notes
du bureau régional.
Le président annonce que le vœu de la Régionale en faveur de
l'option au baccalauréat est en voie d'obtenir satisfaction, la
section permanente du Conseil supérieur ayant donné un avis
favorable. Quant au vœu concernant les professions de foi dos
candidats au Comité, il n'a reçu une satisfaction partielle qu'à
une date beaucoup trop tardive jiour que les électeurs votent en
I
BL'I.I.ETIN Di: L'ASSOCIATION 159
connaissance de cause. D'où le grand nombre des abstentions
dans toute, la France. Néanmoins, le président se réjouit de l'élec-
lion, en tête de liste, de M. Servajean, qui a fait des déclarations
très nettes, en faveur de la méthode directe et contre le thème.
Avant même que M. Servajean n'eût été choisi par le Comité
renouvelé comme secrétaire général, le président lui avait de-
mandé de vouloir bien accepter les fonctions de délégué de la
Régionale lyonnaise à Paris : ce choix est ratifié par l'Assem-
blée.
Le président passe ensuite à la péréquation, qui sur un point
spécial, nous intéresse comme linguistes ; M. Herriol a fait
adopter par la Commission du budget de la Chambre le principe
«le l'égalité des traitements masculins et féminins, lorsque les
concours de recrutement sont les mêmes. Sans préjuger du droit
des autres agrégés à l'assimilation, cette décision tranche la
question en faveur des agrégés et certifiés de langues vivantes.
Le Président a écrit à M. Herriot pour le remercier de cet effort
de justice et pour l'encourager à défendre le résultat obtenu
contre des retours offensifs possibles. La catégorie des agrégées
de langues vivantes ne comptant que 111 professeurs en activité,
la répercussion financière sera peu considérable. La Régionale
invite le Bureau central à agir vigoureusement, si besoin est,
pour consolider les premiers résultats obtenus.
Puis l'Assemblée passe à l'étude de l'ordre du jour, qui com-
porte la réponse à un questionnaire émanent de la Fédération
de l'Enseignement secondaire, et transmis par le Secrétaire géné-
ral de notre Association. Mais le président annonce qu'il vient
de recicvoir un second questionnaire en 31 articles, pr'^cédé de
réponses résumant, d'après la Fédération l'opinion du corps
enseignant Sur le premier. Dans ces conditions, l'Assemblée
décide de se contenter de répondre au second questionnaire, et
seulement sur les points qui intéressent les langues vivantes, et
du point de vue de ceux qui enseignent celles-ci.
2 et 5t L'âge d'entrée dans le nouvel enseignement secondaire
semble devoir être déterminé par la conception que l'on se fera
de son recrutement et de ses rapports avec l'enseignement pri-
maire. L'Assemblée évite donc de se prononcer au fond, mais elle
tient à mettre en lumière la diminution considérable que subi-
raient les langues vivantes si l'âge d'entrée était élevé à 13 ans
et la durée de l'enseignement secondaire réduite à 5 ans (projet
des Compagnons) : les 6« et 5" actuelles, qui seraient du coup
supprimées, sont éminemment favorables à la méthode directe,
surtout en anglais, par la souplesse vocale et mentale des élèves
qui leur permet d'acquérir sans eftort la prononciation et le
^ocabulaire concret. L'Assemblée refuse donc d'adhérer à tout
relèvement de l'âge d'entrée avant de connaître les mesures com-
160 LES LANGUES MODERNES
pensatrices qui permettraient aux langues vivantes de supporter,
sans trop de dommage, cette amputation, au cas où elle serait
reconnue indispensable dans un intérêt supérieur.
6) Horaire : si, comme il semble souhaitable, l'horaire est
réduit à 20 heures par semaine, il importe que cette réduction
se fasse en tenant compte du travail exigé à domicile par chaque
discipline, par exemple, en 6' et 5= et en général, au début de l'en-
seignement d'une langue vivante (l'anglais en particulier), tout
le travail essentiel se fait en classe ; c'est à peine si l'on demande
à l'élève deux heures par semaine de travail à la maison pour 5
heures de classe, tandis que le latin et le français (7 h. + 3 h.)
demandent environ une heure de travail à domicile, pour chaque
heure de classe. Par conséquent, l'Assemblée proteste foimelle-
ment contre toute réduction des heures de langues vivantes eu
6"" et 5% comme devant amener l'abandon de la méthode directe
et la mort de notre enseignement. 11 ne saurait être question
dans ces classes de substituer au professeur, pour tout ou partie
des heures, l'assistant étranger, dont l'emploi est, par contre,
désirable dans les deux ou trois dernières années d'études.
7) Non.
21) Oui.
22) L'enseignement, différencié dès l'origine, devra être orga-
nisé selon les deux types : a) humanités classiques, b) humani-
tés modernes (à l'unanimité moins une voix).
24) La répartition des élèves sera laissée à la décision des
parents ; l'administration n'intersiendra pas pour faire admettre
les bons élèves dans la section classique, et les. mauvais dans la
section m.oderne.
25) Les langues vivantes doivent toujours être matière obli-
gatoire, jamais facultative.
26) Entre autres matières : une langue vivante dans la section
classique, deux langues vivantes dans la section moderne.
29) Les examens de passage devront être organisés de telle
sorte, que tout élève n'atteignant pas une certaine moyenne pour
l'ensemble des disciplines sera automatiquement éliminé, sans
que l'administrat'on ait à faire autre chose qu'à enregistrer cette
décision des chiffres. Il n'y aura de note éliminatoire pour
aucune matière.
31) Il est désirable qu'un examen final subsiste, quel que soit
d'ailleurs le nom que l'on conviendra de lui donner.
14) Cette question n'est posée par la Fédération que dans le
cas d'un enseignement un'que sans latin. Mais elle ne se pose
pas moins dans l'hypothèse d'un enseignement différencié, y pour
la section moderne.
L'Assemblée est unanime à désirer qu'une liaison plus étroite
soit établie entre les diverses disciplines. Sur les moyens de
HILLETIN DE L'ASSOCIATION 161
réaliser cette cohésion, elle se partage entre plusieurs tendances.
Les uns voudraient qu'un professeur, quelle que fût d'ailleurs la
discipline à laquelle il ajjpartînt, fût chargé de coordonner les
renseignements recueillis sur chaque élève par ses collègues, et
devînt de la sorte un directeur d'études, sans pouvoir d'ailleurs
contrôler l'enseignement de ses collègues. D'autres sont d'avis
que cette innovation est dangereuse et contraire à l'esprit d'éga-
lité. Ils préféreraient voir appliquer dans leur esprit et dans leur
lettre les règlements concernant les conseils de classe, trop sou-
vent en sommeil par une entente tacite entre l'administration
et le personnel enseignant.
15) Si l'on entend, par professeur principal, celui qui donne
aux élèves d'une classe le plus grand nombre d'heures d'ensei-
gnement, le professeur de langues vivantes est tout qualifié pour
cette fonction dans la section moderne il conviendrait alors de
lui confier en outre l'enseignement du français. D'ailleurs, ce
système se pratique couramment dans les établissements de
jeunes filles et dans les collèges de garçons. Mais l'.^ssemblée
demande que les professeurs de langues vivantes des lycées de
garçons ne soient chargés de l'enseignement du français que sur
leur demande expresse. Ainsi, l'expérience pourra être conduite
dans les meilleures conditions, et il y a des chances pour que
les résultats soient supérieurs à ceux qu'obtiennent les profes-
seurs de lettres lorsqu'ils vont compléter leur horaire dans les
sections sans latin, avec la conviction que leurs efforts seront
inutiles.
A
L'Assemblée adopte, à l'unanimité, le vœu suivant de 3/. Rocher:
• La Régionale lyonnaise rappelle le vœu émis dans sa der-
nière séance au sujet des interprètes militaires (Langues mod.,
déc. 1920, page 502) ;
Signale à l'Association le succès déjà obtenu par un vœu
analogue de l'Amicale du lycée du Parc, transmis à la Fédéra-
tion des Ij'cées (Quinzaine univers., 15 janv. 1921) ;
Et compte que notre bureau s'efforcera d'obtenir avec les pré-
cisions utiles, toutes dispositions susceptibles d'assurer, dans la
nouvelle loi militaire, l'utilisation rationnelle des professeurs de
langues vivantes de l'enseignement public comme officiers inter-
prètes. «>
La discussion sur le projet de M. Pitrou (de Caem, paru dans
les " Langues Vivantes », indiquant un procédé pour accorder
les revendications respectives de l'allemand et des autces langues
vivantes au concours d'entrée de Polytechnique et de St-Cyr, —
est, en raison de l'heure, remise à une séance ultérieure.
La séance est levée à 19 heures.
Le Secrétaire, Le Président,
Pierre Legouis. Douady;
162 LES LANGUES MODERNES
'SIM. Demaïul (St-Etieune), Arrighi (,Boiirg), Gillet cChalon;
veulent bien se charger de transmettre les cotisations de leurs
collègues au trésorier de la Régionale, et aussi de faire parvenir
à le^rs collègues les convocations aux séances, et autres com-
munications.
P. L.
Régionale de Nai)cy
Réunion du Comité du iO février 1921
Etaient présents : Mme Bianconi, Mlle Taboureau, MM. Kremer,
Maresquelle, Mattenet, Petit, Peyraube, Reyher, Vallod.
M. Reyher donne lecture d'une lettre de M. Camerlynck, qui
veut bien accepter de nous représenter auprès du Comité central
de l'Association. Dans le cas où il sera dans l'impossibilité
d'assister aux séances du Comité, M. Servajean le suppléera.
Le Comité agrée MM. Camerlynck et Servajean comme représen-
tants de la Section régionale et leur adresse ses remerciements.
L'ordre du jour appelle la discussion des questionnaires de la
Fédération nationale relatifs à la réorganisation de l'enseigne-
ment. Un premier questionnaire a déjà permis à la Fédération
d'aboutir à des conclusions publiées le 25 janvier, et dont lecture
est donnée. Elles font l'objet des observations générales suivan-
tes :
L'enseignement des langues vivantes a été le grand bénéfi-
ciaire de la réforme de 1902. Par la force des choses et même
en écartant tout soupçon de malveillance à l'égard de notre
enseignement, toute réforme nouvelle risque de se faire contre
lui. Notre Association a donc le devoir de faire preuve de la
plus grande vigilance. Il faut que notre enseignement garde
(par les humanités modernes ou par l'enseignement technique,
commercial, etc..) toute l'importance et si possible tout le
développement, qu'il tient des réformes de 1902.
Il ne paraît nullement nécessaire de rendre le latin obligatoire
dans les lycées. Quelles que soient les qualités du latin, il serait
])aradoxal d'afiirmer qu'il reste, à notre époque, indispensable à
une bonne formation secondaire. L'imposer serait vouloir res-
treindre le nombre des élèves qui profiteraient de l'enseignement
secondaire. C'est le coiitraire qui est désirable et véritablement
t!émocratique. Si le niveau des études a baissé, c'est que par suite
de la souplesse des programmes de 1902 — dont on a tant médit
— le recrutement des lycées est devenu de plus en plus large. Or.
ceci est uîi bien. Il vaut mieux travailler à améliorer un ensei-
gnement largement accessible à tous, que de prétendre créer des
élites à grand renfort de latin, et par une sélection artificielle
puisqu'elle s'exercerait sur des enfants de 10 à 16 ans.
11 doit être possible, et i)our certains esprits désirable, de
liUM.KTIN nii i/associaticn 163
suppU'cr ail latin par une étude plus solide et plus approfondie
des grandes époques de la langue française, et par l'enseigne-
ment des langues vivantes.
Celur-ci ne devra plus se contenter désormais d'avoir pour
but la connaissance " pratique » des langues étrangères, qui
incombera plus spécialement aux nouveaux enseignements com-
merciaux, techniques, etc.. ; prétendant devenir uu instrument
de formation et de culture intellectuelles, il devra devenir un
peu moins <' direct » et moins « inti\itif », s'appuj'er sur une
connaissance claire et raisonnée de la grammaire, et ne pas
craindre d'instituer franchement la comparaison des formes lin-
guistiques élémentaires du français et des langues étrangères.
Il 3' aurait, d'ailleurs, un véritable paradoxe à réduire l'ensei-
gnement des langues étrangères, au lendemain de la guerre,
alors que l'utilité en est bien plus éclatante encore qu'en 1902.
Les conclusions de la Fédération nationale donnent encore lieu
aux observations de détail suivantes :
Les S§ 1 et 2 paraissent bien établir que le nouvel enseignement
primaire sera également donné dans les lycées.. Ceci est abso-
lument indispensable. Dans la région de Nancy, tous les élèves
de la bourgeoisie iraient à l'enseignement libre et seraient
définitivement perdus pour le lycée. Les lycées de jeunes filles
notamment ne résisteraient pas à une pareille épreuve.
§ 3. On ne voit pas très bien comment se ferait la transition
des établissements actuellement existants aux nouveaux ensei-
gnements du deuxième degré ? Il ne s'agit sans doute pas de sup-
primer un grand nombre d'établissements prospères et qui
rendent les plus grands services, pour les remplacer par de
l'inconnu. Il s'agirait sans doute d'un développement orga-
nique de ces établissements, en vue d'une meilleure coordination.
On signale les défauts de l'organisation actuelle dans les peti-
tes villes de province : les E. P. S. et les collèges sont des établis-
sements rivaux, parfois même hostiles, paraît-il.
Le Comité formule les réponses suivantes au nouveau question-
naire du 25 janvier (sous réserve d'études plus approfondies et
d'un complément d'information) :
§ 1 : oui. g 2 : 11 ans, l'enseignement post-scolaire étant sup-
posé réellement obligatoire. § 3 : 7. § 5 : 5 ans -f 1 année de
mathématiques ou de philosophie. § 6 : 20 heures de classes,
20 heures d'études. Les exercices physiques ne devraient jamais
être développés, au point d'abaisser le niveau des études et de
la culture intellectuelle en France.
§§ 7, 8, 9, 10, 11, 12, .13 : Non.
§§ 14, 15, 16, 17 : Non. Le cumul de plusieurs enseignements ne
pourrait qu'avoir la plus fâcheuse influence sur la valeur du
corps enseignant. C'est d'ailleurs le système allemand. Un mem-
bre du Comité rappelle ces mots du poète Dehmel : der deutsche
164 LES LANGUES MODERNES
Oberlehrer hat den Weltkrieg verloren. Rien à imiter de ce
côté-là.
§§ 18, 19, 20 : sans objet, les années d'enseignement unique
ayant été écartées.
§ 21 : Oui. § 22 : Oui, mais sous réserve d'une élaboration judi-
cieuse des programmes des humanités modernes, qui devront
être autre chose que l'ancien enseignement moderne.
§§ 24, 25, 26, 27, 28 restent sans objet.
§ 29 : mieux qu'ils ne le sont actuellement. § 30 : sérieuse,
pouvant comporter l'exclusion de l'établissement pour incapa-
cité. § 31 : l'existence de l'enseignement libre impose un examen
du genre du baccalauréat, qui donne d'ailleurs des garanties d'im-
partialité et assure heureusement la collaboration du secondaire
et du supérieur.
Le Président Le Secrétaire,
Reyher- J. Peyraube.
Rectification au texte du procès-verbal de la réunion du 9
décembre 1920 de la Section Régionale de Nancy.
Notre collègue, M. Vallod, insiste sur la nécessité de continuer
à pratiquer la dissertation conjointement au thème. Il sera inté-
ressant d'observer si la pratique de cet exercice n'amènerait pas
une amélioration dans la qualité de la dissertation.
H. S.
Régionale de Poitiers
La Section Régionale de Poitiers s'est réunie, le 10 février, sous
la présidence de M. Castelain, à la Faculté des lettres. M- Caste-
lain donne lecture d'une lettre de M, Hirtz et d'une lettre de
M. Serimjean, relatives à la réforme de l'Enseignement. L'Assem-
blée passe ensuite à l'examen du questionnaire, émanant de la
Commission d'enquête, sur la réorganisation de l'Enseignement
Après échange de vues, les réponses suivantes sont faites à l'una-
iiimité.
1. — L'Enseignement général du deuxième degré (Humanités)
doit être identique dans ses traitf essentiels pour les garçons et
pour les filles.
2. — Age d'entrée : 11 ans environ.
3. — L'examen exigé pour être admis dans cet enseignement
sera un examen sévère sur un programme simple. Dictée, longue
et facile, avec questions de vocabulaire et de grammaire, problè-
mes élémentaires d'arithmétique. Il ne semble pas nécessaire que
cet examen comporte un oral.
4. — Les épreuves seront corrigées par un jury composé de
professeurs de la classe de sixième.
BLLLKTIN DE L'ASSOCIATIOX 165
ô. — Durée de cet enseignement : la durée actuelle, sept ans.
6. — Maximum de l'horaire hebdomadaire.
a) Heures de "classe. Maximum de 20 heures pouvant être
abaissé à 18 ou 16 h. pour les petites classes.
h) Etudes : 4 à 5 heures par jour avec maximum hebdoma-
daire de 20 heures.
r) Exercice physique quotidien.
7, 8, 9. — Cet enseignement ne sera pas pendant toute sa durée
unique et commun à tous les élèves.
10, 11. — 11 convient d'établir un enseignement commun à tous
les élèves jusqu'à la fin dç la seconde. Peut-être y aurait-il lieu
d'instituer, à l'issue de cette classe, un examen correspondant à la
première partie du baccalauréat.
12, 13, 14, 15, 16, 17. — Le latin sera obligatoire dans cet ensei-
gnement commun.
18. — Les matières d'enseignement pour ces années communes
seraient les suivantes : Français, Latin, Langues Vivantes, His-
toire et Géographie, Sciences.
19, 20, 21, 22, 23, 24. — Après les années d'enseignement com-
mun, les élèves auraient le choix entre :
1" Une section littéraire: Français, Latin, Grec, Philosopnie.
Histoire et Géographie, 1 Langue vivante (3 heures). Sciences
'3 heures I.
2'' Une section scientifique : Français, Sciences, Histoire et
géographie. Philosophie, 2 Langues vivantes.
25. 26, 27, 28. — Outre les mr.tières obligatoires prévues plus
haut, r.Assemblée estime qu'il y aurait lieu d'instituer pendant
les deux dernières années communes un enseignement élémentaire
du grec. Cet enseignement, aussi utile aux élèves qui se desti-
nent à la section scientifique qu'à ceux qui se préparent à entrer
<lans la section littéraire, serait également obligatoire.
29, 30. — Les examens de passage seront subis à la fin de
Tannée scolaire, à l'intérieur de chaque établissement. Ils compor-
teront des épreuves écrites, qui seront corrigées par un jury com-
posé des professeurs de la classe, où l'élève désire entrer. Aucun
élève refusé à l'examen de passage ne devra être admis dans la
classe supérieure. Cette interdiction devra être valable pour tous
les établissements d'Enseignement public.
31. ■« — Les études du second degré auront pour sanction, un
baccalauréat en deux parties, la première partie commune pou-
vant être placée à l'issue de la seconde, ainsi qu'il a été suggéré
plus haut. Ces deux examens comporteront une épreuve écrite de
langues vivantes.
Le Secrétaire, Le Président,
Félix SAUVAGii. Castelaix.
166 IJES LANGUES MODERNES
Régionale de Toulouse
L'Assemblée générale de la Régionale de Toulouse a eu lieu
le dimanche 6 février 1921, au lycée de Toulouse, sous la prési-
dence de M. Loiseau, professeur à l'Université de Toulouse.
Le procès-verbal de la dernière Assemblée et les comptes du
trésorier de la Régionale sont approuvés.
Le Président souhaite la bienvenue à M. Boussagol, nommé ré-
cemment à l'Université de Toulouse, et qui revient participer aux
travaux de la Régionale, à la création de laquelle il avait si puis-
samment collaboré.
L'Assemblée procède à l'élection de trois membres du Bureau :
Vice-Président : M. Boussagol, professeur de langue et littéra-
ture espagnoles à l'Université de Toulouse.
Représentants des Chargés de cours : M. Kancellary, professeur
d'allemand au lycée de Toulouse.
Représentant des collèges : M. Abisou, professeur d'anglais au
collège de Bagnères-de-Bigorre.
L'Assemblée aborde ensuite l'étude des questions portées à
l'ordre du jour de la réunion. Questionnaire adressé par le Secré-
taire général de l'Association des professeurs de langues vivantes.
iUi sujet de la réorganisation de l'enseignement secondaire.
Les résolutions suivantes sont adoptées :
Titre I
a) Etes-vous d'avis ou non que tous les enfants reçoivent un
même enseignement primaire sur un programme commun ?
R. Programme commun (sans aucune spécialisation d'aucune
sorte) enseigné par des maîtres de formation commune.
b) Etes-vous d'avis c^ue cet enseignem.ent soit donné dans une
seule espèce, ou dans plitsieurs espèces d'établissements ?
R. Cet enseignement doit être donné dans des établissements
liiiférents.
c) Etes-vous d'avis que cet enseignement ail pour sanction un
examen commun à tous ?
R, Sanction commune par un examen d'état, avec représenta-
tion de l'enseignement privé dans les {'.ommisslons d'examen.
Titre II
a) Etes-vous d'avis ou non qu'à la suite ou au cours de cet
enseignement soit ouvert aux enfants l'accès de plusieurs ensei-
gnements du 2'" degré.
R. Oui, à la suite de renseignement uiii(iuc, mais non au cours
de cet enseignement.
b) Quels sont ces divers enseignements ?
R. 1" Enseignement du 1'' degré complémentaire, obligatoire
pour ceux qui n'ont pas satisfait à la sanction commune, ou qui
ne veulent pas suivre l'enseignement i)roprenient dit du 2" degré.
BULLETIN DK l'ASSOCLMION 167
2" Eiiseigiienicnt du 2" degré proprement dit : elassique, moder-
ne, technique.
e) A (jiH'l âge faites-vous commencer cl finir chacun d'eux ?
i\. Enseignement du l" degré : de 6 à 11 ans ; enseignement
complémentaire: de 11 à 14 ans; enseignement du 2" degré de
11 à 18 ans.
d) Quelles doivent être les conditions de l'entrée des enfants
((ans chacun des enseignements ?
l\. Obtention du diplôme d'études du 1" degré.
e) Quelles liaisons prévoijez-vous entre eux ?
H. Le passage d'une section, quelle qu'elle soit, à une autre est
possible par voie d'examen.
TrrRE III
Quelles liaisons, ou conditions de passage, prévoyez-vous entre
les divers Enseignements et l'Enseignement supérieur ?
R. L'accès à l'Enseignement supérieur se fera par l'obtention
des diplômes normaux de fin d'études du 2" degré, plus par une
année préparatoire à l'enseignement donné dans chaque Faculté
ou dans chaque Institut. Cet enseignement préparatoire se don-
nera soit dans les Facultés, soit dans les établissements d'ensei-
gnement du 2'' degré, et sera suivi d'un examen.
TiTHE IV
Ces divers enseignements seront-ils gratuits entièrement ? ou
gratuits seulement dans certaines conditions ?
R. Non pour la première question.
Augmentation et réglementation des bourses. L'accès à toutes
les branches de l'Enseignement supérieur serait facilité par la
création de bourses dont les bénéficiaires s'engageraient à rem-
bourser le montant après avoir acquis une situation stable.
A
La Régionale de Toulouse donne mandat à l'Association des
professeurs de langues vivantes de défendre énergiquement les
droits de notre discipline dans la réforme projetée. Si des sacri-
fices sont nécessaires, la Régionale demande qu'ils soient pour
chaque discipline proportionnels aux horaires établis par les pro-
grammes de 1902.
Se
Après avoir entendu l'exposé de la situation de l'Enseignement
des langues méridionales dans les établissements secondaires, la
Régionale des professeurs de langues vivantes de l'Académie de
Toulouse,
Considérant,
Que l'enseignement des langues méridionales comme première
langue, n'est organisée complètement et normalement dans aucun
lycée et collège ;
168 LES LANGUES MODERNES
que, loin de développer cet enseiguement, l'Administration,
invoquant des raisons d'économie, opère des réductions d'horai-
res de nature à le compromettre, et à le discréditer aux yeux des
familles ; **■
que l'importance donnée depuis la guerre à l'enseignement des
langues méridionales en Allemagne, en Angleterre et aux Etats-
Unis, rend urgente l'organisation complète et méthodique de cet
enseignement en France ;
Emet le vœu :
Que l'enseignement des langues méridionales soit développé
dans les lycées et collèges, et qu'aucune réduction d'horaire ne
soit opérée si une expérience complète et de longue durée n'en a
pas démontré la nécessité.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à midi.
Toulouse, le 6 février 1921.
Le Président, Le Secrétaire,
LoisEAU. H. Granger.
Lycée du Havre
Les Professeurs du lycée du Havre, membres de l'Association
des Professeurs de langues vivantes, ayant pris connaissance des
deux questionnaires qui leur ont été envoyés par le Secrétaire
général de l'Association, et s'étant consultés à ce sujet.
Estiment :
I. — a) Que tous les enfants doivent recevoir un enseignement
primaire sur un programme commun,
I. — b) Que cet enseignement doit être donné dans plusieurs
espèces d'établissements,
I- — c) Que cet enseignement doit avoir pour sanction un exa-
men commun à tous,
II. — a) Qu'à la suite ou au cours de cet enseignement doil
être ouvert aux enfants l'accès de plusieurs enseignements du
deuxième degré,
II. — ib) A savoir :
II. — c) Enseignement classique et moderne, de 12 à 18 ans,
Enseignement primaire de 12 à 13 ans.
Enseignement technique de 12 à 14 ans,
II. — d) Que, pourvu qu'ils possèdent un minimum de con-
naissances scientifiques et littéraires, le choix des élèves sera
uniquement guidé par leurs goûts personnels,
II. — «) Que toute facilité devra être donnée aux élèves de
passer d'un enseignement dans l'autre,
III. Que des concours devront ouvrir l'accès de grandes écoles,
IV. Que ces divers enseignements seront gratuits entièrement,
Bl'LLKTIN DE L'ASSOCIATION 169
l'« Questionnaire
1. Que renseignement général du deuxième degré sera, dans
SCS traits essentiels, le même pour les garçons et pour les filles,
2. Qu'aucun minimum d'âge ne sera imposé, pourvu que l'élève
ait satisfait au certificat de fin d'études primaires,
3 et 4. Que cet examen sera passé sous le contrôle d'un jury
mixte de professeurs primaires et secondaires,
5. Que la durée de cet enseignemnt sera de 6 ans,
6. Que le maximum de l'horaire hebdomadaire sera de :
25 heures de classe,
15 heures d'études,
14 heures de récréations et exercices physiques,
7 à 9. Que cet enseignement du deuxième degré ne sera pas
pendant toute sa durée unique et commun à tous les élèves,
10 à 20. Qu'il ne convient pas d'établir, même au début et
pendant un certain nombre d'années, un enseignement commun
à tous les élèves admis dans les classes d'Humanités,
21. Qu'il convient d'envisager un enseignement différencié dès
l'origine, sans aucune année d'enseignement commun,
22 à 23. Que les divers enseignements qui se partageront dès
l'origine les élèves seront organisés selon les deux types envisa-
gés ci-dessous :
a) Humanités classiques,
b) Humanités modernes,
24. Que la répartition des élèves se fera uniquement suivant
leurs goûts,
25. Que dans tous les cas, toutes les matières d'enseignement
prévues seront obligatoires,
26 à 28. Que ces matières seront sensiblement celles ensei-
gnées actuellement,
29. Que les examens de passage devront être réels,
30. Que les élèves n'ayant pas satisfait à l'examen de passage
redoubleront la classe, sans qu'aucun élève soit admis à rester
trois ans dans la même classe,
31. Que l'examen final de cet enseignement général du deuxiè-
me degré sera le baccalauréat, passé dans les conditions actuelles.
Pour les professeurs du lycée du Havre, membres de
l'Association des professeurs de langues vivantes de
l'Enseignement public.
L'un d'eux,
Lemonnier.
170 LES LANGUES MODERNES
SecHon Régionale de Clermont-Ferrand
Les membres de la S. R. de Clermont-Fei'raud se sont réunis le
dimanche 30 janvier, au lycée Biaise-Pascal, sous la présidence
de Mlle Castella, professeur au lycée Jeanne-d'Arc.
S'étaient excusés : Mme Honoré, présidente ; Mlle Comberole :
MM. Lébraly, Cannac, Bernard.
Mlle Castella dit avec quelle douloureuse surprise les profes-
seurs de Clermont viennent d'apprendre la mort prématurée d'un
excellent collègue, M. Dussaud, professeur d'allemand au lycée
Biaise-Pascal. M. Dussaud était un des membres les plus actifs
de notre S. R., et sa disparition causera de vifs et unanimes
regrets.
Mlle Castella exprime ensuite le regret que Mme Honoré, souf-
frante, n'ait pu venir présider la séance, et elle se fait l'inter-
prète des membres présents en priant M. Honoré de transmettre
à notre présidente les meilleurs vœux de prompt rétablissement
de la S. R.
Ordre du jour de la réunion :
1" Compte rendu des résultats obtenus depuis la réunion du
21 octobre ;
2" Attribution des bourses de vacances à des élèves ^n^ritants ;
3" Election d'un membre du Comité, en remplacement de
M. Papin, démissionnaire ;
4" Questions diverses.
1. — M. Vivien, secrétaire, rend compte : 1) des adhésions
nouveries (Mlle Caillot, MM. Gros, Rocher) ; 2) des démarches
faites auprès de l'administration par le Président de l'A. P. L. \'.
à la suite des réclamations déposées, lors de la dernière réunion,
par Mlles Chevrant et Comberole, et M, Langlais, et du vœu,
émis sur la proposition de M. Langlais, relatif à l'enseignement
de l'espagnol à la Faculté de Clermont ; 3) de la propagande
entreprise pour recueillir les fonds nécessaires à l'attribution
de bourses de séjour : >■ L'appel aux personnes s'intéressant à la
question des langues virantes » (voir page 490 du Bulletin de
nov.-déc. 1920) a été publié par la presse locale, le 7 décembre.
Hommage est rendu aux elloi-ts déployés, dans le département du
Puy-de-Dôme, par Mme Honoré et Mlles Comberole et Caillot.
MM. Papin et Bernard ont bien voulu se charger de la propa-
gande à faire dans le département de l'Allier ; et M. Lébraly, du
lycée de Guéret (1), vice-président de la S. R., est en train d'organi-
(1) M. Lébraly a été depuis cette date nommé Professeur d'alle-
mand au Ivcée de Clcrmont-Ferrand.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 171
îti- même propagande dans la Creuse. Le montant des souscrip-
tions recueillies à ce jour s'élève à la somme do 2.370 fr. (>cs
Tiouseriptions ont été recueillies dans l'ordre suivant :
MM. Michelin, industriel • ■ 500
Hergougnan, industriel 500
Olier, industriel ■• 200
Delaunoy, Directeur de l'E. professionnelle 20
Carrias, Directeur de l'E. de sténographie 30
Vidal, Député de l'.Allier, Sous-secrétaire d'Etat.... 50
Souscriptions diverses, recueillies à Thiers 160
Société anonyme du (Casino de Vichy 50
Loge cosmopolite. Vichy (renouvelables) 20
A noniyme . . . . • 50
M. Pingusson, fils • . 20
Aille de Clermont-Ferrand (subvention annuelle) ....... 500
MM. Rouzaud, industriel 100
le Général Mordacq. C la 26'^ D. 1 20
Chalus, banquier ■ 100
Gros, pharmacien à Clerraont . 50
Total 2.370
.\ussi bien, n'est-il pas exagéré, devant ce résultat, d'espérer
<5ue le mentant des souscriptions qui auront été recueillies avant
les grandes vacances dépassera 3.000 francs ; ce qui permettrait
rattribution de 4 à 6 bourses.
2. — Après discussion sur le mode d'attribution des bourses, il
a été décidé :
(t) que les professeurs de langues vivantes de l'Académie de
(".lermont seraient invités à choisir leurs candidats-boursiers (2"
cycle des Ijcées et- collèges, 3' année des E. X., 3* et 4* années des
E. P. S. et des écoles pratiques, 1" et 2" années de l'Ecole supérieure
dé comm.erce) et à fournir, pour chaque candidat, avant le 1 "^
anai, un dossier de 3 pièces, comprenant :
1° le curriculuw, vitee du candidat établi de la manière sui-
vante : âge, situation, antécédents, conduite du candidat ; appré-
tiation détaillée sur le candidat an point de vue de ses connais-
sances en langue étrangère; carrière à laquelle se destine le
candidat ; situation de la famille du candidat ;
2» un extrait du rôle des contribuables, fourni par les parents
<lu candidat ;
3" un certificat des parents du candidat dégageant de la manière
ia plus absolue, en cas d'accident, la responsabilité de la S. R.,
et endossant expressément cette responsabilité ;
b) que ces dossiers seraient transmis aux bureaux de l'Acadé-
laie de Clermont ;
c) que l'examen des dossiers serait confié au Comité de la S. R.
172 LES LANGUES MODERNES
(composé de MM. Langlais, Pallier, Chauliat, Blanquet, Bernard.
Gardes) qui se réunirait à une date fixée par le Bureau, et pré-
parerait, sur le montant et l'attribution des bourses, un rapport
à soumettre à l'approbation de l'Assemblée générale du 3' tri-
mestre ;
d) que l'attribution définitive des bourses serait faite lors de la
réunion du 3* trimestre, que M. le Recteur a promis d'honorer de
sa présence, et à laquelle seraient invités tous les membres d'hon-
neur de la S. R. ;
e) que le Comité de l'A. P. L. V. serait invité à fournir tous
renseignements utiles pour permettre à nos boursiers d'effectuer,
aux meilleures conditions possibles, leur séjour à l'étranger ; —
et pour obtenir des Compagnies de chemins de fer des réductions
sur le prix des billets ;
/) qu'à leur retour en France, les boursiers auraient à fournir
un rapport succinct en langue étrangère, sur leur séjour des
vacances.
3. — M. Gardes, professeur d'espagnol à l'E. P. S. de Pleaux
(Cantal), est élu membre du Comité en remplacement de
M, Papin, démissionnaire.
4. — Communication est donnée de la lettre du Comité de
l'A. P. L. V., du 24 janvier 1921, relative à la réorganisation de
l'Enseignement secondaire.
La date de la réunion du 3^ bureau sera fixée ultérieurement
par le Bureau.
Le Secrétaire,
R. Vivien.
Section Régionale de Lille
Les membres de la Régionale de Lille sont convoqués en assem-
blée générale le jeudi 28 avril à 14 heures. Faculté des Lettres.
Lille. L'ordre du jour a été publié dans le n" 1 des Langues Moder-
nes, p. 35.
Le Président,
Floris Delattre.
L'Université et la Politique
Une note émanant du Cabinet de M. le Recteur de l'Académie
de Paris, et datée du 11 février 1920, informait dernièrement les
chefs d'Etablissements du ressort que M. Bernheim Georges, pro-
fesseur agrégé d'allemand, au lycée Louis-le-Grand, était chargé
IIULLETIN DE L'ASSOCIATION 173
par le Ministre de l'Instruction publique d'une mission pour
rinspection des langues vivantes dans les lycées, collèges, Ecoles
normales et primaires supérieures.
Cette désignation, faite par M. Honnorat au moment où tom-
bait le ministère Leygues, avait pour effet de confier à un colla-
borateur politique immédiat de l'ancien ministre, la charge par-
ticulièrement délicate de contrôler l'activité professionnelle, le
mérite, le savoir d'un nombreux personnel qui a fait ses preuves.
Le nouvel et relativement jeune inspecteur se trouve ainsi, tout
à coup et de façon imittendiie, devenir le chef de professeurs
dont plusieurs, depuis longtemps, occupent une situation de
tout premier plan dans notre enseignement, au double point de
vue du caractère et du savoir, des qualités morales reconnues de
tous, et des mérites pédagogiques.
Un mouvement d'opinion assez vif s'est manifesté auquel notre
groupement ne pouvait rester insensible. A la fin de la séance
du 17 février, au lycée Louis-le-Grand, un échange de vues a eu
lieu entre les collègues présents.
11 en est résulté la résolution suivante :
Les Professeurs de Langues vivantes réunis en Assemblée
plénière, le 17 février 1921, au lycée Louis-le-Grand ayant exa-
mine la question Bernheim ont donné au Bureau mandat de la
suivre ; ils élèvent la protestation que voici :
" Considérant que si le nombre actuel des Inspecteurs géné-j
faux de langues vivantes est insuffisant, il y aurait lieu de
demander au Parlement le vote des crédits nécessaires à la créa-
tion d'un poste ;
" Que, cette condition réalisée, l'Administration trouverait dans
le personnel enseignant des langues vivantes des professeurs
dont l'âge, les services, la compétence et l'autorité reconnue de
tous les désignerait au choix du ministre ;
" Que l'activité professionnelle, l'expérience, les rapports d'ins-
pection, les travaux personnels, les publications d'ordre pédago-
gique qualifient mieux un candidat aux fonctions d'inspecteur,
que ne sauraient le faire un certain nombre de mois passés dans
un cabinet ministériel, et consacrés à des occupations politiques,
" Les professeurs de langues vivantes protestent contre la
mesure prise en faveur de M. Bernheim, mesure, qui a pour effet :
" 1** de transformer les hautes fonctions universitaires en pré-
bendes destinées à récompenser des services politiques ;
" 2" de décourager tout un personnel attaché à son œuvre
pédagogique, qui se fait une haute idée de la mission éducative
à lui confiée, mais dont le zèle et les qualités sont étrangement
récompensés dans la présente occurrence ;
" Et se joignent au Bureau de la Fédération nationale des pro-
fesseurs de lycée pour demander que la mission d'inspecter les
classes de langues vivantes dans les Etablissements d'Instruction
13.
174 LES LANGUES MODERNES
de l'Académie de Paris soit confiée à une personne qui, par ses
services, sa compétence, son autorité pédagogique et morale, ses
travaux antérieurs, son âge, s'imposerait à la respectueuse estime
du Corps professoral. »
Cette résolution a été transmise au bureau de la Fédération
nationale des professeurs de lycée, à laquelle plusieurs amicales
de lycées avaient déjà adressé leur protestation.
Nous apprenons, que le Congrès des professeurs de Ij'cée vient
de ratifier la lettre que le bureau de la Fédération nationale se
propose d'adresser au Ministre de l'instruction publique, pour
« protester contre l'intervention trop fréquente de la politique
dans les nominations universitaires. »
Démarches du Bureau
Le 4 mars, le Bureau a été reçu par M. Gaston Deschamps, pré-
sident de la Commission de l'Enseignement de la Chambre des
Députés, à qui le vœu suivant a été remis :
" Le Bureau de l'Association des professeurs de langues vivan-
tes de l'Enseignement public, en sa séance du 2 mars 1921,
M Considérant que l'enseignement des langues vivantes ne com-
porte qu'un seul concours d'agrégation commun aux hommes et
aux femmes,
<i Se joint à la Société des agrégées de l'Enseignement féminin
pour demander que traitement égal soit accordé aux agrégés des
deux sexes. »
M. G. Deschamps a paru frappé du bien-fondé de la demande,
et a promis de le communiquer à la Commission. La conversation
s'est prolongée et a touché aux diverses questions qui nous inté-
ressent. M. G. Deschamps a exprimé sa sympathie pour les lan-
gues vivantes, qui n'auront, a-t-il affirmé, aucunement à souf-
frir de la refonte des programmes.
A
Le Bureau a rendu visite, le 17 mars, à M. Bellin, Directeur de
l'Enseignement secondaire.
En recevant le voeu concernant l'égalité de traitement pour les
agrégés des deux sexes, vœu dont le texte est reproduit d'autre
part, M. le Directeur s'est félicité avec nous que la mesure fût
déjà chose acquise, du moins en ce qui concerne le vote de la
Chambre et les intentions du ministère. Mlle Ledoux et Mlle Bous-
sjncsq se sont associées au Président pour présenter leurs remer-
ciements à M. Eellin pour la part active qu'il avait prise à cette
reforme.
Bl'M.KTIN I)K l'association 1/5
M. le Directeur partage nos vues à l'égartl de la nécessité qu'il
y a, à avoir des examinateurs s[)écialisés dans les concours des
grandes écoles. Il transmettra nos desiderata en les appuyant,
aux autorités compétentes.
Il étudiera avec intérêt la question posée par le vœu de la
Régionale de Poitiers, et adopté ensuite par le Comité de l'.As-
sociation ; il s'agit de faciliter aux étudiants et aux professeurs
l'accès aux publications scientifiques, littéraires et philologiques
des pays étrangers. La question est d'ailleurs complexe et ressor-
tit à diverses administrations.
Le vœu touchant aux réiliictions éventuelles d'horaires (dont
nous entendons que notre discipline ne soit pas seule à faire
les frais), la déclaration votée par r.\ssemblée du 17 février (dont
on trouvera le texte plus haut), ont également attiré l'atten-
tion sympathique de M. le Directeur. Il nous a donné l'assurance
que nous aurions satisfaction : dr.ns la répartition hebdomadaire
des heures de classe, notre enseignement sera réduit dans la
même proportion que les autres enseignements.
Pour ce qui est des projets de réforme, rien n'est encore pré-
cisé. Le Ministre prépare des consultations qui prendront beau-
coup de temps. M. Bellin doute qu'il soit possible d'élaborer un
avant-projet mis au point pour la prochaine session du Conseil
supérieur de l'Instruction publique. Il est partisan d'un ensei-
gnement ayant pour base les humanités modernes à côté d'un
enseignement classique proprement dit. En dehors de bien des
considérations, il y a intérêt à retenir au lycée toute une clien-
tèle, partisan d'un enseignement sans latin.
Il regrette que dans certains milieux (grandes Ecoles) on ait
une tendance à multiplier les langues que les candidats pour-
raient ou devraient présenter. Ou a ainsi l'impression que d'au-
cuns voudraient transformer les lycées et collèges en des façons
d'Ecoles Berlitz. Cette impression fait tort à la cause des langues
modernes, base de culture. En tous cas, la promesse est formelle:
pour l'élaboration des programmes, le Ministère fera appel au
concours des spécialistes. Nous n'aurons pas à nous plaindre des
procédés qui, naguère, en un service voisin, nous ont tenus à
l'écart et préparaient dans l'ombre l'étranglement des langues
vivantes. L'Association aura ses représentants dans les Com-
missions appelées à établir les programmes futurs.
La dernière question abordée au cours de l'entretien touchaA:
à une mission d'inspection des classes de langues vivantes con-
fiée à un de nos collègues par M. Honnorat au moment où tom-
bait le dernier ministère. Cette nomination in-extremis, nous ne
l'avons pas caché à M. le Directeur a produit une fâcheuse impres-
sion sur le personnel universitaire. M. Bellin n'en a point été
surpris. Mais il ne s'agit, à ses yeux, que d'une mission toute
temporaire. D'ailleurs, aucun crédit n'existe qui permette les
176 l-KS I^\XGUES MODERNES
déplacements du fonctionnaire. Les lycées et collèges de Paris
et des environs viennent, en outre, d'être inspectés. La mission
ne s'exercera donc que dans les établissements primaires supé-
rieurs et dans les Ecoles normales. En aucun cas, cette mission
ne saurait être une étape vers une inspection générale, ou même
vers une inspection d'académie.
Le Bureau, en se retirant, rem'ercie M. le Directeur de l'appui
bienveillant qu'il veut bien apporter à la cause des langues
vivantes.
Con)n)issioi) de propagai)de
Conformément au vœu exprimé par l'Assemblée générale du
17 février dernier, le Bureau a désigné nos collègues, dont les
noms suivent, pour faire partie de la Commission de propagande.
MM. Becker, Beley, Bourgeois (Maurice). Cazamian, Camer-
Ij'nck, Chemin, Delobel, Desclos-Auricoste, Digeon, Dupré, Kiihn.
Milliot-Madéran, Mlle Gagnot.
MM. Veillet-Lavallée, Bloch et Servajean, Mlles Brunel et Bous-
sinesq, représentent le bureau au sein de cette Commission.
M. Rancès assistera aux séances, en qualité de membre du
Conseil supérieur de l'Instruction publique.
Le Bureau laisse du reste le soin à la Commission, de s'adjoin-
dre d'autres membres, notamment deux représentants des lan-
gues méridionales (italien et espagnol).
Une première réunion a déjà eu lieu, au cours de laquelle ont
été élus :
Président : M. Cazamian.
Vice-Président : M. Delobel.
Secrétaires : M. Desclos-Auricoste et Mlle Boussincsq.
Les membres présents ont procédé à un échange de vues inté-
ressant, et immédiatement après les congés de Pâques, ils orga-
niseront leur action de propagande.
Congrès de rei)Seigi)eiT)ei)t secondaire de Pâques
M. Delobel, qui sert déjà de trait d'union entre notre Fédéra-
tion et la fédération nationale des professeurs de lycée a été
désigne par le Bureau pour nous représenter au Congrès de
Pâques, et défendre notre discipline au sein de la Commission
de la Reforme de l'Enseignement secondaire, et au cours de
l'Assemblée plénière, qui étudiera cette question. Plusieurs de
nos collègues présents à Paris pendant les vacances, ont promis
d'assister au Congrès, dans le même dessein.
Bl'LLKTlN DU I.'asSOCIATION 177
Conr)pte rei)du du Congrès (le référendum)
La Fédération des professeurs de lycée et de l'enseignement
secondaire féminin a tenu son Congrès annuel du 31 mars au
2 avril. Notre Association y a été représentée par plusieurs collè-
gues dévoués : Mlles Davesne, Gagnot. Ledoux ; MM. Bloch. Delo-
bel, Letourneau, Milliot-Madéran, qui ont i)ien voulu sacrifier une
partie de leurs vacances pour suivre les séances et assister le
secrétaire général.
Nous ne retiendi'ons ici que ce qui concerne la réforme de
l'enseignement, renvoj'ant au Bulletin de la Fédération pour le
compte rendu détaillé. La discussion a été précédée d'un rapport
considérable de M. Moulinier qui a posé la question dans toute
son ampleur et donné les résultats de l'enquête. Mais il est apparu
qu'un certain nombre de congressistes, surtout des professeurs
de lettres, désiraient que le Congrès rve prît pas de décisions et
que tout fût renvoyé à un nouvel examen.
Cependant, des résolutions importantes ont été votées, et la
Fédération va les soumettre incessamment au référendum des
Amicales. En voici le résumé :
La conclusion 1 du 1" questionnaire publié ci-dessus a été
modifiée comme suit : •• Tous les enfants doivent recevoir sur
un programme commun un enseignement commun du l"" degré.
Il ne sera rien changé au recrutement du personnel des classes
élémentaires. »
Les conclusions 2, 3, 4, 5 ont été adoptées, sauf en ce qui con-
cerne les Ecoles Normales, dont l'incorporation dans l'enseigne-
ment des lycées a été demandée. Au sujet des bourses (n'' 6;, les
conclusions de la Commission et un contre-projet Weber ont été
renvoyés à l'examen des Amicales.
En réponse au second questionnaire publié ci-dessus, le Congrès
a voté les résolutions suivantes :
1. Identité de l'enseignement des garçons et des filles.
2. 11 ans révolus.
3-4. Examen d'entrée obligatoire subi devant les maîtres de
l'enseignement secondaire, assistés de maîtres de l'enseignement
du l""^ degré. Epreuves écrites et orales sur le français et le calcul.
Carnet scolaire.
5. 7 ans.
6. Maximum de 20 heures à 24 heures de classe suivant les
années. Education physique méthodique : deux leçons d'une heure
par semaine.
7 à 28. L'enseignement général comprend : «) deux années
d'enseignement commun avec latin (et français, langue vivante,
histoire et géographie, mathématiques, sciences, dessin), b) ensuite
trois années d'enseignement différencié ; les élèves se répartissent
178 LES LANGLKS MODERNES
en deux divisions : français -f- langues anciennes et français 4-
langues modernes, les matières autres que le français et les lan-
gues anciennes ou modernes restant communes, c) enfin, deux
années de spécialisation avec fonds commun de culture générale,
oîi chacune des divisions, classique ou moderne, aboutit à des
sections littéraires et à des sections scientifiques.
14-17. Le professeur principal doit être le professeur de fran-
çais. (Des modifications aux examens de langues vivantes ont
été envisagées pour que le professeur de langues vivantes puisse
donner aussi l'enseignement de français).
29-30. Renforcement des examens de passage, qui doivent être
éliminatoires.
31. Le Congrès n'ayant pas voté sur cette question, les Amicales
devront se prononcer entre deux propositions : la première partie
du Baccalauréat sera-t-elle placée après la Seconde (examen de
culture générale) ou après la Première (examen spécialisé suivant
les sections"».
Les prochains Bulletins de la Fédération contiendront le rap-
port Moulinier et les débats du Congrès, ainsi que le texte du réfé-
rendum, auquel les Amicales seront invitées à répondre par oui
ou par non. L'importance de cette consultation, notamment en ce
qui concerne les humanités modernes, ii'a pas besoin d'être sou-
lignée. Les résultats en pourront être invoqués comme l'expression
de la\ volonté du corps enseignant. Xous demandons à nos collègues
de suivre très attentivement les discussions auxquelles elle don-
nera lieu dans les Amiccdes. En raison des votes de l'Assemblée
du 17 février, le Comité de l'Association n'a pas cru pouvoir
prendre de décisions sur les différents points du questionnaire.
Mais les rapports envoyés par les régionales et l'ordre du jour
Kûhn (voir compte rendu de l'assemblée générale du 17 février)
fourniront les directives générales.
La Fédération des professeurs de collège s'est également occupée
de la question dans son Congrès de Pâques. Au moment où nous
donnons le bon à tirer, les conclusions votées ne nous sont pas
encore parvenues ; nous les publierons dans le prochain Bulletin.
Nouveaux adhérents
M. Bande, St-Louis ; M. Brugeille, prof, d'ail, à l'Ecole des
Hautes-Etudes commerciales. 39, rue Ganneron, Paris, 18* ;
M. Cannac, prof, lycée Biaise-Pascal, Clermont ; M. Druesne,
prof, lycée Biaise-Pascal, Clermont ; M. Chauliat, prof, lycée
Biaise-Pascal, Clermont ; M. Honoré, prof, lycée Biaise-Pascal,
Clermont ; M. Lion, prof. E. supérieure, de com., Sous-Directeur
BULLETIN DE l'aSSOCLVTIOX 179
K. Pratique ; M. Cros, prof, collège de Riom ; M. Garde, délégué
I-:. P. S., Pléaux (Cantal) ; M. Coindreaii, délégué E. P. S., Gannat
(Allier) ; Mme Honoré, prof, lycée .1. F., Clermont-Ferrand ;
Mlle Chevrant, prof, lycée .1. F., Clermont-Ferrand ; Mlle CaslelUt,
])rof. lycée J. h\, Clermont-Ferrand ; Mlle Caillot, prof. E. P. S.
filles, Clermont-Ferrand ; M. H. Xicholson, Esq., the Grammar
School, Watford ; M. T.-R.-N. Crofts, Esq., Royal Masonic School,
Bushey, Herts ; M. G.-E. Mansion, Esq,, 20, Sudbrooke Road,
London, s. w. 12 ; M. W.-P. Fiiller, Esq., Holborn Estate Grammar
School, Aldwjch, London, w. c. 2 ; Miss DrM. Scott, Roedeau,
IJrighton ; Miss M.-M. King, Banbury Municipal, School, Oxon ;
M. Durand, ail. collège de Millau, Aveyron ; Mlle Vitreij, E. P.
S. filles, Nancy ; Mlle Calogêroupolos, Paris ; MM. Garnier, ita-
lien, Calzan, Goux, Giielin, Porteau, Sulger-Bruel, lycée de Lyon ;
Mlle Siredey, anglais, collège J. F., Ncufchâteau, Vosges ; M.
Orieiix, Michclet, Paris ; M. Proust, collège Nyons, Drôme ;
M. Bailly, angl., Alger, Ben-.\knoun ; Mme Dedieu, Chervey-
(.hatelais, (Charente ; Mlle Dosmond, angl. lycée J. F., Nancj- ;
M. Aynault, coll. Saulieu, Côte-d"Or ; M. Viebold, Gymnase de
Vissembourg, Bas-Rhin ; M. Plantié, inst. à Idrac-Respailles,
Gers ; M. Richard, Haguenau, Bas-Rhin ; M. Morin, Paris ; M.
Reyher, prof. Faculté des lettres, Nancy ; M. le Principal, collège
Autun, Saône-ct-Loire ; Mlle Spindler, Colmar, Haut-Rh-n ;
Bibliothèque du collège Thionville, Moselle ; M. Violot, prof, col-
lège, Neufchàteau, Vosges ; M. Villeméjane, Arago, Paris ; Mlle
Balency, J. F., collège Dax, Landes ; M. i\'orm(md (Alex.), prof.
collège, Pontoise, S.-et-Oise ; M. Maillet, prof, d'anglais, Ij'cée
St-Etienne, Loire ; M. Motion, prof, d'anglais, lycée St-Etienne,
Loire ; M. Fabre, Ecole prim. sup., Aix-en-Provence, B.-du-R. ;
Mlle Denis, prof, angl., coll. de J. F., Villeneuse-s.-Lot, Lot ;
.1/. Xafrechoux, prof, angl.. Ecole normale Inst., Férigueux ;
M. Bourgoin, prof, ail., lycée de Toulouse ; M. Barrât, prof, angl.,
lycée de Toulouse ; M. Albert, prof, espagnol. Ecole prim. sup,
garçon, Toulouse ; M. Delmas, prof, lycée Tulle ; M. Guyot, maî-
tre de couf. à la Faculté de Rennes ; M. Anstett, prof, ail., lycée
Kléber, Strasbourg ; M. Hélias, prof, angl., lycée St-Charles,
Marseille ; M. Boisset, principal du collège. Bruyères (Vosges) ;
Mlle Dole, E. V. S. F„ Pontivy (Morbihan) ; Mlle Desanti, déléguée
italien, lycée Edgar-Quinet, Bourg ; Mlle Roman, angl,, déléguée
au lycée Lalande, Bourg ; M. Rosier, angl., collège Pontoise,
S.-ct-Oise ; Mlle Jacquinet,, 34, rue Madame, Paris (6*) ; M. Thala-
mus, E. P. S. G., Prades, Pyr.-Orient. ; Mme Vérité, prof. E. N.
Instituteurs, Pau, Basses-Pjr.
FRITZ VON UNRUH
La réputation de Fritz von Unruh est toute récente en
Allemagne. Il la doit aux œuvres que lui a inspirées la vision
de la guerre, en particulier à Opfergang il), que l'on classe
entre le Feu de Barbusse et les Hommes en guerre de Latz-
kow. Il n'j' a pas là qu'un succès de librairie.
Dès la publication de sa première œuvre, en 1912, l'auteur
de « 0/Jiziere » (2) se vit saluer par Julius Hart comme le
poète inspiré de la jeune génération, dont il fallait attendre
de grandes choses. En fait, le drame qui fut joué au Deutsches
Theater et qui fit décerner à von Unruh le prix Kleist, n'était
encore qu'une promesse. De même pour « Louis Ferdinand,
Prinz von Preussen » (3), dont la représentation fut interdite
parce qu'un Hohenzollern y était mis en scène. Un très jeune
écrivain s'annonçait comme ayant retrouvé la veine de
Liliencron — de l'imagination, de la sensibilité, de la flam-
me, et par-dessus tout de la spontanéité. Une spontanéité à
la prussienne, contrastant avec les effusions, les langueurs,
les lenteurs de la littérature germanique. La langue était
nette, rapide, hachée, les dialogues enlevés avec une viva-
cité militaire. Quant à l'inspiration, rappelant Kleist en
même temps que l'auteur d' « Adjutantenritte », elle était
puisée à la source du vieux patriotisme prussien, qui ne rai-
sonne pas, qui ne connaît que la beauté d'obéir, de servir,
d'être soldat, et marqué pour la bataille.
Vint la guerre, la révélation pour Unruh de ce qu'est la
guerre. Trois œuvres en marquent les étapes : « Vor der
Entscheidung » (4), Un poème dramatique daté de Moyen-
court, octobre 1914, — « Ein Geschlecht » (5), drame sym
bolique de la fin de 1914, — « Opfergang » (6), dont le ma-
nuscrit, livré à l'éditeur pendant l'été de 1916, fut arrêté par
la censure, et publié seulement en 1919.
(1) Erich Reiss Verlag, Berlin 1919.
(2) Erich Reiss Verlag, Berlin 1912.
(3) Erich Reiss Verlag, Berlin 19i2.
(4) Erich Rpiss Verlag, Berlin.
(5) Kurt Wolff Verlag, Leipzig.
C6) Erich Reiss.
FRITZ VON UMUH 181
Ces trois ouvrages ont une valeur documentaire considé-
rable : on y saisit coninient, très tôt, dès a))rès la bataille de
la Marne, une démoralisation, aux formes subtiles encore,
s'était emparée de certains esprits en Allemagne. Le person-
nage symbolique du « Ulan » dans « Vor der Entschei-
dung », déjà représente l'angoisse de voir « l'Europe jetée
à la nuit et au meurtre ». Dans l'église mitraillée, devant le
lit de l'accouchée mourante dont on vient de fusiller le mari,
au passage lugubre des réfugiés, s'éveille un frisson, un doute
sur la cause pour laquelle les camarades continuent de com-
battre. Celui-ci pense pour eux, sans agir sur eux, sans arri-
ver pour lui-inème à la lumière qu'il attend, qu'il implore
d'en haut :
Wo ist die Tat,
Wer kann den Weg mir zeigen ?
Wer weiss sich Rat,
Wenn Gottes Lippen schweigen ?
Tout l'intérêt psychologique — et il dépasse infiniment
l'intérêt documentaire — tient à l'obscurité de cet « état
d'esprit renversé », eût dit Stendhal, à la confusion d'une
nouvelle vision du monde qui s'ébauche, sans arriver à se
débrouiller. Un Jules Romains, poète d'Europe, un Jouve,
auteur de « Vous êtes des hommes », savaient ce qu'ils re-
grettaient, et définissaient leur aspiration. Un Fritz von
Unruh — caractéristique, en cela, de l'Allemand — ne com-
prenait plus le passé, en un instant aboli, et perdu comme
son héros errant sur le champ de bataille, il se sentait re-
plongé dans le chaos premier, avec tout au plus cette confuse
espérance que la violence en ferait surgir on ne sait quel
ordre nouveau.
C'est surtout dans Opfergang qu'il faut aller chercher les
signes de ce désarroi mental qui n'est pas encore une conver-
sion, mais qui se manifesta sous des formes multiples dans
l'Allemagne en guerre, et qui continue d'y durer (On trouve-
rait à ce sujet de bien curieux témoignages dans la nouvelle:
<( Timur » (1) de Kasimir Edschmid). Non que toutes les
paroles que met von Unruh dans la bouche du pionnier, du
tambour, du cuisinier, ou de l'acteur qui passent et repas-
sent dans cette espèce de journal de guerre, aient pu être
réellement prononcées par des soldats. Derrière les person-
(1) Kurt Wolff, 1917.
182 LES LANGUES MODERNES
nages on sent l'auteur, et un auteur qui a des lettres, qui est
visiblement influencé par Shakespeare, et auquel il ne déplaît
pas de jouer ou de faire jouer à ses héros le rôle de Hamlet.
Mais sous le mélange de tragique, de truculence et de boufTon-
nerie, on sent la réalité prenant des hommes aux entrailles
et leur arrachant des accents d'une sincérité vécue.
L'analyse serait imiDuissante à rendre les éléments de ce
drame d'un corps d'armée auquel on annonce qu'il est des-
tiné à Verdun, que l'on y transporte, qui attaque et succombe.
Il faut suivre une à une, dans leur désordre, les réactions,
les réflexes des êtres que l'idée de « Verdun » a épouvantés
et qui par degrés sont conduits à une sorte de folie tantôt
individuelle, comme lorsque l'un d'eux, à Marville, se préci-
pite en travers du défilé de la grosse artillerie qu'il accom-
pagne de sa malédiction en balançant sur elle une branche
cassée, tantôt collective, comme lorsque ceux qui reviennent
de l'attaque en brandissant des débris humains, des mem-
bres arrachés, ne connaissent plus ni ordre, ni chef, leur
général ayant d'ailleurs été tué par une main allemande.
Une part devra être faite, dans l'histoire de la guerre, à ces
divagations chez les Allemands d'une sensibilité hyperesthé-
siée dont rien ailleurs n'a donné l'idée. Il y a dans cette
psjxhose d'un peuple un cas intéressant à étudier. Il n'est
pas limité entre 1914 et 1919. Cause de la guerre, résultat de
la guerre, la crise continue. Ses manifestations cependant —
déjà l'œuvre d'Unruh en témoigne : — sont variables. Elles
n'ont pas changé de nature ; c'est à la nature allemande
qu'elles tiennent. Mais elles ont changé de direction, et si
tant est que l'on puisse deviner une orientation nouvelle,
c'est à la découvrir qu'il se faudrait attacher.
F. Bertaux,
Professeur on lycée Biiffon.
Les « Bibliothèque et Musée de la Guerre »
(Ministère de l'Instruction Publique et des Beanx-Arts)
Les (( Bibliothèque et Musée de la Guerre », fondés avec
les collections Henri Leblanc et devenus institution officielle
par l'acte de donation signé en août 1917, avaient pour objet
primitif, de réunir et de classer les documents et ouvrages
relatifs à la guerre européenne de 1914-1918, et à ses consé-
quences immédiates.
Le Directeur, M. Camille Bloch, Inspecteur Général hono-
raire de l'Instruction Publique, a exposé dans un article de
la Revue de Paris du 1" février 1920 les résultats obtenus à
cette date : le Musée comprenait alors plus de 2.000 ijeintures,
aquarelles, dessins originaux, sculptures, bas-reliefs et mé-
dailles, sans compter les affiches illustrées (plus de 3.000?,
estampes, gravures et objets intéressant la vie de l'avant et
de l'arrière pendant les années de guerre.
La Bibliothèque contenait environ 50.000 ouvrages. 12.000
affiches, 600 cartes et plans, ÔOO quotidiens, 300 journaux du
front, plus de 3.000 revues et autres périodiques, 6.000 dos-
siers. Mais ces chiffres n'ont qu'une valeur d'indication ;
car depuis un an, les collections se sont considérablement
enrichies.
Parmi tous ces documents, ceux de langue française étaient
naturellement les plus nombreux à l'origine ; par la suite, les
sections de langues étrangères se développèrent également ;
elles ont pris à l'heure qu'il est une grande extension. Leur
importance s'est beaucoup accrue du fait que l'Institution,
non contente désormais de collectionner les documents ayant
un rapport direct avec la guerre, devient et deviendra de plus
en plus un office de renseignements bibliographiques sur
toute l'histoire politique, économique, sociale et intellectuelle
du monde depuis 1914.
Le programme de la documentation est assez étendu, et
souple pour permettre de faire entrer à la Bibliothèque des
ouvrages intéressant des catégories très variées de lecteurs :
on y trouvera aussi bien les publications de toutes langues
184 • LES LANGUES MODERNES
relatives au bolchevisme, que les statistiques sur le cheptel
ou les poèmes de guerre parus aux Etats-Unis.
L'œuvre entreprise par les Bibliothèque et Musée de la
Guerre (installés provisoirement 39, rue du Colisée, en atten-
dant leur transfert au Château de Vincennes) offre donc un
attrait particulier pour les linguistes désireux de suivre la
production bibliographique contemporaine des pays qu'ils
étudient. Il a paru intéressant à la rédaction des Langues Mo-
dernes, de signaler aux membres de l'Association les ressour-
ces uniques de cette institution, dont les sections germani-
que, anglo-américaine, latine et slave sont dès à présent
d'une très grande richesse. Ajoutons que les « Bibliothèque
et Musée de la Guerre », soucieux d'aller au-devant des dé-
sirs des chercheurs, ont su obvier, par une organisation pra-
tique et des fichiers aisément consultables, aux lenteurs si
souvent reprochées aux bibliothèques françaises dans la com-
munication des documents.
H. Servajean.
-«-
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
L'IRLANDE ET L'EMPIRE BRITANNIQUE
Xotre collègue, M. Maurice Bourf/eois, chef de la Section
britannique et américaine aux Bibliothèque et Musée de la
(iuerre (Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts', ancien correspondant du Temps en Irlande, où il s'est
rendu dernièrement en mission, nous adresse, sur la situation
irlandaise, les notes que l'on va lire. M. Bourgeois s'est de-
puis longtemps consacré aux études irlandaises, ayant publié
en 1913 le livre : John Millington Synge and the Irish Théâtre
(Londres: Constable ; Xew-York : Macmillan Co> et traduit
l'œuvre du dramaturge irlandais Synge, dont Le Baladin du
Monde Occidental (publié aux Editions de la Sirène), créé
avant la guerre par la troupe de M. Lugné-Poë au Théâtre
Antoine et en Belgiqi:", a été représenté depuis par Georges
Pitoèff dans les différentes villes de Suisse et doit être repris
prochainement par le Théâtre du Vieux-Colombier.
H. S.
L'Empire britannique traverse une crise ; le moins qu'on
l)uisse en dire, c'est qu'il est <( en voie de transformation ».
Sous l'intluence du « péril japonais », le Canada et l'Aus-
tralie gravitent de plus en plus dans l'orbite de la politique
américaine. En Afrique du Sud, des tendances séparatistes
se font jour. En Irlande, en Eg}pte et dans l'Inde, la guerre
continue, tout le temps que n'est pas rempli l'un des « buts
de guerre » proclamés par les dirigeants de l'Entente et de
l'Angleterre elle-même : l'émancipation des « petites » na-
tionalités.
Comment cette crise se résoudra-t-elle ? Il est malaisé de
le prédire. Depuis longtemps, le vent souffle à la dislocation
des Empires ; et M. Lloyd George, de son propre aveu, appa-
raît dès à présent comme le liquidateur, aux conditions les
moins mauvaises possibles, de l'Empire anglais. Toutes les
possessions britanniques réclament un statut plus libéral ;
plusieurs revendiquent l'indépendance absolue ; et si l'An-
gleterre réussit à « occuper » — sans la mater — l'Irlande,
186 LES LANGUES MODERNES
il est permis de se demander comment le front « impérial >/
pourra résister à l'àsçaut concerté des nationalismes, le jour
où — comme s'exprime Gandhi — « dix millions d'Hindous
seront prêts à brandir leur cimeterre ». A ce premier temps
de désagrégation i^eut-ètre violente — dont le gouvernement
central ne fait que retarder l'échéance — , il n'est pas im-
possible — sans plus — que succède un second moment de
regroupement des parties disjointes de 1' «( Empire » : soit
sous la forme purement économique d'un Zollverein, soit
sous celle, plus large, d'un British Commonwealth{\), substi-
tuant au lien « impérial » une association plus libre et plus
souple entre partners égaux en droits et jaloux de leurs
libertés resjDectives.
Le problème irlandais est donc fonction de celui, plus
vaste, de l'Empire. A vrai dire, le bon droit de l'Irlande ne
donne pas matière à un « problème » : la nationalité irlan-
daise, fait historique, s'affirme au mpment présent comme
une incoercible réalité psychologique. Quoi qu'on pense des
méthodes du Sinn Féin, il représente, par ses origines
(Ligue Gaélique, Irish AgriciiUiiral Organization Society, Irish
Voliinteers et « Hungariaii Policy » d'Arthur Griffith), et
plus encore dans sa physionomie actuelle, la somme des
énergies irlandaises et, si l'on peut dire, 1' « union sacrée >-
des jîartis irlandais pour la conquête de l'indépendance. C'est
un mouvement profondément et sincèrement patriotique.
Ami personnel, avant la guerre, de ceux qui devinrent par la
.suitq les « rebelles » de 1916 : Pearse, Mac Donagh. Connolly,
ainsi que de la plupart des dirigeants actuels du nationalis-
me irlandais, je puis affirmer que les uns et les autres m'ont
toujours frappé par leur rare élévation morale, leur idéalis-
me peut-être excessif, leur complet désintéressement, et, par-
dessus tout, leur dévouement sans bornes à la patrie irlan-
daise.
Depuis les élections législatives de décembre 1918, le natio-
nalisme représente au moins 80 0/0 de la population d'Ir-
lande ; sans doute, ce n'est pas encore l'unanimité absolue,
mais dans quel pays la trouve-t-on ? D'ailleurs, il est impor-
tant de noter qu'à chaque élection partielle, régionale ou
municipale (il n'y a pas encore eu de nouvelles élections
générales), même en Ulster, le Sinn Féin fait « tache d'huile >< ;
(1) Cette conception serait par exemple celle de Bernard Shaw.
qui me l'exposait dernièrement en grand détail en Irlande.
'K
CHRONIQUE ÉTHAXCiÈRE 187
niéiiw à Hclfasl — ville plus anglaise et écossaise qu'irlan-
daise, citadelle du capitalisme étranger en Irlande — on
compterait un certain nombre de Sinn Féiners militants.
Ce que veut l'Irlande nationaliste, c'est la séparation abso-
lue d'avec l'Angleterre, c'est la République irlandaise. Ne
l'obtenant pas de l'Angleterre, elle se l'est donnée à elle-
même. Depuis le 21 janvier 1919, date de la création du Dàil
Eireann ou Parlement de la République irlandaise, l'Irlande
se considère comme indépendante et, en fait, se gouverne
elle-même. La République irlandaise a ses ministères, ses
tribunaux, sa ijolice, son armée. Sa tactique consiste beau-
coup moins à détruire l'ordre anglais qu'à édifier un ordre
irlandais conforme à la séculaire civilisation gaélique. Les
unionistes d'Irlande eux-mêmes portent maintenant leurs
différends devant les tribunaux républicains, seuls fréquen-
tés ; la police irlandaise réussit là où la police anglaise
échoue ; on a même vu celle-ci solliciter (officieusement) la
collaboration de celle-là !
Depuis sept siècles que dure le conflit anglo-irlandais, les
nationalistes d'Irlande ont toujours refusé de se regarder
comme sujets britanniques. L'Angleterre, elle, les considère
naturellement comme des « rebelles » ; et à leur révolution
d'abord pacifique, elle a répondu par une répression pré-
ventive qui a, historiquement, précédé et non suivi les
(c attentats » des Sinn Féiners. Il serait trop long d'apporter
ici la preuve de cette assertion. Qu'il nous suffise d'affirmer
que personne ne songe plus à en contester l'exactitude. En-
core cette répression était-elle — au moins dans une certaine
mesure — justifiable du point de vue du « loyalisme » ;
mais que dire du terrorisme actuel et du système de soi-disant
« représailles », exécutées par des forces policières en état
d'ivresse et recrutées parmi les, démobilisés sans occupa-
tion normale, voire même, dit-on, les repris de justice ?
Ce sont le plus souvent des innocents qui sont frapi^és. A
n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, toute personne
résidant en Irlande est à la merci d'une arrestation sans juge-
ment, d'une perquisition ou d'un vol à main armée. La
simple possession d'une brochure « séditieuse » peut être
punie de mort. A ces rigueurs de la « loi martiale », il con-
vient d'ajouter le sac des villes et les destructions systéma-
tiques opérées par les Forces de la Couronne, le système de
délation organisée et les mille turpitudes du « service se-
cret » britannique.
188 LES LANGUES MODERNES
La matérialité des actes de brigandage et des attentats
contre les personnes imputables à la police auxiliaire (Black-
and-Tcms) est attestée par une foule de témoignages non seu-
lement irlandais {Irish Bulletin, la Libre Belgique du Sinn
Féin ; le poète W. B. Yeats, l'écrivain George W. Russell
(a JE » ), tous deux protestants ; l'épiscopat catholique d'Ir-
lande, etc.), mais aussi anglais (Généraux Sir Henry Lawson,
Sir Hubert Gough, Sir Frederick Maurice, G. B. Thomson ;
Commandant Erskine Childers, D. S. C. (1) ; rapports des
Commissions d'enquête du Labour Party britannique, de la
Society of Friends, de la Women's International League, du
Peace ivith Ireland Council, etc.). Un mouvement d'opinion
commence à se dessiner en Angleterre même, sinon en fa-
veur de la cause irlandaise, du moins contre la politique
officielle des « représailles » (2). D'autre part, le contribua-
ble britannique sait maintenant que l'entretien de l'armée
d'occupation, les destructions opérées par elle et la perte qui
en résulte pour le commerce anglo-irlandais (3), représentent
annuellement une somme qui correspondrait, au change ac-
tuel, à cinq milliards et demi de francs.
On a tendance à considérer le conflit anglo-irlandais
comme une lutte religieuse. Rien n'est plus inexact. Dans
toute l'Irlande, protestants et catholiques vivent en bonne
intelligence ; le Sinn Féin comprend parmi ses membres les
plus militants de très nombreux protestants ; et le fanatisme
religieux n'existe plus guère qu'à Belfast, où ont lieu pério-
diquement de véritables pogroms de catholiques. On peut de
même faire justice de l'argument « stratégique ». A qui fera-
t-on croire sérieusement que l'existence d'une Irlande indé-
pendante puisse être une menace pour l'immense puissance,
militaire et navale de l'Empire anglais ? Au surplus, le Pré-
sident de Valera est prêt à donner à l'Angleterre toutes les
garanties qu'elle peut désirer pour sa sécurité, en ce qui con-
cerne l'armement de la République irlandaise et les alliances
étrangères contractées par cette dernière. Il est d'ailleurs à
(1) Mililunj Rule in Ireland (Dublin : The Talbot Press), tra-
duit en français par J. Gros sous le titre : La Terreur militaire
fn Irlande (Paris : Gabriel Beauchesne).
(2) Voir notamment le récent manifeste publié par un certain
nombre d'- intellectuels » anglais, parmi lesquels Chesterton
et Arnold Bennett.
(.3i Le marché irlandais est, pour rAnglcterrc, le vins impor-
tant après le marché américain.
crmoMori: iVni.wtii.UK 1<S!)
prévoir que la P.épuhlique irlandaise serait un Etat neutre ;
les dirigeants du Sinn Féin sont au fond des pacifistes ;
l'Irlandais n'est pas conquérant, et ne tient nullement à en-
tretenir une année et une marine. D'autre part, l'argument
« stratégique », si on l'admet, autorise toutes les annexions;
et l'humoriste anglais Jérôme K. Jérôme a pu faire remarquer
que, le Pas-de-Calais étant plus étroit que le Canal de St-Geor-
ges, l'existence d'une France indépendante constitue, pour
l'Angleterre, une menace beaucoup plus grave que celle d'une
Irlande autonome !
Le vrai motif de l'occupation anglaise et des refus que
l'Angleterre opi)Ose aux revendications irlandaises est d'ordre
économique. L'Irlande est pour l'Angleterre un véritable gre-
nier à vivres ; elle l'a bien prouvé au cours de la guerre. Il
y a, d'autre part, intérêt pour l'Angleterre à conserver le pri-
vilège exclusif dont elle jouit sur le marché irlandais, dont
tous les produits sont achetés au prix anglais et doivent obli-
gatoirement ti'ansiter à travers l'Angleterre, au bénéfice des
intermédiaires anglais. Enfin, l'Irlande est une importante
source de revenus pour le Trésor impérial.- Depuis l'Acte
d'Union (1800), ainsi que l'a établi une Commission officielle
anglaise en septembre 1896, l'Irlande a été surimposée an-
nuellement de € 2.750.000. Le nouveau régime de Home Rule
— dont personne ne veut en Irlande : ni les Sinn Féiners,
ni les Ulstériens, ni même les Unionistes du Sud — n'a
d'autre efl'et que d'accroître encore la contribution déjà
lourde de l'Irlande au Trésor de l'Empire.
Le non-règlement de la crise irlandaise complique les
rapports de la métropole avec les nombreux Irlandais des
Dominions. Il retarde, d'autre part, la conclusion des ententes
atlantiques et de la grande alliance franco-anglo-américaine
indispensable à la sécurité du monde. La « question » irlan-
daise est beaucoup plus mêlée qu'on ne pense à la politique
internationale. Le passage à Paris de Lord French, Vice-Roi
d'Irlande, au moment de la Conférence est une coïncidence
au moins remarquable. Non moins remarquable est le récent
entretien de Sir Hamar Greenwood, Secrétaire en Chef pour
l'Irlande, avec le Président du Conseil français au Hyde
Park Hôtel, à Londres. Les 18 millions d'Irlandais des Etats-
Unis, dont le vote a pu causer l'échec du parti démocrate,
auquel ils reprochent de' n'avoir pas soutenu l'Irlande à la
Conférence de la Paix, s'opposent de toutes leurs forces —
par hostilité contre l'Angleterre — à l'annulation des dettes
14
190 LES LANGUES MdDKRNES
interalliées ; et leur influence sur la politique des Etats-Unis
n'est pas sans rapport avec les raisons qui ont poussé der-
nièrement Sir Auckland Geddes, ambassadeur britannique à
Washington, à venir d'urgence jusqu'à Paris conférer avec
M. Lloyd George. Malgré les haines accumulées de part et
d'autre, tout espoir d'un règlement du sort de l'Irlande ne
doit pas être abandonné. Les plus hautes autorités anglaises
en Irlande m'ont confié, dans des conversations privées, ciuc
l'Angleterre finirait un jour par accorder à l'Irlande le statut
des Dominions. Les Sinn Féiners, qui veulent avant tout l'au-
tonomie fiscale et l'émancipation économique, c'est-à-dire la
liberté de commercer avec l'étranger sans ingérence anglaise,
sont obligés de demander le plus pour obtenir le moins. Si
l'Angleterre, au lieu de leur dicter ses conditions et de vou-
loir les contraindre à capituler, faisait à bref délai — dans
l'intérêt même du prestige anglais — une proposition loyale,
sans arrière-pensée, on peut affirmer qu'elle trouverait
les Irlandais beaucoup moins intransigeants qu'elle n'a cou-
tume de les représenter. Mais l'Angleterre n'a-t-elle point déjà
trop lardé à offrir à l'Irlande le Home Eule des Dominions ?
Et, d'autre part, celui-ci ne comportc-t-il pas, pour les Domi-
nions, le droit au moins théorique de se séparer de llimpire
si et quand bon leur semble ?
Maurice Bourgeois,
Ancien Elève de l'Ecole Normale Supérieure.
Agréfié de l'Université.
Xous sir/n(dons à nos lecteurs les arlicles suivants de
M. Bourgeois :
A Dublin : Mgr. }[annix : Le Lord-Maire de Cork. — Le
point de vue angUus. — Le point de vue Sinn Féin (Le
Temps) ; La République irlandaise : son organisation, son
fonctionnement, son œuvre (L'Illustration) ; La question
d'Irlande (Le Monde illustré) ; La Psychologie du Sinn Féin
(La P.evue de la Semaine) ; La résistance de l'Irlande demeure
inébranlable (Le Progrès Civique).
H. S.
•■m-
BIBLIOGRAPHIE
COMPTES RENDUS
Louis Caxan)iai), Maître de cnnlërcnces à In Sorlionne. L'EvO-
lutioi) Psycl)Ologique et la littérature er) THosl^terre
(1660-1914). 1 vol. Félix Alcan, V.m.
Nul champ n'a été plus consciciuieuscinent, i)liis méticuleuse-
mcnt exploré au cours des dernières décades, que celui de la lit-
térature anglaise. Figures de premier plan, écrivains plus en gri-
saille et dont certains ont simplement pour eux de représenter
un moment, ou de faire pressentir l'un des tournants, de l'histoire
littéraire de nos voisins, viennent s'aligner, par les soins de pro-
fesseurs et d'érudits, dans une galerie dont l'on croit chaque
année toucher le fond, et que chaque année vient pourtant allon-
ger. Mais si la physionomie des hommes se trouve éclairée avec
soin, si leurs mohiles se trouvent dégagés, si la relation entre
leurs idées propres et les idées de leur temps apparaît, grâce à
ces ouvrages, avec netteté, il semble que l'on a trop perdu de
vue les enseml)les. L'on a trop oublié que la littérature d'un peu-
ple est une chose qui vit et qui croît et que, de même qu'il y a
un esprit grégaire où un élément vient s'aj*-uter à la somme
de ceux qui entrent dans sa composition, il y a un esprit
littéraii-e, dont chaque œuvre est une manifestation, mais qui
dépasse ces œuvres elles-mêmes. C'est l'honneur de M. Louis
Cazamian de nous avoir enfin présenté, bien que sachant quels
risques présentait une telle entreprise, cet essai tant attendu de
synthèse littéraire. II fait plus que nous offrir des aperçus ingé-
nieux, voire des idées neuves. Il nous apporte, vérifiée dans la
littérature de chaque époque, une formule autour de laquelle
de vives batailles s'engageront : rien de plus hardi, de plus sti-
mulant que la conception de M. Cazamian ; aucun critique depuis
Taine n'avait pris plus de libertés avec les individus, et pourtant
].ul ne tient plus strictement compte de l'effort, de la constitution
psychologique, de chaque facteur individuel. Chaque génie, cha-
que talent perd, dans le livre de M. Cazamian, une part de son
autonomie, sans rien perdre de sa valeur intrinsèque. Tel est le
pouvoir d'une libre intelligence qui, qu'elle étudie les institutions
d'un pays ou sa pensée, ne perd jamais contact avec la vie.
C'est la vieille querelle entre les partisans du milieu et les
11)2 LKS i..\NGVi:s M()i»i:iiM:s
critiques qui affii-ment la valeur souveraine du génie que rouvi'e
M. Cazamian. Est-ce son temps qui crée l'homme de génie, ou
l'homme de génie qui ci'é'e son temps ? Chacun couchait sur
ses positions. On sentait fort bien que ^reu^^'e d'un auteur était lar-
gement la résultante de forces extérieures à lui-même, forces qui en
déterminaient pour ainsi dire les modalités, mais on sentait aussi
que l'état des mœurs, les raisons historiques ou économiques, ne
suffisaient pas à expliquer, je ne dis pas seulement telle ou
telle œuvre particulière et privilégiée, mais la direction d'une
littérature. On constatait plus d'une fois l'évolution brusque de
cette littératui-e, alors que l'armature sociale restait à peu près
identique à elle-même. Mais l'explication ne venait pas, et cela,
parce que l'on n'avait d'jeux que pour les conditions matérielles,
extérieures, de l'évolution. La littérature était considérée à juste
titre comme un organisme, mais on n'imaginait pas qu'elle pût
s'adapter à un autre ensemble de circonstances que celui que
prétend englober le terme : civilisation. La théorie de M. Caza-
mian ne néglige, nous Talions voir, aucun de ces facteurs, mais
elle pose avant tout comme principe que l'explication du mouve-
ment d'une littérature est psychologique, que l'esprit littéraire
obéit à des lois qu'il reçoit du dedans, lois qui régissent au
f«nd toute mentalité humaine.
L'esprit de l'homme ne saurait se mouvoir, d'un bout à l'autre
de son existence, sur un même plan. 11 est tour à tour sollicité
|)ar deux formes d'activité : l'une rationnelle, l'autre sentimen-
tale. Au bout d'un certain temps, la joie qu'il tire de l'une ou
l'autre de ces activités s'émousse ; il sent, obscurément d'abord,
consciemment plus tard, le besoin d'apports nouveaux. Sans
doute n'abandonne-t-il pas facilement sa première position: Il
épuise avant cela tous les moyens dont il dispose, tirant parti
d'effets de plus en plus rares, délaissant les moj-ennes pour
l'anormal. Mais un moment vient où procédés et artifices ne le
satisfont plus, et c'est alors le large coup de balancier, resti-
tuant tantôt à la sensibilité, tantôt à l'intelligence sa fonction
directrice. Or, ce rythme psychologique, cette oscillation entre
deux pôles, nous le retrouvons, observe M. (Cazamian, lorsque
nous étudions l'évolution de l'esprit d'un peuple. X une littéra-
ture de sensibilité et d'émotion doit succéder tôt ou tard une lit-
térature d'analyse cf de critique. Mais à ne considérer que cet
aspect de la question, toutes les littératures présenteraient des
))hases identiques. C'est ici qu'intervient le faisceau des causes
extérieures : conditions géographiques, changements politiques,
iniluence exercée par un milieu étranger. Ce sont ces causes qui,
l)our chaque pays, retardent ou précipitent l'oscillation, Etudiant
la courbe de la littérature anglaise depuis la Restauration des
.Stuarts jusqu'à l'époque contemporaine, M. Cazamian nous fait
Voii', par LXcMiiple, comment ties phénomènes tels que l'exil des
lîim.HHil'.AI'MIF. 193
Stuarts, lu prcpondéiaiue iirise par la hourgLoisie niarchaiulc
au xvm" siècle, la révolution française, le développement du
machinisme, favorisent ou contrarient les aspirations secrètes
de la mentalité anglaise, en quête d'une vie plus pleine et plus
intense ou d'un équilibre rationnel. 11 est aussi certaines tendan-
ces innées d'un |)euple ; selon qu'il traversait telle ou telle phase
de sa vie psychologique au moment où s'est constituée chez lui
une véritable conscience nationale, il sera par la suite plus fran-
chement sollicité par une interprétation intuitive ou rationnelle
de l'univers. Dii fait que l'Angleterre a pris rang de grande nation
à une époque — la Renaissance — où toutes les facultés des
iiidividuis se développent, mais où le ton dominant est d'ordre
émotionnel et Imaginatif, il s'ensuit que ce n'est que par un
elfort, que contrainte en quelque sorte par l'inéluctable loi psy-
chologique, qu'elle donne, le moment venu, la prépondérance au
courant intellectuel dans sa littérature.
M. Cazamian nous montre, dans les ojize chapitres de ce
livre, si profondément intelligent, et dans lequel l'auteur nous
autorise à ne voir que l'esquisse d'un ouvrage qui fera à chaque
homme et à chaque œuvre une place digne de l'un ou de l'autre,
quel a été le jeu de ce rythme de 1660 à 1914. Depuis l'âge
d'Elisabeth, nous dit-il, le balancier n'a battu que deux fois et
demie. Point de départ : la Renaissance, phase « d'intensité ima-
ginativc et émotionnelle •> ; puis, avec la littérature de la Res-
tauration qui se fixe et s'assagit dans celle de l'âge dit « clas-
sique 1), prépondéi-ance de l'élément rationnel ; retour, avec le
romantisme, à l'enthousiasme et à l'émotion ; nouveau départ
aux environs de 1830 vers des conceptions et une forme d'expres-
sion plus disciplinées, le facteur scientifique intervenant pour la
première fois ; enfin, à ])artir de 1880, réapparition d'une littéra-
ture traduisant les aspirations vagues de l'âme, empreinte de
mysticisme. Mais, l'auteur insiste sur ce fait capital, tandis que
les premières oscillations sont d'une extrême lenteur, peuvent
s'étendre sur un siècle tout entier, les plus -' récentes semblent
se précipiter. En outre, les périodes perdent de plus en plus l'in-
tégrité de leur caractère. 11 n'j' a jamais eu, mais il y a moins
que jamais, à l'heure présente, de purs rationnels, ni de purs
sensibles ; les deux tendances s'allient plus ou moins chez cha-
que individu ; seul, le coefficient attribué à chacune est person-
nel. Ce fait s'explique, d'abord, par l'accumulation en profon-
deur de la vie psychologique, par le jeu subconscient des rémi-
niscences, par le pouvoir de suggestion qu'exercent sur les indi-
vidus nouveaux les expériences du passé ; et aussi, par une usure
croissante du pouvoir de rajeunissement national. Dans cette
incapacité de se renouveler des littératui-es contemporaines, dans
leur caractère hybride, dans la difficulté ci'oissante qu'éprouvent
les éléments neufs à s'affirmer eu regard d'une mentalité domi-
194 LES LANGUES MODERNES
iKuitf, synthèse de toutes celles qui se sont suceédé, JI. Ciiza-
mian verrait, soit le signe d'un prochain déclin, soit l'annonce
d'un renouvellement décisif par de profonds changements sociaux
déjà commencés. Ce sera peut-être à des organismes neufs, à
des peuples d'un sang britannique rafraîchi — mère-patrie ou
Empix'e — de reprendre la besogne à ])ied d'œuvre, de rendre,
dans les littératures de demain, au i-ythme psychologique, la
valeur créatrice qu'il eut dans celle qui paraît atteinte d'une
intime vieillesse.
Edouard GuYor.
R. WithîOgtOO* — CogliSb Pagcai)try (Vol. H). (Harvard
L'niversity Press).
Le deuxième et dernier volume de cet important ouvrage, tra-
\ail définitif sur un sujet des plus attrayants, conduit l'histoire
des jKigeants jusqu'à l'époque contemporaine. Mêmes qualités
que dans le premier volume analysé ici-même : texte in-épro-
cliable, illustrations nombreuses et bien choisies, de plus, index
général et bibliographie d'une belle ampleur. On peut dire que
M. Withington épuise le sujet. Les chapitres du début nous retra-
cent la naissance, le progrès, l'apogée et le déclin de la caval-
cade du Lord-Maire de Londres. On voit en 1612 le bon poète
Thomas Dekker et son collaborateur Hemynge (peut-être l'homme
du folio shakespearien), mettre la main à des chars portant les
sept sciences libérales, jolies filles aux robes légères et flottantes
comme les connaissances qu'elles symbolisent. L'année suivante,
le bon poète Middleton compose en l'honneur de son homo-
nyme, Lord-Maire et marchand d'épices, le Triomphe de Ut
Vérité, cavalcade mêlée de pantomime. Le puritanisme trouvait
en lui-même assez d'éléments de gaîté pour se dispenser de tels
divertissements, d'où éclipse des pageants que restaure bientôt le
joyeux Charles 11. Pepys s'en fait le chroniqueur ; Settie, le
dernier des City Poets, immortel de ridicule, grâce à Pope, en
concerte le détail, vers compris, de 16î)l à 1708. Puis c'est la
décadence. On reprendra le spectacle à la fin du mx' siècle, mais
à l'actuel défilé, conscient et organisé, il manque la pompe naïve
et la belle humeur des temps anciens.
Aux chapitres suivants (polUicnl payeantnj), on voit brûler à
souhait des papes d'osier et autres mannequins symboliques. La
dernière partie de l'ouvrage est consacrée aux pageants des
Ktats-Unis, généralement fort divertissants à cause de leur didac-
lismc compliqué et leur habile mélange de patriotisme et de
réclame industrielle. 11 semble qu'en cet ordre d'idées il faille
attribuer la palme au festival de Boston donné en novembre
1!>10. Ces cavalcades sont la poésie des masses, dit en concluant
M. Withington. La formule est ingénieuse. Malheiirensemenl les
nir.i.KK.K.M'iiiF. rJô
iiiiiSMs, devenues paresseuses et lucil'ufics. préfèrent à ces défilés
ensoleillés les ténèbres visibles du cinéma. Déplorons-le et souhai-
tons le retour prociiain des antiques /jinjeants, si aimablement
croqués par M. Withington.
.1. DOIADY.
Lcw $arett. — MaQy IV1ai)y Mooi)s> (il. HolL,. New-Vuiio
i.e jei-ne poète auquel nous devons cet aimable recueil a tra-
vaillé pendant dix ans avec les Indiens du nord de l'Amérique
comme guide et comme bûcheron, loin de la lutte humaine et
loin des multitudes. .Avec un rare bonheur d'expression, et en
des rythmes d'une belle audace, il a traduit les sentiments, les
idées embrycMinaires, les rêves déconcertants de ses compagnons,
chasseurs, trappeurs, guérisseurs. On y sent, en dépit d'une
enfantine gaîté, toute la mélancolie des races frappées à mort.
.Aimez, avec M. Lew Sarett, ce que jamais on ne verra deux fois.
J. DOUADV.
Cari Spitteler. — Le lieutei)ar)t CoQrad (traduction
N. \'alentin). - Mcs prerT)iCPS SOUVCI)iPS (traduction M. de
Ziczler). — Irpago (traduction de M"" Fli. (jodet). (Pavot. Paris).
11 faut remercier la librairie i'ayot d'a\()ir fourni au public
français la possibilité de connaitre une partie tout au moins de
l'œuvre du poète suisse. Etaient-ils nombreu.x ceux' qui n'igno-
raient pas sou nom ? Savaient-ils qu'en 1915 ce Suisse allemand,
dont les œuvres sont écrites en allemand, avait publiquement
proclamé, dans une conférence retentissante, sa foi en la justice
de 4^a cause française? Lorsqu'en 1920 il obtint le prix Nobel
])our la littérature, n"eùt-oii pas en général en France le senti-
ment qu'il s'agissait d"iin inconnu ? Assurément, les épopées,
les ballades et autres ])oésies de Spitteler resteront inaccessibles
à ceux qui ne peuvent les lire dans le texte. Il faut le regretter,
car en dépit de leur étraugeté parfois obscure, elles sont, par les
problèmes qu'elles abordent, autant que par la manière dont elles
les traitent, les œuvres d'un grand poète. Mais puisque l'occasion
est offerte à tous de lire la vigoureuse idylle qu'est Le Lieute-
nant Conrad, de goûter les impressions exquises d'un enfant de
deux à cinq ans, ou ce roman d'Imago qui unit si curieusement
l'observation de la réalité à la fantaisie, on peut espérer qu'elle
ne sera pas négligée. A coup sûr, il y aurait exagération à pré-
tendre que les traductions, dues à des compatriotes du poète,
n'aient point laissé échapper quelque parcelle de la savoureuse
et rieuse fantaisie de l'humoriste qife sait être Cari Spitteler :
il en reste assez néanmoins pour surprendre et intéresser le
lecteur français.
Rai'Hakl.
196 LES LANGUES MODEUXES
Paul Cei)tizoi)' — L'AlleiT)agoe ei) République. (Pavot,
Paris).
C'est If troisième volume que uous devons à la plume du
reporter alerte qu'est M. P. Gentizon. Envoyé en Allemagne dès
novembre 1918 par le journal le Temps, il a déerit la révolution
allemande, puis la transformation de l'armée allemande, telles
qu'il les avait vues. Ce qu'il nous donne, cette fois, ce sont ses
notes et impressions sur la transformation de l'ossature politi-
que et économique de l'Allemagne pendant la période d'efferves-
cence 1919-1920. Passant rapidement de ville en ville, il nous fait
assister à la naissance de l'ordre nouveau, insistant en particu-
lier sur les tendances de la Constitution votée par l'Assemblée
de Weimar, au milieu de tant de difficultés. Déjà, les événements
ont rendu caducs un certain nombre des jugements portes par
i\I. P. Gentizon. Mais ces notes prises sur le vif constituent des
documents de valeur historique, ne serait-ce que pour reconnaître
le chemin parcouru par l'Allemagne depuis les temps des trou-
bles révolutionnaires,
Raimiakf,.
Voi) Btilow. — Mon rapport sur la bataille de la
Marqe. (Paris, Pavot).
Dans cette " Collection de Mémoires, Etudes et Documents
pour servir à l'histoire de la guerre mondiale » qui est déjà si
utile et le deviendra toujours davantage, vient de paraître une
traduction du rapport officiel du maréchal von Bùlow sur la
bataille de la Marne. Le maréchal exerçait en 1914 le commande-
ment de la 2° armée allemande, celle qui fut chargée de la prise
de Liège, prit une part impoi'tante aux batailles de Namur et de
St-Quentin, puis de la Marne et de Reims, avant sa dislocation
momentanée au moment de la course à la mer. De plus, le maré-
chal von lUilow assumait le commandement d'un groupe d'ai-nrées
comprenant, en plus de la sienne, la l""" armée du général von
Kliick. C'est dire tout l'intérêt qui s'attache au <■ rapport ».
Ecrit non sans sécheresse et animosité, il renferme quantité d'in-
dications précises et souvent nouvelles. Des ordres donnés chaque
jour, des mesures prises, il ressort que la terrible madiine de
guerre allemande a fonctionne avec une exactitude moins impec-
cable qu'on ne le supposait, que les Allemands ont surtout béné-
licié de la surprise du premier choc, et que la riposte française
les a à leur tour suirpris et désorganisés.
WW'UAV.l..
i
BIRMOr.RAPHIF. 197
R. Pitrou. — La vie et l'œuvre de Tt)eodor Storit).
(Alcan 1!»20).
^r. Pitrou vient, pour son doctorat, de nous donner, sur Storm
le, livre qui nous manquait, (iet ouvrage nous dispensera désor-
mais de recourir aux travaux périmés ou sommaires de la criti-
que allemande. Et voilà, grâce à. son patient efTort, un nouveau
comaine de la littérature allemande annexé, après un certain
nombre d'autres, à la germanistique française.
La méthode adoptée par M. Pitrou pour reconstituer Ja pcrson-
I. alité morale et artistique de son auteur est strictement histo-
rique. Après avoir défini dans sa préface les relations de Storm
avec le pays qui l'a marqué de ses caractères saillants, il le suit
pas à pas à travers tout le détail de sou existence. Les princi-
pales' étapes de cette vic^ en somme très unie, fournissent les divi-
sions du livre qui lie étroitement l'explication des œuvres au
récit biographique. M. Pitrou a conduit cette recherche avec une
minutie et une patience exemplaires. Hien d'essentiel ne man-
que : sur toutes les nouvelles, sur toutes les poésies lyriques de
Storm, on est assuré de trouver l'information la plus abondante
et la plus précise. Mais cette enquête de 800 pages n'est pas seu-
lement un guide à travers l'œuvre de Storm : de tout ce détail
accumulé se dégage une image vivante et juste de l'homme et de
l'artiste. M. Pitrou ne s'est pas seulement attaché à expliquer le
temj)érament de Storm, à découvrir les influences qui l'ont formé,
les sources où il a puisé, à définir le milieu littéraire et politique
où il a évolué : il a su le faire vivre. Ce livre est un livre de
sj'mpathie ; à l'érudition la plus sûre, il a le mérite de joindre
des qualités très personnelles de sensibilité et une grande déli-
catesse de pénétration psychologique, en particulier dans l'inter-
prétation des nouvelles. A vivre si longtemps dans l'intimité de
son auteur. M, Pitrou a subi, sans s'en douter, ou peut-être en
s'y abandonnant volontairement, son action, et il n'est pas jus-
qu'au stjle finement nuancé de son étude qui ne rappelle un
peu, par endroits, la manière stormienne.
Ne se pourrait-il pas aussi que Storm fût, dans une certaine
mesure, responsable de la méthode suivie dans cette recherche ?
M, Pitrou a montré justement que la nouvelle de Storm, inspirée
d'une conception toute déterministe de l'existence, nous représente
volontiers l'homme aux prises avec l'universelle nécessité ; ainsi
conçue, elle s'attache à relier le présent et l'avenir au passé et
accorde une importance souvent imprévue aux incidents les plus
menus, aux hasards les plus insignifiants. Appliqué à une desti-
née réelle, un pareil système conduit le biographe à une repré-
sentation totale et toute chronologique des multiples événements
dont l'enchaînement constitue l'existence qu'il se propose de
retracer. Et il se trouve ainsi amené à retenir avec le même
198 LES LANGUES MODERNES
soiQ tous les laits, à attribuer la même valeur d'explication ou
de signification à tous les évéuem.euts. Le travail de M. Pitrou
souffre, en certaines parties, d'un certain excès de conscience et
de curiosité. S'il a eu le courage, après la longue interruption de
la guerre, de, reprendre un travail mis en chantier eu 1909, il n'a
plus eu le temps de faire court. Cet ouvrage scrupuleux et péné-
trant garde ainsi un aspect fragmentaire et émietté. Il manque
un peu de perspective et de hiérarchie. Le détail y noie trop
souvent les grandes lignes. Un chapitre de conclusion nous donne
bien, en quelques pages rapides, une théorie de la nouvelle de
vStorm, mais cette théorie reste un peu trop sommaire et c'est
dans les autres parties du livre, à propos de chaque nouvelle
particulière, qu'il faut aller chercher, sous ramoncellenient des
faits et des références, les éléments de cette doctrine si originale
et, à tant d'égards, si moderne. "SI. Pitrou n'a pas moins fine-
ment senti le tempérament lyrique de Storm ni moins sûrement
reconnu, à côté de l'influence d'Eichendorff, de Heine, de Morikc,
la nouveauté de sa poésie,, mais cette théorie du lyrisme reste,
elle au'Ssi, trop diffuse et éparse. Quelques chapitres de synthèse
psychologique et littéraire auraient été les bienvenus.
Pourquoi M. Pitrou ne se déciderait-il pas, quand il aura pris
le recul suffisant, à tenter cette reconstruction systématique ? Si
iieuf, si plein de conscience et de talent que soit son livre, on
peut se demander s'il aura toute la diffusion qu'il mérite et qu'on
lui souhaiterait. Il en est de son Storm comme d'un certain nom-
bre de thèses parues depuis une dizaine d'années. De tels tra-
vaux sont d'excellents ouvrages de recherche et de documentation
scientifiques. Mais on en verrait avec plaisir les résultats essen-
tiels ramassés dans des livres plus abordables et d'une lecture
plus facile. De tous les romanciers et lyriques allemands du xi.\'
siècle, Storm est, à cause de la sûreté de son goût, un de ceux
qui pourraient être le plus accessibles au public français, un de
ceux qui méritent le plus de lui être révélés. Il y aurait intérêt
à faciliter ce contact. Personne n'est mieux préparé que M. Pitrou
pour l'établir.
En attendant ce rapprochement, il pourrait être intéressant, à
un point de vue plus pratique et 'tout professionnel, de savoir ce
que l'enseignement de l'allemand peut demander à Storm. Nos
programmes n'ont retenu, dans leur répertoire hâtif d'auteurs
d'explication, que Pôle Poppi'nspiiler, dont le charme, compliqué
de diflicultés dialectales, ne jjcut guère être goûté par les élèves
de H", à qui on le destinait. C'est plus tard, avec des élèves ])his
avancés, i)lus munis d'allemand et littérairement plus formés,
qu'il conviendrait d'aborder la nouvelle de Storm. Depuis qu'elle
est tombée dans le domaine public, les éditions à bon marche se
sont multipliées. La collection Reclam, qui vient d'accueillir les
œuvi'cs en prose de G. Keller, nous a également facilité l'accès
BIBLIOGMAPHIR 199
(le Monii. Nous n'avons plus que rembarras du clioix : ^[. {'ifruii
aime trop son autcui* pour ne pas vouloir nous aider, en éclai-
rant notre choix, à le faire connaître et lui gagner de nouveaux
lecteurs, ce qui est la nieilieurc façon de l'aimer.
A. GouAirr.
J.-M. Carré.— Goethe et) Angleterre. (IMon-Nourrit, uriO).
Le chantier de la littérature comparée ne chôme pas : après le
beau travail de M. l'onchon sur Hcrder en France, voici, sur
(iœthe en Angleterre, la non moins précieuse étude de M. J.-Af.
Carre. Et de même que le hasard des soutenances rapproche de
nouveau Herder et Gœthc, comme pour commémorer le 150" anni-
versaire de leur première rencontre dans l'Alsace française, il est
d'une ironie non moins significative de voir le doctorat français
faire sa rentrée à l'Université de Strasbourg avec un travail
sur Gœthe, qui venait en 1770 y prendre ses inscriptions d'étu-
diant eu droit. Mais, moins courageux que son biographe, Gœthe
renonça au doctorat et partit avec une modeste licence, dont il
s'autorisa pour s'affubler, dès son retour à Francfort, du titre de
docteur. L'équivalence des grades ne date pas d'hier.
" Compagnon » de la première heure, M. Carré nous donne un
travail fait de main de « maître i>. On y retrouve la belle ardeur
primesautière avec laquelle il a mené cette croisade des Compa-
gnons, d'où sortira peut-être un renouveau de l'Université. C'est
un livre alerte et plein de vie, fortement documenté, habilement
construit, écrit avec une franchise et un entrain très séduisants.
JLiis pourquoi M. Carré a-t-il jugé nécessaire, au seuil de son
étude, de justifier le choix d'un tel sujet et de jxjser la question
du cosmopolismc littéraire ? Il y a là, sur l'opposition entre
l'Allemagne de Gœthc et celle de 1914, quelques pages d'une
éloquence sympathique et frémissante, mais que nous aurions
préféré, pour notre part, voir réservées à la soutenance.
M. Carré, qui doit au Gœthe en France de M. Baldeusperger
la pensée première et le dessin général de son livre, s'est proposé
de suivre la lente pénétration da Gœthe en Angleterre et de tra-
cer de 1780 à 1855 la courbe de son influence. La guerre, en lui
imposant d'autres devoirs, l'a malheureusement empêché de pour-
suivre au delà de la moitié du xix" siècle une enquête, qui
devient d'ailleurs de plus en plus délicate à mesure qu'on
avance, parce que cette influence se complique sans cesse d'autres
actions. Pour cette période de 75 années, qui constitue d'à II leurs
un ensemble harmonieux, il ne s'est pas contenté d'interroger
les écrivains les plus révélateurs ; il a patiemment dépouillé
d'innombrables revues et joiumaux. Kt toute cette information,
à la fois individuelle et collective, qui retient non seulement
200 LES LANGUES MODERNES
les attitudes des principaux représentauts de 'la littérature, mais
rellète les réactious les plus diverses de ropiniou publique, est
\eDue s'organiser daus son livre de façon lumineuse. M. Carré
a fort habilement exploité cette matière inépuisable et diffieile à
mettre en œuvre. En reléguant dans la bibliographie critique
qui constitue sa seconde thèse toutes les citations, toutes les
ihdications documentaires, il a allégé son exposé, et son étude,
ainsi aérée, désencombrée, n'en est que plus agréable à lire.
La route est nettement jalonnée. Une première partie qui va
jusqu'à 1830 nous montre, après les premières manifestations de
la mode werthérienne, les résistances de la moralité et du goût
anglaisj au théâtre de Goethe, l'indifférence du public à l'égard de
son lyrisme, auquel notre romantisme se montre plus accueillant.
La 2» partie qui nous mène jusqu'à 1840 est consacrée à Carljie,
qui fut le véritable annonciateur de Goethe en Angleterre et
s'attacha surtout à révéler à ses compatriotes la doctrine morale
di' penseur. M. Carré s'est appliqué avec le plus grand soin à
reconstituer l'évolution intellectuelle de Carlyle. à fixer les états
successifs de sa pensée, à doser l'apport de Goethe et de la philo-
sophie allemande dans la formation de ses idées, à marquer les
limites de sa compréhension. C'est là la partie la plus suggestive
de son livre. Après la révélation du philosophe, il restait à com-
prendre l'artiste et le savant. C'est cette dernière étape que
nous décrit la 3° partie : elle nous conduit de l'interprétation,
encore incomplète et tendancieuse de Carlyle à la divination du
j)oète lyrique par Tennyson et à la découverte, par la biographie
de Lewes, de l'universalité de Goethe.
Un tel livre s'adresse à la fois aux anglicistes et au.x germa-
nistes. 11 appartient aux premiers d'apprécier la valeur de cer-
tains jugements de M. Carré et, en particulier, son interpréta-
tion de Carlyle. Les seconds auront plaisir à découvrir, à travers
les réactions anglaises, des aspects nouveaux de la personnalité
et de la pensée de Goethe. La monographie de Lewes a été pour
beaucoup d'entre nous, en un temps où on ne disposait guère
d'autres moyens d'étude, une introduction commode à l'intelli-
gence de Gœthe. Mais ses successeurs, R.-M. Mcycr et Biels-
thowsky, sont en train de vieillir à leur tour. Des travaux plus
récents, ceu.x de Simmel, de Gundolf, en particulier, nous ont
initié à un autre Goethe. La pensée de Gœthe, à qui on s'est
efforcé, en ces derniers temps, de donner dans l'histoire de la
philosophie allemande la place qui lui a été si longtemps refu-
sée, passe de ))lus en plus au premier plan. Par là, le point de
vue de Carlyle reprend une actualité nouvelle, et ce n'est pas un
(les moindres mérites du \ igourcux et clairvoyant travail de
^I. (>arré que d'avoir, eu le mettant au centre de son ouvrage,
rejoint les préoccupations présentes de la critique gœthcenne.
A. GODAIII.
HDilInCUM'lIli: *-2ll!
C. Ht)d\€r. — Les précurseurs de Nietzsche. (Kdition
liossijrd, 102(1).
Voici l'éclatant de-but û'uui: }<rimde riu\ lo. M. Andicr entre-
prend de nous donner en 6 volumes une étude complète sur la
vie et la pensée de Nietzsche et de reconstituer l'évolution de sa
philosophie. Kntre|)rise de longue haleine, qui suppose une varié-
té de savoir i)eu commune dans les domaines les i)lus ditïéi'ents.
et qui, à en Juger par la richesse et la nouveauté de ce premier
volume, promet de laisser loin derrière elle les monographies les
l)lus monumentales du siècle dernier.
Ce travail vient à son heure : la guerre a faussé, sur bien des
points, l'image qu'on se faisait de Nietzsche. Il est temps de la
redresser, de la compléter, de nous restituer, dans son intégrité,
sa véritable pensée. Pour mesurer l'originalité de cette philoso-
j)hic, il importait avant tout d'en découvrir les s^iurces, d'y
reconnaître les éléments d'emprunt, de fixer l'apport des devan-
ciers. C'est à l'inventaire de cet héritage intellectuel qu'est
consacré ce volume d'introduction.
L'analyse de ces acquisitions se divise en 3 livres : le premier
étudie les influences allemandes. Successivement, M. Andler nous
montre ce que la pensée et la sensibilité de Nietzsche doivent à
Gœlhe, Schiller, Holderlin, Kleist et surtout à Schopenhaucr qui
fut son principal maître. Le 2' livre définit l'action des moralis-
tes français, Montaigne, Pascal, La Rochefoucauld, Fontenelle et
Stendhal, pour qui Nietzsche garda toute sa vie une prédilection
si tendre et si éclairée. Mais si ces analystes lui enseignèrent une
psychologie nouvelle de la nature humaine, s'ils contribuèrent à
afïiner, à clarifier, à nettoyer son esprit, en dissipant les fumées
de l'idéologie allemande, leur action morale s'exerça de façon
cliflérente et M. Andicr a très exactement fixé l'attitude de
Nietzsche à l'égard de chacun et en particulier de Stendhal qui
imprègne si fortement sa pensée. Après l'exploration psycholo-
gique, la découverte des vastes horizons de l'histoire des civi-
lisations, après la cure française, l'action du cosmopolitisme
contemporain, telle qu'elle apparaît, dans le dernier livre, avec
Jacob Burckhardt et Emerson.
Ainsi' s'ordonnent, dans un enchaînement aussi rigoureux que
le permet une pareille étude, les matériaux dont s'est constituée la
l)cnsée de Nietzsche. La diffi,culté d'une telle analyse était, tout
en dénombrant les influences qu'il a simultanément ou successi-
vement subies, en distinguant les thèmes multiples dont se
compose cette symphonie intellectuelle, de faire sentir l'àme
propre de l'homme qui les a orchestrés. A côté de l'emprunt, à
côté de la simple suggestion étrangère qui séduit sa sensibilité
ou déclanche sa réflexion, il y a la disposition naturelle, le fonds
original, la disposition permanente ; à côté de l'éducation, il y a
2(12 LKS LAN(;ri:s modernks
la nature originale, irréductible, le foyer où viennent se fondre
et s'amalgaTner ces matériaux de provenance^ si diverse. Il importait
donc, à côté de cette évaluation des actions qui s'étaient exer-
cées sur Nietzsche, de bien faire saisir Nietzsche lui-même et
c'est bien lui en elTet que nous atteignons, en ce qu'il a de plus
vivant, à travers cette initiation continuelle à des pensées étran-
gères, si bien que cette introduction est déjà plus qu'un point
de départ et aboutit à une interprétation directe et déjà très
]?oussée de Nietzsche.
La place me mangue pour analyser, comme il le mériterait, le
détail de ce livre. Chacun des chapitres qui le composent méri-
terait une étude à part : Gœthe et Schiller nous sont présentés
sous un jour tout nouveau ; les essais sur Hôlderlin et Kleist
sont des synthèses également ingénieuses et fortes ; pour la pre-
mière fois, la pensée de Burckhardt est pleinement mise au joiir.
On ne goûtera pas moins les études sur les moralistes français
dont la compréhension nous semble complètement renouvelée
par cette confrontation avec Nietzsche. Ces diverses études sont
autant de monuments que M. Andler a élevés à tous ces précur-
seurs, avec un art infini dans la façon de condense!*, de la façon
la plus discrète, en i^rocédant ))ar allusions et comme par reflets,
en faisant appel à la collaboration du lecteur, le savoir le plus
impeccable, animé par la sensibilité la plus fine et présenté
sous une lornic rapide, nerveuse et colorée. C'est un livre stimu-
lant : il faut ravoir lu.
A. GODAHT.
Soutei)ai)ces de thèses pour le Doctorat es lettres
Le mercredi 15 décembre 1920, M. Pitrou (.Robert-Constant),
professeur au lycée de Caen, a soutenu, devant la Faculté des
lettres de TUniversité de Paris, ses thèses pour le doctorat
sur les sujets suivants :
Thèse compi.kmkntaihk, — I.n rie et i<viinre de Théoclor Slonn
(1817-1888K
Thkse principale. — Le Iniixiil de ■ itolissaye ■ dans les nou-
velles de Th. Sform.
M. Pitrou a été déclaré digne du grade de docteur es lettres
avec la mention : Très honnrahle.
Le mercredi Tl décembre l!)2(l. M. .Toussain (..Tean^Baptisle-
Henri). professeur au lycée de Cherbourg, a soutenu, devant la
l'acuité des lettres de ITuiversité de Paris, les deux thèses
suivantes pour le doctoral es lettres :
Thksk coMPi-KMENTAini:. -- L'EsIhéliiiue de Virlor Hiifjo. — Le
jiillorrstiiie dans le li/risnie el dtins Vvjiopct'.
)4iBi.io(;r..\PiiiK liii.'i
l'uKsi-; iM'.iNcir.vLK. Exposr rrilùiue de la iihilosophic ilc
Berkeley.
M. .Ii)iiss;tiii il été déclaré tli}i;nc du jjrado dt- docteur es lettres
avec la mention : Honnnibh'.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
Scl)OOl RewiCW (l'nivcrsity of (Chicago). — Dans le numéro de
tév., une étude assez pessimiste sur le sort de la <> frce higher
éducation » aux Etats-L'nis. L'enseignement donne est très iné-
gal. Dans trop de cas, la " high school » est un instrument dont
on ne se sert pas à bon escient. - — Autre article, pas très opti-
miste non plus, sur la demi-science ». — Une étude sur le choix
de livres d'histoire, avec des listes d'auteurs très suggestives. —
Dnliiv l'article, pessimiste encore sur l'insulfisance des traite-
ments dans l'enseignement.
Moderr) Lai)guageS (A. et C. Hlack, London). — A signaler
dans le n" de té\rier, un article sur l'usage du gramophone dans
renseignement des langues vivantes. L'auteur admet, pour com-
mencer, et cela est grave, qu'un maître inexpérimenté peut très
bien mal prononcer le symbole phonétique au même titre que le
signe ordinaire. Il poursuit en recommandant, pour remédier à
cet inconvénient, l'usage du gramophone. On admettra que voilà
bien des complications redoutables. L'auteur en a tellement cons-
cience qu'il termine st)n étude en nous assurant que le gramo-
phone ne saurait remplacer le maître. Cl'est bien cela, n'est-ce
pas, qu'il fallait démontrer ?
Paul Chalvet.
Modero Lai)guage Notes (.lohns Hopkins Press, Baltimore).
Dans l'intéressant n'^ de janvier, article sur les sources de
« A Taie of Two Cities ». Le roman de Dickens aurait été ins-
piré à la fois par les aventures du D' Manette à la Bastille et par
le sacrifice de Sydney (Carton sur l'échafaud. Carljle (dont nous
connaissons l'influence sur Dickens, et dont l'œuvre se retrouvait
à ce moment pour la cinq centième fois entre les mains du
romancier) aurait suggéré le cadre de la Révolution française. —
Puisqu'il faut badiner parfois, grave discussion sur les origines
du mot <i cant >> : eu somme, et s'il faut eu croire les experts, le
mot aurait dénoté, au seizième siècle, le parler incompréhensi-
ble des vagabonds ; cent ans plus tard, de mauvais sermons et
des prières extravagantes ; puis, vers 1661, une croj'ance popu-
laire se serait fait jour, que les deux Cant (Alexandre et Andrew)
prédicateurs fanatiques, s'étflient mis à la tète de ce mouvement
201 l.l-S l.ANdVKS MUDKUNES
(politiqucnitut et ecclésiitstiquement séditieux) de dévotion
mimique et baragouinée ; enfin, la pratique de ces deux prédi-
tateuis aurait eu réalité modifié la signification primitive du
mot. — Compte rendu d'un li\-rc allemand sur Romain Rolland,
Henri Barbusse et Fritz von l'nruh. I/auteur (Walther Kûchler.
Wurzburg). voit dans le Feu la création littéraire la plus signi-
ficative de la guerre ; c'est Tlliadc de la grande épopée, alors
que Fritz von Unruh nous en donne, dans VOpfergang. l'expres-
sion lyrique, sous forme de ballade.
Dans le n" de fév.. étude de l'influence qu'aurait eue sur
l'œuvre de Bunj'an le » Plain Man's Pathway to Heaven »
(1601), d'Arthur Dent, le fougueux puritain ; comparaison entre
la Pucelle d'Orléans de l'histoire et la Juncjfran von Orléans, de
Schiller.
Tl)e Moderi) Lai)guage Journal (iniversity of Chicago). —
Excellente recommandation, dans le n" de novembre, aux pro-
fesseurs et examinateurs, d'éviter la chinoiserie et de se mettre
au niveau de l'élève et du candidat.
Dans le n" de déc, étude sur l'emploi des symboles phonéti-
ques, au cours de la première année. L'auteur recommande chau-
dement la pratique de la phonétique et nous rappelle que rien ne
vaut un mot de louange pour encourager les petits élèves. — .A
signaler aussi un article d'Albert Schinz sur les journaux et
périodiques français qui, en se plaçant au point de vue pure-
ment documentaire, ne semble pas aussi impartial qu'on le dési-
rerait. Car enfin, si VHumanilé et VAction Française sont égale-
ment " excellentes » (ce qui est contestable), pourquoi ne pas
mentionner VŒuore, un des rares journaux où l'on ait le souci
de la foi me ?
Paul Chaivet,
Tiiqes Lit«rary Supplen)ei)t. — 23.12.1920. Art. de w.-.i.
Lawrence sur l'introduction en Angleterre du personnage do
Punch, introduction que l'auteur croit pouvoir faire aux envi-
rons de 1666.
30. 12. Compte rendu : Prof. James Hogan (l'niv. Collège, Cork),
Ireland in the European sysiem, ool. I, 1500-i557 (Longmans
12/6), premier volume d'une histoire monumentale de l'Irlande
dans ses rapports avec la politique européenne du xvi* s., à nos
jours. — Signalé un article de Mr John Drinkwater, paru dans la
1 Fornightly Review » de déc. 1920 et la <■ Yale Review » de
janv. 1921, sur un poète peu connu du xvii*' s., le D' John Collop.
13. 1. 1921. The poelrii of John Clare (1793-1864), le paysan-
poète du Xorlhamptonshire, dont on vient d'éditer un choix de
poèmes (chez Cobdon-Sanderson 10/6). - — iJryden. Howard and
)uni,i()(ii'..\i'niE 205
liochcsler, by Allardyce Nicoll, étude sur un manuscrit du B. M.
qui contient un fragment de pièce, probablement « The Conquest
of China », dont Dryden parle dans une lettre à ses fils. —
fragment dpnt l'auteur est peut-être Dryden lui-même, ou Sir
llobcrt Howard, ou encore le comte de Rochester. — Comptes
rendus : Peuce Ilctndbooks, issiied by the Htstorical Section of
the Foreign O/Jtice, 25 vols. (H.-M. Stationery Office, prix de 6 p.
à 5 sh.), collection de monograpliies préparées, à partir de
1916-17, pour l'édification des futurs, délégués à la Conférence
de la Paix, et qui sont maintenant livrées au public ; réunies en
volumes ou livrées en fascicules sépares, ces monographies four-
nissent, avec cartes, bibliographies et| index à l'appui, d'excellents
exposés, du point de vue britannique, de toutes les questions dis-
cutées par nos diplomates au cours de ces dernières années ; —
The co/itrol of parenfhood (G. P. Putnam's Sons 7/6), recueil de
neuf essais par différents auteurs, dont quelques-uns ne sont
rien moins que le D"^ Inge, doyen de St-Paul, ou le Principal
Garvie, et qui abordent carrément cette délicate question de
'< restriction volontaire », restriction que certains aspects de
notre civilisation semblent rendre impérieuse.
20. 1. l^eiv tendencies in Russian thought : Malgré l'effroyable
chaos qui rend à peu près impossible toute production suivie, la
pensée russe fait un effort pour s'exprimer par la plume de ses
poètes. Trois tendances principales sont à noter dans cette
poésie : 1" le » scythisme » (v. le poème d'Alexandre Blok, Les
Scythes) : la Russie n'est ni européenne, ni asiatique, elle forme
un continent à part, les Russes ne sont ni des Européens, ]ii des
Mongols, ce sont des Scj'thes ; l'une des principales maisons
d'é<lition russes à Berlin s'est intitulée " la Presse scythe » ;
peut-être ce " scjthisme » n'est-il qu'un aspect du slavisme dont
DosloïewsKi fut jadis le champion ; 2" le culte du prolétariat
(v. le poème de Blok, Les Douze, ou celui de Biély, Le Christ est
ressuscHé), tendance, à vrai dire, qui n'est point nouvelle dans la
littérature russe ; 3° le thème religieux-patriotique de la
<• Sainte Russie », ou plutôt de sa nouvelle variante, <> la Russie
crucifiée ». Est-ce un nouveau et grand chapitre de la littérature
russe qui s'ouvre, ou ne faut-il voir là qu'une manifestation éphé-
mère ? L'auteur ne se risque pas à le prédire. — Le T. L. S., par
ailleurs, suit attentivement la résurrection de la littérature russe
qui a trouvé asile à l'étranger. Le n° du 6. 1, dans ses « Russian
Book Notes » signale un certain nombre d'oeuvres russes
publiées en France, en Allemagne, en Scandinavie, en Bulgarie,
etc. Berlin surtout semble être devenu le grand centre de publi-
cations russes. — Compte rendu : The new poetry, an Anthology,
cd. by Harriet Monroë and Alice Corbin Henderson (.New- York,
Macmillan), anthologie donnant un excellent aperçu de la poésie
américaine contemporaine.
13.
2C6 • ■ LKS LANGUES MODERNES
La maison Gyldendal continue à éditer un grand nombi'e d'ou-
vrages traduits du Scandinave. Par exemple, celui du D"^ Fred.
Poulsen sur les Ruines de Delphes, paru en danois en 1919
(21 sh.) ; — le roman de la " matriarche de la prose suédoise >■,
Selma Lagerlôl, Bannlyst, trad. sous le titre The Outcast (8/6; ;
Pan, de Knut Hamsun (7/6), — v. le T. L. S. du 23. 12. 1920 et
l'Athenaeiun du 24. 12.
Il y a seulement quelques mois, la Satiirday Review (12 juin),
nous enviait notre théâtre et déplorait la pauvreté du théâtre
londonien. UAthenaeum du 7. 1. fait entendre un autre son de
cloche. Fort du vœu exprimé par M. Adolphe Brisson dans le
Temps, qu'il soit fondé à Paris un théâtre consacré exclusive-
ment au répertoire étranger, et des regrets exhalés par M. Lenor-
mand, qui trouve " absolument scandaleux que Paris soit privé
de Bernard Shaw, Strindberg, Tchehov et Sjnge », il nous assure
que le théâtre français actuel est distancé de fort loin par le
théâtre anglais ; seul, le Vieux-Colombier '< a un programme qui
vaille la peine de se déranger ».
14. 1. Comptes rendus : P. Hume Brown, The life of Gœihe.
2 vols. (Murray 36 sh.), biographie peut-être moins brillante,
moins vivante que celle de Lewés, mais forcément plus documen-
tée, et riche de tous les travaux consacrés au poète depuis un
demi-siècle ; — David Graj-, In the Shadows, with an introduc-
tion by John Ferguson (Melrose, 1 sh.), réédition populaire _ des
sonnets du jeune poète, fils d'un tisserand de Kirkintilloch, mort
poitrinaire à 23 ans (1861) ; — art. d'Edward J. Dent, Letters
from Germany, The classical stage, sur le culte des Allemand?,
pour leur théâtre classique.
M. Ferlix {Tunis).
ECHOS DU MOIS
No5 Collaborateurs
Nous regrettons bien siiîtèrcmciit que MM. Broche et Lorans,
pour des motifs de convenanee personnelle, ne puissent plus nous
continuer leur collaboration au Bulletin, et nous leur adressons
nos bien vifs remerciements pour les chroniques si riches de
faits et d'idées qu'ils ont bien voulu nous adresser jusqu'ici.
Nous ne perdons pas l'espoir de les voir reprendre bientôt leur
collaboration, toujours très appréciée de l'ensemble de nos lec-
teurs.
Tibor)i)en)eTiXs à prix réduits
Sur la demande de notre Président, l'.Administration du jour-
nal anglais The Times consent une remise de 10 0/0 aux mem-
bres de notre Association qui lui passeront un abonnement, par
l'intermédiaire de la Trésorière des Langues Modernes. Cette
remise nous est faite •< exceptionnellement, et afin d'entretenir
de bonnes relations avec nous ».
Ce geste aimable du grand journal ami sera apprécié comme
il convient de tous ceux qui s'intéressent aux choses d'Angle-
terre et au bon développement de l'alliance franco-britannique.
PREPAID SUBSCRIPTION RATES
(IncJiiding Poslage)
PUBLICATION
FRANCE 1
12 Months
6 Months
3 Months
The Times
Frs.
325.00
120.00
75.00
75.00
75.00
43 .'0
32.50
12.50
25.00
Fis.
162.50
60.00
37.50
37.50
37.50
21.75
16.25
6.25
12.50
Frs.
81.25
30.00
19.(0
19.00
19.00
11.00
8.25
3.25
6.25
The Woman's Supplément
Weeklv Edition
The Mail
Literarv Supplément
Trade Supplément
Educational Supplément
Engineering Supplément
Suplemento Comercial Ibero Ame-
ricano (Printed in Spanish) ....
Opder Fopm Ovenleaf
Note. — The subscription rate to The T/mcs includes cost of spécial
evening delivery in Paris on àay of publication.
208 LES LANGUES MODERNES
Les membres de notre Association qui désireront profiter de
lOttrc du Times sont donc priés d'envoyer d'avance à Mlle Ledoux
le nîontant de l'abonnement, moins 10 0/0, et d'y ajouter 0,25
pour les frais de poste.
Menace de grève des professeurs autricl)iei)S
La Fédération des professeurs de l'Enseignement secondaire
autrichien, indignée de la façon dont elle a été mise à l'écart
jusqu'à présent, vient d'adresser un ultimatum au Gouvernement
autrichien ; elle exige que toutes les indemnités obtenues par les
autres fonctionnaires lui soient accordées pour le 31 janvier au
plus tard. En cas. de refus de réponse, ou de rejet de cette récla-
mation, l'enseignement devra être arrêté le 1^"^ février dans tous
les établissements secondaires d'Autriche.
H. B. Vossische Zeitung (26, I. 21 1.
Ui) DocurT)ei)t
Le 30 sept. 1920, M. Kurt Hiller fit une conférence à l'Assem-
blée générale de la ligue pacifiste de Berlin, où il s'éleva violem-
ment contre l'idée de toute guerre future, et demanda que des
mesures énergiques fussent prises pour le désarmement général
et contre tout militarisme, fùt-il de droite ou de gauche. Les
bolchevistes, à son sens, étant en ce moment aussi militaristes
que les pangermanistes. L'Assemblée générale repoussa les mesu-
res qu'il proposait, par 112 voix contre 83. M. Hiller a publié le
texte de sa conférence dans le n " de "décembre de la Xeue Rund-
schau, avec la note ci-dessous, qui nous paraît devoir intéresser
nos lecteurs.
H. B.
Die Politik von Versailles und Spa bat die pazifistische Eins-
tellung der Deutschen Seele von 1918/19 grùndlich verdorbcn.
Xicht bloss die Xationalisten zittern vor kaum noch vcrhaltener
Vergeltungsgier ; auch in jeder Kommunisten-Vcrsammlung
kann man heute die Kriegsbegeistcrung lodcrn sehen. Es bedarf
nur einer akuten Spannung zwischen England und Frankreich
(einer so ernsten, dass man ungefahr genau wusste, England blicbc
im Falle eines deutsch franzôsischen Konfliktes neutral : Ameri-
ka und Italien blicben es diesmal ja ohnehin), ferner irgeiul
einer franzôsischen Dummlieit (Huhrrevier), schlieszlich der ges-
chickten Formel eines national kommunistischen Jesuitcn, der
Zauberformel, der erlôsenden Parole, die rechts und links zusain-
menfûhrt ; — und der Kricg " Schulter an Schulter mit den
russischen Briidern » der J\achekrieg gegen Polen und Fran-
ÉCHOS Df MOIS 209
kreich ist da. Dann siiul nicht iiur unterschricbeiie Vertriige mit
ausWartigen SlaatcMi, sondern auch Gesctzc, die der Freiheit
der cignen Landsleute dicneu, ■ Fetzeii Papier !>. Das Reichsge-
setz, das die Wehrpflicht fur abgeschafft erklàrt, ist dann binnen
fûnf Minuten auf legalstem Wcg beseitigt, zwischen den beideii
Mùhlsteinen des weissen und roten Militarismus wird dann das
bischen Pazifîsnius zcrmalmt-wenn es sich nicht, beizeiten stark
und hard niacht. Die pazifitisehe. Bonzenschaft steht dem im
Wege.
Kiirt HiLLEH, 30 sept. 1920.
Les i)oiT)ioatioi)5 dar)s rei)5eigr)eni)er)t supérieur
Cl) Prusse
Il y a eu en 1920, 120 nominations de professeurs titulaires
dans les Universités prussiennes (dont 31 à la nouvelle Univer-
sité de Cologne), la plupart de ces professeurs (74) étaient pro-
fesseurs-adjoints dans les mêmes Universités. — A relever, la
nomination du secrétaire de la Chambre d'agriculture de la pro-
vince de Brandebourg, en qualité de professeur à l'Université
de Gœttingue, et d'un curé d'.Alsace comme professeur à la
faculté de théologie de Munster.
H. B.
La librairie ei) Angleterre
L'année 1920 représente un record dans la production des livres
en Angleterre. On a publié au total 11.004 volumes ; 2.382 de
plus qu'en 1919, seul le nombre des publications pédagogiques,
agricoles et religieuses est légèrement inférieur aux chiffres de
1919.
Vossische Zeitung, 26 I.
Communiqué par M. Kœssler.
Notes et Documents
Uo appel de TAssociatioi) Frai)ce-Crai)de-Bretagi)e
L'" Association France-Gi ande-Bretagne » a été formée pour
" développer l'accord et la collaboration des forces productives
des deux pays ». Elle étudie la solution de problèmes tels que
le régime douanier, les transports, le crédit, la coopération
industrielle, le tunnel sous la Manche, etc..
Mais si l'entente cordiale doit vivre et durer, ce n'est pas sur
le terrain des faits économiques et politiques, si solide soit-il,
qu'elle trouvera son appui le plus résistant.
Ces intérêts peuvent être harmonisés ; ils peuvent naturelle-
ment, et par la force des choses, converger dans leurs lignes
essentielles. Leur détail offrira toujours de multiples divergences.
Il faut, pour que l'amitié des deux peuples survive aux inévi-
tables oppositions des faits matériels, qu'elle s'élè^■« aui-dessus
d'eux ; qu'elle participe au caractère souple de l'union des per-
sonnalités morales ; qu'une confiance réciproque, une habitude
éclairée, une accoutumance de l'un à l'autre, puissent adoucir
les froissements, élargir la tolérance mutuelle, mettre dans les
lapports quelque chose de ce don de soi sans lequel un senti-
ment ne saurait durer.
L'amitié franco-britannique doit être fondée en estime et rai-
son, comme elle veut être fondée dans le sens clair des réalités
pratiques.
C'est pourquoi l'Association a voulu s'adjoindre un « Comité
des relations intellectuelles », chargé de favoriser et entretenir
la meilleure connaissance et la sympathie active des deux
nations.
Un Comité parallèle a été créé par V« Association of Great
Britain and France », qui poursuit, en Angleterre, une œuvre iden'-
tique. La division du travail entre les deux Comités s'est faite
selon un principe qu'il est difficile de ne pas trouver sage et
heureux : le Comité français sera en France l'interprète, l'avo-
cat — dans la mesure où un avocat peut ne plaider que les
justes causes — du point de vue, des sentiments, des susceptibi-
lités légitimes de la Grande-Bretagne. Le Comité anglais défendra
chez lui les droits moraux de la France, ses titres à une sympa-
thie agissante, à une aide cfftcace. L'un et l'autre feront appel,
contre les malentendus réciproques, et certaines expressions super-
licielles de l'esprit des deux peuples, à leur personnalité réelle,
à leur volonté profonde, a leur sentiment éproitvé.
NOTES ET DOCIMENTS 211
Une des tâches auxquelles le Comité français sera naturelle-
ment aihené à se consacrer, est la défense de la culture anglaise
dans nos établissements d'instruction. Il rappellera, et l'Asso-
ciation toute entière avec lui, combien l'enseignement large de
la langue anglaise en France est le corollaire indispensable d'une
L-nteiite qui reste la sauvegarde mutuelle de deux peuples libé-
raux, et pourrait être un des noyaux de l'organisation pacifique
(lu monde.
Il semble donc que nos collègues, professeurs d'anglais dans les
universités, les lycées et collèges de garçons et de jeunes filles,
l^ourraient trouver, en adhérant à r.\ssociation. l'occasion de se
solidariser avec un effort dirigé dans le sens de leur action, de
leur croyance, et utile à la cause qui est nécessairement la leur.
Un appel ultérieur fixera le chiffre de la cotisation demandée
aux Universitaires, qui sera probablemejit de 5 francs, et donnera
tous les renseignements nécessaires pour l'adhésion.
L. C.
M. Can)erlyi)ck et le Rôle de riQterprète
[yous croyons qu'on nous saura gré de reproduire l'article
ci-dessous. En dehors de l'hommage éclatant et mérité rendu à
notre distingué collègue M. Camerlynck, cet article a une portée
(fénérale qui n'échappera pas à nos lecteurs. Ce n'est pas seule-
ment au cours de la guerre, mais dans les travaux de la paix,
que sont apparues la valeur et la qualité des services que l'Uni-
versité pouvait rendre au pays. Il est agréable de constater que
dans les hautes sphères politiques et administratives on prend
maintenant l'habitude de s'adresser, quand il y a une œuvre utile
ou délicate à accomplir, aux gens véritablem.ent compétents,
c'est-à-dire aux professionnels que nous sommes ; on l'a vu dans
les conférences interalliées, dans de grandes organisations natio-
nales (Maison de la Presse* ou internationales, à propos d'affaires
et de procès importants, oii l'on a fait appel à des agrégés d'an-
fjlais et d'allemand. C'est un honneur qui rejaillit sur le corps des
professeurs de Icmgues vivantes tout entier.
L'article est intéressant aussi parce qu'il contient un portrait
asi'e: pénétrant du « complexe » Gallois, qu'est Lloyd George ;
il complète très heureusament les lévélations de Keynes sur les
entretiens des « Quatre » à l'Hôtel Crillon dans son livre si par-
tial, qui vaut plus par certaines notations psychologiques que
par ses aperçus économiques.
H. S.
Pendant quinze jours, les travaux de la Conférence de Londres
ont accaparé notre attention. Saint-James' Palace, Downing Street,
212 LES LANGUES MODERNES
Lancaster House et les terrasses du Château de Chequers out
aimanté toutes les curiosités européennes. Les répliques alternées
du grand dialogue diplomatique qui s'y récitait devant un par-
terre d'hommes d'Etat nous arrivaient, une à une, coupées par de
longs silences, et dans l'attente du dénoùment, le « bon public ■
regardait la scène, admirait les costumes et les décors, s'intéres-
sait à la vie privée des protagonistes et enregistrait les résultats
acquis et les péripéties épuisées.
Un des faits qui l'ont le plus vivement frappé et lui ont
procuré une sincère satisfaction fut le resserrement si spontané
et si affectueux de l'eutente cordiale, en présence des sournoises
manœuvres d'un adversaire qui attendait tout d'une querelle de
ménage entre Alliés. Depuis la signature de la paix, il est indé-
nialjle que les vainqueurs ont cédé parfois à la nervosité en se
livrant à des échanges de vues contradictoires. Il y a eu, entre
frères d'armes, des contro^e^ses un peu irritantes, des froisse-
ments d'amour-propre, des malentendus, des polémiques de presse
qui pouvaient autoriser ces perfides espoirs chez un observateur
superficiel. Mais, comme toujours, au moment nécessaire, la fra-
ternité d'armes a balayé tous les autres sentiments et Funité de
front a été reconstituée.
Si les Allemands en doutaient encore, ils n'auraient qu'à lire
les com-mentaires sympathiques provoqués par les moindres
paroles de Lloyd George dans nos journaux. Notre presse n'a pas
été toujours très tendre pour le Premier anglais : aujourd'hui,
elle n'a pour lui que des sourires ! Elle recueille ses mots, ses
boutades ; elle collectionne ses photographies, s'amuse de ses plai-
santeries et le traite en enfant gâté.
Cette orientation s'est dessinée dès le premier jour. C'est dans
le& coulisses de la Conférence, au cours des conversations préli-
minaires, dans l'intimité des confidences, que s'est consolidée la
nouvelle entente. Et là, il est impossible de ne pas souligner le
rôle important qu'a dû jouer dans cette pièce un personnage
classique, jadis sacrifié, qui prend aujourd'hui un relief
exceptionnel dans toutes les cérémonies publiques de la vie
internationale et dont les responsabilités sont devenues considé-
rables.
Une photographie caractéristique, reproduite dans nos journaux,
nous montre Lloyd George, Aristide Briand et le maréchal Foch
assis dans des fauteuils de jardin et conversant familièrement
avec une souriante animation. Mais, chose singulière, les inter-
locuteurs ne se regardent pas : leurs jeux sont fixés sur le visage
d'un quatrième personnage qui se tient debout devant eux, très
attentif, et qui semble réunir dans ses mains tous les fils de
cette conversation. C'est à lui que vont les interrogations et les
NOTKs i:t documents 213
répliques : il doiniue rentretieii coiiinic un chef d'orchestre
domine les voix de son harmonieuse iihalanf^e, les isole tour à
tour et les met en valeur.
A
Ce personnage mystérieux est un professeur agrégé d'anglais
au lycée Saint-Louis ; c'est M. Camerlynck, (Ihef du service des
interprètes au • Conseil des Ambassadeurs, interprcte-en-chcf à
l'Assemblée générale de la Société des Nations, que nous avons vu
au Conseil Suprême et à la Conférence de la Paix et que nous
retrouvons à la Conférence de Londres et au Château de Chc-
quers.
Songez à l'importance de son rôle. C'est de sa traduction,
forcément improvisée, c'est du choix de ses mots, de son into-
nation, des inflexions de sa voix, de l'expression de sa phj-siono-
mie et de son regard que dépendent, en grande partie, la cordia-
lité des premiers contacts, le ton et l'allure d'une conversation
intime ou officielle et l'interpénétration des points de vue entre
diplomates ne parlant pas la même langue. Et c'est parfois à
son habileté à traduire les plus délicates nuances d'un sentiment
ou d'une pensée qu'est due la rapidité d'une décision.
Capter les paroles au vol, les empêcher de se déformer, de se
décolorer, de se refroidir, leur conserver tout leur accent persua-
sif, toute leur vivacité, ne pas laisser se détendre le ressort d'un
dialogue, ne pas briser la trajectoire d'une riposte, ne pas
dépouiller un discours de son « mouvement » et de son élan,
quelle mission redoutable et quel art subtil ! Si l'on admet la
formule : tradiittore, traditore, que dire d'une traduction verbale
improvisée dans de telles conditions ? Quelle responsabilité
écrasante pour l'homme qui doit assurer la continuité du coui-
rant de la pensée entre deux négociateurs chargés de régler le
sort de plusieurs peuples ! LTne nuance oubliée, une intention
méconnue, un sous-entendu négligé, même dans une conversation
non officielle, et voilà la porte ouverte à un léger froissement,
à une blessure d'amour-propre, à un mécontentement qui peuvent
engendrer un état d'esprit fâcheux au cours de discussions ulté-
rieures et amener des malentendus !
Il faut donc un virtuose pour exécuter de tels tours de force :
nous le possédons en la personne de M. Camerl5'nck, qui parle
l'anglais sans accent avec une richesse et une souplesse de voca-
bulaire prodigieuses et connaît admirablement l'esprit et les
mœurs britanniques. ^L Lloyd George le tient, d'ailleurs, en haute
estime et a déclaré à un de nos confrères qu'il était » un colla-
borateur splendide »!
Sa tâche est lourde avec l'illustre Gallois dont Keynes nous
a laissé une peinture morale si singulière. A l'en croire, le pilote
214 LES LANGUES MODERNES
actuel de la politique anglaise possède des dons secrets assez
troublants. Il nous le montre « examinant la compagnie avec
six ou sept sens- que ne possèdent pas les autres hommes, — sans
doute le sens peu connu de l'orientation — jugeant les caractè-
res, les mobiles et les impulsions du subconscient, percevant ce
que chacun pense et même ce que chacun va dire, ordonnant
avec un instinct télépathique l'argument ou la pensée qui
s'adapteront le mieux à la vanité, à la faiblesse, à l'égoïsme de
son interlocuteur ».
Il souligne également la vive émotivité de ce Celte qui prend
aussi volontiers le sentiment pour guide que la froide raison.
Lloyd George est très sensible aux images, à l'éloquence des cho-
ses. On a pu le constater, une fois de plus, en le voyant accom-
plir, en pleine discussion sur les réparations, ce geste étonnant
d'otïrir au D'' Simons une collection de photographies représen-
tant nos régions dévastées !
» Ame étrange », a dit un collaborateur de la Revue de
Paris, « dont un Français peut comprendre les ressorts subtils
mieux qu'un Anglais ». Félicitons-nous donc de trouver à ses
côtés, dans l'emploi traditionnel de drogman, le u collaborateur
splendide » qu'est le Français Camerlynck.
Nous sommes loin des antiques habitudes du protocole diplo-
matique concernant l'interprète qui accompagnait son chef dans
les Echelles du Levant pour traduire les pourparlers laborieux
ou les discours de bienvenue. Le classique truchement n'avait
droit à aucun rang. Dans les cortèges, il marchait en avant des
personnages officiels et suivait les janissaires ; pendant les entre-
vues, il devait se tenir derrière les interlocuteurs et attendre,
pour se rapprocher, que son intersention fût réclamée par l'un
d'eux. Sa fonction était jugée subalterne. Etienne Dolet, dans son
rarissime traité : " De officio légat i, quem vulgo ambasciatorem
vocant », recommande aux négociateurs de choisir, dans ces cas-
là. des collaborateurs « taciturnes » !
Nous avons changé de méthode. M. Joseph Galtier le- notait
récemment : « L'importance qu'a prise l'interprète est un si'gne
des temps : depuis la conférence bilingue, et même polyglotte,
il a joué un rôle qu'il vaudrait la peine de noter. Songez à ce
que des hommes comme M. Mantoux et M. Camerlynck ont enten-
du et traduit et vous conviendrez que les mémoires de ces inter-
prètes ne seraient pas une contribution négligeable à l'histoire
de notre époque. Obligés d'écrire rapidement sous la dictée, pour
ainsi dire, des hommes d'Etat, de quelle valeur ne seraient pas
ces documents cursifs et tout chauds des discussions actuelles '.'
Seront-ils jamais déliés du serment qu'ils ont dû faire, j'imagine,
de ne pas divulguer les secrets des conférences ?... »
La diplomatie d'aujourd'hui est faite de nuances, de détails.
NOTES i:t documknts 215
de jjsychologie complexe ; les entretiens préliminaires, même
privés, sur la terrasse d'un jardin, le cigare aux lèvres, y pren-
nent une importanec eapitale, entre plénipotentiaires qui n'ont
<iue quelques heures pour bien se connaître et bien se compren-
dre. Dans la technique moderne des accords internationaux, la
collaboration, jadis obscure, de l'interprète devient décisive.
L'ancien comparse du théâtre diplomatique est devenu un grand
jjremier rôle. Et s'il n'est pas encore la ■ vedette » sur l'affiche,
c'est i)ar un simple oubli que les spectateurs commencent aujour-
<i'hui spontanément à réparer. Aidons-les, aujourd'hui, à accom-
plir cet acte de justice !
(L'ILLISTRATION, Courrier de Paris .
i2 mars 19^21.
Les épreuves du baccalauréat ei) 1921
Circulaire de M. le Ministre de l'instruction Publique
à MM. les Recteurs
Le décret du 13 février 1920 qui a substitué à la composition
de langues vivantes de la 1"^' partie (séries B et D) du baccalau-
réat de l'enseignement secondaire, prévu par les décrets des 31
mai 1902 et 22 janvier 1917, une version suivie d'un thème d'imi-
tation a prescrit que ces dispositions nouvelles entreraient en
vigueur à partir de la session de juillet prochain.
Mon attention a été appelée sur les inconvénients que la
stricte application de ces prescriptions présente pour les candi-
dats qui depuis plusieurs années ont été préparés en vue de la
composition de langue vivante telle qu'elle est prescrite par le
décret de 1902.
■ Conformément à l'avis de la Section permanente du Conseil
supérieur de l'Instruction publique, j'ai décidé qu'aux sessions
de juillet et octobre 1921, les candidats aux séries latin-langues
vivantes et sciences-langues vivantes seraient à titre transitoire
autorisés à opter entre la composition, et la version suivie du
thème d'imitation. »
Je vous serais obligé de vouloir bien donner toute la publicité
possible aux dispositions de la présente dépêche.
Appel eo faveur de notre Associatioi)
Signalons à nos collègues le vibrant appel adressé par
M. Loury, professeur à l'Ecole normale d'Instituteurs de Stras-
bourg, aux professeurs de langues vivantes d'Eco' es normales
primaires pour les engager à adhérer à notre Association. Cet
appel a été publié dans le n'' de janvier 1921 du Bulletin de
l'Association Amicale des Professeurs d'Ecoles normales d'Ins-
216 LES LANGUES MODERNES
titiiteurs et d'Institutrices (p. 29). Espérons qu'il sera eiitencliu
Voilà, en tous cas, d'excellente propagande. Nous en remercions
et nous en félicitons M. Loury.
Ch. V.-L.
La questioi) des interprètes
Lorsque la guerre obligea l'autorité militaire à augmenter le
nombre des interprètes, tous ne furent pas choisis d'abord pour
leurs connaissances linguistiques. Dans Les Langues Modernes
notre regretté collègue Ritz a publié à ce sujet des documents
cruels, et nombreux sont les témoignages qui pourraient encore
s'ajouter au sien. Cependant, moins heureux que les jeunes étu-
diants en médecine, dont une loi sut assurer l'affection normale,
des professeurs de langues vivantes, pourvus des plus hauts titres
universitaires, se voyaient écarter des emplois d'interprètes pour
lesquels leurs fonctions semblaient devoir les désigner les pre-
miers. Et jusqu'à la fin des hostilités, trop souvent, l'amateur
l'emporta sur le professionnel.
Mais ne devons-nous espérer aucune amélioration ? Au moment
où la question peut revenir à l'ordre du jour, l'Amicale du Lycée
du Parc (.Lyon) émet un vœu demandant que la nouvelle loi mili-
taire en préparation prévoie l'utilisation rationnelle des profes-
seurs de langues vivantes comme officiers interprètes ou inter-
prètes stagiaires.
Peut-être ce vœu paraîtra-t-il susceptible de retenir l'attention
de l'Association des professeurs de langues vivantes et de la
Fédération des Anciens combattants de l'enseignement public, et
de mériter l'appui de tous les amis de l'Université soucieux
de l'intérêt général.
Louis Rocher,
Professeur agrégé d'anglais
au Lycée du Parc, Lyon.
Arrêté fixai)t les dates des concours
de reoseigi)erT)ei)t secondaire er) 1921
— ■ Du 20 décembre — H
Enseignement secondaire des garerons
Agrégation des langues vivantes (anglais, allemand, espagnol,
italien et arabe), certificat d'aptitude à l'enseignement des langues
vivantes dans les lycées et collèges (anglais, allemand, espagnol,
italien et arabe) et certificat d'aptitude au professorat des clas-
ses élémentaires : le mardi 28 juin, au chef-lieu de chaque aca-
démie, ainsi qu'à Bastia, ('onstantine, Oran et Tunis.
Les inscriptions seront reçues, au secrétariat de chaque aca-
démie et au secrétariat de la Direction générale de l'enseigne-
ment public eu Tunisie, du l" mars au 16 avril.
-<«>
Mouvement du Personnel
I. Universités
Université de Dijon
M. Legras, Dijon, congé ponr mission aux Etats-Unis. —
M. Garnier, prof, lycée Dijon, chargé de c. de lit. étr. à la Fac.
des Lettres de Dijon, |)endant congé à M. Legras.
i niversité de Toulouse
Si)nt approuvées les délibérations du (lonseil de l'Université de
Toulouse jjortant création :
1' D'un poste de professeur de français au Portugal, à partir
du 1" octobre 1920.
2" D'un poste de professeur à Barcelone (emploi dépendant
<lc rinslitut français en Espagne».
Université de Dijon
(Création, à partir du l""^ novembre 1920, d'une conférence
<ranglais.
Université d'A ix-Marseille
Il est créé une chaire de langue et littérature provençales (fon-
dation de l'Université». '
Université d'Alyer
Sont créées trois conférences d'anglais.
M. .lolivet. professeur au lycée de Strasbourg, est nommé, pour
l'année scolaire 1920-1921. maitre de conférences d'allemand
«emploi nouveau).
II. Lycées de la Seii)e
yi. .louda. est délégué espagnol, aux lycées Carnot et Michelet.
III. Lycées des Départen)ei)ts
Mlle Laurent, déléguée anglais, lycée garçons, Bastia. —
M. Bruneau, prof, anglais, Brest. — Mlle Roman, déléguée anglais,
lycée garçons. Bourg. — Mlle Van der Berg, prof, angl., Dijon. —
Mlle Martinet déléguée anglais, lycée garçons, Bastia. — Mlle
Moussié, déléguée anglais, lycée garçons, Troyes. — Mlle Giresse,
anglais, lycée filles, Moulins.
218 LES LANGUES MODERNES
IV. Collèges
M. Casanova, école Emile-Loubet (italienj, Tunis. — M. Labro.
let. et angl., collège de Tarascon. — M. Pousse délégué let. et' alle-
mand, collège de Montbéliard. — M. Colin, lettres et allemand,
collège Morlaix. — M. Colin (Louis), délégué, collège Remire-
mont, lettres et allemand. — M. Maigniez, allemand et anglais,
collège, Luxeuil. — M. Elvin, délégué lettres et anglais, collège
Salins. — M. Gobin, professeur lettres et allemand, collège Sillé-
le-Guillaunie.
Mlle Fauré, espagnol, lycée jeunes filles, Montpellier. — Mlle
Salembien, professeur espagnol, collège de jeunes filles. Castres.
— M. Bouzet, lettres et espagnol. Cognac.
V. Ecoles Prirnaires Supérieures de Paris
M. Boucher, professeur allemand, à l'école J.-B. Say. —
M. Martin-Dupont, professeur anglais, école Arago. — M. Blanc
professeur anglais, école Turgot. — M. Collet, professeur espa-
gnol, collège Chaptal. — M. Cuflfi (Pierre), professeur d'espagnol
à l'école J.-B. Say.
VI. Ecoles Prirnaires Supérieures (Départeni)eots)
M. Canctto, prof, angl., Arles. — Mme Mimet, prof. adj..
Nérac. — Mlle Passard, prof, adj., Largentière. — Mlle Corny.
prof, angl., Thiers. — Mme Bou'-don, née Mijot, ail., Thaon-les-
Vosges. — Mlle Villard, prof, angl,, Castelnaudary. — Mlle Raoul,
dél. inst. adj., lett. et angl., Château-du-Loir. — Mlle Favard.
dél. prof, lett. et angl., Thiers. — Mme Courbin, née Michaud.
dél. inst. adj., Lyon.» — Mme Bès, née Marty, prof, adj., .\ire-sur-
r.Adour. — Mlle Champernaud, prof, adj., Mussidan. — Mme
Ruayres, née Floi-y, prof, adj., Castelnaudary. — Mlle Eprin-
chard, dél. inst. adj., Thiers. — Mme Colvez, née .Adam, prof,
ang'., Lorient ; Mlle Déniau, prof, adj., .Aire-sur-l'.Adour. —
Mlle Darrière, prof, adj., Villefranche-de-Rouergue. — M. Yvon.
angl., .Aiguillon. — M. Cadol, angl., Quimpérlé. — Mme Soissons^
angl., Bléneau. — Mlle Bonnerandi, angl.. Sens.
Certificat d'aptitude à l'eoselgi)en)ei)t des langues
vivantes
Ont été reçus au concours de 1920 :
L Langue allemande
). M. Liithinger (Ernest). — 2. M. Kessler (Joseph). — 3. c.r-
irquo, M.M. -Mermé (Maurice), Schneider (Ernest). — 5. M. Miart
(Albert-Octave). — 6. M. Barthelmé (Alfrcdt. — 7. M. Bcck (Maric-
Edouard-Louis).
1. .Mlle Bresch (Sarah). — 2. ex-œquo, Mlles Didier (Jeannei.
Fleinrich (Marie-Julie). — 4. Mlle Schneider (René), — 5. Mim-
N'itrey, née Rénaux (Madeleine-Hermance).
MOUVKMKNT 1)1 IMîHSONNliL 219
II. Langue aiujUiisc
1. M. (ioindcau (Hené-Marcel). — 2. M. (Ihaveiioii (Louis-Joseph).
— . '6. M. Aube (Victor-Raymond). — 4. M. Lohcnet (André-Joseph).
— 5. M. Canetto (Ludovic-René-Franeis). — 6. M. Alazataud
(Joseph-Marcel). — 7. ex-œqno, MM. Brcant (JuIes-.\uguste-Céles-
lin), Rochai.K (Jean-Claude-Lucien). — 9. M. Burlaud (Ernest-
René). — 10. M. Martin (Erncst-I)aniel). — 11., ex-œquo, MM. Col-
lin (Louis-Maric-Raymond), Lefebvre (Ernest-Louis-Josenh). —
13. M. Fabre (Gustave-Joseph).
1. Mlle Valore (Georgette-Aliee). — 2. Mlle Albert (Elise). —
3. Mlle Eprinchard (Marie-Jeanne-Pauline). — 4. ex-œquo, Mlles
Brunel (.Alice-Léoutine-Julictte), Margez (Marguerite-Alix-Maric).
— 6. Mlle Garola (Christine-Claire-Marguerite). — 7. Mlle Lovy
(Elise-Berthe). — 8. Mlle Champagne (Germaine-Louise-Jeanne).
— 9. Mlle Bonerandi (Sophie-Marie-Angèle). — 10. Mlle Brun
(Suzanne^Marie). — 11. ex-œquo, Mme Crousillac, née Roche,
Mlle Postel (Jeanne-Eugcnie-Joséphine). — 13. Mlle Granade
(Léonie-Rachel). — 14. Mlle Raoul (Marthe-Augustine).
III. Langue espagnole
1. M. Paloumc (Lucien-Noël-Norbert). — 2. ex-œquo, MM. Mar-
quèze-Pouey (Luciea-Marcel), Godefroy (Auguste-Pierre). —
4. Bouchan (Maurice). — 5. Lalaguë (Pierre-Paul).
1. Mme Venturini, née Brunet. — 2. Mlle Llonch (Jeanne). —
3. Mlle Barthélémy (Marie-Thérèse-Espérance). — 4. Dubernet
(Jeanne-Marie-Lucie) .
IV. Langue italienne
1. Mlle Boyer (iMarie-Jeaune-Marthe).
"»»-
220 LES LANGUES MODERNES
ERRATUM
Dans le N» de Janvier- Février, une erreur typographique a déformé
le sens d'une phrase de la page tiô, 1"^ ligne du 2« paragraphe. Au lieu
de : « Le professeur qui traduit est contraint... », lire : « ... n'est pas
contraint... » (Compte rendu de la brochure de M. Marchand sur
l'enseignement du français en Alsace et en Lorraine).
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris VII% à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à 0fr.50 la ligne.
1. Le Collège de Valognes (près de Cherbourg) reçoit élèves français
et anglais. Climat doux et sain. Vastes locaux, jardins, à proximité de
la mer, sur la grande ligne Paris-Cherbourg. Préparation aux divei's
examens. Ecrire au Principal, M. P. Denis, Agrégé de l'Université.
2. Correspondance Interscolalre : Les professeurs d'anglais dési-
reux de procurer à leurs élèves (garçons ou filles) des correspondants
de langue anglaise sont priés de s'adresser au plus tôt à Miss Sheeban-
Dare, Alexandre House School, Hatfield, Herts., qui se fera un plaisir
de leur donner satisfaction.
3. Professeur diplômé (Oxford) veut recevoir pensionnaires dans
sa maison. Vie de famille et leçons. Conditions modérées. Références
excellentes. S'adresser : M. A.,' 28, Woodbastwich Road, S}'denhani,
Londres.
4. M. Régnier, professeur d'anglais, Cambrai, serait heureux de
trouver d'occasion les 2 ouvrages de IVI. Legouis : Dans les sentiers
de la Renaissance anglaise et la Jeunesse de Wordsworth. Au pis
aller, il se contenterait de recevoir en prêt le premier ouvrage.
5. Professeur reçoit en pension deux jeunes gens ou jeunes filles,
français ou alliés, dans villa entourée grand parc. Climat très vivi-
fiant et très sain.. Prix modérés. Collège garçons et E. P. S. filles dans
localité. Adresse : M. Aubenas à Privas.
6. Etudiant anglais, distingué, musicien, désire place précepteur
dans famille i'rançaise. Paris ou banlieue ou grande ville. 12 mars,
20 avril. Ecrire à ivi"' Klein, Collège j. filles, Epernay.
7. Echange de revues. — IVI. Bonnoront, prof, au lycée du Parc,
à Lyon, serait disposé à échanger chaque mois la revue américaine
Atlantic IVIonthly contre revue anglaise ou magazine de même impor-
tance.
Le Gérant : A. Coueslant.
CAiioKS, iMP. COUESLANT (pcrsoiuicl intéressé). — 24.115
Dix-neuvième année. — N* 3 i" Juin içai
Les
Langues Modernes
A^^xrls lm.%>oirtekTxt
Le Secrétaire Général iH. Seuvajkan, professeur au lycée
St-Louis, 132, avenue du Maine, XIV'> et la Trésorière prient
instamment leurs collègues de leur signaler leurs changements
d'adresse (indiquer autant que possible le domicile personnel^,
ou, s'il y a lieu, de situation, non seulement afin d'éuiter la perte
de la revue, mais aussi en vue d'établir l'Annuaire de l"Associa-
tion pour l'J'ii, qui paraîtra dans le numéro du 15 juillet prochain.
La Trésorière (Mlle Ledolx, 30, R. Chevert, Paris 7') rappelle
aux membres de l'Association iju'un compte-courant de chèques
postaux lui est ouvert sous le n" 151-11 par le bureau de Paris.
Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant de
leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à titre de
reçu le talon du chèque ; un iraintil considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi c^u'à la Société des frais de correspondance.
Les jnembres de l'.Association qui désirent un reçu sont priés
d'envoyer 0 fr. '25 à la Trésorière en n\éme temps que leur coti-
sation. L'état actuel de notre caisse nous oblige à réduire autant
que possible nos frais de correspondance.
Les Régionales de Bordeaux, Poitiers, Lille, Aix-Marseille,
Lyon, Clermont-Ferrand, Nancy. Toulouse sont reconstituées.
Les membres de l'Association qui sont du ressort de chacune de
ces académies, sont priés de bien vouloir envoyer directement
leurs cotisations à leurs trésoriers respectifs, dont la liste est la
tuivante :
Poitiers : M. Guy, 15, rue de la Monnaie ;
Aix-Marseille : Mlle Coste, professeur au Lycée Montgrand,
Marseille.
Lyon : M. Legovis. 43, rue de Sèze ;
Clermont-Ferrand : M. Bouyssy, Ecole supérieure de commerce;
Bordeaux : M. Rivoallan. 76, rue de Belleville ;
Toulouse : M. Grangep,, 7, rue du Japon ;
Nancy : M. Petit, professeur à l'E. P. S., 40, rue Michelet, Nancy.
Lille : M. Brocart, professeur à l'E. P. S., 37, rue Kulilmann.
Délégué de la Régionale de Lille : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Lyon : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Slarseille : M. d'Hangest.
Délégué de la Régionale de Nancy : MM. Camerlynck, Servajean.
Délégué de la Régionale de Poitiers : M. Gaston Hirtz.
16.
222 LES LANGUES MODERNES
L'abonnement à Modem Lanyuages est désormais de 6 shil-
lings.
Les membres de l'Association abonnés à la Revue Germanique
sont informés que le prix de l'abonnement de faveur qui leur est
consenti est porté, à partir du 1"^ janvier 1921, à seize francs.
Ils sont priés de verser cette somme, en même temps que leur
cotisation pour 1921, à Mlle Ledocx, trésorière de l'Association.
Ceu.x qui n'ont pas encore payé leur abonnement pour 1914 ou
1920 voudroiit bien le faire par la même occasion. Ils sont ii^s-
tamment priés d'effectuer ces divers paiements dès maintenant.
Depuis le l.î mai, les abonnements à la Reinie Germanique et
les cotisations en retard sont perçus par la poste au nom
de la trésorière de l'Association des Professeurs de langues
vivantes.
Note du Secrétaire Général
Le Secrétaire général assume encore la responsabilité de ce
numéro ; le prochain, qui paraîtra le 15 juillet, sera de nouveau
rédigé par M. d'Hangest. qui vient de reprendre sa chaire au
lycée Condorcet.
Nos lecteurs ont jju constater, que, déférant au désir de l'.As-
semblée générale du Comité et du Bureau, le Secrétaire général
s'est etforcé de réduire à 6 semaines (sauf pendant les grandes
vacances», l'intervalle de publication des Bulletins.
.\ son grand regret, il n'a pu insérer, malgré leur intérêt, tous
les manuscrits qui lui sont parvenus, très nombreux et très
copieux.
(NÉCROLOGIE
Jules Lecoq
Jules I.ecrxi. professeur agrégé d'anglais au lycée Hollin, vient
de nujiirir. Il a\ait soixante ans, mais .il avait conservé un air de
jeunesse, qui éloignait l'idée d'une fin prochaine. Son activité
était demeurée intacte ; ses paroles respiraient la confiance dans
le lendemain. 11 avait maint projet d'action et d'étude en tète,
quand il a été brusquement frappé.
Né à Paris en 1860, il avait fait de solides études au lycée
Saint-Louis. Il les continua en Sorbonne où il se fit recevoir
licencié es lettres. .Alexandre IJeljame. qui venait d'inaugurer
son enseignement de Sorbonne, et qui cherchait à y attirer des
licenciés pour rehausser le prestige des langues vivantes encore
peu honorées, lui fit alors appel. Lecoq aimait à dire en riant,
qu'il était une manière de personnage historique, ayant été (c'était
en 1882» le premier en date des boursiers d'agrégation d'anglais,
li portait ce titre quand je le rencontrai à Londres, en cette épo-
que, où les rares étudiants venus de Fr.uue dérivaient comme des
épaves dans l'immense ville. On y élait alors perdu, sans chc-
Nl'XHOLOOIE 223
miiis déjà fiiiycs, sans rt-latioiis (i'aiiciirif sorte, sans lettres
<rintiocliuti<)n, sans tâche précise. La rencontre d'un compatriote
V était une fête, — joie coupable qu'on savourait avec remords.
Les liens de Lecoq a\ec la Sorbonnc ne se rompirent pas, lors-
qu'il s'en fut, en 1884, occuper sou premier poste de professeur.
J.es anglicisants étaient encore clairsemés, (le n'étaient pas les
imposantes cohortes d'aujourd'hui. Il en résultait des rapports
j)lus étroits et plus partagés entre les quelques-uns qui gravi-
taient autour de Beljame. Lecoq revenait, à chaque congé, de sa
l)rovince. Il se mêlait aux groupes dont tour à tour Edmond
Wdhl, André Cheorillon, Emile Honeluqiie formaient le centre.
Ces noms disent assez, que les causeries de ce temps-là ne man-
quaient ni d'aliment littéraire, ni d'entrain. L'anglais d'ailleurs
n'absorbait pas toutes les pensées. On avait des anus à côté.
Le Braz, Le (joflic, le merveilleux Jules Tellier, sitôt ravi à la
yloire. qui un jour nous emmenait au cabaret déjeuner avec Ver-
laine.
C'est d.tns le midi que Lecoq était allé enseigner en 1884. Bien
qu'il fût par son père d'origine normande, et qu'il eût dans son
aspect des traits Scandinaves prononcés, il se prit de passion
pour le pays du soleil. Sauf un intervalle d'un an qu'il passe
;uix lycées de Moulins et du Mans, le Midi devait le garder pen-
eiant toute sa carrière. Il fut à Nice, à Monti)ellier, surtout à
Avignon où il avait débuté, où il retourna en 1891, et où nous
le crûmes fixé pour la vie.
Epris de vie et de nouveauté, il fut des tout premiers à adopter
la méthode directe dans son enseignement. Dès 1903, il publiait
chez Cornély ■ L'Enseignement vivant des langues vivantes >,
éloquente préface des cinq < Readers •> qui suivirent et que cou-
ronnèrent deux autres livres < The Making of England ■> et
Through English Literature and .\rt ». .autant de recueils
riches de textes vraiment neufs, où circulait un air plus frais
et i)lus vif que dans la plupart des manuels antérieurs.
Pourtant, il rêvait de pl,us d'action que ne lui en permettait
son service de lycée. Pendant un temps, la politique l'attira et
faillit le garder. Par bonheur, un autre champ s'ouvrit devant
lui. L'Orient l'appela, et il partit pour Salonique en 1910 comme
proviseur du Lycée français qu'y avait fondé la Mission laïque.
C'est là qu'il connut peut-être les jours de son existence les plus
conformes à ses goûts profonds. Il s'était à ce point orientalisé
que, quand la guerre éclata, et que s'organisa l'expédition à Salo-
nique, il fut pour le corps expéditionnaire, non seulement le plus
accueillant des hôtes, mais le plus expert, le plus précieux des
conseillers. Il avait appris le grec moderne. Il connaissait mieux
que personne les mœurs, les complexités, les intrigues du pays,
l'esprit des habitants. Le Lycée français devint le centre de la
vie militaire en ces années-là. Le général Sarrail y élut domicile.
Vie intense pour Jules Lecoq ; vie dont les fatigues devaient
le miner à l'insu de ses amis, à l'insu de lui-même. Après le
grand incendie qui ravagea Salonique, des milliers de pauvres
gens restèrent sans toit. Il fallut aménager tout un camp pour
eux, et c'est à Lecoq, puis, quand il fut plusieurs semaines ter-
rassé par la maladie, à sa vaillante femme, qu'incomba le lourd
poids de cette installation de fortune.
224 LES LANGUES MODERNES
La guerre finie, il revint en 1919, non sans jeter derrière lui
des regards de regret, occuper à Paris une chaire du lycée Rol-
Jin. Bien qu'il se retrouvât dans la ville de sa jeunesse, il éprou-
va d'abord la nostalgie de l'Orient. Il rêvait d'y retourner. Il y
retourna une fois, sur le choix de M. Venizelos, pour aider les
nouveaux possesseurs de la Macédoine à y organiser l'enseigne-
ment. Mais ce fut trop court à son gré. Il méditait une nouvelle
fuite vers la Grèce ou la Turquie. Toutefois il ne se consumait
pas en regrets vains. Peu à peu, dans l'atmosphère parisienne,
l'ardeur purement intellectuelle de sa jeunesse renaissait. Il
revenait à des travaux longtemps interrompus. Il avait jadis pro-
jeté, et même commencé, une thèse sur le vieux poète dramati-
que, Thomas Dekker. Il rouvrait les volumes abandonnés, son-
geant non plus à une thèse, mais à des articles. Cependant, ras-
semblant ses souvenirs d'Orient, il venait de publier dans la
Revue du Lyonnais une longue étude sur La Crise grecque et la
Politique orientale. Finalement, dans les mêmes jours qp il était
étendu sur le lit d'oà il ne devait plus se relever, M. Leygues
l'appelait à collaborer avec lui pour l'étude des questions politi-
ques de l'Orient méditerranéen.
La mort a arrêté ces travaux, coupé court à ces projets divers.
Elle a clos une carrière animée, toujours jeune. Pour plusieurs
de nous, la verve de Lecoq faisait revivre les souvenirs loin-
tains, évoquait des scènes presque oubliées. On comprenait eu
l'entendant causer, surtout en le voyant agir, pourquoi, malgré
qu'il fût bon humaniste, il avait renoncé spontanément aux lan-
gues mortes, et s'était dirigé vers les vivantes. Il aimait la vit-.
ses risques et ses aventures.
A sa veuve, à ses enfants, pour lesquels le foyer de son affec-
tion et de son activité s'/st subitement éteint, qu'il soit permis
à ceux qui furent les camarades ou les collègues de Lecoq d'of-
frir l'hommage de leur douloureuse sympathie.
Emile Legoiis.
Ludovic BruQet
Ludovic Brunet, que la population de Cahors accompagnait k
2 décembre à sa dernière demeure, est le huitième des profes-
seurs que la mort a enlevés au lycée Gambetta depuis quatre
ans, et comme les autres, il a disparu en pleine activité, succom-
bant à une tâche dont sa vaillance ne voulait pas mesurer le
fardeau.
Depuis 31 ans, il était professeur d'anglais dans ce même
lycée où il avait été élève, n'ayant quitté son Quercy natal que
pour les années d'études en Angleterre et à Paris, et peut-être
a-t-il dû à cette fidélité à la rude terre des Causses la forte santé
morale, que ne connaissent pas toujours les déracinés, le robuste
bon sens, la rectitude et la netteté' du jugement par quoi il fut
un éducateur de ferme volonté autant qu'un collègue loyal et sûr.
Président de l'Amicale des professeurs, membre du Conseil
d'Administration du lycée, il ajoutait encore à ces charges qui
disent assez en quelle affectueuse estime il était tenu de tous,
les lourdes fonctions de maire de sa commune natale, voisine de
Cahors, et de vice-président de la Société d'Agriculture du Lot.
NECROLOGIE iia
Peu d'honiiiKs eurent une existenee si bien remplie, une activité
si léconde. Que sa veuve et son fils veuillent bien trouver dans
ce trop bref hommage l'expression de notre attachement à la
mùTioir.; d'un très regretté collègue et ami.
Marcel Heldt,
Professeur (l'allemand an Lycée de Cahors.
Trucbot
Nous avons k regret d'apprendre, un peu tardivement, le décès
tic .1/. Truchol, professeur de classes élémentaires au Lycée Fus-
ttl-de-Coulang?s, à Strasbourg. Depuis longtemps, il faisait jKjrtie
de notre Société. C'est que ses goûts personnels et une rare puis-
sance de travail le poussaient vers l'étude des langues modernes.
Sorti de l'enseignement primaire, il réussit, après plusieurs
séjours de vacances en Allemagne, à conquérir le Professorat des
Classes élémentaires en 1905. Nommé au lycée de Bourg, l'admi-
nistration lui confie bientôt deux heures d'italien. Les résultats
qu'il obtient dans cet enseignement, pourtant facultatif, sont si
satisfaisants qu'à la veille de la guerre, Truchot a un service
supplémentaire de 10 heures d'italien. Entre temps, notre collè-
gue cherche à conquérir de nouveaux titres. .Avi labeur de ses
classes, il ajoute un travail personnel intense ; chaque jeudi, il
court à Lyon suivre les cours de l'Université ; en 1911, il passe
avec succès les épreuves de la licence es lettres, mention • Ita-
lien ■' et celles du Diplôme d'Etudes supérieures. En 1914, il
aborde l'agrégation d'Italien.
La guerre arrive : M. Truchot fait toute la campagne ; parti
sergent, il revient lieutenant, titulaire de la Croix de guerre.
Pendant son absence, une chaire d'Italien a été créée au lycée de
Bourg : c'est alors qu'il songe à venir en Alsace ; là aussi, et
surtout, il enseignera les langues. Et alors que sa santé eût
mérité des ménagements, que des classes nombreuses et fatigan-
tes absorbent toute son activité, il remet aussitôt sur le métier
sa préparation à IWgrégation. A 43 ans, nous le vîmes s'asseoir
sur les bancs de l'Université de Strasbourg î Malgré l'avis des
médecins, il voulut se rendre aux épreuves écrites du concours
d'agrégation, mais une syncope le terrassa dans la salle d'exa-
men... Au seuil du succès, notre malheureux collègue se voyait
enlever le bénéfice de plusieurs années d'efforts et de peines.
Après une longue maladie, M. Truchot décédait le .5 janvier
dernier, laissant une veuve et trois jeunes orphelins. Cette dou-
loureuse fin a profondément ému tous nos collègues de Stras-
bourg qui estimaient ce camarade modeste, mais au cœur si bon
et si loyal. Comme l'a remarqué, sur sa tombe, M. le Proviseur
du Lycée Fustel-de-Coulamjes : ■ Au milieu de la fièvre générale
du plaisir, dans la ruée des appétits, dans la clameur des égoïs-
mes, c'est une consolation et un réconfort de rencontrer l'exem-
ple d'une vie simplement consacrée au devoir, et c'est une fierté
pour l'Université française de compter dans ses rangs tant de
bons serviteurs di» Pays. >
VOIGNIEH,
Professeur au lycée Fustel-de-Coulanges. Strasbourg.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Démarches du Bureau
Le Bureau a été reç^u le 21 avril dernier par M. Lapie, Direc-
teur de l'Enseignement primaire.
Le vœu émis par l'Assemblée générale du 6 janvier, en faveur
de la création </'»/! poste d'Inspecteur général des Langues vivan-
tes dans l'Enseignement Primaire, n'avait pu encore être remis
officiellement à M. Lapie qui en avait eu connaissance, cependant,
par les Langues Modernes. En le recevant, M. le Directeur nous a
annoncé que le principe de la mesure était adopté, qu'il y était,
lui-mêmt favorable, mais qu'il fallait la sanction du Parlement-
Nôtre vœu en hâtera la réalisation.
Le Président a ensuite absorbé la grosse question de la titu-
larisation comme professeurs des maîtres-adjoints. Cette titula-
risation pouvait, autrefois (lois du 24 décembre 1908, du 25
février 1914), être prononcée en faveur des maîtres qui étaient
pourvus du Certificat primaire de langues et qui donnaient 20
heures d'enseignement dont 11 de langues vivantes, après un an
de stage et sur rapport favorable d'un Inspecteur général.
Depuis, est intervenue la loi du 6 octobre 1919 dont l'article 15
règle la situation des maîtres auxiliaires. " Après cinq ans
d'exercice, dit un des paragraphes de l'article en question, les
maîtres auxiliaires i)()urront être classés parmi les professeurs
adjoints... »
11 semble que les bureaux du Ministère veuillent étendre la
portée de ces dispositions aux instituteurs-adjoints délégués,
pourvus du certificat de langues et leur imposer cinq ans de
stage. De pareilles conditions nous paraissent provenir d'une
ijiterprétation erronée du texte de la loi. M. Lapie a paru surpris
des faits que nous lui signalions. Il n'y a pas de confusion pos-
sible, lui a-t-il i)aru. entre les maitres-au.riliaires et les insti-
luteurs-délégués.
Diverses observations ont été ])résentées à M. le Directeur au
sujet de cette question. L'interprétation abusive donnée par les
bureaux à un texte législatif porte un préjudice considérable à
un grand nombre de fonctionnaires : elle retarde leur titularisa-
lion de i)lusieurs années. Il y a lieu de noter, d'autre part, que.
dans le projet de loi présenté au Parlement pour le Budget de
rinstruction Publique et la loi de Finances pour 1921, on voit à
l'article 13 que les répétitenrs (ies Ecoles primaires supérieures
de Paris, pourvus du Certificat de langues sont assimilés aux
Professeurs des E. P. S. des départements. II n'est pas question
pour eux de stage d'aucune durée, l'ne pareille inégalité serait
trop injuste pour que le bon sens l'admît. D'autant plus "que
les fonctions remplies par les premiers sont toutes de surveil-
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 227
lance et de discipline, tandis tjue les antres ont à donner Tensei-
jjnenient. — On a, dans le même ordre d'idées, montré à M. Lapie
le cas d'un Jeune certifié d'octobre 1920, professeur-adjoint dans
une Ecole technique qui a été titularisé aussitôt en possession
de son titre. Tel autre, reçu dans un meilleur rang, et professeur
d'K. P. S. se voit astreint à 5 ans de stage. Le titre primaire a
(ionc plus de \aleur efTecti%e dans l'Enseignement technique !
Les Forn)alités pour la Titularisation
M. le Directeur a ;)aiu préoccupé aussi d'arriver à simplifier les
formalités si comijliqiiées, à l'heure actuelle, quand il s'agit de
titulariser un maître-adjoint comme ])rofesseur de langues vivan-
tes, (les formalités, dans le détail desquelles nous ne pouvons
entrer ici, ont entraîné parfois un délai d'un an entre la proposi-
tion initiale de titularisation et la décision du Ministre. Les
intérêts du maître qu'on fait attendre ainsi sont gravement lésés.
Autre et gra^•e incoin énient : la titularisation dépend de person-
nes souvent peu compétentes (conseillers municipaux, membres
tin Conseil départemental, du Comité de patronage). Ceci paraît
cfautant plus illogique aux intéressés que lorsqu'il s'est agi^
iiuparavant, de les nommer professeurs-adjoints, on n'a tenu
compte que des pro()ositions des chefs hiérarchiques ; que dans
des cas analogues, nos collègues licenciés, ainsi que les maîtres-
auxiliaires certiliés de langues sont titularisés par le Ministre
simplement sur la proposition de l'Inspecteur général ou sur
celle <lu Hecteur.
Les li)tériiT)alres dar)s les E. P. $•
M. Lapie a écouté avec bienveillance et sympathie le chaleu-
reux appel que lui adressait le Président en faveur des dames
chargées de l'enseignement des langues vi\antes, pendant la
guerre, en qualité de maîtresses intérimtiires. Sur ce sujet, la note
que voici lui a été remise :
<• L'.Association des Professeurs de langues vivantes a l'hon-
« neur de recommander à la biemeillante sollicitude de l'Admi-
<' nistration les maîtresses qui, pour\ues pour la plupart du
■ Professorat des Ecoles normales ou du Certificat de langues,
I' ont assuré le service pendant la guerre, dans les Ecoles de
" garçons où l'enseignement et la discipline étaient souvent fort
" pénibles.
• I)e|juis la démobilisation. r.Administration s'est efforcée de
" les pourvoir d'une délégation dans les E. P. S. de Jeunes filles.
" Mais au.x termes des décrets du 1"^ mai 1914 et du 15 novem-
" bre 1919, elles ne peuvent être nommées professeurs-adjointes
<' que si elles comptent 3 ans de services effectifs en qualité
" d'institutrices-adjointes d'E. P. S.
" Or, ces maîtresses ont déjà exercé pendant 3, 4, b années
" d'intérim ; elles ont été l'objet d'inspections générales. N'est-il
" donc pas inutile et excessif d'exiger d'elles un supplément de
«^ 3 années de délégation et trois autres inspections générales ?
228 LES LANGUES MODERNES
" Si elles n'avaient pas bien rempli leur tâche, on n'eût pas
<( attendu aussi longtemps pour les remplacer. Pendant les trois
» années de délégation elles ne touchent qu'un supplément bien
<< minime de 200 francs, en plus de leur traitement d'institutrice.
(. Elles sont ainsi peu récompensées des services qu'elles ont
Il rendus pendant la guerre.
" Nous osons donc espérer que l'Administration voudra bien
<. proposer l'adoption de mesures bienveillantes dont la formule
Il pourrait se rapprocher de celle-ci :
(. 1" Les Institutrices qui ont fait un intérim de 4 ou 5 années
(' pendant la guerre pourront être titularisées professeurs-adjoin-
« tes d'E. P. S., après une délégation d'une année.
« 2° Celles qui ont été intérimaires pendant 2 ou 3 années
<■ pourront être titularisées après une délégation de deux
<i années. »
M. Lapie nous a laissé entrevoir qu'un projet de loi leur tien-
drait compte des années d'intérim.
Les S^ctiOQS Norn)ales
Le Bureau a exprimé à M. Lapie les sentiments d'inquiétude
que les Professeurs de langues éprouvent au sujet des sections
normales qui, dans les E. P. S., à côté des sections générales, com-
merciales, industrielles et agricoles, sont destinées à préparer les
futurs candidats aux Ecoles normales d'Instituteurs et d'Institutri-
ces. Il est dit, dans les Instructions du 30 septembre 1920: <. Dans
les trois années l'enseignement des langues vioan'es sera pour eux
(les élèves) facultatif. Toutefois, l'attention des élèves sera atti-
rée sur l'intérêt que présente pour eux cet enseignement, qui sera
continué à l'école normale. » A nos yeux, tout enseignement
facultatif, dans notre système éducatif français, est voué d'avance
à l'insuccès. Pour M. Lapie, les sections normales ne sont
encore qu'à l'état de projet. Aucun horaire n'a, d'ailleurs, été
établi pour elles.
La Réforn)e du Certificat Priroaire
Le Président a ensuite remercié M. le Directeur d'avoir bien
voulu autoriser M. l'Inspecteur général Beaujeu à nous entrete-
nir du projet de reforme du Certificat d'aptitude à l'Enseigm-
ment des langues dans les Ecoles normales et primaires supé-
rieures. C'est un premier ajjpcl de l'Administration à la coliabo-
tion du personnel intéressé. Nous nous en réjouissons pour le
bien même de notre discipline. Il semble que le Certificat devien-
dra un des Professorats littéraires. Il se passera en deux parties,
la première portant sur le français et la culture générale, la
seconde plus spécialisée et comprenant les épreuves actuelles de
langue étrangère, en somme, dans ses grandes lignes, le projet
Monguillon, exposé dans nos colonnes, l'an dernier.
Nous avons signalé à M. le Directeur que, dans certaines écoles
de province, l'horaire des langues vivantes n'est pas suivi scru-
puleusement. Tout en indicpiant que les directeurs d'école se
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 229
tniivcnt en présence, parfois, de ditticiiltés particulières, M. Lapic
a recueilli nos observations.
I-c Président a enfin exposé à .)/. l.dpie le mécontentement
(jui règne chez les professeurs de langues \ ivantes des E. I*. S.
qui ne reçoivent toujours que l'indemnité de 300 francs alors que,
de])uis le mois de juin dernier, le (>onseil supérieur a voté le
taux de 500 francs. On fait remarquer que cette indemnité est
versée aux collègues qui occupent un poste dans les classes élé-
mentaires des Lycées, alors même qu'ils n'enseignent pas la
langue pour laquelle ils sont diplômés. Pour eux, il s'agit d'une
véritable indemnité de titre. M. Ijipie n'a pu, malheureusement,
nous donner aucune précision sur le moment où le Ministère des
Finances sanctionnera la décision du Conseil supérieur. 11 semble
<ionc que longtemps encore cette indemnité restera au taux
d"av.\nt-gierre. Triste manière de récompenser des fonctionnai-
res qui ont travaillé pendant des années pour passer un concours
dillicile et se sont imposé d'onéreux voyages à l'étranger. Les inté-
ressés sauront en tirer leurs conclusions.
La titularisation des Professeurs de Langues Vivantes
dans l'Enseignement Primaire Supérieur
Après la réforme du Certificat d'aptitude à l'Enseignement des
Langues Vivantes dans les Ecoles normales et primaires supé-
rieures de 1912, réforme qui avait notablement renforcé la partie
littéraire et française de l'examen, M. Gasquet et M. Guillaume
disaient que lorsque la loi de titularisation, avec 11 heures d'en-
seignement de langues, serait votée, les certifiés seraient titula-
risés après une délégation dont la durée pourrait n'être que
d'une année en cas d'inspection favorable.
Quelques mois après le vote de la loi du 25 février 1914
(accordant la titularisation avec 11 heures de langues), la circu-
laire ministérielle du 20 avril 1914 est venue en quelque sorte
confirmer les promesses précédentes. On lit, en effet, dans cette
circulaire ■ qu'un stage d'un an dans les fonctions d'instituteur-
adjoint délégué paraît être le minimum exigible ». Or, dix jours
plus tard, était signé un décret qui allait changer la face des
choses. Ce décret imposait au.x instituteurs-adjoints pourvus de
Certificats spéciaux, un stage de trois ans avant de pouvoir deve-
nir professeurs-adjoints (l""" mai 1914). On enlevait ainsi aux
certifiés de langues la plupart des avantages qui leur avaient été
déjà concédés et on mettait leur diplôme sur le même pied que
d'autres qui, de l'aveu de tous, leur étaient notablement inférieurs.
Les choses ont encore empiré par la suite ; la loi du 7 octobre
1919 impose un stage de cinq années aux certifiés de langues
avant qu'ils puissent obtenir la titularisation. \ vrai dire, le
texte ne parle que des maîtres auxiliaires (dont le nombre est
restreint), mais l'administration interprète la loi de la façon la
230 LES LANGUES MODERNES
plus défavor;ible au persoinitl eiisuigiiant et applique cette condi-
tion des cinq ans de stage à tous les professeurs délégués.
Au moment où le projet de loi de péréquation est venu en dis-
cussion au Parlement, on a pu constater que les textes nouveaux
maintenaient les dispositions de la loi du 6 octobre 1919. Dans
!"espoir de faire modifier de's mesures aussi fâcheuses à l'égard
de nos collègues de l'Enseignement primaire supérieur, le Prési-
dent a adressé la note suivante à diverses personnalités politi-
ques qui s'intéressent aux questions universitaires :
Paris, 12 mars W21.
Nous avons l'honneur d'attirer votre attention sur certaines
dispositions du projet de loi relatif à la péréquation des traite-
ments universitaires.
L'article 38-14 indique que les maîtres auxiliaires de langues
vivantes, ainsi que les instituteurs (et institutrices) délégués,
chargés de renseignement des langues vivantes dans les Ecoles
primaires supérieures, pourront ■ s'ils possèdent le Certificat de
Paptitude à l'Enseignement des langues vivantes dans les Ecoles
normales, sur la proposition des recteurs et après cinq ans
d'exercice, être classés parmi les professeurs d'E. P. S., en rece-
voir le titre et le traitement ".
Le stage était naguère d'un an ; un rapport d'inspecteur géné-
ral favorable au fonctionnaire permettait sa titularisation.
La disposition nouvelle nous paraît beaucoup trop onéreuse
pour les professeurs. Point n'est besoin d'une durée de cinq
années, semble-t-il. pour qu'un maître donne la mesure de son
zèle et de ses qualités professionnelles. Ces dernières, ainsi que
son savoir, ont été l'objet d'une vérification incontestable quand
le professeur a passé le Certificat d'aptitude. Cet examen com-
porte, en effet : 1'* des épreuves spéciales de langues vivantes qui
permettent de contrôler les connaissances linguistiques du candi-
dat ; 2" des épreuves littéraires et grammaticales qui ont pour
but de préciser sa culture générale ; 3" une épreuve de pédago-
gie des langues vivantes où s'atteste sa technique professiun-
i.ille.
Le stage fixé à 5 ans enlève au Certificat une part notable de-
^a valeur utilitaire et de son prestige. Le recrutement des candi-
dats, et par suite celui des profesi;eurs de langues, en souffrira.
Il est onéreux pour les professeurs de langues vivantes parce
que ces derniers ont dû, jjour passer ce concours dont le niveau
élevé est comparable à celui du Cert. d'A. des I.i/cées et Collèges.
se livrer à des études prolongées et coûteuses, s'imposer des
séjours dispendieux à l'étranger.
Nous estimons donc que, pour les langues vivantes, il est néces-
saire d'en revenir au stage d'un an.
Le Président de l'.Association,
Ch. Veili.et-Lavallkf..
D'après des renseignements puisés à bonne source, il est pro-
bable que ces anomalies, si même nous n'obtenons pas gain di*
cause immédiatement, disparaîtront quand sera effectuée une
réforni'.' des professorats de l'Enseigiunient prin)aire qui est à
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 231
]"étiidc au iiiiiiistiTe. Le Cerlificut de langues devieiulrait une
Iraïu'hc du Professorat. On se rappelle que notre collègue Mon-
(jinllon a publié un article magistral sur cette question, l'an der-
nier, dans les Longues Modernes (p. 349i.
D'autre part. .V. Monguillon a proposé et fait adopter les deux
\a'u.\ que voici par l'Assemblée générale de VAssociotion amicale
des Professeurs d'Ecoles primaires supérieures qui s'est tenue à
l'aris, pendant les vacances de Pâques :
.< 1" L'Assemblée générale émet le vœu que le décret du l*^""
mai 1914 ne soit pas appliqué aux professeurs de langues vivan-
tes ; que la titularisation de ces derniers comme professeurs-
;(d joints ou comme professeurs — selon le poste — puisse être
prononcée après un an de stage. •>
" 2" La titularisation comme professeurs des certifiés de lan-
gues vivantes sera prononcée par le Ministre, simplement sur la
proposition de l'Inspecteur général et de l'autorité académi-
que. >
Visite des Professeurs de Langues Vivantes des E. P. S.
Les professeurs de langues vivantes des Ecoles primaires supé-
rieures, présents au Congrès de l'.Association amicale des E. P. S.,
qui s'est tenu à l'Ecole Turgot pendant les vacances de Pâques,
ont tenu à profiter de leur séjour dans la capitale pour offrir
leurs hommages à notre Président et à le remercier du zèle et du
dévouement qu'il a toujours montrés pour la défense des langues
vi\antes dans les Ecoles primaires supérieures.
Ils lui ont en outre communiqué les vœux votés la veille par
l'Assemblée générale de l'Amicale des E. P. S. et dont le texte a
été reijroduit d'autre part.
Ils l'ont aussi entretenu de diverses autres questions telles que :
1. L'indemnité «lue aux P. A. pourvus du certificat de langues.
2. Les heur'es supp^lémentaires de langues vivantes.
li. Les horaires de langues, de moins en moins observés dans
les E. P. S.
4. Les conditions requises poui' prendre part au concours du
(Certificat secondaire de langues, etc..
Ils sont partis avec l'impression réconfortante qu'ils peuvent
toujours compter sur l'appui de l'Association, de son Bureau et
de son Président.
A. .MONGLILLON.
Les Langues Vivantes dans l'Enseignement Primaire
et dans l'Enseignement Technique
Le bon sens, aussi bien que l'observation psychologique des
élèves semblent indiquer avec force l'utilité que présente l'étude
des langues vivantes à la fois pour les fins pratiques et pour les
232 LES LANGUES MODERNES
fins de culture, dans les deux Enseignements prinoaire et techni-
que. Or, depuis quelques années, nous l'avons déjà montré à plu-
sieurs reprises, l'Enseignement des langues, dans ces deux gran-
des divisions de l'Université, a subi un recul considérable et, il
faut le dire, sans l'Association, en 1920 et en janvier dernier,
le dommage eût été plus grand encore. Nos collègues du Primaire
et du Technique l'ont compris, d'ailleurs, et sont venus eu nom-
bre grossir nos rangs. Souhaitons que le mouvenîent des adhé-
sions ne se ralentira pas. Il ne devrait plus à l'heure actuelle,
rester un seul professeur de langvies vivantes en dehors de
notre groupement.
On se rappelle que le projet de réforme du brevet supérieur,
présenté en janvier, comportait la suppression de l'épreuve écrite
de langues. On sait aussi par quels efforts de nos représentants
au Conseil supérieur et de l'Association ce coup fut, en partie,
paré. L'épreuve écrite reste, mais réduite à une durée d'une
heure, alors que les autres matières ont d^ux heures et demie ou
trois heures. Ces dernières sont cotées sur 20, la première sur 10
seulement. (Voir Bulletin de l'Instruction Publique du 19 mars
1921). Les observations qui suivent font mieux saisir encore la
diminution infligée à notre enseignement :
Autrefois, l'épreuve de langues était le tiers de l'examen écrit
et était cotée sur 20. (11 y a maintenant 5 épreuves à l'écrit, dont
1 de langues». Si on présente dans un rapport la note maximum
de langue en la comparant au total maximum des épreuves écri-
tes, on avait autrefois : 20 80 soit 1/4 et aujourd'hui : 10/90
ou 1/9.
' Autre constatation : le n° du 15 avril 1921 publie toute une
série d'arrêtés et un décret relatifs à l'Ecole normale d'Enseigne-
ment technique, aux Certificats d'Aptitude au Professorat des
Ecoles Pratiques de Commerce et d'Industrie de garçons et de
filles, à celui de l'Enseignement Pratique du Commerce et de
l'Industrie.
Il n'y a aucune épreuue de langues vivantes dans les program-
mes de ces divers examens et concours pas même poir les sec-
tions COMMEHCIALES.
L'Université et la Politique (Suiie)
Nos lecteurs se rappellent le texte de la ])rotestation élevée par
notre groupement contre la mission dont a été chargé un de nos
collègues au moment où M. Honnorat quittait le Ministère de
l'Instruction Publique (Voir Bulletin du 15 avril 1921, pp. 172-
175).
Le Bureau de la Fédération Nationale des Professeurs de
Li/cées et de l'Enseignement secondaire féminin ayant, de son
côté, fait une démarche dans le même sens auprès du Ministère
actuel, a re(,-u hi réponse que \oici :
Kii.i.icïiN i)i: l'association 233
• Paris, 9 avril 192 î.
' Le Miiiislre de l'inslriirlion Publique et des Beaux-
• A ris,
" A M, dope, professeur au Lycée de Lille, Président de
" la Fédération des Professeurs de Lycées de garçons
" et de l'Enseignement secondaire féminin.
■ J'ai pris connaissance de votre lettre du 18 mars relative à
" la mission d'inspection dans le ressort de l'Académie de Paris
" dont M. Bernbeim, professeur d'allemand au lycée Louis-le-
• Grand, a été récemment chargé. »
• Je crois devoir vous informer que M. Bernheim n'a été
" l'objet d'aucune nomination. La situation de ce professeur,
" qui se serait trouvé, de fait, en surnombre au lycée Louis-le-
" Grand, a simplement permis de lui confier une mission tempo-
" raire auprès de M. le Recteur de l'.Académie de Paris.
• Pour le Ministre et par autorisation :
" Le Chef de Cabinet,
« Signé : RoLANO-ilARCEL. »
Cette lettre appelle les observations suivantes :
1" Elle confirme les explications que notre Bureau a recueil-
lies le 17 mars auprès de M. Bellin ;
2" Il s'agit, répète-t-on, d'une mission essentiellement tempo-
raire et non d'une nomination à titre définitif. Le personnel
enseignant en prend bonne note ;
3" Que le Professeur en question, au moment de reprendre sa
chaire, se soit trouvé en surnombre, c'est 'possible. La raison
est-elle suffisante pour qu'on le charge, ainsi que nous l'avons
déjà fait remarquer, de contrôler l'activité et le mérite profes-
sionnels de ses collègues dont beaucoup l'emportent sur lui par
l'âge, les services, la notoriété scientifique et pédagogique ? Il
reste patent qu'une fois de plus, il y a eu intrusion de la politi-
que dans un service technique, qu'une fois de plus le « fait du
prince » a jou'é au détriment du bien public, de l'ordre, de la
bonne marche des services, qu'on a fait bon marché de la dignité
du corps enseignant et, pour tout dire, de la moralité.
Nous devons ajouter que sont parvenues au Bureau des pro-
testations émanant de collègues, anciens combattants. L'une
d'elles établit un parallèle entre les fonctions remplies pendant
la guerre, dans un hôpital parisien, par la personne en question
" fonctions utiles, certes, mais de tout repos, pendant que des
" officiers interprètes que je pourrais citer, et dont la valeur pro-
" fessionnelle, les titres et les services universitaires égalent,
" s'ils ne dépassent, les siens, étaient cités à l'ordre pour bles-
•■ sures, actions d'éclat ou faits prisonniers avec les troupes
" combattantes dont ils partagent les fatigues et les dangers ».
" S'il est décidé en haut lieu que la période allant du 2 août
1914 au 11 novembre 1918 doit être effacée de notre histoire, les
anciens combattants se le tiendront pour dit, mais alors qu'on
cesse de les asperger d'eau bénite de cour ».
Un autre correspondant appuie en ces termes la protestation
234 LES L.\XGLES MODERNES
que Ton vient de lire : < Notre collègue X. (engagé volontaire,
<• croix de guerre, légion d'honneur au titre militaire) a mille
<- fois raison. L'Université ignore les services que ses profes-
«. seurs ont pu rendre à la défense nationale. Aussi, que ne
« sont-ils restés tranquillement dans leur chaire à soigner leur
<■ avancement auprès des politiciens ! »
Nous croyons savoir que la Ligue Civique s'est occupée, éga-
lement, de la question. Le Président de VAssociation amicale
des Anciens combattants de l'Enseignement supérieur, et de l'En-
seignement secondaire public, tout en faisant remarquer que deux
Inspecteurs généraux, MM. Marijon et Yial, sont d'anciens comhat-
tants, souhaite <• que, pour toutes les nominations, il soit tenu le
plus grand compte des services rendus par le fonctionnaire pen-
dans la guerre. •> Il se plaint que les A. C. n'aient ■ ni auprès
<■ des pouvoirs publics, ni même dans les milieux corporatifs
<' l'autorité et le crédit qu'ils devraient avoir >«.
Section Régionale du Nord (Lille)
La Section régionale du Nord de l'A. P. L. V. a tenu son Assem-
blée générale le jeudi 28 avril 1921, sou'S la Présidence de
M. F. Delattre.
Avant d'aborder l'ordre du jour, les membres présents procè-
dent à un échange de vues au sujet des modifications qui sem-
blent devoir intervenir prochainement dans les horaires des
lycées et collèges et de la compression fâcheuse qui pourra en
résulter pour l'enseignement des langues vivantes. M. Beltette
qui a pu joindre pendant le Congrès de Pâques MM. Veillet-
Lavallée et Bloch s'est entretenu avec e.ux de la situation et a
obtenu d'eux des renseignements complémentaires très rassu-
rants qu'il communique à ses collègues. Une discussion s'engage
alors à la suite de laquelle la résolution suivante est votée à
l'unanimité :
<i La Régionale du Nord, ayant pris connaissance de VA. G.,
d'après le compte rendu qui a paru dans le n° d'avril des > Lan-
gues Modernes », remercie MM. Hovelaque et Rancès de leurs
énergiques efforts pour la défense de notre enseignement. — et
félicite le Comité de son heureuse intervention à laquelle elle
s'associe pleinement. ■>
Passant ensuite à l'examen des questionnaires de la Fédération
nationale des Professeurs de lycées envoyés aux Régionales,
notre Président nous fait connaître qu'il a rendu compte au
(Comité central de l'impossibililé où il s'était trouvé de convoquer
la Régionale à ce sujet, le temps matériel ayant fait défaut
avant la date requise. Une intéressante discussion s'engage cepen-
dant et l'.Assemblée est d'avis que le référendum qui a servi de
point de départ à la modification des épreu\es du Baccalauréat
n'aurait pas dii être pris en considération étant donné que : o)
Les questions étaient posées le plus souvent en termes trop
BULLETIN DE l'ASSOCL\TIO\ 235
ViKjtn's el (ji'nénnrx ; — />i /<» date à luiiuelle il <i vu lieu ci enii>c-
</u' les non-mobilisés d'y prendre part ; — f» les intérimaires de
(jucrre qui y ont pris part en très ijrand nombre en ont pu' faus-
Ni'r le résultat.
En conséquence, l'Assenibléc exprime l'iivi.s qu'il y aura lieu
<Tl)rès les deux sessions de baccalauréat de juillet et octobre pro-
chain d'examiner à nouveau et dans son entier la question des
épreuves de langues vivantes et de demander aux |)rofesseurs
leur opinion précise sur la forme ("> narration, — /»• thème et
version) qu'il conniendrait d'adopter pour les éprennes écrites.
Il y aura lieu également, propose M. Delattre, d'examiner sépa-
ii-ment les opinions des professeurs de langue allemande et celles
ks professeurs de hmgue anglaise.
Cette importante question qui n'est aujourd'hui qu'amorcée
est portée à l'tjrdre du jour de notre réunion de novembre. Le
Président de la Régionale du Nord, .V. F. Delattre accepte de
représenter notre Groupement auprès du (Comité central de l'Asso-
v^iation. Eu son absence, cependant, il sera remplacé par M. Ser-
vajean qui, sur la demande qui lui en a été faite par M. Delattre,
\cut bien remplir les fonctions de délégué de la Région lilloise
à Paris. L'Assemblée ratifie ce choix et adresse à M. Servajcan
>es vifs remerciements.
Nous passons ensuite à l'ordre du Jour de la séance et la pan^lc
^ st donnée à M. Bouclier de Boulogne pour la lecture d'un rap-
5'iirt sur la question des retraites. Le rapporteur examine le cas
<les professeurs qui ont dû interrompre leurs services pour aller
préparer à l'étranger leurs grades et qui ont dû, pendant ce
temps, cesser leurs vers,ements en \ue de la retraite. Ce rapport
est suivi d'un échange de vues au cours duquel il est constaté
tjue ces fonctionnaires n'ont pas, pendant leur absence, rompu le
contact avec leurs Facultés, — qu'ils y sont, le plus souvent, res-
tés immatriculés, — et le v(cu suivant est voté à l'unanimité.
•I Les Professeurs qui ont interrompu leur service sans traite-
ment pour préparer, à l'étranger, des grades universitaires seront
admis (jusqu'à (onvurrence de .'>' années comme les anciens bour-
siers de licence et d'agrégation) à faire un versement rétroactif
comme s'ils avaient bénéficié d'un congé avec traitement de
100 francs. »
L'ordre du jour ai>pcllc ensuite la discussion de l'extension de
l'électoral et de l'éligibilité aux divers conseils de l'enseignement.
Le vœu suivant est adopté :
» L'Assemblée émet le vœu que les Certifiés d^ langues vivan-
tes soient assimilés à leurs collègues Licenciés et Agrégés pour
lu représentation au.v divers conseils universitaires et qu'ils
])uissent devenir clecleurs el éligibles. >
L'Assemblée aborde enfin la discussion d'un important rapport
de M. Brocart sur la situation actuelle de renseignement des
langues vivantes dans l'Enseignement primaire supérieur. La lec-
ture de ce rapport est suivie d'une discussion prolongée après
laquelle les propositions suivantes sont adoptées à l'unanimité :
236 LES LANGUES MODERNES
<• La Régionale de Lille émet le vani :
I. " Que l'épreuve de langue vivante soit rétablie à l'examen
oral du brevet de l'Enseignement primaire supérieur. »
II. " Que l'enseignement d'une langue vivante soit continué
dans les 2' et 3' années des sections industrielles. »
III. " Que l'épreuve de langue vivante redevienne obligatoire
aux concours d'admission dans les Ecoles d'arts et métiers avec
le coefficient minimum de 1 et que la note obtenue, quelle qu'elle
puisse être, soit comptée intégralement au candidat. «
IV. " Que les épreuves de langues vivantes écrites et orales au
brevet supérieur soient maintenues d(tns l'intérêt futur des Insti-
tuteurs et Institutrices. »
V. '< Que l'Administration prenne les mesures nécessaires pour
assurer tous les horaires prévus par les règlements. »
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée, l'Assemblée
ayant fixé sa prochaine réunion au jeudi 2't novembre i92i à -
heures.
Ordre du jour
La nouvelle épreuve écrite aux examens du baccalauréat.
Lille, le 28 avril 1921.
Le Président, Le Secrétaire,
Floris Delatthe. Brocart.
Section Régionale de Lyon
M. Ehrhard, professeur de langue et littérature allemandes à
l'Université de Lyon, a bien voulu nous exposer, de quelle maniè-
re il comprenait l'expression si lâche de thème d'imitation (en
allemand). Dans les textes qu'il a été appelé à choisir pour le
baccalauréat, il a observé les principes suivants :
1) faire servir pour le thème, dans la plus large mesure pos-
sible, le vocabulaire de la version ;
2) obliger l'élève à employer sous une forme grammaticale
différente les mots fournis par la version, par exemple, à rempla-
tfer Un singulier par un pluriel, un verbe au présent par le même
verbe au passé, ou encore à chercher le dérivé d'un mot simple ;
3) obliger l'élève à se servir de certaines tournures relevées
dans la version, mais en changeant l'ordre de la construction, par
exemple, en transformant une proposition principale en proposi-
tion subordonnée et inversement.
Naturellement, le vocabulaire des thèmes n'a pu être emj)riin-
lé entièrement aux versions, mais les exceptions, assez rares,
appartiennent à la langue usuelle que l'on peut supposer connue
de tous.
En tout cas, M. Ehrhard a toujours sacrifié l'élégance du fran-
çaisyà la nécessité de se mettre à la portée des élèves.
Cette conception du thème d'imitation diffère essentiellement
de celle que l'on trouve dans les seuls recueils parus jusqu'à ce
BULLETIN DE L*ASSOCL\TION 237
jour. Il nous a semblé à ce titre qu'elle pouvait intéresser, non
seulement les professeurs d'allemand de l'Académie de Lyon,
mais enccre tous ceux de nos collègues qui ont à préparer aux
nouvelles épreuves.
Section Régionale de Nancy
Assen)blée générale du 28 avril 1921
Présents : M. Babin, Mme Bianconi, M.M. Briquelot, Bouchez,
.Mlle Bosc, MM. Chamoud, Davoine, .Mlle Dosmond/ }il. Duthil,
Mlle Foin. MM. Geoffroy, Gobert, GuiUin, Hessc, Hinzelin, Hoel-
linger, Mme Hirsch, MM. Krémer, Maresquelle, Mossé. Michel,
Petit. Peyraube, Rérat, Rcyher, Mlle Richard. Mme Vitrey,
.Mlle Taboureau.
Excusés : Mlle Boulay, MM. Goulet, Mattenet, Mlles Petit-Colas,
Simon, Siredey, Mme Violot, MM. ^'aillandet, Vallbd, Villemin.
M. Reyher constate qu'un certain nombre de détails im])or-
i;aits restent à régler pour l'uj>pliialion des nouvelles épreiwt'S
(le langues niixintes à la prochaine session du baccalauréat. Il
i st indispensable qu'une entente soit réalisée entre les profes-
seurs de l'Enseignement supérieur, les doyens des facultés des
Lettres et des Sciences, et qu'elle soit sanctionnée par une note de
M. le Recteur aux chefs d'établissements. Il est impossible de
s'en tenir à la lettre des arrêtés ministériels qui restent muets
sur- les points suivants :
1 ' M. Geoffroy demande à quel moment se fera l'option des
candidats entre la dissertation et le thème. Cette question est
j)arliculicrement importante pour les candidats d'origine alsa-
cienne et lorraine de l'Académie de Nancy. Si les élèves ont la
liberté de se prononcer au moment de l'épreuve, et en présence
des textes proposés, ils hésiteront et se décideront peut-être pour
l'épreuve à laquelle ils ne seront pas préparés ; aussi est-il dési-
rable que l'option se fasse au moment de l'inscription.
2" L'arrêté du 12 mars 1920 prescrit de retirer les copies de
\ersion avant de remettre le texte du thème, mais reste muet
sur le retrait du texte même de ia version. Il est préférable que
ce te.xte ne soit pas retiré à l'élève. L'n thème dit d'" imitation »
doit pouvoir s'appujer franchemti:; sur le texte de la version.
Si l'on retire le texte de la version, le candidat cherchera à
apprendre par cœur, ou à copier, tout ou partie de ce texte, ce qui
nuira à la loyauté et à la qualité de l'épreuve.
3" L'emploi du dictionnaire en langue étrangère sera-t-il auto-
risé pour les deux épreuves ? M. V. Michel fait remarquer que
si l'usage du dictionnaire reste autorisé pour le thème, la valeur
de contrôle de cette épreuve se trouvera singulièrement amoin-
drie. M. Maresquelle demande qu'à titre transitoire, l'usage du
dictionnaire reste autorisé, ce qui est approuvé par l'.Xssemblée.
M. Peyraube demande dans quelle mesure on peut admettre
17.
238 LES LANGUES MODERXES
que nos élèves se servent du dictionnaire eu langue étrangère.
On s'accorde pour reconnaître qu'ils ne se servent ni du diction-
raire, ni de la grammaire en langue étrangère, — sauf aux com-
I ositions et à l'examen. Il y aurait peut-être là un point de
pédagogie à élucider. Il est vrai que notre méthode a précisé-
ment pour but de leur faire acquérir un vocabulaire actif qui les
dispense de recourir au dictionnaire. M. Bouche: remarque que,
même à l'examen, le dictionnaire deviendra superflu, lorsqu'on
aura délimité le vocabulaire minimum que doit effectivement
posséder un candidat au baccalauréat. Ceci sera prochainement
réalisable dans l'Académie de Nancy, grâce au recueil de poésies
dii à la collaboration des professeurs d'allemand du lycée de
Nancy. Ce recueil, qui suivra l'élève de la sixième en Mathémati-
ques et Philosophie, sera suivi d'un glossaire, renvoyant pour 1-.^
sens aux poésies apprises, et contenant les expressions élémen-
taires — notamment les expressions abstraites — que devront
posséder les élèves, il. Mossé annonce que le même travail se
fait pour l'anglais. M. Bouchez prépare également une grammaire
allemande comprenant des exercices d'acquisition orale suivant
les principes de la méthode directe, des séries de « Merksâtze <:
extraits du recueil de poésies du lycée de Nancy, d'un exposé en
français des règles grammaticales acquises par l'expérience, enfin
d'exercices écrits en allemand pour le premier cycle, de courts
thèmes d'imitation pour la 2*^ et la 1".
La défense de notre enseignement : M. Reyher expose la ques-
tion et demande quelle pourrait être notre action. Notre ensei-
gnement a besoin d'être défendu à l'intérieur même de l'Univer-
sité. Pour cela, il faut que notre Association soit forte, et nous
comptons sur la vigilance et l'énergie de nos représentants à
Paris. Chacun de nous peut s'employer à dissiper les préventions
qui existent contre notre enseignement et à le faire mieux con-
naitre. Mais la réponse faite spontanément par le plus grand
nombre de nos collègues est que, pour s'imposer et désarmer
l'hostilité à laquelle il est parfois en but, notre enseignement doit
tendre toujours à s'améliorer, à devenir toujours le meilleur
possible. Il faut qu'il reste essentiellement vivant, qu'il multiplie
et qu'il vivifie notamment par le choix des textes, les sources
d'intérêt. La correspondance en langue étrangère (aboutissant
parfois à l'échange des enfants), les séjours à l'étranger doivent
être encouragés. Mlles Dosmond et Taboureaii, M. Rérat donnent
lies précisions intéressantes sur les résultats obtenus dans les
classes d'anglais. Il faut surtout que notre enseignement soit le
plus précis possible, et échai)pc définitivement au plus grave
reproche qui lui ait été adressé. M. Mossé signale l'erreur qui
prétendait donner comme but à notre enseignement le bilin-
guisme des enfants élevés simultanément dans la connaissance
de deux langues. Ces enfants ne saxent pas passer d'une langue
à l'autre, ni se rendre compte jiar l'analyse, de la correspondance
exacte des idées et des termes, ce qui est indispensable à un en-
seignement qui prétend, comme le nôtre, à une haute valeur
intellectuelle. Et nous y atteindrons, sans tomber dans les exer-
cices livresques, par des explications aussi serrées, aussi lucides
que possible — réalisables même en langue étrangère avec des
j
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 239
textes bien choisis — • et suivies de contre-épreuives rapides :
versions et thèmes d'imitation. La majorité de l'Assemblée est
d'avis de ne pas attacher une importance excessive à la nature
de l'épreuve du baccalauréat. Au sujet du rôle de professeur de
langues vivantes, comme professeur d'humanités, et de la possi-
bilité de l'instituer comme professeur principal en D et B (dont
il faudrait défendre l'existence), M. Gobert proteste contre notre
procès-verbal du 10-2-1921. Il revendique la possibilité pour le
professeur de hmgucs vivantes de donner à la fois l'enseignement
du français et d'une langue étrangère, ce qui est réalisé dans les
collèges. La majorité sembte d'avis que la question du professeur
principal peut se résoudre par les conseils de classe. Au lycée de
Nancy, des tentatives intéressantes de collaboration entre profes-
seurs de disciplines diO'érentes ont été faites par l'intermédiaire
de l'amicale.
L'effort pour donner à notre enseignement le plus d'efficacité
et d'autorité possible serait heureusement complété par une pro-
pagande à entreprendre à l'extérieur de l'Université. M. Mares-
(jueUe propose d'instituer une enquête auprès des grandes asso-
ciations de la région nancéenne (Chambre de commerce. Société
Industrielle de l'est, etc.), enquête qui nous serait probablement
favorable. M. Peyruuhe a songé à s'adresser aux mêmes associa-
tions et au public en vue de la création de bourses de voyage.
Il semble que les deux questions puissent être liées. Le bureau
est chargé de former une Commission qui étudiera la question et
tâchera d'aboutir axant les grandes \acances.
Le Président, Le Secrétaire,
Paul Reyheh. J. Pevraube.
A l'issue de la dernière Assemblée générale, il a été décidé
(jue le Comité et le Bureau de notre Section régionale se consti-
tueraient en Comité des bourses de vacances sous la présidence de
.V. Maresquelle.
fne ])remière réunion a eu lieu le samedi 14-5. Après un
échange de vues, il a été décidé de déterminer d'abord le montant
approximatif de ces bourses, d'après le cours du change et les
conditions de la vie en Allemagne et en Angleterre, de faire dans
un bref délai quelques démarches auprès d'un certain nombre
de personnalités nancéiennes. Si ces démarches abovitissent, nous,
tenterons d'attribuer quelques bourses pour les vacances pro-
chaines.
Le Comité.
Nouveaux adhérents
M. Geoffroy, prof, lycée, Bar-le-Duc ; .V. Chaux, prof, lycée de
Pau ; M. Jean Xorton-Cru, prof, de français, Williams Collège,
Williamstown, Mass. E.-L' ; Mlle Tournier, étudiante. Paris ;
.V. Gaillard, prof, angl., coll. Epinal ; Mlle Petitcolas, prof, ail., E.
240 LES LANGUES MODERNES
>>. I., Nancy ; Mlle Dauhic, interprète à lionn ; Mlle Moine, prof,
angl-, E. P. S., j.-f.. Privas ; Mlle Bnigel, inst. à Ségur (Aveyron);
Mme Boiidingoii, à Brest ; M. Bcirat, prof. E. N. I., Alençon ; Mlle
Diincdn, prof, lycée j. f., Grenoble ; M. Faure, prof, ail., lycée de
Moulins ; M. Fraîche, prof, angl., E. P. S., Talence ^Gironde; ;
Mlle Goisey, prof, collège, Dreux ; M. Trey, prof, ail., lycée
Laou ; M. Saye, prof, angl., Ijcée Laon ; Mlle Villurd, E. P. S.,
filles, Castelnaudary ; Mlle Fenillat, prof, angl., E. P. S. filles.
Calais ; M. Lemoine, prof. ail. coll., Ste-Menehould ; M. Turpin,
professeur collège, Bischwiller (Bas-Rhin > ; M. Petit, pro-
fesseur E. P. S., Nancy ; Mlle Picault, E. P. S., Charolles ;
M. F. Restall, Brockley. London ; M. Soiilet, lycée Laka-
nal ; M. E. Riey, prof, angl., lycée Talence, Bordeaux ; Mlle Costc,
prof, lycée, Marseille ; M. E. Aiidru, Directeur de l'Institut fran-
çais du Royaume-L'ni à Londres ; M. Petit, prof, anglais, lycée
Buflon, Paris ; M. Louis Guillaume, prof, anglais, lycée Stras-
bourg ; Mlle Monteil, prof, lycée jeunes filles, Lille ; Mme Herbin,
prof, collège. Cambrai ; Mme Huet, prof. Lille ; M. le Principal
du collège de Neufchâteau ; M. Michel, prof. Université de Nancy ;
MM. Hesse. Mossé, Mcdard, Rérat, professeurs lycée, Nancy :
M. Chamoux, censeur du lycée de Nancy ; Mlle Simon, prof,
lycée Jeaiine-d'Arc, Nancy ; Mlle Boulay, prof. E. P. S., filles.
Nancy ; MM. Daooine et Gnbriel, professeurs collège, Lunéville ;
Mlle Heywang, prof. E. P. S., Lyon ; Mlles Chevron et Doussant,
prof. coll. jeunes filles, Troycs ; Mlle Moussic, MM. Mérat, Fouret.
Nida, prof, lycée Troyes.
->o<-
SHAKESPEARE ET L'AME ANGLAISE
Xoits faisant Viiilerpvcte des scnlinwnts tacites de nos
lecteurs, nous avons cru devoir adresser ces quelques lignes
à M. André Chcvrillon, te jour de sa réception à l'Académie
Française :
« ...Xous noua' réjouissons aujourd'hui, en tant que pro-
cesseurs de Langues Vivantes, de vous voir entrer ii l' Aca-
démie, vous l'un des premiers parmi les Anglicisants, et
dussions-nous commettre le péché d'orgueil, il nous semble
que c'est un peu notre enseignement renouvelé des Langues
Vivantes qui, en votre éminente personne, reçoit ainsi une
sorte de consécration littéraire. C'est cette pensée qui nous
encourage « vous demander si vous ne pourriez pas nous
donner la primeur de quelques pages du livre que vous allez
publier ces jours-ci... »
M. Chevrillon a bien voulu nous envoyer la réponse sui-
vante :
« Je suis très honoré par la demande que vous voulez
bien me faire. Je me considère toujours comme contribuant
pour ma petite part à enseigner une langue vivante, c'est
vous dire que je suis de cœur avec votre association : j'y
compte d'anciens camarades, qui sont restés parmi mes
meilleurs amis...
« Je suis heureux de vous présenter quelques pages sur
Shakesj)eare et l'Ame anglaise, détachées de mon nouveau
livre : i"cis Etudes de Littérature Anglaise (la Poésie de
Rudyard Kipling ; John Galsworthy ; Shakespeare et l'Ame
angknse)... »
.4 notre grand regret ne pouvant pas, étant contraint à
l'économie, publier intégralement l'article de M. Chevrillon,
nous nous permettons, avec son approbation, de faire quel-
ques coupures, et de présenter pour les raccorder, pour éta-
blir un fil, quelques petits résumés explicatifs :
L'auteur montre tout d'abord que les personnages de
Shakespeare différent du type, qui passe en Angleterre
pour proprement anglais par ce trait évident de leur psy-
242 LES LANGUES MODERNES
chologie : l'abondance impulsive du geste et de la parole.
La forte discipline de l'âme anglaise moderne leur est étran-
gère. Ils sont plus véhéments et plus naturels. Ce sont des
hommes de la Renaissance.
Dans la poésie de Shakespeare, M. Chevrillon reconnaît
ensuite certains caractères qui se rattachent à cette partie
de la littérature anglaise, que les Anglais tiennent, depuis
Mcdthem Arnold, pour d'essence celtique.
H. S.
L'idée courante aujourd'hui, en Angleterre, c'est que cette
race a donné à la littérature nationale la plupart de ses
artistes et poètes, et que si l'autre, lente, muette, tenace,
fut la force virile du pays dont elle a décidé l'histoire et
le succès, celle-ci, d'âme mobile, sensible et nuancée, en
représenterait l'élément féminin. Féminin, c'est le mot dont
usait Renan pour définir les caractères du génie celtique, et
les Celtes dont il parlait, c'étaient justement et seulement
ceux-là, ceux d'Irlande, de Cambrie, de Cornouaille, et par
conséquent d'Armorique, puisque nos Bretons, au sixième
siècle, furent un essaim venu d'outre-mer. Peuples à part,
cantonnés depuis des millénaires dans ces terres qui com-
muniquaient à peinqi avec le reste du monde, refoulés depuis
des siècles dans les extrêmes pointes de ces îles et pres-
qu'îles où les influences de la nature sont si spéciales et
partout les mêmes. Souffles mouillés de l'Atlantique, douceur,
toujours menacée des beaux jours, pâles brumes où le
monde fond comme un fantôme, longue désolation des
« mois noirs », interminables et languides crépuscules d'été,
incessante poussière d'eau promenée i)ar le vent, énervants
à-coujis des tempêtes : quiconque a vécu dans ces pays
avancés d'Occident sait combien de telles influences peuvent
agir, à la longue, sur le ton de l'âme, troubler en elle l'at^nx
régulier de l'énergie vitale, la tendre et la détendre en des
intermittences de passion et de rêve, d'enthousiasme et ((e
découragement. (À^la ne semble pas douteux: les Bretagut.-.
sensibilisent ; une certaine neurasthénie y est latente,
comme en Russie je ne sais quelle autre névrose. L'homme
y est instable, impressionnable, étrangement susceptible,
enclin à méditer et presque savourer sa tristesse. Si forte
que soit la charpente du corps, la physionomie, un certain
évidement autour de la bouche, traihiisent une délicatesse,
SIIAKKSPKAKE KT l'.VME ANGI.AISK 243
presque une faiblesse de l'àme. Le regard est intérieur ou
voilé : une mélancolie s'y attarde et subsiste sous la fantaisie
même de l'Irlamlais. IVe are a sad aijed people, me disait
un de leurs peintres.
C'est trop, évidemment, d'attribuer à cette race, comme
on le fait aujourd'hui, presque tout l'élément poétique de la
littérature anglaise. Mais dans toute l'histoire de cette litté-
rature, on i)eut reconnaître et suivre une certaine lignée
spirituelle, dont le trait constant est une sorte singulière de
rêve, rêve un peu fou, tant il s'affranchit des réalités de la
terre, tant le monde qui s'y évoque est illogique, aérien,
merveilleux, comme suscité par une incantation de magicien,
tant les choses y apparaissent expressives, pénétrées de
significations nnsliques et qui se laissent seulement pressen-
tir. C'est un peu le monde enchanté des vieux Mabinogion ;
des musiques y passent, que l'àme seule peut entendre ;
l'amour et la fatalité y régnent ; la nature animée, ordon-
née régidièrement, et comme d'elle-même, y parle tout bas
à l'homme en lui donnant des signes — une nature où tout
revêt des apparences surnaturelles. Que l'on pense à cer-
tains noms, à certaines créations de la littérature et de l'art,
au Malory de la Table Ronde, au Spenser de la Faery Queen,
au Shakespeare de la Xnit d'été, au Blake des Chansons
de l'Innocence, au Keats de la Veillée de sainte Agnès, au
Shelley d'Alastor et de la Sensitive, au Coleridge du Vieux
Marinier, au Tennyson de la Dame de Shalott, au Meredith
de Richard Feverel, au Hardy de Tess, au Barry de Peter
Pan ; que l'on se rappelle les paysages insubstantiels et les
fantastiques rayons de Turner, les chevaliers et les vierges
<le Burne Jones, ses décors étranges et rythmés comme une
incantation, en général, tout l'art des Préraphaélites anglais,
et l'on sentira de quelle sorte de vision, si légère et mysté-
rieuse, nous voulons parler ici. On le sentira mieux encore,
si l'on' considère des œuvres de lignées très différentes, celles
par exemple d'un Defoe, d'un Hogarth, d'un Fielding, d'un
Constable — on pourrait ajouter d'une George Eliot et d'un
Arnold Bennett — presque hollandaises, lentes et quelque-
fois lourdes, à force de réalisme patient, évoquant trait à
trait tout le détail individuel d'une àme et d'une figure, —
ou bien encore, celles d'un Milton, d'un Byron, d'un Carlyle,
d'une Brontë. d'un Kipling, où l'imagination est souveraine,
mais violente, chargée d'énergie orageuse, et comme soûle-
244 LES LANGUES MODERNES
vée par les mouvements passionnés et les tensions de l'être
personnel et volontaire.
Le rêve dont nous voulons suggérer ici le sentiment est
bien plus doux et lumineux ; il s'accompagne d'un état d'âme
tout contraire : passif, comme sous les influences d'une mu-
sique, entre le bonheur et la mélancolie ; instable, comme
sous les inlluences de l'amour, entre cette mélancolie et ce
bonheur. Mais souvent des élans capricieux le brisent, de
verve, dç danse, de folie, de chant, de lyrisme, tels ceux
qui passent ou jaillissent dans les comédies de Shakespeare
et les romans de Meredith ; on pourrait citer des exemples
moins hauts, car le génie qui se joue en ce rayon idéal et
dans ces fantaisies, n'inspire pas seulement quelques rares
artistes supérieurs. II est difïus ; on le retrouve en cent
expressions de l'art populaire, et par exemple, dans toute
la littérature de la nursery. Nulle part il n'en est de plus
riche, de plus absurde et de plus charmante : tendres con-
tes bleus, comme celui de Peter Pan, comme celui d'Alice
au Pays des Merveilles, où le monde semble vu à l'envers,
ritournelles et couplets où les images de la campagne ou
de la bergerie s'évoquent sans lien logique, où la rime et
le rythme font tout le sens — rimes folles, rythmes ensor-
celants, anciens, venus on ne sait d'où (Bo-peep est déjà
dans Shakespeare), charmes jetés, dirait-on, par des fées à
l'enfance - — les grand'mères dans notre Bretagne, les vieilles
mammoii hoz en chantent à leurs marmots de tout pareils,
sur des mètres tout semblables. On bien c'est l'enchante-
jnent des pantomines de Noël, où se plaisent les grandes
personnes : grappes, guirlandes, chœurs de figures virginales
et puériles, envolées >de leurs ailes de gaze au royaume des
nuages. Et encore les gigues démoniaques, venues de Haute-
Ecosse, du pays celtique, les verves étourdissantes ou le
comique concentré, les graves entrechats des clowns. Et c'est
aussi l'étrange nostalgie de certaines musiques, chansons
populaires nées en Irlande, au pays de Galles, où se mêlent
les infinis du désir et du regret, les sentiments du passé,
du jamais plus, de l'au-delà, le gonflement du cœur, comme
devant la mer blêmissante, au long crépuscule du nord,
quand un navire chargé d'émigranls s'en va baisser à l'ho-
rizon. Et puis la spiritualité, les chastes et pâles ajjparitions,
les aspects de songe, les intentions symboliques de l'art le
l)lus aimé du public — bref tout ce (jui chante, tout ce qui
SUAKKSl'KAKi; HT J.'aMK ANGLAISE 245
«liuisc, tout ce ([iii vole, lout ce qui rêve, chez les Anglai.s,
d'étrange, de fantasque, de suave, de hors la terre, et dont
un raisonnable Français s'étonne, comme de rencontrer lout
d'un couj), dans la foule citadine de Londres, une fr'lo,
froide et visionnaire ligure d'Ophélie.
('ela, c'est le magique rayon qui vient encore, sous des
fumées d'usines, iriser le gris et le noir d'une Angleterre
disciplinée pour la prose et pour l'action. Nulle part il n'a
jeté de feux plus vifs que dans le royaume à part que l'on
apptjle le monde shakespearien. Ce royaume est en tous les
l'eux où se jouent un printemps, des fleurs, du clair de lune,
des amoureux et des poètes. Watteau, étincelant et mélan-
colique, y est j)rince. Mais pour en connaître les couleu:'s
propres, celles cju'a rêvées Shakespeare, il faut avoir vu
tes féeries danser et voltiger sur une scène anglaise. Trop
de raison, d'art étudié et conscient de ses fins, trop de civi-
lisation intellectuelle, font obstacle à de si libres mouve-
ments, qui semblent ceux de la Nature tendant d'elle-mên;e
à la poésie, comme les énergies de la plante à la fleui. Il
y faut le .spontané, la fraîcheur de pétale, les yeux de rèvo
et d'innocence, les cheveux dénoués, les lèvres entr'ouvertes,
toute la frêle grâce angélisée (Angli Angeli) qui se révèle,
avec d'imprévu.'t élans de danse, en des enfants et des jeunes
filles de là-bas.
Le monde shakespearien : le mot seul est un sortilège
qui nous enlève à la terre. On revoit la légendaire forêt
des Ardennes, où la rumeur du monde n'arrive pas ; on écoute
le vaste silence, les cris d'oiseaux qui le remplissent, si doux
au cœur fatigué que l'on ferme à demi les yeux pour mieux
s'en pénétrer. Dans l'ombre verte où le sapin se mêle à
l'olivier, le vieux duc proscrit sourit à sa cour : bergers,
poètes, seigneurs vêtus en Robin Hood. Jaques, sentimental
et philosophe, pleure la blessure d'une biche innocente {poor
dappled fool '.), ou moque méditativement la folie des hu-
mains. (>e fantasque « Monsieur Mélancolie » échange des
saluts et des soupirs avec Signor Amour. Rosalinde dégui-
sée, feignant la dignité de la raison masculine, prétend
guérir son Orlando par ses railleries, et ne rêve que de
baisers. (Cependant, dès chansons çà et là s'élancent, com-
me des alouettes hors d'un champ de fleurs, épanchant sur
tout le poème l'allégresse et la fraîcheur d'un printemps
anglais. Et i)uis, tous les p.mants qui se cherchaient se re-
246 LES L.\XGUES MODERNES
trouvent ; ils s'assemblent deux à deux, et leurs couplets
s'enlacent, se réjiondent. Cadences alternées, variations sur
le thème éternel, et qui redoublent, s'exaltent, s'exagèrent
pour nous faire sourire, comme dans une danse figurée, des
gestes trop accomplis de passion. Et voici maintenant la
profondeur bleue, le frémissement infini de la Nuit d'été,
les essaims vaporeux de sylphes et les hdlabies de fées, les
grâces de maître Feur des Pois et de messire Graine de
Moutarde, les pâmoisons de Titania, les aimables braie-
ments de Bottora, les tendres couples humains qui se nouent
et se dénouent sous les influences de la fleur magique. Voici
les folles farandoles de fées et de lutins autour de Falstafi"
endormi, le mol gazon baigné de lune où rêve Jessica. Voici
Windsor et les caquets de ses commères, voici Messine et
l'étincelante escrime de Béatrice et de Bénédict, leurs défis
à l'amour, et la victoire de l'amour. Voici le Conte' d'hiver,
la Nuit des Rois, tous les fabuleux décors de ces comédies
aux noms charmants de proverbes et de légendes. Et pour
clore la fantasmagorie shakespearienne, après tant de rêves
divins et de visions terribles, après Othello, après Lear,
après Macbeth, après Hamlet, les dernières incantations de
Prospero, ses adieux à ses talismans, les mourantes musiques
d'Ariel qui s'éloigne, et, suprême vision, dans la solitude de
l'ile enchantée, l'émerveillement de Miranda qui ne sait rien
du monde humain, à l'apparition radieuse du prince, et puis
son extase, ses silencieuses larmes, et, la suprême et lumi-
neuse réalité de la vie se révélant — de cette vie que l'on
a vue vaciller sous l'éclair et s'évanouir dans la ténèbre —
le ravissement, à son sommet virginal, des deux êtres éter-
nels dans l'éternelle aurore de l'amour.
L'étonnant, en ces féeries, c'est leur légèreté, la pronqjti-
tude ailée du rêve, c'est le caractère aérien, diaphane, des
formes évoquées, comme de blanches brumes de rosée qui
s'essorent et fondent sous une pluie de rayons matinaux ;
— les évocations de Shelley, femmes, fleurs, paysages, ont
aussi ce caractère de mouvants et radieux fantômes. Et c'est
encore la délicatesse et la flexibilité de cette poésie, la nuan-
ce changeante, irisée du sentiment qui s'y joue, la mélan-
colie se mêlant à la joie, l'émotion à l'humour, la tendresse
aux pétulances de l'esprit ; c'est surtout le parti pris d'in-
vraisemblance, le non jeté par le poète au bon sens, à l'ex-
périence, à la raison, la pure envolée dans un monde idéal
shakespi!:ari-: kt i/ame ANCii.AisE 247
où tout est comme il vous plaira — et peu importe l'impos-
sible. Sur ce monde aérien scintille l'étoile qui dansait
quand Béatrice naquit.
Par tous ces traits, la fantaisie shakespearienne difTcre de
ces fables germaniques où le sens du mystère est profond,
mais où ne passe aucun capricieux coup d'aile, où l'émer-
veillement e.st passif et d'espèce religieuse, où l'âme ne se
joue ])as à la nature, mais se recueille pour la méditer et se
laisser pénétrer de lentes influences, de vagues, émouvantes
sensations ])anthéistes. Elles diffèrent de celles-là, surtout,
dont les fées, nains, diables, kobolds présentent, comme ceux
que l'on voit aux tableaux du vieux Breughel, les traits
multiples et précis, les déformations particulières de l'indi-
vidu véritable et complet, chacun fixé dans sa forme et son
caractère, âme malicieuse, sournoise, cruelle ou amicale, en-
gagée dans un corps de matière solide, mêlée dans un mon-
de merveilleux, mais sérieux et dense, à des aventures où
tout se passe suivant les lois du logique et présente les ap-
parences tangibles du réel.
C'est presque le même contraste que nous avons noté en-
tre une certaine poésie riuglaise et des œuvres bien plus
lentes, morales et réalistes (Meredith et Matthew Arnold
eussent dit anglo-saxonnes) de la même littérature. Il s'ex-
plique peut-être, si l'on se rappelle que Shakespeare naquit
à trente lieues du pays de Galles, au bord de cette rivière
Avon que nos Bretons appelleraient Aven. \'est-il pas re-
marquable qu'entre tous les grands écrivains de leur langue,
c'est un Gallois, Meredith, qui, par l'intensité de vie de ses
créatures, par la vérité, la logique et la profondeur de sa
IDsychologie dans l'arbitraire et presque le fantastique des
situations. ])ar la rapidité de son esprit qui devient celui
_ile ses personnages, par ses caprices, sa verve dansante, le
Soudain et la hauteur de ses essors, rappelle le plus Shakes-
)eare. Dans le dernier de ses romans, dont le titre dit l'idée,
Meredith oppose justement toute la souplesse Imaginative
lu Celte à l'énergie volontaire et concentrée de l'Anglo-
Jaxon.
Ce n'est pas de l'énergie concentrée qui se révèle dans
:e que l'on découvre de la personne du poète. Il fut the
jentle Shakespeare, l'un de ceux dont la figure inspire à
jui les fréquente plus de tendresse que de respect — my
'ihakespeare, disait Ben Jonson, qui fut son ami, — « le
loux cygne de l'Avon », probablement une âme de vouloir
248 LES LANGUES MODERNES
et de résistance faibles. Car tant de sensibilité tlexible, une
telle aptitude à se muer idéalement en formes différentes ne
supposent pas une forte, résistante armature morale. L'amour
lui est apparu comme une maladie, une intoxication dont
rien ne peut arrêter le jirogrès, quelque chose comme le
développement fatal d'une image qui naît d'un hasard et
dissout dans la créature toute raison, toute puissance de se
commander/ et de se conduire. Poor worm, thon art infectecl,
dit son Prospero, de Miranda, — et telle est la triste idée
centrale de ses plus charmantes comédies. Telle fut certai-
nement sa propre expérience. Sous les prestiges de Mary
Fitton, il fut ^Antoine aux petites mains de Cléopâtre. An-
toine, Roméo, Jacques, Pcsthumus, Macbeth, Hamlet, tous
ces vivants personnages qu'il n'a certes pas observés, copiés,
dans le monde extérieur, mais tirés de lui-même pour se
délivrer : en combien d'entre eux, la retrouvons-nous, cette
âme, à divers moments, en diverses attitudes de la vie, à
divers degrés de déséquilibre ! — âme changeante, multiple,
impuissante pour l'action, dénuée de force et de volonté
stables, parce que trop facilement envahie, possédée, menée
par des rêves...
A côté de ces traits particuliers, explicables, les uns par
l'époque, les autres par une influence « celtique », M. Che-
vrillon en signale un, commun à toug les grands personnages
de Shakespeare, et qui lui apparait comme un caractère gé-
néral et durable de l'àme anglaise : l'abondance de la vie
intérieure. Voici la fin de ce chapitre :
Sans doute une telle conception semble paradoxale, si
l'on ne connaît de l'Anglais que les dehors, si l'on pense à
ceux que l'on a rencontrés à l'hôtel ou sur des paquebots
— à tous ceux-là qui ne semblent que se trop bien porter,
dont la conversation se limite aux anecdotes qui circulent,
dont les gestes sont connue réglés d'avance, et qui trouvent
plaisir, à l'âge des soucis et des responsabilités, à pousser
d'un trou à l'autre, sur une pelouse, une petite balle pen-
dant des heures. Mais il ne faut jamais oublier deux choses :
c'est qu'en ce i)ays, l'homme intérieur et vraiment person-
nel diffère beaucoup de l'homme extérieur et social ; c'est
que toutes les règles de l'éducation, tous les impératifs de
l'opinion tendent à masquer celui-ci sous celui-là. Si l'on
SHAKESPEARE ET I.'AMI; AN(.I.AISE 249
connait les Korsyte et les Pendyce de (ialsworlhy. si l'on
se rappelle l'Austeii Feverel de Meredith, le Doiiibey de
Dickens, on sait à quel point de telles âmes peuvent se
dévorer sans que rien change de l'apparence. Il faut pen-
ser aussi qu'à l'origine de toutes ces disciplines, il n'y a
pas seulement une idée iîristocratique de forme et d'éti-
(|uette, mais un instinct obscur et très fort des conditions
(le la santé. Sans doute, par l'cfTet prolongé du régime de
sport et de grand air que comnumde cet instinct, par les
suggestions, sur l'âme, de gestes et d'attitudes voulues et
l'épétées depui.s si longtemps, l'homme extérieur a pu finir,
en bien des cas, et surtout dans la gentry, par être tout
l'homme. Mais la nature tend toujours à reparaître, et si les
mœurs la répriment avec tant d'insistance, c'est qu'on la
pressent dangereuse. Dans l'âme anglaise, l'excès des éner-
gies — puissances de rêve, de sentiment et de passion, celles
(ju'ont manifestées avec tant d'éclat, la poésie, le drame et
le roman — apparaît comme un principe général et latent
de déséquilibre. Les Anglais s'en doutent bien, qui parlent
avec admiration, non seulement de la raison, mais de l'équi-
libre, de la santé foncière de l'esprit français — French
sanily. Leurs disciplines leur sont nécessaires ; loin d'elles,
hors du milieu qui les im])ose, l'individu devient facilement
étrange. Il est contradictoire, maïs il n'est pas faux de défi-
nir l'homme de ce pays, tantôt comme une créature de ru-
che ou de troupeau, qui ne songe qu'à copier tous ses con-
génères, tantôt — et ce fut jadis l'opinion de tous les peu-
l)les qui ne connaissaient l'Anglais que séparé de son milieu
— comme un individualiste à outrance et comme un excen-
trique.
L'excentrique, il abonde en Angleterre, parfois isolé, mené
l)ar la fantaisie pure ou par la volonté de prendre le con-
tre-pied des mœurs établies, de jeter le défi à la convention
et à la société — ainsi Byron, ainsi le lord Fleetwood de
Meredith, — plus souvent aflTdié, en clubs et sociétés, à ses
pareils, inventeur de nouvelles morales, de nouvelles reli-
gions, de nouveaux régimes de vie, sufTragiste ou scientiste
chrétien, réformateur et sauveur de la société, orateur en
plein vent, infatigable apôtre de l'idée qui le possède. Ce
type est surtout de l'espèce religieuse et mystique : les sec-
tes qui commencèrent à foisonner au seizième siècle n'ont
cessé de le manifester ; et peu importe si la foi qui l'illu-
mine, s'emploie — c'était le cas de Shelley — contre la foi.
250 LES LANGUES MODERNES
Il est fréquent dans le roman, notamment chez Dickens,
et l'admirable Xevil "Beauchamp de Meredith, avec l'exalta-
tion continue de son rêve humanitaire, son indifTérence totale
aux contingences du réel et son total oubli de lui-même, en
est un exemple achevé.
Ce ne sont là que les originaux ; mais souvent, chez les
autres, vienne une secousse, des chagrins, une trop longue
solitude, des conditions de vie trop dures, et la rupture
d'équilibre commence à se produire. C'est la sensibilité qui
s'exagère et la volonté qui fléchit, surtout c'est le rêve qui
échappe aux freins de la raison, c'est l'image intérieure qui
s'impose, grandit d'elle-même, se projette pour le voiler
sur le monde réel, et que l'homme suit, passif, hypnotisé,
avec des yeux qui voient ce que nous ne voyons pas. C'est
une certaine contemplation qui s'absorbe à propos de tout
sur de l'épouvante et du mystère — celle dont le danger
fait dire à Lady Macbeth : « Ne regardez pas si profondé-
ment... Il ne faut pas penser de cette façon aux choses, ou
elles nous rendront fous. » C'est un élément de maladie,
comme en Macbeth et Hamlet, de folie, peut-être, comme
en Lear, mais c'est aussi, comme en tous ces personnages
excessifs de Shakespeare, un élément de poésie, et de la plus
intense qui soit : lyrique, métaphysique, religieuse, car
l'exaltation reste intérieure, excitatrice d'activités toutes spi-
rituelles, et qui s'entretiennent, se prolongent — rêves, idées,
sentiments, intuitions. Elle ne se dépense pas au dehors, en
gestes soudains, comme chez l'homme du Midi.
Dans la vie réelle, de tels états ne sont pas rares ; on les
découvre surtout — comme dans le théâtre de Shakespeare
encore — en des êtres que la nécessité a menés trop dur.
forcés, hiinted, driven. L'armure morale, reçue du milieu
et de l'éducation, les défenses sociales sont tombées : l'âme
nue apparaît, frissonnante, devant un monde qui n'est plus
que solitude, ombre, effroi, i^rofondeur tragique. De temps
en temps les journaux donnent le testament d'un malheu-
reux qui s'est jeté dans la Tamise, une confession de con-
damné à mort — parfois, à propos d'un procès, une lettre
de passion désespérée : le pathétique ne peut aller au delà.
L'homme, alors, parle comme s'il voyait sa vie reculer et se
détacher de lui ; il est seul devant l'abîme, devant son Juge,
ou bien devant une vision qui l'obsède ; et dans l'exaltation
d'une telle heure, rémotion trouve pour s'exprimer des
accents, tantôt déchirants, tantôt d'une paix étrange, solen-
I
SHAKESPEAKK KT L'aMK ANGLAISE 251
nclle, et déjà comme lointaine. Je me souviens d'une lettre
de ce genre, écrite par un jeune homme qui avait tué sa
liancée et qui devait être pendu (la justice est stricte et
biblique encore en Angleterre). Il la revoyait, comme le
malheureux héros de Tennyson voit naître, croître lumineu-
sement, s'efTacer, revenir dans la nuit de son rêve, la face
pâle, obsédante et fixe, les paupières closes de celle qu'il a
perdue. Il parlait de son crime, non comme d'un acte em-
porté de passion, mais comme d'un geste nécessaire et com-
mandé. Il avait tué par .'anour» avec amour, pour que sa
fiancée, qui l'avait trahi, ne vécût pas impure : il la voyait
purifiée par la mort ; il n'y avait plus en lui qu'adoration.
Ortains mots ne ressemblaient à rien qu'à ceux d'Othello
dont le cœur gonfle et va crever devant le tendre et blanc
cadavre de Desdémone {Paie as thij smock .'.., Cold, cold,
iny girl... I kissed thee ère I kill'd thee).
Si l'on veut connaître, non pas dans un moment de crise,
mais au cours d'une vie d'apparence quelconque, cette ar-
deur à sentir, à souffrir, à se tourmenter d'images, il faut
lire h'autobiographie de Mark Rutherford, un grand poète
dont la destinée a fait un commis, et qui, sous la domination
d'un patron sans pitié, dans un sous-sol de Londres, où il
gratte avec d'autres du papier pendant dix heures par jour,
revoit des paysages, s'efforce de se muer en machine, se
languit de rêve et de sentiment refoulé, et meurt peu à peu,
comme l'oiseau captif de Keats, l'aigle malade, rongé du
regret de l'espace. Pour rencontrer des états analogues, mais
en des êtres infiniment plus passifs, et qui n'ont pas appris
à se réprimer, il faut aller à l'autre bout de l'Europe, chez
ces Slaves auxquels on ne cesse de penser, quand on com-
mence à pénétrer ces dessous profonds de l'àme anglaise.
Seuls au monde, ces deux peuples présentent le caractère de
l'imagination que l'on peut appeler visionnaire, et qui se
traduit souvent dans le regard. Rappelez-vous celui de Cha-
liapine, quand il jouait Roris Godounov, ce Macbeth slave,
qui chancelle, gorgé d'horreurs (en Moussorgsky comme
dans le créateur de Raskolnikoff, il y avait du Shakespeare).
Regard mystique aussi, comme si le monde sensible s'éva-
nouissant, une indicible réalité se révélait. De là, peut-être,
tant de sectes étranges qui pullulèrent en Russie comme en
Angleterre : le gouvernement anglais, pendant la guerre, a
découvert qu'il lui fallait compter avec ses Donkhobors.
En Russie, l'étrange élément dont nous parlons est évi-
252 LES LANGUES MODERNES
dent. Si l'on doutait de son importance chez les Anglais, il
sufTirait de rappeler ce que furent les ardeurs hallucinées
.des puritains, shakers, méthodistes, salutistes, les délires col-
lectifs des grands revivais, et, de plus, que la plupart des
faits et documents de spiritisme et de télépathie viennent
de ce pays, — que ses campagnes et ses manoirs sont encore
hantés de fantômes connue le théâtre de Shakespeare. Il
suffirait de rappeler ce qu'est l'obsession du mystère et le
pressentiment du surnaturel tout au long de la littérature
anglaise, le fantastique et solennel rayon dont s'enveloppent
tels contes de Kipling, telles évocations de Dickens, tels
poèmes d'Edgar Poe (qui fut de souche toute anglaise», de
Coleridge, de Shelley, de Blake. Les figures infernales, le
Satan même de Milton y baignent aussi, prenant dans leur
vaporeuse immensité je ne sais quels aspects de spectres
surhumains. C'est la clarté où le prince de Tennyson voit,
en de soudains accès, la substance des choses fondre, et
sa propre personne se révéler fantôme — et telle fut la cons-
tante vision qu'eut Carlyle de l'homme et de l'univers : une
apparence, une procession d'apparences qui n'émergent de
la ténèbre que pour y retomber. A l'état intermittent ou
chronique, tous les écrivains que nous venons de nommer
sont des voyants ; les facultés que manifestent leurs œuvres
sont l'opposé de la raison, c'est-à-dire, de ce qui nous ap-
paraît comme la santé. Quelques-uns comme Poe, Cowpcr.
Swift furent des malades. Rien d'étonnant s'ils excellent à
peindre les états étranges ou extrêmes de la vie mentale
ou morale, les paroxysmes de l'émotion, les crises et tem-
pêtes de l'âme où elle finit par sombrer. La littérature du
peuple qui, plus que tout autre, aujourd'hui, pratique le
culte de la santé, a plus que toute autre évoqué ces désor-
dres où les forces intérieures de l'homme, parce qu'elles ne
se font plus équilibre, se révèlent dans toute leur saisissante
grandeur.
C'est ici le royaume même de Shakespeare, dont chacun
de ces poètes, par un trait ou par un autre, semble émaner.
Lyrisme, sentiment obsédant des réalités morales et du
mystérieux au-delà, imagination concrète et rêve visionnaire,
aptitude à ])énétrer dans les âmes, intuitions i)rofondes et
dramatiques des dangereuses énergies qui couvent en elles,
sous les calmes surfaces de la raison et de la civilisation
— tous ces ])ouvoirs, qui sont à divers degrés les leurs, se
rassemblent dans le sien, qui seul est souverain. Pour Tainc.
SHAKESPEAIU: ET l'aME ANGLAISE 253
c'est ce dernier trait, la puissance à faire apparaître les
dessous profonds de la créature spirituelle en la boulever-
sant, qui fait la grandeur incomparable du théâtre de Shakes-
peare. Sans doute, on peut découvrir en Taine une trace de
ce romantisme dont il a dénoncé le poison, mais qu'il avait
goûté. Dans la création shakespearienne, il acclamait une
œuvre qui procède de l'imagination intuitive, et non pas
de la raison — moins encore de cette raison classique dont
il a dit les vertus, mais dont il a si souvent répété les insuf-
fisances et marqué les limites. De plus, il était psychologue,
et son analyse de l'esprit, poursuivie jusque sur les sujets de
la Sal'pètrière, l'avait amené à cette thèse, que l'homme est
fou par nature, et que la perception extérieure est une hallu-
cination vraie. Le théâtre du grand poète anglais vérifiait
toutes ses conclusions. Non seulement il n'était pas un pro-
duit de la raison, mais la raison y apparaissait comme un
équilibre instable, la déraison comme l'état naturel où
l'homme tend toujours à retomber. La psychologie y sortait
de la pathologie.
C'est là, dira-l-on, un point de vue trop particulier, celui
du spécialiste admirant en un poète une intuition soudaine
et juste de l'objet que lui-même a méthodiquement étudié.
Mais l'objet dont il s'agit ici, c'est tout simplement l'hom-
me, l'homme intérieur, essentiel ; et c'est pourquoi le point
de vue spécial se confond ici avec le point de vue général,
humain, — avec le point de vue dramatique aussi. Car le
drame est dans les -âmes, et le degré de sa puissance se me-
sure à la fois au degré de leur vérité, et au degré de leur
tragique. Or, le tragique, ici c'est le malheur qui les attaque ;
c'est le choc qu'elles en reçoivent, d'autant plus grand, plus
puissant à exciter notre horreur ou notre pitié, que nous le
voyons se jiropager plus pi-ofondément en elles, les ébranler
de souffrance et d'émotion, les renverser peut-être pour tou-
jours. Car la souffra'nce et l'émotion sont bien des principes
de désordre et de maladie. Elles se prennent à la raison, à
la volonté, pour en dissocier peu à peu ou brusquement les
synthèses, pour déclencher le jeu automatique des impul-
sions, des images, du rêve. On peut préférer des spectacles
contraires, un théâtre où tout soit discipline sociale et per-
fection de l'esprit, expression noble et mesurée, nuance
délicate, raisonnement bien lié et mené jusqu'au bout. On
peut préférer l'ordre à la violence et la civilisation à la
nature.
18.
254 I^ES LANGUES MODEKNES
Mais si parfait que soit un tel art, l'effet dramatique eu
est moins puissant. Car puisque \st tragédie est dans les âmes,
plus violents et profonds seront ses effets sur les âmes, et
plus elle sera grande, — et pour atteindre à l'extrémité du
tragique, il faut aller jusqu'à la ruine des âmes. Et il faut
que tout se passe suivant les démarches logiques et secrètes
de la nature et de la vie. Il faut que dans un roi Lear nous
sentions d'abord l'âge et le tempérament, la capricieuse im-
patience, la tyrannique faiblesse du vieillard impulsif, sen-
sible et passionné II faut que nous apparaisse l'ébranlement
immédiat produit par le premier coup, la soudaine profon-
deur de l'atteinte et du déséquilibre, comme d'un chènt-
séché par le temps, que la hache a touché, et dont la fissure
aussitôt s'étend jusqu'à la base. Qu'on nous montre tout le
retentissement de l'émotion excessive, la fièvre, le geste qui
se précipite, la pensée qui s'accélère, le tremblement de la
barbe blanche, les furieux départs, en tempête, et les retours
automatiques du vieux roi ramené, comme eh rêve, sur la
scène, par l'idée qui l'exalte et le possède. Voyons la folit
naissante, l'étrange et presque solennelle terreur de l'homme
qui la sent obscurément monter en lui :
Xot mad, siveet Hpaven ! I ivoiild not be inad I
Et puis la seconde atteinte, le déchaînement redoublé de
la passion, les moments subits de calme : calme tendu, me-
naçant, terrible comme au centre d'un cyclone.
/ will not trouble thee, mij child, farewell,
^\'e'll no more meei, no more see, each other...
Quel pathétique alors de la démence déclarée, de la scène
inouïe sur la lande, sous l'éclair et le tonnerre, dans la
solitude et la nuit où le vieil homme jette son délire, et le
boufïon ses ironies ! Enfin, après les frénésies, l'apaisement,
l'épuisement, les paroles murmurées tout bas, presque en-
fantines dans la ruine de la volonté, quand l'âme n'est plus
que chose passive et sentante, quand rien pour elle ne
subsiste plus du monde, (juc l'ainuinte, calmante présence de
Cordclia, connue d'une tendre main voilant les yeux sur un
front malade :
...Corne, let's away lo prison :
We tu'o (donc n>ill sukj likc birds i' Ihe cage :
1
SIIAKE.S1>EAHE KT L'AME ANGLAISE 255
\\ Jii'ii llion dosl asL- me blessiny VU kneel doivii
And ask o/" thee forr/iveness : so we'll Hue,
And pria/ and sine/, and tell old laies, and laugh
Al (jilded Initlerflies...
Et pour tout achever, devant la jeune lille qui ne respire
plus, la contemplation agenouillée, absorbée, obstinée, avec
le seul souvenir de la voix qui mettait la i)aix dans son
-cœur :
...Her voice a>as euer soft,
Gentle and lou> — an excellent Ihinç/ in wonxan...
Rien que ce souvenir-là, et le mortel sentiment du jamais
plus, où ce vieux cœur, entre des paroles si douces, si len-
tes, si intenses, finit par crever :
...Thon II corne no more
S'ever, never, ncver, never, never I
Pray you undo this ballon, thank yoii, sir —
Do you see this ? Look on her, — /ooA% — her lips —
LooA- therc, look there ! —
{Die s).
Plus purement psychologique encore, est le drame dans
Hamlet : drame d'inaction, non d'action, — l'exagération
du rêve et de la pensée chez le prince, la tendance constante
de l'énergie spirituelle à se dépenser en idées et images, de
rémotion à en précipiter le jeu. paralysant en lui la faculté
tl'agir, en sorte que la tragédie n'est que cela : le graduel
efTet de désorganisation produit en un certain caractère par
l'idée obsédante d'un certain devoir dont il n'est pas capa-
ble. Et cette histoire d'âme n'est si émouvante que parce
qu'elle est si fatale et si vraie. A cet esprit noble et médita-
tif, qui, dès le début, se révèle isolé, concentré déjà dans
la douleur et le soupçon, mais dont la faiblesse ne se mon-
tre pas d'abord (voyez la précision serrée de son interroga-
toire, quand Horatio et les deux soldats lui révèlent ce qu'ils
ont vu), l'apparition, les paroles du fantôme ont imposé une
secousse terrible, et les effets de désordre — incohérence
de parole, agitation du geste, demi-folie du rire — se mani-
festent aussitôt. Le reste suit, mené par la seule nécessité
psychologique, d'autant plus évidente que Shakespeare a pris
soin, dans Hamlet comme dans Lear, de placer à côté du
256 LES LANGUES MUDEHNES
héros le plus tragique un personnage secondaire (Laertes^
Gloucester) dont la situation est justement la même, et dont
le drame pourtant est différent, simi^lement parce que sa
.structure d'âme est tout autre. Mais en Macbeth, l'assassin,
des dispositions, une maladie très analogues à celles d'Ham-
let reparaissent : l'homme est faible, enclin au rêve, à la
méditation, lui aussi, — encore plus facilement obsédé
d'images, sans résistance contre d'impérieuses suggestions.
Voyez celles que lui jettent les sorcières, s'emparer du pre-
mier coujD, de lui — et puis l'idée fixe naitre, grandir et, si
vite, l'absorber, l'isoler. Voyez la domination sur lui d'une
volonté supérieure, — lady Macbeth qui le reprend comme
un enfant, et le mène intlexibleraent jusqu'à l'acte : un acte
qui dépasse ce que ses nerfs et soni imagination peuvent sup-
porter. Car, au fond, ce meurtrier est un poète. Dans l'ins-
tant qui suit le crime, ce qu'il pressent, ce qu'il perçoit, en
retrouvant la paix immense de la nuit, en écoutant son infini
silence, comme il écoutait, immobile, hagard, la peur des
deux valets {listening their fear) — ce qu'il rêve, en regar-
dant ses mains, dont le rouge lui « arrache les yeux >i , et
lui semble envahir peu à peu le monde, ce qui le secotie
quand passe le cri lointain de la chouette, tout cela, c'est
le commencement de la inaladie, sans doute, mais c'est la
plus tragique et mystérieuse poésie qui soit. Musset s'en est
inspiré, et presque tout le théâtre de Maeterlinck nous
répète l'obscure, secrète et haletante émotion de cette
scène.
Un tel personnage n'est pas seulement un poète : c'est un
voyant. En Macbeth, comme en Hamlet et Prospère, se ré-
vèle l'étrange faculté d'intuition métaphysique que nous
avons vu se traduire à divers moments de la littérature an-
glaise. Sous les yeux hallucinés du chef qui a forcé sa na-
ture en tuant, du prince qui doit forcer la sienne pour tuer,
comme sous le profond regard de l'enchanteur, la réalité des
choses s'évanouit, et sur le théâtre shakesi^earien, nous
reconnaissons le rayon spectral — le mêmei que Carlyle a vu
se projeter sur les perspectives et les multitudes de l'His-
toire. L'homme est une ombre qui marche, la vie, une ilam-
me brève, qui s'allume et tremble un instant entre deux
néants, — c'est-à-dire ce que nous savons aujourd'hui : un
phénomène, une pure forme dont la matière toujours est en
train de passer ; et cette matière même, qu'est-elle qu'une
apparence ? Le temps, c'est un banc de sable, émergeant
SHAKESI'KAKE ET L'aME ANGLAISE 257
dans un océan sans liniil3. Et le monde, aussi,, se tisse de
la même étofTe que nos >èves. Comme les esprits de Pros-
pcro ont fondu dans l'azur, comme toute l'insubstantielle évo-
cation du magicien, chaque chose, « ce vaste globe lui-
même, oui, et tous ceux-là qui le possèdent, vont dispa-
raître sans laisser un vestige. » Mais si tout s'évanouit dans
le gouffre, tout en sort éternellement, comme sur le théâtre
de Shakespeare, quand Hamlet et tous les héros sont morts,
le rideau ne se baissant pas, nous voyons continuer la vie
et se préparer un nouvel ordre, de nouvelles destinées.
L'abîme n'est pas vide ; une indicible et solennelle réalité
s'y laisse pressentir : la Puissance fatale qui mène toute
tragédie.
Voici donc s'ouvrir la profondeur d'ombre, celle dont le
mystère a tourmenté tous les hommes. On la pressent, on
la découvre partout, derrière la fantasmagorie du poète.
Tous les rêves de ses créatures s'achèvent dans le rêve sans
fin que chaque race a peuplé de ses figures et symboles,
celui que les Puritains commençaient à fixer, pour s'en ob-
séder, à l'idée du Dieu biblique et de sa loi rigoureuse. Ce
Dieu particulier n'apparait pas dans l'œuvre de Shakespeare;
le rêve reste général, non pas seulement métaphysique, pour-
tant, mais religieux, parce qu'il s'accompagne de cette émo-
tion, de ce tremblant besoin de l'infini et de l'éternel (there's
nothiiiff serions in mortalily), de cet appétit de justice, après
toutes les injustices de la terre — de cette mélancolie et de
cette lassitude aussi {this world-wearied flesh), de cette
méditation du sens de la vie et de la mort, enfin, qui n'ont
jamais cessé d'inspirer la poésie et la pensée de l'Angle-
terre, et qui font la vivante réalité de sa religion. C'est l'hon-
neur de ce peuple d'avoir été, depuis son origine, plus
constamment que beaucoup d'autres, hanté par le mystère.
Mais c'est la noblesse de l'homme de s'inquiéter du mystère.
Parce qu'il l'a sondé, comme notre Pascal, avec tant d'in-
sistance et d'anxiété, Shakespeare parle à tous les hom-
mes, et le trait le plus anglais de ce génie en est aussi le plus
humain.
André Chevrillox.
De l'Académie française.
M. Herriût et les Humanités Modernes
Nous ne connaissons pas assez nos amis. Les adversaires
des humanités modernes se rappellent assez fréquemment à
notre bon souvenir, soit par quelque honnête diatribe, soit
par leur gémissement rétrospectif. L'on s'instruit, l'on
s'amuse. Ceux qui nous veulent du bien sont au contraire
d'une telle discrétion qu'on a peur d'offenser leur modestie
en attirant sur eux l'attention du public. Osons leur faire
cette douce violence, sous peine d'être taxés d'ingratitude.
Ne craignons pas d'évoquer leur image. Nous verrions d'un
bon œil instituer parmi rous un muezzin des temps nou-
veaux qui, face au soleil levant, proclamerait leurs noms à
époques réglées. Nous pouvons toujours, à défaut, et plus
jnodestement, ouvrir ici-même une rubrique spéciale où figu-
reront tous ceux qui, par la plume, les paroles, les actes se
sont montrés nos plus chaleureux défenseurs. Il ne nous de-
plait nullement d'inaugurer cette galerie de portraits en pré-
sentant à nos lecteurs un de nos plus sympathiques parti-
sans, et en les invitant à méditer avec nous des doctrines
pédagogiques fort ingénieuses où la vérité et le paradoxe
font ensemble fort bon ménage, et où la sagesse de l'hom-
me d'état s'assaisonne fort agréablement d'une pointe d'hu-
mour.
M. Herriot n'est un inconnu pour aucun d'entre nous. On
ne nous saura cependant pas mauvais gré de retracer en
deux mots sa carrière. De bonne heure l'école de la rue
d'L'lm lui ouvrit ses portes. Normalien brillant et, ce qui
ne gâte rien, joyeux, il ilébuta allègrement dans l'enseigne-
ment des lycées. 11 séduisit, il s'imposa ; il lui suHit d'être
lui-mêinc pour qu'on vît qu'il était quelqu'un. 11 devint rapi-
dement l'un de ces maîtres que la capitale envie à la pro-
vince. La rhétorique, c'est ainsi qu'on l'appelait alors, n'ab-
sorbait ])as à ce point tous ses instants qu'il ne sût consacrer
quelques heures de loisir à des muses i)lus humaines. D'un
ilirt prolongé avec Juliette Récamier naquirent deux volu-
mes jumeaux, robustes, bien constitués, qui, luxueusement
parés d'une reliure digne de leur contenu, figurent avec lion-
M. IIKIUUOT 1:T I.liS IIIMAMTLS MOlJll.NtS
2r.y
ncur dans les vitrines des bibliophiles. Signalons aussi, ijéchc
de jeunesse, une audacieuse incursion dans les venelles et les
impasses de la thêosophie sémitique, avec ce titre prometteur:
Philon le Juif. Les Facultés des lettres, plus souvent qu'on
ne croit à rallùt de la nouveauté, r>'cherchent volontiers,
pour se les attacher, les docteurs frais émoulus, sûres qu'elles
sont du succès Iors<juc le néophyte apparaît devant le public
des deux sexes avec la triple auréole »lu talent, de la jeu-
nesse et du célibat. Dans des amphithéâtres devenus trop
étroits, la foule refluant par les vomitoires jusque dans
l'atrium, le nouvel adepte exposa avec autant d'éclat que
d'autorité l'histoire de notre littérature nationale. On se lasse
de tout, même dos lauriers universitaires. Aux honneurs de
la chaire magistrale, le conférencier a])plaudi préféra déci-
dément le siège de l'édile. La Faculté lui pari-t bien vide dès
qu'il en fut absent. Il l'accusa plus tard d'être entrée en
sommeil. 11 tira malicieusement la barbe de ses Pères cons-
crits connue pour s'assurer qu'ils n'étaient qu'endormis, et
ils lui pardonnèrent, reconnaissant tout de même un des
:leurs dans cet enfant terrible. Cependant les sénateurs, les
;vrais, l'avaient un jour contraint d'avouer son âge en l'in-
vitant à venir jjartager les entretiens de lelir compagnie,
dans la i)énombrc du Luxembourg. Son histoire, dès lors,
cesse de nous appartenir, toute politique étant judicieuse-
ment bannie de ces colonnes.
Les habitués de VOfpciel ont jni se faire une idée de ses
ai)titudes multiples de son incroyable activité, et même de
son éloquence, bien qu'un conclave de législateurs ne soit
l^nullement le genre d'auditoire qui le serve le mieux et lui
plaise le plus. 11 est infiniment plus à son aise dans les
causeries, les demi-improvisations familières, surtout, com-
me disent les Auglais, dans ses after-dinner speeches, peti-
tes merveilles de tact, de finesse, d'imagination souriante,
et d'une telle pureté de forme que les lettrés mêlent le nom
de M. Herriot à leurs actions de grâces lorsqu'ils prient en
secret pour le bon usage de la langue française. 11 sait que
les charmes de cette nature opèrent même sur la grande
foule turbulente des assemblées populaires. C'est en cher-
chant non pas à terrasser le monstre mais à le captiver qu'il
fut parfois le ])lus harmon)eusement inspiré. Comme le héros
biblique il a trouvé du miel dans la gueule du lion. Mais
l'analogie avec Samson s'arrête là : sa chevelure est toujours
intacte.
260 LES L.\XGUES MODERNES
Son énergie, coquettement revêtue de bonne grâce, ne
s'est pas épuisée en vaines polémiques, en luttes stériles. Il
l'a employée non pas à détruire, mais à édifier. M. Cham-
berlain, maire de Birmingham, disait à ses concitoyens :
« J'avais trouvé une ville de briques, je vous rends une
ville de marbre. » Le maire de Lyon pourrait tenir à peu
près le même langage, témoin ces poiits, ces hôpitaux, ces
palais, ces stades, ces lycées, et, nous n'aurons point honte
de le dire, ces abattoirs monumentaux d'une telle noblesse
de lignes qu'on les croirait destinés non pas à des bou-
chers, mais à des victimaires, ou au culte de mj-stérieux et
multiples Apis. Il n'a eu garde de négliger cet aspect dans
le portait qu'il s'est complu, semble-t-il, à tracer de lui-
même sous la transparente fiction de l'Empereur Hadrien.
Voici comme il s'exprime : « Il serait difficile de rencon-
trer un dilettante plus averti, un délicat plus raffiné, affable
pour toutes les idées comme pour tous les hommes, ironiste
par excès d'expérience et de savoir, artiste et lettré non sans
grâce. Un tel empereur cependant n'oublie pas le soin qu il
doit prendre de ses possessions : les travaux publics entre-
pris par lui prouvent une largeur de conceptions bien pro-
pre à humilier notre timidité. »
Depuis qu'il est entré, par devoir autant que par goût,
dans l'arène parlementaire, il a pris l'habitude d'opérer de
temps à autre le recensement de ses opinions, et de les
offrir à l'examen des esprits avisés sous la forme de rap-
ports, leaders, articles de revue, ou mieux encore de volu-
mes aux titres brefs, impératifs : « Agir », « Créer ».
« Vouloir ». A part la question sociale et la question reli-
gieuse on peut dire que tous les problèmes contemporains
y sont posés, discutés et quelquefois fort heureusement réso-
lus. Xous ne retiendrons de ces récents ouvrages, incarnation
provisoire d'une pensée toujours en mouvement, que les pas-
sages ayant trait à l'enseignement secondaire ; les autres
chapitres ne seront rappelés qu'à titre d'illustration, ce qui
n'implique nullement qu'il ne faille les feuilleter que d'un
doigts distrait, car ils décèlent une lecture immense, témoi-
gnent d'une curiosité encyclopédique et d'une infatigable
bonne volonté.
La grande originalité de I\I. Hcrriol c'est que ses doctri-
nes reposent sur l'observation attentive de la réalité. La
M. HICRRIOT KT LHS IIIMAMIKS MODEHNKS 261
pédagogie prend parfois des airs d'initiation. Certains de
se«> prophètes exigeraient presque, avant de vous livrer leurs
secrets, une immersion préalable dans toute métaphysique.
M. Herriot la fait descendre du ciel -sur la terre. II lui parle
le langage de l'expérience et de la raison pratique. Il a
de bonne heure constaté la vanité de la spéculation pure.
La vie publique est en effet une bonne école de réalisation
et de résolution. On ne conjure pas la crise du logement
en construisant des syllogismes ; on ne ravitaille pas une
grande cité, on n'équilibre pas un budget anciennement de
vingt millions, quadruplé depuis la guerre, avec des hypo-
thèses ; et lorsqu'au temps chaud il s'agit de tolérer ou
d'interdire un cortège d'illuminés, mal contents du huis-clos
et affamés de cris et de horions, on ne peut pas répondre
aux gardes qui attendent des ordres que la vérité et Ter-
reurs sont séparées l'une de l'autre par des nuances aussi
indiscernables que celles du cou de la colombe. Il faut que
la rue leur soit ouverte ou fermée, et sans délai. L'habitude
des responsabilités et des ultimatums conduit à tenir en
petite estime les assembleurs de nuées, les abstracteurs de
quinte-essence, tous ceux qui consument les heures à épi-
loguer, peser, argumenter, chicaner. A ceux qui raisonnent
sans agir, on en viendrait à préférer ceux qui, sans raison-
ner, agissent.
On ne s'étonnera donc plus que dans ses projets de ré-
forme, M. Herriot fasse la part si belle à l'enseignement
technique. C'est en lui qu'il a mis toutes ses espérances,
toutes ses complaisances : « Si vous avez des fils qui soient
intelligents et travailleurs, dit-il aux mères de famille, . n'en
{i'faites, pas des bacheliers, faites-en des techniciens. » On
conçoit pareillement que, dans l'enseignement secondaire,
il réserve la place d'honneur à toute la partie scientifique.
Aux professeurs de sciences pour leurs laboratoires, leurs
appareils, leurs collections, leurs excursions il ouvrirait
tous les crédits si la pénurie des ressources publiques ne le
contraignait à la parcimonie : « La science domine tout.
Elle seule rend des services définitifs », répète-t-il volon-
tiers. .Sur ce point nous tomberons facilement d'accord avec
lui, surtout au lendemain des grandes dévastations, et à la
veille d'entreprendre la grande œuvre de reconstruction.
On serait bien mal venu de déprécier les sciences parce
qu'elles sont susceptibles d'applications matérielles. Il s'agit
aujourd'hui non pas de mépriser la matière, mais bien plu-
262 I.ES I^ANGUES MODEHNES
tôt (le la iiiaitriser si nous voulons conserver le bénéfice de
vingt siècles de civilisation, et de quatre années de résis-
tance aux forces d'anéantissement. On peut dire de l'ensei-
gnement scientifique, sans exagération aucune, qu'il i^rotège
la France.
Observons toutefois que la technique pure ne se sullit plus
à elle-même lorsqu'elle veut passer des plans et devis à
l'exécution. Les grands fondateurs semi-légendaires, les Or-
phée, les Amphion déplaçaient les forêts ou élevaient les
murailles des cités avec quelques accords de lyre. Les for-
mules de l'ingénieur n'ont pas tant de pouvoir ; il lui faut
recourir, vaille que vaille, au ministère des ouvriers. C'est
là que les difficultés commencent et que l'étude de la matière
doit se compléter par l'étude de l'homme. L'architecte con-
naît la loi de résistance des matériaux ; il n'est pas moins
indispensable, qu'il ait approfondi la loi de résistance des
syndicats. Il ne suffit pas aux industriels et aux négociants,
pour vendre avec profit, d'additionner froidement, comme
dans les petites arithmétiques, le prix d'achat et le bénéfice.
Pour se créer une clientèle et pour la retenir, il faut mettre
en œuvre tous les artifices de la persuasion. Le financier
joue sur le clavier de tous les enthousiasmes, de toutes les
crédulités, de toutes les paniques humaines, admirablement
secondé par le journaliste. Il n'est pas jusqu'au simple mar-
chand qui ne puisse se dispenser, sinon de morale, du moins
de psychologie. De partout nous revenons à la science de
l'homme. Chassez les humanités par la porte de service et
vous êtes bientôt contraint de leur ouvrir à deux battants
les grilles de la cour d'honneur. Cependant avant de leui*
en laisser franchir l'entrée, il n'est pas mauvais, pour éviter
toute confusion, d'examiner de près leurs lettres de créance.
M. Herriot s'est fort consciencieusement acquitté de cette
utile vérification.
Commençons par les ancêtres. La question du grec obli-
gatoire ne se pose pas pour lui ; à vrai dire elle ne se pose
l)lus aujourd'hui ])Our personne. On a sagement réservé- l'étu-
de de cette langue difficile au tout petit nombre d'élèves
qui se destinent à l'enseignement, à l'archéologie, aux for-
mes les plus élevées de la littérature ou de l'érudition. L'idée
que le grec pouvait être utile aux médecins égayait il y a
trente ans l'austère visage de M. Herthelot. Tout le inonde
sait que le grec ne guérit de rien, et que nos thérapeutes ei>
utilisent seulement quelques racines pour la fabrication des.
M. IIEHHIOT KT LES HIMANITKS MODKRNES 2(53
noms de maladies ou de spéciliques. Il en est de même pour
nos chimistes, nos botanistes, minéralogistes, géographes.
I.e géologue américain M. Hitchcock, auteur d'un traité sur
les empreintes fossiles de la vallée du Connecticut, n'aurait
jamais pu, nous dit son fils, mener son étude à bonne fin
s'il n'avait été capable de lire les poèmes d'Homère dans
l'original. M. Hitchcock fils a lu Mark Twain ; nous aussi,
sourions et passons.
M. Herriot traite par prétérition la question de la langue
Jaiine, mais les réflexions que le grec lui suggère laissent
suffisamment entendre que pour le latin aussi son siège est
fait. C'est en effet un véritable paradoxe que d'avoir décrété,
il y a vingt ans, que la connaissance, ou soi-disant telle, de
la langue latine devait être obligatoire pour les trois-qiiarts
des élèves de l'enseignement secondaire, et nous nous de-
mandons par quel excès de zèle ou quelle aberration des
hommes non dénués d'esprit ont songé récemment à lui res-
tituer dans les programmes la primauté qu'elle avait autre-
fois graduellement usurpée. On craint de fatiguer à force de
truisnies. Redisons-le pourtant : nous ne sommes plus aux
seizième et dix-septième siècles, au temps où le latin était la
langue internationale, celle des théologiens, des philosophes,
des savants, des diplomates, où la connaissance en était
indispensable si l'on voulait correspondre avec Descartes,
Spinoza, Milton, Saumaise. Les arguments qu'on produit
aujourd'hui en faveur d'une langue vivante valaient alors
pour le latin. C'était une langue écrite et parlée. Elle était
si familière aux lettrés de ces temps-là qu'ils osaient (et
l'audace n'était pas mince) composer des vers en cet idiome
bien qu'ils ignorassent tout de sa prononciation, de son
accent et de son rythme véritable. Ces divertissements arti-
ficiels prouvent à quel point ils se l'étaient incorporé. Nous
sommes au vingtième siècle. Le latin n'est plus langue pro-
fessionnelle que pour l'Eglise catholique. Le seul et unique
argument que l'on mette en avant pour en généraliser l'étu-
de, c'est qu'il est le père du français. Mais c'est au fils que
nous avons afTaire ; adressons-nous à lui et ne nous laissons
pas égarer par le sophisme de l'engendrement. Les pianistes
ne débutent pas par le clavecin ou le tympanon. Le Con-
servatoire n'impose pas à ses hautboïstes et ses clarinettis-
tes, pour leur former le doigté, des gammes préliminaires
sur la flûte de Pan, aïeule vénérable de la famille des
bois. Apprenons de même le français par le français. Que
264 LES LANGUES MODERNES
les élèves l'étudient avec soin, s'il se peut avec amour ;
qu'ils en comprennent et respectent la grammaire, même
dans ses minuties ; qu'ils se plient aux fantaisies esthéti-
ques de son orthographe pour ne pas contrister l'àme de ses
poètes et de ses étymologistes ; qu'ils apprennent les ressour-
ces de son vocabulaire ; qu'ils soient sensibles à la mélodie
de ses phrases, au rythme de ses périodes : le jour où, à
force de lectures et d'attention soutenue, ils parviendront à
récrire comme La Rochefoucauld, qui ne savait pas le
latin, comme Dumas fils, comme George Sand, qui ne
le savaient pas davantage, comme Voltaire, qui au témoi-
gnage de ses contemporains n'était pas le vingtième des lati-
nistes de son époque, personne ne songera à leur faire grief
d'ignorer l'ablatif en i ou en e, la concordance des temps ou
les règles de la narration indirecte.
On voit, non sans déplaisir, dans certaines classes dites
de grammaire et conduites à l'ancienne mode, le latin ron-
ger le français. Mieux vaudrait dans ces cas-là une éduca-
tion fondée sur "l'étude intelligente de la seule langue natio-
nale. On entend d'ici les protestations des doctes attardés :
Oserez-vous porter la main sur la version latine, mère des
utiles contre-sens ? — Ma foi oui. On la remplacerait avan-
tageusement — des lettrés délicats l'ont souvent proposé —
par des transcriptions en français moderne de textes de
Montaigne, Rabelais ou d'auteurs plus anciens dont les élè-
ves quittent le lycée sans savoir plus que le nom. — Et
VEnéide ? — Ils la liront dans la traduction, mais peu. S'ils
ont du goût ils lui préféreront les Géorgiqnes. Quant à Sallus-
te. César, Tite-Live, Tacite ils en retrouveront la matière
au cours d'histoire ancienne ; Lucrèce, Senèque, peut-être
Cicéron, s'inscriront en marge du cours de philosophie. S'ils
éprouvent, et nous y comptons bien, le désir de faire plus
ample connai.ssance avec la pensée antique, nous leur con-
seillerons de faire comme tout le monde, de s'adresser tout
d'abord et surtout aux Grecs, de lire et de relire, dans les
excellentes interprétations et avec les subtils commentaires
de nos hellénistes, Eschyle, presque aussi énorme que Hugo.
Sophocle, Euripide au sourire énigmatique. La nudité d'Aris-
tophane exigera quelques i)ampres supplémentaires, mais :
Honni soit qui mal y pense, comme disent nos amis les puri-
tains ; il faut absolument connaître ce faune. La liste s'al-
longerait démesurément s'il fallait y ajouter quelques dia-
logues de Platon, la Retraite des Dix Mille, les paradoxes de
I
M. HERIUOT I;T LES IIU.MANITKS MODEHNES 1:65
Lucien, sans oublier Plutaïque et sa galerie d'hommes pri-
mitifs et parallèles parmi lesquels M. Herriot ne dédaigne
pas, il l'avoue, d'aller rechercher à l'occasion le cordial de
la naïveté.
D'un mot, ne confondons pas l'aiJprcnlissa.m.- dune langue
et la connaissance d'une littérature, les années de lycée
et les cours de la Faculté réservés à des spécialistes. Nous
tenons, comme le poète, à lais.ser « an sommet des études.
Les grands livres latins et grecs, ces solitudes. »
Mais le sommet des études c'est jusqu'à preuve du con-
traire l'enseignement supérieur. Réservons l'antiquité en ce
qu'elle a de littéral, d'inaccessible, d'ésotérique, d'exquis à
ce conservatoire des mots et des idées. Facilitons, encou-
rageons chez le profane, qui s'appelle légion, le culte fami-
lier, en lanque vulgaire.
Pour l'histoire M. Herriot ne nous laisse aucun doute
sur ses intentions. Il demande le rajeunissement des cadres.
Autrefois, dans l'enseignement primaire, une convention
tacite faisait débuter l'histoire de France aux Etats-Géné-
raux de 1789, le reste n'était qu'un lever de rideau un peu
trop prolongé. M. Herriot, encore plus radical, ne verrait
pas d'inconvénients à faire commencer l'histoire détaillée
et approfondie à la Révolution de 1848, peut-être même des-
cendrait-il jusqu'au Quatre-Septembre, ce qui réduirait le
programme au dernier demi-siècle. Il veut qu'on passe très
vite sur les empereurs et les rois, qu'on brûle toutes ces
étapes. Il boude le Moyen Age, quoiqu'il adore Michelet.
Les Croisades portent ombrage à son libéralisme pour qui
le cléricalisme n'est pas un article d'exportation : nous leur
devons les récentes expéditions de Syrie et de Cilicie, beau
résultat. Les Communes trouvent à peine grâce devant ses
yeux : on demande au professeur de huitième de faire pal-
per et manier par ses élèves une charte communale, comme
si des enfants de huit à neuf ans ne se moquaient pas mal
de toutes les chartes y compris la Grande.
Boutades, certes, mais qui renferment une part de vérité.
M. Herriot nous conseille en substance de proportionner
tout d'abord les leçons à l'âge des auditeurs. Rappelons-nous
que les garçons ont le privilège de rester de grands enfants
266 LF-S LANtJUES MODERNES
jusque vers leur treizième ou quatorzième année. Peu leur im-
portent jusque là les subtilités de la diplomatie et de l'admi-
nistration. L'anecdote plus ou moins mêlée de légende est ce
qu'ils accueillent le plus \olontiers. Les clauses des traités
sont pour eux lettre morte. On aura beau lutter contre l'his-
toire bataille, c'est à peu près la seule qui leur paraisse
vivante. Dans l'affaire des trois Curiaces et des trois Ho-
races ils s'inquiètent assez peu de la question de supréma-
tie territoriale, d'ailleurs assez obscure, qui met aux prises
ces deux équipes. Ce qui les enthousiasme, c'est l'allure de
championnat militaire que prit toute cette aventure et ils
ne pardonnent guère à Corneille, son metteur en scène,
d'avoir dissimulé le ring dans la coulisse. Acceptez-les tels
qu'ils sont. Permettez-leur d'avoir surtout de l'imagination.
La raison et le cœur parleront en leur temps. Ils compren-
dront Curiace à l'âge des l'.ançailles, et toute la détresse du :
« Qu'il mourût ! » quand ils auront à leur tour un fils
mobilisable.
Lorsque, dès le lycée, le moment sera venu de leur parler
comme à de jeunes hommes, l'histoire pourra changer de
méthode et de langage. C'est alors qu'il conviendra de la
faire converger tout entière vers l'époque contemporaine, et
nous commençons à entrevoir le sens profond du paradoxe
de M. Herriot. L'histoire telle qu'il souhaite qu'on l'ensei-
gne à des élèves réfléchis n'est pas essentiellement cette ré-
surrection dont parlait Michelet, encore moins un monolo-
gue lyrique. Elle doit être bien plutôt une préparation à
la vie active, l'école du citoyen précédant l'école du soldat.
C'est donc vers le présent qu'il convient de ramener sans
cesse l'esprit des jeunes auditeurs. Ils se passionneront pour
l'étude des époques disparues si vous leur montrez comment
ce passé lointain portait en lui les germes de l'avenir, com-
ment les épreuves que connurent leurs ancêtres leur seront
à leur tour proposées dès demain. Nous nous ferions volon-
tiers, à cet égard l'avocat des parallèles. Un professeur de
méthode historique disait naguère à ses étudiants : « Sur-
tout pas de rapprochements, c'est anti-scientifique. « Saluons
bien bas la science ainsi comprise, mais comme on salue
un enterrement, et plaignons sincèrement ceux qu'aura
atteints la contagion. Que nous importent les grandes inva-
sions et les grandes guerres- si elles n'ont rien de commun
avec celle dé 1014, et les révolutions d'avant-hier si l'on
M. IIERRIOT ET LES HUMANITÉS MODHUNKS 267
n'y iclrouve les |)riiicii)e.s et la méthode de celles d'après-
demain.
Tout cela suppose évidemment que l'historien a des idées
et des convictions, et qu'il n'hésite pas. nous l'en félicitons,
à s'en inspirer au cours de ses leçons. — Mais ne crai-
gnez-vous pas l'histoire tendancieuse ? — Non seulement
nous ne la craignons pas, mais nous l'espérons. Toutes cho-
ses égales d'ailleurs, comme disent les savants, mieux vaut
l)our l'instruction des jeunes gens, un royaliste pratiquant,
un catholique militant ou leurs antitypes de gauche qu'un
de ces abstentionnistes falots qui, même avec des éclats de
voix, semblent perpétuellement prêcher l'évangile de la
timidité. On demande des hommes. Un excellent professeur
d'histoire, mort glorieusement au combat, connu pour ses
opinions avancées avait, à la veille de la guerre, mérité
d'être ainsi noté par une administration qui n'était pas celle
de son lycée : dangereux parce que sincère. Il y avait dans
cette fiche plus c[u'une faute de goût. La sincérité n'est dan-
gereuse que pour l'équivoque et le mensonge. Les élèves le
savent bien. Les sectaires intelligents et généreux ont tou-
jours trouvé leurs plus ardents défenseurs parmi les audi-
teurs sur qui leur doctrine n'avait aucune prise. La jeunesse
respecte la franchise, elle admire le courage, elle écoute
avec fierté les paroles viriles et n'éprouve de mépris que
)our le pépiement de l'eunuque.
Un mot seulement de la géographie dont les programmes
ont fait la compagne inséparable de l'histoire, et qui, après
iavoir longtemps hésité entre la faculté des sciences et la
faculté des lettres, car sa nature est double, s'est enfin déci-
Idée à reprendre sa place parmi les humanités sous le voca-
ble nouveau de géographie humaine. M. Herriot inclinerait
plutôt vers une autre formule et verrait avec plaisir cette
science chauve-souris fixer définitivement sa demeure dans
les profondeurs de la géologie. Converti à la science des
terrains depuis qu'il a exploité, non sans succès, dans l'in-
térêt de la communauté, une petite mine de lignite, il souhai-
terait qu'on mît de la géologie un peu partout. Faut-il, com-
me il le désire, intensifier, même chez les adolescents,
l'étude du sous-sol '? Est-il exact que le géologue détienne
le grand secret, qu'il soit le maitre de l'heure, que « dans
les questions internationales les notions ethniques elles-mê-
mes soient dominées par les considérations géologiques ? »
268 LES LANGUES MODERNES
Il y aurait peut-être sur ce point quelques réserves à faire.
La cave n'explique pas toujours la vie aux étages supérieurs
de la maison. Les troubles de l'Irlande ont peu de rapport
avec ses tourbières. D'un mot le géographe nous paraît plus
proche de la vérité, et son enseignement gagne singulière-
ment en attrait et en efficacité, lorsqu'il fait une large part
à l'initiative des hommes, lorsqu'il étudie leur tempéra-
ment, leur caractère, leurs besoins, leurs habitudes, leurs
traditions. Il rejoint et complète l'historien, et les précieu-
ses informations qu'il fournit sur les nations qui nous en-
tourent seront sur certains points complétées et précisées
IDar les professeurs de langue et civilisation étrangères.
Arrivés à ce point de notre ascension nous pouvons nous
arrêter un instant pour nous reposer et pour jouir du spec-
tacle. Nous voici en effet en présence d'un enseignement,,
celui des langues étrangères, à qui M. Herriot fait toute
confiance, pour lequel il n'a que des paroles d'éloge qu'il
s'agisse de sa matière même ou des progrès qu'on l'a vu ac-
complir. Cette prédilection n'a rien qui doive surprendre.
M. Herriot en expose fort éloquemment les raisons. Nous
n'avons plus qu'à lui prêter l'oreille.
Il préside depuis deux décades aux destinées d'une région
d'usines, de fabriques, de forges dont l'importance fait de
Lyon, son chef-lieu, presque la métropole industrielle et com-
merciale de la France. La ville et les départements qui for-
ment sa grande banlieue rayonnent non seulement dans toute
la France, mais dans toutes les parties du monde civilisé par
leurs exportations et leur puissance d'achat. L'histoire
lyonnaise est intimement liée avec celle de notre commer-
ce extérieur. Au Moyen Age, Lyon dut à ses foires sa 'renom-
mée et sa prospérité. A la Renaissance, les marchands de
tous les pays s'y donnaient rendez-vous ; parfois même ve-
naient frapper à la porte de ses banquiers et de ses consuls
des souverains étrangers en quête d'espèces sonnantes, tra-
dition qui ne s'est pas complètement perdue, M. Herriot
vous le confiera. Première cité du monde pour le commerce
et le travail de la soie, comme on l'apprend même à l'école
primaire, elle est en relations, pour l'achat de ses matières
premières, avec l'Italie, les Balkans, l'Orient, l'Extrême-
M. HKHl'.IOT ET LES IllMAMniS MODICKNKS 269
Orient, alors que d'autre part ses tissus les plus riches
prennent le chemin de l'Angleterre et des deux Amériques.
Et n'oubliez pas l'énorme développement de ses industries
métallurgiques et chimiques dont les produits tiennent un
<les premiers rangs sur les marchés de l'étranger. Enfin sa
Foire, conçue et osée en pleine guerre, ouverte le premier
mars 191G au fort de la i)remière bataille de Verdun, acte
de foi renouvelé chaque printemps, a depuis lors acquis l'am-
pleur et la solidité d'une institution nationale. Dans son pa-
lais, auquel manquent sans doute la ride et l'antiquité fière,
mais dont la blancheur se déploie en longues et harmonieuses
l)erspectives se rencontrent aujourd'hui deux fois l'an les
représentants de vingt nations, et dans ses vastes avenues,
vous entendrez parler toutes les langues de l'Europe.
Les circonstances et la volonté des hommes ont ainsi
<iccentué le caractère cosmopolite que la ville tenait de sa
.situation géographique, i)lacée comme elle l'est au carrefour
[des grandes voies, plaque tournante de l'Europe Centrale
îomme le dit M. Hcrriot d'une rude métaphore de cheminot,
îlle a ses colonies étrangères : « Petite Italie », travailleuse
ît joyeuse, promenant les jours de fête ses bannières et ses
fanfares, colonie japonaise, économe de mots et de gestes,
maramum d'énergie et minimum de bruit, étudiants chinois
méditant sur les hauteurs de Saint-Irénée, à l'ombre des
aqueducs d'Hadrien, la sagesse de nos Encyclopédistes du
xviir' siècle et de nos j^arlementaires du vingtième, Jeunes
Egyptiens, futurs légistes, prêtant l'oreille aux rumeurs qui
viennent du Caire ou d'Alexandrie, Américains, hôtes hono-
rés et fidèles amis, Anglais, trop rares, mais visiteurs d'élite,
tous vous rappellent, chacun dans son idiome, que la France
n'est qu'une nation dans l'armée des nations en marche.
Lorsqu'un homme public se trouve ainsi, de par ses fonc-
tions mêmes, en contact i^ermanent avec les représentants
des pays étrangers, qu'il doit prendre la présidence de leurs
réunions, de leurs commémorations, de leurs banquets, faire
succéder aux réceptions ofTicielles les entrevues intimes où
se règlent les questions plus délicates, lorsqu'il a dû se ren-
dre, en voyage d'études ou de propagande, dans les capi-
tales ou les villes principales de l'Europe — et il en est peu
d'entre elles où l'on ne retrouve l'empreinte de ses pas et de
ses idées, depuis Londres et Edimbourg jusqu'à Prague et à
Bukharest, la nécessité d'une culture étrangère approfondie
19.
270 LES LANGUES MODERNES
pour le Français du vingtième siècle s'impose à votre esprit
avec une telle force qu'on rougirait d'avoir jju jamais la
mettre en question.
Hâtons-nous de le dire, ce doute n'effleura jamais M. Her-
riot. Avant même que se fût élevé autour de lui ce chœur
aux mille voix, une évolution toute naturelle l'avait conduit,
par des sentiers à vrai dire assez éloignés de ceux du né-
goce ou de la politique internationale, vers des conclusions
tout aussi favorables. Il était venu très tôt, trop tôt, dans une
Ecole Normale ancien régime, où les lettres et les civilisations
étrangères n'avaient pas encore reçu droit de cité et ne
s'insinuaient que par contrebande. L'antiquité a du bon,
mais on en abusait. Le nouvel adepte soupçonna qu'on lui
cachait quelque chose. Il rêva de franchir l'enceinte du pa-
radis gréco-latin, de s'aventurer seul dans la forêt obscure.
On se rai^pelle le mot de Renan, découvrant l'oeuvre des
critiques et théologiens allemands : « Je crus entrer dans un
temple. » Shakespeare, Milton, Byron, Shellej-, Ruskin,
Emerson, Heine, Dante réservent à ceux qui viennent vers
eux en pèlerinage un -accueil singulièrement plus cordial et
ensoleillé que de frigides exégètes. Il fut conquis, il devint
un de leurs fidèles, il leur demanda des leçons de sagesse,
il les évoqua malgré lui, ils le hantèrent. Il leur fait encore
de secrètes visites. Ne l'a-t-on pas surpris lisant, pour se
délasser des bulletins municipaux et des tarifs douaniers,
les odes de Keats, non point dans l'estimable traduction tk'
M. Gallimard, mais amoureusement dans le texte original
pour que rien ne s'évaporât de leur parfum subtil.
Comme l'on comprend l'ien qu'au sortir de pareils tète-à-
tète il lui soit échappé en pleine Chambre des Députés ce
cri d'impatience qui répandit la consternation parmi les
tètes branlantes : « Il est des légendes avec lesquellesi il faut
en finir. L'une de ces légendes est celle qui ne voit d'éduca-
tion que par l'antiquité ! »
Oublions même pour un instant les arguments du négo-
ciant, de l'industriel, du voyageur, du lettré, du philosophe,
de l'artiste, que M. Herriot a mis en lumière avec un tel
bonheur d'expression ; il suffît d'un simple coup d'oeil jeté
autour de soi pour reconnaître toute la justesse de la doc-
trine nouvelle. La France, ni le monde, on ne saurait trop
le redire, ne sont à la veille de la paix universelle. Les plus
optimistes, hallucinés à part, n'osent rêver, à brève échéan-
M, IIERRIOT ET LES HLMAMTÉS -MODERNES 271
ce, une république de peuples frères. On ne trouve guère
chez les nations nouvellement affranchies ces dispositions
débonnaires, obstinément conciliantes, sur lesquelles fondent
de telles espérances les diplomates de coin de feu ou de
meetings en plein vent. L'ivresse de leur jeune liberté les
conduit encore assez facilement aux gestes enthousiastes et
désordonnés. Et qui oserait compter sur le prompt et sincère
repentir du colossal vaincu ? De longtemps l'Europe ne re-
trouvera l'équilibre, factice certes, inique, mais durable, de
la période d'avant-guerre. Malheur aux nations isolées sur
qui s'exercera la pression des masses. Même un grand pays
comme le nôtre ne saurait fonder sa politique sur un prin-
cipe de splenditle insularisme. .Sa sécurité, son crédit, la
prospérité, la dignité de ses citoyens dépendront en grande
partie des alliances qu'il aura su conclure. De quelque nom
qu'on les désigne, les ententes reposent sur une base bien
fragile lorsqu'elles ne sont l'œuvre que des seuls diplomates,
des chefs d'armée et des financiers internationaux. Les
sympathies profondes et durables sont celles qui s'établis-
sent de nation à nation, de ville à ville, de famille à famille,
d'homme à homme par les entretiens individuels, la cor-
respondance, les visites ollicielles ou familières, les réunions
corporatives, les séjours prolongés. La connaissance précise
de la langue de ses amis facilite singulièrement cet échange
mutuel d'excellents procédés, soit qu'il faille désarmer quel-
ques préventions, émousser les aspérités, faire justice des
préjugés que même ceux qui nous veulent du bien conservent
parfois à notre égard, ou ménager enfin de très légitimes
susceptibilités nationales. Les anciens rois commençaient
leur éducation par l'étude des principales langues étrangères.
Puisque dans l'Etat moderne chaque citoyen responsable est
censé détenir une petite parcelle de souveraineté, pourquoi
ne s'adjugerait-il pas, afin de l'exercer plus dignement, une
minime portion de ce royal polyglottisme ? Dans les confé-
rences entre grands hommes d'Etat on souffre de voir s'in-
terposer entre les interlocuteurs la silhouette du truchement.
Si parfait, si soudain qu'on le suppose, il masque, il embue,
il retarde, il refroidit. On voudrait le contact immédiat et
décisif. Qu'on se rappelle cette grande scène shakespearienne
du 4 août 1914, l'ambassadeur d'Angleterre, sir Edward
Goschen, manœuvrant le chancelier von Bethmann Hollweg,
et celui-ci gesticulant, argumentant, bégayant en face de
son impassible visiteur, s'affolant à l'idée des armées aile-
2/2 LES LANGUES MODERNES
mandes déjà en marche à travers la Belgique, faisant sur
l'honneur britannique une tentative suprême, et se livrant
enfin, avec toute la vilenie de son âme, dans un mot histo-
rique, symbole désormais de l'honneur allemand (1).
Ils semblent donc vraiment bien étrangers aux choses de
leur temps ces pédagogues et conseillers vétustés qu'on en-
tend répéter d'un air sentencieux : « Une langue vivante
c'est beaucoup ; surtout n'en étudiez pas une seconde ; lais-
sez aux Suisses, aux Roumains et à l'on ne sait quels Sla-
ves ce triste privilège. « Puisque ni la guerre ni l'après-
guerre n'ont pu leur ouvrir les yeux, laissons ces « taupes
antiques », comme dirait Hamlet, à leur aveuglement et à
leurs galeries ténébreuses. M. Herriot dit quelque part :
« Notre pays a bien mérité de connaître enfin le règne de
l'intelligence. » Ce n'est point à ceux-là qu'il pensait.
yi. Herriot conserve au sommet de l'édifice la philosophie,
mais avec les plus expresses réserves. Il la somme de s'hu-
maniser elle aussi. Il considère comme un défi porté à la
raison que de proposer à des adolescents de dix-sept à dix-
huit ans, dans les épreuves du baccalauréat, les énigmes sui-
vantes dont il a scrupuleusement relevé le texte dans des
documents dignes de foi : « Quelle confiance peut-on accor-
der à la psychologie des peuples primitifs '? — Donner une
théorie psychologique de la certitude. — L'espace et le temps
sont-ils subjectifs comme le dit Kant ? Le sont-ils tous deux
également ? » Il tire de la boîte aux sujets deux ou trois au-
tres numéros de même force, et il nous demande avec un
sourire méphistophélique : « Qui trompe-t-on ici ? »
La philosophie n'a cure de nos apologies, nuiis vraiment
nous ne pouvons nous empêcher de protester ici contre les
sévérités de M. Herriot à son égard. Le seul reproche tant
soit peu fondé qu'on pourrait, tout au plus, adresser à nos
penseurs contemporains, ce serait, par instants, une certaine
afTectation d'obscurité. Ils sont comme les nuages qui se
tiennent volontiers sur les hauteurs, mais on n'est pas fâché
qu'ils se dissii)ent pour y voir clair autour de soi et con-
(1) Cet entretien ont lieu en anf,'lais. Nous devons ce détail cinieu.x à
la courtoisie de sir Edward (losclien. Le mot que doit retenir l'histo-
rien est donc l'expression anglaise scrap of paper.
M. HEHRIOT I;T l.HS IIl.MAMTKS MODKUNES 273
tt'inplcr le paysage. Mais nous parlons ici de la philosophie
extra-scolaire. Celle du lycée est infiniment plus voisine de
la vallée et de la plaine et ne se revêt de brunies que par
accident. Ne la jugeons pas sur les cas limites signalés par
M. Herriot. Nous ne voyons nullement qu'elle dépasse l'en-
tendement d'un garçon bien équilibré et de capacités
moyennes. La classe de philosophie n'est en aucune façon
l'hortiis iiiclusus des scolastiques, le jardin mystérieux au
milieu duquel s'élèvent les deux arbres jumeaux de la
science et de la vie. C'est une classe de révision dans laquelle
les enseignements des années précédentes sont rappelés, ré-
sumés, concentrés, approfondis, universalisés avant que la
faculté ou rinstiti-d technic|ue i)asse aux jeunes étudiants
les œillères du spécialiste.
Voilà déjà trois ou cpiatre ans qu'ils font de la philoso-
phie sans le savoir avec leurs professeurs de lettres el de
sciences. II ne leur manque que l'allure dogmatique de
l'exposé et le vocabulaire adéquat, ce qui est affaire de
lexique et de tour de main. L'analyse psychologique leur
est familière depuis qu'ils ont pris contact avec les classi-
ques. Ils ont disséqué des caractères compliqués de traîtres
et de héros. Les cœurs de femme n'ont pas trouvé grâce
devant leur scalpel ; ils en ont studieusement exploré les
replis. Ils ont étudié la psychologie des foules dans Shakes-
peare ou Schiller, les maladies de la volonté chez les per-
sonr.ages de Racine, les multiples aspects de l'aniour-propre
humain dans les œuvres de nos moralistes qui sont des
philosophes déguisés en hommes de lettres. La logique en
tant que méthodologie leur a été esquissée par le mathéma-
ticien, le physicien qui ne s'est pas contenté de leur servir
des théorèmes ou des formules toutes parées et dressées ;
il leur a laissé entrevoir comment une science péniblement
■s'élabore, comment elle se défait et se refait sans cesse.
t L'historien lui aussi aurait joué de malheur s'il n'avait
f' jamais rencontré en chemin un mot controversé, une anec-
dote suspecte exigeant la remontée aux sources, et propre à
démontrer la fragilité de toute construction historique. Et
comment ne pas elTleurer la métaphysique si on lit un peu
de près Pascal, Bossuet, Vigny, Hugo ; nous oserons mêhie
y ajouter Voltaire. Il n'est pas profond, soit ; mais il y a
des puits d'une teile profondeur que la Vérité ne réussit
jamais à en sortir. C'est souvent le cas pour les Allemands.
274 LES LANGUES MODERNES
Soyons de chez nous et ne rougissons pas d'avoir 'l'eau
fraiche à portée de la main.
Donc l'on révise, c'est entendu. Mais souvencns-nous que
les élèves, à qui l'on présente ainsi des doctrines qui n'ont
de singidarité que celle de leurs vocables, sont, avec le
temps, devenus presque de jeunes hommes. Ils révisent, mais
avec plus de maturité, d'expérience de la vie, avec le fré-
missement des fins d'adolescence. Ils découvrent vraiment
un monde tout nouveau parce qu'ils se découvrent eux-
mêmes. D'autre part, cette philosophie diffuse en vingt cours
différents, demeurait pour eux, et chez eux, à l'état de nébu-
leuse. Il est excellent qu'ils soient invités à donner quelque
unité à toutes les réflexions jusqu'alors suggérées, surtout
si cette unité de pensée doit avoir pour conséquence l'unité
du caractère, la pleine conscience de soi-même. C'est une
qualité si appréciable que de savoir qui l'on est, ce que l'on
veut, où Ton va, que d'apercevoir derrière soi, lorsqu'on
regarde ses années écoulées, un sillage droit, bien net, que
d'offrir à ceux qu'on estime ou qui vous sont chers une
amitié exempte de caprices-, et à ses adversaires la même
inaltérable et cordiale hostilité. La philosophie nous met
précisément en garde contre les hésitants, les agités, les
dilettantes, les candidats malheureux au mysticisme, ceux
qui sont toujours à la veille d'une conversion, du saut dans
l'inconnu et même ceux qui le font. Elle vous fait aimer
le^ existences d'une belle tenue, d'un métal solide et ductile.
Les grandes cassures provoquent parfois l'admiration, mais
elles sont plus souvent l'indice d'une fêlure initiale.
Se connaître soi-même et ne pas trop changer, c'est le
commencement de toute sagesse. Mais le philosophe vous
demande un effort de plus. Il vous avertit, et il y insiste, que
les idées même bien classées, même promues à la dignité
d'idées-forces demeurent à l'état de négligeables embryons
lorsque nul acte ne les suit. Il joint à l'éducation de l'in-
telligence celle de la volonté, ébauchée, nous l'avons dit, par
les maîtres qui ont précédé, mais qu'il veut parachever au
moment décisif qui précède, pour ses disciples, l'entrée dans
la vie. Voilà ce qu'il regarde comme sa tâche essentielle,
comme la véritable gymnastique morale. Sa classe n'est pas
cette couveuse d'antan où de petits métaphysiciens, impa-
tients d'éclore en système, donnaient impatiemment du bec
contre leur coquille ; c'est une manière de stade sur le por-
M. HERRIOT I;T LES HIMANITÉS MODERNES ' 275
tique duquel s'inscrivent précisément les mots que nous
l)roposait M. Herriot connue devise : Agir, vouloir.
On peut juger à ses fruits cette salutaire discipline faite
de raison et de décision, car l'on reconnaît à des signes cer-
tains les meilleurs de ceux qu'elle a formés. Ce sont des
hommes qui ne prennent l'existence ni au tragique, ni à
la légère ; il leur suffît qu'elle soit chose sérieuse. Ils parlent
peu des devoirs qu'on leur a enseignés parce qu'on leur a
appris la modestie ; ils se contentent de les remplir de leur
mieux. Ils entrent dans la vie active avec bonne humeur et
bon courage. Invités à décider de leur état-civil, ils trou-
vent plus chevaleresque de s'enrôler de bonne heure dans
l'armée des pères de famille, ces grands aventuriers du
monde moderne, que de s'embusquer dans le célibat. Dans
la course aux honneurs et aux profits ils se voient sérieuse-
ment handicapés par ceux qui ne traînent pas avec eux
une maison et qui savent d'où vient le vent, mais ils se
consolent de leur lenteur en se disant qu'un jour peut-être
on leur donnera la préférence quand on sera fatigué des
lièvres. L'arrivisme à tout prix n'est point d'ailleurs leur
fait. Ils ont retenu qu'il est d'autre* lecture que celle des
annuaires, d'autres amis que les gens en place, d'autre idéal
que le transport privé, luxueux et rapide. Vous perdriez
votre temps à leur prêcher la vie simple, car ils la vivent,
ou la simplicité d'esprit, car ils ne vous écouteraient • plus.
Ils ne tiennent pas en effet à passer pour des saints, et ne
veulent abdiquer aucune de leurs faiblesses. Le rigorisme
leur inspire quelque méfiance, l'expérience leur ayant ap-
pris la merveilleuse souplesse de certaines échines raides.
Ils en tomberaient presque dans l'excès contraire ; ils au-
raient l'absolution facile par manière de protestation. La
morale, on le voit, leur tient encore plus à cœur que la
métaphysique. Ils feraient, même à des philosophes allemands,
les plus basses concessions tant qu'il ne s'agira que de me-
surer le degré de subjectivité de l'espace ou du temps ; ils
ne leur en feront aucune si l'on se met à parler de justice
et d'indépendance. « Plaisante justice qu'une rivière bor-
ne ! » En dépit du sceptique ils ont une préférence pour
l'idée qu'on se fait de la justice de ce côté-ci du fleuve, et
ils consentiraient quelques légers sacrifices pour conserver
leur liberté telle qu'on l'entend chez nous.
276 LES LANGUES MODERNES
L'on quitte avec regret les livres pleins de choses, même
quand ils vous portent plus loin qu'on n'avait dessein d'aller.
Lorsqu'on essaie de mettre un peu d'ordre dans ses im-
pressions, après l'examen de conscience auquel M. Herriot
nous a conviés, on se dit qu'à tout prendre notre ensei-
gnement français se porte encore assez bien, et que parler
de crise serait puéril. Ce n'est même pas une réforme qui
s'impose, mais plutôt une mise au point, quelques redresse-
ments, ici et là un coup de sécateur. Le latin, on l'a constaté,
se cramiîonne au français comme le lierre à la muraille,
qu'il finit pas masquer et par décrépir. Ne permettons pas
que le feuillage ornemental dégrade, l'édifice. Ouvrons aussi
un peu plus largement nos fenêtres. Regardons davantag?
par-dessus les murs mitoyens. Tout en cultivant le jardin de
la France, sachons à quoi l'on s'occupe dans les sables du
Brandebourg. Que les historiens et les géographes veillent
au salut de la république. Nous offrît-on d'ailleurs le pro-
gramme idéal nous savons qu'il vaudra ce que vaudront les
maîtres. Plus que jamais il nous en faut d'excellents. Qu'on
songe à ce qu'il est tombé naguère de jeunesse, d'espérance,
de science sereine, de réflexion profonde, d'affection, de
dévouement. Pour que l'Université de demain ne soit pas
trop indigne de ce qu'elle eût été si tous ces absents nous
avaient été conservés, faisons que l'élite des jeunes généra-
lions; ayant à choisir au carrefour décisif entre la richesse
et la vertu, puisse sans trop déchoir s'engager dans la voie
où son instinct la conduisait. L'Université se satisfait de
peu. La médiocrité de ses ambitions terrestres lui fait peu
d'envieux, et le monde où l'on brille l'éclaboussé parfois de
ses dédains, mais c'est encore vers elle et ceux qu'elle a for-
més qu'aux jours de grandes convulsions la nation se re-
tourne le plus volontiers pour leur demander des idées et
dos hommes.
Jules DouADY.
««»-
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
Le Sixième Centenaire ie la mort de Pante
Non seulement l'Italie, mais le monde entier célèbre cette
aiMic-e, avec éclat, le six centième anniversaire de la mort de
Dante survenue à Ravenne, le 14 septembre 1321. Et dans ce
grand mouvement d'art et de pensée, la France semble figurer
au premier rang, bien entendu, après l'Italie.
Dante est certainement un de ces génies universels, que l'huma-
nité entière a le droit de revendiquer, mais il n'en est pas moins
italien, très italien. .Ses compatriotes ont pour lui un véritable
culte qui n'a pas d'équivalent en France, peut-être, parce que
chez nous aucun génie ne domine les autres, au même degré, que
le grand llorentin fait ses compatriotes. Ses ierzine de la Divine
(lomêilie chantent un peu dans toutes les mémoires. A F^lorence,
elles sont gravées sur des plaques de marbre à chaque coin de
rue dont elles illustrent l'histoire. Les écrivains, les orateurs
cmaillent volontiers leurs discours ou leurs écrits de citations
tirées plus particulièrement de la Dinine Comédie considérée
longtemps comme une Somme. De nos jours, Gabriele d'Annun-
zio lui-même avoue parfois qu'il imite des vers de Dante « non
pas parce qu'il y a un rapport réel entre le passage imité et le
moment lyrique de la Canzone (Elena di Francia dans la Gestq
d'OUreinare), mais parce que toute sorte de fait ou de signe
peut être tiré de la Divine (Comédie à livre ouvert comme on
faisait les oracles des Livres Sibyllins ». Telle était, ni plus ni
moins, l'idée qu'on se faisait de Virgile au moyen âge.
Volontiers, les Italieos sont disposés à voir en Dante Alighieri
l'incarnation du génie de leur race et celui qui les honore le
plus. De même pour ce peuple si sensible à la beauté et à la
noblesse de la poésie et des beaux arts, c'est un vrai titre de
gloire que d'occuper une place, si peu honorable soit-elle, dans
le divin poème. Ainsi, cette année, la ville d'Anagni a eu à cœur
d'être la première à fêter le farouche justicier de Boniface VIII.
Plus de deux siècles après la mort du poète, le florentin Vincent
Acciaioli déclarait qu'il aurait donné - volontiers tout ce qu'il
possédait pour que Dante eiit mentionné quelqu'un de sa famille,
même s'il l'avait condamné aux pires tourments de son enfer. Il
est permis de croire aussi que l'illustre exilé dut un peu de la
bienveillance que lui témoigna Guido Novello da Polenta, tyran
de Ravenne, au sublime épisode de l'enfer qui a immortalisé la
grande amoureuse Francesca, sa tante. Chez nous-mêmes, d'ail-
leurs, n'accepte-t-on pas volontiers avec quelque fierté la tradi-
tion — sinon la légende — qui veut que D^inte ait pris le grade
de bachelier à l'Université de Paris ?
278 LES LANGUES MODERNES
Les intellectuels d'Italie, et le gouvernement italien lui-même
ont pensé à faire du Centenaire dantesque une date sacrée pour
l'élévation spirituelle du peuple italien en célébrant, en l'auteur
de la Divine Comédie, les plus pures valeurs de la tradition et
de la pensée italiennes. Nous avons sous les yeux la circulaire
du 10 janvier 1921 adressée par le ministre des Affaires étran-
gères, Comte Sforza, aux représentants de l'Italie à l'étranger
où il est dit qu'il y a lieu d'expliquer aux Italiens l'œuvre de
Dante « et d'en montrer la valeur et la signification nationales ...
Et encore : que les fêtes du Centenaire ne seront pas « seule-
ment un hommage au plus grand génie de la race italienne, mais
qu'elles devront servir à exalter l'Italie à la face des nations
étrangères, dans le nom du Poète devant qui le monde s'incline
respectueux ».
En Italie, de grands efforts sont faits pour vulgariser l'œuvre
de Dante, grâce à des conférences, des causeries et même des
représentations cinématographiques. Enfin, en septembre pro-
chain, sera organisé un triple pèlerinage à Ravenne, à Florence
et au Capitole. A leur passage à Florence, les délégués des dif-
férentes communes italiennes assisteront à la lecture de quelque
chant de la Divine Comédie et de quelque poésie du Canzoniere
dans l'un des théâtres de la ville. Quant au discours commémora-
tif, il sera prononcé par d'Annunzio dans la fameuse salle des
Cinq-cents du Palais vieux, dans ce palais où a retenti la voix
de Dante lui-même au temps où il faisait partie du gouverne-
ment de la République de Florence. Spectacle vraiment unique:
Dante, grand poète et grand citoyen, quoique homme de parti,
aux passions ardentes, évoqué dans son cadre historique par un
de ses grands admirateurs, artiste digne du maître et comme le
maître, actuellement, homme de parti avec passion, mais patriote
quand même, quoique un peu trop à sa manière. Quant 'à Dante
Alighieri, n'oublions pas qu'il a fixé les frontières naturelles de
l'Italie en des vers immortels que nous avons déjà eu l'occasion
de citer, en un siècle où, plus que jamais, l'Italie n'était vrai-
ment qu'une expression géographique. Les grands patriotes du
Risorgimento se réclament de lui et le républicain Mazzini le
considère en quelque sorte comme son père spirituel. Ou a pu
même affirmer, avec raison, que le mépris de Dante, ou sou culte,
mesurent, en Italie, la décadence ou les progrès de l'esprit public.
Rappelons-nous d'ailleurs les vers que Leopardi écrivait en 1818
à l'occasion d'une souscription lancée à Florence pour l'érec-
tion d'un monument au poète dans l'église de Santa-Croce,
le Panthéon de l'Italie :
<■ Si jamais tu es sorti de nos cœurs, si jamais tu en sors,
puisse, si c'est possible, notre malheur augmenter et puisse ta
1 ace ignorée du monde entier pleurer ses éternels malheurs. »
Que les mânes de Leopardi rei)osent en pai.x : le nom et le
culte de Dante Alighieri vivront tant qu'il y aura une langue
italienne et des Italiens.
Paul Paoli.
CHROXIQUE ETRANGKKK
279
Adapfafion de TAubade (fflieffe ef Hora), de Jean Aicard
Je sonne, Marguerite,
Cette auliade pour toi.
Ich briiig', Margarita,
Dies Stiindchen dir dar :
O horch, wie die Zither
Erkiingt wunderklar.
— Ich kenne die Leier,
Sie reizt micli nicht mehr ;
Und geht es so weiter,
Icli spring nocli ins Meer.
— Und meinst zu entrinnen
Der Liebe Geschick ?
Ins Wasser ich springe
Und bring dich zuriiçk !
— Und wàhnst mich zu halten,
O Schwimmer so kiihn !
So werd' icii zum Aale
Und gieite dahin !
— Der Aal mag entwischen
Dem Schwimmer gewandt,
So wild ich dich fischen
Als Fischer am Strand !
— So will ich aïs Rose
Im Garten erblûh'n !
— Zum duftenden Schossc
Als Biene ich zieh'n !
— Als Stern will ich beben
Zu nachtlicher Stund' !
— Als Wolke umschwebe
Ich Aug' dir und Mund !
— Und wirst du zur Wolke,
Den Sternen zum Trutz,
So find' ich als Nonne
Im Kloster noch Schutz !
— Nicht soll mich erschIatTen
Ein klosterlich Haus :
Ich mach' mich zu Pfaffen
Und beichte dich aus !
— Was liegt mir am Pfaflfen !
Ein Retter erscheint :
Du siehst mich erblassen
Von Nonnen beweint !
— Dann werd' ich zur Welle,
Die nimmermehr ruht !
— Und ich bin das Bette
Der wallenden Flut !
— Verstummest du sterbend,
Kein' Nonne mehr weint
Dann werd' ich zur Erde :
Das Grab uns vereint !
— Vom Stàndchen bezwungen
Bin dein ich jetzund ;
Komm, sei denn mein Buhie,
Und kûss' mir den Mund !
So sang Margarita !
ScHAEKFER (Naucy).
-K-
BIBLIOGRAPHIE
COMPTES RENDUS
Edouard Cuyot. — H. -G. Wells. Paris, Pavot, 1920; 3lil p.
in-12», 12 francs.
L'œuvre de Wells est Tune des plus substantielles que nous
ollre la littérature contemporaine. Un esprit assez large, assez
indépendant, assez neuf, pour refléter ces réalités profondes de
notre âge : les problèmes sociaux, le bouillonnement impa-
tient d'une nouvelle culture sous la surface de l'ancienne, la
iigure transformée d'un monde que la science pénètre ; un esprit
assez heureux pour ignorer les empreintes conventionnelles, les
élégances de salon, tous les snobismes ; l'union rare d'une pensée
nourrie de faits, d'une sensibilité ouverte au pathétique de la
vie, d'une imagination qui sait voir l'invisible et le mystèi'e ; la
rencontre d'un biologiste, d'un sociologue, d'un psychologue, d'un
mystique — il ne fallait pas moins pour nous donner, sous la
forme imparfaite, crue, vulgaire, d'un art qu'emporte une inspi-
ration irritée et fiévreuse, le poème critique, ardent et douloureux
de notre temps singulier — transition entre deux ères, où tant
d'yeux sont aveugles à ce qui n'est pas le passé.
Sur cette œuvre, nous n'avions en français que les aperçus
médiocres, ou pires, du journalisme ; et pour toute information
sérieuse, quelques articles pénétrants et vigoureux de M. Che-
vrillon, un chapitre de M. Guyot (dans : Le Socialisme et l'cuolu-
lion (le l'Angleterre contemporaine). Le livre où M. Guyot résume,
en presque toute son étendue, la pcjisée de Wells, est une addi-
tion précieuse à la petite bibliothèque — trop petite encore —
des ouvrages qui peuvent apporter à un Français, d'aujourd'hui
la pulsation véritable de l'humanité en travail.
Ce livre est, au sens le plus haut, de la vulgarisation bien f:iite.
Un premier chapitre, <• L'Orientation intellectuelle de Wells •■,
montre comment les idées s'enchaînent dans cet esprit, et com-
ment il a passé, d'une province de la réflexion, de la critique, de
l'hypothèse ou de la construction, à une autre. Parti de l'évolu-
tion, appliquant cette vue générale au devenir des sociétés, cher-
chant les conditions de leur survie, se faisant, par degrés, une
philosophie de la vérité comme de la justice, et aboutissant à
une foi où la destinée de l'homme rejoint celle de l'univers ;
naturaliste, pragmatistc, illuminé, Wells s'est développé selon
une croissance intérieure dont le principe peut être, sans trop
d'artifice, retrouvé. Et M. Guyot nous montre avec juste rai,son
que cette pensée en un sens dénationalisée, livrée aux besoins de
vérité intrépide qui blessent les partis-pris profonds de sa race»
garde avec celle-ci des aflinités essentielles, une exigence de réa-
BIHI.IOGHAPHIE 2S1
litc foiicrùtf que traduit rindividualisme nominal istc, un goût
impérieux de règle morale qu'exprime le souei constant des fins
dernières et du salut.
•• L'homme de demain « étudie, non pas l'évolution sociale,
mais les possibilités biologiques, économiques, scientifiques
(lue l'on obtient en faisant varier, dans l'équation humaine,
l'un des termes. C'est le Wells des deux premières j)ériodes —
jncrveilleux cosmique, sociologie Imaginative — qui est ici pré-
senté. ■• La Oitique de la société britannique » passe en revue
les chefs d'accusation, les motifs, les conclusions du vaste réqui-
sitoire que dressent les romans de mœurs contre l'empirisme
national et l'obstination d'un peuple intellectuellement amorphe.
Le Socialisme de ^^'ells «, mettant en œuvre surtout •■ Xeif
W'irlds for Old », nous montre la qualité large, souple,
^nnciliatrice de ce socialisme constructif, le situe par rapport au
Marxisme, au Fabianismc, évoque les réalisations entrevues. <■ A
la recherche d'une aristocratie > rappelle le rôle des unités supé-
rieures, des élites véritables, dans cette doctrine qui oriente le
socialisme vers l'épanouissement intégral de l'individu. " Wells
et la femme » pose le problème de l'éternel féminin, sous
la forme aiguë, universelle, où l'auteur de •' Ann Veronica »,
<iu <• Xew Machiaoelli », de " Marriage «, de " The Passioiutte
Friends », l'a p',>sé, sinon résclu ; ce problème de la sexualité qui
traverse et limite les libres relations spirituelles des êtres, et quc
Wells a traité avec une frénésie tumultueuse toute pleine des fré-
missements de sa personnalité intime.
Un résumé dense et riche, donc... M. Guyot avait à présenter
des idées nombreuses, complexes, en les simplifiant et les organi-
sant assez pour les rendre claires, pour les relier, les expliquer
les unes par les autres ; et il ne devait pas non plus en fausser
la croissance véritable, le mouvement intérieur. Il lui fallait déga-
Lvr des formules, viser à l'abstraction, et d'autre part garder
!(.■ plus possible de la qualité concrète, pittoresque, variée d'une
œuvre qui est une perspective émouvante ouverte sur l'homme,
son présent, son avenir. Sentir les difficultés de la tâche, c'est
apprécier le mérite, le beau succès de l'entreprise. On eût souhaité
peut-être, par endroits, un enchaînement plus sûr, une forme plus
dépouillée encore ; le rapport de l'individu et de l'espèce, d'après
Wells, est esquissé avec une certaine insouciance de la contradic-
tion apparente (p. 40, 57 ; et la solution implicite, p. 162) ; et les
aspects les plus récents de la pensée de Wells, sa réaction à la
guerre, son mysticisme religieux, sont laissés en dehors d'une
enquête dont le champ, à vrai dire, était sans eux déjà si vaste.
Ces taches légères, cette lacune, quoi qu'il en soit, n'ôtent rien
de sa valeur à un exposé ferme, éloquent, objectif et en même
temps personnel, animé d'une ardeur contagieuse qui est la pas-
sion véritable de la pensée de Wells. Vibrant, allègre, et pourtant
si plein, ce livre se lit avec un vif plaisir ; il sera largement lu ;
et tout esprit qui n'est pas fermé aux inquiétudes fécondes en
sortira remué, instruit.
Louis C\ZAMIAN.
282 LES LANGUES MODERNES
Louis Cazan)iai), Maître de Conférences à la Sorbonne. —
Son)e aspects of tbe Mii)d of Frai)ce (The Rice institute
Pamphlet. Vol. VI. Jan. 1919, no 1).
Cette élégante brochure est imprimée par The Rice Institute, a
University of Libéral and Technical Learning, founded hij
William Rice in the City of Houston, Texas, and dedicated by
him ta the Advancement of Letters, Science, and Art. C'est à la
fois une œuvre de pensée et d'art. Elle contient trois conférences
faites après l'armistice dans cette université du Texas, sur 'l'unité,
sur la personnalité, et sur l'avenir de la France.
Sans doute, les faits exposés sont-ils familiers à tous nos com-
patriotes cultivés. Mais l'acuité avec laquelle ont été perçus, et
l'harmonieuse sobriété avec laquelle y sont tracés les traits
essentiels du caractère national, sont choses rares. Quiconque a
su goûter tout ce que comportent à la fois de science, de péné-
tration et d'éloquence disciplinée les ouvrages déjà connus de
l'auteur (en particulier l'Evolution Psychologique et la Litté-
rature Anglaise, dont rendait compte le précédent Bulletin),
retrouvera en ce tryptique ces qualités maitresses d'un intellectuel
éminent français, dont on sent qu'il n'a dû faire effort que de
présentation, et nullement de recherche du fond psychologique
hors de lui-même, pour donner de son pays une interprétation
fidèle.
Il est réconfortant en particulier pour tous ceux qui pensent,
et pour qui l'action n'a de valeur qu'en fonction de la pensée, de
sentir vibrer auprès d'eux une intelligence dont l'eifort est aussi
constant qu'ordonné et efficace, et de trouver en son verdict
comme en son exemple, en dehors même de l'appui de faits
désormais historiques, une justification de la culture française.
L'idée centrale du rythme, qui régit toutes ses œuvres, lui permet
ici d'élever l'observateur à l'altitude où régnent la clarté et la
sérénité, et, en une période de réaction pragmatiste, de ne rien
perdre des réalités ni de sa foi.
Ce serait une grave lacune que de négliger le style de ces
essais. Je me souviens d'avoir éprouvé, quelques années avant
Ja guerre, une satisfaction profonde de l'esprit en lisant dans
VAthenieum un article où la pureté classique de l'anglais s'al-
liait à la couleur, dans le cadre d'une composition parfaite
inaccoutumée chez nos voisins : il était signé d'André Chevrillon.
Je me rendis pleinement compte alors de la richesse que peut
conférer à une âme française l'exploration ininterrompue du génie
d'outre-Manche, et que, pour s'être élargie, elle n'avait rien abdiqué,
— mais que n'avait rien abdiqué non plus, en se livrant entière à
un écrivain français, la langue étrangère dont il jouait en vir-
tuose. Mon impression est identique en lisant, après d'autres,
ces pages anglaises de L. Cazamian. J'irai plus loin : la tâche
était infiniment plus ardue pour lui que pour l'académicien dont
je parlais tout à l'heure, dont l'éloquence musicale, plus aban-
donnée à elle-même, et surtout d'ordre concret, s'accommode plus
aisément des habitudes imaginatives anglaises. Utilisateur, pour
la commodité même de ses classifications et de sa propre pen-
sée, de cette algèbre philosophique qui a coutume d'impatien-
HIBLIOCRAI'Hlli 283
tir ceux qui s'en tiennent à rarithmétique correspondante, mais
qui mène à leur but les autres si vite et si sûrement, L. C.aza-
mian a su, sans abandonner la rigueur de l'argumentation ni
l'allure nerveuse propres à son tempérament, sans heurter d'au-
tre part le génie d'une littérature qui certes possède ses écrivains
j.hilosophiques, mais dont les principaux sont peut-être ses poè-
tes, — atteindre par la vérité même de la langue, à la beauté.
Je l'ai par moi-même éprouvé ; et, par acquit de conscience, j'ai
fait lire ces pages à des personnalités anglaises de profonde et
vaste culture : elles ont été de mon avis.
Lorsqu'on songe à la lourde tâche du professeur en Sorbonnc.
la quantité comme la qualité de sa production extérieure éton-
nent déjà, dans les domaines d,e la recherche et' de la pensée ;
que dans ceux de la langue pure et de l'art, semblable résultat
lui soit encore accessible, c'est ce dont il serait aussi dilïicile
qu'injuste de taire son admiration.
G. d'Hangest.
F'-A. Stewart. — Les Lettres Provinciales de Biaise
Pascal {Modem Language Texis. General édition : L.-E. Kastner).
Universily Press, .Manchester, 1920. XXXVIII + 360 pages, relié, 8 s. 6.
Nos professeurs de langues vivantes ne sauraient se désintéres-
ser de la manière dont, en Angleterre même, on présente aujour-
d'hui nos classiques français. Une série, comme celle qu'a entre-
prise l'Université de Manchester, montre ce que les lecteurs cul-
tivés d'Outre-Manche sont à même d'apprécier en ce genre.
.M. Stewart, • Pascalien » bien connu, nous donne ici, tout sim-
plement, la meilleure édition qui existe des Provinciales. Texte
intégral, scrupuleusement reproduit d'après les éditions origi-
nales, bibliographie très complète, fac-similé, notes grammatica-
les, littéraires et théologiques abondantes, introduction nourrie
aux meilleures et aux plus récentes sources. (M. Stewart défend
avec M. Jovy et M. Strowski l'idée d'un Pascal qui se détache de
Port-Royal par un mouvement sensible déjà dans les deux der-
nières lettres». Tout cela fait le plus grand honneur à l'auteur
du livre, aux éditeurs, et au public anglais.
A nous de leur rendre la politesse...
A. KoszuL.
Rer)é Bruqet. — La Coi)Stitutioi) allen)ai)de du 11
août 1919. Librairie Payot, Paris, 1920 (18 francs).
L'un des meilleurs livres qui aient été publiés sur l'Allemagne
depuis la guerre, l'un des plus utiles certainement, est celui de
M. René Brunet, professeur à la Faculté de Droit de Caen, sur
la Constitution allemande du 11 août 1919. Cet ouvrage n'est pas
seulement une étude juridique très sûre, il présente et élucide
bien des problèmes qui se posent à propos d'une constitution
nouvelle. Fédéralisme et unitarisme, principes démocratiques et
républicains, parlementarisme, socialisation, toutes les questions
troublantes, qui s'agitent actuellement et qui ont une importance
284 LES LANGUES MODERNES
mondiale sont éclairées par les observations judicieuses d'un
esprit des mieux informés. L'ouvrage atteint, par son caractère
scientifique, à une très grande objectivité. Très bien ordonné,
d'une lecture facile et attachante, il fait entrer dans toutes les
questions, que soulève l'application de la Constitution allemande.
Ce n'est pas un livre seulement pour les juristes ; c'est une œuvre
faite pour le grand public et qui doit être avant tout signalée
aux professeurs de langues modernes.
Sans essayer de l'analyser, marquons simplement quelques-unes
des grandes questions étudiées dans cet ouvrage.
L'un des problèmes les plus importants est celui de VEtat fédé-
ral et de l'Eiat unitaire. Question capitale pour l'Allemagne et
pour l'Europe. La nouvelle Constitution allemande marque une
tendance très accusée vers l'unité, surtout dans l'organisation de
l'armée et des services administratifs. Mais quelle place garde
la Prusse dans cette unité ? Elle a perdu certains avantages, mais
elle n'en contient pas moins les 4/7 de la population totale du
Reich. La Prusse reste prépondérante ; c'est d'elle que dépend
encore le sort de l'Allemagne.
Le remède évident serait de diviser la Prusse en plusieurs pays.
Il y a eu, en 1918, parmi les Allemands, de fougueux adversaires
de la Prusse qui réclamaient son démeubrement iraniédiat. Les
partisans de la Prusse sont arrivés, par un article de la Consti-
tution, à la garantir pour deux ans contre tout morcellement.
Les deux années vont bientôt être écoulées ; c'est alors que la
question de la Rhénanie va se poser, plus importante que jamais.
Osera-t-ellc se constituer en république à part, ainsi que l'a
déjà fait la Thuringe ?
L'Allemagne a complètement admis le principe de la souve-
raineté nationale et l'a poussé dans ses applications plus loin
peut-être qu'aucun autre pays du monde (représentation propor-
tionnelle, vote des femmes et référendum). Mais c'est beaucoup
moins par besoin de logique que par nécessité que l'Assemblée
nationale de Weimar est venue à la République. L'Allemagne s'est
ralliée au parlementarisme pour lequel elle affichait un superbe
dédain. Mais, soit à cause de la forme fédérale de l'Etat, soit à
cause des principes économiques nouveaux que la Constituante a
introduits dans son œuvre, les rouages de ce mécanisme parle-
mentaire sont plus nombreux et plus compliqués que dans la
plupart des pays : il y a un Reichslag, un Président, un Gouver-
nement, un Reichsrat et un Conseil économique.
Le Reichslag fonctionne à peu près comme notre Chambre des
députés ; il a le pouvoir législatif et le contrôle du pouvoir exé-
cutif. Mais il n'est pas possible en séance de transfornier-une
question en interpellation.
Le Président du Reich doit être fort. La (Constituante a estimé
qu'un (Chef d'Etat puissant est nécessaire en .\llemagne où le
peuple veut être gouverné. 11 est élu par la nation. Il a des
attributions executives plus larges qu'en France. Il peut décla-
rer l'état de siège par simple ordonnance, et il a déjà fait un
très large usage de ce ])ouvoir exorbitant.
Le Chancelier, nommé par le Président, ne peut être révoqué
piw lui. Il ne cesse ses fonctions que par démission, ou parce
BIBLIOGRAPHIE 285
qn"il est renverse par la majorité du Reichî-tag. Les Ministres, au
contraire, sont révocables. Le Chancelier « gouverne ■• ; les
autres Ministres du Cabinet ■ administrent ".
Le Reichsrat est organisé sur le modèle de l'ancien Bundesrat,
mais avec des pouvoirs moins étendus ; les <■ Pays •> sont repré-
sentés par des membres de leur gouvernement. Remarquons que
le démembrement prussien a été amorcé au Reichsrat ; la moitié
seulement des voix prussiennes revient au gouvernement prus-
sien, l'autre moitié revient aux administrations |)rovinciales
prussiennes ; c'est leur permettre déjà une certaine indépendance.
La Constitution économique innove beaucoup plus qu^e la
Constitution politique. L'idée des Conseils est probablement la
seule idée véritablement neuve qui soit apparue dans le droit
public depuis la guerre. Les Conseils d'ouvriers sont : 1> les
Conseils d'entreprises qui existent dans chaque exploitation ; 2)
les Conseils d'ouvriers de cercles qui sont organisés dans chaque,
circonscription économique ; S) le Conseil d'ouvriers du Reich,
dont la compétence s'étend au territoire allemand tout entier.
Les Conseils ont pour mission de sauvegarder les intérêts sociaux
et économiques des ouvriers ; ils sont, actuellement, plus ou
moins en lutte avec les syndicats. Le Conseil économique du
Reich doit avoir certaines fonctions politiques ; et, par là. la
Constitution donne un commencement de satisfaction aux parti-
sans de l'institution du Parlement économique. Il a le droit d'être
entendu sur tous les projets de loi de caractère social ou écono-
mique avant qu'ils soient présentés par le gouvernement ou le
Parlement. En fait, on n'a encore créé qu'un Conseil économique
provisoire.
Ajoutons qu'un mouvement de socialisation est très manifeste
en Allemagne, soit sous l'impulsion du syndicalisme, soit sous
la tutelle de l'Etat. Lh nationalisation des charbons, de la potasse,
du fer, etc.. a des partisans dans la plupart des groupes politi-
ques.
Pour conclure, la Constitution du 11 août 1919 porte la marque
d'un compromis entre des tendances très diverses, en .Allemagne.
•Au point de vue technique, juridique, elle est consciencieusement
faite. Mais l'usage seul montrera quelle est sa valeur. On a
accepté en .Allemagne, avec la république, le gouvernement parle-
mentaire mais l'auteur de la Constitution. Preuss, est obligé
lui-même de reconnaître que le nouveau régime a des défenseurs
peu convaincus et des détracteurs très acharnés. L'ne Constitution
ne vaut que par l'esprit qui l'anime. La Constitution a changé
en Allemagne, mais non l'esprit qui l'avait précédée ; et les
préoccupations d'ordre économique paraissent l'emporter de
beaucoup sur les aspirations vers un idéal politique et moral.
.T. Dp.esch,
Doyen de la Faculté des Lettres
de Bordeaux.
20.
286 LES LANGUES MODERNES
M.-B. Fioc*) 31)^ E> Allisoi) Peers> — T^e origio5 of
Frei)Cl) Ronr)ai)ticiSrT) (Lomlon, Constable and Co Ltd, 1920).
1 vol. grand in-lG, XV-303 pp.
L'espace nous manque pour donner une étude aussi complète,
que le sujet le mérite, du savant livre de MM. Finch et Peers.
La question des origines du Romantisme a excité la curiosité _
in\estigatrice des plus éminents critiques et l'on se demande
ccmment il est possible encore d'écrire un livre sur ces problè-
mes littéraires et historiques qui semblent épuisés. En tous cas,
rérudition et le talent d'exposition de MM. Finch et Peers ont
réussi à résumer, à grouper en un tout clair et cohérent les résul-
tats acquis, de nombreuses études dues à des écrivains tels que
M. .Jusserand, avec son Shakespeare en France sous l'Ancien
Régime, et M. .1. Texte avec son J.-J. Rousseau et les Origines du
Coi^niopolisme littéraire, ainsi qu'aux Sainte-Beuve et aux Brune-
tière, pour ne menti!)nner que les plus grands.
Les auteurs ont volontairement limité leur sujet et placé des
bornes peut-être un peu trop étroites autour du champ de leurs
recherches. Ils partent du xv!!!"" siècle, laissant de côté, et de pro-
pos délibéré, les origines plus lointaines, se refusant <■ à remon-
ter avec Sainte-Beuve au xvi* siècle, à la poésie des .\rabes et
des Troubadours avec Reynaud et Sismondi, à la poésie anglaise
et allemande avec Villemain et Mme de Staël ». C'est leur droit,.
assurément. Mais le titre, semble-t-il, aurait dû le préciser. Car,
en ouvrant le volume, le lecteur, sur la foi du titre, le lecteur
s'attend à y trouver une étude complète et exhaustive de la ques-
tion. L'observation, du reste, n'enlève rien au mérite de l'ouvrage
en soi, qui, dans les limites de son terrain d'exploration, a de
grandes qualités de clarté et de sérieux.
Les auteurs, à notre sens, font trop bon marché de Fontenelle.
M. Laborde-Milaà, dans une forte étude publiée il y a quelques-
années dans la Collection des grands écrivains Français, a remis
à la place très honorable qui lui était due ce vaste esprit et ce
délicat écrivain. Nous ne saurions non plus admettre sans réserve
le jugement trop absolu que formulent ainsi MM. Finch et Peers :
<• The eighteenth Century is par excellence the centurj- of rea-
son... ■> C'est bien plutôt au xv!!*" siècle, celui de Bossuct, de Pas-
cal, de Descartes et de Molière que devrait être attribuée pareille
qualification. Et nos auteurs donnent d'ailleurs eux-mêmes une
note plus juste, bien que, contradictoire avec la précédente, quand
ils écrivent : " It is the agc of a narrow rationalism »... et
encore : " The eighteenth (^Mitury is thus what a purely ratio-
nalistic âge must always be... » Il y a donc lieu d'établir, sem-
ble-t-il, une distinction entre la raison simple, sobre et forte, la
raison tout court, et sa caricature, résultat de l'abus qui en est
fait, et que l'on pourrait appeler la manie ratiocinante.
Nous ne pouvons nous empêcher de regretter, dans le chapitre
consacré aux origines du drame romantique, quelques lacunes
assez graves. Admettons que MM. Finch et Peers se soient inter-
dit de rechercher les germes du drame moderne chez nos grands
classiques du xvn" siècle — et ces premiers indices sont assez
I
kibi.I(»(;haimiie 287
iiDmbreux et asstz apparents pour que le ronnutUsme des dassi-
(jues ait pu servir de thème à mainte étude critique — mais la
Comédie larmoyante de Nivelle de la (^haussée, est, en plein
xviir siècle, le prototype évident du drame romantique. Et son
nom ne ligure même pas dans les pages où se traite l'importante
question : Romanliiism in Sovel and IJruma !
L'ouvrage n\\\ reste pas moins un exposé clair, sinon très
complet et très approfondi du problème. La seconde partie, celle
qui traite de la période immétliatement pré-romantique, offre au
lecteur une foule de détails intéressants et des indications sug-
gestives qui mettent le chercheur sur la voie de faits et de points
de vue dont l'étude est encore à faire. Citons parmi les chapi-
tres les mieux venus : Mme de Staël, A precursor of Lamartine :
Millenoije, the Restoration ■■ Trône et Autel -.
Ch. Veillet-Lavallée.
Notre Anr)érique. — Waldo Frai)ck (New-Vork, 1919).
Traduit par Mlle A. Houssinesq (Xouvelle lievue Française).
Le livre de M. Waldo Franck offre pour nous un intérêt spé-
cial ; écrit pour des Français, il est le résultat des efforts faits
par l'auteur pour faire comprendre à des amis étrangers ce
qu'est l'Amérique aujourd'hui, et ce qu'elle veut être.
M. Frank revendique pour elle le droit absolu à vivre de sa
vie propre, affranchie de la culture anglaise ■■ qui est le moyeu
d'étouffer dans l'œuf une culture originale », car •• au point de
vue psychologique, le jeune américain n'a plus rien de commun
avec la Grande-Bretagne •>. L'élément saxon dans l'âme améri-
caine ne lui parait important que dans la mesure où il convient
aux circonstances et au milieu qui ont formé cette âme. <;e qu'il
veut, c'est étudier l'Amérique en tant que nation constituée ayant
son individualité propre, et rechercher l'expression de cette indi-
vidualité.
M. Frank appartient à la génération de ceux qu'il appelle " les
pionniers de l'esprit ■> ; de ceux en qui s'incarne la révolte contre
" le puritanisme desséchant », contre l'industrialisme et l'appé-
tit de richesse destructeurs de l'idéal, contre le pragmatisme
" qui mesure les valeurs à leur utilité ».
Son ou\Tage est donc forcément partial. De l'âme américaine,
il retient seulement les traits qui font de r.\méricain l'homme
.d'aft'aires âpre au gain ; de la littérature américaine, ce qui sert
I ses fins révolutionnaires.
L'âme américaine actuelle est, pour lui, toujours celle du pion-
|. nier, façonné par la dure lutte de tous les instants dans un
monde encore vierge, où il lui faut renier sa civilisation et se
faire violence pour se plier aux conditions d'existence de l'homme
primitif ; la vie intérieure, la faculté spirituelle, sont détruites
par les nécessités matérielles. Ce sont elles, qui transforment
l'individu et font de lui, quelle qu'ait été sa nationalité, un
être nouveau qui est l'Américain. Cependant, parmi ceux qui
ont colonisé l'.Amérique, un type était plus apte que les autres,
selon M. Frank, à se prêter aux conditions de cette vie : c'est le
Puritain.
288 LES LANGUES MODERNES
M. Frank ne veut voir dans le puritanisme qu'un mouvement
politique social ; ■ un épisode de la lutte des classes, placé
sur ce terrain parce que la religion était le seul plan social qui
fut conscient au xvir siècle ••.
Le puritain trouve un aliment à son appétit de pouvoir ;
armé, mieux que les autres, par son ascétisme même, pour sup-
porter la vie nouvelle qui lui est faite, il domine, et, l'ancien
idéal n'ayant plus de sens, il apporte toute son énergie à se jeter
à l'assaut des biens matériels. Il tue la culture indienne qui
tendait à la grandeur spirituelle, cherchait à réaliser l'harmonie
entre l'individu et les forces mystérieuses qui l'environnent,
confondait en un même terme bonheur et beauté.
Il ne subsiste plus que le matérialisme en Amérique. Le pion-
nier a déformé la littérature ; il n'a pas voulu qu'elle exaltât
l'expérience, car " l'expérience est décourageante, et la vie est
assez dure sans le fardeau supplémentaire de la ruminer ou
d'essayer de la comprendre », d'où l'optimisme puéril des œuvres
américaines ; les seuls articles sérieux sont ceux qui traitent de
questions politiques ei sociales. Les journaux et les revues abon-
dent, mais ils sont entre les mains de syndicats, et tous ont la
même physionomie ; on a étouffé les voix provinciales et l'expres-
sion du pays a été ramenée « au plus petit commun dénomina-
teur ».
Il n'y a pas de théâtre parce qu'il n'y a pas de public ; le
théâtre populaire, c'est le cinéma ; l'unique héros qu'accei>te
Broadway c'est l'escroc habile, s'enrichissant par d'adroites spé-
culations.
On ne saurait accuser M. Waldo Frank de pratiquer l'optimis-
me facile qu'il reproche à ses compatriotes ; son tableau est som-
bre à souhait. Mais dans l'obscurité de cette nuit, il voit percer
des lueurs qui annoncent l'approche de l'aube. Des voix éparses
s'élèvent de Chicago, de New- York même, disant le besoin de
l'homme de connaître ses liens avec la vie. Des poètes, des
philosophes, des romanciers, des artistes, sortent du convenu,
ouvrent les yeux sur le monde réel et nous le montrent tel qu'il
est. >< Des groupes neufs d'athlètes de l'intelligence, formés par
l'étude et par les voyages entreprennent de mener à bien la
guerre sociale », car, dans un monde qui se meurt <' création
signifie révolution ». L'édifice suranné craque de toutes parts,
le sol est prêt pour le coup de charrue.
Il faut remercier Mlle Boussinesq d'avoir mis à la portée du
public français le livre de M. Waldo Frank. La tâche n'était pas
facile ; le style est souvent fort beau, mais les répétitions sont
nombreuses. L'auteur abuse des épithètes ; on sent en lui le
désir de faire grand, d'atteindre un nouvel idéal d'art qui se
dérobe encore ; la traduction était donc particulièrement délicate.
Mlle Boussinesq a émondé et allégé avec prudence, respectant les
beautés fréquentes, et les outrances lorsqu'elles étaient caracté-
ristiques ou simplement pittoresques.
Nous connaissons mal l'.Xmérique ; nous sommes trop portés à
voir en elle un pays encore neuf, exempt des maux et des tares
dont souffre notre vieux monde. Il est bon de lire cet essai de
I
BIBLIOCRAPHIE 289
psychologie du peuple anu-ricain qui, malgré un parti pris trop
évident, nous apporte une note nouvelle, souvent pénétrante et
toujours intéressante,
B. Gagnot (Mlle).
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
Tiipes Litcrary Suppler^eot. — i7-2. Art. de fond sur
Keats ; la presse du monde entier d'ailleurs, à l'occasion du
centenaire de la mort du poète (23 février 1821), a rendu à Keats
• le génie le plus purement poétique que notre race, et peut-être
le monde, ait connu », l'hommage qui lui était dû. — Comptes
rendus : The United States in our own times ISôô-lS^O, by Paul
L. Haworth, Prof, d'indiana University (Allen and Unwin 16/),
excellent guide pour quiconque veut étudier l'histoire récente
des E. U. A. ; —, Earlji Tudor Poetnj l'tHô-ir)'i7, by John M. Ber-
dan (The Macniillan ('/', 26/), étude d'un érudit sur les débuts
de la Renaissance anglaise.
24. 2, Comptes rendus : The poetical ivorks of Sir William
Alexander Earl of Stirling, édited by L. E. Kastner and H. B.
Charlton, vol. I, The dranmtic works (.Manch. Univ. Press ; Lon-
don, Longmans 28/) ; les quatre tragédies de Sir William, fasti-
dieuses au possible, sont cependant intéressantes comme mani-
festation attardée (1637) de la tragédie » à la Sénèque » inaugu-
rée par Gorboduc (1561) ; — The development of the Leeward
Islands iinder the Restoralion 1660-1688, by C. S. S. Higham
(G. U. P. 20/), intéressant épisode de la rivalité coloniale franco-
anglaise. — Signalé le n'* de février du " Chapbook » (mensuel,
1/6), consacré à une étude de Gordon Craig sur les marionnet-
tes ; l'auteur, pour éliminer de la scène l'élément de perturba-
tion et de déformation apporté par la personnalité de l'acteur,
voudrait supprimer ce dernier pour le remplacer par la marion-
nette. — Une nouvelle preuve de l'intérêt que les .anglais ne ces-
sent de manifester pour la Perse est la création, par la « Persia
Society », d'un bulletin trimestriel, The Persia Magazine (40 pp.,
2/6).
Tl)e Pittyeriaeuni, depuis le 19-2, s'est réuni à Tl)e NatiOl),
sous le titre Tl)e Natioi) ai)d ti)e Atl)ei)aeun), fusion de
personnel, et réunion sous la même couverture des deux jour-
naux qui gardent chacun leur caractère et leur aspect.
TI)C New Statesni)aO' — 13-3. Art. d'H. Belloc 0/1 Accent,
donnant un aperçu, trop maigre, mais intéressant, sur quelques
points de l'évolution de l'anglais à l'époque actuelle.
Ferlin.
Moderi) Lai)guages (London, A. et C. Black, avril). — Si l'on
ressent, d'abord, quelque plaisir à voir une revue étrangère
imprimer jusqu'à trois articles en français, on n'en est ensuite
290
LES LANGUES MODERNES
que plus déçu après la lecture. Les quelques pages d'André Mau-
rois, pour être intéressantes, sinon neuves, ne nous enseignent
rien. La chronique de France est faible et falote. Il y a toutefois
plus à retenir dans les Notes Marginales. Et de tout le reste de
la livraison, presque rien.
Moderi) Lai)guages Notes (Johns Kopkins Press, Balti-
more. a\ri]). On trou\era dans ce n" des notes intéressantes,
niais à mon sens, exagérément microscopiques sur Carlyle. <• Joce-
lyn » et Théodore de Banville.
Tl)e Scl)OOl Review (University of Cliicago, Avril). — Et c'est
encore ce que je reprocherai à cette excellente publication améri-
caine, l'abus de la <' lettre », l'enlisement dans le détail et la
formule, alors que toutes les questions qui nous occupent, si
l'esprit les touchait, gagneraient tant en envei-gure et en am-
pleur. D'autres le croient comme moi. C'est ainsi que dans cette
même School Review, dont j'ai dit tout le bien que je pense,
Henry C. Morrison, dans un article magnifique intitulé <■ Maste-
ry » (mars 1921), s'insurgeait avec éloquence contre le fatras des
tabulations, mensurations, chinoiseries de toute sorte où certaine
pédagogie américaine, prenant la proie pour l'ombre, en vient
jusqu'à oublier ce qui cependant doit rester le fonds et l'objet
même de nos efforts, l'élève ou l'étudiant, le matériel précieux et
humain que nous avons pour mission de travailler. Avec cet idéal
devant nos yeux, <• nous nous débarrassons des pourcentages et
ne connaissons plus qu'un objectif, faire notre ouvrage... Ensei-
gnez, donnez les coups de sonde, et puis, si c'est nécessaire,
enseignez encore ». Le danger, c'est de devenir c indolent et
formaliste ». La méthode directe, c'est-à-dire, celle qui s'attaque
sans ambages à l'élève et au sujet, est la seule réelle et concrète,
et qui vaille. Méditons ces sages paroles : <■ L'étude est une habi-
tude, qu'on n'acquiert qu'avec la pratique et non par l'entende-
ment. C'est une affaire d'entraînement, et l'entraîneincnt ne peut
s'ejcercer que sous la surveillance ». Ceci pour ceux qui attendent
des merveilles du travail à la maison. Tout l'article serait à
citer. C'est le bon sens même. C'est le réveil de la vraie tradi-
tion, de l'enseignement humain et réaliste opposé aux concep-
tions pseudo-scientifiques, qui n'ont jamais donné de résultats
que sur le papier... quadrillé.
JOUri)al of EdUCatiOl) (London. mars 1921). Il serait bon,
dans le même ordre d'idées, que nous lisit)ns et méditions tous
ce " Character of a schoolmaster » que nous a brossé, d'ajjrès le
cardinal Xewman un ardent prosélyte.
Le maître ' n'a pas les yeux fixés sur l'horloge ni le chapeau
à portée de la main. S'il décèle des signes d'indiscipline, il se
d'il tout de suite que c'est lui qui doit être en défaut, et pas sa
classe. Nul plus que lui n'a d'indulgence pour la faiblesse de la
raison humaine. S'il échoue, il sent qu'il n'est pas à la hauteur
de sa tâche ; et s'il réussit, il est trop sage pour s'en attribuer
tout l'honneur ». Beau programme en vérité, qui replace les
BIBLIOl.RAPHIi; 291
fonctions de rcduciileur sur leur terrain véritable, que le monde
n'atteint pas. et nous hausse au-dessus des platitudes sordides de
Ih'jure présente.
Paul Chauvet.
T()e New Era (il, Tavistock Square, London). — Le N» d'Avril
tout entier est consacré à l'autonomie des écoliers et mérite
d'être étudié sérieusement. Laissons l'utopie et retenons cette
\ciité, que nous connaissons déjà, mais qu'il est bon de rap-
])clcr : l'élève n'est pas une machine ; c'est une personnalité
qui a droit à d'autant plus d'égards que nous avons autorité sur
lui. ou, en d'autres termes : nous ne pouvons agir que par la
toute-puissance de l'influence personnelle : tout le reste n'est
que blufT.
Tt)e JOUri)al Of Education (3, Ludgate Broadway, E. C. 4).
— Mai. Les desiderata des professeurs sont partout les mêmes :
nos collègues anglais se plaignent de la modicité des traitements,
comme nous et, comme nous, proclament que c la patience des
maîtres a ses limites ». Et les tribulations des étudiants se res-
semblent partout, — pénurie de fonds. Résultats : plus de maî-
tres ; sur toute la surface de deux continents, la source de
l'enseignement -se tarit.
Tbe Pedagogial S6ri)iOai*y (^Vo^cester, .Mass., Mars). — Très
intéressante étude sur l'éducation sexuelle. En Amérique, comme
chez nous, la croisade contre le péril vénérien bat son plein :
c'est la rançon et en même temps une des grandes leçons de la
guerre. Sur cette riposte vigoureuse à un péril immédiat et for-
midable, se greffent, au Etats-Unis comme en Europe, des théo-
ries et des programmes qui ne sont pas tous aisément pratica-
bles. .Même en matière de sexe, il faut savoir faire la part de
l'instinct traditionnel et millénaire qui défend le mâle et la
femelle ; et celle aussi de l'humour, qui nous garderait d'exagé-
rations comme ceci : " il devrait y avoir dans toutes les villes
un confesseur sexuel muni d'un téléphone particulier qu'on pour-
rait appeler en cas d'urgence, sans révéler son identité >.. Mais
retenons ce qui est faisable : la lutte éclairée contre le mal véné-
rien, les dotations libérales à ceux qui le combattent et. à l'école,
en classe d'histoire naturelle, par exemple, des cours sur la
reproduction et l'hygiène sexuelle, au lycée de garçons comme
au Ivcée de filles.
P. C.
REVUES DE LANGUE FRANÇAIS^
L'EdUCatiOl). — Revue mensuelle d'éducation familiale et
scolaire. — Directeur : G. Berliet et L. Cellerier.
.V' d'Octobre 1920. — L. Dugas. — L'UoJvcpSité Nouvelle :
L'applicatioi) de la Doctrii)e par les Conr)pagi)Oi)S.
A une analyse claire et complète de la Doctrine succède une
partie critique : les Universitaires auront-ils le désintéressement
292 LES LANGUES MODERNES
de s'imposer à eux-iuèmes les réformes que proposent les Compa-
gnons ? Les cadres prévus pour chacun des trois enseignements
ne sont-ils pas bien rigides et artificiels ? Y a-t-il même entre
Compagnons » des divers ordres d'enseignement accord par-
fait ? La Doctrine nouvelle pose le problème : les » Compa-
gnons » seront vraisemblablement amenés à y apporter bien des
retouches.
M. Legeodre. — Chronique espagnole : La situation
géi)éraie de l'Ei)seigi)en)eot ; rEi)seigi)eni)ei)t prln)aire.
Exposé historique du développement de l'enseignement primaire
en Espagne : malgré les progrès réalisés depuis 1910 seulement,
le nombre des écoles publiques est encore insuffisant, et il est
souhaitable que les intluences étrangères, celle de la France en
particulier, contribuent à hâter la rénovation en cours.
X^ de Novembre 1920. — J. Foi)tègi)e : Les idées du Péda-
gogue MUI)iCt)OiS KersC))ei)Steir)er (2 articles : N'ov. el Dec.
1920).
Etude très documentée non seulement sur les idées de Kers-
chensteiner, mais aussi sur leurs applications dans les écoles pri-
maires munichoises, où l'on s'eft'orce d'éveiller chez l'enfant, par
un contact progressif avec le travail professionnel le goût de
l'elfort honnête accompli avec soin, avec joie et dans l'intérêt
de la communauté. Ce pré-apprentissage, œuvre de l'école primaire
est poursuivi et complété dans les Ecoles de Perfectionnement
de la Ville de Munich.
G. Delobel. — Pour qu'oi) apprei)i)e l'allen)ai)d.
Aux raisons sentimentales qui ont fait déserter l'étude de l'al-
leniand, il convient d'opposer les raisons militaires, économiques
et intellectuelles qui nous obligent à y revenir. D'ailleurs, les
conditions politiques issues de la guerre rendent aussi importante
l'étude de l'anglais et il est facile de concilier l'enseignement de
deux langues vivantes avec le souci de la culture générale des
élèves.
.Y» de Décembre 1920. — Ad. Perrière. — Herni)ai)o Lietz,
le créateur eo 'Hlien)agi)e des écoles nouvelles à la
cani)pagi)e (Esquisse psychologique).
Rendue vivante par des souvenirs personnels, cette étude évo-
que en Lietz le patriote et le pédagogue : le premier devenu pan-
germaniste et aveuglé par la conviction sincère de la supériorité
mondiale de l'Allemagne, le second, apôtre de l'éducation, et réa-
gissant contre les méthodes autoritaires pour susciter le libre
développement des énergies latentes de l'enfant.
BIBLIOGRAPHIE 293
S lie Jdnricr ii>'2t — W. Frécljet. Les Ui)iversités et
le baccalauréat.
(Cherchant un moyen ternie entre le baccalauréat et l'examen
de iin d'études, l'auteur propose de conserver aux épreuves écrites
leur forme actuelle et de laisser aux professeurs mêmes des can-
didats le soin de leur faire passer les épreuves orales. Les moda-
lités de ce système seraient d'ailleurs à préciser.
J. Ayo^rd. — L'Esprit d'observation dar)s l'éducatioi)
anglaise.
Les littératures franc^aise et anglaise, l'une sociale, l'autre
naturaliste reflètent le tempérament respectif des deux peuples,
le premier porte vers l'abstraction au détriment de l'observation
directe, le second, affinant au contact de la nature ses facultés
d'observation. Sans vouloir donner comme modèle exclusif l'édu-
cation anglaise trop entachée d'empirisme, l'auteur voudrait
avoir chez nous une éducation plus complète des sens de l'enfant
et 1'" abstraction des idées > corrigée par ■ l'observation des
êtres ».
G. JoiSSAtME.
REVUES DE LANGUE ALLEMANDE
PreUSSiSChe Jai)rbùcl)er. — Avril 1921. — E. Damels :
Die Briefe Treitschkes. D'après la nouvelle édition complète de
sa correspondance, décrit la personnalité de Treitschke, ses convic-
tions religieuses et politiques, sa méthode de travail. F. Thi.mme;
Pnléoloyiies Erinneningen. Critique les articles que l'ancien
ambassadeur à Petrograd a fait paraître dans la Revue des Deux-
Mondes et l'accuse d'avoir poussé de toutes ses forces à la guerre,^
R. ScHUHMANX : Fninkreich und wir. Trouve surprenant que la
Trance ait conservé vis-à-vis de l'Allemagne ■• l'attitude d'un
créancier à l'égard d'un débiteur malhonnête qui ne cherche que
des échappatoires et l'attitude d'un juge à l'égard d'un malfai-
teur endurci •>. S'etforce de prouver que c'est la France et non
l'Angleterre qui a mené la politique de l'Entente et la mène
encore, et considère comme le devoir actuel des Allemands, à côté
de la défense économique, de <• montrer au monde le bas specta-
cle d'extorsion, le chantage •> que la France joue avec l'Allema-
gne. Pages instructives sur la mentalité allemande. Kumsteller;
Zur Fraqe der Lehr^rbildung. Analyse quelques brochures sur la
question de la formation des maîtres, surtout des instituteurs.
Les tendances qui réclament pour le futur instituteur des années
d'études à l'Université ont déterminé une forte opposition chez
les maîtres de l'enseignement secondaire et supérieur, ils préfére-
raient que cette formation ait lieu, partie dans une école réale^
partie dans un institut pédagogique.
Delobel.
<«>
ECHOS DU MOIS
Distii)ctioi) l)Oi)orifique
Nous apprenons avec plaisir que M. Lloyd George vient de
conférer à notre collègue, M. Camerlyiick, professeur au lycée
St-Louis, interprète du Conseil Suprême, la décoration particu-
lièrement appréciée en Angleterre et rarement accordée à des
étrangers, de Commandeur de l'Ordre du Bain. Nous lui adres-
sons nos bien sincères félicitations.
Ui) t)on)n)age aux HuiT)ai)>tés ni)oderi)es
et aux Professeurs de Langues Vivai)tes
Nous sommes heureux de reproduire les lignes suivantes parues
dans le numéro d'avril du Journal des Lycées, sous la signature
de M. Paul Arqué, professeur d'histoire au lycée de Bordeaux :
1 Je voudrais répondre d'un mot à une objection que j'ai
entendu soulever contre les humanités modernes. On objectait
l'échec de l'enseignement moderne des programmes de 1890 ; cet
échec, à supposer qu'il soit bien réel, tient, à mon avis, d'abord
à ce que l'enseignement moderne était un enseignement mineur,
un succédané de l'enseignement spécial, qu'il ne coniprenait que
6 années d'études au lieu de 7. Mais surtout, en 1890, l'expé-
rience était prématurée ; la littérature comparée, qui sera l'arma-
tudc des humanités modernes, était encore dans l'enfance et à
ce moment l'Université ne disposait pas d'un corps de professeurs
de langues l'inanles couiparable à celui d'aujourd'hui. »
Œuvre de propagai)de de l'Associatioi)
Frai)ce-Grar)de-Bretagi)e
Le Comité des Relations intellectuelles de cette Association,
composé de MM. Boutroux, Beaujeu, ,T. Bardorx, CauUery, Caza-
mian, .André Chcvrillon, Legouis, Petit-Dutailiis, Camerlynck et
Digeon, dans sa séance du 12 avril dernier, s'est préoccupé de la
réforme prochaine de l'enseignement secondaire.
Il a décidé de soumettre au Conseil Technique de l'.Associatiou
Clrande-Bretagne un projet de vœu, demandant qu'en tout cas, et
quelle que soit la réforme des ])rogrammes, la part de l'aïqlais
ne soit ptts diminuée dans l ensei<inemenl de nos lycées.
M. Léoi) Bérard et la Culture iT)oderi)e
<• Le juste orgueil que nous avons de nos gloires nationales
ne s'opposa jamais à notre sympathie pour le génie anglais. Sans
remonter à lîyron et aux romantiques vous savez la forte
empreinte </zu- noire imagination et noire sensibilité ont reçu
d'un Wells cl d'un Rudyard Kipling
KCHOS DU MOIS 295
Il s'iigit pour les Anglais et les Français de la cM-éation doulou-
icuse et lente de la paix, d'un ordre politique nouveau à insti-
tuer dans le monde. C'est une œuvre de l'intelligenee. Ces 2 peu-
ples n'y réussiront qu'à la condition de se rapprocher et de .se
v'imprendre de mieux en mieux pur rinlelliijeiice comme ils se
Mint compris et rapprochés par le cœur... Le contact de l'étran-
ger, bien souvent, vous aide à mieux vous comprendre vous-
mêmes. Transporté dans l'ordre intellectuel, ceci veut dire qu'à
-se rapprocher d'une grande ciuilisalion, qui n'est pas la sienne.
lin jjeuple peut découvrir, dans sa projire civilisation des aspects
jiDuueaux et des ressources qu'il ne se coniutissait pas. «
Extrait de son discours à Londres, lors de l'inauguration de
l"lnstitut Français].
Uoe traductioi)
Nos collègues, Mlle Hélène Iîoussinc^q et M. Hené Galland
AJennent de traduire un curieux roman du grand écrivain anglais,
<icorge Mcredith : Shaç/pal rasé.
Cours de vacances à rui)iver5ité de Strasbourg
(,01ns PRATIQUES d'allemand POUR LES ÉTL DIANTS
FMAXÇAIS ET ÉTRANGERS (1)
Comme en 1920, des cours spéciaux destinés aux étudiants et
aux personnes qui désirent se perfectionner dans la connaissance
de la langue allemande auront lieu à l'Université de Strasbourg
pendant les vacances scolaires de l'année 1921. Ils commenceront
le 'f juillet et prendront fin le '2't septembre. L'enseignement
forme un tout continu ; néanmoins, il sera organisé de telle
façon que les participants puissent se faire inscrire à la date de
leur choix pour des périodes de durée variable.
Ces cours, dont le caractère est essentiellement pratique, ont
pour objet d'habituer les étudiants à parler et à écrire correcte-
ment l'allemand. Toutefois, quelques heures seront réservées à
des conférences en langue allemande sur des sujets d'ordre litté-
raire et historique. Ces conférences constitueront une utile initia-
tion à l'étude de r.Allemagne contemporaine.
Tous les cours et conférences sont faits par des professeurs
appartenant, depuis de longues années, soit à l'Université de
Strasbourg, soit à divers établissements d'enseignement public
de l'Alsace et ayant une connaissance parfaite de la langue alle-
mande et des choses d'Allemagne.
Le nombre des cours ou conférences en langue allemande sera
(Il 11 est à peine nécessaire d'insister sur les avantages uni-
ques ainsi offerts aux étudiants de licence, et à quiconque veut
étendre ou raffermir sa connaissance de l'allemand : le moindre
ne sera pas la combinaison du maximum de compétence avec une
parfaite tranquillité d'esprit pour les visiteurs, par comparaison
avec l'Allemagne, sans parler de la beauté du pays et de la
facilité des excursions. N. D. L. R.
296 LES LANGUES MODERNES
en principe de 17 heures (3 heures par jour les lundi, mardi,
mercredi, jeudi et vendredi, 2 heures le samedi matin). L'horaire
sera établi de façon à permettre aux étudiants étrangers de sui-
vre également une partie des cours de français moderne qui
auront lieu aux mêmes dates à l'Université de Strasbourg.
Programme
L'enseignement porte sur les matières suivantes :
Phonétique, exercices de prononciation, de diction et d'élocution.
Exercices grammaticaux, dictées, compositions écrites.
Traduction orale (de français en allemand ou d'une langue
étrangère en allemand).
Conversation dirigée et exposés oraux.
Lecture et explication de textes modernes.
Conférences littéraires et historiques.
Conditions d'admission
Les étudiants qui désirent suivre les cours devront être âgés de
17 ans au moins et être pourvus d'un diplôme ou certificat attes-
tant qu'ils ont fait des études secondaires ou primaires supérieu-
res. Des dispenses pourront être accordées sur avis favorable du
Comité-Directeur.
Frais d'études
La fréquentation des cours d'allemand donnera lieu à la per-
ception des droits suivants :
Pour une période de 4 semaines : 60 fr. ; pour une période de
6 semaines : 80 fr. ; pour une période de 8 semaines : 100 fr. ;
pour une période de 12 semaines : 120 fr. Des réductions seront
consenties aux personnes s'inscrivant en même temps aux cours
de français. Voir le programme spécial des cours de français.
Direction
Les cours pratiques d'allemand sont dirigés par un Comité
composé de professeurs de la Faculté des Lettres de Strasbourg,
qui ont pu, au cours de leur carrière, se familiariser avec les
conditions de l'enseignement dans divers pays étrangers.
MM. E. KoHLER, chargé de la direction des Cours de vacances ;
maître de conférences de langues et littératures romanes ;
F. Baldexsperger, chargé de cours à la Sorbonne, professeur
de littératures comparées, ancien <■ professeur échangé "
aux Universités Harvard et Columbia (Etats-Unis) ;
G. Cohen, chargé de cours de littérature du moyen îige,
ancien professeur de langue et littérature françaises à
l'Université d'.\msterdani ;
E. Hoepffner, professeur de langues romanes à l'Université
de Strasbourg ;
Kieneh, professeur d'histoire à l'Université de Strasbourg ;
G. Maigain, professeur de langue et littérature italiennes,
ancien directeur des cours de français à l'Institut français
de Florence ;
y[. Mazon, chargé de cours de langues et littératures slaves ;
l'XHOS L)L' MOIS 297
Si'ENLK, professeur de langue et litlératiire allemundes à
l'Université de Strasbourg ;
A. TKnrtACHF.n, professeur d'histoire de la langue franç^-aise,
ancien professeur aux l'niversités de Baltimore (Jolins
Hopkinsi et de Liverpool.
ToNNELAT, professeur de langue et littérature allemandes à
l'Université de Strasbourg.
I/Université de Strasbourg organise pendant les mêmes vacan-
ces scolaires, un enseignement spécial de la Prononciation, de
la Langue, de la Littérature et de la Civilisation françaises ; les
cours qui seront faits en français, sont surtout destinés aux étu-
diants étrangers.
Pour les renseignements concernant les études et les inscrip-
tions, s'adresser au Directeur des Cours de Vacances, à l'Univer-
sité de Strasbourg.
Pour les renseignements concernant les détails de la vie pra-
tique s'adresser au Bureau de renseignenieiils pour les étudiants
étranijers, à l'Université de Strasbourg.
Cours de vacai)ces à Londres
L'Université de Londres annonce son » Holiday Course for
foreigners » du 22 juillet au 18 août prochains. La direction en
est confiée à Mr Walter Ripman M. A.
Les Conférences porteront sur le Drame contemporain (surtout
Shaw, Galsworthy et Barrie), le Roman (Hardy, Stevenson, Moore.
Barrie, Kipling. Bennett, Galsworthy, Wells), l'Histoire de Lon-
dres, la Phonétique de l'anglais avec exercices pratiques de lec-
ture, conversation et dictée.
S'adresser pour tous renseignements à : The University Exten-
sion Registrar, l^niversity of London S. \V. 7 (Holiday Course).
Tourisn)e ui)iversitaire (24*' ai)>)ée)
I. — Alsace-Lorraine et Bords du Rhin (en aoùti.
IL — Florence, Rome, Xaples (en septembre).
Envoi des programmes détaillés le 15 juin contre 0 fr. 50 (en
timbres», adressés à M. Ch. Poujol, Instituteur, 1, Boulevard
Arago, Paris XllI".
Mise au poii)t
M. Milliot-Maderan nous prie d'insérer la lettre suivante (adres-
•sée à M. d'Hangest) :
Paris, 25 mars 1921.
Mon cher CoLLf:GLE,
Voulez-vous me permettre une brève mise au point en réponse
à la " Note du Rédacteur en chef » parue dans les Langues
Modernes de janvier-février, ainsi que quelques rectifications
<tu compte rendu de la dernière Assemblée générale ?
-Aucune " critique » n'a été adressée à la Rédaction ; quelques
298
LES LANGUES MODERNES
membres de l'Association ont tout simplement et fort légiti-
mement soumis certains <• vœux » à leurs collègues, et ces vœux
ne sont pas restés " isolés », puisque l'Assemblée générale les
a faits siens. Il n'y a pas eu de vote formel, "précisément pour
éviter, dans la mesure du possible, les interprétations fâcheuses,
mais le Bureau s'est engagé à tenir compte des désirs exprimés.
Je ne vois pour ma part nul inconvénient à ce que l'avis des
Régionales soit sollicité sur les questions dont il s'agit ; s'il y
avait eu un vote exprès de l'Assemblée générale, un pareil recours
aux Régionales pourrait soulever des objections de forme, mais,
je le répète, tel ne fut pas le cas. Sur le fond, je me bornerai à
faire observer que les « difficultés industrielles « qui s'opposent,
selon vous, à une plus fréquente publication des Langues Moder-
nes, ne sont pas insurmontables. S'il faut aujourd'hui un mois
de délai entre l'envoi du manuscrit à l'imprimeur et l'expédition
du Bulletin aux abonnés, il fallait quinze jours avant la guerre ;
le retard n'est donc que de quinze jours et le Bulletin peut
paraître toutes les six semaines, soit neuf fois par an ; r.\ssem-
blée générale, tenant compte des vacances, n'a demandé que huit
numéros. La question des frais n'intervient pas, si l'on réduit
dans une mesure appropriée le volume des numéros.
En ce qui concerne les chroniques étrangères, je n'ai pas dit
que leur acceptation d'avance gênait votre liberté d'action ; j'ai
parlé en général ; et si j'ai pensé à quelqu'un des rédacteurs
successifs du Bulletin, mettons que ce fut à moi-même. Les chro-
niques étrangères en effet existaient dès avant la guerre et, bien
que j'aie toujours été personnellement opposé au système, j'en
ai jadis, respectant l'opinion de la majorité d'alors, publié un
certain nombre ; je n'ai donc pas pu dire (v. p. 11 du compte
rendu) qu'elles constituent aujourd'hui " un précédent fâcheux ».
Je sais que les erreurs du compte rendu ne vous sont point
imputables, les comptes rendus sont rédigés par le Secrétaire
général, mais puisque l'occasion s'en offre à moi, je me permet-
trai d'en rectifier deu.x autres :
1° Je n'ai pas dit que le Comité (lurnil dû établir une série de
questions de façon qu'on ne discutât pas en l'air (p. 9) ; j'ai
demandé si le Comité n'aurait ])as pu préciser les <• questions
diverses » portées à l'ordre du jour ; il y a certainement, ai-je
ajouté, quelques questions dans l'air ; le Bureau n'aurait-il pas
pu les signaler explicitement à nos réflexions préalables ?
2» Je n'ai pas demandé ex abrupto que dans un des numéros
de fin d'année du Bulletin on invitât les sociétaires à poser
leurs candidatures (p. 10) ; ma demande s'est produite à la suite
d'une intervention que le compte rendu, sur le désir de l'Assem-
blée générale, n'a pas retenue ; un de nos collègues avait critiqué
la façon dont la liste des candidatures au Comité avait été
établie ; j'ai signalé alors au Bureau qu'il pouvait s'éviter de
pareils reproches en revenant à l'usage ancien et en provoquant
des candidatures spontanées par une invitation parue en temps
utile dans les Langues Modernes. Je sais par expérience que ces
invitations ne produisent aucun effet, mais là n'était pas li»
question.
HCHOS DU MOIS 299
Voilà, mon cher c«)llt'guc, îo sens exact de mes interventioMS ;
i'espère que mes rectifications suffiront à dissipcr'des doutes que,
^cule votre absence a [ni faire naître, et vous prie d'agréer mes
i<ir<iiales salutations.
J. Milliot-Maderan,
Professeur d'allemand au Lycée F.ouis-le-Grand.
M. d'Hangest, à (jui la lettre précédente a été communiquée,
nous prie de bien vouloir insérer à la suite sa réponse à M. .Mil-
liot-Maderan.
Mon chkh Oollkglk,
.le tiens d'abord à vous reitiercier d'avoir tenu à compléter ou
à préciser sur certains points le compte-rendu de l'Assemblée
i^énérale et d'avoir ainsi éliminé la possibilité, que laissait
en en"et subsister le texte, d'une application personnelle de votre
intervention. Les deux lignes de ma Note avaient seulement pour
but d'écarter toute interprétation semblable en ce qui me concer-
nait ; car je n'ai jamais éprouvé de difficulté à faire adopter à
mes collaborateurs les modifications ou suppressions que j'ai
jugées nécessaires.
Si je n'avais eu le sentiment d'une lacune ou d'une insuffisance
du compte rendu, je ne me serais pas contenté d'une forme aussi
brève et aussi objective ; j'aurais marqué mon étonnement que
cette demande de suppression des Chroniques Etrangères émanât
de vous, qui, — contre votre préférence personnelle, votre lettre
me l'apprend aujourd'hui, — m'aviez précisément demandé, en
1914, de continuer mes Notes Anglaises.
Je n'examinerai pas la question de savoir si les " vœux » dont
vous parlez ne constituaient pas une « critique » ; cela n'im-
porterait d'ailleurs que si j'avais, à un moment quelconque,,
contesté la légitimité soit des uns, soit de l'autre : ces vœux se
réaliseront certainement dans la mesure où, comme vous le décla-
rez, malgré l'absence de " vote formel », « l'Assemblée les a
fait siens ».
En signalant la longueur du délai qui sépare' l'expédition de
la revue de celle des manuscrits, je n'avais aucunement en vue
la fréquence de publication des Langues Modernes : je songeais
^seulement à l'observation de notre collègue M. Godart, relative à
un article qui commentait en décembre certains événements anté-
rieurs aux grandes vacances. Cette exception (d'ailleurs compa-
tible avec une autre conception des Chroniques) favorisait dans-
l'esprit des lecteurs une généralisation inexacte, du fait que le
procès-verbal la mettait isolément en lumière ; j'en avais voulu
atténuer l'effet en appelant l'attention sur certaines difficultés
matérielles de la tâche du Rédacteur, et non soulever contre
votre désir personnel une objection quelconque : je pense comme
vous qu'il est à la fois désirable et possible de porter à huit le
nombre annuel des Bulletins, en réduisant dans la mesure vou-
lue le volume de chacun d'eux.
300 LES LANGUES MODERNES
Mais je ne suis pas d'accord avec vous sur l'opportunité de
supprimer les Chroniques : c'est également en songeant à la majo-
rité, en particulier au grand nombre de nos très intéressants col-
lègues, à la fois professeurs et étudiants, chargés d'enseigne-
ments hétérogènes, et privés dans leur thébaïde de tout recours
normal aux bibliothèques d'Université, — que, d'accord avec le
Bureau, j'ai tenté de reconstituer à la fois les Xotes Etrangères.
une Bibliographie Critique, et une Revue des Revues encore limi-
tée aux pays anglo-saxons. Les Chroniques sont dans mon esprit
destinées, moins à remplacer le journal et à tenir au courant des
faits les plus récents, qu'à leur fournir d'avance un cadre natu-
rel et solide, une possibilité de coordination et d'interprétation.
Tant que le service de propagande n'aura pas établi l'insigni-
liance numérique des abonnés dans les petits établissements, je
considère que nous ne pouvons nous désintéresser des débutants
isolés ; mes seuls souvenirs personnels suffiraienty pour ma
part, à m'en empêcher ; et notre collègue, M. Bloch, Secrétaire
Général sortant, a signalé que ces articles " sont publiés à la
demande d'un grand nombre de collègues de province », qui
■ apprécient fort ces mises au point, fussent-elles tardives » ;
c'est là aussi un <• désir exprimé >■ : la consultation de l'ensem-
ble de nos collègues par la voie des Régionales était la meil-
leure mesure que je puisse proposer pour connaître à cet égard le
sentiment réel de la iiiajorité.
Il me resterait, mon cher Collègue, à m'excuser, auprès du
Secrétaire Général, d'ajouter une page à un Bulletin désormais
contraint à l'économie, si l'insertion de votre " mise au point •>
n'avait entraîné celle de la mienne. Je n'ai plus qu'à vous
remercier de m'avoir ainsi permis de donner à mon tour mon
avis sur l'ensemble de la question, puisque j'étais retenu loin de
Paris lors de l'.^sscmblée générale, — et à vous prier d'agréer
l'expression de mes sentiments les meilleurs,
G. d'Hangest.
m-'
Notes et Documents
Les séjours à l'étranger
.le remercie vivement les eoUègues qui ont bien voulu répondre
;i mon appel, paru dans le dernier n", et qui m'ont fait parvenir
leur fiche. .le me plais à constater que tous mes correspondants
sont d'accord avec moi i)our déjjiorer l'état de choses actuel et
demander la réparation d'une injustice qui nous est si préjiuli-
iiai)le.
Il ressort de l'examen de ma correspondance, que j'iivais trop
limité tout d'abord le chanij) de mon action ; je n'avais pensé
([u'à ceux d'entre nous qui ont exercé des fonctions d'enseigne-
ment à l'étranger ; j'aurais dû ajouter tous ceux (jui ont passé
à l'étranger une ou plusieurs années dans la position de congé
sans traitement, — qu'ils y ai^nl enseigné ou non — jjourvu
qu'ils aient préparé des examens. En outre, un de mes collègues
me signale un cas particulier auqutl je n'avais pas songé non
plus : il s'agit des professeurs qui ont commencé leur carrière à
l'étranger, dans des «postes officiels rétribués par l'Etat français
[comme, par exemple : les, Instituts français de Florence, Madrid,
etc.], mais qui, sous prétexte qu'ils étaient nommés par simple
délégation rectorale, se sont vus refuser, pour ces années-là, le
bénéfice des versements pour la retraite, réservé uniquement à
^.ccux qui étaient pourvus d'une nomination ministérielle.
En conséquence, après réflexion, j'ai décidé d'élargir mon appel
en m'adrcssant :
1" à tous ceux de nos collègues, exerçant actuellement en
France des fonctions dans l'enseignement des langues vivantes,
qui se sont trouvés jadis dans l'obligation d'interrompre leur
carrière, pour misons d'études, et qui comptent, à leur actif,
une ou plusieurs années de séjour à l'étranger, qu'ils y aient
enseigné ou non, pourvu qu'ils fussent dans les cadres au
moment de leur départ, et qu'ils aient été mis, pendant ce laps
de temps, par l'Administration française, dans la position de
congé sans traitement [j'insiste sur ces mots : congé sans trai-
tement, car certains de mes correspondants me disent avoir reçu
un congé avec traitement de 100 francs — ils ne me paraissent
donc pas en droit de réclamer, leur traitement de 100 fr. aj'ant
sauvegardé leurs droits à la retraite] ;
2" à tous ceux de mes collègues qui ont commencé leur carrière
par l'enseignement à l'étranger, dans des postes olficiels rétri-
21.
;{02
LES LANGUES MODERNES
bués par l'Etat français, ou une organisation française telle que
la Mission laïque, une CJianibre de commerce, etc., mais qui,
pour une raison quelconque, n'ont pas été admis, pendant cette
période, au bénéfice des versements pour la retraite ;
3° aux anciens élèves-maîtres et élèves-maîtresses des Ecoles
normales primaires, ou anciens boursiers d'enseignement supé-
rieur, qui, au lieu de débuter normalement en France, à leur soi'-
tie de l'Ecole ou à l'expiration de leur bourse, ont séjourné à
l'étranger et se sont trouvés, de ce fait, rctai-dés dans leur avan-
cement [pourvu qu'ils aient, dans l'intervalle, préparé des exa-
mens, et qu'ils aient exercé, depuis leur rentrée en France, des
fonctions d'enseignement des langues étrangères].
Adhésions reçues à la date du 5 avril
(Inscrites dai)s Tordre de leur réception)
MM. Laurent, prof, d'anglais au lycée de Nevers.
Uerranger, prof, d'allemand au lycée de Nice.
C.auvens, prof, d'allemand au lycée d'.\vignon.
.lubien, prof, d'anglais au lycée de Niort.
IJéraud, prof, d'allemand au lycée de Tulle [est prié de com-
pléter sa fiche].
Langlais, prof, d'italien au lycée de Clcrniont-Ferrand.
Laval, prof, d'allemand au lycée d'.\Hgers.
Uichard, prof, d'allemand à l'K. P. S. de Mézières | est prié
(le compléter sa fiche].
l'orez, prof, d'anglais au lycée de Valencienncs,
EscofTier, i)rof.-adj()int au lycée de Nice,
Dufrénois, prof, d'anglais au lycée d'Evreux.
(Irclïier, prof, d'allemand au collège de Saintes.
■lallat, prof, d'anglais au collège de Moslaganem.
(Carillon, ])rof. d'allemand au collège de .St-dcmiain-en-Laye
lest prié de compléter sa fiche].
Koudil, prof, d'alk-niaïul au lycée Bulfon.
Hégnier, prof, d'anglais au collège de (Cambrai.
(ioindeau, instituteur-adjoint délégué à l'E. P. S. de (îannat.
(îembier, prof, d'allemand au lycée de (lonstantine.
iiailly, prof, d'anglais et d'allemand au collège de Pont-à-
Mousson,
(îranger, i)rof. d'anglais au lycée de Toulouse.
.Mlle Sauzet, déléguée anglais-lettres à l'E. P. S. de .Icunes lilles
(le vSaulieu.
MM. (ienévrier, jjrof. d'anglais au lycée de Tours,
Darnaud, prof, d'anglais au lycée de Toulouse.
Saurai, maître de conférences à la Faculté dos Lettres de
Hordeaux,
NOTES ET DOCUMENTS 303
iAlM. Ikiiry, prof, frjiiijjlais au Iviic de Nantes.
GiOmilly. prof, k-ltris t-t allcînaïul au follcgc (iouraucl.
Rabat (Maroc).
Mlle Michel, prof, d'anglais au collège de jeunes filles de \'cn-
dônie.
MM, Lis, prof, d'anglais au collège de Cambrai.
Boucher, prof, d'allemand au collège de lioulognc-sur-Mer.
Auvray, profes,seur d'anglais au lycée de Nantes.
IJars, j)rof. d'anglais, collège de Die])pe (est prié de compléter
sa fiche 1.
Desdouits, prof, lettres et grammaire, collège de iiriai)ç;on (est
prié de compléter sa fiche».
Jeaujeon, prof, d'anglais, collège de Perpignan.
Benair, prof, d'anglais, Kcole primaire supérieure de St-Jean-
d'Angély.
Henry d'Ollières, prof, allemand et lettres au collège de Cler.
mont (Oise).
Ciuéroult, prof, anglais, collège d'.\\ ranches.
Gallèpe, Principal de collège de Sisteron.
Meillereux, professeur au lycée de Cernanti (Uoumanie).
Soit, en tout, 29 adhésions. Je |)rie tous ceux de mes collègues
qui n'ont pas encore été touchés par mon précédent appel de bien
M)uloir m'cnvoyer, drins le plus br^f délai possible, leur nom
et leur adresse avec tous les renseignements complémentaires.
J'ai PinteritioH d'attendre jusqu'au 15 juin pour clore mon dos-
sier que j'enverrai, aussitôt qu'il sera complet, à notre piésident,
M. Veillet-Lavallée, afin que la Société des professeurs de langues
modernes puisse se charger de l'alTaire. Le nom de M. Avril m'a
été cité par ])liisieurs de mes correspondants comme celui de la
IH-rsonnalité du monde parlementaire la plus apte à défendre nos
intérêts en la circonstance.
Jules DoDA.NTHUN,
Professeur d'anf]lais un lycée de Xcuers.
La Maisor) de l'li)stitut de Frai)ce à Londres
{1S3, Quecn's Gale, Lnitdon S. 11'. 7)
Fondée par le Baron Edmond de Rothschild, la Maison de l'iits-
tilut de France à Londres est ouverte aux étudiants français et
aux membres de l'Institut de France depuis le mois d'août der-
nier. Cette Maison, qui s'élève dans un des plus aristocratiques
quartiers de Londres, est située à proximité des musées et des
bibliothèques où les pensionnaires viennent faire des recherches.
Lorsqu'on entre dans cette autre Villa Médicis, sur laquelle
304 LES LANGUES MODERNES
Hotte If drapeau français, on se trouve dans un large hall, éelairé
par une eoiipole de verre. De là, on passe dans la bibliothèque
t-t dans la salle à manger, vastes pièces très confortablement meu-
blées. De nombreuses chambres, dont dix-huit environ sont réser-
vées aux pensionnaires, sont simplement mais élégamment amé-
nagées, pour permettre un travail tranquille et profitable.
Une Commission spéciale, siégeant à Paris, est chargée de dési-
gner les personnes admises à séjourner dans la Maison de l'Ins-
titut. Les candidates ne sont pas exclues en ])rincipc. Cette Com-
mission qui prononce sur toutes les demandes d'admission, est
composée de dix-sept membres, dix membres élus pour deux ans
par l'Assemblée générale de l'Institut de France, à raison de deux
l)our chaque Académie et sur sa présentation ; les six secrétaires
perpétuels ; le fondateur. Cette Commission est ainsi composée
pour la période actuelle :
1" Pour l'Académie Fraiiçaisc, MM. Bergson, F. Masson, Henri
de Régnier ;
2" Pour les Inscriptions et Belles-Lettres, MM. Bémonl, Cagnat,
Fidmond Pottier ;
'à" Pour les Sciences, MM. Lippnuiun, Schlœsing, Lacroix,
Em. Picard ;
4" Pour les Beaux-Arts. MM. Girault, Flameng. Widor ;
5" Pour les Sciences Morales et Politiques, MM. Paul Cambon,
Alexandre Hibot, et Lyon-Caen. Ce dernier est Secrétaire et
M. Uibot, est Président de la Commission.
La Commission se réunit tous les deux mois pour cxaiuiiier
les demandes d'admission des personnes désirant faire des
recherches à Londres. Sa dernière réunion était fixée aux premiers
Jours de mai. Ces demandes doivent être accompagnées de l'acte
de naissance des candidats, et doivent indiquer les diverses étu-
des faites, les titres universitaires obtenus, les i)ublications du
candidat ; enfin le but qu'il se |)ropose en se rendant à Londres.
Toutes les coinmimicalions relti'ines aux (idniissious doiiK'nl
être adressées au Président de la C.oniuiission Si)éciale de la
Maison de l'Institut de France à Londres, au Secrétariat de t'ins-
ti'ut de France, à Paris.
J>es conditions d'existence dans la Maison de l'Institut de
France sont assez simples : le pensionnaire a le logement, le pre-
mier déjeuner (breakfast), le blanchissage de maison, le chauf-
fage gratuit ; il n'a qu'à payer les repas (lunch, thé, dîner) qu'il
prend à la Maison (en général les pensionnaires jjrennent leur
déjeuner de midi dans le voisinage du musée ou de l'Université
où ils travaillent), enfin, uiu' iiideniiiité est versée mensuelle-
ment i)our défrayer en jiartie les |)cnsi()nnaires de leurs frais de
séjour.
Les membres de l'Insliluf. cpii ont à faire un séjour à Londres,
NOTES ET DOCUMENTS
30ô
j)ouvc'nt habiter dans la Maison, dans la mesure où les places
disponibles j)erniettenl de les y recevoir.
Pour tous renseignements, s'adresser à l'Adminislratcur-Uirec-
Icui- de la Maison de l'Institut de France à Londres, M. Robert
L.-('ju, Docteur en philosophie. Agrégé de rUnivcrsité.
Ur)e Bibliothèque ani)éricajr)e
Pendant la guerre ■ The American Library Association •> avait
établi à Paris la plus importante des bibliothèques destinées à
fournir aux soldats des romans et aussi tous les livres de réfé-
rence et d'étude dont ils pouvaient avoir besoin. Cette bibliothè-
que, contenant 30.00(1 volumes, elle l'a généreusement donnée à
la France. " The American Library .Association » a voulu fonder
dans la >< capitale intellectuelle du monde occidental », un cen-
tre d'information sur toutes les questions relatives aux civilisa-
tions anglaise et américaine. Elle a considéré, de plus, que cette
bibliothèque serait un monument durable de la fraternité d'armes
des soldats américains et français tombés pour la défense d'un
idéal commun.
Cette bibliothèque, si I liée, 10, rue de l'Elysée, ouvre librement
à tous des salles de travail et de lecture de 10 h. du matin à 10
h. du soir ; le dimanche, la bibliothèque ouvre à 2 h. On y
trouve non seulement des livres, mais des journaux et des revues.
Les lecteurs qui désirent emprunter des livres iKuvent le faire
moyennant une souscription de '20 fr. i)ar an pour 1 livre, 40 fr.
pour deux, 50 fr. ])our trois. La durée du prêt est de 15 Jours.
Il est désirable que le nombre des souscriptions soit grand. Les
frais d'entretien de la bibliothèque sont considérables, et il faut
préserver le fonds actuel et l'augmenter.
Nous ne pourrons mieux témoigner h <■ The American JAbrarii
Association » que nous apprécions l'admirable moyen de tra%ail
qu'elle a mis à notre disposition, qu'en aidant à le conserver cl
à le développer.
A Lei)dli)g-Llbrary
Nous signalons à nos lecteurs la librairie Stiakespcare and
I Company (8, rue Du|)uytrcn, Paris, 6') qui prête ses volumes aux
conditions suivantes :
1 ]nois 1 livre 8 fr. 2 livres 12 fr.
3 .. 1 .. 20 fr. 2 .. 30 fr.
6 n 1 " 35 fr. 2 .. 50 fr.
1 an 1 » 60 fr, 2 » 80 fr.
306
LES L.\NGUES MODERNES
La librairie possède non sciileinont les auteurs classiques, mais
les ouvrages anglais et américains de ces dernières années (Hardy,
Whitman, Butler, Shaw, Kipling, Chesterton, Wells, Henry
James, Syuge, Yeats, etc.).
Nos nouveaux traiternei)ts
A la demande de plusieurs correspondants nous publions le
tableau sui\ant :
Lnscifjiiement. siij'crieiir
Paris : titulaires, 24.000 à 28.000 ; maîtres de couf., 18.000 à
22.000.
Départements : titulaires, 19.000 à 25.000 ; nuiitres dt couf.,
15.000 à 19.000.
Ens<^iijiicmcnl secondaire
.Agrégés. — Paris : 14.000 à 20.000 ; départements : 11.000 à
17.000.
Titulaires non agrégés : déparlenieiits 9.500 à 15.500.
Chargés de cours licenciés : Paris, 10.500 à 16.500 ; départe-
ments, 9.000 à 14.000.
Professeurs de collège : 8.500 à KH.500.
Femmes. — .Agrégées : Paris. 12.300 à 18.ii00 ; déi)artcmeuts.
11.000 à 16.000.
Certiliées. — Départements : 8.500 à i;5.500.
Ensci<jnem^'i\l primaire
Ecoles normales : Paris, 11.000 à 17.000 ; Seine et Seiiie-et-
Oise, 9.500 à 15.500 ; autres départements, 9.000 à 14.000.
Kcoles primaires supérieures : Seine. 11.000 à 17.000 ; autres
départements, 8.500 à 13.500.
Modifications au prograrT)CT)e de Tagrégatioi) d'ai)glais
(1921)
La première «luestiou relative au.x uriijines de la prose amjluise
est supprimée.
•:îS:
Mouvement du Personnel
DlU'AnrF.MKNTS. CiAnCONS
Lycées
Mlle Hival, (li-légiu'c, anglais, (lliauiudiit ; I.ihraly. allemand,
(iUrinnnt ; (Uiiv, allemand, Amiens.
Ecoles prirnaires supérieures
Delfosse, lettres et allemand, I.onlians ; Hallingor. lettres et
allemand \aney.
Dkpartkmknts. — Fir.i.Ks
Lycées
Mlle l'eraldi, italien, suppléante. Niée ; Mlle (iézanne. italien,
suppléante, Aix ; Mme lJoual-I5auiaiv. italien, su|)pléante,
Avignon.
Ecoles prini)aires supérieures
Mme (lonnet, langues vivantes. Rodez ; Mlle Lavy, déléguée,
lettres et anglais, Chàteau-du-Loir.
-Otto-
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trésorière, 30, rue Chevert,
Paris VII'^, à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Ponr les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à Ofr.50 la ligne.
1. Professeur diplômé (Oxford) veut recevoir pensionnaires dans
sa maison. Vie de famille et leçons. Conditions modérées. Uéférences
excellentes. S'adresser : M. A., 28, Woodbastwich Road, S3denhani,
Londres.
2. M. Régnier, professeur d'anglais, Cambrai, serait heureux de
trouver d'occasion les 2 ouvrages de M. Legouis : Dans les sentiers
de la Renaissance anglaise et la Jeunesse de Wordsworth. .Au pis
aller, il se contenterait de recevoir en prêt le premier ouvrage.
3. Professeur reçoit en pension deux jeunes gens ou jeunes filles,
français ou alliés, dans villa entourée grand parc. Climat très vivi-
fiant et très sain. Prix modérés. (Collège garçons et E. P. S. filles dans
localité. Adresse : IWI. Aubenas à Privas.
4. Etudiant anglais, distingué, musicien, désire place précepteur
dans famille française. Paris ou banlieue ou grande ville. De fin juin
à fin septembre. Écrire à M"^ Klein, Collège j. filles, Epernay.
ô. Echange de revues. — Wl. Bonnoront, prof, au lycée du Parc,
à Lyon, serait disjiosé à échanger ciiaque mois la revue américaine
Atlantic Monthly contre revue anglaise ou magazine de même impor-
tance.
(). Bachelier es sciences, élève des Hautes Etudes Commerciales,
désire situation dans maison industrielle ou commerciale en Angle-
terre. Parle l'anglais. Adresse .M. Henri Hegnault, chez Mme la
Directrice de l'Ecole de filles, 221, Bd Pereire, Paris, 17*.
7. A louer à Quiberon dans villa, appartement meublé, ô pièces,
4 lits, eau, électricité, vue sur la mer. De juin à octobre : 1..'{(UI fr.
S'adresser à M. Fleur, 11, rue des \'ierges, à Vannes (Morbihan).
8. M. L. Duchemin, l.î, rue du Delta, Paris, achèterait 1»^ volume
séparément ou les .'} vol. ensemble du dict. latin de Preund, Irad.
M. Theil ; il achèterait également Larousse, 8 vol. Env^iyer offres à
l'adresse ci-ilessus.
Le Géronl : A. Couesl.\nt.
CAHORS, IMP. couESLANT ([)ersonnel intéressé). — 24.376
è^
Dix-neuvième année. — N* 4 Août 1921
Les
Langues Modernes
IJULLETIN DE L'ASSOCIATlOiN
Appel du Président
Mes chers Collègues,
Vous savez quelle période critique nous traversons et quelle
lutte il faut soutenir pour la défense de notre discipline.
Les réductions d'horaire, les projets ministériels nous impo-
sent des efforts de propagande et, par suite, des frais supplémen-
taires qui viennent s'ajouter au coût très élevé du Bulletin (tarifs
(l'imprimerie, prix du papier, affranchissements postaux, le tout
accru dans des proportions formidables). Aussi la situation d?
notre trésorerie n'est-elle pas sans inspirer quelque inquiétude
au Bureau.
Nous avons donc décidé de demander à tous les membres de
r.\ssociation de vouloir bien contribuer, par des dons volontai-
res, à la campagne que mène notre groupement dans l'intérêt des
Langues Vivantes.
Nous vous prions de considérer d'ailleurs que la cotisation de
10 fr., — et, pour les membres des régionales, il ne parvient que
8 fr. à la caisse centrale, — ne suffit même pas à couvrir les frais
de publication actuels des Langues Modernes dont chaque n'' a une
valeur marchande supérieure à 3 francs.
Je vous prie donc, mes chers Collègues, au nom du Bureau, et
pour les besoins de la cause à laquelle nous nous dévouons
tous, d'adresser à Mlle Ledoux, notre trésorière, les dons que
vous voudrez bien consentir. Les noms des donateurs, sauf avis
contraire de leur part, seront publiés au Bulletin. Aucun chiffre,
bien entendu, n'est fixé. Chacun agit selon sa conscience et en
proportion de ses disponibilités. En tous cas, tous les dons, quels
qu'ils soient, seront accueillis avec reconnaissance.
Je vous remercie d'avance, mes chers Collègues, au nom de tous.
Paris, 10 juillet i9'21.
Ch. Veillet-Lavallée.
310
LES L.\XGUES MODERNES
Pren)ière liste de souscription
Ch. Veillet-Lavallée, Président 20
M. Bloch, Vice-Président 10
M. Saroïhandy, professeur, lycée St-Louis, Vice-Président . 20
M. Servajean, Secrétaire général 20
G. d'Hangest, Rédacteur du Bulletin 20
M. Rancès, Délégué au Conseil supérieur 20
Mlle Ledoux, Trésorière de l'Association 20
MUe Boussinesq, Trésorière-adjointe 20
Mlle Brunel, Archiviste de l'Association 20
M. Brunot, Doyen de la Faculté des lettres 20
M. Cazamian, Maître de Conférences à la Sorbonne 20
M. Girard, Président des Compagnons 20
M. Hovelaque, professeur, lycée Lakanal 20
Note de la Trésorière
La trésorière prie instamment ceux de nos collègues qui, pour
cause d'absence n'ont pas fait honneur à la traite de 10 fr. 80 qui
leur a été présentée par la poste, de vouloir bien le plus tôt
possible verser cette somme par chèque postal à son compte-
courant postal 151.11, Paris.
Note de la Rédaction
La Rédaction croit devoir rappeler aux collaborateurs qui lui
ont récemment adressé les articles visés aux SJ; ci-dessous, que,
conforuTément à des décisions toujours en vigueur, ne peuvent
être insérés :
1) les comptes rendus ou appréciations d'ouvrages scolaires
susceptibles soit de servir, soit de léser les intérêts des auteurs
memnres de l'Association ;
2) les traductions ou articles rédigés en langue étrangère, ou
constitués par des citations occupant par rapport au texte fran-
çais un esjiacc considérable.
Note du Secrétaire Général
Conforniément aux v<vux exprimés par le Coinili' en sa réunion
du 12 mai dernier, le Secrétaire génêrdl serait reconnaissant à
tous les membres de l'Association (et particulièrement aux Ré-
tiioiuiles) de bien vouloir lui faire connaître, avant le 15 octobre
j)rochain, leur avis sur le projet de relèvement de deux francr.
de la cotisation annuelle, qui serait ainsi portée à 12 fr.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 311
Pour la même date, il invite les Sociétaires, qui seraient can-
didats aux élections de décembre prochain, en mie du renouvel-
lement partiel du Comité, à lui envoyer leurs noms. Les Régio-
nides pourraient aussi provoquer des candidatures, et les lui
Iransnifttri'.
Réunions du Comité
Le Comité s'est réuni le 12 mai, à 3 h., au lycée Montaigne,
sous la présidence de M. Veillet-Lanallée.
Assistaient à la réunion : MM. Beley, Bloch, Mlle Boussinesq,
MM. Caillet, Chemin, Coiquaud, Delobel, Gœtschy, Goy, CuillotcL
d Hangest, (icorgcs Hirtz, Servajean.
Kxcusés : M. Bec, Mlle Brunel, M.M. Duvergé, Hirtz (Gaston),
Kuhn, Mlle Lcdoux, M.M. Montaubric, Rancès, Saroïhandy,
.Mlle Weil.
M. Veillet-LaDallée souhaite la bienvenue à M. Coiquaud de
Carentan, qui assiste à une partie de la séance.
/. Commission de propagande. — 3/. Veillet-Laoallée insiste
sur la nécessité d'activer la propagande en faveur de notre
enseignement fortement menacé en ce moment.
M. Servajean apprend au Comité que, lors de sa dernière réu-
nion, la Commission de propagande a décidé de rédiger une cir-
culaire qui contiendrait les arguments essentiels à faire valoir
sur la double valeur de notre discipline, tant au point de vue
pratique, qu'au point de vue intellectuel. Cette circulaire serait
remise à tous les groupements économiques ou politiques
influents du paj's. M. Veillet-Lavallée annonce qu'il vient de rece-
voir une lettre de M. Rancès qui suggère les mêmes moyens de
réalisation pratique.
Dans le même ordre d'idées, M. Servajean communique au
Comitj un vœu que lui a communiqué M. Cazamian et qui a été
rédigé par MM. Camerlynk et Digeon, au nom de r.\ssociation
France-dde-Bretagne. Ce vœu est ainsi conçu :
L'Association < France-Grande-Bretagne »,
Considérant qu'au nombre des moyens de cultiver l'amitié entre
la France et la Grande-Bretagne, plus que jamais indispensable
aux deux pays, nul ne saurait être plus efficace que l'enseigne-
ment ;
Regrette que dans la réorganisation eu cours de renseignement
primaire supérieur, la part des langues vivantes ait été amoin-
drie pour les écoles normales primaires et les écoles primaires
supérieures, et que nos institutrices et futurs instituteurs soient
en moins grand nombre que par le passé amenés à connaître et à
pratiquer la langue anglaise ;
Quant à la réforme de l'enseignement secondaire annoncée par
M. le ministre de l'instruction publique, exprime le vœu qu'en
aucun cas la part de la langue anglaise, instrument incontesta-
ble de culture moderne, ne soit diminuée ;
312 I-ES lANGl'ES MODERNES
Et demande qu'avant toute décision il soit procédé, comme
d'usage, à une consultation générale de tous les corps intéres-
sés (1).
M. Servajean montre ensuite, par la lecture d'extraits d'un
discours prononcé à Londres par notre Grand-Maître de l'Univer-
sité que M. Léon Bérard préconise tour à tour, suivant les lieux
et les milieux et en termes également heureux, la culture anti-
l'ue à Paris, et la culture moderne à Londres.
//. Propagande dans les collèges. — Sur la proposition du
bureau, le Comité félicite MM. Gaston Hirtz et Mongiiillon qui
s'emploient activement à recruter de nouveaux adhérents parmi
nos collègues des collèges et des E. P. S.
///. Relèvement de la cotisation annuelle. — Le Comité est
amené à envisager un relèvement de cotisations, en raison de la
plus grande périodicité du Bulletin, et de l'augmentation des
frais de correspondance, notamment. Le taux de la cotisation
actuelle n'est du reste pas de 10 fr., puisque les diverses Régio-
nales prélèvent sur cette somme 2 fr. pour leurs frais particuliers.
MM. Bloch et Seroajean ont songé un instant à insérer des
annonces commerciales dans le Bulletin, mais son faible tirage
ne leur a jias permis de donner suite à cette idée.
M. d'Hangest propose de porter la cotisation annuelle de 10 à
12 francs au moins.
M. Veillet-Lanallée demande à M. Servajean d'inviter les
Régionales et les membres de la Société à formuler leur opi-
nion sur cette question, par la voie du Bulletin.
ÏV. Candidatures au Comité. — (Renouvellement partiel de
décembre 1921), le Président prie le Secrétaire général de deman-
der (par une autre note dans le Bulletin) aux Sociétaires de bien
vouloir poser leurs candidatures, et aux Régionales, de provo-
quer des candidatures parmi leurs membres.
V. Les vœux suivants de la Régionale de Poitiers sont déposés
par son délégué, M. Gaston Hirtz :
L'A. P. L. V., émet le vœu :
1° que les programmes adoptés pour l'enseignement secondaire
soient intégralement observés dans tous les établisements ; que
les réductions arbitraires d'horaires ou les géminations de clas-
(1; Ce vœu a été depuis remis à M. Bérard, ministre de l'Ins-
truction publique, par M. Edgar Bonnet, président du Comité
exécutif de l'.Association France-Grande-Bretagne, et par M. Sche-
fer, secrétaire de la Fédération des Industriels et Commerçants,
l'n vœu analogue a été remis au chef de Cabinet du Ministre de
l'Instruction i)ubli(|ue, au nom de l'association des Sphin.t qui
groupe 1.500 anciens interprètes auprès des armées anglaise ou
américaine par M. Bonnet, \'ice-Président des Sphinx, M. de Bri-
mant, Secrétaire général, et M. IJigeon, représentant de ]'.\ssocia-
tion France-Grande-Hretagne. M. le C^hcf de C;al)inet a déclaré au
cours de l'entretien que M. le Ministre était spécialement bien dis-
posé en faveur de l'anglais, et (jue l'enseignement des langues
vivantes n'<n'aif rien à craindre d'une réforme qui, au reste, n'est
encore qu'un projet, et pour laquelle loulcs les suggestions seront
accueillies aussi bien que possible.
BULLETIN DE l'ASSOCL\TION 313
srs n'aviint |>;is le mùnic jirofjrmuitie soieni absoliiiuent inlcrdi-
les ; que les dc-doubleiiicMils soient toujours edeetués clans les
liasses déixtssant l'effectif prévu pur <<'.s pro(jrammeH ;
2" que les professeurs puissent être ehargés d'un enseignement
étranger à leur spécialité.
I.e Comité adopte le premier vœu ; le second est réservé.
.V. Senutjenn, délégué de la Hégionak- de Lille fait adopter les
vieux formulés |)ar cette Hégionalc en son assemblée générale du
28 avril (voir pages 234 et suivantes du Bulletin).
VI. Le latin obliyutoire «n 6' et 5". — Le Président donne la
parole à M. Blorb sur un vœu qu'il entend déposer contre un
enseignement unique en 6"' et 5' et à la base de latin.
J/. Bloch rappelle que la F"édération nationale a constitué une
Commission pour l'étude de la réforme de l'Enseignement, que
cette Commission a travaillé très sérieusement, pendant de longs
mois. (Mlle Ledoux et M. D^lohel qui en faisaient partie ont droit
à toute notre gratitude, pour le dévouement et l'énergie avec les-
quels ils ont défendu notre cause). M. Moulinier a résumé ces tra-
vaux dans un long rapport "qui devait être discuté au Congrès
de Pâques. Malheureusement, la lecture seule de ce rapport a
occupé plus d'une séance ; la confusion et le désordre de la
dernière journée du Congrès ont empêché toute discussion sérieu-
se. M. Bloch, qui voulait intervenir dans la discussion n'a pas eu
occasio_n de le faire, la question des programmes devant être sou-
mise à un référendum des .Amicales. Ces nouveaux programmes
qui par certains côtés témoignent d'un louable souci des intérêts
généraux et des besoins de la vie moderne, lui paraissent cepen-
dant reposer sur une erreur fondamentale et très grosse. Ils éta-
blissent à la base de l'enseignement deux années communes à
tous les élèves avec enseignement du latin obligatoire pour tous.
Ceci lui semble une mesure rétrograde, extrêmement dangereuse
à la fois, pour l'avenir des langues vivantes et pour l'enseigne-
ment secondaire lui-même. Les arguments sont trop présents à
tous les esprits pour qu'il y insiste, et il se borne à déposer l'or-
dre du jour suivant :
" Le Comité de l'Association des Professeurs de Langues Vivan-
tes de l'Enseignement Public proteste avec énergie contre toute
iTiodification des programmes scolaires qui imposerait à la base
de l'Enseignement secondaire un enseignement du latin commun
à tous les élèves.
Il rappelle que l'enseignement sans latin, malgré les obstacles
qu'il a rencontrés sur sa route depuis sa fondation, se développe
sans cesse et est en constante amélioration, et de plus en plus
prospère, que ses élèves, par leurs succès, prouvent depuis de
longues années, qu'ils ne sont aucunement inférieurs à leurs
camarades de l'enseignement classique.
Il exprime la crainte que la mesure proposée par la Fédération
nationale n'aboutisse à la désertion justifiée des lycées au profit
de l'enseignement primaire supérieur et que les partisans du latin
obligatoire n'entraînent pas leur aveuglement, sinon la mort, du
moins un elTondrement complet de l'enseignement secondaire. »
M. Delobel déclare qu'avant d'examiner l'ordre du jour Bloch,
314 LES LANGUES MODERNES
il y a une question de droit à trancher. Les problèmes qu'il traite
ont déjà été soumis aux Régionales et l'Assemblée du 17 février
a déclaré qu'elle était incompétente pour leur donner une solu-
tion. Plusieurs orateurs, M. Godard notamment, ont demandé que
la question du latin ne fût pas abordée et l'on s'est contenté de
voter un ordre du jour très général. M. Delobcl considère cette
décision comme une erreur de tactique, il estime que notre
Association aurait dû faire entendre sa voix avant le Congrès de
Pâques. Mais le fait est là, et le Comité doit d'abord décider s'il
entend reprendre la discussion de questions que l'Assemblée du
17 février a écartées. Quant à l'ordre du jour lui-même, il com-
prendrait et partagerait l'émotion de ses collègues si le vote du
Congrès entraînait la suppression des langues vivantes dans les
années d'enseignement commun. Mais les discussions qu'il a sui-
vies à la Commission et au Congrès ne montrent pas qu'il en
ait été question. Le projet de la Commission est le suivant :
1' deux années d^enseignement commun avec latin et langue
vivante ; trois années où les élèves se répartissent entre une
division d'humanités classiques, et une division d'humanités
modernes ; deux années finales où chacune de ces divisions se
subdivise en sections littéraires et scientifiques ». D'ailleurs, le
texte du référendum nous fixera sur ces points et il conviendrait
tout au moins d'attendre qu'il nous soit soumis.
Sur cette question du latin obligatoire, M. Seroajean a reçu de
membres du bureau des Régionales de Lille, Lyon, Marseille,
Nancy, toute une série de communications, qui ne sont qu'autant
de protestations souvent indignées contre cette mesure rétro-
grade à leur sens. 11 résume les principaux arguments qu'on fait
valoir :
i. Pourquoi ne pas laisser les parents et les élèves libres d'op-
ter dès la 6'' entre les sections d'humanités classiques et moder-
nes '? Ne se résoudront à perdre ces deux ans de latin que les
incapables. Donc, les modernes ne se recruteront absolument plus
que parmi les déchets. On peut, du reste, aborder beaucoup plus
tard les études latines avec profit : certains jeunes gens sont
entrés à l'Ecole Normale Supérieure Lettres, après deux ans de
latin ; certaines jeunes filles témoignent au baccalauréat d'une
connaissance suffisante du latin après seulement deux années
d'étude.
2. Pourquoi étudier le latin pendant 2 ans pour l'abandonner
ensuite ? A-t-il eu le temps de développer, en ce laps de temps,
sa " vertu magique » ? Opinion soutenue, du reste, par grand
nombre de professeurs appartenant à d'autres disciplines que la
nôtre (Berthod, professeur de philosophie, président de la Société
des Agrégés, Grévy, professeur de mathématiques spéciales, mem-
bre du Conseil supérieur, etc.).
3. On détourne toute une clientèle des lycées, grave danger
signalé, comme le fait observer notre Président, par M. le Direc-
teur Bellin (voir Bulletin, page 175).
4. Si le latin est obligatoire, les élèves des Ecoles primaires
entreront en A' B (moderne) sans auoir fait de langue vivante. Ce
sera une aggravation des abus actuels (entrée en 5" d'élèves qui
BLLLKTIN DE i/ASSOCIATION 315
ijjiioreiil tmit dis l;iii.mit.s \i\:mlt.s>. l-'àgc d'ciitrôe <.ii 4 cl
l'iigc de sortie de l'école primaire sont les iiicnies : 13 ans, ce
qui rendrait le danger particulièrement redoutable.
5. Si le latin est obligatoire, les heures de langues \ivantes
seront réduites en 5° et en e*". Or, ce sont précisément les deux
années les plus fécondes et les plus efficaces au point de vue de
l'enseignement des langues vivantes.
6. La version allemande ou anglaise ne constituc-t-elle pas un
instrument de culture au moins aussi bon que la version latine ?
Evidemment, la version latine, intelligemment faite, serait d'un
rendement incomparable, mais bâclée comme elle l'est, en vue
unique d'une note passable à un examen, elle devient absurde,
hypocrite même. La langue anglaise, notamment, ne contient-elle
pas des constructions synthétiques, tout comme le latin ? Ne
rcproduit-ellc pas souvent les formes syntaxiques du latin qui
l'a façonnée, puisque jusqu'en octobre 1919 l'enseignement secon-
daire anglais était basé exclusivement sur l'étude des langues
anciennes ? Les textes anglais ne sont-ils pas aussi riches en
idées, sensations, images (et même plus), que le latin ; ils ont
évolué avec la vie même de l'humanité ; ils contiennent et dé-
passent la civilisation antique ; n'ont-ils pas une plus grande
))uissance de suggestion ? Enfin, la version anglaise, n'est-elle pas
un exercice de l'intelligence basé sur la différence de psychologie
de deux peuples ? N'oblige-t-elle pas l'esprit à un perpétuel effort
de transposition '?
Le Président fait connaître au Comité que M. lidiicès, regret-
tant d'être empêché d'assister à la séajice, ainsi qu'il y avait été
invité, lui a écrit pour prier le Comité de ne prendre aucune
décision hâtive :
" Non seulement, il n'y a aucune urgence, mais on discuterait
sans avoir les documents en mains, sur de simples souvenirs de
séances ; non seulement, en effet, le rapport Moulinier, qui est
une œuvre considérable et d'un intérêt certain, n'a pas encore
été imprimé, mais le procès-verbal officiel n'a pas été publié par
la Fédération. En somme, le Congrès semble avoir abouti à des
conclusions moins défavorables qu'on ne pouvait le craindre ;
je ne les trouve pas, bien entendu, entièrement acceptables, mais
elles fournissent une base de discussion possible. Nous insurger
ainsi brusquement, me paraît être une faute de tactique... »
« Nous devons évidemment soutenir jusqu'au bout, ne fût-ce
qu'au nom de la liberté du père de famille, la nécessité d'un
enseignement sans latin. Mais il faut reconnaître que le Congrès
a adopté une solution terme dont il convient, sans rien exagérer,
de lui savoir gré. Ce que je désire, c'est que, quoi qu'on fasse,
en fin de compte, on n'agisse pas trop vite. >
Après plusieurs observations de MM. Guillotel et Goy, et la lec-
ture d'un projet ingénieux de réforme de l'Enseignement secon-
daire de M. Chemin (l^, le Comité décide, avant de prendre position
sur la question, d'attendre la publication du rapport Moulinier,
qui lui fournira les éléments d'information nécessaires.
La séance est levée à 6 heures.
(Il Le prochain n" du Bulletin en donnera le texte.
316 LES LANGUES MODERNES
Lf Comité s'usl rcimi au lycée St-Louis, le 12 juin 1921, à 10 h.
du niiitiu, sous la présidence de M. Veilli't-LaiHillée.
Etaient présents : Mlles Bninel, Ledou.r, Weill, MM. Beley,
îi/oc/j, Goestchy, Goy, Gaston Hiriz, Servajean, Vcillet-LaimUée.
M. Rancès, notre délégué au Conseil supérieur, assistait à la
réunion.
Excusés : Mlle Boussini^sq et Lnlappie, MM. Bec, Caïuerlyncl;,
Chemin, Coiqiiaud, d'Hangest, Delobel, Duvenjé, Hirlz Georges,
Kiihn, Pinloche.
M. Rdncès expose à ses collègues les questions à l'ordre du
jour de la session de juin du Conseil supérieur de l'I. P. et son
point de vue personnel sur chacune de ces questions.
I. CoNcouHs GÉNÉRAL. — Le Comité donne mandat à M. Rancès
de voter contre le rétablissement du concours général, qui — et
les raisons n'en sont que trop connues, — va à rencontre des
principes d'une saine pédagogie, en limitant l'effort du profes-
seur à la préparation des fameuses " bêtes à concours », quand,
dans le domaine des langues vivantes, il n'est pas entaché d'in-
justice en favorisant les professeurs ajant des élèves qui ont
appris les langues en dehors de leur classe, grâce à des gouver-
nantes, ou des séjours à l'étranger.
M. Goestchy demande qu'au cas où l'on rétablirait le concours
général pour toutes les matières, l'on reprenne la question du réta-
blissement de ce concours en langues vivantes, pour ne pas met-
tre notre discipline en état d'infériorité par rapport aux autres
disciplines.
II. RÉDUCTION DE l'horaire. — D'après les renseignements qu'il
a pu recueillir, — et ceci sous bénéfice d'inventaire, — M. Ran-
cès déclare que tous les enseignements semblent consentir à une
réduction proportionnelle de l'horaire. Seules, en vertu de la
« prérogative ministérielle » les heures de latin resteront intan-
gibles.
En ce qui concerne tout particulièrement notre discipline,
M. Rancès est décidé à formuler, en séance plénière du Conseil
supérieur, une proTcstation énergique contre toute réduction
arbitraire qui tendrait à porter atteinte à l'enseignement des
langues vivantes. 11 fera valoir les arguments suivants :
1° au point de vue national, l'enseignement des langues vivan-
tes a donné des preuves de sa valeur pendant la guerre ; grâce à
lui, on a pu constituer un corps d'interprètes et d'agents de liai-
son, tout à fait hors de pair ;
2° au point de vue pédagogique, aucune réduction d'horaire ne
saurait être admise dans le 1"" cycle en 6", 5° et 4°, où tout le
travail de l'enfant se fait pour ainsi dire en classe, à un âge où
le contact du professeur avec l'élève est plus que jamais néces-
saire pour la formation de son esprit, et ne peut s'établir que
par un assez grand nombre d'heures ;
3° au point de oue des intcréts de l'Université, les parents
ne pouvant pas, ou ne voulant pas garder leurs enfants chez eux,
risquent de les envoyer dans d'autres établissements que ceux
de l'Etat.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 317
M. Hdiicrs iijoiitf qu'jiu point de- viu- des intirôls slrictcinci)!
lnoffSsioiiiR'ls, toute rédiietioii restreindra forei-iiieiit le nombre
des heures supplémentaires, et ralentiia ravaneement des jeunes
eollègues méritants.
iV. Rtincès explitiue enlin (|ue la rédiietion de l'horaire est
souhiitée tout partieulièrement |)ar le Ministère de la (ïuerre
(|ui se propose de remplacer ces heures laissées lil)res par des
heures consacrées à la préparation militaire pour pouvoir ainsi
trouver un emploi aux ofïîviers qui sont en surnombre et dont
il faut assurer la solde.
A la suite de ces explications du Délégué au C. S., le C-oniité
renouvelle un vœu déjà forniulé à une séance antérieure, à savoir
que :
// s'oppose à toute réduction de l'horaire qui serait hors de
proportion avec les réductions des autres dictplines ; en admet-
huit même comme possible une réduction de l'horaire dans ' le
2° cycle, il considère comme préjudiciable aux intérêts généraux
de rUnioersité toute réduction de l'horaire dans le 1" cycle.
III. Statut des surveillants d'intehnat. — M. Bloch demande
à notre Délégué de prendre nettement position sur la question de
la transformation du Statut des surveillants d'Internat. Il signale
que les surveillants d'internat vont désormais former une nou-
velle catégorie de fonctionnaires, qu'ils seront recrutés surtout
parmi les candidats à l'enseignement, qu'ils ne dépendront plus
pour leur nomination ou leur renvoi d'un Proviseur, mais du
Recteur, que leurs traitements seront basés sur une échelle pré-
cise, qu'enfin, l'on établira un ordre de roulement pour leur
piesence dans les lycées de Facultés.
La séance est levée à midi.
Section Régionale de Bordeaux
La Section Régionale de Bordeaux de l'A. P. L. V. a tenu son
Assemblée générale le lundi 11 juillet 1921, sous la présidence
de M. Dre^ch, Doyen de la Faculté des Lettres de Bordeaux.
M. Dresch s'adressant d'abord aux correcteurs du Baccalauréat,
leur demande quelle est leur première impression sur l'épreuve
nouvelle. Le choix de textes simples a été recommandé, mais on a
voulu réagir aussi contre l'esprit d'imprécision, particulièrement
en grammaire, et on a demandé d'être sévère sur ce point.
Les correcteurs ont-ils l'impression que l'on possède de bons
éléments ; l'épreuve aide-t-elle à nos méthodes actuelles ?
M. Dresch n'est pas un ennemi de la méthode directe, mais il
estime que la composition était un mojen de contrôle insuf-
fisant ; les candidats y introduisaient tant bien que mal des
bribes de développements appris d'avance, et se dérobaient aux
difficultés grammaticales élémentaires.
M. Genevois pense que la version a eu des résultats probants,
en ce sens qu'elle a montré la force des candidats. Il n'en fut
318 LES LANGUES MODEP.XES
pas toujours ainsi pour le thème. Une version faible est parfois
acTonipignée d'un thème passable. M. Genevois estime qu'il faut
attribuer cette dilïérence au llair que peut avoir tel ou tel pour
trouver le décalque.
M. Dresch. — Peut-être avez-vous été plus indulgent pour le
thème ?
M. Geneoois. — J'ai trouvé malgré tout, dans le thème, des
connaissances qui n'avaient pas paru dans la version.
M. Berger déclai'e qu'en ce qui concerne les épreuves d'anglais,
la version a été bonne, le thème mauvais. Mais il a remarqué que
l'on avait fait le thème trop rapidement, le croyant facile. A
Bordeaux, la salle de composition était presque .vide au bout de
trois quarts d'heure. .\/. Saiirat a fait la même constatation à
Bayonne.
Cependant, M. Dresch aborde la question de principe. Il montre
d'abord ce que doit être la version et comment il sera nécessaire
d'être très exigeant pour la traduction en français. On écartera
les textes difficiles, qui autorisent le non-sens et pour lesquels on
est obligé de donner des notes passables, même si les copies sont
mauvaises. N'encourageons pas l'à-peu-près, ne soyons pas des
professeurs d'imprécision.
M. GeneDois regrette la narration. Au point de vue du stimu-
lant qu'elle apportait à l'enseignement des langues vivantes, elle
était supérieure au thème. Mieux vaudrait une version accompa-
gnée d'une |)etite comjjosition comportant des connaissances élé-
mentaires d'histoire littéraire.
Une discussion s'engage sur les inconvénients de la \ersion avec
commentaire. M. Dresch montre qu'en définitixe, une épreuve de
rédaction ne permet que difficilement de juger les candidats.
M. Berger. — Je veux qu'on les oblige à me faire des phrases
interrogatives.
a1. Genevois. — Vous aurez alors des élèves qui sauront la
grammaire, mais ils ne parleront plus allemand.
M. Dresch. — Vous continuerez à ])arler dans les classes du
Premier Cycle,
M. Genevois. — L'élève se préoccupera surtout de la prépara-
tion de l'examen et se désintéressera du reste.
M. Dresch. — Cela dépendra du professeur et de sa méthode.
M. Saurai revient sur la question pratique. Il ne faut pas voir
la grammaire dans le thème seulement, mais aussi dans la ver-
sion. Dans le texte de Bordeaux, cette année, il y avait une pério-
de que personne n'a su construire, que personne n'a comprise.
Nos élèves ont l'habitude regrettable de s'exprimer en phrases
trop courtes et trop simples.
M. Dresch. — Ceci prouve, du moins, qu'un travail comme la
version implique un effort intellectuel véritable, une gymnasti-
que que les latinistes ne veulent pas reconnaître.
M. Saurai. — Oui, la version a été manquée dans l'ensemble,
parce que les candidats n'ont pas vu cette période.
M. uenevois. — Mais nous retombons dans la méthode d'avant
1^02 !
M. Berger. — Sauf le dictionnaire.
BULLETIN DR L'ASS0CL\TI0N iîlî)
M. Drtsch. — Nous itixiiissons d'ailleurs le thcnic lillér;iiic'.
.1/. Siiiirdl deiiumde que l't)ii envisage le tliènie eoinine le résul-
tat de la méthode directe, que l'on fasse dans les classes des thè-
mes rapides, et assez précis cependant, (k'tte méthode répondrait
mieux, du reste, à l'utilisation pratique des langues vivantes
dans la vie courante.
Tous les membres présents s'accordent pour que Ton donne
plus d'importance à la version qu'au thème, et on jiropose qu'à
l'examen on consacre deux heures à la version et une heure seu-
lement au thème.
On passe au vote :
Partisans de l'ancienne épreuve 3
Partisans de la version et du thème, avec deu.x heures jjour
la version et une heure pour le thème . Hl
Partisans de la version avec une composition sur le sujet de
la version (sous ré-serve qu'il faudra jjrcciser la nature de
la composition) H
M. Bulums demande s'il est juste que l'on se serve d'une com-
mune mesure pour toutes les langues. Tout le monde est d'avis
([u'il convient d'établir des diftérences.
M. Delpy voudrait, en espagnol, une version et une composition
sur un sujet tout à fait différent, mais précis. La version est
indispensable ; il faudrait une bonne version, en bon français,
et une bonne composition ; on aurait de la sorte des élèves com-
plets, possédant une connaissance précise de la langue, et capa-
bles de s'en servir.
M. Saurai. — Mais nous oublions l'oral. Il y a un oral que nous
devrions relever ; c'est à l'oral que nous saurons si le candidat
sait parler.
M. Delpy. — Parler une langue, c'est d'abord savoir bien l'écrire.
M. Rosiès. — Cela est juste pour l'espagnol ; c'est peut-être
trop dire pour les autres langues.
M. Dresch. — Il faut donc établir une gradation.
Un second vote donne les résultats suivants :
Allemand. — Composition pure et simple 1
Version et composition • 2
Version et thème 5
Anglais. — Composition pure et simple 1
Version et composition • 3
Version et Thème 6
Espagnol. — Version et composition 3
Version et Thème • ■ 1
L'.\ssemblée passe ensuite à l'examen de la circulaire de l'As-
sociation en date du 30 juin, relative à la réforme de l'Enseigne-
ment. On reconnaît qu'elle renferme une question grave et qu'une
protestation énergique est nécessaire. La distinction entre le bac-
calauréat et un diplôme d'enseignement moderne est dangereuse.
Xous revenons à l'enseignement spécial et aux « bestiaux » d'au-
trefois. Après avoir lutté pour obtenir un baccalauréat D, voici
que tout s'effondre.
320 LES lANGUES MODERNES
Il importe donc, dit M. Dresch, que nous montrions que notre
enseignement peut être une gymnastique intcUeetuelle comme le
latin. Nous avons les moyens de nous défendre ; nous avons
obtenu dans nos elasscs des résultats excellents, que tout le
monde reconnaît et apprécie. Nous enseignons la grammaire, la
littérature et la civilisation : nous avons des assises aussi soli-
des que les latinistes.
Par la version et le thème, nous échapperons au reproche
d'imprécision que l'on nous adresse ; nous accepterons donc ces
épreuves, et ce sera pour montrer que nous sommes capables
d'imposer une méthode précise, et que ce que nous enseignons
vaut la gymnastique latine.
M. Saurai demande que l'on émette un vœu. Au même moment,
M. Rivoallaii propose l'ordre du jour ci-après qui est adopté à
l'unanimité :
" La Section Régionale de Bordeaux de l'AssociatiGn des
Professeurs de Langues vivantes, réunie en Assemblée générale,
le 11 juillet 1921,
« Vivement émue des tendances que révèle le questionnaire
proposé par le Ministre, aux membres du Conseil supérieur de
l'Instruction publique,
" Voyant, dans ces tendances, non seulement l'anéantissement
de l'œuvre poursuivie depuis 1902, par l'ensemble des profes-
seurs de langues vivantes sous l'impulsion de leurs Inspecteurs
généraux, mais aussi un coup mortel port* aux humanités moder-
nes à peine ébauchées ;
" Convaincue que les immenses problèmes de l'heure présente
on'c leur solution dans une vue large et hardie des réalités moder-
nes et non dans la seule contemplation du passé ;
" Déplore que l'on puisse penser à l'heure actuelle à un systè-
me d'éducation secondaire nationale qui barrerait à jamais à
toute une élite l'accès de la culture supérieure ;
" Signale avec force à tous les amis des langues vivantes et
des humanités modernes le péril mortel qui les menace ;
« Compte sur eux pour adhérer au Comité présidé par M. Fer-
dinand Brunot, Doyen de la Faculté des lettres de Paris. »
Sur l'intervention de M. Saurat, le paragraphe suivant a été
ajouté :
" Et demande le maintien de la Seconde langue, en lui lais-
sant au moins la même importance que les programmes de 1902
lui ont donnée. »
En fin de séance, diverses questions de détail furent résolues ;
on procéda également à l'élection de .V. Delpy, professeur d'espa-
gnol au lycée de Bayonne. comme vice-président, en remplacement
de notre très regretté collègue, M. Maingity.
Le Secrétaire : R. Mahtin.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 321
Section Régionale de Clermont-Ferrand
L'Assemblée générale de la section régionale des professeurs de
langues vivantes de rAcadéniie de Clermont-Ferrand a eu lieu le
jeudi 2;j juin, à 14 h. 30, au lycée Blaisc-Pascal, sous la prési-
dence de M. le Hecteur de l'Académie. De nombreux professeurs
et membres d'honneur de la section étaient présents. M. Jouve,
premier adjoint, vice-président de la Chambre de commerce,
membre d'honneur de la .S. R., représentait M. le maire de Cler-
mont.
Discours de M"" Honoré
Mme Honoré, présidente de la S. R., prend la première la
parole. Elle remercie M. le recteur du précieux appui moral que
la S. R. a trouvé auprès de lui ; M. le maire et le Conseil munici-
pal de Clermont de leur bienveillante sollicitude ; les membres
d'honneur de leurs dons généreux ; Mmes les directrices de l'Ecole
normale d'institutrices et de l'Ecole primaire supérieure de jeu-
nes filles, ainsi que M. le proviseur du Lycée de leur présence.
Elle adresse à ^L Veillet-Addison, président de l'Association des
professeurs de langues vivantes, le sympathique souvenir et l'ex-
pression des sentiments dévoués de la S. R. Puis Mme Honoré
rappelle les magnifiques résultats obtenus par des organisations
comparables à notre S. R.. par ■• celle du Havre, par exemple,
qui, à l'origine, ne put donner que deux bourses de 600 francs
cnacunc, et qui aujourd'hui, est si florissante, grâce à la colla-
baration du Conseil municipal, des Syndicats des cotons, des
cafés, des laines, des (chambres de commerce, des Comités de
l'industrie, etc. qu'elle peut envoyer chaque année six boursiers
en Angleterre avec des bourses respectives de 1.600 à 1.200 fr. ».
Mme Honoré ne doute pas que la S. R. de Clermont finisse par
obtenir les mêmes résultats. Elle ajoute :
<• Surtout, nous n'oublierons pas que l'initiative que nous pre-
nons aujourd'hui était attendue et souhaitée, puisque de la plu-
part des établissements de l'Académie nous sont parvenues des
demandes. Loin de pouvoir les satisfaire toutes — nous avons
reçu 22 dossiers — nos moyens ne nous permettent d'offrir que
quatre ou cinq bourses, et encore minimes, si l'on tient compte
du cours du change en Angleterre, par exemple.
<i Nous voyons là une raison nouvelle de persister dans nos
efforts, en disant à tous ceux qui s'intéressent à notre Société :
Voyez à quel besoin nous répondons et comme nos jeunes can-
didats, futurs ouvriers de la prospérité nationale, demandent à
aller compléter dans le pays même l'acquisition de la langue
étrangère qu'ils ont commencé à étudier dans nos classes, dési-
reux de mieux s'ouvrir ainsi aux influences si fécondes et si pro-
fondément éducatrices d'un séjour à l'étranger. »
L'orateur montre ensuite comment notre S. R. sert les intérêts
de l'enseignement, en fournissant aux professeurs de langues
vivantes l'occasion de se réunir de temps à autre pour « étudier
en commun toute question intéressant leur discipline " ; en leur
322 LES L.\XGUES MODERNES
permettant ■ d'essayer de combattre, par tous les moyens, la
crise redoutable dont souffre l'enseignement de l'allemand » ; en
les mettant mieux en mesure de résister aux attaques dirigées
contre l'enseignement des langues vivantes, en général. « Ce n'est
pas sans inquiétude, ajoute Mme Honoré, que nous constatons la
diminution qui est infligée aux langues vivantes dans l'Enseigne-
ment primaire... Ne point favoriser l'étude des langues vivantes
ce serait vouloir diminuer le rajonnement de notre pays à une
époque où les relations internationales multipliées exigent que
nous puissions soutenir, sans nous laisser devancer par d'autres,
notre commerce, notre influence, notre réputation sur les marchés
du monde.
Il Persuadés que leurs fins pratiques justifieraient à elles seu-
les la large part faite dans les programmes aux langues vivantes,
nous crojons aussi à la valeur éducative de ce que l'on appelle
les Humanités modernes. Nous croyons que l'étude de Dante,
de Shakespeare, de Cervantes ou de Goethe peut mûrir un esprit
et l'ouvrir à la culture la plus largement humaine.
« C'est pourquoi les professeurs de langues vivantes de l'Aca-
démie de Clermont, et tous ceux qu s'intéressent à notre Société,
auront à cœur de soutenir et de défendre l'enseignement qui leur
est cher, d'en affirmer la vitalité et d'en favoriser le développe-
ment en multipliant dans l'avenir ces encouragements pratiques
donnés sous forme de Bourses de séjour à l'étranger, comme
celles que nous allons décerner aujourd'hui pour la première
fois. » {Vifs applaudissements^
Discours de M. le Recteur
'I Je suis confus. Madame, des remerciements que vous
m'adressez, car c'est moi qui dois vous remercier. Je dois vous
remercier d'abord d'avoir eu confiance en moi, lorsque vous
m'avez soumis votre projet si intéressant de Bourses, en faveur
de vos élèves pour un séjour à l'étranger ; d'avoir eu confiance
en moi pour me demander de prendre en mains votre cause si
digne d'intérêt. Je lui ai donné tout de suite un caractère pres-
que officie], puisqu'aussi bien, d'abord, sur la proposition de
M. le Proviseur — que je tiens à remercier ici, — je vous ai
accordé cette salle comme siège permanent de vos délibérations ;
qu'ensuite j'ai transmis officiellement vos demandes de rensei-
gnements et d'enquêtes à tous les chefs administratifs des six
départements de l'Académie, et -que j'ai reçu tous les dossiers.
Je vous ai donné ainsi une marque de ma sollicitude et de ma
bienveillance.
« Je suis d'accord avec vous sur l'importance pédagogique des
langues vivante's et particulièrement sur la nécessité où nous
sommes tous de ne pas laisser amoindrir la langue allemande.
Sous i)rétexte que l'Allemagne nous a donné des ennemis, nous
ne voudrions plus connaître sa langue ? Ce serait là une erreur
fondamentale. Ce serait une véritable hérésie, car, mieux avisés
que nos pères, nous savons que nous devrons toujours regarder
du côté <lu Rhin, que nous devons toujours savoir ce qui s'y
BL'LLRTrN DE L'ASSOCIATION .'523
jiassc, ce qui s'y (iil, ce qui s"v prépare, ce qui s'y fait, et que,
pour arriver à cette uotion exacte des choses qui se passent eu
Allemagne, nous devons d'abord apprendre la langue de ce pays.
'• .le présiderai dans quelques Jours la distribution des prix du
Lycée de Tulle. Le sujet du discours, — discours d'usage, — est
précisément la nécessité d'apprendre l'allemand, et j'aurai l'oc-
casion, en cette circonstance, d'exposer exactement mes vues et
mes sentiments.
" .le reconnais avec vous toute l'utilité des langues vivantes,
d'abord au point de vue de notre expansion mondiale, et aussi
au point de vue de la culture intellectuelle ; mais je crois égale-
ment que le moment est peut-être venu où il faudra un peu allé-
ger les programmes, tous les programmes, parce qu'il me parait
résulter de tous les renseignements que nous recevons, que la
part donnée au travail de classe est véritablement excessive... et
que la part donnée à la réflexion personnelle n'est pas suffisante.
I' L'essentiel, dans l'éducation d'une Société (j'ai trouvé cette
idée exprimée dans plusieurs des 18 discours de distribution de
prix de cette année que j'ai lus et approuvés), l'essentiel est
moins d'entasser dans l'esprit des connaissances que de former
une intelligence, de créer une volonté. Mais j'estime que le sacri-
tice devra être fait par tous et que la part des uns ne devra pas
être plus forte que celle des autres.
" Sous le bénéfice de ces observations, je souhaite bonne
santé, bonne vie à votre association. Vous avez fait une œuvre
méritoire et, en la consacrant aujourd'hui par l'attribution de
bourses, vous allez ouvrir une caisse, un trésor qui s'alimentera
de plus en plus ; et, à l'exemple de la ville du Havre, qui a
commencé si modestement et qui aujourd'hui dispose de sommes
si considérables, l'Association des professeurs de langues vivan-
tes deviendra riche et fortunée. Et c'est le vœu que je fais pour
elle. ..
Cette éloquente improvisation, écoutée avec la plus respec-
tueuse attention, est vivement applaudie.
La parole est ensuite donnée au secrétaire de la S. R. Il signale
([u'il a reçu de> lettres d'excuses de plusieurs professeurs de
l'Académie qui n'ont pu assister à la réunion. Il donne lecture
d'une lettre de M. Veillet-Addison, président de l'.Association des
V. L. V., qui, retenu à Paris par les devoirs de sa charge, n'a
jni accepter l'invitation qui lui avait été faite de venir à Cler-
mont. Le secrétaire propose ensuite à l'approbation de l'assemblée
le choix des quatre candidats que le Comité de la S. R., lors de
sa réunion du 22 mai, avait jugés les plus dignes de recevoir une
bourse.
Après lecture des notes données par leurs professeurs à ces
candidats et des détails concernant la situation de leurs familles,
ce choix est approuvé. En conséquence, les candidats dont les
noms suivent sont déclarés titulaires des quatre premières bour-
ses accordées par la S. R.
Pour l'Angleterre : 1. M. Roche André, élève de 1" supérieure au
lycée Biaise-Pascal ; 2. Mlle Caranove Ynonne, élève de 4^ année à
l'Ecole normale d'institutrices de Clermont-Ferrand, originaire
324 LES LANGUES MODERNES
du Cantal ; 3. Mlle Dugiiet Yvonne, élève au lycée de jeunes filles
de Clermont-Ferrand, pupille de la Nation.
Pour l'Allemagne : M. Barbât Octave, élève au Collège de Cus-
set (Allier).
Candidats supplémentaires :
Pour l'Angleterre : 1. Mlle Celle Marie-Louise, élève à l'E. P.
S. de Thiers ; 2. Mlle Farinaud Marie-Marthe, élève à l'E. P. S.
de Clermont-Ferrand,
Pour l'Allemagne : M. Xiérat Henri, élève au lycée de Clermont-
Ferrand.
L'assemblée décide que le taux des bourses sera de 700 fr. pour
l'Angleterre, de 500 fr. pour l'Allemagne. Les boursiers devront
faire en pays étranger un séjour de six semaines au minimum
et adresser au bureau de la S. R., à leur retour en France, un
compte rendu de leur séjour en Angleterre ou en .\llemagne.
Un effort sera tenté auprès des Compagnies de chemins de fer
pour obtenir, en faveur de nos boursiers, une réduction sur le
prix des billets d'aller et retour.
M. le Recteur estime que les résultats obtenus par la S. R., au
bout d'un an d'efforts, sont des plus satisfaisants.
M. Jouve pense que la S. R. a pris une initiative des plus heu-
reuses et des plus nécessaires et promet pour l'année 1921-22
l'appui financier de la Chambre de commerce de Clermont-Fer-
rand et de la Région économique.
M. Vedel, industriel à Thiers, membre d'honneur de la sec-
tion, engage celle-ci à intensifier sa propagande. Il est persuadé
que la région de Thiers est capable d'un effort bien supérieur
à celui qu'elle a fait cette année.
La séance est levée à 15 h. 45.
Un mot encore. Une fois de plus, la S. R. des P. L. V. de l'Aca-
démie de Clermont se permet d'attirer l'attention de toutes les
personnes qui s'intéressent à la question des langues vivantes sur
l'importance de l'nuvre qu'elle a entreprise. Elle est convaincue
— si l'on veut bien faire un peu de propagande autour de soi —
qu'elle sera en mesure, l'année prochaine, grâce aux fonds impor-
tants qu'elle aura recueillis, d'attribuer aux élèves les plus méri-
tants de l'Académie un nombre imposant de bourses de séjour,
non seulement pour l'Angleterre et l'Allemagne, mais aussi pour
l'Italie et l'Espagne.
Le trésorier de la S. R. est M. Rouyssy, professeur à l'Ecole pro-
fessionnelle et à l'Ecole supérieure de commerce de Clermont-
Ferrand, chargé d'un cours d'espagnol à la Faculté des Lettres.
Section Régionale de Lyon
La Section s'est réunie le jeudi. 16 juin à 14 heures, au Cer-
cle lyonnais universitaire, 25, rue Pierre-Corneille, sous la pré-
sidence de M. Douady ; présents : Mlle Perchcrancier (.Roanne)
et Trivicr (Trévoux), MM. .\viron, Ronnoronl, J.-M. Carré, Duisit,
Dumont, Cuélin, Ooux, Legouis, Ravizé. Rocher, Tiret, Vannier.
^'eigneau (Lyon), Désiré Faure (\'illefranche), Odru (Bourg), Bar-
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 32.")
l)ie'r (Cliâtillon-sur-Chalaronne). Les groupes de Saint-Etienne et
de Charolles avaient envoyé leur opinion écrite sur les questions
à l'ordre du jour.
I. — Compte rendu financier : le trésorier provisoire rend
compte de sa gestion. Il a reçu de son prédécesseur, en juillet
192(1 un avoir de 45 fr. Actuellement, la Hégionale a en caisse
15+ fr. 55, donc on constate une augmentation de 109 fr. 55.
Comme la Régionale n'a aucune raison de thésauriser, le tréso-
rier suggère que son successeur devra trouver le meilleur moyen
de dépenser cet argent ; peut-être serait-ce de reconstituer la
bibliothèque de prêt aux élèves, où il ne reste presque rien, tous
les volumes intéressants ayant été donnés aux hôpitaux militai-
res américains pendant la guerre.
ENEncicE 1921
Recetles Dépenses
Cotisation 1920: f 2 Papeterie 13 75
— 1921 : 65 130 Timbres et frais d'envoi 10 70
— 1922 : 1 2
24 45
Total 134 Excédent recettes .... 109 55
Malaiice 134 »
Le nombre des cotisants pour 1921 est donc de 65, sur lesquels
40 sont à Lyon et 25 seulement hors Lyon. Encore parmi ces der-
niers un certain nombre ont-ils payé leur cotisation directement
à Paris, ce qui entraîne des comjilications. Si l'on compare la
liste des adhérents à celle de 1920, il y a 21 nouveaux et 3 dé-
missionnaires. Le tré.sorier prie instamment ses collègues dé
faire toute la |)ropagande possible, en profitant de leurs relations
net sonni'îles, car les circulaires impersonnelles ou les letîcjs
d'inconnu à inconnu ne donnent aucun résultat. La meilleure
façon de montrer l'activité de VA. P. L. V, et de prouver que les
cotisations sont utilement employées, est de faire circule'.- le
Bulletin, et particulièrement le dernier numéro, si nourri et si
vivant.
M. Rocher suggère que le bureau central pourrait mettre à
notre disposition quelques numéros de projîagande : si la rareté
du papier ne s'y oppose pas absolument, ce serait de l'argent
bien placé (1).
Election du trésorier : M. Rocher (Lyon-Parc) est élu trésorier
à l'unanimité.
IL — L'ordre du Jour appelle la discussion du vœu émis par
le Congrès de Pâques de la Fédération de l'E. S., en faveur de
l'obligation du latin erK G"" et 5".
Le Secrétaire donne lecture des opinions émises : 1) par le
groupe de Charolles en faveur de cette obligation ; 2) par le
groupe de Saint-Etienne qui proteste éncrgiquement contre elle, et
demande, sinon la suppression du latin dans ces mêmes classes,
du moins que l'étude d'une langue vivante soit commencée un an
avant celle du latin, pour éviter la confusion qui se produit
actuellement dajis l'esprit de l'élève : la nécessité d'assouplir
(Il Hélas ! voir Appel du Président, p. 309. — N. D. L. R.
23.
326 LES LANGUES MODERNES
les organes vocaux justifie la priorité réclamée pour la langue
vivante sur la langue morte.
Dans la discussion qui suit, M. Bonnoront, reprenant le vœu
de Charolles, déclare que l'obligation du latin en 6'^ et 5' n'est
pas conçue dans un esprit d'hostilité contre les langues vivantes,
et il en donne pour preuve l'horaire qui semble avoir obtenu
les préférences du Congrès : 5 h. en 6", 5 h. puis 4 h. en 5^ pour
la langue viA'ante (alors que le latin est amputé d'une heure).
A quoi M. Guélin répond que le danger n'est pas uniquement dans
une compression de nos horaires : l'obligation du latin permettra
à l'administration d'empêcher, encore plus complètement qu'elle
ne fait actuellement, l'entrée des bons élèves dans la section B
du 1" cycle (humanités modernes). A l'entrée en 4", tous les bons
élèves seront poussés à continuer l'étude du latin et les mauvais
dirigés sur la section sans latin. Les brillantes exceptions que
Ton trouve actuellement en B (1"" cycle) et 0,(2"= cycle) disparaî-
tront.
Le Secrétaire attire l'attention de l'Assemblée sur une consé-
quence possible de l'obligation du latin en 6" et 5' : certains élè-
ves des écoles primaires qui actuellement entrent au lycée en 6"
B ou (trop souvent) en 5" B, attendront maintenant la 4'' Uge
d'entrée : 13 ans environ, sensiblement le même que l'âge de
sortie de l'école primaire). Naturellement, ces élèves n'auront pas
commencé l'étude d'une langue vivante. La désorganisation de
notre enseignement en a*" contre laquelle notre Régionale a déjà
protesté, sera reportée sur la 4" et aggravée d'autant.
Le président propose à l'Assemblée de protester contre l'obli-
gation du latin et de réclamer le maintien de l'état de choses
actuel, sans chercher à porter la guerre dans le camp de l'adver-
saire, ni réclamer pour le moment la suppression du latin qu'il
\oit résulter nécessairement de l'évolution du monde moderne.
M. Odni, au nom du Groupe de Bourg, qui aurait voulu reporter
le début du latin en 4", se rallie à la proposition du président
qui est adoptée à l'unanimité, moins une voix, des présents.
III. — L'Assemblée étudie les démarches à faire pour défendre
notre enseignement devant l'opinion publique, ainsi que nous l'a
conseillé M. Hovelaque, inspecteur général des langues vivantes,
dans son discours du mois de janvier. Plusieurs membres se char
gent de tenter d'obtenir l'insertion d'articles dans les principaux
journaux de Lyon.
IV. — Bourses de voijiuje : il est trop tard cette année pour
suivre l'exemple donné par la Régionale de (Uermont-Ferrand,
mais la question sera mise à l'ordre du jour de la première séan-
ce, après la rentrée. Des premiers renseignements recueillis, il
semble que la guerre ait fait, dans plusieurs lycées, tomber en
désuétude l'institution des bourses fondées par les anciens élèves.
M. Vaimier fait adopter le \œu que le nombre de bourses de
voyage attribuées à l'Enseignement primaire supérieur, qui est
actuellement de quelques unités, soit considérablement augmenté.
L'Assemblée demande par la même occasion que le concours, en
vue de l'obtention de ces bourses, soit décentralisé, l'obligation
d'aller passer l'oral à Paris suHisant ]nn\r éliminer tous les
candidats de j)rovince.
BULLETIN DE l' ASSOCIATION 327
V et VI. — Après avoir ciitciulu un exposé de M. Winnier, direc-
teur d'E. P. S., la Régionale de Lyon constate avec regret l'exac-
titude de rafiîrniation de M. Hovelaque, relative à <■ la diminu-
tion progressive indéniable de la situation des langues vivantes
dans l'enseignement primaire. » (Langues Modernes, 15 avril, p.
135).
Brevet supérieur. — On a failli supprimer l'épreuve écrite de
langues vivantes, puis on l'a réduite à une durée d'une heure-, avec
un maximum- de 10 p., contre une durée de 2 h. 1/2 ou 3 h. et
un maximum de 20 p. pour les autres matières. La Régionale
demande le rétablissement de l'épreuve et du coefficient anté-
rieurs.
Brevet d'enseignement primaire supérieur. — Il s'agit ici du
diplôme de fin d'études des E. P. S., qui s'est appelé longtemps
Certificat d'études primaires supérieures, et qui porte maintenant
le titre ci-dessus. Les programmes de 1909 avaient supprimé les
langues vivantes à l'écrit de ce brevet. Grâce à des démarches
pressantes, elles furent assez vite rétablies, mais récemment on
les a supprimées à l'oral de la section générale, ce qui fausse
totalement l'esprit de l'enseignement en abolissant la méthode
directe, puisque l'écrit consiste en une version avec questions.
La Régionale demande donc que les langues vivantes soient
rétablies à l'oral du Brevet E. P. S., section générale.
Bourses d'enseignement primaire supérieur. — Par une anoma-
lie étrange, les candidats de 2' et de 3' série, c'est-à-dire destinés
à entrer en 2' ou en 3'" Année, ne sont soumis à aucune épreuve
de langues vivantes, sauf pour la 3* série Commerciale, à l'oral
seulement, de sorte qu'un boursier peut entrer de plain-pied en
2' Générale ou Commerciale, ou en 3- Générale, sans connaître un
mot de langues vivantes. Admettrait-on qu'il entrât dans l'ensei-
gnement secondaire, en 5" .A ou en 4'" A, sans avoir jamais fait de
latin !
La Régionale demande qu'il y ait une épreuve de langues vivan-
tes, au moins à l'oral, pour la 2'" et la 3' série générale et com-
merciale.
Sections industrielle et agricole des E. P. S. — La Régionale
émet le vœu que les langues vivantes soient introduites, à titre
facultatif, dans les sections industrielle et agricole des E. P. S.
Les langues vivantes en V année et dans les « Sections norma-
les » des E. P. S. — L'arrêté du 18 août 1920 et la circulaire du
30 septembre, laissent aux directeurs d'E. P. S. la faculté de dis-
penser de langues vivantes les élèves de 1"' Année qui se propo-
sent d'entrer ultérieurement dans les sections industrielle ou agri-
cole. Or, les 9/10 des élèves de l''' Année ne sont pas fixés sur le
choix d'une section ; mais il est à craindre que beaucoup ne se
réclament de l'industrie ou de l'agriculture pour s'épargner la
peine de commencer une langue vivante, et alors quelle figure
feront ceux qui entreront en 2" Générale ou Commerciale ! De
plus, même pour ceux qui entreront dans les sections industriel-
le ou agricole, il n'est pas indifférent qu'ils aient étudié les élé-
ments d'une langue vivante, dans le cas où ils auraient besoin
de Vy remettre plus tard.
Le même arrêté et la même circulaire disposent que les élèves
328 LES LANGUES MODERNES
d'E. P. S. candidats aux Ecoles normales pourront être dispen-
sés de langues vivantes.
La Régionale joint les deux questions et émet le vœu qu'aucune
dispense de ce genre ne soit prévue ni accordée.
Le Groupe de Saint-Etienne signale la situation faite à l'alle-
mand dans renseignement primaire du département : 99 0/0
des élèves qui entrent à l'E. N. d'instituteurs de Montbrison
n'ont fait jusque-là que de l'anglais, seul enseigné dans les E. P.
S. Or, une fois à l'E. X., ils ne peuvent faire que de l'allemand,
car il n'y a pas de professeur d'anglais. Les résultats sont tels
qu'on doit s'y attendre, et apparaissent plus choquants encore
lorsqu'on les compare à ceux qu'obtient l'E. N. d'institutrices,
dont les élèves se présentent au Brevet supérieur avec 7 années
d'anglais en moyenne. La Régionale proteste énergiquement contre
ce manque de coordination qui révèle une fois de plus le parti-
pris de la Direction de l'Enseignement Primaire contre les lan-
gues vivantes, qu'elle s'étudie à désorganiser de toutes les façons
pour pouvoir plus facilement les supprimer.
Questions diverses : la Régionale demande que le Bulletin
jjublie, si possible, dans son n" de juillet, le plus grand nombre
])ossil)lc de textes de version et de thème <• d'imitation '< donnés
au baccalauréat dans les différentes nni\ersités.
La séance est levée à 16 h. 30.
J.e Secréluire : Le Président :
Pierre Lf.gouis. Douady.
Nouveaux adhérents
Boulfroji, E. P. S., Amiens ; lioudnn, E. P. S„ Lyon ; Mlle L^s-
chi, E. P. S. f., Lyon ; Mlle Rei/niund, lyc. j. f., Lyon ; Mme
(loiirbin, E. P. S., Lyon ; Vaillundel, E. P. S., Nancy ; Hoellinfjer.
E. P. S., Nancy ; Mlle Liron, lycée garçons, Nice ; Mlle Launiint,
école vSchluthfeld, Strasbourg ; Hovquurl, Lycée, Metz ; Michel-
Marin, E. P. S., risle-sur-la-Sorgue ; (iuimiot, grand lycée, Mar-
seille ; Unioersitij Toronto ; Soum, ail.. Saintes ; Dottin, iAvvv-
pool ; AssnnI, lycée, Bi'est ; [.écutfer, coll., St-Maixent ; Mlle Mo-
nod, lycée Montgrand, Marseille : Ferdinnnd. coll., (Miâlons-sur-
.Marne ; Piolé, coll., Thion\ille ; Miiirl, \\. N., Chaiimont ;
Lebhtnc, E. P. S., .Mais ; I.enutzurier, E. P. S., Rourganouf ; Ho-
nians. E. P. S, Metz ; Mlle Tréijlos, E. P. S., le Dorât ; Mlle Hir-
numn, E. P. S., Cannes ; Mme l'ujol, E. P. S., Bordeaux ; Plissiinl,
à (lenève; Mme Huel, E. P. S., Gondécourt ; Mlle Canine t, E. P.
S., Pithiviers ; Taillandier, lycée. Pau ; Mlle Percherancier,
lycée j. f., Roanne ; Mnie Charlier, E. P. S. f., Thionvilie ; Mlle
Janin, lycée Fénelon, Lille ; /-. Doi/en, prof, ail., \'alence ; Laro-
che, Parana ; Raj)icault, coll. Ontlja, Maroc ; Mme la Directrice,
lyc. j. f.. Tours ; liourdoncle, \)voi. coll., (Mamecy ; Miss Liggins
Sidneij, London ; Mme Xoelia Duhrule, Lawrena (Mass.», E.-Unis ;
Librairie Polska, \'arsovie ; Maison tlu livre français. Paris ;
Proviseur lycée garçons, (Casablanca ; Mlle Uenuiantj, Lyon ; Baer,
Paris ; Principal collège, Guebwiller ; Slein-FnuK^ois, librairie
lorraine, Forbach ; Bellens, librairie centrale, Liège ; Mlle Jung,
prof, coll., Renijreront ; (iabouije, Perpignan ; Delpi/, prof, lycée.
Rayonne ; Mlles Valerio, Banizelle, L(mertu jon. prof, lycée j.. f.,
iiordcaux ; (Hllon, j)rof. lycée Garnot, Dijon.
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION POUR 1921
/.(• Secrétaire général serait très reconnaissant à ses collègues
de bien vouloir lui signaler les erreurs, qui sont inévitables dans
t( ut travail de ce genre. Il insérera les rectifications dans le pro-
chain Bulletin.
BUREAU
Président : M. Veillet-Lavallée, professeur d'anglais à l'hÀ-ole
Arago, 2, rue Mizon, Paris XV".
Vice-Présidents: M. Bloch, . professeur d'allemand au Lycée
Hoche, 3, avenue de Picardie, Versailles ; M. Saroïhamly, pro-
fesseur d'espagnol au lycée St-Louis, 114. boulevard Bineaui,
Neuilly-sur-Seinc.
Secrétaire général : M. Servajean, professeur d'anglais au Lycée
St-Louis, 132, avenue du Maine, Paris, XIV".
llédacteur du Bulletin : M. G. d'Hangest, professeur d'anglais
au Lycée Condorcet, 117, Bd Exelmans, Paris XVI''.
Trésorière : Mlle Ledoux, professeur d'anglais au Lycée Victor-
Duruy, 'M), rue Chevert, Paris Vil'.
Trésorière adjointe : Mlle Boussinesii, professeur d'anglais au
Lycée \'ictor-Duruy, 13, Bd Montparnasse, Paris XI V".
.-Vrchiviste : Mlle Brunct, |)rofesseur d'anglais au Lycée Féne-
lon, 35, rue Madame, Paris VI".
COIVIITÉ
Membres élus en 1919
MM. //. Bloeh, professeur d'allemand au Lycée Hoche.
Bellec, professeur d'anglais au OoHége, Pontoise.
Duvergé, professeur d'anglais au Lycée Michelet.
Guiltotel, professeur d'anglais au Lycée Charlemagnc.
Janiin, professeur d'anglais à l'Ecole Lavoisier.
Koszul, professeur à l'Université de Strasbourg.
Lecignc, professeur au Collège, (Jambrai.
Mlle Latappy, professeur d'anglais au Lycée Fénelon.
MM. Mis, professeur d'allemand au Lycée de Lille.
Roux, professeur d'anglais E. P. S., Orléans.
Membres élus en 1920
M. Boussagol, professeur de langue et littérature espagnoles à
l'Université de Toulouse.
Mlle Brnnel, professeur d'anglais au Lycée P'cnclon.
330 Ll-S LANGUKS MODIUtNKS
MM. ('.(trillon, ]>rolcsseur d'alleinaïul au collège de St-Germaiii.
Chemin, professeur d'anglais au Lycée (larnot.
(ioy, professeur d'alleniaïul à l'Ecole normale supérieure de
St-Cloud.
d'Hangest, professeur d'anglais au Lycée Condorcet.
Mlle Ledoux, professeur d'anglais au Lycée Victor-Duruy.
MM. Martin, professeur d'allemand au Lycée Janson-dc-Sailly.
Montaubric, professeur d'anglais au (Collège de Nogent-le-
Rotrou.
Pinloche, professeur d'allemand au Lycée Michclet.
Veillel-I/tiudléc, professeur d'angl-.tis à l'Hcole .Arago.
Membres élus en 1921
MM. Bec, professeur d'anglais au Collège Chaptal.
Belley, professeur d'allemand au Lycée St-Louis.
Mlle Boussin^sq, professeur d'anglais au Lycée Victor-Duruy.
MM. Caillet, professeur d'anglais au Collège de Saint-Germain.
Coiquaud, Directeur de l'E. P. S. de Carentan, Manche.
Demolon, professeur d'anglais au Lycée Voltaire.
Gœtschy, professeur d'allemand au Lycée Michelct.
Georges Hirtz, professeur d'allemand au collège de Pontoise.
Kïihn, professeur d'anglais à l'E. N. d'Instituteurs de la
Seine.
Saroïhandy, professeur d'espagnol au Lycée Saint-Louis et
Buffon.
Servajean, professeur d'anglais au Lycée Saint-Louis.
Mlle ^Yeill, professeur d'allemand au Lycée Racine.
COMITÉS DES SECTIONS RÉGIONALES
Alx-Marsellle
Président ; M. Lestang, professeur d'anglais au Lycée de Marseille.
Secrétaire : M. Broche, professeur d'anglais au Lycée de Mar-
seille.
Trésorière : Mlle Coste, professeur au Lycée Montgrand, Mar-
seille.
Délégué à Paris : M. d'Htmyest.
Bordeaux
Président : .1/. Dresch, professeur à la Faculté des Lettres de
Bordeaux.
Vicc-Pi'ésidents : Mme Hébert, Lycée de Jeunes Filles de Bor-
'deaux ; M. Delpy, professeur agrégé d'espagnol, Lycée de Bayonne.
Secrétaire : M. Martin, Lycée de garçons, Bordeaux.
Trésorier : M. IHuoallan, Lycée de garçons, Bordeaux.
Délégué à Paris : M. Bloch.
ANNiAiMi; i)i; l'association .'i'U
Clermont-Ferrand
l'i-csi«iciilc : Mme Honore, ihjirgt-f tic i<niis à la Facilité ilis
Lettres.
Vice-Président : M. Lcbnilii, professeur ajjrégè d'alleiiumd au
Lycée de C.lerniont-Fcrraiid.
Secrétaire : M. Vinien, professeur à l"K. 1'. S. de Clermont-Fer-
rand.
Trésorier : M. Boiii/ssii, professeur à l'iù-ole i)rofessionnelle et
à l'Hcole supérieure de coniiuerce de (llermont-F'errand.
1. Heprésentant de renseignement supérieur : M. I.diujlnis, char-
gé de cours à la Faculté.
2. Représentant des professeurs agrégés : M. Pallier, |)rofesscur
au Lycée de Montluçon.
3. Représentant des professeurs chargés de cours : M. (Ihmiliiil,
professeur au Lj'cée de Clcrmont-F'errand.
4. Représentant des professeurs de collège : .V. Bl(in<iuel. |)ro-
fesseur au Collège de Thiers.
3. Représentant des professeurs des E. N. et des K. P. S.,
M. Pdpin, professeur E. N., Moulins.
6. Représentant des professeurs, enseignement lechnitiue :
M. Bernard, professeur. Ecole pratique d'industrie hôtelière du
Centre, à Vichy.
Lille
Président : M. Delaltr'^, professeur à la F'aculté des Lettres.
Secrétaire-trésorier : M. Brocart, professeur à l'Ecole P. S.
Délégué à Paris : M. Seriuijean.
Lyon
Président : M. Douady. professeur à l'I'niversité de Lyon.
Vice-présidente : Mlle Mathieu, professeur au Lycée de J. F", de
Lyon.
Secrétaire : M. Pierre Legoiiis, professeur au Lycée Ampère.
Trésorier : M. Rocher, professeur au lycée de Lyon-Parc.
Délégué à Paris : M. Servajean.
— à St-Etienne : M. Deniaud.
— à Bourg : M. Arrighi.
— à Chalou : M. Gillet.
Nancy
Président : M. Reyher, professeur à la Faculté des Lettres.
Secrétaire : M. Peyraube, professeur au Lycée.
Trésorier : M. Petit, professeur à l'E. P. S.
Délégués à Paris : MM. Camerlynck et Servajean.
332 LES LANGUES MODERNES
Poitiers
Président : M. Crtstclain, professeur à TUniversité de Poitiers.
Vice-Président : Mme GodUlon, professeur à l'E. P. S. de Poi-
tiers.
Vice-Président : M. Hirtz, professeur au Lycée de Poitiers.
Secrétaire .• M. Sauvage, professeur au Lycée de Poitiers.
Trésorier : M. Guy, professeur à l'Ecole normale de Poitiers.
Membres du Comité : Mlles Chaigneau et Piuetaud. professeurs
au Collège de Jeunes filles de Poitiers.
M. Martin, professeur à l'E. P. S. de Châtclk-rault.
Délégué à Paris : M. Gaston Hirtz.
Toulouse
Président : M. Loiseau, professeur de Langue et Littérature
allemandes à l'Université de Toulouse.
Vice-Présidents : M. Mérimée, professeur de langue et litté-
rature espagnoles à l'Université de Toulouse : Mlle Mayrand,
professeur d'anglais au Lycée de jeunes filles de Tououse ;
M. Boussagol, professeur de langue et littérature espagnoles à
l'Université de Toulouse.
Secrétaire-Trésorier : M. Granger, professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Membres du Comité :
Enseignement féminin : Mlle East, professeur d'anglais à
l'E. P. S. de jeunes filles de Toulouse.
Enseignement supérieur : M. Duméril, professeur de Langue et
Littérature anglaises à l'Université de Toulouse.
Professeurs agrégés : M. Escarti, professeur d'anglais au Lycée
de Toulouse.
Professeurs chargés de cours : M. KanceUury, professeur d'alle-
mand au Lycée de Toulouse.
Professeurs de collèges: M. Ahit^ou, professeur d'anglais au Col-
lège de Hagnères-de-Bigorrc.
Enseignement primaire : M. l'y, professeur d'espagnol à l'I-À-ide
J'. S. de Castres.
JU'présentant de la Régionale auprès du (!oniitc de l'.Vssocia-
tion des Professeurs de L. V. de l'Enseignenient Public (.\rt. 10,
par. .j des Statuts de l'Association) :
M. Py, professeur d'espagnnl à l'IÀole P. S. de (Castres.
Membres à Vie de l'Association
M. beau jeu ; Mlle Biyoudol ; MM. Didier ; Duméril, Poitiers ;
Duméril, Toulouse ; Mme Dupré ; M. Dupré ; Mlle Ledoux ;
MM. Milliol-Madéran ; .Minssen ; liuudit ; Sernajean.
ANNLAIHK IJK L ASSOCIATION
333
RÉPERTOIRE ALPHABÉTIQUE
des membres de l'Association
Al'isoii, iiiif^l., |)ri>f. coll., Bagnères-df-Bigorre.
Ahfuilker, prof. E. P. S., g., 2, rue de la Concorde, Constantine.
Achille, angl., prof. lyc. g., P'ort-dc-F'rance, La Martinique.
.Agence générale de Librairie, 7, rue de Lille, Paris, 1".
Airnult, angl., prof. coll. g., 11, rue de Bcaufort, La Châtre, Indre.
Albert, esp.. |)r()f. E. P. S. g., Toulouse.
Albert (£.), prof. E. \'. Inst., Sétif, Algérie.
Ahlecon (de), proviseur du Lycée, Casablanca (Maroc).
AUarche, angl., prof, coll., Moissac (T.-et-G.I.
Ancelel-Hustache (Mniej, ail., prof. lyc. g., St-Quentin.
André, ail., prof. "Tyc. Janson, 9, rue Freycinct, Paris, 16".
André (MlleJ, esp., C. S., Châtelleraiilt.
André (Mlle), E. P. S. f., Decazeville (.\vcyroni.
Andreii, angl., prof, lyc., Marseille.
Anne, E. P. S. g., 77, Grande-Rue, (îisors (Eure).
Anstett, ail., prof. lyc. Klébcr, 24, rue Brûlée, Strasbourg.
Anthontj iD.-B.), U"^ 87, Castellain Misions, Maida Vale. London W.
Aranéder, Ecole du Gd. Rayonne, Baronne (Bsses-Pyr.).
Arnaudet, angl., prof. lyc. Carnot, 134, r. de Tocqueville, Paris, 17^
Arrighi, prof, lyc., Lalande, Bourg (.\in).
Artarit, 10, rue de Sauniur, La Roche-s.-Von.
Ascher, ail., prof. lyc. Condorcet, Achères (S.-ct-O.i.
Assant, prof, lyc, 37, rue .lean-.Macé, Brest.
Aiibé, prof. E. P. S., 52, rue Balay, St-Etienne (Loire».
Aiibenns, ail., prof, coll.. Privas (.Ardèchei.
Audibert, prof. lyc. BufTon, 57, r. Pigallc, Paris, 9^
Audouin, ail., prof, lyc, Poitiers.
Aiidouin-Thomas (Mme), 6, rue Piovry, Poitiers.
Audra, Dir. Institut Fr. 1-7, Croinwell G'dcns. S. Kensington
London, S. W.
Audij (.Mlle», angl., prof. E. N. et E. P. S. f.. 22, rue des Sablières,
Bordeaux.
Aufjret, angl., prof. E. P. S., Douarnencz (Finistère).
Anvraij, angl., prof, lyc, Nantes.
Aviron, prof. lyc. .Ampère, Lyon.
Ayrault, prof, coll., Saulieu (Côte-d"Or>.
Azzi (Amilcare), prof, lyc Virgile, 19, r. Trieste, Manlova, Italie.
B
bubin, prof. lyc. H.-Poincaré, 74, fg Stanislas, Nancy,
Buchelart (Mlle), augl., lyc de Reims (Marne}.
334 LES LANGUES MODERNES
liiter, librairie Gauloii, 39, r. Madame, Paris 6'.
Udhdiis, angl., prof, lyc, 22, r. d'Areaclion, Bordeaux.
Bui(iiie (Mlle), prof. E. P. S. f., Chaumont.
Bdilly, angl., prof., 4, r. Raugraff, Pont-à-Moussoii (M.-et-M.).
BaiUg, angl., prof, lyc, Ben-Akhoun, Alger.
Bulundina (Mlle), angl., prof. lyc. g., 21, r. Catta, Périgueux.
Baldenspenjer (Mlle), angl., prof., 6, Passage du Livron, Pau.
Baleiuy (Mlle), prof. coll. j. f., Dax.
Bally, dir. éc. prat. d'Ind. hôtelière, Gi'enoble (Isère).
Balsente, ail., prof, coll., Sarlat (Dordogne).
Banchet, angl., prof. lyc. Hoche, 2, impasse Marguerite, \'ersailles.
Baradat, esp., prof, lyc, Toulouse.
Banizette (Mlle), prof. esp. lyc. j. f., Bordeaux.
Barat {R.}, prof. E. N. inst., 8, rue Bonette, Alençon.
Barat, prof, lyc, Grenoble.
Barbeau, angl., prof, fac des lett., Univ., 23, r. des Jacobins, (",aen.
BarVier, prof., E. P. S., Chàtillon-s.-Chalaronne (Ain).
Baret, angl., prof, hon., 2, r. Gare-de-Longchamps, Suresnes.
Baron, angl., prof, coll., Argentat (Corrèzc).
Barrât (Mlle), prof. E. P. S. g., r. Vieille-Prison, Pons.
Barrât, angl., prof, lyc, Toulouse.
Barraiid, ail., prof. Ij'c, Ghambérj'.
Bartier, angl., prof, lyc, 46, r. de la Ghèvrc, Metz.
Bascan, angl., prof. Ec. J.-B. Say, Paris, 16'' .
Bastide, angl., prof. lyc. Charlemagne, 7, r. Le-Verrier, Paris, 6^
Bastij, ail., prof, coll., 35, r. de Varennes, Le Blanc (Indre).
Bande, angl., prof, dcl., 61, r. Nollet, Paris, 17^
Bayle, ail., prof. E. P. S., Angoulèmc.
Bazillon, angl., prof, au lyc, 13, place du Général-Sibillc, Sarre-
guemines (Moselle).
Beaujeii, Insp. gén. de l'Instruction publique, 19, r. de Petrograd,
Paris, 8".
Beaumont (Mlle), angl., prof. E. P. S. f., 11, r. Alsace-Lorraine,
Rouen.
Beaurepère, censeur des études au lyc Fontanes, Niort.
Bcc, angl., prof. Chaptal, 7, sq. Glignancourt, Paris, 18".
Béchade (Mlle), ail., prof. coll. j. f., 1, r. dWrsonval, Limoges.
Bachot, 10, r. Victor-Hugo, Avesnes.
Bccker, ail., prof. lyc. St-Loiiis, 30, r. Vauquelin, Paris, 5°.
Bécourt (Mlle), angl., prof, lyc Molière, Paris, 16*.
Béguinot (R.) (Mlle), Ec. P. S., Bazas (Gironde).
Beilvert, angl., prof, lyc, r. du Jardin-de-r.\rc, Laon.
Beley (Mlle), ail., prof, lyc ,j. f., villa Marguerite, 213, r. d'Endan-
ne, Marseille,
Beley, ail., prof. lyc. St-Louis, 1 bis, av. du lyc. Lakanal, Bourg-
la-Reine (Seine).
Bellec, prof. coll. Pontoisc, 149, fg St-Denis, Paris.
ANNUAIHE Dr; I, 'ASSOCIATION 335
Ih'llcits, lil)r;iiric cciitriilc, (i cl <S, rue de la llô.i,'t'iicf, Lii-Mo, l>i;lgi(|ut'.
lie! tel f, a 11^1., prof, lyc, IHl, r. de Uoubaix, Toiiivoiiitf.
HriKissi/, iiiigl., prof. lyc. Carnot, 1((, r. (jiistave-Dorc, l'aris, 17".
liciKizel (Mlle», csp., prof. K. P. S., Toulouse.
liéncsi's (Mlle), prof. E. P. S., lîlida (Ali,'érie».
liéni'lcdu (Mme), prof. lyc. j. f., 2, r. d'Kl-lJiar, Alger.
livrijer (P.), angl., prof. fac. de Ictt.. 4i), (Iheniin-de-l'essae, IJor-
deaux.
licrillon iA.) (Mile), augl., j)rof. lyc. Kacine, 27, r. Mazariiie,
Paris G-.
Ihrltind (P.), |)r()f. coll., r. des Migraines, .Auxerre.
lierlioz (J), prof. E. N. d'iiist., 8, r. Simon-Hoyer, Monlbrisou
(Loire).
licrndrd (/'".), angl., Kc. hôt. de Vichy, villa ,\iiselme, r. d'.Auvcr-
gne, Vichy (.Allier).
licriKird (Mlle), prof. lyc. 1, cours St-Mcdard, Bordeaux.
Bcrnère, ail., prof, lyc, rue des Chapeliers, Foix (.Ariège).
Bernheim, ail., prof. lyc. Louis-le-Grand, 16, r, Pérignon, Paris, 7''.
lierlaux, prof. lyc. BufFon, 170, bd de Strasbourg, Boulogne-s.-S.
lierthet, prof. lyc. Lakanal, 11 bis, r. Achille-Garnon, Sceau.x (S.).
Bertrand (Achille), ail., prof, lyc, 66, r. Perganiinière, Toulouse.
Bertrand (H.), angl., prof, lyc, 6, chemin du Busca, Toulouse.
Beslon, angl., prof. Chaptal, 38, r. de Moscou. Paris, S'".
Bessé, dir. des Etudes, éc. Jules-Fcrry, 38, r. Satory, Versailles.
Besson, ail., prof. lyc. Condorcet, 35, r. de Liège, Paris, 9".
Bézier, ail., prof. lyc, Orléans (Loiret).
Bianqiiis (G.) (Mile), ail., prof. lyc. j. f., Reims.
Bibliothèque du collège de Gray (Hte-Saône).
Bibliothèque du collège de Thiouville (Moselle).
Bichet, ail., prof, coll., St-Nazaire (Loire-Inf.).
Bié (£.), angl., éc prat. Coni., Mazamet (Tarn).
Bigoudot (Mlle), ail., prof. lyc. V.-Hugo et t'énelon, 14 bis, Bd
Morland, Paris, 4".
Birmann (Mme), prof. E. P. S., 15,* r. Jean-Goujon, C-annes.
Bistos, esp., prof, lyc, 8, cours de Reffye, Tarbes (H.-Pyr.).
Bloch (Albert) ail., prof, lyc, 5, r. de l'Aqueduc, Paris.
Bloch (E.-H.), ail., prof, au lyc. Janson, 19, r. de la Source,
Paris, 16^
Bloch (H.), ail., prof. lyc. Hoche, 3, av. de Picardie, Versailles.
Bloch (Maurice), ail., prof, au gymn., Sarreguemines.
Blondelet (Mme), 5, r. des Filles-St-Thomas, Paris.
Bocave (A.), angl., prof, au lyc, 21, r. des Poissonceaux, Lilie.
Bodevin, ail., prof, au lyc. Kiéber, Strasbourg.
Boisset, principal coll.. Bruyère (Vosges).
Boisset (Mlle), angl., prof. E. P. S., aven, de la Gare, Maison
Jay, Voiron (Isère).
Boisson (Mlle), angl., prof. E. N., inst., Versailles, 8, r. de l'Ar-
rivée, Paris.
336 LES LANGUES MODERNES
Bompieijre, csp., prof, lyc, Foix.
Bojidii (Mme), aiigl.. Le Clos-Joli, av. du Chemin de fer, Combcs-
la-Ville (,S.-et-M.).
Bonn-Campagne (Cercle de), Pays Rhénans, secteur 96.
Bonnal, angl., prof, coll., 16, r. de la PejTollerie, Millau (Aveyron).
Bonnard, ail., prof, coll., Châlons-s.-Marne.
Bonnet (Mlle), prof. C. compL, V. P., 12, pi. d'Anvers, Paris.
Bonnet, prof. éc. milit., Montreuil-s.-Mer (P.-de-C).
Bonnet-Cros (Mme), angl., cours du XV% 234, bd Raspail, Paris.
Bonniol (Ch.), angl., prof. C. comp. V. P., 37, r. Delambre, Paris,
Bonnoront, angl., prof, au lyc. du Parc, Lyon.
Bontemps (Mme), prof. E. P. S., f., Chaumont.
Borner (C), angl., prof. lyc. Janson, 46, r. des Moines, Paris, 17'.
Bosc (Marie) (Mlle), prof. E. S. j. f., 16 bis, r. du Téméraire,
Nancy.
Boucher {R.), prof, lyc, 2, bd de la Liberté, Bourges (Cher).
Boucher {Emile), ail., prof, coll., 147, r. de Brequerecque, Bou-
logne-su r-Mer.
Bouchez, ail., prof. lyc. Poincarc, Nancy.
Boudon, prof. E. P. S., 67, r. (yhaponay, Lyon.
Boudonis angl., prof, coll., (lastelsarrazin (T.-et-G.).
Boue (R.) (Mlle), prof. coll. j. f., 23, r. Rougct-de-1'Isle, Auch.
Boue, prof, coll., Villefrancho-de-Rouergue.
Bouet, prof. E. N. d'inst., Beauvais.
Bouillerce (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Nay (Basses-Pyr.).
Boulaij (Mlle), ail., E. P. S. j. f., rue St-Lcvre, Nancy.
Boulay (Mlle), angl., prof. coll. j. f., 4, r. Molière, La Roclie-s.-Yon.
Boulhès (.1.) (Mlle), arabe, E. P, S. j. f., Miliana (Algérie).
Boulfroi/, prof. E. P. S., 201, route d'Albert, Amiens.
Bourdoucle, |)rof. collège, CJaniccy (Nièvre).
bourgeois ((.M, ail., prof. lyc. Roliin, Paris.
Bourgeois (A/.), angl., prof., 39, r. du (-oliséc, Paris, S",
Bourgin, prof, lyc, 22, r. St-tHaude, Montpellier (Hérault).
Bourgogne, angl., prof, lyc Condorcct, 9 bis, r. Michel-Ange,
l'a ri s, l(i".
Bourgoin, ai!., prof, lyc, Toulnuse.
Bourgoin, prof, lyc, Périgueux.
Bourgoin (Mlle), prof., 45, av. de Boideaux, Poitiers.
Bourgougnon, angl., prof. coll. de Cussct (Allier).
Bouriel (Mllei, prof. E. P. S. J. f., Valognes (Manche).
Bousquet, prof, lyc, 30 bd du Mail, Sens.
Bousquet, ar., prof. E. N. inst., Miliana (.Algérie).
Buuss(tgol, esp., prof.. Faculté des lettres, fi, rue Neu\e-de-la-Ba lan-
ce, 'l'oulousc
Boussincsg (Mile), prof. lyc. \'iclor-Duruy, 13, bd Montparnasse,
Paris.
AXNIAIKE DK 1,'ASSOCIATION 337
lioinjssy, prof. Et-. Sup. (loin., b(i Truduiiic, (;ierniont-F"c'rrand.
lionee (A.-G.), Head of thc I)ci)arlmcnt of French, l'niv. of Chi-
cago, III., r. S. A.
lioyer (P.), adm. Ec. Spéc. des Langues Orientales, r. de Lille,
Paris, 7".
linnier, prof. Ke. abbatiale de Maredsoiis-Maredret, Sosoye, Bel-
gique.
liriquelol, angl., prof. lyc, 14, pi. de la Hille, Har-le-Due.
Iir(/(tir(l, angl., prof. ée. Lavoisier, 34, r. Madame, Paris, 6^
Brocart, angl., prof. E. P. S., 37, r. Kullniann, Lille.
Broche, angl., prof. lyc, 32, bd. Joachim (Vieille (;hapelle) » La
Pâquerette », Marseille.
BriKjeille, ail., prof. Htes Et. Coni., 37, r. Ganneron, Paris, IS"".
Brillé (A.>, angl., prof, lyc. Cariiot, 42, av. Mozart, Paris, IB".
Brun (L.), ail., prof. lyc. Charlemagne, 31, bd St-Jacques, Paris.
Bninel (Mlle), angl., prof. lyc. Eénclon, 35, r. Madame, Paris, 6'.
Bruno (Mille), angl., prof. coll. j. f., 18, r. Henri-IV, Catres (Tarn).
Bruiii-res, prof, coll., Pont-de-Vaux (.Ain).
Biinel (Mlle), 21, av. Kléber, Malo-les-Iiains (Xordi.
Baryhard, ail., |)rof. lyc. St-Louis, li), Quai aux Fleurs, Paris, 5'.
Biiron-dallini, angl., prof. Ec. Sup. Com. et Ind., Paris, 17, r. du
(Château, Vincennes.
Cnlu'ii (M.), ail., 78, r. .Montplaisir, \'alencc (I)rôp.iei.
Cinllct, angl., prof, coll., St-Gerniain (S.-et-O.).
C.itillol (Mlle), jjrof. lyc. .1. f., Clermont-Ferrand.
('.(limettes (Mlle), angl., prof. coll. J. f., 9(). Graiide-Huc. Carcas-
sonnc.
(]iilogeropoiilos (dite C.alos) (Mlle), angl., prof. c. com. V. P., 4,
r. Malebranche, Paris.
(Uiizan, prof. lyc. du Parc. Lyon.
(jinihilUiril (Mlle), lycée J.-Ferry, Place (llicby, Paris.
(.(initirnii (Mlle), angl., prof, coll., Tanger, Maroc.
(.(iniertijnck, angl., prof, lyc, St-Louis, 13, r. Soufflot, Paris, .')'".
('.(tnierliinck (Mme) angl., prof. c. sec XP arr., 13, r. Sou;fflot,
Paris, .V.
('.(impnias, prof. coll. Lectoure (Gers).
C.nnivet (Mlle), prof. E. P. S., Pithiviers (Loiret).
('.(innac, prof. lyc, 23, r. GauItier-de-Biauzat, Cilermont-Ferrand.
C.iipela, prof, coll., 64, av. de la République, Barbczieux (Charente).
Coroyon, esp., prof. coll. de Bagnères-de-Bigorre.
Carayon, angl., prof. coll. Chaptal, 50, r. Truffaut, Paris, 17".
Cardon (Mlle), angl., prof. coll. j. f., 17, r. de Pornichet, St-N'a-
zaire.
Carias (Mme), prof. E. P. S., H», cours Molière, Pézenas.
338 LES LANGUES MODERNES
Carillon, alL, prof, coll., 5, r. de la Surintendance, St-Germain-en.
Laye (S.-et-O.).
Caron (.Mlle), prof. lyc. j. f., Tarbes.
Carré, angl., prof. E. P. S., Villa Reine-Marguerite, 11, r. Voltaire,
Vichy (Allier).
Carré (J.-M.), maître de conf. Univ., 17, av. de Noailles, Lyon.
Cart, ail., prof. lyc. Carnot, 8, r. Joiiffroy, Paris, 17'.
Castelain, angl., prof. Fac. des lett., 18, pi. de la Liberté, Poitiers.
Castelia (Mlle), prof. lyc. j. f., 3, r. d'Alsace, Clermont-Ferrand.
Catel (J.), angl., prof, lyc, Montpellier.
Cattet, angl,, prof. c. s. V. P., 18, r. Monsieui--le-Prince, Paris, 5^
Caujolle, ail., prof., Agen.
Cauvin, prof, coll., Mortain.
Cavaillon (Mlle), ail., prof. E. P. S., 94, fg Ste-Croix (?), Forbach,
Moselle.
Cayrou, prof, coll.. Le Blanc,
Cazamian, Maître de conférences de Littérature anglaise à la Sor-
bonne, 132, Av. du Maine, Paris, 14^
Cellier, ail., prof, coll., Narbonne (Aude).
Central High School, School district of city, Scranton, Penns.,
U. S. A.
Chabas, ail., prof. Ij'c, Condorcet, rue du Havre, Paris 9".
Chabot, ail., prof. Ij'c, villa André, av. Gambetta, Guéret.
Chabot, prof, à la fac. des lett., Univ. de Lyon.
Chaffiirin, angl., prof. \yc. Condorcet, Paris.
Chaigneau (Mlle), angl., prof. coll. j. f., Poitiers (Vienne).
Chaillan, angl., maître aux E. P. S. de La Seyne, La Loubière,
Toulon.
Chalard (Mlle), angl., prof. E. P. S. j. f., 12, rue Circère, La
Rochelle.
Chalmel (Mlle), prof, lyc, St-Quentin.
Chambille, ail., prof, coll., 4, r. du Collège, lliom (P.-de-Dôme).
Chanioux, censeur, lyc. Nancy.
Champion, ail., prof. adj. lyc. Condorcet, 34, r. Raniey, Paris, 18'.
Changeur, Hôtel Cordier, Rressuire (Deux-Sèvres).
Charles (Mme), prof. E. P. S., La Souterraine, Creuse. •]
Charlier (Mme), ail., E. P. S. filles, Thionville (Moselle).
Chariot (Mlle), angl., prof. E. P. S. j. f., ^yîy, r. Renip. St-Etienne, ,
Toulouse.
Charpentier, angl., prof, lyc de Pau (Basses-Pyrénées), Villa PapofT.
Châtelain (Mlle), prof. coll. j. f., 25, av. V.-Hugo, Valence (Drônie).
Chaucbard, prof, coll.. Romans (Drônie).
Chaufour, angl., rédacteur en chef. Ministère de l'Instruction publi-
que. Le Caire.
ChauHat, prof. lyc. Biaise-Pascal. 28, r. Bansac, Clermont-Ferrand.
Chausse, prof, coll., Chàtellerault (Vienne).
Chauvet. angl., prof, lye., Mulhouse. 18, r. du Jura, Biedisheiin,
(Ht-I\hin).
ANNUAIHK DE l'aSSOC.IATIOX 330
CJuiux, angl., prof, lyc, Pau.
Chefjuud, angl.. Fondation Thiers, 5, Rond-Point Bugeaud, Paris,
16-.
Chemin, angl., prof. lyc. Carnot, 29 bis, v. Monge, Paris, 5'.
Chenron (Mlle), ail., prof. coll. j. f., Troyes.
Cheoron (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Homans (Drôme).
C/joi.a-, ail., prof, lyc, 12, r. Petite-tlité, Evreux (Eure).
CJcille, angl., prof, lyc, Poitiers.
i'.hevntnl (Mlle), prof, lyc .Feanne-d'Arc, 17, av. Croix-Morel,
(lier mon t-Ferrand.
CUnuleville (Mme), prof. E. P. S., 54, r. .Avisseau, Tours.
Clcch, angl., prof. Ij'c, Rennes.
Clermont, proviseur lyc, Nice.
Cloiirec (Mme), angl., prof. E. N. inst., 135, av. du Mail-d'Ongcs,
Rennes (I.-et-V.).
Clôt (Mlle), angl., prof, lyc Racine, 52, r. Lemercier, Paris, 17'.
Cochet, angl., prof, lyc, 10, quai St-Laurent, Orléans (Loiret).
Cohen-Sohil, ar., prof, lyc, 30, bd Séguin, Oran (.Algérie).
Coi/fier (Mlle), angl., prof, lyc j. f., Toulouse.
Coindreaii, prof. E. P. S., Gannat (Allier).
Coignaud, angl., dir. E. P. S., Carentan (Manche).
Coince (Mlle), angl., prof, lyc j. f., Le Puy (Hte-Loire).
Colens, angl., prof, lyc Lakanal, Bourg-la-Reine.
Colle, prof, hc, St-Omer.
Collet, esp., prof., 10, av. Kléber, Paris, 16'.
Collette (Mlle), ail., prof. lyc. j. f., Reims.
Collin, alU prof. J.-B. Say, r. Tarbc, Paris, 17'.
Colomba: (Mlle), prof. E. P. S. f., Pavillon Victoria, Montée-Cara-
bacei, Nice,
Colver, prof. E. P. S., 84, r. Belle-Fontaine, Lorient.
Combebins (Mlle), prof. E. P. S. j. f.. Villa du Perce-Neige, bd
Pasteur, C.lermont-Ferrand.
Comberclle (Mlle), Prof. E. P. S. j. f., 15, bd Duclau.x, Clcrmont-
Ferrand.
Combes, angl., prof, lyc, 55, r. du Moustier, Montauban.
Commormond, ail., prof. lyc. Condorcct, 37, r. des Martyrs, Paris, 9'.
Comment, prof, lyc, 6, r. Cavaignac, Oran.
Co/j/ies, angl., prof, lyc, 17, bd Sébastopol, Marseille.
Constant, ail., prof, lyc .lansoit, 26, r. Bellefcuillc, Paris, 16«.
Copillef, 4, r. des Ursulines, Meaux.
Coricon, ail., prof, lyc, Coutances (Manche).
Corfeel, angl., prof. lyc. Condorcet, Paris.
Corlot (Mlle), prof, lyc Molière, Paris, 16'.
Coste, prof, d'anglais au lycée d'.Avignon.
Coulonjon (Mlle), prof. E. P. S., 7, r. des Dames, Aurillac
Coiirbin (Mme), prof. E. P. S. f., p];ice Guichard^ Lyon.
Courtots (Mlle), prof. E. P. S., Aubénas (Ardcche,).
340 LES LANGUES MODERNES
Couvreur, angl., prof. E. P. S., Bagnols-s.-Cèze (Gard).
Crampton (.F.-W.), 28, Wood Castwick, Rd. Sydenham, Londres.
Crayssac, ail., prof, lyc, Angoulême.
Créances (Mlle), prof. lyc. Fénelon, Paris.
Christiani, ital., prof. E. P. S., Bandol (Var).
Crofts (T. R. N.), Royal Masonic Sehool. Bushey, Herts.
Cros, prof. coll.. Riom (Puy-de-Dôme).
Norton-Cru (Jeani, prof. Williams Coll., Williamstown, Mass,
U. S. A.
Cru (Mlle), prof., Mirmande (Drôme».
Cruvellier (Mlle), angl., prof. coll. j. f., 22, r. d'Alsace, Béziers
(Hérault).
Cury (Mlle), angl.. prof, coll., Laval.
Danchin, prof, lyc, Lille.
Dansac, ail., prof. lyc. Pasteur, 26. r. Victor-Xoir, Neuilly-s.-Seine.
Diirnautl, angl.. prof. lyc. Toulouse.
Ihtssiontnlle, ail., |)rof. coll., 30, .Allée St-Roch, ('.timbrai (Nord).
Dfiubié (Mlle), ail., H. C. 1. T. R., Bonn (Rhin), secteur 96.
Ddudin (Mme), ail., prof, lyc j. f., Bordeaux,
Ddunois (Mlle), ail., dir. E. P. S. j. f., Nontron (Dordogne).
Dauney, angl., prof, lycée du Mans (Savthe).
iJdpesnex (Mlle), ail., prof. lyc. j. f., Versailles.
Dftnoine, ail., prof, coll., Lunévillc (M.-et-M.t.
Dox, ail., prof, lyc, Tourcoing (Nordi.
Dehdilh'ul, angl.. prof. lyc. Louis-le-GriUid. Paris.
Debcs, Pryt. Mil., 1, r. Conchot, La Flèche (Sarthc).
Dec.loitre (Mme), prof. E. P. S., La (;ôte-St-.\ndré (Isère>.
DecoIIognjj (Mme), angl.. i)rof. lyc Ampère, 15, r. C.onslanf ine,
Lyon.
Deconde, ail., prof, coll., .loigny.
Decroix (Mlle), angl.. prof. lyc. Rouiu. KJ, r. Route-N'ciivc Mont-
St-Aignan (S.-Inf.).
Dedde (Mlle), angl.. prof. lyc. j. f., (uiéret (Creuse).
Dedieitx (Suz.) (Mme), Cherves-Chatclars (Charente).
Deflers. ail., prof, coll., 9, r. de la Préfecture, Lisieux.
Deçilnire, prof. lyc. Cherbourg (Manche).
Déqniau, ail., ])rof. gymn., Sarregucmines.
Degré, angl., prof. coll. Diderot, 1, r. Boivin, Langres (Tlte-Marne).
Delany (Mark), angl., prof. lyc. 1.').'), r. de IWlma, Tours.
Deldttre (Florisi, angl. prof, fac d. Leit., 28, r. Gambetta, Loos-les-
Lille (N'ord).
Deldodud, prof, éc pral. com.. 29, r. (uiilleniarc. Le .Mans (.Sarthe).
Delcros (Mlle), |)r()f. lyc j. t.. Agen.
Delnidst. prof, lyc. Av. de Paris; Tulle.
ANNLAIHE DE l'aSSOCIATION 341
Dclmas, ail., prof, coll., 14 r. de Brchat, Morlaix (Finistère).
Delobel, ail., proviseur du lycée de Rochefort.
Delpij, esp., prof, lycée Bayonne, 6, rue (^hamp-Lacaiiibc, Biarritz.
Deniiiud, ail., prof, lyc, 38, cours Fauriel, St-Etiennc (Loire).
Demeaux, esp., prof, lyc, Albi.
Demmer (Mlle), ail., prof. lyc. Victor-Uuruy, 7, r. (A'sar-Franck,
Paris, 15'.
Demolon, angl., prof. lyc. Voltaire, Paris.
Deniniolle, prof, lyc, 1, r. des Marmousets, Nevers.
Denis (Paul), angl., principal collège, Valognes (Manche).
Denis (J.), ail., prof, lyc Ampère, 58^, cours d'Herbonville, Lyon.
Denis (Mile), prof. coll. j. f., 15, bd St-Michel, VilIeneuve-s.-Lot.
Denjan, esp., prof. lyc. Condorcet, Paris.
Deny, prof, de turc, Ec. lang. Or., rue de Lille, Paris, 7".
Deqiiaire, angl., prof. lyc. Voltaire, Paris, 11'.
Derocquiijny, angl., prof, fac de lettr. Univ. de Lille.
Desanslis, ail., prof, lyc, Chaumont.
Desants (Mlle), ital., prof. .déi. lyc Edgar-Quinet, Bourg.
Desbiof, prof. E. P. S., Caen.
Desclos-Aiiricoste, angl., prof, lyc Condorcet, 9, r. du Val-de-Gràce,
Paris 5*.
Descouchant (Mlle), angl., prof. coll. j. f., La Châtre.
Desesbats, ail., prof, lyc, Périgueux.
Desfeuilles, ail., prof, lycée Voltaire.
Desmis, angl., prof. E. P. S., Landrecies (Nord),
Despont, bl, bd. Gambetta, .Albi.
Desport (Mlle), angl., prof. E. P. S., Pontlevoy (Loir-et-Cher).
Desrosier, prof, col., 29, r. .Antoine-Masson, .\uxonne (Côte-d'Or),
Dessagnes, angl., prof, lyc Louis-le-Grand, 7, Route des Sablons,
Sceaux (Seine).
Desimux (G.) (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Gap.
Desuignes, alL, prof. coll. Vic-en-Bigorre (Htes-Pyrénées).
Devaux, angl., prof, coll.. Vire (Calvados).
Devigne, ail., Ec .l.-B. Say, 11 bis, r. d'Auteuil, Paris, 16-.
Devin, angl., prof, lyc, Longuenesse, Saint-Omer (Pas-de-Calais).
Dézert, angl., prof, lyc, Chambéry.
Dibie, lang. mér.. Maison de la Presse, 3, r. François-1"'', Paris.
Didelot, ail., prof, coll., Commercy (Meuse).
Diebold, prof, gymn., Wissembourg (Bas-Rhin).
Digeon, angl., prof. lyc. Condorcet, 51, r. du Mont-Cenis, Paris, 18«.
Digoit, ail., prof, coll., 1 bis, r. Notre-Dame, Vcrneuil-s.-.\vre (Eure).
Dir. des C. S. de français. Trêves (.Allemagne occupée).
Mme la Directrice du lyc. j. f., rue Orget, Tours (l.-et-L.).
Dispan de Floran, angl., prof, au lyc. Lakanal, Bourg-la-Reine
(Seine).
Dodanthum, angl., prof, lyc, 1, r. des Récollets, Nevers.
Dole (Mlle), prof. E. P. S. j. f., 68, r. Nationale, Pontivy (Morbihan).
24.
342 LES LANGUES MODERNES
IJollé, angl., prof. E. N. d'inst., Pau (Basses-Pyrénées).
Doiitenville, ail., prof, lyc, 6, r. St-Thomas-d'Aquin, Avignon.
Dosmond (Mlle), angl., prof. lyc. j. f., Nancy.
Doyen, 8, rue de la Cécile, Valence (Drôme).
Doiiady, angl., prof. fac. d. lett., 18, bd du Lycée, Lyon.
Douadg (Mme), angl., prof. lyc. j. f., Lyon.
Doiissant (Mlle), angl., prof. coll. j. f., Troyes.
Dresch, ail., prof. fac. d. lettr., 19, r. de Strasbourg, Bordeaux.
Dreyfus (L.), prof. lyc. Kléber, Strasbourg.
Dreyfus (J.), prof. lyc. Kléber, Strasbourg.
Dreyfus, ail., prof, lyc, 6, pi. du Jura, Besançon.
Droin, ail., prof. lyc. Buffon, 24, r. du Regard, Paris, 6'.
Drouin, ail., prof. Ij'c, Vesoul.
Druesne, prof. lyc. Biaise-Pascal, Cl.-Ferrand, villa des Cèdres,
avenue du Puy-de-Dôme, Royat.
Dubois, esp., prof, lyc, Toulouse.
Dubos, angl., prof, lyc, 8, r. Diaz, Bordeaux.
Dubourg, ail., prof, lyc, 18, r. Diderot, Agen (L.-et-G.).
Dubreuil, ail., prof, col., 11, r. le Féron, Compiègne.
Miss Soeiia Dubrule, 15, Bradford Street, Lawrena (Mass.), V. S. A.
Duc, prof, de lang. viv., à Tananarive (Madagascar).
Duc (Mlle), prof. coll. j. f., Evreux (Eure).
Duchdtelle, ail., prof, coll.. Salins (Jura).
Ducheniin, angl., prof. Ecol. Com., Ec. Sup. prat. de Com. et d'Ind.,
éc Colbert, 15, r. du Delta, Paris, 9'.
Duchemin, angl., prof. lyc. Voltaire, Paris.
Ducos, ail., prof. coll. de Schlestadt.
Dudin, prof. lyc. Rochefort.
Dufrénois, angl., prof, lyc. Impasse Petit, Evreux.
Duisit, angl., prof. lyc. du Parc, Lyon.
Dumarchat, ail., prof, coll., r. Montaigne. 81, Libourne (Gironde).
Dupifts, ail., prof. coll.. \'ienne (Isère).
Duméril, angl., prof, fac d. lett. 80, r. Montaudran, Toulouse.
Duméril (Fldm.), prof. ch. de cours, Poitiers (Vienne).
Dumont, angl., prof. lyc. Ampère, 145, av. de Saxe, Lyon.
Duncan (Jos.-B.), .Acting Sec. of. Pub. Instruction, Panama City,
iiép. de Panama.
Duncan (Mlle), prof. lyc. j. f., Grenoble.
Duplenne, angl., prof, coll., 9, r. St-Pierre, Cholet (M.-et-L.).
Dupont (Mme), 50, r. St-Brice (Chartres).
Dupoutz (Mlle), 73, r. du Cardinal-Lemoine, Paris, 8'.
Dupré, angl., prof, lyc Montaigne, 164, r. de Vaugirard, Paris, 15*.
Duprê (Mme), angl., prof, lyc \'ictor-I)iiruy, 164, r. de Vaugirard,
Paris. 15«.
Dupuy (Mlle) ail., prof. lyc. j. f., 27, passage St-Yves. Nantes.
Durand, al!., prof, coll., Millau (.\veyron).
Durand (MIUm, ital., 7, r. Muiron-.Mourillon, Toulon.
ANNUAIRE DE i/aSSOCIATION 313
Durand, prof. 10, qniii du .Midi, Tournus (S.-et-L.).
Durand (H.) (Mlle), i\ng\., piof. E. N. j. f., 11, bd Bellc-Isle, Rodez
(Aveyron).
Duraud, ail., prof, lyc, Toulouse.
Durif (Mme), prof, E. P. S. j. f., 13, r. Ganibetta, St-Etienne (Loire).
Duoergé, angl., prof. lye. Michelet, 26, r. de Solfcrino, Vanves (S.).
Kasl, (Mlle), i)rof. angl. E. P. S. j. f., 6, rue Vélane, Toulouse.
lihrhardt, prof, à la Fac. lettres de l'Univ. de Lyon.
Ehrhardt, prof, lyeée Kléber, Strasbourg.
hngel (E.) (Mlle), prof. coll. j. f., 8, parvis de l'Evèché, St-Dié
(Vosges).
Estihotl», prof. Ec. norm. Inst., Perpignan (Pyr.-Orient.).
Escarti, prof, lyc, Toulouse.
Euget, princ. coll., Etampes (S.-et-O.).
Evrard (Mlle), 32, bd Montparnasse, Paris.
Ex-brayat (Mlle), prof. E. P. S., 9, r. Diderot, Tours.
Fabre, E. P. S., Aix-en-Provence.
Fubre, prof, lyc. Douai.
Fabre, prof, lyc, Fort-de-France.
Fa fin (Mlle), prof. coll. j. f., 17, bd Landais, Vitré (IlIe-et-Vilaine).
Fanières, prof, d'angl. lyc, Versailles.
Farenc (Mlle), prof. coll. j. f., Cahors (Lot).
Farsat, prof, lyc, Bastia.
Faucon-Dumont (A.) (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Quimperlé.
Faure (Abbé), prof. E. N. Dame, Guéret (Creuse).
Faure (L.-J.-Désiré), prof, coll., Villefranche-sur-Saône (Rhône).
Favre, prof, lyc, 65, rue d'Allier, Moulins (Allier).
Ferdinand (Roger), prof. angl. coll., Châlons-sur-Marne.
Féret, prof. E. P. S., 35, bd du Sud, Louviers.
Ferlin, prof, lyc Carnot, Villa des Genêts, Maxala-Radès (Tunis).
Ferron, prof, lyc, 16, Cours du Chapitre, Marseille.
Feuillat (Mlle), prof. E. P. S. j. f.. Calais.
Feuillerat, prof, de litt. angl. Fac. Let., 81, bd de Metz, Rennes.
Fèvre (Mme), 15, r. Philibert de la Mare, Dijon.
Fisher (Charlotte) (Mlle), prof. coll. j. f., 30, quai Michelet. Cha-
lon-s.-Saône.
Fisher, prof, lyc de Talence, Bordeaux.
Flaire, prof. E. J.-B.-Say, Villa Blanche-Marguerite, 16, r. Durand-
Benech, Fontenay-aux-Roses (Seine).
Fleur (A.), coll., 11, r. des Vierges, Vannes.
Fleurant, prof, lyc Carnot, 14, r. Labié, Paris, 17".
Foot (Lionel-R.), prof., 8, r. Talay, St-Etienne.
344 I^ES LANGUES MODERNES
Forget (E.), Inst. secr. gên., Fédér. des Ane. combat, de TE. P.,
108, r. de Patay, Paris, 13\
Forné, lyc. de Monaco.
Foucault, prof, coll., Melle (Deux-Sèvres).
Fouret, prof. lyc. Janson, 7, r. Troyon, Paris, 1".
Fouret, prof, lyc, Troyes.
Fourgeaud, prof, lyc, 33, r. de la Mairie, La Roche-s.-Yon.
Fourneau (Mlle), inst., Ecole Petit-Mortier, Steenwerck (Nord).
Fournery (G.), prof. lyc. Lonis-le-Grand, Ifi, r. d'Ouessant, Paris, 15'.
Fournier, E. P. S., Cannes.
Fournier, prof, lyc, Charleville.
Fraîche, prof. E. P. S., Talence, Gironde.
Français, prof, lyc, 16, av, de la République, Laon.
France, prof. E. P. S., Valenciennes
Franzini, prof, lyc, Bastia.
Frappier, prof, coll., Civray (Vienne).
Frédric (A.), prof. E. P. S., Lorient (Morbihan).
Frehse (A.) (Mlle), prof. lyc. Ed.-Quinet, r. de la Gendarmerie,
Bel-Air, Bourg (Ain).
Fremin, prof, coll., 47, av. Victor-Hugo, Saumur.
FreytaU, prof. E. N. Inst., rue Molitor, Paris 16'.
Fuller (Esq") Holborn Estate, Grammar School, Aldwych, London
W, C.2.
Gabriel, prof, coll., Lunéville.
Gachet (J.) (Mlle), 5, Aima Ter., Allen St., Kensinglon, London, W.
Gagnot (Mlle), prof. lyc. V.-Duruy, 8, ç. Pétel, Paris, 15^
Gaillard, prof, coll., Epinal.
Gai (Mlle), prof. E. P. S., 31, r. Marcel-Jambon, Barbézieux.
Galibert, prof. E. P. S., Toulouse.
Galla (M.-G.), Instituto Tecnico Tusinieri, Vicenza (Italie).
Gallant (Mlle), 1, r. Prée d'Allemagne, Angers,
Gailand, 12, r. Montalembert, Limoges.
Gallas, R. R., Palestrinastraat, 7, Amsterdam,
Galouije, 12, rue Marivaux, Perpignan (P.-O.),
Gallot, prof. E. P. S., Mayenne (Sarthe).
Gambier, prof, au lycée, 12, r. Rivière, Constantine (.\lgérie).
Garcin (M.-A.), prof. E. P. S., Riez (Bas. -Alpes).
Garçon, Inspecteur d'académie. Tulle.
Garde, délégué E. P, S,, Pléaux (Cantal).
Garnier, prof. lyc. du Parc, Lyon,
Garnier (Ch,-M.), prof, lycées Henri-lV, Condorcet et Louis-!c-
Grand, 41, r. Gay-Lussac, Paris, 6'.
Ga/ica, Escuela Profesional de (voniercio, Valencia (Espagne^.
Gasne (M.-A.), prof, au lyc, 12, bd de Strasi)ourg, Toulon (V'ar).
AXMAIHE I)K l'association 3-IÔ
Gdssiin, piof. lyc, Tarbes (Htes-Pyrcnées).
Gaucher (Mme), prof. lyc. j. f., St-Etienne (Loire).
Gandin, prof, coll., Saulieu (Côtes-d'Or).
Gandin (Haoul), prof, lyc, 63, r. Comt Arnould, Bordeaux.
Gaalherot, Ec. Prat., 25, r. Clemenceau, Montbcliard (Doubs;.
Gédéon, prof, lyc, Poitiers.
Gchcndcz-nenis (Mmei. cours secon.. r. du Poiit-Châtel, .Moiitbéliard.
Geismar, prof, lyc, Limoges.
Gcneoois, prof, lyc, 332, bd de Talencc Bordeaux.
Genévrier, 68, r. Claude-Thion. Tours.
Georg (Mlle), prof. E. N., Lons-le-Sauliiier.
Gérardin (M.-P.), prof, coll., .\bbeville (Somme'.
Giacomoni, prof, lyc, Toulon.
Gihelin (J.), prof, lyc, 47, r. de l'.Abattoir, Nîmes.
Gidou-Xetter (Mme), prof. coll. j. f., 28, r. de l'.Arquette, (hien.
Gilard (M.) (Mlle), prof, lyc j. f., 38, r. de Suez, Marseille.
Gillet, prof, coll., Chalon-s.-Saône (Saône-et-Loire).
Gillon, prof, angl., lycée (^irnot, Dijon.
Girard (Mlle), prof lyc j. f., Lyon.
Girctrd (Lucien), prof, lyc, 15, bd Volncy, Rennes,
Girardot (Mlle), prof. E. P. S., 9. r. de Besançon, Gray (Doubs).
Girolanii, prof, lyc, Bastia.
Girot, prof, honor., 13, place de Téglise, Dieuze (Moselle).
Gobert, prof, coll., Mirecourt.
Godart (.\.), prof. lyc. Condorcet, 121, r. Caulaincourt. Paris. 18'.
Godillon (Mme), prof. E. P. S, j. f., 46, r. La Trauchie, Poitiers.
Goestchy, prof. lyc. Michelet, 54, bd de Vaugirard, Paris, 15*.
Goisey (Mlle), prof, coll., Dreux.
Goll, prof, lyc, 24 bis, av. Villarceau, Besançon.
Gondry, prof, coll., 3, r. Grigny, Arras (Pas-de-Calais).
Gorce (J.), prof. E. N., 32, cours Grandval, Ajaccio.
Goret, P. E. P. S., 18, av. Espeleta, Talencc Bordeaux.
Goiirio, prof. angl. lyc. Montaigne, 29, r. des Volontaires, Paris, 15'.
Goiitay, prof, lyc. Le Puy.
Goy, prof. E. J.-B. Say, Bureau des Rens. à la Sorbonne, Paris, ô".
Goiix, prof. lyc. du Parc, Lyon.
Granet (Mlle), prof. E. P. S. j. f., St-Maixent (Deux-Sèvres).
Grandgeorge, prof. lyc. Henri-IV, 23, r. Clovis, Paris, 5*.
Grange, prof. E. N., Bouneville (Hte-Savoie).
Granger, prof. Ij'c, 28, r. du Japon, Toulouse.
Grémillet (J.i, prof, coll.. Bruyères, Vosges.
Grémilly, collège Gouraud, Rabat (Maroc».
Gressard, chargé de cours au lyc, 47, r. St-Martin, Vesoul.
Gricourt, prof, d'anglais, coll. Chaptal, 23, r. Viète, Paris, 11''.
Griffon (C), prof. lyc. 28, r. de Puebla, Lille.
Griijet, prof. Ec. N. Inst., 27 r. Cavenne, Lyon.
Gromaire (G.), prof. lyc. Buffon, 189, r. de Vaugirard, Paris, 15'.
346 LES LANGUES MODERNES
Guelin, prof. Annexe de l'Av. de Saxe, Lyon.
Giiennebaud, prof, d'anglais, lyc, St-Bricuc.
Giiérin, prof, lyc, Chartres.
Giiéritot (Mme), prof. lyc. Jules-Ferry, 5, r. Caveiulisli, Paris, 19".
Gugenheim (Mlle), 9, Corso Plebisciti, Milan (Italie).
Giiibillon, prof. angl. lyc, 60, r. de Guebwiller, Mulhouse (Ht-Khim.
Guichard, prof, d'italien, lyc, Marseille.
Giiien (J.), Dir. E. P. S., S.t-Jean-dc-Maurieuue.
Giiillain, prof, lyc, Monaco.
Ciiillaiime, prof, d'anglais, lyc, 17, r. Sleidan, Strasbourg.
Guillois (Mme), prof., Marmande (Lot-et-Garonne).
Guillon (Mlle), prof. lyc. Victor-Hugo, 70, Grande-Rue, Besançon.
Guillotel, prof. lyc. Charlemagne, 104, r. d'Assas, Paris, 6*.
Giiimiot, prof. ail. grand lyc, Marseille. ,
Guinaudeaii, prof, lyc, 16, r. de Soissons, Bordeaux. j
Guinet (A.), prof, coll.. Cognac j
Giiittard (Mlle), E. P. S. j. f., Limoux. |
Guy, prof. E. N., Poitiers. \
Giiyot, maître de conf., 1, bd Montmorency, Paris, 16'. '
Guzman (Gustavo), prof, del Colegio Racional, Buenos-Aircs
(Rép. Argentine).
H
Hagen, prof, lyc, Alger.
Hninzelin, E. P. S., Lunéville.
d'Hangest, prof, d'anglais, Condorcet, 117, bd Exelmans, Paris, 16^
Haniez (Mlle), prof. 10, r. Ferdinand-Fabre, Paris, 15''.
Hanneton, prof, coll., 21, r. Quintaine, Montargis.
Hunss, prof, h'c Rollin, 23, r. Lamartine, Paris, 9*.
Hantz (Ch.), prof. Ij'c. Charlemagne, 4, r. Laferrière, Paris, 9\
Hartenstein (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Wissembourg (Bas-Rhin).
Hébert (Mme), prof, d'anglais, Ijc, 3, r. du- Tech, Bordeaux.
Heldt (M.), prof, lyc, Cahors (Lot).
Hélias, prof. lyc. St-Charles, Marseille,
Heller (J.), prof, lyc. Valence.
Hénin (B.-L.), The Stuyvesant, High School, 345, East, 15'" Street,
New-York.
Henry, prof, d'anglais lyc, 78, r. de Rennes, Nantes.
Herbert, prof, école des Htes-Et. Corn,, 48, r. du G' Foy, Paris, 8'.
Herbin (Mme), prof. coll. j. f.. Cambrai.
Hérisson, prof, coll., Valcnciennes (Nord).
Herpe, prof. E. P. S., Carhaix.
Herzog, prof, lyc, Chambcry (Savoie).
Hesnard, prof. lyc. Charlemagne, Paris.
Hesse, |)rof. lyc, r. de Montreville, Nancy.
Miss Heywang, 1, rue Constantine, Lyon (Rhône).
ANNTAiiu-: i)K l'association 347
mileret, prof. lyc. Henri-IV, 10, r. Lagrangc, Paris, 5*.
Hirsch (S.), prof, lyc, 27, bd Thiers, Dijon.
Hirsch-Weiger (Mme), E. P. S., 2, rue Fabvier, Pt)nt-à-.Moussoii.
Hirtz (Gaston), prof, lyc, 19, r. St-Vincent-de-Paul, Paris, 10«.
Hirl: (Georges), prof, coll., 3, r. Thiers, Pontoise (Oise).
fificqiKird, prof, lycée, 1, rue Tcte-d'Or, Metz.
IhvUimjer, délég. E. P. S., g., 23, r. Stasnilas, Nancy.
Homps, prof, coll., St-Germain-en-Layc (S.-et-O.).
Honoré, prof, lyc, 24, r. Emmanuel-Chabricr, Glermont-Ferrand.
Honoré (Mme», prof, d'anglais, lyc. de j. f., Clcrniont-Ferrand.
HorlaoiHe, prof, coll., .Auxerre (Yonne).
Hovelaque, insp. génér. de l'Université, 9, r. Eniile-.\ugier, 16'.
HoDclaqiie, prof, d'anglais, lyc. Lakanal, 128, r. Houdan, Sceaux.
Hiichon, maître de conf. à la Sorbonne, 19, r. Rémilly, Versailles.
Hiwt (Mme), prof. E. P. S. de Gondécourt, 12, r. de Douai, Lille.
HiKjon (Mlle), prof. coll. j. f., 13, av. de la Gare, Chalon-s.-Saône.
Hiiot-Sordnt (Mme), prof. coll. j. f.. Villa les Cigales, bd St-I\uf,
Avignon.
Husson (Mllei, prof. E. P. S., Salins (..Juraj.
Iniberl (Louis), prof. lyc. g. ail., Niort.
Institut philologique germanique. Université de Strasbourg.
Isselé, prof. lyc. g. ail., Orléans.
Jacquard, prof. coll. g., Epernay (Marne).
Jacquinet (Mlle), 34, r. Madame, Paris, 6%
Jalabert, prof. lyc. g. ail., Quimper.
Jalras, prof. Ij'c. g. ail., Pau.
Jamin, prof, à l'Ecole Lavoisier, angl., 76 bis, r. des S.-Pères, Paris.
Jaiibert, prof, lyc g., Marseille.
Jamin (Mlle*, prof, lycée Fénelon, Lille.
Jeandet (Mlle), 2, av. de la Gare, Beaune (Côte-d'Or).
JeanneUe, prof, d'anglais, Ijcée Fustel de Coulanges, Strasbourg.
Jobard (E.) (Mme) prof. lyc. j. f., angl., 56 bis, aven, de Paris,
Versailles.
Joffrog, prof, ail., lyc. Voltaire, 101, aven, de la République,
Paris, 11".
JoUivet, prof, d'ail, à la Faculté des Lettres, Alger.
Joussaume, prof. lyc. g. angl., 10, r. du D'' Guignard, Angers.
Jiibien, prof. lyc. g. angl., 18, r. Clambauchet, Niort (Deux-Sèvres).
Jung (Mlle), prof. coll. j. f., Remiremont (Vosges).
348 LES LANGUES MODERNES
Kdblê (Mlle), prof. coll. j. L, Haguenau (Bas-Rhin).
Kahii (Mme), prof. lyc. j. f., 24, r. Magenta, Versailles.
Kancellary, prof. lyc. g. ail., Toulouse.
Kayser, direct, de Tinstit. Kayser-Charavay, 3, av. Moiitespan,
Paris, 16^
Kegreiss (Mlle), prof. E. P. S. f., quai du Fossé, Mulhouse.
King (M.- M.) (Miss), Benbury Municipal School, Oxon (Angleterre).
Klein (Mlle), prof. coll. j. f., ail., Epernaj' (Marne).
Koessler, prof, ail., au lycée Janson de Sailly, Paris, chez M. Veil-
let-Lavallée, 2, r. Mizon, IS"".
Kosziil, prof. litt. angl. à l'Université, 14, r. Fischart, Strasbourg.
Kouhihallitiis, Rotakatu, 2, Helsingfors (Finlande).
Krause, Jamaica High School, Jamaica, New- York, E. U. A.
Kray, prof. lyc. Kléber, fg de Pierre, 611, Strasbourg.
Kremer, prof. lyc. g. ail., 23, r. du Bastion, Nancy.
Kron (Mlle), prof. E. P. S. f., ail., Commercy (Meuse).
Kûhii, prof, d'anglais Ec. Sup. des Postes et Télégr., angl., 62,
bd Exelmans, Paris.
Kiintz, (Mlle), prof. E. P. S. f., Illiers (Eure-et-Loir).
Lcibeyrie, prof. coll. g., Parthenay (Deux-Sèvres).
Laborde, prof. hc. g., angl., Angoulème.
Lacom.be (Mlle), prof, ail., 2, r. Bellegardc, Toulouse.
Lacoste (Mme), prof. E. P. S. f., angl., Guingamp (Côtes-du-Xord).
Lacrouze (Mlle), prof. E. P. S. f., Talence (Gironde).
Ladrière (Mlle), prof. coll. j. f., ail., Sedan (Ardennes).
Lafon (Mlle), prof. E. P. S. f.. Cette.
Lagarde, prof, lyc, g., angl., Agen (Lot-et-Garonne).
Lahigûe, prof. lyc. g., ail., Villa Santiago, Bayonne (Basscs-Pyr.).
Lalande (Mme), prof. coll. j. f., angl., 52, r. des Brebis, Morlaix
(Finistère).
Lallay, prof. E, P. S. g., angl., St-Lconard (Hte-Viennc).
Laloii (Mme), prof, lyc, 6, r. de Seine, Paris, 6'.
Lalou, prof, angl., lyc. Lakanal, Sceaux (Seine).
Lamar, prof, lyc, F'élix-Faure, Bcauvais,
Lamarche, prof., Ec. Réale super., r. Maréchal-Foch, Strasbourg.
Lamorlclte (Mlle), prof. lyc. Fénelon, Lille.
Landre, j)rof. lyc g., ail., Quimper. i
Landii, prof. E. P. S, g., angl., St-Gaultier Undre). '
Ldiujevin, prof, à l'Ec. Golbert, ail., 27, r. C.hàteau-Landon, Paris.
LaïKjluis, prof, lyc g., 22, r. Ste-Claire, Clermont-F"errand.
Latines, prof. coll. g., ail., Libourne' (Gironde).
Lapalus, prof. coll. g., ail., 7, r. Vivant-Gandin, Beaune (Côte-d'Or).
Larab (Mlle), prof. E. P. S. f., Mascara (Oran).
ANM'AIRK DK l'ASSOC.JATION 340
Larrii'icre, j)r()f. Kc. norni. inst., csp., Dax (Landes).
Laroche, 156, Callc Hiienos-Aires, Paraïui (l\c-p. Arfjeiitinei.
I.arwiU (l'.-H.), 90. Kenyonc (lollcgc, Ganibits, Kiioxl, Ohio
(IJ. l-'. A.).
I.uscmix, |)r<)f. coll. g., ail., La Chaire (.Indre).
Ldssiillc (l'jibbé), prof, à l'école N.-D. de Bétha-rani, Lestelle
(liasses- Pyrénées).
L(tt(ippii (Mlle), prof, angi., lyc. Féiiclon, 4;$, r. Claude-Bernard,
Paris.
Ijiuneij, prof. lyc. g., angl., Bourges (Cher).
Laiiraine (Mlle), stagiaire à FKcole Schhitlifeld, 21, lue Kathgeber,
Strasbourg-Neudorf.
Laiirens, prof. lyc. g., 10. place St-I)idier, Avignon.
Laurent, prof. E. P. S. g., Cadillac (Gironde).
Laureni, \n-uL coll. g., ail., 3, quai de Nau, Châlons-s.-Marnc.
Launrière, prof, angl., lyc. Louis-lc-Grand, 26, a\'. Duqucsne, Paris.
Laval, prof. lyc. g., ail., Angers.
Lananlt, proviseur, lycée de Moulins.
Laoertujon (Mlle), esp., prof. lyc. j. f., Bordeaux.
Le Blanc, instituteur E. P. S., route d'.Anduze, Alais (Gard).
Lébralg, prof. lyc. g., ail., 11, r. Victor-Hugo, Clerxnont-Ferrand.
Leco, prof, coll. g., ital., Draguignan (Var).
Lechner, prof. E. P. S. g., Toul (M.-et-M.).
Lecigne, prof. coll. g., ail. et angl., 17, allée St-Roch, Cambrai.
Leclère, prof. lyc. g., ail., Bar-le-Duc.
Leciujer, prof, coll., Saint-Maixent, (Deux-Sèvres).
Ledoiix (Mlle), prof, angl., lyc. V.-Duruy, 30, r. Chevert, Paris, 7^
Le Forestier, prof, ail., Ec. Arago, 4, r. d'Arpajon, Versailles.
Legénisel (Mme), prof, angl., Ec. Sophie-Germain, 22, pi. des
Vosges, Paris 4''.
Le Goff, prof. lyc. g., Toulon.
Legouis (E.), prof. angl. à la Sorbonne, 128, av. E.-Zola, Paris, 15'.
Legouis (P.), prof, d'anglais, lyc. .Ampère, 43, r. de Sèze, Lyon.
Legouis (Mlle), prof, d'anglais, Ij'c. j. f., Mulhouse.
Legras, prof. ail. à l'I^niversité, 26, r. du Château, Dijon.
Lelong, prof. coll. Henri-lV, ail., 14, bd de Strasbourg, Béziers
(Hérault).
Lemazurier, inst. adj., E. P. S. g., Bourganeuf (Creuse).
Lemoine, prof. coll. g., alL, Ste-Menehould (Marne).
Lenionnier, prof, angl.. Lycée Rollin, Paris.
Lengaigne, prof, adj., lyc. g., Lille.
Lepape, prof, ail., coll. Chaptal, 17, av. Gourgaud, Paris 17*.
Leroux, prof, d'ail., lyc. Fustel de Coulanges, 31, av. de la Forêt
Noire, Strasbourg.
Leroy (Mme), prof. coll. j. f., ail., 22, r. du Ménin, Toul.
Leroy, prof. lyc. g., angl., Châteauroux.
Leschi (Mlle), prof. E. P. S. f., place Guichard, Lyon.
350 LES LANGUES MODERNES
Lt'stdiuj, prof. lyc. g., angl., 117, r. Sylvabelle, Marseille.
Le Toiirneiiu, prof. lyc. g., ail,, Lorient.
Liacos, prof., 13, r. Ipafrantis, Salonique.
Librairie Ksiaznica Polska, rue Nowy Swiat, 7^9, \'arsovie (Pologne).
Licbtenberger, prof, ail., à la Sorbonne, 172, r. de la Pompe,
Paris, 16'.
Lion, sous-direct., Ec. Professionnelle, Clermont-Ferrand.
Liron (Mlle», prof. lyc. g., NMce.
Lirondelle, prof, angl., à l'Université, 2, boul. des Ecoles, Lille
Lis, prof. coll. g., angl.. Cambrai.
Loiseau, prof, adj., ail., Fac. des Lettres, 7, r. du Japon, Toulouse.
Loisel, inspecteur d'.^cadémie, Aurillac.
Longuevalle, prof, angl., 12, boul. St-Germain, Paris, 5'.
Lorans, prof, gymnase, angl., 14, r. de Lunéville, Sarrebourg
(Moselle).
Lorgnes, prof. lyc. g., 2, r, Guiol, Toulon.
Lorilleux (Mme), prof, angl., lyc. Molière, 106, av. de Versailles,
Paris, 16'.
Loiiry, prof. Ec. nor. inst., 1, r. de l'Yser, Strasbourg.
M
Macary, prof. coll. g., angl., r. de Brébisson, Falaise.
Macé (J.) (Mme), prof. E. P. S., f., ail., 8, r. de la Clef d'Or, Epinal.
Mady, prof. h'c. Janson, angl., 52, r. Mozart, t*aris, 16^
Magné (M.) (Mlle), prof, coll. j. f., angl., 35, r. Fallu de la Barrière,
Saintes (Ch.-lnférieure).
Mahieu, prof. lyc. Montaigne, angl., 18, r. Diderot, Vanves (Seine).
Maillan, prof, lyc, Toulon.
Maillet, prof. lyc. g., angl., Saint-Etienne.
Mainguy, prof. lyc. Victor-Duruy, angl., Mont-de-Marsan (Landes).
Maison du livre français, 4, rue Félibien, Paris, G'.
Maître (Mlle), prof, lyc. Racine, Paris 9'.
Malaisée, prof. lyc. g., ail., Evreux.
Malard, prof. E. P. S. g., Saint-Calais (Sarthe).
Malesset, prof, angl., ail., 1, quai St-Nicolas, Strasbourg (B-Rbiii).
Mallet (H.), prof. lyc. g., angl., 19, r. Jcanne-d'Arc, Le Mans.
Mallet-Goissedet (Mme), angl., 19, r. .Teannc-d".\rc, Le Mans.
Malye, prof. lyc. Pasteur, ail., 136 bis, av. de Ncuilly, Paris.
Mangeis de Bourguesdon, .Association des Sténographes Polyglot-
tes, 30, r. de Bourgogne, Paris, 7^
Munsion, 20, Sudbroke Road, London, S. W., 12.
Marcel (Mlle), prof. lyc. j. f., angl., 22, r. du Moustier, Montauban.
Marcel, prof. Prytanée Militaire, angl., La Flèche.
Marchand, prof. ail. Ec. .Arago, 56, r. du Louvre, \'iroflay (S.-et-O.).
Marchesson (Mme), prof. E, P. S. j. f., Clermont-Ferrand, 6, r.
d'.Assas, Chamalières (P.-de-D.).
ANNIAIHI-; l)K i/asso(;iati(»\ S'A
Miiri'siiiu'lle, prof. lyc. g., ail., 109, r. Isahcy, Namy.
Marichi/ (Mlle), prof. lyc. V'iclor-Duniy, Paris.
Marin, |)r()f. lyc. g., csp., Auch (Gers).
Mitrlin, prof. lyc. .lanson-de-Sailly, ail.. 1, r. lidmoiul-.Mjout, l'aiis,
1()'.
Mitrlin, prof. K. P. S. g., aiigl., Chatclleraiiit (Vienne).
Miirliii (l'abbé), école St-Sigisbert, Nancy.
Martin, prof. lyc. g., angl., cours Victor-Hugo, Bordeaux.
Martin (Mme), cours Victor-Hugo, Hordeaux.
Massarl, prof. E. P. S. g., angl., 19, r. de Gand, Tourcoing.
^î<ts.son, prof. lyc. g., ail., 38 bd Lamarck, Bourges.
Ma.'isoiil, prof. lyc. Louis-le-Grand, ail., 3, r. Herschell, Paris.
Mathieu (Mlle), prof. lyc. j. f., ail., Lyon.
Mat^mann (Mlle), prof, lyc, j. f., ail., 8, r. d'.Alger, Amiens.
Maiirer, prof. lyc. Kléber, 5, r. Louis-Appel, Strasbourg.
Maurice, prof. lyc. g., angl.. Montée des Agrèves, La Mulatière,
Saint-Elienne (Loire).
Mayran (Mlle), prof. lyc. j. f., angl., Toulouse.
Maijrot, prof. coll. g., ail., r. des Crêtes, Thonon (Hte-Savoie).
Mazurat, prof. E. P. S. g., ital., 3, quai Mczin, Chanibcry.
Meadmore, prof. lyc. Condorcet, angl., 39, bd Lcfebvre, Paris, 15".
Médard, prof. lyc. g., angl., place Dombasle, Nancj'.
Mendez, Directeur E. P. S., Bagnol-s.-Cèze (Gard).
Mcrilhw, prof. coll. g., Issoudun.
Mérat, prof. Ij'c. g., ail., Troyes.
Mérimée, prof. fac. Lettres, Toulouse.
Mérite, prof. lyc. g., ail., 262, route de Bayonne, Bordeaux.
Merle (J.) (Mlle), Châlons-s.-Marne.
Merle, prof, lycée g., angl., Loricnt (Morbihan).
Métifeu (Mme), prof. coll. j. f., angl., Limoges (Hte-Vienne).
Meunier, prof. coll. g., de Charolles, 4, av. Burdeau, Neuville-s.-
Saône (S.-et-L.).
Meut, prof. Ij'c. g., angl., La Rochelle.
Meyer, prof. lyc. Condorcet, angl., 78, r. des ^L^rty^, Paris, 9'.
Meyer prof. lyc. g., ail., Aix-en-Prov. (B.-du-Rh.).
Miart, ail., prof. E. N., Chaumont (Hte-Marne).
Michel, maître de conf., Fac. Lettr., ail., 12, r. Désilles, Nancy.
Michel, prof. Ec. Pierre-Puget, angl., r. Beaujour, Marseille.
Michel, prof. lyc. g., ail.. Digne (Basses- Alpes).
Michel-Briand (Mlle), prof. Cours Second, du IS*", angl., 7, r. Guy-
Patin, Paris, 10».
Michel-Marin, E. P. S., l'Isle-sur-la-Sorgue, Vaucluse.
Michel-Pélissier (Mme), prof, d'anglais, coll. j. f.. Villa Anna, av.
St-Hilaire, Grasse.
Mieille, prof, d'angl., lyc. g., 59, r. des Pyrénées, Taî-bes (Htes-Pyr.).
Mignon, Ambassade de France à Rome.
Milliot-Madéran, prof. lyc. Louis-le-Grand, ail., 20, r. Lacépède,
Paris, 5%
352 LES L.\NGUES MODERNES
Minssen, The Copse, Harrow on the Hill, Angleterre.
Miqiielard, prof. Ij'c. g., ail., Carcassonne.
Mis, prof. lyc. g., ail., 211, bd Victor-Hugo, Lille.
Mis (Mme), prof. lyc. j. f., ail., 211, bd Victor-Hugo, Lille.
Miserié (Mlle), prof. E. P. S. f., angl., Aix-en-Provence (B.-du-Rh,),
Molilor, Inspecteur d'Académie, Lons-le-Saulnier (Jura).
Mollun, prof. lyc. g., angl., Saint-Etienne.
Monard, prof. Ijc. g., angl., 1, r. Tirmau, Alger.
Monghal, prof. lyc. g., angl., Nantes.
Monguillon, prof. E. P. S., g., angl., 2, r. du Chillou, Le Havre.
Moniii, prof. coll. g., angl.. Grand Hôtel, Antibes (A.-M.).
Monod (Mlle), prof. lyc. Montgrand, angl., 1, av. de la Flotte, Mar-
seille.
Moiisinjou, prof. lyc. g., angl.. Douai.
Montagne, prof. lyc. g., ital., Bastia.
de Montaigii, prof. coll. g., angl., Luçon (Vendée).
Monsniller, prof. lyc. Corneille, ail., Rouen.
Montaubric, prof. coll. g., angl., 1, r. St-Jean, Nogent-le-Rotrou.
Monteil (Mlle), prof. Ij'c. j. f., Lille.
Monteils (J.) (Mlle), prof. lyc. j. f., angl.. Moulins (Allier).
Mook, prof. coll. g., ail., 60, av. Paul-Chandon, Epernay (Marne).
Morel, prof. lyc. Henri-lV, ail., 12, r. Bausset, Paris, 15*.
Morin (R.), 93, r. de Dunkerque, Paris, 10".
Mory, inst., 39, r. N.-D.-de-Nazareth, Paris, 3^
Mosbacher (Mlle), prof. E. P. S. f., Mamers (Sarthe).
Mosnier, prof. coll. g., Courpière (P.-de-D.).
Mossé, prof, angl., 128, r. de Mon-Désert. Nancy.
Mothes (Mme), prof. E. N. d'inst., angl., 17, r. St-Hilaire, La-Roche-
s.-Yon (Vendée).
Moulinier, prof. lyc. Descartes, 7, r. Charles-Gilles, Tours.
Moiirlet, prof. lyc. g., angl., 4, r. du Salle, Quimper (Finistère).
Moussié (Mlle), prof. lyc. g., angl., Troyes.
Muret, prof. lyc. Charlemagne, ail., 115, r. Caulaincourt, Paris, 18'.
Miisy, prof. lyc. g., ail., Ifi, Place St-.Iean, Valenciennes.
N
yafrechoux, prof. E. N. d'inst., angl., Pcrigueux.
Nathan (Mlle), dél. lyc. Jules-Ferry, ail., 47, av. Malakoff, Paris, IG".
Nerson (Mlle), prof. Ec. techn. municipale, 33, r. Lavenuc, Lyon.
Neyton, prof. lyc. g. angl., 9, bd du Général Farre, Alger.
Nicholson, The Gramniar School, Watfort (.Angleterre).
Nicolas, prof. lyc. (^arnot, ail., 75, r. Nollct, Paris, 11".
Nicolas, prof. lyc. g., angl., 62, r. Victor-Hugo, Brest.
Nicot, prof. coll. g., angl., 51, r. de Mons, Maubeuge.
Nida, prof. lyc. g., angl., Troyes.
Nimsgern (Mlle), prof. lyc. g., ail., Charlcville.
AXNiAiRi: i)K l'association 353
Sissial (C.) (Mlle), étudiante, 30, r. des Chartreux. Lyon.
Xonat (Mlle), prof. 13, r. St-Eloi, Chàlons-s. -Marne.
\orguin (Mlle), prof. coll. j. f., angl., 6, r. Larréguy, Angoulème.
\orniiiud, i)rof. coll. g., 21, r. Bretonnerie. Pr>ntoise (S.-et-O.i.
Xonel, prof. lyc. g., ail., Marseille.
Xiisshiiiini, prof, d'aniflais, lyc. Fustel-de-Coulanijes. Sf rnshourg.
Ohrij, prof. lyc. g., angl., 62, r. Thicrs. Le Havre.
Odru, prof. lyc. g., angl., 3, fb de Lyon, Bourg (.\in).
Onibredane (Mlle), prof. E. P. S. f., 22, r. St-Etienne, Orléans.
Orieux, prof. lyc. Michelet, 9, r. Marguerin, Paris, 14'.
Ott (A.) (Mlle), prof. E. P. S. f., 14, r. de la Prison. Mézières.
Oudot, prof. coll. g., alL, Saint-Aniand (Cher).
Ounntrd, prof. coll. Ste-Barbe, angl., 4, r. Le Brun, Paris.
Pactiis, Principal du coll., ail., Saint-Flour.
Pages, prof. coll. g., angl., Cannes (.A.-.M.i.
Pnillardon, prof, angl., ail., 52, r. Fondary, Paris, 15',
Pnpin, prof. E. P. S. g., angl.. Moulins (Allier).
Parenfy, prof. coll. g., angl., .Arras.
Paris, prof. E. P. S. g., ital., 3, r. Farjon, Marseille.
Parmin, angl., Route de Caen, Sain:-Djsir-de-Lisicux (Calvados).
Passand (Mlle), prof. E. P. S. f., Largentière (Ardèchp).
Patrouilleau, inbt.. Colvert, p. Soulay (Ch.-Inf.).
Paulian, prof. Ecole des Htes-Etudes Commerciales, angl., 2 bis,
r. de Chézy, Xeuilly-s.-S.
Pécastaing, prof. coll. g., angl., Vic-de-Bigorre (Htes-Pyr.i,
Pécheujc, angl.. Principal du collège, Corte.
Pédevilla (Mlle), prof. E. P. S., 36, av. Dréo, Brignolles (Var).
Pedon (Teresita) (Mlle). Schio (Italie).
Peignier, prof. lyc. g., angl., 4, r. d'Arcachon, Bordeaux.
Penof, prof. lyc. g., ail., 5, r. de la Croix-Rouge, Limoges.
Pérat, prof. coll. g., La Rochefoucauld (Deux-Sèvres;.
Percherancier (Mlle», prof, lycée j. f., Roanne.
Perdoncini (Mlle), prof. lyc. g., Hanoï (Tonkin).
Père, prof. lyc. g., ail., av. Dampierre, Valenciennes.
Pernolle, prof, ail., lyc. Ampère, 46, r. de Sèze, Lyon.
Perrenoud (Mlle), prof. lyc. j. f., St-Germain-en-Laye.
Perret, prof. coll. g., alL, Brioude (Hte-Loire).
Perret (Mlle), prof. dél. coll. g., Epernay (Marne).
Perrin, prof. E. P. S. g., St-Junien (Hte-Vienne).
Peseux, esp., Loisy (Saône-et-Loire).
Petelot. Directeur E. P. S., Metz.
P^lit, prof, angl., lyc. BufTon, Paris 15',
354 LES LANGUES MODERNES
Petit, prof. E. P. S. g., 40, r. Michelet, Nancy.
Petit (Mme), prof. lyc. j. f., angl., 3, r. Lices du Xord, Albi (Tarn).
Petit (Mlle), direct, des Cours second, j. f., Tourcoing.
Petitcolas (Mlle), prof. E. N., inst., ail., 8, quai Choiseul, Nancy.
Petithugueniii (Mlle), prof. E. P. S. f., St-Lô (Manche).
Peyre, prof. E. P. S. g., esp., Limoux (Aude).
Peyraube, prof. lyc. Henri-Poincaré, ail., 41, av. de France, Nancy.
Phily (Mme), prof. E. P. S. f., 80, cours St-André, Grenoble.
Picaiilt (Mlle), prof. E. P. S. f., Charolles (Saône-et-Loire).
Picot, prof, angl., coll. ChaptaJ, 25, r. Poussin, Paris 16".
Pieyre, prof. coll. g., ail., Dôle (Jura).
Pigeaud (Mme), prof, cours sec. j. f., Brive-la-Gaillarde (Corrèze).
Pigeon, prof. coll. g., angl., Saumur.
Pinloche, prof. Iac. Michelet, ail., 3P, r. .louvenet, Paris, 16'.
Piolé, prof, coll., 7, Place de la République, Thionville, Moselle.
Piquet, prof, ail., à l'Université, 65, r. Briîle-Maison, Lille.
Piquet, principal coll., Sidi-bel-Abbès (Oran).
Pitiot (Mlle), prof, angl., Maison Hauteville, Le Luc (-Var).
Pitollet, prof. esp. (Henri-IV, Louis-le-G.), 48, bd St Michel, Paris.
Pivetaud (Mlle), prof. coll. j. f., ail., Poitiers.
Planes, prof. 1. v., collège de la Trinité, Béziers (Hérault).
Plantié, instit. Idrac-Rispailles, par Mirande (Gers).
Plissard, prof. E. P. S., en congé, dél. Bureau Intern. du Travail,
chez Mme Delapraz, 2, r. Liotard, Genève.
Pluoinage, prof. lyc. g., angl., Tourcoing (Nord).
Paimbœuf, prof, angl., lyc. Victor-Hugo, Besançon.
Pommier (Mlle), prof. E. P. S. f., 4, av. Jules-Ferry, Montluçon.
Pongy, prof. coll. g., ail., Sétif (Algérie),
Porteau, prof. lyc. Ampère, Lyon.
Postel (Mlle), prof, angl., E. P. S. f., 25, r. Notre-Dame, Vire (Calv.).
Potel, insp. gén. de l'Instr. Pub., 14, Quai d'Orléans, Paris, 4%
Pouget, prof. coll. g., angl., Villefranche-de-Rouergue.
Pozzi (Mlle), prof. Ij'c. j. f., angl., 9, r. du Général Foy, Perpignan.
Pradat, prof. lyc. g., ail., Alger.
Pradel-Gencs, prof. lyc. g., angl., Montluçon (Allier). '
Prat (Mlle), prof. E. P. S. f., angl., 15, c. Manuel, St-Amand (Cher).
Ecole Primaire supérieure de filles, r. St-Léon, 5, Nancy.
Principal (M. le), du collège, .\utun (Saône-et-Loire).
Principal (M. le), du collège, Hlida (.Algérie).
Principal (M. le), du collège, (^arpentras (Vaucluse).
Principal (M. le), du collège, Neufchâteau (Vosges).
Principal (M. le), du Gymnase, Sclestat (Bas-Rhin).
Principal (M. le», du collège, Gucbwiller (Haut-Rhin).
Principal (M. le), du collège, l'zès (Gard).
Priout, prof. lyc. g., angl., 18. r. Bicoquet, Caen.
Procureur, prof. coll. g., ail., H(i, p. Guérin, Fontainebleau (S.-et-M.).
ANMAIIU-: DK L'ASSOCIATION 355
Prost, prof, coll., g., ail., Louhans (Saône-et-Loire).
Proust, prof. coll. g., Nyons (Drômei.
Proviseur (M. le), du lycée de garçons, Casablanca (Maroc).
Proviseur (M. le), du lyc. Rollin, 12, av. Trudaine, Paris, 9'.
Pninost, 1, r. du Hras-d' .Argent, Guérel.
Prut'ot, prof, angl., Pryt. .Milit., 27, r. la Tour-d'Auvcrgne, La Flèche.
Psahnon, angl., 37, r. du Château, Boulogne-s.-Seine.
Piijol (Mme), 135, r. Naujac, Bordeaux.
Py, prof. K. P. S. g., esp.. Castres (Tarn).
Q
Qiiczel (Mlle), prof. lyc. j. f., ital., Lyon.
Rdhache, prof. Ivc. Henri-IV, angl., 9, r. Campagne-Première, Paris,
14'.
Rdhdche (Mme), prof, d'anglais, 9. r. Campagne-Première, Paris, 14'.
Rdbuteau, prof. coll. g., 13, boul. Gambetta, Gaillac (Tarn).
Ragon, prof. lyc. Kléber, Strasbourg.
Ragoût (Mme), prof. E. P. S. f., angl., Chasseneuil-s.-Bonnieure (Ch.).
Rnillard, prof. lyc. g., ail., Toulon (Var).
Ruimbault, prof. E. P. S., g., ar., 37, bd Victor-Hugo, Constantine
Rainaud (Mme), dél. angl., lycée g., Brest.
Rallii, prof. coll. g., angl., r. Guillaume-le-.Jean, Morlaix (Finist.;.
Rancès, prof, angl., lyc. Condorcet. 94, r. La Fontaine, Paris 16'.
Raphaël, prof, ail., lycée Lakanal, 21, av. Gallois, Bourg-la-Reine
(Seine).
Rapicault, prof. coll. g., Oudjda (Maroc).
Ras (Mlle), prof, lyc, j. f. angl., Limoges.
Rascal, Directeur E. P. S., Albi.
Ravizé, prof, ail., hc. Ampère, Lyon.
Raynaud (Mlle), institut., Ressons-sur-Matz (Oise).
Recoules, prof, lyc, g., 21, av. Charles-Rivet, Brive (Corrèze).
Régnier, prof. coll. g., angl., 29, bd Vauban, Cambrai.
Renard, prof, angl., lyc. Janson-de-Sailly, Paris, IG*.
Renoir, prof, angl., lyc. Louis-le-Grand, 5, r. Léopold-Robert,
Paris 14-.
Rérat, prof. lyc. g., angl., 21, r. Charles-Martel, Nancy.
Reyher, prof. litt. angl. Faculté des Lettres, Nancy.
Reymond (Mlle), prof. lyc. j. f., 114, r. de Vendôme, Lyon.
Reynaud, prof. lyc. g., Rouen.
Richard, prof, ail., lyc. Tournon, 11, av. Valura, Tain (Drômc.
Richard (Mlle), délég. angl. lyc, g., Bar-le-Duc.
Richard (Maurice), 2, rue de l'.Aqueduc, Haguenau (Bas-Rhin).
Riegel, prof, ail., lyc. Corneille, 3 bis, r. Dulong, Rouen.
356 LES LANGUES MODERNES
Riemer, prof. lyc. g., ail., La Rochelle
Riey, prof. lyc. g., angl., 3, r. Charles-Laterrade, Talence (Gironde).
Rigambert, prof. Ij'c. g., ail., Tarbes.
Rigaudières, prof. lyc. g., ail., r. du D"^ Verlhac, Brive (Gorrèze).
Rivière, prof, angl., lyc, 11, av. Petit-Languedoc, Rodez (.\v.).
RiiUère, prof. lyc. g., ail., Bordeaux.
Rivoallan, prof. lyc. g., angl., 76, r. de Belleville, Bordeaux.
Robert-Dumas, prof, ail., lyc. St-Louis, 41, r. Vaneau, Paris VIP.
Robine, prof. lyc. g., angl., 103, cours de la République, Le Havre.
Robson (Miss), II, Westhall Garden, Edimbourg (Ecosse).
Roche, prof. angl. coll. g., St-Maixent, à Vauzaj% par Leza\- (Deux-
Sèvres).
Rocheblave (Mlle), prof, angl., lyc. Fénelon, 6, r. V.-Considérant,
Paris, 14*.
Rochelle, prof. lyc. g., ail., 44, r. Théodore-Ducos, Bordeaux.
Rocher, prof, angl., lyc. du Parc, Lyon.
Roesch (A.) (Mme), 5, r. de la Lauche, Guebwiller (Ht-Rhin).
Rolet, prof. lyc. g., 158, r. d'Entraygues, Poitiers.
Roman (Mlle), prof. dél. h'c. Lalande, Bourg-en-Bresse.
Romens, prof. E. P. S. g., 46, r. de la Ronde, Metz-devant-les-Ponts.
Rosier, prof, angl., Pontoise (S.-et-O.).
Rosiès, prof. lyc. g., esp., Bordeaux.
Roth, prof, d'anglais au lycée Rollin, Paris.
Rottée, prof, ail., lyc. Rollin, Paris.
Roudil, prof. lyc. Buffon, Paris, 15".
Rouge, maître conf. Sorbonne, 252, bd St-Germain, Paris, 7^
Rougé, prof, ail., Ijc. Descartes, 24, av. de Grammont, Tours.
Roullet-Debenay, prof. lyc. g., angl., 6, c. Jean-Pénicaud, Limoges.
Rouleux, prof. coll. g., angl., 35, r. Lachevelle, St-Jean-d'Angély.
Rouquette, prof, angl., lyc. Gaj-Lussac, 5, r. des Pénitents-Blancs,
Limoges.
Roussel, prof. lyc. g., angl., 102, r. Bretonnerie, Vendôme.
Roussel (Mlle), prof. E. P. S. f., Pons (Charente-Inférieure).
Roux (Mme), prof. E. P. S. f., angl., St-Marccllin (Isère).
Roux, prof. E. P. S. g., angl., 4, r. Parisie, Orléans.
Roux, prof. coll. g., angl., Barcelonnette (Basses-Alpes).
Ruayres (Mme), prof, esp., E. P. S. f., 29, r. Mauléon, Castelnaudary.
Ruche, prof. h'c. g., alL, Tunis.
Rumèbe (Mme), prof. E, P. S. f., esp., Bayonne (Basses-Pyrénées '.
Ritsseil, prof. coll. g., angl., Ghàtellerault (Vienne).
Ruyssen, prof, d'anglais lyc. g., 68, r. des Garniélites, Poitiers.
S
Sagols, censeur, lyc Foix (Ariège).
Sagot, al!., prof. coll. Chaptal, 13, r. de Xaples, Paris, 8'.
Sailleiis, angl., prof. lyc. Pasteur, 5. r. de Beaunc, Paris, 7*.
ANNIAIIIK DE L'ASSOCIATION 357
Sdiiii. prof, lyc, Aix (lî.-dii-M.).
Sdlnion, iill., iiifif. coll., .Si'daii ( Ardcnnes).
SdliUin, jiii.ml., prof. Ivc, HnyoniK- (Hassos-I'vréiU'es).
Siiinprr, ail., pi'of. lyc, 'if), bd Thii-rs, Dijon (C.ôtc-ci'Or).
S<(nlnni, ital., prof, lyc, Hastia ((lorsc).
Snroïhiinilii, prof, csp., lyc. St-Loiiis, 114, 1x1 Hincaii, Ncuilly-s.-S.
Sdrrailli (Mme), prof. K. P. S. j. f., Ivxcidc'iiil (Dordofiiu-).
Sdiifiniin, ail., prof, lyc, 50, r. de la Polie, (iherbtmrg (Manche).
Siiiinit (Denis), angl., prof. Fac. d. I.etf., Bordeaux, 56, r. Klisée-
Hccliis, Taleiue ((lironde).
SiiniHific, augl., i)iof. lyc. Poitiers.
Stnizcl (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Sanlien (Côte-d'Or).
Sdt'drI (Mlle), prof. H. P. .S., Lille, 41, hd de Tourcoing, Marcq-en-
Hareul (Nord).
Sdi>e, angl., prof. coll. (Castres (Tarn).
Sanille (M.), H' (".oniptoii .Avenue, Hrighton (Angleterre).
Sdoorij (D.-I.), Queen's l'niversity, Belfast (Ireland).
Sdi/n, angl., prof. lyc. Rouen (S.-Inf.).
Schacher, angl.. prof. lyc. Henri-IV, Paris.
Schne/fi'r, ail., prof. lyc. Nancy (M.-et-M.).
Schielfer (Mme), prof, angl., coll. j. f.. G, pi. dWuringues, .\urillac
Schlesscr (Mlle), ail., prt^f. lyc. Molic're, 71, v. du Ranelagh, Paris, 1(5'.
Schlienger, ail., direct. Enseign. sec, 7„ r. Oberlin, Strasbourg.
Schneider. |)rof. lyc, pi. de la Liberté, (".lermont-H'errand (P.-de-D.).
Schont, prof, lyc, Clerniont-Ferrand.
Schiitz (Marcel), alL, prof, lyc, ."), r. de la Monnaie, Strasbourg.
Schweilzer, ail,, prof. bon. 200, r. St-Jacques, Paris, 5*.
Schweitzer (E.), ail., prof. coll. Cbaptal, 200, r. St-Jacques, Paris, 5^
Scidltiel (Mlle), prof. 2, square Tocqueville, Paris, 17".
Scott (Mlle), angl, prof, lyc Molière, 2, r. Ant.-Roucher, Paris, 16'.
Scott (D.-M.) (Miss), Two House, Roedcan, Brighton (Angleterre),
Séiutc, ail., prof, éc Ljivoisier, 22, r. d'Assas, Paris, 6".
Sénéchal, angl., prof, lyc, Chambéry (Savoie).
Sénil, ail., prof. lyc. Henri-lV, 10, av. Isabelle, Fontenay-aux-Roses.
Seruajean, angl., prof, lyc St-Louis, 132, av. du Maine, Paris li*.
Storr (Severn) (M.), Le Carillon Harwell, Steventon (Berks.) (Angl.).
Sevrette (G.), angl., prof. lyc. Kerdidrous, r. de Varize, Chartres
(E.-et-L.).
Sicre, ail., prof, lyc, Carcassonne (Aude).
Miss Liggins Sidney, c/o Gordon and Goth-L. T. D., 66, Shoe Lane,
London E. C.
Sigwalt, ail., prof. lyc. Michelet, 98, r. V.-Hugo, Clamart (Seine).
Simiand (Mlle), angl., prof. E. N., inst., 1, r. Molière, Grenoble
(Isère).
Simon (Michel), ail., prof, lyc, Casablanca (Maroc).
Simon (E)., angl., prof, lyc, 14, r. Carnot, Périgueux (Dordogne).
Simon (Mlle), angl., prof, lyc j. f. Jeanne-d'Arc, Nancy (M.-et-M.).
358 LES L.\XGUES MODERNES
Simond (G.), angl., prof. E. P. S., 6, r. Jacquard, Lyon.
Simonnot. ail., insp. ens. tech., 6, r. de Lauterbourg, Strasbourg.
Simonnot, ail., prof. éc. Arago, 4, pi. de la Nation, Paris, 12^
Siredey (Mlle), prof. coll. j. f., Neuf château (Vosges).
Société d'export. des Editeurs français, 3, r. Grenelle, Paris, 6'.
Souillart, ail., prof. lyc. Lakanal, Sceaux (Seine).
Soum, ail., prof, coll.. Saintes ((^.har.-Inf.).
Soulet, prof. lyc. Lakanal, 11, r. de la Tour, Paris, IG*".
Speich, prof. lyc. Fustel-de-(x>ulanges, Strasbourg.
Spenlé, prof. Fac. d. Lettr., Aix (B.-du-R.).
Spindler (Mlle), 14, av. Poincaré, Colmar (Ht-Rhin).
Spizek, prof., 8, Palackeho nabvexi, Prague II.
Staaf, prof. Univ. Upsal (Suède).
Stahl (S.) (Mlle), ail., prof., 35, r. de l'Arbalète, Paris.
Stahlberger (Mlle), 2, r. du Levant (Vincennes).
S^echert (Librairie), 18, r. de Condé, Paris, 5".
Steg-MiiUer (Mlle), prof, angl., E. X., 149, r. de la Guette, St-Cloud.
Stein (François I, librairie Lorraine, Forbach (Moselle).
Stopiii (Mlle), dir. E. P. S., Gondecourt (Nord).
Siicher, ail., prof. lyc. Montpellier (Hérault).
Sulger-Bruel, ail., prof. lyc. du Parc, Lyon.
Taboureux, angl., prof. lyc. Coutances (Manche).
Taillebot, ail., prof, lyc, Aix-en-Provence.
Tdibot, angl., prof, lyc, Périgucux (Dordogne).
Taillandier, ail., prof, lyc, Pau.
Tai^iot (Mlle), prof. lyc. j. f., Lons-le-Saulnier (Jura),
Terrade, angl., prof. E. P. S., .\ubenas (.\rdèche).
Terrasse (Mlle), dél. c s. Il- arr., 59, fb St-Martin, Paris 10*.
Thalamas, prof. E. P. S. g., Pradcs (Pyr.-Or.).
Théiurrd, prof. E. P. S., 44, quai Charles-Vll, Chinon (I.-ct-V.).
Théphaine, angl., prof. Pryt. Mil. La Fiéche (Sarthe).
Thibault, ail., prof, lyc, Pontivy (Morbihan).
Thiébaiilt, ail., prof. colL bd Toutain, Châtcaudun (E.-et-L.).
Thomas, esp., prof. lyc. Poitiers (Vienne).
Thomas (Walter), angl., prof. Fac. d. Lettr., 46, r. Juliette-Réca-
niicr, Lyon.
Thourot (Mlle), prof. E. P. S. j. f., 7, r. Poincaré, Ste-Marie-aux-
Mines (Ht-Rhin).
Thiiriot, ail., prof. E. P. S., La Charité-s.-Loire (Nièvre).
Tibal, maître de conf., Fac lettres, Nancy.
Tithirce, angL. prof, coll., Libourne (Gironde).
Tiret, prof, lyc .Ampère. Pcrrachc, Lyon.
Tisseait, |)rof. E. P. S.. 7, r. de la Gare, .Anccnis (L.-lnf.).
Tis.<i(it. prof. lyc. 10, r. Pasteur, dap (Htes-.\lpcs).
i
ANNUAIRE DE L'ASSOCIATION 359
Tonneliil, ail., prof, l'niv., 3, r. Ehrmann, Strasbourg.
J'oulze, iill.. prof, coll., Castelnaudary (Aude).
Toiirnier (Mlle), étud. Hôtel Lutècc, 2, r. Berthollet, Paris, 5".
JOuztiin. prof. lyc. Ampère, St-Hambert, 125, r. Garibaldi, Lyon.
Tniners, augl., prof. lyc. Hoche, La Hos<?raie, 4, r. Emile-Des-
champs, Versailles.
Tréylos (Mlle), prof. E. P. S., Le Dorât (Hte-Vieiine;.
Treitcl, ail., prof., 2L r. des Carmélites, (>aen.
Treij, alL, prof, lyc, Laon (Aisne).
Tripier (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Trévoux (.\inj,
Tuloiip. prof. E. P. S., Le Havre (S.-Inf.). '
Tiirpin, prof, coll., Bischwiller (Bas-Rhin).
Tweedie (M.-A.) (Miss), Edinburgh Ladies Collège, Queen St.,
Edinburgh.
u
Universitv of Toronto (Canada).
yachei, al!., prof. lyc. Toulon (.Var).
Vnillandet, ail., prof. E. P. S. g., 25, r. Sellier, Nancy.
Valut, av., prof. lyc. Constantine (Algérie).
Valdy-Fritz (Mme), ail., prof. lyc. j. f., Versailles.
Vdlentin, angl., prof, coll., 31, bd Jeanne-d'.Arc, Soissons (.\isne).
Valério (Mlle), prof, angl., lyc. j. f., Bordeaux.
Vallod, angl., prof. lyc. Poincaré, Nancy.
Van den Berg (Mlle), angl., prof. lyc. j. f., 6, r. du Tillot, Dijon.
Vandercolme (Mlle), 8, r. Carnot, Mons-en-Barscul (Nord).
Vannier (Antonin), dir. E. P. S., 67, r. Chaponaj-, Lyon.
Vannier (Robert, angl., prof. lyc. du Parc, 67, r. Chaponay, Lyon.
Vnrenne, ail., prof. lyc. Condorcet, 31 r. de Turin, Paris, 9*.
Vauquois (Mlle), prof. E. P. S. j. f., St-Céré (Lot).
Veigneau (père), angl., prof, lyc. Moulins (Allier).
Veigneau (fils), angl., prof. lyc. Ampère, av. de Perroche, Lyon.
Veillet-Lavallée (Ch.), angl., prof. Ec. Arago, 2, r. Mizon, Paris, 15'.
Veillet-Lavallée (.Albert), prof, lyc, av. Bordier, Guéret (Creuse).
Ventard, prof, coll., 11, av. de la Gare, Dôle (Jura).
Vercouttet (Mlle), prof. E. P. S., Clamccy (Nièvre).
Vcrdier, ail., prof. E. P. S., Joinville (Hte-Marne).
Vérité (Mlle), prof. E. N., inst.. Les Lauriers, Chemin de Bézéon,
Pau.
Vermeil, ail.. Université de Strasbourg.
Veslof, angl., prof. lyc. Hoche, 10, r. Carnot Versailles (S.-ct-O.).
Vettier angl., prof. 14, r. Dommartin, .\micns.
Vidal (Mlle), angl., prof. lyc. j. f., 7, r. Ec. de Droit, Montpellier.
Vieux, ail., prof, lyc, Nantes.
360 LES LANGUES MODERNES
Viynolleti. \>roï. angl., Janson-dc-Sailly, 67, a\-. Mozart, Paris, \{V\
Vil lard, angl., prof. lyc. St-Brieiic (Côtes-du-Nord).
Villard (Mlle), prof. E. P. S. j. f.. Gde-Huc, C^stelnaudary (Aude).
Villard (Mlle), angl., prof. E. P. S. j. f., C.hâteau-du-Loir (Sarthe).
Villard (Mlle), angl., prof. lyc. j. f., Lyon.
Villeméjane, esp., prof. éc. .Arago, 26, av. de Toiirville. Paris, 7^.
Villemot (Mlle), prof. E. P. S. j. f., Valogiies (Maiiclie).
Villeneiine, angl., prof, lyc, .Albi (Tarn).
y incendon,' aU., prof, lyc.. Le Piiy (Hte-Loirei.
Vincent (AU.), angl., prof. lyc. OharUniagne, 69, av. de la Hclle-
* Gabrielle, Nogent-s.-Marne.
Vincent, angl., prof, lyc, Albi (Tarn).
Violât (Mme), ail., prof, coll., .">, r. Langres, Ncufcliâteau (Vosges).
Vivien, angl., prof. E. P. S., l.î, av. de l'Observatoire, Clermont-
Ferrand. ""
Yitrey (Mme), prof. E. P. S. j. f., 3, r. Hermite, Nancy.
1 izen (Alïonzo), para D'' Pedro Marquez, 116, rua de Marco, Rio-
de-Janeiro (Brésil).
Vos (de), répct. coll.. Eu (Seine-lnf.).
w
Wnhart, ail., prof. lyc. Buffon, 97, r. X.-D.-des-Champs, Paris, 6^
W(ddner, prof, lyc, r. du Vieil-Renversé, Lyon.
\V(ddner (Jean), ail., prof, lyc, Amiens.
Waltz (R.), ail., prof, lyc, 72, bd de la Liberté, Lille.
IVei//, ail., prof. lyc. Louis-le-Grand, 9, r. Chernoviz, Paris, 16'.
Vi'eill (Mlle), ail., prof. lyc. Racine, 18, av. Pasteur, Paris, 15'.
Wersinger (Mlle), ail., prof, lyc j. f., 40 bis, r. du Printemps,
Toulouse (Hte-Garonne).
Wilhem, prof, lyc Kléber, 5, r. Ste-Odile, Strasbourg.
Willemin, ail., prof, coll., La Hètraie, Epinal (Vosges).
Wintzweiller, proviseur du lyc, Mayence.
Woelffel, ail., prof, coll., 40, r. Pasteur, Fougères (llle-ct-Vilaine).
W'olff (Arm.), ail., r. de la République à St-.Aubin-Jouxte-Boul-
lenq, près Elbeuf (Seine-lnf.).
Wolff, prof. lyc. Kléber, Strasbourg.
Woltz (Mlle), angl., prof. E. P. S., Bressuire (Deux-Sèvres).
Y
Yvon (Paul), prof. angl. au lyée. Il), place St-.Martin, Caen.
Z
Zarzeskd (Mlle), esp., prof. coll. j. f., 16, Bord-du-Ganal, Carcas-
sonne (.Aude).
:JK :
NOTE SUR LE LATIN OBLIGATOIRE EN r ET EN 5'
J'ai re(,-u de M. Jérôme Lcflapi, notre vénéré collègue de
langues au Lycée de X..., une lettre dont le passage suivant
mérite d'être détaché.
« Vous qui êtes dans une grande ville, et dans une grande
ville un peu anarchiste où l'on doit se tenir au courant des
nouveautés, vous sauriez peut-être me dire pourquoi nos
collègues de langues vivantes cherchent à donner leur avis
sur la question du latin. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'enseignement du latin n'est point notre affaire. Ayant pour
mon compte blanchi dans une commode incuriosité — que
vous partagez, je suppose — à l'égard des disciplines voi-
sines, et confiant dans icelle pour résoudre tous les problè-
mes, je me suis fort demandé quel linguiste avait eu le pre-
mier cette idée extravagante. Je ne doute point, mon cher
collègue, que vous condamniez sévèrement, <"omme je le fais
moi-même, une telle humeur batailleuse. Je tiens, pour mon
compte, à ne point me compromettre. J'aime à ne pas élar-
gir les questions. Je suis un honnête fonctionnaire, estimé
de ses chefs et respectueux de tous sergents, qui ne voudrait
faire nulle peine à messieurs nos voisins. Si nos grammai-
riens veulent tant de latin et si peu de français, je ne vou-
drais pas être soupçonné d'y trouver à redire. Chacun chez
soi, n'est-il pas vrai, et M. le Ministre pour tous.
A vrai dire cette dangereuse initiative m'a d'abord très
inquiété. Je craignais déjà qu'il n'y eijt parmi nous, gens de
langues vivantes, de ces énergumènes qu'un maraudage
intempestif de prétendues idées entraîne contre toute sécu-
rité par-dessus le mur du voisin, quand je me vis poser la
même question par voie de référendum émanant de notre
vigilante A3. Mon étonnement s'accrut jusqu'au malaise.
J'avais bien vu dans les journaux (car grâce aux dieux
nous ne soulevons point de telles questions dans notre Ami-
cale !) qu'il était question de réformer les programmes ;
mais, outre que je me défie des réformes, il me semblerait
incongru qu'elles pussent venir en aucune façon des profes-
seurs eux-mêmes... A la réflexion, il faut l'avouer, mes
inquiétudes se calmèrent.
Qui ne connaît, en efTet, la pondération de notre A3 ?
362 LES LANGUES MODERNES
Qu'elle ait voulu faire pièce à M. le Ministre par ce réfé-
rendum, le bon goût même interdisait d'y ]>enser. Seulement
il faut bien paraître faire quelque chose, n'esl-il pas vrai?
Le référendum donnera à M. le Ministre une majorité res-
pectueuse sur la question du latin : s'il ne la lui donnait pas,
notre éminent Conseil de l'Instruction publique arrangerait
tout cela. X'a-t-il pas déjà l'an dernier bien arrangé les lan-
gues vivantes ? «
Qu'on me permette d'arrêter ici la citation et d'admi-
rer, outre le mol oreiller de confiance de notre doyen Le-
tlapi, quelque sienne lucidité vraiment remarquable chez un
homme d'un si grand âge : il est, je crois, hors classe.
Il est clair, comme il le dit, que notre avis sur le latin
obligatoire en 6" et en 5^ sera remarquablement inefficace et
inécouté. De deux choses l'une : ou le référendum de l'AS
produira une majorité pour, et alors notre nom de liguistes
sera dans un isolement stratégique parfait, ou le référendum
conclura contre et alors notre opinion n'ajoutera nulle force
au référendum. Etant un peu plus jeune et de tempérament
quelque peu plus maraudeur (comme dit M. Leflapi) qup ce
pacifique ancêtre, je me permettrai de raisonner à fond dans
un sens tout diftérent.
Pourquoi n'avons-nous pas agi et consolidé nos posi-
tions quand les circonstances nous étaient favorables ? Parce
que nous sommes pacifiques ; parce que nous craignons tou-
jours de paraître empiéter sur le domaine du voisin ; peut-
être aussi parce que nous ne voyons pas assez le pouvoir
d'expansion et de soulèvement des idées. Aujourd'hui que le
danger nous menace, nous voyons soudain qu'il faut nous
défendre : mais comme des gens qui n'ont plus, ou n'ont
jamais eu, l'habitude de la lutte, nous ne savons pas tasser
notre action sur les gestes efficaces. .le maintiens que c'est
l'idée qui nous sauvera. Je maintiens que ce n'est pas un
nombre de votants qu'il faut produire : le nombre est veule
et inopérant : c'est des arguments qu'il faut pousser à fond.
Pousser à fond, sous les yeux du public, à l'aide d'un bon
sens (|ui ne soit pas seulement pédagogique, mais largement
humain.
NOTE SIH I.E lATIN OHUGATOI KK EN 6" KT EN 5' 363
Ainsi faisiint ri paiMnnf de l'idri'. nous venons vile ([ii'il
f;iut <leMi;(n(ler non pus le latin (aciiUdlij en (V el ô', mais jxm
(le latin (lu tout dans ces iW'KW classes. Nous ne pourrons
|)as, d'après nos arguments, (iemaiuler moins. Et nous défen-
dant ainsi par l'oiren-sive, nous aurons tpiek|ues chances de
marquer des points.
L'idée de base, cpie nous devons avant tout faire notre,
car sa justesse éclate aux yeux de n'importe quel i)ère de
famille, est qu'il faut alléj^er les programmes. Ne faudra-t-il
l)as bientôt choisir entre latin et langues vivantes au lieu de
les accumuler comme on a fait jusqu'ici ? Nous avons intérêt
à nous défendre comme s'il fallait dès maintenant choisir. A
cet égard, les gens qui i)arlent à la fois de réduire les pro-
grammes et d'imposer à tous le latin, ne sont-ils pas d'auda-
cieux bouffons ?
N'ayons plus peur de la richesse de notre cause. Ne lais-
sons croire à personne que l'intérêt seul nous guide, ou la
rongeuse envie. Si les langues vivantes, parbleu, n'étaient pas
plus utiles que tel narcotique analytique de G" et ô", nous
n'aurions pas grand cœur à les défendre. La modestie n'est
plus de mise. Il y a des gens qui nous regardent nous battre :
il y a ceux qui sont pour nous, et ceux qui, n'ayant jamais mis
le pied dans nos classes (cela peut arriver à tel ministre, que
la galère parlementaire a déposé sur nos côtes), ne s'excitent
contre nous qu'en vertu de préjugés. Plus nous verrons la
question de haut, plus il y aura de gens que nos arguments
toucheront.
Etant restés jusqu'à présent sur la défensive, nous n'avons
pas choisi notre champ de bataille. L'idée qui domine le
débat, et que nos adversaires ont choisie, la croyant leur, est
celle de donner une « culture propre à la formation d'une
élite ». Nos bons grammairiens prétendent nous faire sortir
cette élite, bien triturée et malaxée, de leurs lamino'rs à
gérondifs et autres machines abstrayantes. Examinons cette
prétention. Voyons ce qu'est leur enseignement. Rappelons-
nous nos souvenirs d'écoliers : la première leçon de latin, la
puissance dogmatique de Rasa, rosœ sur le tableau noir, les
thèmes (tout ce qu'il y a de plus c d'imitation ») à coups de
dictionnaire, le vague des sujets et la paix écrasante de ces
classes. Non seulement nous ne laisserons pas publier à tou-
tes les hauteurs où le vent soufïle que le latin est l'instrument
364 LES LANGUES MODERNES
de culture unique pour un Français, même faiblement doué ;
mais nous dirons, publierons et démontrerons ce que nous
sentons tous plus ou moins ; à savoir que le latin tel qu'on
l'enseigne est un instrument unique de culture livresque,
tandis que les langues sont l'instrument sans égal d'une cul-
ture stimulante et vivante.
Nos lignes d'attaque sont doubles. Il ne s'agit pas d'éta-
blir notre pédagogie en fonction de l'homme parfait (que
les Latins n'ont d'ailleurs nullement produit), du parfait ju-
risconsulte ou du parfait soldat, ni d'aucune perfection.
L'idée de perfection dans l'humain est une idée de fonction-
naires. Nous avons à nous faire les auxiliaires du concret,
les pré-auxiliaires de la vie dans la formation intellectuelle
d'enfants qu'on nous livre à onze ans. Notre offensive consis-
tera donc à montrer :
A) le caractère effroyablement abstrait, lointain, vide de
représentation, dénué de saisissement, de cette langue deux
fois morte : morte, par la faute du tenr[3s et par celle des
grammairiens qui n'y ont vu que la grammaire. Peut-on faire
d'une grammaire, et celle-ci latine, le i^aysage intellectuel
principal de nos petits élèves pendant deux et même trois
ans ? Puis, quand viennent les auteurs, comment leur livrer
par ces mots tout en nervures (la couleur et la chlorophylle
en ayant passé depuis longtemps), la fraîcheur de neuves
entreprises, comme celles de Raleigh ou de Drake, ou la réso-
lution, sans rhétorique, ni pose de grands caractères, ou la
sincérité d'hommes quotidiens ? En réalité, c'est avec des
phrases et non avec des hommes qu'on met nos élèves en
contact ;
B) que même s'il y avait égalité de saisissement, il faudrait
encore choisir entre les deux la disci])line (jui arrive à livrer
le plus vite et le moins péniblement l<i culture ([u'elle pro-"
met. Faire autrement, sous prétexte de gymnastique intellec-
tuelle, est une conception de grammairiens qui veulent se
donner une raison d'être. Or, si Ton suppose à nos élèves de
6* et 5' une journée de travail de neuf heures (7 à 11 au moins
le matin et 2 à 7 le soir), on peut admettre que sur ces neuf
heures, il y en a bien trois consacrées au latin tandis que les
langues vivantes leur demandent à peine 1 h. 10 (1 heure ik-
classe en sixième, à laquelle s'ajoutent quinze ou vingt minu-
tes de travail hors classe en 5"). AutriMuent dit, l'on ne peut
NOTE SUH I,K LATIN OHI.KiATOI HK KK 6^ ET EN '}<' 365
enseif^ncr le latin aux élèves de 6' et 5" sans les condamner
d'avance à une journée d'au moins neuf heures. Neuf heures
de travail intellectuel à neuf ou dix ans, c'est d'une folie
criminelle.
Conclusion
Toutes nos protestations, résolutions, défenses et contre-
attaques doivent le répéter : l'enseignement du latin est un
enseignement de spécialistes, à réserver aux futurs profes-
seurs de français (et peut-être aussi aux futurs mauvais avo-
cats, en raison de i'équivoque inhérente à ce langage). Vou-
loir que toute la bourgeoisie et demi-bourgeoisie françaises
du xx" siècle apprennent le latin, c'est vouloir qu'elles
reçoivent toute une formation de professeurs ; c'est un
paroxysme de pédagogie. Pour nous, maîtres de langues, (jui
savons sortir de nos livres, nous devons aider le bon sens
lumineux à défendre ses droits contre toutes arguties et
d'abord à fixer l'attention. Déjà, on ne nous laisse plus le
temi^s d'hésiter.
Robert Maurice.
BIBLIOGRAPHIE
H'-C WellS' — La Russie telle que je viei)S de la
voir. (Articles parus dans le Progrès Civique, 6, 13, 2U, 27 novembre
4, 11, 18, 25 décembre 1920, 1" janvier 1921).
Ces articles furent écrits au retour d'un voyage en Russie, en
octobre 1920. Ils ne sont pas, malgré leur litre, une simple nota-
tion de choses vues. Ils ne sont pas, non plus, comme certains
récits que le Times publiait l'an dernier, destinés à faire dresser
les cheveux sur la tête de lecteurs auprès desquels l'horreur du
bolchcvisme a, par avance, cause gagnée. Certes, la misère des
grands centres, l'aspect de leur population diminuée par l'exode
et la maladie, les chiffres effrayants des statistiques démogra-
phiques, les tristes conditions matérielles et morales faites aux
grands intellectuels, dans ces sortes d'arches communistes, qui
s'appellent Maison de lu Science et Maison de la Littérature et de
l'Art, et dont les pensionnaires, bien qu'isolés par la guerre, du
monde de la pensée, tâchent, grâce à Maxime Gorkey, et aux plus
éclairés des gouvernants bolchevistes, à survivre au cataclysme
général, tous ces détails notés par Wells disent assez l'étendue du
mal dont souffre la Russie.
Mais le voyageur ne s'est pas arrêté aux seules apparences de
cette misère. Le bolchevisme est pour lui quelque chose de positif,
susceptible, en dépit de fautes, de redonner une forme sociale à
une Russie qui s'effondre. Wells a en effet cherché à discerner les
causes dans leurs effets visibles, à établir des responsabilités, à
découvrir enfin les possibilités d'évolution de ce pays dans les
voies d'une civilisation nouvelle.
Si l'on a coutume d'imputer au régime des Soviets les terribles
convulsions sociales où semble devoir sombrer la Russie, on ne
réfléchit pas, ce faisant, combien elles étaient inévitables ' dans
un pays délabré par une guerre de six années consécutives,
moralement ruiné par l'accaparement et le mercantilisme, i)uis
privé progressi\ement de ses ressources industrielles et commer-
ciales, et finalement réduit à la famine. Comment était-il possi-
ble de réagir contre un pareil état de choses, autrement que par
la force et la violence, lorsque s'écroula le régime tsariste, lors-
que se produisit l'efTondrement complet du vaste système admi-
nistratif, social, financier et commercial de l'Empire Russe ?
Qu'on imagine donc, avant de condamner le bolchevisme, et quel-
que opinion qu'on i)uisse avoir de ses conceptions politiques, la
débâcle qui allait s'aggravant avec les insurrections des bandes
BIBLIOfiRAPHIK 367
jiriiu'i'S. ;i\ec le I)1()imis, ;i\i'«' les ;ittiif|iifs (1rs gi';iii(l> .'nfiit ui'in's
sdiitcinis piir rKiiri)|)c. Le gouvcnifiiicnl des Soviets, ii'tc'\ jiiit ce
lïiineiilible Iiéiitîige. peul-il clone être lemi pour lespoiisiible des
désordres liitérieiir-s et des exéetitioiis somiiKiires rendues iné\i-
liihles pjir le hrii^iindage installé en niaitre dans le pays V Non,
réj)ond éneri{ic|uen)ent Wells; les responsahilités de eelte agonie
d'un peuple, il les faut chercher dans le réj^inie capitaliste russe
dont la défectueuse organisation sociale n"a pu lésistcr à la
i,'ueire, née de l'impérialisme européen.
()i\ après l'enondremcnt de la Société russe, seul, le parti c<»nt-
nuiniste, minorité convaincue et disciplinée, était capaldc d'assu-
mer les charges du gouvernement, car il représentait la •■ seule
idée de solidarité •, •■ la seule ufiité morale " qui eût subsisté
dans le pays ; seule, cette minorité, forte parce que fanatique,
pouvait sauver la niasse du peuple russe d'une débâcle définitive,
et lui imi)oser un régime qui, pour discutable qu'il soit, était
encore préférable à l'anarchie envahissante. Point essentiel que
celui-ci, souligne Wells, car il est la donnée première du problème
russe à l'heure actuelle : hors du communisme, c'est le retour à
la barbarie ; il est le seul commencement possible d'un salut
encore lointain sans doute, mais ce n'est que par lui que la Rus-
sie peut continuer d'être ; en dehors de lui. il n'y a pas de choix.
Etudiant l'œuvre constructive du bolchevisme, Wells reconnaît
qu'elle n'en est encore qu'à l'état embryonnaire, à la période des
expériences ; les théoriciens russes du communisme, disciples
mystiques et fervents de harl Marx, virent dans la Révolution de
1917 l'occasion de réaliser leurs conceptions sociales. Les circons-
tances rendaient la tâche difficile ; les erreurs étaient inévitables;
et tout d'abord, ils commirent celle, grave de conséquences, de
suivre Mar.x dans cette illusion que la Société Communiste devait
naturellement sortir des ruines du capitalisme et de l'avènement
du prolétariat : ils achevèrent de détruire l'ancien édifice avant
d'avoir pourvu à son remplacement. De plus, au contact des réali-
tés, le nouveau gouvernement a découvert de nombreux problè-
mes dont la solution n'avait pas été prévue par l'inspirateur du
régime. Il a fallu improviser. De son entrevue avec Lénine, Wells
nous a rapporté en effet les préoccupations de celui qu'il appelle
<• le rêveur du Kremlin » : la Révolution russe pour lui, ce fut
«' le commencement d'une ère d'expériences illimitées •>. L'n
champ d'expériences sociales, telle est la Russie aux niain.s de
ceux qui se déclarent « prêts à essayer méthode après méthode
jusqu'à ce qu'ils aient enfin découvert celles qui doivent le mieijx
les mener à leurs fins ». Ce qu'ils ont fait, ce ne sont encore que
des essais : essais d'exploitation agricole par les procédés moder-
nes de grande culture, tentatives pour la distribution de la force
électrique dans des districts entiers, application aux écoles du
système d'éducation communiste, etc.. Tantôt le succès a cou-
368 LES LANGUES MODERNES
roniïé des efforts toujours sincères, tantôt, il n'a pu refouler
l'utopie au delà d'un commencement de réalisation. L'avenir
seul dira ce qui doit rester de cette œuvre multiple. Toutefois,
on ne saurait nier, et c'est là une des impressions dominantes
de Wells, que les dirigeants bolchevistes soient profondément
honnêtes dans leurs desseins ; ils veulent instaurer le communis-
me en Russie ; ils le déclarent ouvertement et s'y efforcent. Leurs
vues sociales dénotent l'imagination et l'intelligence nécessaires
à des gens qui veulent reconstruire sur des bases nouvelles.
Pourront-ils mener à bien une œuvre qui se révèle chaque jour
plus complexe, et à propos de laquel'c ils ont déjà constaté l'iiî-
suffisance des théories marxistes ? (1). Il faut pour cela qu'une
aide leur vienne de l'extérieur; il faut que renaissent, avec le
concours de l'étranger, le commerce et l'industrie, sans lesquels
ne peut vivre un pays comme la Russie. Tel est, en concluant, le
conseil que Wells donne à l'Europe comme à l'Amérique, et qui
peut se résumer dans cette alternative : où condamner la Russie
à périr dans une barbarie, qui, par contagion, finira peut-être
par submerger la civilisation européenne, — ou bien reconnaî-
tre le seul gouvernement russe qui soit possible à l'heure actuelle;
aider ce gouvernement inexpérimenté à établir un ordre social
nouveau ; admettre enfin les principes commerciaux du commu-
nisme, pour assurer l'existence matérielle du peuple russe et
rendre de nouveau accessibles à l'Europe de vastes ressources
naturelles nécessaires à la vie économique du vieux monde.
G. JOUSSAUME.
Cani)bridge Essays oi) THdult Educatioi), ediied by
R. St Jof)0 Parry. (Cambridge University Press, 1920. 230 pp.,
12 '6 net.)
Les neuf essais qui composent cet intéressant ouvrage ont
été écrits par des spécialistes ; c'est la foi qui réalise leur unité :
foi religieuse, foi démocratique, croyance absolue aux bienfaits
de l'éducation sous toutes ses formes.
Les problèmes abordés sont de ceux qui s'imposent à l'atten-
tion de toutes les démocraties : le suffrage universel a donné à la
masse un pouvoir don't il importe qu'elle fasse un usage raison-
nable, or, elle manque des lumières nécessaires ; il faut donc
(1) Il semble que déjà Lénine ait renoncé à certaines mesures
dfi communisme intégral ; dès le début de 1919, il a été amené à
favoriser la reprise du petit commerce ; et Ton sait que récem-
ment il a fait appel au capitalisme étranger pour l'exploitation
des richesses minières et forestières de Sibérie, ("es faits semblent
tlonner raison aux |)révisions de Wells, qui envisage <■ une forme
adoucie de communisme » comme l'aboutissement de l'évolu-
tion probable du régime bolcheviste.
niHI.IOdHAPHlE 369
<liie des rc-fonnes hardies lui permettent de travailler à perlec-
tioiiner son instruction.
Il nous parait impossible que les questions relatives à l'éduca-
tion des ouvriers et des femmes de toutes les classes puissent être
traitées avec une plus large sympathie. La contianee témoignée
ici aux trade-unions, aux coopératives, à la mutualité, aux asso-
ciations professionnelles de tout genre est absolue. I-eurs moin-
dres désirs sont si scrupuleusement examinés, leui- psychologie
souvent ombrageuse est scrutée avec une volonté si nette de res-
|)ecter Jusqu'à leurs préjugés, que la tâche du professeur devant
ces auditoires ondoyants et divers, parfois hostiles, apparaît com-
me singulièrement diflicile. l'our réussir, il faudra que le maître
soit un missionnaire de l'éducation in ptirtibus infideliiim (p. 190
et 106) et qu'il domine absolument son sujet de façon à n'établir
l'autorité de son enseignement que par la libre discussion.
Faut-il dire que ces essais sont écrits par des enthousiastes ?
On ne se consacre pas à une œuvre aussi belle et aussi grande
sans avoir quelque étincelle du feu sacré. Nul ne l'a davantage
que A. C.obhani, auteur de l'essai tinal, ouvrier dont l'Extension
l'niversilaire a lait un écrivain et un penseur ; son éloquent
appel mérite d'être entendu.
H. ROIDIL.
Methods ai)d Materials of Literary Criticism) : Lyric,
Epie, ai)d Allied Forn[)s of Poetry, by Charles Milis,
Cayley ai)d Bei)jan)ii) Puti)an) Kurtz. (Ginn et c . Boston,
etc., 1920, V -^ 911 pages, 3 dollars;.
Ce volume trapu, qui fait suite, à quelque vingt ans de dis-
tance, à un autre volume du même genre (Introduction to the
Methods and Materials of Literary Criticism, 1899), déjà publié
par le vaillant professeur de l'Université de Californie, avec
l'aide d'un autre collaborateur, vaut qu'on s'y arrête. Ces centai-
nes de pages, bourrées d'indications bibliographiques, forment
une masse — ose-t-on dire — qui « se pose un peu là « .
Les auteurs ont voulu nous donner un guide à l'étude de deux
grands genres littéraires : la poésie hrique et la poésie épique.
Chacune des deux parties nous présente d'abord, en une quaran-
taine de pages, un exposé des questions générales de théorie et de
tchnique qui peuvent retenir l'attention de l'étudiant : comment
la notion de ces genres s'est formée, comment elle a évolué,
quelles définitions on en peut offrir, quelles variétés on peut dis-
tinguer, quelle peut ou doit être la constitution psychique de
l'auteur dans l'un et l'autre cas, quelles sont les caractéristiques
de chaque genre pour le fond, pour la forme, quelles en sont les
fonctions propres, en termes d'esthétique ou d'éthique, etc.. Il
y a là déjà un monde de problèmes ardus, qu'une belle vaillance.
370 LES LANGUES MODERNES
une belle fraîcheur d'esprit, très américaines sans doute, n'hési-
tent pas à poser dès l'abord, à proposer et presque à imposer au
critique en herbe. Le programme est suivi — -et chaque fois,
c'est encore affaire de 40 à 50 pages — d'une bibliogi-aphie cri-
tique générale des ouvrages où ces premiers points de principe
sont plus ou moins complètement traités. Après quoi, l'histoire
de la critique et de la théorie du genre, dans chacun des grands
pays où la conscience littéraire a pu agiter ces problèmes, est
esquissée, avec d'abondantes indications bibliographiques encore
(50 pages pour le lyrisme, 90 pour l'épopée).
Puis l'histoire du genre lui-même est attaquée, d'un point de
vue universel. Une fois de plus, il s'agit ici plutôt de suggérer
des directions d'attention et de réflexion que d'arrêter des traits
définitifs. Comment chaque genre peut naître, quelles conditions
sociales peut exiger sa floraison, comment il peut évoluer, se dif-
férencier, etc., c'est ce que nombre d'ouvrages, — signalés au
cours de nombre de pages (30 et 50 respectivement) — examinent
plus ou moins sj'Stématiquement depuis nombre d'années, sans
que des réponses bien fermes et bien complètes s'y soient pâmais
formulées... Enfin, des résumés historiques, très sobres, mais très
nourris de références, montrent le développement de la poésie
lyrique et de l'épopée en Grèce, à Rome, à Byzance, dans le
Moyen Age latin, en Italie, en France, en Espagne, en Angleterre,
en Allemagne, en Portugal, en Hollande, — et bien d'autres pays
encore y compris la Chine et le Japon (pour la poésie lyrique),
l'Inde et la Babylonie (pour l'épopée)...
On voit l'ampleur formidable de ce travail. L'Index doit com-
porter de 5 à 6.000 noms d'auteurs, et c'est par milliers, assuré-
. ment, qu'il faut compter le nombre des volumes ou articles que
les auteurs ont dépouillés, ou du moins feuilletés d'une main
diligente. Et comme si cet effort ne leur sulfisait pas, ils ont
ajouté à leur livre, en appendice (dont l'index ne tient pas
compte), une « brève bibliographie de l'histoire de la poésie »
à la face de notre planète, 60 pages de petit texte, bourrées de
titres, et non de titres secs, mais pourvus d'astérisques et parfois
de brèves notes critiques, soulignant la valeur des ouvrages en
cause.
En vérité, c'est ici un monument de patience devant lequel on
reste confondu. Sans doute, se demandera-t-on si jamais il se
trouvera quelqu'un pour entreprendre, — je ne dis pas pour
mener à bien, — l'immense étude comparée à laquelle un pareil
recueil nous convie. Et sans doute aussi, dès que l'on bornera
son enquête, s'apercevra-t-on que ce guide bibliographique ne
saurait être complet (1). Mais n"im|)orte. L'ouvrage est utile et
(1) Kst-il question du sentiment de la nature dans le lyrisme
anglais ? Des .articles de \ iilgirisat ion sont cités (p. 267) cl non
uiuliochai-hik 371
siif^gcslif à cDiisulUr. Les l)il)li()thi'qiR's ftioiit mèiiic bit-n de le
mettre à portée des travailleurs, parmi les instruments dont ils
auront le plus à se servir. Kt la largeur et la précision des infor-
mations ici accumulées font grand honneur, non seulement à l.i
richesse matérielle des centres d'études, où elles ont pu être
recueillies, mais à l'industrie et à l'amhition tles informateurs
eux-mêmes.
A. Koszui..
Her)ri Troi)Ct)Oi). — La Fortune Intellectuelle de
Herder ei) France : la préparation, liihiioynipbie critique.
(Kieder. Paris, 1920).
Ce qui frappe à la lecture des deux volumes de M. Tronchon,
c'est l'union des qualités qui font le mérite d'études comme
celles-ci : une vaste érudition et une parfaite probité scientifique.
Il n'y a pas de périodique susceptible de mentionner le nom de
Herder que M. Tronchon n'ait consulté ; il n'y a pas d'émigré
français ayant pu entendre parler de Herder dont M. Tronchon
n'ait scruté les écrits inédits ou inachevés ; il n'y a pas d'his-
torien ou de philosophe connu dont il n'ait étudié l'œuvre pour
tâcher d'y découvrir la moindre trace de Herder.
Un esprit plus facilement séduit par un développement possi-
ble que retenu par une conscience scrupuleuse, s'il avait eu à sa
disposition l'immense lecture de M. Tronchon, aurait fait flèche
de tout bois. M. Tronchon n'a pas été tenté une seule fois.
Quand il a trouvé quelque idée ou expression qui pût s'apparen-
ter à Herder, il l'a relevée et expliquée ; mars s'il a estimé que
la pensée ou le mot pouvait avoir une autre origine, il l'a dit, et il
a souvent conclu contre Herder.
Dans la période de préparation, " cette étude de la fortune
intellectuelle de Herder en France » est, comme l'a dit spirituel-
lement M. Tronchon, « l'histoire d'une véritable infortune », et
en criblant ses matériaux, l'ouvrier a dû en rejeter beaucoup
qu'il avait scrupuleusement examinés ; ce travail était nécessai-
re cependant : il a déblayé le terrain sur lequel l'auteur édifiera
solidement la suite de son œuvre.
C'est en 1767 que l'on relève la première mention du nom de
Herder, et dès le début, les périodiques français lui ont fait un
accueil bienveillant et ont mentionné ses principaux ouvrages.
le travail de Moorman. — S'agit-il des formes métriques du
lyrisme français ? Le gros ouvrage de M. Thieme semble négligé.
— Et pour ce qui est des origines de l'épopée (p. 594) et de
l'épopée française en particulier (p, 703), on regrette de voir
M. Bédier loué vaguement (p. 616) sans que ses idées soient
vraiment « représentées ».
322 LES LANGUES MODERNES
Pendant IVniigratioii. quoiquL- des Français de marque aient
réside à Weimar où vivait alors Herder, Ja réputation de eelui-ei
n'a iiuère profité de l'aubaine. Jusqu'à la fin de l'Empire, d'ail-
leurs, le publie fi-ançais ne s'intéressa guère à l'idéologie alle-
mande. Certes, Mme de Staël et sou groupe s'occupent de Herder ;
mais l'hommage rendu à eelui-oi dans le livre De l'Allemagne est
plus important à cause de la grande influence du livre lui-même
qu'à cause de la place que Herder y tient. Si Mme de Staël a été
sensible à la séduction du style chez Herder, elle n'a rien retenu
de sa philosophie ou de sa critique esthétique; et si quelques-
unes de ses idées ressemblent à celles de l'auteur allemand, c'est
plutôt à Schlegel qu'elle les doit. Quant à Sismondi, il a contracté
une dette très certaine envers Herder : il lui doit sa conception
du Hoiuftncero espagnol. Benjamin Constant étudia de près les
Idées de Herder ; il n'est pas douteux que l'auteur allemand aida
pour sa part à la conversion de l'écrivain français et lui fournit
quelques-unes des idées qui lui permirent de composer son livre
De la Religion. C'est là sans doute que l'on relève la trace la
plus nette de l'influence de Herder en France avant 1830. Herder
a bien fourni à Hallanche îles confirmations et même des correc-
tions utiles ; il a tenu un instant une place importante dans la
vie intellectuelle de Guizot ; mais chez l'un et l'autre auteur
français, la conception de l'histoire ne doit rien à Herder. De
Maistre et Bonald travaillent sur un fonds d'idées analogue à
celles de Herder ; mais s'ils ont nommé l'auteur allemand, ils ne
l'ont guère connu. Il n'a joué aucun rôle non plus dans la forma-
tion du saint-simonisme et du positivisme. Eckstein enfin tra-
vailla beaucoup à la notoriété de Herder, car il l'a souvent
nommé ; mais il ne contribua aucunement à son influence, car
lui-même ne l'a guère subie, et n'a gardé de Herder qu'un sou-
venir assez peu distinct.
<' Ainsi, conclut M. Tronchon, même pour ceux qui ont connu
vraiment Herder et paru sensible à son attrait, ce qu'ils ont pu
lui devoir semble peu de chose, comparé à ce qu'ils tiennent de
leurs premières habitudes intellectuelles ou de leur foi, ou de
leur temps. » Mais <■ dès avant Quinet, quelques tendances essen-
tielles de l'âge nouveau se sont pour ainsi dire mesurées avec
Herder. Même quand elles semblaient à la fois continuer des
traditions intellectuelles anciennes, ethniques dont nulle crise
ne fait table rase, et naître du siècle, de ses peines et de sa
grandeur réfléchies en quelque tempérament d'élite, elles se sont
croisées avec certaines inclinations représentées par Herder. »
M. Tronchon a eu raison de nous montrer ces concordances, car
elles expliquent raccueil que Herder recevra dans la France de
1830 ; cet accueil et les résultats qui en découleront vont être
étudiés daus un prochain livre qui sera plus riche de résultats
positifs : il ne saurait être plus vaste dans son enquête, plus
J
niBLIOGRAPHIE 373
probe dans ses concliisions ; il sera, comme ce premier volume,
(lé(ii)itif.
Léon Lemonmeh.
Tl)e Year Book of Moderi) Laoguages, 1920. —
(Cambridge l'niversity l'ress;.
L'Association des |)rofesseurs de langues modernes d'Outre-
Manche a pris la résolution de publier un annuaire des Langues
Modernes. Le premier volume, pour l'année 1920, s'occupe du pro-
grès réalise dans l'étude des langues vivantes pendant la période
1914-1919. Le j)remicr article est le compte rendu d'un rapport pu-
blié par une (;ommission d'enquête gouvernementale 1918. (Certai-
nes des conclusions au.xquelles la Commission aboutit nous
intéressent en ce qu'elles nous montrent, là-bas comme ici, des
préoccupations semblables.
Le paragraphe F sur les moyens d'acquisition d'une langue
note :
c Le séjour à l'étranger est la façon la plus facile d'étudier
une langue vivante ; mais l'étude préalable est la meilleure des
préparations ; sans une étude patiente et théorique, une langue
ne peut être connue à fond. » — " Les études secondaires doivent
donner une connaissance sûre des principes de la langue ; une base
sur lesquelles l'élève bâtira plus tard, selon ses goûts ou ses be-
soins. » — " L'étude obligatoire du Latin et du Grec à l'Univer-
sité, tend à faire obstacle à l'étude approfondie d'une langue, dans
les écoles. » — « L'étude de l'anglais est la meilleure base pour
servir à l'étude des langues vivantes. Inversement, l'enseignement
des langues vivantes doit donner une maîtrise plus grande de la
langue maternelle. »
Dans le paragraphe D sur la valeur des études modernes, on
lit :
" Le développement des études modernes répond à un besoin
national ; nous avons besoin... d'employés, de voyageurs, de
directeurs, d'administrateurs qui connaissent les langues, les pays
et les peuples étrangers Cette connaissance (du pays étranger;
ne doit pas se borner à la philologie et la littérature, mais
embrasser aussi l'histoire, la politique, l'art et la philosophie. »
Dans le paragraphe E :
« La valeur relative des diverses langues étrangères et au point
de vue de la culture est celle-ci, pour les Anglais : le français, en
première ligne ; ensuite, et par ordre alphabétique, l'allemand,
l'espagnol, l'italien, et le russe. »
Dans le Chapitre II, Les Sernices Cinils et les Langues Modernes,
il est intéressant pour nous de noter que le nouveau programme
d'examen pour le recrutement des services civils, veut • placer
sur un pied d'égalité les principales disciplines, à savoir : langues
26.
374 LES LANGUES MODERNES
anciennes, liistoire et littérature ; langues modernes, histoire et
littérature ; histoire ; mathématiques ; sciences physiques et natu-
relles ».
H. BOUSSINESQ.
Rev. H. -F. Stewart, Fellow of Trinity Collège, Camhridge :
San)Uel Jot)l)SOI). (Extrait de la Revue de l'Université de Bruxelles,
N" 6, mars 1921). Cette conférence fut faite en français, sous le
patronage de l'Union anglo-belge. Grâce à des citations heureuse-
ment choisies et habilement groupées, le Rév. H.-F. Stewart sait
donner la vie à son personnage et met en relief les défauts et les
qualités ou plutôt les vertus du fameux docteur.
H. DUPUK.
Louis Marçt)ai)d. — Le preni)ier livre frai)çais ou
la Fan)ille DupOI)t. — l vol. broché, in-8'\ VII-1.'57 pp., l'aris,
Siège central de la Conférence au village, 1920.
Au moment où, dans notre pays, les mesures se succèdent qui
visent à restreindre l'étude des langues vi\'antes, il faut noter le
mouvement inverse qui, chez les peuples rivaux, développe sans
cesse l'importance de notre discipline. (]'est pour répondre à ces
besoins manifestés à l'étranger que, depuis la guerre, ont paru
Ijlusieurs méthodes destinées à l'enseignement du français et dont
il fut rendu compte ici-méme. La dernière en date, celle de
M. Marchand s'inspire comme celles de M. Gourio, de .M. Camer-
iynck, des principes de la méthode directe. L'auteur le dit expres-
sément : il observe et Jiiet en œuvre les deux grandes lois natu-
relles de l'acquisition du langage : Vintuition et la répétition. Ou
étudie d'abord les mots les plus fré(|ueuiment employés dans la
langue usuelle. Cela va de soi. Le choix de ces termes, l'auteui',
comme il Ta iMdi((ué dans ses précédentes études, voudrait qu'il
fût réglé par l'application de ce qu'il appelle le » coellicient
d'usage •>, formule bonne en elle-même et qui résume bien le
souci pédagogique très louable qui l'inspire, mais qu'il ne faudrait
peut-être pas appliquer avec une rigueur impitoyable, .le me mélie,
d'instinct, de toute intrusion <k' la mathématique dans ce qui vit
et ce qui palpite et une langue est un organisuje vivant, et rensei-
gnement est une entrée en contact d'es|)rils et de cœurs. AL Mar-
chand, — il faut rendre hommage, d'ailleurs, à ses intentions
scientifiques, — est obligé, rimar(iuons-le, clp se départir dès
l'abord de son inllexibilité logique : il a senti qu'il est nécessaire
de faire connaître aux débutants certaines poésies populaires, cer-
tains chants, où se rencontrent des vocables rares. 11 faut pour-
tant bien expliquer ces derniers.
Critique de détail, simplement, et qui n'infirme en rien les élo-
BIBLIOGRAPHIE 375
gcs que mérite rouvrage, composé avec la conscience et le soin
ordinaires de M. Marchand. L'auteur insiste avec raison sur l'im-
portance de la répétition et, à cet effet, ces leçons « destinées à
être parlées », il lui " a paru nécessaire de les faire enregistrer
par le phonographe ». L'ambition de M. Marchand ne s'est pas
l)ornée à enseigner le français. A juste titre, il voudrait « ensei-
gner la France et la mentalité française », désir fort légitime et
qui est celui de tous les professeurs d'humanités modernes, en ce
(|ui concerne la civilisation dont ils apprennent la langue à leurs
élèves, but dernier certes, de notre enseignement et que ne veulent
point apercevoir certains esprits hostiles à notre discipline.
M. Marchand transporte donc son lecteur dans une famille fran-
çaise <• où il pourra en quelque sorte, s'imprégner de l'atmosphère
de notre pays ». Ce milieu français est créé non seulement par le
texte, mais par les innombrables dessins dus au talent de l'auteur
lui-même et aussi par la chanson. >• I/oreillc, fait observer
M. Marchand, est bien plus intuitive que l'œil. » L'ouvrage con-
tient tioiic " une illustration musicale de la France, tie toutes ses
provinces », sous la forme d'une série de vieilles chansons fran-
çaises, harmonisées avec un grand sens artistique et pédagogique
par M. E. lîouillon, professeur de chant dans les Fcoles de la
Ville de Paris.
L'ouvrage a été composé sur la demande du Comité alsacien de
la Conférence au Village. Il est particulièrement destiné aux élè-
ves dont la langue maternelle est l'allemand et M. Marchand a
jugé utile d'y joindre quelques pages de iinimniiilik où sont grou-
pées les i)rincipales règles de notre langue.
Ch. N'^eii.let-Lavali.kk.
Georges Weill. — Histoire de rEi)seigi)en)ei)t secoi)-
daire CQ Frai)Ce (Payot, 1921. l vol. in-lfi de 2^ pp.).
Nombreuses sont les études critiques qui ont paru depuis vingt
ans sur l'enseignement secondaire, ses tendances et ses program-
mes. Mais nous n'avions pas un seul livre d'ensemble donnant
l'histoire de cet enseignement depuis que Napoléon a créé l'Uni-
versité.
L'ouvrage de M. Georges Weill, professeur à la Faculté des Let-
tres de Caen, comble cette lacune. Exposant le régime oijganisé
sous le Consulat et l'Empire, il en suit les modifications jusqu'au
lendemain de la grande Guerre. Bien plus encore que l'étude des
règlements et des institutions, c'est l'histoire de la vie universi-
taire, des tendances qui ont prévalu dans l'éducation à chaque
période, et qui se sont traduites le plus souvent par de nouveaux
programmes. A côté des lycées et collèges de l'Etat, nous appre-
nons en outre à connaître les maisons de l'enseignement libre,
maisons laïques dans la première moitié du xix"" siècle, maisons
376 LES LANGUES MODERNES
ecclésiastiques dans la seconde. Enfin, une place importante est
faite aux grandes réformes pédagogiques et aux discussions qu'elles
ont soulevées.
Ce livre mérite d'être lu. Non seulement, il apporte quelque
chose à l'histoire de la civilisation en France, mais il pourra ser-
vir de guide utile à ceux qui veulent apprécier en connaissance
de cause les nouvelles réformes qui vont être soumises à l'examen
du Conseil supérieur, et très probablement du Parlement.
Harold Nicolsoi) : Paul Verlaine (271 pp , 8vo, 12 6, Cons-
table London, 1921).
Ce livre est l'œurre d'un poète ; j'entends par là non le savant
constructeur de phrases qui charment, ni le chantre presque dé-
faillant sous l'émotion, mais seulement celui qui voit, qui com-
prend, qui laisse retomber tout ce qui n'est pas réalité centrale.
Harold Nicolson a su dire, sans emphase, tous les faits significa-
tifs de la vie de Verlaine, et même de celle de Rimbaud. Il n'appuie
pas : il indique, selon toute la spontanéité de son attention. 11 ne
juge pas — il voit. Comme disait Carlyle, « il 3' a des yeux der-
rière ses lunettes » : c'est en cela qu'il est humain.
Sans doute importe-t-il, pour l'ordre extérieur à l'aide duquel
les sociétés humaines témoignent de leur conception d'un certain
équilibre, que ne résonnent pas trop nomljreuses ces clameurs irré-
sistibles d'âmes auxquelles il suffît d'être uniquement ce qu'elles
sont, et que n'intimident, à leurs meilleures heures, ni les réactions
inévitables du milieu, ni même la conscience de leur propre impuis-
sance à suivre pas à pas, en leurs moins bonnes heures, et sans
faillir, leur propre idéal. Mais ces âmes, telle celle de Verlaine,
concentrent en elles plus d'intacte réalité qu'il n'en serait possible
de rasseml)ler en d'entières circonscriptions de citoyens plus aisé-
ment classifiablcs : Harold Xicolson l'a compris. Il a su en outre
(et, ])oui' un Anglais ou pour un Français, c'est un mérite certain»,
se dégager, à l'égard de Verlaine, du dogmatisme national, en mo-
rale comme en art, ou tout au moins se l'expliquer, en homme dont
les liens subsistent, mais n'enchaînent pas le jugement.
Le dernier chapitre, sur l'originalité et l'influence littéraires de
\'erlaine, est particulièrement satisfaisant pour l'esprit : on y voit
un sens criticjue fait h la fois de bon sens et d'acuité, et armé
d'une culture étendue, définir sûrement les mouvements roman-
tique, parnassien et symboliste, puis, eJi pleine conscience des
diflicultés de la tâche pour un étranger, comme des avantages de
cette situation, retracer les grandes lignes oubliées des tenipéra-
nuiits nationaux dans les domaines auditif et logique. Comme
dans la biographie proprement dite, un style souple et précis re-
constitue l'atmosphère ; et l'analyse s'arrête, devant le lecteur une
fois aiguillé, lui l:iiss;int le droit et la joie de penser par lui-même.
BIBLIOdKAPHIK .il I
et (le chisser fjicileiiieiit la masse d'impressions subtiles ou diffuses
issues d'une ^•ie et d'un art tels que ceux de X'erlaine. Malgré les
réser\ es de l'auteur au sujet de l'abus, traditionnel en France, de
In itvtteté des contours, dirai-je que Harold Nicolson, entrant assez
profondément en l'âme de son héros pour la pleinement compren-
dre, et s'en détachant assez pour lu situer par rapport aux tempé-
raments autres, a fait œuvre particulièrement discrète et fran-
çaise •'
(i. dHaM.KST.
Tl)e Kii)gs Treasuries of Literature ((ieneral Editor :
Sir A. -T. (Juiller-Couch. — J. M. Dent Sons, l'ublislicrs, ii^, (^hiai
des Grands-Augustins, Paris).
.r;ii déjà dit ici-nième, en (iéccnd)rc dernier, tout le Intii (|iic
Ji pense de celte collection, dont (juatre nou\eaux \olumes \ ien-
nent de m'ètre communiqués. Dans Selected English Essays
(.2.")(i pp.), seize auteurs sont représentés, de liacon aux contempo-
lains \. Birrell, E. Gosse, (Chesterton, E.-V. Lucas et le jjoète Yeats.
En |>lus des notes de \ ocabulaire, ou identifiant des citations, 16
|)agcs de commentaires, pour l'ensendile des essais, figurent à la fin
du volume, tt établissent la part de nouveauté des opinions expri-
mées, en les situant parmi celles d'autres écrivains sur les mêmes
sujets. Suivent 22 pages de notices, trop sommaires en ce c|ui con-
cei"nc les contemporains.
A Shakespeare Progress (320 pp.), œuvre de .M. Dent lui-même,
consiste en une série de passages classiques ou curieux, cueillis
dans l'ensemble des pièces par ordre chronologique, et, comme
l'indique le titre de l'ouvrage, destinés à illustrer l'évolution de
l'art et de la pensée du poète. Malgré la difïiculté dVxtraire de
drames, des fragments doués d'une unité suffisante, nous avons ici
une suite de morceaux significatifs ; je crains pourtant que les
élèves non familiers avec un assez grand nombre de pièces
shakespeariennes, ou avec les contes de Lamb, y sentent souvent le
besoin d'un fil conducteur ; il est vrai que le professeur peut le
fournir.
Some Animal Stories, de Charles Hobeits, sont soit complètes,
soit extraites d'œuvres plus étendues du même auteur ; elles ne
consistent pas en général en observations directes, mais en scènes
imaginées par un écrivain moins soucieux de vérité ou de vrai-
semblance que d'amuser, — dont la méthode est par conséquent
fort discutable, rien n'étant aussi curieux, même pour de tout
jeunes enfants, que la vérité.
Je préfère de beaucoup le volume intitulé London in Literattire.
d'.Alfred-H. Hcadley (286 pp.) ; qu'il sufTise de dire que 71 auteurs
y sont représentés, et que cet éclectisme témoigne de l'enthousias-
me de l'auteur pour son sujet ; on se rendra compte de la variété
378 LES LANGUES MODERNES
des points de vue, de la richesse eu aspects ou eu événements
retracés, de la valeur de cette promenade à travers l'histoire
auglaise. Comme livre de lecture dans les bibliothèques de classe,
et comme auteur du programme par exemple dans les cours , de
préparation aux grandes écoles, voici un livre qui serait aussi
utile pour l'acquisition d'un vocabulaire étendu, que pour la péné-
tration du génie anglais sous ses formes les plus concrètes et l^s
plus pittoresques.
Tous ces volumes coûtent en Angleterre de 1/6 à 1/9 ; malgré le
cours actuel du change, ils doivent donc être accessibles à la
moyenne de nos élèves.
G. d'Hangest.
J.-C. Sn)>tl) : A Book of Werse frort) Lai)giai}d to
Kipling. (Oxford, Clarendon Press, 1U2I. 298 pp., ;V6 net).
Cette anthologie complète l'édition du Golden Treasury publiée
par la même maison et les suppléments qu'elle comporte : c'est
dire que les poèmes lyriques y sont rares. Une préface de 16 pages
dégage les caractères principaux de chaque période. Les textes
choisis sont souvent copieux, souvent complets, et nettement repré-
sentatifs ; l'Elégie. de Gray, Tarn o'Shanter, le Village Abandonne,
entre autres, y sont donnés intégralement ; et lorsque des coupu-
res ont été faites, l'unité de sens et la coordination ont été pré-
servées. Peu de notes ou de notices ont donc été nécessaires ; et
celles qui existent sont solires : le mérite est réel de permettre ainsi
à l'attention de se concentrer fructueusement sur les <euvres
elles-mêmes. Mon seul regret est de voir des conleniporains de niai-
que, comme Meredith, Bridges ou Kipling, maigrement représentés.
G. d'Hangkst.
Fleurs de Frai)ce, Poésies lyriques depuis le Ron)ai)-
tiSlT)e, avec introduction de W.-P. Ker, Professeur de Poésie à
Oxford, et préface de Lady Frazer. (Oxford, Clarendon Press, lî(21,
3/6 net).
L'auteur de celte anthologie est, nous dit Lady Frazei', un |)oclc
frautjais qui tient à garder l'anonymat. •■ Les lèvres les plus ten-
dres, nous assuie-t-on encore, peuvent en sécurité goûter le miel
de la guirlande tout entière •■. Mais l'introduction ne rend compte
d'aucun mouvement d'idées, d'aucune évolution: et les poèmes, i)icii
que destines aux jeunes, et groupés par noms d'auteurs, sont
dépourvus de toutes notes ou notices, (juquante-huit auteurs sont
reitfésentés en 154 petites pages, et certains par des pièces aussi
peu caractéristiques et même aussi peu remarquables que courtes:
la part du choi.x pei'sonnel est piécisémenl dans ce li\ re celle (|iii
]>arait la plus critiquable.
G. D'HA.NGlCsr.
BIBLIOGRAPHIE 379
Edn)Uod Burke. Sélections, witt) Introduction ai)d
Notes by A.-D.-M. Hughes, «-"^^'l + '•'- I>P-' Oxford lnivcrsity
Press, 1911. .V"- "ct).
Voici une anthologit- bic-ii faite : elle est préeédée d'une appré-
ciation générale du rôle politique et intellectuel de Burke, d'un
résumé biographique très clair, et des pages consacrées à l'écri-
vain par Johnson, Goldsniith, Wordsworth, Hazlitt, (!oleridgc.
Th. Moore, Macaulay, Arnold. Les passages cités sont parfois très
courts, mais toujours significatifs, nombreux pour chaque œuvre,
datés, intelligemment coupés ; enfin, 16 pages de notes à la fin
du volume, donnent de façon concise tous les éclaircissements in-
dispensables.
G. d'Hangest.
Hei)ry Cl)ellew : Hun)ao & li)dustrial Efficiei)cy.
(Universitj' of London Press, 1919, 3,6 net).
170 pages de vulgarisation, écrites sans cfTort ni accent par un
instructeur aux classes d'économie politique organisées pour les
officiers par l'Université de Londres. Les chapitres sur le rende-
ment humain, la fatigue, la psychologie appliquée, le choix des
employés, par exemple, ne contiennent rien de positif que le sens
commun ne découvre lui-même. Et les données techniques sont
fort maigres ; peut-être la seule alTirmation utile est-elle celle de
l'impuissance fréquente de toute réglementation générale à assurer
le succès commercial ou industriel, et de la nécessité d'une étude
préliminaire des faits locau.x pour assurer le maximum de produc-
tion ; mais point n'était besoin d'un volume pour appeler sur ces
banalités l'attention du vingtième siècle.
G. d'Hangest.
DIPLOMES D'ETUDES SUPERIEURES
Mémoires admis ù lu SoiileiKime {Fuciillé de I'(tris, 19'21)
Langie anglaise
M. Lieutaud : Le poète paysai) Jol)o Clare (1783-
1864).
Le héros de ce mémoire est peu connu, ("est un Burns anglais,
ledevenu obscur après un temps de notoriété. Vrai paysan et vrai
poète pourtant, mais sans l'énergie et la vitalité de l'Ecossais. 11
a de la sincérité et du sentiment, surtout le sentiment de la cam-
l)agne. On peut l'ignorer, mais il y a plaisir à le connaître. Simple
|)oète rustique quand il avait sa raison, il devint presque un poète
tout court lorsqu'il l'eut perdue.
Emile Legoiis.
380 LES LANGUES MODERNES
Mlle BloQdel : Le sei)tini)ei)t n)oral cl)ez Buoyao*
Le séparer du sentiment religieux, l'étudier à part, est un effort
difficile, mais intéressant. Comment il s'est formé ; le rapport de
la croyance morale et de la foi ; les motifs d'action ; les sanctions
(légales, psychologiques, naturelles, surnaturelles) ; devoirs privés
et vertus sociales ; caractère pratique de cette morale ; ses ten-
dances idéalistes ; ce qu'elle a de représentatif et de personnel.
M. Cbossat : Tl)e li)flueoce of 7Hi)tlquity oi) A- C.
5wii)buri)e.
La veine " grecque » dans la poésie anglaise avant Swinburne ;
origines, progrès, expressions, de son goût pour l'hellénisme ;
<• Atalanta in Calydon •> (mythology, characters, technique,
philosophyi ; « Erechtheus " (id.) ; la forme de ces deux dra-
mes ; autres traces d'influence : 1" dans les « Poems and Ballads " ;
2" dans la prose ; qualité générale de l'inspiration antique chez
Swinburne.
L. Cazamian.
Mlle Hitzel : Arnericai) OpiQioi) towards FraQce
fron) tbe Eve of tbe Révolution to tl)e Ei)d of tbe
XiXth Ceotury.
Ce mémoire décrit dans ses grandes lignes riniluence des prin-
cipes politiques français exprimés par la philosophie du xvur
siècle et constituant l'esprit de la Révolution ; il retrace en outre
la réaction américaine en présence des grands événements : Révo-
lution de 89, Premier Empire, lutte de Napoléon avec l'Angle-
terre, Ré^olution de 48, Second Empire et Guerre de 1870.
Mlle Tollerner : Wl)ittler, tl)e Poet of New-Ei)giai)d.
Tableau et définition de la Nouvelle-Angleterre Puritaine, du
mouvement anti-esclavagiste, de la vie rurale et domestique, et
étude des sentiments de la nature et religieux, en tant que sour-
ces principales de l'inspiration du poète.
Mlle Frétio : ii)diai) Traits ii) Rabir)drai)atb Tagore's
Work.
Le lyrisme religieux de Tagorc est caractérisé par le panthéis-
me et le mysticisme, et par une impassibilité extérieure sous les
coups du destin, qui voile le calme et une confiance ardente en les
forces idéalistes. Tagore est ensuite étudié comme réaliste, comme
protagoniste du mouvement national hindou, et comme ennemi
des idées extrêmes et des mesures de violence : belle figure, digne
de sa réputation mondiale.
Ch. Cestbe.
i
BIBMOGRAPHir. 381
Mlle Fiallp. — L'li)fluer)ce frai)çaise sur la vie et les
œuvres de Willian) Morris (cn an^jUiis). — L'enthousiasme du
jiiiiH' .Mollis pour le movm-âgc ramena à venir admirer nos
eatliédrales et, dans ses poèmes, à s'inspirer d'.-ibord de Froissart,
el plus tard (dans VEarlbly Paradise), de ehansons de geste eom-
nie Ofjier le Danois. Comme socialiste enlin, il s'intéressa à la
Coninuine.
M. Cérii)- — La Question d'lrlar)de et l'Opii)ior)
britannique, dT^vril 1916 à Février 1921. — iravaii lait
d'après les documents et les journaux de la Maison de la Presse.
— Deux périodes y sont distiiiguées, avant et a|)rès l'armislice.
1,'opinion anglaise, d'abord assez indiUérente devient de plus en
plus in(|uiète en raison de la gravité croissante des événements.
Si certains éléments avancés inclinent à c<mcéder à l'Irlande le
Dominion Home Uulc, la masse reste unioniste.
Mlle Pissot. — La Poésie de Chatterton (en anglais).
.Merveilleux de précocité. Chatterton est |)armi les initiateurs du
Homantisnie par sa i)assion pour le moyen-âge. Les Rowtey
l'ofiiis tiu'il fabriqua de toutes pièces, et fit passer pour anciens,
sont remarciuables de vie et de variété. Le curieux dialecte dans
lequel ils sont écrits et qui se donne comme datant du XN"^ siècle,
s'inspire directement de Spencer, et indirectement, de Chaucer.
Ses jjoèmes authentiques sont beaucoup plus ternes. Sa profonde
inlluence est due à ce qu'aux yeux de beaucoup, il a personnifié
l".\rt malheureux.
HUCHON.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
TlrneS Literary Supplernent. — 10-3-192L Cardinal Man-
nimj : Mr Shane Leslie publie une nouvelle biographie de l'ambi-
tieux cardinal qui " vise à compléter plutôt qu'à supplanter »
celle de Purcell (Burns, Oates ind Washbourne, 25 sh.j ; — Prof.
H. Withington publie le 2« vol. de son English Pag^antry, an his-
torical outline (.Harvard Univ. Press. London, Milford, 25 sh.j,
dont le 1""^ vol, avait paru en 1918 ; ce second volume décrit les
" pageants » modernes, tels que le < Lord Mayor's Show » ou
ceux de Mr Louis Parker.
17. 3. Art. de fond sur Tobias Smolett (1721-1771) ; à signaler
en même temps un art. de Stuart Bruce dans le • Mariner's Mir-
ror » : Nautical Jottings from << Peregrine Pichle » and " Rode-
rick Random ». — Comptes rendus : William Morris and the
382 LES LANGUES MODERNES
Earlij Dai/s of the Sociulist Movement, by J. Bruce Glasier (.Long-
mans, <J/6), » the best account of Morris on the political side
that bas yet been written ; — John Hungcrford Potter, S. J. :
Sources for the History of Roman Catholics in Emjland, Irelund and
Scotland, dans hx collection Helps for Stadents of History (S. P.
C. K. 1/3) ; bibliographie. — L'Index du T. L. S. pour 1920 est
paru (1/1) ; pour l'avoir, écrire : The Manager, The Times Lite-
rary Supplément, Printing House Square, London ; — à signaler
aussi le Studio Year.-Book of Applied art. 19^21, consacré à l'archi-
tecture domestique et à l'ameublement.
31. 3. Andrew Marveli : l'ami de Milton, à l'occasion de son
tricentenaire, est l'objet de nombreux articles dans les périodi-
ques de langue anglaise ; citons, outre cet article du T. L. S. un
art. de Cyril Falls dans le XIXth Century ;■ — art. sur Eugène
O' Neill, jeune auteur dramatique américain dont les pièces, entre
autres Emperor Jones et Beyond the Horizon, ont un grand suc-
cès à New-York.
7. 4. Art. de fond ; Baudelaire and Décadence : le traducteur
d'Edgar Poë, " one of the greatest and most assured poets that
France has produced », est d'ailleurs, à l'occasion de son cente-
)iairc, clcvc au pinacle par toute la presse d'Outre-Manche. —
(lonii)tes rendus : Capt. Peter E. Wright, ancien interprète au
Conseil Interallié de Versailles, publie un livre de souvenirs,
At the Suprême Council (Eveleigh Nash 7/6), où tandis que
LIojd George, Foch, le maréchal Wilson, et le général Gough
sont l'objet d'éloges enthousiastes, le maréchal Haig, Sir W.
Robert son. Sir F. Maurice et Lord Derby sont rendus responsa-
bles des mauvais jours. — Nouvelle biographie de Queen Vic-
loria, hy Lytton Strachcy (Chatto and Windus 15 sh.) ; l'auteur,
qui, dans une précédente étude, Eminenl Yictorians, n'avait point
ménagé les personnages de " l'ère victorienne •>, est au contraire
plein de sympatliie pour leur souveraine ; — étude de I\liss Hulh
Clark sur .Antiiony Hamilton, l'auteur des Mémoires du Comte
de (irammont, sa vie, son (cuvre et sa famille (John Lane, 21 sh.).
— Mr. John Drinkwater fait revivre la ■■ lU-ine Marie », la grande
amoureuse, dans une |)icce moderne, Mary Sluart (Sidgwick and
Jackson 3/(i). l'n |)roresseiir de l'I'niversité de Bâle, Prof,
llans Hechl, vient d'enrichir d'une nouvelle étude très documen-
tée la bii)liographie déjà copieuse du poète national de l'Ecosse :
Robert Burns. I.ehen und Wirken des Schottischen Volksdichlers
(Heidelberg : Cari Winter). L'auteur de l'article qui rend compte
de cet ouvrage, dans son admiration, exprime le vœu qu'il soil
traduit en anglais, pour éviter à ceux qui \eulent c<>nnaître
Huiiis la lecture de nombreux volumes. Le ci'itiquc ih\ Times
siuible avoir oublié, car il n'en fait pas mention, qu'il y a bien-
BIBLIOGRAPHIE 383
tôt trente ans, un éniinent |)r()fessenr fraiit^ais u consacré aii poète
une étude capitale (|ue beaucoup considéraient, à l)on droit, comme
définitive.
28. 4. .Art. de fond sur Burton ; il y a 'MU) ans que le solitaire
d'Oxford publia son Anatomy of MelunchoUj ; en dernière page,
étude bibliof{raphic|ue sur l'œuvre de Burton et sur sa i)ibliothèque;
— étude sur Roger Boy te, E<irl of Orrery (l(i21-79i, Vxin des contem-
porains et des émules de Dryden, dont le rôle comme un des prin-
cipaux initiateurs de la <■ tragédie héroïque ■> est trop oublié ; l'au-
teur, en passant, revendique, pour cette tragédie de la Restauration,
une plus grande part d'originalité nationale qu'on ne lui en a géné-
ralement reconnu. — Compte rendu : .4 Manuat of Modem Scots,
by W. Grant and J.-M. Dixon ((-. V. F. 20/ ), contenant une étude
de phonétique, une de grammaire, et 300 pages d'extraits de poè-
tes et de prosateurs écossais depuis .AUan Ramsay jusqu'à nos
jours.
5. 5. Compte rendu : Shakespeare from Betterton to Iruing by
George C.-D. Odell (2 vol., Constable, 77/6). Le Prof. Odell de
Columbia Univ., a écrit une histoire aussi complète que possible
des variations qu'a subies l'interprétation de Shakespeare depuis
le jour d'oùt 1661 où •• Hamlet » fnt joué à Dorset-Gardens
jusqu'aux dernières innovations de Mr Granville-Barker. Chaque
âge a tiré de Shakespeare ce qu'il y aimait et l'a joué comme il
le comprenait ; c'est peut-être la c<jndition de l'immortalité du
poète.
1S>. 5. Comptes rendus : Las Màscnnis, [wv Ramon Pértz de
Ayala (2 vol. Madrid, 9,50 |)tas), étude — un peu décousue, sem-
ble-t-il, à moins que le compte rendu soit seul responsable de
cette impression, — ■ sur rinlluence réciproque du théâtre espa-
gnol et du théâtre anglais, depuis Shakespeare et Lope de Vega,
jusqu'à Senor Bcnavente et Mr Bernard Shaw ; — The Social and
lndiis(rial Historij of Scolland, from the l'nioii lo Ihe Présent
Time, by Prof. ,1. Mackinson (Longmans, l(i/ ; ; quelques bons
chapitres sur la situation actuelle de l'industrie et du commerce
écossais ; on y trouve groupées des informations qu'on ne trou-
vait Jus<prici que disséminées dans une foule de documents.
26. ."). L'ne lettre signée C.-E. Bechhoftr rajjporle quelques im-
pressions de la littérature américaine contemporaine. Cette litté-
rature se caractérise par une rébellion contre le double idéal
assigné jusqu'ici à la littérature américaine : l'austérité calvi-
niste, et l'optimisme du pionnier. Un livre récent de Van Wyck
Brooks, The Ordeal of Mark Twain (New- York, Dutton, .s 3,7."))
nous dévoile, dans la vie contrariée du grand humoriste, les sour-
ces de ce conflit. Pour avoir une idée de ce qu'a été la littéra-
384 LES LANGUES MODERNES
turc officielle de l'Amérique, au cours de ces cinquante dernières
années, il suffît de lire The Life and Letters of Hamillon W. Mabie,
by Edwin W. Morse (New- York, Dodd Mead, S 3), l'un des manda-
rins de cette littérature, l'homme à la compétence universelle à qui
il ne manquait qu'une chose : des idées. D'autres lettres doivent
suivre, où seront étudiées quelques-uns des jeunes écrivains amé-
ricains.
M. Ferlin {TiinisK
Saturday Review. — 19-3. CarUjlean Siirviimls : si les livres
de (^arlyle n'enrichissent plus leurs éditeurs, ses idées et ses cri-
tiques restent applicables à la situation présente ; Carlyle a tou-
jours prêché le salut par la production, et voilà longtemps qu'il
avait prédit les dangers du suffrage universel et du régime i)ark'-
nientaire. — Pour les grammairiens : une discussion s'est engagée
— et continue — dans le n" du 2. 4 et suiv., sur l'emploi des
contiaclions » it's » ou <■ 'tis ».
Moderi) Laoguages Notes (Johns Hopkins Press, Baltimore).
Dans le u" de mai, un article intéressant sur la pensée de Des-
cartes : <• C'est nous qui sommes les Anciens », où l'on trouve
que Pascal et F'ontenelle considéraient tous deu.x les .Anciens
comme des débutants qui ont commis beaucoup d'erreurs ; — «n
article sur La Fontaine, eu excellent français, par un Hongrois.
Moderi) Lai)guage5 (A. et C. HIack, London, w. 1. Juin). —
Un article, en français. d'.\. Maurois, où l'on relève des idées
généreuses, mais, j'en ai peur, utopiques ; — une lettre, en ita-
lien, sur le recrutement défectueux des professeurs d'anglais en
Italie. Une excellente chose, cette interpénétration des idées et des
langues. C'est aussi l'idée de Quigley, dans le n" en question, qui
assigne à l'étude des langues et des littératures modernes le
magnifique but ultime de rapprocher les nations dans la concorde;
— une autre étude, assez pessimiste, signale que le commerce
n'a guère à se louer des connaissances linguistiques des jeunes
.Anglais que lui fournit l'FvCole ; elle rappelle aux maîtres que la
langue commerciale n'est pas la cliose desséchée qu'ils supposent
et leur conseillle d'y chercher l'intérêt intense d'un monde nou-
veau, qui rafraîchira de la |)uie littérature.
TI)C Scl)OOl RcviCW (University of Chicago). Dans le numéro
de mai, excellente étude de C.-O. Davis sur les devoirs des
" High School Principals », qui intéresserait à coup sûr nos
Administrateurs. (>es principaux sont, paraît-il, en butte à de fré-
quentes critiques qui ne seraient pas entièrement injustifiées.
BIBLIOGRAPHIE 385
Oïl leur reproche de consacrer un temps précieux à de fades pué-
rilités et OH leur conseille (c'est peut-être plus facile là-bas
qu'ici), de s'adonner entièrement à leur tâche, qui est de conduire.
L'enseignement secondaire a pour mission de faire des membres
utiles de la société et du corps politique. Un principal doit avoir
<• a vision and a policy ». 11 doit être un chef d'éducation, pas
un paperassier. Il doit être aussi (et la remarque a une
inij)ortance capitale), un agent accrédite do l'Ecole auprès du
public, un ambassadeur d'éducation, un digne représentant du
corps enseignant et en particulier de ses collaborateurs immé-
diats. Beau programme, en vérité, et qui pourrait tenter bien des
ambitions. — Le n" de juin rend compte d'un livre récent,
" Psychology for Normal Schools, de L.-A. Averill >> où l'auteur
traite aussi simplement que possible de la psychologie de l'en-
fant. Etude à recommander à ceux qui seraient tentés de ne voir
dans les petits élèves que des machines à enregistrer.
Tt)C Literary Digest (New-Vork et Loiulon). Dans le numéro
du 21 mai de cette excellente publication, amusante étude de
l'anglais tel que le parle le président Harding. On lui reproche
des expressions comme •■ to visualizc a formulated national atti-
tude », ou de parler de l'Amérique comme " illy prepared », ce
qui à la vérité n'est pas joli. Mais nos politiciens, sur ce chapi-
tre, pratiquent un très libéral éclectisme. — Signalons aussi,
c'est encore de notre ressort, un article sur la démoralisation
profonde que produirait chez les jeunes gens d'.Amérique la pra-
tique des danses à la mode et sur la campagne projetée d'assai-
nissement.
Dans le n" du 28 mai, controverse intéressante sur le nombre
de représentations shakespeariennes en Allemagne et dans les
])ays de langue anglaise. L'auteur croit pouvoir prouver que plus
de personnes ont vu jouer Shakespeare en Angleterre et en Amé-
rique qu'en Allemagne au cours des deux premières saisons de
paix. Mais il concède aux .Allemands que leur répertoire est
peut-être plus étendu, grâce aux subsides d'Etat. — Un para-
graphe sur la récente décision de Harvard d'inscrire au program-
me de l'.A. B. une interrogation sur la Bible. La mesure n'a rien
à voir avec un mouvement de renaissance religieuse ; elle consa-
cre simplement l'importance de la Bible en tant que document et
instrument de culture.
Paul C.HAIVRT.
386 LES LANGUES MODERNES
REVUE3 DE LANGUE ALLEMANDE
5uddeUtSCl)e tAOT)atS^iefee. Mai. G. Karo. Deutsche Scbiild
und deutsches Gewissen. Le traté de Versailles repose sur la
responsabilité de l'Aileniagne. Aussi, pas de tâche plus urgente
que la revision de cette question. L'auteur, professeur à l'Univer-
sité de Halle, veut fournir à ses compatriotes, par une synthèse
des documents déjà publiés, une démonstration de Finnocence de
l'Allemagne. La Russie voulait la guerre depuis des années, la
France pensait toujours à la revanche, l'Angleterre voulait se
débarrasser de sa rivale ; l'-Allemagne a été entraînée dans la
guerre, malgré sa volonté. Il rejette la responsabilité sur l'Autri-
che, sur Berchtold et consorts qui ont dupé et Berlin et leur vieil
empereur. Reconnaît cependant que l'Allemagne s'est rendue cou-
l)able en violant la neutralité de la Belgique, mais trouve que les
Jouissances de l'Entente ont fait encore bien pis en Grèce !
Die l)eue RUI)d5Cl)aU. Avril. F. Lion. Das Elsaps cils Probiem.
H. iHERiNd. Das nene Theuter.
PreuSiSSCtje Jal)rbUCl)er. Mai li)21. E. Damels. Poincaré
liber (lie Schiild/raye. (Iritique acerbe des conférences faites par
l'ancien Président sur les origines de la guerre. Oberstleutnaut
BoELCKE. Das Probiem des Weltkheges. Considère que, même
une grande victoire allemande, dès le début, n'aurait pu amener
une issue heureuse.de la guerre, en raison de la politique qui
avait uni le monde entier contre r.Allcmagne. Défend Ludendorll'
contre les critiques qui lui reprochent d'avoir perdu l'Allemagne
en voulant à toute force anéantir rcnnemi au lieu de l'épuiser. —
Cl. RiiTKii, (ieschictiicbe Waiulliiiuieii dea moiuirchisch*^n Staals-
tjedankens in Preussen-Deiiischiand. L'idée de l'Empire est deve-
nue plus puissante, alors que le sentiment monarchique s'afl'ai-
blissaiL " Si Tempereur est tombé, l'empire reste. »
.luiii. General T. Kiihl. '/.tir lieiirleiliiiuj iinserer Heerfiiier iiii
W'eltkrieçie. E.xamine U^i jugements du général Huât sur Luden-
dorlT et Hindenburg. — E. von Wemtheimeh. Bismarcks Stiirz.
Récit détaillé des événements ([ui anuiièrent le conllit entre
l'empereur et le chancelier, fait d'après de nouvelles publications
et surtout d'après les lettres inédites des ambassadeurs d'.Autri-
che à Berlin et Pétersbourg. M. Meimsoeth. Der livijinn der Xeii-
:eit in der (iesrbirhte der Phiiosojdiie. Met en valeui- l'importance
de la mystique allemande, de Eckehardt à Bohme. — F. Luthem,
Paedaynçfia militons. .Article cuiieux par certains points de vue
HIRI.IOC.HAIMIIE 387
nouveaux. Condamne sévèrement les résultats de l'éducation
actuelle, et donne de l'école allemande un tableau qui contraste
avec les éloges habituels. <■ La plus grande partie de la popula-
tion ne peut mettre une orthographe à peu près correcte, ne con-
naît que superficiellement l'écriture latine, est hors d'état de lire
des phrases imprimées en majuscules. » Les élèves des gymnases
ne savent presque rien de l'.Allemagne moderne, mais ont eu la
tète farcie d'antiquités romaines ou de l'histoire des Hohenstau-
fcn. Près de 80 0/0 d'Allemands n'ont d'autre conception philoso-
phique que la mythologie de la Bible. Les classes supérieures des
gymnases où l'on gaspille le temps en isolant les élèves de la vie
moderne sont la partie la plus faible du système d'éducation. Les
Universités ne répondent plus aux besoins et sont incapables
d'enseigner aux étudiants le travail scientifique. Demande des
réformes profondes faites dans un esprit déntocratique et répon-
dant aux besoins pratiques de notre temps. Le nouvel enseigne-
ment doit être plus simple et |)lus près de la réalité ; la langue
maternelle doit en être le centre ; l'histoire moderne, l'étude de
l'Allemagne, l'instruction civique, le travail manuel doivent être
les éléments essentiels. Au lieu de s'en tenir aux classiques, il
faut enseigner le latin du moyen-âge ■ qui nous fait comprendre
la littérature latine de notre peuple et nous exerce aux formules
latines encore en usage •> . L'enseignement des langues étrangères
doit s'appuyer sur la pratique et sur le vocabulaire de la vie
courante. Au sujet de l'organisation de l'enseignement, Luther se
prononce pour l'école unique, mais sans monopole d'Ktat ; après
la +'■ année, les enfants doivent jjouvoir choisir entre diflérents
types d'écoles. Les classes supérieures des gymnases doivent être
remplacées par trois années d'Université qui constitueront un
enseignement supérieur obligatoire de culture générale précé-
dant les études de spécialisation.
G, Df.lobfl.
Notes et Documents
La Sessioi) du Cooseil Supérieur
(23-25 Juii) 1921)
La Session du Conseil supérieur qui vient de se terminer avait
à son ordre du jour un certain nombre de projets intéressant
directement l'enseignement des langues vivantes.
1° Projet d'arrêté relatif à la réduction des horaires hebdoma-
daire dans les lycées et collèges de garçons.
Le projet présente au Conseil et adopté par la Section Perma-
nente avait été préparé par le Comité des Inspecteurs généraux
et comportait, en ce qui concerne les langues vivantes, les réduc-
tions suivantes :
Philosophie A et B. : 1/2 heure.
Mathématiques A et B : 1/2 heure.
Première B et D (2'' 1.) : 1 heure.
Seconde B et D (2- 1.) : 1 heure.
Troisième A (avec Grecj : 1 heure.
Troisième A (sans Grec) : 1 heure.
Troisième B : 2 heures.
Quatrième A (sans Grec) : 1 heure.
Après une discussion qui fut très vive en Commission, le Con-
seil n'a pas approuvé les suppressions intéressant la Philosophie
(A et B), la Troisième A (avec et sans Grec), et la Quatrième A
(sans Grec). Les autres modifications aux horaires actuels ont été
admises. En conséquence, le représentant des langues vivantes a
cru devoir faire entendre la protestation suivante, qui demeure
au procès-verbal des séances du Conseil :
« Je ne me propose pas de renouveler ici les déclarations que
" j'ai faites de\ant votre Commission de l'Enseignement secon-
" daire. Ayant combattu de toutes mes forces ce projet dont je
<' n'approuve pas le principe, et dont j'ai contribué à atténuer
«1 les inconvénients, je veux en laisser la responsabilité à (pii
Il elle revient. Veuillez seulement me ])ermettre quelques mois
«1 très brefs.
« Les langues vivantes sont tout i)articulièrenicnt touchées par
" le projet qu'on vous demande de voter. Dans renseml)Ie des
" deux cycles d'études, elles jjerdent finalement sept heut-es, et
■ cela est grave |)our une discipline sans programme, parce (pie
" le but à alleindre reste le même, et (|ue les maîtres ne ilispo-
<■ sent cependant, pour y aboutir, (pie de moyens fâcheusement
NOTES ET DOCUMENTS 389
u réduits. Dans ces conditimis, vous comprendrez que je sois tenu
" de faire toutes réserves.
" H y a dix-neuf ans, vous nous avez confié une tâche très pré-
<i cise. Vous nous avez demande d'enseigner les langues vivantes
<• de manière que les élèves les lisent, les écrivent et les parlent.
(. Comment nous avons exécute notre part du contrat, ce n'est pas
« à moi qu'il appartient de le dire. Je tiens simplement à rappe-
(. 1er — et je le fais avec quelque fierté, — que lorsque, au cours
« de la dernière guerre, il a fallu, presque du jour au lendemain,
0 constituer une petite ai-mce d'agents de liaison avec nos allies
.. d'Outre-Manche et d'Outre-Atlantique ; lorsqu'il s'est agi d'or-
" ganiser le service des prisonniers de guerre, ou bien, aux pos-
" tes d'écoute de toute première ligne, de surprendre les secrets
I' de l'ennemi, il n'y a eu qu'à choisir parmi les élèves des lycées
" et collèges. Voilà, pour un enseignement •■ bassement utili-
<L taire », un service rendu au Pays, dont celui-ci a le devoir
<■ d'être reconnaissant à l'Enseignement des langues vivanfes.
" .le parlais tout à l'heure de contrat ; mais tout contrat est
« bilatéral. Les élèves qui ont si bien collaboré à l'œuvre com-
(> niune, nous les avons formés avec l'horaire généreux que vous
<> nous avez concédé en 1902. Depuis, vous l'avez déjà réduit en
<( 1912 ; aujourd'hui, vous le comprimez davantage. Au nom de
<■ l'unanimité de mes collègues, encore une fois, je fais toutes
« réserves. Si, malgré leur bonne volonté, en dépit d'un zèle qui
" ne se démentira pas, ils restent inférieurs à une tâche devenue
" trop lourde pour eux, si les résultats qu'ils obtiendront désor-
11 mais ne se peuvent comparer avec ceux qu'ils obtenaient jadis,
■ que personne ne leur en veuille ; que nul ne leur adresse de
(' reproches pour une infériorité dont ils refusent d'accepter la
«' responsabilité. «
M. l'Inspecteur général Hovelaque a déclaré s'associer sans
aucune réserve à la protestation du délégué des langues vivantes.
Au cours de la discussion, des déclarations intéressantes ont
été faites par M. Bellin, Directeur de l'Enseignement secondaire.
•■ Une réduction d'horaires s'impose, a-t-il affirmé, afin de réser-
ver le temps nécessaire à l'application de la Loi sur l'Enseigne-
ment physique obligatoire et la Préparation militaire, laquelle
sera appliquée dès que la C.hambre se sera mise d'accord avec le
Sénat. » Questionné ensuite par divers membres du Conseil, jus-
leurs diplômes universitaires, il a affirmé que l'enseignement
physique, et craignant de voir |)énétrcr au Ij'cée des instructeurs
militaires qui se substitueraient aux maîtres civils qualifiés par
leurs diplômes universitaires, il a affirmé que l'enseignement
militaii'e ne serait donné qu'aux élèves âgés de 1(5 ans, au mini-
mum, rien ne serait changé en ce cpii concerne les autres.
390 LES LANGUES MODERNES
2'' Projets de Décret et d'arrêté relatifs au professorat des
Ecoles normales et des Ecoles primaires supérieures.
Depuis longtemps, le personnel des professeurs de langues
vivantes de l'Enseignement primaire supérieur réclamait la
réforme du Certificat primaire, et souhaitait qu'il fût mis sur
le même pied que les autres, en devenant une section du profes-
sorat littéraire institué par le décret du 18 janvier 1887.
Le professorat spécial des langues vivantes est aujourd'hui
créé. Les épreuves communes du premier degré comprendront, à
l'écrit :
1" Une composition française sur un sujet de littérature
emprunté aux xvii'", xviii" et xix* siècles.
2" Une composition sur un sujet d'histoire moderne ou con-
temporaine.
3° Une composition sur un sujet de géographie. .
A l'oral :
1° Lecture expliquée d'un texte français des xvii", xvin' et xix^
siècles.
2° Interrogations sur l'histoire moderne et contemporaine.
3" Interrogations sur la géographie.
4" Lecture expliquée d'un texte étranger et conversation en
langue étrangère. {Epreuve commune à tous les candidats).
Les épreuves spéciales du second degré comprennent, à l'écrit :
1° Composition de psychologie, morale ou pédagogie.
2° Composition en langue étrangère.
3° Version de langue étrangère.
4" Thème de langue étrangère.
Le projet soumis au Conseil comprenait en outre, une compo-
sition française, qui a paru faire double emploi avec celle des
épreuves du premier degré. A la demande du délégué des langues
vivantes, mandaté sur ce point par ses collègues, cette épreuve a
été supprimée.
A noter que les sections A (Langue et Littérature françaises)
et B (Histoire et Géographie), comprennent l'une et l'antre une
Version de langue étrangère.
A l'oral :
1" Lecture expliquée d'un passage pris dans un auteur classi-
que français du xvii» au xix'' siècles.
2" Lecture et traduction d'un passage pris dans un auteur
étranger, avec explications grammaticales et littéraires.
3" Exercices de conversation en langue étrangère.
4" Traduction à livre ouvert d'un passage d'un auteur fran-
çais.
')" Questions sur l'enseignement des langues vivantes.
NOTES ET DOCUMENTS 391
A noter également l'introduction, aux épreuves orales des certi-
iicats spéciaux de langue française et d'histoire et de géographie,
de l'explication d'un texte de langue étrangère.
En somme, réforme excellente, dont le délégué des langues
vivantes a tenu à remercier le Directeur de l'Knseignement i)ri-
maire, et qui assure aux professeurs de langues de l'Enseigne-
mciit primaire supérieur, une situation rigoureusement égale à
celle de leurs collègues des autres disciplines, leur permet d'être
titularisés sans complications excessives, et d'aspirer aux plus
hautes fonctions de leur emploi.
3" Projet de rétablissement du Concours génénd entre les h/cées
et collèges.
La discussion fut d'autant plus longue et vive au sujet de ce
projet, que l'opinion du Conseil était très divisée. 20 voix contre
20 en Commission, 24 voix contre 20 en séance plénière. C'est à
cette très faible majorité que le projet a été finalement adopté.
Le délégué des langues vivantes avait reçu mandat de ses collè-
gues du Comité de l'Association de voter contre le principe du
rétablissement du concours, et au cas où il serait néanmoins
adopté, de s'opposer à la participation des langues vivantes à
côté des autres disciplines. Il a eu d'autant moins de peine à
faire prévaloir l'opinion de ses mandants que M. l'Inspecteur
général Hovclaque s'était prononce dans le même sens à la Sec-
tion permanente, en faisant valoir les mêmes arguments.
Les Six OuestiOQS de M. Léoi) Bérard
En ouvrant la session du Conseil supérieur de l'Instruction
Publique, M. Léon Bérard a prononcé l'allocution suivante, que
nous reproduisons d'après le Temps.
" J'avais eu l'honneur de vous dire au commencement de la ses-
sion de janvier, que vous seriez appelés à délibérer sur la réforme
de l'Enseignement secondaire. J'ai choisi, pour vous saisir du
problème dans son entier, la méthode qui m'a semblé la plus
favorable à la liberté de discussion qu'un tel sujet requiert. Je
vous demanderai de vouloir bien donner votre avis, dans votre
prochaine session, sur un certain nombre de questions qui vont
vous être, dès aujourd'hui, publiquement posées.
Si ces questions ont été à dessein libellées en termes très géné-
raux, il n'est, cependant, pas douteux qu'un noavc.ui plan d'étu-
des s'j' trouve virtuellement contenu, dont il sera facile de dis-
cerner les idées directrices.
Il s'agit, sans annuler l'œuvre de 1902, de réparer les faiblesses
et de rectifier les erreurs que l'expérience y a fait apparaître. Les
spécialisations prématurées et les options hasardeuses risquent
392 LES LANGUES MODERNES
de nuire à la culture générale, en même temps qu'elles mécon-
naissent le problème de la vocation. Il semble souhaitable que,
pour les trois premières années de l'enseignement secondaire pro-
prement dit (classes de 6% 5« et 4*), il soit institué un enseigne-
i ment commun inspiré des anciennes disciplines. Si un élève se
repent à la fin de la 4" d'avoir fait du latin et du grec, son erreur
sera moins grave et plus facilement réparable que celle ae son
camarade qui regretterait quelque jour d'avoir choisi une divi-
sion sans grec, ni latin au commencement de la &", alors que
malgré son jeune âge, mis en demeure d'opter, il s'est légitime-
ment mépris sur ses goûts et ses aptitudes véritables.
Le moment venu où l'opinion peut raisoiinablement s'exercer,
l'élève aurait le choix entre un enseignement littéraire à base de
culture gréco-latine, un enseignement scientifique avec latin, un
enseignement moderne. Le tout est de tenir compte, quant à cette
division des études, de deux observations essentielles.
Ce fut l'erreur de beaucoup de programmes d'opposer trop
fortement l'une à l'autre la formation littéraire et la formation
scientifique. Il importera d'j' remédier principalement en accor-
dant aux sciences, dans la section des lettres, une part plus large
que celle qu'elles y avaient jusqu'à présent obtenue.
Le plan d'études actuel comporte, avec la diversité d'enseigne-
ments inégaux, l'égalité de sanction. Il y a lieu de se demander
si ce ne serait point perpétuer une rerreur, que d'admettre à
l'avenir cette règle, en d<?cidant que l'enseignement moderne don-
nerait indistinctement accès à toutes les écoles, à toutes les étu-
des d'enseignement supérieur, à toutes les carrières.
Je souhaite, messieurs, que nous nous mettions \aisémeut
d'accord sur un sujet où l'avenir du pays est gravement intéressé.
Sans doute 3' parviendrons-nous, sans trop de peine, si nous vou-
lons bien nous rappeler quels sont l'objet et les fins sociales de
l'enseignement secondaire. »
Voici le texte ofllciel des six questions posées par M. le Minis-
tre :
Cabinet du Ministre
DK l'Instruction Publique
ET DES BeAUX-.ArTS.
1" Question. — Le Conseil Supérieur de l'Instruction Publique
n'estime-t-il pas' indispensable de supprimer la division des étu-
des secondaires, sé|)arées actuellement en deux cycles ?
:>'• Question. — Le Conseil supérieur de l'Instruction Publique
lie considère-t-il pas comme nécessaire d'établir un enseignement
inii(nie jusc|u"au passage en 3'', le Latin étant obligatoire dans les
classes de ()', 5' et 4'' et le Grec dans cette dernière classe ?
NOTES ET DOCUMENTS 393
.'}" Question. — Le Conseil supcrieur de riiistruction Publique
est-il d'avis qu'il soit établi, à partir de la elasse de C', une divi-
sion de l'enseignement en deux sections :
1" enseignement classique, divisé lui-même en :
A. Latin-grec, avec un enseignement scientifique plus développé
(|ue dans le plan d'études actuel.
M. Latin-sciences.
2" Knseignemcnt secondaire moderne.
'/" (jiieslioii. — Le (Conseil supérieur de l'Instruction Publique
i)'csfime-t-il pas qu'une dilléience de sanctions s'imposerait suL-
vatU la nature de l'enseignement reçu : le baccalauréat, avec les
droits qu'il confère présentement, deviendrait la sanction des
études d'enseignement classique Uatin-grec, latin-sciences), tan-
dis que les études de la deuxième section aboutiraient à un
diplôme d'enseignement secondaire moderne qui serait admis
pour l'inscription dans les Etablissements et Ecoles d'enseigne-
ment supérieur, en vue de l'olitention des grades ou titres confé-
rés par l'Etat, sauf la licence es lettres (.toutes mentions), les
concours de l'Ecole normale supérieure et de l'Ecole nationale
des Cliartes, la licence en droit et le doctorat en médecine ?
5' Question. — Le Conseil supérieur est-il d'avis qu'on doive
alléger les programmes et les horaires de l'Enscignemeut secon-
daire, en réduisant les heures de classe à une durée de 20 heures
par semaine dans les classes de 6-, 5' et 4" et à 22 heures par se-
maine en 3', 2" et 1".
6" Question. — Les classes de langues vivantes étant quelque peu
restreintes par suite d'une diminution d'heures et de la dispari-
tion de la seconde langue dans les classes de seconde et de
première, le Conseil supérieur de l'Instruction Publique serait-il
d'avis d'autoriser les chefs d'établissements à organiser des cours
facultatifs où les élèves pourraient étudier une seconde langue,
lorsque ces cours auraient, dès la rentrée, un effectif suflTisant
d'inscrits ?
Dans l'affirmative, le Conseil supérieur ne jugerait-il pas utile
d'autoriser les candidats aux examens du baccalauréat et du
diplôme d'enseignement moderne à présenter une seconde langue
comme matière supplémentaire avec un coefficient approprié ?
Il nous paraît inutile d'insister sur le caractère tendancieux de
ces questions, non plus que sur l'extrême gravité du danger qui
menace l'Enseignement des langues vivantes.
Les membres du Conseil supérieur ont été invités par le Minis-
tre lui-même à transmettre leur réponse à ces questions avant le
15 octobre prochain. Une Commission élue par le Conseil exami-
nera les réponses, et devra remettre son rapport d'ensemble au
plus tard le 15 décembre, pour que la discussion puisse venir
devant le Conseil dès sa session de janvier 1922.
394 LES LANGUES MODERNES
M. Rancès, délégué des langues vivantes au Conseil, désireux
de traduire aussi tidèlement que possible l'opinion de ses collè-
gues, prie instamment ceux d'entre eux qui auraient des observa-
tions à lui soumettre, à lui écrire avant le 20 septembre, 94, rue
La Fontaine, Paris 16^
^*
20 jiiHtet W21.
Nous apprenons que les membres du Conseil Supérieur viennent
d'être invités par le Ministre à répondre à une septième question,-
dont voici le texte :
1' Le Conseil Supérieur estimc-t-il, au nu)ment d'une léformc
■■ de l'enseignement secondaire des jeunes gens, qu'on puisse laisser
<• tie côté la réforme de l'enseignement secondaire des jeunes filles,
" et qu'on puisse continuer à envisager dans l'avenir un enseigne-
<' ment secondaire des jeunes filles différent de celui des jeunes
<■ gens ? »
Les membres de l'Association sont priés de bien vouloir trans-
mettre, au sujet de cette question tout à fait imprévue, leurs obser-
vations et avis à M. Rancès, délégué au Conseil Supérieur.
Nous apprenons d'autre part qu'un Comité a été immédiatement
constitué par un certain nombre de membres du Conseil, sous la
présidence de M. Ferdinand Brunot, Doyen tde la Faculté des Lettres
de l'Université de Paris, pour grouper les partisans d'un Enseigne-
ment complet des Humanités Modernes, et de l'égalité des sanctions
au baccalauréat. On trouvera plus loin les premières listes d'adhé-
rents. La circulaire suivante, adressée aux membres du Conseil
Supérieur, indique clairement l'esprit et le but de ce Comité.
Circulaire adressée aux IVIen)bresdu Conseil supérieur
Monsieur,
M. le Ministre de l'Instruction Publique a fait adresser à cha-
cun des membres du Conseil supérieur un questionnaire auquel
il leur demande de répondre individuellement, en vue d'une trans-
formation de l'Enseignement secondaire.
Les questions sont rédigées de telle sorte que l'opinion du
Ministre apparaît très clairement. On se trouve en présence, non
pas d'une enquête, mais d'une demande d'adhésion à un système
préconçu. Quelle que soit d'ailleurs la forme et l'esprit de cette
consultation, elle a une extrême importance, puisque c'est la pre-
mière fois depuis la guerre qu'un ministre pose dans son ensemble
NOTES ET DOCUMENTS 39Ô
l;i (|ui'slion <lc l'Enseignement secondaire. Pour cette raison, les
Noussignés croient devoir attirer votre attention, sur un certain
noinbrc d'observations que leur a suggérées l'étude du question-
naire.
La question I (suppression des cycles) et la question V (allége-
ment des programmes et réduction des heures de classe) n'appel-
lent pas de contradiction sérieuse : sur le premier point, tout le
monde est d'accord ; sur le second, les divergences ne peuvent
porter que sur l'étendue des réductions proposées. Mais il se
dégage du texte des questions II, III et IV un système qui, pour
les raisons suivantes parait abolument inacceptable.
Le Ministre s'est proposé — et tout le monde ne peut que
l'approuver — de renforcer les études anciennes. En réalité, il
les affaiblit.
En effet, dans n'importe quelle discipline, si l'on veut arriver à
un résultat sérieu.x, il faut que les élèves croient à ce qu'ils font
et qu'ils en sentent la nécessité. Or, en* forçant tous les enfants
à faire pendant trois ans du latin et pendant un an du grec, on
chargera les premières classes d'une masse d'élèves décidés à
abandonner ces études au bout de ce temps, et qui n'apporteront
ni zèle, ni intérêt aux exercices. Ils constitueront un poids mort
dont souffrira la vraie clientèle des langues classiques.
Ceux qui ne doivent pas continuer leurs études de langues
anciennes tireront-ils de ces trois années un profit sérieux ?
L'avantage que peut procurer une connaissance aussi rudimen-
taire des langues anciennes pour la connaissance du franjais,
est-il proportionne au temps perdu ? Si l'on considère la culture,
quel profit des enfants si jeunes peuvent-ils avoir à apprendre à
lire le grec, et à s'initier aux éléments de la langue latine ? Nous
croyons qu'à aucun point de vue, ils n'ont rien à gagner au sys-
tème proposé.
De plus, en les forçant à faire du latin pendant trois ans et du
grec pendant un an, il diminue gravement le temps consacré au
français, à ce français qui sera à partir de la troisième, la base
principale de leur culture ; et cela, à un âge où il est particu-
lièrement nécessaire d'assurer par de fortes études grammaticales
et par quelques notions de l'histoire de la langue, la connais-
sance fondamentale du français. Si l'on se plaint — et avec rai-
son — de la faiblesse actuelle des études françaises, c'est que ces
solides assises manquent à nos lycéens. Au lieu de remédier à ce
détaut, le projet ministériel fait perdre aux élèves modernes la
meilleure partie de leur temps pendant trois ans.
A côté de la Section classique, le Ministre prévoit une Section
Moderne. Etant donné que l'Enseignement primaire supérieur et
l'Enseignement technique s'offrent à ceux qui désirent un cycle
d'études plus court ou plus directement utilitaire, la Section
Moderne du Lycée, pour ne pas faire double emploi, ne peut être
396 LES LANGUES MODERNES
qu'une Section de culture générale. Un tel enseignement est par-
faitement viable, comme font prouvé les résultats obtenus dans
la section D actuelle (Sciences-Langues), qui s'est montrée tout
à fait capable de produire en français de très bons élèves, et qui
en aurait produit benucoup plus et de meilleurs encore, si une
expérience loyale avait été faite. Mais les résultats de l'ensei-
gnement féminin, sont là, et ils sont démonstratifs.
Or, les Humanités modernes valent les Humanités classiques,
elles doivent être placées avec ces dernières sur un pied d'égalité;
elles doivent être mises dans les conditions nécessaires pour
réussir. Le projet ministériel ne les y met pas. H a pour consé-
quence inévitable de faire de li Section Moderne le refuge de
tous ceux qui n'auront pas réussi en latin. Cette section recru-
tée parmi les éléments inférieurs ne pourra aboutir qu'à des résul-
tats inférieurs.
Aussi ne lui accorde-t-on plus l'égalité de sanctions : à la lin
des études classiques se' placera le baccalauréat qui ouvrira
toutes les portes ; à la fin de la Section moderne, un simple cer-
tificat qui ne donnera accès à presque aucune des professions
libérales. Les parents qui ont quelque ambition pour leur fils
ne pourront pas consentir à iui fermer l'avenir à quatorze ans.
fis ne le feront que s'ils sont contraints par son incapacité même.
On condamne la Section moderne en l'instituant.
Pareil recul semble d'autant plus inopportun, que certains pays
étrangers rendent en ce mouient même un éclatant hommage à
la culture française, ailant jusqu'à lui donner dans leur enseigne-
juent, la place occupée autrefois par la culture ancienne qu'elle
résume à leurs yeux. Sur quelle base asseoir notre propagande à
l'étranger si nous désavouons ce jugement si flatteur ? Comment
pouvons-nous, sans trahir nos intérêts nationaux, dire à nos amis
que cette culture française qu'ils estiment si haut, nous la trou-
vons pour nous-mêmes insuffisante ? En outre, au lendemain
d'une guerre où la victoire n'a été obtenue que par une intime
collaboration des armées alliées à tous les échelons, à la suite
d'une paix qui a mis les peuples en rapports plus étroits les uns
avec les autres, et qui fait à la France, en particulier, une obliga-
tion de multiplier ses liens avec le monde, on envisage dans une
réforme de l'Enseignement secondaire une diminution de la part
accordée aux langues vivantes. C'est aller au rebours du mouve-
ment des choses.
Enfin, le projet ministériel présente un défaut plus grave
encore dans une Société démocratique comme la nôtre qui a fait
preuve jusqu'à présent d'une singulière force de résistance en
face des excitations démagogiques, mais dont la sagesse a besoin
d'être encouragée pour ne pas y céder dans l'avenir. Loin de faci-
liter l'accès des études secondaires aux meilleurs élèves de l'Ecole
I)rimaire, on va les gêner singulièrement et risquer de les écarter.
NOTES ET DOCUMENTS 397
S:iiis doute, ils pciixcnt toujours st présenter au concours des
bourses au seuil de l;i 6', mais c'est avant d'avoir fini leurs étu-
des primaires, et ceux qui le font avec succès sont une infime
minorité. C.v n'esl (|n'un ;in plus lard que la plupart se présen-
tent avec toutes leurs chances. .Actuellement, ils peuvent entrer
dirctcnicnt en .V ilans la Section sans latin ; si, désormais, le
latin est obligatoire à partir de la 6", il leur sera impossible
d'aller rejoindre en ;')■, les enfants de leur âge. 11 leur faudra
entrer en 6" et se mettre ainsi, dès le début, d'un an en retard. Ils
Ile le rattraperont jamais.
Tels sont. Monsieur, nos obseivitions essentielles. Il nous a
paru (|u"ellcs méritaient, pir leur importance, d'être groupées
et mises sous les yeux des membres du Conseil supérieur.
Ferdinand Biilnot, Kœmgs (membre de l'Institut),
(x)i,iN, Gnihv, pKviiOT, R.\.\CKS, Mlle Sanla, mem-
bres du (Conseil supérieui".
Liste d'adt)ésioi)S au CorT)ité Brui)Ot
M. Veillet-Lavallée, Président de IWss. des Prof, de L. V. des
'A ordres, et M. Servajean, Secrétaire général de l'.Association, repré-
sentant r.Association.
M. Berthod, prof, de philo, au lycée St-Louis, Président de la
Société des .\grégés.
M. Lugol, prof, de physique au lycée St-Louis, membre du
Conseil académique.
M. Billard, prof, de physique au lycée St-Louis.
M. Tourrès, prof, de Math, au lycée (^arnot.
M. Weill, prof, de math, au lycée St-Louis.
^L Hilleret, prof, de lettres au lycée St-Louis.
MM. Bourgarel, Bruhat, Rivière, Tourriol, prof, de phys. lycée
St-Louis.
M. Parot, étud. en niédec.
MM. Robert-Dumas, Burghard, Gibb, Beley, Camerlynk, Becker,
prof, langues vivantes, lycée St-Louis.
M. Michel, prof. math, spéc, lyc. St-Louis.
MM. Capelle, Xoblot, prof, lettres.
M. Fabry, prof. Faculté des Sciences, Marseille.
MM. Legouis, Cazamian, .Andler, Martinenche, Rouge, Hauvette,
Girard, Bloeh, Painlevé, Huchon, prof, à la Sorbonne.
M.M. Baldensperger, Koszu.l, Coën, Tonnelat, Roth, Dreyfus, Pau-
lin, Anstett, prof, à l'Université et aux lycées de Strasbourg.
M. Girard, président des Compagnons.
MM. Dansac, Saillens, prof, au lycée Pasteur, Paris.
M. Ch.-M. Garnier, prof. lyc. Louis-le-Grand (U' Sup.i.
Mlle Stahl, prof, au cours Fénelon,
M. Gaston Jèze, prof, à la Faculté de droit, Paris.
M. Taillebot, prof, langues, lyc. Ai.x.
MM. Fleurant, L.-W. Cart, Chemin, prof, langues, lyc. Carnot.
MM. Garenc, Genique, Penel, Guyot, docteur es lettres. Coquet,
Laflerranderie, Besnard, Dauvergne, prof, français au collège
Chaptal.
398 LES LANGUES MODERNES
MM. Bêche, Angelet, Lacaze, Mampon, Widlôcher, Sigaud, Ter-
villo, Marty, Pastre, Blériot, Grand, prof, mathém. coll. Chaptal.
MM. Dubrciiil, Ledoux, Pastouriaux, prof. Phys. et Hist. Nat.,
collège Chaptal.
M. Ancel, prof. hist. collège (Chaptal.
MxM. Gricourt, Lepape, Picot, Schweitzer, Bec, Stœfïler, Chopin,
Beslon, Sagot, prof, langues vivantes, collège Chaptal.
MM. Hovelaque, Berthet, Raphaël, doct. es lettres, prof, langues
vivantes, lycée I>akanal.
MM. Lebrun, prof, mathém., Bourguignon, prof, phys., Pauthier,
prof, hist., lyc. LakanaJ.
M. Goetschy, prof. lang. viv., Ij'cée Michelet.
Laurens, prof. lang. viv., lyc. Avignon.
Mlle A.-J. Calos, prof. Ecole comm., Paris.
M. Macary, prof, langues viv. coll. Falaise.
M. Audoin, prof, langues viv. lyc. Poitiers.
Mme Audoin, prof, langues viv., coll. J. F., Poitiers.
MM. Descouchant, Airault, Lascaux, prof. lang. viv., coll. La
Châtre.
Mlle Roziès, prof, sciences, coll. j. f.. Grasse.
Mme Michel Pélissier, prof, lang., coll. j. f.. Grasse.
M. Louis Brun, docteur es lettres, prof. 1. v., lyc. Charlemagne.
M. A. Bertrand, prof. 1. v., lyc. Toulouse.
M. Pitollet, prof. 1. v., lyc. Henri-lV.
Mlles Leroy, Lalloz, prof, lettres, coll. J. F., Grasse.
M. Roussel, prof. 1. v., lyc. Vendôme.
M. Marin, docteur es lettres, prof. 1. v., lyc. Auch.
M. Louis Wcill, prof. 1. v., lyc. Louis-le-Grand.
M. Bande, prof. 1. v., lyc. St-Louis.
M. Escarté, prof. 1. v., lyc. Toulouse.
M. Marty, rédacteur en chef de VEdncatiun.
M. Dodanthun, prof. 1. v., lyc. Nevers.
M. Gromaire, prof. 1. v., lyc. Buffon.
MM. Labeyrie, Martin, prof. 1. v., coll., Parthenay.
MM. Wetzel, Clech, prof. 1. v., Ij'c, Rennes.
M. de Govon-Matignon, prof. 1. v., coll. j. f., Avranches.
M. Le GÙÏÏ, prof. 1. v., lyc, Toulon.
M. Favrc, prof. 1. v., lyc, Moulins.
MM. Capela, de Thorey, prof. 1. v., coll., Barbczieux.
MM. Gautier, Joucla, Vignolles, prof. 1. v., lyc, Janson-de-Sailly.
MM. Pierre Proust, prof. 1. v., Vézinhet, prof, philos.. Roux, prof,
phj's., Roussin, prof, math., coll., Xyons.
M. Béchot, prof. 1. v., coll., Avesnes.
AL Chaufour, rédact. en chef au Ministère de l'instr, ])ubl., Le
Caire.
M. Nicolas, prof. lang. viv., lyc, Brest.
M. Kerlevézou, prof, hist., lyc, Brest.
AL Ardre, prof, mathém., lyc, Brest.
MAL Perros, prof. 1. v.. Merle, jjrof. 1. v.. Le Paih, prof. 1. v., Le
Tournau, prof. 1. v., Ramliaud, prof, math., Calmette, prof, lettres,
lycée Lorient.
M. Cotton, prof. Faculté Sciences, l'niversité Paris.
M. Gaston Hirtz, prof. 1. v., lycée de Poitiers.
.NL Vialat, prof L v., lycée, Constantinc
.^L ]\()cher, |)rof. I. v., lycée de Lyon-Parc
M. Michel, prof, à la Faculté des lettres, Nancy.
M. Peyraube, prof. 1. v., lycée, Nancy.
M. Langevin, prof, au Collège de France.
M. Hollande, Secrétaire de la Chambre de Commerce de Reims.
M. Mallet, prof. 1. v., lycée, Reims.
NOTES ET DOCUMENTS 399
Mlles l}i;mqiiis. Dacliclaiic, CiollcttO, prof. 1. y., Kcolan, prof.
Iiistoirc, Chiuimont. prr)f. inathéin., lycée j. f.. Kcinis.
MM. Pitroii, (loeteur es lettres, prof. 1. v., Prioiit, docteur es let-
tres, prof. I. V., lycée de C-aen.
M.M. Conunarnioiid, Deiijcan, prof. 1. v.. lycée Ooiidorcet.
M. Simon, prof. 1. v., lycée de Casablanca.
.M. Hriqiielot, prof. 1. v., lycée de Bar-le-I)nc.
M. I.abordc, prof. 1. v., lycée .Angoulème.
La Section réçiionale des prof, de 1. v. de Bordeaux. Président :
M. le Doyen Dresch.
M. Laval, prof 1. v., lyc. d'Angers.
.MM. .\gostino, Desesbàts, Euvrard, Simon, Talbot, prof. lang. viv.,
lyc. Périgiieux.
Mlle Lambert, prof, lettres, Mme Voisenat, prof, lang., Mlle Van
der Berg, prof, lang., lyc. j. f., Dijon.
M. Gillon, prof, lang., lyc. Carnot, Dijon.
Mme Piolé, prof, lettres, E. P. S., j. f., Thionville.
MM. Kuntz, Pax, Thiry, Ruolt, Millier, prof, lettres, collè.ge de
Thionville.
MM. Kappcs, Dehlinger, prof. hist. et géog., collège, Thionville.
MM. Villebrun, Xaucelle, Marchai, prof, mathém., coll., Thionville.
MM. Lévy, Ponthieu, Piolé, Grenier Paul, prof. 1. v., coll., Thion-
ville.
MM. d'Hauterive, Leprince, prof, lettres, Lamoureux, Malnoy,
prof, math., Charzat, Parain, prof. Class. Elém., Cochet, Goudry,
Vaillant, Isselé, Bezier, prof. 1. v., lycée d'Orléans.
MM. Chabonnat, prof. se. nat., Dodancourt, Duchesne, Lasserre,
Versini, prof, lettres, Gusse, Penaud, prof, math., Lamarre, Rosse,
prof. 1. V., Meininger, prof, hist., lycée de Beauvais.
MM. Pauze, Maurice, Maillet, Demaud, Mollon, Matteï, prof. 1. v.,
lycée de St-Etienne.
Mme Gaucher, Mlles Wheatcroft, Guignon, Mme Maurice, prof.
1. V., lyc. j. f., St-Etienne.
MM. Lcmarchands, Malfreyt, Lacroix, Tournaire, Martin, prof,
phys., lycée St-Etienne.
MM. Condemine, Gaucher, Perras, Bourgeois, Henry, Bourgogne,
Masset, Schuchmacher, Perrot, prof, au lycée de St-Etienne.
Mmes Matteï, Ceryet, Mlle Chaussabel, prof, lettres, Mlle Jac-
quemin, prof, math., lycée de j. f., St-Etienne.
M. G. Ledoux, adj. à l'insp. des Suceurs, de la Banque de France,
Paris.
Mlles Pontheil, Morce, Alléjean, prof, sciences. Débat, prof, ma-
thém., Cluzel, Bonnardot, Menars, prof, hist., Meuc, prof, lettres,
L. Daudin, prof, lang., lycée j. f., Bordeaux
Mlles M. Fauré, Pauteux. Guyot, Richard, prof, lettres, Xadal,
prof, math., Poirot, Souvaux, prof, sciences, lyc. j. f., Rouen.
MM. Henry, Lenouville, prof., Darvez, Chevadoux, prof, mathém.,
Leitz, Cuisenier, prof, lettres, D"^ Maurice Cornille, lycée de Rouen.
Mlles Hucher, Baraduc, prof, lettres, Duchaussoy, prof, se, Gémo-
net, Vépin, Simart, Labrousse, maîtresses primaires, Denin, Aubert,
prof, sciences, lyc. j. f., Amiens.
MM. Douclut, Tourneaux, prof, math., Thomas, prof. hist.. Vet-
tier, Renaudeau, prof, lang., Ijcée d'.\miens.
{A suivre).
400 LES LANGUES MODERNES
Ui) Ordre du jour des Professeurs de la Faculté
des Lettres de Paris
Nous apprenons qu'au cours d'une réunion récente, à laquelle
assistaient la plupart des professeurs de la Sorbonne littéraire,
M. Brunot, Doyen, a combattu le projet ministériel tel qu'il a
été soumis jiar M. Léon Bérard à l'examen du Conseil supérieur.
Les soixante professeurs présents approuvèrent l'exposé du
Doyen et votèrent, — à l'unanimité, moins quatre abstentions, —
l'ordre du jour suivant :
<• La F'acuité des lettres, tout en affirmant son profond attache-
" nient aux études qui ont pour objet l'antiquité classique,
" repousse tout projet rétrograde de réforme de l'enseignement
" secondaire qui aurait pour effet de supprimer ou de diminuer
" le^. humanités modernes, de leur refuser la sanction du bacca-
<• lauréat et de fermer aux élèves qui en sortent, soit la Faculté
• des lettres, soit d'autres établissements d'Enseignement supé-
rieur. »
Titularisatiol) des Instituteurs délégués
et n)aîtres-adjoii)ts des E. P. S
Des renseignements que nous avons recueillis, il semble que la
thèse de l'administration peut se résumer comme suit :
Les lois du 26 décembre 1908 et du 25 février 1914, qui réglaient
la titularisation comme professeurs des certifiés de langues vivan-
tes (Certificat d'aptitude à l'Enseignement des langues vivantes,
dans les E. X. et les E. P. S.), ont été abrogées par Tarticle 5 de
la loi du 6 octobre 1919.
.\ucun texte n'existe donc à l'heure actuelle concernant cette
titularisation et nos collègues resteraient éternellement délégués
et maîtres-adjoints si on rre leur appliquait, par assimilation, les
dispositions de l'article 15 de la loi de 1919 qui règlent la titula-
risation des maîtres-auxiliaires.
Nous accueillerons volontiers les observations que suggérera à
nos lecteurs la lecture de ce qui précède.
Ch. V.-L.
Société des Langues Méridionales
Le groupe parisien de la Société d'Etudes des professeurs de
langues méridionales a tenu séance le 29 mai dernier, au lycée
Louis-le-Grand. M. Marcaggi présidait, assisté de M. Denjean,
comme secrétaire. M. Martinenchc, professeur à la Sorbonne,
faisant fonction d'Inspecteur général d'espagnol était présent.
La réunion avait pour but d'examiner les vœux émis par
l'Assemblée générale de Toulouse, du 16 mai. La plupart ont été
votés. La discussion a porté sur les points suivants : nécessité
NOTES ET DOCUMENTS ^01
du faire respecter les horaires prescrits par les règlements ?t pro-
{îrainmes ; composition de langues vivantes au baccalauréat ; le
développement de l'enseignement des langues méridionales en
France ; la campagne menée par notre groupement pour la défense
de l'allemand.
L'Assemblée a approuvé l'élection de M. Gavel, professeur
d'espagnol, au lycée de Bayonne. comme président de la Société
et celle de M. Paoli, professeur d'italien au lycée de Marseille aux
fonctions de secrétaire général. Elle a proposé M. l'iTOLi.Fr, pro-
fesseur d'espagnol au lycée Louis-le-Grand, comme vice-président.
Elle a enfin émis un vœu en faveur de la création de deux pos-
tes d'inspecteur général, l'un ])oui l'espagnol, l'autre pour l'ita-
lien, ou, si la chose est impossible |)our le moment, d'un poste
commun aux deux langues.
Les séjours à rétrai)ger (suite)
Adhésions reçues depuis le 1"' juin îi)'20
Mlle Bianquis, prof, d'allemand au lycée de .1. F. de Reims.
MM. Demaud, prof, d'allemand, lycée de Saint-Etienne.
Duchatelle, prof, d'allemand, collège de Salins.
Beltette, prof, d'anglais, lycée de Tourcoing.
Roullet-Debenay-Lafond, prof, d'anglais, lycée de Limoges.
Goll, prof, d'allemand, lycée de Besançon.
Vaillandet, prof, lettres et afiemand. Ecole primaire supé-
rieure de Nancy.
Mlle Ott, prof, d'allemand et d'anglais E. P. S. de .L F., Mézières.
.M.M. Grémillet, professeur d'allemand au collège de Bruyères.
Frémin, prof d'allemand au collège de Saumur
Bartier, prof, d'anglais au collège d'.Armentières.
Mlle Coste, prof, d'italien aux lycées Montgrand et Longchamj)
(Marseille).
^^. Rottée, prof, d'allemand au lycée Rollin.
Mlle Picault, prof, d'anglais à l'Ecole .primaire supérieure de
J. F. de Charolles.
M.M. Priout, prof, d'anglais au lycée de Caen.
Vincent, prof, d'anglais au lycée Charlemagne.
Lauvrière, professeur d'anglais au lycée Louis-le-Grand.
Droin, prof, d'allemand au lycée Buffon.
Rouquette, prof, d'anglais au lycée de Limoges.
Aube, prof, d'anglais E. P. S., de Saint-Etienne.
Mlle Vircoutter, prof, d'allemand à l'E. P. S. de J. F. de Clamecy.
Mlle Exbrayat, prof, d'anglais à l'E. P. S. de J. F. de Tours.
M.M. Roulleux, prof, d'anglais au collège de Saint-Jean-d'Angély.
Briquelot, prof, d'anglais au lycée de Bar-le-Duc.
Mme Violot, prof, d'allemand au collège de J. F. de Neufchâteau.
MM. Degré, prof, d'anglais au collège de Langres.
Barbier, prof, à l'E. P. S. de Chàtillon-sur-Chalaronne (Ain).
Rochelle, prof, d'allemand au lycée de Bordeaux.
Mollet, |)rof. d'allemand an lycée Pcrier (Marseille),
402 LES LANGUES MODERNES
Mlle Ombredane, prof, anglais E. P. S. de J. F. d'Orléans.
MM. Père, prof, d'allemand au lycée de Valenciennes.
Pages, principal du collège de Cannes.
Rigaudières, prof, d'allemand au lycée de Cahors.
Galibert, prof, d'anglais E. P. S. de Toulouse.
Berlioz-Beinier-Joanny, prof. Ecole normale de Montbrison.
Mme Leroy, prof, d'allemand au collège de J. F. de Toul.
M. Cury, répétiteur de collège en congé, Instructor Cornell
University, Sthaca (Etats-Unis).
Mlle Bianquis, professeur d'allemand au lycée de J. F., Reims.
Total : 77 adhésions.
Jules DODANTHUN,
Professeur d'anglais, lycée de Nevers.
EXTRAITS DE LA PRESSE
Le dai)ger que court l'Ei)seigi)eiT)eot des Langues
Vivantes
iVoii.s extraijons les lignes suivanfes d'une brochure de M. H. Le
Chûtelier, Professeur de Chimie à la Sorbonne et à l'Ecole des
Mines, Membre de l'Académie des Sciences. Cette brochure, repro-
duction d'un article de la « Revue de Métallurgie » (1), vient d'être
distribuée à tous les membres du Conseil Supérieur.
« Mais », objectera-t-on, « la part faite dans ce programme
aux Langues Vivantes est bien faible. (]onvicnt-il de heurter de
front une opinion ou un préjugé très développé chez nous depuis
quelques années ? La vérité n'a rien à ménager, et doit s'affirmer
sans masque. Avant la guerre, il était de bon ton de mettre la
culture allemande au-dessus de toute autre ; espérons que ce
snobisme est définitivement mort, et ne le remplaçons pas par un
autre. Aujourd'hui, la culture par les Langues Vivantes est réser-
vée aux enfants qui devraient apprendre à conduire un cheval ou
une machine au lieu d'user leurs fonds de culottes sur les bancs
des Lycées. N'imposons pas le même régime à tous les petits Fran-
çais.
« Si l'étude des Langues Vivantes ne doit pas être employée chez
nous comme agent direct de culture générale, leur connaissance
n'en est pas moins infiniment utile pour la vie pratique. Aussi les
Langues Vivantes doivent-elles être un des objets essentiels de
l'enseignement professionnel, soit des écoles techniques moyennes
succédant à l'enseignement jjrimaire, soit des écoles techniques
supérieures, faisant suite à l'enseignement secondaire.
« Au contraire, dans l'ensei-gnement secondaire, l'étude des lan-
gues doit occuper seulement une place de second rang et être, dans
(1) La Réforme de l'Enseignement secondaire, par H. Le Châte-
lier, Revue de Métallurgie, janv.-fév. 1918.
NOTES ET DOCUMENTS 403
une certaine mesure, laissée à la (liscivtion des parents, comme
les arts d'aj{rément. On pourrait donner, comme but unique de
cette étude sommaire des lant(ues, l'acciuisition de mille à deux
mille mots anj^lais et allemands. (",e résultat est facile à obtenir
par toutes les méthodes directes, Berlitz ou autres. Hn possession
de ce nombre de mots, les jeunes j^ens |)ourraient, à la sortie du
collèfîe, lire sans trop de diftî-cultés les journaux et publications
dépourvus de prétentions littéraires qui se contentent des mots les
plus usuels ; cela leur permettrait, en outre, de tirer un profit im-
médiat des ^•oyagcs k l'étranger et les pi-éparerait suflisamment à
l'étude plus suivie des langues dans les écoles techni(|ues. >
Et plus loin :
<' Tout le reste de l'enseignement des lycées : langues Diuantes,
arts d'agrément, exercices physiques, interrogati<ins, etc., passerait
au second plan, et serait relégué dans les heures à programme va-
riable, réservées entre midi et .") heures. •>
Sans commentaires.
A'ous nous en voudrions de ne pas faire goûter à nos collègues
les réflexions gui suitrenf : elles ont le mérite de porter unec
elles leurs prennes, à la fois comiques et attristantes. Eniamtnt
d'un professeur de Itttres, elles ne sauntient d'ailleurs susciter
de commentaire plus convenable que la simple épigraphe : « Ex-
perto crede Roberto ! »
A propos d'ui)e forn)Ule irzdit\ot)i)e\le
De quelque apprentissage qu'il s'agisse, dès que celui qui l'a
entrepris a donné la preuve qu'il n'y réussissait pas, on l'en
écarte et on le dirige d'un autre côté : cela est logique. Pour les
études latines il n'en va pas de même : quiconque s'y est engagé
est tenu, quoi qu'il arrive, d'aller jusqu'au bout, et les preuves les
plus éclatantes d'une incapacité que chaque jour confirme ou
accentue, ne peuvent venir à bout d'une tradition obstinée. C'est
que le latin a, dit-on, cette supériorité sur tous les autres appren-
tissages et cette vertu singulière d'être utile même quand il ne
l'est pas, et c'est ce que l'on exprime en disant qu'u il en reste
toujours quelque chose » ou que « cela sert toujours à quelque
chose ». De cette affirmation, on n'apporte bien entendu, aucune
preuve, ni par le raisonnement, ni, ce qui vaudrait mieux, par
les faits. Voici donc un fait entre beaucoup d'autres, d'où l'on
tirera sans doute des conclusions un peu différentes.
Des élèves de 11 à 12 ans avaient à traduire dans une version
cette phrase : Unus ex ejus avis verrucam habuit in extrême naso
sitam, ciceris grano similem. Dix-neuf sur trente et un (je dis
bien : dix-neuf sur trente et un, c'est-à-dire près des deux tiers),
la traduisirent comme il suit :
1. Un de ses ancêtres eut une tache au bout du nez, semblable
à son pois chiche comme un grain.
404 LES LANGUES MODERNES
2. in oiseau ayant été placé dans l'intérieur de son ne:, il en
eut une neriiie, stmblabe à la graine du pois chiche.
3. // avait une verrue au milieu de son visage et une graine de
pois chiche en analogie.
4. Parmi les oiseaux, il en est un qui a un défaut pareil ci un
grain de pois chiche, érigé dans le nez.
5. Une brebis eut une verrue jilacée sur Vextrémité du naseau...
6. L'un d'entre eu.r avait une verrue située sur le bout du nez.
il avait un grain semblable au pois chiche.
7. i'n de ses auspices dit qu'il aurait un défaut situé à l'e.vtré-
mité du nez, semblable à un grain de pois chiche.
8. // eut un nez noble et une verrue placée tout au bout, sem-
blable...
9. // alla un jour sur un pic très élevé pour railler la divination
des oiseaux ; il trouva une graine semblable ci un pois chiche.
10. // avait un défaut rapide dans l'odorat, semblable à un pois
chiche.
11. Un de ses aïeux eut une verrue dans l'extérieur du nez, sem-
blable...
12. Un de ses oiseaux avait une excroissance placée à l'extérieur
de son bec, semblable...
\6. Un de ses ancêtres habita une éminence située dans l'exlré-
me Nasos, semblable...
14. Un de ses oiseaux eut une verrue, située à l'extrémité du
nez...
15. Un de ses aïeuls posséda une verrue située à l'exlrémilé du
nez, semblable à un pépin de raisin de Cicéron.
16. Celui-ci avait en signe de mauvais augure une verrue sur
le bout du nez, semblable...
17. // eut un seul défaut situé à l'extrémité du nez, qu'il tenait
de ses ancêtres, semblable...
18. Un de ses aïeu.i avait une verrue située dans le plus extrême
n^z, semblable...
19. // y avait un de ses ancêtres, qui avait une verrue sur l'e.v-
Irémité du nez ; Cicéron avait un petit pois ; on dit à cela qu'il
aurait un grand yénie.
(Il est à peine besoin de dire que ces traductions sont authen-
tiques et qu'on tient à la disposition des sceptiques, s'il s'en trou-
vait, les originaux dont on vient de transcrire ces fragments).
Que peut-il bien rester, je le demande, de pareilles sottises,
quel profit peut-fln retirer d'une telle gymnastique, et, si l'étude
du latin est utile pour former l'esprit à la logique et au raison-
nement, quelle formation faut-il espérer de semblables niaiseries
répétées pendant six ans ? Mais, au contraire, n'y a-t-il pas lieu
de craindre une déformation dangereuse et peut-être, au bout de
six années ainsi employées, définitive ?
Mais il faut prévoir quelques objections, dont deux au moins
sont, à première vue, sérieuses. Voici la première : c'est au
jeune âge, dit-on, qu'il faut imputer ces sottises, et, si des enfants
de 1 1 à 12 ans sont capables' de les écrire, elles ne leur viendront
même pas à l'esprit en 3', en 2', en 1''. Le raisonnement est spé-
cieux, et les faits le contredisent. On retrouve en .S*", en 2" et en
1", toutes proportions gardées, les mêmes erreurs; je pourrais
.^n aprorler, et mes collègues pourraient aussi, si on les eu priait,
en apporter des exemples nombreux. .Ainsi donc, si l'on peut
espérer (|iie l'âge corrigera, dans une ceilaine mesure, cette ma la-
NOTES ET DOCUMENTS 405
(liesse, il n'y faut pas trop coni|>ter, et toute la question est de
savoir si ces habilutles fâcheuses ne deviennent pas de jour en
Jour plus dinicile à corriger, s'il ne vaudrait pas mieux, pour
cette raison, ne pas leuy laisser le temps de pousser des racines
tiop profondes, et, puisque décidément certains esprits sont, réfrac
taires aux études latines, s'il n'y aurait pas intérêt, à les for-
mer par d'autres exercices.
On répond à cela et c'est la seconde objection, que des éludes
latines mal faites n'ont jamais empêché personne de réussir, et
que la plupart de ceux qui, sous prétexte de latin, ont dit ou
écrit beaucoup de sottises dans leurs jeunes années n'en ont pas
moins fait leur chemin dans le monde. C'est possible, et cela
|)i-ouverait d'abord que le latin, tout utile qu'on le suppose, —
et je ne conteste nullement son utilité — n'est pas indispensable
|)our réussir, et, puisqu'on ne peut soutenir raisonnablement que
des études faites en dépit du bon sens aient contribué en quel-
que manière au succès, il faut aussi, poussant le raisonnement,
jusqu'au bout, conclure que ceux qui ont •• réussi » après six
années ainsi employées ont réussi, non par le latin, mais en
dehors, et, peut-être en dépit du latin. Car n'a-t-il pas fallu
qu'ils désapprennent ce qu'ils avaient d'abord et si péniblemei't
appris, pour apprendre enfin ce en quoi ils ont réussi ? Que de
temps perdu, que de peine inutile, et combien il eût été plus
sage de commencer par la fin, c'est-à-dire de les diriger vers des
études plus appropriées à leurs capacités, dès qu'on a eu la preu-
ve que les autres leur étaient inutiles ! Mais c'eût été contraire
à la tradition.
11 n'est pas indispensable, tout le monde en convient, qu'il y
ait dans une classe de latin 4.5 élèves, dont 25 au moins ne sui-
vent pas, mais qu'on s'obstine à y maintenir sans profit pour eux
et au détriment des autres. Car il faut bien penser un peu à ceux-
ci, et, s'il semble raisonnable d'éliminer les incapables dans leur
intérêt même, n'est-ce pas un devoir aussi, vis-à-vis de ceux qui
\eulent et qui pourraient réussir, de leur faciliter le succès ?
Mais la tradition est inflexible, et la formule est là, qui veille :
• Continuez, mon ami, des études si heureusement commencées.
Parlez-nous de la divination des oiseaux et de l'e.xtréme Nasos.
Que cela est ingénieux et pittoresque, et que de choses vous ivez
vues dans cette petite phrase, que son auteur n'avait pas cru y
mettre ! Surtout n'écoutez pas ceux qui voudraient vous détour-
ner de ces études sous prétexte qu'elles ne vous sont d'aucun pro-
fit ; et si quelqu'un vous disait que vous écrivez des sottises, gar-
dez-vous de le croire, ce sont bien des sottises si l'on veut, mais
ce sont des sottises d'une qualité spéciale et unique, en ce sens
que leur utilité est indiscutable et ne peut être démontrée. Con-
tinuez, il vous en restera toujours quelque chose. »
Ces réflexions sont banales, sans doute, et elles ont été faites
bien des fois ; ils ne faut pourtant pas se lasser de les répéter,
|)uisqu'on agit toujours comme si elles n'avaient jamais été fai-
tes. Si l'on n'avait à sa disposition, pour apprendre à raisonner
ou à écrire à de jeunes Français, d'autre ressource que l'étude du
latin, il faudrait bien en passer par là, et, tout en maugréant
28.
406 LES LANGUES MODERNES
contre cette pénurie de moyens, continuer à user, vaille que vaille,
du seul dont on disposerait. Mais, en admettant même que le
latin soit de tous le plus efficace, il y en a d'autres, Dieu merci,
il doit y en avoir d'autres. Démosthène,, qui n'avait pas étudié
Cicéron, ne manquait ni de logique, ni de vigueur, et quiconque
se mettrait, pour apprendre à raisonner, à l'école de notre Pascal,
aurait bien des chances de ne pas perdre son temps.
C'est de cette vérité qu'il faudrait se pénétrer, pour le plus
grand profit des études latines, de ceux qui n'j' réussissent pas,
et de ceux enfin à qui elles pourraient être utiles. Et, si l'on
arrivait à s'en pénétrer, c'est la sélection qui s'ensuivrait comme
conséquence inéluctable. Car la sélection s'impose, elle s'impose
impérieusement. Qu'on la pi'atique avec la plus large bienveil-
lance, qu'on mette tout le temps qu'on voudra à diriger vers d'au-
tres études ceux à qui le latin ne réussit pas, qu'on laisse s'êic-
cumuler, si l'on veut, pendant un an ou deux les preuves de leur
insuffisance, mais, que la preuve faite et bien faite d'une inca-
pacité désormais manifeste, on ne leur permette plus de perdre
leur temps ni de faire perdre leur temps aux autres. Encore une
fois, la sélection s'impose, et c'est un des deux ou trois princi-
pes sur lesquels repose toute la question des réformes ; les plus
urgentes, les plus impatiemment attendues seront sans efficacité,
SI elles sont réalisées en dehors de ces deux ou trois principes.
Les classes des lycées continueront à être encombrées, les études
latines à être plus que médiocres, les études en général, ce qui
est beaucoup plus important, à être fort au-dessous de ce qu'elles
devraient et pourraient être ; et y aurait-il du pessimisme à
penser que cette situation se prolongeant pourrait bien compro-
mettre l'existence même de l'enseignement secondaire ? Ce serait,
en vérité, grand dommage.
J. EsTKVE, Lvon.
{Solidarité, 15 juin, 1921),
EXAMENS ET CONCOURS
ÉPREUVES ECRITES (Juillet 1921)
Agrégatioi) d'AlleiT)ai)d
THEME
iNTÉniîT ET VALEUH DES conHESPONDANCES, — Lcs lettres sont du
passé solidifié et irrémédiable, et leur survie étonne et dément
l'oubli que semblait leur assurer leur fragilité. Vne correspon-
dance reste toujours intéressante. Toute lettre pourtant est rela-
tive, et, ainsi isolées des réponses qu'elles suscitèrent ou des
questions auxquelles elles répondirent, elles perdent l'appoint de
leur prétexte et de leur suite. Toute lettre est jumelle, et le
médaillier (ju'on nous oITre ne présente le plus souvent qu'une
face de ses médailles. L'effigie |)()urtant y demeure. C'est à nous
d'en deviner les revers. Sa correspondance donne sur un homme
NOTES ET DOCUMENTS 407
une icrtaiiie vérité. Une lettre si brève, écrite pour l'utilité du
nionieut, en vue d'une affaire, d'un rendez-vous, d'un fait minime,
nous fournit au moins son renseignement exact sur la vie, au
jour le jour, du personnage, ses occupations et |)rcoccupations.
De là un premier bénéfice, le plus mince et de simijle détail. A
mesure qu'elles deviennent plus étendues, plus exjjlicatives, leur
apport documentaire augmente. Le basard nous en livre parfois
de confidentielles. Il faut les écouter de jn-ès, à l'oreille, discrè-
tement. L'autograpbe vaudrait mieux., car la vie palpite dans les
formes diverses de l'écriture, et la passion morte, aussi bien que
le temps, semble avoir jauni de son feu les papiers d'autrefois.
Comme aux autres on ne parle guère que de soi, directement ou
indirectement, il y a chance de trouver dans les lettres qu'on leur
adresse des traits de caractère et de nature. Les hommes se con-
naissent fort bien entre eux d'après ce qu'ils se disent récipro-
quement. La lettre est de la parole à distance ; elle en garde le
charme et l'imprudence et si nous y goûtons l'un, nous y profi-
tons de l'autre.
D'ailleurs la garantie de sincérité d'une correspondance se
trouve dans le procédé naturel de sa composition. Les impressions
les plus diverses la motivent, et on ne peut guère supposer qu'une
intention générale unifie, en les faussant dans un sens prémédité,
les parcelles de cette mosaïque aux arabesque involontaires. Cela
dépasserait le calcul humain et cette supercherie nécessiterait
une prévoyance et une hypocrisie à bien longue portée ; l'épisto-
lier le jîlus précautionneux ne pourrait pas se rendre compte de
l'aspect exact du tissu final. Il risquerait des surprises, car, à
vrai dire, il ne livre guère là que les cartes éparses d'une sorte
de tarot dont il dessine les figures, mais que d'autres interpréte-
ront.
Henri de Rég.mer (Figures et Caractères).
APOI.L UND ARTEMIS
Und es geschah uni dièses Tages Mitternacht
Da sprach zu sich, aus traumbegabtem Schlaf erwacht,
.A|)olI : < Welch geistisch Singen durch den Mondenschein
Haucbt aus der Hohe itmend in meiii Herz hinein ?
Ich kenne dièse Sprache, heimatlich bekannt.
Und dièse treue Stimme, herzlich an\erwandt. ■>
Und sieh : im Sternenhaus, vom Schlummergeist enttragen.
Die Freundin .Artemis, stehend im Mondenwagen.
Schlafwandelnd lenkte sie durch schwindelhafte Riiume
Die blinde Fahrt. An ihrem Mantel hingen Tràume.
Phaliinen huschten um die Riider. Und von ferne
Folgten in leisem Zuge die erstaunten Sterne.
Die Lippen oft'ncte die Heldin unbewusst,
Die Zunge sprang, ein Hymnos quoU ihr aus der Brust :
" Ich kann es nicht verschweigen, kann es nicht verschliessen,
Ich jauchz es in die Welt, ivnd mags die Welt verdriessen :
Es ûberhebt sich mir das Herz, es protzt, es prahlt,
Weil meine Schlàfen Sieg, die Schultern Ruhm umstrahlt.
Nicht zwar fur eigenes Vcrdienst aus meiner Kraft,
Von einem andcrn, besscrn zich ich Lehenschaft,
\'on dem ich eitel bin ein niattcr widerschein :
Das ist mein Herr, mein Lehrer und Gebieter mein.
Fin .\ar an Ungestiim, ein Leu an heftiger Stàrke,
408
LES LANGUES MODERNES
Doch nicht zu Hass und Hader, rum lebendigen Werke.
Versôhnung làchelt, wo sein Augenblick geruht,
Und was sein edler Finger stiftet, das ist gut.
Und fragst du nach dem Nanien, wer der grosse wàre :
Du Tor, von wem erzahlt die Oberwelt die Mare ?
Wes Lobes ist der Himmel und die FJrde voll ?
Wem beugt sich selber Kônig Zeus ? Sprich aus : Apoll.
Du dort, zuriick ! Kriech in den Winkel, winziger Wicht !
Schaniloser Daumling, mit Apoll vergleich dich nieht !
Umsonst, dass du die Zehcn streckst, den Nacken steifst.
Erst kniest du. Alsdann sorge, ob du inhn begreifst.
Doch mir, wie mochte solche Gnade mir geschehn ?
Ich darf ihm aufrecht in die stolzen Augen schn.
Jawahr ! Er duldet mich. Et ziirnt nicht >■ for von hier ».
Nein, " Freundiri, Freundin » gônnt des Helden Zunge mir.
Drum jauchzt mein Herz, drum muss mein Hochmut uberquellen.
Wo ist ein Wort, ein Ton, es durch die Welt zu gcllen ? »
So sang fiir sich im Traum die hehre Schlàferin,
Mit blinder Hand den Wagen steuernd vor sich hin.
Apoll vernahms, und hcimlich einen ewigen Bund
Schloss er mit Artemis im tiefsten Hcrzensgrund :
" Ich fahre mehr in keine stolze Hoh und Weite,
Du standest denn mit deinem Glauben mir zur Seite.
Ja, wahrlich ja ! Und hoffe niemand zu entzweien,
Die einst ins Tal Eidophane geblickt zu Zweien .«
Carl Spitteleh (Ohjmpischer Frùhh'na).
DISSERTATION FRANÇAISE
Caractériser l'individualité de Schiller telle qu'elle se manifeste
dans ses œuvres de jeunesse.
DISSERTATION ALLEMANDE
Inwiefern kann nian von einer Demokratisierung Deutschlands
in den Jahren 1848-1919 sprechen ?
Agrégation d'Aoglais
Ils arrivaient derrière Montmartre à ces espèces de grands fos-
sés, à ces carrés en contre-bas où se croisent de j)etits sentiers
foulés et gris. Un peu d'herbe était là, frisée, jaunie et veloutée
par le soleil qu'on aperce\ait se couchant tout en feu dans les
entre-deux des maisons. Et Gcrminie aimait à y retrouver les
cardeuses de matelas au travail, les chevaux d'équarrissage |)àtu-
rant la terre pelée, les i)antal()ns garance des soldats jouant aux
boules, les enfants enlevant un cerf-volant noir dans le ciel clair.
Au bout de cela, l'on tournait, pour aller traverser le pont du
chemin de fer. par ce mauvais campement de chiffonniers, le
quartier des limousins du bas de Clignancourt. Ils passaient vite
contre ces maisons i)âties de démolitions \olées, et suant les hor-
veiirs (ju'eiles cachent ; ces huttes, tenant de la cabane et du ter-
rier, effrayaient \aguemeiit (ierniinie : elle y sentait tapis tous
les crimes de la Nuit.
Mais aux fortifications, son j)laisir revenait. Elle courait
NOTICS ET DOCL'MHNTS 400
s'asseoir avec .lii|)ill()n sur le lalus. A côté d'elle, étaient des
faiDilies en las, des ouvriers couchés à i)lat sur le ventre, de
l)ctits rentiers re},'atrlant les horizons avec une lunette d'approche,
des philosophes de misère, arc-boutés des deux mains sur leurs
genoux, l'habit gras de vieillesse, le chapeau noir aussi roux qiie
leur barbe rousse. L'air était plein de bruits d'orgue. .Au-dessous
d'elle, dans le fossé, des sociétés jouaient aux quatre coins.
Devant les yeux, elle avait une foule bariolée, des blouses blan-
ches, des tabliers bleus d'enfants qui couraient, un jeu de bague
qui tournait, des cafés, des débits de vin, des fritureries, des
jeux de macarons, des tirs à demi cachés dans un bouquet de ver-
dure d'où s'élevaient des mâts au.x flammes tricolores ; puis au
delà, dans une vapeur, dans une brume bleuâtre, une ligne de
tètes d'arbres dessinait une route. Sur la droite, elle apercevait
Saint-Denis et le grand vaisseau de sa basilique ; sur la gauche,
au-dessus d'une file de maisons qui s'elTatjaient, le disque du
soleil se couchant sur Saint-Ouen était d'un feu couleur cerise
et laissait tomber dans le bas du ciel gris comme des colonnes
rouges qui le portaient en tremblant. Souvent, le ballon d'un
enfant qui jouait passait une seconde sur cet éblouissement.
Ils descendaient, passaient la porte, longeaient les débits de
saucisson de Lorraine, les marchands de gaufres, les cabarets en
planches, les tonnelles sans verdure et au bois encore blanc où
un pèle-mèle d'hommes, de femmes, d'enfants, mangeaient des
pommes de terre frites, des moules et des crevettes, et ils arri-
vaient au premir champ, à la première herbe vivante : sur le
bord de l'herbe, il y avait une voiture à bras chargée de pain
d'épicc et de pastilles de menthe, et une marchande de coco
Fendait à boire sur une table dans le sillon... Etrange campagne
ou tout se mêlait, la fumée de la friture à la vapeur du soir, le
bruit des palets d'un jeu de tonneau au silence versé du ciel,
l'odeur de la poudrette à la senteur des blés verts, la barrière
à l'idylle, et la Foire à la Nature ! Germinie en jouissait pour-
tant ; et poussant Jupillon plus loin, marchant juste au bord du
chemin, elle se mettait à passer, en marchant, ses jambes dans
les blés pour sentir sur ses bas leur fraîcheur et leur chatouille-
ment.
E. et .1. DE GoNcoLRT (Germinie Lacerteux).
I dare not look again ; anotlier gaze
Might drive me to the wavering coppice there,
Where bat-winged madness brushed me, the wild laugh
Of naked nature crashed across my blood.
So rank it was with earthy présences,
Faun-shapcs in goatish dance, young witches' eyes
Slanting deep invitation, whinnying calls
Ambiguous, shocks and whirlwinds of wild mirth, —
They had undone me in the darkness there.
But that within me, smiting through my lids
Lowered to shut in the thick whirl of' sensé,
The dumb light ached and rumniagtd, and without,
The soaring splendeur summoned me aloud
To leave the low dank thickets of the flesh
Where man nieets beast and makes his lair with hira.
For spirit reaches of the strenuous vast.
410
LES LANGUES MODERNES
Where stalwart stars reap grain to make the bread
God breaketh at bis tables and is glad.
1 came out in the moonligbt cleansed and strong.
And gazed up at the lyric face to see
Ail sweetness tasted of in earthen cups
Ere it I)e dasbed and spilled, ail radiance tliing
Beyond expérience, every benison dream,
Treasured and niystically crescent there.
O, who will shield me from her ? Who will place
A veil between me and the fierce in-throng
Of her inexorable l)enedicite ?
See, 1 bave loved ber well and been with her !
Tbrough tragic twiligbts wben the stricken sea
Grovelled with fear ; or when sbe made her throne
In imminent cities built of gorgeous winds
And paved with lightnings ; or when the sobering stars
AVouid lead her home 'mid wealth of plundered May
Aiong the violet slopes of evensong.
Of i\\\ the sights that starred the dreaniy year,
For me one sigbt stood pcerlcss and apart :
liright rivers tacit ; low bills prone and dumb ;
Forests that hnshed their tiniest voice to hear ;
Skies for the unntterable advent robed
In purple like the opening iris bnds ;
And by some lone expectanl pool, one tree
Whose gray i)oughs shivered with excess of awe, —
As with preluding gnsh of amber light.
And herald trumpcts softly lifted tbrough,
Across the |)alpitant horizon marge
Crocus-fiUeted came the singing moon.
Out of her changing ligbts I wove my youth
A place to dwell in, sweef and spiritual,
And ail the bitter years of my exile
My hcart bas called afar oft unto ber.
Lo, after many days love finds its own !
The futile adorations, the waste tcars,
The bymns that tluttered low in the false dawn,
Sbe bas uptreasured as a lover's gifts ;
They are the mystic garment that sbe wcars
Against the bridai, and the crocus flowers
Sbe twined her brow with at the going forth ;
Tliey are the burden of the song sbe made
In coming tbrough the quiet fields of space.
And breathe between ber passion-parted lips
C.alling me out along the tlowcring road
W^'hich summers tbrough the dimncss of the sea.
U'iLLiAM Vaughan Moody {GIouccsUt Moors nnd Other Pocms).
DISSERTATION FHANÇAtSE
Sue Bridehead.
DISSERTATION' \NG1,AISE
Wbat différences exist bctwen the « classical » standards in
the literatures of France and Kngland ?
NOTES KT DOCrMEXTS 411
Certificat Secondaire d'Anglais
Cependant on n'attelait pas la voiture. L'ne petite lanterne, que
portait un valet d'écurie, sortait de temps à autre d'une porte
obscure pour disparaître immédiatement dans une autre. Des
pieds de chevaux frappaient la terre, amortis par le fumier des
litières, et une voix d'homme parlint aux bêtes et jurant s'enten-
dait au fond du bâtiment, l'n léger murmure de grelots annonça
((u"on maniait les harnais ; ce murmure devint bientôt un fré-
missement clair cl continu, rythmé par le mouvement de l'ani-
mal, s'arrètanl pirfois, |)uis reprenant dans une brusque secousse
qu'accompagnait le bruit mat d'un sabot ferré battant le sol.
La porte subitement se ferma. Tout bruit cessa. Les bourgeois
gelés s'étaient tus; ils demeuraient immobiles et roidis.
Un rideau de flocons blincs ininterrompu miroitait sans cesse
descendant \ers la terre ; il effaçait les formes, poudrait les cho-
ses d'une mousse de glace ; et l'on n'entendait plus, dans le
grand silence de la ville calme et ensevelie sous l'hiver, que ce
froissement vague, innommable et flottant, de la neige qui tombe,
plutôt sensition quc bruit, entremélement d'atomes légers qui
semblaient emjjlir l'espace, couvrir le monde.
L'homme reparut, avec sa lanterne, tirant au bout d'une corde
un cheval triste qui ne venait pas volontiers. Il le plaça contre le
timon, attachn les traits, tourna longtemps autour pour assurer
les harnais, car il ne pouvait se servir que d'une main, l'autre
portant sa lumière. Comme il allait chercher la seconde béte, il
remarqua tous ces voyageurs immobiles déjà blancs de neige, et
leur dit : ■■ Pourquoi ne montez-vous pas dans la voilure ? vous
serez à l'abri, au moins. »
Ils n'y avaient pas songé, sans doute, et ils se précipitèrent.
Les trois hommes installèrent leurs femmes dans le fond, mon-
tèrent ensuite ; puis les autres formes indécises et voilées prirent
à leur tour les dernières places sans échanger une parole.
Le plancher était couvert de paille où les pieds s'enfoncèrent.
Les dames du fond, ayant apporté des petites chaufferettes en
cuivre avec un charbon chimique, allumèrent ces appareils, et,
pendant quelque temps, à voix basse, elles en énumérèrent les
avantages, se répétant des choses qu'elles savaient déjà depuis
longtemps.
Enfin, la diligence étant attelée, ayec six chevaux au lieu de
quatre à cause du tirage plus pénible, une voix du dehors
demanda : " Tout le monde est-il monté ? ■> ITne voix du dedans
répondit : ■ Oui », Ou partit.
Maupassant {Boule de Suif).
The day had been troubled : from the forest ridge to the sea
there was neither wind nor sun, but a dull, even beat oppressed
the fields and the high downs under the uncertain, half-luminous
confusion of grey clouds. It was as though a relief was being
denied, and as though something inexorable had come into that
ai^r which is normally the softest and most tender in the world.
Ihe hours of the low tide were too silent. The little inland river
was quite dead, the reeds beside it dry and motionless ; even in
the trees about it no leaves stirred.
In the late afternoon, as the beat grew more masterful, a
siight wind e.ime out of the east. It was so faint and doubtful
412 LHS LANGUES MODERNES
in quant ity tluit onc couUi not be certain, as oue stoud on Ihe
dcsertfil sliorc. wliethcr it bk-w from just otT the land or from
the sullcn levcl of the sea. It followed along the line of the co.ust
witliout refreshnient and svithout vigour, event botter than had
beeii the still air ont of which it was engendered. It did not do
more tlian rufïle hère and there the uneasy surface of our sea ;
that surface moved a little, but with a motion borrowed from
nothing so living or so natural as the wind. It was a dull memory
of past stornis, or perhaps that mysterious heaving from the
lower sands which sailors know, but which no science bas yet
explained.
In such an influence of expectition and of présage — an
influence having in it that quality which seemed to the ancieuts
only Fate, bu to us modems a something evil — in the strained
attention for necessary and immovable things that cannot hear
and cannot pity — the hour came for me to reascend the valIey
to my home. Àlready upon the far and confused horizon two or
threg' motionless sails that had been invisible began to show
white against a rising cloud. This cloud had not the définition
of sudden conquering stornis, proper to the summer, and leaving
a blessing behind thcir fury. The edge of it against the misty
and brooding sky had ail the vagueness of smoke, and as it rose
up out of the sea its growth was so methodical and regular as
to disconnect it wholly in one's mind from the little fainting
breeze that still blew, from rain, or from any daily thing. It
advanced with the fall of the eveniiig till it held half the sky.
There it seemed halted for a while, and lent by contrast an unua-
tural brightness to the parched hills beneath it. But there was
nothing of movement or of sound. No lightning, no thunder ; and
soon the hot breatb of the afternoon had itself disappeared
before the advance of tbis silcnt pall. The night of .lune to the
iiorth was brighter than twilight, and still soutbward, a deli-
berate spectacle, stood tbis great range of vague and menacing
cloud, shutting ofT the sky and towering above the downs, so
that it seemed permissible to ascribe to those protecting gods of
our vallcy a burden of fear.
H. Belloc (Hills and the Sea).
coMPOsrnoN fhançaise
SUR UNE QUESTION GÉNÉHALE DE MOHALE OU DE LITTÉHATUHE
Les caractères principaux de la littérature classique en France
et en .Angleterre, au siècle de Louis XIV et au siècle de la reine
.Anne.
Composition en langue anglaise
How does Henry James show hiniself, in Roderick Hudson, a
psychological novelist ?
BACCALAURÉAT (1<« partie)
Université de Paris
Section B
version allemande
Die Memoiren von Staatsleuten, Soldaten und cdlen Frauen,
wie sic in Frankreich taglich erscheinen, bilden cinen Sagcnkreis
j^oran die Nachwelt genug /u denken und zu singen bat, und
I
NOTES i:i Docr^ircNTS 41.'J
wnrin ;iIn dcsscii .Miltel|)iiiiUt (las Kebeii des grosscii Kaisers wic
tin hiisi-nhauin Linporrafit. Die Ségiirsche Geseliichte des Hiiss-
laïKlziij^es ist eiii Lied, ein fiaii/osisehes N'oIUslied, das zii diesem
Sa}»eiiivreise gehort, und in seinem Toiie iind StofTc den epischeii
Dicliliiiifîen aller Zeiten gleich>iteht. Kin Heldengesehleeht, das
diirth deii Zaubers|)ruch " Frcilieit und (ileiehheit > ans deni
Bodeii Fraiikreichs emporgesehossen, hat wie ini Triiiinplizug,
heraiiseht voii Uiihm und gefùhrt von deni Ootte des Kuhnies
seibst. die Welt durehzogen, tanzt endiicli den rasselnden Waf-
fentanz auf den Eisfeldern des N'ordens, und dièse l)recben ein
und die Sôhne des Feuers und der Freiluit geben zu (irunde
durch Kiilte und Sklavcn.
THKME D'rMrrATION
La F'rance possède un grand nombre de mémoires éerits i)ar
des hommes d'Etat, des soldats ou des femmes. Cette riehe collce-
tion eonstitue pour les Français un eyele de légendes que la i)os-
térité peut chaque Jour méditer et chanter. Comme un arbre
géant qui domine tout autour de lui les autres arbres de la forêt,
l'histoire du grand Napoléon forme le i)oint central de ce cycle.
Ségur nous a conté l'histoire de la campigne des Français en
Russie : c'est un poème épique qui égale les plus beaux poèmes
de tous les temps. Il nous raconte comment une race de héros,
enivrée de liberté et de gloire, est conduite sur les cham|)s de
glace du Nord par le dieu de la guerre lui-même, et comment,
après avoir épouvanté le monde, les fils de la liberté succombent
enfin, vaincus par le froid et par un peuple d'esclaves.
■ VEHSION ALLEM.VNDE
Ein Gemitlde von Paul Dclaroche
Dièses Gemiilde stellt den Kardinal liichelieu vor, •< der sterbe-
krank von Tarascon die Rhône hinaufïahrt und seibst in einem
Kahnc, der hinter seinem eigenen Kabne befestigt ist, den Cinq-
Mars und den de Thou nach Lyon fuhrt, um sie dort kôpfen zu
lasscn '. Zwei Kiihne, die hintereinander fahren, sind zwar eine
unkûnstlerische Konzeption ; doch ist sie hier mit vielem Geschick
behandclt. Die F'arbengebung ist glanzend, ja blendend, und die
Gestalten schwimmen fast im strahlenden Abendgold. Dièses
kontrastiert um so wehmiitiger mit dem Geschick, dem die drei
Hauptfiguren entgegenfahren. Die zwei bliihenden .Tiinglinge wer-
den zur Hinrichtung geschleppt und zwar von einem sterbenden
Greise. Wie buntgeschmiickt auch dièse Kahne sind, so schifTen sic
doch hinab ins Schattenreich des Todes. Die berrlichen Goldstrah-
len der Sonne sind nur Scheidegriisse, es ist Abendzeit, und sie
muss ebenfalls untergehen... und dann ist ailes Nacht.
THJiME d'imitation
Paul Delaroclie a représenté, dans un tableau qui eut beaucoup
de succès en mil huit cent trente et un. Richelieu remontant le
Rhône avec Cinq-Mars et de Thou. Le grand cardinal est déjà très
affaibli par la maladie dont il devait mourir peu après. (Cependant
il a voulu conduire lui-même à Lyon les deux jeunes gens qui \ont
y être décapités. Les barques qui les portent sont brillamment
parées. Avant de se coucher, le soleil répand ses rayons d'or sur le
fleuve et sur ses rives. Mais l'éclat de ces couleurs est mélancolique,
car il contraste avec l'ombre, de la mort, vers laquelle vont les
deux jeunes hommes comme le vieillard.
414 LES LANGUES MODERNES
VERSION ANGLAISE
At dawn in London
As Lord Arthur strolled home towards Belgrave Square, he met
the great waggons, ou their way to market. The white-smocked
carters, with their pleasant sunburnt faces and coarse curly hair,
strode sturdily on, cracking their whips, aiwl calling out now and
thcn to each other ; on the back of a huge grey horse. the leader
of a jangling team, sat a chubby boy, with a bunch of primroses
in bis hattered hat, keeping tighl hoîd of the mane with bis little
hands, and laughing ; and the grjat ;>iics of vegelabics l'ioUed like
masses of jade against the morning sky, like masses of grcen
jade against the piuk petals of some marvellous rose.
By the time be had reached Belgrave Square, the sky was a faint
bluè, and the birds were beginning to t\A(itter in the gardens.
O. Wilde.
/
thème d'imitation
Vous est-il jamais arrivé d'aller, un matin de printemps, à
la pointe du jour, flâner autour de quelque grand marche aux
légumes et aux fleurs ? Si vous ne l'avez jamais fait, ne pouvez-
vous, du moins, imaginer quelque chose du plaisir que l'on y
])rend ? Essayez de vous figurer l'arrivée lente des charrettes ; les
campagnards hâlés marchant, le fouet suspendu au cou, auprès
de leurs attelages ; de temps en temps, chevauchant quelque
puissante et patiente bête, un gamin, un bouquet à la casquette,
riant de plaisir et d'orgueil ; et, au-dessus de tout cela, le ciel
dont le rose merveilleux graduellement devient bleu pâle.
VERSION anglaise
Poissy seventij years ago
Many a French town bave I seen tbat migbt sit for your picture,
little Poissy. Barring the détails of your old churcb, I know you
well, albeit we make acquaintance now for the first time. I know
your narrow, straggling, winding streets, with a kennel in the
midst and lamps slung across. 1 know your tradesmen's inscrip-
tions, in letters not quite fat enough ; your barbers' brazen basins
dangling over little shops ; your Cafés and Estaminets, with cloudy
bottles of stale syrup in the Windows and pictures of crossed
billiard eues outside. I know this identical grey horse who won't
be sbod and who makes bimself beraldic by clattering across the
street on bis hind legs.
Dickens.
THF: ME d'imitation
Combien de fois, dans un pays étranger où vous aurez déjà
voyagé un peu, n'éprouverez-vous pas ce qu'exprime Dickens à
propos de l'oissy ! .Arrivant dans une ville nouvelle, il vous sem-
blera qu'une autre aurait pu poser pour celle-ci. Voici bien, vous
direz-vous, les mêmes rues, étroites ou larges, sinueuses ou droi-
tes, les mêmes groupes réguliers ou la même débandade de maisons,
les mêmes églises, à queUiues détails |)rès, les mêmes inscriptions
familières, en caractères minces ou gras, sur les mêmes boutiques,
les mêmes objets aux devantures ; et non moins que les choses,
vous reconnaîtrez, sans les avoir jamais vus, les gens, et jusqu'à
ce cheval dont la rébellion tapageuse trouble un instant la paix
l)iiblifiue.
NOTES KT DOCUMENTS 415
VERSION ITALIENNE
Lelteni <i Donienico Vdleriani. — Firenze
Mihino, ÎS tjennaio IS'Jd.
Mio caro aniicD. iiiwi Icllira dil Hosiiii mi avcv.i già significata
la giierra di che arde lutta la tostaiia Icttcratura su (jucl veisu di
Daiitf : Posciii iiiù rhe il dolor polè il diqiuno ; c, pur altra lettcra
dc'l Niccolini al Ikllotti, so ch' egli stesso, eccitatore dcll' liicendio,
se ue tira in dis|)aitf, protcstando di non voler gittarc parole in
difesa dell' opinione, da esso risuseilata, che l'golino divorasse
i propri figli. Nel che lodo il suo senno, per.hé quella chiosa, per
inio sent ire, mette in campo un rensiero troppo picno d'urrore ;
e non è maraviglia se per eiô rimase dimentieata, anzi derisa.
Xella narrazione di quel terribile fatto, quale à rintenzione del
jxicta ? Sieuramente qut»lla di destar lagrime e eompassione. Ora
a me pare elle lo spettaeolo d'un p-ulre elle divora i suoi figli
spegna tutto d'un trattu e iiegli oechi il pianto e nel eiiore la eoin-
passione.
V. Mon 11.
THKNn-: I) niriATioN
ISeaueoup de lecteurs de I) nitc donnent une interprétation
fausse au vers fameux par Icfpul s'achève le récit d'I'golin dans
l'Enfer : Poscia piii che il dolor puli' il diniuno. De quelle manière
la faim se niontra-t-clle plus foitc que la douleur ? Sans doute en
ce que ce père atTamé avait dévoré ses enfants ; et il est certain
que quelques commentateurs anciens ont raconté ainsi ce tra-
gique épisode. Lorsque, il y a un siècle, Niccolini ressuscita celte
glose longtemps oubliée, il alluma un véritable incendie et pro-
voqua une guerre littéraire parmi les admicateurs toscans du
poète ; mais il eut assez de sagesse pour protester qu'il ne voulait
pas soutenir cette opinion. Elle est en effet contr.iinî au sei.ti-
ment de pitié que Dante a voulu inspirer au lecteur ; si le iioéte
avait voulu dire cela, Ugolin ne pourrait exciter en nous que de
l'horreur. {",ette glose a même été parfois tournée en ridicule :
n'a-t-on dit, par exemple, qu'Ugolin avait mangé ses enfants pour
leur conserver un père ?
XEflSION ITALIENNE
Sono infiniti coloro i quali biasimano le faccende moi.dane e
faniio professione di aborrirle in parole. Non è forse l'mio al
mondo il quale in vita sua non abbia detto più \'olte : » ^..redete-
nii, io sono stanco di affari, di aggiramenti, di avère visite, di
farne. Ho invidia ^ai contadini, vivrei volentieri in una villa, fra i
boschi, sconosciuto ; e se non fosse ch'io son trattenuto da taie o
da taie catena, io mi sarei già deliberato a fuggire da questo mon-
daccio tristo, pieno di reti e di trappole che insidiano qua le braccia
e là i piedi, sicchè a camminare siamo obbligati ad ogni passo a
guardare e a far corne i cavalli che adombrano. » Posto che cotesti
tali si stabilissero un giorno in una solitudine, quando vi fossero
stati alquanti giorni, cambierebbero ragionamento e direbbero :
" Oimè ! che noia mortale ! Almeno ci fossero qui uomini da poter
favellare, o da potere udire qualcosa da uomini ! Fra poco, io sarô
condotto a valermi délia bocca per sputare e non i)er altro. »
THÈME d'imitation
Un bourgeois habitait à la ville ; il avait beaucoup d'affaires ;
il recevait de nombreuses visites ; il en faisait autant. Il lui sem-
blait que cent chaînes le retenaient, l'empêchaient de faire ce
416 LES LANGUES MODERNES
qu'il aurait voulu. > Que le pajsan est heureux ! pensait-il. Dans
sa solitude, au milieu des bois, personne ne le guette pour lui
dérober son temps ! Nous autres hommes de la ville, nous mar-
chons toujours craintifs, comme un cheval ombrageux, pour éviter
les pièges. Je n'ai jamais connu, de ma vie, cette douce liberté des
champs et des forêts ! » 11 alla donc s'établir à la campagne et il
s'y serait trouvé sans doute très heureux, si ce n'était que, au bout
de peu de jours, il éprouva un ennui mortel. 11 se disait : " Si au
moins il y avait ici quelque autre bourgeois avec qui je puisse
causer ! Bientôt je ne saurai plus me servir de ma langue. "
VEHSIOX ESPAGNOLE
Pasé desde mi pupilaje al colegio de Trilingue, en donde me
vistieron una beca, que alcanzô mi padre de la Universidad de
Salanianca. Fui examinado, como es costumbre, en el claustro de
diputidos de aquella Universidad ; y, segûn la cuento, ô me se-
plieron como a niiio, ô correspondi â satisfacciôn de los e::amina-
dores, jjorque no me faltô voto. Empecé la tarea de los que llaman
estudios mayones, bien descontento y enojado, porque yo queria
detenerme mâs tiempo con el trompo y la matrcica, pare-
ciéndome que era may temprano para nieterme â hombre y en-
cerrarmc en la melancolia de aquel casercn Estaba de rector
del colegio, en la coyuntura de mi entrada, un clérigo virtuoso,
de vida irrépréhensible ; pero ya viejo, eufermo, y aburrido de
lidiar con los jôvenes, que se crian encerrados en aquella casa.
Sus achaques, la vejez y los anteriores trabajos le tenian sujeto a
la cama muchas horas del dia ; y con esta seguridad y el ejemplo
de otros colegiales, amigos del ocio y las diversiones inutiles,
iba inscnsiblemente amontonando descrdenes en el aima.
Le collège appelé trilingue parce qu'on y enseignait le latin, le
grec et l'hébreu, où Torres \'ill;irroel subit un examen d'entrée,
comprenait quelques boursiers auxquels on revêtait la chausse
qu'avant la cérémonie ils jjortaient pliée sur l'épaule gauche.
Il était dirigé jjar un recteur qui se trou%ait être en resjjèce, un
vieillard respectable mais enclin au sommeil. Les élèves pares-
seu.x en profitaient, et comme ils regrcttaint l'heureux temps
où ils s'occupaient surtout de leur toupie et de leur crécelle, ils se
laissaient entraîner peu à peu à des divertissements qui ne les
jiréparaient point à leur métier d'homme, mais qui dissipiient la
mélancolie qu'ils avaient éprouvée en se voyant enfermés dans
la grande bâtisse du collège.
VEUSION ESPAGNOLE
El Qitijote, a su aparicion — aparté de ser para los escritorcs
un curioso y gracioso libro de sâtiras pcrsonales y literarias —
fué para toda clase de Icctor una obra de actualidad ; atacaba la
lectura mâs en boga entonces, la de los libros de caballerias.
Llego a tiempo, cuando a(|uella aficiôii comcnzaba a decaer, y
cum|)li6 el jîropôsito de su autoi' : desferrar lo (jne él creia " pcr-
niciosa lectura •■ ; no se escriliieion mâs libros de esos, y apcnas
si se reimprimiô alguno de los antiguos. Pero cse scntido era asi-
mismo transitorio en el Quijote. Del propio modo que el lector,
ajeno a los chismes literarios cpie ignoraba, y a las criticas de
forma que no jxxlia apreciar, se habia interesado en la fabula
biirlesca y en las a\eiituras del hidalgo que eulociueciô por los
I
NOTKS KT DOCIMKNTS 417
lil)r<)S de c:il)allerias, los lectorcs que viiiicroii despiics, y que :i|)e-
iKis sjihiaii de ellos por el Quijole, y a través del Quijote. adinira-
roii este, atraidos mâs hondameiite. La ol)ra ocasional dcsaparecia
y <|iiedaha la inipcrecedera.
THÈME d'imitation
L'immortel roman de Cenantes a eu la même fortune que les
grandes œuvres qui honorent riiumanité. Quand il fut publié,
les érudits virent en lui une satire littéraire qui réjouit leur
malice, et la plupart des lecteurs se plurent à la caricature de
ces livres de chevalerie qui commencjaient à passer de mode et
(|u'aucun auteur ne se hasarda plus désormais à écrire. Cet intérêt
d'actualité ne tarda pas à s'alfaiblir, et on s'attacha à don Qui-
chotte pour lui-même, et l'on fut moins frappé du burlesque de
ses aventures que de son caractère et de la générosité de sa folie.
L'œuvre se dépouillait ainsi de ce qu'elle devait aux circonstances
et prenait une signification plus large et plus profonde. Elle fran-
chissait les frontières de l'Espagne pour entrer dans l'éternité
d'une gloire universelle.
(Section D. .iiin 1921, Faculté de Paris;
vehsion anglaise
A Fishrrman's holse. — It was beautifully clean inside. and
as tidy as possible. Therc was a table and a Dutch dock, and a chcst
t)f dràwers ; and on the chest of drawers. there was a tea-tray.
Over the little mantle sheit was i |)icture of the ■ Sarah .lane »
luggei, built at Sunderland with a rcal little wooden stern stuck
on to it : a work of art which I considered to be one of the most
enviable possessions that the world could afford. There were
some hooks in the beams of the ceiling, and some lockers and
boxes whith scrved for seats and eked out the chairs. AH this 1
saw in the lirst glance after I crossed the threshold, and Peggotty
opened a little door and showed me by bedroom. It was the
completest and most désirable bedroom ever seen, in the stern of
the vessel, with a little looking-glass just the right height for me,
nailed against the wall and framed with oyster shells : a little
hed, and a nosegay of sea-weed in a blue mug on the table. The
walls were whitewashed as white as milk and the patchwork
counterpane made my eycs quite ache with its brightness.
Dickens.
THÈME d'imitation
La cabine du marin. — La chambre d'une reine ne peut pas être
aussi proprement rangée «que celle d'un marin. Chaque chose a sa
Fetite place et son petit clou. Rien ne remue. Le bâtiment peut rou-
er tant qu'il veut sans rien déranger. Les meubles sont faits
selon la forme du vaisseau et de la petite chambre qu'on a. Mon
lit était un cofTre. Quand on l'ouvrait, j'y couchais ; quand on le
fermait, c'était mon sofa, et j'y fumais ma pipe. Quelquefois,
c'était ma table ; alors, on s'asseyait sur deux petits tonneaux
qui étaient dans la chambre. Mon parquet était frotte et ciré
comme de l'acajou, et brillant comme un bijou : un vrai miroir.
Oh ! c'était une jolie petite chambre ! et mon brick avait bien
son prix aussi. On s'y amusait souvent et le voyage commença
assez agréablement.
-A. DE ViGxy,
418 LES LANGUES MODERNES
VERSION ALLEMANDE
Unheilvolle Folgex des Krieges. — Das Elend in Deutschland,
war zu einem solchen Grade gestiegen, dasz das Gebet um Frie-
dcn von tausendmal tausend Zungen ertonte und auch dcr nach-
teiligste noch inimer fiir eine Wohltat des Himniels galt. Wûsten
lagen da, wo sonst tausend frohe und fleizsige. Menschen wini-
melten, wo die Xatur ihren hcrrlichsten Segen ergossen und
Wohilleben und Ueberflusz geherrscht batte. Die Felder, von der
fleiszigen Hand des Pflugers verlassen, lagen unbebaut und ver-
wildert, und wo eine junge Saat aufscbosz oder eine lachende
Ernte winkte, da zerstôrte ein einziger Durcbmarsch den Fleisz
einesganzen Jahres.
Verbrannte Schlôsser, verwiistete Felder, eingeascherte Dôrfer
lagen meilenweit herum in grauenvoller Zerstôrung, wàbrend
ibre verarmten Bewohner hingingen, die Zabi jener Mordbren-
nerheere zu vermehren und, was sie selbst erlitten batten, ibren
verscbonten Mitbûrgern scbrecklieh zu erstatten.
THÈME d'imitation
Après une guerre qui avait duré de si longues années, la misère
était particulièrement grande dans les campagnes. Toutes ces
contrées, qui avaient à juste titre passé pour les plus ricbes du
pays, avaient été pillées et saccagées par un ennemi qui ne vou-
lait ménager ni les hommes ni les cboses. Il avait détruit les
moissons, brûlé les fermes, réduit en cendres des villages entiers
et massacré les babitants surpris dans leur fuite. Cette région
frontière, favorisée par la nature et enricbie par le travail d'une
population courageuse et active, ressemblait à un vaste désert,
et l'on avait peine à penser que c'est dans ces mêmes lieux
qu'avaient régné, avant la guerre, la joie, la prospérité et l'exis-
tence facile.
VERSION espagnole
Cuaxdo Nino. — ; Si, yo también naci y vivi en Arcadia ! Tam-
bién supelo que era caminar en la santa inocencia del corazôn
entre arboledas umbrias, banarme en los arroyos cristalinos,
boilar con mis pies una alfombra siempre verde. Por la manana
el rocio de jaba brillantes gotas sobre mis cabellos ; al medio
dia el sol tostaba mi rostro ; por la tarde, cuando el crepiisculo
descendia de lo alto del cielo, tornaba al bogar por el scndero de
la montana y el disco azulado de la luna alumbraba mis pasos.
Sonaban las esquilas del ganado ; mugian los terneros ; detr^âs
del rebano marcbâbamos rapaccs y rapazas cantando a coro un
antiguo romance. Al llegar a la aldea, mi padre me recibia con
un beso. Kl fuego chisporroteaba alcgremente ; la cena bunieaba ;
una vieja servidora narraba después la bistoria de alguna doncella
encantada, y yo (picdaba dulcemente dormido sobre el regazo de mi
madré.
A. Palacio Valdés.
THÈME d'imitation
.\vec quel plaisir je me rappelle mon enfance ))assée îi la cam-
jiagne ! .l'étais gai, j'étais vif, et je ne pensais qu'à jouir de l'air
pur et de hi lii)erlé (pie me laissaient mes cbcrs parents, lîn été
je me levais de bonne lu lUe, et avant de déjeuner, j'allais me
baigner dans l'eau fraîche d'un clair i-uisseau ; puis, l' iprès-midi.
NOTKS KT DOCr.MKNTS
419
un peu las, je m'étendais sur riieibc verte, à l'ombre des arbres
lus plus feuillus, m'endomiant parfois, ou écoutant le plus sou-
vent le chant des oiseaux. L'automne, j'accompagnais mon père
et ses ouvriers à la vigne pour cueillir les raisins mûrs et dorés.
Quel heureux temps que celui des vendanges ! Le soir nous reve-
nions tous en chantant. L'hiver était |)lus triste. Il fallait rester
dans sa chambre ; et le soir, assis au coin du feu. Je regardais
brûler dans la cheminée les énormes bûches de chêne qui lan-
çaient des étincelles jusque sur mes souliers.
VEHSIOX ITALIENNE
11 gatto ne ubbidiscc, ne comanda : perciô non s'immischia in
nessun atTare ne nubblico. ne privato. a difTerenza del cavallo,
del cane, e d'altr'i domestici aniniali. 11 cavallo comincio -una
voila a lasciarsi tirare nclle battaglie, e d'allova in |)oi non potè
jiiù schivare la coscrizione.
Il cavallo dunque prodiga la sua vita sul campo délia gloria,
mena i conquistatori in trionfo, s'impaccia di diplom izia e bu-
rocrazia conducendo i ministri a corte. i deputati aile cnmere,
grimjiiegati ricchi ail' uffizio.
Xegli afl'ari privati poi, dal cocchio, del milionai'io al barroc-
cino del medico di campagna, dall' ardente volteggiatore alla
rozza sciancata, egli corre e suda pcr tutti, vi tira, vi porta, vi
ser\e jier ogni occorrenza délia \ita.
Raibeiiti.
THÈME d'imitation
Le Cheval. — La plus noble conquête que l'homme ait jamais
faite est celle de ce fier et fougueux animal, qui partige avec lui
les fatigues de la guerre et la gloire des combats. Aussi intrépide
que son maître, le cheval voit le péril et l'affronte ; il se fait
au bruit des armes, il l'aime, il le cherche et s'anime de la
même ardeur. 11 partage aussi ses plaisirs : à la chasse, aux
tournois, à la course il brille, il étincelle. Mais, docile autant
que courageux, il ne se laisse pas emporter à son feu ; il sait
réprimer ses mouvements : non seulement il fléchit sous la main
de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs ; et
obéissant toujours aux impressions qu'il en reçoit, il se préci-
pite, se modère ou s'arrête, et n'agit pour pour y satisfaire.
BuFFON (Histoire \nturelle).
Ui)iversité de Bordeaux
VERSION ANGLAISE
The Basques
The Basques inspire tliose who know them intimately with a
strong affection and respect. Perhaps no other country co!nbine.%
so striUingly the spirit of youth with that of a prehistoric anti-
quity, just as their ancient faith breaks yearly into a flovver of
processions full of grâce and charm ; and their massive houses,
with a solid look of eternit}-, stand in green drenched meadows and
cider-orchards and fields of maize "and trefoil, and their sad,
patient résignation to the decrees of Providence is enlivened by
moments of keen rejoicing and pleasure. The modem Basque bas
much of that endurance for which the ancient Iberian was noted,
and, with it, he combines a grâce and swiftness which make of
him an unrivalled dancer, smuggler, pelotari, or soldier. The fuU
420 LES LANGUES MODERNES
thrill of pelota, after cricket ttie fincst of the world's games, can
onlj' be felt by'those who know how to manipulate the " chistera »
of basket-work, which gives the bail a lightning-speed and tre-
niendous force. The Basques love peace, and, in their national
hymn to the oak of Guernica, to which Wordsworth addressed a
sonnet, they pray that peace may hc given them « now and
always ». But they havc always loved liberty and independence
even more, and, during the récent war, it was to the rousing niusic
of this same hymn that thej' went intrepidly into action.
{The Times).
THÈME d'imitation
Les Basques
Je connais bien les Basques et leur pajs, et j'ai pour les deux une
grande admiration. Je ne trouve nulle part, aussi bien que chez
eux, ces deux choses qui semblent contraires : l'ardeur de la jeu-
nesse et le sentiment d'une très grande antiquité. Connaissez-vous
leurs vieilles maisons massives, au milieu de leurs champs ou de
leurs prairies vertes et de leurs vergers de pommiers '? Avez-vous
quelquefois assisté à leurs processions, si bien connues dans tout
le pays ? Plus fréquentées encore sont leurs parties de pelote, qu'ils
jouent avec tant de grâce et des mouvements si rapides. Ce ne sont
pas seulement d'habiles joueurs, ils ont été aussi pendant la der-
nière guerre d'excellents soldats. Cela ne les empêche pas d'aimer
la paix et de la demander dans leurs prières nationales, pour
« maintenant et toujours ».
VERSION ALLEMANDE
Einzug der Franzosen in Moskaii
Moskau ! Das verzweifelt crschnte... Wir glaubten in's Paradies
einzuriicken und kamen in die Holle. Der Kaiser sass mit dem
Hauptquarticr auf dem Kreml. Die Stadt war aou den Einwohnern
verlassen und lag totenstill. Todmûde bezogen wir Biwaks. Fiir
wenige Stunden nur. In der Nacht schlug die Lohe auf ùber
Moskau. An allen Ecken und Enden brannte es zugleicli. Keincr
wusste, was geschchen sei, was das bedeute. Dann wusste man es,
und durch die Lager ging cin Schrei des Flntsetzens. Unser Winter-
quartier brannte zu .\sche ! Die Magazine die uns ernahren, die
uns bekleiden sollten, wurdcn zu Sclnitthaufen vor unseren sehen-
den Augen ! Da durchbrachen die Soldaten jeden Befehl. Sic
rannten durch die brennendcn Strassenziige, drangen in die Hiiuscr
ein, holten Kleider und Lebensmittel heraus, gerieten in den
Kellern iiber Wein und Branntwein, berauschten sich und kamen
zu Hunderten in den Flammcn um. — Heiliges Moskau ! F'iinf
Wochen kampierten wir in den Ruinen, weil der Kaiser auf die
Annahme seincr F"riedensbedingungen wartete, und aile Manns-
zucht lockerle sich.
THI^ME ALLEMAND
Les Français à Moscou
Les Français es|)éraient trouver le repos à Moscou. Mais bientôt
le feu apparut à tous les coins de la ville. L'incendie dura quatre
jours. La plus grande partie des magasins qui devaient nour-
rir et vêtir les soldats furent réduits en cendre. Alors la dis-
cipline se relâcha. Les soldats coururent à travers la ville enflam-
mée, entrèrent dans les maisons pour y chercher des vêtements et
des vivres. Beaucoup (jui avaient pénétré dans les caves s'enivre-
NOTiis i:t documents 421
#
relit L't inoiii'iireiit ditiis les llamines. Napoléon, (jui avait son quar-
tier fîénéral au Kremlin, campa avec ses troupes dans les ruines
et -attendit pendant cinq semaines une réponse aux conditions de
paix (pi'il axait euNoyées au tzar.
Université de Lyor)
Section U
1) COMPOSITION ANGLAISi:
The Miser
A wealfhy nian who nevcr gave a liaif penny to tiie i)oor liad
bought a large monkey, hoping to find in hini a faithful guardian
of his beloved nioney.
One day he left tlie animal alone for a short timc in tlie room
neai- a coft'er full of coins. Tlie moniiey sa\v froni the open win-
dow a neighbour tlirow a iieniiy to a beggar. Imitating the act,
he did the sanie with the gold and silver in the coffer and a
crowd of poor peo|)!e in the street filled their pockets with the
treasure.
.lust thcn, the miser came home and froni far cursed the mon-
key. Ikit a neighbour said to him : ■• Keep quiet... Why lanient
over gold tiiat you never touched ? Put a heap of stoiies in the
])laces of the coins. Thcy will serve the saine pur|)ose. »
2) VERSION ANGLAISE
The character of Juliiis Cnesar
C.acsar was endowed with ever- great and noble quality thaï
could exalt human nature, and givc a man the ascendant in So-
ciety ; formed to excel in peace as well as in war : provident in
counsel ; fearless in action, and executing what he had resolved
with amazing celerity ; gênerons beyond mcasure to his friends ;
placable to his enemies, and for parts, learning, éloquence, scarce
inferior to any man. His orations were admired for two qualities
which are seldom found together — streiigth and élégance. Cicero
raiiks him among the greatest orators that Home ever bred ; and
Quintilian says that he spoke with the same force with which
he fought, and if he had devoted himself to the bar, would hâve
been the only man capable of rivalling (licero. Nor was he a
master only of the politer arts, but conversant also with the most
abstruse and critical parts of learning.
3) THÈME d'imitation
La Reine Elisabeth
Le talent singulier qu'elle avait pour gouverner dépendait à la
fois de son caractère et de ses dons naturels. Faite pour dominer
un peuple jeune et pourvue d'une grande maîtrise d'elle-même,
elle obtint bientôt un réel ascendant sur ses sujets. Tandis qu'elle
conquérait toute leur estime par ses mérites incontestables, elle
gagnait aussi leur cœur par les qualités qu'elle affectait. Sa vigueur
(l'esprit, sa constance, sa magnanimité ne semblent avoir été sur-
passées par aucune autre femme qui ait jamais occu|)é un trône.
Peu de souverains anglais sont arrivés au pouvoir dans des con-
ditions aussi difficiles. .Aucune n'a exercé le pouvoir avec autant
de bonheur.
J22 LES LANGUES MODERNES
verSiox anglaise (Série D)
Columbus returns from America to Spain
He arrived at Barcelona about the middle of April, and tht»
beauty and sercnity of the weather, in that génial season and fa-
voured cliniate, contributed to give splendour to the mémorable
ceremony of bis réception. As he drew near the place, man}' of the
youtlîful courtiers and cavaliers, followed by a vast concourse of
the populace, came forth to meet him. His entrance into this noble
city bas been compared to one of those triumphs which the Ro-
mans were accustomed to decree to conquerors. First were paraded
the six Indians, painted according to their savage fashion, and
decorated with their ornaments of gold. After thèse were borne
various kinds of live parrots, together with stuffed birds and
animais of uuknowu species, and rare plants supposed to he of
precious qualifies ; while especial care was taken to disjjlay the
Indian coronets, bracelets and other décorations of gold.
THÈME ANGLAIS
Un triomphe à Rome
Un triomphe chez les Romains était une cérémonie splendidc.
On voyait arriver le général vainqueur entouré de la foule de ses
soldats et de ses amis que venait grossir une multitude de gens
accourus à la ville pour jouir du spectacle. Le commandant en chef
auquel on accordait les honneurs de la journée faisait son entrée
sur un char où il se tenait debout. 11 avait à ses côtés un esclave
chargé de lui rappeler, au milieu des acclamations, qu'il était lui-
même mortel. Derrière le triomphateur on portait le butin pris sur
l'ennemi. Puis marchaient les chefs vaincus et les prisonniers faits
sur le champ de bataille.
VERSION ALLEMANDE (B)
La jeunesse de Démocrite
Demokrit war ungefâhr zwanzig .labre ait, als er seincn Vater.
einen der reichsten Biirger von Abdera, beerbte. Anstatt mm darauf
zu denken, wie er seinen Reichtum crhalten oder vermeliien oder
auf die angenehmste oder lacherlichste Art tkirchbringen wollte,
entschloss sicb der junge Menscb, solchen zum .Mittel der Vcr-
vollkommnung seiner Seele zu machcn.
<i Aller was sagten die .\l)deriten zu deni Entschluss des jungen
Demokrit ? »
Die gutcn Leute hatten sicb nie traumen lassen, dass die Seele
ein anderes Interesse habe als der Magen und der Bauch. Also mag
ihnen dièse Grille ihres Landsmanns wunderlich genug vorge-
kommen sein. Allein dies war nun gerade, worum er sicb am
wenigstcn bekiimmerte. Er ging seinen '^^'eg fort und l)rachte vielc
.labre mit gelehrten Reisen durch aile festen Liinder und Inscln
zu, die man damais bereisen konnte. Denn wer zu seiner Zeit weisc
werden wollte, musste mit eigneii Augeii sehen. Ks gab nocb keine
iJucbdruciicreien, keiiic .lournale, BibliotheUen. l{iicycloj):i(lieii, und
wie aile die NN'crkzeuge heissen, mit dcien Hilfe man jctzt, oline
zu wissen wie, ein Philosopb, ein N'atuiiiundiger, ein Kunstrichtei',
ein .Autor, ein .Alleswisser wird.
■rHl'•:^n: allemand
Il y aura toujours de i)onnes gens auxf|uels il ne xicndra jamais
à l'esprit (jue l'Iidinnu' puisse avoir d'autre si>uci que ses intérêts
NOTF.S ET DOCU>tKXTS 423
matirielb. Ils iic songtiit (ju'à leur estoiiKic, j'i leur ventre. Si l'un
ii'eux fait un héritage, , il n'aura (|u'une pensée: augmenter sa
riehessc ou dépenser son argent en plaisirs grossiers ou stupides.
(Jtue dans une soeiété pareille un jeune homme riehc exprime le
désir de eultivcr son esprit et de jjerl'eetionner son âme, au lieu
de se préoeeuj)er seulement d'amasser d'autre argent ou de se
divertir eonime tout le monde, il fera l'eflet d'un personnage hizarre,
«l'un fou. S'il passe des années en voyages, en observant les mœurs
<le divers i)ays, en admirant les monuments de l'art, ses compa-
triotes riront de cette fantaisie. Tel fut le sort du Jeune Uéinocrite,
l'un des i)lus riches citoyens d'AlxIère.
VERSION' rrAIJENNE (B)
lo mi sentiva veramente nécessita di conversare suU' arle, di
l)arlar italiano e di cose italiane : tutte priva/.ioni che (la due
anni mi si faceano sentire non poeo ; e cio con assai grande mio
seapito, nell' arte principalmentc del verseggiare. K certo, se (piesti
ultimi famosi uomini franeesi, come Voltaire e Housscau, avessero
dovuto gran parte délia loro vita andarsene erranti in divers! paesi
in cui la loro lingua fosse stata ignota o negletta e non avessero né
|)ure troxato cou chi parlarla, essi non a\reI)hero forse avuto la
im|)erturi)al)ilità e la tenace costan/.a di scrivere per semplice amor
deir arte e per mero sfogo, come face\a io ed lio fatto poi per taiiti
anni conseeutivi, costretto dalle circostanze di viVere e conversare
sempre con harhari : chè taie si puo francamente denominare tulta
rEuro|)a da noi, quanto alla letteratura italiana ; come lo è pur
troppo tuttavîa, e non poeo, uiia gran parte délia stessa Italia, <■ sui
nescia ". Che se si vuole anche per gl' italiani scrivere egregia-
mcnte e ehe si tcntino versi in cui spiri l'arte del l'etrarca e di
Dante, chi oramai in Italia, chi c che veramente e legga cd intenda
c gusti e vivamente senta Dante e il Petrarca ? une in mille, a dir
molto.
ÏHKME ITALIEN
.Mpéri aurait voulu trouver quelques personnes avec lesquelles
il put converser sur les beaux-arts. Il avait dû s'en aller dans divers
pays où sa langue était inconnue, et au bout de deux ans il sentait
une vraie nécessité de parler italien. Il appelait barbares les hom-
mes au milieu desquels il \ivait parce qu'ils ignoraient la langue
et la littérature de son pays. Mais, disait-il, une grande partie de
l'Italie elle-même aurait pu être a|)pelée ainsi, car c'est à peine si
on aurait pu y trouver un homme sur mille pour comprendre vrai-
ment et goûter Dante et Pétrarque.
Professorat des Ecoles Nornr)ales et Ecoles Prin)aires
Supérieures
(.Section des Lettres)
Rédaction
After reading the account of one of the pageants in honour
of Joan Dure, au Englishnuui writes a letter îo a French frieud
of his. ^
VERSION
Shakespeare
He has a magie power over words : they come winged at his
bidding and seem to know their places. Thej' are struck oui
424 LES LANGUES MODERNES
at a beat, on thc spur of the occasion, and hâve ail the tniffi
and vividncss wliich arise froni an actual impression of the
objets. His epithets and single phrases are like sparkles throvvn
off frum an imagination fired bv the whirling rapidity of its own
motion. His language is hieroglyphical. It translates tbought
into visible images. It abounds in sudden transitions and
elliptical expressions. This is the source of his mixed metaphors,
\\4iich are only abbreviated forms of speech. Thèse, however,
glve no pain from long custom ; they bave, in fact, become
idioms in the language. They are the building and not the
scamolding to tbought. \Ve take the meaning and effect of a
M'ell-known passage entire, and no more stop to scan and spell
out the particular words and phrases than the syllables of which
they are composed.
HAZLrrT.
(Characters of Shakespeare's plays).
Concours d'adn)issioi) à l'Ecole Polytechnique (1921)
VERSION {Langue obliyaloire)
And a l)reezy, tooth-chattering place it was, to wait in, in the
winter-time, as Toby Veck well knew. The wind came tearing
round the corner — especially the East wind — as if it bad
sallied forth, express, from the confines of the earth, to bave a
blow at Toby. And oftentimes it seemed to conie upon hini sooner
than it bad expected, for bounciiig round the corner, and passing
Toby, it would suddenly wheel round again, as if it cried :
<i Wby, hère he is ! » Incontiiiently his little white apron would be
caught up over bis head and his fecl)le little cane would ht' seen
to wrestle and strugglc unavailingly in his hand, and his legs
would undergo tremendous agitât icni, and Toi)y himself ail aslant,
and facing now in this direction, now in that, would be so banged
and bufïeted, and worried, and hustled, and liftcd olï his fcet,
as to render it a positive miracle, that be wasn't carried up
bodily into the air as a colony of frogs or snails or other porta-
ble créatures sometimes are, and rained down again.
Ch. Dickens.
THÈME (Luiuiiic f(tCllUatilH')
La neige avait tout enseveli, les herbes, les buissons, les arbres ;
aussi loin que la vue pouvait s'étendre, ce n'était qu'une nappe iné-
gale, mais uniformément l)lanche ; le ciel était parsemé d'étoiles
scintillantes, mais, si \i\e (pie fût leur clarté, c'était de la neige
que montait la pâle lumière qui éclairait le paysage. Le froid
avait repris et il devait geler au dehors, car l'air qui entrait dans
notre cabane était glacé. Dans le silence lugubre de la nuit, on
entendait jiarfois des craquements cpii indiquaient que la surface
de la neige se congelait.
Nous avions été vraiment bien heureux de rencontrer cette
cabane ; que serions-nous devenus, en pleine forêt, par ce froid '.'
Hector Malot.
NOTES ET DOCIMKNTS 425
PROGRAMMES POUR 1922<'>
Agrégation d'Allen)ai)d
I. — Histoire de la civilisation
1 ) Le mysticisme aux xni* et xiv*' siècles.
ECKHART, SUSO, TAULER.
Texte :
EcKHART. — Reden d&r Unterscheidiiiifi.
(Kleine Texte fiir Vorlesungen n. Uehiiiiyen /irs</. r. Lilz-
niaim, Bonn, Marcus und Weber).
2) Esprit et organisation de la monarchie prussienne sous les rois
F"rédéric-Guillaume I et Frédéric II : conception et pratique
du gouvernement, armée, administration, justice, colonisation
et activité économique, politique, religieuse, attitude à
l'égard de la science, de la littérature et des arts.
;i) Le socialisme de 1847 à 1875.
La social-démocratie, le socialisme d'Etat et le socialisme
chrétien.
Etudier en particulier :
Karl Marx* Lassalle, Rodbertus, Victor-Aimé Huber, Ket-
TELER.
II. — Histoire de la littérature
1. La poésie lyrique et descriptive de 1700 à 1770.
GûNTHER, Brockes, Haller, Pvra, Lange, Hagedorn, Gleim,
Uz, GôTz, Ew. v. Kleist, Ramler, Klopstock.
Textes :
</) GiiNTHEH. — uedichte : Briider lasst uns lustig sein. — An
Rosen such' ich mein Vergniigen. — Eugen ist fort, Ihr Mu-
sen, nach ! — Stiirmt, reisst und rast, ihr Ungluckswinde.
■ — Gedenk' an mich und meine Liebe. — Der Herr fiihrt
nieiiie Siiche. — • Will ich dich doch gerne meiden. — Der
FeiernbejKf ist geniacht. — Ich will schiveigen, mag's doch
sein. (Edition Reclam, ou Deutsche National-Litteratur,
tome 38).
b) Haller. — Die Alpen, vers 1-250.
c) Dans le tome 45 de la National-Litteratur de Kûrschner,
Anol:n'ontil:( r und J^r'^^^us'^isch-J'al^io'ische Dichier :
Hagedorn. — Oden und Lieder, n"^ 1, 7, 12, 13, 16, 25, 27.
Gleim. — Scherzhnfte Lieder, n° 4 ; Preussische Kriegslieder
von eineni Grenadier, n"^ 1. 2, 5, 7.
Uz. — Lijrische Gedichte, n"^ 1, 5, 6, 17. 18, 25, 27, 28.
Ew. VON Kleist. — Der Friihling, vers 1-201.
Ramler. — Lyrische Gedichte, n"' 1 et 14.
d) Klopstock. — Oden : Heinrich der Vogler. — Der Ziiri-
chersee. — Hermann und Thusnelda. — Die beiden Musen.
— Die Frûhlingsfeier. — Wir und Sie. — Schlachtlied. —
Vnscre Sprache.
(1) Ces programmes, affichés dans les salles d'examen, sont su-
jets à des modifications éventuelles ; nous ferons connaître ces
dernières s'il s'en produit.
29.
426 LES LANGUES MODERNES
2. Schiller et Goethe, 1794-1805.
Textes :
A. Briefwechsel zwischen Schiller und Gœthe, lettres de
1794 : S. 23 août, G. 27 août, S. 31 août ; lettres de 1797 :
G. 19 avril, S. 21 avril ; G. 22 avril ; S. 25 avril ; G. 26
avril ; G. 28 avril ; S. 5 mai ; S. 7 juillet ; G. 16 août ; S. 17
août ; G. 22 et 23 août ; S. 7 septembre ; S. 20 octobre ; S. 24
novembre ; G. 24 et 25 novembre ; S. 12 décembre ; G. 23 dé-
cembre, avec l'essai Ueber epische und dramatische Dich-
tiing ; S. 26 décembre ; S. 29 décembre.
B. Gœthe.
1) Gedichte .-
a} Balladen : Der Schatzgrâber. — Der Zaub'erlehrling. — Die
Braut von Korinth. — Der Gott und die Bajadere.
b) Elegien : Eiiphrosyne, Amyntas.
c) Epilog zu Schiller's Glocke.
d) Herrmann und Dorothea, le premier et le dernier chants.
2) Paldophron und Neoierpe, — Die natiirliche Tochter, les 3
derniers actes.
3) Einleitung in die Propylàen.
C Schiller.
Tj Gedichte : Der Spaziergang ; Die Kraniche des Ibycus ; Riiter
Toggenburg ; Das Lied von der Glocke ; An Gœthe, als er den
Mahomet von Voltaire auf die Btihne brachte.
2) Maria Stiiart, les actes 1, 3 et 5.
3i Ueber naive und sentimentalische Dichtung.
3. La nouvelle de 1850 à 1900.
Storm, g. Keller, g. F. Meyer, Rosegger, Liliengron.
Textes :
G. Keller. — Die Leute von Seldwijla I : Romeo und Julia
auf dem Dorfe. — Die drei gerechten Kammacher.
Storm. — Aquis submersus. — Der Schimmelreiter.
C. F. Meyer. — Der Heilige.
Rosegger. — Das zugmnde gegangene Dorf.
Liliengron. — KriegsnoveUen : Der Richtungspunk.
L'examen oral comportera la traduction et le commentaire lin-
guistique d'un texte de moyen haut-allemand.
Certificat Secondaire d'Allen)ai)d
1" Auteurs
Das Volksbuch vom Dr. Faust, — Chap. 33 à 68 (Neudruckc deuts-
cher Litteraturwcrke des XVI und XVII. .lahrhunderts. Halle,
Niemeyer, 1911).
Lessing. — Emilia Galotii.
Gœthe. — Ballades : Der Schatzgrâber. — Der Zaubcrlehrling. —■
Die Braut von Korinth. — Der Gott und die Bajadere. — Elé«-
gies : Euphrosifne. — Annjntas. — Hermann und Dorothea,
1" et dernier chants.
Schiller. — Poésies : Der Spaziergang. — Die Kraniche des Iby-
kus. — Rit ter Toggenburg. — Das Lied von der Glocke. — An
Gœthe, als er den Mahomet von Voltaire auf die Biihne brachte.
GRiLLPARZEn. — Kônig Ottokar.
C. F. Meyer. — Der UciUije (Leipzig. HasscL.
NOTES ET nOCl'MKNTS 427
2" Diction NAiMK autohisé pouH les lii'itiiuvES oriAi.iis
DuDEN. — Orthogrnphisches Wôrlerbuch der deutschen Sprache.
.3" Ol'VRAGES A CONSULTEIÎ
(). Lyon. — Deutsche Grammatik (collection Goschen).
Hehaghel. — Die deutsche Sprache.
FniEDiucH Kluge. — Unser Deutsch (Verlag von Quelle und Meyer;.
Friedrich Seileh. — Die Entwicklung der deutschen Kultur im
Spiegel der deutschen Lehnworts (Halle, 1905».
F. Piquet. — Phonétique allemande.
H. Paul. — Deutsches Wôrterhuch.
Agrégatior) d'l^t)g\z\5
1. La langue et la métrique anglaises au Mo^tîn .Age
(Textes réservés pour l'une des deux versions orales)
1. SwEET. — .Anglo-Saxon Reader :
X.\. Beownlf and Grendel's Mother.
2. Morris. — Spécimens of Earlv English :
Part. I, XVIII : a Moral Ode'.
;L Morris and Skeat. — Spécimens of Earlv English :
Part. II, XVI : Barhour : The Bruce.
II. Le platonisme dans la poésie de la Renaissance anglaise
1. Spenser. — Hymns.
2. Shakespeare. — Sonnets.
li. John Ford. — 'Tis Piti/ She's a Whore.
4. Milton. — Cornus.
III. Du romantisme au réalisme (1845-18551
1. Thackeray. — Vanity Pair (1848).
2. Charles Kingsley. — Alton Locke (1850).
.S. Tennyson. — In Memoriam (1850). — Moud (1855).
4. Robert Browning. — Men and Women (1855) : Love among the
Ruins ; Fra Lippo Lippi ; A Toccata of Galuppi's ; By the
Fireside ; Any Wife to any Husband ; An Epistle of Karshish;
A Sérénade at the Villa ; Childe Roland to the Durk Tower
came ; How il strikes a Contemporary ; The Last Ride Toge-
ther ; Bishop Blougram's Apology ; Andréa del Sarto ; In a
Balcony ; Saul ; Holy-Cross Day ; Two in the Campagna ; A
Grammarian's Funeral ; One Word More.
Certificat Secondaire d'A09laiS (1922)
1. Shakespeare. — Sonnets.
2. Milton. — Cornus.
3. Thackeray. — Vanity Pair.
4. C.H. Kingsley. — Alton Locke.
5. Tennyson. — In Memoriam.
6. Robert Frost. — North of Boston (Hcnrv Holt, New-York i.
428 LES LANGUES MODERNES
Agrégatioi) d'Espagi)ol
A. — Questions et Auteurs
I. — Le Mouvement Littéraire et la Vie Sociale en Espagne
DANS Li seconde MOITIÉ DU XV° SIÈCLE
1. Las Coplas de Mixgo Revulgo.
2. Hernando del Pulgar. — Crônica de los Reyes Catôlicos. (Se-
gunda parte). Les quinze premiers chapitres.
.'$. Amauis de Gaula. — Extraits des livres I et II et chapitres 51
et 02 du livre IV. (Tome 72, Biblioteca Universal;.
4. Blasco Ibanf.z. — La Catedral, cap. VI.
U. — La Vie et l'Œuvre de Lope de Vega, de 1614 a 1635
1. La Filoména, Segunda parte. (Biblioteca de Autores Espanoles,
tome 38, depuis : « Asi cantô la dulce Filoména », p. 486,
Jusqu'à : " Eternas las cenizos de tu fama », p. 492).
2. El desdichado por la honra.
3. La Sieya.
4. Las bizarrius de Beliza. (Acte tercero).
III. La 0 GÉNÉRATION de 98 » ET LES TENTATIVES
pour LE Renouvellement de l'Espagne au début du xx' siècle
(Au point de vue social, universitaire, littéraire, artistique)
1. .ToAQUiN Costa. — Maestros, escuela y patria. Tomo X de ,1a
Bib. Econômica. — Madrid, Bib. Costa, 1916. (Chapitres I, IV,
V, VII, IX, XI, S 1, XII, .? 1, 4, 5 et 6).
2. Francisco Giner de los Rios. — La Universidad espanohi.
(Obras complétas, t. II. — Le chapitre intitulé : Sobre la reur-
gauizacion de los estudios de la Facultad).
3. Miguel de Unamuno y Ancel Ganivet. — El porvenir de Espana.
(Bib. Renacimiento, 1912).
4. AzoRiN. — Castilla.
5. Antonio Machado. — Soledades, galerias y otros poenras.
B. — Auteurs supplémentaires
1. Arcipreste de Hita. — El libro de biien amor. (Edition de
" La Lectura », Madrid. 1913. — Copias 44. 70 et 388-422).
2. Don (Juijote. — Primera parte, cap. 18 y 26.
3. Ramon de la Cruz. — La Petra y la Jiuina.
C. Auteur Latin
CiCEUoN. — Leliiis, XIII-XXIV.
Certificat Secondaire d'Espagnol
1. .Amadis de Gaula. — Extraits des livres I et II et chapitres 51
et .'i2 du livre IV. (Tome 72, Biblioteca Universal).
2. Don Oiuote. — Primera jxirte. caj). 18 y 26.
3. Lope de Vega. — «) El Desdichado por fa hora.
b) La Siega.
4. ItAMÔN DE LA Ckuz. — La Petra y la .huma.
ô. Miguel de Unamuno y Angel Ganivkt. — El parvenir de Espana.
(Bib. Renacimiento, 1912).
6. Blasco Ibanez. — La Calednd, cap. VI.
7. .Azohin. — Castilla.
8. .\ntonio Machado. — Soledades. yalerias y olms peowas.
NOTES KT DOCUMENTS 429
Agrégatioi) d'Itallei)
I. — HisToiiii; ni; la i.iTTKiiATrm-; kt dk la civilisation
1. Ia' l'anidis, de Dante.
2. I.cs Ihi'ories polilif/iies <le l'Elut et du jxiuiyoir. et leurs (ii>iili-
rii lions ( 14()4-ir);^(»).
;{. Le jiroblème de l(i Idnque ilulientie, du W'Il" siècle à IHlô.
1. Fogazzaro.
II. Tkxtks D'KXI'LICVTIONS ouales
HoUACE. — ('.(irminu, I, 2 ; II. 6 ; IV. 2.
Dante. — l'tmtdis, Chants VIII. L\. .XVII.
I^OHENZO \)E\ .Mi;»ic;i. — Seliui // ; Trionfi ; l.iiudi. (Dans It- v<>lu-
im- : I! Poliziaiio, Il Magnifko. t-tc. lui. Bontcnipuiii. Fircnze,
Sansoni, 191(1 ; pagt-s 209-22.'}, 29(1-292, 29f>-;{04i.
G. Savonamola. — Exiruils (.Manuel d'Aïuoiia et IJaci. Tome II,
patres 189-194).
Machiavelli. — Il Principe ; chaj). I à XVII inelus ; eliap. XXI\'
et -X.XVI. Prose filoloqiche (Fircnze, Sansoni, 1908). pages 82 à
102.
.V. Cesahi. — Le Grttzie, 2" jjartie.
CAHDiccr. — Inno a Sntnna ; Hipresu (Gianibi ed lipodi, W ) ;
Aile fonli del Clilunno (Odi barbare) ; Lu Chiesu di l'olenia
(Rime e llitnii)
FoGAzzAHo. — // Sunlo.
Certificat Secoi}daire d'Italieo
Dante. — Paradis, Chants IX et XVII.
Machiavelli. — // Principe, chap. VI à I.X inelus, et X.XVI.
Prose filoUxjiche (Firenze, Sansoni, 1908), pages 82-102.
Cahdlccl — Inno a Salanu ; Ripresa (Giambi ed Epodi, XV) ;
Aile fonli del Clilunno (Odi barbare) ; La Chiesu di Polenlu
(Rime e Ritmit.
FoGAzzAiio. — Piecolo mondo aniico, I, 1 ; II, 8 et 12 ; III, en
entier.
:»:
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trèsorière, 30, rue Chevert,
Paris VII% à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Association : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune; insertions ultérieures à Ofr.50 la ligne.
1. Jeune Française, diplômée, parlant anglais, désire place profes-
seur dans école anglaise. Ecrire à M. L. Roulleux, professeur
d'anglais, Collège de St-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure).
2. Angleterre : A partir de lin septembre, directrice de cours rece-
vrait chez elle jeune F'rançaise. Jolie région, maison moderne près de
la mer. Colf, tennis. Leçons d'anglais. Ecrire : Miss S. K. Butler,
Ormonde House School, Fhorpe \iay, Essex.
3. Bachelier es sciences, élève des Hautes Etudes Commerciales,
désire situation dans maison industrielle ou commerciale en Angle-
terre. Parle l'anglais. Adresse M. Henri Hegnault, chez Mme la
Directrice de l'Ecole de filles, 221, Bd Pereire, Paris, 17^
i. A louer à Quiberon dans villa, appartement meublé, 5 pièces,
4 lits, eau, électricité, \ue sur la mer. De juin à octobre : 1..'500 fr.
S'adressera M. Fleur, 11, rue des \'ierges, à \'annes (Morbihan).
.,"). IVI. L. Duchemin, 15, rue du Delta, Paris, achèterait 1<^' volume
séparément ou les 3 vol. ensemble du dict. latin de Freund, trad.
M. Theil ; il achèterait également Larousse, 8 vol. Envojer offres à
l'adresse ci-dessus.
(i. Français, 18 ans, désirerait plisser 2 mois, à partir du 15 juillet,
pour apprendre l'anglais à la campagne près de Londres, avec vie de
famille et jeunesse. Ecrire Lévy-Schncider, professeur à l'L'niversité,
Lyon.
7. Pour paraître chez Vuibert (sous presse), Aneddoti, racconti e
novelle, par L. (iuichard, professeur au Lycée de Marseille, vol.
illustré par .M. Soigé, avec l'accent tonique indiqué en caractère gras.
Livre de lecture amusant di\isé en cinq parties : 1" Facezie ; 2" Aned-
doti e leggende ; .'5" Novelle ; 4» Novelle di Boccaccio ; ô" Aneddoti su
gli uomini celebri italiani.
Le Gérant : A. C.ouesi.ant.
cAiioHs, iMP. couESLANT (persoiiiu'l iiitcvessc). — 24.644
Dix-neuvième année. — N* 5 Novembre 1921
Les
0(^
Langues Modernes
u^^^îs îixai3or*1:a^ia1:
Le Secrélitire Généra! (H. Sehvajeax, professeur au lycée St-
Louis, 13'J, a\cnue du Maine, XJV) et la Trésorière prient instam-
ment leurs colli'ijnes de leur siynaler leurs changements d'adresse .
(indiquer autant que jjossiblc le domicile personnel), on, s'il y a
lieu, de situation, non seulement afin d'éoiter la perte de la revue,
mais aussi en vue d'établir l'Annuaire de l'Associittion pour 19'2'2.
La Trésorière (^Mlle Ledoix, 30, R. Chevert, Paris 7*) rappelle
aux membres de l'Association qu'un compte-courant de chèques
postaux lui est ouvert sous le n" 131-11 par le bureau de Paris.
Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant de
leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à titre de
reçu le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
Les membres de l'Association qui désirent un reçu sont priés
d'envoyer 0 fr. "25 à la Trésorière en même temps que leur coti-
sation. L'état actuel de notre caisse nous oblige à réduire autant
que possible nos frais de correspondance.
Les Kégionales de Bordeaux, Poitiers. Lille, Aix-^Lirseille,
Ljcn, Clermont-Fcrrand, Nancy, Toulouse sont reconstituées.
Les membres de l'Association qui sont du ressort de chacune de
ces académies, sont priés de bien vouloir envoyer directement
leurs cotisations à leurs trésoriers respectifs, dont la liste est la
suivante :
Poitiers : M. Guv, 15, rue de la Monnaie ;
Aix-Marseille : Mlle Coste, professeur au Lycée Montgrand,
Marseille.
Lyon : M. Rocher, lycée du Parc, Lyon.
Clermont-Ferrand : M. Bouyssy, Ecole supérieure de commerce.
Toulouse : M. Graxger, 7, rue du Japon.
Nancy : M. Petit, professeur à l'E. P. S., 40, rue Michelet.
Lille : M. Brocart, professeur à l'E. P. S., 37, rue Kuhlmann.
30.
432 LES L.\NGUES MODERNES
Délégué de la Régionale de Bordeaux : M. Bloch.
Délégué de la Régionale de Lille : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Lyon : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Marseille : M. d'Hangest.
Délégués de la Régionale de Nancy: MM. Camerlynck, Servajean.
Délégué de la Régionale de Poitiers : M. Gaston Hirtz.
L'abonnement à Modem Languages est désormîiis de 6 shillings.
Les membres de l'Association abonnés à la Remie Germanique
sont informés que le prix de l'abonnement de faveur qui leur est
consenti est porté, à partir du l""^ janvier 1921, à seize francs.
Ils sont priés de verser cette somme, en même temps que leur
cotisation pour 1921, à Mlle Ledocx, trésorière de l'Association.
Ceux qui n'ont pas encore payé leur abonnement pour 1914 ou
1920 voudront bien le faire par la même occasion. Ils sont ins-
tamment priés d'effectuer ces divers paiements dès maintenant.
Depuis le 15 mai, les abonnements à la Revue Germanique et
les cotisations en retard sont perçus par la poste au nom de la
trésorière de l'Association des Professeurs de langues vivantes.
:«:
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Appel du Président
Mes chers Collègues,
Vous savez quelle période critique nous traversons et quelle
lutte il faut soutenir pour la défense de notre discipline.
Les réductions d'horaire, les projets ministériels nous impo-
sent des efforts de propagande et, par suite, des frais supplémen-
taires qui viennent s'ajouter au coût très élevé du Bulletin (tarifs
d'imprimerie, prix du papier, affranchissements postaux le tout
accru dans des proportions formidables». Aussi la situation de
notre trésorerie n'est-elle pas sans inspirer quelque inquiétude
au Bureau.
Nous avons donc décidé de demander à tous les membres de
r.\ssociation de vouloir bien contribuer, par des dons volontai-
res, à la campagne que mène notre groupement dans l'intérêt des
Langues Vivantes.
Nous vous prions de considérer d'ailleurs que la cotisation de
10 fr., — et, pour les membres des régionales, il ne parvient que
8 fr. à la caisse centrale. — ne suffît même pas à couvrir les frais
de publication actuels des Langues Modernes dont chaque n" a une
valeur marchande sui)érieure à 3 francs.
BULLETIN DE l'aSSOCLVTIOX 433
.k- vous prie donc, mes chers Collègues, au nom du Bureau, et
pour les besoins de la cause à laquelle nous nous dévouons
tous, d'adresser à Mlle Ledoux, notre trésorière, les dons que
vous voudrez bien consentir. Les noms des donateurs, sauf avis
contraire de leur part, seront publiés au Bulletin. Aucun chiffre,
bien entendu, n'est fixé. Chacun agit selon sa sonsciencc et en
proportion de ses disponibilités. En tous cas, tous les dons, quels
qu'ils soient, seront accueillis avec reconnaissance.
Je vous remercie d'avance mes chers Collègues, au nom de tous.
Paris, 10 juillet iOlî.
CM. Veillet-Lavallke.
Deuxièni)e liste de souscription
M. Cart. Paris 20 fr.
Mme Michel, Grasse 10 ..
M. Taillandier, Pau Kl „
M. Lallay, St-Léonard 10 ..
^11 le Zarzecka, Carcassonne 20 »
M. Roux, Orléans 10 ..
M. .André, Paris 10 >
.M. Becker, Paris 10 ..
M. Briquelot, Bar-le-Duc 10 ..
M. Lis, Cambrai . . • • 10 ■>
M. Constant, Paris 20 ..
M. France, Valenciennes 5 •>
M. Monguillon, Le Havre 10 »
Mlle Boue, Auch 10 >.
M. .lubien, Niort 5 »
M. Hervé, Niort 5 >
M. Imbert, Niort 5 »
y{. Guyot, Rennes 15 ■>
Mlle Tréglos, Le Dorât 5 ■<
Mlle Perrenoud, St-Germain 20 ■>
M. Miquelard, Carcassonne 20 »
M. Dodanthun, Nevers 10 »
M. Horlaville, Auxerre 5 »
M. Joffroy, Paris 10 ..
Mme Charlier, Thionville • ■ 10 ■>
M. Roudil Paris 20 ..
-M. Peyraube, Nancy . . • • 10 »
M. Bazillon, Sarreguemines 10 »
M. Legouis, Lyon 20 »
M. Dumarchat, Libourne 5 »
M. Joussaume, Angers 10 »
M. Priout, Caen 10 ..
M. Waltz, Lille 10 »
M. Waldner, Amiens 10 »
Mme Violot, Neufchâteau 10 »
M. Aube, St-Etienne 10 »
434 LES LANGUES MODERNES
M. Picot, Chaptal 10
M. Dequaire, X'oltaire 20
M. Piolé (Thionville) 10
M. Rocher, Lyon 10
M. Bourgogne, Paris 20
Mlle Gagnot, Paris .^ 20
M. Gondry, Arras 5
M. Dupré, Paris 20
M. Camerlynck, Paris 20
Anonyme, Poitiers • ■ 20
M. Maillan, Toulon 6
M. Petit. Nancy 5
M. Goret, Talence 5
M. Desclos-Auricoste, Condorcet • • 20
^Ille Bécourt, Paris • 10
Mlle Mazurier, Paris 20
M. Délany, Orléans 20
M. Caillet. St-Germain 10
M. Debailleul, Paris • . . . . . ô
M. Garnier, Paris .■ 20
M. Duméril, Toulouse 10
M. Duméril, Nantes 10
Mlle Mattmann, Amiens 20
Mlle Michel-Briand, Paris 10
Anonyme, Chaumont •')
M. Gourio, Paris 20
Reçu par M. Gourio d'un ami des Langues Vivantes 30
Mlle Calos, Paris 10
]\L Galibert, Toulouse o
M. Procureur, Fontainebleau 5
Assemblée générale. — Convocation du Comité
7HsserT)blée générale
Le Comité a fixé au jeudi 22 décembre, à 2 h. 1/2 précises, lu
date de la réunion de l'Assemblée Générale annuelle prévue par
les statuts de l'Association. — L'assemblée aura lieu au Lycée
Saint-Louis.
Nous espérons que nos collègues se rendront nombreux à l'appel
du Comité.
L'ordre du .jour suivant a été arrêté :
Allocufion du Président.
Rdjijtorl du Secrétaire général.
Rapport de la Trésorière.
Projet de lyndget pour 1922. '
Que.ftion.'i diverses.
BULLETIN DE L'ASSOCLMION 4'A')
Eiectioi) au Con)ité(l)
Nous rappelons qu'en vertu de l'article î) des statuts, le (".Dmité
doit fixer chaque année le nombre des membres à élire dans
tiiaque catégorie de membres actifs, le nombre total des repré-
sentants de chaque catégorie au sein du comité devant rester,
autant que possible, proportionnel au nombre des électeurs
appartenant à cette catégorie. Sont déclarés élus, dans chaque
catégorie, jusqu'à concurrence du nombre préalablement fixé, les
candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix.
(^.onformément aux disjjositions qui précèdent, le nomJ)re des
sièges attribués aux différentes catégories a été fixé comme suit :
Lycées de garçons 8
Collèges de garçons 1
Enseignement secondaire féminin 2
Enseignement primaire, commercial, tecbnitpie . . 2
Total . 13
Notre Association compte en novembre li)'21, environ 1081 mem-
bres actifs qui se i-épartissent ainsi :
Enseignement supérieur '^8
Lycées de garçons 483
Collèges de garçons 148
Enseignement secondaire féminin 18!)
Enseignement primaire, commercial, techiiiciue . . 223
Total 1.081
Les 33 membres du Comité doivent donc se répartir comme
suit :
Enseignement supérieur 1
Lycées de garçons 15
Collèges de garçons 5
Enseignement secondaire féminin . ... 6
Enseignement primaire, commercial, technique . . 6
Total 33
Les membres sortants sont, cette année :
MM. Henri Bloch, Bellec-Duverg^r, GnillolteU Kosziil, Lecigne;
Mile Latappy; M. Lévy-Mis; M. Demolon.
L'assemblée générale doit donc élire :
8 représentants des lycées de garçons.
1 représentant des collèges.
(1) Nous empruntons à M. Milliot-Madéran la note très claire
qu'il a publiée à ce sujet dans le Bulletin de décembre 1914. 11 y a
lieu de pourvoir au remplacement de M. Demolon, élu en 1921,
démissionnaire, détaché à la Société des Nations. D'autre part,
M. Boussagol, nommé professeur à l'Université de Toulouse, rem-
place M. Koszul, membre sortant, comme membre de l'Enseigne-
ment supérieur.
436 LES LANGUES MODERNES
2 meml)res de l'enseignement secondaire féminin.
2 membres de l'enseignement primaire, commercial et technique.
Les collègues dont les noms suivent ont bien voulu consentir à
]30ser leur candidature, M. Bloch rééligible, conformément au
.S 3 de l'article 7 des statuts décline toute candidature.
11 va sans dire que la liste ci-dessus n'est pas limitative et le
président se fera un devoir d'annoncer, dès l'ouverture de l'As-
semblée générale, les candidatures qui se seront produites après
l'impression du présent Bulletin.
Le vote par correspondance est admis. (Voir page II de la cou-
verture).
Nous rappelons que, conformément à nos statuts (article 5,
paragraphe 2), seuls les membres actifs (voir article 4, paragra-
phe 1) ont le droit de prendre part au scrutin.
La prochaine réunion du Comité aura lieu le dimanche 8 jan\ier
à 10 h. 1/4, au lycée St-Louis. Nos collègues sont priés de considé-
rer le présent avis comme tenant lieu de convocation.
Liste des candidats
Lycées de garçons
MM. DuPRÉ, professeur d'anglais au Ij'cée Montaigne, ancien
membre du Comité.
GoDART, professeur d'allemand (P'' supérieure), aux lycées
Louis-le-Grand, Condorcet, Henri-IV, ancien membre du
Comité.
Milliot-Madéran, professeur d'allemand au lycée Louis-le-
Grand, ancien membre du comité.
Varenne, Professeur d'allemand au lycée Condorcet, ancien
membre du Comité.
Denjan, professeur d'espagnol au lycée Condorcet.
Dequairb, professeur d'anglais au lycée Voltaire.
Lemonnier, professeur d'anglais au lycée Rollin
MoREL, professeur d'allemand au lycée Henri-IV.
Raphacl, professeur d'allemand au lycée Lakanal.
RoTH, professeur d'anglais au lycée Rollin.
Collèges de garçons
MM. Ferdinand, professeur d'anglais au collège de Chàlons-sur-
Marne.
Rosier, professeur d'anglais au collège de Ponloise.
Ejiseiynenient secondaire féminin
Mlles Gagnot, professeur d'anglais au lycée Victor-Duruy, ancien
membre du C-omité.
RÉCOURT, professeur d'anglais au lycée Molière.
Mme GuÉRiTOT, professeur d'allemand au lycée Jules-Ferry.
Mlles Maître, professeur d'anglais au lycée Racine.
Mazurier, ])rofesseiir d'anglais au lycée de Sèvres.
Enseignement primaire, commerci<il, technique
M. DucHEMiN, professeur d'anglais à l'école supérieure pratique
(le coinnierce et d'industrie, ancien membre du comité.
BULLETIN DE L'ASSOCLVTION 437
MM. KuHN, professeur d'anghiis à l'ccok' supérieure des Postes
et Télégraphes, ancien membre du Comité.
MoxGUiLLON, professeur d'anglais à l'E. P. S. du Havre,
ancien membre du Comité.
Annb, professeur d'anglais à l'K. P. S. de (jisors, Kure.
Sagot, professeur d'allemand au Collège Chaptal.
Assemblée générale extraordinaire du 6 octobre
L' .Association des professeurs des Langues vivantes de l'ensei-
gnement publie s'est réunie en assemblée extraordinaire, le jeudi
6 octobre 1921, au lycée Saint-Louis.
La séance est ou\'erte à 14 heures 30, sous la présidence de
M. Veillet-Lavallée, président de l'Association.
Excusé : M. Gaston Hirtz, délégué de la Régionale de Poitiers.
Assistent à la séance: M. Peijraiibe, secrétaire de la Régionale
de Nancy ; Mlle Saniia, membre du conseil supérieur de l'Instruc-
tion publique ; Mlle Véroux, secrétaire de la Société des Agrégées.
M. LE PhÉSIDENT, mes CHEHS COELl^XlES,
.Avant de donner la parole à M. Rancès qui va vo4is faire con-
naître les observations adressées à lui par nos collègues de pro-
vince, je tiens à vous dire que si nos chefs, les Inspecteurs géné-
raux, ne sont pas ici, au milieu de nous, aujourd'hui, c'est par un
scrupule délicat de leur part. Ils ont pensé que dans une réunion
comme celle-ci, nous devions exprimer nos idées en toute liberté.
Leur présence, au moment où des discussions et des critiques vont
se produire, aurait pu peut-être gêner les uns ou les autres dans
Texpression libre, spontanée de nos sentiments et de nos opi-
nions. Mais soyez sûrs qu'ils sont avec nous par la pensée et par
le cœur et que, par ailleurs, dans les Commissions où leur voix
se fait entendre, ils ne cessent d'être les ardents et persuasifs
défenseurs des Humanités Modernes.
Ils l'ont bien montré quand il a été question de la réduction
des horaires. Ils ont lutté avec énergie dans la réunion des Ins-
pecteurs généraux et j'en ai eu des échos de la bouche même
d'un de leurs collègues d'un autre enseignement.
A ce moment-là, d'ailleurs, ils ont tenu à savoir quelles obser-
vations les professeurs de Langues vivantes avaient à formuler sur
cette grave question. LTne petite conférence où assistaient M. Ran-
cès et votre président, nous a permis d'examiner les aspects du
problème en contact avec nos chefs.
Deux mots maintenant sur l'activité de l'Association au cours
de ces derniers mois :
Le questionnaire du ministre a été publié au moment des
vacances, à une époque où il était difficile d'organiser une campa-
gne. Rien entendu, aussitôt connue la manifestation de M. Bfunot,
438 LES LANGUES MODERNES
le Burcnu s'y est associé. En outre, nous nous sommes occupés de
tenir une réunion aussitôt après les vacances.
Mais, au début du mois d'août, nous apprenions que le ministre
venait d'envoyer aux membres du Conseil supérieur une lettre
par laquelle il les invitait à lui répondre le plus tôt qu'ils pour-
raient et sans attendre la date extrême du 15 octobre. Cette pré-
cipitation était un peu étrange. Nous avons jugé qu'il y avait
intérêt à faire connaître le point de vue moyen des professeurs
de Langues Vivantes aux membres du Conseil supérieur avant
que ceux-ci eussent formulé une réponse définitive. .\vec la collabo-
ration des membres du Bureau, nous avons donc rédigé une série
d'observations correspondant aux questions posées par le grand
maître de l'Université et nous en avons fait tenir un exemplaire à
chacun des membres du Conseil.
Cette tactique nous avait déjà réussi en d'autres circonstances.
Nous avons jugé prudent de l'employer encore. Nous avons peut-
être anticipé sur les décisions qui seront prises aujourd'hui ;
mais nous avons cru bien faire.
Profitant des loisirs des vacances nous avons continué la cam-
pagne menée en faveur de notre enseignement. Le <i Figaro » du
21 août a publié un interview où j'ai montré au grand public
les mérites des Humanités modernes. Puis, en vue de faire con-
naître au monde des affaires, les mesures dangereuses qui se pré-
parent, nous avons adressé aux Présidents des grands groupements
économiques et à ceux des Chambres de Commerce, une lettre que
je ne vt)us lis pas, de même que je ne vous ai pas lue celle que
nous avons envoyée aux membres du Conseil supérieur, pour ne
pas abuser de vos instants. Vous trouverez ces lettres dans le pro-
chain Bulletin.
Dans le dernier Bulletin, vous avez vu un appel que nous nous
sommes permis d'adresser aux membres de l'Association, pour
leur demander de venir en aide à notre Trésorière.
Sans attendre l'Assemblée générale qui se tient régulièrement à
la fin de l'année, nous remercions les nombreux donateurs qui
ont répondu à notre appel du mois d'août. Les dépenses du Bulle-
tin sont très élevées, celles qu'entraîne nécessairement la propa-
gande viennent s'y ajouter. La situation financière de l'Associa-
tion inquiète notre excellente trésorière. Nous nous sommes donc
décidés à cet appel. Les réponses favorables sont venues, nom-
breuses, et il faut y voir un autre signe réconfortant du bon
esprit corporatif qui règne dans notre groupement, de la vie, de
l'ardeur qui caractérise le monde des professeurs de Langues
Vivantes. Oji l'apprécie en haut lieu et on rend justice à notre
activité que soutient la fierté que nous avons de notre enseigne-
ment.
A ce sujet, je crois répondre au désir de certains, en ajoutant
quelques mots pour dissiper une erreur, ou plutôt une équivoque.
Les adversaires de notre enseignement nous reprocheraient volon-
tiers d'être des barbares : nous attaquons les études classiques,
nous voulons la mort du vieil humanisme. Rien n'est plus faux.
Nous aimons les études classiques pour en avoir nous-mêmes
recueilli le bénéfice, car presque tous nous avons passé par l'eni-
scigiiemeiit secoiulaire et nous avons étudié les langues anciennes.
BULLETIN DE L'ASS0CL\TI0N 439
Il est absuide do nous poser en ennemis du latin et du grec. Mais
nous pensons que là n'est pas l'unique source de la culture.
Nous pourrions donc nous associer de tout cœur à l'ordre du
jour voté par les professeurs de la Faculté des Lettres de Paris :
" La Faculté des Lettres, tout en alTirniant son profond atta-
chement aux éludes qui ont pour objet l'antiquité classique
repousse tout projet rétrograde de réforme de l'enseignement se-
condaire qui aurait pour efl'et de supprimer ou de diminuer les
Humanités Modernes, de leur refuser la siMiction du baccalauréat
et de fermer aux élèves qui en sortent, soit la Faculté des Lettres,
soit d'autres établissements d'Enseignement supérieur. »
Notre sentiment est aussi celui que voulait bien m'exprimer
récemment l'homme émincnt et respecté qu'est M. R. Poincaré,
avec toute l'autorité qui s'attache à son nom et à ses anciennes
fonctions.
Je lui avais communiqué nos lettres aux membres du Conseil
supérieur et aux présidents des Chambres de commerce et grands
groupements économiques et j'espérais avoir, de lui, une décla-
ration. Voici sa réponse, qui est bien faite pour nous donner
satisfaction :
" J'ai lu avec intérêt votre lettre et les pièces que vous
■ m'avez envojées. Je suis un partisan déterminé des études clas-
■ siques. Mais je n'ai jamais pensé qu'elles fussent incompatibles
'< avec le maintien, ni même avec l'extension, de l'enseignement des
• langues vivantes. Je m'étais exi^liqué à ce sujet, dans l'enquête
■ de 1902. Je n'ai pas changé d'avis. Mais je crois qu'il faudrait
renoncer à vouloir constamment alléger les programmes.
" Croyez, etc. <>
Signé : R. Poincaré.
Il y a là une note assez nouvelle et intéressante.
Je donne la parole à AL Rancès, qui va vous exposer les répon-
ses qu'il a reçues de nos collègues de province.
M. Rancès. — Mes chers collègues, j'ai été de ceux qui ont de-
mandé au bureau, avec le plus d'insistance, de provoquer la réu-
nion à laquelle vous assistez aujourd'hui. En effet, je n'ai jamais
senti davantage le poids du mandat que vous m'avez confié, ni le
besoin de partager avec vous ma lourde responsabilité.
J'ai, pour le 15 octobre, à remettre une réponse au question-
naire du Ministre. J'ai voulu, avant tout, vous la communiquer,
afin de pouvoir dire, si vous l'approuvez, que ce n'est pas seule-
ment en mon nom personnel que je parle, mais au nom d'aune
fraction considérable du personnel enseignant des langues vivan-
tes.
C'est pour cette raison également que, par la voix de notre
Bulletin, par celle aussi de la Revue des Langues vivantes, que
M. Camerlynck a bien voulu mettre à ma disposition, j'ai demandé
à tous nos collègues de Paris et de province de me faire connaftre
leur sentiment sur les différents points qu'a soulevés le Ministre.
J'ai reçu très peu de réponses, une vingtaine environ. Je suis
devenu trop sceptique, avec l'âge et l'expérience, pour m'en éton-
ner. Mais je n'en suis que plus reconnaissant à ceux qui ont pris
440 LES LANGUES MODERNES
la peine, au milieu de leurs vacances, de me ti'ausmettre sur tou-
tes ces questions passionnantes leur avis personnel ou celui de
leurs collègues.
J'ai reçu des réponses longues et d'un intérêt extrême de quel-
ques-uns de mes correspondants, parmi lesquels je citerai
MM. Rocher et Robert Vannier, de Lyon, M. Maurice, de Saint-
Etienne, M. Hirtz, de Poitiers et M. Pej-raube, ici présent, aujour-
d'hui, pour représenter la Régionale de Nancy.
Je leur ai fait, à tous, des emprunts très larges, car je n'avais
pas la prétention de trouver moi-même tous les arguments néces-
saires à la défense de notre cause. Et c'est pourquoi, en vous sou-
mettant aujourd'hui le projet de réponse que j'ai préparé et que
je vais vous lire, je vous demande de me dire très franchement
toutes les critiques et observations que ^■ous pourrez trouver à y
faire : ce n'est pas uniquement votre approbation que je suis
venu solliciter, ce sont surtout vos conseils. Considérez seulement
qu'une lettre adressée au Ministre, mais que j'écris surtout pour
tenter d'éclairer mes collègues du Conseil supérieur, ne peut pas
contenir tous les arguments que l'on puisse présenter sur un
sujet aussi vaste. J'ai donc essayé de choisir les plus topiques et
les plus convaincants, réservant les autres pour la discussion
devant le Conseil supérieur, où il faudra les produire avec abon-
dance.
Vous verrez que j'ai systématiquement laissé de côté, quoique
je continue de penser à cet égard, le point de vue politique de la
question. J'ai estimé que, représentant des professeurs des lan-
gues vivantes, je devais exclusivement m'appuycr sur des argu-
ments pédagogiques. Parmi ceux-là, il est probable, encore une
fois, que vous ne découvrirez pas tous ceux auxquels vous avez
songé vous-mêmes. Mais vous êtes ici pour me les dire et je vous
assure que j'en ferai mon profit.
Donc, c'est un projet que je vous soumets. J'ai voulu néan-
moins le faire aussi complet que possible, afin que vous ayez
une idée précise de ce que je pense avec la majorité des collègues
qui ont répondu avec moi (1).
M. le président. — Mes chers collègues, vous avez entendu
l'exposé de M. Rancès, sa réponse au ministre, nourrie de solides
arguments et de raisons convaincantes. Je vous appelle mainte-
nant à présenter vos observations.
M. Peyrniihe. — Sur la quesiton n" 1, il n'y a pas, comme
on semble le croire, unanimité absolue. J'ai entendu, à Nancy,
faire des réserves sérieuses, notamment par M. Juliot, qui pré-
tend que le système qui consiste à reprendre des notions déjà
vues une fois est très défendable au point de vue pédagogique, et
fournit encore de bons résultats. Cette question me paraît se-
condaire, mais, comme délégué de Nancy, je dois vous faire ])art
de cette protestation.
(1) Nos collègues pourront lire plus loin dans le Bulletin, sous sa
l'orme définitive la réponse de M. Rancès à M. le Ministre de l'ins-
tiuction publique.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 441
M. Raiiccs. — C'est la seule opinion en faveur du maintien des
deux cycles que j'aie jamais entendu formuler. Vous m'avez enten-
du dire qu'il eût été intéressant, de constituer solidement cet
enseifjnement de trois années. C'est renseignement court qu'avait
jadis voulu Duruy, et Liard bien après lui ; on peut s'incliner
devant les conceptions d'bommes de cet ordre.
Mais je dis qu'en fait, jamais on n'a appliqué, dans aucun
lycée à ma connaissance, le système du cycle court. Peut-être
n'a-t-on pas fait ce qu'il fallait pf)ur en montrer les avantages
aux parents. Ce n'était pas l'intérêt des chefs d'établissement de
ne garder des élèves dans leur maison que pendant trois ans ;
ils ne pouvaient donc, par définition, prôner cet enseignement.
Peut-être, tout simplement, n'a-t-il pas plu aux familles, qui ne
choisissent l'enseignement secondaire que parce qu'il assure des
études prolongées ? (juoi qu'il en soit, je répète que c'est la pre-
mière fois que j'entends soutenir l'opinion transmise jjar M. Pey-
raube, si intéressante qu'elle puisse être.
M. D^sdos. — M. Rancès a dit tout à l'heure qu'il ne pensait
j)as qu'il soit à propos, dans sa réponse, d'évoquer la question
jjolitique. Je suis de son avis, mais il me semble que, si nous
devons nous tenir à l'écart de la question de politique intérieure,
il serait peut-être judicieux de soulever celle de politique exté-
rieure.
En effet, notre situation actuelle — M. Rancès l'a fait ressor-
tir dans sa réponse — est telle que notre vie nationale est inti-
mement liée à la vie de tous les peuples qui nous entourent. Nous
sommes de plus en plus amenés par les circonstances à nous trou-
ver en contact avec eux et à débattre des questions qui nous inté-
ressent au premier chef. Les manifestations de la vie internatio-
nale se multiplient. La Société des Nations prend une activité
beaucoup plus considérable, on vient de créer la cour permanente
de. justice internationale. A chaque instant, nous voyons se tenir
des conférences entre les premiers ministres. — M. Camerlynck
en sait quelque chose. Bientôt, nos dirigeants vont aller à
Washington discuter des questions vitales pour la nation.
Or, quand on a, par hasard, assisté à quelques-unes de ces
assises, on constate ce fait curieux que les représentants des
autres nations savent tous au moins une langue étrangère, tan-
dis que les représentants chargés des intérêts français s'en tien-
nent à la connaissance pure et simple du français. C'est une situa-
tion d'infériorité manifeste.
Les pays étrangers se rendent parfaitement compte de la force
que donne la connaissance d'une langue étrangère et, ce qui est
encore bien plus important, la connaissance de l'esprit étranger.
On voit, aussi bien en Allemagne qu'en Angleterre, comme le dit
M. Rancès, les autorités scolaires développer de plus en plus l'en-
seignement des langues vivantes. .J'ai eu l'occasion, à l'assemblée
de Genève, de poser la question à des collègues des facultés de
droit, à des juristes internationaux. Je leur ai demandé s'ils
estimaient que, dans la réforme de l'enseignement secondaire
projetée, il serait sage de diminuer la part des langues vivantes.
Tous m'ont répondu que l'intérêt national exigeait non seule-
ment le maintien, mais peut-être le développement de l'ensei-
442 LES LANGUES MODERNES
gnement des langues vivantes. Ils m'ont dit qu'ils étaient prêts à
signer une opinion dans ce sens et qu'ils pensent que leurs col-
lègues, les autres professeurs de droit international — on m'a
cité les noms de MM. Larnaudé, de Lapradelle, Weiss, parmi beau-
coup d'autres — seraient tout disposés à signer une opinion
défendant le maintien et même l'extension de l'enseignement des
langues vivantes, au nom des intérêts français au point de vue
international. Je tiens une liste de noms à la disposition du
bureau.
M. Servajean. — Provoquez cette consultation.
M. Camerlynck. — M. Desclos, à Genève, m'a fait part de cette
idée. Nous allons, si vous nous y autorisez, agir plus avant dans
ce sens. J'ai vu M. de Lapradelle, qui m'a dit qu'il était tout prêt
à nous envoyer une lettre, dont il m'a indiqué la teneur d'avance,
pour appuyer notre action en faveur de l'extension de l'enseigne-
ment des langues vivantes.
Il y a un mouvement à déclancher. Nous pouvons demander à
M. Desclos d'agir à Genève et si, de notre côté, chacun de nous
pouvait découvrir une veine à exploiter, dans cet ordre d'idées,
nous arriverions certainement à un ensemble très impressionnant
de témoignages et d'appuis.
M. le président. — Il va sans dire que, si le bureau peut faire
cjuelque chose dans ce sens, il sera très heureux de le faire.
.1/. Desclos. — Il me semble qu'on pourrait en faire cas dans la
discussion qui aura lieu devant le Conseil supérieur.
M. Rancès. — Fournissez-moi le plus grand nombre d'arguments
de cette nature et, lorsque le moment en sera venu j'en ferai le
plus grand usage.
Il y a intérêt à ce que nous ayons les signatures de professeurs
de droit international et il n'y a pas de raison pour ne pas citer
leur opinion.
M. Desclos. — La question à poser est très simple : (Convient-il
que la part des langues vivantes soit diminuée ? En limitant la
question à ce seul objet, je suis certain que nous obtiendrons des
réponses favorables d'une quarantaine de professeurs de droit
international.
M. Rancès. — L'intervention de M. Desclos nous ramène à la
question majeure. Il s'agit, en effet, de savoir si nous devons, nous,
les professeurs de langiics vivantes, nous préoccuper exclusive-
ment, dans les débats qui viendront devant le Conseil supérieur,
de l'intérêt de notre discipline ou si nous devons considérer la
question des langues vivantes comme une position de repli et
faire bloc d'abord sur celle des humanités modernes.
Pour ma part, c'est ainsi que j'ai vu la quesiton et que j'ai
essayé de la développer.
Je ne reviens pas sur les arguments que j'ai présentés. Mais
vous me permettrez, puisque nous sommes entre nous, d'y ajou-
ter celui-ci, qui a tout de même son importance : s'il n'existe dans
les lycées et collèges qu'un seul enseignement, celui des humani-
tés classiques, quoi qu'on fasse, nous serons les sacrifiés de l'en-
seignement secondaire, et nous perdrons toute notre situation
morale, si péniblement conquise. 11 faut, pour que nous conti-
BULLETIN Di; L'ASSOCIATION 443
unions à \i\re coninie nous avons vccii depuis 1902, qu'il y ait
un enseignement par les humanités modernes.
Pour ce motif autant que pour les autres, je crois que notre
vraie position de combat est celle des humanités modernes. Si
nous sommes battus sur ce terrain, nous pourrons reporter la
bataille sur li question des langues vivantes et sur la part qu'il
convient de leur laisser, même dans renseignement par les huma-
nités classiques.
C'est sur ce |)rincipc que je ^•ous demanderai de vous prononcer
tout d'abord. Il s'agit de savoir si je de\rai, comnie j'ai essayé de
le faire dans ma réponse, avant tout, insister sur la question des
humanités modernes, — sans oublier, bien entendu, de faire dans
celles-ci la part qui convient aux langues vivantes — ou si, au
contraire je dois m'occuper exclusivement de la défense de notre
discipline, je crois que cette dernière méthode serait une erreur
de tactique, qui ruinerait l'intervention de votre délégué dans la
discussion devant le Conseil supérieur.
.1/. Hilleret. — Permettez-moi d'abord d'exprimer un regret, c'est
que le rapport de M. Hancès qui exprime notre opinion à tous,
nous ait été communiqué oralement et non par écrit.
S'il m'est permis de formuler quelques critiques, je dirai en
particulier qu'il m'est apparu que les arguments de M. Rancès
ont été en force grandissante. Le premier, l'attaque contre le latin,
en montrant un enfant incapable de suivre, entraîné dans une
classe dont il ne tire aucun bénéfice, ne m'a pas semblé être une
belle arme. C'est au contraire une arme qui peut se retourner
dangereusement dans la main de celui qui s'en sert.
D'autre part, M. Rancès a invoqué l'autorité toute puissante du
père de famille qui (parole très dangereuse selon moi) doit, à
tort ou à raison, pouvoir maintenir son fils dans un enseigne-
ment dont il ne peut tirer aucun profit et où, au contraire, il
encombre la classe.
Il y a encore une autre ombre au tableau. Dans le morceau
sur la pédagogie féminine, il me semble que la question des lan-
gues est un ])eu dans l'ombre et cède le pas à des considérations,
d'ailleurs très importantes, que notre représentant a développées
en termes d'ailleurs très éloquents.
^J. Rancès. — .Je répondrai d'abord à notre collègue Hilleret,
pour le mettre tout à fait à l'aise, que j'ai sollicité les critiques.
Non seulement je ne m'en formalise pas, mais je suis enchanté
qu'on m'en fasse.
Si j'ai d'abord parlé de cet enseignement du latin à toute une
catégorie d'enfants qui ne sont ni aptes, ni enclins à le recevoir,
c'est parce que l'ordre même des questions posées par le ministre
m'y invitait ; et puis, pour défendre ensuite l'enseignement par les
humanités modernes, il fallait bien considérer, en premier lieu,
son recrutement éventuel. Enfin, je suis de ceux qui croient — et
vous me direz si tel n'est pas votre sentiment — que la diversité
des enseignements doit correspondre à la diversité des intelli-
gences et des capacités. J'ajoute qu'un enseignement classique qui
peut être abandonné au bout de trois ans n'est qu'une duperie
pour ceux qui le reçoivent sans avoir l'intention de le continuer.
Voyez ce qui se passe déjà à l'heure actuelle : prenez une classe
444 LES LANGUES MODERNES
de Quatrième A, qui a fait deux ans de Latin et qui va commen-
cer le Grec ; tout le monde, bien entendu, suit de bon gré cet
enseignement classique, avec l'intention de le prolonger jusqu'à
la fin du second cycle. Il semblerait donc qu'une pareille classe
dût constituer un tout bien homogène, une masse compacte d'en-
fants également entraînés. La vérité, vous ne l'ignorez pas, est
tout autre. Que serait-ce donc dans une classe où une partie des
élèves ne ferait du Latin que par force, avec l'intention bien dé-
terminée de passer dans la section moderne dès qu'ils pourront
s'évader ?
En ce qui touche à la liberté du père de famille, je n'ignore
pas les objections que pourront me présenter les partisans de
ï'ctatisme intégral. Argument de sentiment, diront-ils, qui n'a pas
de place dans une discussion de cette nature. Pour ma part, je
considère qu'un homme qui met son fils au Lycée parce qu'il
croit à la vertu de l'enseignement secondaire, ne doit pas être
contraint de voir son enfant subir un enseignement dont dès à
présent il ne conçoit pas l'utilité, et qui l'empêchera de consacrer
des heures précieuses à des études qu'il estime indispensables.
Au reste, dites-moi que cette opinion n'est pas celle de la majo-
rité de cette assemblée, et je n'en ferai pas état.
Je n'ai rien dit. en effet, de l'enseignement des langues vivantes
dans les établissements de jeunes filles. Mais n'oubliez pas que
sur ce point, et c'est le seul, il y a identité absolue entre les mé-
thodes et les programmes masculins et féminins. Nos filles ont
seulement, dans l'ensemble du plan d'études, quelques heures de
moins que leurs frères. Mais, par ailleurs, je cherche en vain
quelque différence.
M. Hilleret. — Permettez-moi d'ajouter un mot. 11 est bien cer-
tain que la discussion au Conseil supérieur va s'engager sur ce
point capital de l'importance qu'on veut donner à ce qu'on appelle
le professeur principal. Il aurait donc fallu défendre notre posi-
tion et montrer notre rôle à partir de 1902, montrer quelle fai-
ble part cet enseignement principal a fait aux autres disciplines.
M. Ranccs. — Tout cela est exact en soi ; mais le Ministre ne
nous a pas consultés sur la question du professeur principal. Je
me suis borné à répondre au questionnaire du Ministre.
Si la question du professeur principal vient dans la discus-
sion devant le Conseil supérieur — et elle y viendra sans doute,
parce que c'est une des questions que nos adversaires traitent
avec le plus d'abondance — je ne manquerai pas de présenter
avec d'autres encore les objections que vous venez de fournir,
qui sont justes et qui sont au fond de ma pensée.
M. Cari. — Il me semble qu'il y a une double question.
Sans aucun doute, on instituera l'enseignement classique et je
suppose qu'à ce moment, le ministre déclarera qu'il aime beau-
coup Us langues vivantes, et que, dans cet enseignement classique,
les langues vivantes doivent avoir un rôle important. Puis,
quand on arrivera à discuter l'horaire, on s'apercevra que ce
rôle important se bornera i)eut-ètre à une heure et demie ou deux
par semaine, c'est-à-dire ce que nous avions il y a une trentaine
d'années.
BULLETIN DE L ASSOCIATION ll.>
M. Kanri's. — Nous n'avons jamais eu le moindre doute à cet
égard.
.1/. Cart. — Nous aurons d'un côté un enseignement classique
où les langues vivantes seront suffisamment représentées, dira-t-on,
puisqu'elles auront deux heures. C'est encore l'argument que
donne M. Blum dans ses articles si bienveillants de la Reinie de
Paris, où il nous traite de personnel inférieur, incai)able d'ensei-
gner autre chose que de l'allemand ou de l'anglais, que nous savons
médiocrement, et qui permet à peu près de se tirer d'affaire
quand on a traversé une frontière.
Donc, dans cet enseignement classique, nous ne pouvons pas
espérer qu'on nous laisse beaucoup d'heures. J'irai même beaucoup
plus loin, je poserai la question sous lu forme suivante :
Vous voulez faire un enseignement classique, soit. Vous voulez
y réduire l'enseignement des langues vivantes, c'est entendu. Si
même vous estimez que cet enseignement classique n'a pas besoin
des langues vivantes, supprimez-les. Mais à la condition, c'est
qu'à côté, vous créerez un enseignement d'humanités modernes
où le professeur de langues vivantes jouera un rôle très important,
et sera même au besoin professeur de français, enseignement qui
conduira aux mêmes sanctions que l'enseignement classique. Je
r.'ose pas citer un hcée que je connais bien. M. Blum a bien voulu
y faire allusion dans son dernier article, avec d'ailleurs un man-
que de précision extrême — je ne crois pas que M. Blum ait fait
beaucoup d'allemand ou d'anglais, cela ne l'empêche pas de man-
quer de précision — . Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est de la
mauvaise foi. Il a fait, dis-je, allusion à cet essai tenté il y a
vingt ans et qui avait fort bien réussi. Il l'a fait en ces termes :
" On a confié à un professeur d'allemand... •>
(Je veux bien croire que c'était à moi, puisque j'ai été le pre-
mier ; mais ce professeur s'est multiplié, car nous avons été
une vingtaine à faire cet essai».
(1 l'enseignement du français. Cet essai n'a pas été continué. »
Et c'est tout.
Il faut maintenir cette idée qu'avec les études que nous avons
faites, nous sommes capables d'enseigner non seulement une lan-
gue vivante, mais le français, de devenir le professeur principal
d'une classe et que nous arriverons à des résultats sûrement équi-
valents à ceux des autres professeurs.
M. le président. — Je demande à M. Cart de rédiger une motion,
afin que nous puissions voter sur un texte précis. Pendant ce
temps, je donne la parole à M. Renard.
M. Renard. — J'approuve M. Rancès pour la position qu'il a
prise ; mais je lui demande de préciser la situation de la section
dite de latin B, car il faut que la position que nous avons dans
cette section soit maintenue.
M. Rancès. — Jamais, veuillez le croire, je n'ai pensé à
lâcher la section B, comme le font à l'envi nos collègues des dis-
ciplines anciennes.
Si l'on avait, là encore, fait l'essai loyal que demandaient ces
])rogrammes de 1902, dont nous n'avons jamais vu que la cari-
cature, on aurait obtenu dans la section B d'aussi bons résul-
tats qu'ailleurs. Mais vous avez tous assisté à des réunions de
446 LES LANGUES MODERNES
professeurs, vous savez que pour nos collègues des autres discipli-
nes, soutenus par des administrations complices, elle n'a jamais
été considérée que comme le refuge des laissés-pour-compte des
sections A et C. Jamais on ne lui a donné ce que les Anglais appel-
lent « a fair chance », je veux dire l'occasion de vivre et de se
développer au soleil.
Soyez c^onc certains que. lorsque le moment sera venu, je défen-
drai cette section B, que je crois parfaitement viable ; mais je
ne pouvais pas l'introduire dans cette histoire des humanités mo-
dernes, où elle n'a que faire, puisque c'est au premier chef une
section latine. Voilà pourquoi j'ai surtout parlé de la section D.
pour l'opposer aux trois autres sections avec latin dont deux,
tout au moins ont eu, avec des succès divers, toutes les faveurs et
les encouragements de l'Administration.
.V. Garnier. — Je vous demande pardon de revenir en arrière.
Un de nos collègues, tout à l'heure, a eu une idée excellente de
donner à M. Rancès l'occasion de s'expliquer un peu plus lon-
guement sur la question des élèves incapables de profiter de l'en-
seignement qu'ils reçoivent. Mais, ce qui m'a surpris dans la belle
réponse de M. Rancès, c'est qu'il n'a pas été jusqu'au bout et n'a
pas montré à quoi tenait cette incapacité de certains élèves. Elle
vient du manque d'articulation entre l'enseignement primaire
et l'enseignement secondaire et c'est là le vice principal du pro-
jet ministériel.
M. Rancès. — Notre collègue Garnier vient de soulever une
question d'un intérêt capital. Je sais qu'au Conseil supérieur,
certains de mes collègues poseront la question préalable, et
demanderont à l'Assemblée de se prononcer sur un point qu'ils
estiment capital : peut-on songer à une réforme nouvelle de
l'enseignement secondaire sans régler en même temps ses rapports
avec le primaire et le supérieur ? C'est en somme, toute la ques-
tion de l'éducation nationale qui se trouvera posée, et il importe
qu'elle le soit. Pour ma part, si, au lieu de réponses précises à
des questions bien limitées, c'était notre opinion sur la réforme
de l'enseignement secondaire qu'en termes plus généraux le Mi-
nistre nous avait demandée, c'est dans ce sens que j'aurais
répondu. Mais, quoi qu'on fasse, dès qu'en ce pays on commence
à parler de l'enseignement primaire, c'est la question politique
qui se pose dans toute son acuité ; or, je vous ai dit en commen-
çant que j'avais, de propos délibéré, laissé de côté dans ma réponse
l'argument politique qui, pour certains, domine tous les autres. -
Et ici, je suis heureux de trouver l'occasion de ni'expliquer sur
un point qui a son importance. Certains m'ont blâmé, tandis que
d'autres me louaient, d'avoir signé le premier manifeste Brunot.
que vous avez reçu par les soins de notre secrétaire général. Je
l'ai signé d'abord parce que je le croyais juste non pas, croyez-le
bien, que j'attribue au latin une vertu réactionnaire : en 1850, le
latin était républicain et suspect de socialisme, tandis que depuis
1912, il est de mode d'attaquer la République au nom des Huma-
nités. Mais j'estime que c'est faire œuvre de réaction que de vou-
loir nous ramener, en 1921, aux programmes de 1840. Je l'ai
signé surtout parce qu'il, me paraissait propre à susciter des pas-
sions, et i)ar conséquent, à remuer bien des indifférences. Sur ce
BULLETIN DE L'ASS0CL\TI0N 447
point, je ne nie suis pas trompé, et je déclare tout net que s'il
fallait recommencer, je recommencerais.
M le président. — J'ai reçu de M. Cart le texte de sa motion,
qui est ainsi conçue :
" Les professeurs de langues vivantes demandent qu'un ensei-
gnement d'humanités modernes, fondé sur le français et les lan-
^^ues modernes, soit étal>U à côté de l'enseignement classique,
avec des sanctions égales. »
M. Godurt. — Je propose de supprimer d;ins la formule de réso-
lution mise en discussion les mots " fondé sur le Français ••. Il
convient d'adopter une rédaction aussi large que possible et qui
laisse à M. Rancès toute liberté de manœuvre. C'est sur le ter-
rain de la réforme de 1902 qu'il s'est heureusement placé ; c'est
là que son action pourra se déployer le plus utilement. Cette
réforme a été, quoi qu'en pensent ses adversaires, un effort réflé-
chi, cohérent, ingénieux : elle eût certainement vécu, si elle ne
s'était heurtée à tant de mauvaise volonté et, souvent, de ni.iu-
Aaise foi. Est-elle définitivement condamnée '? Et devons-nous
renoncer à la mettre au point, ezi en corrigeant les malfaçons '?
un travail de retouche, de redressements partiels vaudrait mieux
à coup sur que la réforme timide et réactionnaire dont nous sui-
\()ns l'élaboration hâtive dans la confusion des consultations de
toute sorte.
Notre préoccupation essentielle doit être de sauver l'enseigne-
ment d'humanités modernes que cette réforme avait institué.
11 eût réussi, si l'on s'était préoccupé, au fur et à mesure de
l'expérience, d'opérer les corrections nécessaires. Nous sommes
tous d'accord sur ce point. Où notre accord cesse peut-être, c'est
sur la possibilité de concilier cet enseignement moderne avec une
certaine dose d'études anciennes. M. Rancès constatait tout à
l'heure avec raison que la réforme de 1902 avait eu le tort de
>éparer de façon trop absolue la formation littéraire et scienti-
fique. 11 ne faudrait pas donner dans une erreur analogue qui
consisterait à opposer avec la même étroitesse la culture moderne
(.t la culture classique et à isoler le présent du passé. Entre les
classiques à outrance qui ne peuvent concevoir l'enseignement
Nccondaire sans l'étude généralisée du latin et du grec et les mo-
dernistes intransigeants qui ne peuvent imaginer d'enseignement
moderne sans l'élimination absolue du latin, nous sommes un
certain nombre de réformistes à penser que la culture moderne
peut fort bien s'accommoder d'une certaine imprégnation de cul-
ture classique et qui souhaitent de garder, à côté d'un enseigne-
ment moderne exclusivement fondé sur l'étnde du Français, un
autre enseignement moderne d'où le latin ne serait pas complète-
ment exclu. C'est cette conciliation que la section B avait tenté
de réaliser. Si l'on n'a pas du premier coup trouvé la formule
définitive, ce n'est pas une raison pour renoncer à trouver une
combinaison mieux équilibrée et plus souple. Nous sommes prêts
à tenter de nouveau l'expérience.
C'est à ce sauvetage qu'il importe avant tout de travailler. Notre
représentant va donc se trouver devant une double tâche : d'une
part, la mise au point, au moyen des réfections nécessaires, de
l'enseignement franco-moderne, auquel nous voulons" voir garan-
31.
448 LES LANGUES MODERNES
tir les mêmes droits qu'à l'enseignement classique. Si l'on ne
réussissait pas à le faire vivre, ce serait à désespérer de tout
notre enseignement secondaire. D'autre part, la reconstitution
d'un enseignement latin-moderne qui maintiendrait à côté de la
culture classique, bornée au latin, l'étude de deux langues moder-
nes. La seconde langue moderne a été la conquête essentielle de
1902 : le questionnaire ministériel la supprime d'un trait de
plume. Nous en réclamons le maintien. 11 est à craindre que le
(.onseil supérieur, dans sa composition actuelle, ne se montre
guère disposé à entreprendre le renflouement de la section B, dont
nous souhaitons avec M. Varenne la reconstitution, et à la rendre
viable en lui assurant un enseignement scientifique plus développé
et en allongeant, vers la base, l'enseignement de la seconde lan-
gue, abordé dès la 4'' ou la 3% ce qui allégerait les classes finaîos
de l'apprentissage purement verbal. Mais la question doit être
posée. Et si le conseil s'inquiète de cette multiplicité de sections
et se montre réfractaire à cette ancienne trifurcation à laquelle
on se trouve naturellement ramené, dès qu'on essaie d'imaginer
un système exactement adapté à la diversité des besoins, des
aptitudes et des curiosités, pourquoi ne tenterait-on pas, si nos
collègues scientifiques voulaient bien consentir avec nous aux
réductions nécessaires, la fusion des sections B et G dans une
section unique qui juxtaposerait à l'étude du latin celle des
sciences et de deux langues modernes et réaliserait dans le sys-
tème classique une combinaison moderne. Mais ce sont là ques-
tions d'organisation dont la discussion d'aujourd'hui ne doit pas
s'encombrer. L'essentiel est qu'elle ait dégagé notre plein accord
sur la direction générale de notre défensive.
Je demande qu'on n'enferme pas M. Rancès dans une formule
trop étroite et rigide et qu'on s'en remette à lui du soin de soute-
nir, en toute liberté et au mieux des intérêts de notre enseigne-
ment qui pourront l'amener, le cas échéant, à adopter une tac-
tique de transaction et de conciliation, la cause de la culture mo-
derne, dans son sens le plus large.
Je poserai en terminant une question à M. Rancès : dans quel
sens peut-on prévoir que le Conseil supérieur se prononcera ?
M. Rancès. — Sur l'ensemble des questions que M. Ciodart a
soulevées, il sait que je suis d'accord avec lui. J'ai assez marqué,
dans mon projet de lettre, mes sentiments pour la réforme de
1902, pour qu'il soit assuré que je la défendrai jusqu'au bout.
M. Godart m'a posé en outre une question délicate, à Jaquclle
vraiment il m'est difficile de donner une réponse précise : dans
([uel sens peut-on prévoir que le Conseil supérieur se prononcera?
Tous ceux qui ont l'expérience du Conseil vous diront qu'il y a
un certain nombre de membres, et non des moindres, dont on ne
connaît l'opinion qu'au moment où ils lèvent la main ])our expri-
mer leur vote. Ceux-là ne ré|)ondront sans doute pas au question-
naire du Ministre. Non pas qu'ils ne soient pas sensibles à un
argument adroitement présenté au bon moment ; mais ils atten-
flent à la dernière seconde, jiour se prononcer en connaissance de
cause. Ce sont eux qui font la majorité et il faudrait être devin
pour savoir en quel sens ils se prononceront. D'autres membres
(jiit déjà i)ris parti. Les délégués de ri'>nseignement supérieur
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 449
seront divisés : il n'en est guère, cependant, qui approuveront, en
son intégralité, le projet ministériel. Les délégués du Primaire
voteront, en majorité, avec nous, mais les représentants du Pri-
maire supérieur voteront pour renseignement unique à la base,
avec du Latin. Déjà, dans leur presse spéciale, une campagne très
nette se dessine en ce sens ; vous pensez bien que si l'enseigne-
ment sans latin disparait des Lycées, c'est dans les K. P. S., sinon
dans les écoles libres, qu'il se réfugiera. Kt comme ailleurs, on
sait agir, vous verrez bientôt, à défaut du baccalauréat, un titre
quelconque ouvrir à tous les élèves de renseignement primaire
supérieur, l'accès des grandes écoles et des Universités. Et je ne
dis pas que, par définition, ce soit un mal, mais seulement que
c'est l'agonie de l'enseignement secondaire qui commencerait.
Quant aux délégués du secondaire, vous savez qu'ils sont qua-
tre à former, dans notre sens, un bloc qui ne se désagrégera pas.
Parmi les autres, le délégué des Lettres veut d'un enseignement
unique à la base, avec latin, bien entendu, mais il n'admet pas la
disparité de sanctions entre le baccalauréat classique et le mo-
derne ; le représentant des agrégés d'Histoire nous a dit, tout au
contraire, qu'il réclame le maintien de l'enseignement sans latin
en 6'", 5" et 4"', mais qu'il n'admet pas qu'on puisse faire du Droit
ou de la Médecine sans être pourvu du baccalauréat classique !
Vous voyez donc à quel point l'opinion est partagée. S'il me
fallait formuler un pronostic timide, je dirai que l'obligation de
deux ou trois années de latin à la base sera probablement sanc-
tionnée, mais qu'il se formera une majorité pour ne pas admettre
une disparité de sanctions entre les baccalauréats classique et
moderne. Or, c'est le point essentiel, et comme le nœud de toute la
réforme projetée.
En ce qui me concerne, devant cet inconnu, je me propose de sou-
tenir avec insistance, et avec toute ma foi, que par la culture
moderne, par l'enseignement du Français, de deux langues
vivantes, et des sciences mathématiques et physiques en leurs
Ijrincipes les plus généraux, on peut former des esprits aussi
lucides, aussi vigoureux, aussi utiles à la patrie que par les huma-
nités classiques. Et si nous triomphons, ce sera, je vous l'assure,
une belle victoire. Faisons bloc là-dessus. Evidemment, il faut
être préparé à d'autres batailles et prévoir des positions de repli.
Mais je vous demande instamment de ne pas compliquer, en lui
imposant des directives sur des points de détail, tous intéressants
en soi, mais qui ne seront discutés qu'accessoirement, la lourde
tâche de votre représentant, qui a grand besoin de tout votre
appui.
.1/. le président. — Je donne la parole à Mlle A'^éroux, secrétaire
de la Société des Agrégées à laquelle je souhaite la bienvenue par-
mi nous et que je remercie d'avoir bien voulu répondre à notre
appel.
Mlle Véroiix. — Je m'excuse d'autant plus de prendre la parole
qu'une collègue des langues vivantes serait plus qualifiée que
moi, à la fois comme professeur de langues vivantes et comme
membre de l'enseignement féminin. Je remercie d'autant plus
M, le président d'avoir bien voulu me prier de venir ici défendre
notre cause. Je dois dire que la très belle lettre de M. Rancès au
450 UiS LANGUES MODERNES
Ministre m'inspire, qnant à l'enseignement féminin, de très vives
inquiétudes.
Tout d'abord, M. Rancès reconnaît que la question est posée
maintenant et il se demande comment il se fait qu'elle le soit.
Elle l'est parce que nous avons fait du bruit pour qu'elle le soit.
M. Rancès. — J'ai dit que je regrette qu'elle soit posée au
moment où vous n'êtes pas représentées. Mais j'ai dit que c'est
la question la plus urgente qui puisse être traitée et voilà pour-
quoi j'ai accepté de la traiter.
Mlle Véroux. — Cette question est déjà venue en 1917, en com-
mission extraparlementaire. Elle a été enterrée. Si elle n'est pas
résolue cette fois-ci, elle ne le sera jamais et nous resterons dans
un stdtii qiio où nous pensons ne pas pouvoir rester.
M. Rancès a dit de très belles choses sur l'enseignement fémi-
nin : il nous a peintes sous des couleurs telles que nous ne pou-
vons pas nous reconnaître. Il a conclu que le jour où les femmes
prépareront leurs élèves au baccalauréat, non plus comme elles le
font maintenant, mais un peu moins mal. en prenant les pro-
grammes de l'enseignement masculin, elles feront des personnes
qui mangent du manuel, elles feront des pédantes. Cela ressort
très nettement de votre lettre, Monsieur Rancès, vous avez l'inquié-
tude que nous ne formions plus, à supposer que nous nous les
formions déjà, ni des épouses, ni des nières, ni des cuisinières.
Or, nous en formerons encore, en même temps, peut-être, que des
femmes à l'esprit fin, à l'esprit aimable.
Mais il faut que nous sortions de la situation incohérente où
nous sommes. Vous reconnaissez vous-même que les femmes ont à
se faire une place par le travail. Vous dites que cela cessera un
jour. Je n'en sais rien, et nous n'avons pas à nous demander ce
qui sera ou ne sera pas ; il nous faut regarder ce qui est.
A l'heure qu'il est, lorsque nous travaillons modestement et
lorsque nous prenons des grades ou des titres, nous voyons tou-
jours devant nous des portes fermées. C'est intolérable. Je n€
parle pas pour moi, mais pour nos élèves et c'est ce qui me donne
l'audace de jjarler devant vous.
Je vous en prie, n'agitez pas devant le Conseil supérieur cet
épouvantail de la femme pédante ou moins bien formée par les
méthodes masculines. Le (Conseil fera chorus avec vous et dira :
laissez aux jeunes filles l'enseignement magnifique qui leur est
donné. Nous en avons assez de ces louanges, nous sommes enter-
rées dessous, nous mourons dessous.
L'enseignement masculin est-il supérieur, nous n'en savons
rien. Ce qu'il faut, c'est que, lorsque nous aurons fait un efi'ort,
nous les filles, comme les garçons, nous ayons une étiquette, un
l)rix qui ne soient plus exposés à la discussion, au rabais, dans
les échanges de la vie.
Au surplus ce ne serait pas la révolution qu'on redoute pour
l'enseignement féminin, si, dans la réorganisation actuellement à
l'étude, ou l'identifiait à renseignement masculin. J'ai cru utile
de vous ai)porter surtout des renseignements précis sur les diffé-
rences, très limitées, en somme, entre les deux enseignements.
J'espère dire des choses exactes, je suis prête à écouler les objec-
tions.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 451
\'oici ce (luc j'avais noté en partitiilitr.
Tout (l'abord, les jeunes fille.s ne font plus de langues anciennes.
Le législateur de 1880 avait prévu pour elles, en latin, le rudi-
ment, en je ne sais plus combien d'fieures. A ce moment-là, ce
n'était pas du pédantisnie. A l'heure actuelle, le demander, c'est
du pédantisnie. Ainsi changent les modes !
Celles de nos élèves qui veulent prendre le baccalauréat, parce
que leurs familles le désirent — et elles ont raison car le bacca-
lauréat cela se monnaj'e — sont réduite» au régime du latin court,
.le ne dirai pas ce que valent les disciplines des humanités classi-
ques par rapport à celles des humanités modernes, mais le latin
court est un régime déplorable : nous n'en voulons pas.
D'autre part, depuis sa créition, l'enseignement féminin a tou-
jours fait une place, de plus en plus étroitement mesurée, il est
vrai, à l'étude des littératures anciennes à travers les traductions,
de même qu'à celle des littératures modernes à travers les tra-
ductions. Ceci ne paraît pas avoir d'équivalent dans l'enseignement
masculin.
Une différence plus considérable réside dans renseignement
philosoj)hique. Les jeunes filles sont entraînées, en des cours ré-
partis sur trois années, à réfléchir sur des questions de morale et
de psychologie appliquée à l'éducation. Cela vaut-il mieux (ju'une
" philosophie » ? .le ne sais pas.
Mais que l'organisation actuelle conduise à employer une ter-
minologie philosophique pour le baccalauréat et une autre ter-
minologie pour le diplôme, que les mêmes choses n'aient pas les
mêmes noms, cela est-il propre à mettre du clair dans des esprits
qu'on accuse d'être confus ?
Il a fallu créer, dans les lycées de jeunes filles, en vue du bac-
calauréat, des classes de philosophie et de mathématiques. (Je
ne parle pas de l'enseignement scientifique, je crois que les col-
lègues de sciences trouvent l'enseignement scientifique des jeunes
filles moins complet).
Ces classes de philosophie et de mathématiques, qu'on a ins-
tituées chez nous pour la préparation au baccalauréat, donnent
un enseignement identique à celui des garçons, mais par des
moyens de fortune, c'est-à-dire en empruntant le personnel mas-
culin, ou en demandant au personnel féminin des improvisations
onéreuses, qui valent ce que peuvent valoir des improvisations, et
toujours avec des horaires réduits, parce qu'il est dit que les fem-
mes peuvent toujours faire les choses dans un bien moindre temps
que les hommes. »
Une dernière différence réside dans ce fait que l'art, dans
l'enseignement féminin, a une j^lace que peut lui envier l'ensei-
gnement masculin.
Je ne parle pas, bien entendu, des cours de puériculture et de
cuisine qui peuvent exister et qui sont en dehors des cadres.
J'ai fait la part des différences, je ne crois pas en avoir oublié.
Sur les autres points, je ne vois pas ce que l'on entend par ensei-
gnement masculin et enseignement féminin. Ni en langue fran-
(;aise, ni en littérature française, ni en langues vivantes, ni en his-
toire et géographie, l'enseignement secondaire n'est autre, quant
aux programmes et quant aux méthodes, dans les deux sortes
452 LES LANGUES MODERNES
d'établissements. Tout au plus peut-on dire que le français — et
là c'est une question délicate — est enseigné aux jeunes filles
par des professeurs de français qui, sans ignorer nécessairement
le latin, sont rarement des professeurs de latin, tandis que chez
les jeunes gens les professeurs de français sont des professeurs
de latin, à quoi il y a peut-être avantage, à moins que le profes-
seur de français et de latin n'enseigne le français que par le
latin et pour le latin.
Je crois que j'ai fait un exposé impartial.
M. Rancès. — Au cours de cette réunion des délégués de l'ensei-
gnement secondaire, j'ai demandé à M. Bernés, professeur de
latin et accessoirement de français, comment il entendait l'ensei-
gnement du français dans les classes de grammaire du premier
cycle. 11 m'a répondu : l'enseignement du français, pendant les
trois premières années, ne peut se faire et ne doit se faire que j)ar
l'intermédiaire du latin, thème latin et version latine ; en dehors
de cela, point de salut.
Voilà pourquoi je ne demande pas qu'il y ait un enseignement
exclusivement par le français de la 6'' à la 4^ Je dis ceci pour
appuyer votre thèse.
Mlle Véroux. — Je n'expose pas vos idées.
Notre vœu est très net. Nous demandons qu'un même enseigne-
ment secondaire soit donné aux jeunes gens et aux jeunes filles.
J'invoque le témoignage de M. Herriot, qui a été quelquefois notre
défenseur et qui a si bien senti que demander ou tolérer des dif-
férences c'est nous disqualifier, qu'il a dit ceji — je cite textuel-
lement, j'ai recueilli cela et je ne veux pis le perdre- — : « Ne
laissez pas dégi'ader l'enseignement féminin ; on vous demandera
de lui donner un statut spécial, n'y consentez pas. »
Il a dit cela en matière de traitement, il faut le dire aussi en
matière de programmes et de sanctions.
Tant que nous aurons un diplôme de fin d'études secondaire à
donner à nos élèves et que nous ne ]>ourrons donner le baccalau-
réat que dans un petit coin à côté où l'on fait les choses très
vite, nos élèves seront disqualifiées.
Je supplie notre représentant d'agir de toutes ses fofccs en notre
faveur et surtout de ne pas dire que nous serons des pédantes et
que nous ne serons plus ni des épouses, ni des mères, parce que
nos élèves ne veulent plus du diplôme, mais du baccalauréat.
M. le présidenl. — Nous avons la bonne fortune de posséder
Ici un autre membre du Conseil supérieur, qui fait partie de
l'Association. Je donne la parole à Mlle Sanua.
Mlle Sdiuui. — M. Rancès me permettra, avant de l'attaquer, de
le défendre, en disant qu'il a signé lui-même le vœu qui a été
])résenté par le Conseil su])érieur j^our qu'il soit posé une T ques-
tion.
Je lui (iemaïuie maintenant, tlevinanl que bien des arguments
seront produits contre l'identité d'un enseignement masculin et
d'un enseignement féminin, de ne pas iirêter à nos adversaires des
armes cju'i! manie avec grâce, mais que d'autres ])()iirraieiit manier
avec brutalité.
l't iiiiis(|iie. dans l'enseigiunieiit primaire, il n'y a entre gai-
BULI.HTIN DK L'ASSOCIATION 453
«;()iis et filles auciinc différence de progiiiinmes et de sanctions,
pourquoi il y en aurait-il dans l'enseignement secondaire ?
Or, si M. Uancès, dans son rapport, fait allusion à nouveau aux
procédés différents qui doivent exister dans l'enseignement secon-
daire, pour les jeunes gens et les jeunes filles, je crains beaucoup
([ue ceux qui nous sont opposés, ne prennent acte de ces décla-
rations pour nous les resservir.
Si M. Uancès peut atténuer un peu cette partie de son rapport
et dire que, si la réforme projetée prête à l'enseignement mascu-
lin une nouvelle vie, il est désirable qu'en même temps l'ensei-
gnement féminin en profite et qu'il; n'y a pas de raison pour que des
jeunes filles soient instruites d'une façon différente, je lui demande
de le faire. Tous les arguments consistent à déplorer les nécessités
actuelles, l'obligation des femmes de gagner leur vie et à regret-
ter le moyen âge où elles étaient plus heureuses en filant de la
laine... On la file dans des usines, maintenant, et il faut de l'ar-
gent pour l'acheter. On ne peut pas passer son temps à regretter
le passé, on peut déplorer le présent, mais on ne connaît pas
l'avenir. II s'agit donc de prendre un état d'esprit qui soit celui
de 1921; En 1921, les jeunes filles ont besoin de leur baccalauréat,
ne les laissez pas dans des classes où elles le préparent, nous le
savons tous, d'une façon hâtive, maladroite, mauvaise, bien pire
que si vous les mettiez dans un lycée de garçons, .\lors, entre les
deux maux, préjiarer très mal son baccalauréat ou abandonner
avec regret ce magnifique enseignement féminin pour retomber
dans un enseignement masculin moins l)on, je préfère encore
l'enseignement masculin moins bon et la préparation normale
du baccalauréat.
Au fond, je ne vois pas pourquoi la préparation du baccalau-
réat exclurait la préparation du diplôme de fin d'études. Celles
qui n'en ont pas besoin, pour lesquelles cette préparation ne
semble pas indispensable, n'ont qu'à abandonner un certain nom-
bre des matières que nous allons ajouter, comme le latin, et elles
se prêsputeront à un diplôme qui sera encore le diplôme de fin
d'études, qui sera pour elle une satisfaction morale. C'est une
solution mi.xte.
Mlle Véroux. — C'est une situation de fait intolérable. Je ne
parle que tout à fait en passant et aussi discrètement que possible
de la pression qui s'exerce quelquefois, de la part des chefs d'éta-
blissements, pour vider les classes de baccalauréat et pousser vers
les classes de diplôme des jeunes filles qui n'ont pas, dans la suite,
le moyen d'avoir leur diplôme de baccalauréat.
M. Rancès. — Je crains bien que ni Mlle Véroux, ni Mlle Sanua ne
m'aient pas entièrement compris. Je voudrais cependant que ma
pensée parût bien claire. J'ai déclaré, dans ma réponse à la 7*
question du Ministre, que j'adoptais, pour des motifs d'opportu-
nité très exigeante, le point de vue de la majorité de nos collè-
gues de l'enseignement féminin. Elles peuvent donc' compter abso-
lument sur ma voix au Conseil. Mais elles ne peuvent tout de mê-
me pas m'empècher de regretter que les circonstances imposent
à ceux qui goûtaient les programmes féminins le devoir de dé-
truire une œuvre si parfaite que, chose sans exemple dans l'Uni-
versité de F"rance, on l'avait laissée à peu près intacte depuis 1882.
454 LES LANGUES MODERNES
En d'autres termes, je reconnais que vous avez raison, vu les cir-
constances, de réclamer d'autres moyens de travail que ceux dont
vous disposez, mais je déplore que vous ayez raison : c'est tout
ce qui nous sépare.
Si vraiment Mlle Sanua croit — et elle me fait trop d'honneur
— que les arguments que j'ai présentés sont de nature à impres-
sionner mes collègues du (Conseil contre la réforme qui lui est
chère, je consens bien volontiers à supprimer un développement
auquel je ne tiens que parce qu'il représente rigoureusement le
fond de ma pensée.
Laissez-moi du moins, en échange de ce petit sacrifice, vous
mettre en garde contre cet enseignement masculin, que aous ne
pouvez pas connaître, parce que vous ne 1 avez pas donné. Terri-
ble engin, vraiment, que cet enseignement de manuels, toujours
tendu vers la formule. 11 n'affecte pas trop nos garçons, grâce à
leur éclectisme et à leur sceptisme naturel. Mais les jeunes filles
vont y donner tète baissée, avec leur conscience ordinaire. Pre-
nez bien garde, pour elles, aux dangers qu'elles vont ainsi courir.
.J'aurais voulu que vous conserviez votre enseignement plus
léger, plus fin, plus délicat. Puisque ce n'est pas possible, je vous
souhaite, du moins, de préparer le baccalauréat mieux que nous^
Je doute que vous y réussissiez, malgré votre talent, parce que le
baccalauréat est une chose odieuse, qui fausse tout notre ensei-
gnement secondaire. Mais on ne saurait vous refuser les moyens
que vous sollicitez de faire votre métier utilement. Voilà pourquoi,
quoi que j'en aie, je voterai pour vous.
M. IJiipré. — J'exprime le vœu qu'après cet échange de vues, on
aboutisse à une conclusion par le vote d'un ordre du jour. De tout
ce qui a été dit, il parait ressortir que les collègues présents à
la réunion sont d'accord avec notre représentant au Conseil supé-
rieur. J'approuve, dans ses grandes lignes la déclaration de M. Ran-
cès. Je laisse à sa conscience et à son jugement le soin de résou-
dre les questions de détail. Je le félicite de sa campagne en fa-
veur de la section B et de ses efforts pour le maintien de la
seconde langue. Puisque M. Rancès a sollicité des suggestions
auprès de ses collègues, je crois devoir le prier d'insister sur un
point qui mérite d'être mis en pleine lumière : notre enseigne-
ment n'a pas fait faillite. Si, au cours de la guerre, il y a du dé-
chet dans les résultats rêvés' Ues autres disciplines sont logées à
la même enseigne que nous), le fait est la conséquence des cir-
constances ; la guerre a désorganisé la machine universitaire. Les
professeurs de langues vivantes ont eu, plus que d'autres, à souf-
frir de l'afflux extraordinaire d'enfants venus de tous les coins
du territoire et particulièrement des régions envahies, du départ
de maîtres expérimentés et surtout de l'état des mœurs que les
événements ont singulièrement aggravé et que les changements de
propramnies ne modifieront i)as. Le public semble l'ignorer. C'est
là un point que, le cas échéant. M. Rancès fera l)ien de signaler
à qui de droit pour nous défendre contre des attaques injustes et
imméritées.
M. le président. — Je suis toujours en j)résencc de l'ordre du
jour de M. Cart.
BII.LKTIN *DE L'ASSOCIATION 455
M. l'eijraube. — Comme représentant de Nancy, je demande
qn'on ne s'engage pas sur les modalités. (!ela fera un effet tout à
fait pénible à Nancy.
.1/. Varenne. — Nous avons voté, dans la dernière assemblée, un
voeu qui donnait satisfaction à tout le jnonde.
M. Desclos. — Je demande qu'on reprenne le vœu de la der-
nière assemblée. Nous pouvons tous le reprendre de confiance, il
disait exactement ce que nous venons de dire aujourd'hui. Il a
léuni l'unanimité à la dernière réunion et je suis persuadé qu'il
réunirait l'unanimité aujourd'hui. Nous pouvons dire simplement
que l'assemblée renouvelle le vœu déjà émis à la dernière réunion,
et faire confiance au bureau pour le rédiger.
M. le président. — Nous n'aurons qu'à le reprendre.
M. Rancès. — Je voudrais beaucoup qu'il soit émis ici un vote
unanime sur cette grave question des humanités modernes, sans
autres accessoires.
Je suis d'accord avec MM. Varenne et Godart pour penser qu'il
y a d'autres humanités modernes que celles sans latin, par exem-
ple, celles que nous donnons dans la section B. Mais si vous me
laissez le terme •• humanités modernes •>, sans plus, j'aurais plus
de liberté d'action devant le Conseil supérieur.
M. le président. — Voici alors une jiouvelle rédaction :
" Les professeurs de langues vivantes, réunis en assemblée
extraordinaire, approuvent le projet de réponse de leur représen-
tant au Conseil supérieur et renouvellent le vœu, déjà émis dans
une séance précédente, qu'un enseignement d'humanités modernes
soit maintenu à côté d'un enseignement d'humanités classiques,
avec sanctions égales. »
M. Varenne. — Puisque nous sommes du même avis que notre
représentant, approuvons nettement ses déclarations, et c'est tout.
M. Servajean. — Je demande un ordre du jour motivé pour pou-
voir renseigner nos collègues de province.
Un assistant. — Je demande la division.
M. le président. — La division ayant été demandée, je mets
aux voix la première partie, qui est ainsi conçue :
«• Les professeurs de langues vivantes, réunis en assemblée
extraordinaire, approuvent le projet de réponse de leur représenf-
tant au Conseil supérieur... »
(Cette première partie est adoptée à l'unanimité».
3/. le président. — Voici quelle serait la seconde partie :
" ...et demandent le maintien d'un enseignement d'humanités
modernes, à côté de l'enseignement d'humanités classiques, et
aboutissant à des sanctions égales. »
Je mets aux voix la seconde partie :
La deuxième partie de l'ordre du jour est adoptée.
M. Rancès. — Je demande qu'il y ait unanimité sur l'ensemble.
M. le président. — Je mets aux voix l'ensemble de l'ordre du
jour sous sa forme définitive:
" Les professeurs de Langues Vivantes de l'Enseignement public,
réunis en Assemblée générale au Lycée St-Louis, le 6 octobre 1921,
approuvent le projet de réponse au Questionnaire ministériel
rédigé par leur représentant au Conseil supérieur de l'Instruction
publique et renouvellent le vœu déjà émis dans une séance pré-
456 LES LANGUES MODERNES
cédente qu'un enseignement d'Humanités modernes soit maintenu,
dans les établissements d'enseignement secondaire, à côté de
TEnseignement d'Humanités Classiques et que les deux enseigne-
ments aboutissent à des sanctions de valeur égale. »
L'ensemble est adopté à l'unanimité.
La séance est levée à 18 heures.
Réunion du Comité
Le Comité s'est réuni le 13 novembre à 10 h. 1/4 au lycée St-Loiiis,
sous la présidence de M. Yeillet-Lauallée.
Assistaient à la réunion : Mlles Boussinesq, Brunel, Ledoux.
MM. Beley, Chemin, Goetschy, Pinloche, Rancès, Servajean.
Excusés : Mlle Latappy, MM. Bec, Bloch, Coiquaud, Montaubric.
1. Banquet annuel. — 3/. Yeillet-Lavallée propose de reprendre
les traditions d'avant-guerre et de rétablir le banquet annuel. Le
rétablissement du banquet est voté à l'unanimité : il aura lieu le
jeudi 22 décembre à 7 h. après la réunion de l'Assemblée Générale.
Le Secrétaire Général et la Trésorière, conformément à la tradi-
tion, sont chargés de l'organisation de ce banquet ; M. Beley leur
est adjoint comme membre de la Commission. Dès que le lieu du
banquet et que le prix de la cotisation auront été fixés, M. Servajean
enverra une circulaire aux membres de la région parisienne et aux
différentes Régionales. Le Comité prie le bureau de faire une dé-
marche auprès de M. Bellin, Directeur de TEnscignement secon-
daire, pour le prier de bien vouloir accepter la Présidence de ce
banquet. L'ne invitation sera aussi adressée au Président de la
I Modem Language Association ".
Mlle Ledoux demande de prier non seulement nos collègues fémi-
nins, mais les dames de nos collègues membres de l'Association de
bien vouloir assister à ce banquet.
2. Cotisation. — Le Comité renouvelle la proposition (déjà faite à
la réunion du 22 mai) de porter la cotisation annuelle de 10 à 12 fr.
M. Servajean déclare qu'il a reçu de diverses Régionales et de
nombreux membres de l'Association des réponses favorables au
relèvement.
La cotisation pour l'étranger serait portée de 14 à 16 fr.
3. Subvention Brunot. — Sur la proposition de M. Servajean, une
subvention de 100 fr. est accordée au Comité de propagande que
préside M. Brunot.
4. Bulletin. — On procède à un échange de vues sur la forme
à donner au Bulletin, et sur son mode de périodicité ; la question
sera de nouveau examinée à r.\ssembléc Générale du 22 décembre.
5. Ordre du .Jour de l'Assemblée Générale du 22 décembre. — Il
est ainsi fixé :
.\ll()cution du Président.
Hajiport du Secrétaire Général.
BULLETIN DE l'aSSOC[ATION -J.')?
Rapport (le l;i Tri-sorière.
Projet de Inidgct pour 1922.
Questions diverses (iiotaniment la question de la rét'oiine de
renseignement, du bulletin, du relèvement de la cotisation».
(). Les noaiH'lles éprennes du bdccalduréitl. — M. Goetschy de-
mande à ce qu'elles lassent l'objet d'une réunion pédagogitiuc pen-
dant le l"' trimestre de l'année 1922. Il en est ainsi déeidé.
7. A 1)11 renient (les (^amples. — Sur la proijosition de Mlle I.edou.r,
MM. Beley et Chemin sont désignés comme censeurs pour Tapure-
ment des comptes.
M. Rancès, pendant la 2" partie de la séance, communique au
("omité les renseignements (ju'il a recueillis .sur Itt eansulldlion du
Conseil Sufx'rieur.
M. littneès les a résumés dans une note que l'on trouvera plus loin
«ians le liuUetin.
La séance est levée à 12 h. 15.
SecHon Régionale de Bordeaux
La Section Régionale de Bordcau.x s'est réunie en .assemblée
générale le jeudi 27 octobre 1921, sous la présidence de M. Dresch,
Doyen de la Faculté des Lettres. Assistaient également à la réu-
nion : M. le Proviseur Chemin, et M. Peijrot, membre du (Conseil
Supérieur de l'Instruction Publique.
Enseignement Primaire Supérieur. — Au début de la séance,
M. Corel, professeur d'anglais à l'E. P. S. de garçons de Bordeau.\,
l)résente les vœux suivants, qui sont votés sans objection :
1" (jue l'épreuve de langue vivante soit rétablie à l'examen oral
tlu Brevet d'Enseignement primaire supérieur pour les candidats
de la Section Générale.
2" Que l'épreuve de langue vivante redevienne obligatoire au
concours d'admission dans les Ecoles d'Arts et Métiers.
3" Que l'enseignement d'une langue vivante soit obligatoire
dans les Sections normales des Ecoles Primaires Supérieures.
1" Que, ainsi que l'a décidé le Conseil Supérieur de l'Instruc-
tion Publique dans sa Session d'été en 1920, les heures supplé-
mentaires d'enseignement d'une langue vivante soient payées des
maintenant au personnel des E. P. S. d'après le tarif en usage
pour les enseignements dits " généraux ».
Réduction des horaires. — M. Talbot amorce une discussion sur
la réduction des horaires dans les lycées. Depuis la guerre, les
classes de 5'' et de 6'^ du lycée de Périgueux n'ont jamais eu leur
horaire complet, bien que l'effectif de ces classes soit suffisant. Le
cas de Périgueux n'est pas unique, et l'on voudrait voir cesser de
semblables réductions, le plus souvent injustifiées et accomplies
au hasard ; que l'on géminé les classes, s'il est nécessaire, mais
que l'on ne diminue pas le nombre d'heures.
458 LES LANGUES MODERNES
M. Rochelle remarque que. sur cette question, un vœu a été pré-
senté au Comité de Paris au nom de la Régionale de Poitiers.
Après lecture, ce vœu est voté par l'assemblée. Rappelons-en les
termes :
(1 Que les programmes adoptés pour l'enseignement secondaire
soient intégralement observés dans tous les établissements ; que
les réductions arbitraires d'horaires ou les géminations de classes
n'ayant pas le même programme soient absolument interdites :
que les dédoublements soient toujours effectués dans les classes
dépassant l'effectif prévu par ces programmes. » (Langues Moder-
nes, août 1921, p. 312).
On passe ensuite à l'examen des réductions officiellement ordon-
nées depuis cette année.
M. Peyrot explique comment, au Conseil Supérieur, la cause des
Langues Vivantes fut compromise par suite du petit nombre de
ses représentants, — deux voix seulement.
Certes, dit M. Dresch, il y a à l'heure actuelle une protestation
générale ; les programmes sont trop chargés, leur allégement s'im-
pose. Mais, s'il faut que chaque branche fasse des sacrifices, il
faut aussi que ces sacrifices soient proportionnels. Nous deman-
dons que nos horaires soient sacrifiés dans la mesure où les au-
tres le seront.
M. Genevois ajoute que nul enseignement ne souffrira plus que
le nôtre des réductions d'heures ; car c'est en classe que nos élèves
apprennent surtout, alors que pour d'autres matières, le travail fait
à la maison importe davantage. Plus que tout autre, le professeur
de langues vivantes doit donc rester en contact avec ses élèves.
On est frappé, d'ailleurs, du manque de logique des réductions
opérées. L'incohérence est particulièrement flagrante en Troisième
et en Mathématiques. Les élèves de Troisième A sans grec, dont
beaucoup sont de futurs candidats au baccalauréat C. ont conservé
leurs quatre heures, tandis que les élèves de Troisième B qui
auront tous une épreuve écrite de langue vivante à l'examen, n'ont
plus que trois heures au lieu de cinq. En Mathématiques, une
tlemi-heure est enlevée, alors que l'horaire de Philosophie reste
intact. Chacun sait pourtant qu'un grand nombre d'élèves de Ma-
thématiques se destinent aux Grandes Ecoles du Gouvernement,
dont les concours d'entrée comportent à l'écrit des épreuves obli-
gatoires et sévères.
En somme, conclut M. Dresch, quel parti convient-il de pren-
dre ? Devons-nous nous montrer intransigeants '? Non. A'orjs
accepterons les réductions nécessaires ; mais nous demanderons
qu'elles soient justes ; et nous signalerons, comme corollaire, le
caprice des mesures qui lèsent notre enseignement et pas d'autres.
L'attitude ainsi définie par .M. Dresch est mise à l'ordre du jour
et adoptée à l'unanimité.
Bourses de séjour. — La question se pose de savoir s'il convient,
à l'exemple d'autres Régionales et notamment de celle de Cler-
mont-Ferrand, d'organiser des bourses de séjour à l'étranger.
Diverses raisons rendent rentrcprisc particulièrement difficile à
Bordeaux. Cependant la question mérite d'être retenue ; elle sera
mise à l'étude par le Comité ((ui est actuellement en voie de for-
mation.
BULLKTIN DK L'ASSOCIATION 4Ô9
Comité d'action. — La création de ce (lomité fait maintenant
l'objet du débat. La Rét^ionalc reconnaît que la difficulté de
s'assembler est un grave oJjstacle à toute action prompte et efïi-
cace. Il importe de former un petit groupe de représentants pou-
vant se réunir et se consulter régulièrement ; qui, dans la période
critique que nous allons traverser, se tiennent au courant des
<|uestions d'intérêt immédiat ; et qui, tout en demeurant en con-
tact étroit avec leurs collègues de Bordeaux et de la région, puis-
sent faire œuvre de propagande au dehors. On choisira de préfé-
rence les professeurs connaissant la ville et ayant des relations
dans les milieux influents. L'absence de certains membres empê-
che de donner à ce (>omité une forme défIniti^■e ; mais le Bureau
veillera à ce qu'il fonctionne le plus tôt possible.
Questions diverses. — En fin de séance, la Régionale de Bor-
deaux accepte le relèvement de la cotisation demandée par le
Comité de Paris. En outre, sur la proposition de M. Riooallan, son
trésorier, elle vote un don de cinquante francs, destiné à être en-
voyé à Paris, en réponse à Fappel du Président de l'Association
«en août dernier.
Le Secrétaire,
R. Martin.
Section Régionale de Nancy
Asseni)blée géoéraie du 27 octobre 1921
au Lycée H. Puincaré, sous la présidence de M. Reyher
Etaient présents : M. Bailly, Mme Bianconi, MM. Bouchez, Cha-
iiiou.x, Davoine, Mlles Dosmond. Foin, MM. Guilliu, Hesse, Mme
Hirsch, M. Kremer, Mlle Lenoir, Mme Leroy, MM. Maresquelle, Mar-
tin, Mossé, Hoellinger, Mlle Petitcolas, MM. Petit, Peyraube, Rérat,
Reyher, Vallod, Vulliod, Mlle Taboureau.
Excusés : MM. Coulet, Duthil, Leclère, Mlles Gandoin, Simon.
M. Reyher exprime à M. Gobert nos félicitations et nos regrets
de le voir nous quitter pour le Lycée de Charleville. 11 le remercie
pour l'énergie avec laquelle il a défendu notre cause et contribué'
-à éclairer l'opinion lorraine, notamment par une série fort inté-
ressante de quatre articles, parus dans 1' Avenir Républicain »
de Mirecourt en août dernier. Il félicite également Mile Dosmond
pour sa nomination au Lycée de Lyon et dit combien son ensei-
gnement sera regretté au Lycée Jeanne d'Arc.
L'ordre du jour appelle l'élection du bureau et du comité. Leurs
pouvoirs sont renouvelés pour un an à mains levées et à l'unani-
mité.
La parole est à M. Maresquelle pour rendre compte de l'activité
<lu Comité des bourses de vacances.
4G0
LES LANGUES MODERNES
Les sommes suivantes ont été recueillies :
Municipalité de XancA' 600 t r.
Ass. des anc. élèves du Lycée de Nancy - 500 >
— — Jeanne d'Arc 400 >
— de l'Ecole prim. sup. g 500 -
— de l'Ecole prim. sup. ,j. f 100 »
Banque Renauld 300 '■
Société Nancéienne 500 ■>
Société Industrielle de l'Est 300
Société de Pont-à-Mousson (Cavalier, Marcel Paul et Cie) 500
Société Solvay et Cie 500
Brasserie de Maxéville 100 ■■
Don personnel de M. Dillon, dir. de la Brass 100 ■
Brasserie de Champigneulles 500
Crédit Lyonnais (Agence de Nancy i 100 >
Comptoir national d'Escompte 50 »
Don personnel de M. Matray, dir. Banque de France ... 50 »
Total 5.100 -..
Le 2 juillet, le montant des sommes souscrites étant alors- de
4.000 fr., le Comité a fixé une répartition provisoire de principe
entre les différents établissements de Nancy.
Lycée de garçons 1 . 800 f r.
Lycée de jeunes filles 800 >
Ecole prim. sup. de garçons (iOO •
— jeunes filles 800 •■
Le nombre des candidats ayant toujours été supérieur à celui
des bourses que nos disponibilités devaient nous permettre d'ac-
corder, il a été décidé que, dans chaque établissement, les profes-
seurs établiraient la liste par ordre de mérite des candidats, les
bourses devant être attribuées automatiquement aux premiers et
en cas de désistement au candidat suivant.
Parmi les dons énumérés ci-dessus, ceu.x des Associations d'an-
ciens élèves de l'Ecole primaire supérieure de garçons, d'anciennes
élèves du Lycée Jeanne d'Arc et de l'Ecole primaire supérieure de
jeunes filles ont été alïectés par les associations donatrices aux
boursiers de ces établissements. De plus, la Chambre de Commerce
de Nancy a donné 50 francs pour les élèves de l'Ecole primaire
supérieure de garçons.
■^ Les bourses ont été attribuées :
pour l'Allemagne, à MM. Bal)in, Desmarets et Mathelin du Lycée
de garçons, à MM. Boiirion, Collignon, Dcbover et Langlois, de
l'Ecole primaire supérieure, à Mlle Sérot de l'Ecole prim. sup. de
j. f. ;
pour l'Angleterre, à M. .Mourol du Lycée de garçons, à Mlles \'ul-
liod du Lycée de jeunes fille?; et Brunschwig de l'Ecole prim. sup.
de j. f.
Les bourses ont été en moyenne de 300 fr. pour l'Allemagne et de
800 fr. pour l'Angleterre, avec de légères différences suivant l'im-
j)ortance du voyage et la situation des familles.
BULLETIN I)i: l'assocja'iion 461
Tous nos l'ièvcs sont revenus enchantés de leur séjour, comme
en font loi les rapports qu'ils nous ont ponctuellement remis. Tous
expriment le rej^ret de ne pas j^voir pu pr(jlont;er leur séjour au
delà de t) semaines. Il n'y a eu ni accidents, ni maladie, ni incident
d'aucune sorte. Bref le succès de notre tentative a été complet.
L'assemblée est d'avis que l'expérience si bien commencée doit
être renouvelée. Le premier soin du comité devra être de remercier
individuellement les donateurs en leur rendant compte du succès
de notre tentative, puis de faire paraître un compte rendu som-
maire dans la presse.
On suggère la création, parallèlement au (lomité des bourses,
d'une Commission pour l'échange des enfants entre parents fran-
çais et étrangers. Mlle Taboureau, MM. Duthil et Krcmer sont
désignés comme membres de cette (^ommissidii.
M. Pt'urdube a la parole pour rendre compte de l'.Xssemblée
générale de l'Association du 6 octobre, à laquelle il a assisté comme
délégué de la Sectio)i régionale de Nancy. Le compte rendu officiel
en jiaraitra d'ailleurs dans les Ldiigues Modernes.
M. Reyber résume ensuite l'activité de notre Régionale pendant
ces derniers mois. Dans deux lettres du 11 juillet et du 22 août,
M. Veillet-Lavalléc attirait notre attention sur l'intérêt qu'il 3' au-
rait à obtenir du Conseil municipal, de la (Chambre de Commerce,
etc., des vieux, d'ailleurs fort modérés, demandant <iue l'enseigne-
ment des langues vivantes ne subisse aucune diminution. M. Reyher
a pressenti d'abord deux membres influents du (-onseil municipal.
Ils lui ont objecté que le Conseil municipal ne pouvait pas être
directement saisi, mais seulement lorsfjue, atteint pftr des vœux
des grandes associations nancéiennes, il pourrait agir comme repré-
sentant des intérêts de certaines catégories de ses administrés.
M. Reyher s'est alors adressé à M. Brun, directeur de la puissante
<■ Société industrielle de l'Est ». M. Brun, très bien disposé en
notre faveur, a promis de saisir son Comité. Nous avons appris que
sa proposition avait souIe\é une violente opposition. Au cours de
ses démarches, M. Reyher a été péniblement impressionné par
l'ignorance profonde où se trouve le public des méthodes et de la
valeur de notre enseignement. On s'en rapporte à des souvenirs
d'enfance, bien antérieurs à la réforme de 1902 ; on voudrait que
les langues \ivantes fussent mieux enseignées. Nous nous heurtons
à moins d'hostilité que d'ignorance, une ignorance inouïe.
D'autres membres du Comité ont également fait leur possible
pour défendre notre enseignement. Nous avons fait circuler des
listes d'adhésion à la Protestation de M. Brunot. Nous avons obtenu
un article du directeur de •■ l'Etoile de l'Est » de Nancy. M. Gobert
a fait paraître les articles déjà mentionziés. Une démarche auprès
d'un publiciste local influent est, malgré des promesses, restée sans
résultats. Accueil très réservé à la Chambre de Commerce, où l'on
voudrait que notre vœu soit d'abord approuvé par les autorités
académiques de Nancy.
Le Bureau et le Comité feront leur possiljle pour étudier et met-
tre à exécution ce qui pourrait être encore fait dans le même sens.
Le secrétaire, , Le président,
J. Pevralbe. Paul Reyher.
462 LES LANGUES MODERNES
Section Régionale de Poitiers
La Section Régionale de Poitiers s'est réunie le 11 juillet à 8 h. 45
du soir, sous la présidence de M. Castelain. Etaient présents :
:\Ime Audoin, Mlles Chaigneau et Piveteau, MM. Angelloz, Audoin,
Crayssac, Gédéon, Genévrier, Guy, Moulinier, Rolet, Ruyssen, Sau-
vage, Thomas.
Après avoir entendu la lecture d'une lettre de M. Hirtz, relative
aux réformes projetées par le Ministère de l'Instruction Publique,
et à leurs répercussions possibles sur l'enseignement des Langues
Vivantes, l'assemblée passe à l'examen des questions à l'ordre du
jour : 1° Rétablissement des Concours Généraux ; 2° Réforme de
l'enseignement.
Touchant la première de ces deux questions, la Régionale s'étonne
que les Concours Généraux aient été rétablis pour toutes les ma-
■ tières d'enseignement, à l'exception des seules Langues Vivantes.
Il ne s'agit pas, pour le moment, de se prononcer sur l'opportunité
du rétablissement desdits concours, mais de savoir si, ces concours
étant rétablis, nous avons intérêt à ce que, seul, notre enseignement
en soit exclu. La question ainsi posée, ne semble admettre qu'une
seule réponse. C'est pourquoi la Régionale décide, avant de la re-
mettre à l'étude, de procéder à un complément d'enquête, en vue
de connaître avec précision les motifs qui ont pu déterminer nos
représentants à accepter une situation, qui semble si contraire aux
véritables intérêts, tant moraux que matériels, de notre enseigne-
ment.
M. Castelain donne ensuite lecture d'un questionnaire adressé
par le Ministère de l'Instruction Publique aux membres du Conseil
Supérieur. Ce document, dont nos journaux corporatifs et les diffé-
rents organes de la presse quotidienne ont publié le texte, esquisse
dans ses grandes lignes — et sous une forme qui, il faut bien le
dire, paraît trop souvent tendancieuse, — un projet de réforme de
l'Enseignement Secondaire. La Régionale, déjà consultée à ce
sujet, a indiqué précédemment (Cf. Bulletin du 15 avril 1921,
p. 164) dans quel esprit et suivant quels principes il lui semblait
désirable que fût conduite la réforme projetée. Rappelons seule-
ment les décisions adoptées à l'unanimité i)ar la réunion du 10 fé-
vrier 1921 : 1° Institution d'un premier cycle unique, — prévu éga-
lement par le projet ministériel, — - comportant obligatoirement :
"français, latin, une langue vivante, histoire, géographie, sciences, et,
pendant les deux dernières années, un enseignement élémentaire
du grec. — 2<* A l'issue de la Seconde, deux sections au choix :
a) une section littéraire (français, latin, grec, philosophie, histoire,
géographie, une langue vivante, sciences) ; />) une section scientifi-
que (français, sciences, histoire, géographie, philosophie, et deux
langues a ivantes). Dans notre |)ensée, chacune de ces deux sections
devait conduire à la deuxième partie d'un Haccalauréat, dont la
])remière i)artie pouvait se placer à la sortie de la Seconde ; — exa-
men plus littéraire d'une part, plus scientifique de l'autre, mais
évitant, dans l'un et l'autre cas, toute spécialisation exclusive et
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 463
prématurée, tout en assurant les |)lus solides garanties de culture
générale. Pour l'un comme pour l'autre examen, la Régionale de
Poitiers demandait rinatitiilion d'une épreuve écrite de Lumjues
Vivantes. Si ces dernières sont nécessaires au futur ingénieur ou
industriel, on ne voit pas comment elles pourraient l'être moins à
l'historien, au juriste, au philosophe, à l'économiste, à tous ceux
(jui auront |)our tâche d'étudier les diverses manifestations de la
pensée et de l'activité modernes. Le projet ministériel, en sacrifiant
imprudemment les Langues \'ivantes ne nous semble pas seulement
ignorer les nécessités les plus vitales de la société contemporaine,
il nous semble encore restreindre dangereusement le sens et la
portée de ces humanités, que nous a\ons toujours désirées plus
larges, et, pour tout dire, plus humaines.
C'est pourquoi la Régionale, en même temps qu'elle proteste
contre la suppression de la seconde langue, s'élève avec énergie
contre toute mesure tendant à restaurer, sous une form» à peine
renouvelée, un enseignement soi-disant moderne, ou d'humanités
restreintes, n'ayant pour sanction qu'un diplôme de moindre valeur,
(^et enseignement inférieur où, sans doute, se trouveraient relé-
guées les langues vivantes, ne tarderait pas à devenir le réceptacle
des éléments les plus médiocres de nos lycées, et il est inutile de
souligner les inconvénients qui en résulteraient pour notre disci-
pline.
La Régionale de Poitiers proteste pareillement contre l'institu-
tion de cours de Langues facultatifs : il y a peu d'exemples d'un
enseignement qui, devenu facultatif, n'ait été par là-méme frappé
de stérilité. Les professeurs de Langues Vivantes ne sauraient, à
notre avis, adopter sur ce point les vues du Ministre, sans préparer
leur propre déchéance.
Sous réserve des modifications de détail qui pourraient y être
apportées, le projet de réforme esquissé par notre Régionale sem-
ble être de nature à sauvegarder les intérêts — solidaires à nos
3'eux — de la culture moderne et ceux de la culture classique que
nous avons toujours invariablement défendus.
La prochaine réunion aura lieu au début d'octobre. La date et
l'ordre du jour en seront fixés ultérieurement.
Le Secrétaire, Le Président,
Félix Sauvage. M. Castelain.
Au sujet du Congrès International de 1909
Le 8 juillet s'est tenue au Café Voltaire une réunion à laquelle
avaient été convoqués M. Rancès, ex-président, M. Delobel, ex-secré-
taire général du Congrès International de 1909, M. V^eillet-Lavallée,
Président, M. Servajean, Secrétaire général, Mlle Ledoux, Tréso-
rière de l'Association des Professeurs de Langues Vivantes de l'En-
seignement public.
32.
464
LES LANGUES MODERNES
Au cours de cette réunion, M. Henri Dupré a rendu compte de la
façon dont il a, comme Trésorier, géié les finances du Congrès. Il
s'agissait, en vérité, de choses anciennes, mais qui n'ont cessé d'être
pour M. Dupré un objet d'occupation et même de préoccupation.
Le succès moral du Congrès de 1909 est certain. La soirée à la Sor-
bonne, la représentation de • Beethoven ■> à l'Odéon, l'excursion à
Chantillj', le banquet à l'Hôtel Continental, ponctuant les séances
de travail, les échanges de vues sur la pédagogie des Langues Vivan-
tes, ont laissé à tous nos hôtes. Français et Etrangers, une impres-
sion de satisfaction complète. M. Rancès, M. Delobel et M. Dupré
ont reçu d'éloquents témoignages de cette satisfaction, soit de vive
voix, soit par écrit.
Toutefois, à cause de la modicité de la cotisation (6 francs», à
cause des retards apportés dans le versement des subventions, à
cause de la guerre qui a interrompu la vente du Rapport Général
du Congrès et annulé les promesses d'achat sur lesquelles nous
comptions, à cause de bien d'autres circonstances, la balance entre
les recettes et les dépenses a été très longue à équilibrer. Ce n'est
que récemment que M. H. Dupré a été en mesure d'établir un bilan
favorable aux intérêts de notre Association, héritière du Congrès.
Il y a lieu de constater qu'aucun appel de fonds n'a été adressé à
la Caisse de l'Association qui pourtant s'était engagée à venir en
aide à la Caisse du Congrès dans la limite de 1.500 francs.
Tous les exemplaires du Rapport général seront désormais ven-
dus au profit de l'Association. Le Rapport général rédigé par M. De-
lobel avec un soin scrupuleux et un admirable esprit de méthode
renferme une foule de renseignements qui n'ont en aucune façon
perdu de leur valeur et sont de nature à guider les jeunes profes-
seurs, novices dans la science pédagogique.
Voici l'état des recettes et des dépenses soumis par M. H. Dupré
à l'examen de ses collègues :
Recettes
I
Subventions accordées par le Ministère de l'I. P. sous la forme
d'une souscription au Compte rendu général du Congrès :
A. Aux Lycées de garçons 2.160 fr.
B. Aux Collèges de garçons 4.400 "
C. Aux Lycées et Collèges de .1. F 3. 720
D. Aux Lycées de garçons (iOO ■
E. Aux bibliothèques universitaires 300 "
F. Subvention supplémentaire versée à M. Paulin .... 140 "
Ci. Subvention supplémentaire versée à M. H. Dupré . . 600 »
H. Subvention sui)plémentaire versée à M' Kahn de \'er-
sailles 500 ■'
1. Subvention accordée par le Comité Mascuraud 500 ■>
.1. Sul)vention accordée par le Conseil municipal 100 «
K. Subvention accordée par le Syndicat de la Lii)rairie 350 »
13.370 ..
BCLLETIX DE L'ASSOCIATION 465
II
iMilisatiolis u. 5.625 17
18.995 17
ni
Sdinnies reçues pour le Bunquet 1 .032 ..
Vente de billets pour Chantilly 218 ■>
2(t.245 17
IV
N'ente d'excmphiircs du Rapport général par l'intermé-
diaire de MM. Paulin et Prieur et de M. Didier 2.879 •
23.124 17
Recettes 23. 124 17
Dépenses 22.647 74'
Différence 476 43
Cette somme de 476 fr. 43 représente les frais de Trésorerie de-
puis le !"■ octobre 1908 Justju'au 1"^ août 1920.
Les différents articles concernant les recettes et les dépenses sont
représentés par des pièces numérotées et classées avec soin. Ces
pièces correspondent aux renseignements consignés dans le registre
des Comptes du Congrès. M. H. Dupré les a fait passer sous les
yeu.x de ses collègues qui ont pleinement approuvé sa gestion finan-
cière. M. Rancès l'a chaudement remercié de la persévérance avec
laquelle il a mené à bien sa lourde tâche de Trésorier.
Tous les documents relatifs au Congrès de 1909 ont été remis à
^Ille Ledoux le 18 juillet 1921. Ils sont maintenant dans les archi-
ves de l'Association.
Une somme de 38 fr. 45 a été versée entre les mains de notre
Trésorière le 13 juillet. Cette somme provenant de la vente d'exem-
jilaires du Rapport général au cours de Tannée 1921 jusqu'au
1"^ juillet sera, nous l'espérons, une amorce à des bénéfices ulté-
rieurs pour notre Association. Il n'est peut-être pas inutile de
signaler à nos collègues le fait que le nomljre des exemplaires du
Rapport général diminue sensiblement.
H. S.
RecHfi calions à l'Annuaire
Le Secrétaire général prie ses collègues de lui signaler les er-
reurs.
Le Bureau de la Régionale d'Aix-Marseille est constitué de la
façon suivante :
Président : M. A. Lévy-Sée, professeur de littérature allemande à
l'Université de Strasbourg, détaché à l'Université
d'Aix-Marseille.
466 LES LANGUES MODERNES
Secrétaire général : M. G.-E. Broche, professeur agrégé d'anglais au
Grand Lycée de Marseille. ,-
Secrétaires : pour les lycées et collèges de garçons : M. G.-E. Bro-
che.
— pour les lycées et collèges de jeunes filles : Mlle Be-
LEY, professeur d'allemand au lycée Montgrand, Mar-
seille.
— pour les écoles normales et primaires supérieures de
garçons : M. Michel, professeur d'anglais à l'école
Pierre-Puget, Marseille.
— pour les écoles normales et primaires supérieures de
jeunes filles : Mme Paris, professeur d'italien à
l'école Edgar-Quinet, Marseille.
Trésorière : Mlle Coste, professeur d'italien au Lycée Montgrand.
Délégué élu de l'Association des professeurs de Langues Méridio-
nales : M. P. Paoli, professeur agrégé d'italien au
Grand Lycée, Marseille.
Adresses modifiées :
Mlle yerson, prof. Ecole technique municipale, 33, rue Cavenne,
Lyon.
M. Fleur, prof, au collège, 23, rue Thiers, Vannes.
Mme Ancelet-Austache, prof. ail. lycée j. f., St-Quentin, 60, rue S't-
André-des-Arts, Paris, G"".
M. Anstett, prof. ail. lycée de Mulhouse.
M. Baron, prof. angl. lycée d'Aurillac.
M. Barraud, prof. ail. collège de St-Claude (Jura).
Mlle Secourt, prof. angl. lycée Molière, 7, rue du Ranelagh.
Mlle Bianquis, prof. ail. lycée Lamartine, 118, avenue d'Orléans,.
Paris, 14'.
M. Collin, prof, à J.-B.-Say, Turgot, Arago, 3, rue Tarbé, Paris, 17'.
M. Constant, prof. ail. Janson-de-Sailly, 11, rue Gustave-(^ourbet,
Paris, 16^
M. Dequaire, prof. angl. Voltaire, 18, chaussée de l'Etang, St-Mandé,
(Seine).
M. Despont, 57, bd Gambetta, Cahors.
M. Duméril (Edm.>, prof, lycée, Villa-aux-Roses, rue du Croisic,
Nantes.
M. Fredric, prof. E. P. S., 45, rue Edgar-Quinet, Lorient (Morbihan .
M. Gobert, prof, lycée Chanzy, (^harleville (.Ardennes).
M. Lécuijer, prof, coll., 42, rue de (Chartres, Ghàteaudun.
.^L Proust', prof, lycée, Bastia (Corse).
M. Roudil, prof. ail. BufTon, 116, rue de la Convention, Paris.
Mlle Scott, prof. angl. lyc. Molière, 10, rue .Antoine-Roucher, Paris,
16'.
M. Touzain, prof. angl. lycée .Ampère, 1^5, rue Garibaldi, Lyon.
Mlle Merle, 43, route de Suippes, (]hàlons-sur-Marne.
]\llle dallant, prof. E. P. S., 1, rue Prée-d'.Allemagne, Angers,
^llle Durand, prof? E. P. S'., 10, quai du .Midi, Tournus (S.-et-L.).
Mlle Bouriel, prof. E. P. S., St-Léonard (Hte-Vicnne).
M. Coiquinid (et non CoignaudK directeur E. P. S., Xérac.
Mme Daumois (et non IMlle', directrice E. P. S', de Xontron.
BULLETIN DE L'aSSOCL\ IION 407
.Mlle (iiiiliard. prof. E. P. S. de Lavaur.
.Miss HeiiuxtrKj, prof. E. P. S., 1, rue Clonstaiitine. Lyon.
Mme Huet. prof. E. V. S. de Tourcoing-
.Mlle J.ncrouze, prof. E. P. S. de Taleuce (Gironde' est maintenant
.Mme Simonet, même adresse.
.M. Lemaziirier, prof, (et non inst. ad.j.). E. P. S. de Bourganeuf
I Creuse I.
M. Mendez. directeur E. P. S', à I>orgucs (Van.
Mlle Petit-Httyuenin, prof. E. P. S. de Bours^es.
Mme l'iijol [à (ijoiiter : prof. E. P. S.). 135, rue Naujac. Bordeaux.
.M. Rascoi dir. E. P. S. d'.Albi.
Mlle Trinier, prof. E. P. S. de Melun.
M. Tuloiip, prof. E. N. de Douai.
M. Vdilhindet, prof. E. N. dWvignon.
Mlle Villemot, prof. E. P. S. de j. f. du Havre.
Errata
P, 312, ligne 10 : .Au lieu de : MM. Gaston Hirtz et .Monguillon,
^ire : M. Georges Hirtz et Monguillon.
P. 313, ligne 4 : Au lieu de : 2" que les professeurs j)uissent, etc.,
lire : que les professeurs ne puissent...
P. 332, ligne 4 : .Au lieu de : Vice-président : .M. Hirtz, lire : Vice-
président : .M. Ruyssen.
Adhésions nouvelles
Mme Bertrand, prof, lycée j. f., à Ai.x-en-Provence.
Mlle Dréhier, 8, rue Monfoulon, Nantes.
Mlle Cabet, prof. ail. cours second, j. f., 16, rue Straetman, Belfort.
M. Giiiran. prof, lycée .Avignon.
M. Lannes, Paris.
M. Mallet. prof, angl., Reims. 83, rue X.-D.-des-Champs, Paris, 6".
Mlle Mazurier, prof. 1. j. f;. Sèvres.
Mlle Taboureuii, prof. E. P. S., Nancy, 40, rue du Faubourg-St-Jean.
M. Toiirneiix, prof. ail. lycée, 55, rue Volney, .Angers.
Mlle Trobas. prof. E. P. S., Nantes.
M. R. Yarin, prof. E. P. S., Rambouillet.
-Mlle Lafont, prof. E. P, S., Bohaiu (Nièvre .
LES ÉPREUVES ORALES DE LANGUES VIVANTES
AU BACCALAURÉAT
Il semblera peut-être étrange que nous choisissions le
moment où les nouvelles épreuves écrites de langues vivantes
font encore l'objet de discussions pour soulever la question
des épreuves orales. Mais thème et version ont pour l'instant
la valeur d'un fait accompli, et lorsqu'il s'agit d'une lan«|ue
vivante, que le candidat est supposé i^osséder « effective-
ment », la partie orale de l'examen ne saurait être négligée.
A vrai dire, l'oral du baccalauréat est trop souvent consi-
déré par les candidats, parfois aussi par les professeurs,
comme accessoire par rapport aux épreuves écrites ; et bien
que les séances d'examen ne se rehaussent pas du tradition-
nel tapis vert ni du déploiement des robes et des hermines,
on nous passera cette opinion hérétique qu'elles contribuent
peut-être davantage à établir le prestige de l'examen et de
la Faculté, qu'à permettre un jugement exact sur la valeur
et les connaissances des candidats. Il est certain que les
qualités intellectuelles et la culture générale se manifesteront
plus sûrement dans une dissertation française de quatre
pages, écrite en trois heures, qu'au cours d'une interroga-
tion de quelques minutes, pour peu surtout que le candidat
soit timide, nerveux, ou simplement victime de la canicule.
L'épreuve orale n'est donc, et ne peut être, qu'un sondage
rapide ; encore voudrions-nous que ce sondage, par les
conditions dans lesquelles il a lieu et pa" sa nature, donnât
le maximum de garanties.
Or, en ce qui concerne l'anglais en ])articulier, l'exami-
nateur sait que la machine à examiner, mise en nuirche pour
une séance d'environ trois heures, et pour un rendement
moyen de 15 ca-ndidats par séance, ne lui laissera !,uèro plus
de 10 minutes pour chacun. Le mouvement sera encore j>Uis
accéléré si, comme il échoit à l'examinateur de langues
vivantes dans certaines académies, il doit ajouter aux
éi)reuves de sa spécialité celle de français dans les sections
LKS i;i»Ki:rvES oi<ali;s un i.an(;ii;s vivantks *J69
P> et I). Il serait vain d'attendre (ruiu' administration doirt
le mot d'ordre est l'économie, et qui met plus de hâte à
percevoir les droits d'examen qu'à indemniser les examina-
teurs, qu'elle multiplie le nombre de ces derniers ; aussi
n'insisterons-nous pas... Voyons plutôt comment, dans la
pratique, les choses se passent.
L' « Instruction pour les épreuves de langues étrangères »
qui figure au programme du baccalauréat spécifie ceci :
A chaque épreuve orale : 1" l'examinateur remet au candidat
un texte facile tiré d'un ouvrage contemporain ou d'une pul)lication
périodique. Le candidat lit ce texte à haute voix. Puis il le résume
en se servant de la lant^ue étrangère. S'il est dans rimpossibilité
de le faire, il lui est permis de présenter son résumé en français,
mais ce fait constitue une infériorité dont il est tenu compte dans
rétablissement de la note. L'examinateur pose ensuite quelques
questions au candidat au sujet du texte lu par lui : Questions et
réponses sont faites en langue étrangère.
2" Le candidat explique un court passage d'un auteur classique,
choisi parmi ceux qu'il déclarera avoir lus. A propos de ce texte,
il lui est posé en français quelques questions grammaticales et lit-
téraires auxquelles il pourra répondre soit en français, soit en
langue étrangère.
Instruction que l'on reconnaîtra de suite impossible à
appliquer intégralement dans ces précieuses dix minutes
dont nous avons parlé. L'examinateur n'a plus comme
ressource qu'une unique combinaison des deux épreuves :
la majeure partie des candidats, j'entends ceux qui ne se
sont fixé d'autre but que d'obtenir la note « jjassable », a
préparé un texte sur lequel ils comptent bien être interrogés :
on en a appris presque par coeur un résumé, dont l'élabora-
tion a constitué le plus substantiel de la i)réparation. Ce
<( bachotage » permet à nos jeunes gens d'exprimer tant
bien que mal en langue étrangère un certain nombre de
généralités banales sur l'ouvrage qu'ils ont lu. Comme si la
somme de leurs connaissances, l'étendue de leur vocabu-
laire, le caractère idiomatique de la langue qu'ils parlent,
gravitaient autour de ce seul sujet, — ils se vident comme une
outre bien remplie, ... et ne savent plus rien en dehors du
texte préparé. Et les exigences du programme sont ainsi
à peu près respectées... ; quand bien même le candidat ne
470 LES LANGUES MODERNES
pourrait s'exprimer en langue étrangère, l'instruction précitée
ne lui ouvre-t-elle pas la ressource de la langue maternelle,
voire de la traduction ?
Si, las d'entendre les mêmes banalités à propos des mêmes
textes l'examinateur impose un passage facile d'un auteur non
l^réparé, l'épreuve tombe alors, le plus souvent, au niveau
des exercices scolaires d'une classe de 4", avec tout ce que
comportent de puéril les réponses composées des premiers
mots qui se présentent à l'esprit, à l'aide des constructions
grammaticales les plus rudimentaires. Telle est, avec de
légères variations individuelles, l'interrogation des candidats
qui péniblement se hissent à la moyenne.
Par Contre, de cette médiocrité se détachent très rapide-
ment les bons candidats, ceux en qui l'on découvre un entraî-
nement régulier et méthodique à la langue parlée, pour qui
la conversation n'est pas une pénible transjiosition mentale
de la langue maternelle, mais à l'esprit desquels s^ présentent
spontanément les expressions idiomatiques ; pour eux, la
grammaire est devenue habitude grammaticale, la correction
automatique, et l'étendue du vocabulaire actif assure la
facilité d'expression. Tout cela se révèle vite, quelle que soit
l'épreuve choisie ; c'est à regret souvent que l'examinateur
se voit contraint de limiter à ces simples, mais déjà apprécia-
bles qualités d'expression, le bref sondage de l'examen, alors
qu'il y a là peut-être, en riches gisements, une connaissance
de l'étranger acquise au cours de sérieuses études. Et le
jeune homme quittera la salle en réfléchissant que toute son
initiation à la vie, à l'histoire, à la civilisation, à la littéra-
ture étrangères, est restée inutile, comme en une chambre
close dont l'examinateur n'a pas même entre-bàillé la porte.
La question suggérée par ces constatations est donc
celle-ci : doit-il suffire, pour obtenir une note passable, que
le candidat exprime sous une forme élémentairement simple
quelques banalités trop souvent apprises par cœur ? Ou, au
contraire, l'épreuve moyenne ne doit-elle pas révéler connue
minimum exigible, une certaine facilité d'expression cou-
rante dans la langue choisie ?
Si les programmes de 1902 ne sont pas encore lettre
morte, et si l'on veut donner à la méthode qu'ils préconisent
une sanction adéquate, la pierre de touche des connaissances
réellement acquises sera, à l'exclusion de toute traduction et
de toute explication en français, la conrcrsalion, l'expression
LES ÉPREUVES ORALES DE LANC.LES VIVANTES i~l
spuiitance dans la langue élranç/cre. Condition minima, ajou-
terons-nous ; car *•/ notre enseignement doit contribuer à la
formation d'une culture générale, s'il doit avoir sa part légi-
time dans les Humanités modernes, il doit nécessairement
aboutir à une épreuve qui corresponde à son but. Nous vou-
drions donc qu'à la mesquine épreuve qui consiste à résumer
un texte, au pis-aller en français, ou simplement à le traduire,
se substitue une interrogation conduite entièrement en langue
étrangère sur une question simple de civilisation étrangère.
Ce faisant, nous serions pleinement d'accord avec les
programmes oiliciels.
Le moment est venu, y lit-on en effet (classes de seconde et de
l)remière), de faire connaître la vie, la civilisation, l'histoire et la
littérature du peuple étranger. De temps à autre, on fera faire par
les élèves de petites leçons orales sur les arts industriels, les gran-
des découvertes, la géographie, les voies de communications, les
beaux-arts, l'histoire littéraire.
N'est-ce pas, d'ailleurs, ce à quoi nous nous employons dans
nos classes, et ce que nous réaliserions en une plus large me-
sure si nous ne devions trop souvent concentrer les efforts
de la classe sur la préparation d'un unique auteur en vue de
l'examen ?
Que l'épreuve orale pour la première partie du baccalau-
réat nous apporte donc un reflet de cette initiation à la vie
des nations étrangères, et que nos jeunes bacheliers nous
montrent que notre enseignement, loin d'avoir été étroite-
ment utilitaire, leur a permis non seulement l'emploi matériel
d'un idiome nouveau, mais la compréhension essentielle du
peuple qui le parle. Il est d'ailleurs désirable qu'en approfon-
dissant leur exploration, nos candidats de seconde partie
puissent témoigner qu'ils ont réellement pénétré les notions
précédemment acquises. « On étudiera », dit le programme
des classes de Philosophie et Mathématiques, « les princi-
paux faits d'ordre économique, politique, littéraire et
social dont la connaissance permettra à l'élève d'acquérir
une idée générale des différentes manifestations de la vie
nationale à l'étranger ». L'enseignement historique et
philosophique de ces deux classes familiarise nos grands
élèves avec les idées abstraites ; il les habitue à pénétrer les
472 LES LANGUES MODEKXES
causes profondes et complexes des phénomènes, il les
entraîne à l'analyse, il les intéresse aux idées directrices,
aux raisons psychologiques qui expliquent et enchaînent
les faits sociaux. Pourquoi cet entraînement intellectuel ne
trouverait-il pas sa matière dans les études de lam/ues
vivantes ? Comment, en un mot, n'exigerait-on pas que
l'épreuve orale révélât cet entraînement dans son applica-
tion aux choses de l'étranger ?
Comme conclusion pratique, il nous a semblé que l'épreuve
orale de langues vivantes au baccalauréat gagnerait à
être élargie, c'est-à-dire à correspondre à la double nature
des connaissances exigibles. Il n'y a évidemment là nul désir
de voir surcharger les programmes alors que les réductions
d'horaires sont déjà effectives ; mais, au lieu de consacrer
le travail des tempéraments variés qui composent une classe,
et pendant une année entière, à l'étude d'une seule œuvre
d'étendue consédérable, ne serait-il pas facile de faire
figurer au programme de l'examen trois ou quatre grands
faits historiques, tendances sociales, ou mouvements litté-
raires, susceptibles d'éclairer la physionomie de la nation
étrangère ? Ces questions, renouvelables si l'on veut, pour-
raient même être choisies en corrélation avec les parties du
programme d'histoire relatives au pays étranger. Enfin, des
textes appropriés de prose ou de poésie seraient groupés
en petit nombre sous chacun de ces en-tètes, et formeraient
autant d'illustrations précises, pittoresques, vivantes, des
idées centrales qu'il importe de faire saisir.
Sur ce terrain de rencontre pour l'interrogateur et le
candidat, l'épreuve ne pourrait que gagner en valeur et en
intérêt ; le « bachotage » aurait ainsi moins d'occasions de
sévir, et les humanités modernes trouveraient la ])lace qui
leur est due dans un examen de culture générale.
G. JOUSS.\UME.
-<ÎK>-
I
L'EFFORT OPPORTUN
Peut-être beaucoup de collègues n'ont-ils pas encore aperçu
toutes les conséquences du projet de M. Bérard. Sans vouloir
dire qu'il se présente avec un air aussi pacifique que le fameux
cheval qui i)orta la mort dans Ilion, il faut reconnaître que les
dangers en sont quelque peu dissimulés. En réalité, pour qui
lit avec attention le récent questionnaire transmis par l'AS,
il est aisé d'y reconnaître le développement sur toute la
liçine de l'offensive déjà commencée (par les réductions
d'horaires et la modification du baccalauréat conjointement)
contre l'enseignement des langues vivantes. Il serait temps
qu'on s'en aperçut ; il serait temps de montrer qu'on s'en
aperçoit.
Chacun sait que toute l'efficacité de l'enseignement des
lycées repose (à tort ou à raison) sur la sanction dite
baccalauréat. Chacun sait que tout enseignement dit faculta-
tif, c'est-à-dire non sanctionné au baccalauréat, est traité
par les élèves comme une digression importune, c'est-à-dire
par le mépris. II en est ainsi de.s langues en philosophie,
encore qu'elles ne soient pas vraiment facultatives ; il en
est ainsi des langues dans les classes de préparation aux
Mines, encore qu'elles comptent à l'oral des Mines pour
quelques vagues points : mais qui ne compte se tirer d'affaire
à l'oral, surtout si les matières négligées sont d'un faible
coefficient ? L'écrit urge sans réplique. Or, voici un projet
qui, supprimant deux variétés de baccalauréat sur quatre,
deux variétés (sciences-langues et lat' -langues) qui avaient
des langues viA'antes à l'écrit, ne voudrait maintenir que les
deux qui n'en ont pas. J'affirme qu'il s'ensuivra un effondre-
ment considérable de notre enseignement.
Quand on nous parle d'instituer pour les langues tous les
cours" facultatifs qui sembleront nécessaires, on nous offre
un parapluie en remplacement d'une maison. Tous les cours
facultatifs ne tiendront pas contre le fait psj'chologique
énoncé ci-dessus, et l'on admire qu'un ministre qui veut
renforcer en l'étriquant le système de coercition des pro-
grammes et des volontés qu'assure le baccalauréat, parle de
474 LES LANGUES MODERNES
fonder quoi que ce soit sur du facultatif. Je voudrais bien
savoir s'il se trouverait un autre pays d'Europe assez mal
inpiré, actuellement, pour supprimer de l'écrit de ses
examens secondaires les langues vivantes qu'il y avait si
sagement installées.
Que le projet ministériel se ressente un peu partout de
l'improvisation — et une vague délibération du seul conseil
de l'Instruction Publique n'y changera sans doute pas
grand'chose — il est permis de le legrettei ; mais il y a des
choses qui nous concernent moins. Que tout en parlant
d'alléger les programmes il les renforce du latin obligatoire,
on peut encore, en attendant que le système nous écrase,
trouver cela plaisant. Qu'on parle d'augmenter la part de
sciences dans la section latin-grec alors que tous ceux qui
ont fait leurs classes selon ce programme (et j'en suis un) se
rappellent combien le latin est absorbant et qu'ils ne pou-
vaient, faute de temps, avoir plus de sciences au programme
que le peu qu'ils avaient, on peut trouver que c'est une
offre de Gascon qui regarde les scientifiques. A l'égard des
langues au baccalauréat nous devons dès maintenant élever
la voix. Nous devons la faire entendre à tous les esprits
avisés, non conventionnels, non verbeux, qui se rendent
compte que ce serait un crime d'isoler la France dans le
monde par son ignorance des idiomes rivaux.
Ne prêtons pas l'oreille ■ aux faibles, aux timorés, aux
poseurs de tampons, à ceux dont la naïveté vient plus du
caractère faible que de "esprit médiocre, et qui nous diront
qu'un ministre n'a sûrement pas de si noirs desseins. Les
desseins du ministre le regardent seul : mais dès l'instant
qu'il projette une réforme, c'est à nous d'abord, qui sommes
dans la maison par vocation, qui avons l'expérience du
milieu, de tâcher d'en prévoir les conséquences. Il est
possible qu'il y ait parmi nous des esprits plus sagaces, mieux
informés, plus vastes ou plus pénétrants que ceux qui prési-
dent actuellement à nos destinées. Cela n'empêche point le
respect : cela crée le devoir de l'action.
S'il arrivait que la réforme projetée se fit en effet ; s'il
arrivait que notre discipline ne fût plus représentée à l'écrit
du baccalauréat ; s'il arrivait d'autre part, que dans la section
même où nous pensions trouver un r.efuge, la section moder-
ne, on réduisît notre part de deux langues à une seule, ceux
que les idées générales ne passionnent pas pourraient biL'u-
I-'EIKORT OPPORTIN l~7>
toi se trouver si amoindris dans leur situation matérielle
qu'ils comprendraient enfin. Ils comprendraient qu'il n'ont
pas assez pris soin de se défendre. Ils comprendraient qu'il
ne suflit pas de répondre à un référendum aussi confus
qu'insidieux ; ils comprendraient que l'avenir est à ceux qui
se font entendre. Et sans doute ils en arriveraient vite à la
conclusion déjà entrevue par quelques-uns : que. si le bacca-
lauréat ne représente plus aucune capacité véritable, aucune
qualilication, aucune valeur de rendement, mais seulement
un vague mandarinat fondé sur de vieilles formules byzan-
tines, alors le plus grand service qu'on pourra rendre à
l'enseignement secondaire sera de supprimer le baccalauréat.
Nous n'en sommes pas encore là, mais je demande à ceux
qui croient à la valeur du latin obligatoire de se poser dès au-
jourd'hui cette question : Supposons qu'il me faille opter pour
la France entre l'enseignement secondaire sans langues an-
ciennes et l'enseignement secondaire sans langues modernes,
l'un devant nécessairement exclure l'autre : lequel choisirais-
je ? S'ils préfèrent la France isolée du présent à la France
isolée du passé d'il y a vingt siècles, ils se résoudront en
faveuc des langues anciennes, et d'avance nous n'avons plus
rien à leur dire. S'ils choisissent les langues modernes — et
plus d'un sans doute, en les choisissant, se réjouira que la
réalité ne lui impose pas un dilemme aussi pressant — je
doute fort que leur esprit ne se fixe pas bientôt dans une
attitude plus décidée en face du péril suspendu sur notre
en.seignement.
Robert Maurice.
-OEO-
LETTRE AUX COMPAGNONS
DE L'UNIVERSITÉ NOUVELLE
sur la question du latin ^'*
Mes chers amis,
Je crois que le moment est venu de regarder en face le
problème du latin.
Terrible problème. Tant d'intérêts, de sentiments, de for-
ces y sont intimement mêlés... Une solution franche paraît
impossible. Et, cependant, une solution franche est néces-
saire...
Les polémiques infinies laissent une grande lassitude. Trop
d'encre a coulé pour défendre le latin, ou même l'attaquer.
Un scepticisme résigné, le sentiment parah^sant d'une dis-
cussion irrémédiablement faussée, seraient un refuge ten-
tant, si le devoir de refaire l'éducation française n'était
aujourd'hui la forme la plus urgente de l'obligation civi-
que.
Il est, heureusement, un progrès silencieux des choses.
Les questions mûrissent quand une nécessité profonde ne
permet pas qu'on les oublie. Comment se fait-il que vous
posiez, malgré tout, celle du latin ? Ne semblait-elle pas en-
terrée avant la guerre ? Ne nous avait-on pas démontré que
la « crise du français » était due à ce que nos meilleurs
(1) Cette lettre, depuis deux ans et demi, a vieilli, comme toutes
choses, mais j)lus que beaucoup d'autres ; le problème auquel elle
touche a évolué singulièrement vite. Elle porte la marque de la
grande espérance, du premier printemps de la paix ; elle n'est plus
au ton du présent. Elle évoque les reconstructions nécessaires, le
souci exaltant de l'avenir qui s'ouvre ; on nous propose, aujour-
d'hui, de revenir au passé. Il ne s'agit plus, pour les humanités
modernes, d'attac|uer, mais de se défendre. Peut-être ces remarques,
pourtant, gardent-elles quelque utilité ; le débat, au fond, n'a pas
changé ; aujourd'hui, comme alors, l'enjeu en est la grande mé-
connue, la grande sacrifiée, la langue française ; nous voyons aux
prises ceux qui la croient personne majeure, — et ceux qui ont de
sa pureté un souci trop vif pour ne jjoint la laisser sous la tutelle
de sa nourrice ; ceux qui placent en nous-mêmes notre unité spiri-
tuelle, — et ceux (jui ne la veulent voir (jue dans l'une des tradi-
tions dont nous sommes faits.
L. C.
LETTRE AUX COMPAGNONS DE L TNIVEKSITE NOUVELLE 4//
bacheliers ne lisaient plus Virgile sans lexique ? N'avions
nous point appris que, si les polytechniciens manquaient
souvent de resjjrit synthétique et du sens de Ja forme,
c'était pour ne s'être point assez imprégnés de Cicéron ?
N'avait-on pas évoqué à nos yeux attendris l'image de nos
jeunes lycéens se livrant, devant un Tite-Live, à la*fameuse
« gymnastique intellectuelle » ? La guerre n'a-t-elle pas,
depuis, justifié cette orthodoxie — quelle orthodoxie n'a-t-elle
pas justifiée ? — en prouvant, de toute évidence, que les
ennemis du latin sont des Boches ? Récemment, nos admi-
nistrateurs n'ont-ils pas suivi ce mouvement d'opinion en
imposant aux jeunes filles, pour s'ouvrir les carrières libéra-
les, de passer le baccalauréat et d'apprendre — ou de pré-
tendre apprendre — le latin ?
Vous faisiez la guerre, cependant ; et quelque chose, il
faut le croire, déplaçait obscurément en vous, sur ce point
comme sur tant d'autres, cet équilibre des forces intérieures
qui apparaît à la conscience claire comme le jeu des con-
victions et des croyances. Votre mesure des valeurs pédago-
giques s'est modifiée. Esprits cultivés, raffinés, nourris de
langues classiques, voici que vous renoncez au grec ; vous
savez que le maintien du grec dans le cadre de nos huma-
nités normales est moralement, matériellement impossible.
Vous maintenez le latin comme élément fondamental dans
votre programme d'humanités nouvelles ; mais vous le
maintenez sans enthousiasme ; vous entourez son maintien
de considérants aussi durs qu'un verdict hostile ; vous l'en-
tourez de conditions qui ne peuvent pas — en toute fran-
chise — se réaliser. Croyez-vous sérieusement que l'étude du
latin soit encore assez vivante ; que les réalités auxquelles
elle répond soient assez substantielles ; que la foi des maî-
tres qui y président soit assez ardente pour qu'un effort
vigoureux, vaste, soutenu, puisse la rendre efficace en la
rajeunissant, la renouvelant ? Prenez garde : vous exigez
des résultats. C'est un arrêt de mort. Le iatin ne peut plus
vivre que de mystique. Ses pleines vertus ne sont visibles
qu'aux yeux fermés, éblouis par l'éclat insoutenable de
l'habit neuf du grand-duc.
S'il est vrai que le cours des choses — malgré de su-
perficielles, de passagères réactions — porte le monde nou-
veau qui naît à se chercher une libre, une neuve formation
des esprits et des âmes, l'heure est passée où le problème
<lu latin dans l'enseignement était une querelle de plus ou
478 LKS LANGUES MODERNES
de moins. Quel était au juste le rendement de l'énergie
mentale, du temps appliqués à cet apprentissage par le meil-
leur de notre jeunesse ? A le doser, nous perdions, qui notre
latin, qui notre algèbre. Ce rendement n'était point nul :
il n'était pas infinitésimal ; il avait substance ; et si la
quantité-,» sans aucun doute, était médiocre, peut-être la
qualité, comme l'affirmaient les croyants, était-elle infini-
ment précieuse ? Peu importe aujourd'hui ce dosage. Nous
savons, d'une connaissance certaine, que la vie est trop
courte, le monde trop vieux et trop vaste, pour que nos
enfants se façonnent le jugement, ou acquièrent le sens de
leur propre langue, ou fassent des exercices d'assouplisse-
ment intellectuel, en se frottant de vocables morts, et qu'ils
oublient tout de suite joyeusement. Nous le savons ; et ceux
que le nient le savent au fond d'eux-mêmes, ou le sauront
demain. Vous le savez au fond de vous-mêmes, ou vous le
saurez demain. La foule des choses utiles ou belles et enno-
blissantes qu'il faut apprendre, si nous voulons être de
notre temps ; l'âpre concurrence des réalités essentielles
qui font le siège d'une pensée d'aujourd'hui ; les immenses,
les multiples ressources de logique, de finesse, d'art, de
beauté que nous offrent les expressions modernes de l'acti-
vité humaine — langues, sciences, idées, monuments ; tout
nous révèle qu'il est nécessaire, qu'il est facile de trouver,
pour la formation morale des générations qui viennent, un
autre instrument. Dites, si vous le voulez, que je tranche
par une décision arbitraire ce nœud gordien. C'est mon acte
de foi, à moi — car nous ne croyons rien sans foi. Je vous
donne rendez-vous dans un demi-siècle, je fais appel à la
postérité... En attendant, comme l'homme doit travailler
selon ses faibles lumières, de son vivant, je vous propose
de ne point retarder encore, mais d'aider un peu le cours
des choses. Je vous propose d'attaquer, dès aujourd'hui, la
montagne de préjugés et de sentiments sincères qui nous
sépare d'une coHception vraiment féconde des humanités
modernes. Non, le latin n'est ])as indispensable ; non, le latin
n'est plus possible. Comment s'en libérer '?
Entendons-nous tout de suite. Renoncer au latin n'est pas
tirer le rideau sur la littérature et la civilisation de l'anti-
quité romaine. Certes, nos enfants ne s'hypnotiseront plus
sur le passé ; l'histoire du monde avant l'ère chrétienne ne
les retiendra plus des années entières. Mais ils sauront ce
qu'a été la culture d'Athènes, et celle de Rome. Ouvrons les
^£
i.HTXRE Aix (:ompa(;n()NS de l l'nivkrsite nouvelle J/'J
yeux à l'évidence : l'enseignement tles jeunes filles marque
un ])rogrès sensible sur celui des garçons. Les sœurs ont
de la vie antique, à travers les cours de littérature ou d'art,
les lectures bien choisies, les traductions, un sentiment plus
riche et concret que celui des frères. Reconnaissons que le
problème des humanités modernes a été en grande partie
résolu par les programmes de l'enseignement féminin ; et
que, si l'expérience n'avait pas été faussée par tant d'in-
fluences extérieures, son succès indéniable eût été plus élo-
quent encore. Je ne parle pas, et pour cause, des sections
« sans latin » des lycées de garçons ; la conspiration des
parents et des maîtres les a frappées d'un interdit moral.
11 n'en sort pas moins, nous le savons, d'excellents esprits.
Renoncer au latin n'est pas le bannir de l'enseignement
sui)érieur, ni même secondaire. Je crois nécessaire que les
futurs professeurs de lettres l'aient étudié sérieusement. Il
faudrait instituer une préparation spéciale de ce chef, pour
cette partie de l'élite, qui ne doit en être, dans une société
bien réglée, qu'une petite portion parmi beaucoup d'autres.
Quel instrument cependant jouera, dans la formation
du reste — de toute cette jeunesse à qui ses aptitudes ou-
vriront les humanités, la pleine culture — le rôle que notre
foi docile attribuait au latin ? Dans une large mesure, une
langue en héritera ; et ce sera la nôtre. Vous dites que
l'explication française est encore incertaine, hésitante : elle
réclame, en effet, plus de souplesse, d'initiative, de créa-
tion, que l'ànonnement sur les textes anciens ; sa méthode,
sa tradition, sont encore à créer, ou plutôt à vulgariser.
Elle ne s'attache pas uniquement, ni surtout, à démêler la
pensée immédiate de l'écrivain ; cette besogne parfois déli-
cate, toujours intéressante, n'y est, le plus souvent, que
secondaire. Eclairer un passage, en retrouver le lien avec
l'ensemble organique où il se place, avec la personnalité de
l'auteur, avec les influences du milieu littéraire, moral et
social : autant d'élargissements qui donnent à cet exercice
une fécondité incomparable. Ses formes les plus humbles
ne sont pas privées de la même vertu ; lire une page très
simple d'un bon auteur avec des enfants, l'élucider complè-
tement, en faire sentir le mérite et deviner l'homme der-
rière l'œuvre, n'est-ce pas tirer du contact des lettres le
profit humain qu'elles peuvent donner ? Au sommet de
sa formule, l'explication française ouvre de vastes pers-
jjectives sur l'histoire, la philosophie, l'esthétique, la psy-
33.
480 LES LANGUES MODERNES
chologie ; elle est la synthèse naturelle par laquelle se fait
dans l'esprit des écoliers la fusion de toutes les connais-
sances que leurs études leur ont données sur la France ;
elle achève et anime l'image morale de la patrie. « Cons-
truire », expliquer un texte latin, permet au maître, par
une pente aisée, de concentrer sur les mots tout son effort.
Faut-il croire que cette faculté commode, grâce à laquelle,
bien vite, l'automatisme peut s'installer sans partage, est
pour quelque chose dans la préférence si souvent accordée
à l'explication latine sur l'explication française ?
Dans celle-ci, le travail d'approche est réduit au mini-
mum, libérant l'activité pour l'intelligence du sentiment et
des idées. Ce travail n'est pas annulé pourtant ; plus on
s'éloigne du présent, plus nos ouvrages classiques ont besoin
d'être éclaircis. Par le jeu de cette interprétation, par la
comparaison des moments successifs dans le développement
de notre langue, nos enfants peuvent acquérir le sens du
style, la conscience approfondie de la valeur des mots que,
seul, le latin, parait-il, devait nous donner. Ajoutons que
l'explication n'est pas, il s'en faut, le seul exercice littéraire
permis aux humanités modernes. Elles instituent l'appren-
tissage direct de l'art de penser et de l'art d'écrire. Le dis-
cours latin était un pastiche stérile ; la composition fran-
çaise est la meilleure école de l'esprit. Corriger une narra-
tion maladroite, écheniller les mille petites erreurs d'usage.
de goût, de tact, de logique, dont la moindre fait du fran-
çais un jargon, n'est-ce pas purifier, à sa source même, le
flot sans cesse rejaillissant de la sève qui alimente l'évolu-
tion de notre littérature '?
Mais en remontant le cours des siècles, en creusant sous
les apports successifs des générations, c'est vers le latin, par
le vieux français ; c'est vers l'étymologie latine, par les
sens archaïques ou savants, que l'on s'oriente nécessaire-
ment ? Sans doute ; mais je ne crois nullement indispensable
que l'élève moyen, le futur commerçant, ingénieur, indus-
triel, voire le futur savant, écrivain ou artiste, ait de cette
dérivation autre chose qu'un sentiment général. La notion
imaginative d'un arrière-fond de culture et de langue, où
aboutit le retour de notre esprit vers nos origines ; des
lumières sur les caractères moraux, intellectuels, sociaux,
(le cette langue et de cette culture ; voilà ce qui importe et
ce qui suffit. J'y ajouterais des exemples roncrets, des élé-
ments probants ; je voudrais que, sans étudier le latin dans
LETTRE AIX COMPAdNONS DE l/UN IVKRSITÉ NOIVKLLE 481
les formes solennelles consacrées, sans y perdre des années
ingrates, nos écoliers fussent mis en contact avec des raci-
nes latines, des mots latins, et que le mécanisme du passage
d'un idiome à l'autre leur fût rendu sensible par des illus-
trations claires. Quelques leçons d'étymologie ou de lin-
guistique très simplifiée ; une demi-douzaine de classes
données à la dérivation d'une centaine de mots familiers :
voilà ce qui importe et, encore une fois, cela sufïit. Acquérir
le vocabulaire du latin usuel ; en posséder vraiment le mé-
canisme ; lire les auteurs 'dans le texte, est une entreprise
tout autre, lente, ardue, stérile dans l'immense majorité des
cas, et dont la vaine poursuite est un criminel gaspillage de
temps et de force.
Mais la « gymnastique intellectuelle ? o Le français nous
la donnera dans une large mesure. Et si le maître doit
apportei', jiour l'intelligence du texte, ■des afïirmations sans
preuves, renvoyer à des modèles classiques ou à des ter-
mes anciens que l'élève ne peut, sans latin, contrôler par
lui-même, n'est-ce pas la loi de tout enseignement ? Il faut
s'arrêter quelque part. Le latin lui-même n'était qu'une éta-
pe ; quel arbitraire en faisait un terme ultime de notre édu-
cation philologique ? Nos jeunes filles apprennent fort bien,
sans latin, à écrire en français. Combien de nos stylistes
les plus originaux ont concilié la vigueur franche, la finesse
exquise d'une langue oréée, avec l'ignorance du latin ! Heu-
reuse ignorance... Il n'y a là, au vrai, nul miracle. Le latin
encourage et forme la correction académique ; mais Mme
Colette Willy écrirait-elle mieux si elle le savait ? Ecrirait-
elle, pour tout dire, aussi bien ? Que d'exemples je pourrais
citer — dans le passé ou le présent — chez les hommes
ou chez les femmes — si cette lettre n'était déjà si longue !
— Quant à l'esprit de synthèse, à moins que ce ne soit
celui d'analyse ; quant à la faculté de construire et au
sentiment des nuances, n'est-il pas aveuglant d'évidence
qu'il faut à l'écolier moyen les avoir déjà, en posséder le
don instinctif, pour les nourrir de Cicéron ou de Tacite ?
La formation générale de la pensée, du jugement, du goût,
sera l'objet d'une « gymnastique » de tous les instants ;
et toutes les études de nos enfants, celle des mots et celle
des choses, celle des sciences comme celle des lettres, celle
de la nature et de l'art humain, contribueront à ce résultat.
Il y a un certain enchaînement instructif des mots dans
une phrase latine, une certaine logique apparente et con-
482 LES LANGUES MODERNES
crête clans les rapports grammaticaux marqués par des cas.
Mais croyez-vous que cette logique — d'ailleurs relative et
de toutes parts limitée par l'accident — mille autres moyens
de culture, artificiels ou non : un paragraphe des Provincia-
les, une série de théorèmes géométriques, le jeu des organes
dans le corps humain, les proportions d'une cathédrale ne
puissent en donner à des esprits jeunes ou plus mûrs le
sentiment superficiel ou approfondi ? Je n'ai point fait la
part belle, n'est-ce pas, aux langues étrangères ; mais pour
une part — une petite part — les exercices d'assouplisse-
ment que représente une version anglaise ou italienne, au-
ront leur rôle.
S'il y a une « crise du français », c'est qu'on n'étudie
pas assez le français ; on ne l'a jamais assez étudié. Mais
jadis seules les personnes de loisir écrivaient ; la société
corrigeait ce qu'avait fait l'école. Aujourd'hui, tout le monde
écrit. Le journal est une leçon quotidienne d'impropriété, de
négligence. Qui prend, aujourd'hui, la peine de bien écrire ?
Raisons sociales donc. Il y aurait un remède : étudier le
français ; l'étudier soigneusement, amoureusement, en lui-
même et pour lui-même. L'étudier par le latin, à travers le
latin, est une chimère ou une plaisanterie. Chimère pour le
philologue qui saura si bien le latin qu'il perdra le sens
du français vivant ; plaisanterie pour l'écolier ordinaire qui
ne saura jamais ni le latin ni le français.
Faut-il croire que l'ignorance du latin rendra inacces-
sibles, sans le commentaire d'un maître, les chefs-d'œuvre
de notre littérature classique ? Mais le latin ne les rendra
pas accessibles sans une préparation d'esprit générale, et
une préparation d'esprit générale les rendra accessibles sans
le latin. Je ne vois d'interdits, à l'écolier formé par les hu-
manités modernes, que deux ordres d'effets littéraires : les
calembours souvent pédantesques qu'implique une allusion
au sens étymologique lointain des termes ; les nuances sou-
vent précieuses qu'enferment des emplois « savants » de
mots usuels. Résignons-nous à rendre difficiles, sans le
secours d'une glose, certaines recherches de nos écrivains
les plus érudits ou les plus raffinés ; ce n'est certes pas payer
trop cher un allégement infiniment utile, et d'ailleurs infi-
niment nécessaire, des programmes, et la solution du plus
redoutable problème pédagogique que l'empirisme du passé
ail légué au présent.
Enfin, sommes-nous des « latins » ? Est-il vrai que notre
I.ETTHE ALX COM l'A(iN()NS DE L'iM\ ICRSlTlv NOIVELI.K -JSS
originalité soit inséparable de la culture romaine ? Grave
débat que je ne me charge pas de trancher. L'accord s'est
fait sur la dette intime, profonde, évidente, de notre dévelop-
pement historique envers les influences latines de tout ordre.
Reconnaissons cette dette en donnant une jjlace jirivilégiée,
dans l'étude des civilisations antiques, à celle de Home, mal-
gré la supériorité intrinsèque de celle d'Athènes. Mais notre
originalité est depuis longtemps indépendante ; elle contient
en elle-même son principe de renouvellement. Il n'est nulle-
ment nécessaire de lire Cicéron dans le texte pour rester
— si nous le sommes — des Latins. Lire Racine, Voltaire
et Anatole France sera suffisant, et bien autrement efficace.
Rassurons-nous ; la lignée des maitres de notre pensée, de
notre langue, restera toujours — si elle est sincèrement hono-
rée — la gardienne des traditions vraiment essentielles à
notre unité nationale.
Je concevrais donc un enseignement qui appuierait large-
ment les humanités modernes — pour tous ceux que les
premières années de classe montreraient dignes d'y avoir
accès — sur l'étude de notre littérature. Quelle place auraient,
autour de cette étude, les diverses disciplines — sciences de
la nature, histoire, mathématiques, langues vivantes, morale
civique, arts techniques — ce sera un problème délicat, mais
non insoluble, de le définir. Délivrés du latin, comme nous
nous sentirons à l'aise ! Quels programmes riches et souples
nous pourrons tracer, et comme nous pourrons laisser aux
exercices du corps leur marge nécessaire.
Dans le détail, les premières années d'enseignement, com-
inunes à tous, feraient connaître à l'élève les écrivains les
plus accessibles des trois derniers siècles. L'analyse précise,
approfondie des textes commencerait avec les classes d'hu-
manités : ce serait d'abord le xix" et le xviii- siècles, puis le
XVII- ; Ton y chercherait, non seulement le secret du style,
le sens du mot exact, des convenances subtiles, de l'ordre
et de l'équilibre, mais aussi le trésor de la pensée, de la poé-
sie, de l'éloquence, de la raison. Puis viendrait le xvi* siècle ;
et une année finale ouvrirait l'accès de notre littérature mé-
diévale et de nos auteurs les plus difficiles de tous les temps.
Durant les trois dernières années, l'appel à l'étymologie se
ferait plus fréquent ; la civilisation antique, en son ensem-
ble, serait évoquée à travers des manuels d'histoire, d'art,
des traductions heureusement choisies ; et des leçons élé-
mentaires donneraient une notion générale du rapport gêné-
484 LES LANGUHS MODERNES
tique entre le latin et le français. Seuls y ajouteraient l'étude
du latin lui-même ceux que leur goût ou leur vocation juo-
fessorale appellerait à le connaître. Mais il est temps que les
choses soient mises enfin en leur vrai plan ; qu'im strict mi-
nimum de latin soit enseigné pour éclairer la pleine connais-
sance du français, et non un minimum de français pour ne
point nuire au privilège du latin.
Je verrais donc, avec vous, un professeur principal d'hu-
manités : le maître de français. Il aurait appris le latin, et
quelque chose en passerait dans ses leçons. Il donnerait, en
temps voulu, les rudiments indispensables du latin : combien
allégé, combien réduit, cet apprentissage peut et doit être, la
pédagogie l'aura reconnu demain. Il orienterait son enseigne-
ment vers le i^résent, vers ce qui vit ; et, grâce à lui, la lan-
gue de Corneille et de Musset resterait la source vive où se
retremperait, se purifierait le français trop souvent amorphe,
trouble, vulgarisé d'aujourd'hui ; tandis qu'autour de la
classe circulerait la libre atmosphère du monde moderne, avec
la connaissance ou l'interrogation attentive de la nature, de
l'homme moral, de la société.
Compagnons, bâtissez la cité nouvelle de l'esprit. Mais ne
mettez point, dans ses fondations, de pierre au grain usé, qui
déjà s'effrite. Ne sentez-vous pas que la France de ce jour a
une soif ardente de réalité ? Elle a besoin de ne vénérer que
des prestiges auxquels elle puisse croire. L'éducation est la
plus sérieuse des tâches ; tout y doit respirer la plus scru-
puleuse sincérité. Nous avons derrière nous une antiquité
immense et glorieuse : les siècles profonds de l'ancien monde
d'avant-guerre. Puisons-y le sens fort de notre tradition et
de notre noblesse. Les âges légendaires de la Grèce et de
Rome sont, désormais, une préhistoire ; nos imaginations
pieuses ne les délaisseront pas, les érudits en rappelleront à
nos enfants les grandes mémoires ; mais acceptez que nos
enfants ne puissent y entrer eux-mêmes. La substance du
passé vivant est toute dans les quarante générations qui ont
assimilé la vertu antique et l'ont façonnée de leurs emprein-
tes neuves. C'est là qu'il faut la chercher. Edifions l'avenir
français sur la continuité de la personne morale que notre
patrie s'est faite.
Louis Cazamiax,
Professeur à la Sorbonne.
(Extrait de VOpinion, 5 avril 1919).
. « :|g]:«
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANCLArSES
La conférence de Downing-Street marque une étape
importante sur la route parcourue depuis tleux ans par la
cause, de l'indépendance irlandaise. Ceux qu'hier encore on
appelait les rebelles, extraits de leurs prisons, sont devenus,
sinon aux termes d'une reconnaissance officielle, du moins
en fait, les représentants de la nation irlandaise admis à
défendre devant les représentants de la nation anglaise des
droits ainsi implicitement reconnus et qu'il, reste à codifier.
Dans quelle mesure et sous quelle forme sera-t-il fait droit
à leurs prétentions ? Il est encore prématuré de le dire, au
moment où ne fait que s'ouvrir une conférence qui peut être
longue, fertile en incidents, ou qui peut même échouer.
Pour l'instant, on ne jDeut donc que pénétrer l'atmosphère
dont s'entoure cette conférence, car le résultat est susceptible
de varier avec la nervosité ou l'esprit de conciliation qu'y
apporteront les délégués.
Malheureusement, des nuages se sont amoncelés dès avant
l'ouverture des débats : cet enfant terrible du cabinet britan-
nique qu'est M. Churchill, s'est signalé à l'hostilité irlandaise
de façon assez maladroite en parlant de la « vraie guerre »
qui, en cas d'échec de la conférence, suivrait les « simples
embuscades >• d'avant la trêve. Singulière préface à des
pourparlers de paix et qui, naturellement, a trouvé un écho
dans un récent manifeste de M. de Valera. C'est presque sur
un ton de panique, en effet, que le Président de la Répu-
blique irlandaise invite ses concitoyens à l'union dans la for-
ce, les engage à se préparer à toutes les éventualités, voire à
tous les sacrifices. Peut-on d'ailleurs être surpris de trouver
chez les chefs irlandais une méfiance instinctive et une opi-
niâtre détermination à la lutte, si l'on réfléchit qu'ils ne peu-
vent manquer d'avoir présents à l'esprit les résultats malheu-
reux auquels les négociations ont toujours abouti dans
l'histoire de l'Irlande : promesses, commencement d'exécution
486 LES LANGUES MODERNES
comme ce fut le cas en 1783 lors de la constitution du parle-
ment dit de Grattan, avantages finalement abolis par l'acte
d'union de 1800.
Il semble pourtant que l'opinion publique en Angleterre
réclame le règlement définitif de la question et qu'elle soit
prête à souscrire à une solution amiable favorable à l'Irlande.
C'est le point de vue que vient d'exprimer Lord Grey, à
l'occasion de sa rentrée dans l'arène poJitique : on finit,
a-t-il dit en substance, par où l'on aurait dû commencer, et
l'on eût ainsi évité, outre la politique de terreur et de
représailles qui a fait couler tant de sang, l'animosité et la
méfiance qui ne peuvent que fausser les jugements et renfor-
cer les obstinations pendant les travaux de ces conférences.
Aussi, dans la crainte que le peuple irlandais ne soit peu
disposé à pardonner à l'Angleterre le sang versé, s'eft'orce-
t-on de rejeter ces lourdes responsabilités sur l'incohérence,
soulignée par Lord Grey, de la politique gouvernementale ;
et l'on insiste sur les raisons qu'ont les deux peuples de
vivre en i^aix. Il est même significatif et rassurant que
rirish Bulletin, organe de propagande du Sinn Fein, donne
lui aussi, dans un de ses derniers numéros, des conseils de
confiance et de modération : « Si l'on veut mettre fin à la
lutte entre les deux peuples, on n'y arrivera qu'à force de
bonne volonté et en s'inspirant de la justice, tant du côté
irlandais, que, nous en sommes convaincus, de la part du
peuple britannique. Les moyens de faire la paix ne manquent
pas. Le différend lui-même reste en dehors des sentiments
véritables des deux peuples, de même qu'il est contraire aux
intérêts profonds du peuple britannique ».
La note est juste, et si à l'heure où se joue le sort de
l'Irlande les parties en présence ont conscience de leurs res-
ponsabilités, elles ne triompheront des difficultés du problè-
me et des divergences inévitables qu'en s'inspirant de ces
conseils.
La situation créée par le chômage ne laisse pas d'être
inquiétante. Le nombre des sans-travail approche sensible-
ment de deux millions, mettant ainsi en jjéril la discipline
.syndicaliste et augmentant ^c mécontentement général contre
le gouvernement. Les leaders travaillistes commencent en
CHRONIQUE ÉTHANGKHE 187
effet à se déclarer impuissants à inaint.'nir le bon ordre, et
reprochent aux dirigeants de chercher à se soustraire à
leurs responsabilités en tentant de confier la solution du
conflit à des commissions d'experts.
Le cabinet doit donc se résoudre à prendre les mesures
que comporte la situation : on a envisagé des solutions aussi
radicales que l'émigration vers les Dominions, qu'il importe
de consulter au préalable ; et, pour l'instant, on s'est contenté
de subventionner les municipalités susceptibles d'employer
les chômeurs à des travaux d'utilité publique. Faible remède
d'ailleurs, qui doit être complété par l'attribution de secours
de chômage dans d'inquiétantes proportions. Aussi le pro-
blème se double-t-il d'une question financière, et l'on se
résout mal, dans les milieux intéressés, à une inflation fidu-
cière liée inévitablement au marasme de la situation commer-
ciale. L'amertume qui en résulte s'accompagne d'un dépit à
peine dissimulé dans les journaux, qui soulignent ce qu'ils
appellent le paradoxe allemand : tandis quÊ l'Angleterre et
l'Amérique victorieuses se débattent dans une crise commer-
ciale sans précédent, rAllemagne vaincue ignore le chômage,
voit ses usines reprendre toute leur activité d'avant-guerre,
et, grâce à la dépréciation du mark, est en train de faire la
conquête des marchés étrangers. Sans doute, s'accorde-t-on
à dire, cette prospérité est factice et passagère, et ne permet-
tra pas à l'Allemagne d'éviter une débâcle financière peut-
être prochaine.
La conclusion qu'en tire alors la presse anglaise s'inspire
de deux idées qui semblent en effet faire leur chemin : c'est
que, d'une part, les relations commerciales ne pourront
reprendre leur cours normal qu'autant que le taux des
changes sera stabilisé, et pour cela, il importerait, comme
la Chambre de Commerce de Manchester en a émis le vœu,
que fussent annulées les dettes de guerre interalliées. D'autre
part, enfin, les crises de chômage dépendant de causes
mondiales plus que nationales, seule une organisation inter-
nationale du travail permettrait d'enrayer le mal sur des
bases durables.
Ces solutions sont encore dans le domaine des vœux et de
la discussion, et il est certain que l'Angleterre devra trouver
à la crise actuelle des remèdes intérieurs et provisoires en
attendant ceux-là.
488 LES LANGUES MODERNES
Si les problèmes politiques et sociaux de l'heure actuelle
orientent les esprits vers des préoccupations de surface, le
courant profond permanent de l'idéalisme religieux semble,
sous l'influence de tendances récentes, se détourner sensible-
ment de son cours. Le modernisme n'est qu'une nouveauté
relative en Angleterre : un récent congrès tenu à Cambridge
au début d'août dernier vient cependant d'en souligner l'im-
portance, et de montrer que, circonscrit jadis aux milieux
intellectuels des différentes confessions, le mouvement avait
dépassé ces limites ; à tel point que certains journaux com-
mencent à demander des comptes aux propagateurs de ces
tendances hétérodoxes.
Lorsque des hommes d'église comme le Dean of Carlisie
nient sans équivoque la divinité même du Christ, que des
théologiens comme le professeur Bethune Baker déclarent
futiles et surannées les croyances à la Nativité et à la Résur-
rection, que d'une façon générale les exégètes du modernis-
me renoncent à concilier les explications scientifique et bibli-
que du monde, et font de la Genèse un mythe ou une superbe
allégorie, on comprend que la foule des croyants, témoin
lointain de ces troublantes discussions, et habituée qu'elle était
au solide terrain de dogmes jusqu'alors considérés comme
intangibles, s'émeuve, ou se laisse entraîner à de dangereux
scepticismes. De là cet appel de certains journaux pour l'uni-
fication et la consolidation de la doctrine chrétienne, et cette
protestation contre les ferments de doute que l'exégèse nou-
velle menace de répandre dans les croyances communément
enseignées.
Nul doute que la récente position prise par les modernistes
ne détermine une réaction parmi les partisans de l'autorité
religieuse ; il ne sera pas non plus sans intérêt de voir se
mesurer, sous l'égide de la religion, deux forces morales aussi
contradictoires que l'esprit de libre examen et l'orthodoxie
traditionnelle.
G. JOUSS.UME.
^9r
I
ClIKONIQrE KTUANGKRE 489
NOTES ESPAGNOLES
L'actualité politique et les affaires du Maroc
Quelques aspects du problèn)e littéraire
En inaugurant ici noire chronique bimensuelle espagnole,
nous tenons à formuler préalablement quelques observations
essentielles. L'une des plus importantes est que, dans le
très court espace qui est accordé à cette rubrique"|)ar notre
impitoyable Secrétaire de Rédaction, il sera difficile de con-
tenter tout le monde. L'Espagne, pour si décriée qu'elle soit
aux yeux de certains, est un grand pays, dont l'avenir peut,
d'un jour à l'autre — au gré d'accidents politiques contin-
gents — s'orienter vers des voies entièrement nouvelles.
D'ores et déjà, cependant, elle sollicite l'attention de l'obser-
vateur par mille asjîects intéressants, dont le vieil aspect
« pittoresque » sera le dernier que nous songions à évoquer
à cette place. Il n'y aura donc pas lieu de s'attendre à ce
que nous donnions successivement, dans Les Langues Moder-
nes, autre chose que des tableautins rapides, dont la succes-
sion, toutefois, pourra, nous l'espérons, permettre aux lecteurs
de se former quelques jugements d'ensemble sur un pays aussi
complexe qu'est l'Espagne. D'autre part, l'actualité politique,
encore qu'elle doive fréquemment apparaître au premier
plan, n'absorbera point notre plume. Nous saurons, à peu
près dans chacun de ces airticulets, nous réserver la primeur
de quelque nouveauté littéraire. La littérature espagnole
reste. Dieu merci, assez riche et féconde, sur tous les domai-
nes, pour que l'on soit, à priori, assuré de n'avoir, en
l'espèce, que l'embarras du choix. Ceci posé, nous nous hâtons
d'entrer dans le vif de notre sujet.
Actuellement, l'horizon politique espagnol est complète-
ment dominé par le problème marocain. Nous n'aurons pas
la fatuité d'en exposer les conditions. La presse française
les a plus ou moins complètement et exactement retracées.
Qu'il nous suffise de constater que si, en 1909, l'envoi de
renforts au Maroc, fut l'occasion des tumultes sanglants de
Barcelone, cette fois les troupes ont franchi le détroit sans
qu'aucun trouble sérieux ne soit venu bouleverser la nation.
Et cependant les renforts expédiés en ces mois d'août et de
septembre sont autrement importants qu'alors ! C'est que le
490 LES LANGUES MODERNES
peuple, tout en maugréant, met une sorte de point d'hon-
neur à réagir devant la catastrophe — car c'en a été une —
et, sentant que l'aventure est de celles où l'énergie nationale
a besoin de se révéler en face de l'étranger, étouffe, du moins
provisoirement, ses passions et ses rancœurs. Mais combien
de temps cet état d'esprit durera-t-il ? Nous n'oserions certes
pas formuler de pronostics. La situation sociale est grave et
le sera aussi longtemps que les généralités économiques qui
la conditionnent n'auront pas été traitées par la main d'un
chirurgien impitoyable. En Catalogne et dans les quelques
autres régions industrielles, le feu couve sous la cendre. Et
puis, la situation militaire rétablie au Maroc, quelle politique
suivra-t-on là-bas ? Les journaux se livrent sur ce point à
des discussions curieuses, que nous ne pouvons même pas
résumer. Dans un pays comme l'Espagne, où l'opinion
publique, si elle existe, n'a que rarement eu la force de
s'imposer aux Gouvernements, il y a tout lieu de craindre
que les ministres d'Alphonse XIII ne se laissent emporter
par des rêves de mégalomanie colonisatrice et expansionniste
et ne prolongent, pour le plus grand dam du budget et de la
colonisation intérieure, la folle équipée marocaine. Il y aurait
certes profit à traduire certaines des réponses que, sur la poli-
tique à suivre au Maroc, le journal La Libertad reçoit de ses
lecteurs, mais c'est là tâche impossible. Nous aurions aimé
aussi à reproduire ce que la vieille Correspondcncia de
Espona — que son Directeur, M. Leopoldo Romao, vient
d'abandonner — citait à propos de ces légendaires Kurdes,
en Extrémadure, où la plus lamentable inculture continue,
comme par le passé, à défier les conditions modernes
d'existence civilisée. Allez donc, e.n ])résence de tels exemples
de l'abandon où est laissé l'intérieur du pays, nous parler de
coloniser le Maroc ! Mais ce sont là questions fort délicates,
où il vaut mieux ne pas prendre parti.
Avant l'échec, l'Espagne entretenait environ 80.000 hommes
au Maroc et y dépensait 200.000.000 de pesetas, en chift'res
ronds. La Gaceta (Journal Officiel) publiait de temps à
autre, depuis que les opérations étaient devenues plus
actives, une concession de crédits supplémentaires et le
pays laissait faire. Aujourd'hui, on trouve que l'on a dépensé
beaucoup d'argent pour des résultats négatifs et la presse
exige que soient établies les responsabilités. L'on n'est i)as,
non plus, sans songer à l'exemple de la France dans la zone
r.HHONIQUK ÉTHANGKHI-: 401
voisine... Mais n'insistons pas. Pas plus que nous n'insisterons
sur les critiques adressées par les journaux d'Espagne au
Ministre de la Guerre et à l'état d'impréparation où il est
avéré que fut laissée l'armée espagnole. En lisant ces criti-
ques, toutefois, l'on réprime difficilement un sourire, au
souvenir de certaines rodomontades d'organes germano-
philes contre la France, au cours de la Grande Guerre... Ce
qu'il sera bien permis de dire, c'est que l'expédition maro-
caine va mettre dans un fâcheux état les linances de l'Espa-
gne. Avant l'échec, l'année financière espagnols promettait
un déficit d'environ 900.000.000 de pesetas. Combien va
coûter au Trésor l'expédition « punitive » au Maroc, c'est ce
que l'on ne saurait encore supputer. Mais que deviendra, en
présence des charges qui vont désormais grever le budget, le
plan de rénovation intérieure de l'Espagne imaginé jDai*
M. La Cierva ? Car si les millions s'en vont par centaines au
Maroc — alors qu'ils étaient déjà insuffisants pour l'œuvre
à réaliser dans la péninsule — comment sauvera-t-on le
paj's de la catastrophe économico-sociale qui le menace et
qu'eût peut-être entravée, sinon fendue à tout jamais impos-
sible, la conception de réformes élaborée par l'homme
politique de Murcie, dont M. José Martinez Ruiz — plus
connu sous son pseudonyme littéraire d'Azorin — s'est
fait l'apologiste patenté ?
Que si, maintenant, nous jetons un rapide coup d'œil sur
les domaines de la littérature, nous ne saurions manquer
d'être frappés par ce curieux phénomène que le nombre des
livres traduits dépas,se aujourd'hui de beaucoup, aux vitrines
dès libraires, celui de la production autochtone. Celle-ci
semble — pourquoi le cacher, si les Espagnols eux-mêmes le
confessent — révéler de plus en, plus une fâcheuse tendance
à n'aborder que le domaine erotique. A tel point que
D. Rafaël Calleja — qui dirige l'une des plus importantes
maisons éditoriales d'Espagne — a senti Je besoin de
pousser un cri d'alarme public. L'écrivain Tomâs Borrâs lui
a répondu en des termes qui posent le problème sous un jour
intéressant également les littérateurs de France. Borrâs, en
efTet, soutient la thèse cjue l'on n'écrit, en Espagne, que sous
la pression des éditeurs et que ceux-ci n'accueillent bien que
les manuscrits d'ouvrages pornographiques. Il est de fait
que, irécemment, Blasco Ibânez ■ — dans une des nombreuses
interviews qui lui furent prises lors de sa tournée triomphale
en Espagne — déclarait qu'il plaignait ses confrères de
4J)2 LES LANGUES MODEHNES
l'autre côté des Pyrénées, « obligés à écrire des saletés ou à
mourir de faim ». Sans parler du théâtre, il est de fait que le
plus grand nombr.e des écrivains esjîagnols s'adonne, pour ga-
gner quelque argent, au journalisme, vu que les travaux de lon-
gue haleine relevant d'un éditeur n'ont — toujours d'après
Borrâs — chance d'être reçus que sous forme de traductions ou
d'histoires lestes. Nous savons que la i)lupart des écrivains es-
pagnols actuels, qui ne sont pas journalistes, possèdent un em-
ploi qui leur permet de résoudre tant bien que mal le problème
alimentaire. José Francés, par exemple, est employé des
Postes et nous pourrions citer quantité de ses collègues qui
travaillent, qui dans des ministères, qui dans des mairies,
etc. D'ailleurs, il suffit de feuilleter un des prospectus de la
maison Calpe, par exemple, pour se persuader que les ouvra-
ges traduits y abondent. Même VEcIitorial Catalana S. A. —
qui travaille avec un capital de 3.000.000 de pesetas — a un
nombre infini d'œuvres traduites, alors que sa Biblioteca
Catalana reste médiocre quant au nombre des œuvres
éditées. Un magazine d'apparition récente : Lectiiras, prodi-
gue également les traductions, en quantité étonnante et
n'hésite même pas devant la réimpression de morceaux déjà
traduits. Quant à l'érotisme, les grands chefs de chœurs
d'hier — Zamacois, Hoyos y Vinent, Trigo, Insùa — sont
laissés loin en arrière par les Belda et les Retana, ce dernier
surtout. Il y a, à Madrid, une maison qui s'est fait une
spécialité de l'édition de petits romans dont les titres à eux
seuls sont une ignominie.
C'est la faute du public, dira-t-on, comme on disait autre-
fois chez nous que c'était « la faute à Voltaire ». C'est,
croyons-nous, la faute, au moins à part égale, des éditeurs :
car le public prend ce qu'on lui offre et n'exige rien. Ce
qu'il a le droit d'exiger, c'est qu'on lui vende des livres bien
faits et qui l'intéressent. Blasco Ibàiîez n'est-il pas, au sur-
plus, la preuve lumineuse qu'on peut conquérir le gros public
sans donner une seule fois dans l'érotisme ? Heureusement
qu'il y a, à côté de lui, quelques plumes qui se refusent à
s'alimenter dans la fange. Des noms comme Gabriel Miro,
Pérez de Ayala, Ramôn (iôniez de la Serna, Eugcnio d'Ors,
pour ne citer que les plus connus, suffiraient à nous rassu-
rer sur l'avenir immédiat des lettres espagnoles...
3 septembre. Camille Pitollet.
BIBLIOGRAPHIE
Can)ille Pitollet. — V. Blasco Ibanez : Ses ron)ar)S et
le ron)ai) de sa vie. (Caïman- Lévy, 'Slli p., ouvra;,'e orné de 50
illustrations, 1921).
M. Blasco Ibânez n'est pas un inconnu parmi nous. Le grand
romancier espagnol contemporain jouit depuis quelque temps déjà
d'une renommée mondiale. Plusieurs de ses romans ont été traduits
en français. D'autres le seront prochainement. Mais, malgré tout,
ces traductions n'ont touché, en France, que le grand public.
Rien de comparable à l'immense succès qu'a valu à Blasco Iba-
nez, aux Etats-Unis, son premier roman de guerre : les Quatre
Cavaliers de l'Apocalypse, traduit en anglais par .Miss Brewster
.lordân. La 1'^'' édition parut en juillet 1918. Au commencement
de janvier 1920, l'œuvre atteignait sa 150'^ édition. Jamais tirage
plus sensationnel. Aussi, lors de la longue tournée de conférences
qu'il fit, d'octobre 1919 à juillet 1920, aux quatre coins des Etats-
Unis, Blasco Ibânez eut-il l'occasion de se rendre compte de sa
popularité dans tout le territoire de l'Union. L'Université George
Washington lui conférait en séance solennelle à laquelle assistè-
rent plus de 6.000 personnes le titre de Docteur es lettres honoris
causa.
L'ouvrage de M. Pitollet vient tout à fait à son heure (1). Nous
ne saurions trop remercier l'auteur de nous avoir donné de la
vie et de l'œuvre du célèbre romancier une étude aussi intéressante
et aussi complète, qui constitue en même temps un hommage
d'admiration et de gratitude envers celui qui. pendant la guerre,
n'hésita pas un seul instant à mettre toute son activité et tout
son talent au service de la France et de ses alliés. La tâche n'était
pas aisée. Il fallait établir une bibliographie qui n'existait pas,
retrouver les nombreux articles dont le romancier espagnol avait
été l'objet. Ce n'est pas à l'auteur lui-même que M. Pitollet pou-
vait demander toutes les précisions désirables sur la date et le
lieu de parution de ces articles de journaux ou de Revues. Pour
Blasco, en effet, il n'existe qu'une seule réalité, l'avenir. " Absorbé
tyranniquement par la vision d'un demain infini, il ne songe qu'à
ce qu'il fera et non à ce quil a fait. -> Aussi a-t-il été incapable
(1 1 De cet ouvrage, il a été publié une traduction espagnole sous
le titre ■ V. Blasco Ibânez, Sus novelas y la novela de su vida »,
éditée par la maison • Prometeo » à Valence et vendue 5 pesetas.
494 LES LANGUES MODERNES
de collectionner tout ce qui a été écrit sur sa personne et sa
production.
M. PitoUet est cependant venu à bout des difficultés que pré-
sentait un ouvrage sur le romancier contemporain. Non seulement
il était qualifié pour entreprendre cette étude, mais encore il était
un des rares à pouvoir la mener à bonne fin. Hispaniste de très
grande valeur, il est au courant de la production intellectuelle de
l'Espagne et des Républiques de l'Amérique du Sud, en même
temps que de tout ce qui paraît un peu partout, en France, en
Angleterre,' en Allemagne, aux Etats-Unis. Rien de ce qui a trait
à la littérature espagnole n'échappe à ce travailleur infatigable.
Journaux, revues, conférences; publications de tout genre, M. Pi-
toUet est renseigné sur tout. Et lorsque, au 1" chapitre de son
ouvrage, il déclare qu'il n'a pu recueillir qu'une <■ minime partie •>
de ce qui a vu le jour sur l'œuvre du romancier espagnol, c'est
pure modestie. Il serait difficile de demander une documentation
plus scientifique.
Les limites forcément restreintes de ce compte-rendu ne nous
permettent pas d'examiner dans le détail cet ouvrage qui founnillc
d'aperçus de toute sorte. La 1''" partie est consacrée au roman de
la vie de Blasco Ibâiïez. Et c'est bien un véritable roman que la
vie de l'écrivain espagnol, et un roman curieux et véritablement
captivant. Etudiant, conspirateur, journaliste, député, colonisateur,
conférencier, Blasco montre en toutes circonstances une énergie
et une ténacité sans pareilles. Homme d'action, il lui faut r.ans
cesse de nouveaux terrains où exercer son activité débordante.
Comme l'écrivait Ed. Zamacoïs, il fait l'effet d'un véritable aven-
turier de légende, d'un conquistador. » S'il eût vu le jour sur le
déclin du xV siècle, Blasco eût revêtu la cuirasse et suivi i'astrc
rouge de Pizarre ou de Cortez. «
Son œuvre devait être uai reflet de cette existence si diverse tt
si mouvementée. M. PitoUet a parfaitement indiqué au chapitre IX
qu'à chaque période de sa vie correspond une série différente de
romans. <■ Il est facile, dit-il, de faire accorder la classification
des romans avec le cours de l'existence même de Blasco, dont
l'œuvre apparaît ainsi en fonction de la vie et se révèle fort
indépendante des tyrannies, plus ou moins capricieuses, de telles
ou telles modes littéraires, le seul facteur véritablement efficace
d'influence dont elle puisse se réclamer étant le facteur de l'am-
biance. »
Blasco, en effet, a toujours montré une répugnance instinctive
pour tout ce qui rappelle les groupements académiques ou les
simples coteries littéraires. Il eût pu fonder une école littéraire,
mais il était trop persuadé de l'inefficacité de ces écoles. Il a
toujours marché seul en littérature, et après chaque nouvelle pro-
duction il s'est plongé, comme il le dit lui-même, dans la vie.
BIBLIOGBAPHIK 49b
afin de s'assimiler les mille variétés du réel et recréer ainsi son
activité productrice. M. Pitollet nous donne à la page 69 son pro-
gramme, sous forme d'une longue lettre adressée eu 1918, au prêtre
D. Julio Cejador. Admirable profession de foi, du plus haut inté-
rêt, où se trouve exposée la doctrine du célèbre romancier. Elle
est de nature, écrit avec raison M. Pitollet, à éclairer les critiques
à courte vue qui ne voient dans Blasco Ibanez qu'une " sorte de
volcan en perpétuelle éruption de romans, dont tout l'art se limi-
terait à reproduire la formule zolesque ... Grand admirateur de
Zola, certes, et son ami personnel, Blasco Ibanez n'a jamais nié
avoir subi de façon considérable l'influence du maître de Médan
et de l'école naturaliste, alors en plein triomphe. Mais il l'a subie
seulement dans les premières années. Dans la même lettre au
prêtre Julio Cejador, Blasco Ibanez déclare qu'il ne se trouve que
peu de rapports avec celui que l'on a voulu considérer comme
son répondant littéraire. " Nous n'avons pas la moindre simili-
tude, ni dans notre méthode de travail, ni dans notre écriture.
Zola a été littérairement un réfléchi, je suis un impulsif. » Nous
croyons également avec M. Pitollet, que le réalisme étant une qua-
lité essentielle de la littérature espagnole, •■ il n'était pas besoin
de Zola pour en apprendre, rebaptisée < naturalisme s la pratique
à l'Espagne. »
Dans les derniers chapitres de son ouvrage, M. Pitollet fait une
analyse aussi complète que précise des romans de Blasco Ibaiïez.
Il ne manque pas, à cette occasion, d'indiquer les circonstances
dans lesquelles ces romans furent, écrits, ce qu'il y a d'autobiogra-
phique dans tel ou tel d'entre eux. II en profite également pour
mentionner les confidences de l'auteur à E. Zamacoïs ou à lui-même,
discuter les appréciations diverses que suscitèrent les œuvres du
romancier, et faire justice des critiques, parfois sans fondement ou
injustes, d'exégètes notoirement plus renseignés. Peut-être pourrait-
on faire quelques réserves à propos de ce qu'il dit de <• El Milita-
rismo Mejicano ». Ce livre est-il bien l'expression de la vérité
touchant le Mexique ? Un doute plane sur les conditions dans les-
quelles furent écrits les articles réunis dans cet ouvrage. En cette
occasion, Blasco Ibanez ne mit-il pas sa plume au service des Etats-
Unis, pour favoriser leurs visées sur le Mexique et montrer la
nécessité d'une inters'cntion. C'est ce qui découle, semble-t-il,
d'un article récent de Luis Araquistain, dans le journal » El
Universal ». M. Pitollet a-t-il lu l'ouvrage de Emilio Rabaso sur
les Révolutions au Mexique ? Il éclaire, à notre avis, d'une façon
intéressante, et" l'état du Mexique et les efforts accomplis pour en
faire une nation civilisée.
M. Pitollet voudra-t-il me permettre, en terminant, de lui sou-
mettre quelques objections sur la forme, la contexture même de
son livre ? Il me semble, tout d'abord, qu'il y aurait eu peut-être
intérêt à grouper dans un même chapitre les considérations sur
34.
496 LES LANGUES MODERNES
l'aversion de Blasco pour les groupements littéraires, son program-
me esthétique (ch. IV), et « Blasco est-il " le Zola espagnol? »
« Comment il a écrit ses romans » ; « quelques réflexions sur le
style du romancier » (ch. IX). Nous aurions eu ainsi une vue d'en-
semljle sur les idées, le programme et le métier du romancier. De
même, n'aurait-il pas été préférable de reporter ce qu'il dit au ch. 8
du succès aux Etats-Unis des Quatre Cavaliers de l'Apocalypse au
chapitre XIII, où il nous donne l'analyse de ce roman ?
Je me permettrai également de signaler à M. Pitollet l'emploi
abusif qu'il fait des incidentes et des parenthèses. Elles sont par-
fois tellement longues, qu'on est obligé de relire la phrase pour
suivre la pensée de l'auteur. De ce fait, la lecture de telle ou telle
page est vraiment pénible et difQcile. Bon nombre d'observations,
de remarques seraient mieux à leur place en note. Le texte y
gagnerait beaucoup en force et surtout en netteté. Le jour où
M. Pitollet voudra bien s'astreindre à élaguer de ses livres et
articles l'amas de connaissances, de souvenirs, par ailleurs fort
intéressants, qui pourraient figurer en note ou en appendice, la
valeur de ses écrits s'en trouvera considérablement augmentée.
Ces quelques critiques n'enlèvent rien au mérite de l'ouvrage
de M. Pitollet. Par sa documentation de tout premier ordre, par
l'intérêt qu'il présente d'un bout à l'autre, il est à la fois une
œuvre de vulgarisation, qui permettra de faire connaître au pu-
blic français la vie si cui'ieuse de ce grand ami de la France, et
un instrument de travail indispensable pour quiconque voudra
étudier à fond les ouvrages du, grand romancier espagnol. Nous
ne saurions trop en recommander la lecture et souhaiter à ce livre
tout le succès qu'il mérite.
F. Denjean.
Loi)gwortl)-CI)an)brui). — « Giovai)r)i Fiorio, ui)
apôtre de la Rei)aissai)ce ei) Aoç'cterre au ten)ps
de Sb^l^^SP^^'*^ **• — 1 hèse pour le Doctorat d'Université pré-
sentée à la F'aculté des lettres de l'Université de Paris (Payot, Paris,
1921, 20 fr.).
Voici, en un volume de 220 pages, orné de 13 fac-similés et gra-
vures (quelques-unes de ces dernières inédites), une sérieuse étu-
de qui, suivant un sentier à peine exploré de la Renaissance
anglaise, comjjlète de données substantielles et précises le pro-
blème de l'italianisme de Shakespeare. Elle est donc intéressante
à ce titre d'abord, et aussi en ce qu'elle ouvre de vivants aperçus
sur les milieux italianisants de la société élizabéthaine. Seul, en
effet, parmi ses compatriotes (et ils furent nombreux, commer-
çants ou banquiers, médecins ou maîtres d'armes, artistes ou
savants, reçus en Angleterre à la faveur de la religion proies-
biblio(;haphie 497
tante), Jolin Florio réussit à s'assurer un enviable prestige au-
près des mécènes de l'époque, dont il devint le maître, ainsi qu'à
la cour du roi Jacques. Son érudition, l'enthousiasme presque
teinté de chauvinisme qu'il manifestait pour sa langue d'origine.
l)our la littérature et la civilisation de son pays, son caractère à
la fois souple et orgueilleux, susceptible, mais capable de déli-
cate diplomatie, expliquent le point d'honneur qu'il mît à se faire,
dans ce milieu, l'apôtre des lettres italiennes.
L'œuvre n'est pas moins curieuse que le caractère de l'homme,
et si oubliés que soient aujourd'hui ces manuels de conversa-
tion qu'il intitule ses •• Premiers ■> et ses " Seconds Fruits »,
son dictionnaire ou « Monde des mots », les pensées qui les ont
inspirées valaient d'être soulignées, puisque, instigateur peut-être
d'une idée reprise par la pédagogie moderne, F'iorio, tout en fami-
liarisant ses compatriotes avec la conversation anglaise, les ini-
tie par le sujet même de ses dialogues aux mœurs et au carac-
tère de la société, et puisque, à l'usage de ses élèves anglais, et
sous couleur de leur montrer les élégances et les raffinements de
la langue italienne, il introduit une ample moisson d'aphorismes,
proverbes, " dictons dorés > transposés de l'italien, qui, trou-
vant dans les goûts du temps la raison de leur succès, finirent par
enrichir de leur grâce souvent précieuse la langue de l'époque. Si
Ton ajoute à cela une remarquable traduction anglaise de Montai-
gne, qui vulgarisa la philosophie des Essais, on pourra se rendre
compte de l'imposant bagage d'impressions, d'idées et d'expres-
sions nouvelles, révélatrices de la France et surtout de l'Italie,
que l'homme et l'œuvre importèrent dans les milieux littéraires,
et comment se posait inévitablement le problème de l'influence
exercée par Florio sur Shakespeare. Il va sans dire que la criti-
que shakespearienne avait déjà noté les traces de cette influence,
mais nous devons savoir gré à M. Longworth-Chambrun d'avoir,
par une étude complète de la vie et de l'œuvre de Florio, par
l'étendue de ses recherches et la sûreté de ses rapprochements,
établi les points de contact probables entre les deux hommes, le
caractère de leurs relations et les concordances entre leurs œu-
vres. Dans ce domaine, où faute de documents précis, la certitude
doit souvent faire place à l'hypothèse et à la déduction, l'auteur
a su presque toujours apporter dans l'exposé de ses arguments
une rigoureuse logique qui nous fait partager sa conviction.
Tout au plus pourrions-nous hésiter à le suivre sur le terrain de
quelques déductions extrêmes et un peu hasardeuses :• si, par
exemple, Shakespeare accentua le mot " Stephano » sur la se-
conde syllabe dans le " Marchand de Venise », et sur la premiè-
re, selon la prononciation italienne, dans la « Tempête », ce
petit fait, à lui tout seul, ne nous semble pas permettre de con-
clure aux progrès de Shakespeare dans la pratique de l'italien. Nous
ne sommes pas davantage persuadés que l'intérêt de Shakespeare
498 LES LANGUES MODERNES
pour la philologie ait été uniquement acquis auprès de Florio.
Ce ne sont là, d'ailleurs, empressons-nous de le remarquer, qu'hy-
pothèses de détail, et qui, pour fragiles qu'elles soient, ne com-
promettent en rien la solidité générale de l'ouvrage.
G. JOUSSAUME.
Sartor Resartus. — Con)ni)ei)t oi) Joue avec la Folie.
(Edition des Tablettes, St-Raphaèl, 1921).
Il m'importe peu de savoir si ces 129 pages de journal intime
sont un acte d'imagination et de volonté, ou bien de simple intros-
pection qui s'exprime. J'incline vers la dernière hypothèse, car
l'autre me paraît impliquer dans la composition un minimum
de logique ou de symétrie, que je ne trouve pas, à cette première
lecture, dans ce petit livre. Et d'ailleurs, ce qu'on imagine assez
intensément pour donner l'impression de la vie, est en vérité
vécu, ne fût-ce que parce qu'il a son origine en des réalités dû-
ment saisies.
Je m'en voudrais de « juger » en quoi que ce soit cette psy-
chologie qui ne se cache pas : malgré tous les jugements ou clas-
sifications, toute vie profonde reste majestueuse de par sa néces-
sité, au sens grec du mot.
A la faveur des émotions primitives de la guerre, voici donc
une âme enrichie, révélée à elle-même directement ou par rico-
chet, en des bouleversements dont je ne saurais assez souligner
le caractère de privilèges. Les intuitions, les découvertes abon-
dent ; ou plutôt devrais-je dire que la réalité jadis méconnue
sous les voiles de l'habitude et des nécessités d'ordre social, est
soudain désormais reconnue, dépouillée sur toutes ses facettes des
obstacles à son resplendissement, du moins dans le domaine de
la conscience ; et qu'en cette lumière nouvelle, jadis abstraite-
ment conçue sans doute, sous forme de douloureux et mystérieux
malaise, l'âme ressent l'infini.
Celle qui s'exprime en ces notes successives, malgré ses heures
d'extase irréductibles, a foi en la logique humaine, et besoin d'elle.
Et toutes les intuitions qui lui furent accordées, elle les soumet
en fin de compte au critère de l'intelligence considérée (indûiuent,
me semble-t-ilj, comme essentiellement différente d'elles. Rester
fidèle aux visions intenses lui paraît un danger, un vertige :
elle émonde « intellectuellement » les algues merveilleuses dont
la caresse l'avait enivrée dans l'océan de l'être, afin de retrouver
son équilibre en une soliddritc et une doctrine. Cet effort de l'es-
prit est l'axe d'un tempérament, de celui que l'ensemble humain
s'entendra le moins difficilement pour élire, et pour y chercher sa
paix.
G. d'Haxgest.
BIBLIOdKAPHIE 490
Cl)arles Cl)as5é. — Napoléoi) par les Ecrivains.
(1 vol. 111-4» illustré de 8 iiors-tt-xtes, broché, 20 fr., Paris, Hachette,
lil'il).
Constituée par des extraits d'écrivains de toute origine répartis
sur un siècle entier, cette anthologie n'a pas seulement l'intérêt
des textes qu'elle rassemble : elle est une contribution à l'étude
de la |)sychologie humaine, puisqu'elle décrit la réaction des
milieux et des individus les plus divers devant un fait historique
et une personnalité de première grandeur. Les documents sont
aussi nombreux, aussi suggestifs qu'on peut le souhaiter ; et qui-
conque connaît l'infatigable fureteur qu'est notre collègue
Chassé, retrouve avec joie dans son livre l'enthousiasme qui
déborde de sa conversation devant chaque manifestation de la vie:
il était inévitable que le prestigieux défilé des admirations et des
haines auquel il nous fait assister, ne suscitât pas de sa part cet
effort de coordination. Il ne s'est pas contenté de nous fournir des
documents : il les situe et les explique, comme il convenait sans
doute dans un livre destiné au grand public, mais ave; une
richesse d'information collatérale et une verve qui nous entraî-
nent, sans effort, à travers ces 260 pages, et nous laissent très
forte l'impression d'un tout. Sa division en trois groupes chrono-
logiques des opinions relatives au héros, de 1830 à nos jours, sous
les titres d'Admiration Réfléchie, de Dénigrement Systématique,
et dWdmiration Raisonnée, établit le rythme de toute vie en cette
évolution, et applique à la classification des documents concrets le
principe dégagé jadis par M. Cazamian de l'histoire d'Angleterre
au 19" siècle, — l'illustre pour ainsi dire, sans d'ailleurs que les
faits examinés autorisent à voir là autre chose qu'une induction
légitimement conduite.
Les linguistes seront particulièrement reconnaissants à Oh.
Chassé d'avoir consacré aux écrivains étrangers une part impor-
tante de son enquête, et de leur rendre perceptible en son essence
l'influence française à l'extérieur, qu'il s'agisse de Gœthe, Walter
Scott, Byron, Wordsworth, Shelley, Carlyle, Thackeray, Heine,
Emerson, Nietzsche, ou bien de Sir Hudson Lovve, Lord Rosebcrry
ou Max Lenz. Donner cette liste, après ce que j'ai dit du choix et
de la méthode, c'est indiquer l'étendue de notre dette.
Nulle ambition n'est plus naturelle que celle de l'auteur, de voir
figurer son livre auprès du Napoléon par l'Image de M. Dayot,
comme ouvrage de référence, chez tous ceux qui s'intéressent au
grand homme ; on ne voit même pas bien comment ces derniers
se dispenseraient d'une anthologie, seule en sou genre, si vivante
^t si facile à consulter.
G. d'Hangest.
500 LES LANGUES MODERNES
Dai)iel Joi)e5. — Ai) Ei)glisl) Proi)OUi)Cli)g Dictiooary
OI) Strictiy PI)OI)etiC Pril)Ciple5. (7 6 net, Dent et Sons,
pablishers, 33, Quai des Grands-Augustins, Paris, VI«).
Tant que le change interdira à l'universitaire français le sé-
jour en Angleterre, et même en temps normal, voici un livre
indispensable au professeur ou à l'étudiant d'anglais. Le seul nom
de l'auteur et celui de Walter Ripman, signataire de la préface,
sont des garanties parfaites.
L'auteur ne s'est pas proposé comme but de déterminer quelle
doit être la prononciation de la langue, mais seulement de noter
quelle est, en fait, la prononciation des gens cultivés dans la par-
tie sud de l'Angleterre. Il a omis les mots rares, sur lesquels
l'accord est difficile, mais son livre contient près de 50.000 voca-
bles ; et plus de onze mille d'entre eux sont des noms propres,
bibliques ou géographiques. Ou n'imagine guère, avec de tels maté-
riaux à sa disposition, quelle erreur autre qu'insignifiante, il n'est
pas possible de rectifier dans sa lecture ou! sa conversation. (En
ce qui concerne l'accent de la phrase, il existe d'autres ouvrages^
dont les meilleurs sont ceux de W. Ripman et de Coleman).
L'alphabet employé est celui de l'Association phonétique inter-
nationale, dans la mesure où il réunit le minimum de signes et
le minimum d'imprécision ; c'est d'ailleurs à la fois le plus clair
et le plus répandu.
Publié pendant la guerre, en 1917, cet ouvrage destiné au seul
public instruit, a déjà été réimprimé en 1919 : si sa diff"usion
égale son mérite, une deuxième édition ne saurait être lointaine.
G. d'Haxgest.
Kei)i)etl) S>san) : Fourteei)tl) Cei)tury Werse ai)d Prose
(xi.vii • 292 pp., 7 (j net, Clarendon Press, Oxford, 1921.)
Cette anthologie ne cherche pas à ^■ulgariser la connaissance des
œuvres dont la valeur artistitjue est actuellement la plus reconnue r
son but est historique et explicatif. Elle représente ck?s auteurs, ou
des œuvres dont l'origine n'est i)as encore déterminée, — dont la
vogue fut grande chez les contemporains.
L'introduction est fort intéressante, autant par suite d'un souci
d'exactitude très indépendant des opinions courantes, et qui fait
reprendre à l'auteur l'étude à sa base, — que par la philosophie
du sujet, fondée sur la raison et sur'des vues larges ; on n'a à aucun
moment l'impression d'étouflcr dans une poussiéreuse érudition,
mais de voir seulement Aivre. dans le cadre de faits essentiels
judicieusement soulignés, une ci\ ilisation aussi humaine que loin-
taine.
Les notices précédant chaque extrait (38i, ou groupe d'extraits
(17i, sont précises et substantielles. Pour environ 200 pages de
BlBLIO(iHAPHIE 301
textes, près de 90 de notes contiennent tons les éclaircissements phi-
lologiques ou historiques, toutes les remarques littéraires utiles :
bonne organisation du travail, qui n'entraîne aucun abandon à
l'automatisme, et laisse intacts chez le lecteur la curiosité, l'amour
nécessaire de la vérité et de la vie.
(j. d'Haxgest.
Tl)c Clarei)doi) Séries of Ei)glisb Litcraturc (Crown
8v.,;|(j net each volume, Clareiulon Piess, Oxford.)
Voici une série d'anthologies dont les premières font impatiem-
ment attendre les autres ; j'ai déjà dit le bien que je pense du
Burke. Le Milton et le Gowper sont également satisfaisants (sauf
la maigreur relative des extraits de prose du premier). Ces volu-
mes sont sobres, puisqu'ils n'atteignent même pas 250 pages.
Leurs auteurs font preuve de désintéressement et d'intelligence,
puisqu'ils ne rédigent, à la fin des volumes, que les notjs indis-
pensables, et qu'ils remplacent l'introduction par les pages les
plus significatives des grands critiques ou biographes sur les pas-
sages choisis ou sur les écrivains. Et la présentation matérielle
est parfaite.
Je conçois mieux, pour ma part, l'usage de li\res semblables
pour constituer un programme de licence, que la désignation
d'une majorité d'œuvres complètes et très étendues, où trop sou-
vent les débutants se perdent.
G. d'Hangest.
A. Meillet. — Linguistique historique et linguistique
générale (E. champion, Paris.)
Ce fort volume, de présentation aussi agréable que soignée, est
un recueil d'articles qui ont paru, pour la plupart, depuis 1905
dans des périodiques divers. » Ecrits sans plan préconçu, dit
l'axertissement de l'auteur, ces exposés ont cependant une unité
parce qu'ils se rattachent tous à quelques idées générales exposées
dans le premier d'entre eux. > Celui-ci, en effet, qui est la leçon
d'ouverture du Cours de grammaire comparée au Collège de
France, lue le 13 février 1906, lorsque M. Meillet succéda à
M. Bréal, trace le tableau de l'état actuel des études de linguisti-
que générale, et montre comment les études sur les langues faites
d'un point de vue historique, malheureusement encore trop peu
nombreuses, permettront d'établir quelques lois générales de lin-
guistique et de constituer une science qui prendra place parmi les
sciences exactes et les sciences sociales. L'n autre article précisera
le sens du titre de tout l'ouvrage et indiquera quelle est cette
place de la linguistique générale « entre les grammaires descrip-
tives et historiques d'une part, qui sont des sciences de faits par-
502 LES LANGUES MODERNES
ticuliers. et ranatomie, la physiologie, la psychologie et la socio-
logie, qui sont des sciences plus vastes dominant et expliquant
entre autres choses les phénomènes du langage articulé ». Les
autres chapitres essaient de dégager quelques-unes des lois de
cette science, ou sont constitués par des études sur des points plus
particuliers.
Convient-il de discuter les mérites d'un tel ouvrage, ou même
d'en faire l'éloge ? Une pareille entreprise nous paraîtrait irres-
pectueuse. On ne peut qu'exprimer son admiration pour cet im-
mense savoir, e.xempt de tout pédantisme, d'une étonnante clarté,
et ne perdant jamais le contact avec la réalité la plus vivante.
Quelle prudence, mais aussi quelle sûreté dans les affirmations !
Quel art pour ouvrir à l'aide de menus faits bien connus de larges
perspectives insoupçonnées ! 11 est plus que comblé, le vœu que
M. Meillet exprime avec trop de modestie lorsqu'il » souhaite
que son recueil fasse entrevoir l'extrême complication des faits
et leur régularité, mais aussi la multiplicité des influences qui
agissent sur les langues ».
Peut-on trouver, surtout pour des professeurs de langues mo-
dernes, meilleure recommandation de l'ouvrage de M. Meillet que
ces paroles qui sont encore empruntées à l'avertissement : <' La
grammaire a une méchante réputation près de bien des pédago-
gues. Comme la grammaire classique n"a guère suivi le progrès
de la linguistique, elle se trouve, en effet, ne plus répondre à l'état
actuel des idées. Les maîtres qui voudront bien lire ce recueil y
apercevront peut-être le moyen de rendre parfois plus vivant et
plus moderne l'enseignement de la langue qui est une des tâches
principales de l'école à tous ses degrés, et que, pourtant, on les
prépare en général peu à donner. >■
(iaston Raphaël.
Lai)usse et Yvoo- — Cours corT)plet de grarr)n)aire
française (Bolin, Paris.)
Ce livre classique n'est-il ])as comme une illustration des paro-
les de ^L Meillet que l'on vient de lire ? Voihi comment, en s'ins-
pirant des connaissances et des théories nouvelles en linguistique,
deux collègues des classes de lettres ont écrit pour leurs élèves
une grammaire française vivante et attrayante. Ils ont rompu
avec la tradition qui indignait si justement Anatole France :
'■ Etudier comme une langue morte la langue vivante : quel
contre-sens ! » Ils enseignent le français en partant de la réalité.
A leur avis, « en dehors des formes grammaticales et d'un petit
nombre de règles, la grammaire ne doit pas être apprise par
cœur >>. Ils invitent l'élève à réfléchir lui-même sur les expres-
sions, formules et plirases ([iril emploie constaniinent. .Mais, en
BIBLIOGRAPHIE 503
excellents péda}^<)};iics, ils Siiveiit le guider avec sollicitude, et avec
une expérience qui s'appuie sur un savoir aussi sûr et étendu
qu'il se fait discret. Ce ne serait peut-être pas s'avancer trop que
de soutenir que la même méthode, appliquée avec les adaptations
nécessaires, aiderait beaucoup à renouveler et vivifier renseigne-
ment de la grammaire allemande ou anglaise.
Ajoutons que cet ouvrage a été précédé d'une série de petits
volumes, accompagnés d'exercices, à l'usage des classes de gram-
maire.
(laston Rai'H.\ki..
LaiT)bley, Katt)leer) : T^e Teact)ii)g ai)d Cultivatioi) of
i\)e Freocb Lai)guage il) Ei)giar)d durii)g Tudor ai)d
Stuart Tin)eS> witli an introductory chapter on Ihe preceding
period (Manchester Université" Frcss, 192). Longmans, i'.'.H pages,
14 shillings.)
Ce gros livre est présenté au. public comme l'une des puijlica-
tions (n" 129) de l'I'niversité de .Manchester, (^est, en effet, nous
dit la préface, M. Kastner, le professeur de l'Université bien connu,
qui suggéra le sujet ; et une bourse d'études, ou « fellowship •,
permit à l'auteur d'entreprendre l'enquête. Disons de suite que
le travail est très digne de ce patronage et de ces encouragements.
Il faut cependant prévenir le lecteur que l'objet principal de
Miss Lambley est l'histoire de l'enseignement du français, plutôt
que celle de l'emploi du français en Angleterre. Si elle était aussi
fidèle à la deuxième qu'à la première promesse de son titre, elle
ne pourrait évidemment commencer même ce court chapitre d'in-
troduction sur le .Moyen .Age en nous parlant du xnr et du
.MV" siècle " ; mais elle aurait toute l'histoire de l'anglo-normand
à résumer, — sinon à refaire ; elle s'en abstient, non sans raison,
et c'est encore dans le grand ouvrage de .M. Brunot sur notre
langue française qu'on trouvera le guide le plus complet et le
mieux ordonné sur l'ensemble de cette deuxième partie du pro-
gramme annoncé par Mlle Lambley.
L'histoire de l'enseignement du français en Angleterre — l'au-
teur nous laisse trop, ce me semble, le soin de dégager cette
leçon de son livre — est l'histoire d'une véritable évolution de
principes. Il apparaît ici clairement que le <• Moyen Age ■■ sco-
lastique » n'a pas voulu d'une méthode scolastique pour l'ensei-
gnement des langues vivantes ; fort longtemps, inconscient que
l'on était sans doute des règles qui régissent la langue vivante,
on a prôné une étude toute'd'empirisme et de pratique. Les listes
de mots, les manuels de conversation ont précédé les grammaires.
Il a fallu la Renaissance pour qu'on osât ■ éclaircir .- la langue,
— c'est le mot de Palsgrave, — définir des règles et édifier un
système sur le modèle du latin. Ainsi, pourrait-on dire, c'est la
504 LES LANGUES MODERNES
< méthode directe >> qui est primitive (Ih Ou plutôt, en l'absence
de toute méthode, c'est sur un contact aussi direct que possible
avec le modèle à suivre que se fonde l'enseignement : il reste
encore essentiellement une mimétique instinctive.
D'où le rôle considérable joué par les professeurs français im-
migrés en Angleterre. Mlle Lambley les passe en revue minutieu-
sement, eux et leurs ouvrages — précepteurs de princes et de
grands de la cour, pauvres réfugiés devenus maîtres d'école, etc.
Même les auteurs français de traités publiés en France, pour au-
tant qu'ils ont dû servir aux voyageurs et étudiants anglais, ont
paru devoir trouver place ici. On rencontrera encore, de-ci, de-là,
de ces à-côté du sujet, des pages consacrées soit à l'histoire de
l'enseignement de l'anglais en France, soit à celle des traductions
anglaises d'œuvres françaises.
C'est dire que ce livre est un peu touffu, et qu'il s'aventure par-
fois au delà, comme parfois il reste en deçà, de ce que promet
son titre. Il n'est pas d'une lecture également captivante, et Von
ne voit guère d'idée générale, on ne voit même guère d'idée y sur-
nager. Mais il faut le prendre pour ce qu'il a voulu être, — un
travail d'érudition qui rassemble fort commodément tout ce que
l'on a pu observer jusqu'ici sur la matière, qui nous renseigne
sur quantité de livres parfois très rares, et de personnages parfois
très obscurs.
11 y a deux appendices bibliographiques, l'un par ordre chro-
nologique, l'autre par ordre alphabétique, et un index très
complet.
A. KosziL.
REVUES DE LANGUE ANGLAISE
Tin)es Literary Suppleni)ei)t, !)-6-I()21. Article de fond :
John Drijden, à propos d'une belle étude récemment publiée- à
New-York par Mark Van Doren, et consftcrée principalement à
la poésie de Dryden ; l'auteur insiste sur le génie poétique de
l'auteur de « Mac Flecknoe », que d'aucuns ont le tort de traiter
de prosaïque ; — Leopardi and Ençilish Literature .■ le poète de
Kccanati semble n'avoir eu qu'une connaissance médiocre de
l'anglais ; s'il lut dans le texte les Lettres de Lord Chesterfield,
et s'il lut même dans la traduction anglaise VHistoire de Rome ''e
Niebuhr. jamais, semble-t-il, il ne lut Shakespeare, et il ne con-
nut Byron, un de ses favoris, que dans les traductions italiennes ;
(1) Klle va d'ailleurs esquisser une revanche sur la méthode-
livresque dès le wii' siècle (cf. pp. 335-339 du livre de Mlle L.).
HIBI.IOGUAPMIE 505
— C. E. Bechhofcr (v. Bulletin d'août), dans une 2« lettre sur la
littérature américaine contemporaine, étudie trois représentants
de ce que l'auteur appelle l'intelligentsia, car dans l'Amérique
d'aujourd'hui, comme dans la Russie de naguère, il y a une
intelligentsia, <()nstituée par une classe de critiques et d'essayistes
qui s'attaquent aux tlogmes reçus, sans être cependant approuvés,
ou même compris, du grand public. De ces trois frondeurs, l'un,
Kandolplî liourne, mort infirme, en 1918, à l'âge de 32 ans, n'a
laissé que des articles dont ses amis ont déjà recueilli deux
volumes ; Mr. Harold Stearns, l'auteur de Liberalism in America,
voit son autorité grandir dans le groupe des jeunes puhlicistes
radicaux ; M. H.-L. Mencken, plus positif dans ses jugements, s'est
courageusement attaqué à la censure puritaine, dont le pouvoir
est tel en Amérique i qu'elle a pu faire mettre à l'index des œu-
vres comme « Jude the Obscure » ou " Tom, Sawyer i>. — M. F"or-
hes Sieveking publie un poème inédit de John ■ Keble : ce poème,
écrit en 1814 à l'occasion d'une visite des souverains alliés à
Oxford, semble trahir une certaine influence du pamphlet de Cha-
teaubriand, De Bnonaparte et des Bourbons ; M. Sieveking y voit
une nouvelle preuve de la sympathie qui rapprochait les <■ Tracta-
rians » des légitimistes français.
2.3-6. L'O. U. P. publie The Concise Dictionarg of Xational Bio-
graphij, abrégé dui grand D. N. B., auquel est ajouté un abrégé du
Supplément 1901-11 (Relié toile, .32 sh.j. — Une 4" lettre de
C. E. Bechhofer (.1> est consacrée aux auteurs plus foncièrement
américains, ceux du " Middle West » : Théodore Dreiser, dont le
roman The Genius fut mis à l'index par la <> Society for the Sup-
pression of Vice » ; fils d'un père allemand et d'une mère d'ori-
gine hollandaise, il est le champion de l'Amérique non anglaise
et de la rébellion contre le puritanisme de la Nouvelle- Angleterre ;
Miss Willa Cather, qui dans O Pioneers ! et dans My Antdnia a
peiftt la vie et les mœurs des immigrants suédois. et bohémiens du
Nebraska.
7-7. Art. de fond : Scott and Shakespeare ; le châtelain d'Ab-
botsford a toute sa vie professé la plus grande admiration pour le
Cjgne de l'Avon ; il est à noter qu'il n'a jamais repris les sujets
traités par Shakespeare [cette assertion est d'ailleurs discutable,
comme le prouve un correspondant dans le n" du 14-7]. — La
Ngmphidia de ]\Iichael Drayton vient d'être rééditée (Blackwell
5 sh.).
14-7. Art. de W.-J. Lawrence : \eiv Light on » The Two Noble
Kinsmen » ; de l'examen des indications scéniques portées sur
l'in-quarto de 1634, l'auteur conclut que la pièce est, non pas de
Shakespeare et Fletcher, comme on le lit dans cet in-quarto, mais
(1) Le n" du 16-6, qui contenait la 3" lettre, ne m'est malheu-
reusement pas parvenu.
506 LES LANGUES MODERNES
•de Fletcher seul, qui est l'auteur de la première version, tandis
que la \ersion postérieure serait due à un remaniement de Mas-
singer.
21 et 28-7. Deux art, de R. Crompton Rhodes, Shakespeare's
Pronipt-books, l'un sur les indications scéniques portées sur ces
exemplaires du souffleur, l'autre sur le rôle du rideau, ou plutôt
des rideaux dans le théâtre élizabéthain.
28-7. Art. de fond, The Classics in Education, qui nous montre
nos collègives anglais préoccupés des mêmes problèmes que nous.
En novembre 1919, uue Commission, présidée par Lord Crew, et
comprenant des personnalités aussi éminentes que les professeurs
Gilbert Murray, W.-P. Ker, ou le D' Alington, directeur du Col-
lège d'Eton, fut chargée d'étudier la situation des études gréco-
latines dans le Royaume-Uni, Elle vient de déposer son rapport,
un gros volume de 300 pages (H. M. Stationery Office, 2 sh.). La
prédominance presque exclusive donnée autrefois aux études clas-
siques dans l'éducation de l'aristocratie a produit en notre âge
démocratique une réaction qui, à son tour, a dépassé la mesure ;
le grec est en danger de disparaître, ou peu s'en faut, des univer-
sités comme des écoles secondaires ; le latin a subi un recul plus
grand qu'on ne peut sérieusement le désirer. Les conditions mises
à l'obtention de certaines bourses exclusivement scientifiques, les
programmes de certains examens comme ceux^du Civil Service,
tout conspire à ce recul des études gréco-latines. Et pourtant, une
nouvelle réaction eu sens contraire se dessine ; certaines déposi-
tions faites devant la Commission en font foi. toutes surprenantes
qu'elles soient, émanant d'où elles émanent : des chefs d'indus-
trie, reconnaissant l'insuffisance d'un enseignement purement
technique, ont avoué qu'ils préféraient, pour leur haut personnel
administratif, des hommes ayant fait leurs humanités ; des lea-
ders travaillistes eux-mêmes, voulant qu'on élargisse l'horizon
intellectuel de la classe ouvrière, sont venus demander que , les
humanités classiques concourent à cet élargissement ; des exem-
ples ont été cités d'élèves des écoles primaires qui se lançaient
avec ferveur dans l'étude du grec et du latin. La Commission
d'enquête sur l'enseignement des sciences naturelles a elle-même
déploré la dépréciation dont avaient souffert les études classiques,
et la valeur exagérée attribuée aux disciplines scientifiques. La
commission des études classiques, sans prétendre rétablir le grec
et le latin dans leur ancienne royauté, voudrait que le latin figu-
rât dans tous les programmes de l'enseignement supérieur, avec
faculté de le remplacer par le grec, et qu'il y eût, sinon un ensei-
gnement classique dans chaque école secondaire, du moins une
école dans chaque district où l'on pût recevoir cet enseignement.
L'auteur de l'iirticlc, regrettant qu'on n'eût pas adjoint à la
Commission un certain nombre de non-spécialistes, lui reproche
d'avoir manqué de cet esprit d'audace et de liberté qui fut juste-
BIKLIOGHAI'IIIK 507
ment celui de la Grèce, sinon de Rome. 11 accepte en principe les
conclusions de la Commission, mais celle-ci semble avoir perdu de
vue un fait indéniable : les journées sont toujours de 2i heures,
la capacité du cerveau des élèves et des maîtres n'a pas. changé, et
cependant ils ont à étudier une foule de choses auxquelles on ne
songeait point autrefois. Et puis, la faillite des études classiques
n'est-elle point due justement à ce gavage obligatoire qu'on a fait
subir à des élèves peu doués jjour ce genre d'études et qui en ont
conservé un dégoût de l'étude même ? Le remède, c'est de commen-
cer le- grec ou le latin plus tard ; les élèves ne perdront rien à
aborder les langues et les littératures classiques après une étude
plus approfondie de la langue et de la littérature anglaises et
françaises. Sans doute, il y aura ainsi moins d'élèves pour appren-
dre le latin et le grec, mais au moins il y aura plus de chances
pour que ceux qui les étudient le fassent avec intérêt et avec
profit.
4-8. Courte étude sur Mrs Elizdheth Inchbdld (1753-1821), au-
teur un peu oublié aujourd'hui, mais qui a pourtant à son actif
un certain nombre de comédies intéressantes par leurs peintures
de la vie domestique anglaise, malheureusement gâtées par l'in-
fluence de la ' Comédie larmoyante ».
Tl)e NatiOl) ai)d Tt)e Athei)aeun), 11-6. Revue du dernier
livre de Mr Wells, The Salvaging of Civilization ; Mr Wells, décla-
re-t-on, y écrit encore plus mal que d'ordinaire ; l'auteur de
l'article, qui a admiré The Outliiie of Hisiory, ne prise guère les
méthodes scientifiques et collectivistes proposées par Mr Wells
pour le sauvetage de l'humanité.
18-6. Art. de John Sargcaunt montrant par quelques exemples
tirés de Shakespeare quelle distinction subtile et précise l'anglais
du XVI'' siècle faisait entre ■ He bas corne " et " He is come ->,
et déplorant la tendance qu'a l'anglais moderne à ne plus tenir
compte de cette nuance.
2-7. (Critiques: 1" du dernier recueil de Mr. Shaw, Back to Methiise-
hih : (i Metabiological Pentateuch, où G. B. S., à l'instar des Struld-
brugs de Gulliver, imagine des hommes dépouillés de leurs imper-
fections corporelles et devenus presque immortels ; 2" du 2'' volu-
me de la nouvelle édition de Shakespeare, " The New Shakes-
peare », édité à la C. U. P. par Sir Arthur Quiller-Couch et .John
Dover Wilson (6 sh.» ; ce volume contient The Two Gentlemen of
Verona ; on peut regretter que les éditeurs, au lieu de suivre
l'ordre de l'in-folio, n'aient pas suivi l'ordre chronologique, et
surtout qu'ils ne montrent pas un peu plus de prudence et de dis-
crétion dans leurs émondations du texte reçu.
23-7. La ■' National Association of Scboolmasters » insère un
vibrant appel au public. L'enseignement a besoin de 3.000 recrues
par an, — il lui en arrive à peine 1.000. Pourquoi ? 1' 888.000 en
508 LES LANGUES MODERNES
1920, 1.422.000 en 1921 ont été dépensées pour les écoles militaires,
sans compter £ 500.000 pour l'instruction du soldat, 115 ofiBciers,
à l'Ecole de Guerre, coûtent plus de £ 1.300 chacun par an. Tout
pour le War Office, rien pour l'instruction publique. Pourtant, le
coût d'un seul cuirassé suffirait pour mettre en vigueur la loi sur
l'enseignement de 1918, qui jusqu'ici, faute de crédits, est restée
lettre morte. 137 millions de livres ont été dépensés en trois ans en
Palestine et en Mésopotamie ; c'est en Angleterre qu'il faut d'abord
bâtir la <• Jérusalem nouvelle ».
M. Ferlin {Tunis).
Moderi) Laqguages Notes (Johns Hopkins Press, Baltimore).
— A signaler dans le n" de juin, un article où nous apprenons
que Samuel Johnson s'intéressait beaucoup à l'idiome gallois,
bien qu'il n'en comprit pas une syllabe. C'est ainsi qu'il avait
souscrit à un recueil de poèmes gallois du 14* et 15^ siècle, publié
à Shrewsbury, en 1773. Mais il faut n'y voir qu'une preuve nou-
velle de son bon cœur, n'ayant voulu, eh souscrivant, qu'obliger
un de ses amis, Daines Barrington, avec qui il resta en excellents
termes pendant la dernière partie de sa vie.
TI)C 5cl)OOl RcviCW (Universitj- of Chicago). — Le numéro
de septembre est aussi bon que ses prédécesseurs. Monographie
étudiée et fouillée d'une <• junior high school » à Montclair dans les
environs de New- York. On essaye d'y faire collaborer l'activité
des différentes classes, de briser les cloisons étanches qui font de
tant de nos classes à nous, des jardins fermés. L'idée maîtresse
est de toucher partout la vie. Les langues s'y apprennent par la
méthode directe ; mais il faut d'abord que l'anglais de l'élève
soit suffisant. (.\vis à ceux qui veulent teindre le grec de petits
alsaciens dont le français tremble encore). La discipline est faite
en partie par les élèves ; et l'on combat spécialement chez les
enfants la malnutrition, suivant de près ceux qui n'ont pas le
poids normal.
Article excellent sur le système de notes, qui, il faut l'avouer,
semble chez nos collègues transatlantiques terriblement compliqué.
Le public doit ayoir le droit de comprendre les notes d'élèves, et
l'élève aussi. Du reste on juge trop l'enfant d'après ce qu'il sait,
pas assez d'après ce qu'il fait. Judicieuse remarque. Nous, n'avons
rien fait quand nous avons inscrit un chiffre ou deux lettres de-
vant un nom d'élève. Il ne faut pas avoir peur de communiquer
aux i)arents un diagnostic psychologique, une note morale.
Enfin, un franc exposé de ce qu'il advint à Bowen High School,
Chicago, d'une exjjériencc que tenta le principal pour assurer un
peu plus de liberté à ses grands élèves aux heures d'études. Il se
BIBLIOGRAPHIE .')09
passa ce qui s'est passé sous toutes les latitudes et dans tous les
temps. On chahuta. En matière de discipline, c'est le doigt dans
l'engrenage qu'il faut craindre.
Paul Chalvet.
REVUES DE LANGUE ALLEMANDE
Die Neuerei) Spract)ei). — .\vrii-mai 1921. Eva Seikert.
Heinrirh Morf. Article nécrologique consacré à l'éminent roma-
niste qui est mort le 23 janvier dernier à l'âge de 67 ans. —
E. Lehch, Die >■ halbe ■• négation. Longue étude sur l'emploi de
ne... et ne... pas... ; critique le nom donné par les grammaires alle-
mandes à la première e-xpression. — E. Rosenuach. H.-G. Wells'
First and Last Things. Relève les différences considérables que pré-
sente la 2' édition (1917) par rapport à la 1" (1908) ; y voit la
preuve de l'évolution de Wells vers une conception mystique et
panthéiste du monde. — \V. Fischer. Philologischer Xuchtrag zii
Mr. Britling sees it through >. La traduction du titre : ■• Mr.
Britlings Weg zur Erkcnntnis " ne rend pas la force de l'expres-
sion to see through ; il faudrait traduire : <■ .\uch Mr. li. hait
durch ". De même, en français, le titre : ■ M. B. tient bon " est
préférable à « M. B. commence à voir clair ». — W. Kuchleh.
La Nouvelle Revue française. Rend compte des derniers fascicules
de cette revue, " l'organe > qui compte actuellement comme col-
laboratejirs les esprits les plus indépendants parmi les écrivains
français •>. — Parmi les ouvrages qui font l'objet de comptes
rendus, à signaler : H. Klinghahdt et G. Klemm. l'bungen ini en-
glisçhen Tonfall. études phonétiques sur l'intonation. — H. Hoesli.
Eléments de langue française, où les principes de la méthode di-
recte sont appliqués avec une méthode scientifique.
Juin-juillet : Th. Zeiger. Zum neusprachlichen Unterricht in
der deiitschen hôhen Schule. Défend la réforme introduite dans
l'enseignement des langues vivantes en Allemagne par Victor,
Dorr, Walter, etc., contre les attaques dont elle est l'objet actuelle-
ment de la part de certains néo-philologues. Répond en particulier
aux critiques du Prof. Lerch (Munich» qui, dans la Frankfurter
Zeitung reproche à l'enseignement des langues vivantes d'avoir
remplacé l'abus des règles par l'abus des phrases toutes faites, la
philologie à outrance par le parlotage, la lecture des textes par
des conversations banales. Donne un résumé rapide des résultats
déjà obtenus et du travail qui reste à faire. — H. Heiss. Voni Xa-
turalisnius zuni Expressionisnius. Etude sur l'orientation de la
littérature française contemporaine. — .1. Caro. Die neueste auto-
risterte Shaw-Ubersetzung. Relève un" certain nonibre d'inexacti-
510 LES LANGUES MODERNES
tudes dans le dernier volume paru. — Parmi les comptes rendus :
E. Lerch : Die Verwendiing des ronianischen Futuninis aïs Aiis-
druck eines sittlichen SoUens, travail d'un représentant de la nou-
velle école de philologues qui cherche à expliquer les phénomèné^s
linguistiques par la psychologie et l'histoire de la civilisation. —
O. Jespersen. a Modem English Granimar on Historical Principles.
livre fondamental. Ce numéro est dédié à Franz Dôrr, à l'occasion
du 70* anniversaire de l'ancien Directeur de la Liebig-Oberreal-
schule à Francfort-sur-le-.Main, maintenant à la retraite.
Zeit$Cb>*ift fiir DeutSCt)kUOde. 1921,5.Heft. C'est sous ce titre
significatif que parait maintenant la Zeitschrift fiir den deiitschen
Unterricht. — G. Schlager. Der Reimtrieb als Wortschôpfer. Don-
ne de nombreux exemples de formations de mots tirés des rimes
enfantines. — Ch. Georges. Klopstocks Ode: Die kiinftige Geliebte^
Interprétation esthétique et historique. — H.-A. Korff. Zur Iphi-
(jenie. Les vers : Aile menschlichen Getrechen, — Siihnet reine
Menschlichkeit, inscrits par Goethe sur l'exemplaire de l'acteur
Krùger, ne se rapportent pas seulement à Oreste, mais aussi à
Iphigénie, sont l'expression d'une conception philosophique, pour
laquelle les différents événements du drame fournissent autant
d'exemples. — A. Janssen. Hennann Bos:dorf. Signale cet auteur
qui s'est révélé pendant la guerre comme le plus grand poète ac-
tuel qui écrive en plattdeutsch. — G. Schiibel. Die Geschichte des
mhd. Unterricht s. Montre après quelle série de luttes et de vicis-
situdes l'enseignement du moyen-haut-allemand a été introduit
dans les écoles. — O. Weise passe en revue les ouvrages de lin-
guistique parus en 1920-21 ; à signaler notamment la Deutsche
Sprachgeschichte de F. Kluge ; les derniers volumes de la Deutsche
Graniniatik de H. Paul ; Etymoloyie der nhd. Sprache, de H. Hirt :
Hans ('. Grete, de E. Wasserzieher, étude sur les prénoms ; Orts-
namenkunde, de F. Mentz ; Aus iiefetn Brunnen, de K. Faustmann.
recueil de proverbes ; Bilderbuch der deutschen Sprache de K.
Wasserzieher.
PrU5SiSCl)e Jal)rbUCl)er. Juillet. — G. von Below s'élève
contre l'opinion trop répandue que les Allemands n'ont pas de
capacité politique. S'ils n'ont pu avoir une activité politique com-
parable à celle des autres peuples, cela ne tient pas à leur carac-
tère, mais à des circonstances historiques : la séparation confes-
sionnelle, le particularisme, la question juive, l'extension du sala-
riat plus dévclojjpé qu'ailleurs et moins gêné dans ses conceptions
internationales. Le remède ne consiste pas à satisfaire les reven-
dications des partis ou à développer le parlementarisme. Il faut
" remplir le peuple d'un sentiment national positif et lui donner
des buts nationaux ••, en un mot, rcpreiuirc Pdiivre de Bismarck.
RiBLiodHAPFirr-; 511
■ — S. IvAHLEii étudie le » prol)lènie priissieii-;jllcm:>nd » depuis la
l'oiuhition de l'Empire et aboutit à cette conclusion que la Prusse
est restée la base de la République allemande comme elle avait été
l'axe de l'Empire. — Hf.kmann Haku étudie d'après les derniers
travaux sur Gœtbc les échanges constants entre son œuvre et sa
vie, et montre qu'il nous apparaît de plus en plus ■• comme un
créateur qui finalement devieifl lui-même la création de ses pro-
j)res créations ».
Die t)eue Rui)dSCl)aU. Août Itl'il. — Cette revue suit de près le
niomcmcnt des idées en France, notamment l'activité de la jeune
école littéraire et des groupes pacifistes. — F. Lion consacre une
étude sympathique au poète Jules Romains. — Anxette Kolu
nous donne les impressions d'une Allemande qui après sept ans
revoit Paris où elle a longtemps vécu et qu'elle aime ; on y trou-
vera l'état d'esprit de certains milieux intellectuels allemands.
• Pour le peuple [français], le chauvinisme n'exerce plus de force
d'attraction... Pour le peuple, la guerre est terminée, elle est ga-
gnée et ce fait détermine, — mais exclusivement chez le peuple,
— cette générosité qui est atïaire d'humanité et reste complète-
ment absente de toute politique. >> — « Quels enfants ! quel peu-
ple d'enfant ! Menacer de guerre un tel peuple et une telle ville !
Il aurait fallu savoir manier ces enfants. Tous les pays ont su le
faire sauf un seul. » — « L'Allemagne avait le devoir d'être la
plus sage. Elle ne l'a pas été. Elle a péché contre son propre
esprit. Et maintenant, au lieu du fleuve, c'est un océan qui s'est
jeté entre les deux pays. > — <> Ici [à un dîner de littérateurs et
d'artistes], je trouvais une France que je ne connaissais pas en-
core, une France pure, simple, vivant à l'écart, aussi religieuse
que peu dévote, une France sans poteaux-frontière, où je me
sentais tout à fait à l'aise. »
SuddeUtSCbe WIOI)at5bC*te. — Le numéro de juin est
consacré tout entier (244 pp.) sous le titre : Gegenrechnung, à
rénumération des crimes qui auraient été commis à l'égard des
prisonniers allemands en France et dans les pays de l'Entente. La
dernière phrase indique l'esprit de tout le travail : « Vous de-
mandez justice. Avec Burleigh, je vous crie : Craignez-la ! ». —
Le n"* de juillet, intitulé Der grosse Betrug, étudie la question des
responsabilités et aboutit à cette conclusion : « L'Allemagne
n'est pas responsable de la guerre ; elle ne l'a pas voulue, elle ne
l'a pas provoquée. La guerre n'a été ni offensive, ni même pré-
ventive ; nous avons dû l'accepter pour nous défendre. »
->o<-
35.
Notes et Documents
Réponse de M. Rai)cès> délégué au CoQseil Supérieur,
au Questionnaire de M. le Mii)istre
[Approuvée à l'unanimité par l'Assemblée générale extraordinaire
des Professeurs de Langues Vivantes du 6 octobre 1921).
Paris, le 10 octobre 1921.
Monsieur le Ministre,
Vous avez posé aux membres du Conseil Supérieur de l'Instruc-
tion Publique, au début de la Session de juin, un certain nombre
de questions touchant la réforme des programmes de l'Enseigne-
ment secondaire masculin et féminin. Veuillez trouver ici ma
réponse. En dépit des vacances, et du très court délai qui nous a
été imparti, j'ai pu la communiquer aux collègues dont je suis
le délégué : vous pouvez ainsi la considérer conîine exprimant
l'opinion de la très grande majorité des Professeurs de Langues
vivantes, et non pas seulement la mienne propre.
Questions 1 et 5
La question 1 (Suppression des cycles) n'appelle pas d'objec-
tion sérieuse. L'idée d'un enseignement court, se suffisant cepen-
dant à lui-même, était certainement ingénieuse, et avait séduit
des éducateurs considérables ; elle eût mérité un essai loyal, qui
n'a pas été tenté. Bref, Tétat de choses auquel on nous propose
de mettre fin n'a jamais existé en fait : il alourdissait cependant
certains programmes, et compliquait, sans raison, la tâche de
certains maîtres. Mieux vaut franchement le supprimer.
Sur la question 5 (.allégement des programmes et réduction
des heures de classe), il semble également qu'il n'y ait aucun
désaccord à prévoir, et nulle opposition ne peut se produire que
sur l'étendue des réductions proposées. Cependant la progression
ascendante prévue par le questionnaire me paraît contraire au bon
sens pédagogique, le nombre des heures de classe devant, à mon
sens, diminuer à mesure (lue les élèves sont plus capables de pro-
fiter, pour le travail personnel, des heures laissées libres, alors que
l'esprit des jeunes ne peut se former, et leurs méthodes de travail
s'affermir, que par le contact prolongé avec leurs maîtres.
Questions 2, 3, 'i et 6.
Au reste, l'intérêt de ces points de détail disparaît à côté de
celui que suscite le système nouveau qui se dégage des questions
2, 3, 4, 6.
NOTES ET DOCUMENTS ')\3
Je tiens tout d'abord à bien marquer mon sentiment pour les
humanités anciennes : formé par la culture classique, je n'ignore
rien de ce que je lui dois. Chaque fois que je l'ai crue injuste-
ment menacée, au Conseil Supérieur ou ailleurs, je me suis levé
pour la défendre de toute ma reconnaissante énergie. .le me sens
dctpc aijsolument à l'aise pour exprimer ma pensée en toute fran-
chise.
Je considère que la formation d'un esprit critique et scientifi-
que par la méthode classique peut donner des résultats excellents;
encore faut-il qu'elle soit prolongée pendant le temps nécessaire,
et qu'elle ne soit appliquée qu'à des esprits à la fois aptes et
enclins à la recevoir. Il n'est pas, je crois, un seul pédagogue, si
féru qu'il soit des disciplines anciennes, qui croie à- la vertu
magique du " latin court >, et seule, l'étude lente, prolongée, mi-
nutieuse, approfondie, de la langue latine peut obtenir le résultat
de cultiver et assainir l'esprit, de le rendre souple et viril, abon-
dant et délicat. On a fait jadis une tentative pour enseigner le
latin en deux ans : encore que la sélection des élèves et des maî-
tres ait été faite avec un soin jaloux, les résultats ont été propre-
ment inexistants. Et mieux vaut ne rien dire de ceux qu'obtien-
nent au baccalauréat la plupart des jeunes filles hâtivement pré-
parées, qui croient pouvoir s'attaquer à un texte latin après deux
années de travail même acharné. En outre, il est des esprits inca-
pables d'être pénétrés par le bienfait de la culture classique, sur
qui, quelque efiort qu'ils fassent, le latin glisse «' comme l'eau
sur un parapluie », et qui sont cependant — l'expérience quoti-
dienne nous le prouve — d'excellents esprits fort aptes à profi-
ter d'un enseignement plus moderne.
Cependant l'on voudrait que tous les élèves de l'enseignement
secondaire fussent tenus à l'origine de faire du latin durant trois
ans, et pendant un an du grec ! Et j'imagine une classe, où tout
le monde, maître et élèves, part vaillamment à l'assaut de la gram-
maire latine. Tant bien que mal, avec déjà des éclopés, la décli-
naison est conquise ; à la conjugaison, des malheureux tombent,
qui ne rejoindront plus ; au début de la syntaxe, c'est à peine si
un tiers de l'effectif est encore debout. C'est que le rudiment
est ardu, et que le latin, quoi qu'on dise, ne s'enseigne pas sans
pleurs, ni, hélas ! sans ennui. Ekimond About, en un temps où
l'enseignement officiel ne tendait qu'à propager, étendre et perfec-*
tionner le maniement du grec et du latin, constate qu'au bout de
trois mois, c'est à peine si, sur une classe de 80 élèves, 10 ou 12
s'intéressaient encore, peu ou prou, " à l'insipide travail du col-
lège ». Et Gaston Boissier, qui ne saurait paraître suspect, faisait,
un peu plus tard, une constatation semblable, et Michel Bréal, et
Fary, et tant d'autres. Quelle sera, dès lors, la tâche du maître,
devant cette débandade de sa classe ? Mettons qu'il réussisse à
rallier quelques traînards, il lui restera néanmoins une queue
514 LES LANGUES MODERNES
énorme, masse lourde et informe, poids mort qui embarrassera
les bons élèves, qu'il lui faudra traîner, bon gré, mal gré, jusqu'à
la fin de l'an scolaire, et que les professeurs de grammaire devront
se léguer tour à tour. Est-ce bien là, comme on prétend, fortifier
les études anciennes ?
Or, vis-à-vis de ces élèves — j'entends ceux qui sont propre-
ment incapables de suivre un enseignement pour lequel ils ne
sont pas faits — • dont Victor Duruy disait déjà, au cours d'une de
ses premières inspections générales : " Je pense que nous volons
le temps et l'argent de ces gens-là », croit-on vraiment que l'Etat
ferait tout sou devoir ? « Qu'ils s'en aillent », diront les classi-
ques impénitents », il existe un enseignement primaire supérieur
où on leur fera place, et bien fait, après tout, pour leurs intelli-
gences de second ordre ». Mais si leurs parents — et c'est, je pense,
leur droit — tiennent, à tort ou à raison, à faire bénéficier leurs
fils de l'atmosphère sociale, morale et intellectuelle propre à
l'enseignement secondaire ; s'ils considèrent que le primaire supé-
rieur est tout le contraire d'un enseignement d'humanités, ne
sont-ils pas en droit de réclamer une utilisation plus rationnelle
du temps de leurs enfants, et d'exiger qu'ils consacrent à l'étude
approfondie des éléments fondamentaux de la langue française un
temps qu'ils perdent bien inutilement ailleurs '? Si l'on veut, à
partir de la troisième, une section moderne forte, il faut qu'on lui
garantisse un recrutement normal ; il ne faut pas qu'elle devienne,
à peine née, le cloaque où se déverseront tous les éléments mau-
vais, tous les élèves qui, ailleurs auront cessé de plaire, outre
cette masse première d'enfants déjà lassés par un enseignement
qui leur aura été imposé trois ans durant, sans qu'ils y aient cru,
sans que la nécessité leur en soit jamais apparue. Autant déclarer
à priori que la section moderne n'est qu'une bâtarde qui doit se
résigner aux rôles secondaires, tandis que sa sœur légitime ne
connaîtra pas de limites à ses aspirations.
N'est-ce point, au surplus, ce qui paraît ressortir de la question
4 ? Et, en vérité, le système qu'elle suppose ne nous semble pas
logique. Si vraiment l'enseignement par les humanités modernes
ne mérite pas sa place aux côtés de l'autre, s'il est prouvé sans
conteste que, seul, le latin peut sauver les études françaises, et
par surcroît le peuple de France en sa présente détresse, il n'y a
pas de considération qui doive tenir là-contre. Chassons donc l'in-
trus qui, dès avant Duruy, depuis le temps d'Hippolyte Fortoul
et même de Salvandy, le dernier Grand-Maître de la Monarchie
de juillet, déshonore l'Université. Entamons la croisade contre les
études modernes, et affirmons franchement que les programmes
les mieux adaptés aux nécessités pédagogiques et sociales sont, eu
1921, ceux de 1840. Mais de grâce, pas de demi-mesure ! Ne lais-
sons pas insinuer que les classiques ont si |)eu de foi dans la vita-
lité de leurs études qu'ils estiment ne pouvoir les sauver sans
NOTES ET DOCUMENTS 515
un i)rivilège inique. Mais surtout, gardons-nous de faire coexis-
ter dans les mêmes établissement deux enseignements dont l'un
est officiellement proclamé, et non plus seulement par les chefs
d'établissement, inférieur à l'autre ! Il faut n'avoir pas vécu dans
les lycées, de 1870 à 1890, pour ignorer ce que, avec la complicité
tacite, mais souriante de nos maîtres, nous pensions couramment
des » pas-latins », des « épiciers », des '< bestiaux », Ne restau-
rons pas un enseignement de rebut, réservé aux paresseux et aux
incapables. Ce serait — et je me refuse à croire à jjareil dessein
— condamner la section moderne avant même que de l'instituer.
Les programmes de 1902 avaient tenté de créer un enseignement
d'humanités modernes, non pas pour l'opposer aux vieilles huma-
nités classiques, mais pour le placer modestement à côté d'elles.
Or, non seulement la section D a produit en sciences des élèves de
premier ordre, mais elle s'est montrée tout à fait apte à former
en français des élèves parfaitement capables, au milieu de la
médiocrité générale, de rivaliser avec leurs camarades des sections
latines. Et quels résultats n'eût-elle pas donnés si cet enseigne-
ment ne s'était pas heurté, dès l'abord, à une opposition sournoise,
si une expérience franche et lojale avait été consentie ! La sec-
tion D a vécu, néanmoins, au milieu d'une hostilité à peine dissi-
mulée, ses effectifs n'ont jamais ■été plus nombreux, et c'est le
moment qu'on choisirait pour la supprimer ! Mais ne serait-ce pas
proclamer comme la faillite de la langue et de la civilisation fran-
çaises, au moment où elles constituent le plus clair de notre actif ?
\'oici qu'en Amérique des Universités considérables, jusqu'alors
vouées à l'étude des langues anciennes, estiment qu'elles peuvent
faire l'économie d'un temps précieux en donnant à la culture fran-
çaise la place occupée jadis par la culture latine. Voici qu'en
Angleterre, après que les deux vieilles universités d'Oxford et de
Canjbridge ont ouvert toutes larges leurs portes aux élèves de la
section moderne de l'enseignement secondaire anglais, le profes-
seur Sadler, dont l'autorité est universelle, écrit que la langue
française, » toute imprégnée de la pensée grecque et latine, pur
miel où demeurent tous les sucs de l'Hellade et du Latium » peut
à elle seule suffire à la formation de l'homme cultivé. Et quatre
g)ands siècles de littérature française, nourris de cette culture
r.itique et de l'apport incessant du génie national, suffiraient aux
peuples de l'Europe, au peuple américain, et ne seraient pas re-
connus aptes à former des cerveaux français ! Bien plus, il y a
actuellement, en France même, un pajs qui est avide de culture
française, qui travaille avec une belle ardeur à apprendre notre
langue, à s'assimiler notre culture, à renouer les filiations inter-
rompues. Allons-nous répondre aux Alsaciens-Lorrains : < Le
Français, c'est bien, mais le Latin, c'est mieux » '? Et quant à la
culture supplémentaire qu'on peut tirer de la langue, de l'histoire
de la littérature et des arts de quatre grands peuples qui nous ont
516 LES LANGUES MODERNES
disputé la suprématie politique et intellectuelle, aux destinées
desquels, et quoi qu'on veuille, notre sort est lié désormais, on
n'en parlerait que pour mémoire ? Il y a là comme une erreur de
vision qui étonne et qui choque. Combien M.. Lavisse voyait plus
clair quand il écrivait : k Les humanités, telles qu'on nous les en-
seignait, nous apprenaient vraiment trop peu de choses sur l'hu-
manité. » On ne saurait évidemment refuser que les anciens eurent
le sens du beau, et dans une certaine mesure, du vrai et du bien ;
mais nous vivons surtout des idées qu'ils n'ont pas connues ; ils
prêchent les lois somptuaires, écrivait Raoul Frary, l'éducation mé-
canique et uniforme, la vertu imposée, l'égalité envieuse et la fausse
fraternité. Leur société reposait sur l'esclavage : la nôtre le pros-
crit ; la religion était chez eux une affaire d'état : de plus en plus
nous en faisons un sentiment d'ordre privé ; ils ignoraient le pro-
grès : nous en faisons presque un dieu. Un tel enseignement pou-
vait demeurer sans rival en 1840, et encore peut-on se demander si
la faiblesse politique de la bourgoisie française, vers 1848. sa stu-
peur effarée devant la Révolution de février, ne s'expliquent pas
en partie par cette •éducation qui faisait vivre toute la jeunesse
dans une éducation factice, dans le monde livresque du Conciones
et du Selectie. Mais il ne saurait plus être que l'apanage d'un
petit nombre. C'est M. Liard qui l'a dit. et l'on aime à se placer
sous son égide : <■ Un enseignement national qui ne serait pas
résolument moderne, par la substance et par l'esprit, ne serait
pas simplement un anachronisme inoffensif, il deviendrait un péril
national. »
Un enseignement des humanités modernes, avec une sanction
normale, est donc nécessaire, et il est suffisant. 11 aurait pour
cœur l'étude du Français, qui serait confiée, dans la mesure où la
chose est actuellement possible, non plus à des maîtres résignés,
mais à des hommes qui auraient la foi, et ne refuseraient pas à
priori d'admettre que Montaigne, Pascal, Voltaire, Renan et France
peuvent, au même titre que Cicéron, Tacite, Tite-Live et Pline le
jeune, former des esprits lucides et vigoureux. L'étude appiofondie
des Langues vivantes se substituerait à celle des Langues ancien-
nes. Il serait vraiment trop aisé de montrer que les condiitions
actuelles du monde moderne, l'état des relations internationales,
exigent de plus en plus impérieusement pour l'élite de chaque pays
la connaissance des langues modernes ; et voici qu'au moment pré-
cis où la France a l'obligation de multiplier ses liens avec le
Monde, on envisage dans une réforme de l'enseignement secon-
daire, une diminution de la part réservée aux Langues vivantes !
Je n'irai pas jusqu'à réfuter l'absurde argumentation de ceux qui
s'en prennent à nos méthodes puisque le sens commun leur inter-
dit de s'attaquer à notre discii)line elle-même. In plupait u'onl
jamais mis le pied dans nos classes, et ne s'emportent contre nous
qu'en vertu de i)réjugés de bonne compagnie: li véi ilé est que
XOTKS KT UOCLMENTS 517
Jamais, et nulle part, les langues étrangères elles-mêmes, la civi-
lisation, les mœurs, l'histoire des peuples amis ou ennemis au
milieu desquels il nous faut bien vivre, n'ont été enseignés plus
solidement, plus en profondeur. Et si nous n'avons pas toujours
réussi à imprégner nos élèves d'une culture littéraire assez intense,
comment nous le reprocherait-on alors qu'au moment où nous
avons tout à dire, on nous mesure si chichement le temps indis-
pensable pour achever notre effort ? Nous mériterions plus de sym-
pathie de nos collègues des disciplines anciennes, qui, disposant
cependant d'horaires généreux, se plaignent que pas un seul des
écrivains classiques ne soit vraiment connu de leurs élèves, et que
la plupart ne leur apparaissent qu'ainsi que des ombres glissant
dans un milieu incolore et muet.
Je m'en voudrais aussi de ne pas protester contre tout projet
de suppression 'de la langue complémentaire ; d'autres que moi
diront, sans doute, avec plus de compétence, les résultats remar-
quables obtenus par cet enseignement si décrié. On le dit <■ bas-
sement utilitaire et par conséquent sans nul profit pour la cul-
ture », comme si tout effort jjoursuivi avec conscience ne contri-
buait pas, pour sa part, à la formation de l'esprit. L'argument
peut, d'ailleurs, si facilement se retourner contre ceux qui en
usent ! On nous fait l'injuste grief d'enseigner les langues vivan-
tes dans un but exclusivement pratique, mais y a-t-il longtemps
qu'on enseignait le latin uniquement pour le parler, parce que
c'était l'unique langue dont on se servît dans le Droit, la Méde-
cine, la Diplomatie et l'Eglise, la seule qui ouvrît l'accès de leurs
riches prébendes ? Est-ce bien là la culture désintéressée qu'on
nous prône à tout propos et qui " depuis quatre siècles est l'apa-
nage de la race française >>, la culture haute, large et généreuse
qui ne vise pas à l'utilisation pratique et immédiate des connais-
sances acquises ? Les professeurs de Langues vivantes ne sauraient
se laisser prendre à d'aussi faux prestiges ; il n'accepteront ja-
mais, sans protester, la suppression de la seconde langue ; ils se
rappelleront qu'aujourd'hui toutes les gratides puissances imposent
à leurs nationaux l'étude de deux ou même, comme l'Allemagne,
la Hollande et la Suède, de trois languec, et ils feront la compa-
raison. Ils n'admettront pas davantage que l'on songe à rendre cet
enseignement facultatif : une longue expérience leur a prouvé que
tout enseignement dépourvu de sanctions suffisantes est voué à
l'impuissance totale. Mais de toute leur énergie, ils sont prêts à
collaborer à un programme qui leur*.laisserait une part d'action
suffisante. Et croit-on qu'un enseignement d'humanités qui com-
prendrait, outre l'art d'écrire dans la langue maternelle, les gran-
des littératures modernes, l'histoire des civilisations antique et
moderne et la comparaison de l'une et de l'autre, la philosophie,
les sciences dans leurs principes les plus généraux et les plus fé-
conds, peut être tenu pour insuffisant ? Il serait en tous cas dif-
518 LES LANGUES MODERNES
ficile de faire croire qu'il n'y a là qu'un ensemble de notions ser-
viles et mercenaires, servant uniquement à un but prochain.
Un seul mot encore. Les questions auxquelles nous avons essayé
de répondre ont été posées, presque sous la même forme, en juin
1918, au Congrès de la Société générale d'éducation et d'enseigne-
ment, ces Etats-Généraux de l'enseignement secondaire catholique.
Là aussi, il s'agissait du retour aux vieilles humanités, et du privi-
lège rendu au baccalauréat classique d'ouvrir seul certaines carriè-
res. Ces vœux rencontrèrent de nombreuses approbations, mais les
contradictions ne manquèrent pas, parmi les hommes qui avaient
poussé le plus loin leurs études classiques. Finalement, l'assem-
blée, repoussant les vœux catégoriques des intransigeants, adopta
des formules très générales, pouvant se prêter aux interprétations
les plus diverses. Au cours de la discussion, le président du Con-
grès, ^L Jean Brunhes, fut amené à déclarer que lei programmes de
1902 représentent ■< un progrès de psychologie et de pédagogie
énorme sur le passé ». Je trahirais ma conviction la plus intime
si je ne faisais pas mienne cette opinion de l'éminent géographe.
Sans doute le programme de 1902 n'était-il pas parfait, mais il
était, comme toute œuvre humaine, perfectible avec les leçons de
l'expérience. Il a d'abord causé de la défiance, et cette antipathie
instinctive qu'une corporation éprouve pour tous les changements
radicaux, et le scepticisme légitime qu'inspire une nouvelle révo-
lution scolaire, surtout à ceux qui en ont beaucoup subi. Mais il
avait de nobles côtés. Surtout, il constituait un enseignement
secondaire un, avec la variété dans l'unité, cette variété dont
Gréard disait déjà, dix ans auparavant, qu'elle s'imposait à notre
éducation, <• tandis que l'unité absolue du type classique, tel
qu'il a été conçu depuis le seizième siècle, ne correspond plus au
développement du sanoir et des idées ». Et puis, la réforme de
1902 tentait de nouveaux dosages entre les connaissances humai-
nes, des mélanges ingénieusement adaptés à la capacité et à la
diversité des intelligences ; elle essayait de concilier la culture
scientifique et la culture littéraire, et d'arriver ainsi à réaliser
l'éducation qui convient, non pas à tous les temps ni à tous les
pays, non pas à la France d'il y a quatre siècles, mais à celle du
vingtième siècle, entourée de concurrents actifs et puissants. C'est,
senible-t-il, ce qu'on perdrait de vue en voulant créer, par ces
temps difficiles, un enseignement de culture purement antique. Il
ne s'agit plus de préparer nos enfants pour une société qui a cessé
d'être, ni de les livrer à notre époque troublée sans les avoir
armés pour la lutte : ce qu'il faut avant tout, c'est faire cesser,
sous peine d'en mourir, la disconvenance croissante entre l'cducn-
tion et la \ie.
Question 7
Ce n'est pas sans quelque scrupule que j'aborde cette question,
si différente des précédentes. Il était essentiel qu'elle fût i)i>séc.
NOTES ET DOCr.MENTS Ô19
bien qu'on puisse, une fuis de plus, regretter que nos collègues de
l'enseignement féminin ne soient pas là pour dire leur mot. En
f.'tit, il n'est pas de question plus urgente, ni qui réclame une so-
lution plus prompte. Chaque lycée de jeunes filles est comme
l'image de la maison à l'envers, où il importe de remettre de
l'ordre et de l'équilibre, et je plains de tout cœur nos infortunées
collègues obligées, avec des méthodes si peu faites pour une si
lourde et grossière entreprise, de préparer leurs élèves au bacca-
lauréat. Et cependant, elles n'ont pas le choix : quelle jeune fille,
soit que la nécessité de gagner sa vie s'impose immédiatement à
elle, soit qu'elle s'arme par avance contre une trahison possible
du sort, se contente aujourd'hui du brevet de cinquième année,
sanction de tant d'efforts et de savoir, mais qui ne mène à rien ?
Et puis, là aussi la guerre a fait son oeuvre malsaine : la femme
se substituant à l'homme dans presque toutes les fonctions socia-
les, la femme professionnelle, la femme fonctionnaire, ce n'est
plus l'exception, c'est la règle. Et je sais bien' que cela est faux en
théorie, que le devoir d'un état sain est de ne pas perdre de vue
l'absurdité de cette tendance, et qu'elle ne durera pas toujours, et
qu'il faudrait tout au moins préparer, dès maintenant, partout
où elle s'impose, la différenciation entre carrières masculines et
féminines. La division du traval n'est peut-être pas immuable,
mais elle est, et elle est pour longtemps. Nos collègues femmes
l'ont compris, et c'est pourquoi elles ont fini par conclure, non,
j'imagine, sans quelque serrement de cœur, à la nécessité d'iden-
tifier les programmes masculins et féminins. Elles veulent désor-
mais travailler avec tous les moyens dont disposent les hommes
et non plus avec des procédés de fortune : je déclare me rallier
entièrement à leur point de vue.
Veuillez agréer. Monsieur le Ministre, l'assurance de mes sen-
timents de haute considération.
M. Rangés,
Délégué des Agrégés de Langues Vivantes.
A la Con)n)issioi) de rEi)seigi)eni)ei)t
Nous croyons utile de publier le « Communiqué » suivant de
la Commission de l'Enseignement de la Chambre des Députés, tel
qu'il a paru dans la presse parisienne du 28 octobre :
La commission de l'enseignement et des beaux-arts, réunie sous
la présidence de M. Gaston Deschamps, a entendu M. Léon Bérard,
ministre de l'instruction publique, au sujet de la réforme de
l'enseignement secondaire.
Le ministre a d'abord précisé les raisons pour lesquelles il lui
a paru préférable de poser des questions écrites aux membres du
Ô20 LES LANGUES MODERNES
conseil supérieur de l'instruction publique : cette assemblée, qui
comprend, en majorité, des élus de divers corps universitaires, est
légalement qualifiée pour donner son avis sur tous les projets
qui intéressent l'enseignement. D'autre part, étant donnée l'im-
portance de la réforme, M. Léon Bérard a pensé qu'il convenait de
permettre aux maîtres les plus éminents de se prononcer mûre-
ment sur des principes essentiels. Une telle procédure avait enfin
l'avantage, selon lui, de saisir l'opinion, celle des familles en par-
ticulier, et de provoquer un débat dont l'ampleur n'a pas déçu
les espoirs du ministre.
M. Léon Bérard a exposé que de nombreux membres du Conseil
supérieur lui avaient répondu. Dans un avenir très rapproché, le
Conseil sera convoqué en session extraordinaire pour discuter les
opinions qui ont été émises. Les divers textes dont la réforme
impose la rédaction seront ensuite élaborés, puis soumis au Conseil
supérieur, qui se réunira en session extraordinaire au début de
l'année 1922. Lorsque la haute assemblée de l'université aura
donne son avis, les règlements seront promulgués aussitôt que
possible.
Répondant à diverses questions, le ministre a déterminé les
grandes lignes du projet de réforme, tel qu'il le conçoit. 11 estime
que la véritable mission de l'enseignement secondaire est de for-
mer, en dehors de tout souci immédiat de carrière, des jeunes gens
d'esprit cultivé, capables de s'adapter, pour le plus grand bien
de l'intérêt général, aux multiples nécessités sociales, quelle que
soit leur spécialisation ultérieure.
C'est, en effet, à l'enseignement primaire supérieur et à l'ensei-
gnement technique, dont M. Bérard, d'accord avec M. Gaston
Vidal, vient d'assurer l'étroite collaboration, que doit revenir le
rôle essentiel de former directement : soit les techniciens du com-
merce et de l'industrie dominant leur métier et indispensables au
développement de la vie économique moderne, soit les instituteurs
et certaines catégories de fonctionnaires qui constitueront les élé-
ments essentiels de la nation.
Une telle conception impliquerait non seulement la revision
prochaine des horaires, mais encore la refonte des programmes
et la disparition probable des sections sans études classiques.
Tous les élèves suivraient ainsi les mêmes études jusqu'à leur sei-
zième année : ils choisiraient alors entre le grec et les sciences.
De plus, il y aurait lieu de prendre des mesures spéciales desti-
nées à assurer le passage direct des meilleurs élèves de l'enseigne-
ment primaire dans la classe de sixième et l'institution d'une pro-
cédure qui permettrait aux élèves les plus distingués de l'ensei-
gnement primaire supérieur d'accéder à l'enseignement supérieur
dans des conditions qui donneraient \ouiv garantie de mérite et
d'impartialité. Enfin le ministre a déterminé le rôle que, selon lui,
l'enseignement des langues vivantes doit occuper dans les pro-
NOTES ET DOCUMENTS 521
grammes de l'enseignement secondaire : Il sert non seulement de
base à une pratique éventuelle du langage courant, mais constitue
surtout le complément indispensable d'une bonne culture générale,
tandis que, dans l'enseignement primaire supérieur et dans l'ensei-
gnement technique, il a un but essentiellement pratique.
Aussi l)ion la rct'ormc entreprise ne sera pas eomplète si, après
l'avoir réalisée et l'avoir ensuite adaptée à l'enseignement secon-
daire féminin, on ne s'attachait pas à améliorer les examens du
l)accalauréat et à retoucher les programmes de certaines grandes
écoles, afin d'alléger quelque peu ceux de l'enseignement secon-
daire.
Au nom de la commission de l'enseignement, M. Gaston Des-
champs a remercié le ministre de cette importante communica-
tion, de laquelle doit résulter une collaboration utile au bien des
études et profitable au généreux dessein d'assurer sans retard à
tous les degrés de l'éducation iintionale, conformément aux
maximes essentielles de l'intelligence française, l'action des
esprits directeurs |)ar l'appel régulier des élites.
Tout commentaire serait supertlu. Le nouveau projet du Minis-
tre, qui aggrave singulièrement celui qui paraissait ressortir des
sept questions posées au Conseil Supérieur, aboutit à la suppres-
sion des Humanités modernes dans les Lycées. Cette fois, le dan-
ger est patent. Et peut-être, après tout, sera-t-il plus aisé de com-
i)attre un projet de cette nature qu'une manœuvre insidieuse,
tendant, par d'autres moyens, à des fins identiques.
En tous cas, puisque la question est posée nettement devant
une Assemblée politique, nos collègues, et particulièrement nos
tollègues de province, qui approchent de plus près que les Pari-
siens leurs représentants au Parlement, savent ce qu'ils ont à
faire.
Le Ministre doit être entendu devant la Commission de l'En-
seignement du Sénat le 26 novembre. D'ici là, une action utile
peut être concertée, et nous appelons sur ce point l'attention de
nos Régionales.
Au Conseil Supérieur
Nous trouvons, dans le Temps du 26 octobre, les renseigne-
juents suivants, dont nous croyons pouvoir garantir l'exactitude :
La commission élue par le Conseil Supérieur de l'instruction
publique pour examiner les réponses faites aux questions qu'en
juin dernier le ministre avait adressées aux membres de la haute
assemblée universitaire, a tenu hier sa première réunion. \os
lecteurs se rappellent que ces questions, au noinbre de sept, con-
cernent la réforme de l'enseignement secondaire des garçons et
Ô22 LES LANGUES MODERNES
ridentification de celui des jeunes filles. Ces réponses devaient
])ar\enir au ministère avant le 15 octobre.
Vingt-cinq seulement avaient été transmises à cette date. Un
certain nombre de conseillers ont répondu point par point en
développant leurs raisons ; d'autres, qui ignoraient qu'ils pussent
procéder ainsi, se sont bornés à répondre par oui ou par non. La
commission a décidé qu'il n'était pas trop tard pour compléter les
réponses. Elle a nommé une sous-commission chargée du dépouil-
lement. Elle se réunira de n&uveau le 20 novembre, pour en pren-
dre connaissance et rédiger un rapport < objectif » qui sera re-
mis aux membres du Conseil Supérieur pour la prochaine session
qui aura lieu vers la fin de décembre.
A ce moment, le Conseil émettra un vote de principe ; et, s'il y
a lieu, les diverses questions seront examinées au cours de ses-
sions ultérieures. L'idée qui paraît avoir prévalu hier, c'est que la
réforme de l'enseignement secondaire ne doit pas être envisagée
isolément, mais qu'il convient d'examiner en même temps les
rapports de cet enseignement avec le primaire et le supérieur.
Ajoutons que la Sous-Commission dont il est question plus haut
se compose de MM. Bernés, Beaulavon, Grévy, Rancès et Mlle S'a-
nua.
7 novembre 19'31.
Au moment de paraître, nous apprenons que le dépouillement
des réponses au questionnaire du Ministre (on sait que la moitié
environ des membres du Conseil Supérieur ont répondu par écrit)-,
vient d'être opéré par les soins de la sous-commission.
Nous pouvons dire que :
1" Une majorité d'environ 2 contre 1 veut un enseignement
commun à la base, avec le latin comme matière essentielle. Le
grec est rejeté par une majorité presque aussi forte.
2" La même majorité veut le maintien d'un enseignement mo-
derne à côté du classique (les uns depuis l'origine, les autres seu-
lement à partir de la troisième).
3" Une majorité plus forte encore insiste pour que le titre de
baccalauréat continue d'être conféré à l'examen terminal de la
section moderne.
4" En ce qui concerne les sanctions de ce l)accalauréat moderne.
les avis diffèrent. Vne forte minorité veut des sanctions identiques
à celles du baccalauréat classique. La majorité est divisée, les uus
admettant l'égalité de sanctions poui' certaines écoles ou Facultés,
les autres pour d'autres.
5" L^ne grosse majorité réclame l'identification des |)rograninies
masculins et féminins.
NOTES ET DOCUMENTS 023
A propos du nouveau professorat prin)aire
de Langues vivantes
Nous savons qu'un certain nombre de nos collègues de l'Ensei-
gnement primaire se sont préoccupés des répercussions que pour-
rait avoir sur leur carrière l'institution du nouveau professorat
de Langues Vivantes. M. Rancès, délégué au (conseil Supérieur,
ayant présenté leurs doléances au Directeur de l'Enseignement
j)rimaire, a reçu de lui la réponse suivante, que nous jugeons utile
de reproduire. ^^
.MiMSTKllK DE L'I.NSTHUCTtOX PLBLIQLE ET DES BEAI.\-.\KTS
Direction de l'Enseignement Primaire
2^ Bnredii
Paris, le .') septembre 19'21.
MO.N CHEH AMI.
Vous avez bien voulu, au sujet du nouveau certificat d'aptitude
à l'enseLguemcnt des langues vivantes dans les Ecoles Normales et
dans les Ecoles Primaires Supérieures, appeler mon attention sur
les jeunes filles pourvues du certificat primajre de langues
vivantes qui sont encore sans emploi, et appréhendent, de ce chef,
lorsqu'elles se trouveront plus tard en concurrence avec les titu-
laires du nouveau professorat, de se voir préférer des postulantes
susceptibles d'être nommées professeurs titulaires.
J'ai l'honneur de vous informer que l'ancien titre continuera à
valoir après 192.3, et que les certifiées d'avant cette année, pour-
ront être nommées dans un poste : mais elles ne seront pas titu-
larisées d'emblée, comme les certifiées du nouveau régime.
Je ne saurais affirmer, d'autre part, que le nouveau certificat,
plus difficile que l'ancien, ne créera pas plus de titres à une no-
niinatio)!. En tout cas, les certifiées de l'ancien régime passeront
avant les simples institutrices déléguées.
Vous m'avez demandé, en outre, s'il a été envisagé une période
de transition pendant laquelle les candidats qui se préparent de-
puis un certain temps au certificat primaire pourront se présenter
au certificat aujourd'hui supprimé.
Je ne vous laisserai pas ignorer que le nouveau régime ne
jouera qu'en 1923 : deux sections de l'examen de l'ancien régime
sont donc prévues pour les candidats dont la préparation est, dès
maintenant commencée.
Veuillez agréer, mon cher ami, l'assurance de mes sentiments
Its plus cordiaux.
Le Directeur de l'Enseignement Primaire,
Conseiller d'Etat.
Signé : P. Lapie.
524
LES LANGUES MODERNES
Hard Tin)es — Hard Lii)es !
Ceci est le schéma d'un projet élaboré après les votes sympathi-
ques du Congrès de Pâques, avant le projet ministériel dont la réa-
lisation ruinerait tant de beaux rêves. On pourrait supposer alors^
que le ministère de l'Instruction publique s'était rajeuni aux
souffles nouveaux qui passaient, et l'on cherchait les moyens, les
modalités par lesquels les langues vivantes, sans renier les discipli-
nes anciennes, pouvaient, dans une Université du vingtième siècle,
éclairée par les vérités éclatantes de la guerre, se faire, au soleil, la
place qui leur revient. Mais, hélas ! le vent qui souffle ne A-ient pas
de l'avenir : la France victorieuse doit se remettre au régime des
disciplines sacro-saintes qui ont fait la force et la gloire de la
génération de 70 !
Je soumets ceci, uniquement à titre de document et pour prou-
ver que les modernistes avaient plus de générosité et de largeur de
conceptions que certains de leurs collègues de latin. Nombre
d'entre nous n'étaient nullement hostiles au latin court et ne pré-
tendaient pas tuer cela par ceci. Ils donnaient toute sa force au
beau terme d'humanisme qui n'aurait plus de sens si, sous pré-
texte d'humanités, on feignait d'ignorer toute l'humanité moderne
dont nous sommes solidaires. Mais discute-t-on avec des sourds ?
5onge-t-on à fleurir et à décorer son appartement quand un pro-
jriétaire sans courtoisie vous enjoint de déguerpir à la fin du
mois ?
C. Chemin.
lei- CYCLE (6% 5% i^)
Français 5 heures
Latin 4 —
Langue vivante .4 —
Hist. et Géog... 3 —
Hist. naturelle. 2 —
Mathématiques . 2 —
20 -
(-|- plus le dessin, le chant,
et la culture pliysique)
Enseignement sans Latin
Français 6 heures
Langue vivante. 5 —
Hist. et Géog ... 3 —
Matliématiques . 3 —
Hist. naturelle.. 3 —
20
(+ dessin, etc.).
NOTES ET DOCUMENTS
2' CYcr.K (3-, 2% 1"^)
A
Humanités antiques
Français fi li.
Latin 5 »
Grec 5 , »
Hist. et Géog.. . 4 »
Langue vivante. 2 »
Mathématiques. 2 »
24 »
(4- dessin, culture
])h\sique).
Philosophie
B I C
llunianitës modernes I Humanités scientif.
Français 6 Ii.
1 " Langue 5 «
2« Langue 4 n
Hist. et Géog. . . 3 »
Mathématiques. 3 »
Latin ou Phys.^ 2 n
et Chimie 'i 3 )i
23 ou 24 »
Français 6 h.
Mathématiques. 5 »
Phys.etCiiimie. 5 »
Sciences nat. . . 2 »
Hist. et Géog.. . 3 »
Langue vivante. 3 )>
24 »
Mathématiques élémentaires
Coi)seil Céi)éral de la Loire
Nous sommes heureux de reproduire ici un oœu déposé par
M. Durafour, député, au Conseil général de la Loire, — que nous
communique notre collègue, M. Maurice, de St-Etienne, dont l'ac-
tivité, en faveur de la cause 'commune est des plus efficaces et des
plus dignes d'être imitées :
Le Conseil général de la Loire,
Considérant :
Qu'une réforme de l'enseignement secondaire est en préparation:
Que les élus d'une grande région industrielle comme celle de
la Loire ne sauraient se désintéresser d'une question aussi grosse
de conséquences pour l'avenir du pays et plus particulièrement
de l'industrie et du commerce du département.
Que sans méconnaître la valeur de l'enseignement des humani-
tés qui a formé de si brillantes générations, il convient aussi de
rechercher les moyens de constituer une élite intellectuelle éclose
à la lumière des faits scientifiques et de la connaissance des civi-
lisations et langues étrangères.
Emet le vœu :
Que dans la prochaine réforme de l'enseignement secondaire,
l'enseignement moderne, avec français, sciences et langues vivantes,
ne soit pas sacrifié au jjrofit de l'enseignement purement classique
et que les deux ordres d'enseignement soient maintenus pour
concourir ensemble à la pleine éclosion du génie français.
52G LES LANGUES MODERNES
La Réforn)e de rEi)seigi)eni)ei)t secondaire
et les Langues vivantes
Dans le courant du mois d'août, M. le Ministre de l'Instruction
publique a adressé aux membres du Conseil supérieur un avis
qui avait pour but de leur rappeler le questionnaire et de les
inviter à envoAer leurs réponses aussitôt qu'ils le pourraient.
Dans ces conditions, le Bureau a pensé qu'il y avait utilité à
faire connaître, d'ores et déjà, aux Membres du Conseil, le point
de vue des Professeurs de Langues Vivantes, tout au moins dans
ses grandes lignes, et tout en réservant, bien entendu, les décisions
finales que prendra l'Assemblée du, 6 octobre. C'est ainsi que
M. Clî. Veillet-Lavallée, Président de l'Association, a adressé à
chacun des membres du Conseil Supérieur la circulaire dont le
texte suit et qui était accompagnée d'une brève lettre d'envoi.
Remarques sur les questions de M. le Ministre de l'Ins-
truction Publique concernant la réforme de l'Enseigne-
ment secondaire.
i^" Queslion. — La division en cycles et la subdivision en Sec-
tions A B C D établie par le plan d'études de 1902, est plus théo-
rique que réelle ; nous admettons toutefois que la suppression des
cycles puisse présenter certains avantages et qu'il est possible
d'adopter un plan plus simple et plus harmonieux.
2" Question. — Sans préjuger des solutions qui seront adoptées,
nous demandons instamment, dans l'intérêt du pays, au double
point de vue de la culture moderne à donner aux jeunes Fran-
çais et des armes économiques dont il s'agit de les munir, que
l'étude des Langues Vivantes dans les classes de 6% 5^ et 4® ne
subisse aucune diminution. Or, vouloir en même temps alléger les
programmes et rendre obligatoire pour tous l'étude des Langues
Classiques équivaut à vouloir sacrifier l'étude des Langues Vi-
vantes.
.>" Question. — C'est pourquoi nous souhaitons qu'à côté d'une
Section d'Humanités Classiques subsiste une Section d'Humanités
Modernes, qui prendra comme base de culture une étude appro-
fondie de notre langue nationale et des langues étrangères moder-
nes par la pratique de la langue, la grammaire, l'étude des textes,
l'histoire des civilisations.
i" Question. — Nous entendons déclarer de la façon la plus for-
melle que nous désirons, pour les études d'Humanités Modernes,
une sanction aussi sérieuse que celle de l'Enseignement Classique
et donnant des droits égaux, c'est-à-dire l'accès à l'Ecole Normale
Supérieure, à la Licence en Droit et au Doctorat en Médecine.
.3" Question, — A l'inverse des propositions du Ministre, nous
])ensons que le trmail scolaire, ]iour les élèves de 6"', 5" et 4" doit
NOTES KT DOCIMEMS 527
s't'xccuter, pour la i)lus grande part, au Lycée, sous la surveil-
lance des professeurs qui guideraient les enfants dans leur tra-
vail, et qu'au contraire, dans les classes supérieures, une plus
grande initiative étant laissée à l'effort personnel de l'élève, la
présence de ce dernier au Lycée peut être d'une durée moins lon-
gue.
()'• Question. — L'enseignement des Langues Vivantes exige, sur-
tout au début, un nombre d'heures de cours supérieur à celui des
autres enseignements, étant donné que presque tout le travail
se fait en classe, du moins en 6", 5' et 4' ; donc, une diminution
de nos horaires nous mettrait dans l'impossibilité d'accomplir
notre tâche qui est de donner à nos élèves la possession effective
d'une langue, d'une littérature, d'une civilisation, et non pas, com-
me dans certaines autres branches de l'enseignement, d'exposer
aux élèves les matières d'un programme dont certaines parties
peuvent, sans grand inconvénient, être supprimées pour l'adapter
aux horaires.
D'autre part, au moment où toutes les grandes puissances
imposent à leurs nationaux l'étude de deux ou même trois Langues
Vivantes, il nous parait désastreux que l'on songe à rendre facul-
tatif l'enseignement de la seconde langue, enseignement qui, en
seconde et en première, depuis 1902, ne cesse de donner toute sa-
tisfaction. Les élèves, entraînés et préparés par la connaissance
d'une première langue étrangère, abordent facilement la deuxième
langue et font de rapides progrès.
Tout enseignement facultatif, l'expérience le prouve, est voué
à l'impuissance et ne donne aucun résultat.
/* Question. — Sous réserve d'une ample discussion, en Assem-
blée générale, sur l'adoption de programmes communs aux Ensei-
gnements secondaires, féminin et masculin, nous accepterions toute
solution approuvée par nos collègues de l'enseignement féminin.
Ch. Veillet-Lavallée,
Président de l'Associotion.
Circulaire aux Cl)an)bres de Coni)n)erce
La lettre que l'on va lire a été envoyée aux Présidents des Cham-
bres de Commerce de France et d'Algérie et aux personnalités pla-
cées à la tète des grands groupements économiques, tels que la
Confédération des Groupes Commerciaux et Industriels de France,
le Comité Central d^s Armateurs, l'Union des Intérêts Economi-
ques, l'Association \ationale d'Expansion Economique, etc., etc.
Pour que notre campagne obtînt son plein effet, il serait souhai-
table que des efforts fussent tentés dans chaque région, chaque
département, chaque ville, par ceux de nos collègues qui y rési-
dent. Nous adressons donc un appel pressant aux membres de
36.
528 LES LANGUES MODERNES
l'Association pour qu'ils interviennent directement auprès des per-
sonnalités influentes qu'ils peuvent atteindre, auprès des journaux
de province qui seraient disposés à reproduire ce document ou à
le commenter en faisant usage des arguments qu'il contient et de
toutes autres considérations que nos collègues ne seront pas en
peine de leur fournir. Le Président tient à leur disposition des
exemplaires dactylographiés de notre Cii'culaire aux membres du
Conseil Supérieur, et de la lettre aux Groupements Economiques.
Les projets de M. le Ministre de l'Instruction publique appellent
une observation importante : beaucoup d'enfants, après avoir
quitté l'école primaire, vont passer trois années dans une école
primaire supérieure et entrent ensuite dans un Lycée ou un Col-
lège qui, au bout de deux ou trois ans, les conduit au baccalauréat.
Les frais d'études ou de pension dans l'établissement secondaire
ne pèsent donc sur le budget familial que pendant deux ou trois
ans.
Si le projet Bérard aboutit, les enfants devront, quitter l'école
primaire élémentaire de très bonne heure pour commencer le latin
en 6' et entrer d'emblée dans un établissement d'enseignement
secondaire. Les charges subies par les familles seront beaucoup
augmentées et celles dont la situation est modeste reculeront
devant pareil sacrifice. L'accès du baccalauréat et des carrières
libérales deviendra donc réservé aux seuls enfants des familles
riches.
Ch. V.-L.'
Monsieur le Président,
Nous avons l'honneur d'attirer votre attention sur le Ques-
tionnaire remis par M. le Ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, aux membres du Conseil Supérieur de l'Instruc-
tion publique, en vue d'une réforme de l'Enseignement secondaire.
Il ressort des questions n° 2, 4 et 6, dont vous trouverez le
texte ci-dessous, que l'enseignement des Langues Vivantes dans
lîotre pays devra subir une diminution considérable, si les pro-
jets ministériels se réalisent.
Le latin et le grec (question 2), devenant obligatoires, pendant
les trois années de début, pour tous les jeunes Français qui entre-
ront dans les Lycées et lés Collèges, la part de temps et d'efforts
consacrée à l'étude des Langues Modernes, dans la période de
l'enfance où l'assimilation linguistique est le plus facile et le plus
fructueuse sera réduite à peu de chose.
Plus tard, les jeunes gens qui cesseront de se consacrer à l'étu-
de de l'antiquité pour tourner leur attention vers une culture
moderne fondée sur le français, les sciences et les langues étran-
gères, ne pourront obtenir qu'un diplôme de second ordre, leur fer-
mant l'accès aux études supérieures et dépourvu, d'ailleurs, de
tout prestige. (Question n" 4).
NOTES ET DOCUMENTS 529
La 6' Question contient une menace de plus dirigée contre les
langues. L'expérience l'a montré : dans notre système éducatif
français, tout enseignement facultatif est frappé d'impuissance
et ne donne aucun résultat.
L'ensemble des mesures projetées nous paraît constituer un
grave danger pour le pays. Nous ne songeons pas à nier la valeur
culturale des Humanités classiques, mais nous pensons que l'étude
doit en être réservée à un petit nombre de jeunes gens se destinant
à certaines professions assez rares, en somme.
Ce dont la France a besoin, au lendemain de la guerre mondiale,
pour mener à bien son œuvre d'expansion politique, intellectuelle
et économique, déjouer les propagandes adverses, conquérir les
marchés et faire rayonner l'influence de son génie, ce n'est point
tant de chartistes et d'érudits, d'avocats et de légistes que de négo-
ciants et de producteurs, d'hommes de science et d'action, tous
connaissant, à des degrés divers, l'àme et le langage d'un ou de
plusieurs peuples étrangers. Réduire l'étude des Langues Moder-
nes, c'est nous empêcher de suivre la marche des événements poli-
tiques, sociaux, économiques, chez nos voisins et chez nos rivaux,
c'est, en un mot, désarmer la génération de demain.
De telles considérations semblent avoir inspiré les nations étran-
gères qui, depuis le début du conflit mondial, ont donné chez elles
un nouvel essor à l'étude des Langues Modernes : on en enseigne
trois dans certains pays, comme la Suède et la Hollande. Et la
Chambre de Commerce de Paris, pour prendre un exemple aussi en
F'rance,, réserve une place fort impKjrtante aux langues vivantes
dans les écoles supérieures et secondaires fondées et entretenues
par elle.
Nous avons pensé. Monsieur le Président, que votre Compagnie,
en raison même des problèmes chaque jour soumis à son atten-
tion, appréciera la gravité de la menace qui se manifeste dans le
projet ministériel et voudra nous aider à écarter le danger en
émettant un vœu en faveur de l'étude des Langues Vivantes en
France, en réclamant le maintien d'une section moderne, à côté
de la section classique, dans nos établissements d'Enseignement
secondaire, en demandant, enfin, que dans la réforme des études
secondaires, l'enseignement des Langues étrangères modernes ne
subisse aucune diminution, au triple point de vue de l'importance
qu'on lui accorde dans la formation de l'esprit, du temps qui lui
est consacré dans l'horaire des classes et des sanctions auxquelles
il aboutit en fin d'études.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'assurance de mes
sentiments distingués.
Ch. Veillet-Lavallée,
Professeur d'anglais à l'Ecole des Hautes
Etudes Commerciales, Président de
l'Association des Professeurs de Lcm-
gues Vivantes.
530 LES LANGUES MODERNES
/
Bourses de voyage régionales
(. C'est du Nord, aujourd'hui, que nous vient la lumière »,
disait-on au grand siècle ; et c'est de province que nous arrive le
bon exemple, celui d'une activité qui se dépense en œuvres utiles
dont l'éclat rejaillit sur l'Association. Nos collègues ont pu cons-
tater, en effet, dans nos derniers Bulletins le succès obtenu par la
jeune Régionale de Clerniont-Ferrand, dans la campagne qu'elle
a menée pour créer des bourses de voyage et de séjour à l'étran-
ger. (N° d'août, p. 321).
La Régionale de yancy, à son tour, vient d'aboutir à des résul-
tats analogues. M. Maresquelle et ses collègues ont tenté des efforts
auprès des grandes Associations et des Banques de la région de
Nancy. Les fonds réunis ont permis de donner 11 bourses. Les
jeunes gens désignés sont placés à l'étranger. A leur retour, ils
auront à fournir un rapport. 8 sont en Allemagne occupée, 3 en
Angleterre. La somme réunie a atteint 5.000 fr. Le séjour à l'étran-
ger est de 6 semaines. Les organismes sollicités sont : la Chambre
de Commerce de Nancy, la Société Industrielle de l'Est, les Ban-
ques locales, les Sociétés de Crédit, les Brasseries de l'Est, les prin-
cipaux industriels, la municipalité, les Associations d'anciens élè-
ves. Sur une vingtaine de personnalités ou de Sociétés auxquelles
on s'est adressé, 14 ont répondu favorablement.
Cette activité de nos collègues et les résultats atteints sont tout
à l'honneur des personnes dévouées qui n'ont pas mesuré leur
peine. Le prestige de l'Association, la cause des Langues Vivantes
y gagnent beaucoup. Nos remerciements et nos félicitations vont
à nos collègues.
Ch. ^'EILLET-LAVALLÉE.
Cours con)plén)ei)taires de la Ville de Paris
Une nouvelle mesure où se révèlent les sentiments inamicaux
qu'éprouvent à l'égard des Langues Vivantes certaines personna-
lités de l'Klnseignement Primaire, a été prise, en juillet dernier, à
Paris. Le (Conseil municilJal, répondant aux désirs de la popula-
tion commerçante de la capitale, a créé depuis environ un demi-
siècle un nombre toujours croissant de Cours ComiJlémcntaires
(garçous et filles), où l'enseignement des Langues occupe une place-
importante. L'examen de sortie des Cours Complémentaires, qui se
passe à la fin de la deuxième année, a toujours comporté une
épreuve de langues, à titre obligatoire.
Or, cette année, peu de jours avant l'examen, des ordres venus
d'en-haut, ont soudain piescrit que l'épreuve de Langues Vinantes
serait désormais facultative. Et il en a été ainsi fait.
Les Langues Vivantes facultatives ! Cette expression est en train
NOTES KT DOCUMENTS 531
■de tourner au refrain ! Nous assistons ici à la continuation logi-
que et persistante de la campagne entreprise l'an dernier. Battu
sur un point, l'ennemi attaque sur un autre. On a voulu d'abord
rendre l'étude des Langues facultatives dans les Ecoles normales
^t Primaires Supérieures. Puis, on a tenté de supprimer l'épreuve
écrite de Langues au Brevet supérieur. Mais observons bien aussi
que lorsque le Questionnaire ministériel parle d'organiser dans les
Lycées et Collèges des cours facultatifs où les élevés pourraient
étudier une seconde langue, il s'inspire du même désir, un peu
inavoué, de détruire notre discipline.
Quoi qu'il en soit, aussitôt prévenu, le Président s'est mis en
rapport avec notre collègue M. .4. Paulian, inspecteur des cours de
Langues Vivantes de la ville de Paris, et a fait une démarche
auprès de M. Deville, Conseiller municipal et Président de la 4"
Commission (Enseignement). 11 semble douteux que le Conseil
municipal de Paris, qui ne cesse de développer l'enseignement des
Langues Vivantes dans ses Ecoles, possède un corps de professeurs
nombreux, pourvus de titres universitaires et dont il vient d'amé-
liorer la situation de façon sensible (beaucoup d'entre eux font
partie de notre groupement) ; que le Conseil qui vient de créer,
tout récemment, de nouveaux cours, accepte, de gaîté de cœur, une
mesure, dont l'effet ira à rencontre même de ses plans et des
liesoins de la population parisienne.
Ch. Veillet-Lavallée.
Extraits de la note remise par le Président
à M. Deville
.1 ...Cette mesure implique... que les Langues Vivantes vont
•devenir facultatives aussi comme matières d'enseignement.... Dans
notre système français, tout enseignement facultatif est un ensei-
gnement mort, car les élèves, préoccupés du succès aux examens,
considèrent comme négligeable une étude dépourvue de sanction
dans les épreuves finales. »
< Au moment même où, créant de nouveaux cours de Langues
Vivantes, le Conseil municipal montre l'intérêt et l'importance
qu'il attache, pour les jeunes Parisiens des deux sexes, à l'étude
des Langues Modernes, nous avons le droit de supposer qu'une
pareille mesure ne rencontrera pas son approbation. »
« Sans doute, les décrets ministériels qui réglementent les pro-
grammes des Cours Complémentaires s'appliquent à l'ensemble du
territoire français, et, comme tels, ils ont un caractère général...
Mais s'ensuit-il que dans les cours organisés par la Ville de
Paris, les Langues Vivantes, enseignées jusqu'ici à titre obligatoire,
doivent à l'avenir l'être facultativement ? Le lien logique ne nous
apparaît pas. »
532 LES LANGUES MODERNES
" Il y a lieu d'observer, d'ailleurs, que le Décret du 31 octo-
bre 1920 laisse aux Cours Complémentaires beaucoup de liberté.
J'y lis Uoiirnal Officiel du 30 octobre 1920, p. 17.063) : « Les
Cours Complémentaires ont pour mission de mettre un minimum
d'Enseignement Primaire Supérieur à la portée des enfants. » Or,
l'Enseignement Primaire Supérieur comporte les Langues Vivantes
à titre obligatoire. "
" Plus loin, le Décret étend encore ces libertés : « Le pro-
gramme de ces cours sera choisi par les maîtres d'accord avec
le Comité de patronage et sous le contrôle de l'autorité académi-
que ; il variera d'école à école, aucune règle générale ne lie à cet
égard la liberté des autorités locales. » En l'espèce, l'autorité
locale, c'est le conseil municipal de Paris et la brusque décision
prise récemment semble faire bon marché de cette liberté. »
■■ Notre Association, qui a pour but de prendre, en toutes cir-
constances, la défense d'une discipline en laquelle nous avons foi,
ce d'études qui nous semblent plus que jamais indispensables à
la jeunesse française pour sa culture intellectuelle et pour ses
besoins pratiques, a confiance que le conseil municipal de Paris
tiendra à maintenir le caractère obligatoire des Langues Vivantes
dans les Cours Complémentaires comme matière d'enseignement
et comme sanction aux examens... »
Liste d'adl)ésioos au Comité Brui)ot (suite)
Comité de direction. Association commerciale et industrielle de
la ville de Moulins.
M. Pierre Sayn, prof. 1. v., lyc. Rouen.
.M. Horlaville, prof. 1. v., coll. .\uxerre.
M. Roubaud, prof, phys., lyc. Lakanal.
M. Paul Raphaël, homme de lettres.
M. Maillan, prof. 1. v., lyc. Toulon.
M. Odru, prof. 1. v., lyc. Bourg.
M. Doutenville, prof. hc. .Avignon.
M. Gabriel, prof. 1. v., coll. Lunéville.
Mme .Ancelet-Husbache, prof. lyc. j. f., St-Quentin.
Mme Birmann, prof. 1. v., Ec. pr. sup., Cannes.
Amicale lyc. j. f., Cahors.
Mlle Perrenoud, prof. 1. v. lyc. j. f., St-Germain-en-Laye.
Mlle Scott, prof. Ec. Normale Sup., Sèvres.
MM. Dassonville, Lucignc, Lis et Régnier, prof. 1. v., Lagachc,
|)n)f. de math., Nicolas, prof, de Ictt., Dupont, répétiteur, au coll.
de (Cambrai.
,M. -André, prof. 1. v., lyc. .laiison-de-Sailly.
M. Devin, prof. lyc. Bufl'oii.
I
i
NOTES ET DOCUMENTS 533
M. Heller, prof. 1. v., lyc. Valence.
M. Waldner, prof. 1. v., lyc. .Amiens.
.M. Bazillon, prof., lyc. Sarreguemincs.
Mlle Girard, prof. 1. v., Ijc. j. f., Lyon.
.M.M. Wiillandet, Dubas, Jouglet, Parent, Gérard, Mairesse, prof,
lett., !•:. r. S. Xaiicy.
M.M. Humbcrt, Gandlo, institut., E. P. S. Nancy.
.MM. Petit, Jager, prof., K. P. S. Nancy.
MM. Ragan et Volkringer, professeurs de lettres au lycée Kléber,
Strasbourg.
M. Raison, prof. E. P. S. Toul.
M. Gilbert, prof. E. Norm. Nancy.
MM. Boyot, Bourrion, Grane, Giraud, Rénaux, Bajol, Gilet, Mou-
reaux, prof. E. P. S. Nanc\'.
-M. Inderit, directeur E. P. S. Nancy.
. .Mlles Lhuillier, Brochard, prof. E. Sup. j. f., Nancy.
.Mlles \'itrey, Baubillier, S'iécaut, instit. E. P. S. j. f., Nancy.
Mlle Simon, dir. E. P. S. j. f., Nancy.
Mlles Ferry, Deparis, Lepape, Gruct, Boulay, Bosc, Taboureau,
prof. E. P. S. j. f., Nancy.
MM. Maresquelle, Rérat, -Antoine, Kremer, Bouchez, A'allod,
Mossé, Médard, Hesse, prof. 1. v., Nancy.
MM. Legras, Ellies, Bluzot, Sauvigny, Parmantier, Moreau.x,
prof, math., lyc. Nancy.
Mossé, Médard, Hesse, prof. 1. v., lyc. Nancy.
M. Fromont, prof. se. nat., lyc. Nancy.
M.M. Lacoste, Gros, prof, hist., lyc. Nanc3'.
^I. C^hamou.x, censeur, Ijc. Nancy.
M. Millot, prof, de lett., lyc. Nancy.
.M. SchaefTer, prof, adj., lyc. Nancj'.
.M. Babin, prof, class. élém., lyc. Nancy.
.M. Krug, industriel, secret. Chambre de Comm., NancA'.
M. Emile Nicolas, critique d'art, Nancy.
.M. .Mettavant, Ingén. princ. Soc. Mécanique Mod., Nancy.
.M. Butin, Ingén., Prés. .Ass. de l'E. P. S., Nancy.
.M. Rogé, Représ, de comm., Vice-Prés, de l'.Ass. .Anciens El. E.
S. Comm.
M. Donders, Industriel, Nancy.
M. Bunieux, Représ, de comm., Cons. Mun., Nancy.
.M. Monod, Secr. Gén. Soc. Nancéienne du Crédit Industriel.
M. Foëx, Ingén., Secr. Gén. Comp. Lor. d'Electr., Nancy.
.M. Brun, Prés. Soc. ind. de l'Est, Nancy.
M. Selozer, Ingén. dir. éc. nat. technique, Strasbourg.
M. Reyher, prof, de lett. angl. univ., Nancy.
M. Pariset, prof. fac. lett., Strasbourg.
D"" Bruntz, doyen fac. Pharmacie, Nancy.
534 LES LANGUES MODERNES
M. Turpin, inventeur de la mélinite.
M.M. Bertin, Gallaud, Meynaud, Petit, prof, sciences, coll. Pon-
toise.
M.M. Bellec, Hirtz, Normand, Rosier, prof. 1. v., coll. Pontoise.
M. Vogt, prof, de 7% M. Durand, prof, de 8% Prés, de la Fédéra-
tion nat. des Inst. et Institutrices des Lyc. et Coll., coll. Pontoise.
M, Nicolas, prof. 1. v., lyc. Carnot.
M. Dupré, prof. 1. v., lyc. Montaigne.
M. Desclos-Auricoste, prof. 1. v., lyc. Condorcet.
M. Milliot-Madéran, prof. 1. v., lyc. Louis-le-Grand.
Mlle Mazurier, prof. lyc. j. f., Sèvres.
Le Principal et les Professeurs du coll. St-Yrieix.
M. Roset, dir. éc. garç., Villerupt.
MM. Servat, Thomas, Bibé, instituteurs, Villerupt.
M. Haller, directeur Société Métall., Villerupt.
^I. Honnorat, pharmacien à Villerupt.
'M. Vincent, agent-voyer, Villerupt.
M. Robert, direct, mines de Michéville, Villerupt.
M. Collignon, ingénieur.
M. Labadie, ingénieur, aciéries Michéville.
MM. Mercier, Pierson, ingén., aciéries Michéville.
]M. Michaud, ingén. électricien.
MM. Ghiliouda et Chaput, ingén., H. et M.
M. Roux, dessinateur, aciéries de Michéville.
M. Tourret, gérant. Soc. Coopérative Tucquognieu.x.
]\I. Suchet, ingén., mines de la Mourière, Piennes.
M. Rurmu, directeur, mines de la Mourière.
Mlle Le Colson, institutrice à la Mourière, Piennes.
M. Becker, directeur d'école à Piennes.
M. Deschanel, directeur, mines de Jondreville.
M. Bormcnt, directeur de la Soc. d'Errouville.
yi. Bcnoist, ingénieur de la Soc. d'Errou\illc.
M. Laporte, magasinier de la Soc. d'Errouville.
M. de Lavareille, caissier. Société d'Errouville.
D"" Cazin, D"" en médecine à Crusnes.
M. Lefort, chef d'expédition à la Soc. d'Errouville.
M. Clément, comptable. Soc. d'Errouville.
M. Kirschtctter, secrétaire de la dir. mines d'Errouville.
M. Gillaud, chef de la comptai).. Soc. d'Errouville.
M. Spony, fal)ricant, Mulhouse.
M. Daum, entrepreneur, Jœiif.
M. Claude, négociant en vins, Jcandclize.
M. Leclerc, industriel, .leandelize.
M. Maginot, instituteur à Buzy.
M. Cabayct, négociant en vins, Marbache.
]\1. Perrin, greflier, Pont-à-Mousson.
NOTES ET DOCUMENTS Ô35
M. L()ml)ard, capitaine, Pont-à-Mousson.
,M. Alisou, avocat à la Cour d'appel, Nancy.
M. Fugerio, industriel, délégué cantonal, Frouard.'
M. Oudenot, Bibliothèque universitaire, Nancy.
M. Gominarmond, pr. lyc. Condorcet.
.Mme (".ollery, prof, sciences, lyc. j. f., St-Qucntin.
Mlle Chalniel, prof. 1. v., lyc. j. f., St-Quentin.
MM. Fages, prof, lett., Huot, Sordot, prof, de 7", Mousset, prof,
gr., IJruyat, prof, math., Fangniaire, prof, math., Lordereaux, prof,
phys., Pellet, prof, d'hist., Robin, prof, de math., Guiran et Anto-
niotti, prof, de 1. v.. Picard, prof, de philo.. Châtain, prof, de 4',^
Daude, prof, de philo., Bouvient, prof, d'hist., Uessaux, proviseur,
lycée d'Avignon.
M. Sautel, prof, d'hist., coll. St-Joseph.
.M. Geoffroy, prés. (>hambre de Comm. d'.Avignon.
Mme Fages, Mlles Didier, Maugendre, prof, lettres, Mmes Ar-
mand, Maiiras, prof, sciences, Mmes Huot, Sordot, Marcourel, prof.
1. \., lycée j. f. d'Avignon.
Mlle Péraldi, prof. 1. v., lyc. j. f., Aix.
.MM. Paoloantonaci, Salin, Connes, Meyer, prof. 1. v., Espiard,
prof, philo., Amiel, prof, math., lycée d'.Aix.
Mmes Ficquet, Jeangirard, Detchébarne, prof, math., Mlles Klein,
Hécart, prof, phys., Mme Flobert, prof, d'hist., Mmes S'chwob, Eli-
chabe, Mablingaud, prof, lett., Mme Turpin, maîtresse primaire,
Mme Lorilleux, Cortot, Schach, Bécourt, jjrof. 1. v., lyc. ^Molière.
Mlles Pitiot et Jeunet, prof. coll. j. f.. Le Luc (Provence).
:\L Collin, prof. J.-B.-S'ay.
M. Pierre Weiss, correspondant de l'Institut, Directeur de l'Insti-
tut de physique de l'L'niversité de Strasbourg.
M. Roger, prof. 1. v., lycée Henri-IV.
-M. Boussagol, prof, à l'Université de Toulouse.
Les Professeurs de Langues Vivantes des collèges de La Châtre.
M. Eyraud, professeur à St-Maixent.
M. Gaston Hirtz, délégué à Paris de la Régionale de Poitiers.
.MM. Coulon, prof, math., Ruyssen, prof. I. v., hc. Poitiers.
MM. Rougé, Delany, prof. I. v. au lyc. Tours.
MM. Rouquette, Roullet-Debenay, Perrin. Penot, Geismar, prof,
lyc. Limoges.
.M. Crayssac, prof. lyc. .Angoulème.
M. Chausse, prof. coll. Châtellerault.
M. Mérillac, prof. coll. Issoudun.
M. Fourgeaud, prof. lyc. La Roche-sur- Yon.
M. Vayroz, prof. coll. Loudun.
M. Frappier, prof. coll. Civraj'.
M. Hanneton, prof, coll., Montargis.
M. Jubien, prof. 1. v., lyc. Niort.
MM. Imbert et Hervé, prof. 1. v., lyc. Niort.
536 LES LANGUES MODERNES
M;M. Fieux, Gratreaud, prof. 1. v., coll. Chinon.
M. Gené^Tie^, prof. lyc. Tours.
M. Gombeault, prof. I. v., coll. St-Servau.
.M. Degnian, prof, lett., lyc. Sarreguemines.
MM. Basty et Cayron, prof. 1. v., coll. Le Blanc (Indre).
M. Artarit, prof. 1. v., lyc. La Roche-sur-Yon.
M. Douady, président de la Section Régionale de Lj'on, profes-
seur à l'Université de Lyon.
La Régionale de Lyon.
M. Delattre, président de la Régionale Lilloise, prof, à l'Uni-
.versité de Lille.
Mlle Bérillon, prof, au lycée Racine.
M. Albert Loriol, peintre, prix de Rome.
Mme Legeinsel, prof. 1. v., Ecole Sophie-Germain.
M. Caillet, prof, collège, St-Germain (S.-et-O.).
M. Carillon, prof, collège, St-Germain (S.-et-O.).
M. Arnaudet, prof, lycée Carnot, 1. v.
M. Dubailleul, prof, lycée Carnot, 1. v.
{A siiivreK
A1 d'Avigi)oi)
L'AI du Lycée d'Avignon constate avec étonnement et regret
que plusieurs délégués de régionales au Congrès de Pâques, et en
particulier le délégué de rA2 d'Aix-Marseille, ont cru devoir, au
nom de tous leurs commettants, condamner l'enseignement secon-
daire sans latin (motion Weber).
Elle émet le vœu qu'à l'avenir, sur les questions qui manifeste-
ment divisent les membres des Amicales, ces délégués ne puissent
se prononcer sans avoir été dûment mandatés à cet effet.
AI de Bordeaux
L'AI, ayant pris connaissance du questionnaire adressé par le
Ministre de l'Instruction publique au Conseil Supérieur,
Et sans préjuger des résultats du référendum ouvert sur la
question de la réforme de renseignement par le dernier Congrès
de la Fédération,
Se prononce dès à présent :
1" Contre l'institution d'une !{' année de latin oliligatoire avec
grec obligatoire ;
2" Contre l'inégalité des sanctions attachées d'une part aux
humanités classiques, de l'autre aux humanités modernes.
A, RivoALLAN, secrétaire.
â
XOTES ET DOCUMENTS 537
Centre d'Etudes gern)ar)iques de IVlayeoce
L'iittcntion de M. le Haut (Commissaire de la République Kran-
t;aise dans les provinees du Rhin ayant été attirée sur l'intérêt
qu'il y aurait pour les militaires de l'armée du Rhin et pour les
fonetionnaires du Haut Commissariat français de développer leur
connaissance de la langue et de la civilisation allemandes, il est
créé à Mayence un Centre d'études germaniques. L'enseignement
donné par ce centre, combiné avec un enseignement parallèle de
la section juridique donné par l'Ecole de Droit de Mayence, cons-
tituera un cycle d'études semestriel, dont la préparation s'éten-
dra sur une période de quatre mois. A l'issue de cette période, il
pourra être conféré, après examen, un diplôme du Haut Commis-
sariat, dont il sera tenu le plus grand compte pour l'admission
aux diverses fonctions de la H. C. I. T. R.
Des professeurs de la Faculté de Lettres de Strasbourg assure-
ront en même temps sur place, la préparation des différents cer-
tificats de la licence d'allemand et donneront une direction d'étu-
des aux candidats au diplôme d'études supérieures et aux can-
didats à l'agrégation d'allemand. En outre des avantages que leur
assurera un centre de préparation actif, les étudiants trouveront
à Mayence des facilités particulières pour se loger dans des
familles allemandes, une vie intellectuelle et artistique rendue
plus intense par le voisinage de Wiesbaden avec son théâtre et ses
expositions, et de Francfort avec son Université, ainsi que de mul-
tiples occasions d'entrer en rapport avec les éléments intellectuels
de la région rhénane.
Programme des cours et conférences
de la section germanique
Antiquités rhénanes, M. Ghenier, Professeur à l'L'niversité de
Strasbourg.
Histoire des Pays rhénans jusqu'en 1815, M. Pariset, Professeur
à l'Université de Strasbourg.
Histoire politique de l'Allemagne, en particulier des Pays rhé-
nans de 1815 à 1914, M. Kiener, Professeur à l'L^niversité de Stras-
bourg.
La Constitution de Weimar, M. Vermeil, Professeur à l'Univer-
sité de Strasbourg.
Histoire du Socialisme allemand, M. SpexivÉ, Professeur à
l'Université de Strasbourg.
Géographie physique et humaine de l'Allemagne, M. Malaurie,
Professeur au Lycée de Mayence.
Exercices pratiques de traduction et de conversation allemande,
accompagnés d'exposés généraux sur la presse allemande, le mou-
vement intellectuel et artistique, les villes d'art et les centres
538 LES LANGUES MODERNES
intellectuels de rAllemagne contemporaine : MM. Mouillet, Roy,
Garnier, Professeurs au Lycée de Mayence.
Licence d'allemand
Cours de littérature française : • Le romaritisme français :
Explications d'auteurs français du programme de la licence. (19'
siècle), M. Lange, Professeur à l'Université de Strasbourg.
Cours de phonétique et d'histoire de la langue française. Expli-
cation d'auteurs du programme de licence (17'^ et IS'' siècles),
M. Terracher, Professeur à l'Université de Strasbourg.
Cours de littérature allemande : L'évolution de la poésie lyri-
que en Allemagne depuis Klopstock jusqu'à nos jours. Explications
d'auteurs allemands du programme de la licence avec commen-
taire philologique, M. Toxxelat, Professeur à l'Université de Stras-
bourg.
Eléments de phonétique et de grammaire historique allemande.
Explications d'un texte allemand de langue ancienne, M. Ernest
Lévv, Professeur à l'Université de Strasbourg.
Exercices pratiques de version latine pour la licence, M. N
Exposés en langue allemande, M. X... lecteur allemand.
L'Ei)seJgr)en)eot secondaire ei) Allen)agoe
M. Gaston Hirfz. détaché au Ministère des .\ffaires étrangères,
nous communique la note suivante sur les progrès de l'enseigne-
ment moderne en Allemagne, d'après le >■ Voss Zeitung > du
27 sept. :
Dans les états du Sud, on constate peu de suppressions de gym-
nases depuis 1919, c'est-à-dire d'établissements d'enseignement
secondaire qui dispensent uniquement la culture classique. Dans
le Nord, au contraire, le mouvement vers l'enseignement moderne
est très accentué, surtout en Saxe. Dans le Brunswick, sur 6 gym-
nases classiques, 1 seul subsiste ; en Pruse, le nombre de ces éta-
blissements de 357 en 1919, est réduit à 27 en 1921. Que pense de
cette évolution notre Grand-Maître de ri'ni\ersité ?
Réponse des n)ilieux intellectuels anglais
à l'appel de l'Association « France-Grande-Bretagne »
Nous, soussignés, appartenant au monde des lettres, des scien-
ces et des arts en Angleterre, désirons assurer nos collègues fran-
çais que nous partageons de tout notre cœur les sentiments et les
convictions qu'exprime si éloquemment la lettre signée par d'énii-
ncnts représentants du peuple français et rendue publique, le
NOTES ET DOCUMENTS Ô3î>
14 juillet dernier, par les soins du secrétaire de TAssociatiDn
• Grande-Breta£;ne-France > de Londres. Nous faisons entière-
ment nôtre votre déclaration, quand vous exprimez que " Notre
action ne doit certes pas se confondre avec celle des hommes ou
des corps, qui, en quelque manière, ont la responsabilité du Gou-
vernement •>. Nous souscrivons également à tout ce que vous
dites de notre étroite parenté avec le peuple de France dans le
passé, parenté qui a été rendue plus profonde, plus solide encore,
dans toutes les classes de la population de la Grande-Bretagne, par
notre camaraderie d'armes pendant la grande guerre, et depuis,
par le suiJrème besoin de coopération, en % ue d'assurer à l'avenir
une paix qui dure.
Quels que soient les sacrifices que le peuple britannique ait pu
faire pendant la guerre, les pertes subies par la France en vies
humaines et en richesses, ainsi que par la dévastation du pays,
sont supérieures à celles de n'importe lequel des Alliés qui ont
combattu pour notre victoire définitive ; cela, nous le savons, nous-
cn sommes entièrement convaincus, soyez-en tous persuadés. Nous^
avons aussi pleinement conscience du fait que, par suite de cau-
ses nombreuses, les Français et leur pays sont plus exposés que
d'autres au danger d'une nouvelle agression possible de la part de
leur ancien ennemi.
Notre sentiment est donc que le peuple britannique dans son •
ensemble, ainsi que tous les Alliés qui ont pris part à la Grande
Guerre, sont tenus, jusqu'à l'extrême limite de leurs capacité, de
mettre la France à l'abri de toute attaque non provoquée venant
de nos anciens ennemis.
Suivent les signatures :
Sir Clifford Allbut, Président de l'Association des Médecins de
Grande-Bretagne ;
Sir Squire Baxcroft, Président de l'Académie d'art dramatique ;
Frank Brangwyx, Président de l'Académie Royale de Peiture,
Membre de l'Institut de France ;
J.-B. Blry, Professeur d'histoire moderne à l'Université de Cam-
bridge ;
Sir Edward Elgar, Académie de Mus^que, Correspondant de l'Ins-
titut ;
Dr. L.-R. Farnell, Vice-Recteur de l'Université d'Oxford ;
Dr. P. GiLES, Vice-Recteur de l'Université de Cambridge ;
Rudyard Kyplixg, homme de lettres ;
Sir John Lavery, de l'Académie des Beaux-Arts ;
Sir Charles Oman, Membre du Parlement, Président de la Société
d'histoire ;
Sir William Orpex, de l'Académie de Peinture ;
Rev. Dr. E.-C. Pearce, Principal du Corpus Christi Collège»
Oxford ;
540 LES LANGUES MODEHNES
Sïr William Ridgeway, Professeur d'archéologie à Cambridge ;
A.-H. Sayce, Professeur d'Assvriologie à Oxford, Correspondant
de l'Institut ;
C.-S. Sherrixgtox, Président de l'Académie des Sciences ;
Sir Charles Villiers Stanford, Cambridge, Académie de Musique;
Sir Arthur-E. Shipley, écrivain. Principal de Christ's Collège,
Cambridge ;
Dr. S'. Russell Wells, \'ice-Recteur de rUni\ersité de Londres ;
Sir Charles Walstox. écrivain et archéologue, Membre de King's
Collège, Cambridge.
Noni)ii)atJoi)
M. G. Delobel, professeur d'allemand au lycée \'oltaire, vient
d'être nommé proviseur du Ijcée de Rochefort. Notre collègue
avait demandé, pour raisons de santé, un poste dans l'administra-
tion. Nous sommes heureux qu'il ait obtenu satisfaction, et que
le choix de la Direction de l'Enseignement secondaire se soit
porté sur un professeur de langues vivantes, dont ses collègues
avaient pu, à mainte reprise^ apprécier les qualités d'esprit judi-
cieux et méthodique. Mais nous regrettons son départ qui nous
prive de la collaboration active et dévouée qu'il apportait depuis
bien longtemps à notre Société, récemment encore, à propos de
l'enquête sur la situation de l'allemand, et de la réforme de l'en-
seignement secondaire.
EXTRAITS DE LA PRESSE
La Réforn)e de rEi)seigf)en)ei)t
Ceux de nos lecteurs qui ont écouté, l'autre jour, notre éminent
collaborateur M. Paul-Boncour plaider la cause des humanités clas-
siques, nous sauront certainement gré de leur faire entendre, au-
jourd'hui, l'autre son de cloche. La lettre que l'on oa lire est un
plaidoyer en faneur de l'enseignement moderne. Indépendamment
de sa valeur intrinsèque, notre impartialité nous aurait obligé à la
publier. Je suis personnellement heureux de pouvoir céder mon tour
de parole à un universitaire plus qualifié que moi et de recueillir
dans la rubrique des Opinions des autres, au lieu des avis souvent
improvisés de mes collègues, le jugement fortement motivé d'un
lecteur particulièrement compétent.
M. (..
NOTES KT DOCUMENTS 34 1
MONSIELU I.E KÉDACTELR EN CHEF,
M. Léon Bérard nous apporte la réforme des programmes de 1902,
et cette reforme, quelle est-elle ? l'nc douloureuse surprise, une
cruelle déception pour ri'niversitc républicaine. C^'est donc là cette
réforme tant attendue après la guerre : notre enseignement rajeuni,
élargi, modernisé. Nous avions fait des rêves qu'un vent de réaction
balaie. La guerre, la grande solidarité des peuples avaient, sem-
i)lait-il, agrandi les visions et les cœurs. Nous avions oublie que la
l)ourgeoisie et le parti bourgeois étaient là pour fermer la i)orte,
de peur des courants d'air.
.\vec .M. le doyen Ferdinand Hrunot, nous protestons. Nous dou-
tions de ce sourd travail, de cette marche de nuit rétrograde. Nous
disions : les lycées vont s'ouvrir à l'élite du peuple qui infusera un
sang neuf à cette jeunesse bourgeoise, si morne souvent, si rare-
ment animée du feu sacré. Non, non, fermez bien : l'élite, ça reste
toujours les gens bien, les gens qui peuNcnt payer, les fils des an-
ciens riches et des nouveaux riches.
Nous avons cru que le français, la langue nationale, la littéra-
ture nationale allait devenir la base, le pivot de tout notre système
d'éducation. On se plaignait de la crise du français, et nous disions :
Organisez donc l'enseignement du français. Enseignez à l'enfant
à parler, à écrire avec simplicité, avec sincérité, non plus conven-
tionnellement, pompeusement. Que le jeune homme apprenne à
penser, à sentir par lui-même, non plu^ d'après des jugements de
manuel ; à côté des trésors de notre Moyen Age, de notre Renais-
sance, de nos grands siècles classiques, ouvrez-lui plus largement
ce dix-neuvième siècle, si négligé, si débordant pourtant de gran-
des âmes généreuses et modernes.
Mais non, la culture française ne suffît pas. On en revient à la
vieille formule d'église : hors du latin point de salut. Certes, nous
ne cessons pas de vénérer cette antique culture latine qui a fait
l'ornement et raffinement de tant de beaux esprits. Mais tout de
même < les anciens sont les anciens et nous sommes les moder-
nes ». La vie et les idées modernes sont là et l'on ne saurait repous-
ser en plein vingtième siècle les grands courants contemporains.
On parle de la culture de nos aînés ; elle était harmonieuse, elle
était homogène, parce qu'elle était unilatérale ; elle était simple,
parce qu'elle n'aimait qu'une chose et qu'elle ignorait ou négligeait
tout le reste. Elle négligeait les sciences qui élargissent le présent
et ouvrent l'avenir ; elle négligeait les arts, car la musique et le
dessin, appelés dédaigneusement » arts d'agrément ", étaient plu-
tôt méprisés ; elle négligeait les langues modernes, baragouins
ridicules qu'on feignait d'ignorer.
Les programmes de 1902 ont fait aux sciences la part belle, trop
belle, je l'avoue. Ils soumettent l'enfant à un gavage scientifique
542 LES LANGUES MODERNES
prématuré qui lui enlève souvent l'appétit et le goût pour toute
autre culture. Les sciences doivent demeurer, mais plus savamment
dosées ; c'est une question de méthode et de mesure.
Notre fédération s'était mise d'accord sur un programme : jus-
qu'en troisième, une base, un tronc uniques (français, latin, une
langue vivante, de l'histoire, des mathématiques^ puis deux grands
rameaux : les humanités anciennes, les humanités modernes. (Les
membres de l'enseignement ont tout de même un peu voix au cha-
pitre !) Les premières sont tournées surtout vers les origines, les
sources, le passé ; les secondes sont plutôt orientées vers l'avenir.
Nous voulions que les humanités modernes, généreusement ensei-
gnées, accordassent les mêmes droits, ouvrissent les mêmes portes
que les autres. C'est la pensée de M. Ferdinand Brunot.
Nous pensions compléter cette culture française élargie par les
littératui'es modernes, négligées par un injuste parti pris, par le
parti pris de l'ignorance.
Dante, Cervantes, Shakespeare et Goethe sont, à eux seuls, une
culture. La littérature anglaise, que Taine plaçait parmi les trois
grandes littératures du monde, à côté de la grecque et de la fran-
çaise, ouvre des trésors insoupçonnés de poésie généreuse, d'admi-
rables romans psychologiques, d'humanité frémissante. Et si l'Al-
lemagne militariste des dernières années nous inspire crainte et
mépris, il y a tout de même l'Allemagne des musiciens et des pen-
seurs, l'Allemagne de Lessing, de Goethe, de Schiller et de cette âme
charmante, à demi-française, de Heine. Et qu'est-ce que nous savons
de Calderon, de Lope de Vega, de l'Arioste et du Tasse '? Tout un
monde à découvrir !
Une langue, une littérature étrangères ouvrent une porte sur ce
monde moderne européen, dont nous sommes, que nous le voulions
ou pas, complètement solidaires. C'est l'invitation au voyage, le
voyage qui a toujours formé et élargi les cerveaux. « Il est bon,
disait déjà notre Descartes, de savoir quelque chose des mœurs des
divers peuples afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous
ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule
et contre raison, ainsi qu'ont coutume de faire ceux qui n'ont rien
vu. »
Et autour de nous vivent de grands peuples que nous ne voulons
connaître que par ouï-dire (ou par les journaux). Nous ne les con-
naissons qu'en temps de guerre, comme ennemis ou comme amis.
La guerre finie, nous ne connaissons plus que nos haines, nous ou-
blions notre reconnaissance. Nous avons tout fait et tout seuls !
Nous sommes les fils des dieux et des héros antiques ! I^es autres
sont les barbares, oi barbaroi (les Italiens disaient // barhari, en
parlant des soldats de Napoléon) !
Dans la victoire, nous pourrions être plus généreux, plus chiir-
voyants aussi. Les Anglais, les Américains viennent en partie de
EXAMENS ET CONCOURS 543
substituer à la culture latine la culture française, estimant que
celle-ci est l'essence de la culture antique. Nous pourrions leur
faire l'honneur de croire qu'elle ajoute quelque chose de vivant et
de neuf à notre civilisation française, la culture d'un Shakespeare,
qui fut l'âme de la Renaissance ; d'un Milton, qui fut, avec Dante,
la voix de l'héroïsme chrétien ; de Keats, en qui chanta une âme
grecque ; de Dickens, l'écho des souffrances sociales ; de Kipling,
le grand maître d'énergie et le grand ami de la France.
Le retour au latin exclusif, c'est, qu'on s'en doute ou pas, la réac-
tion antidémocratique.
L'Université républicaine avait rêvé d'autre chose : d'une jeu-
nesse qui, sans rien oublier des splendeurs et des leçons du passé,
ouvrirait son cœur et sa pensée vers l'avenir !
Camille CE.
P.-S. — Je me permettrai de répondre à M. Paul-Boncour, en
toute franche sympathie (mon culte est grand pour Athènes et
Rome et j'honore les anciennes disciplines), que la guerre a été
gagnée surtout par le pauvre peuple de France qui ne savait ni
grec ni latin ; que si notre jeunesse cultivée a révélé tant de res-
sort, de lucidité, tant d'intelligence, c'est qu'elle était formée en
partie par ces nouveaux programmes de 1902, rajeunis et élargis,
qui faisaient une large place à la culture scientifique, aux huma-
nités modernes ; et qu'enfin la génération de 1914 n'était plus celle
de 70, trop pétrie de rhétorique creuse, d'idées vagues, de l'igno-
rance de l'Allemagne et de l'Europe modernes.
{Ere nouvelle, juillet 1921;.
->:^<-
EXAIVIEN5 ET CONCOURS
Certificat Priii)aire de Langues vivai)tes
{Epreuves écrites de la session de 1921)
THi^:ME COMMUN AUX LANGUES ANGLAISE, ALLEMANDE,
ESPAGNOLE ET ITALIENNE
Le terme étant venu, M. Bergeret quittait avec sa sœur et sa
fille, la vieille maison ruinée de la Rue de la Seine pour s'aména-
ger dans un moderne appartement de la Rue Vaugirard. Ainsi
en avaient décidé Zoé et les destins. Durant les longues heures
du déménagement, Riquet errait tristement dans l'appartement
dévasté. Ses plus chères habitudes étaient contrariées. Des hom-
mes inconnus, mal vêtus, injurieux et farouches troublaient son
repos et venaient jusque dans la cuisine fouler aux pieds son
assiette à pâtée et son bol d'eau fraîche. Les chaises lui étaient
544 LES LANGUES MODERNES
enlevées à mesure qu'il sV couchait, et les tapis tirés bi'usque-
ment de dessous lui
Disons à son honneur qu'il avait d'abord tenté de résister. Lors
de l'enlèvement de la fontaine, il avait aboyé furieusement à
l'ennemi. Mais à son appel personne n'était venu. 11 ne se sentait
jjolnt encouragé, et même, à n'en pas douter, il était combattu.
Mlle Zoé lui avait dit sèchement : " Tais-toi donc ». Et Mlle Pau-
line avait ajouté : ■ Riquet, tu es ridicule ! >
Renonçant désormais à donner des avertissements inutiles et
à lutter seul pour le bien commun, il déplorait en silence les
ruines de la maison et cherchait vainement de chambre en cham-
bre un peu de tranquillité. Quand les déménageurs pénétraient
dans la pièce où il était réfugié, il se cachait par prudence sous
une table ou sous une commode qui demeuraient encore. Mais
cette précaution lui était plus nuisible qu'utile, car bientôt le
meuble s'ébranlait sur lui, se soulevait, retombait en grondant
et menaçait de l'écraser. Il fuyait, hagard et le poil rebroussé, et
gagnait un autre abri, qui n'était pas plus sûr que le premier.
Et ces incommodités, ces périls même, étaient peu de chose
auprès des peines qu'endurait son cœur. — Les meubles de l'appar-
tement lui représentaient non des choses inertes, mais des êtres
animés et bienAeillants, des génies favorables, dont le départ pré-
sageait de cruels malheurs. Plats, sucriers, poêlons et casseroles,
toutes les divinités de la cuisine ; fauteuils, tapis, coussins, ses
lares et ses dieux domestiques, s'en étaient allés. 11 ne croyait pas
qu'un si grand désastre put jamais être réparé. Et il en rece\ait
autant de chagrin qu'en pouvait contenir sa petite âme.
.Anatole France.
Composition française
Que pensez-vous de cette affirmation de Buffon dans le " Dis-
cours sur le style ".
" Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la
" postérité ; la quantité des connaissances, la singularité des
' faits, la nouveauté même des faits ne sont pas de sûrs garants
de l'immortalité. "
Composition en i.angle ictrangfike
Quels traits de caractère, ou traits de mœurs, dans le pays don
vous avez étudié la langue, ont laissé en vous l'impression la pli
vi\e ?
(La question devra être traitée sous forme de lettre).
version anglaise
" Look at the faces •> said .Martin. She raised her ejes
diently. In this main thoroughfare it was not as in the by-s
and only dull or sullen ghinces. or noue at ail, were bent oi
Some of the houses had raggcd plants on the wiiidow-sil)
one window a canary was singing. Then, at a bend, they
into a blacker rcach of huinan river. Herc were outbu
houses with broiien Windows, houses with Windows boar
fried-fish shops, low public-bouses, houses without door;
were more men than women hère, and those incn were '
liarrows full of rags and bottles : or they were standin
public houses gossiping or (juarrelling in groups of three
or very slowly walking in the guttcrs, or on the pave
EXAMENS ET CONCOURS 545
though trviiig to remenihcr if thcy wcrc alive. Thcii siiddenly
somc yoiing niaii with garnit violence in his face woiild pass,
piishing his barrow desperatcly, stridiiig fiercely by. And every
now and then, from a fried-fish or hardware shop, woiild corne
ont a nian in a dirty apnin to take the siin and conteniplate the
scène, not finding in it, secmingly, anything that in any way
depressed his spirit. Amongst the constant, crawling, shifting
stream of passengers were seen wonien carrying food wrapped iip
in newspapers, or with bundles beneath their shawls. The faces
of thèse wonien were gcnerally eithcr very red and coarse or of
a sort of l)luish-\\ hite ; thcy were the expression of siich as know
themsclves to be existing in the' way that Providence bas arranged
they should exist. \o surprise, revolt, disniay, or shame was
ever to be seen on those faces ; in place of thèse émotions, a
brutish acquiescence or mechanical coarse Jocularity. To pass
like this about their business was their occupation each morning
of the year ; it was needful to accept it. Not ha\ing any hope of
ever being différent, not being able to imagine any other life,
they were not so wasteful of their strength as to attempt either
to hope or to imagine. Hère and there, too, very slowly passed
old men and women, crawling along, like winter bées w|ho, in
some strange and evil moment, had forgotten to die in the sun-
light of their toil, and, too old to be of use, had been turned out
of their hive to perish slowly in the cold twilight of their days.
.lohn Galswohthy {Fraternily}.
VERSION ESPAGNOLE
El (tnior à los hijos
Xatural es à las madrés amarlos, y no habia para que san
Pablo encargase con particular precepto una cosa tan natural ; de
donde se entiende que el decir " que los amen », es decir que los
crien, y que el dar lèche la madré â sus hijos, à eso san Pablo
llama amarlos, y con gran propiedad ; porque el no criarlos es
venderlos y hacerlos no hijos suyos, y conio desheredarlos de su
natural, que todas ellas son obras de aborrecimiento, y tan fiero,
que vencenenello aun â las fieras, porque i que animai tan crudo
hay, que no crie lo que produce, que fiede otro la crianza de loque
pare ? La braveza del leôn sufre con mansedumbre â sus ca-
chorrillos que importunamente le desjuguen las tetas. Y el tigre,
sediento de sangre, da alegremente la suya â los suyos. Y si mi-
ramos â lo delicado, el flaco pajarillo, por no dejar sus huevos,
olvida el corner y se enflaquece, y cuando los ha sacado, rodea
todo el aire volando, y trae alegre en el pico lo que él desea corner,
y no lo corne porque ellos lo coman. Crie pues la casada perfecta
â su hijo, y acabe en él el bien que formé, y no dé la obra de sus
entraiias â quien se la daiie, y no quiera que torne â nacer mal
lo que habia nacido bien, ni que sea maestra de vicios la lèche, ni
haga bastardo â su sucesor, ni consienta que conozca â otra antes
que â ella por madré, ni quiera que en comenzando â vivir se
comience â enganar.
VERSION ALLEMANDE
Das Gehôft Rohrmoos in Oberbayern
Die unabschbaren Schneemassen, die festgewurzelte Kâlte, die
eisige Dàmmerung, ail' dièse kalten lebensfeindlichen Miichte
546 LES LANGUES MODERNES
umgeben das warme Xest mit solch unheimlicher Gewalt, als geltc
es, diesen Unterschlupf von allerlei pulsierendem Lebeu aufzu-
sa'ugen, jeden Tropfen, der sich dort birgt, zu erstarren. Ailes
aber. was sich auf dem dâmmerigen Hof legt, atmet einen Uber-
fluss von Wàrme und Leben.
Aus den eisùberzogenen Stallfenstern fàllt der rotgelbe Schein
der Lateruen, bei deren Licht schon seit Stunden in den Stàllen
und draussen auf dem zertretenen, strohuntermischten Schuee
hantiert wird.
Wird eine Tùr geôffnet, so quillt warmer Dampf in die Kâlte
hinaus und mit ihm die Brummchôre des Viehs Aus der grossen
Futterscheune duftet es nach gut eingebrachtem Heu und der
Geruch kràftiger Sommertage strômt in den starren Wintermor-
gen hinaus. Die Mâgde und Knechte laufen iiber den Hof, blasen
in die Hànde und strômen auch warmen Dunst und Dampf aus,
der sich ihnen als weisser Reif an Haar und Miitze festsetzt.
Ailes was lebt, dampft auf Rohrmoos ; die Pferde, die ein
Knecht auschirrt, blasen ganze Wolken aus ihren Niistern, hûllen
sich damit gegenseitig ein, so dass ihnen Mâhnen, Kôpfe und
Leiber wie in wogendem Nebel stecken.
An den grossen, verdeckten Milchgefàssen, die aus den Stàllen
in die Molkerei geschafft werden, dampft das feuchtwarme Holz ;
jeder feuchte Strohhalm, der von den Knechten und Màgdeu aus
den Stàllen hinaus in den Schnee verschleppt wird, làsst ein
Weilchen eine zierlich sich ringelnde Dunstsâule wie ein kleines
Opfer emporsteigen.
Ailes lebt der grossen meilenweiten Schneewuclit zum Trotz
doppelt màchtig.
H. BÔHLAf, Der Rangierbahnhaf.
VERSION ITALIENNE
Le ciitù ilaliane marinare e commercianti
Mentre nell' ombra l'ispide contrade
Del feudal straniero
Giaceano a\"\olte, e pochi violenti
S'partiansi i campi d'un immenso e scarno
Vulgo con la ragion del masnadiero.
Col dritto délie spade.
Col terror dei patiljoli, fiorenti
Erano di famose arti le folte
Città repubblicane,
Comc sciame d'industri api negli orti
Dell' Ausonia raccolte.
Ivano ai ginochi délie gaje corti
O ai festivi tornei le castellane,
Cinte di trina vencta le spalle
Eburnee : ivano ai balli,
E rifulgean dello stranicr le sale
Di veneti cristalli.
E felice il guerrier, quando mortale
Più la mischia ruggia, se di gagliarda
Corazza proteggea gli orneri e il petto,
Temprata su la incudine lombarda,
Chè lui serbava dclla sposa al caro
Bacio c al niaterno tetto
La fedele virtii di (luell' acciaro.
KXAMENS ET CONC.Ol HS 547
E uiio strepito lieto, un lieto fumo
I)i fervide fucine,
I)a valli e da colline
Saliano al cielo libérale ; e parve
Fin ne' placidi chiostri, acconijjagnata
Dair uniforme suon délia gualchiera,
Più satita la preghiera ;
E se invitava a tessere la lana.
Più santa la campana.
Al-EARDI.
BACCALI^URÉAT
Université de Bordeaux
VERSION ANGLAISE (B et D)
Mr. Pickivick pursiiing bis h<il
Therc are few moments, in a man's existence, when he expérien-
ces se much ludicrous distress, or meets with so little charitable
commisération as when he is in pursuit of his own hat. A vast
deal of coolness, and a peculiar degree of judgment are requisite
in catching a hat. A man must not he precipitate, or he runs over
it : he must not rush into the opposite extrême, or he loses il
altogether. The best way is to kecp up gently with the object of
pursuit, to be wary and cautions, to watch your opportunity well,
get gradually before it, then make a rapid dive, seize it by the
crown, and stick it firmly on jour head : smiling pleasanth' ail
the time, as if jou thought it as goo__d a joke as anybody else.
There was a fine gentle wind, and Mr. Pickwiçk's hat rolled
sportively before it. The wind pulTed, and Mr. Pickwick puffed,
and the hat rolled over and over as merrily as a lively porpoise
in a strong tide ; and on it might ha^e rolled, far beyond
Mr. Pickwiçk's reach, had not its course been pro\identially
stopped by a carriage-wheel, just as that gentleman was on the
point of resigning it to its fate.
Dickens.
THÈME d'imitation
Poursuite d'un chapeau
Le vent, dit Mr. Pickwick, m'avait enlevé mon chapeau. Je cou-
rus après lui. Je n'avais pas sans doute assez de sang-froid ni de
jugement pour l'attraper sans difficulté. Que devais-je faire ? Je
ne me précipitai pas trop vite sur lui : je l'aurais peut-être écrasé;
je n'allai pas trop lentement : je l'aurais complètement perdu.
Je fus prudent, je courus un peu ; je dépassai le chapeau. Mais
le vent souffla de nouveau, et je le vis de nouveau qui i-oulait de-
vant moi. Je ne pouvais plus courir. Heureusement il y avait près
de là une voiture ; la roue arrêta mon pauvre chapeau : ainsi je
ne le perdis pas ; je pus facilement le ramasser et le fixer solide-
ment sur ma tête avec un sourire, comme si la plaisanterie n'eût
pas été moins bonne pour moi que pour les autres.
548 LES LANGUES MODERNES
Université de Rei)i)es
VERSION" ANGLAISE (B ) .
HO'A' SELDOM WE CAX ENJOY THE BEAVTIES OF NATURE
Coiisideriiig how seldom people think of looking for a sunset
at ail, and how seldom. if they do, they are in a position from
which it can be fully seen, the chances that their attention should
be awake and their position favourable, during thèse few flying
instants of the year, are almost as nothing. ^^^lat can the citizen,
who can see only the red light on the canvas of the waggon at the
end of the street, and the crimson colour of the bricks of his
neighbour's chimney, know of the flood of fire which déluges the
sky froni the horizon to the zénith ? What can even the quiet
inhabitant of the English Lowlauds, whose scène for the manifes-
tation of the fire of heaven is limited to the topsi of hayricks, and
the rooks' nests in the old elm trees, know of the mighty passages
of splendour which are toned from Alp to Alp over the azuré of a
thousand miles of champaign ?
J. RUSKIX.
THÈME d'imitation
Peu nombreux sont les hommes capables ou à même d'admirer
la nature. C'est bien rarement, en effet, comme l'écrit Ruskin,
qu'elle nous offre l'occasion de jouir de ses spectacles grandiose'.
Il faut parfois une grande activité à celui qui veut être dans une
position favorable au moment même où le soleil apparaît et où ses
flots de lumière s'élançant de l'horizon inondent le ciel. Il faut
aussi autant de qualités d'observation que de vigueur ou d'agilité
corporelle. Pour pouvoir interpréter le spectacle devant soi, il faut
aussi avoir fait l'éducation de l'esprit. Ce n'est pas en contemplant
les murs de briques rouges ou en grimpant sur les meules de foin
que ce but est atteint : mais, quand nous aurons préparé nos
esprits à cette perception si difficile, n'oublions pas que c'est chez
elle qu'il nous faut voir la nature pour bien juger de se^ capa-
cités.
VERSION ANGLAISE (D)
THE BATTLE OF WATERLOO
The news of the great fights of Quatre Bras and Waterloo
reached England at the same time. The Gazette first published the
resuit of the two battles ; at which glorious intelligence ail Eng-
land thrilled with triumph and fear. Particulars then foUowcd ;
and after the announcement of the victories came the list of the
wounded and the slain. Who can tell the dread with which that
catalogue was opened and read ! Fancy, at every village and
homcstead almost through the thrce Kingdoms, the great news
coming of the battle of Flandors, and the feelings of exultation
and gratitude, bereavement and sickeniiig dismay, whcn the lists
of the regimental losses were gonc through. and it became known
whether the dear friend and relative bad escaped or had fallen.
Thackeray. Vanitij Fair.
THÈME anglais (D>
La nouvelle de la victoire de Waterloo causa en Angleterre,
comme on l'imagine aisément, une explosion d'orgueil et d'allé-
EXAMENS ET COXCOLHS 049
giesse. La joie cependant n'était pas sans mélange. Que de familles
avaient lieu, d'être inquiètes du sort des leurs ! Au fur et à me-
sure qu'arrivaient les listes de morts et de blessés, chacun se de-
mandait s'il n'allait pas avoir à déplorer la perte d'un fils, d'un
frère ou d'un ami. Il suffit de parcourir une collection des jour-
naux de l'époque pour se rendre compte de l'émoti(jn intense qui
régnait alors. Depuis, des événements plus formidables encore
que cette bataille illustre nous ont fait connaître l'angoisse qui
étrcint tous les cœurs en de pareils moments.
VERSION ALLEMANDE {\i}
Ich kannte nichts Schôneres als niich auf Felsen und .Matten
oder am \\'asser miissiggàngerisch herumzutreiben. Berge, See,
Sturm und Sonne waren meine Freunde, erziihlten mir und
erzogen mich und waren mir lange Zeit lieber und bekannter
als irgend Menschen und Menschenschicksale. .Meine Lieblinge
aber, die ich dem glànzenden See und den traurigen Fôhren und
sonnigen Felsen vorzog, waren die Wolken... Ich war ein un-
wissendes Kind und liebte sie, schaute sie an, und wusste nicht.
dass auch ich als einc Wolke durch's Leben gehen wiirde —
wandernd, uberall fremd, schwebend zwischen Zeit und F^wig-
keit. Von Kindcrzeitcn her sind sie mir liebe Freundinnen und
Schwestern gewesen... Auch vergass ich nicht, was ich damais
von ihnen lernte : ihre F'ormen, ihre Farben, ihre Zùge, ihre
Spiele, Reigen, Tânze und Rasten, und ihre seltsam irdisch-
himmlischen Geschichten.
Hermann Hesse.
THÈME ALLEMAND (B).
La nature est une merveilleuse éducatrice. Lorsque j'étais
enfant et que, tout le jour, j'errais par monts et par vaux, j'igno-
rais tout des hommes, mais je connaissais tous les coins de la
montagne. Les pins d'un vert sombre et triste, les rochers couverts
de mousse, les pâturages ensoleillés, le lac tantôt brillant sous le
soleil, tantôt agité par la tempête, étaient devenus mes amis. Il me
semblait qu'ils nie racontaient des histoires étranges. Mais au-
dessus de tout cela il y avait les nuages, la chose la plus belle qui
soit au monde. Avez-vous jamais regardé les nuages ? Tantôt ils
cheminent leiîtement. tantôt le vent les chasse sans répit, mais tou-
jours et partout ils pasent étrangers. Après les avoir si longuement
contemplés dans mon enfance, je me dis maintenant que la vie
humaine, dont ils me paraissent l'image, n'est aussi qu'un voyage :
semblables à ces nuages qui planent entre ciel et terre, ne flottons-
nous pas nous-mêmes, inconsciemment, entre le temps et l'éter-
jiité ?
VERSION ALLEMANDE (D).
-l'ngcfàhr eine Stunde von der Stadt liegt ein Ort, den sie
Wahlheim nennen. Die Lage an einem Hùgel ist sehr intéressant,
und wenn mau oben auf dem Fusspfade zum Dorf herausgeht,
iibersieht man auf einmal das ganze Tal. Eine gute Wirtin, die
gefallig und niunter in ihrem Aller ist, schenkt Wein, Bier, Kaffee ;
und was uber ailes geht, sind zwei Linden. die mit ihren
ausgebreiteten Asten den kleinen Platz vor der Kirche bedecken,
der ringsum mit Baucrnhâusern, Scheunen und Hôfen eingesch-
lossen ist. So vertraulich, so heimlich hab' ich nicht leicht ein
Plâtzchen gefunden, und dahin lass ich niein Tischchen aus dem
Wirtshause bringen und meinen Stuhl, trinke meinen Kaffee da
550 LES LANGUES MODERNES
iind lesc meineu Homer. Das erste Mal, als ich durch 'einen Zufall
an einem schônen Xachmittage unter die Linden kam, fand ich das
Plàtzchen so einsani. Es war ailes im Felde.
Gœthe. Werther.
THÈME ALLEMAND (D).
Gœthe allait souvent se promener dans les environs de la petite
ville de Wetzlar. Il raconte qu'un jour d'été, il découvrit par
hasard un joli petit village situé à flanc de coteau et d'où l'on
dominait la campagne d'alentour. L'intimité, la solitude de cet
endroit, la petite église entourée de vieux tilleuls l'attiraient vive-
ment et l'artiste prenait le plus grand plaisir à admirer le spec-
tacle pittoresque qu'il avait sous les yeux. Par les beaux jours
d'été, à l'époque de la moisson, tout le monde travaillait aux
champs ; il ne restait au village que la vieille aubergiste et quel-
ques jeunes enfants.
Université de Clepn)Oot-Ferrai)d
Juillet 1021
VERSION ESPAGNOLE
Un dia estuve en Cartagena, evocando recuerdos y gozando con
ellos ; y al dia siguiente sali para Murcia, donde me detuve dos
dias.
Y i cuanto gocé en Murcia ! Siete anos faltaba : va nadie me
conocia, y no quise presentarme a ninguno de los amigos de mi
familia.
INIi mayor regocijo fué recorrer durante aquellos dos dias las
calles y las plazas, los paseos y los alrededores, el estrecho
callejôn donde vivia mi maestro de primeras letras, y los claus-
tros del Instituto, por los que di tantas vueltas en los cuîttro anos
de la segunda ensenanza.
Por todas partes iba recogicndo recuerdos y dândol^ nueva
vida...
...; (;omo despertaban en mi memoria mis pequenas aventuras
de estudiante, que ni eran aventuras, ni por lo diminutas podria
distinguirlas nadie que no fuese yo !
José EcHEGAHAV, Reciierdos.
THÈME ESPAGNOL D'iMITATIOX
Je ne suis resté qu'une journée à Garthagène, évoquant des sou-
venirs et en jouissant ; aujourd'hui je pense partir pour .Murcie,
où je séjournerai deux jours.
Que de ])laisir y goùterai-jc ! J'en ai été absent sept années.
Personne ne m'y connaît ; et c|uant aux amis de ma famille, je
ne veux pas me présenter à eux.
Ma plus grande joie sera de parcourir, ces deux jours durant,
les petites rues et les petites places, de faire (|uelque petite pro-
menade dans les environs, de revoir la ruelle étroite où \'écut le
maître très liienveillant et très i)auvre qui m'apprit à lire, et ces
i^aleries du Lycée où je faisais tant d'allées et venues pendant mes
années d'études secondaires.
Partout je recueillerai des souvenirs — n'importe lesquels —
aux(|nels je donnerai une vie nouvelle, ("omme s'éveilleront dans
jna mémoire mes petites aventures d'étudiant, (jui ne furent même
KXAMENS ET CONCOIRS T)')!
pas des aventures, et ([lie, vu leur peu d'importance, nul autre
(|ue moi ne pourrait distinguer dans tout ce passé !
Octobre 1921
VKHSION ESPAGNOLE
UiKt corrida de toros en Madrid
i A los toros !
('hasquean los lâtifîos, y jîritan los zagales y pasa triunfantc el
coche de la cuadrilla, y no hay nada comparable como aniniaciôn
à esta animaciôn de las corridas de toros.
Durante la fiesta todo es contento y algaraza. Las mismas luchas
que sostiencn los partidarios de los diestros, casi siempre dividi-
dos en opucstos handos, en vcz de tencr cl carâcter acre y procaz
de toda coiitienda, se traduce en agudas frases é iiitencionadisi-
iiios chistes, que solo interrumpen las palmas que arranca una
huena facna, ô los silbidos con que se denuesta al torero que no
tuvo habilidad 6 fortuna al cjecutar una suerte. >
El dia de toros en Madrid reviste una fisonomia tan especial
((lie no puede decir que conoce por completo la villa y cortc, quieii
auiique no haya sido mâs ((ue por curiosidad, no haya asistido â
una corrida.
THÈME ESPAGNOL d'iMITATION
Mon cher ami,
Tu sais que je n'aime pas les courses de taureaux ; mais on ne
pourrait pas dire qu'on connaît complètement la capitale si on
n'avait pas assisté à une de ces fêtes, ne serait-ce que par curio-
sité.
Quelle animation dans les rues qui conduisent à la Plaza ! Rien
de comparable ! Les fouets claquent, les postillons crient, tandis
que passe comme dans un triomphe le landau des toréadors.
Tout est contentement et joie. Les partisans même des toréa-
dors, divisés en partis opposés, se disputent entre eux, mais sans
que leurs discussions présentent le caractère acre et provocant
d'une querelle ; ils échangent seulement des phrases piquantes ou
des traits d'esprit intentionnellement tendancieux ou ironiques,
qu'interrompent les applaudissements à une passe réussie ou les
coups de sifflet qui accompagnent le manque d'habileté ou l'infor-
tune du toréador.
Juillet 1921
version italienne
P(jche sere addietro, prima di coricarmi, apcrta la finestra délia
mia stanza, e vedendo un cielo puro, un bel raggio di luna, e
sentendo un' aria tepida e certi cani che abbaiavabo da lontano,
mi si svegliarono alcune immagini antiche, e mi parve di sentire
un moto nel cuore, onde mi posi a gridare come un forsennato,
domandando misericordia alla natura, la cui voce mi pareva di
udire dopo tanto tempo. E in quel momento dando uno sguardo
alla mia condizione passata, alla quale era certo di ritornare su-
bito dopo, com'è seguito, m'agghiaccai dallo spavento, non arri-
vando a comprendere come si possa tollerare la vita senza illusioni
e affetti vivi, e senza immaginazione ed entusiasmo ; délie quali
cose un anno addietro si componeva tutto il mio tempo, e mi face-
vano cosi beato, non ostante i miei travagli. Ora sono stecchito
552 LES LANGUES MODERNES
e inaridito come iiua canna secca, e nessuua passione trova. più
l'entrata di questa povera anima, e la stessa onnipotenza eterna
e sovrana dell' amore è annullata a rispetto mio nell' età in cui
mi trovo.
Leopardi.
THÈME ITALIEN d'iMITATIOX
Leopardi nous raconte ici un des accès de pessimisme qui
l'accablaient de temps à autre et lui faisaient prendre la vie en
dégoût. Seul à sa fenêtre devant la nature endormie sous la lune,
il se demande comment il est possible qu'un homme soit aussi
malmené que lui par la destinée. Infirme, maladif, il a un cœur
pour aimer et sait que jamais personne ne lui accordera un regard
de sympathie. La pitié, voilà ce qu'il rencontre seulement dans
tous les regards. D'illusions, il n'en a plus, pas même celles qui
semblent indispensables à l'existence. Son enthousiasme ne sait
où se porter, et rien ne lui paraît digne ici-bas de son admira-
tion. Telle est la malédiction qui pèse sur lui et il en a pleine-
ment conscience. On ne peut que s'incliner devant ce long mar-
tyre moral d'un des esprits les plus éminents du siècle passé et de
tous les siècles.
Octobre 1921
VERSION ITALIENNE
Le persone strette nel gruppo maggiore si scostarono a cerchio
e vi apparve nel mezzo Benedetto. Un tavolino con due candele
e una sedia erano preparati per lui. Pregô che si togliessero le
candele. Poi gli dispiacque anche il tavolino. Si disse stanco,
chiese di parlare seduto sul canapé, vicino al vecchio signore dal
viso acceso e dalla barba bianca. Vestiva di nero, era pallido e
magro più ancora che a Jenne. La fronte gli si era scoperta di
capelli, aveva prcso qualchecosa délia fronte solenne di Don Giu-
seppe Flores. E gli occhi aAevano un azzurro più lucente. Moite
délie facce volte avidamente a lui parevano piuttosto affascinate
da quegli occhi e da quella fronte che ansiose di udire à la sua
parola.
Egli prese a parlare cosi, senza un gesto, tcnendosi le inani sullo
ginocchia...
FOGAZZAKO.
THÈME ITALIE.N d'iMITATIOî*
J'ai voulu entendre l'orateur dont tout le monde s'occupe à
Rome. On m'a conduit dans une salle comble. .\u milieu d'un
groupe compact, l'orateur m'apparut. Il prit place devant une
table sur laquelle se trouvaient deux llambeaux. Il parla assis.
Près de lui était un personnage à barbe blanche, le président de
la réunion. L'orateur lui-même n'est plus tel que tu me le décri-
vais l'an dernier, ^'ètu entièrement de noir, il a le visage pâle et
pourtant illuminé. Son front a perdu les cheveux qui le cou-
vraient, ce qui lui donne un caractère de solennité. Ses yeu.x bleus
étincellent. Il m'a semblé que ces yeux et ce front impression-
naient son auditoire au moins autant que sa parole, car il s'expri-
me simplement, sans gestes, iJrcsmie avec monotonie.
EXAMENS ET CONCOIHS 553
Certificat d'aptitude à rei)seigi)erT)eot coni)rT)ercial
dans les Ecoles Norn)ales Prin)aires Supérieures
{deuré sii])érieiir) (Session de 1921)
ClOHUF.SPONDANCI-: COMMERCIALE EN LANGUE ÉTRANGÈRE
l'n commissioniKurc informe la maison X... d'opérations exé-
cutées suivant ordres reçus : il a été acheté et expédié 100 feuilles
de cuivre rouge et 100 feuilles de cuivre jaune en 10 caisses (In-
diquer détail, dates, etc.). l-a facture, jointe à la lettre, s'élève à :
payables par traite à 3 mois de date.
Profitant de l'occasion, le commissionnaire demande des rensei-
gnements sur deux maisons de la place c[ui, dit-on, seraient en
mauvaise posture par suite de la liquidation de la banque Z...
(Détails sur cliacune d'elles!.
ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES COMMERCIALES
Epreuves écrites du concours d'adn[)issioi)
d'octobre 1921
ALLEMAND
Rédaction. — Waruni bcsuchen die Ausliinder so gern und so
oft unser schones Paris ?
Woher kommt es, dass unsere Deukmàler, unsere Kunstschàtze,
unser reges geistiges und wirtschaftliclies Leben auf die fremden
Vôlker eine solche Anziehungskraft ausiiben ?
Version. — Orientdampfer. — Das Schiff legt nachts in Mar-
seille an und soll morgen um neun Uhr friih seine Weiterfahrt
nach Asien und Jajjan antreten. Die meisten Passagiere haben fur
cin paar Nachtstunden das Schiff zu einem kurzen Aufenthalt in
Marseille vcrlassen, um wieder einmal Abendbrot an Land zu
essen, denn das Schiff ist schon seit mehreren Tagen unterwegs
und hat seit London keinen Hafen angelaufen. Jetzt neigt sich die
Nacht ihrem Eude zu. Die elektrischen Lampen brennen noch.
aber der Himmel wird schon blau und Scharen von lachenden
und kindisch heiteren Passagieren kehren aus den Theatern der
Stadt zuriick. Junge Leute haben Kinderluftballons an ihre Hiite
gebunden, Damen haben. sich Arme voll Blumeu gekauft, Winter-
veilchen von der Riviera, und aile Gesichter sehen belustigt aus,
aïs kehrten diesc Menschen von einem Volksfest heim.
Max Dauthendev.
Thème d'imitation. — Avant de partir pour le Japon, notre
bateau fit escale à Marseille. Ceux d'entre nous qui ne connais-
saient pas cette ville eurent ainsi l'occasion de la visiter. Lorsque
la nuit fut venue, les lampes électriques furent allumées dans les
cabines et sur le pont, et l'on attendit les absents. Les uns appa-
rurent chargés de ballons d'enfants. Les autres apportaient des
bouquets de violettes. Tous avaient des figures répouies et parais-
saient heureux d'avoir dîné en terre ferme ou passé une agréable
soirée au théâtre. Les dames elles-mêmes ne pouvaient "assez dire
quel bon souvenir elles gardaient de cette soirée charmante où
elles avaient, pour quelques instants, oublié la tristesse des sépa-
rations ou les périls de la traversée.
554 LES LANGUES MODERNES
Rédaction. — Does quick travelling, by railway or iijotor-caiv
offer any ccMiipensation for the loss of the advantages stated
below ?
Version. — This is one of the advantages of travel that we
corne upon uew ground, which we tread lightly, which is free
froni associations that claim too deep and constant an interest
from us ; and not resting long in any place, but travelling
onwai'ds, we maintain that désirable lightness of mind : we are
spectators, having for the time no duties, no ties, no associations,
no responsibilities ; nothing to do but to look on, and look
fairh'. Another of the great advantages of travels lies in What
you learn from your companions, not nierely froni those you set
out with, or so much from them as from those whom you are
thrown together with on the journey. I reckon this advantage to
be so great that 1 should be inclined to say that you often get
more from your companions in travel than from ail j'ou come to
see.
Arthur Helps.
Thème d'imitation. — S'il suffisait de partir en voyage pour
affranchir notre esprit de tous ses soucis et si nous pouvions être
sûrs, à mesure que nous avançons, de laisser aux différents
endroits où nous nous arrêtons un peu de responsabilités qui nous
paraissent si lourdes, avec quel empressement nous partirions
tous pour un pays étranger ! Peut-on dire aussi qu'il n'y a que
des compagnons de voyage agréables ? Nous apprennent-ils tou-
jours quelque chose ? et surtout quelque chose que nous vou-
drions apprendre ? Regarder est parfois agréable, entendre l'est
souvent moins.
ESPAGNOL
Rédaction. — <, Guâl es la estaciôn del aiio que usted prefiere,
y cuâles son los motivos de dicha preferencia '?
Ver-sion. — El Niiio GOLoso. — Es Pepito un nino sumamente
goloso y desobediente. Por mâs que sus padres han intentado
enniendarle, y por mâs que le ha costado ya muy caro su defecto,
no puedo resistir en cuanto ve algo dulce al alcance de su mano.
Tu dia, estando solo en la casa quiso probar un tarro de dulce
que estaba colocado en lo alto de una alacena. (^omo estaba muy
alto para él, acercô la mesa a la alacena, colocô encinia una silla
y apodcrândose del codiciado tarro cmpezô a corner con avidez.
r.uando mâs cntretenido estaba en tan grata operaciôn, oyô una
ihive que se nietia en la cerradura. Eran sus jjadres que volvian.
Azorado quiso bajar, pero perdio el equilibrio y rodô por el suelo
con la silla y la mesa, rompiéndose una pierna. Por esta vez
no le dijeron nada sus padres, pues lo Juzgaron suficientcmente
castigado. Pepito tuvo que guardar cama .durante un nies y sufrir
curas largas y dolorosas. Pero durante el tiempo que estuvo en
cama refle.xionô y comprendiô lo feo de su conducta, de suerte
que desde aquel momcnto renuncio pov complète a aquel defecto.
Thème d'imitation. — Quel intit gourmand que notre ami Jean-
not ! Ses jjarenfs ont beau le gronder, il a beau avoir été puni
souvent de sa gourmandise, rien n'y fait, il est toujours aussi
gourmand. L'autre jour, ayant voulu malgré la défense de ses
parents manger des confitures qui étaient sur le haut du bufl'et.
EXAMENS ET CONCOIRS 555
il profita d'un moment où il était seul à la maison pour satisfaire
son désir, (lomme le pot était trop haut, il dut approcher une
table du butïct et placer dessus une chaise sur laquelle il grimpa.
Il était en train de se régaler lorsqu'il, entendit du bruit à la porte,
("était sa mère qui rentrait plus tôt qu'il ne pensait. Effrayé,
Jeannot voulut descendre, mais dans sa précipitation, la chaise
jierdit l'équilibi'e et l'enfant tomba, se cassant un bras dans sa
chute. Sa mère, le voyant dans cet état, n'eut pas le courage de le
luinir. Le médecin ap])elé aussitôt lui fit un pansement doulou-
reux et le pauvre Jeannot dut garder la chambre plusieurs jours.
.Mais pendant ce repos forcé, il put réfléchir et comprenant enfin
combien son défaut était ridicule, il |)rit la résolution de s'en cor-
riger à l'avenir.
Rédaction. — Il signohe k il mugnaio. — Vn signore si vantava
di avère due piètre preziose... " Credo di averne due altre pii'i
l)reziose dclle sue », disse un mugnaio « Mostratemele », riprese
il signore. — < Eccole », replicô il mugnaio, accennando due
mucini (o macinei.
Version. — Un povero entrô in casa di un ricco e gli chiesc l'ele-
mosina, ma questi non gli diede nulla " \'attene », gli disse ; e
siccome non ubbidi subito gli scagliô una pietra. La raccolse il
povero, la strinse al seno e disse : << La porterô fînché anch'io non
abbia occasione di gettargliela ! » Il tempo trascorse. Il ricco com-
mise una cattiva azione e fu spogliato d'ogni suo avère e condotto
in carccre. Vedendolo trascinato a quel modo, il povero si avvicinô
à lui, toise la pietra dal seno e fece l'âtto di lanciargliela. Poi,
riflettendo, gettô a terra la pietra e disse : ■ Era inutile portare a
lungo questa pietra ! Quando era ricco e potente lo temevo, adesso
Thème d'imitation. — L'n riche voit entrer chez lui un pauvre
qui lui demande l'aumône. Non content de ne lui rien donner, il
veut le chasser. Comme le pauvre résiste, il lui lance une pierre.
Le malheureux obéit alors, mais non sans avoir ramassé la pierre
qu'il serre contre son sein en disant : Je la porterai sur moi et
.je la lui rendrai si l'occasion se présente ». Les années s'écoulent.
Le riche, accusé d'un grave méfait, perd tous ses biens et tout
son argent et est mis en prison. En le voyant, le pauvre pense à
la pierre qui lui a été lancée un jour par l'ancien riche, mais ne
la lui rend pas. <■ Je l'ai craint autrefois, dit-il, je le plaindrai
CERTIFICAT PRIMTHIRE DE L7HNCUES VIVANTES
(Prograni)n)e pour 1922)
Traduction d'un passage d'un auteur français :
Alphonse Daudet. — Le petit Chose.
Auteurs anglais
Beljame et Legouis. — Morceaux choisis de Littérature anglaise
(Hachette).
Miss Mitford. — Our village.
Macaulay. — Essays on Milton and Addison.
AIiLTON. — Cornus.
556 LES LANGUES MODERNES
Auteurs français
Racine. — Androinaqiie.
Molière. — Le Misanthrope.
La Fontaine. — - 1° Préface des Fables.
2" Fable 1'" du Livre XI (avec le discours à Mme de la Sablière),
BuFFON. — Discours sur le style.
Beaumarchais. — Le Barbier de Séville.
Victor Hugo. — 1° Les Châtiments : l'Expiation.
2° La Légende des Siècles : Les pauvres gens.
P. MÉRIMÉE. — 1° Matteo Falcone.
2" L'enlèvement de la Redoute.
Renan. — Souvenirs d'enfance et de jeunesse : Prière sur les ruines
de l'Acropole.
Auteurs allemands
Schiller. — Wallensteins Tod.
GoTTFRiED Keller. — Romeo and Julie auf dem Dorfe. Edition po-
pulaire Cessa.
Deutsche Lyrik. — i"' Teil. Edition Gromaire. Librairie Armand
Colin.
LoiSEAU. S'enil et Wolfromm. — Erzdhlende. Prosa, pp. 1-199. Li-
brairie Didier.
Auteurs italiens
Prose dei sec. xi.\'"-xvnr', scelle da S. Ferrari (Sansoni, p. 161-204i.
Poésie dei sec. xix'-xviii'' (même édition, p. 149-181).
Pétrarque. — Canz. I : « O aspetlata in ciel heata et bella. »
II : « In quella parte dove Amor mi sprona. »
III : <i Queir antiquo mio dolce empio signore. »
D'Anxun^io. — Prose scelle (Trêves), p. 172-264.
Auteurs espagnols
Romances escogidos (Collection Mérimée^.
Lazarillo de Tormes. (Collection La Lectura).
Cervantes. — Don Quijote (Collection Mérimée).
Cervantes. — ^ovelas Ejemplares (Collection Mérimée).
GuiLLEN DE Castro. — Mocedades dei Cid (Col. Mérimée).
LoPE DE Vega. — El Xuevo Mundo descubierto (Col. Mérimée).
TiRso DE MoLiNA. — El Burlddor de Sevilla (Col. Mérimée).
Pio Baroja. — La Ciudad de la Xiebla (Collection Nelson).
AzoRiN. — Lecturas Espanolas (Collection Nelson).
LA BIBLIOGRAPHIE
DE L ENSEIGNEMENT PÉDAGOGIQUE
DES LANGUES VIVANTES
Désireux de venir en aide aux collègues en quête de rensei-
gnements pédagogiques de toute nature, au "moment oià les
circonstances exigent d'eux des sacrifices pécuniaires, nous
avons décidé de laisser le Rapport général du Congrès inter-
national de 19Q9 (848 pages, in-8° raisin) aux prix de
7 fr. au lieu de 10 fr. pour la France, et de
8 fr. au lieu de 12 fr. 50 pour l'étranger.
Ces prix comprennent les frais d'emballage et d'expédition.
Nous ne saurions trop recommander à nos jeunes collègues
la lecture de ce Rapport. Cet ouvrage est, pour les professeurs
qui débutent, un guide sûr. Résumé de l'expérience des meil-
leurs pédagogues de France et de l'étranger, il contient toutes
les études, toutes les communications^ toutes les discussions que
suscita la grande conférence du mois d'avril 1909.
Il traite de la préparation des professeurs, de l'enseigne-
ment du verbe, des programmes et des méthodes adoptés en
France et hors de France, de l'enseignement extra-scolaire et
post-scolaire, des moyens employés pour maintenir et dévelop-
per les connaissances acquises à l'école primaire et au lycée,
et faciliter aux étudiants et aux maîtres eux-mêmes leurs étu-
des de langues vivantes. On y trouve des rapports substan-
tiels sur la Phonétique, sur les séjours à l'étranger, les bour-
ses de voyage, l'échange d'enfants, l'organisation de la cor-
respondance interscolaire, les écoles françaises à l'étranger,
les colonies françaises de vacances à l'étranger, les clubs
de conversation et les cours spéciaux, la condition des assis-
tants, la Guilde internationale, etc., etc Il n'est pas un
seul point touchant directement ou indirectement la pédago-
gie des langues vivantes qui n'y soit l'objet d'une étude appro-
fondie. Publié par les soins et sous la direction de M. Geor-
ges Delobel, agrégé de l'Université, professeur au Lycée
Voltaire, le Rapport général du Congrès international a été
honoré d'une souscription du Ministère de l'Instruction Pu-
blique.
Ceux de nos collègues qui désireraient en faire l'acquisition
sont priés de s'adresser à M. Henri Didier, éditeur, 6, rue
de la Sorbonne, Paris, 6'.
L1I1UAIU11-: 1'J;MN.\M) NAIIIAN. MK Rue tit's Fiisjes-Saiiil-.lddiiift;, J'AIUS
POUR TOUTES LES LANGUES
JEAN PERROT et FERNAND FAU
TABLEAUX MURAUX
Pour rEnseignemenl des Langues
1' 200 Images Faciles. Edition c« noir lis l'r. ; en couloiirs.
li^ 3o Histoires en images. » » •^'■'> » »
■i- 34 Leçons de Choses. >> « :!s » "
Ctl w
Cours DELOBEL
Enseignement de rAUemand
Ich lerne Deutsch (<iii BildcM- und Lpsfl)iicli, cl. do (*>•). l'n vol. i;i >; l.s.
Prix acliicl f> '-'^
Ich Spreche Deutsch (ein IJilder nnd I.escbnch, cl. de 5'). Lu vol. l.i ;< IS.
Prix actuel (j !jO
Deutsche Sprachschule (Révision, Extension du vocab., cl de 4* et 3').
l'n vol. 1.3 IS. Prix actuel 7 »
IVlein gpammatisches WlePkbùchleln (Complément de toutes les grammai-
res». In vol. l(i : 21. Prix actuel I .'>((
Cours GRICOURT et KUHN Enseignemenl de l'Anglais
The essentials of English gram-
mar. Nouvelle ('■dition corrig;ée. L'n
vol. in-12 relit' toile. Prix actuel 6 3(t
Progressive reciter and song
book for the first stage. Un vo-
lume in-12 relié toile. Prix ac-
tuel fi :io
ENGLAND PAST AND PRESENT
fome I. Geograpby aiul Hislorti. Lu
vol. in 12 relié. Prix actuel.. . 10 .'>li
Collection : Jean PERROT et F. FAU
200 Simple PIctures lo hc explai-
ncd bv voiuii; bejiinners. ln-.S"
cart. Prix iictuel 1 fi»
The Picture-book wlthout words,
lirsl conversation bonk. In-S* cari.
Prix actUi'l 1 l><'
34 Object-Lessons in PIctures
without words. lu-S tart. Prix
actuel 1 W
200 Bilder zu erklàren, Schulbuch
zun» imindliclien Sprach-unler-
richt. Ii'.-S' cart. Prix actuel. 1 fi(i
Bilderbuch ohne Worte, erstes
.Scliulbuch /uni nuindlichen .Spra-
duinterricht, in-S* cartonné. Prix
actuel 1 fi(»
Bilderbuch ohne Worte, zweites
Scluill.'ucli /um miiiidliclicn Si)ra-
cliunlcrriclit. lu-S- cnrionnc. Prix
actuel 1 (ill
200 Grabados sencillos. Libro
nrcparalorio de iniciacion. ln-8"
Prix .ictucl 1 (il»
30 Cuentecitos con estampas sin
palabras. lu-S cartoMnc Prix
actuel 1 (iti
34 Lecciones de Cosas con es-
tampas sin palabras. In-8 cnrt.
Prix actuel 1(0
Tome H. Lileraliire, avec nombreux
extraits. lin vol. ui-12 relie. Frixact. îi ](»
R. MEADMORE
Text-bookto the 200 Simple Pic-
tures. Un vol. in-X' ran. Prix act. 1 fi(i
Picture-book wlthout pictures.
A companion to tlic Picture-book
without words. In-8° cartonné. Prix
actuel 1 ('.(I
The Object-Lesson Hand-book.
In-S* cartonné. Prix actuel... 2 .'>(»
Enseignement de l'Allemand
N. WEILLER
Textbuch zu den Zeichnungen,
2(»0 lîilder zu erklàren. t"n vol.
in-S cart. Prix actuel 1 (iO
Bilderbuch ohne Bilder, eine
Heifiade zum lîilderbuch ohne
NN'ortc. In-S" cari. Prix acliiel .. 1 W
Bilderbuch ohne Bilder, /.weites
Schull)uch zum unindlichen und
schririlichenSpi-achunterricht.ln-S"
cari. Prix acltud 2 .">(•
Enseignement de l'Espagnol
PARAIRE
Para accompanar 200 Grabados
sencillos. lu-S cart. l'nxdîUnl. 1 (JO
Cuentecitos sin Estampas, ]>ara-
ir con ;!0 Cuentecitos con osl.nmpas.
In-S' cart. Prix actuel 1 fiO
34 Lecciones de Cosas con pala-
bras sin cslampas. PnxacUicl. 2 ."ill
Envoi de notre catalogue franco sv.ir de in an de
IIBR^AIT^Œ Af{MAJ^D COUN, loî. BotilevarJ S.iint-Jfuhct. 1K^/{1S. Y
COURS SCHWEHZER
= DEUTSCHE LESEBilCHER =z=
par CHAULES SCHWFITZER C't l'-MlI.!: SIMO.NNOT
(Der Text i$t den neuen amllicben Regeln der Orthographie gcma^s.)
Huitième. In-S", relie toile . 3 fr
fih- Sexfa
I Seftiàme. In-8". re'io mile . . 3 fr. 80
Deutsches Lesebuch : Maître, 7 » ; IJcve, relié, 5 »
G)\u>i»ijllsclic inij stilistisclifl'ebinif^t'ii. In-vS», br. . 2 80
filr Qui fit a
Deutsches Lesebuch. In-8*, relié toile 8 »
G)\x»t»uitisclie iiiui stilistische L'cbiiiii^cii. lii-S*, br. . 3 20
fiir QturU \ Deutsches Lesebuch : Oernschland in Wort und BiiJ.
tmd -Tcitia \ I.and und l.euie. ln-S% relie toile 9 50
fiir SeKniui.i i Deutsches Lesebuch : Mems^lic Kulturi^eschichte in
Prima, Obeifiima \ \\ art und Bild. In-b»*», relié tuile 9 50
Ouvrage Jesiiné à l'étuJe de li SeconJe Langue Jans !î Second Cycle :
Deutsches Lesebuch. In-S". relié toile. ..... 6 50
fiir altère Anf.XIlgCr ] Cft ouvrage est empiété par un '■ .\Uum Je fi-iiKlies en couleur"
In-S", îoile souple 3 20
Deittsclie V.cbungen. In-S**, broche 3 20
SCHWEITZER-SIMONNOT
Deutsche Schul^rammatik in Merksiit^en mit Cebinigen h l'usage des
(.Classes de (>uatriènie, iîdisiime, Seconde et Première. Un volume in 8», relié
toile 5 „
TARI.F.ATX MIRAI X DE LEÇONS DE CHOSES ET DE LANGAGE
5 Tableaux muraux servant de colnplémcnt au Coi-ns Sciiukitzkr : chaque
taLileau de i'"j<i X i'", d.)!ic!c Lice, sur carton I frais d'envoi eii sus) . . 6 tr. 50
CARÎE .MIRALE VIDAL-LABLACHE
Deutschland éon P. Vid.ai. uk i.a Bt acue. Deutsche Ausgabe von Loris Dicbi-
DuLu. Une carte murale, double face, sur carton :i"2o X i"*) en couleur [frais
d'envoi en sus) 7 „
TEXTES ALLEMANDS
RoQtEs. — Deutsches Geschichten- | Gro.mairf.. — Deutsche Lyrik.
buch (ftlr Sexta,Quinta und Sekunda \ l. 'ïeU {Teriia unj SekunJj), tel. toile. 6 .
/i. /|. in-18. relie toile 3 20 j U. Teil [fur J,e Obcrkhss:,,), r. loiU. 5 »
Deutsches Màrchen-und Novellen- „ j .. . , • • . ^
buch (fn-Qua, ta nndTerua}:>^un-\ ^*^ deutsche klassische Drama
velle édition augmentée d'un C/roixrfe 1 (P'' <^'e Oberklassen). Un volume
Poésies, la- iS/rel. toile. ... 5 » 1 in-i8, relié toile. 9 50
Majoration temporaire sur les ouvrages scolaires réduite à 25 Oi
T
IV
ÉDITIONS NELSON, 189, rue Saint-Jacques, PARIS (^V)
TO BE READY ON SEPTEMBER 1'*
ROYAL ENGLISH DICTIONARY
714 Pages — .S7ro/?^ l'Aoih Bindimj — Net : 7 fp. 50
This. the cheapest and handiest of scliool
(lidioiun-jos in tlic iMiglisli langnage. met \\\\\\
an unprecedented success in French srliools
Ix'rore (lie war. It \\ as the very iîrst dictionary
lo ])e introdnced into French secondary sehonls
aftcr th(» (-idoption of the chrect method.
■ lis featnres ar^^*, well known to ail t(v^eluM^^
of iMiglisli :
Defii)itîoi)5- — The meanings are given in
siniph' stalenients, containing v(Mn' fewvvords
wliieli even a beginner wonid reqnii-c lo
look np.
SyOOi)yn)5. — 'l'he lists of similar words
])rinl(Ml in italics IxMow the detlnitions \\\\\c
prov(Ml an invaluable help to seholars.
Groupîr)9. — l'he words hâve been arrangée!
in gi'oups under the heading of theone \\ Iiidi
gives tlie sini])lest form o^ the etymology and
nieaning. 'l'his bas led. in some cases, to a
slight deparini'e from the strict alpliabetieal '■
oi'der. 'i'h(^ jdan. howencM". slunvs at a gl.incc
Ihe words wliich ai-c rehded to eacli oth(M'.
ORDERS RECEIVED NOW
Dix-neuvième année* — N** 6 Décembre 1921
Les
Langues Modernes
7?T
Le Secrétaire Général (H. Sekvajean, professeur au lycée St-
Louis, 132, avenue du Maine, XJV' ) et la Trésorière prient instam-
ment leurs collcciues de leur signaler leurs changements d'adresse
(indiquer autant que possible le domicile personnel), ou, s'il y a
lieu, de situation, non seulement afin d'éviter la perte de la revue,
mais aussi en vue d'établir l'Annuaire de l'Association pour 1922.
La Trésorière (Mlle Ledoux, 30, R. Chevert, Paris 7«) rappelle
aux membres de l'Association qu'un compte-courant de chèques
postaux lui est ouvert sous le n" 151-11 par le bureau de Paris.
Elle les prie donc de lui envoyer éventuellement le montant de
leurs abonnements par chèque postal, et de conserver à titre de
reçu le talon du chèque ; un travail considérable lui sera ainsi
épargné, ainsi qu'à la Société des frais de correspondance.
Les membres de l'Association qui désirent un reçu sont priés
d'envoyer 0 fr. 25 à la Trésorière en même temps ciue leur coti-
sation. L'état actuel de notre caisse nous oblige à réduire autant
que possible nos frais de correspondance.
Les Régionales de Bordeaux, Poitiers. Lille, Aix-Marseille,
Lyon, Clcrmont-Ferrand, Nancy. Toulouse sont reconstituées.
Les membres de l'Association qui sont du ressort de chacune de
ces académies, sont priés de bien vouloir envoyer directement
leurs cotisations à leurs trésoriers respectifs, dont la liste est la
suivante :
Poitiers : M. Guy, 15, rue de la Monnaie ;
Aix-Marseille : Mlle Coste, professeur au Lycée Montgrand,
Marseille.
Lyon : M. Rocher, lycée du Parc, Lyon.
Clermont-Ferrand : M. Bouyssy, Ecole supérieure de commerce.
Toulouse : M. Oranger, 7, rue du Japon.
Nancy : M. Petit, professeur à l'E. P. S., 40, rue Michelet.
Lille : M. Brocart, professeur à TE. P. S., 37, rue Kuhlmann.
38.
558 LES LANGUES MODERNES
Délégué de la Régionale de Bordeaux : M. Bloch.
Délégué de la Régionale de Lille : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Lyon : M. Servajean.
Délégué de la Régionale de Marseille : M. d'Hangest.
Délégués de la Régionale de Nancy: MM. Canierlynck, Servajean.
Délégué de la Régionale de Poitiers : M. Gaston Hirtz.
L'abonnement à Modem Langiiages est désormais de 6 shillings.
Les membres de l'Association abonnés à la Revue Germanique
sont informés que le prix de l'abonnement de faveur qui leur est
consenti est porté, à partir du 1" janvier 1921. à seize francs.
Ils sont priés de verser cette somme, en même temps que leur
cotisation pour 1921, à Mlle Ledoux, trésorière de l'Association.
Ceux qui n'ont pas encore payé leur abonnement pour 1914 ou
1920 voudront bien le faire par la même occasion. Ils sont ins-
tamment priés d'effectuer ces divers paiements dès maintenant.
Depuis le 15 mai, les abonnements à la Revue Germanique et
les cotisations en retard sont perçus par la poste au nom de la
trésorière de l'Association des Professeurs de langues vivantes.
BULLETIN DE L'ASSOCIATION
Correspondance
Le Bureau de l'Association n'avait pas reçu d'invitation à la
cérémonie organisée à la Sorbonnc pour la remise à Rudyard
Kipling et à Sir James Frazer du diplôme et des insignes de
Ductor honoris causa. Le Président, M. ('.h. Veillet-Lavallée, s'est
ouvert à M. le Recteur Appell du regret que nous inspirait une
telle omission : notre groupement compte de nombreux amis dans
le monde universitaire et littéraire de Grande-Bretagne. Il semble
naturel qu'une Société de professeurs chargés d'enseigner les
Humanités ^lodernes ait sa place marquée dans une cérémonie in-
ternationale comme celle-ci.
M. P. Appell a répondu aussitôt. Il remercie le Président de lui
avoir parlé avec confiance. Le nombre limité de places l'a contraint
à réduire ses invitations aux milieux enseignants, intellectuels,
politiques, commerciaux franco-anglais. Les chefs d'établisse-
ments du ressort ont envoyé des délégations et l)eaucoup de mem-
bres de notre .Association ont dû, de ce fait, assister à la cérémo-
nie. " Je m'empresse d'ajouter, » conclut M. le Recteur, n que
pour l'avenir je prends note de votre observation ».
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 559
Troisième liste de souscription
à rappel du Président
M. Aniaudet (Paris) 20 fr.
M. Roth (Paris) 20 ..
M. E. H 200 ..
M. Commarniond (Paris) 20 »
Mlle Beaumont (Rouen) 8 •>
M. Coiquaud (Nérac) 10 •>
M. Hovelaque (Lakanal) 20 «
M. Dequaire (Paris) 20 »
M. Picot (Paris) 10 ..
M. Piolé (Thionville) 10 ..
M. Roiidil (Paris) 20 »
M. Reilvert (Laon) 10 «
M. Collet (Paris) 10 »
Mlle Latappy (Paris) 10 ..
Mlle Créances (Paris) 10 »
Anonyme (St-Maixent) 5 »
Mme Ancelet-Hustache (St-Quentin) 10 »
A rectifier dans la précédente liste :
M. Becker (Paris) : 20 fr. au lieu de 10.
Propagande
Le Bureau renouvelle les recommandations adressées à tous nos
collègues par la voie du Bulletin (voir Langues Modernes de no-
vembre, pp. 527 et 528). 11 est à désirer que les membres de l'Asso-
ciation interviennent directement auprès des personnalités influen-
tes qu'ils peuvent atteindre, auprès des joui'uaux de province dis-
posés à reproduire les documents favorables à notre cause ou à
les commenter dans un sens sympathique.
Nous serons, d'autre part, très reconnaissants envers ceux de
nos collègues qui voudront bien nous signaler les articles de re-
vues et de journaux où est traitée la question de l'Enseignement
Secondaire. 11 importe de documenter nos défenseurs au Conseil
Supérieur de l'Instruction Publique et au Parlement.
Ch. V.-L.
560 LES L.\NGUES MODERNES
Réponses des Chambres de Commerce
Nos collègues ont lu dans le dernier numéro du Bulletin, p. 527,
le texte de la circulaire adressée par nos soins aux Chambres de
Commerce et autres Groupements économiques. Le nombre des
documents confiés à la poste était de 165. A l'heure où nous écri-
vons (début de décembre), les réponses continuent à nous arriver
et le relevé statistique que nous portons à la connaissance de nos
lecteurs n'est pas définitif.
Sans aucun doute, bon nombre de ces groupements négligeront
de répondre. Tous ne s'intéressent pas à cet ordre de questions.
Certains gardent le silence pour ne pas avoir à prendre parti. La
violente sortie de la Chambre de Commerce de Lyon aura pro-
duit, à coup sûr, un effet d'intimidation.
Quoi qu'il en soit, 25 lettres nous sont, à l'heure actuelle, par-
venues. Beaucoup, c'était à prévoir, ne répondent pas directement
à la question posée. Nous demandions que le monde des affaires
s'inquiétât de la décadence où risquent de tomber les études de
langues vivantes dans notre paj's. Il y a danger, disions-nous, si
les Français retournent à cette ignorance des langues étrangères
qui était autrefois leur caractéristique, et qui est inévitable avec
la réalisation des projets ministériels. On nous répond souvent
par une apologie des humanités classiques et c'est répondre à
côté.
On peut classer les réponses sous trois chefs, la sympathie, l'in-
différence, V hostilité.
Réponses nettement sympathiques 12
» indifférentes 5
» hostiles ^
Il convient d'ajouter trois lettres qui se bornent à accuser
réception ou à décliner toute compétence 3
Total 25
La réponse la plus défavorable à notre thèse provient de la
Chaml)rc de Commerce de Lyon «jui semble avoir mis une sorte de
fureur à nier les mérites de notre enseignement. Non seulement,
en effet, a-t-elle adopté et transformé en délibération les conclu-
sions hostiles de son rapporteur, mais elle a pris soin de faire
imprimer ce rapport tout entier, de l'envoyer aux ^linistères de
riiistruction Publique et chi Commerce, et même à toutes les
Chambres de Commerce de France. Hien plus, la presse en a publié
BULLETIN DE l'aSSOCLVTION 561
des extraits — et l'on sait de quelles démarches ce doit être le
résultat — avant même que la lettre parvînt à notre Association.
Inutile d'ajouter que ce rapport assaisonne la malveillance dont
il déborde de nombreuses et flagrantes erreurs.
D'autres réponses hostiles nous viennent de Lille, de Roubaix et
de Perpignan. L'espace nous manque pour donner une analyse
détaillée de ces documents ; il serait vain aussi d'en instituer un
examen critique. Les auteurs de ces lettres, séduits par le courant
<le la mode, s'engouent des formules vides que l'on sait.
Roubaix pense <• que l'on ^■ellt tout simplement ramener l'en-
seignement secondaire à sa conception traditionnelle, qui est de
former une élite intellectuelle au moyen du latin et du grec, nos
deux langues-mères... » Telle semble être aussi la conception de
Lille qui déclare : » Une forte éducation classique constitue la
meilleure réglementation de l'intelligence et la meilleure prépa-
ration à la vie. »
Avec la Chambre de Commerce de Paris qui ne nous a pas ré-
pondu, pensant peut-être que sa délibération de juillet dernier était
suffisamment explicite, Lille réclame : 1" que la culture générale
soit de nouveau le but unique poursuivi (.sic) par l'organisation et
les programmes de l'enseignement classique (un tel point de vue ne
saurait nous déplaire : reste à s'entendre sur ce que l'on appelle
culture générale) ; 2" que le rôle du professeur principal soit ré-
tabli (sans doute au seul profit du professeur de langues ancien-
nes, car chacun sait que les talents pédagogiques se puisent uni-
quement dans la constante fréquentation du De Viris et de Lho-
niond) ; et : 3° que la division en deux c\cles disparaisse.
Passons maintenant aux indifférents. Tourcoing se liorne à nous
envoyer une longue série d'observations répondant à une enquête
qui remonte à 1899. Son opinion n'a pas varié depuis : On étu-
diera les humanités classiques : l'acquisition des langues vivantes
sera surtout affaire de séjour à l'étranger, mais la Chambre de
Commerce ne s'oppose pas à ce qu'on étende l'enseignement des
langues vivantes dans les lijcées et collèges... Xantes estime que
les programmes de l'enseignement secondaire ne sont pas de sa
compétence. Elle a créé un enseignement commercial et profes-
sionnel : " L'enseignement des langues vivantes y est très actif
et répond à tous les desiderata que votre Association peut avoir
à formuler. »
Le Havre « attache la plus grande importance au point
" de vue de l'avenir économique du pays, à l'étude des lan-
■ gués modernes, tout spécialement de l'anglais, de l'espagnol, de
« l'allemand et, en plein accord avec votre Association, elle con-
<• sidère que réduire l'étude des langues vivantes, laquelle consti-
562 LES LANGUES MODERNES
tue le plus sur moyen de suivre de près la marche des évéue-
ments politiques, sociaux et économiques chez nos voisins et
chez nos rivaux, serait de nature à compromettre l'œuvre
d'expansion que la F'rance s'efforce de mener à bien.
<■ Aussi la Chamljre de Commerce n'hésiterait-elle pas à émet-
tre l'avis qu'aucune diminution ne doit être apportée dans l'en-
seignement des langues vivantes trop longtemps négligé... -
]\Iais la Chambre ne \'eut pas aller plus loin et trancher des ques-
tions de programmes.
Bordeaux apprécie « toute Futilité que présentent la con-
naissance et la pratique des langues pour l'expansion de l'in-
fluence française et de notre commerce extérieur ».
<' Aussi nous attachons-nous », écrit son secrétaire, " à encou-
rager le développement de cette étude dans les nombreuses et
importantes institutions d'enseignement commercial qui fonc-
tionnent sous le patronage de notre compagnie : Ecoles de Com-
merce, Institut Colonial, Cours Professionnels, etc.. » Toute-
fois, l'enseignement secondaire sert surtout à une élite qui en tire
la culture générale dont elle a besoin. (Reste à savoir en quoi
peut consister cette culture.)
Les réponses que nous avons groupées sous le titre de sympa-
thiqiies pourront fournir d'utiles arguments à ceux de nos collè-
gues qui veulent bien faire un effort de propagande dans les cer-
cles où ils ont accès, dans la région où ils enseignent. Parmi les
opinions prudentes, mais acceptables pour nous, ils trouveront
Toulouse qui, " sans s'engager dans la discussion d'une question
■ aussi complexe que celle de la réforme de l'enseignement secon-
1. daire, a néanmoins émis le vœu qu'une très large part reste
• assurée, dans les études, aux langues vivantes ».
Agen, très catégorique, « a émis un vœu en faveur du maintien
" de l'étude des langues vivantes en France, délibération qui a été
" envoyée aux Ministres du Commerce et de l'Instruction Publi-
■' que » .
La Chambre de Commerce de Tours et iVIiidre-et-Loire, après
quelques considérants raisonnables, émet un double vœu : « 1" Que
'• la pratique du latin soit introduite obligatoirement dans les
■■ programmes d'enseignement secondaire ; — 2" Que la pratique
' des langues vivantes soit adoptée obligatoirement, concurrem-
<' ment avec l'étude du français, dans ce même enseignement. » —
Copie de ce vœu sera adressée à : M. le Ministre de l'Instruction
Publique ; ^L le Ministre du Commerce ; Association des Profes-
seurs de langues vivantes, etc.
Rochefort, sur un rapport solide et développé de M. Limouzin,
iidopte et convertit en délibération qui sera adressée à M. le Mi-
BULLETIN DE L'ASSOCIATION 563
nistre de l'Instruction Publique, le vœu dont voici le texte : <• Que
" l'étude des langues vivantes soit maintenue dans une section
1' moderne, à côté de la section classique ; — Que, dans la réfor-
" me des études secondaires, l'enseignement des langues étrangè-
'• res modernes ne subisse aucune diminution, au triple point de
<• vue de l'importance qu'on lui accorde dans la formation de
>< l'esprit, du temps qui lui est consacré dans l'horaire des classes
" et des sanctions auxquelles il aboutit en fin d'études. »
Roanne nous écrit qu'elle approuve le renforcement des études
classiques et qu'elle émet le vœu suivant : » Que, dans la réforme
" projetée de l'enseignement secondaire, l'enseignement des lan-
" gués étrangères modernes ne subisse aucune diminution. •> —
<■ Ce vœu sera transmis à M. le Ministre de l'Instruction publique
" et à MM. les Sénateurs et Députés de la Loire. ■>
Limoges est très ferme : < La (Chambre décide de demander à
" M. le Ministre de l'Instruction Publique d'élargir plutôt que
" de restreindre la part des langues vivantes dans la réforme qu'il
" envisage, d'en rendre l'enseignement encore plus pratique et
" plus usuel... "
Laval exprime des vues intéressantes, mai-s d'une réalisation
peut-être malaisée. > Elle estime qu'il serait regrettable de dimi-
" nuer l'importance de l'enseignement des langues vivantes, mais
" d'autre part elle est favorable au rétablissement de l'enseigne-
" ment unique et classique jusqu'en 3' a\ec division en enseigne-
" ment classique et enseignement moderne à partir seulement de
<■ cette classe. » ■■ C'est pourquoi, en vue de concilier les intérêts
-' en présence, elle préconise l'introduction de l'enseignement des
<• langues vivantes dès les plus basses classes de l'enseignement
<■ primaire, au moment où l'enfant est le plus apte à s'assimiler
" cet enseignement, ce qui permettrait d'y consacrer moins de
« temps dans les classes élevées tout en obtenant un meilleur
•• résultat. »
Fougères est d'avis que " dans l'intérêt du Commerce, il faut
" permettre à ceux qui s'y destinent d'arriver au couronnement
" de leurs études sans l'étude des langues mortes ».
Pour l'Association des Commerçants de Boiilogne-sur-Mer, « la
<' réforme projetée ne s'explique pas et le moment est évidem-
<• ment mal choisi pour restreindre l'étude des langues vivantes ».
Un important groupement, la Ligue de Défense des Intérêts Eco-
nomiques du Xord de la France émet le vœu que : ■ dans aucun
'■ cas, une diminution quelconque ne soit apportée à l'enseigne-
" ment des langues vivantes ». Ce vœu a été communiqué aux
représentants du Pas-de-Calais au Parlement.
La Chambre de Commerce de Saumur a consacré à la question
que nous lui avions soumise plusieurs pages d'observations à la
fois justes et pleines de sens pédagogique que nous ne pouvons
songer à reproduire ici. Sa conclusion, la voici : " Nous concluons
564 LES LANGUES MODERNES
i' à l'enseignement du latin et d'une langue vivante de la 6'" à la 3"
<■ pour tous les élèves ; les classes supérieures pourraient alors
<• être divisées en deux sections : l'une avec le grec et les lettres ;
<i l'autre avec une deuxième langue vivante et les sciences, étant
« entendu que les élèves, à la fin de leurs études, recevraient, à
<| connaissances jugées égales, un titre d'égale valeur. » Vœu
transmis aux Ministres du Commerce et de l'Instruction Publique.
Finissons par Saint-Nazaire, dont la Chambre de Commerce a,
elle aussi, étudié notre circulaire avec une abondance éclairée et
sympathique. « Nous partageons entièrement », déclare-t-elle,
' l'avis de l'Association (des Professeurs de Langues vivantes), en
" ce qui concerne le maintien de l'enseignement moderne, à côté
" de l'enseignement classique, et le maintien, sans aucune dimi-
« nution, de l'enseignement des langues étrangères aux élèves de
<■ l'enseignement secondaire, section moderne ou classique.
« S''il est vrai que l'enfant doit commencer, dès son jeune âge,
<. l'étude des langues mortes, en raison de ses facilités plus gran-
<' des d'assimilation, cet argument consel■^•e toute sa valeur quand
« il s'agit des langues viAantes.
« Nous considérons que l'étude du latin doit commencer comme
'< cela se fait aujourd'hui, au plus tard à l'âge de 11 ans, c'est-à-
«' dire en sixième, mais que l'enseignement des langues vivantes
<' devrait être commencé plus tôt vers l'âge de 8 à 9 ans, et être
<' donné exclusivement, jusqu'à l'âge de 10 à 11 ans, sous forme
<> de conversation.
« L'enseignement du latin et du grec, dans les premières années,
<■ devrait également comporter un programme plus réduit que le
« programme actuel, et se limiter à quelques heures par semaine.
<( 11 serait intensifié à partir de la quatrième, dans la Section
« classique, la bifurcation des études vers la Section <i classi-
<' que » ou " moderne », ne se faisant qu'après la 4^
« De cette façon, il serait plus facile de juger si les aptitudes
<• de l'enfant doivent le faire diriger vers la Section moderne ou
« la Section classique.
" Pour l'enseignement moderne, l'étude des sciences et des ma-
<■ thématiques deviendrait la principale partie du programme à
i< côté des langues vivantes, mais sans faire toutefois abstraction
<. des études littéraires. 11 faudrait maintenir dans ces cours, un
« nombre d'heures suffisant i)()ur la littérature ancienne et mo-
<• derne.
« 11 y aurait le plus grand intérêt, à y maintenir aussi les
X éléments indispensables de législation, de comptabilité et
<' d'économie politique.
• Un tel enseignement donnerait aux jeunes gens, pourvus <lcs
■ diplômes de la section moderne, les connaissances suffisantes
<■ en latin et en grec, pour suivre utilement l'étude du droit et delà
IULLETIN DE L'ASSOCIATION 565
médecine, et pour tenir partout une place honorable, le bacca-
lauréat latin-grec ne devenant obligatoire que pour l'Ecole des
Chartes, l'KIcole Normale Supérieure et la Licence es lettres.
<< Nous vous proposons donc d'émettre un vœu en faveur :
■' 1" du maintien, dans renseignement secondaire, d'une Section
moderne, à côté de la Section classique.
" 2" de l'inscription de l'étude des langues vivantes, dans le
programme des classes préparatoires des Lycées et Collèges.
'< 3" de la bifurcation des études en classicpie et modeinc après
la quatrième.
" 4" de l'admission des élèves pourvus du di|)lômc d'enseigne-
ment secondaire moderne, dans les Facultés de Droit et de Mé-
decine.
■ Après examen et observation la Cliainl)re a(io|)te le vœu ])ré-
senté. »
Nous tiendrons nos collègues au courant des réponses qui nous
parviendront sans doute encore. Toutes sont communiquées aux
défenseurs de notre cause auprès du (Conseil Supérieur de l'Ins-
truction Publique.
Il ne faudrait pas proportionner l'efTet de notre propagande au
nombre seul des réponses reçues à ce jour. La petite agitation
qui s'est produite dans la presse (articles dans le Journal, le Petit
Parisien, VAction Française, etc.) montre que nous avons eu rai-
son de faire connaître notre point de vue. Il est toujours utile,
dans des circonstances comme celles-ci, de toucher l'opinion publi-
que. Et rappelons-nous l'apologue de Longfellow : le trait que
le chasseur a décoché et qu'il croyait perdu, il le retrouve long-
temps après fiché dans le cœur d'un chêne, bien loin au fond de
la forêt.
Ch. Veillet-Lavalliïe.
Circulaire aux Professeurs de Droit International
[La lettre suivante a été adressée aax Professeurs des Facultés
de Droit qui s'occupent de questions se rattachant au Droit des
Gens, au Droit International Public et Privé.]
Monsieur,
La réforme de l'Enseignement Secondaire dont le projet s'éla-
bore en ce moment au Ministère de l'Instruction Publique semble
devoir entraîner une diminution très sensible de l'étude des lan-
gues étrangères dans les classes des Lycées et des Collèges. L'en-
seignement d'une seconde langue tel qu'il se donne depuis 1902,
566 LES LANGUES MODERNES
avec succès, en Seconde et en Première B et D, va sans doute dis-
paraître. La langue unique ne dispose plus que d'un horaire res-
treint, et aboutit, au baccalauréat, à des sanctions peu efïicaces.
Les Français appelés à recevoir l'éducation secondaire destinée
à former l'élite de la nation seront ainsi fort désavantagés au
point de vue de la connaissance des langues modernes, par rap-
port à ceux des jeunes générations actuelles qui ont fourni à nos
Alliés et à de nombreux étrangers, sur les champs de bataille,
dans les territoires occupés, au cours des négociations internatio-
nales, l'occasion d'apprécier, et de louer hautement, l'organisation
et le niveau de l'enseignement des langues vivantes en France.
Nous doutons que le moment soit bien choisi pour diminuer
chez nous la connaissance des langues et des civilisations étran-
gères, alors que se multiplient les assemblées et les conférences
internationales, si nous observons l'activité grandissante de la
Société des Nations, la constitution récente de la Cour Permanente
de Justice. Il semble que, plus que jamais, notre démocratie doive
s'initier aux problèmes internationaux, et pouvoir défendre les
intérêts primordiaux du pays au cours de ces débats où se déci-
dent des questions vitales pour nous.
Les autres nations, conscientes de cette orientation nouvelle,
font dans leurs programmes d'enseignement une part toujours
plus grande à l'étude des civilisations et des langues étrangères.
Il serait dangereux pour la France de se trouver à cet égard dans
un état d'infériorité.
Si les observations qui précèdent vous paraissent, comme nous
l'espérons, justifiées, nous vous serions reconnaissants de vouloir
bien signer le vœu ci-joint et de nous le retourner.
Charles Veillet-Lavallée,
Président de l'Association.
Vœu
Le soussigné exprime le vœu que dans le remaniement projeté
des programmes de l'enseignement secondaire, la part faite à
l'étude des langues, des littératures et des civilisations étrangères
modernes ne soit pas diminuée.
Une note qui paraîtra dans le prochain Bulletin renseignera
nos collègues sur le résultat de cette consultation. D'ores et déjà,
nous pouvons annoncer qu'un nombre appréciable de réponses
favorables à notre thèse nous sont parvenues, et continuent d'ar-
river. Emanant d'esprits hautement cultivés, ces appréciations
constitueront de puissants arguments que nos dévoués défenseurs
auprès du Conseil Supérieur, MM. Hovelaque et !\ancès, sauront
faire valoir.
Ch. V.-L.
NOTRE DISCIPLINE
Supposons qu'un émule de Leniice-Terrieux, ou du capi-
taine Kœpenick, ait la fantaisie de jouer à l'inspecteur géné-
ral des Langues Vivantes. Une rosette rouge, et une barbe
respectable sont faciles à trouver. Le portier du Collège
s'incline, le Principal s'empresse, et voilà le faux inspecteur
dans la classe d'anglais.
M. l'Inspecteur écoute d'abord d'un air sévère. Il pose en-
suite quelques questions, dans une langue étrangère, et M. le
Principal s'étonne qu'il obtienne si peu de réponses, et que
le professeur lui-même ait l'air si embarrassé. « Ce cher col-
laborateur », pense-t-il, « nous en a imposé rudement, jus-
qu'ici. Je le croyais plus capable. Mais que peut-on attendre
d'un simule licencié d'anglais ? » M. l'Inspecteur le confirme
aussitôt dans ces pensers peu bienveillants : « Monsieur le
Professeur, vos élèves connaissent peut-être l'anglais des
Batignolles, mais ils ignorent sûrement celui de Stratford-
atte-Bow ; ils ne savent pas « causer » ; il faut les nourrir
d'une meilleure grammaire, et leur infuser un plus étendu
vocabulaire. Je reviendrai vous voir prochainement et j'es-
père constater quelque amélioration. »
Sous la violence de cette algarade, le pauvre professeur se
ressaisit. « P., dit-il à un jeune Anglais qui se trouve parmi
les élèves, avez-vous compris M. l'Inspecteur lorsqu'il parlait
anglais ? » — « Not a word of it », déclare le boy avec une
franchise toute britannique.
Satisfaction générale. Tout le monde a compris. Surtout
M. le faux inspecteur qui prend immédiatement la porte.
Maintenant, supposez que notre farceur ait préféré poser
pour un inspecteur de Lettres. Personne n'eût osé le démen-
tir ; il fût sorti avec le sourire, et tous les honneurs, y com-
pris le salut le plus poli du concierge.
— « Vous ne savez pas un mot de grec, monsieur ! » Et
pas un compatriote de Démosthène ne me contredira.
— « Vous ignorez l'art le plus élémentaire de prononcer
568 LES LANGUES MODERNES
le latin ! » Et pas un auditeur authentique de Cicéron pour
crier : Xego !
C'est le fort de notre discipline qu'elle peut toujours être
soumise à une épreuve complète et définitive. Nous préten-
dons enseigner le véritable anglais ou le véritable allemand,
et le premier jury venu est capable de s'en assurer rien que
sur le témoignage d'un ou deux indigènes instruits faciles
à trouver en Europe. Tandis que pour déclarer que tel ou
tel sait du grec « autant qu'homme de France », un aréopage
de docteurs en Sorbonne devient nécessaire. — Nul ne sau-
rait d'ailleurs affirmer avec vérité : « autant que citoyen
d'^Athènes... ».
Mais c'est aussi le faible de notre discipline d'être de la
sorte à la merci des juges les plus illettrés, ou simplement les
moins compétents en la matière — (et Dieu sait à quel jDoint
sévit cette incompétence sous tels crânes où s'élabore notre
destinée !) — . Car nous ne prétendons jamais faire manier
à nos élèves la langue de Shakespeare ou de Gœthe avec la
saveur, ou même le naturel et l'exactitude qu'y mettent leurs
moindres contemporains d'Outre-Manche ou d'Outre-Rhin.
La manier aussi bien, surtout par ces temps de change cruel,
est à nous-mêmes notre nec plus ultra. Et si certains trou-
vent que c'est peu, ils sont de ceux qu'il est inutile de con-
tredire.
'SUns notre peu, à nous, professeurs de langues vivantes,
est d'une absolue vérité. Notre discipline est authentique.
C'est un point qui a sa valeur.
Une Ecole mérite ce beau nom lorsqu'on y enseigne à dire
la vérité. ^Monter à cheval et tirer de l'arc ne sont que des
accessoires. Loin de moi la j)ensée que nos collègues des
Lettres et des Sciences ne cherchent pas par tous les moyens
la Divinité des puits profonds. Mais dans leurs disciplines,
telles ignorances, telles graves erreurs se peuvent glisser,
que nul ne saurait reconnaître sans de patientes recherches.
Allons-nous donc bannir de l'Enseignement, comme infé-
rieure ou médiocrement éducative, la seule discipline peut-
être où la vérité puisse être démontrée d'une manière
absolue ?
BÉCHOT.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE
NOTES ANGLAISES
Les Craquen)er>ts de l'Arroature Iropériale
La Crise de l'A()g\Bis ei) Angleterre
On nous excusera de sacrifier trop largement peut-être
dans les présentes notes l'étude des manifestations de la vie
intellectuelle qui pour nous Français constituent cependant
la raison la plus solide de notre sympathie pour l'Angleterre.
Telle est l'acuité de la crise impériale qu'il nous semble im-
possible de n'en pas considérer l'un après l'autre les problè-
mes d'actualité et de ne pas les suivre dans leur développe-
ment. Encore tout récemment, à la conférence de Washing-
ton, M. Balfour ne disait-il pas :
" L'AngleitMie est tributaire de la mer pour ce qui est de sa
nourriture et de ses matières premières ; livrée à elle-même, elle
ne pourrait assurer la vie de son peuple pendant plus de sept
semaines ; voilà pourquoi nous ne pourrons jamais négliger la
question des communications avec Textérieur ? »
La dépendance de l'Angleterre vis-à-vis de ses Dominions
est une réalité qui affecte la vie matérielle et morale de la
métropole, et cette dépendance chaque jour plus marquée ne
laisse pas d'inquiéter l'opinion publique.
Tandis qu'au prix de concessions réciproques les délé-
gués du Sinn-Fein et les membres du gouvernement anglais
avaient pu pousser assez avant les travaux de la conférence,
on sait quel obstacle l'intransigeance des représentants de
rUlster vient de mettre en travers du chemin parcouru. Forts
de positions acquises l'année dernière par suite de l'établis-
sement, aux termes du Government of Ireland Act, d'un par-
lement de l'Ulster, et forts surtout de l'engagement pris par
le gouvernement anglais de ne rien modifier au statut de
rUlster sans son libre consentement, les dirigeants ulstériens
opposent aux propositions britanniques des conditions qu'ils
déclarent immuables.
570 LES LANGUES MODERNES
L'accord se serait sans doute fait assez facilement entre le
Sinn-Fein et le cabinet de Londres sur la question d'un par-
lement commun à toute l'Irlande, et exerçant les droits que
l'acte de 1920 réservait au Parlement de Westminster ; mais
les unionistes de l'Ulster réclament maintenant pour eux
le statut des Dominions, et voudraient faire de leur province
une unité indépendante dans l'Empire, avec son parlement
propre, et par suite complètement distincte de l'Irlande du
Sud. C'est ainsi que les extrémistes ulstériens {The Die-hards),
minorité bruyante du parti unioniste, tiennent en échec et
les leaders du parti, qui, comme Lord Derby, s'efforcent de
provoquer la conciliation, et, d'autre part, le gouvernement,
à qui ses engagements vis-à-vis de l'Ulster ne laissent d'au-
tres armes que sa force de persuasion et la gravité des res-
ponsabilités assumées par les orangistes.
On envisage, il est vrai, la solution qui consisterait à pro-
céder à un plébiscite dans les six comtés actuels de l'Ulster,
sur la question du rattachement à l'Irlande : les résultats
probables ramèneraient à trois comtés et demi l'étendue de
la province, et rendraient vraisemblablement impossible
l'attitude actuelle du cabinet de Belfast. En tout cas, les jour-
naux se retournent très nettement contre l'Ulster, et souli-
gnent les terribles conséquences que peut avoir cette atti-
tude, puisque c'est de la minorité unioniste que dépend
maintenant, soit le règlement définitif du sort de l'Irlande,
soit le recommencement de la guerre civile (1).
C'est de tous les points de l'horizon impérial que montent
en ce moment les nuages alarmants. Si la dernière confé-
rence impériale a été pour le gouvernement de M. Lloyd
George l'occasion de jeter du lest et de répartir son autorité
sur de nouvelles bases, il n'en resté pas moins que les ten-
dances séparatistes s'afîirment et que les individualismes
nationaux s'insurgent.
La révolte des Moplahs et les incidents de Bombay à
(1) Ces Notes étaient sous presse lorsque nous a surpris la
nouvelle de l'accord irlandais. Nous ne connaissons, à l'heure ac-
tuelle, que la matérialité du fait, et ne disposons plus, a\ant de
paraitre, de délais sulïisants pour observer l'accueil fait par la
presse et l'ojiinion anglaises à cette nouvelle. ()clle-ci est assez
importante pour que nous croyions devoir attendre afin d'en parler
en plus large connaissance de cause. G. J. — 8-12-21.
CHRONIQUE ÉTRANGÈRE 571
l'occasion du passage du prince de dalles ne sont que des
éruptions locales de l'incendie qui couve. Le parti nationa-
liste indien se révèle, en effet, comme une force grandissante
et organisée : sous la direction de (landhi et avec un pro-
gramme de Home lUile, il vient, au cours d'une réunion du
All-!ndia Congress Coinmittee, tenue à Delhi le 4 novembre,
d'inviter les provinces indiennes à proclamer le régime de
civil disobedience, c'est-à-dire à refuser le payement des
impùts', à boycotter les jjroduits anglais, et à entraver le re-
crutement local de l'armée anglaise.
De j)lus, par sa politique orientale, l'Angleterre a semé
l'inquiétude parmi la population mahométane de l'Inde : on
est, en effet, convaincu dans les sphères religieuses de
l'Islam, qu'en aidant (irecs et Juifs l'Angleterre est décidée à
détruire la religion de Mahomet ; et l'hostilité anglaise
contre le Sultan ne fait que justitier cette impression aux
yeux des indigènes. La révolte des Moplahs n'a pas d'autre
cause. Aussi est-il intéressant de constater qu'au moment où
les milieux olliciels de Londres jugent si sévèrement la ijoli-
tique pacifiste française en Orient et notre accord d'Angora,
il semble se créer un mouvement d'opinion pour inviter le
gouvernement anglais à suivre notre exemple, et à traiter
non seulement avec le Sultan, mas avec les kémalistes. C'est
la conclusion, qui vaut d'être signalée, d'un article de
M. D.-C. Boulger sous le titre The Moplah Warniiig dans la
Conte mpovarij Review d'octobre.
La situation en Egy^ite n'est pas plus rassurante : voici,
en effet, que sont rompus les pourparlers entamés entre le
Foreign Office et la délégation égjptienne venue à Londres
pour négocier les termes d'un accord. Adly Pasha, le chef
de cette délégation, déclare inacceptables les propositions
britanniques. On peut donc s'attendre à de nouvelles compli-
cations anglo-égyptiennes.
Il est d'ailleurs à remarquer que les journaux signalent
tout ce qu'a d'insolite le protectorat anglais en Egypte. Il y
a, en effet, 40 ans que dure l'occupation anglaise, et 40 ans
que le cabinet de Londres en affirme le caractère provisoire.
Pendant la guerre, les Egyptiens ont été entretenus dans
cette illusion que l'occupation cesserait avec les hostilités :
ils continuent à subir la loi martiale, et le protectorat an-
glais a même été formellement reconnu par les alliés.
572 LES LANGUES MODERNES
Or, pendant la guerre, et surtout depuis, le sentiment na-
tional n'a fait que se développer avec d'autant plus de vita-
lité que l'Egypte voyait promettre des garanties d'indépen-
dance aux autres nations islamiques, la Syrie, l'Arabie et la
Mésopotamie. Elle réclame donc son autonomie, et, comme
première mesure dans cette voie, le retrait des troupes an-
glaises vers la zone du canal de Suez, où leur présence peut
se justifier par la nécessité d'assurer la liberté des commu-
nications maritimes. Le point de vue anglais maintient, au
contraire, l'impossibilité de renoncer à la protection des
européens dans les foyers d'agitation comme Alexandrie et
le Caire. Situation identique à celle de l'Irlande, déclare la
presse, et à laquelle il faut apporter les mêmes tentatives de
solution. Problème d'intérêt national, en effet, qui dépasse
la compétence d'un département ministériel, et doit recevoir
l'attention du gouvernement tout entier sous le contrôle de
l'opinion publique.
Le Board of Education vient de publier le rapport de la
commission chargée d'une enquête sur « les conditions de
renseignement de l'anglais dans le système actuel d'Educa-
tion ». Si, depuis longtemps, nous parlons en France de
crise du français, nos alliés eux aussi ont constaté des symp-
tômes parallèles d'une décadence de l'anglais. Ils en ont
recherché les causes, et leur rapi^ort n'en accuse jias, comme
on l'a trop souvent et si injustement fait chez nous, l'ensei-
gnement des langues vivantes. Ils y voient, pour une très
large part, l'influence des conditions sociales de la vie mo-
derne. Cela ne nous rappelle-t-il pas les excellentes paroles
que prononçait M. l'Inspecteur Général Hovelaque en février
dernier lors d'une assemblée de notre association ? C'est, en
effet, dans les grandes villes d'Angleterre que l'on constate
la décoloration la plus marquée de la langue anglaise, alors
(ju'elle semble, au contraire, avoir gardé toute sa raciness,
ses qualités de force expressive dans les districts ruraux du
Yorkshire et du Lancashire.
En outre, si l'école est impuissante à réagir contre ces
symptômes de dégénérescence, la faute en est bien aussi aux
responsables directs : c'est cpie dans les classes, comme à
l'Université, l'on considère trop la langue non comme une
lin, mais comme un moyen, comme la servante à tout faire
([ui assume la basse besogne des autres disciplines, c'est que
CimOXIQLE KTfiANGKHE .)là
les livres de classe eux-mêmes se contentent trop d'un
second-rate English, et c'est enfin que les maîtres, à part
d'éminentes excejjtions, ne cherchent pas à susciter l'intérêt
de leurs élèves pour leur langue maternelle, et qu'ils n'en
font pas valoir le charme et la puissance. Aussi est-il souhai-
table, conclut ce rapport, que l'école réagisse contre ces
tendances, que non seulement elle cesse d'étouffer, mais
qu'elle favorise en ses élèves leur goût naturel pour l'art
d'écrire. Tous ceux qui connaissent un peu la littérature an-
glaise ne pourront, en effet, s'empêcher de réfléchir combien
nombreux et typiques sont les exemples d'écrivains qui ne
doivent qu'à eux-mêmes leur formation littéraire.
Angers, 1" décembre. G. Joissaumk.
N0TE5 ESPAGNOLES
La déi)or)ciatioi) du a Modus Vivei)di » par la Frai)ce.
— Les « Publicaciooes Atei)ea », (c la Plunr)a » et
c( ii)dice ». — Ui) nouveau Jouri)al espagnol.
Depuis nos premières notes — qui ont souffert du retard
apporté à la publication des Langues Modernes — l'événe-
ment capital de la vie politique espagnole internationale et,
en tous cas, celui qui nous intéresse tous le plus, a été la
dénonciation, par le gouvernement français, du modus
Vivendi avec l'Espagne. Nos lecteurs ont sullisamment été
mis au courant de cet incident par les journaux pour que
nous passions outre sur l'aspect national des commentaires
qu'il a déchaînés dans notre presse. En Espagne, il y a eu à
ce sujet une fort intéressante séance aux Cortes le vendredi
11 novembre. A une interpellation de Don Rafaël Gasset, le
Ministre des Affaires Etrangères a répondu en remémorant
les incidents analogues survenus depuis que la France et
l'Espagne sont soumises à ces échanges de notes — et cela
nous reporte à 1895. On se souviendra qu'en 1906, il y eut
déjà un moment de danger pour le modus vivendi, qui n'en
subsista pas moins. En 1909 (juin), la loi des coefficients, en
augmentant les droits de douane français sur les produits
d'Espagne ; puis, en 1920, l'établissement du coefficient de
2,6 pour les vins d'Espagne, entraînèrent, de la part du gou-
vernement espagnol, le décret de représailles du 23 novem-
39
574 LES LANGUES MODERNES
bre 1920. La France ayant proposé un arrangement, reçut
du gouvernement espagnol un refus catégorique. On sait que
des négociations consécutives, sur un autre terrain écono-
mique, eurent pour conséquence une prolongation du délai
de remboursement par la France des fameux 400.000.000
que l'Espagne nous avait avancés pendant la guerre pour
permettre des achats dans ce pays. Là-dessus parut le tarif
douanier espagnol provisoire, qui entraîna, de la pai't de
notre gouvernement, la dénonciation du modiis vivendi pour
le 10 décembre 1921.
Sous ce schéma décharné palpite un embrouillement infini
de notes diplomatiques. Si un Livre Rouge était publié à ce
sujet, le public frémirait à l'asi^ect de la masse de palabres
circulée entre le Quai d'Orsay et la Galle de Villalar, d'une
part, et le Ministerio de Estado et le 46 de l'Avenue Kléber,
où opère M. Quiiiones de Leôn, de l'autre. Les seules paperas-
ses échangées pour que fussent déchargés de l'impôt des bé-
néfices de guerre les Espagnols résidant en France, sont
atterrantes. O diplomatie secrète, que d'inutiles vélins on
gaspille sous ton égide ! La thèse du Ministre des Aflaires
Etrangères espagnol dans la réponse à M. Gasset fut que « la
France n'avait pas bien compris la formule espagnole »,
qui, au dire de ce fonctionnaire, « ne lui portait en rien
dommage ^>. M. Cambô, on le sait, est Ministre des Finances
dans cette combinaison Maura. Il ne pouvait ne pas interve-
nir dans un tel débat. Il le fit donc en tentant de démontrer,
tarifs douaniers en main, que c'était la France la plus avan-
tagée par rai^port à l'Espagne ! Et, après deux interventions,
de MM. Matesanz et Zulueta, il finit par déclarer à la Cham-
bre que l'attitude du Gouvernement espagnol était dictée
uniquement par le souci de protéger l'industrie nationale et
de faciliter la sortie des produits agricoles espagnols.
Nous ne savons si les admirateurs roussillonnais de ('ambo
— en particulier M. le Député Brousse, qui, dans Vlndépeii-
dant de Perpignan, chantait, cet été, le los du fameux ré-
gionaliste et homme des banques catalanes — seront réjouis
de cette attitude. Nous avons constaté, dans la seule presse
de langue espagnole, un tel concert de malédictions contre
Cambô que, même en admettant la thèse de Hovira i Virgili
dans deux articles anonymes de l'édition du soir de La Pii-
blicidad des 15 et 26 novembre, et sans tenir compte des
campagnes de VA B C — voir en particulier le n" du 25 no-
vendjre, j). 17-18 — il serait dilficile de ne pas considérer
la prétendue francophilie de cet homme retors comme aussi
CHUOMQUE ÉTHANOKHE 575
peu sûre qu'en août 1914 ne l'était sa belgophilie ! Et ceci
nous ramène — puisque de Belgique il s'agit — aux vins
d'Espagne, principal objet de la dénonciation du niodiis
Vivendi. Sait-on que ces vins, parés d'un titre usurpé,
occupent la place de nos crûs de France sur la table des
riches bourgeois de Belgique ? Qui en douterait n'aurait qu'à
se reporter à l'article de M. le Sénateur Mario Roustan :
Pour les Vins de France, en tête du Petit Méridional du
25 novembre. D'ailleurs, la thèse française difTère beaucoup
de la thèse espagnole et nos experts abondent dans l'énumé-
ration de ce qu'ils considèrent comme des mesures prohibi-
tives de l'Espagne à l'endroit de notre commerce d'exporta-
tion.
Ceux-ci ont beau jeu à démontrer que, lorsque la France
rétablit — par le coefïicient précité de 2,6 — l'incidence
d'avant-guerre, l'Espagne réplique en élevant les droits sur
plus de 150 articles intéressant notre commerce d'exporta-
tion et que, loin de s'arrêter là, elle exigeait que ces droits,
par suite de la dépréciation de notre monnaie, fussent payés
en or, et qu'enfin elle établilt une surtaxe compensatoire et
d'autres vexations encore ! Et puis, ils reprochent au gou-
vernement de Alaura — qui fut notre ennemi sournois durant
la guerre — de se dérober systématiquement à toute conver-
sation sérieuse, sous prétexte que cette conversation ne sau-
rait être engagée tant que le nouveau tarif douanier ne sera
pas en vigueur. Or, on le laisse indéfiniment « à l'étude ».
Quant à nous, notre modeste rôle d'observateur des événe-
ments nous int tordit les pronostics qui engagent l'avenir. A
l'heure où nous rédigeons ces lignes, rien ne fait prévoir
quelle sera l'issue de l'incident, encore que nous crai-
gnions le pire. Mais d'ores et déjà n'est-il pas loisible
d'augurer une solution en harmonie avec les intérêts
des deux nations ? A l'heure où l'Espagne subit au Maroc
une saignée plus encore financière que physiologique et où
les embarras d'argent commencent à inquiéter gravement son
grand argentier, est-il d'une sage philosophie de préconiser
un système d'isolement politique et commercial comme celui
qu'impliquerait la rupture décisive avec la France ? Ce que
nous voulons tous, en France, — hispanisants et non hispa-
nisants — , c'est que nous arrivions avec l'Espagne à une
stabilité qui permette enfin la reprise des affaires entre les
deux pays. Si l'Espagne (en l'espèce : les hommes politiques
groupés autour de Maura et son parti) s'imagine nous
« avoir », elle se trompe. Mais ayons confiance en l'avenir
576 LES LANGUES MODERNES
et aux amis que nous avons pu garder parmi la fraction libé-
rale et éclairée de ce pays. Tout s'arrangera et, ne fût-ce que
sous une forme provisoirement définitive — qu'on nous par-
donne la contradiction dans les termes ! — les échanges en-
tre la France et l'Espagne ne tarderont pas à reprendre, et
à amener," enfin ! l'amélioration d'un change stupide, aussi
désastreux pour les Espagnols que pour nous...
En littérature — et pour compléter nos premières annota-
tions, touchant les maisons d'éditions en Espagne — il nous
plaît de commencer ici par un exposé rapide des publica-
tions « Atenea ». Cette firme nous semble être à l'heure
actuelle l'une de celles — et il n'y en a guère plus de trois ou
quatre de cette nature à Madrid — ■ qui mettent dans leurs
jjroductions le goût le j^lus fin, la variété la plus choisie,
ainsi que, dans la confection matérielle des volumes, l'élé-
gance la plus exquise. D'autres entreprises peuvent certes
l'emporter sur elle par l'abondance de la production, mais,
en matière de livres, qu'importe la masse en comparaison de
la qualité ? Et nous croyons bien ne pas être dans l'erreur,
si nous affirmons que le Directeur des « Publicaciones Ate-
nea », M. F. Cervantes, a parfaitement compris la mission
qui incombe à un éditeur qui serait autre chose encore
qu'un simple trafiquant en papier imprimé. Combien sont-ils
de cette espèce rare ?
Les « Publicaciones Atenea » se divisent en deux séries pa-
rallèles: Aiitores Espanoles et Aiitores Extranjeros. Nous cons-
tatons avec plaisir que, parmi les premiers, figurent un grand
nombre de Catalans : Grau, Miré, Turrô et Eugenio d'Ors, en
particulier. Parmi les écrivains castillans, nous relevons les
noms de R. Gômez de la Serna — qui va devenir jjopulaire
chez nous et, hier encore, dans Feuilles Libres d'octobre,
Pillement lui dédiait une notice, en tète de quelques traduc-
tions — , Goy de Silva, Hernândez Cata, Garcia Sanchiz, et
même de D. Ramùn Menéndez Pidal, dont le beau volume
d'Estudios Literarios commence par une magistrale étude sur
les origines du drame de Tirso El condenado por desconfîado,
où le savant professeur réimprime son discours de réception
à la Heul Academia Espanola, déjà ancien, ainsi qu'un tra-
vail naguère paru dans une Revue Hispanique de chez nous.
Mais ce qui intéressera surtout le lecteur français dans ce
livre, — entre autres monographies ou esquisses, où l'on
trouve deux poésies inédites du divin Luis de Leôn et ce
CHRONIQUE ÉTRANCiKHE 577
discours sur la primitive poésie lyrique espagnole qui fit
le charme de l'inauguration des cours de 1919-1920 à VAteneo
de Madrid — ce sera la recherche : « Sobre los origenes del
Convidado de Piedra », dont nous recommandons la lecture
à ce collaborateur de la Revue « Les Lettres », qui s'achar-
ne, sous le couvert de M. Bernoville, à avoir, dans cet organe
catholique, le dernier mot sur nous dans une dispute enta-
mée au Mercure et devenue, d'ailleurs, parfaitement oiseuse.
La section des Auteurs Etrangers d' « Ateiiea ■> révèle
bien ce prurit de traductions exotiques dont nous parlions
précédemment et qui est aussi un peu — un peu beaucoup —
notre cas en France, selon que l'observait judicieusement
M. Lucien Descaves dans un bel article de la « Lanterne »
(19 octobre 1921) intitulé : « Xotre Hospitalité ». Outre la
série d'Œnures de Wilde, Kipling, d'Annunzio, Suarès, Ch.-L.
Philippe, Gide, Stevenson, Wells, Hardy, Reymont et d'au-
tres, en cours de publication, et qui s'ajoutent à celles de
Dostoïevski et de Hebbel, voici qu'une collection de « chefs-
d'œuvre » nous est annoncée, dont les traductions seront
confiées aux excellents littérateurs Ricardo Bacza — que ses
articles sur le problème irlandais, rédigés à Dublin même,
ont fait remarquer au dehors — , Carlos Pereira, Juan Izquier-
do Croselles, Alberto Ghiraldo et à d'autres encore.
Enfin, Atenea a commencé une série à part de charmants
petits volumes où sont recueillies les fleurs de pensée de hau-
tes personnalités littéraires, scientifiques et politiques. Dans
cette « Colecciôn Microcosmos » figurent, au moment où
sont rédigées ces lignes, les Pensamienfos de Simon Bolivar
et de José Marti. Les poètes en ont été sagement exclus, car,
sur ce terrain, nul ne saurait rivaliser en Espagne avec
notre ami D. Fernando Maristany, qui, à Y « Editorial Cer-
vantes » de Barcelone, accumule, en des versions métriques
parfaites, chefs-d'oeuvre sur chefs-d'œuvre, dans sa collec-
tion : « Las mejores poesias (liricas) de los mejores poê-
las », déjà volumineuse et vendue — malgré une exécution
typographique de luxe — au prix uniforme de UNE — je
dis : UNE — peseta et CINQUANTE centimes ! Mais, de Ma-
ristany et de son œuvre, il sera parlé longuement, dans une
prochaine chronique catalane du Mercure de France, par
l'auteur de ces notes.
L'adresse de la firme « Atenea » est la suivante : Espaîia.
Atenea, Aparfado 6ii, Madrid. Voici le titre et les prix des
derniers volumes publiés : Eugenio d'Ors : El valle de
Josafat, Ptas 4,50 ; R. Gômez de la Serna : El Doctor Invero-
simil, 5 ; Gabriel Mirô (auquel nous venons de consacrer
5/8 LES LANGUES MODERNES
un article dans « Hispania », 1921, p. 272 et suiv.) : El
àngel, el moliiio, el caracol del faro, 5 ; Id. : Niiestro
padre San Daniel, 5,50 ; Id. : Figuras de la Pasiôn del
Senor, Tomes I et II, 12 ; Id. : Libro de Sigiienza, 5 ; Ramôn
Turrô : Origenes del pensamiento, 7,50. C'est à dessein que
nous ne citons pas les traductions étrangères. Chaque volume
est envoyé recommandé à quiconque en fait la demande, en
joignant à celle-ci le prix de l'ouvrage, plus une peseta pour
les frais de recommandation. Malheureusement, le change,
qui s'aggrave, rend les achats de livres, en Espagne, parti-
culièrement onéreux.
11 arrive parfois que des personnes qui s'intéressent à la
littérature espagnole nous demandent quelle Revue elles doi-
vent lire pour se tenir au courant du mouvement contempo-
rain. Nous leur recommandons spécialement « La Pluma »,
de Madrid, où des collaborateurs comme Ramôn del Valle
Inclân, Enrique Diez Canedo, Ramôn Gômez de la Serna, Pe-
dro de Répide, Ramiro de ^Maeztu — dont les cours, cet
hiver, à la section de littérature de VAteneo, sur Rubén Dario,
promettent d'être un régal (1) — nous sont la meilleure garan-
tie d'excellence. M. Jorge Guillén, lecteur (à moins que traduc-
teur) d'espagnol à la Sorbonne, y donne des vers, comme il
donne, à « La Libertad », des chroniques de France ; Paul
Colin y occupe la rubrique des « Letras Alemanas » : Jules
Bertaut celle des « Letras Francesas » et Mario Puccini
celle des « Letras Italianas «. Comme toute Revue qui se
respecte, « La Pluma » a sa « Biblioteca ». Celle-ci se pro-
pose de protéger les écrivains contre les caprices des édi-
teurs. ]\Ierveilleux programme, qu'ont inauguré « Silvia »
de notre Nerval, dans la belle traduction de C. Rivas Cherif,
et Agua en cisterna, de l'insigne Eduardo Marquina. A côté de
La Pluma, nous placerions Indice, fondé cet été avec toute lu
pompe imaginable et qui possède cette caractéristique, origi-
nale, de n'être pas l'organe d'un groupe, mais de réunir des
écrivains de tendances les plus diverses, d'Espagne et d'Amé-
rique, unis par le lien commun du goût des choses de l'esprit.
Des noms comme ceux de Diez Canedo, Ortega Gasset, Azo-
rin, Moreno Villa, Corpus Barga — correspondant du u Sol »
à Paris, sur lequel voyez nos « Lettres Espagnoles » dans la
« Renaissance d'Occident » de novemlu-e — , Heyes, Salazar,
Salinas, Jiménez, Henriquez Urena sont recommandation
suflisante.
(1) Voir son excellent article : El clnsicismo y el romontismo de
Riihcn Dario, dans le Hennés de novcml)re 1921, p. 234 et suiv.
CIIHONIQL'E KTHANGÈRE 579
Pour ce qui est de la presse quotidienne, nous niions enfin
avoir, à partir du 1" décembre, ce qui nous manquait jus-
qu'ici : un grand organe des gauches espagnoles paraissant
le soir dans des conditions de rédaction et de format pro-
pres à satisfaire des lecteurs fatigués de l'enlisement du Sol
et des pirouettes de son succédané : La Voz, et regrettant
toujours le naufrage de cet incomparable Fi(/aro, victime de
l'oubli du proverbe qui dit que « qiiien miicho abarca poco
apriela », Ce journal, que dirigera Julio Rçmeo, s'appellera
« \ida Nueva ». Son correspondant à Paris sera M. Cons-
tantino Laforga. Mais il en aura aussi à Londres, à Berlin,
à Buenos-Aires et à Moscou... Espérons que ce nouveau dé-
fenseur des idées libérales détrônera dans nos kiosques
l'immonde ABC, où l'infâme Azpeitua, embusqué derrière
l'anonymat de sa rubrique quotidienne : Bolelin del Dia,
continue à baver sur la France comme, de Berlin, aux jours
de la Grande Guerre, il le fit si longtemps, aux ordres du
Grosser Generalstab... (i^)-
29 novembre. Camille Pitollet.
NOTES ALLEMANDES
Walter Ratl)ei)au : Le Kaiser. La Triple révolutioi)
Les Editions du Rhin ont entrepris la traduction en français
des œuvres de Rathenau, dont deux volumes, Le Kaiser et La Tri-
ple Révolution, viennent de paraitre. Le premier est précédé d'un
avant-propos de M. Félix Bertaux, dont l'auteur nous autorise très
aimablement à reproduire les pages essentielles : qu'il veuille bien
trouver ici nos remerciements les plus cordiaux. G. H.
L'idée de l'Empire allemand et la figure de l'Empereur se
sont confondues dans l'imagination populaire française.
Ceci est devenu le symbole de cela. Vue qui n'est point si
fausse. Guillaume II que Conradi saluait en 1880 comme le
représentant de la nouvelle génération allemande, a donné
d'elle une image assez fidèle. A y regarder de près, on décou-
vrirait l'accord profond entre le monarque et ses sujets : ils
étaient emportés par un même courant ; ils obéissaient aux
mêmes impulsions. Aspirations d'un germanisme encore
(.1) Voir sur cet énergumène nos deux articles aux numéros
d'avril-mai et juin-juillet 1921 du Bulletin de l'Amérique Latine,
pp. 252-254, 317-320.
580 LES LANGUES MODERNES
plein des rêves du Moyen Age, conjuguées avec le réalisme
dune Prusse lucide et bornée, tej fut le drame — conflit
national, il ne faut pas l'oublier, contlit intérieur avant
d'être conflit avec l'univers.
Nous ne croyons pas qu'il soit trop tôt pour aborder
l'étude du cas allemand sous cet aspect. En écartant la
légende, en faisant œuvre d'histoire, en donnant aussi la
parole à des Allemands. A ceux-là précisément en qui est
éveillé l'esprit critique et dont le jugement porte. L'intérêt
de la présente traduction tient moins à ce que « Der Kai-
ser » a dépassé la cinquantième édition, qu'à ce que l'énig-
me qui continue de se poser et de s'imposer à nous com-
mence à s'y déchiffrer. Xi ragots, ni reportage. Le problème
allemand, qui est sérieux, y est posé sérieusement, et d'abord
sous sa forme la plus saisissable. Les traits d'un peuple et
ceux d'une époque s'y découvrent sous ceux d'un homme. Il
ne fallait pour les rassembler rien moins que la tête la plus
vigoureuse peut-être de l'Allemagne actuelle ...
Rathenau est l'homme le plus admiré et le plus dénigré de
ses compatriotes. Il va dans le même sens qu'eux et il les
précède. Du tournant qu'il a franchi le premier, il anticipe
l'avenir. Car, c'est par là qu'il nous intéresse, il n'est pas
seulement organisateur, mais poète. L'organisation qu'il en-
trevoit n'a pas seulement trait à la matière, mais à l'esprit.
Homme de la pratique, il en est fier. Mais aussi homme de la
pensée, et cela lui donne une autre fierté. Il entend qu'action
et spéculation ne se dissocient pas, qu'au contraire elles se
réengendrent l'une l'autre par un rythme alterné. Et si sa
critique de la vie contemporaine porte, si elle met impi-
toyablement à nu les faiblesses allemandes surtout, c'est
qu'il a reconnu avec lucidité l'ensemble des forces maté-
rielles et morales en jeu autour de lui. Non que tout de ses
représentations soit parfaitement clair et rigoureusement
ordonné. Il a en même temps que la précision du manieur
d'afi'aires, l'imagination du voyant et l'ardeur du prophète:
quelque chose de biblique et de révolutionnaire, de confiant
et de tourmenté, les abandons du rêve et des éruptions de
sèche violence. C'est à travers une demi-douzaine de bro-
chures (1) qui depuis deux ans se sont ajoutées aux cinq
(1) De 1917 à 1920, Rathciuui a ])ublié chez S. Fischer : Die neuc
Wirtschaft, An Deutschiands JiKjend, Der Kaiser, Zeitliehes, Kritik
der dreifnchen Révolution, Der neue Stitul, Die neue (iesellsehaft,
Was wird werden ? Autonome Wirtschaft, Demokrutische Ent-
wicklung.
CHRONIQUE ÉTHANGKHE 581
volumes (le ses œuvres complètes, qu'il faut aller chercher
une pensée toujours se répétant, toujours se renouvelant,
doublement orientée comme dans les œuvres capitales
d'avant-guerre : vers la négation, la « Critique de ce temps »,
et vers l'allirmation, l'évocation des « Choses qui viennent »
et du « Hoyaume de l'âme ». Destruction, reconstruction, cho-
ses qui dans son esprit ne se séparent j)as, ne se succèdent pas.
Hompre nettement avec la tradition prussienne, voilà
peut-èire sa plus impérieuse réclamation : il ne voit de salut
pour les Allemands que lorsqu'ils auront repris leur évolu-
tion au point où ils cessèrent « d'être Allemands pour deve-
nir Berlinois ». Ce n'est pas l'impérialisme de la Prusse ni
son militarisme qu'il met en cause. Rathenau n'a pas la tète
politique. Il croit moins à l'influence des chancelleries qu'à
celle des phénomènes économiques et sociaux d'une part,
et d'autre part à l'action d'une idéologie qui réglerait ces
phénomènes. Aussi, sans disculper l'Allemagne, ne lui attri-
bue-t-il qu'une responsabilité restreinte dans la guerre. Dès
1911, dans Staat iind Jiidentum, il avait évoqué les ombres
qui montaient à l'horizon, dénoncé ce qu'il constatait en
traversant les rues de Berlin le soir : l'insolente folie d'un
peuple parvenu, le vide des formules de la force, l'inanité de
la prétention d'un soi-disant germanisme pur à s'imposer à
la terre. Il proclamait la nécessité de défaire ce monde d'in-
justice, de faire taire la défiance universelle. Mais la guerre
éclate, il la considère comme la révolution qui tient à des
causes mondiales, qui vient inévitablement quand le système
économique et le système social ne répondent plus aux be-
soins présents, qui sont de l'humanité entière. Le malheur
est qu'ils soient comme des besoins nationaux, alors que
nulle nation n'est plus assez grande jjour avoir son indus-
trie, son commerce, ses finances, son organisation du travail
à elle, et qu'en tout elle dépend de tous. Et l'image vient au
secours de l'idée encore confuse : des forces qui ne sont pas
d'ordre national ont fait éclater le cadre des nations aux
endroits de moindre résistance. Reconnaître la nature de ces
forces, dépouiller le nationalisme qui les orientait à faux, et,
en leur gardant un caractère anarchique, les faisait s'entre-
détruire alors qu'elles devraient concourir — c'est une pre-
mière leçon à tirer de la guerre. Il n'y a plus de domination
allemande au sens d'hier. Mais il reste à l'Allemagne, pense
Rathenau, une mission, mission spirituelle, geistige Sendung,
qu'elle remplira sous conditions.
Félix Bertaux.
BIBLIOGRAPHIE
H3II, H* Dui)caO' — Ti)e BritisI) Con)n)Oi)wealtl) of
Nations, a Study of its Pa5t ai)d Future Developni)ei}t.
(XII -h 393 p., Mcthuen, 1920, 10/6).
C'est ici un livre trapu de plus de 400 pages d'un texte serré,
bourré de notes, de citations, de références, qui condense l'histoire
non de l'Empire Britannique, mais plutôt de l'idée impériale bri-
tannique depuis 150 ans.
L'auteur est un Australien, d'abord étudiant de l'Université de
Sydney, puis étudiant à Oxford, et enfin chargé de cours à cette
même Université d'Oxford. Son travail fut entrepris sur la requête
d'une commission spéciale de la Société fabienne (socialiste',
nommée en 1917 pour étudier la question, dont on voj'ait bien
que la grande guerre la mettait plus que jamais à l'ordre du
jour. Il faut ajouter d'ailleurs que le livre ne se présente nulle-
ment comme un article de foi, ou comme un programme, auxquels
la Société fabienne serait liée. C'est même parce qu'il reflète in-
contestablement un état d'esprit très répandu, des conclusions
très généralement adoptées, non seulement en Angleterre, mais
encore, et surtout peut-être, dans les colonies ou anciennes colo-
nies anglaises, que ce livre est si intéressant.
Pour des regards français, il se divise naturellement en deux
parties égales : 200 pages environ sont consacrées à une revue du
passé, les autres 200 pages établissent les termes des problèmes
qui se posent actuellement. L'auteur, suivant une tendance assez
marquée chez les esprits anglo-saxons, a simplement numéroté
ses chapitres — de 1 à 11 — mais si cette présentation énuméra-
tive obscurcit un peu le plan d'ensemble, si la masse de faits et
d'observations qu'on nous soumet, sans être invertébrée, fait en-
core penser à un serpent plutôt qu'à un animal très évolué, les
grandes lignes de la pensée de M. Hall sont très claires.
Pour M. Hall, l'idée impériale britannique a connu trois gran-
des crises, inégalement conscientes.
La première, très grave, très vive, très douloureuse, a amené en
1776 la séparation d'avec les colonies américaines. Cette crise-là
est bien connue, et M. Hall n'y insiste pas : il se borne à souligner
le fait qu'elle résultait naturellement de Técart formidable qui
séparait la pensée politique de l'.^nglais transplanté en .\mérique,
de celle de l'Anglais demeuré dans la mère-patrie, — le progrès
rapide du besoin et du sens du gouvernement local aux colonies,
et la stagnation de l'idée démocratique dans l'Angleterre de Geor-
ges de Hanovre.
niKLior.RAi'Hn-; .".S.'i
Dès lors, ralternative parut iiuliictal)le aux yeux de la plupart
des Anj^lais : ou bien les liens de rKmpire, coûte que coûte, se-
raient resserrés, ou bien, selon la prophétie célèbre de notre Tur-
got, les fruits mûrs finiraient par se détacher de l'arbre. Adam
Smith n'entrevoj'ait de salut que dans la première direction. Ben-
tham et son groupe se résignaient à la seconde perspective. Les
uns et les autres étaient, en somme, de ces rationalistes — dit
M. Hall, dans une note très caractéristique de la mentalité an-
glaise, p. 8 — qui ne conçoivent les choses (jue sous une forme
'< eut and dried ". Déjà le pragmatisme anglais, que loue l'au-
teur, cherchait vaguement un compromis entre les termes du
dilemme. Fox, mal soutenu d'ailleurs, déclarait en 1791 que « le
seul moyen de conserver des colonies lointaines avec quelque
profit était de leur donner le moyen de se gouverner elles-mêmes ».
Il disait cela à propos du Canada.
Et c'est, en effet, la situation du Canada qui en 1839 fit s'ouvrir
la seconde période critique dont parle M. Hall. Cette date vit
éclore le premier projet ,de compromis. Lord Durham, après une
étude sur place, proposa de distinguer entre les questions intéres-
sant l'Empire et les questions purement locales, et de laisser
franchement celles-ci à la décision des représentants élus de la
colonie. Les recommandations de Durham firent scandale, et ce
n'est qu'en 1846, après des résistances, que seule l'arrivée au
pouvoir de Lord Grey permit de surmonter, qu'elles furent adop-
tées. Peu à peu ce commencement de " gouvernement responsa-
ble », qui d'ailleurs n'allait guère qu'à assimiler une colonie à
une province du Royaume-Uni, fut admis non seulement pour le
Canada, mais aussi pour l'Australie ou plutôt pour les ditYérentes
colonies australiennes.
M. Hall suit de près le partage et le mouvement de l'opinion
britannique après ces premières concessions arrachées par une
poignée de « réformateurs coloniaux » ; il montre les limites
encore étroites du libéralisme de ceux-ci, — un Sir William
Molesworth refusant encore toute idée de fédération des colonies
du Nord-Amérique et d'Australie ; il montre le renouveau de pes-
simisme que ce premier affranchissement éveilla aussi bien chez
les libéraux (Cobden et Goldwin Smith i que chez les conserva-
teurs (Disraëlij entre 1855 et 1870 ; il montre, finement, je crois,
comment le peuple, qui connaissait en somme les colonies mieux
que bien des membres des classes dirigeantes, conserva apparem-
ment mieux qu'elles le sens confus de la valeur qu'avaient ces
colonies, même en voie d'émancipation, pour la nation anglaise,
et continua de croire à la solidité du lien, de plus en plus senti-
mental pourtant, qui les rattachait à la mère-patrie ; il signale le
concours de circonstances politiques et économiques, — l'exten-
sion et l'intensification des relations par mer, l'exemple des fédé-
rations réalisées en 66 au Canada, en 71 en Allemagne — créant
584 LES LANGUES MODERNES
une atmosphère favorable à l'idée d'une union impériale subsis-
tant malgré l'autonomie croissante des différentes parties de l'Em-
pire ; il montre le succès du livre de Seeley sur The Expansion of
England, 1883, cristallisant, pour ainsi dire, autour de l'espoir
d'une fédération précise, ce regain de confiance dans la mère-
patrie ; il indique — peut-être aurait-il, en colonial, pu et dû y
insister davantage — la curieuse coexistence dans les colonies
elles-mêmes d'un loyalisme tenace et d'un nationalisme de plus
en plus manifeste, état d'esprit singulier que les souvenirs de
voyage de Sir Charles Dilke aidèrent peut-être plus que toute
autre chose à faire comprendre aux Anglais de la métropole.
Et l'on arrive ainsi à la troisième période critique, celle qui
s'ouvre avec la convocation de la première conférence <• colo-
niale » en 1887, et qui n'est pas achevée à l'heure qu'il est.
La manière dont cette première conférence s'ouvrit est, en effet,
significative. C'est une députation de la ligue de (et pouri la fédé-
ration impériale, qui en obtint la convocation par Lord Salisbury.
Et pourtant, à peine réunie, la conférence décida d'exclure de ses
ordres du jour cette question même de la fédération.
Rien de plus caractéristique, insiste M. Hall, de l'indéracinable
empirisme de l'esprit anglais, que cette conférence, et d'ailleurs
que celles qui suivirent. En 1887, l'occasion de la réunion — le
jubilé de la reine — est plus évidente, moins discutée, que son but
précis. La composition de l'assemblée n'est pas homogène : ici
des ministres des colonies, là des représentants, des agents, autre-
ment qualifiés. Quelques décisions prises, et notamment pour la
défense navale de l'Empire, quelques subsides consentis par les
grandes colonies — non sans résistance — ; mais, en général, plus
d'échanges de vues que de décisions fermes.
Et c'est pourtant ce procédé hésitant, " tenlalif >, qui à
l'épreuve paraît le plus utilisable.
D'autres conférences suivent, à Ottawa en 1894, à Londres en
1897 pour le second jubilé de Victoria, en 1902 après la guerre
sud-africaine, et en 1907 où l'institution est enfin définie. Toutes
ces conférences, même celle qui suit la manifestation flagrante
de loyalisme évoquée par la campagne contre les Boers, marquent
des échecs répétés de l'idée de fédération, défendue pourtant à la
fois si chaudement et si habilement par Chamberlain. Dans les
décisions prises en 1907 pour rendre régulières et plus uniformes
les réunions projetées pour l'avenir, tout indique la force crois-
sante du nationalisme colonial. Le mot de colonial lui-même, qui
suggère trop de dépendance, est abandonné : la conférence, à par-
tir de 1911, s'appellera impériale. Le terme de conférence est
conservé, de préférence à celui de conseil que proposait le colonial
Oflin, parce que, dit Sir W. Laurier, un conseil semblerait désigner
une assemblée délibérante susceptible d'empiéter sur l'autonomie
des parties constituantes. Le terme de colonies est abandonné
HIlU.IOGHAIMIIi; 585
pour celui de Dominions. La présidence de la Conférence est
attribuée non plus au ministre des Colonies, mais au premier mi-
nistre britannique. Et ce n'est pas seulement là un changement de
façade et d'étiquette : les faits eux-mêmes parlent dans ce sens,
et parlent plus fort et plus vite parfois que le gouvernement de
la métropole ne le voudrait : M. Asquith, par exemple, en 1911,
avait commencé par déclarer qu'il ne saurait être question d'aban-
donner aux Dominions aucune part de direction dans la conduite
des affaires étrangères de l'Empire ; pourtant Sir E. Grey fut
amené à faire aux ministres des Dominions un exposé confiden-
tiel de la situation générale, et à leur soumettre entre autres cho-
ses le projet de renouvellement de l'alliance japonaise. Bref, il
s'agira à l'avenir d'une conférence de gouvernements traités sur
un pied d'égalité, qui s'abouchent non plus du tout en vue d'une
fédération ultime, mais en vue d'une libre coopération.
La guerre éclate en 1914. Et la valeur de ce working compro-
mise où depuis des années il semble que les conférences impé-
riales pataugent, éclate aux yeux surpris des ennemis de l'Angle-
terre, de ses amis, et des Anglais eux-mêmes. Car les Allemands
s'y étaient trompés évidemment : Bernhardi, comme l'auteur le rap-
pelle avec complaisance, écrivait en 1914 que <> pour ce qui regarde
tout théâtre de guerre européen, les colonies britanniques ne
comptent absolument pas ». Or, à la fin de la guerre, le Canada
et l'Australie avaient chacun perdu en Europe plus d'hommes que
les Etats-Unis tout entiers. Mais le plus curieux est qu'en 1916
encore on ne prévoyait guère, même en Angleterre, la part effec-
tive qui pourrait revenir aux Dominions dans le règlement de la
paix future. Les partisans d'un fédéralisme étroit étaient les pre-
miers à souligner la probabilité d'une conférence où, constitu-
tionnellement, les représentants des Dominions ne sauraient être
admis. C'était l'opinion déclarée, par exemple, de Lord Milner, et
là encore les faits bousculèrent les hommes, et . les coloniaux
bousculèrent les Anglais. En 1917, la conférence impériale devient
le Cabinet Impérial de Guerre désormais annuel, où s'élaborent
bientôt les conditions de paix — et Lord Milner y joue son rôle ;
et les coloniaux, Sir Robert Borden au Canada, en particulier,
célèbrent l'innovation comme une nouvelle victoire du nationalis-
me des Dominions. Tout le monde sait comment le traité de paix
fut signé par les représentants des Dominions, plénipotentiaires
de Sa Majesté le Roi au même titre que le premier ministre bri-
tannique. M. Hall dit même (c'est peut-être un secret qu'il révèle)
que Lord Milner aj'ant suggéré l'inutilité de faire ratifier ces
signatures par un vote des parlements des Dominions, des pro-
testations immédiates surgirent, et sur ce i^oint aussi l'autonomie
des grandes colonies fut affirmée.
Ainsi se trouve justifiée la conclusion de cette première partie
du livre de M. Hall : p. 195 : < Un changement complet s'est opéré
586 LES LANGUES MODERNES
dans la signification do ce terme cVEmpire Britannique depuis
1914. En 1914, on entendait par là un gouvernement central en-
touré d'un certain nombre d'états plus ou moins dépendants ; en
1919, cela voulait dire un tj-pe nouveau d'association politique,
un groupe d'états autonomes organisé sur une base d'égalité cons-
titutionnelle complète sous l'égide d'une couronne commune. »
Ainsi se trouve justifié le titre du livre de Ah Hall : la Société,
ou République des nations britanniques. Le vocable, qu'on dit être
de l'invention du général Smuts, M. Ernest Law, dans un livre
récent, a proposé de le substituer officiellement à l'expression
d'Empire Britannique, et l'on sait qu'il a, depuis de nombreuses
années déjà, remplacé cette expression dans le sous-titre de la
grande revue des questions coloniales, The Round Table.
Dans la seconde partie de son ouvrage, M. Hall étudie les
« possibilités » de la coopération ainsi entreprise. La foi de l'au-
teur, et sa fierté, devant cet essai hardi, <i sans parallèle et sans
pi'écédent » dans l'histoire (p. 327), de libre coopération, tenté par
les peuples de la « République Britannique », se haussent encore
d'avoir vu récemment la Société des \ations s'inspirer de l'exemple
anglo-saxon. La grande ligue réussira-t-elle aussi bien que la
petite ? " Granted the désire to agrée » — comme le dit le com-
mentaire officiel anglais adjoint au fameux « Covenant » (p. 336)
— peut-être...
Quoi qu'il en soit, et qu'il éveille en nous des espoirs ou des
regrets, le livre de M. Hall est à connaître en France. Bien qu'écrit
pour la Société Fabienne, et par un Australien, il reflète indubi-
tablement un état d'esprit très largement et ardemment partagé
chez nos voisins.
A. KosziL.
Rollios, Hyder E. — Old EQglisb Ballads (i:)ô3-i()2r))
(chiefly from iManuscripts). (Cambridge Univcrsity Press, 1920,
XXXI + 423 pages, 18 s. 6.)
Froude, l'historien pittoresque et évocateur, après avoir décrit
le service solennel qui inaugura le 9 juin 1536 les séances de la
'< Convocation » de l'Eglise d'Angleterre, et cité le sermon qu'y
prononça l'cvèque Latimer, signale ainsi les ombres qu'il se voit
obligé de laisser dans son tableau : The sermon has reached us ;
but llie audience — the fwe hundred fierce oindictive men u>ho
sujjered under the preachers ironij — what theij llxought of il ;
witli what feelinys on that suniuier day the heated crowd scatter-
ed out of the cathedral, dispersing to their dinners among the
laoerns in Fleet Street and Cheapside — ail this is gone, gone
whithout a sound. Hère no friendh/ informer cornes to help us ; no
pénitent malconlent breaks confidence or lifts the curtain. AU is
silent. Et bien d'autres historiens, sans doute, ont avec Froude
déploré ce lourd silence qui pèse sur les sentiments du peuple
BIBLIOGKAI'HIE 587
pendant tant de siècles que nous croyons connaître. Combien
l'histoire, encore si controversée, de la Réforme Anglaise, en par-
ticulier, gagnerait à pouvoir tenir un compte exact des scandales,
des scrupules, qui agitèrent ou retinrent alors l'àme du pays, c'est
ce qu'on imagine aisément.
Et c'est une contribution à cette étude religieuse, bien plutôt
qu'une contribution à l'histoire littéraire, que nous apporte le
remarquable recueil de M. Rollins. L'auteur a appris, à l'école du
professeur Firth, de quel e-xcellent secours peuvent être les ■■ bal-
lades » ou chansons populaires contemporaines pour nous faire
pénétrer dans l'âme troublée de l'Angleterre des Tudors. Il a
fouillé les bibliothèques, et il a eu la bonne fortune de rencontrer
soit dans des manuscrits, soit dans ces feuilles volantes, impri-
mées en caractères gothiques, que leur sort périssable rend pres-
que aussi rares que des manuscrits, quantité de textes souvent
fort précis, parfois beaux dans leur émotion naïve, toujours inté-
ressants. Parmi les 74 ballades ainsi présentées, celles-là surtout
paraîtront curieuses, sinon inattendues, qui nous montrent le sen-
timent catholique s'exaltant, « sous le manteau > bien naturelle-
ment, dans d'humbles chansons qui ne songeaient même pas à
solliciter l'approbation du « licenser », et célébrant les nouveaux
martyrs que le zèle ou l'inquiétude d'Elisabeth et de Jacques V
valaient à la vieille foi (1).
M. Rollins connaît admirablement, non seulement le sujet, mais
les alentours, et les à-côté, du sujet (2). 11 les connaît et les appré-
cie surtout en historien. Le linguiste apparaît moins : il y a quan-
tité de notes un peu bien vaines (e.x. au hasard : p. 76-77 : constan-
tie : constancy ; indude : endued ; lout : mock, jeer ; doeth :
doth) ; et le respect du document va un peu bien loin lorsqu'il
fait imprimer (p. 203) < verbum caro factura est et gabitavit in
nobis, quodcunque ab os dictum est... ». Mais ce sont là des vé-
tilles, et l'auteur ne nous en a pas moins donné un beau volume
qui prendra un rang honorable sur le rayon déjà si riche des
recueils de « ballades » anglaises.
A. KoszuL.
Louis Léger. — Les 7Hi)ciei)i)es civilisations slaves
(124 pages, 4 fr. Fayot, Paris, 1921.)
C'est le S*" volume de la Collection Paijot qui doit former une
véritable encyclopédie française de haute culture. Nul n'était plus
qualifié pour écrire cet ouvrage que le maître éminent qui, depuis
(1) C'est un lapsus évidemment qui, dans la table des matières,
p. \^I, fait figurer le n" 10 parmi les « Catholic Ballads ».
(2) V. son important article, si vivant en même temps que si
documenté, The Black Broadside Ballad, dans les Publications of
the Modem Language Association of America, 1919, pp. 258-340.
588 LES LANGUES MODERNES
1863, s'est entièrement consacré à l'étude du monde slave. A la
Sorbonne, à l'Ecole des Langues Orientales, puis au Collège de
France, M. Léger a étudié la langue des peuples slaves et exposé
tour à tour tous les grands épisodes de leur histoire sociale, poli-
tique et littéraire.
Dans ce volume sur les Anciennes civilisations slaves, il a con-
densé le fruit de ses travaux antérieurs, en même temps que les
résultats des œuvres de savants tels que Lubor Xiederlé, qu'il
complète, commente et met sous une forme accessible à la science
occidentale. C'est une esquisse précise et complète de ces ancien-
nes civilisations, depuis l'origine jusqu'au moment où, par leur
conversion au christianisme, les Slaves entrèrent dans la famille
des Etats civilisés. Le territoire des Slaves primitifs ; leur migra-
tion ; leurs caractères généraux ; la vie des individus ; l'hygiène
et l'alimentation ; le vêtement ; l'habitation ; l'agriculture ; la
famille et la tribu ; la guerre, la vie maritime ; l'organisation
politique ; les arts ; les relations internationales, la religion : tout
y est examiné, brièvement sans doute, mais d'une façon nette et
avec une méthode scientifique, qui invite le lecteur curieux à des
études plus approfondies.
11 serait difficile de voir dans le détail les différents chapitres
de ce volume. Nous nous contenterons de signaler l'intérêt spécial
que présentent, à notre avis, les deux derniers : « le substratum
slave de l'Allemagne et l'onomastique de l'Allemagne ». M. Léger
y résume le résultat des dernières recherches du professeur Lubor
Niederlé sur 1' " origine et commencements des Slaves occiden-
taux ». 11 énumère quelques-uns des peuples slaves disparus et
montre les traces que certains d'entre eux ont laissées dans la
toponomastique allemande. Les étymologies qu'il donne à cette
occasion du nom de villes allemandes : Berlin, Dresde, Leipsig,
Lubeck, Oldenburg et autres sont tout à fait curieuses. Et pour
quiconque est tant soit peu familiarisé avec les racines slaves,
leur exactitude apparaît absolument indiscutable.
En somme, ouvrage d'une incontestable valeur historique, dont
la lecture est à la fois agréable et extrêmement instructive, car la
partie scientifique s'y trouve agrémentée d'anecdotes, de légendes
et de citations du plus vif intérêt.
F. Dexjean.
Everyni)ai)'S Library (2/6 ou 6 fr. 50 le volume. Dent et fils,
3!î, Quai des Graïuis-Aiiguslins, Paris, VI-.)
Cette admirable collection, dont il est utile de rappeler que
l'équivalent n'existe en France qu'à titre d'intention ou de réali-
sation fort limitée, vient d'imprimer dix nouveaux volumes qui
portent à 750 le chiffre de ses publications.
Parmi ceux dont je ne puis juger que i)ar le prospectus, je vois
un volume de Gorki, Through Russia. un de Tourguéneff, Fathers
niiii.iociHAPnir: 589
and Sons, un d'Ibsen, Peer Gynt, puis le quatrième volume des
(eu\ies de Tite-Live, enfin une traduction inédite, en vers blancs,
du De Natura Rerum. Lorsqu'on songe à la médiocrité générale des
traductit)ns françaises d'œuvres germaniques, slaves ou Scandina-
ves, médiocrité dont les causes sont à la fois l'ignorance en ce
domaine cl le mercantilisme de nombreux éditeurs, et aussi l'atti-
tude supérieure d'un grand nombre de nos " littéraires " à l'égard
de tout ce qui n'est pas conforme à la formule la plus étroite et
la moins fidèle du génie français, on ne saurait accueillir qu'avec
joie, sous le vêtement d'une langue aussi souple et nuancée que
l'anglais, et dans une collection égale à elle-même par le mérite,
ces témoignages de psycbologies aussi importantes cpie différentes
de la nôtre.
Des quatre \olumes que j'ai sous les yeux, trois seront un régal
pour le lettré ; The Golden Treasury of Longer Poems comprend
en 374 pages une cinquantaine d'extraits des poètes les plus repré-
sentatifs, de Gower jusqu'à Yeats, sans cependant inclure d'œuvres
postérieures à la fin du xix" siècle ; bien que le nom d'Ernest Rbys
garantisse le maximum de compétence et de clarté, une aiilliologic
semblable le cède en originalité au volume intitulé English Short
Stories, où le dévelojjpement du genre se suit sans effort, depuis
Defoe, et même Deloney, Barnaby Hich et le folk-lore initial. Ces
ancêtres n'occupent d'ailleurs qu'une soixantaine de pages sur
368 ; nous arrivons à De Quincej' vers la page 130, et à Stevenson
cent pages plus loin. Quiller-Couch, W.-H. Hudson, W. de la Mare,
Thomas Hardj* sont représentés parmi les contemporains ; et le
volume se clôt par un de ces chefs-d'œuvre de toucher délicat et
de magie poétique, où Galsworthy nous fait voir de S'irius, com-
me il convient si l'on ne veut pas jusqu'en sa conscience capituler
devant les forces de mécanisation, la fourmilière humaine et ses
tjrannies.
l'n volume de Reprinted Pièces de Dickens n'a besoin que de
son titre pour se justifier, même sans l'introduction de Chesterton.
Quant à l'anthologie d'Ernest Rhys intitulée The Growth of
Political Liberty, dont l'intérêt comme source-book of English
history n'est pas discutable, je lui reprocherai, en reconnaissant
tout ce qu'elle donne de significatif, de n'être pleinement utilisable
de suite que pour le lecteur dont la mémoire ne défaille point
dans le domaine historique : surtout dans la première partie du
volume, si un plus grand nombre d'extraits avaient été accompa-
gnés de leur date, et, pour l'ensemble, ne fût-ce que de l'équiva-
lent de quelques pages de notes, le livre eût beaucoup gagné com-
me instrument de travail. En ce qui concerne la matière, puisqu'un
historien comme Freeman, dont le tempérament nuisait souvent à
l'objectivité, est assez copieusement cité, on peut s'étonner que
Green, dont l'humanité et le charme étaient supérieurs, et dont
l'impartialité égalait à coup sûr celle de son confrère et ami par
40
590 LES LANGUES MODERNES
trop germanise, n'ait jamais été jugé digne du même lionneur.
Mais ce sont là des taches qui n'enlèvent à l'ouvrage ni sa valeur
d'illustration ni sa nouveauté, surtout sous une forme si commode
et si accessible.
G. d'Hangest.
Frai)çois Frai)zoi)i. — La pensée de Machiavel. —
Extraits les plus caractéristiques de son œuvre, choisis, groupés et
traduits par François Franzoni, avec une introduction, une biblio-
graphie et le texte italien correspondant (Paris, Pajot, 1921 ; 334 p.
in-16 ; 12 fr.).
Le beau livre de M. Franzoni contribuera beaucoup à faire mieux
connaître en France le vrai Machiavel. Afin de ne pas trahir sa
pensée, M. Franzoni le fait parler après avoir eu soin de nous le
présenter dans le milieu où il vécut et de nous exposer ses théories
dans une courte — trop courte peut-être — , mais substantielle
introduction.
Xi meilleur ni pire que les autres hommes, l'auteur du Prince
fut ce que, de nos jours, nous appelons un intellectuel. Comme
Pétrarque, il fait des grands écrivains de l'antiquité ses amis pré-
férés, avec lesquels il prend un plaisir infini à s'entretenir. Mais,
beaucoup mieux que Pétrarque, Machiavel sait observer et voir
la vie, aussi bien chez les anciens qu'autour de lui. Persuadé que
les hommes sont toujours les mêmes et que la Providence n'inter-
vient guère dans leurs affaires, il croit à l'éternel retour des cho-
ses. Aussi l'histoire, en lui faisant connaître le passé, le renseigne-
t-elle sur le présent, et lui permet-elle de prévoir l'avenir. Il lui
demandera, à l'occasion, des exemples pour vérifier ses théories,
n'hésitant pas à négliger les détails qui pourraient le gêner. C'est
ce qui arrive, en particulier, pour la vie de Castruccio Castracani.
Jeté dans le monde de l'action, Machiavel n'a guère réussi, mais
il n'en reste pas moins un grand professeur d'énergie. A ce sujet,
on peut regretter que M. Franzoni n'ait pas cru devoir nous carac-
tériser ce que Machiavel appelle la - virtù », mot qui revient
très souvent dans ses œuvres et qui est généralement traduit par
'< valeur ». Cela importait, peut-être, bien plus que les quelques
pensées sur les femmes et l'amour, qui n'ont rien de profond ni
d'original. Pour Machiavel, la >< virtù » n'est autre chose que le
déploiement des forces de l'individu, son énergie créatrice. Il a
pour la •■ virtù » un véritable culte. Par contre, il déteste les
doctrines qui prêchent l'humilité, et il voit dans l'Eglise de Rome
la cause la plus profonde de la faiblesse de l'Italie. Quant à lui,
ses forces ont été tendues vers un but qui, à travers ses avatars
politiques, n'a pas varié : la grandeur de son pays.
La traduction française est, en général, exacte et sûre, mais la
forme en est visiblement archaïque. Pour quelles raisons ?
M. Franzoni ne nous le dit pas. 11 ne semble pas avoir voulu.
BIBLIOGRAPHIE 'i9l
d'ailleurs, renouveler rexpérience de Littré avec VEnfer de Dante.
Ne lui arrive-t-il pas, en effet, après avoir presque toujours omis
l'article, de traduire : " E avaro coliii che... > par : •' l'avare est
celui qui... ■> alors que, même le français moderne, dit fort bien :
" Est avare celui qui... '. Parfois un solécisme lui échappe :
•' .Mais comme il trouvait que ce fût chose servile d'être... > p. 169
(ma parendogli cosa servile lo stare). Les interpolations et les
lacunes ne manquent pas, quoique souvent de peu d'importance.
Plusieurs difficultés semblent parfois escamotées. Nous avons l'im-
pression que les mérites réels de la traduction de M. Franzoni sont
dûs plutôt à une étude approfondie de l'œuvre de Machiavel qu'à
une connaissance sérieuse de la lant{ue italienne. S'il n'en était
pas ainsi, on s'expliquerait difficilement qu'une locution courante
telle que : « quanto più... tanto più ' (p. 214) soit traduite par
" encore que », au lieu de ■• plus... plus •>. L'espace nous manque
pour signaler toutes les erreurs qui, nous l'espérons, disparaîtront
dans une prochaine édition.
Pour le texte italien, .M. Franzoni ne nous dit pas l'édition qu'il
a suivie. En tout cas, ce n'est pas toujours la meilleure. Quant aux
coquilles, elles sont relativement peu nombreuses, et nous ne som-
mes guère habitués à micu.x en France.
Paul Paoli.
REVUES DE LANGUE ANGLAIS^
TI)C PedagogiCai Sen)\l)3ry (Worcester, Mass.). — Dans
le numéro de septembre, excellente étude, très documentée, sur
les superstitions parmi les étudiantes écossaises. L'enquête porte
sur des jeunes filles de 19 à 20 ans et 967 superstitions. A noter
qu'une enquête parallèle portant sur de jeunes .\méricaines a
révélé que 25 0/0 des superstitions classées étaient communes aux
deux groupes, ce qui montre à quel point les traditions se trans-
mettent en dépit du temps et de l'espace. — Intéressant article,
aussi, sur l'âge dangereux et la valeur de l'être humain, en parti-
culier de l'homme, passé quarante ans. Conclusions peu encoura-
geantes pour les quadragénaires, mais il est vrai qu'il y a eu des
exceptions retentissantes.
Signalons également, dans le numéro de juin, une étude sur
l'éducation en Chine, d'où il ressort que ce malheureux pays
dépense 70 0/0 de son revenu à payer une armée inutile, alors que
l'instruction publique en est encore à son enfance et que les maî-
tres, surtout dans l'enseignement primaire, doivent souvent se
mettre en grève pour obtenir le traitement qui leur est dû. — Une
étude sur la peur et l'influence qu'auraient le football et le base-
592 LES LANGUES MODERNES
bail sur l'éducation du courage. — Une autre sur les quatre types
d'hommes, abdominal, respiratoire, musculaire et cérébral et le
judicieux emploi de chacun.
TI)C S^bOOl RCViCW (Univcrsity of Chicago). — Il semblerait
d'un article sur l'éducation sexuelle aux Etats-Unis que les espé-
rances qu'on fondait sur cette spécialité nouvelle n'ont pas toutes
été réalisées. Beaucoup de maîtres hésitent à employer, pour
aborder le sujet, les sciences pourtant évidemment connexes de
la biologie et de la sociologie ; dans certains cas^ les parents font
de sérieuses objections à toute étude relative au sexe. C'est dans
l'Ouest que, jusqu'ici, la sexologie a le plus d'adhérents convain-
cus. Au fait, quel danger y a-t-il à l'aborder ? L'instinct n'est-il
pas chez tous les enfants, et quel est le garçon ou la petite fille
qui n'a pas vu une chienne ou une chatte grossir, puis les tout
petits venir, délicieux de fraîcheur ? Ce sont là secrets de Poli-
chinelle, qu'il n'y a nul mystère à étudier sérieusement et scien-
tifiquement. — Dans l'état d'iowa, les principales langues étrangè-
res enseignées dans les <• high schools » sont le latin, le français,
l'espagnol et le Scandinave. Le latin l'emporte sur tout le reste,
d'habitude en concurrence avec le français, seule langue moderne
qui soit étudiée sérieusement. — Un autre article, enfin, nous
apprend que l'Amérique consacre 85 0/0 de ses revenus aux arme-
ments, et le déplore. Partout, c'est la révolte indignée contre ces
pratiques qui mènent le monde à la ruiiic.
Moderi) Lai)guages (A. et C. Hlack, Lomlon, W. l.). — On
rappelle fort à propos dans le numéro d'octobre que les fondateurs
de la méthode directe n'ont jamais voulu sacrifier l'étude de la
grammaire. Ce sont les charlatans de la méthode directe qui lui
ont fait tout le mal dont elle languit. Il faut de la grammaire à
notre enseignement, si nous voulons qu'il se tienne debout. —
D'après une enquête menée aux Etats-Unis, le français serait en-
core en grand honneur dans les écoles transatlantiques. 11 sem-
blerait qu'en général on n'attache pas assez d'importance au lan-
gage parlé et que la méthode directe est fortement modifiée. Ou
attirerait, en particulier, l'attention des maîtres sur une ancienne
circulaire d'un ministre de l'I. P. austro-hongrois, ainsi libellée :
<■ Le maître se servira autant que possible de la langue étudiée ;
il se servira autant qu'il sera nécessaire de la langue de l'élève ;
il n'()ul)liera jamais qu'il doit toujours rester intelligil)le à son
jeune auditoire. » La dernière recommandation, après tout, n'est
peut-être pas aussi sujjerllue qu'on pense !
l'aul Chauvet,
<»>
Notes et Documents
RéUQioi) de la Société pour la propagatloi)
des Langues étrangères ei) Frai)ce
La Société pour la Propagation des Langues Etrangères en
France a tenu sa séance annuelle le 4 décembre dans le grand am-
phithéâtre de la Sorbonne. La séance devait être présidée par
M. Beaujeu, représentant M. le Ministre de l'Instruction Publique.
Notre Inspecteur Général n'aj'ant pu venir, il a été remplacé par
M. Lyon-Caen, président de la Société, qui, dans son allocution,
s'est refusé à croire que l'enseignement des langiies vivantes doive
envisager une diminution quelconque. Il attend que les projets
ministériels prennent corps pour apprécier le danger. En atten-
dant, il a constaté que les programmes de 1902 ont eu un très
heureu.x effet sur la connaissance des langues étrangères que pos-
sèdent les Français des jeunes générations. C'est la France qui
procure les interprètes aux autres pays. .Autrefois, c'eût été im-
possible.
Ch. V.-L.
Correspoi)dai)ce scolaire ii)teri)atioi)ale
(Rapport d'ensemble, pour l'Année scolaire i9W-i9'2i>
SO octobre i92î.
RAPPORT
Monsieur A. de Lapradelle. Président
Monsieur et Cher Président,
Au début de la nouvelle année scolaire, je tiens à vous présenter
un li'pport d'ensemble sur l'activité du bureau et les résultats
obtenus pendant la campagne 1920-21.
Pour marquer le point de départ, nous avons envoyé au Bureau
Central Américain 44.121 noms de correspondants pour l'année
scolaire 1919-1920 et pour 1920-1921, mille soixante et une listes
contenant 11.956 noms. Il n'est pas surprenant que le chiffre de la
seconde année soit très inférieur à celui de la première. Il faut
s'attendre à ce que la durée moyenne de la correspondance soit de
trois ans. De plus, une extension du mouvement se fait de proche
en proche, par camaraderie, sans passer par le Bureau. Enfin pour
des raisons nombreuses, — difficultés provenant du caractère
mi.xte de la plupart des classes américaines, établissement par le
594 LES LANGUES MODERNES
Bureau central américain de la correspondance scolaire avec
18 Etats de langue espagnole, — il s'est produit des retards consi-
dérables dans l'attribution de correspondants américains aux élè-
ves français. Trop souvent déçus, nos établissements ont bien na-
turellement restreint l'envoi des enrôlements ou se sont rejetés
du côté de la Grande-Bretagne. Le retard des attributions améri-
caines dépasse encore 10.000 noms. Nous avons la promesse for-
melle que, vu l'impulsion vigoureuse donnée au Bureau Central
américain depuis la rentrée de septembre, ces lacunes seront tou-
tes comblées d'ici Noël prochain.
Justement alarmé de cette situation et pour la connaître très
à fond, j'ai procédé à une enquête à la fin de juin dernier. Au
questionnaire lancé à la fin de juin, 3'20 établissements ont ré-
pondu à ce jour.
Voici les résultats statistiques :
Sur ces 320 établissements (lycées, collèges. Ecoles Normales et
Ecoles Primaires Supérieures), 245 correspondent avec les Etats-
Unis ;
Dont : 15 mis en rapport par l'initiative pri^■ée,
15 par l'intermédiaire de la Junior Bed Cross, avec un résultat
fa\orable dans 40 cas pour 100,
et 215 par l'intermédiaire de ce Bureau.
La totalité des élèves n'a reçu satisfaction que dans un nombre
très limité d'écoles ; 40 établissements ont reçu des réponses
dans la proportion de la moitié ; 30 dans la proportion des 2/3,
et le reste dans la proportion de 1/7.
Les résultats sont à coup sûr insuffisants. Nous avons à plu-
sieurs reprises attiré l'attention du Bureau Central de Peabody
Collège qui, ayant insisté pour mettre en pratique son plan, de pré-
férence à celui que nous avions proposé, se trouve responsable
de l'engorgement qui se produit. Il fait d'ailleurs tous ses efforts
pour liquider le retard actuel, et j'ai reçu de lui l'assurance que
la situation serait à jour d'ici la fin de décembre.
Il convient de prendre cette statistique avec les réserves d'usage.
Il est bien certain qu'elle ne représente pas intégralement l'état
de la Correspondance scolaire en France. Les professeurs qui l'ont
organisée eux-mêmes grâce à leurs relations personnelles, et ils
sont nombreux surtout dans l'enseignement féminin, ont dans la
majorité des cas jugé superflu de répondre. Pour les autres, les
chiffres fournis sont forcément flottants, mais comme ils peuvent
l'être dans le sens défavorable comme dans le sens favorable, on
peut les considérer comme donnant une moyenne.
Ce qui était tout aussi important, sinon plus, ce sont les desi-
derata formulés par les professeurs. Comme on pouvait s'y atten-
dre, ils sont loin d'avoir la même orientation. Par exemple, sur
la question de la correspondance collective par classe, très en
fa\eiir aux Etats-Unis et exclusivement pratiquée en France par
NOTES ET DOCUMENTS ^95
la Junior Red Cross, le Lycée de jeunes filles de Rouen se pro-
nonce contre : <■ Le système collectif de la Junior Red Cross est
intéressant en principe, mais sera, je crois, difTicile à mettre en
pratique. Je pense qu'il plaira moins aux jeunes filles que la cor-
respondance individuelle et les lettres à écrire sur des sujets spé-
ciaux se présenteront un peu trop comme des devoirs. ■>
Le lycée de garçons de Tours est, au contraire, favorable au
système en question : « Une correspondance par classe, suivant
le plan de la Junior Red Cross, me paraît préférable, parce qu'il
n'y aurait pas d'interruption dans l'échange de cette correspon-
dance d'une année à l'autre, la classe restant la même et les élèves
étant renouvelés des deux côtés. »
Je constate par ailleurs que ce système classe à classe fonc-
tionne bien au Lycée de jeunes filles de Chambéry.
L'Ecole Professionnelle de Périgueux va plus loin et préférerait
qu'on se bornât à mettre en relation deux écoles, en laissant aux
professeurs intéressés le soin de provoquer et d'élargir la corres-
pondance entre leurs élèves respectifs.
C'est le souci de faciliter le contrôle qui pousse le Lycée de St-
Quentin à désirer l'échange en bloc entre deux établissements,
l'un français, l'autre étranger.
Enfin l'Ecole Primaire Supérieure de jeunes filles de Besançon,
comprenant les ressources de variété et de connaissances sans
cesse renouvelées qu'apporte la correspondance avec des points
très éloignés les uns des autres aux Etats-Unis, demande qu'on
mette un établissement français en rapport avec plusieurs écoles
américaines de manière à conserver l'avantage de la variété et,
par surcroît, à permettre aux professeurs d'entrer en relation
directe avec leurs collègues d'Amérique.
On voit combien les avis diffèrent. Tous contiennent d'excellen-
tes suggestions. Bien que nous sovons par courtoisie liés avec le
Peabody Collège, qui, avec son nombreux secrétariat, a assuré
depuis deux ans la répartition de 45.000 noms sur les 55.000 en-
voyés, nous ne nous refusons ici à aucune expérience. Quand un
établissement aura nettement manifesté sa préférence, nous
ferons ce qu'il demande, bien qu'il doive s'ensuivre une plus
grande complication. En particulier, pour les écoles ajant un
caractère spécialisé, commercial, technique, agricole, etc., nous les
mettrons en rapport avec une ou plusieurs écoles de même nature.
Plus les professeurs eux-mêmes prendront part au mouvement en
écrivant à leurs collègues américains, plus l'œuvre sera assurée
de vivre et de rendre ^les services qu'on en attend.
Aux Etats-Unis, en outre de l'arrangement avec le Peabody
Collège, nous avons continué, avec M. John Finley, recteur de
l'Université de l'Etat de New- York à Albany, nos relations nouées
dès le milieu de la guerre. Dans ce cas, c'est nous qui recevons les
noms américains et qui assurons la répartition. Nous avons tou-
596 LES LANGUES MODERNES
jours pu donnei" satisfaction aux demandes d"Albany, sans avoir
grand mérite à cela, ces demandes ne s'élevant qu'à deux ou trois
centaines par an. M. Finley a quitté le rectorat pour la direction
du Xew-York Times, mais nous sommes assurés que sa sympathie
pour nos écoliers reste aussi grande, et que l'Université d'Etat de
New- York tiendra à poursuivre dans les mêmes conditions l'œu-
vre si bien commencée.
Nous n'avons pas à parler de la Grande-Bretagne qui est restée
le domaine de notre collègue M. Paul Mieille, qui, bien avant la
guerre, personne moins que nous ne l'oublie, a été le pionnier de
la correspondance entre écoliers de divers pays.
Plusieurs établissements, Fénelon de Paris, Valréas de \'aucluse,
etc., remarquent avec raison que le doublement de la taxe postale
pour l'étranger obère la petite bourse de nos élèves et se deman-
dent s'il n'j- aurait pas lieu d'établir pour la correspondance sco-
laire un tarif réduit. Cette question préoccupe beaucoup le Bureau.
On en voit tout de suite la complexité. Le Sous-Secrétariat des
Postes ne nous laisse jusqu'ici aucun espoir. Nous n'abandonnohs
pas notre requête pour cela. Notons à ce propos que la correspon-
dance collective par classe est plus économique ; et que, par sur-
croît, un bureau qui dispose de grands moyens matériels comme
la Junior Red Cross peut alléger la dépense des élèves en se fai-
sant adresser les lettres à son Office de Paris et en les expédiant en
bloc à son Office de Philadelphie qui assure la répartition. Le Bu-
reau Central de Nashville qui correspond au nôtre, et qui est déjà
surchargé, ne saurait pour le présent assumer cette tâche supplé-
mentaire. Mais c'est évidemment une question à réserver, si les
changes se stabilisent pour longtemps au taux actuel.
Un des points sur lesquels les avis diffèrent le plus est celui
de la correspondance mixte. Il se présente sous deux aspects :
1. Jeunes Américains avec élèves françaises.
2. Jeunes Français avec élèves américaines.
Le premier échange se trouve éliminé d'un avis unanime, ne
serait-ce que par suite de la difficulté très grande que nous trou-
vons à équilibrer le nombre des correspondants américains en
surabondance, avec nos élèves des classes féminines.
Le deuxième échange reste seul à envisager, jeunes Français
avec Américaines. Du côté américain, aucune difficulté : la ques-
tion ne se pose pas. Au contraire, le Bureau central de Nashville
nous presse de donner une plus grande expansion à ce mode
d'échange, car il nous aiderait considérablement à équilibrer les
deux effectifs et à donner plus vite satisfaction à toutes les de-
mandes. Du côté français, les objections sont moins générales de
voir l'échange s'établir dans ce sens. Le Lj-cée Condorcct, tout en
déclarant que le contrôle établi n'a rien relevé que de parfaite-
ment correct, croit pourtant devoir se faire l'écho des appréhen-
sions de quelques familles.
NOTES ET DOCUMENTS 597
D'iiiic faç^oii géiuralf, nous constatons que les professeurs
seraient plutôt lavorahles et les chefs d'établissements défavora-
bles.
Au milieu de ce conflit de préférences, la pratique constante de
ce Bureau est la suivante : dans la Série Universités, les étudiants
sont considérés comme majeurs et on leur fait confiance ; dans la
Série Secondaire, nous ne faisons des attributions mixtes globales
que quand elles sont nettement autorisées par les chefs d'établis-
sements. Le Bureau (Central de N'ashville submergé par le nombre
des postulants, ou par simple erreur très compréhensible, les pré-
noms ne précisant pas toujours assez nettement le se.xe pour un
secrétaire étranger, a pu, dans certain cas, attribuer des corres-
pondantes à de jeunes Français sans notre demande. Mais le nom-
bre de ces cas est resté insignifiant. Enfin, pour les demandes in-
dividuelles qui nous parviennent, nous nous faisons une règle
si le signataire n'est pas majeur, de réclamer l'autorisation du
chef d'établissement ou du chef de famille.
Notons enfin, pour clore ce paragraphe, que le directeur d'une
grande Ecole Normale du Nord demande pour ses élèves-maîtres
de préférence des correspondantes. N'f)us mettrons son école dans
la Série Universités.
Ouverte l'an passé, la Série Universités était restée assez peu
fournie, tout l'effort du bureau ayant porté sur les autres ensei-
gnements. Nous la reprenons cette année avec de bonnes perspec-
tives de succès, à cause du temps d'arrêt que nous marquons avec
les Etats-Unis et qui nous donne plus de marge, à cause aussi des
propositions fermes qui nous sont venues et d'Amérique et de
Grande-Bretagne, notamment pour ce dernier pays par The Inter-
national Studenf's Bureau. Nous nous rendons bien compte que
nous ne pouvons mener cette tâche à bien qu'avec l'appui et la
collaboration de l'Office des Universités et des Grandes Ecoles.
C'est lui qui, avec l'autorité qui s'attache à son œuvre, suscitera
dans chaque Université française le professeur qui voudra bien
servir de correspondant pour cette question accessoire, mais qui
peut rendre aux étudiants de tout ordre des services variés com-
portant, outre l'échange de lettres, l'échange de renseignements
techniques et même d'objets de collection.
Rien ne s'opposerait à ce que des échanges de ce genre existent
entre nos élèves et les élèves étrangers. Nous venons de recevoir
une demande d'un professeur d'histoire qui, pour l'étude d'une
période donnée et d'un pays donné, désire que ses élèves se do-
cumentent par la correspondance en langue vivante. Rien de plus
intéressant. A certains égards, sans oublier la cultui'e même des
langues, notre bureau ne rendra tous les services qu'on en peut
attendre que quand ce genre de correspondance d'ordre documen-
taire sera, chez les naturalistes aussi bien que chez les historiens,
largement développée.
598 LES L.\NGUES MODERNES
Dans les autres pays de langue anglaise, sur la demande même
des élèves, par une croissance spontanée, notre service s'est peu
à peu étendu au Canada (7 établissements), à l'Australie (16 listes
d'écoles différentes, 226 noms) et même à la Nouvelle-Zélande
(une douzaine de noms). Nous n'avons pu donner suite à la de-
mande isolée qui nous est parvenue pour l'Afrique du Sud, mais
on voit par elle que l'avidité épistolaire de nos élèves ne connaît
plus de limites.
En dehors des pays de langue anglaise, à la demande de la
Tchéco-Slovaquie, nous avons mis ses écoliers en rapport avec
certains établissements de l'est. L'expérience n'a pas dépassé une
centaine d'élèves et n'a pas donné tout le résultat voulu en grande
partie, et on ne peut que le déplorer, à cause du haut prix des
taxes postales, dans la jeune république. Dans ce cas la corres-
pondance globale par classes géminées serait un allégement.
Pour les langues méridionales, nous ne faisons que commencer;
mais nous tenons à aviser nos collègues que nous avons une cor-
respondante à Madrid, Mlle Boudes, qui s'emploiera volontiers à
nous faciliter le travail ; nous avons aussi des collègues qui aide-
ront à la transmission à Sao Paulo, à Buenos-Ayres et à Monte-
video, plusieurs établissements nous ayant spécifié qu'ils dési-
raient l'Amérique latine.
L'Italie a nettement pris l'initiative. Nous avons pu jusqu'ici
suffire à ses demandes sans avoir envoyé de circulaires à nos collè-
gues d'italien : nous les avisons que les noms qu'ils nous enver-
ront seront facilement pourvus.
Restent nos collèges de langue allemande qui, par suite des cir-
constances, se trouvent privés de cet exercice vivant entre tous, de
ce stimulant hors pair qu'est la correspondance en langue étran-
gère.
Qu'ils croient bien que ce bureau ne les a pas oubliés. Nous
avons essayé de nouer des relations épistolaires entre nos élèves
et la Suisse, mais nous nous sommes vite rendus compte que. avec
toute sa bonne volonté, la Suisse n'y mettait pas le même empres-
sement que nous. La raison en est bien simple. Pour que la cor-
respondance se noue et dure, il faut qu'il y ait, comme il est natu-
rel, échange de services. Or cet échange de services, correspondance
ou troc des écoliers, la Suisse a tous les moyens, et la vieille tra-
dition, de les pratiquer entre ses cantons de langue différente.
On pouvait penser aux Pays Rhénans, et cet été plusieurs éta-
blissements avaient émis cette idée. Ici, comme un insuccès serait
particulièrement fâcheux, j'ai procédé, et dans les milieux ren-
seignés de Paris et dans les pays en question, à une enquête pru-
dente. La conclusion est que l'essai serait prématuré et (ju'il con-
vient d'attendre des circonstances plus favoraljles.
Restait le Luxembourg, qui avec son élite bilingue et ses sym-
pathies acquises à notre pays, présentait les avantages de la lilié-
NOTES ET DOCUMENTS 599
nanie sans ses inconvénients possibles. L'enquête menée sur place
nous confirma dans nos prévisions. Les autorités grand-ducales
firent le meilleur accueil à nos propositions et nous sommes heu-
reux d'annoncer à nos collègues d'allemand qui désireraient voir
leurs élèves pratiquer la correspondance, que l'expérience est pos-
sible dès à présent avec les élèves de l'Athénée et de la grande
école professionnelle de Luxembourg. Les lettres échangées se-
raient alternativement écrites en français et en allemand de façon
qu'il y ait service mutuel. Il n'y a qu'à nous demander des feuilles
d'enrôlement comme pour la langue anglaise.
Nous regrettons que l'espace nous manque pour insérer des
lettres-types qui nous sont parfois transmises. Si le ton n'est plus
vibrant comme il l'était, il y a trois ans, le sérieu.x chez l'élite
persiste, et porte de part et d'autre tous ses fruits de bonne volonté
et de promettante amitié.
En faisant la part, et elle est très grande, nous le savons, à la
correspondance scolaire due aux efforts personnels des professeurs
et des maitresses qui mettent généreusement leurs relations à la
disposition de leurs élèves, on ne se trompe pas en concluant
qu'en apportant son apport au.\ chiffres cités plus haut, la cor-
respondance scolaire atteint un nombre considérable des élèves
de l'enseignement secondaire, des écoles normales, des écoles pri-
maires supérieures, qu'elle est entrée dans les mœurs du corps
enseignant tout entier, qu'elle fait partie de la pratique pédago-
gique de nombre de nos maîtres, tant pour le perfectionnement de
la langue étrangère pratiquée, que pour la documentation recueil-
lie et surtout l'ouverture d'esprit que donne cette activité person-
nelle de l'écolier, la correspondance scolaire a fait ses preuves et
largement prouvé son utilité. C'est sur toute la génération nou-
velle que s'étendra plus tard, par les relations ainsi nouées et les
échanges intellectuels qui en naissent, son influence heureuse
pour tous les participants et par suite pour le pays.
Ch.-M. Garnier.
Echanges fr)terscolaires frai)co-britaoi)iques
(Année 1920-1921)
L'organisation des échanges interscolaires entre la France et
l'Angleterre a été rendue très difficile cette année en raison des
grèves qui ont désorganisé la vie économique anglaise.
Jusqu'à la fin du mois de juin, il ne semblait pas que l'on pût
espérer trouver en .Angleterre une réponse aux 140 demandes fran-
çaises.
C'est seulement à la suite d'un voyage de ^l. Desclos en Angle-
terre, où il put entrer en relations avec un certain nombre d'auto-
rités scolaires, notamment à Bradford, que les demandes anglaises
commencèrent à arriver.
600
LES LANGUES MODERNES
La campagne maintenant terminée a fourni, en France, les
chiffres suivants :
I. Garçons
108 demandes réparties entre 57 établissements.
Sur ce nombre,
99 ont reçu une proposition d'échange,
91 l'ont acceptée.
Sur les 6 qu'il n'a pas été possible de satisfaire,
2 n'offraient pas les garanties nécessaires.
2 venaient de régions trop éloignées.
2 étaient pour une trop longue période.
II. Jeunes filles
32 demandes réparties entre 22 établissements.
Sur ce nombre,
28 ont reçu une proposition d'échange.
21 l'ont acceptée.
Sur les 4 qu'il n'a pas été possible de satisfaire,
1 demandait un garçon en échange.
1 offrait un séjour dans un internat.
1 demandait une correspondante israélite, orthodoxe.
I n'offrait pas les conditions requises.
Du côté anglais, il y a eu :
I. Garçons
89 demandes anglaises réparties entre 25 établissements.
Toutes, sauf une, qui ne présentait pas les conditions voulues,
ont reçu satisfaction ; une seule a fait l'objet d'un refus.
II. Jeunes filles
43 demandes réparties entre 16 établissements.
Sur ce nombre,
24 ont reçu une proposition d'échange (dont 3 avec un garçon).
Toutes ont été acceptées.
II est regrettable que le petit nombre de demandes françaises ait
empêché 19 jeunes Anglaises de recevoir satisfaction. II est néces-
saire d'intensifier la propagande dans les établissements de jeunes
filles françaises. Quoiqu'il en soit, 102 familles françaises ont été
mises en rapport avec 102 familles anglaises et ont échangé leurs
enfants.
En outre, la correspondance et les conversations avec les auto-
rités scolaires anglaises permettent d'espérer que l'an prochain,
si r.Vngleterre se trouve dans une situation normale, le mouve-
ment pour les échanges y prendra une ampleur des plus considé-
rables.
NOTES ET DOCUMENTS 601
Du point de vue financier, il peut être intéressant de constater
qu'on peut évaluer à 1.200 francs le coût d'un séjour de deux
mois en Angleterre. C'est donc une économie de plus de cent vingt
mille francs que ce service a permis aux familles françaises de
réaliser.
Le 15 juillet 1921.
A. Desclos,
Professeur au Jjjcée Condnrcet,
churgc de l'Orijunisdlion des Echanges.
Le Bureau ii)terr)atioi)al de rEi}seigi)eni)ei)t secondaire
Nous venons de recevoir ie numéro courant du Bulletin Inter-
national, organe du Bureau International de l'Enseignement se-
condaire, et nous sommes réellement peines de ne pouvoir, faute
de place, écrire tout ce que cette publication suggère de réflexions,
ou souligner les leçons que nous devrions tous y puiser.
Depuis la guerre, les préoccupations du personnel enseignant
se sont légitimement orientées vers la défense du statut moral et
de la situation matérielle, que compromettent les suites du conflit
mondial. Dans la mêlée locale, on a peut-être, et très imprudem-
ment, limité son horizon, et peu de regards se sont levés au delà
des frontières et vers les nations amies, qui se sentent attirées
vers nous, ont cherché un contact utile et fécond avec nos Fédéra-
tions, leur demandant des exemples et surtout des témoignages
d'amitié et de sympathie. Cette indifl'érence, toute passagère et
excusable qu'elle puisse être, ne serait-elle pas un danger ? Heu-
reusement, sans forfanterie et sans éclat, le travail nécessaire se
faisait, grâce à quelques dévoués dont plus tard on reconnaîtra
les services, mais qui, en attendant, travaillent sans relâche dans
l'ambre et marquent notre place dans le monde des idées et de la
pédagogie.
De cette heureuse activité, le Bulletin International nous ap-
porte les preuves et les résultats. Un court compte-rendu des mani-
festations diverses auxquelles le Bureau International — qui
actuellement est français, avec MM. Fedel, président, Beltette,
secrétaire général, Clavière, trésorier, et Raby, pour devenir
Luxembourgeois dans quelques mois — a collaboré, ou qu'il a
provoquées, donne le tableau très suggestif de l'œuvre importante
qui se poursuit dans toute l'Europe et dans l'Amérique. Grâce au
Bureau International, beaucoup de questions de premier ordre
ont été résolues au cours du Congrès de Paris en avril dernier.
Depuis ce Congrès, le Bureau a pris une part importante dans
une Conférence Pédagogique internationale qui s'est tenue à Calais
du 30 juillet au 12 août derniers. Le compte rendu de cette Confé-
i-ence, à laquelle ont participé les plus autorisés des pédagogues.
602 LES LANGUES MODERNES
tient dans le Bulletin une place importante que nous ne pouvons
malheureusement lui donner ici.
Le Bureau participa, en outre, au Congrès de Bruxelles, fin
août, où se trouva mise au point la grave question du Travail
Intellectuel. Les résolutions du Congrès, quelques jours plus tard,
étaient examinées à Cjenève par la Société des Nations, et se trou-
vaient défendues par MM. Léon Bourgeois, La Fontaine (Belgique)
et William Martin. Une solution très favorable aux Travailleurs
intellectuels peut être espérée dans un avenir peu éloigné.
A noter encore dans ce Bulletin un très intéressant article sur la
situation de l'Enseignement en Yougo-Slavie.
Actuellement le Bureau International poursuit une enquête très
complète, auprès des onze nations qui en font partie, sur les con-
ditions de l'Enseignement secondaire dans chaque pays. Cette en-
quête fournira des éléments précieux de travail pour le prochain
Congrès, qui se tiendra à Luxembourg au mois d'août prochain.
Si quelqu'un ne peut pas se désintéresser de ce mouvement
pédagogique international, que dirige actuellement la France,
c'est, par définition, le Professeur de Langues vivantes. L'exis-
tence et le succès du Bureau International ne démontrent-ils pas
la nécessité de fortifier l'étude des langues vivantes, en même
temps que l'interdépendance des nations, au point de vue pédago-
gique comme aux autres points de vue '? N'est-ce pas là " la dé-
fense et l'illustration des humanités modernes > ?
Nous savons que nous ferons plaisir à nos collègues dévoués,
Clavière du collège Jean-Bart à Dunkerque, directeur du Bulletin,
et Beltette du Ljcée de Tourcoing, secrétaire général du Bureau,
en signalant à nos lecteurs l'intérêt de leur œuvre. Nous ne dou-
tons pas que ces quelques lignes ne suscitent un mouvement de
sympathie — et ce sera justice... et bénéfice.
Pour relever les études d'allen)ar)d
L'exemple suivant montrera ce que peut un Proviseur ou un
Principal pour relever l'étude de l'allemand dans son établisse-
ment.
Au Lycée de Constantine, l'enseignement de l'allemand était
tombé, pendant la guerre, à l'état squelettique. On s'en rendra
compte quand on saura que nos classes actuelles de 3% de 2'" et
de l", nées de la guerre, comptent respectivement un, cinq et qua-
tre élèves. Or, en 1920, la situation s'améliore soudain. La classe
de 6' recrute, cette année-là, 2/ élèves. Elle en compte 24 à la ren-
trée d'octobre 1921.
L'équilibre est par là rétabli entre l'anglais et l'allemand, et
nos collègues d'anglais, dont les classes surchargées se déconges-
tionnent enfin, ne sont pas les derniers à se réjouir de ce change-
NOTES ET DOCUMENTS 603
ment. Désormais l'élan est donné. Les études d'allemand dans
notre lycée paraissent sauvées.
D'où vient cette heureuse transformation ? D'un revirement
subit dans l'opinion des parents ? Hélas ! les parents, bien souvent,
n'ont pas d'opinion, et quand, à la veille de la rentrée scolaire,
ils vont présenter leurs enfants au Proviseur, il n'est pas rare
qu'ils lui fassent part de leur indécision au sujet de la langue
vivante à choisir. i
(2'est ici que commence le rôle utile du chef d'établissement. Le
Proviseur de (^onstantine rappelle au père de famille, brièvement,
sans plirases, l'utilité de l'allemand au point de vue économique,
militaire, scientifique. Il lui montre aussi que l'allemand ouvre
toutes les carrières et n'en ferme aucune. L'enfant aura-t-il besoin,
plus tard, de connaître l'anglais? Ce sera un jeu pour lui de
l'apprendre, connaissant déjà l'allemand, au lieu que la récipro-
que n'est pas vraie. << Si j'avais un fils », dit-il enfin pour vain-
cre les dernières hésitations, •' soyez certain qu'il ferait de l'alle-
mand >>.
Ce qui est réalisable en Algérie, à Constantine, ne le serait-il
pas en France ? Combien ce doit être plus facile, si l'on songe
que l'allemand et l'anglais sont concurrencés ici par la langue
arabe qui attire à elle l'immense majorité des élèves, si l'on songe
aussi que cette langue arabe se subdivise elle-même en arabe lit-
téraire et arabe vulgaire, et que les élèves des sections B et D ont
la faculté de choisir l'une comme langue principale, et l'autre
comme langue complémentaire, c'est-à-dire de ne pas apprendre
d'autre langue que l'arabe.
L'expérience prouve donc que la bonne volonté du Proviseur
ou du Principal est un facteur essentiel de la renaissance des
études d'allemand. Le jour où tous les chefs d'établissement se
mettront à l'œuvre, nos classes se repeupleront comme par en-
chantement, et les élèves d'élite reviendront à nous comme par le
passé. Alors il ne sera plus besoin de supprimer des chaires. Alors
on n'aura plus à craindre de voir, dans vingt ans, la France entière
ignorer tout de ses 70.000.000 de voisins. Un grand péril national
sera conjuré.
Les deux professeurs d'allemand.
Abor)r)erT)ei)ts à prix réduits
aux diverses publications du « Tirées »
Sur la demande de notre Président, l'Administration du journal
anglais The Times consent une remise de 10 0/0 aux membres de
notre Association qui lui passeront un abonnement, par l'intermé-
diaire de la Trésorière des Langues Modernes. Cette remise nous
est faite « exceptionnellement, et afin d'entretenir de bonnes rela-
tions avec nous ».
604
LES LANGUES MODERNES
Ce geste aimable du grand journal ami sera apprécié comme
il convient de tous ceu.x qui s'intéressent aux choses d'.\ngleterre
et au bon développement de l'alliance franco-britannique.
The Times Weekiy Edition, The Ediicational Supplément et The
Literarij Supplément sont, en effet, particulièrement intéressants
pour quiconque veut suivre de près la vie intellectuelle d'Outre-
IManchc et même du monde entier.
PREPAID SUBSCRIPTION RATES
(Including Postage)
PrBLIC.\TIOX
12 iMonths
FRANGE
6 Months
3 Months
ïiie Times
Frs.
325.00
120.00
75.00
75.00
75.00
43.50
32.50
12.50
25.00
Frs.
162.50
60.00
37.50
37 50
37.50
21.75
16.25
6.25
12.50
Frs.
81.25
30.00
19.00
19.00
19.00
11.00
8.-5
3.25
6.25
The Woman's Supplément
Weeklv Edition
The Mail
Litcrarv Supplément
Tradc Supplément
Educatioual Supplément
Engineerinif Sup]3lement
Suplemento Comercial Ibero Ame-
ricano (Printcd in Spanish)....
Note. — The subscription rate to The Times includes cost of
spécial evening delivery in Paris on day of publication.
Les membres de notre Association qui désireront profiter de
l'offre du Times sont donc priés d'envojer d'avance à Mlle Ledoux
le montant de l'abonnement, moins 10 0/0, et d'y ajouter 0,25
pour les frais de ])oste.
EXAMENS ET CONCOURS
BACCALAUREAT
Université de Caei)
COMPOSITION ANGLAIS!-; (H)
.\ young fir-tree became discontented with its native forest. It
envied the lot of the older and taller trees, which were daily felled
l)y tiie woodlanders and taken away (as it imagiiicd) to a life full
of amusement and excitemcnt.
One day, wjiile it was still young, its turn came. It was eut
down and put on a cart. Describe its hopes and great expectations
during the journey to town.
It was sokl to a gentleman, who liad it taken to bis bouse and
EXAMF.NS ET CONCOIRS 6<'5
set iip in thc (Irawiiig-room. It was adonicd with candies, tops,
l'iiiit, etc. I)escril)c its own exaltcd idca of itsclf.
(lliiistinas Kvc. Tlie fir-trcc was lit ii|) ; the children sang uiider
its hianches. Il had md^v leachcd the liei.nht of its ambition.
But the f(dli)\vin.i,' niorning, it was |)ut away in a ct)rner of the
garret — and, the ioUowing year, it was eut iiito logs and hurned.
VEMSION A.NGI.AISE (B >
The Apple
The boy is indccd the triie apple-cater. and is not to be qucstion-
cd how hc came by the finit with whicli is pockets are fiiled. It
belongs to him, and hc may steal it, if it cannot be had in any
other way. His own juicy llesh craves thc Juicy flesh of the apple.
Sap draws sap... As we grow old, wc crave apples less. It is an
ominous sign. When you are ashamed to be seen eating thcm on
thc Street ; w,hen you can carry thcm in your pocket and yonr
hand not constantly find its way to thcm ; when yonr neighbour
bas apjjlcs and yoii bave none. and yoii make no nf)cturnal visits
to his orciiard, thcn be assnred you are no longer a boy either in
hcart or years.
THÈME d'imitation
Vous souvenez-vous comme vous aimiez les fruits, les pommes
surtout, quand vous étiez enfant ? Vos poches en étaient toujours
pleines, et vous croquiez sans honte vos jjommes en pleine rue.
Quand vous n'en aviez pas, et que le voisin en avait dans son
\ergcr, vous lui en empruntiez \ite autant qu'il en fallait à votre
jeune appétit. Bien entendu, vous n'alliez pas dire : •■ Pardon,
monsieur, il me faut dix pommes : pnis-jc les prendre ? >> La
seule question cjue vous vous posiez était sans doute : ■< Ne
sont-elles pas trop haut ? Pourrai-je les attraper ? > — .aujour-
d'hui, quand vos dents s'enfoncent dans la chair ferme et juteuse
d'une pomme, vous n'éprouvez plus le même plaisir divin qu'au-
trefois, (^est que vous devenez homme, tant par votre âge que par
vos goûts.
•**
COMPOSITION ANGLAISE (Dj
V(îu will suppose that your home is in tlie war aren. You writc
a letter to an P'nglish fricnd describing :
1. Your native village before the war.
2. What was left of it at the armistice.
3. What it looks like just now.
You will invite your friend to come and \isit you. He may gain
a l)etter and tiuer opinion of the F'rencli this way than by going
to one of the big cities or to a fashionable holiday resort.
VERSION ANGLAISE (Dj
The glaniniir of the town
Lct them talk of lakes and mountains and romantic dales — ail
tiiat fantastic stufî ; give me a ramble by night, in the winter
nights in London — the lamps lit — the pavements of the motley
Strand crowded with to and fro passengers — the shops ail
brilliant, and stufted with obliging customers and obliged tradcs-
men — give me the old bookstalls of London — a walk in the bright
piazzas of (".ovcnt Gardcii. I defy a man to be dull in such pla-
ces— perfect Mahometan paradises upon earth ! I bave lent ont
41
6U6 LES LANGUES MODERNES
my hcart wlth iisury to such scènes from my childhood iip. nnil
hâve criecl with fullness of joy at thc inultitiulinous scènes of life
in the crowdcd streets of ever dear Londdn.
THÈME d'imitation
Lisons, sur les beautés de la nature, quelque grand poète ro-
mantique. Telle est la magie de la poésie que nous désirons aussi-
tôt fuir la ville et ses trottoirs pour nous retirer dans quelque
frais vallon, sur les bords d'un lac paisible, ou sur le flanc de
quelque sauvage montagne. Quelques lecteurs, pourtant, refusent
(le se laisser convaincre. " Bien obligé, monsieur le poète, répon-
dent-ils. Gardez vos forêts et vos monts ; je préfère rester à la
\ille. Je m'ennuierais dans vos déserts. Il me suffît d'aller et venir
dans ma rue bien éclairée, bordée de beaux monuments, rem|)lie
de bruit et d'animation. Au milieu de cette foule, à considérer
cette variété de visages, de gestes, de voix et d'occupations, je
goûte autant de plaisir que vous dans votre chère campagne, qui
n'est après tout qu'argile et que pierre, et je rentre chez moi la
tète garnie de plus de rêves et d'imaginations que ne saurait m'en
inspirer le plus beau paysage. "
COMPOSITION ALLEMANDE (B )
Du hast eincr Theatervorstellung in Deutschlaud lieigewohnt ;
l)cschreibe kurz :
a) den Saal ;
/;) die Buhne (\'orhang, DcUoration, Schauspieler, Beifall,
u. s. w.) ;
c) das Stùck (aber ohne es zu erziihlen !) : Drama ? Lustspicl '?
()|)er ? — Klassisch ? romantisch ? — mit oder ohne Musik '? —
Stellen, die dich am meisten ergrifl'en hahen. — Wer ist der Ver-
fa sser ?
VERSION ALLEMANDE (B)
iJie Fr<in:osen in Dentschland nach der schldcht bei lena (180G)
.\ls die Franzosen das nôrdliche Deutschland iiberschwemmtcn,
fiel auf die Einwohner eine fast uncrtragliche Last. Es war schon
hart, ilass dieselbcn so ungeheure Heerc uneiitgeltlich verpflegeii
mussten ; allein die ùbermiitigen Soldaten erschwcrten noch den
Druck, weil sie sich nicht mit der iiblichen Kost ihrer Quartierge-
l)er Ijcgniigcn, sondern stets nach franzosisclicn Gebrauchen
l)e\virtet werden wollten : auch jedcr Gemeinc verlangte bei
Tische Wein ! Xapoleon forderte dabei sehr betrachtliche Kontri-
butionen in barem Gelde. In Mecklemburg mussten ihm 2(>.(l()l)
IM'erde geliefert werden. Da/.u kani nocli, dass die Zeughauser(l)
in den erol)erten Festungen sehr grosse Vorriite von WatTen
liesassen, die den Franzosen in die Hande ficlen. In Verbindung
mit den zahlreichen Kanonen, \velclie Napoléon iin Felde crbeutet
liatte, l)esass er also unermessliche Mittel /.\\v X'ermehrung seiner
.Année.
THKME d'imitation
1/armée prussienne fut coniiilètcment défaite l^ar Napoléon à
léna en 18()(). De nombreux canons tombèrent entre les mains des
Français. Dans les mois ([ui suivirent, ceux-ci s'emparèrent encore
de pïusieuis forteresses, dont les arsenaux étaient pleins, si bien
(1) Das Zeugliaiis : l'arsenal.
KXAMENS KT CONCOIKS 607
([iK.' Niii)()lt'()ii put fatilLMiu'ut iiiincr des milliers de Jciiiics soldats
et aii.nMK'iitcr coiisidt rahk'iiKMit son année. La Prusse dut jiayer
en outre ])rès de 200 millions de franes. La ])U|)ulation aurait
supporté assez laeilemcnt cette charge si les Frant;ais avaient im-
mé(iiatement (|uitté le pays. .Mais Napoléon occupa (1) la Prusse
entière et les soldats furent logés chez les habitants : bien des
années plus tartl on parlait encore a\ec indignation (2* de l'arro-
gance de ces vainoueurs (jui ne voulaient pas se contenter de la
nourriture habituelle de leurs hôtes et qui réclamaient même du
vin à leurs repas.
À
coMi'Osrnox ai.lkmandk (1)i
Meine Vatersiddl
I. (ieschiclitc. — II. Krster Kindruck auf den Freinden. —
IIl. Oetl'entliche Gebaude. — IV. Gewerbc und Handel. — V. 15c-
riihmte .Miinner.
vkhsion allemande (D~l
Ein M(trl;ll(i<i
Uebcrall in der Stadt sind die Kautladen weit gcôtlnet und vor
den Hiuiscrn stellen die kleinen Handler auf Tischen und Tonnen
ihre Ware aus. Bedachtig schrcitct der Hauer, von seiner ganzen
Familie begleitet. die Heilien der S'chautische entlang, mit kurzem
Hefehl hiilt er die Frauen zusammen, welche begehrlich stehen
bleiben. wo Tiicher oder Halsbiinder aufgehaugt sind, bis auch
sein kiinstlicher Gleichmut von einem Ausruf der Bewunderung
durchbrochen wird. wenn er bei einem Tisch voll Stahlwaren oder
einem sclionen Pferdegeschirr ankommt.
Lange wird gcpriift, bevor der Einkauf geschicht ; wohl fùnf
Minuten biegt er das Blatt (.H) der Sage hin und her, bis der Kauf-
mann ihm gelangweilt das Stiick aus der Hand nimmt, dann erst
entschliesst er sich zum Kaufe. Fast ebcnso lang klopft sein Weib
an den irdenen Tôpfen herum. ob nicht an einer Stellc ein Misstou
den Sprung (4i verrat.
ïHi^;ME u'iMrrAïioN
Le jour du marché, le paysan ne laisse à la maison qu'une ser-
vante et emmène avec lui sa famille tout entière à la ville. Il vend
d'abord sur le marché son grain, ses légumes, sa volaille ; puis,
quand sa bourse est remplie, il s'en va, accompagné de tous les
siens, pour faire les achats nécessaires. C'est une heure pénible
pour lui ; sans cesse il faut qu'il rappelle ses enfants, les garyons
qui restent devant les gâteaux ou les jouets, et les filles (jui ne
peuvent assez admirer les beaux vêtements. les colliers et les bra-
celets. Il marche ainsi pendant longtemps à travers les rues pour
voir tous les étalages. II entre enfin dans le magasin où il achète
d'habitude ses outils et ses ustensiles de ménage : il n'a besoin
cjuc d'une scie pour lui ou d'un pot de terre pour sa femme, mais
il examine l'objet pendant un (|uart d'heure et le retourne cent
fois avant de se décider à l'acheter.
(\> Besetzen.
(2t Die Entriistung.
(3) La lame (d'une scie).
(.4) La fêlure.
608 LES LANGUES MODERNES
Université de Paris
(Section B, octobre 1921)
VERSION ANGLAISE
A Bnnkrupt
To the Tapioca Coffee-house, sincc his own ofliccs werc shut
up and fate liad overtaken liijn, the poor hroken-down old gentle-
man used to betake himself daily, and write letters and receive
thein and tie thein up into inysterious bundles, sevcral of which
he carricd in the flaps of his coat. His coat, that used to be so
glossy and triin, was white at the seanis, and the buttons showed
the coppcr. His face had fallen in and was unshorn ; his frill and
neckchith hung limp under his bagging waistcoat. It was quite
painful to see how humble and civil he was to John of the Ta-
pioca, a blear-cyed old attendant in dingy stockings and cracked
pumps. Thackerav.
THÈME d'imitation
Une inciinxe du destin
Si \ous \oulez \ous faire quelque idée de ce ([\\c signifie quel-
quefois une faillite, souvenez-vous de ce pau\ re homme lirisè par
la ruine. 11 y a bien peu de mois, c'était un homme robuste, aux
Joues pleines, au regard et aux manières joyeuses, toujours soi-
gneusement et richement vêtu. Maintenant, pas de face plus
creuse que la sienne, pas d'yeux plus anxieux, pas d'habits plus
misérables. Alors, dans le café le plus à la mode, nul ne i^arlait,
ne riait, nt* commandait aux garçons plus haut ([ue lui. V.c ffuc
toutes ses manières expriment maintenant, ce n'est pas de la poli-
tesse, ce n'est pas même simplement de l'humilité, c'est de la
honte.
VERSION ALLEMANDE
Werthers leiden
Ja, es ist so. Wie die Natur sich zum Herbste neigt. wird es
Herl)st in mir und uni mich her. Meine Bliitter werden gelb,
und sclion sind die Bliitter der ])enachl)arten Baume abgefallen.
Hab' ich dir nicht schon einmal ^■on einem Bauerburschen ge-
.schrieben ? Jetzt erkundigte ich mich wieder nach ihm ; man
sagte mir, er sci aus dem Dienste gejagt worden. Gestern bege-
gnete ich ihm auf dem Wege nach einem andern Dorfe. Er
erzàhlte mir seine Geschichte, die mich geriihrt bat, wie du leicht
begreifen wirst, wenn icii sie dir wiedererzahle. Doch wozu das
Ailes ? Warum behalte ich nicht fiir mich, was mich iingstit und
kriinkt ? \\'aium betrùbe ich nocb Dicli ?... Sei's demi, auch das
mag zu meineni Schicksal geiioren.
THÈME d'imitation
Wetlbei' est un malheureux (jue tout attriste, tout angoisse.
(jiiîi'id l'hiver approche, (piand les feuilles des arbres sont tom-
bées, son cœur aussi devient sombre. 11 a rencontré sur la route
(|ui conduit au village voisin un Jeune ]îaysan ([ui a été renvoyé
loin de celle «(u'il aime, et dont il plaint le sort. Il faut c[u'il ra-
conte cette liistoirc à l'ami auc|uel il écrit. 11 voudrait garder
pour lui sa tristesse. Il ne le peut pas. Il n'a jamais pu se maîtri-
ser. Il lui semble que c'est sou destin, de souffrir et de faire souffrir
les autres.
KXAMENS ET COXCOL'IîS 609
\' K 1 1 S I O \ HA 1. 1 K .\ .s K
Impressioni di l'isit
Pisa, Mattistero, (ihicsa c ('iiiiitero, e poi il campanile che suona
— () suona \ a iina \olta — ; tiitto c niarnio i)ianc(), su cui o passata
la niano !,'iallina del tempo ; un color di cera, vn color di alabas-
tro, corne la maiio dei \ecchi e de! morti ; tutto un ricamo acreo
sul verde del prato ! lo \i giunsi sul \esi)ero luminoso di un
Ijiorno di testa, c, per huona \entura, (|ueir angolo un po' fuori di
niano di Pisa era deseito : cioè, |)ro|irio deserto, no. Si vedevano
sul verde del prato gruppi di s^entc, scduta o sdraiata ; ma che
cosa facesse, non distinsi da prima per la lontananza.
Quei gruppi di gente, che a\e\() intiaveciuto, eiano f'ormati di
t'amiglie di artigiani con loro donne e i)imi)i. Do\e cade\a romi)ra
dalle mura <> dalle cupole, t'acexano merenda in croccliio ; mangia-
vano tranr)uillamente Ira il loro Battistero e il loro (limitero. Poi
i bimhi ruzza\ano, e (|iiei monumenti parevano pi-oleggerli e non
^dontarsi. A. Panzixi.
ÏHKMK d'imitation
L'étranger qui visite Pise ne s'arrête pas longtemps dans les
rues paisibles, pourtant charmantes, de cette vieille ville, ni même
sur les ponts, sur le Lungarno, d'où le cours du fleuve offre une
si belle \ue. 11 s'emi)resse de chercher ce coin situé à l'écart, près
des murs, où a|)paraissent soudain ces mer%eilleux édifices, le
baptistère, l'église, le cimetière, entourés d'un gazon verdoyant,
sans oublier le cloclicr, la célèbre tour penchée. Tout y est de
marbre blanc, d'un blanc un peu jaune semblable à de la cire,
et les façades cou\ertes de sculptures sont comme ornées d'une
délicate broderie de marbre.
Là aux jours de fête viennent s'asseoir ou s'étendre les artisans
de la ville, avec leurs femmes et leurs enfants ; ils s'établissent
à l'endroit où l'ombre tombe des coupoles, et font en plein air un
goûter en famille, ils mangent et boivent par groujjes, les enfants
jouent et les \énérables monuments ne s'olVusquent pas de tant
de liberté.
VEHSION ESPAGNOLE
A un lai)rador de muchos anos dijo el cura de su lugar que no
le absoheria una (îuaresma, porque se le habia olvidado el credo,
si no se le traia de memoria. El viejo, que no sabia leer, valiôse
de la industria por no decir â nadie que se le ensenase. Vi^■ia un
maestro de ninos dos casas mâs arriba de la suya ; sentâbase el
viejo â la puerta manana y tarde, y al salir de la escuela decia con
una monecia en las manos : " Ninos, esta tiene quien mejor dijere
el credo. » Recitâbale cada uno de por si, y él le oia tantas veces,
que ganando opinion de buen cristiano, saliô con aprender lo que
no sabla.
THÈME d'imitation
C'est dans le prologue d'une de ses nouvelles que Lope de Vegu
nous conte l'ingénieux moyen auquel eut recours, pour se re-
mettre en mémoire le Credo, un vieux paysan qui ne voulait pas
avouer qu'il ne savait pas lire. Il s'applique à lui-même cette
charmante petite histoire, d'autant plus volontiers qu'il est bien
certain de réussir dans le genre, nouveau pour lui, dans lequel on
lui demande de s'essayer. Dans la nouvelle, comme au théâtre,
la grande règle n'est-elle pas la même, puisqu'il s'agit de plaire
au lecteur comme au spectateur ?
0
V
Petites Annonces
Les PETITES ANNONCES ne sont reçues qu'accompagnées de
leur montant en un mandat-poste (étranger : mandat interna-
tional), au nom de Mlle Ledoux, trésorière, 30, rue Chevert,
Paris VII , à qui toute la correspondance relative aux PETITES
ANNONCES doit être envoyée.
Pour les personnes étrangères à l'Associalion : 2 francs la ligne
de 60 lettres. Pour les membres de l'Association, deux insertions gra-
tuites de quatre lignes chacune: insertions ultérieures à Ofr.ôO la ligne.
1. Famille univepsitaire, 2 enfants, 1 bonne, désirerait pour durée
vacances Xocl ou Pâques appartement meublé Paris, en location ou en
échanj^e de son appartement confortal)le, ."i pièces, à Nancy. Ecrire :
Peyraub, Lj'cée Nancy.
2. P. Vaillandet, professeur à l'Ecole normale d'Aviiifnon, serait
lieureux de trouver d'occasion : Honafous : « Henri de Kleist », et
Haym : » Die romantisclu- Schule ».
;{. Professeur diplômé (Oxford), veut recevoir pensionnaires dans
sa maison. \'ie de famille et leçons. Conditions modérées. Références
excellentes. S'adresser : iM. A., 2(S, Woodbastwick Road, Sxdenham,
Londres.
4. Jeune Française, diplômée, parlant anglais, désire place profes-
seur dans école anglaise. Ecrire à M. L. Roulleux, professeur
d'anglais. Collège de St-Jean-d'Angély (Charente-Inférieure).
5. Angleterre : A partir de fin septeml)re, directrice de cours rece-
vrait chez elle jeune Française. Jolie région, maison moderne près de
la m.er. Colf, tennis. Leçons d'anglais. Ecrire : Miss S. K. Butler,
Ormonde House School, Fhorpe Bay, Essex.
<). Bachelier es sciences, élève des Hautes Etudes Commerciales,
désire situation dans maison industrielle ou commerciale en Angle-
terre. Parle l'anglais. Adresse .M. Henri Regnault, chez Mme la
Directrice de l'I^cole de filles, 221, Bd Pereire, Paris, 17".
7. Pour paraître chez Vuibert (sous presse), Aneddoti, racconti e
novelle, par L. Guichard, professeur au Lycée de Marseille, vol.
illustré par M. Solgé, avec l'accent tonique indiqué en caractère gras.
Livre de lecture amusant divisé en cinq parties : 1» Facezie; 2" Aned-
doti e leggendc ; :{" Novelle ; 4" Xovclle di Boccaccio ; ô" Aneddoti su
gli uomini celebri italiani.
•S. Ponr paraître cet hiver à la librairie \'uibert, (V.\, boulevard
St-(îcrniain, Paris : Las Cien Mejores Poesias Liricas de la Lengua
Castellana, par M. (>amille Pitollct. Comprenant ks cent meilleures
poésies lyri(|ues d'Espagne depuis le xiii« siècle jusqu'à nos jours,
avec introduction, notes et notices littéraires en espagnol.
il. Professeur d'anglais au lycée du Havre et sa femme, chargée de
cours d'anglais ;iu lycée de filles, Orléans, tlemandent permutation
avec deux collègues de la même ville. Nord, Centre, ou région Paris.
Ecrire M. Liéveaux, 8,S, rue Thiers, Le Havre.
TABLE DES MATIÈRES
Pour l'Année 1921
Bulletin de TAssociatiOQ
(^onipte-rciidii de rAsscinhlée GéiuTiik' du (i j;iii\ier 1921.. 2, 129
Assemblée Génér:ilc du 1 7 février 1921 131
(".ompte-reiidu de l'Assemblée (jénérnle du 6 octobre 1921 437
Convocation de l'Assemblée (iénéiale Statutaire pour le
22 décembre 1 921 434
Réunions du Comité 12, 130, 311, 45(>
Hésolutions du Comité 20
Notifications des Elections au Comité, et des Candidatures 435
Notes de la Rédaction 12, 310
Notes du Secrétaire (iénéral 222, 310
Note de la Trésorière 310
Ila|)port de M. Delobel sur l'Etude de l'Allemand 22
(^)uestionnaire de la F'édération, et Uéponses des Régionales l.îR
Appel du Président 309, 432
Listes de Souscription 310, 433, r)ô9
Propatîande 1 '(i, 559
Démarches du Bureau 174, 227
I/l'niversité et la Politique 172, 232
Annonce et (Compte-rendu du Conjures de l'Enseignement se-
condaire de Pâques 176, 177
Au sujet du Congrès International de 1909 463
AniuKtire de l'Association pour 1921 329
Rectifications à VAnniutire 463
Section Régionale d'Aix-Marseille 32
Section Régionale de Bordeaux 317, 457
Section Régionale de Clermont-Ferrand 170, 321
Section Régionale de Lille 34, 172, 234
Section Régionale de Ljon 236, 324
Section Régionale de Nancy 36, 237, 459
Section Régionale de Poitiers 41, 462
Correspondance de F Association :
Avec la Fédération Nationale des Professeurs de Lycée .... 45
(circulaire envoyée aux Professeurs de Droit International 565
Circulaire aux Chambres de (Commerce 527
Réponses des Chambres de Commerce 560
Lettre à M. le Recteur de l'.Académie de Paris 47
CorresiJondance avec M. le Recteur de Paris (Réception Fra-
zer-Kipling) 558
(Correspondance avec M. Boussagol 47
Lettre à M. Camerlynck 50
Lettre de AL Pierre Legouis 51
Lettre de M. Rancès 53
Lettre de M. Milliot-Madéran à M. d'Hangest 297
Réponse de M. d'Hangest à M. Milliot-Madéran 299
Formalités pour la Titularisation des Maîtres-.^djoints ^. . . 227
(312 LES LANGUES MODERNES
Intérimaires dans les E. P. S 227
Sections Normales dans les E. P. S 228
Réforme du ('ertificat Primaire 228
Titularisation dans PEnseignement Primaire Supérieur .... 229
Visite des Professeurs de L. V. des E. P. S 231
Enseignement Primaire et Enseignement Technique 231
Bourses de ^'oyage Régionales 530
(^ours Clomplémentaires de la Mlle de Paris 530
Sccroloyie :
Paul Dussaud 127
Jules Lecoq 222
Ludovic Hrunet 224
Truchot 225
A. RivoALL.w. — Considérations Inactuelles 56
Articles d'ii)forrT)atioo> de critique ou de pédagogie
Pllmeau. — Notes sur la Méthode Directe 59
F. Bektalx. — Fritz von Unruh 180
A. (^HEVRiLLOx. — Shakespeare et l'Ame Anglaise 241
J. DoLADY. — M. Herriot et les Humanités Modernes 258
R. Maliuce. — Le Latin Ohligatoire en iV et en 5"" 3(il
G. JoLSSAUME. — Les Epreuves Orales de L. V. au Baccalau-
réat -168
R. Maurice. — L'Effort Opportun 473
L. Cazamiax. — Lettre au.x Compagnons sur la Question du
Latin 47«j
BÉCHOT. — Notre Discipline 567
Cbroi)iques étrangères
M. LoHANS. — - Notes Anglaises 63
^L BoiKGKOis. — Notes .\nglaises 185
G. JorssAiME. — Notes Anglaises 485, 569
F. liEMTAix. — Notes Allemandes 65, 579
P. Paoi.i. — Notes Italiennes 69, 277
V. Mauks. — Sur les Origines de ri'niversité de Prague .... 74
G. PiTOLLET. — Notes Espagnoles 489, 573
Divers
StHAEKFEU. — Adaptation allemaiulc de raul)adc de J. Ai-
card . Miette et Nora ■• 279
TAHl.i: DES MATIKHES 613
Bibiiograpt)ie
(Les noms des nuteurs des (^uniptes-rLiulus sont donnés entre
parenthèses.)
H.-C. WiLD. — - A History of Modem (^oUoquial English (A.
l\oszul) '('
.1. And B. Hammond. — The Skilled Lahourer (1760-1832) (P.
Devinât) 78
Kknny. — Esquisse du Droit Criminel Ani^lais 80
(}. Malgoux. — Lexique Teclmique Anglais-Français (M. R.» 81
.M. Edwahuks. — A Pocket Lexicon and Concordance to the
Works of Shakespeare (Ch. Vcillet-Lavallée) 81
Roland Bhealte. — Un Universitaire aux Armées (M. Lo-
rans) 82
Gaston Esnali.t. — Le Poilu tel qu'il se parle (A. Rivoallan; 83
L. Mahchand. — Petit guide pédagogique du professeur de
français en Alsace-Lorraine 84
E. Goi RIO. — La Méthode directe dans la 1 '''' Année d'Etudes
(Ch. Vcillet-Lavallée) 85
G. PicAVET. — Une Démocratie Historique, la Suisse (Milliot-
Madéran) 88
L. Cazamiax. — L'Evolution Psvchologique et la Littérature
en Angleterre (1660-1914) (E.'Guyoti 191
R. WiTHiNGTOX. — English Pageantry, Vol. II (J. Douadyi .. 194
Lew Sarett. — Many many Moons (J. Douady) 195
Carl Spittei-er. — Le Lieutenant Conrad. .Mes Premiers Sou-
venirs. Imago (G. Raphaël) 195
P. Gextizon. — LWUemagnc en République (G. Raphaël) . . . 196
Von Bulow. — La Bataille de la Marne (G. Raphaël) 196
R. PiTROu. — La Vie et l'Œuvre de Th. Storin (A. Godarti .. 197
J.-M. Carré. — Gœthe en Angleterre (.A. Godart) 199
Ch. ANDI.ER. — Les Précurseurs de Nietzsche {A. Godart» .... 201
E. GuYOT. — H.-G. Wells (L. Cazamian) 280
L. Cazamiax. — Some Aspects of the Mind of France (G. d'Han-
gesti 282
F.-.A. Stewart. — Les Lettres Provinciales de B. Pascal
(A. Koszul) 283
R. Bru.net. — La Constitution Allemande du 11 août 1919
(.1. Dresch > 283
M.-B. Finch and E.-.\. Peers. — The Origins of French Ro-
nianticism (Ch. Veillet-Lavallée) 286
Waldo Franck. — Notre .Amérique (B. Gagnot) 28
H.-G. Wells. — La Russie telle que je viens de la voir (G.
Joussaume) 366
R. St-John Parry. — Cambridge Essavs on Adult Education
(H. Roudil) ■ 369
(^h. Mills, Gayley and B.-P. Klrtz. — Methods and Materials
of Literary Criticism (.\. Koszul) 369
H. Tronchon. — La Fortune Intellectuelle de Herder (L. Le-
monnien 371
The Yearhook of Modem Languages, 1920 (H. Boussinesq) . . 373
Rev. H. -F. Stewart. — Samuel Johnson (H. Dupré) 374
L. Marchand. — Le Premier Livre de Français (Ch. Veillet-
Lavallée t 374
G. Weill. — Histoire de l'Enseignement Secondaire en Fran-
ce (M. R.i 375
H. NicoLsoN. — Paul \'eilaine (G. d'Hangesti 376
The Kings treasuries of English literatuVe (G. d'Haugest) . . . 377
(516 LES LANGUES MODERNES
Extraits de la Presse
Appel aux Amis des Langues Vivantes (Les Amis du Puy-de-
Dôme i !^ 99
La Reinie Pédagogique et les Langues \'ivantes 101, 102
Un Document (signé Kurt Hiller) 208
M. Camerlynck et le Rôle de l'Interprète (Illustration) 211
Appel en faveur de notre Association 215
Hommage aux Humanités Modernes (Journal des Lycées) . . 294
Le Danger que court l'Enseignement des L. V. (Revue de
Métallurgie} 402
A proj)os d'une Formule Traditionnelle (.1. Estève : Solidarité) 403
La Réforme de l'FInseignement (Ere Xouvellc) 'i40
Exani)ei)s et Concours
Extrait de l'arrêté du 12 nov. 1920 (Agrégations de l'Ensei-
gnement Secondaire en 1921) 115
Arrêté du 18 octobre 1920 (d") 115
Programme de l'Agrégation d'allemand en 1921 115
Dates des Examens et Concours en 1921 216
Modifications au programme de l'Agrégation d'anglais en
1 921 ;^0(>
Epreuves écrites :
Agrégation d'allemand 406
Agrégation d'anglais 408
(Certificat secondaire d'anglais 411
Professorat des Ecoles Normales 423
Certificat Primaire de Langues Vivantes 543
Certificat d'aptitude à l'Enseignement Commercial dans les
E. N •>^^
Baccalauréat :
Université de Paris -11-» ^^8
Université de Bordeaux -ilS. ^^j^
Université de Lyon • j-^
Université de Rennes 2
Université de Clermont-Ferrand 580
Université de Caen ^^^
Concours d'admission à l'Ecole des Hautes-Etudes Commer-
ciales 5-^^
Programmes pour 1922 :
Agrégation d'Allemand ||^"2
Agrégation d'Anglais j-'
Agrégation d'Espagnol 4_«
Agrégation d'Italien "*-■'
Certificat Secondaire d'Allemand j_-*_'
Certificat Secondaire d'Anglais j_-'
Certiticat Secondaire d'Espagnol 4-X
Certificat Secondaire d'Italien jf-^
Certificat Primaire de Langues \ivaiites '-^^-^
Le Gérant : A. Coueslanï.
CAiions, IMP. couESLANT (pet'sonnel iiiléressé). — 20.282
MASSON ET C% FÏDITEURS
lao, BOULFIVAkD SAIiNT-GEkMAIN, 120 — PARIS (^ •')
Ouvrages de P. DESSAQNES
Professeur au Lycée Louis-Ic-Grand
et à l'Ecole t-upéricure de Commerce de Paris
LE FRIkNÇJMS
Enseigne par la Alétliode intuitive et directe
I Tol. in-8" ccu de 504 pages abondamment illustré. Cartonné : 7 fr.
The English Class
VOLUiMliS AVEC NÛ.MBREUSES FIGURES, CARTONNÉS
Classe de 6' (et i" année lycéa de Jeunes filles) 4' édition. . . 6 fr. 5o
Classe de 5' (et 2' année) 2' édition 7 fr. »
Classe de 4' (vt 3' année) 2* édition 7 fr. »
Classe de 3' (et ./' année) 2' édition 7 Ir. »
Classe de 2' (et 5' année) . 8 fr. »
Classe de 1" (et 6' année) 9 fr. 5o
GRANDS COMMENÇANTS
Classe de 2" B. D. (4' année des Lycées de Jeunes Jilles, Ecoles
normales i" et 2' années) 3' édition 7 fr. J»
Classe de i" B. D. (y' année dc' Lycées de Jetines'yilles. Ecoles
normales 3' année) 2' édition 8 fr. »
E. CLAR.AC et E. VMNTZWEILLER
.\grcgc de l'Université, 1 Agrégé dc l'Université,
Professeur au Lycée Montaigne. | l'roviseur du Lycée dc .Mayencc.
Deutsches Sprachbuch
VOLU.MES AVEC NO.MBKELSES FIGLRES, CAUIONNÉS
Classe de 6' f /" a>i«éej j"" édition 0 fr. »
Classe de 5' ( j' année) 3' édition 7 fr. »
Classe de 4' ( ;' année) 3' édition 7 f''. »
Classe de 3* (./' année) f édition 8 Ir. »
Classe fX& 2,' ( ^' année) 3" édition . .' 6 fr. »
Classe de t" {(r année) 2' édition 7 fr. »
GRANDS COMAlbNÇANTS
Classe de 2' B. D. (4' année Lycées dc Jeunes Jilles, Ecoles
normales i' et 2' années) 8 fr. »
Classe de i" B. D. ('5'° année Lycées de Jeunes Jilles^ Ecoles
normales ;' année) 8 fr. )>
tes Prix indiqués ci-dessus sont applicables à partir du /fi Février 1920
et annulent tes prix antérieurs, ainsi que les majorations précédem-
ment appliquées.
2.
YI
G. DEL.MAS, ÉDITEUR — BORDEAUX
TAD
Tableaux Auxiliaires
, DELIVIAS
Pour l'Enseipeirient pralip des Laopes vivantes par rimage et la Métîioiie âirecte
ÉDITION
PORTATIVE
24 X 32
8 ^FRANÇAIS i RUSSE | ITALIEN
langues ANGLAIS 1 ESPAGNOL ALLEIÏIAND
FLAMAND
ESPERANTO
16 TABLEAUX accoiiipagiiés de leurs \'ocal30l3ires
R^durtion dn Tableau n' 18. — La Gabb - Le Votaqb.
M co
^ ni
ei «
«5
t3 m
^ fi
<B >
TABLEAUX AUXILIAIRES muraux en Couleur
Agrandissement des tableaux portatifs (90 X 120)
Ces ta))leaux, dans lescjuels le
di-ssinatfur a cherclié ù doiuier
h l'iiaqu'' personiK! et à chaque
()))jrt urii' u<;ltoté ]i:irl'aite, per-
mi'tlent, par leur roriiiat, à tous
l>'s élèves d'uui' classe, do suivre
sans fatit^uo la k-çou orale da
J.TOfl'BSl'lir.
[.a cullection de 16 tableaux
jiorinf l de jiasser en revue à peu
jiri'-< Imiles les
SiLiies de la vie courante
LES TABLEAUX MURAUX EN COULEUR
sont imprimes sur papier parcheminé très fort, montts
sur baguettes hois, prêts a être suspendus au mur
L'n labloau mui-tii bc()a;e, nie
l'i'iir l'viriiuiirr,- nnii moulé
8 67
7 LO
l.:i nouvelle édition «les T. A. D. imuaux i!>l iluiu
m llcle pjKiîiilc ii.iiiiiif ilissiii il comme coloris.
Vi'^nner.t de paraitrv
Mon proiii;!'!- .
Mun secoii.j / Livre de Français : 3 fr. 50
Mon troisii-nif i riiai|ue volume
Mnn ijuatrit'iiie ]
Cours complet de français en méthode directe pour les Etrangers
VII
THE QREEN SERIES
' Par E. Gourio, professeur an Lycée Biiffon
Classe de 6"'* (3. »). — Classe de 3™* (3.50)
Classe de 5"'« (3.50). — Classe de 2"" (3.50)
Classe de 4"" (3.50). — Classe de 1" et Phil. (5. »)
English Grammar. (3. »)
Grands Commençants N° 1 (8.50) — id. N° 2 (3.75)
La Classe de 6""* (1"^* Année) For boys and girls. (3. »)
(Eîciitioi-i &rx^i^r'GTx^&xxt^ ref oiad tte)
Auteurs du Programme, annotés par P. Lestang.
Enoch Arden 1.70
Christmas Carol 2. >>
Silas Marner 2.25
The Rime of the Ancient Mariner 1.50
Sous presse :
SHAKESPEAUii : Macbeth. — S'otes par P. Denis.
LA CLASSE EN ALLEMAND
Par P. Schlienger el A. Robert-Dumas
Classeélém. et 6'= (Vannée) 3 »
Classe de 5* (2^ année) 3.50
Classe de 4- (3' année) 3.50
' Classe de 3^ (4'= aimée) 3.50
Classe de 2 (.')'= année) 3.50
Deutsche Schulgrammatik 2.50
Classe de Première, Mathématiques et Philosophie
(6^ année) 4 »
Le Théâtre classique ali(Mnand.
Kleist. Prinz vox Hombuhg, Schulausgabe voii (i. Raphaël. 2 ))
Gçethe. Iphigénie, Schulaiisi^abe von A. Fouinier 2 »
Goethe. Egmont, Scliulausi^abe von F. Berthel 2 »
Schiller. Wilhklm Tell, Scliulaiisgaljc von A. Vulliod. . 2 »
Schiller. Die Jimgfrau von Orléans. Schulausg. von
Ch. Krumhollz 2 »
LA CLASSE EN FRANÇAIS
Premier livre. — Par E. Gourio 2.50
LIBRAIRIE CLASSIQUE EUGÈNE BELIN
BELIN Frères, 8, rue Pérou, PARIS {B'')
J. ADDISON
Cours pratique et gradué de langue anglaise
28« ôdilion revue, eonigée et augmentée par M, Ch. VEILLET-ADDISON
1 fort volume earlonné 8 fr. »
Corrigés des thèmes, i vol. in-12, broché. . . 4 iv. 40
Corrigés des versions, 1 vol. in-12, broché . . » s
Corrigés des morceaux choisis, i vol. in-12,
l)roché. 4 fr. 40
Exercices oraux, i vol. in-12, cart 3 fr. so
Corrigés, 1 vol. in-12, broché 3 fr. 80
Dictées anglaises graduées, i vol. in-12, cart. 6 fr. »
Les Verbes irréguliers anglais, 1 vol. in-12,
cart. , 2 fr. 80
English at home, l vol. in-8o, cart ...... 4 fr. 40
Petit guide français-cinglais, 1 vol. in-is, cart. 3 fr. »
(Majoration temporaire de W OjO)
L. SMITH, HAMILTON et L. LEGROS
DICTIONNAIRE INTERNATIONAL
Anglais-Français et Français-Anglais
Nouvelle édition revue, corrigée et au^eiHée é'ua supplément
par Ch. VEILLET-ADDISON
Professeur d'ouylais d Vlkole .irayo el à VKcolc des Hantes Etudes Coinriierciales
Deux vol. in-8" Jésus, imprimés sur 3 colonnes, broché. . 34 fr. »
Kclic en i)leinc toile 46 fr.; »
l>elié en (iemi-cbaiîrin , 52 fr. b
{Sans majoration)
Envoi franco du catalogue sur demande
d?
4
Unirersity of Toronto
Library
DO NOT
REMOVE
THE
CÀRD
FROM
THIS
POCKET
Acme Library Gard Pocket
LoUei Pa'. 'Rel. InJe^ FUe"
Made by LIBRARY BUREAU