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Full text of "Langues modernes"

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University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/languesmodernes18asso 


"4/ 


L 


Supplément   des   Langues  Modernes 
de  Janvier- Février   1921 


TABLE   DES   MATIERES 


Pour  l'Année  1920 


Bulletin  de  l'Association 

Pages 

Annuaire  de  l'Association  pour  1!)2() 298 

Avis  aux  Sociétaires 1 

Avis  important Hl,  185,  297,  401,  W;î 

A  nos  Collaborateurs 185,  297,  401,  49.'} 

Livre  d'Or 2,  18f> 

Assemblée  générale  du  IS  décembre  1919 5 

Assemblée  générale  du  8  févriea"  1920 200 

Statuts  adoptés  par  l'Assemblée  générale  du  22  décembi'e  1910..         20 

Réunions  du  Comité " 8.3,  60,  188,  .'524,  402 

Adhésions  nouvelles 86,  215,  ."ÎIW,  408,  M[\ 

Etude  de  l'allemand 87,  199,  326,  409,  ."lOH 

Uéunions  Pédagogiques 88,  192 

Section  Régionale  de  Poitiers 21.     89 

Section  Régionale  de  Lyon 95,  208,  .500 

Section  Régionale  de  Toulouse 204 

Section  Régionale  de  Clermont-Ferrand 837,  411,  497 

Section  Régionale  d'Aix-Marseille .'{37,  414 

Section  Régionale  de  Rordcaux 496 

Témoignages  étoulïés 200 

Note  sur  l'anglais  et  l'allemand  obligatoires  pour  les  (Candidats 

aux  Grandes  Ecoles • 3'28 

Situation  de  la  Société  au  1  "  octobre  1920 409 

Correspondance 

Lettres  à  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de  Paris 331,  .332 

Lettre  de  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de  Paris 332 

Lettre  au  Ministre  de  la  guerre 333 

Lettre  au  (îéuéral  Serrigny .'134 

Lettre  de  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Supérieur 335 

Lettre  de  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Secondaire .'135 

.I^ettre  à  certains  Membres  du  (Conseil  Supérieur 335 

Note  à  M.  Louis  Marin,  Député .'536 

Lettre  de  M.  Rancès,  Délégué  au  (Conseil  Supérieur 214 

Lettre  de  M.  Camerlynck .504 

Correspondance  avec  le  Vice-Président  de  la  Eédéralion 505 

Lettre  de  M.  Pierre  Legouis ."i09 

Réponse  du  Président  de  l'Association  à  M.  P.  Legouis 510 

Lettre  de  M.  Rancès  au  Hédacteur  en  chef  du  liiiUetin 511 

Nécrologie 

Darriulat  (M.  Hancès) 166 

L.-(l.  Hitz  (.1.  (lommarmond)    167 

M.  Lucien  Poincaré  (ICmiie  Legouis) 271 

Albert  Maffrc  (L.  E.) 272 

M.  Lematle 273 

Auguste  (iuiliaunu-  (L.  Beaujeu) 16;! 


Articles  d'information,  de  Pédagogie  eu  de  Critique 

L.-W.  ('.ART.  — *  Si  nous  parlions  des  Compagnons  ? ;;it 

P.  Lannes.  —  L'Abandon  de  l'allemand  et  les  Initiatives  à  prendre  97 

M.  LoRAXS.   —  A  propos  d'une  Annonce 100 

M.    Rangés.    —    L'Epreuve   des   Langues    \'ivantes    au    (Conseil 

Supérieur 102 

G.  HiRTz.  —  La  Méthode  des  Résultats 111 

E.  GoiRio.  —  De  la  .Méthode  Directe 1;4 

G.  BiAXQUis.  —  De  l'Inconvénient  que  présente  pour  les  Acadé- 
miciens l'Ignorance  des  Langues  \'ivantes 122 

M.  Mu.NON.  —  L'Accord  Interscolaire  Franco-Italien V2Ô 

E.  Kanceli.ahv.  —  Lettre  d'un  Professeur  Français  à  un  Profes- 
seur .\llemand 8i» 

Léo  Pard.  —  La  Pédagogie  Gaie 21(),  341 

M"'«  Albert.  —  Les  Langues  vivantes  à  l'Ecole  Normale 219 

G.-E.  Broche.  —  Les  Langues  Vivantes  au  Congrès  Régionaliste 

d'Ai.\-en-Provence  22.") 

G.  HiRTZ.  —  La  Réforme  Scolaire  en  Allemagne ;U2 

MoNGiTLLON.  —  Le  Certificat  Primaire  de  Langues  Vivantes  ....  349 

A.  RivoALLAS.  —  L'Esprit  qui  Vivifie 41() 

G.  HiRTZ.  —  La  Reichschulkonferenz 428 

G.  d'Hangest.  —  Orthodoxie  et  Autonomie ôi:; 

Chroniques  Etrangères 

M.  LoRAXS.  —  Notes  Anglaises l.'^l,  227,  357,  433,  533 

G.-E.  Broche.  —  Notes  Rhénanes 140,  244,  366,  438,  543 

G.  BocssAGOL.  —  Notes  Espagnoles 144,  24.S 

G.  Meyer.  —  Notes  Américaines .'il,  252.  547 

J.  Denis.  —  Notes  Allemandes 235,  360,  537 

G.  HÎRTZ.  —  Il  n'y  a  pas  que  chez  nous 442 

P.  Paoli.  —  Notes  Italiennes 549 

Bibliographie 

(Les   noms  des  auteurs  de   comptes  rendus   sont  donnés  entre 
parenthèses). 

E.  Rochelle.  —  Mon  livre  de  Français  (Ch.  N'eilkt-Lavallée).  . .  54 
DE  V.  Payen-Pavxe.  —  Frcncli^dioms  et  Provcrbs  (Ch.  \'.  L.)..  .55 
A.  HoRNBLON.  —  A  History  of  the  Théâtre  in  America  (G.  .Meyer).  157 
H.  DoNALi>soN.    —    The    Praclicai    Book   of  Interior   Décoration 

(G.  Meyer) 157 

L.  Gi  iLLET.  —  L'Enseignement  Technique  Supérieur 157 

M.  Berger.  —    La  Nouvelle  .Allemagne  ((i.  Raphaël)., 15.S 

Lluenuorfk.  —  Mes  Souvenirs  de  Guerre  (G.  Raphaël) 158 

Général  Buat.  -  -  Liidendorlï  (G.  Raphaël) 1,59 

F.  Delattre.        La  Pensée  de  Newman  ((;.  Cliemin; 159 

P.  VvoN.—  Traits  d'L'nion  Noimands  avec  l'.Angleterre  (C. Chemin)  160 

.I.Gaument  et  Camille  CE.  —  LesCliandelles  ÉteintcsfG.  d'Mangest)  l(i2 

Cloi  deslev-Bhereton.—  Mystica  et  Lyrica  (Cli.  N'eillct-Lavallée)  2.56 

Rev.  H. -F.  Ste.wart.  —  The  Hoilncss  of  Pascal  (H.  Dupré)  ...  257 

E.  BoNAKEÉ.  —  Dictionnaire  des  .Anglicismes  <P.  (^Iiauvet) 2.59 

Robert  Dell.  —  My  Second  Country  (.1.  Bezard) Jlil 


-  4  — 

L.  N'iLi.ARD.  —  La  F'emme  Anglaise  au  xi.v  siècle  (H.  Hovelaquc)  '2iV2 
D'    H.   Frenzell.  —  Gœthe    unser   Fûhrer   durch    die    Zeit    der 

schweren  Not  (M.  C.) '. 'ifiô 

G.  ^'AHE^•NE.  —   Le  Malaise   de  l'Université  et   la  Doctrine  des 

Compagnons  (L.-W.  Cart) 267 

E.-V.  DowNS.  —  Englisli  Literature  (G.  d'Hangesl) 'JfiiS 

John  Gaesworthy.  ^  Tatterdemalion  (G.  d'Hangest) 2(i9 

G.  Raphaël.  —  Walter  Rathenau  (A.  Godart) ;5H9 

H.  Lightenberger.  —  Faust  (1"  partie),  traduction  (A.  Godart).  ;570 
H.  Bradley.  —    Relations  between  Spoken  et  Written  Language 

(P.  Chauvet) 371 

O.-H.  Prior.  —  French  Studies  et  France  (G.  Joussaume) 372 

E.-A.  Craddock.  —  The  Class-Room  Repuhlic  (G.  d'Hangest). . .  372 

P.  Lapie.  —  Pédagogie  Française  (G.  Joussaume) 443 

A.  Lefraxc—  Sous  le  masque  de  William  Shakespeare  (A.  Koszul)  44() 

E.  Laivrière.  -    E.  Poe,  Contes  et  Poésies  (L.  Lemonnier) 44.S 

Lee  Holt.  —  Paris  in  Shadow  (G.  Joussaume) 449 

C.-R.-L.  Fi.etcher.   —  The  Great  War  (G.-E.  Broche) 4r)0 

R.  Stlrel.  —   Baudello  en  France  au  xvi«  siècle  (G.-E.  Broche).  451 

H.  Baixhe.  —  Le  Langage  populaire  (P.  Cliauvet) 452 

Grifi-on.   —    Recueil   de   Documents    Allemands   de    la    Grande 

Guerre  (G.  Varenne) 453 

P.  Passv.  —  Conversations  Françaises  en  Transcription  Phoné- 
tique (G.  d'Hangest) 454 

WissEMAXS.  —  Code  de  l'Enseignement  Secondaire 455 

Mai;geis    de    Bourglesdo.n.    —      Les    Sténographes    Pohglottes 

(G.  d'Hangest) 455 

D.  Sai:uat.  —   lilake  and  Milton  (L.  Cazamian) 554 

D.  Salrat.  —   La  Pensée  de  Milton  (P.  Chauvet) 554 

P.  Godet.  —  La  Pensée  de  Schopenhauer  (G.  Raphaël) 558 

M.  Mlret.    —     La    Littérature   Allemande    pendant    la    Guerre 

(G.  Raphaël) 558 

E.-A.  Peers.  —    The   Organization    of   Educational  Experiment 

(Ch.  V.  L.) 559 

J.-M.  Kkvnes.    —    Les   Conséquences   Economiques  de   la    Paix 

(M.  Basserrc) 500 

Sir  A.  T.  QuiLLEK-CorcH.  —  The  Kings  Treasuries  of  Literature 

(G.  d'Hangest) 5()2 

Anatole  Graixdkmil.  —   On  demande  des  Lycées   Modernes  (G. 

d'Hangest)  5(13 

Soutenances  de  Thèses Km, 373 

Revue  des  Revues i()5,  374,  455, 5G4 

Notes  et  Documents 

Cirnildiri'ft,  Arrclés  el  Di'crcls  Miiiisléricls  : 

Arrêté  relatif  à  la  Session  Spéciale  d'Agrégation  en  1020 72 

Décret  relatif  an  Recensement  des  Professeurs  Chargés  de  Cours 

dans  les  Lycées  de  Garçons 75 

Circulaire   relative   au    Frais    de    Déménagement   à    déduire    de 

l'Impôt  sur  le  Revenu 7(1 


Décret  (lu  22  1  U)2(t  relatif  aux  Nouvelles  Epreuves  du  Baccalauicat  170 
Circulaire  relative  aux  Listes  d'Auteurs  Etrangers  pour  le  Brevet 

Supérieur  en  1920 l^J 

Circulaire  relative  aux  Nouvelles  Epreuves  du  Baccalauréat 275 

Décret  du  13  2  21,  relatif  à  l'Admission  à  lEcole  Normale  Supé- 
rieure et  aux  Bourses  de  Licence -^t' 

Arrêté  du  12/3  20,  fixant  la  date  d'application  du  Décret  du  12  2  21, 

relatif  aux  Nouvelles  filpreuves -''  ' 

Arrêté  du  6  3,  fixant   le   nombre  des   candidats  à   recevoir  aux 

différents  concours  de  1921 277 

Arrêté  relatif  aux  concours  de  1920 '-^' 

Licence  d'arabe  instituée  à  Bordeaux  et  à  Lyon  (Arr.  du  7  4)  .    .  278 

Arrêté  du  18  3,  fixant  le  nombre  des  candidats  à  recevoir 278 

Circulaire  relative  aux  Certifiés  de  L.  V.  (25  2) 279 

Dégrèvements  de  frais  d'études  (Décret  du  25  3) 280 

Le  russe  et  l'arabe  au  Baccalauréat  (Arr.  du  3  5  20) 46(1 

Arrêté  modifiant  les  Programmes  des  Ecoles  Primaires  Super--.  570 

Renseignements  divers  : 

Ecoles  Anglaises 71 

Nouvelle  Loi  Scolaire  en  Saxe 72 

Les  Langues  ^'ivantes  à  l'Ecole  Polytechnique  et  à  St-Cyr 170 

Chaires  et  Services  d'allemand  171 

Visite  à  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Secondaire 171 

Séjours  à  l'Etranger 172 

Postes  vacants  en  Italie 173 

Créations  ou  Suppressions  de  Chaires,  Cours  et  Instituts  : 

Université  de  Paris ;'83,  5(i« 

Université  de  Toulouse 383,  46(5 

Université  de  Nancy 4(i(i 

Université  de  Grenoble 467 

Université  de  Lyon 568 

Université  de  Bordeaux 5(58 

Université  de  Strasbourg 568 

Université  de  Bennes 5(58 

Bibliothèque  Américaine  à  Paris 175 

Fédération  Nationale 180 

Les  Langues  Vivantes  aux  Arts  et  Métiers  (Ch.  \ .  L.) 281 

L'anglais  à  l'atelier  (Ch.  V.  L.) 281 

Séjours  à  l'Etranger  (Ch.  V.  L.) '^82 

Postes  tlAssistants  en  Anglererre  (B.  Gallant) 283 

Visite  au  Becteur  de  l'Académie  de  Paris 283 

iModern  Humanities  Bescarch  Association "286,  467,  567 

La  Crise  du  Livre 280 

Association  des  Institutrices  Diplômées 28(1 

Université  de  Londres  ((2ours  de  ^'^acances) 287 

Université  de  Strasbourg  (Cours  de  Vacances) 288 

Séjours  en  .-Mlemagne  occui)ée 289 

Lycée  tie  Mayence  ((lours  de  \'acances; 289,  339 

Bureau  International  d'Education 290 

Les  Langues  \'ivantes  au  (;r)nseil  Supérieur 378 

\'a'U  de  la  Société  des  Professeurs  de  Français  379 

Diplômes  de  l'Université  de  Strasbourg 380 


-  6  - 

Bourses  (Commerciales  de  Séjour  à  l'Etranger '.<iil 

Bourses  Industrielles  de  ^^oyage  à  l'Etranger 388 

Chaires  de  français  vacantes  aux  Etats-Unis ;{88 

Convention  Universitaire  entre  la  France  et  la  Serbie .'590 

Préparation  des  Professeurs  de  français  à  l'Etranger 4(i(5 

Indemnité  des  Examinateurs  au  Baccalauréat 4(i7 

Admissibilité  au  Certificat  Secondaire   (Réponse  du  Minisire  à 

Question  écrite) .")68 

Date  de  publication  des  Nominations  ..:...... ô(>8 

Cours  de  (iarnison 'ûO 

A  propos  de  la  Nouvelle  Licence Ô71 

Examens  et  Concours  : 

Dates  des  Concours  en  1920 7(5 

Programme  de  l'Agrégation  d'anglais  pour  1920 72 

Note  relative  au  Programme  de  l'Agrégation  d'anglais  en  1920..  175 

Réductions  des  Programmes  des  différents  Concours  en  1920  ...  7;{ 
Programme  du  Certificat  d'Aptitude  à  l'Inspection  Primaire  et  à 

la  Direction  des  Ecoles  Normales 74 

Auteurs  Etrangers  du  Brevet  Supérieur 74 

Epreuves  orales  du  Certificat  d'allemand  77 

Compositions  données  au  Baccalauréat 78,  79 

Programmes  des  Licences  de  langues  à  Strasbourg,  pour  1920  et 

1921 17;$ 

Sujets  d'Examens  et  de  De\oirs.: 

Hautes  Etudes  Commerciales 177 

Enseignement  des  Jeunes  Filles 294 

Epreuves  du  (lertificat  Secondaire  d'anglais  (Avril  1920) 294 

Epreuves  du  Certificat  Secondaire  d'allemand   39() 

Epreuves  de  l'Agrégation  d'allemand  (Section  Normale) 475 

Epreuves  du  (Certificat  Secondaire  d'allemand  (S.  N.) 477 

Epreuves  de  l'Agrégation  d'anglais  (S.  N.) 478,  571 

Epreuves  du  Certificat  Secondaire  d'anglais  (S.  N.) 480 

Epreuves  du  Certificat  Secondaire  d'allemand  (S.  N.) 482 

Brevet  d'Etudes  Primaires  Supérieures .^.  . .  .  484 

(Concours  d'Admission  à  l'Ecole  Polytechnique 398 

Epreuve  du  Concours  d'Admission  à  l'Ecole  Navale 400 

Modification  du  Programme  d'Admission  à  l'Ecole  Navale 5(59 

Programme  de  l'Agrégation  d'allemand  en  1921 4(58 

Programme  de  l'Agrégation  d'anglais  en  1921 468 

Programme  de  l'Agrégation  d'espagnol  en  1921 4(59 

Programme  de  l'.Kgrégation  d'italien  en  1921 470 

Programme  de  l'Agrégation  d'arabe  en  1921 474 

Programme  du  (Certificat  Secondaire  d'allemand  en  1921  .^ 470 

Programme  du  (Certificat  Secondaire  d'anglais  en  1921   470 

Programme  du  Certificat  Secondaire  d'italien  en  1921 471 

Programme  du  (Certificat  Secondaire  d'espagnol  en  1921    471 

(Certificat  d'Aptituile  des  (Classes  Elémentaires 471 

Agrégation  de  l'Enseignement  Secondaire  des  Jeunes  Filles 472 

(Certificat    d'Aptitude   à    l'Enseignement    Secondaire  des  Jeunes 

Filles,  et  Admission  à  Sèvres 472,  474 

ICpreuves  du  (Certificat  Secondaire  d'espagnol  (S.  N.  1921) 574 

ICpreuves  du  (Certificat  Secondaire  d'italien  (S.  N.  1921) 577 


Epreuves  du  Certificat  Primaire  de  L.  V 578 

Résultats  des  Concours  de  1920 082 

Coellicients  des  Epreuves  des  Concours  Secondaires  en  1921  ....  584 

Programmes  des  Certificats  Primaires  de  L.  V.  en  1921 587 

Programme  du  Certificat  d'Aptitude  au  Professorat  dans  les  E.N. 

Primaires  et  d'Admission  à   St-Cloud  et  Fontenay-aux-Roses.  588 

Extraits  de  la  J^rcssc  : 

Réformons  (La  Victoire) 276 

Les  Compagnons  et  les  Langues  X'ivantes  (L.  Caz.\mi.\n,  Solidarili')  284 

Les  Idées  du  Recteur  de  l'Académie  de  Paris  {Tcmj)s) 379 

Les  Langues  \'ivantes  et  les  Leçons  de  la  Guerre  (Information).  390 

Faut-i!  apprendre  l'allemand  ?  (Informateur  Civique) 393 

Faiit-il  apprendre  l'allemand  ?   (Démocratie  Nouvelle) 393 

Les  Langues  Etrangères  dans  l'Enseignement  Supéiieur 393 

Moiweimnl  du  Personnel 63,  181,  291,  395,  485,  590 

Tableau  d'Avancement 487 

Promotions  de  Classe.  ' 488 


Dix-huitième  année.  —  N'  i  Janvier-Février  1920 

Les 

Langues  Modernes 

L'Assemblée  générale  du  18  décembre  1920  a 
porté  la  cotisation  des  sociétaires  à  10  francs 
par  an  pour  la  France,  à  14  francs  pour  l'Etran- 
ger ;  l'abonnement  à  la  Revue  sera  de  12  francs 
pour  la  France,  de  14  francs  pour  l'Etranger, 
d'autre  part,  «  Les  Langues  Modernes  »  paraîtront 
désormais  tous  les  deux  mois. 


Avis  aux  Sociétaires 


'La  Rédaction  s'efforce  actuellement,,  malgré  la  persistance 
des  difficultés  de  publication  issues  de  la  guerre,  et  conformé- 
ment à  de  nombreux  désirs,  de  rendre  à  bref  délai  aux  Lan- 
gues Modernes  leur  caractère  compréhensif  de  191'f.  Organe 
de  défense  corporative,  elles  tendront  en  outre  à  grouper, 
sous  une  forme  concise,  les  renseignements  d'ordre  général 
que  l'éloignement  des  centres  d'études,  la  cherté  des  livres 
et  des  revues,  ou  la  lourdeur  des  tâches  professionnelles, 
tiennent  hors  de  portée  pour  tant  d'entre  nous. 

Au  premier  plaii  de  cette  reconstitution  figure  la  reprise  des 
chroniques  composant  jadis  Le  Mois  à  l'Etranger,  où  trouve- 
ront leur  écho  les  mouvements,  problèmes  sociaux  ou  politi- 
ques, les  livres  et  les  faits  significatifs  pour  chacune  des  races 
dont  les  langues  et  les  cimlisations  sont  l'objet  de  notre  en- 
seignement. 

A  ces  «  notes  étrangères  »  nous  tenterons  de  joindre  une 
bibliographie  critique,  à  la  fois  succincte,  claire,  et  suffisante 
pour  épargner  au  lecteur  qu'échappent  à  sa  curiosité  /es* 
quelques  livres  autour  desquels  s'oriente  la  réflexion  du  public 


l  LES   LANGUES    MODERNES 

instruit.  Mais  pour  assurer  à  cet  effort  son  aboutissement, 
nous  faisons  appel  dès  maintenant  à  la  collaboration  de 
tous  nos  collègues,  ni  copieuse,  d'ailleurs,  ni  concentrée  sur 
des  sujets  trop  particuliers  :.  il  importe  et  il  suffit  qu'à  la  lec- 
ture de  tout  livre  étranger  digne  d'attention,  un  compte-rendu 
soit  envoyé  à  notre  rédacteur.  La  diversité  des  sources  de 
cette  documentation,  dont  la  plus  grande  partie  sera  certai- 
nement publiée,  ne  contribuerait  pas  peu  à  la  vie  du  Bulletin, 
et  lui  assurerait  de  nombreux  points  de  contact  avec  l'en- 
semble de  l'Association,  en  augmentant  pour  tous  sa  valeur. 
Le  grand  nombre  de  communications  reçues  à  la  suite  du 
référendum  d'avril  1919  au  sujet  de  la  réforme  des  épreuves 
du  baccalauréat,  ne  nous  permet  pas  de  douter  que  les  mem- 
bres de  notre  groupement  veuillent  affirmer  encore  leur  soli- 
darité sous   cette  forme  nouvelle. 

Dans  le  prochain  numéro,  nous  espérons  pouvoir  publier 
des  Notes  Anglaises,  Allemandes,  Espagnoles,  Italiennes  et 
Américaines. 


AU    CHAMP    D'HONNEUR 


LE   LIVRE  D'OR"' 

VINGT-SEPTIÈME  PAGE 

CITATIONS 

BÉ/AEH,  Oliicier  Interprète  de  1"  classe,  à  la  1(5'  D.  I.,  profes- 
seur d'allemand  au  lycée  d'Orléans  : 

«  Interprète  à  la  W  Division  d'infanterie  depuis  le  début 
de  la  guerre  jusqu'en  septembre  1917. 

«  A  rendu  d'excellents  services  soit  comme  interprète, 
soit  en  exécutant  des  missions  en  secteur,  spécialement 
l)endant  la  bataille  du  17  avril  1917.  »  (Ordre  de  la  bri- 
gade). 

LoisKL  {Ernest-l*aul),  professeur  d'allemand,  inspecteur  d'aca- 
démie à  Aurillac,  oilicier  interprète  de  1"  classe  à  l'état- 
major  du  !{()'  corps  d'armée  : 

(1)  La  rédaction  sera  reconnaissante  à  tous  ceux  qui  voudront 
bien  l'aider  à  mettre  à  jour  le  Livre  d'or  en  lui  conini.iniquant 
les  renseignements  qu'ils   possèdent. 


AU    CHAMP    D  HONNEUR  ^ 

«  Au  cours  de  plus  de  deux  mois  de  combat,  a  interrogé 
près  de  treize  miile  prisonniers  et  s'est  rendu  à  plusieurs 
reprises  en  première  ligne  pour  pouvoir  renseigner  plus  tôt 
le  commandement.  A  pleinement  justifié  à  nouveau  la  con- 
fiance absolue  de  ses  chefs  dans  sa  haute  valeur  person- 
nelle.  »  (Ordre  du  corps  d'armée. 

ScHouMACKER  (Lucien-Jean-Joscpli),  professeur  au  collège  de 
Saint-Dié  (Vosges)  : 

l"^"  citation  : 

«  Sur  le  front  sans  interruption  depuis  le  début  de  la 
campagne,  n'a  cessé  de  rendre  les  plus  grands  services  par  le 
courage  et  l'habileté  avec  lesquels  il  a  rempli  toutes  les  mis- 
sions et  reconnaissances  qui  lui  ont  été  confiées  en  première 
ligne,  notamment  en  des  circonstances  difficiles  au  feu,  en 
Lorraine,  en  Belgique  et  à  Verdun.  »  (Ordre  du  régiment, 
21  août  1917). 

2"  citation  : 

«  Officier  interprète  d'une  division,  a  montré  dans 
l'accomplissement  de  ses  fonctions  les  plus  belles  qualités  de 
bravoure  et  de  dévouement  ;  le  13  juillet  1918,  afin  de 
recueillir  plus  tôt  des  renseignements  sur  une  attaque  enne- 
mie probable,  a  demandé  à  aller  faire  en  première  ligne  le 
premier  interrogatoire  des  prisonniers,  rapportant  ainsi  des 
renseignements  très  précieux.  »  (Ordre  de  la  division  du  5 
août   1918). 

3"  citation  : 

«  Le  9  octobre,  devant  Orfeuil,  appelé  à  l'improviste  à 
remplacer,  au  centre  de  renseignements  avancé,  son  cama- 
rade blessé,  s'est  acquitté  de  sa  mission  avec  courage  et 
sang-froid,  sous  un  bombardement  des  plus  violents,  et  a 
tenu  constamment  l'Etat-Major  parfaitement  au  courant  de 
la  tournure  du  combat.  »  (Ordre  de  la  division  du  7  novem- 
bre 1918. 

LÉGION  d'honneur 

Chevalier 

LoRANs  (Marcel),  professeur  de  lettres  et  d'allemand  au  collège 
de  Neufchâteau  (Vosges),  capitaine  au  lO"  régiment  d'infan- 
terie : 

«  Ofllcier  de  devoir,  brave,  compétent,  très  énergique, 
s'est  remarquablement  conduit  pendant  les  dernières  ofTen- 
sives,   particulièrement   au   cours-  des   attaques   de   l'Ourcq 


4  LES   LANGUES    MODERNES 

(juillet  et  août  1918)  ;  a  été  grièvement  blessé  le  24  octobre 
1918.  —  Une  blessure  antérieure.  —  Une  citation.  » 

MÉDAILLE  MILITAIRE  ANGLAISE 

NÉMo,  professeur  d'anglais  au  collège  de  Menton,  brigadier 
interjDrète  au  19"  escadron  du  train  des  équipages  militaires  : 

«  Pendant  le  bombardement  de  B...,  des  11  au  15  mars 
1918,  puis  quotidien  à  partir  du  18,  s'est  constamment 
dévoué,  organisant  par  toute  la  ville  des  services  d'ordre  et 
de  sauvetage.  Malgré  le  bombardement,  s'est  porté  au 
secours  des  victimes  ensevelies  et  par  son  attitude  a  contri- 
bué à  maintenir  le  calme  parmi  la  jjopulation.  » 


• 


b' 


ASSEMBLÉE     GENERALE 

du    18    décembre    1919 


L'assemblée  générale  de  notre  Association  a  eu  lieu  cette 
année  le  jeudi  18  décembre,  à  3  heures,  au  Lycée  Louis-le- 
Grand,  sous  la  présidence  de  M.  Pinloche,  président  de  l'Asso- 
ciation. 

Après  avoir  déclaré  la  séance  ouverte,  le  Président  prononça 
l'allocution  d'usage,  puis  le  Secrétaire  Général  et  le  Trésorier 
donnèrent  lecture  de  leurs  rapports  qui  furent  adoptés  après 
une  discussion  dont  on  trouvera  plus  loin  le  compte  rendu. 

Allocution    du  Président 

I,e  Président  rappelle  d'abord  les  noms  des  sociétaires  décédés 
au  cours  de  la  j)résente  année  :  MM.  Coiidray  (Nogeiit-le-Retrou), 
iJardel  (Montargis),  Letouzeij  (Artois),  Guingonin  (Cliarleville), 
mort  au  champ  d'honneur,  Darriulat  ((^ondorcet),  auquel  notre 
collègue  Hovclaque  a  consacré  un  article  nécrologique  dans  le 
dernier  numéro  de  la  Revue  des  lamfues  vivantes,  et  Miss  Wil- 
liams, directrice  de  la  Guide  internationale,  et  adresse  à  leurs 
familles  l'expression  de  ses  condoléances  les  plus  sincères  au 
nom   de  l'Association. 

Il  envoie  aussi  un  souvenir  et  des  vœux  particulièrement 
S3'mpathiques  à  Mlle  Weiller,  trésorière  de  l'Association,  momen- 
tanément séparée  de  nous  par  son  étr.t  de  santé,  et  ses  profonds 
remerciements  au  nom  de  tous  à  M.  L.-\V.  Cart,  vice-président, 
qui  a  bien  voulu  assumer  à  titre  intérimaire  les  délicates  fonc- 
tions de  la  trésorerie. 

Il  souhaite  ensuite  la  bienvenue  aux  nombreux  sociétaires 
revenus  à  leur  ])oste  après  avoir  participé  et  souvent  avec  éclat 
à  la  défense  nationale,  ainsi  qu'en  témoignent  les  innombrables 
citations   du   Livre   d'or   de   l'Université. 

Puis  il  rend  compte  des  travaux  de  l'Association  en  1919  dans 
les  termes   suivants  : 

Notre  activité  en  1919 

•Te  n'étonnerai  personne  en  disant  que  la  plus  grande  partie 
de  notre  activité  cette  année-ci  a  été  absorbée  par  notre  réfé- 
rendum sur  la  question  de  la  réforme  des  épreuves  de  langues 
vivantes  au  baccalauréat.  Cela  ne  nous  a  pas  empêchés  toute- 
fois d'apporter  notre  soin  habituel  aux  allaircs  courantes,  plus 
multiples  que  jamais  à  cause  de  la  liquidation  de  la  guerre,  et 
d'obtenir  dans  la  plupart  des  cas  des  solutions  satisfaisantes. 

L'élection  au  Conseil  Supérieur.  —  11  en  est  une  i)ourtant  où 
nous  nous  sommes  trouvés,  bien  malgré  nous,  dans  l'impossi- 
bilité d'agir  en  tant  que  vSociété  :  c'est  celle  de  l'élection  de 


b  LES   LANGUES   MODERNES 

notre  délégué  au  Conseil  Supérieur.  C'est  en  eft'et  le  25  novem- 
bre seulement  que  nous  avons  été  avisés  olliciellement,  à  Paris 
tout  au  moins,  que  les  élections  étaient  fixées  au  28.  Sans 
doute  nous  l'avions  déjà  entendu  dire  quelques  jours  avant, 
mais  trop  tard  pour  pouvoir  faire  autre  chose  que  de  provo- 
quer une  réunion  des  électeurs  parisiens,  le  20  novembre,  où 
l'occasion  fut  donnée  aux  candidatures  de  se  produire  L'uni- 
que candidat  qui  se  soit  présenté,  notre  collègue  d'anglais 
M.  Rancès,  qui  avait  déjà  fait  partie  du  Conseil  Supérieur,  a 
été  élu,  comme  vous  le  savez,  et  je  m'empresse  de  lui  en  expri- 
mer nos  vives  félicitations.  Mais  nous  ne  pouvons  nous  em- 
pêcher de  regretter,  comme  il  l'a  fait  lui-même,  la  précipi- 
tation avec  laquelle  s'est  accompli  cet  acte  si  important  et 
qui  lui  a  certainement  enlevé  l'ampleur  qu'il  aurait  dû 
avoir. 

/Votre    référendum 

J'arrive  maintenant  aux  résultats  de  notre  référendum,  qu'il 
m'est  particulièrement  agréable  de  vous  faire  connaitre. 

Vous  vous  rappelez  que  cette  grande  consultation  fut  décidé*?, 
sur  ma  proposition,  à  la  suite  de  la  réunion  pédagogique  du  6 
février,  dans  laquelle  furent  discutés  les  points  essentiels  de  la 
réforme  que  vous  désiriez.  Votre  Comité  fut  comme  moi  d'avis 
qu'il  y  avait  lieu  d'inviter  à  }•  prendre  part  tous  les  professeurs 
de  langues  vivantes  de  l'enseignement  public,  sans  exception, 
membres  ou  non  de  l'Association,  et  appartenant  à  tous  les 
ordres  d'enseignement. 

Le  nombre  inespéré  de  réponses  (467)  qui  parvint  au 
Comité  dans  les  délais  fixés,  c'est-à-dire  pour  la  rentrée  de 
Pâques,  prouve  quelle  importance  nos  collègues,  dans  tous  les 
ordres  d'enseignement,  attachaient  à  cette  première  réforme  et 
combien  ils  ont  eu  à  coeur  de  travailler  en  commun,  au  seuil 
de  la  paix,  à  la  solution  d'un  problème  dont  dépend  le  sort  de 
nos  études  de  langues  vivantes,  lié  si  étroitement  à  l'avenir  de 
notre  pays.  (Voir  le  Questionnaire  et  les  résultats  du  référen- 
dum dans  le  n°  2  des  Langues  modernes  de  1919). 

Mis  au  courant  dès  le  début,  par  le  président  de  l'Associa- 
tion, de  ce  mouvement  d'opinion  dont  la  vigueur  et  la  cohé- 
sion, non  moins  que  la  sûreté  d'orientation,  ne  pouvaient 
manquer  de  le  frapper,  M.  le  Directeur  de  l'enseignement 
secondaire  ne  lui  ménagea  pas  ses  errcouragements.  Et  devant 
les  résultats  si  nets  du  référendum,  il  voulut  bien  constituer 
une  Commission  des  langues  vivantes  chargée  de  les  examiner, 
et  devant  laquelle,  j'ai  eu,  comme  rapporteur,  l'honneur  de  les 
exposer  et  de  les  défendre. 

Cette  commission,  présidée  par  M.  l'inspecteur  général 
Hovelacjue,  com])renait,  outre  nos  trois  inspecteurs  généraux, 
les  auteurs  des  difiérents  projets  soumis  au  référendum.  Elle 
comptait  en  tout  douze  membres,  dont  ([uatre  ])our  l'allemand, 

(1  »  Voir  les  comptes  rendus  de  ees  dinérentes  réunions  dans 
les  Langues  modernes,  u"   1   de   1919. 


ASSEMBLEE    GENERALE  / 

quatre  pour  l'anglais  et  quatre  pour  les  langues  méridionales. 
Enfin  trois  d'entre  eux  appartenaient  ou  avaient  appartenu  à 
l'Enseignement  supérieur. 

Je  n'ai  pas  eu  de  peine  à  intéresser  une  commission  ainsi 
composée  aux  vœux  exprimés  par  la  grande  majorité  de  nos 
collègues.  Ces  vœux,  vous  savez  en  quoi  ils  se  résument.  Nous 
demandons  pour  notre  enseignement,  et  dans  l'intérêt  même 
de  celui-ci,  des  sanctions  plus  efficaces  que  celles  qui  existent 
actuellement,  tant  pour  les  quatre  sections  de  la  première 
partie  du  baccalauréat  que  pour  celles  de  la  seconde  iiartie 
(Philosophie  et  Mathématiques). 

L'épreuve  écrite  de  la  1"^  Partie 
(Sections  B  et  D) 

INSUFFISANCE  DE  L'ÉPREUVE  ACTUELLE.  SES   CAUSES 

La  faiblesse  générale  de  l'épreuve  écrite  en  B  et  en  D  était, 
déjà  avant  la  guerre,  constatée  par  tous  les  correcteurs. 

L'un  d'eux,  M.  Henri  Bloch  (lycée  Hoche),  nous  l'a  décrite 
avec  une  exactitude  saisissante  au  cours  de  la  discussion. 
«  Les  compositions  de  la  majorité  des  candidats  (1)  »,  dit-il, 
se  réduisent  à  quelques  petits  clichés  passe-partout,  appris 
par  cœur,  placés  n'importe  comment  et  reliés  par  quelques 
phrases  où  s'accumulent  les  fautes  les  plus  grossières  »  (2). 

Mêmes  constatations  du  côté  des  Facultés.  Non  seulement 
aucune  d'elles  n'a  contesté  cette  déclaration,  mais  plusieurs, 
notamment  Aix,  Marseille,  Bordeaux,  Lille,  Poitiers,  Toulouse, 
l'ont  soulignée,  au  moment  du  vote,  avec  une  force  d'expres- 
sion caractéristique  :  «  Tout  vaudra  mieux  que  cette  épreuve 
trompe-l'œil  »,  nous  écrit  notre  collègue  Loiseau,  de  Tou- 
louse. «  Tout  vaudra  mieux  que  l'épreuve  actuelle  »,  répète 
notre  collègue  Dresch,  doyen  de  la  Faculté  de  Bordeaux.  Et 
l'on  peut  dire  que  toutes  les  autres  communications  envoyées 
à  ce  sujet  par  les  Facultés  ne  sont  que  des  variantes  de  ce 
thème    lamentable. 

(}uelques-uns  ont  bien  essayé  de  plaider  les  circonstances 
atténuantes,  en  réclamant  le  maintien  du  statu  qiio.  Leur 
opinion  se  résume  dans  les  arguments  suivants,  présentés  par 
M.  Dupré  à  la  réunion  pédagogique  :  «  Ce  n'est  pas  parce 
qu'une  épreuve  est  faible  qu'on  doive  la  supprimer...  Quelle  que 
soit  l'épreuve,  composition,  thème  on  version,  il  y  aura  tou- 
jours des  élèves  paresseux  ou  inintelligents...  De  toutes  les 
épreuves  à  inij^oser  à  nos  élèves,  la  com])osition  en  langue 
étrangère  me  semble  être  la  moins  défectueuse.  Elle  offre  le 
grand  avantage  d'exercer  les  facultés  d'imagination  et  de  sen- 
sibilité... Enfin,  dans  l'ignorance  où  le  candidat  se  trouve  du 
sujet  qu'il  aura  à  traiter,  il  est  incité  à  lire  et  à  lire  beaucoup  : 
ce  n'est  i)as  là  le  plus  petit  avantage  dont  nous  sommes  rede- 
vables à  la  composition  en  langue  étrangère  »  (3). 

(1)  Des   candidats   composant    en    allcnumcl. 

(2)  Ibid.,  p.  58. 

(3)  Ibid.,  p.  57. 


8  LES    LANGUES    MODERNES 

Malgré  ces  arguments,  et  après  les  avoir  appréciés,  une  forte 
majorité  (362  voix  contre  G8),  s'est  prononcée  pour  une  mo- 
dification de  l'épreuve  actuelle,  reconnue  InsutTisante  par  tous. 

A  quoi  tient  donc  cette  insuffisance,  et  quels  sont  les  moyens 
d'y  remédier  ? 

«  Ce  n'est  pas,  nous  dit-on,  parce  qu'une  épreuve  donne  de 
mauvais  résultats  qu'elle  est  mauvaise  en  elle-même  ».  «  Les 
vrais  coupables  »,  nous  dit  M.  Rancès,  d'ailleurs  jjartisan 
d'une  modification,  «  c'est  vous,  c'est  moi,  ce  sont  les  exami- 
nateurs. Il  n'y  a  qu'à  se  montrer  plus  exigeant,  plus  sévère 
dans  les  examens  ».  On  aurait  pu  en  dire  autant  du  thème  et 
de  la  version  lorsqu'il  fut  question  de  leur  suppression  en  1^02 
et  je  crois  me  rappeler  qu'on  n'y  a  pas  manqué.  Je  suis  même 
convaincu  qu'on  serait  arrivé  à  un  résultat  satisfaisant  si  l'on 
avait,  en  accordant  à  notre  enseignement  le  nombre  d'heures 
dont  il  dispose  aujourd'hui,  maintenu  ces  deux  exercices, 
même  comme  épreuves  d'examen,  en  les  subordonnant  à  l'étude 
directe  de  la  langue,  parlée  et  écrite.  Le  passage  à  la  rédaction 
libre  en  eût  été  rendu  plus  facile,  il  se  serait  fait  tout  seul  en 
quelque  sorte,  beaucoup  plus  sûrement  en  tout  cas  que  par 
cette  brusque  ascension  sans  transition,  sans  paliers,  vers  l'un 
ries  sommets  qui,  malgré  tout,  reste  diilicilement  accessible 
dans  l'état   de  notre   organisation  actuelle. 

Non,  en  effet,  ce  n'est  pas  l'épreuve  qui  est  mauvaise  en  elle- 
même  :  aucune  épreuve  n'est  mauvaise  en  soi,  qu'elle  s'appelle 
composition,  thème  ou  version,  comme  le  dit  très  bien  M. 
Dupré,  pas  plus  qu'aucune  ne  saurait,  prise  isolément,  consti- 
tuer un  critérium  suffisant,  celui-ci  ne  pouvant  exister  que 
dans  la  réunion  des  trois  épreuves.  Ce  n'est  pas  davantage, 
j'en  suis  convaincu,  la  façon  dont  on  la  prépare  :  la  con- 
.science  et  la  compétence  de  la  majeure  partie  de  nos  profes- 
seurs les  met  à  l'abri  de  ce  reproche.  Ce  n'est  pas  enfin  la 
façon  dont  elle  est  jugée  aux  examens  :  les  correcteurs  ne  peu- 
vent empêcher  que  le  meilleur  de  ce  qu'on  leur  présente  ne 
soit  médiocre. 

Ce  qui  manque  à  l'épreuve  actuelle,  comme  d'ailleurs  à  celles 
qui  l'ont  ])récédêe,  c'est  une  base  solide,  qui  ne  peut  être  pré- 
cisément constituée  que  par  les  deux  autres  ou,  à  défaut,  par 
les  qualités  qu'elles  exigent  et  les  exercices  qui  y  conduisent. 
Alors  que  les  anciennes  épreuves  négligeaient  de  s'appuyer  sur 
la  langue  même  comme  source  directe  de  toute  acquisition, 
aujourd'hui  c'est  la  possession  préliminaire  des  formes  du  lan- 
gage et  d'un  vocabulaire  suffisant  et  précis  qui  fait  défaut. 
Comment  penser  et  écrire  dans  une  langue  si  l'on  n'a  pas  les 
moyens  de  s'exprimer  dans  cette  langue  avec  correction  et 
précision  ?  Or,  c'est  l'absence  de  ces  deux  dernières  qualités 
précisément  qui  constitue,  de  l'aveu  de  tous,  la  grande  fai- 
blesse de  l'épreuve  actuelle,  comme  l'absence  de  pensée  et  de 
forme  originale  caractérisait  les  ê])reuves  de  pure  traduction  : 
parce  qu'on  a  perdu  de  vue,  dans  un  cas  comme  dans  l'autre, 
que  la  valeur  de  la  pensée  était  fonction  de  celle  de  l'exprès- 


ASSEMBLEE   GENERALE  V 

sion,  comme  inversement  la  valeur  du  langage  contribuait 
puissamment  à  fixer  et  à  déterminer  celle  de  la  pensée.  C'est 
pour  avoir  omis  de  réaliser  cette  synthèse,  en  négligeant  le 
contact  direct  et  permanent  avec  la  langue,  qui  seul  donne  le 
pouvoir  de  penser  en  cette  langue,  que  le  thçme  et  la  version 
échouèrent  en  tant  que  critériums  de  la  possession  effective  de 
la  langue.  La  composition  libre  échouerait  également  si  elle 
voulait  continuer  à  poursuivre  la  chimère  de  vouloir  penser  et 
écrire  dans  une  langue  quelconque,  à  plus  forte  raison  dans 
une  langue  étrangère,  sans  avoir  acquis  au  préalable  les  qua- 
lités de  correction  et  de  précision  sans  lesquelles  la  rédaction 
n'existe  pas.  Pareillement,  les  moyens  et  exercices  qui  doivent 
conduire  au  but  sont  tellement  solidaires  entre  eux  qu'ils  ne 
peuvent  ni  s'exclure  ni  se  suppléer  à  aucun  moment  des  études 
et  que  jamais  aucun  d'eux  séparément  ne  saurait  constituer 
une  fin  en  soi. 

La  nécessité  inéluctable  de  cette  synthèse  semble  pourtant 
avoir  été  reconnue  au  moins  implicitement  par  les  Instructions 
de  1902,  qui  prescrivent  très  nettement  l'usage  des  exercices 
de  thème  et  de  version,  dans  les  termes  suivants  :  «  On  pourra 
faire  de  temps  en  temps  des  traductions  écrites  {thèmes  et 
versions).  Le  thème  —  et  c'est  le  rôle  auquel  il  convient  de  le 
réduire  —  servira  à  vérifier  si  les  règles  présumées  connues  le 
sont  en  effet.  Il  sera  un  moyen  de  contrôle  et  non  un  instru- 
ment d'étude.  Dans  ces  thèmes,  les  mots  seront  connus  de 
l'élève  ou  lui  seront  indiqués,  de  telle  façon  qu'il  n'ait  pas  à 
recourir  au  dictionnaire.  »  (1). 

Détrônées  avec  raison  comme  but  suprême  et  sanction  uni- 
que des  études,  les  exercices  de  traduction  conservaient 
ce])endant  la  place  qui  leur  convenait  dans  l'enseignement 
comme  exercices  d'acquisition  et  de  contrôle  que  rien  ne  sau- 
rait remplacer.  Faute  peut-être  d'avoir  été  suflisamment  éclai- 
rés par  les  Instructions  sur  la  relation  nécessaire  à  établir 
entre  les  exercices  de  traduction  et  les  exercices  de  compo- 
sition, troj)  de  jeunes  professeurs  furent  incités  à  croire,  sur 
la  foi  d'aflirmations  extérieures  à  ces  Instructions,  que  les 
exercices  de  composition  sulfisaient  à  tout  et  se  sufïisaient  à 
eux-mêmes,  et  abandonnèrent  les  exercices  de  traduction 
écrite  qui  leur  étaient  sagement  recommandés.  Il  ne  faut  pas 
voir  ailleurs  les  causes  du  mal  dont  tout  le  monde  se  plaint 
aujourd'hui. 

Solutions  proposées 

1"   VehSIOX  combinée  avec  la  COMI'OSITION 

Il  semblerait,  d'après  ce  qui  précède,  qu'il  suffise  d'ajjpli- 
quer  les  Instructions  existantes  pour  permettre  à    l'épreuve 

(1)  Plan  rrclitdes,  programin.es  et  examens  de  l'enseignement 
secondaire,  1902.  p,  72.  —  Cf.  Pinlothc,  Essai  d'orientation  péda- 
<)0(iique  (juin  1901)  :  "  .l'afTirim;  que  le  thème  doit  être  maintenu, 
non  tant  eonime  moyen  d'étnde  pio|)rement  dit  que  eomme  moijen 
de  contrôle  des  connaissanees  aequises  directement  dans  ta  lan- 
gue et  par  la  langue.  •>  (\ounelle  pédagogie  des  langues  vivantes, 
p.   30>. 


1(1  LES   LANGUES   MODEKNZS 

actuelle,  en  rétablissant  la  synthèse  un  moment  détruite,  de 
donner  son  plein  rendement.  En  principe  et  dans  un  monde 
idéal,  oui  assurément.  Mais  la  plupart  estiment  avec  raison 
qu'en  pratique  cela  serait  insuliisant.  Il  est  à  craindre  que  les 
mêmes  causes  qui  ont  empêché  les  Instructions,  dans  le  passé, 
d'être  appliquées  sur  un  point  cependant  essentiel,  ne  conti- 
nuent à  les  rendre  aussi  vaines  dans  l'avenir.  On  sait  combien 
nos  élèves  sont  peu  sensibles  à  toute  obligation  prescrite  qui 
n'est  pas  accompagnée  d'une  sanction  effective,  chifirée  par 
un  coefticient  à  l'examen,  la  seule  à  laquelle  ils  attachent  de 
l'importance. 

Telles  sont  les  considérations  qui  ont  amené  une  majorité 
de  386  voix  à  demander  que  l'épreuve  écrite  comporte  désor- 
mais, outre  la  composition  en  langue  étrangère,  une  version, 
donnant  lieu  à  une  note  spéciale  :  car  il  ne  parait  malheureu- 
sement pas  possible  pour  le  moment  de  réaliser  par  l'addi- 
tion d'un  thème  le  critérium  idéal  que  constitue  la  réunion 
des  trois  épreuves. 

Il  importe  de  remarquer  que  cette  nouvelle  épreuve,  dans 
h>  pensée  des  auteurs  du  projet,  n'est  nullement  exclusive  de 
la  composition  en  langue  étrangère,  qui  doit  rester  un  des 
buts  principaux  de  notre  enseignement.  Loin  de  vouloir  sup- 
primer celle-ci,  ils  entendent  la  maintenir,  non  telle  qu'elle 
est,  sans  doute,  ce  qui  équivaudrait  à  une  suppression  de  fait, 
mais  en  la  fortifiant  et  en  l'étayant  sur  une  base  solide, 
fournie  précisément  par  l'épreuve  et  le  texte  même  de  la  ver- 
sion. 

Il  leur  a  paru,  pour  cette  raison,  avantageux  de  rattacher 
directement  le  sujet  à  traiter  en  langue  étramière  au  texte  de 
la  version.  Il  n'est  pas  douteux  que  le  candidat  qui  a  consacré 
à  peu  près  la  moitié  du  temps  qui  lui  est  accordé,  soit  1  h.  1/2, 
à  méditer  et  à  s'assimiler,  dans  la  mesure  où  il  en  est  capable, 
les  idées  contenues  dans  un  texte  particulièrement  bien  choisi 
(d'une  quinzaine  de  lignes  au  plus),  ne  se  sente  plus  apte  à 
développer  ces  idées  ou  celles  qui  s'y  rattachent,  et  plus  dis- 
posé à  ijorter  tout  son  effort  sur  le  petit  travail  de  composi- 
tion qu'on  lui  ])ropose  et  qui  pourrait  avantageusement  être 
limité  à  une  vingtaine  de  lignes.  Cette  limitation  de  son  effort, 
tout  en  lui  i)ermettant  de  i)rouver  aisément  son  aptitude  à 
manier  la  langue  avec  correction  et  précision,  ne  l'empêche- 
rait nullement  de  faire  valoir  par  surcroit,  s'il  les  possède, 
les  qualités  d'imagination  et  (l'invention,  d'élégance  même, 
qui  rehausseraient  la  valeur  de  son  travail,  mais  qui  ne  doi- 
vent pas,  il  est  bon  de  le  rappeler,  être  le  but  essentiel  de  cette 
épreuve. 

Ainsi  comprise,  l'addition  d'une  version  à  l'épreuve  actuelle, 
loin  d'être  une  surcharge  comme  ce  serait  le  cas  si  l'une  était 
indéi)endante  de  l'autre,  -  aussi  personne  ne  l'a  demandé,  — 
constituerait  en  fait  un  allégement.  Elle  serait  en  même  temps 
un  progrès  et  un  progrès  notable,  dont  tout  l'enseignement 
bénéficierait  non  moins  (|ue  l'examen  lui-même.  Car  l'exer- 
cice de  la  composition  libre,  au  lieu  de  reposer  sur  des  lectu- 


ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE  11 

res  plus  OU  moins  vagues  et  souvent  trop  rapides,  serait  dé- 
sormais appelé  à  proliter  immédiatement  chaque  fois  de  la 
substance  formelle  et  réelle  d'un  texte  étranger  qui,  tout  en 
restant  constamment  l'objet  direct  de  la  pensée,  serait  d'au- 
tant plus  suggestif  qu'il  aurait  été  clarifié  et  assimilé  par  la 
traduction. 

Ce  n'est  pas  ici  qu'il  est  besoin  de  faire  ressortir,  outre 
ce  progrès,  les  multiples  avantages  pédagogiques  de  la  version 
et  surtout  l'heureuse  répercussion  qu'aurait  encore  cet  exer- 
cice sur  tout  l'enseignement,  non  seulement  en  ramenant  les 
élèves  aux  habitudes  de  précision  trop  longtemps  négligées, 
mais  aussi  en  favorisant  puissamment  l'acquisition  et  l'ex- 
tension du  vocabulaire  indispensable  à  cette  précision  même. 

Beaucoup  apprécieront  aussi  un  avantage  qui  n'est  pas  à 
dédaigner  :  celui  de  rétablir  le  lien  nécessaire  entre  l'ensei- 
gnement' des  langues  vivantes  et  l'enseignement  du  français, 
pour  le  plus  grand  profit  de  l'un  et  de  l'autre  non  moins  que 
de  la  culture  générale  de  nos  élèves. 

Enfin,  même  au  point  de  vue  strictement  utilitaire,  il  n'est 
pas  inutile  de  remarquer  en  passant  que  le  rétablissement  de 
la  version  donnerait  satisfaction  au  vœu  d'une  très  notable 
partie  du  public  cultivé,  qui  estime  que  ceux  qui  ont  besoin 
de  lire  et  de  comprendre  une  langue  étrangère  sont  en  nom- 
bre infiniment  plus  grand  que  ceux  qui  pourront  avoir  besoin 
de  l'écrire  et  même  de  la  parler. 

Il  est  facile  de  coinprendre  le  sentiment  qui  a  fait  pencher 
le  plus  grand  nombre  en  faveur  de  ce  nouveau  système  :  c'est 
le  désir  d'en  finir  avec  l'abus  des  développements  vagues  et 
tout  faits-,  des  «  clichés  passe-partout  »,  pouvant  servir  à  peu 
près  à  n'importe  quel  sujet,  comme  cela  se  passait  autrefois 
pour  le  discours  latin, —  dont  ce  fut  la  perte.  L'expérience 
n'ayant  fait  que  confirmer  la  gravité  de  ce  danger  (que  j'avais 
pour  mon  compte  signalé  avant  1902),  je  pense  qu'il  suffira 
de  laisser  aux  Facultés  le  soin  de  donner  leurs  sujets  de  la 
façon  qui  leur  paraîtra  le  plus  propre  à  l'éviter. 

Explications  de  mois  ou  d'expressions  et  questions  littérai- 
res. —  Dans  le  spécimen  qui  a  rallié  le  plus  grand  nombre 
de  suffrages  (spécimen  C,  pp.  6t)-71)  figurent  encore  des  ex- 
plications de  mots  ou  d'expressions  et  des  questions  d'ordre  lit- 
téraire qui  ont  donné  lieu  les  unes  et  les  autres  à  de  sérieuses 
critiques  au  point  de  vue  surtout  de  l'application.  Mais  ce  ne 
sont  là  que  de  simples  indications  données  à  titre  d'exemples, 
la  majorité  ayant  estimé  que  la  plus  grande  liberté  devrait 
être  laissée  aux  examinateurs  dans  le  choix  de  leurs  questions, 
qui  pourra  toujours  varier  d'une  Faculté  à  l'autre  et  même 
d'une  session  à  une  autre  suivant  les  besoins  et  les  circons- 
tances. 

Questions  de  qrammaire.  —  Enfin,  pour  obtenir  des  candi- 
dats les  habitudes  de  correction  qui  leur  manquent  faute  de 
notions  grammaticales  suHisantes,  la  même  majorité  estimant 
qu'il  est  vain  de  compter  sur  la  simple  persuasion  pour  les 


12  LES   LANGUES    MODERNES 

décider  à  attacher  à  cette  partie  de  leurs  études  l'importance 
qui  convient,  a  cru  devoir  réclamer  une  sanction  spéciale 
poiir  la  grammaire  aux  épreuves  écrites.  Il  a  paru  suffisant, 
après  examen  approfondi  de  la  question,  de  réclamer  une  in- 
terrogation avec  coellicient  spécial  à  l'épreuve  orale. 

Les  questions  d'ordre  purement  philologiques  ou  didacti- 
que n'ont  été  proposées  que  par  un  petit  nombre.  Il  ne  faut 
pas  jierdre  de  vue,  en  effet,  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'un  examen 
scientifique  ou  pédadogique.  Le  meilleur  moyen  d'introduire 
la  grammaire  à  l'examen  écrit,  pour  éviter  les  réponses  ap- 
prises par  cœur,  semble  être  de  proposer  au  candidat,  comme 
l'a  très  bien  fait  ressortir  M.  Delobel  et  comme  cela  se  prati- 
que dans  l'enseignement  journalier,  des  exercices  directs  de 
langage,  choisis  de  manière  à  l'obliger  à  l'emploi  de  certaines 
formes  grammaticales,  tels  que  :  transformations  de  i^hrases 
ou  de  parties  de  phrases  tirées  du  texte  de  la  version  (chan- 
gements de  mode,  de  temps,  de  forme,  de  tournure,  passage 
du  style  direct  au  style  indirect  ou  réciproquement,  etc.).  On 
pourrait  ajouter  utilement  des  phrases  à  former  librement  à 
l'aide  de  certains  verbes  ayant  une  syntaxe  particulière  (ver- 
bes séparables  ou  inséparables  en  allemand,  verbes  à  post- 
])osition  en  anglais,  etc.),  ou  d'expressions  idiomatiques  cou- 
rantes doni  on  ne  craindrait  pas  de  donner  l'équivalent  fran- 
çais strictement  nécessaire  (Ex.  :  se  souvenir  de,  se  rappeler, 
rappeler  à,  s'approcher  de,  changer  de,  penser  à,  réussir  à, 
entrer  dans,  vivre  de,  être  content  de,  être  occupé  à,  deman- 
der {pour  obtenir),  demander  {pour  savoir),  avant  de...  afin 
de...   après    avoir...,    etc.). 

On  retrouverait  ainsi,  au  milieu  d'une  variété  infinie  de 
questions  ])armi  lesquelles  les  examinateurs  n'auraient  que 
l'embarras  du  choix,  les  avantages  du  thème  sans  avoir  à  en 
craindre  les  abus. 

2"  Version  avec  retraduction  indirecte.  —  La  version  avec 
retraduclion  indirecte  (spécimen  E)  a  eu  pour  elle  107  voix. 
Ainsi  que  l'a  très  bien  dit  M.  Simonnot,  «  c'est  un  excellent 
exercice  scolaire,  mais  tous  les  exercices  écrits  ne  peuvent 
figurer  dans  l'examen  final,  où  il  faut  que  l'élève  puisse  mon- 
trer ce  qu'il  a  retiré  de  ses  études,  c'est-à-dire  qu'il  est  capa- 
ble de  cami)rendre  un  texte  de  moyenne  difficulté  et  d'expri- 
mer quelques  idées  directement  »  (1).  Aussi  l'auteur  de  ce 
projet  d'éjjreuve  s'est-il  rallié  sans  peine  au  système  adopté 
par  la  majorité,  tout  en  demandant  que  les  exercices  de  re- 
traduction ne  soient  ])as  négligés  dans  le  cours  des  études, 
où  ils  i)euvent  rendre  les  ]dus  grands  services. 

3°  Nfwration  ou  thème  d'après  un  te.vte  assez  long  donné 
en  français.  —  Ce  système  d'épreuve,  qui  a  l'inconvénient  de 
ne  ])as  inciter  l'élève  à  exprimer  ses  idées  directement,  n'a 
rallié  que  (Hl  voix,  et  n'a  pas  été  défendu  à  la  réunion  péda- 
gogique. 

(1)    Ihid.,   p.  59. 


ASSEMBLÉE    GÉXÉBALE  13 

C'est  donc  la  première  de  ces  trois  solutions  qui  a  prévalu 
et  a  trouvé  son  expression  dans  le  projet  de  modification  que 
j'ai  soumis  à  la  Commission  ministérielle  des  langues  vivan- 
tes. 

Après  deux  séances  de  discussions  approfondies,  au  cours 
desquelles  des  multiples  questions  soulevées  par  le  référen- 
dum n'a  été  laissée  de  côté,  la  Commission  a  terminé  son 
travail  en  rédigeant  ses  conclusions,  prises  en  général  à 
l'unanimité,  et  qui  donnent  satisfaction  dans  l'ensemble,  et 
même  au  delà  sur  certains  points  (notamment  en  ce  qui  con- 
cerne les  sections  A  et  C  et  la  2"  langue  en  B  et  D,  pour  les- 
quelles elle  a  adopté  le  principe  d'une  courte  épreuve  écrite, 
aux  vœux  exprimés  par  notre  corps  enseignant.  Ces  conclu- 
sions serviront  de  base  aux  délibérations  du  Conseil  supérieur 
qui  va  en  être  saisi  dès  sa  prochaine  session,  et  nous  avons 
tout  lieu  d'espérer  qu'il  les  approuvera. 

Je  ne  peux  terminer  cet  exposé  sans  vous  proposer,  mes 
chers  collègues,  d'exprimer  nos  remerciements  à  tous  ceux 
qui  nous  ont  aidés  à  mener  à  bien  cette  entreprise  que  d'au- 
cuns ont  pu  juger  quelque  peu  téméraire,  voire  inutile.  Ces 
remerciements  s'adresseront  donc  tout  d'abord  aux  467  collè- 
gues de  tous  les  ordres  d'enseignement  qui  ont  pris  la  i^eine 
de  répondre  aux  nombreux  points  de  notre  questionnaire, 
sans  nous  ménager  leurs  conseils  ni  leurs  critiques,  montrant 
par  là  le  désir  qu'ils  avaient  de  mettre  sur  pied  quelque  chose 
de  solide  et  de  durable  ;  puis  à  la  Commission  ministérielle 
des  langues  vivantes,  dont  le  fructueux  labeur  a  si  puissam- 
ment contribué  au  succès  de  nos  eftorts,  et  enfin,  —  last  not 
least,  —  à  notre  directeur  de  l'enseignement  secondaire  et  à 
nos  inspecteurs  généraux,  qui  n'ont  cessé  de  nous  encourager 
et  de  nous  soutenir  dans  la  poursuite  de  notre  but.  Ce  n'est 
pas,  je  pense,  trahir  le  secret  professionnel,  mais  simplement 
remplir  un  devoir  que  de  vous  faire  part  ici  du  témoignage 
de  satisfaction  exprimé  dès  la  première  séance  de  la  Com- 
mission, par  son  président,  tant  au  nom  de  l'Administration 
que  de  ses  collègues,  aux  représentants  de  notre  Association 
pour  la  grande  preuve  de  dévouement  à  l'intérêt  général 
qu'elle  venait  de  donner.  Reconnaissant  l'objectivité  et  le  dé- 
sintéressement qui  ont  présidé  à  notre  enquête,  «  en  dehors 
de  toutes  préventions  personnelles  ou  de  vues  théoriques  » 
(je  cite  textuellement),  et  frappé  de  voir  que  «  les  graves 
préoccupations  de  toute  sorte,  nées  de  la  guerre,  n'ont  pas 
empêché  le  corps  des  professeurs  de  langues  vivantes  de 
mettre  au-dessus  de  tout  les  intérêts  de  l'enseignement  dont 
il  est  chargé  »,  ses  membres  n'ayant  eu  que  «  la  préoccupation 
d'apporter  à  l'amélioration  de  leur  enseignement  tous  les 
éléments  qu'une  expérience  prolongée  leur  a  fournis  »,  il  a 
loué  sans  réserve  «  l'eflort  considérable  »  fait  par  notre 
Association  «  pour  exposer  les  résultats  obtenus  ])ar  les  ré- 
formes de  lfl02,  et  les  diverses  critiques  qu'on  est  aujourd'hui 
en  mesure  de  formuler.  >■> 

Si  je  me  permets  de  citer  ces  témoignages,  que  nous  avons 


14  LES   LANGUES    MODERNES 

conscience  de  mériter  sans  doute  et  auxquels  nous  sommes 
très  sensibles,  mais  qui  ne  font  que  s'ajouter  à  la  satisfaction 
du  devoir  accompli,  croyez  bien  que  ce  n'est  pas  pour  en  tirer 
vanité  en  votre  nom  ni  au  mien.  C'est  parce  que  j'y  vois  sur- 
tout, et  avec  une  véritable  joie,  la  réalisation  du  ferme  espoir 
que  j'exprimais  l'an  dernier  en  ces  termes  généraux  :  «  Du 
jour  où  nous  nous  appliquerons  à  étudier  et  à  préparer  nous- 
mêmes,  comme  il  nous  appartient,  les  réformes  qui  nous  pa- 
raissent utiles,  nous  serons  moins  exposés  à  nous  les  voir 
imposer  par  des  incompétents  ou  des  utopistes.  Et  comme 
nous  ne  chercherons  en  cela  que  le  plus  grand  bien  de  nos 
études  et  par  conséquent  du  pays,  il  n'est  pas  de  gouverne- 
ment ni  d'administration,  qui  ayant  le  même  souci  des  grands 
intérêts  nationaux,  ne  nous  sache  gré,  en  élevant  ainsi  le 
niveau  de  notre  mission,  de  lui  faciliter  aussi  la  sienne.   » 

Cette  expérience,  dont  le  succès  ne  lit  jamais  de  doute  pour 
moi,  méritait  donc  d'être  faite.  Contrairement  à  ce  qui  se  pas- 
sait naguère,  nous  avons  été  admis  à  collaborer  avec  l'Admi- 
nistration aux  réformes  dont  nous  croyons  être  meilleurs 
juges  que  qui  que  ce  soit,  et  ce  doit  être  pour  nous  une  sa- 
tisfaction profonde  de  voir  avec  quel  libéralisme  sincère  cette 
collaboration  a  été  acceptée.  C'est  d'une  telle  contiance  réci- 
proque que  peuvent  seulement  sortir  des  réformes  sérieuses 
eî  durables,  parce  que  ce  sont  ceux-là  mêmes  qui  les  ont  de- 
mandées et  étudiées  qui  auront  la  charge  et  la  responsabilité 
de  les  appliquer  :  garantie  plus  puissante  que  toutes  les  cir- 
culaires du  souci  qu'ils  auront  d'en  assurer  le  succès. 

Ceci  est  d'un  bon  augure  et  nous  permet  d'aborder  avec 
pleine  confiance  l'étude  des  problèmes  qui  nous  restent  à  ré- 
soudre, et  dont  le  plus  urgent  me  paraît  être  posé  clairement 
par  la  crise  très  grave  et  très  inquiétante  pour  nos  intérêts 
nationaux  que  traverse  depuis  la  guerre  notre  enseignement 
de  l'allemand,  et  que  certaines  mesures  trop  hâtives  du  Minis- 
tère de  la  guerre  n'ont  fait  qu'aggraver.  Puis  viendront  les 
questions  non  moins  importantes  mais  plus  complexes  que 
j'ai  déjà  signalées  à  votre  attention  l'an  dernier,  relatives 
d'une  part  au  recrutement  et  à  la  formation  de  notre  person- 
nel enseignant,  et  d'autre  part  à  l'organisation  de  nos  classes, 
tlont  la  réforme  s'impose  à  bref  délai  si  nous  voulons  que 
celle  du  baccalauréat  porte  tous  ses  fruits.  Autant  de  problè- 
mes ardus  que  vous  êtes  résolus,  j'en  suis  sûr,  à  attaquer  avec 
la  même  fermeté  que  celui  de  la  réforme  des  épreuves  de 
langues  vivantes,  au  baccalauréat,  et  dont  vous  n'aurez  pas 
plus  de  peine  à  découvrir  et  à  indiquer  les  solutions. 

Je  termine  en  exprimant  le  v(ru  que,  là  encore,  le  succès 
vienne  couronner  bientôt  vos  efforts  (lésintéressés,  pour  le 
plus  grand  bien  de  notre  enseignement  et  par  conséquent  aussi 
de  notre  pays.  {Applaudissements). 


ASSEMBLÉE    GÉNÉRALE  15 

Rapport  du  Secrétaire  général 

Après  l'allocution  si  nourrie,  si  pleine  de  faits  de  notre  pré- 
sident, la  tâche  de  votre  secrétaire  général  est  singulière- 
ment simplifiée.  On  vous  a  montré  comment  en  cette  année 
de  paix  relative,  nous  reprenons  peu  à  peu  une  vie  normale, 
comment  nous  abordons  à  nouveau  les  problèmes  qui  nous 
tiennent  à  cœur.  Par  deux  fois  nous  avons  manifesté  notre 
existence.  D'abord  dans  l'organisation  du  référendum,  dont 
notre  Président  vient  de  vous  entretenir,  référendum  qui  a 
eu  le  succès  et  le  résultat  que  vous  savez.  Ensuite  en  réunis- 
sant à  la  hâte  les  agrégés  de  l'Académie  de  Paris  pour  leur 
permettre  de  choisir  en  connaissance  de  cause  un  candidat 
au  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  publique  ;  (la  convoca- 
tion au  Journal  Officiel  avait  passée  inaperçue,  celle  insérée 
au  Bulletin  de  l'I.  P.  a  paru  le  22  novembre  dans  un  n"  daté 
du  1").  Le  candidat  choisi  et  élu  est  notre  ami  de  toujours, 
un  des  fondateurs  de  notre  société  et  l'ancien  Président  de 
notre  Association,  sur  le  dévouement  duquel  nous  pouvons 
compter  et  auquel  nous  réitérons  nos  plus  chaleureuses  félici- 
tations. Il  n'a  pas  tenu  à  nous  que  nous  n'ayons  pu  une  troi- 
sième fois  donner  signe  de  vie.  Pourquoi  faut-il  que  l'Ensei- 
gnement supérieur  soit  resté  dans  son  splendide  isole- 
ment ?  Avec  votre  secrétaire,  vous  regretterez  sans  doute  que 
votre  société  n'ait  pas  été  conviée  à  l'inauguration  de  la  nou- 
velle Université  de  Strasbourg  et  qu'à  ces  fêtes  commémorant 
la  création  d'un  grand  établissement,  destiné  à  propager  no- 
tre influence  intellectuelle  et  littéraire  à  travers  le  monde, 
nous  n'avons  pas  été  représentés. 

Il  ne  me  reste  donc  qu'une  tâche  fort  courte  à  remplir,  vous 
esquisser  la  vie  intérieure  de  notre  Associa'ion  :  le  diagnostic 
est  évidemment  meilleur,  nous  avons  enregistré  près  de  60 
adhésions  nouvelles,  deux  fois  plus  que  dans  la  moins  mau- 
vaise des  années  précédentes.  C'est  un  progrès,  mais  un  pro- 
grès insuffisant,  et  je  m'excuse  de  me  répéter  damnée  en  an- 
née, nous  ne  sommes  une  force  que  si  nous  avons  le  nombre  : 
pour  intervenir  dans  les  graves  problèmes  de  l'avenir,  dans 
ces  questions  de  réforme  et  de  refonte  complète  de  l'Ensei- 
gnement qui  vont  se  poser,  pour  avoir  dans  la  pédagogie  des 
langues  vivantes  l'autorité  que  nous  devons  avoir,  il  faut  que 
la  grande  majorité  de  nos  collègues  des  trois  ordres  d'ensei- 
gnement viennent  à  nous.  Leur  adhésion,  il  ne  tient  qu'à 
vous,  mes  chers  collègues,  de  nous  la  procurer. 

D'autre  part  la  question  du  Bulletin  se  pose  avec  une  acuité 
inquiétante.  Il  est  une  des  raisons  d'être  de  notre  société, 
notre  organe  de  renseignement,  la  preuve  de  notre  solidarité, 
^il  disparaissait,  je  craindrais  fort  que  ce  ne  fût  un  coup  très 
dur  pour  l'existence  même  de  notre  société.  Or  notre  trésorier 
vous  montrera  qu'en  l'état  actuel  des  choses  nous  allons  droit 
à  la  faillite.  Quelques  chiffres  :  En  lî)14  et  jusqu'en  mai  1915 
un  numéro  de  nôtre  revue  nous  revenait  à  environ  3(50  francs 
pour  un  tirage  à  1.300  exemplaires.  En  octobre  1918,   nous 


16  LES    LANGUES   MODERNES 

étions  à  700  francs,  en  octobre  1919  nous  dépassons  800  francs 
et  notre  imprimeur  nous  annonce  une  liausse  minimum  de 
40  0/0  à  partir  du  1"  janvier  1920. 

Si  à  ces  chiffres  vous  comparez  ceux  de  notre  budget  de 
recettes,  vous  constaterez  qu'avec  le  montant  actuel  des  coti- 
sations, nous  serons  obligés  de  réduire  encore  le  nombre  de 
nos  numéros,  de  ne  paraître  que  deux  fois  par  an. 

Or  de  toute  part  on  me  demande  de  faire  mon  possible 
pour  augmenter  le  nombre  de  n""  publiés  chaque  année,  de 
revenir  à  l'état  de  choses  d'avant-guerre.  Nombre  de  mes 
collègues  m'ont  répété  que  dans  leur  petite  ville  de  province,  il 
leur  semblait  que  notre  revue  était  l'unique  lien  les  rattachant 
à  la  vie  universitaire  du  pays.  Cet  état  d'àme,  votre  secrétaire 
le  comprend  si  bien  que  vous  avez  pu  lire  son  annonce  témé- 
raire sur  la  première  page  de  notre  revue.  Il  voudrait  davan- 
tage, il  voudrait  que  notre  publication  redevint  bimensuelle, 
qu'elle  fût  de  nouveau  l'organe  de  renseignements  commun  à 
tous  les  ordres  d'enseignement,  l'organe  de  progrès  pédagogi- 
que qu'elle  était  en  1914,  et  qui  lui  valait  son  rang  honorable 
parmi  les  revues  d'enseignement  du  monde  entier. 

Mais  pour  cela,  il  faut  que  vous  l'aidiez  de  deux  façons. 

Pécuniairement  d'abord  :  en  votant  le  relèvement  de  la 
cotisation  de  façon  à  nous  permettre  d'envisager  l'avenir  avec 
sécurité,  il  ne  faut  pas  que  tous  les  deux  mois  il  y  ait  pour  le 
trésorier  un  quart  d'heure  de  Rabelais  inquiétant  et  angoissant  ; 
il  faut  qu'il  puisse  sans  difficulté  faire  honneur  à  nos  engage- 
ments. 

Il  faut  autre  chose  encore  :  si  comme  toujours  mes  remer- 
ciements vont  aux  collaborateurs  dévoués  qui  m'ont  donné 
une  copie  abondante  et  intéressante,  à  M.  Pitollet,  chercheur 
infatigable  qui  vient  de  nous  faire  pénétrer  dans  l'âme  de 
Tommy  et  de  Sammy  et  qui  volontiers  nous  fait  courir  d'un 
bout  (le  l'Europe  à  l'autre  ;  à  M.  Veillet-Lavallée,  à  M.  Rocher, 
à  tous  ceux  oui  prennent  sur  leurs  heures  de  liberté  ou  de 
bridge,  le  tenlf)s  de  rédiger  pour  nous,  notes  et  articles,  votre 
secrétaire  en  son  insatiable  ambition  voudrait  que  le  nombre 
de  ses  collaborateurs  augmentât  sans  cesse  ;  il  voudrait  re- 
constituer les  revues  littéraires  consacrées  à  chaque  pays, 
que  nous  publiions  jadis,  qui  vous  permettait  de  vous  tenir 
au  courant  des  i)ublications  étrangères,  il  voudrait  une  revue 
bibliographique  plus  complète,  il  ferait  d'ailleurs  tout  son 
possible  pour  obtenir  des  éditeurs  les  livres  dont  nos  collègues 
consentiraient  à  faire  un  compte  rendu.  Et  pour  que  ce  rêve  se 
réalisât,  votre  secrétaire  seriiil  fort  heureux  de  passer  dossiers 
et  classeurs  â  un  collègue  plus  jeune  et  plus  actif  qui  conti- 
nuerait sa  besogne  avec  plus  de  hardiesse  et  de  vigueur. 


ASSEMIiLÉE    GÉNÉBALE  17 

Rapport  du  Trésorier 

Mes  cheus  collègues, 

Ce  n'est  pas  simplement  par  courtoisie  ou  pour  obéir  à  la 
tradition  que  je  tiens,  au  début  de  cet  exposé,  à  rendre  à  Mlle 
AVeiller  le  plus  sincère  des  hommages,  et  à  lui  exprimer  ici 
tous  nos  regrets  de  ce  que  la  maladie  l'empêche  aujourd'hui 
de  nous  présenter  le  rapport  financier.  Avant  d'aborder  toute 
autre  question,  je  voudrais  vous  prier  de  vous  joindre  à  moi 
pour  adresser  à  Mlle  Weiller  nos  meilleurs  vœux  de  prompt  et 
comi^let  rétablissement,  et  pour  lui  souhaiter  de  pouvoir 
bientôt  reprendre  sa  place  au  milieu  de  nous. 

Les  circonstances  toutes  fortuites  qui  m'ont  amené  à  m'oc- 
cuper  liendant  quelques  semaines  des  finances  de  notre  Asso- 
ciation sufllront,  je  l'espère,  à  me  justitier  si  je  ne  vous  ap- 
porte pas  un  rapport  aussi  détaillé,  aussi  complet,  aussi  soli- 
ile  que  celui  que  vous  aurait  présenté  notre  trésorière.  Mais 
c'est  précisément  en  qualité  de  trésorier  intérimaire  —  et 
incompétent  —  que  je  vous  demanderai  la  liberté  de  vous 
comnuiniquer,  très  brièvement,  quelques  réflexions  qui  m'ont 
été  suggérées  et  par  la  situaiion  où  nous  nous  sommes  trouvés 
et  par  la  fréquentation  passagère  de  notre  grand  livre. 


J'aurai  à  vous  faire  une  première  proposition  qui  me  sem- 
ble non  seulement  expliquée,  mais,  en  quelque  sorte,  imposée 
par  les  démarches  mêmes  qu'a  nécessitées  le  transfert 
d'un  nom  à  un  autre  des  fonds  et  des  titres  de  notre  As- 
sociation. Une  fois  en  tête-à-tète  avec  la  caisse  qui,  pour 
n'être  pas  bien  lourde,  contient  cependant  quelques  millier.'i 
de  francs,  notre  trésorier  ne  peut  choisir,  je  pense,  qu'entre 
deux  alternatives  :  ou  bien  garder  chez  lui  dans  son  cofïre- 
fort  —  s'il  en  a  un  —  les  fonds  et  les  titres  et  encourir  ainsi 
la  responsabilité  d'un  vol,  d'une  destruction  peu  probables, 
mais  possibles  ;  ou  bien  déposer  ces  fonds  et  ces  litres  dans 
un  établissement  de  crédit,  en  son  nom  —  car  les  sociétés 
ignorent  notre  Association  et  son  trésorier  —  çt  être,  par  là- 
niêmc  seul  capable  d'en  disposer.  Mais  alors,  en  cas  de  mala- 
die ou  tl'accident  grave,  quelles  peuvent  bien  être  les  angois- 
ses d'un  trésorier,  en  songeant  aux  diUicultés  très  réelles  qui 
l)Ourraient  surgir  pour  l'Association.  Vous  le  voyez  :  l'une 
et  l'autre  de  ces  cond)inaisons  rendent  plus  pénible  encore 
une  besogne  toujours  absorbante  et  souvent  fastidieuse.  Nous 
avons  donc  cherché  s'il  n'y  aurait  pas  un  moyen  de  remédier 
à  cette  situation  et,  grâce  aux  indications  que  bien  obligeam- 
ment nous  a  fournies  un  directeur  d'agence  du  (].  N.  E.,  nous 
croyons  avoir  trouvé  ce  moyen.  S'il  vous  agrée,  nous  vous 
demanderons  l'autorisation  de  faire  au  nom  de  l'Association, 
les  démarches  nécessaires  et  dont  je  vais  vous  ])ai'ler. 

Pour  que  le  C.  X.  E.  accepte  l'ouverture  d'un  compte  cou- 
rant et  d'un  compte  de  dépôts  au   nom  d'une  Association,  il 


18  LES   LANGUES    MODERNES 

faut  que  cette  Association  soit  autorisée  par  la  l^réfecture  de 
police.  Notre  groupement  est  très  certainement  dans  ce  cas^ 
encore  que  je  n'aie  pas  pu  en  avoir  la  preuve  formelle,  mais 
il  sera  aisé  de  consulter  les  archives  à  ce  sujet  et,  en  tout 
état  de  cause,  nous  obtiendrions  facilement  l'autorisation 
exigée.  Il  sutlira  alors  de  déposer  nos  statuts  au  C.  N.  E.  en 
y  ajoutant  l'extrait  de  la  délibération  par  laquelle  l'Assemblée 
générale  a  nommé  le  comité  et  l'extrait  de  la  délibération 
du  comité  nommant  le  président  et  lui  donnant  tous  pouvoirs 
pour  verser  et  pour  retirer  les  fonds  et  valeurs  au  nom  de 
l'Association,  pièce  portant  la  signature  légalisée  de  notre 
président.  L'ouverture  du  compte  peut  alors  se  faire  dans  un 
délai  très  court. 

Ces  démarches  ne  vous  paraîtront  pas  trop  compliquées 
si  vous  songez  aux  avantages  qu'ottre  cette  combinaison 
d'abord  pour  notre  Association,  mais  peut-être  plus  encore 
pour  notre  trésorier  qui  y  gagnera  à  la  fois  la  sécurité  maté- 
rielle et  la  tranquillité  morale.  Je  vous  prierai  donc,  mes 
chers  collègues,  de  vouloir  bien  dans  quelques  instants  discu- 
ter la  i^roposition  que  je  viens  de  vous  faire. 


"Voici  une  autre  question.  Vous  seriez  bien  surpris,  n'est-ce 
pas  ?  si  nous  ne  vous  demandions  pas  d'augmenter  la  cotisation. 
C'est  une  surprise  que  nous  ne  vous  ferons  pas.  Sur  le  prin- 
cipe même  de  cette  augmentation  il  est  peu  probable  qu'il 
s'institue  ici  un  débat.  Nous  serons  tous  d'accord,  car  nul  de 
nous  ne  désire  voir  disparaître  notre  Association  qui  vrai- 
ment ne  peut  exister,  ou  du  moins  attirmer  son  existence, 
qu'à  condition  que  nos  recettes  soient  augmentées.  Pas  plus 
pour  une  société  que  pour  un  individu  la  «  vie  chère  »  n'est 
maintenant  un  vain  mot.  La  question  sera  donc  simplement 
de  fixer  le  chiffre  auquel  sera  porté  la  cotisation.  Nous  vous 
proposerons  de  l'élever  à  dix  francs.  Le  prix  de  l'abonnement 
aux  «  Langues  Modernes  »  sera  de  12  francs  pour  la  France 
et  de  quatorze  francs  pour  l'étranger.  Le  prix  du  numéro  sera 
naturellement  augmenté.  Et,  par  voie  de  conséquence,  le  taux 
des  annonces  sera  modifié.  La  cotisation  de  membre  à  vie 
sera  de  deux  cents  francs. 

Nous  pouvons  donc  prévoir  que  nos  recettes  seront  sensi- 
blement accrues.  Ce  ne  sera  pas  tout  bénéfice.  Je  ne  crois 
l)as  d'ailleurs  que  notre  Association  ait  intérêt  à  capitaliser  : 
«  mettre  de  l'argent  de  côté  w  ne  me  semble  nullement  être 
pour  nous  l'idéal  et  je  suis  absolument  d'accord  avec  Mlle 
Weiller  qui  nous  disait  l'an  dernier  :  «  nous  n'avons  ni  le 
devoir,  ni  l'obligation  de  thésauriser.  »  Ce  n'est  donc  pas 
dans  l'espoir  d'augmenter  notre  fortune  que  nous  vous  deman- 
dons un  supplément  de  cotisation.  Tout  au  plus  y  aurait-il  lieu 
<I'examiner  si  la  réserve  inaliénable  (jui  est  actuellement  de 
22  francs  de  rente  3  0/0  vous  parait  toujours  suffisante.  Tré- 
sorier, j'aurais  peut-être  un   avis  ferme  à  ce   sujet  ;    simple- 


ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE  19 

membre,  la  question  me  semble  peu  importante  et  je  croirais 
volontiers  qu'il  est  assez  inutile  d'immobiliser  un  capital  dont 
l'emploi  nous  demeul'e  à  peu  près  interdit. 

Soyez  sûrs  que  nous  trouverons  d'ailleurs  facilement  à  faire 
usage  de  nos  ressources  augmentées.  Et  tout  d'abord,  si  nous 
tenons  à  ce  que  le  bulletin  paraisse  régulièrement,  nous  en- 
verrons des  chèques  assez  coquets  à  notre  imprimeur,  qui  ne 
gardera  pas  tout  pour  lui.  Cette  dépense  est  la  plus  utile 
que  nous  puissions  faire,  puisque,  en  réalité,  notre  Association 
existe  surtout  par  et  pour  le  bulletin.  Mais  nous  nous  arran- 
gerons pour  qu'elle  ne  mette  pas  notre  caisse  complètement 
à  sec.  Et  cela  m'autorise  à  vous  proposer  d'autres  dépenses 
qui  ne  grèveront  pas  très  lourdement  notre  budget  et  dont 
"vous  voudrez  bien,  je  l'espère,  admettre  au  moins  le  prin- 
cipe. 

D'accord  avec  le  rédacteur  du  bulletin,  je  vous  demanderai 
d'abord  d'examiner  s'il  n'y  aurait  pas  avantage  à  ce  que  cer- 
tains articles  —  articles  de  fond  ou  correspondances  régu- 
lières —  fussent  payés.  Non  pas  certes  qu'il  y  ait  parmi  nous 
des  auteurs  embusqués  qui,  gardant  précieusement  leurs  ar- 
ticles en  portefeuille,  attendent  patiemment  qu'on  leur  offre 
une  légère  indemnité  pour  leur  prose.  L'article  écrit,  on  ne 
demande,  le  plus  souvent,  qu'à  le  livrer  aux  typographes.  Ce 
n'est  donc  point  pour  avoir  de  la  «  copie  »  que  nous  vous 
proposons  cette  mesure  nouvelle,  mais  c'est  peut-être  pour 
donner  pfus  de  prestige  à  notre  bulletin.  Et  je  crois  bien  que 
l'on  peut  soutenir  que  d'une  façon  générale,  les  auteurs  — 
par  un  sentiment  confus  et  qui  n'est  point  l'appât  du  gain  — 
apportent  un  soin  particvilier  aux  articles  destinés  à  une 
Revue  qui  paie.  Quoiqu'il  en  soit,  si  vous  êtes  d'accord  sur 
le  principe  —  et  il  y  a  ici  avant  tout  une  question  de  prin- 
cipe —  le  bureau  pourrait  étudier  la  question  plus  en  détail 
et  soyez  assurés  que  le  taux  auquel  seront  payés  les  articles 
ne  sera  pas  assez  élevé  pour  ruiner  l'Association  —  ni  pour 
enrichir   nos   collaborateurs. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  puisqu'il  s'agit  de  reconnaître 
ici  encore  des  services  rendus  à  notre  Association  (et  je  me 
félicite  de  n'être  qu'un  trésorier  de  rencontre,  ce  qui  me  per- 
met d'aborder  librement  la  question),  je  vous  proposerai, 
au  moins  à  titre  d'indication,  et  dans  la  mesure  où  le  budget 
le  perniettra,  de  relever  légèrement  les  indemnités  allouées 
à  notre  secrétaire  et  à  notre  trésorier.  Si  nous  décidons  d'aug- 
menter les  cotisations,  c'est  uniquement  parce  que  les  condi- 
tions pécuniaires  de  l'existence  ont  subi  une  brusque  évolu- 
tion et  alors,  il  me  semble  naturel  et  normal  que  nos  dépenses 
fixes  soient  plus  élevées  qu'elles  ne  l'étaient  jusqu'à  présent. 
C'est,  au   fond,  une  question  de  ])rincipe  à  résoudre. 


2U  LKS    LANdLES    MODEKNKS 

Voici  maintenant  quelle  était  notre  situation  linancière  au 
1"   décembre   1911)  : 

KECEÏÏES 

Avoir  au  1'  décembre  11)18    6 .  212  80 

Cotisations 4 . 471)  75 

Publicité  et  abonnements    31G  80 

Intérêts -  306  » 

Don  anonyme 200  » 


Total   11.015  3,') 

DÉPENSES 

Bulletin    3 .  271  90 

Indemnité  au  secrétaire  et  à  la  trésorière   ....  800    » 

f?Àivre  de  guerre    ()00    » 

Frais  de~ bureau  et   frais  divers    C25  lo 

Total    5.297  05 

Notre  avoir  au  1"  décembre  1911)  est donc  de.  11.515  35 

—  5.297  05 


Soit 0.218  30 

Représenté  par  : 

Dépôt  C.  N.  E 1 .  212  55 

Espèces   en    caisse    ,       203  35 

Bons  de  la  Défense    '  2 .  500    » 

Capital  5  0/0  (rente  (iO  fr)   1 .  054  80 

Capital  4  0/0  17  (rente  57  fr.)    1 .  008  90 

Capital  4  0/0  18  (rente  10  fr.)    178  60 

Total  égal   6.218  30 

Plus  le  capital  de  22  francs,  rente  3  0/0  représentant  la  ré- 
serve. 

PROJET  DE  BUDGET  POUR  1920 

FONDS    DISPONIBLES 

lîons  (le  la  Défense   2 .  500    » 

En  caisse 263  35 

Dépôt  C.  N.  E 1 .  212  55 

RECETTES 

Cotisations   (à   10   francs)    8.000    » 

Intérêts    250    » 

Pillai icilé   51)0    » 

12.725  90 

DÉPENSES 

lUilletin    0.000    » 

Indemnité  secrétaire  et  trésorier 1 . 200    ^> 

l'rais  de  présidence  100    » 

iM-uis  divers .  300    » 

7.600    » 


ASSEMBLÉE   GÉNÉRALE  21 

Plus  une  somme  consacrée  à  payer  les  collaborateurs  et  qui 
ne  peut  pas  être  lixée  pour  l'instant  de  façon  précise. 

Une  courte  discussion  s'engage  au  sujet  des  dittérentes  pro- 
positions de  M.  Cart. 

1°     COTISATION 

M.  Cart,  trésorier,  et  M.  Bloch  proposent  de  porter  à  12  fr. 
la  cotisation  annuelle   pour  les  sociétaires  habitant  la  France. 

M.  Camerlijnck  croit  qu'il  vaudrait  mieux,  pour  des  raisons 
d'ordre  psychologique,  se  contenter  de  10  fr. 

M.  Milliot-Maderan,  est  du  même  avis.  Il  rappelle  que  les 
associations  similaires  prévoient  des  cotisations  beaucoup 
moins  élevées  ;  d'autre  part  il  ne  faut  pas  risquer,  par  de 
trop  grandes  exigences  pécuniaires,  de  diminuer  le  nombre 
des  adhésions  nouvelles,  ni  de  perdre  les  anciennes.  En  tout 
cas,  la  section  régionale  de  Poitiers  demande  que  la  ristourne 
aux  régionales  subilîe  une  augmentation  proportionnelle  à 
celle  de  la  cotisation. 

.1/.  Bloch,  secrétaire  général,  fait  remarquer  que  la  S.  R.  de 
Poitiers  a  déjà  reçu  de  lui  des  assurances  satisfaisantes  à  ce 
sujet. 

M.  Milliot-Maderan  le  sait,  mais  comme  le  trésorier  n"a  pas 
touché  le  point  en  question,  il  a  tenu  à  provoquer  une  décla- 
ration du  Bureau  aussi  explicite  que  possible  et  un  vote  pré- 
cis de  l'Assemblée  générale. 

Le  trésorier  accepte  la  proposition  de  MM.  Camerlynck  et 
Milliot-Maderan  ;  niais  pour  que  les  sociétaires  aient  doré- 
navant un  avantage  sur  les  simples  abonnés,  il  demande  que 
la  cotisation  soit  désormais  de  10  francs  pour  les  sociétaires 
habitant  la  France,  de  14  francs  pour  ceux  habitant  l'étran- 
ger, le  prix  de  l'abonnement  aux  Laïu/iies  Modernes  étant 
porté  à  12  francs  par  an.,  et  que  l'article  4  des  statuts  soit 
modifié  en  ce  sens.  Par  suite  le  versement  des  membres  à  vie 
sera  augmenté  également  et  porté  à  200  francs. 

^I.  Dupré  se  fait  inscrire  comme  membre  à  vie. 

La  modification  aux  statuts  est  votée  à  l'unanimité. 

2"  KRÉQUEXCE  DE  LA  PUBLICATION'  DU  BULLETIN 

M.  Becker  demande  que  les  Lanques  Modernes  ])araissent 
tous  les  mois. 

M.  Bloch  fait  remarquer  que  la  nouvelle  cotisation  ne  suf- 
firait pas  à  couvrir  les  frais  d'une  jjublication  mensuelle. 
Malgré  toute  sa  bonne  volonté  l'imprimeur  ne  pourrait  assurer 
la  publication  régulière  de  12  n""  ]jar  an  ;  il  est  à  la  merci 
d'accidents  et  de  retards  imprévus.  Il  se  passe  plus  d'un  mois 
entre  l'envoi  du  manuscrit  et  rexjjédition  des  numéros.  Il 
vaut  mieux  se  contenter  de  (i  numéros  et  tâcher  de  paraître 
toutes  les  six  semaines  environ  ])endant  l'année  scolaire, 
quitte  à  ne  ])as  ])araitre  pendant  les  vacances,  ce  ([ui  laisserait 
au  rédacteur  un   rejjos  bien  gagné. 

M.  Milliot-Maderan  i)ropose  d'ap])rouver  les  propositions 
du   Bureau,   mais  en  l'invitant   à   revenir  progressivement   au 


22  LES   LANGUES    MODERNES 

système  d'avant-guerre,  dès  que  les  circonstances  le  permet- 
tront. 

3°   INDEMNITÉ  AUX  COLLABORATEURS   DE  LA  ReVUE 

M.  Cart,  trésorier,  souhaite  qu'on  revienne  à  l'usage  d'avant- 
guerre,  que  les  collaborateurs  réguliers  des  Langues  Modernes 
soient  rétribués. 

M.  Milliot-Maderan  estime  qu'il  vaut  mieux  y  renoncer. 
Sans  doute  il  est  rassurant  pour  un  secrétaire  général,  qui  se 
demande  parfois  le  10  du  mois  ce  qu'il  pourra  bien  envoyer 
le  15  à  l'imprimeur,  de  pouvoir  compter  sur  une  «  copie  » 
régulière  ;  mais  il  paraît  peu  équitable  que  seuls  les  articles 
des  collaborateurs  réguliers  soient  rémunérés,  alors  que 
ceux  des  collaborateurs  intermittents,  qui  ne  sont  pas  d'un 
moindre  intérêt,  ne  valent  qu'un  merci  à  leurs  auteurs.  Si 
d'ailleurs,  en  fin  d'exercice  financier,  1^  caisse  de  l'Associa- 
tion est  assez  riche  pour  récompenser  les  concours  accueillis 
aux  Langues  Modernes,  il  ne  sera  que  juste  d'indemniser  les 
collaborateurs  au  prorata  de  leurs  contributions.  Il  va  sans 
dire  qu'il  s'agit  ici  exclusivement  des  articles  de  fond. 

M.  Bloch  croit  qu'il  faudra  en  tout  cas,  étant  donné  la  cherté 
des  Journaux  et  des  Revues,  que  le  Comité  décide  d'aider,  les 
collaborateurs  du  Bulletin  à  se  procurer  les  ouvrages  qui  leur 
seraient  nécessaires. 

L'ensemble  du  budget  est  voté  à  mains  levées. 

M.  Varenne  demande  quelle  sera  l'attitude  de  l'Association 
à  l'égard  des  Compagnons,  il  rappelle  que  de  très  graves 
questions  ont  été  posées  par  eux,  questions  mettant  en  jeu 
l'organisation  complète  de  l'enseignement,  et  l'enseignement 
des  Langues  vivantes  en  France  ;  il  serait  urgent  que  l'asso- 
ciation s'en  occupât. 

Le  Président  répond  que  le  bureau  s'occupera  de  la  ques- 
tion. 

M.  Milliot-Maderan  lit  les  vœux  adoptés  par  la  Section  Ré- 
gionale de  Poitiers  que  l'on  trouvera  ci-dessous.  Il  appelle 
l'attention  de  l'Assemblée  sur  les  géminations  de  classe  dont 
l'usage  et  même  l'abus  semblent  se  généraliser  de  plus  en  plus. 
Il  soumet  au  Bureau  la  demande  d'enquête  générale  réclamée 
par  la  S.  R.  de  Poitiers  sur  les  géminations  de  classes,  les 
augmentations  d'effectifs  et  les  réductions  d'horaires  abusi- 
ves. 

Toujours  au  nom  de  la  S.  R.  de  Poitiers,  M.  Milliot-Maderan 
défend  aussi  devant  l'Assemblée  un  vœu  de  cette  régionale 
visant  à  réaliser  l'unité  d'action  et  même  si  possible  la  fusion 
de  la  Société  des  i)rofesseurs  de  langues  vivantes  et  de  la 
Société  des  i)rofesseurs  de  langues  méridionales,  dont  les 
intérêts  .sont  plus   que  jnmais  essentiellement   identiques. 

Les  vœux  sont  approuvés  par  l'Assemblée  et  seront  sou- 
mis à  une  réunion  ])édagogi(iue  ultérieure. 

La  séance  est  levée  à  ;')  h.   1/2. 


SECTION   RÉGIONALE  DE  POITIERS 

de  l'Association   des  Professeurs   de  Langues   vivantes 

de  l'Enseignement  Public 


ASSEMBLÉE  GENERALE  du  14  DECEMBRE  1919 

La  Section  Régionale  de  Poitiers  s'est  réunie  en  Assemblée 
générale  le  14  décembre  1919,  à  10  heures  30,  à  la  Faculté 
des  Lettres  de  Poitiers,  sous  la  j^résidence-  de  M.  Castelain, 
professeur  à  l'Université  de  Poitiers. 

M.  Hirtz,  vice-président,  donne  lecture  des  lettres  qu'il  a 
reçues  des  professeurs  des  lycées  de  Limoges  et  d'Angoulême; 
et  par  lesquelles  ceux-ci  lui  délèguent  leurs  voix  pour  la  dé- 
libération des  questions  à  l'ordre  du  jour. 

1°    EXPOSÉ    DE    LA    SITUATION' 

M.  Hirtz  rend  compte  des  récentes  séances  du  comité  de 
l'A.  P.  L.  V.,  où  il  a  représenté  la  S.  R.  de  Poitiers  et  de  sa 
correspondance  avec  le  Rureau  de  l'A.  P.  L.  V.  au  sujet  des 
géminations  de  classes  et  des  élections  au  Conseil  supérieur. 

2°    ÉLECTION    DU    BUREAU    ET    DU    COMITÉ   POUR    1919-20 

Le  Comité  sortant  est  réélu. 

M.  Macary,  membre  du  comité,  nommé  à  Falaise,  est  rem- 
placé par  M.  Martin,  professeur  d'anglais  à  l'Ecole  Primaire 
Supérieure   de   Chàtellerault. 

M.  Audoin,  professeur  d'allemand  au  Lycée  de  Poitiers,  est 
élu  secrétaire,  en  remplacement  de  M.  Duméril,  nommé  à 
Nantes. 

3°    ENQUETE    SUR   LES    GÉMINATIONS   DE   CLASSES 

M.  Audoin  (Lycée  de  Poitiers)  fait  remarquer  que  les  gémi- 
nations  des  classes  de  3-  et  'f  et  surtout  des  classes  de  V  et 
T  A  B  C  D,  qui  existent  au  Lycée  de  Poitiers  sont  funestes 
à  l'enseignement  des  langues  vivantes. 

Mlle  Chaigneau  (collège  de  jeunes  filles  de  Poitiers)  si- 
gnale les  géminations  suivantes  : 

5"  et  6\  —  2'  {V  langue)  et  ¥  {2'  langue).  —  1"  (1"  lan- 
gue) et  3"  (2"  langue). 

Les  candidates  au  baccalauréat  ont  par  semaine  une  heure 
seulement  pour  la  deuxième  langue. 


24  LES   LANGUES    MODERNES 

Mme  Ciodillon  (Ecole  Primaire  Supérieure  de  jeunes  filles^ 
de  Poitiers)   fait  les  remarques  suivantes  : 

1"  Le  nombre  des  élèves  par  classes  est  excessif  :  51  élèves 
dans  une  1"   année  ;  57  dans  l'autre  ;  40  élèves  en  3'   année. 

2"  En  troisième  année  les  élèves  n'ont  que  3  heures  d'en- 
seignement d'anglais  au  lieu  de  4  par  semaine.  Il  est  vrai 
que  la  directrice  de  cette  école  a  conlié,  à  ses  frais,  une  heure 
d'enseignement   à   une   répétitrice    anglaise. 

M.  Chausse  (collège  de  Chàtellerault)  déclare,  en  son  nom 
et  au  nom  de  son  collègue  M.  Russeil,  que  les  géminations 
suivantes  existent  au   collège  de  Chàtellerault  : 

1''  A  et  2''  B  D  {2'  langue)  ; 

2"   '/"  A  B,  3"  A  B  V  (deuxième  langue)  ; 

3°  ?"'  et  seconde. 

De  plus  en  philosophie  et  mathématiques  élémentaires,  il 
n'y  a  qu'une  heure  de  langues  vivantes  par  semaine,  au  lieu 
de  deux. 

M.  Hirtz  estime  qu'il  convient  de  prentlre  une  attitude  pré- 
cise en  face  d'une  situation  reconnue  par  tous  ;  il  propose 
une  enquête  sur  la  gémination  auprès  de  tous  les  professeurs 
de  langues  vivantes  de  l'enseignement  public,  et,  en  attendant 
les  résultats  de  l'enquête,  présente,  en  manière  de  protesta- 
tion, le  vœu  suivant,  qui  est  voté  à  l'unanimité  après  discus- 
sion détaillée  de  chaque  paragraphe,  par  les  membres  pré- 
sents : 

La  Section  Régionale, 
Considérant  : 

1"  que  les  instructions  ministérielles  du  lî)  juillet  1902  po- 
sent en  principe  que  l'ellectif  des  classes,  notanuuent  celles 
de  langues  vivantes,  ne  doit  pas  dépasser  25  élèves  ; 

2°  que  non  seulement  ces  instructions  ministérielles  n'ont 
pas    été  observées  (en  ce  sens  que  les  groupes  sujîérieurs  à 

25  élèves  n'ont  pas  été  divisés),  mais  que  des  groupes  dispa- 
rates dépassant  l'effectif  de  25  ont  été  créés  artificiellement 
et  sans  tenir  compte  des  difiicultés  de  l'enseignement  ; 

3°  que  ces  géminations  arbitraires  s'acconîpagnent  fré- 
quemment d'une  réduction  de  l'horaire  légal  prévu  pour  cha- 
que enseignement  ; 

4"  que  les  professeurs  de  langues  vivantes  reçoivent  des 
j)arents  d'élèves  de  nondjreuses  plaintes  rehitives  à  cet  état 
de  choses  ; 

protestant  avec  énergie  contre  ces  jjrocédés,  i\u\  atteignent 
])articulièrement  l'enseignement  des  langues  vivantes  et  ten- 
dent à  l'annihiler, 

émet  le  v(i>u  : 

1"  que  l'etreclif  d'une  classe  de  langues  vivantes  ne  soit 
jamais  supérieur  à  25  élèves  ; 

2"  que  dans  aucun  cas  les  géminations  ne  portent  sur  plus 
de  4  sections  d'une  même  classe  (A  13  ('  D  dans  le  2'  cvcle)  ; 


SECÏtOX    1ÎHGK)XALE    DE    POITIEllS  J5 

3"  que  dans  aucun  cas  l'horaire  légalement  prévu  par  les 
programmes  ne  soit  réduit,  tant  que  les  programmes  actuels 
resteront  en  vigueur. 

4"   QUESTIONNAIRE   DE  L'A3   ET   REFONTE  DES   PROGRAMMES 
SECONDAIRES 

Le  Bureau  de  Paris  est  d'avis  de  ne  pas  s'immiscer  dans  la 
liberté  de  discussion  des  Al  des  lycées.  D'autre  part  les  don- 
nées précises  n"ont  pas  encore  pu  être  recueillies.  En  consé- 
quence, l'étude  de  cette  question  est  remise  à  la  prochaine 
réunion  pédagogique. 

Ô"    QUESTIONS    DIVERSES 

a)  Mandat  du  délégué  de  la» S.  R.  pour  l'A.  G.  de  Paris,  le 
18/12/19. 

A  l'unanimité,  M.  Milliot-Maderan  est  prié  de  représenter 
la  S.  R.  de  Poitiers  à  l'Assemblée  générale  de  l'A.  P.  L.  V. 
du  18  décembre  1911). 

b)  Relations  avec  la  Société  des  Prolcsscurs  de  langues  mé- 
ridionales. 

Le  Bureau  est  saisi  d'une  tlemande  de  professeurs  appar- 
tenant seulement  à  la  Société  des  professeurs  de  langues  mé- 
ridionales, qui  désirent  prendre  part  aux  travaux  de  la  S.  R. 
Les  statuts  de  l'A.  P.  L.  V.  ne  permettent  pas  actuellement 
cette  collaboration  sans  adhérer  à  cette  société.  Toutefois 
l'Assemblée  est  d'avis  qu'il  y  aurait  intérêt  à  faire  cesser  la 
dualité  qui  existe  actuellement  entre  les  deux  sociétés  et  à 
inviter  le  Bureau  Central  à  étudier  les  moyens  de  réaliser  la 
fusion. 

Le  vœu  suivant  est  adopté  : 
La    Section   Régionale  : 

Considérant  que  les  intérêts  des  professeurs  des  difî'érentes 
langues  vivantes  deviennent  de  plus  en  plus  étroitement  soli- 
daires ; 

que  la  dispersion  entre  plusieurs  sociétés  est  nuisible  à 
une   action   commune   et   nécessaire  ; 

émet  le  vœu  : 

qu'une  entente  intervienne  avec  les  professeurs  de  langues 
méridionales,   afin   de  réaliser  cette  unité   d'action  ; 

que  les  modifications  nécessaires  soient  apjjortées  aux  sta- 
tuts des  deux  sociétés  afin  de  permettre  cette  fusion. 

c)  Achat  d'un  appareil  de  polycopie. 

Afin  de  faciliter  les  travaux  de  secrétaire,  on  envisage 
l'achat  d'un  appareil  de  polycopie.  Toutefois  cet  achat  est 
ajourné  jus([u'au  moment  où  l'encaisse  de  la  S.  R.  i)ermettra 
d'eflecluer  une  déj)ense  aussi  considérable. 

d)  (Cotisation  et  ristourne. 

M.  Hirtz  fait  connaître  que,  d'après  les  renseignements  re- 
çus   du  secrétaire  général  de  la  société,  le   Bureau    parisien 


26  LES   LANGUES    ^lbDERNES 

accepte  en  i^rincipe  en  faveur  de  la  S.  R.  une  élévation  de  la 
ristourne  proportionnelle  à  l'élévation  de  la  cotisation. 

e)  Rappel  de  vœu. 

Le  vœu  adopté  dans  la  séance  du  18  mai  11)19  et  relatif 
aux  mesures  à  prendre  pour  remédier  à  l'abandon  de  l'étude 
de  la  langue  allemande  est  rappelé. 

f)  Prochaine  Assemblée  générale. 

La  prochaine  Assemblée  générale  est  fixée  au  jeudi  8  jan- 
vier 1919,  à  10  heures,  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Poitiers. 
La  séance  est  levée  à  midi  15. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

H.  AuDoiN.  H.  Caste^^ain. 

Poitiers,  le  1^  décembre  1919. 


Statuts  adoptés  par  l*Assemblée  générale 

DU   22  DÉCEMBRE  1910 

Modifiés  par  l'Assemblée  générale  du  18  décembre  1919 

Ahticle  PREMiEii.  —  Il  est  formé  une  Association  sous  le  nom 
de  :  Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Ensei- 
gnement  Pub'tic.   Elle    a    son    siège    au    domicile    de    son    Président. 

Art.   2.  —   L'Association   a   pour  but  : 

1"  De  défendre  les  intérêts  professionnels,  matériels  et  moraux 
de    ses   membres. 

2"  D'étudier  toutes  les  questions  de  doctrine  et  de  pratique 
relatives   à   l'enseignement   des    langues   vivantes. 

3"  De  tenir  ses  membres  au  courant  des  faits  *t  des  idées  qui 
peuvent    intéresser    les    professeurs    de    langues    vivantes. 

Art.  3.  —  1"  L'Association  publie  une  revue.  Les  Langues  Mo- 
dernes qui  est  son  orPane.  Toute  personne  étrangère  à  l'Associa- 
tion peut  s'y  abonner  ;  le  prix  de  l'abonnement  est  de  12  francs 
j)Our  la   France,  de    14   francs   pour  l'Etranger. 

2°  L'Association  organise  des  réunions  corporatives  et  des 
conférences. 

Art.    4,    —    L'Association    comprencf  : 

1^  Des  membres  actifs,  qui  paient  une  cotisation  annuelle  de 
10  francs.  Fait  de  droit,  sur  sa  demande,  partie  de  r.\ssociation 
en  qualité  de  membre  actif,  tout  fonctionnaire  ou  professeur  de 
l'Enseignement  [uiblic  enseignant  les  langues  vivantes  ou  pourvu 
d'un  dii)lôme  spécial  de  langues  vivantes,  qu'il  soit  en  activité 
de  service,  en  congé,  à  la  retraite,  en  disponibilité,  ou  détaché  à 
l'étranger. 

2"  Des  membres  associés,  (jui  ^■ersent  une  cotisation  annuelle 
tle  12  francs.  I/Association  admet  comme  membres  asscciés  des 
l)ersonnes    françaises    ou    étrangères    qui,    ne    réunissant    pas    les 


STATUTS  27 

conditions  requises  pour  être  membres  actifs,  désirent  néanmoins 
coopérer  à  l'œuvre  de  l'Association.  Les  membres  associes  doi- 
vent être  présentés  par  deux  membres  actifs  et  agréés  par  le 
Comité  ;  en  cas  de  non-admission,  le  Comité  n'a  pas  à  faire 
connaître   les  motifs   de   sa   décision. 

Les  membres  actifs  et  associés  résiuant  à  l'étranrer  versent 
une    cotisation    annuelle    de    14    francs. 

3°  Des  membres  à  vie,  actifs  ou  associés,  qui  rachètent  leur 
cotisation  en  versant  dans  le  délai  de  deux  ans  la  somme  de 
200   francs. 

4t°  Des  membres  bienfaiteurs,  actifs  ou  associés,  qui  versent 
la    somme   de   400   francs   dans   le   délai   de   deux   ans. 

Les  memljres  à  vie  désireux  de  devenir  membres  bienfaiteurs, 
n'auront   à   verser  que  la   somme   de   200   francs. 

5°  Des  membres  d'honneur,  nommés  par  le  Comité  sur  la  pro- 
position   du   Bureau. 

Art.  5.  —  1"  Les  membres  de  toutes  les  catégories  ont  droit 
au  service  de  hi  Revue  et  sont  admis  aux  conférences  organisées 
par   l'Association,    ainsi    qu'à    l'Assemblée    générale. 

.  2°   Seuls  les  membres  actifs  ont  le  droit  d'assister  aux  réunions 
corporatives    et    de    prendre    part    aux    scrutins. 

Aht.  6.  —  1"  L'Association  suit,  au  point  de  vue  financier, 
l'année   civile. 

2°  Les  cotisations  doivent  être  payées  avant  le  1"  avril  de  cha- 
que  année. 

3°  Les  membres  actifs  et  associés  qui,  après  un  avis  du  tréso- 
rier, n'auraient  pas  acquitté  leur  cotisation  pour  l'année  cou- 
rante, seront  considérés  comme  démissionnaires  et  ne  pourront 
rentrer  dans  l'Association  qu'après  avoir  versé  la  cotisation 
restée    impayée. 

4°  Sera  exclu  par  le  Comité,  à  la  majorité  des  deux  tiers  de 
ses  membres,  tout  sociétaire  qui  se  sera  rendu  coupable  de  faits 
de    nature    à   porter   préjudice    au   bon    renom    de    l'Association. 

L'exclusion  ne  j.eut  être  prononcée  que  si  l'intéressé  a  été 
admis  à  présenter  sa  défense  devant  le  Comité.  Il  a  le  droit  de 
faire  appel  des  décisions  du  Comité  devant  l'.Xsscmblée  générale, 
qui    statuera   à   la   majorité   des   deux   tiers   des   membres   présents. 

Pour  examiner  ces  cas  d'exclusion,  le  Comité  et  l'Assemblée 
générale   devront   se   constituer   en   Comité   secret. 

Art.  7.  —  1"  L'Association  est  administrée  par  un  Comité  de 
33  membres,  jiris  parmi  les  membres  actifs,  auxquels  s'r.joutent 
les    représentants    des    régionales. 

2"  Le  Comité  est  nommé  pour  trois  ans  et  renouvelable  par 
tiers   chaque    année. 

3"  Les  membres  sortants  et  démissionnaires  re  sont  rééligibles 
qu'au  bout  d'un  an,  sauf  les  membres  du  Bureau  en  fonctions 
qui  sont  rééligibles  à  la  fin  de  leur  mancjat  de  membres  du 
Comité. 

Art.  8.  —  1"  Chaque  année,  après  l'Assemblée  générale,  le 
(Comité  nomme  au  scrutin  secret  son  Bureau  composé  de  :  un 
l^résident,  deux  vice-présidents  ;  un  secrétaire  général,  rédacteur 
en  chef  de  la  revue  ;  deux  secrétaires-adjoints,  un  trésorier,  un 
trésorier-adjoint,    un    bibliothécaire-archiviste. 

2"   Les  membres  du   Bureau   sont   nommés  pour  un   an   et   rééli- 


28  LES   LANGUES   MODERNES 

gibles  dans  la  limite  de  leur  mandat  de  membres  du  Comité.  Le 
Président   ne   peut   être  réélu   plus   de   deux   fois   de    suite. 

3"  Les  fonctions  de  Président  sont  incompatibles  avec  celles  de 
membre  des  Conseils  académiques  et  supérieur  et  de  membre  des 
Bureaux    des    Fédérations    nationales. 

4"  Le  Comité  nomme  également  les  Commissions  qui  doivent 
assurer  le  fonctionnement  des  différents  services  de  l'Association. 
Tout  membre  du  Comité  fait  partie  d'une  commission.  Les  com- 
missions rendent  compte  de  leurs  travaux  à  chaque  réunion  du 
Comité. 

Les  membres  du  Bureau  font  de  droit  partie  de  toutes  les 
commissions. 

Dans  les  votes  émis  par  le  Comité,  en  cas  de  partage  égal  des 
suffrages,   la    voix    du    Président    est    prépondérante. 

5"  Les  membres  du  Comité  qui,  sans  excuse,  resteraient  un  an 
sans  assister  aux  réunions,  seront  considérés  comme  démission- 
naires ;  il  sera  pourvu  à  leur  remplacement  aux  élections  sui- 
vantes. 

6"  Le  Bureau,  de  sa  propre  initiative  ou  sur  la  demande  de 
11  membres  du  Comité,  est  cbargé  de  réunir  le  Comité,  d'orga- 
niser  les   réunions   corporatives   et   les   conférences. 

7"  Le  Confite  élira  son  Bureau  dans  les  quinze  Jours  qui  sui- 
vront   l'Assemblée    générale. 

L'ancien  Bureau  restera  en  fonctions  jusqu'à  Lélection  du 
nouveau. 

Aht.  9.  —  1"  Une  Assemblée  générale  statutaire,  dont  la  lîatc 
est    fixée    par   le   Comité,    est    tenue   chaque    année. 

L'Assemblée  générale  désigne  elle-même  la  ville  où  elle  se 
réunira   l'année   suivante. 

2"  Aucune  question  ne  jjourra  être  mise  en  discussion  si  clic 
n'a  été  communiquée  au  Président  au  moins  quinze  jours  avant 
la  date  de  l'Assemblée  et  acceptée  par  le  tlomité,  qui  arrête  défi- 
nitivement   l'ordre    du    jour. 

3"  Le  Secrétaire  généi'al  et  le  Trésorier  ])résentent  chacun  un 
rapport   qui    est   soumis   à   l'approbation   de   l'Assemblée. 

4"  L'Assemblée  générale  nomme  au  scrutin  secret  les  meml)res 
du    Comité.    Le    vote    par   correspondance    est    admis. 

5"  Poiii'  |)ermettre  la  reijrésentation  des  ditVéïentes  catégories 
de  membres  actifs,  le  Comité  établira  chaque  année  la  liste  îles 
catégories  à  représenter  et  le  nombre  proportionnel  auquel  cha- 
cune a  droit.  Seront  déclarés  élus  les  candidats  arrivant  en  tête 
de  leur  catégorie  respective.  Les  élus  de  province  peuvent,  par 
une  i)rocurati()n  régulière  i-enouvelée  tous  les  ans,  déléguer  leurs 
pouvoirs  à  un  collègue  tic  Paris,  membre  actif  de  l'Association 
ne  faisant  pas  fiéjà  i)artie  du  (Comité,  sans  cjue  s<»n  mandat  puisse 
être   renouvelé    plus   de   trois   ans   de    suite. 

6"  Outre  l'Assemblée  générale  statutaire,  une  .Assemblée  géné- 
rale extraordinaire  peut  être  convoquée  sur  la  demande  du 
Comité    ou    du    fiers   des   membres   de    l'Association. 

,Anr.  10.  —  1"  L'Association  favorise  la  création  de  gi'oupe- 
ments  locaux  et  régionaux,  auxquels  elle  donne,  sur  leur  de- 
mande, une  pl.'ice  dans  la  fU'vue  avec  une  rubrique  particulière 
et  dont  les  communi(|ués  seront  soumis  à  l'exanien  de  la  (ioni- 
mission    de    Hédacfion. 


STATUTS  29 

2"  Les  membres  de  ces  groupements  font  partie  de  l'Associa- 
tion  et  doivent   en   accepter   les   statuts. 

o'  (les  groupements  s'adininistrent  eux-mêmes.  Leur  Bureau 
se  met  en  relations  avec  le  Bureau  de  l'Association  et  envoie 
chaque  année  la  liste  de  ses  membres,  ainsi  que  le  montant  des 
cotisations   avant   le    1"''   avril. 

4"  Lorsque  le  chiffre  de  leurs  membres  dépasse  quinze,  il  est 
accordé  à  ces  groupements  une  réduction  de  2  francs  par  cotisa- 
tion   versée    au    Trésorier   de   l'Association. 

5"  Ces  groupements  locaux  ou  régionaux  éliront  au  Comité  un 
représentant  par  vingt-cinq  membres.  Ces  représentants  auront 
le  droit  de  déléguer  leurs  pouvoirs  par  procuration  régulière, 
renouvelée  chaque  année,  à  un  membre  actif  de  l'Association  ne 
faisant  pas   déjà  partie   du  Comité. 

Aht.  11.  —  La  dissolution  de  l'Association  ne  pourra  être  pro- 
noncée que  par  une  Assemblée  générale  représentant  au  moins  le 
tiers    des    membres    actifs    de    l'Association. 

Cette    Assemblée    statuera    sur   l'emploi    des   fonds    disponibles. 


Si  nous  parlions  des  '*  Compagnons  **  7 


Commençons,  si  vous  le  voulez  bien,  par  lixer  quelques 
points  d'histoire.  Cela  ne  serait  sans  doute  pas  indispensable. 
J'y  tiens  cei^endant  pour  diverses  raisons.  Et  puis  cette 
façon  de  procéder  a  l'avantage  de  me  fournir  mon  exorde. 

*. 

La  réunion  générale  des  professeurs  de  langues  vivantes 
tenue  le  jeudi  20  novembre  au  Lycée  Louis-le-Grand,  sous 
les  auspices  de  notre  Association,  avait  pour  but  de  permet- 
tre aux  futurs  candidats  au  Conseil  supérieur  d'exposer  et  de 
défendre  leur  programme  —  au  candidat  unique  serait  plus 
exact.  En  effet,  seul  M.  Rancès,  cédant  aux  affectueuses  et  pres- 
santes sollicitations  de  quelques-uns  de  ses  collègues,  se  pré- 
sentait à  nos  suffrages.  Il  venait  de  développer  avec  beaucoup 
de  netteté,  beaucoup  de  force,  beaucoup  de  chaleur  même  ses 
idées  sur  notre  enseignement  lorsqu'un  de  nos  camarades, 
M.  Becker,  lui  posa  cette  question  :  «  Si  vous  êtes  nommé, 
quelle  sera  votre  attitude  à  l'égard  des  «  Compagnons  »  V 
M.  Rancès  répondit  qu'il  qe  faisait  pas  partie  du  groupement 
des  «  Compagnons  »,  mais  que  d'ailleurs  il  était  partisan 
résolu  d'un  enseignement  démocratique.  Puis  la  discussion 
très  rapide,  très  brève,  nous  sembla  dévier  en  abordant  le 
domaine  de  l'enseignement  libre  où  M.  Rancès,  pour  l'instant, 
refusait  avec  raison  de  s'aventurer.  On  en  resta  donc  là.  — 
Un  mois  plus  tard,  à  l'Assemblée  générale  de  notre  Associa- 
tion, la  lecture  des  rapports  était  à  peine  achevée  que  M.  Va- 
renne  nous  dit  à  peu  près  ceci  :  «  Il  est  un  sujet  que  nous 
brûle  les  lèvres  et  auquel  nulle  allusion  n'a  été  faite  :  quelle 
sera  notre  attitude  à  l'égard  des  «  Compagnons  »  ?  Et  de  nou- 
veau, par  suite  de  circonstances  fortuites  et  que,  pour  ma 
part,  je  regrette  vivement,  aucun  débat  ne  put  s'engager.  Mais 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  nos  collègues  avaient  eu  le 
mérite  d'attirer  notre  attention  sur  un  mouvement  récent  que 
nous  n'avons  pas  le  droit  d'ignorer.  A  notre  étonnement 
même  ils  auront  pu  juger  que  beaucoup  d'entre  nous  —  et 
moi  tout  le  premier,  et  je  m'en  excuse  —  nous  n'avions  que 
des  idées  très  vagues  (en  avions-nous  ?)  sur  la  doctrine  et  sur 
l'action  des  «  Compagnons  ».  S'ils  me  le  permettent,  je  tâ- 
cherai, en  quelque  mesure,  d'expliquer,  sinon  de  justifier  cette 
ignorance.  Mais,  en  tout  cas,  je  tiens  à  les  remercier  de 
m'avoir  moralement  obligé  à  sortir  de  ma  tour  d'ivoire. 

*.v 

■A-  * 

Et,  sans  nul  doute,  ce  nom  de  «  Compagnons  »  ne  m'était 
pas  totalement  étranger.  J'avais    le    souvenir    d'avoir    reçu. 


SI    NOUS    PARLIONS    DES    <(  COMPAGNONS  ))  ?  31 

par  un  jour  de  grand  soleil,  une  lettre-circulaire,  de  l'avoir 
lue  sans  plaisir,  d'un  œil  distrait,  car  le  ton  m'en  avait 
paru  violent  et,  ce  qui  est  pire,  morose.  Puis  à  l'occasion  je 
m'étais  informé  auprès  de  quelques-uns  de  mes  collègues  et 
à  la  question  que  je  leur  posai  :  «  Que  savez-vous  des 
«  Compagnons  »  ?  »  les  uns  m'avaient  répondu  :  «  Rien  »  ; 
et  d'autres:  «  Ce  sont  des  rouges  qui  veulent  tout  jeter  bas  »  ; 
et  d'autres  encore  :  «  Ce  sont  des  réactionnaires,  voire  des 
royalistes  déguisés  ».  Et  ce  n'était  pas  là  simple  jeu  du  ha- 
sard. La  preuve  en  est  que,  dans  l'Opinion  du  20  décembre 
1919,  M.  J.-M.  Carré,  secrétaire  général  de  la  Compagnie,  écrit 
ceci  :  «  Pour  les  uns,  les  «  Compagnons  »,  partisans  intran- 
sigeants d'une  réforme  totale  furent  des  révolutionnaires,  les 
bolchevistes  de  l'enseignement.  Pour  les  autres  (ju'inquiétait 
leur  libéralisme,  ils  devinrent  des  cléricaux,  payés  par  les 
évêques.  Leur  ton  prophétique  leur  amena  le  reproche  d'être 
des  mystiques,  mais  leur  nom  les  fit  aussi  suspecter  d'être 
des  francs-maçons.  »  Le  pseudo-anonymat  des  «  Compa- 
gnons »  explique,  en  effet,  au  moins  en  partie,  ces  jugements  : 
il  a  permis  de  découvrir,  au  gré  des  passions,  dans  leur 
mystérieux  groupement  quelque  «  main  noire  »  laïque  ou 
cléricale.  Ces  conspirateurs  qu'on  savait  aux  armées  avait- 
ils  remplacé  par  les  tranchées  les  huttes  des  «  charbon- 
niers »  ? 

C'est  vrai.  Ce  nom  de  «  Compagnons  »  surprenait  les  uns, 
inquiétait  les  autres.  Et  nous  sommes  heureux  que  M.  Carré, 
dans  l'article  que  j'ai  déjà  cité,  ait  levé  un  coin  du  voile. 
«  Un  jour,  je  demandai  à  notre  camarade  Jules  Isaac,  l'un 
des  fondateurs  de  l'Association  des  anciens  combattants  de 
l'Université,  de  nous  trouver  dans  l'histoire  du  moyen-âge, 
un  nom  de  grand  architecte  qui  pût  symboliser  tout  ensemble 
notre  travail  constructeur  et  notre  inspiration  corporative. 
II  me  répondit  tout  bonnement  :  «  Mais  pourquoi  aller  cher- 
cher si  loin  ?  Appelez-vous  donc  les  «  (Compagnons  ».  L'idée 
était  simple  et  heureuse.  Elle  fut  ado])tée  et  c'est  ainsi  que 
nous  reçûmes  le  baptême.  »  Et  le  dictionnaire  nous  dit  : 
«  Les  Compagnons  formaient  des  associations  de  compagnon- 
nage, dans  le  but  d'établir  un  lien  d'amitié  et  de  bonne 
confraternité  entre  tous  les  ouvriers  d'un  même  métier.  »  Et 
c'est  dans  ce  sens  qu'il  nous  plaît  d'entendre  le  mot  «  Com- 
pagnons ». 

La  guerre  terminée,  les  45  «  Compagnons  »  du  début  se 
firent  connaître.  Leur  groupement  se  dévelop])a  rapide- 
ment (1)  ;  et  perdit  le  caractère  de  société  fermée,  tout  en 
conservant  un  nom  qui,  en  réalité,  n'a  plus  qu'une  valeur 
symbolique.  Les  «  Compagnons  »  sont,  en  somme,  une  asso- 
ciation constituée  en  vue  d'une  action  bien  déterminée.  Ni  la 
j)aresse  d'esprit,  ni  le  scepticisme  qui  est  un  si  mol  oreiller, 
ni    la    méfiance   qu'inspire   à   notre    individualisme    foncier 

•  1)    II   compte    un    millier    de    mejiil)res    (novembre    1919). 


LES   LANGUES    MODERNES 


toute  tentative  d'organisation,  ni  beaucoup  d'autres  sentiments 
également  factieux  ne  nous  excuseraient  de  persister  dans 
notre  indifférence.  Nouvellement  instruit,  j'écris  pour  ceux 
qui  ignorent  ;  quant  à  ceux  qui  «  savent  »,  point  n'est  besoin 
qu'ils  lisent   plus  avant.   Je   ne  leur   apprendrais  rien. 


]\Iais  avant  d'aborder  l'analyse  de  la  doctrine  des  «  Com- 
pagnons »,  il  me  sera  bien  permis  de  dégager  quelques-unes 
des  inq^ressions  générales  cjue  m"a  laissées  la  lecture  de  leurs 
différents  manifestes  (1). 

Le  ton  des  articles,  l'allure  de  leur  polémique  n'est  pas 
toujours  agréable.  Et  j'entends  bien  que  des  verges  n'ont 
pas  à  être  enrubannées  comme  la  houlette  du  berger  Céladon. 
Cela  est  d'ailleurs  voulu  :  «  Nous  fûmes,  à  dessein,  violents 
dans   nos   critiques,   dogmatiques    dans   nos   propositions...   » 

((.  Notre  but  n'était  pas  moins  de  déplaire  que  de  plaire.  » 

<'  ...A  quoi  nous  eùt-il  servi  d'écrire  en  1917  des  articles  bien 
sages  dans  une  revue  pédagogique  quelconque...  »  Et 
M.  (^arré  nous  avoue  avoir  atténué  la  forme  d'articles  dont 
«  le  ton  était  toujours  vif,  souvent  prétentieux,  parfois  inso- 
lent )'.  L'on  fonce  sur  les  adversaires  —  et  ces  adversaires 
ont  peut-être  eu  simplement  la  maladresse  de  naitre  vingt  ans 
trop  tôt  —  avec  une  fougue,  une  ardeur  qui  ne  connaît  ni 
la  grâce,  ni  le  sourire.  Ah  !  les  «  Compagnons  )>  ne  se  met- 
tent pas  en  frais  de  coquetterie  pour  gagner  des  partisans. 
El  pourtant  il  nous  semble  que  des  hommes  encore  jeunes, 
le  visage  tourné  vers  l'avenir,  devraient  créer  dans  la  joie, 
bien  plus  soutenus  par  l'espoir  lumineux  d'un  «  ordre  nou- 
veau »  qu'attristés  par  le  souvenir  des  erreurs  passées.  Ce 
sentiment  de  joie,  nous  ne  l'avons  trouvé  nulle  part.  L'en- 
thousiasme qui  élève  l'âme  au-dessus  d'elle-même,  dans  un 
élan   de   vive   allégresse,   l'emballement,   serait-il   vieux  jeu  ? 

Mais  d'ailleurs  la  tentative  des  «  Compagnons  »  est  certai- 
nement une  tentative  de  bonne  foi.  Elle  commande  ce  sen- 
timent de  respect  sympathique  auquel  a  droit  tout  effort 
sérieux  et  loyal.  En  outre  l'idée  d'œuvre  collective  nous  paraît 
excellente.  Et  ce  n'est  pas  dans  notre  Association  qu'on  la  cri- 
tiquera. Car  nous-mêmes  —  sur  une  question  spéciale,  il 
est  vrai,  et  donc  de  moindre  inqjortancc  —  nous  avons  établi 
un  référendum  qui  a  eu  tout  le  succès  que  nous  en  espérions 
—  même  au|)rés  de  l'Administration. 

.T'indiquerai  maintenant  quels  sont  les  i)rincii)aux  points 
<le  la  doctrine  des  «  Compagnons  ■>■>  et  quels  sont  les  princi- 
paux   moyens    tie    réalisation    ([u'ils    ])roposenf.     .Te     tâcherai 


(1)  LTiiiversité  Noint-Ue.  I,  La  Doctrine;  les  Applications  de 
la  Doctrine.  Paris.  Fisclibacher.  1919.  —  La  Snlidarilc,  15  juillet, 
15  octol)rc,  L5  novembre.  15  dêee.iihre.  —  L'Opinion,  '20  déceiii- 
bre.  1919. 


SI   NOUS    PARLIONS    DES    «  COMPAGNONS  »  ?  'V,i 

d'être  purement  objectif.  Le  moment  venu  —  s'il  vient  — 
soyez  bien  certains  que  je  ne  craindrai  pas  de  dire  ce  que  je 
pense. 

C'est  au  premier  volume  de  l'Université  .Nouvelle  que  nous 
emprunterons  la  plupart  des  développements  cjui  vont  suivre. 

La  doctrine  des  «  Compagnons  »,  «  elle  apparaît  vite  à 
qui  la  regarde  attentivement  ;  elle  passe  comme  un  fil  rouge 
à*  travers  tous  leurs  essais.  Il  est  facile  de  la  résumer  d'un 
mot  :  les  «  Compagnons  »  veulent  développer  la  valeur  so- 
ciale des  Français.  Or  la  France  est  encore  dans  un  état 
inorganique...  il  faut  l'organiser  (1)  ».  Et  dans  la  vaste  en- 
treprise d'organisation  de  la  démocratie,  les  «  Compagnons  ) 
sont  un  groupement  important  «  celui  qui  s'aligne  le  premier, 
parce  qu'il  travaille  à  l'œuvre  qui  vient  la  première  dans  la 
vie  ». 

Or,  l'Université  a,  au  sens  propre  du  mot,  un  besoin  urgent 
d'être  reformée.  «  Nous  ne  nous  contenterons  pas  d'un  relè- 
vement de  traitement  ou  d'une  réforme  de  la  Licence.  On 
ne  nous  satisfait  point  par  des  améliorations  partielles,  qu'elles 
soient  matérielles  ou  morales...  11  faut  tout  remettre  à  neuf, 
tout  unir,  tout  cimenter.  Il  faut  refondre  les  idées,  les  pro- 
grammes, les  méthodes  et  le  recrutement...  Une  réforme  totale, 
ce  n'est  pas  une  série  de  réformes  qui  touchent  à  tout,  c'est 
une  réforme  unique  qui  comprend  tout.  »  Il  convient  de 
signaler  que  ce  programme  subversif  est  parfois  atténué.  Cette 
réforme  «  doit  être  non  l'œuvre  de  quelques  pédagogues  dis- 
cutant autour  d'un  tapis  vert,  mais  l'expression  de  la  volonté 
quasi-unanime  du  corps  enseignant  »  (ce  qui,  sauf  erreur,  nous 
permet  d'augurer  que  bien  des  choses  seront  conservées)  et 
encore  :  «  Ce  que  nous  entendons  ])ar  réforme  totale,  c'est 
un  examen  de  tout  ce  qui  existe  à  la  lumière  de  certaines 
idées  directrices,  et  c'est  sa  modification,  sa  suppression  ou 
son  maintien,  suivant  ce  qui  sera  reconnu  nécessaire.  Nous 
ne  voulons  pas  faire  table  rase,  mais  nous  ne  voulons  pas  non 
plus  nous  abandonner  aux  hasards  de  l'empirisme  »  ;  et  enfin 
dans  la  lettre  de  M.  Cazamian,  actuellement  président  du 
Comité  directeur  :  «  Vous  détruisez  magnifiquement.  Vous 
y  a'pportez  la  belle  fougue  de  la  jeunesse.  .le  ne  jcrois  i)as  que 
tout  soit  vermoulu  dans  l'édifice,  ni  que  toutes  ses  parties 
doivent  tomber.    » 

L'esprit  qui  ])résidera  à  cette  refonte  de  l'Université  sera 
purement  démocratique.  «  Nous  voulons  un  enseignement 
démocratique...  c'est  celui  qui  permet  de  tirer  de  tout  homme 
le  meilleur  rendement.  »  En  fait,  il  ne  doit  plus  y  avoir  de 
distinction  entre  ])rimaire,  secondaire  et  supérieur  :  il  ne 
doit  y  avoir  qu'un  enseignement.  Ce  qui  ne  signifie  i)as  que, 
le  moment  venu,  cet  enseignement  ne  sera  pas  diversifié  par 

(1)  (y'est  par  là  qu'ils  se  rattachent  à  r,\ssociation  nationale  pour 
l'organisation    de    la    Démocratie    de    Probus    [M.    Corréurd], 


34  LES   LANGUES    MODERNES 

la  spécialisation  :  d"un  tronc  unique  ne  sort-il  pas  de  nom- 
breuses branches  ?  Et  même  il  y  aura  place  pour  un  ensei- 
gnement «  aristocratique  »,  celui  des  Humanités  :  «  Nous 
devons  avoir  la  franchise  de  le  proclamer  et  de  l'accepter  : 
l'enseignement  des  humanités  est  en  enseignement  aristocra- 
tique et  il  faut,  même  dans  une  démocratie,  qu'il  y  ait  quelque 
part,  ouvert  à  tous  les  talents  et  à  toutes  les  bourses,  un  en- 
seignement qui  soit  aristocratique.  S'il  n'en  est  pas  ainsi,  la 
démocratie  n'est  qu'un  troupeau.   » 

La  conception  démocratique  de  l'enseignement  a  pour  pre- 
mière conséquence  l'établissement  de  la  «  gratuité  d'un  bout 
à  l'autre  des  études,  idéal  qu'on  ne  pourra  peut-être  lias  réa- 
liser tout  d'abord  à  cause  de  notre  situation  financière.  » 
Elle  a  une  autre  conséquence  plus  imprévue  :  «  nécessité  de 
la  collaboration  de  tous,  sous  le  contrôle  de  l'Etat,  à  l'œuvre 
de  l'Education,  parents  et  maîtres,  professeurs  de  l'Etat  et 
professeurs  libres,  car  la  concentration  seule  des  efforts  est 
efficace.  »  «  Nous  voulons  que  l'enseignement  libre  entre  dans 
la  corporation  pour  marquer,  par  un  fait  concret,  la  subordi- 
nation plus  ou  moins  directe  de  tous  les  enseignements  à  cet 
organe  de  coordination  nationale  qu'est  l'Etat  ;  nous  le  vou- 
lons encore  pour  sceller  la  réconciliation  nationale.  »  Et 
même  :  «  Il  est  de  l'intérêt  de  tous  que  l'enseignement  libre 
entre  dans  la  corporation,  contribue  à  l'élaboration  de  la 
politique  scolaire  et  la  pratique  sans  arrière-pensée.  Pour  cela 
la  simple  entrée  dans  la  corporation  ne  sullit  pas  ;  il  faut  un 
lien  plus  concret  encore,  un  lien  matériel.  //  faut,  si  légère 
soit-elle,  une  subvention  de  l'Etat...  l'enseignement  libre  a 
droit  à  une  subvention  dans  la  mesure  où  il  remplit  une  fonc- 
tion de  l'Etat  m. 

Une  autre  idée  chère  aux  «  Compagnons  »  est  celle  du 
régionalisme  «  L'enseignement  doit  être  adapté  à  la  région. 
On  est  de  sa  province  comme  on  est  de  son  siècle.  S'il  est 
folie  de  ne  pas  préparer  les  enfants  à  la  vie  actuelle,  il  l'est 
tout  autant  de  ne  pas  les  préparer  à  la  vie  régionale.  Puisqu'on 
vit,  iHiisqu'on  travaille  autrement  dans  le  Nord  que  dans  le 
Midi,  sur  la  côte  cjue  dans  la  montagne,  il  faut  que  l'enseigne- 
ment à  tous  les  degrés,  soit  de  la  couleur  du  ciel  et  du  sol. 
qu'on  y  sente  la  présence  de  la  vigne  ou  celle  du  charbon, 
c(u'on  y  respire  ici  l'odeur  de  la  mer,  là  celle  de  la  forêt  ou 
(lu  pâturage.   » 

Sur  l'importance  et  la  nécessité  de  la  culture  physique, 
que  les  «  Compagnons  «  soutiennent  avec  vigueur,  qui  ne 
serait  d'accord  ? 

Enfin,  pour  achever  cet  ex])osé  sommaire  de  la  doc- 
trine des  «  Compagnons  »,  indiquons,  sans  pouvoir  insister, 
la  valeur  qu'ils  attribuent  à  l'idée  corporative  et  syndicaliste. 
Je  copie  :  «  Entre  l'Etat  omnipotent  et  centralisateur,  indif- 
férent (Ui.v  vies  intérieures,  et  les  citoyens  isolés,  impuissants. 

(1)   Ce   n'est   lias   nidi    qui    souligne. 


SI   NOUS    PARLIONS    DES    «  COMPAGNONS  ))  ?  35 

révoltés,  il  faut  introduire  le  moyen  ternie  :  l'association,  l'or- 
ganisation corporative.  Il  faut  entre  l'Etat  et  l'individu,  la 
corporation  de  l'enseignement,  de  tout  l'enseignement  pri- 
maire, secondaire,  supérieur,  professionnel,  la  corporation 
dans  chaque  région...  Le  syndicalisme  universitaire  doit  en- 
tretenir enti'e  les  membres  de  l'Enseignement,  l'esprit  d'as- 
sociation dans  tous  les  domaines  et  à  tous  les  degrés.  L'esprit 
(l'association  peut  faire  des  prodiges  :  il  peut  faire  surgir  pour 
le  plus  grand  bien  des  maîtres  de  toutes  sortes  des  coopéra- 
tives, des  institutions  d'assistance,  des  cercles,  des  bibliothè- 
ques de  prêts,  etc. 

Quelque  brève  que  soit  l'analyse  que  nous  venons  de  ten- 
ter, elle  sufiira,  nous  le  pensons,  à  donner  une  idée  d'ensemble 
assez  exacte  de  la  doctrine  des  «  Compagnons  ».  Faute  de 
place,  nous  insisterons  moins  encore  sur  les  «  applications 
de  la  doctrine  »  exposées  dans  le  second  volume  de  VUniver- 
.sité  Nouvelle  ;  nous  nous  bornerons  à  signaler  celles  qui  nous 
paraissent  très  importantes  ou  qui  ont  pour  nous,  spécialistes, 
un  intérêt  particulier. 

L'école  primaire  sera  non  seulement  l'école  primaire  uni- 
que, mais  l'école  primaire  prolongée.  Les  enfants  y  resteront 
jusqu'à  14  ans.  Ils  n'en  sortiront  qu'après  avoir  subi  un  exa- 
men final  et  obtenu,  ainsi  pour  plus  tard,  le  droit  de  voter. 
Les  élèves  qui  pourront  se  destiner  avec  fruit  aux  humanités 
seront  cependant  autorisés  à  quitter  l'école  à  l'âge  de  13  ans. 
C'est  «  introduire  une  exception  »,  mais  elle  est  en  faveur 
du  mérite.  Il  ne  faut  pas  être  «  intransigeants  contre  la  vie 
qui  n'admet  guère  de  constructions  rigoureusement  géomé- 
triques ».  Sur  le  programme  et  le  fonctionnement  de  l'école 
unique,  il  n'y  a  pas  lieu  d'insister  ici.  (Cf.  Université  Nou- 
velle,  II,   p.   58-75). 

Au  sortir  de  l'école,  l'enfant  choisira  la  voie  qui  lui  con- 
viendra le  mieux,  soit  qu'il  cherche  une  formation  profes- 
sionnelle immédiate,  soit  qu'il  se  sente  attiré  vers  la  culture 
intellectuelle  : 

Dans  le  premier  cas,  il  aura  besoin  d'un  «  enseignement 
théorique  et  ])ratique  en  vue  de  l'exercice  d'une  profession 
industrielle,  commerciale  ou  agricole  ».  Il  ne  peut  donc  plus 
être  question  d'une  école  unique  :  «  par  essence  même  l'édu- 
cation professionnelle  doit  être  diverse...  et  non  pas  seule- 
ment diverse  dans  un  même  cadre,  mais  dilférente  radicale- 
inent  suivant  la  profession,  suivant  la  région,  suivant  l'élève, 
suivant  le  degré  de  formation  professionnelle  que  désire  ou 
peut  atteindre  le  jeune  homme.   » 

Dans  le  second  cas,  l'élève  entrera  au  hcée.  Il  y  restera 
cinq  ans  :  «  11  entrera  donc  au  hcée  à  13  ans,  âge  qui  cor- 
resjjond  à  la  classe  actuelle  de  quatrième  ;  il  en  sortira  à 
17  (sic,  18  ?)  ans  à  la  fin  de  la  classe  actuelle  de  ])hilosophie. 
Nous  ne  pouvons  ])as  réduire  davantage  :  en  ellet,  l'œuvre  de 
la  culture  demande  du  temps...  Mais  à  un  âge  où  l'enfant  se 


36  LES   LANGUES    MODERNES 

développe  vite,  ce  quinquennium  peut  avoir,  malgré  sa 
brièveté  d'apparence,  le  maximum  d'ellicacité.  >■>  Au  lycée 
on  étudiera  le  latin.  Ce  sera  le  «  latin  court  )i.  Mieux  que  les 
sciences,  les  langues  vivantes  ou  même  le  français,  le  latin 
est  par  excellence  l'instrument  de  culture.  «  Notre  tentative 
est  la  dernière  qui  puisse  sauver  le  latin.  Si  elle  échoue  nous 
n'aurons  plus  qu'à  nous  incliner  et  à  demander  à  d'autres 
exercices  le  profit  gymnastique  et  à  des  traductions  la  con- 
naissance  de  l'antiquité.  >> 

Le  baccalauréat  sera  conservé.  «  On  a  dit  beaucoup  de 
mal  du  baccalauréat.  Nous  reconnaissons  qu'il  pèse  sur  les 
programmes  et  les  méthodes  d'une  façon  terrible.  Mais  d'au- 
tre part,  il  est  un  stimulant.  Voici  ce  que  nous  proposons 
bien  que  certains  d'entre  nous  lui  .soient  radicalement  hosti- 
les :  réformer  l'examen  de  façon  à  le  rendre  aussi  juste,  aussi 
sincère  que  possible,  en  y  incorporant  même  les  moyennes 
des  notes.  Ne  pas  le  rendre  obligatoire  à  l'entrée  des  cai'- 
rières,  mais  en  tenir  compte  (en  avantageant  en  outre  les 
«   mentions  »)  dans  les  mêmes  carrières,   » 

Enfin  sur  l'organisation  de  l'enseignement  supérieur  :  «  Il 
succède  à  l'enseignement  secondaire.  On  pourra  y  accéder 
aussi  bien  des  humanités  que  des  sections  professionnelles. 
Nous  concevons  l'enseignement  supérieur  pour  les  étudiants 
non  pas  comme  un  moyen  de  culture  générale,  mais  comme 
un  moyen  de  culture  spéciale.  D'autre  part,  les  universités 
ont  en  outre  pour  mission  d'élaborer  la  science  et  de  la  vul- 
gariser. Il  faut  que  leur  organisation  corresponde  à  ce  triple 
rôle  :  scientifique,  pédagogique,  vulgarisateur.  Nous  deman- 
dons pour  cela  la  concentration  des  ressources  en  quelques 
grands  instituts  bien  outillés.  Mais  pour  n'avoir  pas  à  sup- 
primer d'universités,  nous  admettons  que  chacune  d'elles 
cessera   d'être  complète,   si  l'on  excepte  celle  de  Paris.  » 


Et  voici  enfin  les  idées  exprimées  par  les  «  Compagnons  - 
au  .sujet  de  l'enseignement  des  langues  vivantes.  Ici  plus 
encore  que  dans  les  pages  'jiii  précèdent,  je  me  boinor.ii  :"i 
citer  textuellement  :  ce  sera  pour  moi  le  moyen  le  plus  sur 
—  le  seul  —  de  rester  neutre  et  de  ne  pas  trahir  involontai- 
rement mes  sentiments. 

Université  nouvelle,  I.  p.  40  :  «  La  géographie  et  les  langues 
vivantes  seront  des  facteurs  importants  et  nouveaux  de  notre 
culture.  » 

Université  nouvelle,  11,  p.  (54  :  «  Nous  voulons  aussi  que 
tous  ceux  qui  auront  besoin,  jjour  des  raisons  de  jirofession, 
commerce,  industrie,  ou  pour  des  raisons  de  culture,  de  con- 
naître les  langues  vivantes  en  fassent  ra])prentissage  au  cours 
supérieur.  Autant  nous  trouvons  inutile  que  l'instituteur 
sache  le  latin,  autant  nous  croyons  nécessaire  qu'il  possède 
une  langue  moderne,  ('et  enseignement  des  langues  vivantes 
sera  donné  surtout  par  la  méthode  directe  qui  présente  un 


SI   NOUS   PARLIONS    DES    «   COMPAGNONS  »  /  .)/ 

caractère  tout  pratique  et  qui  permettra  de  gagner  du  temps... 
Il  va  sans  dire  que  la  langue  étudiée,  sera,  autant  que  pos- 
sible, choisie  en  fonction  de  la  région  où  l'on  vit  et  du  métier 
auquel  on  se  prépare,  w 

Université  nouvelle,  II,  p.  102  :  «  Il  nous  faut  donc  une 
base  littéraire.  Prendron.s-nous  les  langues  vivantes  ?  Le  tra- 
vail de  traduction,  de  confrontation  de  deux  génies  difterents 
existe  là,  comme  dans  le  latin.  Le  bénéfice  qu'on  en  retire, 
souplesse,  précision,  vigueur  d'esprit,  serait  le  même.  Au  fait, 
est-ce  vrai  ?  Y  a-t-il  une  comparaison  possible  entre  le  travail 
qu'il  faut  faire  pour  assimiler  le  génie  simplificateur  de  l'an- 
glais, la  richesse  trouble  de  la  pensée  allemande,  la  redon- 
dance espagnole,  la  facilité  et  la  grâce  italiennes  et  cet  autre 
travail  qui  consiste  à  suivre  dans  les  détours  de  la  phrase 
latine  une  pensée  logique,  nua.i;;ée  et  précise  ?  Nous  croyons 
que  la  comparaison  est  à  l'avantage  du  latin...  Laquelle  choi- 
sir parmi  les  quatre  langues  vivantes  fondamentales  ?...  Ceci 
nous  amène  à  l'objection  la  plus  grave  que  soulèvent  les  lan- 
gues vivantes... 

A  se  frotter  continuellement  à  une  humanité  étrangère,  on 
iinit  par  lui  prendre  quelque  chose...  Cela  peut  aller  jusqu'à 
la  façon  de  penser  et  de  sentir...  Or  réfléchissez  bien  :  vous 
allez  prendre  comme  base  de  la  nouvelle  culture  l'étude  de 
l'étranger,  quel  que  soit  d'ailleurs  cet  étranger.  Cette  étude 
ne  sera  pas  un  des  accessoires  de  votre  culture,  c'en  sera  la 
base  même.  C'est  le  monde  étranger  qui  sera  notre  éducateur  : 
c'est  lui  qui  deviendra  la  pierre  de  touche  de  nos  sentiments 
et  la  norme  de  notre  raison  ;  c'est  tout  de  même  raide,  quand 
on  est  la  France. 

(^hez  un  peuple  comme  le  nôtre,  hospitalier,  curieux. 
'c  gobeur  >>,  est-ce  d'une  bien  saine  politique  que  de  lui  dis- 
perser l'âme   aux   quatre   coins   du   monde  ?  « 

Université  nouvelle,  II,  p.  120:  «  Les  langues  vivantes  et  la 
méthode  directe.  On  peut  se  servir  de  deux  façons  d'une  lan- 
gue vivante  :  pour  la  parler  ou  i)our  la  lire.  Il  faut  sans  doute 
concilier  les  deux  points  de  vue,  mais  si  l'un  d'eux  doit 
l'emporter  dans  les  classes,  ce  doit  être  le  second.  On  n'ap- 
prend guère  à  parler  autrement  que  par  la  méthode  directe  ; 
elle  a  l'avantage  de  faire  passer  l'usage  de  la  langue  étrangère 
en  réflexes,  mais  elle  a  l'inconvénient  de  n'assurer  qu'une 
connaissance  instinctive  et  qui  manque  de  solidité.  La  bonne 
vieille  méthode  grammaticale  jieut  seule  donner  cette  assise 
sans  laquelle  toute  acquisition  est  éi)hémère.  Or,  c'est  au 
lycée  seulement  qu'on  peut  l'employer  ;  plus  tard,  en  effet, 
dans  la  vie,  le  temps  manque  pour  cela,  tandis  que,  si  le 
besoin  s'en  fait  sentir,  on  trouvera  facilement  quelques  heures 
par  semaine  pour  des  exercices  de  conversation  dans  des  ins- 
tituts spéciaux,  qui  rafraîchiront  les  connaissances  acquises 
et  achèveront  l'éducation  de  l'oreille  et  du  gosier.  La  classe, 
au  contraire  fort  propre  aux  études  livresques,  n'est  pas 
faite  pour  ce  dressage-là.   Les  élèves  y  seront  toujours  trop 


38  LES   LANGUES   MODERNES 

nombreux  pour  que  la  méthode  directe  y  soit  elticace.  Dès 
lors  s'y  consacrer  c'est  y  perdre  son  temps.   » 


Si  cet  article  tombe  sous  les  yeux  de  quelques  «  Compa- 
gnons »,  ils  ne  m'en  voudront  pas,  je  l'espère,  d'avoir  abusé 
du  droit  qu'on  a  de  citer  ses  auteurs.  C'était,  me  semble-t-il. 
le  procédé  le  plus  loyal  pour  faire  connaître  leurs  idées.  Je 
n'ai  été  et  n'ai  voulu  être  qu'un  «  rapporteur  »  fidèle.  Tant 
mieux  si  j'y   ai  réussi. 

L.  W.  Cart. 
(Lycée   Carnot). 

P.-S.  —  Au  moment  où  nous  corrigeons  les-  épreuves  de 
cet  article,  nous  recevons  le  n"  du  15  janvier  de  la  «  Soli- 
darité » .  ^I.  Cazamian,  y  parlant  de  la  subvention  de  l'Etat 
à  l'enseignement  libre  proposée  d'abord  par  les  «  Compa- 
gnons w,  écrit  ceci  :  «  Cette  partie  de  la  doctrine  des  «  Com- 
pagnons n  est  caduque  ;  elle  est  tombée  comme  une  branche 
morte.  » 


Lettre  d'un  professeur  français  à  un  professeur  allemand 

(Mai  1915) 


Le  16  juillet  1914  je  quittais  Paris  pour  l'Allemagne  avec  une 
caravane  de  vingt-huit  jeunes  gens  confiés  à  mes  soins  par  le 
Foyer  à  l'Ecole.  Nous  devions  jjasser  toutes  nos  vacances  dans 
une  ville  allemande  des  bords  du  Rhin.  A  peine  étions-nous 
installés  que  les  bruits  de  guerre  commencèrent  à  circuler,  et  le 
31  juillet  au  soir  nous  reprenions  précipitamment  le  train  pour 
Paris,  où  nous  arrivâmes  le  lendemain,  juste  au  moment  où  Ton 
affichait   le  décret  de   mobilisation. 

Pendant  ce  bref  séjour  j'avais  eu  l'occasion  de  faire  la  connais- 
sance de  M.  X...,  professeur  à  l'Université  de  Y...,  qui  me  fit  un 
excellent  accueil  et  me  parut  animé  de  sentiments  très  différents 
de  ceux  que  nous  avons  trop  souvent  constatés  chez  la  grande 
majorité  de   ses  compatriotes. 

A  la  rentrée  d'octobre  une  pénible  surprise  nous  attendait.  Le 
Censeur  de  notre  lycée,  qui  était  allé  passer  ses  vacances  dans  la 
Meuse,  n'avait  pas  rejoint  son  poste.  Nous  étions  sans  nouvelles 
de  lui  depuis  plus  d'un  mois,  et  ce  n'est  que  vingt  jours  plus 
tard  qu'une  lettre  nous  apprit  que,  surpris  par  l'invasion  alle- 
mande, il  avait  été  déporté  comme  prisonnier  civil  dans  un  cam]) 
bavarois.  Je  songeai  immédiatement  à  M.  X...  et  je  lui  écrivis 
dans  l'espoir  qu'une  intervention  bienveillante  de  sa  part  pour- 
rait, sinon  obtenir  la  mise  en  liberté  de  notre  censeur,  du  moins 
lui  assurer  des  conditions  d'existence  plus  douces.  Mon  espoir 
ne  fut  point  déçu.  M.  X...  s'employa,  avec  un  dévouement  dont 
je  lui  garde  une  grande  reconnaissance,  à  adoucir  le  sort  de 
notre  ami,  et  si  le  résultat  de  ses  démarches  ne  répondit  pas  à 
ses  efforts,  ce  ne  fut  pas  de  sa  faute  et  cela  ne  diminue  en  rien 
son  mérite.  Le  censeur  dut  son  élargissement  à  une  autre  inter- 
vention ]j1us  efficace.  Le  24  janvier  1915  nous  eûmes  la  joie  de 
le  voir  rentrer  sain   et    sauf  au   milieu   de   nous. 

.l'écrivis  alors  une  seconde  lettre  à  M.  X...  pour  lui  annoncer 
la  bonne  nouvelle  et  le  remercier.  Quatre  mois  |)lus  tard,  n'ayant 
pas  reçu  de  réponse  à  cette  lettre,  qui  sans  doute  avait  dû  s'éga- 
rer, j'en  écrivis  une  troisième  ;  mais,  je  ne  sais  comment  cela 
se  fit,  cette  troisième  missive,  qui  devait  être  courte  et  somme 
toute  assez  banale,  s'allongea  sous  ma  plume  un  peu  ])lus  que 
de  raison  peut-être  et  se  trouva  être  finalement,  sans  que  je 
l'eusse  jirécisément  voulu  ou  prémédite,  une  sorte  de  ])laidoyer 
en  notre  faveur,  et  en  même  temps  un  réquisitoire  contre  r.\lle- 
magne.  Persuadé  d'une  part  —  sur  la  foi  d'une  impression  que  je 
ne  crois  |)as  trompeuse  —  que  M.  X...  ne  ressemble  en  rien  à  ces 
tristes  Intellectuels  qui  ont  signé  le  fameux  manifeste  îles  93. 
qu'il  est  digne  d'entendre  toute  la  vérité  et  capable  de  la  com- 
prendre, et  d'autre  part  convaincu  que  l'.Mleniagne  devait 
compter,  en  plus  grand  nombre  qu'on  ne  le  pense  communément, 
de    ces     Injmmes      monientanément     bâillonnés    qui      souffrent     en 


40  LES   LANGUES    MODERNES 

silence  en  attendant  le  jour,  proche  peut-être,  où  ils  pourront 
élever  la  voix  et  ramener  leurs  compatriotes  égarés  dans  le 
chemin  de  la  raison  et  du  droit,  je  ne  sus  pas  résister  à  Timpul- 
sion  secrète  qui  fit  jaillir  du  fond  de  mon  âme  la  |jrotestation 
qu'on   va   lire   et   l'espoir   dont   malgré   tout   elle   demeurait   pleine. 

Je  ne  me  fais  pas  d'illusion  sur  le  peu  d'originalité  (tout  est 
dit  et  l'on  vient  trop  tard...)  des  modestes  idées  que  j'exprime, 
*  ni  sur  la  qualité  de  mon  allemand.  Ceci  n'est  pas  un  document 
historique  et  je  n'ai  rien  à  révéler  de  sensationnel.  Je  n'ai  eu. 
au  point  de  vue  du  fond  comme  à  celui  de  la  forme  aucune 
jjrétention  excessive.  J'ai  simplement  voulu  dire  à  un  Allemand 
intelligent  et  aux  idées  larges,  comme  il  en  faudrait  heaucoup, 
en  toute  sincérité  et  avec  toute  l'impartialité  dont  je  suis  capable, 
ce  que  j'avais  sur  le  cœur.  Il  me  semble  que  si  un  Allemand 
m'écrivait  en  français  pour  me  communiquer  le  résultat  d'un 
examen  de  conscience  aussi  sincère  que  le  mien,  je  serais  très 
indulgent  pour  sa  tentative  qui  rn'apparaîtrait  —  même  si  elle 
était    gauche  —   plus   touchante    encore    qu'audacieuse. 

Pourquoi  ces  lignes,  écrites  depuis  plus  de  quatre  ans,  sont- 
elles  restées  si  longtemps  dans  mon  tiroir  ?  C'est  que.  au  moment 
de  les  expédier  à  leur  destinataire,  en  mai  1915,  j'ai  été  retenu 
par  un  scrupule  auquel  je  n'avais  pas  songé  tout  d'abord.  J'ai 
craint  de  causer  des  ennuis  à  M.  X...  au  cas.  fort  probable,  où 
la  censure  allemande  aurait  pris  ombrage  de  certaines  vérités 
trop  librement  exprimées  dans  nia  lettre.  Je  pense  qu'aujourd'hui 
ce  danger  n'est  plus  à  redouter,  et  je  me  décide  à  exhumer 
ce  produit  de  ma  plume  qui,  aux  défauts  qu'il  peut  avoir  déjà, 
ajoute  le  tort  plus  grave  de  n'avoir  pu,  comme  un  vin  généreux, 
s'améliorer    en    vieillissant. 

J'ai  pensé  qu'il  ])ourrait  être  intéressant,  même  à  quatre  ans 
de  distance,  de  jjublier  cette  lettre  comme  témoignage  de  ce  que 
pensait  en  1915,  un  peu  naïvement  peut-être,  un  homme  qui  ne 
se  ]îiqiie  pas  de  connaître  à  fond  cette  sournoise  et  décevante 
Allemagne,  niais  qui  avait  tout  de  même  le  droit  d'exprimer  des 
opinions  personnelles  fondées  sur  une  longue  et  impartiale 
observation.  Les  événements  ont  donné  raison  à  mon  optimisme, 
du  moins  en  ce  qui  concerne  le  succès  final  :  nous  avons  —  avec 
le  précieux  concours  de  nos  .Alliés,  ne  l'oublions  pas  !  —  vaincu 
le  monstrueux  adversaire.  Mais  hélas  !  je  me  demande  si  la 
mentalité  allemande  est  vraiment  changée,  et  je  demeure  scep- 
tique. Je  crois  cju'à  ce  point  de  vue  je  me  suis  un  ])eu  trop 
abandonné  à  des  ilhisions.  dont  ma  raison  au  fond  n'était  pas 
tout  à  fait  dupe,  mais  que  généreusement  je  m'efforçais  d'entre- 
tenir au  fond  de  mon  cœur,  dans  la  pensée  qu'après  tout  ou  ne 
sait  jamais  ce  qui  arrivera  et  que  toutes  les  surprises  sont  pos- 
sil)les.  Certes,  je  crois  toujours,  et  les  faits  l'ont  ])rouvé,  qu'il 
A  a  en  .Allemagne  des  hommes  de  cœur  noble  et  de  haute  raiso.i 
<]i'i,  non  seulement  ne  s'dtTenseraient  jias  des  ternies  un  ])eu  vifs 
<iont  j'ai  jjarfois  usé  à  l'égard  de  leurs  compatriotes,  mais  qui 
même  approuveraient  sans  trop  d'hésitation  la  plupart  de  mes 
jugements  sortis  d'une  conscience  libre,  droit*  et  impartiale. 
,Slais  combien  sont-ils  ?  J'ai  peur  que  le  noble  exemple  des 
(Irelling,  des  Muelbon,  des  Nicolaï  et  de  quelques  autres  ne 
demeure  stérile  et  que  Ce  longtemps  encore  nous  ne  jiuissions  les 
saluer  que  comme  de  glorieuses  exceptions.  Je  ne  connais  pas 
sulTisamment  M.  X...  jjour  avoir  le  droit  d'affimer  qu'il  souscrira 
sans  réserve  à  ces  jugements  ;  je  ne  puis  nie  ])orter  garant  des 
Nentimcnts  que,   sur  une   impression   favorable   mais   un   peu   som- 


LETTRE   d'un    PROFESSEUR  41 

maire,  je  me  suis  peut-être  un  peu  trop  pressé  de  lui  attribuer. 
Il  peut  se  faire  que  ma  lettre  lui  cause  quelque  surprise.  Mais, 
quoi  qu'il  en  soit,  comme  je  ne  lui  ai  prêté  que  des  sentiments 
très  nobles,  j'ai  la  certitude  que,  même  s'il  ne  les  éprouve  pas 
dans  la  mesure  où  je  l'ai  espéré,  il  ne  pourra  en  vouloir  à  un 
Français  généreux  de  lui  avoir  fait  le  grand  honneur  de  le 
considérer  comme  un  digne  fils  de  ces  grands  Allemands  d'autre- 
fois, de  cette  élite  de  penseurs  libres,  pour  qui  nous  n'éprouvons, 
par  comparaison   surtout,  que  du  respect  et  de  la  sympathie. 

Décembre   1919. 

E.  K. 


LETTRE  D'UN  PROFESSEUR  FRANÇAIS 

A  UN  PROFESSEUR    .\LLEMAND 

Toulouse,  don  %'.  Mai  191.') 

Sehr  geehrter  Herr  Professor 

HofTentlich  haben  Sie  meinen  letzten  Bricl  vom  Knde  .lanuar 
erhalten,  wodurch  ich  Ihnen  niitteilte,  dasz  Herr  L...  endlich 
f'reigelassen  worden  ist.  Ich  will  aber  —  aus  Sorge,  er  mochte 
verloren  gegangen  sein  —  noch  einiiial  zur  Feder  greifcn  und 
Ihnen  die  glùckliche  Nachricht  zukomnien  lassen. 

Herr  L...  ist  am  24.  Januar  ganz  unerwartet  hierher 
eingetrolFen.  Ich  sagte  Ihnen,  wie  ereinem  auszerordentlichen 
Zufall  und  der  Vermittelung  einer  hohen,  deutschen  Pcrson- 
lichkeit  seine  Freiheit  verdankte.  Es  tut  mir  unendlich  leid, 
dasz  Sie  sich  vergeblich  so  viel  Mûhe  gegeben.  Ihr  Brief  an 
Herrn  L...,  den  der  Kommandant  des  Gefangenenlagers  hiitte 
ûberniitteln  sollen,  ist  unterschlagen  worden.  Wahrend  seines 
dortigen  Aufenthalts  hat  mein  Freund  von  Ihren  Remûluingen 
keine  Kenntnis  gehabt  ;  erst  nach  seiner  Ankunfl  in  Toulouse 
hat  er  ailes  crfahren,  was  wir  zusammen  zu  seiner  Refreiung 
ins  Werk  gesetzt  hatten. 

\Yie  dem  auch  sei,  ich  werde  nie  vergessen,  \vas  Sie  fiir 
meinen  Landsmann  getan  liaben,  und  er  selbcr  hat  niich 
beauftragt,  Ihnen  den  Ausdruck  seiner  innigsten  J)ankbarkeit 
zu  iibersenden.  Dasz  Sie  sich  unter  den  gegenwiirtigen  Unis- 
tanden,  die  so  grausam  ungùnstig  sind,  so  einfach  vernùnftig 
und  menschlicli  gezeigt  haben,  wo  so  viele  «  gcbildete  »  Leute 
in  Deutschland  von  einem  fôrmlichen  Wahnsinn  beiallen  zu 
sein  scheinen,  das  gereicht  Ihnen  bcsonders  zur  Elire.  Noch 
einmal  nehmen  Sie  unseren  aufrichtigsten  Dank  entgegen.  Ich 
holl'e,  es  werden  bessere  Zeiten  koiumen,  \vo  esbraven  Leuten, 
auf  beiden  Seiten  der  Grenze,  niôglich  sein  wird,  Bûrgerpilicht 
mit  Menschenpflicht  zu  vereinbaren.  Moge  dièse  Zeit  niciit 
allzuferne  sein  ! 

Wie  oft  habe  ich  seit  dem  Ausbrucb  die.ses  janiniervollen 
Kriegcs  an  Sie  gedacht!  Sie  hatten  auf  mich  in  unserer  k'ider  .so 
kurzen   Unterhaltung  einen  so  liefcn   Eindruck  gemachl,    Sic 


42  LES   LANGUES    MODERNES 

erschiencn  niir  damais  als  ein  Mann,  der  fàhig  war,  sich  ûber 
engherzige  Vorurteile  hinwegsetzend,  fur  eine  gereclite  Sache, 
und  \\i\re  es  auch  fur  die  Sache  eines  Franzosen,  energisch 
aufzutreten.  Deshalb  habe  ich  keinen  Anstand  genonimen,  in 
der  Angelegenheil  des  Herrn  L...,  mich  an  Sie  zu  wenden.  Der 
Erfolg  bat  bcwiesen  (wenigstens  Avas  den  guten  Willen  betrifft) 
dasz  dièses  Yertrauen  vônig  begrûndet  war.  Scbade  nur, 
dasz  solche  Manner  in  Ihreni  Vaterland  heute  so  selten  sind  ! 
Vielleicht  gibt  es  deren  mehr  als  man  gewôhnlich  bei  uns 
glaubt  ;  aber  in  diesem  aufgehetzten  Deutschland,  wo  die 
veriichtliche  Klique  der  Maulhelden  und  Hurrahschreier  ein  so 
toiles  Gepolter  macht,  wàre  es  jetzt  zu  gefahrlicb  und  jeden- 
falls  vergeblich  gegen  den  allhinreiszenden  Stroni  zu  rudern  ! 
Vox  clamai  in  deserto  ! 

Es  wàre  mir  eine  Freude,  wenn  ich  niich  heute  ein  paar 
Stunden  mit  Ihnen  unterlialten  kônnte.  Wie  gern  rnôchte  ich 
von  Ihrcm  Mund  erfahren,  was  freie,  unabhiingige  Manner 
jenseits  des  Rheins  im  Grunde  ihres  Gewissens  von  den  gegen- 
Aviirtigen  Ereignissen  denken  !  Ich  habe  meinerseits  viel  darû- 
ber  nachgedacht,  und  nach  langen  Monatcn  der  reiflichsten 
Erwagung  darf  ich  wobl  sagen,  dasz  ich  jetzt  imstande  bin, 
ein  durchaus  unparteiisches  Urteil  zu  fallen. 

Uni  meinen  Beweisgrùnden  grosseren  Kredit  zu  verleihcn, 
will  ich  zuerst  die  Bemerkung  vorausschicken,  dasz  ich  ailes 
getan  habe,  mich  in  die  Lage  eines  un])arteiischen,  ich  niôchte 
sagen,  neutralen  Beobachters  zu  versetzen,  indem  ich  mich 
womoglich  von  jedem  einseitigen  Patriotismus  losmachte. 
Dièses  Vorrecht  eines  nûchternen,  unbefangenen  Richters  darf 
ich  wohl  mehr  als  die  meisten  meiner  Landsleute  beanspru- 
chen,  weil  ich  von  jeher  bemùht  \var  —  selbst  auf  die  Gefahr 
hin,  von  oberfliichlicben  Menschen  fur  einen  schlechten  Fran- 
zosen gehalten  zu  werden  —  eurem  Lande  Gerechtigkeit 
widerfahren  zu  lassen.  Wie  oft  habe  ich  gesucht,  schon  lange 
vor  dem  Krieg,  falsche  Ansichten  iiber  èuch  zu  berichtigen. 
dumme  Vorurteile  zu  bekampfen,  ungerechte  Kritiken  zu 
Aviderlcgcn  !  Wie  oft  habe  ich  eure  (irdnungsliebe,  euren 
Organisationsgeist,  eure  Subordinierung  der  Privatinteressen 
dem  allgemeinen  Vorteil  gepriesen,  indem  ich  unsere  eigenen 
Fehler  und  Miingel  schonungslos  hervorhob  und  euer  Volk  in 
vielen  Hinsichten  dem  unsrigen  als  Muster  hinstellte,  so  dasz 
ich  mir  beinabe  Unannehmlichkeiten  zugezogen  hiitte  ! 


Nun  denn,  laszt  uns  die  Frage  erortern  :  \ver  ist  an  dem 
Krieg  Schuld  ?Wer  bat  das  Unheil  beraufbeschworen  ?Oniziell 
wird  bei  euch  ailgemein  behauptet,  Deutschland  sei  absolut 
unschuldig,  es  sei  von  den  L  nitrieben  neidischer  Nachbarn 
dazu  gezwungen  worden,  durch  eigenes,  plotzliches .  Darein- 
schlagen,  einem  tiickiscb  geplanten  Angriff  zuvorzukommen, 
Das  ist  euer  Standpunkl.  Freilich  ist  das  dcutsche  Volk  im 
allgemeinen  davon  ùberzeugt.  Ich  habe  hier  mit  zahireichen 
Kriegsgefangenen  dariiber  gesj)rochen  ;  ich  musz  bekennen, 
dasz  ich  keine  einzigc  Ausnabme  gefuuden  habe  :  sie  glauben 


LETTRE   d'UX    PROFESSEUR  43 

aile,  Unteroffîziere  oder  Gemeine  (mit  Oflizieren  konnte  ich 
nicht  in  Berûhrung  kommen)  felsenfest  an  Deutschlands  Cns- 
chuld.  Denen  will  ich  keinen  Vorwurf  maclien,  dcnn  sic  sind 
unveranUvortlich.  Wie  eine  von  bôsen  Hirten  irregeleitete 
Herde,  haben  sie  ailes  gierig  verschluckt,  \Yas  man  ihnen 
eingetrichtert  hat.  Denn  Deutschland  —  von  einigen  seltenen 
Mànnern  abgesehen,  die  voiiaufig  schweigen  mûssen  —  besteht 
heutzutage  nur  aus  zwei  Kategorien  Individuen  :  einerseits 
Millionen  von  angeblich  zivilisierten  Menschen,  die  aile  Dumm- 
heiten  und  Lûgen  wie  eine  heilige  Manna  blodsinnig  ein- 
schlucken  ;  andernseits  eine  vermeintliche  Elite,  von  der  man 
nicht  zu  sagen  vermag,  ob  sie  mehr  verrùckt  oder  verbre- 
cherisch  ist.  So  etwas  wie  das  berûhnite  Manifest  eurer  93^ 
Kulturtrager  liiitte  man  sich  nie  trâumen  lassen  :  das  ist  der 
Gipfel  der  Unverfrorenheit  ! 

Aus  tausend  Beweisen  erhellt  es  doch  lûr  jeden  unbelangenen 
Geist,  dessen  Urteilskraft  nicht  durch  sch\vachsinnige  Vorein- 
genommenheit  umnachtet  ist,  dasz  ^vir  nicht  an  den  Krieg 
dachten,  dasz  wir  im  Gegenteil  ailes  aufgeboten  haben,  den 
Frieden  zu  erhalten.  Mitte  Juli  1914  war  ich  mit  meiner  Fraii 
und  acht  und  zwanzig  jungen,  mir  anvertrautcn  Scliûlern  nach 
Deutschland  gereist,  in  der  Absicht  die  ganzen  Ferien  in  X... 
zu  verbringen.  Wir  hatten  damais  keine  Ahnung,  dasz  der 
Friede,,  wenigstens  fur  den  Augenblick,  irgendwie  get'ahrdet 
sein  konnte,  sonst  wiiren  wir  selbstverstandlich  zu  Hause 
geblieben.  Bis  zuni  letzten  Tag  meines  Aufenthalts  —  davon 
legt  mein  ganzes  Benehmen  sowie  die  Haltung  meiner  Zoglinge 
klares  Zeugnis  ab  —  wollte  ich,  trotz  aller  mehr  oder  \veniger 
alarmierenden  Gerùchte,  an  die  Môglichkeit  eines  Krieges  nicht 
glauben.  Selbst  nachdem  der  Vater  eines  dieser  Kinder,  der 
als  Beamter  eines  Ministeriums  in  Paris  besser  unterriclitet 
war,  am  29.  Juli  seinen  Sohn  telegraphisch  zurûckriel",  war 
meine  Zuversicht  nicht  erschûttert.  Bis  zur  letzten  >Iinute 
wollte  mir  das  nicht  redit  in  den  Sinn  kommen,  dasz  irgend 
jemand  auf  der  Welt  die  schreckliche  Vcrantwortlichkeit  auf 
sich  laden  konnte,  das  Ungeheuer  zu  entlesseln  und  die  ganze 
zivilisierte  Welt  in  F"lammen  zu  setzen.  Und  dièse  meine 
Zuversicht  \Yar  von  der  bei  weiteni  grôszeren  Mehrzahl  meiner 
Landsleute  geteilt.  Sonst  hatten  sich  acht  und  zwanzig  Fami- 
lien,  aus  allen  Teilen  Frankreichs,  hùbsch  davor  gehûtet,  ihre 
Kinder  in  den  «  Wolfsrachen  »  zu  schicken,  wie  man  bei  uns 
zu  sagen  pflegl. 

Fin  anderer,  noch  triftigerer  Beweis  ist,  dasz  wir  keineswegs 
vorbereitet  waren,  einen  Krieg  zu  unlernehmen.  Trotz  aller 
Mahnungen  hellsehender  Biirger,  deren  Stimme,  wie  die  der 
Kassandra,  von  dem  wûsten  Toben  der  politischen  Fehdcn 
ùbertônt  wurde,  schlummerte  Frankreich  auf  dem  weichcn 
Kopfkissen  einerleichtsinnigen  Sorglosigkeit.  Fest  entschlossen, 
auf  dem  Altar  des  Friedensalle  môglichcn  Opfer  darzubringen, 
hatlen  wir  sogar  in  den  letztvergangenen  Jahren  blos  durch 
Sanftmut  und  Geduld  auf  eure  Neckereien  geantwortet  und 
infolgedessen  mehr  aïs  einen  Xasenstûber  eingeheimst,  so  dasz 
<lie  besten  unter  uns  sich  erniedrîgt  fùhitcn  und  mit  schmerzli- 
chcr  Sehnsucht  an  andere  Zeiten  zurûckdachten,  wo  Fran- 
kreich derartige  Sticheleien   nicht    so  geduldig   hingenommen 


44  LES   LANGUES   MODERNES 

hiittc.  Aber  ein  fiir  allenial  war  es  bei  uns  ausgemacht,  dasz 
der  kostbare  Schatz  des  Friedens  unnioglich  zu  teuer  erkauft 
werden  kônne,  und  \vir  dachten  nîcht  einmal  dabei,  dasz  aile 
von  uns  bewilligten  Opfer  nur  ein  unseren  Wûnschen  entge- 
gengesetztes  Résultat  zur  Folge  haben  mùszten,  nanilich 
beutschiand  ùbermiitiger  zu  niachen.  Wir  \Yarcn  wie  der 
Strausz,  der  bekanntlich  den  Kopf  in  den  Sand  hineinsteckt, 
uni  die  dringendc  Gefahr  niclit  zu  sehen.  Daher  waren,  als  der 
Krieg  ausbracb,  auf  unserer  Seite  keine  Vorsichtsmaszregeln 
getroffen  worden,  so  dasz  ibr  —  \vare  der  heldennnitige 
W'iderstand  Belgiens  nicbt  dazwischen  getreten,  der  euch  ein 
paar  ïage  aufhielt—  ohne  einen  Flintenschuss  die  franzôsische 
Grenze  ûberschritten  hiittet. 


Also  \venn  wir  es  nicht  sind,  die  den  Krieg  angezettelt 
haben,  wer  war  es  denn?  Ist  es  wohl  der  Mûhe  wevt,  die  Frage 
zu  beantworten  ?  Is  fecit  cui prodesl,  sagtein  alter  HecbtssprucTi. 
Deutschland  bat  den  Krieg  gewollt  und  ailes  aufgeboten,  ihn 
unvernieidlicb  zu  niachen,  weil  es  sein  Intéresse  darin  fand. 
Das  unterliegt  keineni  Zweifel  fur  den,  der  seit  einigen 
Jabrzehnten  den  Entwickelungsgang  der  deutsclien  Mégalo- 
manie verfolgt  bat.  Seitdeni  es  Preuszen  gelungen  ist,  den  alten 
Traum  zu  verwirklicbcn,  d.  h.  eine  unbestritte;ie  Vormacht- 
stellung  unter  den  Bundesstaaten  zu  erringen  und  das  iibrige 
Deutschland  am  Schlep])tau  zu  lûhren,  konnte  es  nicht  anders 
sein.  Uni  den  alten  Geist  war  es  nunniehr  geschehen,  die  altcn 
Gôtter  nuisztcn  den  Platz  riiunien  und  an  ihre  Stelle  trat  ein 
neues  Idéal,  das  in  deni  Triuniph  der  niateriellen  Gewalt  und 
der  Anhaul'ung  eines  schnôden  Manimons  die  bôcbsten  Werte 
des  Lebens  sali.  Und  das  bat  euch  alhnahlicb  zu  der  schonen 
Konsequenz  gebracht,  dasz  eine  sabelrasselnde,  eroberungs- 
sùchlige  Hohenzollernpolitik,  im  Bunde  mit  den  unlautersten 
Machenschaften  eines  geldgierigen  Industricgelicbters,  das 
z\"niscb  belogene  deutsche  Volk  in  den  Krieg  getrieben  bat,  in 
den  «  Irischen  und  frohen  »  Krieg,  wie  euer  Kronprinz  sagt. 

Was  ist  ans  deni  alten  Deutschland  geworden?  aus  jeneni 
Deutschland  des  Piomantisnius,  des  Wellbûrgertiinis  und  der 
schonen  klassiscben  Zeit,  wo  Ireie,  erbabene  Geister  in  unster- 
blicben  Werken  die  edelslcn  menscblichen  Interessen  ver- 
traten  ?  \Vo  seid  ibr,  grosze  Schatten,  die  ibr  cinst  aus  einem 
unbedeutenden  sacbsiscben  Stiidlcben  das  berrliche  Obdacb 
des  Ireien  Gedankens,  den  bebren  Tenipel  der  friedlichen 
Kunst  gemacht  liabt?  Die  «  gutc  Frau  »  von  Staël,  die  sich  unter 
dem  .loche  des  Napoléon  nicbt  beugen  konnte  und  in  Weiniar 
ihre  Gotter  suchte,  wiirde  jetzt  die  fronime  Pilgerfabrt  nicht 
mehr  unterneiinien,  und  wenn  es  ibr  eintiele,  ein  neues  Buch 
ûber  euch  zu  schreiben,  in  wekhe  Tinte,  mit  Blul  und  Kol 
gemischt,  niiiszte  sic  lieute  die  Feder  taucben  ! 

Ach,  wenn  icli  bedenke,  dasz  dièses  iiuch  «  de  l'Allemagne  » 
bei  uns  so  lange  das  Fvangeliuni  war,  woraus  wir  ail  unserc 
Ideen  ùber  Deutschland  scbopften  !  So  sind  wir  einmal  in 
unserem  lieben  Frankreich!  wir  glauben  so  gern  ailes  was  nian 
uns  vorscbwatzt,  wenn  es  uns  nur  gefalll  und  unseren  seibst- 


LETTRE   d'un    PROFESSEUR  45 

gemachten  Vorstellungen  einigermaszen  entspricht.  Es  ist 
nâmlich  viel  bequenier  als  die  ferne,  komplizierte  Wirklichkeit 
mit  eigenen  Augen  zu  beobachten.  Und  wenn  \vir  uns  cinmal 
eine  Idée  ins  Gehirn  eingepràgt  haben,  so  haftet  dieselbe  dann 
niet-und  nagelfest.  Selbst  nach  der  schrecklichcn  Lehre  des 
70  er  Krieges  haben  wir  uns  von  unseren  alberncn  Einbildun- 
gen  nicht  ganz  befreien  kônnen.  Man  wuszte  zwar  dasz  seit 
Kôniggratz  und  Sedan  manches  sich  verandert  batte,  dasz  es 
bei  euch  nun  ganz  anders  aussah  aïs  zur  Zeit  der  roniantischen 
Mondscheinnâchte  und  der  rûbrenden  Gemiitlichkeit,  dasz  der 
nervenschwache  Werther,  der  sich  einnial  so  dumm  totge- 
schossen,  wahrscheinhch  heute  durch  eine  prosaische  Ver- 
mahhing  mit  einer  ruhig  geschiedenen  Charlotte  seine  Lei- 
denscliaft  kurieren  wùrde,  denn  ilir  seid  praktisclie  Leute 
geworden.  Ja,  das  \vuszten  wir  ailes,  aber  den^ioch  wollte  sich 
die  alte  Légende,  \Yie  ein  Baum,  der  seine  Wurzeln  zu  tief 
geschlagen,  nicht  recht  ausrotten  lassen,  und  wir  fuhren  fort, 
uns  an  den  alten  Trugbildern  zu  weiden. 

An  Zeichen  und  Warnungen,  dasz  eine  gewaltige  Umwàlzung 
auf  allen  Gebieten  sich  im  modernen  Deutschland  vollzogen 
batte,  bat  es  doch  nicht  gefehlt,  besonders  in  den  letzten  Zeiten. 
Aber  vergebens  !  Bei  allen  schonen  Eigenschaften  und  Ver- 
diensten,  die  uns  die  Welt  nicht  absprechen  kann  und  worauf 
wir  stolz  sein  dûrfen,  haftet  unsleider  noch  ein  groszer  Fehler, 
der  nicht  auszutreiben  ist.  Wir  sindleichtsinnig,  leicht  vergesz- 
lich,  absolut  unfâhig  eines  langen  Xachtragens  ;  das  wider- 
spricht  zu  sehr  unserer  Xatur.  Heine  bat  von  euch  gesagt,  ihr 
hattet  uns  den  Tod  Konradins  noch  nicht  verziehen  !  Wir  ha- 
ben schon  liingst  den  alten  Z^vist  vergessen  und  wenn  wir  die 
gewaltsame  Annektierung  von  Fllsasz-Lothringen  nicht  ver- 
schmerzen  konnlen,  so  ersvarteten  wif  —  einige  Hitzkôpfe  oder 
Eisenfresser  ausgenommen,  die  auf  die  ofTentlicbe  Mcinung 
keinen  Einflusz  hatten  und  sogar  uns  selbst  mehr  lacherlich 
als  wirklicb  patriotisch  erschienen  —  nur  von  einer  kùnftigen, 
friediichen  Losung  die  Rûckkehr  der  verlorenen  Provinzen  in 
den  Schosz  des  Vaterlands.  Der  blosze  Gedanke  an  einen  Krieg 
war  uns  so  unertraglich,  dasz  keiner  von  uns  uni  einen  solchen 
Preis  die  Revanche  batte  erkaufen  mogen.  Wir  hielten  an  dem 
Frieden  so  fest,  dasz  wir  uns  nicht  entschlieszen  konnten, 
selbst  vor  der  immer  mehr  drohenden  Gefahr,  die  Augen  zu 
ôffnen. 

Wie  musztet  ihr  ùber  die  Einfàltigkeit  unserer  Sozialisten 
lachen,  die  sich  einbildeten,  dasz  die  Sozialdemokraten  im  Fall 
eines  Krieges  nicht  marschieren  wûrden,  dasz  sie  sogar  geneigt 
wâren,  die  Briiderlichkeit  der  Proletaricr  aller  Nalionen  zu 
proklamieren  !  Der  grosze  Jaurès  selbst  wan  davon  iiberzeugt, 
als  er  der  Gesetzvorlage  iiber  die  Wiederherstellung  der 
dreijahrigen  Dicnslzeit  —  die  iibrigens  nur  eine  Antwort  auf 
eure  eigene  Verstiirkung  des  Kontingents  war  —  so  energisch 
entgegentrat.  Was  wùrde  er  heute  sagen,  nachdem  die  Sozial- 
demokraten sich  auf  die  Seite  der  Kriegspartci  so  schamlos 
geschlagen  haben  !  Ja,  icii  mâche  kein  lichl  daraus,  obgleich 
es  meinem  personlichen  Scharfsinn  keineswegs  zur  Ebre 
gcreicht,  ich  selbst,  trolz  aller  Befiirchtungen,  batte  die  HofT- 
nung  nicht  ganz  aufgegeben,    dasz  nicht  ailes  verloren  sei.  Ich 


46  LES   LANGUES    MODERNES 

bestand  hartnackig  auf  meiner  Verblendung,  dasz  neben  dieser 
stolzen,  wutschnaubenden  Germania  der  letzten  Jahre,  die  mit 
der  gepanzerten  Faust  der  ganzen  Welt  zu  trotzen  schien  — 
obgleich  ihr  niemand  wirklich  zu  nahe  getreten  war  —  eine 
andere  Germania  immer  noch  existiere,  die  sicli  im  Grunde  mit 
uns  noch  vertragen  kônnte  und  nocli  imstande  wâre,  die 
erstere  im  Zaum  zu  halten. 


Und  zu  meiner  Besti'irzung  musz  ich  wahrnehmen,  dasz  es 
nur  ein  Deutschland  gibt,  ein  kriegerisches,  raubsûchtiges 
Deutschland,  das  Deutschland  der  Junker,  der  Pangermanen, 
der  industriellen  Beutemacher,  der  groszmàuligen  Générale, 
ein  Yom  Grôssenwahn  verblendetes.  von  materieller  Habsucht 
getriebenes  Voll?,  das  keine  moralischen  Gesetze  raehr  kennt 
oder  vielmehr  sich  selbst  eine  neue,  unerhôrte,  seinem  schran- 
kenlosen  Ehrgeiz  angepaszte  Moral  geschafTen  hat  ! 

Frûher,  als  ich  von  einigen  abenteuerlichen,  im  Gehirn  eines 
gewissen  Nietzsche  ausgeheckten  Ideen  horte,  von  jenen  «  Uber- 
menschen  »,  die  ùber  einem  unbedeutenden,  verachtlichen 
Sklavengeschlecht  so  hoch  schweben  sollen,  konnte  mein 
gesunder  Menschcnverstand  nicht  umhin  zu  protestieren  und 
ich  zuckte  die  Achseln  darûber.  Ich  irrte  mich  gewaltig  ;  was 
ich  fiir  das  Produkt  einer  ûberschwanglichen,  krankhaften 
Phantasie  Jiielt,  ist  zur  Wirklichkeit  geworden.  Der  Nietz- 
sche'sche  Ûbermensch,  derniir  nur  theoretisch  môglich  schien, 
ist  jetzt  in  Fleisch  und  Elut  iibergegangen  ;  er  ist  bei  euch 
ûberall  zu  trefTen  ;  ja,  man  mochte  sagen,  ganz  Deutschland 
sei  in  ein  Volk  von  lauter  Ubermenschen  verwandelt.  Der  gliin- 
zende  Sicg  von  1(S70,  der  aile  eure  Erwartungen  ûbertraf,  die 
militarische  und  politische  Vormachtstellung  die  daraus  erfolgte, 
der  ungeheure  Aufsch\vung  des  Handels  und  der  Industrie,  ein 
zu  rasch  angehâufter  Uberflusz  an  Reichtiimern  aller  Art,  das 
ailes  hat  euch  den  Kopf  verdreht.  \Yie  .i^ene  Emporkommlinge, 
die  aus  niedrigen  Verhâltnissen  zu  einem  unerwarteten  Wohl- 
stand  zu  rasch  gestiegen  sind  und  dem  entfesselten  Hochmut 
nicht  Einhalt  tun  kônnen,  so  habt  ihr  das  Ûbermasz  des  mate- 
riellen  (ilùcks  nicht  ertragen  kônnen.  Ihr  habt  aft  euch  nicht 
zu  halten  gewuszt,  ein  Schwindel  hat  sich  euer  bemiichtigt. 
Jeder  noch  so  plumj)  jjhilisterhaftaussehende  Ladendiener,jeder 
nocli  von  Xatur  so  friedlich  gesinnte  Musensohn  glaubte  sich 
verpflichtet,  dem  kaiserlichen  Bicspiel  folgend,  seine  Schnurr- 
barlhaare  aufwiirts  zu  bùrsten  und  bildete  sich  ein,  durch  ein 
lorsches  Auftreten  und  braïuarbasierende  Heden  der  Welt  zu 
imponieren.  Mit  einem  \\oy\.  ihr  seid  allinahlich  zu  der  Uber- 
zeugung  gekommen,  das  erste  Volk  auf  der  lù'de  zu  sein,  das 
von  (iolt  auserwahlte  Volk  uni  ûber  aile  anderen  zu  gebicten  : 
«  Deutschland  iiber  ailes  in  der  Well  !  .>  Und  das  habt  ihr  in 
jeder  Tonart  und  ùberall  so  oft  wiederliolt,  das  habt  ihr  den 
Leuten  so  hartnackig  eingepaukl,  dasz  ihr  am  lùide  daran 
nicht  mchr  gezweifelt  und  es  als  ein  liochhciliges  Dogma  ange- 
nommen  haben.  Ihr  seid  schlieszlich  in  eine  Art  Dclirium  ver- 
fallen,  das  euch  aus  aller  l'assung  gebracht  und  in  die  wildes- 
ten  Torheiten  sestiirzl  hat.  Nie  hat  sich  die  Wahrheit  des  altcn 


LETTRE    D'lX    PROFESSEUR  47 

Sprichworts  j^lànzender  bewiUirt  :    »  Qiios  nuit  perdere  Jupiter 
demental  !  » 


In  eurem  ûberspaiintcn  Hochniut  habt  ihr  euch  nicht  nur  von 
eurer  angeblichen  L'beiiegenheit  cinen  viel  zu  hohen  Begrifl 
yemacht,  ihr  habt  noch  einen  grôszeren  Fehler  begangen  :  ihr 
habt  eure  Gegner  zu  sehr  unterschatzt.  Ilir  seid  vom  iiuszeren 
Schein  erl)armlich  getauscht  worden.  Weil  es  bel  uns,  beson- 
ders  von  eurem  deutschen  Standpunkt  aus,  ziemlich  traurig 
aussah,  weil  wir  einer  kraftiosen  Hegierung  keincn  besonde- 
ren  Kespekt  bezeigten,  \veil  in  Bezugauf  Ordnung  undDisziplin 
manches  iibrig  zu  wûnschen  liesz,  habt  ihr  geglaubt,  wir  seien 
ein  entartctes  Volk,  unfàhig  einem  miichtigen,  entschlossenen 
Feind  zu  widerstehen.  Man  rechnete  sogar  darauf,  dasz  unsere 
Soldaten  nicht  marscliieren  wùrden  !  Wie  hàtte  sonst  bei  uns 
ein  verrûckter  Journalist  vom  «  drapeau  sur  le  fumier  »  spre- 
chen  konnen  ! 

Ihr  habt  keinen  Augenblick  vermutet,  dasz  der  Kern  bei  uns 
bcsser  war  als  die  Schale.  Ihr  konntet  nicht  begreifen,  dasz 
euer  frevelliafter  AngrilTaus  einem  leichtsinnigen,  aller  Diszi- 
plin  entwohnten,  von  bestandigen  Zerwûrfnissen  entncrvten 
Volke  mil  einem  Schlag  eine  ernste,  streng  geeinigte  Nation 
machen  wùrde,  test  entschlossen  auf  Leben  und  Tod  zu 
kàmpien.  Ihr  rûhiut  euch,  ein  «grûndliches  »  Gesclilecht  zu 
sein,  ihr  tut  ailes  grûndlich.  Kein  NVunder,  dasz  ihr  euch  auch 
grùndlich  geirrt  habt. 

Dièse  schône  Eigenschaft,  die  unser  Pascal  l'esprit  de  finesse 
nennt  (wofûr,  beilaufig  gesagt,  ein  vollig  entsprechender  Aus- 
druck  in  eurer  Sprache  nicht  leicht  zu  fmden  istj.  kennt  ihr 
wahrscheinlich  vom  Horensagen  ;  abcr  sie  wurde  euch  in 
geringem  Masz  beschieden.  Wàret  ihr  kliiger  gewesen,  so  hâttet 
ihr  viel  einfacher  gehandelt;  ihr  brauchtet  nur  ein  wenig  mehr 
Geduld  zu  haben.  Ihr  waret  ebcn  daran,  in  unserem  arglos 
gleichgûltigen,  allzu  gastfreundlichen  Land  festen  Fusz  zu 
gewinnen;  ihr  hattet  euch  vermittelst  einer  meisterhaft  orga- 
nisierten  Spioniererei,  mit  Hilfe  gcheimer  Verbindungcn  und 
gedungener  Strohmanner,  durch  unzahlige,  unvorsichtig  geoll- 
nete  Turen  in  eine  Menge  Stellungen  eingeschlichen,  die  es 
euch  moglich  machtcn,  auf  unserem  eigenen  Boden,  den  deut- 
schen Interessen  zu  dienen.  Ihr  hattet  uns  vielleicht  auf  die 
Dauer  aus  dem  eigenen  Hause  verdriingt  ;  am  Ende  wâre  es 
euch  vielleicht  gelungen,  ohne  einen  einzigen  Kanonenschusz, 
zu  eurem  Ziel  zu  gelangen,  das  bekanntlich  darin  bestand,  uns 
unter  eure  wirtscliaftliche  und  politische  Herrschaft  zu  kriegcn. 

Ihr  hâttet  auch  begriflcn,  dasz  es  nicht  so  leicht  ist,  einem 
Yolkc  wie  das  unsrige,  das  im  Laufe  seiner  alten  Geschichte  so 
glànzende  Beweise  seiner  Festigkeit  und  seiner  Ausdauer  gege- 
ben  bat,  durch  eine  planmàszige,  wohliiberlegte  Inszenirung 
von  (ireueltaten,  Schrecken  einzujagen  ;  dasz  die  barbarische 
Anhâufung  von  unniilzen  l'.uinen  und  Verheerungen  eine 
schlcchte  Vorbereitung  zu  einem  leichten  Siège  ist,  weil  man 
dadurch  nur  ein  durciiaus  entgegengesetztes  liesultat  erzielt, 
nàmlich  den  Gegner  zu  erbittern  und  zu  einem  vcrzweifelten 


48  LES   LANGUES   MODERNES 

Widerstand  zu  treiben.  Wcnn  man  anderen  Kultur  brinyeiT 
will,  so  musz  man  andere  Mittel  anwenden  und  vor  allen 
Dingen  mit  der  echtcn  Kultur,  nicht  mit  einem  Zerrbild  dersel- 
ben,  bci  sich  selber  anfangen.  Man  ist,  seit  der  Zerstôrung  der 
Lô^vener  Bibliothek,  der  Kathedrale  von  Reims  und  nacli 
anderen  solchen  Artigkeiten,  gegen  eure  kulturellen  Fàhigkei- 
ten  ziemlich  misztrauisch  geworden. 

Aber  es  stand  geschrieben,  dasz  ihr,  von  dem  Gaukelbild 
wahnsinniger  Hoftnungen  geblendet,  selbst  wenn  ihr  es  gewollt 
hâttet,  nicht  mehr  in  der  Lage  wàret,  die  Augen  zu  ôfïnen.  Es 
war  zu  \veit  gekommen  als  dasz  ihr  hiittet  zuriickgehen 
kônnen.  Man  soll  mit  gewissen  Trâumen  nicht  zu  geialHg  spie- 
len.  Es  kommt  bald  der  verhangnisYolle  Augenblick,  \vo  man 
von  einer  dunklen,  unwiderstehlichen  Gewah  hingerissen  wird; 
ehe  man  es  sich  vcrsieht,  steht  man  sclion  am  Rande  des 
Abgrunds,  worein  man  kopfûber  hineinstùrzt.  So  batte  sich 
Wallenstein  hingc  Zeit  mit  dem  bôsen  Vorsatz  herumgetragen, 
bevor  er  der  Versuchung  unterlag.  Erinnert  euch  an  die 
schônen  Verse  des  Schiller'schen  Stûcks  : 

Wàr  'es  môglicli?  Konnt'ich  niclit  mehr,  wie  ich  wollte? 
Nicht  mehr  zurùck,  wie  niir's  beliebt?  Ich  miiszte 
Die  Tat  vollbringen,  weil  ich  sie  gedaclit, 
Nicht  die  Versuchung  von  mir  wies...  ! 


Verzeihen  Sie  mir,  geehrter  Herr  Professor,  (hisz  ich  Ihnen 
so  frei  und  aufrichtig  gesprochen.  Ich  halte  Sie  fur  einen  Mann, 
der  die  Gerechtigkeit  vor  allem  liebt  und  sich  vor  der 
ungeschminkten  Wahrheit  nicht  fùrchtet,  selbst  wenn  dièse 
Wahrheit  nicht  schr  angeiiehm  unseren  Ohren  klingt.  In  unse- 
rer  kurzen  Unterhaltung,  die  kaum  eine  halbe  Stunde  dauerte, 
hatte  ich  natùrlich  nicht  Zeit,  Sie  genug  kennen  zu  lernen.  Ich 
rûhme  mich  nicht,  den  unfehlbaren  Scharfblick  zu  besitzen, 
der  gewissen  Leuten  erlaubt,  in  einigen  Minuten  einer  fremden 
Scele  bis  auf  den  (irund  hineinzuschauen.  Aber,  wie  ich  es 
schon  oben  gesagt,  es  gibt  Eindrûcke,  die  auf  uns  so  màchtig 
wirken,  dasz  man,  ohne  weitere  Betrachtung  sich  hingerissen 
fiihit,  so  zu  handeln  oder  zu  sprechen  wie  es  uns  einc  innere 
Stimme  eingibt.  Deshalb  zôgerte  ich  keinen  Augenblick  mein 
Vertrauen  auf  Sie  zu  setzen,  und  die  Art  und  Weise  wie  Sie 
demselben  entsprachen,  bûrgt  dafûr,  dasz  Sie  mir  auch  hcute 
nicht  ziirnen  werden,  wenn  ich  Ihnen  olTen  geschrieben,  was 
mir  so  schwer  auf  dem  Ilerzen  liegt. 

Ich  kann  seibstverstandiich  nicht  darauf  rechncn,  dasz  Sie 
iibcr  die  gegenwiirtigen  Ereignisse  genau  dieselben  Ansichten 
und  (iefiiiile  hegen  wie  ich  selbst.  Denn  selbst  die  besten  unler 
uns,  die  aufgekliirtesten,  die  von  jedem  Vorurtcil  und  von 
jedcr  kurzsichligen  Voroingenommonheit  befreitcsten,  sind 
noch  in  einen!  solchen  Kreis  von  gelieimnisvollen,  unbcwuszten 
Einflùssen  gebannt,  dasz  jede  Moglichkeit  ausgcschlossen  ist, 
ihnen  eine  vollig  objektive  Einsicht,  eine  absolut  unparteiische 
Beurteilungsfahigkeit  zuzumulen.  a  Le  cœur  a  des  raisons  que  la 
raison  ne  connail  pas  ». 


LETTRE    d'un    PROFESSEUR  49 

Trotz  alledem  gibt  es  (loch  auszerhalb  dieser  unergrûnd- 
lichen,  instinktmaszigen,  in  einer  dunklen  Yergangenheit  wur- 
zelnden  Yerschiedenheiten,  die  uns  vielleicht  ewig  trennen 
werden,  auszerhalb  dieser  sich  jeder  Analyse  entziehenden 
Iniponderabilien  einen  allgemeinen  festen  Boden,  einen  univer- 
salis  consensus  von  Grunclbegriffen,  die  fur  jede  menschliche 
Gesellschaft  eine  unentbehrliehe  Bedingung  sind.  Auf  dieseni 
gemeinen  Boden  konnen  sich  aile  Nationalitâten,  wenigstens 
aile  denkenden  Kopfe,  vereinigen  und  versôhnen. 

Und  ûber  dièse  gemeinsame  Grundlage,  welche  das  uralte 
Gebàude  der  mit  so  saurer  Mûhe  ûber  die  tierischen  Triebe 
der  ersten  Menschen  eroberten  Zivilisation  tràgt,  ragen  beson- 
ders  zwei  Saulen  hervor  :  nâmlich  der  BegrifT  der  Vôlkerrechte 
und  die  Achtung  vor  den  Vertragen.  In  dieser  doppelten 
Hinsicht  bat  sich  eure  Begierung  selbst  aus  dem  Bunde  der 
Nationen  gebannt.  Das  kann  das  belorte  deutsche  Yolk  in  die- 
ser trûben  vStunde  nicht  begreifen.  Aber  ich  zweifle  nicht  daran, 
dasz  wer  in  Deutschland  von  dieseni  «  délire  collectif»,  der 
wie  eine  ansteckende  Krankheit  zur  Zeit  bei  euch  grassiert, 
vèrschont  geblieben  ist,  vor  einer  solclien  Geistesverirrung  und 
einem  solchen  Gemûtszustand  Schrecken  und  Abscheu  enipfin- 
den  musz.  Das  kann  aber  nicht  lange  so  fortbestehen  ;  das 
Fieber  wird  bald  nachlassen  ;  die  allzustraff  gespannten  Ner- 
ven  wûrden  es  auf  die  Dauer  nicht  aushalten.  Sobald  die 
unausbleibliche  Abspannung  eintritt,  sobald  der  von  einer 
systematischen  Aufhetzung  der  chauvinistischen  Instinktc 
hervorgebrachte  Tauniel  verrauscht  sein  wird,  dann  werdet 
ihr  einsehen,  dasz.  man  mit  solchen  Prinzipien  nicht  weit 
kommt.  Dièse  verruchte  Politik,  die  von  den  bisher  allgemein 
anerkannten  moralischen  Gesetzen  nichts  mehr  weisz,  die  aile 
bisher  allgemein  respektierten  gesellschaftlichen  Yertrage  wie 
einen  alten  Plunder  wegwirft,  werdet  ihr  verdammen  und 
verfluchen. 

Mehr  als  einmal  in  der  Geschichte  bat  man  es  erlebt,  dasz 
eine  ehrgeizige,  wenig  skrupulose  Nation  ihre  Uberlegenheit 
miszbrauchte,  um  eine  kleinere,  zu  vergewaltigen  und  unter 
ihre  Botmàszigkeit  zu  bringen.  Aber  jedesmal  suchte  der  Kro- 
berer  oder  der  Tyrann  wenigslens  seine  Gewaittat  mit  dem 
Yorwand  irgend  eiiies  annehmbaren  Grundes  zu  bemanteln  : 
man  bemûhte  sich  den  àuszeren  Schein  zu  retten.  Unserem 
zwanzigsten  Jahrhundert  war  es  vorbehalten,  ein  miichtiges, 
an  der  Spitze  der  Zivilisation  stehcndes  Yolk  zu  sehen,  das 
einer  besseren  glorreicheren  Yergangenheit  vergeszlicli,  das 
nioralischc  (icmeingul  der  Menschheit  mit  Fûszen  tritt  und  an 
die  Stelle  der  von  Luther,  Lessing,  Kant,  Herder,  Schiller, 
Gœthc  und  vielen  anderen  so  hoch  verehrten  iMcnschenreclite 
eine  neue,  unerhorle  Aufîassung  der  Moral  cinschmuggeln  will, 
die  in  der  widerwtirtigén  Formel  «  Not  kennt  kein  Gebot  »  ihr 
Motto  findet  und  die  heiligsten  Yertrage  als  ein  «  Felzen  Pa- 
pier »  bctrachtet ! 

Was  lïir  eine  Tiefc  der  moralischen  Yerworfenheit,  was  fur 
eine  Yerachtung  der  Menschen\vin-(ie  selzt  ein  solchcs  lictra- 
gen  voraus  !  Aber  was  kùmmern  sich  die  «  Ùbermenschen  », 
die  am  Steuerrad  cures  Schilles  stehen,  uni  solche  Kleinigkeitcn  ! 


50  LES  LANGUES   MODERNES 

Sie  w  issen  recht  \vohl,  dasz  der  Erfolg  ailes  reclitfertigen  kan» 
imd  das  ist  eben  die  Hauptsache.  Es  handelt  sich  schlieszlich 
nur  darum,  ob  der  Anschlag  gelingt  oder  nicht.  Was  wiegt  die 
Moral  dagegen  !  Was  bedeutet  das  Gewissen  fur  dièse  Mànner! 
Haben  sie  uberhaupt  noch  ein  Gewissen?  Das  mag  sehr  zwei- 
felhaft  sein;  jedenfalls  komrat  es  mir  so  vor,  als  batte  ihr 
Gewissen  eine  speziell  von  Krupp  geschmiedete  Riistung  ange- 
legt,  also  ein  gepanzertes  Gewissen  an  welchem  jede  Mahnung 
des  Herzens  und  der  Vernunft  erbarmlich  abprallen  niusz. 
Noch  weit  mehr  !  Nicht  genug  dasz  ganz  Deutschland  der 
eisernen  Faust  eines  aile  sanfte  Regungen,  aile  groszmûtige 
Gefiihle  erstickenden  Militarismûs  preisgegeben  ist,  so  dasz 
die  Kinder  selbst  bei  cuch  mit  einer  Pickelhaube  auf  dem  mùr- 
ben  Schàdel  und  stramm  zusamniengehaltenen  Hacken  auf  die 
Welt  zu  koninien  scheinen,  ihr  habt  noch  ein  grôszeres  Kunst- 
stiick  geleistet  :  den  alten  Gott,  der  doch  seit  langer  Zeit  iiber 
die  Jahre  der  Mobilmachung  hinaus  sein  dûrfte,  habt  ihr  he- 
rangezogen  und  er  musz  jetzt,  wie  ein  einfacher  Landwehr- 
mann,unter  dem  Befehl  Hindenburgs  den  Feldzug  niitmachen. 
Was  hiitte  er  freilich  mit  seinen  veralteten,  durch  zu  langea 
Gebrauclî  stumpf  gewordenen  Donnerkeilen,  gegen  die  nagel- 
neuen  42""  Kanonen  ausrichten  konnen  ! 

Also  in  der  Hoffnung,  dasz  ein  rascher,  vollstàndiger  Erfolg 
ailes  mit  einem  glànzenden  Mantel  decken  wûrde,  habt  ibr  den 
Sprung  in  den  Rubikon  getan.  Durch  den  wohldressierten 
ôsterreichischen  Helfersheifer  habt  ihr  das  drakonische  Ulti- 
matum an  Serbien  zustellen  lassen  ;  aile  Vermittelungsversuche 
Frankreichs  und  Englands  habt  ihr  schrofî  abgelehnt  ;  aus 
Furcht,  die  langersehnte  Gelegenheit  zu  versiiumen,  habt  ihr 
euch  sogar  vor  einer  dummen,  unverschiimten  Luge  nicht 
gescheut  :  wahrend  auf  unserer  Seite  der  Befehl  gegebcn 
wurde,  unsere  Truppen  zehn  Kilometer  von  der  bedrohten 
Grenze  entfernt  zu  halten,  habt  ihr  das  alberne  Miirchen  von 
den  Niimberger  Flugmaschinen  erdichtet,  die  kein  Nùrnberger 
Auge  gesehen  hat.  Ihr  hiitlet  doch  dabei  bedenken  sollcn,  dasz 
man  gewohnlich  solchen  a  aus  der  Luft  gegriffenen  »  Behaup- 
tungen,  selbst  in  Deutschland,  kcinen  Glauben  schenkt!  Gibt 
es  denn  in  eurem  Land  keine  Ziiune  mehr,  dasz  ihr  jetzt  eure 
Strcite  so  wunderlich  von  den  ^Yolken  brechen  mûszt? 

Ihr  habt  noch  ein  grôszeres  Verbrechen  verûbt  :  ihr  habt  die 
von  euch  selbst  verbûrgte  Xeutralitiit  Belgiens  durch  den 
schnodesten  Einfall  verletzt,  und  was  noch  schlimmer  ist,  dièse 
Verletzung  durch  niedertrachtige  Verleumdungen  zu  rechtfer- 
tigen  gcsùcht.  Ihr  behauptet,  dasz  England  nicht  berechtigt 
war,  sich  in  den  Streit  zu  mischen  und  sich  zum  Richter  ùber 
dieFrevellat  aufzuwerfen.  \Vas  hiitte  Schiller  dazu  gesagt?In 
seinem  groszen  Werke  ûber  den  «  Abfall  der  Niederlande  » 
finden  sich  jeden  Augenblick  Stellen,  die  man  zilieren  konnte, 
welche  die  schiirfste  Vcrurteilung  cures  Benehmcns  sind,  denn 
sie  passen  auch  zu  ûcn  hculigen  l-lrcignissen  ganz  vorlrefîlich. 
Ich  kann  mich  nicht  enthalten.  einigc  Zeilen  aus  der  bei  Colta 
erschienenen  Sakuliir-Ausgabe  (Band  XIV,  Seile  403-404)  anzu- 
fiihren  :  «  Die  Slaaten  haiigen  so  gut  zusammen  als  die  cinzel- 
«  nen  Menschcn.  I^olitik  und  Menschlichkeit  erfordern,  dasz 
i<  ein  Unrecht,  welchos  einer  Nation  zugcfiigt  wird,  von  allen 


I 


LETTRE    d'un    PROFESSEUR  51 

«  anderen  bemerkt  und  geahndet  werde...  Sobald  die  Gesetze 
«  der  Menschheit  verletzt  werden,  tritt  ailes  in  das  ursprùng- 
«  liche  Recht  zurûck;  eineni  unterdrûckten  Volke  beizustehen 
«  und  groszmûtig  aufzuhelfen,  das  ist  die  Aufîorderung  der 
«  Natur;  eine  mâchtige  AufTorderung,  ^velche  mit  den  Grund- 
«  sâlzen  der  natûrlichen  Freiheit  ûbereinstimmt  und  allen 
«  Nationen  wechselsweise  zugute  kommen  kann,  weil  hier 
«  die  Sache  der  Vôlker  gegen  die  Sache  einiger  Fûrsten  in 
«  Anschlag  kommt,  u.  s.  \v.  »  Vielleicht  dûrfte  ein  solches 
Zitat  vernûnftige  Deutsche  zu  einigem  Nachdenken  anregen, 
aber  ich  fûrchte  sehr,  der  arme  Friedrich  Schiller  \vùrde  heute 
schon  làngst  in  Schutzhaft  sitzen. 

Und  damit  ist  es  nicht  fertig  !  Ans  jenem  traurigen  Ursprung 
des  Kriegs  entslanden,  wie  natûrliche  Frûchte  einer  an  der 
Wurzel  vergifteten  Pflanze,  allerlei  Griiuel,  die  aus  eurer  neuen 
Kriegsfûhrung  etwas  Abscheuliches  gemacht  haben.  Bis  auf  den 
heutigen  Tag  hatte  der  Krieg,  bei  allen  seinen  Gràszlichkeiten, 
doch  wenigstens  eine  schône  Seite,  die  uns  beinabe  mit  ihm 
versôhnte  und  mitunter  den  Dichter  und  den  Kùnstler  begeis- 
tern  konnte.  Ihr  habt  dafùr  gesorgt,  dasz  dieser  Trost  uns 
fortan  nicht  mehr  gewiihrt  sein  soll.  Aus  den  stolzen  Kriegern, 
die  sich  frûher  in  glanzender  Uniform  unter  Gottes  heller 
Sonne  gegenùberstanden,  habt  ihr  ein  Heer  von  Maulwûrfen 
gemacht,  deren  Haupttugend  nunmehr  darin  besteht,  monate- 
lang  in  dunklen  Hôhlen  und  Granatenlôchern  zu  kauern,  in 
Kot  und  Nasse  bis  ûber  die  Ohren  steckend,  und  die  Minute 
abzuwarten,  \vo  sie  wie  Xachtgespenster  auf  einen  unsichtba- 
ren  Feind  losstûrzen  Nverden.  Ihr  habt  dan  Krieg  entehrt.  Und 
was  wird  die  Xachwelt  von  den  erstickenden  Dûnsten  sagen, 
von  den  LuftschifTen  und  F"lugmaschinen,  die  wehrlose  Zivilis- 
ten,  unschuldige  Weiber  und  Kinder  meuchlings  ermorden  '. 
und  erst  recht  von  dem  U-Bootskrieg,  der  allen  diesen 
Scheuszlichkeiten  die  Krone  aui'setzt  !  Bis  in  die  spiitesten 
Zeiten  wird  man  von  der  «  Lusitania  »  sprechen  und  wie 
ein  unauslôschlicher  Flecken  wird  dièse  Schande  an  deincr 
Stirn  haften,  o  (iermania  ! 


Ich  bin  also  ùberzeugt,  geehrter  Herr  Professor,  dasz  Sie  ini 
tiefsten  Grund  Ihres  (iewissens  die  von  eurer  Regierung  vers- 
chuldete  Katastrophe  bedauern  und  dasz  Sie,  wenigstens  in 
Bezug  auf  die  obenerwàhnten,  fur  jcden  Freund  der  Menschheit 
heiligen  Grundsàtze,  die  Deutschland  verliôhnt  hat,  meiner 
Beurteilung  der  Dinge  unbedingl  beipflichten.  Und  ich  glaube 
damit  dieser  hôheren  Form  des  Patriotismus,  die  ich  bei  Ihncn 
voraussetze  und  der  ich  auch  bei  deiu  Feind  die  gebùhrende 
Ehre  zollen  will,  keinen  Kintrag  zu  tun. 

Wie  pcinlich  musz  aber  eine  solche  Lage  fiir  Sie  sein  !  Fine 
traurigere  kann  man  sich  niclit  leicht  vorstellen.  Icli  frage 
niich,  was  ich  selbst  lun  wùrde,  wcnn  ich  mich  in  einer 
solchen  befande,  wenn  mein  Land  sicii  auf  gleiche  NVeise  an 
den  heiligsten  Rechten  der  Menschheit  versiindigt  iuittc,  und 
auf  dièse  Frage  finde  ich  nur  eine  Antworl,  eine  scbmerziiche 
aber  einzig  mogliche  Antworl  :    wie  grosz  meine  Liebe  zum 


52  LES    LANGUES    MODERNES 

Vaterland  auch  sein  mag,  wie  grausam  mir  das  Herz  ûber  eine 
solche  Xotwendigkeit  bluten  niôchte,  ich  wàre  moralisch 
gezwungen,  mich  von  (ien  meinigen  zu  trennen.  Gewisz  werden 
Sie  auch  nicht  anders  denken  und  fûhlen,  Herr  Professer,  und 
ich  bemitleide  Sie  deswegen  herzlich.  Zwar  kônnen  Sie  die 
Niederlage  Deutschlands  nicht  wûnschen,  das  wàre  gottlos  ! 
Aber  wenn  es  doch  geschieht,  \venn  wir  den  Sieg  davontragen, 
so  werden  Sie  wenigstens  einer  von  denen  sein,  die  im  Xamen 
der  erhabensten  Interessen  der  Menscliheit,  unseren  Triumph 
als  gerecht  und  wûnschenswert  anerkennen. 

W'ir  glauben  hier  felsenfest  an  eure  Niederlage,  denn  «  es 
lebt  ein  Gott  zu  strafen  und  zu  ràchen  ».  Die  Avachende 
Neniesis  wartet  auf  die  Stunde  des  Schicksals.  Ein  dunkles 
Vorgefùhl  sagt  euch  schon,  dasz  es  mit  euren  Geschàften  nicht 
so  ganz  ordentlicla  steht,  wie  es  euch  eine  besoldete  Presse 
gern  weis  maclien  môchte.  Der  plôtzliche  Ûberfall,  der  einen 
raschen  Schkisz  der  Feindseligkeiten  herbeifûhren  sollte,  ist 
fehlgeschhigen  ;  wir  haben  uns  zusammengerafTt  ;  es  mogen 
noch  so  vieie  sch^Yarze  Wolken  den  Horizont  verdunkeln,  ihr 
môgt  noch  so  viele  Millionen  Nàgel  in  euren  holzernen  Hin- 
denburg  hineinschlagen,  \vir  sehen  nunmehr  mit  vollem 
Vertrauen  einer  giinstigeren  Zukunft  entgegen. 


Aber  wie  lange  wird  dieser  unglùckselige  Krieg  noch  dauern  ? 
Seit  zehn  Monaten  wûtet  das  Ungeheuer  und  wie  ein  Brand, 
der  gierig  weiter  uni  sich  greift,  droht  das  Unheil  die  ganze 
Hrde  zu  verheeren.  Jeden  Tag  lèse  ich  in  Zeitungen  und 
Flugblattern  haarstraubende  Berichte  ùber  Greuelszenen,  die 
ich  bei  dem  gegenwiirtigen  Zustand  der  europàischen  Kultur 
fur  unmôglich  gehalten  hiitte.  Man  mochte  glauben,  es  sei  nlir 
ein  boser  Trauni,  ein  graszliches  Hôllenbild,  das  bald 
verdiegen  wird.  Leider  aber  ist  es  nur  zu  wahr.  Bei  diesem 
Anblit-k  stutzt  die  Vernunft  und  ist  nahe  daran  zu  verzweifeln. 
Aber  was  konnen  wir  dafûr,  wir  einzelnen  Privatmenschen  ! 
wie  ein  win/.iges  Slaubkorn.  das  in  ein  nuichtiges  Haderwerk 
hineingeraten  und  unbarmherzig  zermalmt  wird,  wir  mogen 
uns  noch  so  sehr  gegen  das  Unvermeidliche  striiuben  und 
allerlei  philosopliische  Betrachtungen  anstellen,  wir  mûssen 
uns  schlicszlich  in  unser  Schicksal  ergeben.  Das  gehort 
viclleiclil  eineni  geheinmisvollen  Plan  des  Allmachtigen.  der 
allein  weisz  was  zum  ewigen  Zusammenhang  der  Dinge 
notwendig  ist  und  uns,  vergànglichen  Geschopfen,  keine 
Rechenschaft  zu  geben  bat. 

Aber  es  regt  sich  doch  et  was  im  Grunde  des  Herzens,  wir 
vernelimen  in  unscrem  Inncrn  eine  Slimmc,  die  klar  und 
deutlich  ruft  :  du  sollst  deine  Pflicht  erfùllen  ;  um  das  Ùbrige 
kiimnicre  dich  nicht,  das  gelit  dich  nicht  an.  Die  Ameise  geiit 
ihre  \Vcge  und  verrichtet  ihre  Arbeit  und  fragt  nicht  oi)  nicht 
ein  nuitwiiligcr  Knabe  mit  eineni  Fusztritte  die  Frucht  ihrer 
Bemiihungen  vcrnichten  wird, 

Wahrend  Tausende  und  aber  Tausende  von  Mcnschen,  mit 
den  vollkommensten  Krrungensciuiften  einer  môrderischen 
AVissenschaft    bcwalfnel,  weit   und  breit  Unlieil  anrichten  und 


LETTRE   d'un    PROFESSEUR  53 

Schmcrz  und  Trauer  verbreiten,  ist  es  nicht  iinserf  Pflicht  fi'ir 
lins,  die  wir  fern  von  den  Sclilachtfeldern  geblieben  sind, 
womôglich,  nach  den  uns  zugemessenen  Kràften,  dem  cbel 
entgegenzustreben  und  ûberall  wo  es  nur  angeht,  Scbaden  zu 
ersetzen  und  Wunden  zu  heilen  ?  Môgen  also  diesseits  und 
Jenseits  der  Grenzen  edle  Menschen,  durch  W'ort  und  Tat, 
dazu  beitragen,  die  erregten  Gemùter  zu  besànftigen,  dasz  sich 
der  wilde  Sturm  niôglichst  schnell  legen  moge,  damit  auch  die 
Summe  des  Unbeils  môglichst  verringert  werde  ! 

Ach,  konnten  wir  doch  die  furclitbare  Huile,  die  uns  die 
Zukunft  verbirgt,  ein  wenig  lùften  !  Was  versteckt  sich 
dahinter  ?  was  wird  uns  noch  aufbewahrt  ?  AVie  traurig  dasz 
die  Zensur  in  Deutschland  nicht  erlaubt,  ùber  dièse  Dinge  zu 
sprechen  !  Wenn  eurem  Volke  gestattet  wàre,  an  siclieren 
Quellen  die  Wahrheit  zu  suchen,  so  wùrde  es  bald  einsehen, 
dasz  es  nur  von  euch  abhàngt,  dem  ruchlosen  Genietzel  ein 
Ziel  zu  setzen.  Leider  ist  undbleibt  —  aut  ^vie  lange  Zeit  noch  ? 
—  das  deutsche  Volk  unfàhig,  das  Joch  abzuschûtteln,  ^^"enn 
lîian  ihm  nicht  dazu  verhilft.  Das  ist  die  Sache  der  aufreohten 
hochherzigen  Manner,  wie  es  auch  solche  in  Deutschland 
geben  musz,  die  sich  bis  jetzt  leider  zu  fern  von  der  politischen 
Arena  halten  niuszten,  denn  es  bat  wenig  Sinn  in  den  Wind  zu 
predigen  und  sich  einem  zwecklosen  Martyrertuni  auszusetzen. 
Wir  haben  auch  im  vielbewegten  Lauf  unserer  Geschichte 
traurige  Augenblicke  gekannt,  wo  das  monienfan  verdunkelte 
Nationalgefùhl  auf  falsche  Wege  irregeleitet  wurde  (wiewolil 
unsere  Verirrungen  einer  anderen  Xatur  waren,  denn  sie  baben 
meistens  nur  uns  selber  geschadet,  wahrend  wir  hingegen  in 
raanchen  Fàllen,  mit  voiler  Hintansetzung  des  eigenen  Vorteils, 
wie  don  Quixote,  fur  das  Wohl  der  ganzen  Menschheit  in  die 
Schranken  traten)  ;  aber  eshat  uns  nie  an  unverzagten  Rittern 
des  Idealismus  gefehlt,  die  sich  der  vergewaltigten  Menschen- 
wùrde  annahmen  und  sich  dem  Gemeinwohl  opferten  ;  und 
wir  haben  es  jedesmal  durchgesetzt,  dasz  die  Vernunft  und  die 
Wahrheit  wieder  zu  ihren  Rechten  kamen.  Holfentlich  wird 
auch  jenseits  des  Rheins  eine  Zeit  konimen,  wo  solche  Manner 
es  wagen  werden,  mit  dem  guten  Beispiel  voranzugehen,  wo 
es  ihnen  moglicb  sein  wird,  den  bisher  unterdrùckten  Protest 
laut  ertônen  zu  lassen.  Ich  hege  die  unerschûtterliche  Zuversicht, 
dasz  auch  fûreuer  geknechtetesLand  die  Stunde  schlagen  wird, 
die  euch  die  Rinde  von  den  Augen  reiszen  soll.  Dann  werdet 
ihr  mit  einem  verhaszten  Régiment,  das  euch  ins  Verderben 
stûrzt,  griindlich  abrechnen  und  ein  neues  Deutschland  auf- 
bauen,  das  dem  friedlichen  Fortschritt  der  Menschheit  kein 
Hindernis  mehr  sein  wird. 

E.  Kancellarv. 

Professeur  d'allemand  au  Lycée  de  Toulouse. 


Livres  &  Revues 


LIVRES. 

E.  Rochelle.  —  Mon  Premier  Livre  de  Français,  suivi  de  : 
Mon  deuxième  Livre  de  Français  ;  Mon  Troisième  Livre  de 
Français  ;  Mon  Quatrième  Livre  de  Français  (4  volumes  in  8"  écu. 
de  80  à  100  pages,  reliés  toile.  Chaque  volume  3  fr.  50,  majora- 
tion  comprise).  G.   Delmas,  Editeur,   Bordeaux. 

Le  premier  des  quatre  volumes  dus  à  la  plume  de  notre  collègue 
bordelais  en  est  déjà  à  sa  deuxième  édition  ;  c'est  dire  le  succès 
atteint  dès  le  début  par  l'ouvrage.  On  ne  saurait  d'ailleurs  s'en 
étonner,  quand  on  se  souvient  de  l'expérience  et  de  la  sagacité 
pédagogiques  dont  M.  Rochelle  a  donné  mainte  preuve  dans  le 
passé.  Comme  tous  les  maîtres  qui  savent  observer,  il  a  constaté 
une  les  livres  scolaires,  surtout  ceux  que  l'on  destine  aux  débu- 
tants, contiennent  toujours  trop  de  choses,  et  il  s'est  appliqué, 
par  d'heureux  procédés,  à  simplifier,  à  alléger,  à  clarilier  les 
leçons.  .  Minimum  de  vocabulaire,  dit-il,  minimum  de  notions 
grammaticales  essentielles  ;  le  tout  égayé  par  quelques  chansons 
historiettes,  poésies  bien  françaises  »,  telle  est  la  formule  même 
de  l'ouvrage.  Elle  est  excellente. 

Je  ne  saurais  trop  approuver  aussi  la  place  prépondérante 
donnée  par  l'auteur,  au  seuil  même  de  sa  méthode,  à  l'action, 
au  geste,  au  mouvement,  et,  par  suite,  au  verbe.  Dans  la  jîlupart 
des  ouvrages  de  méthode  directe,  les  premières  leçons  sont,  eu 
grande  partie,  descriptives  :  on  nomme  les  choses,  on  les  situe 
et  on  exprime  leurs  qualités.  Il  y  a  là  une  légère  exagération. 
Et  la  tendance  opposée  que  manifeste  ici  M.  Rochelle,  son  entrée 
brusque  dans  la  vie  active  constitue  à  mon  sens,  une  sage  mise 
au  point  et  un  réel  progrès.  Au  fond,  l'enseignement  est  tout 
action.  C'est  par  l'action  que  le  maître  suscite  chez  ses  disciples 
une  imitation  féconde,  qu'il  fait  sentir  son  influence  maïeutique 
et  l'action  se  traduit  par  le  verbe,  qui  est  le  mot  par  excellence, 
le  verbum  latin,  "  l'âme  de  la  langue  »  (1).  —  Dès  la  première 
leçon,  M.  Rochelle  enseigne  aux  élèves,  par  les  gestes  mêmes  du 
maître,  les  verbes  :  je  me  lève,  je  prends,  j'essuie  (le  tableaui, 
je  pose,  j'écris,  je  vais,  je  m'assieds,  etc.  Et  tous  les  verbes, 
d'un  bout  à  l'autre  de  l'ouvrage,  mesure  fort  judicieuse,  sont 
imprimés  en  caractères  gras.  A  la  fin  du  premier  volume,  l'élève 
aura  assimilé,  sous  la  direction  d'un  bon  professeur,  un  <■  stock  » 
de  150  \'erbes  et  de  300  substantifs,  qui  embrassera  les  voca- 
bulaires se  rapportant  à  VEcole  et  au.\  Ecoliers,  au  Corps  humain. 
aux  Jeux,   au    Temps,   à   la    Température. 

Le  Deuxième   Livre   de   Français    suit,    bien     entendu,     un     plan 

(1)  A  verb  is  a  Word  whereby  the  chief  action  of  the  mind 
(the  assertion  or  the  déniai  of  ;»  ])roj>osition)  finds  expression. 
(Earlc). 


LIVRES    ET    REVLES  OO 

-analogue,  mais  les  aspects  de  la  \ie  envisagés  s'étendent  et  se 
-compliquent.  C'est  maintenant  de  la  Famille  que  parle  l'auteur, 
de  VAge,  du  Costume,  de  la  Santé,  de  la  Ville,  de  l'Habitation, 
de  la  Campagne,  des  Animaux  Domestiques,  des  Trauaux  cham- 
pêtres, de  la  Chasse  et  de  la  Pèche.  La  grammaire  s'élabore  aussi 
avec  plus  de  soin  ;  on  aborde  le  récit  suioi,  la  subordonnée 
relative  et  conjontive  ;  Télève  s'habitue  à  s'exprimer  correc- 
tement à  l'aide  de  toutes  les  formes  usuelles  de  la  langue  et  il 
groupe  les  mots  de  liaison  (adverbes,  prépositions,  conjonctions) 
de  même  nature  autour  d'une  idée  générale  telle  que  le  lieu,  la 
juanière,  la  cause,  le  but,  etc.  Le  vocabulaire  acquis  est  porté 
ainsi  à  425  verbes  et  800  substantifs. 

La  progression  s'accuse  quand  on  aborde  Mon  Troisième  Livre 
et  les  notions  générales  déjà  acquises  se  développent.  Les  diverses 
leçons  conduisent  le  lecteur  à  la  Montagne,  la  Forêt,  la  Mer  (où 
Jious  retrouvons  les  Ports  de  Commerce,  de  Guerre,  de  Pèche  des 
tableaux  Delmas),  la  Ville  avec  ses  Monuments,  les  Postes  et 
Télégraphes,  les  Voyages,  etc.  Et  ces  vastes  sujets  allongent 
-encore  la  liste  des  verbes  et  des  noms  acquis  par  l'élève  :  il 
possédera  maintenant  646  des  premiers  et  1.412  des  seconds.  — 
Avec  le  Quatrième  Tivre  s'achève  l'étude  élémentaire  de  notre 
langue.  Le  vocabulaire  n'est  plus  celui  de  l'enfant,  mais  celui  de 
l'adolescent  prêt  à  voyager  dans  les  pays  étrangers  ;  on  y  ren- 
contre les  vocables  en  usage  à  VHôtel,  au  Café,  au  Restaurant  ; 
jjuis  viennent  les  Scènes  de  la  Rue,  le  Commerce,  les  Achats, 
V Alimentation,  le  Marché,  le  Grand  Magasin,  les  rudiments  de 
la  Langue  Commerciale,  la  Musique,  les  Questions  Militaires  ou 
Sociales.  C'est  au  total  respectable  de  800  verbes  et  2.100  noms 
que  s'élèvent  les  réserves  terminologiques  accumulées  par  l'étu- 
diant. L'enseignement  grammatical,  du  reste,  a  suivi  au  cours 
<les  deux  derniers  volumes  un  développement  parallèle.  Le  pro- 
fesseur étranger  trouve  dans  ces  deux  livres  un  véritable  précis 
de  grammaire  française  où  les  lois  de  la  langue  sont  exposées  en 
tenant  compte  des  besoins  particuliers  aux  étrangers  qui  étudient 
le  français  et  des  difficultés  où,  d'ordinaire,  ils  se  heurtent.  — 
M.  Rochelle  s'est  aussi  préoccupé  de  la  culture  littéraire  qu'il 
convient  de  donner  aux  élèves.  Dans  les  trois  premiers  volumes, 
les  morceaux  de  prose  et  les  petites  poésies  sont  d'un  caractère 
enfantin  ou,  tout  au  moins,  fort  simple.  Le  quatrième  Livre 
contient  des  jjassages  empruntés  aux  meilleurs  auteurs  français  ; 
on  aborde  alors  la  Lecture  expliquée,  <■  deuxième  stade  »,  dit 
M.  Rochelle,  ■  de  toute  étude  complète  d'une  langue  vivante  ". 
Et  l'auteur,  d'un  mot  caractéristique,  souligne  l'idée  générale  qui 
<lomine  chaque  morceau,  faisant  ainsi  comprendre  à  l'élève 
comment,  en  Méthode  Directe,  il  passe  insensiblement  de  la 
langue   concrète    au   vocabulaire    abstrait. 

Ne  terminons  ])as  sans  donner  une  parole  d'éloge  aux  nombreux 
petits  dessins  qui  éclairent  le  texte.  Ils  sont  simples  et  étonnam- 
ment vivants,  d'un  trait  accusé  qui  voisine  parfois  avec  la 
silhouette  en  noir  des  ombres  chinoises  et  j'en  connais  peu,  dans 
les  ouvrages  scolaires  qui  soient  aussi  vigoureux,  aussi  amusants, 
aussi    pédagogiqucment    pratiques. 

Ch.   Veili.et-Lavali.ée. 

Df.  V.  PAYEN-PAYNii.  —  Frcuch  Idiouis  and  Proverbs  :  6th 
édition  ;    London.    David    Nutt.    1    vol.    in-16.    Vlll>-269    pj). 

L'auteur,  un  des  membres  les  plus  actifs  de  la  Modem  Language 


56  LES    LANGUES    MODERNES 

Association,  compte  de  nombreux  amis  parmi  ses  collègues  fran- 
çais. Beaucoup  d'entre  nous  ont  eu  l'honneur  de  le  rencontrer 
au  cours  d'un  Aoyage  en  Angleterre  ;  d'autres  ont  fait  sa  connais- 
sance de  ce  côté-ci  de  la  Manche.  M.  de  Payen-Payne,  qui  a 
reçu  une  partie  de  son  éducation  en  France,  y  séjourne  assez 
souvent.  On  retrouve  dans  son  ouvrage  l'érudition,  la  finesse 
de  pensée  et  de  sentiment  qui  font  apprécier  son  commerce.  Et 
si  le  livre  est  destiné  à  nn  public  de  lettrés  et  d'étudiants  dont 
l'anglais  est  la  langue  maternelle,  il  n'offre  pas  moins  d'attrait 
à  ceux  de  nos  compatriotes  qu'intéressent  les  rapprochements  et 
les  comparaisons  possibles  entre  le  génie  des  deux  langues  fran- 
çaise et  anglaise,  entre  l'esprit  des  deux  peuples  voisins.  M.  de 
Payen-Payne  ne  se  borne  d'ailleurs  pas  à  énumérer  les  idiotismes 
et  les  proverbes  en  suivant  l'ordre  alphabétique,  ou  à  les  classer 
plus  ou  moins  arbitrairement,  comme  dans  maint  recueil  déjà 
publié  et  dont  je  me  garderai  de  faire  fi,  tel  celui  de  M.  Aigre, 
paru  il  y  a  de  longues  années  déjà  et  qui  est  une  mine  pré- 
cieuse de  renseignements  pour  nos  étudiants.  Mais  le  chercheur 
et  le  liseur  qu'est  M.  de  Payen-Payne  va  plus  loin  ;  il  s'est  livré 
à  de  sagaces  et  heureuses  recherches  et  il  nous  en  fait  profiter. 
A  l'article  Jour,  qui  occupe  du  reste  une  longue  page,  notre  collè- 
gue, après  avoir  indiqué  le  proverbe  français  :  «  Il  n'est  si  long 
jour  qui  ne  Aienne  à  vêpres,  »  nous  offre,  comme  équivalent,  le 
joli  distique  suivant  tiré  d'un  poème  de  Stephen  Hawes,  lequel 
llorissait    sous    le    règne    d'Henri    VII  : 

■   Be    the    day    weary,    be    the    day    long, 
At    length    it    ringeth    to    evensong.   » 

Vient  ensuite  —  comment  s'en  étonner  puisque  Shakespeare  a 
pénétré   toute   la    vie,  —   un   passage   de   Macbeth  : 

..."   Come  what  come  may 
Time  and  the   hour  runs  through  the  roughest  day.   » 

(Macbeth    I.    3.). 

Et  voici  un  dicton  :  "  The  longest  day  must  hâve  an  end  ». 
puis  un  de  ces  refrains  où  l'âme  populaire  exprime  son  opti- 
misme confiant   et    sage  : 

«   Come    day,    go    day, 
God     brings      Sundaj'.   » 

Mes  collègues,  quoique  maîtres  de  langues,  ne  me  tiendront 
pas   rigueur,  j'aime   à   le   croire,   de  leur   copier   l'article   suivant  : 

Langage.  —  "  Je  vis  de  bonne  soupe  et  non  de  beau  langage.  »  = 
Pair  wods  butter  no  parsnips.  [The  French  is  found  in 
.MoLn'.nE,  Les  Femn)es  ^nixtiites  II.  7.  and  the  English  équivalent 
in  WvcHKHLKV,  Plaiit  Dealer  V.  3.  —  Contrast  :  C'est  un  bel  ins- 
trument   que    la    hmguc  =  A    ready    longue    is   a    useful    ally.]. 

Que  ce  soit  aux  ("ommissions  d'examen,  que  ce  soit  en  classe, 
la  désagréable  faute  de  (jranuuaire  nous  arrache  bien  souvent, 
hélas  !  un  sourd  gémissement.  C'est  comme  une  roue  mal  graissée 
qui  grince  à  notre  oreille.  Semblable  souffrance  fut  infligée  d*« 
tout     temj)s     aux     amateurs     de     correction  ;     le     malheur    de     nos 


LIVRES    ET    REVIES  0/ 

anciens  doit,  sinon  faire  notre  bonheur,  du  moins  nous  apprendre 
à  supporter  avec  philosophie  les  violences  anti-grammaticales 
comme  les  coups  du   Destin.  Exemple  : 

Soufflet.  ■  Donner  un  soufflet  à  Vaugelas  .■  ^  To  murder  the 
King's  English  ;  To  offend  Lindley  Murray  il).  ,  Vaugelas  (1585- 
1650)  was  a  celebrated  writer  on  French  grammar,  one  of  the  first 
members  of  the  Académie  Française,  and  one  of  the  chief  contribu- 
tors  to  its  Dictionary.  Comp.  Molière,  Les  Femmes  Savantes  11.  7  : 
•  Elle  y  met  Vaugelas  en  pièces  tous  les  jours.  ■>  Donner  un 
soufflet  à  Ronsard  was  also  used,  and,  in  the  Middle  Ages,  Casser 
la  tête  de  Priscien,  from  the  famous  grammarian  of  the  fourth 
century.j . 

Les  quelques  extraits  que  nous  venons  de  donner  de  cet  excel- 
lent livre  pourraient  suffire  à  édifier  nos  lecteurs  sur  son  intérêt 
et  le  charme  que  l'on  trouve  à  le  consulter.  11  nous  parait  utile 
cependant  de  reproduire  encore  trois  articles  où  chercheurs  et 
lettrés  goûteront  l'instructive  documentation  dont  M.  de  Payen- 
Payne   a    orné    son    ouvrage  : 

BAT.  —  Vous  ne  savez  pas  où  le  bât  le  l^lesse  =  You  do  not 
know  ^vhere  the  shoe  pinches  him.  ["  Je  sçay  mieux  où  le  bas  me 
blesse.  •>  —  Maistre  Pathelin  1.  1357.  Bât  =  pack-saddle.  Compare 
the    German  :    Jeder    weiss   am    beslen    wo    ihn    der   Schuh    driickt. 

The  phrase  first  appears  in  PhvrAnca's  Life  of  Œmilius  Paullus.  \ 
certain  Roman,  having  forsaken  bis  wife,  lier  friends  fell  out 
with  him  and  asked  what  fault  he  found  in  her  ;  was  she  not 
faithful  and  fair,  and  had  she  not  borne  him  niany  beautiful 
children  .  He  rcplied  by  putting  forth  his  foot  and  saying  :  ■  Is 
not  this  a  goodly  shoe  ?  Is  it  not  finely  made.  and  is  it  not  new  ? 
And  yet  I  dare  saj-  there  is  not  one  of  you  can  tell  where  it 
pinches   me.   »] 

COMMEN'CER.  —  \'a  pas  fait  qui  commence  =  The  beginning 
is  not  every  thing.  [-■  Qui  commence  le  mieux  ne  fait  rien  s'il 
n'achève   »   Corneille.] 

A  moitié  fait  qui  commence  bien  =  Well  bcgun  is  half  done  ; 
A  good  beginning  is  half  the  battle.  [  .■  Unes  vespres  bien  sonnées 
sont  à  demy  dictes  ■>  Rabelais,.  Gargantua  CXL.  —  Also  :  Matines 
bien  sonnées  sont  à  moitié  dites.  Barbe  bien  savonnée  est  à  moitié 
rasée.  —  Dimidium   facti   qui  capit   habet  Horace   Ep.   1.  2.' . 

Qui  commence  mal  finit  mal  =  A  bad  day  never  has  a  good 
night. 

CŒUR.  —  Diner  par  ca'ur  =:  To  go  without  a  dinner  ;  to  dine 
with  Duke  Humphrey.  [Humphrey,  Duke  of  Glouccster.  son  of 
Henri  IV,  was  renowned  for  his  hospitalité'.  At  his  death  it  was 
reported  that  he  would  hâve  a  monument  in  St-Paul's,  but  he 
was  buried  in  St  Alban's  .\bbey.  St  Paul's  was  at  that  time  the 
common  lounge  of  the  town,  and  when  the  iiromenaders  left  for 
dinner,  those  who  had  no  dinner  to  go  to,  used  to  say  they 
would  stay  behind  and  look  for  the  monument  of  the  good  Duke.  A 


(1)  Lindley  Murray  (1745-1826),  grammairien,  né  en  Amérique. 
mais  qui  s'établit  par  la  suite  en  .Angleterre  et  y  publia  de  n(mi- 
breux  ouvrages  dont  le  plus  célèbre  est  :  (irammar  of  the  EnijUsh 
Lanyuacjc   (1795j. 


58  LES   LANGUES    MOUEKNES 

similar  saying  was  :  »  To  sup  with  Sir  Thomas  Gresham,  »  the 
Exchange,  built  by  him.  being  a  place  of  resort.,    (1^. 

L'auteur  a  eu  soin  de  faire  suivre  son  travail  d'un  Index 
détaillé  des  proverbes  anglais  qui  rend  autant  de  services  au 
lecteur  français  qu'à  l'étudiant  anglais  préoccupé  de  découvrir  en 
notre   langue  l'équivalent   d'un   de   ses   proverbes   nationaux. 

Certes  un  ouvrage  de  ce  genre  est  indétiuiment  perfectible.  Au 
hasard  des  lectures  et  des  conversations,  il  se  présente  toujours 
quelque  dicton  nouveau,  un  proverbe  inconnu,  une  expression 
idiomatique  rare  ou  désuète  et  qu'il  vaudrait  la  peine  d'ajouter 
à  la  collection.  Dans  l'article  Eau,  par  exemple,  qui  est  fort 
détaillé  et  contient  mainte  remarque  curieuse  et  instructive, 
puisque  l'auteur  nous  cite  des  phrases  latines,  grecques,  alle- 
mandes, françaises,  nous  lui  proposerons  d'y  adjoindre  l'amusant 
adage  latin  qui  pourrait  si  bien  servir  de  devise  à  toutes  les 
stations  balnéaires,  à  tous  les  établissements  d'hydrothérapie  de 
France  et  de  Navarre,  voire  même  à  tous  les  sectateurs  de  l'Abbé 
Kncipp,   et   enfin   au   célèbre    D'    Sangrada  :    Corpus   domat   aqua. 

Et  quand  il  rédigeait  le  commentaire  historique  dont  il  accom- 
pagne l'insouciant  :  "  A  demain  les  affaires  sérieuses  »  de  cet 
étourdi  d'Archias,  gouverneur  de  Thèbes,  il  eût  été  intéressant 
d'en  rapprocher,  pour  tonifier  le  moral  de  nos  élèves  et  dévelop- 
per leurs  connaissances  littéraires,  la  mâle,  la  cornélienne  parole 
d'Othello  : 

■■    (!ome    Desdcmona  ;    1    hâve   Ijut    an    hour 

Of   love,    of   worldly    matters    and    direction 

To  spend  with  thee  :  we  musl  obey  the  timc.   »  (Othello  I.  3). 

Ah  !  celui-là  ne  jiégligcrait  pour  rien  au  monde,  pas  même  pour 
s'aliandonner  aux  douceurs  de  l'amour,  k-  soin  des  intérêts  que 
l'Etat  a  confiés  à  sa  garde.  Dans  une  âme  si  fortement  trempée, 
le  sentiment  du  devoir  jirime  tout.  Mais  Orosmane  langoureux 
s'écrie  en  vers  qui  résonnent  comme  le  chant  d'un  luth,  mais  où 
se  décèle  un   faible  pastiche   de   Racine  : 

•    .Te    vais    donner    une    heure    aux    soins    de    mon    empire 
Et  le  reste  du  jour  sera  tout  à  Zaïre.   »   (Zaïre   I.  5). 

De  même,  M.  de  Payen-Payne  offrirait  à  ses  lecteurs  une  sage 
leçon  de  prudence  en  ajoutant  au  vers  de  La  Fontaine  :  ■  La 
méfiance  est  mère  de  la  sûreté.  »  (Safe  bind,  safe  find)  l'adage 
que  les  Romains  semblent  a\  oir  composé  à  l'intention  des  Nor- 
mands ou   des  guerriers   Sioux  :   Cui  f'ulus   ride. 

L'ouvrage  de  M.  de  Payen-Payne  a  eu  en  .Angleterre  un  grand 
et  légitime  succès.  11  serait,  semble-t-il,  utilisé  avec  |)rotit  par 
les  élèves  de  nos  classes  supérieures  qui  ont  à  comjjoser  en 
anglais.  L'étude  des  proverbes  d'une  langue  se  lie  toujours  à 
l'étude  des  expressions  idiomatiques  qui  donnent  à  cette  langue 
sa  physionomie  propre.  Que  sont  les  proverbes,  d'ailleurs,  sinon 
les  plus  idiomatitiues  des  raccourcis  de  phrases  et  de  pensées  ? 
Ils  nous  offrent,  en  tous  cas,  un  champ  magnifique  d'investiga- 
tions et  linguistiques  et  psychologiques.  L'autorité  d'un  Bacon 
nous  en  est  garant  :  <■  The  genius,  wit  and  spirit  of  a  nation  », 
<lit-il,    ■     are    discoxered    in    its    proverbs.    » 

Ch.    N'kii.lkt-Lavali.ée. 

(1)  Il  va  de  soi  que  ce  n'est  pas  le  seul  article  se  rattachant  au 
mot  ftrj/r.  En  réalité,  ca-ur  est  le  mot  principal  de  vingt  proverbes 
ou   expressions   idiomatiques   étudiés   par   M.  de   Payen-Payne. 


LIVRES    ET    REVUES  39 

REVUES 

The  South  Atlantic  Quarterly  est  une  revue  trimestrielle  dout 
».haque  numéro  forme  un  volume  d'une  centaine  de  pages  et  qui 
paraît  à  Durham,  dans  la  Caroline  du  Nord.  Elle  est  dirigée  par 
deux  professeurs  de  Trinity  Collège,  le  grand  établissement 
d'enseignement  supérieur  dont  les  bâtiments  et  les  vastes  ter- 
rains avoisinent  Durham.  MM.  William  K.  Boyd  et  William  H. 
Wannamaker.  Principaux  articles  des  deux  derniers  numéros 
<juillet  et  octobre  1919)  :  Rossetti  Studies,  I  Craftmaiiship,  II  The 
Liftic,  par  A.  E.  Trombh'  ;  Our  place  in  the  ivorld,  par  O.  D. 
Wannamaker,  hardie  et  noble  étude  sur  le  rôle  que  les  Etats-Unis 
ont  à  jouer  pour  le  rétablissement  de  la  paix  et  de  l'harmonie 
dans  le  monde  ;  dans  une  veine  analogue  Democracij  or  Desaster 
par  W.  T.  Laprade  ;  une  forte  critique  littéraire  :  the  Modem 
Drama  as  it  reflects  the  Thought  and  Life  of  the  people,  par 
C.  T.  Ryan,   etc. 

ARTICLES  A  LIRE 

Revue  de  Paris,  15  octobre.  Elle  Halévy.  La  nouvelle  loi  scolaire 
anglaise  —  (article  dont  la  lecture  est  indispensable  à  quiconque 
s'intéresse  à  l'évolution  de  l'enseignement  en  .Angleterre).  1"  et 
15  novembre,  .André  Maurel.  Goethe,  génie  latin.  —  (bon  article 
de    vulgarisation!.    Ed.    Carteron.   Les    HohenzoUern    colonisateurs. 

Revue  Universitaire  :  novembre,  décembre,  .Maurice  Calien  : 
Héflexions    sur    l'enseignement    de    l'allemand. 


BULLETIN     DE    L'ASSOCIATION 


Séance  du  Comité  du  23  novembre  1919.  à  2  h.  1/2,  au  parloir 
du  Lycée  Montaigne,  sous  la  présidence  de  M.  Pinloche,  président 
de   l'Association. 

Etaient  présents  :  MM.  Bellec,  Bloch,  Brocard,  Cart,  Duverger, 
Guillotcl,  Meadmore,  Mlles  Ledoux,  Latappy,  Rocheblave.  Excusés  : 
Mlle   Clôt,   MM.  Arnaudet,   Delobel,  Jamin,   Koszul.   Lecigne. 

Le  président  ouvre  la  séance  en  envoyant  à  Mlle  Weiller  et  à 
M.  Delobel,  les  souhaits  de  pronijjte  et  complète  guérison,  au 
nom  du  comité. 

M.  Cart  expose  la  situation  faite  par  la  maladie  de  Mlle  Weiller. 
il  lui  paraît  nécessaire  que  les  fonds  de  l'Association  ne  soient 
plus  déposés  dorénavant  au  nom  d'une  personne,  mais  au  nom  du 
trésorier  de  l'Association  dûment  autorisée  par  la  préfecture,  et 
il  demande  que  le  trésorier  qui  sera  désigné  pour  l'année  1920 
fasse  les  démarches  indispensables  pour  cela,  si  ces  démarches 
n'ont   pas   encore   été   faites. 

La  proposition  de  M.  Cart  est  adoptée  et  le  président  remercie 
M.  Cart  du  service  qu'il  a  rendu  à  l'Association  en  se  chargeant 
pour   ainsi    dire    à    l'impr^^viste    des    fonctions    de    trésorier. 

M.  Bloch  déclare  qu'il  lui  paraît  indispensable  d'augmenter  les 
cotisations  et  qu'il  demandera  à  l'assemblée  générale  de  voter 
cette  augmentation.  La  hausse  continue  des  frais  d'impression 
rend  cette  mesure  indispensable  ;  il  désire  que  l'augmentation 
soit  assez  forte  pour  que  le  Bulletin  puisse  paraître  six  fois  par 
an. 

Le   président    appuiera    cette    demande. 

Après  avoir  examiné  la  liste  des  candidats  au  comité,  M.  Pin- 
loche  donne  lectiiie  d'une  lettre  de  M.  Dodanthun  demandant  que 
les  années  passées  à  l'étranger  puissent  compter  pour  rancienneté. 
quel  que  soit  le  moment  où  ce  séjour  a  eu  lieu.  M.  Pinloche 
déchire  qu'il  reprendra  la  question  déjà  soulevée  à  différentes 
reprises,  et  qu'il  fera   les  démarches  nécessaires. 

Puis  il  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Veillet-Lavallée  au 
sujet  de  la  sujîjîression  de  l'Enseignement  des  Langues  vivantes 
dans  les  Ecoles  d'.Arts  et  Métiers.  M.  Pinloche  déclare  que 
M.  Boussagol  le  secrétaire  général  de  la  Société  des  Langues, 
a  déjà  entrepris  des  (■.émarches  à  ce  sujet,  et  qu'il  s'associera  à 
ces    démarches. 

11  déclare  ensuite  cjue  le  référendum  a  en  les  conséquences  que 
l'on  pouvait  espérer  ;  la  commission  nommée  pour  la  réforme  des 
épreuves  de  langues  vivantes  au  baccalauréat  l'a  désigné  comme 
rapporteur  et  s'est  l'éunie  pour  la  2"  fois  au  ministère,  le  23  octo- 
bre, sous  la  présidence  de  M.  l'Inspecteur  général  Hovelaque  ; 
elle  a  adopté  la  pluiKirt  des  vreux  formulés  par  la  majorité  du 
corjjs  enseignant  des  langues  \ivantes.  notamment  celui  qui 
concerne  la  modification  de  l'épreuve  écrite  en  15  et  D.  Le  pré- 
sident de  la  Commission  a  exprimé  son  désir  conforme  à  celui 
de  M.  le  Directeur  de  l'enseignement  secondaire  de  voir  aboutir 
cette  réforme  au  ])lus  vite  ;  le  Conseil  Supérieur  va  être  .saisi 
incessamment   du    rapport   de   la   Commission. 

M.  Pinloche  rappelle  en  terminant  qu'une  circulaire  du  prési- 
dent du   conseil   a   tout   dernièrement    soulevé  la   (jucstion  des  deux 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


61 


langues  obligatoires  aux  grandes  écoles  militaires  et  que  cette 
question  sera  certainement  posée  à  nouveau,  un  jour  ou  l'autre  ; 
il  ajoute  que  l'année  1920  nous  obligera  probablement  à  convo- 
quer de  nouvelles  réunions  pédagogiques  pour  étudier  la  réforme 
probable  de  l'enseignement. 

M.  Bloch  rend  compte  de  la  séance  préparatoire  à  laquelle 
étaient  convoqués  les  présidents  de  sociétés  de  spécialistes  le 
23    octobre   au   Lycée    Louis-le-Grand. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

Copie  de  la  réponse  reçue  du  Ministère  à  propos  de  la  question 
posée   par  M.  Dodenthun,   et   transmise   à  ce   dernier   le   9/12-19. 

«  La  situation  des  fonctionnaires  qui  obtiennent  un  congé 
d'inactivité  pour  aller  à  l'étranger  ou  pour  tout"  autre  cause  est 
réglée  par  la  loi  de  1853,  qui  dispose  qu'"  à  l'égard  des  fonction- 
<  naires  de  l'enseignement,  le  temps  d'inacti\ité  durant  lequel 
<'  ils  ont  été  assujettis  à  la  retenue  est  compté  comme  service 
-    effectif.    » 

«  Il  ne  ))eut  être  admis  dans  la  liquidation  ))our  plus  de  cinq 
ans.   » 

Assemblée  Générale.  Voir  l'article  spécial,  page  3  du  présent 
numéro. 

Elections   au   Comité  :    Le  dépouillement   du    scrutin,   pour  lequel 
Mlles   Clôt,   et   Ledoux   et   ]\L   Cart   avaient  bien    voulu     se    joindre 
à    M.    Henri    Bloch   a    eu    lieu    aussitôt    après    l'assemblée    générale. 
En   voici   les   résultats. 
Nombre   des  votants  81.  —  Ont   obtenu" 

Collèges  de  garçons 
MM.  Carillon...  70 voix 
Montaubric  70  — 
Enseignement    pri- 
maire, commercial  et 
technique. 

M.  Gov 66  voix 

M.  Veillet-lavailée.  56    — 

D'autre  part  ont  obtenu  :  M.  Carré  (\'ichy)  14  voix,  M.  Varenne 
10  voix.  M.  Milliot-Madéran  4  voix.  MM.  Desclos,  Becker  et 
Roudil  chacun  3  voix  et  MM.  Berthet,  Bloch,  Camerlynck,  Copil- 
let-Fleurant.  Godard,  Servajean,  Pitollet  1  voix,  ainsi  que 
Mlles  Bigoudot  et  Davesne.  Enfin  6  suffrages  se  sont  égarés  sur 
le  nom  de  Mlle  Marichy  qui  à  ce  moment  ne  faisait  pas  partie  de 
notre  .Association,  non  plus  que  MM.  Amado,  Dubois  et  Leclaire 
qui    ont    eu    une   voix    chacun. 

Par  application  de  l'article  9  des  statuts  et  du  règlement  adopté 
par  le  comité  dans  sa  séance  du  29  octobre  1911  ont  été  déclarés 
élus  : 

Lycées  de  garçons  :  MM.  Boussagol,  Chemin,  d'Hangest,  Martin, 
Pinloche. 

Collèges  de  garçons  :  MM.  Carillon  et  Montaubric. 

Enseignement  secondaire  féminin  :   Mlles  Brunel   et   Ledoux. 

Enseignement  primaire,  commercial  et  technique  :  MM.  Goy 
et    Veillet-Lavallée. 

Nous  rappelons  que  les  membres  du   comité  élus  en    1918   sont  : 

MM.  .Arnaudet.  Aubenas,  Banchet,  Breuil,  Monguillon,  Brocard, 
Cart,  Mlle  Clôt,   M.  Delobel,   Mlle  Demmer,  M.  Garnier. 

Ceux  élus  en  1919  :  M.M.  Henri  Bloch.  Bellec,  Duvergé,  Guillotel, 
Jamin,  Koszul,  Lecigne,  Mlle  Latappv,  MM.  Léon  M's,  Roux, 
Mlle   Weiller. 


Lycées  de  garçons 

MM.  Boussagol.  67  voix 
Chemin. . .  66  — 
d'Hangest.  63  — 

Martin 59  — 

Massoul. . .  43  — 
Pinloche. .   45  — 


Enseignement  secon- 
daire féminin 


M»' 


5  Brunel.. .  60  voix 
Ledoux. .  56    — 
Schlesser.  50    — 


62  LES   LANGUES    MODERNES 

Le  Bureau  de  1920.  Dans  sa  séaucc  du  8  janvier  1920  le  comitL- 
de   l'Association   a   procédé   à   l'élection   du   nouveau   bureaa. 

Président  :    M.   Veillet-Lavallée,    professeur    à   l'Ecole    Arago. 

Vice-présidents  :  Mil.  Cart,  professeur  au  Lycée  Carnot  et 
Boussagol,  professeur  au  Ljcée  Cliarlemagne. 

Secrétaire  général  :   M.  Henri  Bloch,  professeur  au  Lycée  Hoche. 

Secrétaire  chargé  de  la  Rédaction  du  Bulletin,  M.  d'Hangest. 
professeur   au   Lj'cée    Cond>jrcet. 

Trésorière  :    Mlle    Ledoux,    professeur    au    Lycée   Victor-Duruy. 

Trésorier-adjoint  :  M.  Bellec,  professeur  au  Collège  de   Pontoise. 

Archiviste  :    Mlle   Brunel,   professeur   au    L^cée    Fénelon. 

Les  Langues  Vivantes  dans  les  E.  N.  P. 

Une  délégation  composée  de  MJL  Rancès,  représentant  des 
Langues  vivantes  au  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique  : 
Veillet-Lavallée,  Président  de  l'Association  des  Professeurs  de 
Langues  vivantes  ;  Boussagol,  Secrétaire  général  de  l'Association 
des  Professeurs  de  Langues  méridionales,  a  rendu  visite,  le 
24  février  à  M.  Lapie,  directeur  de  l'Enseignement  primaire. 
M.  Rancès  a  exposé,  avec  beaucoup  d'énergie  et  de  bonheur  dans 
l'e.xpression,  les  sentiments  de  sui'prise  et  de  désappointement 
qu'a  fait  naître  dans  le  public  en  général  et  dans  le  monde  des 
Langues  vivantes  en  particulier,  l'annonce  des  réformes  projetées 
dans  les  Ecoles  normales  d'Instituteurs  et  d'Institutrices  où  les 
Langues  vivantes  deviendraient  simplement  facultatives.  Il  ne 
pouvait  être  question  dans  ce  premier  entretien  que  d'un  simple 
échange  de  vues.  Mais  nos  collègues  peuvent  être  assurés  que  de 
tels  projets,  devant  entraîner  une  si  grave  diminution  dans 
l'enseignement  des  Langues  vivantes  en  France,  seront  suivis  avec 
la  plus  grande  attention.  ^ 

Adhésions  nouvelles 

M.  Audouin,  professeur  lycée,  Poitiers.  —  Mlle  Audy,  profes- 
seur E.  N.,  E.  P.  S.,  Bordeaux.  —  Mlle  Bécourt,  professeur  lycée 
Molière,  Paris.  —  M.  Boutinaud,  professeur  école  St-Louis,  Limo- 
ges. —  M.  Briquelot,  professeur  lycée,  Bar-le-Duc.  —  M.  Broche, 
professeur  lycée,  Marseille.  —  Mlle  Brunel,  professeur  Lycée 
Fénelon.  Paris.  —  M.  Byron-Galini,  A'incennes.  —  M.  Caillet. 
professeur  collège,  St-Germain.  —  Mlle  Cambou,  professeur  collège. 
Tanger.  —  M.  J.-M.  Carré,  agrégé  de  l'Université,  Paris.  —  M.  Chan- 
geur, Bi-essuire,  Deux-Sèvres.  —  M.  P.-H.  Cheftaud,  agrégé  de 
l'Université,  Paris.  —  M.  Chemin,  professeur  Lycée  Carnot. 
Paris.  —  Mme  (Vaudeville,  professeur  E.  P.  S.,  Poitiers.  —  M.  Den- 
jean,  professeur  lycée,  Poitiers.  —  M.  Joseph  Duncan,  Acting 
Secrctary  of  Public  Instruction,  Panama  City.  —  Mlle  Jeanne  Ca- 
chet, Londres.  —  M.  E.  Goiulry,  i)rof.  collège,  Arras.  —  iline  Huot- 
Sordot,  professeur  collège  jeunes  filles,  Avignon.  —  M.  G.  Jous- 
saume.  professeur  lycée,  Nantes.  —  Mlle  Lacombe,  professeur. 
Toulouse.  —  M.  Labeyrie,  professeur,  collège,  Parthenay.  — 
INIme  Leroy,  professeur  collège  jeunes  filles,  Toul.  —  M.  Lazare  C. 
Liacos,  professeur,  Salonique.  —  M.  Victor  Malesset,  professeur 
Lycée  Kléber,  Strasbourg.  —  Mlle  Marichy,  professeur  Lycée 
Victor-Duruy,  Paris.  —  M,  Martin,  professeur  E.  P.  S.,  ChâtcUe- 
rault.  —  M.  Perrin,  professeur  E.  P.  S.,  St-Junien.  —  M.  le  prin- 
cipal du  gymnase,  Schlestadt.  —  M.  Rolet,  professeur  lycée.  Tours. 
—  M.  Saurai,  professeur  lycée,  Bordeaux.  —  M.  Simonot,  profes- 
seur, école  .Arago,  Paris.  —  M.  Vannier  Robert,  professeur  lycée 
Lyon.   —   M.   Veignot,    professeur   lycée,    Moulins. 


Chronique  du  mois 


Elections  au  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  publique 

Agrégés  des  langues  vivantes 

Electeurs  inscrits  :   332. 
Votants  :   304. 

Bulletins  blancs,  illisibles,  irréguliers  :  27  à  déduire  du  nombre 
des  votants. 

Majorité  absolue  des  suffrages  exprimés  :   139. 
Nombre  de  membres  à   élire  :    1. 

MM.  Rancès     256  voix.  Elu 

Pinloche 4      — 

Dupré    3      — 

Beaujeu    2      ■ — 

Masquillier    2      — 

Peyrot     2      — 

MM.  Millot,  Madéran,  Vincent,  Sigwalt,  Paoli,  Burgbard,  Dibic, 
Travers,  Kœsler,  chacun  1   voix. 

Mouvement  du  Personnel. 
Enseignement  Supérieur 

M.  Mérimée  (Henrij,  docteur  es  lettres,  chargé  d'un  cours  de 
langue  et  littérature  espagnoles  à  la  P'aculté  des  lettrts  de  l'Uni- 
versité de  Toulouse,  est  nommé  proiesseur  de  langue  et  litté- 
rature espagnoles  à  la  dite  faculté.  —  M.  Guyot,  docteur  es  lettres, 
professeur  au  collège  Rollin,  est  chargé  d'un  cours  de  littérature 
anglaise  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Rennes.  —  M.  Ronzy,  pro- 
fesseur au  lycée  de  Lyon,  est  chargé  d'un  enseignement  complé- 
mentaire de  langue  italienne  (2  leçons  par  semaine),  à  la  Faculté 
des  Lettres  de  Lyon.  —  M.  Amade,  agrégé  d'espagnol,  professeur 
au  lycée  de  Montpellier,  est  délégué,  dans  les  fonctions  de  maître 
de  conférences  de  langue  et  littérature  espagnoles  à  la  Faculté 
des  Lettres  de  Montpellier.  —  M.  Basset,  professeur  à  l'Ecole 
supérieure  de  langue  arabe  et  de  dialectes  berbères  de  Rabat,  est 
chargé  d'un  cours  d'nistoire  de  la  civilisation  musulmane,  à 
l'Université  d'Alger.  —  M.  Berger,  docteur  es  lettres,  est 
chargé  d'un  cours  de  langue  et  littérature  anglaises  à  l'Université 
de  Bordeaux.  —  M.  Vulliod,  maitre  de  conférences  à  la  F'aculté 
des  lettres  de  Nancy,  est  chargé  de  l'enseignement  de  l'allemand 
à  la  F'aculté  des  lettres  de  l'Université  de  Dijon  (chaire  de 
M.  Legras,  mobilisé,  tn  mission  en  Sibérie).  —  M.  Roger,  profes- 
seur au  lycée,  est  chargé  de  faire  par  semaine  trois  cor.férenccs 
de  langue  et  littérature  anglaises  à  la  Faculté  des  lettres  de  Mont- 
pellier. 

Faculté  de  Strasbourg. 

Professeur  de  langue  et  littérature  italiennes.  "SI.  Maiiguin,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  (îrenoliie.  — 
Professeur    de    littérature    allemande    du    moyen    âge    et    classique. 


C4  LES   LANGUES   MODERNES 

M.  Tonnelat,  professeur  à  l'Université  de  Genève.  —  Professeur 
de  littérature  allemande  contemporaine,  M.  A.  Lévy-Sée,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Nancy.  —  Pro- 
fesseur de  langue  et  littérature  anglaises,  M.  Koszul,  maître  de 
conférences  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris.  — 
Professeur  de  littératures  comparées,  M.  Baldensperger,  chargé 
<le  cours  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris.  — 
M.  ]\lichel,  professeur  au  Ij'cée  de  Strasbourg,  est  délégué  dans 
les  fonctions  de  maître  de  conférences  de  langue  et  de  littéra- 
ture  allemandes.  i 

Enseignement  Secondaire 

Services  généraux 

Inspection  académique 

A  Lons-le-Saunier,  M.  Molitor,  inspecteur  d'académie  à  Privas.  — 
M.  Loisel,  professeur  d'allemand  au  lycée  Bufïon,  est  délégué  dans 
les  fonctions  d'inspecteur  d'académie  en  résidence  à  Aurillac.  — 
;M.  Rimey,  professeur  agrégé  d'espagnol  au  l^cée  de  Foix,  est  délé- 
gué dans  les  fonctions  d'inspecteur  d'académie,  en  résidence  à 
Gap. 

Lycées  et  collèges  de  garçons  de  la  Seine  et  de  Seine-et-Oise 

M.  Bertaux  (Rouen),  professeur  d'allemand  (5*  classe)  au  lycée 
Buffon.  —  M.  Pitollet,  professeur  d'espagnol  et  allemand  (Nîmes), 
suppléant,  professeur  d'espagnol  (,5*^  classe)  aux  lycées  Henri-IV 
et  Carnot.  —  M.  Meyer,  prof,  d'ang.  (Henri-IV),  au  lycée  Coudorcet. 
—  M.  Rabâche,  professeur  d'anglais  (petit  lycée  Coudorcet),  lycée 
Henri-IV.  —  M.  Bourgeois,  professeur  d'anglais  (Versailles),  au 
lycée  Rollin.  —  M.  Digeon  (Rouen),  professeur  d'anglais  (5*=  clas- 
se), au  lycée  Coudorcet  (petit  lycée). 

Lycées  des  départements 

M.  Delahaye,  professeur  d'italien  (Marseille),  censeur  des 
études  {y  classe),  La  Rochelle.  —  M.  Delevallée,  professeur  d'alle- 
mand (Saint-Onier),  Douai.  —  M.  Husson,  professeur  d'allemand, 
maintenu  à  Douai.  —  M.  Dontenville  (Toulon),  professeur  d'alle- 
mand à  Avignon.  —  M.  Barthe,  nommé  professeur  chargé 
de  cours  d'anglais  (Marseille).  —  M.  Duméril,  professeur 
d'iUleniand  (Poitiers),  à  Nantes.  —  M.  Houyvet  (lettres  et 
anglais,  Fécani])),  jirofesseur  chargé  de  cours  d'anglais  (ô'  classe). — 
M.  Cornu  (allcinaiid),  Soissons,  délégué  Saint-Omer.  —  M.  Salin, 
agrégé  d'anglais,  professeur  (4"  classe),  Aix.  —  M.  Talbot,  agrégé 
d'anglais,  professeur  (5'  classe)  Périgueux,  au  dit  lycée.  —  M.  Gra- 
nier,  agrégé  d'anglais,  |)rofesseur  (4''  classe),  Alais.  —  M.  Pruvost 
(Clermont),  professeur  d'anglais,  Guéret.  —  M.  Demeaux,  licen- 
cié es  lettres  (espagnol),  C.  A.  S.  (espagnol),  E.  P.  S.  Toulouse, 
délégué  (espagnol),  Albi.  —  M.  Pézard,  agrégé  d'italien,  élève  de 
l'Ecole  normale  supérieure,  ]>rofosseur  d'italien  (5''  classe),  Avi- 
gnon. —  M.  Cannac  (La  Roche-sur-Yon),  ])rofesseur  chargé  de 
cours  d'anglais,  Clermont.  -  M.  Bedarida,  agrégé  d'italien,  pro- 
fesseur d'italien  (5'  classe),  Annecy.  —  M.  Vivent,  maintenu  pro- 
fesseur chargé  de  cours  d'espagnol,  j\h)nt-de-Marsan.  —  M.  Camp, 
agrégé  d'espagnol,  professeur  d'espagnol  (i>«  classe)  au  lycée  de 
N'îmcs,  —   M.    Paoli,   agrégé   d'italien   (E.   P.   S.,   Grenoble),   profes- 


CHRONIQUE   DU    MOIS  05 

-seur  d'italien  (5'  classe;,  Marseille.  —  M.  Prost  (grammaire  et 
italien,  Viennei,  professeur  chargé  de  cours  d'italien  (4*  classe). 
Valence.  —  M.  Haussaire  (Augers^  professeur  chargé  de  couri 
d'allemand,  Constantine.  —  M.  Laval  (Rocheforti,  professeur 
chargé  de  cours  d'allemand,  Augers.  —  .M.  Vieux,  agrégé  d'alle- 
mand, élève  de  l'Ecole  normale  supérieure,  professeur  d'allemand, 
Rochefort.  —  M.  Pradère,  agrégé  d'allemand  (Etampes),  professeur 
d'allemand,  Bastia.  —  M.  Garçon  (Bourg»,  professeur  d'allemand. 
Besançon.  —  M.  Carpentier  (.\rgentan),  professeur  chargé  de  cours 
d'allemand  (4*^  classe».  Bourg.  —  M.  Buisson,  agrégé  d'allemand, 
professeur  d'allemand,  Alais.  —  M.  Gasc,  agrégé  d'allemand 
(Perpignan),  professeur  d'allemand  (4'^  classe».  Montpellier.  — • 
M.  Delmas,  agrégé  d'allemand  (.Auxcrre»,  professeur  d'allemand. 
Nevers.  —  M.  Bézier,  agrégé  d'allemand,  professeur  d'allemand 
(3"  classe»,  Orléans.  —  M.  Bourgoin  (Poitiers),  professeur  d'alle- 
mand, Toulouse.  —  M.  Audoin,  agrégé  d'allemand,  professeur 
d'allemand,  Poitiers.  —  M.  Declerck,  professeur-adjoint  (.Saint- 
Quentini,  délégué  (anglais)  au  dit  Ivcée.  —  M.  Veaux,  agrégé 
d'anglais,  professeur  d'anglais  (2-  classe».  Rennes.  —  M.  Baudet- 
Desroches  (lettres  et  allemand).  Cognac,  chargé  de  cours  d'alle- 
mand (2'  classe),  Alençon.  —  M.  Loup,  agrégé  d'allemand  (Cons- 
tantine), professeur  d'allemand  (5'  classe),  Avignon.  —  M.  Jalabert 
(Bagnères-de-Bigorre),  chargé  de  cours  (4=  classe»,  Toulouse.  — 
-M.  Fouret,  agrégé  d'allemand,  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure, 
professeur  d'allemand,  Troyes.  —  M.  Doyen,  agrégé  d'allemand, 
élève  de  l'Ecole  normale  supérieure,  professeur  d'allemand.  Va- 
lence. —  M.  Maurice,  licencié  es  lettres  (allemand»,  délégué 
Vesoul.  —  M.  Gondry,  agrégé  d'anglais,  professeur  d'anglais 
(5"  classe»,  Bar-le-Duc.  —  ^L  Houy\et  (Chaumont».  professeur 
chargé  de  cours  d'anglais,  Bastia.  —  M.  Rassat,  agrégé  d'anglais, 
professeur  d'anglais,  Belfort.  —  M.  .Martin,  agrégé  d'anglais,  pro- 
fesseur d'anglais,  Bordeaux.  —  >L  (^am,  agrégé  d'anglais,  profes- 
seur d'anglais,  Brest.  —  ^I.  Boyer,  agrégé  d'allemand,  professeur 
d'ail.,  Chambéry.  —  M.  Casati,  licencié  es  lettres  (ang.).  délégué 
(anglais),  Chambérj'.  —  M.  Matruchot,  agrégé  d'anglais  (.\uxonne), 
professeur  d'anglais  (5^  classe),  Dijon.  —  M.  Ferlin,  agrégé  d'an- 
glais, professeur  d'anglais,  Gap.  —  M.  Pica\et  agrégé  d'anglais 
(Sedan),  professeur  d'anglais,  Laon.  —  M.  Le  Porh.  licencié  es 
lettres  (anglais»,  délégué  (anglais),  La  Roche-sur- Yon.  —  M.  Le- 
gouis,  agrégé  d'anglais,  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure,  pro- 
fesseur d'anglais  au  lycée  Ampère,  à  Lyon.  —  M.  Vannier,  agrégé 
d'anglais,  élève  de  l'Ecole  normale  supérieure,  prof,  d'ang.  au 
lycée  du  Parc,  à  Lyon.  —  M.  Broche,  agrégé  d'anglais,  (Ecol  •  nor- 
male d'.\vignon),  nommé  professeur  d'anglais.  Marseille.  — 
M.  Pallier,  agrégé  d'anglais,  délégué  professeur  d'anglais  (Mont- 
luçon).  —  M.  Humilien  (Pézenas),  délégué  (espagnol),  Monti)ellier, 
en  remplacement  de  M.  Roustan,  a|)])elé  à  d'autres  fonctions.  — 
M.  Rérat,  agrégé  d'anglais,  professeur  d'anglais.  Nancy.  —  M.  .lous- 
saume,  agrégé  d'anglais,  répétiteur  (.Angers»,  professeur  d'anglais. 
Nantes.  —  >I.  Mossé,  agrégé  d'anglais,  professeur  d'anglais,  Nice.  — 
M.  Maillet,  agrégé  d'anglais,  professeur  d'anglais  (S'  classe), 
Saint-Etienne.  —  M.  Géilévricr,  agrégé  d'anglais,  nommé  profes- 
seur d'anglais  (5''  classe).  Tours.  —  M.  Léopold  (Figeac),  profes- 
seur chargé  de  cours  d'anglais  (5"  classe),  Tulle.  —  M.  Porez. 
agrégé  d'anglais,  est  nommé  jjrofesseur  d'anglais  (.V  classe). 
Valenciennes.  —  M.  Sayn,  agrégé  d'anglais,  délégué  (Château- 
Thierry),  professeur  d'anglais,  Rouen.  —  M.  Houyvet,  maintenu 
à  Chaumont.  —  M.  Laisney  (Saint-Lô),  agrégé  d'anglais,  professeur 
d'anglais  (5'   classe)   au  lycée  de  Rouen  (Elbeuf). 


()6  LES   LANGUES    MODERNES 

collP:ges   de   garçons 
Principaux 

M.  Pécheux,  professeur  d'anglais  au  collège  d'Ajaccio,  principal 
à  titre  provisoire,  Corte,  charge  de  l'enseignement  des  lettres  et 
de  l'anglais  (l"  cat.  5-  classcj.  —  M.  Pactus  professeur  d'allemand 
(Aubussoni,  principal  (4''  classe)  à  Saint-F'our,  en  remplacement 
de  M.  Deluy,  appelé  à  d'autres  fonctions,  et  chargé  de  l'enseigne- 
ment des  lettres  et  de  l'allemand  (4*  classe,  P"  catégorie).  — 
-M.  Gallèpe  (espagnol  et  grammaire)  (1'^'  cat.,  3'  classe),  Lodèvc, 
principal,  Sisteron  et  chargé  de  l'enseignement  des  lettres.  — 
M.  Zurbach,  professeur  d'allemand  ( Arles i,  principal,  à  t'tre  pro- 
visoire (3"  classe),  du  collège  de  Longwy.  —  M.  Jaume,  professeur 
chargé  de  cours  d'anglais  (Gap),  principal,  Fécamp,  et  chargé  de 
l'enseignement    des   lettres   et   de   l'anglais   (f"   cat.,   3"=   classe). 

Enseignement 

M.  Lemaire,  délégué  Montauban,  délégué  lettres  et  allemand 
(1*"^  ordre)  [6'  classe],  Barbezicux.  —  M.  Urouin,  maintenu  délé- 
gué des  lettres  et  de  l'allemand,  Beaune  (1'^'  ordre)  [6"  classe".  — 
M.  Colomb,  délégué  lettres  et  allemand  de  Bourgoin,  enseigne- 
ment, Bonneville  (l-"^  oril.re)  [6-  classej.  —  M.  Marchai,  maintenu 
délégué  des  lettres  et  de  l'allemand,  (^hàtilIon-sur-Seine  (1"^  ordre» 
[6*  classej.  —  M.  Bourdonde,  licencié  et  certifié  d'allemand,  délé- 
gué (lettres  et  allemand)  (!-''  ordre)  [6'  classe],  Clamecy.  — 
M.  Bouichère  (Embrun),  allemand,  Confolens.  —  M.  Sigal, 
(Rodez),  délégué  lettres  et  allemand  (1"^  ordre)  [6"  classe],  Fon- 
tenay-le-Comtc.  —  M.  Ghauveau,  délégué  lettres  et  allemand 
(!"■  ordre)  [5'  classe],  Briançon  à  Issoudun.  —  M.  Deconde,  main- 
tenu, délégué  lettres  et  allemand,  Joigny  (1'"^  ordre)  [6'  classe].  — 
M.  Zimmermann.  délégué  lettres  et  allemand  de  Villefranche-de- 
Roucrgue,  Lure  d"  ordrei  '^6*  classe].  —  M.  Bénazet,  licencié  et 
certifié  d'allemand,  délégué  lettres  et  allemand  (1"^  ordre)  [6"^  clas- 
se] à  Mende.  —  M.  Babel,  délégué  (lycée  Charlemagne),  délégué 
lettres  et  allemand  (l'"^  ordre)  [6'  classe],  Morlaix.  —  M.  Serreau, 
délégué  (Brest),  délégué  (lettres  et  allemand)  (1"''  ordre)  [6*  classe], 
Mortain.  —  M.  Séclet  (Sétif),  professeur  d'allemand,  Philippe- 
\ille.  —  M.  Lafon  (Béziers).  professeur  d'allemand,  Bergerac.  — 
M.  Pézièrcs,  délégué  (lettres  et  allemand)  (1"^  ordre)  [6'  classe], 
Béziers.  —  M.  Le  Gouaille,  répétiteur  de  collège,  délégué  lettres 
et  allemand,  Etampes,  est  délégué  (l'"""  ordre)  [6"  classe],  au  Ques- 
noy.  —  M.  Schmit  (Pont-à-Mousson),  professeur  d'allemand,  Saint- 
Dié.  —  M.  Budclot.  délégué,  Saint-Omer,  délégué  (lettres  et  alle- 
ftiand),  Saint-Pol  (Pas-de-Calais).  —  M.  Gourbeault  (Issoudun), 
délégué  (allemand)  (1"  ordre)  [5"  classe],  Saint-Scrvan.  — 
M.  Duchatelle  (Condé-sur-Escaut),  professeur  d'allemand.  Salins.  — 
M.  Vigourel,  maintenu  délégué  (lettres  et  allemand),  Sisteron 
(1'^'  ordre)  [6"  classe].  —  M.  C^ornu  (.\uguste),  licencié  et  certifié 
d'allemand  est  délégué  (lettres  et  allemand)  (1""  ordre)  [6'  clas- 
se], Soissons.  —  M.  Panetotte  (lettres  et  allemand)  (Beaufort), 
délégué  (1"^  ordre)  [6'  classej,  à  Vire.  —  M.  Guerrapin,  (Sillé-le- 
Guillaumei.  professeur  de  lettres  et  allemand  à  Wassy.  — 
M.  .Meillereux,  délégué  (lettres  et  allemand),  .Auxerrc  (l*"""  ordre) 
[6'  classe],  —  .^[.  Baulot,  licencié  d'allemand,  répétiteur  (1"  ordre) 
[4''  classe],  Bar-le-Duc,  est  délégué  (lettres  et  allemand)  (V  ordre) 
[4*  classe],  Château-Thierry.  —  M.  Canquery,  certifié  d'allemand, 
répétiteur,    Saint-Germain-en-Laye,    délégué    (allemand)    (!""    ordre> 


CHRONIQUE    DU    MOIS  67 

[6'  classe],  Honfleur.  —  M.  Laurent,  licencié  d'allemand,  répé- 
titeur de  collège,  délégué  (lettres  et  ail.)  (1"  ordre)  [6*  classe] 
Sedan.  —  M.  Phéline,  licencié  d'anglais  (Villefranche-sur-Saôue), 
délégué  lettres  et  anglais  (1"  ordre)  [6  classe],  Ambert.  — ■ 
M.  Ginestet,  licencié  d'anglais,  délégué  (lettres  et  aaglaisj 
d''^  ordre)  [6'  classe],  Aubusson.  —  M.  Urgel  (Saintes),  profes- 
seur de  lettres  et  anglais,  Brive.  —  M.  Espagnet,  licencié  d'anglais, 
répétiteur  au  collège  du  Blanc,  délégué  lettres  et  anglais  (P''  ordre) 
[6*  classe].  Saintes.  —  M.  Gauthier,  certifié  d'anglais,  délégué 
(lettres  et  anglais),  Clamecy.  —  M.  Legrand,  licencié  es  lettres, 
délégué  (lettres  et  allemand^,  Condé-sur-Escaut.  —  M.  Camp, 
délégué  (Aix),  délégué  (lettres  et  anglais)  (l*^"^  ordre)  [6"  classe]. 
Cosne.  —  M.  Le  Normand,  licencié  d'allemand,  délégué  lettres  et 
allemand  (l""  ordre)  [6"  classe],  Dinan.  —  M.  Herlemont,  licencié 
d'allemand  (allemand)  (1'^'^  ordre)  [6'=  classe],  Dunkerque.  — 
M.  Davoine,  délégué  (Roanne),  délégué  (allemand)  (l''"^  ordre) 
[6''  classe],  Lunéville.  —  M.  Rivière,  ancien  délégué  de  lycée,  délé- 
gué lettres  et  ang.  (l'"^  ordre)  [6*=  classe],  Marmande.  —  M.  Lé- 
cuyer,  licencié  d'ang.,  délégué  lettres  et  ang.  (1"  ordre)  [6'^  classe],, 
Mauriac. —  M.  Pigelet,  licencié  d'ang.,  répétiteur  au  collège  du 
Blanc,  délégué  (lettres  et  ang.)  (l*""  ordre)  [6"  classe],  Montargis.  — 
M.  Sage,  licencié  d'ang.  (lettres  et  ang.)  (1"^  ordre)  [6"  classe], 
Nogent-le-Rotrou.  —  M.  Boulègue,  licencié  d'anglais,  délégué 
(lettres  et  ang.)  (V  ordre)  [6''  classe].  Privas.  —  M.  Lefèvre,  certifié 
d'ang.,  répétiteur,  Verdun,  délégué  (lettres  et  ang.)  (l*"""  ordre) 
[6*  classe],  Saint-Claude.  —  M.  Caillet,  délégué,  Sainte-Menehould, 
délégué  lettres  et  ang.  (l"""  ordre)  [6'-  classe],  Saint-Germain-en- 
Laje.  —  M.  Pigeon  (Issoire),  délégué  lettres  et  ang.  (1"^  ordre) 
[6"  classe],  Saumur. —  M.  Honoré,  ancien  délégué  de  collège,  certifié 
d'ang.,  délégué  lettres  et  ang.  (l''""  ordre)  [6*^  classe],  Issoire.  — 
M.  Picavet,  licencié  d'ang.,  délégué  lettres  et  ang.  (l*""^  ordre) 
[6"  classe],  Sedan.  —  M.  Fleury,  licencia  d'anglais,  délégué  (let- 
tres et  anglais)  (l'"''  ordre)  [6"  classe]  à  Sées.  —  M.  Rey  (Trei- 
guac),  délégué  lettres  et  allemand  (1"  ordre)  [6"  classe],  Sézanne. 
—  M.  Letonturier,  licencié  d'anglais,  répétiteur  à  Verdun,  délégué 
(lettres  et  anglais)  (1"  ordre)  [6'  classe],  Valognes.  —  M.  Boue 
(Loudunj  lettres  et  allemand  (1"^  ordre)  [6''  classe],  Villefranche- 
de-Rouergue.  —  M.  Vinot,  licencié  d'anglais,  délégué  (lettres  et 
anglais)  (l'""  ordre)  [6"  classe],  Autun.  —  M.  Destour,  licencié 
es  lettres,  ancien  délégué,  Brest,  est  délégué  lettres  et  allemand 
(l"""  ordre)  [6*^^  classe],  Avranche.  —  M.  Ambec,  licencié  es  lettres, 
ancien  répétiteur  (Millau),  délégué  lettres  et  anglais  (l""^  ordre) 
[6°  classe],  Cassel.  —  M.  Lafue,  délégué  lettres  et  allemand 
(1"^  ordre)  [6"  classe],  Cusset.  —  M.  Parmin,  délégué  lettres  et 
anglais  iV''  ordre)  [6"  classe],  Pont-l'Evèque  à  Lisieux.  —  M.  Mar- 
tin (Yves),  licencié  d'anglais,  délégué  lettres  et  anglais  (1"  ordre) 
[6"  classe],  Pont-l'Evèque.  —  M.  Auniac,  licencié  d'italien,  main- 
tenu délégué,  Manosque  (l""  ordre)  [6-  classe].  —  M.  Ressigeac, 
licence  es  lettres  (espagnol)  (Blaye),  délégué  lettres  et  espagnol 
(1"  ordre)  [6'  classe],  Oloron.  —  M.  Normand  (Mo»tain),  délégué 
(lettres  et  allemand)  (1"^  ordre)  [6"^  classe],  Pontoise.  —  M.  Lé- 
cuyer  (Mauriacj,  délégué  (lettres  et  anglais)  (l'"''  ordre)  [6'  classe]. 
Saint-Maixent.  —  M.  Hérisson-Laroche,  licencié  d'anglais,  délé- 
gué lettres  et  anglais  (l"  ordre)  [6'  classe],  Vitry-le-Franyois.  — 
M.  Lanne,  licencié  d'allemand,  délégué  (lettres  et  allemand) 
(1"  ordre)  '6'  classe],  Beaufort.  —  M.  Gozzi,  licencié  d'italien, 
répétiteur,  MiUau,  délégué  lettres  et  italien  O""  ordre)  [6'  classe]. 
Orange.   —    M.    Chauchard,    licencié    d'allemand,    délégué    lettres    et 


68  LES   LANGUES    MODERNES 

allemaud  (1"  ordre)  [6-  classe],  Fécamp.  —  M.  Lavcnture,  licen- 
cié d'anglais,  délégué  lettres  et  anglais  (l'^^'^  ordre)  [6«  classe]. 
Provins.  —  M.  Anglade,  répétiteur  (1"  ordre)  [5'^  classe]  (Alais), 
délégué  lettres  et  allemand  (_!"  ordre)  [6«  classe],  Baveux.  — 
M.  Monnot,  licencié  d'italien,  délégué  lettres  et  italien  (1"  ordre) 
[6'^  classe],  Carpentras.  —  M.  Albié,  licencié  d'espagnol  (Ville- 
franche-de-Rouergue),  délégué  lettres  et  espagnol  (1"  ordre) 
[6*^  classe].  Cognac.  —  M.  Agoub  (Agde),  professeur  de  lettres  et 
anglais,  Draguignan.  —  M.  Pourverelle,  licencié  d'anglais,  délégué 
(lettres  et  anglais) -(l"  ordre)  [6"  classe],  Parthenay.  —  M.  Cam- 
bedouzou,  licencié  d'allemand,  lettres  et  allemand  (l'"^  ordre) 
[6"  classe],  La  Rochefoucauld.  —  M.  Le  Roi  (Ajaccio),  professeur 
de  lettres  et  d'anglais  (2''  ordre)  [3"  classe].  Romans.  —  M.  Elvin, 
ancien  répétiteur  (Semur)  délégué  lettres  et  anglais  (1"  ordre) 
[6*  classe].  Salins.  —  M.  Verret,  maintenu  délégué  letti'es  et 
allemand,  LTzès  (.1"  ordre)  [6'  classe].  —  M.  Colomb,  licencié 
d'allemand  délégué  lettres  et  allemand  (P"^  ordre)  [6''  classe], 
Briançon.  —  M.  Saint-Jean  (Lectoure),  délégué  lettres  et  allemand 
(1'^'"  ordre)  [6'  classe],  Saint-Girons.  —  M.  Blanchet.  licencié 
d'allemand,  délégué  lettres  et  allemand  (1"  ordre)  [6'=  classe], 
Aubusson.  —  M.  Soulé,  professeur-adjoint  (Alger),  délégué,  arabe 
d*""  ordre)  [4''  classe],  Blida.  —  M.  Leroy,  certifié  d'anglais,  délé- 
gué lettres  et  ang.  (1"  ordre)  [6'^  classe],  Bourgoin.  —  M.  Bailly. 
licencié  d'ang.,  délégué  lettres  et  ang.  (1*^"^  ordre)  [6"  classe].  Calais. 
M.  Sayn,  licencié  d'ang.  (lettres  et  ang.)  il"'  ordre)  [6*  classe],  Châ- 
teau-Thierry. —  M.  Brun,  certifié  d'anglais,  lettres  et  anglais 
d"  ordre)  [6°  classe],  Epernay.  —  M.  Houyvct  (Fécamp),  délé- 
gué lettres  et  anglais  (l"  ordre)  [6'^  classe],  Sillé-le-Guillaume. — - 
M.  Gangné  (Eu),  délégué  lettres  et  allemand  (l'"^  ordre,  6*  classe), 
^lostagauem.  —  M.  Millier  (Treignac)  professeur  lettres  et  alle- 
mand Eu  (1"^  ordre,  4'"  classe).  —  M.  Bosmorin,  ancien  principal 
(Cusset),  professeur  lettres  et  allemand  (l*"^  ordre,  2"  classe),  Car- 
pentras. —  M.  Van  Troostenberghen,  licencié  d'allemand,  délégué 
lettres  et  anglais  (l*"-  ordre,  6''  classe),  Bonnevillc.  —  M.  Roze, 
licencié  d'allemand,  délégué  lettres  et  anglais,  Chàtillon-sur- 
Seine.  —  Î\L  Suran,  licencié  d'espagnol,  délégué  lettres  et  espagnol, 
Lodève.  —  M.  Labegrie,  licencié  d'allemand,  ancien  surveillant 
d'internat,  délégué  lettres  et  allemand,  Parthenay.  —  M.  Laulan, 
licencié  es  lettres  (anglais),  délégué  (lettres  et  anglais)  (l''"'  ordre) 
[6'  classe].  Cette.  —  M.  Niort,  licencié  d'anglais  (lettres  et  anglais) 
(!'''■  ordre)  [6''  classe],  Treignac.  —  M.  Deschamp  (Marcel),  licencié 
d'allemand  (lettres  et  anglais)  (l'^'"  ordre)  [6^  classe],  Sainte- 
Menehould.  —  M.  Guérithault,  licencié  d'ail.,  délégué  (lettres  et 
allemand)  (l'"^  ordre)  [6'  classe],  Saint-Yrieix.  —  M.  Kerdavid, 
licencié  d'allemand,  délégué  (lettres  et  allemand)  (1"  i^dre) 
[6"  classe].  Fiers.  —  M.  Pctiteau,  professeur  délégué,  Réole,  lettres 
et  ail.  (l*""^  ordre)  [6*"  classe].  —  >I.  F'rappicr,  licencié  d'ang.,  répé- 
titeur (l"'  ordre)  [6°  classe],  Rochefort,  délégué  (lettres  et  ang.) 
il'"'  ordre)  [6''  classe],  (7ivray.  —  M.  Morin,  pourvu  des  i)arties  spé- 
ciales de  la  licence  d'anglais  (lettres  et  anglais),  Autun.  — 
M.  Baltcau  (Sedan),  professeur  d'anglais  (1"  ordre)  [2"  classe], 
Fontainebleau.  —  M.  Stefanini,  répétiteur  (3*  classe),  Bonneville, 
délégué  (lettres  et  italien)  (l""  ordre)  [4'  classe],  la  Mure.  — 
M.  Dubois  (Falaise),  délégué  (lettres  et  anglais)  (1"  ordre) 
f6'  classe],  Pont-l'Evèque.  —  M.  Létang,  répétiteur,  Dunkerquc 
(lettres  et  anglais)  (1"^  ordre)  [5"  classe;,  Saint-Dié.  —  M.  Fouché, 
licencié  es  lettres,  délégué  (lettres  et  italien)  (!•"  ordre)  [6''  clas- 
se],   Bonneville.    —    M.    Lévi-Proveni;al,    délégué,    arabe    (1"    ordre) 


CHRONIQUE   Dfe"    MOIS  69 

[5°  classe]  (Médéa),  est  mis  à  la  disposition  de  M.  le  Ministre  des 
Affaires  étrangères,  pendant  cinq  ans,  pour  occuper  au  collège  de 
Tanger  un  emploi  de  professeur  (l*""  ordre,  5"  classe;.  —  M.  Cha- 
bert,  licencié  d'allemand,  délégué  (lettres  et  allemandj  d"  ordre) 
[6*  classe],  Sétif.  —  M.  Martin  (Marcel),  licencié  d'allemand 
(lettres  et  anglais)  (l'^'"  ordre)  ]6*  classe].  Commerce.  —  M.  Morin, 
licencié  d'allemand,  délégué  (lettres  et  allemand)  (1'='"  ordre) 
[6*  classe],  Treignac.  —  M.  Le  Roi  (Romans;,  professeur  de  lettres 
et  aiîglais  (1"  ordre;  [3^  classe],  Romorantiu.  —  M.  Corneau, 
licencié  d'allemand,  délégué  (lettres  et  allemand)  (l'=''  ordre; 
[6'  classe].  Cette.  —  M.  Ancourt,  répétiteur  stagiaire,  Lisieux, 
délégué  (lettres  et  allemand)    d"'   ordre;    ]6'   classe],  Valognes. 

Enseignement  Secondaire  des  Jeunes  filles 

Mlle  Bianconi,  agrégée  d'allemand,  déléguée  (Vesoul;,  profes- 
seur (6*=  classe;  à  Nancy.  —  Mlle  Huin,  agrégée  d'allemand,  délt»- 
guée  (Guéret),  professeur  (5*  classe;  à  Auxerre.  ^ —  Mlle  Arlès- 
Dufour,  chargée  de  cours  d'anglais  (4"^  classe)  (Saint-Etienne;  à 
Alger.  —  Mlle  WheatcrofT,  agrégée  d'anglais,  professeur  (6*  classe), 
Saint-Etienne.  —  Mlle  Le  Cossec,  professeur  d'anglais  (6'^  classe) 
(Lorient;,  chargée  de  cours  (même  classe;,  Brest.  —  Mlle  Leyrisse, 
C.  A.  S.  (anglais;,  professeur  (6'=  classe),  Lorient.  —  Mme  Ban- 
quet, nommée  professeur  d'anglais  (4'  classe).  Digne.  —  Mlle  Goi- 
sey,  chargée  de  cours  d'anglais  (1"  classe)  (Rodez),  nommée  à 
Dreux.  —  Mlle  Berlandina,  C.  A.  S.  (anglais),  Nice,  au  lycée  Mont- 
grand,  Marseille.  —  Mlle  Gélain,  C.  A.  S.  (anglais)  professeur 
d'anglais  {&'■  classe;  (Digne).  —  IMlle  Collette,  agrégée  d'allemand, 
en  congé,  professeur  (6"  classe»  (Reims).  —  Mme  Pruvost,  admis- 
sible à  l'agrégation  d'anglais,  chargée  de  cours  d'anglais,  Guéret.  — 
Mlle  Roux,  professeur  d'allemand  (5*  classe)  (  Verdun  i  à  Valen- 
eiennes.  - —  Mlle  Simon  (Saint-Etienne)  à  Dax.  —  Mlle  Guignon. 
C.  A.  S.  (Cusset).  chargée  de  cours  d'anglais  (6"  classe)  à  Saint- 
Etienne.  —  Mlle  Desinzeur  (le  Luc),  nommée  chargée  de  cours  d'an- 
glais (5^  classe),  cours  secondaires  de  jeunes  filles  de  Cette.  — 
Mlle  Pitiot,  C.  A.  S.  (anglais),  ex-déléguée  (Barbezieux),  profes- 
seur d'anglais  (6^  classe;  au  collège  de  jeunes  filles  du  Luc.  — 
Mlle  Montois,  Lille,  est  mise  à  la  disposition  de  M.  le  Ministre  des 
Affaires  étrangères,  pour  exercer  pendant  une  période  de  cinq  ans  à 
compter  du  4  octobre  1919,  les  fonctions  de  professeur  d'anglais 
(5*  classe;  aux  cours  secondaires  de  jeunes  filles  du  Caire.  — 
Mlle  Llouch  (Jeanne-Marie),  déléguée  (espagnol),  Cette,  est  nom- 
mée chargée  de  cours  d'espagnol  (6''  classe)  au  dit  établissement. — 
Mlle  Dejeanne,  agrégée  d'espagnol,  professeur  (6''  classe)  à 
Bcziers.  —  Mlle  Le  Chevalier,  C.  A.  S.  (anglais),  professeur 
(6'  classe),  Lorient.  —  Mlle  Bayot  (Suzanne),  C.  A.  S.  (anglais), 
déléguée  Gaillac,  professeur  de  collège  (6"  classe),  Cahors.  — 
Mlle  Siredey,  C.  A.  S.  (anglais),  ex-déléguée  (Saumur),  profes- 
seur d'anglais  (6-  classe),  Neufchâteau.  —  Mlle  Przybylowiecz. 
déléguée  (Saint-Lô),  professeur  d'allemand  (4'  classe),  Valencien- 
nes.  —  Mlle  Poncey  (Gabrielle),  C:.  A.  S.  (anglais),  professeur 
d'anglais  (6«  classe),  Béthune.  —  Mlle  Tournier,  admissible  au 
C.  A.  S.  (anglais),  ex-déléguée  (Ambert».  chargée  de  cours  de  let- 
tres et  d'anglais,  Quimper.  —  Mlle  Gauvin,  professeur  d'alle- 
inand    (Mayence),    professeur    d'allemand,    .Auxerre. 


70  LES   LANGUES    MODERNES 

Enseignement  Primaire 

Ecoles   primaires   supérieures   de   garçons 

M.  Marland.  instituteur-adjoint  (Périers),  délégué  (lettres  et 
ang.).  Granville.  —  M.  Mazurat  (Saiut-Jean-de-Maurienne),  C.  A. 
Utalien),  prof,  d'ital.,  Chanibéry  (5'  classe).  —  M.  Daubrivc,  prof. 
(2'  classe)   (Marcigny)    [lettres  et  allemand],  Louhans. 

Ecoles   primaires    supérieures   de   jeunes    filles 

Mlle  Dôle  (Catherine),  intérimaire  (Salins)  C.  A.  (anglais),  délé- 
guée institutrice-adjointe  (lettres  et  anglais),  Pontivy.  —  Mlle  Phi- 
libert (Marcelle),  C.  A.  (allemand),  déléguée  institutrice-adjointe- 
(lettres  et  allemand),  Saint-Claude.  —  Mlle  Mijot  (Marthe,  Marie, 
Pauline),  instit.  intérimaire,  Luxeuil,  C.  A.  (ail.),  déléguée,  instit. 
(lettres  et  allemand),  Thaon-les-Vosges.  —  Mlle  Audy  (Talence), 
professeur  d'anglais  (S""  classe),  Bordeaux.  —  Mme  Pujol,  née 
Combrisson,  institutrice-adjointe,  E.  P.  S..  C.  A.  (anglais),  délé- 
guée institutrice-adjointe  (lettres  et  anglais),  Talence.  —  Mlle 
Launay.  institutrice  intérimaire  (Pons),  C.  A.  (anglais),  déléguée 
institutrice-adjointe  (lettres  et  anglais),  Saint-Jean-d'Angély.  — 
Mlle  Baigue,  institutrice-adjointe,  Saint-Maixent,  déléguée,  insti- 
tutrice-adjointe (lettres  et  anglais),  Chaumont.  —  Mlle  Boudet 
(Cécile),  licenciée  es  lettres  (allemand),  déléguée  professeur  (let- 
tres et  allemand),  E.  P.  S.,  Rethel.  —  Mme  Serrurier,  née  Le  Guet, 
institutrice  en  congé,  jjourvue  de  la  licence  es  lettres,  C.  A. 
(anglais),    nommée    professeur  '  (lettres    et    anglais),    Tréguier. 


Notes  et  Documents 


Mlle  Sanua,  fondatrice  de  l'Association  des  institutrices  diplc- 
niées,  fondatrice  et  directrice  de  l'école  de  Haut-Enseignement 
Commercial  des  jeunes  tilles,  vient  d'être  nommée  membre  du 
<Jonseil    Supérieur   de    llnstruction   publique. 

Le  comité  connaissant  de  longue  date  son  dévouement  à  notre 
association  est  heureux  de  lui  adresser  ses  félicitations  les  plus 
chaleureuses. 

Revue  germanique 

Le  dernier  numéro  de  la  Revue  (Jermanique  de  l'année  1914 
sera  prochainement  adressé  aux  anciens  abonnés,  membres  de 
l'Association  des  Professeurs  de  Langues  vivantes  de  l'Ensei- 
gnement public.  A  partir  du  1""^  janvier  1920,  le  prix  de  faveur 
consenti  aux  membres  de  l'Association  devra,  en  conséquence 
du  renchérissement  excessif  du  prix  du  papier  et  de  la  hausse 
des  frais   d'impression,   être  porté   à   12   francs. 

Modem   Languages     , 

La  Modem  Langiiage  Association,  le  groupement  professionnel  qui, 
en  Angleterre,  correspond  à  notre  Association,  a  procédé,  il  y  a 
quelques  mois,  à  une  refonte  complète  de  son  Bulletin  qui  a  mainte- 
nant comme  titre  :  Modern  Languages,  a  revieiv  of  Foieign  letters. 
Science  and  the  Arts.  Cette  belle  et  intéressante  revue  est  publiée, 
sous  la  direction  de  M.  Eric  G.  Underwood,  par  la  Maison  A.  et  G. 
Black  Ltd,  4,  Soho  Square  London  W.  1. 

L'Association  et  lEditeur  veulent  bien  consentir  à  nos  sociétaires 
une  réduction  très  forte  sur  le  prix  de  l'abonnement  qui  sera,  pour 
eux.  de  3  shillings  à  verser  à  Mlle  Ledoux,  notre  trésorière,  qui 
centralisera  les  abonnements.  Nous  ne  saurions  trop  engager  nos 
sociétaires  à  profiter  de  cette  offre  si  avantageuse. 

Notons,  en  passant,  que  la  cotisation  versée  à  leur  Association  par 
nos  collègues  anglais  est  de  17  sh.  donnant  droit  au  Bulletin,  Modern 
Languages, 

M.  Féli.x  Boillot,  aujourd'hui  titulaire  de  la  chaire  j3e  français 
de  l'Université  de  Bristol,  a  été  choisi  par  cette  Université  et  par 
celle  de  Birmingham  comme  membre  de  la  délégation  des 
Universités  Britanniques  qui  s'est  rendue  en  Belgique  à  la  prière 
du  Gouvernement  belge.  Il  n'est  pas  pour  nous  déplaire  qu'un 
Français  —  professeur  de  Langues  vivantes  —  ait  été  désigné 
par    des    Universités    anglaises    pour    les    représenter    à    l'étranger. 

II  nous  est  non  moins  agréable  d'apprendre  que,  sur  la  pro- 
position de  M.  Boillot,  le  Sénat  de  l'Université  de  Bristol  a  décidé 
d'autoriser  ses  étudiants  de  français  et  d'allemand  à  passer  un 
trimestre  d'été  à  l'Université  de  Strasbourg,  et  de  compter  cette 
période   comme    équivalente    de    scolarité. 

Ecoles  anglaises 

Une  récente  statistique  révèle  qu'il  existe,  dans  les  écoles 
élémentaires,  de  l'agglomération  londonnienne,  environ  4.200  enfants 
atteints  de  bégaiement.  Le  Conseil  du  Comté  de  Londres  s'est 
ému    d'une    pareille    situation,    en    raison    des    diJticultés    qu'éj)rou- 


72  LES    LANGUES    MODERNES 

vent  les  bègues,  lorsqu'ils  arrivent  en  âge  de  travailler,  pour  se 
procurer  un  emploi.  Aussi  organise-t-on  en  ce  moment,  dans  la 
capitale  du  Royaume-Uni  des  classes  spéciales  où  les  enfants  qui 
souffrent  de  cette  infirmité,  aussi  fâcheuse  qu'aisément  curable, 
seront  traités  et  guéris.  11  serait  à  souhaiter  que  pareille  mesure 
fût  prise   chez   nous   par  les   autorités   universitaires. 

Ch.   V.-L. 

Nouvelle  loi  scolaire  en  Saxe 

Votée  définitivement  le  11  juillet  1919,  elle  apporte  trois 
modifications   essentielles   à  l'organisation   scolaire. 

L'enseignement  de  la  religion  est  supprimé,  d'abord  partielle- 
ment, puis  totalement   à  partir  du  1"   avril   1920. 

Les  écoles  privées  existantes  ne  doivent  pas  s'accroître  ;  on 
ne  peut  en  fonder  de  nouvelles  que  pour  des  enfants  malades  ou 
anormaux. 

Les  écoles  à  plusieurs  classes  sont  dirigées  par  un  maître  élu 
par   ses   pairs   pour  trois   ans   et   rééligible. 

La  Saxe,  qui  dans  l'empire  allemand  fut  le  «  royaume  rouge  >  .. 
reprend    dans    le    Reich    nouveau    sa    place    d'avant-garde. 

{VEcoIe  et  la  Vie,  10-1-1920). 

Les  décrets  relatifs  au  traitement,  au  classement  et  à  i  avance- 
ment du  personnel  de  l'enseignement  secondaire,  trop  longs  pour 
être  reproduits  ici,  ont  paru  dans  le  Bulletin  de  l'Instruction 
Publique   du   29   novembre    1919. 

AGRÉGATION   D'ANGLAIS 
Programme  pour  1920 

1.  L'édition  Braybrooke,  de  Pepys,  étant  épuisée,  le  texte  pres- 
crit sera  : 

Pepys'diary.  Edition  Everyman,  jusqu'au  31  décembre  1665, 
c'est-à-dire   le   prenîier  volume  en   entier. 

2.  Le  passage  du  Hudibras  de  Butler,  inscrit-  au  programme,  ne 
comprend  que  les  deux  premiers  chants  de  la  première  partie, 
et  non  la  première  partie  entière. 

Session  spéciale  en  1920  pour  les  agrégations  de  l'enseignement 
secondaire  et  le  certificat  d'aptitude  à  renseignement  des  langues 
vivantes. 

Arrête  : 

Une  session  spéciale  s'ouvrira  en  ly20  pour  les  agrégations  de 
l'enseignement  secondaire,  et  le  certificat  d'aptitude  à  l'enseigne- 
ment  des   langues   ^•ivanles. 

Pour  l'agrégation  des  langues  vivantes,  les  certificats  d'apti- 
tude à  l'enseignement  des  langues  vivantes,  le  lundi  28  juin  1920. 

Art.  2.  Le  nombre  des  candidats  à  recevoir  à  ces  concours  ne 
sera  pas  fixé  à  l'avance  ;  il  ne  pourra  toutefois  dépasser  les  deux 
tiers    des    admissibles    aux    épreuves    orales. 

Art.  3.  Seront  seuls  admis  à  se  présenter  à  la  session  spéciale  : 

1°  Les  candidats  qui  ont  échoué  ai'X  épreuves  écrites  ou  orales 
à   la   session    sjjéciale   d'octobre    1919  ; 

2"  Les  candidats  mutilés  ou  réformés  de  guerre,  quelle  que  soit 
la  date  à  laquelle  ils  ont  été  rendus  à  la  vie  civile,  à  titre  tem- 
poraire  ou    définitif  ; 

3"  Les  candidats  qui  comptaient  deux  ans  au  moins  de  présence 
sous  les  drapeaux  au  moment  de  la  signature  de  l'armistice. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  73 

Art.  4.  La  dispense  du  diplôme  d'études  supérieures  prévue 
par  l'arrêté  du  15  mars  1919,  sera  maintenue  aux  candidats  qui 
prendront  part  au  concours  spécial  de  juillet  1920  et  leur  demeu- 
rera  acquise  pour  les   concours   ultérieurs. 

Art.  5.  Dans  chaque  concours  spécial  les  candidats  mutilés  ou 
réformés  seront  l'objet  d'un  classement  à  part  pour  l'admissibilité 
aux  épreuves  orales  et  seront  présentés  hors  rang  pour  l'admis- 
sion  définitive. 

Art.  6.  Les  candidats  déclarés  admissibles  aux  concours 
d'agrégation  à  la  session  spéciale  d'octobre  1919  conserveront  le 
béttéfice   de   cette    admissibilité. 

Art.  7.  Les  inscriptions  des  candidats  seront  reçues,  au  secré- 
tariat de  chaque  académie  et  au  secrétariat  de  la  direction  géné- 
rale de  l'enseignement  public  en  Tunisie  du  1''''  mars  au 
17   avril   1920. 

Les  programmes  de  juillet  sont  des  programmes  réduits, 
empruntés  à  ceux  de  la  session  normale,  que  nous  avons  déjà 
publiés  (L.  'M.,  1919,  p.  180).  Nous  nous  bornons  donc  à  indiquer 
ci-dessous  les  suppressions  ou  modifications  apportées  aux  pro- 
grammes  complets. 

Agrégation  d'allemand 

Supprimer,  dans  l'Histoire  de  la  Civilisation,  le  premier  alinéa 
(les  dieux  germaniques),  et  dans  l'Histoire  de  la  Littérature,  sup- 
primer, dans  le  premier  alinéa,  la  litlera  b),  Lenz,  der  Hofmeis- 
ter  ;  et,  dans  le  troisième  alinéa,  littera  b),  supprimer  Bilder 
der  Sehnsucht. 

Erratum.  —  Novalis,  Heinrich  von  Ofterdingen,  lire,  2"  partie, 
au  lieu  de  12^  ; 

Walter  Rathenau,  Von  konimvnden  Dingen,  pages  25  à  151,  au 
lieu  de   85   à   151  ; 

Goethe,   Jubilaiimausgabe,   tome   39,   au   lieu   de  tome   31. 

Agrégation    d'anglais 

Supprimer  le  premier  alinéa  en  entier  :  A.  Les  origines  de  la 
prose    anglaise. 

Agrégation  d'espagnol 

Supprimer  le  premier  alinéa  entier  :  La  littérature  autobiogra- 
phique  en  Espagne  (Santa  Teresa,  Torres  Villanoel,   Azorin). 

Agrégation    d'italien 

Les  suppressions  portent  sur  les  textes  indiqués  pour  les  expli- 
cations orales,  à  savoir  : 

Enéide,   liv.  VI.   supprimer  les   vers   295   à   336  : 

Paruta,  pages  295  à   316  ; 

Cl.  Baretti  et  F.  de  Sanctis,  en  entier. 

Certificat    secondaire    d'allemand 

Supprimer   Walther   Rathenau,    Von    komnienden    Dingen. 

Certificat    secondaire    d'anglais 

Supprimer  Pepys's  Diary,-  et  Stevenson,  An  Inland  Voyage. 
Sont  donc  maintenus  les  textes  de  Shakespeare,  Byron,  Hazlitt 
et  Th.  Hardy. 

A  la  session  d'avril,  les  quatre  auteurs  sont  Shakespeare,  Byron» 
Stevenson  et  Th.  Hardy. 


74  LES   LANGUES   MODERNES 

Certificat    secondaire   d'espagnol 
Supprimer  Azorin. 

Certificat   secondaire   d'italien 

Supprimer    Fogazzaro. 

Certificat  d'aptitude  au  professorat  des  langues  vivantes  dans 
les   écoles  normales   et   les   écoles  primaires  supérieures. 

Les  candidats  au  certificat  d'aptitude  au  professorat  des  lan- 
gues vivantes  dans  les  écoles  normales  et  les  écoles  primaires 
supérieures,  admissibles  à  la  session  d'examen  de  1919  et  qui, 
aux  termes  de  la  circulaire  ministérielle  du  5  avril  1919,  conser- 
vent le  bénéfice  de  l'admissibilité  pour  les  deux  sessions  sui- 
vantes, seront  interrogés,  à  l'exclusion  de  toute  autre,  sur  la 
liste  d'auteurs  prévue  pour  la  session  à  laquelle  ils  demanderont 
à   subir  de   nouveau  les   épreuves   orales. 

Examen  du  certificat  d'aptitude  à  l'inspection  des  écoles  pri- 
maires et  à  la  direction  des  écoles  normales. 

La  liste,  fixée  par  l'arrêté  du  11  décembre  1916,  des  œuvres  et 
des  auteurs  à  expliquer  à  l'examen  du  certificat  d'aptitude  à 
l'inspection  des  écoles  primaires  et  à  la  direction  des  écoles 
normales,   est  maintenue  pour  l'année   1920. 

Brevet  supérieur 

Arrêté  fixant  pour  une  période  de  quatre  ans,  à  partir  de 
1920  ;  la  liste  des  auteurs  étrangers  à  expliquer  dans  toutes  les 
académies. 

LANGUE     ALLEMANDE 

AV.   Heinrich   Riehl.  —  Burg   Neideck. 

Gœthe.  —  Gefunden.  —  Mignon.  —  Der  Sànger.  ■ —  Schàfers 
Klagelied. 

Schiller.  —  Das  Mddchen  aus  der  Fremde.  —  Die  Teilung  der 
Erde.  —  Der  Handschuh. 

Heine.  —  Die  Grenadiere.  —  Die  Lorelei. 

Chamisso.  —  Das  Schloss  Boncourt.  —  Die  alte   Waschfrau. 

LANGUE     ANGLAISE 

Washington    Irving.   —   Rip   van    Winkle. 

Longfellow.  —  The  Raini/  dai/.  —  Curfew.  —  DayhreaU.  — •  The 
Arrow  and  the  Song.  —  The  Windmill.  —  The  Lighthouse.  — 
The    Village   Blarksmith.   —   A    Psalm    of   Life 

Wordsworth.  —  The  Rainbow.  —  The  Daffodile.  —  To  the 
Cuckoo.  —  The  Solitarg  Reaper. 

Campbell.  —  The  Soldier's  Dream.  —  Hohenlinden.  — .  The 
Alariners   of  England. 

Tennyson.  —  The  Sailor  Boij.  —  The  Charge  of  the  Light 
Brigade. 

LANGUE     ESPAGNOLE 

Choix  de  fables  de  Samaniego  et  de  Iriarte  (collection  Mérimée), 
de  la  page  119  à  la  fin 

Lecturas    espanolas    moderiias  : 
Espronceda.  —  La  pala  de   palo. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  75 

Buque   de   Rivas.   —  El   ventero. 

Fernan   Caballero.  —  La  suegra  del  diablo. 

Antonio   de   Trueba.   —  Lu   biienaventuro. 

Antonio   de  Alarcon.   —  La   buenaoentiira. 

Carlos   Frontaura.   —   Rnbiando. 

Juan   Valera.   —  Joselito   el   seco. 

F^milia  Pardo   Bazan.  —  Nieto  del  Cid. 

José   Echegarav.   —   Cuando    nifio.   —   Recuerdos. 

LANGUE     ITALIENNE 

Glasio.  —  Favole  (cdit.  Sonzogno).  Fav.  I,  XVIII,  XXXVII, 
I.XI,  XCIV. 

Silvio  Pellico.  —  Le  mie  Prigioni.  Ch.  2,  23,  53,  57,  87. 
Manzoni.  —  //  Conte  di  Carmagnola.  Acte  V. 

LANGUE     IIUSSE 

PouchV;iue.  —  La   fille   du  Cajiitaine. 

L.    Tolstoï.   —   Enfance. 

Ivan   Tourgucnief.  —  Les  poèmes   en   prose. 

Décret    relatif   an    recrutement    des   professeurs    chargés    de    cours 
des    lycées   de    garçons. 

Article  premieh.  Les  professeurs  chargés  de  cours  sont  nom- 
més, après  avis  des  recteurs  et  du  Comité  consultatif  de  l'ensei- 
gnement public  (2"  section). 

Art.  2.  Ne  peuvent  être  nommés  professeurs  chargés  de  cours 
que  : 

1"  Les  professeurs  du  jjremier  ordre  des  collèges  comptant 
plus  de  cinq  années  de  service  dont  trois  au  moins  dans  les 
fonctions   de   professeur  ; 

2"  Les  candidats  justifiant  d'une  double  admissibilité  à  une 
agrégation  ; 

3'  Les  professeurs  de  collège  et  les  délégués  dans  les  lycées 
pour  un  service  normal  de  professeur  ayant  exercé  pendant  deux 
ans  à  l'un  ou  à  l'autre  titre  et  qui  jutifient  : 

Soit    de  l'admissibilité   à   l'agrégation. 

Soit   du   grade  de   docteur. 

Soit  de  la  licence  es  lettres  et  du  certificat  d'aptitude  à  l'ensei- 
gnement des  langues  vivantes. 

Art.  3.  Les  délégués  mentionnés  à  l'article  précédent  ne  pour- 
ront exercer,  à  ce  titre,  plus  de  deux  ans  dans  les  lycées  si, 
avant  l'expiration  de  ce  délai,  ils  ne  justifient  pas  soit  de  l'admis- 
sibilité à  une  agrégation,  soit  du  grade  de  docteur,  soit  de  la 
licence  es  lettres  et  du  certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des 
langues  vivantes  ;  ni  nlus  de  trois  ans  si,  satisfaisant  à  une  de 
ces  conditions,  ils  n'ont  pas  été  nommés  professeurs  chargés  de 
cours. 

Art.  4.  Les  dispositions  du  décret  du  21  février  1897,  demeu- 
rent  applicables    aux    professeurs    chargés    de    cours. 

Art.  5.  Les  professeurs  chargés  de  cours  ayant  été  l'objet  d'une 
nomination  dans  les  conditions  prévues  à  l'article  4  du  décret  du 
13    mai    1905,    conservent   toutes    leurs    prérogatives. 

Art.  6.  Par  dérogation  transitoire  aux  articles  2  et  3  ci-dessus 
pourront  également,  après  avis  du  Comité  consultatif  de  rensei- 
gnement  public   (2«   section),   être   nommés   professeurs   chargés    de 


76  LES   LANGUES    MODERNES 

cours  les  professeurs  adjoints  et  les  professeurs  délégués,  licen- 
ciés ou  certifiés  qui,  au  cours  de  la  guerre  1914-1919  auront  été 
chargés  d'un   service  complet  de  professeur  dans  un  lycée. 

La  durée  de  cette  délégation  devra  être  de  trois  ans  pour  ceux 
qui  comptaient  déjà  deux  années  de  services,  et  de  quatre  ans 
pour  ceux  qui  ne  justifient  d'aucun  service  antérieur.  Les  délé- 
gués licenciés  ou  certifiés,  qui  auront  été  chargés  pendant  la 
guerre  d'un  service  normal  de  professeur  dans  un  collège,  pour- 
ront, après  avis  du  Comité  consultatif  de  l'enseignement  public 
(2'  section),  être  nommés  professeurs  chargés  de  cours  s'ils 
comptent  cinq  années  de  services  dont  quatre  au  moins  dans 
les  fonctions   de  professeur. 

Art.  7.  Sont  abrogées  toutes  les  dispositions  contraires  au  pré- 
sent décret  et  notamment  les  décrets  des  13  mai  1905,  23  juillet 
1911   et   9  mai   1919. 

Arrêté  fixant  les  dates  des   concours   de   l'enseignement  secondaire 

en   1920. 

I.  Enseignement  secondaire  des  jeunes  filles 

Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  secondaire  des  jeunes 
filles  (1"  partie)  et  admission  à  l'Ecole  normale  supérieure  de 
Sèvres  :  le  lundi   14  juin,  au  chef-lieu  de  chaque  académie. 

Inscriptions,  2  février  au  3  avril,  au  secrétariat  de  chaque 
académie. 

Agrégations  de  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles  et 
examen  du  certificat  d'aptitude  (2"  partie).  Session  normale  :  le 
lundi   21   juin,   au   chef-lieu   de   chaque   académie. 

Inscription,  du  1"  mars  au  30  avril,  au  secrétariat  de  chaque 
académie. 

II.  Enseignement  secondaire  des  garçons 
(Session  normale  et  session  spéciale). 

Agrégations  des  langues  vivantes  (anglais,  allemand,  espagnol 
et  italien),  certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des  langues 
vivantes  dans  les  lycées  et  collèges  (anglais,  allemand,  espagnol 
et  italien)  et  certificat  d'aptitude  au  professorat  des  classes 
élémentaires:  le  lundi  28  juin,  au  chef-lieu  de  chaque  académie, 
ainsi    qu'à   Bastia,   Constantine,    Oran    et   Tunis. 

Inscriptions,  au  secrétariat  de  chaque  académie  et  au  secré- 
tariat de  la  Direction  générale  de  l'enseignement  public  en 
Tunisie,  du  1"  mars  au  17  avril. 

Circulaire   relative   aux  frais   de   déménagement    à    déduire    dans 
l'établissement   de   l'impôt  général   sur  le   revenu 

Lorsqu'un  fonctionnaire  a  changé  de  résidence  soit  dans  l'inté- 
rêt du  service,  soit  pour  cause  d'avancement,  les  frais  de  démé- 
nagement que  lui  a  occasionné  son  déplacement  doivent  être 
considérés  comme  une  charge  de  la  fonction  et  déduits,  à  ce 
titre,  du  montant  brut  de  ses  émoluments  tant  pour  l'assiette  de 
rimpôt  sur  les  traitements  et  salaires  que  pour  l'établissement 
de   l'impôt   général    sur   le    revenu.   » 

En  contre-partie  de  ce  dégrèvement  d'impôt  les  fonctionnaires 
devront  faire  état  dans  la  déclaration  de  leur  revenu  de  l'indem- 
nité  de   déplacement   qui    peut    éventuellement    leur   être   accordée. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  /  / 

Certificat  secondaire  d'allemand  (Versions  orales) 
I 
Die  Last  jugcudlicher  Unbesoniienhcit  lag  schwcr  auf  Mira- 
beau ;  die  Verschwendung  seines  Vermôgens  bùszte  er  desto 
hàrter.  je  unbiegsamer  sein  stolzer  Geist  den  einzigeu  Weg 
verschmàhte.  dei-  an  einem  verderbten  Hofe  zu  Wiirden  und 
Reichtûmern  fùhrt.  Irrend  durch  Europa,  oft  gezwungen  von 
seiner  Feder  notdiirftigen  Unterhalt  zu  entlehnen,  war  Freiheit 
sein  Thema.  und  Biirgergliick  der  Eudzweck  aller  seiner  Schriften. 
Sein  Vaterland  behielt  jederzeit  seine  eifrigsten  Wùnsehe,  und 
bei  alleni  was  er  tat,  verlor  er  es  nie  aus  deni  Auge  :  allein  auch 
in  andern  Staaten  predigte  er  laut.  was  er  dachte,  was  er 
empfand.  vias  er  fiir  das  allgemcine  Wohl  fur  uneutbehrlich 
oder  zutràglich  hielt.  Mit  prùfendem  Blicke  sichtete  er  ûberall 
die  Menschen  um  sich  her  ;  es  war  ihm  gegeben,  tief  in  ihr  Herz 
zu  schauen  und  ihren  Verstand  auf  die  Feuerprobe  des  seinigen 
zu  bringen  ;  sein  Urteil  traf  sicher  und  scharf.  Mit  der  Gabe,  das 
Ganze  zu  umfassen  und  zu  durchdringen,  verband  er.  was  nur 
deni  Génie  niôglich  ist  :  jenes  Ausharren,  das  die  kleinsteu 
Bestandteile  einer  Wissenschaft  oder  eines  Zweiges  voni  men- 
^chlichen  Wissen  erschôpft,  so  gelang  es  ihni  mit  grûndlichen 
und  weit  umhergreifenden  Vorkenntnissen,  in  der  Bahn  des 
Staatsmanns  Kenntnisse  vom  gegenwârtigen  Zustande  unsers 
Weltteils  zu  sammeln,  die  vor  ihm  nicmand  so  vollstandig 
2usammengetragen  und  so  fruchtbar  fur  die  Politik  geordnet 
batte.  Seine  Schriften  uber  unzàhlige  Gegenstiinde  der  Finanzen, 
der  Politik,  der  Rechtspflege  tragen  eben  dièses  Siegel  der  tiefen 
Einsicht.  des  reifen  Urteils  und  der  mannigfaltigsten.  durchdach- 
testen   Kenntnis. 

II 

Im  Allgau  an  den  Quellbâchen  der  Hier  und  weiter  ôstlich  in 
den  Jjayrischen  Alpen  erhebt  sich  der  Boden  uuseses  Reichs  wie 
nirgends  sonst  bis  iiber  die  Schneegrenze.  Hier  allein  jagt 
man  die  Gemse.  wohneu  halbnomadisch  die  Sennhirten  in 
wettergebraùntem  Blockaus  nur  sommersiiber  auf  der  grùnen 
Alpmatte.  die  sich  einschaltet  zwischen  die  schneedebeckten 
Zinnen  des  Hochgebirgsgrates  und  die  tannendunkle  Zone  der 
unteren  Gehangestufe.  Auch  dièse  wird  haufig  unterbrochen  vom 
lichteren  Griin  der  Weidelânderei.  wiihrend  Feldfluren  ganz 
zuriicktreten  im  Landschaftsbild,  beschriinkt  gewôhnlich  auf  die 
Talsohlc  in  der  Umgebung  der  Dorfschaften.  Tiefer  Xaturfriedcn 
lagert  iiber  dem  Ganzen.  Rinderzucht  ncbst  Waldwirtschaft 
ernahrt  cine-  spiirliche  Anzahl  geniigsamer  Menschen.  Gleichviel 
ob  Schwaben  im  Westen,  Baycrn  itn  Osten.  —  die  .\lpeunatur 
drûckt  den  Bewohnern  ganz  gleichartigen  Stempel  auf.  Gesund- 
heit  und  Kraft  spricht  ihnen  aus  dem  .Antlitz.  aus  dem  riistigeu 
Gang,  selbst  auf  schwindeldem  Pfad  an  jaher  Fclswand.  Stets 
von  Gefahr  bedroht  durch  ùbermenschlichc  Màchte.  ist  der  Alpler 
?in  aufrichtig  frommer  Mensch,  nur  kein  Kopfhanger.  Das 
erhebende  Bewusztsein  des  Gelingens,  der  Uberwindung  von 
Gefahren  ist  hier  mchr  als  anderwarts  in  Deutschland  mit  den 
einfachsten  .Arbeiten  verbunden.  mit  dem  Nicderbringen  einer 
Kôtze  (1»  Heu,  dem  Holzflôszen.  dem  Botenweg.  Das  stimmt  zur 
Frôhlichkelt.  die  sich  im  Echo  weckenden  Juchzer  und  Jodicr 
Luft  macht,  genahrt  von  der  korpcrlichcn  Frische  in  dieser 
herrlichen,   Gesundheit    spendenden    Natur. 

1)   Riickentragkorb. 


78 


LES    LANGUES   MODERNES 


Compositions  données  au  Baccalauréat 
ALLEMAND 

BRIEF     EIXES     JUNGEN     OFFIZIERS    AN     EINEN     FKEUXD 

L  Er  erzâhlt,  er  habc  einen  kiirzen  Aufenthalt  in  Reims  ge- 
iionimcn  und  die  zertrùmnierte   Domkirche  gesehen. 

Er  klagt  ùber  den  Verlust  eines  so  wunderbaren  Gebàudes  der 
mittelalterlichen  Kunst,  woraiif  die  ganze  Kunstwelt   so  stolz  war. 

IL  Er  erwiihiit  dabei  der  bistorisehen  Erinneruiigen,  die  sich 
daran  knùpfen  (Salbung  iinserer  Kônige.  Johaiiiia  d'Arc  und  Karl 
der  siebente   u.   s.  w.). 

IIL  Das  Munster  >\ird  vermutlich  nicht  wiederaiifgebaut 
werdeu.  Es  soll  ewig  in  Trummern  da  stchen,  ein  Zcuge  der 
Barbarei   und  der  Zerstôrungswut   der  modernen  Vandalen. 

ITALIEN 

EROISMO    d'un    CANE    DI    TEHHANOVA 

Un  piroscafo,  spinto  dalla  tempesta  vei'so  una  costa  irta  di 
scogli,  sta  per  perdersi  con  tutti  i  passeggeri,  in  vista  d'un  porto. 
Taie  è  l'uragano,  tali  i  niarosi,  ehe  nessun  marinaio  puô  arris- 
c-hiarsi  a  portare  a  terra,  nuotando.  il  cordame  che  potrebbe  ser- 
vire   al    salvataggio.  •       , 

Il  cane  d'un  passeggere.  un  coraggioso  terranova,  ubbidendo 
al  suo  padrone,  si  butta  in  acqua  col  cordame  in  bocca.  A  varie 
riprese  sta  per  cssere  travolto  dalle  onde  e  per  atïogare,  ma  lotta 
animosamente.  Dalla  riva,  due  jjescatori  assistono  meravigliati  ai 
suoi  sforzi  ;  quando  lo  vedono  abbastanza  vicino  e  in  pericolo  di 
esser  vinto  dalla  violcnza  délia  correute,  si  slanciano  verso  lui.  c 
raccolgono   la  corda. 

La  nave  è  salvata  ! 

Descriveretc  tre  niomciiti  del  dramma  :  discussioni  tra  marinai 
e  j)asseggeri  di  fronte  al  pericolo  ;  —  eroismo  del  cane  ;  —  gioia 
dei    passeggeri    salvati. 

ESPAGNOL 

LA    COHBATA    DE    MARK    TWAIN 

Mark  Twain,  el  célèbre  huniorista  americano,  regresa  una  ma- 
nana  a  casa  sin  corbata. 

La  senora  Twain,  que  nota  en  seguida  este  descuido,  lamenta 
que  su  senor  esposo  baya  \isitado  a  sus  amigos  Stowes  sin  haberse: 
tomado   el   trabajo   de   anudar   una   corbata. 

La  misma  tarde  recibe  la  sciiora  Stowes  una  cajita  en  que  iban 
una  corbata  ncgra  y  una  carta  de  Mark  Twain  rogando  a  la  des- 
tinataria  le  devuelva  la  corbata,  despues  de  haberla  guardado 
cuanto  tiemjx)  habia  |)ennanecido  el  humorista  durante  su  visita 
de  la   manana. 

ANGLAIS 

An  .\merican  soldier,  back  in  America  from  the  battle-fields  of 
France  writes  to  a  Frencb  comrade-at-arms  to  tell  bim  bow  glad 
and   i)i-oiid    he   is  tbat    America   took   lier  sliare    in   the  conflict. 

America,  at  lust,  did  not  uiuUrstand  the  moral  causes  implicd 
in   the  war.  But    slie  icarnt   lo  know   tbem. 

She  crcated  a  buge  army,  built  a  large  fleet,  intensified  her 
indu  striai  production,  gave  away  her  mmiey  in  loans,  in  Works 
of  help  and   assistance,  ungrudgingly. 

Finally  her  sons  came  o\er  and  fought  \aliant  by  the  side  of 
the  French   iicrr-soldiers,  for  victory. 

Série  li,  I*aris. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  79 

alle:\iand 

Wariin    soll    das    Elsasz    Frankreich    gehôren  : 

1"    Geschichtliche   Grùnde. 

2''    Feste   und  beharriiche  Treue   dei'   Elsiisser   gegen    Franki'eith. 

3°  Liebe  der  elsâssischen  Bevôlkerung  zur  Selbstiindigkeit. 

Schlusz  :  das  Elsass  fordert  es,  wiedcr  ein  Teil  Frankreichs 
zu  werden,  es  musz  ihm  von  Rechtswegen  —  deii  Ansichten  des 
Pràsidenteii  Wilson  gemasz   —  nicht   abgeschlagen   werden. 

ANGLAIS 

One  of  your  Euglish  friends  bas  sent  yoii  a  letter  in  whicb  tbe 
traditional  arguments  against  tbe  Channel  Tunnel  are  stated. 
In  your  answer  you  try  to  sbow  bim  bow  tbe  situation  bas  been 
altered  by  the  war  and  what  benefits  botb  countries  would 
economically  as  well  as  intellectually  dérive  from  tbat  master- 
piece  of  engineering. 

ESPAGNOL 

<.  Que  obra  de  las  clâsicas  castellanas  estudialas  pur  \'.  le  ha 
gustado  nias  ? 

Diga  V.  las   razones. 

ITALIEN 

Le  foreste.  La  loro  utilità  :  principali  alberi  e  aniniali  che  vi 
s'incontrano. 

Paris,  Série  D. 

Compositions  données'à  Bordeaux  (séries  B  et  D) 

A  3'oung  brotber  of  yours  is  discouraged  bccausc  be  does  not 
succeed  in  bis  work  as  quickly  as  he  would  likc.  You  Write  to 
him,  in  order  to  encourage  him  and  urge  bim  to  persévère.  Speak 
to  him  about  the  English  proverb  :  <•  Rome  was  not  built  in  a 
day  »,  and  comment  it  for  him.  Sbow  him  the  truth  of  it  : 
1"  in  school-life  ;  2"  in  business  and  trade  ;  3"  even  (if  you  like) 
in  tbe  life  of  a  nation  and  its  institutions.  Througb  ail  your 
letter,  insist  on  the  necessity  of  those  qualities  which  are  consi- 
dered  as  especially  English,  but  may  be  F"rencb  also  :  persévé- 
rance  and   encrgy. 

Un  bermano  de  V.  esta  desalentado  porque  no  tiene  en  sus 
estudios  el  éxito  que  desea.  —  V.  le  escriljc  para  animarle, 
explicàndole  el  refrân  que  dice  que  no  se  bizo  Roma  en  un  dia. 
En  la  vida  del  joven  escolar,  en  cuanto  emprende  cl  bombre,  en 
el  desarroUo  de  una  naciôn,  se  précisa  paciencia,  sufrimiento, 
disciplina   v   orden. 

*** 

Einer  deiner  Briider  ist  entmutigt,  wcil  es  ihm  in  der  Schule 
nicht  gelingt,  wie  er  es  wiinscht.  Du  schrcibst  ihm,  um  ihm 
Mut   einzutlôszen. 

Erklâre  ihm  das  Sprichwort  :  •<  Rom  wurdc  nicht  i.i  einem 
einzigen  Tag  gebaut.  <>  —  In  dem  Leben  des  Scbùlers,  in  allem 
was  der  Mensch  unternlmmt  —  in  der  Entwickelung  einer 
Nation  selbst  sieht  man,  dasz  Geduld  und  Ausdaucr,  Zucht  und 
Ordnung  nôtig  sind. 


80  LES   LANGUES    MODERNES 


BIÎSUCH    EIXEn     MARINEAUSSTELLUXG 


Die  anziehendsteii  Schenswiirdigkciten  :  Modelle  von  Kriegs- 
und  Handelsschiffen  in  verkleinertem  Maszstab  ;  aile  Gegenstànde 
die  zur  Ausriistuug  solcher  Schiffe  nôtig  sind,  sowie  auch  fiir  das 
Fischen  und  die  Seesports  ;  wirkiiche  Schiffe,  von  fremden 
Regierungen  hergesaudt,  die  ueben  den  frauzôsischen  Schififen 
vor  Anker  liegen.  Herbeistrômende  Menge  der  Besucher.  Zweck 
dieser  Ausstelluug  :  das  bisher  zu  laue  Interesse  der  Franzosen 
tûr  das  Seewesen  und  fiir  die  Erweiterung  unseres  Wirkungs- 
kreises  zu  wecken  und  zu  steigern. 

AX    AFTERXOOX    IX    A    MARITIME    EXHIBITIOX 

Describe  the  great  attractions  —  niodels  of  menof-war  or 
cargo-boats  ;  ail  that  pertains  to  sailing,  fishing,  sea-sports.  Real 
ships  too  sent  by  the  foreign  goveruments.  side  by  side  with  the 
French  ships.  The  crowding  of  visitors.  The  object  of  the  exhi- 
bition :  to  make  the  French  interested  in  naval  affairs  and  our 
expansion  abroad  ;  two  things  which  they  hâve  uot  till  now 
paifl  sufficicnt  attention  to. 

Compositions  données  à  Rabat.  Séries  B  et  D. 

Communiqué  par  M,  Grémilly,  Collège  Gouraud,  Rabat. 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII^,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

1.  Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  Ofr.50  la  ligne. 

2.  Nos  correspondants  sont  prévenus  que  la  composition  des  Petites 
Annonces  des  Langues  Modernes  est  arrêtée  le  15  de  chaque  mois. 


1.  Professeur  diplômé  (Oxford),  veut  recevoir  pensionnaires  dans  sa 
maison.  Vie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Références 
excellentes.  S'adresser  :  M.  a!,  28,  Woodbastwich  Road,  Sydenham, 
Londres. 

2.  On  achèterait  d'occasion.  Chamber's  Cyclopœdia  of  English  Lite- 
rature,  dernière  édition,  en  bon  état.  Ecrire  :  Louis  Rocher,  prof.. 
Lycée  du  Parc,  Lyon. 


Le  Gérant  :  A.  Coueslant. 
CAHORS,  IMP.  COUESLANT  (persoiuicl  intéressé).  —  22.496 


Dix-huitième  année.  —  N"  2  Mars-AvrîJ   içao 

Les 

Langues  Modernes 
Avis  Important 


Le  Secrélaire  cl  la  Tvésorière  prient  instamment  leurs 
collègues  de  leur  signaler  le  plus  tôt  possible  leurs  change- 
ments d'adresse  ou  de  situation,  seul  moyen  d'éviter  les 
letours,  les  pertes  de  la  Revue  ou  les  erreurs  d'envoi. 

La  Trésorier e  (Mlle  Ledoux,  30,  rue  Chevert,  Paris  vu*), 
informe  les  numbres  de  l'Association  qu'un  compte-courant 
lui  est  ouvert  sous  le  n"  151-11  par  le  bureau  de  Paris.  En 
conséquence,  elle  les  prie  de  vouloir  bien  de  préférence  lui 
envoyer  le  montant  de  leurs,  abonnements  par  chèque  postal. 
Ils  pourront  faire  cette  opération  dans  n'importe  quel  bureau 
de  poste  ;  frais  de  l'opération  :  0  fr..  15.  Ils  épargneront  ainsi 
à  la  trésorière  un  travail  considérable  et  elle  leur  en  sera 
reconnaissante. 

Elle  prie  également  les  membres  de  l'Association  de  bien 
vouloir  lui  envoyer  leurs  cotisations,  sans  attendre  qu'elles 
leur  soient  réclamées  par  la  poste,  ce  qui  sera  fait  à  partir 
du  ï"  mai. 

N.  B.  —  La  cotisation  des  sociétaires  est  de  10  fr.  pour  la 
France,  de  l'f  fr.  pour  l'étranger:  elle  leur  donne  droit  au  ser- 
vice de  la  revue. 

L'abonnement  îi  la  Revue  pour  les  non-sociétaires  est  de 
12  fr.  pour  la  France  et  de  l'i  fr.  pour  l'étranger. 

«  Les  Langues  Modernes  »,  jusqu'à  avis  contraire,  paraî- 
tront six  fois  par  an. 

<>»<>-r : 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Réunions  du   Comité 

Le  Comité  s'est  réuni  le  jeudi  8  janvier  1920  à  2  h.  1/2, 
;iu  parloir  du  Lycée  ^Montaigne,  sous  la  présidence  de 
M.  Pinlocke.  Etaient  présents  :  MM.  Banchet,  Bellec,  Bloch, 
Boussagol,  Brocart,  Mlle  Brunel,  MM.  Carillon,  Cart,  Che- 
men,  Mlles  Clôt,  Demmer,  MM.  Diivergé,  Garnies,  Guillotel, 
d'Hangest,  Jamin,  Mlles  I^atappy,  Ledoux,  MM.  Pinloche  et 
Veillet-Lavallée.  Excusé  :  M.  Montaubric. 

M.  Pinloche  souhaite  la  bienvenue  aux  nouveaux  élus  et 
les  remercie  d'avoir  accepté  d'être  à  la  fois  à  3'honneur  et  à 
la  peine,  au  moment  où  il  faudra  beaucoup  d'énergie  et  de 
dévouement  pour  défendre  à  nouveau  la  cause  des  Langues 
%  ivantes  ;  il  rappelle  que,  malgré  l'article  8  des  satuts  qui 
permet  au  président  d'être  réélu  deux  fois,  l'usage  s'est 
établi  dans  notre  Société,  ainsi  que  le  confirme  d'ailleurs 
M.  Bloch,  de  ne  conserver  ces  fonctions  que  deux  années 
de  suite,  sauf  pendant  la  durée , de  la  guerre,  qui  fut  une 
]>ériode  anormale.  C'est  pour  se  conformer  à  cet  usage  qu'il 
croit  devoir  se  retirer,  malgré  l'aimable  insistance  de  plu- 
sieurs collègues,  afin  de  ne  pas  créer  un  précédent.  Toute- 
fois, il  ijropose,  dès  maintenant,  la  modification  de  cet 
article,  qui  s'impose  si  l'on  veut  qu'il  soit  d'accord  avec  la 
réalité  :  ce  sera  le  meilleur  moyen  d'éviter  des  questions  de 
personne  qui  se  poseraient  nécessairement  un  jour  ou 
l'autre. 

La  règle  étant  également  de  suivre  le  roulement  adopté, 
dès  la  fondation  de  la  Société,  entre  professeurs  d'allemand 
et  professeurs  d'anglais  ou  de  langues  méridionales,  M.  Pin- 
loche déclare  qu'il  y  a  lieu  d'élire  un  candidat  choisi  parmi 
les  professeurs  d'anglais,  et  il  propose  la  candidature  de 
M.  Veillet-Lavallée,  professeur  (l'anglais  à  l'Ecole  Arago, 
ancien  trésorier  de  l'Association. 

La  séance  est  suspendue  pendant  un  quart  d'heure  pour 
le  vote. 

A  la  reprise  de  la  séance,  M.  Bloch,  secrétaire  général, 
proclame  le  résultat  de  l'élection  : 


BULLETIN  DE  l'ASSOCL\TION  83 

Votants  :    2i. 

M.  Veillet-Lavaîlée  :  17  voix. 

M.  Pinloche  :  3  voix. 

Bulletin  blanc  :   1. 

M.  Veillet-Lavallée  est  élu  président. 

Sont  ensuite  élus  à  l'unanimité  : 

Vice-présidents  :  MM.  Cart,  professeur  d'allemand  au 
Lycée  Carnot,  et  Boussagol,  professeur  d'espagnol  au  lycée 
Charlemagne  (en  remplacement  de  M.  Koszul,  nommé  pi'O- 
fesseur  à  l'Université  de  Strasbourg). 

Secrétaire  générai  :  M.  Bloch,  professeur  au  lycée  Hoche. 

Rédacteur  en  chef  du  Bulletin  :  :M.  d'Hangest,  professeur 
au  lycée  Condorcet. 

Trésorière  :   Mlle   Ledoux   (Mlle  Weiller   avait   déclaré    ne 
pouvoir  continuer  à  exercer  les  fonctions    de    secrétaire  — 
et  M.  Cart  s'était  chargé  de  l'intérim  de  ces  fonctions. 

Trésorier-adjoint  :  M.  Bellcc,  i^rofesseur  au  collège  de 
Pontoise. 

Archiviste  :  Mlle  Brunel,  professeur  au  lycée  Fénelon. 

M.  Veillet-Lavallée,  prenant  place  au  fauteuil  présidentiel, 
remercie  ses  collègues  de  la  confiance  qu'ils  veulent  bien 
lui  témoigner.  Il  s'appliquera  à  la  justifier.  Pour  la  pre- 
mière fois,  le  Président  de  l'Association  appartient  aux 
cadres  de  l'Enseignement  primaire.  M.  Veillet-Lavallée  sou- 
ligne cette  innovation  et  veut  y  voir  un  signe  éclatant  de 
l'union  qui  règne  entre  tous  les  professeurs  de  Langues 
vivantes,  à  quelque  degré  que  ce  soit  de  l'édifice  universi-" 
taire.  Les  membres  de  l'Association  appartiennent  en 
énorme  majorité  à  l'Enseignement  secondaire  et  ils  donnent, 
tn  désignant  M.  Veillet-Lavallée  pour  la  Présidence,  une 
marque  de  sympathie  et  de  .sollicitude  à  l'égard  de  leurs 
collègues  de  l'Enseignement  primaire  et  de  l'Enseignement 
technique.  Ceux-ci  en  seront  vivement  touchés.     - 

Cette  manifestation  de  solidarité  professionnelle  a  un 
sens  précis  dans  les  heures  que  nous  traversons.  Des  mesu- 
res hostiles  ont  été  prises  contre  les  Langues  Vivantes  : 
d'autres,  plus  désastreuses  encore,  sont  en  préparation.  Il 
y  a  deux  ans,  la  réforme  du  Brevet  d'études  ])rimaires  supé- 
rieures a  supprimé  les  épreuves  de  Langues  Vivantes  à 
l'oral  de  cet  examen.  Un  examen  de  Langues  Vivantes  sans 
oral,  sanction  d'études  éminenunent  pratiques,  est  chose  à 
peine  concevable.  Dans  le  nouveau  programme  duv concours 
d'entrée  aux  Ecoles  d'Arts  et  Métiers,  les  Langues  Vivantes 
ne   sont   plus   que  facultatives.   Comme   matière    d'enseigne^ 


84  LES   L.^XGUES    MODERNES 

ijient  il  l'intérieur  de  ces  grands  établissements  nationaux, 
(  lies  deviennent  facultatives  aussi.  D'autre  part,  les  projets 
de  réforme  des  Ecoles  normales  d'Instituteurs  et  d'Institu- 
trices n'acceptent  les  Langues  Vivantes  qu'à  titre  faculta- 
tif. Enfin,  on  parle  de  supprimer  le  Brevet  Supérieur.  — 
Nous  observons  donc,  au  lendemain  de  la  grande  guerre 
que  les  Langues  Vivantes,  contre  toute  attente,  sont  l'objet 
d'une  hostilité  marquée.  L'Association  aura  à  cœur  de  lut- 
ter contre  des  mesures  aussi  contraires  à  l'intérêt  national. 

Mais  le  Président  ne  perdra  pas  de  vue  les  questions  si 
importantes  qui  concernent  l'Enseignement  supérieur  et 
l'Enseignement  secondaire  :  la  Réforme  de  la  Licence  et  la 
Réforme  du  Baccalauréat.  Il  suivra  avec  attention  le  déve- 
loppement des  événements  en  consultant  ses  collègues,  afin 
de  faire  toutes  démarches,  toutes  interventions  qu'indi- 
quera l'intérêt  de  notre  cause. 

Soucieux  de  travailler  de  façon  pratique  et  elïicace,  il  se 
maintiendra  en  contact  avec  le  représentant  des  Langues 
Vivantes  au  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  Publique, 
il.  Rançès,  qui  a  une  grande  expérience  de  toutes  les  ques- 
tions qui  nous  touchent,  et  il  s'attachera  à  collaborer  aussi 
jnec  VAssociation  des  Professeurs  de  Langues  Méridiona- 
les, dans  une  action  bien  coordonnée  qui  assurera  ïa 
défense  de  la  cause  commune.  Il  entretiendra  les  relations 
cordiales  qui  ont  toujours  régné  entre  la  Modem  Language- 
Association  de  Grande-Bretagne  et  notre  groupement.  Il 
cherchera  à  en  nouer  d'autres  avec  les  Associations  similai- 
res des  pays  amis.  Enfin,  le  Bureau  suivra  avec  intérêt  et 
sympathie  toutes  les  activités  pédagogiques  de  l'heure 
actuelle,  celle,  entre  autres,  de  la  Société  des  Compagnons. 

M.  Veillet-Lavallée  se  fait  l'interprète  du  Comité  pour 
remercier  M.  Pinlochc  du  travail  assidu  que  ce  dernier  a 
fourni  pendant  deux  ans  dans  l'intérêt  des  Langues  Vivan- 
tes et  de  l'Association. 

M.  Cart  demande  que  la  trésorière  soit  autorisée  à  s'ad- 
joindre une  aide  rétribuée,  au  moment  de  l'envoi  des  quit- 
tances, de  façon  à  ce  que  ce  travail  puisse  être  assuré  sans 
excès  de  fatigue. 

La  proposition  de  M.  Cart  est  adoptée  à  l'unanimité. 

D'autre  part,  M.  Cart  demande  que  les  fonds  de  la 
Société  ne  .soient  jilus  déposés  au  nom  d'une  personne. 
n:ais  au  nom  du  trésorier  dûment  autorisé  par  le  président 
et  jjar  un  vote  de  comité,  de  façon  à  éviter  les  dilUcultés 
qui  pourraient  se  produire  en  cas  de  maladie  du  trésorier  ; 


BUIXETIN   DE  L  ASSOCIATION  Ho 

il  rappelle  les  diflicultés  et  les  ennuis  qu'il  a  eus  pour  reti- 
rer les  sommes  déposées  au  nom  de  Mlle  Weiller  ;  difficul- 
tés qui,  le  cas  échéant,  pourraient  être  bien  plus  graves. 

M.  Jamin  propose  que  les  fonds    soient  déposés  au  crédit 
p.iunicipal  de  Paris  où  ils  rai^porterâient  3  0/0. 

M.  Pinloche  demande  que  les  fonds  soient  déposés  dans 
l'ne  banque  et  que  les.  sociétaires  puissent  y  verser  leurs 
cotisations  par  virement.  M.  Bloch  rappelle  l'organisation 
de.s  comptes  de  chèques  postaux  et  croit  qu'il  serait  utile 
que  la  Société  ait  un  compte  postal,  précisément  pour  faci- 
liter la  rentrée  des  cotisations. 
La  proposition  de  M.  Cart  est  votée  à  l'unanimité. 
M.  Cart  rappelle  que  la  Société  ne  doit  pas  se  désintéres- 
ser du  mouvement  créé  par  les  Compagnons.  C'est  un  grou- 
pement vivant,  ardent,  se  donnant  beaucoup  de  mal  et 
dont  le  travail  doit  être  suivi  et  examiné  de  près.  Beaucoup 
de  nos  collègues  connaissent  à  peine  leurs  théories,  il 
serait  bon  de  convoqua*  une  réunion  pédagogique  pour 
les  discuter,  essayer  de  voir  ce  qu'il  y  a  d'utile  et  aussi 
de  tout  à  fait  contestable  dans  leurs  idées.  Leurs  théo- 
ries sont  d'ailleurs  très  confuses,  ils  paraissent  surtout 
vouloir  tout  renverser,  refuser  toute  vertu  éducative  aux 
Langues  Vivantes,  avoir  une  confiance  absolue  dans  la  cul- 
ture par  le  latin.  Mais  même  sur  ces  idées,  ils  ne  .sont  pas 
d'accord  entre  eux  ;  ils  s'entendent  pour  démolir,  non  pour 
reconstruire. 

.Sur  sa  proposition,  le  comité  décide  d'organiser  une 
rtunion  pédagogique  pour  le  26  février  à  2  heures,  dont  le 
programme  sera  :   Le  problème   de   l'Université   nouvelle. 

M.  Pinloche  quittant  la  séance,  M.  Veillet-Lavallée  le 
remercie  du  dévouement  avec  lequel,  en  des  circonstances 
pénibles  et  difficiles,  il  s'est  consacré  à  notre  Association, 
il  rappelle  que  depuis  seize  ans  M.  Pinloche  lutte  à  nos 
côtés  ou  à  notre  tète,  et  le  Comité  tout  entier  lui  est  recon- 
naissant des  services  éminents  qu'il   nous  a  rendus. 

M.  Jamin  se  joint  à  M.  Veillet-Lavallée  pour  exprimer  à 
M.  Pinloche  toute  la  reconnaissance  du  comité  et  tous  ses 
vreux  de  prompt  rétablissement  de  la  santé  de  Mme  Pin- 
loche. 

M.  Pinloche,  très  touché  de  cette  manifestation,  déclare 
qu'il  ne  cessera  jamais  de  s'intéresser  aux  travaux  du 
flomité  et  qu'il  compte  bien  continuer  à  travailler  avec 
nous  pour  le  plus  grand  bien  de  la  cause  des  Langues 
Vivantes. 


80  LES    LANGUES    MODERNES 

^I.  Veillel-Lavallée  rappelle  que  l'allemand  a  été  sup- 
primé à  l'examen  du  degré  supérieur  du  Certificat  commer- 
cial, et  il  propose  au  Comité  le  vœu  suivant,  tendant  au 
rétablissement  de  cette  langue  : 

«  Attendu  qu'il  est  désirable  de  faciliter  l'accès  du  Cer- 
tificat commercial  —  degré  supérieur  —  aux  candidats 
d'Alsace  et  de  Lorraine-; 

Que  l'intérêt  national  bien  compris  nous  commande  de 
Le  pas  ignorer  la  langue  de  nos  rivaux  industriels  et  com- 
merciaux ; 

Le  Comité  émet  le  vœu  '  que  la  langue  allemande  soit 
admise  dorénavant  au  même  titre  que  l'anglais,  l'italien  et 
l'espagnol  dans  les  épreuves  de  la  1'*  série  du  Certificat 
commercial,    degré    supérieur.  » 

Le  vœu  a  été  adopé  à  l'unanimité. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 


Le  Comité,  réuni  sur  la  demande  de  M.  Rancès,  le  22  février 
1!)20,  au  lycée  Montaigne,  pour  examiner  la  manière  dont 
avaient  été  interprétés  les  résultats  du  référendum  d'avril 
Ifliy  sur  la  réforme  des  épreuves  de  Langues  Vivantes  au 
baccalauréat,  a  constaté  à  l'unanimité  la  régularité  parfaite- 
de  cette  interprétation. 


Adhésions   nouvelles 

yi.  Avraaniide;..  lie  de  Chypre.  —  Mlle  Barrât,  prof.  E.  P.  S. 
garçons.  Pons.  -  M.  Bascan,  prof.  Ecole  .J.-B.  Say,  Paris.  — 
Mlle  Bernard,  prof,  lycée  jeunes  filles,  Bordeaux.  —  M.  .A.-G. 
Bovee,  Head  of  the  Department  of  Freiich  ;  University  of  Chi- 
cago. —  M.  Chauchard,  prof,  collège,  Fécamp.  —  M,  Colens,  prof.- 
lycée,  Poitiers,  —  M.  Combes,  prof,  lycée,  Montauban.  —  Mlle 
tiortot,  prof,  lycée  Molière,  Paris.  —  Mlle  Courtors,  prof.  E.  P.  S., 
.Aubenas.  —  M.  Despont,  Cahors.  —  M.  Dubreuil,  prof,  collège. 
<;holet.  — :  Mlle  Elhel  Duncan,  prof,  lycée  jeunes  filles,  Grenoble. 
—  -M.  Eournery,  prof,  lycée  Louis-le-Grand,  Paris.  —  M.  Forgct»^ 
secrétaire  général  Fédération  des  anciens  combattants  de  l'E.  P.. 
Paris.  —  Mlle  Kegreiss,  ])rof.  E.  P.  S.,  Mulhouse.  —  M.  Kouluhal- 
lifiis,  Helsingfors  (Finlande*.  —  M.  Laurens,  prof,  lycée,  Avignon. 
-  M.  Pierre  Legouis,  prof,  lycée  Ampère,  Lyon.  —  M.  Maillan, 
prof,  lycée,  Toulon.  —  Mlle  Maître,  prof,  lycée  Racine,  Paris.  — 
M.    Malard,   prof.   E,   P.   S.,    St-Calais.  —   M.   Massoii,   prof,   lycée^ 


BULLETIN   DE  l'ASSOCIATIOX  87 

Bourges.  —  M.  Maiirer,  prof,  lycée  Kléber,  Strasbourg.  — 
.M.  Mejcr,  prof,  lycée  Condorcet,  Paris.  —  Mlle  Nonat,  prof.  Châ- 
lous-sur-Marne.  —  Mlle  Oricux.  prof,  lycée,  Orléans.  —  Mlle  A. 
Ott,  prof.  E.  P.  S.,  Mézières.  —  .M.  Parmin,  prof.,  Lisieux.  — 
.M.  Emile  Schwcitzer.  prof,  collège  Chaptal,  Paris.  —  Mlle  Sialticl. 
prof,  à  Paris.  —  Mlle  Terrasse,  prof,  cours  secondaire,  XP  arr.,  Paris. 
—  M.  Théphaine,  prof.  Prytanée  Militaire,  La  Flèche.  —  M.  de  Vos, 
répétiteur,  collège  Eu.  —  M.  G.  Tisseau,  instituteur,  St-Nazaire.  — 
Mlle  Weil,  prof,  lycée  Racine,  Paris.  —  M.  Wilhelm,  prof.  lycée 
Kléber,  Strasbourg. 


L'Etude   de    l'Allemand 

Tous  nos  collègues  savent  que,  depuis  1914,  les  classes  d'allemand 
ont  perdu  une  grande  partie  de  leurs  élèves  au  profit  des  autres 
langues.  Cette  désertion  de  l'allemand  pose  une  question  complexe. 
D'une  part,  les  relations  de  plus  en  plus  actives  qui  s'établissent  entre 
la  France,  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis,  doivent  développer  nécessai- 
rement l'étude  de  l'anglais.  D'autre  part,  il  est  indispensable,  dans 
l'intérêt  du  pays,  que  les  générations  actuelles  continuent  à  appren- 
dre l'allemand  pour  connaître  r.\llemagne.  Il  faut  donc  rechercher 
une  solution  qui  permette  d'établir  un  juste  équilibre  entre  les  deux 
langues,  sans  oublier  non  plus  les  langues  méridionales. 

En  raison  de  l'importance  des  problèmes  soulevés,  le  Comité  a 
décidé  la  création  d'une  Commission  spéciale  chargée  de  les  étudier. 
La  Commission  est  ainsi  composée  :  >L  Delobel,  professeur  d'alle- 
mand au  lycée  Voltaire,  président  ;  MM.  Goy,  professeur  d'allemand 
à  l'école  .L-B.  Say,  Hirtz,  professeur  d'allemand  au  lycée  de  Poitiers, 
plus  un  professeur  d'anglais  et  un  professeur  d'espagnol  à  désigner, 
auxquels  se  joindront,  naturellement,  les  membres  du  Bureau  de 
l'Association. 

La  Commission  s'est  mise  aussitôt  à  l'œuvre  pour  établir  une  docu- 
mentation précise  et  rechercher  les  solutions  sur  lesquelles  doit  por- 
ter l'effort  de  notre  Société.  Le  Comité  prie  tous  nos  collègues  de 
vouloir  bien  l'aider  dans  cette  tâche  en  lui  adressant  tous  renseigne- 
ments et  suggestions  utiles,  en  particulier  sur  les  points  suivants  : 

1"  Situation  comparée  des  différentes  langues  daivs  chaque  établisse- 
ment, en  octobre  191.3  et  en  octobre  1919.  Nombre  des  élèves,  nombre 
des  professeurs  pour  chaque  langue. 

2"  Mesures  des  administrations  locales  ayant  porté  préjudice  à 
l'enseignement  de  l'allemand  :  réunions  de  classes,  réductions  d'ho- 
raires, etc. 

.1°  Raisons  invoquées  par  les  familles  pour  ne  pas  choisir  l'allemand. 

4"  Moyens  à  proposer  :  y  aurait-il  lieu  d'instituer  dans  les  examens 
des  épreuves  de  nature  différente   pour   les  différentes   langues,    afin 


88  LES    LANGUES    MODERNES 

d'établir  entre  elles  plus  d'équilibre  ?  Quelles  seraient  ces  épreuves  ? 
Y  aurait-il  possibilité  d'obtenir  des  élèves  l'acquisition  de  deux  lan- 
gues étrangères  au  minimum  ?  Quelles  modifications  conviendrait-il 
d'apporter  dans  ce  cas  aux  programmes,  aux  boraires,  aux  métbodes  ? 

Prière  d'adresser  toutes  les  communications  relatives  à  ces  ques- 
tions à  M.  Dklobel,  professeur  au  lycée  Voltaire,  33,  rue  Jacob, 
Paris  (6  ). 

Le  Comité. 


Réunion   Pédagogique 

Au  cours  de  la  réunion  pédagogique  où  M.  Rancès,  délégué  au 
Conseil  supérieur,  était  venu  expliquer  la  décision  par  laquelle  sont 
modifiées  les  épreuves  de  langues  vivantes  au  baccalauréat  (1),  M.  l'Ins- 
pecteur Général  Guillaume,  prenant  part  aux  débats,  s'exprima  en  ces 
termes  : 

«  Mes  chkus  Coi.i.kgles, 

«  Cette  discussion  ne  fait  que  confirmer  ce  que  je  savais  déjà. 
Vous  avez  été  émus  de  la  récente  décision  du  Conseil  supérieur. 
Nous  aussi.  Cette  émotion  doit-elle  être  mêlée  d'inquiétude  ?  Je  ne 
le  crois  pas.  Rien  n'est  changé  qu'une  épreuve  d'examen,  et  la  nou- 
velle épreuve  n'est  pas  de  nature  à  affaiblir  notre  enseignement,  ni  à 
en  modifier  l'esprit.  Il  reste  ce  que  l'ont  fait  la  réforme  de  1902  et  dix- 
sept  ans  d'expérience.  C'est  ce  qu'expliquera  prochainement  une  circu- 
laire oflicielle  :  c'est  ce  que  j'ai  tenu  à  venir  vous  dire  dès  aujourd'hui, 
au  nom  de  l'Inspection  Générale  et  de  la  Direction  de  l'Enseignement 
Secondaire.  » 

L'assemblée  vota  eu  outre  l'ordre  du  jour  suivant  : 

«  Les  professeurs  de  Langues  \'ivantes,  assemblés  en  réunion  péda- 
gogique au  Ij-cée  Louis-le-Graud  le  26  février  1920,  après  avoir  entendu 
l'exposé  de  leur  représentant  au  Conseil  supérieur  et  après  une  dis- 
cussion à  laquelle  a  pris  part  M.  l'Inspecteur  général  Guillaume, 
expriment  à  l'unaiiimité  moins  une  voix  leur  conviction  que  les  nou- 
velles épreuves  de  Langues  \'i vantes  au  baccalauréat  ne  changent  rien 
à  l'orientation  et  à  l'esprit  général  de  leur  enseignement.  » 

{1  )   \.v  (Ircrol  li's  instituant  ne  M.Ta  pas  applicable  avant  juillet  l'.i21. 


BULLETIN  DE  l'ASSOCLA.TION'  89 

SecHon  Régionale  de  PoiHers 

Assemblée    générale    du    15    Janvier   1920 

La  S.  R.  de  Poitiers  s'est  réunie  en  Assemblée  générale, 
le  jeudi  15  janvier  1920,  à  10  heures,  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  Poitiers,  sous  la  présidence  de  M.  Castelain,  pro- 
fesseur  à  l'Université   de  Poitiers. 

M.  Audoin,  secrétaire,  donne  lecture  du  procès-verbal  de 
l'Assemblée   générale   du   14   décembre   1919. 

1.  M.  Hirtz,  vice-président,  expose  la  situation  et  rend 
compte  du  mandat  de  M.  Maderan  à  l'Assemblée  générale 
de  l'A.  P.  L.  V.  du  18  décembre   1919. 

Le  secrétaire  général  de  l'A.  P.  L.  V.  s'en  remet  aux  S.  R. 
pour  l'organisation  de  l'enquête  sur  les  géminations.  Les 
renseignements  recueillis  devront  lui  être  envoyés  par  les 
S.  R.   et  il  procédera  au  dépouillement. 

La  cotisation  annuelle  a  été  portée  à  10  francs.  Le  mon- 
tant  de   la   ristourne   est   augmenté   proportionnellement. 

2.  Refonte   des  Programmes. 
^I.  Sauvage  prend  la  parole. 

11  pose  la  question  telle  qu'elle  est  formulée  par  le  ques- 
tionnaire  de   rA3. 

1.  Estimez-vous  que  l'on  ait  abusé  de  la  méthode  directe  ? 

2.  Estimez-vous  que  dans  l'intérêt  de  la  culture  humaine 
et  française,  et  pour  obvier  à  la  crise  du  français,  il  y  ait 
lieu  de  rétablir  les  exercices  de  thème  et  de  version  ? 

S'apjHiyant  sur  l'étude  de  M.  Cahen  parue  dans  les  der- 
niers numéros  de  la  Revue  Universitaire,  M.  Sauvage  prend 
à  partie  la  méthode  directe.  Elle  crée  une  habitude  de 
divination.  Elle  fausse  les  esprits  en  les  habituant  à  l'im- 
précision. Elle  rend  impossible  l'explication  littéraire  et  les 
résultats  prouvent  qu'elle  est  néfaste  à  l'enseignement  de  la 
'.grammaire. 

M.  Sauvage  demande  que  la  méthode  directe  soit  employée 
d"une  façon   moins   exclusive. 

Il  faul,  dès  les  premières  années,  contrôler  par  une  tra- 
<iuction  rapide  la  compréhension  des  textes  expliqués  ; 
enseigner  la  grammaire  en  français  ;  faire  apprendre  les 
])aradigmes  par  cœur.  Le  thème  doit  être  le  complément 
de  rétiide  de  la  grammaire.  —  Du  reste,  tous  les  concours 
comiKutenl    un    thème.    —    Les    dictionnaires    bilingues    sont 


90  LES   LANGUES   MODERNES 

seuls  utiles  ;  les  dictionnaires  en  langue  étrangère  n'ont 
jamais  rendu   de   services  aux   élèves. 

—  yi.  Hirtz  objecte  qu'en  1902  la  méthode  ancienne  a 
été  combattue  avec  autant  de  vigueur  que  la  méthode 
directe,  actuellement,  et  qu'en  gros  les  reproches  qui  lui 
étaient  faits,  étaient  les  mêmes  que  ceux  que  l'on  fait 
aujourd'hui  à  la  méthode  directe.  —  Il  faut  enseigner,  en 
\ue  de  parler.  Il  est  facile  en  6"  et  en  5"  de  s'en  tenir  à  la 
méthode  directe  exclusive,  le  vocabulaire  à  enseigner 
étant  d'ordre  concret.  En  4*  et  en  3",  l'explication  en  langue 
étrangère  doit  précéder  la  traduction  et  non  la  suivre, 
comme  le  désire  M.   Sauvage. 

M.  Ruyssen  s'oppose  à  cette  façon  de  voir.  Il  faut,  dit-il, 
traduire  d'abord,  pour  ne  pas  semer  en  route  les  élèves, 
faibles,  car  en  4"  et  en  3*  il  y  a  entre  les  élèves  des  différen- 
ces de  valeurs  très  grandes. 

La  discussion  continue,  bientôt  générale.  Devant  la  néces- 
sité de  rédiger  un  vœu  précis  .sur  lequel  il  se  crée  une 
entente  parmi  les  membres  de  la  S.  R.  et  étant  donnée 
l'heure  avancée,  l'Assemblée  décide  sur  la  proposition  de 
M.  Castelain,  de  remettre  la  question  à  la  prochaine 
séance. 

3.  Enquête  au  sujet  des  géniiiiations. 
M.  Hirtz  propose  que  le  questionnaire  suivant  soit  envoyé 

aux  membres  de  la  S.  R. 

l**    Y   a-t-il   eu    dans   votre   établissement   des   géminations. 
de  classes  ? 
•  2°  Si  oui,  sur  quelles  classes  ont-elles  porté  ? 

3°   Eft'ectif  de  chaque  classe  géminée. 
Effectif  total  obtenu  pour  le  groupe. 

4"  Y  a-t-il  eu  en  même  temps  des  réductions  d'horaires, 
et  lesquelles  ? 

Les  réponses  seront  envoyées  au  secrétaire.  Le  projet  est 
adopté  à  l'unanimité. 

4.  Questious   diverses. 

Sur  la  proposition  de  M.  Hirtz,  il  est  décidé  que  les  étu- 
diants d'anglais,  d'allemand  et  d'espagnol  de  la  Faculté  des     ^l 
Lettres  seront  invités  à  faire  partie  de  la  Section  Régionale 
à  titre  d'adhérents,  n'ayant  pas  voix  consultative.  Ils  auront      )J 
à   verser  une  cotisation   d'un   franc   pour   frais   de   convoca- 
tions aux  Assemblées. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  91 

Prochaine   Assemblée    Générale 

La  prochaine  Assemblée  générale  est  fixée  au  dimanche 
8  février  1920,  à  10  heures,  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Poitiers. 

La  séance  est  levée  à  midi  15. 

Le  Secrétaire  :  H.  Audoin.  Le  Président  :  L.  Castelaix. 

Poitiers,  le  15  janvier  1920. 


Assemblée  générale    du    8    Février    1920 

La  section  régionale  de  Poitiers  s'est  réunie  en  Asseni- 
hlée  générale  le  dimanche  8  février  1920,  à  10  heures  à  la 
laculté  des  Lettres  de  Poitiers,  sous  la  présidence  de 
M.  Castelain,  professeur  à  l'Université  de  Poitiers. 

1.  Exposé  de  la  situation. 

M.  Castelain  donne  lecture  de  la  lettre  qu'il  a  reçue  de 
M.  Veillet-Lavallée,  nouveau  président  de  l'A.  P.  L,  V.  — 
puis  de  la  lettre  par  laquelle  M.  Hirtz  annonce  la  prochaine 
réunion  de  l'A.  P.  L.  V.  fixée  au  12  février  1919,  et  son 
désir  de  connaître  nos  desiderata  pour  les  présenter  à  cette 
réunion. 

M.  Audoin,  secrétaire,  donne  lecture  du  compte  rendu 
de  la  séance   du   15  janvier   1920. 

2.  Refonte  des  Programmes. 

M.  Sauvage  présente  le  vœu  suivant,  qui  est  adopté  à 
l'unanimité  : 

Considérant  que  l'enseignement  des  Langues  Vivantes 
peut  et  doit  avoir  un  double  objet  :  1"  donner  à  l'élève, 
comme  le  demandent  les  instructions  ministérielles  de  1901 
«'  la  possession  réelle  et  efTective  de  la  langue  enseignée  », 
en  vue  de  l'usage  pratique.  2°  Travailler,  concurremment 
avec  les  autres  disciplines,  à  la  culture  spéciale  qui  reste  le 
but  principal   de  notre  enseignement  ; 

Que  de  ces  deux  fins,  qui  ne  sont  en  aucune  manière 
exclusives  IHine  de  l'autre,  la  méthode  directe  n'a  que  très 
incomplètement  atteint  la  première  et  nullement  la 
seconde,  avec  laquelle  près  de  vingt  ans  d'expérience  loyale 
ont  montré  qu'elle  était  nettement  incompatible  ; 

Pénétrés  de  leurs  responsabilités  vis-à-vis  des  élèves  qui 
leur  sont  confiés,  soucieux  de  la  dignité  de  leur  enseigne- 
ment et  désireux  de  lui  assurer  dans  l'éducation  de  la  jeu- 
nesse  française  la   grande  place  qu'il   devrait  mériter, 


92  LES   LAN'ULES    MODEliNES 

Les  professeurs  de  Langues  Vivantes,  membres  de  la  sec- 
tion régionale  de  l'Académie  de  Poitiers,  réunis  en  Assem- 
blée générale  le  8  février  1920,  émettent  à  l'unanimité  les 
vœux  suivants  : 

1  "  Que  les  limites  au  delà  desquelles  l'application  exclu- 
sive de  La  méthode  dirocte  constitue  un  obstacle  au  progrès 
des  études  et  un  danger  pour  la  formation  des  esprits 
soient  le  plus  tôt  possible,  clairement  définies. 

2°  Qu'aucune  doctrine  olïiciellement  imi^osée  ne  vienne 
entraver  désormais  les  libres  initiatives  de  maîtres  qui 
.sont  aussi  dévoués  que  jamais  à  leur  tâche,  et  qui  deman- 
dent à  être  jugés  à  l'avenir,  moins  sur  la  méthode  suivie 
que  sur  les  résultats  obtenus. 

Les  signataires  des  vœux  exprimés  ci-dessus  considè- 
rent que  la  réforme  de  1901,  en  assignant  à  l'enseignement 
des  Langues  Vivantes  un  but  essentiellement  utilitaire  en  a 
fâcheusement  compromis  la  valeur  éducative. 

Ils  constatent  avec  peine  que  les  élèves  de  l'Enseigne- 
ment secondaire  ne  dépassent  guère,  après  sept  années 
détudes,  le  maniement  d'un  vocabulaire  très  élémentaire 
qui  les  laisse  étrangers  aux  formes  les  plus  élevées  et  les 
plus  délicates  de  la  pensée  et  ils  se  demandent  si  un  tel 
résultat  vaut  une  telle  dépense  de  temps  et  d'efforts. 

Ils  souhaitent  que  l'enseignement  des  Langues  Vivantes 
cesse  de  se  proposer  comme  but  unique  l'acquisition  d'un 
utile  instrument  commercial  ou  d'un  talent  extérieur  et 
tout  secondaire,  et,  sans  renoncer  à  la  poursuite  des  résul- 
tats pratiques  qu'on  est  en  droit  d'attendre  de  lui,  vise  à 
devenir,  au  même  titre  que  les  autres  enseignements,  une 
discipline  intérieure  travaillant  à  l'enrichissement  et  à  la 
culture  des  esprits.  Ainsi  le  professeur  de  Langues  Vivan- 
tes cessera  d'être  uniciuement  un  maître  de  langues  pour 
devenir  ce  que  la  méthode  actuellement  en  vigueur  ne  lui 
permettra  jamais  d'être,  —  un   éducateur. 

A  cet  effet  l'Assemblée  propose  : 

1"  Que  l'application  intégrale  de  la  méthode  directe,  suf- 
fisante pour  l'acquisition  du  vocabulaire  élémentaire  et 
concret,  et  excellente  pour  l'éducation  des  organes  vocaux, 
soit  limitée  aux  classes  de  sixième  et  de  cinquième,  sous 
réserve  que  l'enseignement  de  la  granunaire  sera,  dans  ces 
mêmes   classes,   donné   de   façon   systématique. 

2"  Qu'à  partir  de  la  classe  de  quatrième,  le  professeur 
puisse,  toutes  les  fois  qu'il  le  jugera  nécessaire,  recourir 
îui   thème    d'application   et   à   la    version,   exercices    que  les 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  9,') 

instructions  oflicielles  n'ont  d'ailleurs  jamais  formellement 
interdits  et  qui  restent,  malgré  l'usage  trop  timide  qu'on  en 
■u  fait  jusqu'ici,  les  seuls  moyens  efticaces  que  nous  ayons 
de  contrôler  chez  nos  élèves  «  la  possession  réelle  et 
effective   »    des    vocables    et    des    idiomes. 

3°  Que  l'explication  des  textes  littéraires  puisse  se  faire 
en  langue  française,  une  importante  partie  de  la  classe 
demeurant  réservée  aux  commentaires  et  aux  conversa- 
tions en  langue  étrangère.  C'est  une  triste  vérité  que,  à 
l'heure  actuelle,  la  plupart  des  professeurs  de  Langues 
Vivantes  préfèrent  renoncer  à  l'explication  littéraire  plu- 
tôt que  de  se  voir  réduits  à  accumuler  autour  des  plus  belles 
]iages  des  grands  écrivains,  les  puérilités  auxquelles  les 
conduit  fatalement  l'application  exclusive  de  la  méthode 
directe.  Il  peut  d'ailleurs  y  avoir  de  très  sérieux  inconvé- 
nients à  imposer  une  méthode  uniquement  maternelle  à  des 
élèves  de  seize,  dix-sept  ou  dix-huit  ans  que  leurs  profes- 
seurs de  lettres  anciennes  et  de  français  ont  habitués  à  une 
toute  autre   discipline. 

4°  Que  le  professeur  de  Langues  Vivantes  travaille  con- 
jointement avec  ses  collègues  des  autres  enseignements  lit- 
téraires, toutes  les  fois  que  cette  collaboration  sera  possi- 
be,  en  vue  d'assurer  plus  de  cohésion  et  d'unité  à  la  cul- 
ture humaine  que  nos  élèves  attendent  de  nous  et  qui  doit 
être  plus  que  jamais  le  but  commun  de   nos  efforts. 

2.   Questions   diverses. 

—  M.  Sauvage  donne  lecture  d'une  note  relative  aux 
modifications  apportées  par  le  (Conseil  supérieur  de  l'Ins- 
truction Public[ue,  à  l'épreuve  des  Langues  Vivantes  des 
Baccalauréats  des  sections  B  et  D.  —  La  Section  Régionale 
enregistre  avec  satisfaction  cette  décision  d'ailleurs  con- 
forme aux  vœux  qui  avaient  été  exprimés  par  elle  en  mai 
1010. 

—  Au  sujet  de  la  suppression  de  l'enseignement  des 
Langues  Vivantes  dans  les  Ecoles  Normales  d'Instituteurs 
et  d'In.stitutrices,  M.  Guy  propose  le  vœu  suivant,  qui  est 
;idoj)lé    à   l'unanimité. 

La  Section  liégionale  de  Poitiers  de  l'A.  P.  L.  V.,  considé- 
rant : 

1"  (pi'il  est  question  de  rendre  facultatif  et  peut-être  de 
supprimer  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  dans  les 
Kcoles   normales  prinuiires  ; 

2°  qu'on  invoque,  pour  justifier  celte  réforme,   «   l'insigni- 


•94  LES  lan(;lf.s  modernes 

fiance   des  résultats   obtenus,   tant   au   point   de  vue   éducatif 
qu'au   point  de   vue   pratique  »  ; 

3"  que  si  en  eft>t  les  résultats  ne  'sont  pas  toujours  ce 
qu'ils  devraient  être,  il  est  des  cas  où  ils  sont  meilleurs 
qu'on  ne  serait  en  droit  de  l'espérer,  tant  est  réduit  le 
temps  dont  le  professeur  dispose,  et  irrationnelle  l'organi- 
sation de   cet  enseignement  ; 

4°  qu'en  effet,  il  faut  parcourir  en  deux  ans,  et  à  raison 
lie  2  h.  par  semaine,  un  programme  (vocabulaire,  gram- 
maire,  auteurs)   beaucoup  trop   vaste  ; 

5°  qu'en  outre  la  présence  dans  les  mêmes  classes  d'élè- 
ves ayant  déjà  fait  2  et  3  ans  de  Langues  Vivantes,  et  de 
débutants  issus  d'écoles  rurales,  oblige  les  uns  à  des  répé- 
titions ennuyeuses  et  inutiles,  force  les  autres  à  un  travail 
trop  hâtif  et  superficiel,  et  a  les  mêmes  inconvénients  que 
les  géminations  de  classes  dont  se  plaint  avec  raison  l'en- 
seignement   secondaire  ; 

6°  que  dans  ces  conditions  on  ne  saurait  justifier  par 
l'insigniliance  des  résultats  obtenus  aucune  mesure  tendant 
à  réduire  la  part  déjà  insufTisante  faite  à  un  enseignement 
si  utile  par  ailleurs  ; 

7°  qu'il  suffirait  pour  lui  permettre  de  porter  ses  fruits, 
d'une  meilleure  organisation  et  d'une  méthode  moins  défec- 
tueuse ; 

8"  qu'au  moment  où  il  est  question  de  confier  aux  Ecoles 
].rimaires  supérieures  surtout,  la  préparation  des  candidats 
aux  Ecoles  normales,  il  est  logique  et  naturel  de  faire  pour- 
suivre à  ces  élèves  une  étude  à  laquelle  ils  auront  déjà  con- 
sacré 3  ou  4  h.  par  semaine  pendant  3  ou  4  ans  ; 

Considérant,    d'autre    part  : 

9°  qu'à  défaut  du  latin,  l'étude  d'une  langue  étrangère 
étudiée  avec  précision,  oblige  l'esprit  à  des  analyses  et  à 
des  comparaisons  de  sens,  à  toute  une  gymnastique  très 
utile  à  l'intelligence  du  français  ; 

10°  que  c'est  un  des  enseignements  les  plus  propres  à 
ouvrir  l'esprit  à  de  nouveaux  horizons,  à  des  manières  de 
penser  et  de  sentir  différentes  des  nôtres,  et  que  les  élèves 
issus  pour  la  plupart  des  milieux  populaires  ne  soupçon- 
nent même  pas  ; 

11°  que  c'est  aussi  l'un  des  plus  i)roi)res  à  corriger  le 
dogmatisme  auquel  les  expose  l'enseignement  scientifique 
forcément  élémentaire  qu'ils  reçoivent  ; 


I 


BULLETIN'    DE   L'ASSOCIATION  95 

12"  que  la  connaissance  d'une  langue  étrangère  s'impose 
de  plus  en  plus  à  qui  veut  être  de  son  temps  ; 

13°  considérant  enfin  que  la  réforme  des  Ecoles  normales 
s'annonce  très  prochaine,  et  pour  éviter  qu'elle  se  fasse 
sans  qu'on  ait  au  préalable  entendu  la  voix  des  professeurs 
de  Langues  Vivantes, 

Emet  le  vœu  : 

1°  que  l'A.  P.  L.  V.  intervienne  énergiquement  en  favf.'ur 
■d'un  enseignement  menacé,  et  qui  risque  d'être  mal  défendu 
par  le  petit  nombre  des  professeurs  d'Ecole  normale  per- 
dus parmi  leurs  collègues  soucieux  d'obtenir  le  plus  possi- 
ble pour  leurs  propres  enseignements,  et  parmi  les  direc- 
teurs et  les  inspecteurs  chez  qui  prédomine  le  souci  de  la 
préparation    professionnelle  ; 

2°  que  non  seulement  l'enseignement  des  Langues  Vivan- 
tes reste  obligatoire,  mais  qu'il  soit  renforcé  par  l'adjonc- 
tion d'heures  nouvelles  enlevées  à  des  exercices  moins 
éducatifs   ou   trop   favorisés   déjà  ; 

3°  qu'il  soit  réorganisé  de  manière  que  les  élèves  soient 
groupés   en    classes   homogènes  : 

4°  que  l'épreuve  facultative  de  Langues  Vivantes  soit 
rétablie  au  concours  d'entrée  des  Ecoles  normales  ; 

ô"  et  qu'à  titre  de  sanction,  il  soit  ajouté  au  diplôme 
actuel  du  Brevet  supérieur  une  mention  spéciale  de  Langues 
Vivantes  à  partir  d'un   nombre  de  points  à  déterminer. 

Prochaine   Assemblée   Générale 

La  prochaine  Assemblée  générale  est  fixée   au    dimanche 
7  mars,  à  10  h.,  à  la  Faculté"  des  Lettres  de  Poitiers. 
La  séance  est  levée  à  11  h.  30. 

Le  Secrétaire  :  H.  Audoin.  Le  Président  :  Castelaix, 


Section   Régionale    de   Lyon 

La  Section  Régionale  de  Lyon,  dont  la  guerre  avait  dis- 
persé les  membres,  s'est  réunie  de  nouveau  le  jeudi  26 
février  1920  au  Lycée  du  Parc,  sous  la  présidence  de 
M.  Douady,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres,  ancien  pré- 
sident de  la  Section. 

M.  Chaurand,  professeur  honoraire  au  Lycée  Ampère,  a 
rappolé   en    termes  émus  le    souvenir   de    M.    Ritz,    ancien 


96  LES    LANGUES    MODERNES 

secrétaire  de  la  Section,  récemment  décédé  à    Annecy,    des 
suites  d'une  maladie  contractée  au  front. 

Un  bureau  provisoire  a  été  constitué,  comprenant  Mlle 
Mathieu,  professeur  d'allemand  au  Lycée  de  Jeunes  filles, 
vice-présidente  ;  M.  Douadj',  professeur  à  la  Faculté  des. 
Lettres,  président  ;  M.  Legouis,  professeur  d'anglais  au 
Lycée  Ampère,  secrétaire  ;  M.  Chaurand,  professeur  hono- 
raire au  Lycée  Ampère,  trésorier.  La  Section  a  examiné  le 
projet  de  réforme  du  baccalauréat  présenté  par  le  Conseil 
supérieur,  et  qui  consiste,  pour  l'épreuve  écrite  de  langue 
étrangère,  à  remplacer  la  composition  actuelle  par  une 
version  suivie  d'un  thème  d'imitation. 

Elle  s'est  prononcée  énergiquement  contre  l'introduction 
d'un  thème  d'imitation  dans  l'épreuve  écrite.  Elle  a  exprimé 
le  voeu  - —  conforme  aux  résultats  du  référendum  organisé 
par  les  «  Langues  Modernes  j)  —  que  cette  épreuve  consis- 
tât en  une  version,  suivie  d'une  composition  libre  dont  le 
sujet  se  rattacherait  à  celui  de  la  version,  chacun  de  ces 
exercices  ayant  une  note  spéciale. 

Elle  serait  reconnaissante  au  Bureau  de  Paris  de  toute 
démarche  faite  en  vue  d'une  réforme  de  cette  nature. 

Elle  le  prie  de  bien  vouloir,  à  ce  sujet,  lui  fournir  quel- 
ques renseignements  sur  l'avis  exprimé  par  M.  Rancès, 
représentant  des  Langues  vivantes  à  la  dernière  session  du 
Conseil  supérieur  (1). 

Les  vœux  ci-dessus  ont  été  adoptés  par  la  section  régio- 
nale de  Lyon  à  l'unanimité,  moins  une  voix. 


(1)  Voir  page  102  un  article  de  M.   Rancès  répondant  au  vd'U  de   la 
Section  Régionale  de  Lyon.  (N.  D.  L.  R.). 


->m<- 


rabandoa  de  rallemand 

et  les  initiatives  à  prendre 


Les  professeurs  d'allemand  vivant  des  jours  pénibles  ; 
pour  eux,  la  question  du  lendemain  se  pose.  Devront-ils  se 
persuader  qu'ils  ont  consacré  le  meilleur  de  leurs  forces  à 
acquérir  un  savoir  désormais  sans  emploi  ?  Chez  la  plupart, 
sans  doute,  l'émoi  est  grand,  et  si  la  résignation  peut  être  le 
fait  des  professeurs  au  déclin  de  leur  carrière,  les  jeunes 
ou.  ceux  qui  sont  dans  la  force  de  l'âge  éprouvent  quel- 
que malaise  et  quelque  tristesse  à  la  vue  de  leurs  clas- 
ses désertes  :  à  peine  voit-on  dans  chaque  classe  trois  ou 
quatre  élèves,  dépaysés  dans  la  salle  trop  vaste,  et  qui 
prend,  à  la  voix  du  maître,  comme  des  résonnances  de 
sépulcre  ;  bientôt,  si  l'on  n\  met  bon  ordre,  l'enseigne- 
ment de  l'allemand  aura  vécu. 

Certes,  nous  renoncerions  à  enseigner  l'allemand,  nous 
]i'hésiterions  pas  à  fermer  nos  livres,  si  notre  enseigne- 
ment était,  comme  on  a  pu  l'insinuer,  inutile  et  antina- 
tional.  De  toutes  nos  forces,  nous  croyons  le  contraire. 
Nous  sommes  convaincus  que  l'allemand  est  plus  que 
jamais  indispensable,  que  sa  connaissance  est  une  arme  de 
paix  et  de  guerre,  qu'il  est  imjîrudent  de  laisser  se  rouiller 
ou  de  reléguer  à  l'arsenal  des  vieux  engins  démodés.  Pen- 
dant la  guerre,  il  pouvait  sembler  habile  de  laisser  croire 
que  l'ennemi  serait  à  ce  point  taillé  en  pièces  que  sa  langue 
perdrait  désormais  toute  importance  et  que  les  heures  pas- 
sées à  l'apprendre  seraient  perdues.  La  force  de  résistance 
du  pays  fut  faite  en  partie  de  telles  illusions,  et  les  «  bour- 
reurs  de  crâne  »  ne  méritent  pas  tout  le  mal  qu'on  a  dit 
d'eux.  Mais  l'ère  des  pieux  mensonges  est  close  ;  il  con- 
vient maintenant  de  regarder  en  face  la  réalité.  Est-il  d'ail- 
leurs un  Français  si  ignorant,  qu'il  ne  sente  confusément 
combien  l'Allemagne  reste,  en  dépit  de  sa  défaite,  inquié- 
tante et  redoutable  ?  Ne  cessons  donc  pas  de  l'observer, 
restons  sur  le  qui-vive  ;  sachons  l'allemand. 

Or,  les  parents  d'élèves  persistent  dans  leur  déraisonna- 
ble  parti-pris  :    d'ici   vingt   ans,   c'est   tout   au   plus  si   quel- 


98  LES   LANGUES   MODERNES 

ques  rares  universitaires  attardés  pourront  encore  lire  un 
texte  d'outre-Rhin.  Qu'on  cesse  au  lycée  d'apprendre  l'alle- 
mand, on  ne  l'apprendra  pas  hors  du  lycée  :  l'effort  à 
fournir  sera  trop  grand.  Les  maisons  de  commerce  ne 
trouveront  plus  d'employés  en  état  de  comprendre  une  4et- 
tre  de  Francfort  ou  de  Vienne,  à  plus  forte  raison  d'y 
répondre.  Nos  futurs  ofiiciers  ignoreront  le  premier  mot 
de  la  langue  ennemie.  Il  n'est  pas  impossible,  si  le  mal 
empire,  qu'un  jour  vienne  où  l'allemand  ne  suit  plus  ensei- 
gné qu'à  l'Université  de  Strasbourg  et  au  Collège  de  France 
au  même  titre  que  l'hébreu  et  le  syriaque. 

L'enseignement  de  l'allemand  périclite  chez  nous  au 
moment  précis  où  nos  olîiciers  reçoivent  la  mission  de  par- 
courir l'Allemagne  en  tous  sens,  de  l'épier,  de  chercher  à 
deviner  ses  desseins  secrets,  de  dresser  l'inventaire  de  son 
matériel  de  guerre,  de  surveiller  ses  usines  et  la  comptabi- 
lité de  ses  banques.  On  conçoit  leur  embarras,  comme  l'inu- 
tilité de  leur  tâche,  si  dans  ce  travail  d'investigation  en 
territoire  ennemi,  ils  sont  à  tout  instant  obligés  de  recourir 
à  un  interprète.  —  On  n'apprend  plus  l'allemand  en  France, 
alors  qu'il  est  question  au  Parlement  de  pénétration  paci- 
fique, que  l'on  songe  à  détacher  de  Berlin  les  populations 
rhénanes  et  à  les  conquérir  moralement.  Dans  cette  oeuvre 
délicate  d'assimilation  progressive,  la  connaissance  de 
l'allemand  n'apparait-elle  pas  aussi  comme  nécessaire  ? 
Les  esprits  chagrins  et  butés  à  la  façon  du  père  xle  Goethe 
ne  sont  peut-être  pas  encore  l'exception  dans  les  villes  du 
bord  du  Rhin.  Nous  gagnerions  plus  aisément  ces  mécon- 
tents à  notre  cause  en  parlant  leur  langue,  qu'en  imposant 
la  nôtre.  Vainqueurs,  nous  pouvons,  sans  déchoir,  nous  ser- 
vir de  la  langue   des  vaincus. 

Le  péril  est  grand,  mais  peut-être  n'est-il  pas  trop  tard 
])our  essayer  de  le  conjurer.  Des  articles  récents  montrent 
que  l'allemand  compte  des  champions  parmi  les  hommes 
éminents  du  pays  :  réussiront-ils  à  vaincre  l'erreur,  à  rame- 
ner à  la  raison  l'opinion  publique  égarée  ?  Ou  faudra-t-il 
nous  redire  avec  Schiller  «  qu'en  face  de  la  sottise,  les 
dieux  eux-mêmes  sont  impuissants  ».  Nous  gardons  la  foi  ; 
nous  avons  la  conviction  que  l'enseignement  de  l'allemand 
renaîtra  si  l'on  sait  prendre  à  temps  des  mesures  énergi- 
(jues.  I^c  premier  et  le  i)lus  eflicacc  remède,  beaucoup  sans 
doute  y  ont  déjà  songé,  sera  de  relever  le  coeOicient  de 
l'allemand  à  l'examen  d'entrée  des  grandes  écoles.  11  faut 
qu'un   avantage  concret   incite  un   certain    nombre    d'élèves 


l'ahaxdon  de  l'allemand  99 

à  choisir  cette  langue,  en  dépit  de  sa  difficulté,  de  préfé- 
rence aux  autres.  Il  faut  revenir  partiellement  au  système 
d'autrefois,  qui  a  valu  à  l'allemand,  des  années  durant, 
son  étonnante  prospérité. 

Les  chefs  d'établissement  auront  ainsi  un  argument  subs- 
tantiel et  convaincant  à  présenter  aux  pères  de  famille 
hésitants.  Que  ne  feront-ils  pas  avec  un  peu  de  persuasion  ! 
Ne  sont-ils  pas  auprès  des  parents  comme  des  directeurs  de 
conscience  ?  Qu'ils  prennent  à  cœur  la  cause  de  l'allemand, 
qu'ils  aient  souci  d'une  répartition  équitable  de  l'effectif 
de  leur  lycée  dans  les  différentes  classes  de  langues  vivan- 
tes ;  s'ils  perdent  quelques  élèves,  les  professeurs  d'anglais 
surmenés  seront  les  premiers  à  s'en  féliciter. 

Le  relèvement  du  coefficient  de  l'allemand  à  l'examen 
des  grandes  écoles  dépend  de  la  haute  administration.  Cette 
heureuse  réforme,  espérons-le,  sera  faite  ;  en  attendant, 
que  notre  Association  multiiDlie  les  démarches.  Deux  me 
paraissent  opportunes,  que  je  me  permets  de  suggérer  : 

Ne  pourrait-on  «  interviewer  »  au  sujet  de  la  crise  de 
l'allemand  deux  ou  trois  de  nos  grands  chefs  militaires  ? 
Déjà,  au  cours  de  la  guerre,  alors  que  l'enseignement  de 
l'allemand  était  attaqué  avec  l'ardeur  que  l'on  sait,  la  décla- 
ration si  nette  du  général  Galliéni  aurait  pu,  si  elle  avait 
reçu  une  publicité  suffisante,  je  ne  dis  pas  arrêter  l'exode 
des  élèves  transfuges,  mais  calmer  les  scrupules  patrioti- 
ques d'an  grand  nombre.  Qu'un  Foch  ou  qu'un  Castelnau  se 
déclare  partisan  de  l'étude  de  l'allemand,  que  le  public  en 
soit  informé  :  l'opinion  pourra  se  retourner,  et  nos  sixiè- 
mes, à  la  rentrée  prochaine,  retrouver  comme  par  enchan- 
tement  leur    animation. 

Sans  doute  aussi  serait-il  bon  d'envoyer  aux  municipali- 
tés des  villes  possédant  un  établissement  d'enseignement 
secondaire  ou  primaire  supérieur,  une  lettre  circulaire  sus- 
ceptible d'ouvrir  sur  l'importance  de  la  crise  les  yeux  des 
notables. 

Remèdes  empiriques,  dira-t-on.  Mais  après  1870,  l'ensei- 
gnement de  l'allemand  ne  fut-il  pas  créé  presque  de  toutes 
pièces,  par  ordre  en  quelque  sorte  et  empiriquement  ?  Des 
mesures  énergiques,  prises  en  haut  Heu,  triomphèrent  de 
la  résistance  manifestée,  dès  cette  époque,  par  les  familles. 
L'allemand  devint  obligatoire  à  l'excUision  de  toute  autre 
langue  à  l'examen  d'entrée  des  grandes  écoles  ;  on  multi- 
l)]ia  peut-être  à  l'excès  les  chaires,  en  en  créant  jusqu'à 
Mostagancm,    jusqu'à    Nouméa.     Si     on     compare     ce    passé 


100  I.ES    LAN(;i'ES    MODKHNES 

prospère  et  le  misérable  présent,  peut-être  comprendra-t-on 
que  l'allemand  ne  méritait  ni  cet  excès  d'honneur,  ni  cette 
indignité.  Ce  qu'a  pu  réaliser  l'Etat  lorsqu'il  s'est  agi  de 
tlonner  à  l'allemand  une  place  prépondérante,  serait-il 
impossible,  lorsqu'il  importe  seulement  de  prévenir  avec 
ses  conséquences  funestes  la  disparition  de  cet  enseigne- 
ment ? 

P.   Laxnes, 
Professeur   d'allemand  au   Collège   de  Libonrne. 


■5s»- 


A  propos  d'ui)e'  ai)r)or)ce 


Dans  le  numéro  du  5  mars  du  Journal  d'Alsace  et  de  Lor- 
raine se  trouve  l'annonce  suivante  : 

ARMÉE     FRANÇAISE     DU     RHIN 


L'Armée  Française  du  Rhin  recherche  de  bons 

INTERPRÈTES   CIVILS 

connaissant  parfaitement  le  Français  et  l'Allemand. 

Conditions  :  Etre  français,  ou  Alsacien  (carte  A).  Avoir 
une  bonne  instruction  générale  et  pouvoir  traduire  un  texte 
à  première  vue  (instruction  primaire  ne  suffit  pas). 

Salaires  de  début  :  13  francs  par  jour,  avec  augmenta- 
tions périodiques. 

Salaire  maximum  :  20  francs  par  jour. 

Logement  :  Gratuit. 

Les  candidats  devront  adresser  leurs  demandes  avec 
références  au  Général  Commandant  l'Armée  du  Rhin  2' 
Bureau  C.  E.  Secteur  postal  77. 

Délai  d'inscription  20  mars  1920. 


Pour  ceux  qui  ne  sont  sensibles  qu'aux  leçons  de  choses> 
c'est  la  preuve  éclatante  que  la  connaissance  de  l'Allemand 
est  i)lus  que  jamais  nécessaire  aux  Français.  Il  en  sera  ainsi 
tant  que  nos  divisions  occuperont  la  rive  gauche  du  Rhin,  et 
peut-être  même,  tant  qu'il  y   aura  une    Allemagne,    peuplée 


A    PHOIMJS    DLNE   ANNONCE  101 

de  gens  parlant  allemand,  et  avec  laquelle  il  nous  faudra 
entretenir  de  bons  ou  de  mauvais  rapports  de  \^isinage. 
('ar  le  procédé  qui  consiste  à  éliminer  un  peuple  de  nos 
préoccupations,  en  nous  abstenant  d'apprendre  sa  langue, 
otl're  peu  de  garanties  d'ellicacité. 

En  attendant,  la  plupart  des  postes  d'interprète  actuel- 
lement offerts,  vont  être  occupés  par  des  Lorrains  et  par 
des  Alsaciens.  Et  si  l'hostilité  des  «  anciens  Français  », 
comme  on  api^elle  ici  les  habitants  de  l'intérieur,  à  l'égard 
de  la  langue  allemande,  ne  s'atténue  pas,  il  sera  créé, 
dans  un  avenir  rapproché,  au  profit  de  nos  frères  reconquis, 
un  véritable  monopole  ;  eux  seuls,  pourront  tenir  les 
emplois  exigeant  la  connaissance  des  deux  langues. 

Le  privilège  dont  pourraient  jouir  les  départements 
retrouvés,  du  fait  de  l'abstention  des  autres  provinces  fran- 
çaises, n'est  pas  sans  inconvénient.  Ce  n'est  pas  que  l'on 
]>uisse  suspecter  le  loj'alisme  des  Alsaciens  et  des  Lorrains. 
A  part  quelques  individus  mécanisés  par  la  culture  germa- 
nique, et  pour  cette  raison  inaptes  à  recevoir  des  notions 
nouvelles,  ce  sont  d'excellents  patriotes.  Mais  il  n'est  pas 
souhaitable  que  la  France  corresponde  commercialement, 
administrativement,  intellectuellement  avec  l'Allemagne  par 
le  seul  intermédiaire  de  l'Alsace-Lorraine,  à  l'exclusion  de 
toute  autre  province  ;  nous  ne  verrions  nos  ennemis  qu'à 
travers  le  prisme  du  particularisme  alsacien. 

Il  importe  donc  d'éviter  que  nos  représentants  en  Allema- 
gne forment  un  groupement  compact,  émanant  d'une  seule 
région.  Cette  nécessité  qu'on  ne  pourra  éluder  sans  s'expo- 
ser à  de  graves  ennuis,  est,  après  tant  d'autres,  un  nouvel 
argument  en  faveur  des  études  germaniques  que  la  bour- 
geoisie française,  par  pur  sentimentalisme,  voudrait  pres- 
que voir  rayer  des  programmes  d'enseignement.  Ceux  que 
leurs  affaires  ou  leurs  fonctions  ont  amenés  en  Alsace  ou 
en  Lorraine,  sont  revenus  à  un  jugement  plus  sain  des  faits 
et  reconnaissent  qu'il  est  non  seulement  utile,  mais  sage,  de 
savoir  l'Allemand.  Leurs  fils  l'apprennent  avec  ardeur,  et 
eux-mêmes  cherchent  à  acquérir  les  éléments  indispensa- 
bles de  la  langue.  Il  est  à  souhaiter  cfiie  l'intérieur  se  laisse 
gagner  par  cette  vague  de  bon  sens  ;  le  patriotisme,  bien 
entendu,   l'exige. 

Marcel  Lf)HAXS. 
Professeur    d'A  iif/lais. 

„a;,. 


L'épreuve    de     Lai)gue5    vivantes 
au  Cor)5eil  Supérieur 


Le  projet  de  décret  relatif  au  Baccalauréat  de  l'Ensei- 
gnement secondaire  (épreuves  de  Langues  Vivantes),  a  été 
.soumis  au  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  publique  à  sa 
dernière  session  (27-31  janvier  1920). 

L'exposé  des  motifs,  que  nous  tenons  à  reproduire  inté- 
gralement, dira  très  exactement  dans  quelles  circonstances 
le  ijrojet  fut  conçu,  étudié  et  présenté  par  le  Ministre  à 
l'examen   du  Conseil. 

Exposé  des  Motifs 

La  question  des  épreuves  de  Langues  Vivantes  au  Baccalauréat 
préoccupe  depuis  longtemps  le  personnel  qui  a  mission  de  pré- 
parer à  ces  épreuves,  et  qui  dans  l'ensemble,  n'a  pu  se-  déclarer 
jusqu'à   présent   satisfait  des  résultats   obtenus. 

A  la  suite  de  discussions  approfondies  et  d'un  référendum  aux- 
quels ont  été  invités  à  pi'eudre  part  tous  les  professeurs  de 
Langues  Vivantes  de  l'enseignement  public,  y  compris  ceux  de 
l'Enseignement  supérieur,  le  Corps  enseignant  des  Langues 
Vivantes  représenté  pnv  467  votants,  a  exprimé  à  de  fortes 
majorités  un  certain  nombre  de  vœux  qui  ont  été  soumis  par 
M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  secondaire  à  l'examen  d'une 
commission    spéciale. 

(!es  vœux  portent  spécialement  sur  les  épreuves  de  langues 
vivantes  dans  les  quatre  sections  de  la  1"""^  partie  du  Baccalauréat 
et  subsidiairemeiit  sur  celles  de  la  2'  partie  (Philosophie  et 
Mathématiciues\  et  tendant  à  remédier  à  l'insurtisance  notoire 
de   ces   é|)reuves   comme    sanctions. 


Épreuve  écrite  de  la  1'«  partie 

{Seclioius  B   cl   D) 

L'insuffisance  de  l'épreuve  actuelle  (composition  libre  en  lan- 
gue vivante»,  unanimement  reconnue,  provient  visiblemenl  de 
l'absence  d'une  base  solide,  qui  ne  peut  être  constituée  «jue  par 
des  exercices  approjjriés  de  traduction,  seuls  capables  de  donner 
aux  connaissances  acquises  par  l'usage  rationnel  des  exercices 
directs  les  qualités  de  correction  et  de  précision  qui,  de  l'aveu 
de   tous,   manquent    en     général     à    nos    candidats.    Or.    ces     qua- 


l'épreuve  de  langues  vivantes  103 

lités  ne  sont  pas  moins  indispensables  dans  le  maniement 
d'une  langue  étrangère  que  dans  celui  de  la  langue  mater- 
nelle, tout  en  étant  plus  difficiles  à  acquérir.  Il  a  donc  paru 
à  la  majorité  des  professeurs  (386)  (1)  qu'à  défaut  des  épreuves 
de  thème  et  de  version  dont  l'adjonction  serait  la  solution  idéale 
si  Ton  y  pouvait  songer,  cette  base  solide  pouvait  être  suffisam- 
ment fournie  au  moins  par  une  épreuve  de  version,  à  la  condi- 
tion toutefois  que  le  sujet  à  traiter  en  langue  étrangère  y  soit 
direcfement  rattaché.  Loin  d'être  alors  une  surcharge,  comme  ce 
serait  le-  cas  si  l'un  des  deux  exercices  était  indépendant  de 
l'autre,  cette  adjonction  constituerait  en  fait  un  allégement  : 
car  l'exercice  de  la  Composition  libre  (2),  au  lieu  de  reposer  sur  des 
lectures  plus  ou  moins  vagues  et  souvent  trop  rapides,  ou  de  se 
réduire  à  des  développements  appris  par  cœur,  serait  désormais 
appelé  à  profiter  immédiatement  chaque  fois  de  la  suljslancc 
formelle  et  réelle  d'un  texte  étranger  qui,  tout  en  restant  cons- 
tamment l'objet  direct  de  la  pensée,  serait  d'autant  plus  suggestif 
qu'il  aurait  été  clarifié  et  assimilé  par  la  traduction. 

Ceci  sans  préjudice  des  avantages  multiples  de  la  Version, 
qu'il  n'est  pas  besoin  de  rappeler  ici.  et  dont  le  moindre  ne  sera 
pas  de  rétablir  le  lien  nécessaire  entre  l'enseignement  des  lan- 
gues vivantes  et  l'enseignement  du  Français,  pour  le  plus  grand 
profit  de  l'un  et  de  l'autre,  uon  moins  que  de  la  culture  générale 
des_élèves. 

Enfin,  même  au  point  de  vue  strictement  utilitaire,  le  réta- 
blissement de  la  Version  donnera  satisfactioji  au  vœu  de  la 
majeure  partie  du  public  cultivé,  qui  estime  que  ceux  qui  ont 
besoin  de  lire  et  de  comprendre  une  langue  étrangère  sont  en 
nombre  infiniment  plus  grand  que  ceux  qui  pourront  avoir 
besoin   de   l'écrire  et  même  de  la  parler. 

Sections  A  et  C  (Langue  unique) 

Sections  li   et   D   (Seconde   langue) 

Les  autres  vœux  tendent  uniquement  à  obtenir,  sans  créer  de 
surcharge,  un  renforcement  parallèle  des  langues  vivantes  dam> 
toutes  les  sections  et  parties  de  l'examen,  l'insuffisance  des 
sanctions  purement  orales  en  matière  de  Langues  \'i\antes 
n'ayant   plus   besoin   d'être   démontrée. 


Ces  propositions  ont  été  d'autre  part,  soumises  aux  Facultés 
des  Lettres.  Si  ces  Facultés  ont  dans  l'ensemble  et  avec  des 
réserves  et  des  modifications,  accepté  le  principe  des  améliora- 
tions demandées  ])our  la  composition  écrite  des  Sections  B  et  I). 
elles  n'ont  pas  approuvé  en  général  l'addition  d'une  épreuve 
écrite,  si  courte  fût-elle,  dans  les  Sections  .\  et  ('  et  pour  la 
seconde  langue  dans  les  Sections  \i  et  D. 

La  Section  Permanente  du  Conseil  a  examiné  le  présent 
projet,   liais   en   l'absence   de  représentants   de   l'Kiiseigncment   des 

(1)  Ce  chiffre  a  été  obtenu  en  additionnant  le  nombre  des  \()ix 
accordées  à  trr)is  des  épremes  suggérées  par  le  Référendum  poui' 
remplacer  l'épreuve  actuelle  :  (ino  +  121  +  16.")).  (\o(e  de  la  Ré- 
daction). 

(2)  La  composition  libre  ajoutée  à  la  Version  a  obtenu  100  voix 
(sur  467   votants»    au   Hefercnduni.  (Xote  de  la  Rédaction). 


104  I.ES    LANGUES    MODERNES 

Langues  Vivantes,  et  en  raison  des  conséquences  ])ossibles«  la 
Section  a  estimé  qu'il  ue  lui  appartenait  pas  de  proposer  une 
solution,  et  a  décidé  de  transmettre  TafTaire  au  Conseil   Supérieur. 


Le  projet  de  décret  émanait  donc  des  professeurs  de 
Langues  Vivantes  eux-mêmes.  M.  le  Directeur  de  l'Enseigne- 
liient  secondaire  a  tenu  à  dire  qu'en  faisant  siennes  les  con- 
clusions très  modérées  de  la  Commission  ministérielle,  il 
avait  voulu  donner  satisfaction  à  un  personnel  dont  la 
compétence  et  le  dévouement  lui  paraissent  /au-dessus  de 
tout  éloge.  Et  si  le  projet  avait  été  déposé  in  extremis  (les 
lîiembres  du  Conseil  l'ont  trouvé  à  leur  place,  le  jour  même 
de  l'ouverture  de  la  session),  c'est  que  l'Admini-stration 
savait  répondre  au  désir  unanime  des  professeurs  de  Lan- 
gues Vivantes  en  hâtant  i'examen  d'un  projet  impatiem- 
ment  attendu. 

Divers  membres  du  Conseil  ont  néanmoins  contesté  la 
valeur  du  référendum  organisé  par  l'Association.  —  «  C'est 
à  peine  y>,  a  dit  l'un  d'eux,  «  si  un  tiers  du  personnel  a 
répondu.  Le  reste  a-t-il  bien  été  touché  ?  »  —  «  Un  réfé- 
rendum ",  a  dit  un  autre,  «  où  il  faut  répondre  sèchement, 
par  oui  ou  par  non,  à  une  vingtaine  de  questions  dont  la 
moindre  prêterait  à  d'interminables  discussions,  ne  peut 
signifier  grand'chose  ».  —  «  Cette  consultation  »,  a  déclaré 
enfin  M.  le  Doyen  Brunot,  «  ne  me  dit  rien  qui  vaille.  Orga- 
nisée à  un  moment  où  une  notable  proportion  des  profes- 
seurs de  Langues  Vivantes,  les  plus  jeunes  et  partant  les 
plus  intéressés  en  respèce,  étaient  encore  mobilisés,  ou 
n'avaient  i)as  i-epris  contact  avec  leurs  collègues  et  leurs 
élèves,  il  ne  |)résente  à  mes  yeux  qu'une  valeur  médiocre, 
jiisuflisanfe  en  tous  cas  pour  justifier  la  présentation  du 
]>r<)jel  actuel.  Toucher  à  l'épreuve  existante  serait  compro- 
mettre (juinze  ans  d'efiorts  et  de  succès  obtenus  par  la 
méthode  directe.  Au  surplus,  si  les  résultats  obtenus  ne 
répondent  pas  à  l'attente  des  professeurs  de  Langues  Vivan- 
tes, mon  expérience  me  permet  d'aflirmei''  ([u'ils  ne  sont 
nullement  inférieurs  à  ceux  du  Grec,  du  Latin  et  même  du 
français.  Ce  (ju'il  faut  transformer,  si  l'on  lient  à  un  résul- 
tat positif,  ce  n'est  pas  l'épreuve  de  Langues,  c'est  le 
Baccalauréat  lui-même.  On  ne  replâtre  pas  une  maison 
(ju'on    va   démolir.   » 

Le   maintien   du  statu  qiiu   ne   fut   cependant    pas   sérieuse- 


l'ÉPHEIVE    de    I.ANdLES    VIVANTES  105 

iiient  discuté.  La  majorité  considérable  qui  condamna  le 
type  actuel  de  composition  libre,  ne  fut  que  le  reflet  de 
celle  qui  s'était  dégagée  du  référendum.  En  présence  d'un 
sentiment  aussi  unanime,  les  derniers  partisans  de  la  com- 
j)Osition  libre  ne  purent  que  regretter  ce  qu'elle  aurait  pu 
être,  si  elle  avait  été  mieux  préparée  dans  les  classes  et 
plus   sévèrement  corrigée   à  l'examen. 

Pour  remplacer  l'exercice  défunt,  le  Conseil  a  accepté 
sans  longs  débats  la  Version  proposée  par  le  projet  de 
décret.  Les  uns  y  ont  vu  surtout  un  auxiliaire  essentiel  de 
l'enseignement  littéraire  ;  d'autres,  un  moyen  de  supprimer 
ce  qu'on  a  fort  improprement  appelé  «  la  cloison  étanche 
qui  séparait  depuis  1902  la  culture  étrangère  de  tous  les 
autres  domaines  de  l'intelligence  ».  La  difficulté  très  réelle 
de  l'épreuve,  l'aléa  qu'elle  représente  pour  les  candidats, 
même  les  plus  solidement  préparés,  n'ont  échappé  à  per- 
sonne. Le  Conseil  a  prétendu  y  remédier  en  exigeant  que 
le  texte  fût  court  (quinze  lignes  au  maximum),  de  difficul- 
té moyenne,  et  extrait  d'un  ouvrage  de  prose.  11  ne  s'est 
trouvé  que  trois  voix  pour  réclamer  en  faveur  de  la 
poésie,  et  le  court  débat  qui  s'est  engagé  à  propos  de  la 
difficulté  relative  des  poésies  allemande  et  anglaise,  a  mon- 
tré combien  il  est  malaisé  de  traiter  des  questions  aussi 
techniques,  autrement  qu'entre  spécialistes.  La  prose  a 
finalement  paru  seule  apte  à  réaliser  l'équilibre  rêvé  entre 
les   deux   langues. 

La  discussion  a  été  plus  longue  et  plus  vive  quand  il  s'est 
agi  de  choisir  le  type  d'épreuve  à  adjoindre  à  la  Version. 
Le  projet  de  décret  proposait  «  une  composition  dans  la 
langue  du  texte  de  la  Version,  se  rattachant  autant  que 
possible,  à  ce  texte  ».  Mais  ce  libellé  assez  vague  n'a  pas 
satisfait  le  Conseil.  «  Il  permet,  a-t-on  d'abord  déclaré,  le 
choix  entre  tout  au  moins  trois  types  d'épreuves  :  compo- 
sition libre  sur  le  sujet  de  la  Version  ;  réponse  à  des  ques- 
tions posées  à  propos  du  texte  ;  commentaire  critique  ou 
grammatical  ;  toutes  éj^reuves  de  difficulté  matérielle  et  de 
valeur  littéraire  très  inégales.  Le  baccalauréat  ne  saurait 
tout  de  même  être  assimilé  au  Brevet  supérieur  ni  à  la 
Licence.  On  en  revient  donc  presque  forcément  à  la  com- 
position libre.  Mais  après  l'avoir  condamnée,  à  très  juste 
raison,  sous  sa  forme  actuelle,  comment  pouvons-nous 
l'adopter  maintenant  sous  une  forme  à  peine  moins  dange- 
reuse ?  S'il  est  vrai  que  la  composition  libre  favorise,  au 
dire   même   des   professeurs   de   Langues   Vivantes,   i'impréci- 


lOG  LES   LANGUES    MODERNES 

•sion,  l'incorrection,  la  préparation  artificielle  aux  dépens 
de  la  réflexion,  pourquoi  ne  pas  choisir  un  type  d'épreuve 
qui  exige  des  candidats  ce  minimum  de  connaissances 
grammaticales  sans  lesquelles  il  n'est  pas  de  savoir 
sérieux  ?  »  —  «  Au  reste,  déclarait  le  délégué  des  Agrégés 
des  Lettres,  en  une  intervention  très  habile,  les  initiateurs 
du  projet  considèrent  évidemment  l'épreuve  proposée 
comme  une  manière  de  pis-aller,  puisque  l'exposé  des  motifs 
allirme  positivement  que  l'adjonction  d'un  thème  à  la 
version  serait  la  solution  idéale,  si  l'on  y  pouvait  songer. 
Pourquoi  le  Conseil  s'arrêterait-il  à  une  formule  b'àtarde, 
alors  qu'une  solution  meilleure  lui  est  suggérée  ?  » 

L'opinion  du  Conseil  semblait  faite,  et  un  de  ses  mem- 
bres proposa  l'adjonction  d'un  thème  conçu  suivant  l'an- 
cienne formule,  laquelle  subsiste  d'ailleurs  au  concours 
d'entrée  de  plusieurs  grandes  Ecoles  de  l'Etat.  Le  délégué 
des  Langues  Vivantes  fit  observer  que  l'efficacité  de  l'ensei- 
gnement par  la  méthode  directe  n'ayant  été  contestée  par 
personne  au  cours  du  débat,  il  était  essentiel  de  choisir  un 
type  d'épreuve  dont  la  préparation  put  se  faire  sans  com- 
promettre des  résultats  certains.  Il  demanda  en  consé- 
quence au  Conseil  de  s'arrêter  à  un  exercice  prévu  et 
recommandé  par  les  Instructions  de  1902,  dont  l'adoption 
ne  fera  que  fortifier  la  méthode,  en  lui  assurant,  dans  le 
second  cycle,  la  base  solide  qui  lui  fait  défaut,  s'il  faut  en 
croire,  du  moins,  l'exposé  des  motifs.  Le  thème  d'imitation, 
empruntant  le  vocabulaire  difficile  à  la  version  précédem- 
ment traduite,  et  permettant  par  conséquent  au  candidat  de 
s'attacher  exclusivement  à  la  précision  de  l'expression, 
remplira  un  double  office,  puisqu'il  permettra  de  contrôler 
à  la  fois  la  sûreté  grammaticale  dans  les  formes  ordinaires 
de  la  langue,  à  laquelle  le  Conseil  paraît  très  justement 
tenir,  et  l'étendue  du  vocabulaire  usuel.  Bien  entendu,  il 
conviendra  de  le  faire  sans  l'aide  du  dictionnaire  bilingue, 
afin  de  supprimer  l'effort  automatique  et  irréfléchi.  Ainsi 
peut-on  espérer  que  les  qualités  de  correction  de  la  langue 
et,  s'il  y  a  lieu,  d'élégance  du  style,  seront  sûrement  sanc- 
tionnées. 

L'accord  se  fit,  en  fin  de  compte,  sur  ce  type  d'exercice. 
Il  a  été  entendu  que  chacune  des  deux  épreuves  serait  affec- 
tée du  coefficient  1,  se  ferait  en  une  heure  et  demie,  et 
que  le  texte  du  thème  ne  serait  distribué  aux  candidats 
qu'après  remise  des  copies  de  version.  Enfin,  il  sera  recom- 


l"épreuve  de  i.angles  vivantes  107 

mandé  aux  examinateurs  de  choisir  les  textes  de  manière 
à  ne  pas  désavantager  les  candidats  d'allemand,  par  rap- 
port à  leurs  camarades.  Ce  scrupule  de  M.  le  Directeur  de 
l'Enseignement  secondaire  a  vivement  retenu  l'attention  du 
Conseil,  unanime  à  déplorer  l'abandon,  tout  au  moins 
momentané,  d'une  discipline  plus  que  jamais  indispensable 
à  la  formation  du  jeune  Français. 


La  seconde  partie   du   programme  proposait  : 

1"  L'adjonction  d'une  épreuve  écrite  de  seconde  langue  aux 
Ijaccalauréats    B    et   U. 

2°  L'adjonction  d'une  épreuve  écrite  de  langue  unique  aux 
iaccalauréats   A   et   C. 

Ces  épreuves  seraient  courtes  (version  d'une  dizaine  de 
lignes  au  maximum,  faite  en  une  1/2  heure),  et  affectées 
d'un  faible  coeflicient  (0,5). 

Cette  seconde  partie  a  donné  lieu  à  une  discussion  plus 
l)rève,   mais  beaucoup   plus  vive  que  la  première. 

Les  délégués  des  Facultés  des  Lettres  se  sont  plaints 
d'avoir  été  consultés  trop  tardivement.  Presque  partout, 
les  professeurs  de  Langues  Vivantes  ont  été  les  seuls  qui 
aient  donné  leur  avis,  les  Assemblées  n'ayant  pu  être  con- 
voquées en  temps  utile.  Ils  font  donc  les  plus  expres.ses 
réserves  en  ce  qui  concerne  l'adjonction  d'une  épreuve 
■écrite,  si  courte  soit-elle,  dans  les  sections  A  et  C,  et  les 
section  B  et  D  (seconde  langue). 

Le  représentant  des  Langues  Vivantes  a  fait  valoir  que 
l'importance  des  études  de  Langues  Vivantes  ayant  moins 
■que  jamais  besoin  d'être  démontrée,  il  importait  de  four- 
nir aux  professeurs  les  moyens  qu'ils  réclament  d'obtenir 
de  leurs  élèves  le  maximum  d'efforts  et  de  rendement  ;  que 
l'insuffisance  des  sanctions  orales  en  matière  de  Langue* 
Vivantes  n'avait,  ainsi  que  le  reconnaît  l'exposé  des  motifs, 
plus  besoin  d'être  signalée  ;  que  si,  à  propos  de  l'opportu- 
nité de  modifier  la  nature  de  l'épreuve  écrite  de  première 
langue  dans  les  sections  B  et  D,  l'opinion  du  personnel 
avait  pu  varier,  il  n'y  avait  du  moins  qu'une  voix  pour 
approuver  les  dispositions  de  la  seconde  partie  du  projet  ; 
qu'au  surplus,  l'épreuve  nouvelle  de  langue  unique  aux 
baccalauréats  A  et  C,  et  de  seconde  langue  aux  baccalau- 
réats B  et  D,  ne  créait  aucune  siu-charge  appréciable,  ni  eu 


108  LES    LANGUES    MODERNES 

ce  qui  concerne  l'examen  lui-même,  ni  en  ce  qui  touche  le 
travail  de  préparation  des  candidats  ;  qu'en  efïet,  les  exer- 
cices de  traduction  sont  les  seuls  que  le  maitre  exige  déjà 
en  fait  dans  les  sections  intéressées,  et  d'autre  part,  les 
initiateurs  du  projet  ont  pris  soin  de  maintenir  l'équilibre 
de  l'examen  puisque  aussi  bien  le  coefficient  de  0,5  de 
l'épreuve  de  seconde  langue  vient  en  déduction  du  coef- 
licient  de  2  actuellement  attribué  à  l'épreuve  écrite  de 
Langues.  Bref,  la  seule  objection  qu'il  semblerait  que  l'on 
put  opposer  "à  l'épreuve  proposée,  toucherait  aux  diflîcultés 
matérielles  d'organisation,  mais  sur  ce  point,  les  Facultés 
consultées   ne   paraissent   pas   avoir   soulevé   d'objection. 

Les  adversaires  du  projet,  sans  nier  aucunement  que  les 
dispositions  nouvelles  faciliteraient  la  tâche  des  professeurs 
de  Langues  et  fortifieraient  singulièrement  cette  discipline, 
ont  paru  craindre  d'abord  que  les  adjonctions  proposées 
n'assurassent  aux  Langues  Vivantes,  dans  l'ensemble  du 
plan  d'études,  et  au  détriment  des  autres  disciplines,  une 
place  qu'ils  ne  jugeaient  ni  désirable,  ni  justifiée.  Par 
ailleurs,  ils  soutenaient  que  l'adjonction  d'une  épreuve 
écrite  nouvelle  créait  malgré  tout  une  surcharge,  même  si 
la  somme  des  coefficients  ne  se  trouve  pas  modifiée,  à 
plus  forte  raison  si,  comme  ce  serait  le  cas  pour  les  Sec- 
tions A  et  C,  cette  épreuve  nouvelle  ajoutait  un  coefficient, 
si  faible  qu'il  fût,  au  total  actuel.  Qui  dit  que  les  autres  dis- 
ciplines, encouragées  par  un  tel  précédent,  ne  viendraient 
pas  à  leur  tour  réclamer  une  épreuve  écrite,  dussent-elles, 
])our  justifier  leur  point  de  vue,  accepter  de  scinder  le 
coeiïlcient  dont  elles  disposent  actuellement  à  l'oral.  Et  le 
représentant  des  agrégés  d'Histoire,  notamment,  se  décla- 
rait  décidé  à   prendre  une   telle   initiative. 

Le  Conseil  semblait  hésitant,  et  l'on  pouvait  espérer 
qu'une  nuijorité  se  formerait  pour  voter  tout  au  moins  la 
disposition  relative  à  l'épreuve  de  seconde  langue,  lors- 
((u'un  argument  fut  présenté  qui  détermina  sa  tlécision. 
M.  le  Vice-Recteur  de  l'Académie  de  Paris,  après  avoir 
allirmé  sa  sympathie  pour  les  Langues  Vivantes,  et  son 
intention  de  voter  l'adjonction  de  l'épreuve  de  seconde  lan- 
gue, déclara  regretter  c[u'on  ne  touchât  jamais  au  Bacca- 
lauréat que  ))our  le  surcharger,  sans  songer  januiis  à  allé- 
ger le  i)rogramme.  N'est-il  pas  à  craindre  que  les  épreuves 
proposées  ne  compliquent  encore  la  préparation  des  can- 
ilidats  déjà  surmenés,  au  détriment  des  matières  essentiel- 
les   du   i)rogramnie  ?  —  En  vain,    le   délégué    des    Langues 


I.'ÉPRErVE    DE    LANCilES    VIVANTES  109 

Vivantes,  soutenu  par  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement 
secondaire,  afiBrma-t-il  que  les  élèves  —  partout  du  moins 
où  les  classes  sont  faites  conformément  aux  instructions 
ministérielles  ■ — ■  n'auraient  pas  une  heure  de  travail  de 
plus  par  semaine.  L'argument  avait  porté  :  des  membres  qui 
avaient  approuvé  le  projet  en  Commission  se  déjugèrent  en 
séance  plénière.  A  la  majorité  de  IG  voix  contre  14,  la  dis- 
position relative  à  l'épreuve  de  seconde  langue  fut  repous- 
sée. Celle  qui  touche  à  l'épreuve  de  langue  unique  dans  les 
section  A  et  C  ne  réunit  que  7  voix  contre  23. 

Enfin,  la  partie  du  projet  de  décret  relative  à  l'adjonc- 
tion aux  épreuves  orales  des  sections  B  et  D  d'une  note 
spéciale,  affectée  du  coefficient  0,5,  venant  sanctionner  spé- 
cialement l'acquis  des  connaissances  grammaticales,  fut 
repoussée  sans  discussion.  En  effet,  le  Conseil  a  jugé  qu'il 
avait  assez  nettement  marqué  son  sentiment  en  substituant 
à  l'épreuve  actuelle  un  exercice  où  il  faudra,  coûte  que 
coûte,  faire  preuve  de  sûreté  et  de  précision.  A  l'examina- 
teur reviendra  le  soin  de  compléter  son  information  à 
l'oral,  s'il  le  juge  à  propos.  C'est  pure  affaire  de  métier. 


En  résumé,  comme  a  pu  le  dire  Mlle  Sanua,  déléguée 
<ie  l'Enseignement  libre,  qui  a  vaillamment  combattu  avec 
nous,  le  Conseil  a  refusé  d'accorder  aux  Langues  Vivantes 
ce  que  le  personnel  enseignant,  l'Inspection  générale  et  la 
Direction  de  l'Enseignement  secondaire  sollicitaient  pour 
«lies.  La  substitution  d'une  épreuve  à  une  autre  ne  sau- 
rait être  considérée  comme  un  appréciable  avantage.  Mais 
la  discussion,  si  abondante  et  si  vive  qu'elle  ait  pu  être,  a 
paru  se  développer  au  milieu  d'une  indifférence  à  peu  près 
générale.  Le  projet  ne  répondait  évidemment  pas  à  la 
préoccupation  quasi  unanime  du  Conseil.  On  l'a  bien  vu 
lorsque  des  personnalités  aussi  considérables  que  M.  Emile 
Picard,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  Sciences. 
MM.  les  doyens  Appell  et  Brunot  ont  réclamé  la  réforme 
complète  d'un  examen  désuet  et  vieillot.  L'affaire  reviendra 
donc  entière  et  peut-être  à  bref  délai.  Il  appartient  aux 
professeurs  de  Langues  Vivantes  de  provoquer  le  mouve- 
nient  d'opinion  'qui  réclamera  pour  leur  discipline  un  tout 
autre   traitement. 

En  attendant,  comme  dit  l'autre,  «  la  séance  continue  ». 
Le  vote  du  Conseil  est  un  échec  très  net  pour  nous,  et  nous 


110  LES   LANGUES  MODERNES 

ne  pouvons  que  marquer  le  coup.  Mais  si  notre  enseigne- 
luent  ne  sort  pas  renforcé  du  débat,  comme  nous  le  souhai- 
tions dans  le  seul  intérêt  des  élèves  et  du  pays,  il  n'en  sort 
aucunement  diminué.  Et  la  méthode  active  et  vivante  — 
quelque  nom  officiel  qu'on  lui  donne  —  reste  plus  que 
jamais  en  faveur.  La  composition  en  langue  étrangère  n'est 
nullement  bannie  de  nos  programmes,  mais  demeure  un 
exercice  scolaire  de  premier  ordre  à  pratiquer  comme  un 
des  buts  principaux  de  notre  enseignement  :  le  Conseil  l'a 
voulu  et  l'a  dit  en  termes  formels.  Surtout  ce  serait  faire 
fausse  route  que  de  commencer,  dès  le  premier  cycle,  à 
faire  de  la  Version  et  du  Thème  :  le  vote  du  Conseil,  ins- 
piré par  le  désir  unanime  de  nos  collègues,  doit  être  uni- 
quement considéré  comme  indicatif  de  sa  volonté  d'assurer 
à  notre  discipline  la  base  grammaticale  solide,  qui,  de 
l'aveu  de  certains,  lui  fait  actuellement  défaut.  Lui  donner 
une  autre  signification  serait  faire  un  contre-sens  inutile.  Il 
convenait,  je   crois,   que   ceci   fût   dit. 

Il  reste  que,  modérés  comme  à  Tordinaire,  nous  deman- 
dions bien  peu  de  chose  et  que  nous  n'avons  rien  obtenu. 
Nous  ne  prétendions  jDoint  à  la  première  place,  quoi  qu'on 
ait  pu  dire  ou  insinuer.  Notre  intérêt  ])ersonnel  n'était  pas 
en  jeu  :  le  vote  du  projet,  en  augmentant  notre  responsa- 
bilité, eût  exigé  de  nous  plus  de  travail  encore.  Il  faut 
donc  regretter  que,  malgré  l'intervention  si  nette  de  M.  le 
Directeur  de  l'Enseignement  secondaire,  la  liiajorité  du  Con- 
seil n'ait  pas  admis  notre  point  de  vue.  Déplorons  surtout 
—  et  sachons  nous  le  rappeler  à  l'occasion  —  que  tous  nos 
collègues  de  l'Enseignement  secondaire  aient  fait  bloc  con- 
tre nous.  De  quelques-uns,  tout  au  moins,  nous  nous 
croyions  en  droit  d'attendre  plus  de  clairvoyance  et  de 
sympathie.  Nous  savons  maintenant  que  nous  ne  pouvons 
compter  que  sur  nous-mêmes  ;  le  dernier  mot  n'est  pas  dit 
si  nous  savons  organiser  la  défense,  en  attendant  de  prépa- 
rer l'attaque. 

M.   Rangés, 
Membre  du  Conseil  supérieur. 


-<!»>- 


La  Méthode  des  Résultats 


Il  n'est  point  de  peuple  qui  soit,  en  matière  d'enseigne- 
ment, plus  révolutionnaire  que  les  Français.  Je  n'entends 
point  dire  par  là  que  nous  prêchions  à  nos  élèves  des  théo- 
ries subversives,  ni  même  que  nos  conceptions  pédagogi- 
ques soient  d'une  particulière  hardiesse.  Mais  nous  mon- 
trons un  goût  singulier  pour  les  bouleversements  fréquents 
et  radicaux  ;  et  nous  n'avons  pas  plus  tôt  fait  triompher  un 
programme,  que  nous  le  discutons  déjà  passionnément,  et 
que  nous   nous  acharnons  à  réclamer  le  contraire. 

11  n'}-  aurait  point  lieu  de  s'inquiéter  des  crises  périodi- 
ques qui  résultent  de  cette  habitude,  si  elles  étaient  des 
crises  de  croissance  et  s'il  ne  s'agissait  que  d'adapter 
notre  enseignement  à  des  conditions  devenues  différentes. 
Malheureusement,  il  n'en  est  pas  ainsi.  Nous  nous  bornons 
trop  souvent  à  faire  alterner  entre  elles  des  concei^tions 
pédagogiques,  dont  aucune  n'apporte  rien  de  nouveau,  et 
qui  ont  toutes  été  rejetées  en  leur  temps  comme  insuffisan- 
tes. Adorer  ce  que  nous  avons  brûlé,  brûler  ce  que  nous, 
avons  adoré  :  il  semblerait  vraiment  que  ce  soit  là  notre 
seule  façon  de  concevoir  le  progrès  ;  si  bien  qu'il  sufïirait 
de  feuilleter  la  collection  d'une  revue  pédagogique,  pour  y 
rctreuver  toutes  les  critiques  que  l'on  peut  adresser,  non 
seulement  aux  programmes  en  vigueur,  mais  encore  à  ceux 
qui   les   remplaceront. 

Il  est  impossible  de  sortir  de  ces  difficultés,  si  l'on  ne  se 
résout  pas  à  aborder  dans  un  esprit  entièrement  nouveau 
l'étude  des  questions  pédagogiques.  Nous  ne  rendrons 
notre  enseignement  vraiment  vivant,  que  si  nous  nous  déci- 
dons enfin  à  laisser  à  chacun  une  liberté  d'expérimentation 
qu'il  n'a  pas  actuellement. 

Nous  assistons,  en  ce  moment,  à  un  assaut  général  contre 
les  programmes  de  1902,  et  particulièrement  contre  la 
méthode  directe.  Je  n'ai  point  l'intention  d'intervenir  dan.s^ 
cette  polémique.  Mais  je  crains  fort  qu'elle  ne  nous  apporte 
({u'un  changement  de  plus  et  nullement  un  jjrogrès. 


112  LES    LANGUES   MODERNES 

La  méthode  directe  a  été  imposée  en  1902  avant  d'avoir 
été  mise  au  point.  Non  seulement,  la  majorité  des  maîtres 
lî'était  nullement  familiarisée  avec  le  maniement  d'exerci- 
ces entièrement  nouveaux,  mais  on  ne  s'était  que  très  insuf- 
lisamment  préoccupé  des  conditions  les  plus  favorables  au 
bon  rendement  de  notre  enseignement.  La  mise  au  point 
de  la  méthode  a  été  improvisée  d'après  les  résultats  d'expé- 
riences souvent  décevantes.  Elle  était  loin  d'être  terminée 
en  1914  pour  les  classes  du  2"  cycle.  Faut-il  s'étonner  que 
les  résultats  obtenus  dans  de  pareilles  conditions  aient 
laissé  quelques  déceptions  ?  Aujourd'hui,  on  vient  propo- 
ser, pour  coopérer  à  la  culture  générale,  de  recourir  au 
thème  d'imitation.  Je  ne  méconnais  point  la  valeur  de  cet 
exercice  de  contrôle,  bien  que  je  n'aperçoive  que  très  impar- 
faitement la  dose  de  «  culture  »  qu'il  peut  receler.  Mais 
que  doit  être  cet  exercice  ?  Tous  ceux  qui  vont  avoir  à 
l'utiliser  en  ont-ils  une  idée  nette  ?  En  a-t-on  étudié  le 
rendement  avant  de  l'imposer  V  Quels  seront  les  défauts  à 
éviter  ?  Quel  sera  le  résultat  à  atteindre  ?  Si  l'on  ne  s'est  au 
préalable  posé  ces  questions,  et  si  l'on  s'avance  à  l'aventure, 
ne  risque-t-on  pas  nécessairement  à  bref  délai  des  décep- 
tions ? 

C'est  pourquoi  je  voudrais  que  l'on  renonçât  enfin  à 
imposer  toujours  des  méthodes  hâtivement  étudiées  et  que 
Ton  n'abandonnât  une  méthode  qu'après  avoir  soigneuse- 
luent  élaboré  celle  qui  devra  la  remplacer.  Mieux  :  que  l'on 
se  contentât  de  fixer  le  but  à  atteindre,  laissant  à  l'initia- 
tive de  chacun  le  moyen  d'y  parvenir.  Il  appartient  à 
l'administration,  éclairée  par  les  controverses  des  théori- 
ciens, de  fixer  ce  but.  Il  appartient  aux  groupements  de 
techniciens,  dans  leurs  discussions  pédagogiques,  d'étudier 
le  rendement  et  la  mise  au  point  de  tel  ou  tel  exercice  et 
de  faire  connaître  à  tous  les  efl'orts  de  chacun.  Mais  novis 
ne  reconnaîtrons  pratiquement  la  valeur  respective  de  théo- 
ries actuellement  à  peu  près  inconciliables,  que  si  nous  ins- 
tituons entre  elles  une  libre  concurrence.  Nous  ne  pourrons 
renouveler  notre  enseignement  que  si  nous  laissons  à  toutes 
les  doctrines  nouvelles,  le  moyen  de  se  développer,  de  se 
]>réciser,  de  s'imposer,  non  comme  un  article  de  foi,  mais 
comme  le  résultat  de  l'expérience. 

Il  va  sans  dire  que  cette  libre  concurrence  n'implique 
en  aucune  façon  l'anarchie  des  conceptions  pédagogiques, 
ce  qui  aurait  pour  conséquence  de  tirailler  nos  élèves,  au 
cours  de  leurs  études  entre    des    conceptions    contradictoi- 


i 


LA    MÉTHODE    DES    RÉSULTATS  113 

res.  Mais  il  faut  que  les  réalités  de  la  classe  prennent  enfin 
dans  notre  enseignement  la  place  qui  leur  revient,  et  que 
Ton  cesse  d'imposer  par  un  acte  d'autorité,  des  conceptions 
théoriques  non  exiDérimentées  au  préalable.  Les  profes- 
seurs de  Langues  Vivantes  ont  de  tous  temps  montré  un 
souci  assez  grand  de  leur  métier,  pour  qu'on  leur  fasse 
confiance.  Qu'on  leur  donne  donc  enfin  la  liberté  de  recher- 
cher la  meilleure  méthode  pour  obtenir  un  maximum  de 
résultats. 

Gaston  '  Hirtz. 


"«  = 


OE  LA  MÉTHODE  DIRECTE 


Les  pages  qui  suivent  sont  le  dernier  chapitre  d'un  petit 
livre  de  M.  Gourio,  qui  paraîtra  prochainement  sous  le 
titre  :  «  La  Méthode  Directe  dans  la  première  année 
d'étude  ». 

Il  ne  serait  utile  que  pour  les  tout  nouveaux  venus  de 
souligner  longuement  ici  l'autorité  acquise  par  leur  auteur. 
Nous  tenons  seulement  à  lui  dire  toute  notre  reconnaissance 
d'avoir  consenti  à  nous  livrer  avant  la  lettre  les  conclu- 
sions oîi  l'a  conduit  une  longue  et  féconde  expérience. 


La  méthode  que  je  viens  d'exposer  n'est  donc  autre 
chose  que  la  méthode  maternelle  ordonnée,  adaptée  au 
milieu  particulier  qu'est  une  classe.  Elle  est  renforcée  d'une 
part,  à  mesure  que  s'étend  la  connaissance  pratique  de  la 
langue  enseignée,  par  des  préceptes  toujours  exprimés  en 
cette  langue,  et  d'autre  part,  par  les  procédés  et  les  exerci- 
ces en  usage  dans  les  classes  inférieures  pour  l'étude  de  la 
langue  maternelle. 

Ainsi  elle  s'oppose  à  la  méthode  grammaticale  qui  donne 
aux  règles  la  priorité  sur  l'usage  et  qui  a  recours  pour  les 
fixer  à  la  version  et  au  thème  ;  méthode  qui  depuis  des  siè- 
cles prévaut  dans  les  classes  de  langues  mortes  d'où  elle  a 
passé,  à  leur  création,  dans  les  classes  de  langues  vivantes. 
De  celles-ci,  elle  tend  à  disparaître  chez  toutes  les  nations. 
L'abandon  s'en  fait  encore  parfois  avec  un  peu  de  timidité, 
et  cela  se  comprend.  11  est  malaisé  de  se  soustraire  à  une 
longue  domination,  et  ennuyeux  de  quitter  de  vieilles  habi- 
tudes. Et  on  veut  retenir  quelque  chose  de  l'ancienne 
méthode. 

Un  assez  grand  nombre  de  maîtres,  s'ils  reconnaissent 
qu'il  faut  fonder  l'enseignement  sur  l'usage,  placer  la 
grammaire  après  la  langue,  et  ne  chercher  à  fixer  celle-ci 
que  par  des  exercices  directs,  oraux  et  écrits,  aussi  bien 
que  par  son  emploi  constant  pour  la  conduite  de  la    classe, 


DE    LA    MÉTHODE    DIRECTE  115 

préfèrent  néanmoins  se  servir  de  la  langue  maternelle  dans 
l'explication  des  mots.  Ils  trouvent  que  c'est  un  moyen  si 
simple,  si  rapide,  et  si  précis.  Pourquoi,  disent-ils,  ne  pas 
employer  la  traduction  dans  l'explication  si  cette  traduction 
reste  une  rapide  indication  du  sens,  qu'elle  n'est  jamais 
faite  pour  elle-même,  et  ne  prend  par  conséquent  qu'une 
très  minime  portion  du  tenues  qui  doit  revenir  à  la  pratique 
de  la  langue  étrangère  ?  Il  est  certain  qu'ainsi  limité,  l'em- 
ploi de  la  traduction  n'empêche  pas  d'obtenir  des  résultats 
appréciables.  Mais  c'est  s'arrêter  à  mi-chemin.  L'explica- 
tion directe,  elle  aussi,  peut  être  rapide  et  claire  ;  il  y  suffit 
un  peu  d'habitude  et  d'attention.  Et  elle  est  pins  efficace, 
puisque  tout  recours  à  la  traduction  a  pour  effet  de  res- 
tî  eindre  l'usage  de  la  langue  enseignée,  de  supprimer  ce 
rappel  fréquent  et  naturel  qu'on  fait  des  mots  anciens 
quand  on  les  emploie  pour  découvrir  la  signification  des 
Tiiots  nouveaux,  de  détendre  l'attention  de  la  classe  et 
d'amortir  l'intérêt   de   l'enseignement. 

Quelques-uns  voudraient  aller  plus  loin  dans  l'emploi  de 
la  traduction.  Ils  pensent  que  des  exercices  écrits  de  version 
et  de  thème  sont  nécessaires,  non  seulement  pour  contrôler 
les  résultats  obtenus  mais  encore  pour  les  fixer.  Cette  opi- 
nion n'est  pas  fondée.  C'est  toujours  un  usage  réitéré  qui 
grave  le  mot  dans  l'esprit.  Or,  les  exercices  écrits  directs 
qtte  je  propose,  font  une  répétition  plus  intensive  des  mots 
que  celle  qu'on  obtient,  dans  le  même  temps,  au  moyen  des 
exercices  de  traduction.  Sans  compter,  ce  qui  a  une  grande 
importance,  que  les  premiers  sont  beaucoup  plus  intéres- 
sants pour  l'élève  et  qu'ils  l'habituent  à  penser  dans  la 
langue  étrangère.  Quant  au  contrôle,  il  se  fait  également 
bien  par  les  devoirs  directs  et  par  la  dictée.  On  ne  donne 
pas  de  thèmes  dans  la  classe  de  langue  maternelle  que  la 
nôtre  prend  pour  modèle,  et  cependant,  le  professeur  sait 
quels  sont  les  élèves  qui  connaissent  le  mieux  leur  langue. 
Un  collègue  me  disait  un  jour  —  c'était  dans  une  classe  de 
débutants,  vers  le  huitième  mois  —  :  «  Je  vois  que  ces  élè- 
ves vous  comprennent  et  manient  déjà  bien  toutes  les  petites 
phrases  du  livre,  dans  les  divers  exercices  de  la  classe.  Mais 
peut-on  être  absolument  sur  de  la  solidité  de  leurs  con- 
naissances grammaticales  si  on  ne  les  contrôle  pas  au  moyen 
de  la  version  ou  du  thème  ?  »  Je  répondis  aflirmativement 
et  pour  dissiper  l'incertitude  de  mon  visiteur,  je  composai 
sur  le  champ  un  thème,  d'une  dizaine  de  phrases  détachées, 
dont  chacune  traduisait  une  des    formes    essentielles    de    la 


116  LES   LANGUES    MODERNES 

langue  enseignée.  Ce  thème  fut  enlevé  rapidement,  le  temps 
de  l'écrire.  Je  remis  les  copies  à  mon  collègue  qui  les  exa- 
mina pendant  que  j'achevais  ma  leçon.  A  la  fin  de  la  classe, 
il  nie  dit  :  «  Je  suis  fixé  !  les  thèmes  sont  presque  tous  sans 
fautes.  Permettez-moi  de  les  emijorter  pour  les  montrer  à  un 
ami  qui  ne  croit  j^as  du  tout  à  la  méthode  directe.  »  J'avais 
en  cette  occasion  donné  un  thème  de  préférence  à  une  ver- 
sion, car  de  ces  deux  instruments  de  contrôle,  c'est  le  thème, 
sans  conti'edit,  qui  permet  d'apprécier  plus  sûrement  le 
savoir  de  l'élève. 

Je  ne  conseillerai  donc  pas  l'emploi  des  exercices  écrits 
de  traduction  dans  la  classe  des  commençants.  On  n'en  a 
nul  besoin,  et  ils  ont  le  grave  défaut  de  diminuer  l'usage 
de  la  langue  enseignée  à  un  moment  de  l'étude  où  il  doit 
être  aussi  intensif  que  possible. 

La  méthode  d'enseignement  par  l'usage,  avec  ses  moda- 
lités diverses  d'application,  n'est  pas  nouvelle.  On  l'a  sou- 
vent employée  ou  réclamée  même  pour  l'étude  des  langues 
mortes.  Jetons  un  coup  d'oeil  sur  l'histoire  de  la  pédagogie 
des  langues. 

Roger  Ascham  (1),  l'illustre  précepteur  de  la  reine  Eliza- 
belh  d'Angleterre,  voulait  qu'on  enseignât  toutes  les  langues 
par  l'usage,  les  savantes  comme  les  vulgaires. 

Au  collège  de  Strasbourg,  dirigé  par  Sturm  (2),  l'un  des 
pédagogues  les  plus  renommés  du  xvi^  siècle,  et  dont  l'ensei- 
gnement attirait  chaque  année  des  milliers  d'étudiants,  il 
était  interdit  au  professeur  de  parler  la  langue  maternelle 
dans  les  classes  de  latin,  même  avec  les  jeunes  élèves.  Les 
Jésuites  suivirent  pendant  longtemps  une  méthode  analogue 
à  celle  de  Sturm,  et  dans  toutes  leurs  classes  on  parlait 
latin." 

Montaigne  (3),  qui  eut  pour  précepteurs  d'éminents  lati- 
nistes, nous  raconte  comment  il  avait  appris  le  latin  : 
f;  Quant  à  moy  j'avoy  plus  de  six  ans,  avant  que  j'enten- 
disse non  plus  de  françois  ou  "de  périgourdin  que  d'ara- 
besque ;  et,  sans  art,  sans  livre,  sans  grammaire  ou  pré- 
cepte, sans  fouet,  et  sans  larmes,  j'avois  apprins  du  latin 
tout  aussi  pur  que  mon  niaistre  d'eschole  le  sçavoit.  Mes 
précepteurs  domestiques  m'ont  dict  souvent   (|ue    j'avoi.-s    ce 


(1)  Roger  Ascham.  The  Schoolmaster. 

(2)  Farrar's  Essays  on  a  Libéral  Education. 
(.1)  Essais.  Livre  L  chap.  XXV. 


DE    LA    MÉTHODE    DIRECTE  117 

langage  si  prest  et  si  à  main  qu'ils  craignoient  à  m'accos- 
ter.  '>  Il  faut  dire  que  le  cas  de  Montaigne  n'est  pas  ordi- 
naire. Il  ne  savait  aucune  langue  quand  on  lui  apprit  le 
latin  qui  fut  en  quelque  sorte  sa  langue  maternelle.  Mais  il 
est  intéressant  de  remarquer  que  ses  savants  maîtres  ne 
jugèrent  pas  à  propos  de  se  servir  des  règles  de  la  gram- 
maire pour  échiircir  et  fortifier  leur  enseignement. 

I-'ranchissant  un  siècle,  nous  trouvons  un  maître  très 
habile,  Lefèvre  de  Saumur  (1),  qui  s'élève  avec  énergie  con- 
tre ce  que  Montaigne  appelait  «  la  mode  des  collèges  »  où 
l'on  plaçait  le  thème  au  début  même  des  études.  «  Je  me 
gardai  bien,  dit  Lefèvre,  de  suivre  la  manière  qu'on  suit 
ordinairement,  qui  est  de  commencer  par  la  composition. 
Je  me  suis  toujours  étonné  de  voir  pratiquer  une  telle 
niéthode  pour  introduire  les  enfants  dans  la  connaissance 
de  la  langue  latine,  car  cette  langue,  après  tout,  est  comme 
les  autres  langues.  »  Lefèvre  employa  sa  méthode  avec  sa 
fdle,  la  célèbre  Mme  Dacier,  qui  parvint  à  la  grande  connais- 
sance qu'elle  avait  de  la  langue  latine  sans  avoir  fait  un 
seul  thème  en  sa  vie. 

PLis  tard,  Locke  (2),  dans  son  traité  de  l'Education,  juge 
avec  une  grande  sévérité  l'enseignement  des  langues  par  les 
règles,  tel  qu'on  le  pratiquait  de  son  temps  dans  les  écoles. 
'•  C'est  par  l'usage,  dit-il,  qu'on  doit  apprendre  les  lan- 
gues... La  méthode  la  plus  facile  est  de  ne  pas  ennuyer 
l'enfant  avec  des  règles  de  grammaire,  mais  de  lui  faire 
apprendre  le  latin  de  la  même  manière  qu'il  a  appris  sa 
langue  maternelle,  en  le  lui  parlant.  »  Et  Locke  demande 
c{u'à  défaut  d'un  maître  parlant  le  latin,  on  mette  l'élève  à 
même  de  lire  des  livres  faciles  et  intéressants  au  moyen 
d'une  interprétation  interlinéaire  ;  mais  il  considère  ceci 
comme  moins  efTicace  que  la  pratique   de  la  conversation. 

En  P'rance,  au  xvin'  siècle,  Dumarsais,  grammairien  dis- 
tingué, adopta  les  vues  de  Locke,  et  il  les  a  développées 
avec  beaucoup  de  clarté  dans  sa  «  Méthode  raisonnée  pour 
apprendre  la  langue  latine  ».  «  Je  fais  d'abord  apprendre 
aux  enfants,  dit-il,  les  noms  latins  de  toutes  les  choses  sen- 
sibles qui  frappent  leur  imagination.  Je  leur  fais  aussi 
apprendre  quelques  phrases  qui  entrent  dans  la  conversa- 
tion,   ce    qui    leur    donne    un    goût    infini    pour    le    latin.   » 


(1)  Lefèvre.  Méthode  pour  apprendre  les  humanités. 
<2)  Locke.  Thoughts  on  Education. 


118  LES    LANGUES    MCDERNES 

A  l'aide  d'une  traduction  interlinéaire  Dumarsais  fait 
ensuite  lire  à  ses  élèves  un  auteur  latin  rangé  suivant  la 
construction  française  et  sans  inversion.  Dalembert  (1),  dans 
l'exposé  qu'il  fait  de  la  méthode  de  Dumarsais,  écrit  les 
lignes  suivantes  :  «  M.  Dumarsais  n'a  pas  de  peine  à  mon- 
trer les  avantages  de  sa  méthode  sur  la  méthode  ordinaire. 
Les  inconvénients  de  celle-ci  sont  de  parler  aux  enfants  de 
cas,  de  modes  et  de  concordance,  sans  j^réparation,  et  sans 
qu'ils  puissent  sentir  l'usage  de  ce  qu'on  leur  fait  appren- 
dre ;  de  leur  donner  ensuite  des  règles  de  syntaxe  très 
composées,  dont  on  les  oblige  de  faire  l'application  en  met- 
tant du  français  en  latin  ;  de  vouloir  forcer  l'esprit  à  pro- 
duire, dans  un  temps  où  il  n'est  destiné  qu'à  recevoir,  de 
les  fatiguer,  en  cherchant  à  les  instruire  ;  et  de  leur  inspi- 
rer le  dégoût  de  l'étude,  dans  un  âge  où  l'on  ne  doit  songer 
qu'à  la  rendre  agréable.  En  un  mot,  dans  la  méthode  ordi- 
naire, on  enseigne  le  latin  à  peu  près  comme  un  homme 
qui,  pour  apprendre  à  un  enfant  à  i^arler,  commencerait 
par  lui  montrer  la  mécanique  des  organes  de  la  parole. 
M.  Dumarsais  imite,  au  contraire,  celui  qui  enseignerait 
d'abord  à  parler,  et  qui  expliquerait  ensuite  la  mécanique 
des  organes.  Rien  ne  me  parait  plus  i^hilosophique  que 
cette  méthode,  plus  conforme  au  développement  naturel  de 
l'esprit  et  plus  propre   à   abréger  les   diffîcultés.   « 

Je  pourrais  citer  encore  bien  des  esprits  excellents  qui, 
après  Dumarsais,  ont  estimé  qu'on  ne  doit  pas  enseigner  les 
langues  par  les  règles  et  par  des  thèmes,  mais  plutôt  par 
l'usage,  auquel  on  joint  peu  à  peu  les  préceptes.  Mais  ce 
serait  allonger  inutilement  une  démonstration  qui  visait  à 
établir  que  cette  dernière  méthode  n'était  pas  une  nouveauté 
et  que  des  voix  autorisées  s'étaient  depuis  longtemps  élevées 
en  sa  faveur.  Que  cette  méthode  s'impose  au  professeur  de 
langue  vivante,  cela  me  parait  hors  de  doute.  Son  but  ne 
doit-il  pas  être,  comme  c'était  celui  des  grands  maîtres  de 
latin  du  xvi'  siècle,  alors  que  le  latin  était  encore  la  langue 
de  la  philosophie,  de  l'érudition  et  de  la  science,  d'appren- 
dre à  ses  élèves  à  parler,  à  lire  et  à  écrire  la  langue  qu'il 
enseigne  ?  Et  s'il  réussit  à  l'atteindre,  il  aura  par  contre- 
coup assuré  à  son  enseignement  une  place  honorable  dans 
Ir,  discipline  des  études.  Mais  je  m'empresse  de  dire  qu'il 
convient  à   ce  ])roi)os   d'être   modestes,   et   de   se   garder    de 

(1)  Dalembert.  Eloge  de  Dumarsais. 


DE   LA   MÉTHODE    DIRECTE  119 

l'alTirmation  gratuite  qui  attribue  aux  exercices  scolaires 
une  action  souveraine  dans  le  développement  des  facultés 
intellectuelles.  La  géométrie,  a-t-on  dit,  avec  raison,  n'a 
jamais  redressé  que  des  esprits  droits  ;  et  nous  voyons  les 
différents  professeurs,  dans  les  notes  de  fin  d'année,  refu- 
ser de  la  mémoire,  de  la  vivacité  d'esprit  ou  de  l'imagina- 
tion à  des  élèves  qui  n'en  avaient  guère  quand  ils  sont 
entrés  au  collège.  Il  faut  se  contenter,  je  crois,  quand  on  a 
la  certitude  d'avoir  inspiré  aux  enfants  le  goût  de  l'étude, 
et  contribué  à  fortifier  chez  eux  l'habitude  de  l'application 
dans  le  travail  régulier  et  méthodique. 

Le  professeur  de  langue  vivante  peut  avoir  cette  certi- 
tude. Regardons  ce  qui  se  passe  dans  une  classe  conduite 
suivant  la  méthode   directe. 

Le  maître  explique  la  leçon  nouvelle.  Ses  élèves,  amusés 
ou  sérieux,  l'écoutent  attentivement.  La  manière  dont  on 
leur  fait  apprendre  le  nom  des  choses  sensibles  est,  en  effet, 
pour  eux  une  sorte  de  jeu  qui  les  passionne  et  auquel  ils 
veulent  participeri  pleinement.  Les  exemples  qui  mettent 
en  lumière  le  rôle  d'un  mot  grammatical,  la  description  qui 
évoque  un  objet  absent,  la  définition  qui  donne  le  sens  d'un 
mot  moral  ou  abstrait,  sont  autant  d'énigmes  dont  ils  sont 
avides  de  connaître  le  mot,  et  qui  mettent  leur  sagacité  à 
l'épreuve.  Les  élèves  apprennent  vite  dans  cette  classe 
qu'une  attention  souteniie  est  absolument  nécessaire,  d'une 
part  pour  saisir  les  sons,  d'autre  part,  pour  suivre  dans  la 
langue  étrangère  les  associations  d'idées  qui  doivent  les 
conduire  au  sens  du  mot  nouveau.  Ils  savent  qu'un  instant 
de  distraction  les  empêchera  de  partager  avec  les  camara- 
des la  joie  d'avoir  compris.  Cette  privation  est  aussi  pour 
toUX  une  petite  humiliation,  et  leur  amour-propre  vient  sti- 
muler leur  effort  d'attention. 

Et  ces  élèves  ne  restent  pas  inactifs.  Au  plaisir  qu'ils  ont 
éprouvé  à  exercer  leur  sagacité  et  à  étendre  leurs  connais- 
sances en  écoutant  le  maître,  succède  celui  plus  grand  peut- 
être  de  parler  à  leur  tour,  d'être  acteurs  après  avoir  été 
spectateurs.  Quand  ils  ont  pris  un  peu  d'assurance,  ils 
aiment  s'exi)rimer  dans  la  langue  étrangère.  Aussi  tous 
veulent  donner  des  ordres,  poser  des  questions  et  jouer  un 
rôle  dans  les  petites  scènes  qu'organise  le  professeur  pour 
mettre  en  usage  la  matière  de  sa  leçon.  Rien  n'est  plus 
propre  pour  les  habituer  à  penser  dans  la  langue  étrangère 
que  de  donner  ainsi  satisfaction  à  ce  besoin    d'activité  qui 


120  LES   LANGUES    MODERNES 

est  un  des  grands  traits  de  leur  naturel.  On  les  appelle 
encore  à  un  rôle  actif  où  se  trouve  engagée  leur  responsabi- 
lité en  leur  faisant  corriger  leur  propre  devoir  ou  la  dictée 
d'un  camarade.  Il  est  curieux  de  voir  quel  souci  d'exacti- 
tude et  de  probité  ils  finissent  par  apporter  à  cette  correc- 
tion pour  mériter  votre  confiance. 

Leur  application  ne  reste  pas  confinée  à  la  salle  de 
classe  ;  elle  est  transportée  à  la  maison  par  les  leçons  à 
apprendre,  les  devoirs  à  faire,  les  dictées  et  les  révisions  à 
préparer.  Ces  premières  leçons  sont  très  courtes,  et  ayant 
été  préparées  soigneusement  en  classe,  il  suffit  pour  les  rete- 
nir d'un  léger  effort  de  mémoire.  Nous  n'abusons  pas  de 
l'exercice  de  récitation.  Et  en  épargnant  ainsi  à  nos  élèves 
une  fatigue  inutile,  nous  obtenons  plus  sûrement  la  justesse 
de  la  prononciation,  la  netteté  et  l'intelligence  de  la  diction. 
Les  devoirs  directs  ont  une  grande  importance.  Répondre 
à  un  questionnaire  varié  ou  en  établir  un,  décomposer  une 
phrase  en  ses  éléments,  en  changer  la  forme  ou  en  mettre 
le  verbe  à  un  autre  temps,  trouver  pour  une  phrase  incom- 
plète le  mot  qui  fait  la  juste  liaison  des  idées,  construire 
des  phrases  originales  qui  doivent  contenir  un  mot  donné, 
appliquer  les  règles  d'accord,  faire  de  petites  descriptions, 
donner  des  définitions,  etc.,  sont  des  exercices  qui  en  con- 
solidant la  langue  que  les  élèves  ont  apprise  en  classe,  sol- 
licitent en  divers  sens  l'activité  de  leur  esprit  et  sans  jamais 
en  dépasser  la  portée.  C'est  pourquoi  ils  .les  aiment  et  les 
font  avec  régularité  et  avec  soin.  Ils  aiment  mieux  encore 
préparer  leurs  dictées  où  il  s'agit  de  ne  pas  faire  de  fautes, 
et  dresser  ces  listes  qui  doivent  servir  aux  «  grandes  inter- 
rogations »  et  qu'ils  remplissent  de  questions  aussi  subtiles 
qu'ils  peuvent  les  faire.  Ces  deux  exercices  excitent  une 
grande  émulation  dans  la  classe  ;  je  n'en  connais  point  où 
elle  mette  yne  application  aussi, vive  et  aussi  persévérante. 

L'action  de  ces  procédés  direcis  est  singulièrement  (avo- 
risée  par  le  goût  naturel  qu'ont  les  enfants  pour  l'étude 
d'une  langue  vivante.  Ils  sont  ravis  d'entendre  ces  sons 
nouveaux  et  qui'  leur  semblent  souvent  étranges  ;  ils  sont 
fiers  de  pouvoir  les  reproduire  à  leur  tour.  A  ce  plaisiv 
musical,  vient  s'ajouter  le  sentiment  qu'ils  ont  'de  bonne 
heure  de  l'utilité  de  cette  langue  qu'on  leur  parle,  et  qu'ils 
])Ourront  bientôt  parler  eux-mêmes  en  pays  étranger.  Ce 
sentiment  qu'ils  n'éprouvent  pas  à  l'égard  des  autres  matiè- 
res, avec  la  même  vivacité  tout  au  moins,  augmente  encore 
leur  désir  d'apprendre. 


DE   L\    MÉTHODE    DIRECTE  121 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  que  la  manière  directe  qui 
procède  du  connu  à  l'inconnu,  du  concret  à  l'abstrait,  du 
simple  au  complexe,  et  ce  ne  sont  pas  là  de  vains  mots,  a 
les  qualités  d'une  méthode  rigoureuse.  Elle  ne  iJermet  pas 
au  professeur  d'aborder  au  début  des  études,  par  pure 
fantaisie  ou  sous  prétexte  de  donner  plus  d'élévation  à  son 
enseignement,  des  morceaux  difficiles  de  langue  et  de  pen- 
sée qu'on  voit  souvent  y  introduire  à  l'aide  de  la  traduc- 
tion." Elle  impose  la  simplicité,  la  clarté  et  la  mesure  sans 
lesquelles,  avec  les  enfants  surtout,  un  enseignement  ne 
peut  avoir  de  valeur  d'aucune  sorte. 

Que  le  professeur  de  langue  vivante  écarte  résolument 
la  méthode  généralement  en  usage  aujourd'hui  dans  la  classe 
de  langue  morte  ;  elle  ne  convient  à  la  classe  de  langue 
vivante  ni  par  son  esprit,  ni.  par  ses  procédés.  On  lui 
<lemande  parfois  de  collaborer  à  l'enseignement  de  la  lan- 
^gue  maternelle.  Il  y  a  lieu  de  s'en  étonner.  Il  le  voudrait 
qu'il  ne  le  pourrait  pas.  La  langue  maternelle  s'aijprend  par 
la  bonne  conversation,  la  lecture  des  bons  auteurs,  les 
explications  de  textes  et  les  divers  exercices  qu'on  prati- 
que dans  les  classes  des  professeurs  compétents.  La  contri- 
bution que  peut  apporter  à  leur  enseignement  leur  collègue 
de  langue  vivante,  par  l'exercice  de  là  version,  est  insigni- 
fiante pour  ne  pas  dire  nulle.  Celui-ci  ne  doit  donc  pas 
sacrifier  à  des  prétentions,  qui  sont  loin  d'être  justifiées, 
l'efficacité  de  son  propre  enseignement,  et  sa  valeur  éduca- 
tive qui  dépend   entièrement  de   cette  efficacité. 

E.  GouRio. 


<«> 


De  rinconvénient  que  présente  pour  les  Académiciens 
l'ignorance  des  Langues  vivantes 


La  guerre,  hélas  !  ne  nous  a  pas  corrigés  de  tous  nos 
défauts  —  et  je  tiens  qu'un  des  principaux  est  l'ignorance, 
endémique  chez  nous,  de  tout  ce  qui  se  passe  ou  s'écrit 
en  dehors  de  nos  frontières.  L'exemple,  malheureusement, 
vient  de  haut.  Cependant  des  esprits  bornés  s'imaginent 
qu'un  des  résultats  de  notre  victoire  devra  être  de  nous 
ramener  à  une  culture  purement  française  et  gréco-latine, 
et  d'éliminer  des  programmes  ou  d'y  réduire  au  strict 
minimum  les  langues  vivantes,  corruptrices  du  génie 
national. 

Je  n'examinerai  pas  ce  que  vaut  cette  doctrine  réaction- 
naire. Je  me  placerai  à  un  point  de  vue  tout  réaliste  et  utili- 
taire, et  que  d'aucuns  trouveront  frivole.  Que  gagnons- 
nous  en  prestige,  quand  les  étrangers  s'aperçoivent  que  nous 
ignorons  tout  ce  qui  n'est  pas  de  notre  pays  et  de  notre 
langue  ?  Je  ne  parle  pas  ici  de  la  masse,  mais  de  l'élite.  Je 
l)arle  de  l'Académie  française,  s'il  faut  tout  dire. 

Il  y  a  peu  de  mois  éclatait  l'affaire  de  V Atlantide. 
L'Académie  se  trouvait  dans  cette  situation  délicate  d'avoir 
couronné  un  livre  qui  semblait  être  par  trop  fortement  ins- 
piré d'un  roman  étranger  ;  que  M.  Pierre  Benoît  ait  ou 
non  plagié  Rider  Haggard,  ou  que  tous  deux  aient  une  source 
commune,  ou  que  la  coïncidence  soit  fortuite  —  peu  m'im- 
porte et  je  n'en  sais  rien.  Mais  c'est  avant  et  non  après  le 
jugement  que  l'enquête  eût  dû  être  faite.  Oui,  mais  lequel 
de  nos  académiciens  a  jamais  lu  Rider  Haggard  ? 

Je  me  suis  laissé  dire  qu'à  une  séance  mémorable  de 
l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  bien  rares 
étaient  dans  la  docte  Assemblée  ceux  dont  la  physionomie 
trahissait  qu'ils  pouvaient  suivre  et  comprendre  la  brève 
allocution  du  président  Wilson. 

J'en  viens  à  un  autre  incident.  En  novembre  dernier,  une 
de  nos  plus  grandes  revues,  dont  la  couverture  citron 
s'orne  du  nom  de  deux  académiciens  illustres,  publiait  sur 


LES  ACADÉMICIENS  ET  l'iGNORANCE  DES  LANGUES  VIVANTES     l'iS 

Gœthe,  génie  latin,  deux  articles  vraiment  singuliers.  On  y 
lisait  sur  la  vie  de  Gœthe  et  sur  son  caractère  des  détails 
que  je  ne  nie  souviens  pas  d'avoir  jamais  lus  ailleurs,  bien 
que  l'auteur-  nous  prévint  qu'il  n'avait  lu  Gœthe  qu'en  tra- 
duction. Voici  d'abord  un  comte  de  Morane,  que,  jusqu'ici, 
nous  avions  appelé,  non  pas  Thorane,  comme  dit  Gœthe, 
mais  Thorane.  Un  peu  plus  loin,  nous  apprenons  que 
Gœthe  a  mis  dans  Gœtz  d?  Berlichingen  «  ses  premières 
tendresses  de  jeune  privat-docent  >^.  Voilà,  où  je  ne  m'y 
connais  guère,  un  fait  nouveau  !  Et  que  dire  de  celui-ci  qui 
nous  consterne  :  «  Des  comédies  intitulées  :  Le  Caprice  de 
VAniant,  les  Complices,  il  ne  nous  est  resté  que  les  titres.  » 
.J'attends  qu'un  Allemand  découvre  que  de  la  Thébaïde  et 
ùWlexandre  le  Grand,  de  la  Veuve  et  de  la  Galerie  du  Palais 
«  il  ne  nous  est  resté  que  les  titres  ». 

Je  passe  sur  des  péchés  plus  véniels,  Winckelmann,  de^ix 
fois  appelé  Wickelmann,  Christiane,  toujours  appelée 
Christine,  les  amoureuses  rangées  dans  cet  ordre  fantai- 
siste :  «  Lili  à  Francfort,  Frédérique  à  Strasbourg,  Char- 
lotte, enfin.  »  J'en  viens  aux  appréciations  générales. 

La  thèse  d'abord  :  «  Gœthe  fut  élevé  en  pur  Latin.  Et 
que  ses  œuvres,  en  dehors  des  deux  premières,  soient  dues 
à  cette  éducation  latine,  c'est  ce.  que  je  voudrais  démon- 
trer. »  En  vertu  de  ce  principe,  on  réduit  l'éducation  de 
(iœthe  aux  gravures  de  Piranèse,  aux  classiques  latins,  au 
théâtre  français  et  aux  leçons  d'italien,  on  escamote  com- 
plètement Herder  et  la  cathédrale  de  Strasbourg,  Ossian 
et  la  poésie  populaire.  On  déclare,  en  termes  délicats,  que 
Gœthe  «  avec  Gœtz  et  Werther,  a  vidé  son  génie  germa- 
nique »,  qu'il  a  «  jeté  sa  gourme  germanique  et  tout  dit 
de  son  cœur  francfortois  »  ;  qu'il  est,  pour  tout  dire,  à 
bout  de  souille,  à  vingt-cinq  ans  !  Heureusement,  il 
retrouve  en  Charles-Auguste  «  toute  son  enfance,  les 
gravures  du  vestibule,  les  tableaux  du  comte  de  Morane 
et  tout  ce  génie  latin  des  Métamorphoses  et  de  Racine  qui 
îîvait  aidé  à  l'éveil  des  premières  réflexions,  des  plus  pures 
exaltations  ».  Mme  de  Stein,  par  contre,  n'a  pas  les  faveurs 
de  l'auteur  ;  il  la  juge  «  dame  de  cour  aux  petites  idées,  aux 
mesquins  intérêts,  dont  toute  l'ambition  se  limite  aux  sou- 
rires de  ses  princes  ».  Et  la  cour  de  Wcimar  elle-même 
scrMble  devoir  être  peinte  «  à  la  manière  de  Jean  Veber,  où 
de  petites  gens  bouflonnes  (sic)  n'abdiquent  pas  complète- 
iiient  tout  idéal  ni  toute  noblesse  humaine  ». 

Lorsque,   en   1786,   Gœthe   décide   de   partir   pour    l'Italie» 


124  L.ES   LANGUES    MODERNES 

«  il  demande  un  congé  au  duc,  fait  ses  adieux  à  Mme  de 
Stein  ».  Quoi  de  plus  raisonnable?  Mais  que  signifient 
aloi's  ces  lettres  où  Goethe  s'excuse  de  sa  «  fuite  »,  de  ce 
que  son  départ  a  eu  de  «  souterrain  »  et  de  furtif  ?  Il  est 
vrai  que  M.  André  Maurel  n'a  jamais  lu  ces  lettres... 

Sur  le  caractère  de  Goethe,  les  contre-sens  abondent  :  on 
lui  reproche  d'être  sec,  purement  cérébral,  insensible, 
égoïste.  On  déclare  —  avec  quelle  hauteur  !  —  •«  qu'un  tel 
insensible  devait  épouser  sa  bonne  ».  On  affirme  que 
«  toutes  les  amours  l'eilleurent  sans  l'atteindre  »,  bref, 
«  qu'il  n'est  un  homme  que  tout  juste  ce  qu'il  faut  pourvue 
jjas  être  monstre  »  et  que  «  lorsqu'il  s'abandonne  à  quel- 
que volupté  sensorielle  {sic),  il  se  la  reproche  et  il  en 
rougit  »,  ceci  en  pleine  période  napolitaine.  Par  ailleurs, 
on  parlera  de  lui  comme  du  «  bon  petit  Allemand  qui  a 
écrit  Gœtz  et  Werther  »  et  aussi  du  «  bon  chrétien  réfor- 
mé »  qui  a  donné  à  Iphigénie  les  sentiments  d'une  prin- 
cesse chrétienne. 

Je  ne  veux  pas  prolonger  cet  épluchage.  Le  dernier 
contre-sens,  au  sujet  de  Faust,  est  le  plus  gros.  Si  le  pre- 
mier Faust  semble  obscur  et  germanique,  le  second,  en 
revanche,  paraît  à  notre  auteur  «  tout  simple  et  limpide, 
radieux  de  sérénité  et  de  franchise,  ouvert  à  tous  comme  il 
rétait  devant  l'auteur  qui  n'a  rien  écrit  de  plus  ingénu  ». 
Que  signifie-t-il,  en  efTet,  si  ce  n'est  la  victoire  de  l'art 
classique,  le  triomphe  d'Hélène,  «  la  supériorité  du  grand 
art  latino-grec  ?  »  Je  soupçonne  l'auteur  de  ne  pas  avoir  lu 
le  second  Faust  ou  de  n'en  connaître  que  des  pages  choi- 
sies, en  tout  cas  de  n'avoir  pas  dépassé  l'épisode  d'Hélène 
qui  est  loin  de  clore  le  drame. 

Voilà  de  quelles  pauvretés  on  nourrit  le  grand  public. 
Voilà  ce  que  couvre  —  involontairement,  je  l'espère  — 
l'autorité  de  deux  académiciens.  Les  lecteurs  allemands 
qui  lisent  les  revues  françaises,  ont  de  quoi  faire  des  gor- 
ges chaudes  à  nos  dépens,  et  ce  n'est  peut-être  pas  le  but 
([ue  nous  devrions  nous  proposer.  Mais  c'est  un  des  petits 
inconvénients  de  l'ignorance  des  langues  et  des  littératures 
étrangères,  telle  qu'elle  sévit  chez  nous,  même  dans  les 
cercles  cultivés. 

Geneviève   Bianquis, 
Professeur  au  lycée  de  Reims. 


.»» 


L*Accord  interscolaire  Franco-Italien 


Le  projet  d'accord  franco-italien  relatif  aux  échanges 
interscolaires  vient  de  recevoir  la  haute  approbation  du 
Conseil  des  Ministres  en  Italie  :  il  est  à  la  signature  du 
Roi  ;  les  élections  à  la  Commission  Royale  prévue  vont 
avoir  lieu,  après  un  précédent  essai  :  on  peut  donc  consi- 
dérer l'accord  comme  désormais  réalisé  et  le  signaler  à  la 
presse  et  au  grand  public. 

C'est  un  grand  pas  qui  vient  d'être  fait  dans  la  voie  du 
rapprochement  intellectuel  des  deux  plus  grandes  nations 
latines.  C'est,  jusqu'ici,  le  seul  instrument  sérieux  de  la  lutte 
contre  l'hégémonie  allemande  eii  Italie  et  en  France,  dans 
le  domaine  intellectuel.  Il  reste  à  étudier  la  question,  très 
importante,  du  livre  et  de  la  librairie  française  en  Italie, 
du  livre  et  de  la  librairie  italienne  en  France,  ainsi  que  la 
diffusion  réciproque  de  nos  revues  et  journaux.  Il  reste  à 
créer  une  sorte  d'association  franco-italienne  de  la  presse, 
par  le  moyen  d'agences  et  de  correspondants  habilement 
distribués  dans  les  deux  pays.  Déjà,  l'Italie  possède  un 
excellent  périodique  d'information  de  librairie  et  de  biblio- 
graphie, l'Italia  che  scvive,  dû  à  l'activité  ardente'  et  désin- 
téressée de  M.  Formiggini.  Mais  c'est  là  un  point  sur 
lequel  nous  comptons  insister  bientôt  plus  en   détail. 

Préparé  en  Italie  par  trois  professeurs  éminents  de  l'Uni- 
versité romaine,  MM.  le  Sénateur  Vito  Volterra,  l'illustre 
mathématicien.  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  et  mem- 
bre de  notre  Institut,  le  juriste  Pietro  Bonfante  et  le  criti- 
que littéraire  Vittorio  Rossi,  ainsi  que  le  Commandeur 
Giovanni  Filippi  —  et  en  France  par  le  maître  incontesté 
cies  études  italiennes  M.  Henri  Hauvette,  professeur  à  la 
Sorbonne,  et  par  le  Directeur  de  l'Office  National  des  Uni- 
versités et  Ecoles  françaises,  M.  Charles  Petit-Dutaillis  et 
M.  A.  Coville,  Directeur  de  l'enseignement  supérieur  mixte 
I.  P.,  le  projet  d'accord  international  des  échanges  inter- 
scolaires, depuis  de  nombreuses  années  à  l'étude,  a  été  mis 
sur  pied  et  conclu  avec  une  louable  rapidité,  en  quelques 
mois,  par  l'Ambassade  de  France  à  Rome.  Par  là,  M.  Camille 


126  LES   LANGUES    MODERNES 

Barrère  a  ajouté  un  nouveau  titre  à  la  gratitude  que  tous  les 
amis  sincères  de  nos  deux  pays  doivent  lui  avoir,  pour 
l'œuvre  si  féconde  et  si  haute  du  rapprochement  franco- 
italien,  dans  tous  les  domaines  de  l'activité,  à  laquelle  il 
s'est  attaché  depuis  plus  de  vingt  ans. 

Examinons  maintenant,  dans  son  esprit  et  dans  quelques- 
uns  de  ses  détails,  le  nouvel  et  si  important  accord  entre  la 
France  et  l'Italie. 


Le  succès  de  l'accord  dépendra  uniquement  de  la  façon 
dont  il  sera  pratiqué.  Bref  dans  ses  termes  et  conçu  dans 
\\n  esprit  assez  large  (le  bénéfice  s'en  étend  aux  membres 
de  l'enseignement  libre,  au  moins  en  ce  qui  concerne  l'en- 
seignement supérieur),  le  projet  peut  être  bon  ou  mauvais, 
fécond  ou  stérile,  ou  même  nuisible,  suivant  la  manière  dont 
on  l'interprétera,  et  surtout  dont  on  le  fera  fonctionner. 
Qu'on  nous  permette  ici  une  série  d'observations  précises. 

Avant  tout,  il  importe  d'envisager  les  choses  largement, 
au  point  de  vue  matériel.  Si  l'on  en  croit  certaines  infor- 
mations, l'Italie  n'aurait  pas  l'intention  d'attribuer  des 
fonds  très  considérables  à  la  question  des  échanges  inter- 
scolaircs.  C'est  là  une  erreur  fondamentale,  si  telle  est  bien 
l'intention  du  Gouvernement,  ou  plvitùt  des  ministères  inté- 
ressés. Pas  d'argent,  pas  d'action  :  l'argent  sera  le  nerf  des 
échanges  et  de  toute  œuvre  d'après-guerre,  comme  il  a  été 
le  nerf  de  la  guerre. 

Il  faut  que  les  Gouvernements  italien  et  français  se  per- 
suadent de  la  nécessité  de  consentir  de  grands  sacrifices 
pour  l'expansion  intellectuelle  et  universitaire  réciproques. 
Les  Parlements  et  les  différents  Ministères  doivent  admettre 
le  principe  d'une  large  rémunération  de  tous  les  professeurs 
envoyés  en  mission  à  l'étranger,  non  seulement  pour  qu'ils 
puissent  se  donner  à  leur  enseignement  ou  à  leurs  travaux 
sans  préoccupations  matérielles,  mais  aussi  pour  le  bon 
renom  de  chaque  nation.  Nous  croyons  savoir  qu'en  Italie 
le  projet  primitif  était  conçu  sur  des  bases  dignes  de  l'œu- 
vre à  accomplir  ;  ce  serait  un  grand  danger  que  de  s'écar- 
ter par  trop  de  ces  vues. 

Une  deuxième  condition  absolue,  pour  l'efficacité  des 
échanges,  c'est  qu'on  leur  donne  une  véritable  portée  scien- 
tifique. Conformément  à  un  des  articles  du  projet,  on  s'ef- 
forcera de  favoriser  les  recherches  en  cours,  en  confiant 
aux    érudits   des    deux   pays   qui    s'attachent    à    des   œuvres 


l'accord  interscolaire  franco-italien  127 

originales,  des  missions  aussi  larges  qu'il  sera  nécessaire. 
Ainsi,  notre  science  se  fera  connaître  et  apprécier  direc- 
tement chez  nos  amis  et  on  verra  s'établir  entre  les  spécia- 
listes des  deux  nations  des  liens  personnels  qui  jusqu'ici 
faisaient  trop  souvent  défaut.  On  pourrait  songer  à  faire  de 
ce  desideratum  une  règle  générale  dans  l'application  des 
échanges,  sur  toute  leur  étendue.  De  même  qu'il  convien- 
drait d'envoyer  dans  les  Universités  étrangères  des  maîtres 
capables  d'exposer  des  vues  nouvelles,  de  même,  il  serait 
opportun  de  détacher  dans  les  établissements  d'enseigne- 
ment secondaire  {lycées,  scuole  medie,  instituti  iecnici, 
scaole  di  coinmercio  et  minerarie) ,  des  professeurs  qui 
enseignent  telle  ou  telle  partie  des  programmes  d'histoire, 
de  littérature,  de  mathématiques,  etc..  qu'ils  connaissent 
davantage  et  dont  ils  sont  «  spécialistes  ».  De  la  sorte,  on 
éviterait  le  grave  inconvénient  de  faire  enseigner,  par  un 
professeur  étranger,  la  même  discipline  qui  serait  enseignée, 
dans  la  classe  voisine,  par  un  professeur  national,  sans 
profit  pour  les  élèves  ni  pour  les  maîtres. 

Enfin,  il  sera  nécessaire  aussi  de  dépouiller,  dans  l'appli- 
cation des  échanges  interscolaires,  des  préjugés  étroits  qui 
ont  jusqu'ici  paralysé  si  malheureusement  notre  action  uni- 
versitaire à  l'étranger  ;  comme  il  y  aurait  lieu  d'assimiler 
aux  professeurs  d'échange  —  pour  le  traitement  et  pour  les 
indemnités  —  tous  les  professeurs  envoyés  en  mission  d'en- 
.seignement  ou  d'études,  ainsi  l'on  devrait  prononcer  cette 
assimilation  pour  les  maîtres  destinés  à  l'étranger,  d'une 
manière  stable,  soit  dans  les  établissements  de  l'Etat,  soit 
dans  les  établissements  libres  que  l'Etat  jugerait  dignes  de 
cette  faveur. 

Si  l'on  a  le  droit  d'écarter  du  bénéfice  des  échanges  les 
fonctionnaires  peu  actifs  et  peu  méritants,  on  a  le  devoir 
également  de  traiter  de  la  meilleure  manière  ceux  qu'on 
estime  capables  d'exercer  à  l'étranger,  par  leur  enseigne- 
ment ou  par  leur  présence,  une  influence  heureuse  pour 
notre  cause  commune  :  on  cherchera  à  multiplier,  pour 
ceux-là,  les  avantages  matériels  et  moraux,  de  façon  à  ren- 
dre leur  tâche  plus  aisée,  et  à  retirer  de  leur  travail  le 
maximum  d'utilité. 

De  même,  pour  les  élèves  et  pour  les  étudiants  :  on  aura 
soin  de  les  choisir  avec  discernement  et  on  s'occupera  d'eux 
par  tous  les  moyens.  Oji  donnera  des  relations  aux  élèves 
des  lycées  et  des  scuole  medie  ;  on  favorisera  les  relations 
entre  les  étudiants  de  toutes  les  Universités  et  Ecoles.  Ainsi 


128  LES    LANGUES    MODERNES 

que  l'indique  un  des  articles  de  l'accord,  on  encouragera 
les  caravanes  d'étudiants  alliés,  qui  viendront,  en  dehors  de 
l'année  scolaire,  visiter  le  pays  étranger  :  on  leur  fera 
attribuer  des  facilités  de  parcours  et  des  cartes  spéciales 
pour  visiter  les  monuments  et  les  musées  ;  on  leur  adjoin- 
dra des  maitres  compétents  pour  les  diriger. 


Diverses  règles  de  nature  particulière  devraient  être  sui- 
AÛes  dans  l'application  des  échanges,  par  l'Italie  et  la  France, 
surtout  dans  les  débuts.  Ce  serait  un  danger  de  ne  considé- 
rer que  l'intérêt  scientifique  ;  il  faudra  veiller  à  ce  que  les 
intérêts  d'ordre  général  soient  toujours  sauvegardés.  Com- 
ment ne  pas  éviter,  par  exemple,  l'envoi  à  l'étranger  de  tel 
propagandiste  dangereux  dans  ses  idées,  ou  de  tel  chef 
d'école  qui  serait  tenté  de  mettre  à  profit  son  séjour  dans  le 
pays  pour  exercer  une  influence  regrettable  et  nuisible  à 
l'intérêt  commun  ?  On  aura  soin,  également,  de  n'envoyer 
en  France  que  des  professeurs  italiens  capables  de  donner 
leur  enseignement  en  langue  française,  sauf  peut-être,  pour 
les  professeurs  destinés  à  enseigner  la  langue  italienne,  la 
réciprocité,  très  difTicile,  pour  ne  pas  dire  impossible  à  réa- 
liser, pourrait  être  tentée  dans  certains  centres  plus  parti- 
culièremen!  importants  d'Italie,  où  l'on  détacherait  des  mai- 
Ires  français  capables  de  professer  en  langue  italienne. 

Chacun  de  ces  points  mérite  une  attention  spéciale  et  ce 
sera  l'oeoivre  des  universitaires  appelés  à  siéger  au.  sein  des 
Commissions  techniques  italienne  et  française,  auxquels  il 
appartiendra  d'organiser  les  échanges.  C'est  déjà  une 
preuve  de  garanties  que  le  mode  électif  prévu,  en  Italie 
j>our  la  nomination  des  membres  de  cette  Commission,  qui 
fera  partie  intégrante  du  Conseil  supérieur  de  l'Instruction 
Publique. 

Une  grande  attention  devra  être  apportée  au  choix  du 
délégué  national  à  la  Commission  étrangère.  Ce  délégué  ne 
saurait  être  qu'un  délégué  permanent,  qui  puisse  par  son 
séjour  dans  la  capitale  étrangère,  tenir  en  mains  toute  l'an- 
née les  fils  de  l'organisation  des  échanges  et  garder  un  con- 
tact perpétuel  avec  les  différentes  directions  d'enseignement, 
au  Ministère  et  avec  la  plupart  des  Universités  du  pays. 
C'est  à  ce  prix  seulement  que  les  échanges  pourront  être 
féconds  et  méthodiques  et  fonctionner  sûrement  sur  une 
large  échelle  sans  craindre  de  voir  s'accroître  des  inconvé- 
nients qui  dépasseraient  de  beaucoup  les  avantages.    Qu'on 


l'accord  ixterscolaire  franco-italien  129 

se  persuade  qu'aucune  mission  temporaire  ne  pourrait 
jamais  suppléer  à  cette  permanence,  et  que,  par  l'absence 
de  tel  délégué,  on  s'exposerait  à  compromettre  irrémédia- 
blement un  projet  appelé  au  meilleur  avenir,  s'il  est  réalisé 
avec  toutes  les  garanties  de  succès  désirables. 

Il  semble  superflu  de  faire  observer,  en  terminant,  que  les 
échanges  interscolaires  ne  doivent  pas  fonctionner  seule- 
ment entre  les  établissements  relevant  du  Ministère  de 
l'Instruction  Publique,  mais  aussi  entre  les  Ecoles  et  Ins- 
tituts qui  dépendent  des  divei^'s  autres  Ministères,  tels  que 
les  ^Ministères  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  de  l'Indus- 
trie, des  Travaux  publics  (pour  les  Ecoles  d'Ingénieurs  des 
Mines,  ces  dernières  étant,  en  Italie,  rattachées  au  Ministère 
de  l'Agriculture),  des  Colonies,  de  la  Guerre  et  de  la  Marine 
principalement.  Déjà,  plusieurs  de  ces  départements  minis- 
tériels, tant  en  France  qu'en  Italie,  ont  donné  leur  adhé- 
sion à  l'accord   international. 

Il  va  de  soi  aussi  que  cet  accord  ne  se  limite  pas  en  prin- 
cipe aux  échanges  entre  la  France  et  l'Italie,  mais  peut 
s'étendre  aux  autres  nations  qui  ont  fait  partie  du  groupe 
de  l'Entente  pendant  la  guerre,  ainsi  qu'à  celles  qui  ont 
témoigné  leur  sympathie  à  notre  cause.  Telles  sont  les 
intentions  du  Gouvernement  Italien,  qui  a  chargé  la  Section 
du  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique  «  pour  les 
relations  intellectuelles  avec  l'étranger  »,  d'organiser  les 
échanges  de  professeurs  et  d'étudiants  avec  les  pays  alliés 
et  amis. 

Malgré  les  différences  qui  séparent,  par  exemple,  dans 
l'organisation  didactique  et  dans  l'ordre  administratif, 
l'enseignement  anglais  de  l'enseignement  français,  il  n'est 
pas  douteux  qu'il  apparait  nécessaire  d'étendre  l'accord 
franco-italien  à  la  Grande-Bretagne.  On  peut  en  dire  autant 
des  Etats-Unis  et  des  Etats  latins  de  l'Amérique  du  Sud.  Pour 
l'Espagne,  l'opportunité  de  ces  échanges  est  encore  plus 
évidente,  puisque  déjà  l'Italie,  par  l'entremise  d'un  de  ses 
plus  éminents  universitaires,  M.  Guido  Mazzoni,  de  l'Uni- 
versité de  Florence,  a  pris  des  accords  avec  la  péninsule 
ibérique  pour  l'institution  de  relations  universitaires  régu- 
lières, tandis  que  le  Gouvernement  espagnol  décrétait  la 
création  de  chaires  de  langue  et  de  littérature  italiennes  dans 
toutes  les  Universités  du  Royaume.  De  même,  le  Directeur 
de  l'Institut  Français  de  St-Pétersbourg  avait  conçu,  entre 
la  Russie  et  la  Frartce  des  échanges  du  même  genre,  lorsque 
la  guerre  et  la  révolution  ont  éclaté. 


130  LES   LANGUES    MODERNES 

En  conclusion,  l'organe  des  échanges  interscolaires,  tel 
qu'il  vient  d'être  créé,  semble  un  organe  excellent:  à  nous 
de  savoir  nous  en  servir  et  de  le  faire  fonctionner  réguliè- 
rement et  eflicacement.  Souhaitons  que  les  Gouvernements 
de  France  et  d'Italie,  pénétrés  de  l'opportunité  de  cette  ins- 
titution, lui  accordent  tous  les  soins  qu'elle  mérite,  et  con- 
tribuent de  la  sorte  à  créer  entre  les  deux  nations  un  ter- 
rain d'entente  universitaire  et  une  atmosphère  intellec- 
tuelle commune. 

Maurice  Mignon. 


-oso- 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES    ANGLAISES 


Le  10  février  s'est  ouverte  à  Westminster  la  nouvelle 
session  i^arlementaire.  Les  journaux  n'ont  pas  manqué 
d'observer  que  pour  la  première  fois  depuis  1914,  cette 
inauguration  s'est  faite  avec  le  cérémonial  traditionnel, 
abandonné  pendant  les  hostilités.  Ce  retour  aux  usages 
anciens  voudrait  peut-être  donner  l'illusion  qu'il  ne  s'est 
rien  passé  depuis  1914,  et  que  la  vie  continue  connue 
auj^aravant  :  il  est  malheureusement  difficile  de  rayer  d'un 
trait  de  plume  les  quatre  années  de  guerre  et  d'éluder  les 
conséquences  du  cataclysme. 

Le  discours  du  trône  aussi  bien  que  la  déclaration  de 
M.  Lloyd  George  ne  dissimulent  d'ailleurs  ni  la  multiplicité 
ni  la  gravité  des  problèmes  qui  se  posent  à  l'Angleterre. 
Mais  les  deux  exposés  se  contentent  de  généralités  et  l'on 
n'y  apprend  rien  qui  ne  soit  déjà  en  partie  connu  depuis 
quelque  temps. 

Sur  deux  points  seulement,  le  Premier  Ministre  est  caté- 
gorique. A  l'extérieur,  il  n'admettra  aucune  relation  avec  le 
gouvernement  des  Soviets  ;  à  l'intérieur,  il  s'opposera  à 
toute  iniiltration  d'anarchie.  Et  le  premier  vote  qu'il  a 
obtenu  des  Communes  condamnait  une  expérience  de  natio- 
nalisation, première  étape,  à  ses  yeux,  vers  le  bolchevisme. 
Le  discours  de  M.  Lloyd  George  se  borne  par  ailleurs  à 
indiquer  les  problèmes,  et  promet  des  solutions  plutôt  qu'il 
UQ  les  formule  de  façon  précise. 

Nous  ne  nous  y  arrêterons  donc  pas  davantifge,  voulant 
surtout,  dans  ce  premier  article,  passer  en  revue  les  dif- 
licultés  rencontrées  par  nos  voisins  d'outre-Manche  dans 
1l*s  deux  domaines,  intérieur  et  extérieur,  et  noter  les  diver- 
gences de  vues  des  groupes  parlementaires  dans  le  choix 
des  solutions,  divergences  d'où  naît  un  malaise  que  seul 
semble  pouvoir  résoudre  un  regroupement  des  partis. 


132  LES    LANGUES    MODERNES 

Sans  doute,  les  difïicultés  de  l'après-guerre  ne  sont  pas 
particulières  à  l'Angleterre  ;  mais  de  toutes  les  nations  vic- 
torieuses, il  semble  qu'elles  se  manifestent  chez  elles  avec 
le   plus   d'acuité. 

Dans  le  domaine  politique,  la  guerre  (avec  son  corollaire, 
la  révolution  russe)  a  fait  naître  chez  les  nations  oppri- 
mées l'espoir  de  disposer  d'elles-mêmes  ;  dans  le  domaine 
social,  elle  a  éveillé  la  conscience  de  leur  force  chez  les 
masses  populaires  :  deux  ordres  d'aspirations  auxquelles 
s'opposent  inéluctablement  les  forces  conservatrices  du 
pays. 

Dans  un  organisme  sain,  rien  n'en  résulte  de  grave,  mais 
s'il  est  en  état  de  moindre  résistance,  comme  l'Angleterre 
affaiblie  à  la  fois  par  la  lutte  et  par  la  dureté  des  condi- 
tions économiques,  les  revendications  des  humbles  et  des 
opprimés  se  font  pressantes,  et  aboutissent  à  des  violences 
qui,  dans  la  répression,  appellent  elles-mêmes  la  violence. 


La  Conférence  de  la  paix  s'est  fait  du  principe  des  natio- 
nalités une  arme  contre  les  puissances  ennemies.  C'est  dire 
qu'elle  l'a  méconnu  quand  il  la  gênait  ;  ce  qui  eut  lieu  lors- 
que les  intérêts  mercantiles  et  financiers  des  paj's  anglo- 
saxons  étaient  en  jeu,  ou  lorsque  les  minorités  aspirant  à 
l'indépendance  étaient  sous  la  tutelle  de  quelque  puissance 
alliée  ou  associée.  Dans  ce  dernier  cas,  l'opi^ression  réelle 
ou  prétendue,  fut  considérée  comme  extérieure  à  la  juridic- 
tion de  la  conférence,  et  comme  constituant  un  problème 
de  politique   intérieure. 

Au  sein  de  l'empire  britannique,  si  vaste  et  aux  races  si 
diverses,  l'absence  eût  été  paradoxale  de  groupements 
anxieux  de  bénéficier  du  droit  reconnu  aux  Polonais  et  aux 
"Ïougo-Slaves.  Aussi,  l'agitation  nationale  n'a-t-elle  cessé  de 
croître  dans  l'Inde  et  surtout  en  Egypte,  et  la  question  irlan- 
daise, pendante  depuis  si  longtemps,  est-elle  entrée  dans  une 
l)hasc  critique. 

Dans  soit  message  de  fin  décembre  1919,  le  roi  George  V 
recommande  au  vice-roi  des  Indes,  comme  mesure  d'apai- 
sement, une  large  amnistie  pour  tous  les  délits  politiques  ; 
il  annonce  en  outre  une  série  de  dispositions  parmi  les- 
quelles la  création  d'une  Chambre  des  Princes  est  la  plus 
importante,  et  qui  ont  pour  objet,  en  faisant  l'éducation 
f)olitiquc   des  populations   indigènes,   de  préparer    les    voies 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE  133 

À  l'octroi  de  l'autonomie,  but  suprême  de  l'effort  anglais 
dans  l'empire  des  Indes. 

En  Egypte,  l'effervescence  a  peut-être  été  plus  grande,  et 
il  ne  semble  pas  qu'on  ait  fait  pour  ce  pays  autre  chose  que 
de  prendre  des  mesures  de  répression. 

Mais  c'est  surtout  en  Irlande  que  la  situation  est  grave. 
On  s'en  fera  une  idée  en  lisant  la  statistique  récemment 
publiée  par  le   Temps  : 

à  Tableau  des  violences  anglaises  en  Irlande  du  1  " 
mai  191G  au  31  décembre  1919  : 

«  Raids  dans  les  domiciles  particuliers,  12.888; 
«  condamnations  2.181  ;  proclamations  menaçantes  et 
«  interdictions,  396  ;  déportations  sans  jugement, 
«  2.086  ;  arrestations,  5. 055  ;  jugements  en  conseil  de 
«  guerre,  557  ;   suppressions  de  journaux,  54. 

«  En  outre,  des  actes  de  répression  injustifiée  ont 
«  entraîné  la  mort  de  59  personnes,  sans  compter  481 
«  victimes  qui  ont  survécu  à  leurs  blessures.  »  (Ren- 
seignements fournis  par  les  délégués  républicains  irlan- 
dais à  Paris). 

Dans  son  discours  d'ouverture,  M.  Lloyd  George  annonce 
le  dépôt  très  prochain  du  «  Home  Rule  Bill  ».  Les  termes 
n'en  sont  pas  encore  connus,  et  l'on  peut  se  demander  s'ils 
procéderont  d'un  esprit  assez  libéral  pour  dénouer  une 
situation  chaque  jour  plus  tendue.  Il  existe,  en  effet,  en 
Irlande  un  parti  dont  la  force  ne  cesse  de  croître,  qui 
demande  la  proclamation  de  la  république  et  la  séparation 
totale  d'avec  l'Angleterre.  En  jjrésence  des  revendications 
des  Sinn-Feiners,  le  Labour  Party  n'a  pas  encore  indiqué 
quelle  serait  son  attitude.  Il  a  envoyé  des  délégués  enquêter 
sur  place  en  fin  janvier,  et  promis  une  déclaration  sur  la 
question  irlandaise.  Quant  aux  autres  partis,  si  leurs  concep- 
tions des  moyens  diffèrent,  il  y  a  lieu  de  penser  qu'ils  sont 
unanimes  sur  le  but  :  maintenir  un  lien  solide  entre 
l'Irlande  et  l'Angleterre  pour  que  la  première  ne  devienne 
pas  au  flanc  gauche  de  la  seconde  une  menace  perpétuelle. 
On  espère  arriver  à  un  résultat  favorable  en  opposant 
l'Irlande  catholique  à  l'Ulster  protestant.  Cette  confiance 
dans  l'utilisation  éventuelle  des  conflits  religieux  pourrait 
bien  être  déçue.  Car  si  le  sentiment  national  naît  générale- 
ment de  la  communauté  de  langue  et  de  religion,  il  se  trouve 
.singulièrement  renforcé  par  la  communauté    d'intérêts.    Or, 


134  LES   LANGUES    MODEHNES 

en  face  d'une  Angleterre,  accablée  sous  les  charges  linanciè- 
les,  issues  de  la  liquidation  de  la  guerre,  n'est-il  pas  tentant 
pour  tous  les  Irlandais  qu'à  défaut  d'autres  sentiments  plus 
nobles,  l'^goïsme  peut  rapprocher,  de  faire  de  l'Irlande, 
déjà  unité  territoriale,  une'  nation,  rejetant  toute  tutelle,  et 
assurée  de  l'avenir,  parce  que  n'ayant  à  collaborer  à  aucune 
œuvre  de  reconstitution  ?  Déjà,  aux  dernièi-es  élections 
municipales,  les  Sinn-Feiners,  qui  dominent  dans  les  trois 
provinces  catholiques,  ont  remporté,  dans  l'Ulster,  une  vic- 
toire réelle  :  conquérant  110  sièges  sur  421  à  pourvoir.  On 
conçoit  l'inquiétude  des  coalitionnistes  et  même  des  radi- 
caux, partisans  sincères  d'une  très  large  autonomie,  mais 
nettement  hostiles  à  la  rupture.  Peut-être,  la  solution  la 
meilleure  serait-elle  celle  que  préconisait,  à  Paisley, 
:Mr.  Asquith,  au  cours  de  sa  campagne  électorale  :  laisser 
l'Irlande  décider  de  son  sort,  et  s'en  remettre  à  sa  sagesse 
pour  l'avenir. 


Les  problèmes  sociaux  ne  le  cèdent  en  rien  en  gravité  à 
ceux  que  pose  l'application  ou  la  non-application  du  prin- 
cipe des  nationalités.  Ils  n'existent  nulle  part  sous  une 
forme  plus  obsédante  qu'en  Angleterre.  Cela  peut  tenir  à  ce 
que  le  contraste  entre  les  classes  possédantes  et  ,les  classes 
laborieuses  est  plus  grand  qu'ailleurs  ;  ou  doit-on  penser 
que  l'éducation  syndicale  du  prolétariat  y  est  plus  avancée 
que  dans  les  pays  continentaux  ?  Quoi  qu'il  en  soit,  après 
des  élections  faites  dans  la  joie  et  dans  l'espoir,  à  l'issue 
de  la  guerre,  et  qui  donnèrent  une  majorité  écrasante  à 
Mr.  Lloyd  George,  le  mécontentement  n'a  pas  tardé  à  se 
faire  jour  dans  les  milieux  populaires,  puis  à  gagner  les 
classes  moyennes.  11  serait  trop  long  d'énumérer  les  causes 
de  ce  mécontentement  qui  résulte  en  partie  d'une  immense 
déception.  L'on  s'attendait,  la  guerre  finie,  à  une  améliora- 
tion des  conditions  économiques.  Or,  le  prix  de  la  vie  ne 
cesse  de  croître  ;  le  pouvoir  d'achat  de  la  livre  sterling  en 
Amérique  diminue  chaque  jour  ;  et  l'Angleterre  connaît 
aussi  une  crise  des  logements.  Le  remède  évident  a  été 
mainte  fois  indiqué  des  deux  côtés  de  la  Manche  dans  les 
discours  olliciels  :  effort  de  production,  de  restriction  et 
d'économie.  La  formule  est  simple  :  seule  son  application 
])résentc  quelque  difïiculté.  Les  classes  riches  donnent 
l'exemple  du  gaspillage  et  du  mépris  de  l'ordre.  D'autre 
part,  les  gros  salaires  ont  donné  aux  classes    populaires    le 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  135 

goût  des  plaisirs,  les  ont  déshabituées  du  travail  et  de  l'ap- 
plication sincère  à  la  tâche.  Dans  tous  les  milieux,  enfin,  le 
contact  permanent  du  danger  et  l'incei'titude  de  l'avenir, 
ont  tué  l'esprit  d'économie.  Bien  que  le  danger  immédiat 
n'existe  plus,  l'avenir  reste  incertain  :  il  ne  faut  guère 
compter  sur  un  retour  rapide  aux  anciennes  vertus,  ou  à  la 
façon  de  vivre  d'avant-guerre. 

La  Révolution  Russe  a  d'ailleurs  fait  naitre  au  cœur  du 
monde  ouvrier,  ou  du  moins  chez  ceux  qui  parlent  en  son 
nom,  l'espoir  de  secouer  la  domination  du  capital,  et  d'éta- 
blir un  ordre  nouveau  donnant  au  prolétariat  la  première 
place.  La  grève  a  été  considérée  par  certains  dirigeants 
syndicalistes  comme  le  plus  sûr  moyen  d'atteindre  leurs 
lins.  Il  est  peu  de  corporations  qui  n'aient  été  affectées  par 
une  interruption  plus  ou  moins  longue  du  travail  ;  dans 
l'esprit  des  masses  engagées,  la  grève  n'avait  pour  objectif 
que  des  améliorations  immédiates  :  l'arrière-pensée  des 
dirigeants  syndicalistes  était  de  la  faire  glisser  du  terrain 
corporatif  sur  le  terrain  politique  ;  mais  il  faut  reconnaître 
que  contre  la  triple  entente  des  mineurs,  des  cheminots  et 
des  dockers,  ainsi  que  pendant  la  grève  des  transports,  la 
réaction  des  forces  au  pouvoir  a  été  rapide  et  intense.  Le 
gouvernement,  il  est  vrai,  s'est  trouvé  appuyé  par  l'opinion 
publique,  constituée  en  grande  partie  par  les  ouvriers  eux- 
mêmes,  qui  en  tant  que  producteurs  se  réjouissent,  par 
l'arrêt  du. travail,  de  voir  dans  l'embarras  les  classes  enne- 
mies, mais  qui,  consommateurs,  s'accommodent  mal  d'une 
raréfaction  des  produits  et  d'une  augmentation  sensible  de 
la  misère,  résultats  de  leur  propre  inaction.  Après  l'échec 
des  dernières  grèves,  la  démonstration  semble  faite  que 
l'interruption,  même  brusque,  du  travail,  affectât-elle  un 
service  public  essentiel  ou  une  industrie  vitale,  est  inopé- 
rante pour  des  fins  révolutionnaires.  Nul  ne  s'en  rend  mieux 
compte  que  le  Labour  Party  :  malgré  le  rejet  par  les  Com- 
iriunes  du  projet  de  nationalisation  des  mines,  on  sent  chez 
les  organisations  syndicales  qui  avaient  menacé  le  pays 
^"une  grève  générale  si  elles  n'avaient  pas  satisfaction,  une 
hésitation  sérieuse  à  mettre  leur  menace  à  exécution.  La 
grève  semble  redevenir  purement  et  simplement  le  dernier 
argument  du  travail  dans  des  conflits  uniquement  profes- 
sionnels. Et  les  représentants  du  monde  ouvrier  comptent 
surtout  sur  les  moyens  légaux  pour  prendre  le  pouvoir.  La 
puissance  de  la  classe  ouvrière,  d'ailleurs,  est  plus  grande 
que   ne  l'indiquerait  le   nombre    des    députés    travaillistes  : 


136  LES    LANGUES   MODERNES 

son  action  dépasse  les  limites  du  Parlement.  Par  sa  presse, 
ses  manifestes,  ses  conférences,  elle  est  cai^able  de  créer  des 
courants  d'opinion  :  elle  l'a  fait  en  faveur  de  la  nationali- 
sation des  mines.  Le  succès  peut  ne  pas  être  immédiat  : 
mais  le  travail  de  propagande  est  achevé,  et  peut  porter  ses 
fruits  plus  tard.  Dans  la  question  de  l'intervention  armée 
en  Russie,  elle  a  du  moins  obtenu  assez  rapidement  de  très 
substantielles  satisfactions  :  elle  a  modifié,  non  seulement 
l'opinion  publique,  mais  l'attitude  même   du   Gouvernement. 


Toute  la  politique  extérieure  de  l'Angleterre  est  actuelle- 
ment dominée  par  le  problème  russe  ;  les  autres  sujets  de 
préoccupation  —  et  en  temps  normal  on  leur  attacherait 
une  très  grande  importance  —  sont  passés  au  second  plan. 
L'extradition  des  coupables,  (dont  Mr.  Lloyd  George  avait 
cependant  fait  sa  plate-forme  électorale),  l'application  dif- 
ficile du  traité  de  paix,  les  questions  d'Orient,  ne  retiennent 
que  modérément  l'attention  publique,  pour  ainsi  dire  mono- 
polisée par  le  problème  obsédant  du  bolchevisme. 

La  conduite  de  Mr.  Lloyd  George,  dans  le  passé,  à  l'égard 
de  la  Russie  des  Soviets,  manque  de  netteté.  Elle  est  caracté- 
risée par  de  nombreuses  retraites,  d'une  stratégie  peut-être 
incohérente.  La  dernière  déclaration  ministérielle  ne  garan- 
tit pas  qu'il  n'y  en  aura  pas  d'autres. 

La  politique  du  fil  de  fer  barbelé  n'a  pas  résisté  à  la 
victoire  des  armées  rouges,  et  les  appuis  en  matériel,  en 
argent,  en  instructeurs  militaires  donnés  ou  promis  aux. 
armées  blanches,  à  la  Pologne  et  à  la  Perse,  ont  été  retirés. 
Non  que  le  péril  d'une  infiltration  bolcheviste  dans  le 
inonde  musulman  protégé  par  l'Angleterre,  ait  cessé 
d'exister  ;  mais  la  pression  qui  s'exerce  à  l'intérieur  a  été 
assez  forte  pour  faire  cesser  un  état  mal  défini,  qui  ouverte- 
ment était  la  neutralité,  et  sournoisement  la  guerre.  Cette 
attitude  sans  franchise  s'est  trouvée  condamnée  moins  peut- 
être  pour  sa  tare  originelle  que  pour  les  déceptions  qu'elle  a 
causées,  pour  les  pertes  en  vies  humaines  qu'elle  a  coûtées^ 
indépendamment  de  celles  en  argent.  D'après  des  évalua- 
tions modestes,  celles-ci  s'élèvent  à  cent  millions  de  livres 
sterling,  envoyés  depuis  quatorze  mois  aux  généraux  com- 
battant contre  la  Russie  centrale.  Le  moins  que  l'on  puisse 
dire  de  la  politique  anglaise  en  Russie  est  qu'elle  n'a  pas 
été  droite.  Pour  être  tranquille  du  côté  de  l'Inde,  l'Angle- 
terre devait,  soit  faire  la  guerre  —  ouvertement  et  avec  tous 


CHKOXIQUE   ÉTRANGÈRE  137 

• 

ses  moyens  —  à  la  Russie  bolcheviste,  ou  traiter  avec  le 
ÎjOuvernement  des  Soviets.  Elle  a  choisi  un  moyen  terme  qui 
n'était  ni  la  paix,  ni  la  guerre  ;  et  elle  a  persuadé  aux  états 
voisins  de  la  Russie  de  lancer  leurs  armées  contre  les  con- 
tingents de  Trotzky,  comptant  en  outre  sur  le  blocus  pour 
accomplir  le  reste.  Elle  espérait  de  la  sorte  une  rapide 
déconfiture  du  bolchevisme  :  ceui-ci  s'est  trouvé  renforcé. 
Le  blocus  et  la  guerre  ont  réalisé  dans  la  Russie  assiégée 
l'union  des  partis  ;  et,  de  simplement  social,  le  mouvement 
communiste    est  devenu  par  surcroît  national. 

Le  gouvernement  anglais  ne  voulant  pas  heurter  le  senti- 
ment populaire,  et  se  rendant  compte  qu'il  a  fait  fausse 
route,  a  fait  adopter  par  la  Conférence  de  la  Paix  le  prin- 
cipe d'une  politique  de  collaboration  commerciale  avec  la 
Russie.  Par  suite  de  la  pression  du  Labour  Party,  la  guerre 
est  terminée  ;  et  sous  la  pression  des  marchands  de  la  Cité, 
les  affaires  vont  reprendre  avec  la  Russie.  Mais  il  n'y  aura 
pas  de  relations  avec  le  gouvernement  des  Soviets.  A  voir 
cependant  la  rapidité  avec  laquelle  évoluent  les  idées  en  ce 
qui  touche  la  Russie,  il  n'est  pas  téméraire  de  penser  que  la 
nouvelle  situation  n'est  pas  définitive,  et  qu'elle  aboutira 
dans  un  avenir  prochain  à  sa  conclusion,  sinon  .souhaita- 
ble, du  moins  logique,  qui  est  la  reconnaissance  par  l'Angle- 
terre du  gouvernement  de  Lénine. 


Telles  sont,  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur,  les  principales 
diflicultés  que  connaît  à  l'heure  actuelle  l'empire  britanni- 
que. Le  gouvernement,  issu  de  la  Chambre  élue  aussitôt 
après  l'armistice,  sera-t-il  encore  longtemps  qualifié  pour 
y  faire  face  ?  Si  l'on  ne  considère  que  le  chiffre  de  la 
majorité  qui  le  soutient,  sa  situation  paraît  très  forte.  Mais 
son  chiffre  ne  doit  pas  faire  illusion,  car  au  lieu  d'apparte- 
nir à  un  parti  homogène,  elle  est  constituée  par  la  réunion 
de  plusieurs  groupements  soucieux  de  faire  aboutir  un  nom- 
bre limité  de  questions.  Les  membres  les  plus  représentatifs 
du  Cabinet  ne  dissimulent  pas  eux-mêmes  la  faiblesse  orga- 
nique de  la  coalition  :  c'est  le  Lord  Chancelier  qui  lui  a 
appliqué  l'épithète  d'«  invertébrée  ».  D'autre  part,  le 
crédit  du  gouvernement  semble  baisser  dans  le  pays,  à  en 
juger  par  le  résultat  des  dernières  élections  partielles.  A 
Bromley,  circonscription  formée  d'électeurs  des  classes 
moyennes,  la  coalition  perd  du  terrain,  tout  en  conservant 
le  siège.  Il  y  a  un  an,  une  majorité  de  12.500  voix  assurait 


138  I-ES   LANGUES    MODERNES 

• 

le  triomphe  du  candidat  conservateur  sur  le  candidat 
libéral  ;  en  fin  décembre  1919,  le  candidat  conservateur 
l'emporte,  mais  avec  une  majorité  réduite  à  1.000  voix,  sur 
son  concurrent,  non  pas  libéral  cette  fois,  mais  travailliste. 
La  circonscription  de  Spen  Valley,  représentée  l'an  dernier 
par  un  coalitionniste,  élit  en  janvier  un  membre  du  Labour 
Party,  et  n'accorde  qu'un  nombre  de  voix  restreint  au 
candidat  unioniste  qui  lui-même  arrive  loin  derrière  le 
libéral. 

Le  pays  qui,  après  l'armistice,  s'était  fortement  orienté 
vers  la  droite,  cherche  à  nouveau  son  équilibre,  et  se  tourne 
vers  la  gauche.  Ce  sont  naturellement  les  partis  extrêmes 
qui  profitent  de  ce  changement  de  direction.  Les  partis 
moyens,  qui  pratiquent  la  politique  de  la  part  du  feu,  se 
trouvent  débordés  entre  deux  forces  contraires,  voient  dimi- 
nuer leur  influence,  et  n'ont  d'autre  ressource  que  de  mar- 
cher à  la  remorque  de  leur  voisin  de  droite  ou  de  gauche. 

Quel  est  l'avenir  du  parti  libéral  indépendant,  dont  les 
effectifs  sont  renforcés  par  la  défaillance  de  quelques  coali- 
tionnistes,  et  dont  l'autorité  peut  considérablement  s'accroî- 
tre, si  les  électeurs  de  Paisley  se  montrent  favorables  à 
Mr.  Asquith  ?  Seul,  le  parti  radical  ne  peut  espérer  prendre 
le  pouvoir,  ni  même  constituer  une  opposition  agissante  ; 
mais  ses  orateurs  envisagent  l'éventualité  d'une  alliance 
î>vec  le  Labour  Party.  Lord  Haldane  constate  publiquement, 
le  13  janvier,  à  Edimbourg,  que  l'idéal  du  libéralisme  n'est 
pas  moins  élevé  que  celui  du  Labour  Party,  et  fait  ressortir 
l'intérêt  qu'il  y  aurait  pour  les  deux  partis  à  collaborer 
étroitement  à  la  réalisation  de  ce  qu'il  y  a  de  commun  dans 
les  deux  programmes  ;  cette  alliance,  en  outre,  ne  peut 
qu'être  utile  au  Labour  Party,  dont  les  effectifs  augmentent, 
mais  qui  ne  compte  dans  .son  sein  qu'un  nombre  restreint 
de  personnalités  possédant  une  sérieuse  expérience  poli- 
tique. 

La  pénurie  de  «  capacités  «  dans  le  Labour  Party  a 
en  outre  servi  d'argument  à  un  autre  orateur,  placé  de  l'autre 
côté  de  la  barricade.  Mr.  Churchill,  le  3  janvier,  à  Sunder- 
land  dénonce  les  dangers  que  ferait  courir  au  pays  l'avène- 
jnent  d'un  gouvernement  travailliste  ;  et  il  exprime  le  souhait 
(fue  tous  ceux  à  qui  l'inexpérience  politique  des  socialistes 
inspire  de  rin(|uiétude,  viennent  se  grouper  autour  du  gou- 
vernement actuel. 

Lord  Birkenhead,  dans  des  articles  de  la  Wceklij  Dis- 
patch s'est  exprimé  dans  le  même  sens.  Il  recommande  aux 


1 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE  1S9 

coalitionnistes  de  se  sentir  les  coudes  ;  il  fait  appel  à  toutes 
les  bonnes  volontés  pour  former  un  parti  national,  dont  on 
ne  voit  pas  très  bien  le  programme  coristriictif,  mais  dont 
le  programme  négatif,  tout  d'opposition  aux  tentatives  tra- 
\aillistes,  est  très  nettement  dessiné. 

La  tradition  parlementaire  en  Angleterre  comporte  l'exis- 
tence de  deux  partis,  l'un  de  gouvernement,  l'autre  d'opi)o- 
sition.  Le  malaise  actuel  vient  de  ce  qu'en  face  d'une 
«  coalition  invertébrée  »,  il  existe  deux  ou  trois  partis 
dopposition  ;  un  retour  à  la  tradition  peut  le  dissiper.  Lt 
c'est  ce  qui  semble  devoir  se  produire. 

Une  opposition  forte  est  en  voie  de  formation,  gnàce  à 
l'appui  donné  aux  travaillistes  par  les  radicaux,  auxquels 
viennent  et  viendront  se  joindre  certains  éléments  dont  les 
liens  avec  la  coalition  sont  assez  lâches.  Celle-ci,  d'autre 
part,  gagnera  en  cjohésion  ce  qu'elle  aura  perdu  en  éten- 
due ;  même  diminuée  numériquement,  elle  restera  forte, 
tant  qu'elle  aura  à  sa  tète  Mr.  Lloyd  George,  dont  la  suprême 
habileté  est  de  subordonner  sa  conduite  aux  événements 
au  lieu  de  vouloir  les  diriger. 


Au  début  de  cet  article,  nous  annoncions  notre  intention 
il'exposer  les  problèmes  qui  attirent  l'attention  publique  en 
Angleterre.  L'exposé  fini,  nous  nous  rendons  compte  de  ses 
insudisances  et  de  ses  lacunes  ;  mais  dans  cette  première 
contribution,  il  importait  moins  de  tout  dire  que  de  faire  ce 
.jue  les  observateurs  d'artillerie  appellent  un  tour  d'horizon. 
Tourné  vers  l'Angleterre,  nous  n'avons  pas  fait  autre  chose. 
Nous  n'avons  certes  pas  tout  vu  :  tout  n'est  pas  visible  ; 
dans  la  vie  sociale  aussi,  il  y  a  des  angles  morts  où  se  dissi- 
mulent des  bouillonnements,  ignorés  aujourd'hui,  qui  peu- 
vent se  révéler  demain  et  étonner  le  monde.  Nous  avons  pu 
iiussi,  dans  nos  jugements,  faire  des  erreurs  d'optique  ;  les 
situations  troublées,  dé  même  que  le  brouillard,  les  rendent 
jiarfois  inévitables.  Notre  seule  recherche  est  celle  d'une 
impartialité  rigoureuse  dans  l'examen  des  faits,  et  d'une 
neutralité  bienveillante  dans  l'appréciation  des  honunes. 

Sarreboiirf/,  le  Ki  février  1920, 

Marcel  Lorans. 


140  LES    LANGUES    MODERNES 

NOTES     RHÉNANES 


Maintenant  que  le  traité  de  paix  e'st  ratifié  et  que  les 
relations  de  toutes  sortes  avec  l'Allemagne  sont  rétablies, 
il  y  a  lieu  de  présumer  que  la  plupart  de  nos  collègues  dési- 
rent être  exactement  renseignés  sur  cette  Allemagne  si  nou- 
velle —  tout  au  moins  en  apparence  —  de  la  défaite  et  de 
la  révolution.  Nombreux,  il  est  vrai,  sont  ceux  de  nous  qui 
ont  pu  déjà  suivre  l'altération  croissante  des  traits  de  la 
physionomie  allemande,  soit  dans  leurs  douloureux  loisirs 
de  captivité,  soit  dans  les  loisirs  agréables  de  l'occupation. 
Mais  ceux-là-même  ont  tout  au  moins  à  se  tenir  au  courant 
et  les  autres  ont  presque  tout  à  aj^prendre.  11  y  aurait  donc 
quelque  intérêt,  semble-t-il,  à  ce  que  tous  ceux  de  nos 
collègues  qui  savent  l'Allemand,  et  de  plus  ont  séjourné  en 
Allemagne,  après  la  déclaration  de  guerre,  se  partageassent 
la  tâche  d'alimenter  dans  notre  bulletin  une  chronique 
documentaire  où  se  verrait  à  nu,  en  quelque  sorte,  avec  tous 
ses  frémissements,  le  visage  de  rAlleniagne  nouvelle.  Si  ce 
partage  était  fait  avec  méthode,  si  par  exemple,  —  outre 
tous  ceux  qui  sont  invités  à  signaler  à  l'occasion  tel  livre, 
tel  article  de  revue,  tel  fait  qui  les  aura  frappés,  —  il  y 
avait  un  certain  nombre  de  collègues  s'engageant  à  nous 
renseigner  avec  suite  sur  la  partie  de  l'Allemagne  qu'ils  con- 
naissent le  mieux,  et  avec  laquelle  ils  s'assureraient  un  cori- 
tact  continu  (surtout  par  l'abonrirement  à  un  journal  ou  pério- 
dique local),  qui  ne  voit  la  valeur  compréhensive  que  pren- 
drait une  telle  chronique  !  Il  est  facile  de  voir  d'ailleurs  que 
cette  méthode  pourrait  s'appliquer  à  tous  les  pays  étran- 
gers. Pour  la  rendre  praticable,  dans  les  limites  relativement 
étroites  de  notre  bulletin,  il  ne  faut  que  l'art  d'être  concis. 
On  ])Ourrait  d'ailleurs,  pour  cette  chronique,  adopter  le 
.style  de  répertoire.  Et  quel  précieux  répertoire  de  vie  étran- 
gère, constituerait  peu  à  peu  la  collection  des  Langues  Mo- 
dernes ! 

Notre  lâche  ne  se  borne  pas  à  enseigner  une  langue 
moderne  :  elle  comporte  aussi  le  devoir  d'être  des  vigies 
,de  l'opinion  étrangère.  Heureux  ceux  qui,  à  cette  deuxième 
tâche  sauront  en  ajouter  une  troisième  :  celle  d'être  des 
conciliateurs  entre  cette  opinion  étrangère  et  notre  opinion 
nationale,  des  organisateur.s,  en  esprit  et  en  vérité,  de  cet 
ordre  nouveau  que  l'humanité  api)elle  ! 

Or,  s'il   se   trouvait   possible   d'organiser   cette   répartition 


CHHOMQli:    KTRANCÈHE  141 

méthodique  d'une  information  strictement  objective,  au 
[joint  de  vue  de  l'esprit  public  en  général  (.dont  la  litté- 
lature  n'est  qu'un  aspect),  je  me  chargerais  volontiers  d'une 
partie  des  régions  rhénanes  et  en  particulier  de  Cologne. 
Entré  à  Cologne  avec  la  2"  armée  anglaise,  après  l'armistice, 
je  n'en  suis  i)arti  qu'au  mois  d'avril  suivant  pour  être  démo- 
Inlisé.  Pendant  ces  quatre  mois,  l'étude  de  l'esprit  public 
m'a  absorbé  presque  tout  entier.  Journaux  de  tous  les  par- 
tis, brochures,  livres,  conversations  sans  nombre  avec  des 
Pihénans  de  toutes  les  classes  sociales  —  conversations  que 
mon  uniforme  n'empêchaient  pas  d'être  instructives  — 
m'ont  évidemment  appris  beaucoup  sur  la  forme  qu'a  revê- 
tue, sur  le  P.hin,  la  grande  désillusion  allemande. 

Des  voix  amicales  et  impatientes  me  demandent  de  la 
résumer,  dès  maintenant,  .sous  réserve  d'examen  ultérieur 
des  pièces  justificatives.  Je  le  veux  bien.  Que  je  dise  tl'abord 
d'un  mot  ce  qu'elle  n'a  pas  été  :  elle  n'a  pas  été,  à  consi- 
ilérer  l'ensemble,  un  reniement  de  l'Allemagne.  Quoique  la 
formule  Los  von  Dentschland,  ait  été  prononcée  par  un 
publiciste  fort  rhénan,  effrayé  .surtout  —  non  sans  raison 
d'ailleurs  —  de  voir  le  bolchevisme  maître  de  Dùsseldorf  et 
de  Munich  —  sans  parler  des  batailles  de  rues  de  Berlin  — 
et  quoique  sa  formule  retentissante  ait  été  approuvée, 
expressément  ou  silencieusement,  par  beaucoup,  au  total,  ce 
Los  von  Deatschiand  n'a  groupé  qu'une  faible  minorité  (1). 
En  revanche,  le  mot  d'ordre  antiprussien  Los  von  Ber- 
lin, en  faveur  d'une  large  autonomie  rhénane,  franche- 
ment orientée  vers  le  travail,  vers  la  paix,  vers  une  mis- 
sion de  conciliation  entre  l'Est  et  l'Ouest,  a  eu  pour  lui 
la  quasi-totalité  de  la  grande  et  de  la  petite  bourgeoisie 
rhénanes,  soit  catholique  et  conservatrice,  soit  démocrati- 
que, ainsi  que  les  classes  rurales,  qui,  au  fond  de  leur 
cœur,  iraient  sans  doute  plus  loin  encore  ! 

On   se   demandera    alors    pourquoi     ce    mouvement    vers 

(1)  Cf.  La  Rheinische  Volksstimme,  quotidien  paraissant  à  Cologne, 
bureaux  à  Bonn,  9  Gaugolfstrasse,  abonnement  18  mark,  plus  frais 
d'envoi.  Son  directeur,  M.  Cari  Hauptmann,  dirige  en  outre  la  vaste 
imprimerie  la  Rhenania,  Bonn.  Il  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvra- 
ges, notamment  plusieurs  romans  historiques  fort  curieu.x,  dont 
l'action  se  passe  sur  le  Rhin  à  l'époque  romaine,  et  une  ingénieuse 
étude  sur  les  routes  romaines  cisrhénanes.  Au  reste  cette  fidélité 
au  grand  souvenir  de  Rome  —  par  laquelle  il  se  rapproche  de  nous  — 
est  un  sentiment  commun  à  Cologne,  qui  est  très  fière  d'avoir  été 
fondée  par  le  gendre  d'Auguste,  M.  \'issanius  Agrippa,  et  qui  en 
pleine  guerre,  en  1915,  a  dressé  une  magnifique  louve  romaine, 
avec  bas-reliefs  inspirés  de  Tacite,  sur  l'une  de  ses  principales  places 
publiques. 


142  LES   LANGUES    MODERNES 

l'autonomie  rhénane  n'a  pas  abouti,  malgré  la  présence  des 
armées  alliées.  —  L'explication  en  est  assez  simple  :  il  a 
trouvé  sur  son  chemin,  d'abord  l'élément  prussien  immigré, 
tenant  toutes  les  avenues  du  jîouvoir  et  les  conservant, 
précisément  grâce  au  maintien  de  l'ordre,  par  les  armées 
alliées,  et  ensuite  la  .  masse  ouvrière  absolument  résolue, 
jusqu'à  la  barricade  inclusivement,  à  ne  pas  perdre  son  con- 
tact avec  la  révolution  allemande  victorieuse  et  surtout 
avec  la  révolution  prussienne.  Il  en  est  résulté  cet  équilibre 
des  forces  que  consolide  la  présence  des  troupes  alliées 
ennemies  de  tout  désordre.  Rien  donc  n'a  été  changé,  poli-' 
tiquement  et  administrativement  dans  ce  qui  demeure  la 
«  Prusse  rhénane  »,  et  on  ne  voit  guère  maintenant  que  le 
temps  qui  puisse  y  amener  quelque  changement  essentiel.  Or, 
pouvons-nous  faire  quelque  chose  pour  que  cette  évolution 
se  fasse  au  profit  de  l'ordre  européen  et  de  la  paix  ?  —  Oui, 
certainement,  nous  pouvons  seconder,  sans  les  compromet- 
tre, ceux  qui  veulent  de  l'autonomie  rhénane  définie  plus 
haut.  L'intérêt  de  l'Europe,  celui  de  la  paix,  exigent  impé- 
rieusement que  Cologne  cesse  d'être  une  ville  prussienne 
pour  redevenir  une  ville  allemande,  que  dis-je,  une  des 
capitales  allemandes  !  Ce  qui  est  dangereux  pour  tout  le 
monde,  c'est  qu'elle  demeure  ce  que  la  force  et  une  diplo- 
matie cynique  firent  d'elle  en  1815  :  une  simple  préfecture 
prussienne  !  —  Elle  a  tout  ce  qu'il  faut  pour  assumer  à 
nouveau  un  grand  rôle  :  la  masse,  l'éclat,  un  caractère  ori- 
ginal dans  l'esprit,  l'urbanité,  le  goût  des  arts  (1).  —  Ce 
n'est  pas  en  vain  que  son  antique  université  vient  de  renaî- 
tre, comme  fondation  municipale  indépendante  (2),  en 
face  de  la  jeune  université,  fondée  par  la  Prusse  à  Bonn,  il  y 
a  un  siècle,  et  que,  par  la  bouche  de  son  recteur,  le  pro- 
fesseur Eckerl,  elle  assigne,  avec  une  si  claire  intelli- 
gence à  Cologne  la  mission  d'être    une   conciliatrice    entre 

(1)  Déjà  tous  ces  caractères  frappent  Pétrarque  au  xiv  siècle  : 
«  Mirum  in  terra  barbarica  quanta  civilitas,  qua-  urbis  specics,  quie 
virorum  gravitas,  qu.-e  munditjic  matronarum,  etc.  ».  (De  reb.  form. 
Epist.  I,  4'^  édit.,  Fracassetti).  Cologne  se  souvient  avec  reconnais- 
sance de  l'éloge  de  Pétrarque.  Seule  de  toutes  les  villes  allemandes 
(Pétrarque  a  été  fort  méprisant  pour  l'Allemagne  !)  elle  s'est 
unie  au  cortège  des  villes  italiennes  et  françaises  qui,  en  1904,  ont 
commémoré  le  6-  centenaire  de  la  naissance  du  grand  poète  et  huma- 
niste italien  !  —  Voir  également  sur  les  populations  et  les  villes  du 
Hhin,  Byron,  Cliilcle  Ilarold,  111,   Her])ert    Spencer,   Corresp.  185:5,  etc. 

(2)  Le  Conseil  municipal  de  Cologne  a  été  unanime  à  vouloir  cette 
reconstitution,  malgré  l'opposition  acharnée  de  la  Koclnisch&  Zeilung, 
le  puissant  organe  des  intérêts  prussiens  à  Cologne. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE  143 

les  civilisations  occidentales  et  l'Allemagne.  Mais  un  rôle 
pareil  suppose,  moralement  et  administrativement,  la  liberté. 
Il  suppose  aussi  quelque  bon  vouloir  de  notre  côté.  Or, 
familiariser  les  esprits,  chez  nous,  avec  ces  distinctions  que 
la  plupart  trouvent  artificielles  ou  sans  portée,  et  qui  sont 
pourtant,  pour  quiconque  sait,  très  réelles  et  fécondes  — 
sous  certaines  conditions  —  en  conséquences  heureuses 
pour  l'avenir  de  la  paix,  voilà  qui  devrait  tenter  tous  ceux 
de  nos  collègues  que  leurs  études  ont  orientés  du  côté  de 
ces  problèmes.  Si  l'esprit  public  français  s'obstine  par  goût 
de  simplification,  par  patriotisme  mal  entendu,  à  né  voir, 
dans  la  paix  comme  dans  la  guerre,  que  des  «  Boches  »,  là 
où  il  y  a  des  Rhénans  et  des  Prussiens  —  si  Allemands 
d'ailleurs,  au  vieux  sens  du  mot,  que  soient  les  premiers  — 
il  est  certain  que  Cologne,  Trêves  et  Mayence  se  résigne- 
ront définitivement  à  n'être  que  d'humbles  préfectures  ou 
sous-préfectures  prussiennes,  au  lieu  de  redevenir,  dans 
l'intérêt  commun  de  l'Europe,  de  l'Allemagne  et  de  la  France, 
des  centres  indépendants  de  pensée  et  de  volonté  allemandes. 

Tout  cela  est  si  évident  que  M.  Clemenceau  lui-même,  dans 
un  discours  afïiché  sur  tous  les  murs  de  la  France,  l'a  dit  en 
termes  fort  explicites  et  fort  hardis,  mais  je  n'ai  rencontré 
encore  personne  qui  y  ait  pris  garde,  tant  il  est  vrai  que 
c'est  avec  l'esprit  qu'on  lit  et  non  avec  les  yeux  !  Qji'on. 
nous  permette  donc  de  pratiquer,  à  tous  les  points  de  vue, 
économiquement  et  intellectuellement,  une  politique  de  rap- 
prochement avec  les  populations  rhénanes.  11  s'est  trouvé 
ti  op  tard  pour  les  réannexer  (et  je  ne  suis  pas  de  ceux 
qui  reprochent  à  notre  gouvernement  de  n'avoir  pas  fait 
cette  réannexion,  qui  nous  eût  suscité  des  difficultés  sans 
nombre,  eût  rendu  l'Allemagne  irréconciliable  et  nous  eût 
brouillés  avec  nos  plus  intimes  alliés  !),  mais  il  n'est  pas 
encore  trop  tard  pour  les  aider  à  se  dégager  de  l'étreinte 
de  cette  Prusse  tentaculaire,  hybride  et  toujours  dange- 
reuse, la  moins  allemande  d'ailleurs  des  Allemagnes  ! 

Ainsi  affranchies,  moralement  et  administrativement,  elles 
pourront  jouer  le  rôle  bienfaisant  auquel  elles  aspirent,  de 
conciliatrices  entre  l'Occident  franco-anglais  et  le  reste  de 
l'Allemagne  ;  elles  déchargeront  de  leur  électricité  les  nua- 
ges qui  se  forment  constamment  à  l'Est  et  à  l'Ouest,  et  le 
désarmement  du  Rhin  sera  alors  une  vérité  ! 

Marseille,  mars  1920.  Gaston-E.  Broche. 


144  LES    LANGUES   MODERNES 


NOTES     ESPAGNOLES 


Les  quelques  paragraphes  qui  suivent  n'ont  pas  la  pré- 
tention de  résumer  toute  la  vie  de  l'Espagne  depuis  1914. 

Dans  l'ordre  de  la  politique  espagnole  extérieure  et  inté- 
rieure, dans  l'ordre  social,  dans  l'ordre  artistique  et  litté- 
raire, il  y  aurait  beaucoup  à  dire.  De  propos  délibéré,  nous 
nous  bornerons  à  l'essentiel. 


L'Espagne,  quoique  travaillée  par  une  active  propagande 
germanophile,  avait  accueilli  par  des  manifestations  d'en- 
thousiasme la  victoire  rapide  et  décisive  des  «  Alliés  ». 
(C'est  ainsi  que  là-bas  l'on  désigne  l'Entente).  Wilson, 
Président  d'une  nation  qui  a  arraché  à  l'Espagne  400.000  km. 
carrés  et  11.000.000  d'habitants,  est  nommé  citoyen  de  Bar- 
celone. Son  nom  est  donné  à  des  places,  à  des  avenues, 
dans  de  grandes  villes.  Des  députés,  par  groupes  nombreux, 
enAjoient  à  Clemenceau  des  adresses  de  félicitations.  La 
politique  espagnole  est  nettement  ententophile.  Seuls,  les 
journaux  germanophiles  combattent  vivement  l'adhésion  de 
l'Espagne  à  la  Société  des  Nations. 

Ces  mêmes  journaux  —  El  Debate,  el  A  B  C,  la  Tribuiia,  la 
Correspondencia  Militai',  etc..  ■ —  combattent  l'idée  d'une 
alliance  avec  la  France.  La  Tribiina  du  19-12-19  écrit  même 
des  phrases  comme  celle-ci  :  «  On  prétend  ruiner  l'Espagne 
en  la  mettant  au  même  niveau  de  décadence  que  la 
France.  » 

Il  ne  faut  pas  croire  que  ce  soit  là  la  note  dominante  de 
l'opinion.  Celle-ci,  bien  au  contraire,  se  rend  compte  que  la 
prospérité  du  pays,  regorgeant  d'or  comme  aux  temps  qui 
suivirent  la  découverte  de  l'Amérique,  est  due  uniquement 
aux  circonstances  favorables  créées  par  l'état  de  guerre  ; 
elle  sait  que  la  l'rancc  a  montré  trop  de  vitalité  pendant 
cinq  ans  d'épreuves  pour  ne  pas  tribmpher  à  bref  délai 
des  diflicultés  de  l'heure  présente.  Non,  l'Espagne  ne  veut 
])as  rester  isolée,  et  elle  ne  veut  pas  se  mettre  à  la  remorque 
de  l'Allemagne.  Elle  a  participé  à  la  conférennce  internatio- 
nale du  travail  de  Washington.  Elle  y  était  représentée  par 


CHRONIQLE    KTRANGKKE  145 

M.  le  vicoiute  d'Eza  qui  a  fait,  à  un  rédacteur  de  O  Seciilo, 
de  Lisbonne,  des  déclarations  que  ne  peut  laisser  passer 
inaperçues  un  professeur  de  Langues  Méridionales  :  <f  J'ai 
pensé  qu'il  conviendrait  de  demander  que  l'on  adoiJtât 
l'espagnol  pour  les  écrits  de  i)ropagande  et  les  documents, 
et,  après  de  rudes  débats  (1)...  nous  avons  réussi  à  obtenir 
ce  que  nous  désirions.  Nous  avons  appuyé  notre  opinion  sur 
le  fait  que  quinze  des  nations  (|ui  assistaient  à  la  Conférence 
parlaient  espagnol,  ([ue  cent  millions  d'hommes  en  Améri- 
que emploient  cet  idiome,  et  {[ue  seulement  à  New-York 
plus  de  25.000  étudiants  apprennent  notre  langue  et  qu'en 
France  plus  de  19.000  pcrsonne's  l'étudient...  Finalement,  il 
a  été  établi  par  l'art.  11  du  règlement  que  la  traduction  et 
la  distribution  des  documents  de  la  Conférence  se  ferait 
aussi  en  espagnol.   ■> 

Ce  désir  de  rentrer  dans  la  vie  mondiale  s'est  manifesté 
à  propos  des  projets  de  construction  d'un  chemin  de  fer 
a  gabarit  international  Dax-Algésiras,  amorce  d'une  grande 
ligne  Paris-Dakar,  qui  ^)ermcttrait  de  réduire  à  trois  jours 
la  traversée  de  l'Atlantique  et  ferait  transiter  par  l'Espagne 
tout  le  commerce  entre  l'Europe  et  l'Amérique  du  Sud.  Bien 
des  gens  craignent  que  la  réalisation  de  tels  projets  n'en- 
iraîne  la  ruine  des  ports  de  l'Atlantique,  et  surtout  de  Vigo. 
Mais  quel  projet  n'a  pas  soulevé  des  objections  ?  Espérons 
que  celui-ci  passera  dans  l'ordre  des  faits,  pour  le  plus 
grand  bien  des  deux  nations. 

La  solution  ù  intervenir  à  son  sujet  est  subordonnée  au 
règlement  de  la  question  marocaine.  L'opinion  prête  aux 
«  Coloniaux  )>  français  des  visées  ambitieuses  sur  le  Maroc 
espagnol  ;  le  pays  s'est  ému.  Le  problème  de  Tan-ger,  Gibral- 
tar et  Ceuta  est  trop  complexe  pour  être  exposé  en  quelques 
lignes.  Mais  il  est  bon  de  remarquef  que,  vers  la  mi-septem- 
bre 191  î),  nos  voisins  ont  intensifié  au  Maroc  leur  action 
militaire,  dont  le  principal  objectif  stratégique  consistait  à 
débarrasser  le  chemin  qui,  par  le  Fondak,  établit  les  com- 
munications entre  Tetouan  et  Tanger.  Le  Fondak  a  été 
abandonné  par  Raisouli  le  21  septembre.  12.000  hommes 
avaient  été  engagés  dans  cette  opération.  En  fait,  le  Gou- 
vernement veut  :  1°  démontrer  que  l'Espagne  est  cai^able 
de  coloniser,  et  2"  détruire  toutes  les  idées  exprimées  sur 
tous  les  tons  à  propos  de  son  peu  de  succès  au  Maroc.    Les 

M)  Où  l'on  l'éclamait  les  mêmes  avaiitajjjes  pour  l'Allemand. 

10. 


146  LES    LANGUES    MODEHXES 

voyages   du   Roi   et    du   Comte   de   Ronianones   sont,   évideni- 
Jiient,  liés  à  la  politique  marocaine. 


Il  faut  avouer  que  l'Espagne  aurait  accompli  une  œuvre 
coloniale  plus  importante  si  elle  avait  joui  d'un  gouverne- 
ment stable  et  de  la  paix  intérieure.  Mais  la  période  qui  va 
de  11)14  à  nos  jours  est  une  des  plus  troublées  que  ce  pays 
ait  connues.  Les  crises  ministérielles  se  sont  multipliées  ; 
il  n'y  a  pas  eu  de  bon  budget  depuis  celui  présenté  en  1914 
par  Bagallal.  La  vie  chère,  les  grèves,  le  séparatisme  (auto- 
nomie de  la  Catalogne),  la  crise  agraire  en  Andalousie,  et 
enlin  les  «  Juntes  militaires  ;>,  tels  sont  les  principaux  pro- 
blèmes qu'on  ne  peut  qu'énumérer  ici,  et  qui  constituèrent, 
pour  les  Cabinets  espagnols,  autant  de  pierres  d'achoppe- 
ment. 

Si  l'on  peut  réserver  poar  des  développements  jiarticuliers 
la  plupart  des  questions  précitées,  il  semble  toutefois  qu'on 
doit,  sans  tarder,  dire  quelques  mots  des  «  Juntes  mili- 
taires ».  Celles-ci  ont  fait  tomber  i)lusieurs  ministères,  et  à 
riieure  où  nous  rédigeons  ces  lignes,  l'existence  même  du 
C<abinel  Allendesalazar  est  très  menacée. 

(]es  juntes  existent  depuis  1910.  Leur  but  premier  fut 
d'obtenir  une  plus  juste  attribution  des  récompenses  mili- 
taires. Puis,  peu  à  peu,  l'institution  dévia  de  son  but  :  les 
juntes  d'ofliciers,  et,  en  particulier,  celles  de  l'Infanterie, 
sans  demander  une  participation  directe  au  pouvoir,  ont 
])arfois  lancé  des  vetos.  Elles  exigent  de  tous  les  olïiciers 
d'Infanteiie,  au  sortir  de  l'Ecole  spéciale  militaire  de 
Tolède,  un  serinent  d'obéissance  à  leurs  décisions.  Or,  le 
j(i  octobre  dernier,  2.'^  olïiciers,  sans  doute  à  l'instigation  de 
l'Etat-Major,  ennemi  juré  des  juntes,  se  séparent  de  celles-ci. 
Un  tribunal  d'honne-u-  les  condamne  et  les  exclut  de  l'ar- 
mée, (k'tte  sentence  est  annulée  par  le  Conseil  suprême  de 
1-i  (iuerre  et  de  la  Marine.  A  la  suite  d'une  entrevue  du 
général  Tovar,  Ministre  de  la  Guerre,  et  le  général  D.  Miguel 
Primo  de  Riviera.  délégué  i)ar  les  Juntes,  le  (kibinet  Sàn- 
chez  de  Toca,  démissionne  dans  la  soirée.  Le  général  Vil- 
lalba.  Ministre  de  la  Guerre  dans  le  Cabinet  Allendesalazar, 
a  bien  allirmé  (jue  les  juntes  n'existaient  plus  ;  on  a  bien 
essayé  de  reformer  les  Juntes  de  défense  (1)  ;  mais  la  Cor- 
rcspondcncia  militar  écrit  ([ue  ce  n'est    pas    leur    nom    qui 

(1)  Décret  royal  du  :U)  ik'cembrc  1!)1!). 


CHHONiylK    KTKANCiÙHi;  117 

compte,  mais  l'esprit  dont  les  Juntes  s'inspirent.  Oet  esprit. 
])ersonne  ne  pourrait  s'y  oppos3r  ni  le  détruire,  ('oninie  les 
Fédérations  patronales,  les  Juntes  militaires  révèlent  la 
faillite  des  hommes  [)olitiques.  Et  l'on  va  jusqu'à  allirmer 
(lue  le  décret  du  général  Villalba  lui  a  été  dicté  par  les 
.iuntes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  celles-ci  restent  très  puissantes.  On  le 
voit  très  nettement  ces  jours-ci  :  Le  capitaine-général  de 
Catalogne  Milans  del  Bosch,  a  été  remplacé  par  le  général 
Weyler,  à  la  suite  d'un  grave  incident  provo([ué  par  M.  de 
Honianones  et  qui  a  entraîné  la  démission  du  Ministre  des 
Travaux  Publics.  Les  juntes  barcelonaises  ont  alors  envoyé 
au  Ministre  de  la  Guerre  le  général  Tourne,  chef  d'Etat- 
Major  du  général  Milans  del  Bosch,  pour  lui  signal  .-r  quels 
troubles  pouvaient  résulter  du  changement  de  capitaine-géné- 
ral. On  dit  (1),  que  les  Juntes  auraient  donné  au  Ministre  un 
délai  de  72  heures  pojr  réintégrer  le  capitaine-général 
^lilaus  del.  Bosch.  Et  le  gouverneur  militaire  de  Barcelone, 
général  Martinez  Anido,  aurait  sommé  (au  nom  des  Juntes) 
le  général  Weyler  de  se  retirer.  Tous  ces  événements  sont 
fort  graves  et  font  craindre  les  pires  éventualités.  Il  ne 
faut  pas  exagérer  l'importance  d'événements  tels  que 
l'émeute  militaire  de  Saragosse.  Mais  l'affaire  des  Juntes 
est  de  tout  autre  envergure.  Quelle  position  prendra  le 
Gouvernement  espagnol  ?  Osera-t-il  et  pourra-t-il  dissoudre 
les  Juntes,  ou  cèdera-t-il  la  place  à  un  nouveau  ministère, 
aussi  éphémère  que  lui  ?  (2). 


Et  pendant  ce  temps,  la  mortalité  augmente,  et  le  chiffre 
des  illettrés  reste  très  élevé. 

Dans  les  49  capitales  de  province,  comptant  ensemble 
3.650.755  h.,  soit  1/5  de  la  population  globale,  le  chiffre 
des  décès  l'emporte  sur  celui  des  naissances.  Il  est  vrai  de 
dire  que,  dans  les  campagnes,  l'inve'rse  a  lieu.  Pour  l'en- 
semble du  royaume,  en  aj'ril  1919,  les  naissances  l'ont 
emporté  de  11.046  sur  les  décès  (50.096  contre  39.050). 

La  proportion  des  illettrés  est  tout  aussi  fâcheuse.  Si  l'on 
défalque  de  la  population  les  enfants  âgés  de  moins  de  dix 
ans.   on   obtient   les   chiffres  :    population  :    14.814.049  :    illet- 

(1)  X  la  date  du  1(1  février. 

(2)  Les  journaux  du  21  février  annoncent  la  démission  du  ministère 
Allendesalazar,  qui  est  revenu  aussitôt  au  pouvoir. 


148  LES   LANGUES   MODERNES 

très  :  7.436.423  ;  pourcentage  :  50,2  ;  pour  les  campagnes  r. 
GO  0/0  ;  pour  les  villes  :  48  0/0,  et  jusqu'à  49,3  0/0  dans 
les  villes  de  plus  de  50.000  h.,  qui  devraient  être  des  foyers 
de  culture. 

L'hygiène  sociale  et  l'éducation  doivent  donc  être  au  pre- 
mier rang  des  préoccupations  des  gouvernants  espagnols. 
Le  pays  dispose  de  capitaux  abondants  qui  lui  permettent 
fi'ètablir  un  vaste  programme  de  relèvement,  et  de  le  réali- 
ser à  la  faveur  des  circonstances  exceptionnellement  propi- 
ces que  lui  créent  le  change  et  l'affaiblissement  momentané 
des  grandes  nations  européennes.  Il  lui  faut  entrer  dans  la 
voie  des  réformes  sociales,  établir  une  solide  paix  inté- 
rieure, grâce  à  laquelle  pourront  se  développer  les  initiati- 
ves privées  qui  ne  lui  manquent  pas.  On  doit  beaucoup 
attendre,  par  ailleurs,  d'un  pays  où,  comme  l'écrivait 
M.  E.  Mérimée  (1)  «  se  multiplient  les  signes  d'une  renais- 
sance littéraire,  artistique  et  scientifique  ». 


De  ce  mouvement,  nous  ne  pouvons  pas  donner  même  une 
idée  dans  ces  quelques  notes  déjà  longues.  Mais  nos  lecteurs 
ne  comprendraient  pas  que  l'on  y  mit  le  point  final  sans 
rien  dire  du  grand  événement  qui  domine  les  éphémérides 
dès  dernières  semaines  :  la  mort  de  Galdôs. 

D.  Benito  Pérez  Galdôs  naquit  à  Las  Palmas  de  Gran 
Ganaria  le  10  mai  1843.  Il  était  le  plus  jeune  de  nombreux 
enfants  d'un  officier.  Il  commença  à  13  ans,  dans  sa  ville 
natale,  ses  études  en  vue  du  baccalauréat.  De  bonne  heure, 
il  montra  des  dispositions  très  heureuses  pour  la  musique 
et  le  dessin,  et  acquit  dans  ces  arts  une  habileté  peu  com- 
mune. Plus  tard,  il  s'amusa  à  fixer  par  le  crayon  la  phy- 
sionomie des  personnages  qu'il  créait,  et  ses  dessins  purent 
servir  pour  la  grande  édition  illustrée  des  deux  premières 
séries  des  Episodios  Nacioiiales.  En  1803,  il  vint  à  Madrid 
faire  ses  études  de  droit.  En  1866,  il  publiait  dans  la  Xaciôn 
son  premier  article.  Il  s'adonna  à  la  critique  théâtrale  et 
artistique  et  s'essaya,  dès  1870,  au  drame  en  vers.  II  fit  plu- 
sieurs voyages  à  Paris,  et  revint  de  son  second  voyage  en 
1868.  G'est  à  Bagnères-de-Bigorre,  en  1870,  que  fut  achevé 
son  premier  roman,  La  Fonlana  de  Oro.  En  1883,  il  visita 
Londres  ;   il  séjourna  3  fois  en  Angleterre,  au  cours  d'un  de 

(1)  Biillclin  des  Iaiihiucs  Méridionales,  iv  'Mi,  j).  8. 


CHRONIQIE    ÉTRAXCKlîi;  149 

CCS  séjours,  il  passa  en  Hollande,  en  Allemagne,  en  Dane- 
mark ;  il  vit  aussi  la  Suisse,  l'Italie,  la  Belgique.  Quant  à 
l'Espagne,  il  la  visita  en  détail,  en  voiture,  à  cheval,  dans 
(ies  wagons  de  3'  classe,  interrogeant  ses  compagnons  de 
voyage  et  sur  eux-mêmes  et  sur  le  pays  traversé.  Puis  son 
humeur  voyageuse  se  calma,  il  s'établit  près  de  Santander. 
en  face  du  golfe  cantabrique,  tout  en  conservant  un  pied- 
a-terre  à  Madrid. 

11  fut,  en  1886,  député  de  Puerto-Rico,  dans  le  parti  libéral 
lie  Sagasta,  et  assista  à  la  présentation  du  nouveau-né 
D.  Alfonso  XIII,  le  roi  actuel  de  l'Espagne.  A  la  fin  de  1913, 
(ïaldôs  fut  reçu  par  la  famille  royale  avec  la  plus  exquise 
cordialité  dans  la  loge  du  Théàtro  Espaiïol,  un  soir  où  l'on 
jouait   «  Celia  en  los  infiernos  ». 

En  janvier  1901,  la  «  première  »  d'Electra  au  Teatro 
Espaùol,  lit  à  Galdôs  une  réputation  d'homme  de  jjarti  qui 
nuisit  i)eut-ètre  à  la  pureté  de  sa  gloire  littéraire.  Il  est 
navrant  de  j^enser  que  ce  méchant  drame  à  tendances  anti- 
cléricales lit  connaître,  —  et  mal  connaître  — -  à  l'étranger 
le  merveilleux  auteur  de  tant  de  romans.  Dès  lors,  Galdôs 
était  classé  parmi  les  républicains  ;  il  fut  élu  député  par 
le  peuple  de  Madrid  en  1907  et  revint  au  Parlement  en 
1910.  11  présida  le  Comité  directeur  de  l'Union  nationale 
lépublicaine  et  publia  diverses  lettres  et  discours  qui  rap- 
l)ellent  les  pages  d'Anatole  France  dans  «  Vers  les  temps 
meilleurs  «. 

Une  statue  lui  fut  dressée  de  son  vivant.  L'Académie 
esj)agnole,  qui  lui  avait  préféré  un  sieur  Commelerân  en 
j894,  l'accueillit  en  1897  :  il  y  fut  reçu  par  le  prince  des 
Critiques  espagnols,  D.  Marcelino  Menéndez  y  Pelayo,  et 
eut  la  joie  d'y  saluer  à  son  tour  son  excellent  ami  l'illustre 
lomancier  D.  José  Maria  de  Pereda.  Galdôs  gagna  beaucoup 
il'argent,  n;ais  il  en  déi)ensa  beaucoup.  On  dut  avoir  recours, 
]>our  l'aider,  à  une  souscription  publique,  dont  le  résultat  ne 
fut  pas  très   satisfaisant. 

Il  était  d'une  constitution  très  vigoureuse,'  qui  lui  permit 
d'écrire  une  œuvre   immense  (1).   Mais,   dès  1911,    il    fallut 


(1)  Œuvres  de  Galdôs.  —  Xovelas  de  la  priiueia  cpoca.  —  La  foii- 
tana  de  oro  (1870).  La  sombra  (1871).  El  audaz  (1872).  Dofia  Pcrfecta 
(1870).  (iloria  (dos  tomos)  (1877).  Marianela  (1878).  La  familia  de  Lcôn 
Hoch  (très  tomos)  (1878). 

Piimeros  cpisodios  nacionaJes.  —  Primera  série.  —  Trafalf^ar,  La 
curte  de  Carlos  IV.  El  19  de  marzo  y  el  2  de  Mayo,  IJaik'n  (187H).  Na- 
poléon en  Chamartin,  Zaragoza,  Gerona,  Câdiz  (1874).  Juan  Martin  el 
Enipecinado,  La  batalla  de  los  .Arapiles  (1875). 


150  LES    LANGIES    MODERNES 

opérer  de  ]a  cataracte  ses  deux  yeux  ;  la  première  opération 
eut  lieu  le  jour  de  l'Ascension  ;  et  «  don  Benito  «,  comme 
tous  l'appelaient  en  Espagne,  disait  :  «  Vétlrines  va  arriver 
à  Madrid.  Si  je  pouvais  le  voir  !  ■>  Il  devint  complètement 
aveugle,  en  1!)12.  L'urémie  et  l'artério-sclérose  eurent  raison 
de  sa  robuste  santé.  Il  ne  sortait  plus  dans  la  rue  depuis  le 
22  août  dernier.  A  la  mi-octobre,  il  s'alita  et  ne  se  releva 
plus.  La  rudesse  de  l'hiver  l'éprouva  beaucoup  ;  le  29  décem- 
bre, il  eut  une  hémorrhagie  intestinale  qui  dura,  avec  des 
intermittences,  jusqu'au  1"  janvier.  Le  3,  le  mal  s'aggrava, 
le  docteur  Maranon  lit  au  malade  deux  injections  d'huile 
camphrée.  Galdôs  eut  un  moment  d'égarement,  il  pria  ses 
familiers  de  le  conduire  à  son  cabinet  de  travail  :  «  Il  me 
faut  travailler  beaucoup...  beaucoup...  »,  disait-il  d'une  voix 
éteinte.  Le  4,  à  3  h.  1/2  du  matin,  il  eut  un  léger  cri  d'an- 
goisse, et  mourut  peu  après. 

L'Espagne   a   fait   à   Galdos   des   funérailles    nationales.    La 
dépouille   mortuaire  a  été   exposée    à    l'Hôtel  de  Ville,    dans 


Segunda  série.  —  El  équipage  del  rey  José,  Memorias  de  un  corte- 
sano  de  1815  (1875).  La  segunda  casaca.  El  (irande  Oriente,  7  de  Julio 
(1876).  Los  cien  mil  hijos  de  San  Luis,  El  terror  de  1824  (1877).  Un 
voluntario  realista  (1878).  Los  apostôlicos,  Un  faccioso  mâs  y  algunos 
frailes  nienos  (187!»). 

Novelas  espailolas  contemporancas.  —  La  Desheredada,  primera 
parte  (1880).  Segunda  parte  (1881).  El  amigo  Manso  (1882).  El  doctor 
U.enteno  dos  tomos  (188.3).  Tormento,  La  de  Bringas,  Lo  prohibido, 
primera  parte  (1884)  ;  segunda  parte  (1885).  Fortunata  y  Jacinta,  cuatro 
tomos  (1886-87).  Miau,  La  Incognita  (1888).  Realidad,  Torquemada  en 
la  hoguera  (1889).  .•Vngel  guerra,  très  tomos  (1890-91).  Tristana,  La  loca 
de  la  casa  (1892).  Torquemada  en  la  cruz  (1893).  Torquemada  en  el 
purgatorio  (1894).  Torquemada  y  San  Pedro,  Nazarin,  Halma  (1890). 
Misericordia.  El  .^buelo  (1897).  Casandra  (190ô).  El  caballero  encantado 
(1909).  La  razôn  de  la  sinrazôn  (1915). 

Xuevos  episodios  nacionales.  —  Tercera  série.  —  Zumalacârregui. 
Mendizâbal.  De  Ofiate  a  la  Granja  (1898).  Luchana,  La  campana  del 
Maestrazgo,  La  estafeta  romântica,  Vergara  (1899).  Montes  de  Oca,  Los 
Ayacuchôs,  lîodas  reaies  (1900). 

Cuarta  série.  —  Las  tormentas  del  48  (1901).  \arvaez  (1902).  Los 
duendos  de  la  camarilla  (190;3).  La  Revoluciôn  de  .Julio,  O'Donnell,  Rita 
Tettauen  (1904).  Carlos  VI  en  la  Râpita  (1900).  La  vuelta  al  mundo  en 
la  «  Numancia  *>,  Prim  (1906).  La  de  los  tristes  destinos  (1907). 

Série  final. —  Espana  sin  Rey  (1908).  Espana  tragica  (1909).  Amadco  I 
(1910).  La  primera  Repûblica,  De  Cartago  à  .Sagunto  (1911).  Canovas 
(1912).  Un  nouvel  épisode  m  en  preparaciôn  »  :  Sagasla. 

Teatro.  —  Realidad  (estrenada  en  1892).  La  loea  de  la  cas»  (1893).  La 
de  San  Quintin  (1894).  Los  condenados  (1894).  N'oluntad  (1895).  Dona 
Perfecta  (1896).  La  Fiera  (1896).  Electra  (1901).  Aima  v  vida  (1902). 
Mariucba  (19  .{).  El  abuelo  (1904).  Hârbara  (1905).  Auior  y  Ciencia  (1905). 
Pedro  Minio  (1908).  Gcrona  (1908;  publicado  solamcnte  en  «  El  Cuenfo 
Semanal  »  numéros  70  v  71).  Casandra  (1910).  Celia  en  los  inficrnos 
(1911).  Alccste  (1912).  Sor  Simona  (1915).  El  tacano  Salomôn  (1916). 
Santa  Juana  de  Castilla  (1918). 

Obras  varias.  —  Discurso  académicos.  —  Memoranda  (190(5). 


CHRONIQUE    ÉIKANGÈKI-:  l")! 

la  Cour  de  Cristal,  le  5  janvier,  de  8  h.  du  matin  à  13  h. 
Les  obsèques  eurent  lieu  à  15  heures.  Elles  furent  l'expres- 
sion d'un  véritable  deuil  national.  Sur  le  cercueil  en  acajou, 
une  main  pieuse  répandit  une  poignée  de  jasmins.  Los 
cordons  du  j)oële  étaient  tenus  par  1).  Jacinto  Octavio 
Picon,  D.  Joaquin  Alvarez  Quintero,  un  représentant  du 
(Conseil  municipal  de  Madrid,  un  député  des  Canaries,  un 
représentant  de  l'Association  de  la  Presse  et  un  ouvrier.  La 
foule  remplissait  les  rues,  les  places,  les  balcons.  En  l)ien 
des  endroits,  le  drapeau  était  en  berne.  Suivant  la  volonté 
du  défunt,  le  corps  fut  déposé  dans  le  caveau  de  famiile,  au 
cimetière  de  l'Abnudena. 

Ainsi  s'en  est  allé  le  patriarche  des  lettres  espagnoles.  La 
grande  presse  mondiale  ne  lui  a  jias  accordé  toute  l'atten- 
tion qu'il  méritait  ;  son  œaivre  n'a  pas  obtenu  la  consécra- 
tion qui  lui  était  due.  Ses  comi)atriotes  demandaient  pour 
file  le  prix  Nobel,  et  il  est  surprenant  que  ce  vœu  n'ait  pas 
été  réalisé.  Si  grand  qu'apparaisse  Galdôs,  il  ne  peut  que 
grandir  aux  j'eux  de  la  postérité,  parce  que  son  œuvre, 
malgré  bien  des  défauts,  est  vivante. 

G.    BOL'SSACiOL. 


.».. 


NOTES    AMÉRICAINES 


Les  discussions  relatives  à  la  ratification  du  Traité  de 
Paix  se  poursuivent  au  Sénat  américain  sans  qu'un  résultat 
tangible  ait  encore  été  atteint.  Les  dépèches  souvent  con- 
fuses et  toujours  brèves  qui  paraissent  dans  les  journaux 
européens  nous  apprennent  que  les  négociations  entre 
démocrates  et  républicains  continuent. 

La  situation  a  été  rendue  plus  nette,  au  point  de  vue 
européen,  par  la  publication  de  la  lettre  adressée  au  Times 
par  Lord  Grey,  à  son  retour  d'Amérique.  En  effet,  les  Gou- 
vernements alliés,  par  suite  du  conflit  entre  le  Président  et 
le  Sénat,  se  trouvaient  dans  une  situation  délicate  pour 
faire  connaître  leurs  vues.  L'état  de  santé  du  président 
Wilson   l'empêchait   de   participer    aux     débats,    et  .  d'autt'c 


152  LES    LANGUES    MODERNES 

part  c'eût  été  manquer  de  déférence  envers  le  Chef  de  la 
nation  américaine  et  l'un  des  «  pères  »  da  Traité  que  de 
s'adresser  directement  au  Sénat.  La  lettre  de  lord  Grey  a 
été  écrite,  dit-il,  uniquement  en  son  nom  personnel.  Il  n'en 
est  pas  moins  vrai  qu'elle  a  eu  pour  résultat  de  faire 
savoir  au  peuple  américain,  sous  la  forme  la  plus  indirecte 
et  de  la  manière  la  plus  propre  à  ménager  toutes  les  sus- 
ceptibilités, que  les  Alliés,  ou  du  moins  l'Angleterre, 
n'avaient  pas  d'objections  à  la  plupart  des  réserves 
présentées  au  Sénat. 

Cette  question  de  la  ratification  du  Traité  peut  se  réduire 
à  deux  éléments  principaux  que  je  voudrais  examiner  rapi- 
dement. L'un  est  plus  particulièrement  politique,  l'autre, 
plus  général,  relève  plutôt  de  la  mentalité  américaine,  telle 
qu'elle  ressort   des   événements  récents. 

I.  Le  traité  a  provoqué  un  conflit  entre  le  pouvoir  exécutif 
et  le  pouvoir  législatif.  La  Constitution  Américaine  —  lord 
Grey  le  dit  lui-même  dans  sa  lettre  —  rend  possibles  et 
même  parfois  inévitables,  des  conflits  de  ce  genre.  Lm 
ratification  du  traité  a  donc  posé  une  question  nettement 
politique  et  même  constitutionnelle.  Les  adversaires  de 
M.  Wilson  lui  ont  reproché  d'avoir  mené  les  négociations 
de  paix  uniquement  d'après  ses  vues  personnelles,  sans 
consulter  les  représentants  élus  de  la  nation  —  et  la  démis- 
sion de  ^1.  Lansing  vient  de  montrer  que  les  vues  person- 
nelles du  président  n'étaient  même  pas  partagées  par  celui 
qui  aurait  dû  être  son  ])rincipal  collaborateur.  Le  président, 
de  par  la  Constitution,  avait  le  droit  d'agir  ainsi,  mais,  de 
l)ar  la  même  Constitution,  le  Sénat  a  également  le  droit 
d'examiner  îe  traité  résultant  de  ces  négociations  et  de  ne 
l'adopter  qu'à  bon  escient.  Un  conflit  ne  peut  manquer 
d'éclater  si  le  pouvoir  législatif  ne  i)artage  i)as  les  idées 
de  l'exécutif  sur  le  traité  à  ratifier.  Or,  au  moment  même 
où  le  président  Wilson  se  rendait  en  Euroi)e,  contre  le 
gré  de  beaucoup  de  sénateurs,  pour  diriger  les  négociations 
<le  paix,  la  majorité  que  son  parti  possédait  au  Sénat,  était 
jéduite  à  rien,  les  élections  i)artielles  ayant  été  des  succès 
pour  les  réi)ublicains. 

Au  point  de  vue  ])ratique,  les  rojjroches  adressés  à  la 
politique  suivie  par  le  président  varient  avec  les  tendances 
des  groupes  d'opinion  qui  les  formulent.  Les  uns  —  le 
petit  groupe  des  intransigeants  —  ont  accusé  M.  Wilson 
d'avoir,  dans  les  discussions  avec  les  chefs  d'Etat  alliés, 
abandonné  certains  des  principes  essentiels  des  14  articles. 


CHl'.OXIQUE    ÉTRANGÈKE  103 

'Ct  de  s'être  laissé  arracher  des  concessions  qui  sont  en 
contradiction  tonnelle  avec  ces  articles.  Les  autres  —  et  ce 
sont  les  plus  nombreux  —  partisans  de  la  politique  tradi- 
tionnelle, conforme  à  l'avis  de  Washington  et  formulée 
dans  la  doctrine  de  ]\Ionroë,  ont  reproché  au  Président 
d'avoir  inconsidérément  engagé  la  parole  de  l'Amérique,  en 
l'obligeant  à  intervenir  désormais,  financièrement  et  mili- 
tairement, dans  les  aiïaires  européennes.  Ils  estiment  que 
l'article  X,  par  lequel  les  Etats-Unis  s'engagent  à  maintenir, 
dans  tous  les  cas  et  par  tous  les  moyens  nécessaires,  l'inté- 
grité territoriale  des  Etats  cosignataires,  oriente  la  politique 
extérieure  des  Etats-Unis  dans  une  voie  dangereuse  à  tous 
égards.  Les  extrémistes  voudraient  la  radiation  jjure  et  sim- 
ple de  cet  article  ;  ceux  qui  cherchent  un  terrain  de  conci- 
liation proposent  que  l'emploi  des  moyens  de  coercition 
économiques  ou  militaires  soit  subordonné  à  une  loi  spé- 
ciale votée  par  le  Congrès  pour  chaque  cas  qui  se  présente- 
rait. 

Tel  est  l'aspect  politique  jjersonnel  (car  la  personnalité 
wilsonienne  est  surtout  en  jeu)  de  la  question  :  conflit 
constitutionnel  entre  l'exécutif  et  le  législatif  —  conflit 
entre  deux  conceptions  de  la  politique  extérieure  des 
Etats-Unis  :  l'une  idéaliste,  tendant  à  faire  de  l'Amérique 
l'arbitre  mondial,  la  clef  de  voûte  de  cet  édifice  nouveau 
qu'avait  rêvé  le  président  Wilson  ;  l'autre,  pratique  et 
réaliste,  maintenant  les  Etats-Unis  en  dehors  des  compli- 
cations européennes  et  visant  au  rétablissement  d'une  poli- 
tique dont  ils  se  sont  départis  un  instant,  mais  à  laquelle 
ils  doivent  revenir  au  plus  vite. 

II.  Passons  à  l'aspect  général  de  la  question.  Les  Etats-Unis 
sont  entrés  dans  la  lutte  mondiale  avec  la  tension  volon- 
taire, la  spontanéité  nerveuse  et  franche,  qui  caractérisent 
le  tempérament  américain.  Mais,  dans  toute  société  humaine 
comme  dans  le  corps  humain,  ces  exaltations  nerveuses  sont 
suivies  d'une  inévitable  réaction  plus  sensible  encore  dans 
un  pays  pour  lequel  la  guerre  a  été  une  réalité  certes,  mais 
une  réalité  lointaine,  malgré  tout.  Cette  réaction  physique, 
l)our  ainsi  dire,  qui  se  fait  sentir  dans  les  pays  européens 
^lyant  participé  à  la  lutte,  se  fait  sentir  aussi  en  Amérique. 
Les  milieux  financiers,  industriels  et  commerçants,  rendus 
plus  puissants  encore  par  la  guerre,  sont  portés  à  dire  que 
l'ère  du  sentiment  est  passée,  qu'il  faut  maintenant  traiter 
les  questions  qui  se  posent  avec  toute  la  froideur  méthodi- 
que  d'un   calculateur,   et   non   avec   l'idéalisme   d'un   théori- 


154  I.KS   LANGUES   MODEKNKS 

cien.  L'Amérique,  disent-ils,  ne  saurait  être  la  «  niilch- 
cow  ■>  du  inonde.  Elle  a  de  graves  questions  à  résoudre 
(question  ouvrière,  question  des  chemins  de  fer,  question 
mexicaine)  et  charité  bien  ordonnée  commence  par  soi- 
n;ême.  De  là,  l'opposition  croissante  à  de  nouveaux  prêts  aux 
i>ouvernements  alliés  et  aux  nouveaux  Etats  ;  de  là,  la  réduc- 
tion récente,  et  peut-être  la  suppression  prochaine  des 
crédits  destinés  au  ravitaillement  de  l'Europe  centrale  ; 
de  là,  les  déclarations  des  financiers  et  des  business  men 
disant  que  l'Europe  doit  mettre  ordre  à  ses  propres  affaires, 
sans  compter  sur  d'autre  appui  de  la  part  des  Etats-Unis 
que  celui  résultant  de  contrats  commerciaux  conclus  sur 
le  modèle  ordinaire.  De  là,  les  relations  commerciales  otli- 
cieuses  reprises  dès  l'armistice,  avec  l'Allemagne  et  la 
Russie  des  Soviets.  De  là,  la  tendance  à  «  passer  l'éponge  » 
sur  les  cinq  années  passées  et  à  considérer  l'Allemagne 
comme  un  débiteur  au  même  titre  que  les  autres  nations. 

Cette  tendance  ne  peut  qu'être  renforcée  par  des  causes 
Ijsychologiques,  plus  particulièrement  américaines.  Certes 
l'Amérique  est  le  «  melting-pot  »,  le  creuset  où  les  races 
fondent  pour  constituer  l'Américain.  Mais,  dans  le  métal 
recréé  subsistent  des  traces  du  métal  ancien,  et  la  nationa- 
lité primitive,  subconsciente  des  Américains  nouveaux,  mise 
tn  présence  des  problèmes  extérieurs,  réagit  selon  l'atavisme 
de  chacun.  La  cession  même  momentanée  de  Tsingtao  et 
du  Chantung  aux  Japonais  a  réveillé  les  sentiments  anti- 
japonais.  Les  Irlandais  sont  nombreux  aux  Etats-Unis  et 
disposent  d'une  influence  supérieure  à  leur  nombre,  car  ils 
ont  «  trusté  »  l'organisation  électorale  et  l'activité  poli- 
tique de  certaines  régions.  L'agitation  Sinn-Uein,  i)uissam- 
ment  organisée,  entretient  et  propage,  par  la  presse,  ttn 
sentiment  d'hostilité  contre  l'Angleterre  et  aussi  de  jalousie, 
jjuisque  dans  le  Conseil  de  la  Ligue  des  Nations,  les  Domi- 
riions  et   elle    disposeront  de  G  voix  contre   1   à  l'Amérique. 

La  France  continue  à  jouir  de  sympathies  ardentes  et 
d'amitiés  fidèles,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu'il  y  a  aux 
Etats-Unis  une  vingtaine  de  millions  d'américains,  d'origine 
germanique  ou  de  tendances  germanophiles,  occupant  des 
situations  considérables  dans  le  commerce,  la  finance,  l'uni- 
versité. 11  est  tout  naturel  —  même  si,  par  conviction  ou  par 
l>rudence,  leur  loyalisme  fut  entier  pendant  la  guerre,  — 
que,  maintenant,  ils  travaillent  discrètement  au  moins,  à 
effacer  ces  cinq  années,  et  que  leurs  efforts  tendent  à  une 
lente  dissociation,  pour  ainsi  dire,  des  éléments  constitu- 
tifs de  l'Entente. 


ClIUONlyLK    KTltANCHRK  153 

Les  semaines  qui  viennent  seront  sans  doute  décisives  au 
point  de  vue  du  vote  ou  du  rejet  du  Traité.  Mais  l'expérience 
montre  que  les  traités  valent  moins  par  le  texte  même  de 
leurs  clauses  que  par  l'esprit  qui  préside  à  leur  exécution. 
Que  le  traité  soit  adopté  ou  non,  les  tendances  esquissées 
ci-dessus,  et  qui  se  préciseront  au  cours  de  la  campagne 
d'élection  présidentielle,  entreront  en  jeu  pour  orienter, 
dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  la  future  politique  extérieure 
des  Etats-Unis. 

/.)  fi-vrier   PrJO. 

Geori^es  Mkvkr. 


-..  :«S:«- 


BIBLIOGRAPHIE 


A  Historif  of  the  Théâtre  in  Amefiea,  from  its  beginnings 
to  the  présent  time,  by  Arthur  Hornblow.  (2  vols.  9x6. 
Lippincott,  42  s.). 

The  Practical  Book  of  Interior  Décoration,  by  Harold 
Donaltlson,  Eberlein,  Abbot  IMcClare,  Edward  Stratton 
Ilolloway  (Lippincott,  35  s). 

11  vient  de  paraître  chez  Lippincott  une  Histoire  du 
Théâtre  en  Amérique,  depuis  ses  origines  jusqu'à  l'époque 
actuelle.  Cet  ouvrage  considérable  (de  près  de  800  pages) 
semble  être  le  premier  qui  traite  la  question  dans  son 
ensemble  et  avec  le  souci  d'exactitude  historique.  L'auteur, 
M.  Arthur  Hornblow  était  tout  qualifié  pour  écrire  cet 
ouvrage  ;  il  a  dirigé  pendant  20  ans  la  Revue  du  Théâtre 
et  a  écrit  des  pièces  et  des  intrigues  (h'aniatiques  appré- 
ciées. 

Le  Literari]  Supplément  du  Times,  en  date  du  11)  février, 
publie  un  compte  rendu  d'un  ouvrage  sur  l'ameublement 
et  la  décoration,  sorte  de  guide  copieux  et  orné  de  belles 
reproductions,  à  l'usage  des  Américains  désireux  de  se  meu- 
bler dans  les  styles,  des  époques  diverses,  des  principaux 
pays  d'Europe  :  Angleterre,  France,  Espagne  et  Italie.  Le 
critique  du  Times  déplore,  à  ce  propos,  que  l'Europe  se 
dépeuple  de  plus  en  plus  de  ses  objets  d'art,  dont  le  passage 
en  Amérique  n'a  fait  que  s'accélérer  avec  la  guerre.  L'Amé- 
rique tend,  dit-il,  à  devenir  le  nuisée  "i)ar  excellence  de  l'art 
européen. 

La  maison  Doubleday,  Page,  de  New-York  publie  une 
traduction  de  l'ouvrage  de  M.  Léon  Bazalgette  sur  «  Walt 
Avhitman   ».  (ieorges  Mkvku. 

Lkox  Guillht.  —  L'Enseiçinement  technique  supérieur  à 
ruprès-f/uerre.  Payot,   Paris   1018. 

A  un  double  titre,  les  professeurs  tle  langues  vivantes  ne 
l)euvent  se  désintéresser  des  questions  concernant  l'ensei- 
gnement technique  ou  technique  suj)érieur.  Une  place 
ti'autant  plus  grande  sera  progressivement  faite  à  cet  ensei- 
gnement   que   la   France   aura     désormais     i)lus    que    jamais 


IiIBLIO(;HAPHlE  157 

besoin  d'ingénieurs  et  de  techniciens.  Or,  il  ne  semble  pas 
douteux  que  l'essor  -et  l'orientation  que  prendra  cet  ensei- 
gnement exerceront  sur  le  secondaire  une  action  immédiate. 
II  n'est  pas  douteux,  d'autre  part,  que  là  aussi  les  langues 
vivantes  devront  jouer  leur  rôle,  à  la  fois  comme  instru- 
ments de  culture  et  d'investigation.  Nous  ne  pouvons  pas 
ignorer  que  de  grands  débats  vont  s'ouvrir,  si  nous  ne  vou- 
lons pas  que  nos  assemblées  générales  se  traînent  sur  des 
discussions  d'une  morne  platitude,  comme  la  dernière  pour- 
rait le   faire  craindre. 

Le  livre  de  M.  Guillet  nous  renseignera.  11  nous  fait  con- 
naître les  vœux  très  importants  adressés  pendant  la  guerre 
;iU  Ministre  de  l'Instruction  Publique  par  la  Société  des 
Ingénieurs  civils,  le  compte  rendu  de  la  grande  séance  de 
cette  même  Société  le  3  avril  1916,  puis  dans  une  série  de 
chapitres,  les  desiderata  relatifs  à  la  réorganisation  de 
l'Enseignement  technique  supérieur,  c'e.st-à-dire,  des  Ecoles 
Polytechnique,  Centrale,  Techniques,  etc.,  programmes, 
recrutement,  professeurs,  etc. 

Il  va  de  soi  qu'on  remarquera  les  plaintes  sur  l'insuffi- 
sance des  études  et  des  méthodes  aussi  bien  dans  les  lycées 
que  dans  les  Universités.  Ici,  nous  retiendrons  surtout  deux 
observations.  Dans  sa  préface,  M.  Le  Chàtelier  cite  l'exemple 
d'un  problème  de  physique  donné  au  baccalauréat  de  la  sec- 
tion C,  dans  une  bonne  série,  et  qu'aucun  candidat  ne  sut 
traiter  convenablement  alors  que  tous,  à  l'oral,  répondirent 
parfaitement  sur  les  théorèmes  de  mécanique  qu'ils  avaient 
méconnus.  Ne  croirait-on  pas  entendre  les  élèves  nous  dire  : 
«  M'sieu,  je  sais  bien  la  règle  de  grammaire,  mais  je  ne 
peux  pas  l'appliquer  !  »  Grammaire  allemande,  ou  anglaise, 
ou  latine  !  Alors  étaient-ils  justes  et  sages  ceux  qui  criaient 
haro  sur  ces  infortunées  épreuves  de  langues  vivantes 
comme  si  elles  étaient  seules  pitoyables  ?  Cette  maladie  de 
langueur  leur  est-elle  spéciale,  ou  bien  ne  serait-elle  pas 
commune  à  toutes  les  discii^lines  ?  Il  était  bien  urgent 
d'aller  s'ofïrir  soi-même  en  victime  exiDiatoire  à  des  sacri- 
ficateurs trop   empressés  ! 

Et  peut-être  ne  sera-t-il  i^as  inutile  de  savoir,  pour  résis- 
ter plus  courageusement  à  des  attaques  menaçantes,  que  la 
Société  des  Ingénieurs  civils  est  unanime  à  demander  «  le 
développement  de  l'enseignement  des  langues  vivantes  ». 
Car  celles-ci  sont  loin  d'avoir  cause  gagnée,  et  le  moment 
serait  mal  choisi  pour  s'endormir  béatement.  Mais  avis  à 
ceux  qui  s'aviseraient  de  vouloir  leur  rogner  la  place. 


158  LES    LANGUES    MODERNES 

Maurice  Berger.  —  La  Nouvelle  Allemagne.  Bernard 
Grasset,  Paris   1!)!!). 

Aussitôt  après  l'armistice,  le  G.  Q.  G.  belge  chargea 
-Ai.  Maurice  Berger  d'une  mission  d'enquête  en  Allemagne. 
11  nous  en  rapporte  les  résultats  sous  forme  d'interviews  et 
de  réllexions  personnelles.  Il  a  pu  joindre  les  personnalités 
les  plus  intéressantes,  généraux,  industriels,  diplomates, 
artistes,  etc.,  et  nous  communiquer  leurs  impressions  du 
lendemain  de  la  défaite.  Tant  de  chemin  a  déjà  été  par- 
'jouru  depuis  le  11  novembre  1918,  qu'on  lit  avec  surprise 
les  déclarations  de  ces  hommes  au  premier  ennemi  qu'il 
leur  était  donné  de  voir.  On  est  surpris  en  ce  sens  surtout 
que  toutes  les  théories  ofïiciellement  soutenues  par  ^l'Alle- 
magne aujourd'hui  apparaissaient  déjà  à  ce  moment,  timi- 
fles  sans  doute  et  peureuses  dans  certains  cas.  mais  parfaite- 
ment reconnaissables.  Les  positions  n'ont  pas  changé,  çt 
l'on  ne  peut  dire  que  l'Allemagne  .ait  ouvert  les  yeux. 
M.  Berger,  s'il  rejjrenait  lui-même  les  réflexions  justes  et 
heureuses  de  sa  conclusion,  ne  manquerait  sans  doute  pas 
d'insister  sur  ce  point,  car  les  événements  viennent  les  con- 
lirmer  et  l'intérêt  de  son  livre,  qui  à  maint  endroit  pas- 
sionne comme  un  roman,  se  trouve  de  ce  fait  singulière- 
Uicnt  accru.  Il  est  vraiment  de  ceux  qui  peuvent  aider  à 
voir  clair  dans  les  affaires   d'Allemagne. 

LuDENDORFF.  - —  Mes  souvenirs  de  f/uerre,  2  vol. 
Général  Buat.  —  Ludendorjf .  Pavot,  Paris   li)20. 

Indiquer  le  titre  de  ces  ouvrages  doit  sullire.  A  qui  serait-il 
iiécessaire  de  signaler  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  lecture  des 
«  Mémoires  »  d'an  Boche  probablement  surfait,  mais  désor- 
mais célèbre  V  11  n'a  peut-être  i)as  confié  au  papier  toutes 
les  explications  que  nous  aurions  attendues  de  sa  part,  mais 
ces  deux  gros  volumes  (qu'en  raison  de  leur  prix  nous  som- 
mes, en  toute  franchise,  obligés  de  recommander  à  des  cer- 
cles ou  bibliothèques  i)Ius  encore  qu'à  des  bourses  isolées), 
lenferment  tant  de  détails  et  de  précisions  que  ceux  qui  lircnt 
la  campagne  croiront  la  revivre  en  les  lisant.  Et  que  de 
révélations,  volontaires  et  involontaires  surtout,  sur  les 
militaires  allemands,  leur  mentalité,  leur  ex-empereur, 
l'edroyable  dictature  du  sabre  i)endant  la  guerre,  etc.  Ce 
livre  ne  pourra  plus  être  ignoré,  et  il  faut  savoir  gré  à 
l'éditeur  français  qui  a  réussi  à  en  publier  la  traduction. 

Le  général   Buat,  a  largement   particii)é  en    la    qualité    de 


BIHI.KXIllAl'HIE  lôO 

major-f*tMK'ral  du  (1.  Q.  (i.  français  à  la  préparation  des 
belles  manœuvres  qui,  en  trois  mois,  ont  terrassé  les  Alle- 
mands. Son  étude  sur  son  adversaire  principal  constitue 
la  meilleure  introduction  aux  «  Mémoires  »,  car  elle  éclaire 
et  rectifie  aussi  les  dires  de  celui  qui  n..'  deviendra  sans 
doute  jamais   plus  feld-maréchal.  (laston    H.\i'HAëi.. 

La    pensée    de    J.-II.    Xeivman.  —    l-'loris    Delattre    (Pavot, 
édit.). 

M.  Delaltre  a  extrait  de  l'ceuvre  de  Newniann  l'essence 
d'une  pensée  subtile,  ondoyante  et  diverse  et  à  travers  ces 
Images  judicieusement  choisies  il  nous  fait  suivre  l'évolution 
d'un  esprit  courageux,  l'ascension  d'une  vie  d'apôtre.  Dans 
une  sobre  et  ferme  introduction,  il  nous  montre  le  réforma- 
teur naissant  qui.  à  la  suite  tle  John  Keble,  prend  bientôt 
la  tête  de  ce  mouvement  d'Oxford,  révolte  contre  la  servi- 
tude, protestation  contre  la  stagnation  de  l'Evangélisme 
laiglican.  Précurseur  du  mouvement  pré-raphaëlite,  ce  mou- 
vement religieux  se  retourne  aussi  vers  le  passé,  l'atmos- 
})hère  mystique  du  Moyen-âge.  F'ellow  d'Oriel,  curé  de 
St3-Marie,  Newman  par  une  série  de  tracts  cherche  à  remon- 
ter le  courant  d'un  libéralisme  raisonneur  et  lâche,  et 
s'achemine  vers  la  discipline  dogmatique,  la  tradition  apos- 
tolique, source  de  la  foi.  .\vec  courage,  non  sans  un  déchi- 
rement intérieur,  un  long  *  regard  de  regret  et  d'adieu,  il 
quitte  les  dômes  et  les  tours  de  son  cher  Oxford,  rompt  avec 
tout  là'^he  compromis  et  se  rallie  déiinitivement  à  l'autorité 
des  Pérès  et  à  l'église  de  Home,  «  véritable  mère  des  âmes  ». 
Attaqué,  soupçonné,  harcelé  par  ses  amis  d'hier,  il  souffre 
«Ml  silence  dans  sa  sensibilité  maladive,  au  fond  de  sa  cel- 
lule de  Birmingham.  Ses  sermons,  son  histoire  d'un  con- 
verti (Loss  and  Gain)  (1848),  sa  Callista  (1855),  son  Apolo- 
f/ia  pro  vita  sua  (18G4),  sont  des  justifications  ou  des  confi- 
dences de  sa  via  dolorosa  où  il  repousse  victorieusement 
les  attaques  maladroites  de  Kingsley,  dissipe  tout  soupçon  de 
duplicité,  révèle  son  âme  inquiète,  passionnée.  La  sérénité 
rentre  enfin  dans  cet  être  vibrant  et  douloureux.  Il  publie, 
en  1805,  son  Rêve  de  Gérontius,  ardent  monologue  lyri- 
que d'une  âme  qui  se  sépare  du  corps  et  rentre, 
partagée  entre  l'efTroi  et  l'esprit,  dans  l'éternité.  Un  des 
premiers  actes  de  Léon  \Ul  fut  de  rendre  hommage  au 
grand  et  vieil  oratorien,  mais  il  resta  simple  et  ferme  jusque 
dans  la  pourpre  cardinalice. 


160  LES   LANGUES   MODERNES 

M.  Delattre  dégage  toute  la  complexité  de  cette  jjensée,  de 
ce  «  dogmatisme  affectif  »  qui  dans  son  austérité  reste  plus 
libéral  que  le  latitudinarisme  anglican,  de  cette  âme  aux 
convictions  robustes  et  pourtant  fiévreuse  et  «  frissonnante 
d'elle-même  ».  Peut-être  eût-il  pu  insister  davantage,  dégager 
l'action  de  ce  grand  converti  sur  l'Eglise  d'Angleterre,  le 
rôle  qu'il  joua  dans  ce  curieux  retour  à  l'orthodoxie  catho- 
lique. Il  veut  avant  tout  soulever  ce  qu'on  a  appelé  le 
«  mystère  de  Newman  »,  analyser  cette  sensibilité  compli- 
quée où  la  candeur  se  mêle  à  l'ironie,  la  timidité  à  la  har- 
diesse, et  qui,  sous  son  rigorisme  sévère,  cache  des  ten- 
dresses féminines. 

L'œuvre  de  Newman  reste  tout  imprégnée  de  l'huma- 
nisme d'Oxford.  Les  plis  de  ce  style,  comme  un  voile  trans- 
parent et  souple,  suivent  les  inflexions  de  la  pensée.  New- 
man est  «  le  Platon  d'Oxford  »  dont  l'élégance  attique 
charme  et  les  croyants  et  ceux  qai  n'ont  plus  la  foi. 

Une  traduction-  élégante  et  fidèle  garde  la  limpidité  du 
texte  anglais  dont  l'auteur,  par  modestie  et  loyauté  scrupu- 
leuses la  fait  suivre  page  par  page.  On  y  peut  goûter  «  le 
vin  et  le  lait  »  d'un  esprit  fluide  supérieur,  suivre  dans  sa 
transparence  les  ondulations  d'une  dialectique  subtile  et 
])ersuasive,  les  mouvements  d'une  éloquence  qui  rappelle 
celle  de  Chrysostome,  que  Newman  préféra  à  tous  pour  sa 
vibrante  sympathie,  les  palpitations  d'un  cœur  plein 
d'élancements  et  de  nobles  ferveurs.  Cor  ad  cor  loquitiir. 

C.   Chemin. 

Traits  d'union  normands  avec  l'Angleterre,  avant,  pen- 
dant et  après  la  Révolution.  Paul  Yvon.  (Editeurs  :  L.  Jonan 
n  Caen.  —  Dulan  and  C°  London). 

Dans  ses  limites  provinciales  volontaires,  ^I.  Yvon  a  écrit 
avec  une  haute  conscience,  une  étude  qui,  à  l'heure  actuelle, 
est  particulièrement  intéressante.  11  montre  comment  par 
ses  voyageurs,  ses  émigrés  politiques  ou  religieux,  ses  tra- 
ducteurs, ses  chercheurs  érudits,  la  Normandie  a  pu, 
depuis  le  xvir'  siècle  servir  de  trait  d'union  entre  la  France 
et  l'Angleterre.  Sujet  fuyant,  immense,  inépuisable,  dont  il 
a  su  fixer  plusieurs  points.  Complétant  l'ouvrage  de 
M.  Bastide  :  An(/lais  et  Français  an  xvir  siècle,  il  dit  com- 
ment l'esprit  d'aventure  entraîna  de  bonne  heure  plus  d'un 
Normand  cultivé  vers  l'Ile,  presque  inconnue,  comment 
înaint  Huguenot  de  Normandie  y  chercha  refuge  à  la   Révo- 


BIBLIOGKAPHIE  161 

cation  de  l'Edit  de  Nantes,  comme  maint  émigré,  plus  tard 
à  la  Révolution.  De  tous  ces  découvreurs  des  mœurs,  de  la 
société,  de  la  littérature  anglaises,  M.  Yvon  décrit  les  ava- 
tars, indique  l'eflorl  parfois  balbutiant,  mais  touchant  ou 
méritoire.  C'est  Montchrétien  qui  «  parti  poète,  revint 
d'Angleterre  économiste  »,  Moisant  de  Brieux,  fondateur  de 
J'Académie  de  Caen,  le  calviniste  Samuel  Brochart,  St-Evre- 
mond  qui  ouvre  la  voie  à  Voltaire.  Ces  Académies  provin- 
ciales de  Caen,  de  Rouen  ont  un  rôle,  sont  des  centres  de 
culture,  c'est-à-dire  de  curiosité  et  de  sympathie.  Autour  de 
Voltaire,  réfugié  à  Rouen  sous  un  nom  de  gentilhomme 
anglais,  gravite  l'élite  de  la  société  rouennaise,  l'abbé  des 
Fontaines,  traducteur  de  Swift,  M.  Resnel  qui  traduit  l'Essai 
sur  la  Critique  et  l'Essai  sur  l'Homme,  de  Pope,  Yart  qui 
expose  de  clairvoyantes  idées  sur  la  poésie  anglaise,  i^uis 
de  gracieuses  figures  féminines,  Mme  du  Boccage  qui  pénè- 
tre dans  la  haute  société  anglaise,  admire  Addison  et 
Pope,  et  donne  une  adaptation  du  Paradis  Terrestre  à  une 
élégante  in/idèle  ;  c'est  le  Tourneur,  traducteur  de  Shakes- 
peare et  d?  Young  qui  contribua  autant  que  Voltaire  à  révé- 
ler le  grand  Will  à  la  France,  c'est  Mme  le  Prince  de  Beau- 
mont,  la  conteuse  de  la  Belle  et  la  Bête  qui  résida  en  Angle- 
terre, visita  Hampton-Court  et  Oxfort  ;  c'est  Elie  de  Beau- 
mont,  avocat  au  Parlement,  qui  relata  finement  ses  impres- 
sions sur  la  société  anglaise,  connut  Walpole  à  Strawberry 
Hill.  Voyageurs  ou  exilés  au  xviir  siècle,  sont  attirés  par  la 
Constitution  anglaise  et  reviennent  en  France,  Moysant,  de 
la  Rue,  de  Gerville  pour  y  répandre  un  nouvel  esprit.  C'est 
aussi  pendant  la  Révolution  que  le  rapprochement  d'éru- 
dits,  d'artistes  normands  et  anglais  favorise  cette  commune 
])assion  pour  les  choses  communes  du  passé,  événements 
historiques,  monuments  littéraires  (Wace,  Marie  de  France, 
trouvères),  abbayes  romanes  {Norman  Style),  pour  tous 
les  souvenirs  anglo-normands  où  les  esprits  des  deux 
races  sœurs  communient.  Tout  cela,  intimement  associé, 
au  mouvement  romantique,  moyen-âgeux,  aux  Ballades  de 
Percy,  aux  romans  de  W.  Scott.  Des  rapports  étroits  s'éta- 
blissent entre  la  société  des  antiquaires  normands  et  les 
antiquaires  de  Londres.  Sir  Joseph  Banks  fut  le  Mécène  du 
grand  archéologue  de  la  Rue  et  c'est  chez  lui  que  ce  dernier 
connut  le  collectionneur  Towneley  et  Francis  Donce.  Ce 
commerce  d'érudits  scelle  des  amitiés  durables  et  pleines  de 
charme.  Tandis  qu'un  jeune  émigré,  un  gentilhomme  nor- 
mand, de  Gerville,  se  met  à  l'école  des  archéologues  anglais 

11. 


J()2  LES   LANGUES    MODERNES 

et  ouvre  la  voie  à  Arcisse  de  Caumont,  l'artiste  Cotman 
dessine  les  abbayes  anglo-normandes  et  Charles  Stottard  la 
lapisserie  de  Baveux.  Ducarel,  à  demi  anglais,  à  demi  nor- 
mand, Auguste  Le  Prévost  forment  de  nouveaux  traits 
d'union  sur  ce  terrain  d'études  pacifiques.  C'est  un  échange 
(ie  lettres  et  de  travaux  qui  suscite  une  fervente  émulation. 
Toute  une  colonie  anglaise,  au  commencement  du  xix*  siècle 
réside  à  Caen  autour  de  la  vieille  Université. 

De  cette  étude  provinciale  un  peu  touffue  peut-être,  se 
dégagent  des  idées  générales  :  tous  ces  liens  créés  par  un 
échange  de  vues  politiques,  économiques,  littéraires,  artisti- 
ques, ont  formé  un  faisceau  puissant  qui  contribua  au  rap- 
])rochement  intellectuel  des  deux  peuples. 

Cette  étude  de  Normands  et  d'Anglicisants  qui  sait  évo- 
quer la  vie  de  la  société  londonnienne  au  xviii''  siècle,  évo- 
que aussi  celle  de  vieilles  cités  normandes,  centres  de  culture 
provinciaux.  Elle  garde  —  et  c'est  un  charme  rare  —  une 
saveur  de  terroir,  et  des  souvenirs  s'accrochent  à  tel  vieux 
hôtel,  à  tel  vieux  bourg  :  «  Cela  nous  reporte  en  des  temps 
plus  prospères  que  disent  encore  tel  vieil  anneau  de  fer  du 
nuir  ombragé,  où  venaient  s'amarrer  les  navires,  tandis  que 
retentissaient  les  maillets  des  chantiers  et  qu'aux  fortes 
marées  les  beauprés  anglais  et  norvégiens,  pénétrant  dans  la 
)ue  de  la  Mer,  y  frôlaient  les  portes  des  maisons.   » 

C.  Chemin. 

Jean  Gaument  et  Camille  Ce.  —  Les  Chandelles  éteintes- 
(L'Edition  Française  Illustrée,  Paris,    !..">()). 

Ce  livre  n'aurait  pas  sa  place  en  notre  cadre,  bien  qu'écrit 
on  grande  ])artie  par  un  universitaire  anglicisant,  s'il  ne 
(iécouvrait  le  peuple  français  à  nos  collègues  de  l'étranger, 
et  si  d'autre  part  il  ne  contenait  de  lumineux  points.de  repère 
pour  le  classement  des  valeurs  humaines,  à  la  fois  supérieu- 
les  et  inhérentes  à  tous  les  groupements.  Au  surplus,  près 
de  ([uiconque,  ayant  lu  ceci,  lira  l'ouvrage,  je  n'aurai  point 
l/Csoin  d'excuse. 

«  Les  Chandelles  Eteintes  »  sont  les  âmes  des  pauvres  ; 
elles  brillèrent  dans  les  joies  de  l'enfance,  étirant  souvent 
leurs  llammes  i)àlies  au  souffle  des  mauvais  hasards.  Puis  les 
duretés  de  la  vie,  les  servitudes  morales,  la  conscience  des 
op])ressions  arbitraires,  et  du  peu  qu'il  eût  fallu  pour  pleine- 
ment surgir,  ont  retourné  sur  elles,  lentement  (car  les  volontés 
résistent),  et  sûrement  (car  l'humanité  est  éternelle  devant 
l'individu),  le  boisseau  où  la  lampe  étoufîe.  Elles  disparais- 


BlBLKXiRAl'im-:  163 

sent  donc,  ces  âmes,  plus  tôt  que  les  autres,  mais  surtout, 
sans  avoir  eu  leur  place  au  soleil  de  l'expression.  Nos  deux 
évrivains  en  conservent-ils  quelque  fiel  ?  Xon  :  leur  mélan- 
colie n'est  pas  tristesse  :  partout,  à  son  heure,  s'exhale  de 
leur  œuvre  la  poésie  des  choses  chargées  de  souvenirs 
humains,  de  souflrances  et  d'extases  ;  et  leur  tendresse  est 
telle  des  forts  et  des  lucides,  qui,  ayant  vécu,  ont  vaincu,  et 
ayant  vaincu,  savent. 

La  sincérité  est  sans  doute  un  des  traits  essentiels  du 
livre  ;  mais  elle  est  à  ce  point  élevée  et  rare,  qu'elle  entraine 
une  renonciation  proprement  scientifique  à  l'intrusion  du 
moi,  ou  plutôt,  de  ce  moi  surérogatoire  et  vain,  qui,  en 
dehors  de  la  forme  issue  de  lui,  entrave  l'observation  chez 
le  lecteur,  comme  d'abord  chez  le  psychologue.  La  vision  est 
à  la  fois  aiguë  et  forte  :  elle  comporte  le  sens  inné:  des 
valeurs  positives  ;  elle  découvre  les  originalités  sous  les 
écorces  ternies  ;  elle  illumine  ensemble  le  pittoresque  des 
gestes  et  leur  symbolisme,  et  garde  jalousement  la  vie  même 
y  ces  dosages  variés  de  matière  et  d'esprit.  C'est  dire  que  ces 
].ortraits  i^rovinciaux  sont  au  premier  rang  des  documents 
humains,  et  par  suite,  aussi  riches  d'idéal  que  de  réalisme  : 
ils  laissent  à  la  vie  sa  complexité  et  ses  fluctuations,  étran- 
gères aux  matérialismes  mécanisés  comme  aux  idéalisations 
faciles  :  à  leur  base  est  le  respect  des  faits  de  tout  ordre,  du 
monde  tel  que,  plus  encore  qu'à  ceux  de  l'artiste,  il  s'ofîre 
aux  regards,  aussi  humbles  qu'avides,  du  chercheur  de 
vérité.  Un  des  aspects  d'une  telle  attitude  est  l'équilibre  phi- 
losojlhique,  l'humour,  un  relativisme  fait  de  souplesse  et  de 
largeur  d'àme  et  qui  n'est  aucunement  celui  d'un  dilettante. 
Seul  le  maximum  d'émotion  puisée  aux  contemplations  suc- 
cessives permet  d'atteindre  le  point  de  fusion  où  naissent  la 
vie  et  son  mouvement. 

La  sympathie  s'épanouit  en  un  milieu  ainsi  ordonné  par 
l'intelligence  ;  elle  constate  les  faiblesses  humaines,  tendre- 
ment lorsqu'elles  no  sont  pas  des  crimes  du  coeur,  même 
lorsqu'elles  sont  ridicules,  ou  jugées  telles  par  les  rétrécis  du 
snobisme.  Et  elle  est  d'autant  plus  grande  pour  les  valeurs 
individuelles,  que  celles-ci  souvent  s'ignorent,  et  s'étonnent 
qu'en  un  instinct  confus  du  divin,  parfois  on  se  découvre  à 
leur  passage.  Même  les  antipathiques  sont  décrits  dans  leur 
milieu  comme  des  fails,  bizarreries  d'une  nature  impar- 
faite, qui  ne  sauraient  annuler  les  beautés  voisines,  fût-ce 
dans  les  existences  qu'ils  assombrissent.  Car  les  auteurs 
repoussent  le  rôle  de  juges,  —  non  parce  qu'ils  «  ne  veu- 
lent   point  être    jugés  »   — ,  mais  par  le  seul  respect  d'une 


1G4  LES    LANGUES    MODERNES 

réalité  ondoyante  et  subtile.  La  seule,  caste  avec  laquelle  on 
les  pressent  susceptibles  de  garder  intimement  leurs  distan- 
ces, est  celle  des  pharisiens  aigris,  auxquels  l'orgueil,  le  prurit 
de  l'autorité,  interdisent  l'intelligence  féconde,  la  vision  de 
ce  qui  surgit  de  grandeur  des  injustices  du  sort,  de  ce  qui 
éclôt  de  beauté  sous  les  résignations  et  les  cruautés  accumu- 
lées. 

Certains  critiques  de  la  grande  presse,  examinant  le  livre 
parmi  les  cinq  ou  six  qui  leur  paraissaient  dignes  du  prix 
Goncourt,  lui  ont  reproché  çà  et  là  une  vulgarité  excessive 
dans  les  termes  :  je  ne  suis  pas  de  leur  avis.  Les  notations 
sordides  y  sont  fréquentes  et  doivent  l'être,  parce  qu'elles 
tiennent  au  sujet  :  les  personnages,  et  pour  cause,  ne  se  sont 
pas  fait  les  ongles  :  aucun  d'eux  ne  serait  introduit  sans  une 
nuance  perceptible  de  condescendance  dans  un  cercle  bour- 
geois :  ils  n'émondent  pas  davantage  lear  très  savoureuse 
langue,  qui  répond  à  la  franchise  de  leurs  indignations  ou 
de  leurs  satisfactions  matérielles,  presque  les  seules,  hélas  ! 
qu'ils  puissent  en  paix  goùt?r.  Ce  qui  répugne  à  ces  critiques 
ou  à  leur  public,  c'est,  moins  que  la  vulgarité  des  termes, 
celle  des  états  que  seuls  peuvent  rendre,  intégralement,  des 
termes  vulgaires  :  de  cette  fidélité,  pour  ma  part,  je  ne  sau- 
rais trop  louer  l'écrivain.  L'emploi  de  l'argot  me  semble,  en 
outre,  judicieusement  dosé  :  à  part  quelques  locutions  par- 
ticulières à  la  région  rouennaise,  on  ne  trouve  rien  qui  ne 
soit  universellement  intelligible.  La  vérité  la  plus  générale 
sur  ce  style,  c'est  qu'il  émane  spontanément  des  choses,  Jean 
Gaument  et  Camille  Ce  n'ont  voulu  que  leur  vision  fût  trou- 
blée d'aucune  préoccupation  extérieure,  d'aucune  confor- 
mité à  tel  ou  tel  vocabulaire  ;  de  même  que  leurs  enthou- 
siasmes sont  issus  du  sol  même  où  ils  s'élèvent,  essentielle- 
ment dissemblables  des  fleurs  exotiques,  transplantées  et 
tristes.  Ces  deux  curieux  d'âmes,  en  des  domaines  rarement 
décrits  avec  la  même  respectueuse  fidélité,  même  par  les 
plus  grands  romanciers,  se  sont  tenus  dans  leur  coin 
d'ombre,  et  n'ont  ouvert  la  bouche  en  leur  propre  nom  que 
pour  dire  ce  qu'il  eût  été  petit  de  ne  pas  dire,  pour  ne  pas 
refuser  leur  assentiment  ému  à  une  forme  de  vie  pleine  de 
grâce  ou  héroïque  sous  ses  haillons.  Ils  ont  vu  de  leurs  pro- 
pres yeux,  ils  ont  aimé  parce  qu'ils  ont  beaucoup  vu,  parce 
qu'aucun  des  éléments  fondamentaux  ne  linir  a  échappé  ;  ils 
ont  ensuite  parlé  selon  leur  esprit  courageux  et  leur  cœur 
averti  ;  ils  font  voir  qui  veut  voir,  et  ils  font  aimer. 

G.  d'Hangest. 


KIBLI<)(;JÎ.\PHIK  165 

MoDKHN   Lanoua<;ks.  —  December   IDll) 

So-MMAim;.  —  Observations.  ïhe  Editor.  —  Britain  as  an 
llalian  Province.  Thomas  Okey.  ^  La  langue  française.  Abel 
Herniant.  —  Xationality  and  language.  Léonard  Magnus.  — 
The  course  at  Burgos.  J.-P.  Howard.  —  The  draniatic  ins- 
tinct. Edith  Stent.  —  Sonie  modem  ])ainters.  H.  A.  X.  — 
Récent  poetry  and  fiction.  Ahlous  Huxley.  —  Correspon- 
dence.  —  Bibliography. 

MoDKi'.N   Language  Notes.  —  .Tanuary  1920 

CoN  riîNrs.  —  Lovejoy.  A.  ().  Schiller  and  the  (ïenesis  of 
l'iomanticism.  —  Schinz,  .\lbert.  Un  «.  Rousseauiste  »  en 
Amérique.  —  Wells,  John  E(hvin.  Eielding's  «  Champion  >). 
More  notes.  - —  O'Connor,  H.  W.  Addison  in  Young's  «  Con- 
jectures ».  —  Beach  Sarah  M.  —  The  «  Julius  Cœsar  Obelisk  » 
in  the  «  English  Faust  Book  •>  and  elsewhere.  - —  Ely 
(>atherine.  The  i)sychology  of  Becky  Sharp. 

Rkvle  de  i/enseignement  des  i.axgues  vivantes  (Février 
ii)20). 

Un  Abonné.  —  Les  Langues  vivantes  dans  l'Enseignement 
primaire  et  l'Enseignement  technique. 

(Cet  exposé  alerte  et  substantiel  établit  d'une  part  l'hostilité 
des  mesures  projetées  par  la  Direction  de  l'Enseignement 
l)rimaire  ou  proposées  par  quelques  chefs  d'établissements, 
sans  d'ailleurs  que  les  programmes  en  doivent  être  allégés. 
Il  souligne  d'autre  part  la  contradiction  entre  ces  initiatives 
d'administrateurs  et  l'orientation  nouvelle  de  l'opinion,  basée 
elle-même  sur  la  réalité  de  nos  besoins  économiques,  natio- 
naux et  culturels). 

Soutenance  de  thèses  pour  le  doctorat  es  lettres 

Le  samedi  .31  janvier  1!)20,  M.  Raphaël  (Théodore-Gaston), 
agrégé  de  l'Université,  professeur  au  lycée  Lakanal,  à  SceaMX 
(Seine),  a  soutenu,  devant  la  Faculté  des  Lettres  de  l'Uni- 
versité de  Paris,  ses  thèses  pojr  le  do'^torat  sur  les  sujets 
suivants  : 

Thf:se  compeémentaihe.  —  Walter  Halhenau.  Ses  idées  et 
ses   projets   d'or(/(inisalion   économique. 

Thèse  principale.  —  Otto  Liidwig.  Ses  théories  et  ses  œu- 
vres romanesques. 

M.    Raphaël   a   été   déclaré   digne    du    grade   de   docteur   es 
lettres  avec  la  mention  :   Très  honorable. 
>o< 


NECROLOGIE 


Allocution  prononcée  par  H.  Rancès,  le  11  novembre  1919, 
aux  obsèques  de  M.   Darriulat 


Au  nom  de  TAmicale  des  Professeurs  du  Lycée  Condor- 
cet,  je  viens,  le  cœur  très  lourd,  apporter  l'adieu  suprême  au 
collègue  trop  tôt  enlevé  à  notre  afîection. 

Le  sort  a  des  vicissitudes  cruelles.  Darriulat  avait,  sans 
faiblir,  traversé  les  fatigues  et  les  dangers  de  la  guerre  qui 
eut  pour  lui  ses  heures  de  gloire.  Il  nous  était  revenu,  il  y  a 
.six  sema'ines,  semblant  remonté  par  le  repos  qu'il  avait  pris, 
paraissant  enchanté  de  ses  vacances  et  nous  parlant  avec 
enthousiasme  de  sa  villégiature  de  Chatou,  qui  lui  était  si 
chère.  Au  bout  de  peu  de  jours  cependant,  on  l'entendit  se 
plaindre  de  malaises  subits  :  il  dut  prendre  un  repos  forcé. 
Luis  ce  furent  les  progrès  rapides  de  la  maladie  sournoise, 
les  nouvelles  s'aggravant  brusquement,  et  enfin  cette  mort 
soudaine,  impitoyable,  mettant  le  terme  à  une  existence  trop 
brève  et  nous  laissant  à  tous  l'impression  d'une  perte  per- 
.'onnelle  irréparable. 

Jamais  collègue,  eh  effet,  ne  fut  plus  justement  sympathi- 
<(ue.  Arrivé,  il  y  a  sept  ans,  dans  cette  vieille  maison  de 
Condorcet  qui  a  .ses  traditions  très  particulières,  et  dont  il 
faut  se  garder  de  forcer  l'accueil,  Darriulat  avait  su  d'emblée 
s'inqjoser  à  notre  estime  et  à  notre  alfcction.  On  appréciait 
l'ardeur  raisonnée  de  ses  conyictions  pédagogiques,  son 
tsprit  pénétrant,  son  bon  sens  sûr  et  réfléchi,  sa  tolérance, 
sa  bienveillance,  indulgente  sans  aucun  scepticisme,  son 
entière  indépendance  de  pensée  et  de  langage.  On  l'aimait 
])our  la  sûreté  de  ses  relations,  i)Our  sa  bonhomie,  sa  gaieté 
si  fine  et  souriante,  et  surtout  pour  cette  bonté  agissante  que 
l'on  sentait  au  fond  de  son  cœur,  et  qui  résume  tout  son 
caractère. 

.Tamais  homme  ne  mérita  d'avoir  plus  d'amis  ;  et  de  fait, 
l)art()ut  où   il  a  passé,   il   a  laissé  les  plus  solides  affections. 


NÉClU)I.OGIK  107 

Je  sais  ce  que  pensaient  ses  maîtres  de  létudiant  de  Lyon  ; 
travailleur  robuste,  sachant  communiquer  son  entrain  à  ses 
camarades  ;  je  sais  aussi,  pour  le  leur  avoir  entendu  dire, 
lorsque  le  bruit  se  répandit  que  sa  vie  était  en  danger,  ce  que 
jjensaiont  ceux-ci.  Partout  où  il  a  passé  dans  sa  carrière 
provinciale,  il  a  compté  autant  d'amis  que  de  collègues. 
L'un  de  ces  derniers,  bien  loin  de  connaître  le  malheur  qui 
nous  atteint,  loin  même  de  le  savoir  souffrant,  m'écrivait 
hier  de  le  rappeler  au  souvenir  du  «  Vieux  Darriulat  »  et 
de  lui  dire  que  personne  ne  l'oubliait  en  ce  Lycée  de  Tou- 
lon où  pourtant  son  passage  fut  si  rapide. 

De  telles  affections  ne  sont  le  privilège  que  de  ceux  qui  les 
ont  méritées  :  leur  souvenir  persiste,  et  réconforte  les  vivants. 
Nous  pouvons  l'assurer  aux  êtres  chers  que  Darriulat  laisse 
derrière  lui  :  à  sa  mère,  à  sa  veuve,  à  son  petit  enfant  qui 
i:'aura  pas  assez  connu  un  tel  père.  Que  tous  soient  certains 
de  notre  sympathie  profonde  ;  qu'ils  sachent  bien  surtout 
qu'au  Lycée  Condorcet  où  Darriulat  aura  passe  les  dernières 
années  d'une  belle  carrière,  son  nom  ne  mourra  pas  :  son 
fils  s'en  apercevra  s'il  a  jamais  besoin  de  nous  ! 


Louis  -  Georges     RITZ 


La  guerre  est  finie.  Malheureusement  la  liste  de  ses  victi- 
mes n'est  pas  encore  close.  Aujourd'hui  c'est  notre  ami  Ritz 
qui  succombe  à  la  maladie  qu'il  avait  contractée  au  front, 
dans  la  boue  des  tranchées.  Il  s'est  éteint  doucement,  le  12 
février,  dans  sa  bonne  ville  d'Annecy  où  il  attendait  avec 
une  résignation  admirable  la  convalescence  lente  à  venir  que 
lui  promettaient  i^arents  et  amis,  mais  que  les  médecins 
n'espéraient  plus. 

Ritz  enq)orte  dans  la  tombe  les  regrets  unanimes  de  ceux 
(fUL  l'ont  connu.  Tous  ont  apprécié  la  délicatesse  de  .son  âme 
et  la  générosité  de  son  cœur,  la  finesse  de  son  esprit  curieux 
et  la  douce  fermeté  de  son  caractère.  Il  avait  l'estime  de  ses 
chefs  et  l'affection  de  ses  élèves,  la  sympathie  de  ses  collè- 
gues ou  leur  amitié. 

Le  hasard  nous  rapprocha  il  y  a  seize  ans.  Nommés  en 
même  temps  professeurs  au  Lycée  de  Marseille,  nous  faisions 


168  LES   LANGUES   MODERNES 

presque  nos  débuts  clans  l'Université.  Nous  avions  les  mêmes 
goûts,  des  idées  communes,  et  chacun  nos  projets.  Nous  nous 
attardions  volontiers  après  la  classe  à  parler  de  nos  occupa- 
tions du  moment  et  de  nos  rêves  d'avenir.  Je  retrouvais  sou- 
vent Ritz  dans  le  calme  de  sa  petite  chambre,  au  milieu  de 
livres  précieux,  tantôt  courbé  sur  de  vieux  documents, 
comme  l'obituaire  de  l'abbaye  de  Talloires  qu'il  édita,  tantôt 
lisant  quelque  poète  anglais  ou  quelque  humoriste  américain 
dont  il  se  plaisait  à  me  découvrir  les  intentions  ou  les  fines- 
ses. Quand  le  soir  tombait,  il  se  mettait  au  piano  et  dans 
l'obscurité  croissante,  ses  longues  mains,  souples  et  légères, 
couraient  mystérieusement  sur  le  clavier.  Le  jeudi  et  le 
dimanche,  il  quittait  la  ville  et  vagabondait  des  heures 
entières  dans  la  campagne  environnante.  Il  n'y  avait  pas  un 
point  de  la  côte,  pas  un  sentier  de  la  montagne  qu'il  ne  vou- 
lût reconnaître.  Il  descendait  sur  des  rochers  vertigineux 
jusqu'au  fond  des  plus  sombres  calanques  ou  bien  tentait, 
sans  souci  du  danger,  l'ascension  scabreuse  des  cheminées 
les  plus  raides.  En  bon  fils  de  Savoie,  il  avait  le  pied  sûr  et 
ie  cœur  opiniâtre.  Et  rien  n'échappait  à  sa  curiosité  durant 
ces  courses  folles.  Tout  à  coup  il  s'arrêtait  pour  se  pencher 
sur  une  petite  fleur,  sur  le  lin  ou  l'iris  sauvages  ;  il  cher- 
chait la  cigale  sur  le  tronc  brun  des  pins  et  considérait  lon- 
guement le  suintement  discret  d'une  source  cachée  dans 
l'ombre  d'un  vieux  lierre,  pour  repartir  enfin  vers  d'autres 
jouissances,  à  la  suite  du  papillon  multicolore  qui  dansait 
devant  lui. 

Avant  d'être  appelé  >au  Lycée  de  Lyon,  Hitz  s'était  marié. 
Les  souvenirs  d'enfance  et  de  jeunesse  l'avaient  ramené  à 
Annecy-le-Vieux  ;  et  c'est  dans  la  i)etite  église  île  ce  village 
(|ue  fut  bénie,  au  milieu  du  concours  sympathique  de  toute 
la  population,  une  union  qu'aucun  nuage  ne  devait  jamais 
troubler,  ('e  jour-là,  un  jour  d'éclatant  soleil,  les  cloches 
sonnèrent  gaiement  au  pays  du  maitre-fondeur,  et  long- 
temps elles  envoyèrent  par-dessus  le  lac,  aux  montagnes 
amies,  la  joyeuse  nouvelle  que  deux  familles  d'antique  sou- 
che savoyarde  et  de  réputation  bien  française,  commu- 
niaient dans  l'amour  de  leurs  enfants. 

.\  Lyon  où  Ritz  s'établit  délinitivemenl,  autant  à  cause  de 
la  proximité  de  son  pays  natal  (|ue  |)ar  reconnaissance 
envers  ia  vieille  ville  où  il  avait  fait  ses  études,  sa  maison 
retentit  bientôt  des  cris  et  des  rires  de  tout  un  petit  monde. 
Trois  garçons  et  deux  filles,  également  adorés,  s'y  succédè- 
rent sous  la  i)lume  douillette   du  berceau,   apportant   chaiiue 


NÉCROLOCilE  l(')î) 

fois  aux  heureux  parents  une  nouvelle  raison  de  vivre.  Kitz 
les  éleva  avec  la  sagesse  avertie  et  la  tendre  bonté  qu'il 
tenait  de  son  père  et  de  sa  mère,  jouant  volontiers  mais 
sachant  aussi  contenir  une  ardeur  importune  quand  l'heure 
des  ébats  était  passée.  Et  je  vois  encore  au  fond  d'un  tiroir 
(!e  sa  table  de  travail  tel  sac  de  bonbons  où  de  petites  mains 
avaient  le  droit  de  se  glisser  quand  elles  n'avaient  pas  été 
trop  bruyantes  et  n'avaient  pas  interrompu  de  studieux 
labeurs. 

Les  travaux  pédagogiques  de  Ritz  sont  présents  à  toutes 
les  mémoires,  ('.hacun  sait  qu'il  a  publié  chez  Hachette  deux 
jolis  petits  ouvrages  destinés  aux  élèves  du  premier  cycle 
des  lycées  Jack  the  naiightij  boy  et  Peter  the  yood  servant, 
et  qu'il  a  fait  paraître  chez  Colin  une  charmante  anthologie 
des  poètes  anglais  English  Poeins  and  Sonfjs.  De  temps  en 
temps  il  adressait  une  communication  au  bulletin  des  Lan- 
gues Modernes,  où  nous  aimions  lire  sa  prose  vive  et  alerte. 
Cette  année  encore,  il  nous  avait  amusés  en  signalant  les 
fantaisies  parfois  burlesques  du  commandement  dans  la 
nomination  des  interprètes  aux  armées. 

Ritz  avait  espéré  pouvoir  reprendre  en  octobre  dernier 
son  poste  de  professeur  au  Lycée  de  Lyon.  Mais  le  mal  dont 
il  souflrait  lui  avait  déchiré  la  gorge  et  lui  interdisait  désor- 
mais tout  enseignement.  Il  s'habituait  à  l'idée  d'entrer  dans 
l'administration  où  il  n'eût  pas  manqué  de  réussir  avec  son 
tact  naturel  et  sa  grande  bienveillance,  quand  sa  belle  éner- 
gie fut  brisée. 

Ritz  meurt,  à  peine  âgé  de  41  ans,  après  avoir  conservé 
jusqu'au  bout  sa  bonne  humeur.  La  mort  elle-même  l'a  trouvé 
docile.  Guidé  toute  sa  vie  par  un  idéalisme  souriant  et  natu- 
rellement porté  vers  les  belles  et  nobles  actions,  vers  la 
vérité  et  la  vertu,  il  a  réalisé  le  plus  sublime  des  sacrifices 
sans  l'apparence  d'un  effort.  Joyeusement  il  a  donné  sa  vie 
pour  la  France. 

Puissent  sa  veuve  éplorée  et  ses  chers  enfants,  puisse 
aussi  sa  famille  trouver  dans  l'hommage  ému  qu'au  nom  de 
ses  collègues  un  ami  douloureusement  attristé  rend  aujour- 
d'hui à  Louis  Ritz,  le  témoignage  respectueux  que  leur 
grande  allliction  est  unanimement  partagée  ! 

Joannv  Commahmoxd. 


Notes  et  Documents 


Les  Nouvelles  Epreuves  de  Langues  Vivantes 
au   Baccalauréat 

Le  déLict  rcformaut  les  articles  17  et  20  du  décret  du  31  mal 
1902,  ntodifiés  par  décret  du  22  janvier  1917.  a  paru  à  VOfficiel 
du   18  février  : 

.  L'épreuve  écrite  de  langues  vivantes  est  une  version  suivie 
d'un    thème    d'imitation. 

<■  Le  texte  de  la  version  de  langue  étrangère  vivante  sera  choisi 
dans  un  ouvrage   de  prose   et   ne   dépassera  pas   quinze  lignes. 

»  Le  thème  dit  d'imitation  sera  conforme  à  la  définition  de  cet 
exercice  telle  qu'elle  est  formulée  dans  l'instruction  ministé- 
rielle de  1902  relative  à  la  réforme  de  l'enseignement  des  Lan- 
gues Vivantes  dans  les  Ijcées  et  collèges.  Le  candidat  trouvera 
dans  le  texte  de  la  version  la  solution  des  principales  difficultés 
de  vocahulaire,  de  manière  qu'il  puisse  réserver  son  attention  à 
la    correction    et    à   la   précision    grammaticales. 

>  Pour  le  thème  comme  pour  la  version,  sera  seul  autorisé 
l'emploi  d'un  dictionnaire   en   langue   étrangère. 

<  Chacune  des  parties  de  l'épreuve  de  Langues  Vivantes  aura 
une   durée  d'une  heure  et  demie.    > 

Le  coefficient   sera   de   1    pour  chaque   épreuve. 

Aucun  changement  à  l'oral. 


Les  Langues  Vivantes  à   l'Ecole   Polytecl)>)ique 
et  à  Saii)t-Cyr 

Le  6  mars,  M.  Lucien  Poincaré,  vice-recteur  de  IWcadéniie  de 
Paris,  donnait  l'avis  suivant  aux  proviseurs  des  lycées  de  son 
ressort  : 

M,  le  ministre  de  la  Guerre  a  décidé  d'exiger  désormais  des 
candidats  au  concours  d'admission  à  l'Ecole  polytechnique  et  à 
l'Ecole  spéciale  de  Saint-Cyr,  la  connaissance  obligatoire  de  deux 
langues  vivantes   (allemand   et   anglais). 

L'obligation  pour  les  candidats  de  ces  grandes  Ecoles  de  con- 
naître les  langues  allemande  et  anglaise  n'aurait  d'elTet  (|ue  poui- 
Ibs   concours   de   1923. 

Il  est  nécessaire,  dans  ces  conditions,  d'organiser  pour  la  ren- 
trée 1920-1921,  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  dont  il  s'agit, 
dans  les  cours  préparatoires  aux  écoles  militaires  des  établisse- 
ments   cVcnseignement    secondaire. 


NOTES    ET  nOCL-MENTS  171 

Chaires  et  Services  d'7Mien)ai)d 

M.  Rancès,  délégué  au  Conseil  Supérieur,  ;iyiHit  cru  devoir  signaler 
à  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Secondaire,  certaines  irrégularités 
dans  l'organisation  de  Services  d'allemand,  et  particulièrement  la 
suppression  injustifiée  d'une  des  deux  chaires  d'allemand  du  Lycée 
du  Havre,  a  reçu  la  réponse  suivante,  cju'il  nous  paraît  intéressant  de 
publier  : 

Paris,  23  février  19W. 
«  Vous  avez  bien  voulu  appeler  mon  attention  sur  certaines  gémina- 
«  tions   de  classes   d'allemand    qui   auraient   été    effectuées  dans   les 
«  Lj'cées   où   les  effectifs   des  élèves   d'allemand  sont  réduits,  et  qui 
«  seraient  préjudiciables  à  l'intérêt  des  études. 

«  Mon  Administration  a  toujours  pris  les  mesures  nécessaires  pour 
«  que  l'enseignement  de  l'allemand  soit  donné  dans  les  meilleures 
«  conditions  possibles. 

«  En  ce  qui  concerne  notamment  le  L3'cée  du    Havre,  un   nouveau 
^(  professeur  d'allemand  vient  d'être  désigné  pour  cet  établissement.  » 
Pour  le  Ministre  et  par  son  autorisation  : 
Le  Directeur  de  l'Enseignement  secondaire. 
Signé  :  Bellin. 


Visite  à  M.  le  Directeur  de  i'Ei)seigi)en)ei)t  SecoQdaire 

M.    Veillet-Lavallée,   Président,   a   été  reçu    le   jeudi    4   mars,    par 
M.  Bellin,  Directeur  de  l'Enseignement  secondaire,  qui  a  bien  voulu 
lui    promettre    de   faire   réunir   les   documents   statistiques   dont    la. 
Commission  pour  la  Défense  de  l'allemand,  présidée  par  M.  Delo- 
bel,    a    demandé   communication.    M.   Bellin    a    assuré    le    Président 
de    toute    sa    sympathie    pour    notre    groujjemcnt.    Il    avait    pris    le 
plus  grand   intérêt  au  compte  rendu,  qui   lui  en  avait  été  fait   par 
M.    l'Inspecteur    Général    Guillaume,    de    notre    Réunion    Pédagogi- 
que du  26  février.  Il  approuve  entièrement  les  termes  de  la  décla- 
ration  faite   par  M.   Guillaume   à   cette   Réunion   et   dont   on   trou- 
vera le  texte  d'autre,  part.   Une  circulaire   qui   sera  prochainement 
învoyée  dans  toutes  les  Acadéi.'àes   précisera   que   si   les  'épreuves 
le  Langues  Vivantes   au   Baccalauréat   ont   subi   une   modiiication, 
trien    n'est   changé    aux    méthodes    actives   pratiquées    depuis    1902. 
En  ce  qui  concerne  Vallemand,  M.  Bellin  est  le  premier  à  déplo- 
rer   qu'un     fléchissement    aussi    caractérisé     se    soit    produit    dans 
[l'étude    de    cette    langue.    Le    ministère    a    recommandé    non    seule- 
[ment  aux   Inspecteurs   de   Langues   Vivantes,   mais   aussi    aux   Ins- 
[pecteurs  de  toutes    les    autres    disciplines,    de    mener    une    active 
(«ampagne   auprès   des    Proviseurs,    des    Principaux,    des    Directrices 
i<ie   Lj'cées   de   Jeunes    Filles,    afin    que    tous   les   chefs   d'ctablisse- 
[înents   insistent   auprès   des  élèves   et   des   familles   pour  les   cmpè- 
icher  d'abandonner  l'allemand   ou   les   v   ramener. 


172  LES   LANGUES   MODERNES 

Enfiu,  le  Président  a  signalé  plusieurs  cas  de  géminatioii  oit 
d'encombrement  excessif  de  classes.  Il  a  insisté  auprès  de  M.  le 
Directeur  pour  que  des  mesures  soient  jirises  en  \ue  d'anicliorei 
cette    situation. 


Les  séjours  à  l'Etranger 

Il  est  indispensable,  chacun  le  sait,  que  les  Proi'esseurs  de  Langues 
vivantes  fassent  de  temps  à  autre  un  séjour  plus  ou  moins  prolongé 
dans  le  pays  dont  ils  enseignent  la  langue.  Ces  voyages  constituent 
pour  nos  collègues  une  charge  que  ne  connaissent  pas  les  professeurs 
des  autres  disciplines.  Ne  serait-il  pas  possible  de  découvrir  des 
modalités  en  vue  d'alléger  cette  charge  ?  C'est  là  un  point  que  nouf^ 
soumettons  aux  réflexions  de  nos  collègues. 

Mais,  au  début  même  de  notre  carrière,  il  nous  a  fallu  étudier  à  ' 
l'étranger,  et  l'Administration  peu  soucieuse  de  faciliter  la  préparation 
professionnelle  de  ses  jeunes  fonctionnaires,  ne  nous  a  aidés  qu'en  de 
rares  occasions.  Il  est  souvent  arrivé,  par  exemple,  qu'un  professeur 
a  dû  quitter  son  poste  pendant  un  ou  deux  ans  pour  allei^  travailler 
à  l'étranger.  Parfois  le  fonctionnaire  a  interrompu  ses  versement^ 
pour  la  retraite.  Il  en  est  résulté  pour  lui  un  dommage  appréciable, 
comme  c'est  le  cas  pour  notre  collègue  Doclanthnn  (V.  Langues 
Modernes,  janvier-février  1920,  p.  61). 

La  réponse  donnée  à  son  sujet  par  le  ministère  étant  des  plus 
Nagues,  M.  Veillet-Lavallée  a  invité  M.  Dodanthun  à  formuler  une 
nouvelle  demande  en  vue  d'obtenir  que  les  deux  années  scolaires 
pendant  lesquelles  notre  collègue  occupait  les  fonctions  de  professeur 
assistant  français  à  la  Boys'  Higli  School  de  Glasgow  lui  soient  comp- 
tées comme  années  de  services  valables  pour  la  retraite.  M.  Dodantiuiu 
sollicite,  en  outre,  la  permission  de  verser  à  l'Etat,  par  mesure  de 
rétroactivité,  les  sommes  qu'il  aurait  dû  légalement  verser  à  titre  de 
retenues  pour  la  retraite  pendant  la  période  où  il  cessa  son  service  T» 
l'E.  P.  S.  de  Calais  pour  séjourner  en  Angleterre. 

M.  Veillet-Lavallée,  président,  en  présentant  cette  demande  aur 
ministère,  y  a  joint  les  observations  qui  suivenl  : 

Paris,  le  2.")  janvier  V.)'2o. 

(f    MONSIKIH    LK    DiKECTELR, 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  ci-inclus  une  lettre  de 
"  M.  Dodanthun,  professeur  au  Lycée  de  Nevers. 

«  Notre  collègue  demande  à  être  autorisé  à  verser  une  somme  de 
«  cent  francs  pour  chacune  des  années  qu'il  a  passées  à  Clasgow 
«  comme  professeur-assistant  français  à  la  lioijs'  Iligh  School  de  cette 
«  ville.  Ces  années  pourraient  ainsi  être  comptées  plus  tard  pour  le 
«  calcul  de  sa  pension  de  retraite. 

«  Le  cas  de  notre  collègue  vous  a  déjà  été  soumis,  je  crois. 

«  Permette/.-moi  cependant,  je  vous  prie.  M.. le  Directeui',  en  vous 
«  le  représentant,  de  vous  indiquer  que  M.  Dodanthun  avait  été  délégué 


NOTKS    ET  DOCUMENTS  ll'.i 

à  cette  occasion,  dans  cet  établissement  anglais,  avec  des  fonctions 
presque  ofTicielles,  par  M.  Friedel,  agissant  lui-même  pour  le 
compte  du  ministère. 

«  Enfin,  les  séjours  à  l'étranger  sont,  pour  les  jeunes  professeurs  de 
Langues  vivantes,  au  début  de  leur  carrière,  une  condition  absolue 
de  leur  préparation  professionnelle.  Il  est  de  l'intérêt  de  l'Etat 
lui-même  que  ces  séjours  soient  fréquents,  prolongés,  mais  aussi 
peu  onéreux  que  possible  pour  les  fonctionnaires.  Il  en  va  même  du 
bon  recrutement  des  professeurs  de  Langues  vivantes. 
«  C'est  à  la  lumière  de  ces  considérations  d'ordre  général  que  je 
vous  prie,  M.  le  Directeur,  d'examiner  le  cas  de  M.  Dodanthun. 
'(  Je  vous  prie  d'agréer,  M.  le  Directeur,  etc.. 

«  Ch.  Veillet-Lavallée.  » 

Nous  tiendrons  nos  lecteurs  au  courant  de  l'affaire. 

Gh.  V.-L. 


Postes  vacants  ei)   Italie 

On  demande  des  professeurs  agrégés  des  lettres  et  de  gram- 
maire pour  l'Ecole  Secondaire  française  de  Rome  (Lycée  Cha- 
teaubriand). 

Traitement  de  lu  métropole,  avec  bénéfice  du  change,  aug- 
menté d'une  indemnité  supplémentaire  de  2.000  lires  par  an 
.frais  de  voyage  payésj. 

Service  maximum   de   14  heures. 

Les  professeurs  continuent  à  faire  partie  des  cadres  de  l'Etat 
avec  droits   à   ravaucement   et  à  la  retraite. 

On  demande  un  professeur  agrégé  d'histoire  et  géographie  pour 
l'Ecole    Secondaire    française    de   Rome   (Lycée    Chateaubriand». 

Traitement  de  la  métropole,  avec  bénéfice  du  change,  aug- 
menté d'une  indemnité  supplémentaire  de  2.000  lires  par  an 
frais   de   voyage   payés  i. 

Service  maximum  de   ]4  heures. 

Les  professeurs  continuent  à  faire  partie  des  cadres  de  l'Etat 
avec   droits   à   l'avancement    et   à    la   retraite. 

On  demande  un  professeur  licencié  de  sciences  physiques  ou 
naturelles  pour  l'Ecole  Chateaubriand  (Ecole  Secondaire  fran- 
çaise de  Rome). 

Traitement  de  la  métropole,  avec  bénéfice  du  change,  aug- 
menté d'une  indemnité  supplémentaire  de  2.000  lires  par  an 
frais  de   voyage   payés». 

Service  maximum  de   14  heures. 

Les  professeurs  continuent  à  faire  partie  des  cadres  de  l'Etat 
avec  droits  à  l'avancement  et  à  la  retraite. 


Liste  des  auteurs  choisis  en  vue  des  compositions  écrites  et  des 
explications  orales  pour  la  licence  es  lettres  en  1920  et  1921 
à  l'Université  de  Strasbourg.  (Arrêté  du  20  décembre  1919). 

Série   Langues    et   Littératures    étrangères    vivantes 

AUTEURS    ALLEMANDS 

Nibelungenlied.   —   Ed.    Gôschen. 
Lessing.  —  Emilia  Galotti. 


174  LES    LANGUES   MODERNES 

Goethe.  —  Iphigenie   anf   Taiiris. 

Schiller.    —    Don    Carlos. 

Novalis.  —  Hymen   an   die   Xachl. 

Heine.  —  Die  romantische   Schule. 

Môrike.  —  Idiflle  ani   Bodenser. 

G.   Keller.  —  Romeo   nnd  Jiilia  auf  dem  Dorfe. 

ALTEUHS    ANGLAIS 

Sweet.  —  Anglo-Saxon   Primer  (Clarendon). 

Chancer.  —   The   Knight's   Taie. 

Shakespeare.   —   Romeo   and  Jiilicl. 

Swift.  —  A  taie  of  a  Tiib.  —  Gulliver's  Travels  (Parts  I  et  III). 

De  Foe.  —  Robinson  Crusoe  (part   I). 

Palgrave.   —   Golden    Treasurii   (vol    1,    Bks   3   et   4). 

Tennjson.  —  Idylls   of   the   Kintj. 

G.  Eliot.  —  Silas  Marner. 

AUTEURS     ITALIE.NS 

Dante.  —  Enfer  (Chants  10  et  26). 

D'Ancona  et  Baici.  —  Mannale  dclla  Lefterafura  Italiana. 
Firenzc,  G.  Barbera,  1911,  t.  I.  p.  107-110  ;  113-117  ;  400-405  ; 
427-437  ;    521 -.->45  ;    594-622. 

Arioste.  —  Orlando  Fiirioso.  Ch.  XIII,  str.  96-136  ;  eh.  24, 
str.    14. 

Machiavel.  —  Mandragola. 

Torquato  Tasso.  —  Jeriisalemme   liberafa.  Ch.   II,  VII,  XII,   XVI. 

Manzoni.  —  Promessi  Sposi.  Chap.  4-5. 

Carducci.  —   Odi  Barbare,   livre    I. 

Pascoli.  —  Poésie  con  note  di  !..  Pietmbiiono,  Bologna,  Zani- 
chelli. 

AUTEURS     FRANÇAIS 

Corneille.  —   Le   Cid. 

Molière.  —  Le  Misanthrope. 

Bossnet.  —  Oraison  funèbre  du  Prince  de  Condé. 

Voltaire.   —   Lettres   philosophiques. 

Rousseau.  —  Nouindle  Ilêloïse,  1""  partie  :  4,  5,  11,  13  ;  4'  par- 
tie :    11, 

Rivard.    —    Discours    sur    l'uniin'rsalilè    de    la    langue    française- 

Mme  de  Staël.  —  De   l'Allemagne. 

Lamartine.  —  Premières  Mëdilations  poétiques  :  L'Isolement, 
L'Homme,  Le   Soir,  Le  Vallon,  Souvenir,  Le  Lac,  Dieu,  L'Automne. 

V.  Hugo.  —  Les  Burgranes.  —  Légende  des  Siècles  :  Le  Petit 
Roi   de   Galice.   K%ira(Iiius. 

Flaubert.  —  S(dammbo.  I  :  Le  I""estiii  ;  \'II  :  Haniilcar  Barca, 
jusqu'aux   mots  :    ■■    Leurs  coureurs   et    leurs   cochers   ». 

Taine.  —  Iphigenie  à  Sic  Odile  (dans  les  Nouveaux  Essais  litté- 
j-aires .  ^—  Extraits  des  Origines  de  la  France  Contemporaine 
(dans  les  Extraits  des  Historiens  français  du  19"'  siècle,  par 
C.   .Tullian). 

AUTEURS    ESPAGNOLS 

Poema   del    Cid,   cd.   Menéndez   Pidal,   vers   2492-3507. 

Cer\antes.  —  Rinconete   g   Corladillo. 

Calderon.   —    f.a    Vida   es   Suena. 

Quintana.  —  Odas. 

.^iigel   Ganivct.  —  Los   Iraluijos  del   lnf(itig(d>le   Creator  Pio  Cid^ 


NOTES   ET  DOCUMENTS  175^ 

NOTE 

Programme  de  l'agrégation  d'anglais  1920 

L'édition  de  VEnglish  Bible  of  1611  étant  épuisée,  les  can- 
didats sont  autorisés  à  lire  dans  n'importe  quel  texte  les  six 
chapitres   figurant   au   programme. 


Circulaire  relative  aux  listes  d'auteurs  étrangers 
ei)  vue  des  sessions  d'exanr)ei)  du  brevet  supérieur 
eo  1920. 

Du    7    février 

Le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- Arts, 
à   Monsieur   le   Recteur   de   l'Académie   d 

La  question  m'a  été  ])osée  de  savoir  si,  vu  la  date  tardive  à 
laquelle  la  liste  nouvelle  a  été  publiée,  les  candidats  et  candi- 
dates au  brevet  supérieur  seraient  interrogés  obligatoiremnt,  à  la 
session  d'examen  de  1920,  sur  la  liste  des  auteurs  étrangers 
modifiée  par  arrêté  du  25  novembre   1919. 

J'ai  décidé,  par  mesure  de  bienveillance,  que  les  candidats  et 
candidates  à  l'examen  dont  il  s'agit  auraient  la  faculté,  à  la  ses- 
sion d'examen  de  1920,  de  se  faire  interroger  sur  l'ancienne  ou 
sur  la   nouvelle  liste  d'auteurs   étrangers,   à  leur  choix. 

Vous    voudrez    bien    assurer    rexécution    de    cette    décision. 

Pour  le  Ministre  et  par  autorisation  : 
Le  Directeur  de  l'Enseignement  primaire. 
Conseiller  d'Etat, 
P.  Lapie. 


Ci)aire  de  PI)Oi)étique 

Un  arrêté  ministériel  en  date  du  4  février  1920  porte  création 
d'un  cours  de  phonétique,  conformément  à  la  décision  du  Conseil 
de   l'Université   de   Paris.   (Fondation    de   l'Université). 


Ui)e  Bibliotl)èque  an)éricaine  à  Paris 

Le  Comité  français  de  la  Bibliothèque  américaine  à  Paris 
(10,  rue  de  l'Elysée)  a  l'honneur  de  faire  connaître  aux  nombreux 
lecteurs  de  langue  anglaise  à  Paris,  la  ressource  nouvelle  qui 
s'offre  à  eux  et  de  faire  appel  à  leur  aide  en  faveur  d'une  institu- 
tion à  laquelle   ils  ne   peuvent  manquer  de   s'intéresser. 

La  nation  américaine,  qui  avait  constitué  pour  la  guerre  vine 
bibliothèque  circulante  à  l'usage  des  soldats  du  corps  expédi- 
tionnaire, a  décidé  de  laisser  à  la  France  un  fonds  de  25.000  volu- 
mes choisis  parmi  les  plus  représentatifs  et  les  plus  importants. 
La  bibliothèque  américaine  existe  dès  maintenant,  10,  rue  de 
l'Elysée,  ouverte  à  tous  les  lecteurs  de  10  h.  à  22  h.,  tous  les- 
jours,  et   le  dimanche  de   14  h.  à  22  h. 


176  LES    LANGUES   MODEHNES 

Elle  contient  une  abondante  collection  de  livres  de  référence  : 
encyclopédies,  biographies,  traités  d'histoire,  dhistoire  de  l'art, 
de  critique  littéraire,  de  droit,  de  science  sociale,  qui  sont  à  la 
disposition.  Les  ouvrages  constituant  la  bibliothèque  proprement 
dite,  accessibles  sur  demande  d'après  un  catalogue  sur  fiches, 
ont  été  choisis  par  des  spécialistes  pour  rcijrcsenter  l'ensemble 
de  la  production  littéraire,  philosophique,  politique,  juridique, 
morale,  sociale,  scientifique,  technique,  religieuse,  des  Etats- 
Unis.  De  nombreux  livres  anglais  complètent  la  collection,  qui 
tendra   de   plus   en   plus  à   devenir   anglo-américaine. 

Une   salle  de  revues  et  journau.x  est   ouverte  au   public. 

Les  frais  d'entretien  et  de  développement  de  cette  bibliothè- 
que sont  élevés.  Les  colonies  américaines  et  anglaises  de  Paris  ont 
fait  des  dons  importants  pour  la  faire  vivre.  Le  public  parisien, 
curieux  de  lectures  en  langue  anglaise,  voudra  contribuer  à  l'éta- 
blissement permanent  et  à  la  croissance  de  ce  fonds  unique  à 
Paris  et  en  France.  Travailleurs  et  lecteurs  bénévoles  y  sont 
également    intéressés. 

Une  salle  spéciale  est  réservée  aux  enfants,  avec  des  livres  et 
des    nîagazines    spéciaux. 

La   Bibliothèque  reste   ouverte   pendant   la   période  des  vacances. 

Membres    bienfaiteurs  :    5.000    francs. 

Membres    fondateurs  :    2.000   francs. 

Membres  donateurs  :  versement  initial  de  100  francs,  et  coti- 
sation  annuelle  de   100   francs. 

Membres  souscripteurs  :  cotisation  annuelle  de  20  francs  ; 
donnant   droit   à   emprunter   deux  livres   à   la   fois. 

Membres  participants  ;  cotisation  annuelle  de  10  francs  ;  don- 
nant droit' à  emprunter  un  livre  à  la  fois. 

Envoyer  les  adhésions  et  verser  les  souscriptions,  à  .\mehican 
LiBnARY  FiND,  10,  rue  de  l'Elysée,  ou  à  l'ordre  de  Mr.  O.  W. 
Roosevelt,  Trésorier,  American  Library  Fund.  Farmer's  Loan  and 
Trust    C",    41,   Boulevard    Haussmann. 

Le  Yice-Président  Président 

du  Comité  Français  :  du  Comité  Français  : 

Charles  Cestre  Salomon  Rei.nach. 

Professeur   à   la    Sorbonne.  Conservateur   du   Musée 

de  Saint-Germain 


Sujets  d'Exan)ei)5  et  de  Devoirs 

ÉCOLE    DES     HAUTES    ÉTUDES     COMMERCL\LES    (2'=     auuée) 

i"  Composition  —  t?=  Langue  (Vendredi    19  décembre  1919) 

I.  —  ALLEM.\NI) 

L  Infolge  der  Wicdereinnahmc  dcr  verlorenen  Provinzen  beab- 
sichtigt  die  Pariscr  Firma  N.  cine  Filiale  in  Metz  zu  crrichten  ; 
vorliiufig   wird    ihr   Rcisender   den    Platz    besuchen. 

IL  Bilde  Sdtze  mit  je  einem  der  folgenden  Ausdriicke  : 
1.  Depuis  de  longues  années  ;  —  2.  transférer  ses  magasins  ;  — ■ 
3.    en    date    de    ce     jour  ;    —   4.     s'adjoindre     comme     associé  ;     — 
5.  déposer  son  bilan  :   —  6.   sur  la   i^réscnte   place  ;  —  7.   vers  la 
fin  de  ce  mois  ;  —  8.  se  faire  représenter. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  1// 

II.   —   ANGLAIS 

1.  ()1(1  Paris  firni,  F"rcnch  wines,  informs  Eiiglish  customers, 
opening  a  branch  in   London  ; 

orders  to  bc  sent  tjicre,  to  be  cxcciited  at  once  or  transmitted 
to   France  ; 

anticipating  delay  in  delivcry  owing  to  transport  crisis,  ,  will 
do   its  l)est  to  rcduce   it,  etc.. 

2.  Put  inlo  sentences  : 

Toujours  honoré  jusqu'ici,;  —  avertir  par  la  présente  ;  —  espé- 
rant recevoir  bon  accueil  ;  —  veuillez  avoir  la  bonté  ;  —  confier 
la  signature  ;  —  par  suite  de  l'extension  des  affaires  ;  —  si  vous 
profitiez    de    l'occasion  ;    —    nous    venons    d'être    avises. 

III.   —   ESPAGNOL 

I.  Una  Sociedad  participa  â  sus  parroquianos  la  expiraciôn 
de  su  duraciou  légal  y  su  reconstituciôn  con  otra  razôn  social, 
sin   olro  canibio,   por   retirarse   un   socio. 

II.  Introduire  dans  des  phrases  espagnoles  les  expressions  sui- 
vantes : 

Sans  concurrence  possible.  —  signer  par  procuration.  —  donner 
l'assurance  que...  —  le  prix-courant  ti-contrc.  —  quand  nous 
aurons  changé  de  domicile.  —  à  compter  de  ce  jour.  —  si  je 
pouvais  faire  face  à  mes  engagements...  —  disposer  de  beaucoup 
plus  de  fonds  que,  par  le  passé. 

IV.   —    ITALIEN 

I.  Milano  —  creazione  di  una  casa  di  commercio  —  tessuti  di 
seta  e  velluti  —  circolare  —  Vi  si  aggiunge  la  carta  dei  cam- 
pioni. 

IL  Formez  de  courtes  phrases  avec  les  expressions  suivantes  : 
1.  Succursale  de  la  maison  X.  de  Venise  —  dentelles  —  ouverte 
à  Paris  rue...  le...  (jour  et  moisj.  —  2.  Le  voj'ageur  d'une  manufac- 
ture de...  passera  le...  à...  lui  réserver...  —  3.  La  raison  sociale... 
la  signature.  —  4.  Prendre  bonne  note  de...  - —  5.  Par  suite  de 
l'extension  de  mes  affaires...  —  6.  Transfert  d'une  maison  de  vins 
en  gros,  dans  des  locaux  plus...  rue...  arrondissement...  —  7.  Un 
nouveau  fondé  de  pouvoirs...  —  8.  Célérité  dans  l'exécution  des 
ordres  —  qualité   supérieure   des   marchandises. 

2"   Composition    —   l"   Langue   {Vendredi    13   février   1920). 

I.  —  ALLEMAND 

A)  Der  Verwalter  eines  Berliner  Bankgeschaftes  antwortet 
eincm  Kunden  aus  Koln,  dcr  an  ihn  eine  Anfrage  betreffs  der 
Zahlungsfàhigkeit  eines  Zuckerfabrikanten  gericbtet  batte.  Die 
Antwort  lautet  ungûnstig.  Besar;ter  Fabrikant  hat  sich  wahrend 
des  Kriegs  in  Spekulationen  eingelassen,  die  mit  seinen  Mitteln 
in   gar   keinem  Verhaltnisse   stehen. 

N.  B.  —  Die  Schiller  werden  gebctcn,  sich  hier  nicht  rn^it 
verbrau'chten  Redensarten  und  uichtssagenclan  Allgemeinheiten  zu 
begniigen,  sondern  danach  zu  trachten,  durcb  Mannigfaltigkeit 
der  Ausdriicke  und  durch  Reichtum  des  Wortschatzes  dem  Briefe 
ein  persônliches  Geprage  zu   geben. 

12. 


178  LES   LANGUES   MODERNES 

B)  Mit  jedem  der  folgenden,  ins  Deutsche  ûbertragenen  Aus- 
drûcke   soll   ein  Satz   gebildet   werden  : 

1)  Se  recommander  de  quelqu'un  ;  —  2)  renseigner  quelqu'un 
en  connaissance  de  cause  ;  —  3)  avoir  une  hypothèque  sur  ses 
biens  ;  —  4)  remplir  une  fonction  ;  —  5)  faire  des  affaires  avec 
quelqu'un  ;  —  6)  occuper  une  position  honorable  ;  —  7)  être  de 
tout  crédit  ;  —  8)  trop  étendre  ses  relations  ;  —  9)  endosser  une 
responsabilité  ;  —  10)  être  à  la  tète  d'un  établissement  et  lui 
donner   un    développement   important. 

II.   —   ANGLAIS 

A.  Bordeaux  merchant  replies  to  Chicago  correspondent  ■ — 
\^^ho  served  in  France  with  U.  S.  forces  and  now  offers  to  act 
as  bis  agent  for  sale  of  French  Wines  and  Spirits  in  Illinois  ;  — 
willing  to  seud  50  samplebottles  :  clarets  of  varions  growths, 
brandies  of  «  high  and  low  degree  »  ;  case  insured  and  freight 
paid  to  X.  Y.  ;  draft  at  30  days'sight  ;  terms  and  arrangements 
proposed    for   future    shipments. 

X.  B.  —  Students  are  requested  to  give  ail  the  necessarj^  deve- 
lopments,  and  to  introduce  any  new  and  interesting  item  they 
can  think  of  in  connection  with  the  subject,  vague  statements 
and   stereotyped  formulas  being  of  little  worth. 

B.  Composer  dix  phrases  anglaises  au  moyen  des  expressions 
suivantes  : 

1.  La  maison  dont  le  nom  figure  sur  le  bulletin  ci-joint.  — 
2.  N'avons  jamais  fait  d'affaires  avec  cette  maison.  —  3.  Il  passe 
pour  un  homme  riche.  —  4.  Ne  pouvoir  donner  des  renseigne- 
ments plus  détaillés.  —  5.  Toujours  heureux  de  vous  rendre  le 
même  service.  —  6.  Consignation  d'un  placeraient  difficile.  — 
7.  Frais  de  débours  à  la  charge  du  commettant.  —  8.  Prière  de 
vendre  pour  notre  compte  au  mieux  de  nos  intérêts.  —  9.  Les 
droits  de  douane  sont  si  élevés  que...  —  10.  Envoyer  compte  de 
vente  tous  les  mois. 


ÉCOLE    DES    HAUTES    ÉTUDES    COMMERCIALES    (1"    année) 

2'  Composition  —     2'  Langue  {Vendredi    6  février  1920) 
I.  —  ALLEMAND 

1.  Bilde  je  einen  Satz  mit  :  •       ■ 

a)  reflexiver   Konjugation   (Akk.)  ; 

b)  einer  Praposition  mit   Dativ  u.  Akkusatif  ; 

c)  dem  Perfektum  von  se  lever. 

2.  Ubersetze  folgende  Sdtze  : 

Je  n'ai  pas  pu  apprendre  mes  leçons,  car  j'ai  dû  rester  au  lit. 
Nous  avons  du  papier  blanc,  de  l'encre  noire,  de  bonnes  plumes 
et...  du  temps  en  sullisance  pour  faire  notre  devoir.  J'irai  à 
l'école  à  huit  heures  du   matin   et  verrai   mes   amis. 

3.  Beantworte  folgende  Fragen   (je  6-9  Zeilen)  : 

a)  Wclche  Personen  sieht  man  im  Schulzimmer  und  was 
niachen  sie  ? 

b)  Sprich  von   einigen   Spielen  I 

c)  Was   crwartet   der   gute   Schiller   von   der   Preisvcrtcilung  ? 


NOTES   ET  DOCUMENTS  179 

II.  —  ANGLAIS 

I.  «.  Makc  a  few  rcniarks  about  our  soldiers'  clothes  during 
the  war  ;  what  of  our  allies  ? 

h.  What  are  the  principal   signs  of  good  health  ? 

II.  c.  Givc  the  superlative  of  far,  fat,  easy,  bad. 

d.  Conjugate   in   the  future  :   I   must   undress   myself. 

e.  Translate   into  English  : 

Il  va  moins  bien  qu'hier  ;  —  je  l'ai  rencontré  il  }•  a  deux 
jours  ;  —  Je  n'apprends  que  depuis  trois  mois  ;  —  est-ce  que  je 
ne  peux  pas  sortir  ?  —  l'élève  qui  copie  sur  son  voisin  est  aussi 
méprisable   qu'un   menteur. 

III.  —  ESPAGNOL 

I.  1)   Haga  Vd.  su  proprio  retrato  (Persona  y  traje). 

2)   a)   o  Cômo   se  Ilaman  las  cuatro  edades  de  la  vida  ? 
b)   6  Cuâles   son   los  buenos   v   los   malos  lados  de   cada   una   de 
ellas  ? 

II.  Pônganse   en  plural  las  frases  siguierites  : 

Tu.  por  ser  muy  trabajadora,  empiezas  tu  tarea  temprano 
(2"  person.  del  plural). 

Este  zapato  no  me  aprieta,  pero   aquél,   si. 

No  cierres  esa  puerta,  al  contrario  âbrela  mâs. 

III.  Hacer  una  frase  von  cada  uno  de  los  adjetiuos  siguientes 
empleados  : 

1°  en  comparaiivo  de  igualdad  ;  —  2"  en  superlative  absoluto  : 
Grande,   bueno.   largo. 

IV.   —   ITALIEN 
La   vostra  casa 

L'esterno  —  l'interno  —  gli  arredi  della  vostra  caméra  da  letto. 

IL  Composez  de  courtes  phrases  avec  les  mots  suivants  : 

1^  La  famiglia  comprende...  ;  —  2"  L'orgoglio  di  un  padre  è 
quello  di...  ;  —  3"  Le  persone  cleganti  portano„.  ;  —  4°  L'om- 
brello...  la  pioggia  ;  — ^  5"  Il  sarto...  la  misura  per...  ;  — 
6"   Ogni    settimana    contiene...   giorni. 

III.   Traduisez  : 

1°  Le  drap  de  ce  vêtement  ci  n'est  pas  bon  du  tout.  —  L'étoffe 
de  cet  habit  là  est  meilleure.  —  2°  Certaines  maisons  ont,  à 
New-York,  8,  20  ou  25  étagea  ;  à  Paris,  les  maisons  ont  rarement 
plus  de  six  étages.  —  3'^  En  Italie,  les  classes  commencent  à 
huit  heures  en  été,  à  9  heures  en  hiver.  —  4"  On  doit  aux 
parenjs  et  aux  maîtres  l'obéissance  et  le  respect.  —  5"  La  main... 
Nommez  les  doigts. 


ENSEIGNEMENT     DES     JELXES     FILLES 


Imagine  a  visit  of  Chrysale's  Ghost  to  your  lycée. 
Explain   this   thought  :   A   library   is   the   soûl   of   a   house. 
.Explain   thèse  lines   and   comment   upon   them  : 
A  woman   maj'  wear  her   stockings   as  blue   as   she  likes,  provi- 
ded  her  petticoats  are  long  enough  to  cover  them. 


180  LES    LANGUES    MODERNES 

Fédératioi)  Nationale  des  Professeurs  des  Lycées 
de  GarçoQS  et  des  Etablissen)ei)ts  secondaires  de 
Jeui)es  Filles. 

Paris,  le  30  Janvier  1920. 

Réorganisation    de   l'Enseignement 
Monsieur  et  Cher  Collègle, 

Le  questionnaire  qui  vous  a  été  envoyé  a  paru  à  certains  un  peu 
vaste,  et  il  est  ressorti  de  la  dernière  délibération  des  Bureaux  des 
Sociétés  de  spécialistes  (le  procès-verbal  en  sera  publié  incessamment) 
qu'un  certain  nombie  de  ces  questions  présentaient  un  intérêt  pri- 
mordial et  devaient  être  étudiées  avant  toutes  les  autres. 

Nous  avons  pensé  que  ces  questions  étaient  faciles  à  dégager  et 
votre  Société  l'a  fait  déjà,  sans  aucun  doute. 

Cependant  nous  tenons  à  vous  en  donner  un  aperçu,  à  titi'c 
documentaire. 

Nous  vous  prions  donc  de  vouloir  bien,  si  vous  ne  l'avez  déjà  fait, 
les  étudier  d'une  manière  toute  particulière,  en  vue  du  procbain 
Congrès,  sans  préjudice  des  autres  que  vous  avez  déjà  examinées  ou 
désireriez  examiner. 

1.  —  Nature  et  objet  de  l'Enseignement  secondaire. 

Est-ce  un  enseignement  de  culture  ou  un  cnscignemenl  pratique  ? 

2.  —  Quelle  doit  être  la  durée  des  études  nécessaii'cs  à  la  formation 
des  esprits  ? 

3.  —  Quelle  est  l'origine  des  élèves  ? 
a)  Uniquement  par  un  concours  initial  ? 
h)  A   la   fois   par  un   concours   initial   et 

Comment  doivent-ils     )   des  examens  ultérieurs  ? 

^    ^  \       i^'J  Pai'    nn    concours    initial    et    par   des 

être  recrutes  .  j   examens  d'entrée  (projet  Rameil). 

1        ri)  Le  sjstème  des  bourses  :  modifications 
i    et  améliorations. 

,,        ..  \       Examen  final  :  le  baccalauréat. 

4.  —  Sanctions.  {       ^.       ,. ,       ,  ^        ,       ^     , 

I       Facultés  et  Grandes  Ecoles. 

5.  —  Formation  du  personnel. 

Au  cours  de  cette  réunion  on  a  décidé  aussi  qu'il  convenait  d'ajou- 
ter, particulièrement  à  l'usage  des  Sociétés  de  spécialistes  la  question 
suivante  : 

Quels  sont,  selon  vous,  les  besoins  de  votre  spécialité  dans  un  pro- 
gramme d'étude  d'une  durée  égale  à  celle  du  système  actuel  ? 

Pour  le  Bureau, 
Le  Vice-Président  :  E.  Uev. 


•sa-- 


Mouvement  du   Personnel 


Ei)seigoen)eot  Supérieur 

M.  Baldensperger,  ancien  professeur  de  littératures  modernes 
conii)arccs  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Lyon,  est 
nommé   professeur  honoraire   à   la   dite   Faculté. 

M.  Carré,  agrégé  d'allemand,  pensionnaire  de  la  fondation 
Thicrs,  est  chargé,  du  l'""  jar.vicr  1920  à  la  fin  de  l'année  scolaire 
1919-20,  d'un  cours  de  littératures  modernes  comparées  à  la 
Faculté  des   lettres  de   l'Université  de  Lyon. 

M.  Tculier,  professeur  au  lycée  de  Montpellier,  est  chargé,  en 
outre,  du  15-12-19.  à  la  fin  de  l'année  scolaire  1919-20.  de  confé- 
rences de  langue  italienne  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Univer- 
sité  de   Montpellier. 

M.  Reyher,  docteur  es  lettres,  nuiître  de  conférences  de  langue 
et  littérature  anglaises  (Nancy),  est  nommé,  à  partir  du  16-12-19, 
professeur    de    langue    et    littérature    anglaises    à    la    dite    Faculté. 

M.  Hauvette,  professeur  de  langue  et  littérature  italiennes,  est 
nommé  directeur  d'études  pour  les  langues  méridionales  (Uni- 
versité  de    Paris  I. 

M.  Cazamian,  maître  de  conférences  de  langue  et  littérature 
anglaises,  est  nommé  directeur  d'études  pour  l'anglais  (Univer- 
sité de   Paris). 

M.  Legouis,  professeur  de  langue  et  littératuj-e  anglaises,  mem- 
bre du  Conseil  de  l'Université  de  Paris,  est  nommé  assesseur  du 
doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université. 

M.  Garnier,  jjrofesseur  au  lycée  de  Lyon,  est  chargé,  en  outre, 
du  l"""  février  1920  à  la  fin  de  l'année  scolaire  1919-20,  d'un  cours 
complémentaire   de   langue   italienne   (.2   leçons   par   semaine». 

Légioi)  d'Hooo^ur 

Sur  la  proposition  du  Président  du  Conseil,  Ministre  des  Affai- 
res Etrangères,  est  nommé  Chevalier  dans  l'ordre  de  la  Légion 
d'Honneur  : 

M.  Camerlyxck,  professeur  au  lycée  St-Louis  et  à  l'Ecole  Colo- 
niale, chef  du  Service  des  interprètes  à  la  Conférence  de  la  Paix. 

Le  Comité  est  heureux  d'adresser  ses  plus  cordiales  félicita- 
tions à  notre  collègue,  qui  est  un  des  amis  les  plus  anciens  et 
les  plus  dévoués  de  notre   Association. 


Lycées    de    GarçoQS    des  départen)ei)ts 

Anglais.  —  M.  Dhérissart,  admissible,  agrégé  anglais,  délégué 
pour  année  scolaire,  St-Omer.  —  M.  Vettier,  agrégé  anglais,  passe 
de   l'Ecole    normale      au    lycée     d'Amiens.   —     M.    Leroy,     délégué 


182  LES  LANGUES   MODERNES 

(anglais),   au   collège   de   Bourgoin,   délégué   (anglais)    Châteauroux. 

—  M.  Mairot,  agrégé  d'anglais,  du  collège  de  Lunel  au  lycée 
d'Alais.  —  M.  Moulinier,  licencié  d'anglais,  délégué  de  l'E.  P.  S. 
Bourges   à  lycée   St-Etienne. 

Allemand.  —  J\I.  Carpentier,  professeur  chargé  de  cours.  Bourg, 
est  nommé   à  Besançon.  —  M.  Laurens   (Rodez),  nommé   Avignon. 

—  M.  Enslen,  agrégé  d'allemand,  5*  classe,  Lons-le-Saulnler. 

Collèges  de  Garçoi)S 

Anglais.  —  M.  Bongard,  lettres  et  anglais  (1"  ordre,  4"  classe), 
Uzès.  —  M.  Fabre,  délégué  lettres  et  anglais  (l''""  ordre,  5'  classe), 
Condé-sur-Escaut.  — -  M.  Martin,  délégué  (1"  ordre,  6*  classe),  Par- 
thenaj'.  — ■  M.  Provost,  licencié  d'anglais,  délégué  lettres  et 
anglais    (1""    ordre,    6"    classe),    Sancerre. 

Allemand.  —  M.  Sireygeol,  lettres  et  allemand  (1"  ordre, 
5'  classe),  Brive,  nommé  professeur  d'allemand  (1^''  ordre, 
5"  classe),  au  même  collège.  —  M.  Séclet,  professeur  d'allemand 
(l"'  ordre,  5°  classe),  Philippeville,  nommé  •  professeur  lettres  et 
anglais  (1"  ordre,  5"  classe),  Lure.  —  M.  Capdet,  licencié  d'alle- 
mand, délégué  lettres  et  allemand  (1"  ordre,  6"  classe),  Carpen- 
fras.  —  M.  Alaroze,  répétiteur  Valenciennes,  délégué  lettres  et 
allemand  (1"  ordre,  5'=  classe),  Auxerre.  —  M.  Guinet,  certifié 
d'allemand,  instituteur-adjoint  à  l'E.  P.  S.,  Douai,  délégué  lettres 
et  allemand  (1"  ordre,  6'-  classe),  Cognac,  —  M.  Boulon,  licencié 
d'allemand,  délégué  lettres  et  allemand  (1"'  ordre,  6"  classe), 
Argentan.  —  M.  Bénazet,  licencié  et  certifié  d'ail.,  délégué,  Mende, 
délégué  lettres  et  ail.  (l""*^  ordre,  6'  classe),  Etampes.  —  M.  Ferran. 
répétiteur,  5"  classe,  Figeac,  délégué  lettres  et  allemand  (1"  ordre, 
5^  classe),    Mende. 

Espagnol.  —  M.  'Dhers,  certifié  d'espagnol,  délégué  lettres  et 
espagnol  (l""^  ordre,  6=  classe),  Blaye.  —  M.  Recoule,  répétiteur 
(1"  ordre,  S""  classe),  lycée  Oran,  délégué  lettres  et  espagnol 
(1'"''  ordre,  5"^  classe),  Brive.  —  M.  Lignières,  licencié  d'espagnol, 
délégué  lettres  et  espagnol   (1"  ordre,  6*  classe),  Pézenas. 

Italien.  —  M.  Monnot,  délégué  lettres  et  italien  (l"  ordre, 
6'  classe),  Carpentras,  délégué  mêmes  fonctions  (b""  ordre,  6"  clas- 
se), Vienne.  —  M.  Siragzol,  répétiteur  (1"  ordre,  4"  classe). 
Cognac,   délégué   lettres   et   italien    (l"'   ordre,   4*   classe).    Embrun. 


Ecoles  Prirqaires  Supérieures 

M.  Renacci,  instituteur  à  Zalena  (Corse),  certificat  d'aptitude  à 
l'enseignement  des  L.  V.,  délégué  (lettres  et  italien),  Aix-en-Pro- 
vence.  —  M.  Arnaud,  professeur  (5^  classe),  St-Marcelin,  nommé 
(même  classe),  lettres  et  italien),  Grenoble.  —  M.  Lccontour,  pro- 
fesseur-adjoint (3"  classe)  à  Angers,  certificat  d'aptitude  à  l'ensei- 
gnement des  L.  V.,  nommé  professeur  d'anglais  au  même  établis- 
sement. —  M.  Bouche,  instituteur,  Toulouse,  certificat  d'aptitude 
à  l'enseignement  des  L.  V.,  délégué  instituteur-adjoint  (lettres 
et  espagnol),  Toulouse.  —  M.  Albert  (espagnol)  de  Lavaur  à  Tou- 
louse. —  M.  Crouzet,  instituteur-adjoint,  Maison-Carrée,  certifié, 
est  nomtné  professeur  d'arabe,  même  établissement  (4"  cl.,  2  ans 
d'ancienneté).     —    Mme    Dedoîtrc,     née     Burfin,    professeur    adj. 


MOUVEMENT  DU  PERSONNEL  183 

(5*  cl.),  La  Côte-St-André,  certifiée,  est  nommée  professeur  d'an- 
glais au  même  établissement.  —  Mlle  Doutenville,  de  Pitliiviers, 
est  déléguée  à  Avesnes  (lettres  et  anglais)  jusqu'au  30  septembre 
1920. 

Professeurs   t)oi)oraires 

MM.    Schmitter    (Nevers),    Barthélémy    (La    Rochelle),     Guadellé 
(Maçon),  Chou  (Poitiers). 


Mises  à  la  retraites 

MM.  Sigwalt  (Micheletn  Burg  (Montaigne»,  Posth  (Rollin),  Devaus- 
sanvin  (Chaptal)  ;  Roy  (Albi),  François  (Alençoni,  Llanta  (Alger;, 
Meyer  (Aucli),  Bousquet  (Belfort),  Guesnel  (Cherbourg»,  Schmutz 
(Grenoble»,  Barthélemj-  (La  Rochelle»,  ("haurand  (Lyon),  Gua- 
dellé (Mâcon),  Fischer  (Marseille»,  Schmitter  (Nevers»,  Wirth 
(Niort),   Chon   (Poitiers),   Odemps   (St-Brieuci. 


Ei)seigi)en)ei)t  Secondaire  des  Jeui)es  filles 

Mme  Bonat,  née  Bagary,  certifiée  d'italien,  nommée  collège 
d'Alais.  —  Mlle  Desanti,  professeur  d'italien  (6"  classe),  Alais, 
nommée  au  lycée  de  Bourg  (suppléance^  —  Mlle  Bénéteau,  char- 
gée de  cours  d'anglais,  supplée  Mlle  Mesnier,  en  congé,  au  hcée 
d'Alger.  —  Mlle  Rouché,  certifiée  d'espagnol  déléguée  Montauban, 
nommée  chargée  de  cours  d'espagnol  au  dit  lycée.  —  Mlle  Fran- 
conie,  professeur  d'anglais  (6'  classe),  au  collège  d'Epernay 
(emploi  nouveau).  —  Mlle  Desroche,  certifiée  d'allemand,  supplée 
Mlle  Hanotaux-Huguenin  au  lycée  du  Havre.  —  Mlle  Jourdau, 
certifiée  d'italien,  nommée  professeur  d'italien  au  collège  d'Alais. 
—  Mlle  Dien,  certifiée  d'anglais,  nommée  professeur  au  collège 
d'Epernay.  —  Mlle  Cousin  (Yvonne),  agrégée  d'anglais,  nommée 
professeur   d'anglais  au  lycée  de   St-Quentin. 

École  Prin)aire  Supérieure  de  Jeui)es  filles 

Mlle  Goep,  directrice  de  l'E,  P.  S.  de  Gondecourt,  nommée 
professeur  (anglais  et  morale»,  Roubaix.  —  Mlle  Petithuguenin, 
institutrice-adjointe,  Saint-Lô,  certificat  d'aptitude  à  l'ensei- 
gnement des  L.  V.,  nommée  professeur  d'anglais  à  la  dite  école.  — 
Mlle  Hussou,  déléguée  Salins,  nommée  professeur-adjoint  d'E.  P. 
S.  —  Mlle  Baudoin,  institutrice  intérimaire  Thaon-les-Vosges, 
certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des  L.  V.,  nommée  profes- 
seur-adjoint, Belfort.  —  Mme  Kuntz,  née  Good,  déléguée  Illiers, 
certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des  L.  V.,  nommée  profes- 
seur d'anglais  d'E.  P.   S.  (4*  classe). 


-ogo- 


184  LES   LANGUES    MODEBXES 

Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trésorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII%  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

1.  Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  0fr.50  la  ligne. 

2.  Nos  correspondants  sont  prévenus  c/ue  la  composition  des  Petites 
Annonces  des  Langues  Modernes  est  arrêtée  le  15  de  chaque  mois. 

1.  Ppofesseup  diplômé  (Oxford),  veut  i-ecevoir  pensionnaires  dans  sa 
maison.  Vie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Références 
excellentes.  S'adresser  :  M.  A",  28,  Woodbastwich  Road,  Sj'denham, 
Londres. 

2.  On  aclièterait  d'occasion.  Chamber's  Cyclopœdia  of  Engiish  Lite- 
rature,  dernière  édition,  en  bon  état.  Ecrire  :  Louis  Rocher,  prof., 
Lycée  du  Parc,  Lyon. 

3.  Mademoiselle  Trivier,  pi'ofesseur  d'anglais  à  l'E.  P.  S.  de  Tré- 
voux (Ain),  banlieue  de  Lyon,  désire  son  changement.  Prière  aux 
Collègues  de  faire  connaître  mutations  probables.  Au  besoin  accepte- 
rait permutation. 


-<^>- 


Le  Gérant  :  A.  Coueslant. 


c.vHORS,  iiMP.  COUESLANT  (persoiiiiel  intéressé).  —  22.GG5 


Dix-huitième  année.  —  M°  3  Mai-Juin    1920 


Les 


Langues  Modernes 


^éV"\rîs   îtx:i.i3or't:a.nt: 

Le  Secrétaire  Général  et  la  Trésorière  prient  instamment 
leurs  collègues  de  leur  signaler  de  suite  leurs  changements 
d'adresse  ou  de  situation,  tant  afin  d'éviter  la  perte  de  la 
revue  que  de  reconstituer  avec  exactitude  l'annuaire  de  la 
Société,  destiné  à  paraître  dans  le  prochain  numéro. 

La  Trésorière  (Mlle  Ledoux,  30,  R.  Chevert,  Paris,  7"), 
rappelle  aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant 
de  chèques  postaux  lui  est  ouvert  sous  le  n"  151-11  par  le 
bureau  de  Paris.  Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuel- 
lement le  montant  de  leurs  abonnements  par  chèque  postal, 
et  de  conserver  à  titre  de  reçus  le  talon  du  chèque  ;  elle 
leur  sera  reconnaissante  de  lui  épargner  ainsi  un  travail 
considérable,  ainsi  qu'à  la  Société  des  frais  de  correspon- 
dance. 

Elle  informe  en  outre  les  sociétaires  abonnés  à  la  Revue 
Germanique  qu'ils  doivent  lui  adresser  aussi  le  montant  de 
leiw  abonnement  (soit  douze  francs).  Ceux  qui  n'auraient 
pas  encore  payé  leur  abonnement  de  191^  (soit  huit  francs), 
voudront  bien  l'acquitter  en  même  temps.  Le  premier  numéro 
de  1920  est  sous  presse  et  paraîtra  incessamment. 


.». 


A    nos    Collaborateurs 


La  Rédaction  est  à  son  grand  regret  contrainte,  par  une  augmenta- 
tion subite  et  considérable  du  prix  du  papier,  de  demander  aux  colla- 
borateurs qui  ont  si  largement  répondu  à  son  appel  de  février  dernier, 
un  effort  supplémentaire  de  condensation,  tant  en  ce  qui  concerne 
les  articles  indépendants  que  les  comptes  rendus  bibliographiques 
ou  corporatifs. 

L'étendue  maxima  des  Chroniques  Etrangères  doit  être  de  quatre 
pages,  et  d'une  demi-page  celle  des  comptes  rendus  critiques.  A  ce 
prix  seulement  ne  sera  pas  rompu  l'équilibre  entre  la  partie  corjîo- 
rative  et  l'information  professionnelle,  qui  sont  également  essentielles 
à  la  vie  et  à  l'intérêt  de  la  revue. 

13. 


AU  CHAMP  D'HONNEUR 

LE  LIVRE  D'OR 

Brosse  (Henri),  professeur  d'anglais  dans  les  Ecoles  de  la 
ville  de  Paris  : 

«  Le  commandant  Brosse  s'est  distingué  dans  la  défense 
d'un  secteur  lors  des  combats  de  février  1916  ;  est  resté 
plusieurs  jours  sans  prendre  de  repos  ;  se  multipliant 
dans  les  tranchées  pour  relever  le  moral  de  ses  hommes  ; 

déjà  cité  à  l'ordre  de  la pour  s'être  fait  remarquer  en 

différentes  circonstances  par  son  sang-froid  et  sa  belle 
attitude  au  feu.  »  (Rapport  du  Vice-Recteur  de  l'Académie 
de  Paris  du  7  février  1920). 

«  Engagé  volontaire,  officier  de  réserve  des  plus  méri- 
tants, alors  que  dégagé  de  toute  obligation  militaire  par 
suite  de  son  âge,  il  pourrait  être  à  l'intérieur,  le  capitaine 
Brosse  est  parti  avec  le  régiment.  Evacué  en  septembre 
pour  cause  de  maladie,  est  revenu  au  début  de  décembre, 
s'est  fait  remarquer  dans  différentes  circonstances  par  son 
sang-froid  et  sa  belle  attitude  aii  feu,  notamment  à  l'atta- 
que de  Marchéville  (9  et  13  avril  1915).  Supporte  comme 
un  jeune  homme  et  sans  jamais  se  plaindre  la  vie  souvent 
dure  des  tranchées,  donnant  ainsi  un  très  bel  exemple 
d'abnégation  et  de  patriotisme.  »  (Ordre  de  la  division.  — 
Rapport  du  Vice-Recteur  de  l'Académie  de  Paris  du  7 
février  1920). 

Flaire  (Lucien),  professeur  de  langues  vivantes  à  Paris  : 

«  A  fourni  le  5  octobre  1914,  l'exemple  du  plus  grand 
sang-froid  et  de  la  plus  grande  énergie  au  cours  des  com- 
bats pendant  lesquels  il  eut  à  repousser  de  nombreux 
assauts  de  la  part  de  l'ennemi  et  fut  grièvement  blessé.  » 
(Ordre  de  la  brigade.  —  Rapport  du  Vice-Recteur  de 
l'Académie  de  Paris  du  7  février  1920). 

Pailian   (André),   inspecteur  de   l'enseignement   des  langues 
vivantes,    officier    interprète    de    1"   classe    attaché    au    l""" 
corps  anglais  : 
1"  citation  : 

«  A  fait  preuve  en  toutes  circonstances  du  plus  com- 
plet dévouement.  Témoigne  au  feu  des  plus  belles  qualités   . 


AU    CHAMP    D'iIONNIilR  187 

de  calme,  d'énergie  et  de  sang-froid.  S'est  particulièrement 
fait  remarquer  à  Bourg,  dans  les  combats  de  l'Aisne  et  à 
la  bataille  d'Ypres,  par  !a  sûreté  de  ses  communications. 
Deux  fois  signalé  par  les  autorités  militaires  anglaises, 
spécialement  mentionné  par  le  maréchal  commandant  en 
chef.  »  (Ordre  de  la  Mission  française  près  l'Armée  bri- 
tannique). 

2''  citation  : 

«  Lors  de  la  réoccupation  par  toutes  les  troupes  britan- 
niques des  villages  situés  aux  environs  de  C...,  en  novem- 
bre 1917,  a  organisé,  sous  le  feu  de  l'artillerie  et  des 
mitrailleuses  ennemies,  l'évacuation  de  la  population 
civile  ;  a  fait  preuve,  en  cette  circonstance,  d'un  courage, 
d'un  dévouement  et  d'un  esprit  d'organisation  qui  ont 
permis  de  mener  à  bien  cette  difficile  opération;  déj.\  cité 
le  1""  juin  1915  »  (Ordre  de  la  Mission  française  près 
l'Armée  britannique.  —  Rapport  du  Vice-Recteur  de 
l'Académie  de  Paris  du  7  février  1920). 

LÉGION'    d'honneur 

Chevalier 
Brosse  (Henri),  profosceur  d'anglais  dans    les    écoles  de  la 
ville  de  Paris  : 

*  Modèle  de  patriotisme  et  d'abnégation,  sert  à  56  ans 
avec  un  zèle  et  un  dévouement  absolus  ;  fait  l'admiration 
de  ses  chefs  pour  son  énergie,  son  caractère  et  son  sang- 
froid.  »   {Journal  Officiel  du  12  janvier  1916). 

MÉDAILLE    MILITAIRE    ANGLAISE 

BoiRiN  (Louis),  professeur  d'enseignement  commercial  dans 
les  écoles  de  la  ville  de  Paris.  (Rapport  du  Vice-Recteur 
de  l'Académie  de  Paris  du  7  février  1920). 

Laurent  (Victor),  professeur  d'enseignement  commercial 
dans  les  Ecoles  de  la  ville  de  Paris.  (Rapport  du  Vice-Rec- 
teur de  l'Académie  de  Paris  du  7  février  1920). 

CROIX    MILITAIRE    ANGLAISE     «    MILITARY     CROSS    » 

Paulian  (André),  inspecteur  de  l'enseignement  des  langues 
vivantes.  (Rapport  du  Vice-Recteur  de  l'Académie  de  Paris 
du  7  février  1920). 

oao 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Réunions  du  Comité 

Le  12  février,  une  réunion  du  Comité  a  eu  lieu  au  Lycée  Mon- 
taigne. Etaient  présents  :  Mlles  Brunel,  Clôt  et  Ledoux  ;  MM.  Bloch, 
Cart,  Delobel,  Duverger,  Garnier,  Goy,  d'Hangest,  Hirtz,  Jamin, 
Montaubric,  Veillet-Lavallée. 

La  séance  est  ouverte  à  2  h.  1/2.  Le  Présidenî'  donne  la  parole  à 
M.  Montaubric,  qui  appelle  l'attention  sur  un  vœu  de  M.  Appell 
reproduit  dans  le  numéro  de  novembre  de  la  Revue  Universitaire 
(page  310)  et  déposé  par  son  auteur  au  Cojiseil  supérieur  de  l'Ins- 
truction publique  :  que  la  séparation  entre  les  lettres  et  les  scien- 
ces ne  soit  pas  maintenue,  et  qu'il  y  ait  seulement  deux  modes  de 
formation  :  A.  Français-latin-grec-philosophie-sciences  ;  B.  Fran- 
çais-latin, UNE  langue  vivante,  philosophie-sciences.  Ce  projet,  s'il 
était  adopté,  donnerait  le  coup  de  grâce  à  l'allemand,  non  seule- 
ment dans  les  collèges,  mais  sans  doute  encore  dans  beaucoup  de 
lycée.  M.  Montaubric  espère   que  le   Comité   combattra   ce   projet. 

M.  Hirtz  fait  à  son  tour  allusion  à  un  vœu  de  la  régionale  de 
Poitiers  en  faveur  de  la  renaissance  de  l'allemand. 

M.  Garnier  signale  l'opportunité  de  grouper  des  vœux  sembla- 
bles. 

i  M.  le  Président  fait  remarquer  l'urgence,  à  ce  point  de  vue  en 
particulier,  de  la  reconstitution  des  régionales  et  remercie  celle 
de  Poitiers  de  son  activité  qu'il  espère  voir  se  généraliser. 

M.  Goy,  qui  a  pris  connaissance  de  l'ensemble  des  vœux  de  la 
régionale  de  Poitiers,  en  dehors  de  ceux  concernant  l'ordre  du 
jour,  signale  en  passant  l'intérêt  qu'il  3*  a  à  étudier  ceux  qui 
portent  sur  les  méthodes  d'enseignement,  et  qui  comportent  des 
critiques  inacceptables  en  leur  intégralité.  La  question  est  ajour- 
née. 

Le  Président  rend  compte  de,  sa  visite  à  M.  le  Proviseur  du  lycée 
Montaigne  qui  a  fort  aimablement  consenti  à  mettre  à  la  disposi- 
tion du  comité  le  parloir  de  l'établissement  comme  lieu  de  réu- 
nion. 

Le  Président  rend  compte  en  outre  de  la  visite  de  remerciement 
faite  à  M.  le  doyen  Brunot.  à  la  suite  de  sa  vigoureuse  défense  des 
L.    V.    au    Conseil    supérieur. 

11  informe  ensuite  le  Comité  de  l'acceptation  par  les  librairies 
E.  Bel  in  et  Didier  du  nouveau  tarif  des  annonces  dans  le  Bulletin. 

M.  Cart  a  de  même  reçu  une  réponse  satisfaisante  de  la  librairie 
Delagrave,  qui  accepte  les  conditions  nouvelles  transmises  par 
M.  Bloch. 


BULLETIN    DE   l'ASSOCL\TION  189 

En  ce  qui  concerne  le  projet  de  suppression  de  l'enseignement 
des  L.  V.  dans  les  Ecoles  Normales,  le  Président  signale  qu'il  a  fait 
paraître  dans  la  "  Revue  des  L.  V.  »  un  article  non  signé  répon- 
dant à  celui  de  M.  Lapie  dans  la  Revue  Pédagogique  ;  et  qu'un 
autre  article  de  lui-même  paraîtra  incessamment  dans  le  Journal 
des  Instituteurs,  selon  qui  l'enseignement  des  L.  V.  dans  ces  écoles 
manque  de  rendement. 

Le  Président  annonce  en  outre  qu'une  lettre  de  M.  Andler  lui  pose 
la  question  de  savoir  si  nous  nous  occuperons  de  l'enseignement 
à  donner  aux  Alsaciens-Lorrains   séjournant  en  France. 

M.  Goy  fait  connaître  à  ce  sujet  qu'il  existe  à  la  Sorbonne  des 
coursi  destinés  à  ce  public,  et  surtout  aux  instituteurs  ('qui  commen- 
cent à  les  fréquenter)  constituant  d'une  part  un  enseignement 
général  sur  la  Civilisation  française,  de  l'autre  un  enseignement 
pratique   de  la   langue. 

Mlle  Clôt  signale  un  article  récent  du  Figaro  sur  l'enseignement 
nécessaire    aux    autres    catégories    d'Alsaciens-Lorrains. 

Mlle  Ledoux  fait  connaître  un  projet  d'organisation  au  lycie 
Fénelon,  de  cours  de  français  destinés  aux  jeunes  alsaciennes  et 
lorraines. 

M.  Goy  signale  que  la  question  a  été  envisagée  en  Alsace,  mais 
qu'une   organisation   serait   possible   auprès   des   L^niversités. 

Le  Président  répondra  à  M.  Andler  que  l'aide  de  l'Association 
est  en  tout  cas  acquise  à  cette  initiative.  Il  passe  ensuite  à  la 
question  principale  qui  est  celle  de  la  défense  de  l'allemand.  Il 
importe  de  créer  une  commission  spéciale  chargée  d'étudier  les 
mesures  efficaces.  Cette  commission  devra  être  peu  nombreuse 
pour  travailler  avec  clarté  et  chances  de  succès.  Elle  devra  se 
placer  aux  deux  points  de  vue  de  la  culture:  et  de  l'intérêt  natio- 
nal. 

M.  Hirtz  fait  connaître  qu'à  Poitiers  la  diminution  des  effectifs 
germanisants  est  seulement  de  33  0/0.  Il  y  a  moins  lieu  de  mener 
une  campagne  que  d'éviter  les  géminations  ;  celles-ci  créent  des 
conditions  décourageantes  pour  les  élèves,  lesquels  émigrent  dans 
les  classes  d'espagnol.  La  régionale  de  Poitiers  a  d'ailleurs 
demandé  qu'une  enquête  fût  faite  sur  les  conditions  générales  de 
l'enseignement  des  L.  V. 

M.  Cart  demande  que  cette  enquête  soit  faite  par  l'intermédiaire 
du  Bulletin,  et  que  les  statistiques  soient  publiées, 

M.  Goy  indique  l'opportunité  de  faire  intervenir  à  ce  sujet  les 
régionales   qui   canaliseront   les   informations. 

M.  Bloch  est' dit  même  avis,  mais  rappelle  qu'elles  ne  se  sont  pas 
encore  reconstituées.  Il  a  d'ailleurs  été  questionné  sur  la  légalité 
des  géminations. 

M.  Hirtz  déclare  qu'à  Poitiers  celles-ci  sont  extrêmement  gênan- 
tes. 

Le  Président  revient,  à  l'organisation  d'une  commission  de  l'alle- 
mand ;   il   serait  bon  que  le  travail  en  fût   préparé  localement. 


190  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Bloch  recommande  une  action  auprès  du  ministère,  pour 
obtenir  que  des  ordres  soient  donnés  à  ce  sujet  aux  proviseurs  ; 
une  action  aussi  auprès  des  Chambres  de  commerce  et  des  Asso- 
ciations de  pères  de  famille  intervenant  auprès  des  recteurs  et 
des  inspecteurs  d'académie  ;  enfin  une  action  auprès  du  ministère 
de   la    guerre. 

■M.  Goy  est  partisan  d'une  orientation  de  cette  action  dans  le  sens 
national. 

M.  Hirtz  recommande  une  campagne  dans  la  grande  presse,  et 
dans  la  presse  associée  de  province,  avec  laquelle  bon  nombre 
d'universitaires    sont   en    relation. 

Le  Président  insiste  pour  que  l'on  désigne  d'abord  les  promo- 
teurs de  ce  mouvement  ;   il   fera  ensuite  les  démarches  indiquées. 

M.  Hirtz  consent  à  s'en  occuper  pour  la  région  poitevine,  et 
même  au  delà. 

M.  Delobel,  qui  un  des  premiers  a  soulevé  la  question,  accepte 
sur  les  instances  du  Président,  de  diriger  cette  commission. 
M.  Hirtz  et  M.  Goy  en  fe^rout  partie,  ainsi  que  le  Président  de 
r.Association.  M.  Boussagol  recherchera  en  dehors  du  comité  un 
membre   représentant   les   langues   méridionales. 

M.  Bloch  propose  ensuite'  la  reconstitution^  du  comité  de  lecture  : 
il  est  décidé  qu'en  plus  du  rédacteur  en  chef  M.  d'Hangest,  eU^ 
comprendra  MM.  Boussagol,  Cart  et  Chemin,  qui  tous  les  trois  ont 
accepté. 

M.  Bloch,  secrétaire  général,  donne  alors  lecture  du  procès-verbal 
de  la  dernière   séance  du  comité,  qui  est  approuvé. 

Mlle  Ledoux  rend  compte  des  démarches  faites  pour  que  l'.Asso- 
ciation  ait  un  compte  de  chèques  postaux. 

M.  Cart  aborde  ensuite  le  programme  de  la  réunion  pédagogique 
du  26  février,  et   s'exprime   ainsi   qu'il   suit  : 

Mes  chers  collègues. 

Si  j'ai  demandé  à  notre  président  la  permission  de  vous  entv.'- 
tenir  quelques  instants  de  notre  prochaine  réunion  pédagogique, 
ce  n'est  point  —  vous  le  pensez  bien  —  que  je  veuille  engager  le 
comité  ni  esquiver  une  responsabilité  d'ailleurs  légère  à  porter. 
Je  ne  vous  dirai  donc  à  peu  près  rien  des  idées  q«e  je  compte 
développer  dans  le  bref  exposé  introductif  que  le  Bureau  m'a 
chargé  de  faire,  et  je  me  bornerai  à  vous  indiquer  la  méthode  de 
discussion  qui  me  semble  devoir  être  la  plus  utile  —  en  vous 
priant  de  l'approuver  ou,  si  cela  vous  parait  nécessaire,  de  la 
modifier. 

Vous  savez  que  nous  avons  été  amenés  à  convoquer  la  réunion 
pédagogique  parce  que  quelques-uns  de  nos  collègues  ont  estime 
que  nous  ne  devions  pas  nous  désintéresser  des  idées  émises  par 
les  "  Compagnons  ».  Ces  idées,  nous  les  discuterons  sans  aucun 
doute,  et  avec  d'autant  plus  de  précision  et  de  sûreté  que  M.  Caza- 
mian    —    président    du    (Comité    directeur    des    "    Compagnons    >     — 


BULLETIN    DE   l'aSSOCL\TIOK  191 

nous  a  promis  de  prendre  part  à  la  discussion.  Mais  je  ne  -.-rois 
pas  que  —  au  moins  dans  une  première  séance  —  nous  puissions 
aborder  utilement  les  très  grosses  questions  d'ordre  général  comme 
celles  de  l'Ecole  unique  ou  de  l'organisation  syndicale.  Il  vaudra 
mieux  rester  résolument  sur  le  terrain  de  l'enseignement  des  lan- 
gues vivantes.  La  besogne  ne  fera  pas  défaut.  Et  ici  encore,  pour 
éviter  que  la  discussion  ne  s'égare,  nous  réserverons  pour  plus 
tard  des  questions  dont  nous  n'ignorons  pas  l'importance  :  la  crise 
de  l'enseignement  de  l'allemand,  la  classe  d'une  heure,  la  colla- 
boration  des    "   lecteurs   »    etc. 

Par  éliminations  successives,  nous  nous  trouverons  en  présence 
d'une  question  unique  —  mais  vitale  :  Quel  peut  être,  quel  doit 
être  le  rôle  de  l'enseignement  des  langues  vivantes  dans  l'Univer- 
sité nouvelle  —  sans  considérer  d'ailleurs  les  réformes  que  l'admi- 
nistration adoptera  finalement  ?  En  cherchant  à  établir,  ainsi, 
une  fois  de  plus,  notre  doctrine,  nous  lépondrons  au  questionnaire 
de  la  Fédération  et  nous  prendrons  en  même  temps  position 
vis-à-vis  des  "  Compagnons  ».  Vous  voyez  donc  bien  quel  sera 
l'objet  de  notre  discussion  volontairement  théorique  :  De  la  valeur 
éducative  de  l'enseignement  des  langues  vivantes.  Et  c'est  des  con- 
clusions auxquelles  nous  aboutirons  que  sortiront  tout  naturelle- 
ment  les   applications   pratiques. 

En  terminant,  je  soumettrai  à  l'Assemblée  un  questionnaire 
que  je  vais  vous  demander  la  permission  de  vous  lire.  Si  vous  le 
jugez  bon,  je  communiquerai  à  l'avance  ce  questionnaire  à  M.  Caza- 
mian  qui  sera  invité  à  y  répondre  avant  que  l'Assemblée  ne  le 
discute.  Le  Bulletin  le  fera  connaître  aux  Régionales  et  aux  adhé- 
rents isolés  qui.  nous  l'espérons,  ne  refuseront  pas  de  prendre 
part  à  la  discussion.  Et  si  enfin  nous  pouvons  aboutir  à  formuler 
des  "  vœux  >  précis,  nous  n'aurons,  je  pense,  pas  complètement 
perdu    notre    temps.   ■> 

Lecture  est  alors  donnée  du  questionnaire  qui  sera  proposé  à  la 
réunion  pédagogique  : 

1^  Estimez-vous  que  l'étude  des  Langues  Vivantes  jointe  à  celle 
du  Français  puisse  être  une  base  solide  de  culture  ? 

2i  Souhaiteriez-vous  qu'une  section  de  l'enseignement  fût  créée 
sur  cette   base  ? 

3;  Y  aurait-il  avantage  à  ce  que  le  même  professeur  enseignât 
le    français   et    une   langue   vivante  ? 

4)  Estimez-vous  que  dans  cette  section,  l'élève  pourrait  utile- 
ment   apprendre    deux    langues    vivantes  ? 

5)  Estimez-vous  que  pour  les  élèves  de  la  section  latine,  l'étude 
de   la   langue    vivante   pourrait   être   facultative  ? 

Après  un  court  échange  de  vues,  le  comité  accepte  la  méthode 
de  discussion  proposée  par  M.  Cart. 

La  séance  est  alors  interrompue  pendant  1/2  heure  pour  attendre 
M.  Rancès,  qui  doit  venir  exposer  au  comité  le  résultat  des  déli- 
bérations du  Conseil   supérieur  au   sujet  de  l'épreuve  de  L.  V.   au 


192  LES    LANGUES    MODERNES 

baccalauréat.  (Voir,   sous  la  signature  de   M.  Rancès,   page   102    du 
dernier   Bulletin,   le   compte   rendu   de   ces   délibérations). 
La  séance  est  levée  à  5  h.  3/4. 


Le  Comité  de  TAssociation,  réuni  le  6  mai  au  Lycée  Montaigne, 
a  adopté  l'ordre  du  jour  suivant  : 

L'Association  des  professeurs  de  langues  vi\'antcs  de  l'enseigne- 
ment  public. 

Enregistre  avec  la  plus  grande  satisfaction  la  décision  par 
laquelle  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  rend  obligatoire  pour  le 
concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr  à  partir  de  1923 
la  connaissance   de  l'allemand  et   de   l'anglais. 

Voit  dans  cette  mesure  le  seul  moyen  efificace,  en  gardant  un 
juste  équilibre  entre  les  deux  langues,  d'empêcher  la  désertion 
des  classes  d'allemand  et  d'éviter  le  péril  national  que  consti- 
tueraient pour  la  France  des  générations  d'officiers  et  d'ingénieurs 
ignorant   l'allemand   et   l'Allemagne, 

Affirme  qu'en  ce  moment  où  s'impose  d'urgence  la  réorganisa- 
tion totale  de  l'enseignement,  l'étude  de  deux  langues  vivantes 
dans  la  section  C  en  vue  des  grandes  écoles  peut  être  organisée 
sans  surcharge,  si  les  professeurs  des  différentes  spécialités  veu- 
lent se  mettre  d'accord  pour  remanier  les  programmes  en  vue  de 
présenter  aux  élèves  un  choix  judicieux  de  connaissances  à  acqué- 
rir par  les  méthodes  les  plus  actives  et  les  plus  hautement  éduca- 
tives. 

Constate  que  le  souci  de  la  cuUure  générale  ne  peut  être 
invoqué  en  cette  matière,  étant  donné  qu'un  enseignement  bien 
compris  des  langues  vivantes  sait  concilier  l'acquisition  des 
connaissances  pratiques  avec  le  développement  des  facultés 
intellectuelles,  et  constitue  un  facteur  essentiel  des  humanités 
modernes. 


Réunion  pédagogique 

La  réunion  pédagogique  projetée  a  eu  lieu  le  26  février  1920  au 
Lycée  Montaigne.  Le  Président  de  l'Association  a  ouvert  la  séance 
à  2  h.  1/2  en  souhaitant  la  bienvenue  à  ^L  Cazamian,  Président 
de  la  société  des  Compagnons,  en  lui  disant  l'intérêt  et  la  sympa- 
thie avec  lesquels  les  professeurs  de  langues  vivantes  ont  suivi  les 
efforts  et  les  publications  consacrées  par  cette  société  au  problème 
de  l'éducation,  et  en  rendant  hommage  à  l'idéalisme  et  à  la  bonne 
foi,  ainsi  qu'au  courage  d'un  groupement  qui  doit  s'affirmer  et 
combattre  avant  même  que  sa  doctrine  soit  arrêtée.  Il  donne 
ensuite  la  parole  à  M.  Cart,  vice-président  de  l'Association,  qui 
a  bien  vonlu  préciser  les  points  sur  lesquels  doit  s'engager  une 
discussion. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  193 

M.  (Idrl  rappelle  le  vœu  émis  par  plusieurs  collègues,  d'une  dis- 
cussion a\ec  les  (Compagnons,  où  se  préciserait  l'attitude  de  ceux-ci 
à  l'égard  de  notre  enseignement,  pour  lequel  nous  revendiquons 
un  rôle  essentiel  dans  la  vie  nationale.  Sont  donc  écartées  les 
questions  d'ordre  général  (école  unique,  enseignement  libre,  orga- 
nisation syndicale,  méthodes),  à  discuter  plus  tard  par  la  voie  du 
Bulletin.  En  formulant  nos  desiderata,  nous  répondrons  à  la  fois 
au  questionnaire  de  l'AS  et  prendrons  position  via-à-vis  des 
(^)mpagnons,  parmi  lesquels  les  professeurs  de  langues  vivantes 
ont  des  représentants  assez  nombreux  et  assez  distingués  pour 
que  leur  Association,  dont  la  formation  et  l'autorité  ne  sont  déjà 
]j1us  toutes  récentes,  conserve  entière  son  autonomie.  Il  pose  à 
M.  Cazamian  la  première  et  la  plus  importante  des  questions  sur 
lesquelles  la  lumière  est  attendue  :  1)  Estimez-vous  que  l'étude 
des  langues  vivantes  ait  une  valei^r  culturelle,  sinon  identique,  du 
7noins  égale  à  celle  de  l'étude  des  langues  mortes  et  spécialement 
(lu  latin  ?  Puis  il  cite  le  texte  du  2'  volume  de  ■<  l'Université  Nou- 
velle »  (page  103)  selon  lequel  la  comparaison  serait  à  l'avantage 
du  latin  ;  et  un  paragraphe  de  la  page  suivante  selon  lequel  les 
études  de  langues  vivantes  auraient  pour  effet  d'ériger  l'étranger 
en  arbitre  et  en  éducateur  de  la  France,  il  reproduit  aussi  l'anti- 
thèse contenue  dans  la  déposition  des  Professeurs  de  langues 
\  ivantes  devant  la  Commission  parlementaire  en  1913  (1)  :  Qu'on 
ne  dise  pas  que  nous  préparons  le  »  Sedan  de  la  personnalité 
nationale  »  ;  ce  serait  en  vérité  exagérer  notre  influence  ;  ce  serait 
avoir  bien  peu  de  confiance  en  la  vitalité  de  l'âme  française.'  Le 
contact  direct  avec  les  réalités  étrangères,  bien  loin  d'affaiblir  le 
sentiment  de  notre  personnalité  nationale,  le  fortifie  par  con- 
traste :  jamais  l'Alsacien  Ehrmann  ne  .s'est  senti  si  pleinement 
français  qu'«  Au  service  de  V Allemagne  ».  L'Assemblée  dira  si 
ce  qui  lui  paraissait  vrai  en  1913  l'est  encore  aujourd'hui  ;  elle 
se  prononcera  également  sur  l'opportunité,  indiquée  dans  la  même 
déposition,  d'organiser  un  enseignement  du  français  sans  latin, 
section  d'humanités  modernes,  en  face  d'une  section  où  l'étude 
(lu  latin  et  de  la  civilisation  antique  jouerait  un  rôle  de  premier 
plan. 

L'enseignement  moderne  antérieur  à  1902  n'a  pas  eu  le  temps, 
en  effet,  de  faire  ses  preuves  ;  et  la  tentative  d'un  enseignement 
combiné  du  français  et  d'une  langue  vivante,  menée  à  bien  dans 
les  classes  de  6"  et  ô",  sous  l'inspiration  de  M.  Gréard,  eut  assez 
de  succès  pour  qu'une  commission  fût  chargée  d'élaborer  un  projet 
d'agrégation  français-langues  vivantes  (2),  dont  une  chute  de  minis- 
tère  entraîna    l'oubli. 

D'où     les     autres    questions    vis-à-vis    desquelles     M.     Cazamian, 

(1)  Voir  Bulletin  de  la  Fédération  (avril  1914,  p.  490)  et  Langues 
Modernes   (octobre    1913,   p.   467). 

(2)  Voir  Revue   Universitaire,   1896,  Tome   H. 


194  LES   LANGUES    MODERNES  ^ 

assisté    de    nos    collègues    MM.    Gérard    et    Cheffaud,    a     accepté     de 
définir  l'attitude  des  Compagnons  : 

2)  Souhaiteriez-vous  qu'une  section  de  l'enseignement  fût  créée 
sur  cette  base  (français-langues  vivantes)  ? 

3)  y  aurait-il  avantage  à  ce  que  le  même  professeur  enseigncit 
le  français   et  une   langue   vivante  ? 

4)  Estimez-voii9  que  dans  cette  section,  l'élève  pourrait  utilement 
apprendre  deux  langues  vivantes  ? 

5)  Estimez-vous  enfin  que,  pour  les  élèves  de  la  section  latine, 
l'étude  de  la  langue   vivante  pourrait   être  facultative  ? 

La  parole  est  à  M.  Cazamian,  qui  remercie  d'abord  M.  Cart  de 
lui  avoir  communiqué  à  l'avance  le  questionnaire,  dont  il  adopte 
l'ordre.  A  la  première  question,  celle  de  l'équivalence  culturelle 
des  langues  vivantes  et  des  langues  mortes,  il  répond  »  nettement 
et  avec  enthousiasme  :  oui  !  »  Si  on  lui  objecte  des  textes  de 
VUniversité  Nouvelle,  il  répondra  qu'ils  n'ont  été  qu'un  point  de 
départ,  et  que,  contenant  certes  beaucoup  de  choses  excellentes, 
durables,  définitives,  ils  ne  représentent  cependant  qu'une  doctrine 
non  cristallisée  et  qui  garde  toute  sa  liberté  d'évoluer  ;  il  n'en 
est  pas  moins  vrai  qu'à  ce  sujet  les  Compagnons  ne  sont  plus  en 
contradiction  avec  les  'aspirations  des  professeurs  de  langues  • 
"  nous  allons  vers  les  Humanités  modernes,  ne  voulant  pas  d'ail- 
leurs jeter  le  latin  par-dessus  bord...  11  y  a  quinze  ou  vingt  ans 
que  je  parle  en  mon  nom  propre  pour  les  Humanités  modernes,  je 
suis  de  cœur  avec  vous.  Je  tends  personnellement  à  réduire  la  part 
du  latin  à  son  strict  minimum,  la  connaissance  du  français  étant 
possible  sans  latin,  par  des  leçons  d'ctymologie  donnant  le  sen- 
timent d'un  arrière-fond  étymologique  latin... 

n  ne  faudrait  pas,  d'ailleurs,  que  les  Humanités  françaises  fus- 
sent les  Humanités  tout  court  :  il  y  a  un  compromis  à  établir 
entre  les  quatre  avenues  de  l'ancien  régime.  Dans  le  programme 
des  Humanités,  deux  branches  sont  prévues,  dans  l'une  les  langues 
vivantes  auraient  leur  place  de  premier  plan,  dans  l'autre  le  latin. 
MM.  Lanson,  Brunot  et  Andler  ont  envisagé  la  création  d'une  sec- 
tion d'Humanités  français-langues  vivantes,  celle  qui  contient  la 
formule  de  l'avenir.  Nous  sommes  en  train  de  l'étudier.  A  la 
deuxième  question,  sur  l'opportunité  de  créer  un  enseignement 
sur  cette  base,  nous  répondrons  donc  :  oui,  encore.  Le  nombre  de 
ceux  qui  pensent  ainsi  va  croissant.  Les  Compagnons  y  travaille- 
ront directement  de  toutes  leurs  forces  ;  conçu  dans  un  esprit  de 
sympathie,  cet  <.'nseignemcnt  absorbera  rensemble  de  la  cultU:-e 
française. 

La  troisième  question,  sur  l'opportunité  de  charger  le  même 
professeur  d'enseigner  le  français  et  une  langue  vivante,  est  plus 
spéciale.  Bien  que  je  ne  puisse  donner*,  à  ce  sujet  qu'une  impression 
personnelle,  je  suis  tenté  de  ré|)ondre  :  non,  apparemment.  .Je 
vois  dans*  chacun  de  ces  deux  enseignements  une  spécialité  ;  et  il 
convient  d'examiner  s'il  serait  sage  de  les  juxtaposer,  au  risquf 
de   faire   considérer  les   langues   comme   annexes   du    français. 


BULLETIN   DE  l'ASS0CL\T10N  195 

M.  Cart  s'est  coiitciitô  de  formuler  sa  quatrième  question.  C'est 
celle  sur  laquelle  je  serais  en  délicatesse  vis-à-vis  de  vous.  Je 
l'ai  dit  et  écrit  :  une  réforme  de  renseignement  est  indispensable 
dans  un  esprit  de  hardiesse,  une  refonte  totale  des  programmes, 
comportant  moins  de  surmenage  des  jeunes  santés  et  des  jeunes 
çsprits.  Si  nous  sommes  d'accord  pour  penser  que  des  sacrifices 
sont  nécessaires,  je  ne  vois  pas  pourquoi  les  langues  vivantes  en 
feraient  moins  que  l'intérêt  général  ne  le  demande.  Je  crois  qu'il 
n'y  a  pas  trop  d'heures  pour  la  langue  principale,  mais  je  crois 
possible  que  dans  cet  allégement  nécessaire,  la  seconde  langue 
doive  être  la  part  de  lest  à  jeter.  Je  ne  veux  pas  dire  qu'elle  soit 
toujours  inutile,  mais  je  crois  qu'en  moyenne  les  résultats  ne 
sont  pas  tels  qu'on  puisse  toujours  parler  d'un  succès  indéniable, 
et  qu'elle  prête  le  flanc  aux  volontés  homicides  des  rédacteurs  des 
programmes. 

En  ce  qui  concerne  la  cinquième  question,  qui  n'est  pas  encore 
venue  en  discussion,  je  dirai  en  mon  nom  personnel  que  je  ne 
crois  pas  que  pour  les  élèves  de  la  section  latine,,  l'étude  d'une 
langue  vivante  puisse  être  facultative  ;  car  une  langue  est  un 
instrument  indispensable  de  vie  pratique  et  de  culture,  et  je  ne 
vois  pas  sans  inquiétude  ce  que  serait  un  esprit  formé  par  le 
latin   et   qui   ne  connaîtrait   du   monde   moderne   que-  la   France. 

M.  Cart,  en  remerciante,  (^azamian  d'avoir  clairement  exposé  et 
délimité  la  doctrine  des  Compagnons  relativement  à  notre  ensei- 
gnement, constate  que  sur  un  bon  nombre  de  points  nous  serons 
d'accord  avec  eux. 

M.  Cheffaud  fait  à  nouveauv  remarquer  que  les  Compagnons  en 
sont   encore   à   la   période   de   discussion   et   d'hypothèse. 

M.  Goddrf  déclare  avoir  été  frappé  de  la  souplesse  de  la  doctrine, 
qui  a  toujours  fortement  évolué,  sur  les  questions  d'ensemble 
comme  sur  celles  de  détail.  •>  Ce  ne  sont  d'ailleurs  pas  les  ques- 
tions de  détail  qui  ont  préoccupé  le  plus  les  Compagnons,  mais 
les  questions  d'éducation.  Actuellement  ce  sont  des  problèmes 
d'organisation  technique  que  l'on  traite,  et  c'est  ce  qui  m'inquiète 
un  peu.  Ce'  qui  doit  survivre,  je  crois,  c'est  le  désir  de  réforme, 
qui  renouvellera  la  doctrine,  qui  l'adaptera  à  l'état  d'esprit  que 
nous  trouvons  autour  de  nous.  La  tâche  des  Compagnons  est 
actuellement,  par  une  propagande  active,  de  créer  cet  examen  de 
conscience  d'où  sortira  la  nouveauté,  non  pas  une  forme  seulement 
pédagogique,  mais  totale,  d'un  système  d'éducation  de  la  volonté. 
Tandis  que  les  quêtions  agitées  aujourd'hui  n'ont  pas  une  très 
grande   valeur.   •< 

M.  Delobel,  au  sujet  de  rcqui\alence  des  cultures  latines  ci 
modernes,  fait  remarquer  que  >■  l'expérience,  par  la  faute  du  recru- 
tement des  sections  scolaires,  n'est  pas  probante.  La  question  l.i 
plus  importante  est  celle  de  la  répartition  des  élèves  entre  les 
différents  modes  de  culture  ;  je  ne  vois  pas  d'argument  permettant 
de   se   décider  en   faveur  de   l'une   ou   de   l'autre  :    il   n'est    pas    de 


196  LES   LANGUES    MODERNES 

critérium,  parce  que  la  répartition  a  été  faite  à  un  âge  trop  ten- 
dre ;  ne  serait-il  pas  bon  de  la  retarder  jusqu'à  un  moment  où  les 
aptitudes   de   l'enfant   sont   visibles  ?  *» 

M.  Diipré,  ancien  président  de  l'Association,  rend  hommage  à 
l'élévation  de  vues  pédagogiques  de  M.  Cazamian  et  à  la  foi  qui 
l'anime.  Il  déplore  cependant  qu'à  une  époque  où  l'université  n'a 
pas  encore  eu  le  temps  de  se  remettre  des  coups  que  lui  ont  portés 
les  événements,  il  soit  encore  question  de  bouleverser  notre  plan 
d'études.  •  Le  système  scolaire  actuel  n'est  pas  aussi  mauvais 
qu'on  le  dit.  Il  y  aurait  lieu  sans  doute  d'y  apporter  des  l'etouches  : 
mais  ses  avantages  ne  sont  pas  négligeables  :  il  tient  compte  des 
goûts  et  des  aptitudes.  Les  circonstances  surtout  ont  créé  le  mal 
dont  nous  souffrons.  Trop  de  parents  se  désintéressent  du  travail 
de  leurs  enfants  :  les  enfants  eux-mêmes  sont  trop  souvent  dis- 
traits de  leur  travail.  La  discipline  devrait  être  plus  ferme  et  plus 
constante.  Les  examens  de  passage  sont  trop  souvent  une  simple 
formalité.  Ce  sont,  en  somme,  bien  plus  les  mœurs  que  les  pro- 
grammes qu'il  faudrait  réformer.  D'autre  part,  notre  prestige 
auprès  des  familles  pâtit  de  ce  qui  s'imprime  d'absurde  sur  notre 
compte  dans  les  journaux,  même  dans  les  grands.  Nous  ne  protes- 
tons pas  :  ne  devrions-nous  pas  avoir  dans  le  journalisme  des 
défenseurs  attitrés  de  la  cause  universitaire  ?  Le  plan  d'études 
de  1902,  après  tout,  a  formé  toute  une  génération  de  héros.  L'arbre 
a  fourni  des  fruits  de  grande  valeur.  Emondons-le,  s'il  le  faut  ; 
ne  l'abattons  pas,  surtout  après  une  période  de  désorganisation 
dont  les  résultats  exceptionnels  ne  peuvent   baser  un  jugement.   » 

La  question  est  )>osée  de  l'âge  d'entrée  dans  l'enseignement  secon- 
daire. M.  Girard  fait  remarquer  que  "  la  grande  difficulté  est  d'éta. 
blir  une  charnière  entre  l'école  primaire  et  le  lycée,  comme  plus 
tard  entre  le  lycée  et  la  faculté...  Nous  sommes  en  train  d'y  tra- 
vailler. Il  faut  tenir  compte  entre  autres  de  la  question  de  temps  : 
si  nous  retardons  l'âge  des  choix,  par  l'institution  d'une  année 
d'enseignement  commun  avant  la  spéciali.sation,  nous  aurons  des 
études  qui  dureront  éternellement.  L'enseignement  secondaire  ne 
doit  pas  en  effet  être  un  raccourci.  Nous  n'avons  enoore  que  des 
esquisses  de  solutions,  et  nous  sommes  heureux  d'avoir  l'avis  de 
tout  le  monde.  Mais  la  tendance  actuelle  est  d'admettre  l'institution 
de  cette  année  charnière...  II  est  en  tout  cas  difficile  de  dogmatiser, 
des  facteurs  importants  étant  aussi  le  rôle  du  père  de  famille,  les 
préférences    mêmes    de    l'enfant.    » 

M.  Dupré  demande  au  Président  dci  j^arlcr  ^e  la  mort  de  la  com- 
position en  langue  étrangère  ;  la  parole  lui  est  donnée.  Il  déplore 
la  disparition  de  cette  épreuve  et  —  sans  mettre  aucunement  en 
cause  la  bonne  foi  ni  le  désintéressement  de  ceux  qui  ont  milité 
contre  la  composition  —  que  bon  nombre  de  collègues  n'aient  pu 
voter,  n'étant  pas  démobilisés  ou  ayant  à  peine  repris  contact  avec 
leurs  élèves,  aient  négligé  de  le  faire.  Il  regrette  le  perpétuel 
besoin  de  changement  qui  se  manifeste,  après  avoir  nié  que  notre 
effort    ait    abouti    à    un    échec.    '■    L'argument    i)rincipal    sur    lequel 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  197 

on  s'est  appuyé  pour  tuer  la  composition,  à  savoir  qu'elle  donnait 
de  lamentables  résultats,  me  parait  extérieurement  faible.  La  plu- 
par"  des  versions  latines,  un  grand  nombre  de  dissertations  fran- 
çaises, sont  au-dessous  du  médiocre.  Quelques-unes  sont  exécrables, 
nulles.  Est-ce  que  les  professeurs  de  français  et  de  latin  deman- 
dent la  suppression  de  ces  épreuves  ?  Ils  s'en  gardent  bien.  Ce 
n'est  pas  à  nous  qu'il  convenait  de  faire  une  déclaration  de  fail- 
lite ;  s'il  y  a  eu  faillite,  ce  que  je  me  refuse  à  croire,  n'avons- 
nous  pas  notre  part  de  responsabilité  ?  S'il  y  a  eu  faillite,  nous 
avons  eu  le  tort  de  suivre  nos  élèves  dans  la  voie  <le  la  décadence 
scolaire.  Nous  n'aurions  jamais  dû  être  les  agents  du  nivellement 
par  en  bas.  >  M.  Dupré  incrimine  en  outre  le  choix  presque  exclu- 
sivement anecdotique  des  sujets  de  dissertation,  et  regrette  qu'on 
n'ait  pas  plus  souvent  choisi  ces  derniers  dans  les  matières  voisi- 
nes de  notre  enseignement,  histoire,  géographie  ou  littérature 
française.  «  Telle  qu'elle  était  en  tout  cas,  l'épreuve  supprimée 
était  la  moins  imparfaite  ;  elle  incitait  les  élèves  à  lire  beaucoup 
et  développait  leur  curiosité  d'esprit.  D'ailleurs,  nous  avions  déjà 
à  notre  disposition  la  version  et  le  thème,  dont  nous  aurions  pu 
user  en  philosophie  et  mathématiques  pour  préparer  entre  autres 
les  candidats  aux  grandes  écoles.  Nous  gardions  ainsi  tous  les  ins- 
truments propres  à  exercer  les  facultés  des  jeunes  gens.  Nos  ins- 
pecteurs généraux  avaient  ouvert  devant  nous  de  vastes  territoires 
à  défricher.  Bien  des  champs  étaient,  sans  nul  doute,  destinés  à 
demeurer  incultes,  mais  nous  avions,  au  moins,  la  joie  de  respirer 
l'air  vivifiant  des  grands  espaces...  Tout  d'un  coup,  notre  horizon 
s'est  rétréci...  Nos  classes,  je  veux  l'espérer,  ne  seront  jamais 
plongées  à  nouveau  dans  la  morne  pénombre  que  nous  avons  con- 
nue dans  notre  adolescence.  Mais  elles  ne  recevront  plus  en  aussi 
grande  abondance  ces  ondes  de  lumière  venues  du  dehors  qui  leur 
donnaient  une  physionomie  riantq  et  originale  ;  car  de  nos  propres 
mains,  nous  avons  fermé  bien  des  fenêtres  ouvertes  sur  la  vie 
extérieure  ;  ce  qui  me  console,  c'est  la  pensée  que  très  probable- 
ment, un  jour  ou  l'autre,  la  composition  ressviscitera,  quand  ou 
aura  une  fois  de  plus  constaté  l'insuflisance  de  la  version  et  du 
thème.   » 

M.  Legouis,  s'associant  à  ces  regrets,  déplore  la  hâte  avec 
laquelle  la  mesure  a  été  prise.  <<  Nous  avons  reçu  un  jour  un 
papier  du  ministère  nous  demandant  de  nous  réunir  le  surlende- 
main. Nous  n'avions  pas  le  temps  de  nous  compter,  nous  ne  savions 
même  pas  quel  était  le  projet.  Il  s'agissait  alors  de  la  version  et 
non  du  thème.  Ce  qui  fut  significatif,  c'est  l'attitude  opposée  des 
examinateurs  des  diverses  langues.  Les  germanisants  ont  été  una- 
nimes à  déclarer  que  l'épreuve  sous  la  forme  de  dissertation  alle- 
mande, était  nulle  et  devait  être  changée.  Les  professeurs  d'anglais, 
de  tempéraments  très  différents,  ont  déclaré  que  cela  ne  répondait 
pas  à  leurs  propres  observations,  que  les  copies  reçues  n'étaient 
sanâ"  doute  pa^  de^  chefs-d'œuvre,  mais  que  cela  n'était  rien  auprès 
du  grand  fait  qu'en  quinze  ans,  on  était  arrivé  à  rendre  des  élèves 


198  LES   LANGUES    MODERNES 

de  17  ans  capables  d'écrire  deux  ou  trois  pages  en  une  langue 
étrangère,  ce  dont  nous  aurions  été  incapables  :  j'ai  été  trente-cinq 
ans  examinateuP  et  je  puis  faire  la  comparaison...  Une  constata- 
tion qui  s'impose  en  outre  me  semble  être  la  nécessité  de  tenir 
compte  des  différences  profondes  entre  les  deux  langues  en  insti- 
tuant des  épreuves  différentes...  La  réunion  convoquée  dans  les 
conditions  que  j'ai  indiquées  eut  pour  effet  que  nous  nous  associâ- 
mes aux  vœux  des  professeurs  de  langues  vivantes  qui  deman- 
daient la  version...   >■ 

Après  M.  Dansac,  M.  Marchand  s'associe  aux  regrets  exprimés 
au  sujet  de  la  suppression  de  la  dissertation.  <■  Elle  équivaut  à  la 
mort  de  l'enseignement  des  langues.  Nous  avons  nous-mêmes 
commencé  par  le  thème  et  la  version,  et  nous  pensons  que  l'ensei- 
gnement est  devenu  vivant  quand  on  a  adopté  la  dissertation, 
forme  écrite  de  la  conversation.  Il  arrivera  que  si  cet  exercice  qui 
subsiste  théoriquement,  n'est  pas  sanctionné  par  une  épreuve, 
professeurs  et  élèves  l'abandonneront.  Avant  de  changer  d'avis, 
il   eût   mieux   valu   examiner  scientifiquement   le   problème.   » 

M.  Rancès,  délégué  au  Conseil  supérieur,  expose  alors  très  en 
détail  comment  et  dans  quel  esprit  la  modification  de  l'épreuve 
avait  été  décidée,  et  fait  ressortir  l'inexactitude  de  toute  interpré- 
tation selon  laquelle  cette  mesure  correspondrait  dans  l'esprit  du 
Conseil,  à  un  désaveu  de  la  méthode  inaugurée  en  1902  (li. 

Le  Président  demande  à  M.  l'Inspecteur  Général  Guillaume,  qui 
assistait  aux  débats,  de  bien  vouloir  donner  son  avis  au  sujet  des 
inquiétudes  qui  s'étaient  manifestées  à  cet  égard'  ;  et  M.  l'Inspec- 
teur général  Guillaume  s'exprime  ainsi  qu'il   suit  : 

"   Mes  chers  collègles, 

"  Cette  discussion  ne  fait  que  confirmer  ce  que  je  savais  déjà. 
Vous  avez  été  émus  de  la  récente  décision  du  Conseil  supérieur. 
Nous  aussi.  Cette  émotion  doit-elle  être  mêlée  d'inquiétude  ?  Je  ne 
le  crois  pas.  Rien  n'est  changé  qu'une  épreuve  d'examen,  et  la  nou- 
velle é|)reuve  n'est  pas  dcl  nature  à  affaiblir  notre  enseignement,  ni 
à  en  modifier  l'esprit.  Il  reste  ce  que  l'ont  fait  la  réforme  de  1902 
et  dix-sept  ans  d'expérience.  C'est  ce  qu'expliquera  prochainement 
une  circulaire  officielle  :  c'est  ce  que  j'ai  tenu  à  venir  vous  dire 
dès  aujourd'hui,  au  nom  de  l'Inspection  générale  et  de  la  direction 
de  l'enseignement   secondaire.   » 

L'assemblée  vote  alors  l'ordre  du  Jour  suivant,  à  l'unanimité 
moins  une  voix  : 

'■  Les  professeurs  de  Langues  Vivantes,  assemblés  en  réunion 
|)édagogique  au  lycée  Louis-le-Grand  le  26  février  1920,  après  avoir 


(1)  ^'oir  dans  les  Langues  Modernes  (mars-avril  1920.  pp.  102-  ^ 
110),  le  compte  rendu  donné  par  M.  Hancès  de  la  séance  du  Conseil  '- 
Sui)éricur  où   la  version  et   le  tlièinc  furent   adoptés  comme   épreu- 

^•cs. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  199 

entendu  l'exposé  de  leur  représentant  au  Conseil  supérieur  et  après 
une  discussion  à  laquelle  a  pris  part  M.  l'Inspecteur  Général  Guil- 
laume, expriment  leur  conviction  que  les  nouvelles  épreuves  de 
Langues  Vivantes  au  baccalauréat  ne  changent  rien  à  l'orientation 
et  à  l'esprit  général  de  leur  enseignement.  >> 
La  séance  est  le\ée  à  six  heures  et  demie. 


L'Etude  de  l'Allemand 

La  Commission  chargée  d'examiner  la  situation  des  études 
d'iillemand  s'est  réunie  le  27  mars.  Elle  a  pris  connaissance 
des  renseignements  déjà  fournis  par  un  certain  nombre  de 
collègues.  Elle  a  enregistré  avec  satisfaction  la  décision  du 
Ministre  de  la  guerre  qui  rend  l'allemand  et  l'anglais  obliga- 
loires  au  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr  ù 
partir  de  1923,  et  s'est  occupée  de  la  situation  qui  en  résulte 
pour  l'enseignement. 

La  Commission  a  décidé  l'envoi  d'une  lettre  au  Temps 
pour  répondre  aux  assertions  d'un  article  paru  le  24  mars, 
.qui   critiquait  la  décision  mentionnée  ci-dessus. 

Elle  a  transmis  au  Président  de  l'Association,  avec  prière 
d'intervenir  auprès  de  l'Administration  supérieure,  les  mesu- 
res défavorables  à  l'enseignement  de  l'allemand  qui  lui 
avaient  été  signalées  par  quelques  collègues.  La  note  parue 
dans  le  Bulletin  mars-avril,  page  171,  a  déjà  fait  connaître 
que  le  ministère  avait  recommandé  à  tous  les  Inspecteurs 
généraux  de  mener  une  active  campagne  auprès  des  chefs 
d'établissement  pour  qu'ils  empêchent  les  élèves  d'aban- 
donner l'allemand.  Il  résulte  d'ailleurs  des  renseignements 
recueillis  que  la  rentrée  d'octobre  1910  a  marqué,  en  général, 
dans  les  classes  de  6',  une  augmentation  des  élèves  d'alle- 
mand, mais  cette  légère  amélioration  ne  permet  pas  encore 
d'envisager  l'avenir  avec  confiance. 

La  "Commission  a  émis  le  vœu  que  les  examinateurs  pour 
les  différentes  langues  au  baccalauréat  ou  aux  examens  de 
l'enseignement  primaire  soient  invités  à  se  concerter  sur 
le  choix  des  sujets  et  la  correction  des  compositions,  afin  que 
les  épreuves  dans  les  différentes  langues  présentent,  soit  par 
les  sujets,  soit  par  les  principes  adoptés  pour  la  correction, 
un  égal  degré  de  difficulté.  Ce  système,  déjà  en  vigueur  dans 
l'Académie  de  Poitiers,  y  a  donné  de  très  bons  résultats  (1). 

(1)  Ce  vœu  a  été  porté  à  la  connaissance  de  MM.  les  Directeurs  de 
TEnseignement  secondaire  et  primaire. 


200  LES   LANGUES    MODERNES 

La  Commission  a  envisagé  la  publication  dans  la  presse 
quotidienne  d'articles  où  seraient  exposées  les  raisons  pour 
lesquelles  l'étude  de  l'allemand  ne  peut  être  négligée,  tout 
en  restant  dans  un  juste  équilibre  avec  les  autres  langues. 
Elle  sera  reconnaissante  aux  collègues  qui  pourraient  agir 
de  même  dans  la  presse  départementale  et  se  met  à  leur  dis- 
position pour  leur  fournir  la  documentation  nécessaire.  Elle 
signale  à  ceux  qui  sont  chargés  du  discours  d'usage  à  la  distri- 
bution des  prix  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  attirer  sur  cette 
question  l'attention  des  familles.  Dans  les  villes  où  existe  une 
Association  de  parents  d'élèves,  il  serait  bon  que  les  pro- 
fesseurs entrent  en  relations  avec  elle  ;  de  même  avec  les 
Associations  d'anciens  élèves. 

La  Commission  remercie  très  vivement  les  collègues  qui 
ont  bien  voulu  lui  adresser  des  renseignements  et  des  sug- 
gestions. S'il  ne  lui  est  pas  possible  de  répondre  à  chacun 
d'eux,  leurs  lettres  sont  attentivement  dépouillées  et  seront 
utilisées  pour  le  travail  de  la  Commission.  Rien  ne  peut  être 
plus  précieux  que  cette  documentation  tirée  de  l'expérience. 
La  Commission  renouvelle  donc  à  tous  les  professeurs  de 
langues  vivantes  l'appel  publié  dans  le  Bulletin  de  mars- 
avril,  page  87.  Elle  les  prie  en  particulier  :  1"  de  donner  des 
chiffres  précis,  noHimment  de  fournir  autant  que  possible  la 
répartition  des  élèves  de  6'  A  et  B  entre  l'allemand  et  l'an- 
(flais  en  octobre  19t3  et  en  octobre  1919  ;  2°  en  raison  de 
l'obligation  des  deux  langues  pour  les  candidats  aux  grandes 
écoles,  d'étudier  comment  leur  acquisition  peut  être  obtenue 
sans  surcharger  les  élèves  des  section  A    et  C. 

Prière  d'adresser  les  communications  à  M.  Delobel,  pro- 
fesseur au  lycée  Voltaire,  33,  rue  Jacob,  Paris  G''. 

Le  Comité. 


Témoignages  étoujfés 

-'^oiis  rc}iroduisons  ci-dessous  deux  lettres  adressées  ])ar  noire 
président,  M.  Veillet-Lavallée,  au  directeur  du  Temps,  au  sujet 
d'articles  pul)liés  dans  ce  journal.  Le  Temps  qui  amût  ouùert  lar- 
gement ses  colonnes  aux  adversaires  de  l'enseignement  des  lan-  ^ 
(jues  vivantes,  n'a  pas  inséré  ces  lettres,  refusant  ainsi  de  faire  '. 
connaître  à  ses  lecteurs  l'opinion  contraire.  Nos  collègues  appré- 
cieront   '   t'imparlialité   »   dont  il  fait  i)reuve  à  leur  égard. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  •  201 

I 

MONSIELII     LE     DlMECTELJt, 

Le  •■  Temps  »  du  24  mars  a  publié  sous  le  titre  «  Une  décision 
contestable  »  un  article  sur  les  langues  vivantes  au  concours  de 
Polytechnique  et  de  St-Cyr.  L'auteur  proteste  contre  la  décision 
du  Ministre  de  la  guerre  qui  exige  des  candidats,  à  compter  de 
1923,  la  connaissance  obligatoire  de  l'allemand  et  de  l'anglais. 
Pcrniettez-nioi  de  présenter  à  \  os  lecteurs  des  considérations  dif- 
férentes. 

Sur  les  raisons  de  droit  qu'il  invoque,  je  n'insisterai  pas.  L'au- 
teur de  l'article  qui  semble  connaître  de  très  près  le  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'Ecole  polytechnique  s'appuie  sur  des  délibé- 
rations que  le  public  ignore  et  sur  lesquelles  il  est  par  suite  dif- 
ficile de  disoiiter.  Mais  il  ressort  de  son  exposé  même  que  le 
Conseil  ne  s'est  prononcé  contre  l'obligation  des  deux  langues 
qu'en  ce  qui  concerne  les  études  intérieures  de  l'Ecole.  Pourquoi, 
en  effet,  aurait-il  e-xigé  que  les  élèves  apprennent  deux  langues 
à  l'Ecole  alors  qu'ils  n'étaient  tenus  que  d'en  savoir  une  pour  le 
concours  d'entrée  ?  C'est  d'abord  pour  ce  concours  que  doit  se  poser 
la  question   des   deux   langues. 

Une  considération  domine  tout  le  débat.  Laisser  aux  candidats 
le  choix  entre  l'allemand  et  l'anglais,  comme  on  l'îfsait  fait 
depuis  1916,  c'était  rompre  l'équilibre  entre  les  deux  langues. 
Sous  prétexte  que  l'anglais  était  plus  facile,  nos  élèves,  candidats 
aux  écoles,  désertaient  les  classes  d'allemand.  Le  mouvement  de 
sentiment,  commencé  en  1914,  avait  été  renforcé  par  la  décision 
de  1916.  Pouvait-on  admettre  que  de  futurs  ofiBciers,  de  futurs 
ingénieurs  puissent  ignorer  et  l'allemand  et  l'Allemagne  ?  Le 
Ministre  ne  l'a  pas  pensé  ;  il  a  considéré  que  cette  ignorance  serait 
un  péril  national.  Mais  quelle  mesure  prendre  ?  Rétablir  le  statu 
qiio  et  décréter  l'allemand  seule  langue  obligatoire  comme  avant 
1916  ;  c'eût  été  méconnaître  la  nouvelle  situation  de  la  France, 
les  liens  qui  l'unissent  et  doivent  l'unir  de  plus  eu  plus  à  l'An- 
gleterre et  aux  Etats-Unis  ;  l'anglais  est  devenu  pour  nos  officiers, 
nos  ingénieurs,  aussi  indispensable  que  l'allemand.  Un  coefficient 
différent,  donnant  un  avantage  à  1  allemand,  n'aurait  pas  suffi  à 
en  développer  l'étude.  Le  Ministre  s'est  arrêté  à  la  solution  la 
plus  raisonnable  :  l'obligation  des  deux  langues.  Votre  collabora- 
teur craint  que  nos  élèves  ne  puissent  les  apprendre  sans  que 
leur  culture  générale  soit  compromise,  sans  que  leur  travail 
subisse  une  surcharge  excessive  !  Pour  résoudre  ces  questions,  il 
ne  faut  pas  se  contenter  de  les  considérer  en  elles-mêmes,  il  faut 
It's  placer  dans  le   plan   général   des   études. 

Au  moment  où  la  réorganisation  de  l'enseignement  national  se 
pose  toute  entière,  il  est  un  peu  vain  de  continuer  à  conxparer 
les  mérites  respectifs  des  sections  A,  B,  C  ou  D,  et  de  ne  pas  recon- 
naître   qu'un    même    degré    de    culture    générale    peut    être    atteint 

14. 


202  ^         LES   LANGUES    MODERNES 

par  des  moA-ens  différents.  Les  jurys  d'admission  seront,  je  pense, 
toujours   à   même   de   reconnaître   leurs   élus. 

De  même,  la  surcharge  qui  résulterait  de  l'étude  d'une  seconde 
langue  n'existerait  que  si  l'on  se  contentait  de  la  superposer  aux 
programmes  des  sections  A  et  C.  Les  professeurs  de  langues  vivan- 
tes ne  sont  pas  si  gourmands.  Ils  savent  très  bien  eux  aussi  que 
«  le  cerveau  des  jeunes  gens  n'est  pas  extensible  au  commande- 
ment ».  Ils  seront  tout  disposés  à  agencer  leurs  horaires,  leurs 
programmes  et  leurs  méthodes  de  manière  à  faciliter  à  leurs 
élèves  l'acquisition  de  deux  langues  sans  surcharge  fâcheuse. 
Mais  ils  demandent  à  leur  collègues  des  autres  spécialités  de 
faire  preuve  d'une  égale  bonne  volonté  pour  transformer,  et  il 
faut  entendre  par  là,  pour  réduire  nos  programmes.  Faire  un  choix 
judicieux  parmi  les  connaissances  au  lieu  d'en  entasser  le  plus  pos- 
sible dans  les  cerveaux,  les  présenter  par  les  méthodes  les  plus 
actives  et  les  plus  hautement  éducatives,  c'est  le  problème  de 
l'heure  présente.  Nul  doute  que  les  professeurs  de  langues  vivantes 
ne  soient  capables  de  le  résoudre  en  ce  qui  les  concerne  et  de 
rendre  au  pajs  le  service  de  donner  à  nos  officiers  et  à  nos  ingé- 
nieurs la  connaissance  de  deux  langues  essentielles. 

Veuillez    agréer,... 

II 

Lettre  adressée  au  journal  <■  Le  Temps  »  en  réponse  à  un  arti- 
cle sur  les  récentes  réformes  des  épreuves  de  langues  vivantes  au 
Baccalauréat.    Cet   article    se   terminait   ainsi  : 

»  Ces  décisions  diverses  ont  un  sens  auquel  il  convient  de  prêter 
attention.  En  éliminant  la  composition  libre,  même  inspirée  par 
le  sujet  de  la  version,  le  conseil  a  voulu  sans  doute  supprimer  une 
épreuve  de  délayage  creux  et  trop  souvent  incorrect.  Surtout,  ren- 
dant à  la  version  et  au  thème  leur  place  nécessaire,  il  en  arrive 
à  une  mise  au  point  de  la  "  méthode  directe  ».  Il  remet  en 
honneur  la  traduction  écrite  et  restitue  aux  connaissances  gram- 
maticales leur  im])ortance  intellectuelle.  Cela  revient  à  reconnaître 
en  grande  partie  la  justesse  des  objections  faites,  depuis  1902,  à 
l'application  de  doctrines  outrancières  que  venaient  promulguer 
jusque  chez  nous  les  pédagogues  teutons,  avec  l'autoritarisme 
hautain   qui,   en   ce   temps-là,  en   imposait  au   monde.   » 


Lettre   du    PnÉsmENT  : 

Paris,  le  17  février  1920 

M.  le  Rédacteur  en  chef  du  journal   "   Le  Temps  » 

Monsieur, 
Les     Professeurs    de    langues    vivantes,    qui    ont     appliqué     avec 
conviction     et     avec    succès    les    méthodes    pédagogiques    mises    enjj 

\ 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  203 

vigueur  à  la  suite  de  la  réforme  de  1902  n'ont  pas  lu  sans  une 
certaine  tristesse  l'entrefilet  paru  dans  votre  numéro  du  4  février 
au  sujet  de  la  dernière  réunion  du  Conseil  supérieur  de  l'Instruc- 
tion Publique.  Beaucoup  d'entre  ces  maîtres  sont  des  abonnés  sinon 
des  amis  de  votre  journal  ;  il  leur  a  été  pénible  de  trouver  dans 
le  Temps  des  imputations  aussi  injustes  à  l'égard  de  leurs  doctri- 
nes d'enseignement,  »  doctrines  outrancières,  a  écrit  votre  rédac- 
teur, que  venaient  promulguer  jusque  chez  nous  les  pédagogues 
teutons  avec  l'autoritarisme  hautain  qui  en  ces  temps-là,  en  impo- 
sait au   monde.» 

Les  Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  France  et  leurs  chefs 
universitaires  n'ont  pas  eu  besoin  en  1902  de  recevoir  un  mot 
d'ordre  de  la  pédagogie  allemande.  La  méthode  dite  directe  ou 
vivante,  adoptée  par  eux  est  vieille  comme  le  monde.  Chez  nous, 
elle  eut  de  l'ombieux  adeptes  aux  siècles  passée  :  Montaigne, 
Dumassais,  Dalembert,  pour  n'en  citer  que  quelques-uns  ;  les 
.Jésuites,  qui  n'étaient  pas  de  médiocres  pédagogues,  l'employaient 
pour  enseigner  le  latin  à  leurs  élèves.  Mais  ce  n'est  point  ici  ie 
lieu  de  faire  l'historique  de  la  question.  Toutefois,  j.e  dois  rappeler 
que  beaucoup  de  professeurs  et  de  savants  étrangers  sont  venus 
notamment  d'Outre-Rhin,  avant  la  guerre,  visiter  nos  établisse- 
ments d'instruction  publics  et  privés  ;  ils  n'ont  pas  dissimulé  leur 
admiration  pour  les  résultats  obtenus,  pas  plus  que  leur  intention 
de  s'inspirer  de  nos  méthodes.  Au  Congrès  International  de  Pro- 
fesseurs de  Langues  Vivantes  organisé  avec  éclat  à  Paris  en  1909 
par  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Ensei- 
gnement Public,  l'excellence  des  procédés  employés  fut  reconnue 
et  proclamée.  La  modification  introduite  récemment  par  le  Con- 
seil supérieur  dans  les  épreuves  de  Langues  Vivantes  au  Baccalau- 
réat ne  touche  en  aucune  façon  la  question  des  méthodes  en 
usage  dans  les  classes.  L'enseignement  des  Langues  Vivantes  res- 
tera ce  qu'il  est  devenu  depuis  les  réformes  :  actif  et  vivant, 
pour  le  plus  grand  bien  de  la  formation  linguistique  des  jeunes 
Français  et  de  leur  culture   intellectuelle   et  morale. 

Les  Universitaires  français  ne  sauraient  accepter  l'accusation 
de  s'être  mis  à  la  remorque  de  ceux  qui  étaient  alors  leurs  collè- 
gues allemands  et  nous  espérons.  Monsieur  le  Rédacteur  en  chef, 
que  vous  v^oudrez  bien,  en  accordant  l'hospitalité  à  cette  petite 
note,  donner  un  nouveau  témoignage  de  ce  libéralisme  de  pensée 
et  de  cette  sympathie  pour  le  monde  et  les  choses  de  l'enseigne- 
ment que   l'on   s'est  toujours   plu   à   reconnaître   dans  le   Temps. 

Veuillez    agréer,    etc.. 

Ch.    Yeillet-LavaUée> 
Président  de   l'Association   des  Professeurs   de   L.   V. 
de    l'Enseignement  Public. 


204  LES    LANGUES    MODERNES 

Section  Régionale  de  Toulouse 

Assemblée  générale  du  21   Mars  1920 

A  la  suite  d'un  appel  adressé  par  les  Professeui's  de  L.  V.  du 
Lycée  de  Toulouse  à  leurs  Collègues  de  l'Académie,  en  vue  de 
réorganiser  la  Section  Régionale  dont  l'action  avait  été  interrom- 
pue par  les  années  de  guerre,  une  Assemblée  générale  a  été  orga- 
nisée le  dimanche  21  mars  dans  la  salle  des  Professeurs  du  Lycée 
de  Toulouse. 

Le  Secrétaire,  prenant  provisoirement  la  présidence,  remercie  les 
Professeurs  qui  ont  bien  voulu  répondre  à  cet  appel  et  en  parti- 
culier les  collègues  de  l'Enseignement  féminin  et  des  Langues 
Méridionales  qui  ont  envoyé  de  nombreuses  adhésions  au  groupei- 
ment    régional. 

Considérant  l'étendue  des  deux  Académies  de  Toulouse  et  de 
Montiiellier,  la  difficulté  toujours  croissante  des  communications, 
l'impossibilité  actuelle  de  réunir  les  professeurs  des  deux  Acadé- 
mies, et  la  nécessité  de  provoquer  des  réunions  plus  fréquentes 
du  groupement,  l'Assemblée  décide  de  ne  comprendre  dans  la 
Régionale  que  les  établissements  de  l'Académie  de  Toulouse.  Il  est 
cependant  établi  que  les  collègues  des  Académies  voisines  seront 
admis  à  titre  individuel  comme  membres  de  la  Régionale  de  Tou- 
louse, en  attendant  la  formation  très  désirable  d'une  section 
ré'gionale  dans  leur  Académie. 

Les  statuts  de  la  Régionale,  votés  à  la  réunion  du  20  juin  1912 
sont  en  conséquence  modifiés  comme   suit  : 

Article  premier.  —  Il  est  créé  dans  l'.^cadémie  de  Toulouse  un 
groupe  régional  des  Professeurs  de  L.  V.  Ce  groupe  se  rattache 
directement  à  l'Association  des  Professeurs  de  L.  V.  de  l'Enseigne- 
ment public  dont  il  reconnaît  les  statuts  généraux. 

Le  groupe  régional  pourra  accepter  comme  membres  honoraires 
les  personnes  ou  les  groupements  s'intéressant  à  l'Enseignement 
des  L.  V.  moyennant  un  minimum  de  cotisation  annuelle  de 
cinq   francs. 

Les  membres  actifs  de  la  Section  Régionale  paient  une  cotisation 
annuelle  de  dix  francs,  par  laquelle  ils  se  trouvejit  affiliés  de 
droit  à  r.\ssociation  des  Professeurs  de  L.  V.  de  rEnscignement 
public  dont  ils  reçoivent  le  bulletin  «  Les  Langues  Modernes  ». 
Aucune  cotisation  supplémentaire  n'est  demandée  aux  adhérents, 
les  frais  de  la  Régionale  étant  couverts  par  les  ristournes  consen- 
ties par  l'Association  sur  les  cotisations  de  ses  membres. 
Art.  2.  —  Le  groupe  a   pour  but  : 

a)  de  resserrer  les  liens  de  solidarité  universitaire  entre  les 
Professeurs  de  L.  V.  des  trois  ordres  d'enseignement  dans  H'Aca- 
démie   de   Toulouse  ; 

h)  de  défendre  les  intérêts  professionnels,  matériels  et  moraux 
de   ses   membres  ; 


BULLETIN    DE    l'aSS0CL\T10N  205 

CI  de  tenir  ses  adhérents  au  eourant  des  faits  et  des  idées  qui 
peuvent    intéresser   les    Professeurs   de   L.   V.  ; 

d)  de  centraliser  tous  les  renseignements  pouvant  intéresser  les 
Professeurs   de   L.   V.   de   l'Académie. 

Art.  3.  —  Le  groupe  est  administré  par  un  bureau  se  com- 
posant d'un  Président,  de  deux  vice-présidents,  d'un  secrétaire- 
trésorier,  assisté  d'un  Comité  composé  de  six  membres.  Le  Comité 
comprendra  un  représentant  des  trois  ordres  d'enseignement  et  de 
chaque  catégorie  de  professeurs,  à  savoir  :  Enseignement  féminin, 
Enseignement  Supérieur,  Professeurs  agrégés.  Professeurs  chargés 
de   cours.   Professeurs   de   collèges.   Enseignement   primaire. 

Les  membres  du  Bureau  sont  élus  en  Assemblée  générale  tous 
les  ans  au  scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue  des  membres 
présents.  Si  au  premier  tour  de  scrutin,  la  majorité  n'est  pas 
atteinte,  il  sera  procédé  à  un  second  tour  où  la  majorité  relative 
suffira.  Le  vote  par  lettre  et  par  procuration  est  admis. 

Chaque  catégorie  de  professeurs  désignera  son  représentant  au 
Comité. 

Art.  4.  —  Tous  les  ans,  une  réunion  générale  aura  lieu  pen- 
dant le  premier  trimestre  dans  la  ville  fixée  par  l'Assemblée  géné- 
rale précédente. 

Art.  '5.  —  L'ordre  du  jour  des  réunions  générales  sera  arrêté 
quinze  jours  au  moins  avant  la  date  fixée  pour  la  réunion. 

Art.  6.  —  Sont  inscrites  à  l'ordre  du  jour  toutes  les  questions 
présentées   par  l'un   des   membres  du  bureau  ou  du  Comité. 

Art.  7.  —  Le  Bureau  pourra  convoquer  les  membres  de  la 
Section    Régionale   toutes   les   fdis   qu'il    estimera    devoir   le    faire. 

Art.  8.  —  La  dissolution  du  groupe  ne  pourra  être  prononcée 
qu'en  Assemblée  générale  aux  deux  tiers  des  voix  des  membres 
inscrits. 

Les  statuts  ci-dessus  étant  adoptés.  l'Assemblée  procède  à 
l'élection  du  bureau  et  du  Comité  de  la  Section  Pvégionale  de 
Toulouse. 

Sont  élus  : 

Président  :  M.  Loiseau,  Professeur  de  Langue  et  Littérature 
allemandes   à    l'Université    de    Toulouse. 

Vice-Présidents  :  M.  Mérimée,  Professeur  de  Langue  et  Littéra- 
ture Espagnoles  à  l'Université  de  Toulouse  ;  Mlle  Mayrand,  Pro- 
fesseur d'anglais  au  Lycée  de  jeunes  filles  de  Toulouse.. 

Secrétaire-Trésorier  :  M.  Oranger,  Professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Le   Comité   a   été  composé   comme   suit  : 

Enseignement  féminin  :  Mlle  East,  Professeur  d'anglais  à 
l'Ecole  P.  S.  de  jeunes  filles  de  Toulouse. 

Enseignement  supérieur  :  M.  Duméril,  Professeur  de  Langue  et 
Littérature    anglaises   à    l'Université    de    Toulouse. 


206  LES   LANGUES    MODERNES 

Professeurs  agrégés  :  M.  Escai-ti,  Professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Professeurs  chargés  de  cours  :  M.  Jalabert,  Professeur  d'aMc- 
mand   au   Lycée   de  Toulouse. 

Professeurs   de   collèges  ;   X. 

Enseignement  primaire  :  M.  Py,  Professeur  d'espagnol  à  FEcole 
P.   S.  de  Castres. 

Sont  élus  comme  représentants  de  la  Régionale  auprès  du 
Comité  de  l'Association  des  Professeurs  de  L.  V.  de  l'Enseignement 
Public  (Art.  10,  par.  5  des  statuts  de  l'Association)  : 

MM.  Hilleret,  Professeur  d'anglais  au  Lycée  de  Toulouse  ;  Py, 
Professeur  d'espagnol  à  l'Ecole  P.  S.  de  Castres. 

L'Assemblée  aborde  ensuite  l'étude  des  questions  portées  à  l'or- 
dre du  jour  de  la   réunion  : 

1°  Décision  du  Conseil  Supérieur  au  sujet  de  la  modification  des 
épreuoes  de  L.  V.  aux  examens  du  baccalauréat  {Thème  d'imi- 
tation). 

Après  l'exposé  de  la  question  et  discussion,  l'Assemblée  émet  le 
vœu  suivant  : 

La  Régionale  des  Professeurs  de  L.  V.  de  l'Académie  de  Toulouse, 
saisie  de  la  décision  du  Conseil  Supérieur  relative  aux  épreuves 
de  langues  vivantes, 

a)  proteste  contre  le  fait  que  la  décision  touchant  la  2'  épreuve, 
ait  pu  être  prise  conti'e  l'avis  de  la  majorité  des  Professeurs  inté- 
ressés ; 

h)  déclare  que  l'épreuve  du  thème  d'imitation  risque  d'être 
insuffisamment   probante,   au   moins   pour   certaines  langues  ; 

c)  estime  d'ailleurs  qu'il  y  aui'ait  lieu  d'établir  des  épreuves 
différentes  i)our  les  diverses  langues  dont  la  difficulté  est  si  inégale 
du    point    de    vue    scolaire  ; 

d)  demande  que  la  décision  du  Conseil  supérieur  soit  rapportée 
et   la  question  remise   à  l'étude. 

2"  Les  Cycles  et  les  Sections  dans  l'Enseignenient  Secondaire.  — 
La  Méthode  directe. 

a)  Cycles  et  Sections. 

Les  Professeurs  de  L.  V.  de  la  Régionale  de  l'Acadénaie  de  Tou- 
louse, émus  des  accusations  portées  contre  l'Enseignement  des 
L.  V.  rendues  injustement  responsables  de  la  faiblesse  des  sections 
B  et  I),  persuadés  que  cette  faiblesse  n'est  imputable  qu'à  la 
défectuosité  du  recrutement  actuel  de  ces  sections,  vers  lesquelles 
l'Administration  oriente  trop  souvent  les  élèves  faibles,  peu  doués, 
ou  retardataires  ; 

Considérant  que  les  L.  V.  ont  une  valeur  éducative  indéniable 
et  peuvent  ap|)()rter  une  contribution  efficace  à  la  culture  géné- 
rale ; 

Considérant  que  la  guerre  a  fait  apparaître  plus  impérieusement 
que  jamais  la   nécessité  de  connaître  les  langues   étrangères;  ; 


I 


BULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  207 

Emettent   le   vœu. 

Que  soit  erééc,  dans  la  réorganisation  projetée  de  l'Enseigne- 
ment secondaire  une  section  sans  latin  qui  sera  véritablement  une 
section  d'humanités  modernes  et  dans  laquelle  les  L.  V.  seront 
appelées  à  apporter  à  la  culture  générale  l'appoint  que  Ton  pré- 
tend réclamer  des  seules  langues  mortes. 

h)  La  méthode  directe. 

M.  Bertrand  (Toulouse)   présente   les  observations   suivantes  : 

1"  Il  montre  que  la  méthode  directe  a  été  l'objet  de  diverses 
critiques  : 

«)  Critique  des  humanistes  :  c'est  une  école  d'imprécision  et  d'à 
peu  près,  nuisible  à  la  culture  générale  ; 

b\  Critique  des  spécialistes  :  la  méthode  strictement  directe  n'a 
pas  donné  tous  les  résultats  attendus  (nous  avons  en  effet  cons- 
taté l'insuffisance  grammaticale  et  la  faiblesse  générale  de  nos 
candidats). 

2"    Il   pose   ensuite   en   principe   que  : 

a)  Les  L.  V.  ne  sauraient  être  équitablement  rendues  responsa- 
bles par  nos  collègues  de  lettres  de  l'insuffisance  des  résultats  de 
leur  propre  enseignement  ; 

b)  que  les  résultats  acquis  pour  les  L.  V.,  si  inégaux  soient-ils, 
n'en  sont  pas  moins  considérables  ;  qu'on  sait  beaucoup  plus  et 
beaucoup  mieux  les  L.  V.  que  jadis  ;  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  reve- 
nir à  l'ancienne  méthode  grammaticale  ;  que  les  résultats  sont  et 
doivent  forcément  être  différents  suivant  qu'il  s'agit  de  l'anglais, 
de  l'allemand  ou  des  langues  méridionales  ;  que  les  résultats 
varient  suivant  les  professeurs,  leurs  procédés,  les  classes  et  leur 
composition,  que  les  résultats  seraient  meilleurs  si  notre  ensei- 
gnement était  organisé  avec  plus  d'homogénéité  et  plus  de  bien- 
veillance ; 

(•)  que  dans  les  applications  du  principe  de  la  méthode  directe, 
on  a  souvent  dépassé  la  saine  mesure.,  que  cette  méthode  ne 
constitue  pas  un  système  intangible,  applicable  sans  nuances 
à  tout  et  à  tous  ;  que  les  langues  synthétiques  ne  sauraient  user 
des  mêmes  procédés  que  les  langues  analytiques  ;  que  la  gram- 
maire, quand  elle  est  complexe,  doit  faire  l'objet  d'un  enseigne- 
ment grammatical  particulièrement  développé  ;  qu'exclure  la  lan- 
gue française  de  l'enseignement  des  L.  V.  est  d'un  sectarisme  dan- 
gereux ; 

3°   Il   conclut   que  : 

La  méthode  directe  a  donné  des  résultats  variables,  mais  impor- 
tants et  qu'il  faut  sauvegarder  ;  qu'elle  est  susceptible  d'amélio- 
rations ;  qu'il  n'j'  a  pas  de  méthode  absolue  et  souveraine  et  qu'au 
lieu  d'imposer  une  doctrine  intangible,  l'Administration  devrait 
se  borner  à  donner  des  directives  générales  conçues  dans  un  esprit 
de  large  libéralisme,  laissant  aux  professeurs  le  soin  de  les  appli- 
quer suivant  leur  propre  tempérament  et  les  circonstances,  et  qu'il 
y   a   tout   lieu   de  croire   que   de   la   libre   activité   pédagogique   qui 


208  LES    LANGUES   MODERNES 

en     résultera,    naîtra    une     méthode    plus    parfaite,    la    méthode    de 
l'avenir. 

3°    Les   Langues    Vivantes    dans    l'Enseignement    Primaire. 

4"  Organisation  de  l'Enseignement  des  L.  Y.  dans  les  divers  éta- 
blissements (Réductions  d'horaires  ;  Géminations  de  Classes  ;  Effec- 
tifs des  classes). 

Pour  ces  deux  dernières  questions,  rAsscmblée  estime,  qu'.à 
cause  de  leur  importance,  un  questionnaire  devra  être  adressé  à 
chaque  établissement  de  l'Acpdémie,  afin  d'élaborer  un  travail 
d'ensemble  dont  les  conclusions  seront  discutées  à  la  prochaine 
réunion  de  la  Régionale. 

5°  Questions  diverses.  La  seconde  langue. 

L'Assemblée    adopte   les   conclusions    suivantes  : 

La  classe  d'humanités  modernes  ne  donnera  les  résultats  atten- 
dus que  si  l'enseignement  des  L.  V.  y  est  complètement  organisé. 
Or  la  seconde  langue  est  indispensable  à  une  culture  complète  par 
les  humanités  modernes.  Outre  que  sa  suppression  entraînerait 
une  diminution  du  rôle  des  Langues  Méridionales,  régression  regret- 
table au  point  de  vue  de  la  culture  générale  et  de  la  culture  fran- 
çaise, on  peut  poser  en  principe  qu'il  est  nécessaire  de  renforcer 
l'enseignement  de  chaque  langue  et  de  chaque  littérature  par  l'en- 
seignement d'une  langue  et  d'une  littérature  d'un  esprit  diffé- 
rent. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  midi. 

Toulouse,   le   21   mars   19-20. 
Le    Secrétaire-Trésorier    de    la    Régionale, 
H.  Oranger. 

A'.  B.  —  Le  Trésorier  de  la  Régionale  serait  reconnaissant  à  ses 
collègues  de  bien  vouloir  lui  faire  parvenir  dans  le  plus  bref  délai 
possible  leur  cotisation  pour  1920,  ou  de  faire  bon  accueil  au 
recou\rcment   qui   leur   sera  présenté   par  la  poste. 


SecHcn  Régionale  de  Poitiers 


Assemblée  générale  du  7  Mars  1920 

La  section  régionale  de  Poitiers  s'est  réunie  en  Assemblée  géné- 
rale le  dimanche  7  mars  1920  à  10  heures,  à  la  Faculté  des  lettres 
de  Poitiers,  sous  la  présidence  de  M.  Castelain,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Poitiers. 

1°  M.  Sauvage,  remplissant,  en  l'absence  de  AL  Audoin,  les  fonc- 
tions de  secrétaire,  donne  lecture  du  compte  rendu  de  la  séance  du 
8    février    1920. 

2"  L'Assemblée  passe  ensuite  à  l'examen  des  diverses  réponses 
qui     ont    été    faites    au    questionnaire    relatif    aux    géminations     de 


BILLETIN    DE    J.ASSOCIATION 


209 


classes     et    aux    réductions   criioraiies.    Les    irrégularités     suivantes 
ont  été   signalées  : 


LYCKES 

ET 

COLLÈGES 

CLASSES 

p  R  I  M  A  I  R  K  s      ' 

NOMBRE 
d'élëves 

RÉDUCTIONS 
o'horaikes 

NOMBRE 

D'HEI  RES 

de  cours 

i 

Matli.  Spéciales... 

Total 

6   1  .. 
11   i  ^' 

2î|26 

2 

31 

Ih 

3h 

3 
3 

Lycée  de  POITIERS    ) 

3'  A  B 

1  h.  eu  3',  4*  B 

(4  heures  au  lieu  de  5) 

lAlleitKind)            i 

4'  A  B 

l-  A  B  C  D 

2*  A  B  C  D 

Pas  de  gémination. 

En6'et.vrallemand). 

En  Seconde  (2'  langue- 
anglais) 

Math.  Pliilosoph.. 

1"  A  B  C  D 

1*  A  B  C  D  seule. 

T'BD  seule  (1"  langue). 

1-  BD  (2-  langue). 

2-  A  B  C  D 

3'  A   B 

1",3'B  D  seuls 

1 
l 

1  heure  en  3' 

U  àu  lieu  de  5) 

4  h.  au  lieu  de  5 

3  h.  au  lieu  de  4 

i:n  Math.  Philo. 

(1  h.  au  lieu  de  2) 

Lycée  de  LA  ROCHELLE  ' 

1 

1 

7-7 

3  -     3 

>!■■ 

6  ) 

4  -     4 

C  -   i; 
11  - 11 

2  )     f. 
4  1     "^ 

3  -    3 

3  )     - 

2  1     ■" 

^   '     3 
2  .     ^ 

2  (     ^ 

11   i  .  , 

3  )  ^^ 

lJ|l^ 

18  j 

11   ) 

2  / 

6  }  16 

8  ) 

?).- 
a   i   li 

3  ) 

Lycée  de  NIORT      , 

(2Ioislh.  I/2> 

(Àllemcuul)           1 

!■•  BD  (2* langue) seuls. 

3'  A  B  seuls 

2'BD  (2*  langue).... 

4'   A  B 

5'  A  B 

3  h.  au  lieu  de  4 

4  h.  au  lieu  de  5 
3  h.  au  lieu  de  ô 
3  h.  au  lieu  de  5 

3  h.  au  lieu  de  4  eu  5 

Pas  de  réduction 
d'horaire 

id. 

4  h.  au  lieu  de  5 

C-  A  B 

1 

6°  A  B 

5-  A   B 

Lycée  de  la  ROCHE- S -YOn\ 

4'  A   B 

3'  A   B 

(Allemand)           1 

1"  B  D 

2'  A  B  C  D 

f 

1 

Philo.  Math 

1"  A  C 

1 

Lycée  de  Jeunes  Filles  \ 

2'  année 

3*  année 

de  LIMOGES         j 

(Allemand)            \ 

1 

1 

Baccalauréat;  1"  Partie. 
—        :  2'  Partie. 

Brevet:  l'année 

—     :  2*  année 

6-  A  B 

\ 

5'  A   B 

Collège  de  CIVRAY    j 

(Anglais)            \ 

Brevet  :  3*  année.. 
4'  A  B 

5'  A    B 

1 

2'  B  C  D 

I 

1"  B  D 

1 

Philo.  .Math 

210  LES   LANGUES    MODERNES 

3°  M.  Castelain  ayant  donné  lecture  d'une  lettre  de 
M.  Hirtz,  relative  aux  questions  en  cours,  l'Assemblée  procède  à 
un  échange  de  vues  au  sujet  de  la  situation  de  l'Enseignement  des 
Langues  Vivantes  et  des  modifications  apportées  par  le  Conseil 
supérieur  de  l'Instruction  publique  à  l'épreuve  écrite  du  Bacca- 
lauréat. 

La  fin  de  la  discussion  est  remise  à  la  prochaine  séance  qui 
aura  lieu  le  dimanche  18  avril  1920,  à  10  heures,  à  la  Faculté  des 
lettres   de   Poitiers. 

La   séance   est  levée  à   11   h.  30. 

Poitiers,  le  7  mars  1920. 

Pour    le    secrétaire,  Le    Président, 

Jules   Sauvage.  Castelaix. 


La  S.  R.  de  Poitiers  s'est  réunie  le  dimanche  18  avril  1920,  à 
10  heures,  sous  la  présidence  de  M.  Castelain,  à  la  Faculté  des 
lettres  de  Poitiers  (Salle  des  Actes). 

1"  Après  la  lecture  par  le  secrétaire  du  compte  rendu  de  la 
dernière  séance,  M.  Castelain  lit  une  lettre  de  M.  Hirtz.  M.  Hirtz 
regrette  de  ne  pouvoir  prendre  part  aux  délibérations  de  la  S.  R.  ; 
il  fait  connaître  ses  vues  sur  les  questions  à  l'ordre  du  jour  : 

1)  épreuves  du  baccalauréat  ; 

2)  propagande  par  la  presse   en   faveur  des  études  d'allemand  : 

3)  bourses  de  voyage  et  de   séjour  à  l'étranger. 
L'Assemblée     prend    note    des    renseignements    et    des     vœux,    de 

M.  Hirtz  et  les  prendra  en  considération  au  cours  de  la  discus- 
sion. 

2"  Epreuve  écrite  du  liaccalauréat  :  thème  d'imitation  et  diction- 
naire. 

Après  une  brève  discussion,  le  vœu  suivant  est  adopté  : 

La  Section  régionale  de  l'Académie  de  Poitiers,  aj-^ant  pris  con- 
naissance du  décret  ministériel  modifiant  les  épreuves  écrites  de 
Langues  vivantes  au  baccalauréat  des  sections'  B  et  D,  considérant  : 

1"  Qu'il  n'est  pas  désirable  de  rétablir  à  l'examen  du  bacca- 
lauréat l'usage  du  dictionnaire  bilingue  qui  simplifierait  trop  le 
travail  des  candidats  en  ce  qui  concerne  la  vei'sion  et  présenterait 
pour   le    thème    de   graves   dangers  ; 

2°  Que  le  dictionnaire  uniliugue,  prévu  par  le  dit  décret,  est 
inutile  pour  la  version  qui,  nécessairement,  ne  devra  présenter 
qu'un  vocabulaire  de  difficulté  moyenne,  dont  on  est  en  droit 
d'exiger  la  possession  d'un  candidat  au  baccalauréat  ; 

3"  Que  ce  dictionnaire  est  tout  aussi  inutile  pour  le  thème 
d'imitation  puisque,  aux  termes  mêmes  du  décret,  «  le  candidat 
trouvera  dans  le  texte  de  la  version  la  solution  des  principales 
diflicultés  de  v<)cal)ulaire,  de  manière  qu'il  puisse  réserver  son 
attention   à   la   correction   et   à   la   i)récision   grammaticales   »  ; 


BULLETIN    UI-:    L'ASSOCIATION  211 

4'  Qu'en  ce  qui  concerne  certaines  difficultés  grammaticales 
(verbes  irréguliers,  etc.),  l'expérience  a  montré  que  trop  de  can- 
didats, confiants  dans  leur  dictionnaire,  se  reposaient  uniquement 
sur  lui  ; 

émet  le  vœu  que  l'usage  de  tout  dictionnaire  soit  interdit  à 
l'épreuve  prévue  par  le  décret  du  18  février  1920.  Dans  le  cas  où 
la  version  contiendrait  une  ou  deux  diiricult,és  réelles  de  voca- 
bulaire, il  suirirait  de  faire  suivre  le  texte  de  notes  explicatives 
nécessaires. 

3"  Sur  la  demande  de  M.  Guy,  trésorier,  les  membres  de  lu 
S.  R.  de  Poitiers  sont  priés  d'envoyer  leurs  cotisations  à  M.  Guy, 
15,  rue  de  la  Monnaie  (Poitiers),  car  il  est  impossible  au  bureau 
de  la  S.  R.  de  Poitiers  d'établir  un  annuaire,  si  une  partie  des 
membi-es  s'adresse  directement  au  bureau  de  l'A.  P.  L.  V.  et  lais- 
sent ainsi  ignorer  au  bureau  de  la  S.  R.  leur  présence  dans  l'Aca- 
démie. 

4'  La  S.  R.  décide  qu'il  importe  d'engager  dans  la  presse  locale 
une  action  en  faveur  de  l'étude  de  l'allemand.  M.  Rujssen  est 
prié  de  prendre  en  mains  la  direction  de  cette  tâche,  dans  laquelle 
l'aideront  des  collègues  bénévoles. 

5"  Sur  la  question  des  bourses  d'études  et  de  voyage,  le  vœu 
proposé    par    M.    Hirtz    est   adopté. 

La    Section    Régionale, 

Considérant  que  la  suppression  d'un  grand  nombre  de  bour- 
ses de  voyage  ou  d'études  à  l'étranger,  par  suite  de  la  situation 
résultant  de  la  guerre,  est  de  nature  à  compromettre  gravement 
l'avenir  des  études  de  langues  vivantes  ; 

—  que  les  étudiants  d'allemand  sont  actuellement  obligés 
d'entreprendre  leur  séjour  en'  Allemagne  à  leurs  risques  et 
périls  ; 

■  —  que  pour  les  étudiants  d'anglais  (et  de  langues  méridio- 
nales) l'état  des  changes  diminuant  considérablement  les  sommes 
qui  leur  sont  allouées  (et  qui  sont  payées  en  francs)  les  mettent 
dans  l'impossibilité  de  se  consacrer  en  pleine  indépendance  à  leurs 
études   », 

émet  le  vœu  : 

1"  que  les  facilités  de  séjour  à  l'étranger  qui  existaient  en  1914, 
aussi  bien  pour  les  étudiants  que  pour  les  professeurs,  soient  réta- 
blies le  plus  tôt  possible-; 

2"  que  les  sommes  allouées  soient  complétées  par  une  allocation 
temporaire  de  cherté  de  vie,  dont  l'échelle  variera  selon  les  années 
et  suivant  les  pays,  cette  allocation  devant  être  supprimée  lorsque 
la   situation   redeviendra   normale  ; 

•3"  que  les  boursiers  séjournant  en  Allemagne  soient  groupés 
dans  les  universités  rhénanes,  où  ils  pourront  êlre  protégés  effica- 
cement. 

Le  vœu  suivant,  présenté  par  Mme  Godillon,  vice-présidente, 
professeur  d'anglais  à  l'Ecole  Primaire  Supérieure  de  Poitiers, 
est   adopté  : 


212  LES    LAXGL'ES    MODERNES 

La   Section  régionale, 
Considérant  : 

1"  qu'une  circulaire  ministérielle  du  30  décembre  1919  pres- 
arit  : 

A)  de  rétribuer  au  taux  moyen  déterminé  par  son  traitement, 
les  heures  d'enseignement  données  par  un  professeur  de  l'ensei- 
gnement secondaire  dans  une  école  normale  ou  une  école  primaire 
supérieure  ; 

B)  d'assimiler  d'autre  part  à  un  maître  auxiliaire  d'école  nor- 
male un  professeur  d'école  primaire  supérieure,  certifié  apte  à 
l'enseignement  d'une  langue  vivante,  quand  il  est  chargé  dé  l'ensei- 
gnement  d'une   langue   dans   une   école   normale  ; 

2°  qu'en  application  de  cette  circulaire,  dans  l'académie  de  Poi- 
tiers, un  professeur  de  lycée  reçoH  650  fr.  par  heure  d'anglais 
dans  une  école  primaire  supérieure,  un  professeur  de  dessin  de 
l'enseignement  secondaire  450  fr.  par  heure  d'enseignement  dans 
une  école  uormale,  —  et  qu'un  professeur  de  l'enseignement  pri- 
maire, certifié  de  langues,  reçoit  seulement^  dans  la  même  école 
225  fr.  par  heure,  taux  nettement  inférieur  au  taux  moyen  de  son 
traitement   de   professeur  ; 

3"  que  la  règle  édictée  pour  les  professeurs  de  l'enseignement 
secondaire  devrait  logiquement  s'appliquer  aux  professeurs  de 
l'enseignement  primaire,  et  qu'eu  fait  elle  est  suivie  i)our  la  rétri- 
bution des  heures  supplémentaires  d'enseignement  général  (lettres 
et    sciences)  ; 

4"  que  le  traitement  d'un  professeur  de  langues  vivantes  de 
l'enseignement  primaire  est  le  même  que  celui  de  son  collègue 
professeur  de  lettres  ou  de  sciences,  et  que  par  suite  une  heure  de 
langues   vivantes   équivaut   à   une   heure   d'enseignement   général  ; 

5"  qu'il  n'est  pas  équitable  de  considérer  dans  les  Ecoles  nor- 
males et  les  écoles  primaires  supérieures  les  langues  vivantes 
comme  nue  «  maàère  accessoire  »,  étant  données  l'importance  de 
cet  enseignement  et  la  culture  générale  exigée  du  professeur  qui 
en   est   chargé  ; 

émet  le  v<cu  : 

que  l'A.  P.  L.  V.  intervienne  énergiquement  pour  faire  classer 
les  langues  Aivantes  dans  les  Ecoles  normales  et  les  Ecoles  pri- 
maires supérieures  parmi  les  matières  dites  d'enseignement  yénéral. 
et  faire  rétribuer  les  heures  supplémentaires  de  langues  données 
par  un  professeur  de  l'enseignement  primaire  au  taux  moyen 
déterminé  par  son  traitement  (comme  pour  les  heures  d'enseigne- 
ment  général». 

La  prochaine  réunion  aura  lieu  au  cours  de  la  première  quin- 
zaine  de  juillet. 

Le   Secrétaire,  *  /,e   Président. 

A,    AUDOIN.  M,    GVSTELAIN- 


BULLETIN    DE  «l'aSSOCLXTIOX  213 

Section  Régionale  de  Lyon 

La  Section  s'est  réunie  le  jeudi  20  mai,  à  ô  heures  et  demie. 
I.e  Président  était  assisté  de  Mlle  Mathieu,  vice-présidente  et  de 
."M.  Chdiirund,  trésorier  ;  présents,  quinze  membres,  professeurs 
aux  trois  lycées  et  aux  annexes.  L'Assemblée  déplore  l'absence 
de  son  dévoué  secrétaire.  P.  Legoitis,  qu'une  blessure  de  guerre 
rouverte  retient  à  l'hôpital  militaire.  Klle  lui  fait  transmettre 
des    souhaits    de    prompt    rétablissement. 

Le  Président  rend  compte  de  diverses  démarches  relatives  au 
baccalauréat.  11  regrette  à  ce  propos  l'imprécision  de  l'apologie 
intitulée  L'Epreuve  de  Langues  Virantes  au  Conseil  Supérieut, 
publiée  dans  le  bulletin  d'avril.  Le  délégué  des  agrégés  de  langues 
a-t-il  soutenu  les  vœux  de  ses  collègues  ou  les  a-t-il  combattus  ? 
La  question  reste  en  suspens.  Un  supplément  d'information  serait 
le  bienvenu.  Nous  considérons  tous  le  «  thème  d'imitation  <■■ 
comme  un  exercice  factice,  bâtard,  absolument  dépourvu  d'intérêt 
pour  de  grands  élèves  d'intelligence  moyenne.  C'est  une  idée  bien 
étrange  que  d'avoir  pris  l'initiative  (alors  que  personne  n'y 
songeait,  n'en  disait  mot)  de  le  proposer  aux  membres  du 
(Conseil,  et  d'avoir  sur  ce  point  fait  l'accord  à  nos  dépens.  Pour 
essayer  de  réparer  le  mal,  qui  n'est  peut-être  pas  irréparable, 
le  Président,  par  l'intermédiaire  de  M.  Angles,  agrégé  d'anglais, 
député  des  Basses-Alpes,  a  attiré  l'attention  du  Ministère  sur 
les  fâcheuses  conséquences  d'un  décret  tout  à  f;>it  propre  à 
désorienter  et  à  décourager  un  personnel  compétent  et  labo- 
rieux. M.  Angles,  à  l'obligeance  duquel  nous  sommes  heureux 
de  rendre  témoignage,  a  reçu  en  réponse  une  note  qu'il  a  bien 
voulu  nous  transmettre.  Elle  rappelle  seulement  que  «  le  décret 
de  février  a  été  pris  conformément  au  vœu  exprimé  par  le  corps 
enseignant  des  langues  vivantes,  et  à  la  suite  d'un  référendum 
auquel  tous  les  professeurs  de  cet   ordre  d'études  ont  pris  part.   » 

Ce    référendum    donne    lieu    à    diverses    remarques. 

M.  Duisit  et  un  grand  nombre  de  jeunes  collègues  mobilisés 
n'ont  pu  répondre  au  questionnaire,  ainsi  que  M.  Brunot  l'a 
fait  observer  au  Conseil  Supérieur.  Mlle  Mathieu  donne  les  chif- 
fres du  référendum  {Limgues  Modernes.  1919,  n"  2>.  La  compo- 
sition libre  (sans  versioni  et  la  même  précédée  d'une  version 
ont  obtenu  respectivement  99  et  386  voix,  total  485  voix  sur 
624  avis  exprimés,  soit  plus  des  4/5  des  suffrages.  M.  Tiret  affirme 
qu'un  nouveau  référendum  ne  pourrait  que  fortifier  cette  majo- 
rité significative.  Le  Président  est  de  cet  avis  ;  il  se  demande 
dès  lors  par  quelle  subtile  magie  on  nous  a  découvert  une  irré- 
sistible vocation  pour  le  <  thème  d'imitation  ».  Il  donnera  tous 
les  éclaircissements  nécessaires,  poursuivra  les  démarches  entre- 
prises pour  qu'on  nous  délivre  d'un  exercice  éminemment  propre 
à    discréditer    notre    enseignement. 

M.  Porteau  demande,  sans  ironie,  si  les  latinistes  admettraient, 
pour  l'épreuve  latine,  une  version  et  un  thème,  ledit  thème  étant 
calqué    sur    ladite    version  ? 

MM.  Duisit  et  Guélin  demandent  quelques  précisions  sur  ces  deux 
frères  siamois.  Au  baccalauréat,  les  deux  textes  seront-ils  remis 
ensemble  au  candidat  ?  Si  oui.  on  devinera  la  version  grâce  au 
thème.  Si  non,  vous  demandez  au  candidat  de  vous  traduire  des 
mots  dont  le  dictionnaire  étranger  ne  peut  lui  donner  le  sens 
précis.  —  Le  Président  estime  que  le  meilleur  moyen  de  résoudre 
-la  mfficulté  c'est  de  la  supprimer.  Le  Groupe  s'emploiera  de 
toutes  ses  forces  à  faire  retourner  le  thème  d'imitation  dans  les 
limites  où  gisent  déjà  le  vers  latin,  le  discours  latin,  la  thèse 
latine     et    autres    débris    de    pédagogies    périmées. 


214  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Diiisit  pense  qu'il  faut  agir  sans  délai.  En  classe  de  seconde, 
les  élèves  se  désintéressent  déjà  de  la  narration  parce  qu'en  1921 
elle  ne  figurera  plus  au  programme  du  baccalauréat.  A  ce  propos, 
le  Président  et  plusieurs  membres  déclarent  qu'ils  ne  partagent 
en  aucune  façon  l'optimisme  de  leurs  collègues  parisiens.  Ceux-ci, 
le  26  février,  ont  à  l'unanimité  moins  une  voix,  exprimé  "  leur 
conviction  que  les  nouvelles  ^épreuves  de  langues  vivantes  au 
baccalauréat  ne  changent  rien  à  l'orientation  et  à  l'esprit  général 
de  leur  enseignement.  »  Nous  admirons  cette  conviction,  mais 
nous  ne  la  trouvons  point  en  nous.  De  fait,  l'enseignement 
sera  orienté  par  le  programme  du  baccalauréat.  Il  en  est  de 
même  pour  l'enseignement  supérieur,  dont  les  directeurs  d'étu- 
des   sont   les    présidents    des   jurys    d'agrégation    et    de    certificat. 

A  propos  des  mesures  à  prendre,  M.  Chaurand,  volontiers 
sceptique,  met  en  doute  la  bonne  volonté  du  Comité  de  l'Asso- 
ciation. Il  préconise  une  sorte  de  scission,  un  splendide  isole- 
ment. Plusieurs  collègues  répondent  que  le  nombre  fait  la  force. 
D'ailleurs  nous  ne  nous  contenterons  pas  de  faire  nombre.  Nous 
agirons  de  notre  côté  et  notre  exemple  sera  peut-être  contagieux, 
même  à  Paris.  Peut-être  même  convertirons-nous  les  hérétiques 
de    Poitiers. 

La  Question  de  l'Allemand  donne  lieu  à  un  échange  d'obser- 
vations auquel  pi-ennent  part  Mlles  Mathieu,  Girard  et  les  pro- 
fesseurs d'allemand  d'Ampère  et  du  Parc.  M.  Denis  donne  pour 
Ampère  quelques  chiffres  significatifs  :  en  1913,  660  élèves 
d'allemand,  contre  390  d'anglais  ;  en  1919,  238  élèves  d'allemand, 
contre  436  d'anglais.  Dans  les  classes  du  l"*^  cycle,  à  Ampère  et 
au  Parc  les  allemands  sont  de  7  à  10  contre  20  à  40  anglais.  A 
Saxe,  M.  Guélin  avait  120  élèves  d'allemand  avant  la  guérie  ; 
il  n'en  a  plus  qu'une  vingtaine.  M.  Ravizé  pense  que  les  adminis- 
trateurs peuvent  faire  beaucoup  pour  rétablir  l'équilibre  entre 
les  deux  langues.  Le  proviseur  de  Rouen  a  obtenu  d'excellents 
résultats  en  donnant  aux  parents  de  judicieux  conseils.  Certains 
établissements  libres  ont  pris  la  même  initiative  avec  le  mcnie 
succès.  Notre  Association  pourrait  émettre  un  vœu  pour  que  le 
Ministère  attire  sur  ce  point  l'attention  des  proviseurs  et  prin- 
cipaux. Mlle  Mathieu  signale  que  M.  Bellin  a  déjà  pris  des 
mesures  en  ce  sens.  MM.  Gonx  et  Ravizé  rapjjellent  qu'on  a  aussi 
suggéré  une  différence  de  coefficient  en  faveur  de  l'allemand  : 
mais  le  procédé  est  d'une  application  bien  délicate.  La  majorité 
de   la    Section   préfère    qu'on    n'y   ait    pas   recours. 

-M.  Roche  demande  que  les  examinateurs  se  montrent  plus 
exigeants  pour  la  2"  langue,  et  aussi  pour  l'épreuve  de  2'^  partie. 
Il  en  est  pris  acte  par  les  membres  des  jurys  présents  à  la  séance. 

L'.Assemblée  règle  quelques  questions  d'ordre  intérieur  et  se 
sépare   à   7   heures. 

Le    Président, 

.T.     DOUADY, 

Professeur   à    l'Université. 


Lettre  de  M.  Rancès,  Délégué  au  Conseil  Supérieur 

Paris,    le    ?7   mai    19-20. 
Mon    cheh    colli^xue. 

Je  vous  remercie  de  m'avolr  communiqué  la  partie  du  procès- 
verbal  de  la  Régionale  de  Lyon  où  je  suis  directement  mis  en 
cause.  Je   n'ai   que   très  peu   de  chose   à   répondre. 

1)  Il  est  inexact  que  je  n'aie  pas  soutenu  les  vœux  de  mes 
collègues.     -Au    cours    de    l'exposé    que     j'ai    été    charge     de     faire, 


BL'LLETIN    DE   i/aSSOCIATION  215 

devant  le  Conseil,  avant  toute  discussion,  j'ai  insisté  aussi  nette- 
ment que  possible  sur  la  volonté  du  personnel  de  voir  substituer 
à  l'épreuve  actuelle  :  a)  une  version  ;  b)  une  forme  à  détermine 
de  composition  libre.  Ma  tâche  eût  été  plus  facile,  et  celle  de 
nos  adversaires  un  peu  plus  malaisée,  si  le  référendum,  à  propos 
de   ce   dernier   exercice,   eût   donné   des   résultats   plus   précis. 

2)  Il  n'est  pas  vrai  que  j'aie  pris  l'initiative,  "  alors  que  per- 
sonne n'y  songeait  et  n'en  disait  mot  ",  de  proposer  le  thème 
d'imitation  au  Conseil.  Je  n'ai  préconisé  le  thème  d'imitation 
qu'après  que  d'autress  encouragés  ])ar  les  termes  mêmes  de  l'ex- 
posé des  motifs  eurent  proposé,  au  milieu  de  l'approbation  pres- 
que générale,  de  revenir  à  l'ancien  thème  littéraire,  avec  dic- 
tionnaire bilingue.  Et  si  j'ai  employé  ce  terme,  très  imparfait  ù 
mon  sens,  c'est  qu'il  fait  depuis  toujours  partie  du  vocabulaire- 
de  la  méthode  active,  au  nom  de  laquelle  je  l'ai  défendu  et  fait 
adopter. 

3)  Je  n'admets  pas  le  terme  d'»  apologie  •>  appliqué  au 
compte  rendu,  peut-être  imparfait,  en  tous  cas  fidèle  et  sincère, 
que  j'ai  fait  jjour  les  Lanrjiies  Modenies.  J'aurais  bien  voulu  dis- 
paraître complètement  derrière  le  récit  des  faits,  mais  on  admet- 
tra que  ce  n'était  guère  possible.  En  tous  cas,  je  n'ai  écrit  que 
pour  m'expliquer,  sans  avoir  jamais  éprouvé  le  besoin  de  me 
justifier    ou    de    me    disculper. 

Au  surplus,  par  trois  fois,  devant  le  bureau  du  Comité  de 
l'Association,  devant  le  Comité  lui-même,  et  devant  une  Assem- 
blée où  plus  de  cinquante  collègues  se  tromaient  réunis,  j'ai 
rendu  'compte  de  mon  mandat.  La  décision  du  Conseil  Supérieur 
a  été  partout  discutée,  souvent  critiquée,  mais  pas  une  voix  ne 
s'est  élevée  pour  me  reprocher  de  n'avoir  pas  tenu  toutes  mes 
promesses    ni     fait    tout    mon    devoir. 

Très    cordialement    à    vous, 

M.   Raxcès, 
Délégué   au   Conseil  Supérieur. 


Adhésions  nouvelles 


MM.  Abosson,  professeur  collège,  Bagnères-de-Bigorre  ;  Allanche, 
prof,  collège,  Moissac  ;  Anne,  prof.  E.  P.  S.  Gisors  ;  Baradat, 
prof.  Lycée,  Toulouse  ;  Béchot,  Avesnes  ;  Mlle  Bénazet,  prof. 
E.  P.  S.,  Toulouse  ;  MM.  Bompieyre,  prof.  Lycée.  Foix  ;  Curayon, 
prof,  collège,  Bagnères-de-Bigorre  ;  Mlle  Chariot,  prof.  E.  P.  S. 
jeunes  filles,  Toulouse  ;  M>L  Darnaud,  prof.  Lj-cée  Toulouse  ; 
Demeaux,  prof.  Lj'cée  Albi  ;  Desvignes,  prof,  collège,  Vic-en- 
Bigorre  ;  Dubois,  prof.  Lvcée.  Toulouse  ;  Mme  Dupont,  Chartres  ; 
Mlle  East,  prof.  E.  P.  S.  jeunes  filles,  Toulouse  ;  MM.  Hilleret, 
prof.  Lycée  Toulouse  ;  Jalabert,  prof.  Lycée.  Toulouse  ;  Jeannette, 
Lycée  Fustel  de  Coulanges,  Strasbourg  ;'  Jotlivet,  prof.  Lycée  Fus- 
tel  de  Coulanges.  Strasbourg  ;  Leroux,  prof.  Lycée  Fusteî  de  Cou- 
langes,  Strasbourg  ;  Lucas,  rép.  collège  .\ltkirch  ;  Mlle  Mayran, 
prof.  Lycée  jeunes  filles,  Toulouse  ;  MM.  Marin,  prof.  Lycée  Auch; 
Mérimée,  prof.  L'université,  Toulouse  ;  Nussbaumer,  pVof.  Lvcée 
Fustel  de  Coulanges.  Strasbourg  ;  Ponget,  prof,  collège  Villefran- 
che-de-Rouergue  ;  Pruvost,  Guéret  ;  Simon,  prof.  Lycée  Périgueux  ; 
Schout,  prof.  Lycée  Fustel  de  Coulanges,  Strasbourg  ;  Speicti,  prof. 
Lycée  Fustel  de  Coulanges,  Strasbourg  ;  Talbot,  prof.  Lycée,  Péri- 
gueux  ;  Truchot,  prof.  Lycée  Fustel  de  Coulanges,  Strasbourg  ; 
Vettier,  prof.  Lvcée,  Amiens  ;  Villeneuve,  prof.  Lycée,  Albi  ;  Watd- 
ner,  prof.  Lycée  Fustel  de  Coulanges,   Strasbourg. 

>'M< 


LA  PEDAGOGIE  GAIE 

ou 

l'Enseignement  par  le  français  des  langues  étrangères  ('> 


M.  Tardigradc,  critique  universitaire  à  Tantôt,  le  grand 
journal  du  soir,  et  professeur  d'humanités  au  Lycée  Robes- 
pierre, ne  put  retenir  un  soupir  de  satisfaction  :  Habemiis 
confitenteni  !  murmura-t-il  en  lissant  sa  moustache  entre  le 
pouce  et  l'index  de  sa  main  gauche.  Il  parlait  naturellement 
latin  dans  ses  moments  d'expansion,  car  il  redoutait  par-des- 
sus tout  comme  vulgaire  et  bonne  pour  des  gens  sans  culture, 
l'expression  directe  de  sa  pensée  en  français. 

Les  professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Académie  de 
Pithiviers,  ajouta-t-il,  en  déposant  sur  sa  table  les  Laïu/iies 
Modernes,  revue  qu'il  se  plaisait  à  lire  parce  qu'elle  lui 
avait  toujours  fourni  les  meilleurs  arguments  contre  l'ensei- 
gnement des  Langues  Vivantes,  sont  un  peu  comme  ces 
enfants  trop  vigoureux  qui  battent  leur  nourrice,  ou  plus 
exactement  comme  une  nourrice  qui  talocherait  son  nourris- 
son en  mal  de  croissance.  Mais  au  moins  ils  sont  francs  ; 
ils  sont  mécontents  de  leur  propre  enseignement  et  ils  le 
disent.  Et  en  quels  termes  !  M.  Tardigrade,  assurant  son 
lorgnon  sur  son  nez,  relut  à  mi-voix,  en  pesant  chacun  des 
mots,  le  passage  qui  l'avait  incité  à  rappeler  l'exorde  du  dis- 
cours de  Cicéron  en  faveur  de  Ligarius  : 

«  Les  professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Académie  de 
Pithiviers  constatent  avec  peine  que  les  élèves  de  l'enseigne- 
ment secondaire  ne  dépassent  guère,  après  sept  années 
d'études,  le  maniement  d'un  vocabulaire  très  élémentaire  qui 
les  laisse  étrangers  aux  formes  les  plus  élevées  et  les  i^lus 
délicates  de  la  pensée  et  ils  se  demandent  si  un  tel  résultat 
vaut  une  telle  dépense  de  temps  et  d'efforts.  » 

«  Evidemment,  évidemment  >\,  murmura  l'éniinent  huma- 
niste... «  Nous  serions  trop  heureux  si  nos  futurs  bacheliers 
ne  demeuraient  pas  étrangers  aux  formes  les  plus  clevé<"s  et 

(1)  X.  D.  L.  R.  —  La  Ucdaction  laisse  à  M.  Léo  Pard,  membre  de 
notre  Société,  et  qui  nous  demande  l'insertion  de  son  article,  toute 
la  responsabilité  de  ses  opinions. 


LA    PÉDAGOGIE    GAIK  217 

les  plus  délicates  de  l-.i  pensée  française.  Mais  que  nos  jeunes 
gens,  après  sept  ans  d'études,  soient  incapables  de  pénétrer 
dans  les  arcanes  des  littératures  étrangères,  qu'ils  n'en  sai- 
sissent même  pas  les  formes  les  plus  élevées  et  les  plus  déli- 
cates, c'est  un  pur  scandale,  une  perte  de  temps  des  plus 
regrettables.  Ne  nous  étonnons  plus  après  cela  s'ils  ne  savent 
I)as  l'orthographe  française  ! 

Il  faut  que  je  signale  dans  Tantôt  ce  lamentable  éciiec  de 
l'enseignement  des  Langues  Vivantes  reconnu  par  les  jîlus 
autorisés  des  juges,  puisque  l'aveu  vient^des  professeurs  eux- 
mêmes,  qui  sont  chargés  de  le  donner.  Parbleu,  ce  qu'ils 
désirent  est  bien  clair.  Ils  veulent  que  leur  enseignement 
fournisse  à  nos  jeunes  gens  une  discipline  intérieure,  travail- 
lant à  l'enrichissement  et  à  la  culture  des  esprits.  C'est  une 
noble  tâche.  Et  pour  avoir  une  discipline  intérieure  faut-il 
donc  connaître  une  langue  vivante  ?  Certes  non.  Le  'latin 
\  suffit  ;  le  latin  suflit  à  tout,  à  condition  pourtant  qu'on  lui 
accorde  quelques  heures  de  plus  par  semaine.  Or  cet  ensei- 
gnement se  meurt  ;  tout  le  mal  vient  de  là.  Le  moment  est 
bien  choisi  vraiment  de  demander  à  nos  futurs  candidats  à 
l'Ecole  Polytechnique  et  à  St-Cyr,  comme  l'a  fait  le  Ministre 
de  la  Guerre  tout  récemment^  la  connaissance  de  deux  Lan- 
gues Vivantes  !  Est-ce  qu'on  gagne  des  batailles  avec  des 
langues  étrangères  ?  La  guerre  n'a  décidément  rien  appris 
à  ce  ministre  civil...  » 

Méditant  ces  graves  problèmes,  M.  Tardigradc  prit  son 
lourd  stylet  et,  d'une  traite,  sans  souffler,  sans  aller  une 
seule  fois  à  la  ligne,  il  écrivit  ceci  : 

M  L'ei)seigi)erT)ei)t  par  le  français 

des  langues  étrai)gères 

«  Nous  avions  déjà,  appelé  l'attention  sur  les  dangers  qui 
résultaient  de  la  réforme  aussi  hâtivement  qu'inconsidéré- 
ment décrétée  par  le  Ministre  de  la  Guerre,  concernant 
l'introduction  de  deux  Langues  Vivantes  aux  examens  d'en- 
trée aux  grandes  écoles  militaires.  Réforme  pédagogiquement 
impossible,  avions-nous  dit,  en  ajoutant  qu'au  surplus  elle 
était  illégale  et  qu'elle  résultait  d'un  vœu  qu'il  convenait  de 
tenir  pour  nul  et  non  avenu.  Les  professeurs  de  Langues 
Vivantes  semblent  partager  entièrement  notre  manière  de 
voir  à  ce  sujet  et  ils  repoussent  les  dons  d'un  ministre  qui 

15. 


218  LES    LANGUES    MODERNES 

vient  à  eux  les  mains  trop  pleines  de  présents  dont  ils  se 
méfient,  non  sans  quelques  bonnes  raisons.  Conscients  de  la 
dignité  de  leur  enseignement,  les  professeurs  de  Langues 
Vivantes  de  l'Académie  de  Pithiviers,  non  seulement  préten- 
dent bien  n'enseigner  qu'une  seule  langue,  ils  regardent 
encore  pour  désirable  que  nos  élèves  ne  consacrent  à  cette 
discipline  que  le  minimum  d'entraînement.  Deux  années  y 
suffiraient  largement  d'après  eux,  en  sixième  et  en  cinquiè- 
me. A  partir  de  la  quatrième,  il  importe,  en  effet,  tant  pour 
les  progrès  des  élèves  en  langue  étrangère,  que  pour  les 
progrès  des  éludes  en  général,  et  surtout  pour  la  formation 
des  esprits,  que  la  classe  de  langue  étrangère  se  fasse  pres- 
que entièrement  en  français.  Car  il  peut  y  avoir  de  très 
sérieux  inconvénients  à  faire  parler  allemand,  anglais,  ita- 
lien ou  espagnol  des  élèves  de  16,  17  ou  18  ans,  que  les 
professeurs  de  lettres  anciennes  et  de  français  ont  habitués 
à  une  tout  autre  discipline.  Ainsi  les  professeurs  de  Langues 
Vivantes  et  ce  sont  les  termes  mêmes  des  vœux  qu'ils  ont 
formulés,  travailleront  enfin  conjointement  avec  leurs  collè- 
gues des  autres  enseignements  littéraires,  en  vue  d'assurer 
plus  de  cohésion  et  d'unité  à  la  culture  hiintaine  que  nos 
élèves  attendent  de  nous  avec  une  vive  impatience  et  qui 
doit  être  plus  que  jamais  le  but  commun  de  nos  efforts. 
Nous  félicitons  les  professeurs  de  Langues  Vivantes  d'avoir 
si  parfaitement  compris  les  nécessités  de  l'heure  présente  et 
les  besoins  généraux  du  pays  qui  réclame  plus  i[\\^  jamais, 
•après  cette  guerre,  non  pas  la  pratique  ni  même  la  vagiu 
connaissance  des  Langues  Vivantes  ou  de  la  pensée  étran- 
gère, mais  des  esprits  formés  au  culte  de  dulie  que  tout  Fran-  j 
çais  doit  aux  idées  générales  qui,  comme  chacun  sait,  ont  | 
seules  assuré  la  victoire  de  la  France  sur  la  Kultur  germa- 
nique froidement  réaliste  et  bassement  utilitaire.  Victrix 
causa  deis  placiiit...  y 


Seize  adverbes,  mais  une  seule  citation  latine,  ne  put 
s'empêcher  de  murmurer  M.  Tardigrade,  avec  un  peu  de 
dépit,  après  avoir  parcouru  des  yeux  sa  copie  !  Néanmoins 
il  !^e  frotta  les  mains,  puis  passa  l'une  de  celles-ci  sur  son 
crâne,  qu'il  avait  poli,,  et  son  œil  se  plissa  d'un  air  malicieu 
et   satisfait. 

Léo  Pard 

<i^> 


iii 


Le5   Langues  vivantes 

à  TEcole  i)orn)ale^^^ 

Ce  n'est  pas  sans  peine,  on  le  sait,  que  les  Langues  Vivan- 
tes ont  conquis  droit  de  cité  dans  l'enseignement  public  en 
Kra.ice.  Pour  ce  qui  nous  regarde,  nos  proprammes  de  1881 
ne  les  admettaient  ru'à  titre  facultatif,  et  c'est  en  1885  seu- 
lement qu'elles  devinrent  matière  obligatoire.  Trente  ans 
sont  passés  ;  la  langue  vivante  a  tenu  bon  ;  il  semblerait 
que  sa  situation  dût  mainlenant  être  assurée  dans  nos  éco- 
les ;  il  n'en  est  rien.  Pour  peu  qu'une  matière  d'enseigne- 
ment se  trouve  à  l'étroit  dans  l'horaire,  ou  qu'un  nouvel 
article  cherche  à  s'y  faire  place,  si  un  sacrifice  s'impose, 
la  victime  est  toute  désignée,  c'est  la  h;ngue  vivante  et  il  se 
trouve  toujours  quelqu'un  pour  l'offrir  en  holocauste.  Ainsi 
propose-t-on  (Revue  pédagogique,  mai  1918,  p.  351)  de  la 
rendre  facultative,  c'est-à-dire,  pratiquement,  de  la  suppri- 
mer, pour  faire  place  à  l'agriculture. 

On  dirait  qu'une  défaveiir  latente  s'attache  à  cet  enseigne- 
ment malchanceux.  Classé,  avec  la  musique,  la  gymnastique 
et  le  dessin,  dans  la  catégorie  inférieure  des  matières  «  acces- 
soires »,  il  occupe,  dans  ce  quadrivium  d'un  nouveau  genre, 
une  place  encore  mal  définie.  On  sait  exactement  pourquoi 
nos  élèves  font  de  la  gymnastique,  apprennent  la  musique 
et  s'exercent  à  dessiner.  Mais  on  n'a  pas  encore  réussi  à 
s'entendre  sur  la  véritable  utilité  de  l'enseignement  des  Lan- 
gues Vivantes. 

A  vrai  dire,  cet  enseignement  est  à  deux  fins,  l'une  immé- 
diate, pratique  :  apprendre  à  parler  une  langue  étrangère  ; 
l'autre  plus  lointaine,  moins  intéressée,  et  d'ordre  intellec- 
tuel :  développer  l'intelligence  critique  et  le  sens  littéraire, 
et  prêter  secours  à  l'enseignement  du  français.  Ces  deux 
points  de  vue  ne  sont  pas  inconciliables,  loin  de  là*;  c'est 
une  question  de  méthode,  mais,  surtout,  de  temps.  Celui-ci 
nous  étant  strictement  mesuré,  il  faut  choisir.  En  fait,  nous 
ne    choisissons     pas  ;     l'examen    nous    impose     la    première 

(Il  Que  Mme  Albert  et  la  Revue  Pédagogique  veuillent  bien  trou- 
ver ici  nos  sincères  remerciements  pour  l'autorisation  de  repro- 
duire ici  cet  article,  qui  dès  avril  1919  établissait  avec  autant  de 
force  que  de  clarté  l'importance  essentielle  des  langues  vivantes 
dans   la   formation    intellectuelle    des    instituteurs    et    institutrices. 

La   Rédaction. 


220  LES    LANGUES    MODERNES 

méthode.  Au  brevet  supérieur,  l'épreuve  écrite,  éliminatoire, 
porte  (singulier  renversement  des  choses  !)  sur  la  langue 
vulgaire,  sur  la  langue  de  conversation  ;  la  traduction  ne 
figure  qu'à  l'oral,  et  dans  des  conditions  qui  la  rendent,  en 
tant  qu'épreuve  d'intelligence  littéraire,  assez  illusoire. 

L'opinion  publique,  qui  se  retrouve  au  fond  de  tout,  en  a 
décidé  ainsi.  «  Une  langue  vivante  est  une  langue  qui  se 
parle.  »  Voilà  une  de  ces  formules  qui,  comme  le  sabre  de 
M.  Prudhomme,  peuvent  servir  à  défendre  une  institution, 
et  au  besoin  à  la  combattre.  Si  une  langue  vivante  est  faite 
pour  être  parlée,  il  faut  l'apprendre  en  vue  de  la  parler  ; 
mais  si  l'on  ne  doit  pas  la  parler,  il  est  inutile  de  l'appren- 
dre ;  et  comme  nos  élèves,  devenus  instituteurs  et  institu- 
trices, n'auront  que  rarement,  ou  point  du  tout,  l'occasion 
de  converser  en  langue  étrangère,  le  temps  passé  à  l'Ecole 
normale  à  apprendre  cette  langue  est  manifestement  du 
temps  perdu. 

Ce  raisonnement  est  trop  simpliste  pour  être  absolument 
juste.  D'abord,  il  ne  se  peut  pas  que  l'acquisition  d'une 
langue  vivante,  même  si  l'on  ne  doit  jamais  avoir  l'occasion 
de  la  parler,  même  si  elle  se  fait  par  la  méthode  directe, 
dont  la  valeur  éducative,  il  faut  le  reconnaître,  est  médiocre, 
laisse  l'esprit  comme  elle  l'a  trouvé.  Elle  lui  ouvre  bien  au 
moins  quelques  perspectives  nouvelles.  D'ailleurs,  la  méthode 
directe,  on  le  sait,  a  vite  épuisé  ses  efï^ts,  et  le  professeur 
ne  tarde  pas  à  lui  adjoindre  l'ancienne  méthode  dans  ce 
qu'elle  avait  de  meilleur,  le  thème,,  et  surtout  la  version. 
En  troisième  année,  rien  n'empêche  cet  enseignement  de 
devenir  tout  à  fait  littéraire.  Un  normalien  sortant,  s'il  a 
bien  employé  son  temps,  n'est  pas  un  linguiste  consommé, 
mais  il  sait  lire,  écrire  et  parler  une  langue  vivante  assez 
couramment,  et  il  s'est  initié  à  la  vie  et  à  la  pensée  du  peu- 
ple qui  la  parle  d'une  façon  assez  complète  pour  se  trouver 
vite  à  Taise  en  pays  étranger,  si  le  désir  lui  vient  de  l'aller 
visiter. 

Or,  c'est  ce  qu'il  faut  souhaiter  le  plus  vivement,  et  voir.n- 
tiers  j'adopterais,  pour  juger  de  l'enseignement  d'un  pro- 
fesseur de  Langues  Vivantes  ce  critérium  :  a-t-il  su  intéres- 
ser ses  élèves  au  point  de  leur  inspirer  l'irrésistible  désir 
de  passer  la  frontière  ?  A-t-il  su  les  mettre  en  état  de  se 
débrouiller  promptement  en  pays  étranger  ?  Nous  vivons 
une  époque  où  il  n'est  plus  permis  de  s'enfermer  dans  ses 
murs.  Les  rel  itions  internationales    vont    se    multiplier,    les 


LES   LANGUES    VIVANTES    A   l'ÉCOLE   NORMALE  221 

peuples  échanger  des  visites  ;  nous  ne  nous  contenterons 
pas  d'en  recevoir  sans  jamais  les  rendre.  Les  instituteurs  et 
les  institutrices  devront  apprendre  à  voyager,  à  consacrer 
chaque  année  une  partie  de  leurs  vacances,  une  fraction  de 
leur  budget,  à  parcourir  une  terre  étrangère.  Mais  il  serait 
d'un  médiocre  profit  de  circuler  à  la  suite  de  quelque  agence 
Cook  qui  parle,  compte  cl  pense,  si  pensée  il  y  a,  pour  vous. 
On  ne  pénètre  bien  la  vie  d'un  peuple  que  si  l'on  parle  sa 
langue.  Il  faut  donc  que  nos  élèves  pyrénéens  pratiquent 
l'espagnol,  les  provençaux  l'italien,  et  j'allais  dire  tous 
l'anglais,  car  l'anglais  aujourd'hui  est  une  langue  mondiale, 
l'organe  de  la  civilisation  la  plus  agissante,  langue  com- 
mune de  l'action  comme  au  moyen-âge,  et  jusqu'au  seuil 
du  xviii-  siècle,  le  latin  fut  la  langue  commune  de  la  pensée. 
Mais  c'est  peut-être  trop  demander,  au  moins  avec  nos  pro- 
grammes actuels. 

Ainsi,  l'acquisition  d'une  langue  vivante  apparaît  à  l'heure 
présente  comme  d'un  intérêt  primordial.  Loin  d'être  un  luxe, 
elle  constitue  une  obligation,  un  devoir,  pour  ainsi  dire, 
international,  ou,  si  l'on  préfère  un  autre  motif,  un  devoir 
envers  notre  patrie,  qui  ne  lieut  s'isoler  sans  se  diminuer  : 
à  ce  titre  seul,  les  instituteurs,  qui  doivent  aller  de  l'avant 
et  montrer  le  chemin,  sont  tenus  de  connaître  au  moins  une 
langue  étrangère. 

Que  si  cependant  l'on  traite  de  vision  cette  esquisse  de 
demain,  plaçons-nous,  pour  défendre  l'enseignement  des 
Langues  Vivantes,  sur  un  autre  terrain.  Une  langue  étran- 
gère n'est  pas  seulement  une  langue  qu'on  parle,  c'est  aussi 
une  langue  qu'on  traduit  ;  le  thème  et  surtout  la  version 
sont  d'incomparables  instruments  d'éducation  intellectuelle. 
La  composition  française  ne  les  supplée  pas.  Exprimer  sa 
propre  pensée  n'est  pas  un  travail  facile,  mais  tant  il  y  a  que 
l'inspiration  soutient  en  quelque  mesure,  que  de  temps  en 
temps  jaillissent,  du  fond  de  l'inconscient  des  trouvailles 
heureuses  ;  le  moins  doué  a  de  ces  réussites  dont  il  s'étonne 
tout  le  premier  :  «  Où  prend  mon  esprit  toutes  ces  gen- 
tillesses ?  «  La  traduction  ferme  délibérément  la  porte  à 
l'imagination  intellectuelle,  ou  ne  l'admet  qu'au  service  de 
la  pensée  étrangère.  La  traduction  donne  la  plus  haute  leçon 
de  probité  intellectuelle.  On  a  jusqu'à  un  certain  point  le 
droit  de  se  tromper  sur  ses  projjres  idées,  du  moins  nous 
sommes  excusables  de  nous  laisser  influencer  par  l'une  ou 
l'autre  des  forces  ennemies  que  nous  recelons  en  nous,  par- 


m  LES    LANGUES   MODERNES 

fois  sans  nous  en  douter  ;  mais  il  n'y  a  aucune  raison  d'espé- 
rer l'indulgence  de  celui  dont  on  déforme  la  pensée  sous 
prétexte  de  l'exprimer  autrement.  Le  traducteur  doit  accom- 
plir un  effort  de  raisonnement  parfois  très  pénible  pour  arri- 
ver au  fond  de  la  pensée  de  son  auteur,  pour  découvrir  la 
logique  interne  de  ses  idées,  ce  qui  est  le  seul  moyen,  après 
avoir  décomposé  une  phrase  étrangère,  de  la  reconstruire 
sur  le  plan  d'une  autre  syntaxe.  L'emploi  des  termes  est 
une  autre  source  de  difîicultés.  Il  exige  la  possession  d'un 
vocabulaire  étendu,  et  une  connaissance  exacte  du  sens  des 
mots  dans  les  deux  langues.  L'esprit,  animé  d'un  mouvement 
continuel  de  va-et-vient,  considère  les  termes  sous  leurs 
divers  aspects,  non  seulement  en  eux-mêmes,  mais  aussi 
sous  le  reflet  qu'ils  se  jettent  l'un  à  l'autre,  ce  qui  exige  plus 
que  des  connaissances  grammaticales  :  le  sens  de  la  valeur 
poétique  des  mots,  de  leur  force  vitale,  de  leur  rayonnement, 
de  leur  influence  réciproque.  Enfin,  la  fidélité  littérale  est 
insuffisante  ;  il  faut  aussi  rendre,  dans  toute  la  mesure  du 
possible,  avec  le  génie  de  la  langue  étrangère,  le  génie  de 
l'auteur,  donner  l'impression  de  son  style  ;  après  avoir 
reproduit  l'ordre  de  ses  pensées,  il  faut  aussi  en  rendre  sen- 
sible le  mouvement,  en  tenant  compte,  bien  entendu,  du 
rythme  de  chaque  langue.  En  vérité,  la  traduction  est  semée 
de  pièges,  et  si  «  un  sonnet  sans  défaut  vaut  seul  un  long 
poème  »,  on  peut  dire  qu'une  traduction  sans  faute  vaut  une 
bonne  composition  française.  Elle  prouve  même,  à  certains 
égards,  plus  que  celle-ci  quant  au  sens  littéraire  et  aux 
habitudes  mentales  des  candidats,  et  une  version,  adjointe  à 
la  composition  française  au  brevet  supérieur,  aiderait  sin- 
gidièrement  les  examinateurs  à  porter  sur  cette  dernière 
épreuve  des  jugements  plus  assurés. 

Ce  serait  donc,  je  crois,  une  grosse  erreur  pédagogique 
que  de  supprimer  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  à 
l'Ecole  normale.  Ce  serait  supprimer  nos  humanités,  à  nous 
qui  n'avons  pas  le  grec  et  le  latin.  L'introduction  des  Lan- 
gues Vivantes  dans  nos  programmes  a  été  saluée  comme  une 
mesure  «  libérale  ».  On  assimilait  par  là  l'étude  des  Langues 
Vivantes  à  celle  des  Langues  Mortes,  dont  la  vertu  réside 
précisément  dans  le  travail  de  la  traduction.  Or,  ce  travail 
est  le  même,  quelles  que  soient  les  langues  en  présence.  Le 
grec  et  le  latin  ont,  sur  les  Langues  Vivantes,  la  supériorité, 
l'un  de  servir  d'exj^ression  à  des  œuvres  de  beauté  parfaite, 
l'autre  d'être  la  source  directe  de  notre  propre  langue,  mais 

t1 


LES    LANGUES    VIVANTES    A    L'ÉCOLE   NORMALE  223 

puisque,  par  les  dinîcultés  que  présente  leur  étude  et  le 
temps  qu'elle  exige,  leur  introduction  chez  nous  est  hors  de 
question,  conservons  au  mf)ins,  en  retenant  les  Langues 
Vivantes,  l'avantage  essentiel  de  l'étude  des  langues  classi- 
ques :  celui  d'assouplir,  de  fortifier,  d'enrichir  l'esprit,  celui, 
en  particulier,  de  donner  aux  élèves  une  connaissance  plus 
étendue  plus  profonde  et  mieux  raisonnée  de  leur  propre 
langue. 

Ainsi,  quel  que  soit  le  but  qu'on  assigne  à  l'enseigne- 
ment des  Langues  Vivantes  à  l'Ecole  normale,  on  voit  com- 
bien sa  suppression  serait  inopportune  et  nuisible  à  l'intérêt 
de  no!^  élèves.  Il  faut,  au  contraire,  le  développer  comme  vont 
se  développer  nos  relations  avec  nos  alliés  d'aujourd'hui, 
avec  nos  voisins  de  toujours.  Pour  cela  point  n'est  besoin 
d'augmenter  le  nombre  des  heures  de  cours  ;  il  suflirait  de 
remettre  les  choses  dans  l'ordre,  la  version  à  l'écrit,  la  con- 
versation à  l'oral  ;  on  assurerait  ainsi  dès  la  première  année 
la  base  de  cet  enseignement,  qui  est.  en  définitive,  la  gram- 
maire, et  on  pourrait  aller  plus  avant  qu'on  ne  fait  dans 
l'étude  de  la  littérature  et  de  la  vie  intellectuelle  du  peuple 
étranger.  La  langue  parlée  n'en  souffrirait  pas,  au  contraire. 
Au  vocabulaire  de  la  vie  courante,  qui  est  borné,  s'ajouterait 
celui  de  la  pensée  dans  tous  ses  domaines,  arts,  lettres, 
scienc<?s,  là  où  la  langue  déploie  le  mieux  ses  richesses  et 
prouve  le  mieux  sa  valeur  intrinsèque. 

Ainsi  conduit,  cet  enseignement  devrait  créer  chez  nos 
élèves  un  intérêt  permanent,  qui  persisterait  après  les 
années  de  scolarité,  et  qui  leur  serait  d'un  précieux  secours 
pour  leur  culture  personnelle.  Quand  nos  élèves  nous  quit- 
tent, nous  ne  manquons  pas  de  les  exhorter  à  poursuivre 
leur  propre  éducation,  et  nous  leur  en  indiquons  les  moyens  : 
mais  que  ces  moyens  sont  peu  nombreux  !  A  part  la  botani- 
que, quelle  science  est  directement  accessible  à  des  institu- 
trices rurales  ?  Ne  parlons  ni  de  physique,  ni  de  chimie. 
L'histoire,  la  géographie,  ne  leur  offrant,  en  somme,  que  des 
documents  de  seconde  main,  ne  peuvent  donner  matière  à 
un  travail  véritablement  personnel.  Les  élèves  qui  ont  un 
goût  décidé  pour  la  musique  et  le  dessin  se  créent  sans 
difliculté  une  sphère  d'intérêt  où  se  retrouver  elles-mêmes 
après  le  labeur  du  jour.  Mais  il  y  faut  des  dispositions  par- 
ticulières. La  littérature  s'ouvre  davantage  à  tous  ;  sa  techni- 
que est  moins  hermétique,  du  moins  en  apparence  ;  chacun 
peut  se  flatter  d'y  comprendre  quelque  chose  ;  et  d'ailleurs, 


224  LES   LANGUES    MODERNES 

le  verbe  s'adresse  d'abord  à  la  raison,  il  est  obligatoirement 
intelligible  ;  en  outre,  il  a  pour  véhicule  la  lettre  imprimée, 
le  plus  mobile,  le  plus  insinuant  outil  de  pénétration,  presque 
immatériel  et  omniprésent.  Une  bonne  bibliothèque  littéraire 
française  est,  pour  la  plupart  de  nos  élèves,  le  seul  instru- 
ment possible  de  culture  personnelle  ;  qu'en  outre  une  litté- 
rature étrangère  leur  soit  accessible,  le  profit  est  double,  et 
même  davantage,  toute  connaissance  se  multipliant  indéfini- 
ment par  toutes  les  autres,  comme  les  images  dans  les  miroirs 
qui  se  font  face. 

Au  surplus,  il  se  trouve  toujours  un  certain  nombre 
d'élèves  pour  continuer,  une  fois  sorties  de  l'Ecole  normale, 
l'étude  d'une  langue  vivante  ;  il  y  en  aurait  davantage,  si  elles 
se  sentaient  en  possession  d'une  base  solide,  et  si  elles 
avaient  pris,  dès  l'école,  l'habitude  d'emprunter  au  fonds 
étranger  de  la  Bibliothèque  aussi  facilement,  aussi  naturel- 
lement qu'au  fonds  français  le  livre  de  récréation  du  diman- 
che. Certes,  l'étude  d'une  langue  étrangère  est  plus  qu'un 
délassement  ;  mais  dussent  nos  élèves  ne  voir  dans  cette 
connaissance  qu'un  moyen  de  varier  leurs  lectures  récréa- 
tives, qu'il  vaudrait  encore  la  peine  de  leur  apprendre  une 
langue  vivante.  Il  faut  ouvrir  à  leur  imagination  en  quête 
d'aliments  les  sources  vives  qui  sont  à  leur  portée  ;  la  langue 
étrangère  en  est  une.  Elle  fournit  des  motifs  d'intérêt  indé- 
finiment renouvelables.  Elle  convient  aux  esprits  de  tout 
étage,  du  simple  lecteur  à  demi  paresseux  au  linguiste  le 
plus  érudit.  Elle  peut  faire  naître  l'envie  de  voyager,  le  désir 
de  s'instruire  en  d'autres  branches  ;  c'est  une  étude  féconde, 
qu'on  n'a  pas  encore  exploitée  sufTisamment  dans  nos  écoles, 
à  laquelle  on  n'a  pas  encore  fait  rendre  tout  ce  qu'elle  con- 
tient. La  faute  en  est,  en  partie,  à  l'organisation  actuelle,  qui 
rejette  en  troisième  année  le  travail  vraiment  intéressant  et 
fructueux,  l'étude  littéraire  de  la  langue.  Mais,  tel  même  qu'il 
est  compris,  cet  enseignement,  s'il  venait  à  disparaître,  lais- 
serait, dans  la  formation  intellectuelle  de  nos  élèves,  un  vide 
qu'aucune  autre  discipline  ne  comblerait.  Il  en  serait  comme 
de  ces  gens  dont  l'activité  silencieuse  n'est  reconnue  et 
appréciée  que  lorsqu'elle  s'est  arrêtée.  On  ne  ressuscite  pas 
les  hommes  ;  mais  si  l'on  rayait  les  Langues  Vivantes  de  nos 
programmes,  il  n'y  aurait  bientôt  i)lus  ({u'une  cliose  à  faire, 
ce  serait  de  les  y  rétablir. 

R.  Alhkht. 
Directrice  de  l'Ecole  normale  de  Tarbes. 


Les  Langues  vivantes  au  Congrès  régionaliste 
d'Aix-en-Provence 


Le  1"  Congrès  des  Jeunesses  régionalistcs  s'est  tenu  à 
Aix-en-Provence  les  10  et  11  avril,  dans  la  Salle  des  Etats,  à 
l'Hôtel  de  Ville.  Les  régions  suivantes  y  c4aient  représentées  : 
Provence,  Languedoc,  Catalogne,  Béarn,  Limousin,  Dauphiné, 
Lyonnais,  Bresse  et  Bugey,  Alsace  et  Flandre,  l'Ile-de-France 
et  la  Normandie  y  étaient  représentées  «  de  facto  ».  Comme 
représentants  :  des  universitaires,  des  avochts,  des  écono- 
mistes, des  industriels,  des  commerçants,  des  conseillers 
généraux,  plusieurs  députés  (1).  Au  cours  de  la  séance  con- 
sacrée au  régionalisme  intellectuel,  l'un  des  congressistes  a 
présenté  un  vœu  tendant  au  remplacement  de  la  langue 
étrangère  par  le  dialecte  local  à  l'Ecolo  normale  primaire,  à 
la  condition,  bien  entendu,  que. ce  dialecte  eût  lexique,  gram- 
maire et  littérature.  Je  me  préparais  naturellement  à  plaider 
pour  qu'il  y  eût  adjonction  et  non  remplacement,  lorsque 
M.  Raoul  Blanchard,  professeur  de  géographie  à  la  Faculté 
des  lettres  de  l'Université  de  Grenoble,  directeur  de  l'Institut 
de  géographie  alpine,  avec  l'autorité  qui  s'attachait  à  son 
nom,  à  sa  situation  élevée ~dans  l'enseignement  et  en  même 
temps  à  sa  parfaite  indépendance,  a  pris  la  défense  des  Lan- 
gues Vivantes  à  l'Ecole  normale  d'instituteurs.  Il  a  fait 
observer,  avec  beaucoup  de  tact  mais  aussi  avec  beaucoup 
de  fermeté,  qu'il  y  avait  un  intérêt  de  iDremier  ordre,  au 
point  de  vue  culture  générale,  à  ce  que  tous  les  instituteurs 
fussent  mis  en  contact  avec  une  langue,  une  littérature  et 
une  civilisation  étrangères  et  que  nombre  d'entre  eux  d'ail- 
leurs étaient  appelés  à  sortir  des  cadres  de  l'enseignement 
élémentaire,  soit  par  leur  admission  aux  écoles  normales 
supérieures  primaires,  soit  par  immatriculation  dans  les 
facultés,  où  on  les  considérait  comme  de  préHeuses  recrues. 
— — — . 1 

(1)  Parmi  eux  M.  André  Fribourg,  agrégé  d'histoire,  député  de  l'Ain, 
questeur  du  Groupe  régional  de  la  Chambre,  groupe  qui  avant  la 
guerre   comprenait    15  députés  et  qui   en  comprend   maintenant  près 


226  LES   LANGUES   MODERNES 

Par  une  heureuse  inspiration,  usant  de  son  droit  de  prési- 
dent de  la  séance,  il  demanda  si,  dans  le  nombreux  public 
qui  assistait  aux  débats  du  Congrès,  il  ne  se  trouvait  point 
d'instituteurs  qui  désirassent  donner  leur  opinion  dans  ce 
débat.  Un  jeune  instituteur  se  leva  aussitôt  et  prit  chaleureu- 
sement la  défense  de  la  langue  étrangère.  LTa  discussion  se 
généralisa  mais  je  n'y  pris  aucune  part,  réflexion  faite  et 
rassuré  sur  l'issue,  dans  mon  désir  de  voir  vers  quelle  atti- 
tude inclinerait  d'elle-même  une  assemblée  composée  de 
personnes  extrêmement  distinguées  mais  étrangères  à  l'ensei- 
gnement des  langues  vivantes  !  Grande  fut  ma  satisfaction  de 
la  voir,  en  conclusion,  se  trouver  unanime  pour  rejeter  l'idée 
de  ce  remplacement  et  la  remplacer  par  celle  d'adjonction. 
Le  promoteur  même  du  vœu  se  déclara  convaincu  ! 

Pour  le  baccalauréat  elle  accepte  la  formule  de  «  Langue 
à  option  »,  au  même  titre  que  les  Langues  Coloniales.  Ainsi 
se  termina  un  débat  qui  avait  été  pour  moi  du  plus  haut  inté- 
rêt et  dont  la  conclusion  mérite  bien  d'être  soulignée.  Nous 
la  soumettons  aux  réflexions  de  ceux  qui,  en  voulant,  sup- 
primer la  Langue  Vivante  à  l'Ecole  normale  primaire  —  car 
c'est  la  supprimer  que  la  rendre  facultative  —  mureraient 
la  fenêtre  qui  est  ouverte  à  nos  instituteurs  sur  les  plus 
magnifiques  horizons  de  l'esprit.  Cette  fenêtre,  ne  fût-elle 
qu'une  lucarne,  doit  rester  ouverte. 

Gaston  E.  Buoche. 

Professeur  'af/rêgé  au  (rrand  Lifcée  de  Marseille, 

Secrétaire  Général  de  l'Ecole  du  Palais 

des  Papes  d'Avignon. 

Marseille,  12  avril  1920. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES     ANGLAISES 


Dans  le  cadre  étroit  de  cette  chronique,  il  est  impossible 
de  faire  sa  place  à  chacun  des  événements  qui  ont  récem- 
ment agité  l'opinion  publique  anglaise.  Ils  ont  été  particu- 
lièrement nombreux  ces  deux  derniers  mois  et  certains  ont 
eu  un  retentissement  considérable.  Force  nous  est  de  nous 
limiter  en  nous  rappelant  toutefois  que  l'importance  d'un 
incident  ne  se  mesure  pas  à  l'émotion  qu'il  soulève.  En  dres- 
sant le  bilan  des  dernières  semaines,  dans  le  domaine  politi- 
que ou  intellectuel,  nous  ne  retiendrons  donc  que  les  faits 
qui,  dépouillés  de  l'intérêt  périssable  que  confère  l'actualité, 
semblent,  du  point  de  vue  de  l'historien,  devoir  garder  quel- 
que valeur  comme  points  de  repère. 


L'élection  de  Mr.  Asquith,  à  Paisley,  en  fin  février,  n'a 
pas  apporté  dans  la  vie  parlementaire  les  perturbations 
escomptées  par  la  presse  libérale  indépendante.  Le  seul  effet 
sensible  jusqu'ici  de  la  rentrée  en  scène  du  leader  de  l'oppo- 
sition a  été  d'amener  Mr.  Lloyd  George  à  préciser  ses  idées 
sur  la  nécessité  d'une  fusion  des  partis  centristes.  Ses  atta- 
ques un  peu  vives,  de  même  que  les  ripostes  de.  Mr.  Asquith, 
ont  parfois  donné  l'impression  qu'au  fond  de  la  querelle 
entre  ces  deux  hommes  d'état  il  y  avait  surtout  une  rivalité 
de  personnes.  A  la  vérité  les  préoccupations  que  trahissent 
les  discours  prononcés  de  part  et  d'autre  dépassent  singuliè- 
rement la  portée  d'un  simple  conflit  d'ambitions  égoïstes. 
Le  vrai  problème  est  de  savoir  quelles  digues  seront  élevées 
par  les  puissances  conservatrices  contre,  la  marée  montante 
du  Travaillisme,,  et  au-dessus  même  de  la  discussion  sur  les 
moyens  de  défense  sociale  se  pose  la  question  de  l'orienta- 
tion et  des  progrès  du  parti  ouvrier. 

Mr.  Lloyd  George  a  pris  nettement  position.  S'appuyant 
sur  les  résultats  d'ensemble  des  élections  partielles,  il  arrive 


228  LES    LANGUES    MODERNES 

au  classement  suivant  des  partis  :  en  tète  vient  le  Labour 
Party  avec  146. ÛOU  voix,  puis  les  unionistes  (124.000),  les 
libéraux  indépendants  (85.000),  les  libéraux  coalitionnistes 
(43.000).  «  Un  conflit  entre  unionistes  et  libéraux,  constate- 
t-il.  amènerait  au  pouvoir  un  gouvernement  travailliste.  Or 
la  doctrine  travailliste  est  ceDe  de  la  propriété  collective  — 
connue  en  France  sous  le  nom  de  communisme,  en  Allema- 
gne de  socialisme  et  en  Russie  de  bolchevisme.  Cette  doc- 
trine contredit  celle  du  libéralisme  qui  voit  dans  la  propriété 
privée  un  aiguillon  et  une  récompense,  c'est-à-dire  un  moyen 
très  puissant  d'assurer  le  bien-être  de  la  communauté.  « 

A  cette  théorie,  Mr.  Asquith  ne  fait  vraiment  qu'un  seul 
reproche  sérieux  :  celui  d'exploiter  jjour  des  fins  démagogi- 
ques la  crainte  et  l'ignorance  des  masses,  et  de  mettre  en 
garde  «  ceux  qui  possèdent  »  contre  les  desseins  révolu- 
tionnaires de  '(  ceux  qui  ne  possèdent  rien  »  ;  politique  dan- 
gereuse, puisqu'elle  aboutit  à  la  guerre  de  classes. 

En  somme,  entre  Mr.  Asquith  et  ^Ir.  Lloyd  George  il  y  a 
divergence  d'idées,  non  sur  la  façon  de  concevoir  la  pro- 
priété, mais  sur  l'attitude  à  observer  à  l'égard  du  Labour 
Part}-.  En  assimilant  celui-ci  au  bolchevisme,  le  Premier 
Ministre  a  fourni  des  armes  contre  lui  à  ses  adversaires.  Il 
lui  a  manqué  de  faire  la  distinction  entre  le  but  et  les  mé- 
thodes du  Socialisme. 

Or,  le  Labour  Party  s'oriente  nettement  vers  l'action  poli- 
tique à  Texclusion  de  l'action  directe.  Au  congrès  des  Tradc- 
Unions  convoqué  pour  étudier  les  mesures  à  prendre  après 
le  rejet  par  les  Communes  du  projet  de  nationalisation  des 
mines,  les  Thomas,  les  Clyaes  ont  pris  vigoureusement  parti 
pour  l'action  légale  contre  la  grève  générale  révolutionnaire. 
Et  au  vote  qui  a  clôturé  le  congrès,  3.800.000  voix  se  sont 
prononcées  pour  les  méthodes  réformistes  contre  un  million 
seulement  en  faveur  de  l'action  directe. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  l'Independent  Labour  Party  qui  ne 
répudie  formellement  la  violence.  Cette  organisation,  qui  se 
place  entre  le  British  Socialist  Party  aux  tendances  sovié- 
t;stes,  et  le  Labour  Party  fidèle  à  la  Deuxième  Internationale, 
tenait  le  fi  avril,  à  Glasgow,  son  congrès  annuel.  Faisant 
sienne  la  résolution  volée  par  les  socialistes  français  à 
Strasbourg,  elle  s'est  déclarée  favorable  à  la  reconstruction 
d'une  Deuxième  Internationale  où  les  difTérenles  sections 
conserveraient  l'initiative  de  leur  tactique.  El  Mr.  Macdonald 


ï 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  229 

ainsi  que,  Mr.  Snowdcn  ont  précisé  que  pour  l'I.  L.  P.  cette 
tactique  consistait  à  réaliser  les  principes  socialistes  par  les 
moyens  uniquement  constitutionnels. 

Citons  enfin  un  article  de  Mr.  Arthur  Henderson  en 
réponse  à  la  déclaration  de  guerre  de  Mr.  Lloyd  George. 
«  Le  monde  ouvrier,  écrit-il,  vient  de  se  prononcer  solen- 
nellement contre  l'action  directe.  Il  doit  en  résulter  un  déve- 
loppement rapide  du  mouvement  politique  travailliste  basé 
sur  un  large  appel  à  toutes  les  classes.  Le  Labour  Party 
entend  poursuivre  la  réalisation  de  son  programme  sur  le 
terrain  constitutionnel...  Mr.  Lloyd  George  nous  assimile  aux 
Bolchevistes  ?  C'est  faussement  interpréter  nos  théories  que 
de  prétendre  qu'elles  cachent  des  buts  subversifs...  Le 
Labour  Party  relève  le  défi.  Il  adressera  un  appel  non  seule- 
ment aux  travailleurs  organisés,  mais  à  quiconque  s'intéresse 
à  son  programme.  Nous  voulons  donner  aux  électeurs  le 
le  moyen  de  choisir  entre  la  politique  de  classes  de  Mr.  Lloyd 
George  et  la  politique  de  propriété  collective  et  d'adminis- 
tration démocratique  des  services  publics  que  défend  le 
Labour  Party.  » 

Ce  document,  avec  son  appel  à  la  collaboration  des  clas- 
ses, n'est  pas  sans  bouleverser  certaines  idées  admises.  Mais 
il  s'explique  avec  netteté  et  franchise  sur  la  tactique  du  parti 
et  ne  dissimule  rien  du  but  travailliste  :  substituer  à  la  pro- 
priété privée  la  propriété  collective.  Or  c'est  à  cela  même 
que  s'oppose  avec  non  moins  de  netteté  et  de  franchise 
Mr.  Lloyd  George,  à  cela  que  se  sont  opposés  les  électeurs  de 
Mr.  Asquith,  unionistes  et  libéraux  confondus,  en  votant 
pour  lui  à  Paisley  contre  le  candidat  du  Labour  Party,  à  cela 
enfin  que  s'opposerait  Mr.  Asquith  s'il  était  au  pouvoir.  La 
logique  est  donc  du  côté  de  Mr.  Lloyd  George  et  aussi  du 
côté  du  Labour  Party.  Ou  bien  on  veut  le  maintien  de  la 
propriété  individuelle,  et  il  faut  marcher  derrière  la  bannière 
gouvernementale,  ou  l'on  veut  la  disparition  de  cette  pro- 
priété individuelle  au  profit  de  la  collectivité,  et  il  faut  sui- 
vre alors  la  bannière  socialiste.  Entre  ce  courant  et  ce  con- 
tre-courant il  faut  opter  ;  car  il  n'existe  pas  de  position 
intermédiaire.  A  en  chercher  une,  le  libéralisme  indépen- 
dant court  vers  sa  ruine  ;  il  ne  pourrait  se  sauver  que  par 
une  alliance  avec  le  Labour  Party.  Les  dernières  élections 
montrent  qu'il  ne  faut  s'attendre  à  rien  de  semblable  ;  par- 
tout les  travaillistes  mènent  le  combat  pour  eux  seuls  et  avec 


230  LES   LANGUES   MODERNES 

leurs  seules  forces.  Entre  la  coalition  qui  maintient  ses  posi- 
tions et  le  Labour  Party  dont  la  croissance  rapide  ne  laisse 
pas  d'étonner,  le  parti  libéral  indépendant,  malgré  la  grande 
valeur  de  plusieurs  de  ses  membres,  doit  se  résoudre  à  .voir 
diminuer  chaque  jour  son  influence...  Et  l'Angleterre  aura 
parcouru  une  nouvelle  étape  de  son  évolution  politique 
lorsqu'elle  ne  comptera  plus  que  deux  grands  partis  :  le 
parti  du  travail  et  le  parti  de  conservation  sociale. 


C'est  au  milieu  de  l'émotion  causée  par  la  recrudesceiice 
d'attentats  contre  des  Sinn-Feiners  ou  des  fonctionnaires 
britanniques  cfue  se  sont  déroulés  aux  Communes  les  débats 
précédant  l'adoption  en  seconde  lecture  du  Home  Rule  Bill. 

Voici  dans  ses  grandes  lignes  le  projet  gouvernemental. 
L'Irlande  serait  divisée  en  deux  régions  ayant  chacune  son 
Parlement  ;  celle  du  Nord,  comprenant  les  six  comtés  dits 
«  protestants  »  de  FUlster,  élirait  un  Parlement  de  52  mem- 
bres ;  celle  du  Sud,  formée  du  reste  de  l'Irlande,  un  Parle- 
ment de  128  membres.  La  représentation  irlandaise  à 
Westminster  serait  réduite  à  42  membres  et  pour  donner 
quelque  unité  à  la  vie  de  l'Irlande,  il  serait  constitué  un  Con- 
seil de  40  membres,  choisis  par  moitié  dans  les  deux  régions. 
Enfin  l'Angleterre  exigerait  le  paiement  d'un  tribut  annuel 
de  £  18.000.000. 

Ce  bill  a  reçu  des  intéressés  un  accueil  dépourvu  d'en- 
thousiasme. Les  Sinn-Feiners  naturellement  refusent  de  le 
discuter  puisqu'ils  réclament  pour  l'Irlande,  non  un  Home 
Rule,  mais  le  droit  de  disposer  d'elle-même.  Quand  aux  autres 
partis  du  Sud  (nationalistes  ou  partisans  de  la  forme  gou- 
vernementale accordée  aux  dominions),  ils  sont  unanimes  à 
condamner  un  projet  qui  ne  réalise  pas  l'unité  du  pays,  qui 
perpétue  l'hostilité  de  l'Ulster  à  l'égard  des  catholiques,  et 
qui  refuse  l'indépendance  fiscale,  base  de  toutes  les  autres. 
Par  contre,  au  Nord,  les  Carsonistes,  tout  en  protestant  de 
leur  fidélité  à  l'Empire,  se  disent  prêts  à  accepter  la  formule 
actuelle  (|ui  ménage  leur  situation.  Ces  critiques  et  ces  réser- 
ves ont  trouvé  leur  écho  au  Parlement  avant  le  vote.  Mais 
rimi)uissance  des  groupements  d'opj)osition  à  mettre  sur 
pied  un  programme  conciliant  davantage  les  aspirations  de 
l'Irlande  et  les  intéi'êts  de  rEnq>ire,  explique  la  large  majo- 
rité obtenue  i)ar  le  gouvcrHement  dans  le  vote  final. 


CHHONIQCE    ÉTRAXOÈHE  231 

La  conclusion  des  débats  a  été  dégagée  par  Ivir.  Lloyd 
(icorge.  En  face  des  Sinn-Feiners  réclamant  l'autonomie 
complète,  il  voit  tous  les  partis  politiques  de  l'Angleterre 
(y  compris  le  Labour  Party)  manifestant  leur  ferme  volonté 
de  s'opposer  à  la  séparation.  «  Il  ne  peut  être  question, 
a-t-il  ajouté  en  substance,  de  reconnaître  à  l'Irlande  le  droit 
'Je  disposer  d'elle-même  ;  de  même  que  les  Etats  du  Nord  en 
Amérique  ont  enq)èché  par  la  force  la  sécession  des  Etats  du 
Sud,  de  même  l'Angleterre  serait  obligée  par  des  mesures  de 
répression  identiques  de  maintenir  l'Irlande  au  sein  de 
l'Empire.  »  Ces  paroles  s'adressaient  non  seulement  aux 
Sinn-Feiners,  mais  aussi  au  Sénat  Américain  qui  avait  voté 
quelques  jours  auparavant  une  motion  de  sympathie  à 
l'adresse  de  l'Irlande. 

Cette  déclaration  est  peut-être  trop  tardive  pour  enlever 
aux  Républicains  irlandais  tout  espoir  de  réaliser  leur  des- 
sein. Ils  se  sentent  plus  ([ue  jamais  soutenus  par  les  descen- 
dants de  ceux  contre  qui  l'Angleterre  a  exercé  la  politique 
du  bateau  d'émigrants.  Tant  que  l'étranger,  et  en  particulier 
l'Amérique,  les  observera  avec  sympathie,  il  est  peu  vrai- 
semblable qu'ils  désarment,  et  dans  les  événements  insur- 
rectionnels de  Pâques,  il  faut  voir  une  première  aflirmation 
éclatante  de  leur  désir  de  ne  pas  capituler  devant  les  mena- 
ces de  Mr.  Llovd  George. 


A  l'extérieur,  l'attention  s'est  détournée  de  la  Russie  pour 
se  porter,  de  façon  modérée,  sur  l'Allemagne  qu'il  faut 
désarmer  et,  de  façon  soutenue,  sur  la  Turquie  qu'il  faut 
partager.  Ce  dernier  pays  qui  contrôle  les  Détroits,  qui  peut 
assurer  des  communications  plus  rapides  avec  l'Inde,  et  qui 
possède,  entre  autres  richesses,  des  puits  de  pétrole,  ne 
peut  manquer  d'exciter  les  convoitises.  La  conférence  actuel- 
lement réunie  à  San-Remo  pour  fixer  le  statut  nouveau  de 
l'empire  ottoman  n'entendra  peut-être  pas  prononcer  par 
Mr.  Lloyd  George  un  Ego  noniinor  leo,  mais  elle  assistera 
certainement  :,ux  efforts  de  la  diplomatie  anglaise  pour 
s'assurer  la  part  du  lion.  Les  avantages  qu'elle  se  fera  attri- 
buer seront  d'ailleurs  avant  tout  théoriques,  car  il  est  plus 
facile  de  rédiger  des  clauses  de  traité  cjue  d'en  obtenir  ou 
d'en  imposer  l'exécution. 


232  LES   LANGUES    MODERNES 

C'est  sans  doute  le  souci  d'enrichir  son  actif  autrement 
que  sur  le  papier,  qui  a  amené  l'Angleterre  à  honorer  le 
problème  de  Constantinople  d'une  discussion  et  d'une  solu- 
tion à  part.  Un  mémoire  signé  des  hauts  dignitaires  de 
l'Eglise  anglicane  et  de  personnalités  universitaires  ou  poli- 
tiques, déclare  les  Turcs  indignes  de  rester  en  Europe.  Ce 
document  aurait  gagné  à  être  rédigé  avec  plus  de  modéra- 
tion. Il  parle  de  la  sauvagerie  et  de  la  cruauté  des  Turcs 
envers  leurs  prisonniers,  au  moment  même  où  le  général 
Townshend,  dans  ses  souvenirs  de  campagne  (1),  rend  hom- 
mage à  l'esprit  chevaleresque  de  ses  adversaires.  Ce  témoi- 
gnage, venant  après  celui  de  Pierre  Loti  et  aussi  de  nom- 
breux combattants  qui  ont  été  frappés  de  l'humanité  (rela- 
tive bien  entendu)  avec  laquelle  ces  prétendus  sauvages  ont 
conduit  la  guerre,  ne  laisse  pas  d'être  troublant.  Le  héros 
de  Kut-el-Amara  conclut  au  maintien  des  Turcs  à  Constan- 
tinople et  préconise  une  organisation  de  l'Asie  Mineure  pres- 
qu'en  tous  points  conforme  au  plan  français.  Cette  solution 
est  adoptée  également  par  ceux  qui  jugent  les  faits  de  la 
diplomatie  orientale  en  fonction  de  leur  répercussion  éven- 
tuelle sur  l'Inde.  Entre  ces  deux  formules  extrêmes,  il  s'en 
insère  une  troisième,  de  conciliation,  proposant  de  «  vati- 
caniser  »  la  résidence  du  calife,  autrement  dit  de  maintenir 
le  Sultan  à  Constantinople,  en  lui  retirant  son  pouvoir  tem- 
î}orel  sur  les  Détroits. 

Après  des  hésitations,  dues  à  des  divergences  d'idées  au 
sein  même  du  Cabinet,  on  a  finalement  admis  le  point  de 
vue  du  parti  turcophile.  Mais  celui-ci  venait  à  peine  de 
recevoir  cette  satisfaction  de  principe,  que  les  auteurs  du 
mémoire,  groupés  autour  du  Secrétaire  d'Etat  pour  les  AfTai- 
res  Etrangères,  obtenaient  une  satisfaction  de  fait.  A  la  suite 
de  troubles  causant  la  mort  de  plusieurs  milliers  d'Armé- 
niens, Mr.  Lloyd  George  décidait  en  effet  l'occupation  de 
Constantinople.  «  astreinte  »  provisoire  et  n'ayant  d'autre 
but,  dit-on,  que  d'obliger  le  gouvernement  turc  à  respecter 
ses  engagements  et  à  prendre  des  mesures  de  protection  en 
faveur  des  minorités  chrétiennes. 

Rien  n'est  plus  dans  la  tradition  britannique  que  cette  sol- 
licitude à  l'égard  des  minorités.  C'est  pour  défendre  les  Pro- 


(1)  My   campaign   in  Mesopotamia.    By    Major    General   Sir  Charles 
Townsliend  (Thornton  Butterworth.  28's.  net). 


I 


CHRONIQLl-:    ÉTRAXGliUK  233 

testants  de  l'Ulster  contre  la  tyrannie  catholique  des  provin- 
ces du  Sud  que  l'Angleterre  refuse  à  rirlande  son  indépen- 
dance ;  c'est  pour  éviter  aux  minorités  allemandes  l'humilia- 
tion de  subir  le  joug  polonais  qu'elle  s'est  fait  donner  par  la 
Société  des  Nations  le  mandat  d'administrer  l'enclave  de 
Dantzig  ;  c'est  enfin  pour  protéger  certains  groupements  non 
musulmans  du  centre  de  l'Asie  Mineure  qu'elle  met  la  main 
sur  Constantinople.  Toutes  ces  interventions  sont  décidées 
liu  nom  de  principes  supérieurs  d'humanité  ;  mais  elles 
comportent  de  tels  profits  oji  commerciaux  ou  stratégiques 
(quand  les  deux  ne  sont  pas  réunis),  que,  si  l'homme  d'Etat 
peut  les  approuver  sans  réserve,  le  moraliste  ne  peut  s'empê- 
cher d'en  suspecter  le  désintéressement. 


Dans  le  domaine  intellectuel,  il  convient  de  noter  deux 
mesures  prises  à  l'Université  d'Oxford,  par  lesquelles  l'insti- 
tution la  plus  traditionaliste  de  l'Angleterre  marque  sa 
volonté  d'adaptation  aux  nécessités  nouvelles. 

Constatant  que  le  maintien  du  grec  obligatoire  à  Oxford, 
sans  servir  aucunement  la  cause  du  Grec,  ne  faisait  que 
favoriser  le  recrutement  des  autres  universités,  la  «  Convo- 
cation »  a  décidé  d'en  finir  avec  une  exigence  pour  le  moins 
excessive.  L'influence  déclinante  d'Oxford  y  trouvera  un 
regain  de  vitalité,  et  le  grec  lui-même  n'y  perdra  rien,  si, 
comme  le  souhaite  le  professeur  Gilbert  Murray,  les  Princi- 
paux des  Ecoles  secondaires  en  facilitent  l'étude  aux  jaunes 
gens  attirés  vers  la  culture  désintéressée.  «  A  notre  époque 
de  spécialisation  à  outrance,  lit-on  dans  le  Manchester 
Guardian,  c'est  moins  le  nombre  qui  importe  que  la  qualité 
des  hellénistes.  « 

D'autre  part,  l'Assemblée  Académique  d'Oxford  a  résolu 
d'accorder  aux  femmes  le  droit  de  prendre  leurs  grades 
universitaires.  La  question  n'a  donné  lieu  à  aucun  débat,  et 
c'est  assez  naturel.  Le  dernier  argument  des  anti-féministes 
pour  maintenir  la  femme  dans  une  situation  inférieure,  était 
qu'en  cas  de  guerre  elle  n'avait  ni  les  mêmes  devoirs  ni  les 
mêmes  responsabilités  que  l'homme.  Or  l'expérience  a  fait 
justice  de  cette  théorie.  La  femme  s'étant  montrée  l'égale  de 
l'homme  dans  l'endurance,  l'effort,  et  souvent  même  le  dan- 
ger,  aucune   raison    ne    subsistait   de    lui    refuser   les    droits 

ic. 


234  LES   LANGUES   MODERNES 

politiques.  On  a  prétendu  que  le  rôle  traditionnel  d'Oxford 
était  de  former  l'esprit  de  ceux  qui  se  destinent  à  servir  leur 
pays  «  dans  l'Etat  ».  La  femme  ayant  accès  au  Parlement  et 
aux  fonctions  gouvernementales,  la  logique  imposait  qu'on 
lui  donnât  les  mêmes  moyens  qu'à  l'homme  de  se  préparer 
à  sa  tâche. 

Les  droits  de  la  femme  se  trouvent  ainsi  pleinement  recon- 
nus au  moment  où  disparait  un  écrivain  qui  fut  un  des  pré- 
curseurs du  féminisme.  Mrs  Humphrey  \Yard,  au  début  de 
sa  carrière,  étonna  ses  contemporains  par  la  nouveauté  et  le 
courage  de  ses  conceptions  ;  elle  fut  en  effet  une  novatrice, 
mais  sur  la  route  même  qu'elle  avait  ouverte,  elle  ne  tarda 
pas  à  se  trouver  dépassée  par  sa  génération,  dont  les  idées 
évoluaient  rapidement  alors  que  les  siennes  restaient  immua- 
bles. 

La  publication  en  1888  de  Robert  Elsmere  souleva 
l'enthousiasme  de  la  critique,  qui  vit  en  son  auteur  le  suc- 
cesseur et  l'égal  de  George  Eliot.  Les  années  devaient  corri- 
ger ce  qu'il  y  a  d'excessif  dans  ce  jugement.  Semblable  par 
l'activité  et  la  culture  à  George  Eliot,  elle  avait  de  plus 
comme  celle-ci  la  conscience  de  ses  devoirs  sociaux.  Mais 
dans  ses  romans,  que  les  questions  agitées  soient  religieuses, 
politiques  ou  économiques,  elle  semble  hésiter,  ses  prémisses 
posées,  à  faire  le  pas  décisif  après  quoi  le  raisonnement  se 
développe  jusqu'à  sa  conclusion  logique.  Elle  donne  ainsi 
l'impression  d'un  esprit  timoré  qui  a  parfois  des  velléités  de 
hardiesse. 

Pour  Mrs  Ward,  l'action  sociale  était  le  prolongement  de 
l'activité  littéraire.  L'intérêt  qu'elle  portait  à  l'enfance  se 
traduisit  par  la  création  de  colonies  scolaires,  de  cours  de 
vacances,  d'écoles  pour  jevsnes  infirmes.  Opposée  à  ce  que  la 
femme  jouât  un  rôle  actif  en  politique,  elle  souhaitait  par  con- 
tre la  voir  se  pencher  sur  les  misères  sociales.  A  l'action  direc- 
te sur  le  gouvernement  du  pays,  elle  préférait  l'influence  dis- 
crète que  la  femme  sait  exercer  dans  les  questions  qui 
l'intéressent. 

Aussi  les  récentes  conquêtes  du  féminisme,  aboutissant  à 
l'élection  de  Lady  Astor  au  Parlement,  la  laissèrent-elle 
indifférente,  sinon  inquiète.  I-.îais  ses  préventions  durent 
tomber  en  partie  lors(iu'elle  vit  la  ])remière  intervention 
féminine  aux  ('omnumes  se  produire  en  faveur  de  la  jjrohibi- 
tion  de  l'alcool.  Le  problème  de  la    tempérance  fut    toujours 


CHRONIQUE   ÉTRAXOKRE  235 

au  premier  plan  de  ses  préoccupations.  C'est  ainsi  que  même 
dans  Enfjland's  Effort  (1917),  petit  livre  de  propagande  pour 
l'Amérique,  sa  curiosité  se  porte  autiint  sur  la  santé  morale 
du  personnel  ouvrier  que  sur  le  rendement  en  obus  des  usines 
de  guerre.  Si  donc  la  formule  d'émancipation  féminine  linale- 
ment  réalisée  n'a  pas  eu  toute  son  approbation,  Mrs  Ward  a 
pu  du  moins  trouver  cjuelque  satisfaction  à  la  pensée  que  sous 
une  autre  forme  et  par  d'autres  mojens,  son  œuvre  se  pour- 
suivait. 

Sarreboiiry,  23  avril. 

Marcel  Lorans. 


N0TE3   ALLEMANDES 


Il  ne  saurait  être  question  dans  les  quelques  pages  qui 
vont  suivre  d'étudier  dans  son  ensemble  le  mouvement  poli- 
tique, social  et  littéraire  d'un  pays  qui  a  subi  des  modifica- 
tions aussi  profondes  que  l'Allemagne.  Nous  nous  bornerons 
à  présenter  successivement  quelques  aspects  intéressants  du 
nouvel  Empire,  et  nous  consacrerons  ces  iiremières  notes  à 
la  situation  intérieure  de  r.\llemagne. 


L'Allemagne,  comme  tous  les  pays  qui  ont  subi  un  désas- 
tre militaire,  a  cherché  son  salut  dans  une  orientation  poli- 
tique nouvelle  ;  elle  a  prétendu  vouloir  prendre  en  mains 
ses  destinées,  et  a  fait  choix  d'une  constitution  démocrati- 
que ;  mais  on  ne  saurait  prétendre  que  la  stabilité  des 
institutions  républicaines  y  soit  désormais  assurée.  Ce  pays 
est  encore  bien  loin  d'avoir  franchi  la  période  des  convul- 
sions intérieures  qui  accompagnent  nécessairement  l'instau- 
ration d'un  régime  nouveau. 

Le  coup  d'Etat  de  Kapp  a  sans  doute  misérablement 
échoué,  parce  que  le  peuple,  sur  Tordre  de  Xoske,  se  dressa 
résolument  en  travers  des  entreprises  des  hobereaux,  et  ne 
craignit  pas  d'opposer  à  la  tentative  de  restauration  monar- 
chique cette  mesure  de  défense  désespérée  qu'est  la  grève 
générale.  L'échec  du  coup  de  force  révéla  l'attachement  indé- 


236  jles  langues  modernes 

niable  du  peuple  aux  conquêtes  de  la  Révolution,  en  même 
temps  qu'il  réussit  à  fortifier  la  coalition  des  partis  libé- 
raux. Le  centre.,  les  démocrates  et  les  socialistes  sentirent  la 
récessité  de  resserrer  les  liens  un  peu  lâches  de  l'alliance 
qui  les  avait  unis  pour  la  défense  des  principes  républicains, 
et  ils  disposent  au  Pailement  d'une  majorité  écrasante  :  ils 
sont  en  efïet  les  mandataires  de  23  millions  d'électeurs,  tan- 
dis que  les  partis  de  droite  (die  Deiilsch-Xationalen  et  die 
Volkspartei),  n'en  comptent  que  4  millions  1/2,  et  que  les 
extrémistes  de  gauche  {die  Unabhângigen  et  die  Spartakis- 
ten)  ne  représentent  que  2  millions  1/2  de  voix.  La  compo- 
sition de  cette  majorité  fixait  au  gouvernement  scn  pro- 
gramme :  le  nouveau  cabinet  devait  apporter  toute  sa  vigi- 
lance à  la  défense  du  régime  actuel,  développer  les  institu- 
tions démocratiques,  et  pour  ne  point  partager  le  sort  de 
Xoske,  éviter  de  s'endormir  dans  un  optimisme  excessif  : 
en  un  mot,  il  devait  mener  une  politique  de  combat.  Telles 
furent  du  reste  les  promesses  que  fit' solennellement  M.  Mill- 
ier à  l'Assemblée  Nationale  quand  il  prit  la  présiden  e  du 
nouveau  ministère  ;  et  son  succès  oratoire  fut  grand,  lors- 
qu'il convia  la  majorité  à  faire  front  avec  lui  contre  toutes 
les  tentatives  de  dictature  du  prolétariat  ou  des  monarchis- 
tes. La  sincérité  du  ministre  ne  paraît  pas  jusqu'ici  devoir 
être  mise  en  doute  ;  mais  la  tâche  qu'il  s'est  proposée  est 
considérable  ;  et  il  devra  parcourir  un  long  chemin,  tout 
semé  d'embûches,  avafit  que  d'avoir  réalisé  une  démocrati- 
sation véritable  de  l'empire  allemand. 

De  graves  embarras  ont  été  suscités  immédiatement  au 
nouveau  gouvernement  par  les  ouvriers  du  bassin  de  la  Ruhr. 
Les  troubles  communistes  de  cette  région  semblent  avoir 
inquiété  réellement  les  cercles  dirigeants  en  Allemagne. 
Cependant  la  rapidité  avec  laquelle  les  bandes  de  Hôlz 
purent  être  désarmées,  prouve  nettement  qu'une  opération 
de  police  eût  été  aussi  efïïcace  et  beaucoup  plus  opportune 
qu'une  expédition  militaire.  La  répression  de  .ce  mouvement 
révolutionnaire  a  été  menée  d'autre  part  avec  une  telle 
vigueur  par  les  éléments  réactionnaires  de  la  Reichswehr, 
que  les  syndicats  ouvriers,  obéissant  aux  directions  de 
Legien,  protestèrent  eux-mêmes  avec  énergie  contre  un  tel 
déploiement  de  forces  ;  ils  réussirent  du  reste  à  limiter  le 
champ  de  cette  action  militaire.  Dès  le  début,  le  gouverne- 
ment de  MûUcr  se  trouve  donc  en  conflit  avec  les  masses 
ouvrières. 


CHRONIQUE    ÉTRANCIÈRE  237 

Mais  les  difficultés  que  lui  préparent  les  partis  de  droite 
constituent  une  menace  certainement  plus  redoutable,  et 
semblent  avoir  retenu  davantage  aussi  l'attention  du  pays. 
Si  Kapp  et  von  Lùttwitz  sont  devenus  pour  le  moment  inof- 
fensifs, lîuisqu'ils  se  sont  soustraits  à  l'action  des  lois, 
leurs  lieutenants  travaillent  plus  ou  moins  ouvertement  à 
poursuivre  l'oeuvre  des  grands  chefs  absents.  La  réaction 
n'a  peut-être  jamais  été  plus  active  que  depuis  l'échec  de 
Kapp  ;  elle  a  groupé  en  un  organisme  puissamment  articulé, 
tous  les  éléments  de  l'Empire  qui  aspirent  à  une  restau- 
ration de  l'ancien  régime  ;  et  elle  travaille  à  celle-ci  avec 
une  hâte  d'autant  plus  fébrile  que  le  temps  lui  est  mesuré. 

C'est  à  l'Est  surtout  que  gronde  l'orage  ;  les  signes  pré- 
curseurs nous  en  sont  révélés  chaque  jour  par  la  presse 
libérale.  Dans  les  provinces  de  Poniéranie  et  de  Silésie  une 
nouvelle  kappiade  s'organise  qui  s'annonce  d'autant  plus 
dangereuse  qu'elle  prétend  tirer  parti  des  enseignements  de 
la  première  :  le  coup  d'Etat  ne  doit  plus  être  tenté  à  Berlin  ; 
les  troupes  seraient  concentrées  dans  la  province  dont  elles 
assureraient  la  soumission  ;  elles  marcheraient  ensuite  sur 
la  capitale  qu'elles  investiraient.  Le  mouvement  est  dirigé 
par  les  grands  propriétaires  terriens,  auxquels  ont  promis 
leur  concours  les  corps  du  Baltikum  et  de  la  Reichswehr, 
ainsi  que  les  troupes  de  volontaires  constituées  à  cet  effet. 

Les  agrariens  de  Poméranie  et  de  Silésie  voient  avec  effroi 
l'influence  dont  ils  disposaient  jadis  leur  échapper  définiti- 
vement :  il  s'est  produit  là-bas  comme  ailleurs  un  glissement 
du  pouvoir,  qui  est  passé  des  partis  de  droite  à  ceux  de 
gauche.  La  Révolution  a  accéléré  tout  particulièrement  l'orga- 
nisation du  prolétariat  agricole,  et  celle-ci  a  progressé  si 
rapidement  qu'il  n'est  pas  de  grande  exploitation  où  les 
ouvriers  n'aient  constitué  un  groupement  socialiste.  Les 
agriculteurs,  efi"rayés  par  les  progrès  de  la  cause  révolution- 
naire, ne  peuvent  se  résigner  à  accepter  aujourd'hui  une 
abdication  qui  demain  leur  sera  imposée  ;  et  pour  sauver 
du  naufrage  leurs  privilèges  politiques  et  économiques,  ils 
sont  décidés  à  recourir  aux  mesures  extrêmes,  jusqu'à  celle 
de  l'alliance  temporaire  avec  les  communistes  :  tout  chan- 
gement politique,  quel  qu'il  soit,  sera  pour  eux  le  bienvenu. 

Mais  où  trouver  les  janissaires,  résolus  à  tenter  un  nou- 
veau coup  de  force  ?  Les  agrariens  les  recruteront  sur  leurs 
propres  domaines,  parmi  les  troupes  licenciées  de  la  Balti- 


238  LES    LANGUES   MODERNES 

que,  qu'ils  ont  hospitalisées  et  dissimulées  à  dessein.  Ce 
n'est  pas  par  hasard  que  le  Baltikum  a  cherché  un  refuge 
sur  les  terres  dilTicilement  pénétrables  de  Poméranie  ;  il  j- 
était  appelé  par  la  réaction,  qui  s'est  constitué  ainsi  une 
garde  du  corps  docile  et  prête  à  toutes  les  besognes.  Les 
troupes  baltiques  en  effet  se  composent  surtout  d'aventuriers 
et  de  déclassés,  qui  mèneront  la  guerre  jojeuse  avec  leur 
sauvagerie  coutumière  ;  ils  attendent  pour  le  moment,  sous 
la  blouse  d'ouvriers  agricoles,  que  leur  soit  donné  le  signal 
du  ralliement  pangermaniste. 

L'appel  aux  armes  ne  prendra  pas  ces  troupes  au  dépourvu. 
Des  dépôts  de  munitions  ont  été  aménagés  sur  tout  le  terri- 
toire de  ces  provinces,  en  lieux  sûrs  :  c'est  ainsi  qu'au  cours 
d'une  perquisition  opérée  chez  le  député  deutsch-national 
V.  Kessel  à  Obcrglauche,  en  Silésie,  on  ne  découvrit  pas 
moins  de  4  canons  et  de  4  lance-flammes.  Ailleurs,  ce  sont 
de  véritables  parcs  d'aviation  qui  ont  été  dissimulés  dans 
les  plus  grandes  propriétés. 

En  Bavière,  la  réaction  présente  un  aspect  différent  ;  et 
celle-ci,  pour  être  moins  provocante,  et  rester  en  apparence 
dans  les  limites  de  la  légalité,  ne  cause  pas  moins  de  soucis 
au  gouvernement  de  Berlin.  L'ancien  bloc  majoritaire  s'est 
désagrégé  au  lendemain  du  coup  d'Etat  de  Kapp  ;  la  concen- 
tration s'est  opérée  à  droite  ;  un  nouveau  bloc  s'est  consti- 
tué, dont  furent  exclus  les  socialistes,  mais  qui  ouvrit  lar- 
gement ses  rangs  à  la  ligue  des  paysans.  Or,  de  tous  les  par- 
tis de  droite,  le  Bauernbund  est  particulièrement  suspect  à 
Berlin,  en  raison  de  sfes  menées  séparatistes.  On  l'accuse  de 
chercher  à  constituer  un  Etat  bavarois  indépendant,  séparé 
de  l'Allemagne  du  Nord  par  la  ligne  du  Mein,  et  englobant 
l'Autriche.  Cette  politique  a  sans  doute  été  désavouée  par 
les  ministres  bavarois  ;  mais  ceux-ci  n'ont  ]>eut-être  pas 
réussi  à  dissiper  toute  la  méfiance  qu'ils  inspiraient  à  la 
Prusse.  ^ 


De  graves  menaces  pèsent  donc  sur  l'existence  du  régime. 
A  quels  éléments  le  gouvernement  pourra-t-il  faire  appel, 
afin  de  barrer  la  route  à  la  réaction,  qui  se  prépare  à  un 
nouvel  assaut  ? 

La  ReiqhsNvehr  ne  peut  guère  inspirer  confiance  au  parti 
républicain  ;   elle   n'est   entre   les   mains   de   ses  chefs   qu'un 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  239 

instrument  destiné  à  réaliser  leurs  ambitions  :  ceux-ci,  nom- 
més par  les  hommes  du  cabinet  militaire  de  Guillaume  II, 
qui  sont  restés  très  puissants  au  Ministère  de  la  Guerre,  sont 
tous  dévoués  à  la  cause  monarchique.  Les  corps  de  volon- 
taires d'autre  part,  qui  prétendaient  s'être  constitués  pour 
combattre  le  bolchevisme,  ne  poursuivent  que  la  restaura- 
tion de  l'ancien  régime  ;  ils  ont  le^'é  le  masque  dernière- 
ment, en  offrant  asile  aux  officiers  que  l'échec  de  Kapp  a^4ait 
contraints  à  une  retraite  temporaire.  La  loyauté  des  troupes, 
qui  peuvent  être  appelées  à  défendre  la  Constitution,  reste 
donc  plus  que  douteuse. 

Les  Universités  enfin,  qui  de  tout  temps  ont  exercé  une 
^influence  si  profonde  sur  la  formation  de  l'esprit  national, 
sont  hostiles  au  nouveau  gouvernement  et  gardent  intact  le 
culte  de  la  tradition  prussienne  :  la  plupart  des  étudiants 
et  des  professeurs  fêteraient  dans  le  retour  des  Hohenzol- 
Icrn  la  résurrection  de  leur  Messie.  Au  lendemain  de  la 
tentative  de  Kapp,  plusieurs  membres  du  Comité  de  l'Asso- 
ciation des  étudiants  à  Berlin  crurent  devoir  signer  la  pro- 
clamation du  dictateur  ;  et  la  protestation  des  étudiants 
républicains  contre  cette  adhésion  au  coui:>  d'Etat  souleva 
en  son  temps  un  beau  tumulte. 

Si,  entre  toutes  les  Universités,  il  en  est  une  qui  ait  bien 
mérité  de  la  monarchie  déchue,  c'est  celle  de  Greifswald. 
Elle  fut  pendant  longtemps  la  citadelle  de  l'orthodoxie  pro- 
testante et  elle  est  devenue  aujourd'hui  un  des  centres  les 
plus  actifs  de  l'agitation  réactionnaire.  Son  chauvinisme, 
plus  âpre  qu'ailleurs  en  cette  terre  de  Poméranie,  se  trouve 
encore  exalté  par  la  présence  de  l'Etat-Major  de  Lûttwitz, 
qui  chercha  un  refuge  aux  environs  de  Greifswald.  Lorsque 
le  9  mars  dernier  fut  célébrée  en  cette  ville  la  fête  des 
Hohenzollern,  le  drapeau  noir-blanc-rouge  fut  hissé  sur 
l'Université,  et  les  étudiants  célébrèrent  à  l'envi  les  bien- 
faits du  militarisme  prussien,  qui  seul  est  capable,  à  leurs 
yeux,  d'assurer  le  relèvement  de  l'Allemagne  :  Deutschland 
ivird  nicht  s^in,  oder  es  wird  eine  militàrische  Monarchie 
sein.  Aux  manifestations  oratoires  succéda  la  formation 
d'une  ligue  pangermaniste  :  Hochschulring  deiitscher  Art  ; 
tes  adhérents  s'engagèrent  à  intercaler  dans  leur  programme 
d'études  toute  une  série  d'exercices  de  tir  et  de  lancement 
de  grenades. 

Ce  vent  de  folie  nationaliste,  qui  souffle  sur  les  Universi- 


240  LES  LANGUES  MODERNES 

tés,  a  tourné  la  tête  de  la  jeunesse  allemande  tout  entière  ; 
et  l'on  cite  telle  ville  de  Poméranie,  où  le  jour  du  coup 
d'Etat  de  Kapp,  un  seul  élève  de  première  se  présenta  au 
Lycée,  tous  les  autres  s'étant  enrôlés  derrière  leurs  profes- 
seurs, sous  les  bannières  du  dictateur. 

L'Université,  toute  pleine  du  bruit  des  armes,  ne  peut  plus 
offrir  désormais  d'asile  sur  aux  esprits  libres  et  aux  con- 
sciences qui  prétendent  résister  au  vertige  de  la  grandilo- 
quence pangermaniste.  Aussi  s'explique-t-on  que  Fr.  \Yil. 
Foerster,  le  pédagogue  et  le  pacifiste  bien  connu,  ait  cru 
devoir  renoncer  à  sa  chaire  de  Munich  ;  il  abandonne  l'L'ni- 
versité,  où  la  liberté  de  la  parole  n'est  plus  assurée,  comme 
Ta  prouvé  dernièrement  le  cas  du  professeur^  Nicolai  ;  il 
gardera  le  silence  jusqu'au  jour  où  il  aura  trouvé  une  sphère 
d'action  plus  vaste  qui  lui  permette  de  s'adresser  au  peuple 
lui-même. 

Ainsi  peu  à  peu  se  creuse  entre  les  masses  "populaires  et 
ceux  qui  sont  appelés  à  les  diriger  un  abime  où  risquent 
d'être  ensevelies  les  libertés  de  l'Empire  ;  l'élite  intellec- 
tuelle, qui  prétend  assumer  la  direction  morale  du  peuple, 
ne  professe  pour  lui  que  mépris,  et  voudrait  le  soumettre 
de  nouveau  à  la  rude  discipline  des  Hohenzollern  ;  et  ces 
jeunes  générations,  dont  l'éducation  politique  n'a  jamais  été 
faite,  sont  livrées  sans  défense  aux  menées  du  pangerma- 
nisme. Un  pays  dont  l'unité  morale  est  aussi  gravement 
compromise,  ne  peut  qu'aller  de  crise  en  crise,  si  le  gouver- 
nement ne  réussit  pas  à  modifier  rapidement  la  situation 
en  sa  faveur. 


Le  cabinet  Mùller  a  conscience  des  dangers  qui  le  mena- 
cent ;  mais  il  est  malheureusement  beaucoup  plus  préoccupé 
d'obtenir  la  révision  du  traité  de  Versailles  que  de  pour- 
suivre vigoureusement  la  démocratisation  du  pays. 

Devant  les  nationalistes  il  a  sans  doute  évoqué  le  spectre 
d'une  nouvelle  grève  générale,  qu'il  n'hésiterait  pas,  prétend- 
il.  à  déclarer  si  la  République  était  en  danger.  Il  annonce 
d'autre  part  son  intention  de  procéder  à  l'assainissement  de- 
la  Reichswehr,  dont  il  serait  urgent  d'éloigner  les  officiers 
compromis  dans  l'échaufTourée  royaliste  ;  on  ne  peut  être 
qu'étonné    cependant    de   la    mansuétude     qu'il    a    témoignée 


CHKONigiE    ÉinANGÈUE  241 

jusqu'ici  aux  fauteurs  de  désordres.  Enfin  une  réforme  est 
en  voie  de  préparation,  dont  l'intérêt  dépasse  singulière- 
ment les  limites  de  l'Empire  ;  il  s'agit  d'une  réforme  sco- 
laire, qui  aflccterait  la  situation  respective  et  les  program- 
mes des  trois  ordres  d'enseignement  ;  une  commission  parle- 
mentaire vient  de  se  constituer  à  l'Assemblée  Nationale,  qui 
discute  actuellement  de  ce  sujet  ;  nous  étudierons  dans  un 
prochain  Bulletin  les  projets  qu'elle  a  établis,  ainsi  que  les 
mesures  législatives  qui  ont  pu  intervenir  dans  l'intervalle  : 
dès  aujourd'hui  cependant  il  apparaît  que  l'Assemblée  est 
décidée  à  introduire  en  Allemagne  l'école  unique.  Elle  pense 
pouvoir  réaliser  ainsi  cette  unité  morale  et  ce  rapprochement 
des  classes,  sans  lesquels  il  ne  saurait  y  avoir  de  sécurité 
pour  aucun  régime  politique. 

Les  réformes  projetées  ne  sont  pas  de  celles  dont  l'effet 
peut  être  immédiat.  Le  gouvernement  aura-t-il  alors  le  temps 
de  créer  une  armée  républicaine,  gardienne  tutélaire  des 
conquêtes  de  la  Révolution  ?  Saura-t-il  préparer  les  voies  à 
l'avènement  d'un  esprit  public  vraiment  nouveau  :  telle  est 
la  question  à  laquelle  un  avenir  prochain  permettra  seul 
de  répondre. 

Si  le  cabinet  Miiller  prétend  résister  à  l'assaut  des  forces 
conservatrices  liguées  contre  lui,  il  devra  du  moins  faire 
preuve  de  plus  de  vigilance  et  de  plus  d'énergie  qu'il  n'en  a 
témoigné  jusqu'ici  ;  il  devra  veiller  à  garder  intacte  cette 
majorité,  sans  doute  imposante  par  le  nombre,  mais  peu 
cohérente,  que  menace  de  dissocier  la  discussion  d'un  pro- 
gramme social  aux  prochaines  élections  ;  il  devra  enfin  et 
surtout  se  forger  un  instrument  de  gouvernement  qui  lui 
soit  docile,  alors  que  sa  volonté  est  aujourd'hui  constamment 
paralysée  et  trahie  par  une  armée  de  fonctionnaires  dévoués 
à  l'ancien  régime.  Si  le  gouvernement  actuel  fait  preuve 
d'incapacité  politique,  il  ne  serait  pas  impossible  que  le  pro- 
létariat, groupé  en  syndicats  puissants,  prît  la  direction  des 
affaires  et  qu'il  réalisât,  à  sa  façon,  les  réformes  attendues. 
L'arche  des  libertés  allemandes,  ballottée  entre  les  écueils 
de  droite  et  de  gauche,  vogue  donc  sur  une  mer  houleuse 
et  elle  est  exposée  à  bie"  des  naufrages  encore,  avant  d'avoir 
atteint  le  port. 


242  LES   LANGUES   MODERNES 

La  détresse  économique  de  l'Empire,  à  laquelle  ne  réus- 
sit pas  à  remédier  la  multiplication  des  impôts  nouveaux,  se 
fait  péniblement  sentir  dans  tous  les  domaines  de  l'activité 
nationale,  et  n'est  pas  sans  apporter  de  sérieuses  entraves  à 
la  vie  intellectuelle  du  pays. 

Les  Universités  en  particulier  se  trouvent  dans  une  situa- 
lion  financière  qui  menace  de  paralyser,  au  dire  des  Alle- 
mands, leur  essor  scientifique  :  les  bibliothèques  et  les  divers 
instituts  n'arrivent  plus  à  pouvoir  se  procurer  les  livres  et 
les  instruments  de  travail  que  réclament  j^rofesseurs  et  étu- 
diants. La  baisse  du  change  allemand  est  telle  que  les  achats 
à  l'étranger  se  trouvent  considérablement  réduits  ;  l'abonne- 
ment au  Philosophical  Magazin,  qui  coûtait  avant-guerre 
40  marks  en  vaut  actuellement  1.000.  Aussi  la  Preiissische 
Staatsbibliothek  de  Berlin,  qui  étalait  orgueilleusement  dans 
ses  salles  de  lecture  2.300  revues  étrangères,  a-t-elle  dû 
réduire  leur  nombre  à  140.  Des  etîorts  ont  été  tentés  pour 
obtenir  avec  les  Universités  américaines  l'échange  de  leurs 
travaux  scientifiques  ;  ils  n'ont  encore  abouti  à  aucun  résul- 
tat. 

Les  Instituts  scientifiques,  dont  l'Allemagne  d'avant-guerre 
était  fière,  se  plaignent  aussi  amèrement  :  ils  ne  peuvent 
plus  supporter  les  frais  que  leur  imposent  les  augmentations 
de  traitement  (500  i)/0),  l'élévation  du  prix  des  appareils 
(700  à  900  0/0),  ainsi  que  les  achats  de  matières  premières 
et  de  produits  chimiques,  dont  la  valeur  est  environ  aujour- 
d'hui 45  fois  supérieure  à  celle  d'avant-guerre. 

Les  Universités  et  les  Instituts  qui  en  dépendent  préten- 
dent donc  être  menacés  d'une  ruine  prochaine,  si  l'Empire 
ne  prend  pas  leur  entretien  à  sa  charge.  Cette  situation  ne 
saurait  cependant  particulièrement  nous  émouvoir  ;  nous  ne 
pouvons  oublier  que  ceux  qui  voudraient  éveiller  la  sym- 
pathie, ordinairement  réservée  aux  victimes,  ont  pillé  et 
déménagé  méthodiquement  nos  bibliothèques  et  nos  insti- 
tuts. Avant  que  l'étranger  vînt  en  aide  aux  Universités  alle- 
mandes, il  importerait  qu'on  songeât  à  restaurer  les  nôtres, 
plus  durement  éprouvées  par  la  guerre. 

Les  théâtres  berlinois  aussi  se  plaisent  à  clamer  aujour- 
d'hui leur  détresse  ;  les  salles  de  spectacle,  où  s'engouf- 
fraient l'Allemagne  de  Ludendorfi'  et  celle  de  l'armistice,  ont 
vu  s'éclaircir  enfin  les  rangs  de  leurs  spectateurs.  Les  res- 
trictions en   efl'et   deviennent   plus   impérieuses   pour  tous,  et 


CHRONIQUE  ÉTRANGÈRE  243 

des  taxes  nouvelles  frappent  lourdement  public  et  directeurs. 
La  Liistbarkeitssteiier  prélève  jusqu'au  cinquième  de  la 
recette  brute.  Pendant  la  semaine  de  Kapp  les  théâtres,  diri- 
gés par  Reinhardt,  accusèrent  un  déficit  de  700.000  m.  ;  et 
plus  de  60  scènes  allemandes  ont  déjà  dû  fermer  leurs  portes. 
Ces  charges  nouvelles,  qui  pourraient  contraindre  rapide- 
ment les  directeurs  de  théâtre  à  ne  plus  s'évader  de  l'ancien 
(répertoire,  n'ont  pas  encore  limité  la  production  dramatique 
de  l'iVllemagne  ;  et  toute  une  série  de  pièces  nouvelles  ont 
vu  le  feu  de  la  rampe  pendant  les  deux  derniers  mois.  Parmi 
1  celles  qui  ont  été  le  plys  remarquées,  je  dois  citer  un  nou- 
veau drame  de  Ger.  Hauptmann  :  der  iveisse  Heiland,  qui,  en 
comparant  au  cours  de  longs  dialogues  le  paganisme  de 
Montézuma  au  christianisme  de  Fcrd.  Cortez,  semble  vouloir 
nous  enseigner  que  le  mystère  de  la  passion  du  Christ  se 
renouvelle  continuellement  dans  le  monde  là  où  souffrent 
les  hommes  ;  on  reprocha  généralemnt  à  l'auteur  de  n'avoir 
pas  développé  dans  toute  son  ampleur  la  poésie  du  thème 
religieux  qu'il  prétendait  illustrer.  Je  dois  signaler  encore 
une  adaptation  de  Calderon  par  Hofmannsthal,  intitulée 
Dame  Kobold,  ainsi  qu'une  pièce  viennoise  Fraii  Rat,  qui 
obtint  un  vif  succès  ;  l'auteur,  Paul  Wertheimer,  nous  y 
présente  une  Christiane  Yulpius  réussissant  à  conquérir 
l'affection  de  la  mère  de  Gœthe.  La  tragédie  en  2  actes 
d'Holderlin  :  der  Tod  des  Empedokles  fut  représentée  pour 
la  première  fois  à  Francfort  en  l'honneur  du  150"  anniver- 
saire de  la  naissance  du  poète  ;  et  le  fragment  dramatique 
das  Hirtenlied  de  Ger.  Hauptmann  fut  mis  à  la  scène,  sans 
obtenir  du  reste  grand  succès.  Enfin,  détail  piquant,  c'est 
Romain  Rolland  qui  était  destiné  à  fournir  le  prélude  de 
l'entrée  des  Français  à  Francfort  :  une  traduction  de  sa 
pièce  Homo  homini  lupus,  intitulée  die  Wolfe,  fut  jouée 
dans  cette  ville  la  veille  du  jour  où  elle  fut  occcupée  par 
nos  troupes. 

J.  Denis. 

Lyon,  25  avril. 


•■m-- 


244  LES   LANGUES   MODERNES 

NOTES     RHÉNANES 


De  nouvelles  élections  générales  vont  avoir  lieu  en  Alle- 
magne. On  estime  généralement  qu'elles  n'ont  été  que  trop 
différées,  l'assemblée  actuelle  ayant  épuisé  son  mandat  qui 
consistait  à  donner  une  nouvelle  constitution  à  l'Allema- 
gnc  sans  en  fair?  clle-n  ^me  l'application.  Il  est  clair  qu'on 
ne  pourra  interpréter  le  sens  de  ces  prochaines  élections 
qu'à  la  clarté  de  celles  de  janvier  1919.  Profitons  donc  du 
répit  actuel  pour  voir  ce  que  furent  en  pays  rhénan  ces 
élections  à  plusieurs  égards  mémorables. 


Ce  qui  me  fiappa  le  plus,  tout  d'abord,  dans  l'attitude 
des  partis,  au  cours  de  la  campagne  électorale,  ce  fut  leur 
extrême  réserve  sur  la  question  rhénane  considérée  comme 
question  internationale.  A  lire  les  journaux  de  Cologne, 
pendant  tout  le  mois  qui  précéda  les  élections,  on  ne  se 
serait  guère  douté  que  cette  question  eût  un  intérêt  inter- 
national et  cpje  cet  intérêt  devait  dominer  tous  les  autres. 
D'une  façon  générale,  en  effet,  on  ne  l'envisageait  que 
comme  une  question  d'organisation  intérieure  de  l'Alle- 
magne, la  situation  intérieure  de  l'Allemagne  absorbant 
d'ailleurs  la  presque  totalité  du  premier  plan.  Ce  qu'on 
se  demandait  par-dessus  tout,  pendant  ce  mois  de  jan- 
vier 1919,  c'était  si  les  partis  de  l'ordre  en  Allemagne 
réussiraient  à  l'emporter  sur  les  fauteurs  de  subver- 
sion sociale.  Toutefois'  ce  problème  perdait  en  pays  rhé- 
nan tout  son  intérêt  immédiat,  par  suite  de  la  présence 
des  armées  alliées  qui  assuraient  le  maintien  de  l'ordre 
social  établi.  Il  ne  s'y  produisit  donc  pas,  comme  à  Berlin, 
une  union  des  socialistes  majoritaires  —  devenus  le  grand 
jjarti  de  gouvernement  —  et  des  partis  bourgeois,  pour 
résister  aux  éléments  anarchiques.  Ce  conflit  —  logique  — 
entre  le  centre  catholique,  (|ue  soutenaient  les  anciens 
conservateurs  et  les  libéraux,  contre  les  socialistes  majo- 
ritaires, sur  le  terrain  .social  et  religieux,  fut  donc  le  trait 
l)rincipal  de  la  lutte  électorale  dans  toute  la  région  de 
Cologne.  Entre  ces  deux  grands  partis  et  affectant  de  s'en 
tenir  à   une   distance   égale,  le  iiarfi   démocraticpie  bourgeois 


CHKOXIQUE    lÎTRANGÈRn;  245 

espéra  jouer  le  rôle  d'arbitre,  Spartacus  qui  avait  failli 
devenir  maître  de  Berlin  et  qui  le  fut  assez  longtemps  de 
Dùsseldorf,  à  portée  de  fusil  de  nos  avant-postes,  ne  parut 
même  pas  à  Cologne. 

Les  résultats  de  la  lutte,  pour  la  vaste  circonscription 
de   Cologne,  Aix-la-Chapelle,  furent  les  suivants  : 

Centre     Catholique    568. G14  voix 

Socialistes  majoritaires   242. 05()     — 

Parti  démociatique 73.5)17     — 

Conservateurs  et  libéraux  (en- 
semble)       64.190     — 

Socialistes  indépendants    5.758     — 

On  votait  par  listes.  La  répartition  des  13  sièges  de  la 
circonscription  pour  l'assemblée  nationale  constituante  fut 
faite  de  la  façon  suivante  : 

Centre    Catholique    8  sièges 

Socialistes    majoritaires    3      — 

Parti    démocratique    1      — 

Libéraux    1      — 

Parmi   ces  13   députés,  deux   femmes. 

Ainsi  donc,  le  Centre  remportait  une  victoire  écrasante, 
due  pour  une  large  mesure,  à  l'influence  considérabl  >  du 
clergé  dans  les  campagnes  et  au  vote  des  femmes.  Notons 
qu'à  Cologne  mvme  les  deux  partis  rivaux  s'équilibraient 
d'une  façon   presque   parfaite  : 

Socialistes    majoritaires    113.615  voix 

Centre    113.420     — 

Parti    démocratique    33 .  864     — 

Conservateurs  et  libéraux  ....  25.214     — 

Socialistes    indépendants    ....  4.197     — - 

Notons  enfin  qu'aux  élections  d'avant-guerre,  le  Centre 
avait  obtenu  10  sièges  sur  11. 

La  force  des  partis  en  présence  étant  ainsi  déterminée, 
essayons,  malgré  leurs  réticences  de  définir  quelle  était  leur 
attitude  sur  la  qnesiion  rhénane.  <» 


246  LES    LANGUES   MODERNES 

Dans  sa  grande  réunion  électorale  du  11  janvier,  à  Colo- 
gne, le  Centre,  par  l'organe  d'un  de  ses  orateurs,  donna  en 
ces  termes,  la  définition  de  son  attitude  : 

«  La  question  de  la  république  westplialo-rhénane  ne 
peut  se  poser  pour  nous  qu'en  étroite  union  avec  l'Empire. 
Il  ne  saurait  être  question  d'un  Etat  tampon,  ni  d'une 
annexion  à  un  autre  Etat  de  langue  étrangère.  » 

(Kôlnische    Yolkszeitung,  13  janvier  1919)   (1). 

Au  reste,  la  «  Kôlnische  Yolkszeitung  »,  organe  prin- 
cipal du  Centre  dans  le  pays  rhénan,  s'exprimait  cons- 
tamment comme  si  elle  ne  doutait  pas  du  maintien  du 
statu  qiio  territorial  en  ce  qui  concernait  la  région  rhénane. 
Elle  plaidait  énergiquement  pour  une  république  rhénane, 
ou  plutôt  westphalo-rhénane,  mais  comme  Etat  fédéral 
allemand.  Tout  le  parti,  sur  les  bords  du  Rhin,  soulignait 
son  patriotisme  allemand  avec  autant  d'énergie  que  son 
aversion  pour  la  Prusse.  En  tout  cas,  cette  aversion  parais- 
sait profonde  et  il  y  avait  toutes  sortes  de  raisons  pour  la 
croire  sincère  et  durable.  Dans  l'ensemble  des  élections 
allemandes,  le  .Centre  n'avait  obtenu  que  88  sièges  sur  421, 
guère  plus  que  le  cinquième.  Il  avait  donc  tout  à  craindre 
de  la  médiocrité  de  son  influence  dans  une  Allemagne  trop 
centralisée  et  dominée  par  les  socialistes  majoritaires.  On 
pouvait  supposer  qu'il  ferait  des  efforts  désespérés  pour 
obtenir  cette  autonomie  rhénane  qui  lui  assurerait  le  pou- 
voir. Ces  efforts  il  les  a  tentés,  en  effet,  ou  plutôt  ébauchés, 
mais  il  n'a  pas  tardé  à  se  rendre  compte  qu'ils  n'abou- 
tiraient pas.  Il  s'est  heurté  d'abord  à  la  froideur  des  élé- 
ments non-rhénans  du  parti,  fort  peu  satisfaits  de  la  per.s- 
pective  d'être  abandonnés  à  eux-mêmes.  Ensuite  il  a  vu  à 
Cologne  même,  les  socialistes,  aussi  forts  que  lui-même, 
prêts  aux  pires  violences,  pour  empêcher  toute  séparation, 
même  relative.  Enfin  toutes  ces  protestations  de  patriotisme 
allemand  n'ont  pas  empêché  ces  ennemis  d'élever  par- 
tout contre  lui  des  clameurs  de  trahison  et  de  l'accuser 
d'être  vendu  à  la  France  !  Comme    si  ce    n'était    pas    assez 

(^)  Il  Die  vhcinischc  Wcstphiilischc  Rc|mblik  kann  fiir  uns  am 
Rhfin  nur  iii  Frage  Konimen  iin  festcn  Anschluss  an  ilas  Reich. 
nicht  als  Pufferstaat,  iioch  durch  Anschluss  an  cincm  ircmdspra- 
chigen   anderen    staat.   » 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  247 

pour  ranètcr,  le  ijarti  socialiste  majoritaire,  lui  a  oflert 
de  gouverner  avec  lui  !  De  son  acceptation  —  qu'il  n'a  pas 
eu  de  peine  à  expliquer  par  les  intérêts  pressants  et  vitaux 
de  l'Allemagne,  tant  av.  point  de  vue  extérieur  qu'au  point 
de  vue  intérieur  —  est  sorti  ce  gouvernement  de  coalition 
qui  a  réussi  à  triompher  successivement  des  fauteurs  de 
subversion  sociale  et  des  réacteurs  militaires.  Réussira-t-il 
aux  prochaines  élections  à  se  justifier  par  ces  résultats 
d'avoir  abandonné  son  programme  de  parti  et  surtout  son 
grand  projet  d'autonomie  rhénane  ?  Nous  le  saurons  bien- 
tôt, mais  nombreux  sont  les  mécontents,  surtout  dans  les 
classes  rurales  ! 

L'attitude  du  parti  démocratique  a  été  assez  diflicile  à 
déiinir.  11  m'a  semblé  cependant  l'héritier  le  plus  direct  de 
cette  bourgeoisie  intellectuelle  qui  fit,,  il  y  a  un  siècle,  aux 
idées  révolutionnaires  françaises,  l'accueil  enthousiaste  que 
l'on  sait.  Il  ne  pouvait  être  question,  bien  entendu,  en  11)19 
de  l'état  d'esprit  de  1792.  Cependant  il  y  avait  —  et  il  y  a 
encore  —  ceci  de  commun  entre  eux,  que  les  démocrates 
rhénans  d'aujourd'hui  revendiquent  encore  la  tradition  de 
cosmopolitisme  du  xvin"  siècle.  C'est  ainsi  que  dans  le 
«  Dcmokrat  »,  feuille  électorale  du  parti  à  Cologne,  un 
grand  article  de  fond,  du  18  janvier  1919,  reconnaissait 
ouvertement  la  déchéance  politique  de  l'Allemagne  au  rang 
des  puissances  de  second  ordre  et  ne  demandait  son  relè- 
vement que  par  le  retour  à  la  grande  tradition  humaine 
qui  fit  autrefois  sa  gloire.  Dans  le  même  ordre  d'idées,  je 
vois  la  «  Rheinische  Volkszeitung  «,  de  M.  Cari  Hauptmann, 
rompre  ouvertement  avec  le  Centre  et  imprimer  tous  les 
jours,  comme  mot  d'ordre  d'un  parti  nouveau  de  l'ordre  : 
«  D'abord  nos  devoirs  envers  l'humanité,  puis  nos  devoirs 
envers  l'Allemagne  et  enfin  nos  devoirs  envers  notre  parti.  » 

Cette  conception  semble  dépasser  de  beaucoup,  comme 
renonciation,  le  programme  de  l'ensemble  du  parti  démo- 
cratique allemand,  où  l'ancien  élément  national-libéral  est 
assez  largement  représenté,  mais  elle  répond  indubitable- 
ment à  la  tournure  d'esprit  traditionnelle  des  Rhénans. 

En  face  de  ces  démocrates  Rhénans,  plaçons  les  Libéraux, 
pour  la  plupart  Prussiens  immigrés,  et  dont  l'organe  est  la 
fameuse  «  Gazette  de  Cologne  ».  Pour  eux  il  ne  pouvait 
être  question,  bien  entendu,  d'une  autonomie  rhénane  ! 
Tout  ce  qu'ils  admettaient,  à  la  rigueur,  c'était  une  autono- 


248 


LES    LANGUES    MODERNES 


mie  provinciale  plus  large  au  sein  de  la  Prusse.  Leur  libé- 
ralisme n'allait  pas  jusqu'à  la  notion  d'un  Etat  fédéral  au 
sein  de  l'Allemagne. 

Tel  était  l'état  des  partis,  dans  la  région  Cologne-Aix-la- 
Chapelle,  au  lendemain  des  élections  générales  du  19  jan- 
vier 1919.  Nous  verrons  quels  changements  y  auront  appor- 
tés les  élections  prochaines. 

Gaston-E.  Broche. 

Marseille,  l't  mai  1920. 


-ogo- 


NOTES     ESPAGNOLES 


La  lecture  des  journaux  espagnols  depuis  la  fin  février 
laisse  une  impression  de  monotonie.  Il  y  est  question  de  la 
crise  ministérielle  annoncée  chaque  jour  pour  le  lendemain 
ou  le  surlendemain.  «  A  quand  la  crise  ?»  —  «.  La  crise  pour 
demain  ?  »  etc..  Ces  grosses  manchettes  donnent  la  note 
dominante  de  la  vie  politique  espagnole.  Il  est  aussi  ques- 
tion d'incidents,  de  scandales  au  Parlement...  Enfin,  la  crise 
si  souvent  annoncée  s'est  ouverte  le  28  avril. 

Le  ministère  Allendesalazar  a  fait  voter  le  Budget  ;  il 
(fonsidère  sa  mission  comme  terminée  et  n'a  pas  voulu 
attendre,  pour  remettre  sa  démission  au  Roi,  que  le  Maréchal 
JofTre  ait  quitté  INIadrid,  ni  que  le  1"^  Mai  soit  passé.  Le  Roi 
étudie  longuement  la  situation  politique  avant  de  prendre 
une  décision. 

Le  Ministère  s'en  va  —  pour  mieux  revenir,  peut-être  — 
sans  résoudre  la  question  du  relèvement  des  tarifs  ferroviai- 
res. Ce  relèvement,  voté  par  le  Sénat,  s'est  heurté  à  l'oppo- 
sition d'une  grande  partie  de  la  Chambre,  dont  l'opinion 
reflète  celle  du  pays.  Commerçants  et  industriels  ont  pro- 
testé contre  ce  relèvement  auprès  du  Président  du  Conseil. 
La  majorité  des  Espagnols  voient,  dans  le  relèvement  pro- 
jeté, une  menace  d'enchéris.sement  de  la  vie.  Aussi  ime  cam- 
pagne très  active  est  menée  contre  le  projet,  et  par  la 
parole,  et  par  la  plume,  et  par  l'image  :  tel,  ce  dessin  repré- 
sentant un  actionnaire  des  chemins  de  fer,  à  genoux  devant 
un   employé,  et   le  suppliant   de  faire  grève.  ])our  ])ermettre 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈKE  249 

aux  Compagnies  d'obtenir  avec  plus  de  facilité  les  relève- 
ments demandés.  En  France,  à  une  date  récente,  les  choses 
allèrent  d'autre  sorte.... 

Par  bonheur,  les  Juntes  militaires,  par  leur  attitude  conci- 
liatrice, ont  laissé  au  Gouvernement,  pendant  ces  deux  der- 
niers mois,  plus  de  liberté  d'esprit  pour  s'occuper  de  la 
situation  intérieure,  laquelle  est  loin  d'être  satisfaisante.  Les 
attentats  terroristes  et  les  crimes  sociaux  se  multiplient,  en 
particulier  dans  les  régions  de  Saragosse  et  de  Barcelone. 
Bombes,  pétards,  blessures,  arrestations  :  la  presse  esjjagnole 
nous  en  apporte  l'écho  presque  chaque  jour. 


La  politique  extérieure  de  l'Espagne  offre  une  ligne  plus 
nette  et  plus  ferme  que  la  politique  intérieure.  La  grande 
question  pendante  reste  toujours  celle  du  Maroc.  Des  négo- 
ciations franco-anglo-espagnoles  sont  engagées,  et  il  faut  en 
attendre  l'issue  avec  confiance,  mais  non  sans  impatience.  Car 
il  est  temps  qu'un  accord  intervienne  à  la  satisfaction  des 
deux  parties  et  fasse  disparaître  toute  cause  ou  occasion 
de  conflits  entre  les  deux  pays,  par  ailleurs  si  disposés  à 
pratiquer  une  politique  d'entente  et  d'union.  La  campagne 
d'opinion  en  faveur  de  l'attribution  de  Tanger  à  l'Espagne 
n'altère  en  rien  les  bienveillantes  dispositions  du  Gouver- 
nement et  du  peuple  à  notre  égard.  Cette  sympathie  s'est 
aiïîrmée,  en  particulier,  à  propos  de  la  Casa  de  Velâzquez  et 
à  l'occasion  du  voyage  du  Maréchal  JofFre. 

La  Casa  de  Velâzquez,  «  Villa  Médicis  »  de  Madrid  !  Le 
Gouvernement  Espagnol  est  autorisé  par  les  Cortès  à  nous 
céder  en-  usufruit  temporaire  gratuit,  de  durée  indéfinie, 
une  superficie  de  21.000  mètres  carrés,  dans  le  parc  de  la 
Moncloa.  «  Cette  autorisation  —  dit  le  projet  de  loi  —  est 
accordée  comme  preuve  de  spéciale  affection  envers  la 
nation  française,  et  dans  le  but  unique  d'ériger  à  Madrid 
une  Ecole  Française  des  Beaux-Arts,  semblable  à  celles  éta- 
blies à  Rome  et  à  Athènes,  pour  logements  de  jeunes  artistes 
pensionnés,  des  membres  de  l'Ecole  des  Hautes  Etudes  His- 
paniques, des  maîtres  français  qui  \dsiteront  l'Espagne,  et 
des  artistes  espagnols  qui  le  solliciteront  et  réuniront  les 
conditions  réglementaires,  »  Le  projet  de  loi,  qui  énumère 
ensuite  un  certain  nombre  de  dispositions  juridiques,  a  été 

17. 


250  LES   LANGUES    MODERNES 

adopté  par  les  Cortès  ;  la  France  aura  donc  Bientôt  à  Madrid, 
dépendant  de  l'Académie  des  Beaux-Arts  (  «  parte  inté- 
grante de  la  Academia  de  Bellas-Artes  de  Paris  »)  une  ins- 
titution permanente  dont  on  est  en  droit  d'espérer  les  plus 
heureux  effets  sur  les  relations  intellectuelles,  artistiques,  et 
même  politiques  des  deux  pays.  Heureux  les  artistes  qu'abri- 
tera la  Casa  de  Velâzquez  et  qui  jouiront  de  l'hospitalité 
espagnole. 

Cette  hospitalité,  le  Maréchal  Joffre  a  dû  en  ressentir  toute 
la  chaleur  et  la  sympathie  lors  du  voyage  qu'il  vient  de  faire 
à  Madrid  pour  remettre  la  ^lédaille  militaire  au  Roi  qui  a, 
pendant  la  guerre,  soulagé  tant  de  misères  et  de  douleurs 
françaises.  Le  séjour  du  Maréchal  a  duré  du  mardi  soir  27 
avril  au  jeudi  soir  29.  Le  jeudi,  il  a  assisté  à  un  grand  déjeû- 
ner, donné  en  son  honneur  par  le  Roi.  Le  soir  même,  il 
partait  pour  Barcelone  où  le  grand  Catalan  français,  dont 
le  buste  est  à  l'Hôtel  de  Ville  de  Barcelone,  a  dû  recevoir 
un  accueil  qu'il  est  aisé  d'imaginer. 


Avant  de  terminer  ces  notes,  disons  un  mot  d'un  décret 
présenté  par  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  signé 
par  le  Roi. 

Le  7  mars,  à  midi,  le  Roi,  la  Reine,  la  Reine-Mère,  l'In- 
fante Isabelle  se  sont  rendus  à  la  Bibliothèque  Nationale,  où 
ils  ont  été  reçus  par  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
(D.  Natalio  Rivas),  Mam-a,  Dato,  F.  Rodriguez  Marin,  le  pein- 
tre Muiioz  Degrain,  etc.  ;  là  eut  lieu  l'inauguration  de  la 
salle  de  Cervantes,  dont  l'idée  remoate  à  l'illustre  critique 
I).  Marcelino  Menéndez  y  Pelayo  ;  on  est  parvenu  à  réunir 
dans  cette  salle  648  éditions  difTérentes  de  Don  Quichotte, 
et  21  tableaux  de  Munoz  Degrain. 

C'est  au  cours  de  cette  cérémonie  que  le  Ministre  lut  le 
décret  "  dado  en  Palacio  a  6  de  marzo  de  1920  »,  ordon- 
nant la  lecture  obligatoire  du  Don  Quichotte  dans  les  écoles. 

Le  rapport  ])réliminaire  expose,  en  i)remier  lieu,  les  titres 
de  Cervantes,  «  genio  culminante  de  nuestra  raza  «  et  les 
excellences  du  Don  Quichotte.  «  el  libro  ;iiâs  immor- 
tal  y  excelso  que  vieron  los  siglos  »...  «  biblia  profana  de 
la  Fdad  Moderna  »,  convenable  pour  tout  homme,  quel  que 


CMROXIQIK    ÉTRANGÈRE  251 

sdit  son  degré  de  culture.  Et  malgré  ces  mérites  universelle- 
ment reconnus,  il  faut  avouer,  continue  le  rapport,  que  la 
majorité  des  Espagnols  n'ont  pas  encore  savouré  sa  lecture. 
C'est  donc  une  "  obligation  sacrée  »  d'obtenir,  par  tous  les 
moyens,  que  tout  homme  vivant  en  territoire  espagnol  soit 
familiarisé  avec  ce  merveilleux  joyau  de  la  littérature  natio- 
nale ;  car  il  est  de  tous  points  regrettable  que  les  compatrio- 
tes de  Cervantes  ignorent  une  œuvre  qui  a  été  traduite  en 
plus  de  trente  langues  et  dont  on  a  fait  800  éditions,  dont 
plus  de  200  en  Espagne. 

Pour  remédier  à  cet  état  de  choses,  le  décret  dispose  : 

Art.  1.  —  Est  obligatoire  la  lecture  de  Vlm/enioso  Hidalgo 
Don  Qiiijote  de  la  Mancha,  de  Miguel  de  Cervantes  Saavedra, 
dans  toutes  les  Ecoles  Nationales  établies  en  territoire  -espa- 
gnol. 

Art.  2.  —  On  consacrera  à  cette  lecture,  chaque  jour 
ouvrable,  le  premier  quart  d'heure  de  classe,  ai)rès  quoi,  le 
maitrc  expliquera  aux  élèves,  avec  brièveté  et  en  des  termes 
appropriés  à  leur  intelligence,  la  signification  et  l'importance 
du  ou  des  passages  lus. 

Art.  3.  —  Afin  de  doter  les  Ecoles  nationales  du  matériel 
nécessaire...  on  publiera  une  nombreuse  édition  abrégée  du 
Quijote,  préparée  par  les  soins,  du  Directeur  de  la  Bibliothè- 
([ue  Nationale,  d'un  Académicien  désigné  par  la  «  Real  Acade- 
mia  Espaiiola  » ,  et  du  professeur  de  Langue  et  Littérature  espa- 
gnoles de  l'Université  Centrale. 

Ce  décret  n'a  pas  contenté  tout  le  monde.  Pourrait-il  en 
être  autrement  ?  Les  enfants  ont  été  consultés  (?)  :  les  résul- 
tats du  référendum  n'ont  eu  d'autre  effet  que  de  démontrer 
l'inanité  de  semblables  enquêtes.  Mais  un  ingénieux  com- 
merçant, quatre  jours  après  la  publication  du  décret,  faisait 
insérer  dans  les  journaux  une  grande  et  belle  annonce  qui 
constituait  pour  le  décret  et...  pour  lui-même,  la  meilleure 
réclame.  Combien  on  a  raison  d'imposer  la  lecture  de  Don 
Quichotte,  dit  ce  marchand  de  produit  dentifrices  !  Dans  ce 
livre,  les  enfants  apprendront  même  l'hygiène  de  la  bouche. 
Ils  graveront  en  leur  cerveau  ces  deux  sentences  essentielles 
de  l'immortel  Cervantes  :  «  En  mucho  mâs  se  ha  de  estimar 
un  diente  que  un  diamante  )>  ;  et  cette  autre  :  «  Boca  sin 
muelas  es  como  molino  sin  piedra...  » 

Mais,  que  ne  trouve-t-on  pas  dans  Don  Quichotte  !  Souhai- 


252  LES    LANGUES   MODERNES 

tons  que  sa  lecture  répétée  forme  des  générations  d'Espa- 
gnols aptes  à  réaliser  une  régénération  totale  et  prompte  de 
leur  cher  Pays, 

G.    BOUSSAGOL. 

2  mai  1920. 


NOTES     AMÉRICAINES 


Le  sort  du  Traité  de  paix  a  été  momentanément  réglé  le 
19  mars  par  le  vote  du  Sénat. 

Il  fallait  56  voix  pour  atteindre  la  majorité  des  2/3  néces- 
saire à  la  ratification  du  Traité  avec  les  réserves  précédem- 
ment votées  ;  49  voix  se  sont  prononcées  pour  (dont  21 
Démocrates  et  28  Républicains),  et  35  contre  (dont  23  Démo- 
crates et  12  Républicains).  La  répartition  des  votes  «  Démo- 
crates «  montre  les  divergences  d'opinion  qui  existent  dans 
le  parti  de  AYilson  au  sujet  de  l'acceptation  des  réserves. 
L'orientation  de  la  politique  étrangère  des  Etats-Unis  ne 
sera  donc  sans  doute  définitivement  fixée  qu'ajirès  l'élection 
présidentielle  de  novembre,  et  la  question  du  Traité  inter- 
viendra dans  la  lutte  politique,  surtout  dans  l'Est,  car  dans 
le  Middle  et  le  Far-West,  les  questions  économiques  seront 
au  premier  plan.  Il  ressort  des  articles  de  journaux  et  de 
revues,  ainsi  que  des  livres  qui  continuent  à  paraître  sur  ce 
sujet,  qu'il  faudra  choisir  entre  les  trois  solutions  suivantes  : 
acceptation  du  Traité  sans  réserves,  ce  qui  paraît  de  moins 
en  moins  probable,  —  retour  à  la  politique  d'isolement,  qui 
s'est  manifesté  par  l'adoption,  à  la  Chambre  des  Représen- 
tants et  au  Sénat,  d'une  motion  établissant  l'état  de  paix 
entre  les  Etats-Unis  et  l'Allemagne" —  sans  obligations  pour 
les  Etats-Unis  d'exécuter  aucun  des  engagements  pris  à  Ver- 
sailles, —  second  examen  et  adoption  du  Traité,  soit  avec 
les  réserves  déjà  votées,  soit  avec  des  réserves  nouvelles  qui 
permettraient  aux  Etats-Unis  d'entrer  dans  la  Ligue  des 
Nations,  mais  avec  des  obligations  nettement  définies  et  très 
restreintes. 

La  Convention  Nationale  qui  choisira  les  candidats  à 
l'élection  présidentielle  se  réunira  en  juin.  Il  est  difficile  de 
prévoir  les  décisions  qui  y  seront  prises  et  les  hommes  qui 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  253 

y  seront  choisis.  Les  Républicains  sont  scindés  en  deux 
groupes  :  les  Républicains  conservateurs  et  les  Républicains 
progressistes  ;  les  Démocrates  se  divisent  en  partisans  ou  en 
adversaires  de  Wilson.  D'autre  part  les  candidats  qui  ont  été 
mis  en  avant  jusqu'ici,  sont  plutôt  des  «  gloires  locales  », 
des  «  Easterners  »  ou  des  «  Wcsterners  »  qui  ne  semblent 
pas  jouir  du  prestige  ou  de  l'autorité  nécessaires  pour  grou- 
per sur  leur  nom' les  votes  de  tous  les  Etats  de  l'Union. 

Vn  nouvel  élément  dont  l'influence  se  fera  sentir  d'une 
manière  peut-être  décisive,  interviendra  dans  la  lutte  :  le 
vote  féminin.  Trente-six  Etats  ayant  accordé  le  droit  de  vote 
aux  femmes,  cette  réforme  a  désormais  force  de  loi  et  plu- 
sieurs millions  de  femmes  américaines  participeront  sans 
doute  à  l'élection  présidentielle  de  novembre. 


La  Société  Nationale  des  Professeurs  français  en  Améri- 
que donne  dans  son  bulletin  de  février  1920  d'intéressantes 
statistiques  concernant  le  nombre  des  élèves  apprenant  le 
français  dans  les  écoles  américaines  : 

A  New-York,  il  y  avait  dans  les  écoles  de  la  ville  14.970 
élèves  de  français  en  octobre  1917  ;  ils  étaient  19.993  en 
octobre  1919  ;  quant  aux  élèves  d'allemand,  il  y  en  avait  17.511 
en  octobre  1917  et  909  le  1"  octobre  1919.  La  Société  évalue 
à  4U0.000  (cootre  136.000  au  1"^  juillet  1915),  le  nombre  des 
élèves  de  français  dans  les  écoles  secondaires  des  Etats-Unis. 


Le  Literary  Suppieiuent  du  limes  (8  avril),  publie  un 
intéressant  article  sur  les  lettres  de  Henry  James  (1). 

Cette  correspondance  vient  s'ajouter  à  ses  souvenirs  auto- 
biographiques et  aux  introductions  de  la  nouvelle  édition  de 
ses  romans  ;  elle  nous  permet  surtout  de  reconstituer  plus 
exactement  les  différentes  étapes  de  sa  vie  littéraire,  car  on 
sent  dans  ces  lettres  une  sorte  de  réserve,  de  pudeur  suprê- 
me qui  laisse  les  correspondants  et  les  lecteurs,  pour  ainsi 
dire  sur  le  seuil,  sans  les  initier  aux  idées  définitives,  inti- 
mes, de  l'homme  et  de  l'écrivain  sur  la  Vie  et  sur  l'Art. 


(1)  The   letters    of   Henry    James,   selected    and    edited    by    Percj' 
Lubbock,  2  vols,  Macmillan  and  C»,  London,  36  s.  net. 


254  .  LES   LANGUES   MODERNES 

D'abord,  le  jeune  américain  qui  vient  explorer  la  vieille 
Europe,  tirer  des  civilisations  qui  ont  fleuri  sur  ce  sol  antique 
tout  ce  qu'elles  peuvent  donner  de  sensations  et  d'idées.  Les 
lettres  écrites  entre  1874  et  1880,  donnent  sous  une  forme  aler- 
te, les  impressions  d'un  esprit  intelligent,  prompt,  ouvert  ,  à 
toutes  les  curiosités  et  qui  a  l'occasion  de  voir  de  près  les 
hommes  et  les  choses.  Il  note  107  invitations  à  diner  pour 
l'hiver  de  1878-1879,  et  une  liste  de  convives,  choisie  au  hasard 
de  la  correspondance  et  comprenant  Gladstone,  Tennyson, 
Schliemann,  «  plus  une  demi-douzaine  d'autres  personnes 
d'une  haute  culture  »,  nous  pi'ouve  que  l'intérêt  de  ces  diners 
n'était  pas  uniquement  gastronomique.  Il  se  définit  lui-même 
comme  étant  «  un  américain  cosmopolite  »  pour  qui  la  vie 
sociale  et  mondaine  des  grandes  capitales  européennes  est  le 
milieu  d'élection.  Il  s'étonne  que  Stevenson  puisse  vivre  heu- 
reux au  milieu  de  ses  «  sauvages  du  Pacifique  ». 

Quand  à  37  ans  (1880),  il  s'agit  pour  lui  de  s'établir,  ou 
tout  au  moins  de  se  poser,  il  hésite.  De  l'Amérique,  il  ne 
saurait  être  questi  n  car  <«  il  faut  une  civilisation  déjà 
ancienne  pour  mettre  en  mouvement  un  romancier  ».  L'Italie 
a  contre  elle  les  séductions  de  son  «  climat  doré  »  fatal  à 
tout  travail.  Paris  a  des  avantages  mais  il  n'aime  pas  les 
clans  littéraires  qui  s'y  sont  formés  et  qui  ne  sont  pas 
«  accueillants  ».  Londres,  malgré  ses  désagréments  ceiHains, 
lui  paraît  l'endroit  le  plus  favorable  pour  mettre  en  pratique 
les  '  principes  d'existence  auxquels  il  s'est  arrêté  :  «  Ecrire 
une  série  de  bonnes  petites  histoires,  voilà  qui  est  bien  suffi- 
sant pour  occuper  une  vie.  C'est  au  moins  un  soulagement 
que  d'avoir  arrangé  son  existence.  » 

Mais  le  romancier  ne  trouve  pas  les  lecteurs  qu'il  rêvait 
tt  voici  la  période  des  déceptions,  du  doute  et  du  décourage- 
ment. .Après  l'échec   «   mystérieux  »  et  à  ses  yeux  «.  inexpli- 
cable »  des  «  Bostonians  »  et  de  «  Princess  Casamassima  », 
il  se  tourne  vers  le  théâtre  où  il  ne  trouve  que  des  succès 
incertains  ou   des  insuccès  retentissants,   et   l'accueil  fait  à 
«  Guy  Domville  »,  les   «   hurlements  des  barbares  »    qu'il  a 
à  affronter  ])cndant  un   quart  d'heure,  lui   font  comprendre 
qu'il  vit   dans    «  une   génération   qu'il   ne   connaît   pas,  qu'il    J 
n'estime   j)as  »,   et   qui    ne   peut    apprécier   ce   qu'il   a   à    lui    t 
offrir  ».  En  dépit  de  cette  réserve  que  nous  avons  signalée,    * 
en  raison  de  laquelle  il   ne  parle  de  ses  déboires  littéraires 
(|ue  par  contre-coup  et  incidemment,  on  peut  sentir  dans  les 


CHRONIQUE  ÉTRANGÈRE  255 

lettres  de  cette  période  l'amertume  profonde  que  lui  cause 
cette  incompréhension  du  public,  et  qui  entre  peut-être  pour 
une  part  dans  les  jugements  sévères  qu'il  porte  sur  les  écri- 
vains du  temps  :  Ibsen,  Hardy,  Meredith,  auxquels  il  repro- 
che un  «  manque  de  curiosité  esthétique  »,  sont  sévèrement 
jugés  ;  il  apprécie  Kipling  mais  sa  sympathie  va  surtout  à 
Stevenson  et  à  Wells  qu'il  considère  comme  l'écrivain  le  plus 
intéressant  de  sa  génération. 

Vient  ensuite  l'a  dernière  période  où  l'écrivain,  r.etiré  du 
monde  dans  son  confortable  ermitage  de  Rye,  dominant- ses 
rancœurs  et  son  découragement,  ayant  renoncé  aux  succès 
faciles,  parvenu  enfin  à  la  maturité  de  son  talent,  exprime 
sa  vitalité  profonde  et  frémissante  dans  ses  œuvres  les  plus 
caractéristiques  et  les  plus  dignes  de  survivre  :  «  The  Wings 
of  Dove  »,   «  The  Ambassador  »    et   «  The  Golden  Bowl  ». 

M.  Percy  Lublock  a  écrit  pour  cette  édition  une  intro- 
duction et  des  notes  dont  tous  les  critiques  s'accordent  à 
reconnaître  le  mérite  et  l'intérêt. 

G.  Mever. 

30  avril  1920. 


BIBLIOGRAPHIE 


Cloudesley  Bpereton.  —  Mystica  et  Lyrica.  1  vol.  Impérial, 
Jn-16  ;    128    pp.  ;    6    sh.    net  ;    Londoii.    Elkin    Mathews. 

Un  de  nos  collègues  d'Outre-Manche,  Mr.  Cloudeslej'  Breretoa 
vient  de  publier  sous  le  titre  suggestif  ;  Mystica  et  Lyrica,  un 
volume  de  vers  où  s'exprime,  en  un  langage  pur  et  fortement 
imagé,  une  pensée  habituée  à  fréquenter  les  hauts  sommets  de  la 
philosophie.  Mr.  C.  B.  est  très  connu  en  France  et  nous  le  rencon- 
trions autrefois  à  chacune  des  Assemblées  générales  de  l'Associa- 
tion où  il  venait  assister  comme  représentant  de  la  Modem  Lan- 
giiage  Teuching  Association.  Il  s'est  occupé,  au  début  de  sa  car- 
rière de  tout  ce  qui  touche  à  l'éducation,  en  général  ;  puis,  rétré- 
cissant le  champ  de  ses  études,  il  a  porté  son  attention  sur  le 
sj'stème  éducatif  français  et  l'organisation  de  nos  trois  ordres 
d'enseignement,  en  les  comparant  aux  institutions  anglaises  cor- 
respondantes. A  cette  période  de  son  activité,  on  peut  rattacher 
son  ouvrage  :  «'  Studies  in  Education  »  (London,  Harrap).  L'en- 
seignement des  langues  vivantes,  leur  méthodologie  ne  pouvaient 
manquer  d'attirer  son  esprit  chercheur.  Son  livre  <'  The  teaching 
of  modem  Languages  »  fait  autorité  en  Angleterre.  Mais  Mr.  C.  B. 
est  avant  tout  un  philosophe  ;  il  a  même  passé  en  Sorbonne  la 
licence  de  philosophie.  Elève  d'Izoulet  et  de  Bergson,  il  a  traduit 
certains  de  leiysi  ouvrages  en  anglais  ainsi  qu'un  livi?e  de  G.  Tarde. 
En  ce  moment,  Mr.  Brereton  est  inspecteur  de  l'enseignement  des 
langues   vivantes  dans  les  écoles  du  London  County  Council. 

L'amitié  de  vieille  date  qu'il  a  conçue  pour  notre  pays,  il  en 
donne  une  preu\e  nouvelle  dans  son  récent  volume  de  vers  et 
nous  ne  saurions  mieux  faire  pour  donner  à  nos  lecteurs  une  idée 
de  son  talent  poétique,  de  la  distinction  de  son  stA'le  et  de  sa 
pensée,  que  de  reproduire  ci-idessous  une  des  deux  odes  qu'il  a 
consacrées    à    la    France  : 

To  FiiANCE,  11'",  .Tulvv  1918.  To  M.  Lucien  Poincaré. 

Hall,  gracions  land,  wliere  Norlh   and   Soiitli   keep   tryst, 

W'hcre    rivalling    sea    and    land    ha\e    met    and    liissed  ; 

O   temperate   land,   whose    people   tempcrate 

Seem  born  between   mankind   to   médiate, 

Franlc,    sympathetic,    hospitable    and    free 

Like  thy  bioad  valleys  winding  to  thc  sea  ; 

Yet   in  their  soûls  as  Tierce  a  fire  doth  burn 

.As  that   beiKath   thy  central   core,   Auvergne  ; 

O   land   where   freedom   sows  lier  deatlrttss   sceds, 


BIBLIOC.HAPUIE       .  257 

Wlure  ck'ar-L\v(.'d   vision    loads    iiun    stnii}{lil    to   (ictcis  ; 

'rorch-b'-îTer  of  thc   Arts  whos'j  stcady  l'ght 

Tlinnigh   thc  dark   Ages   lit   oui-  western   night  ; 

Skilled  in  the  lore  aliUe  of  war  and   peace, 

Misti-ess   of  ail  the  charnis   of  ancient  Greecc, 

Stecped    in   the   stateeraft   of   Invperial    Rome, 

To   every  race   a   second  land   and  home, 

Wlio  ghidly  révérence  thy  hegemony 

That   seeks  to   niake  them  free  as^  thou  art  free. 

L'ouvrage  se  divise  en  deux  parties  dont  la  première,  Miislivn. 
<iui  contient  comme  son  titre  le  suggère,  les  poèmes  plus  particu- 
lièrement philosophiques,-  l'emporte  sur  la  seconde  en  longueur 
et  en  importance.  Du  reste,  dans  les  vers  de  Lyrica  où  domine  la 
veine  affective,  on  retrouve  la  tournure  philosophique  de  l'esprit 
et  du  talent  de  l'auteur,  «  ever  fascinated  »,  comme  il  le  dit  lui- 
même  dans  sa  préface,  «  by  that  sui)rcnu'  riddie  of  the  Universe, 
the   double   acrostic   of  Life   and    Fate...    - 

Ch.  V.-L. 

Rev.  H. -F.  Stewart.  —  The  Holiness  of  Pascal.  (Cambridge. 
Univcrsity    Press.). 

Peu  d'écrivains  ont,  plus  que  Pascal,  tenté  la  plume  du  commen- 
tateur, du  biographe,  de  l'historien,  de  la  Pensée.  Pascal  exerce 
une  véritable  fascination  sur  le  lecteur  qui  veut  l'approfondir. 
Venant  après  Vinet,  Sainte-Beuve,  Molinier,  Paquier,  Sully- 
Prudhommc,  le  Père  L.  Laberthonnière,  Houtroux,  Strowski, 
Hrunschvicg,  le  doyen  Church,  TuUoch,  Arthur  Tilley,  Ernest 
.lovy  entre  autres,  l'auteur  de  The  Holiness  of  Pascal,  le  Rev. 
H.-F.  Stewart,  D.-l).,  naguère  Fellow  and  Denn  of  Sl-John's  Collège, 
Cambridge,  aujourd'hui  Fellow  and  Prœh'clor  in  French  Sludics, 
Triniii]  Collège,  a  trouvé  le  moyen  d'apporter  une  contribution 
précieuse   à    l'étude   de   Pascal. 

The  Holiness  of  Pascal  est  un  recueil  de  4  conférences  ou  plutôt 
de  4  sermons  réunis  en  un  volume  de  14iî  pages.  (]es  sermons  ont 
été  i)rononcés,  il  y  a  ')  ans,  dans  la  chaire  de  l'Kglise  universitaire 
de  Cambridge,  conformément  aux  dispositions  testamentaires 
prises  par  John  Hulse.  ,Iohn  Hulse  était  un  pasteur  de  l'Kglise 
d' -Angleterre  qui  mourut  en  1790  en  léguant  sa  fortune  à  l'Uni- 
versité de  Cambridge,  à  charge  de  fonder  une  chaire  professorale 
de  théologie,  un  prix  annuel  et  un  cours,  également  annuel,  de 
conférences    sur   un    sujet   religieux. 

Le  Rev.  H.-F.  Stewart  dit  modestement  dans  la  préface  de  son 
livre  :  <■  The  book  lias  no  pretension  to  do  more  than  clear  away 
some  current  misconceptions  about  the  work  and  charactei"  of  a 
great  (Christian  and  a  great  genius  and  suggest  some  thoiig'hts 
regarding  his  présent  value.  »  L'auteur  n'a  pas  seulement  réalisé 
ses  intentions  ;  grâce  à  la  pénétration  de  sa  pensée,  il  a  su  tracer 
de  l'écrivain  français  un  portrait   plein  de  vie.  Crâce  à  une  érudi- 


258 


LES   LANGUES   MODERNES 


tion,  attrayante  et  fervente  à  la  fois,  il  a  su  mettre  en  relief  les 
points  essentiels  de  la  doctrine  de  Pascal.  M.  Fortunat  Strowski, 
bien  qualifié  pour  juger  un  ouvrage  sur  le  polémiste-philosophe, 
déclare  que  "  l'on  n'avait  jamais  dit  avec  plus  de  force,  de  bon 
sens  et  de  vraisemblance  ce  que  devait  être,  ce  qu'était  Pascal  sur 
la  fin  de   sa  vie.   » 

Nous  avons  été  heureux  de  présenter  the  .Holiness  of  Pascal 
aux  lecteurs  des  Langues  Modernes,  il  y  a  4  ans.  Ce  qui  nous 
incite  à  parler  à  nouveau  de  ce  livre,  c'est  la  publication  d'une 
traduction  en  français  qui  vient  d'en  être  faite  par  M.  Georges 
Roth.  Cette  traduction  qui  a  paru  chez  Bloud  et  Glay,  5,  rue  Garan- 
cière,  Paris,  sous  le  titre  "  la  Sainteté  de  Pascal  »  est  remarqua- 
ble par  sa  fidélité,  par  sa  sobre  élégance.  Les  nuances  les  plus 
délicates  du  stj'le  original  y  sont  reproduites  avec  bonheur.  Ajou- 
tons qu'elle  est  précédée  d'un  avant-V>ropos  de  M.  Emile  Boutroux 
qui,  en  quelques  pages  très  substantielles,  résume  la  pensée  de 
Pascal.  A  son  tour,  M.  Boutroux  rend  hommage  à  l'excellence  du 
livre  du  Rev.  H.-F.  Stewart  :  «  Il  contribuera  »,  dit-il,  "  de  la 
façon  la  plus  efficace,  à  faire  comiprendre  et  à  répandre  les  idées 
pascaliennes.  C'est  plus  qu'une  exposition  de  la  pensée  de  Pas- 
cal ;  c'est,  en  vérité,  cette  pensée  même  se  communiquant  aux 
esprits,  les  animant  et  les  fécondant,  grâce  à  une  cordiale  et  péné- 
trante collaboration  avec  le  maître.   » 

Le  Rev.  H.-F.  Stewart  vient  de  fournir  une  nouvelle  preuve  de 
son  activité  et  de  sa  sagacité  critique  et  littéraire  en  publiant  une 
édition  des  Lettres  provinciales  de  Pascal.  Le  point  intéressant 
qu'il  met  en  lumière,  d'accord  en  cela  avec  M.  Ernest  Jovy,  est 
l'évolution  des  sentiments  du  génial  polémiste  à  l'égard  du  Jansé- 
nisme. L'introduction  et  les  nombreuses  notes  jettent  de  vives 
clartés  sur  l'œuvre  de  Pascal.  Le  texte  est  présenté  avec  un  soin 
scrupuleux.  L'orthographe  de  l'écrivain  français  est  respx.'ctée, 
sauf  en  ce  qui  concerne  les  lettres  i  et  ii  que  les  imprimeurs  du 
dix-septième  siècle  substituaient  aux  lettres  j  et  v  (1). 

Tous  les  travaux  du  Rev.  H.-F.  Stewart,  depuis  ><  The  Romantic 
movenient  in  French  Lileratiire  »  dont  nous  avons  signalé  en  son 
temps  la  publication,  jusqu'aux  ouvrages  sur  Pascal,  lui  font  le 
plus  grand  honneur.  Nous  constatons  avec  une  joie  profonde  que 
nos-, gloires  trouvent  en  lui,  en  Angleterre,  un  admirateur  passionné 
et    un    éloquent    interprète. 

Henri    Dlpiu':. 

E.   Bonafé.  —    Dictionnaire    des   Anglicismes.    (Delagrave,    Paris,     ^J 
1920K 

Le  livre  de  M.  E.  Bonnaffé  se  présente  bien,  ce  qui  est  appré- 
ciable   par   ces   temps   de   papier-chiffon    et    de   caractèces   baveux. 


(1)  Les  Lettres  Provinciales  de  Biaise  Pascal,  edited  by  H.  F.' 
Stewart,  D.  D.  —  Manchester.  At  the  University  Press.  12  Lime 
Grave,  Oxford,  Road  et  Longmans,  Grenn  and  CÔ.  London. 


BIBUOGHAPHIE  259 

Il  est,  typographique'mciit  parhint,  compact  et  solide.  Une  préface 
de  M.  Ferdinand  Brunot,  sobre  et  nourrie  comme  il  convient, 
l'accompagne. 

L'introduction,  qu'on  nous  annonce  comme  «  une  étude  d'en- 
semble, méthodique  et  systématique  de  l'anglicisme  »,  est  assez 
décevante.  A  côté  de  passages  touffus  et  de  remarques  sans  nouveauté 
sur  les  échanges  de  l'anglais  et  du  français,  on  trouve  des  lignes 
tendancieuses  où  les  vocables  étrangers  sont  opposés  aux  "  bons 
verbes  de  France  »  et  des  allusions  amèrcs  au  «  fléchissement 
général  des  études  classiques  ».  Mais  nous  serrons  la  question  de 
plus  près  quand  l'auteur,  qui  s'attribue  peut-être  trop  volontiers 
le  rôle  de  précurseur,  présente  son  «  dictionnaire  à  la  fois  étymo- 
logique et  historique  des  anglicismes  qui  se  sont  introduits  chez 
nous  I)  et  ajoute  entendre  par  anglicismes  <■  suivant  Ta  définition 
niéme  du  Dictionnaire  de  l'Académie  les  façons  de  parler  emprun- 
tées à  la  langue   anglaise   et   transportées  dans   notre   langue.    •> 

Dès  ce  moment  les  difficultés  commencent.  Trop  soucieux  de 
donner  une  apparence  scientifique  à  son  ouvrage,  M.  BonnafTc 
s'embarrasse  dans  ses  catégories,  classe,  par  exemple,  clown  dans 
la  l""""  (anglicismes  proprement  dits)  et  football  dans  la  3"  (termes 
de  sport),  ce  qui  semble  bien  arbitraire  et  artificiel.  Ses  raisons 
d'accepter  ou  de  rejeter  un  vocable  ne  paraissent  pas  non  plus  très 
probantes.  S'il  n'introduit  pas  dans  son  lexique,  comme  exprimant 
des  habitudes  étrangères,  revival  et  high  chiirch,  que  dire  de 
lyiich,  qui  ne  correspond  pas  encore,  que  je  sache,  à  un  passe- 
temps  national  ?  Pourquoi  écarter  sensationnel  et  admettre  senti- 
mental, où  pour  ma  part  je  me  refuse  à  voir  un  anglicisme  ?  Et 
puis  il  ne  suffît  pas,  pour  taxer  u«  mot  d'anglicisme,  qu'il  ait  été 
imprimé  par  un  écrivain  connu,  car  un  écrivain  connu,  même 
académicien,  peut  se  servir  de  termes  que  le  vulgaire  n'accepte 
pas.  (Mais  cela,  (Test  toujours  l'histoire  de  la  définition  de  l'an^, 
glicisme).  Enfin,  ou  pourra  reprocher  à  l'auteur  le  décousu  de 
l'introduction,  où  il  a  malheureusement  écourté  des  aperçus  inté- 
ressants sur  les  apports  de  l'anglais,  principalement  ceux  de  la 
guerre. 

Il  résulte  de  cette  indécision  et  de  ce  manque  à  conclure  que 
nous  arrivons  au  dictionnaire  proprement  dit  avec  la  conviction 
intime  qu'il  est  à  la  fois  incomplet  et  trop  chargé.  Cela  du  reste 
ne  lui  enlève  rien  du  charme  particulier  à  tous  les  dictionnaires, 
à  condition  qu'on  ne  les  prenne  pas  trop  à  la  lettre  et  qu'on  les 
lise  un  peu  comme  un  poème.  La  vérité  est  que,  pour  me  servir 
des  termes  mêmes  de  M.  Bonnaffé.  »  la  délimitation  de  l'angli- 
cisme a  été  un  des  problèmes  les  plus  délicats  que  nous  ajons  eu 
à  résoudre  »  ;  et  que,  sans  vouloir  faire  de  peine  à  M.  Bonnaffé, 
il  ne  l'a  pas  résolu.  C'est  pourquoi,  comme  le  dit  pittoresquement 
le  préfacier,  l'auteur  nous  présente  les  mots  dans  "  l'ordre  ou 
plutôt  dans  le  désordre  alphabétique  ».  Eacore  une  fois,  cela  n'em- 
pêche   pas   que   ce   désordre   soit   amusant,   à   condition   de   ne   pas 


260  LES   LANGUES   MODERNES 

s'embarrasser  de  grands  mots  scientiliqiies.  On  s'aperçoit  de  son 
ignorance,  on  s'étonne  du  nombre  des  mots  inconnus.  On  reste 
pensif  devant  des  anglicismes  comme  bns-bleii  et  franc-maçon, 
qui  en  tout  cas  ne  sont  plus  des  anglicismes,  pas  plus  que 
pain,  rose  et  mère  ne  sont  des  latinismes  ;  on  en  rencontre  comme 
English  spoken,  qui  sont  des  citations  plutôt  que  des  anglicismes  ; 
d'autres  qui  sont  périmés,  comme  singeing  déjà  remplacé  chez  les 
coiffeurs  par  brûlage.  Et  naturellement  l'on  s'étonne  de  ne  pas 
rencontrer  de  vieilles  figures  de  connaissance,  surtout  des  termes 
de  guerre,  comme  bully,  job,  business,  ours  (cheval),  finish,  napoii, 
plenty,  souinque,  et  bien  d'autres,  qui  ont  fleuri  aux  lèvres  des 
poilus,  des  villageoises  et  conquis  ainsi  droit  de  cité> 

Le  lecteur  ferme  le  dictionnaire  avec  le  sentiment  qu'ont  tous 
les  critiques  de  ces  livres  utiles,  d'étonnemeut  et  de  gratitude 
devant  la  peine  énorme  de  l'auteur,  et  de  tristesse  devant  l'ina- 
chevé. 11  faut  saluer  ceux  qui  s'attellent  à  de  si  terrifiants  ouvra- 
ges ;  et  notre  meilleure  manière  de  les  remercier  est  de  leur 
donner  quelques  humbles  conseils.  M.  Bonnaffé  a  eu  l'intuition  de 
ce  qu'il  fallait  faire,  mais  il  n'a  pas  eu  la  décision  de  l'exécuter. 
Il  eût  fallu  amplifier  l'introduction  et  ne  faire  intervenir  le  voca- 
bulaire, largement  expurgé,  qu'à  titre  de  pièce  à  l'appui.  Mais  pour 
cela  il  eût  fallu  élargir  la  définition  de  l'anglicisme.  Notons  bien 
que  la  grande  majorité  des  termes  qui  figurent  au  dictionnaire 
sont  des  termes  techniques,  employés  par  un  nombre  limité  d'in- 
dividus. Quand  les  industriels  parlent  de  best  best  et  de  rouleau 
à  beetler,  ils  ne  se  servent  pas,  à  vrai  dire  de  "  façons  de  parler  », 
mais  bien  de  formes  passe-partout  qu'on  pourrait  comparer  aux 
chiffres  arabes  ou  à  des  formules  mathématiques.  .Anglicismes, 
si  l'on  veut,  mais  qu'il  convient  en  tout  cas  de  situer  sur  un  plan 
secondaire,  ou  tertiaire,  conime  ceux  des  mondaines  de  Paul  Bour- 
get  et  de  Paul  .\dam.  IMais  quand  je  vais  acheter  un  bifteck  ou  que 
Uavroche  lance,  au  touriste  un  Olrède,  Angliche  !  d'une  voix 
grasseyante,  j'ai  l'autorité  de  Boileau  que  ces  formes,  martelées 
sur  le  carreau  des  Halles,  ont  perdu  toute  attache  étrangère  et 
qu'il   ne  s'agit  plus  d'an>;licisme. 

Il  eût  fallu,  au  lieu  de  nous  donner  pèle-nièle  une  liste  d'angli- 
cismes de  toute  zone,  nous  faire  saisir,  à  la  façon  des  géologues 
qui  lisent  dans  les  couches  superposées  l'histoire  de  la  Terre,  le 
développement  de  l'influence  du  parler  d'.Angleterre  sur  le  parler 
de  France.  M.  Bonnatïé  avait,  pour  bâtir  cette  maison,  amassé  des 
matériaux  de  la  plus  haute  valeur.  Il  est  dommage  qu'il  ait  laissé 
à  d'autres  l'occasion  de  s'en  servir. 

Paul     {   H.VIVET, 

Docteur    es    lettres,    i>rofesseur    agrège    iVanglais 
au    Ljjei'e    (/<•    Mulhouse. 


BIBI.IOGRAPHIK  261 

Robert  Dell.   —  My  Second  Country.     (Jolin  Lanc,  London,  7/6j. 

Il  est  toujours  intéressant  de  connaître  l'opinion  d'un  étranger 
sur  les  gens  et  les  ehoses  de  notre  pays.  Les  facultés  d'observation, 
n'étant  pas  émoussées  i)ar  l'habitude,  lui  permettent  de  décou- 
vrir des  particularités  qui  ne  peuvent  plus  nous  frapper,  et  sa 
qualité  même  d'étranger  lui  assure  une  liberté  de  jugenienj.  à 
laquelle  un  Français  ne  peut  atteindre  qu'en  s'élevant  du  plan 
national  au  plan  humain,  c'est-à  dire  au  prix  d'un  effort  consi- 
dérable. Mais  si  tout  étranger  est  capable  de  s'étonner  devant 
certains  aspects  de  notre  vie  nationale,  il  est  donné  à  bien  peu  de 
surprendre  les  raisons  profondes  de  nos  actes  et  d'expliquer  le 
jeu  de  nos  pensées.  Il  faut,  pour  y  réussir,  avoir  longtemps  vécu 
chez  nous,  pénétré  dans  l'intimité  française,  et  avoir  fréquente 
dans   des   milieux    sociaux   différents. 

M.  Robert  Dell  réunissait  toutes  ces  conditions  :  c'est  ce  qui  l'a 
autorisé  à  intituler  son  ouvrage  :  «  Ma  seconde  patrie  ».  L'auteur 
trace  d'abord  les  grands  traits  du  caractère  français  et  expose  ce 
qu'il  présente  de  paradoxal,  au  moins  en  apparence  :  conservateur 
et  iconoclaste,  frondeur  et  soumis  aux  autorités,  généreux  et  un 
peu  "  trop  près  de  son  argent  »  comme  l'on  dit  en  certaines 
régions.  Il  oppose  l'Anglais,  surtout  homme  d'affaires  et  de  sport, 
au  Français  intellectuel  et  artiste.  Il  note  très  justement  notre 
solide  bon  sens  d'individus  contrastant  avec  notre  idéologisme 
national.  Tout  le  chapitre  où  il  analyse  notre  mentalité  un  peu 
complexe  fourmille  d'observations  exactes  ;  et  il  n'a  pas  limité  le 
champ  de  ses  investigations  aux  grandes  villes  ou  aux  gens  d'une 
certaine  classe  ;  le  paysan  lui  est  aussi  connu  que  le  citadin,  le 
petit  bourgeois  que  l'ouvrier. 

A  la  différence  de  beaucoup  d'autres  socialistes,  Robert  Dell 
estime  le  paysan  français  qui,  selon  lui,  possède  au  plus  haut 
degré  la  qualité  foncière  de  la  race  :  un  remarquable  bon  sens. 

D'ailleurs,  il  voit  dans  le  retour  à  la  terre,  dans  l'exploitation, 
suivant  des  méthodes  modernes,  des  prodigieuses  richesses  de  notre 
soL,  la  solution  du  grand  problème  de  reconstruction  de  la 
France. 

Cette  question  du  relèvement  de  son  "  Second  Country  <>  le 
préoccupe  vivement.  11  en  examine  les  différents  côtés  :  abaisse- 
ment du  chiffre  de  la  population,  abandon  des  campagnes,  état 
lamentable  de  nos  finances.  Il  dit  à  ce  propos  des  choses  si  vraies 
que    l'on    serait    tenté    de    le    qualifier    de    défaitiste. 

La  recherche  des  moyens  propres  à  relever  notre  pays  le  conduit 
tout  naturellement  à  découvrir  les  obstacles  :  nos  systèmes  admi- 
nistratifs et  politiques.  Ici  les  critiques  s'amoncellent.  On  peut 
souscrire  à  la  plupart  des  jugements  portés  sur  les  méthodes  de 
nos  administrateurs  et  de  nos  politiciens  par  Robert  Dell  ;  mais 
une,  expérience  administrative  déjà  longue  me  permet  de  douter  — 
quoi  qu'en  pense  l'auteur  de  «  My  Second  Country  •>  —  qu'elles 
ne     soient     pas   conformes    aux   vœux    secrets    de    nos     concitoyens. 


262  LES    LA.>^GUES   MODERNES 

Toutes  les  lamentations  du  public  et  ses  protestations  contre  une 
telle  assertion  ne  peuvent  prouver  le  contraire:  si  nos  lois  sont 
souvent  mal  faites,  c'est  peut-être  que  les  parlementaires  pensent 
trop  à  leurs  électeurs  en  les  votant  ;  si  les  règlements  adminis- 
tratifs procèdent  d'un  «  esprit  chinois  »,  n'est-ce  pas  parce  que 
la  méfiance  à  l'égard  des  fonctionnaires  est  générale,  et  que  l'Admi- 
nistration se  forge  à  elle-même  une  ceinture  compliquée  pour 
n'être  pas  plus  soupçonnée  que  la  femme  de  César  ?  Et  si  nous 
étouffons  sous  la  paperasse,  n'est-ce  pas  parce  que  nous  avons, 
non  pas  le  sentiment,  mais  la  «lanie  de  l'égalité  et  que,  pour 
la  satisfaire  dans  les  circonstances  les  plus  diverses,  l'adminis- 
trateur imagine,  combine,  ratiocine,  et  finalement  édifie  quelque 
règlement  monstrueux  d'ingéniosité  i_t  de  sottise  mêlées  en  parts 
égales,  d'où  le  raisonnement  a  banni  la  raison  ?  Qui  sait  si  le  mal 
qui  ronge  les  organes  administratifs  et  politiques  de  notre  corps 
social  n'a  pas  sa  cause  profonde  dans  notre  caractère  national, 
beaucoup  plus  que  dans  la  corruption  de  certaine  Presse  et  des 
politiciens  '? 

Peut-être,  au  surplus,  Robert  Dell  ne  s'est-il  abstenu  de  nous 
suggérer  cette  idée  que  par  pure  courtoisie   d'étranger. 

Il  est,  en  revanche,  une  catégorie  sociale  qu'il  n'a  pas  épar- 
gnée :  c'est  celle  des  petits  bourgeois  ».  Elle  est,  dans  son  livre, 
condamnée  sans  appel,  de  même  que  cette  forme  rabougrie  du 
capitalisme  :  la  petite  propriété.  Ceci  nous  amène  à  un  exposé 
clair  et  précis  des  doctrines  socialistes  et  syndicalistes,  plus  ins- 
tructif et  substantiel  que  bien  des  articles  de  journaux  ou  de 
revues.  Enfin,  le  volume  se  termine  par  une  revue  des  personna- 
lités françaises  les  plus  marquantes  des  deux  derniers  siècles,  de 
Voltaire  à  M.  Bergson  en  passant  par  Chateaubriand  et  Joseph 
de   Maistre. 

M.  Robert  Dell  n'a  pu  avoir  la  prétention  de  résoudre,  ni  même 
d'exposer  tout  au  long,  dans  un  volume  de  300  pages,  cent  ques- 
tions, dont  chacune  pourrait  faire  l'objet  d'un  lourd  traité  ;  mais 
son  ouvrage  contient  les  notions  indispensables  à  l'honnête  homme 
désireux  d'apprendre  à  connaître  la  France  de  l'heure  présente  : 
précieux  pour  un  .Anglais,  «  My  Second  Couni'-A'  »  est  d'une  lectuie 
attrayante  et   souvent   même   instructive   pour   un   Français. 

Jean    Hkzaud. 

La  femme  anglaise  au  XIX'  siècle,  par  L.  Villard,  chez  II.  Didier. 
1   vol.  .TJO  p. 

Le  livre  de  Mlle  Villard  est  de  ceux  devant  lesquels  volontiers 
on  s'attarde.  Son  titre,  à  lui  seul,  La  femme  amjlaise  au  xlV  .<îjÏ'- 
cle,  est  séduisant.  De  plus  la  tentative  ])araît  inédite.  Si,  en  effet, 
l'on  a  souvent  parlé  du  mouvement  féministe,  on  n'a  pas  jus- 
qu'ici, que  nous  sachions,  essayé  d'en  suivre  les  principales  étapes 
en   .Angleterre. 


BIBI.IOORAPIIIE  263 

Pareil  sujet  est  si  vaste,  si  complexe  qu'il  demanderait,  pour 
être  traité  avec  toute  l'ampleur  voulue  une  thèse  de  longue 
haleine,  quelque  chose  comme  le  Burns  d'Angellier  ou  le  Ben  Jonson 
de  Castelain.  Aussi  l'auteur  du  modeste  petit  volume  d&,  320  pages 
que  nous  avons  sous  les  yçux  a-t-elle  bien  fait  de  limiter  son 
effort  en  tâchant  de  préciser  ce  qu'est  la  femme  anglaise  au 
\i\'  siècle,  rien  que  d'après  les  romans  de  cette  époque. 

Le  plan  suivi  par  Mlle  Villard  nous  paraît  valoir  surtout 
par  sa  simplicité  et  sa  clarté  :  dans,  une  première  partie  elle 
cherche  à  montrer  ce  que  fut  la  femme  anglaise  avant  le  xix«  siè- 
cle ;  dans  la  deuxiènxe  et  la  troisième  ce  que  celle-ci  a  pu 
devenir  grâce  à  ses  longs  et  persistants  efforts.  .Ainsi  l'on  voit  se 
succéder  à  des  années  de  servitude,  —  pendant  lesquelles  la 
femme  anglaise  conserve  son  rôle  effacé,  —  une  époque  où  elle 
;icquiert  son  indépendance  économique  et  sociale,  élargit  sou 
champ  d'action  et  s'affranchit  définitivement;  au  point  de  vue 
sentimental. 

Il  faut,  à  quiconque  veut  mener  à  bonne  fin  une  telle  étude, 
des  qualités  peu  ordinaires,  tlela  suppose,  pour  le  moins,  de  très 
vastes  lectures»  une  connaissance  aussi  variée  qu'étendue  de  la 
vie  anglaise,  du  passé  comme  du  présent,  un  sens  critique 
éveillé,  de  la  pénétration  et  du  goût. 

A  ce  point  de  vue,  nous  ne  saurions  trop  louer  Mlle  Villard 
dans  un  sujet  d'une  pareille  richesse,  celle  de  la  vie  elle-même, 
d'avoir  su  rester  abondante,  sans  pour  cela  être  touffue  ;  d'avoir 
réussi  par  un  choix  très  judicieux  d'exemples,  à  nous  servir  rien  que 
des  faits  probants,  à  faire  défiler  devant  nos  yeux  tant  de  person- 
nages significatifs  ou  intéressants  et,  grâce  à  Va  légèreté,  la  rapi- 
flité,  et  la  sûreté  de  sa  notation,  à  nous  laisser  finalement  des 
impressions  aussi  agréables  que   précises. 

Pour  rendre  pleinement  justice  aux  mérites  de  ce  petit  livre, 
il  nous  aurait  fallu  plus  d'une  page  de  notre  modeste  revue,  mais 
en  plus  de  l'espace,  le  temps  nous  est  mesuré.  Nous  ne  voudrions 
cependant  pas  quitter  une  œuvre  aussi  attachante  que  celle-ci 
sans  demander  à  son  auteur  l'autorisation  de  lui  soumettre  les 
quelques  réflexions  que  nous  avons  pu  faire  au  cours  de  la  lecture 
que  nous  en  avons  faite  avec  grand  plaisir.  Pour  plus  de  simpli- 
cité, nous  suivrons   l'ordre  même   du  texte  : 

D'abord  pour  ce  qui  concerne  le  roman  niênie,  peut-on  oublier 
aussi  complètement  que  semble  le  faire  Mlle  Villard,  le  sens  et 
■a  portée  du  nom  même  que  celui-ci  porte  plus  spécialement  en 
Angleterre,  à  savoir  Fiction  ?  Le  théâtre  n'est-il  donc  pas,  à  tout 
Ijrendre,  tout  aussi  capable  de  nous  fournir  des  documents  don- 
nant  ■■   the  form  and  pressure  of  the  times    >  ? 

Pourquoi,  d'une  façon  générale,  dans  l'avant-propos,  ne  pas 
avoir  fait  preuve  de  la  même  sobriété  de  style  que  celle  qui  carac- 
térise le  reste  du  volume  ?  Le  début  et  la  fm^  de  celui-ci  ne  sont 
peut-être   pas    irréprochables   à   ce   point    de    vue.    Des    métaphore? 


264  LES    LANGUES   MODERNES 

ajoutent  rarement   à  la  clarté  d'un  texte,  les  répétitions  trop  fré- 
quentes d'un  même  terme  non  plus.  Et  pourquoi  aussi,  p.  8,  parler 
de  la   formation   mystérieuse   (.?)    et   lointaine  ?   quand    il   n'en   est 
plus  question  dans  les  pages  qui  suivent  ?  A  la  place  d'une  allu- 
sion  passagère,    il   eût   fallu   en   une   esquisse   rapide    préciser    en 
quoi  la   femme    Saxonne,   Normande    et   Puritaine    surtout,   prépare 
et   explique   celle   du  xYur   siècle.   De  même,  p.   9,  c'est   trop   affir- 
mer, de   dire  que  la  femme   avant   le  xix"   siècle    n'attacha    aucun 
prix  à  ses  droits.  On  fait  ainsi  trop  bon  m.irché  de  tout  ce  qui   a 
précédé  cette  époque  —  des  efforts  et  de  l'influence  réelle  d'Addi- 
son,  des  femmes  d'esprit  comme  Hannah  More,  des  grandes  actrices 
comme  Mrs  Fordan  et  l'immortelle  Siddons.  Et  puis,  que  de  reines 
oubliées  !     Pages    18,   n'eùt-il   pas   été    intéressant   de    signaler,   ne 
serait-ce   qu'en  passant,  combien   le  livre   de   Mary  Woltstonecraft 
devait    à   l'influence   des   idées   françaises  ?   Quant   à   l'exemple   de 
Miss  Wardle,  l'auteur,    à  notre  avis,  y   attribue  trop  d'importance. 
Dickens  avait  dans  ses  cartons  un  personnage,  il  l'a  casé  là  où  il 
risquait    le   mieux    de    produire    un    eiîet    risible.    P.    32,    Charlotte 
Brontë   est    présentée    de    façon    un    peu    trop    ex-abrupto.   Page    37. 
dans   l'intervalle    qui    suit    l'apogée    de    Dickens   et    de    Thackeray, 
on   cite  Gissing.   Le   trou   est   un   peu    grand,    il   eût    été   aisé   de    le 
combler.  L'exemple  de  la  Marthe  de  David  Copperfield  est-il  aussi 
net  qu'on  le  voudrait  ?  (p.  48),  et  pourquoi  ne  pas  avoir  au  moins 
mentionné  The  bridge  of  Sighs  de  Hood  ?    Page  97,  Il  nous  semble 
dommage  qu'il  y  manque  une  vue   d'ensemble  de  cette  Angleterre 
d'alors^  d'une  Angleterre  étroite  et  bornée,  routinière  telle  que  la 
voit     un     Wells     aujourd'hui.     L'exemple,     un    peu    plus    loin,    de 
Mrs  Jellyby,  nous  parait  mal  choisi,  p.  137;  pourquoi  citer  Tenny- 
son  ?  est-ce  du  roman  ?  et  si  l'on  cite  du  Tennyson,  pourquoi  pas 
déborder  du  cadre  ailleurs  ?  La  Girton  Girl  n'a-t-elle  pas.  été  cons- 
tamment  ridicule,  tout  au  moins  extérieurement  ?  A  la  page   172, 
on  est  heureux  de  trouver  un  bon  e.xposé  de  l'insuffisance  du  déve- 
loppement  artistique   de   la  femme,  mais  l'auteur  à  la   fin   semble 
s'écarter  de  son  point  de  départ.  Nous  aurions  voulu  quelque  part, 
ici     au    besoin,     quelques    vues    sur    la    place    qu'occupe    la     femme 
anglaise    par   rapport    avec    les   femmes    des   autres     pays,   tels    la 
Suède,   r.\llemagne,   la   France.   Les   comparaisons   ne   feraient   que 
mieux   mettre    en   vale«r   les   progrès   acquis   par   chacune    d'elles. 
Les  pages   206,  209,   auraient   gagné,  nous   semble-t-il,   à   être   plus 
développées.     La    page   215    est    bien    venue   et    d'excellente    allure, 
mais   n'aurait-il   pas   été  bon   de  citer  le   cas  de  cette  femme   suf- 
fragette   morte    volontairement    aux    courses    pour    pouvoir    servir 
la   cause   de   ses   amies  ?   Et    pourquoi   en   l'occasion   ne   pas   avoir 
cité    quelques    diatribes    de    B.    Shaw  ?     L'exemple     unique     donné 
])ar  l'admirable  .1.  Eyrc  est  mis  en  pleine  valeur,  mais  un  mot  sur 
The  Scarlet  Letter  eût  été  bien  à  sa  place  égale  ment.  Est-ce  volontaire- 
ment que  l'auteur  l'omet  ?  En   est-il   de   même  pour  les    premiers 
romans   de   (i.    Eliot  ?    Les  pages   sur  Mercdith   sont   fines  et  bieu 


BIBMOGR.VPHIE  265 

venues,  mais  on  n'insiste  pas  assez,  à  notre  gré,  sur  la  variété  et 
l'étendue  de  son  influence.  De  même  un  oubli  grave  est  celui 
d'avoir  passé  sous  silence  H.  Spencer  et  les  énergiques  campagnes 
de   Stuart   Mill. 

Enfin,  certaines  affirmations  de  la  lin  du  livre  —  telle  que  la 
suivante  —  «  le  lent  épanouissement  que  permet  la  civilisation 
moderne    »    (p.  302)    paraissaient   tout   au    moins  contestables. 

Mais  le  reproche  (1)  le  plus  grave  que  l'on  serait  en  droit  de 
formuler,  serait  sans  doute  celui  de  l'absence  trop  marquée 
d'idées  générales  dans  une  œuvre  comme  celle-ci.  A  la  place 
d'une  conclusion  —  trop  brusquement  amenée  à  notre  gré,  trop 
remplie  jusqu'au  dernières  pages  de  brèves  analyses  de  romans 
contemporains  —  nous  aurions  préféré  qu'un  dernier  résumé 
quelque  succinct  qu'il  fût,  nous  eût  ramassé,  en  un  faisceau  lumi- 
neux tous  les  développements  antérieurs,  nous  mettant  par  là 
à  même  de  juger  d'un  coup  d'oeil  rapide  l'état  actuel  de  la  quesi- 
tion  et  ce  que  l'avenir  lui  réserve.  Car,  en  dépit  de  certains  théo- 
logiens du  Moyen-Age  qui  affirmaient  que  la  femme  ne  faisait 
point  partie  intégrante  du  genre  humain  (<■  iniilierem  hoinineni 
non  passe  vocitari  »)  nous  croyons  que  le  problème  relève  essen- 
tiellement de  la  constitution  civile,  politique,  aussi  bien  que 
morale  d'un  pays,  et  que,  selon  le  mot  profond  d'un  grand  savant, 
la  tâche  de  la  société  future  n'est  pas  d'identifier  les  deux  sexes, 
mais  bien  de  s'appliquer  à  mettre  chacun  dans  les  meilleures 
conditions    possibles    pour    accomplir    sa    fonction    particulière. 

H.  HovELAQLE  (Lycéc  Lakanalj. 


Dr.  Heinrich  Frenzel  :  Gœthe  unser  Fùhrer  durch  die  Zeit  der 
schweren  Not.    Deutsche   Freiheit.   Berlin   w.   9    1919. 

U  me  semble  qu'on  ne  doit  nas  rend.o  compte  seulement  (.hs 
bons  livres,  et  qu'il  est  bon  aussi  de  signaler  ceux  qui  ue  valent 
rien  pour  éviter  aux  collègues  une  perte  d'argent  et  de  temps. 
C'est  pour  cette  raison  que  je  veux  vous  parler  de  la  brochure 
ci-deSsus   dont   le    titre    m'avait   alléché. 

C'est  une  œuvre  de  parti  :  les  démocrates  sociau.x  ayant  tenté, 
nous  raconte  M.  Frenzel,  d'enrôler  Gœthe  sous  leur  bannière,  il 
se  propose  de  démontrer  que  l'auteur  de  Faust  en  fut  ni  un  révo- 
lutionnaire, ni  un  socialiste,  mais  bien  un  précurseur  de  la  Deuts- 
che Voikspartei  c'est-à-dire  de  l'ancien  parti  des  nationaux-libé- 
raux.   Je    n'exagère    pas  : 

Was     hier     der     grôsste    Geist    unsres    Volkes     in  '  packenden, 


(1)_  Les  fautes  d'impressions  sont  assez  rares,  voir  cependant 
pp.  74,  269  et  307.  Il  est  vraiment  dommage  que  l'impression  du 
volume  se  trouve  tout  à  fait  compromise  par  suite  de  la  qualité 
très    inférieure    du    papier. 


18. 


266  LES   LANGUES   MODERNES 

anschaulicheii  Worten  ausspricht,  deckt  sich  mit  der  Uberzeugung, 
die  heute  die  Deutsche  Volkspartei  im  politischeii  Leben  vcr- 
tritt.  »  (p.  17).  <i  Hier  ist  also  dasselbe  Idéal  aufgestellt,  auf 
das  die  Deutsche  Volkspartei  iinlàugst  in  ihreru  kraftvollen 
Aufruf  zum  "  Arbeitsfrieden  »,  zur  Arbeitsgemeinschaft  der  Untcr- 
nehmer  und  Arbeiter,  ja  des  deutscheii  Volkes  hinwies  als  die 
einzige  Môglichkeit  um  uns  nach  unserem  tiefen  Falle  wiedet" 
emporzuarbeiten.  «  (p.  28).  "  Die  <>  gemâssigten  Liberalen  », 
denen  sich  Goethe  sein  Leben  lang  zugerechnet  hat,  sind  heute 
in  der  Deiitschen  Volkspartei  vereinigt,  die  auf  diesen  Gesinnungs- 
genossen  hôchsten   Ranges  mit  vollem  Recht   stolz   sein  darf.   » 

En  fait  M.  Frenzel  ne  démontre  rien  du  tout.  J'attendais  une 
étude  sérieuse  des  opinions  politiques,  économiques,  sociales  de 
Gœthe  et  leur  application  à  la  situation  actuelle  de  rAUemagne  : 
je  n'ai  trouvé  rien  de  pareil.  La  brochure  n'est  faite  que  d'un 
ramassis  de  citations  auxquelles  l'auteur  ajoute  des  commentaires 
très  spéciaux  et  qui  consistent  principalement  en  des  injures  à 
l'adresse  de  ses  adversaires  politiques  <>  die  demokratisch-sozial- 
demokratisch-klerikale  Regierung  »  et  de  l'Entente  :  <■  der 
Erdrosselungsvertrag  »,  ■<  unsre  sadistischbrutale  t'einde  »  <  die 
jenigen,  die  dièses  ungeheuere  Verbrechen  veriibt  haben,  konnen 
wir  als  <■  Menschen  »  im  wirklichen  Sinne  des  Wortes  nicht  aner- 
kennen,  da  jeder  einzelne  der  440  Artikel  des  Mordsvertrages 
Unnienschlich  ist   »   (p.  32). 

Les  citations  de  Gœthe  étant  prises  à  toutes  les  époques  de  sa 
vie,  il  est  facile  à  M.  Frenzel  de  lui  faire  dire  ce  qu'il  veut,  d3 
même  qu'il  serait  facile,  avec  la  plupart  de  ces  citations,  de 
démontrer  la  thèse  contraire  et  d'attaquer  aussi  énergiquement 
l'ancien  régime  qu'il  vitupère  le  nouveau.  La  conclusion  n'est  pas 
neuve  :  «  Travaillons  »,  bien  d'autres  l'ont  dit  avant  lui  et  il 
n'était  pas  besoin  pour  cela  d'aller  chercher  cette  leçon  dans 
Faust. 

Pour  terminer  ce  compte  rendu,  qu'on  me  permette  une  digres 
sion.  Ce  sera  une  citation  qui  éclaire  d'un  jour  singulièrement  cru 
les  tendances  politiques  de  la  bourgeoisie  éclairée  allemande  (nos. 
collègues   du    secondaire    et    supérieur    p.    ex.)  :     «   die    Vôlkervcr- 
sôhnung  ist  unmôglich,   solange   eine  Vercinigung  aller  Dcutscheu, 
die  sich  zum  Reich  bekennen,  einschliesslisch  der  ôsterreichischen 
Deiitschen,    vcrhindcrt    und    der    uns    aufgczwungcne    Gewaltfriedi 
aufrcchterhalten   wird.   Wir  verlangen,   unhekûmmert   um   die   fre 
chen    Zunuitungen   der   Vcrbrechcrischen    Urhcberdes   Vertrags   von 
Versailles,   den   Wiederaufbau   eines  Volksheeres   und   einer   Flottei 
auf   der   Grundlage   der   allgemeinen   Wehrpflicht   zum    Schutz   desj 
Reiches    und    seines    Handels.   »    Par    la    suite    M.    Frenzel    déclare 
que    l'Allemagne   veut    être    marteau    et    non    enclume. 

M.  G.     ! 


BIBLIOGRAPHIE  267 

Gaston  Varenne,  professeur  au  Lycée  Condorcet.  —  Le  malaise 
de  l'Université  et  la  doctrine  des  Compagnons  (avec  lettre  préface 
de  Henri  Lichtenbcrger,  professeur  à  la  Sorbonne)  63  p.,  Paris, 
Didier,   1920. 

Notre  collègue,  M.  Varenne,  a  réuni  en  brochure  les  articles  qu'il 
a  publiés  dans  l'Information  en  juin  et  juillet  1919  sous  le  pseu- 
donyme de  Georges  V^ernon.  Il  a  eu  raison  et  nous  ne  pouvons 
qu'être  reconnaissants  à  tous  ceux  qui  comme  lui,  et  dès  mainte- 
nant, prennent  position  dans  les  discussions  utiles,  nécessaires, 
qui  s'instituent  à  propos  de  l'enseignement  et  qui  aboutiront  en 
lia  de  compte  à  des  solutions  pratiques  dont  on  ne  saurait  exagérer 
l'iniporfance.  Et  M.  Varenne  a  eu  d'autant  plus  raison  qu'il  avait 
quelque  chose  à  dire  et  qu'il  l'a  fort  bien  dit. 

Après  avoir  recherché  les  causes  qui  expliquent  le  malaise  actuel 
dont  souffre  l'Université  et  appuyé  sur  la  nécessité  de -lutter  contre 
la  routine,  M.  Varenne  en  vient  très  naturellement  à  exprimer  ses 
sympathies  pour  la  «  courageuse  campagne  »  qu'ont  entreprise  les 
Compagnons  :  car,  il  "  importe  que  toutes  les  bonnes  volontés 
s'unissent  loyalement  pour  faire  bloc  contre  les  forces  d'inertie 
ou  de  résistance  ».  Sur  bien  des  points  du  programme  des  Com- 
pagnons, M.  Varenne  formule  cependant  des  réserves  sérieuses  : 
sur  la  question  de  la  corporation,  sur  celle  du  régionalisme,  et  il 
apporte  ici  des  arguments  fort  intéressants  et  qui  vraiment  don- 
nent à  penser.  Ce  ifest  pas  le  lieu  de  les  indiquer  ici,  puisque 
aussi  bien  vous  lirez  la  brochure  de  M.  Varenne. 

Ce  qui  touchera'  de  plus  près  encore  les  professeurs,  ce  sont  les 
idées  de  M.  Varenne  sur  renseignement  en  soi  et  sur  la  constitu- 
tion de  l'enseignement.  C'est  surtout  ici  que  l'auteur  serait  '<  heu- 
reux de  voir  la  discussion  s'engager  ».  Et  nous  aussi.  Pour  l'ins- 
tant bornons-nous  à  l'essentiel.  «  L'enseignement  ne  peut  viser 
à  autre  chose  qu'à  former  avant  tout  des  hommes  qui  seront  en 
situation  d'opter  ensuite  aisément  pour  l'occupation  qu'ils  esti- 
meront la  plus  conforme  à  leurs  goûts  et  à  leurs  aptitudes.  »  A 
l'enseignement  primaire  donné  à  l'école  unique  succédera  un 
enseignement  secondaire  soit  classique,  soit  professionnel  et  com- 
mercial. La  division  classique  conduira  à  une  première  partie  de 
baccalauréat  et  sera  complétée  par  deux  années  d'études  spéciales 
réparties  en  quatre  cA-cles  très  différents  de  ceux  qui  existent 
actuellement.  Tel  est  le  plan  de  l'édifice  et  l'on  ne  peut  nier  qu'il 
ne  soit  ingénieux.  Il  n'est  pas  non  plus  à  l'abri  de  toute  critique 
et  M.  Varenne  le  sait  bien. 

Mais  comment  la  division  classique  serait-elle  constituée  ? 
Nous  voilà  au  point  sensible.  Longtemps  encore  cette  division, 
s'opposant  à  une  division  professionnelle  et  commerciale,  draine- 
rait sans  nul  doute  la  majorité  des  élèves.  Et  tous  ces  élèves 
feraient  du  latin.  Vous  vous  récriez.  Attendez  un  peu,  car  je  ne 
crois  pas  que  M.  Varenne  lui-même  soit  entièrement  satisfait  de 
cette     solution   à    laquelle    il    aboutit   cependant.   Nous   notons    en 


268  LES    LANGUES   MODERNES 

effet  les  passages  suivants  :  »  Le  latin  fait  partie  nécessairement 
d'une  culture  (moderne),  du  moins  jusqu'à  présent.  11  est  hors  de 
doute  qu'il  n'en  sera  plus  ainsi  dans  cinquante,  cent  ou  deux  cents 
ans,  le  chiffre  importe  peu,  et  que  le  latin  deviendra  de  plus  en 
plus,  au  même  titre  que  le  sanscrit  aujourd'hui,  une  étude  de 
savants  spécialisés.  »  Sans  doute  M.  Varenne  ne  veut  que  le  "  latin 
court  »,  et  si  l'essai  ne  pouvait  être  tenté  <•  il  ne  faudrait  pas 
hésiter  à  sacrifier  complètement  le  latin  plutôt  que  de  continuer 
à  le  voir  peser  comme  aujourd'hui  d'un  poids  heaucoup  trop  lourd 
sur   tout   l'enseignement    secondaire   ». 

Je  crois  bien  comprendre  que  voulant  avant  tout  un  enseigne- 
ment classique  unique  et  ne  pouvant  jeter  le  latin  par-dessus  bord 
pour  tous  les  élèves,  M.  Varenne  en  arrive,  un  peu  malgré  lui,  à 
le  garder  pour  tous.  Mais  c'est  précisément  sur  la  nécessité  d'un 
enseignement  classique  unique  que  nous  ne  sommes  'pas  d'accord. 
Pour  moi  je  persisterai  à  souhaiter  qu'à  côté  de  l'enseignement 
avec  latin  on  constitue  un  enseignement  classique  sans  latin,  basé 
sur  l'étude  du  français  en  soi  et  dans  lequel  l'étude  des  langues 
vivantes  occuperait  une  place  importante.  Et  si  cela  devait  amener 
la  mort  du  latin  scolaire  (même  dans  les  lycées  de  jeunes  filles 
où  M.  Varenne  reconnaît  que  fort  heureusement  il  n'est  —  jusqu'à 
présent  —  que  le  complément  et  non  le  support  des  études)  eh 
bien  !  nous  qui  fûmes  saturés  de  latin,  nous  nous  en  consolerions 
le  plus  aisément  du  monde.  Et  si  nous  allions  jusqu'à  chanter  le 
psean,  nous  demanderioiis  à  M.  Varenne  d'y  faire  sa  partie.  S'y 
refuserait-il  *? 

L.-W.  Cart. 

E.  V.  Downs,  B.  A.  —  English  Literature,  The  Rudiments  of  its 
Art  and  Craft.    (Hodder  and  Stoughton,   1920,  4/6  net). 

Dix-sept  chapitres,  sur  la  rime,  la  prosodie,  le  rjthme  ;  les 
images  mentales  ;  le  stjie  ;  l'essaj'  ;  l'histoire  et  la  technique  du 
poème  lyrique,  du  roman,  de  la  "  short  stcrj'-  »,  de  la  ballade,  du 
drame,  de  la  poésie  épique  et  héro'ique  :  livre  de  pédagogie  claire 
et  sérieuse,  à  égale  distance  d'un  utilitarisme  étroit  et  d'uri 
dilettantisme  historique.  Il  esquisse  pour  chaque  genre  sa  défini- 
tion extraite  de  son  évolution,  l'illustre  de  quelques  judicieuses 
citations,  ajoute  enfin  une  bibliographie  sommaire  et  d'abondants 
exercices  d'imitation  et  de  critique.  Sui'tout,  il  dégage  l'intérêt 
actuel  des  études  littéraires,  et  les  oriente  vers  l'intelligeuce  du 
présent  national  :  on  n'y,  peut  manquer  de  sentir  que  l'on  parti- 
cipe à  la  vie  de  son  temps,  et  l'on  y  gagne  le  sens  de  son  rôle  pos- 
sible et  de  sa  valeur  sociale.  Car  loin  d'arrêter  l'élève  en  ses 
/exi)lorations  à  quelque  trente  ans  en  arrière  des  réalités  contem- 
poraines, il  encadre  celles-ci  de  pages  rétrospectives  et  sobres,  qui 
tiennent  compte  de  la  dispersion  infligée  à  l'attention  par  des  pro- 
grammes chargés.  On  sent  en  outre  que  l'auteur  a  appliqué  là  son 
teiniH'ramcnt  et  ses  aptitudes  personnelles:  qu'il  n'a  dit  que  ce  qu'il 

/ 


HIBLIOGRAPHIE  269 

a  bien  vu  (.il  voit  d'ailleurs  tout  ce  qui  importe);  de  sorte  qu'à  sa 
suite  l'élève  ne  se  perd  pas  en  excursions  vagues,  mais  acquiert  à 
la  fois  au  cours  de  ses  constatations  la  confiance  en  son  propre  tra- 
vail, l'habitude  de  l'observation  directe  des  faits  littéraires  et 
humains,  celle  aussi  de  formuler  et  de  classer  ses  acquisitions.  —  Très 
anglais  en  son  harmonie  de  l'inspiration  avec  le  sujet  traité,  ce 
manuel  fait  sans  mesquinerie  leur  ])art  aux  inlluences  du  dehors, 
et  témoigne,  en  ces  temps  de  renfrogiienicnt  nationaliste,  d'un 
patriotisme  éclairé.  Il  peut  être  utile  à  nos  étudiants  de  licence  ; 
et  à  ceux  que  les  nouvelles  épreuves  du  baccalauréat  tenteraient 
de  déserter,  pour  la  lettre,  l'esprit  de  l'enseignement  littéraire,  il 
peut  fournir  en  un  équilibre  du  cadre  et  du  contenu,  bon  nombre 
d'indications  utiles  à  la  vie  de  la  classe  d'anglais  dans  le  deuxième 
cycle. 

G.   d'Haxgest. 


John  Galsworthy.  —  Tatterdemalion.  (7/6,    Heiiicm;nin,    London, 
F1920). 

Vingt  et  un  sur  vingt-trois  de  ces  articles,  ou  commentaires  sur 

les   souvenirs   variés,    sont   postérieurs    à    1914.   Leur    unité    réside 

8n  leur    vérité   seule,   extraite  soit   de   milieux   lointains   des   con- 

rentions  mondaines,  comme  l'indique  le  titre  général,  soit  de  situa- 

liions   issues   de   la   guerre,   laquelle^   à   ces   niveaux,   ne   comportait 

fguère   de   conventions   superficielles.   Nous   sommes   donc   en   pleine 

lobservation  directe,  c'est  dire  en  pleine  complexité,  et  avec  un  guide 

ravare    de    rhétorique,   j'entends   par   là   qui    ne   poétise    qu'autant 

jue    l'inspiration    est    en    lui,    et    dont    il   est   bon    de    dire    que    son 

besoii^  de  vérité  lui  fait   ménager   ses  émotions  et  ses  hymnes.   Le 

style    familier    et    la    couleur    locale    surgissent    donc    d'eux-mêmes 

avec  la  vie  décrite,  surtout  lorsqu'il   importe  d'aller  droit  à  l'idée 

sans  que  la   forme  distraie. 

Nous  retrouvons  en  particulier,  parmi  les  aspects  de  l'âme 
anglaise,  la  part  de  romanesque  sentimental  qui,  au  regard  du 
Français  ordinaire,  revêt,  par  contraste  avec  les  traits  classiques 
du  caractère  national,  un  faux  air  d'irréalité  (1)  ;  puis  la  violence 
avec  laquelle  se  peut  manifester,  au  pays  même  du  fair  plag,  l'in- 
tolérance des  masses  (2)  ;  et  encore  la  clarté  d'esprit  et  l'indépen- 
dance de  l'élite  dans  les  jugements  sur  la  vie  (3). 

Chez  l'auteur  lui-même,  on  a  plaisir  à  rencontrer  de  nouveau 
cette  sensibilité  aiguë  aux  valeurs  positives,  qui  sous  ce  que  le 
monde  humilie  du  nom  de  faiblesse,  aperçoit  la  vie  intense  ;  sous 
les  avortements  de  l'action,  la  finesse  des  intentions  et  la  délica- 
tesse d'âme  ;   sous   le   refus   de   trancher   et   de   formuler,    le     sens 

(1)  Grey  Angel. 

(2)  Pecice  Meeting.   The  bright  side. 

(3)  Nightmare  child.  Munnà. 


270  LES   LANGUES   MODERNES 

exact  du  réel,  l'intelligence,  qui  est  la  meilleure,  la  véritable  sym. 
pathie.  Il  y  a  là  protestation  implicite  contre  quiconque,  sur  le  vu 
d'une  non-conformité  à  la  morale  traditionnelle,  et  d'autant  plus 
facilement  que  le  succès  social  leur  est  dénié,  juge  et  morigène 
des  êtres  ;  et  aussi  une  apologie  du  calme  indispensable,  surtout 
en  présence  du  mal,  à  l'invention  du  vrai,  —  calme  auquel  suffit 
seule  l'élimination  du  moi  autoritaire,  et  dont  l'inattendu-  décon- 
certe le  Destin  lui-même  et  irrite  les  pauvres  en  introspection.  C'est 
dire  que  l'auteur  se  défie  des  foules  :  sans  aller,  comme  l'un  de 
ses  personnages  "  essentiellement  combatif,  jusqu'à  s'opposer 
à  tout  ce  que  soutient  une  majorité  »  (1),  il  réserve  son  adhésioU: 
en  présence  de  vérités  à  succès.  Et  sans  doute  n'y  a-t-il  là  rien 
de  remarquable  chez  un  intellectuel  digne  du  titre  ;  mais  cette 
défiance  à  l'égard  des  forces  grégaires  ou  incultes  inclut  l'intelli- 
gence de  leur  étendue  et  de  leurs  effets,  et  lui  fait  admettre,  pro- 
visoirement  du  moins,  l'inévitabilité  de   la   guerre. 

Semblable  constatation,  contraire  à  ses  aspirations,  laisse  sub- 
sister en  lui  une  rancune  indicible  contre  la  race  des  responsables 
de  fait,  épars  en  proportions  diverses  chez  tous  les  peuples,  et  qui, 
pour  le  plus  grand  nombre  que  sont  les  pacifiques,  salissent  l'uni- 
vers, incorporant  les  forces  morales  les  plus  nobles  en  un  système 
de  domination.  Son  grief  essentiel  contre  la  guerre  est  qu'elle 
s'interpose  comme  un  voile  entre  nous-mêmes,  d'une  part,  et  de 
l'autre  la  beauté,  la  poésie,  l'âme  humaine  justifiable  seulement 
en  l'harmonie  de  son  ensemble. 

Sa  rancune  n'absorbe  pas  sans  doute  toute  son  énergie  ;  elle  est  liée 
à  la  mise  en  lumière  des  bienveillances  errantes  parmi  les  cruau- 
tés de  la  vie  militaire  ;  et  Tétude  de  toutes  les  beautés  du  monde, 
leur  vulgarisation  pour  ainsi  dire  (2),  alors  qu'en  raison  même  de 
l'efFort  de  perception  qu'elles  exigent  (3),  elles  ne  sont  accessibles 
qu'aux  privilégiés  de  l'intelligence  et  des  sociétés,  semble  à  l'écri- 
vain le  seul  remède  essentiellement  cajjable  d'écarter  le  retour  du 
cataclysme. 

Le  livre  ajoute  peu  de  chose,  peut-être,  à  l'œuvre  que  nous  con- 
naissons ;  du  moins  nous  montre-t-il  comment,  en  un  monde 
bouleversé,  au  milieu  de  ruines  et  d'incertitudes,  une  âme  de  pen- 
seur et  d'artiste  cherche  et  trouve,  ou  croit  trouver,  ses  raisons  de 
vivre  et  d'espérer. 

G.  d'Hangest. 


(1)  Petice    meeting. 

(2)  Spindlebernes.  Beautv...  the  extra  value  in   the  human   nia"- 
ket. 

(3^  A    dreen   hill  fnr  nnuty. 


>::S:- 


NECROLOGIE 


M.  Lucien  POINCARÉ 


En  Lucien  Poincarc  les  Lanç/iies  Modernes  ont  perdu  un  ami 
puissant  et  éprouvé.  Bien  que  sa  carrière  scientifique  ne  semblât 
pas  le  prédisposer  à  un  intérêt  spécial  pour  nos  études,  la  largeur 
de  son  esprit  et  son  sens  vif  des  besoins  du  pays  lui  avaient  révélé 
la  nécessité  de  donner  une  forte  impulsion  à  l'enseignement  des 
langues  étrangères.  S'il  les  pratiquait  par  lui-même,  il  recherchait 
volontiers  ceux  qui  avaient  en  ces  matières  autorité  et  compétence. 
Il  comptait  parmi  ses  amis  les  plus  intimes,  Emile  Hovelaque 
dont  la  stimulante  influence  se  fit  maintes  fois  sentir  dans  les 
mesures  libérales  que  Poincaré  prit  soit  comme  directeur  de 
l'Enseignement  secondaire  ou  supérieur,  soit  ensuite  comme  Rec- 
teur. II  avait  du  reste  naturellement  le  goût  des  initiatives'  et  on 
le  trouvait  tout  préparé   pour  les   solutions   neuves. 

Il  me  souvient  de  son  attitude  dans  une  commission  où  se  dis- 
cutait la  réforme  du  diplôme  d'études  supérieures.  J'avais  et'' 
amené  à  demander  que  pour  les  langues  vivantes  la  mémoire  cor- 
respondit mieux  aux  conditions  jjarticulièi'es  dans  lesquelles  se 
trouvaient  nos  étudiants,  qu'il  fût  pour  eux  non  le  produit  de 
séances  de  bibliothèques,  mais  le  résultat  de  leurs  observations 
dans  le  pays  où  ils  avaient  séjourné  ;  qu'il  se  rapprochât  plus  du 
journal  de  notes  que  de  la  thèse  proprement  dite.  Seul  dans  la 
commission  Poincaré  se  déclara  favorable  à  cette  idée.  II  la  défen- 
dit avec  chaleur,  désireux  d'affranchir  les  langues  vivantes  d'une 
formule  qu'il  ne  sentait  pas  faite  précisément  pour  elles,  décla- 
rant qu'en  homme  de-  science,  il  sentait  tout  le  prix  d'un  exercice 
qui  tendrait  à  aiguiser  dans  son  emploi,  et  d'un  examen  qui 
honorerait  dans  sa  manifestation  la  faculté  d'observation  directe. 
J'eus  dès  ce  moment  déjà  lointain  la  conviction  que  nos  études 
étaient  par  lui  profondément  conçues  dans  leur  nature  propre, 
et  qu'il  serait  disposé  à  les  aider  et  à  les  développer,  non  selon 
des  règles  abstraites  et  générales,  mais  conformément  à  leur 
caractère   distinct. 

L'intérêt  qu'il  leur  portait  s'étendait  aux  maîtres  qui  étaient 
chargés  de  les  diriger.  On  n'oubliera  pas  dans  l'enseignement 
secondaire  que  c'est  grâce  à  ses  efforts  comme  directeur  que  fut 
enfin  obtenu  cette  réduction  du  maximum  des  heures  de  classe 
qui  formait  depuis  longtemps  l'objet  principal  des  vœux  de  notre 
personnel,,  étant  la   mesure   dont   dépendait   sa   parfaite   égalité   en 


272  LES    LANGUES    MODERNES 

dignité    et   en   avantages   avec   les   collègues   des     autres   enseigne- 
ments. 

Il  avait  aussi  à  cœur  de  resserrer  et  de  multiplieii  nos  liens  avec 
l'étranger.  Lorsqu'il  devint  recteur,  il  considéra  comme  une  partie 
essentielle  de  sa  tâche  la  réception  des  professeurs  et  savants 
d'autres  pays.  Les  salons  de  l'Université  de  Paris  trop  longtemps 
déserts  et  inutiles,  prirent  vie  sous  son  impulsion.  Chacun  se 
rappelle  les  belles  fêtes  qui  s'y  donnèrent  en  plus  d'une  occasion, 
par  exemple  le  jour  où  le  Président  Wilson  fut  fait  docteur 
honoris  causa.  Et  non  moins  que  les  salons  officiels  de  l'Univer- 
sité, les  appartements'  privés  du  Recteur  s'ouvrirent  à  mainte 
reprise  par  l'accueil  de  nos  hôtes  du  dehors. 

D'autre  part,  sans  compter  la  fatigue,  sans  prendre  garde  aux 
menaces  d'une  santé  que  lui  seul  pouvait  savoir  fléchissante,  il 
était  toujours  prêt  à  aller  porter  aux  étrangers  le  salut  de  la 
France.  L'hiver  dernier  il  conduisait  une  mission  française 
en  cette  Roumanie  où  nous  appelaient  de  si  grands  intérêts 
universitaires  et  où  nos  délégués  reçurent  un  si  cordial  accueil. 
Déjà  malade,  il  allait  encore,  quelques  jours  avant  sa  mort, 
inaugurer  à  Londres  la  succursale  de  notre  office  national  des 
Universités   et   tendre    une   main    amie   à   l'Université    d'Oxford. 

C'est  avec  un  regret  profond  que  nous  avons  vu  disparaître  le 
Recteur  qui  en  si  peu  de  temps,  avait  su  donner  de  tels  gages 
aux  études  qui  sont  les  nôtres,  aux  causes  qui  nous  sont  chères. 
Les  Langues  Modernes  assurent  de  leur  respectueuse  sj'mpathie 
pour  sa  douleur  la  compagne  admirable  qui  s'associa  si  étroite- 
ment à  sa  tâche  et  répandit  tant  de  bonne  grâce,  simple' et  exquise, 
sur  des  réceptions  de  grande  conséquence  pour  notre  extension 
universitaire.  Ceux  d'entre  nous  à  qui  il  fut  donné  d'approcher 
l.'homme,  qui  ont  connu  toute  la  loyale  bonté,  toute  l'ardeur  pra- 
tique aussi  qu'il  dérobait  parfois  sous  un  air  de  plaisanterie  un 
peu  sceptique,  mesurent  mieux  que  les  autres  l'étendue  de  la 
perte  qu'ils  ont  faite.  Ils  savent  qu'au-delà  du  bien  déjà  accom- 
pli, il  y  avait  à  espérjcr  indéfiniment  (\'un  chef  si  plein  de  bon 
vouloir  et  si  ouvert  aux  idées  neuves. 

Emile    Legoi  is, 

:  '^.: 


M.  Albert  IVIAFFRE 


Le  lycée  de  Toulouse  vient  d'éprouver  une  grande  perte. 
M.  Maffre  (Louis-Francois-.\lbert\  un  de  ses  maîtres  les  plus 
anciens,  s'e^st  éteint  dajis  la  nuit  du  26  au  27  mars,  à  la  suite 
d'une  courte  et  violente  crise  cardiaque.  Il  avait  soi.xante-trois  ans 
et   quarante-cinq   ans   de    services. 

A   peine  âgé  de  dix-sept   ans,   il   débutait   au   collège  de   Cette,   eu 


NÉCHOI.OGIE  273 

qualité  de  niaiUe  d'études,  le  1"^  iiovenihrc  1874.  Tout  à  tour  mai- 
Irc  répétiteur  aux  lycées  de  Tarbcs  et  de  Montpellier,  étudiant  en 
Angleterre,  délégué  au  lycée  Saint-Louis  (1880-1884),  chargé  de 
i-ours  d'anglais  au  lycée  d'Alençon  (1884-1885),  au  lycée  de  Tarbes 
(1885-1891).  il  arrivait}  enfin  le  3  octobre  1891  au  lycéei  de  Toulouse, 
qu'il  ne  devait  quitter  que  par  la  mort  après  avoir  servi  jusqu'à  la 
dernière  heure. 

Combien  de  générations  d'élèves  l'ont  connu  et  aimé  !)  Sa  bien- 
veillance pour  eux  se  montrait  inaltérable  ;  aussi  tous  étaient-ils 
•  licureux  de  se  retrouver  avec  lui  et  de  se  soumettre  une  fois  de 
plus  à  la   fermeté  délicate  de  sa  discipline  bénigne. 

Cette  complaisance  à  rechercher  son  enseignement,  il  la  rencon- 
trait plus  accentuée  encore  au  cours  municipal  d'anglais  qu'il 
professait  depuis  une  quinzaine  d'années  :  elle  était  la  véritable 
récompense  de  son  labeur.  Car  M.  MafFre  travaillait  beaucoup.  Il 
ne  passait  guère  uu  seul  jour  sans  une  recherche,  une  lecture  utile, 
sans  l'étude  d'un  procédé  pédagogique,  toujours  en  quête  non  de 
l;i  méthode  idéale,  mais  d'une  méthode  pratique  de  laquelle  il  pût 
tirer  pour  ses  élèves  un  profit  nouveau.  Il  n'arrêtait  d'ailleurs  pas 
son  action  à  la  classe  :  les  quémandeurs  de  conseils  trouvaient 
toujours  près  de  lui  un  accueil  simple,. paternel  et  avisé  :  désinté- 
ressé par  nature,  il  donnait  sans  compter  son  temps  et  sa  peine. 
C'est  ainsi  qu'il  a  pu  iormer  mainte  recrue  pour  l'enseignement 
qu'il  aimait  et  savait  faire  aimer.  Son  triomphe  fut  un  jour  de 
pousser  au  certificat  d'aptitude  un  bachelier  es  sciences  (ancien 
régime)  :  l'impulsion  cette  fois  fut  si  bien  donnée  que  notre  certl- 
tié,  devenu  bientôt  licencié  es  lettres,  puis  agrégé  et  docteur,  par- 
vint à  une  chaire  de  Faculté,  où  il  ne  discontinue  pas  ses  travaux. 
Et  ces  bénéficiaires  privilégiés  de  son  action  bienfaisante,  il  les 
déchargeait  de  toute  reconnaissance,  les  priant  seulement  de  faire 
à  leur  tour  pour  un  autre  ce  qu'il,  avait  fait  pour  eux. 

Tant  valait  le  maître,  tant  valait  l'homme.  Ses  collègues  n'ou- 
blieront ))as  son  aménité  souriante,  son  obligciuice  prompte,  sa 
conversation  primesautière,  humoristique  et  savoureuse.  Ils  regret- 
tent tous  le  causeur  aimable  qui  charmait  les  minutes  oisives  et 
lais^sait  l'impression  sereine  d'une  douce  philosophie,  impression 
bien  trompeuse  en  vérité.  Derrière  le  visage  accueillant  se  dissi- 
mulait la  volonté  tenace  d'étouffer  les  chagrins, .  de  dompte.'  la 
douleur,  de  souffrir  seul  pour  ne  pas  assombrir  la  vie  des  autres. 

II  était  resté  veuf  à  trente  et  un  ans  avec  deux  fils  en  bas  âge, 
jalousement  aimés,  qu'il  éleva  lui-même  dans  des  sentiments  de 
droiture  et  d'honneur.  II  avait  perdu  successivement  ses  sœurs  et 
sa  mère  ;  il  avait  subi  des  revers  de!  fortune  ;  il  avait  traversé  enfin 
pendant  six  ans  des  angoisses  cruelles  pour  un  père.  En  effet  son 
fils  aîné,  receveur  de  l'enregistrement,  après  être  sorti  sain  et  sauf 
de  meurtrières  attaques  au  nord  d'Arras,  avait  été  fait  prisonnier 
en  Argonne  dès  1915.  Le  cadet,  officier  d'infanterie  coloniale,  était 
parti  deux  ans;  avant  la  guerre  pour  notre  hinterland  africain  ;  il  y 


274  LES   LANGUES    MODERNES 

avait  fait  campagne  pendant  quatre  années  consécutives  et  conquis 
son  troisième  galon  au  prix  d'une  blessure  grave  ;  demandant  alors 
à  rentrer  dans  l'armée  métropolitaine,  il  y  participait  à  toutes  les 
actions  sérieuses,  recueillant  deux  nouvelles  blessures,  trois  cita- 
tions et  la  croix.  Quelle  que  fut  sa  fierté  de  la  dette  si  noblement 
acquittée  envers  la  patrie,  M.  Maffre  cependant  avait  été  torturé 
.  d'inquiétude  pour  la  sécurité  de  ses  enfants.  Pas  plus  que  les 
épreuves  cruelles  du  passé,  celles-ci  ne  laissaient  paraître  une  trace 
sur  son  visage  bienveillant  ;  son  cœur  seul  continuait  à  souffrir. 
Peut-être   u'est-il  mort   si  tôt   que  pour  s'être   si  bien  contenu. 

C'est  un  vide  difficile  à  remplir  que  le  vide  fait  dans  notre  lycée 
par  la  disparition  de  cet  homme  aimable  qui  fut  en  même  temps 
un  homme  de  devoir  et  un  homme  de  bien. 

L.   E. 


M.  LEMATTE 


Le  lycée  d'Alger  vient  d'être  cruellement  atteint  par  la  fin 
tragique   d'un    de    ses   professeurs. 

M.  Lematte.  professeur  agrégé  d'anglais,  rentrait  chez  lui  vers 
11  h.  du  soir  quand  il  fut  assailli  par  des  apaches  et  tué  d'un 
coup  de  revolver  tiré  à  bout  portant.  La  mort  avait  été  foudroyante 
et  notre  malheureux  collègue  tombait  aux  pieds  de  sa  femme, 
témoin   affolé   et   impuissant   de   l'assassinat  de   son   mari. 

Depuis  10  ans  au  lycée  d'.\lger,  M.  Lematte  ne  comptait  que  des 
amis.  Par  la  franchise  et  la  gaité  de  son  caractère,  son  intelligence 
vive  et  sa  haute  valeur  professionnelle,  il  avait  gagné  l'amitié  et 
l'estime  de  ses  collègues  et  de  ses  chefs. 

D'une  activité  prodigieuse,  toujours  serviable  et  souriant,  il  se 
dépensait  sans  compter  comme  professeur,  journaliste,  militant 
socialiste  et  conseiller  municipal.  En  décembre  dernier,  son  parti 
l'avait  envoyé  siéger  au  Conseil  municipal  où,  membre  de  la 
minorité,  il  s'était  imposé  par  sa  connaissance  des  questions 
ouvrières  et  la  rédaction  de   rapports  clairs  et   précis. 

Il  disparaît  à  40  ans,  en  pleine  maturité,  avant  d'avoir  donné  sa 
mesure. 

M.  le  Gouverneur  général  et  une  foule  innombrable  iissistaient 
à  ses  obsèques,  apportant  à  sa  veuve  et  à  ses  enfants  le  témoignage 
de  leurs  regrets  et  de  leur  sympathie. 

Puissent  les  êtres  chers  qui  le  pleurent,  trouver  un  peu  de  récon- 
fort dans  cette  manifestation  émouvante,  et  qu'ils  soient  assurés 
que  notre  grande  famille  universitaire  partage  leur  deuil  et  ne 
les   oubliera    pas   dans   le   nutlheur. 

<R> 


Notes  et  Documents 


Circulaire  n)ii)>Stérielle 

relative  aux  nouvelles  épreuves  de  langues  vivantes 

au  Baccalauréat 

Confomicmcnt  au  décret  du  13  février  1920  et  à  l'arrêté  du 
12  mars,  l'épreuve  écrite  de  langue  vivante  au  Baccalauréat  consis- 
tera, à  partir  de  la  session  de  juillet  1921,  en  une  version  suivie 
d'un    thème   d'imitation    (1). 

Le  texte  de  la  version  sera  choisi  dans  un  ouvrage  en  prose. 
l.ts  professeurs  savent  par  expérience  qu'un  élève,  intelligent)  et 
i)icn  préparé  peut  manquer  une  version  en  vers,  parce  que  la 
pensée  du  poète  est  souvent  difficile  à  saisir  et  à  suivre  sous  la 
richesse  ou  le  tour  spécial  de  l'imagination  ou  qu'elle  s'exprime  en 
une  forme  trop  elliptique,  avec  des  archaïsmes  de  syntaxe  et  de 
\  ocabulaire.  La  \ersion  en  vers  est  un  exercice  scolaire  des  plus 
utiles,  qu'il  faut  pratiquer  fréquemment  dans  les  classes  supé- 
rieures, niais  sa  valeur  est  plus  contestable  en  tant  qu'épreuve  du 
baccalauréat.  On  s'est  donc  résigné  à  l'exclure  de  l'examen,  mais 
en  imposant  une  version  en  prose,  on  n'a  pas  voulu  —  est-il  besoin 
de  le  dire  ?  —  recommander  le  choix  de  pages  banales  et  dépour- 
vues de  mérite  littéraire.  Les  littératures  modernes  fournissent 
dans  tous  les  genres  une  ample  moisson  de  textes  intéressants,  de 
difficulté  moyenne,  que  maîtres  et  examinateurs  sauront  aisément 
découvrir. 

>■  Pour  le  thème  d'imitation,  le  candidat,  selon  les  termes  du 
décret,  trouvera  dans  le  texte  de  la  version  la  solution  des  prin- 
cipales difficultés  de  vocabulaire,  de  manière  qu'il  puisse  réserver 
son  attention  à  la  correction  et  à  la  précision  grammaticale  ; 
mais  il  devra  —  et  c'est  là  un  point  essentiel  —  posséder  le  voca- 
bulaire usuel  tel  qu'il  est  défini  dans  le  plan  d'études  du  31  mai 
1902.  Le  thème  d'imitation  remplira  donc  un  double  office  ;  il 
permettra  de  contrôler  à  la  fois  la  sûi'eté  grammaticale  et  à  la 
possession   eff'ective   de   la   langue   courante. 

La  version  et  le  thème  d'imitation  ainsi  compris  sont  des 
exercices  déjà  prévus  par  les  instructions  de  1902  (2).  En  les  choi- 
sissant comme  épreuve,  le  (Conseil  supérieur  n'a  pas  entendu 
changer  en  quoi  que  ce  soit  l'esprit  et  l'orientation  de  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes.  Cet  enseignement  reste  ce  que  l'a 
fait    la   méthode    prescrite   par   les   programmes   de    1902,   éprouvée 


(1)  Chacune  des  2  parties  de  l'épreuve  sera  affectée  du  coeffi- 
cient I,  durera  une  heure  et  demie^  et  le  texte  du  thème  ne  sera 
distribué  aux  candidats  que  lorsqu'ils  auront  remis  leur  copie 
de  version.  L'usage  d'un  dictionnaire  eu  langue  vivante  restera 
seul    autorisé. 

(2)  On  pourra  faire  également  de  temps  en  temps  des  traduc- 
tions écrites  (thèmes  et  versions).  Ce  thème  —  et  c'est  le  rôle 
auquel  il  convient  de  la  réduire  —  servira  à  vérifier  si  les  règles 
grammaticales  présumées  connues,  le  sont  en  eff'eU.  Il  sera  un 
moyen  de  contrôle,  et  non  un  instrument  d'étude.  Dans  ces 
thèmes,  les  mots  seront  connus  de  l'élève  ou  lui  seront  indiqués 
de  telle  façon  qu'il   n'ait  pas  à  recourir  au  dictionnaire. 


276  LES   LANGUES   MODERNES 

et  mise  au  point  par  dix-sept  années  d'expérience.  Les  professeurs 
devront  donc  se  garder  de  renoncer  aux  précédés  vivants  qui  ont 
rénové  leur  discipline,  pour  revenir  sans  une  extrême  prudence  à 
des  exercices  qui  sont  et  doivent  rester  un  moyen  de  contrôle  et 
non  d'acquisition.  Même  dans  le  second  cycle,  tout  en  orientant 
peu  à  peu  leurs  élèves  vers  les  nouvelles  épreuves  de  l'examen, 
ils  ne  perdront  pas  de  vue  que  l'expression  spontanée  et  directe 
de  la  pensée  en  langue  étrangère  reste  le  but  à  atteindre,  et  que  par 
conséquent  la  narration  et  la  rédaction  libres  doivent  continuer 
d'être   largement   pratiquées. 


RéforrT)Oi)S  ! 

Assemblés  au  Lycée  Louis-le-Grand,  cent  quarante  proviseurs 
demandent  au  ministre  de  la  guerre  de  rapporter  au  plus  vite  le 
décret  qui  exige  des  candidats  à  l'école  Polytechnique  la  connais- 
sance de  deux  langues(  vivantes  ;  s'il  était  maintenu,  il  est  évident, 
n'est-ce  pas,  que  la  <■  culture  générale  >  autrement  dit  l'enseigne- 
ment des  sornettes  gréco-latines  baptisé  effrontément  par  les  Alle- 
mands —  oui  Monsieur,  par  les  Allemands  —  de  "  Allgeineine 
Bildiing  >  —  cesserait  aussitôt  de  former  le  centre  et  le  noyau 
de    tout    l'enseignement    secondaire. 

Par  où  l'on  voit  que  depuis  le  jour  où,  en  1895,  M.  Gazeau  — 
d'ailleurs  le  plus  brave  et  le  plus  charmant  des  hommes  —  traita, 
devant  M.  Combes,  l'enseignement  moderne  ■  d'enfant  gâté  ■■. 
l'esprit  de  nosi  administrateurs  n'a  point  varié.  'Sï.  Combes  d'ail- 
leurs, répliqua  que  renseignement  secondaire  coûtait  très  cher  au 
pays  et  ne  rendait  pas  du  tout  les  services  que  celui-ci  était  en 
droit  d'en  attendre. 

•  La  réforme  de  l'enseignement  secondaire  ?»  a  coutume  de  dire, 
lorsqu'on  lui  en  parle,  notre  rédacteur  en  chef,  <■  commencez  par 
fusiller  tous  les  proviseurs.   » 

La  Victoire.  Mardi,  13  avril   1920. 


7Hdn()issioi)   à  l'Ecole  Norni)ale   supérieure  et  Bourses 
de   licei)ce 

—  Du    13    février  — 

.Article  1".  —  L'article  1"  du  décret  du  3  mars  1914  est  modifi 
ainsi   qu'il    suit  :   les  Candidats  de  la   section   des   sciences  choisis- 
sent  entre  les  deux   groupes   suivants  d'épreuves  écrites  : 

Groupe  I  :  ...5°  Deux  versions  choisies  par  eux  entre  six  textes  : 
latin,  allemand,  anglais,  espagnol,  italien  et  arabe  (.durée  :  2  h.  ; 
coefficient,   2). 

Groupe  II  :  6°  Deux  versions  (épreuve  commune  avec  le  groupe  L. 
Tout     candidat     qui,    pour    l'une    des    deux     versions     prévues     au 
5"  (groupe  1)  et  au  6"  (groupe'  II),  a  fait  choix  soit  du  texte  italien,  , 
soit   du    texte   espagnol,   soit    du    texte   arabe,   doit    obiigatoirenxent,  . 
pour     l'autre,    choisir    l'un    des    trois    textes  :     latin,    allemand     nu 
anglais  proposés. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  ,    277 

Arrêté  fixai)t  la  date  d'applicatioi)  du  décret  du  12 
février  1920  relatif  aux  épreuves  de  langues  étran- 
gères vivantes  du  baccalauréat. 

—  Du   12  mars  , — 

AiiTici-E  l'^  Les  dispositions  du  décret  du  13  février  1920.  modi- 
fiant les  épreuves  de  langues  étrangères  vivantes  du  baccalauréat 
'série:  latin  langues  vivantes  et  sciences  langues  vivantes),  n'au- 
ront effet  qu'à  partir  de  la  session  de  juillet  1921. 

AnT.  2.  La  durée  totale  des  épreuves  écrites  de  langues  vivantes 
jjrévues  par  le  décret  susvisé  sera  de  trois  heures,  soit  une  heure?  et 
demie  pour  la  version  et  une  heure  et  demie  pour  le  thème  d'imi- 
tation. Le  texte  du  thème  ne  sera  distribué  que  lorsque  les  copies 
(le  version  auront  été  remises  par  les  candidats. 


Arrêté  supprin)ai)t  la  lln)i:atloi)  du  i)onr)bre  des  candi- 
date à  recevoir  aux  concours  de  renseignenf}ent 
secondaire  (session  spéciale)  en  1920. 

—  Du   6   mars  — 

AinicLE  1".  Le  nombre^  des  candidats  à  recevoir  à  la  session  spé- 
ciale de  l920  pour  les  agrégations  de  l'enseignement  secondaire,  le 
certificat  d'aptitude  au  professorat  des  classes  élémentaires  et  le 
certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des  langues  vivantes  ne  sera 
•B4)as  fixé  à  ra\'ance. 

Les  jurys  des  divers  concours  auront  la  faculté  de  comprendre 
dans  leurs  propositions  tous  les  candidats  qu'ils  jugeront  dignes 
d'être    présetités   pour   l'admission   définitive. 

.Art.  2.  Les  dispositions  de  l'article  2  de  l'arrêté  du  22  novembre 
1019   sont  rapportées. 


Arrêté  relatif  aux  concours  de  renseignen)ent 
secondaire  en  1921 

—  Du   6  mars  — 

AnxicLE  1".  11  ne  sera  pas  ouvert,  en  1921,  de  session  spéciale 
pour  les  agrégations  de  l'enseignement  secondaire,  le  certificat 
d'aptitude  au  professorat  des  classes  élémentaires  et  le  certificat 
d'aptitude  à  l'enseignement  des  langues  vivantes. 

Toutefois,  les  candidats  ayant  participé  aux  concours  spéciaux  de 
1919  et  de  1920.  ainsi  que  les  mutilés  et  réformés  de  guerre  et  les 
candidats  comptant  au  moins  deux  ans  de  présence  sous  les  dra- 
peaux lors  de  la  signature  de  l'armistice  (11  novembre  1918i  seront 
admis  à  se  présenter  à  la  session  normale  de  1921  sans  autre  con- 
dition préalable,  pour  les  candidats  à  l'agrégation,  que  la  pro- 
duction de  l'un  des  diplômes  de  licence  prévus  par  l'arrêté  du 
18  juin  1904. 

Art.  2.  La  dispense  du  diplôme  d'études  supérieures  demeurera 
définitivement  acquise  aux  candidats  à  l'agrégation  autorisés  à 
prendre  part  au  concours  de  1921  dans  les  conditions  indiquées  à 
l'article   précédent. 

Art.  3.  Dans  les  divers  concours  de  1921.  les  candidats  visés  à 
l'article  1",  .?  2,  du  présent  arrêté  seront  l'objet  d'un  classement  à 
part  pour  l'admissibilité  ou  sous-admissibiiité  et  seront  présentés 
hors   rang  pour  l'admission   définitive. 


278  LES   LANGUES   MODERNES 

Art.  4.  Les  candidats  à  l'agrégation  qui  auront  échoué  aux 
épreuves  définitives  ou,  s'il  s'agit  de  l'agrégation  d'histoire,  aux 
épreuves  préparatoires  du  second  degré,  conserveront  "pendant  un 
an  le  bénéfice   de  leur  admissibilité  ou  de  leur  sous-admissibilité. 


NOTE 

relative    au    progran)n)e    de   Tagrégatioi)    d'allenf)ai)d 

(concours  oorrT)al  et  spécial)  de  1920 

Pour  les  Reden,  de  Schleiermacher,  on  recommande  aux  candidats 
l'édition  :  Schleiermacher,  Reden  ûber  die  Religion  in  ihrer  ur- 
spriinglichen  Gestalt  ;  neii  herausgegeben  von  Rud.  Ott,  Gôttingen. 
Vandeuhoeck  und  Ruprecht. 


Arrêté  autorisait  les  Facultés  des  lettres  des  Ui)iver- 
Sités  de  Bordeaux  et  de  Lyoi)  à  faire  subir,  p.ei)dai)t 
rai)i)ée  scolaire  1919-1920,  les  épreuves  de  la  licen- 
ce es  lettres,  série  langues  et  littératures  étran- 
gères vivantes,  n)ei)tioi)  <f  langue  arabe  ». 
—     Du    7    avril  — 

Les  Facultés  des  lettres  des  Universités  de  Bordeaux  et  de  Lyou^ 
sont    autorisées   à   faire   subir,   pendant    l'année    scolaire    1919-1920, 
les   épreuves   de   la   licence   es  lettres,    série   langues   et   littératures 
étrangères   vivantes,   mention    "   langue   arabe   ». 

Les  épreuves  qui  déterminent  la  collation  du  grade  de  licencié, 
mention  "  langue  arabe  »,  dans  lesdites  Facultés,  sont  fixées 
conformément  au  décret  du  22  février  1910  relatif  à  la  Faculté  de- 
lettres    de    l'Université    d'Alger. 


Arrêté  fixai)t  le  i)on)bre  des  candidats  et  aspirantes 
à  recevoir  aux  divers  concours  de  renseignen)ent 
secondaire  en  1920. 

—  Du    18   mars  — - 

Le  nombre  maximum  des  candidats  et  aspirantes  à  recevoir,  en 
1920,  à  la  suite  des  divers  concours  de  l'enseignement  secondaire, 
est  fixé  ainsi   qu'il  suit  : 

Agrégations  et   certificats  d'.\ptitude 

(SESSION     normale) 

.\grégation    d'allemand  :    8,    dont    1    femme. 
Agrégation   d'anglais  :   26,   dont   6  femmes. 
.Agrégation   d'espagnol  :   5,  dont   1   femme. 
Agrégation   d'italien  :  4,  dont   1    femme. 
Certificat  d'aptitude  :  allemand,   11,  dont   3  femmes. 
Certificat    d'aptitude  :    anglais,    32,   dont    12    femmes. 
(Certificat  d'aptitude  :  italien    5,  dont  2  femmes. 
Certificat  d'aptitude  :  espagnol,  h,  dont  2  femmes. 
Certificat    d'aptitude  :    classes    élémentaires,    20. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  279 

Circulaire  relative  aux  professeurs  pourvus  de  certi- 
cat  d'aptitude  à  rer)seigoen)eot  des  langues  vivantes. 

—  Du    25    février  — 

Le  MiNisTiiE  DE  l'Ixstkictiox  publique  et  des   Beaux-Arts 
à  Monsieur  le  Hecteur  de   rAeadémie  d 

La  loi  du  6  octobre  dernier  a  jjorté  à  500  francs  l'indemnité  des 
professeurs  des  classes  élémentaires  pourvus  du  certificat  d'apti- 
tude à  l'enseignement  .des  langues  vivantes  dans  les  lycées,  collèges 
et  écoles  normales.  La  question  m'a  été  posée  de  savoir  si  le  béné- 
fice de  cette  disposition  devait  être  étendu  aux  maîtres  qui  ne  sont 
pas  chargés  de  l'enseignement  des  langues  vivantes  mentionné 
sur   leur   certificat. 

Dans  la  plupart  des  établissements,  il  sera  possible  d'utiliser  les 
connaissances  de  ces  professeurs  dans  les  classes  du  1"  cycle, 
conformément  aux  prescriptions  de  la  circulaire  du  12  novem- 
bre 1903.  Si  l'organisation  des  services  ne  permet  pas  momentané- 
ment de  leur  confier  cet  enseignement,  il  conviendra  néanmoins, 
par  analogie  avec  les  autres  piofesseurs  qui  reçoivent  une  indem- 
nité de  titre,  de  leur  allouer  l'indemnité  de  500  francs  fixée  par  la 
loi   du   6  octobre   dernier. 

Je  vous  prie  de  porter  ces  instructions,  qui  auront  leur  effet  à 
dater  du  1"  juillet  1919.  à  la  connaissance  de  MM.  les  Proviseurs 
de   votre   ressort. 


THrrêté  désigo^Qt  les  langues  vivantes  sur  lesquelles 
pourront  porter  les  épreuves  de  langue  étrangère 
à  l'exarnen  du  certificat  d'aptitude  à  l'enseignenjent 
con)rnercial  dans  les  écoles  prin)aires  supérieures 
(degré  supérieur). 

—  Du   4   mars  — 

L'article  232  de  l'arrêté  du  18  janvier  1887  est  modifié  ainsi  qu'il 
suit  : 

<'  La  demande  d'inscription,  pour  l'examen  du  degré  supérieur, 
doit  indiquer  sur  quelle  langue  (anglais,  allemand,  italien,  espa- 
gnol,  portugais   ou   russel    le  candidat  désirera   être   interrogé. 

"  Pour  le  degré  supérieur,  les  épreuves  de  la  première  série 
comprennent  : 

«  1°  Une  composition  de  correspondance  commerciale  en  fran- 
çais et  en  langue  étrangère  (anglais,  allemand,  italien,  espagnol, 
portugais  ou  russe).  Durée  :  quatre  heures. 

'<  Les   épreuves   de   la   deuxième   série   comprennent  : 
"1°  L'explication  d'un  texte  anglais,  allemand,  italien,  espagnol, 
portugais  ou  russe  (choisi  sur  une  liste  établie  par  la  commission) 
et  une  conversation  en  langue  étrangère  sur  un  sujet  d'ordre  éco- 
nomique.  » 


280  LES   LANGUES   MODERNES 

Décret  relatif  aux  dégrèven)ei)ts  de  frais  d'études 
prévus  par  la  loi  du  12  août  1919  ei)  faveur  des 
étudiants  étrangers. 

—  Du    25    mars  — 

Le   Président   de   la   RÉPUBLiQrE   française. 

Sur  le  rapport  du  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des 
Beaux-Arts, 

Vu  la   loi  de  finances   du    12   août   1919, 

DÉCRÈTE   : 

Article  l*"^.  Les  crédits  prévus  pour  dégrèvement  de  frais  d'étu- 
des aux  étudiants  étrangers  par  la  loi  du  12  août  1919  sont  affec- 
tés au  payement  des  droits  d'équivalence,  d'inscriptions,  de  biblio- 
thèque, de  travaux  pratiques,  de  recherches  et  de  laboratoire  et 
de  tous  autres  droits  établis,  dus  par  des  étudiants  immatriculés 
ou  inscrits  dans  les  facultés,  écoles  supérieures  de  pharmacie  et 
établissements    publics    d  enseignement     supérieur. 

Art.  2.  Les  demandes  pourront  être  transmises  soit  directement- 
par  les  autorités  universitaires  et  scolaires  des  établissements 
étrangers  où  les  étudiants  et  élèves  auront  commencé  leurs  études, 
soit  par  l'intermédiaire  des  agents  diplomatiques  des  pays,  d'ori- 
gine. Elles  seront  accompagnées  de  pièces  justificatives  concernant 
leur  état  civil  et  leurs  études  antérieures,  ainsi  que  d'une  attesta- 
tion des  autorités  administratives  ou  universitaires  compétentes 
que  les  candidats  méritent  par  leur  situation  de  famille  et  leurs 
aptitudes  de  bénéficier  des  exonérations  demandées.  Les  étudiants 
qui  sollicitent  ces  exonérations  doivent  justifier  d'une  connaissance 
au   moins   élémentaire   de    la   langue    française. 

Art.  3.  Des  subventions  prises  sur  l'ensemble  des  crédits  visés  à 
l'article  l*""^  du  présent  décret  pourront  être  accordées  aux  Univer- 
sités pour  exonérer  les  étudiants  déjà  inscrits  ou  immatriculés 
dans  les  facultés  et  écoles  supérieures.  Pour  obtenir  une  subven^ 
tion,  les  Universités  devront  fournir  un  état  numérique  des  étu- 
diants inscrits  ou  immatriculés  dans  chaque  établissement. 

Art.  4.  Une  Commission  spéciale  établie  au  Ministère  de  l'Ins- 
truction   publique    est    chargée  : 

1"  De  faire  connaître,  avec  le  concours  du  Ministère  des  Aft'aires 
étrangères  et  de  l'office  des  Universités,  soit  aux  agents  diploma- 
tiques des  pays  amis  en  France,  soit  aux  agents  diplomatiques  de 
France  dans  les  mêmes  pajs,  les  disponibilités  et  les  conditions 
d'attribution  des  exonérations  et  d'assurer  la  publicité  nécessaire  ; 

2"  D'examiner  les  demandes  d'exonération  parvenues  directement 
ou  par  l'intermédiaire  des  agents  diplomatiques  au  Ministère  de 
l'Instruction  publique  et  d'établir  des  listes  de  classement  des 
exonérations    qu'elle    propose   d'accorder  ; 

3"  De  contrôler  avant  l'ordonnancement  la  répartition"  entre  les 
étudiants  déjà  inscrits  ou  immatriculés  des  subventions  accordées 
aux   l'niversités. 

Art.  5.  Sur  la  proposition  des  conseils  de  facultés  ou  écoles  ou 
des  conseils  de  discipline  des  lycées  et  collèges,  après  examen  du' 
dossier,  ellei  pourra  proposer  au  Ministre  la  suppression  des  exoné- 
rations accordées  eu  cours  d'année  scolaire,  pour  des  raisons  d'or- 
dre,   de   moralité   ou   d'inaptitude. 

.Art.  6.  Le  Président  du  ("onseil.  Ministre  des  .Affaires  étrangères, 
le  Ministre  de  l'instrucf ion  publique  et  des  Beaux-.Arts  et  le  Minis- 
tre des  Finances  sont  chargés,  chacun  en  ce  qui  le  concerne,  de 
l'exéciititMi    du    présent    décret. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  281 

Les  Langues  vivantes  aux  Arts  et   Métiers 

On  sait  qu'une  récente  réforme  du  concours  d'entrée  aux  Ecoles 
nationales  d'Arts  et  Métiers  a  beaucoup  diminué  l'importance  des 
épreuves  de  Langues  Vivantes  qui,  obliuntoires  naguère  deviennent 
simplement  facultalives. 

Le  Journal  Officiel  du  14  mars  nous  fait  connaître  la  façon  dont 
ces  épreuves  seront  cotées  .  •  L'épreuve  de  langue  sera  cotée  tant 
à  l'écrit  qu'à  l'oral  de  0  à  20,  mais  elle  ne  pourra  donner  lieu  qu'à 
une  majoration  de  point  calculée  dans  les  conditions  suivantes  : 
toute  note  égale  ou  inférieure  à  12  ne  sera  pas  comptée.  Au-dessus 
de  12  la  majoration  sera  :  1  point  pour  la  note  13,  2  points  pour 
la  note  14,  etc.,  8  points  pour  la  note  20.  Cette  majoration  s'ajou- 
tera au  total  des  points  obtenus  pour  les  autres  matières  à  l'écrit 
et  à  l'oral. 

•  Tout  candidat  qui  n'aura  pas  obtenu  à  l'épreuve  écrite  de  lan- 
gue une  note  égale  ou  supérieure  à  6  ne  sera  pas  admis  à  subir 
l'épreuve   orale   sur  cette   matière.   » 

(;e  règlement   semble    iustifier  les  observations   suivantes  : 

1"  Les  conditions  rigoureuses  imposées  aux  candidats  qui  vou- 
dront présenter  une  langue  vivante,  le  peu  d'avantages  qu'ils  en 
retireront,  ne  sont  point  faits  pour  engager  nos  futurs  ingénieurs 
A.  ^f.  à  s'imposer  la  besogne  supplémentaire  de  l'étude  d'une  lan- 
gue  vivante. 

2"  En  effet,  il  est  déjà  malaisé  d'atteindre  le  chiffre  12  dans  un 
examen,  écrit  ou  oral.  Nombreux  jjarmi  les  candidats  présentant 
une  langue  seront  ceux  qui  n'en  retireront  aucun  avantage  et 
auront   travaillé   en   pure   jjerte. 

3'  Supposons  qu'un  candidat  ])ossédant  bien  une  langue 
obtienne  14  à  l'écrit  et  15  à  l'oral,  qu'un  autre,  très  fort,  ait 
16  et  16.  Le  premier  bénéficiera  de  5  points,  celui-ci  de  8,  piteux 
résultat  dans  un  concours  où  le  total  des  points  peut  atteindre 
725  : 

4'  Ne  vaut-il  pas  mieux,  se  diront  les  candidats  abandonner 
carrément  les  langues  et  consacrer  tout  notre  effort  aux  matières 
obligatoires  dont  certaines  ont  comme  coefficient  3,  d'autres 
même  4  ?  Qui  donc  en  sera  surpris  ou  aura  le  courage  de  blâmer 
ces   jeunes    gens  ? 

5"   Notons   en   passant   que   l'épreuve  d'écriture  reste   obligatoire. 

6"  Mettons  en  regard  de  celle-ci  la  réforme  qui  vient  de  prescrire 
deux  langues  obligatoires  pour  l'entrée  à  Polytechnique.  Le  con- 
traste entre  les  deux  mesures  est  piquant.  Sans  songer  à  mettre 
X  et  Gadart  sur  le  même  plan,  il  s'agit  cependant  dans  les  deux 
cas  de  la   formation   de   futurs   ingénieurs. 

7"  Au  fond,  cette  mesure  n'est  qu'une  nouvelle  manifestation 
de  l'hostilité  qui  règne  dans  trop  de  milieux  à  l'égard  des  Langues 
^'ivantes.  / 

Ch.    V.-L. 


L'Aoglais  à  l'Atelier 

L'Ouvrier  Moderne,  périodique  édité  par  la  maison  Dunod,  et 
qui  a  comme  sous-titre  :  Revue  Pratique  du  Contremaître  et  de 
l'Ouvrier,  publie,  dans  chacune  de  ses  livraisons  qu'illustrent  de 
nombreux  dessins  de  machines,  un  Vocabulaire  Technique  avec  la 
mention  supplémentaire  :  L'Anglais  à  l'Atelier.  Notre  confrère 
justifie  en  ces  termes  son  initiative  :  -  Sous  ce  titre  et  dans  le  but 
de  rendre  familière  dans  tous  les  ateliers  la  langue  anglaise  de  plus 

19. 


282  LES  LANGUES    MODERNES 

en  plus  répandue  par  suite  de  nos  relations  constantes  avec  nos 
alliés,  nous  publions,  avec  leur  traduction,  un  certain  nombre  de 
mots  techniques  anglais  concernant  Tinstallation  des  usines,  leur 
personnel,  leur  outillage,  les  matières  premières  et  leurs  méthodes 
de  travail.  —  Nous  donnons  également  des  nomenclatures  détaillées 
d'organes  d'appareils  ou  de  machines.    " 

C'est  un  signe  des  temps  !  Le  monde  de  l'Industrie,  comme"  le 
monde  des  Affaires  a  besoin,  de  plus  en  plus  chaque  jour,  de  con- 
naître   les    Langues    Etrangères. 

Et  c'est  le  moment  que  choisit  la  direction  de  l'enseignement 
technique  pour  décréter  la  quasi-destruction  des  Langues  Vivantes 
dans  les  Ecoles  Xationales  d'Arts  et  Métiers,  en  décidant  qu'elles 
ne  seront  plus  que  facultatives  au  concours  d'entrée  et  comme 
matières   d'enseignement   dans   ces   établissements  ! 

Ch.    V.-L. 


Les  séjours  à  rEtrai)ger 

Nous  donnons  ci-dessous  le  texte  de  la  réponse  reçue  du  Minis- 
tère au  sujet  de  la  réclamation  de  notre  collègue  Dodauthua 
(V.  Langues  Modernes,  mars-avril  1920,  p.  172).  On  observera  que 
cette  lettre  passe  sous  silence  la  question  générale  soulevée  par  le 
Président  de  l'Association.  Dans  sa  lettre  à  M.  Bellin,  directeur 
de  l'enseignement  secondaire,  M.  Y eillet-Lavallée  s'inquiétait  de  la 
nécessité  qui,  souvent,  oblige  les  jeunes  professeurs  de  Langues 
Vivantes,  au  début  de  leur  carrière,  d'interrompre  leur  service 
pour  aller  faire  un  service  à  l'étranger  en  vue  de  préparer  un 
examen,  conditions  très  onéreuses  que  ne  connaissent  pas  nos  col- 
lègues de  lettres,  de  sciences,  d'histoire  et  que  l'Administration 
semble  considérer  avec   indifférence. 

27  février  lOW. 
Monsieur  le  Ptsésident, 

Vous  m'avez  transmis  récemment  une  demande  formée  par 
M.  Dodanthun,  chargé  de  cours  d'anglais  au  lycée  de  Nevers,  en 
vue  d'être  autorisé  à  valider  par  un  versement  rétroactif  de  rete- 
nues les  années  scolaires  1905-1906  et  1906-1907.  pendant  lesquelles 
il  a  exercé  les  fonctions  de  professeur  assistant  français  à  la 
Boys'High  School  de  Glasgow. 

J'ai  l'honneur  de  vous  faire  connaître  que  les  versements 
rétroactifs,  dont  le  principe  n"est  d'ailleurs  pas  inscrit  dans  la  loi, 
ne  sont  admis  par  le  ininistère  des  finances  et  la  Cour  des  Comptes 
que  lorsqu'il  s'agit  de  réjjarer  une  erreur  de  l'administration, 
c'estrà-dire  lorsque  le  traitement  d'un  fonctionnaire  a  été  indû- 
ment affranchi   des  contributions   réglementaires. 

Or,  tel  n'est  pas  le  cas  pour  M.  Dodanthun.  attendu  qu'ainsi  qu'il 
le  reconnaît  lui-même,  il  a,  pendant  les  périodes  susvisées,  été  en 
congé   sans    traitement. 

.Au  surplus,  l'intéressé  qui  était  alors  professeur  d'école  primaire 
supérieure,  ne  pouvait  prétendre  à  un  congé  avec  traitement,  les 
fonctionnaires  de  sa  catégorie  n'ayant  pas,  à  cette  époque,  droit  à 
l'inactivité. 

J'ajoute  (|ue  M.  Dodanthun  n'aurait  pu  continuer  à  subir  les 
prélè\enients  |)our  pensions  civiles  pendant  son  séjour  à  (ilasgow 
que  s'il  v  avait  été  détaché  dans  les  conditions  de  rarticlc  4  de  la 
loi   du  9'juin   18.Ï3. 

Il   ne   mVst   donc  pas  jjossiblc  d'accorder  aujourd'hui   à  ce   fonc- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  283 

lioiiiiaire    l'autorisation    qu'il    sollicite   et   je   vous   e!i    exprime    mes 
•vifs   regrets. 

lU'cevez,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  ma  considération 
très   distinguée. 

Le   Directeur   de   la   comptabilités 

Signé  :    Illisible. 

Le  cas  de  notre  collègue  Uodanthun  n'est  pas  unique.  Et,  vrai- 
ment, est-il  bien  juste  que  les  années  de  bourses,  seules,  soient 
comptées  pour  l'ancienneté  dei  services  ?  Beaucoup  de  nos  collègues 
n'ont  pu  aller  à  l'étranger  comme  boursiers  pour  se  préparer  à 
leur  carrière  ;  certains,  en  partant,  figuraient  dans  les  cadres  de 
l'Université.  Quelques-uns  onf  eu  la  chance  de  se  trouver  sous 
les  ordres  de  chefs  qui  s'intéressaient  à  leurs  subordonnés  et 
s'inquiétaient,  avec  leur  expérience  de  la  vie  et  des  règlements 
universitaires,  de  l'avenir  de  ces  jeunes  professeurs.  Ceux-ci  reçu- 
rent le  conseil  de  demander  un  congé  avec  un  traitement  de  100  fr. 
Ils  continuaient  ainsi  à  verser  pour  la  retraite  et  ces  années  de 
congé  leur  étaient  décomptées  comme  annuités  de  services.  Mais 
la  plupart,  avec  la  belle  imprévoyance  de  la  jeunesse,  ont  été 
mis  en  congé  sans  traitement.  Ils'  ressentent  maintenant  les  fâcheu- 
ses conséquences  de  cette  mesure. 

11  serait  souhaitable  qu'une  décision  s'inspirant  de  vues  larges 
et  généreuses,  des  intérêts  bien  compris  de  l'enseignement  univer- 
sitaire permît  à  ceux  de  nos  collègues  qui  ont  été  mis  en  congé 
sans  traitement,  de  faire  des  versements  rétroactifs  :  ainsi  serait 
rétablie  la  situation  qui  devrait  être  la  leur.  On  pourrai;!  leur 
imposer  de  faire  la  peuve  qu'ils  sont  allés  à  l'étranger  en  vue  de 
leur  préparation  professionnelle.  Cette  preuve,  il  serait  facile, 
dans  la  plupart  des  cas,  de  l'administrer  par  la  date  des  congés 
accordés,  la  date  de  l'obtention  de  tel  ou  tel  grade,  et,  poui"  le 
plus  grand  nombre  sans  doute,  par  les  changements  de  résidence 
inscrits  sur  le  livret  militaire.  On  ferait  enfin  état  des  attestations 
délivrées  par  les  établissements  étrangers  où   ils  ont   enseigné. 

Vaut-il  mieux,  au  contraire,  se  retrancher  derrière  des  textes, 
invoquer  des  articles  de  lois,  des  règlements  qui  justifieront 
l'inaction,  s'inspirer  de  la  lettre  plutôt  que  de  l'esprit  ?  Est-il 
souhaitable  que  la  forme  prime  la  raison  et  l'équité  ?  Nous  ne  le 
pensons  pas. 

Ch.   V.-L. 


Postes  d'Assistai)ts  eo   Angleterre 

Etant  à  Londres  l'hiver  dernier, •  j'ai  pu  me  rendre  compte  que 
la  situation  des  étudiants  français  en  Angleterre  est  fort  peu 
brillante.  Lorsque  la  livre  valait  ÔO  fr.  (elle  est  encore  à  55  fr. 
après  avoir  dépassé  67  fr),  500  fr.  par  mois  ne  représentaient 
que  10  livres,  et  cette  somme  ne  su/Jît  pas  pour  vivre  à  Londres, 
sans  de  réelles  privations.  Que  dire  des  étudiants  non  boursiers  ? 
Ils  cherchent,  souvent  en  vain,  des  leçons  particulières  ou  des 
postes  dans  les  écoles  et  s'estiment  satisfaits  quand  ils  peuvent 
n'enseigner  que  20  heures  par  semaine,  et  recevoir  logement,  nour- 
riture  et  une   guinée  ! 

Or,  il  existe  un  système  d'échanges  qui  a  fait  ses  preuves  :  c'est 
celui  des  assistants.  Pour  tout  assistant  britannique  pris  par  un 
lycée  ou  collège  français,  une  école  secondaire  de  Grande-Bretagne 
reçoit  un  de  nos  étudiants.  Dix  heures  de  conversation  par 
semaine,  en  échange  du  pair  ou  de  son  équivalent,  telles  sont  les 


284  LES    LANGUES    MODERNES 

conventions.  Et  à  l'époque  où  nous  sommes,  avec  les  fluctuations 
imprévues  du  change,  les  avantages  sautent  trop  aux  yeux  pour, 
qu'il    soit    nécessaire    d"insister. 

Mais  la  guerre  a  ralenti  et  presque  interrompu  ces  échanges,  et 
maintenant  les  lycées  de  filles  et  de  garçons  qui  demandent  des 
assistants  ou  assistantes  britanniques  sont  en  très  petit  nombre. 
II   y  a,  du  côté  français,  une   crise  des  assistants. 

Comment    a'   remédier  ? 

En  imitent  l'exemple  que  viennent  de  donner  nos  collègues  de 
Lyon  :  les  professeurs  d'anglais  du  Lycée  du  Parc  sont  allés  trou- 
ver leur  proviseur  et  lui  ont  exposé  leur  désir  d'avoir  un  assistant 
pour  la  rentrée  d'octobre.  Ils  ont  fait  ressortir  l'intérêt  du  lycée 
à  posséder  un  assistant,  et  l'intérêt  de  la  France  à  faciliter  le 
séjour  de  ^cs  étudiants  en  Grande-Bretagne.  Le  proviseur, 
M.  Vacher,  a  compris,  et  il  a  chargé  un  des  professeurs  de  deman- 
der un  assistant  à  i^L  Lucien  Herr,  qui  au  Musée  Pédagogique, 
41,  rue  Gay-Lussac.  Paris  (5''),  centralise  les  demandes  des  provi- 
seurs et  les  trouvent   au  Board  o{  Education. 

Telle  est  la  marche  à  suivre  ;  si  une  trentaine  de  lycées  français 
agissaient  de  même,  la  crise  serait  conjurée.  Nous  adressons  un 
appel  pressant  à  nos  collègues  d'anglais  :  qu'ils  se  souviennent  de 
leurs  années  d'étudiants,  qu'ils  songent  aux  conditions  nouvelles 
créées  par  la  vie  chère,  à  l'intérêt  que  présente  le  maintien  de 
l'amitié  franco-britannique,  et  nous  sommes  sûrs  qu'ils  sauront 
procurer  un  assistant  à  leur  lycée  et  par  réciprocité  à  un  de  leurs 
jeunes  camarades,  un  poste  outre-Manche. 

R.    Gallanï. 


Visite  au  Recteur  de  rAcadén^ie  de  Paris 

Le  jeudi,  6  mai,  le  président  et  les  deux  vice-présidents  de 
notre  groupement  ont  été  reçus  à  la  Sorbonne  par  M.  le  recteur 
Appell  auquel  ils  désiraient  présenter  les  hommages  de  l'Associa- 
tion des  professeurs  de  langues  vivantes,  et  auquel  ils  jugeaient 
opportun  de  faire  connaître,  tout  au  moins  dans  leurs  grandes 
lignes,  les  questions  qui  nous  préoccupent  le  plus  à  l'heure 
actuelle,  notamment  celles  des  deux  langues  obligatoires  à  Poly- 
technique et  à  St-Cyr,  et  la  réforme  des  Ecoles  Normales  Primai- 
res. M.  le  Recteur  a  bien  voulu  les  assurer  de  tout  l'intérêt  qu'il 
porte  à  notre  enseignement  et  de  toute  l'importance  qu'il  attache 
à  la  connaissance  des  langues  étrangères.  Nous  tenons  à  le  remer- 
cier ici  de  la  bienveillance  de  son  accueil  et  à  lui  renouveler 
l'expression   de   notre   resi^ectiieux   ilé\ouement. 


Les  Conf)pagi)oi)S    et  les  Langues  vivai)tes 

EXTHAITS    DK    LA     >i     SOLIDAnlTK     ••     Df     15     MAI5S 

I.  Sous  la  sii/nature  de  M.  Cazamian 

...Il  semble  que,  tournant  désespérément  autour  de  la  forteresse 
des  horaires,  sur  laquelle  les  intéressés  montent  la  garde  avec  une 
^•igilance  toujours  en  é\eil  —  chacun  sa  tour  ou  son  bastion  —  la 
haute  administration  ait  aperçu  un  point  faible  ou  moins  garni  : 
les  langues  vivantes.  C'est  de  ce  côté  que  se  dessinerait  l'assaut 
prochain.  Fidèles  à  leur  doctrine,  les  Campagnons  ne  défendront 
pas  malgré  fout,  si  des  sacrifices  y  sont  nécessaires,  l'horaire 
actuel  de  renseignement  des  langues.  .Mais  ils  lutteront  pour 
qu'une  tliscipliiie  c[ui   a   fait,  ([iioi   qu'on  en   dise,   ses   preuves  écla- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  285 

tantes,  ne  soit  point  réduite  dans  un  es|)rit  de  jîure  réaction  péda- 
gogique. Le  plan,  Téchelle  des  programmes  nouveaux,  doiveuit  être 
élaborés  en  toute  lumière,  en  toute  sécurité  impartiale.  Les  vérita- 
bles  bumanités   modernes   restent   encore   à   définir. 

Dès  aujourd'hui  des  moyens  sont  à  l'étude  pour  alléger  le  poids 
dont  l'apinentissage  pratique  des  langues  étrangères  charge  les 
maîtres  et  les  cours.  On  cherche  à  multiplier  pour  nos  élèves  les 
séjours  en  pays  étrangers  ;  on  veut  généraliser  les  échanges.  Des 
sections,  des  colonies  norvégienne,  suédoise,  espagnole,  polonaise, 
danoise,  tchéco-slovaquc,  sont  déjà  créées  ou  préparées  au  Nord, 
à  l'Est,  au  Midi  de  la  France,  dans  les  lycées  ou  autour  d'eux. 
Des  instituteurs  anglais,  en  grand  nombre,  vont  venir  enseigner 
dans  nos  écoles.  La  brièveté  de  l'entretien  ne  nous  a  pas  permis 
d'obtenir,  sur  ce  dernier  point,  les  précisions  désirables... 

Quel  sera  le  sort  des  "  secondes  langues  »  *?  M.  Luchaire  ne  peut 
oublier  que  les  intérêts  de  l'italien,  qui  lui  sont  chers,  paraissent 
liés  au  régime  actuel.  Mais  nul  problème  n'est  insoluble.  La  sou- 
plesse des  programmes  devra  s'adajjter  à  la  complexité  des  faits. 
L'enseignement  des  langues  vivantes  gagnera  infiniment  à  la  rup- 
ture du  cadre  autoritaire  qui  les  ploie  toutes,  quel  que  soit  leur 
génie,  quel  que  puisse  être  leur  rôle,  aux  mêmes  méthodes,  aux 
mêmes   règlements. 

IL  Paragraphes  du  questionnaire  de  la  section  d'études  de  l'en- 
seignement des  humanités,  relatifs  an  Français  et  aux  Langues 
Vivantes. 

Français 

.\dmettez-vous  que  le  français  devienne  le  centre  des  humanités 
modernes  ? 

Pensez-vous  qu'on  pourrait  mettre  d'accord  le  programme  des 
auteurs  français  avec  le  programme  d'histoire  et  avec  celui  de 
géographie  de  chaque  année,  en  étudiant  par  exemple  l'année  où 
l'on  étudie  le  moyen  âge  les  auteurs  de  cette  époque  les  plus  acces- 
sibles et  les  auteurs  en  œuvres  des  autres  époques  qui  se  rappor- 
tent au  moyen  âge  ;  de  même  l'année  où  l'on  étudierait  par  exem- 
ple l'Afrique  en  géographie,  des  œuvres  se  rapportant  à  l'Afri- 
que ? 

Comment  envisagez-vous  l'explication  française  ?  Doit-elle  êtr.- 
une   lecture   expliquée   ou  doit-elle   être   poussée   à   fond  ? 

Comment  envisagez-vous  l'enseignement   de   l'histoire   littéraire  ? 

Comment    répartissez-vous    le    programme    entre    les    classes  ? 

Langues   vivantes 

Faut-il  concevoir  l'enseignement  des  langues  vivantes  comme 
une  discipline  simple,  ou  y  établir  des  distinctions  profondes 
selon  chaque  langue  étrangère,  son  génie,  sa  grammaire,  la  situa- 
tion géographique  du  peuple  qui  la  parle,  et  l'état  de  nos  relations 
avec  lui  ? 

Comment  formuleriez-vous  les  fins  de  l'enseignement,  et  dans 
quelle  mesure  feriez-vous  place  à  la  méthode  directe,  pour  la  lan- 
gue  ou   les  langues   que   vous   connaissez  ? 

Que  pensez-vous  de  l'utilisation  des  lecteurs  étrangers  qui 
prendraient,  les  élèves  hors  de  la  classe  par  peti'ts  groupes  et 
seraient  chargés  d'entretenir  les  connaissances  pratiques  acquises 
avant    l'entrée    au    lycée    (à    l'école    unique»  ? 

Pensez-vous  que  l'extension  du  nombre  des  lecteurs  pourrait  être 
obtenue  à  peu  de  frais  en  accueillant  des  élèves  ou  des  étudiants 
étrangers  que  l'on  échangerait   au  besoin  avec  des  Français  "? 

Quel  doit  être  le  rôle  des  langues  vivantes  dans  le  programme 
des    humanités    modernes  ? 


286  LES    LANGUES    MODERNES 

Moderi)  Hun)ai)jties  Research   Association 

Une  réunion  provoquée  par  la  Modem  Humanities  Research 
Associafion  dont  le  Président  d'honneur  est  M.  G.  Lanson,  directeur 
de  l'Ecole  Normale  supérieure,  a  eu  lieu  le  20  mars,  à  la  Sorbonne. 
M.  Allison  Peers,  de  l'Université  de  Cambridge,  qui  est  secrétaire 
de  l'Association,  a  pris  la  parole  pour  exposer  le  but  de  ce  grou- 
peinent  scientifique  :  il  s'agit  de  faciliter  les  recherches  et  les 
travaux  des  personnes  qui  s'adonnent  à  des  études  littéraires,  phi- 
losophiques, linguistiques,  historiques  sur  les  civilisations  et  les 
langues  modernes.  En  créant  des  centres  d'information,  on  procu- 
rera les  renseignemelits  nécessaires  aux  chercheurs  empêchés  de 
se  déplacer  et  on  évitera  les  études  simultanées  et  parallèles  sur 
un  même   sujet. 

On  voudrait  organiser  en  France  un  groupement  national  qui 
serait  une  ramification  de  la  Modem  Hiimnnities  Research  Asso- 
ciation. La  réunion  était  présidée,  en  l'absence  de  M.  Lanson, 
empêché,  par  M.  Legouis.  Une  discussion  a  suivi  à  laquelle  prirent 
part  Miss  Black,  MM.  Aïlison  Peers,  Cazamian,  Cestre,  Chamard, 
Hauvette,  Hazard,  Hiichon,  Huçiiiet,  Michon,  Mornet,  Pernot,  Reynier, 
Thomas,    Van   Tieghein,    Veillet-LaiHillée. 

Le  Président  de  l'Association  des  P.-L.-V.  a  notamment  assuré 
M.  Allison  Peers  du  concours  sympathique  de  notre  groupement  à 
l'oeuvre  entreprise  par  la  M.  H.  R.  A.  qui  est  en  rapports  étroits 
avec  la  Modem  Langiiage  Association,  société  anglaise  qui  corres- 
pond à  la  nôtre  et  avec  laquelle  nous;  entretenons  depuis  longtemps 
des  relations  amicales.  Le  Bureau  de  l'Association  s'est  déjà 
préoccupé  de  contribuer,  dans  la  mesure  où  la  chose  sera  possible, 
à  cette  organisation  du  travail  scientifique,  but  de  la  M.  H.  R.  A. 
Il  a  désigné  Mlle  Brnnel,  notre  archiviste,  comme  représentant  de 
notre  association  auprès  de  la  M.  H.  R.  .\.  Notre  groupement  sera 
toujours  heureux  d'aider  de  tout  son  pouvoir  ceux'  qui  luttent 
pour    la    cause    des    Humanités    Modernes. 


La  Crise  du   livre 

Un  correspondant  nous  écrit  : 

«  ...Vous  savez  quelle  est  la  gravité  de  la  crise  du  livre.  Les 
études  anglaises  en  particulier  sont  paralysées  par  le  change.  Il 
faut  être  riche  ])our  acheter  des  livres  anglais.  Or  il  y  a  beaucoup 
de  livres  anglais  en  F"rance  et  de  livres  inemployés,  dans  les 
bibliothè(|ues  de  professeurs  décédés  par  exemple.  Ne  croyez-vous 
pas  que  votro  Revue  rendrait  un  très  grand  service  en  ouvrant  une 
rubrique  pour  la  vente  et   l'acliat  de  li\res  anglais  ? 

«  Ceux  qui  les  possèdent  i)ourraient  en  tirer  un  prix  avantageux  ; 
ils  pourraient  les  revendre  au  jjrix  d'achat,  j'imagine,  et  cepen- 
dant ce  serait  encore  grand  bénéfice  pour  les  acquéreurs.  H  y  a 
sûrement    quelque    chose    à    faire...   » 

Nous  suggérons  à  nos  abonnés  l'utilisation  à  cet  égard  de  nos 
<  Petites  Annonces  »  qui  leur  sont  gratuitement  ouvertes  à  raison 
de  i]Ln\x  par  an,  et  qui  pourraient  être  l'embryon  de  ce, service  de 
librairie. 


Associatior)  des  Institutrices   diplôn)ées  ^ 

La  double  assemblée  générale  de  l'Association  des  institutrices 
diijlômées  fondée  |)ar  Mlle  Sanua  et  de  l'Association  des  élèves  de 
l'école  du  baut  enseignement  commercial  s'est  tenue  à  10  h.  et 
demie   du    matin,    le    dimanche    29    fé\  riei\    au    Musée    Social. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  287 

L'Association  des  institutrices  diplômées  connue  sous  le  nom  de 
TA.  I.  D.  a  rendu  d'immenses  services  aux  jeunes  filles  pourvues 
de  brevets  et  désireuses  de  les  utiliser.  Mlle  Sanua  qui,  comme 
secrétaire  générale,  en  est  l'àme,  s'est  toujours  fait  un  agréable 
devoir  de  leur  venir  en  aide  et,  mettant  à  leur  service,  son  infati- 
gable dévouement,  a  réussi  à  leui^  procurer  des  situations  dignes  de 
leur  savoir. 

L'Ecole  du  Haut  Enseignement  commercial  (E.  H.  E.  C.)  qui  s'est 
greffée  sur  l'A.  L  D.  fournit  à  ses  adhérentes  un  enseignement 
très  substantiel,  à  la  fois  théorique  et  éminemment  pratique, 
<lestiné  à  leur  être  d'un  grand  secours  dans  la  vie. 

La  double  initiative  de  Mlle  Sanua  est  couronnée  de  succès  et, 
malgré  les  circonstances  tragiques  que  nous  avons  traversées, 
l'A.   L   D.  n'a   cessé  de  prospérer  sous   son    imjjulsion   bienfaisante. 

Au  cours  de  la  séance  du  29  février,  Mlle  Sanua,  en  un  langage 
éle\é,  a  rendu  hommage  au  zèle  de  ses  collaboratrices,  n'oubliant 
qu'elle-même.  Les  membres  du  Comité  avaient  tenu  à  lui  témoigner 
leur  affectueuse  estime  en  lui  demandant  de  présider  l'Assemblée 
générale  au  moment  même  où  son  activité  et  la  pleine  réussite  de 
ses  projets  ont  été  otriciellement  reconnues  par  sa  nomination  au 
("onseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique.  Notre  Association  qui 
entretient  a^ec  l'A.  I.  D.  des  relations  de  bon  voisinage  et  qui  a, 
plus  d'une  fois,  eu  recours  à  elle  pour  le  placement  de  jeunes  filles 
se  fait  un  plaisir  d'adresser  à  Aille  Sanua  ses  vi^•es  félicitations 
pour  l'honneur  qui   vient  de  lui   être  conféré. 

La  Secrétaire  générale  de  l'A.  I.  D.  avait  présidé  la  première 
Assemblée  en  1909.  Entre  1909  et  1920,  Mme  Cruppi,  Mlle  .Milliard. 
M*  Henri-Robert,  le  Professeur  Landouzy.  Mlle  Chaptal,  M.  Mau- 
rice Donnay.  Mme  Jules  Siegfried.  M.  \'ictor  Cambon,  se  sont 
succédé  au  fauteuil  ])résidentiel.  L'œu\re  accomplie  par  Mlle  Sanua 
devait  attirer  l'attention  et  gagner  la  sympathie  d'éminentes  oer- 
sonnalités. 


Ui)iversité  de  Londres 

L'Université  de  Londres  organise  à  partir  du  23  juillet,  en  par,- 
ticulier  pour  les  Professeurs  ou  étudiants  étrangers,  déjà  familia- 
risés avec  l'emploi  courant  de  la  langue,  des  cours  de  vacances 
ayant  pour  objet  les  sons  de  la  langue  parlée,  la  législation  péda- 
gogique récente,  l'histoire  de  Londres,  et  un  certain  nombre  de 
grandes  œuvres  littéraires.  Des  classes  de  phonétique  pratique,  de 
conversation  et  de  lecture  auront  également  lieu,  sous  la  direction 
ou  avec  la  participation  du  professeur  Walter  Ripman.  Trois  diplô- 
mes (d'assiduité,  d'anglais  parlé  et  d'anglais  écrit)  seront  délivrés 
(les  frais  d'examen  sont  de  10  fr.  pour  chacun  des  deux  derniers) 
sous  la  responsabilité  du  Unioersitij  Extension  Board^  Des  réun-ons, 
un  concert,  une  réception  par  le  personnel  enseignant,  et  plusieurs 
excursions  font  partie  du  programme.  Les  frais  d'inscription  pour 
l'ensemble  des  conférences  sont  de  £  4,  et  de  £  2  si  l'étudiant 
n'assiste  pas  aux  classes  de  phonétique  et  de  conversation  ;  mais 
ils  ne  seront  pas  reçus  avant  que  la  demande  d'admission  ait  été>^ 
acceptée.   Ecrire   pour  tous   renseignements   à  : 

The   University   Extension   Registrar,. 
LTniversity  of  London, 

London.   S.  W.   7. 

et    inscrire    sur    l'enveloppe  :    Holiday    Course. 


288 


LES    LANGUES    MODEHNES 


Université  de  Strasbourg 

Cours    pratiques    d'allemand    pour    les    étudiants 
Français   et  Etrangers  0) 

Des  cours  spéciaux  destinés  aux  étudiants  et  aux  personnes  qui 
désirent  se  perfectionner  dans  la  connaissance  de  la  langue  alle- 
mande auront  lieu  à  l'Université  de  Strasbourg  pendant  les 
vacances  scolaires  de  l'année  1920.  Ils  commenceront  le  1"  juillet 
et  prendront  fin  le  30  septembre.  L'enseignement  forme  un  toui. 
continu  ;  néanmoins  il  sera  organisé  de  telle  façon  que  les  parti- 
cipants puissent  se  faire  inscrire  à  la  date  de  leur  choix  pour  des 
périodes   de   durée   variable. 

Ces  cours,  dont  le  caractère  est  essentiellement  pratique,  ont 
pour  objet  d'habituer  les  étudiants  à  parler  et  à  écrire  correcte- 
ment l'allemand.  Toutefois  quelques  heures  seront  réservées  à  des 
conférences  en  langue  allemande  sur  des  sujets  d'ordre  littéraire 
et  historique.  Ces  conférences  constitueront  une  utile  initiation  à 
l'étude    de    l'Allemagne    contemporaine. 

Tous  les  cours  et  conférences  sont  faits  par  des  professeurs 
appartenant  depuis  de  longues  années  soit  à  l'Université  de  Stras- 
bourg, soit  à  divers  établissements  d'enseignement  public  de  l'Al- 
sace et  ayant  une  connaissance  parfaite  de  la  langue  allemande 
et  des  choses  d'Allemagne. 

Le  nombre  des  cours  ou  conférences  en  langue  allemande  est  de 
11  par  semaine  (2  heures  par  jour  les  lundi,  mardi,  mercredi, 
jeudi  et  vendredi,  1  heure  le  samedi  matin'.  L'horaire  sera  établi 
de  façon  à  permettre  aux  étudiants  étrangers  de  suivre  également 
les  cours  de  français  moderne  qui  auront  lieu  aux  mêmes  dates  à 
l'Université  de   Strasbourg. 

Programme.  —  L'enseignement  porte  sur  les  matières  suivantes  : 

Phonétique,  exercices  de  prononciation,  de  diction  et  d'éio;- 
cution.  —  Exercices  grammaticaux,  dictées,  compositions  écrites.  -- 
Traduction  orale  (de  français  en  allemand  ou  d'une  langue  étran- 
gère en  allemand).  —  Conversation  dirigée  et  exposés  oraux.  — 
Lecture  et  explication  de  textes  modernes.  —  Conférences,  littéraires 
et  historiques. 

Conditions  d'admission.  —  Les  étudiants  qui  désirent  suivre  les 
cours  devront  être  âgés  de  17  ans  au  moins  et  être  pourvus  d'un 
diplôme  ou  certificat  attestant  qu'ils  ont  fait  des  études  secondaires 
ou  primaires   supérieures. 

Frais  d'études.  —  La  fréquentation  des  cours  d'allemand  don- 
nera lieu   à  la  perception  des  droits  suivants  : 

Pour  une  période^  de  4  semaines  :  45  francs.  —  Pour  une  période 
de  6  semaines  :  60  francs.  —  Pour  une  période  de  8  semaines  . 
75  francs.  —  Pour  une  période  de  12  semaines  :  90  francs. 

Direction.  —  Les  cours  praticjues  d'allcmaml  sont  dirigés  par 
un  Comité,  composé  de  professeurs  de  la  Faculté  des  lettres  de 
Strasbourg,  qui  ont  pu,  au  cours  de  leur  carrière,  se  familiariser 
avec  les  conditions  de  l'enseignement  dans  divers  pays  étran- 
gers. 


(1)  I)  est  à  peine  nécessaire  d'insister  sur  les  avantages  uniques 
ainsi  offerts  aux  étudiants  de  licence,  et  à  quiconque  veut  étendre 
ou  raffermir  sa  connaissance  de  l'allemand  :  le  moindre  ne  sera 
pas  la  combinaison  du  maximum  de  compétence  avec  une  parfaite 
tranquillité  d'es|)rit  |)our  les  visiteurs,  par  comparaison  avec 
l'Allemagne,  sans  parler  de  la  beauté  du  pays  et  de  la  facilité  des 
excursions. 

N.   D.   L.   R. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  289 

MM.  F.  liALDiiNSPEUGEK,  chargé  de  cours  à  la  Sorboiinc,  profes- 
seur de  littératures  conii)arées,  ancien  ■  professeur 
échange  ■>  aux  Universités  Harvard  et  Columbia  (Etats- 
Unis). 

G.  Cohen,  chargé  de  cours  de  littérature  du  moyen  âge, 
ancien  professeur  de  langue  et  littérature  françaises  à 
l'Université  <î' Amsterdam. 

E.  KoHLEH,  maitre  de  conférences  de  langues  et  littératures 
romanes.    Directeur   de    l'Institut    de    français    moderne. 

G.  Maugain,  professeur  de  langue  et  littérature  italiennes, 
ancien  directeur  des  cours  de  français  à  l'Institut  français 
de  Florence. 

A.  Mazon,  chargé  de  cours  de  langues  et  littératures  slaves. 

A.  Terracher,  professeur  d'histoire  de  la  langue  française, 
ancien  professeur  aux  Universités  de  Baltimore  (John 
Hopkins)    et    de    Liverpool. 

E.  Tonnelat,  ancien  professeur  à  l'Université  de  Genève 
(Suisse),  professeur  de  langue  et  de  littérature  allemandes 
à   l'université   de   Strasbourg. 

E.  Ver.meu,'  professeur  de  langue  et  de  littérature  alleman- 
des  à    rUiliversité    de    Strasbourg. 

Pour  les  renseignements  concernant  les  études  et  les  inscrip- 
tions, s'adresser  à  M.  Tonnelat,  délégué  du  Comité  de  Direction,  à 
l'Université    de    Strasbourg. 

Pour  les  renseignements  concernant  les  dé{ails  de  la  vie  prati- 
que, s'adresser  au  Bureau  de  renseignements  pour  les  étudiants 
étrangers,    à    l'Université    de    Strasbourg. 


Séjours  ei)  AllerT)agi)e  occupée 

Plusieurs  collègues  nous  ont  demandé  quelles  étaient  les  forma- 
lités à  remplir  pour  pouvoir  séjourner  en  Allemagne  occupée  ; 
voici    quelques    indications    pouvant    leur    être    utiles  : 

1°  Dans  la  zone  d'occupation  le  sauf-conduit  ordinaire,  délivré 
par  le  commissaire  de  police,  est  suffisant.  —  Il  ne  faut  de  passe- 
port que  pour  pénétrer  en  .\llcmagne  non  occupée  (on  ne  l'exige 
même   pas  pour  une   simple  excursion;  ; 

2°  Les  voyageurs  peuvent  emporter  dix  francs  de  petite  monnaie 
et   mille   francs   en   billets  ; 

3"  D'après  les  renseignements  que  nous  avons  recueillis,  nos 
collègues  trouveront  aisément  à  se  loger  partout,  et  surtout  dans 
les  grandes  villes  et  les  villes  d'eaux,  ils  auront  peu  de  difficulté 
à  se  procurer  une  nourriture  convenable. 


Cours  de  vacaQces 


Le  Proviseur  du  Lycée  de  Mayence  comj)te  organiser  cette  année 
des  cours  de  vacances  pour  les  élèves  des  lycées  et  les  jeunes  gens 
C^ui  désireraient  se  perfectionner  en  allemand.  Il  se  chargera  volon- 
tiers d'indiquer  aux  parents  des  familles  disposées  à  prendre  des 
pensionnaires. 

Pour  le  moment  il  n'est  pas  question  d'organiser  de  cours 
pour  étudiants  dans  le  genre  de  ceux  qui  avaient  lieu  jadis  à 
Fribourg  et   à   Kaiserslautern. 


290  LES    LANGUES   MODERNES 

Bureau  lr)teri)atioi)al  d'éducatioi) 

COMITÉ    DE    PATRONAGE 

M.   HovELAQUE,   Inspecteur  général   de  Flnstiuction   publique. 

Général   Lyactey. 

Général    de    Mald'huy. 

M.  Jean  Périer,  Consul  général,  attaché  commercial  à  l'Arahas- 
sade   de   France    à   Londres. 

M.   H.   Berthon,   Professeur   à  ITniversité   d'Oxford. 

D""   Fletcheh.    Headmaster,    Gharterhouse. 

The  Hon.  Alice  Bruce,  Vice-Principal,  Somerville,  Collège, 
Oxford. 

M.  Louis-.J.  Mercier,  Professeur  à  l'Université  Harvard.  • 


Mettre  eu  rapport  ceux  qui,  en  France  comme  au  dehors,  s'occu- 
pent d'éducation  et,  en  particulier,  les  parents  et  les  maîtres  dési- 
reux soit  d'envoyer  leurs  enfants  dans  un  "pays  étranger,  soit  de 
recevoir  les  jeunes  gens  de  ces  pays. 

Rien  autant  que  ces  visites  mutuelles  ne  peut  contribuer  à  res- 
serrer l'union  des  peuples  vraiment  civilisés  ;  mais  il  faut  qu'elles 
soient  bien  organisées  et  que  les  choix  de  familles  ou  d'écoles 
soient   faits    très    soigneusement   et    en   connaissance   de   cause. 

Spécialisés  en  ces  questions  d'éducation  internationale,  les  fon- 
dateurs   du   B.    I.    E.    s'adressent  : 

Aux   familles   qui   veulent   envoyer   leurs   enfants   à   l'étranger  ; 
qui    cherchent    un    précepteur    ou    une    institutrice    de     nationalité 
étrangère  ; 
qui  désirent  recevoir  de  jeunes  étrangers  ; 

Aux  ÉCOLES  qui  cherchent  des  maîtres,  des  lecteurs  ou  des  élèves 
étrangers. 

Aux  ÉTUDIANTS  ET  AUX  PROFESSEURS  qui  vculent  Organiser  un 
séjour   d'études   à   l'étranger. 

Le  B.  I.  E.,  soucieux  de  favoriser  le  développement  intellectuel 
et  moral  des  jeunes  gens  qu'il  guide,  demande  à  ses  correspondants 
de  lui  fournir  d'indiscutables  garanties  et  s'astreint  à  un  contrôle 
aussi    minutieux    que    possible. 

Pour  tous  renseignements  écrire  à  l'adresse  ci-dessous  en  deman- 
dant, s'il  y  a  lieu,  un  rendez-nous  à  Paris  (récci)tion  une  fois 
l)ar  seniaiMc). 

lîrr.EAU    Inteuxational    D'É!)t(:ATL')x, 
^'ER^EUIL  (Eure). 


-<iKl>- 


Mouvement  du   Personnel 


Ei)seigi)en)eot  Supérieur 

Sont  rangés  dans  la  2  classe,  par  ordre  d'ancienneté,  les  maîtres 
de  conférences  des  Facultés  des  lettres  de  ri'niversitts  de  Paris  tlont 
les  noms  sui\ent  : 

A   partir  du    1"    juillet    1919  :    MM.   Huelion,  Cazamian. 

Ecole  Norroale  Supérieure 

Les  professeurs  et  maîtres  de  conférences  de  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  de  Paris  dont  les  noms  suivent,  sont  dési- 
gnés pour  faire  leur  service  à  l'école  normale  supérieure  pendant 
l'année    scolaire    1919-1920  : 

Legouis,   professeur  de   langue   et    littérature    anglaises. 

Cazamian,  maître  de  conférences  de  langue  et  littérature  anglai- 
ses. 

Huchon,  maître  de  conférences  de  langue  et  littérature  anglaises. 

Andler.  professeur  de  langue  et   littérature  allemandes. 

Lichtenberger.  jjrofesseur  de  littérature  et  jîhilologie  germani- 
ques. 

Rouge,  maître  de  conférences  de  langue  et  littérature  alle^ 
mandes. 

Hauvette,    professeur    de    langue    et    littérature    italiennes. 

Sont  nommés  membres  de  la  Commission  extraparlementaire 
chargée  d'étudier  les  projets  relatifs  au  développement  de  l'ensei- 
gnement supérieur  instituée  au  Ministère  de  l'Instruction  publique 
par  le  décret  du  15  mai  1919  : 

M.  Legouis,  professeur  à  la  faculté  des  lettres  de  l'Université  de 
Paris,  président  de  l'association  des  professeurs  des  Facultés  des 
lettres. 

Lycées  de   GarçoQS 

.Anglais.  —  Xominations  :  MM.  Dufrénois,  chargé  de  cours  à 
Evreux,  y  est  nommé.  —  M.  Salle  (Grenoble)  permute  avec 
M.  Mairot  (Alais).  —  M.  Artorit,  chargé  de  cours  à  la  Roche-sur- Yon, 
y  est  nommé.  —  M.  Vannier,  en  suppléance,  lycée  du  Parc  (Lj'on) 
remplace  M.  Ritz,  décédé,  jusqu'à  fin  année  scolaire  (même 
h'cée).  —  M.  Audian,  délégué  Toulouse,  jusqu'à  la  fin  de  l'année 
scolaire,   en  remplacement   de   M.   Maffre.  décédé. 

Congés  :  M.  Camerlynck  (lycée  St-Louis)  du  19  janvier  au  12 
juillet.  —  M.  Pellissier,  ancien  délégué  (Havre)  pour  l'année 
1920.  —  M.  Amy,  chargé  de  cours  (Cahors)  du  P""  janvier  au  30 
septembre.  —  M.  Fleurant  (Carnot)    du   15/4  au   14/10. 

Honornriat  :  M.  Roy,  ancien  chargé  de  cours  (Albi).  —  M.  Ques- 
nel,   ancien   professeur   (Cherbourg). 

Allemand.  —  Xomiiialion  :  M.  Roy.  ancien  chargé  de  cours  (Rar- 


292  LES    LANGUES    MODERNES 

le-Duc»     est    uomnié   (3*  classe)    Bastia,   en   remplacement   M.   Pra- 
dère.  • 

Congés  :  M.  Pradère  (.Bastia).  —  M.  Berthelot  (Alais)  et  M.  Lous- 
sert  (Tullei,  du  1^"^  janvier  au  30  septembre.  —  M.  Hirtz  (Poitiers 
du  19  janvier  au  30  juin.  —  M.  Milliot-Madéran  (Louis-le-Grand 
12/1  ail  30/9.  —  M.  Loquet,  délégué  (Voltaire)  12/1  au  30/9.  — 
M.  Pradère  (Bastia»,  du  1/2  au  30/9.  —  M.  Gaubert  (Belfort),  du 
12/1  au  30/9.  —  M.  Malaisée  (Evreux)  du  12/1  au  30/9.  —  M.  Breis- 
troffer  (Grenoble)  du  12/1  au  30/9.  —  M.  Barnier  (Metz),  du  12/2 
au  30/9.  —  M.  Thierry  (Montluçon^   du  12/2  au  30/9. 

Honorariat  :    M.   Schmutz,    ancien   chargé    de   cours    (Grenoble). 

Espagnol.  —  -domination  :  M.  Bistos.  agrégé,  collège  Bagnèreé- 
de-Bigorre,  nommé  (4*  classe)    lycée  de  Tarbes  (emploi  vacant j. 

Honorariat  :   M.   Lianta,   ancien   chargé   de   cours   (Oran). 

Congé  :  M.  Dibie  (Henri   IV  et  Carnot)   du  1/2  au  30/9. 

Italien.  —  M.  Paolantonacci  (Thonon),  délégué  Annecy  jusqu".'i 
la  fin  de  l'année  scolaire. 

Collèges  de  Garçoos 

Anglais.  —  Xominations  :  M.  Dombre,  délégué  (1"  ordre 
(5-  classe),  la  Rochefoucault  est  délégué  (1*"^  ordre)  (6*  classe),  Per- 
jjignau  (chaire  transformée).  —  M.  Pérat,  licencié,  répétiteur  à 
Parthenay  ;  délégué  même  titre  à  la  Rochefoucault  en  remplace- 
ment M.  Dombre.  —  M.  L'Hommelais,  délégué  Chàteaudun.  — 
M.  Robart,  délégué  provisoire  lettres  et  anglais,  ^Melun,  nommé 
professeur  d'anglais'  sur  place.  —  M.  François,  nommé  de  Chàteau- 
dun   à    Sidi-Bel-Abbès. 

Congés  :   M.  Combe   (Montargis)    pour   l'année   1920. 

Honorariat  :   M.   Courau   (Libourne),   à   la   retraite. 

•Allemand.  —  Xominations  :  M.  Tabernat,  délégué  non  installé 
(Baume-les-Dames)  passe  (1*"^  ordre)  (5'  classe),  à  St-Claude  en 
remplacement  M.  Buisson,  non  acceptant.  —  M.  Buisson,  licencié, 
est  délégué  en  remplacement  M.  Barraud  (St-Claude).  —  M.  Boinct. 
licencié,  est  délégué  (1"  ordre)  (5"^  classe)  à  Fiers,  en  remplacement 
M.  Kerdavid.  —  M.  Clerc,  licencié,  est  délégué  à  St-Yrieix,  en  rem- 
placement de  M.  Guérithault,  appelé  à  d'autres  fonctions.  — 
M.  Cathaly,  licencié,  est  délégué  jusqu'au  14  juillet  en  remplace- 
ment   de    M.    Basty    (Blanc). 

Congés  :  M.  Kerdavid,  délégué  à  Fiers.  —  M.  Schoenlaub 
(Brioudc)  du  1""  janvier  au  31  décembre. 

Honorariat':    M.    Laurent    (CJiinon). 

Congés  (l'inactivité  :  AL  Ricard,  Agde,  du  20/1  au  14/7.  — 
M.  Bastv,  Le  Blanc,  du  1/2  au  14/7.  —  M.  Armand,  Civrav.  du 
20/1  au*  14/7.  —  .M.  Colle.  Pontoise,  du  20/1  au  14/7.  —  M."  Bar- 
raud, St-Claude,  du  20/1  au  14/7.  —  M.  Guérithault,  St-Yrieix. 
du  26/1  au  14/7.  —  M.  Soum,  Saintes,  du  20/1  au  14/7.  —  M.  Fèvre, 
Vassy.  du   20/1   au   14/7. 

Espagnol.  —  M.  LafTaye,  répétiteur,  Toulouse,  délégué  lettres  et 
espagnol,  Béziers. 

Lycées  de  Jeunes  Filles 

.Anglais.  —  Mlle  Dosmond  (Louise),  certifiée  (4*'  classe)  à  Tour- 
non  est  nommée  à  \ancy  (emploi  nouvtmu).  —  Mlle  Simon 
(Jeanne)  à  Dax  (4"  classe)  en  congé,  est  nommée  chargée  de  cours 
(même  classe;   à  Tournon,  en  remplacement  Mlle  Dosmond. 


MOrVKMENT    Dl'    PKHSONNEI,  29:5 

Ai.i.icMANu.  —  Mlle  Tocquard  (.Suzanne),  certifiée,  suppléante  au 
collège  d'Epernay,  est  chargée  de  cours  {6'  classe)  à  Nancy  (emploi 
nouveau). 

Collèges  de  JeuQes  Filles 

Anglais.  —  Mme  Michel  (4"  classe)  Villeneuve-sur-Lot,  est  nom- 
mée professeur  (même  classe)  à  Grasse  en  suppléance  de  Mlle 
Bouchet,  en  congé  jusqu'au  3(J  septembre.  —  Mlle  Berlandina, 
certifiée,  sup|)léante  au  lycée  Montgrand  (Marseille)  est  nommée 
(6"  classe)  collège  de  Villeneuvc-sur-Lot,  en  suppléance  Mme  Michel. 
—  Mlle  Bréchaille,  agrégée  (6'  classe)  lycée  de  Lille,  détachée  pour 
.")  ans  à  Kabat  (Maroc».  —  Mlle  Balcncy  (6"  classeï  à  Saumur.  nom- 
mée (même  classe)  à  Dax,  en  remplacement  Mile  Simon.  —  Mlle 
Peyre.  certifiée,  déléguée  lycée  gartjons  de  Tulle,  est  nommée 
(6"  classe)  Saumur,  en  remplacement  Mlle  Balency.  —  Mlle  Cha- 
puis,  certifiée,  déléguée  lycée  de  garçons  de  Roanne,  est  nommée 
(6''  classe)  à  H|)erney,  en  remplacement  Mlle  Dieu  en  congé.  — 
.Mlle  Barry,  certifiée,  est  nommée  (6'  classe)  en  suppléance  de 
.Mlle  Perraut  (déléguée  au  lycée  de  Nancy  jusqu'au  30  septembre) 
au  collège  de  Chalon-sur-Saône.  —  Mlle  5letzger,  certifiée,  nom- 
mée   suppléance     Saumur. 

Allemand.  —  Mlle  Roux  (5'<  classe)  à  Verdun,  en  congé,  nommée 
(même  classe)  à  Langres,  en  suppléance  de  Mme  Baudot  (en  congé 
jusqu'à  fin  année  scolaire^ 


Ecoles  NoriT)ales  d'Instituteurs 

Anglais.  —  .M.  Pouron  (CerJ.  Apt.  E.  N.  et  E.  P.  S.)  est  nommé 
<6'  classe)    à   Rennes,  en   remplacement  de   M.  Ozouf. 

Allemand.  —  M.  Hénon  est  nommé  (6"  classe)  à  Varzy,  en  rem- 
placement  de   M.   Higault. 

Ecoles  Priroaires  Supérieures  de  CarçoQS 

Anglais.  —  M.  Durand,  licencié,  est  délégué  à  Dax  en  remplace- 
ment   M.   Galibert. 

Allemand.  —  M.  Riss,  adjoint  à  Giromagny  (6'  classe)  ((lert.  Apt. 
L.  V. I  est  nommé  (même  classe)  professeur,  à  partir  de  jan- 
vier  20.  —  M.   Lechner,   nommé   professeur   d'allemand,   Toul. 

Ecoles  Prini)aires  Supérieures  de  JeuQes  Filles 

Anglais.  —  .Mlle  Savard.  C.  Apt.  Eus.  L.  V..  auxiliaire  à  Lille 
est  nommée  professeur  à  partir  de  janvier  20  à  la  même  école 
(emploi  nouveau)  et  passe  4'"  classe.  —  Mlle  Exbrayat  (4''  classe)  à 
Tulle,  est  nommée  (même  classe)  à  Tours  (emploi  nouveau).  — 
Mlle  Bourgeois,  inst.  à  Bellac,  C.  .\pt.  Ens.  L.  V.  est  déléguée 
jusqu'au  30  septembre  inst.  adj.  à  Tulle,  en  remplacement  de 
.Mlle  Exbrayat.  —  Mme  Huet-Lefebvre  (.5"  classe)  à  Pithiviers 
est  nommée  (même  classe)  à  Gondecourt  en  remplacement  Mlle 
Paillard  qui  résigne  ses  fonctions.  —  Mlle  Canidet.  C.  Apt.  Ens. 
L.  V.  est  déléguée  inst.  adj.  jusqu'au  30  sept,  à  Pithiviers  en  l'em- 
placement Mme  Huet.  —  Mlle  Ombredane,  inst.  adj.,  déléguée  à 
Orléans,   est    nommée    même   école   à   partir    1'"'^   janvier   20   (passe 


294  LES    LANGUES   MODERNES 

5*  classe).  —  Mlle  Foiiassicr,  prof.  adj.  à  St-Chamoud,  C.  .Apt.  Eus. 
L.  V.  est  nommée  à  partir  l'^''  mars,  même  école  (passe  3'  classe». 
Allemand.  —  Mlle  Girardot,  inst.  adj.  à  Grav,  C.  Api.  Eus.  L.  V. 
est  nommée  professeur  même  école  à  partir  du  1'""^  janvier  20 
(passe  G'  classe).  —  Mlle  Pougeux,  inst.  adj.  à  Sarreguemines,  est 
déléguée  jusqu'au  30  sept,  à  Rethel,  en  remplacement  Mlle  Boudet. 
—  Mlle  Ott,  inst.  adj.  à  Mézières  (Cert.  L.  V.)  est  nommée  à  partir 
de  janvier  20,  prof,  même   école   (6''  classe). 


Sujets  d'Exan)ei) 


Certificat   d'aptitude    à    rEoseigoenr)eot   de  la   Langue 
Anglaise  dans  les  Lycées  et  Collèges 


Session  spéciale  d'Avril  1920 
Version    angloise 

So  it  was  with  a  fairly  hlank  mind,  and  yet  a  liopc  of  imuIli-s- 
tanding,  or  at  least  of  seeing.  something  rèmarkably  fresh.  that 
1  woke  to  hear  we  were  in  harbour.  and  tumbled  ont  on  deck'  at 
six  of  a  fine  siimmer  morning  to  view  a  new  world.  New  York 
harbour  is  loveliest  at  night  perhaps.  On  the  .Staten  Island  ferry 
boat  you  slip  ont  from  thc  darkncss  right  under  the  immense  sky- 
scrapers.  As  they  recède  they  form  into  a  mass  togethcr,  heapiiig 
up  one  behind  another,  fire-lined  and  majestic,  sentinel  over  the 
black,  gold-streaked  waters.  Their  clift-like  boldness  is  thc  grca- 
ter,  bccausc  to  either  side  sweep  in  the  East  River  and  the  Hudson 
River,  leaving  this  pilcd  promontory  between.  To  the  right  hang.-> 
the  great  stretch  of  the  Brooklyn  Suspension  Bridge,  its  slignl. 
curve  very  purely  outlined  with  light  ;  over  it  iuminous  trams, 
likc  shuttles  of  firc,  are  thrown  across  and  across,  continually 
weaving  the  stuff  of  human  existence.  From  further  off  ail  thèse 
lights  dwindle  to  a  radiant  semicirle  that  gazes  ont  over  the 
exjjansc  with  a  quiet,  mysterious  expcctancy.  Far  away  seaward 
you   may   see  the   low  golden   glarc   of  Coney    Island. 

But  therc  was  bcauty  iiV  the  view  that  morning,  also,  half  an  hoiir 
after  sunrise.  New  York,  always  the  cleanest  and  least  snioky  of 
citics,  lay  aslcep  in  a  queer,  pearly,  houricss  light.  A  thin  mist 
softencd  the  further  outlines.  The  water  was  opalescent  under  a 
silver  sky,  cool  and  dim,  very  siightly  ruftlcd  by  thc  sweet  wind 
that  foUowcd  us  in  from  the  sea.  .\  fcw  strcanicrs  of  smoke 
flew  above  the  city,  oblique  and  parallel,  ]H'nnants  of  our  civi- 
lisation. The  spacc  of  water  is  great,  and  so  the  vast  buildings  do 
not  towcr  above  one  as  they  do  from  the  strcet.  Scale  is  lost,  and 
they  might  be  any  size.  Thc  impression  is,  rat'her,  of  long,  low 
buildings  strctching  dowii  to  the  watcr's  edge  on  cvery  side.  and 
innumerablc  low  black  wharvcs  and  jcttics  and  picrs.  And  at  one 
point,  the  lowcr  ciid  of  thc  island  on  which  thc  (".ity  |)ro])er  stands, 
rose  that  highcr  clunip  of  thc  great  buildings,  thc  Singer,  the 
Woolworth,  and  the  rest.  Their  strength,  almost  scvcrity,  of  line 
and  the  lightncss  of  their  coloiir  gave  a  kind  of  classical  feeling. 
classical,     and    yet    not    of   Euro])c.    It    had    thc    air,    this   block     r)f 


MOUVKMENT  I)f  PEHSONNKL  295 

niasoiiry,  <>f  cdificos  built  to  satisfy  sonie  faith,  far  niorc  than 
immédiate  ends.  Oiily,  thc  faith  was  unfamiliar...  It  came  upon 
me,  at  that  moment,  that  thèse  strange  fanes  could  not  hâve  been 
dreamed  and  made  withoiit  some  nohility.  Perhaps  Ihe  hour  lent 
them  sanctity.  For  I  hâve  often  noticed  since  that  in  the  early 
morning,  and  again  for  a  little  about  sunsel,  the  sky-serapers  are 
no  longer  the  mcans  and  local  conveniencc  for  men  to  pursue  thcir 
purposes,  but  acqiiire  that  characteristic  of  the  great  buildings  of 
thc  world,  an  existence  and  mcaning  of  their  own. 

Rupcrt  BitoOKE,  Le  tiers  frum  Ainerica. 

Dissertation    anglaise 

Out  of  the  weaith  and  variety  of  materials  in  An  Inland  Voijage, 
point   out   the    unity    of   R.   L.    Stevenson's   personality. 

Thème  anglais 

A  la  fourche  maîtresse  d'un  robuste  pommier  sauvage,  une 
étrange  créature  féminine  était  juchée.  Sans  pitié  i)our  la  santé 
du  fruitier  qu'elle  avait  pris  d'assaut,  elle  cassait  de,  belles  bran- 
ches chargées  de  pommes  vertes,  et  les  distribuait  libéralement  à 
deux  gamins  en  haillons,  vautrés  au  pied  de  l'arbre.  ql.ii  détalè- 
rent précipitamment  dés  qu'ils  eurent  entrevu  le  visiteur.  La 
cueilleusc  de  pommes,  empêtrée  dans  les  ramures  touffues,  ne  pou- 
vait se  tirer  d'affaire  avec  la  même  facilité.  Elle  saccrocha  à 
l'une  des  branches,  abaissa  violemment  les  feuillées,  et,  se  voyant 
bloquée  sur  son  perchoir,  elle  demeura  un   moment  bouche  béante. 

C'était  une  jeune  personne  à  laquelle,  à  première  vue,  Francis 
donna  H  ou  15  ans.  Elle  paraissait  en  effet  à  peine  sortie  de 
l'adolescence.  Ses  épaules,  sa  poitrine  plate  et  sa  taille  mince 
n'avaient  pas  encore  pris  tout  leur  développement  ;  ses  mains 
rouges,  emmanchées  à  de  longs  bras,  semblaient  d'autant  plus 
démesurées  qu'elles  sortaient  des  manches  étriquées  et  trop 
courtes  d'un  corsage  taillé  en  blouse.  Pourtant  la  partie  inférieure 
du  corps,  déjà  plus  complètement  formée,  indiquait  qu'après 
l'achèvement  de  la  croissance  tous  ces  angles  étaient  dcslims  à 
disparaître  :  les  hanches  s'arrondissaient  sous  la  jupe  collante,  et, 
grâce  à  la  posture  de  cette  fillette  perchée  sur  une  branche,  les 
jaml)es  pendarvtes  et  bien  modelées  montraient  leurs  chevilles 
finement  attachées  à  deux  pieds  mignons  et  cambrés,  chaussés  de 
bottines  dont  plusieurs  boutons  avaient  sauté.  La  tête,  qui  passait 
à  travers  le  feuillage,  était  pour  le  moins  aussi  originale  que  la 
toilette  de  cette  créature.  Une  figure  longue  au  nez  retroussé,  à  la 
bouche  très  rouge  et  largement  fendue  ;  deux  grands  yeux  fauves, 
un  front  busqué,  des  mâchoires  saillantes,  un  teint  blanc  semé 
de  taches  de  son,  et.  comme  encadrement,  une  épaisse  chevelure 
rousse,  frisée  comme  une  toison  et  moutonnant  jusqu'au-dessus 
des  épaules  —  puis,  dans  la  bouche,  dans  les  ailes  du  nez,  les 
fossettes  des  joues  et  les  prunelles  des  yeux,  un  éclair  d'audace 
et  de  malice  passant  rapidement  par  intervalles,  comme  passe  un 
coup  de   soleil   sur  la  plaine  par  une  journée  de  vent. 

André   TheurieT'   La  Sauvageonne. 


-^- 


296 


LES    LANGUES   MODERNES 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VH%  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

1.  Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre -lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  Ofr.50  la  ligne. 

2.  Nos  correspondants  sont  prévenus  que  la  composition  des  Petites 
Annonces  des  Langues  Modernes  est  arrêtée  le  15  de  chaque  mois. 

1.  Ppofesseup  diplômé  (Oxford),  veut  recevoir  pensionnaires  dans  sa 
maison.  Vie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Références 
excellentes.  S'adresser  :  M.  k.,  28,  Woodbastwich  Road,  Sjdenham, 
Londres. 

2.  On  achèterait  d'occasion.  Chamber's  Cyclopœdia  of  English  Lite- 
rature,  dernière  édition,  en  bon  état.  Ecrire  :  Louis  Rocher,  prof.. 
Lycée  du  Parc,  L^on. 

3.  Vilia,  6  pièces,  à  louer  meublée  (5  lits)  de  juin  à  octobre.  Bord 
de  la  mer.  2.000  francs.  Colleville-sur-mer  (Calvados).  S'adresser  à 
Mme  Meister,  71,  rue  Servan,  Paris  Xl%  ou  à  M.  Commarmond,  37, 
rue  des  Martyrs,  Paris  IX«. 

4.  L'Ecole  de  Bedales-Petersfield  cherche  un  professeur  de  français. 
Prière  au.x  candidats  de  se  mettre  en  rapport  avec  M.  Veillet-Lavaïlée, 
président  de  l'Association. 


-«a»- 


Le  Gérant  :  A.  C.oueslant. 


CAHOKS,  iMP.  couESLANT  (persoimel  intéressé).  —  22.933 


Dix-huitième  année.  —  N*  4  Juillet-Août   içao 

Les 


Langues  Modernes 


A.'vîs    îïiai^oï'ta^nl: 


Le  Secrétaire  Général  cl  la  Trésorière  prient  instamment 
leurs  collègues  de  leur  signaler  leurs  changements  d'adresse  on 
de  situation,  afin  d'éviter  la  perte  de  la  revue. 

La  Trésorière  (M"''  Ledoux,  30,  R.  Chevert,  Paris,  7')» 
rappelle  aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de 
chèques  postaux  lui  est  ouvert  sous  le  w  151-11  par  le  bureau  de 
Paris.  Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant 
de  leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  litre 
de  reçus  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,  ainsi  qu'à  la  Société  des  frais  de  correspondance. 


<W>- 


A  nos  Collaborateurs 


La  Rédaction  est  à  son  grand  regret  contrainte,  par  une  augmenta- 
tion subite  et  considérable  du  prix  du  papier,  de  demander  aux  colla- 
borateurs qui  ont  si  largement  répondu  à  son  appel  de  février  dernier, 
un  effort  supplémentaire  de  condensation,  tant  en  ce  qui  concerne 
les  articles  indépendants  que  les  comptes  rendus  bibliographiques  ou 
corporatifs. 

L'étendue  des  Chroniques  Etrangères  doit  être  au  maximum  de 
quatre  pages,  et  d'une  demi-page  en  moA'enne  celle  des  comptes  ren- 
dus critiques.  A  ce  prix  seulement  ne  sera  pas  rompu  l'équilibre 
entre  la  partie  corporative  et  l'information  professionnelle,  qui  sont 
également  essentielles  à  la  vie  et  à  l'intérêt  de  la  revue. 

20. 


ANNUAIRE  DE  L'ASSOCIATION  POUR  1920 


BUREAU 

Président  :  M.  Veillet-Lavallée,  professeur  d'anglais  à  l'Ecole 
Arago,  2  rue  Mizon,  Paris  XV'. 

Vice-Présidents  :  M.  L.-V.  Cart,  professeur  d'allemand  au  Ljcée 
Carnot,  8,  rue  Jouffroy,  Paris,  XYII"  ;  M.  Boussagol,  professeur 
d'espagnol  au  LA'cée  Condorcet,  6,  rue  du  Moulin-Vert,  Paris,  XIV. 

Secrétaire  général  :  M.  Bloch,  professeur  d'allemand  au  Lycée 
Hoche,   3,   avenue  de  Picardie,  Versailles. 

Rédacteur  du  Bulletin  :  M.  G.  d'Hangest,  professeur  d'anglais 
au    Lycée    Condorcet,    117,    pd.    Exelmans,    Paris    XVP. 

Trésorière  :  Mlle  Ledoiix,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Victor- 
Duruy,  30,  rue  Chevert,  Paris.  VIP. 

Trésorier-adjoint  :  M.  Bellec,  professeur  d'anglais  au  Collège  de 
Poiitoise. 

Archiviste  :  Mlle  Briinel,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Fénc- 
lon,   35,  rue   Madame,  Paris  VP. 

COMITÉ 
Membres  élus  en  1918 

MM.  Arnciudet,   professeur  d'anglais   au   Lycée   Carnot. 

Aiibenay,  professeur   d'allemand   au   Collège   de   Privas. 

Banchet,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Hoche, 

Breiiil,  professeur  d'allemand  au  Collège  de  Compiègnc. 

Brocard,  professeur  d'anglais  à  l'Ecole  Lavoisier. 

C(irt,  professeur  d'allemand  au  Lycée  Carnot, 
Mlle  Clôt,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Racine^ 
M.      Delobel,  professeur  d'allemand  au  Lycée  Voltaire. 
Mlle  Demmer,   professeur   d'allemand   au   Lycée   Victor-Duruy. 
MM.  Garnier,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Henry-IV. 

Monyiiillon,    professeur    d'anglais    E.    P.    S.    Le    Havre. 

Membres  élus  en  1919 

MM.  H.  Bloch,   i)rofesseur   d'allemand   au  Lycée   Hoche. 

Bellec,   professeur   d'anglais   au    Collège,   Pontoise. 

Diivergé,   professeur   d'anglais  au  Lycée   Michelet. 

Guillotel,  professeur  d'anglais  au   Lycée   Charlemagnc. 

Jciniin,    professeur   d'anglais   à    l'Ecole    Lavoisier. 

Kosziil,  professeur  à  l'Université  de  Strasbourg. 

Lecigne,  professeur  au  Collège,  Cambrai. 
Mlle  Lalappi},  jirofesscur  d'anglais   au   Lycée   Victor-Duruy. 


i 


I 


ANNUAIRE   DE   L'ASSOCIATION  299 

MAf.  Mis,    professeur    d'allemand    au    Lycée    de    Lille. 

Roux,  professeur  d'anglais  E.  P.  S.,  Orléans. 
Mlle   Weiflcr,  professeur  d'allemand  au   Lycée  Jules  Ferry. 

Membres  élus  en  1920 

M.      Boussagol,    jjrofesseur    d'espagnol    au    Lycée    Condoreet. 

Mlle  Brunel,  professeur  a'anglais  au  Lycée   Fénelon. 

MM.  Carillon,  professeur  d'allemand  au  collège  de  St-Germain. 

Chemin,  professeur  d'angLiis  au  Lycée  Carnot. 

(joy,  professeur  d'allemand   à   l'Ecole   normale   supérieure   de 
St-Cloud. 

d'IIangest,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Condoreet. 
Mlle  Ledoiix,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Victor-Duruy. 
MM.  Martin,  professeur  d'allemand  au  Lycée  Janson  ôe  Sailh*. 

Montaubric,    professeur    d'anglais    au   Collège     de    Nogcnt-le- 
Rotrou. 

Pinloche,   professeur   d'allemand   au   Lycée   Michelet. 

Veillet-Lavallée,  professeur  d'anglais   à  l'Ecole   Arago. 

COIVIITÉS  DES  SECTIONS  RÉGIONALES 

Lyon 

Président  :    M.   Douadij,    professeur    à    l'Université    de    Lj-on. 
Vice-présidente  :  Mlle  Mathieu,  professeur  au  Lycée  de  J.  F.  de 

Lyou. 
Trésorier  :    M.    Chaurand,    professeur-honoraire    au    Lycée   Am- 
père. 
Secrétaire  :   M.  Pierre  Legouis,  professeur  au  Lycée   Ampère. 

Poitiers 

Président  :  M.  Caslelain,  professeur  à   l'Université  de  Poitiers. 
Vice-Président  :   Mme   Godillon,  professeur   à  l'E.   P.   S.  de   Poi- 
tiers. 
Vice-Président  :  M.  Hirlz,  professeur  au  Lycée  de  Poitiers. 
Secrétaire  :  M.  Audoin,  professeur  au  Lycée  de  Poitiers. 
Trésorier  :   M.  trwy,   professeur  à  l'Ecole  normale   de  Poitiers. 
Membres  du  Comité  :   Mlles  Chaigneau  et  Pivetaud,  professeurs 
au   Collège   de  Jeunes   filles   de   Poitiers. 

M.  Martin,  professeur  à  TE.  P.  S.  de  Châtellerault. 

Toulouse 

Président  :  M.  Loiseau,  professeur  dé  Langue  et  Littérature 
allemandes   à  l'Université  de  Toulouse. 

Vice-Présidents  :  M.  Mérimée,  professeur  de  langue  et  litté- 
rature espagnoles  à  l'Université  de  Toulouse  ;  Mlle  Maijrand, 
professeur  d'anglais  au  Lycée  de  jeunes  filles  de  Toulouse. 


300  LES   LANGUES  MODERNES 

Secrétaire-Trésorier  :  .1/.  Oranger,  professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Membres   du   Comité  : 

Enseignement  féminin  :  Mlle  East,  professeur  d'anglais  à 
l'E.   P.   S.   de  jeunes   filles   de   Toulouse. 

Enseignement  supérieur  :  M.  Duméril,  professeur  de  Langue  et 
Littérature   anglaises  à   l'Université   de   Toulouse. 

Professeurs  agrégés  :  M.  Escarti,  professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Professeurs  chargés  de  cours  :  M.  Jalubert,  professeur  d'alle- 
mand au  Lycée  de  Toulouse. 

Professeurs  de  collèges  :  N. 

Enseignement  primaire  :  M.  Py,  professeur  d'espagnol  à  l'Ecole 
P.  S.  de  Castres. 

Représentants  de  la  Régionale  auprès  du  Comité  de  l'Associa- 
tion des  Professeurs  de  L.  V,  de  l'Enseignement  Public  (Art.  10, 
par.   5    des    Statuts    de    l'Association)  : 

MM.  Hilleret,  professeur  d'anglais  au  Lycée  de  Toulouse  ;  Py, 
professeur  d'espagnol  à  l'Ecole  P.  S.  de  Castres. 

RÉPERTOIRE    ALPHABÉTIQUE  (1) 

des  membres  de  l'Association 

A 

Abisoii,  professeur  au  Collège,  Bagnères-de-Bigorre. 

Achille,   professeur   au   Lycée,   Fort-de-France   (.La   Martinique'/. 

Airault,    professeur   au   Collège,    St-Maixent. 

Albert,    professeur    à    l'Ecole    Normale,    Miliana    (Algérie). 

Aldecoa  {de),  proviseur  du  Lycée  de  Casablanca  (Maroc). 

Allanche,   professeur   au   Collège,   Moissac   (Tarn-et-Garonne). 

Ancelet   Hiistache    (Mme),    professeur   au   Lycée,    St-Qucntin. 

André,  prof,   au  Lj'cée  Janson-de-Sailly,  Paris. 

André  (Mlle),  professeur.   Cours   Secondaires,   Chàtellerault. 

André  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Decazeville  (Aveyron). 

Andréa,   professeur   au   Ljcée,   Marseille. 

Anne,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Gisors  (^Eure). 

Araneder,  professeur  à  l'Ecole  du  Grand  Bayonne,  Bayonne  (B.-P.). 

Arnaudet,  professeur  au  Lycée  Carnot,  Paris. 

Arlaril,  10,  rue  de  Saumur,  La  Roche-s.-You. 

Ascher,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  Paris. 

Assant,   professeur  au   Lycée,  20,  rue   Aniiral-Liuois,   Brest. 

Aube,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  52,  rue   Balay,   St-Etienne. 

Aiibenas,   professeur   au   Collège,   Privas   (Ardèche). 

Audibert,  prof.,  Lycée  BufTon,  Paris. 

(1)  Prière  d'adresser  les  rectifications  à  M.  H.  Bloch,  3,  avenue 
de  Picardie,  Versailles.  Wl 


ANNUAIUK    DE    L'ASSOCIATION  301 

Audoin,  professeur  au   Lycée,  Poitiers. 

Aiidy  (Mlle),  prof.  Ecole  normale  et   K.  P.  S.,  22,  U.  des  Sablières, 

Bordeaux. 
Au/fret,   i)rofesseur   à   TE.   P.    E.,   Douarnenez    rinistère. 
Auvrny,   professeur   au    Lycée,    St-Hrieuc. 

Aniilcarc  Azzi,  professeur' au   Lycée   Virgile,   Mantouc   (Italie"). 
Ai'r(i>in}i(!es  (Andréas),   Km\.   Police   Oirice,   Nicosia   (C-yprusi. 


Bitbin,   professeur   Lycée   Poincaré,   Nanc}-, 
Ihuhflart   (Mlle),    professeur   au   Lycée   J.    P.,   Reims. 
licihans,   professeur   au   Lj'cée  -Condoreet,   Paris. 
BaiUy,  professeur  au  Lycée  Poincaré,  Nancy. 
Balandinn   (Mlle),   professeur  au   Lycée   de   garçons,   Périgueux. 
Baldensperqer  (Mlle),   professeur.   Collège  J.   F.   Pau. 
Bitlli},  prof.,  9,  rue  des  Alpes,  Grenoble  (Isère),. 
Balsenle,   ])rofesseur   au   Collège,   Sarlat   (Dordognc). 
B(tnchet,   professeur  au   Lycée   Hoche,  Versailles. 
Banon,   professeur  au   Collège,   Draguignan   (Var). 
Bnraddl,    professeur    au    Lycée,    Toulouse. 
B(ir(tt,  professeur  au  Lycée,  Grenoble. 
Barbeau,   professeur  à   la   Faculté   des   lettres,   Cacn. 
Barbigino   (Mlle),    professeur   à    l'Ecole   Normale,   Arras. 
Baret,  professeur  honoraire   à   la   Sorbonne,   2,  rue   Gare   de   Long- 
champs,  Suresnes,. 
Barbier,  professeur  E.   P.   S.   Chàtillon-s.-Chalaronne   (Ain). 
'  Barnier,  professeur,  Prytanée  militaire,  La   Flèche. 
^;Baron,  professeur  au  Collège,  Brive   (Corrèze). 
iarrat  (Mlle),  professeur  à  l'Ecole  primaire  supérieure  (g.),  Pons. 
Barraud,    jn-ofesseur   au    Collège,    Saint-Claude    (Jura). 
Bartier,  professeur  au  Lycée,  46,  rue  de  la  Chèvre,  Metz. 
Barthélémy,   professeur   au    Collège,   Verdun   (Meuse). 
Bascan,  professeur.  Ecole  J.-B.   Say,  Paris,   IG''. 
Bastide,  professeur   au   Lycée   Charlemagne,  Paris. 
Basty,  professeur  au  Collège,  Le  Blanc  (Indre), 
Bayle,   professeur   à   l'Ecole   primaire   supérieure,    Angoulême. 
Bazennerie,    professeur   au   Lycée    Henri-IV,    Paris. 
Bazillon,    professeur   au   Collège,    Sarreguemines. 
Beaujeu,  professeur  au  Lycée   Condoreet,  Paris,- 
Beaumont,    professeur    à    l'Ecole    primaire    supérieure,    Rouen, 
Beourepère,   professeur  au   Prytanée  militaire,  La  Flèche. 
Bec,  professeur  au  Collège   Chaptal,   Paris. 
Béchade  (Mlle),  professeur  au  Collège  de  filles,  Limoges. 
Bêcher,  professeur  au  Lycée  Carnot,  Paris. 
Béchot,   professeur,   102,  rue  Victor-Hugo,   Avesnes. 
Bécoiirt  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Molière,  Paris. 
Bégiiinot  (Mlle),  professeur   à  l'E.  P.   S.,   Bazas   (Gironde). 


302  LES   LANGUES    MODERNES 

• 
Beilvert,  professeur   au  Collège,  Condé-sur-Escaut   (^Nord;. 
Beley  (Mlle),  professeur  au  Lj'cée  de  Jeunes  filles,  Marseille. 
Beley,  professeur  au  Lycée  St-Louis,  Paris. 
Bellec,  professeur  au   Collège,  Pontoise,   Seine-et-Oise. 
Beltetie,  professeur  au  Ljcée,  Tourcoing. 
Benassy,   professeur   au   Lycée   Caruot,   Paris. 
Benazet  (Mlle),   professeur  à  l'E.  P.   S.,  Toulouse. 
Bénéteau   (Mme),  professeur   au   Lycée   (F.),   (Alger). 
Berger,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Bordeaux. 
Bérillon  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Racine,  Paris. 
Berland,  professeur  au  Collège,  Auxerre. 
Bernard,  professeur  villa  Anselme,  rue  a'Auvergne,  Vichy. 
Bernard  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (F.),  Bordeaux. 
Bernard   (Mlle),   professeur   au  Collège   (F.),   Oran. 
Bernaux;  professeur  à  l'Ecole   Arago,  Paris, 
Bernère,  professeur  au  Lycée,  Foix  (Ariège). 
Bcrnheim,   professeur   au   Lycée   Charlemagne,   Paris. 
Bertaux,    professeur    au    Lycée    Buffon,    Paris. 
Berthet,  professeur  au  Lycée  Lakanal,   Sceaux   (Seine), 
Bertrand,  professeur  au  Lycée,  Limoges. 
Bertrand,  professeur  au  Lycée,  Toulouse. 
Bessé,  Directeur  de  l'Ecole  Jules->Ferry,  Versailles. 
Besson,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  Paris. 
Bezier,  professeur  au  Lycée,  Orléans. 
Bianqiiis  (Mlle),   professeur  au  Lycée  (F.),   Reims. 
Bibliothèque   du  Collège,   Gaillac. 
Bibliothèque   du   Collège,    Gray. 
Bichet,  professeur  au  Collège,   St-Nazaire. 

Bié,   professeur.   Ecole   Pratique   de   Commerce,    Mazamet   (Tarn). 
Bieth,  professeur  au  Lycée,  Roanne. 

Bigoudot   (Mlle^,   prof.   Lycées   Victor-Hugo    et    Fénelon,   Paris. 
Bistos,  professeur  au  Lycée,  Tarbes. 
Bloch   (Albert),   24,  rue  de  Château-Landon,   Paris. 
Bloch    (E.-H.),   professeur   au   Lycée   Janson-de-Sailly,    Paris. 
Bloch   (Henri-L.),   professeur   au   Lycée   Hoche,  Versailles. 
Bloch    (Maurice),    professeur    au    collège,    Sarreguemincs. 
Blondelet   (Mme\   5,   rue   des   Filles-St-Thomas,   Paris. 
Bocave,  professeur  au  Lycée,  Lille. 

Bade  vin  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Kléber,  Strasbourg. 
Boisset,   professeur   Ecole   primaire    supérieure,  Voiron   (Isère). 
Boisson   (Mlle),   professeur.   Ecole  normale   (F.),   St-Germain. 
Bompieyre,  professeur  au  Lycée,  Foix. 
Bondii    (Mme),   Le    Clos   Joli,    av.   du    Ch.    de    fer,    Combes-la-Villc 

(S.-et-M.h 
Bonnal,  professeur  au   Collège,   Millau   (Aveyron). 
Bonnard,  46,  rue  Dulong,  Paris. 
Bonnet  (Mlle),  prof,  cours  compl.,  V,  P.,  12,  place  d'Anvers,  Paris. 


i 


ANNUAIRE    DK   I/aSSOCIATION  303 

Monnet,  professeur.  Ecole  militaire,  Montreuil-s.-Mer  (Pas-dtv- 
Ciilais). 

Bnnniol,  professeur.  Cours  de   la   Ville,   37,   rue   Delambre,   Paris. 

Honnct-Cros  (Mme),  Cours  du  XV",  234,  boulevard  Raspail,   Paris. 

Honnoront,  professeur  au  Lycée  du   Parc,  Lyon. 

Borner,  professeur  au  Lycée  Janson-dc-Saill}',   Paris. 

Hosc  (Mlle),   professeur,   Ecole    supérieure   (F.),   Nancy. 

Bostj  (André),  professeur  au  Collège  national  et  à  l'alliance  fran- 
çaise  Casilla   de   Correo,  liuenos-Aires. 

Boucher   (U.),    pi-ofesseur   au    Lycée,    Bourges. 

Boucher  (Emile),   professeur   au   Collège,   Boulogne-s»-Mer. 

Bouchez,   professeur  au   Lycée   Poincaré,   Nancy. 

Bouchon,  professeur  à  l'Ecole  J.-B.  Say,  Paris. 

Boudimjou  (Mme),  professeur,  4,  rue  de  la  Communauté,  Brest. 

Boudonis,   professeur   au    Collège,   Castelsarrazin   (Tarn-et-G.). 

Boue  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.'»,  Auch. 

Boue,   professeur   au   Collège,  Villefranche-de-Rouergue, 

Bouet,    professeur    à    l'PvColc    Normale,    Beauvais. 

Bouillerce  (Mlle),   professeur   à   l'E.   P.   S.  (F.),  Nay  (B.-P.). 

Boulaij  (Mile),  professeur  au  Lycée  (F.),  Màcon. 

Boulai/   (Mlle),   professeur   au   Collège   (F.),    La   Roche-sur-Yon. 

BouWès  (Mlle),   Ecole  primaire   supérieure   (F.),   Miliana,   Algérie. 

boulègue,  professeur  au  Collège,  Privas   (Ardèche). 

Bourdoncle,    prof.    Collège,    rue   Crot     Pinçon,    Clamecy    (Nièvre). 

Bourgeois   (Camille),   professeur   au   Lycée,  Orléans. 

Bourgeois  (Maurice),  élève  à  l'Ecole  normale  supérieure,  20  bis, 
rue   Censier,   Paris. 

Bourgoin  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (F.),  Poitiers. 

Bourgoin,  professeur  au  Lycée,  Périgueux. 

Bourgougnon,  professeur  au   Collège,   à   Cusset   (Allier). 

Bousquet,  professeur  au  Lycée   de   Sens  (Yonne). 

Bousquet,  professeur  à  l'Ecole  normale,  Miliana,  Algérie. 

Boussngol,  professeui*  au  Lycée  Condorcet,  Paris. 

Boussinesq    (Mlle),   professeur   au    Lycée   Victor^Duruy,   Paris. 

Bourgin,  professeur  au   Lycée,   Montpelliert 

Bourgogne,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  Paris, 

Bontinaud,  professeur  à   l'Ecole   St-Louis,   Limoges. 

Bovee  (A.  G.),  Head  of  the  Departnaent  of  French,  University  of 
Chicago,  U.  S.  A. 

Boger,  administrateur  de  l'Ecole  spéciale  des  langues  orientales 
vivantes,  rue  de  Lille,  Paris. 

Brauer,  professeur  Institut  St-Berthuin,  Malonne-lez-Namur  (Bel- 
gique). 

liriquelot,   professeur,   Bar-le-Duc. 

Brocard,  professeur   à   l'Ecole   Lavoisier,   34,   rue   Madame,   Paris. 

Brocart,  professeur  E.  P.   S.,  Lille. 

Broche,   professeur   au   Grand   Lycée,   Marseille. 


304  LES    LANGUES   MODERNES 

Brosse,  prof.  Cours  compl.,  V.  P.,  31,  R.  des  Vignerons,  Vinccnnes. 

Brûlé,  professeur  au  Ljcée,  Evreux. 

Brun,  professeur  au  Lycée  Ampère,  Lyon. 

Brun   (Louis),  professeur  au  Lycée  Charlemague,  Paris. 

Briinel  (Mlle),  professeur  au  Lycée   Fénelon,   Paris. 

Briinet,   professeur   au   Lycée,    Cahors   (Lot). 

Bruno   (Mlle),   professeur.   Collège   J.   F.,   Castres   (Tarn). 

Bruyères,  professeur   au   Collège,   Pont-de-Vaux  (Ain). 

Burghard  professeur   au    Lycée   Voltaire,   Paris. 

Byron-GalUni,   17,  rue   du   Château,  Vincennes. 


Cagniard,  professeur   au   Lycée,   St-Omer. 
Cahen   (Maurice),   78,  rue   Montplaisir,   Valence   (Drôme). 
Cfa'Z/ef/ professeur   Collège,   St-Germain   (Seine-et-Oise). 
Collais,  professeur   au   Collège  Baume-les-Dames  (Doubs). 
Calmettes  (Mlle),  professeur  au   Collège  (P.),  Carcassonne. 
Calos   (Mlle),   professeur   aux   Cours  Commer.  V.   P.,   Paris. 
Calzan,   professeur   au   Lycée   Ampère,   Lyon. 
Camerlynck,  professeur  au  Lj'cée   St-Louis,   Paris. 
Camerlynck   (Mme    G.),  professeur,    cours    second.   XP   arr..    Paris. 
Cambillard  (Mlle),  3,  rue  de  la  Courte-Côte,  Le  Havre. 
Camhrou   (Mlle),  professeur  au   Collège,  Tanger,   Maroc. 
Campmas,   professeur   au   Collège,   Lectoure   (Gers). 
Capela,  professeur   au  Collège,  Barbezieux   (Chai'ente^. 
Carayon,   professeur   au   Collège,   Bagnères-de  Bigorre. 
('.(trayon,   professeur  au   Collège   Chaptal,   Paris. 
Cardon,   professeur  au  Collège,   St-Xazaii'e. 
Carias  (Mme),  professeur  E.  P.   S.,   Pézenas. 
Carillon,  professeur   au   Collège,   St-Germain-cu-La3'e. 
Carré   (J.   M.),  maître   de  conférences   à   l'Université,   Lyon. 
Carré,   professeur  à  l'E.  P.   S.,  Vichy,   Allier. 
Caron    (Mlle),    professeur    au    Lycée    (F.).    Tarbes. 
Curroué,  professeur  au  Collège,  Thiers. 
Cart  (L.   W.\   professeur  au   Lj-cée  Carnot,   Paris. 
Castelain,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Poitiers. 
Calala,  professeur  au   Lycée,  Douai   (Nord^. 
Instituto   Tccnico   di   Catania   (Sicile). 
Caujollc.   professeur   au   Lycée,   Agen. 
Cauvin,   jîrofesseur  au  Collège,  Mortain. 
Camiillon  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Thionvillc. 
Cayrou,   professeur   au    collège.   Le   Blanc. 
Cazainian,  maître  de  conférences  à  la   Sorbonne,  Paris. 
Cellier,  professeur  au   Collège,   Narbonne. 
Central   High   School,   Scranton,   Pennsylvanie. 
Chahas,  professeur  au  Lycée  Carnot.  Paris. 


ANNUAIUE   DE   L'ASSOCIATION  30") 

Chabot,  professeur   au   Lycée,   Guéret. 
Chabot,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Lyon. 
Chnffiirin,   professeur  au  Lycée   Buffon.   Paris, 
Chaigneau   (Mlle),   professeur  au   ('oUège  (F.),   Poitiers. 
Chailliin,  maître  aux  E.  P.  S.,  La  Seyue,  La  Loubière,  Toulon. 
Chanibitle,  professeur  au  Collège,  Riom  (Puy-de-Dôme). 
Chumbonnaud,   professeur.   Ecole   supérieure   comm.,   Paris. 
Champion,  ])rofesseur-adjoint.  Lycée  Condorcet,   Paris. 
Changeur,  Hôtel  Cordier,  Brcssuire. 

Charles,   rue   Jean-.Iackson,    1245,    Montevideo,    Uruguay. 
Charles  (Mme),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  La  Souterraine    (Creuse). 
Chariot  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Toulouse). 
Charpentier,  professeur  au  Lj'cée,  Pau. 
Châtelain,   professeur   au   Collège   (F.),   Valence   (Drôme). 
Chauchard,  professeur  au  collège,   Fécamp  (S.-Inf.). 
Chaufoiir,  Directeur  du  Collège  français,  Beyrouth  (Asie-Mineure). 
Chausse,    professeur   au    Collège,    Châtellerault    (Vienne). 
Chauvet,  professeur  au  Lycée,  Mulhouse. 

Cheffaud,   Pens.   Fond.   Thiers,   5,   Rond-Point   Bu^eaud,   Paris. 
Chemin,   professeur   au   Lycée   Carnet,   Paris. 
Chevron  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Romans  (Drôme) 
Chon,  professeur  au  Lycée,  Poitiers. 
Choux,  professeur  au  Lycée,  Evreux  (Eure). 
Cicille,  professeur  au  Lycée,  Poitiers, 
Claudei'ille  (Mme),  professeur  à  l'E.  P,   S.,   Poitiers. 
Clermont,   proviseur   du   Lycée,   Nice, 
Cloarec,  professeur   à   l'E,   N,   d'Instituteurs,   Renues. 
Clôt  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Racine,  Paris. 
Cochet,  professeur   au   Ljcée,   Orléans. 
'  Cohen-Solal,   professeur  au   Lycée,   Oran,   Algérie. 
'Coiffier  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (F.),  Toulouse. 
Coignaud,  professeur  à  l'E.  P.   S.,   Carentan,   M^anche. 
Coince  (Mlle),  professeur.  Lycée  (J,  F,),  Le  Puy  (Hte-Loire). 
Cotens,   professeur   au  Lycée,   Poitiers, 
Colle,  professeur  agrégé  d'allemand. 

(follet,  professeur  agrégé   d'espagnol,   10   avenue   Kléber,   Paris. 
Collette   (Mlle),   professeur   au   Lycée   (F.),   Reims, 
Collin,    professeur,    rue   Tarbé,    Paris,    XVIP. 
Combes,  {)rofesseur   au   Lycée,   Montauban. 
Commarmond,   professeur   au   Lycée   Condorcet,   Paris. 
Comment,  professeur  au  Lycée  Oran. 
Commiano,   Athènes. 

Constant,  professeur  au   Lycée   Janson-de-Sailly,   Paris. 
Copillet,  4,  rue  des  Ursulines,   Meaux. 
Coricon,  professeur  au  Lycée,  Coutances. 
Corteel,  professeur  au  Lj'cée  Condorcet,  Paris. 
Cortot,  (.Mlle),  professeur  au  Lycée  Molière,  Paris. 


306  LES    LANGUES    MODERNES 

Coste,    Professeur    au    Lycée    d'Avignon. 

Coiilonjon    {Mlle"),   professeur   à   l'E.   P.    S.,   Albi. 

Crampton   (F.  "NV.),   28,  Woodbastwich  Road   Sydeuhani,   Londres. 

Courtois  (.Mlle),  professeur  à  l'E,  P.  S.,  Aubenas,  Ardèche. 

Crayssac,   professeur   au   Lycée,   Angoulême. 

Créances  (Mlle),  professeur  au  Lycée   Fénelon,  Paris. 

Christiani,   professeur  à  l'E.  P.   S.,  Bandol-Var. 

Cru.   professeur   Williams   Collège,   Wllliamstown,    Mass.    —    U.    S. 

Cruvellier   (Mlle),   professeur   au   Collège    (P.),   Béziers. 

Cury  (Mlle),  Déléguée  au   Collège,  Fiers,   Orne. 


Danchin,   professeur   au    Collège    Rollin,    Paris. 

Dansac,   professeur   au   Lycée   Pasteur,    Neuilly-s. -Seine. 

Darnaiid,  professeur  au  Lycée,   Toulouse. 

Dassonville,  professeur  au  Collège,  Cambrai   (Nord). 

Daubié,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Besançon. 

Daiidin    (Mlle),   professeur   au   Lycée   (F.),   Bordeaux. 

Daiinois  (Mlle),  Directrice  à  l'E.  P.   S.  (F.),   Nontrou. 

Daiiven,  prof,  au  Lycée,  Charleville. 

Davesne  (Mlle),  professeur  au   Lycée   (F.),  A^ersailles. 

Dax,  professeur  au  Lycée,  Tourcoing. 

Uebfiilleiil,   professeur  au   Lycée,   Lille. 

Debès,    professeur   au    Prytanée    militaire,    La    Flèche    (Sarthei. 

Deconde,    professeur    au    Collège,    Joigny. 

Decroix,  professeur  au  Lycée  {¥.),  Rouen. 

F-edde  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (F.),  Guérct. 

Deflers,  professeur  au  Collège,  Lisieux. 

Deglaire,  professeur   au   Lycée,   Cherbourg, 

Degniuu,    professeur    au    Collège,    SaiTcguemines 

Degré,  professeur  au  Collège  Diderot,  Langres. 

Déluge,   123,  rue   St-.Tacques,  Paris. 

Delattre,    professeur   à   la    Faculté    des   lettres,   Lille    (Nord). 

Delavaiid,    professeur    à    l'Ecole    Pratique    de    Commerce,    Le    Mans. 

Delcros  (Mlle),  professeur  au  Lycée,  Agen. 

Delmas,   professeur   au   Collège,   Morlaix   (Finistère). 

Delobel,   professeur  au   Lycée  Voltaire,   Paris. 

Demaud,  38,  cours  Fauriel,   St-Eticnne. 

Demeaiix,  professeur  au   Lycée,   Albi. 

Déminer  (Mlle),   professeur   au   Lycée   Victor-Diiruy,   Paris. 

Deniniolle,  ])rofesseur  an   Lycée,  Nevers. 

Denis  (Paul),  professeur  au  Lycée,  Beauvais» 

Denis   (J.),   professeur   au   Lycée   .ampère,   Lyon. 

Denjan,   professeur  au   Lycée,   Poitiers. 

Deny,  professeur   à   l'Ecole   des  langues  oriejitales,  Paris. 

Dequaire,  professeur  au   Lycée   Voltaire,   Paris. 


ANNUAIH1-;    DE   L'ASSOCIATION  307 

Derucquignij,    professeur,   à   la    F"aculté   des   lettres,   Lille. 

Dcsdiilis,   professeur  au    Lycve,   Bastia,   (-orse. 

Descoiichaiil  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.),  La  (Châtre. 

Desclos-Auricoste,   professeur   au  Lycée   Coiidorcet,   Paris. 

Desesbats,  professeur  au   Lycée,   Périgueux. 

Desfeiiilles,    professeur   au    Lycée,    Amiens. 

Desinis,  professeur  à  PE.  P.  S.,  Landrecies,  Nord. 

Despont,  57,   Bd   Gambetta,  Cahors. 

Desport   (Mlle),   professeur   à   l'E.   P.   S.,   Pontlevoy   (.Loir-et-Cher). 

Dessagnes,    professeur   au    Lycée   LoUis-le-Grand,    Paris. 

Desoanx  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  La  Gravière,  par  Migennes 

(Yonne). 
Destyignes,  professeur  Ecole  J.-H.  Say,  Paris. 

Desvignes,    professeur   au   Collège,   Vic-en-Bigorre    (Htes-Pj'rcnécsj. 
Dethoor   (Mlle),   11,   rue   des    Sables,   Coudekerque-Branche    (Nord). 
Devaiissanoin,   professeur   au   Collège   Chaptal,   Paris. 
Devaiix,   professeur   au   Collège,   Vire   (Calvados). 
Deveaud  (M.   l'abbé),   30,  rue   Basse,  Niort. 
Devin,   professeur  au  Lycée,   Le    Havre. 
Dézert,   professeiur  au   Lycée,   Angers. 
Dihie,  professeur  au  L^cée  Henri  IV. 
Didelot,  profess-eur  au  collège,   Commercy. 
Digeon,  professeur  au  Lycée  Condorcet,   Paris. 
Digoit,  professeur  au  Collège   de  Verneuil-s.-Avre   (Eure). 
M.  le  Directeur  des  Cours  Secondaires,  Trêves  (Allemagne  occupée). 
Dispan   de  Floran,   professeur   au   Lycée   Lakanal,   Bourg-la-Reine. 
Dodanthiin,  professeur,  1,  rue  des  Récollets,  Nevers. 
Dollé,  professeur  à  PE.  N.  d'instituteurs,  Pau. 
Doiitonville,   professeur   au   Lycée,   Avignon. 
Doiiady  (Mme),  professeur   au  Lycée  (F.),  Lyon. 
Douadij,  professeur   à   la   Faculté   des   lettres,   Lyon. 
Dreseh,  professeur   à   la   Faculté   des   Lettres,   Bordeaux. 
Dreyfus,   professeur   au   Lycée,   Besançon. 
Drain,   professeur   au  Lj'cée   Buffon,   Paris. 
Droin,  P.,  pi-ofesseur  au  Collège  de  Beaune  (Côte-d'Or). 
Dubois,  professeur   au  Lycée  de  Toulouse. 
Dubos,   professeur   au   Lycée,   Bordeaux. 
Dubourg,  professeur  au  Lycée,  Agen. 

Dubreuil,  professeur  au   Collège,   Cholet   (.Maine-et-Loire). 
Duc  (Mlle),   professeur  au   Collège   (F.),   Evreaix. 
Duc,   professeur   au    Collège,    Chinon. 
Duchatelle,  professeur  au  Collège,   Salins  (Jura). 
Duc}iei7iin,  professeur  à   l'Ecole  Turgot,   Paris. 
Ducheniin,   professeur   au   Lycée   Voltaire,   Paris. 
Ducos,  professeur  au   Collège,   Schlestadt. 
Dudin,  professexir   au   Lycée,   Rochefort. 
Dufrénois,    professeur    au    Lycée,    Evreux, 


308  LES    LANGUES    MODERNES 

Iniisit,   professeur   au   Lycée,   Chambéry. 

Dumarchat,   professeur   au   Collège,   Libourue. 

/J«77!«s,  professeur  au  Collège,  Vienne  (Isère). 

Diiineril  (E.),  Chargé  de  cours  à  la  Faculté,  Poitiers. 

Lumeril,   professeur   à   la   Faculté   des   lettres,   Toulouse. 

Diimont,  professeur  à  TE.  P.   S.,   Rouen. 

Duniont,  professeur  au  Lj'cée  Ampère,  Ljon. 

Diincaii  (Mlle),   professeur  au  Lycée,   Grenoble. 

Diincan,   Jos.-B.,   Acting   Secretraj    of   Public   Instruction,   Panama 

City  (Rep.  de  Panama). 
Diiplenne,  professeur  au   Collège   de  Cholet   (Maine-et-Loire). 
Dupont   (Mme),    50,    rue    St-Brice,    Chartres. 
Diipré,  professeur  au  Lycée  Carnot,  Paris. 
Diipré  (Mme),   professeur  au  Lycée  (J.  F.),   St-Cloud. 
Diipiiy   (Mlle),   professeur   au   Lycée   (F.),   Nantes. 
Duraffoiir,   chargé   de   cours   de   philologie   française   à   la     Faculté 

des   Lettres,   Grenoble   (Isère). 
Durand  (Mlle),  professeur  à   l'E.  N.   (F.),   Rodez  (Aveyron). 
Durand  (Mlle),   7,  rue  Mourillon,  Toulon. 

Durand,  professeur,   10,   quai   du   Midi,  Tournus  (Saônerct-Loire"). 
Duraud,  professeur   au   Lycée,   Toulouse. 
Dussaud,   professeur   au   Lycée,   (llermont-Ferrand. 
Duvergé,    professeur    au    Lycée    Michelet,    Vanves. 
Dycke,  professeur  au  Lycée,  Lille.  ' 


East  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Toulouse.     ■ 

Elirhardt,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Lyon. 

Engel,  professeur   au   Collège,  Mirecourt   (Vosges). 

Ensch,    professeur    à    l'Ecole    Indust.,    Esch-sur-^l'Alzette    (Luxem,- 

bourg). 
Escurti,   professeur   au   Lycée,   Toulouse. 
Eslibolte,   professeur   à   l'E.   N.,   Perpignan   (Pyr.-Or.). 
Evrard  (Mlle),  32,  Bd  Montparnasse,  Paris. 
E.vhrai/at  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.   S..   Tours. 


Fiibre^  professeur   au   Lycée,   Fort-de-France. 

Fafin   (Mlle),   professeur   au   Collège   (F.),   Vitré   (Ille-et-Vilainc). 

Farenc  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.),  Cahors  (Lot). 

Farsat,    professeur   au    Lycée,    Bastia. 

Fuucon-Dumonl  (Mlle),  ])rofcsseur  à  TE.  P.   S.,  Quimpcrlé. 

Faure  (l'al)bé),  professeur  à   TF^cole   N.   I).,  Guéret   (Creuse). 

Faure     (L.-,T.-I)ésiré),     professeur      au      Collège,      VillefrancJic-Sr 

Saône  (Rhône). 
l'arre.   |)rofcsseiir   au    Lycée.    Moulins. 


ANNL'AIKE    DE   L'ASSOCIATION  309 

Ferlin,    professeur    au    l.ycc'c    (larnot,    Tunis. 

Feuilleral,  professeur  à   la   Faculté  des  Lettres,  Rennes. 

Fcvre  (Mme),   15,  rue   Philibert  de   la   Mare,   Dijon. 

Fischer  (Mlle),   professeur  au  Collège  (F.),   Chalon-s.-Saôuc. 

Fischer,  j)rofesseur  au   Lvcéc  Talcnce,  Bordeaux. 

Hscher   (F-),   professeur   au    Lj'cée,    Marseille. 

Flaire,  professeur   à   l'Ecole   J.-B.    Say,   5,   rue   Mignon,   Paris. 

Fleur,  professeur  au   ('.ollègc.  Vannes. 

Fleurant,   professeur   au   Lycée   Carnot,   Paris. 

Foui  (R.  L.\  professeur  au  Lycée,  St-Ktiennc. 

Forgei,     instituteur,     secrétaire     général     de      la     F'édération     des 

Anciens  combattants   de  l'K.   P.,    108,   rue   de   Patay,   Paris,  XIIF. 
Forné,  49,  rue   Maubeuge,   Paris. 
Foucaull,    professeur   au    Collège,   Melle. 
Fourgeaud,  professeur  au  Lj'cée,  I>a  Roche-s.-You. 
M.    le     Directeur   de    l'Ecole    Pratique    Comm.    et     Ind.,     Fourniies 

(Nord). 
Fourneau   (Mlle),   26,   rue   de   l'Yraon,  Tourcoing. 
Fournenj,  professeur   au   Lycée   Louis-le-Grand,   Paris. 
Fournier,  professeur  au  Lycée,  Charleville. 
Fournier,   professeur   à   l'E.   P.    S.,   Cannes. 
Fourot,  professeur  à  l'E.  N.,  Colmar. 
Français,   professeur   au   Lycée,   Laon. 
François,   professeur   au   Lycée,   St-Omer. 
François-Poncet,    professeur    agrégé    d'allemand,    90,    rue     d'Assas, 

Paris. 
Franzini,  professeur  au  Lycée,  Bastia. 
Fruppier,    professeur   au   Collège,    Civi'aj'   (Vienne). 
Fiéchet,  7,  rue  Bausset,  Paris. 

Frédric,   professeur   à   l'E.   P.   S.,   Lorient   (Morbihan). 
Frehse,   professeur   au   Lycée   Eti.-Quinet,   Bourg   (Ain). 
Fremin,  professeur  au   Collège.   Sauniur  (Maine-et-Loire). 
Freytag,  professeur  à   l'Ecole   de  la   rue  Molitor,   10,  Paris  XVP 


Gachet    (Mlle),      5,      Aima      Tcrrace,      Allen      Street,      Kensington, 

Londres    W. 
Gagnot  (Mlle),   professeur  au   Lj'cée   Victor-Duruy,   Paris. 
Gai,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Barbezieux. 
Galla,  Instituto  Tecnico  Teusinieri,  Vicenza,  Italie. 
Galibert,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Dax,  Landes. 

Gallant   (Mlle),    1,   rue   prée   d'Allemagne,    Angers   (Maine-et-Loire). 
Galland,   12,  rue   Montalembert,   Limoges. 

Gallas,   professeur   à    l'Université,    Palestriuastraat,    7,    Amsterdam. 
Gallot,  professeur  à  l'E.   P.   S.,   St-Désir-de-Lisieux    (Calvados). 
Gambier,  professeur  au  Lycée,  Constantine,  Algérie. 


310  LES   LANGUES    MODERNES 

Gnrcin,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Riez  (Basses- Alpes). 

Garçon,  professeur   au   Lj'cée,  Bourg   (Ain). 

Garnier,  professeur   au   Lycée   Henri-lV,   Paris. 

Gasca  (Vicente  Antonio),  Escuela   Profesional   de  Comercio,  Valen- 

cia   (Espagne). 
Gasne,  professeur  au   Lycée,  Toulon  (Gard). 
Gassan,  professeur   au   Lycée,  Tarbes,   (Htes-Pyrénées). 
Gaucher  (Mme),   professeur  au   Lycée  (P.),   St-Etienne   (Loire). 
Gandin,  professeur   au   Collège,   Saulieu   (Côte-d'Or). 
Gandin  (Raoul),  professeur  au  Lycée,  Bordeaux. 
Gehendez-Denis  (Mme),  professeur    Cours  Secondaires,  Montbcliard 

(Doubs^. 
Geismar,  professeur   au  Lycée,  Limoges. 
Genevois,  professeur  au  Lj'cée,  Bordeaux. 
Genévrier,   professeur  au   Lycée,   Tours. 
Georg  (Mlle),   professeur   à   l'E.   N.,   Lons-le-Saulnier. 
Gérard,  professeur  au  Lycée,   Strasbourg. 
Gérard,  professeur  au  Lycée  Buffon,  Paris. 
Gérardin,   7    bis,   av.   Gambetta,   Clermont    (Oise). 
Geyer,  professeur   au  Collège,   Nouméa   (Nouvelle-Calédonie). 
Giacomoni,  professeur  au  Ljcée,  Toulon. 
Gibeliii,  professeur  au  Lycée,  Nîmes. 
Gilard  (Mlle),  professeur  au  Ljcée  (F.),  Marseille. 
Gillard,  professeur  au  Lycée,  Toulouse. 
Gillet,  professeur  au   Collège   (Chalon-sur-Saône). 
Girard  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (P.),  Lyon. 
Girard,    professeur    au   Lycée,    Rennes. 
Girardot  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Gray. 
Girolanii,   professeur  au   Lycée,   Bastia. 
Girot,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  Paris. 
Gladivin   (Irving   C),   Groton    School,   Groton   Mass.,   U.   S.   A. 
Gober t,  professeur  au  •Collège,  Mirecourt. 
Godart,   professeur  au   Lycée   Condorcet,    Paris. 
Godillon    (Mme),   professeur   à   l'E.   P.    S.,   Poitiers. 
Ga'pi>  (Mlle),  professeur  à  l'Ec.  Prat.  de  Comm.  (P.),  Reims. 
Goiseij   (Mlle),   professeur   Coll.   (P.),   Dreux. 
Goret,   professeur  à  l'E.  P.   S.,  Bordeaux. 
Ga'tschy,   professeur   au   Lycée   Voltaire,    Paris. 
Goll,  professeur  au  Lycée,  Besançon. 
Gondry,   professeur   au   Collège,   Arras   (Pas-de-Calais). 
Gonin,  professeur  au  Lycée  Mignet,  Aix. 
Gorce,  professeur  à  l'E.  N.,  .Ajaccio  (Corset    . 
Gorcet,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Talcncc,   Bordeaux. 
Goupillon  (Mlle),  Impasse  de  la  Moutonnerie,  Chartres. 
Gourhault,   professeur  au   (Collège,   Saint-Servan. 
Gourio,   professeur  au  Lycée  Bulfon,  Paris. 
Goulay,   jjrofesseur   au   Lycée,   Le   Puy. 


ANNUAIRE    DE   j/aSSOCIATION  'M\ 

iioij,  professeur  à  l'Ecole  J.-B.  Say,  1   bis,  rue  de  Vaugirard,  Paris. 
Ooyon-Mdtiç/non  (Mlle  de),  professeur  au  Collège  (F.),   Avranches. 
Grnnet  (Mlle),   professeur   à   l'E.   P.   S.,    Saint-Maixent   (D.-Sèvres). 
Grainje,   professeur   à   l'E,   N.,   Bonneville    (Hte-Savoie). 
Urand(je<>r(je,    professeur   au    Lycée   Henri-IV,   Paris. 
(Jranyer,    professeur    au    Ljcée,    Toulouse. 
Gremillet,   professeur   au   Collège,    Bruyères   (Vosges). 
Gremillij,  professeur  au  Collège   Gouraud,   Rabat   (Maroc). 
Gressard,  chargé  de  cours  au  Lycée,  Vesoul. 
Gricourt,   professeur   au   Collège   Chaptal,    Paris. 
Griffon,  professeur  au  Lycée,  Lille. 
Grivet,  professeur  à  l'E.  N.,  Lyon. 
Gromdire,  professeur   au   Lycée   BufTon,   Paris. 
Guéri  lot  (Mme;,   professeur   au   Lycée  (F.),   Nancy. 
Giierold,   professeur  au   Collège.   Verdun. 

GiKjenheim    (Mlle),    professeur,   9,    Corso    Plebisciti,    Milan    (Italie;. 
Guennebaitd,  professeur  au  Lj'cée,  St-Brieuc. 
Guibillon,   professeur   au   Lycée,   Mulhouse. 
Guichard,  professeur  au  Lycée,   Marseille. 
Giiien,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Lorgnes  (Var). 
Guillain,  professeur  au  Lj'cée,  Monaco. 

Guillaume,    Inspecteur   Gén,   de   rfniv.,   27,    rue    d'Erlanger,   Paris. 
Guillon,  professeur  au  Lycée,  Besançon. 
Guiliotel,  professeur  au  Lycée   Charlemagne,   Paris, 
Giiillois  (Mme),  professeur  C.  Com.    V.,  Paris. 
Guinaudeau,   professeur   au   Lycée,   Bordeaux. 
Guzmnu,    professeur   Colegio   Nacional,   Buenos-Ayres. 
Guittard    (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Limoux. 
Guy,  jjrofesseur  à  l'E.  N.,  Poitiers. 

H 

Ilagen,  professeur  au  Lycée,  Alger. 
Huinzelin,  instit.  à  l'E.  P.   S.,  Lunéville. 

d'Hangest,   prof.    Lycée   Condorcet,    117,    Bd.    Exelmans,    XVP, 
Haniez   (Mlle),  professeur   au   Collège,  Valenciennes. 
Hanneton,   professeur   au   Collège,    Montargis. 
Hanss,  professeur  au  Collège  Rollin,  Paris. 
Hantz,  professeur  au  Lycée  Charlemagne,  Paris. 
Hartensiein   (Mlle),   professeur   E.   P.   S.,   Wissembourg. 
Hébert,   professeur   au   Lycée,  Bordeaux. 
Hekking  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Jules-Ferry,  Paris. 
Heldt  (Marcel),  professeur  au  Lycée,  Cahors  (Lot). 
Heller,  professeur  au  Lycée,  Avignon. 
Henin    (B.-L.),     The     Stuyvesant,     High     School,     345     East,     15"' 

Street,  New-York. 
Henry,  professeur   à   TE.   P.    S.,   Nantes. 


312  LES   LANGUES   MODERNES 

Herbert,  professeur  à  l'Ec.  des  Htes-Et.  Comm.,  Paris, 
Hérisson,   professeur   au   Collège,   Valencieunes. 
Herpe,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Carhaix. 
Herzog,   professeur  au  Lycée,   Chambcry   (Savoie). 
Hesnard,   professeur   au   Lycée   Charlemagne,   Paris. 
Heywang    (Mlle),    1,   rue    Constautine,    Lyon. 
Hilleret,  professeur  au  Lycée.  Toulouse. 
Hirsch,  professeur   au  Lycée,   Dijon. 
Hirsch,  professeur  au  Lycée,  Bordeaux. 

Hirsch-Weiger  (^Mme),  Professeur  E.  P.   S.,  Pont-à-Moussou. 
Hirtz,  professeur  au  Lycée   de  Poitiers. 
Hirtz    (Georges),   professeur  au   Collège,   Pontoise. 
Holin,  professeur  à  l'Ecole  prat.  de  comm.,  Montbéliard,  Doubs. 
Horlaville,   professeur   au    Collège,   Auxerre    (Yonne  i. 
Homps,  professeur  au  Collège,  Perpignan. 

Hovelaque,   Insp.   Gén.   de   l'Univ.,   55,   rue    de   Babj'lone,   Paris. 
Hovelaque,   professeur   au   Lycée   Lakanal,    Sceaux. 
Hovenkanip>   Barbarossastr,   64,  Nimègue,   Hollande, 
Hiichon,    maître    de    ccnf.    à    la    Sorbonne,    19,    rue    Remilly,    Ver- 
sailles. 
Huet,  inst.,  15,  avenue  de  la  Gare,  Charleville. 
Huot-Sordot  (Mme»,   professeur  au   Collège   (P.),   Avignon. 
Hiigon  (Mlle;,  professeur  au  Collège  (F.),  Chalon-s.-Saône, 
Hiinibert,  professeur   au  Lycée,  Niort. 
Husson,   professeur   au   Lycée,   Douai. 


Jmbert.  professeur   au   Lycée,  Niort. 

Institut    de   philologie    gerfhanique,    Strasbourg. 

Issele,   professeur   au  Lycée,' Ox'léans. 


Jacquard,   professeur   au   Collège,   Epernay, 

Jalrus,  professeur   au   Lycée,   Toulouse. 

Jalabert,  professeur  au  Lycée,  Toulouse. 

Jainin,  prof.   Ecole   Lavoisier,   76,   rue  des   Sts-Pèrcs,  Paris. 

Jaubert,  professeur  au  Lycée,  Marseille. 

Jeandet  (Mlle),  2,  Avenue   de  la  Gare,  Beaune  (Côte-d"Ort. 

Jeannelle,   professeur   au   Lycée   Fustel   de   Coulangcs,    Strasbourg 

Jobard  (Mme),   professeur  au  Lycée   (F.),  Versailles. 

Joffroij,  professeur  au  Lycée,  Nantes, 

Jollivet,   professeur   au   Lycée   Fustel    de    Coulangcs,    Strasbourg, 

Joussaiime,  professeur  au  Lycée,  Nantes, 

Jubien,  professeur  au  Lycée,  Niort. 

Jiinel,   professeur   au   Collège    Jules     Simon,     Vannes     (Morbihan) 


ANNUAIRE    DE    L'ASSOCIATION  313 


Kdfilé   (Mlle),   professeur   au    Collège    (F.i,    Hagucnau   (Bas-Rhin). 

Ktihn   (Mme),   professeur   au   Lycée   (F.),  Versailles. 

Kimccllarij,   professeur  au   Lycée,  Toulouse. 

Kayser,    directeur    d'Institution,    3,    avenue    Montespan,    Paris. 

Kef/reiss  (Mllej,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Quai  du  Fossé,  Mulhouse. 

Klein   (Mlle),  professeur  au   Collège,  Valenciennes. 

Koessler,  prof,  au  Lycée  Janson  de   Sailly,  Paris. 

Koszul,   professeur  à   la   F'aculté  des  lettres,   Strashourg. 

Kotiltilrallilus,   Rotakatu   2,   Helsingfors,   Finlande. 

Krtiiise,   Janiaica    Higli    School,   .laniaica    New-York. 

Krcnier,   professeur  au   Lycée,   Nancy. 

Kron    (Mlle»,    professeur   à    VE,   P.    S.,   (F.),   Commercy. 

Kiihii,   62.    Hd   Exelmans,   Paris. 


Labeyrie,   professeur   au    Collège,    Parthenay   (Deux-Sèvres). 
Laborde,   professeur   au    Lycée,    .Angoulème. 
Luborie,  Direct,  de  l'K.   I'.   S.,  Belvès  (Dordogne). 
I.dcIdiH're,   professeur   au    Collège,    Cannes   (.\lpes-Maritimes). 
Lacomhe  (Mlle),   professeur,   2,   rue   Bellegaroe,   Toulouse. 
Lacoste  (.Mme),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  La  Ferté-Macé  (Orne). 
Lacroix,  professeur  E.  P.  S.,  Charlieu  (Loire). 
Ladrière  (Mlle),  professeur  au  Collège,   Sedan   (Ardcnnes). 
Lafon,  professeur  au  Collège,  Bézicrs. 
Lagurde,  professeur  au  Lycée,  Agen. 
Lalagiie,   professeur   au   Lycée,   Rayonne   (Basses-Pyr.). 
Lulunde   (Mme),   professeur  au  Collège   (F.),   Morlaix   (Finistère). 
Lallay,  professeur  à   l'E.  P.   S.,   St-Léonard   (Hte-Vienue). 
Laloii,    professeur    au    Lycée,    Amiens. 

Lamarche,    proviseur   des    Ecoles    Réaies    Supérieures,    Strasbourg. 
Lamielle,    professeur    au    Collège,    Grasse    (Alp.-Marit.). 
Lomnrlete  (Mlle),  professeur  au   Lycée   Fénelon,   Lille. 
Landre,   professeur   au    Lycée,    Quimper. 
Landii  (Mme),  professeur  à  l'E.  P.  S.,  St-Gaultier  (Indre). 
Langevin,  prof.  Ec.  Colbert,   27,  rue  Château-Landon,   Paris. 
Langlais,  professeur   au   LAcée,   Clermont-Ferrand. 
Lannes,  professeur  au  Collège,  Libourne. 
Lapalus,  professeur  au  Collège,  Reaune   (Côte-d'Or). 
Larrivière,  professeur  à   l'E.  N.,  Dax  (Landes). 
Lascaux,  professeur  au  Collège,  La  Châtre  (Indre). 
Lassalle  (M.  l'abbé),  prof.  Ec.  N.-D.  de  Bétharam,   Lestelle  (B.-P.). 
Latuppy   (Mlle),   professeur  au   Lycée   Fénelon,   Paris. 
Lalhani    (Miss),    15,    rue    Thillois,    Reims. 
Laiinay,  professeur  au   Lycée,  Bourges. 
Luurens,   professeur  pu   Lycée,   Avignon. 

21 


314  LES   LANGUES    MODERNES 

Laurent,    professeur    au    Collège,    Châlons-s.-Marne. 
Laurent,  professeur  au  Collège,  St-Pol-s.-Ternoise   (Pas-de-Calais). 
l.auvrière,    professeur    au    Lycée    Louis-le-Grand,    Paris. 
Le  Blanc,  instituteur,  Alais   (Gard). 
Lebraly,  professeur  au  Lycée,   Guéret. 
Leca,   professeur   au  Collège,   Draguignan. 
Lechner,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Toul   (M.-et-M.). 
Lecigne,  professeur   au   Collège,   Cambrai. 
Leclère,  professeur  au  Lycée  (Bar-le-Duc). 
Ledoux  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Victor  Duruy,  Paris. 
Le  Forestier,  prof.  Ecole  Arago,  4,  rue  d'Arpajon,  Versailles. 
Legenisel  (Mme),   prof.   Ec.    Sophie  Germain,  Paris. 
Legouis,  professeur  à  la   Sorbonne,   128,  av.  Emile  Zola,  Paris. 
Legouis  (Pierre),   professeur   au   Lycée   Ampère,   Lyon. 
Legras,   professeair  à  l'Université,   Dijon. 
Lelong,   professeur  au   Collège  Henri    IV,  Béziers. 
Lemazurier,  professeur  ad.  à  l'Ec.  Prat.  Sup.,  Bourganeuf  (Creuse). 
Lenionnier,  prof,  au  Lycée,  Le  Havre. 
Lengaigne,   professeur   ad,   au   Lycée,   Lille. 
Lepape,   professeur   au  Collège   Chaptal,   Paris.  ' 
Leroux,  professeur  au  Lycée,  Rochefort. 

Leroux,    professeur    au    Lycée    Fustel-de-Coulangcs,    Sti-asbourg. 
Leroy  (Mme),   professeur  au   Collège   (P.),   Toul. 
Lestang,   professeur  au   Lycée,   Marseille. 
Le   Tournau,  professeur  au  Lycée,  Lorient, 
Lewtow,  professeur  au   Lycée,  Vesoul, 
Liacos  (Lazare  G.),  rue  Ipaprantes  B.,  Salonique, 
Lichtenberger,   prof,    à   l'Université,   127,   rue   de   la   Pompe,    Paris. 
Lirondelle,   professeur  à   la   Faculté   des   lettres,   Lille. 
Lis,  professeur  au   Collège,  Cambrai. 
Loiseau,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Toulouse. 
LoiseL    inspec.    d'académie,    Aurillac. 
Longuevalle,   professeur,    12,   Bd     St-Germain,   Paris. 
Lorans,    professeur    au    Collège,    Sarrcbourg    (Moselle). 
Largues,   professeur   au   Lycée,   Toulon. 
Lorilleux  (Mmei,   professeur   au   Lycée   Molière,   Paris. 
Loury,  professeur  à  TE.  N.,  Auxerre. 
Lucas,  répétiteur  au  Collège,  .\ltkirch  (Ht-RhinK 
Lune,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Douai. 

M 

Macary,    professeur   au    Collège,    Falaise. 

Mady,  pro-fesseur  au   Lycée   Janson-de-Sailly,   Paris. 

Magné  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.),   Saintes. 

Mahieu,   professeur   au   Lycée   Montaigne,   Paris. 

Maillan,   professeur   au   Lycée,   Toulon. 

Mainguy,   professeur   au    Lycée   Victor-Duruy,    Mont-de-Marsan. 


ANNUAIHK    DE    i/ASSOCIATIOX  315 

Mdilrc   (Mlle),   professeur   au   Lycée    Racine,   Paris. 
Malaisée,  professeur  au   Lycée,  Evreux. 
XJftlard,  professeur  à  l'E.  P.  S.,   Saint-Calais    (Sarthe). 
Malesse t,   professeur  au    Lycée    Kléber,    Strasbourg. 
Mnllet,  professeur  au   Lycée,   Le   Mans. 
Mdllet-Goissedet   (Mme),    19,   rue   Jeanne-d'Arc,   Le   Mans. 
Mdlye,   professeur   au   Lycée   Pasteur,   Ncuilly-s. -Seine. 
Maraiita,    professeur    au    Lycée    Hoche,    \'crsailles. 
Mnrcaggi,   professeur,  Ljcée   du   Parc,   Lyon. 
Marcel   (Mlle),   professeur   au   Lycée,   Montauban. 
Marcet,   professeur   au   Prytanée   Militaire,   La   Flèche. 
Marchand,  professeur  à  l'Ecole  Arago,  Paris. 
Maresqiielle,   professeur   au    Lycée,   Nancy. 
Marichy   (Mlle),   professeur   au   Lycée   Victor-Duruy,   Paris. 
Marin,   professeur   au   Lycée,    Auch. 

Martin,   professeur   au    Lycée    Janson-de-Saillj-,    Paris. 
Martin,   professeur  à   l'E.  P.   S.,   Châtellcrault. 
Martin,   Ecole    St-Sigisbert,   Nancy. 
Masqiiillier,    professeur    au    (k)llcge    Rollin,    Paris. 
Massarf,  professeur  à  TE.  P.   S.,  Tourcoing. 
Massicault,    professeur   à   l'Ec.    Edgar-Quinet,    Paris. 
Masson,    professeur    au    Lycée,    Bourges. 
Massoul,  professeur   au   Lycée   Louis-le-Grand,   Paris. 
Mathieu  (Mlle),  professeur  au   Lycée   (F.^,  Lyon. 
Mattmann   (Mlle),  professeur   au   Lycée   (F.),  Amiens. 
Maurer.  professeur  an   Lycée   Kléber,   Strasbourg. 
Maurice,  professeur  au  Lycée  St-Etienne. 
Mayrun   (Mlle),  professeur  au  Lycée   (F.),  Toulouse. 
Mayrot,  professeur  au   Collège,   Thonon,   Hte-Savoie. 
Mazurat,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Chambéry. 
Meadmore,   professeur   au   Lycée   Condorcet,   Paris. 
Méjean  (Mlle),  66,  rue  Nationale,  Nîmes  (Gard). 
Mendez,  direct,  de  l'E.  P.  S.,  Bagnoles-s.-Cèze  (Gard). 
Meneau,  professeur   au   Lycée   Carnot,   Paris. 
Mérillac,  professeur  au   Collège,   Issoudun. 
Mérimée,  professeur  à   l'Université,   Toulouse. 
Mérite,  professeur  au  Lycée,   Bordeaux. 
Merle   (Mlle),   Châlons-sur-Marne. 
Merle,  professeur  au  Collège  de  Mende  (Lozère). 
Métifeu  (Mme),  professeur  au   Collège  (F.),   Limoges   (Hte-Vienne;. 
Meut,  professeur  au  Lycée,  La  Rochelle. 
Meyer,   professeur   au   Lycée   Condorcet,   Paris. 
Meyer,  professeur  au  Lycée,  Aix. 
Michel,  professeur  à  l'E.  P.   S.,   Beaucaire  (Gard). 
Michel,  professeur  à  l'Ec.  Pierre-Puget,   rue   Beaujour,   Marseille. 
Michel,  professeur   au   Lycée,   Avignon. 
Michel-Briand  (Mlle),  professeur  au  Lycée  Lamartine,   Paris. 


316  LES   LANGUES   MODERNES 

Mieille,    professeur    au    Lycée,    Tarbes. 
Mignon,  Ambassade   de  France  à  Rome. 
Milliot-Maderan,  Officier  Interprète   à  la  Mission  Nollet. 
Mmssen,  The   Copse,  Harrow    on  the   Hill,   Angleterre. 
Miquelard.  professeur  au  Lycée,  Carcassonne. 
Mis  (.Léon),  professeur  au   Lycée,  Lille. 
Mis  (Mme),  professeur  au  Lycée   (F.j,  Lille. 
Miserié  (Mlle),   professeur  à   l'E.   P.  S.,   St-Labre.   Carpentras. 
Miquel  (Mlle),  professeur  au  Ljcée  (P.),  Lille. 
Molitor,    inspecteur   d'académie,   Lons-le-Saulnier. 
Monurd,  professeur  au  Lycée,  Alger. 
Monghal,  professeur  au   hycée,  Nantes. 
Monguillon,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Le  Havre. 
Monin,   professeur   au   Collège,   Antibes. 
Monsinjou,   professeur   au   Lycée,   Douai. 
Montagne,   professeur   au   Lycée,   Bastia. 
Montuiller,  professeur   au   Lycée   Corneille,   Rouen. 
Montaiihric,   professeur   au   Collège,   Xogent-le-Rotrou. 
Monteils   (Mlle),   professeur   au    Lycée   (P.),   Moulins. 
Mook,   professeur   au   Collège,   Epernay. 
Morel,  professeur   au   Lycée  Buffon,   Paris. 
Mory,    instituteur,    rue    X.-D.-de-Xazareth.    39,    Paris. 
Mosnier,  Collège  de  Courpière,  Puy-de-Dôme. 
Mothes  (Mmei,  professeur  à  TE.  P.  S.  (P.),  Pontenay-le-Comte. 
Mourlet,  professeur  au  Lycée,  Quinîper  (Pinistère). 
Muret,  professeur  au  Collège  Rollin,  Paris. 
Musy,  professeur  au  Lycée,   Valenciennes   (Nord). 

IM 

Ecole  Primaire   Supérieure  de   Pilles,  Nancy. 

Nantet    (Mlle),    5,    rue    des    Filles-St-Thomas,    Paris    2« 

Nathan   (Mlle),   Déléguée   au   Lycée  Jules-Perry,   Paris. 

Nerson   (Mlle),  professeur  au  Lycée  Ampère,  Lyon. 

Netter-Gidon    (Mme",    professeur   au    Collège   (P.),   Caen. 

Neyton,   professeur    au    Lycée,    Alger. 

yicolas,  professeur   au   Lycée  Carnot,   Paris. 

Nicolas,   professeur   au    Lycée,   Brest. 

Nicot,   professeur   au   Collège,   Maubeuge. 

Nimsgern    (Mlle),    professeur    au    Lycée    {F.),    Charlevillc. 

Ninot,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  2,  avenue  Dorian,  Paris. 

Nissiat  (Mlle),  étudiante,  30,  rue  des  Chartreux,  Lyon.  y 

Nonat  (Mlle),   professeur,   13,   rue   St-Hlloi,   Chàlons-s.-Marne.  ? 

Norguin  (Mlle),   professeur  au   Collège  (P.),   .Angoulème.  '•-' 

Novel,-  professeur   au   Lycée,    Marseille.  ^ 

Nusshaumer,    prof,   au    Lycée   Pustel-de-Coulanges,    Strasbourg. 


i 


ANNUAIRE   DE   L'ASSOCIATION  317 


Obrij,    pit)fesseur   au    Lycée,    Le    Havre. 
Odrii,  professeur  au   Lycée,   Bourg. 
Ombredane  (Mlle),   professeur   à   l'E.   P.   S.,   Orléans. 
Orieiix  (Mllej,   professeur  au   Lycée,  Orléans. 
Osborne,  80  Chesnut  R",  Plumstead,  London,  S.  E. 
Ott  (.Mlle   A.),  professeur  à  l'E.  P.   S.,  Mézières. 
Oiidot,    professeur   au   Collège,    St-Amand   (Cher). 
Ouvrard,   professeur   au    Collège    Ste-Barbe,   Paris. 


l'<t<ji's,   professeur  au   Collège  de   Cannes. 
Vdillardon,   professeur,   52,   rue    Fondary,    Paris   XV°. 
Vaoli,  professeur  au  Lycée  Louis-le-Grand,  Paris. 
l'upin,   professeur  à  l'E.   P.   S.,   Moulins. 
Parentij,  professeur  au  collège,  Arras. 
Paringdux,   professeur  au   Lycée,   Mont-de-Marsan. 
Paris,   professeur   à   l'E.   P.   S.,   Marseille. 
Pttnnin,  professeur  au  collège,  Lisieux  (Calvados). 
PatrouUleaii,     instituteur.     Colvert,     par     Soulaj'     (Charente-Infé- 
rieure). 
Pdulian,  professeur  à  l'Ecole  des  Htes-Et.  Conim.,  Neuilly-s. -Seine. 
Pecdslainfi,  i)rofesseur  au   (Collège,  ^'ic-de-Bigorre    (Htes-Pyréuées). 
Pecheiix,  i)rincipal   du   Collège,  Corte. 
Pedon  (Mlle  Térisita),   Schio,  Italie. 
Peignier,   professeur   au   Lycée,   Bordeaux. 
Pellissier  (Mlle),  professeur   au   Lycée   de   garçons,   Bourges. 
Penof,  professeur  au  Lycée,  Limoges. 
Perat,  professeur  au   Collège,   La    Rochefoucauld. 
Perdoncini  (Mlle),  professeur  au   Lycée   (F.),  Niort. 
Pire,   professeur  au   Lycée,  Valenciennes. 
PernoUe,   professeur   au  Lycée   Ampère,   Lyon. 
Perret,   professeur   au    Collège,   Brioude     (Hte-Loire). 
Perret  (Mlle),  professeur  dél.  au  Lycée  garçons,  Bourg. 
Perrin,   professeur   à   l'E.   P.   S.,   St-Junien  l(Hte^-Vienne). 
Peseiix,  prof€sseur  à  l'Ec.  Colbert,  Loisj'    (Saône-et-Loire). 
Petelot,   directeur   de    l'E.   P.    S.,   Beaucourt   (Terr.  de  Belfortj. 
Petit  (Mme),   professeur   au   Collège   (F.),   Albi   (Tarn). 
Petit  (Mlle),  directrice  des  Cours   Sec.  (F.),   Angers. 
Petit,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Nancy. 

Petrique  (Mlle),  professeur  au  Collège  de  garçons,  Libourne. 
Peijre,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Limoux. 
Picot,  professeur   au   Collège   Chaptal,   Paris. 
Pieyre,  professeur  au   Collège,   Dôle   du  Jura. 
Pieyre  (Mlle),   professeur  au   Lycée,   Tulle. 
Pigeaiid  (Mme),  professeur  aux  cours  secondaires,  Brives. 


318  LES    LANGUES    MODERNES 

Pigeon,  professeur  au  Collège,   Sauniur. 
Pinloche,   professeur  au  Lycée   Michelet,   Paris. 
Piquet,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Lille. 
Piquet,   principal    du   Collège,    Sidi-bel-Abbès   (Oran). 
Pitiot  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.),  Le  Luc   CVar).- 
Pitollet,   professeur    aux   Ljcées    Carnot    et    Henri-IV,    Paris. 
Pivetaud  (Mlle),   professeur   au   Collège,   Poitiers. 
Planés,  professeur  au  Collège,   Béziers. 
Pluquet,   professeur   au   Collège,   Péroune   (Somme). 
Pluvinage,   professeur  au   Lycée,   Tourcoing. 
Paimboeuf,  professeur  au   Lycée  Victor-Hugo,   Besançon. 
Pomès    (Mlle),    professeur    agrégé    d'espagnol,    Paris. 
Pongy,   professeur   au   Lycée,   Alger. 

Postel  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Vire    (Cialvados). 
Potel,    inspecteur  général    de    l'Université,     14,     Quai     d''Orléa!ns, 

Paris. 
Pouget,    professeur    au   Collège,   Villefranche-ôe-Rouergue. 
Poujol,   professeur   au   L^cée,   Marseille. 
Pozzi  (Mlle),   professeur  au  Lycée   (F.),   Perpignan. 
Pradat,  professeur  au  Lycée    (Alger). 
Pradel-Genès,  professeur  au  Lycée,  Montluçon. 
Prat  (Mlle),   professeur  à  l'E.  E.   S.,   St-Amand  (Cher). 
Prentout    (Mlle),    prof.    Collège    de    garçons.    Baveux    (Calvados). 
Principal   (M.   le),   du   Collège,   Blida   (Algérie). 
Principal   (M.   le),  du  Collège   de   Carpentras   (Vaucluse). 
Principal   (M.   le),   du   Collège   de   Sancerre   (Cher). 
Principal  (M.  le),  du  Collège  de  Schlestadt  (Bas-Rhin). 
Principal  (M.  le),  du  Collège,  Uzès  (Gard). 
Priant,   professeur  au   Lycée,   Caen. 
Procureur,   professeur   au   Collège,    Fontainebleau. 
ProiiV,  professeur  à  l'Ecole  J.-B.  Say,  Paris. 
Proist,  professeur  au   Collège,  Louhans,   (Saône-et-Loire). 
Proviseur   (M.    le),    du    Lycée    (G.),    Casablanca    (Maroc"). 
Proviseur  (M.  le),  du  Lycée,  Moulins. 
Proviseur  (M.  le),  du  Lycée,  Maycnce. 
Proviseur  (M.  le),  du  Lycée  Rollin,  Paris. 
Pruyniard,   professeur   au   Lycée,   Annecy. 
Pruvost,   1,  rue   du  Bras-d' Argent,  Guéret. 

Pruvôt,  professeur  au  Prytanée   militaire,  La  Flèche  (Sarthe). 
Psalmon,    professeur   agrégé   d'anglais,   37,   rue   du   Château    (Parc 

des   Princes),   Boulogne-s. -Seine. 
Pnjos  (Mlle),  dél.   au   Lycée   de   garçons,   Cahors. 
Py,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  Castres. 

Q 

Quezel  (Mlle),   professeur  au   Lycée   (F.),   Lyon. 


ANNUAIRE   DE   L'ASSOCIATION  319 


Rnbtiche  (Mme),  prol'csseiir  au  Lycée  Jules  Ferry,  9,  rue  ('.:im|)n^iie- 

Premièrc,    Paris    XIV". 
Rabâche,  jjrofcsscur  au   Lycée   Henri-IV. 
R(ibnn-M arien  (Mme),  25,   rue   Kstelle,   Tours. 
Rdbiiiedu.   professeur   au    Collège,   (laillac   (Tarn). 
R(ujon,   professeur   au   Lycée   F'ustel-de-Coulangcs,   Strasbourg. 
RailUtril,   professeur   au   Lycée,   Toulon. 
Rdimbuult,  professeur  à  l'K.  P.  S.,  (^onstantinc. 
Rdiiuiud    (Mme),    prof.    Collège    d'.Auxerrc,    déléguée    Versailles. 
Rdllii,   professeur  au   Collège,   Morlaix. 
Rdinès,   professeur   au   Lycée   Condorcet,   Paris. 

hdpbiiël,   professeur  au   Lycée  Lakanal,   Sceaux  (Seine).  , 

hds  (Mlle),   i)rofesseur  au  Lycée  (F.),  Limoges. 
Rascol,   Directeur  de  l'E.   P.   S.,   Albi. 
Rdi'izé,   professeur  au   Lycée   Ampère,   Lyon. 
Rdynaud    (Mlle),    institutrice,    Ressons-s.-Matz     (Oise). 
Revoules,   professeur   au   Lycée,   Oran.  , 

Réijnier,  29,   Bd.  Vauban,   Cambrai. 
Keibel,  professeur  au   Collège,   Soissons  (Aisne). 
Renard,  professeur  an  Ljcée  Janson-de-Sailly,  Paris. 
Renoir,   professeur,   5,   rue   Léopold-Robert,   Paris  XIV*. 
Reijnaiid,   professeur   au    Lycée,    Rouen. 
Richard,   professeur   au   Lj'cée,   Tournon. 
Riegel,  professeur  au  Lycée,  Rouen. 
Riemer,   professeur   au   Lycée,    La   Rochelle. 
Rigambert,  professeur  au  Lycée,  Tarbes. 
Rifjaudières,   professeur    au    Ljcée,   Brive. 
Rilh  (Mlle),  directrice  du  Lycée,  Besançon. 
Rivière,   professeur   au    Lycée,   Rodez. 
Rinière,   professeur  au    Lycée,   Bordeaux. 
Rivoullan,  professeur  au  Lj'cée,  Bordeaux. 
Robert-Dumas,  professeur  au  Lycée   St-Louis,  Paris. 
Robert-Dumas,    professeur   au    Collège,    St-Germain-en-Laye. 
Robine,   professeur  au   Lycée,   Le   Havre. 
Robineau,   professeur   au   Collège,   Eu   (Seine-Inférieure), 
Robson  (Miss),   11,  Westhall  Gardens,  Edinburgh,  Ecosse. 
Roche,   professeur   au    Collège.    St-Maixent. 
Rocheblaue    (Mlle),   professeur   au    Lycée    Fénelon,   Paris. 
Rochelle,  professeur  au  Lj'cée,  Bordeaux. 
Rocher,  professeur  au  Ljcée  du   Parc,  Lyon. 
Roesch     (Mme      A.),      6,      Hintere      Tsehôppengasse,       Guebwilkr 

(Ht-RhinT. 
Rolet,  professeur  au  Lycée,   Tours. 

Romens,  11,  professeur  Ecole  réale,  Marienthal  (Bas-Rhin). 
Romeu,  prof.  agr.   d'espagnol,   Calle   de   Recoletos,   23,   10,   Madrid. 
Rosiès,  professeur  au  Lycée,  Bordeaux. 


320  LES   LANGUES   MODERNES 

Roth,   40,  rue   Oberlin,   Strasbourg. 

Bottée,  pi'ofesseur  au  Lycée  Rolliu,  Paris. 

Roiidil,  professeur  au  Lycée  BufFon,  Paris. 

lioiige,  maître  de  conf.  à  la   Sorboiine,  Paris. 

Librairie   Rouge,   nie    Haldinand,   Lausanne    (Suisse). 

Rongé,  professeur  au   Lycée  Descartes,   Tours. 

Roiillet-Debenay,   professeur   au  Lycée,   Limoges. 

Rouquette,  professeur  au  Lycée  Gay-Lussac,   Limoges. 

Roussel,    professeur    au    Lycée,    Vendôme    (Loir-et-Cher). 

Rousset  (Mlle),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),  Pons  (Char.-Inf.). 

Roux  (Mme),  professeur  à  l'E.  P.  S.  (F.),   St-Mai"cellin  (Isèrej. 

Roux,  professeur  à  l'E.  P.   S.,  .Orléans. 

Roux,  professeur   au  Collège,  Barcelonnette. 

Rouyer,   instituteur   à   Brauvilliers   (Meuse), - 

Ruayres  (Mme),  professeur  à  l'E.  P.   S.   (F.),  C^steluaudary. 

Ruini'be  (Mme),  professeur   à  l'E.  P.   S.,  Nay  (Basses-Pyrénées). 

Russeil,    professeur    au    Collège,    Châtellerault    (Vienne). 

Ruyssen,  professeur   au   Lycée,   Poitiers. 

S 

Sayols,  censeur  des  études  au  Lycée,  Rodez. 
Sagot,  censeur  des  études  au  Lycée,  Mayencc. 
Saillens,  professeur  au  Lycée   Charlemagne,  Paris. 
Salin,   professeur  au  Lycée,   Aix. 
Salmoii,  professeur  au  Collège,  Sedan. 
Saloan,  professeur  au  Lycée,  Rayonne. 
Sampré,  professeur   au   Lycée,   Dijon. 
Santoni,    professeur   au   Lycée,   Bastia. 

Saroïhandy,   professeur  suppléant   au   Collège   de   France,   Paris. 
Saugrain,   professeur  au  Lycée   Louis-le-Graud,   Paris, 
Saugrain,  professeur  au  Lycée,   Cherbourg. 
Sauret,   professeur   au   Lycée,   Bordeaux. 
Sauvage,  professeur  au  Lycée,   Poitiers. 

Sauzet   (Mlle),    institutrice   à    Montmartel-Saillans    (Drôme). 
Save,  professeur  au   (Collège,  Castres  (Tarn). 
Saville,  23,   Southaniiîton,   Londres,   W.  C. 
Savory,    professeur,    ()uecn's    University,    Belfast    Irlande. 
Sayn,   professeur   au    Lycée,  Rouen. 
Schacher,   professeur   au    Lycée   Henri-lV,   Paiis. 
Schaeffer,   professeur   adj.   au   Lycée,   Nancy. 
Schieffer  (Mme),   professeur   au   Collège  (F.),   Aurillac. 
Schlesser  (Mlle),   professeur   au    Lycée   Molière,   Paris. 
Schlieitger,  direct,  de  l'Enseig.  second.,   Strasbourg. 
Schneider,    professeur    au    Lycée,    ('lermont-Ferrand. 
Schont,  professeur  au  Lycée   F"ustel-de-Coulanges,   Strasbourg. 
Schiitz,   professeur  au   Lycée,   Strasbi)urg. 
Schweitzer,  professeur  honoraire,  1,  rue  Le  GolT,  Paris. 


ANNLAIHE    DK    L'ASSOCIATION  321 

Schioeilzcr    (Kiuilc),    professeur    au    Collège    Chaptal,    Paris. 
Svolt  (Mllel,   professeur  au   Lycée   Molière,   Paris  XVP. 
Scidltiet,    professeur    Lycée    Raeiue,    Paris. 
Scjutc,   prt)fesseur   à  l'Ecole   Lavoisier,    Paris. 
Sénéchal,   professeur   à    l'K.    P.    S.,   Lyon. 
Sénil,  professeur  au  Lycée  Henri-I\',  Paris. 
Seruajean,   professeur   au   Lycée   Bulfoii,   Paris. 
Senern  Storr  (Mrs),  Harwell,  Steventon  Berkshire  (Angleterre). 
Sevrette,  professeur   au   Lj'cée,  Chartres. 
Sicre,   professeur   au   Lycée,   Carcassonne. 
Siywdll,  ])rofesseur  au  Lycée  Michelet,  Paris. 
Simidiid   (Mlle),   professeur  à   l'E.   N.,   Grenoble. 
Simon,    jîrofesseur    au    Lycée,    Casabianca,    Maroc. 
Simon,  professeur  au  Lycée.  Périgueux. 
Simolu!,  ])rofesseur  à  E.  P.  S.,  6,  rue  Jacquard,  Lyon. 
Simonnot,    inspecteur   de   renseignement    technique,    Strasbourg. 
Simonnol,  professeur  à   l'Ecole   Arago,   Paris. 
Société  d'Exportation   des   éditions   françaises,   3,   rue   de   Grenelle, 

Paris. 
Souillurt,   professeur   au   Lycée   Lakanal,    Sceaux. 
Soulet,   professeur   au    Lycée    Lakanal,    Sceaux. 
Spcich,   professeur   au   Lycée   Fustel-de-Coulanges,   Strasbourg. 
Spenlé,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  Aix. 
Spizelc,  professeur,  doct.  8,   Palackeno   nabocsci,   Prague   IL 
Sldhl  (Mlle),  35,  rue  de   l'Arbalète,   Paris. 
Stdhlberger  (Mlle),   2,   rue   du   Levant.   Vinccnnes. 
Slecbert  (.Librairie),   18,  rue  de  Condé,  Paris. 

Steg-Muller  (Mlle),  Ec.  N.  d'instit.,  56,  Bd.  des  BatignoHes,   Paris. 
Slopin   (Mme),   Directrice   de  PE.  P.   S.,   Gondecourt,   Nord. 
Sulger-Biiet,  professeur,  Lj'cée  du  Parc,  Lyon. 
Siicher,   professeur   au    Lycée,   Moiitpellier,    Hél-ault. 
Sijmmonds,   17,  Norfolk    R',   Margate. 


Tabourcaii  (Mlle),  professeur  à   l'E.   P.   S.,  Nancy. 

Taboureux,   professeur   au   Lycée,   Coutances. 

Talbot,    professeur    au    Lycée,    Périgueux. 

Tiwiot  (Mlle),  professeur  au  Lycée  (F.),  Lons-le-Saulniei". 

Terrade,  professeur  à   PC   P.   S.,   Aubenas   (Ardèche). 

Terrasse  (Mlle),  59,  Fg  St-Martin,  Paris. 

Théphaine,  professeur  au  Prytanée  militaire,  La  Flèche,   (Sarthe). 

Thibault,  professeur  au   Lycée,   Pontivy,   Morbihan. 

Thiébaiit,  professeur  au  Collège,   Châteaudun  (Eure-et-Loir). 

Thiret,   professeur  au  Lycée   Ampère,  Lyon. 

Thomas,  professeur  à   l'Université,   Lyon. 

Thomas  (Mlle  A.),  31,  rue  Boulard,  Paris. 


322  LES   L.\N'GUES    MODERNES 

Thuriot,  professeur  à  l'E.  P.   S.,   La   Charité-sur-Loire   (Nièvre". 

Tibal,  maître  de  conf.  à  la  Faculté  des   lettres.   Nancy, 

Tiburce,  professeur  au  Collège,  Libourne. 

Tisseau,   instit.  Ec.  Waldeck-Rousseau,   St-Nazaire. 

Tissot,   professeur    au   Lycée,    Gap. 

Tonnelat,   professeur   à   l'Université.    Strasbourg. 

Toulze,   professeur   au   collège,   Castelnaudary   (Aude). 

Tousain,   professeur   au    Lycée    Ampère,    Lyon. 

Travers,    professeur    au    Lycée    Hoche,   Versailles. 

Tréglos   (Mlle),    Lç    Dorât   (Hte-Vienne). 

Treille   (Mlle),   professeur  Lycée,   Roanne   (Loire). 

Trevet,  professeur  au  Lycée,  Caen. 

Trey,  professeur   au  Collège,   St-Gaudens   (Hte-Garonne). 

Trivier  (Mlle),   professeur  à   l'E.   P.   S.   (F,),   Trévoux   (Aîn). 

Triuhot,  professeur  au   Lycée   Fustel-de-Coulauges,    Strasbourg. 

Truxillo,    professeur    au    Lj-cée,    Fort-de-France,    Martinique. 

Tweddie    (Miss),   Edinburgh    ladies    Collège,    Queen    St.,    Edinburgh. 


Vachet,   professeur   au    Lycée,   Toulon    (Var). 
Valat,  professexir  au   Lycée,  Constantine. 
Valdy-Fritz    (Mme),    professeur   au    Lycée    Fénelon,    Paris, 
Ydlentin,   professeur   au    Collège,    Soissons. 
Yallod,   professeur  au  Lycée   Poincaré,   Nancy. 
Yan   de    Yen,   Wormerveer  près   Amsterdam,   Hollande, 
Yan   den   Berg   (Mlle),   professeur   au    Lycée   (F,),   Dijon, 
Yandercolme,   8,  rue  Carnot,   Mons-en-Barceul  (Nord), 
Ydiinier,  Directeur  E.  P.  S.,  67,  rue  Chaponnay,  Lyon. 
Yannier  (Robert),  professeur  au  Lycée  du  Parc,  Lyon. 
Yan  Oppen,   178,  rue  Legendre,  Paris  Vf. 
Yarenne,  professeur  iau  Lycée   Condorcet,   Paris. 
Yarinau   (Mlle),    6,   R.   de    la    S.-Préfecture,    St-Gaudens   (Hte-Gar.). 
l  eigneau,  professeur  au   Ljcée,   Moulins  (Allier). 
Yeillet-Lavallée    (Charles),    prof.    Ecole    Arago,    2,    R.    >[izon,    Paris. 
Yeillet-Lauallée  (Albert),   professeur  au  Lycée,  Guéret. 
Yentard,   professeur   au   Collège   Auxonne   (Côte-d''Or). 
Yerdier,   professeurà   l'E.   P.   S.,  Joinvillc   (Hte-Marne). 
Yercoultet,    professeur    à    l'E.    P.    S.,    Saulieu     (Côté-a'Or). 
Yeslot,   professeur  au   Lycée   Hoche,  Versailles. 
Yettier,    professeur    au    Lycée,    .\miens. 
Yidal  (Mlle),   professeur  au  Lycée   (F.),   Montpellier. 
\ Kjnolles,   professeur   au    Lycée,   Janson-de-Sailly,    Paris, 
l  illard,  i)rofesscur  au   Collège.   La   Châtre  (Indre). 
Yillttrs  (.Mlle),  professeur  au   Lycée  (F.),  Lyon. 
YiHeneupe,   professeur  au    Lycée,   .Albi. 
Vincendon,   professeur  an   Lycée,   Le   Puy. 


ANNUAIRE    DE    l/ASSOCIATION  323 

Vincent,  professeur  ;ui  Lycée    (Ihnrleniagne,  Paris. 
Vincent,   professeur  atf  Ljcée,  Albi. 

Vinien,    4,    rue    Sadi-Carnot,    La    Roche-s.-Yon. 

Vii'ien,  professeur  à  TE.  P.   S.,  Clermont-Ferrand. 

Voillot,  professeur  au  Collège,   Beaune. 

Voisennt   (Mme),   professeur   au   Lycée,    Dijon. 

Vos  (de),  répétiteur  au  Collège,  Eu. 

Viilliod,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres,  Nancy. 

W 

Wahart,  professeur  au   Lycée  Buft'on,  Paris. 

Waldner,    professeur    au    Lycée    Fustel-dc-Coulangcs,    Strasbourg. 

Wdidner,  pi'ofesseur  au  Lycée,  Aniiens. 

Walfz,  professeur  au  Lycée,   Lille. 

Wasserer,   inst.   Annonay,   Ardèche. 

Weill,   professeur   au   Lycée   Louis-le-Grand,   Paris. 

Weill  (Mlle),  professeur  au   Lycée   Racine,   Paris. 

Weiller  (M! le),  professeur  au  Lycée  Racine,  Paris. 

Wersinger  (Mlle),   professeur   au   Lj'cée  (F.),   Toulouse. 

Wilhelm,  professeur  au  Lycée  Kléber,  Strasbourg. 

Willemin,   professeur   au   Collège,   Epinal. 

Woeipel,   professeur   au   Collège,   Fougèi'es. 

]Volff,  professeur  au  Lj'cée  Rollin,   Paris. 

Wol/J  (Armand),   professeur  au   petit   Lycée,  Elbeuf. 

Wrù/ley,   University  High   School,  Lyson   St.,  Melbourne,  Australie. 

Y 

Yvon,  professeur  au  Lycée,  Caen. 

z 

Zarzeska  (Mlle),  professeur  au  Collège  (F.),  Carcassonne  (Aude). 


-<«>- 


BULLETIN  DE  L'ASSOCLITION 


Réunions  du  Comité 


Le  Comité  s'est  réuni  le  6  mai  1920,  à  2  h.,  au  parloir  du  Lycée 
Montaigne,  sous  la  présidence  de  M.  Veillet-Lavallée,  Président 
de  l'Association.  Etaient  pi'ésents  :  M.  Bloch,  Mlle  Bruncl, 
MM.  Cart,  Chemin,  Delobel,  Goy,  d'Hangest,  Mlle  Ledoux,  M.  Pin- 
loche.   Excusés':    MM.   Jamin   et   Montaubric. 

Le  Président  donne  lecture  des  passages  importants  de  la  cor- 
i-espondance  qu'il  a  reçue  :  1)  d'une  lettre  de  M.  Legouis  deman- 
dant qu'étant  donnée  la  hausse  continuelle  du  prix  des  livres,  on 
établisse  une  rubrique  dans  le  Bulletin  pour  la  vente  et  l'achat 
des  livres  d'anglais.  Le  Comité,  adoptant  cette  idée,  décide  que 
dès  le  prochain  numéro  cette  rubrique  sera  ouverte  ;  2)  d'une 
lettre  de  M.  Nicolas  (Brest)  au  sujet  de  la  rétribution  des  cours 
de  L.  V.  faits  aux  militaires  ;  le  Président  lui  indiquera  la  mar- 
che à  suivre  ;  3)  d'une  lettre  de  M.  Monguillon,  relative  à  ren- 
seignement des  L.  V.  dans  les  Ecoles  Normales,  au  sujet  de 
laquelle  le  Président  a  demandé  des  explications  complémen- 
taires. 

AL  Veillet-Lavallée  annonce  ensuite  qu'à  la  suite  des  démar- 
ches de  M.  Rancès  et  des  siennes  propres,  l'épreuve  d'allemand 
est   rétablie   au   Certificat   d'aptitude   à   l'enseignement  commercial. 

Puis  il  rend  compte  de  la  visite  du  bureau  au  nouveau  recteur 
de  l'Académie  de  Paris,  M.  Appell  ;  le  bureau  a  été  reçu  fort 
aimablement  par  M.  Appell,  qui  paraît  bien  disposé  à  notre 
égard. 

M.  Deloijcl  donne  lecture  d'un  projet  de  résolution  demandant 
le  maintien  de  l'arrêté  du  Ministère  de  la  Guerre  exigeant  la 
connaissance  de  deux  langues  aux  concours  d'entrée  aux  grandes 
écoles.  Il  rappelle  les  articles  hostiles  aux  L.  V.  parus  dans  les 
grands  journaux,  dans  le  Temps  notamment,  qui  n'a  pas  inséré 
sa  réponse,  puis  les  protestations  de  l'Association  des  Proviseurs 
demandant  le  maintien  du  slatii  quo.  Il  lui  paraît  nécessaire 
que  l'A.  P.  L.  V.  se  fasse  entendre,  car  la  mesure  est  bonne  et 
constitue  le  seul  moyen  de  rétablir  l'équilibre  entre  l'enseigne- 
ment de  l'anglais  et  celui  de  rallemand,  —  et  elle  est  nécessaire, 
non  dans  l'intérêt  étroit  de  notre  enseignement,  mais  dans  l'in- 
térêt même*  du  paj's.  Les  objections  contre  cette  mesure  lui  parais- 
sent faciles  à  réfuter  ;  il  n'est  pas  sérieux  de  prétendre  que  quel- 
ques  heures   de   L.  V.   puissent   compromettre   la   culture   littéraire 


BULLETIN    DK   I-'aSSOCIATION  325 

(ks  élèves.  Plus  {friivc  est  la  question  du  surmenage  des  élèves 
dans  les  sections  C  et  D,  où  ils  ont  trente  heures  de  classe  ;  mais 
cette  question  est  liée  à  celle  de  la  réforme  générale  des  pro- 
grammes. 11  faut  agir  sur  les  autorités  pour  qu'elle  aboutisse, 
sur  les  spécialistes  pour  que  chacun  fasse  les  sac-'ifices  néces- 
saires, —  et  obtenir  que  les  programmes  d'entrée  aux  grandes 
écoles  soient  mis  en  harmonie  avec  cette  réforme. 
M.    Dclobel    lit    alors    l'ordre    du    Jour    suivant  : 

L'Association  des  Professeurs  de  L.  W  de  l'Enseignement 
Public  : 

Enregistre  avec  la  plus  grande  satisfaction  la  décision  par 
laquelle  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  rend  obligatoire  pour 
le  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-C.yr  à  partir  de 
1923   la  connaissance  de  l'allemand  et  de   l'anglais  ; 

Voit  dans  cette  mesure  le  seul  moyen  efficace,  en  gardant 
un  juste  équilibre  entre  les  deux  langues,  d'empêcher  la  déser- 
tion des  classes  d'allemand,  et  d'éviter  le  péril  national  que 
constitueraient  pour  la  France  des  générations  d'officiers  et 
d'ingénieurs    ignorant   l'allemand   et   l'Allemagne  ; 

Affirme  qu'en  ce  moment  où  s'impose  d'urgence  la  réorga- 
nisation totale  de  l'enseignement,  l'étude  de  deux  langues 
vivantes  dans  la  section  C  en  vue  des  grandes  écoles  peut 
être  organisée  sans  surcharge,  si  les  professeurs  des  différen- 
tes spécialités  veulent  se  mettre  d'accord  pour  remanier  les 
])rogrammes,  en  vue  de  présenter  aux  élèves  un  choix  judi- 
cieux de  connaissances,  à  acquérir  par  les  méthodes  les  ])lus 
actives    et    les    plus    hautement    éducatives  ; 

(Constate  que  le  souci  de  la  culture  générale  ne  peut  être 
invoqué  en  cette  matièi'e,  étant  donné  qu'un  enseignement 
bien  compris  des  L.  V.  sait  concilier  l'acquisition  des  cou- 
naissances  pratiques  avec  le  développement  des  facultés 
intellectuelles,  et  constitue  un  facteur  essentiel  des  huma- 
nités  modernes. 

L'ordre    du    jour    est    adopté    à    l'unanimité. 

M.  Cart  demande  à  l'Association  d'affirmer  la  nécessité  d'un 
enseignement  basé  sur  le  français  et  les  langues  ;  il  faudra, 
ajoute-t-il,  établir  un  programme  réclamant  la  place  qui  nous 
est  due  dans  là  société  moderne,  indiquant  le  rôle  que  nous 
devons  y  jouer.  Ceci  devra  être  une  des  tâches  prochaines  de  notre 
association. 

M.  Delobel  rappelle  qu'il  est  en  train  de  réunir  un  certain 
nombre  de  déclarations  en  faveur  de  l'enseignement  de  l'alle- 
mand, et  la   séance   est  levée  à  4  h.  1/2. 


326  LES    LANGUES    MODERNES 

Le  Comité  de  l'Association,  réuni  le  27  juin  au  Lycée  Montai- 
gne,   a   adopté   l'ordre    du   jour   suivant  : 

L'Association  des  professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'ensei- 
gnement public,  après  une  discussion  à  laquelle  ont  pris  part 
MM.  Rancès,  membre  du  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  publi- 
que,  et   Rouge,  professeur   à   la    Sorbonne. 

regrettant  que  les  projets  de  décret  relatifs  aux  futurs  pro- 
grammes des  Ecoles  Normales  d'instituteurs  et  d'institutrices,  et 
des  Ecoles  Primaires  Supérieures,  aient  été  élaborés  en  dehors 
de  toute  consultation  des  milieux  compétents  et  des  groupements 
professionnels    intéressés, 

affirmant  la  solidarité  des  quatre  ordres  d'enseignement  (Supé- 
rieur, Secondaire,  Primaire,  Technique)  dans  cette  question  qui 
intéresse  au  plus  haut  point  l'avenir  des  Langues  Vivantes  dans 
tout    l'enseignement    public, 

proteste  éncrgiquement  contre  toute  décision  qui,  rendant  facul- 
tative, dans  les  établissements  indiqués  plus  haut,  l'étude  des 
Langues  Vivantes,  porterait  ainsi  un  coup  mortel  à  cet  enseigne- 
ment, diminuerait  le  pouvoir  d'expansion  économique  du  pajs. 
amoindrirait  la  culture  donnée  aux  enfants  du  peuple  et  de  la 
petite  bourgeoisie,  irait  à  l'encontre  des  tendances  modernes,  et 
plus  particulièrement  des  projets  de  coordination  et  de  démocra- 
tisation  de   l'enseignement   national. 


L'Étude   de   l'Allemand 


La  question  la  plus  urgente,  qui  devait  attirer  en  premier  lieu 
l'attention  du  Comité,  était  l'obligation  de  l'allemand  et  de 
l'anglais  au  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr.  Tous 
les  collègues  qui  ont  répondu  à  notre  questionnaire  ont  souligné 
l'influence  que  ces  sanctions  peuveut  exercer  siir  notre  enseigne- 
ment. Il  s'agissait  tout  d'abord  de  défendre  cette  mesure  contre 
les  attaques  dont  elle  était  l'objet.  Dès  le  24  mars,  le  Temps,, 
dont  on  connaît  l'hostilité  à  tout  modernisme,  la  critiquait  dans 
un  article,  évidemment  inspiré  par  les  idées  qui  régnent  au  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'Ecole  Polytechnique.  L'Assemblée 
générale  de  l'Association  des  proviseurs  de  Lycée,  réunie  pendant 
les  vacances  de  Pâques,  émettait  le  vœu  que  le  statu  quo  fût 
maintenu  et  qu'une  seule  langue,  allemand  ou  anglais,  restât 
obligatoire  ;  elle  alléguait  •■  les  conséquences  que  pourrait  avoir 
au  point  de  vue  de  la  culture  générale,  l'obligation  de  présenter 
deux  langues  vivantes  ».  Nous  ne  rechercherons  pas  si,  derrière  ce 
grand  mot  de  culture  générale,  il  n'y  a  pas  des  préoccupations 
plus   tcrrc-à-tcrrc,    si    le    désir   de    ne     pas     avoir     à     établir     une 


BUIXEVIN  DE  l'association  327 

oitjanisalioii  nouvelle,  ou  la  eraiiile  d'avoir  à  inscrire  des  heu- 
res supplémentaires,  n'ont  pas  été  aussi  des  raisons  déterminan- 
tes. Mais  nous  espérons  que  les  proviseurs  qui  ont  appartenu  au 
corps'  des  professeurs  de  langues  vivantes,  siiuront  défendra 
lîotrc  cause  auprès  de  leurs  collègues. 

Le  Comité  ne  resta  pas  inactif.  11  envoyait  aussitôt  au  Temps 
une  lettre  pour  lui  demander  de  présenter  à  ses  lecteurs  des 
considérations  ditîérentes  de  celles  de  l'article  du  24  mars,  mais 
i!  se  heurtait  à  un  silence  significatif.  Le  6  mai,  il  votait  à 
Tunanimité  l'ordre  du  jour  que  nos  collègues  ont  pu  lire  dans  le 
Bulletin  précédent  (mai-juin,  p.  192).  Cet  ordre  du  jour  fut 
adressé  aux  deux  ministères  de  la  Guerre  et  de  l'Instruction 
publique,  dans  la  semaine  du  10  au  17  mai,  avec  lu  letftre 
exj)licative    suivante    : 

MoXSIKin     LE     MlNISTHE, 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  votre  bienveillant  examen  l'ordre 
du  jour  ci-joint,  voté  par  le  Comité  de  l'Association  des  Pro- 
fesseurs de  Langues  vivantes,  dans   sa   séance   du   6  mai. 

Cet  ordre  du  jour  enregistre  avec  la  plus  grande  satisfaction 
la  récente  oécision  par  laquelle  M.  le  Ministre  de  la  Guerre  rend 
obligatoire  pour  le  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à 
St-Cyr,  à  partir  de  1923,  la  connaissance  de  iallcmancl  et  de 
l'anglais. 

*  En  elTet,  la  décision  qui  en  1916  avait  permis  aux  candidats  de 
choisir  entre  l'allemand  et  l'anglais  avait  achevé  de  ruiner  dans 
nos  Lycées  et  (collèges  l'étude  de  l'allemand,  déjà  abandonnée 
depuis  le  début  de  la  guerre,  sous  l'insjiiration  d'un  patriotisme 
mal  entendu.  Les  générations  actuelles  risquaient  ainsi  d'ignorer 
l'allemand  et  par  suite  lAllemagne.  C'était  là  un  véritable  péril 
national  qui  a  été  signalé,  non  seulement  par  les  membres  de 
l'enseignement  des  Langues  vivantes,  mais  encore  par  de  nom- 
breuses personnalités,  notamment  par  M.  Ernest  Lavisse,  dans 
sa  Lettre  au  Temps,  du  24  octobre  1919. 

Il  ne  saurait  être  question,  eu  égara  aux  nouvelles  conditions 
politiques  et  économiques  où  se  trouve  la  France,  de  reve- 
nir à  l'état  de  choses  d'avant  1914  et  de  redonner  à  l'allemand 
la  priorité  sur  les  autres  langues.  Nos  futurs  officiers, 
nos  futurs  ingénieurs  ont  besoin  aujourd'hui  de  savoir  l'anglais. 
Mais  il  ne  leur  est  cependant  pas  permis  de  négliger  la  connais- 
sance de  l'allemand,  au  moment  où  l'exécution  des  clauses  finan- 
cières du  traité  de  paix,  le  contrôle  du  désarmement  de  l'Alle- 
magne, la  surveillance  de  son  développement  économique,  l'occu- 
pation de  la  rive  gauche  du  Rhin,  exigent  un  nombre  de  plus  en 
plus  grand  de  Français  avertis,  capables  d'informer  exactement 
leur  pays. 

C'est  pourquoi  la  récente  décision  ministérielle  nous  paraît 
donner  la  seule  solution  possible  du  problème,  en  établissant 
un  juste  équilibre  entre  deux  langues   d'une   égale   importance. 

L'unique  objection  sérieuse  qui  puisse  être  faite  à  cette  mesure 
s'appuie  sur  la  surcharge  qu'imposerait  l'étude  de  deux  langues 
aux  candiaats  aux  grandes  écoles.  Mais  les  programmes  actuels 
ne  sont  pas  intangibles  ;  leur  refonte  est  bien  au  contraire 
réclamée  de  tous  côtés.  Une  réorganisation  de  notre  enseignement 
national,    établie    de    manière    à    présenter   un    choix    judicieux    de 


328  LES    LANGUES    MODERNES 

connaissances  par  les  méthodes  les  plus  actives  et  les  plus  haufë- 
inent  éducatives,  permettrait  d'introduire  dans  la  section  C  (la 
seule  d'ailleurs  qui  soit  en  question),  l'étude  d'une  seconde  langue 
sans  imposer  de  surcharge  aux  élèves.  En  attendant  cette  réor- 
ganisation, notre  Société  >  croit  pouvoir  être  en  mesure  de  propo- 
ser des  mesures  transitoires  qui  rendraient  dès  maintenant  cette 
étude   possible    sans   créer   de   nouvelles   heures   de   classe. 

Dans  ces  conditions,  Monsieur  le  Ministre,  nous  espérons  que 
vous  voudrez  bien  prendre  notre  ordre  du  jour  en  considération 
et  maintenir  la  mesure  qui  en  est  l'objet.  Nous  nous  tenons 
d'ailleurs  à  votre  disposition  pour  vous  fournir  tous  les  rensei- 
gnements  que   vous  jugerez   nécessaires. 

L'ordre  du  jour,  complété  par  la  lettre  d'envoi,  assignait  à 
1  action  du  Comité  une  double  tâche  :  l'une,  immédiate  :  montrer 
la  possibilité  d'organiser  dès  maintenant  l'étude  d'une  seconde 
langue  en  C  pour  les  candidats  aux  grandes  écoles  ;  l'autre, 
à  échéance  plus  lointaine:  introduire  l'étude  de  deux  langues  dans 
la   réorganisation   générale   ce   l'enseignement.  , 

Le  22  mai,  MM.  Veillet-Lavallée  et  Delobel  remettaient  à  M.  le 
Directeur  de  l'Enseignement  scondaire  et  à  M.  le  Recteur  de 
l'Académie  de  Paris,  une  note .  indiquant  dans  quelles  conditions 
l'enseignement  d'une  seconde  langue  pouvait  être  organisé  en 
Seconde  C,  dès  la  rentrée  d'octobre   1921. 

» 

Note  concernant  l'étude  obligatoire  de  Tallemand  et  de  l'anglais 
pour  les  candidats  aux  Grandes  Ecoles 

22   mai,   WW. 

Tout  le  débat  sur  l'obligation  de  l'allemand  et  de  l'anglais  au 
concours  d'admission  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr,  se  ramène,  en 
définitive,  à  la  seule  question  :  est-il  possible  d'enseigner  deux 
k.ngues  aux  élèves  de  la  Section  C,  sans  leur  imposer  de  sur- 
charge ? 

A  notre  avis,  cette  question  ne  peut  être  résolue  d'une  façon 
complète  que  si  l'on  envisage  dans  son  ensemble  la  réorganisa- 
tion de  notre  enseignement  national.  Mais  il  serait  dangereux 
<rattendre  jusque  là  pour  la  résoudre  ;  la  crise  que  subit  l'étude 
de  l'allemand  nous  oblige  à  rechercher  dès  maintenant  les  moyens 
d'appliquer  une  mesure  qui  nous  paraît  être  le  seul  remède  efli-  v 
cace  à  la  désertion  des  classes  d'allemand,  tout  en  établissant  un^  ^ 
juste   équilibre   entre   les   deux   langues. 

Le    premier    principe   qui    doit    nous    guider     est     de     placer     les        ^ 
<l'lè^■es  de  la   Section  il  dans  les  mêmes  conditions  que   ceux   de   la 
Secion    D.   Or,    si    la   mesure    entrait    en    vigueur   à   jiartir   de    1923, 
les   élèves   qui    se    ])réscntcraient    au   concours     à   cette   date     n'au- 
raient   pu    commencer    l'étude    d'une     seconde    langue     qu'en     Prc-       ■- 
n-.ièrc,   à   la   rentrée   d'octobre    1920,   alors   que   leurs   camarades   de 
D    l'auraient    déjà   commencée    normalement    en    Seconde,    à    partir      / 
d'octobre   1919.   Il  ))arait  donc  équitable,  pour  ne  pas  favoriser  les 
i:ns  au  détriment  des  autres,  de  donner  à  tous  la  même  ciiiréc  de      ^ 
préparation,    et    de    reporter    l'application    de    la    décision    ministé-      f 
rielle  au  concours  de   1924.  5 


BULXETIN  DE  L'ASSOCIATION  .■}29 

I^  problème  ne  revient  plus  qu'à  introduire  l'étude  d'une 
deuxième   lanj^ue  en   Seconde   C,   dès   la   rentrée   d'octobre    1920. 

Nous  pensons  que,  dans  cette  période  transitoire,  l'étude  d'une 
deuxième  langue  devrait  être  facultative  et  réservée  aux  élèves 
(]ui  ont  l'intention  de  se  présenter  aux  grandes  écoles.  Le  nombre 
d'heures  pourra  être  lixé  à  trois.  11  sera  ainsi  inférieur  d'une 
heure  aux  qiitilre  heures  de  la  Section  D,  mais  cette  inégalité 
peut  se  justifier  si  l'on  considère  d'une  part  qu'il  s'agit  d'un 
enseignement  facultatif,  suivi  par  des  jeunes  gens  bien  doués, 
d'autre  part  que  les  élèves  de  C  ne  ile\ront  faire  preuve  de  leurs 
connaissances  qu'après  quatre  années  d'études,  alors  que  ceux  de 
la  Section  D  subissent  au  bout  de  deux  ans  une  épreuve  au 
Baccalauréat. 

Ces  trois  heures  peuvent  être  trouvées  sans  qu'il  y  ait  lieu  de 
bouleverser  horaires  et  programmes. 

On  peut  établir  que,  pour  les  élèves  qui  suivront  le  cours 
facultatif  de  seconde  langue,  le  dessin  d'ornement  sera  facultatif 
(comme  il  l'c^t  déjà  en  philosophie  et  en  mathématiques).  On 
disposerait  ainsi  de  deux  heures.  La  troisième  heure  peut  être 
obtenue  :  l*"  en  ramenant  les  heures  de  mathématiques,  actuelle- 
Hient  sept  heures  (,5  _(_  2  heures  de  dessin  graphique),  jusqu'au 
15  février,  et  six  heures  après  cette  date,  à  six  heures  pendant 
toute  l'année.  —  des  professeurs  consultés  estiment  qu'une  meil- 
leure utilisation  des  heures  de  dessin  graphique  permettrait  de 
compenser  cette  réduction  ;  —  2"  en  ramenant  les  heures  d'en- 
seignement littéraire,  huit  heures  (.4  heures  de  français  _|_  4 
heures  de  latin)  pendant  toute  l'année,  à  sept  heures  pendant 
un  semestre.  Il  n'j'  aurait  ainsi  qu'un  simple  prélèvement  d'une 
demi-heure  annuelle  sur  les  mathématiques  comme  sur  l'ensei- 
gnement littéraire,  et  le  nombre  total  des  heures  de  classe  .res- 
terait le  même. 

En  Première  C,  si  les  programmes  actuels  étaient  encore  en 
vigueur  en  octobre  1921,  les  trois  heures  peuvent  être  obtenues 
de  même  en  rendant  facultatives  les  deu.v  heures  de  dessin  d'or- 
nement et  en  ramenant  les  sept  heures  de  mathématiques  (5 
heures  _U  2  heures)   à  six  heures. 

Dans  les  classes  suivantes,  deux  heures  seraient  suffisantes,  si, 
dans  les  deux  premières  années,  l'enseignement  est  poussé  assez 
activement. 

Les  modilications  que  nous  proposons  ne  sont  pas  très  impor- 
tantes ;  elles  ne  sont  pas  de  nature  à  compromettre  les  autres 
er.seignements  ;  elles  n'imposent  aucune  surcharge  aux  élèves. 
Nous  espérons  qu'elles  pourront  servir  de  base  à  l'application 
d  une  mesure  dont  dépend  l'avenir  des  études  a'allemand  aussi 
^bien   que   l'intérêt   du   pays. 

Ch.   Veillet-Lavallée. 
Président. 

Nous  croyons  savoir  que  cette  note  a  été  soumise  à  l'examen 
de   l'Inspection   générale. 

'Notre  représentant  au  Conseil  supérieur,  M.  Rancès,  informé 
que  le  Cabinet  du  ministre  s'était  ému  des  objections  soulevées 
.  par  les  Proviseurs,  aéfendit  également  l'ordre  du  jour  de  l'Asso- 
ciation auprès  de  M.  Bellin,  et  demanda  qu'aucune  mesure  ne 
fût  prise  sans  consultation  des  intéressés. 

D'autre  part,  M.  l'Inspecteur  général  Potel  a  bien  voulu  nous 
faire  savoir  que,  dans  différents  entretiens  avec  des  représentants 


330  LES    LANGUES    MODERNES 

de  l'ctat-major,  il  a  pu  attirer  leur  attention  sur  la  crise  de 
rallemand,  et  leur  montrer  les  graves  répercussions  que  tout 
retour  au   statu   quo   pourrait    exercer   sur   notre   enseignement. 

Par  ces  différents  concours,  notre  Association  a  fait  entendre 
sa  voix  auprès  des  administrations  intéressées.  Nous  voulons 
espérer  qu'il  sera  tenu  compte  de  son  intervention.  Le  Comité  a 
pensé  qu'il  fallait  aussi  essayer  d'atteindre  le  public  par  une  pro- 
pagande de  presse.  Nous  sommes  heureux  de  signaler  à  nos  col- 
lègues plusieurs  articles  qui  traitent,  soit  de  la  question  des 
ijrandes  écoles,  soit  de  la  question,  plus  générale,  de  l'étude  de 
l'allemand  ou  des  langues  vivantes  :  J.  Lalbent,  Pour  la  défense- 
de  l'enseignement  des  Langues  Vivantes.  {Avenir,  16  mai).  — 
J.  Leblanc,  Faut-il  apprendre  l'allemand  ?  (1)  {Ere  nouvelle,  17 
mai).  —  G.  Vernox  (notre  collègue  G.  Varenne),  Les  langues 
vivantes  et  les  leçons  de  la  guerre  (2).  {Information,  22  mai),  — 
A.  T.,  Désertion  des  classes  d'allemand  dans  les  Collèges.  {Démo- 
cratie nouvelle,  9  juin.  —  G.  Delobel,  Faut-il  apprendre  l'alle- 
mand ?  {Informateur  civique,  3  juin  (.3  et  2).  Le  Comité  sera 
reconnaissant  à  tous  les  collègues  qui  voudront  bien  collaborer  à 
cette  propagande  dans  la  presse  parisienne  ou  départementale. 
Le  Comité  se  propose  de  plus,  d'obtenir  de  personnalités  émi- 
nentes  des  déclarations  qui  indiqueraient  aux  familles  tout  le 
danger  que  fait  courir  au  pays  l'abandon  de  l'allemand. 

Mais  cette  action  immédiate  ne  doit  pas  nous  faire  perdre  de 
vue  le  problème  général  qui  est  au  fond  même  du  débat  :  la 
place  des  Langues  vivantes  dans  l'enseignement  national,  La 
réorganisation  de  l'enseignement  est  à  l'ordre  du  jour  ;  elle  n  • 
doit  pas  se  faire  en  dehors  de  nous,  sans  que  nous  ayons  exposé 
et  défendu  nos  conceptions.  Elle  risquerait  trop  de  se  faire  con- 
tre nous.  Il  serait  trop  tard  ensuite  pour  récriminer.  Le  Comité 
a  donc  inscrit  cette  question  à  l'ordre  du  jour  de  ses  travaux  et  -^ 
prie  les  régionales  d'en  aborder  l'étude  le  plus  tôt  possible.  On 
peut  prendre  comme  base  le  questionnaire  publié  par  la  Fédéra- 
tion des  professeurs  de  Lycée  pour  le  Congrès  de  1920  (4^.  H 
sera  utile  d'étudier  en  particulier  l'organisation  de  l'enseigne- 
ment de  la  seconde  langue,  soit  dans  les  sections  sans  latin,  soit 
t'ans  les  sections  avec  latin,  ainsi  que  la  constitution  d'un  vérita- 
ble enseignement   des   hunuinitcs   modernes.  Le  Comité. 


(1)  Cet  article  reproduit  les  arguments  donnés  en  faveur  de: 
l'étude  de  l'allemand  par  notre  collègue.  .M.  P.  Lannes,  dans  les; 
Langues   modernes  de  niars-uvril    dernier,   pages  97-100. 

(2)  Voir  Sotes  et  Dorumenis.   page    390. 

(3)  L'Informateur,  correspondance  périodique  adressée  par  laJ 
Ligue  civique  aux  journaux  de  province,  autorisant  la  rcproduc-  > 
tion  libre  et  gratuite  de  ses  articles,  avec  ou  sans  leur  signature,  . 
nos   collègues   peuvent   demander   aux  journaux   locaux   l'insertion 

(4)  Voir  le  Bulletin  île  la  Fédération,  décembre  1919,  janvie^ 
1920  et   suivants. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  [i'M 

LeHre  adressée  à  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de  Paris 

Paris,    le    12    mai    W2U. 

\[ONSIKi;ii     LK     IlKCTKUIt. 

Ainsi  que  vous  m'y  avez  invité  au  cours  de  la  visite  que  j'ai 
tu  l'honneur  de  vous  faire  le  jeudi  6  courant,  en  compagnie 
des  deux  vice-présidents  de  notre  Association,  j'ai  l'honneur  de 
vous  adresser  ci-joint  le  texte  de  l'ordre  du  jour  voté  par  le 
(Comité,  en  sa  séance  ou  6  mai  1920  (li.  Il  s'agit  de  la  ques- 
tion des  deux  langues  obligatoires  (anglais  et  allemand)  au  con- 
cours  d'entrée   à    Polytechnique   et   à    St-thr, 

\'ous  remarquerez.  Monsieur  le  Itecteur,  que  notre  groupement 
professionnel  enregistre  avec  satisfaction  la  récente  décision  de 
.M.  le  Ministre  de  la  (nierre,  qui  nous  ])arait  éminemment  sage, 
prévoyante  et  de  tous  i)oints  heureuse  i)our  l'intérêt   national. 

La  décision  qui,  en  1916,  avait  permis  aux  candidats  de  choi- 
sir entre  l'allemand  et  l'anglais  avait  achevé  de  ruiner  dans 
nos  Lycées  et  Collèges  l'étuoe  de  l'allemand  déjà  abandonnée 
depuis  le  début  de  la  guerre,  sous  l'inspiration  d'un  patriotisme 
mal  entendu.  Les  générations  actuelles  risqueraient  ainAi  d'igno- 
rer raJlemand  et,  par  suite,  l'Allemagne,  (/était  là  un  véritable 
péril  national  qui  a  été  signalé,  non  seulement  par  les  membres 
de  l'enseignement  des  Langues  vivantes,  mais  encore  par  de  nom- 
breuses personnalités,  notamment  par  M.  E.  Lavissc,  dans  i.sa 
;ttre   au   Temps  du   24   octobre    1919. 

Il  ne  saurait  être  question  de  revenir  à  l'état  de  choses  d'avant 
1914  et  de  reaonncr  à  l'allemand  la  priorité  sur  les  autres  lan- 
gues. Nos  futurs  officiers,  nos  futurs  ingénieurs  ont  liesoin 
aujourd'hui  de  savoir  l'anglais.  Mais  il  ne  leur  est  pas  davantage 
jiermis  de  négliger  la  connaissance  de  l'allemand  au  moment 
où  le  pays  a  besoin  d'un  nombre  de  Français  toujours  croissant 
qui,  avertis,  au  courant  des  choses  allemandes  et  de  la  mentalité 
germanique,  pourront  renseigner  l'opinion  publique,  assurer 
Texécution  des  clauses  financières  du  traité  de  paix,  contrôler  le 
désarmement  oe  r.Allemagne,  surveiller  son  développement  éco- 
nomique,   pratiquer    l'occupation    de    la    rive   gauche    du    Rhin. 

CL'est  pourquoi  la  récente  décision  de  M.  le  Ministre  dé  la 
(hierre  nous  paraît  donner  la  seule  solution  possible  du  pro- 
blème en  établissant  un  juste  équilibre  entre  deux  langues  d'une 
égale   importance. 

L'unique  objection  sérieuse  qui  puisse  être  faite  à  cette  mesure 
s'appuie  sur  la  surcharge  qu'imposerait  l'étude  des  deux  langues 
aux  candidats  aux  grandes  écoles.  Mais  les  programmes  actuels 
ne  sont  pas  intangibles  ;  une  refonte  en  est  réclamée,  a'ailleurs. 
cic  tous  côtés.  Une  réorganisation  de  notre  enseignement  national 
établie  de  manière  à  présenter  un  choix  judicieux  de  connais- 
s;;nces,  par  les  méthodes  les  plus  actives  et  les  plus  hautement 
éducatives  permettrait  d'introduire  dans  la  section  C,  la  seule, 
d'ailleurs,  qui  sôit  en  question,  l'étude  d'une  seconde  langue, 
sans  imposer  de  surcharge  aux  élèves.  En  attendant  cette  réor- 
ganisation, notre  Société  croit  pouvoir  afTirmer  qu'elle  est,  à 
même  de  proposer  des  mesures  transitoires  qui  rendraient,  dès 
maintenant,  cette  étude  possible  sans  créer  de  nouvelles  heures 
de  classe. 

(1)  Voir  Langues  Modernes  (Mai-Juin  1920),  p.  192. 


332  LES    LANGUES   MODERNES 

Nous  nous  tenons  donc  à  votre  disposition.  Monsieur  le  Rec- 
teur, pour  vous  exposer  le  détail  de  ces  mesures,  s'il  vous  plaît, 
le  cas  échéant,  de  nous  convoquer.  Nous  nous  permettons  d'indi- 
quer en  passant  que  la  question  personnel  ne  se  pose  pas,  car  les 
professeur  d'allemand  ont,  en  beaucoup  de  cas,  à  l'heure  actuelle, 
un   service   incomplet. 

Je  vous  prie  d'agréer,  Monsieur  le  Recteur,  l'expression  de  mon 
respectueux  dévouement. 

Ch.    ^'EILLET-LAVALLÉE,. 

Président. 


Lettre  de  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de  Paris 

Paris,   le   15   mai   IVW, 
MoxsiEUH  LE  Président, 

.l'ai  pris  connaissance  de  l'ordre  du  jour  de  l'Association  des 
Professeurs  de  Langues  vivantes  de  l'Enseignement  Public,  que 
vous  avez   bien   voulu   m'adresser  le    12  mai   courant. 

Je  suis  tout  disposé  à  examiner  et  à  soumettre  à  M.  le  Ministre 
les  mesures  pratiques  que  l'Association  est,  me  dites-vous,  à 
même  de  proposer.  Je  vous  serais  obligé  de  vouloir  bien  m'expo- 
ser,  dans  un  rapport  spécial,  le  détail  de  ces  mesures  qui  ren- 
draient possible,  dès  maintenant,  l'étude  d'une  seconde  langue, 
sans  création   de  nouvelles   heures   de  classe.  ( 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  mes 
sentiments  très  distingués. 

Le  Recteur, 
Signé  :  Appel. 


Lettre  adressée  à  M.  le  Kecteur  de  TAcadémie  de  Paris 

Paris,   le  22   mai,   19:20. 
Monsieur  le  Recteur, 

Vous  avez  bien  voulu,  par  votre  lettre  du  15  courant,  m'inviter 
à  vous  présenter  un  rapport  exposant  le  détail  des  mesures  qui 
nous  paraissent  propres  à  faciliter,  dès  maintenant,  l'étude  des 
deux  langues  —  allemand  et  anglais  —  qui  seront  obligatoires  à 
partir   de    1923   au   conours  d'entrée   à   Polytechnique   et   à   St-Cyr. 

J'ai  l'honneur.  Monsieur  le  Recteur,  de  vous  remettre  ci-joint 
le  rapport  en  question  (D,  en  vous  remerciant  d'avance  de  la  bien- 
veillante attention  que  vous  vouerez  bien  consacrer  à  nos  sug- 
gestions. 

Dans  les  efforts  que  nous  déployons,  en  ce  moment,  nous  som- 
mes inspirés  par  la  double  conviction  que  la  connaissance  des 
langues  étrangères  est  indispensable  à  la  culture  moderne  et  que 
fintérèt  général  du  pays,  la  défense  nationale  exigent  que  nos 
futurs  olficicrs   et    ingénieurs   sachent   et    l'anglais   et   l'allemancl. 

Je    vous    prie    d'agréer,    etc.. 

Ch.   Veillet-Lavallée» 
Président, 

(1)   Voir  page  328  :   Sole  roncemunt   l'élude  obligatoire,  etc.../ 


lUI.LKTIN    DE    i/ASSOCIATION  333 

LeUre  adressée  au  Ministre  de  la  Guerre 


Pans,  le  10  mai,  19W. 
A   Monsieur  le   Ministre   de   la   (inerre. 

MONSIF.IH     LK    MiMSTHK, 

J';ii  l'honneur  de  soumettre  à  votre  bienveillant  examen  l'ordre 
du  .jour  ci-joint,  volé  par  le  Comité  de  l'Association  des  Profes- 
seurs de  Langues  vivantes  oe  l'Enseignement  Public  dans  sa 
scance   du    6   mai    1920. 

Cet  ordre  du  jour  eniegistre  avec  la  plus  grande  satisfaction  la 
I  Lcente  décision  par  laquelle  M.  le  Ministre  ôe  la  Guerre  rend 
I  bligatoire.  pour  le  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à 
Si-(^yr.  à  partir  de  192;i.  la  connaissance  de  l'allemand  et  de 
I  anglais. 

Eu  eflet,  la  décision  qui,  en  1916,  avait  permis  aux  candidats 
tic  choisir  entre  l'allemand  et  l'anglais  avait  achevé  de  ruiner 
dans  nos  Lycées  et  Collèges  l'étude  de  l'allemand  déjà  aban- 
donnée depuis  le  début  de  la  guerre  sous  l'inspiration  d'un 
patriotisme  mal  entenau.  Les  générations  actuelles  risqueraient 
;Hnsi  d'ignorer  l'allemand  et  par  suite  l'Allemagne,  C'était  là 
un  véritable  péril  national  qui  a  été  signalé,  non  seulement  par 
les  membres  de  l'enseignement  des  Langues  vivantes,  mais  encore 
par  de  nombreuses  personnalités,  notamment  par  M.  E.  Lavisse, 
dans  sa  lettre  au   Temps  du  '24  octobre  1919. 

Il  ne  saurait  être  question,  eu  égard  aux  nouvelles  conditions 
politiques  et  économiques  où  se  trouve  la  France,  de  revenir  à 
l'état  de  choses  d'avant  1914  et  de  redonner  à  l'allemand  la 
priorité  sur  les  autres  langues.  Nos  futurs  officiers,  nos  futurs 
ijigénieiirs  ont  besoin  aujourd'hui  oe  connaître  l'anglais.  Mais 
il  ne  leur  est  cependant  pas  permis  de  négliger  la  connaissance 
de  lalleinaud  au  moment  où  l'exécution  des  clauses  financières 
du  traité  de  paix,  le  contrôle  du  désarmement  de  l'Allemagne,  la 
surveillance  de  son  développement  économique,  l'occupation  de 
la  rive-  gauche  du  Rhin  exigent  un  nombre  de  plus  en  plus  grand 
de   Français   avertis,   capables   d'informer   exactement   leur   pays. 

C'est  pourquoi  la  récente  décision  ministérielle  nous  paraît 
donner  la  seule  solution  possible  du  problème  en  établissant  un 
juste  équilibre   entre   deux   langues   d'une   égale   importance. 

L'unique  objection  sérieuse  qui  puisse  être  faite  à  cette  mesure 
s'appuie  sur  la  surcharge  qu'imposerait  l'étude  de  deux  langues 
aux  candidats  aux  grandes  écoles.  Mais  les  programmes  actuels 
ne  sont  pas  intangibles  ;  leur  refonte  est,  bien  au  contraire, 
réclamée  de  divers  côtés.  Une  réorganisation  de  notre  enseigne- 
ment national,  établie  de  manière  à  présenter  un  choix  judicieux 
de  connaissances  par  les  méthodes  les  plus  actives  et  les  plus 
hautement  éducatives,  permettrait  d'introduire  dans  la  section  C 
(la  seule  d'ailleurs  qui  soit  en  question),  l'étude  d'une  seconde 
langue  sans  imposer  de  surcharge  aux  élèves.  En  attendant  cette 
réorganisation,  notre  Société  croit  pouvoir  affirmer  qu'elle  est 
en  mesure  de  proposer  des  mesures  transitoires  qui  rendraient, 
dès  maintenant,  cette  étude  possible  sans  créer  de  nouvelles  heu- 
res de  classe. 

Dans  ces  conditions.  Monsieur  le  Ministre,  nous  espérons  que 
vous  voudrez  bien  prendre  notre  ordre  du  jour  en  considération 
et   maintenir  la  mesure   qui  en   est    l'objet.    Nous    nous    tenons. 


334  ].ES    LANGUES    MODEKNES  , 

d'ailleurs,   à   votre   disposition   pour  vous   fournir  tous  les   rensei- 
gnements que  vous  jugeriez  nécessaires. 
Je  vous   prie   d'agréer,   etc... 

Ch.  V^eillet-Lavallée, 
Président. 


Lettre  adressée  au  général  Serrigny. 

Directeur  des  Ecoles  Militaires  au   Ministère   de   là  Guerre 

10    mai. 
Mon   Général, 

.T'ai  l'honneur  de  vous  adresser  ci-inclus  le  texte  d'un  ordre  du 
jtur  voté  par  le  Comité  de  notre  Association  dans  sa  séance  du 
6  mai  1920.  Je  vous  informe,  en  outre,  que  j'envoie  en  même 
temps  à  M.  le  Ministre  de  la  guerre  un  autre  exemplaire  de  cet 
oidre  du  jour  pour  qu'il  en  prenne  connaissance. 

Nous  avons  enregistré  avec  la  plus  vive  satisfaction  la  décision 
récente  qui  a  rendu  obligatoires,  à  partir  de  1923,  au  Concours 
d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr,  les  langues  allemande  et 
anglaise. 

La  décision,  prise  en  1916,  permettant  aux  candidats  de  pré- 
senter, au  choix,  l'une  de  ces  deux  langues  avait  achevé  de  rui- 
ner, dans  notre  enseignement  secondaire,  l'étude  de  rallemand, 
ce  qui  constituait  un  véritable  péril  national. 

(Certes,  on  ne  peut  songer  à  retourner  à  l'état  de  choses  d'a\'ant 
1914  et  rendre  à  l'allemand  son  ancienne  et  quasi  exclusive 
piépondérance.  (Miciers  et  ingénieurs  ont  besoin  de  savoir  l'an- 
glais. 11  leur  est  cependant  impossible  d'ignorer  l'aîTemand  au 
moment  où  il  nous  faut  assurer  l'exécution  des  clauses  économi- 
ques du  traité  de  Versailles,  contrôler  le  désarmement  de  l'Alle- 
magne, occuper  la  rive  gauche  du  Rhin.  Ces  tâches  exigeront  un 
nombre  toujours  croissant  de  Français  connaissant  la  langue,  les 
mœurs,  la  mentalité  de  nos  ennemis  d'hier  et  capables  de  rensei- 
gner avec  exactitude  nos  compatriotes. 

La  récente  décision  ministérielle  nous  a  paru  donner  au  pro- 
blème sa  seule  solution  possible  en  créant  un  juste  équilibre 
entre  l'allemand  et  l'anglais. 

Certains  s'inquiètent  de  la  surcharge  que  la  mesure  va  impo- 
ser aux  candidats.  L'objection  est  sérieuse,  mais  les  progranimcs 
actuels  ne  sont  pas  intangibles  ;  il  semble  même  que  leur  refonte 
aura  lieu  dans  un  avenir  prochain.  Il  sera  facile  alors  d'établir 
un  choix  judicieux  de  connaissances  que  les  élèves  acquerront 
par  les  méthodes  les  plus  actives  et  les  plus  éducatives.  En  atten- 
dant cette  réorganisation,  notre  groupement  se  croit  en  mesure 
de  proposer  des  solutions  transitoires  qui  permettraient  d'étu- 
dier, dans  la  Section  C,  dès  maintenant,  une  seconde  langue,  sans 
<}u'il    fût   nécessaire   de   créer   de    nouvelles   heures   ae    classe. 

Nous  espérons  donc,  mo)i  Général,  que  vous  voudrez  bien  exa- 
:î)iner  avec  sympathie  l'ordre  du  jour  ci-joint  et  que  la  mesure 
récemment    adoptée    sera    appliquée    dans    son    intégrité. 

Je  vous  prie  d'agréer,  etc.. 

Ch.  Vkillkï-Lavai.i.ée»  g^ 
Président. 


à 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  335 

Lettre  de  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Supérieur 

Paris,    le    '20    niai,    lUlO. 

A    Monsieur  le   Président   de   l'Assorialion   des   Professeurs 
de   Langues   viixintes   de   l'Enseiynemenl   public. 

Vous  jivez  bifii  voulu  me  saisir  d'un  vœu  teiiuant  à  ce  qu'une 
entente  iiitervienne  entre  les  examinateurs  de  Langues  vivantes 
afin  que,  dans  un  même  ordre  d'examen,  les  épreuves  des  diffé- 
nntes   langues   |)résentent   un    même   degré   de  diflîculté. 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  cette  mesure  me  parais- 
si.nt  justifiée,  je  viens  d'envoyer  à  MM.  les  Recteurs  des  instruc- 
tions dans  ce  sens. 

Signé  :    (".ovili.e. 


Lettre  de  N.  le  Directeur  de  l'Enseignement  Secondaire 

Paris,   le   l't   mai,   1920. 

MOXSIEUH     LE     PhÉSIDENT, 

.)'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  du  vœu  que  vous 
m'avez  transmis  au  nom  de  l'Association  des  professeurs  de  Lan- 
gues vivantes  et  tendant  à  un  accord  préalable  des  examina- 
teurs des  ditférentes  langues  au  baccalauréat  et  aux  examens  de 
l'enseignement   primaire. 

.Je  vous  remercie  de  cette  communication,  dont  j'ai  pris  con- 
naissance avec  intérêt,  et  que  je  me  suis  empressé  de  recom- 
mander à  la  bienveillante  attention  de  MM.  les  Directeurs  de 
l'Enseignement  supérieur  et  de  l'Enseignement  primaire,  qu'elle 
concerne    plus    particulièrement. 

Agréez,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  ma  considéra- 
tion très  distinguée. 

Le  Directeur  de   l'Enseignement   secondaire. 
Signé  :  M.  Bellin. 


Lettre  envoyée  à  certains  membres  du  Conseil  Supérieur 
de  l'Instruction  Publique'^* 

Paris,  le  l'2  juin  1910. 
.Monsieur 

Au  moment  où  le  Conseil  Supérieur  va  examiner  le  projet  de 
réforme  des  Ecoles  Normales  d'Instituteurs  et  d'Institutrices,  nous 
avons  l'honneur  de  vous  adresser  ci-inclus  le  tirage  à  part  d'un 
article  qui  a  paru  en  février  dernier  dans  la  •  Revue  de  l'Ensei- 
gnement   des    Langues    Vivantes    >. 

Cet  article  expose  les  principaux  arguments  qui,  à  nos  yeux, 
montrent  combien  serait  dangereuse  pour  le  pays  toute  diminu- 
tion de  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  dans  les  Ecoles 
Normales  Primaires.  Nous  sommes  persuadés,  en  effet,  que  ren- 
dre facultative  dans  ces  établissements  l'étude  des  langues  moder- 
nes   serait    tuer    cet    enseignement.    Les    conséquences    désastreuses 

(1)  Voir  sous  la  rubrique  Notes  et  Documents  :  Les  Langues 
Vivantes    au    Conseil    Supérieur    (page  378). 


336 


LES   LANGUES   MODERNES 


de     cette     mesure,    qui    va    droit    à    l'encontre    des     tendances     de 
l'opinion    publique,    seraient    bientôt    les    suivantes  : 

1''    Amoindrissement    de    la    culture    des    futurs    instituteurs    et 
institutrices   au   point   de   vue  : 
n)    grammatical  ; 

h)    littéraire  ;  • 

c)    social    et    patriotique. 

2"    Diminution    de    la    force    d'expansion    économique    du    pays. 

3°  Diminution  de  la  connaissance  que  doit  posséder  le  public 
français  dans  son  ensemble  des  faits  politiques,  moraux  et  sociaux 
des  pays  étranfjers.  en  d'autres  termes,  ignorance  et  incompréhen- 
sion  dangereuses   de   ce   qui   se    passe    au  delà   des   frontières. 

4"  Impossibilité  à  l'avenir  de  recruter  les  Professeurs  de  Lan- 
gues Vivantes  des  Ecoles  Primaires  Supérieures  de  garçons  et  de 
filles  et  des  Cours  Complémentaires,  au  moment  où  ce  recrute- 
ment, surtout   pour  l'anglais  (garçons),  est   assez  malaisé. 

Il  y  a  lieu  d'observer,  en  outre,  que  dans  les  pays  les  plus 
avancés  au  point  de  vue  de  la  diffusion  de  l'instruction  (AUe- 
nîagne,  Angleterre,  Belgique,  Hollande,  Suisse),  on  accorde  dans 
les  Ecoles  Normales  et,  plus  généralement,  dans  tout  l'enseigne- 
ment primaire,  une  place  plus  importante  aux  Langues  Vivantes 
qu'on  ne  le  fait  chez  nous.  La  mesure  projetée  augmentera  encore 
notre    infériorité. 

Je    vous    prie    d'aguéer...    etc. 

Ch.   Veillet-Lavallée, 
Président  de   l'Association   des  Prof,   de  L.    V.  de   l'E.  P. 

P.-S.  (ajouté  après  réception  de  la  nouvelle  relative  aux  pro- 
grammes des  E.  P.  S.).  —  Les  observations  qui  précèdent  s'ap- 
pliquent avec  plus  de  force  encore  à  tout  projet  qui  tendrait  à 
rendre  facultatif  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  dans  les 
Ecoles  Primaires  Supérieures.  Une  telle  mesure  serait  à  propre- 
ment parler  désastreuse  pour  notre  avenir  économique  et  intel- 
lectuel. 


Note  remise  à  M.  Louis  Marin,  Député 


'  Paris,    26    juin    1920. 

Un  projet  de  décret  préparé  par  la  direction  de  l'Enseignement 
Primaire,  sans  consultation  préalable  ni  des  milieux  intéressés, 
ni  des  groupements  ])rofessionnels  compétents  et  soumis  après- 
demain  à  l'examen  du  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  publi- 
que, décide  qu'à  l'avenir  l'étude  des  Langues  Vivantes,  obligatoire 
jusqu'ici,    deviendra    seulement    facultative  : 

1"    dans    les    Ecoles    Normales    d'Instituteurs    et    iVInstilutrices  : 

2°  dans  les  Ecoles  Primaires  Sui>érieurcs  de  garçons  et  de 
Filles. 

Une  pareille  mesure,  si  elle  est  adoptée,  nous  ramènera  dv 
cinquante  ans  en  arrière.  Elle  aira  des  conséquences  déplorables  : 

1"    pour   la   formation    intellectuelle   du    personnel   de   1  cnseign. 
ment    primaire   et   des   cinquante   mille   élèiyes   qui   fréquentent    Us 
filcoles    Primaires   Supérieures   et   les   C>ours    Complémentaires  : 

2"    pour  la  force  d'cifuinsion   économi<iue  du    ])ays. 

fciUe  met  les  Langues  \'ivantes  au  niveau  des  arts  d'agrément  : 
elle  en  rend  l'enseignement  précaire;  elle  nuit  à  la  dignité  du  Corps 
des    Professeurs    de    Langues    Vivantes. 


BULLETIN'  DE  L'ASSOCIATION  337 

On  n'ose  pas  supprimer  purement  et  simplement  l'étude  des 
langues  et  littératures  modernes  et  des  choses  de  l'étranger.  En 
la  rendant  facultative,  pour  des  jeunes  gens  et  des  enfants,  on 
atteint    le    même    résultat    d'une    façon    détournée. 

(;h.    Veillet-Lavallék. 
Président   de   l'A.  P.   L.    V. 


Section    Régionale    de    Clermont-Ferrand 


La  lettre-circulaire  ci-dessous  a  été  adressée  à  la  date  du  10 
juin,  à  tous  les  professeurs  de  Langues  vivantes  de  l'Académie 
de   Clermont  : 

Clermont-Ferrand,  le...  Î'J'20. 

.\  la  suite  d'une  convocation  adressée  aux  professeurs  de  Lan- 
gues vivantes  à  Clermont-Kerrand,  les  professeurs  des  trois  ordres 
de  l'enseignement,  réunis  le  3  juin  à  l'Ecole  Professionnelle,  ont 
décidé,  à  l'unanimité,  qu'il  y  a  lieu  de  créer  au  siège  de  l'Aca- 
dcinic  une  Régionale  (section  de  l'Association  des  professeurs 
ce  Langues  vivantes  de  l'enseignement  public,  comme  il  en  existe 
déjà  dans  mainte  académie,  notamment  à  Poitiers,  Lille,  .Aix, 
ctc...i. 

Afin  de  procéder  à  l'élection  du  bureau  définitif  de  la  Régio- 
nale, de  permettre  les  échanges  de  vues  nécessaires,  et  de  déter- 
miner un  programme  d'action,  à  mettre  en  œuvre,  dès  .la  rentrée 
d'octobre  1920,  il  a  été  convenu  qu'une  première  assemblée 
régionale  trimestrielle  serait  tenue  à  Clermont-Ferrand,  Lycée 
lîlaise-Pascal,   le   dimanche   11   juillet,  à   17   heures. 

Les  professeurs  de  Clermont  espèrent  que  liurs  collègues  de 
l'Académie  ne  refuseront  pas  leur  coopération  dans  la  dpfense 
de  l'enseignement  des  Langues  vivantes,  l'étude  de  toutes  ques- 
tions d'ordre  technique,  et  la  défense  des  intérêts  corporatifs. 
Ils   les   en   remercient    d'avance   bien   cordialement. 

En  conséquence,  ils  jjrient  M de  bien  vouloir  considérer  la 

présente  circulaire  comme   une  invitation  à  assister  à  r.\s^emblée 
régionale   ou   11    juillet. 

Le     secrétaire     provisoire, 
R.  Vivien. 


Section  régionale  d'Aix- Marseille 


Lappel  suivant  a  été  adressé  à  la  date  du  19  juin  1920  aux  70 
établissements  d'enseignement  secondaire  et  primaire  supérieur 
de    l'Académie    d'Aix-Marseille  : 

Marseille,  le  19  juin,  1020, 
Chehs    CoLLi^;GUES, 

On  reconstitue  partout.  Il  nous  faut  donc  reconstituer  aussi 
notre  groupement  régional  de  l'Association  des  Professeurs  de 
L.  V.  de  l'Enseignement  public.  Nous  sommes  déjà  devancés 
(les    circonstances    seules ,  en    sont    cause  i,    par    Poitiers,    Lyon    et 


338  I.ES   LANGUES  MODERNES 

Toulouse.  Soyous  du  moins  de  ceux  qui  aui-out  fait  cet  effort  de 
résurrection  dès  la  première  année  de  la  paix. 

A  aucun  moment  nous  n'avons  eu  plus  besoin  d'être  fortement 
organisés.  Nos  méthodes  et  les  sanctions  de  notre  enseignement 
sont  un  peu  partout  dans  l'Université  et  même  hors  d'elle  — 
l'objet  des  discussions  les  plus  vives  et  viennent  d'être  soumises 
à  des  remaniements  sur  lesquels  les  avis  peuvent  différer,  mais 
c'u'il  importe  d'examiner  très  attentivement .  tous  ensemble, 
maintenant  que  la  paix  nous  a  réunis,  avec  l'unique  préoc- 
cupation   du    progrès    des    études. 

D'autre  part,  la  place  même  de  notre  enseignement  dans  le 
système  général  de  l'éducation  nationale  est  remise  en  questioji 
par  diverses  mesures  déjà  prises  et  par  divers  projets  de  réforme, 
li  importe  que  nous  puissions  participer  avec  autorité  à  cette 
discussion  dans  laquelle,  au  reste,  nous  n'avons  pas  la  moindre 
arrière-pensée  d'hostilité  contre  aucune  autre  discipline.  Une  des 
caractéristiques  les  plus  certaines  de  notre  Section  Régionale  sera 
précisément  l'esprit  de  mesure  et  de  bienveillance  à  l'égard  de 
Lttte  culture  gréco-latine  que  nous  ne  pourrions  vouloir  ruiner, 
ou  même  amoindrir  davantage,  sans  arracher  les  pages  les  plus 
anciennes  —  et  elles  comptent  parmi  les  plus  belles  et  les  plus 
familières  —  de  notre  histoire  de  Provence.  En  affirmant  qu'il  y 
a  une  part  à  faire  aux  humanités  modernes  nous  n'avons  donc 
pas  la  moindre  intention  de  dénigrement  à  l'égard  des  humanités 
anciennes. 


Pour  ce  qui  est  de  l'organisation  Intérieure  de  notre  Sectiît)n 
rcgionale,  nous  la  désirons  telle  que  les  plus  Tsolés  de  nos  collè- 
gues y  soient  assurés  de  toute  leur  part  d'influence.  Nous  posons 
Gonc  le  principe  que  tout  acte  engageant  la  Section  régionale,  et 
même  tout  avis  exprimé  en  son  nom.  devront  être  précédés 
dune   consultation,   par   référendum,   de   tous    ses   membres. 

La  tâche  la  plus  urgente  consiste  à  nous  rassembler  et  à  nous 
compler. 

Une  soixantaine  de  membres  de  r.\ssociali<)n  des  P.  L.  V.  rési- 
dent dans  l'Académie.  L'adhésion  à  la  Régionale  n'impliquant 
aucune  charge  supplémentaire,  nous  les  considérons  naturelle- 
ment cHjmme  membres  de  la  Régionale.  Nous  les  prions  en  même 
temps  d'employer  leur  influence  pour  amener  à  l'.Association 
ceux  de  nos  collègues  qui  n'en  font  pas  encore  partie.  Tout 
professeur  de  Langue  vivante  estimera  certainement.  dès 
réflexion  faite,  qu'il  est  à  la  fois  de  son  intérêt  et  de  son  devoir 
de  faire  partie,  soit  de  l'A.  des  P.  L.  V..  soit  de  celle  des  pro- 
fesseurs de  Langues  méridionales.  Les  deux  Associations  sont 
résolues  à  marcher  de  concert.  En  ce  qui  concerne  notre  Acadé- 
mie, elles  sont  décidées  à  établir  le  plus  complet  synchronisme 
dans  leurs  réunions  et  leurs  démarches  pour  pouvoir  agir,  en 
lait,   comme   une   seule   association. 

Dès  que  nous  serons  à  peu  pi-ès  au  complet,  nous  convoque- 
rons une  .assemblée  générale,  a\ec  \()te  jjar  correspondance, 
pour  régler  dans  tous  ses  détails  l'organisation  de  notre  régio- 
nale. 

Secrétariat  provisoire  : 

Pour  les  Lycées  et  Collèges  de  garçons  :  M.  (i.-E.  hroihe>  profes- 
seur  agrégé   d'anglais   au    Grand    Lycée,    Marseille. 


BULLETIN    DK    l'ASSOCLATION  339 

Pour  lis  Lvc-ccs  et  Collèges  de  filles  :  Mlle  L.  Beley,  professeur 
ii';:lleniiind  ;iu  Lyeéc  de  jeunes  filles,  Miirseille. 

Pour  les  Kcoles  normales  et  primaires  supérieures  de  garçons: 
HJ.   Michel,    professeur   d'anglais    à    l'Keole    Pierre-Puget,    Marseille. 

Pour  les  Ecoles  normales  et  primaiies  supérieures  de  filles  : 
Mme  Paris,  professeur  d'italien  à  l'Keole  Kdgar-Quinet,  Mar- 
seille. 

F^rière  u'adresser  les  adhésions  nouvelles  aux  secrétaires  respec- 
tifs. 

L'adhésion  à  la  Régionale  donne  droit  au  service  du  Bulletin  de 
l'A.  P.  L.  V^  Les  Langues  modernes,  publié  six  fois  par  an. 

Envoyer  les  cotisations  HO   fr.),   aux    secrétaires   respectifs. 

L'annuaire  de  la  Société  doit  paraître  dans  le  prochain  numéro 
du   Bulletin. 

Vu   et  II]) prouvé. 
Le  T'résident  de  la  Régionale  d'avant-guerre  : 

P.  Lestaxg. 
Professeur  agrégé  d'anglais  au  grand  Lijcée,  Marseille. 

!^.-B.  —  Prière  ne  désigner  pour  votre  établissement  un  corres- 
pondant du  Secrétariat  de  la  Hégionale. 

Le  représentant  de  T.Association  des  professeurs  de  Langues 
Méridionales  pour  l'.Acadêmie  d'.Aix-Marseille,  s'associe  à  cet 
appel  et  centralise  les  adhésions  en  ce  qui  concerne  son  groupe- 
ment. 

Paoli. 
Professeur  <igrégé   d'italien   au   Grand   Li/cée,   Marseille. 


Adhésions  nouvelles 


M.  Brauer.  professeur.  Institution  St-Berthuin.  Malonne-les- 
Namur.  Belgique.  —  Central  High  School,  School  District  of  City 
of  Siranton,  Pennsylvania.  —  M.  E*  Didelot,  professeur  au  collège, 
Commercy.  —  M.  le  Directeur  des  Cours  Secondaires  de  français. 
Trêves.  —  M.  Favre,  professeur  au  Lycée.  Moulins.  —  Mlle  Goisey. 
professeur  au  Collège  de  J.-F..  Dreux.  —  Institut  de  Philologie 
Germanique,  Strasbourg.  —  M.  Marcaggi,  professeur  au  Lycée  du 
Parc,  Lyon.  —  M.  Parenty,  Professeur  au  Collège  d'Arras.  — 
M.  Reynaud,  professeur  au  Lycée  de  Rouen.  —  Mrs  Severn  Storra. 
Harvell.  Ste\enton.  —  M.  Simonnot,  St-Sauvent  (Charente-Inf.t.  — 
M.    Sulger-Buet.    professeur    au    Lycée    du    Parc,    Lyon. 


•S> 


LA  PEDAGOGIE  GAIE 


ou 


Les  disciplines  traditionnelles 


Je  croisai,  l'autre  matin,  mon  ami  Tardigrade  dans  les  esca- 
liers du  lycée  Robespierre.  Le  lycée  Robespierre  ne  ressemble  en 
rien  à  l'Université  que  nous  a  dépeinte  M.  Herriot.  Ce  lycée,  le 
plus  parisien  des  lycées  de  Paris,  est  tout  en  étages,  et  entre  ces 
étages,  il  y  a  des  escaliers,  beaucoup  d'escaliers,  et  pas  d'ascen- 
seurs ;  et  pour  passer  du  rez-de-chaussée  au  premier  étage  et  du 
premier  étage  au  second,  et  du  second  au  troisième,  les  élèves 
n'ont  même  pas  la  joie  de  faire  le  long  des  murs  ces  prodigieux 
rétablissements  dont  parlait  l'historien  de  Mme  Récamier,  car 
les  fenêtres  y  sont  aussi  grillagées  que  celles  d"une  prison,  —  ce 
qui  est  à  la  fois  triste  et  symbolique... 

Mon  ami  Tardigrade  était  radieux,  contre  son  habitude,  et  il 
m'aborda  d'un  air  triomphant. 

—  Vous  avez  lu,  me  dit-il,  le  discours  de  Léon  Bérard  à  la 
Chambre.  Les  humanités  classiques  ont  enfin  trouvé  un  magnifique 
avocat  et  je  pense  qu'après  son  éloquent  plaidoyer,  il  sera  bien 
difficile  au  Ministre  de  ne  pas  se  décider  à  renforcer  les  études 
classiques  qui  se  meurent,  après  avoir  fait  la  force  de  la  France  ! 

—  J'ai  lu,  répondis-je,  la  rhétorique  creuse  de  Léon  Bérard  et 
je  comprends  qu'elle  vous  ait  plu.  Mais  je  pense  que,  par  ce  dis- 
cours malheureux,  M.  Léon  Bérard  a  bien  compromis  la  cause 
qu'il  prétendait  défendre. 

—  Vous  serez  toujours  paradoxal  ou  peu  sérieux  ! 

— (  Croyez-vous  ?  Et  si  je  vous  démontrais  qu'avec  l'argument  le 
plus  fort  dont  s'est  servi  M.  Bérard  pour  célébrer  les  vertus 
«  des  vieilles  disciplines  classiques  et  traditionnelles  »,  toute  la 
vie,  toute  la  civilisation  s'arrêteraient,  que  l'on  serait  condamné 
à  vivre  éternellement  comme  ont  vécu  nos  pères,  et  que  l'on  se 
couvrirait  de  ridicule,  à  tenir  le  langage  de  M.  Léon  Bérard,  s'il 
s'agissait  d'autre  chose  vraiment  que  de  la  misérable  question 
du  latin  qui  est.  à  l'heure  actuelle,  quoi  que  vous  en  pensiez,  une 
question  de  bien  minime  importance  au  regard  de  la  réforme 
totale  qui  s'impose  à  l'Université  pour  l'avenir  même  de  la  France. 

—  Je  ne  vous  comprends  pas,  articula  dédaigneusement  M.  Tar- 
digrade. 

—  Vous  allez  comprendre.  <■  Il  est  possi!)le  »,  vous  a  dit 
M.  Bérard,  et  je  sais  jiar  cœur  sa  belle  période,  <i  que  les  méthodes 
modernistes  soient  bonnes.  Malheureusement  pour  elles,  la  valeur 


i,A  PKnA(;o(;iE  oaik  341 

n"tn  est  pas  vérifiée  et  elle  demeure,  quant  à  présent,  invéri- 
iiable.  »  il'n  beau  truisme  !i  •  Par  contre,  des  sièles  de  haute 
iivilisation  française  témoignent  de  la  vertu  des  disciplines  tradi- 
tionnelles, auxxiuellcs  je  voudrais  que  l'Université  restât  fidèle.  » 
\  ous  ne  saisissez  pas  l'infirmité  a'un  pareil   raisonnement  ? 

—  Vous  appelez  infirmité  ce  qui   fait  sa  noblesse. 

—  .J'appelle  infirmité  une  attitude  de  l'esprit  qui  se  dérobe 
par  avance  et  par  principe  à  toute  expérience,  lors  même  qu'elle 
pourrait  être  bonne,  et  l'inquiétude  d'un  homme  qui  se  croirait 
j^c-du,  à  conduire  un  seul  de  ses  pas  hors  des  traces  des  pas  de 
res  pères,  et  à  s'écarter  des  chemins  battus.  C'est  de  cette  infirmité- 
là  que  la  France  se  meurt,  tout  simplement. 

—  Hon  !  voilà  que  vous  exagérez  une  fois  de  plus  ;  vous  détestez 
tout  ce  qui  est  tradition  ! 

—  N'employons  pas  ce  grand  mot  hors  de  propos  ;  et  concédez- 
moi  qu'avec  de  pareils  raisonnements,  nous  en  serions  encore  aux 
diligences  de  nos  pères,  que  dis-je  ?  aux  chariots  des  rois  fai- 
néants !  Voyez-vous,  au  moment  où  le  premier  chemin  de  fer 
essayait  de  remorquer  péniblement  quelques  voyageurs  de  Paris  à 
St-Germain,  qu'un  Léon  Bérard  —  il  y  en  eut  un  alors,  il  y  en 
a  toujours  un  dans  ces  circonstances,  et  il  portait  un  nom  illus- 
tre —  eût  dit  au  pays  :  -  Il  est  possible  que  cette  invention  des 
chemins  de  fer  soit  bonne.  Malheureusement  pour  elle,  la  valeur 
n'en  est  pas  vérifiée  et  elle  demeure  jusqu'à  présent  invérifiable.  » 
(L'éternel  truisme  !)  "  Par  contre,  des  siècles  de  haute  civilisation 
témoignent  de  la  vertu  d^s  bonnes  vieilles  diligences  traditionnel- 
les, etc.  »  Avec  des  esprits  comme  ceux  de  M.  Léon  Bérard,  je 
vous  dis  que  l'humanité  demeurerait  éternellement  à  l'époque  des 
diligences. 

—  C'est  une  époque  qui  avait  d'ailleurs  du  bon,  interrompit 
M,  Tardigrade. 

—  Je  vous  l'accorde,  répliquai-jt<  ;  mais  à  condition  d'être  logi- 
que avec  vous-même  et  avec  vos  goûts,  et  de  me  promettre  d'user 
de  cette  diligence  que  vous  appréciez  tant,  lorsque  vous  irez 
prochainement  prendre  vos  vacances  à  Biarritz,  au  lieu  de  vous 
installer  tout  bêtement  dans  le  rapide  Paris-Côte  d'Argent. 

Mais  déjà   M.  Tardigrade  avait  cessé   de   m'écouter,   et   il   s'était 

éloigné  furtivement.  J'eus  ressemblé  à  la  voix  qui   clamait    dans 

le  désert,   si,   autour  de  nous,   les  joyeuses  piailleries    des    élèves 

lâchés  dans  la  cour  trop  étroite,  ne  m'eussent  rappelé  que  l'avenir 

de  la   France  était  là,   et  non  dans  les   discours   d'un  député    des 

Basses-Pyrénées,   qui   n'empêchera   ^as   plus   le   monde   de   tourner 

et  l'Université  d'évoluer,  que  M.  Thiers  n'a  empêché,  en  son  temps, 

le   chemin   de  fer  de   remplacer   les     ■   bonnes    vieilles    diligences 

traditionnelles   ». 

Léo  Pabd. 

<>g<> 


La  Réforme  scolaire  en  Allemagne 


La  guerre  qui  s'achève  n'a  pas  laissé  que  des  ruines  matérielles 
à  relever.  Elle  lègue  à  tous  les  peuples,  belligérants  ou  non,  une 
tâche  de  rénovation  formidable.  Le  remaniement  de  la  carte  de 
l'Europe  n'a  enregistré,  pour  ainsi  dire,  que  le  résultat  brut  de  la 
lutte.  Mais  des  situations  nouvelles  se  sont  présentées,  des  insti- 
tutions séculaires  sont  ébranlées,  de  multiples  problèmes  politi- 
ques, sociaux,  moraux,  viennent  se  poser  aux  jeunes  nations  qui 
veulent  vivre,  aux  anciennes  qui  ne  veulent  pas  périr  ;  et  dans  la 
crise  où  s'élabore  un  monde  nouveau,  l'humanité  réclame  anxieu- 
sement des  orientations  nouvelles,  un  rajeunissement  des  idéals  et 
des  méthodes,  l'abandon  des  routines  et  des  conceptions  devenues 
surannées. 

Parmi  les  forces  de  vie  et  d'expansion  nationale,  il  n'en  est  peut- 
être  pas  de  plus  puissante  pour  chaque  peuple,  ni  qui  mérite  plus 
d'attention,  que  son  système  d'enseignement  et  d'éducation.  C'est 
l'enseignement  qui  a  pour  tâche  d'assurer  sa  cohésion  morale,  la 
persistance  et  le  rayonnement  de  sa  culture,  et  de  former  les  hom- 
mes de  demain.  La  jeunesse  qu'il  modèle,  sera  appelée  à  travail- 
ler côte  à  côte  avec  celle  des  autres  peuples,  ou  peut-être  à  s'affron- 
ter avec  elle.  Il  n'est  donc  pas  étonnajit  de  voir  dans  tous  les 
pays  cet  imjiortant  problème  figurer  en  ce  moment  au  premier 
lang  des  préoccupations  d'actualité. 

Nous  avons  en  France  un  intérêt  vital  à  reconstituer  notre 
erseignement,  désorganisé  par  la  guerre,  afin  de  maintenir  notre 
culture  à  son  juste  rang.  Nous  avons  le  devoir  pour  cela,  de 
connaître  à  fond  nos  amis  comme  nos  ennemis,  et  de  suivre 
avec  attention  tout  ce  qui  se  dit  et  se  fait  chez  eux  dans  cet 
ordre  d'idées.  Je  voudrais  me  borner  ici  à  signaler  ce  qui  se 
passe  chez  nos  ennemis  d'hier.  Nous  pouvons  tirer  <Jes  polémi- 
ques et  des  discussions  qui  agitent  en  .Allemagne  la  Commission 
nationale  (Reichsschulkonferenz),  les  Parlements  provinciaux, 
les  associations,  les  partis,  la  presse  tout  entière,  des  indications 
utiles,  et  des  enseignements  précieux,  l'n  article  de  la  «  Gazette 
de  Cologne  »  du  15  février  dernier,  résume  assez  nettement  les 
données  du  problème  ;  en  nous  permettant  d'apercevoir  dès 
maintenant  les  tendances  de  l'école  allemande,  il  nous  donne 
l'occasion  d'une  comparaison  fructueuse  avec  les  solutions  qi; 
nous  pouvons  et  que  nous  devons  nous  proposer  chez  nous. 


LA    KKIOlîMK   SCOLAIRE    EN    ALLEMAGNE  343 

l,ts  principes  dont  s'inspire  la  reforme,  et  que  notre  auteur 
r;ippellc'  brièvement,  sans  s'astrehidrc  d'ailleurs  à  un  exposé 
î.yslcmatiquc,  méritent  d'être  mentionnes.  Nous  pouvons  d'abord 
y  relever  cet  aveu  :  -  Notre  culture  est  devenue  si  complexe, 
qi''il  n'est  plus  possible  à  un  individu  d'en  avoir  une  vue  d'en- 
semble. I/idéal  d'une  culture  <■  générale  »,  —  l'expérience  l'a 
démontré  —  est  imj)()ssible  à  réaliser.  >>  De  plus  en  plus,  des 
matières  nouvelles  viennent  surcharger  les  programmes.  Et,  sans 
d<.ute,  chacune  de  ces  additions  se  justifie  par  d'excellentes  rai- 
sons. Mais  le  résultat  de  cette  manie  d'encyclopédie  est  que  les 
études  deviennent  de  plus  en  plus  superficielles  et  qu'elles  abou- 
tissent de  moins  en  moins  à  une  culture.  La  science,  l'industrie 
ont  adopté  le  principe  de  la  division  du  travail.  N'est-il  pas 
temps  que  l'école  les  imite  enfin,  et  n'est-ce  pas  dans  notre  vie 
moderne,  la  condition  même  de  tout  progrès  ?  Sachons  moins  de 
choses  et  sachons  les  mieux.  Donnons  à  chaque  enfant  une  ins- 
tinct ion  en  rapport  avec  la  profession  à  laquelle  il  se  destine, 
cl  iivec   le  rôle   social  qu'il   peut  être  appelé  à  jouer. 

Afin  de  répondre  à  ce  besoin  de  spécialisation,  il  est  question 
(le  multiplier  les  types  d'établissements.  L'écolier  aurait  le  choix 
entre  divers  programmes,  limites  sans  doute,  mais  formant  cha- 
ciMi  un  tout.  Il  y  aurait  des  établissements  de  culture  classique, 
d'autres  de  culture  moderne,  d'autres  de  culture  scientifique, 
d'autres  enfin  de  "  'culture  allemande  >  sur  lesquels  nous  aurons 
Inccasion  de   revenir  plus   loin. 

Il  est  naturel  que,  si  l'on  oblige  les  enfants  à  se  spécialiser  de 
Itonne  heure,  il  soit  nécessaire  d'assurer  à  tous  ceux  dont  les 
dispositions  ne  se  manifesteraient  que  tardivement,  la  possibilité 
de  changer  de  route.  Pour  une  nation  vaincue,  et  épuisée  par  la 
f-uerre,  c'est  une  obligation  impérieuse  de  ne  laisser  se  perdre 
aucune  force  utilisable.  11  est  assez  piquant  de  voir  les  Alle- 
mands emprunter  à  nos  programmes  de  1902,  tant  honnis  chez 
nous  comme  une  «  imitation  étrangère  »,  le  système  des  bifur- 
cations et  des  «  ponts  »  entre  les  différents  ordres  d'ensei- 
gnement. Certains  de  ces  raccordements  constituent  d'ailleurs  un 
effort  de  démocratisation  tout  nouveau  en  Allemagne,  par 
exemple,  la  création  sous  le  nom  d'<<  école  de  perfectionne- 
ment »  (Aufbauschulei,  d'un  raccord  entre  l'école  primaire 
(Volksschnle)  et  l'enseignement  supérieur.  La  scolarité  de  six 
années  permettrait  aux  élèves  délite,  trop  âgés  pour  entrer 
normalement  dans  les  établissements  secondaires  de  se  préparer 
directement  à  l'enseignement  supérieur.  Une  autre  innovation 
intéressante  consisterait,  pour  les  petites  localités,  dans  la  possi- 
bilité de  créer  une  école  unique  à  sections  multiples,  sur  le 
modèle  de  nos  lycées  et  de  nos  collèges.  Cependant  icette  con- 
ception se  heurte  à  des  difficultés  matérielles  et  financières  assez 
sérieuses. 


344  LES   LANGUES    MODERNES 

Il  est  nécessaire  également,  si  l'on  veut  éviter  l'abaissement  du 
niveau  des  études,  qu'il  y  ait  égalité  de  valeur  éducative  entre 
les  divers  enseignements.  "  Guerre  à  l'école  facile  »  !  Tel  est 
le  troisième  principe  de  la  réforme.  Il  ne  faut  pas  que  les  éta- 
blissements nouveaux  soient  le  refuge  des  paresseux,  désireux 
d'obtenir  plus  aisément  leurs  diplômes.  »  Elever  le  niveau  des 
études,  éliminer  les  incapables,  favoriser  sans  conditions  de  for- 
tune ni  de  rang  social  l'accès  de  toutes  les  carrièi-es  à  tous  ceux 
qui  font  preuve  des  aptitudes  nécessaires,  tels  sont,  nous  dit 
l'auteur,  les  trois  points  qu'un  programme  d'enseignement  démo- 
cratique ne  devra  jamais  perdre  de  vue.  » 

Quant  à  l'organisation  même  de  l'enseignement,  elle  peut  se 
résumer  à  peu  près  de  la  façon  suivante  :  Au  premier  degré,  une 
école  élémentaire  unique  (Grundschule),  réduite  à  quatre  classes 
et  prolongée  soit  par  l'enseignement  primaire  (Volksschulej,  et 
primaire  supérieure  (Mittelschule),  continué  par  l'enseignement 
technique  et  professionnel  (Faciischule),  soit  par  l'enseignement 
secondaire  (hôhere  Schule).  Nous  avons  pai-lé  plus  haut  de 
l'école  de  perfectionnement  (Aufbauschule;,  entre  l'enseignement 
primaire  et  l'enseignement   supérieur. 

Dans  l'enseignement  secondaire,  auquel  on  accéderait  vers 
l'âge  de  dix  ans,  au  sortir  de  l'école  élémentaire,  la  scolarité, 
maintenue  à  neuf  années,  préparerait  directement  à  l'enseigne- 
ment supérieur.  Aux  types  d'établissements  existant  actuellement 
viendraient  s'ajouter  plusieurs  types  nouveaux,  permettant  une 
spécialisation  plus  parfaite.  Le  nombre  des  gymnases  d'enseigne- 
ment classique  serait  réduit.  Parmi  les  créations  nouvelles  qui 
sont  envisagées,  on  peut  signaler  quelques  projets  intéressants  : 
l'établissement  à  sections  multiples,  l'école  d'enseignement 
scientifique  général,  enfin"  l'»   école  allemande   », 

Le  premier  de  ces  types,  se  rapproche  des  sections  de  nos 
lycées  et  collèges.  Il  serait  destiné  aux  petites  localités,  qui  n'au- 
raient pas  les  moyens  d'assumer  les  frais  de  plusieurs  établisse- 
ments spécialisés.  Un  amendement  intéressant  de  ce  projet,  per- 
mettrait de  Qonner  aux  sections  une  très  grande  variété.  Il  serait 
fixé  un  certain  nombre  d'heures  et  de  matières  obligatoires  : 
allemand,  mathématiques,  histoire,  géographie,  une  langue  étran- 
gère ancienne  ou  vivante.  En  outre,  un  certain  nombre  d'heures, 
obligatoires  également,  mais  consacrées  à  des  matières  au  choix 
de  rélève,  à  peu  près  comme  le  font  les  étudiants  pour  les  cours 
des  Universités  allemandes.  La  difficulté  d'établir  un  emploi  du 
temps  commode,  l'éparpillement  des  élèves  entre  des  sections 
multiples,  le  nombreux  personnel  enseignant  nécessité  par  ce 
type  d'établissements,  sont  les  principales  objections  opposées  à 
cette  conception. 

L'école  de  culture  scientifique  est  destinée  à  développer  l'étude 
des   programmes    scientifiques,   en   réduisant   à    un    minimum     les 


I.A    IIKI-OIIMI-:    SCOLAIRE   EN    ALLEMAGNE  .Uf) 

proifianinK's  littcrairos.  Ce  type  tonstituerait  une  variété  du 
lycée  d'/enseignement  moderne  (Healgyninasiumi.  qui,  sans 
doute,  développerait  oe  son  eôté,  la  i)artie  littéraire  de  ses  pro- 
j;i'aninies. 

Knfin,  un  troisième  type  mérite  de  retenir  spécialement  l'atten- 
tion :  c'est  celui  de  l'-  école  allemande  ><  (Deutsche  Schule).  Ce 
genre  d'établissements,  auquel  l'auteur  de  l'article  de  la  Gazette 
de  (loloyne  consacre  un  long  développement,  a  les  plus  grandes 
chances  d'être  réalisé.  II  était  réclamé  depuis  longtemps  par  tous 
les  milieux  nationalistes,  et  pendant  la  guerre  même,  le  parti 
pangermaniste  eu  avait  fait  un  des  articles  oe  son  programme. 
1!  s'agissait,  disait-on  alors,  de  guérir  les  .Allemands  de  leur 
snobisme  pour  tout  ce  qui  est  étranger  et  d'éveiller  leur  •  cons- 
cience ethnique  .  .  L'auteur  de  notre  article  constate,  non  sans 
mélancolie,  qu'il  a  fallu  la  Hévohition  de  novembre  1918  et 
l'arrivée  au  pouvoir  d'un  parti  qui  prêche  le  rapprochement 
des  peuples  et  la  fraternité  internationale,  pour  que  ce  projet 
de\  int  une  réalité.  L'école  allemande  se  propose  de  développer  la 
culture  nationale  allemande,  en  lamenant  au  point  de  vue  alle- 
maïul  toutes  les  matières  enseignées.  Elle  doit,  nous  dit  l'auteur, 
placer  au  centre  de  son  enseignement  la  culture  et  la  vie  intel- 
Jcctuelle  allemandes,  et  n  admel  dans  ses  programmes  que 
l'étude  d'iine  langue  étrangère  unique,  anglais,  français  ou  même 
latin,  suivant  les  cas.  Son  objet  principal  sera  <■  une  étude 
approfondie  de  l'histoire  de  r.\llemagne,  de  la  langue,  oe  la 
poésie  allemandes,  des  arts  plastiques  allemands  ;  de  la  musique, 
de  la  philosophie,  de  l'économie  politique  allemandes  ;  du  ter- 
roir, de  l'Etat  et  du  droit  allemands  :  le  tout,  constituant  un 
vaste  enseignement  ne  la  culture  allemande  d'autrefois  et  d'au- 
jourd'hui, pénétré  de  pensée   philosophique   ». 

("e  qu'il  y  a  d'intéressant  et  qui  mérite  d'"  être  retenu,  sous 
ces  formules  abstruses  et  grandiloquentes,  c'est  que  l'on  est  à 
peu  près  d'accord  dans  tous  les  partis,  pour  développer  largement 
ce  type  au  détriment  des  autres.  L'auteur  reconnaît,  sans  amba- 
ges, que  l'oii  compte  drainer  vers  ces  écoles,  d'abord  toute  la 
population  scolaire  de  l'enseignement  secondaire  féminin,  ensuite 
l'enseignement  primaire  de  perfectionnement  (aufbauschulei  et 
les  écoles  normales  d'instituteurs  (Volksschullehrer-Seminare)  (1)  ; 
enlin,  que  l'on  espère  au  moyen  de  ces  écoles  maintenir  vivace 
le    sentiment    national    allemand    dans    les    provinces     soumises    à 


(Il  Notons  d'ailleurs  à  ce  propos,  que  des  résistances  semblent 
se  manifester  de  la  part  des  professeurs  d'Ecoles  normales,  et 
que  l'auteur  de  l'article  s'attache  à  réfuter  longuement  les 
objections  faites  de  ce  côté.  Des  raisons  invoquées  contre  la 
fusion  des  Ecoles  normales  avec  l'école  allemande  paraissent 
d'ailleurs  se  ramener  à  celle-ci  :  il  ne  faudrait  pas  porter  atteinte 
;>  des  situations  acquises. 


346  LES    LANGUES    MODERNES 

J'occupation,  t-t  créer  des  foyers  d'irrédentisme  dans  les  terriv 
toires  séparés  de  l'Allemagne  par  le  traité  de  Versailles.  «  Dans 
3a  période  d'impuissance  politique,  pendant  laquelle  les  AUe- 
Biands  des  provinces  frontières  seront  partagés  entre  dix  nations 
voisines  au  moins,  ce  genre  d'école  est  destiné  à  graver  profon- 
dément, dans  l'esprit  des  populations,  le  sentiment  de  la  valeur 
allemande,  et  à  maintenir  vivacc,  sans  chauvinisme  cependant, 
leur  conscience  ethnique.  Dans  notre  aémocratie,  elle  réalisera 
une  culture  plus  proche  du  terroir  et  du  peuple,  afin  que  le  fossé 
qui  sépare  les^  classes  se  trouve  comblé  par  la  conscience  d'appar- 
tenir à  une  même  communauté  de  race  et  de  culture.  »  Bien  que 
l'auteur  se  défende  de  vouloir  exciter  les  sentiments  chauvins,  et 
qu'il  critique  vivement  la  tendance  "  plus  dynastique  que  natio- 
nale »  de  l'enseignement  sous  l'ancien  régime,  il  est  clair  que,  si 
l'<  école  allemande  »  parvient  à  réaliser  son  programme,  la 
plus  grande  partie  de  la  jeunesse  d'Outre-Rhin  recevra  un 
enseignement  d'un  caractère  nationaliste  très  marqué. 

En  ce  qui  concerne  les  principales  modifications  aux  program- 
ries,  dont  l'adoption  apparaît  comme  probable,  citons  brièvement 
l'augmentation  du  nombre  d'heures  consacrée  à  l'étude  de  l'alle- 
mand dans  tous  les  types  d'établissements  ;  l'élargissement  de 
cet  enseignement  en  un  enseignement  de  la  «  culture  alle- 
mande 11.  Notons  encore  la  limitation  à  deux,  du  nombre  des. 
langues  étrangères  —  anciennes  ou  vivantes  —  à  enseigner  ; 
l'extension  de  l'enseignement  de  la  géographie,  qui  doit  être 
poursuivi  jusque  dans  les  classes  supérieures  ;  enfin,  l'introduc- 
tion de  matières  nouvelles,  comme  V»  initiation  à  la  pensée 
philosophique  »  ;  l'enseignement  artistique  ;  l'enseignement  des 
questions  économiques  ;  l'enseignement  civique  ;  sans  piarler^ 
bien  entendu,  de  la  culture  physique,  dont  le  Ministère  de  la 
Guerre  assumerait  le  contrôle. 

Tel  est,  dans  ses  grandes  lignes,  le  projet  de  réforme  dont  la 
plupart  des  points  semblent  appelés  à  être  réalisés.  Si  nous  le 
comparons  aux  solutions  actuellement  en  discussion  chez  nous, 
nous  constatons,  u'abord,  sur  cei'tains  points  des  analogies  :  par 
exemple,  le  souci  aigu  de  ne  laisser  inemployée  aucune  force 
vive  de  la  nation,  mais  en  même  temps  d'éliminer  rigoureuse- 
ment toutes  les  non-valeurs,  et  de  favoriser  au  contraire,  l'accès 
de  toutes  les  carrières  à  tous  ceux  qui  possèdent  les  aptitudes 
nécessaires.  D'autre  part,  dans  la  réfection  des  programmes, 
l'introduction  de  matières  nouvelles,  comme  l'enseignement 
artistique,  qui  fait  également  partie  de  nos  préoccupations.  On 
peut  noter  également  le  développement  de  l'étude  de  la  langue 
maternelle,  —  il  y  a  aussi  une  crise  de  l'allemand  de  l'autre 
côté  de  la  frontière  !  —  et  la  restriction  de  l'enseignement  des 
langues  vivantes.  Mais  tandis  que  chez  nous  l'étude  des  langues 
anciennes    semble    devoir    bénéficier     des     heures     d'enseignement 


LA    RÉFORME  SCOLAIRE   EN   ALLEMAGNE  347 

ainsi  devenues  libres,  il  est  à  peu  près  certain  qu'elle  subira 
en  Allemagne  une  assez  forte  diminution,  comme  l'indique  la 
réduction  du  nombre  des  gymnases  classiques.  D'autre  part, 
l'abandon  de  l'idéal  d'une  culture  ••  générale  »,  et  en  réalité 
encyclopédique,  et  la  création  d'enseignemeuls  parallèles,  semble 
une  solution  intéressante.  La  grosse  difficulté  serait  d'assurer 
aux  sections  des  programmes  complets,  et  d'une  valeur  éducative 
équivalente.  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  oevons  retenir  que  les  Alle- 
mands orientent  délibérément  leur  enseignement  vers  les  pro- 
grammes de  culture   moderne. 

l'ne  autre  remarque  s'impose  au  sujet  des  tendances  qui  se 
manifestent  en  .Allemagne,  L'extension  de  l'étude  de  l'allemand, 
la  création  de  1'"  école  allemande  »  et  le  but  que  l'on  assigne  à 
ce  genre  d'établissements,  sont  un  symptôme  que  l'enseignement 
cbez  nos  voisins,  tend  à  se  replier  sur  lui-même,  à  se  recueillir 
et  à  éviter  le  contact  avec  les  peuples  étrangers.  Cette  tendance, 
qui  se  comprena  chez  un  peuple  vaincu,  n'est  pas  sans  présen- 
ter un  danger,  si  elle  se  généralise.  Sans  doute,  si  l'on  considère 
la  valeur  absolue  d'un  tel  enseignement,  et  si  l'on  se  demande 
ce  que  représeutera  dans  la  pratique  cette  culture  de  !'«  essence 
ethnique  »  (Volkswesen)  germanique,  on  peut  montrer  quelque 
scepticisme.  H  n'en  va  pas  de  même,  si  nous  nous  représentons 
ce  que  pourra  être  dans  une  génération  ou  deux,  la  mentalité 
d'une  jeunesse  formée  par  un  tel  enseignement.  On  est  en  droit 
de  craindre  que  les  rêves  pangermanistes  ne  viennent  dans  peu 
de  temps  agiter  de  nouveau  les  esprits. 

Cette  constatation  nous  crée  le  devoir  de  demeurer  vigilants  et 
de  prendre,  dès  maintenant,  les  précautions  nécessaires.  Il  y  a 
chez  nous  aussi,  une  tendance  à  nous  écarter  de  tout  ce  qui  est 
étranger,  et  à  nous  replier  sur  nous-mêmes.  Si  elle  prévalait, 
nous  serions  bientôt  à  la  merci  d'une  surprise  comme  celle  de 
1914.  Il  ne  suffit  pas  de  déclarer  à  un  ennemi  que  l'on  ne  veut 
pas  le  connaître,  pour  être  effectivement  à  l'abri  de  ses  entrepri- 
ses ;  et  nous  portons  peut-être  maintenant  le  poids  de  maint 
malentendu  avec  nos  alliés,  né  de  notre  ignorance  de  leur  carac- 
tère. La  question  est  de  savoir  si  nous  nous  renfermerons  en 
nous-mêmes,  en  repoussant  tout  ce  qui  vient  du  dehors,  ou  bien 
si  nous  voulons  faire  rayonner  largement  au  dehors  notre 
influence  et  notre  culture.  Si  nous  choisissons  cette  dernière 
alternative,  qui  est  conforme  à  la  mission  séculaire  de  la  France 
dans  le  monde,  il  est  nécessaire  que  nous  fassions  dans  nos 
programmes,  une  large  place  à  la  connaissance  des  peuples  étran- 
gers, et  que  nous  continuions  à  nous  inspirer  de  l'esprit'  des 
programmes  de  1902  — -  ce  qui  ne  nous  empêchera  pas  de  les 
amender  !  —  Loin  de  les  affaiblir,  il  faut  que  nous  renforcions 
nos  «  humanités  modernes  >>,  et  tout  en  conservant  jalousement 
tout  ce  qui,  dans,  notre  culture  classique  est  devenu    partie    inté- 


348  LES  LANGUES   MODERNES 

grante  de  nous-mêmes,  il  faut  que  nous  sachions  trouver  les 
points  de  contact  avec  les  peuples  qui  nous  entourent,  afin  de 
leur  l'aire  connaître  notre  culture.  C'est  ainsi  seulement,  que 
nous  permettrons  à  notre  jeunesse  de  lutter  à  armes  égales  dans 
la  concurrence  pacifique  entre  les  nations,  et  que,  tout  en  demeu- 
rant vigilants  contre  les  entreprises  hostiles,  nous  assurerons 
à  notre   pays   le  rang  qui   lui  revient   parmi   les  peuples  civilisés. 

^  Gaston    Hirtz. 


P. -S.  —  Au  moment  où  le  présent  article  était  sous  presse, 
une  première  étape  vers  la  réalisation  de  la  réforme  de  l'ensei- 
gnement était  franchie  :  l'Assemblée  nationale  a,  en  effet,  voté, 
avant  de  se  séparer,  la  loi  instituant  l'école  élémentaire  unique 
(Grundschule\  à  quatre  classes.  Elle  n'a  pas  eu  le  temps  d'aller 
au-delà.  Il  appartiendra  à  la  Reichsschulkonferenz,  dont  la  con- 
vocation, retardée  par  le  coup  d'état  de  mars,  est  définitivement 
fixée  au  11  juin,  de  tracer  les  directives  à  suivre  à  cet  égard!. 
Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  ce  sujet. 

G.  H. 


-<^>- 


Pourquoi  et  comment  le  Certificat  de  Langues  Vivantes 

de  l'Enseignement  Primaire 

doit  devenir  un  Certificat  professionnel 


On  ne  peut  mieux  préciser  le  but  que  doit  poursuivre  rensei- 
gnement primaire  supérieur  qu'en  répétant  ce  qu'a  écrit  autre- 
lois  à  ce  sujet  \f.  l'Inspecteur  général  Hené  Leblanc  :  ■  L'ensei- 
•  gnement  primaire  supérieur  ne  saurait  justifier  les  raisons 
"  invoquées  à  sa  création  qu'à  la  condition  de  donner  à  ses 
<<   enseignements    un    caractère    franchement    professionnel.   ■> 

Nos  élèves  viennent,  en  cflet,  dans  nos  Ecoles,  non  seulement 
pour  y  acquérir  un  complément  d'instruction  générale,  mais 
surtout  pour  se  préparer  à  la  vie,  c'est-à-dire  aux  professions 
qu'ils  vont  bientôt  embrasser.  Il  en  résulte  que  les  enseignements 
en  réalité  les  plus  importants,  ceux  qui  donnent  à  l'enseignement 
primaire  supérieur  son  originalité  et  sa  valeur,  sont  précisé- 
ment ceux  cju'on  appelait  autrefois  enseigements  accessoires  ; 
fils  sont  les  langues  vivantes,  la  comptabilité,  le  travail  manuel, 
etc.  Ce  sont  ceux-là,  et  en  particulier  les  langues  vivantes  qu'il 
s'agit  aujourd'hui  de  fortifier  et  d'étendre  si  l'on  veut  que  nos 
Ecoles  rendent  au  pays  tous  les  services  qu'il  peut  en  attendre, 
qu'elles  contribuent  à  former  cette  armée  de  pionniers  connais- 
sant les  langues  étrangères  :  commerçants,  correspondants, 
commis-voyageurs,  etc....  qui  est  absolument  indispensal)le  à 
notre  expansion   commerciale. 

Pour  atteindre  ce  but,  il  nous  faut  un  nombre  considérable  de 
professeurs  compétents.  Malheureusement,  nous  devons  recon- 
naître que  pour  des  causes  diverses  le  personnel  est  actuellement 
insulJlsant,  surtout  dans  les  Ecoles  de  garçons.  Ces  dernières  sont 
même  menacées  d'une  crise  très  sérieuse  dans  un  avenir  rap- 
proché  (1). 

L'insuffisance  du  personnel  tient  surtout  aux  causes  suivan- 
tes :  I^s  candidats  éprouvent  des  dtfJk-uUés  de  toute  sorte  pour 
se  préparer  et  pour  les  surmonter  ils  doivent  surtout  compter 
sur   eux-mêmes,   car   on    ne    fait    pas    grand'chose    pour    les    aider. 


(1)  Nous  montrerons  plus  loin  que  dans  quelques  années  les 
E.  P.  S.  de  garçons  auront  perdu  presque  tous  les  maîtres  ayant 
séjourné  à  l'étranger  une  ou  plusieurs  années. 


350  LES    LANGUES    MODERNES 

Sortis  de  TEcole  normale  avec  des  notions  élémentaires  de  laxi- 
gues  vivantes,  la  distance  qui  leur  reste  à  franchir  est  considé- 
rable et  exige,  même  de  ceux  qui  sont  dans  les  conditions  les 
plus  favorables,  plusieurs  années  de  travail  soutenu.  Sans  la 
possession  préalable  du  Certificat  de  sciences  ou  de  lettres,  ils  ne 
peuvent  obtenir  que  des  bourses  de  vacances  de  trois  mois,  ce 
qui  est  tout  à  fait  insuffisant.  Pour  cette  raison,  bon  nombre 
d'entre  eux  ont  dû  se  rendre  à  leurs  frais  à  l'étranger  pour  y 
faire  un  plus  long  séjour.  Souvent  aussi,  ils  manquent  de  direc- 
tions dans  leurs  études,  surtout  en  province,  et  l'aide  que  quel- 
ques-uns reçoivent  parfois  des  Facultés  n'est  en  rien  comparable 
à  celle  que  trouvent  à  St-Cloud  et  à  Fontenay  les  maîtres  et  les 
maîtresses  qui  y  préparent  les  Certificats  de  lettres  et  de  sciences. 

D'un  autre  côté  la  situation  des  certifiés  de  langues,  débutant 
dans  les  E.  P.  S.,  est  devenue,  depuis  quelques  années  de  moins 
en  juoins  satisfaisante.  Pourtant,  la  réforme  du  certificat  de  lan- 
gues en  1912,  notablement  renforcée  par  cette  mesure,  le  vote 
GP  la  loi  de  finances  du  25  février  1914  (1),  avaient  eu  le  buti, 
hautement  proclamé,  de  permettre  aux  Certifiés  d'arriver  plus 
facilement  et  plus  rapidement  à  la  titularisation. 

Il  n'en  a  pas  été  ainsi  :  quelques  semaines  plus  tard,  le  décret 
du  1"  mai  1914  (2),  leur  était  appliqué,  ruinant  ainsi,  en  grande 
partie,  les  espérances  si  légitimes  qu'ils  avaient  fondc-^es.  Dès 
lors,  les  Certifiés  de  langues,  entrés  dans  les  E.  P.  S.  y  sont  restés 
en  qualité  de  délégués  pendant  trois  années  au  moins;  ils  oïit  été 
ensuite,  après  avis  favorable  du  Recteur  et  de  l'Inspecteur  géné- 
ral, nommés  professeurs  adjoints,  situation  inférieure  à  tous  les 
points  de  vue  (traitement  et  autres  avantages)  à  celle  d'un  pro- 
fesseur titulaire. 

Plus  tard,  il  est  vrai,  les  plus  favorisés  des  professeurs-adjoints, 
ont  été  titularisés  professeurs  ;  mais  pour  arriver  à  ce  résultat 
il^  ont  dû  attendre  encore  une  ou  plusieurs  années  ! 

Parmi  les  moins  favorisés  on  peut  citer  ceux  qui  ont  été  nom- 
més dans  des  postes  où  les  horaires  ne  sont  pas  appliqués,  où   ils 


(1)  D'après  la  loi  de  finances  du  25  février  1914,  le  minimum 
d'heures  d'enseignement  de  langues  vivantes  exigé  par  l'art.  53 
de  la  loi  de  iinances  du  24  décembre  1905  pour  la  création  d'un 
emploi   de   ])rofesseur  dans  les  E.   P.   S.,  a  été   abaissé  de   15   à   11. 

(2i  Voici  la  partie  principale  du  décret  du  l"  mai  1914,  qui  a 
marqué,  de  l'aveu  de  tous,  un  recul  considérable  pour  la  cause 
des  (Certifiés  de  langues.  "  Nul  ne  peut  être  nommé  professeur- 
<  adjoint  d'E.  P.  S.  s'il  ne  compte  trois  années  de  services  effec- 
'  tifs  en  qualité  d'instituteur-adjoint  d'E.  P.  S.  et  ne  justifie  en 
"  outre,  soit  d'une  adniissibilté  au  professorat  des  Ecoles  nor- 
>'  maies  "et  des  E.  P.  S.,  soit  de  la  ])ossession  d'un  des  certificats 
'<  d'aptitude  à  l'enseignement  des  langues  vivantes,  du  dessin,  du 
«   travail   manuel,  de   la   comptabilité,  de  l'agriculture   «. 


I-K    CEHTIFICAT    HUIMAIHi:    DKS    LAN(1LI:S    VIVANTES  ;>.')1 

n'ont  que  8,  9.  ou  10  heures  de  lan{{uc  vivante  ;  il  s'ensuit  que 
ces  eollègues,  n'atteignant  pas  11  heures  de  langue  vivante  par 
semaine,  restent  indéfiniment  sans  aucune  chance  d'être  titula- 
risés jjrofesseurs. 

Entin,  en  ce  qui  concerne  les  professeurs  tilulajrets  ou  ne 
peut  nier  les  graves  inconvénients  du  fait  que  la  titularisation 
reste  attachée  au   poste  et   non   au  titre. 

La  situation  que  nous  venons  de  signaler  contribuera,  sans 
^ucun  doute,  à  détourner  beaucoup  de  jeunes  maîtres  et  de  jeu- 
nes maîtresses  de  la  préparation  du  Certificat  de  langues  ;  elle 
aura  probablement  aussi  pour  résultat  d'empêcher  un  certain 
nombre  de  ccrtiliés  de  solliciter  une  délégation  dans  les  E.  P.  S. 
et  d'accentuer  le  mouvement  d'exode  qui  a  commencé,  depuis 
la  cessation  des  hostilités,  à  se  manifester  dans  les  E.  P.  S.  de 
garçons  (1). 

Les  considérations  qui  précèdent  nous  montrent  que  pour 
arriver  à  doter  nos  Ecoles  du  corps  de  professeurs  de  langues 
vivantes    qui   leur  est  nécessaire,  il  faut  à  la  fois  : 

1"  Faciliter  autant  que  possil)le  aux  candidats  la  préparation 
dé  l'examen,  prendre  toutes  les  mesures  nécessaires  pour  que 
leur  formation  soit  bien  en  rapport  avec  les  besoins  de  l'ensei- 
giiement  primaire  supérieur. 

2"  Modifier  le  Certificat  ue  telle  sorte  qu'au  lieu  de  ne  procurer, 
comme  actuellement,  que  quelques  chances  d'une  titularisation 
lointaine,  il  donne  aux  professeurs  de  langues  une  situation 
égale  à  celle  des  autres  professeurs  titulaires,  qu'il  prenne  rang, 
en   un  mot,  parmi    les  diplômes  professionnels. 

Avant  de  chercher  à  résoudre  le  double  problème  qu'on  vient 
d'indiquer,  examinons  tout  d'abord  le  régime  des  bourses  de 
séjour  à  l'étranger  et  voyons  comment   il  pourrait  être  amélioré. 

Ces  bourses  sont  de  deux  sortes  :  1"  les  bourses  de  vacances, 
de  trois  mois  environ,  accordées  surtout  aux  maîtres  ayant  déjà 
fait  à  leurs  frais  un  séjour  à  l'étranger  et  à  ceux  qui  sont 
déjà  chargés  de  l'enseignement  des  langues  ;  bien  que  d'origine 
assez  récente,  elles  ont  permis  à  un  nombre  considérable  de 
candidats  au  Certificat  de  faire  à  l'étranger  un  séjour  de  deux 
ou  trois  mois  ;  —  2"  les  bourses  d'un  an,  accordées  à  la  suite 
d'un  concours  auquel  ne  peuvent  prendre  part  que  les  certifiés  de 
lettres  ou  de  sciences  ;  elles  existent  depuis  plus  de  trente  ans 
et   ont    fourni    des   professeurs    aux    Ecoles     normales,    bien     que. 


(1)  Il  y  a  pénurie  oe  Certifiés  de  langues,  surtout  de  Certifiés 
d'anglais,  dans  les  Ecoles  de  garçons  ;  or,  depuis  la  cessation  des 
hostilités,  ces  Ecoles  ont  perdu  8  Certifiés  (2  d'allemand  et  6 
d'anglais),  qui  sont  entrés  dans  l'enseignement  secondaire,  l'en- 
seignement technique,  les  Ecoles  militaires,  les  Ecoles  françai- 
ses à  l'étranger. 


352 


LES   LANGUES    MODERNES 


dune  manière  tout  à  fait  insuflisante  (1).  Quant  aux  E.  l'.  S.» 
elles  n'ont  ie<;u  qu'un  nombre  infime  de  ces  boursiers  et  la  plu- 
part de  L-eux  qui  y  sont  venus  n'ont  pas  tardé  à  se  diriger  vers 
les  Ecoles  normales  et  les   Lycées. 

Le  régime  des  bourses  d'un  un,  tel  qu'il  est  appliqué  uctuelte- 
ment,  se  condamne  donc  sans  aucun  doute  par  ses  résultats,  sur- 
tout en  ce  qui  concerne  le  recrutement  du  personnel  des  E.  P.  S. 
S"il  n'est  pas  réformé  à  bref  délai,  dans  le  sens  que  nous  allons 
indiquer  plus  loin,  il  n'y  aura  plus  dans  quelques  années,  dans 
les  Ecoles  primaires  supérieures  ue  garçons,  de  maîtres  ayant 
séjourné   une  année  ou   davantage  à   l'étranger  (2). 

L'intérêt  de  nos  Ecoles  exige  non  seulement  qu'une  telle 
situation  ne  se  produise  pas,  mais  qu'au  contraire  tous  les  pro- 
fesseurs de  langues  de  nos  établissements  passent  un  année,  au 
moins,  à  l'étranger.  Cette  conclusion  se  justifierait  encore  pleine- 
ment si  l'on  mettait  en  parallèle  le  nombre  des  élèves,  les  horai- 
res et  surtout  l'importance  au  point  de  vue  national,  des  langues 
vivantes  dans  les  E.  P.  S.,  d'une  part,  et  de  l'autre,  dans  les 
Ecoles  normales.  Il  résulterait  de  cette  comparaison  que  si  l'on 
admet  qu'un  professeur  d'Ecole  inormale  ou  d'Ecole  technique 
eu  même  de  Collège  doive  faire  un  assez  long  séjour  à  l'étran- 
ger, il  doit  rigoureusement  en  être  de  même  du  professeur 
l'Ecole    primaire    supérieure    (3i. 

Une  mesure  s'impose  donc  de  suite  :  il  faut  élargir  les  condi- 
tions du  concours  pour  les  bourses  d'un  an  en  supjîrimant  la  bar- 
rière  du    Certificat    de    sciences   ou   de    lettres. 


(1)  D'après  l'annuaire  de  l'Ecole  de  St-Cloud,  publié  vers  1910 
ou  1911.  sur  63  noms  de  boursiers  qu'on  y  relève,  17  seulement 
enseignaient  dans  les  Ecoles  Normales  et...  deux  dans  les  E.  P.  S. 
cie   province  1 

(2)  Depuis  quelques  années,  par  suite  de  l'application  des  lois 
militaires  (service  de  deux  ans  ou  de  trois  ans),  le  nombre  des 
jeunes  maîtres  allant  à  leurs  frais  à  l'étranger  pour  y  passer  une 
ou  plusieurs  années  devient  de  |)lus  en  plus  réduit.  L'instituteur 
d'Ecole  primaire  élémentaire  et  le  délégué  d'Ecole  primaire  supé- 
licure,  qui  ont  déjà  fait  trois  années  d'Ecole  normale,  quelquefois 
cjuatre,  puis  trois  années  c.c  service  militaire  ont  hâte  de  mettre 
lin  aux  sacrifices  de  leurs  familles  et  d'arriver  à  une  situation 
qui   leur  permette  de  gagner   leur  vie.  ^ 

D'un  autre  côté,  les  quinze  ou  vingt  certifiés  de  langues  qui, 
a\ant  l'ajiplication  des  lois  militaires  en  question,  ont  séjourné 
plusieurs  années  à  l'étranger,  pi-endr(uit  presque  tous  leur  retrai- 
te d'ici  quatre  ou  cinq  ans.  A  ce  moment,  à  part  deux  ou  trois 
exceptions  en\  iron,  tous  les  professeurs  de  nos  Ecoles  de  gar- 
(;t:ns  n'auront  fait  à  l'étranger  que  des  séjours  de  vacances, 
cest-à-dire  de  trois  mois. 

(3)  Dans  l'enseignement  technique  (Ecole  de  commerce  et 
d'industrie),  les  professeurs  chaj'gés  de  l'enseignement  des  lan- 
t'ues  ont   séjourné   une  année  à    l'étranger. 


I.E   CERTIFICAT    FRlMAIRi:    DES    I.ANGLKS    VIVANTES  3.x{ 

(A-tle  suppression  semble  d'autant  plus  logique  à  un  autre 
|)oint  (le  vue,  qu'un  professeur  de  langues  peut  posséder  une 
culture  générale  convenable,  voire  même  excellente,  sans  avoir 
l'un  ou  l'autre  des  deux  certilicats  précédents.  Il  est  certain  que 
lorsqu'elle  aura  lieu,  beaucoup  de  jeunes  maîtres  et  de  jeunes 
n:;i«tresses  de  l'enseignement  primaire  élémentaire,  des  cours 
complémentaires  et  des  E.  P.  S.,  que  l'étude  des  langues  intéresse, 
mais  qui  ne  peuvent  songer  à  la  conquête  préalable  du  certificat 
de  lettres  ou  du  certificat  de  sciences,  s'empresseront  de  préparer 
sérieusement   le  concours  des   bourses  de   séjour. 

II  conviendrait,  nous  semblc-t-il,  d'introduire  à  ce  concours  la 
plupart  ou  la  totalité  même  des  épreuves  de  culture  générale  que 
compf)rte  le  certificat  actuel.  En  ojjérant  ainsi,  on  ne  risquerait 
pas  d'envoyer  à  l'étranger  pendant  une  année  des  candidats 
qu'on  devrait  ensuite  refuser  à  l'examen  final,  faute  d'une  cul- 
ture générale   suffisante. 

L'examen  du  Certifient  de  langues  comprendrait  alors  deux 
intrlies  en  réalité  :  la  première  partie  servirait  aussi  d'examen 
p<.ur  les  bourses  de  séjour  d'un  an  ;  la  ueuxième  partie,  subie 
une  année  |)lus  tard,  à  l'expiration  du  séjour,  porterait  presque 
exclusivement    sur   la   langue   étrangère. 

Les  modifications  proposées  présenteraient  en  outre  les  avan- 
tages suivants:  1"  Kn  divisant  l'examen  en  deux  parties  séi)arées. 
par  un  intervalle  d'une  année  i)assée  à  l'étranger,  on  pourrait 
demander  davantage  aux  candidats,  tant  sous  le  rapport  de  la 
culture  générale  que  sous  celui  des  connaissances  en  langue 
c'trangcre  ;  2"  En  reportant  à  la  l"  partie,  la  plupart,  ou  même 
la  totalité  ces  épreuves  de  culture  générale,  on  i)ermettrait  au 
boursier  de  consacrer  entièrement  l'année  passée  hors  de  France 
il  l'étude  et  à  la  pratique  de  la  langue  étrangère  ;  —  3°  La  divi- 
sion de  l'examen  en  deux  parties  rendrait  le  Certificat  de  langues 
conforme  au  plan  général  adopté  déjà  jjour  les  autres  certificats 
dits  professionnels  :  certificats  de  lettres,  de  sciences,  de  scien- 
ces appliquées. 

Dès  1906,  l'Administration  a  reconnu  que  l'examen  du  Certi- 
ficat de  langues  était  tel  qu'il  convenait  de  donner  le  titre  de 
professeur  aux  certifiés,  et  c'est  sur  sa  proposition  même  qu'a  été 
votée  la  loi  de  titularisation  du  24  décembre  1908.  Depuis  cette 
date,  le  progamnie  de  l'examen  a  été  modifié  et  étendu,  surtout 
pour  les  épreuves  ayant  trait  à  la  culture  générale  (.réforme  de 
1912).  On  pourrait  donc  parfaitement  se  dispenser  de  toute 
njoûification  ultérieure.  Toutefois,  la  transformation  du  certifi- 
cat actuel  en  certificat  professionnel  semble  devoir  entraîner 
quelques  légères  additions.  La  1"  partie,  par  exemple,  pourrait 
être  renforcée  par  une  épreuve  écrite  portant  sur  la  psychologie 
et  la  morale  appliquées  à  l'éducation,  car  ces  matières  figurent 
aussi  à  la  l""*  partie  de  tous  les  certificats,  dits  professionnels  et 
il   ne  faut   pas  qu'on   puisse  prétendre   encore   que   les  Certifiés  de 


354  ij:s  langues  modbrnbs 

hingues  ont  une  culture  générale  insuffisante.  D'ailleurs,  la  psy- 
chologie et  la  morale  sont  déjà  inscrites  au  programme  des 
Ecoles  normales  et  les  candidats  n'auraient  pas  un  grand  effort 
à  faire  de  ce  côté.  Enfin,  il  est  incontestable  que  la  connais- 
sance de  la  psychologie  serait  une  excellente  préparation  pour 
aborder  avec  fruit  l'étude  de  la  pédagogie  pratique,  spéciale*  à 
l'enseignement  des  langues  vivantes.  Comme  le  futur  professeur 
de  langues  vivantes  passerait  une  année  au  moins  à  l'étranger, 
qu'il  n'aurait  plus  pendant  cette  période  à  s'occuper  de  préparer 
les  épreuves  de  culture  générale,  et  qu'au  contraire,  il  dispose- 
rait de  tout  son  temps  pour  l'étude  de  la  langue,  il  ne  serait  pas 
excessif  de  lui  demander  de  connaître  un  peu  mieux  que  par  le 
passé,  le  pays  étranger,  ses  habitants  et  ses  ressources.  Il  semble 
donc  tout  naturel  qu'à  la  2«  partie  de  l'examen  il  y  ait  une 
épreuve,  orale  par  exemple,  et  d'un  caractère  simple  et  pratique, 
comportant  des  questions  sur  l'histoire  moderne  et  contempo- 
raine du  pays  étranger,  sur  sa  géographie  envisagée  surtout  au 
point   de   vue   économique   (1). 

Comme  on  ne  peut  guère  comprendre  la  manière  d'enseigner 
\\\\e  langue  avant  de  bien  la  connaître,  il  s'ensuit  que  c'est 
surtout  vers  la  fin  de  leur  séjour  à  l'étranger  que  nos  boursiers 
pourront  aborder  avec  fruit  l'étude  de  la  pédagogie  spéciale  aux 
langues  vivantes.  Malheureusement,  ils  s'apercevront  bientôt  qu^ 
les  ouvrages  traitant  de  la  matière  sont  très  rarement  adaptés  à 
notre  enseignement  ;  ils  seront  loin,  en  un  *mot,  d'y  trouver  tout 
ce  qu'ils  désirent  savoir  sur  les  méthodes  et  les  procédés  qu'ils 
auront  à  employer  plus  tard.  11  importe  donc  d'aider  les  candi- 
tlats  à  compléter  leur  préparation  pédagogique  et  de  leur  permet- 
tre en  même  temps  d'affronter  avec  succès  l'épreuve  pratique  de 
leur  deuxième   examen. 

Dans  ce  but,  il  serait  possible,  je  crois,  de  profiter  du  séjour 
que  feraient  les  boursiers  dans  la  capitale  entre  l'examen  écrit  de 
la  2"  partie  (examen  subi  à  Paris)   et  l'examen  oral. 

Les  candidats  assisteraient  pendant  ce  temps,  c'est-à-dire  pen- 
dant une  quinzaine  de  jours  environ  à  des  conférences  sur  les 
méthodes  et  procédés  d'enseignement  ;  ils  iraient  visiter  plu- 
sieurs écoles  modèles  pour  y  voir  l'installation  des  salles  con- 
sacrées spécialement  aux  langues  vivantes  ;  ils  seraient  exercés 
à  faire  des  leçons  et  assisteraient,  s'il  était  possible,  à  quelques 
leçons  faites  dans  les  Ecoles  primaires  supérieures  ou  les  Ecoles 
ou  les  Lycées. 

Quant  aux  maîtres  qui  seraient  chargés  de  faire  ces  conféren- 
ces, de  donner  cet  enseignement   pratique,  on  pourrait  faire  appel 

(1;  On  pourrait  peut  être  aider  les  candidats  à  la  préparation 
de  cette  dernière  épreuve  en  inscrivant  sur  la  liste  des  auteurs 
étrangers  quelques  ouvrages  se  rapportant  aux  sujets  qu'on 
vient  d'indiquer. 


1,1     C.Einil-IC.M     l'KIMAIRE    DES    LANGIES    VIVANTES 


355 


;u;\  proCosscurs  {les  Kcoks  primaires  supéi-icurcs,  des  Ecoles 
normales  et  des  Lycées  de  Paris.  Peut-être  serait-il  possible  à 
quelques  membres  du  Jury  du  Certificat  de  collaborer  à  cette 
œuvre  ? 

Les  mesures  que  nous  venons  d'indiquer  procureraient  donc 
aux  candidats  une  aide  très  efficace  pour  la  préparation  de 
l'é|)reuve  pratique  de  la  2"  partie  et  contribueraient  à  élever  la 
valeur  pédai^ogique  du  personnel.  Elles  créeraient  un  centre 
<l"études  pédagogiques,  un  foyer  pour  ainsi  dire  dont  l'action  ne 
tarderait  pas  à  se  faire  sentir  dans  toutes  nos  Ecoles  primaires 
supérieures. 

On  peut  se  demander  coiumenl  le  recnitcnient  des  professeurs 
(il-  langues  t'iixinles  des  Ecoles  normales  pourrait  se  concilier 
oi'cc   les  modifications   qu^on   vient   d'exposer. 

Le  problème  ne  paraît  pas  insoluble  et  on  peut  en  envisagei- 
les   solutions   suivantes  : 

1"  On  pourrait,  par  exemple,  établir  en  faveur  oes  ppofesseurs 
d'Ecole  normale  un  concours  spécial  jjour  les  dix  ou  douze  bour- 
ses qui  leur  seraient  réservées  chaque  année  ;  ce  concours  cons- 
tituerait aussi  pour  eux  la  1''  partie  du  Certificat  de  langues. 
A  Texpiration  de  leur  bourse,  ils  subiraient  le  même  examen 
(2-  i)artie  du  Certificat)  que  les  boursiers  se  destinant  à  l'ensei- 
gnement  primaire   supérieur. 

'2'  Bon  nombre  d'élèves  de  St-Cloud  (et  probablement  aussi  de 
rontenay),  qui  se  trouvent  trop  âgés  à  leur  sortie  de  l'Ecole  pour 
aller  passer  une  année  à  l'étranger,  accepteraient  volontiers  de 
concourir  pour  une  bourse  si,  après  la  l"^'  année  de  leur  séjour  à 
St-(;iouà,  on  leur  permettait  d'opter  pour  le  professorat  de  lan- 
gues vivantes.  Ainsi,  après  avoir  subi  avec  succès  la  1"  partie 
du  Certificat  de  langues,  ces  jeunes  gens  iraient  préparer  à 
l'étranger  la  2-  partie  de  l'examen,  au  lieu  de  faire  une  deu.xième 
année  à   l'Ecole  de  St-Cloud. 

Le  tableau  suivai)t  résuroe  l'exposé  précèdent 

Le  Certificat  d'aptitude  à  renseignement  des  langues  vivantes 
dans   les  E.  X.  et   E.  P.  S.  deviendra  un  Certificat   professionnel. 

L'exanten  sera  divisé  en  deux  parties  subies  à  une  année 
tt'intervalle  au   moins. 

I  /  Par  exemple  : 

[  [  Une     composition     française 

(sujet  de  littérature). 
L'ne  composition  (sur  un  sujet 

de  pédagogie  ou  morale). 
L'ne  épreuve  de  lecture  expli- 
quée. 

Epreu\cs  écrites 
et    épreuves     orales 


La  1'^  partie 
comprendra 


h  toutes  les  épreuves 
de  culture  générale 


2"  des  épreuves 
de  langues  vivantes 


3ÔG  hES    LANGUES    MODEKXES 

Les  candidats  admissibles  à  la  l'"  partie  de  Texameii  obtien- 
dront une  bourse  de  séjour  d'une  année.  On  continuera  à  leur 
demander  en  retour  de  s'engager  à  enseigner  les  langues  pendant 
un   certain   nombre  d'années  dans  les  E.  N.  ou  les  E.  P.  S.  (1). 

L'une     des     épreuves     orales 
1  •  des  épreuves        ^      consistera  en  questions  sur 
Ln'^^„artie\      '^^}^'}ënes  yWanies  l'histoire,  la  langue  du  pavs 

La_paitie1  écrites  et  orales        /      ..mn-rer 

comprendra  ]  euaiij^n. 


i 


2"  Une  ou  plusieurs 
1       épreuves  pratiques 

Pour  aider  les  candidats  dans  leurs  études  et  contribuer  à  leur 
formation  pédagogique,   il   sera   institué  : 

1°  Un  Comité  de  direction  (ou  de  correction)  pour  les  candidats 
à  la  V'  partie.  Ce  Comité  donnera  des  conseils  aux  candidats, 
dirigera    leur   travail    et    pourra    même    corriger    quelques    devoirs. 

2"  Ui)  Comité  de  surveillance  pour  diriger  et  contrôler  le  tra- 
vail des  boursiers  séjournant  à  l'étranger.  (Ce  Comité  existe 
déjà). 

3"  Une  série  de  conférences,  d'exercices  pratiques,  de  visites 
d'Ecoles,   etc.  (Avant   l'examen   oral   de   la    2'  partie). 

Pour  conclure,  nous  rappellerons  les  principaux  avantages  que 
k    projet   précédent   nous   semble  présenter  : 

1"  En  raison  de  la  double  sélection  qui  s'effectuerait  aux  deux 
parties  qc  l'examen,  par  suite  de  la  nature  des  épreuves  et  du 
séjour  minimum  d'une  année  fait  à  l'étranger,  on  obtiendrait  un 
corps  de   jjrofesseurs  oifrant   toutes  les  garanties  désirables. 

2"  Comme  le  professeur  de  langues  \ivantes  posséderait  tous 
les  a\antages  accordés  aux  autres  professeurs,  beaucoup  de  l)on- 
nes  volontés  hésitantes,  bon  nombre  de  sujets  d'élite  seraient 
attirés  vers  l'enseignement  des  langues  dans  les  Ecoles  primaires 
supérieures.  On  arriverait  ainsi,  au  bout  de  quelques  années,  à 
posséder  un  personnel   stable  et  suffisamment    nombreux. 

;{"  En  admettant  que  chaque  année  l'on  accoroe  une  vingtaine 
de  bourses  d'un  an  et  à  peu  près  autant  de  bourses  de  vacances, 
la  dépense  totale  serait  relativement  peu  élevée.  Elle  serait,  dans 
tous  les  cas,  inférieure  à  celle  qu'entraînerait  un  séjour  de  deux 
années  à  St-Cloud  ou  à  Fontenay  de  vingt  candidats  au  professo- 
rat   de    sciences    ou    de    lettres    (2). 

M0NGUn.I,0N, 

iE.   P.   S.,   Le   Havre). 

(1)  II.  arri\era  parfois  que  pour  des  raisons  particulières  cer- 
tains candidats  renonceront  à  la  bourse  d'un  an.  On  pourra  alors 
leur  accorder  à   la   place   une  bourse   de   vacances  de   trois   mois. 

(2)  Si,  par  raison  d'économie  budgétaire,  on  ne  pouvait  accor- 
der de  boursi'S  qu'à  une  fraction  des  candidats  admis  à  la  1" 
partie  de  l'examen,  à  la  moitié  par  exemple,  il  serait  facile  de 
faire  obtenir  aux  autres  des  j)ostes  d'assistant  dans  les  Ecoles 
étrangères. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES     ANGLAISES 


L'n  cc•ri^Jlill.  aiuien  combattant,  confit-  au  Maiicheslcr  Guardian 
SCS  impressions  sur  l'un  des  aspects  de  la  civilisation  anglaise 
actuelle,  "  cette  civilisation,  dit-il,  pour  laquelle  nous  avons  fait 
la  guerre  ».  11  voit  un  trop  grano  nombre  de  ses  contemporains 
enrichis  dans  le  commerce,  étalant  un  luxe  tapageur  et  une  joie 
de  vivre  à  la  fois  grossière  et  immodérée.  La  laideur  morale  de 
ceux  qu'Henry  Hordeaux  ap|)elle  ■■  les  bolchevistes  d'en-haut  ■•. 
ainsi  que  la  futilité  bruyante  de  leurs  compagnes,  lui  inspirent 
des  réllexions  pessimistes  et  le  poussent  à  une  attitude  de  révolte. 

•*>•  j'appartenais  aux  services  de  propagande  soviptiste,  écrit-il, 
je  conduirais  des  groupes  de  tra\ailleurs,  hommes  et  femmes, 
dans  Bond  Street,  je  leur  dirais  d'ou\rir  les  yeux  et  de  tirer 
eux-mêmes  leurs  conclusions.   « 

La  promenade  serait  peut-être  encore  plus  féconde  en  enseigne- 
ments que  ne  le  pense  l'auteur  de  l'article.  Une  caravane  d'on- 
^^iers  descendant  Bond  Street  risquerait  de  tomber  sur  les  pré- 
paratifs ainstallation  de  M.  Krassine.  Et  le  cicérone,  en  le  sup- 
posant impartial,  devrait  expliquer  que  ces  meubles  luxueux  et 
confortables,  amenés  à  grands  frais  dans  l'hôtel  d'un  ancien 
(irand-Duc,  sont  destinés  au  représentant,  à  Londres,  du  gouver- 
nement des  Soviets.  Peut-être  viendrait-il  alors  à  l'esprit  de  cer- 
tains, les  plus  affranchis  de  tout  mysticisme,  que  le  bolchevisme 
ne  change  pas  la  nature  des  hommes  en  changeant  les  formes 
jvolitiques  et  que  si  ses  théories  répondent  à  maintes  asjiirations 
du   cœur,    ses   réalisations    sont    loin    oe    satisfaire    l'entendement. 


M.  Lloyd  George  a  été  amené  à  causer  avec  un  représentant  de 
Lénine,  moins  par  désir  d'étudier  la  nature  du  bolchevisme  que 
pour  prendre  contact  avec  la  nouvelle  doctrine  et  ensuite  en  tirer 
le  meilleur  parti  possible  pour  sou  pays.  Ces  négociations  tou- 
chant la  reprise  des  relations  commerciales,  étaient  envisagées 
dès  fin  février  par  le  Conseil  suprême,  et  il  ne  fallut  rien  moins 
que  les  opérations  militaires  de  la  Pologne  pour  les  faire  passer 
dans  le  domaine  des  réalités.  Les  succès  polonais  furent  d'abord 
interprétés  par  quelques  organes  du.  la  presse  libérale  comme 
une  victoire  de  la  France,  mais  les  déclarations  de  M.  Bonar 
Law  aux  Communes  ont  prouvé  que  l'Angleterre  aussi  avait  indi- 
rectement participé  à  la  lutte  en  fournissant  au  gouvernement  de 
Varsovie   du   matériel   de   guerre.    Les   anciennes     attaques     contre 


358  I.ES    LANGUES    MODERNES 

M.  Lloyd  George  reprirent  alors,  dénonçant  la  duplicité  de  sa 
politique  ouvertement  pacilique  et  sournoisement  belliqueu>se. 
Entre  deux  maux,  a-t-on  pu  dire,  il  n'hésite  pas  ;  il  choisit  les 
deux. 

Les  progrès  de  l'offensive  polonaise  ont  été  d'autant  plus  sen- 
sibles à  l'Angleterre  qu'ils  coïncidaient  avec  la  prise  de  Bakou  et 
la  violation  du  territoire  persan  par  les  bolchevistes.  Y  a-t-il  eu 
simplement  coïncidence  ou  bien,  sur  l'échiquier  politique  mon- 
dial, jouant  leur  partie  avec  l'habileté  propre  aux  Orientaux,  les 
dirigeants  des  Soviets  ont-ils  voulu  mettre  l'Angleterre  en  échec 
là  où  elle  est  le  plus  vulnérable  et  soulager  du  même  coup  une 
situation  diflTicile  du  côté  de  Kief  et  de  la  Bérézina  ? 

Le  gouvernement  de  Téhéran,  ou  plutôt  le  président  du  Conseil, 
Vossough-ed-Doulé,  après  des  négociations  secrètes,  a  signé  quel- 
ques semaines  avant  l'armistice,  un  accord  plaçant  son  pays  sous 
le  protectorat  de  l'Angleterre.  Mais  ni  le  Parlement  (qui  n'a  pas 
siégé  depuis  1911),  ni  le  peuple,  n'ont  ratifié  ce  traité  que  les 
contingents  britanniques  trop,  peu  nombreux  sont  d'ailleurs  inca- 
pables d'imposer  par  la  force.  Sans  peut-être  épouser  les  théories 
bolchevistes,  la  Perse,  pour  recouvrer  son  indépendance  natio- 
nale, semble  devoir  accepter  l'appui  de  la  Russie. 

Que  les  contingents  rouges  envahissent  le  territoire  persan  et 
réchafaudage  péniblement  élevé  par  l'Angleterre  à  Téhéran 
s'écroule  ;  la  route  de  l'Inde  devient  libre  et  la  contagion  révolu- 
tionnaire peut  gagner  les  sujets  musulmans  de  George  V  ;  d'autre 
part,  la  zone  pétrolifère  est  menacée,  et  sans  le  pétrole  de  la 
Mésopotamie,  l'Angleterre  tombe,  en  ce  domaine,  sous  la  dépen- 
dance de  l'Amérique,  alors  que  la  marine  consomme  une  quan- 
tité croissante   de  ce   combustible. 

C'est  pour  conjurer  ce  double  péril  que  M.  Lloyd  George  est 
entré  en  pourparlers  avec  M.  Krassine.  11  espère  que  les  moyens 
diplomatiques  lui  donneront  les  sécurités  qu'il  n'a  pu  obtenir 
autrement.  Mais,  ofiHciellement,  c'est  la  question  des  relations 
commerciales  entre  la  Russie  et  l'Angleterre  qui  fait  l'objet  des 
conversations  entre  les  deux  hommes  d'Etat.  La  reprise  des 
affaires,  même  si  elle  ne  devait  porter  ses  fruits  que  dans  un 
avenir  éloigné,  est  d'un  grand  intérêt  pour  l'Angleterre.  Celle-ci 
en  elTet  ne  jouit  pas  de  l'indépendance  économique,  et  doit  se 
montrer  indulgente  aux  pays  qui  peuvent  lui  fournir  des  vivres 
et  des  matières  premières  ;  de  plus,  en  raison  du  cours  élevé 
de  la  livre,  elle  voit  les  pays  à  change  défavorable  se  fermer  à 
ses  produits,  et  doit  donc  chercher  de  nouveaux  débouch'ésj 
Acheter,  vendre,  c'est  de  ces  deux  nécessités  que  le  peuple  anglais 
tire  sa  notion  de  solidarité  internationale  :  il  ne  faut  pas  s'éton- 
ner que  celte  notion  soit  entachée  de  mercantilisme.  M.  Lloyd 
George  d'ailleurs,  dans  le  discours  où  il  défend  sa  politique 
russe,  a  proclamé,  non   sans  crànerie,  que  les  affaires  ne   doivent 


CHKONIQli:    ÉTRASGÈnK  .{59 

pas  être  entravées  par  des  considérations  d'ordre  moral.  Pour- 
quoi les  excès  bolchevistes  seraient-ils  un  obstacle  à  la  reprise 
des  relations  d'aflaires  avec  la  Russie,  puisque  les  crimes  des 
Turcs,  des  Mexicains,  des  cannibales  n'ont  jamais  empêché  les 
Anglais  de  faire  du  négoce  à  Constaqtinople,  à  la  Vera  Cruz  et 
avec  les  peuplades  africaines  ?  L'argument  n'est  pas  sans  force 
et  l'on  ne  peut  manquer  d'en  louer  la  sincérité.  Mais  pourquoi 
ne  pas  le  pousser  à  sa  conclusion  naturelle  en  décidant  de  recon- 
naître ofliciellemcnt  le  gouvernement  des  Soviets  ?  Le  Premier 
Ministre  s'eflorce  à  la  fois  cie  donner  satisfaction  aux  intérêts 
commerciaux  de  son  pays  et  de  tenir  compte  dé  certaines  répu- 
gnances insurmontables  à  l'égard  de  la  Russie  :  il  aboutit  de  la 
sorte  à  un  compromis  sans  logique   ni   clarté. 

11  est  difficile  de  pronostiquer  ce  qui,  commercialement  et  stra- 
tégiquemeut,  sortira  de  ces  négociations  entre  M.  Lloyd  George 
et  M.  Krassine.  Mais  dès  maintenant,  il  est  clair  qu'entre  la 
Russie  et  l'Angleterre  une  grosse  partie  se  trouve  engagée  dont 
il  sera  intéressant  de  suivre  les  péripéties,  car  ce  qui  est  en  jeu, 
c'est  toute  la  puissance   britannique. 


L'esprit  bolcheviste,  si  l'on  entend  par  là  le  mépris  des  con- 
traintes à  un  aegré  jusqu'ici  inconnu,  mine  tous  les  territoires 
de  l'Empire.  Le  Canada,  pendant  et  surtout  après  la  guerre,  n'a 
cessé  d'agir  de  plus  eu  plus  en  nation  indépendante.  Il  était 
représenté  directement  au  Conseil  des  Puissances.  Il  vient  de 
faire  un  pas  de  plus  dans  le  sens  de  l'autonomie  en  désignant 
un  ambassadeur  à  Washington.  Ce  n'est  pas  encore  l'indépen- 
dance diplomatique  totale,  mais  on  ne  peut  nier  l'importance 
d'un  tel  précédent.  La  décision  du  Cabinet  d'Ottowa  a  été  prise 
après  échange  de  notes  avec  M.  Lloyd  George.  Cette  correspon- 
dance ne  doit  pas  être  publiée,  ce  qui  semblerait  indiquer  que 
la  concession  a  été  accordée  par  le  Premier  Ministre  anglais  à 
son  corps  défendant.  Cependant,  l'innovation  n'est  pas  prise  au 
tragique  dans  la  métropole  :  on  estime  que  si  les  liens  créés  par 
la  constitution  se  relâchent  sans  résistance,  la  piété  filiale  s'en 
trouvera  renforcée. 

En  décembre  1919,  des  désordres  se  produisaient  dans  l'Inde 
qui  furent  réprimés  par  des  tirs  de  mitrailleuses  et  des  bombar- 
dements aériens.  Une  enquête  fut  décidée  dont  les  conclusions 
viennent  de  paraître.  Les  méthodes  de  répression  du  général  Dj'er, 
commandant  les  troupes  de  police,  sont  nettement  condamnées  ; 
on  lui  reproche  surtout  un  certain  "  crawling  order  »  auxquels 
les  habitants  d'Amritsar  devaient  se  soumettre  dans  la  rue.  La 
Commission  d'enquête  demande  des  sanctions  contre  le  général 
Dyer  ;  elle  aura  certainement  satisfaction,  et  avec  elle  toute  la 
population  indigène  de  l'Inde.  Bien  plus,   il  ne   sera  tenu    aucun 


360  LES   LANGUES   MODERNES 

compte  des  témoignages  des  colons,  prétendant  que  les  mesures 
prises  par  le  général  Dyer  ont  évité  des  révoltes  plus  graves  et 
dont  la  répression  aurait  coûté  infiniment  plus  cher. 

Dans  cette  aflaire  malheureuse,  l'Angleterre  fait  amende  hono- 
rable. En  réalité,  le  gouvernement  sent  que  sou  autorité  sur  les 
territoires  d'outre-mer  est  assez  précaire  et  qu'il  importe  de  jeter 
du  lest.  Par  contre,  il  montre  de  la  fermeté  quand  il  s'agit  de 
l'Irlande  et  des  mouvements  ouvriers,  sur  lesquels  il  peut  exer- 
cer directement  son  action.  Pour  répondre  à  la  guerre  de  parti- 
sans, menée  par  les  Sinn  Feiners,  H  fait  débarquer  chaque  jour 
en  Irlande  des  troupes,  du  matériel,  des  munitions.  D'autre  part, 
il  n'a  pas  permis  l'extension  de  la  grève  déclanchée  par  les  che- 
minots et  les  dockers  irlandais  pour  immobiliser  ce  déploiement 
gucrritr.  Son  attitude  énergique,  ainsi  que  l'intervention  du 
Labour  Party,  lié  par  ses  décisions  antérieures  contre  l'action 
directe,  ont  mis  un  terme  à  cette  agitation  ouvrière.  Du  reste, 
i!  semble  que  du  côté  gouvernemental,  comme  du  côté  travailliste 
on  soit  assez  enclin  à  réaliser  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  sépa- 
ration du  syndîcalisme  et  de  l'Etat. 

Sarreboiirg,  le  13  juin  19'2{\.  ^larccl   Lorans. 


NOTES   ALLEMANDES 

L'.\ssembiée  nationale  a  réussi  à  terminer  ses  travaux  le  21 
mai,  sans  avoir  à  subir  de  nouvel  assaut  des  éléments  révolu- 
tionnaires de  droite  ou  de  gauche.  Quoique  parfois  encore  sur- 
i^issent  de  par  l'Empire  des  rumeurs  inquiétantes  de  réaction 
monarchique,  ou  de  révolte  spartacienne,  la  campagne  électorale 
(lu  mois  de  mai  s'est  déroulée  dans  le  calme  des  luttes  oratoires  : 
c'est  qu'en  raison  de  l'imminence  des  élections,  les  partis  extrê- 
mes n'ont  pas  osé  se  discréditer  par  un  nouveau  coup  de  force  ; 
ils  ont  préféré  courir  leur  chance,  a\ant  d'avoir  recours  à  la 
violence,  qui  reste,  en  cas  de  défaite,  leur  oernière  ressource. 

La  consultation  du  6  juin  présente  un  intérêt  trop  évident, 
]iour  ne  pas  retenir  l'attention  de  l'Europe  entière.  Les  élections 
jjrochaines  permettront  au  peuple  allemand  de  prononcer,  sur 
l'œuvre  du  gouvernement  et  sur  celle  de  l'Assemblée  nationale  un 
\erdict  d'autant  plus  éclairé  que  les  partis  seront  jugés  non  plus 
sur  leurs  programmes,  mais  sur  leurs  actes.  Il  s'agit  de  savoir  si 
IWllemagne  entend  désormais  se  consacrer  aux  réformes  démo- 
cratiques qu'elle  prétendait  vouloir  réaliser  au  lenuemain  de  la 
défaite,  ou  si,  hantée  par  un  rêve  absurde  de  revanche,  elle  est 
disposée  à  prendre  comme  arbitre  de  ses  destinées  les  forces  de 
réaction  qui  furent  une  fois  déjà  responsables  de  sa  ruine.  I^ 
]H)litique     pour   laquelle   nous   verrons   opter   le   peuple    allemand. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE  261 

dctf  nui  liera    Tattitude   que    prcudront    à    son    égard    l'Europe,    et    la 
France,  en   particulier. 

S'il  est  vain  et  téméraire  de  vouloir  se  livrer  aujourd'hui  au 
calcul  des  pronostics,  il  peut  être  intéressant  du  moins  d'étudier 
l'œuvre  de  la  dernière  législature,  et  de  déterminer  la  situation 
des  partis  à  la  veille  des  élections  :  cet  examen  pourra  contri- 
buer  à   éclairer   les    résultats   ue    demain. 


L'Assemblée  nationale  nous  apparaît  comme  un  parlement  de 
transition,  qui,  partagé  entre  des  tendances  divergentes,  dut  faire 
trop  souvent  le  sacrifice  de  ses  principes,  pour  se  résigner  à 
suivre  une  politique  opportuniste. 

Comme  aucun  des  partis  de  l'.Assemblée  ne  disposait  à  lui  seul 
de  la  majorité,  celle-ci  fut  constituée  par  l'union  un  peu  dispa- 
rate des  députés  du  centre  catholique  (88j,  des  démocrates  (75;, 
et  des  socialistes  majoritaires  (165).  Cette  coalition  pouvait 
ainsi  triompher  facilement  de  l'opposition  des  socialistes  indé- 
pendants (22),  et  de  celle  des  partis  de  droite  représentés  par 
les  allemands  nationaux  (42),  et  par  le  parti  populaire  alle- 
mand (21). 

I^  bloc  majoritaire,  qui  oisposait  sur  ses  adversaires  d'une 
supériorité  numérique  indiscutable,  ne  représentait  cependant 
qu'un  groupement  de  forces  peu  homogènes.  .Aussi,  sa  politique 
intérieure  fut-elle  soumise  à  de  nombreuses  oscillations;  elle  dut 
se  plier  aux  concessions  et  aux  compromis  qui  énervent  la 
volonté  d'une  Assemblée  et  la  rendent  souvent  impopulaire.  On 
ne  saurait  sans  doute  dénier  à  la  Constituante  allemande  le 
mérite  d'avoir  assuré  le  maintien  du  régime  républicain,  et 
d'avoir  par  là-même  réservé  l'avenir.  Son  œuvre  législative  est 
par  ailleurs  considérable  ;  mais  elle  apparaît  plus  imposante  par 
sa  masse  que  par  son  caractère  novateur.  L'.Assemblée  nationale  a 
sans  doute  fait  preuve  à  certaines  heures  de  sagesse  et  a'initia- 
tive  ;  mais  elle  manqua  souvent  aussi  de  courage,  et  elle  a 
amorcé  beaucoup  de  réformes  qu'elle  n'a  pas  toujours  su  réali- 
ser dans  un   esprit  vraiment   démocratique. 

Sa  politique  extérieure  présenta  les  mêmes  hésitations  :  elle 
ne  réussit  pas  à  s'affranchir  des  directives  anciennes  que  l'expé- 
rience de  la  guerre  aurait  dû  condamner  définitivement.  L'.Assem- 
blée nationale  avait  commis  l'imprudence  d'inscrire  en  tête  de 
son  programme  la  révision  du  traité  de  Versailles,  qu'elle  déclara 
inexécutable  dans  ses  clauses  militaires,  économiques  et  finan- 
cières. .Aussi  le  gouvernement  de  Millier,  au  lieu  de  remplir  les 
engagements  qu'il  avait  souscrits,  crut-il  opportun  d'en  différer 
ou  d'en' éluder  l'exécution,  dans  la  mesure  du  possible.  Il  y  avait 
là  une  erreur  de  méthode,  qui  eut  du  moins  l'avantage  de  nous 
renseigner,  exactement  sur  les  intentions  véritables  de  la  démo- 
cratie allemande. 

24 


362  LES    LANGUES   MODERNES 

L'hostilité  que  celle-ci  manifestait  à  la  France  ne  s'était  pas, 
en  effet,  atténuée  depuis  l'armistice,  même  dans  les  rangs  du 
bloc  majoritaire  ;  l'hypocrisie  avec  laquelle  furent  exploitées  et 
l'occupation  de  Francfort  et  la  présence  des  troupes  noires  dans 
les  territoires  rhénans,  fut  à  cet  égard  symptomatique.  Alors 
que  l'Allemagne  nous  suppliait  de  prendre  conscience  de  cette 
solidarité  d'intérêts,  qui  devait  nous  rapprocher,  alors  qu'elle 
prétendait  ne  vouloir  attendre  son  salut  et  celui  de  l'Europe  que 
de  la  collaboration  des  peuples,  divisés,  tués  par  la  guerre,  elle 
travaillait  à  dissocier  le  groupe  des  Alliés  :  et  tout  en  évitant 
une  explication  loyale  avec  la  France,  elle  poursuivait  contre 
elle    sa   politique   de  chicanes  et   d'atermoiements. 

L'Allemagne  se  croyait  d'autant  plus  autorisée  à  persévérer 
dans  cette  attitude  de  résistance  passive^  que  certaines  paroles 
imprudentes,  échappées  à  de  hautes  personnalités  alliées,  lui 
permettaient  d'espérer  l'appui  de  leur  influence  ;  par  ailleurs, 
l'attribution  d'un  crédit  de  200  millions  de  florins  que  lui  ouvrait 
la  Hollande  pour  achat  de  vivres  et  de  matières  premières,  la 
fortifia  dans  cette  illusion  que  les  sympathies  du  monde  allaient 
de   nouveau   vers  e>lle. 

Le  gouvernement  de  Mùller  célébra  alors  comme  un  grand  suc- 
cès politique  sa  participation  à  la  Conférence  de  Spa,  et  il 
annonça  joyeusement  à  son  peuple  que  sonnait  enfin  le  retour 
de  l'exil.  L'Allemagne  vit  en  eflet  dans  l'invitation  des  puissan- 
ces alliées  la  promesse  d'une  réhabilitation  prochaine  ;  elle 
n'était  donc  plus  la  lépreuse  exclue  de  la  communauté  euro- 
péenne ;  elle  allait  pouvoir  reprendre  sa  place  au  Conseil  des 
Nations.  Les  avantages  qu'elle  espérait  pouvoir  tirer  des  entre- 
tiens de  Spa  n'étaient  pas  seulement  d'ordre  moral  ;  elle  espé- 
rait pouvoir  faire  prévaloir  à  la  Conférence  le  principe  d'è  la 
fixation  forfaitaire  de  ses  indemnités  de  guerre,  évaluées  selon 
l'état  des  ressources  et  selon  les  capacités  de  travail  du  pays. 
Elle  déclarait,  du  reste,  à  l'avance,  les  unes  et  les  autres  très  limi- 
tées ;  à  cet  eft'et,  elle  constituait  déjà  tout  un  dossier  de  docu- 
ments impressionnants,  et  en  appelait  au  témoignage  d'Anglais 
germanophiles,  tels  que  Keynes.  Lii  fièvre  avec  laquelle  les 
ministres  de  Berlin  poussaient  les  préparatifs  de  la  Conférence 
de  Spa,  laissait  deviner  la  tactique  qu'ils  adopteraient  :  il  s'agi- 
rait pour  eux  d'utiliser  à  leurs  fins  les  divergences  d'opinion 
qui    pouvaient    se    manifester   entre    les    Alliés. 

Aussi  la  déception  du  peuple  allemand  fut-elle  amère,  quand 
il  a|)prit  que  la  réalisation  d'accords  antérieurs,  tels  que  celui  , 
de  Hythe,  limiterait  le  droit  de  discussion  de  ses  délégués,  ou 
plutôt  paralyserait  le  jeu  tic  leurs  intrigues  ;  les  journaux  libé- 
raux allèrent  jusqu'à  parler,  avec  leur  emphase  habituelle,  du 
<'  sabotage  »  de  la  Conférence  de  Spa.  Le  gouvernement  alle- 
mand  était   à  iu)uveau  victime  de  cette   erreur  psychologique,  qui 


CHUONIQIE    KTRANCKRE  SG.'} 

iivait  causé  tant  de  mécomptes  à  ses  prédécesseurs  :  il  croyait 
pouvoir,  à  son  tour,  opposer  les  Alliés  les  uns  aux  autres  et 
trouver  chez  les  jjeuples  anglo-saxons  un  écho  de  sympathie  à 
sa  politique  anti-fraiiyaise.  Cette  fois  encore,  le  chancelier  Millier 
se  vit  inlliger  un  crUel  démenti  ;  à  l'isolement  prétendu  de  la 
France,  répondit  le  resserrement  de  l'entente  anglo-française  ; 
et  le  traité  de  Versailles,  que  déclaraient  caduc  les  augures  her- 
linois,  gardait  sa  validité  aux  yeux  des  Alliés,  qui  prétendaient 
régler  à  Spa  les  modalités  de  son  exécution.  Le  peuple  allemand 
ne  fut  que  médiocrement  satisfait  de  cette  longue  campagne 
révisionniste  ;  il  ne  pouvait  que  mesurer  la  distance  qui  sépa- 
rait les  plus  brillantes  promesses  des  dures  réalités  au  milieu 
desquelles  ij  se  débattait.  La  politique  extérieure  de  l'Assemblée 
nationale  et  de  ses  ministres,  par  ses  initiatives  maladroites  et 
par  son  manque  de  franchise,  s'était  épuisée  en  protestations 
violentes  et  stériles  :  celles-ci  n'étaient  pas  destinées  à  augmen- 
ter le  prestige  du  gouvernement,  ni  au  dedans,  ni  au  dehors  de 
rp]mpire. 

Ainsi  s'explique-t-on  que  le  ministère  Millier  et  sa  majorité 
n'aient  pas  vu  croître  leur  popularité,  et  que  les  élections  pro- 
chaines leur  inspirent  des  craintes,  sans  doute  légitimes.  La 
politique  qu'ils  ont  suivie,  tant  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur,  ne 
s'est  pas  suffisamment  libérée  de  l'emprise  du  passé  ;  elle  a 
manqué  souvent  de  la  décision  et  de  la  vigueur  que  réclamait 
l'organisation  d'un  Etat  démocratique.  Elle  fut  'enfin  soumise  à 
ce  régime  de  compromis,  souvent  néfaste,  qui  menace  aujourd'hui 
de  se  retourner  contre  la  coalition  majoritaire.  Déjà  nous  par- 
viennent de  ses  rangs  des  bruits  de  scission  qui  ne  sont  pas 
destinés  à  fortifier  sa   situation   à  la   veille  du   scrutin. 


La  discipline  électorale  ia  ])lus  stricte  sera  suivie  par  les  par- 
tis de  droite  qui  vont  à  la  bataille  en  rangs  serrés.  Les  ■<  natio- 
naux allemands  »,  guidés  ]Kir  le  Comte  Westarp,  et  partisans 
irréductibles  de  la  monarchie,  viennent  de  conclure  une  alliance 
avec  le  parti  populaire  ;  celui-ci.  dirigé  par  Stresemann,  est, 
comme  on  le  sait,  le  mandataire  de  la  .  Schwerindustrie  »,  et  il 
a  groupé  autour  de  lui  les  débris  du  parti  national  libéral. 
L'union  des  «  Deutschnationalen  >  et  de  la  «  Volkspartei  » 
survivra  du  reste  sans  doute  aux  élections  :  car  rien  n'est  plus 
'-conforme  à  la  tradition  prussienne  que  cette  coalition  des  impé- 
rialistes du  sabre  et  des  annexionistes  de  l'industrie.  Le  nou- 
veau groupement  sera  assez  cohérent,  et  peut-être  assez  fort,  pour 
tenter  d'imposer  sa  collaboration  au  gouvernement  de  demain. 
Les  partis  réactionnaires,  en  effet,  s'efforcent  visiblement  de 
déplacer  le  centre  de  la  coalition  libérale,  afin  de  ralentir  autant 
que   possible    la    démocratisation   du   pays.     Dès    aujourd'hui,     ils 


364  LES   LANGUES    MODERNES 

font  des  avances  non  dissimulées  au  parti  socialiste  majoritaire, 
et  surtout  aux  indépendants.  Il  est  peu  probable  que  les  troupes 
de  Millier,  du  moins,  répondent  à  leur  appel,  et  consentent  à 
pactiser  avec  un  groupement  aussi  peu  constitutionnel,  qui  est 
responsable  de  la  guerre,  et  qui  n'a  pas  encore  renoncé  à  ses 
espoirs  de  restauration   monarchique. 

Si  cette  concentration  des  éléments  de  droite  se  réalise  à  peu 
près  unifoi'mément  dans  tout  l'Empire,  c'est  en  Bavière  que  les 
forces  conservatrices  se  sont  unifiées  le  plus  rapidement  et  le  plus 
complètement.  Il  s'est  formé  dans  ce  pays  un  bloc  de  l'ordre, 
«  der  Ordnungsblock  »,  qui  a  réussi  à  grouper  sous  une  direc- 
tion unique  les  partis  suivants  :  la  ligue  des  paysans,  la  ligue 
des  agriculteurs,  les  nationaux  allemands,  que  l'on  désigne  encore 
sous  le  nom  de  Mittclpartei  ;  le  centre  bavarois,  monarchiste, 
agrarien  et  particulariste,  qui  s'institue  encore  «  bayerische  volks- 
partei  »  ;  et  enfin  le  ^  parti  monarchiste  bavarois  »,  qui  dans 
son  organe,  le  »  Bayerischer  Kônigbote  »,  réclame  ouvertement 
le  retour  des  wittelsbach,  ainsi  que  l'annexion  des  territoires  du 
Tyrol,  du  Vorarlberg  et  de  la  Styrie.  Cette  union  des  droites 
mène  la  propagande  la  plus  active  ;  elle  dispose  de  l'argent,  avec 
lequel  elle  achète  les  journaux,  et  elle  inonde  le  pays  de  brochu- 
res et  de  tracts.  Dès  aujourd'hui,  elle  croit  s'être  assurée  l'adhé- 
sion de  la  bourgeoisie  bavaroise,  qu'effarouche  toujours  le 
spectre  du  communisme. 

A  cette  unification  des  forces  réactionnaires,  les  partis  libéraux 
opposent  le  spectacle  de  leurs  divisions  :  c'est  que  la  pratique 
d'un  an  et  demi  de  politique  gouvernementale  a  mis  trop  sou- 
vent chacun  d'eux  en  contradiction  avec  ses  propres  principes. 
Aussi,  les  doctrinaires  les  plus  intransigeants  prétendent-ils 
désormais  s'isoler,  pour  rester  plus  fidèles  à  la  tradition  de  leur 
parti. 

Le  Centre  devait  être  le  plus  directement  menacé  d'un  danger 
de  scission.  Sa  politique  d'avant-guerre,  qui  s'inspirait  directe- 
ment de  ses  intérêts  confessionnels,  ne  laissait  point  prévoir  son 
alliance  actuelle  avec  les  socialistes,  même  majoritaires  :  il  ne 
consentit  à  cette  union  que  dans  un  intérêt  national  supérieur, 
et  l'on  doit  reconnaître  qu'il  s'efforça  loyalement  d'adapter  son 
programme  aux  exigences  de  partis  plus  libéraux. 

Son  évolution  vers  la  gauche  fut  sans  doute  accueillie  favo- 
rablement par  la  masse  des  ouvriers  catholiques  ;  mais  elle  ne 
pouvait  que  satisfaire  médiocrement  le  clergé  et  la  bourgeoisie. 
1,'antagonisme  social  de  ces  deux  éléments  du  centre  se  mani- 
festa plus  vivement,  après  que  le  coup  d'Etat  du  13  mars  eut 
obligé  le  gouvernement  à  suivre  une  politique  plus  radicale.  Une 
première  scission  se  produisit  en  Bavière,  où  se  constitue  la 
«  bayerische  volkspartei  »,  suivie  bientôt  d'une  seconde  sur 
les  bords  du   Rhin.  La   fraction   rhénane   dissidente,   qui    a   pris   lej 


CURONIQIE   ÉTRANGÈUE  'Mj'y 

)U)ni  de  "  clii'istlichc  volUspartei  »,  et  qui  prétend  renouer  la  tra- 
dition fondée  par  Mallinckrodt  et  Windthorst,  se  refuse  à  pac- 
tiser plus  longtemps  avec  les  socialistes,  et  cherche  son  point 
d'appui  à  droite.  Il  y  a  là  deux  tentatives  de  schisme  qui,  sans 
être   encore    irrémédiables,   peuvent    inquiéter   le   Centre. 

Le  parti  déniocraticpie,  au  contraire,  a  gardé  intacte  son 
unité  ;  et  ce  lui  fut  facile,  car  sa  ))olitique  devait  fournir  à  la 
coalition  un  terrain  d'entente.  Les  démocrates  se  sont  très  nette- 
ment prononcés  i)our  le  renouvellement  du  bloc  libéral,  qui  a 
garanti  à  rAllcmagne  sa  paix  intérieure,  et  qu'ils  déclarent 
(iésigné  au  choix  des  électeurs  par  les  préférences  de  l'Europe. 

C'est  surtout  le  parti  socialiste  majoritaire  qui  sent  sa  situa- 
tion menacée.  Il  eut  la  responsabilité  du  pouvoir  en  des  heures 
<iilïiciles,  et  dut  assurer  la  liquidation  d'une  guerre  malheureuse. 
Aussi  s'ettorce-t-il  de  justilier  ses  actes  de  gouvernement  par  la 
voix  de  ses  chefs  les  plus  autorisés.  Il  défend  avec  quelque 
embarras  la  coalition  qui  rendait  nécessaire  la  défense  du  régime 
républicain  et  qu'il  a  servie  par  esprit  d'opportunisme  ;  il 
jjromet,  du  moins,  de  rompre  cette  alliance  compromettante  et 
de  suivre  une  politique  exclusivement  socialiste,  dès  qu'il  dispo- 
sera de  la  majorité.  Dans  la  crainte  de  voir  se  détourner  de  lui 
les  masses  populaires,  il  sollicite,  mais  en  vain,  la  collaboration 
cies  indépendants.  Ceux-ci  prétendent  vouloir  rester  fidèles  à  la 
doctrine  marxiste;  ils  prêchent  la  lutte  contre  le  capital  et  la 
réconciliation  des  peuples,  qu'une  exécution  loyale  du  traité  ne 
pourrait,  pensent-ils,  que  favoriser.  Les  indépendants  ont  retiré 
trop  de  bénéfices  de  leur  attitude  d'oppositio^i,  pour  se  résigner 
à  y  renoncer  dès  maintenant. 

A  l'extrême  gauche,  enfin,  le  parti  communiste  tend,  lui  aussi, 
à  s'eiï'riter,  sous  la  poussée  des  éléments  les  plus  violents.  De 
l'union  spa^t^acienne  vient  de  se  détacher  récemment  une  fraction 
anarchiste,  dirigée  par  Laufenberg,  et  qui  a  pris  le  nom  die 
•  neue  kommunistische  Arbeiterpartei  ».  '  Les  révolutionnaires 
extrémistes  accusent  les  Spartacistes  d'avoir  voulu  corrompre  la 
Révolution  allemande  en  acceptant  de  participer  aux  travaux 
])arlementaires.  Ils  réclament  l'institution  de  Conseils  d'ouvriers, 
la  dissolution  de  la  Reichswehr,  et  l'organisation  militaire  du 
prolétariat,  qui  reprendrait  à  son  compte  la  lutte  contre  "  le 
capitalisme  anglo-américain  et  l'impérialisme  français  ».  Le  nou- 
veau parti  ne  reculerait  devant  aucune  compromission  pour  s'as- 
surer l'appui  de  l'armée  :  il  a  déjà  lié  conversation,  pendant  le 
règne,  éphémère  de  Kapp,  avec  l'extrême  droite,  qui  semble  lui 
avoir  promis  son  appui  :  si  étrange  que  puisse  paraître  la  ren- 
contre d'éléments  aussi  opposés,  elle  s'explique  par  l'espoir  que 
nourrit  chacun  d'evix  de  trouver  dans  son  comparse  un  auxiliaire 
et  une  dupe. 

Que  devons-nous  conclure  dé  cet  examen  trop  rapide  d'une 
situation  encore  confuse  ?  l/ancienne  coalition  aura  à  soutenir  un 


366  LES    LANGUES   MODERNES 

choc  d'autant  plus  rude  qu'elle  se  présente  en  ordre  dispersé 
devant  un  adversaire,  qui,  à  son  aile  droite,  tout  au  moins,  a 
réalisé  son  unité  de  front.  Tandis  que  le  centre,  les  démocrates 
et  les  socialistes  majoritaires  vont  se  livrer  bataille,  les  partis 
de  droite  ont  renoncé  aux  luttes  fratricides,  et  semblent  avoir 
même  conclu  avec  les  indépendants  un  accord  secret,  qui  pourrait 
bien  ménager  quelques  surprises  ,aux  partis  gouvernementaux. 
C'est  donc  bien  le  procès  du  bloc  libéral  qui  se  trouve  engagé 
devant  le  corps  électoral,  et  les  scrutins  qui  ont  eu  lieu  au  mois 
de  mai  ne  laissent  guère  prévoir  de  résultats  qui  lui  soient  favo- 
rables. Les  élections  du  Landtag  de  Mecklembourg-Strelitz  vien- 
nent d'éprouver  durement  les  socialistes  majoritaires,  et  d'assu- 
rer la  victoire  des  partis  de  droite  et  d'extrème-gauche.  Le 
même  phénomène  fut  observé  en  Silésie,  dans  la  province  de 
Brunswick,  et  à  Dantzig,  lorsque  fut  renouvelé  le  parlement  de 
cette  ville,  le  16  mai.  Il  y  a  là  une  indication  qui  ne  saurait  être 
négligée.  La  coalition  gouvernementale  sortira  sans  doute  aflai- 
blie  des  élections  du  6  juin  ;  mais  peut-être  les  partis  qui  la 
composent  auront-ils  intérêt  à  conclure  une  nouvelle  alliance, 
si,  toutefois,  ils  peuvent  encore  imposer  leur  volonté  à  l'Assem- 
blée. 

/a  juin  19-20.  J.  Denis. 
.»» 

NOTES     RHÉNANES 

On  sait  quel  est  le  résultat  —  assez  imprévu  —  des  élections 
allemandes.  Comme  récompense  d'avoir  tant  bien  que  mal  évité 
k-  Charybde  de  la  révolution  sociale  et  le  Scj'lla  de  la  dictature 
militaire,  les  pilotes  socialistes  majoritaires,  démocsrateis,  et 
catholiques,  sont  jetés  par-dessus  bord  !  Comparons  en  effet  les 
voix  et  le  nombre  de  sièges  qu'ils  ont  obtenus  eh  janvier  1919 
et  le  6  juin  dernier  : 

y  ombre  de  voix  et  de  sièyes     Le  6  juin  dernier  : 

Socialistes  ^"  ^^^^ 

majoritaires  :  10.288.211  ;   163  sièges.     5.614.452  ;  112  sièges. 

Démocrates:  4.903.533;     75       —         2.220.334;     45       — 

Centre 

catholicpie  :  5.241.493;     89       —         3.540.830;     68       — 

S'enrichissent   de   leurs    jjertes   les   deux   partis   extrêmes  : 

Socialistes 

indépendants  :  1.218.341  ;  22  sièges.     4.894.317  ;  81   sièges. 

Communistes:  441.995;  2       — 

Conservateurs  :  2.549.721  ;  42       —          3.736.778  ;  66       — 

Libéraux:  1.343.140;  23       —         3.606.316  ;  62       — 

D'autre  part,  le  Centre  a  fourni  les  éléments  d'un  nouveau 
parti,   dit    <■   populaire   bavarois   »,   qui    a   rompu   toutes    relations 


CHRONIQUE   KTRANC.KRE  .3()7 

avec  le  Reichstafi  cl  a  rc'imi  1.171.722  voix  lui  doiiiiaiit  droit  à  21 
sièges  (1). 

Notons,  toutefois,  que  les  partis  extrêmes  s'étant  renforcés 
sinuiltancmeiiK  semblent  s'exclure  l'un  l'autre  de  la  direction  du 
navire.  Il  est  donc  probable  que  les  pilotes  qui  viennent  d'être 
jetés  à  l'eau  remonteront  à  bord  et  ressaisiront  le  gouvernail 
inoccupé,  quoique  à  leurs  risques  et  périls  et  en  tout  cas  à  titre 
précaire.  .\u  moment  où  j'écris  tout  paraît  annoncer  un  gouver- 
nement cohstitué  par  le  Centre,  les  démocrates  et  les  libéraux, 
avec  la  neutralité  plus  ou  moins  bienveillante  des  socialistes 
majoritaires.  Jamais  régime  parlementaire  ne  vit .  situation  plus 
trouble    et    équilibre    plus    instable. 

Telle  est  en  gros,  la  situation  de  l'Allemagne.  Voyons  celle 
des    provinces    rhénanes    autour    de   Oologne. 

Le  fait  capital  est  que  le  Centre  catholique,  à  la  ditlérence  du 
reste  de  l'Allemagne,  y  conserve,  et  même  y  raffermit  (dans  les 
campagnes)  ses  positions  déjà  formidables.  Le  parti  socialiste, 
au  contraire,  comme  dans  le  reste  de  l'Allemagne,  s'y  disjoint, 
faisant  place  à  ses  côtés  aux  socialistes  indépendants.  Voici  les 
chiffres  : 

CinCONSCMII'TlON     DK     (vOLOfiNE,     AIX-I.A-ChAPELLE 

Jniwier   li)!!)  Juin    1920 

Centre     catholique  :  r)79.212  611.384 

Socialistes     majoritaires  :  247    114  143.633 

Socialistes    indépendants  :  5.806  70.210 

Les  oscillations  des  autres  partis  sont  moins  intéressantes  :  les 
démocrates  perdent  du  terraiij  comme  dans  le  reste  de  l'.^llema- 
gne,  en  revanche  —  et  c'est  fort  agréable  à  constater  —  les  vieux 
conservateurs  nationalistes  n'en  gagnent  pour  ainsi  dire  point, 
passant  de  31.071  à  37.968,  différence  caractéristique  d'avec  le 
reste  de  l'Allemagne.  Les  libéraux  passent  de  33.471   à   76.384   (2). 

Il  s'est  f_9rmé  un  nouveau  parti  dit  «  populaire  chrétien  », 
formé  surtout  d'anciens  électeurs  ou  Centre,  mécontents  de 
l'intimité  de  leur  parti  avec  les  partis  de  gauche  et  désireux 
aussi  de  ramener  au  premier  plan  la  question  de  l'autonomie 
rhénane  :   il  a  réuni  33.136  voix. 

Mes  documents  sont  incomplets  à  ce  jour  pour  la  répartition 
exacte   des    sièges,    mais   c'est    moins    intéressant. 


(1)  Chiffres  définitifs  donnés  par  la  Frankfurter  Zeitung,  du 
20  juin. 

(2)  Le  lecteur  attentif  jjourra  remarquer  que  nos  chiffres  pour 
1919  diffèrent  de  quelques  milliers,  ou  de  quelques  centaines, 
avec  ceux  de  mon  dernier  article.  Ce  sont  ceux  de  cet  article 
qu'il  faut  considérer  comme  définitifs.  Les  autres  furent  notés 
sur  place,  le  lendemain  des  élections,  avant  les  petites  rectifica- 
tions  officielles. 


368  LES    LANGUES   MODERNES 

La  question  de  l'autonomie  rhénane  n'a  joué  aufun  rôle  visi- 
ble, au  premier  plan,  dans  ces  élections.  Il  s'en  faut  cependant 
qu'elle  soit  définitivement  écartée.  Le  Centre  rhénan,  qui  l'avait 
lui-même  posée,  l'a  ajournée  en  1919  pour  des  raisons  qui  ont 
été  dites,  à  la  suite  de  l'entrée  du  parti  dans  le  gouvernement 
de  coalition.  Il  continuera  à  l'ajourner  si  la  nouvelle  coalition 
réussit  à  se  maintenir,  malgré  sa  faiblesse,  par  l'impossibilité 
de  toute  autre  formule  de  gouvernement.  Mais  si  cet  équilibre 
instable  était  détruit,  si  l'Allemagne  redevenait  le  champ  clos 
d'une  nouvelle  lutte  violente,  et  indécise,  entre  la  réaction 
cynique  et  la  révolution  sociale,-  le  centre  rhénan  serait  certaine- 
ment amené  à  imiter  le  centre  bavarois, 'c'est  à-dire  à  élever  un 
mur  de  protection  entre  le  reste  de  l'Allemagne  et  lui,  pour  être 
maître  chez  lui.  A  la  vérité,  pour  le  centre  bavarois,  la  besogne 
a  été  facilitée  par  les  institutions  existantes  :  la  tâche  est  plus 
dure  sur  le  Rhin,  transformé  depuis  longtemps  de  barrière  en 
grande  route  !  Mais  le  danger  est  un  grand  maître.  Le  Centre 
pourrait  être  amené  à  envisager  le  conflit  avec  les  partis  socia- 
listes affaiblis  des  provinces  rhénanes  comme  le  moindre  danger. 
Le  succès  du  Centre  bavarois,  tout  ce  qu'il  a  gagné  en  force  et 
en  tranquillité  en  se  séparant  du  Centre  allemand,  en  s'abstenant 
de  participer  aux  affaires  de  l'Empire,  est  évidemment  matière 
à  utiles  méditations.  Si  grand  a  été  ce  succès  qu'il  a  fait  surgir 
d'audacieuses  exigences  :  sondés  par  Trimborn,  le  chef  du  centre 
rhénan,  ces  catholiques  bavarois  ont  mis  comme  conditions  à  la 
reprise  de  la  vie  commune  au  Reichstag  la  revision  de  la  Consti- 
tution dans  un  sens  fédératif  et  une  représentation  diplomatique 
distincte  et  effectii>e  (pas  comme  celle  d'avant  1914  !)  pour  la 
Bavière  l  (1).  Là-dessus,  naturellement,  on  a  poussé  les  hauts 
cris  dans  les  camps  unitaires  et  les  pourparlers  n'ont  pas  abouti. 
La  Bavière  continue  donc  à  faire  bande  à  part.  La  leçon  d'indé- 
pendance donnée  par  Munich  ne  saurait  être  perdue  pour  Colo- 
gne !  Que  vienne  l'heure,  et  le  Centre  rhénan  saura  d'autant  plus 
s'en  souvenir  qu'il  a  déjà  l'année  passée  exprimé  ambition 
pareille.  Lui  aussi  parlait  alors  non  seulement  d'autonomie  inté- 
rieure, mais  encore  de  représentation  diplomatique  spéciale,  ne 
fût-ce,  disait-il,  que  pour  les  rapports  de  l'Etat  rhénan  avec  la 
Papauté.  Il  se  souviendra  d'autant  plus  facilement  oe  tout  cela 
que  la  seule  tentative  de  scission  dont  il  ait  été  l'objet  au  cours 
de  ces  élections  est  venue  de  ceux  qui  veulent,  avec  impatience, 
l'engager  sans  plus  tarder  dans  cette   voie. 

Gaston  E.  Brochk. 
Marseille,   2'/   juin   1920. 


(1)   Cf.  sur  ce  point  l'article  de  foi>d,  très  inquiet,  de  la  Frank- 
furter Zeitung  du    15  juin  dernier. 


BIBLIOGRAPHIE 


Castoi)  Rapl)aël.  —   Wa(tl)er   Rat))er)au.  —  Pavot,  Paris, 

4.:)(i. 

Le  doctorat  se  renouvelle.  C'est  une  heureuse  innovation  que  de 
l'avoir  élargi,  en  l'ouvrant,  à  certaines  conditions,  aux  sujets 
d'actualité.  Le  travail  que  M.  Raphaël  a  présenté  comme  thèse 
complémentaire  est  le  premier  à  bénéficier,  pour  les  études  ger- 
maniques, de  cette  hospitalité.  Son  Rathenau  est  un  sujet  de 
guerre,  mieux,  par  certains  prolongements,  d'après-guerre.  .Aucune 
personnalité  ne  se  détache  avec  plus  de  relief  sur  l'arrière-plan 
économique  et  social  de  l'histoire  de  ces  dernières  années  que  ce 
grand  chef  d'entreprise,  cet  industriel  socialisant,  qui,  après 
avoir  porté  la  "  Société  Générale  d'Electricité  »  au  degré  de 
puissance  que  l'on  sait,  après  avoir  assuré,  dès  le  début  de  la 
guerre,  le  ravitaillement  de  son  pays  en  m-atières  premières, 
est  mieux  que  personne  préparc,  à  façonner  1' .Allemagne  de 
demain.  On  peut  juger  différemment  l'originalité  et  l'efficacité  de 
ses  idées  ;  on  peut  ap|>récier  diversement  sa  personnalité,  son 
rôle  et  en  particulier  sa  part  de  responsabilité  dans  l'exploita- 
tion industrielle  de  la  Belgique  et  du  Nord  de  la  France  ;  on 
peut  être  plus  ou  moins  sensible  à  ce  que  son  idéalisme  recouvré 
de  réalisme  et  d'inquiétant  impérialisme,  à  ce  qui  se  mêle 
inconsciemment  de  cabotinage  à  la  prédication  morale  de  cet 
hf)mme  d'affaires  ;  il  reste  qu'il  représente  éminemment  certains 
traits  de  l'esprit  nouveau -de  l'Allemagne.  Son  rôle  est  pour  le 
moment  un  peu  effacé.  Dans  le  chaos  politique  et  économique  de 
l'.Allemagne  présente,  sa  voix  est  sans  écho,  et  il  ne  paraît  pas 
avoir  retrouvé  depuis  l'armistice  la  place  à  laquelle  ses  qualités 
d'intelligence  et  de  volonté  semblaient  lui  donner  droit.  Il  est, 
en  tous  cas,  parmi  les  démocrates  à  qui  l'.Allemagne  pourrait 
demander  un  enseignement  et  une  direction,  un  de  ceux  qui  ont 
le  mieux  réalisé  la  signification  véritable  de  la  défaite,  et  il  n'est 
pas  impossible  que  cet  infatigable  remueur  d'idées,  cet  incitateur, 
doué  d'un  si  remarquable  instinct  d'organisation  et  d'assimila- 
tion, soit  appelé  un  jour,  dans  une  atmosphère  nouvelle,  à  jouer 
un  rôle  de  premier  plan  dans  la  reconstitution  morale  et  éco- 
nomique de  son  pays. 

("est  dire  le  très  vif  intérêt  qui  s'attache  à  ce  livre.  Un  tei 
sujet  présentait,  en  raison  même  de  son  actualité  et  de  son 
caractère  un  peu  mouvant,  de  sérieuses  difficultés.  M.  Raphaël 
l"a  abordé  et  traité  avec  de  minutieuses  précautions  de  méthode. 
Son  étude  est  sage  et  prudente;  son  exposé  du  système  de  Rathenau 
est   complet,    clairement     ordonné,     étayé   de     copieuses     analyses. 


370  LES   LANGUES   MODERNES 

Il  s'est  tenu  avec  raison  près  des  textes  :  Rathenau  n'est  pas  un 
écrivain  qu'on  aborde  de  plain-pied.  C'est  un  auteur  de  lecture 
malaisée.  Ses  livres  sont  écrits  d'un  style  personnel,  mais  inégal 
et  trouble.  A  côté  de  pages  drues,  denses,  et  où  la  force  et  la 
précision  de  la  pensée  communiquent  à  la  forme  un  relief  vigou- 
reux, il  3'  a  bien  des  parties  opaques,  gâtées  par  un  jargon  péni- 
ble. M.  Raphaël,  en  laissant  la  parole  aux  textes,  les  a  clarifiés 
de  soïl  mieux.  Et  cette  pi-omenade  patiente,  parfois  un  peu  lente, 
à  travers  le  détail  de  l'œuvre,  ne  contribue  pas  moins  que  la 
sj'nthèse  des  idées  générales  à  mettre  dans  leur  véritable  jour 
la  variété  et  l'intérêt  d'une  pensée  que  nous  ne  saurions  négli- 
ger. 

A.    GODAHT. 

Heqri  Licl)tei)gerber.  —  Faust,  1"  partie.  —  La  Renais- 
sance du  livre,  Paris,  3,75. 

Voici  enfin  une  traduction  du  Faust  de  Goethe.  Celles  que  nous 
possédions  jusqu'à  présent  étaient  trop  peu  sûres  et  trop  mal 
éclairées  pour  rendre  ce  poème  accessible  dans  son  intimité  aux 
lecteurs  ignorants  de  l'allemand.  Rien  n'est  plus  difficile,  à  vrai 
dire,  que  de  faire  pénétrer  le  public  non  spécialisé  dans  la 
familiarité  d'un  tel  drame.  Une  traduction  précise  n'y  suffit 
point,  si  elle  ne  s'accompagne  d'un  commentaire  qui  éclaire  à  la 
fois  l'ensemble  et  le  détail  de  l'oeuvre.  M.  Lichtenberger  nous 
donne  en  même  temps  l'une  et  l'autre  dans  la  collection  com- 
mode des  "  Cent  Chefs-d'œuvre  Etrangers  ».  Sa  traduction,  par- 
faite de  justesse,  d'aisance,  de  sobriété,  a  su  garder,  avec  toute 
la  densité  du  sens,  ce  qu'il  est  possible  de  retenir  du  relief,  de 
la  couleur  et  du  mouvement  du  texte  original.  Et  sa  préface  est 
une  merveille  de  présentation  et  de  construction.  Aucun  ouvrage 
n'avait  réuni,  jusqu'à  présent,  de  façon  aussi  ramassée,  et  en 
même  temps  aussi  complète,  tous  les  résultats  essentiels  de  la 
critique  faustienne.  En  84  pages,  cette  notice  condense  tout  ce 
qu'il  est  nécessaire  de  savoir  pui;  la  formation  et  la  transmission 
de  la  légende,  sur  la  genèse  du  poème  et  les  différentes  phases  de 
la  composition,  sur  la  signification  du  drame,  sur  les  problèmes 
essentiels  qu'il  pose  et  la  façon  dont  ils  se  développent  dans  les 
deux  parties.  L'étude"  du  second  Faust  sera  d'une  utilité  particu- 
lièrement précieuse.  Elle  rassemble  non  seulement  tous  les  maté- 
riaux indispensables  pour  la  com])réhension  des  différents  épi- 
sodes :  elle  rétablit  le  lien  qui  unit  l'œuvre  à  la  philosophie  et 
à  la  personnalité  du  poète,  et  on  ne  peut  s'empêcher  de  déplorer, 
en  lisant  ces  pages,  que  les  dimensions  de  cette  collection,  en 
imposant  à  l'auteur  de  continuels  renoncements,  ne  lui  aient 
pas  permis  de  nous  offrir,  au  lieu  de  ces  reflets  rapides,  cette 
image  totale  du  vieux  Gœthe,  qu'il  devrait  bien  se  oécider  à 
nous    donner.    A    cette     présentation     d'ensemble     s'ajoute     enfin, 


BIBLIOGRAPHIE  371 

pour  c'ha(|iK>  scène  de  la  première  partie  —  la  tiadiietioii  de  la 
seconde  doit  paraître  incessaninient  —  une  introduction  som- 
maire qui  siUic  chaque  fragment  dans  la  genèse  de  l'œuvre  et 
en  oélinit  les  intentions  essentielles.  M.  Lichtenberger  a  eu  rai- 
son de  penser  qu'on  ne  saurait  troj)  multiplier  les  précautions 
pour  déblayer  les  abords  si  embroussaillés  de  ce  poème  et  en 
faciliter  l'accès  à  tous  les  lecteurs  :  il  a  réussi  finalement,  à 
force  de  scrupules  et  de  soins  ingénieux,  à  nous  donner  un  F"aust 
«pii  s'adresse  non  seulement  au  public  simplement  curieux  de 
littérature  étrangère,  mais  aux  germanisants  qui  tiendront  à 
avoir  dans  leur  bibliothèque  et  à  recommander  à  leurs  élèves  cet 
instrument  de  travail   indispensable. 

A.     GODAKT. 

Hei)ry  Bradiey.  —  Tt)e  Relations  betweeo  Spoker> 
ar)d    Writtei)    Laoguage,    witi)    spécial    référence    to 

EQgliSi)-    —   Clarendon  Press,  V.VH),  2  M 

La  (^larendon  Press  a  bien  fait  de  réimprimer  cette  brochure, 
qui  date  de  191.S  ;  car  c'est  un  petit  livre  sensé  et  utile.  L'au- 
teur se  défend  d'y  exposer  ses  idées  sur  la  réforme  de  l'orthogra- 
phe. Mais  après  avoir  montré  que  la  fonction  de  l'écriture  n'est 
pas,  comme  celle  de  la  musique,  uniquement  de  représenter  des 
sens,  et  que- l'écriture  est  devenue,  chez  les  civilisés,  idéographi- 
que, il  arrive  ,à  des  conclusions  intéressantes  :  le  langage  et 
l'écriture  sont  deux  organes  d'expression  indépendants.  L'idéal 
de  l'orthographe  phonétique  serait  de  faire  de  l'écriture  l'esclave 
de  la  parole.  Mais  l'écriture  constitue,  à  certains  égards,  un 
meilleur  organe  d'expression  que  la  parole.  Pour  l'éduqué,  la 
forme  é^-rite  devient  partie  intégrante  de  l'essence  d'un  mot.  Et 
c'est  ainsi  que,  chez  les  peuples  supérieurs,  qui  lisent  et  écrivent 
beaucoup,  le  langage  écrit  tend  à  se  développer  plus  ou  moins 
indépendamment  du  langage  parlé.  Cela  est  vrai  en  particulier 
ôe   l'anglais. 

Dès  lors,  voici  singulièrement  compliquée,  pour  l'anglais, 
toute  réforme  orthographique.  M.  Bradiey  doit,  logiquement,  don- 
ner son  avis  sur  cette  question,  et  ses  conseils  sont  ceux  de  la 
sagesse.  Il  est  évident  que  le  système  actuel  gagnerait  à  être 
amendé.  L'orthographe  phonétique  libérerait  l'anglais  de  beau- 
coup de  ses  ambiguïtés  et  démocratiserait  une  grande  partie  du 
vocabulaire  littéraire. 

Mais  que  de  difficultés  déjà  !  Il  ne  faut  pas  songer  à  une  réforme 
radicale,  qui,  en  bouleversant  le  symbole,  détruirait  la  langue 
elle-même,  mais  à  un  compromis  seulement.  On  pourrait  com- 
mencer par  les  noms  propres  ;  mais  on  ne  peut  y  toucher  sans 
détruire  leur  personnalité  ;  les  mots  littéraires  et  scientifiques  ? 
mais  ils  sont  internationaux.  Eu  tout  cas,  on  devrait  ne  pas 
orthographier   pareillement   deux   mots   différemment   prononcés. 


372  LES   LANGIES    MODEUNES 

Le  public  aura  du  mal  à  se  faire  même  à  cette  dernière  inno- 
vation, car  rien  n'est  plus  déroutant  pour  la  pensée  que  des  for- 
mes inconnues  ou  des  visions  grotescjues.  Soyons  donc  modestes, 
évitons  les  rêves  impossibles.  Même  le  professeur  Skeat  (M.  Brad- 
ley  a  de  rhumour),  n'emploie  ni  dans  ses  livres,  ni  dans  sa  cor- 
respondance, l'orthographe  qu'il  prêche  si  chaleureusement.  En 
matière  d'orthographe,  comme  en  d'autres,  ne  soyons  pas  plus 
roj'alistes  que  le  roi. 

Paul   Chauvet. 

O.-H.  Prior,  Drapers  Profcssor  of  Fpci)ct)  io  tl)C 
Ui)iversity  of  Can)bridge  :  Frei)cl)  Studies  ai)d  Frai)ce. 
7^1)  Inaugural  Lecture.  —  Cambridge,  University  Press,  1920. 

Au  moment  où  la  question  des  Humanités  Modernes  est  au 
premier  plan  de  nos  préoccupations,  il  est  intéressant  d'en  voir 
défendre  la  cause  par  un  professeur  de  l'Université  de  Cambridge. 

Sacrifiée  aux  disciplines  classiques,  oesservie  par  un  enseigne- 
ment insuffisant  et  sans  autre  idéal  qu'une  connaissance  pra- 
tique et  .rudimentaire,  l'étude  du  français  en  Angleterre,  affirme 
le  Prof.  O.-H.  Prior,  n'a  jamais  eu  l'occasion  de  faire  ses  preuves 
en  tant  qu'instrument  de  culture.  Mais  (et  c'est  là  la  tâche 
de  l'Université),  quand  on  aura,  par  une  sérieuse  initiation  pho- 
nétique et  grammaticale,  mis  l'étudiant  à  même  de  sentir  l'har- 
monie et,  par  delà  le  sens  littéral,  le  génie  profond  de  la  langue, 
alors  s'ouvrira  ce  champ  fécond  a'études  que  forment  la  littéra- 
ture, la  nationalité  et  le  caractère   français. 

Une  connaissance  exacte  de  nos  méthodes  d'enseignement, 
des  vues  personnelles  (Taine  s'y  trouve  assez  malmené),  sur 
notre  littérature,  défendue  d'ailleurs  contre  les  préjugés  commu- 
nément reçus  à  sou  égard  en  Angleterre,  et  de  flatteuses  appré- 
ciations sur  l'intellectualisme  de  notre  éducation,  illustrent  cette 
conférence-programme  qui  marque  une  très  intéressante  tendance 
en    faveur   des  études   françaises    à    Cambridge. 

G.     JOISSAIME. 

E.-fi.  Craddock.  —  T))e  Clas5-rooiT)  Republic.  —  (2  0  net, 
A.  &  C.  Black,  London,  1920;. 

Ce  petit  livre,  œuvre  d'un  professeur  de  français  dans  un  exter- 
nat londonien,  mériterait  un  long  article.  11  s'adresse  aux  profes- 
seurs qui  aiment  les  enfants,  qui  ^•()ient  en  eux  l'avenir,  croient  en 
eux,  qui  savent  aussi  s'effacer  sans  effort  ;  il  repose  sur  l'idée  que 
la  discipline  n'est  pas  silence,  répression,  contrainte  imposée  de 
l'extérieur,  mais  que  le  caractère  est  une  acquisition  i)ersonnelle. 
issue  de  l'exercice  de  la  raison,  du  choix  entre  les  actes  possibles 
M.  Craddock  voit  en  l'opposition  du  gouverné  et  du  gouvernant 
la    source   première   des   nombreuses   fautes   scolaires,     au  delà   de 


BIBLIOORAIMIIIÎ  373 

raïuoiir  liu  risque  dans  la  partie  disciplinaire  engagée  entre  niai- 
Ire  et  élève  ;  et  il  propose,  après  les  deux  anni'es  d'une  heureuse 
expérience,  conduite  à  la  fois  dans  plusieurs  classes,  de  substi- 
tuer à  l'organisation  et  aux  sanctions  ordinairement  confiées  au 
professeur,  celle  qu'élabore  un  comité  d'élèves,  régulièrement 
élu  par  la  classe  entière,  et  renouvelable  si  besoin  est,  p.irtielle- 
ment  ou  dans  son  ensemble.  Cette  délégation  d'autorité  réalise  le 
passage  d'une  autocratie  arbitraire,  quoique  bienveillante,  à  une 
démocratie  basée  sur  le  sens  individuel  de  la  responsabilité,  sur 
la  nécessité  de  collaborer  aux  conditions  les  meilleures  où  peut 
être  donné  l'enseignement,  c'est-à-dire  à  l'absorption  totale  de 
l'énergie  du  maître  par  l'enseignement  seul.  Ce  régime  soulage 
et  ranime  le  professeur  fatigué  ou  soucieux,  et  assure  en  une 
atmosphère  de  confiance  la  souplesse  de  ses  rapports  avec  ses 
élèves,  en  même  temps  que  le  maximum  de  rendement  pédago- 
gique. 

L'auteur  insiste  sur  l'indépendance  à  laisser  au  Comité,  sur 
l'importance  et  le  nombre  de  ses  fonctions,  aussi  nécessaire  que 
la  fermeté  même  à  son  prestige  ;  sur  l'abandon  total,  par  le 
maître,  des  ordres  pour  les  conseils  ;  sur  le  sérieux  et  la  loi 
réelle  qui  doivent  présider  à  l'expérience.  Ainsi,  en  effet,  la  classe 
extrait  d'elle-même'  son  idéal  ;  elle  l'eu  poursuit  d'autant  plus 
volontiers  ;  elle  commence  son  éducation  civique,  apprend  à 
juger  les  hommes,  et  comment  l'individu  s'adapte  harmonieuse- 
ment au  groupe  ;  elle  acquiert,  'en  outre,  la  notion  des  réalités 
sociales  élémentaires,  tout   en  perdant  l'habitude   du   mensonge. 

Les  pages  où  M.  Craddock  décrit  le  tempérament  de  l'enfant, 
son  amour  de  la  justice,  sa  haine  de  la  pose,  son  courage,  sou 
respect  de  la  tradition  scolaire,  sa  crainte  du  ridicule,  sa  capacité 
d'enthousiasme,  et  où  il  met  eu  lumière  les  ressources  de  son 
activité,  sont  d'un  apôtre  et  presque  d'un  poète,  autant  que  d'un 
analyste  ;  elles  respirent  la  joie  que  comporte  pour  lui  sou  ensei- 
gnement, et  sont  aussi  inspiratrices  que  le  détail  même  de  l'orga- 
nisation et  des  expériences  d'où  est  née  sa  République  Scolaire. 
Je  ne  puis  indiquer  ici  ses  projets  d'extension  du  régime  à 
l'école  entière,  où  professeurs  et  administrateurs  n'auraient  plus 
que  voix  consultative  :  ce  domaine  est  encore,  en  effet,  pour 
M.  Craddock  lui-même,  pratiquement  inexploré  ;  mais  celui  que 
nous  ouvre   son  livre  m"a  paru   aussi   accessible   que   merveilleux. 

G.  d'Hangest. 


Soutei)ai)ce  de  thèses  pour  le  doctorat  es  lettres 

Le  samedi  1"  mai  1920,  M.  Saurai  (Denis),  professeur  au  lycée 
de  Bordeaux,  a  soutenu,  devant  la  Faculté  des  lettres  de  l'Univer- 
sité de  Paris,  les  deux  thèses  suivantes  pour  le  doctorat  es  let- 
tres : 


374  I>ES   LAXGIES    MODERNES 

Thèse   complémentaire.  —   Blake   and   Milton. 
Thèse  piuxcipale.  —  La  pensée  de  Milton. 

M.    Saurat    a    été   déclaré    oigne   du    grade    de    docteur    es    lettres 
u\ec  la  mention^  Très  honorable. 


REVUES    ANGLAISES 

TJ)Ô  Bookn)ai)  a  édité  en  avril  un  «  Spring  spécial  number  » 
qui  contient  entre  autres  deux  études  sur  Herbert  Spencer,  dont 
on  vient  de  célébrer  le  centenaire,  et  une  étude  de  John  Frceman 
sur  le  poète  Charles-M.  Doughty. 

TI)C  Book  Moi)tt)ly>  édité  par  The  Graphie,  Wliitefriars. 
London  E.  (',.,  revue  bibliographique  très  nourrie.  Outre  de  nom- 
breux échos  et  une  revue  des  livres  du  mois,  chaque  numéro 
contient  une  étude  des  romans  les  plus  marquants,  quelques 
poèmes,  une  rubrique  d'enquêtes  et  de  renseignements  touchant 
oes  questions  de  bibliographie,  un  <  rayon  des  enfants  ■,  et 
quelques  études.  Le  n"  d'avril  donne  un  compte  rendu  d'une* 
représentation  du  •■  Roi  Lear  »,  écrit  par  Dickens  pour  VExami- 
ner  du  27  octobre  1849  ;  cette  page  de  Dickens,  qui  n'avait 
jamais  été  réimprimée,  est  ramenée  au  jour  par  M.  C.  Vai^ 
Noorden,  qui  prépare  une  biographie  du  grand  romancier.  —  Lt< 
r."  de  mai  publie  une  étude  sur  Keats  (dont  le  centenaire  appro- 
■che>,  du   D"^  Arthur  Lynch,    ■    a  lifelong  student  of  the  poet    ... 

Ath^QS^un),  19  3:  Publie  en  supplément  hors-texte  un  catalogue 
des  nouveaux  livres  de  la  saison.  —  26/3  :  Courte  étude 
sur  le  roman  danois  contemporain.  M.  J.-H.  Whitehouse 
exhume,  dans  ce  n*  et  celui  du  2/4,  une  partie  'd,e  la  corres- 
pondance du  peintre  George  Jones  (1786-1869),  l'ami  de  Ruskin. 
—  16/4  :  M.  Edward  Garnett  publie  quelques  lettres  du  poète 
et  critique  Edward  Thomas.  —  30/4:  W.-J.  Laurence:  The  mecha- 
iiics  of  Elizabethan  playwriting.  Comment  l'existence  de  bons 
acteurs  et  la  composition  des  troupes  eurent  une  influence  con- 
sidérable sur  la  production  des  chefs-d'œuvre  dramatiques  de 
l'époque  élizabéthaine  et  sur  leur  structure.  —  Shakespeare  et 
Stralford.  Ce  n'est  pas  à  Stratford  en  réalité  qu'il  faut  aller  pour 
goûter  Shakespeare,  c'est  à  Londres,  car  Shakespeare  a  été  avant 
tout  un  dramaturge  londonien.  —  7/5  :  La  poésie  de  Franz  Wer- 
fet.  —  21/5  :  Courte  étude  sur  la  poésie  d'Arthur  Symons.  — 
28/5  :  Etude  sur  William  Bcckford.  Lettre  d'Italie  sur  le  ■•  maté- 
rialisme  historique    ><. 


BIBLIOdHAl'IIIK  1575 

To-Day,   revue  mensuelle  ((Jd.^  éditée  par  Holbrook  Jackson. 

(Février)  :  Holbrook  Jackson  :  Xational  poets  niul  a  nalionnl 
menioridl.  Héllexions  suggérées  par  le  banquet  qu'a  donné  le 
liurms  Club  de  Dunifries,  le  2.'$  janvier  dernier,  à  l'occasion  de 
son  centenaire.  Le  culte  voué  par  les  Ecossais  à  leur  poète  natio- 
nal est  quelque  chose  d'unique  au  monde.  —  Art.  de  Eugène 
Mason  sur  le  jeune-  poète  et  romancier  irlandais  James  Stephen, 
auteur  de  The  rrock  of  gold,  The  Demi-qods.  —  Sisley  Huddles- 
ton  :  The  poet  in  Ihe  café.  Aperçu  pittoresque  sur  le  rôle  du  café 
comme  rendez-vous  favori  de  quelques-uns  de  nos  hommes  de 
lettres. 

(Mars  1920)  :  HoUbrook  Jackson  :  R.  B.  Ciinninghume,  the  nutn 
and  his  ivork.  —  Sidney  Grew  :  British  opéra.  —  S.  P.  H.  Mais  : 
The  poelrg  of  James  A.  Mackerelh. 

(Mai)  :  Etude   d'Arthur   Symons   sur  Renoir. 

Chaque  numéro  de  <>  To-Day  •>  contient  également  un  ou  deux 
contes,  un  ou  deux  essais  fantaisistes,  un  certain  nnmbre  oe 
poèmes,  et  une  revue  des  livres  du  mois. 

Moderi)  LaoguaÇ^S  (Mars).  —  «  Lettre  de  Caml)ridge  »,  donne 
aes  détails  sur  les  nouvelles  chaires  et  les  nouveaux  examens  de 
langues  vivantes  à  la  vieille  Université.  Un  commerçant  de  la 
Cité  vient  d'olTrir  une  somme  de  £  500  pour  encourager  la  publi- 
cation de  travaux  sur  la  langue  et  la  littérature  allemandes,  dont 
les  auteurs  seraient  des  étudiants  ou  des  professeurs  de  natio- 
nalité  britannique. 

(Juin).  Angelo  Crespi  :  The  philosophy  of  Benedetio  Croce.  — 
H.-R.  Chillingworth  :  Modem  languages  in  Irelancs.  Le  français 
est  la  langue  vivante  la  plus  populaire,  de  beaucoup»  dans  les 
écoles  secondaires  d'Irlande.  —  D*"  L.  Savory. 

.4  Sorfolk  poel  {Cloudesley  Brereton).  —  Lettre  du  D"^  Charles 
Didier,  de  Bruxelles  :  The  language  of  Belgium.  La  solution  la 
plus  logique  et  la  p'us  commode  du  dualisme  linguistique  de  la 
Belgique  serait  l'adoption  de  l'anglais  comme  langue  officielle. 
11  vient  ùe  se  fonder  à  Bruxelles  une  association  qui  se  propose 
de  répandre  l'étude  et  l'usage  de  l'anglais  en  Belgique  ;  elle  va 
publier  à  partir  de  juillet  un  bulletin  mensuel,  organiser  des 
tournées  de  conférences,  des  représentations  théâtrales,  etc.  — 
Miss  Dorothy  L.  Sayers,  de  Some^^'ille  Collège,  Oxford,  publie 
des  extraits  d'une  version  anglaise  en  vers  rimes  du  «  Tris- 
tan  '),   de  Thomas,   poète   anglo-normand   du   xii""   siècle,   trop   sou- 

Aent   négligé. 

M.  F. 

Cette  revue  nous  apprend  (mars)  qu'un  revirement  se  dessine 
en  .Angleterre  en  faveur  des  études  allemandes,  en  partrculier 
dans    les    milieux    scientifiques  ;    qu'en    Irlande,    le    français    est. 


376  LES   LANGUES   MODERNES 

de  toutes  ks  langues  vivantes,  la  plus  étudiée,  avec  86  0/0  de 
candidats,  mais  que  la  méthode  directe  n'est  employée  que  oans 
les  meilleures  écoles  (n"  de  juin)  ;  enfin,  que  les  Universités  ont 
renoncé  à  demander  aux  candidats  aux  .  Honours  >  la  connais- 
sance de  deux  langues  vivantes,  deux  ou  trois  années  ne  suf- 
fisant pas,  du  moins  pour  deux  idiomes  non  apparentés,  à 
acquérir  la  perfection  nécessaire  (avril).  —  A  relever  également, 
dans  le  n°  d'avril,  un  article  de  Magnus  sur  la  réforme  de  l'or- 
thographe. Certes,  il  y  a  parfois  des  modifications  à  introduire, 
mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  le  symbole  écrit  a  sa  valeur 
propre,  et  qu'il  importe  de  la  lui  conserver  en  dépit  des  sollici- 
tations  de   la   paresse   et    du    ••   moment    qui    passe   », 

TI)C  Scl)OOl   Review  (University  of  Chicago). 

A  signaler  (mars)  un  article  sur  l'action  éducatrice  de  l'Armée, 
et  cette  idée,  assez  neuve  en  Amérique,  que  l'Armée  pourra  pro- 
duire, en  temps  de  paix,  <■  des  iiommes  du  meilleur  type  pos- 
sible, munis  d'une  bonne  éducation  générale  et  d'un  métier 
utile,  et  surtout  complètement  entraînés  aux  devoirs  et  aux 
responsabilités  du  citoyen  ».  La  guerre,  du  reste,  suggère  plus 
d'une  leçon.  Le  n"  d'avril  cite  un  rapport  du  Commissioner  of 
Education,  où  l'on  signale  l'américanisation  imparfaite  des  immi- 
grés et  les  moyens  dy  remédier.  Celui  de  mai  pose  la  question, 
si  souvent  débattue,  de  savoir  s'il  faut  apprendre  l'allemand,  et 
la  résout,  en  toute  sagesse,  par  l'affirmative.  La  vieille  Allema- 
gne n'est  plus,  et  nous  ne  pouvons  pas  ignorer  ce  qui  se  passe 
dans  la  nouvelle  .Allemagne.  Seulement,  il  faut  éviter  que  d{ans 
certains  milieux  on  se  serve  de  l'allemand  comme  d'une  arme 
de  germanisation,  et  veiller  à  ce  qu'on  se  tienne  sur  un  terrain 
strictement  pédagogique,  dans  les  limites  de  la'  sécurité  améri- 
caine. Notons  enfin,  dans  le  n°  de  mars  ces  chiffres  intéressants  : 
à  Indianapolis,  tandis  que  les  maçons  touchent,  par  an  $  1.900, 
les  forgerons  1.700  et  les  manœuvres  1.200,  les  maîtres  élémen- 
taires  n'en   reçoivent   que   800. 

T))e   Moderi)   Lai)guage  Journal  (University  of  Chicago;. 

On  lit,  dans  le  n"  de  mars,  que  la  guerre  a  nui  en  beaucoup  de 
cas  à  l'enseignement  des  langues  vivantes.  De  nombreuses  écoles 
Un  Nebraska  n'enseignent  plus  que  le  latin  et  la  L'ouisiane  a 
défendu    sur  |Son   territoire    l'enseignement   de   l'allemand. 

Cette  dernière  langue,  toutefois,  rentre  peu  à  peu  en  faveur 
surtout  dans  les  états  comme  le  Wisconsin,  de  population  en 
grande  partie  allemande.  L'engouement  pour  le  français  et  l'espa- 
gnol n'aura  cependant  pas  été  qu'un  feu  de  paille.  De  tous  les 
états  "on  signale  l'organisation  de  clubs  français  solidement 
constitués,   où    se  fera   vraisemblablement   de   bon  travail. 


BIUI.IOGKAPHIE  377 

A  noter  un  intéressant  article  sur  les  méthodes  d'enseignement, 
qui  attribue  la  paternité  de  notre  système  au  grand  précurseur 
Vietcr  Duruy.  Dès  1863,  le  grand  maître  de  l'Université  énon- 
çait simplement  les  vérités  premières  qui  devraient  être  à  la 
base  de  nos  convictions  :  «  Nous  composerons  les  classes  d'un 
petit  nombre  d'élèves  et  nous  rapprocherons  le  p'us  possible  les 
leçons.  Peu  de  grammaire.  11  ne  faut  plus  réciter,  il  faut  parler. 
La  méthode  à  sui\Tc  est  ce  que  j'appellerai  la  méthode  natu- 
relle, celle  qu'on  emploie  pour  l'enfant  dans  la  famille.  »  Remer- 
cions la  revue  américaine  o'avoir  cité  ces  lignes  lumineuses  du 
grand  éducateur   français. 

Pedagogical  5en()ii)ary  (Worcestcr,  .Mass.). 

A  retenir  de  celte  excellente  revue  quelques  conseils  utiles.  Il 
faut  dormir,  et  savoir  bien  dormir,  c'est-à-dire  ne  pas  gâter  son 
sommeil  par  des  veilles  inutiles,  une  alimentation  défectueuse,  ou 
une  activité  mal  exercée.  A  méditer  par  beaucoup  de  professeurs 
et  d'étudiants.  Se  l'appeler  aussi  qu'une  atmosphère  trop  sèche 
nuit  au  bon  fonctionnement  de  l'intelligence  et  qu'un  certain 
(k'gré  d'humidité  est  Indispensable.  Regarder  le  thermomètre 
quand  on  sent  que  la  classe  s'énerve,  et  laisser  entrer  de  l'air, 
frais   et    mouillé   si    possible. 

Moderi)   Lar)guage   Notes  (Johns  Hopkins  Press,  Baltimore). 

Dans  le  n"  de  mai,  étude  intéressante  du  Professeur  H.  C.  Not- 
cutt,  de  l'Université  de  Stellenbesch,  S.  A.,  sur  l'Interprétation 
d'Endijminn  ;  réfutant  ceux  qui,  comme  Hancok,  ne  voient  en 
cette  œuvre  qu'un  document  magnifique  sur  la  vie  de  Keats,  le 
criihque  essaye  de  montrer,  avec  (".olvin  et  de  Sélincourt,  qu'il 
faut  y  voir  l'épanouissement  d'un  plan  fortement  conçu  et 
d'une    allégorie    classique,    délibérément    poursuivie. 

Bulletil)  Officiel  de  la  Société  des  Professeurs  de 
Français  ei)  7^n)érique  (New-York  City). 

Renseignements  intéressants  sur  les  progrès  du  français  en 
-Amérique.  Même  dans  l'état  très  allemand  de  Wisconsin,  alors 
qu'en  octobre  1917  on  enseignait  le  français  dans  21  écoles,  on 
renseigne  dans  104  en  juillet  1919.  Au  1"  juillet  1915,  dans  les 
écoles  secondaires  des  Etats-Unis,  136.000  élèves  faisaient  du 
français  et  312.000  de  l'allemand  ;  l'enseignement  de  cette  der- 
nière langue  ajant  été  supprimé,  pour  les  commençants,  dans  37 
états  de  l'Union,  on  peut  compter  que  celui  du  français  est  dis- 
pensé en  ce   moment   à  pi'us   de   400.000   enfants. 

P.  G. 


Notes  et  Documents 


Les  Langues  Vivantes  au   Conseil  Supérieur 

La  session  d"été  du  Conseil  Supérieur  (28  juin-4  juillet)  compor- 
tait l'examen  de  plusieurs  projets  de  décrets  ou  d'arrêtés  intéres- 
sant  directement   les   Langues   Vivantes. 

1"    Enseignement    Supérieur   . 

Le  projet  de  décret  relatif  à  la  réforme  de  la  Licence  es  Lettres 
a   été   adopté   après  une  discussion   passionnée. 

L'examen  actuel  est  supprimé.  Il  est  créé  deux  types  de  Licence. 
L'un  et  l'autre  exigent  l'obtention  de  quatre  certificats,  au  cours 
de  deux   années  au  moins  de   scolarité. 

Pour  la  Licence  n"  1,  il  suffira  de  quatre  certificats  au  choix  du 
candidat.  Elle  représentera  plutôt  des  curiosités  spécialisées  qu'une 
culture  organisée.  En  conséquence,  elle  ne  donnera  droit  à  aucun 
poste    d'enseignement. 

La  Licence  n"  2,  dite  Licence  d'Enseignement,  se  compose  de 
quatre  certificats  obligatoires.  Elle  sera  exigée  des  candidats  à 
toute   fonction   de   l'Enseignement   Secondaire   ou   Supérieur. 

Le  programme  de  la  nouvelle  Licence  de  Langues  Vivantes  est 
le    suivant  :  '  . 

a)      ÉTUDES     LITTÉRAIIIES     CLASSIQUES 

Ecrit  :  Version  latine  ou  grecque,  au  choix  du  candidat.  —  Com- 
position  française. 

Oral  :  Explication  de  deux  textes  d'auteurs  français  tirés  du 
programme.  Un  des  deux  textes  sera  extrait  d'un  auteur  du  moyen 
âge.  —   Interrogation   sur  la   littérature   française. 

b)     LITTÉRATUHE     ÉTRANGÈRE 

Ecrit  :  Composition  sur  un  sujet  tiré  de  la^iittérature  étrangère 
et  dans  la  même  langue  étrangère  désignée  par  le  candidat. 

Oral  :  Explication  avec  commentaire  d'un  texte  d'un  auteur  du 
programme.  — -  Interrogation  sur  l'histoire  de  la  littérature  étran- 
gère choisie   par  le  candidat. 

C)     PHILOLOGIE 

Ecrit  :  Thème. 

Oral  :  Interrogation  sur  la  grammaire  de  la  langue  choisie  par 
le  candidat.  —  Interrogation  sur  l'histoire  de  la  langue,  d'après 
un  texte  d'un  auteur  du   programme. 

(l)     ÉTUDES    PRATIQUES 

Ecrit  :   Version. 

Oral  :  Entretien,  en  langue  étrangère,  sur  la  civilisation  du 
jjays  où  le  candidat  aura  séjourné  d'après  un  jjrogramme  d'ou\Ta- 
ges  à  consulter,  donné  d'avance.  —  Interrogation  sur  une  deuxième 
langue  étrangère  vivante. 

Le  projet  de  décret  prévoyait  en  outre,  pour  les  candidats  à  la 
Licence  d'Enseignement,  l'obtention  préalable  d'un  certificat 
d'Etudes  classiques  générales,  à  la  suite  d'un  examen  subi  dans  les 
académies.  Mais  cette  innovation  n'a  pas  été  admise  par  le  Con- 
seil. 

2°  Enseignement  secondaire.  —  .^ucun  projet  d'intérêt  majeur 
ne  figurait   à   l'ordre   du   jour. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  379 

li"  Enseiijnemenl  priniiiirc.  —  Deux  projets,  intéressant,  l'un  la 
réforme  tJes  programmes  des  Ecoles  primaires  .supérieures,  l'autre 
la  réforme  des  jîrogrammes  des  Ecoles  Normales  primaires,  sont 
venus  en  discussion. 

Ces  deux  projets  contenaient  une  innovation  très  grave  pour 
notre  enseignement,  qu'ils  ne  tendaient  à  rien  moins  qu'à  rendre 
faculldtif,  tant  dans  les  Ecoles  Normales  que  dans  les  Ecoles  pri- 
maires supérieures.  On  ne  pouvait  nous  porter  un  coup  plus  grave 
et   plus    immérité. 

Après  des  débats  très  longs  et  très  animés,  le  représentant  des 
Langues  Vivantes  a  réussi  à  faire  maintenir  le  principe  de  l'obli- 
gation dans  les  deux  catégories  d'écoles.  lAien  n'est  donc  modifié, 
et    l'horaire    lui-même    demeure    identique. 

De  plus,  le  représentant  des  Langues  Vivantes  a  fait  assimiler, 
pour  le  mode  de  rétribution  âes  heures  supplémentaires,  les  pro- 
fesseurs et  maîtres-adjoints  de  Langues  à  leurs  collègues  des  Ensei- 
gnements dits  généraux,  (^'est  une  réforme  |)our  laquelle  nos 
can^arades  de  l'Enseignement  primaire  luttaient  de|)uis  long- 
temps. 

Enfin,  ])our  les  maîtres  auxiliaires  des  Ecoles  Normales  et  Eta- 
blissements d'Enseignement  primair"  supérieur  de  la  Seine,  l'heure 
hebdomadaire  d'enseignement  sera  désormais  payée  de  500  à  700 
francs,  conformément  aux  vœ'ix  exprimés  par  cette  catégorie  du 
personnel.   Le  projet  de  décret  pro|>osait  de   4.')0  à    600. 


Vœu  de  la  Société  des  Professeurs  de  Fraocais 

Les  professeurs  de  lettres  et  de  grammaire  du  lycée  de  Troycs 
signalent  que,  en  philosophie,  il  existait  jadis  jjour  les  élèves  un 
droit  d'option  entre  le  cours  de  langue  vivante  et  le  cours  de  grec. 
En  rendant  l'épreuve  de  langue  vivante  obligatoire  à  la  seconde 
l)artie  du  baccalauréat,  on  a  aboli  en  fait  cc^droit  d'option.  Ne 
pourrait-on  le  faire  rétablir  en  dispensant  de  l'épreuve  de  langue 
vivante  les  candidats  au  baccalauréat  de  philosophie  qui  deman- 
deraient à  remplacer  cette  épreuve  par  une  explication  grecque  '.' 
Et  ne  pourrait-on  aussi  assurer  plus  régulièrement  qu'on  ne  le 
fait  en  général  l'organisation  des  cours  de  latin  en  philosophie  ? 
— ■  Après  un  échange  de  vues,  l'Assemblée  adopte  les  vceux  de 
Troyes. 

(Bulletin  de  lu  Société  des  Prof,  de  Français  et  de  Langues 
Anciennes,  n"  "21.  Compte  rendu  de  l'Assemblée  générale  du  8 
avril    1920). 


Les  idées  du  Recteur  de  rAcadéiT)ie  de  Paris 

"  J'estime  que  le  primaire  doit,  si  jose  dire,  demeurer  en  bas. 
Le  secondaire  vise  une  formation  spéciale.  C'est  là  qu'on  apprend 
à  apprendre.  Par  suite  je  souhaite  qu'on  établisse  le  moyen  de 
faire  passer  du  primaire  au  secondaire  vers  11  ou  12  ans.  les  meil- 
leurs sujets  de  l'école.  Les  programmes  lui  paraissent  trop  char- 
gés, et  chaque  classe  devrait  avoir  un  professeur  principal  pour 
assurer  la  liaison  entre  les  enseignements.  Les  sciences  et  les  let- 
tres sont  trop  séparées.  Il  faut  revenir  sur  la  réforme  de  1902. 
<<  Je  mettrais  du  latin  pai-tout.  Et  je  vois  fort  bien  deux  divi- 
sions, l'une  avec  plus  d'humanités  classiques  et  moins  de  sciences, 
l'autre-avec  plus  de  sciences  et  moins  d'humanités.  Dans  l'une  et 


380  LES   LANGUES   MODERNES 

l'autre  il  suffit  cVune  langue  vivante  bien  sue  il).  C'est  donc,  dites- 
vous,  la  suppression  des  sections  B  et  D  ?  Parfaitement.  Vous 
pouvez  même  ajouter  que  je  ne  partage  pas  l'opinion  de  ceux  qui 
tiennent  pour  l'oUligation  de  l'allemand  et  de  l'anglais  au  con- 
cours d'admission  à  l'Ecole  polytechnique  (1).  Je  voudrais  pour 
chaque  baccalauréat  une  composition  unique  dans  chaque  mati'èrc, 
avec  un  grand  jury  unique  de  correcteurs  qui  ferait,  d'une  façon 
continue  pendant  la  session,  des  séries  d'admissibles  comprenant 
toutes  un  même  nombre  de  candidats  :  une  douzaine.  D'autres 
jur3's,  présidés  par  des  professeurs  des  deux  facultés  (sciences 
et  lettres),  procéderaient  aux  épreuves  orales.  On  pourrait  même 
dispenser  de  l'oral  les  candidats  classés  l6s  premiers  à  l'écrit  (1). 
Quant  au  baccalauréat  lui-même,  on  ne  peut  pas  le  supprimer.  » 
Pour  l'enseignement  supérieur,  «  c'est  là  qu'on  apprend  à  cher- 
cher ».  11  prévient  l'opinion  contre  la  dangereuse  opinion  de  vou- 
loir réduire  la  science  à  ce  qu'elle  a  d'utile.  La  télégraphie  sans 
fil  ne  naquit-elle  pas  d'une  expérience  de  laboratoire  qui  parais- 
sait fort  éloignée  de  toute  application  ?  Le  doctorat  doit  être  main- 
tenu à  son  haut  niveau  scientifique,  mais  l'accès  en  doit  être 
facilité.  Je  veux  faire  une  distinction  entre  le  titre  scientifique 
et  le  grade  professionnel.  Pour  le  doctorat  conférant  le  droit 
d'enseigner  en  France,  j'exigerais  une  licence  d'enseignement  plus 
corsée,  par  exemple  en  sciences  4  certificats  au  lieu  de  3.  Le  titre 
scientifique,  au  contraire,  ne  comporterait  pas  la  prérogative 
d'enseigner  dans  nos  universités.  Sous  cette  condition,  l'équiva- 
lence de  la  licence  en  vue  du  doctorat  devrait  être  donnée  en  bloc 
à  certains  étrangers  munis  de  diplômes  déterminés.  Les  facultés 
des  lettres  ont  un  projet  encore  plus  libéral.  » 
Le    Temps,   22   mai. 


Diplôroes  de  rUi)iver5ité  de  Strasbourg 

Délibération   du   Conseil  de   l'Université  du   12  janvier  1920, 
approuvée    par  Arrêté   ministériel    du    26   avril    1920. 

Article  premier.  —  11  est  institué  à  la  Faculté  des  lettres  de 
l'Université  de  Strasbourg  un  Doctorat  de  l'Université  de  Stras- 
bourg   (mention    «    Lettres    »). 

Art.  2.  —  Les  épreuves  pour  l'obtention  de  ce  doctorat  compor- 
tent : 

1°  Une  thèse  dont  le  sujet  aura  été  agréé  par  la  Faculté  et  qui 
aura  été  écrite  en  français  par  le  candidat,  la  Faculté  restant 
maîtresse,  avec  l'agrément  de  la  section  intéressée,  d'autoriser 
l'usage  d'une  langue  classique  ou  de  l'une  des  langues  modernes 
enseignées  à  la  Faculté.  La  soutenance  aura  lieu  en  français, 
nevant  un  jury  de  trois  membres,  et  sera  publique.  Des  mentions 
honorable   et    très   honondAe   pourront    être   données. 

\ja  thèse  sera  soumise  en  manuscrit  à  la  Faculté.  Une  fois 
revêtue   du    visa  du   doyen    et    du   recteur,    elle    sera     imprimée    en 


(1)  Les  italiques  sont  de  nous.  —  Cet  interview,  publié  par 
M.  H.  Parigot,  a  le  grand  avantage  de  préciser  les  déclarations 
faites  par  AL  le  Recteur  de  l'Académie  de  Pari*  au  bureau  de  notre 
association  le  6  mai  dernier.  \a\v  à  ce  sujet  le  luiméi'o  de  mai- 
juin  1920  des  Langues  Moderneis,  page  284,  et  aussi  la  Corres- 
pondance publiée  aux  pages  31-3a  du  présent  numéro  (\.  D.  L.  R."). 


NOTES    ET  DOCUMENTS  .'j8I 

\  lit'  de  l;i  sDiiteiiiUicc.  6.>  exemplaires  devront  être  remis  à  la 
FiJCiilté.   La    publication    ne    sera    permise   qu'après   la  soutenance. 

Le  curricnliim  scientifique  du  candidat  figurera  à  la  fin  du 
volume. 

2"  La  (iiscussion  en  français  de  sujets  (trois  au  maximum' 
proposés  par  la  Faculté  et  communiqués  au  candidat  trois  mois 
au   moins  avant   la   soutenance. 

Amt  3.  —  Tout   aspirant   produit   en    se  faisant   iiJscrirc  : 

1"  Son  acte  de  naissance  ou,  s'il  est  étranger,  une  pièce  offi- 
cielle  attestant   son    âge   et    son    identité. 

2"    L'ne    note    indiquant    ses    études    antérieures  ; 

3"  Le  diplôme  de  licencié  ou,  à  oéfaut,  des  attestations  d'étu- 
des ou  des  titres  scientifiques  dont  la  Faculté  appréciera  la 
valeur. 

Anx.  4.  — ^  Le  candiiiat  devra  être  immatriculé  à  la  Faculté  et 
\  avoir  pris  huit  inscriptions  trimestrielles,  qui  pourront  être 
prises  cumulativement.  Il  devra,  en  principe,  avoir  passé  au 
moins  deux  semestres  à  la  F'aculté  ;  la  scolarité  efTcctivc  pourra 
cependant   être   réduite   par  décision   gc   la   F'aculté. 

.AuT.  5.  —  Le  diplôme,  revêtu  de  la  signature  du  Doyen  et  de 
celle  des  membres  du  Jury,  sera  délivré  par  le  Recteur,  président 
du   Conseil    de    l'Université. 

.\ht.  6.  —  Le  présent  règlement  sera  mis  en  vigueur  à  |)artir 
ue    l'année    scolaire    1919-1920. 

La  Faculté  des  lettres  de  rUniversitc  de  Strasbourg  est  auto- 
risée à  faire  subir,  pendant  l'année  scolaire  1919-1920,  les  épreu- 
ves de  la  licence  es  lettres,  série  •  langues  et  littératures  étran- 
gères vivantes   »,  avec  les  mentions  ci-après  : 

Allemand.  —   Anglais.  —   Italien.  —  Espagnol.  —   Russe. 


Dclibêrations    du    Conseil    de    ri'nii'crsité    de    Sinisboiirg 

<V2  janvier  et  20  avril   192(h 

Approuvées  par  Arrêté   Ministériel   du   26   mai   li)20 

Certificat  d'études  françaises  modernes 

Aht.  l"^  II  est  institué  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de    Strasbourg    un    certificat   d'études   françaises    modernes. 

.Art.  2.  Tout  candidat  à  ce  titre  aura  dû  faire  acte  de  scolarité 
pendant  au  moins  un  semestre  à  l'Université  de  Strasbourg  et 
suivre  régulièrement  tout  ou  partie  de  l'enseignement  donné  à 
l'Institut  d'études  françaises  modernes  fonctionnant  sous  la  direc- 
tion  de    la    Faculté    des    lettres. 

Le   cours   de   vacances   complet   peut   compter   pour   un    semestre. 

Art.   3.   Les   épreuves  comportent  : 

Epreuves  écrites  : 

l"  Une  composition  en  français  sur  un  sujet  de  la  vie  courante, 
.ou    sur    une    question    empruntée    à    l'histoire    ou    à    la    littérature. 
Cette    épreuve    est    éliminatoire    et    dure    3    heures.    Elle    est    faite 
sans   dictionnaire. 

2"  La  traduction  en  français  d'un  texte  emprunté  à  une  langue 
vivante  enseignée  à  la  Faculté  (3  heures.  Pas  de  dictionnaire). 
Pour  les  candidats  dont  la  langue  ne  serait  pas  enseignée  à  la 
Faculté  ou  n'y  aurait  pas  de  juge  compétent,  cette  épreuve  serait 


382  LES  LANGUES  MODERNES 

remplacée   par  un   exercice   d'application   des  principales   règles   de 
la   grammaire   française  pratique  (3   heures). 

Epreuves  orales  : 

1"  Traduction  à  livre  ouvert  d'un  texte  de  moyenne  difficulté 
emprunté  à  la  langue  maternelle  du  candidat  (sous  les  mêmes 
conditions    que    ci-dessus). 

2°  Explication  à  livre  ouvert  d'un  texte  français  emprunté  à 
la  liste  des  auteurs  de  licence,  avec  interrogations,  en  français, 
relatives   à   ce   texte. 

3"  Interrogations  sur  trois  cours  professés  à  l'Université  et  sui- 
vis régulièrement  par  le  candidat.  Deux  de  ces  cours  devront  faire 
partie  de  l'enseignement  donné  à  l'Institut  d'études  françaises 
modernes  ou  des  cours  de  vacances.  Le  troisième  pourra  être 
emprunté  à  l'enseignement  donné  dans  l'une  des  six  Facultés  ou 
de  l'Ecole  de  Pharmacie  de  l'Université  de  Strasbourg  ;  une  con- 
naissance   suffisante    du    français   devra   ressortir   de   cette   épreuve. 

Une  note  spéciale  sera  attribuée  à  la  prononciation  et  à  l'élo- 
cution.  Le  certificat  afférent  au  diplôme  fera  mention  du  détail 
des  notes.  Les  mentions  ■  assez  bien  »,  •>  bien  »,  «  très  bien  » 
pourront    être    données. 

Art.  4.  Le  jurv'  se  compose  de  trois  membres,  qui  pourront 
s'adjoindre  un  représentant  de  la  matière  faisant  éventuellement 
l'objet  de  l'interrogation  ci-dessous.  Le  diplôme  portera,  outre  la 
signature  du  doyen,  celles  des  membres  du  jury.  Il  sera  délivré 
par    le    Recteur,    président    du    conseil    de    l'Université. 

Art.  5.  Quatre  sessions  sont  prévues  :  fin  février,  début  de  juil- 
let,   mi-août    et    septembre. 

Diplôme  supérieur  d'études  françaises  modernes 

Art.  l'^  Il  est  institué,  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de  Strasbourg,  un  diplôme  supérieur  d'études  françaises  moder- 
nes. 

Art.  2.  Tout  candidat  à  ce  titre  aura  dû  faire  acte  de  scolarité 
pendant  deux  semestres  au  moins,  ou  un  semestre  et  une  série 
de  cours  de  vacances,  à  l'L'niversité  de  Strasbourg,  et  suivre  régu- 
lièrement tout  ou  partie  de  l'enseignement  donné  à  l'Institut 
d'études  françaises  modernes  fonctionnant  sous  la  direction  de 
la  Faculté  des  lettres.  Cette  durée  de  scolarité  pourra  être  réduite 
après    délibération    de    l'assemblée    de    la    Faculté. 

Art.   3.   Les   épreuves   comportent  : 

Epreuves    écrites  : 

1"  Une  dissertation  en  français  sur  un  sujet  de  la  compétence 
du  candidat  et  représenté  dans  les  enseignements  de  la  Faculté 
des    lettres. 

Le  sujet  de  la  dissertation  sera  indiqué  au  candidat  par  le 
doyen,   un    mois   à   l'avance. 

2"  Une  composition  française  sur  une  question  générale  emprun- 
tée à  l'histoire  de  la  littérature  ou  de  la  civilisation  française 
(5    heures.    Pas    de    dictionnaire). 

3"  La  traduction  en  français,  sans  dictionnaire,  d'un  morceau 
emprunté  à  la  langue  maternelle  du  candidat  (3  heures).  Si  cetl  ^ 
langue  n'est  pas  enseignée  à  la  Faculté,  ou  n'y  a  i)as  de  juge  com- 
pétent, cette  épreuve  sera  remplacée  par  l'explication  gramma- 
ticale et   littéraire   d'un   texte   français  moderne   postérieur  à   1.500. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  SSii 

Ejireiioes    orales  : 

1  ■  Traduction  en  français  d"iin  texte  moderne  emprunta  à  une 
des    langues    étrangères    enseignées    à    la    Faculté. 

2'  Explication  philologique  et  littéraire  d'un  passage  d'un 
auteur    français    du    xvn"    siècle. 

3"  Discussion  d'un  passage  emprunté  à  un  jjériodique  contem- 
porain  et   ayant   trait   à    la    vie   française   d'aujoiy-d'hui. 

Une  note  spéciale  sera  attribuée  à  la  i)rononciation  et  à  l'élocu- 
tion.  Le  certificat  allèrent  au  diplôme  fera  mention  du  détail 
des    notes. 

Toutes  les  épreuves  sont  notées  de  0  à  20,  sauf  la  composition 
française  (2")  qui  sera  notée  de  0  à  40.  La  moyenne  des  points  est 
nécessaire    pour    l'admission. 

Ar.T.  4.  Les  candidats  ajournés  après  les  épreuves  écrites  ne 
conservent  le  bénéfice  de  l'admissibilité  que  pour  la  session  sui- 
vante. 

Aht.  5.  Le  diplôme  sera  signé  par  le  doyen  et  par  les  membres 
du  jury.  Il  sera  délivré  sous  le  sceau  et  au  nom  de  l'Université 
de  Strasbourg  par  le  Recteur,  président  du  conseil  de  l'Université. 
Il  portera  l'énoncé  de  la  nature  des  épreu\es  subies.  a\ec  les  notes 
obtenues  pour  chacune  d'elles,  et  une  mention  qui  pourra  être  : 
-    assez  bien   ■>,   «   bien   »,    ■   très  bien.   " 

Art.  6.  Deux  sessions  sont  prévues  chaque  année  :  fin  février  et 
début    de   juillet. 


Université  de  Psris 

Du   16   avril 

Fdcullê  des  lettres.  —  Est  approuvée  la  délibération  du  Conseil 
de   l'Université   de  Paris  créant,   pour  l'année   1920  : 
1"   Un  cours  d'histoire  de   la  civilisation  chinoise  ; 
2'    Des   conférences    sur    lart    chinois    (peinture,     poésie,     musi- 

C'IK-    . 


Ui)iversité  de  Toulouse 

Délibération  du  Conseil  de  l'Université  en  date  du  iG  juillet  1919 
modifiée  par  celle  du  19  mars  1920,  et  approuvée  par  Arrêté 
ministériel   du  S  mai   1920. 

I.  Institut  normal  d'études  françaises 
Article   premier.  —   Il   est   créé   à   l'Université   de   Toulouse    un 
institut   normal   d'études   françaises   particulièrement    destiné   à   la 
formation  des  professeurs  de  français  pour  l'étranger,  (xt  institut 
pst  annexé  à  la  Facuté  des  lettres. 

.Km.   2.   —   L'enseignement    de    l'Institut    normal   d'études   fran- 
çaises est   organisé  ainsi  qu'il   suit  : 

COURS     SEMESTRIELS 

Semestre   d  hiver 

Phonétique    et    histoire    de    la    langue.    —    Littérature    française. 

—  Histoire  de  France.  —  Civilisation  de  la  France  contemporaine. 

—  Géographie  de   la   France. 


384  LES   LANGUES    MODERNES 

Semestre   d'été 

Phonétique  et  histoire  de  la  langue.  —  Littérature  française. 
—  Histoire  de  France.  —  Civilisation  de  la  France  contempo- 
raine. —  Histoire  de  l'Art  français. 

CONFÉRENCES    ET    EXERCICES    PRATIQUES 

Pédagogie.  —  Grammaire.  —  Lecture.  —  Conversation.  — 
Leçons.  —  Orthographe  et  rédaction.  —  Explications   de  textes. 

Il  pourra  être  organisé,  en  outre,  ces  cours  et  exercices  prépa- 
latoires  pour  les  élèves  qui  ne  seraient  pas  reconnus  aptes  à 
suivre  directement  l'enseignement   normal   de   l'Institut. 

Art.  3.  —  L'enseignement  de  l'Institut  est  assuré  par  des  pro- 
fesseurs de  la  Faculté  des  lettres  ou  par  des  professeurs  de  lycée 
en  ce  qui  concerne  les  cours  ;  les  conférences  et  exercices  pra- 
tiques, ainsi  que  les  cours  préparatoires,  peuvent  être  confiés  soit 
à  des  professeurs  de  Faculté  ou  de  lycée,  soit  à  des  licenciés  ou 
à  des  maîtres  ae  l'enseignement  primaire  : 

Art.  4.  —  Les  professeurs  de  l'Institut  sont  nommés  par  le 
Recteur  dans  les  conditions  fixées  par  l'article  14  du  décret  du  21 
juillet  1897. 

Ar.  5.  —  La  direction  des  études  à  l'Institut  appartient,  sous 
l'autorité  du  doyen,  à  un  directeur  nommé  par  le  Recteur  et 
assisté  d'un   comité   de  professeurs. 

Art.  6.  —  Les  programmes  des  cours,  conférences  et  exercices 
pratiques  sont  arrêtés,  chaque  année,  par  le  comité  des  profes- 
seurs  sur  la   proposition  du  directeur. 

II.  Di'plôme  de  l'Université  de  Toulouse   pour   l'enseignement 
du  français  à  l'étranger 

Article  premier.  —  Il  est  institué  près  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Toulouse  un  diplôme  de  l'Université  de  Tou- 
louse pour  l'enseignement  du  français  à   l'étranger. 

Art.  2.  —  Aucune  condition  d'âge,  de  grade  ou  de  nationalité 
n'est  exigée  pour  l'olitention  de  ce  diplôme. 

Art.  3.  —  Les  candidats  devront  justifier  de  deux  semestres 
d'études  à  l'Institut  normal  d'études  françaises  oe  la  Faculté  des 
lettres,  sauf  dispense  d'un  semestre  par  délihération  spéciale  du 
Conseil  de  la  Faculté. 

Art.  4.  — •  Le  jury  se  compose  de  trois  mcmhres  au  moins  dési- 
gnés par  le  doyen. 

Art.  5.  —  L'examen  pour  l'obtention  ae  ce  diplôme  comporte 
ries  épreuves  écrites  et  des  épreuves  orales.  Le  coefficient  de 
chacune    d'elles    sera    fixé   ci-dessous. 

Les  épreuves  sont  notées  de  0  à  10.  Pour  être  admissibles  aux 
épreuves  orales,  il  est  nécessaire  d'obtenir  aux  épreuves  écrites 
une   note   moyenne   au    moins   égale   à   5. 

A.  Epreuves  écrites 

1.  C<)mi)osition  française  sur  un  sujet  choisi  par  le  candidat 
sur  une  liste  de  trois  sujets  pris  respectivement  dans  la  matière 
des  trois  enseignements  suivants  :  littérature  française,  histoire 
de  France,  civilisation  de  la  France  contemporaine.  Durée  :  4 
heures  ;   coefficient  :   2. 

2.  Epreuve  pratique  de  langue  française  (orthographe,  gram- 
maire, vocabulairej.   Durée  :   3   heures  ;  coefficient  :   2. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  385 

li.  ICiireunes  orales 

1.  Leçon  d'iiiK'  durée  de  20  minutes  environ  à  fnirc  en  français, 
après  3  heures  de  i)rc'paration,  sur  un  sujet  pris,  au  ehoix  du 
candidat,  dans  la  matière  de  l'un  oes  trois  enseignements  sui- 
vants :  littérature  française,  histoire  de  Franee,  eivilisation  de 
la   Franee  eontemporaine.   (^ocfiieient  :   2. 

(La    leçon    sera    suivie   de   questions    sur   la    pédagogie   du    sujet!). 

2.  Lceture   et   explieation    d'un    texte.   C-oeffieient  :    1. 

3.  4,  5.  Interrogation  sur  chaeun  des  enseignements  suivants  : 
phonétique  et  histoire  de  la  langue  française,  littérature  fran- 
çaise, histoire  de  Franee,  eivilisation  de  la  Franee  contemi)oraine. 
sauf  eelul  de  ees  euseignements  dont  la  matière  a  été  ehoisie  pour 
l'épreuve  éerite  n"   1.  (loellieient  :   1. 

6.  Interrogation   sur   la   géographie   de   la   Franee.  Coeflieicnt  :    1. 

7.  Interrogation    sur    l'histoire    de    l'art    français.    Coefiicient  :    1. 
Les  candidats  que  justilieront   soit   de  la   licenee   es  lettres,   soit 

du  certificat  d'aptitude  à  renseignement  secondaire  des  jeunes 
filles,  soit  du  certificat  o'aptitude  au  professorat  des  écoles  nor- 
males  seront   dispensés   des   épreuves   écrites. 

Aht.  6.  —  Pour  être  admis,  le  candidat  doit  obtenir  la  moyenne 
5  sur  l'ensemble  des  épreuves.  La  mention  •<  honorable  »  pourra 
lui  être  attribuée  s'il  a  obtenu  la  moyenne  6  et  la  mention  "  très 
honorable   ",   s'il   a   obtenu   la   moyenne  8. 

AitT.  7.  —  Les  sessions  d'examen  auront  lieu  à  la  (in  du  semes- 
tre d'hiver  et  à  la  fin  du  semestre  d'été. 

Aht.  8.  —  Le  diplôme  est  délivré  par  le  président  du  conseil 
de  l'Université  ;  il  est  signé  par  le  doyen  et  les  membres  du  jury. 

Aht.  9.  —  Mention  est  faite  sur  le  diplôme  des  enseignements 
non  obligatoires  que  le  candidat  aurait  suivis  et  sur  lesquels  il 
aurait  été  admis  à  se  faire  interroger  à  titre  facultatif,  à  condi- 
tion qu'il  ait  obtenu,  pour  les  interrogations  supplémentaires 
non  comprises  dans  le  calcul  de  la  moyenne,  une  note  au  moins 
égale  à  5  sur  10. 

111.  Diplôme  de  l'Université  de  Toulouse  pour  l'enseignement 
de  l'espagnol 

Article  premier.  —  Il  est  institué  près  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Toulouse  un  difilôine  de  l'Uninersité  de  Tou- 
louse pour   l'enseignement   de    l'espagnol. 

.\rt.  2.  —  .\ucunc  condition  d'âge,  de  grade  ou  de  nationalité 
n'est  exigée  pour  l'obtention  de  ce  diplôme. 

.Art.  3.  — •,  Les  candidats  devront  justifier  de  deux  semestres 
d'études  à  la  Faculté  des  lettres,  sauf  dispense  d'un  semestre 
par  délibération  spéciale  du  conseil  de  la  Faculté. 

.\rt.  4.  —  Le  jur}-  d'examen  se  compose  de  trois  membres  au 
moins,  désignés  par  le  doyen. 

Art.  5.  —  L'examen  pour  robteution  de  ce  diplôme  comporte 
des  épreuves  écrites  et  des  épreuves  orales.  Le  coefficient  de  cha- 
cune   d'elles    sera    fixé    ci-dessous. 

Les  épreuves  sont  notées  de  0  à  10.  Pour  être  admissible  aux 
épreuves  orales,  il  est  nécessaire  d'obtenir  aux  épreuves  écrites 
une  note  moyenne  au  moins  égale  à  5. 

A.    Epreuves    écrites 

1.  Composition  en  espagnol  sur  un  sujet  choisi  par  le  candidat 
sur   une   liste   ae   trois   sujets   pris   dans   les   matières   suivantes  : 


386  LES  LANGUES  MODERNES 

la  littcraturc  espagnole  depuis  1830  jusqu'à  nos  jours,  la  civilisa- 
tion contemporaine  de   l'Espagne.  Durée  :   4  heures  ;   coefficient:  2. 
2.    Epreuve    pratique    de    langue    espagnole     (.orthographe,     gram- 
maire,  vocabulaire).   Durée  :    3   heures  ;   coefficient  :    2. 

B.  Epreuves  orales 

1.  Lecture  expliquée  d'un  texte  espagnol  choisi  dans  la  période 
qui  va  de  1830  à  nos  jours.  Préparation  :  1  heure.  Durée  de 
l'épreuve  :    1/2    heure  ;    coefficient  :    2. 

2.  Commentaire  grammatical  d'un  texte  espagnol  ch'oisi  dans 
la  période  qui  va  du  xvi''  siècle  inclus  jusqu'à  nos  jours.  Durée 
oe   l'épreuve  :   1/2  heure  ;  coefficient  :   2. 

3.  Interrogation  sur  l'histoire  de  la  civilisation  espagnole,  prin- 
cipalement depuis  le  xvi'"  siècle  inclus  jusqu'à  nos  jours.  Durée 
de  l'épreuve  :   20   minutes  ;   coefficient  :   2. 

L'interrogation  sera  suivie  de  questions  sur  la  pédagogie  du 
sujet. 

4.  Interrogations  sur  les  principales  œuvres  de  la  littérature 
espagnole.   Durée   de    l'épreuve  :    20   minutes  ;    coefficient  :    1. 

Toutes  les  épreuves,  tant  écrites  qu'orales,  se  font  exclusive- 
ment en  espagnol. 

Les  candidats  qui  justifient  soit  de  la  licence  es  lettres  (langues 
vivantes,  mention  :  espagnol),  soit  du  certificat  d'aptitude  à 
l'enseignement  de  l'espagnol  dans  les  lycées  et  collèges,  soit  du 
certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'espagnol  dans  les 
écoles  normales,   seront    dispensés   des   épreuves   écrites. 

Art.  6.  —  Les  candidats  peuvent,  à  leur  gré,  ou  bien  sui)ir  en 
une  seule  fois,  à  la  fin  de  l'un  ou  de  l'autre  semestre  d'études, 
toutes  les  épreuves,  ou  bien  subir  ces  épreuves;  en  deux  fois. 
Dans  ce  cas,  l'examen  est  scindé  de  la  façon   suivante  : 

La  première  partie  de  l'examen  comprenant,  à  l'écrit,  la  com- 
position en  espagnol,  à  l'oral,  la  lecture  expliquée  et  l'interro- 
gation sur  l'histoire  de  la  civilisation,  sera  subie  à  Toulouse,  à 
la  fin  de  Tun  ou  de  l'autre  semestre  d'études  ;  la  seconde  ])artie, 
comjjrenant  :  à  l'écrit,  l'épreuve  pratique  de  langue  espagnole  ; 
à  l'oral,  le  commentaire  grammatical  et  l'interrogation  sur  les 
principales  œuvres  de  la  littérature  espagnole,  sera  subie  à  Bur- 
gos,  au  mois  de  septembre,  à  l'issue  du  cours  de  vacances  que 
VInstitut  fntnçais  en  Espagne  (Université  de  Toulouse)  organise. 
Les  candidats  auront  dû  suivre,  au  préalable,  ce  cours  de  vacan- 
ces. Mention  en  sera  faite  sur  le  diplôme. 

L'Institut  français  en  Espagne  (Université  de  Toulouse)  leur 
délivrera,    en    outre,    un    certificat    d'assiduité. 

Dans  le  cas  d'examen  scindé,  nul  ne  peut  se  présenter  à  la 
deuxième  partie  sans  avoir  subi  avec  succès  les  épreuves  de  la 
première  partie.  Les  notes  de  l'une  et  l'autre  parties  se  com- 
jjensent  et  la  moyenne  est  calculée  sur  l'ensemble,  comme  dans 
le  cas  de  l'examen  unique.  Les  droits  d'examen  se  payent  en 
iMie   seule   fois,   lors  de   l'inscription   pour   la    première   partie. 

AiiT.  7.  —  Pour  être  admis  le  candidat  devra  avoir  obtenu  la 
moyenne  5  sur  l'ensemble  des  éiireuves.  La  mention  "  honora- 
ble "  pourra  lui  être  attribuée  s'il  a  obtenu  la  moyenne  6  et  la 
mention    •<    très  honorable   «,   s'il   a   obtenu    la   moyenne  8. 

Aht.  8.  —  Le  diplôme  est  délivré  par  le  président  du  Conseil 
de  l'Université  ;  il  est  signé  par  le  doyen  et  les  membres  du  jury. 

.\nT.  9.  —  Mention  est  faite  sur  le  diplôme  des  enseignements 
non  obligatoires  que  le  candidat  aurait  suivis  et  sur  lesquels 
il   aurait   été  admis  à   se  faire   interroger  à  titre   facultatif,   à  con- 


NOTES   ET  DOCUMENTS  387 

f'ition  qu'il  ait  obtcMui,  pour  ces  intcrrogutioiis  supplômentairt-s, 
non  comprises  dans  le  calcul  de  la  moyenne,  une  note  au  moins 
égale   à  5   sur   10. 


Note  relative  au  certificat  d'aptitude  à  rei)seigr)en)ei)t 
secondaire  des  jeuQes  filles  (lettres,  2    partie) 

Session   de  juin-juillet   1920 

En  raison  de  rimpossibilitc  constatée  où  se  sont  trouvées  cer- 
taines aspirantes  de  se  |)rocurer  l'ouvrage  d'Ebner  Eschenbach, 
intitulé  :  Ein  Buch  fur  die  Juqend,  qui  figure  au  programme  des 
auteurs  allemands,  l'explication  de  ce  texte  pourra  être  rempla- 
cée, au  gré  des  candidates,  par  celle  des  actes  III-V  de  Vlphigénie 
en  Tfiuride,  de  Gathe.  Mention  de  cette  faculté  d'option  sera 
portée   sur   les   bulletins   du    tirage    au    sort. 


Bourses  corT)nt)erciales   de  séjour  à  l'étranger 

Le  Sous-Secrétariat  d'Etat  de  l'Enseignement  technique  met  au 
concours,   en   1920,  4  bourses  commerciales  de  séjour  à   l'étranger. 

(a's  bourses  sont  attri'duées  pour  une  année  et  peu\ent  être 
ren<jiivelées  pour  une  deuxième  année  par  oécision  ministérielle. 
Leur  valeur  est  fixée  à  4.000  francs  ;  les  frais  de  voyage  restent 
à  la  charge  des  intéressés  ;  toutefois,  des  allocations  spéciales 
destinées  à  couvrir  une  partie  de  ces  frais  à  l'aller  peuvent  être 
;;ccordées  aux  titulaires  de  bourses  que  se  rendent  à  une  rési- 
dence éloignée.  La  quotité  en  est  fixée  sur  la  proposition  de  la 
J'ommission    d'examen   par   la   décision   allouant    la    bourse. 

(Il-s  bourses  sont  réservées  (lux  jeunes  (jens  libérés  de  tout  ser- 
vice nulilaire  actif,  âgés  de  2i  ans  au  moins  et  de  30  ans  au  plus 
au  i"'  juillet  de  l'année  du  concours,  qui  désire^nt  aller  s'établir 
hors  d'Europe,  dans  une  colonie  française,  sauf  l'.Algérie,  ou  en 
Russie. 

Toutefois,  les  jeunes  gens  âgés  de  20  ans  au  moins  au  L''  octo- 
bre de  Tannée  du  concours  pourront  prendre  part  aux  épreuves, 
mais  il  ne  pourra  leur  être  attribué  de  bourse  que  lorsqu'ils  rem- 
pliront  les  conditions   spécifiées   à   l'alinéa    précédent. 

Cette  année,  et  par  exception,  les  candidats  qui  auraient  dépas- 
sé pendant  la  guerre  la  limite  d'âge  fixée  ci-dessus  seront  admis 
à  concourir. 

Peuvent   être   admis   à   prendre   part    au   concours  : 

1"  Les  jeunes  gens  titulaires  du  diplôme  de  fin  d'études  d'une 
école  supérieure  de  commerce  reconnue  par  l'Etat  ou  de^  l'école 
spéciale  des  langues  orientales  vivantes. 

2'  Les  titulaires  du  certificat  d'études  pratiques  commerciales, 
du  diplôme  de  fin  d'études  des  écoles  commerciales  de  Paris 
(école  de  l'avenue  Trudaine  et  école  de  la  Rive  gauche)  s'ils  jus- 
tifient s'être  initiés  à  la  pratique  des  affaires,  pendant  un  an  au 
moins,  dans  le  commerce  ou  l'industrie. 

3'  Les  titulaires  du-  diplôme  de  bachelier,  du  certificat  d'étu- 
des primaires  supérieures  ou  d'un  certificat  établissant  qu'ils  ont 
suivi  pendant  deux  ans  nu  moins  les  cours  commerciaux  d'une 
association  recevant  des  encouragements  et  des  récompenses  du 
Sous-Secrétariat    d'Etat    de    l'Enseignement    technique,    s'ils     jus- 


388  LES   LANGUES    MODERNES 

tilient  de  deux  anuces  de  pratique  au  moins  dans  le  commerce 
ou  rindustric. 

Le  concours  comprend  des  épreuves  écrites  et  des  épreuves 
orales.  Les  épreuves  écrites  auront  lieu  les  11  et  12  octobre  1920 
au  chef-lieu  de  chaque  département.   Elles  comprennent  : 

1°    Une   rédaction  ; 

2°    Une   composition   de   géographie    commerciale  ; 

'à"  Une  composition  de  langue  étrangère  (allemand,  ang'laisi, 
arabe,  espagnol,  portugais  ou  russe,  au  choix  du  candidat)  (thème, 
version    et    correspondance,    sans    dictionnaire). 

Les  demandes  d'inscription  accompagnées  des  pièces  exigées 
par  le  règlement  doivent  être  adressées,  à  la  préfecture  du 
département  où  le  candidat  a  son  domicile,  du  l""^  juillet  au  1^"" 
août.  Des  exemplaires  du  règlement  sont  mis  à  la  disposition 
des  candidats  dans  toutes  les  préfectures  et  au  Sous-Secrétariat 
d'Etat  de  l'Enseignement  technique,  2"  bureau,  110,  jue  de  Gre- 
nelle. 


Bourses  ii)dustrieiles  de  voyage  à  l'étranger  ei)  1920 

Un  concours  pour  l'attribution  de  bourses  industrielles  de 
voyage  à  l'étranger  aura  lieu  cette  année. 

Ces  bourses  sont  accordées  pour  un  an  et  peuvent  être  renou- 
velées pour  une  deuxième  année  et  même  pour  une  troisième 
année.  Leur  valeur  est  de  4.000  francs. 

Pour  être  admis  à  prendre  part  au  concours  les  candidats  doi- 
vent justiiicr  qu'ils  auront  21  ans  au  moins  et  30  ans  au  plus  à 
l'époque  du  concours,  qu'ils  sont  en  règle  avec  l'autorité  mili- 
taire et  qu'ils  sont  munis  du  diplôme  de  fin  d'études  d'une 
école  industrielle  publique  relevant  du  Sous-Secrétariat  d'Etat 
de  l'Enseignement  technique  ou  d'une  école  industrielle  libre, 
subventionnée  ou  reconnue  par  lui. 

Ils  doivent  se  faire  inscrire  à  la  préfecture  du  département  de 
leur   domicile   avant   le   1*"^    septembre. 

Les  épreuves  écrites  auront  lieu  au  siège  de  chaque  départe- 
ment le  25   octobre  1920. 

Des   exemplaires   du   règlement    sont    tenus   à   la    disposition    des 
candidats    dans   les    préfectures    et    au    Sous-Secrétariat    d'Etat     de 
l'Enseignement  technique,   2"  bureau,   110,  rue   de  Grenelle. 
/  Cette  année,  et  par  exception,  les  candidats  qui  auraient  dépassé 

pendant    la    guerre   la   limite    d'âge   fixée   ci-dessus   seront    admis    à 
concourir. 


Chaires  de  français  vacai)tes  aux  Etats-Ui)is 

L'Ollice  national  des  Universités  et  Ecoles  françaises  (96, 
boulevard  Raspail,  Paris),  a  l'amabilité  de  nous  signaler  quelques 
offres  de  postes  de  professeur  de  Langue  et  de  Littérature  fran- 
çaises   vacants    aux    Etats-Unis  : 

1.  Unioersité  de  Minnesota.  — •  Traitement  :  3.000  dollars  ; 
aucune   iiulication   précise   sur  le   service. 

2.  Uninentitc  de  Siir(tcuse.  —  Professeur-adjoint.  Traitement  : 
1.800-2.000   dollars. 

3.  Université  de  Syracuse.  —  Instructeur  de  français  (Ensei- 
gnement   élémentaire).    Traitement  :    1.5000    dollars. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  3Si) 

4.  Mishdinalkti  Public  School  diuliaiiai.  —  Traitement  de  120 
à  1<S0  {h)llars  par  mois,  poiii"  une  année  seolaire  de  10  mois,  soit 
1.200    à    1.800    dollars. 

Les  candidatures  dexraient  être  posées  d'urgence,  et  chacune 
accompafînée  d'un  curriculuni  et  de  deux  références  universi- 
taires (Professeurs  de  Faculté.  Inspecteurs  Généraux.  Hccteurs, 
etc...'. 


Cours  de  Vacances  à  IVIayei)ce 

Li;  Lyciîi;  rj(AN(;Ais  de  .Mavknci:  organise  pendant  les  mois  d'août 
et  de  septembre  des  cours  de  vacances  pour  les  jeunes  Français 
désireux  de  se  perfectionner  dans  la  pratique  de  la  langue  alle- 
mande, tout  en  passant  des  vacances  agréables  sur  les  bords  du 
Uhin,   dans   une  belle   ville  et  une  contrée   pittoresque. 

Siirneilldnce  et  eiiseifinemenf.  —  Les  jeunes  F^rançais  seront,  en 
principe,  hospitalisés  au  Lycée  même,  comme  pensionnaires,  dans 
des  conditions  analogues  à  celles  de  France  ;  ils  pourront  aussi 
être  |)lacés,  sur  le  désir  exprimé  par  les  parents  et  dans  la 
mesure  des  jilaces  disponibles,  par  les  soins  du  Lycée,  dans  des 
familles  allemandes  où  ils  trouveront  l'occasion  de  s'exercer 
Journellement   à  la   conversation   étrangère. 

Les  uns  et  les  autres  seront  sous  la  surveillance  de  maîtres  du 
Lycée  qui,  pour  les  élèves  placés  en  ville,  se  tiendront  en  rapport 
avec  les  familles  allemandes  et  serviront  d'intermédiaires  entre 
elles  et  les  enfants. 

L'enseignement  sera  donné  par  des  professeurs  de  l'Université 
dont  le  savoir  et  le  dévouement  offriront  aux  familles  fran- 
i^aises  toutes  les  garanties.  Ils  seront  secondés  aaus  leur  tâche 
par  des  assistants  allemands.  La  matinée  sera  consacrée  à  l'étu- 
de ;  les  élèves,  groupés  selon*  leur  connaissance  de  la  langue 
allemande,  seront  réunis  tous  les  matins  au  Lycée,  où  ils  rece- 
vront   des    leçons   théoriques    et   pratiques. 

Les  ctuididats' à  la  session  d'octobre  du  baccalauréat  auront  de 
plus  l'occasion  de  revoir  les  matières  du  programme  ae  l'examen 
avec  des  interrogateurs  spéciaux.  Ils  pourront  faire  constater 
leur  travail   sur  leur  livret   scolaire. 

L'après-midi,  les  élèves  iront  se  promener  avec  la  famille  alle- 
mande ou  feront  des  excursions  en  commun,  sous  la  direction 
d'un  de  leurs  professeurs,  dans  les  environs  de  Mayence.  Ils  pour- 
ront également  jouer  au  foot-ball  ou  au  tennis  sur  le  terrain  de 
sports  du  Lycée  et  se  livrer,  si  les  parents  les  y  autorisent,  aux 
exercices  de  la  natation  et  du  canotage. 

Prix  et  conditions.  —  La  durée  du  cours  de  vacances  sera  en 
principe   de   six   semaines,  du   16   août   au  30   septembre. 

La  rétribution  pour  ce  cours  de  six  semaines  est  fixée  à  725  fr.; 
elle  sera  exigible  à  l'arrivée  de  l'élève  et  sera  due  à  partir  du 
16  août,  quelle  que  soit  la  date  de  sou  entrée  au  cours.  Tout 
élève  pourra  cependant  quitter  le  cours  le  15  septembre  :  dans 
ce  cas,  la  rétribution  ne   sera   que   de  500  francs. 

Ces  prix  comprennent  le  logement  et  la  nourriture,  soit  au 
Lycée,  soit  en  ville,  ainsi  que  les  frais  d'enseignement  et  de  sur- 
veillance. Le  blanchissage  et  les  débours  pour  les  excursions  res- 
tent  à   la   charge   des   parents. 

Un  trousseau  réduit  comprenant  les  objets  suivants  sera 
nécessaire    pour    les    élèves    hospitalisés    an    Lycée  : 

Un   vètjemeut   d'intérieur   et   un   vêtement   de   sortie,   8   chemises 


390  LES   LANGUES    MODERNES 

de  jour,  3  chemises  de  nuit,  12  mouchoirs,  6  paires  de  chausset- 
tes, 2  paires  de  chaussures.  Le  tout  devra  être  marqué  à  ua 
numéro,  attribué  par  l'Economat  du  Lycée.  Si  le  trousseau  est 
déjà  marqué,  les  familles  auront  intérêt  à  le  faire  savoir  au 
moment  de  l'inscription  pour  le  cas  où  le  numéro  pourrait  être 
conservé. 

Les  familles  sont  instamment  priées  de  pourvoir  leurs  enfants 
de  vêtements  chauds  pour  le  cas  où  la  température  viendrait  à 
s'abaisser  exceptionnellement  au  mois  de   septembre. 

y.-B.  —  Le  nombre  des  admissions  étant  limité,  les  familles 
sont  priées  d'adresser  au  Proviseur  du  Lycée  Français  de 
Mayence  leur  inscription   dans  le  plus  bref  délai  possible. 


Cor)ver)tioi)    universitaire 

ei)tre  la  Frai)ce  et  la  Serbie 

Le  gouvernement  serbe  a  conclu  récemment  avec  la  France  une 
convention  relative  à  l'échange  c'e  professeurs  entre  les  deux  pays. 
Aux  termes  de  cet  accord,  les  professeurs  français  mis  à  la  dis- 
position du  gouvernement  serbe  doivent  recevoir  ~de  celui-ci  un 
traitement  en  francs  français  égal  à  celui  qu'ils  touchaient  en 
France,  et  quelques  allocations  supplémentaires.  Cependant,  le 
gouvernement  serbe,  tout  en  reconnaissant  qu'il  a,  de  son  plein 
gré,  signé  la  Convention,  se  refuse  à  l'exécuter,  et  ne  paie  aux 
professeurs  engagés  qu'une  faible  partie  de  ce  qu'il  leur  doit.  C'est 
ainsi  qu'à  l'un  d'eux,  agrégé  de  l'Université,  qui  avait  en  F"rance  un 
traitement  d'environ  10.000  francs,  on  ne  prétend  payer  à  Belgrade 
que  quatre  mille  dinars  par  an  (le  dinar  ne  vaut  pas  actuellement 
plus  de  50  centimes  français».  .Aux  protestations  des  intéressés,  on 
répond  narquoisement  qu'on  les  paiera  quand  la  France  enverra  de 
l'argent.  Les  professeurs  français  détachés  en  Serbie  ne  sont  d'ail- 
leurs pas  les  seuls  envers  lesquels  la  Serbie  se  récuse  quand  il 
s'agit  de  tenir  les  engagements  pris. 

Une  vingtaine  de  médecins  français  et  hollandais,  engagés  lors 
de  l'armistice,  ont  dû  depuis,  par  groupe  ou  isolément,  quitter 
leurs  postes,  les  traitements  auxquels  ils  avaient  droit  par  contrat 
ne  leur  ayant  pas  été  payés  en  totalité,  et  les  avantages  qu'on 
leur  avait   formellement   promis  ne  leur  ayant   pas   été   accordés. 

Les  uns  et  les  autres  ont  demandé  aide  et  protection  à  la  léga- 
tion de  France  à  Belgrade  (chargée,  il  y  a  peu  de  temps  encore,  d5 
la  défense  des  intérêts  hollandais  en  Serbie),  mais  les  efforts  du 
ministre  de  France  n'ont  eu  aucun  résultat,  même  pour  les  Fran- 
çais. 

i/iifornuitioii,   du   4  juillet.. 


EXTRAITS    DE    LA    PRESSE 


Les  Langues  Vivantes  et  les  leçoQS  de   la   guerre 

L'Université  doit  s'adapter  plus  que  jamais  aux  besoins  du 
pays.  Cette  vérité  banale  est  évidente  pour  tout  le  monde,  sauf 
pour  la  plupart  des  Universitaires  qui  trouvent  déjà  trop  moder- 
nes les  programmes  de  1902  et  volontiers  nous  ramèneraient,  si 
on    les   écoutait,    de    cinquante    ans    en    arrière  !    Or,    les     program- 


I 


NOTES   ET  DOCUMENTS  391 

nus  de  11)02  ne  sont  niillcnKiit  niocluriies,  ils  sont  boiteux,  inco- 
hérents et  touffus.  Qu'on  les  aère  et  qu'on  les  déleste  !  C'est  ce 
qu'ont  demandé  les  Compagnons,  c'est  ce  que  demandent  avec 
eux  tous  ceux  qui,  dans  l'i'niversité  ont  souci  des  réalités.  Le 
nombre  de  ces  ■•  novateurs  >  que  les  vieilles  barbes  traitent 
volontiers  de  téméraires,  s'est  heureusement  accru  depuis  "la 
jîuerrc  ;  il  ne  constitue  encore  qu'une  minorité  dans  l'ensemble 
du   personnel    enseignant. 

Incapable  de  se  rénover  elle  même,  il  faut  donc  qu'on  imposv 
du  dehors  à  l'Université  les  réformes  aont  s'alarme  le  souci 
qu'elle  a  de  sa  quiétude.  (>'est  ce  que  vient  de  faire,  très  heureuse- 
ment le...  Ministère  de  la  guerre  !  Aux  fins  de  non  recevoir  que  ne 
cessait  de  lui  opposer  la  maison  de  la  rue  de  Grenelle,  il  a 
répondu  par  un  ultimatum,  qui  déclare  qu'en  1923,  il  exigera  de 
tous  les  candidats  aux  examens  d'entrée  à  Saint-Cyr  et  à  l'Ecole 
polytechnique  —  comme  c'est  son  oroit  —  la  connaissance  de 
Vdllemciml   et  de   l'anglais  I 

Voilà  qui  est  parler  net.  Il  ne  reste  plus  à  l'Université  qu'à  se 
soumettre  ou  à  se  démettre.  Dès  maintenant,  elle  entend  ne 
faire   ni   l'un   ni   l'autre  ;   elle   préfère  ergoter. 

Les  pro\iseurs,  en  leur  dernier  congrès,  ont  voulu  témoigner 
pour  une  fois  de  leur  esprit  d'initiative,  de  leur  sens  profond  des 
besoins  du  jjays,  en  protestant  au  nom  de  la  ciiUnre  générale, 
contre  une  mesure  dictée  par  l'expérience  de  la  guerre.  Mais  on 
peut   être   proviseur  et   n'avoir  pas   fait,   ni   compris  la   guerre  ! 

Seule,  r.\ssociation  des  Professeurs  de  Langues  vivantes  a 
oénoncé  avec  beaucoup  de  bon  sens  •  le  péril  national  que  cons- 
titueraient pour  la  France  des  générations  d'officiers  <;{  d'ingé- 
nieurs   ignorant    l'allemand    et    l'Allemagne   ». 

Ce  péril  est  trop  évident.  L'Université,  comme  l'autruche,  pré- 
fère se  cacher  la  tète  pour  ne  pas  le  voir  ;  elle  ferme  les  yeux 
sur  la  désertion  croissante  et  menaçante  pour  l'avenir  des  classes 
d'allemand,  et  elle  remet  à  demain  le  souci  de  parer  au  daiiger 
qu'elle  veut  ignorer. 

L'obligation  de  l'étude  simultanée  de  l'anglais  et  de  l'allemand 
est  à  l'heure  actuelle  le  seul  moyen  d'écarter  ce  danger.  L'anglais 
est  plus  que  jamais  utile  à  nos  futurs  officiers  et  à  nos  ingé- 
nieurs. Rien  de  plus  certain.  Ne  souhaitons  pas  que  l'on  revienne 
sur  la  mesure  si  heureuse  qui  a  permis  aux  candidats  aux  écoles 
militaires  de  présenter  cette  langue  aux  concours  d'entrée,  d'où 
elle  avait  été  trop  longtemps  écartée.  11  ne  faut  pas  se  dissimuler 
cependant  qu'en  vertu  de  la  loi  ou  moindre  effort,  l'anglais  mis 
à  i'entréo  des  écoles  sur  le  même  pied  que  l'allemand,  c'est  à  brève 
échéance  l'allemand  abandonné  en  France  par  tous  ceux  qui  auraient 
le  plus  besoin  de  le  connaître.  Comme  l'allemand  est  au  moins 
aussi  nécessaire  que  l'anglais  aux  générations  actuelles,  la  seule 
solution  logique  est  donc  d'imposer  à  tous  l'étude  de  l'une  et  de 
l'autre  langue.  F'élicitons  le  ministre  de  la  guerre  de  l'avoir  com- 
pris  et   l'ayant  compris,   d'avoir   agi    sans  retard. 

Quelle  surcharge  pour  les  études,  vont  dire  quelques  pères  de 
famille  timorés  et  surtout  les  mamans  inquiètes  de  -  la  santé 
de  leurs  enfants  !  Evidemment,  il  y  aurait  surcharge  si  la  mesure 
n'entraînait  pas,  de  toute  nécessité  un  allégement  bienfaisant  des 
programmes.  Cet  allégement  est  réclamé  vainement  par  tous  ceux 
qui  estiment  depuis  longtemps  qu'il  est  la  seu'e  mesure  capable 
d'orie«ter  l'enseignement  universitaire  vers  la  vie.  11  entraînera 
l'élimination  de  tout  le  poids  mort  que  les  programmes  scolaires 
traînent  après  eux  depuis  Napoléon,  la  mise  eu  pratique  de 
méthodes   actives,   l'abandon   de  toute   routine,   un   rajeunissement 


392  LES    LANGUES   MODERNES 

salutaire,  dont  certains  désespéraient,  qui  voudi'aient  que  l'Uni- 
versité, au  ieu  d'être  un  Conservatoire,  où  l'on  vit  confiné  dans 
le  culte  exclusif  du  passé,  fût  enfin  l'école  ouvrant  de  larges  pers- 
pectives sur  le  présent. 

Qu'on  ne  déclare  pas,  d'autre  part,  que  c'est  la  mort  de  la  cul- 
ture générale.  La  bonne  plaisanterie  !  A  qui  fera-t-on  croire 
aujourd'hui  que  la  culture  générale  se  trouvera  menacée  par  un 
enseignement  plus  développé  du  français,  rendu  possible  par 
une  réduction  sur  les  heures  consacrées  au  latin.  On  sait  les 
résultats  pitoyables  que  donne  ce  dernier  enseignement  étendu 
cependant  sur  toute  la  durée  des  études.  Qu'on  le  concentre  sur 
trois  ou  quatre  années  et  qu'on  intensifie  ses  méthodes,  cela  est 
aisé  et  souhaitable.  A  qui  arrivera-t-on  à  persuaoer  enfin  que  la 
possibilité  de  se  tenir  au  courant  des  manifestations  de  la  pensée 
étrangère,  que  le  fait  de  lire  couramment  une  revue  anglaise  ou 
allemande,  un  journal  de  Berlin  ou  de  Londres,  entraîne  fatale- 
ment une  diminution  de  valeur  intellectuelle,  et  qu'on  n'est  un 
homme  cultivé  qu'à  condition  de  ne  pratiquer  qu'Homère  et 
Virgile,  à  l'exclusion  des  deux  langues  étrangères  les  plus  indis- 
pensables   à   un   Français   de   notre    époque 

La  cause  est  entendue.  Ne  sacrifions  jamais,  et  sous  aucun 
prétexte,  la  culture  générale,  mais  cessons  enfin  de  confondre 
la  culture  avec  l'ignorance  des  nécessités  présentes,  ou  alors 
ayons  le  courage,  la  franchise  et  la  logique  d'exiger  désormais, 
à  l'çntrée  à  Saint-Cyr  et  à  Polytechnique,  une  dissertation  latine 
et  un  thème  grec,  et  déclarons  nettement  que  l'Université  ne  voit 
pas  de  meilleur  entraînement  pour  prépai-er  la  jeunesse  aux 
luttes  économiques  de  la  paix  et  peut-être  à  la  guerre  de  demain. 

{Information,  22   mai).  Georges  Veun'on. 


Faut-il  apprendre  rAllen)ai)d  ? 

Le  ministre  de  la  Guerre  vieut  de  décider  que  les  candidats  à 
Polytechnique  et  à  Saint-Cyr  n'auront  plus  le  choix  entre 
l'allemand  et  l'anglais  à  l'examen  d'entrée,  mais  devront  obliga- 
toirement subir  une  épreuve  dans  les  deux  langues  à  partir  ae 
1923. 

La  mesure  n'est  pas  de  celles  qui  émeuvent  l'opinion  publique. 
Et  cependant,  toute  modeste  qu'elle  est,  elle  est  appelée  à  conju- 
rer   un    véritable    péril    national. 

Sait-on  que  depuis  1914  les  classes  d'allemand  de  nos  Ij'cées  et 
collèges  se  sont  peu  à  peu  vidées  par  suite  d'un  patriotisme  mal 
entendu  ?  Du  train  dont  nous  allons,  dans  cinq  ou  six  ans,  une 
infime  minorité  d'élèves  apprendrait  seule  l'allemand  ;  nos  gran- 
des   écoles   n'auraient    plus    de   candidats    pour    cette    langue. 

Qu'en  résulterait-il  ?  .\lors  que  pendant  quinze  ans  nos  jeunes 
soldats  doivent  occuper  les  territoires  rhénans,  alors  que  la 
sécurité  de  la  France  dépend  du  contrôle  que  nous  saurons  exer- 
cer sur  le  désarmement  de  l'.\llomagne,  alors  que  la  restauration 
de  nos  finances  exige  que  nous  connaissions  exactement  ses  res- 
sources, alors  que  les  mines  de  hi  Sarre  sont  passées  sous  l'exploi- 
tation française,  nous  nous  trouNcrions  bientôt  sans  ofilciers, 
sans  ingénieurs,  sans  administrateurs  en  mesure  de  remplir  ces 
diverses  tâches.  C-ar  la  première  condition  de  connaître  l'Alle- 
magne,  c'est    évidemment   de    savoir    l'allemand. 

C'est   à  ce  danger  si   grave  que   remédie   hi   décision   du   ministre 


NOTF.S    FT  DOCUMENTS  ^'Xi 

lie    la   j^ucno.   l-^lk    it:ii)lit    un    jiistf   cquilibrc   entre   l'alleinand   et 
l'iinglais. 

Appitiioiis  la  lan<iiu'  «le  nos  alliés  et  amis  d'Angleterre  et 
trAnu'ri(|iie.  mais  n'oublions  pas  le  mot  de  Galliéni  :  ■  l'n 
homme  qui  aujourd'iiui  ignore  ralleiiintid.  je  le  considère  comme 
désarmé.    •. 

(Inforniiilfiir  rirniue.   'A    juini.  (',.   Delobel. 

(La  reproduetioii  des  articles  de  l'Informateur,  avec  ou  sans 
leur  si}{nature.   est    absolument   libre  et    i^ratuite). 


On  ne  peut  oublier  que  lu  sccurUc  de  la  France  dépend  du  con- 
trôle que  nous  saurons  exercer  sur  le  désarnienienl  de  VAllema- 
<ine  ;  que  la  restauration  de  nos  tinances  exige  que  nous  connais- 
sions exactement  ses  ressources,  et  que  la  condition  indispen- 
sable   pour    tout    cela,    c'est    de    savoir    l'allemand. 

Kappelons-nous  le  mot  du  général  Galliéni  :  ■  l'n  homme  qui, 
aujourd'hui,   içinore   l'allemand,  je   le  considère  comme  di'sarmé.   » 

Ha|)pelons-nous  aussi  qu'au  lendemain  de  la  guerre  de  1870, 
\M\  historien  allemand,  von  Sybel,  écrivit  une  brohure  intitulée  : 
i'.e   que   nous  jioiii'ons   (ijqirendre   des  Français. 

Qui  donc,  disait  récemment  M.  E.  Lavisse,  qui  donc  prétendra 
que   nous  n'avons  rien  à   apprendre  des   Allemands  ? 

(Comprenons  donc  que  le  voisinage  immédiat  de  la  France  et 
de  l'Allemagne  les  met  forcément  en  eoncurience  dans  tous  les 
domaines  de  l'idée,  sur  tous  les  chani|)s  de  ractioii.  et  que.  dès 
lors,  ignorer  rAlkniagne  serait  jiour  nous  une  faute  et  une  cause 
(le   faiblesse   dans   le   présent,   un    péril   très   grave   dans   l'avenir. 

^'oublions  pus,  au  surplus,  qu'en  Allemagne  les  langues 
nioanles,  et  notamment  le  français  et  l'anglais,  sont  considérées 
comme  les  deux  étriers  sans  lesquels  le  jeune  commerçant,  le 
jeune   industriel,   ne   sauraient   se   mettre   en   selle. 

(Démocralic   \ourelle,   9   juin).  A.    T. 


Les    langues    étrangères 

dar)S    l'Ei)seigi)erT)ei)t    supérieur 

Quand  on  pense  que  l'un  des  principaux  facteurs  de  la  puis- 
sance de  l'Allemagne  a  été  la  connaissance  très  étendue  des  idio- 
mes étrangers,  on  ne  peut  que  trouver  inadmissible  d'arrêter 
l'apprentissage  des  langues  vivantes  au  bacalauréat.  Pour  beau- 
coup, le  temps  passé  à  cette  acquisition,  au  lycée,  se  trouve 
ainsi  perdu.  Il  est  nécessaire,  au  contraire,  de  poursuivre  cet 
enseignement  jusque  dans  les  écoles  supérieures  ;  car  si  la  con- 
naissance des  langues  étrangères  est  importante  dans  la  vie  pra- 
tique et  les  professions,  elle  est  indispensable  pour  les  hommes 
qui,  par  leur  intelligence,  leur  jugement,  leur  savoir,  leurs  capa- 
cités, Doivent  diriger  le  pays  (1). 

•Aussi,   cette   connaissance   doit-elle    être   exigée   pour   deux    lan- 


(1)    L.   Azoulay  :    •<   L'enseignement   des   langues   étrangères,    son 
but  réel  et  ses  moyens.'  Division  de  la  France  en  réglons  d'ensei- 
gnement   linguistique    spécial    >.   Revue    internationale    de    l'Ensei- 
gnement,  mai    1901. 
> 

26. 


394  LES    LANGUES    MODERNES 

gues,  au  choix  des  élèves  à  la  rentrée  de  toutes  les  écoles  supé- 
rieures, appartenant  ou  non  à  l'Etat,  à  tous  les  examens,  et  con- 
L'ours  pendant   la   durée   des  études   et   à   la  sortie. 

Ces  épreuves  sont  éliminatoires.  Cela  ne  peut  paraître  excessif 
SI  l'on  se  rappelle  :  l*^'  que  l'étudiant  a  appris  ces  langues  au 
lycée  ;  2"  que  l'Etat,  dans  l'intérêt  commun,  a  le  nroit  que  non 
seulement  elles  ne  soient  pas  oubliées,  mais  qu'elles  soient 
appliquées   à    un  but    pratique,   utilitaire. 

D'autre  part,  ces  épreuves  ne  doivent  nullement  contribuer  au 
succès  d'un  examen,  sauf  dans  le  cas  où  la  connaissance  des 
langues    fait   partie   intégrante   des  études   (1). 

Orales,  ou  écrites  et  orales,  suivant  la  nature  du  diplôme  ou 
concours,  les  épreuves  doivent  porter  sur  les  matières  de  chaque 
examen.  Ainsi  un  étudiant  en  médecine  aura  à  traduire,  en  bon 
français,  à  livre  ouvert,  sans  préparation  de  préférence,  un  cer- 
tain nombre  de  lignes  d'un  ouvrage  étranger  sur  la  physiologie 
si  son  examen  porte  sur  la  physiologie,  sur  la  pathologie  interne 
s'il  porte  sur  cette  branche,  etc.  Un  candidat  à  la  licence  ou  à 
l'agrégation  d'histoire  fera  une  narration  écrite  oans  la  langue 
étrangère  principale  et  subira  des  épreuves  orales  dans  cette 
langue  et  la  langue  accessoire  en  histoire,  géographie,  particu- 
lièrement économique  des  pays  dont  il  connaît  l'idiome,  etc.. 
Un  élève  de  l'école  des  Mines,  de  l'Ecole  centrale,  etc.  fera  en 
fin   d'étude  un   rapport   dans  les   langues   qu'il   a   choisies,   etc. 

Mention  des  langues  apprises  sera  faite  sur  le  diplôme.  L'Etat 
n'a  pas  à  enseigner  les  langues  étrangères  dans  les  Ecoles  supé- 
rieures, excepté  pour  les  diplômes  qui  en  comportent  et  pour  les 
écoles  dont  les  élèves  sont  internes.  Il  n'a  donc  rien  à  dépenser. 
Il  lui  suffit  d'exiger  des  épreuves  sérieuses  pour  atteindre  son 
but  :  le  rendement  maximum  de  tout  ce  cju'il  a  semé.  C'est  aux 
candidats  à  entretenir  et  perfectionner  la  connaissance  des  deux 
langues,  principale  et  accessoire,  qu'ils  ont  acquises  dans  leurs 
études  seconciaires.  Ils  le  pcuveiit  à  l'aide  du  procédé  de  traduc- 
tion dans  les  débuts  et  à  l'aide  de  cours  gratuits  qui  ne  man- 
queront pas  de  se  fonder,  à  l'exemple  de  ceux  de*  la  société  pour  la 
propagation   des   langues  étrangères  en  France. 

Nous  insistons  sur  cette  réforme  parce  que  le  besoin  en  est 
très  urgent  et  parce  que  les  événements  qui  viennent  de  se  passer 
semblent  porter  les  esprits  et  les  pouvoirs  vers  des  modifications 
pratiques  de  notre  enseignement   à  tous  les  degrés. 

Nul  ne  peut  concevoir  les  conséquences  d'une  telle  innovation. 
Non  seulement  elle  activera  (2),  le  progrès  intellectuel,  commer- 
cial, agricole  par  les  renseignements  fournis  et  l'émulation  pro- 
voquée, mais  encore  elle  améliorera  notre  presse  en  la  rendant 
plus  scientifique,  plus  comparative,  et  notre  librairie  en  la  pous- 
sant à  des  entreprises  plus  sérieuses,  plus  utiles,  plus  grandioses, 
fe'les  ces  encyclopédies  si  nécessaires  et  répandues  à  si  bon 
compte  dans  toutes  les  classes,  à  l'étranger  ;  elle  fera  en  outre 
ne  la  P'rance  le  centre  d'information  si  précieux  pour  elle-même 
qu'était   l'Allemagne   avant   la   guerre. 

^  Léon  AzouLAY. 

(Extrait  de  VEnrope  Nouvelle,  2.')  octobre  1919,  publié  par  la 
l'resse   mvdicttle   du    7    avril    1920). 


(l)~P()ur  l'altribiition  des  bourses  de  voyage  et  de  perfection- 
iiemenf  à  l'étranger,  la  cDiinaissaïue  parlée  et  écrite  des  langues 
jouera    un   rôle    important  ;   on    le    fera    savoir   au.x   candidats. 


Mouvement  du  Personnel 


£r)Stigr)€rri€f)ti  Secondaire  et  Prini)aire  Supérieur 

\(nuiii<ili(nis:  M.  (iiimbillard.  i)ri)l.  iiiji'.  d'aiig.,  éltvi-  de  l'ii.  N.  S., 
nomnu'  du  Lycée  de  Marseille  au  Lycée  d'Alger  (Muslaphai. 
-  M.  Haussaire,  nommé  du  Lycée  d'Angers,  prof,  chargé  de  cours 
d'allemand,  au  Lycée  de  Reims,  —  M.  Garnier  supplée  M.  Mignon 
comme  prof,  d'italien  au  Lycée  du  Parc,  Lyon.  —  ^L  Langlais, 
Lycée  du  Bourg,  nommé  jjrof.  d'italien,  Clermont-Ferrand.  — 
M.  Thomas,  du  Lycée  de  Tarbes,  nommé  prof,  d'espagnol,  Car- 
cassonne.  —  yi.  Parenty,  lettres  et  anglais,  collège  d'Arras.  — 
^^.  Macary,  lettres  et  anglais.  Collège  de  Falaise.  —  >L  Parmin, 
lettres  et'  anglais.  Collège  de  Lisicux.  —  .M.  Rivière,  lettres  et 
anglais,  (Collège  de  Marmaude.  —  M.  Fourrier,  lettres  et  alle- 
mand. Collège  de  St-Dié.  —  M.  Meunier,  licencié  d'nnglais,  délé- 
gué lettres  et  anglais,  Collège  d'Autun.  —  M.  Balteau.  lettres  et 
anglais,  Fonlaineîjleau,  nommé  Collège  de  Sedan.  —  NL  Bongard, 
lettres  et  anglais  au  Collège  d'L'zès,  nommé  Fontainebleau.  — 
M.  Bourillon,  répétiteur  au  collège  de  Bourgoin,  délégué  lettres 
et  anglais.  Collège  d'Uzès.  —  >L  Rouleux,  ré|)étiteur  Brest,  délé- 
gué lettres  et  anglais,  St-Jean-d'Angély.  —  M.  (Laillat,  délégué 
lettres  et  allemand.  Collège  de  Bône.  —  M.  Secchi,  délégué 
lettres  et  arabe,  Bône.  —  >L  Goudet.  délégué  allemand.  Collège 
Rcmiremont.  —  M.  Chrétien,  délégué  lettres  et  anglais.  Collège 
d'Ajaccio.  —  M.  Chelle,  délégué  lettres  et  anglais,  C^jllège  d'.\gde. 
—  M.  Lapalus,  délégué  lettres  et  anglais,  collège  de  Beaune,  — 
M.  Burignat,  délégué  lettres  et  allemand.  Collège  de  Romans.  — 
M.  Petiteau,  nommé  prof,  lettres  et  allemand.  Collège  de  La 
Réole.  —  M.  Nemo,  prof,  agrégé,  anglais  et  lettres,  collège. 
Menton,  nommé  au  Lycée,  .Alger.  —  .Mlle  Bescam  (Marguerite), 
certifiée  anglais,  nommée  collège  Saumur,  en  remplacement  Mlle 
Metzger.  non  acceptante.  —  M.  F"rancc  (Louis),  inst.-adj.  E.  P.  S., 
Valencieunes,  certifié  L.  V.,  nommé  professeur  anglais,  même 
école,  —  Mlle  Corny  (Mariej,  inst.-adj.  E.  P.  S.,  Gondecourt, 
certifiée   L.  V.,   nommée  prof,  d'anglais,   même   école. 

Congés  :  ^^  Coullet,  prof,  anglais.  Lycée  Chartres,  du  1/4  au 
3((/9.  M.  Lebelle,  prof,  anglais,  lycée  Rouen,  du  1/4  au  31/12. 
M.  Griffon  (allemand,  lycée  Lille),  du  12/1  au  30/9.  —  :\I.  Saroïhan- 
dv,  prof,  espagnol  (Buffon,  Louis-le-Grand  et  St-Louisi,  du  1/12/19 
ail  30/9/20.  —  M.  Koessler,  prof,  allemand  .Janson,  du  1/10/19 
au  30/9/20,  —  M.  Vernet,  prof,  allemand.  Lycée  Valence,  année 
scolaire  1919-20.  —  M.  Schmitt.  prof,  allcrnand.  Lycée  .\lger, 
année  scolaire  1919-20.  —  M.  Blanc,  ancien  prof,  d'allemand, 
Lvcéc  de  Bordeaux,  année  scolaire  1919-20.  —  >L  Chappev,  prof, 
d'allemand.  Lycée  Chambéry,  du  4/10/19  au  30/9/20.  — 
M.  Roques,  prof,  d'allemand,  Lvcée  de  Chartres,  année  scolaire 
1919-20.  —  M.  Martin,  prof,  d'aîlemand.  Lycée  Laon,  du  3/10/19 
au  30/9/20.  —  M.  Guev,  prof,  allemand,  Lvcéc  Montauban,  année 
scolaire    1919-20. 

Iloiwrdriat  :  M.  Feytel,  anglais,  Bonneville.  —  M.  Schaller, 
allemand,  Brive.  — •'  M.  Sabardu,  anglais,  Draguignan.  — 
M.    Roche,    anglais,    St-Maixent. 


396  LES   LANGUES   MODERNES 

ExarT)ei)s  et  CoQcours 


Certificat  Secondaire  d'Alien)ai)d  (1 

(Session  spéciale  d'Avril  1920) 


Version  orale.  —   An  der  Front 

Bescheidcnheit  steht  dir  an.  du  Nichtkricgfi-,  iind  Rewuiiderung 
und  Ehriurcht  iind  Dank  auch  gegonùbcr  doin  kleinstcn  Fcld- 
graucn  ohiic  ciscrncs  Kreux,  ohnc  Gc'freitcnknopf  und  oline 
Trcsscn.  Demi  auch  ci'  hat  Jcue  scltsani  liclkn  .lagcraugcn.  die 
nur  hci  Mcnschcn  zu  Icuclitcn  bcginnen.  dcrcn  Secle  jedcn  Augen- 
blicK  bcrcit  ist  zur  Ausfahrt  und  zum  Aufstiirnien  in  die 
\'crklarung.  Dièse  Soldatenaugen  werde  ich  nie  vergessen.  Wtr  in 
sic  bineingesciiaut  bat  und  dann  noch  nichts  weisz  voni  Lcben, 
\<)m  ewigen,  unbeugsanien,  Tod  und  Teufel  trotzenden,  der  isl 
vin  armer  Maîin.  Aus  deu  scljwerfalligen  Bauernburseben  ui-.d 
gcscbeiten  Groszstadtarbeitcrn,  aus  don  ilotten  Studenten  und 
den  \ei\vôbùten  Muttersôbncben  liât  der  I\rieg  gewisz  Keine 
Hciligen  gemacht.  Aber  er  bat  sic  gebeiligt.  Er  bat  deui  Lebcn 
des  cinzelncu  gemeinen  Soidaten  eine  Bedeutung  und  eineii  Werl 
\erlieben,  weit  iiber  seine  Môglicbkeiten  in  Friedenszeiten  binaus. 
Die  Feldgrauen,  die  Hunderttausende,  sie  stehen  da  in  tler 
groszen  Reibe  dercr,  die  fur  andere  zu  sterben  bereit  sind,  uiul 
das  ist  immer  das  Grôszte,  was  der  Menseb  verniag.  Daruni  stebt 
aiieli  der  Infanterist  und  der  Kanonier  und  der  Jager  und  der 
Pionier  und  wie  sie  aile  beiszcn,  obne  Rang  und  Abzeichen 
drauszen  ini  Feld  vor  Gott  and  den  Meuscben  boher  da,  als  der 
m  assyrische  Studien  versunkene  Universitatsproiessor  in  der 
llcimat.  Die  Phrase  vom  wertvolen  Mensehen,  die  in  den  letzleii 
lalircn  iui  Mund  di^r  neuen  Pliarisiier  zu  boren  war,  hat  eine 
tietgebende  Umwertung  erfahren.  Der  Wertvolle  ist  Jetzt  der.  der 
die   Baeke  am   Gewehrkolben   bat    und   gut    zielt. 

Thème  oral.  —  Mulhouse 

Repliée  sur  elle-même  et  discrète,  voici  la  cité  méditative  qui 
engendre  sans  cesse  l'eiTort.  Il  ne  faut  point  y  chercher  les  vieil- 
les églises  ni  les  traces  d'un  long  passé.  Bourgade  insignifiante 
au  moment  où  défilaient  sur  les  hauteurs  les  lansquenets  de 
Charles  le  Téméraire,  son  humilité  la  sauva.  Mulhouse  comptait 
trois  mille  habitants  (juand  Golmar  était  une  petite  capitale 
riche  et  lettrée.  Son  essor  date  du  xvui'  siècle  et  de  sa  réunion  à 
la  Frajicc.  Mulhouse  ne  l'a  jamais  oublié.  Le  luxe  criaid  des 
grandes  villes  allemandes  ne  l'a  i)as  même  effleuré.  Par  ses 
iaçjades  ])lates,  aux  balcons  en  fer,  par  l'élégance  discrète  lie 
SCS  villas,  ce  centre  industriel  de  l'Alsace  évoque  l'image  de 
certaines  villes  françaises  d"uue  sobre  régularité.  Pendant  i)rès 
de  cinquante  ans,  Mulhouse  a  porté  le  deuil  de  la  France,  dédai- 
gneux des  fêles  bruyantes,  ennemi  de  tout  clin(|uant,  étranger 
:"i  la  joie  de  parvenus  qui  secouait  toute  l'.^Uemagne  enrichie,  et 
tandis   que    ses    patriciens    réfugiés   sous    les    arcades   grises    de     la 


(1)   Pour  l'anglais,  voir  N"   de   mai-juin.   i)p.  2')l-2!)r). 


EXAMENS   ET   CONCOURS  397 

rue  de.  la  Bourse  ou  de  la  Paix,  ferniaient  leurs  portes  aux 
intrus,  tandis  que  ses  industriels,  sans  bruit,  éloignaient  de 
leurs  usines  rAlieniand,  e'est  dans  le  travail  obstiné  que  la  ville 
cliereliait  un  refnjje  contre  l'ennui  de  l'exil.  De  cet  effort,  il  est 
sorti  de  grandes  choses. 

VkhSION      ALLli.MANUi; 

<ie<n'niiiarliiie    and    znkiinflige    W'irlsvhajl 

Mit  lUeht  riilinien  wir  uns  unserer  Fal)rikation:.einiielilungcn  ; 
sie  sind  neuer,  l)esser  und  tlurehdaeliler  als  in  Mngland,  Fi'an- 
kreieh  iiiui  lielgien.  Vwd  dennoeh  :  welehe  Krlalirungen  \\  iirde 
niitn  niaihen,  wenn  nian  sic  \\'erli  fiir  Werk  (inrcliforsclUe,  ilie 
l'iraflaniagen  auf  ihren  Wirkungsgrad.  die  Arbeitsniaschinen  auf 
ihre  Lcislungsfaliigkeit,  den  Arbeitsvorgang  auf  seine  Wirtschafl- 
liclikeit  priifte.  Die  kalorische  Krafterzeugung  liât  in  /wei  .lalu- 
/cimlcn  iiiren  Wirkungsgr.ad  verdo|)|)elt,  die  Kosten  elektrisciun 
Slronies  iiahen  sich  gedrittelt  ;  die  Ivcnutnis  der  Transporteinrich- 
inngcn  ist  zu  einer  NN'issenschaft  ge\vorden  ;  es  gibt  wenig  Wrricii- 
liiiigen,  die  sich,  déni  (Irifl'  des  Maschinc  ent/.iehcn,  der  Arbeits- 
piozcsz  ist  ans  den  Hiinden  des  Wcrkmeistcrs  in  die  Aufsicht 
lies  Ingénieurs  und  Fabrikleiters  iibergegangen  ;  doch  aile  dièse 
l'oitschritte  sind  nur  einem  Teil  unserei-  (iiiterer/.eugung  zugiin- 
glicii.  In  einer  Zeit,  die  ans  deni  noIIcii  wirtschaflcn  durfte,  die 
luir  cine  Aufgabe  kannte  :  ^^'are  sciialVen,  war  es  \erzeih|licli, 
wciiM  Prodiizenten  auf  Vorteilc  \ei'ziciitelen,  die  eine  wisscns- 
tiiaftiiche  Technik  ihnen  von  Tag  zu  Tag  bot  ;  iiberdies  forderten 
ilicsc  \'erl)esserungen  Anlagckosten,  unil  bei  der  Zersplitlei'ung 
(1er  Krzeugung  in  willkiirlich  zerlegte  Hetriebe,  in  uniiberselibare. 
rypenniengcn  war  das  einzelne  Werk  nicht  inimer  stark,  nicht 
iniiner  konzentriert  genug,  uni  der  Kntwickelung  zii  folgen. 
N'crgeudete  es  Ai-beitskriifte  und  Matcrial,  so  war  das  ein  Scbadci 
fiir  das  Hrtriignis,  jedoch  ini  letztcn  Sinne  l'rivatsaehe.  Heute  ist 
jeder  Verlust,  .jede  Vcrschwendung  Sache  der  Genieinschift  ;  es 
bat  nieniand  niebr,  aiicii  wenn  er  es  bezablen  kann,  das  Recbt, 
eine  Maschinc  zu  bctreiben,  die  das  FiinfTache  des  Zuliissigen  an 
Ivohie  friszt,  so  wenig  wie  jcmand  das  I\echt  bat,  lirot  zu  zei- 
treten.  Hier  wird  eine  der  sittlichen  rnistellungen  fiiblbar,  die 
(lie  neue  Wirtscbaft  fordert.  Der  blosze  i\oblenvcri)raucb  Dculs- 
tiiiands  konntc  auf  die  Halfte  verringert  werden,  wenn  aile 
Hetriebe  wissensehaftlich  durebdrungen  und  geordnet  und  aile 
Kraftqucllen  crschlosscn  wùrden.  Dièse  Krspainis  abcr  wiirde  weii 
in  den  Schatten  gestcllt  dureh  den  Gewijin  an  Arbeit,  Matcrial 
und  Transport,  durch  die  Stcigerung  der  Leistungsfiihigkeil  und 
Umsatznienge,  wenn  die  Durcbforsehung  und  Reform  sich  zugleich 
auf   Lagc    uijd   Anlage,   auf   Einrichtung    und    Betrieb    crstrcckte. 

\V.    Rathenau. 

THÈME      ALLEMAND 

La    nouvelle    Reli(jiun 

Nous  croyons  savoir  ce  que  c'est  que  le  ])aliiotisme.  C'est  en 
iM-ancc  et  en  Angleterre,  avant  tous  les  autres  pays  de  l'Europe, 
que  la  conception  en  est  apparue  d'abord.  Et  on  nous  en  avait 
tant  parlé,  et  l'on  s'imagine  de  jios  .jours,  que  les  choses  vont 
si  vite,  qu'avant  cette  guerre  certains  la  considéraient  comme  une 
idée  (|ui  avait  fait  son  temps,  qui  était  dépassée,  presque  usée, 
devait  être,  dans  un  avenir  prochain,  remplacée  comme  moteur 
des  masses  humaines  par  une  nouvelle  mystique.  C'est  le  con- 
traire qui  est  la  vérité.  Nul,  il  y  a  quatre  ans,  n'avait  encore 
la  conscience  précise  des  formidables  sacrifices  qu'on  pouvait 
demander  à  tout   homme   sur  la  terre  au   nom   de   la   patrie.   Si   le 


398  LES   LANGUES   MODERNES 

mot  de  religion,  comme  l'affirmait  jadis  Brunetière,  vient  de  reli- 
gare,  le  qui  relie  les  hommes  entre  eux  —  étymologie  qui  par 
ailleurs  n'est  pas  très  sûre  —  le  patriotisme  est  la  religion  de 
rinimanité  contemporaine.  Elle  est  encore  dans  toute  sa  fleur, 
dans  toute  sa  force,  assez  jeune  pour  être  ardente  et  passionnée, 
assez  vieille,  et  par  conséquent  "  établie  »,  pour  demeurer  indis- 
cutable et  indiscutée.  Elle  est  la  borne  de  l'individualisme 
contemporain,  bien  qu'elle  s'en  réclame  :  "  Le  droit  des  peuples 
à  disposer  d'eux-mêmes  »  est  issu  du  droit  qu'on  reconnaît  à 
l'individu  de  disposer  de  lui-même.  Mais  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  nul  n'admet  que  le  devoir  envers  la  patrie  soit  aiïaire 
de  consentement  iiersonnel.  C'est  le  seul  cas  où  les  droits  de  la 
conscience  individuelle  s'évanouissent  devant  ceux  de  la  cons- 
cience collective.  Et  cela  est  si  évident  qu'alors  que  la  loi,  consa- 
crant le  vœu  de  l'opinion  universelle  du  monde  civilisé,  recon- 
naît à  tout  être  humain  le  droit  de  choisir  et  d'exercer  n'importe 
quelle  religion  ou  de  n'en  avoir  aucune  —  au  sens  ancien  qu'on 
donnait  à  ce  mot  de  religion  —  ni  la  loi,  ni  l'opinion  he  permet- 
tent nulle  part  qu'un  homme  déclare  ne  vouloir  reconnaître 
aucune  patrie  et  prétende  se  soustraire  aux  obligations  que  cette 
patrie  exige  :  obligations  terribles  et  qui  vont  jusqu'à  la  mort. 
Ceci  d'une  façon  si  nette,  si  claire,  si  impérative,  que  celui  qui 
donne  sa  vie  pour  sa  patrie  n'est  pas  considéré  comme  un  héros  : 
il  a  fait  ce  qu'il  devait,  voilà  tout  ;  tandis  que  le  martyr  (jui 
niarchait  au  supplice  pour  confesser  sa  foi,  bien  qu'il  accomplît 
un  devoir,  paraissait  cependant  illuminé  d'un  mérite  exception- 
nel,   il    entrait    au    nombre  des    saints. 

(Pierre    Mille). 

N.  1).  —  Les  candidats  devront  se  servir  de  l'écriture  alle- 
mande. 

COMPOSITION    p;n    langue    allemande 

(iœthc  soll  vom  Kohihaas  gesagt  haben  :  <•  .\rtig  erziihlt  und 
geistreich  zusammengestellt.  »  Was  halten  Sic  von  diesem 
Urteil  ? 

COMPOSITION      FHANÇAISE 
Sin    UNE    QUESTION    GÉNÉItÀLE    DE    MOHALE    OU    DE    LITTÉUATUKE 

Qut-T  est,  à  votre  avis,  le  poète  allemand  ou  français  qui  a  le 
mieux   décrit   les  caractères   de   femmes  ? 

Donnez  les  motifs  de  votre  opinion,  sans  craindre  d'établir  une 
comparaison  entre  les  deux  poètes  qui,  dans  chaque  nation  rcs-* 
pectivement,    vous    sembleraient    pouvoir    y    donner    lieu. 


Concours  d'adroissioo  à  l'Ecole  Polytechnique  (1920) 

VERSION    ANGLAISE    (1) 

'l'o  a  homeless  nian,  who  bas  no  spot  on  this  widc  wm'ld 
\vhicli  he  can  tiiily  call  bis  own,  thcre  is  i\  momentary  foeling 
f)f  soinethiiig  like  independence  and  territorial  conséquence, 
wheii,  after  a  weary  day's  travel,  hc  kicks  off  bis  boots,  thrusts 
bis  feet  into  slippers,  and  stretches  himself  bcfore  an  inn  fire. 
Let  the  world  without  go  as  it  may  ;  let  kingdoms  rise  or  fitll, 
so  long  as  he  bas  the  ^\1heI•c^vithal  to  pay  bis  bill,  he  is,  for  the 
time   being,    the    very    monarch    of   ail    he    surveys.   The   arm-chair 


(1)    Le   thème    sera    rétabli    au    prochain    concours. 


RXAMENS   ET   CONCOTHS  M9 

is  liis  lliioiie,  IIk'  poker  his  sceptre,  imd  tlic  little  parlour,  some 
twelve  feet  square,  his  oiitlisputed  empire.  H  is  a .  niorsel  of  eer- 
laiiity,  snafelied  from  Ihe  niidst  of  tlie  uneertainties  of  life  ;  it 
is  a  simny  inoiiienf  j^leaniing  ont  kiiully  on  a  eloiidy  day  ;  and 
Ile  wlio  lias  advanced  some  way  on  tlie  pili^riniai^e  of  existence, 
luiows  llie  importance  of  luisbandin},'  even  niorsels  and  momentv 
of  enjoyment.  •■  Sliall  I  not  taive  mine  ease  in  mine  inn  ?  » 
llionf^lit  l,  as  I  gave  tlie  lire  a  stir,  lolled  back  in  my  elbow-chair. 
and  east  a  complacent  look  about  the  little  parlour  of  the  Hed 
lloi'se,    at    Stratford-on-A\()n. 

Washinctox     InviNfl. 

VKIISIOX     A  I.M-:  M  A  M)i; 

Auf   (Icni    Siidfriedhof   in    Lille 

Friihlingsanfang  ! 

An  einem  Sonntag  kam  cr  in  diesem  .labre  /u  uns,  an  cincm 
waliren  Sonnentage  \  Wie  klar  die  Liift,  wie  warni  der  Sonne 
SIrahl  !  l'ber  Triimmer  und  Not,  wolbt  sieb  der  liebe,  blaue 
l'"riiklingshinimei  als  wiiszte  er  gar  nichts  voni  Kiend  dieser  har- 
len  Kriegstagc.  Wie  lockt  er  hinaus  in  das  griinende  Feld,  in  die 
wiedererwachte.  nacb  langeni  Schlafe  tief  aufaimende  Xatur  ! 
Im  Herzen  regt  sich  Frciuïe  und  Lust  und  wili  nicht  liinger  die 
Kessel  dulden,  in  die  Scbmerz  und  Herzeleid,  Triibsal  und  Krie- 
gesschrecken  sic  gcscblagcu.  Aber  sic  ist  zu  scbwach,  sie  kann. 
nicht  durchdringen.  Nein,  das  ist  kein  rechtcr  Friihling,  dcu  wir 
fern   von   der  Heimat,   im   F'eindesland   vcrleben    miissen. 

Ich  gelie  heute  einen  crnste  i  (laiig.  Zii  meiiien  Ki'.meraden  will 
ich,  zu  denen  da  drauszeii  ira  Siidfriedhof.  Vor  den  Toren  der 
Stadt,  auszerhalb  der  F\>stungswalie,  liegt  der  friedliche  Gotte- 
sacker.  Fùnfhundei't  Kameraden  môgen  hier  schlafen,  jenseits  von 
Kricg  und  Streit.  Da  ruhen  sic  still  beisammen  :  im  Kampfc  uni 
Lille  (icfallenc.  Viele  bii'gt  die  Krdc,  an  deren  Brust  das  schlichte 
Kreuz  von  Eisen  strahlte.  Einstnials  !  Der  Tod  keniit  nur  die 
Kreuze    auf   den    kleinen    brauncn    Hiigeln. 

N'eugierigc  Franzosen  gehen  voriiber,  schwatzend,  mùhsam  die 
Namen  der  Toten  entziffernd.  »  Très-triste  !  ■>  hore  ich  cine  Frau 
klagcn,  und  daneben  seufzt  ein  Weiszbiirtiger  :  «  Quel  malheur  !  » 
Ob  es  aufrichtig  gemeint  ist  ?  Wahrer  scheinl  mir  zu  sein,  was 
ich  aus  ihren  Mienen  lèse,  den  haszerfiilltcn  Wunsch  :  Miige  es 
(loch    alleu    Deutschen    so    crgehen  ! 

Ersatz-Reservist   O.   G.  (Lille   in   deutscher  Hand). 

Langue    vivante    faclltative  :    Thème 
La   fête    d'Inlerlaken 

Le  jour  de  la  fête,  le  temps  était  doux  mais  nébuleux.  Tous  les 
spectateurs,  au  nombre  de  près  de  six  mille,  s'assirent  sur  les 
hauteurs  en  pente,  et  les  couleurs  variées  des  habillements  res- 
semblaient, dans  l'éloignement,  à  des  fleurs  répandues  sur  la 
prairie. 

Lorsque  la  foule  des  spectateurs  fut  réunie,  on  entendit  venir 
de  loin  la  procession  de  la  fête,  procession  solennelle  en  effet, 
puisqu'elle  était  consacrée  au  culte  du  passé.  Une  musique  agréa- 
ble l'accompagnait  ;  les  magisti-ats  paraissaient  à  la  tête  des 
paysans  ;  les  jeunes  paysannes  étaient  vêtues  selon  le  costume 
ancien  et  pittoresque  de  chaque  canton  ;  les  bannières  de  chaque 
vallée  étaient  portées  par  des  hommes  à  cheveux  blancs,  habillés 
précisément  comme  on  l'était  il  y  a  cinq  siècles.  Une  émotion 
profonde  s'emparait  de  l'âme  en  voyant  ces  drapeaux  pacifiques 
qui  avaient  pour  gardiens  des  vieillards.  Le  vieux  temps  était 
représenté  par  ces  hommes  âgés  pour  nous,  mais  si  jeunes  en 
présence    des    siècles.  Mme   de    Staël. 


400  LES   LANGUES   MODERNES 

Concours  d'adn)issioo  à  l'Ecole  Navale  (1920) 

THK.Mi:     ANGLAIS     OL'     AI.LtMAM^ 

Dt'iJiiis  deux  heures,  nous  sommes  là,  enfermes,  par  ordre  du 
capitaine,  dans  la  batterie  basse  qui  nous  sert  de  dortoir.  Sur  le 
pont,  il  pleut,  et  de  temps  en  temps,  quand  le  quart  change,  on 
entend  une  cloche  cjui  sonne  dans  le  brouillard,  tout  au  bout  du 
navire.  Le  vent  fraîchit,  la  mer  grossit  et  le  navire  file  ;  nous 
devons  aller  très  vite.  On  entend  craquer  les  mâts,  crier  les  voiles  ; 
des  montagnes  d'eau  s'abattent  sur  le  pont  avec  un  bruit  de 
tonnerre  :  décidément  c'est  la  tempête.  Autour  de  moi,  il  y  en  a 
qui  ont  le  mal  de  mer,  d'autres  qui  ont  peur  ;  mais  cfiacun  essaie 
de  se  comporter  bravement  et  de  ne  rien  laisser  voir  de  ses  ter- 
reurs :  on  a  son  amour-propre,  n'est-ce  pas  ?  Et  puis,  on  se  sent 
en  bonnes  mains  :  le  capitaine  sait  son  métier,  et  les  matelots, 
avec  leurs  airs  tranquilles  et  leurs  yeux  clairs  bien  décidés,  vous 
inspirent  confiance.  11  fait  chaud  et  sec,  dans  notre  prison  d'un 
jour,  mais  eux,  tandis  que  le  vent  creuse  de  grands  trous  noirs 
où  la  frégate  plonge  en  frémissant,  ils  sont  pendus  là-haut,  au 
bout  des  vergues,  entre  ciel  et  eau.  à  rouler  les  lourdes  toiles 
raidies  par  la  pluie.  Ah  !  ("/est  une  dure  vie  que  la  leur  !  Et 
jiourtant  ils  ne  se  ])laignenl  pas.  ils  font  leur  devoir  simplement, 
en    héros    inct)nnus. 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  Vir,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  0fr.50  la  ligne. 

1.  Professeur  diplômé  (Oxford),  veut  recevoir  pensionnaires  dans  sa 
maison.  \'ie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Ucférences 
excellentes.  S'adresser  :  M.  A.,  28,  Woodbastwich  Uoad,  Sydenham, 
Londres. 

2.  Villa,  (i  pièces.  Ti  louer  meublée  (.'>  lits)  de  juin  à  octobre.  Boni 
de  la  *mer.  2.000  francs.  Colleville-sur-mer  (Calvados).  S'adresser  ;t 
Mme  Meister,  71,  rue  Servan,  Paris  \I%  ou  à  M.  Commarmond,  '.M, 
rue  des  Martyrs,  Paris  IX*-. 

3.  Je  cherclie  à  aciietcr  les  tomes  1(1,  17,21,  28,  .'50,  39.  10  et  liegister- 
Band  de  Cœllie,  Jiihilnrnnis-.Ansgabe.  Ecrire  à  Mlle  Iiian(iiiis,  pmf. 
lycée  de  jeunes  filles,  Reims. 

4.  Céderai  prix  avant-guerre  (7.50)  plus  port  :  Ilislnrical  Oiillincs  of 
F.nglisli  Stinta.r  &.  Acridence,  de  Kelliier  ;  excellent  état.  Ecrire  :  Mlle 
Tréglos,  Le  Dorât.  Hte-\'icniic. 

Le  Gérant  :  A.  (^ou  es  la  NT. 


CAHORS,  iMP.  couESLANT  (personnel  intéressé).  —  23.089 


Dix-huitième  année.  —  N»  5  Septembre-Octobre  ipao 

Les 

Langues  Modernes 


Le  Secrétaire  Général  el  la  Trésorière  prient  instamment 
leurs  collègnes  de  leur  sif/naler  leurs  changements  d'adresse  ou 
de  situation,  afin  d'éviter  la  perte  de  la  revue. 

La  Trésorière  (M"''  Ledoux,  30,  R,  Chevert,  Paris,  7"), 
rappelle  aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de 
chèques  postaux  lui  est  ouvert  sous  le  /i"  151-11  par  le  bureau  de 
Paris.  Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant 
de  leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  titre 
de  reçus  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,  ainsi  qu'à  la  Société  des  frais  de  correspondance. 


<«>- 


A  nos  Collaborateurs 


La  Rédaction  est  à  soia  grand  regret  contrainte,  par  une  augmenta- 
tion subite  et  considérable  du  prix  du  papier,  de  demander  aux  colla- 
borateurs qui  ont  si  largement  répondu  à  son  appel  de  février  dernier, 
un  effort  supplémentaire  de  condensation,  tant  en  ce  qui  concerne 
les  articles  indépendants  que  les  comptes  rendus  bibliographiques  ou 
corporatifs. 

L'étendue  des  Chroniques  Etrangères  doit  être  au  maximum  de 
quatre  pages,  et  d'une  demi-page  en  moj'enne  celle  des  comptes  ren- 
dus critiques.  A  ce  prix  seulement  ne  sera  pas  rompu  l'équilibre 
entre  la  pai'tie  corporative  et  l'information  professionnelle,  qui  sont 
également  essentielles  à  la  vie  et  à  l'intérêt  de  la  revue. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Réunion  du  Comité 


Le  Comité  s'est  réuni  le  27  juin,  à  9  heures  du  matin,  au  lycée 
Montaigne,  sous  la  présidence  de  M.  Veillet-Lavallée,  président 
de  TAssociation.  Assistaient  à  la  séance  :  MM.  Bloch,  Boussagol, 
Mlle  Brunel,  M.  Delobel,  Mlle  Demmer,  MM.  Duvergé,  Goy,  Guil- 
lotel,  d'Hangest,  Mlle  Ledoux,  M.  Montaubric,  M.  Potel,  inspec- 
teur général  de  l'Enseignement  secondaire,  M.  Rancès,  délégué  au 
(lonseil  supérieur  de  l'Instruction  publique,  M.  Rouge,  professeur 
de  littérature  allemande  à  la  Sorbonne,  M.  Hirtz,  délégué  de  la 
Régionale  de   Poitiers. 

Excusés  :    MM.   Carillon,    Cart,    Martin. 

M.  Veillet-Lavallée  ouvre  la  séance  en  remerciant  M.  l'Inspecteur 
général  Potel  d'avoir  bien  voulu  assister  à  cette  séance  et  d'avoir 
donné  ainsi  une  nouvelle  marque  d'intérêt  à  cette  association 
dont  il  est  un  des  fondateurs  ;  il  remercie  également  M.  Rancès 
d'avoir  tenu  à  venir  nous  donner  des  précisions  sur  les  projets 
dont  le  Conseil  supérieur  va  être  saisi  et  M.  Montguillon,  Profes- 
seur à  TE.  P.  S.  du  Havre,  dont  l'activité  inlassable  a  singulière- 
ment secondé  ses  efforts  de  propagande  et  de  défense  des  L.  V. 
dans    l'Enseignement    primaire. 

Il  donne  lecture  ensuite  des  passages  essentiels  d'une  lettre 
de  M.  P.  Legouis  (de  Lyon)  demandant  au  nom  de  sa  régionale 
l'ajournement  des  nouvelles  épreuves  du  baccalauréat  et  invitant 
notre  bureau  à  émettre  un  vœu  en  ce  sens.  M.  Rancès,  à  qui  une 
lettre  pareille  a  été  adressée,  répond  qu'un  tel  vœu  ne  produirait 
aucune  impression  sur  le  Conseil.  Ce  serait  en  effet  lui  deman- 
der le  maintien  du  statu  qiio  ;  or  la  décision  du  C.  de  l'I.  P.  a  été 
prise  conformément  au  vœu  de  300  collègues  s'opposant  formel- 
lement à  ce  statu  quo.  C'est  en  leur  nom  qu'il  a  défendu  nn 
projet  dont  il  n'était  pas  partisan.  De  plus,  c'est  à  peine  si  l'on 
peut  compter  au  Conseil  4  partisans  avérés  du  statu  quo  qui  a  eu 
contre  lui  l'administration  tout  entière.  Nous  risquerions  d'autre 
part  de  produire  une  impression  fàcheiise  sur  le  Conseil  en  lui 
demandant  de  se  déjuger  avant  même  que  le  nouveau  système 
ait  été  essayé.  Nous  sommes  en  présence  d'une,  décision  prise  de 
propos    délibéré  !    Ce    qu'il    faut,    c'est    prendre    des    mesures    pour 


DL'LLEVIN   DE  L'ASSOCIATION  103 

que    nos    méthodes    actives    s'accommodent    de    la    nouvelle    situa- 
tion :    c'est    le    rôle    de    l'inspection    générale,    et    non    le    nôtre. 

M,  Potel  partage  l'avis  de  M.  Rancès  ;  il  est  au  moins  inutile 
de  présenter  actuellement  le  vœu  de  M,  P.  Legouis.  Le  Conseil 
Supérieur  aurait  rimpression  qu'on  veut  maintenir  une  épreuve 
discréditée  et  condamnée.  Nous  garderons  de  l'ancien  examen 
le  souvenir  et  le  regret  de  quelques  bonnes  copies,  sans  oublier 
que  la  majorité  des  devoirs  était  d'une  extrême  faiblesse. 
L'administration  a  fait  opérer  des  prélèvements  parmi  les  com- 
positions faites  dans  les  différentes  académies,  et  de  l'examen 
des  copies  s'est  dégagée  l'impression  que  la  moyenne  était  des 
plus    faibles. 

La  demande  de  retrait  du  décret  produirait  un  effet  déplorable 
sur  le  Conseil  Supérieur  et  sur  l'opinion  publique.  Au  cours  de 
sa  tournée  M.  Potel  a  constaté  que  les  professeurs  paraissaient 
résolus  à  s'accommoder  du  nouveau  programme  et  ne  manifes- 
taient nullement  l'émotion  des  professeurs  de  Paris.  Il  est  con- 
vaincu que  l'essai  des  nouvelles  épreuves  mettra  les  choses  au 
point.  Il  faudra  seulement  ne  pas  recourir  trop  tôt  aux  exercices 
de   traduction. 

Notre  enseignement  se  transforme  constamment.  Dcijuis  40 
ans  l'épreuve  de  langues  jtivantes  a  été  fréquemment  modifiée 
sans  que  nos  études  aient  été  pour  cela  compromises.  Nous 
ferons  loyalement  l'essai  de  l'épreuve  nouvelle  ;  M.  Potel  est 
pour  sa  part  convaincu  qu'elle  donnera  de  bons  résultats  pourvu 
qu'au  baccalauréat  les  examinateurs  n'en  affaiblissent  pas  lu 
portée    par    une     indulgence    excessive. 

M.  Rdncès  apprend  au  comité  que  l'arrêté  ministériel  imposant 
deux  langues  vivantes  au  concours  d'entrée  des  gi'andes  écoles  a 
été  retiré  ;  les  Conseils  de  perfectionnement  des  grandes  Ecoles 
se  sont  prononcés  en  faveur  du  statu  quo.  M.  Rancès  a  fait 
observer  que  ce  statu  quo  entraînerait  forcément  l'affaiblisse- 
ment continu  et  peut-être  la  mort  de  l'enseignement  de  l'alle- 
mand. Il  a  demandé  officiellement  que  les  professeurs  de  Lan- 
gues Vivantes  soient  entendus  par  les  conseils  de  perfection- 
nement des  grandes  Ecoles,  si  la  question  leur  est  soumise  à  nou- 
veau par  le  ministre  de  la  guerre»  Certains  membres  du  Conseil 
de  perfectionnement  de  l'Ecole  Polytechnique  voudraient  qu'on 
arrivât  à  maintenir  une  proportion  une  fois  admise  entre  les 
élèves  d'allemand  et  d'anglais  ;  il  suffirait,  pour  cela,  croient- 
ils,  de-  donner  à  l'allemand  un  coefficient  préférentiel  qui  pour- 
rait varier  chaque  année  selon  que  diminuerait  ou  croîtrait  le 
nombre  des  candidats  inscrits  pour  cette  langue.  Si  coefficient 
il  y  a,  M.  Rancès  voudrait  pour  l'établir  une  entente  cordiale 
cnlre    les    i)rofesscurs    d'allemand    et    d'anglais. 

M.  Potel  déclare  1°  que  dès  l'an  prochain  le  thème   sera  rétabli 


404  LES    LANGUES   MODERNES 

au  concours  d'enti'ée  de  TEcole  poljtechnique"  ;  2°  que  les  nou- 
velles instructions  introduisent  à  l'oral  les*  langues  facultatives 
et  permettront  au  candidat  d'être  interrogé  sur  une  deuxième 
langue  étrangère.  Le  coefficient  de  l'épreuve  facultative  sera 
assez    élevé. 

M.  Rancès  rappelle  que  M.  Bloch  a  été  saisi  d'un  vœu  deman- 
dant qu'il  y  ait  aux  grandes  écoles,  des  examinateurs  différents 
pour  chaque  langue  ;  il  est  entièrement  d'accord  avec  les  pro- 
moteurs de  ce  vœu  :  il  vaudrait  infiniment  mieux  qu'il  y  ait 
deux  examinateurs,  mais  il  est  convaincu  qu'on  se  heurtera  con- 
tre une  opposition  formelle  de  l'Administration  .de  la  guerre 
fondée    sur    des    raisons    d'économie    et    d'organisation    pratique. 

.V.  Potel  est  favoi'able  à  ce  vœu  et  fera  son  possible  pour  l'ap- 
puyer. 

M.  Rancès  expose  ensuite  les  traits  essentiels  des  projets  qui 
vont   être   discutés   par   le   C.   S. 

Le  projet  de  reforme  de  la  Licence  es  lettres  implique  un 
système  tout  à  fait  nouveau  de  certificats  à  obtenir  par  le 
candidat.  II  faudra  4  certificats  pour  obtenir  le  diplôme  de  Licen- 
cié, el  il  y  aura  d°ux   sortes  de  .Licence. 

«)  Une  licence  «  omnibus  >>  comportant  4  certificats  au  choix 
du  candidat.  Deux  de  ces  certificats  pourront  être  pris  dans  une 
autre  Faculté,  et  même  dans  une  Université  étrangère.  Il  s'en- 
suit qu'on  pourra  désormais  être  licencié  sans  latin  :  ceci  pour 
faciliter  l'accès  du  grade  aux  étrangers  et  aux  membres  de  l'En- 
seignement  primaire. 

b)  Une  licence  dite  «'  d'enseigneihent  »,  ne  pouvant  être  accor- 
dée que  si  le  candidat  a  obtenu  quatre  certificats  spécifiés  par  le 
Décret    lui-même. 

Pour  les  Langues  Vivantes  "  ces  certificats  représentent  des 
épreuves  très  sérieuses  et  difficiles.  On  sent  que  les  programmes 
ont  été  établis  par  des  hommes  compétents,  et  ils  constituent 
un    indéniable   progrès    sur   ce    qui    existe   actuellement. 

Le  seul  point  qui  paraisse  inquiétant  dans  le  nouveau  projet, 
c'est  qu'il  ne  spécifie  pas  que  la  licence  d'enseignement  soit 
exigible  d'une  part  à  l'Agrégation,  de  l'autre  au  Doctorat  d'Etat. 
11  faudra  faire  préciser  les  tlcux  points.  En  ce  qui  concerne 
l'Agrégation,  il  ne  semble  pas  qu'il  puisse  y  avoir  la  moindre 
difficulté,  mais  il  pourrait  bien  n'en  être  pas  de  même  pour  le 
Doctorat.  Aussi  M.  Rancès  a-t-il  l'intention  de  poser  la  question 
préalable  :  envisage-t-on,  en  manière  de  corollaire  au  projet 
actwel,  la  création  d'un  double  doctorat  ;  le  premier  consécutif 
à  la  Licence  d'Enseignement,  et  donnant  seul  accès  à  l'Enseigne- 
ment Supérieur  ;  le  second  attribuable  aux  autres  licenciés,  et 
remplaçant  le  doctorat  d'Université,  complètement  discrédité 
chez   nous   et    à    l'étranger.   —   De    la    réponse   qui    sera    faite   par 


BILLETIN  DE  L'ASSOCIATION  405 

l"A\iminislration  dépendra  son  vote,  car  il  juge  indispensable 
d'obtenir  les  garanties  nécessaires  pour  que  ne  puisse  entrer 
dans  l'Enseignement  supérieur,  comme  dans  l'Enseignement 
secondaire,  un  candidat  dénué  de  la  culture  générale  qui  lui 
parait    indispensable. 

•  M.  Delobcl  considère  qu'il  est  essentiel  qu'il  y  ait  une  sépara- 
tion nette  entre  la  licence  sérieuse  pour  les  futurs  professeurs 
et  la  licence  pour  amateurs  ;  il  désire  que  d'autre  part,  le  cer- 
tificat   secondaire   soit   maintenu. 

M.  Ditvergé  demande  lui  aussi  s'il  y  aura  une  étiquette  assez 
caractéristique  pour  différencier  les  deux  licences  et  ce  que 
tieviendra    le    certificat. 

.1/.  Rtincès-  répond  qu'il  fera  tout  ce  qui  est  en  son  pouvoir 
pour  qut  la  séparation  soit  nette.  Au  reste,  le  projet  prévoit 
qu'on  exigera  de  tous  les  candidats  à  la  licence  d'Enseignement 
un  certificat  de  culture  générale,  dont  seraient  dispensés  les 
admissibles  au  concours  des  Bourses  de  Licence  et  de  Sèvres  : 
il  prévoit  sur  ce  point  une  grosse  bataille  ;  avee  tous  ses  collè- 
gues de  TEnseignenient  Secondaire  il  votera  pour  qç  certificat, 
mais  pour  des  motifs  différents,  les  délégués  du  Primaire  et  du 
Supérieur    le    coniibattront     avec    a/rharnement. 

En  ce  qui  concerne  le  certificat,  ce  n'est  qu'après  l'organisa- 
tion de  la  nouvelle  licence  qu'il  faudra  s'en  occuper  et  demander 
le  renforcement  de  certaines  épreuves,  et  l'adjonction  de  cer- 
taines autres  :  la  lecture  expliquée,  par  exemple.  Pour  le  moment 
il  lui  paraît  que  le  nouveau  projet  est  à  approuver  sans  discus- 
sion,   sauf   au   cas   où   la    Licence     •   omnibus   ■>    permettrait   l'accès 

•  de  l'Enseignement  Supérieur.  11  ferait  alors  une  opposition  achar- 
n  l'x.'. 

Ces  déclarations  ayant  été  approuvées  à  l'unanimité  par  le 
•comité,  M.  Rancès  expose  la  substance  des  projets  relatifs  à 
l'enseignement  primaire.  L'un  de  ces  projets  était  attendu  ;  de 
concei't  avec  le  bureau  de  l'Association  il  a  fait  à  ce  sujet  des 
démarches  auprès  du  Directeur  de  l'enseignement  primaire 
auquel  MM.  Veillet-Lavallée.  Boussagol  et  lui,  ont  exprimé  leurs 
inquiétudes.  Ils  savaient  que  le  Directeur  de  l'Enseignement  pri- 
maire voulait  rendre  facultatif  l'enseignement  des  langues  vivan- 
tes dans  les  Ecoles  Normales,  mais  il  leur  avait  promis  de  ren- 
forcer cet  enseignement  dans  les  E.  P.  S.  11  y  a  une  quinzaine  de 
jours,  le  bruit  se  répandit  que  là  aussi  des  changements  devaient 
avoir  lieu.  En  l'absence  du  Directeur,  M.  Rancès  ne  put  obtenir 
auclin  renseignement  dans  les  bureaux,  où  on  lui  affirma  qu'au- 
cune modification  à  l'état  de  choses  actuel  n'était  prévue.  Ce  n'est 
que  mardi  dernier,  21  juin,  qu'il  a  eu  communication  du  projet 
de  réforme,  rendant  l'enseignement  des  langues  vivantes  facultatif 
dans    l'enseignement    primaire    supérieur,    sauf    dans    la    2'    et     8' 


406  LES    LANGUES    MODERNES 

année  de  la  Section  Commerciale.  C'est  là  un  des  coups  les 
plus  graves  qui  aient  jamais  été  portés  à  notre  enseignement. 
Une  réunion  des  représentants  les  plus  qualifiés  de  l'E.  P.  S.  à 
Paris  eut  lieu  aussitôt  chez  le  président  de  notre  association  et 
d'un   commun   accord   on   établit   un   plan   de   défense. 

En  ce  qui  concerne  les  Ecoles  Normales  le  principal  argument* 
de  M.  Lapie  porte  sur  la  nullité  des  résultats  obtenus  par 
notre  enseignement,  mais  il  faudrait  pour  juger  de  cet  argu- 
ment, savoir  sur  quels  rapports  il  est  fondé  ;  sur  quelles  décla- 
rations de  Directeurs  ou  de  Directrices  hostiles  à  cet  enseigne- 
ment. De  toute  manière  on  peut  leur  opposer  les  opinions  de 
M.  l'Inspecteur  Général  Guillaume  et  de  M.  Gricourt,  qui  tous 
deux  s'occupent  de  cet  enseignement  depuis  de  si  longues  années, 
et  un  seul  fait  suffirait  à  prouver  les  résultats  obtenus  rien  que 
pour  l'Anglais  :  500  instituteurs  ont  demandé  des  bourses  de 
voyages   et    d'études   à   l'étranger   en    1920. 

Quant  aux  arguments  en  faveur  de  l'obligation  de  renseigne- 
ment des  L.  V.  nous  n'avons  qu'à  les  chercher  dans  les  collections 
de  notre  bulletin  ;  dès  la  1'"  année  de  son  existence  nos  collègues 
Simonnot  et  Jost  ont  publié  des  articles  essentiels  en  ce  sens.  Si 
nous  sommes  battus  dans  notre  défense  des  L.  V.  dans  les  écoles 
normales,  notre  défaite  entrahiera  la  suppression  de  notre 
enseignement  dans  une  grande  partie  de  l'enseignement  libre  ; 
elle  entraînera  une  diminution  de  notre  enseignement  dans  tous 
les  établissements  de  jeunes  filles  et  aura  surtout  une  répercus- 
sion "très    grave    en    prpvince. 

L'expérience    personnelle    de    M.    Rancès    lui    fait    ajouter    qa'un 
enseignement   facultatif   est  bien   près   de   disparaître,   et   que   par-  . 
tout    où     il    la    gênera,    l'administration     aura    bientôt    fait    de    le 
supprimer. 

Que  •  dire,  à  plus  forte  raison,  du  projet  tendant  à  rendre 
facultatif  l'enseignement   des   L.  V.   dans   les   E.   P.   S.  ? 

Au  point  de  vue  de  la  culture  générale  comme  au  point  de 
vue  purement  utilitaire  et  pratique,  il  semble  inouï  de  vouloir 
restreindre  l'enseignement  des  Langues  \'ivantes  dans  le  type 
même  d'écoles  où  elles  sont  les  plus  indispensables.  Les  argu- 
ments sont  si  nombreux  qwe  la  seule  difficulté  sera  de  choisir 
les  plus  toprtiues  devant  le  Conseil.  Un  seul  suffira  aujourd'hui  : 
les  L.  V.  ont  toujours  été  considérées  comme  le  pont  naturel 
entre  l'Enseignement  Primaire  et  le  Secondaire  :  grâce  à  elles, 
tout  garçon  intelligent  pouvait  bifurquer  à  son  heure  :  il  se 
pourrait  désormais,  si  brillant  qu'il  soit,  que  l'accès  du  Sec-on- 
daire  lui  soit  fermé  parce  que,  mal  informé  ou  mal  conseillé,  il 
aura    négligé    d'apprendre    une    Langue    Vivante. 

Quel  sera  le  sort  du  projet  ?  Ce  sera  surtout  des  délégués  de 
l'Enseignement    Primaire    que    dépendra    l'échec    ou    le    succès    des 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  407 

projets  Lapic  :  ce  sont  eux  qui  feront  la  majorité  à  la  (com- 
mission. M.  Rancès  les  connaît  assez  pour  espérer  que  leur  vote 
nous  sera  favorable  néanmoins,  et  les  verra  dès  demain.  11 
regrette  qu'il  ait  été  impossible  de  prévenir  qui  que  ce  soit,  ni 
d'organiser  aucun  mouvement  de  protestation.  Ce  projet  aura  été 
déposé  sans  qu'on  ait  eu  le  temps  de  consulter  les  .\ssociations 
professionnelles,  alors  que  l'.Administration  déclare  chercher 
l'appui    du    personnel    enseignant    et    sa    collaboration. 

Le  Comité  peut  compter  que  le  délégué  des  L.  V.  fera  l'impos- 
sible pour  faire  échouer  un  projet  aussi  néfaste.  Mais  il'  faut 
compter  que  la  bataille  sera  rude,  et  l'issue  n'en,  est  aucunement 
certaine. 

M.  Veillet-Lavallée  remercie  M.  Haucès  de  ses  déclarations,  il 
s'est  adressé  à  tous  les  collègues  qu'il  a  pu  atteindre,  et  à  quel- 
ques personnages  politiques  dont  l'action  sera  peut-être  efficace. 
II    propose    l'ordre   du    jour    suivant  : 

L'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'En- 
seignement public,  après  une  discussion  à  laquelle  ont  pris  part 
.MM.  Rancès,  membre  du  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publi- 
que,  et   Rouge,   professeur   à   la    Sorbonne, 

regrettant  que  les  projets  de  décret  relatifs  aux  futurs  pro- 
grammes des  Ecoles  Normales  d'instituteurs  et  d'institutrices,  et 
des  Ecoles  Primaires  Supérieures,  aient  été  élaborés  en  dehors 
de  toute  consultation  des  milieux  compétents  et  des  groupe- 
ments   professionnels    intéressés, 

affirmant  la  solidarité  des  quatre  ordres  d'Enseignement 
(Supérieur,  Secondaire,  Primaire,  Techniquei,  dans  cette  question 
qui  intéresse  au  plus  haut  point  l'avenir  des  Langues  Vivantes 
dans    tout    l'Enseignement    public, 

proteste  énergiquement  contre  toute  décision  qui,  rendant 
facultative  dans  les  Etablissements  indiques  plus  haut,  l'étude 
des  Langues  Vivantes,  porterait  ainsi  un  coup  mortel  à  cet  Ensei- 
gnement, diminuerait  le  pouvoir  d'expansion  économique  du 
pays,  amoindrirait  la  culture  donnée  jiux  enfants  du  peuple  et  de 
la  petite  bourgeoisie,  irait  à  l'encontre  des  tendances  modernes, 
et  plus  particulièrement  des  projets  de  coordination  et  de  démo- 
cratisation  de   l'Enseignement   national. 

L'ordre    du    joiir    est    adopté    à    l'unanimité. 

M.  Boussagol  remet  une  note  sur  les  variations  de  paiements 
des  heures  supplémentaires.  M.  V.-Lavallée  fera  les  démarches 
et    demandera    les    vérifications    nécessaires. 

M.  Rouge  s'excuse  et  regrette  d'arriver  après  la  clôture  de  la 
discussion,  mais  la  convocation  ne  l'a  touché  que  tout  à  l'heure. 
11  n'a  donc  pas  pu  prendre  l'avis  de  ses  collègaes.  croit  cependant 
pouvoir    dire    que    plusieurs    germanistes    de    l'enseignement    supé- 


408  LES   LANGUES   MODERNES 

rieur  sont  comme  lui  partisans  de  toute  mesure  facilitant  pour 
les  capacFtés  le  passage  d'un  étage  de  renseignement  à  l'autre.  • 
S'ils  y  sont  portes  par  des  principes  généraux,  ces  principes  ont 
été  conflrmés  par  des  expériences  strictement  professionnelles. 
Dans  ces  dernières  années  ils  ont  constaté  aux  examens  et  con- 
cours de  tous  degrés  maint  brillant  succès  de  candidats  venus 
de  l'enseignement  primaire  supérieur.  On  en  peut  conclure  qu'il 
serait  fâcheux  de  supprimer  cette  base  de  recrutement,  puisque 
rétrécir  le  champ  de  la  sélection,  c'est  risquer  de  diminuer  la 
sélection   elle-même. 

La    séance    est    levée    à    11    heures. 


Rectifications  à  l'Annuaire 


M.   Bonnard    est    professeur    au    Collège    de    Châlons-sur-Marne. 

M.  Maurice  Bourgeois,  ancien  élève  de  l'Ecole  Normale  Supé- 
rieure, agrégé  d'anglais,  est  chef  de  la  Section  britannique  et 
américaine   aux  Bibliothèque   et   Musée   de   la  Guerre,   à   Paris. 

M.   Biirghnrd    est    professeur    au    Lycée    St-Louis. 

M.  Cbaiifoiir  est  professeur  à  l'Ecole  Normale  Sultan ieh  au 
Caire. 

M.    Demolon    est    professeur    d'anglais    au    Lycée    Voltaire. 

M.  Diichemin  est  professeur  à  l'Ecole  Arago  et  à  l'Ecole  Supé- 
rieure  de   Commerce    et    d'Industrie    à   Paris. 

M.  Foot  nous  prie  de  faire  savoir  qu'il  est  professeur  privé, 
a,  rue  Balay,  St-Etienne,  qu'il  n'a  aucun  lien  avec  le  Ijxée,  et 
que  l'erreur  qui  lui  est  attribuée  nous  est  imputable  ;  nous  nous 
en   excusons   ici   bien   volontiers. 

M.   Liacos   est   professeur,    13,   rue    Ipapantis   à   Saloniquc. 

Mlle  Xerson  est  professeur  à  l'Ecole  Technique  Municipale  de 
jeunes    filles    à    Lyon. 

M.   Rigoiidières   est   professeur   au   Lycée   de'  Cahors. 

Mlle   Saiizel   est    institutrice   à   Jaujac   (Ardècheh 


Adhésions  nouvelles 


.V.  le  D'  l).-B.  Anthony,  Maida-Vale,  Londres  ;  Associalion  des 
Sténoyrnphes  polyglottes,  30,  rue  de  Bourgogne,  Paris  ;  Mlle  Cow- 
bebias,  prof.  E.  P.  S.  (J.  f.),  Clermont-Ferrand  ;  Mlle  Comberolle, 
prof.  E.  P.  S.  (j.  f.),  Clermont-Ferrand  ;  M.  Gniran,  prof.  L\'céc 
•Avignon  ;  M.  Monin,  prof.  Coll.  Antibes  j  M.  Ragoût,  prof.  E.  P.  S. 
Chasseneuil-sur-Bonnieux  (Charente);  M.  Rascol,  Directeur  E.  P,  S. 
Albi  ;  Istiliito  Tecniva  Fnsinieri,  Vicenza  (Italie)  ;  .l///e  Chalard, 
professeur  E.  P.  S.  (j.  f.),  La  Rochelle  ;  M.  Richard,  prof.  E.  P.  S. 
(g.i,  Mézières  ;  Mlle  Villemot,  pvof.  E,  P.  S.  (j.  f.),  Valognes  ; 
Mlle  Vanqiiais,  prof.  E.  P.  S.  (j.  f.),  St-Céré  :  Mlle  Dccollogny. 
prof,   au    Lycée   Ampère,   Lyon. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  409 

Situation  de  la  Société  au  V  octobre  1920 


Total   des   Abonnés   et   Sociétaires  :    J.007 

Rcjiurtition    il^s   Sociétaires  : 

Enseignement    supérieur    34 

Enseignement    secondaire  : 

Lycées    384 

Collèges   143 

Enseignement    féminin     ;  .  .  .  134 

Enseignement    primaire    supérieur     188 

Total    883 


Nous  avons  reçu  de  M.  F".  Piquet,  professeur  de  langue  et  Jitté- 
rature   allemandes   à   l'Université  de  Lille,  la   lettre   suivante: 

.    MONSIIîl'U     i.v.    Phésident, 

D'une  lettre  que  je  viens  de  recevoir  de  M.  le  Président  de  la 
Fraternelle  des  Régions  libérées  (9,  boulevard  Vauban,  Lille),  il 
résulte  que  la  somme  de  deux  cents  francs  mise  à  sa  disposition 
par  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  a  été 
distribuée  le,  3  août  1919  aux  pauvres  de  La  Bassée.  Cette  loca- 
lité est  une  de  celles  qui  ont  été  le  plus  cruellement  éprouvées 
par  la  guerre.  Ses  habitants  - —  ceux  qui  restaient  —  étaient 
pour  la  plupart  dans  un  dénuement  absolu.  Il  a  paru  à  la  Fra- 
ternelle que  soulager  ces  infortunes  dans  la  mesure  du  possible 
était   répondre   aux   généreuses   intentions  des   donateurs. 

M.  le  Président  de  la  Fraternelle  me  charge  d'exprimer  sa  gra- 
titude à  l'.Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes.  Per- 
mettez-moi de  vous  répéter  que  nous  avons  été  ici  profondément 
émus  du  sentiment  si  touchant  auquel  l'Association  a  obéi,  et 
que   nous   en   conserverons   précieusement    le    souvenir. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Président,  l'expression  de  mes 
sentiments    les    plus    distingués. 

F.     PlQVET. 

Lille,    IV,   juillet    1920. 


L'étude   de   TAllemand 


Dans  le  numéro  de  juillet-aoûf,  le  Comité  avait  annoncé  son 
intention  d'obtenir  de  personnalités  éminentes  des  déclara- 
tions qui  indiqueraient  aux  familles  tout  le  danger  que  fait 
courir  au  pays  l'abandon  de  l'étude  de  l'allemand.  Nous  som- 
mes heureux  de  publier  aujourd'hui  la  belle  lettre  que 
M.  Raymond  Poincaré  a  bien  voulu  adresser  au  président  de 
l'Association.    Tous   les    professeurs    de   langues  vivantes   lui 


410  LES   LANGUES   MODERNES 

seront  reconnaissants  de  nous  avoir  donné  si  pleinement 
l'appui  de  sa  haute  autorité  pour  seconder  nos  efforts  au  sujet 
de  l'allemand  et  pour  marquer  l'intérêt  national  que  présente 
l'étude  des  langues  et  des  littératures  étrangères. 

Lettre  de  M.  Rayn()oi)d  Poiqcaré  (1) 

ancien  Président  de  la  République 
à  M.  Veillet-Lavallée,  Président  de  l'Association 

17  jiiillel  19W. 
«  Monsieur  le  Président, 

«  Vous  avez  bien  voulu  me  demander  mpn  sentiment  sur  un 
problème  qui  préoccupe  vivement  votre  Association,  celui  des 
études  allemandes  en  France. 

«  Pour  quiconque  examine  de  sang-froid  cette  question,  il 
ne  peut  y  avoir,  à  mon  avis,  aucun  doute  sur  la  réponse. 

«  Qu'un  certain  nombre  de  Français  aient  eu  avant  la  guerre, 
un  goût  excessif  pour  les  méthodes  germaniques,  qu'ils  se 
soient  exagéré  comme  à  plaisir  la  grandeur  de  la  science  alle- 
mande et  la  beauté  des  lettres  allemandes,  c'est  un  fait  que  je 
me  garde  de  nier  et  dont  nous  n'avons  pas,  je  pense,  à  crain- 
dre le  retour.  Mais,  pour  éviter  de  retomber,  après  la  victoire, 
dans  le  même  travers  qu'après  la  défaite,  allons-nous  commet- 
tre la  faute  inverse  et  ignorer  de  parti-pris  la  langue  et  la  civi- 
lisation de  ceux  que  nous  avons  vaincus?  Nous  devons  occuper 
pendant  quinze  ans  au  moins  la  rive  gauche  du  Rhin  ;  nous 
devons  réapprendre  le  français  à  une  partie  tie  l'Alsace  qui  a 
perdu  l'habitude  de  le  parler  ;  nous  avons  une  œuvre  de 
longue  haleine  à  poursuivre  dans  la  Sarre  ;  nous  pouvons 
créer  en  Allemagne  des  entreprises  françaises  et  y  développer 
notre  influence  économique.  S'imagine-t-on  qu'il  soit  indiffé- 
rent de  savoir  la  langue  allemande  pour  réussir  dans  ces 
tâches  diverses? 

«  Mais  si  importantes  que  soient  ces  considérations  d'or- 
dre pratique,  elles  ne  sont  pas  les  seules.  Pour  dominer  la 
science  allemande,  rtous  avons  besoin  de  la  connaître.  Pour 
maintenir  l'indépendance  et  la  supériorité  même  de  notre 
littérature,  nous  ne  devons  pas  fermer  les  yeux  sur  les  littéra- 
tures étrangères,  pas  plus  sur  l'allemande  que  sur  les  autres. 
C'est  par  opposition  au  non-moi  que  le  moi  prend  le  mieux 
conscience  de  lui-même. 


(1)  Cette  lettre  a  été  communiquée  par  les  soins  de  l'.Association  à 
la  presse  de  Paris  et  des  départements,  et  reproduite  par  un  grand 
nombre  de  journaux,  parmi  lesquels  le  Temps,  les  Débats,  le  Journal, 
la  Liberté,  le  Petit  Parisien  ;  elle  a  en  outre  été  énvo^'ée  sous  forme 
de  circulaire  ^à  tous  les  chefs  d'Etablissements  des  enseignements 
secondaire  et  primaire  supérieur,  pour  qu'ils  puissent  s'en  servir 
auprès  des  parents  au  moment  de  la  rentrée. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  411 

«  Que  désormais  nous  apprenions  surtout  l'anijlais,  j'y 
consens  volontiers.  Mais  la  meilleure  façon  de  bien  savoir 
l'anglais  —  tout  l'anj^lais,  l'ancien  et  le  moderne  —  n'est-elle  pas 
(le  le  suivre  attentivement  dans  ses  deux  courants  mélangés,  le 
germanique  et  le  latin,  et  de  commencer,  par  conséquent,  par 
pratiquer  à  la  fois  le  français  et  l'allemand? 

«  Pour  toutes  ces  raisons  et  pour  beaucoup  d'autres,  je 
partage,  Monsieur  le  président,  l'opinion  que  votre  Association 
a  constamment  défendue  et  ([ue  je  crois  conforme  aux  intérêts 
permanents  de  la  France. 

«  Recevez  l'assurance  de  mes  sentiments  distingués. 

«    R.  POINCARL.    » 

Section  Régionale  de  Clermont-Ferrand 

Réui)ioi)  du  11  Juillet 


Les  |)rofesscurs  des  4  ordres  de  renseignement  de  rAcàdéniie 
de  Clermont-Ferrand,  convoqués  par  la  lettre-circulaire  du  10 
juin  1920,  publiée  dans  le  dernier  numéro  des  ■  Langues  Moder- 
nes »,  —  organe  de  l'A.  P.  L.  V.  de  l'enseignement  public  —  se 
sont  réunis  dans  le  parloir  du  Lycée  Biaise-Pascal,  à  Clermont- 
Ferrand,   le   dimanche    11    juillet,   à   17   heures. 

Etaient    présents  : 

Mines  Chevreuil)  Ehrhard  (Lycée  .J.  F.,  Clermont-Ferrand)  ; 
Coinhéhias,    Comberole,   Rault   (E.   P.    S.   .1.   F.,   Clermont-Ferrand). 

MM.  Langluis,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  Lettres  ;  Cannai; 
Dussaud,    Schneider    (Lycée    G.,    Clermont-Ferrand). 

MM.  Lébraly  (Lycée  G.,  Guéret)  ;  Fanre  (Lycée  G.,  Moulins)  ; 
Garde  (E.  S.  S.,  Pléaux,  Cantal)  ;  Bouyssij  (E.  S.  de  Commerce, 
("lermont-Ferrand)  ;    Vivien   (E.   P.    S.   G.,   Clermont-Ferrand), 

Membres   représentés    ou    excusés  : 

Mmes  Honoré,  chargée  de  cours  à  la  Faculté  ;  Marchessoii 
(E.  N.  J.  F.  Clermont-Ferrand). 

MM.  Chauliat,  Honoré  (Lycée  G.,  Clermont-Ferrand)  ;  Pailler 
(Ljcée  G.,  Moulins)  ;  Pruvost  (Ljcce  G.,  Guéret)  ;  Blanqiiet  (Col- 
lège Thiers)  ;  Papin  (E.  N.,  Moulins)  ;  Lion  (E.  professionnelle. 
Clermont-Ferrand) . 

M.  Vivien,  secrétaire  de  la  réunion  du  3  juin,  indique  briève- 
ment à  la  suite  de  quelles  circonstances  a  été  projetée  la  créa- 
tion d'une  section  régionale  dans  l'Académie  de  Clermont.  Il 
donne  lecture  de  deux  lettres  du  9  et  du  23  février  1920  de 
M,  Veillet-Lavallée,  Président  de  l'A.  P.  L.  V.  de  l'enseignement 
public  ;  il  rend  compte  des  démarches  entreprises  immédiatement 
après  la  réception   de   ces  lettres,   et   qui   ont   abouti  : 

1°  A  la  réunion  du  3  juin  dernier  ;  2"  à  la  réunion  du  11  juil- 
let. Puis  il 'constate  que  tous,  ou  presque  tous  les  professeurs 
de  L.  V.,  sont  d'accord  sur  la  nécessité  àe  se  grouper. 

X"y    a-t-il    pas    lieu,    par    exemple  : 


412  LES   LANGUES    MODERNES 

1°  De  résister  aux  attaques  dirigées  contre  notre  discipline, 
attaques  qui  ont  abouti  à  la  suppression  des  épreuves  de  L.  V. 
au  concours  des  A.-et-M.,  et  qui  ont  failli  rendre  facultatif  l'en- 
seignement des  L.  V.  dans  les  E.  N.  et  les  E.  P.  S.  ? 

2"  De  faire  cesser  l'étrange  anomalie  par  laquelle  dans  les 
E.  P.  S.,  les  L.  V.  sont  rangées  dans  la  catégorie  des  enseigne- 
ments accessoires  (l'écriture  j'  est  matière  d'enseignement  géné- 
ral !)  et  les  heures  supplémentaires  de  L.  V.  rétribuées  au  taux 
ridicule    de    100    francs    l'heure  ? 

3°  D'obtenir  la  réduction,  dans  l'intérêt  même  de  notre  ensei- 
gnement,  des   classes   trop   nombreuses  '? 

A  ce  moment,  plusieurs  membres  de  l'Assemblée,  notamment 
Mlles  Combébias  et  Coniberole,  MM.  Langlais  et  Lébraly  pren>- 
nent  la  parole  pour  illustrer  d'exemples  précis  les  remarques 
précédentes. 

Après  avoir  attiré  l'attention  sur  le  fait  que  notre  section  régio- 
nale, bien  qu'affiliée  à  l'A.  P.  L.  V.,  conserve  son  entière  liberté 
de  programme  et  d'action,  M.  Vivien  propose  à  là  discussion  de 
l'Assemblée   l'ordre   du  jour   suivant,  qui   est   accepté  : 

1'^   Adoption   des    statuts   de   la    Régionale  ; 

2°  Election   des   membres   du   Bureau  ; 

3°  Fixation  de  la  date  et  de  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine 
réunion. 

STATUTS.  —  Un  projet  de  statuts,  présenté  par  M.  Vivien,  est 
soumis  à  l'Assemblée.  Diverses  modifications  y  sont  apportées. 
Le  projet  suivant  qui  réunit  —  sauf  sur  l'article  4  —  l'unanimité 
des  suffrages,  est  adopté.  Mais  il  est  entendu  qu'il  pourra  être 
modifié   au   cours   des   réunions   suivantes. 

Article  premier.  —  Il  est  créé  dans  l'Académie  de  Clermont- 
Ferrand  une  section  régionale  des  professeurs  de  langues  vivan- 
tes de  l'enseignement   public. 

Article  2.  —  Cette  section  régionale,  affiliée  à  l'Association  des 
Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Enseignement  public 
(P.  L.  V.  E.  P.)   a  pour  but  : 

1  "  De  resserrer  entre  les  professeurs  de  L.  V.  de  l'Académie 
les  liens  de   solidarité   universitaire  ; 

2°  de  défendre  les  intérêts  professionnels,  matériels  et  moraux 
de    ses    membres  ; 

3°  de  contribuer  à  l'étude  des  moyens  les  plus  propres  à  forti- 
fier l'enseignement   des  L.   V. 

Article  3.  —  Font  partie  de  droit  de  la  Section  régionale,  sans 
cotisation  supplémentaire  tous  les  professeurs  affiliés  à  V.\.  P.  L. 
V.  E.  P.  dont  ils  reçoivent  le  bulletin  <•  Les  Langues  Modernes  » 
(catégorie    A). 

Peuvent  faire  partie  de  la  Section  régionale,  moyennant  paie- 
ment d'une  cotisation  annuelle  de  2  francs,  tous  les  professeurs 
de   L.  V.   non   affiliés   à   l'A.  P.   L.  V.   E.   P.   (catégorie   H). 

Seront  également  accueillies  avec  reconnaissance,  à  titre  de 
membres  d'honneur,  toutes  personnes  ou  groupements  attestant 
par  des  libéralités  l'intérêt  qu'ils  portent  à  l'enseignement  des 
L  V.   (catégorie  C). 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  413 

Article  i.  —  Les  fonds  dont  dispose  la  S.  R.  servent  à  couvrir 
les  frais  de  secrétariat,  à  constituer  une  bibliothèque  circulante 
de  pédagogie  et  de  littérature  L.  V.,  gérée  par  le  secrétaire  de  la 
Section,  et  à  en  assurer  le  fonctionnement.  Ils  servent  en  outre  à 
l'acquisition  de  tout  matériel  utile  à  l'enseignement  des  L.  V. 
(tableaux,  phonographes  et  disques,  etc.).  Eventuellement,  ils 
peuvent   servir  à   l'attribution   de   bourses  de   séjour   à   l'étranger. 

Ces   fonds   sont   constitués  : 

1"  Par  la  ristourne  (2  francs  par  cotisation)  consentie  par 
l'A.  P.  L.  V.  de  l'enseignement  public  sur  la  cotisation  de  chacun 
de   ses   membres   (catégorie   A)  ; 

2"  Par  la  cotisation  des  membres  appartenant  à  la  cai/'gorie   B; 

3"  Par  les  libéralités  des  membres  de  la  catégorie  C. 

Article  5.  — •  La  S.  R.  est  administrée  par  un  Bureau  composé 
d'un  président,  d'un  vice-président,  d'un  secrétaire  et  d'un  tréso- 
rier, et  comprenant  obligatoirement  un  représentant  de  chacun 
des  4  ordres  de  l'enseignement  (supérieur,  secondaire,  primaire  et 
technique). 

Ce  Bureau  est  assisté  d'un  Comité  de  6  membres  choisis  indif- 
féremment parmi  le  personnel  féminin  ou  masculin,  et  compre- 
nant : 

1  représentant  de  l'enseignement    supérieur  ; 
1  —  des  professeurs  agrégés  ; 

1  —  —  chargés    de    cours  ; 

I  —  —  des    collèges  ; 

1  —  —  de    l'enseignement    primaire  ; 

1  —  —  de    l'enseignement    technique. 

Les  membres  du  Bureau  sont  élus  pour  deux  ans.  Leur  élection 
a  lieu  au  scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue  (ou,  dans  l'éven- 
tualité d'un  second  tour,  à  la  majorité  relative»  des  membres 
des  catégories  A  et  B  présents  lors  de  la  2"  réunion  trimestrielle. 

Le   vote   par   lettre   et   par   procuration    est   admis. 

Chaque  catégorie  de  professeurs  élit  dans  les  mêmes  conditions 
son  représentant  au  Comité.  Tout  membre  du  Bureau  ou  du 
Comité  qui.  avant  l'expiration  de  son  mandat  cesse,  pour  une 
raison  quelconque  (décès,  démission,  etc.),  de  faire  partie  du 
Bureau  ou  du  Comité,  est  remplacé,  par  voie  d'élection,  dès  la 
première   réunion   trimestrielle   qui    suit. 

Article  6.  —  En  principe,  il  est  tenu,  au  cours  de  l'année  sco- 
laire, 3  réunions,  une  par  trimestre.  La  date  et  le  lieu  de  cha- 
cune de  ces  réunions  sont  fixés,  lors  de  la  réunion  précédente, 
par  la  majorité  (absolue   ou  relative)   des  membres  présents. 

S'il  le  juge  utile,  le  président  peut  convoquer  les  membres  du 
Bureau  et  du  Comité  en  dehors  de  ces  réunions  trimestrielles. 

Article  7.  —  L'ordre  du  jour  ordinaire  de  chaque  réunion  est 
fixé  par  le  Bureau,  d'accord  avec  le  Comité,  lors  de  la  réunion 
précédente.  Un  ordre  du  jour  extraordinaire  peut  comporter  des 
questions  présentées  après  épuisement  de  l'ordre  du  jour  ordi- 
naire, par  l'un  quelconque  des  membres  présents. 

Article  8.  —  La  dissolution  de  la  Section  régionale  ne  pourra 
être  prononcée  que  par  un  vote  des  deux  tiers  au  moins  des 
membres   des   catégories   A   et   B,   mentionnés   à   l'article   3. 


414  LES    LANGUES    MODERNES 

Election   des   membres   du   Bureau 

Sur  la  proposition  de  .V.  Lungfais,  l'Assemblée  décide  qu'il  y  a 
lieu  de  surseoir,  jusqu'à  la  réunion  d'octobre,  à  l'élection  du 
Bureau    définitif   et    du   Comité. 

Un  Bureau  provisoire  est  constitué.  Sont  élus  membres  de  ce 
Bureau  : 

Présidente  :  Mme  Honoré,  chargée  de  cours  à  la  Faculté  des 
Lettres. 

Vice-Président  :  3/.  Lébraly,  professeur  agrégé  d'allemand  au 
Collège    de    Guéret. 

Secrétaire  :  M.  Vivien,  professeur  à  l'E.  P.  S.  de  Clermont-Fei'- 
rand.         •• 

Trésorier  :  M.  Bouyssy,  professeur  à  TEcole  professionnelle  et 
à   l'Ecole   supérieure   de   commerce   de   Clermont-Ferrand. 

Ordre  du  jour,  D\rE  et  lieu  de  la  prochaine  réunion  de  la  C.  R. 

Ordre  du  jour:  1.  Compte  rendu  du  trésorier;  2.  Election  du 
Bureau   définitif;   3.   Adhésions   nouvelles;   4.  Etc. 

Date  et  lieu.  —  L'Assemblée  s'en  remet  au  Bureau  pour  fixer 
la  date  et  le  lieu  de  la  prochaine  réunion.  Dans  la  première 
quinzaine  d'octobre  une  convocation  sera  envoyée  par  le  secré- 
taire  à   tous   les   membres   de   la   S.   R. 

Un  compte  rendu  de  la  séance  du  11  juillet  sera  adressé  à 
tous  les  professeurs  de  l'Académie  de  Clermont. 

Le  nécessaire  sera  fait  par  le  Bureau  pour  porter  à  la  connais- 
sance des  personnes  ou  groupements  mentionnés  à  l'article  3 
(catégorie  C)  la  création  de  la  Section  régionale  de  r.\cadémie 
de   Clermont-Ferrand. 

La    séance   est    levée    à   18   heures   30. 

yota.  —  Les.  adhésions  sont  reçues  par  M.  VIVIEX,  secrétaire 
de  la  S.  R.,  15,  avenue  de  l'Observatoire,  Clermont-Ferrand  ;  et 
les  cotisations  par  M.  BOUYSSY,  trésorier,  Ecole  professionnelle, 
Clermont-Ferrand.  Mais  afin  d'éviter  d'inutiles  frais  de  corres- 
pondance, les  collègues  ou  personnes  qui  désirent  faire  partie 
de  la  S.  R.  peuvent  envoyer  à  la  fois  leur  adhésion  et  leur  coti- 
sation  soit   à  M.   Vivien,   soit   à   M.  Bouyssy. 


SecHon  régionale  d*Aix-Marseille 

CoQvocatioi) 

Les  membres  de  IWssociation  des  professeurs  de  L.  V.,  et  ceux  de 
l'Association  des  professeurs  de  langues  méridionales,  résidant  dans 
l'Académie  d'.Aix-MarseilIe,  sont  convoqués  en  assemblée  générale  le 
jeudi  2  décembre,  à  9  h.  30  du  matin,  dans  la  salle  des  professeurs 
du  Grand  Lycée  de  Marseille. 

ordre    du   JoiR  : 
L  Election  du  bureau  pour  1920-21  : 

2.  Enregistrement  de  l'état  de  l'opinion  au  sujet  de  la  réforme  de 
l'épreuve  écrite  de  langue  vivante  au  baccalauréat  (B.  /).). 


RL'LLETIX    DE   1,'aSSOCIATION  415 

3.  Echange  de  vues  et  de  renseignements  précis  sur  les  effectifs 
comparés  des  classes  de  langues  vivantes  (en  particulier  allemand  et 
langues  méridionales)  en  191D  et  1920. 

4.  Inscription  et  examen  préliminaire  de  vœux  divers  intéressant  les 
diverses  catégories,  en  vue  de  l'ordre  du  jour  de  l'assemblée  générale 
suivante. 

Les  secrétaires  provisoires  : 
G.-E.    Broche   (Grand  Lycée)  ;   L.    Heley   (Lj'cée   de 
jeunes  filles,   rue   Montgrand)  ;   M.   Michel   (Ecole 
l'ierre-Puget)  ;  Mme  Paris  (Ecole  Edgar-Quinet). 

Le  représentant  de  l'Association  des  langues  méridionales, 
?*.  Paom  (Grand  Lj'cée). 

Le  président  de  la  Régionale  d'avant-guerre, 
P.  Lestang  (Grand  L3'cée>. 

Marseille,  '>  octobre  1920. 

N.  B.  —  Le  professeur  le  plus  ancien  dans  chaque  l)'cée  de  l'Aca- 
cadémie  est  prié  de  vouloir  bien  organiser  une  réunion  locale  des 
membres  des  2  associations  pour  le  jeudi  25  novembre,  et  de  vouloir 
bien  communiquer  aussitôt  au  secrétariat  provisoire  le  procès-verbal 
de  cette  réunion.  Les  membres  qui  ne  pourraient  assister  ni  à  cette 
réunion,  ni  à  l'assemblée  générale  sont  priés  de  vouloir  bien  faire 
connaître,  par  lettre,  leur  opinion,  vœux,  etc.  au  secrétariat  pro- 
visoire. 


:g!:«- 


L'ESPRIT  QUI    VIVIFIE 

(Réponse   à  M.  Maurice  CAHEN,   «  Revue   Universitaire  » 
d'Octobre,  Novembre  et  Décembre  1919) 


Une  institution  que  nul  n'attaque  plus  est  Wen  proche  de 
sa  fin  :  l'enthousiasme  de  ses  partisans  cesse  d'être  stimulé 
par  l'âpreté  de  ses  détracteurs,  va  peu  à  peu  s'éteignant  et 
tombe  à  l'indifférence.  Tel  ne  sei'a  pas  le  sort  de  la  Méthode 
Directe,  si  l'on  en  juge  par  les*  assauts  qu'elle  doit  encore 
repousser,  et  dont  le  plus  récent  lui  fut  livré  par  M.  Maurice 
Cahen  dans  la  Bévue  Universitaire.  Je  dois  dire  que  ses 
trente  pages  d'une  argumentation  tenace  et  minutieuse  n'ont 
point  ébranlé  ma  confiance  dans  les  procédés  actuels  d'en- 
seignement des  langues  vivantes.  En  efl'et,  plusieurs  des 
coups  destinés  par  no're  collègue  à  la  méthode  sont  toir.bés 
ailleurs  ;  il  y  a  dans  ses  critiques  des  flottements,  des  incer- 
titudes et  même  des  contradictions  qui  font  une  base  péril- 
leuse pour  y   asseoir  des  conclusions  pratiques. 

Je  demanderai  tout  de  suite  à  M.  Cahen  quelle  peut  être 
la  vertu  des  statistiques  qu'il  a  établies.  Il  y  a  des  statisti- 
ques objectives,  que  l'on  peut  sans  doute  tirer  un  peu  dans 
le  sens  de  ses  propres  désirs,  mais  qui  ont  une  certaine  valeur 
scientifique.  Quant  aux  statistiques  subjectives,  elles  éclai- 
rent surtout  l'attitude  de  leur  auteur.  Je  démêle  dans  celles 
qui  nous  sont  présentées  une  habitude  de  sévérité  dans  la 
notation  des  copies,  beaucoup  d'exigence  de  la  part  du 
correcteur,  et  une  teinte  générale  de  pessimisme.  J'y  relève, 
et  c'est  plus  grave,  l'oubli  des  circonstances,  except'ionnelles 
pourtant,  dans  lesquelles  se  sont  élaborés  ces  pourcentages. 
Certes,  M.  Cahen  nous  fera  plus  loin  une  concession  en 
reconnaissant  que  «.  le  désarroi  de  quatre  années  de  guerre 
a  jeté  dans  tout  l'enseignement  un  trouble  profond  ».  Mais 
a-t-on  coutume  de  prélever,  pour  juger  une  récolte,  les  échan- 
tillons les  plus  mal  venus,  les  plus  abîmés,  ceux  qui  ont  le 
plus  souffert  des  intempéries  et  des  orages  ?  Juger  une  mé- 
thode sur  les  résultats  qu'elle  a  donnés  en  1917  ou  1918, 
constitue  une  généralisation  également  arbitraire.  Aussi 
opposerai-je    aux  résultats  obtenus  par  M.  Cahen  en    pleine 


l'ksi'HIt  gui  VIVIFIE  417 

désorganisation  scolaire,  les  résultats  obtenus  par  moi  avant 
la  guerre.  Aucune  ir.cthode  ne  saurait  être  tenue  pour  res- 
ponsable de  la  disette  de  professeurs  qualifiés  ;  du  relâche- 
ment de  l'autorité  Tamiliale  en,  l'absence  du  père  ;  de  l'inat- 
tention des  enfants,  tournés'  tout  entiers  vers  les  grandes  nou- 
velles du  front  ;  des  répercussions  douloureuses  que  cau- 
saient, chez  les  jeunes  écoliers,  les  souflrances,  les  blessures, 
la  captivité,  la  mort  de  leurs  proches.  Il  est  injuste  de  choi- 
sir, entre  tous,  des  élèves  ainsi  formés,  pour  les  soumettre 
à  un  examen  inexorable,  eux  qui  méritent  à  tel  point  notre 
indulgence.  Et  j'ajouterai  :  dans  quelles  mesures  sont-ils  le 
produit  de  la  méthode  directe  ?  La  science  pédagogique 
de  nos  suppléantes  ou  suppléants  fut-elle  toujours  à  la  hau- 
teur de  leur  zèle  ?  On  peut  sans  blesser  personne  se  poser  au 
moins  la  question. 

Acceptons  cependant  que  l'on  examine  les  résultats  obte- 
nus pendant  la  guerre,  et  suivons  M.  Cahen  dans  le  détail 
de  ses  doléances.  A  l'en  cîroire,  le  vocabulaire  est  d'une 
maigreur  squelettique,  la  grammaire  n'est  pas  sue  ;  et  ainsi 
est  rendu  impossible  l'accès,  par  la  méthode  directe,  à  la 
culture  véritable  en  langue  étrangère.  Mais,  dit  notre  collè- 
gue, "  le  marasme  où  s'étiole  notre  discipline  ne  lui  est 
pas  particulier.  Nos  collègues  des  lettres  le  signalent  avec 
une  véhémence  égale.  Partout  s'accuse  un  fléchissement 
redoutable  des  études  ».  Je  ne  sache  pas  que  nos  collègues 
de  lettres  qui  ont  afTaire  aux  mêmes  élèves  que  nous  em- 
ploient notre  méthode.  Or  ils  se  plaignent  des  mêmes  insuf- 
fisances, portant  .sur  les  mêmes  points  ;  ce  n'est  pas  d'hier 
qu'il  existe  une  «  crise  du  français  »,  compliquée  d'une 
«  crise  du  latin  <>,  auxquelles  se  joindrait  une  «  crise  du 
grec  ».  si  le  grec  s'apprenait  encore.  Donc,  ce  nest  pas  la 
méthode  qui  est  en  cause.  «  Cet  état  de  choses  très  grave  », 
dit  M.  Cahen,  o  tient  sans  doute  à  des  raisons  multiples, 
surtout  d'ordre  social,  qui  dépassent  le  cadre  de  cette 
étude.  »  Remarque  fort  juste,  et  qui  trouve  ailleurs  son 
application,  en  particulier  lorsque  M.  Cahen,  faisant  flèche 
de  tout  bois,  s'élève  contre  la  diversité  du  recrutement  de 
nos  élèves  (il  aurait  pu  dire  :  et  son  étroitesse),  et  contre 
l'inégalité  de  leurs  dons  naturels,  qui  ruinent  «  le  principe 
de  continuité  absolue  ».  Méthode  voulant  dire  continuité; 
tout  ce  qui  atteint  le  <<  principe  de  continuité  absolue  »  est 
funeste  à  la  méthode,  cp-ielle  qu'elle  soit,  directe  ou  indirecte. 
Malheureusement  nous  avons  à  vivre,  la  vie  n'est  pas  l'absolu, 

28. 


418  LES   LANGUES   MODERNES 

et  voilà  pourquoi  tant  d'élèves  sont  muets.  De  quel  cœur  je 
me  rallierais  à  une  méthode  qui  n'aurait  pas  à  s'inquiéter 
de  cette  inégalité  des  dons  naturels,  et  dont  l'infinie  sou- 
plesse la  rendrait  également  efficace  pour  l'élite  et  pour  les 
cancres  !  (Il  est  vrai  qu'il  n'y  aurait  j)lus  de  cancres  !).  En 
attendant,  revenons  sur  cette  terre,  où  sévissent  tant  d'iné- 
galités et  de  diversités,  et  voyons  de  tout  près  les  reproches 
qu'on   nous   adresse. 

Quand  on  en  vient  à  l'analyse  des  griefs  énumérés  par 
M.  Cahen,  on  voit  que  ce  sont  de  simples  constatations,  ras- 
semblées en  réquisitoire,  et  qu'il  serait  facile,  en  remontant 
à  nos  souvenirs  de  1913  et  1914.,  de  leur  opposer  autant  de 
constatations  contraires,  groupées  à  leur  tour  en  forme  de 
plaidoiries.  Mais  on  peut  aussi  retourner  quelques-unes  de 
ces  constatations  contre  celui  qui  les  apporte. 

Ainsi,  je  me  demande  comment  concilier  ces  deux  allir- 
mations:  1°  le  vocabulaire  est  indigent  ;  2°  la  méthode  directe 
enseigne  rapidement  le  vocabulaire  concret.  Je  ne  trouve 
point  si  indigent  l'élève;  qui  possède  déjà  ce  vocabulaire  con- 
cret. Mais  M.  Cahen  veut  que  la  méthode  directe  s'arrête, 
frappée  d'une  impuissance  totale,  au  seuil  du  vocabulaire 
abstrait.  Y  a-t-il  donc  dans  la  vie  deux  domaines  ainsi  déli- 
mités que  leurs  confins  ne  se  chevauchent  quelque  peu  ? 
Existe-t-il  entre  le  concret  et  l'abstrait  une  haute  muraille  de 
montagnes  sans  col  ni  passage  ?  Au  contraire,  le  concret  et 
l'abstrait  se  mélangent  d'une  manière  parfois  si  intime  qu'il 
est  délicat  de  les  dissocier,  et  bien  souvent  nous  n'avons 
piesque  rien  à  faire  pour  «  concrétiser  l'abstraction  ». 
«  Il  n'y  a  »,  dit  M.  Cahen,  «  aucun  rappoi't  entre  le  signe  et 
la  parole  »i  :  et  il  montre  l'élève,  à  qui  on  dit,  avec  une 
mimique  expressive,  «  Sugar  is  siveet  »,  en  train  de  com- 
prendre que  le  sucre  est  bon,  que  le  professeur  aime  le  sucre, 
tout,  excepté  le  sens  véritable  :  le  sucre  est  doux.  Quelle 
facile  exagération  !  Il  est  si  simple  de  mimer,  en  liaison  avec 
sweet,  les  sens  de  bitter,  soiir  ;  de  montrer  le  café  avant  et 
après  l'introduction  du  sucrfe  dans  la  tasse  :  que  sais-je  ? 
cent  procédés  se  présentent  à  l'esprit,  et  quand  on  a  épuisé 
toutes  ces  vérifications  et  ces  recoupements,  bien  mal  doué 
l'élève  qui  n'a  pas  su  de  quoi  il  s'agissait  !  M.  Cahen  fait 
trop  volontiers  fi  de  nos  petits  moyens,  dont  l'expér'ienc© 
quotidienne  proclame  l'efficacité. 

Des  élèves  de  seconde,  dit  notre  collègue,  ont  manqué  leur 
composition  finale  à  cause  d'un  mot  —  abstrait,  bien  enten- 


U'ESPRIT   qui    VIVIME  419 

du  —  qui  figurait  dans  le  texte  donné  :  anecdote  bien  dan- 
gereuse, bien  faite  pour  éclater  dans  la  main  de  l'opérateur  ! 
Je  n'y  insiste  pas.  Des  élèves  confondent  to  ivonder  avec  to 
wander  ;  combien  d'autres  confondent  inclination  avec  incli- 
naison, quoique  nos  collègues  de  français  n'usent  pas  de 
notre  méthode  !  La  grammaire  ?  Va\  admettant  qu'elle  soit 
plus  difficile  à  enseigner  pour  l'allemand  que  pour  l'anglais 
(quoique,  contrairement  à  l'opinion  commune,  la  grammaire 
anglaise  existe),  s'ensuit-il  qu'on  ne  puisse  l'enseigner  qu'en 
français  ?  S'ensuit-il  qu'il  faille  enseigner  d'abord  le  para- 
digme, d'abord  la  règle,  et  seulement  plus  tard  l'application 
et  l'exemple  ?  Il  ne  manquera  pas  sans  doute  de  germanistes 
pour  penser  le  contraire.  Quant  à  moi,  j'ai  éprouvé  que  la 
meilleure  manière  d'enseigner  la  grammaire  anglaise,  c'est 
de  faire  patiemment  sortir  la  règle  des  exemples,  répétés 
avec  insistance  et  variété  ;  c'est  de  faire  du  paradigme, 
appris  par'  cœur,  un  aboutissement  et  non  un  point  de 
ilépart.  A  mon  tour,  malgré  le  danger  des  anecdotes,  je  puis 
dire  que  cette  année  même,  en  5",  j'ai  obtenu"  de  mes  élèves 
qu'ils  parvinssent  tout  seuls  à  extraire,  d'un  certain  nombre 
de  phrases  appropriées,  la  règle  de  can  et  may,  à  dire  en 
quoi  ces  auxiliaires  diffèrent  des  verbes  complets,  et  à  rédiger 
cette  règle  en  un  anglais,  ma  foi,  tout  à  fait  convenable. 

Très  bien,  va  m'objecter  M.  Cahen  ;  mais  vous  n'avez  ainsi 
développé  ni  leur  réflexion,  ni  leur  mémoire  mécanique. 
—  Excusez-moi,  mais  il  me  semble  avoir  bien  travaillé  à 
développer  l'une  d'abord,  pour  aboutir  à  la  règle  ;  puis  l'au- 
tre, pour  la  faire  retenir. 


Si  M.  Cahen,  fidèle  à  sa  promesse,  s'était  borné  à  accumu- 
ler les  faits  pédagogiques  observés  par  lui,  notre  désaccord 
n'aurait  pas  de  conclusion  possible,  chacun  maintenant  mor- 
dicus ses  constatations.  Mais  M.  Cahen,  encore  qu'il  s'en 
défende  à  l'avance,  ne  peut  pas  faire  autrement  que  de  tirer 
de  sa  pratique  une  théorie  ;  de  ses  expériences  personnelles, 
des  vues  générales.  Il  a  même  été  presque  impossible,  dans 
les  pages  qui  précèdent,  de  discuter  les  unes  sans  s'attaquer 
aux  autres,  tant  elles  se  lient  étroitement  (toujours  l'interpé- 
nétration du  concret  et  de  l'abstrait  !)  S'élevant  donc  au- 
dessus  de  ses  déconvenues,  M.  Cahen  les  contemple  en  phi- 
losophe et  les  ramène  toutes  à  une  cause  unique  :  la  méthode 


420  LES  LANGUES  MODERNES 

directe.  Je  crois  avoir  montré  que  dans  certains  des  cas 
choisis  par  M.  Cahen,  la  méthode  ne  saurait  être  mise  en 
cause.  On  ne  peut  la  rendre  responsable  ni  de  la  difficulté 
que  présenterait  l'enseignement  de  la  grammaire  allemande, 
ni  de  certaines  erreurs  des  élèves,  erreurs  dont  l'équivalent 
se  retrouve  en  classe  de  français  ;  ni  du  manque  d'imagina- 
tion ou  d'initiative  de  certains  professeurs  ;  ni  de  l'inégalité 
des  dons  naturels  ;  ni  du  recrutement  de  nos  élèves  ;  ni  enfin 
de  la  guerre,  avec  ses  innombrables  répercussions.  Il  est  bon 
d'écarter  d'abord  tous  ces  reproches,  qui  portent  à  côté,  pour 
retenir  ceux  que  M.  Cahen  formule  vraiment  cette  fois  con- 
tre la  méthode  elle-même. 

Autre  chose,  dit-il,  est  d'apprendre  sa  langue  maternelle, 
autre  chose  une  langue  étrangère.  On  ne  peut  pas  employer 
les  mêmes  procédés  pour  l'acquisition  des  deux.  Surtout,  la 
classe  en  langue  étrangère  est  un  milieu  artificiel,  et  nous 
manciuons  des  sanctions  qui,  dans  la  réalité,  contrôlent  et 
châtient  les  fautes  de  l'enfant  :  besoin  de  s'exprinTer,  crainte 
du  ridicule.  Que  nos  classes  en  anglais  ou  en  allemand  créent 
un  milieu  artificiel,  je  ne  songe  nullement  à  le  nier  :  ce 
serait  d'ailleurs  diminuer  leur  mérite,  et  toute  éducation 
n'est  au  fond  qu'un  artifice.  Comment  ce  milieu  ne  serait-il 
pas  artificiel  ?  Et  qu'importe  d'ailleurs  qu'il  le  soit,  si  nos 
élèves  sont  consentants  et  complices,  comme  ils  le  sont  dès 
qu'il  s'agit  d'une  comédie  à: donner,  d'un  rôle  à  tenir?  Les 
sanctions  qui  peuvent  jouer  dans  cette  société  artificielle 
sont  très  suffisantes  pour  atteindre  leur  but.  Croyez  bien  que 
l'élève  fait  effort  pour  être  compris  du  professeur,  volontai- 
rement sourd  tant  que  la  question  n'est  pas  correcte  ;  et 
l'élève  qui  s'exprime  le  plus  mal  tombe  dans  le  ridicule  aux 
yeux  de  ses  camarades.  Assurément  l'atmosphère  que  nous 
nous  efforçons  de  faire  régner  entre  nos  quatre  murs  fran- 
çais n'est  pas  la  parfaite  atmosphère  de  l'étranger,  nul  de 
nous  n'y  prétend  :  notre  seule  ambition,  très  modeste,  est 
d'aider  un  peu  le  travail  d'assimilation  de  nos  élèves  par  des 
moyens  nécessairement  artificiels.  Au  surplus,  M.  Cahen  lui- 
même  elTace  et  annule  cette  distinction  subtile  entre  la  lan- 
gue maternelle  et  la  langue  étrangère,  lorsqu'il  proclame  que 
rien  ne  remplace  la  nîéthode  directe  pour  l'acquisition  du 
vocabulaire  concret  :  nous  le  verrons  tout  à  l'heure.  Que 
reste-t-il  alors  du  reproche  c[ue  je  viens  d'examiner  ? 

Il  en  est  un  autre,  plus   grave,   et    qui    semble   avoir   déter- 


l'esprit  qui  vivifie  421 

miné  rhostilité  foncière  de  notre  collègue  contre  la  Méthode 
directe.  Le  mieux  en  pareil  cas  est  de  citer  : 

«  La  méthode  directe  appliquée  rigoureusement  dans  les  sept 
classes  de  nos  lycées,  depuis  la  sixième  jusqu'à  la  Philosophie, 
est  une  école  d'imprécision.  Elle  désorganise  lentement,  mais 
profondément,  l'esprit  de  nos  élèves.  Elle  y  cultive  les  mauvai- 
ses habitudes  que  nos  <?oliègues  de  français  s'efforcent  de  gué- 
rir,  » 

Ainsi,  quand  des  élèves,  au  terme  de  leurs  études  secon- 
daires, confondent  to  woiider  avec  to  wander,  ce  n'est  pas 
un  accident,  c'est  le  résultat  logique,  naturel  et  nécessaire  de 
notre  façon  oHicielle  d'enseigner  les  langues  vivantes.  Si 
nous  laissions  subsister  cette  accusation,  nous  mettrions  en 
péril  toute  la  situation  acquTse  par  notre  enseignement  à  la 
faveur  des  réformes  de  1902.  Mais  je  la  relis,  et  mon  esprit 
aussitôt  y  souligne  un  mot  que  M.  Cahen  ne  pense  pas  à  sou- 
ligner :  c'est  le  mot  rigoureusement.  Je  crois  que  nous  tou- 
chons ici  au  cœur  même  du  débat,  sur  lequel  ce  simple 
adverbe  va  jeter  des  clartés  nouvelles.  M.  Cahen  a  manifes- 
tement la  passion  de  l'absolu.  Nous  l'avons  vu  se  plaindre 
des  atteintes  portées  «  au  principe  de  continuité  absolue  »  ; 
il  a  reproché  à  nos  classes  de  n'être  pas  un  milieu  étranger 
absolu.  Maintenant  le  voici  en  guerre  contre  la  méthode 
directe  absolue.  D'accord,  mon  cher  collègue  !  Mais  quelle 
conception  vous  étiez-vous  donc  faite  de  la  méthode  directe  ? 
L'auriez-vous  compromise,  comme  l'ont  fait  certains  d'entre 
nous,  en  la  poussant  au  delà  de  ce  qu'elle  peut  donner  ? 
Toute  idée  suscite  autour  d'elle  des  fanatiques,  qui  exigent 
d'elle  l'impossible,  l'absolu,  et  qui,  ne  l'ayant  pas  obtenu,  se 
retournent  contre  elle  avec  toute  l'amertume  de  leur  décep- 
tion. 

Je  ne  crois  pas  que  la  conception  étroite  et  rigide  dont 
M.  Cahen  veut  nous  affranchir  soit  celle  de  la  majorité  d'en- 
tre nous.  S'interdire  à  tout  jamais  et  sous  aucun  prétexte  de 
laisser  échapper  en  classe  un  mot  de  français,  —  se  refuser 
constamment  un  contrôle  rapide  en  français,  —  ce  sont  là 
des  erieurs  depuis  longtemps  reconnues  et,  croyais-je,  aban- 
données. Il  se  peut  bien  qu'un  élève  garde  sept  ans  dans 
l'esprit  une  idée  fausse  d'un  mot  étranger:  la  chose  n'est  pas 
moins  possible'^en  français.  Mais  un  accident,  une  faiblesse 
individuelle,  c&  n'est  pas  assez*  pour  condamner  toute  une 
méthode. 


422  LES    LANGUES    MODERNES 

Contre  l'imprécision  que  diagnostique  M.  Cahen,  le  bon 
sens  et  les  instructions  officielles  sont  d'accord  pour  nous 
suggérer  un  remède  :  la  traduction.  Y  a-t-il  incompatibilité 
entre  l'acquisition  directe  du  vocabulaire  et  le  contrôle  de 
cette  acquisition  à  l'aide  de  la  traductions  ?  Où  serait-elle  ? 
La  traduction  ne  vient  jamais  s'interposer  entre  l'objet  ou 
l'idée  et  l'esprit  de  l'élève.  Elle  n'entre  en  jeu  qu'après  un 
intervalle  très  appréciable,  p'endant  lequel  l'enfant  n'a  pas 
rapproché  le  mot  français  du  mot  étranger.  Autrement  dit,  la 
traduction  systématique  et  suivie,  la  version  n'est  pas 
un  exercice  de  C  ni  de  5''.  Tout  ce  que  l'on  peut 
admettre  à  l'égard  des  débutants,  c'est,  une  fois  de  loin 
en  loin,  pour  rattraper  ceux  qui  déjà  seraient  des  traînards, 
un  sondage  extrêmement  rapide,  presque  furtif,  pratiqué 
pour  ainsi  dire  à  l'insu  dé  la  classe,  de  manière  à  ne  pas 
intervenir  dans  la  formation  directe  du  vocabulaire  concret. 
Il  serait  dangereux  d'apporter  à  ces  vérifications  une  main 
tant  soit  peu  lourde,  il  serait  très  dangereux  de  les  renouve- 
ler fréquemment.  Il  me  semble  que  tout  le  monde  est  à  peu 
près  d'accord  sur  ce  point,  et  qu'il  n'est  nul  besoin  d'y 
insister. 

Quant  à  l'utilité  de  la  version  en  4'"  et  en  3%  elle  est  ins- 
crite dans  les  instructions  qui  nous  dirigent,  et  qui  vien- 
draient tempérer,  si  la  pratique  et  le  bon  sens  ne  s'en  char- 
geaient déjà,  les  théories  absolues  dont  M.  Cahen  entreprend 
la  démolition.  Certes,  là  encore,  il  ne  faudrait  pas  courir  aux 
excès  :  la  méthode  directe  offre  assez  de  ressources  pour  que 
la  version  n'y  soit  qu'un  exercice  entre  beaucoup  d'autres. 
En  outre,  la  démarcation  n'est  pas  si  tranchée  entre  la  cin- 
quième de  juillet  et  la  quatrième  d'octobre  :  ce  sont  les 
mêmes  élèves,  après  des  vacances  où  ils  ont  plus  oubliés 
qu'appris.  Pourquoi  bouleverser  dès  la  rentrée  les  méthodes 
qui  les  ont  si  bien  formés  et  dont  ils  ont  acquis  l'accoutu- 
mance ?  Ne  lisait-on  pas  en  5^  ?  La  lecture  en  4*  deviendra 
plus  systématique  voilà  tout  ;  elle  sera  le  grand  procédé 
d'enrichissement  du  vocabulaire,  qui  reste  encore,  et  long- 
temps, en  grande  partie  concret,  ouvert  à  l'acquisition  direc- 
te. Ne  croirait-on  pas,  à  entendre  M.  Cahen,  que  dès  l'entrée 
en  4^  tout  se  hérisse  d'abstractions,  impossibles  à  définir,  de 
synonymes  si  délicatements  nuancés  qu'aucune  approxima- 
tion ne  parvienne  à  les  différencier  ?  La  choi^  se  rencontre  : 
mais  si  vraiment  on  y  éjJuisD  sans  succès  tous  les  moyens 
directs   d'explication,   pourquoi    ne   pas   reconnaître   qiie   la 


LKSPRIT    Qll    VIVIFIE  423 

(lidiculté  est  exceptionnelle,  et  ne  i)as  la  résoudre  par  le  pro- 
cédé exceptionnel  de  la  traduction  ?  Mais  pour  M.  Cahen, 
épris  d'absolu,  les  moyens;  directs  d'explication  ne  réussis- 
sent jamais.  Il  écarte  tour  à  tour;  les  contraires,  dont  j'ai 
esquissé  l'emploi  à  propos  de  sweet  ;  les  synonymes,  — 
inexistants  peut-être  pour  un  Littré,  mais  acceptables  dans 
notre  sphère  plus  modeste  ;  les  étymologies,  —  parce  que 
certaines  sont  trompeuses  ;  la  définition,  —  comme  imprati- 
cable ;  bref,  tous  les  procédés  d'un  usage  courant  et  fécond 
pour  l'extension  du  vocabulaire.  Pour  ma  part,  j'ai  la  fai- 
blesse de  leur  rester  fidèle,  parce  que  l'expérience  m'a 
démontré  leur  utilité,  —  toute  relative,  je  m'empresse  de  le 
dire,  —  et  je  ne  vois  pas  bien  par  quoi  les  remplacer.  L'im- 
précision qu'on  les  accuse  de  faire  naître  est  facile  à  dissi- 
per, et  la  lecture  expliquée,  lente,  complexe,  bien  préparée 
par  le  professeur,  aboutissiiiit  parfois,  toujours  pour  les  poé- 
sies, à  une  traduciton,  reste  à  mes  yeux  l'exercice  typique  de 
4'  et  de  3". 


.l'arrivé  ainsi  au  second  cycle,  dont  je  n'ai  pas  encore 
parlé.  M.  Cahen  prétend  que  nos  élèves  y  accèdent  avec  un  pau- 
vre vocabulaire,  imprécis  et  incorrect,  bon  tout  au  plus  pour 
une  médiocre  conversation  ;  et  il  conclut,  comme  il  faut  s'y 
attendre,  que  nous  ne  concourons  en  rien  à  la  culture  générale; 
que  notre  enseignement,  bassement  utilitaire,  est  incapable 
d'assurer  à  ceux  qui  le  reçoivent  le  moindre  bénéfice  intel- 
lectuel. Basée  sur  le  reproche  fondamental  d'imprécision 
dont  je  viens  d'exposer  l'importance,  cette  conclusion  tombe 
d'elle-même  si  sa  base  est  ruinée.  Si,  par  la  traduction  sage- 
ment mesurée,  nous  combattons  avec  succès  les  quelques 
idées  fausses  nées  chez  nos  élèves,  il  ne  reste  rien  de  la 
grave  accusation  portée  contre  nous.  Nous  nous  retrouvons 
alors  à  armes  égales  en  face  l'un  de  l'autre,  forts  chacun 
de  son  expérience  personnelle,  les  constatations  de  l'un, 
apportées  en  toute  bonne  foi,  sans  souci  de  démonstrations, 
valant  les  constatations  de  l'autre.  Or,  mes  souvenirs,  pour 
ne  pas  se  présenter  sous  forme  de  statistiques,  n'en  sont  pas 
moins  nets  ^et  concluants,  et  tous  se  reportent  à  la  période 
normale  d'avanteguerre,  où  la  méthode  directe  donnait  son 
plein  effort  et  son  plein  rendement.  Du  Kipling  dès  la  3'. 
authentique,  bien  entendu  ;  en  2-,  du  Washington  Irving  et 


424  LES   LANGUE^    MODERNES 

de  nombreuses  pages  classiques  ;  en  1",  Dickens  alternant 
avec  Shakespeare,  voilà  ce  qu'ils  me  rappellent.  Je  vous 
garantis  que  l'on  se  passionnait  contre  les  bourreaux  de 
David  Copperfield  ;  et  je  voudrais  pouvoir  montrer  certaine 
dissertation  où  l'on  comparait  les  deux  discours  de  Brutus 
et  dé  Marc-Antoine.  C'est  dire  combien  vivantes  étaient  ces 
classes  d'explication  de  texte  et  de  lecture  que  M.  Cahen 
nous  peint  si  désespérément  ternes  et  stériles.  Nous  avions 
encore  le  temps  de  faire  d'autres  lectures,  aboutissant  à  des 
traductions  parfois,  je  ne  fais  nulle  difficulté  de  le  dire. 
N'ai-je  pas  obtenu  ainsi  une  excellente  version  en  vers  du 
Faust  mourant  de  Marlowe  ?  Et  le  célèbre  passage  de  John 
of  Gaunt  sur  «cette  pierre  précieuse  sertie  dans  la  mer  d'ar- 
gent »,  que  nous  avons  examinée  à  un  triple  point  de  vue  ; 
historique,  dramatique  et  contemporain  ?  Même  Milton  a  été 
étudié,  et  le  poète  enjoué  de  l'Allégro  comparé  au  puissant 
écrivain  du  Paradise  Lost. 

Tout  ceci  prouve  qu'une  classe  d'anglais  peut  —  et  doit  — 
au  même  titre  que  n'importe  quelle  autre  classe,  contribuer 
à  cet  embellissement,  à  cet  élargissement  de  l'esprit,  but 
supérieur  de  notre  long  effort.  J'irai  même  jusqu'à  dire  que 
peu  de  maîtres  sont  plus  vite  que  nous  récompensés  de  leurs 
peines,  car  nous  voyons  naitre  sous  nos  yeux  et  grandir, 
d'année  en  année,  l'entrain  à  la  conversation;  le  goût  de  la 
lecture  et  de  la  poésie,  enfin  le  sens  des  nobles  et  belles 
choses.  Nous  prenons  un  enfant  ignorant  tout  de  la  langue 
étrangère,  et  il  sort  de  nos  mains  familier  avec  cette  langue, 
non  seulement  capable  de  l'utiliser  à  toutes  fins  pratiques, 
ce  qui  ne  serait  pas  déjà  si  ridicule,  mais  aussi  d'en  tirer 
le  profit  intellectuel  que  procure  le  contact  des  grands 
ouvriers  de  la  tâche  humaine.  C'est  pourquoi,  lorsque  nous 
parlons  d'humanités  modernes,  nous  reportons  mentalement 
sur  la  méthode  directe  le  mérite  de  leur  possibilité.  Non 
que  cette  méthode  soit  parfaite  !  Il  faudrait.,  pour  l'affirmer, 
être  imbu  de  l'étroit  fanatisme  que  je  dénonçais  plus  haut. 
Mais  telle *quelle:,  avec  ses  imperfections,  que  chacun  corrige 
de  son  mieux,  suivant  son  tempérament  et  suivant  les  cir- 
con.stances,  elle  est  la  seule  que  je  reconnaisse  capable  de 
mener  à  bien  la  tâche  qu'on  attend  de  nous  et  de  sauve- 
garder notre  dignité  au  milieu  des  disciplines  autres  et  par- 
fois rivales.  Je  déplore  sexilement  qu'on  l'ait  découronnée  de 
sa  sanction  logique  ;  la  composition  en  langue  étrangère, 
pour  y  substituer  une  version,  ce  qui  est  admissible,  et  un 


l'espkit  qui  vivifie  425 

thème  tiré  de  cette  version,  ce  qui  n'est  guère  défendable. 
C'est  une  atteinte  sérieuse  à  l'hoinogénéité  de  notre  enseigne- 
ment qui  fut  basé  d'ailleurs  sur  un  référendum  étrangement 
prématuré  et  brusque. 


A  cette  méthode,  éprouvée  et  sincèrement  adoptée  par  la 
plupart  d'entre  nous,  que  nous  enseignions  l'allemand  ou 
l'anglais,  l'italien  ou  l'espagnol,  que  voudrait  substituer 
M.  Cahen  '?  Après  des  critiques  si  véhémentes,  si  étudiées, 
si  nombreuses,  portant  sur  la  pratique  et  la  théorie,  j'atten- 
dais, je  le  confesse,  une  révélation  positive,  l'exposé  d'une 
méthode  nouvelle  qui  restaurât  l'édifice  croulant,  et  par 
laquelle  rien  ne  serait  sacrifie  à  la  conversation  bassement 
utilitaire,  tout  se  résoudrait  en  bénéfice  intellectuel,  sans 
perte  de  temp«^,  mais  tout  en  ne  négligeant  pas  les  résultats 
pratiques.  J'ai  connu  la  surprise  et  la  déception.  J'ai  été 
surpris  de  voir  l'attaque  de  M.  (^ahcn  aboutir  à  un  éloge  de 
la  méthode  directe  que  je  tiens  à  citer  en  entier,  avec  ses 
réserves,  parce  que,  tel  c{iicl,  il  ruine  une  bonne  partie  de  ses 
arguments  les  plus  ingénieux.  Le  lecteur  jugera  : 

•  ...Je  ne  demande  pas  l'annulation  pure  et  simple  de  la 
réforme  de  1901.  Je  sais  qu'elle  a  tire  notre  enseignement  de  la 
torpeur  que  nous  avons  eonnue  sur  les  bancs  de  la  classe.  Elle 
a  fait  entrer  dans  nos  maisons  le  large  souffle  de  la  vie.  Certains 
exercices  qu'elle  a  introduits  ou  généralisés  dans  notre  pratique 
quotidienne  représentent  une  conquête  pédagogique  de  premier 
ordre.  Nous  ne  voulons  pas  y  renoncer.  Tous  mes  griefs  se  résu- 
ment à  un  seul  :  la  méthode  directe  a,  de  par  sa  nature  même, 
des  limites  au  delà  desquelles  il  est  dangereux  de  l'employer.  Je 
pense  l'avoir  montré  en  étudiant  l'enseignement  du  vocabulaire  : 
elle  est  une  méthode  intuitive,  elle  n'est  que  cela  et  rien  d'autre.  Je 
n'en  sais  pas  de  meilleure  pour  nos  jeunes  élèves  de  6*  et  de  5\ 
Elle  les  jette  en  pleine  eau  ;  elle  assouplit  les  organes  vocaux, 
affine  l'oreille,  enseigne  rapidement  le  vocabulaire  concret, 
enhardit  le  débutant  à  la  conversation.  Méthode  orale,  elle  alour- 
dit et  dénature  l'exercice  de  la  lecture  ;  elle  ralentit  l'acquisition 
des  hautes  abstractions  du  langage  et  donne  à  l'esprit  de  redou- 
tables habitudes  d'imprécision.  Je  me  résume  et  je  conclus  :  la 
méthode  directe  donne  rapidement  des  résultats  pratiques  qui  ne 
sont  pas  négligeables,  mais  on'  ne  saurait  lui  demander  une 
culture    quelconque    de    l'esprit.    » 


426  LES   LANGUES   MODERNES 

Quand  on  songe  que  l'auteur  a  constamment  dans  l'esprit 
une  conception  absolue  —  et  démodée  —  de  la  méthode 
directe  ;  quand  on  sait  ce  que  l'on  peut  répliquer  à  ses  accu- 
sations, ce  morceau  constitue  en  faveur  de  cette  méthode 
l'éloge  le  plus  complet  que  l'on  puisse  souhaiter.  Il  ne  reste 
donc  plus  à  M.  Cahen  qu'à  adopter  la  méthode  directe  en 
6"  et  en  5%  où  elle  fait,  dit-il,  merveille.  Détrompez-vous  ! 
M.  Cahen  fera  traduire  à  la  fin  de  chaque  classe  le  vocabu- 
laire acquis  au  cours  de  cette  classe  ;  il  fera  des  classes  de 
grammaire  systématique  en  français,  avec  paradigmes  à 
savoir  par  coeur.  C'est  ce  qu'il  annonce  en  ces  termes  :  «  La 
pratique  intégrale  de  la  méthode  directe...  est  limitée...  aux 
classes  de  6"  et  5*  »  !  Pratique  intégrale  !  O  abus  des  mots  ! 
En  4',  et  au  delà,  «  l'explication  se  fait  en  français  ;  on 
traduit  le  texte,  et  on  le  commente  succinctement  en  fran- 
çais. »  Il  y  aura  cependant  des  exercices  oraux  en  langue 
étrangère,  qui  prendront  ec  4^  les  2/3  de  la  classe,  pour 
diminuer  progressivement  jusqu'à  1/3  en  1"  :  plus  l'élève 
peut  s'exprimer  facilement,  plus  il  faut  lui  en  refuser  l'occa- 
sion. 

Comme  devoir,  ^L  Cahen,  que  la  récente  «  réforme  >>  du 
baccalauréat  doit  combler  d'aise,  ne  voit  et  ne  prône  que  le 
thème  d'imitation,  et  il  avance  en  sa  faveur  cette  raison  inat- 
tendue :  tous  les  concours  des  grandes  Ecoles  comportent 
un  thème  !  Par  suite,  sans  doute,  d'un  décret  spécial  de  la 
providence....  "  La  grammaire  doit  être  en  français.  »  «  jLJn 
bon  dictionnaire  étranger-français.  »  Tout  l'api^areil  d'étude 
des  langues  luortes.  Pour  couronner  cette  construction 
M.  Cahen,  au  milieu  d'idées  justes  sur  la  liaison  de  notre 
enseignement  avec  celui  de  l'histoire,  propose  une  série  de 
conférences  en  français  sur  l'histoire  littéraire  du  pays 
étranger  dont  nous  enseignons  la  langue. 

J'ai  parlé  de  déception.  C'est  que  je  connais  un  système 
d'enseignement  des  langues  modernes  qui  ressemble  comme 
un  frère  à  celui  qui  nous  est  ici  proposé  :  c'est  celui  qui  fai- 
sait régner  la  «  torpeur  »  sur  les  bancs  de  la  classe.  La 
no'uveauté  de  M.  Cahen  est  une  régression  pure  et  simple. 
Tout  ce  qu'il  préconise,  on  l'a  fait  avant  nous,  on  l'a  rejeté 
pour  adopter  la  méthode  directe,  non  seulement  en  France, 
mais  à  peu  près  partout  dans  le  monde.  Les  concessions  à 
l'esprit  moderne  introduites  dans  le  vieil  organisme  ne  sont 
qu'apparentes.  On  ne  peut  pas  mener  une  classe  à  la  fois  en 
français  et  en  langue  étrangère.  A  mélanger  les  deux  métho- 


L'ESPHIT    Ql'I    VIVIFIE  427 

(les,  {|ui  sont  inconciliables,  on  risque  simplement  de  les 
fiiusser  toutes  deux  :  il  faut  choisir.  Quant  aux  conférences 
sur  les  hauts  sommets  littéraires,  prenons  garde  de  faire  au 
lycée  de  l'enseignement  supérieur  sous  sa  forme  la  plus  futile 
e*  la  plus  oratoire.  A  coup  sûr,  M.  Cahen  m'a  déçu  en  con- 
lirniant  à  mes  yeux  cet  adage,  que  détruire  n'est  rien  auprès 
de  construire.  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  qu'à  mon  avis 
il  n'a  rien  détruit,  et  —  malgré- la  discourtoisie  non  voulue,  et 
dont  je  m'excuse,  d'une  expression  commode,  —  qu'il  a  sur- 
tout enfoncé  des  portes  largement  ouvertes. 


Si  les  critiques  et  les  i^ropositions  de  notre  collègue  repré- 
sentaient l'opinion  de  tous  les  professeurs  d'allemand,  il  ne 
s'agirait  plus  tant  de  les  critiquer  que  de  les  admettre 
comme  un  fait  important,  devant  lequel  on  ne  peut  que  s'in- 
cliner. C'est  ce  que  semble  faire  M.  Maillan,  dans  la  très 
intéressante  réponse  qu'il  a  écrite  pour  la  Revue  Universi- 
taire (1).  Pour  moi,  je  ne  pense  pas  que  M.  Cahen  soit  suivi 
par  la  majorité  des  germanistes,  chez  lesquels  se  trouvent 
quelques-uns  des  défenseurs  les  plus  attitrés  de  notre  ensei- 
gnement actuel.  Cet  examen  de  conscience  fait  en  public 
n'en  est  pas  moins  un  symptôme  à  la  fois  heureux  et  fâcheux: 
heureux  en  ce  qu'il  montre  nos  scrupules  professionnels  et 
notre  profonde  sincérité  ;  fâcheux  peut-être,  s'il  fournit  des 
arguments  spécieux  aux  gens  qui  ne  sont  pas  les  partisans 
ou  les  adversaires  d'une  méthode,  mais  les  ennemis  achar- 
nés des  langues  modernes.  Peut-être  n'y  a-t-il  au  fond,  entre 
'SI.  Cahen  et  nous,  qu'un  sérieux  malentendu.  Peut-être  a-t-il 
donné  une  interprétation  étroite,  un  tour  absolu,  à  de  sim- 
ples indicaflons  toutes  relatives.  En  tout  cas,  ses  griefs  lui 
demeurent,  jusqu'à  présent,  personnels.  Il  les  a  érigés  en 
doctrine.  Mais  j'estime  que  si,  en  1917  ou  1918,  pour  les  rai- 
sons diverses  que  j'ai  rappelées,  les  élèves  de  Valence  n'ont 
pas  donné,  en  allemand,  tout  ce  qu'on  attendait  d'eux,  — 
ce  n'est  pas  une  raison  suffisante  pour  bouleverser  dans 
toute  la  iFrance  une  manière  d'enseigner  qui  a  fait  ses 
preuves,  que  la  majorité  continue  à  préférer,  et  qui  est  liée 
si  intimement  à  la  place  que  nous  avons  su  conquérir  dans 
l'enseignement  secondaire. 

A.     RiVOALLAN, 
(1)    N»   4.   avril    1920. 


La  Reichsschulkonferenz 


Retardée  par  les  troubles  du  coup  d'Etat  de  Kapp-Lutt- 
Avitz,  la  Reichsschulkonferenz  n'a  pu  se  réunir  qu'en  juin,  du 
11  au  19.  Ce  retard  de  ti'ois  mois  lui  a  nui  grandement.  Les 
événements  marchent  vite,  en  ce  moment,  en  Allemagne,  et  la 
situation,  au  moment  où  les  séances  s'ouvrirent,  n'était  plus 
la  même  qu'au  moment  où  la  conférence  avait  été  convo- 
quée. Peut-être  faut-il  attribuer  à  cette  circonstance  le  désap- 
pointement qui  se  révèle  dans  la  presse  à  l'occasion  de  cette 
assemblée.  On  avait  fondé  sur  elle  des  .espoirs  prodigieux. 
Elle  devait  être  une  manifestation  unique  dans  les  annales 
de  l'enseignement,  une  Constituante  chargée  de  légiférer  et 
d'élaborer  le  statut  définitif  de  l'Ecole.  Elle  a  été,  en  réalité, 
un  congrès  toufTu,  confus,  empêtré  dans  les  théories  pédago- 
giques les  plus  variées  et  dans  des  conceptions  politiques  et 
philosophiques  disparates.  Malgré  une  préparation  très  cons- 
ciencieuse des  questions  traitées,  et  malgré  les  efforts  méri- 
toires de  son  président  et  organisateur,  le  sous-secrétaire 
d'Etat  Schulz,  pour  assurer  une  stricte  discipline  des  débats, 
elle  n'a,  en  somme,  abouti  à  aucun  résultat  positif.  Peut- 
être  avait-elle  été  trop  ambitieuse  en  cherchant  une  solution 
définitive  à  tous  les  problèmes  scolaires  de  notre  époque. 
C'est  à  grand'peine  qu'elle  a  réussi  à  les  énumérer,  et  elle  a 
dû,  en  présence  des  difficultés  rencontrées,  renoncer  à  être 
autre  chose  qu'une  consultation  pédagogique  sans  aucune 
sanction.  On  peut  se  faire  une  idée  de  ces  difficultés  par  les 
aperçus  suivants  :  près  de  700  participants,  délégués  par 
tous  les  ordres  d'enseignement,  toutes  les  classes  de  la 
société,  tous  les  partis  politiques  ;  8  groupes  de  questions,  22 
commissions  et  un  nombre  imposant  de  sous-commissions, 
un  ordre  du  jour  si  chargé,  que  la  seule  publication  des  rap- 
ports et  l'énuméralion- des  matières  à  traiter  remplissent  un 
gros  volume  de  près  de  900  pages  (1)  ;  une  limitation  très  ri- 
goureuse des  débats:  10  minutes  accordées  à  chaque  rappor- 


(1)  «  Die  deutschc  Scliiiheform  »  Librairie  Quelle  et  Meyer,  Leipzig, 
1920,1  vol.,  886  pages,  80  .Mk.  Ce  vohime,  publié  en  mars,  était  destiné 
à  servir  d'aide-mémoire  aux  congressistes. 


LA   REICHSSCHLLKOXFEREXZ  429 

leur  pour  exposer  ses  conclusions,  5  minutes  à  tout  orateur,  à 
condition  {l'être  inscrit  à  l'avance,  pour  faire  valoir  ses  objec- 
tions ou  ses  propositions:  tout  contribuait  à  étriquer,  si  je  puis 
dire,  le  grandiose  projet  primitif.  Faut-il  s'étonner  dès  lors, 
que  rien  de  nouveau  ne  soit  sorti  de  ces  débats  ?  Ils  ne  pou- 
vaient être  qu'une  énuniération  rapide  de  théories  que  la 
brièveté  des  discussions  ne  permettait  ni  de  réfuter  ni  de 
conrilier  sérieusement. 


Il  n'est  guère  possible,  dans  le  cadre  restreint  d'un  article, 
de  retracer,  même  en  les  résumant,  ces  débats  touffus.  Quel- 
ques-unes des  questions  traitées  présentent  cependant  pour 
nous  un  vif  intérêt,  soit  cp-i'elles  se  posenT  également  dans 
notre  pays,  soit  qu'elles  révèlent  les  tendances  de  l'enseigne- 
ment en  Allemagne.  Toutefois,  en  exposant  les  principaux 
problèmes  qui  ont  occupé  la  Conférence,  il  convient  de  se 
rappeler  qu'elle  a  pour  ainsi  dire,  délibéré  dans  l'absolu, 
sans  se  soucier  de  la  réalisation  et  surtout  des  possibilités 
financières  de  mise  en  pratique  des  systèmes  proposés. 

On  peut  affirmer  que  la  Conférence  a  été  un  effort  d'unili- 
cation,  de  centralisation  de  l'enseignement.  Sans  difficultés 
à  la  presque  unanimité,  elle  a  admis  en  principe  que  l'éduca- 
tion nationale  était  du  ressort  du  Reicli,  et  que  la  création 
d'un  organisme  central  de  l'Instruction  Publique  s'imposait. 
Elle  a  également  admis  que  les  membres  du  corps  enseignant 
devaient  être  fonctionnaires  du  Reich,  et  que  leur  statut 
devait  être  uniforme.  Il  est  vrai  que  dans  la  suite,  la  confé- 
rence n'a  pas  hésité  à  se  déjuger,  et  qu'elle  a  rendu  aux 
Etats  particuliers  une  large  part  dans  l'administration  de 
l'enseignement.  Si  l'on  •  ajoute  -  quelques  points  de  détail 
(unification  de  l'année  scolaire,  date  des  vacances,  etc.),  on 
aura  à  peu  près  épuisé  la  série  des  questions  sur  lesquelles 
l'unanimité  a  été  réalisée.  Les  vœux  tendant  à  l'unification 
du  statut  du  personnel,  à  celle  de  la  durée  des  études  et  de 
\p  date  des  congés,  ont  les  plus  grandes  chances  d'être  adop- 
tés par  tous  les  Parlement  locaux. 

Parmi  les  grandes  questions  posées  devant  le  congrès  il  en 
est  trois  qui  ont  particulièrement  retenu  son  attention  puis- 
qu'il a  été  consacré  un  jour  entier  à  chacune  d'elles  :  ce  sont, 
dans  l'ordre  de  la  discussion  :  l'organisation  scolaire 
(Schulaufbau),  la  préparation  des  maîtres,  enfin  la  pédagogie 
du  travail. 


430  LES   LANGUES    MODERNES 

La  première  est  politique  autant  que  pédagogique.  Nous  la 
connaissons,  car  elle  se  pose  chez  nous  également  ;  c'est  en 
deux  mots  la  question  de  l'école  unique.  On  reproche  à  l'an- 
cien système  de  maintenir  la  séparation  entre  les  classes  socia- 
les ;  on  sacrifie,  dit-on,  95  0/0  de  la  population  scolaire  pour 
distribuer  à  5  0/0  les  bienfaits  d'une  culture  supérieure,  et  ces 
5  0/0  ne  sont  pas  les  meilleurs,  mais  ceux  que  la  fortune  ou 
la  naissance  ont  favorisés.  Il  faut  réparer  cette  injustice, 
faire  équitablement  la  sélection  de  l'élite,  éliminer  à  tous  les 
degrés  les  non-valeurs.  Les  partis  d'extrême-gauche  propo- 
sent de  négliger  délibérément  les  5  0/0  de  l'élite  les  «  dix 
mille  des  classes  supérieures  »  (Obère  Zehntausend)  et  de 
pratiquer  la  culture  des  masses  (Massenkultur).  Ils  restent  à 
peu  près  seuls  de"  leur  opinion.  Mais  une  autre  solution  réunit 
les  partis  les  plus  différents  :  Elle  consiste  à  dire  :  pour  réa- 
liser cette  sélection  de  l'élite,  il  est  nécessaire  que  tous  les 
enfants  sans  distinction  d'origine,  passent  par  la  même  école, 
et  que  seuls  les  meilleurs  accèdent  aux  degrés  supérieurs.  Un 
premier  pas  a  été  fait  dans  "cette  voie  par  l'institution  de 
l'école  élémentaire  (Grundschule)  obligatoire  pour  tous  pen- 
dant 4'  ans.  La  loi  actuelle  votée  en  avril  dernier,  maintient 
les  divers  types  d'école  existant  actuellement,  au  delà  de  la 
quatrième  année  d'études.  La  question  posée  à  la  conférence 
était  :  Faut-il  maintenir  ce  système  ou  prolonger  la  période 
de  l'école  unique  de  deux,  trois  ou  quatre  ans  ?  La  politique 
se  mêle  ici  très  intimement  à  la  question  scolaire.  L'école 
unique  est.  incontestablement  une  revendication  démocrati- 
que et  la  prolongation  de  la  Grundschule  à  6  ou  même  à 
9  années  a  été  vigoureusement  appuyée  par  les  partis  de  gau- 
che. Mais,  fait  étrange  et  digne  de  remarque  :  cette  proposi- 
tion n'a  pas  rencontré  parmi  les  délégués  conservateurs  l'op- 
position que  l'on  aurait  pu  en  attendre.  Ceux-ci  se  sont  ral- 
liés assez  facilement  à  l'idée  de  l'école  unique,  se  réservant 
d'imposer  leur  conception  au  moment  où  seraient  discutés 
les  programmes  de  ces  établissements  :  et  ils  ont  en  effet 
proposé  que  l'école  unique  ainsi  instituée  eût  le  programme 
de  r  «  école  allemande  »  ou  «  gymnase  allemand  «,  c'est- 
à-dire  que  toutes  les  matières  enseignées  fussent  subordon- 
nées à  l'allemand  et  au  point  de  vue  allemand,  à  l'e^cclusion 
de  tout  élément  étranger.  Et  il  semble  bien  que  les  objections 
à  cette  proposition  n'aient  pas  été  bien  fortes. 

La  différenciation  des  écoles  a  été  réclamée  par  la  plupart 
des  professeurs   de   l'enseignement    secondaire    et    supérieur. 


LA   REICHSSCHULKONFERENZ  431 

Le  groupe  des  «  Réformateurs  radicaux  de  l'école  »  (Bund 
entschiedcner  Schulreformer)  a  proposé  un  système  extrê- 
mement souple  :  12-16  heures  d'enseignement  fondamental, 
de  6  à  16  ans,  et,  au  choix  de  l'élève,  suivant  ses  aptitudes, 
un  certain  nombre  d'enseignements  facultatifs.  Il  semble 
malheureusement  que  ce  projet,  très  intéressant,  ne  soit 
guère  réalisable,  à  cause  de  ses  répercussions  linancières  ; 
comme  il  ne  sera  pas  possible  d'entretenir  partout  des  chai- 
res peut-être  sans  auditeurs,  le  choix  sera  forcément  limité 
aux  enseignements  déjà  existants,  et  les  possibilités  d'option 
seront  très  restreintes. 

Une  autre  motion  transactionnelle,  adojjtée  finalement  par 
la  commision,  propose  l'organisation  suivante  : 

1)  A  la  base  une  Grundschiiœ  d'une  durée  de  6-8  ans,  ou 
bien,  dans  les  villes  et  pour  les  enfants  destinés  à  l'enseigne- 
ment secondaire,  4  ans  suivis  '  d'une  école  moyenne 
(Mittelstufe)  de  3  ans,  donnant  accès  à  l'enseignement  secon- 
daire. 

2)  Au-dessus  de  la  «  Grundschule  »,  une  bifurcation  dont 
les  deux  branches  peuvent  aboutir  à  l'enseignement  supé- 
rieur ;  d'une  part  les  établissements  secondaires  à  3  ou  à 
6  classes  (Realschulp,  Lyceum,  ou  Gymnasium,  Realgymna- 
sium.  Oberrealschule,  deutsche  Oberschule),  de  l'autre  une 
école  primaire  (Volksschule)  aboutissant  à  l'école  technique 
professionnelle,  soit  à  une  école  de  perfectionnement 
(Aufbauschule)  donnant  accès  à  l'Université  après  4  années 
d'études.  . 

Il  est  remarquable  que  le  maintien  des  écoles  privées,  sup- 
primées par  la  loi  sur  la  «  Grundschule  »  a  été  demandé  ; 
ces  écoles  constituent  en  effet  d'utiles  champs  d'expériences. 
C'est  aussi  à  l'initiative  privée  que  l'on  abandonne  l'éduca- 
tion de  l'enfance  dans  la  période  pré-scolaire  (jardins  d'en- 
fants, etc.). 

On  a  bataillé  ferme  également  sur  la  formation  des  maî- 
tres. On  reproche  aux  professeurs  de  l'enseignement  secon- 
daire de  ne  recevoir  qu'une  préparation  pédagogique  insuf- 
fisante, aux  professeurs  de  l'enseignement  primaire,  de  ne 
posséder  qu'une  culture  générale  rudimentaire.  Pour  y  remé- 
dier les  représentants  de  l'enseignement  primaire  réclament 
une  préparation  uniforme  pour  tous  les  candidats  à  un  poste 
d'enseignement,  et  l'accès  de  ces  candidats  à  l'université.  Les 
représentants  de  l'enseignement  supérieur  se  sont  opposés 
énergiquement  à  ce   vœu  ;    ils   se    sont   par    contre    déclarés 


432  LES   LANGUES    MODERNES 

favorables  à  l'établissement  d'écoles  pédagogiques  (padago- 
gische  Hochschule)  par  lesquelles  devrait  passer  tout  can- 
didat à  un  poste  d'enseignement  soit  primaire  (à  la  sortie  de 
Ir  «  deutsche  Oberschule  »  ),  soit  secondaire  (après  les  étu- 
des à  l'université).  Les  professeurs  de  l'enseignemeat  supé- 
rieur collaboreraient  volontiers  à  l'ejaseignement  dans  ces 
écoles. 

Enfin,  il  y  a  lieu  de  noter  tout  particulièrement  la  transfor- 
mation des  écoles  d'instituteurs  (Lehrerseminare)  en 
«  deutsche  Oberschulen  »,  c'est-à-dire  en  écoles  oii  le 
caractère  nationaliste  allemand  des  programmes  est  particu- 
lièrement accentué.  On  semble  compter  Outre-Rhin  sur  le 
maitre  d'école  pour  préparer  la  revanche. 

Si  nous  pouvons  en  somme  nous  applaudir  de  ce  que,  sur 
les  deux  points  énumérés  ci-dessus,  il  ne  soit  pas  intervenu 
de  solution  définitive,  et  si  les  solutions  proposées  nous  lais- 
sent l'inquiétude  de  voir  peut-être  l'école  dresser  la  jeunesse 
allemande  à  l'orgueil  de  race  et  à  l'agression  de  ses  voisins, 
en  revanche  le  débat  sur  la  pédagogie  du  travail  a  été  des 
plus  intéressants.  Il  s'est  dit,  tant  en  séance  plénière  que 
dans  la  Commission,  beaucoup  de  choses  excellentes,  neuves, 
et  —  pour  l'Allemagne  surtout,  —  révolutionnaires.  C'est  une 
révolution  pédagogique  de  proclamer  en  Allemagne  que  le 
but  de  l'école  n'est  pas  de  former  des  sujets  obéissants  et 
des  fonctionnaires  chargés,  de  multiples  diplômes,  mais  des 
citoyens  libres  ;  c'est  une  révolution  de  substituer  au  prin- 
cipe iVi^nitçrité  celui  de  responsabilité,  à  l'enseignement  exté- 
rieur, que  l'on  verse  dans  les  mémoires,  la  formation  de  l'es- 
prit par  l'expérience  et  la  réflexion.  C'est  aussi  une  révolu- 
tion véritable  de  ne  plus  séparer  comme  on  le  faisait,  d'une 
part  la  famille  et  l'école,  l'éducation  et  l'instruction,  de  l'au- 
tre l'école  et  la  cité.  Les  hardis  réformateurs  qui  se  sont 
occupés  de  cette  question  considèrent  l'école  comme  une 
petite  cité,  comme  une  «  communauté  de  travail  >> 
(Arbcitsgemeinschaft)  que  tous  ses  membres  ont  intérêt  à 
faire  prospérer,  où  tous  peuvent  exprimer  leur  opinion  et  la 
faire  valoir  pourvu  qu'elle  soit  juste,  où  tous  sont  solidaires 
les  uns  des  autres.  Et  pour  que  cette  discipline  librement 
consentie  soit  réelle  ou  donne  à  chacun  —  même  aux  élèves 
—  sa  part  de  responsabilité,  l'Assemblée  de  l'Ecole,  qui  se 
réunit  solennellement  à  certaines  époques  de  l'année  et 
extraordinairement,  selon  les  besoins,  se  compose  des  maî- 
tres, de  délégués  élus  par  les  familles  (Eltcrnbeiriite)  et  de 
délégués  des  élèves,  désignés  par  leurs  camarades. 


l.A    IIEICHSSCHCLKONFEHENZ  433 

In  autre  point  de  cet  intéressant  projet  semble  emprunté 
à  nos  programmes  d'enseignement  primaire,  —  où  il  est 
d'ailleurs  imparfaitement  réalisé.  Il  s'agit  de  réhabiliter  le 
travail  manuel.  L'élève  qui  n'aura  pas  été  admis  à  l'enseigne- 
ment supérieur,  ou  que  l'on  aura  dirigé  sur  l'enseignement 
technique,  ne  doit  pas  être  une  non-valeur,  ou  avoir  l'impres- 
sion d'en~ctre  une.  Pour  donner  à  l'enfant  la  notion  que  le 
travail  manuel  n'est  pas  une  déchéance  par  rapport  au  tra- 
vail intellectuel,  on  cherchera,  au  cours  des  récréations,  à 
dévelo])pcr  l'habileté  manuelle  de  l'enfant,  à  tous  les  degrés 
d'enseignement.  Il  apprendra  à  manier  un  outil,  bêche  ou 
rabot,  et  à  créer  selon  ses  forces,  ses  aptitudes,  sa  fantaisie, 
des  objets  usuels.  Cela  vaudra  miénx  que  de  tourner  en  rond 
dans  des  cours  maussades,  comme  le  font  tant  de  nos  élèves 
en  attendant  avec  impatience  l'heure  de  rentrer  en  classe  — 
non  point  d'aillexirs  par  amour  de  l'étude,  mais  par  désoeu- 
vrement. N'oublions  pas  que  des  prescriptions  se  trouvent 
déjà  dans  les  programmes  de  Jules  Ferry,  pour  l'enseigne- 
ment primaire,  avec  les  mêmes  limitations  qu'ici  (il  ne  s'agit 
pas  de  faire  l'apprentissage  complet  d'un  métier,  mais  sim- 
plement de  développer  chez  tous  les  enfants  l'ingéniosité  et 
l'habileté  manuelle)  :  dans  combien  d'écoles,  chez  nous,  cet 
enseignement  a-t-il  pu  être  organisé  ? 


Il  s'est- dit  encore  bien  d'autres  choses  à  la  Reichsschul- 
konferenz.  Il  n'est  guère  de  sujet  pédagogique  qui  n'ait  figuré 
à  son  ordre  du  jour.  Malheureusement  le  nombre  en  était  tel 
qu'il  n'a  pu  leur  être  consacré  qu'un  temps  dérisoire,  et  que 
les  comptes  rendus  de  la  presse  les  passent  à  peu  près  tous 
sous  silence.  Les  questions  dont  nous  avons  parlé  ont  formé 
véritablement  le  centre  des  débats.  Ce  sont  les  seuls  au  sujet 
desquels  il  y  ait  eu  une  discussion  un  peu  sérieuse,  permet- 
tant d'apercevoir  les  grands  courants  d'opinion.  Nous  avons 
vu  que  ces  courants,  en  ce  qui  concerne  la  formation  des 
maîtres  et  des  divers  types  d'écoles,  ne  laissent  pas  d'être 
inquiétants,  et  bien  que  le  débat  n'ait  pas  reçu  de  solution 
définitive,  nous  avons  lieu  de  craindre  qu'il  en  intervienne 
une  qui  soit  peu  favorable.  Par  contre,  nous  pourrons  peut- 
être  tirer  d'utiles  indications  de  la  pédagogie  nouvelle  for- 
mulée à  ce  congrès.  En  proclamant  le  droit  de  l'enfant  à  ne 
plus  être  traités  co:nme  une  matière  à  expériences,  en  dévelep- 

29. 


434 


LES   LANGUES   MODERNES 


pant  chez  lui  le  sens  de  la  responsabilité,  en  faisant  tomber 
les  cloisons  étanches  qui  séparent  l'école  de  la  famille  et  du 
monde  extérieur,  elle  affirme  des  choses  qui  déjà  ne  nou;s 
sont  pas  étrangères,  mais  qui  sont  trop  souvent  demeurées 
chez  nous  des  formules.  Nous  pouvons  souhaiter  qu'elles 
deviennent  des  réalités,  et  que  nos  maîtres,  qui,  au  contraire 
de  leurs  collègue^  d'Outre-Rhin,  n'ont  jamais  perdii  de  vue 
le  souci  d'être  des  éducateurs,  donnent  à  l'école  régénérée  sa 
place  véritable  dans  la  nation. 


Gaston  HIRTZ. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES    ANGLAISES 


Parlant  le  mois  dernier  à  Birmingham,  H.-d.  Wells  présen- 
tait une  intéressante  défense*  de  l'utopisme.  Quiconque  veut 
construire,  dit-il,  doit  avoir  une  vision  utopique  de  son  édi- 
fice. Faute  de  l'avoir  eue,  les  fondateurs  de  la  Société  des 
Nations  ont  abouti  à  une  institution  qui,  loin  de  créer  un 
état  d'esprit  international,  entretient  ardents  les  patriotisrties 
étroits  et  agressifs.  De  même  l'absence  de  cette  vision  utopi- 
que chez  les  bolchevistes  explique  leur  impuissance  à  réali- 
.ser  le  socialisme  en  Russie,  où  la  terre  ne  tardera  pas  à 
appartenir  à  de  petits  propriétaires,  et  les  industries  à  des 
capitalistes  étrangers. 

L'auteur  de  .4  Modem  Utopia,  romancier  visionnaire  et 
observateur  minutieux,  se  propose,  par  souci  de  docjmienta- 
tion,  d'aller  en  Russie  y  étudier  l'état  des  choses.  Rien  ne 
sera  plus  curieux  que  de  savoir  comment  Wells  aura  réagi  au 
contact  des  réalités  bolchevistes  et  de  confronter  ses  obser- 
vations avec  celles  que  rapporte  de  Moscou  la  délégation  tra- 
vailliste. 

Celle-ci  fait  justice  de  certains  récits  publiés  dans  la  presse 
dite  capitaliste  sur  la  garde  chinoise,  le  luxe  des  commis- 
saires, la  nationalisatiqn  des  femmes  ;  elle  notif  avec  admira- 
tion l'effort  considérable  des  Soviets  pour  amener  plus  de 
justice  sociale  ;  mais  pour  établir  un  bilan  sincère,  elle  ne 
manque  pas  de  mettre  en  regard  le  prix  dont  les  avantages 
acquis  sont  payés  :  restriction  de  la  liberté  individuelle  et 
militarisation  de  plus  ert  plus  sévère  de  l'atelier.  Sa  conclu- 
sion^est  qu'avec  la  guerre  étrangère,  la  guerre  civile  et  le 
blocus,  la  Révolution  Russe  s'est  développée  dans  des  condi- 
tions particulièrement  difTiciles,  «  the  Riissîan  Révolution 
has  not  had  a  fai^  chance  «^  et  qu'il  importe  à  l'Angleterre 
de  faire  avec  la  Russie  une  paix  durable  sur  la  base  de  la 
non-intervention  de  l'une  dans  les  affaires  intérieures  de 
l'autre. 

Pendant  la  retraite  polonaise,  le  Labour    Party    a    montré 


436  LES   LANGUES   MODERNES 

une  sympathie  agissante  pour  la  Russie,  sympathie  qui  s'est 
surtout  manifestée  quand  les  armées  bolchevistes  étaient  vic- 
torieuses, tant  il  est  vrai  que  même  dans  les  milieux  antimili- 
taristes, les  hommes  ne  peuvent  rester  insensibles  aux  succès 
des  armes.  Dès  que  Varsovie  fut  menacée,  les  Trade-Unions, 
revenant  sur  la  décision  prise  à  leur  dernier  congrès,  se 
déclarèrent  prêtes  à  recourir  à  l'action  directe  pour  empê- 
cher leur  pays  d'intervenir  dans  le  conflit  russo-polonais,  et 
de  fait  elles  désignèrent  un  comité  d'action  chargé  d'imposer 
au  gouvernement  une  stricte  neutralité.  Neutralité  n'est  d'ail- 
leurs qu'un  euphémisme  camouflant  les  sentiments  dénués  de 
bienveillance  des  travaillistes  à  l'égard  de  la  Pologne.  Déjà  le 
1^'  Mai  dernier  avait  été  l'occasion  pour  les  masses  ouvrières 
de  Londres  défilant  devant  la  légation -jjolonaise  d'une  mani- 
festation contre  le  gouvernement  de  Varsovie.  Cette  hostilité 
ne  fit  que  s'accentuer  lorsque  la  Pologne  donna  der.  signes 
de  lassitude  et  qu'on  put  croire  à  sa  capitulation  prochaine. 
De  sorte  que  la  générosité  des  classes  populaires  anglaises 
ne  s'étend  pas  à  tous  les  faibles,  elle  se  laisse  émouvoir 
par  le  succès  militaire  et  elle  est  trop  partiale  pour  ne  pas 
être  suspecte. 

Le  Comité  d'Action  se  félicite  d'avoir  épargné  à  l'Angle- 
terre les  risques  d'une  guerre.  ^îais  d'après  M.  Lloyd  George, 
il  n'aurait  fait  qu'enfoncer  une  porte  ouverte.  C'est  M.  Lloyd 
George  qui  doit  avoir  raison.  On  sait  que  dans  les  affaires 
continentales,  le  Premier  se  soucie  peu  de  montrer  de  la  déci- 
sion, de  la  fermeté  et  de  l'esprit  de  suite  ;  il  lui  est  plus 
facile  d'aller  au  secours  du  vainqueur.  Cependaht,  l'initiative 
du  Comité  d'Action,  bien  que  secondant  l'effort  gouverne- 
mental, avait  ceci  d'inquiétant  qu'elle. était  anticonstitution- 
nelle. La  victoire  polonaise  a  empêché  que  ■  la  constitution 
anglaise  ne  fût  violée  davantage  et  pour  quelque  temps  elle  a 
délivré  le  gouvernement  d'une  assez  grave  préoccupation. 


Si  l'horizon  s'est  éclairci  momentanément  en  Europe, 
les  possibilités  de  contamination  bolcheviste  du  côté  de  la 
Perse  subsistent.  Plus  que  jamais  l'Inde  et  l'Egypte  sont 
menacées.  Mais  les  récentes  négociations  entre  les  nationalistes 
ég>ptiens  et  Lord  Milner  n'indiquent-elles  pas  d'autre  part 
que  par  une  politique  hardie  et  souple  l'Angleterre  saura 
défendre  sa  situation  dans  les  territoires  d'Outre-Mer  ?  Nul 
doute    qu'elle    ne    consente    aux    émancipations    inévitables 


CHKONIQLE   ÉTRANGÈRE  437 

avant  inênie  que  les  sommations  se  produisent.  Au  prix  de 
certaines  renonciations  dans  l'ordre  gouvernemental,  il  lui 
sera  possible  de  retenir  des  avantages  d'ordre  stratégique  et 
commercial  ;  de  s'attacher  par  traités  ses  anciens  vassaux, 
d'en  faire  de  nouveaux  associés,  intéressés  au  maintien  de  la 
puissance  britannique. 

L'on  s'étonne  que  ce  qui  est  réalisable  en  Egypte  ne  le  soit 
pas  encore  en  Irlande.  Est-ce  la  volonté  d'aDoutir  qui  fait 
défaut  de  part  et  d'autre  ?  L'Angleterre  manque-t-elle  de  libé- 
ralisme ou  l'Irlande  est-elle  irréductible?  Chaque  jour  voit  sur- 
gir de  nouvelles  difiicultés.  Certains  esprits  craignent  que  lu 
mort  attendue  du  Lord-Maire  de  Cork  ne  rende  encore  plus 
difficile  le  règlement  de  la  question  irlandaise,  comme  si  en 
l'état  actuel  des  choses  des  aggravations  de  celte  nature 
étaient  à  redouter.  Quelque  pénible  qu'il  soit,  il  en  sera  .de 
cet  événement  comme  de  l'expulsion  de  l'archevêque  Mannix, 
comme  de  l'assassinat  chaque  jour  plus  fréquent  des  poli- 
cemen  ;  de  nouvelles  violences,  de  nouveaux  meurtres  les 
feront  oublier.  C'est  tout  à  l'honneur  des  Anglais,  que  leur 
sensibilité  s'émeuve  à  la  pensée  d'un  adversaire  décidé  au 
suicide  plutôt  qu'à  la  captivité  ;  mais  le  spectacle  n'est  pas 
non  plus  sans  grandeur  d'un  gouvernement  résolu,  malgré 
ses  répugnances,  à  montrer  qu'il  n'offre  aucune  prise  à  cette 
sorte  de  chantage  que  constitue  la  grève  de  la  faim. 

Il  faut  souhaiter  que  si  M.  Mac  Swiney  vient  à  s'éteindre, 
son  sacrifice  ne  soit  pas  vain,  que  devant  cette  fin  lamentable 
les  partis  opposés  se  ressaisissent,  cherchent  à  se  rencontrer 
et  à  s'entendre.  Ils  n'aurorft  qu'à  obéir  aux  suggestions  de  la 
Conférence  Irlandaise  pour  la  Paix  qui  a  siégé  pour  la  pre- 
mière fois  à  Du'ulin  le  mardi  24  août.  Les  travaux,  d'approche 
sont  maintenant  achevés  ;  la  Conférence  qui  réunit  des  per- 
sonnalités d'esprit  modéré  appartenant  à  tous  les  partis  (à 
l'exclusion  des  Unionistes  de  l'Ulster  et  des  Sinnfeiners),  et 
n'ayant  jamais  pris  une  part  active  aux  luttes  politiques, 
den^^ande  au  gouvernement  d'abandonner  la  tactique  actuelle 
menant  à  la  guerre  civile  et  d'accorder  à  l'Irlande  l'indépen- 
dance au  sein  de  l'Empire.  Cette  pétition,  effort  désespéré  en 
vue  d'une  solution  pacifique  du  conflit,  présentée  au  moment 
où  agonise  le  Lord-Maire  de  Cork,  ne  manque  pas  de  pathé- 
tique ;  on  voudrait  croire  qu'elle  sera  entendue  et  qu'elle 
marquera  le  signal  d'un  retour  rapide  des  partis  extrêmes  à 
la  raison  froide  sans  laquelle  rien  ne  se  fait  d'utile  ni  de 
durable.  Marcel  Loraxs. 

Sarreboiirg,  le  11  septembre  1920. 


438  LES  LANGUES   MODERNES 

N0TE5     RHÉNANES 


L'Ur)iversité  de  Cologne 

I 

Le  titre  de  cette  Note  excitera  sans  doute  quelque  surprise, 
et  en  effet  l'université  de  Cologne  ,^_t  une  création  toute 
récente,  mais  elle  est  en  même  temps  une  résurrection.  J'ai 
sur  ma  table  un  ouvrage  fort  curieux  publié  en  1594,  à  Colo- 
gne, par  un  certain  Jacob  Middendorp,  alors  recteur  de 
l'Université  de  cette  ville,  sur  les  Ecoles  les  plus  célèbres  du 
monde  entier  (1).  Bien  entendu,  l'auteur  n'a  pas  manqué 
d'être  abondant  sur  l'université  dont  il  était  le  chef.  Elle 
avait  été  fondée  en  1388  par  une  bulle  d'Urbain  VI,  le  pap  • 
dont  l'élection  amena  le  grand  schisme.  Cette  université  fut 
donc  des  premières  créées  en  Allemagne,  et  presque  aussitôt 
après  Vienne  et  Heidelberg  qui  paraissent  être  respectivement 
de  1365  et  1386.  Quant  à  l'université  de  Prague,  la  première 
qui  ait  été  fondée  au  Nord  des  Alpes,  en  1348,  elle  ne  doit 
pas  être  mentionnée  au  point  de  vue  exclusivement  allemand 
et  c'est  de  toute  évidence  fausser  l'histoire  de  ses  origines,  et 
surtout  les  intentions  de  son  fondateur,  que  de  la  définir,  ainsi 
que  l'a  fait  un  des  professeurs  de  la  nouvelle  université  de 
Cologne,  le  D'  Moritz,  comme  «  le  plus  ancien  boulevard  du 
germanisme  »  (2).  Qu'on  me  permette  d'insister  un  peu  sur 
ce  point,  très  intéressant  en  soi  et  surtout  qui  a  sa  répercus- 
sion sur  le  classement  de  Cologne  dans  l'histoire  des  univer- 
sités allemandes.  L'université  de  f'rague,  en  efTet,  a  été  fon- 
dée sans  aucun  doute  par  un  empereur  d'Allemagne,  Charles 
IV,  mais  un  empereur  qui  n'avait  guère  d'allemand  que  son 
titre  !  iFils  d'une  mère  tchèque  et  d'un  père  luxembourgeois 
«  à  moitié  français  »  (3),  et  qui  devait  se  faire  tuer  dans  nos 
rangs  à  Crécy  ;  élevé  depuis  l'âge  de  7  ans  à  la  Cour  de 
France  ;  formé  par  un  précepteur  du  Limousin,  et  qui  devait 


(1")  «  Academiarum  cclebrium  univcrsi  tciraruin  orbis  libri 
1res,  etc.  axitbore  lacobo  Middendorpio,  etc.  Colonire  .Anno 
MDXCIIII.    ..    716    pages. 

(2)  '■  ...das  iilteste  Bolhverk  dcutschen  Geistcs,  die  deutsche 
Universitat  von  Prag.  >.  (Reden  gclialtcn,  usw..,  am*17  Januar 
191-9.    Kôln.    1919). 

(3)  <'  ...Sohn  des  halbfranzôsischen  Liixemburgers  Johann...  — 
In  déni  (Karl  IV)  der  Franzosc,  der  Dentscbe  und  der  Bôhme. 
einander  die  Wage  hieltcn.  i  Allgemehie  Geschiebtc.  Oncken.  Ber- 
lin,   1887.   II.   6.    IV. 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  439 

être  Clcment  VI  ;  porté  à  l'empire  par  la  protection  de  la 
papauté  avignonaise  (1);  ayant  passé  une  bonne  part  de  sa  vie 
à  guerroyer  contre  les  Prussiens  (2)  et  les  Autrichiens,  Char- 
les'IV  n'a  évidemment  pas  fondé  l'université  de  Prague  sur 
le  modèle  de  l'université  de  Paris,  pour  être  le  «  boulevard 
du  germanisme  »  !!  Il  était  pour  cela  bien  trop  Européen 
d'esprit  et  bien  trop  tchèque  de  cœur  !  (3).  Avec  beaucoup 
plus  de  raison  les  meilleurs  historiens  allemands  eux-mêmes 
voient  eit  lui,  et  naturellement  regrettent  de  voir  en  lui,  le 
fondateur  de  la  Bohème  moderne  et  de  la  nationalité  tchè- 
que (4).  Au  reste,  s'il  est  vrai  —  comme  je  le  trouve  dans 
Middendorp  —  qu'à  l'origine  les  4  c  nations  »  de  l'univer- 
sité de  Prague  étaient,  outre  la  bohémienne  et  la  polonaise, 
la  bavaroise  et  la  saxonne,  il  convient  de  noter  que  l'élément 
allemand  ne  tarda  pas  à  y  trouver  l'atmosphère  peu  agréable, 
puisqu'il  en  sortit,  en  1408,  pour  aller  fonder  l'université  de 
Leii)zig,  jîostérieure  et  non  pas  antérieure,  par  conséquent,  à 


(1)  Voir  à  l'année  1347  la  note  du  chroniqueur  Ph.  Bergom,  qui 
fait  d'ailleurs  de  Charles  IV  les  plus  grands  éloges  :  •■  lubente 
(Ilemente    i)ontifice   ab    Electoribus    iniperator   treatus.    ■> 

(,2i  "  ...Auf  deu  Feldziigcn.  welchc.  er  mit  seiuem  koniglicheii 
Vater  gegen  die  heidnischen  Preussen...  unttrnahm  ■  (Allge- 
meine    Weltgcschichtc,    D'"    Georg.    Weber    VIII.    Leipzig,    1870), 

(3)  "  Xil  nisi  Bohemiam  suspiras  !  »  lui  écrit  Pétrarque,  irrité 
de  le  voix  se  désintéresser  de  toute  ambition  impériale.  (Epist. 
XIX,    12). 

(4)      Seine    Anregung    veranlasste    den     ers-tcn     Versuch     die 

Czechische  Volksprache  in  die  historische  Litteratur  einzu- 
fiihren...  »  in  Oncken,  op.  cit.  II,  6  iv.  Ce  chapitre  est  du  prof. 
H.  Prutz,  de  l'Université  de  Kôliigsberg.  Enfin,  comme  document 
décisif,  voir  l'autobiographie  de  l'empereur,  en  latin,  plusieurs 
fois  réimprimée  et  notamment  dans  Freher.  Script,  rer.  Bohem, 
1602.  où  je  l'ai  lue  à  Cologne  dans  les  loisirs  de  l'armistice.  Il 
dit  lui-même  qu'à  son  retour  en  Bohême,  après  son  long  séjour 
en  France,  il  avait  complètement  oublié  le  tchèque,  qu'il  dut 
rapprendre,  mais  qu'il  sut  ensuite  parfaitement  :  "  ...idioma 
quoque  Bohemicum  ex  toto  oblivioni  tradideramus.  quod  post 
redidicimus  ita  ut  loqueremur  et  intelligeremus  ut  altcr  Bohe- 
mus.  »  Dans  son  oraison  funèbre,  l'archevêque  de  Prarue  dit 
que  le  tchèque  fut  sa  langue  maternelle,  "  naturalis  ».  et  il  note, 
comme  le  feront  après  lui  tous  les  historiens,  son  goût  et  spn 
aptitude  remarquable,  pour  les  langues.  Dans  la  chronique,  déjà 
citée^de  Bergom.  je^  trouve  à  l'anqée  1352  un  édit  de  lui,  rendu 
en  (Conseil  des  princes"  de  l'Empire,  prescrivant  que  les  candidats 
à  la  dignité  impériale  devront  connaître  assez  de  langues  pour 
se  passer  d'interjirètes,  et  en  particulier  ■■  le  latin,  l'italien,  le 
français,  le  croate  et  l'allemand.  »  On  remarqueréi  l'absence  de 
l'anglais  mais  le  français  était  encore  à  cette  époque  et  pour 
10  ans  encore,  la  langue  olTicielIe  de  l'Angleterre.  L'ordre  d'im- 
portance donné  pour  les  5  autres  langues  est  suggestif  et  ne 
témoigne    pas    d'un    germanisme    fougueux  ! 


440  LES   LANGUES    MODEKXES 

celle  de  Cologne.  On  voit  que  je  donne  à  Cologne,  dans  l'his- 
toire des  universités  allemandes,  un  rang  plus  flatteur  encore 
que  celui  que  lui  assignent  tes  professeurs  actuels,  puisque  je 
lui  donne  le  3*  au  lieu  du  5%  par  la  mise  hors  concours  de 
Prague  et  la  priorité  sur  Leipzig.  J'ignore  pour  quelles  rai- 
sons ils  cèdent  le  pas  à  Leipzig.  Au  reste,  elle  mérite  le  l""' 
si  on  tient  compte  que,  bien  avant  d'être  constituées  en  uni- 
versité, les  Ecoles  de  Cologne  avaient  conquis  une  célébrité  _ 
européenne  par  l'éclat  que  leur  avaient  donné,  dès  l'cpoque 
de  saint  Louis,  des  maitres  comme  le  dominicain  Albert-le- 
Grand,  plus  tard  le  franciscain  Duns  Scot,  et  des  élèves  com- 
me saint  Thomas  d'Aquin.  A  la  vérité  le  premier  était  originai- 
re de  Souabe  et  il  enseigna'aussi  à  Paris  ;  le  second  était  Ecos- 
sais, fut  étudiant  d'Oxford  et  enseigna  également  à  Paris. 
C'est  à  Paris  aussi  que  saint  Thomas  d'Aquin  prit  son  grade  de 
docteur.  On  voit  combien  étroites  dès  l'origine  sont  les  rela- 
tions entre  les  Ecoles  de  Cologne  et  l'université  de  Paris,  com- 
me d'ailleurs  entre  toutes  les  universités  d'Europe,  toutes,  avec 
des  différences  de  degré  seulement,  internationales  par  l'orga- 
nisation et  par  l'esprit. 

L'Université  de  Cologne  fut  constituée  sur  le  modèle  de 
celle;  de  Paris.  C'est  uij  détail  que  soulignent  orgueilleusement, 
non  seulement  le  recteur  de  Cologne  de  1594,  mais  même  le 
D''  Franz  Bender  qui  a  publié  en  1912  une  excellente  histoire 
de  Cologne.  La  nouvelle  université  ne  tarda  pas,  dit  ce  der- 
nier, à  devenir  florissante  :  elle  compta  bientôt  8.000  étu- 
diants, chiffre  évidemment  très  considérable,  surtout  si  on 
tient  compte  que  la  Cologne  du  Moyen  Age  n'avait  pas 
40.000  habitants  (population  actuelle  :  640.000). 

Lorsque  l'imprimerie  eût  été  inventée,  Cologne,  par  suite 
des  besoins  de  son  université,  fut  une  des  premières  villes  de 
l'Europe  à  l'utiliser  :  en  1466,  deux  ans  avant  Oxford,  trois 
avant  Paris,  cinq  avant  Strasbourg  et  Bologne,  sept  avant 
Lyon,  huit  avant  Londres,  dix  avant  Toulouse,  treize  avant 
Poitiers,  dix-neuf  avant  Heidelberg,  trente  et  un  avant  Avi- 
gnon, trente-quatre  avant  Munich  et  Amsterdam,  etc.  (1). 
Tout  le  monde  sait  qu'elle  demeura  fort  longtemps  un  des 
plus  grands  centres  européens  d'impression. 

Enfin,  pour  terminer  cette  note,  et  avant  de  parler  de  la 
nouvelle    université    de    Cologne,    disons    que    l'ancienne    se 


(1)  D'après  Viriville.  Histoire  de  l'inslruction  publique  en 
Europe.  Paris.  1849  et  le  livre  de  F.  Beudcr  sur  l'histoire  de 
Cologne. 


CUKOMQIE    F.TRANGÈKE  441 

glorifiait  non  seulement  comme  nous  venons  de  le  voir,  d'être 
la  '<  fille  »  de  celle  de  Paris,  mais  encore  la  <>  mère  »  de 
celle  de  Louvain  !  (1).  O  spectacles  déconcertants  de  l'his- 
toire !  Quel  thème,  en  ce  moment,  que  ce  double  lien  pour  un 
orateur  !  Quel  sujet  de  méditations  pour  un  philosophe  !... 
Middendorp  dit  de  l'université  de  Louvain,  à  la  fin  du  xvr 
siècle,  qu'elle  a  été  portée  par  ses  bienfaiteurs,  surtout 
ecclésiastiques  et  royaux,  à  un  tel  degré  de  magnificence 
qu'il  semble  bien  difficile  qu'elle  puisse  jamais  i)érir  !  (2). 
S'il  revenait  parmi  nous,  je  crois  qu'il  adjurerait  la  nouvelle 
université  de  Cologne  de  participer  spontanément  et  de  tou- 
tes ses  forces  à  la  restauration  de  celle  de  Louvain  et  qu'il 
plaiderait  à  Louvain  pour  qu'on  y  acceptât  ce  c.oncours,  en 
rej)résentant  que  l'université  de  Cologne  ayant  cessé  d'exister 
(ie  1798  à  1919  ne  saurait  être  tenue  pour  co-responsable, 
comme  personne  morale  distincte,  de  la  destruction  de  1914. 
Mais  je  laisse  l'ombre  de  l'ancien  recteur  de  Cologne  se  tirer 
de  cette  épineuse  plaidoirie  comme  elle  pourra  ! 

Quant  à  l'université  de  Cologne,  elle  ferma  ses  portes, 
après  une  longue  décadence,  en  1798,  lorsque  tous  ses  profes- 
seurs eurent  été  i  évoqués  en  bloc  par  le  Directoire,  pour 
avoir  refusé  le  serment  de  fidélité  à  la  République  exigé  par 
le  décret  du  9  Fructidor,  an  V.  Le  procédé  était  évidemment 
un  peu  vif  !  Mais  la  l"  République  n'était  pas  aussi  bonne 
fille  que  la  S""  !  Au  reste  la  Révolution  avait,  dès  le  début, 
passé  la  faux  à  travers  toutes  les  universités  françaises,  sans 
exception,  parce  qu'elle  les  considérait  comme  do  redouta- 
bles ennemies  de  l'esprit  nouveau,  et  parce  que  d'ailleurs  elle 
ne  voulait  plus  sous  aucune  forme  d'organisations  corporati- 
ves. Il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  s'étonner  qu'elle  n'ait  pas 
m.ieux  respecté  l'université  qui  se  glorifiait  d'être  le  foyer  de 
l'esprit  de  réaction  r.ur  le  Rhin  et  le  bras  droit  de  l'archevê- 
que prince  Electeur  de  Cologne  !  Puisse  cette  redoutable 
fmpartialité,  qui  n'épargna  aucune  des  universités  françaises, 
être  considérée  comme  une  circonstance  largement  atté- 
nuante par  les  historiens  de  l'ancienne  université  de  Colo- 
gne ! 

Marseille,    i    octobre    1920.  Gaston-E.  BROCHE. 

(A  suivre). 


(1)  -  ...Porro  si  quis  hanc  Academiam  a  Parisiensi  matrc.  a 
Lovaniensi  caelerisque  clarissimis  academiis  fîliis  commendare 
voluerit.  etc.  »,  p.  521.  L'Université  de  Louvain  fut  fondée  en 
1426. 

(2)  "  ...Sic  formata,  sic  dotata.  sir  ornata  ut  vix  un:]i:ara 
interire    posse   videatur   »,   p.   534. 


Il  n'y  a  pas  que  chez  nous 


Les  professeurs  de  l'Université  de  Berlin  se  sont  émus  du 
niveau  auquel  sont  tombées  depuis  la  guerre  les  études  du 
français  et  de  l'anglais  en  Allemagne.  Ils  ont  adressé  au 
ministre  prussien  des  Cultes  un  mémoire  pour  appeler  son 
attention  sur  le  péril  national  que  constituerait  l'abandon  de 
ces  enseignements. 

Dans  le  but  d'éclairer  de  son  côté  l'opinion  publique  et  de 
lui  faire  comprendre  ses  intérêts  véritables  en  cette  matière, 
la  «  Société  Be^^linoise  pour  l'étude  des  Langues  Modernes  » 
a  fait  paraître  chez  l'éditeur  Weidmann,  de  Berlin,  une  petite 
brochure  intitutée  :  <•  AYozu  franzôsisch  und  englisch  ?  » 
C'est  un  recueil  de  déclarations  faites  par  des  personnalités 
éminentes  appartenant  à  l'enseignement  supérieur^  à  l'admi- 
nistration, à  la  politique,  à  la  littérature.  Les  noms  seuls  de 
ces  personnalités,  comme  le  D''  Soif,  ancien  ministre  des 
colonies,  A.  v.  Zahn-Harnack,  Clara  Viebig,  etc.,  les  mettent 
à  l'abri  du  reproche  d'un  manque  de  patriotisme  ou  d'une 
admiration  servile!  de  l'étranger,  et  donne  d'autant  plus 
d'autorité  à  leurs  conseils. 

Parmi  les  arguments  d'ordre  utilitaire,  pédagogique  ou 
moral  invoqués  pour  détourner  les  Allemands  d'un  ostra- 
cisme irréfléchi  des  études  étrangères,  il  en  est  un  qui 
revient  avec  insistance  et  qu'il  faut  retenir  :  c'est  seulement, 
dit-on,  par  la  comparaison  avec  l'étranger  que  peut  se  former 
une  conscience  claire  de  l'esprit  national.  De  même  que  c'est 
à  l'étranger  que  l'on  a  le  plus  vivement  conscience  de  sa 
nationalité,  et  qu'on  l'afïirme  avec  le  plus  de  vigueur,  de 
même  la  comparaison  avec  le  français  et  l'anglais  habituera 
les  Allemands  à  sentir  plus  profondément  ce  qui  leur  est  pro- 
pre. 

Ce  n'est  pas  chez  nous  seulement  qu'un  patriotisme  impri^- 
dent  croit  se  mettre  à  l'abri  du  danger  en  ignorant  volontai- 
rement ce  qui  se  fait  autour  de  lui.  Nous  applaudirions 
volontiers,  pour  uneVois,  à  l'initiative  des  organisations  ber- 
linoises, si  le  détail  cité  plus  haut  ne  nous  montrait  dans 
quel  esprit  cette  étude  est  faite  en  Allemagne.  Néanmoins 
nous  ne  pouvons  que  souhaiter  aux  études  de  français  et 
d'anglais  une  large  diffusion  :  plus  elle  sera  grande,  et  plus 
l'œuvre  de  haine  pourr,uivie  par  certains  milieux  d'Outre- 
Rhin  sera  facile  à  paralyser.  Et  nous  ne  pouvons,  pour  notre 
part,  qu'y  trouver  un  avantage  appréciable.  G.  HIRTZ. 


BIBLIOGRAPHIE 


Pédagogie    libérale   et   effort   joyeux  ^ 

Malgré  la  diversité  des  articles  qui  le  composent,  il  est  aisé 
et  il  nous  a  paru  intéressant  de  systématiser,  en  les  exposant, 
les  idées  générales  et  essentielles  du  volume  de  <>  Pédagogie 
Française  «  de  M.  Lapie  (1).  Elles  vont  se  précisant  dans  ces 
neuf  études  échelonnées  sur  plusieurs  années,  mais  dictées  par 
une  même  doctrine  :  les  principes  psychologiques  de  i)édagogie 
que  l'auteur  exposait  en  1909  à  l'Ecole  militaire  de  St-Maixciit, 
se  retrouvent,  en  effet,  dans  ses  tout  récents  projets  de  réforme 
des   Ecoles   Normales. 

A  la  pédagogie  autoritaire,  a  Tindiscutabilité  de  la  parole  du 
maître,  au  formalisme  et  au  psittacisme  de  la  scolastique, 
M.  Lapio  oppose  ce  qu'il  résume  sous  le  nom  de  "  pédagogie- 
libérale  ».  C'est  celle  que  représente  la  tradition  française  depuis 
Rabelais  et  Montaigne,  celle  qui  n'impose  aucun  précepte  à  priori, 
qui  fait  appel  au  jugement,  à  la  rétlexion,  au  raisonnement 
beaucoup  plus  qu'à  la  mémoire,  qui  n'afïirme  rien  qu'elle  ne 
prouve,  ou  plutôt  qui,  avant  d'affirmer,  fait  la  lumière  par 
l'accumulation  des  exemples,  par  le  contact  avec  la  réalité,  puis 
invite  l'esprit  à  dégager  lui-même  la  définition  ou  la  loi  géné- 
rale, le  jugement  abstrait  ou  l'opinion  personnelle.  C'est  en 
vertu  de  ce  principe  (dont  on  pourrait  en  somme  retracer  la 
parenté  avec  la  maïeutique  de  Socratc)  que,  pour  les  sciences 
physiques,  par  exemple,  l'expérience  ou  la  manipulation  devrait 
l)récéder  le  cours  et  non  le  suivre  et  que  l'enseignement  littéraire 
devrait   reposer   sur  un   contact   direct   avec   les   textes   eux-mêmes. 

Cette  idée  directrice  explique  la  nature  des  procédés  d'appli- 
cation. Mais,  auparavant,  remarquons  que  les  procédés  pédago- 
giques ne  seront  pas  acquis  au  prix  d'un  vague  empirisme  pro- 
fessionneL  :  l'art  de  l'éducateur  implique  la  connaissance  préala- 
ble de  principes  psychologiques,  de  certaines  normes  scientifi- 
quement déterminées,  selon  lesquelles  s'exercent  les  modes 
d'acquisition  de  l'esprit  :  le  professeur  saura,  par  exemple,  que 
la  chose  enseignée  ne  devient  pas  connaissance  acquise  de  la 
même  manière  dans  tous  les  cas,  que  tels  élèves  sont  des  auditifs, 
les    autres    des    visuels,    d'autres    des    musculaires  ;    l'attention    a 


(1)  Paul  Lapie,  directeur  de  l'Enseignement  primaire  au  Ministère 
de  l'Instruction  publique.  «  Pédagogie  Française  ».  Librairie  Félix 
Alcan,  3  fr.  50. 


444  LES   LANGUES   MODERNES 

ses  limites,  la  mémoire  a  ses  lois  d'acquisition  et  de  conserva- 
tion, et  ce  n'est  qu'à  la  condition  de  les  soumettre  à  ces  proces- 
sus psychologiques  que  les  méthodes  d'enseignement  donneront 
leur  plein  rendement  et  assureront  la  stabilité  des  connaissances. 
S'il  est  intéressant  de  voir  donner  cette  impulsion  scientifique 
à  la  pédagogie,  qu'il  nous  soit  permis  de  remarquer  combien  il 
^  serait  exagéré  de  la  classer  parmi  les  sciences  exactes  ;  remar- 
quons d'ailleurs  avec  M.  Lapie  que  la  psychologie  de  l'enfant  et 
surtout  de  l'adolescent  (nous  ajouterions  volontiers  aussi  celle 
da  ces  petites  collectivités  que  forment  nos  classes)  est  loin 
d'avoir  été  complètement  étudiée  et  nous  devrons  conclure  que 
c'est  à  l'art,  à  l'initiative  et  à  l'expérience  du  professeur  qu'il 
appartiendra  de  parfaire  ce  que  la  science  ne  peut  encore  lui 
fournir. 

Mais  supposons  le  maître  en  possession  de  ce  clavier  psycho- 
logique ;  selon  quelle  méthode  en  tirera-t-il  le  maximum  de  ren- 
dement ?  Cette  méthode,  elle  se  l'ésume,  elle  aussi,  en  une  for- 
mule qu'on  a  déjà  ti'op  facilement  dénigrée,  mais  qui,  prise  au 
sérieux  et  dans  le  sens  que  lui  donne  son  auteur  représente  une 
doctrine  ;  c'est  celle  de  l'effort  joyeux.  L'effort  intellectuel  est 
d'autant  plus  profitable  qu'il  s'accomplit  dans  la  joie  :  il  y  a 
effort  joyeux  lorsque  l'esprit  s'acquitte  librement  d'une  tâche 
qu'il  a  choisie  et  qui  lui  agrée  ;  il  y  a  effort  joN'eux  à  rechercher 
la  solution  d'un  problème  posé  et  dans  la  satisfaction  qui  accom- 
pagne la  découverte  de  cette  solution  ;  il  y  a  effort  joyeux  lors- 
que l'esprit  abordant  une  difliculté  s'adonne  à  l'effort  avec 
spontanéité  et  avec  curiosité  pour  rimpré\'<»  qu'il  y  rencontre. 
Les  meilleurs  procédés  pédagogiques  seront  donc  ceux  qui  favo- 
riseront chez  l'enfant  le  travail  accompli  avec  joie  ;  c'est  ainsi 
que  l'on  s'efforcera  le  plus  possible  de  remplacer  en  classe  les 
exposés  dogmatiques  par  des  questions,  des  interrogations  qui 
prendront  forme  de  problèmes  à  résoudre  :  l'esprit  de  l'enfant 
sera  simplement  guidé  à  la  recherche  de  la  vérité  scientifique 
ou  de  la  beauté  littéraire  qu'il  aura  l'illusion  de  découvrir  lui- 
même  comme  prix  de  ses  efforts;  puis,  on  n'imposera  pas  avec  une 
stricte  rigueur  une  heure  fixe  pour  l'accomplissement  des  devoirs 
en  étude  ;  l'élève  travaillera  avec  d'autant  plus  de  goût  et  de 
joie  qu'il  suivra  son  inspiration  du  moment  ;  par  un  semblable 
appel  à  la  spontanéité  et  à  la  liberté  du  'travail,  le .  choix  du 
sujet  de  composition  française  sera,  de  temps  à  autre,  laissé 
libre  ;  certaines  classes  enfin  seront  consacrées  à  la  lecture 
vix'ante  et  animée  d'œuvres  complètes.  Aucune  occasion,  en  un 
mot,  ne  sera  perdue,  d'éviter  l'ennui  et  la  fatigue,  d'éveiller  l'at- 
tention,   de   rendre   l'enseignement    attrayant. 

Nul  doute  que  beaucoup  de  nos  collègues  ne  reconnaissent  là 
des   principes   que,    dans   la    limite   compatible    avec    la    nature    de 


( 


BIBLIOCRAI'HIE  445 

leur'  cMiscignemciit,  leur  tcmpôranicnt  personnel,  la  composition 
et  le  niveau  de  leurs  classes  ils  se  sont  efforcés  d'appliquer, 
sans  les  ériger  peut-être  à  la  hauteur  du  système  rigoureux  que 
M.  Lapie,  doctrinaire  et  dégagé  des  contingences  a  pu  exppser 
dans  J'abstrait.  Non  pas  que  la  doctrine  ait  perdu  tout  contact 
avec  la  vie  scolaire  :  elle  est  au  contraire  illustrée  d'exemples, 
d'exposés  de  classes,  de  résultats  d'enquêtes  faites  près  du  per- 
sonnel enseignant.  Mais  pourquoi  faiit-il  qu'ici  nous  ayons  la 
déception  de  ne  pas  voir  les  langues  vivantes  prendre  la  place 
qui  leur  revient  près  des  disciplines  sœurs  ?  La  composition 
française  et  l'enseignement  des  sciences  font  l'objet  d'4»tudes  spé- 
ciales ;  la  coordination  nécessaire  des  enseignements  littéraire, 
historique  et  scientifique  y  est  à  i  lusieurs  reprises  mise  en 
valeur.  Vainement  nous  avons  cherché  la  place  assignée  aux 
Langues  Vivantes-  et  nous  avons  constaté  qu'il  n'en  était  ques- 
tion que  pour  proposer  de  les  rendre  facultatives  au  concours 
d'admission  aux  Ecoles  Normales-  (1).  11  semble  que  pour  l'En- 
seignement secondaire  elles  soient  quantité  négligeable  et... 
négligée.  Si  pourtant  les  programmes  de  1902  ont  préconisé  de 
nouvelles  et  libérales  méthodes  pour  l'enseignement  des  sciences 
et  des  lettres  dans  le  but  de  "  mettre  les  jeunes  gens  en  contact 
direct  avec  la  vérité  scientifique  et  avec  la  beauté  littéraire  », 
le  progrès  marqué  par  ces  mêmes  programmes  dans  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes  s'inspire  du  même  libéralisme  et 
dénote    les    mêmes    préoccupations. 

II  nous  semblait  que  les  langues  vivantes  ne  i)ouvaient  man- 
quer d'être  invoquées  comme  une  initiation  fructueuse  à  d'au- 
tres modes  de  pensée  et  d'expression  et  que,  dans  cet  édifice  de 
pédagogie  libérale,  elles  seraient  la  fenêtre  largement  ouverte 
vers  l'étranger.  Nous  songions  aussi  à  .l'effort  si  joyeusement 
accompli  par  nos  bons  élèves  pour  s'exprimer  en  une  langue 
nouvelle  et  à  la  satisfaction  qu'ils  éprouvent  en  se  rendant 
compte  eux-mêmes  de  leurs  progrès.  En  dehors  de  la  connais- 
sance pratique  de  la  langue,  nous  pensions  que  la  pédagogie 
libérale  reconnaîtrait  une  valeur  d'assouplissement  intellectuel 
à  l'effort  que  nécessitent  l'acquisition  et  l'assimilation  d'une 
syntaxe  étrangère,  et  un  élément  de  culture  dans  le  contact  avec 
une  civilisation  et  une  littérature  jusque-là  inconnues.  D'autre 
part,  au  point  de  vue  méthode,  les  mots  même  de  <  Méthode 
directe.  Méthode  active  >>  élevés  dans  ce  volume  à  la  hauteur 
d'un   dogme    pédagogique,   n'ont-ils   pas    trouvé    leur    sens   premier 


(1)  Nous  rappelons  à  ce  sujet  l'excellent  article  de  Mme  R.  Albert, 
directrice  de  l'E.  N.  de  Tarbes,  reproduit  dans  le  n"  de  mai-juin  des 
Langues  Modernes.  D'autre  part,  on  sait  que  le  Conseil  supérieur  s'est 
récemment  prononcé  en  faveur  des  langues  vivantes  obligatoires  dans 
les  E.  P.  S.  et  les  E.  N. 


446  LES    LANGUES    MODERNES 

dans  la  pédagogie  des  Langues  Vivantes,  et  la  source  vive  de  ce 
courant  que  M.  Lapie  voudrait  voir  déborder  sur  les  autres 
disciplines  n'a-t-elle  pas  jailli  dans  nos  classes  et  dans  nos 
congrès  ?  C'est  bien,  il  me  semble,  parmi  les  linguistes,  que  l'on 
s'est  surtout  préoccupé  d'adapter  par  le  geste,  par  l'image  et 
par  la  phonétique,  les  moyens  pédagogiques  aux  facultés  d'ac- 
quisition de  nos  élèves.  Ce  sont  encore  les  classes  de  langues 
vivantes  qui  les  premières  ont  favorisé  l'effort  joyeux  en  pré- 
sentant le  travail  sous  une  forme  attrayante,  vivante  et  spon- 
tanée, il  me  souvient  même  que  ces  tendances  cérébrales,  accu- 
sées de  compromettre  les  méthodes  plus  autoritaires  d'autres 
enseignements  soulevèrent  contre  nous  au  début,  d'amères  récri- 
minations. Enfin,  n'est-ce  pas  la  préoccupation  de  mettre  l'es- 
prit de  l'enfant  en* contact  direct  avec  la  réalité  des  choses  étran- 
gères qui  a  inspiré  toute  la  série  des  livres  scolaires  de  langues 
vivantes  ? 

Pédagogie  libérale  et  effort  joyeux,  nous  en  avons,  il  me  sem- 
ble, .pratiqué  les  principes  avant  la  lettre  ;  aussi  est-ce  avec 
regret  que  nous  avons  constaté  le  silence,  sur  nos  efforts  en  ce 
sens,  d'un  livre  où  chaque  page  nous  rappelle  nos  méthodes  et 
évoque  les  problèmes  qui  nous  ont  préoccupés.  Ce  point  de  vue 
particulariste  à  part,  nous  avons  eu  plaisir  à  retrouver  sous 
une  plume  aussi  autorisée  que  celle  de  M.  Lapie,  l'expression  de 
vérités  établies  scientifiquement  et  à  voir  fixées  dans  des  pages 
définitives    les    tendances    actuelles    de    la    pédagogie    nationale. 

G.    JOUSSAUME. 

Abel  Lefrai)c  :  Sous  le  r^asque  de  Williait)  S\)zkes- 
peare  :   W.  5tai)ley,  Vh  Coni)te  de  Derby.  —  2  vol.  Payot 

1914,  12  fr.). 

Quoi  qu'on  puisse  penser  de  la  thèse  de  M.  Lefranc,  il  faut 
reconnaître,  croyons-nous,  qu'elle  n'avait  pas  été  critiquée,  jus- 
qu'en ces  dernières  semaines,  avec  l'attention  minutieuse  et 
sérieuse  à  laquelle  l'auteur,  sinon  son  livre,  a  droit.  Les  exé- 
cutions un  peu  sommaires  de  M.  Beaunier  {Revue  des  Deux- 
Mondes,  1"  février  1919)  ou  de  Mme  la  comtesse  de  Chamhrun 
(Revue  de  Paris,  1"  et  15  février  1919,  l'Opinion,  11  janvier  1919; 
Les  Débats,  24  février  1919)  ne  pouvaient  consolider  beaucoup 
les  positions  traditionnelles.  Aussi  est-ce  avec  plaisir  que  nous 
signalons  un  article  prudent  et  sage,  même  dans  soij  attitude 
négative,  d'un  spécialiste  en  matière  de  théâtre  élizabéthain, 
comme  M.  Castelain,  dans  le  dernier  numéro  (janvier-mars  1920^ 
de    li\f  Revue    Germanique. 

Qu'il  nous  soit  permis  ici  de  nous  l)orner  à  quelques  remar- 
ques. 

Tout  d'abord,  si  la  critique  des  idées  de  M.  Lefranc  n'a  pas 
toujours   été   ce   qu'on    eût    souhaité   qu'elle    fût,    il    faut    bien   dire 


BIBLIOCinAPHIE  447 

quL-  leur  défense  n"a  pas  non  plus  été  convaincante.  M.  liou- 
lenger  {Revue  de  P<tris,  1"^  février  1919.  —  tirage  à  part  avec 
additions,  (Champion,  1919)  n*a  pas  soutenu  son  maître  sans 
réserves.  Et  sur  certains  points  essentiels,  il  ne  fait  que  répéter, 
en  les  grossissant  enco»e,  des  assertions  étrangement  inexactes. 
Dire  par  exemple  :  "  ce  n'est  qu'au  xviu'  siècle  que  Shakespeare 
a  été  classé  ^parmi  les  hommes  de  génie  »  (p.  60  de  «  L'affaire 
Shakespeare  »)  c'est  par  trop  méconnaître  l'énorme  quantité  des 
jugements,  souvent  enthousiastes  jusqu'à  l'idolâtrie,  qui  nous 
viennent  du  wiT  siècle.  On  se  demande  vraiment  comment 
M.  IJoulenger  —  et  M.  Lefranc  lui-même  —  arrivent  à  faire  si 
peu  de  cas  des  témoignages  accumulés  dans  deux  recueils 
comme  ceux  de  M.  Ingleby  (A.  Centiiry  of  Praise)  et  de  M.  Fur- 
nivall  (300  more  allusions  to  Shakespeare).  On  dira  :  qu'importe 
la  réputation,  même  contemporaine,  puisque  par  hj'pothèse  il  j'  a 
subterfuge  ?  Sans  doute  ;  mais  il  ne  faut  pas  voiler  ce  que  le 
subterfuge  a  de  colossal  —  et  d'invraisemblable  à  première  vue 
—  en  nous  présentant  un  Shakespeare  que  le  xviii'  siècle  aurait 
le    premier    salué    comme    un.   grand    génie. 

Mais  venons-en  à  la  thèse  même.  Elle  repose  sur  une  impres- 
sion négative,  tout  d'abord.  Pour  M.  Lefranc,  l'impossibilité  d'ad- 
mettre que  Shakespeare,  <■  l'homme  de  Stratford  »,  ait  écrit 
l'œuvre   qui    depuis   des    siècles   passait    sous    son    nom. 

Pourtant,  cette  évidence  n'est  apparue  qu'au  milieu  du  xviiii<^ 
siècle  —  et  à  quels  pauvres  esprits,  autodidactes  naïfs  ou  pas- 
sionnés d'Amérique,  d'Autriche,  et  d'ailleurs,  on  ne  peut  l'igno- 
rer.   —    Premier    scrupule. 

Et  puis  quelle  est  la  grande  base  de  cette  <  évidence  »  ?  Le 
contraste  entre  la  qualité  savante  et  aristocratique  du  théâtre 
de  Shakespeare  et  la  médiocrité  rampante  de  ce  que  nous  con- 
naissons de  sa  carrière  d'acteur  et  de  toute  sa  vie.  Mais  cette 
qualité  n'est  pas  sans  mélange.  Pour  la  science,  il  y  a  les 
rivages  de  Bohème...  et  combien  d'anachronismes,  indiscutables 
ceux-là,  et  presque  aussi  surprenants.  Et  pour  l'aristocratisme  est- 
il  sûr  qu'il  faille  de  toute  force  un  comte  de  Derby  pour  imaginer 
les  politesses  raffinées  de  certaines  scènes  de  Love's  Labours 
Lost  ?  Tel  savant,  d'ailleurs,  qui  depuis  plus  de  dix  ans  s'est 
cantonné  dans  ce  domaine  (M.  Schiicking)  reste  frappé  au  con- 
traire par  le  caractère  essentiellement  populaire  du  théâtre  de 
Shakespeare  (Cf.  Shakespeare  im  literarischen  Vrteil  Seiner 
Zeit,  1908  ;  et  Die  Charakterprobleme  bei  Shakespeare,  1919i. 
Très  certainement  les  impressions,  aujourd'hui  encore,  ne  jouent 
pas   dans   le   même    sens.   —   Second   scrupule. 

L'impressionnisme,  l'intuitionnisme  ont  leur  rôle,  certes,  en 
critique.  Et  déjà  M.  Lefranc  a  montré  sur  d'autres  terrains  qu'ils 
mettent   à   l'occasion    sur   des   voies   sûres,   qui    s'afiBrment   sûres   à 


448  LES  LANGUES  MODERNES 

répreuve.     Mais     ici    je    crains    que    l'épreuve,    que    la    preuve     ne 
soient    ni    faites,   ni    faciles   à   faire. 

Ni  négativement,  ni  positivement.  Car  que  de  curieuses  ren- 
contres dans  l'étude  des  sources  shakespeariennes  nous  mènent 
en  présence  du  comte  de  Derb}'  c'est  possible.  Et  c'est  ce  qu'il 
faudra  retenir  sans  doute,  en  tout  cas,  du  grand  effort  de  M.  Le- 
franc.  Mais  quand  même  les  rapports  de  l'acteur  Shakespeare  et 
du  "noble  amateur  se  révéleraient  un  jour  moins  hypothétiques 
qu'ils  le  sont  aujourd'hui,  il  serait  encore  aisé  d'admettre  qu'une 
amitié  de  ce  genre  ait  fourni  une  information,  plutôt  qu'une 
collaboration,    à    <■   l'homme    de    Stratford.   » 

En  vérité,  M.  Lefranc  est  "  up  against  a  hard  proposition  . 
En  attendant  qu'il  nous  mette,  comme  il  promet  de  le  faire, 
dans  l'atmosphère  où  le  grand  subterfuge  paraîtra  moins  invrai- 
semblable, remercions-le  de  son  audace,  tout  en  avouant  qu'elle 
éveille   en   nous   plus  d'inquiétudes   encore   que   d'espoir. 

.     A.    KOSZUL. 

En)ile    Lauvrière   :    Edgar   Poe,    coi)tes  et   poésies 

(Introduction,    traduction    et    notes.    Les   cent    chefs-d'œuvre    étran- 
gers, Paris.  La  Renaissance  du  Livre  i. 

M.  Lauvrière  est  le  Français  qui  connaît  le  mieux  Edgar  Poe 
et  son  œuvre,  et  il  était  tout  désigné  pour  composer  ce  volume. 
La  position  de  M.  Lauvrière  n"a  point  changé  depuis  le  temps  où 
il  publia  son  importante  étude  sur  l'auteur  américain  (1904>  : 
il  estime  toujours  que  seule  la  psychologie  morbide,  ou  plutôt  la 
pathologie  mentale  permet  de  comprendre  l'homme  et  l'œuvrt  ; 
et  sous  une  forme  concentrée  il  a  dans  cette  préface  répété  t.a 
démonstration. 

Le  choix  des  contes  était  certes  fort  délicat,  car  ils  sont  de 
valeur  fort  inégale  et  les  meilleurs  ne  sont  pas  toujours  les 
plus  connus.  M.  Lauvrière  a  écarté  les  contes  macabres,  policiers, 
scientifiques  et  humoristiques  ;  il  n'a  donné  que  les  contes  psy- 
chologiques, comme  William  Wilson  et  le  Cœur  révélateur,  les 
contes  fantastiques  purs  comme  Morella  et  Ligéia,  ou  les  poè- 
mes en  prose  comme  Ombre  où  nous  sommes  heureux  de  nous 
rencontrer  avec  M.  Lauvrière  pour  y  voir  la  plus  belle  page  de 
prose  de  Poe.  Quant  aux  poèmes,  nous  nous  permettrons  seule- 
ment de  regretter  l'absence  d'I'lahune,  si  prisé  par  nos  symbo- 
listes. 

,M.  Lauvrière  a  mis  au  J)as  des  pages  des  notes  qui  sont, 
sous  une  forme  modeste,  et  presque  déguisée,  de  véritables 
critiques  de  chaque  morceau,  et  qui  éclairent  le  lecteur  dans  la 
voie   où   M.   Lauvrière   veut    la   voir   s'engager. 

Nous  avons  eu  la  curiosité  de  comparer  toutes  les  fois  que 
c'était  possible,  ces  traductions  avec  celles  du  premier  ouvrage 
de     M.     Lauvrière  ;    si    elles    sont     substantiellement    les    mêmes. 


blBLIOGRAIMIin 


419 


elles  ont  étt-  allégées  et  assouplies,  sans  rien  perdre  de  leur 
fermeté    et    de    leur    exactitude. 

Ce  livre  met,  sous  une  forme  morcelée  et  facile,  les  études  de 
M.  Lauvrière  sur  Poe  à  la  portée  du  grand  public  ;  les  amateurs 
y  trouveront  d'ailleurs  quelques  passages,  supprimés  plus  tard 
par  Poe,  dans  le  texte  définitif,  et  qui  n'avaient  jamais  été  tra- 
duits en  français,  ni  publiés  en  Amérique  avant  la  Virginia 
édition.  Le  plus  important  de  ces  morceaux  inconnus  se  trouve 
dans  Bérénice  (pp.  10.5-106 1  et  met  Tamant-vampire  en  présence 
du    cadavre    de    l'amante-victime. 

La  grande  utilité  de  ce  livre  est  de  réunir  dans  le  même  livre, 
pour  la  première  fois  en  France,  la  traduction  des  principaux 
contes  et  des  principales  poésies.  C'e^t  le  premftr  manuel  de 
l'œuvre    de    Poe.  Léon    LEMONXIER. 

Lee  Holt.  —  Paris  iO  Shadow.  —  The  Bodlev  Head, 
1920.  7  sh.). 

C'est  un  roman  sans  l'être  que  ce  journal  personnel  écrit  à 
Paris  pendant  la  guerre  :  l'auteur,  dont  le  <•  moi  »  est  loin 
d'être  haïssable  •>,  se  présente  sous  les  traits  d'un  américain 
d'élite,  idéaliste  et  sceptique,  distingué  et  fin,  vieux  garçon  aux 
habitudes  confortables,  parisianisé  et  aristocratisé  de  longue  date 
par    une    fréquentation    assidue    du    faubourg    St-Gcrmain. 

Sa  sympathie  pour  la  Fra.ice,  devenue  <■  son  pays  de  préfé- 
rence »,  sa  situation  dans  la  colonie  américaine,  de  hautes  rela- 
tions et  une  grande  aisance  1  ont  amené  à  s'occuper  d'oeuvres 
de  guerre  ;  ce  faisant,  il  a  observé  et  relaté  dans  son  journal 
(octobre  1916  à  août  1917)  tout  ce  que  parmi  son  entourage  la 
guerre  a  apporté  de  changements  dans  les  esprits,  les  caractères 
et  les  mœurs.  Ce  n'est  pas,  il  nous  le  dit  lui-même,  dans  une 
intention  critique  qu'il  note  les  faits  ;  c'est  à  titre  documentaire 
qu'il  s'est  plu  à  fixer  ses  impressions  de  chaque  jour  et  <•  les 
petits  événements  qui,  mieux  que  tout  le  reste,  reflètent  l'esprit 
véritable  de  l'époque  >.  Au^si  est-ce  à  bâtons  rompus,  au  hasard 
de  ses  occupations,  de  ses  fréquentations,  de  sa  correspondance 
quotidienne,  qu'il  nous  promène  à  travers  les  conditions  nou- 
velles d'existence  issues  de  la  guerre.  En  dehors  de  ses  réflexions 
personnelles  sur  les  gens  et  les  choses,  il  fait  revivre  des  con- 
versations de  table,  de  salon  ou  de  cercle  sur  les  événements  ; 
il  nous  conte  les  histoires  humoristiques  ou  pitoyables  de  ses 
filleuls,  retrace  de  petites  scènes  de  la  vie  de  Paris  sous  le  bom- 
bardement, nous  dit  ses  visites  au  front  ou  dans  les  hôpitaux. 
Certains  caractères,  heureusement  nuancés,  passent  à  travers  le 
livre  et  y  assurent  la  continuité  d'intérêt  ;  une  intrigue  de  roman 
où  la  jeune  veuve  de  guerre  épouse  en  fin  de  compte  le  pupille 
de  l'auteur,  devenu  officier-aviateur,  se  prête  à  de  fines  notations 
de    sentiment. 

30. 


450  LES   LANGUES   MODERNES 

Malgré  quelques  jugements  qui  nous  paraissent  un  peu  faussés 
par  les  affinités  exclusivement  aristocratiques  de  l'auteur,  le 
livre  évoque  dans  toute  sa  réalité  un  des  moments  les  plus 
sombres  de  la  vie  de  Paris  pendant  la  guerre.  11  sera  sans  doute 
pour  nombre  d'Américains  une  révélation  ;  il  fixe  pour  nous  sous 
une  forme  agréable,  des  souvenirs  qui  menacent  déjà  de  s'es- 
tomper   dans    le    recul    du   temps.  G.   JOUSSAUME. 

C.  R.  L.  Fletcl)er  (Formerly  Fellow  of  Ali  Souls'aud  Magdalen 
Collèges,  Oxford)  :  Tl)e  Créât  War,  1914-1918.  (XIII-200  pp. 
with  maps.  Loudon.  Murra}',  1920.  6  sli.). 

Personne  ne  s'étonnera  que  cette  histoire  de  la  guerre  par  un 
Anglais  soit  t^ès  anglaise.  La  guerre  maritime,  le  front  britan- 
nique en  France,  et  les  campagnes  de  Mésopotamie  et  de  Syrie 
y  sont  traitées  avec  une  abondance  qui  restreint  de  façon  sou- 
vent déconcertante  la  place  réservée  aux  autres  fronts.  Plus  que 
jamais  on  sent  en  la  lisant  que  le  véritable  historien,  suivant 
la  fameuse  formule  de  Fénelon,  ne  doit  être  "  d'aucun  temps  et 
d'aucun  pays  ».  La  condition  étant  difficile  à  réaliser,  il  n'y  ;«. 
qu'à  réunir  et  confronter  les  diverses  histoires  faites,  comme 
celle-ci,  par  des  historiens  qui  sont  tout  à  fait  de  leur  temps 
et  de  leur  pajs.  C'est  par  conséquent,  dans  les  histoires  faites 
par  des  étrangers  que  chacun  de  nous  apprendra  le  plus  de  cho- 
ses, ou  du  moins  trouvera  la  plus  ample  matière  à  réflexions. 
11  est  certain  que  pour  nous  Français  il  ne  faut  pas  trop  comp- 
ter sur  nos  historiens  pour  nous  obliger  à  nous  rendre  compte 
du  rôle  qu'a  joué  dans  la  guerre  la  maîtrise  de  la  mer,  et  même 
pour  mettre  dans  toute  la  lumière  qui  lui  est  due  le  rôle'  magni- 
fique joué  par  l'armée  anglaise  dans  l'ultime  phase.  —  Au  reste, 
il  serait  difficile  de  trouver  des  pages  plus  généreuses,  plus 
ardemment  amicales  pour  la  France  que  celles  qu'on  trouve  dans 
cette  histoire  anglaise.  La  concentration  en  formules  énergiques 
d'une  sympathie  qu'on  sent  — <  et  que  je  sais  —  profondément 
sincère  fait  apprécier  avec  indulgence  le  déséquilibre,  à  notre 
détriment,  de  la  répartition  des  matières.  M.  Fletcher  dit  aussi 
souvent  «  la  France  et  l'Angleterre  »  que  "  l'Angleterre  et  la 
France  »  ;  il  appelle  la  France  <■  notre  plus  noble  ennemie 
autrefois  ;  notre  plus  noble  et  plus  chère  alliée  maintenant  >  ; 
lorsqu'il  est  question  d'un  généralissime,  il  observe  <'  qu'il  ne 
pouvait  être  que  Français  »,  et  il  félicite  Lloyd  George,  qu'il 
n'aime  guère  pourtant,  d'avoir  eu  le  courage  de  demander  ce 
généralissime  français,  malgré  l'attitude  hostile,  à  cet  égard,  de 
la  majeure  partie  du  public  —  mais  non  des  soldats  !  —  anglais; 
pour  Foch,  dit-il,  «  tout  semble  indiquer  que  son  nom  retentira 
dans  les  siècles  à  venir  comme  celui  du  Sauveur  de  la  civilisa- 
tion occidentale  ».  (p.  132),  Je  pourrais  multiplier  des  citations 
semblables. 


BIBLIOGRAPHIE  451 

Je  n'ai  pas  été  surpris  de  ne  pas  retrouver  dans  ce  petit  volu- 
me cet  éclat  de  style  et  cet  humour  qui  font  le  charme  des 
autres  ouvrages  d'histoire  de  M.  Fletcher.  (An  introductory  his- 
tory  of  England,  4  vols.  London-Murray,  etc).  La  couleur  en  est, 
comme  il  convient,  plus  austère  et  ne  s'éclaire  que  çà  et  là  d'un 
pâle  sourire.  Nous  sommes  encore  loin  en  effet  de  l'époque  où 
il  sera  possible  de  n'écrire  sur  cette  guerre  qu'avec  son  esprit. 
Pour  la  plupart  de  nous,  il  se  mêle  à  ces  événements  le  sou- 
venir de  trop  de  deuils  domestiques,  et  pour  M.  Fletcher  la  part 
de  deuils  a  été  lourde...  Puisqu'il  la  dissimule  avec  une  réserve 
toute  Spartiate,  je  n'en  dirai  rien  de  plus,  mais  je  comprends 
l'amèrc  consolation  avec  laquelle  il  reproduit  en  épigraphe  de 
son  livre  le  mot  célèbre  prononcé  par  Périclès  à  propos  d'autres 
guerriers  tombés  comme  ceux-là  :  <•  Toute  la  terre  est  leur  tom- 
beau  ..,  rriia   77,    tï-vO;. 

Gaston-E.   BROCHE. 

Rer)é    Sturel.  —  Bai)dello  ei)  Frai)ce  au   XVI'   siècle. 

(avec   une  préface  de   Henri   Hauvette).   Bordeaux,   Feret   et   fils  ;   — 
Paris,   Fontemoing   (in-8,    186   p.i. 

Cet  ouvrage  est  surtout  consacré  aux  traductions  que  firent 
les  Français  Boaistuau  et  Bclleforest  des  Xovelle  du  Milanais 
Bandello.  Il  est  bon  de  noter  qu'il  ne  contient  rien  qui  se  rap- 
porte au  séjour  que  fit  Bandello  lui-même  en  France,  comme 
évèque  d'Agen  sous  le  règne  de  Henri  II,  sujet  qui  a  été  étudié 
par    Francesco    Picco   (Mél.   Ro'd.   Renier; . 

Les  traducteurs  du  .\vi«  siècle  prenaient  avec  leurs  textes  de 
singulières  libertés  :  il  leur  arrivait  souvent  de  traduire  quel- 
ques pages  par  quelques  lignes,  et  quelques  lignes  par  quelques 
pages  !  Voilà  pourquoi  il  est  fort  intéressant  de  les  étudier.  A 
quelles  préoccupations  obéissent-ils  lorsqu'ils  arrangent  et 
adaptent  ainsi  l'original  ?  Ces  préoccupations  ne  sont-elles  pas 
suggestives  non  seulement  de  leur  goût  à  eux  mais  encore,  et 
tout  autant,  du  goût  public,  avec  tout  ce  qu'il  contient  de  ten- 
dances intellectuelles  et  d'aspirations  morales  ?  —  Tel  est  le 
problème  que  se  posait  Sturel  en  examinant,  et  souvent  à  la 
loupe,  ces  traductions  maintenant  bien  oubliées  mais  qui  con- 
tribuaient alors  si  largement  à  l'éducation  du  public.  Il  nous 
fait  assister  ainsi  à  la  métamorphose  de  ces  Xovelle,  touffues, 
alourdies  de  digressions  injustifiables,  d'une  immoralité  souvent 
cynique,  en  récits  bien  construits,  plus  sobrement  écrits  et, 
sinon  toujours  parfaitement  moraux,  du  moins  très  suffisam- 
ment décents.  —  Pour  ma  part,  j'avoue  ne  connaître  les  tra- 
ductions de  Boaistuau  et  de  Belleforest  que  par  les  larges  extraits 
comparés  que  donne  Sturel  mais  j'ai  parcouru  les  Xovelle  de 
Bandello  dans  l'original  :  quelques-uns  m'ont  paru  être  de  taille 
à   résister   à   toute    tentative    de    métamorphose   pareille  !    L'excel- 


452  LES    L.\NGUBS    MODERNES 

lent  évêque  d'Agen  (il  se  démit  d'ailleurs  bientôt»  aurait  sou- 
vent fait  rougir  Boccace  son  modèle  !  Nos  traducteurs  français, 
quoique  de  fort  peu  postérieurs  à  Rabelais,  ont  donc  très  souvent 
renoncé  à  une  impossible  entreprise.  Ils  n'ont  traduit  qu'un 
tiers  des  récits  de  leur  auteur.  C'est  qu'en  effet  déjà  dans  la 
seconde  moitié  du  xn^  siècle,  on  marchait  à  grands  pas  vers 
tout  ce  qui  allait  caractériser  le  grand  siècle,  la  sévérité  du  goût 
littéraire  et  l'austérité  de  la  morale.  Sur  ve  dernier  point,  il  est 
permis  de  penser  que  la  pression  grandissante  exercée  par  la 
Réforme  à  compté  pour  quelque  chose.  On  voit  même  que  notre 
gascon  Belleforest,  malgré  la  transformation  qu'il  impose  à  son 
modèle,  ne  se  sent  pas  parfaitement  en  règle  avec  sa  conscience. 
II  a  des  scrupules  sur  l'utilité  d'un  Bandello  même  à  peu  près 
moralisé,    et    il    n'encourage    personne    à    continuer    ce    travail. 

On  voit  tout  l'intérêt  de  cette  contribution  à  l'Histoire  des 
lettres  italiennes,  ou  plutôt  du  goût  français.  Les  anglicisants  y 
trouveront  quelques  pages  curieuses  sur  les  variantes  imposées 
par  Boaistuau  à  Bandello  dans  la  nouvelle  de  Roméo  et  Juliette, 
et  qui,  à  travers  les  traducteurs  anglais  du  traducteur  français, 
ont  passé  dans  Shakespeare.  La  valeur  de  ces  variantes,  au  point 
de  vue  de  l'art  dramatique,  a  donné  lieu  à  d'assez  vives  discus- 
sions, en  particulier  pour  la   scène   du  tombeau. 

Il  ne  nous  reste  qu'à  déplorer  que  cet  ouvrage,  où  s'attestent 
à  chaque  page  la  probité  et  la  haute  distinction  d'un  noble 
esprit,  soit  de  ceux  qui  n'auront  pas  de  lendemain,  et  qui  n'ont 
même  pu  trouver  leur  achèvement...  La  guerre  a  passé  par  là 
aussi.  Après  plusieurs  années  d'un  labeur  ininterrompu  et 
fécond  {Amyot.  traducteur  de  Plutarque,  1908  ;  Essai  sur  les 
traductioixs  du  théâtre  grec  en  France,  1913),  et  plusieurs  années 
d'enseignement  aux  lycées  de  St-Etienne,  Beauvais  et  le  Havre, 
Sturel  est  tombé,  dans  sa  30"  année,  le  22  août  1914,  près  de 
Charleroi,  en  couvrant  avec  ses  mitrailleurs  la  retraite  de  son 
bataillon.  Hélas  !  nous  n'avons  eu  que  trop  souvent  à  méditer 
sur  de  pareils  destins,  méditation  doublement  douloureuse,  où 
l'esprit   se   déchire   comme    le   cœur...  Gaston-E.    BROCHE. 

Hei)i*i  Baucl)e.  —   Le   langage   populaire  (Payot,  Paris, 

1920). 

Ce  volume  de  288  pages  tient  les  promesses  de  sa  couverture. 
C'est  une  contribution  solide  et  intéressante  à  l'étude  du 
;    français   tel   qu'on   le   parle   dans   le   peuple   de   Paris   ». 

Divisé  en  deux  moitiés  sensiblement  égalés,  la  seconde  partie- 
du  volume  est  un  dictionnaire  complet,  savoureux  et  amusant 
des  expressions  que,  faut-il  l'avouer,  nous  connaissions  déjà 
presque  toutes  et  que  les  mœurs  de  la  guerre  nous  ont  accou-' 
lûmes  à  employer  sans  rougir.  C'est  le  riche  musée  —  et  quel 
vivant    musée  !    — des   vocables   parisiens   que   tout    Français   doit 


BIBLIOGRAPIIIi:  453 

^a^^)il•  et  que  l'clranger,  s'il  aspire  à  ""e  cuiiiiaissaïue  approfon- 
die de  notre  langue,  ne  peut  pas  ignorer.  Tout  y  est.  M.  Bauche 
a  été  '•  à  la  hauteur  >  et  s'il  veut  bien  permettre  l'expression, 
nous   a   donné   là    un    document    ■•   pépère    maous    >. 

Mais  la  première  partie  du  volume,  qui  traite  de  la  grapimaire 
et  de  la  syntaxe,  est  plus  intéressante  encore.  Sans  jamais  tom- 
ber dans  le  pédantisme  l'auteur  donne  de  lumineux  aperçus  sur 
la  déformation  de  la  prononciation  en  L.  P.,  l'alTaiblissement 
des  consonnes,  le  déplacement  de  l'accent  tonique,  les  mots 
tombés  en  désuétude.  De  temps  en  temps,  il  remet  d'un  mol  les 
choses  en  place,  comme  au  sujet  des  origines  du  mot  ■  boche  •>. 
Et  le  lecteur  épris  de  simplicité  étudiera  avec  plaisir  les  pages 
sur  la  variation  des  genres  (l'appel  est  faite,  l'air  est  bonne), 
sur  l'attribut,  qui  marque  une  tendance  très  nette  à  devenir 
invariable,  et  surtout  sur  les  transformations  du  verbe,  qui  se 
simplifie    et    dont    plusieurs    formes    sont    en    voie    de    disparition. 

Ainsi  l'auteur  justffie-t-il,  par  l'exposé  de  ses  recherches,  les 
vues  modestement  exprimées  au  cours  de  son  introduction.  S'il 
est  vrai  que  le  langage  populaire,  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  les  argots,  est  pour  l'idiome  national  une  source  ;népuisable 
de  renouveau,  s'il  est  vrai  que  beaucoup  de  ses  vocables  devien- 
dront classiques  avec  le  temps,  il  est  nécessaire  d'un  autre  côté, 
que  les  penseurs  et  les  écrivains  s'opposent  aux  déformations 
exagérées  de  la  grammaire  et  de  la  syntaxe,  qui  précipiteraient 
la  langue  "  aux  abîmes  de  la  confusion  et  de  la  décomposi- 
tion .).  Il  est  bon  que,  dans  le  corps  du  verbe,  le  sang  se  rajeu- 
nisse et  se  revivifie  ;  mais  il  ne  faut  pas  que  ce  soit  au  détri- 
ment  de   la    norme    et   de   la   beauté.  Paul     CHAUVET. 

Recueil    de    DocuiT)ei)ts   n)iiitaires   allenf)ai)ds   de    la 

grai)de  guerre  1914-1918,  par  rOffîcier-Interprète  Griffon, 
Professeur  à  l'Ecole  spéciale  militaire  de  Saint-Cyr  et  au  Lycée 
de  Lille,  accompagnés  d'introduction  et  de  commentaires  tacti- 
ques par  le  Commandant  breveté  Méra.  Préface  du  Général  de 
Maud'huy.    (Librairie    C.hapclot,    1920,    l.ï.^    pages    avec    cartes). 

Quiconque  voudra  enseigner  désormais  la  langue  militaire 
"  telle  qu'elle  se  parle  »,  ou  plutôt  telle  qu'elle  s'est  parlée 
dans  la  dernière  guerre,  aura  recours  à  cet  excellent  recueil. 
Gomme  le  dit  fort  bien  le  Commandant  Méra,  dans  Pavant-pro- 
pos, les  documents  allemands  de  la  grande  guerre  sont  révéla- 
teurs d'une  terminologie  nouvelle,  d'une  langue  complexe  et 
souvent  imprévue.  Pour  comprendre  ces  documents,  la  connais- 
sance de  la  langue  du  temps  de  Napoléon,  ou  de  celle  qui  cor- 
respond à  la  guA-re  de  1870,  fonds  commun  de  tous  les  ouvrages 
militaires  ou  lexiques  en  usage  jusqu'ici,  est  totalement  insuf- 
fisante. 

Remercions     .AL     Griffon    d'avoir    entrepris    ce    nouveau    travail 


454  LES    LANGUES    MODERNES 

qui  s'imposait.  Nul  n'était  plus  qualifié  que  lui  pour  le  mener 
à  bien.  Après  avoir  été  Officier  Interprète  au  front,  il  a  eu. 
comme  Professeur  à  Saint-Cjr,  à  se  préoccuper  de  mettre  rapi- 
dement, au  cours  même  de  la  dernière  guerre,  les  futurs  officiers 
appelés  à  commander  devant  l'ennemi,  au  courant  de  ce  qu'ils 
devaient  savoir,  pour  les  besoins  de  leur  service  aux  "  armées. 
Ce  sont  les  textes  réunis  pour  cet  enseignement,  d'abord  auto- 
graphiés  et  <'  confidentiels  »,  qui  sont  devenus  la  matière  du 
présent  volume,  composé  uniquement  de  documents  pris  à  l'en- 
nemi, de  rapports  quotidiens  des  différentes  unités,  de  circu- 
laires, d'instructions  générales  ou  particulières,  d'ordres  ou  de 
comptes    rendus. 

Le  plan  est  très  clair  et  comprend  deux  parties  :  1"  Infan- 
terie, 2"  Artillerie  et  Pionniers.  Un  chapitre  supplémentaire 
concerne  la  guerre  <>  chimique  »,  les  émissions  de  gaz  et  les  pro- 
jectiles toxiques.  Un  appendice  groupe  toutes  les  cartes  et  les 
plans  directeurs  nécessaires,  ce  qui  pei'met  au  professeur  des 
interrogations  pratiques  dont  l'utilité  est  évidente.  Quelques 
documents  ont  été  reproduits  en  fac-similé  ;  un  lexique  contient 
enfin  les  principaux  termes  militaires  et  les  abréviations  usitées 
dans   le    volume. 

Puisque  l'auteur  nous  invite  à  lui  indiquer  les  lacunes  que 
l'on  peut  relever  dans  son  ouvrage,  nous  lui  exprimons  le  seul 
désir  qu'un  chapitre  spécial  puisse,  dans  une  prochaine  édition, 
être  consacré  à  l'aviation,  une  des  armes  nouvelles  de  la  der- 
nière guerre  et  peut-être  l'arme  j:>rincipale  de  la  guerre  de 
demain. 

Tel  qu'il  est,  le  volume  constitue  un  excellent  instrument  de 
travail,  non  seulement  pour  les  classes  de  nos  Lycées  préparant 
à  St-Cyr,  mais  encore  pour  tous  les  Officiers,  pour  tous  ceux 
qui  ont  pour  obligation  d'être  exactement  informés  et  de  se  tenir 
au  courant  de  l'actualité  militaire.  Sa  place  est  indiquée  éga- 
lement dans  la  bibliothèque  d'un  Officier  Interprète,  A  tous  ces 
titres,    il    méritait    d'être    signale    ici.  Gaston    VARENXE. 

Paul  Passy-  —  Conversations  Françaises  ci)  traos- 
criptioi)     pl)Oi)étlque,     avec     traductions     anglaises. 

(University    of   London    Press,    1920,   4/6   net), 

"  Destiné  à  des  jeunes  gens  connaissant  déjà  assez  bien  les 
éléments  du  français,  et  désireux  de  se  familiariser  à  fond  avec 
le  langage  de  la  conversation  courante  »,  ce  petit  livre  de  119 
pages    répond    parfaitement    à    son    but.   » 

Il  consiste  en  27  dialogues  pratiques  imaginés  au  cours  d'un 
séjour  d'étudiant  en  France  et  plus  particulièrement  à  Paris. 
<.  Le  langage,  dit  l'auteur,  est  un  peu  plus  contracté  que  dans 
ses  transcriptions  scolaires  ;  et  dos  formes  propres  à  un  parler 
plus    rapide    sont    indiquées    en    note.   »    Sauf    en    ce    qui    concerne 


BIBLIOGRAPHIE  455 

quelques  rares  exceptions,  je  ne  suis  pas  des  lecteurs  que 
•  celles-ci  pourront  surprendre,  choquer  même  >>  ;  non  seule- 
ment je  tiendrais  pour  mal  instruit  de  notre  langue  l'étranger 
qui  ne  les  comprendrait  pas  sans  effort,  mais  aussi  pour  préten- 
ticujf,  ou  peu  doué,  celui  qui  n'arriverait  pas  à  les  employer 
automatiquement    dans    la   conversation    usuelle. 

La  transcription  est  dans  les  six  premiers  chapitres  divisée 
en  groupes  de  sens,  et  en  mots  dans  les  autres  ;  l'exclusivisme 
eût  été  arbitraire,  chaque  notation  ayant  avantages  et  inconvé- 
nients et  l'élève  peut,  à  l'aide  de  la  première  manière,  saisir 
entièrement  de  façon  concrète  les  problèmes  même  qu'il  serait 
tenté  de  résoudre  autrement  que  M.  Paul  Passy.  C'est  dire  que 
l'ouvrage,  comme  on  pouvait  d'ailleurs  s'y  attendre,  est  excel- 
lent. G.  Vhangest. 

WiSSeni)ai)S>    Ciicf  de    bureau  au    ministère  de  l'I.  P.  :    Code 

de  rEi)seigi)en)ei)t  Secondaire  (Ggs  pp.  Hachette,  1920.  20  fr.). 

Cet  ouvrage,  complété  depuis  sa  première  édition,  contient  le 
texte  des  lois,  ordonnances  et  décrets  qui  régissent  l'université 
et  renferme  tous  les  renseignements  relatifs  à  la  situation  des 
fonctionnaires    des    lycées,    collègues    et    cours    secondaires. 

Maugéis  de  Bourguesdoi).  —  Les  Stéi)ograpl)es  Poly- 
glottes (Chea  l'auteur,  30,  rue  de  Bourgogne,  Paris,  7%  1920,  6  fr.). 

Ce  livre  effleure  inefficacement  de  vastes  questions  linguisti- 
ques ou  phonétiques  ;  il  ne  saurait  être  utile  à  qui  voudrait  en 
réelle  connaissance  de  cause  choisir  telle  méthode  sténographi- 
que*  plutôt  que  telle  autre  :  un  travail  persévérant  donne  d'ail- 
leurs avec  les  trois  ou  quatre  méthodes  les  plus  répandues  des 
résultats  équivalents.  Les  employés  qui  veulent  devenir  sténo- 
graphes polyglottes  }•  trouveront  les  adresses  de  sociétés  suscep- 
tibles de  leur  procurer  des  postes,  l'indication  des  manuels  de 
sténographie  les  plus  connus,'  quelques  conseils  relatif  aux 
séjours  à  l'étranger,  et  des  considérations  sur  le  rendement  éven- 
tuel   de    leur   profession.  G.   D'HAXGEST. 

REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

Tînmes  Literary  Supplen()ei)t  (3  juin):  Revues  de  livres  : 
The  coiinlry  toivn  and  other  poems  (O.  U.  P.,  3  sh.  6),  recueil 
des  meilleurs  poèmes  de  W.  J.  Courthope  (1842-1917),  l'auteur 
d'une  History  of  English  Poetry  ;  le  recueil  est  précédé  d'une 
biographie  par  A.  O.  Prickard  et  orné  d'un  portrait  ;  —  Théodore 
Roosevelt,  an  intimate  biographij,  by  W.  R.  Thayer  (Constable, 
24  sh.)  ;  un  autre  ouvrage  sur  «  Teddy  »,  intitulé  Talks  with 
T.  R.  par  .John  J.  Leary,  doit  paraître  incessamment  chez  Hough- 
ton,  Mifflin  et  Cie,  Boston  ;  —  l'ouvrage  récent  de  M.  Baldens- 
'  perger,    l'Avant-guerre    dans    la    Littérature    française,    fait    l'objet 


456  LES   LANGUES   MODERNES 

d'une  critique  assez  hostile  dont  "  l'esprit  de  Sorbonnc  ...  qui 
voudrait  >■  démontrer  la  vertu  française  par  des  procédés  teu- 
tons  »,   a   aussi    sa   part. 

10/6  :  Essai  sur  ..  l'idée  de  progrès  »,  suggéré  par  deux  publi- 
cations récentes.  The  Idea  of-Progress,  an  inqiiiry  info  ils  origin 
and  growth,  by  J.-B.  Bury,  Regius  Prof,  of  History  in  Carab. 
Univ.  (Macmillan,  14  sh.),  sorte  d'histoire  de  l'idée  de  progrès 
à  travers  les  âges,  et  The  Idea  of  Progress,  by  W.  R.  Inge.  Doyen 
de  St-Paul  (Clarendon  Press,  2  sh.,  ou  recueil  des  <•  Romanes 
Lectures  »,  0.  U.  P.  16  sh.),  simple  conférence  pleine  d'aperçus 
originaux.  Le  problème  est  à  l'ordre  du  jour  depuis  que  la  g'uerre 
nous  a  fait  douter  de  la  réalité  du  progrès  humain,  et  ces  deux 
ouvrages  ont  provoqué  de  nombreux  articles  dans  toute  la  presse 
britannique.  —  Revues  de  livres  :  Deux  ouvrages  sur  l'histoire 
d'Irlande,  Irehtnd  iinder  the  Xormans  1216-1333,  by  G.  H.  Orpen 
(O.  U.  P.),  en  4  vol.  et  The  Irish  Rébellion  of  16il,  with  a  history 
of  the  events  which  led  up  to  and  siicceeded  il,  bj'  Lord  Ernest 
Hamilton  (Murray),  qui  fait  suite  à  l'étude  du  même  auteur  sur 
rUlster  sous  Elisabeth  ;  —  J.-R.  Tanner,  Samnel  Pepys  and  the 
Royal  Xavy,  ■  cours  fait  à  Trinity-College,  Cambridge  (C.  U.  P. 
6  sh.  6)  ;  —  W.  H.  Moreland,  India  al  the  death  of  Akbar  (Mac- 
millan,  12  sh.),  vue  d'ensemble  sur  la  situation  économique  de 
l'Inde  au  début  du  xvir'  siècle  qui,  dans  l'esprit  de  l'auteur,  doit 
servir  de  point  de  départ  à  toute  une  série  d'études  sur  l'Inde 
économique  ;  —  la  maison  Humphrey  Milford  (O.  U.  P.i,  vient 
d'ajouter  un  nouveau  volume  à  sa  série  d'études  sur  les  reli- 
gions de  l'Inde,  An  oiitline  of  the  religions  literature  of  India, 
by  J.-N.  Farquhar,  auteur  d'un  autre  volume.  Modem  religions 
monements  in  India;  —  Lelters  of  travel  (1892-1913)  de  R.  Kip- 
ling (Macmillan  7  sh.  6)  recueil  dé  lettres  publiées  jadis  dans 
différents  journaux  et  relatives  à  l'.^mérique,  au  Japon,  au 
Canada  et  à  l'Egypte  ;  —  Th.  H.  Dickinson,  The  contemporary 
drama  of  England  (Murray,  7  sh.  6i  ;  —  revue  très  élogieuse  de 
Marrakech  ou  les  Seigneurs  de  l'Atlas  de  J.  et  J.  Tharaud,  ainsi 
que  du  Verlaine  d'Ernest  Delahaye,  et  du  Serenus  de  .T.  Lemaître, 
dont  vient  de  paraître  une  traduction  chez  Selwyn  and  Blount 
(7  sh.  6)  ;  —  un  correspondant  se  plaint  du  prix  de  plus  en  plus 
inabordable  des  livres  en  Angleterre,  enviant  à  la  France  ses 
éditions  bon  marché,  notamment  sa  collection  »  Une  heure 
d'oubli  »,  ses  éditions  de  la  maison  E.  Champion  ou  celles  de  la 
Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Hautes-Etudes  ;  cette  question  de  la 
cherté  des  livres  provoque  d'ailleurs  des  échanges  de  vues  dans 
toute   la    presse. 

17/6  :  The  life  of  Disraeli  ;  il  vient  de  paraître  (chez  Murray, 
18  sh.  chaque  vol.)  les  deux  derniers  volumes,  V  et  VI,  de  la  vie 
de  B.  Disraeli,  commencée  par  W.-F.  Monypenny  et  continuée  par 
G.  Farle  Buckle  ;  —  William  O'Bricn,  Evening  memories  (Maun- 
sel  16  sh.),  autobiographie  du  grand  chef  irlandaisi  ;  —  Rev. 
Edward  Gepp  :  A  conlribuiion  to  an  Essex  dialecl  dictionary 
(Uoutledgc,  5  sh.)  ;  —  H.  Clément  Xotcutt  :  An  interprelalion  of 
Keats's  >■  Endymion  »  (publié  à  Capetown)  ;  l'auteur  de  cette 
étude  veut   voir  dans   <•   Endymion   »,  outre  les  péripéties  de  l'àmc 


BIBLIOGKAPHIE  457 

du  poète  à  la  recherche  de  hi  vérité,  un  exposé  des  idées  de 
Keats  sur  la  poésie  anglais»  ;  —  la  C.  U.  P.  commence  la  publi- 
cation d'une  série  de  •  Shakespeare  proJ)lems  -,  dont  le  premier 
volume  s'intitule  Shakcspeare's  fif/ht  with  the  pirates  and  the 
/irohlenis  o(  the  transmission  of  his  test,  by  A.-W.  PoUard  ;  — 
Gyldendal  (13  York  Street,  Covent  Garden,  London  W.-C„  2i, 
succursale  d'une  maison  de  Copenhague  et  Christiania,  publie 
une  série  de  traductions  d'œuvres  Scandinaves  ;  —  la  maison 
Allen  et  Unwin  annonce  deux  volumes  d'études  sur  Ruskin  : 
The  Haruest  of  Ruskin,  hy  Principal  John  W.  Graham,  et  Ruskin 
the  Prophet,  recueil  d'essais  par  différents  auteurs  publié  à  l'oc- 
casion   du    centenaire. 

1/7  :  Revues  de  Jivres  :  Prof.  H.  Cecil  Wyld,  A  history  of 
modem  colloquial  English  (F"isher  Unwin  21  sh.),  ouvrage  inté- 
ressant, quoique  encore  loin  d'égaler  celui  de  John  Earle  ;  — 
Watson  Nicholson,  The  historical  sources  of  Defoe's,  Journnl  of 
the  Pla<jue  Year  (Boston,  Mass.,  The  Stratford  Company,  ft  2)  ;  ce 
journal  de  Defoe,  que  l'on  considérait  jusqu'ici  comme  un 
l'Oman,  serait  en  réalité  un  recueil  de  faits  au*heutiques  ;  — 
Margarct  Deancsly,  The  Lollard  Bible  and  other  médiéval  bibli- 
cal  nersions  (C.  V.  P.,  31  sh.  6>  ;  —  H.-G.  Wells.  The  out- 
line  of  history,  vol.  1  (Xewnes,  2  vol.,  45  sh.  et  Cassell 
1  vol.,  21  sh.)  ;  le  grand  romancier  sociologue  a  entrepris  une 
histoire  de  l'humanité  brossée  ■•  à  la  manière  des  grandes  fres- 
ques de  la  Renaissance  ■>  ;  le  premier  volume,  qui  prend  la 
terre  à  l'état  de  nébuleuse,,  nous  mène  jusqu'à  l'avènement  du 
christianisme;  —  Joseph  Conrad,  The  Rescue  (Dent.  9  sh.),  nou- 
veau roman  dont  le  héros  est  encore  un  marin  ;  —  arficlc 
de  W.-J.  Lawrence,  Was  ■•  Sir  Thomas  More  <>  ever  acted  ?  où 
il  conclut  contrairement  à  Mr  W.-W.  Greg,  que  la  pièce  fut 
cffertivemcnt  jouée  ;  — •  la  maison  A.  et  C.  Black  publie  un 
Who  was  mho  1897-1916,  contenant  la  biographie  de  tous  les 
gens  connus  morts  au  cours  de  cette  période  ce  qui  dispense  de 
l'obligation  de  conserver  toute  la  collection  du  IVho's  whn  ;  — 
vient  de  paraître  l'index  du  Times  pour  le  premier  trimestre 
1920   (chez    S.    Palnier,    Shepperton.    On.    Thames,    30    sh.). 

8/7  :  The  navels  of  Disraeli  :  une  nouvelle  édition  de  ces 
romans  est  en  train  de  paraître  chez  Longmans  (4  sh.  6  le  vol.)  ; 
—  art.  de  W.-J.  Lawrence,  The  casting  eut  of  Ben  Jonson,  petit 
épisode  de  la  vie  du  poète  qui,  en  janvier  1604  se  fit  un  jour,  en 
compagnie  de  son  ami  sir  John  Roe,  expulser  d'une  représenta- 
tion à  Hampton-Court  ;  —  Revues  de  livres  :  Walter  H.  Burgess, 
John  Robinson,  Pastor  of  the  Pilgrim  Fathers.  A  sludy  of  his 
life  and  limes  (Williams  and  Norgate.  12  sh.  6).  L'auteur  de  l'ar- 
ticle rappelle  deux  études  antérieures  sur  les  Pilgrim  Fathers  : 
Fngland  and  Holland  of  the  Pilgrims,  du  D-"  H.-M.  Dexter  (1906), 
et  surtout  l'excellent  ouvrage  du  D"^  R.-G.  Usher,  The  Pilgrims 
and  their  history  (1918)  ;  —  Rev.  James  M.  Wilson  The  Worces- 
ter  Liber  Albus,  Glimpses  of  life  in  a  great  Bénédictine  monas- 
tery  in  the  fourteenth  century  (S.  P.  C.  K.  =  Society  for  the 
propagation  of  Christian  Knowledge,  15  sh.")  ;  —  Prof.  G. 
Saintsbury  ne  se  contente  pas  d'étudier  notre  littérature,  nos  crus 


458  LES   LANGUES   MODERNES 

de  Bourgogne  n'ont  pas  davantage  de  secrets  pour  lui,  si  nous 
en  jugeons  par  ses  Notes  on  a  cellar-book  (Macmillan  7  sh.  6), 
fragments  d'une  »  Histoire  du  vin  »  que  le  savant  professeur 
avait  eu  un  moment  l'intention  d'écrire  ;  —  on  annonce  la  publi- 
cation (chez  Constable),  d'une  History  of  the  Chartist  movement, 
par  Julius  West,  ancien  collaborateur  du  New  Statesman,  mort 
peu  de  temps  après  l'armistice  ;  cette  histoire  est  basée  sur  des 
documents  inédits,  tirés  notamment  de  la  collection  de  manus- 
crits et  de  coupures  Francis  Place,  au  British  Muséum  ;  — 
l'université  de  Manchester  va  faire  publier  (chez  Longmans) 
un  essai  de  Kathleen  Lamblej-,  The  teaching  and  ciiltivation  of 
the  French  language  in  England  during  Tudor  and  Stiiart  time'È  ; 
—  la  maison  américaine  Friedman  annonce,  une  bibliographie 
de   Walt   Whitman. 

15/7  :  Deux  centenaires  :  Gilbert  White  of  Selb'orne  ;  né  le 
18  juillet  1720  ;  —  The  Pilgrim  Fathers,  their  story  and  their 
connection  with  Southampton  i6'20-1920  (Southampton,  Hauts 
Advertiser  Company,  2  sh.  6)  ;  c'est  le  15  août  1620  que  les 
Pilgrims  partirent  de  Southampton  ;  —  J.  Ford  Rhodes  vient 
de  publier  (Macmillan  18  sh.)  History  of  the  U.S.  froni  Hayes 
to  Me.  Kinley  1877-1896  qui  forme  le  8*  vol.  de  son  History  of 
the    U.   S. 

22/7  :  Revues  de  livres  :  Sir  Vernej-  Lovett  (Late  of  the  J.  C.  S.'-. 
The  groivth  of  Indian,  nationalism,  a  history  of  the  Indian  natio- 
nalist  movement  (Murray  12  sh.)  ;  —  The  English  Association 
vient  de  reprendre  sa  publication  annuelle,  commencée  en  1910 
et  interrompue  pendant  la  guerre  ;  le  6*  volume  des  Essays  and 
stiidies  written  by  members  of  the  E.  A.  comprend  des  études  de: 
Henry  Bradley  sur  la  Genèse  de  Caedmon,  Prof.  Wyld  sur  les 
dialectes,  Prof.  Saintsbury  sur  Trollope,  Miss  Stawell  sur  J.  Con- 
rad ;  —  le  British  Muséum  vient  d'ajouter  à  son  exposition  de 
manuscrits  une  exposition  de  livres  rares,  de  sorte  qu'on  peut  y 
admirer  maintenant,  en  manuscrit  ou  dans  leur  édition  princeps, 
la  plupart  des  œuvres  importantes  de  la  littérature  anglaise, 
depuis  le  Beowulf  jusqu'au  manuscrit  de  Tess  of  the  d'Urber- 
villes  ;  —  le  Norihampton  Mercury  célèbre  son  bicentenaire  : 
The  bicentenary  record  of  the  Northampion  Mercury,  by  W.-W. 
Hadlcy  (The  Mercury  Press,  Northampton  1  sh.)  ;  —  les  Quakers 
manifestent  un  regain  d'activité  ;  leurs  œuvres  de  guerre,  tant 
dans  les  régions  dévastées  que  dans  les  camps  de  prisonniers,* 
ont  rendu  populaire  la  Society  of  Friends  ;  le  «  Friends'  Council 
for  international  service  »,  91,  Bishopsgate,  annonce  la  publi- 
cation d'un  grand  nombre  de  livres  et  de  brochures  destinés  à 
divulguer  les  croyances  des  Quakers  et  rédigés  dans  les  diverses 
langues  européennes  ou  en  espéranto  ;  —  on  annonce  l'appari- 
tion d'une  nouvelle  revue  trimestrielle,  The  Pilgrim,  a  reniew  of 
Christian  polilics  and  religion  (chez  Longmans),  sous  la  direction 
du    chanoine    William    Temple. 

Atl)ei)3SUn)  (4  juin):  The  poetry  of  Leigh  Hunt:  Revue  délivres: 
l'nknown  London,  by  W.-G.  Bell,  l'auteur  de  Fleet  Street  in 
seven    centuries    (Lanc,     6    sh.    6)  ;     Stenenson's     Germnny,     by     C. 


HIBMOGRAPHIF.  459 

lîrunsdon  Fictchcr  (Heinemann  12  sh.>,  étude  sur  les  agissements 
de  rAlIeniagiic  dans  le  Pacifique,  dont  l'auteur  conclut  L  la 
nécessité    d'expulser    les    Allemands    de    ces    parages. 

11/6  :  Revues  de  livres  :  A.-H.  Cruikshank  (Prof,  of  Greek 
in  the  Univ.  of  Durham),  Phili/)  Massinger  (Oxford,  Blackwell 
15  sh.),  0  ouvrage  consciencieux  et  utile  »  ;  —  E.-H.  Fellowes  : 
Englixh  madrigal  verse  158H-Î63'2,  edited  from  the  original  song- 
books  (O.  U.  P.  12  sh.  6),  on  vient  de  rééditer,  chez  Graut 
Richards,  l'ouvrage  de  S.  M.  Ellis,  George  Meredith,  His  life  and 
friends  in  relation  to  his  work,  dont  la  première  édition  avait 
valu  à  son  auteur  des  poursuites  judiciaires  ;  et  dans  la  "  Bohn's 
Pojjular  Lil)rary  u^  2  sh.  4,  The  life  of  Robert  Oiven,  d'après 
l'édition    originale    de    l'autobiographie    parue    en    1857-58. 

18/6  :  The  Marij  Carie  ton  narratives  1663-73  :  a  missing  chap- 
ter  in  the  historij  of  the  English  novel,  by  Ernest  Bernbaum 
(Harvard  Univ.  Press,  Cambridge,\Mass.  ;  Milford,  London  5  sh.  6). 
(les  romans,  inspirés  par  la  vie  d'une  fameuse  aventurière  et  dont 
le  plus  célèbre,  The  Counterfeil  Ladij  Unveiled,  a  pour  auteur 
Francis    Kirkman.   ont    servi    de   modèles   aux   romans   de    Defoe. 

25  6  :  Revues  de  livres  :  Enslaved  and  other  poems  by  John 
Masefield  (Heinemann  6  sh.)  ;  —  The  Stonor  leiters  and  papers 
1'200-l'iS3,  edited,  from  the  original  documents  in  the  Public 
RcA'ord  Office,  by  Ch.  Lethbridge  Kingsford  (2  vol.  "  Camden 
third  séries  29  et  30,  Royal  Historical  Society)  documents  inté- 
ressants par  ce  qu'ils  révèlent  de  la  vie  sociale  en  Angleterre 
.aux  XIV  et  xv"  siècles  ;  —  compte  rendu  élogieux  de  la  thèse  de 
M.    Saurat. 

La  Pensée  de  Milton  (Alcan  24  fr.)  ;  —  petite  note  de  J.-H. 
Whitehouse  sur  l'amitié,  peu  connue,  de  Ruskin  et  George 
Macdonald  ;  —  bonne  nouvelle  pour  les  celtisants  :  la  maison 
Morgan  et  Higgs,  de  Swansea.  commence  la  publication  d'une 
série  d'ouvrages  en  gallois,  bien  imprimés  sur  bon  papier,  à  un 
prix  relativement  modique,  1  sh.  6  ;  le  premier  volume  est  une 
anthologie  d'englynion,  compilée  par  le  Prof.  \V.-J.  Gruffydd, 
qui  y  ajoute  une  introduction  sur  l'origine  et  la  nature  de 
Venglijn  (petit  poème  rappelant  l'épigramme  grec).  La  série,  inti- 
tulée "  Cyfres  y  Werin  »,  sera  continuée  par  des  traductions 
d'Ibsen,    de    Maupassant,    de    Gogol. 

2/7  :  A  Taie  of  a  Tub  :  to  which  is  added  the  Battle  of  the 
Books,  and  the  Mechanical  Opération  of  the  Spirit,  nouv.  édition 
par  A.  C.  Guthkelch  et  D.  Xichol  Smith,  avec  introd.  et  notes 
(Oxford.  Clarendon  Press  24  sh.).  Cette  édition,  qui  reproduit 
l'orthographe  originale  avec  les  variantes  des  diverses  éditions 
contemporaines,  contient  aussi  un  appendice  sur  les  connaissan- 
ces de  Swift  en  Littérature  occulte.  —  Dans  les  <■  Notes  from 
Ireland  ■>,  article  ••  nécrologique  >  sur  la  disparition  de  VIrish 
Stafesnian,  journal  hebdomadaire  fondé  il  y  a  un  an  par  les 
nationalistes  modérés  sous  l'inspiration  de  sir  Horace  Plunkett. 
16/7  :  On  annonce  la  préparation,  chez  Cobden-Sanderson, 
d'une  édition  des  plus  beaux  poèmes  de  .John  Clare  (v.  l'Athe- 
naeum  du  5-3  et  du  9-4-1920)  ;  cette  édition  contiendra,  un  cer- 
tain nombre  de  poèmes  inédits  et  une  biographie  à  laquelle  col- 
labore   Mr.    S.    Gefton,    pctit-fils    du    poète. 


460  LES  LANGUES  MODERNES 

SatUrday  Review  (12 juin):  The  Guitry  Seasonatthe  Aldwych. 
Une  comparaison  de  Mon  père  avait  raison,  qui  a  terminé  la  série 
de  représentations  données  à  Londres  par  les  Guitry,  avec 
Tiger  !  Tiger  !  l'une  des  pièces  qui  tiennent  l'affiche  en  ce  mo- 
ment en  Angleterre,  suggère  à  la  .S.  R.  de  mélancoliques  réflexions 
sur  la   pauvreté  du   théâtre   anglais   à   l'heure   actuelle. 

TI)C  Nioeteei)tl)  Cei)tury  Cjuin)  ••  Etude  de  Lord  Ernle  sur 
la  genèse  du  Troy  Book  et  les  plagiats  de  ses  divers  auteurs  ;  — 
Frances  Towers  :   Thomas  Traherne,  his  outlook  on   life. 

Juillet  :  Three  niosters  of  English  :  The  voetry  of  Ralph 
Hodgson,  by  W.-H.  Chesson,  The  genius  of  Thomas  Hardy,  l)y 
W.-M.   Parker,   A    rare    traoeller,    W.-H.  Hudson;   by   Ernest   R.hys. 

Tl)e  Fortl)igl)tly  Review  (juin)  :  A.  B.  Walkley,  Henry  James 
and  his  letters  ;  —  Rowland  Grey,  The  heroines  of  Mrs  Humplory 
Ward  ;    —    W.-J.    Lawrence  :    The    masque    in    <•    The    Tempcst  " 

Tl)e  Poetry  Review  (mai-juin)  :  E.  M.  Rutland  :  Birmingham 
in  poetry  (avec  bibliographie)  ;  le  recueil  de  Ballads  t.;  oUl 
Birmingham,  de  E.-M.  Rutland,  fait  aussi  l'objet  d'un  compte 
rendu. 

To-day(juin)  :  Holbrook  Jackson  :  Frederick  Locker,  bookman 
and  poet  (Mr.  Aug.  Birrell,  gendre  du  poète,  vient  de  publier 
Frederick  Locker  Lampson,  a  character  sketch,  Constable 
25    sh.). 

Juillet  :  The  poetry  of  Frederick  Locker  ;  A.  Burford  Poster  : 
Henry  Dawson  Lowry,  poet  of  Cornwall  1869-Î906.  La  revue 
To-Day  a  dans  chaque  numéro  une  rubrique  originale  et  intéres- 
sante sur  le  gramophone  :  études  sur  le  rôle  de  cet  instrument 
considéré,  il  est  vrai,  au  point  de  vue  de  l'éducation  musicale 
plutôt  qu'à  celui  de  l'enseignement  des  langues,  et  liste,  avec 
appréciation,    des    meilleurs    disques    récemment    parus. 

Tl)e  LOQdol)  Mcrcary  (juin)  :  Etudes  de  Bohun  Lynch  sur 
l'humoriste  Max  Beerbohm  ;  de  .\ldouS  Huxley  sur  Chaucer, 
poète  de  la  vie,  qui  a  su,  dans  un  âge  particulièrement  sombre, 
s'amuser  du  spectacle  sous  ses  yeux,  et  que  le  critique  se  plaît 
à  comparer  à  notre  Anatole  France  ;  d'Edward  Shanks  sur  la 
poésie  de  John  p-reeman,  à  propos  du  choix  de  poèmes  que  cellii- 
ci  vient  de  publier  sous  le  titre  Poems  old  and  new  (Sclwyn  and 
Blount  10  sh.  6i.  Le  L.  M.  donne  des  bibliographies  d'auteurs  con- 
temporains ;  le  numéro  de  mars  dernier  avait  donné  celles  de 
Maurice  Hewlett  et  de  Max  Beerbohm  ;  le  numéro  de  juin  donne 
celle    de    W.-B.    Yeats. 

.hiillet  :    art.    de    Mr.    Freeman    sur   George    Moore. 

Tl)e  Library  vient  de  fusionner  avec  les  Transactions  of  Ihe 
Bihliographic<d  Society  (qui  paraissait  semestriellement  depuis 
une  trentaine  d'années,  sou>  la  direction  de  Sir  John  Mac  .Mis- 
ter) ;  la  nouvelle  publication  est  trimestrielle.  Le  numéro  de  juin 
contient  une  étude  de  R,  Farquharson  Sharp  :  Travesties  o( 
Shakespeare' s    plays    (Parodies   des    pièces   de    Shakespeare). 

A  signaler  un  article  du  MUSiCal  QuaPteriy  N"  d'avril  (édité 
chez  Schirmcr,  New-York)  :  Music  in  the  F.lizabetlran  théâtre, 
de     W.-J.     Lawrence.  M.    FHRLIX    iTiinis). 


HIlil.lOGHAPniE  461 

Moderi)  Laoguages  (A.  et  C.  Black,  London;.  —  A  signaler 
dans  le  luinuio  d'août  les  lignes  (jù  (Iloudesliy  Brereton  sonliaito 
qn'on  inocule  aux  élèves  avancés  quelques-uns  des  principes  de 
la  critique  française.  ••  Ail  French  criticism  is  not  good,  but 
its  traditions,  embodying  nuich  that  lias  corne  down  from  classic 
times,  make  it  far  superior  to  any  method  based  en  passing 
fashion    or    niere    personal    La|)rice    ... 

Modero  Lai)guage  potes  (.lolms  Hopkins  Press,  Baltimore). 
—  Dans  le  numéro  de  .juin,  un  article  intéressant  sur  Jes  lectu- 
res de  Dickens.  Le  grand  romancier  n'aimait,  semble-t-il,  rien 
que  de  très  orthodoxe.  Don  Quichotte,  Gil  Blas,  les  solides  con- 
teurs du  xvur  siècle,  à  l'exception  toutefois  de  Richardson.  A 
part  les  Idylles  de  Tennyson,  il  prisait  médiocrement  la  poésie, 
mais  était  nourri  de  la  Bible  et  de  (^arlyle.  —  Un  article  sur  les 
manigances  de  Pope,  l'écrivain  rusé,  qui  aurait  composé  son 
"  Bathos  •>  à  seule  fin  de  provoquer  des  attaques  pouvant  jus- 
tifier la  publication  de  la  Dunciad.  —  Enfin,  un  compte  rendu 
de  ■  The  life  and  dramatic  works  of  Robert  Montgomery  Bird  ". 
auteur    américain    (1806-1854). 

Tt)e  Moderi)  Lai)gUageJOUri)al  (University  of  Chicago).  — 
Le  ininiérij  de  mai  est  intéressant.  D'abord,  un  rapport  sur  les 
excellents  résultats  d'un  échange  de  correspondance  franco-amé- 
ricaine institué  en  janvier  19  par  la  Muniiul  Training  Iligh  Schoot 
of  IJcnoer,  Colorado  ;  la  nouvelle,  rassurante,  que  les  publica- 
tions de  la  M.  L.  A.  respecteront  l'orthographe  établie  ;  et  la 
résolution  de  la  M.  L.  A.  of  America  exprimant  le  vœu  «  que 
l'étude  des  langues  modernes  commence,  en  général,  plus  -tôt  et  se 
continue  plus  longtemps  qu'il  n'est  habituellement  pratiqué.  »  Il  y 
aurait  des  signes  que  l'hystérie  de  guerre  à  laquelle  on  doit  l'af- 
faiblissement des  études  allemandes  est  en  voie  d'apaisement.  Le 
Wisconsin  se  ressaisit,  sans  pour  cela  que  les  études  françaises 
soient  délaissées.  \  signaler  une  appréciation  de  CoI;tte  Baudoche 
considéré  comme  livre  d'étude  :  <•  psychologie  à  l'extrême,  cou- 
pant les  cheveux  en  quatre,  manquant  d'intérêt,  sans  action  »  ; 
mais  surtout  les  Fulminations  ><  d'un  professeur  à  l'Université 
de  Boston.  Elles  s'appliquent  à  l'espagnol,  qui  semble  partager 
la  popularité  de  la  peseta,  mais  nous  pouvons  tous  en  faire 
notre  profit.  L'auteur  se  plaint  des  conséquences  néfastes  de  la 
guerre,  qui  a  permis  à  beaucoup  d'Américains  d'apprendre  l'an- 
glais et  de  leur  inculquer  des  méthodes  d'hygiène,  mais  qui  a 
abaissé  terriblement  le  niveau  de  la  culture.  Il  ne  veut  pas  que 
l'espagnol  soit  uniquement  considéré  comme  une  langue  com- 
merciale, mais  aussi  comme  un  instrument  de  civilisation.  Il 
s'insurge  contre  le  matérialisme  où  certains,  sous  des  prétextes 
trop  connus,  voudraient  confiner  la  discipline  des  langues  vi%-an- 
tes  :  "  Notre  tendance  actuelle  est  d'abaisser  notre  niveau  déjà 
si  bas.  Mais  s'il  est  dit  que  nous  serons  vaincus  pav  l'avalanche 
des  théories  bolchevistes  (remarquons  que  beaucoup  nous  les 
réservent  charitablement),  qu'on  dise  au  moins  de  nous  :  Ils  ont 
rombattu  le  bon  comliat  ».  Avertissement  contre  le  sabotage, 
que    nous    aussi    pouvons    méditer.  Paul    CHAUVET. 


NÉCROLOGIE 


AUGUSTE    GUILLAUME 

La  mort  prématurée  de  M.  Auguste  Guillaume,  Inspecteur 
général  de  l'Instruction  Publique,  a  causé  dans  l'Université 
tout  entière  une  tristesse  profonde. 

L'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  porte 
ce  deuil. 

Peut-être  devrais-je,  en  évoquant  le  chef  disparu,  essayer 
de  retracer  ici,  ne  fût-ce  qu'à  grands  traits,  mais  sans  négli- 
ger ni  le^  faits  ni  les  dates,  sa  belle  carrière  qui,  hier  encore, 
promettait  un  long  avenir  toujours  plus  fécond,  et  qui  vient 
brusquement  de  tomber  dans  le  passé.  Mais,  plus  simplement, 
j'aime  mieux  vivre  avec  lui  quelques  heures  de  plus,  penser 
à  lui  tout  haut,  assembler  quelques  souvenirs  bien  chers,  et 
les  déposer  en  gerbe  sur  sa  tombe. 

Je  le  revois  à  chacune  des  étapes  de  sa  vie  toute  remplie 
d'action  et  de  bonté. 

Je  revois  le  Guillaume  des  jeunes  années,  de  nos  grands 
concours  professionnels.  Il  s'en  approchait,  venant  d'un 
autre  point  de  l'horizon  universitaire,  les  bras  déjà  chargés 
de  toutes  les  récompenses  et  de  tous  les  diplômes  dont  dis- 
pose l'Enseignement  Primaire  dans  ses  régions  les  phis  hau- 
tes. Il  s'y  présentait  avec  une  solide  préparation  pédagogi- 
que, une  précoce  maturité,  une  méthode  sûre,  et,  par  ailleurs, 
une  rare  possession  de  la  langue  qu'il  devait  enseigner. 
Devant  son  anglais  impeccable,  le  juge  méticuleux  —  impec- 
cable lui-même  —  qui  occupait  la  chaire  de  la  Sorbonne, 
n'avait  qu'à  louer  et  applaudir.  Au  surplus,  d'aucuns  afTir- 
maient  que  notre  ami  possédait  de  l'autre  langue,  la  langue 
sœur,  une  maîtrise  presque  égale,  et  voyaient  dans  ce  si 
exceptionnel  bilingui5:mc  —  dûment  consacré  plus  tard  par 
des  parchemins  universitaires  —  le  sûr  présage  d'un  grand 
avenir.  Ceux-là  ont  été  bons  prophètes. 

Je  revois  le  professeur  de  Chaptal,  ceMe  maison  toute  four- 
millante de  jeunes  vies.  Il  semblait  y  porter  sans  effort  —  sur 


NÉCROLOC.IE  463 

des  épaules,  liélas,  pas  bien  robustes  —  un  poids  d'heures  et 
de  classes  capable  de  faire  chanceler  les  plus  vaillants.  Les 
innombrables  travaux  scolaires  qu'il  contrôlait  inlassable- 
ment ont  souvent  fait  frémir  son  voisin  de  Condorcet,  pour- 
tant bien  pourvu  lui-même  d'élèves  et  de  copies.  Guillaume 
vécut  là  de  longues  années  heureuses,  trouvant  dans  son 
labeur  énorme  des  joies  toujours  plus  vives.  Et  de  cette  exis- 
tence si  laborieuse  et  si  remplie.,  il  réussissait  encore  à  dis- 
traire quelques  semaines  —  non  pas  pour  écrire  :  il  était  né 
et  resta  professeur  jusqu'à  son  heure  dernière  —  mais  pour 
apporter  aux  grands  jurys  de  l'Enseignement  Primaire  l'ap- 
point de  son  autorité  incontestée  et  dé  son  équité  scrupu- 
leuse. 

Mais  tous,  tous,  autant  que  nous  sommes,  les  plus  jeunes 
comme  les  autres,  nous  revoyons  l'Inspecteur  Général.  C'est 
cette  figure  qui  vivra  dans  notre  souvenir  aussi  longtemps 
que  nous  vivrons  nous-mêmes.  C'est  à  elle,  enfin,  que  la  mort 
a  donné,  avec  sa  consécration  suprême,  le  caractère  de  ce 
qui  ne  doit  plus  changer  jamais. 

J'avoue  d'ailleurs  que  les  quelques  évocations  qui  précè- 
dent ne  sont  que  des  reflets  à  peu  près  identiques  d^  la 
même  image:  l'homme,  en  efTet,  en  déj^it  des  années,  était 
resté  physiquement,  autant  que  par  la  saine  vigueur  de  son 
esprit,  d'une  surprenante  jeunesse.  Tout  au  plus  avions-nous 
remarqué  chez  lui,  avec  tristesse,  quelques  signes  d'une  fati- 
gue que  nous  espérions  passagère  —  des  nerfs  plus  tendus, 
un  peu  de  fièvre  peut-être,  ou  tout  au  moins  d'inquiétude  — 
lorsque  nous  le  vîmes  pour  la  dernière  fois.  C'était  au  lycée 
Louis-le-Grand,  le  jour  où,  dans  une  séance  désormais  inou- 
bliable de  notre  Association,  il  était  venu  affirmer  avec  nous, 
par  une  déclaration  dont  la  mort  a  fait  une  sorte  de  testa- 
ment pédagogique,  que  «  rien  n'était  changé  dans  l'orienta- 
tion générale  et  dans  l'esprit  de  notre  enseignement.  »  Cette 
fois  encore,  l'amitié  de  ses  plus  anciens  compagnons  se  rassu- 
ra en  constatant  que  notre  chef  de  1920  était  toujours,  à  quel- 
ques lignes  près,  le  jeune  agrégé  de  jadis.  A  peine  quelques 
reflets  d'argent  dans  l'or  bruni  des  cheveux,  quelques  fils 
blancs  dans  la  moustache  à  la  Française,  un  pli  plus  accusé 
au  front,  des  joues  sans  doute  plus  creuses.  Mais  l'âge  n'avait 
pas  ralenti  son  allure  si  vive,  ni  assourdi  le  timbre  si  net  de 
sa  voix.  Et  surtout  —  oh,  surtout  !  —  c'était  bien  la  même 
flamme  claire  que  nous  voyions  briller  dans  ses  yeux  si 
francs  et  si  droits,  qui  se  posaient  confiants  et  bons  sur  les 


.& 


464  LES    LANGIES    MODERNES 

êtres  et  sur  les  choses,  dans  ses  yeux  d'honnête  homme  enfin. 
Et  son  âme  était  aussi  limpide  que  son  regard.  On  eût  dit 
qu'elle  s'offrait  d'elle-même  à  l'analyse.  Elle  ignorait  ces  jar- 
dins secrets  où  croissent  parfois,  parmi  les  fleurs  rares,  quel- . 
ques  herbes  mauvaises  ;  ces  replis  presque  inexplorés  où  se 
dissimule  à  certains  jours,  même  chez  les  meilleurs,  l'arrière- 
pensée  à  jjeine  avouée  ;  ces  recoins  obscurs  assez  sembla- 
bles, n'est-il  pas  vrai,  aux  réduits  pas  très  propres  que  l'on 
trouve  dans  les  logis  les  mieux  tenus,  et  dont  on  ferme  furti- 
vement la  porte  quand  on  fait  visiter  la  maison.  Elle  se  livrait 
toute,  parce  qu'elle  n'avait  rien  à  cacher,  étant  faite  de  droi- 
ture et  de  bonté.  II  aS-ait  le  mépris  de  la  demi-vérité,  presque 
autant  que  du  mensonge  même.  Sa  parole  était  sans  réticen- 
ces, comme  sa  pensée  était  sans  détours.  Il  ne  lui  imposait 
d'autres  contrainte  que  celle  que  commandait  sa  bienveil- 
lance innée,  car  s'il  distribuait  l'éloge  avec  une  joie  qui  dé- 
bordait jusque  sur  son  visage,  j'imagine  qu'un  mot  de  blâme, 
ou  simplement  C3s  réserves  nécessaires  et  inévitables  que  sa 
loyauté  professionnelle  le  forçait  à  formuler  parfois,  étaient 
une  souffrance  pour  son  cœur  avant  d'arriver  à  ses  lèvres. 

n  exerçait  ses  fonctions  à  la  façon  d'une  mission  :  il  s'était 
donné  celle  de  deviner  et  d'encourager  l'effort  sincère  vers 
le  mieux.  Il  le  faisait  simplement,  comme  il  faisait  toute 
chose,  sans  plus  de  hauteur  que  d'humeur  chagrine.  Dans  ses 
rapports  avec  ses  vieux  amis,  il  semblait  ne  se  souvenir  de 
son  titre  que  pour  mieux  s'appliquer  à  le  leur  faire  oublier. 
Auprès  des  jeunes,  con  meilleur  argument  était  une  bonne 
parole,  et  les  devoirs  toujours  plus  nombreux  qui  lui  incom- 
bèrent ne  firent  en  quelque  sorte  qu'élargir  le  champ  où 
s'exerçait  sa  bont".  Le  jour  où  un  décret  le  fit  pnsser  des 
cadres  de  l'Enseignement  Primaire  dans  les  nôtres,  il 
s'adapta  à  ses  fonctions  nouvelles  avec  la  mêm.e  modestie 
aimable,  avec  ce  tact  qui  lui  venait  du  cœur,  et  ce  dévoue- 
ment de  toute  son  âme  qui  était  le  fond  même  de  sa  nature. 
Il  ap])orlait  à  faire  le  bien  une  sorte  d'enthousiasme  géné- 
reux, et  comme  une  allégresse.  Cet  homme  qui  vivait  en  cou- 
rant semblait,  si  j'ose  dire,  avoir  des  ailes  quand  il  s'agissait 
de  secourir  ou  de  consoler.  Et  je  sais  plus  d'un  d'entre  nous 
qui  pourrait  en  témoigner  sans  chercher  loin,  ni  longtemps. 
11  emporte  avec  lui  une  belle  moisson  de  reconnaissance,  de 
respect    et  d'affection. 

Ce  tendre  n'était  dur  que  pour  lui-même,  mais  pour  lui- 
même  il  était  sans  pitié.  Ayant  à  remplir  un  double  devoir, 


NÉCROLOGIE  465 

dans  rEnseignemcnt  Primaire  et  dans  le  nôtre,  il  trouvait 
naturel  de  se  dépenser  deux,  fois  plus  vite.  Il  ne  s'accordait 
ni  trêve  ni  merci,  étant  de  ceux  qui  se  reposent  du  travail 
par  le  travail.  Et  cette  activité  toujours  égale  et  toujours 
excessive,  qui,  à  toutes  les  heures  de  sa  vie,  semble  bien 
avoir  dépassé  les  forces  de  l'homme,  seule  la  maladie,  sou- 
daine et  terrible,  la  devait  arrêter  brutalement.  Un  jour  du 
printemps  dernier,  il  quitta  Paris  pour  y  revenir  brisé  et 
mourant.  .La  congestion  cérébrale  avait  fait  son  oeuvre  et 
après  un  débat  qui  dura  trois  mois  entre  la  vie  et  la  mort, 
il  s'abattit. 

J'imagine  qu'aucun  hommage  ne  peut  être  plus  doux  à  la 
mémoire  de  cette  âme  simple  et  bonne  que  celui  qui  lui  fut 
rendu  par  d'autres  âmes  simples  et  bonnes,  et  qu'il  me  fut 
donné  de  recueillir.  C'était  le  jour  même  où,  au  concours 
d'agrégation,  nous  avions  appris  la  triste  nouvelle.  Je  la 
transmis  à  un  groupe  de  candidats  qui  sont  depuis  long- 
temps nos  collègues  —  des  professeurs  déjà  mûris  dans  le 
service  —  qui  avaient  mainte  fois  reçu  sa  visite,  serré  sa 
main  tendue,  apprécié  les  belles  qualités  de  son  cœur.  Un 
lourd  silence  pesa'  sur  eux.  Enfin  le  plus  âgé,  les  lyeux  au  loin 
et  comme  un  peu  vOilés,  dit  :  «  C'était  un  brave  homme  !  » 
—  «  Oui,  c'était  un  brave  homme  !  »  répétèrent  les  autres, 
chacun  à  son  tour. 

Honneur  à  celui  qui  a  tenu  dans  sa  main  fût-ce  une  par- 
celle de  l'autorité  ;  oui  a  été,  ne  fût-ce  que  pour  quelques- 
uns  de  ses  semblables,  le  conseiller,  l'arbitre,  le  juge,  et  qui, 
le  jour  où  ses  yeux  sei  sont  fermés  à  la  lumière,  où  il  n'est 
plus  qu'une  pauvre  dépouille  mortelle  prête  pour  le  tombeau, 
reçoit  des  hommes  mêmes  qu'il  a  jugés  ce  suprême  et  touchant 
témoignage  ! 

A  la  belle  famille  universitaire  que  sa  mort  met  en  deuil  — 
à  Mme  Guillaume  qui,  comme  jeune  fille  et  comme  épouse,  a 
porté  deux  noms  également  honorés  de  nous  tous  —  à  son 
fils,  le  jeune  agrégé  d'hier  —  à  son  gendre,  qui  continue  à 
Chaptal  la  tradition  de  son  aine  —  à  M.  Vial,  inspecteur 
général  de  l'Instruction  Publique,  l'Association  des  Professeurs 
de  Langues  Vivantes  présente  l'expression  de  sa  sympathie 
douloureusement  émue. 

Lucien  BEAUJEU. 

-:»!: 

31. 


Notes  et  Documents 


Le    Russe    et   l'Arabe    au    Baccalauréat 

Extrait  de  l'arrêté  du  3  juin  1920  : 

Article  premier.  —  Les  Facultés  des  lettres  et  des  sciences  des 
Universités  de  Paris,  Aix-Marseille,  Bordeaux,  Lille,  Lyon  et  Toulouse 
examineront,  pendant  les  sessions  de  1920,  les  candidats  au  baccalauréat 
de  l'enseignement  secondaire  qui  désireraient  subir  les  épreuves  de 
langue  vivante  étrangère  sur  la  langue  russe. 

Art.  2.  —  Les  Facultés  des  lettres  et  des  sciences  des  Universités  de 
Paris  et  de  Bordeaux  examineront,  pendant  ces  mêmes  sessions,  les 
candidats  au  baccalauréat  de  l'enseignement  secondaire  qui  désireraient 
subir  les  épreuves  de  langue  vivante  étrangère  sur  la  langue  arabe. 


La  préparatioi)  des  professeurs  de  français 
à  TEtraoger 

Il  vient  de  se  fonder  à  Paris,  sous  la  direction  de  la  Faculté  des 
Lettres,  une  école  de  préparation  des  professeurs  de  français  à 
l'étranger. 

L'école  est  ouverte  aux  hommes  et  aux  femmes,  âgés  de  dix-huit  ans 
au  moins.  Français  ou  étrangers,  possédant  le  baccalauréat,  le  brevet 
supérieur  ou  le  diplôme  de  fin  d'études. 

Il  y  a  deux  séries  de  cours,  pour  chacune  desquelles  le  prix  de 
l'inscription  est  de  300  francs.  Les  cours  sont  divisés  en  deux  semes- 
tres, et  se  terminent  par  un  examen  en  vue  de  l'obtention  du  diplôme 
d'aptitude  à  l'enseignement  du  français  à  l'étranger. 

Le  siège  de  l'école  est  à  la  Sorbonne,  où  toute  demande  de  rensei- 
gnements doit  être  adressée  à  M.  Sudre,  secrétaire. 

(L'Ecole  et  la  Vie,  juillet  1920). 


Université  de  Toulouse 

Est  approuvée  la  délibération  du  Conseil  de  l'Université  de  Tou- 
louse, portant  création  d'une  maîtrise  de  conférences  de  langue  et 
littérature  espagnoles. 


Université  de  Nai)cy 

Est  approuvée  la  délibération  du  Conseil  de  l'Université  de  Nancj- 
portant  : 

1»  Création,  pour  l'année  scolaire  1920-1'.)21,  d'une  conférence 
d'anglais. 

2»  Renouvellement,  pour  la  même  période,  d'un  cours  de  langue  et 
diction  françaises. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  •  467 

Université  de  Grenoble 

Est  approuvée  la  délibération  du  Conseil  de  rL'uiversilé  de  Grenoble 
portant  création  à  la  Faculté  des  lettres,  à  partir  du  1"  janvier  1921, 
d'une  conférence  d'allemand. 


Tt)e  Moderr)  HurT)ai)ities  ResearcI)  THssociatioi) 

Fondée  à  Cambridge  (Angleterre)  le  1-'  juin  191cS,  et  présidée  pour 
l'année  1919-19'20  par  le  professeur  G.  Lanson,  la  M.  H.  R.  A.  a  pour 
principal  objet  de  faciliter  et  de  développer  les  éludes  supérieures  de 
langues  et  de  littératures  modernes,  en  organisant  l'aide  mutuelle  et 
la  coopération  entre  les  personnes  adonnées  à  ces  études. 

Ce  travail  en  commun  est  mis  en  œuvre  au  moyen  de  la  correspon- 
dance, des  relations  personnelles,  l'écliange  d'informations  et  de 
conseils,  l'aide  pécuniaire  offerte  aux  travailleurs.  Le  Comité  sert 
d'organe  central  et  publie  un  Hulletin  trimestriel. 

Pour  tous  renseignements  s'adresser  à  Mlle  Hrunel,  archiviste  de 
l'Association,  35,  rue  Madame,  Paris  (Ci'),  qui  a  bien  voulu  se  charger 
d'assurer  la  liaison  entre  notre  groupement  et  la  M.  H.  R.  A. 

M.  Cazamian,  professeur  à  la  Sorbonne,  préside  le  groupe  parisien, 
et  Mlle  Brunel  en  est  la  secrétaire. 


\i)den)t)\té  des  exanr)i03teurs  au  baccalauréat 

Cette  indemnité  est  restée  ce  qu'elle  était  avant  la  guerre  :  1  fr.  par 
copie  corrigée  et  1  fr.  par  élève  inscrit,  qu'il  soit  admisible  ou  non. 

Autrefois  chaque  série  comptait  environ  30  candidats  et  les  profes- 
seurs n'étaient  pas  obligés  de  rester  jusqu'à  la  lin  de  la  séance.         ^ 

Aujourd'hui  les  séries  comptent  20  à  "24  candidats  et  le  jurj,  ce  qui 
est  équitable,  doit  délibérer  sur  l'admission  ou  non-admission  des 
candidats  :  de  sortfe  que  pour  une  séance  d'au  moins  3  heures  le  pro- 
fesseur touche  de  20  à  24  francs  ! 

Parfois  il  n'j'  a  que  très  peu  de  candidats  pour  une  certaine  langue, 
5  ou  6  :  le  professeur  est  tenu  de  siéger  avec  ses  collègues  et  reçoit 
5  à  6  francs.  Avis  aux  amateurs  ! 


-ogo- 


PROGRAIVIIVIE5    DES    CONCOURS 
de  1921 


Agrégatioi)    d'allen)ai)d 

I.    HISTOIRE    DE    L.\    CIVILISATION 

1.  Les  démons  et  esprits  élémentaires  dans  la  tradition  populaire. 
Textes  : 

Grimmelshausen.  —  SimpUcissimus,  livre  V,  chapitres  X-X\'I1. 
Heine.  —  Elemeniargeister . 

Consulter  en  particulier  :  W.  Golther,  Handbiich  der  germanischen 
Mythologie  (Leipzig,  Hirzel;. 

2.  Le  libéralisme  religieux  de  1830  à  1848. 
Heine,  Feuerbach,  Strauss. 


468  -  LES   LANGUES    MODERNES 

Textes  : 

Heine.  —  Ziir  Geschichie  der  Religion  und  Philosophie  in  Deulschland. 

Feuerbach.  —  Das  Wesen  des  Christeniums,  Einleituug,  Erster  Teil. 

3.  Le  mouvement  constitutionnel  de  1848  à  1919. 

Consulter  en  particulier  :  Deutscher  Geschichtskalender  (Leipzig, 
Meiner,  1910-1920,  les  fascicules  52  (Der  Entwurf  der  deutsclien  Reiclis- 
Verfassung),  59  (Die  Beratungen  im  Ausscliuss),  62  (Zweite  und  dritte 
Lesung  im  Plénum). 

II.    HISTOIRE    DE    LA    LITTÉRATURE 

1.  Le  roman  picaresque  au  xvif  siècle. 
Moscherosch,  Grimmelshausen,  Cliristian  Weise. 

Textes  : 

Moscherosch.  —  Gcsichtc  Philanders  von  Sittewald,  U,  1  :  A  la  mode 
Kehrauss  (édition  Robertag,  Kûrschnars  National-Litteratur,  tome  32). 

Grimmelshausen.  —  Simplicissimiis,  livre  III  (édition  Robertag, 
même  collection,  tomes  33-35). 

2.  La  vie  et  l'œuvre  de  Schiller  jusqu'en  1790. 
Textes  : 

a.  Gedichte  :  Faniasie  an  Laiira,  Laiira  am  Klavier,  Rousseau,  Die 
seeligen  Augenblicke  an  Laura,  Die  Kindsmôrderin,  Der  Triumpf  der 
Liebe,  An  einen  Moralisten,  Vorwurf  an  Laura,  Kaslraten  und  Màn- 
ner  (=  Mànnerwiirde),  An  den  Frûhling,  Die  Grosse  der  Welt,  Das 
Geheimniss  der  Reminiszenz,  Die  Freuudschafl,  Melancholie  an  Laura, 
Morgenfantasie  (=  der  Flûchtling),  An  Minna,  Elisium,  Graf  Eberhard 
der  Greiner  von  Wirtemberg.  —  Freigeisterei  der  Leidenschaft  (=  der 
Kampf),  Résignation,  An  die  Freiide,  Die  Gôtter  Griechenlands,  Die 
Kiinstler.  (Autant  que  possible  la  première  version  de  toutes  ces 
poésies,  qui  se  trouve  dans  le  tome  II  de  l'édition  Boxberger,  Kûrsch- 
nars National-Litteratur). 

b.  Kabale  und  Liebe. 

c.  Die  SchauhiUine  als  cine  moralische  Anstalt  betrachtet.  —  Philo- 
sophische  Briefe,  Theosophie  des  Julius. 

3.  Le  vojage  de  Gœthe  en  Italie. 
Textes  : 

a.  Rômische  Elegien. 

b.  Torquato  Tasso. 

c.  Italienische  Reise  :  Rom  (novembre  1786-février  1787),  Zweiler 
Rômischer  Aufenthalt  (les  mois  de  juin  et  juillet  1787).  —  Einfuche 
Xachahmung  der  Natur,  Manier,  Stiî.  —  Von  Arabeskeu. 

L'examen  oral  comportera  la  traduction  et  le  commentaire  linguis- 
tique d'un  texte  de  moyen  haut-allemand. 

Agrégatioi)  d'anglais 

I.    LES    ORir.INES    DE   LA    PROSE   ANGLAISE 

1.  Swect.  —  Anglo-Saxon  Reader  : 
\TII.  Alfred's  ivars  with  the  Danes. 
XIV.  Ailfric's  Xativily  of  the  Innocents. 

2.  Morris.  —  Spécimens  of  Early  English  : 
IX.   The  Ancren  Riwle. 

3.  Morris  and  Skeat.  —  Spécimens  of  Earlv  English  : 
XVII.  (A)  .1.  Wyclif.  —  The  Gospel  of  Mark  (ch.  I-Vl). 

II.    LA    BOLRGEOI.SIE    ET    LES    MÉTIERS 
DANS    LE    THÉÂTRE    DE    LA    RENAISSANCE    (1600-1611) 

1.  Dekker.  —  The  Shoemaker's  Holiday  (1600). 

2.  Shakespeare.  —  The  Merry  Wives  of  Windsor  (1600). 

3.  Chapman,  Marston  and  .lonson.  —  Eastward  Hoe  (1605).  [Belles 
lettres  séries]. 

4.  Beaumont  and  Fletcher.   —    The   Knighl    of  the  Burning   Pestle       ', 
(1611). 


NOTES   ET  DOCUMENTS  469 

III.  La  Sociktk  et  la  littérature  au  début  de  l'âge  classique 
(1710-1720) 

1.  Addison  and  Steele.  —  The  Spectalor,  n»'  81  à  169  (du  2  juin  au 
IH  septembre  1711). 

2.  Fope.  —  a.  Essatj  on  (^rilicism  (1711). 

b.  Windsor  Forest  (17 V^). 

3.  Gay.  —  Trivia  (1716)-[Poems,  vol.  I.  The  Muses*  Library,  Rou- 
tledge].*^ 

IV.    les  dernières  années   du   règne  de  VICTORIA  (1890-1901) 

1.  O.  Wilde.  -  Dorian  Gray  (1891). 

2.  H.  Kipling.  —  Barrack-Room  Ballads  (1892). 

3.  Th.  Hardv.  —  Jiide  Ihc  Obscure  (1895). 

4.  G.  B.  Shaw.  —  Candida  (1896)  [à  part,  ou  dans  Plaijs  Pleasant 
and  l'npleasant  ;  vol.  il,  Pleasant  ;  Conslable]. 

Agrégatioi)  d'espagnol 

PREMIÈRE    QUESTION 

Le  type  du  paysan  et  la  peinture  de  la  vie  rustique  dans  la  littéra- 
ture en  Espagne. 

Antonio  de  Gucvara.  —  Menosprecio  de  corte  y  alabanza  de  aldea, 
depuis  le  prologue  jusqu'au  chapitre  VU  inclus. 

C.alderôn.  —  El  Alcade  de  Zalamea. 

Breton  de  los  Herreros.  —  El  pelo  de  la  dehesa. 

Palacio  Valdés.  —  La  aldea  perdida. 

DEUXIÈME    QUESTION 

Les  théoriciens  du  théâtre  espagnol  au  xvr  et  au  xvn=  siècle. 

Torres  Naharro.  —  Proemio  de  la  Propaladia. 

Cervantes.  —  Don  Quijote,  première  partie,  chapitre  48. 

Lope  de  Vega.  —  Arte  niievo  de  hacer  comedias  en  este  tiempo' 

Ricardo  de  Turia.  —  Apoloç/ético  de  las  Comedias  espanolas.  (Bulletin 
hispanique,  IV,  p.  47). 

Tirso  de  Molina.  —  Cigarrales  de  Toledo,  édition  Said  Armesto, 
bibliothèque  Renacimiento  ;  cigarral  primero,  depuis  p.  123,  «  con 
la  apaziblc  suspension  »  jusqu'à  p.  128,  «  no  barre  su  memoria  w  ; 
cigarral  cuarto,  depuis  p.  338,  «  la  sazon  y  la  destreza  de  los  recitan- 
tes «  jusqu'à  341,  «  entre  dos  juridiciones  ».  (Ces  fragments  sont  repro- 
duits dans  Comedias  de  Tirso  de  Molina,  édition  Cotarelo  y  Mori, 
tome  I,  pages  29-33). 

TROISIÈME    QUESTION 

Le  conte  et  l'apologue  en  Espagne,  des  origines  à  la  fin  du 
xviiF  siècle. 

Don  Juan  Manuel.  —  El  conde  Lucanor,  chapitres  5,  6,  7,  24. 

Juan  de  Timoneda.  —El  sobremesa  y  alivio  de  caminantes  ;  pre- 
mière partie,  contes  1,  4,  22,  34,  69  ;  seconde  partie,   contes  29,  51,  59. 

Samaniego.  —  Fabulas,  livre  I,  2  et  8  ;  livre  II,  2  ;  livre  III,  8  ;  livre 
I.V,  14  ;  livre  VI,  4  ;  livre  VII,  5  ;  livre  VIII,  7  et  8  ;  livre  IX,  14  et  16. 

Iriarte.  -  Fabulas,  n^^  1  (prologue),  2,  6,  8,  11,  18,  31,  43,  58,  63,  66. 

AUTEURS    SUPPLÉMENTAIRES 

Gonzalo  de  Berceo.  —  Vida  de  santo  Domingo  de  Silos,  édition  Fitz- 
Gerald,  copl.  1-85. 

Agustiii  de  Rojas.  —  El  viaje  entretenido,  livre  premier. 

Campoamor.  —  Pequeiïos  poemas  :  El  tren  expreso  ;  la  gloria  de  los 
Austrias  ;  los  Buenos  y  los  Sabios. 

AUTEUR   LATIN 

Tite-Live.  —  Livre  XXI,  R-16  {Prise  de  Sagonte). 


470  LES  LANGUES  MODERNES 

Agrégatioi)  d'italiei) 

I.    HISTOIRE   DE   LA    LITTÉRATURE    ET    DE   LA    CIVILISATION 

l'«  question.  —  Le  Purgatoire  de  Daiite. 
2«  question.  —  Les  arts  à  Florence  de  1400  à  146(5. 
3«  question.  —  Le  problème  de  la  langue  italienne  du  xiv^  au  xvr 
siècle. 
4«  question.  —  L'Italie  de  1789  à  1830. 

IL  AUTEURS  POUR  LES  EXPLICATIONS  ORALES 

Virgile.  —  Éneide,  VI,  628-755. 

Dante.  —  Piirgatorio,  III,  X  et  XXXI.  —  De  viilgari  eloqiieniia,  1.  I, 
c,  16  et  17. 

Boccaccio.  —  Decamerone,  Giornata  X,  nov.  4,  5,  7,  9. 

L.  B.  Alberti.  —  Délia  Pittura,  1.  II  et  III,  éd.  Papini,  Lanciano, 
Carabba. 

Prose  filologiche  (La  qitestione  délia  lingiia),  p.  1-81  ;  éd.  F.  Fôffano, 
Florence,  Sansoni. 

P.  ,\retino.  —  L'Orazia. 

U.  Foscolo.  —  7  Sepolcri. 

G.  Berchet.  —  Lettera  semiseria  di  Grisostomo. 

D'Ancoiia  e  Bacci.  —  Monnaie  délia  lett.  iiaL,  t.  V  :  extraits  de 
V.  Cuoco(p.  i:?2-138)et  de  P.  Colletta  (p.  165-173). 

A.  Manzoni.  —  Il  conte  die  Carmagnola. 

Leopardi.  —  All'Italia  ;  Brnto  minore;  Vlnfmiio  ;  la  Sera  del  di 
di  festa  ;  il  Pensiero  dominante  ;  Amore  e  Morte;  A  se  stesso. 

Certificat  secondaire  d'alleii)ai)d 

1»   AUTEURS 

Gottfried  von  Straszburg.  —  Tristan  iind  Isolde,  neu  bearbeitet  von 
W.  Hertz  (Stuttgart,  Cotta)  :  Die  Brautfahrt;  der  Drachcnkampf. 

Lessing.  —  Dramaturgie  :  Stùck  8-26. 

Goethe.  —  Torquato  Tasso. 

Schiller.  —  Kabale  und  Liebe. 

J.  V.  von  Scheffel.  —  Gaudeamus  (Stuttgart,  Bonz),  excepté  le 
Festgrusz. 

G.  Frenssen.  —  Jôrn  l'hl  (Berlin,  Grote). 

2"   DICTIONNAIRE   AUTORISÉ  POUR  LES   ÉPREUVES   ORALES 

Duden.  —  Orthographisches  Wôrterbuch  der  deutschen  Spraclie. 

3°    OUVRAGES    A    CONSULTER 

().  Lyon.  —  Deutsche  Grammatik  (collection  Goschen). 
Behaghel.  —  Die  deutschc  Sprache. 

Friedrich  Kluge.  —  Unser  Deutsch  (Verlag  von  Quelle  und  Mejer). 
Friedrich  Sciler.  —  Die  Entwicklung  der  deutschen  Kullur  im  Spiegel 
der  deutschen  Lchnworts  (Halle,  1905). 
F.  Piquet.  —  Phonétique  allemande. 
H.  Paul.  —  Deutsches  Wôrterbuch. 

Certificat  secondaire  d'ai)giais 

1.  Shakespeare.  —  The  Mcrrij  Wiocs  of  Windsor. 

2.  The  Spectator,  n"  97  à  153  et  159  à  169  (Fveryman's  Library). 

3.  Pope.  —  Essag  on  Criticism.  —  Windsor  Forcst. 

4.  Kipling.  —  The  Five  Nations.  —  liecessional.  —  Ode  to  France. 

5.  Walt  Whitman. 

Siartinq  from  Paumanok  :  1,  5,  6,  7.  10,  11,  14. 
Song  of  Mijself  :  5,  6,  10,  13,  15,  21,  22,  41,  43,  52. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  471 

Song  of  Ihc  Open  Road. 
Song  of  thc  Red-Wood  Tree. 
Oui  of  ihe  Cradle  endlcssh)  rocking. 
Song  of  thc  Exposition  :  2,  3,  4,  ô,  6. 
Passage  to  India  :  7,  8,  i). 
Praijer  of  Columbus. 
a.  Heniy  James.  —  Roderick  Hiidson  (Xelson's  Library). 

Certificat  secondaire  d'itaiiei) 

Dante.  —  Piirgatorio,  c.  III  et  XXXI. 
Boccaccio.  —  Decamerone,  Gioniato  X,  nov.  4,  .">,  7  et  9. 
P.  Arctino.  —  L'Orazia. 

Prose  filologiche  (La  qiiestione  délia  lingua),  p.  1-81  ;  éd.  F.  FofTano, 
Florence,  Sansoni. 
U.  Foscolo.  —  I  Sepolcri. 
G.  Carducci.  —  Di  alcuni  giudizi  su  Alessandro  Manzoni. 

Certificat  secondaire  d'espagi)ol 

1.  Antonio  de  Guevara.  —  Menosprecio  de  corle  y  alabanza  de  aldca, 
depuis  le  prologue  jusqu'au  chapitre  ^'II  inclus. 

2.  Agustin  de  Rojas.  —  El  oiage  cntretenido,  livre  premier. 

3.  Cervantes.  —  Don  Qnijote,  première  partie,  cliapitre  48. 

4.  Calderôn.  —  El  Alcalde  de  Zalamea. 

.').  Iriarte.  -  Fabulas,  n»s  l  (prologue),  2,  6,  S,  11,  18,  31,  43,  38,  63,  G6. 
(5.  Breton  de  los  Hcrreros.  —  El  pelo  de  la  dehesa. 

7.  Campoamor.  —  Pequefios  poemas  :  El  tren  expreso  ;  la  gloria  de 
los  Austrias  ;  los  Buenos  y  los  Sabios. 

8.  Armando  Palacio  \'aidés.  —  La  aldca  perdida. 

Certificat  d'aptitude  au  professorat  des  classes 
éléni)ei)taires 

III.     LANGUES    VIVANTES 
AUTEURS    ALLEMANDS 

G.  Burghard.  —  Die  Meister  werke  der  deutschen  Literatur.  Classes  de 
seconde  et  de  première  (Chez  Rieder,  Paris).  Pages  33-81  (Bùrger, 
Goethe,  Schiller);  3Ô6-301  (Frevtag,  G.  Kellcr,  K.  F.  Mever,  H.  W.  Riehl, 
Willibald  Ale.xis,  Auerbach);  398-411  (Storm,  Raabe;;  435-440  (Wilbrandt, 
Jensen). 

AUTEURS   ANGLAIS 

Morceaux  choisis  des  classiques  anglais.  —  \'ers  et  prose,  par 
M.  Baret  ;  2«  partie  (Librairie  Garnier). 

Prose.  —  Quatrième  époque,  de  la  page  126  à  la  page  148  ;  cinquième 
époque,  de  la  page  333  à  la  page  3S)3. 

Poésie.  —  Les  extraits  de  Drjden,  Robert  Browning  et  Matthew 
Arnold. 

AUTEURS    ITALIENS 

Prose  dei  secoli  XIX  c  XVIII,  scelle  da  S.  Ferrari  (Firenze,  Sansoni), 
pages  161-204. 
Poésie  dei  secoli  XIX  e  XVIII  (même  édition),  pages  239-269. 

AUTEURS     ESPAGNOLS 

Poésie.  —  D.  Ramôn  de  la  Cruz.  Saineles  :  La  Petra  y  la  Juana  (La 
Casa  de  Tôcame- Roque).  Tome  35  de  la  Biblioieca  universal. 

Prose.  —  Juan  de  Zabaleta.  —  El  dia  de  fiesta  por  la  maùana  y  por 
la  tarde.  Segunda  parie  (de  la  page  109  à  la  fin).  Tome  103  de  la 
Biblioieca  universal. 


472  LES    LANGUES    MODERNES 


AUTEUUS   ARABES 

René  Basset.  —  Recueil  de  textes  littéraires  (page  1  à  la  page  50). 
Alger,  édition  Carbonnel,  1918. 
Jouder  le  pécheur.  Edition  Houdas,  Alger. 

Agrégatioi)  de  rei)seigoen)ei)t  secoi)daire 
des  Jeui)es  filles 

Ordre  des  lettres 

AUTEURS    ALLEMANDS 

Goethe.  —  Gœtz  von  Berlichingen. 
.  Schiller.  —  Balladen  (edit.  Reclam  n»  1710). 

Eichendorff.  —  Aus  dem  Leben  eines  Taugenichts. 

Deutsche  Lj'iik.  —  Recueil  par, M.  Gromaire,  Armand  Colin,  édft., 
tome  II  :  Annette  von  Droste-Hidshoff',  Geibel,  Storm,  Keller,  Heyse, 
Liliencron. 

AUTEURS    ANGLAIS 

Shakespeare.  —  Antony  and  Cleopatra. 
Pope.  —  The  Râpe  af  the  Lock, 
Galsworthy.  —  Justice. 
J.  London.  —   While  Fang. 

AUTEURS     ESPAGNOLS 

Cervantes.  —  La  ilustre  Fregona. 

Calderon.  —  El  alcalde  de  Zalamea. 

Breton  de  los  Herreros.  —  El  pelo  de  la  debesa. 

B.  Pérès  Galdôs,  —  Geronci. 

AUTEURS    ITALIENS 

-Dante.  —  Vita  Nuova,  chap.  xiii  à  xxl  inclus. 
T.  Tasso.  —  Gerusalemme  liberata,  chant  XII. 
Goldini.  —  La  bottega  del  cafji. 

G.  Pastoli.  —  Poésie  scelle,  éd.  Pietrobono  (Bologne>.  Zanirhelli), 
n«  V-XVII  (p.  17-75). 

Certificat  d'aptitude  à  Ver)seigi)enier)t  secondaire 
des  jeui)es  filles 

(lf«'  PARTIE) 

et  concours  d'eotrée  à  l'école  i)orn)ale  supérieure 
de  Sèvres 

Section  des  lettres 

LANGUE    LATINE    ET    LANGUES   VIVANTES 

EXAMEN  ÉCRIT  (Lettres) 

Rédaction  et  version  en  langue  étrangère  ;  —  ou  version  latine. 
Nota  :  Sont  autorisés  les  lexiques   en  langue  étrangère  et,  pour  la 
version  latine,  le  dictionnaire  latin-français. 

EXA.MKN  ORAL  (Scicnccs  et  Lettres) 

L'épreuve  orale  de  langue  étrangère  comprend  deux  parties  : 

1»  L'aspirante  traduit  un  passage  pris  dans  l'un  des  trois  auteurs 
(deux  poètes  et  un  prosateur)  qu'elle  aura  choisis  elle-même  parmi 
ceux  qui  sont  énumérés  ci-dessous  ;  elle  le  commente  ensuite  en  se 
servant  de  la  langue  étrangère  ; 


NOTES    ET  DOCUMENTS  473 

2»  Elle  lit  à  haute  voix  un  texte  tiré  d'une  revue  ou  d'un  jouri\al  et 
elle  le  résume  en  se  servant  de  la  langue  étrangère. 

L'épreuve  en  langue  latine  comprend  la  traduction  d'un  texte  latin  tiré 
d'un  auteur  choisi  par  l'aspirante  sur  une  liste  publiée  chaque  année  et, 
pour  la  section  des  lettres,  des  questions  relatives  à  la  grammaire  et 
au  vocabulaire  du  texte  tradait. 

AL'TKIRS    ALLEMANDS 

Gœthe.  —  Ipliiijenie  auf  Taiiris.  —  Ilmenan. 

Schiller.  —  Die  Braut  von  Messina.  —  Die  Kranicbe  des  Ibykiis. 
Sigwalt.  —  Morceaux  choisis  de  littérature  allemande  (D^e  roman- 
tisclie  Période). 
La  Motte-Fouqué.  —  i'ndinc. 

Andler.  —  Dos  moderne  Deutschlaiid  (Politische  Geschichte),  \''^  Bucli. 
Liliencron.  —  Kriegsnovellen  (Eine  Sommerschlacht). 
Otto  Ernst.  —  Asmul  Seinpers  Juqenland. 

AUTEURS    ANGLAIS 

Shakespeare.  —  A  Midsiimner  Nighl's  Dream  ou  Richard  II. 

Milton  —  Paradise  Lost,  Book  1,  ou  Comns. 

Swift.  —  GnUiver's  Travels.  l'art.  III  :  A  voyage  to  Laputa,  etc. 

Sheridan.  —  The  School  for  Scandai. 

Palgravc.  —  Golden  Treasurg  :  Poèmes  de  Keats  et  "de  Shelley. 

George  Eliot.  —  Adam  Bede,  lîook  I  et  Book  II. 

Tennyson.  —  The  ladg  o/  Shaloit.  —  The  lotos-eaiers.  —  A  dream  of 
l'air  women.  —  Locksley  Hall. 

Walt  Whitman  —  The  woiind-dresser.  —  Give  me  the  splendid  Silent 
siin.  —  Memories  of  Président  Lincoln. 

John  Drinkwatcr.  —  Abraham  Lincoln,  a  play. 

AUTEURS    ESPAGNOLS  , 

.Jorge  Manrique.  —  A  la  muerle  del  maeslre  de  Santiago,  n»  2  de  Las 
Cien  mejores  poesias  liricas  (édit.  Perche). 

Cervantes.  —  Don  Quijote,  1"  partie,  ch.  xxiii-xxvii  (éd.  Dubois,  chez 
Garnier). 

Lope  de  Vega.  —  La  estrella  de  Sevilla  (éd.  Garnier). 

Juan  de  Zabaleta.  —  Il  dia  de  fiesta  por  la  maiïana  y  par  la  tarde 
(éd.  Bi])lioteca  Universal,  tome  103). 

Quintana.  —  A  Espana,  ïv>  68  de  Las  Cien  mejores  poesias  liricas 
(édit.  Perche). 

Xunez  de  Arce.  —  Un  idilio  y  una  elegia  (éd.  Fernando  Fé,  Madrid). 

Dan  Benito  Pérez  Galdâs.  —  .Marianela. 

AUTEURS     ITALIENS 

Dante  —  Enfer,  chants  III  et  V. 
Tasso.  — ^^  Aminta. 

Carducci.  —  Cadore.  —  Le  risorse  di  San  Miniato  al  Tedesco.  (Anto- 
logia  Carducciani  di  Mazzoni.) 
Nievo.  —  Confessioni  d'un  ottogenario  :  les  deux  premiers  chapitres. 
Fucini.  —  Le  veglie  di  Neri  :  Fiorella,  Scampagnata  ;  Dolci  Ricordi. 
Fogazzaro.  =  Daniele  Cortis. 

AUTEURS  LATINS 

César.  —  Commentaires  (1.  I,  xxx-liv;  I.  IV,  xx-xxxvi;  1.  VI,  xi-xxx), 
Tite  Live.  —  L.  XXVI.  XXVII. 
Virgile.  —  Enéide.  (1.  VI). 

Cicéron.  —  Extraits  des  œuvres  morales  (édit.  Thomas,  Hachette)  ; 
De  Of/iciis,  p.  271  à  330. 


474  LES   LANGUES    MODERNES 

Certificat  d'aptitude  à  \'eriseigt)err)et)t  secondaire 
des  jeuoes  filles 

(2^    PARTIE) 
AUTEURS   ALLEMANDS 

Lessing.  —  Fables. 

Goethe.  —  Hermann  et  Dorothée,  chants  I,  IV,  IX. 

Schiller.  —  Le  Camp  de  Wallenstein. 

Sigwalt.  —  Morceaux  cttoisis  de   littérature   allemande  :  Extraits   de 

Gottfried  Keller  et  de  Paul  Hevse. 
* 

AUTEURS   ANGLAIS 

Shakespeare.  —  Richard  III. 
Miltou.  —  Samson  Agonistes. 
Goldsmith.  —  She  stoops  to  conqiier. 
Ed.  Gosse.  —  Father  and  son. 

AUTEURS  ITALIENS 

Dante.  —  Inferno,  III.  —  Purgatorio,  III  (vers  100-145). 

Ariosto.  —  Orlando  Furioso,  XVIII  (strophes  146-192). 

Foscolo.  —  Le  ultime  lettere  di  Jacopo  Ortis  (les  dix-huit  premières 
lettres).  • 

Carducci.  —  Sogno  d'Estaie.  —  Cadore.  —  Le  risorse  di  San  Miniato 
al  Tedesco.  iAntologia  Carducciana   di  Mazzoni,  Bologna,  Zanichelli): 

D'Annunzio.  —  La  Gioconda. 

AUTEURS  ESPAGNOLS 

Romances  viejos  :  n"'  ;}-10,  dans  Las  Cien  mejores  poesias  liricas  (édit. 
Perche). 

,  Cervantes.  —  El    coloquio  de   los  perros,    dans   Sovelas    ejemplares 
(édit.  Dubois,  chez  Garnier). 

Lope  de  Vega.  —  La  moza  de  cantaro  (édit.  Bibliotcca  Universal, 
t.  109). 

Jnau  Valera,  —  Juanita  la  Larga  (édit.  Nelson). 

THgrégatioi)  d'arabe 

PROGRAMME  ET  QUESTIONS 

1.  La  famille  de  Zohaii, 

2.  La  littérature  arabe  sous  le  klialife  omayyade  Abd  el-Malik. 
;{.  Le  Kalilaii  et  Dimnah  et  son  histoire. 

4.  Les  Hamdamides. 

5.  Les  historiens  des  dvnasties  marocaines  des  Chorfa  Saadia  et  des 
Chorfa  Filali. 

6.  La  littérature  populaire  dans  le  .Maghreb  au  xvin-  et  au  \ix-  siè- 
cles. 

AUTEURS 

Zoair.  —  Moallayah  (avec  commentaire). 

Ka'b  ben  Zoair.  —  Ranat  So'ad. 

Qoran.  —  Sourates  (16  à  la  fin. 

Ibn  Idhari.  —  Histoire  de  IWfrique  et  de  l'Espagne,  édit.  Dozv,  t.  I, 
p.  1-47. 

Kalilah  et  Dimuah.  —  Prolégomènes,  jusqu'au  chapitre  du  Lyon  et 
des  deux  Taureaux. 

Motanabbi.  —  Poésies  en  l'honneur  de  Saïf  Addaula. 

Ibn  Salama  el  Mofadhdhal.  —  Kitâb  el  Fakhir. 

Delphin.  —  Textes  pour  l'étude  de  l'arabe  parlé. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  475 

Certificat  d'aptitude  à  l'ei)seigo«n)C')t  d^  l'arabe 
dai)s  les  lycées  et  collèges 

^     Mille  et  une  N'uits  :  Histoire  de  Taivuddond. 

Kalilah  et  Dimnah  (à  partir  du  chapitre  du  Lion  et  des  deux 
'l'aurcaux). 

Maçoudi.  —  Prairies  d'or,  t.  V,  édit.  Barbier  de  Meynard. 

Ibn  Idhari.  —  Histoire  de  l'Afrique  et  de  l'Espognc,  édit.  Dozv,  t.  I, 
p.  1-47. 

Zohair.  — Moallaqah. 

Dclpliin.  —  Textes  arabes  pour  l'étude  de  l'arabe  parlé. 


-<ll>- 


EPREUVES    ECRITES 
des  Concours  et  ExaiT)eff)5  de  1920 

^grégatioi)  d'allen)ai)d 

{Session  Normale) 

Thème.  —  Le  Peintre  Olivier  Berlin  à  la  recherche  d'un  sujet  de 
tableau.  —  L'aménité  de  ses  manières,  toutes  les  habitudes  de  sa  vie, 
le  soin  qu'il  prenait  de  sa  personne,  son  ancienne  réputation  de 
force  et  d'adresse,  d'homme  d'épce  et  de  cheval,  avaient  fait  un 
cortège  de  petites  notoriétés  à  sa  célébrité  croissante.  Après  Cléopàtre, 
la  pi'emière  toile  qui  l'illustra  jadis,  Paris  brusquement  s'était  épris 
de  lui,  l'avait  adopté,  fêté,  et  il  était  devenu  soudain  un  de  ces 
brillants  artistes  mondains  qu'on  rencontre  au  bois,  que  les  salons  se 
disputent,  que  l'Institut  accueille  dès  leur  jeunesse.  Il  y  était  entré  en 
conquérant  avec  l'approbation  de  la  ville  entière. 

La  fortune  l'avait  conduit  ainsi  jusqu'aux  approches  de  la  vieillesse, 
en  le  choyant  et  le  caressant. 

Donc,  sous  l'influence  de  la  belle  journée  qu'il  sentait  épanouie  au 
dehors,  il  cherchait  un  sujet  poétique.  Vn  peu  engourdi  d'ailleuis  par 
sa  cigarette  et  son  déjeuner,  il  rêvassait,  le  regard  en  l'air,  esquissant 
dans  l'azur  des  figures  rapides,  des  femmes  gracieuses  dans  une  allée 
du  bois  ou  sur  le  trottoir  d'une  rue,  des  amoureu.\  au  bord  de  l'eau, 
toutes  les  fantaisies  galantes  où  se  complaisait  sa  pensée.  Les  images 
changeantes  se  dessinaient  au  ciel,  vagues  et  mobiles  dans  l'hallu- 
cination colorée  de  son  œil  ;  et  les  hirondelles  qui  rayaient  l'espace 
d'un  vol  incessant  de  flèches  lancées  semblaient  vouloir  les  eff"acer  en 
les  biffant  comme  des  traits  de  plumes. 

Il  ne  trouvait  rien  !  Toutes  les  figures  entrevues  ressemblaient 
à  quelque  chose  qu'il  avait  fait  déjà,  toutes  les  femmes  apparues 
étaient  les  filles  où  les  sœurs  de  celles  qu'avait  enfantées  son  caprice 
d'artiste  ;  et  la  crainte  encore  confuse  dont  il  était  obsédé  depuis  un 
an,  d'être  vide,  d'avoir  fait  le  tour  de  ses  sujets,  d'avoir  tari  son 
inspiration,  se  précisait  dans  cette  revue  de  son  œuvre,  devant  cette 
impuissance  à  rêver  du  nouveau,  à  découvrir  de  l'inconnu. 

Il  se*  leva  mollement  pour  chercher  dans  ses  cartons  parmi  ses 
projets  délaissés  s'il  ne  trouverait  point  quelque  chose  qui  éveillerait 
une  idée  en  lui. 

Tout  en  soufflant  sa  fumée,  il  se  mit  mit  à  feuilleter  les  esquisses, 
les  croquis,  les  dessins  qu'il  gardait  enfermés  en  une  grande  armoire 
ancienne  ;  puis,  vite  dégoûté  de  ces  vaines  recherches,  l'esprit 
meurti'i  par  une  courbature,  il  rejeta  sa  cigarette,  siffla  un  air  qui 
courait  les  rues  et,  se  baissant,  ramassa  sous  sa  chaise  un  pesant 
haltère  qui  traînait. 


476  LES    LANGUES   MODERNES 

A3ant  relevé  de  l'autre  main  une  draperie  voilant  la  glace  qui  lui 
ser^•ait  à  contrôler  la  justesse  des  poses,  à  vérifier  les  perspectives, 
à  mettre  à  l'épreuve  la  vérité,  et  s'étant  placé  juste  en  face,  il  jongla 
en  se  regardant...  ^ 

Debout  devant  la  glace,  les  talons  uni,  le  corps  droit,  il  faisait 
décrire  aux  deux  boules,  de  fonte  tous  les  mouvements  ordonnés,  au 
bout  de  son  bras  musculeux,  dont  il  suivait  d'un  regard  complaisant 
l'effort  tranquille  et  puissant. 

(Guy  de  M'acpassast.  Fort  comme  la  Mort). 

Version.  —  Hamanns  Religion.  —  Hamann  ist  eine  ganz  und  gar 
sjnthetische  Natur  gegenûber  den  anahtischen,  eine  durch  und 
durch  elementare  gegenûber  den  differenzierten  Vertaudesmenschen 
der  deutschen  Aufklârung  :  darum  seine  keineswegs  nur  principielle, 
sondern  vor  allem  auch  hôchst  persônliche  Abneigung  gegen  die 
letzteren.  Und  vergcgenwàrtigen  wir  uns  nun  :  dièse  sonderartige, 
gleichsam  aus  vorzeitlichen  seelischen  Entwicklungsperioden  stam- 
mende  Persônlichkeit  mit  ihrer  urwûchsigen  Kraft,  ihrer  unbeirr- 
barer  Eigenrichtigkeit  und  ihrem  funkelnden  Génie  war  in  die  ihr  im 
Innerstengegensàtzliche  rationalistische  Geistesatmosphàre  hineigebo- 
ren,  wo  sie,  die  nacli  Ursprùnglichkeit,  nach  elementarer  Grosse,  nach 
ungebrochener  Einheitlichkeit  und  bezwingender  Wucht  der  Eindrù- 
cke  lechzte,  nur  spielerische  Rokokozierlichkeit,  subtiles  Formen-und 
Verstandeswesen,  das  niedliche  Kleinwerk  einer  mùden  Uberkultur 
vorfand.  Wo  gab  es  da  fur  einen  Elementarmenschen  von  Hamanns 
Pràgungeinen  Auweg,  eine  Zuflucht,  ein  festes  Bollwerk  gegen  die  ihm 
halb  verachtlich-làclierlicbe,  halb  feindlich-verhasste  Umwelt  ?  Wo 
anders  als  in  jener  geistigen  Macht,  die,  aus  der  grauen  Ferne  der 
Zeiten,  zu  der  sich  sein  Geist  halb  unbewusst  zurûcksehntc,  entstam- 
mend,  in  sich  noch  so  reiche  Schatze  an  Elementarem  und  Ursprûn- 
glichem  bewalirt,  an  erhabener,  einfiiltiger  Grosse,  naiver  Kindlich- 
keit  und  machtvoller  Einheitlichkeit,  kurz  an  alledem,  dessen  er  als 
geistige  Lebensnotwendigkeit  bedurfte  :  in  der  Religion.  In  der  Tat, 
dies  ist  der  tiefere  ps^ciiologische  und  geistesgeschichtliche  Sinn  von 
Hamanns  «  Bekehrung  »  :  er  wandte  sich  zur  Religion  seiner  Vàter, 
zur  Religion  Jesu,  Pauli  und  Luthers  als  zum  einheitlichen  Urquell 
und  zur  beherrsclienden  Grundtatsache  ailes  geistigen  Lebens,  zur 
Trjigerin  und  Bewahrerin  ûberzeitlicher  Erhabenheit,  ùberverstandiger 
Einfalt  und  urtûmlicher  Grosse.  Hier,  und  nur  hier  fand  er  Spielraum, 
Avûrdigen  Gegenstand  und  Rechtfertigung  oder  docli  Entschuldigung 
fur  den  elementaren  Sturm  und  Drang  seines  Innern,  fur  sein  unges- 
tûmes  Verlangen  nach  letzter  Einheit  und  ûberlegener  KraftfùUe,  fur 
sein  seelisches  Bedùrfnis  nach  miichtigen  Erregungen  und  Erschûtte- 
rungen,  fand  er  ail  das,  was  seine  Zeit  und  ihre  alternde,  ja  greisen- 
hafte  Kultur  ihm  versagte.  So  Icist  sich  denn  auch  jener  scheinbare 
Widerspruch,  dass  der  Magus  bei  aller  Altglaubigkeit  doch  ein.^o 
scharfer  Gegner  aller  beschrànkten  Orthodoxie  sein  konnte.  Fur  ihn 
war  eben  die  Religion  unendlicii  mehr  als  ein  geistiges  Gebiet  nebcn 
ardern,  ein  dogmatisch  umzauntcr  Bezirk,  iiber  dessen  mehr  oder 
minder  enge  (îrenzen  man  rechtet  :  er  erlebte  in  ihr,  \vie  einst  die 
Menschen  elementarer  Zeiten,  nichts  Minderes  als  die  urspriingliche 
Einlieit  ailes  geistigen  Lebens,  der  Wissenschaft  und  Kunst,  des 
Rechts  und  der  Sitte,  der  Philosophie  und  des  Xatnrsinns,  gegenstiin- 
dlicher  Realitiit  und  aiinungsvoller  Mvstik.  Die  Religion  ûbcrnahm 
fiir  diesen  sozusagen  anachronistischen  Elementarmenschen  fast 
dieselhe  allumfassende  Funktion,  die  einst  der  Mythus  fiir  den  "urs- 
prùiiglichen  Naturmensciicn  besessen  batte. 

(Ri  noi.F  UsT.KR.  Hamann  und  die  AiifkUiriing). 

Dissertation  française.  —  Le  sentiment  de  la  nature  et  son  expres- 
sion chez  Lenau. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  477 

DissEUTATiON  ALLEMANDE.  —  Folgcndcr  Âusspi'ucli  Goctlics  cilautert 
werden  : 

«  Das  ist  die  wahre  Symbolik,  wo  das  Besoudere  das  Allgemeinere 
rcprascnticrt,  nicht  als  Traum  und  Scliatten,  sondcrn  als  lebendig 
augenblickliclie  Offcnbarung  des  Unciforscblichen,  » 

Certificat  secondaire  d'allen[)ai)d 

SESSION    NORMALE 

-V.  13.  —  Les  candidats  devront  se  servir  de  l'écriture  allemande. 

Thème  allemand.  —  Goethe.  —  Sortons  un  peu  des  liabitudes 
françaises  pour  nous  faire  une  idée  juste  de  Goethe.  Personne  n'a 
mieux  parlé  que  lui  de  Voltaire  même  et  ne  l'a  mieux  défini  et 
compris  comme  le  type  excellent  et  complet  du  génie  français  ; 
tâchons  à  notre  tour  de  lui  rendre  la  pareille  en  le  comprenant,  lui 
le  type  accompli  du  génie  allemand...  Le  propre  de  Goethe  était 
l'étendue,  l'universalité  même.  Grand  naturaliste  et  poète,  il  étudie 
chaque  objet  et  le  voit  à  la  fois  dans  la  réalité  et  dans  l'idéal  ;  il 
l'étudié  en  tant  qu'individu,  et  il  l'élève,  il  le  place  à  son  rang  dans 
l'ordre  général  de  la  nature  et  cependant  il  en  respire  le  parfum 
de  poésie  que  toute  chose  recèle  en  soi.  Goethe  tirait  de  la  poésie  de 
tout  ;  il  était  curieux  de  tout.  Il  n'était  pas  un  homme,  pas  une 
branche  d'étude  dont  il  ne  s'enquît  avec  une  curiosité,  une  précision 
qui  voulait  tout  en  savoir,  tout  en  savoir,  jusqu'au  moindre  repli.  On 
aurait  dit  d'une  passion  exclusive  ;  puis,  quand  c'était  fini  et  connu, 
il  tournait  la  tête  et  passait  à  un  autre  objet.  Dans  sa  noble  maison, 
qui  avait  au  frontispice  ce  mot  :  Salve,  il  exerçait  l'hospitalité  envers 
les  étrangers,  les  recevant  indistinctement,  causant  avec  eux  dans 
leur  langue,  faisant  servir  chacun  de  sujet  à  son  étude,  à  sa  connais- 
sance, n'ayant  d'autre  but  en  toute  chose  que  l'agrandissement  de  son 
goût  :  serein,  calme,  sans  fiel,  sans  envie.  Quand  une  chose  ou  un 
homme  lui  déplaisait,  on  ne  valait  pas  la  peine  qu'on  s'3' arrêtât  plus 
longtemps,  il  se  détournait  et  portait  son  regard  ailleurs  dans  ce 
vaste  univers  où  il  n'avait  qu'à  choisir  ;  non  pas  indifférent,  mais  non 
pas  attaché  ;  curieux  avec  insistance,  avec  sollicitude,  mais  sans  se 
prendre  au  fond  ;  bienveillant  comme  ou  se  figure  que  le  serait  un 
dieu.,.  Paraissait-il  un  talent  nouveau,  un  talent  marqué  d'originalité. 
Goethe  l'étudiait  aussitôt  avec  un  intérêt  extrême,  et  sans  3'  apporter 
aucun  sentiment   personnel  étranger  ;  il  avait  l'amour  du  génie... 

Pour  Schiller  il  fut  admirable  de  sollicitude,  de  conseil.  11  vit  ce 
jeune  homme  ardent,  enthousiaste,  qui  était  emporté  par  son  génie 
sans  savoir  le  conduire.  Mille  différences,  qui  semblaient  des  antipa- 
thies, les  séparaient.  Goethe  n'usa  pas  moins  de  son  crédit  pour  faire 
nommer  Schiller  professeur  d'histoire  à  léna.  Puis  un  incident  heu- 
reux les  aj'ant  rapprochés,  la  fusion  se  fit,  il  prit  insensiblement  en 
main  ce  génie  qui  cherchait  encore  sa  vraie  voie.  La  correspondance, 
publiée  depuis,  a  montré  Goethe  le  conseillant,  influant  salutairement 
sur  lui  sans  se  faire  valoir,  le  menant  à  bien  comme  eût  fait  un  père 
ou  un  frèi'e.  Il  appelait  Schiller  un  Etre  magnifique. 

Sainte-Becve. 

Version  allemande.  —  Aus  einem  Briefe  an  Schiller.  —  Bei  der 
Katastrophe  des  Wallenstein  habe  ich  deutlich  empfunden,  dasz  die 
Ruhe,  die  man  mit  Recht  bei  keiner  poetischen.  Wirkung  vermissen 
will,  nur  darauf  beruht,  dasz  man  jede  angeregle  Stimmung  nur  mit 
voiler  Kraft  bis  an  ihr  Ende  durchfûhre.  Nichts  kann  eigentlich  so 
zerreiszend  sein,  als  der  Ausgang  Ihres  Stûks.  Dennoch  fûchlt  sich 
das  Gemût  zuletzt  in  volliger  Harmonie  und  ausgesôhnt  mit  dem 
Schicksal  und  der  Menschheit.  Mar  und  Thekla  sind  der  Empfindung 
gefolgt,    der    sie   ihr    Leben    anverlraut    hatten  ;    das    Einzige,   was 


-178  LES   LANGUES   MODERNES 

ihnen,  und  an  ihnen  uns  wert  war,  ist  auf  ewig  durch  ihren  Tod 
gesichert  und  geborgen.  Wallenstein  konnte  nich  stillstehen  und 
nicht  zurûckgehen.  Ein  so  gewaltiges  Fortstreben  der  Krâfte  muszte 
fortrollen,  bis  es  zerscliellte.  Das,  was  siegen  hinter  ihm 
zurùckbleibt,  kann  freilich  nur  .Miszbilligund,  sogar  Berachtung  bei 
uns  finden,  aber  es  verbinden  sich  auch  schône  und  wohltâtige 
Ideen  damit.  Wallenstein  war  eine  so  fùrchterliche,  so  gewaltsame 
Erscheinung,  dasz  die  Hoffnung  friedlicber  Ruhe  unmittelbar  mit 
seinem  Fall  eintritt.  Die  furchtsbarste  Idée  Ihrer  ganzen  Dichtung, 
und  die  ihr  zu  einen  Schauder  erregenden  Hintergrunde  dient,  die 
Ubermacht  der  Heere,  die  nicht  blôsz  dieser  oder  jener  Provinz, 
sondern  allem  ruhigen  Bûrger-Dasein  einen  endlosen  Krieg  ankùndigt, 
sinkt  mit  ihrem  Schopfer  dahin.  Ein  gewaltig  ûbergetretener  Strom 
kehrt  in  sein  Bett  zurùck,  Saaten  konnen  wieder  grùnen,  Bolker 
wieder  glùcklich  sein. 

Das  ist  gerade  so  grosz,  dasz  die  Summe  ailes  Menscliendàseins  sich 
in  Ihren  Stùcken  so  klar  und  kurz  zusammenzieht.  Die  innere  und 
reine  Menschengnisze,  die  sich  einer  Idée  hingibt,  und  lieber 
untergeht,  als  sie  verliiszt  auf  der  einen  Seite  ;  auf  der  andern  die 
nâher  dem  Boden  verwandte,  beschriinktere  Gemùtsstimmung,  die, 
leichter  befriedigte  Wùnsche  nuhrend,  Ruhe,  Zufriedenheit  und 
auszeres  Gluck  sucht,  und  die  Sie  sehr  zweckmiiszig  nur  in  Massen, 
und  nicht  unmittelbar,  sonder  nur  in  dem  Kontrast  der  ihr 
Zerstôrung  drohenden  Kriegsraacht,  und  in  den  weisen  Reden 
Octavios  und  den  begeisterten  Schilderungen  seines  Sohnes 
dargestellt  haben. 

Wilhem  von  Humboldt 
(1800,  Anfang  September). 

Composition  allemande.  —  Erkliiren  Sie  Lenaus  Wort  :  «  Meine 
Poésie  lebt  und  und  webt  in  der  Xatur.  » 

Composition  française  sur  une  question  générale  de  morale  ou  de 
LITTÉRATURE.  —  Un  critique  français  a  dit  :  «  La  littérature  est  la 
préoccupation  de  ce  qui  est  beau  et  élevé,  ou  fin  et  délicat,  la  recher- 
che de  la  vérité  dans  la  pensée  et  de  la  mesure  dans  l'expression.  » 
La  littérature  allemande  de  l'époque  classique  répond-elle  à  cette 
définition  ? 

Agrégation  d'aoglais 

(session  N0RMAL£) 
Thème.  —  Oiseaux  de  passage 

C'est  une  cour  carrée  et  qui  n'a  rien  d'étrange  : 
Sur  les  flancs,  l'écurie  et  l'étable  au  toit  bas  ; 
Ici  près,  la  maison  ;  là-bas,  au  fond,  la  grange 
Sous  son  chapeau  de  chaume  et  sa  jupe  en  plâtras. 

Le  bac,  où  les  chevaux  au  retour  viendront  boire. 
Dans  sa  berge  de  bois  est  immobile  et  dort. 
Tout  plaqué  de  soleil,  le  purin  à  l'eau  noire 
Luit  le  long  du  fumier  gras  et  pailleté  d'or. 

Loin  de  l'endroit  humide  oîi  gît  la  couche  grasse 
Au  milieu  de  la  cour,  où  le  crottin  plus  sec 
Riche  de  grains  d'avoine  en  poussière  s'entasse, 
La  poule  l'éparpillé  à  coups  d'ongle  et  de  bec. 

Plus  haut,  entre  les  deux  l)rancards  d'une  charrette. 
Un  gros  coq  satisfait,  gavé  d'aise,  assoupi. 
Hérissé,  l'œil  mi-clos  recouvert  par  la  crête. 
Ainsi  qu'une  couveuse  en  boule  est  accroupi. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  479 

Des  canards  hébétés  voguent,  l'œil  en  extase. 
On  dirait  des  rêveurs,  quand  soudain,  s'arrêtant. 
Pour  chercher  leur  pâture  au  plus  vert  de  la  vase. 
Ils  crèvent  d'un  plongeon  les  moires  de  l'étang. 

Sur  le  faîte  du  toit,  dont  les  grises  ardoises 

Montrent  dans  le  soleil  leurs  écailles  d'argent. 

Des  pigeons  violets  aux  reflets  de  turquoises. 

De  roucoulements  sourds  gonflent  leur  col  changeant. 

Leur  ventre  bien  lustré,  dont  la  plume  est  plus  sombre 
Fait  tantôt  de  l'ébène  et  tantôt  de  l'émail. 
Et  leurs  pattes,  qui  sont  rouges  parmi  cette  ombre. 
Semblent  sur  du  velours  des  branches  de-corail. 

Oh  !  les  gens  bienheureux  !...  Tout  à  coup,  dans  l'espace. 

Si  haut  qu'il  semble  aller  lentement,  un  grand  vol 

En  foi  me  de  triangle  arrive,  plane  et  passe. 

Où  vont-ils  ?  Qui  sont-ils  ?  Comme  ils  sont  loin  du  sol  ! 

Les  pigeons,  le  bec  droit,  poussent  un  cri  de  flûte 

Qui  brise  les  soupirs  de  leur  col  redressé, 

Et  sautent  dans  le  vide  avec  une  culbute. 

Les  dindons  d'une  voix  tremblotante  ont  gloussé. 

Les  poules  picorant  ont  relevé  la  tête. 
Le  coq,  droit  sur  l'ergot,  les  deux  ailes  pendantes, 
Clignant  de  l'œil  en  l'air  et  secouant  la  crête, 
Vers  les  hauts  pèlerins  pousse  un  appel  strident. 

Qu'est-ce  que  vous  avez,  bourgeois?  So}'ez  donc  calmes. 
Pourquoi  les  appeler,  sot  ?  Ils  n'entendront  pas. 
Et  d'ailleurs,  eux  qui  vont  vers  le  pajs  des  palmes. 
Crois-tu  que  ton  fumier  ait  pour  eux'des  appas  ? 

Regardez-les  passer  !  Eux,  ce  sont  les  saur\'ages. 
Ils  vont  où  leur  désir  le  veut,  par-dessus  monts. 
Et  bois,  et  mers,  et  vents,  et  loin  des  esclavages. 
L'air  qu'ils  boivent  ferait  éclater  vos  poumons. 

Ils  sont  maigres,  meurtris,  las,  harassés,  qu'importe  ! 

Là-haut  chante  pour  eux  un  mystère  profond. 

A  l'haleine  du  vent  inconnu  qui  les  porte, 

Ils  ont  ouvert  sans  peur  leurs  deux  ailes.  Ils  vont. 

La  bise  contre  leur  poitrail  siffle  avec  rage. 
L'averse  les  inonde  et  pèse  sur  leur  dos. 
Eux,  dévorent  l'abîme  et  chevauchent  l'orage. 
Ils  vont,  loin  de  la  terre,  au-dessus  des  badauds. 

Jean  Richepin. 

Version.  —  A  Portrait.  —  Womeu  do  not  défend  their  joungest 
sisters  for  doing  what  the^-  perhaps  hâve  done  —  lifting  a  veil  to  be 
seen,  and  peeping  at  a  world  where  innocence  is  as  poor  a  guarantee 
as  a  babe's  caul  against  shipwreck.  Women  of  the  world  never  think 
of  attacking  the  seAual  stipulation  for  perfect  bloom,  silver  purity, 
which  is  redolent  of  the  oriental  origin  of  the  love-passion  of  thelr 
lords.  Mrs.  Mountstuart  congratulated  Sir  Willoughbv  on  the  prize 
he  had  won  in  the  fair  western-eastern. 

«  Let  me  see  her  »,  she  said  ;  and  Miss  Middleton  was  introduced 
and  criticallj-  observed. 


h 


480  LES  LANGUES   MODERNES 

She  had  the  mouth  that  smiles  in  repose.  The  lips  met  full  on  the 
centre  of  the  bow  and  thinned  along  to  a  lifting  dimple  ;  tlie  eyelids 
also  lifted  sliglith'  at  tlie  outer  corners  and  seemed,  lilie  tlie  lip  into 
the  limpid  cheek',  quickeniug  up  the  temples,  as  with  a  run  of  life, 
or  the  ascension  indicated  olf  a  shoot  of  coulour.  Her  features  were 
plaj'fellows  of  one  another,  none  of  them  preteuding  to  rigid 
correctness,  not  the  nose  to  the  ordinary  dignity  of  governess  among 
merry  girls,  despite  which  the  nose  was  of  a  fair  design,  not  acutely 
interrogative  or  inviting  to  gambles.  Aspens  imaged  in  water,  waiting 
for  the  breeze,  would  offer  a  susceptible  lover  some  suggestion  of  her 
face  :  a  pure  smooth-white  face,  teuderh*  flushed  in  the  cheeks, 
where  the  gentle  dints  were  faintlj'  intermelting  even  during  quiet- 
ness.  The  eyes  were  brown,  set  well  betwen  mild  lids,  often 
shadowed,  not  unwakeful.  Her  hair  of  lighter  brown,  swelling  above 
lier  temple  ou  the  sweep  to  te  knot,  imposed  the  triangle  of  the 
fabulous  wild  Avoodland  visage  from  brow  to  mouth  and  chin, 
evidenth^  in  agreement  with  her  taste  ;  and  the  triangle  suited  her  ; 
but  her  face  was  not  significant  of  a  tameless  wildness  or  of  weak- 
ness  ;  her  equable  shut  mouth  threw  its  long  curve  to  guard  the 
small  round  chind  from  that  efîect  ;  her  ej'es  wavered  only  in 
humour,  thcA-  were  steady  when  thoughtfulness  was  awakened  ;  and 
at  such  seas'ons  the  buiîd  of  her  winter-beechwood  hair  lost  the 
touch  of,n3'mph-like  and  whimsical,  and  strangely,  bj-  mère  outline, 
added  to' her  appearance  a  studious  concentration.  Observe  the  hawk 
on  stretched  wings  over  the  prey  lie  spies,  for  an  idea  of  this  change 
in  the  look  of  a  young  lady  whom  Vernon  Whitford  could  liken  to 
the  Mountain  Echo,  and  Mrs  Mountstuart  pronounced  to  be  «  a  dainty 
rogue  in  porcelain  ». 

Vernou's  faiic}-  of  lier  must  hâve  sprung  from  her  prompt  and  most 
musical  responsiveness.  He  preferred  the  society  of  lier  learned 
fatlier  to  that  .of  a  girl  under  twenty  engaged  to  his  cousin,  but  the 
charm  of  lier  ready  toiigue  and  her  voice  was  to  his  intelligent 
understanding  wit,  iiatural  wit,  crystal  wit,  as  opposed  to  the  paste- 
sparkle  of  the  wit  of  the  town.  In  his  encomiums  he  did  not  quote 
Miss  Middleton's  witt  ;  nevertheless  he  ventured  to  speak  of  it  to 
Mrs  Mountstuart,  causing  that  lady  to  saj'  «  Ah,  well,  I  bave  not 
noticed  the  wit.  You  ma\'  hâve  the  art  of  drawing  it  out  ». 

George  Meredith  {The  Egoist,  chapt.  5). 

Dissertation  française.  —  Y  a-t-il  dans  «  Hudibras  »  une  satire 
de  la  nature  humai  nié  en  général  ? 

Dissertation  anglaise.  —  Elizabethan  prose  as  an  index  of  the 
Elizabethan  mind. 

Certificat  secoi}daire  d'ai)glais 

(session  normale  de   1920) 

Thème.  —  Le  Capitaine  du  «  Normandg  ».  —  Tout  à  coup  dans  la 
brume  une  noirceur  surgit,  fantôme  et  montagne,  un  promontoire 
d'ombre  courant  dans  l'écume  et  trouant  les  ténèbres.  C'était  la 
«  Mary  »,  grand  steamer  à  hélice,  venant  d'Odessa,  allant  à  Grimsby 
avec  un  chargement  de  500  tonnes  de  blé;  vitesse  énorme,  poids  im- 
mense. La  «  Mary  »  courait  droit  sur  le  «  Normandy  ».  Lancée  à  toute 
vapeur,  elle  prit  le  «  Normand}-  »  par  le  travers  et  l'éventra.  Du  choc, 
elle-même,  avariée,  s'arrêta.  Il  y  avait  sur  le  «  Normandy  »  vingt-huit 
hommes  d'équipage,  une  femme  de  service,  1%»  «  stewardess  »,  et 
trente  et  un  passagers  dont  douze  femmes.  La  secousse  fut  effroyable. 
En  un  instant,  tous  furentsur  le  pont,  hommes,  femmes,  enfants, demi- 
nus,  courant,  criant,  pleurant.  L'eau  entrait  furieuse.  La  fournaise  de 
la  machine,  atteinte  par  le  flot,  râlait.  Le  navire  n'avait  pas  de  cloisons 
étanches:  les  ceintures  de  sauvetage  manquaient. 

Le  capitaine  Harvey,   droit   sur   la  passerelle   de  commandement, 


NOTES   ET  DOCUMENTS  481 

cria  :  «  Silence  tous,  et  attention  !  Les  canots  à  la  mer.  Les  femmes 
d'abord,  les  passagers  ensuite.  L'équipage  après.  Il  y  a  soixante  per- 
sonnes à  sauver.  »  On  était  soi.xante  et  un,  mais  il  s'oubliait. 

On  détacha  les  embarcations.  Tous  s'y  précipitaient.  Cette  hâte 
pouvait  faire  chavirer  les  canots.  Ocklcford,  le  lieutenant,  et  les  trois 
contremaîtres  continrent  cette  foule  éperdue  d'horreur.  Dormir,  et 
tout  à  coup,  et  tout  de  suite,  mourir,  c'est  affreux.  Cependant,  au- 
dessus  des  cris  et  des  bruits,  on  entendait  la  voix  grave  du  capitaine: 
«...  Lieutenant  Ockleford,  combien  avons-nous  de  minutes  ?  —  ^'iiigt. 
—  Cela  suffit,  dit  le  capitaine.  Que  cliacun  s'embarque  à  son  tour.  Et 
brûlez  la  cervelle  à  tout  homme  qui  voudra  passer  avant  une  femme.  » 
Tous  se  turent.  Personne  ne  résista  ;  cette  foule  sentait  au-dessus 
d'elle  une  grande  âme. 

La  ('-  Mary  »,  de  son  côté,  avait  mis  ses  eml)arcations  à  la  mer,  et 
venait  au  secours  de  ce  naufrage  qu'elle  avait  fait.  Le  sauvetage 
s'opéra  avec  ordre  et  presque  sans  lutte.  11  y  avait,  comme  toujours, 
de  tristes  égoïsmes  ;  il  }•  eut  aussi  de  pathétiques  dévouements. 

Harvey,  impassible  à  son  poste  de  capitaine,  commandait,  domi- 
nait, dirigeait,  s'occupait  de  tout  et  de  tous,  gouvernait  avec  calme 
cette  angoisse,  et  semblait  donner  des  ordres  à  la  catastrophe.  On  eût 
dit  que  le  naufrage  lui  obéissait.  A  un  certain  moment  il  cria  :  «  Sau- 
vez Clément  !  >>  Clément,  c'était  le  mousse,  un  enfant. 

Le  navire  décroissait  lentement  dans  l'eau  profonde.  On  hâtait  le 
plus  possible  le  va-et-vient  des  embarcations  entre  le  «  Normandy  » 
et  la  ((  Mary  ».  «  Faites  vite  !  »  criait  le  capitaine.  A  la  vingtième  mi- 
nute le  steamer  sombra.  L'avant  plongea  d'abord,  puis  l'arrière. 

Le  capitaine  Harvey,  debout  sur  la  passerelle,  ne  fit  pas  un  geste,  ne 
dit  pas  un  mot,  et  entra  immobile  dans  l'abîme.  On  vit,  à  travers  la 
brume  sinistre,  cette  statue  noire  s'enfoncer  dans  la  mer.  Ainsi  finit 
le  capitaine  Harvey. 

Victor  Hugo, 
Pendant  l'Exil. 

Vf.rsion.  —  Drowned  in  nyheat.  —  Then  began  tliat  terrible  dance  of 
death  —  the  man  dodging,  doubling.  squirming,  hunted  from  one  cor- 
ner to  another  ;  the  wheat  slowly,  inexorabh'  flowing, 
rising,  spreading  to  evcr}'  angle,  to  every  nook  and  crann}-.  It  reaclied 
his  niiddle.  Furious  and  witli  bleeding  hands  and  broken  nails,  lie 
dug  his  way  out  to  face  backward,  ail  but  exhausted,  gasping  for, 
breath  in  the  dust-thiclcened  air.  Roused  again  by  the  slow  advance 
of  the  tide,  lie  leaped  up  and  stumblcd  awa}'.  blinded  with  the  agony 
in  his  eyes,  only  to  crash  against  the  métal  hull  of  the  vessel.  He 
turned  about,  the  blood  streaming  from  his  face,  and  paused  to  collect 
his  sensés,  and  with  a  rush,  another  wave  swirled  about  his  ankles 
and  knees.  Exhaustion  grew  upon  hini.  To  stand  still  meant  to  sink  ; 
to  lie  or  sit  meant  to  be  buried  the  quicker  ;  and  ail  this  in  the  dark, 
a\1  this  in  an  air  that  co.uld  scarcely  be  breathed,  ail  this  while  he 
fouglit  an  enemy  that  could  not  be  gripped,  toilingina  sea  thatcould 
not  be  stayed. 

Guided  by  the  sound  of  the  falling  wheat,  S.  Belirman  crawled  on 
hands  and  knees  toward  the  liatchwa}'.  Once  more  lie  raised  his  voice 
in  a  shout  for  help.  His  bleeding  throat  and  raw,  pai'clied  lips  refused 
to  utter  but  a  wheezing  moan.  Once  he  tried  to  look  towards  the  one 
liatch  of  faiiit  light  above  him.  His  ejelids,  clogged  withchaff,  could 
no  longer  open.  The  wheat  poured  about  his  waist  as  he  raised 
himself  upon  bis   knees. 

Reason  fled.  Deafened  with  the  roar  of  the  grain,  blinded  and  made 

dumb  with  its  chaff,  lie  threw  himself  forward  with  clutching  fingers, 

rolling  upon  his  back,  aiid  laj'  there,  moving  feebly,  the  liead  rolling 

from  side  to  side.    The  wheat,  leaping    continuously   from  the  chute, 

m       poured  around  him.  It  filled  the  pockets  of  the    coat,   it  crept  up  the 

B.     sleeves  and  trouser-legs  ;  it   covered  the  great  protubérant  stomach  ; 

k 


32. 


482  LES  LANGUES   MODERNES 

it  ran  at  last  in  l'ivulets  into  the  distended,  gasping  mouth  ;  it  covered 
the  face. 

Upon  the  surface  of  the  wheat,  under  the  chute,  nothing  moved  but 
the  wheat  itself.  There  was  no  sign  of  life.  Then,  for  an  instant,  the 
surface  stirred.  A  hand,  fat,  with  short  fingers  and  swollen  veins, 
reached  up,  chitching,  then  fell  limp  and  prone.  In  another  instant  it 
was  covered.  In  tlie  liold  of  the  «  Swanhilda  »  there  was  no  move- 
menf,  but  the  widening  ripples  that  spread  flowing  from  the  ever- 
breaking,  ever-reforming  cône  ;  no  sound  but  the  rusliing  of  the  wheat 
that  continued  to  plunge  incessantly  from  the  iron  chute  in  a  pro- 
longed  roar,  persistent,  stead}',  inévitable. 

Frank  Norris  (The  Octopus). 

Composition  Anglaise.  —  Wlierein  does  tlie  spécial  charm  of 
«  Winter's  Taie  »  lie  ? 

Composition  Française.  —  Quel  est  l'intérêt  d'un  ouvrage  comme  le 
journal  de  Pepj's  ?   ' 

Certificat  secondaire  d'allen)ai)d 

(session  spéciale  de  juin  1920) 
A'.  B.  —  Les  candidats  devront  se  servir  de  l'éciitiire  allemande 

TTième.  —  L'homicide  dans  la  guerre.  —  Il  faut  distinguer  deux  cas  : 
la  guerre  offensive  est  une  injustice,  par  définition,  et  entraîne  mille 
injustices  ;  la  guerre  défensive  se   ramène  au  cas  de  légitime  défense. 

Dans  la  guerre  défensive,  les  hommes  groupés  en  société  unissent 
leurs  efforts  pour  défendre  en  commun  leurs  droits.  Si  la  défense  est 
légitime  pour  chacun  pris  à  part,  en  présence  d'une  agression  injuste, 
la  défense  collective  contre  un  péril  commun  est  légitime  aussi,  avec 
toutes  les  conséquences  qu'elle  entraîne.  C'est  donc  bien  un  droit, 
c'est  un  devoir  même,  de  se  défendre  par  les  armes  contre  une 
agression  collective  menaçant  la  communauté.  Mais  c'est  un  droit  qui 
a  ses  limites,  car,  dans  la  guerre  aussi,  tuer  sans  nécessité,  tuer  des 
ennemis  désarmés,  tuer  les  blessés,  les  malades,  les  infirmiers,  les 
vieillards,  les  femmes,  les  enfants,  est  une  injustice  souveraine  et  une 
cruauté  révoltante. 

Dans  la  guerre  offensive,  le  devoir  du  simple  soldat  est  le  même 
que  dans  la  guerre  défensive  :  le  soldat,  en  effet,  n'est  pas  juge  des 
causes  de  la  guerre,  et  il  n'est  pas  responsable  des  conséquences  qu'elle 
entraîne.  11  ne  peut  qu'exécuter  les  ordres  qu'il  reçoit.  Son  premier  et 
unique  devoir  est  d'obéir,  la  discipline  étant  la  première  condition 
d'existence  pour  une  nation  et  de  salut  pour  une  armée.  Mais  la  res- 
ponsabilité, qui  ne  pèse  pas  sur  le  soldat,  pèse  sur  les  chefs,  à  raison 
de  leur  initiative  ;  elle  grandit  de  proche  en  proche,  à  mesure  qu'on 
s'élève  vers  ceux  qui  exercent  le  commandement  supérieur,  et  chacun 
est  responsable  dans  la  mesure  où  il  prend  une  initiative  injuste.  Si 
c'est  une  volonté  unique  et  souveraine  qui  provoque  une  guerre  ini- 
que, cette  volonté  est  responsable  de  tous  les  crimes  que  la  guerre 
engendre  nécessairement  :  meurtres,  vols",  incendies,  attentats  de 
toute  sorte,  (^eux  qui  commettent  ces  attentats  sont  coupables  assu- 
rément, s'ils  n'y  sont  pas  forcés  ;  mais  il  ne  faut  point  hésiter  à  mettre 
pour  la  plus  grande  part  ces  crimes  et  ces  maux  sur  la  conscience  de 
ceux  qui  les  ont  déchaînés  par  leur  faute. 

Henri  Marion. 

Version.  —  Die  dentscbe  Poefie  nach  dem  dreiszigjàhrigen  Krieg. 
—  Als  dann  endlich  der  Friede  geschlossen  war,  muszte  die  vollig 
zerschmetterte  und  betiiubte  Nation  sich  erst  langsam  wieder  auf  sich 
selbst  besinnen,  sich  aufrichten,  sich  sammcln.  Auf  geistigen  (îebiete 
galt  es  zunachst,  den  Schaden  zu  iibersehen   und    die  abgeschnittene 


NOTKS    ET    DOCLMKNTS  483 

Berbindung  mit  dcr  Hcrgangenheit  wiederherzustellen.  L'nter  alleii 
Umstandeu  war  der  ungchcucrc  Zeitverlust  nicht  mehr  hereinzu- 
bringen.  Doch  verfi'igte  dcr  deutsche  Geist  ùber  so  unermeszliche 
Hilfsmittel,  dasz  er  sich  alliniihlicli  selbst  aus  dieseni  tiefsten  Elende 
wieder  emporarbeitete.  Wie  auf  deii  ùbrigen  Gebietea  iiesz  man  es 
auch  in  der  Dichtlvunst  an  redliclien  Beniûhungen  nicht  fehlen,  das 
Bersaumte  naclizuholen .  Aber  aller  Eifer  und  aile  Beieitwilligkeit 
erzielten  vordcrhand  docli  nur  kliigliche  Ergebnisse.  Fast  nichts 
stand  fest,  als  die  in  der  Kriegszeit  gcfundenen  metrischen  Gefetze. 
In  den  ùbrigen  Stiicken  —  welch  ein  unsicheres  Umhertasten,  welch 
ein  qualvolles  Suchen  !  Heute  wollte  man  sich  auf  frcmden  Krùcken 
in  das  Paradies  der  Dichtkunst  stehlen,  morgen  versuchte  man  es 
mit  einer  Selbstiindigkeit,  die  das  reine  Unvermogen  schonungslos 
^aufdeckte.  Man  erprobtejedc  Stilart,  man  taumelte  iiilflos  von  einem 
Ertreme  zum  anderen,  man  schwankte  umher  zwischen  Dcutschtùmelei 
und  Xachafferei,  zwischen  Nùchternheit  und  Schwulst,  zwischen 
Langeweile  und  Gemeinheit.  Aber  durch  das  toile  Chaos  von 
verschiedenen  Schulen,  durch  das  wirre  Durcheinander  von 
entgegengesetzten  Bestrebungen  zog  sich  wie  ein  gemeinsames  Band 
das  Berlangen,  eine  bestimmte  poetische  Regel  zu  finden.  Und  in  der 
ei'sten  Hiilfte  des  18.  Jahrhunderts  glùckte  es  dem  Leipziger  Professer 
Gottsched,  mit  seiner  Idée  durchzudringen,  der  deutschen  Litteratur 
cinen  festen  Mittelpunft  zu  geben.  Doch  erhob  sich  im  iiuszersten 
Sùden  der  deutschen  Sprachzone,  in  der  Schweiz,  beftiger 
Widerspruch  gegen  die  àsthetischen  Grundsàtze  des  norddeutschen 
(ieschmackstyrannen,  dessen  stolzc  Herrschast  schlieszlich  ein 
jàmmerliches  Ende  nahm.  Dem  Idéale  Gottscheds,  der  die 
verstandesmiiszig  nûchterne  Méthode  der  Franzosen  auf  den  Schild 
erlîoben  batte,  setzten  die  Zûricher  Professoren  Bodmer  und 
Breitinger  die  Auffassung  dcr  englischen  Schule,  die  der  freien 
Phantaste  ilir  Redit  widerfahren  Iiesz,  als  mustergùltig  entgegen. 
Es  handelte  sich  um  eine  grosze  Prinzipienfrage,  um  einen  Kampf 
zwischen  romanischen  und  germanischem  Geiste,  der  zu  Gunsten  des 
letzteren  entschieden  wurde.  Damit  war  eine  lange  Borbereitungszeit 
abgeschlossen  ;  auf  die  Gârung  war  die  Kliiiung  gefolgt.  An  die 
Lehrjahre  der  neuhochdeutschen  Poésie  schlossen  sich  ihre 
Meisterjahre  an.  Ximmermehr  hiitten  die  Schmeizer  lediglich  durch 
das  Ubergewicht  ihrer  iisthetischen  Theorien  so  entschieden  den 
Sieg  liber  Gottsched  errungen,  wenn  sich  nicht  die  jungen  Talente 
auf  ihre  Seite  gestellt  und  praktische  Beweise  fur  die  Gûte  jener 
Theorien  geliefert  hiitten.  Dièse  jungén  poetischen  Kriifte,  gleich 
herrlichen  Kràften  aus  einem  fleiszig  beackerten  Boden 
hervorschieszend,  waren  es,  die  nuumehr  die  deutsche  Dichtung  aus 
dem  Dunfel  zu  den  Hohen  des  Lichtes  emporfûhrten. 

Rudolf  Krauss. 

Composition  française  sur  une  question  générale  de  morale  ou 
DE  littérature.  —  Appréciez  ce  jugement  d'un  critique  contempo- 
rain :  «  La  littérature  n'est  pas  objet  de  savoir  :  elle  est  exercice,  goût, 
plaisir.  On  ne  le  sait  pas,  on  ne  l'apprend  pas  :  on  la  pratique,  on  la 
cultive,  on  l'aime.  » 

Composition  en  langue  allemande.  —  Novalis  bat  von  Schiller 
geschrieben  :  «  Konnte  ilin  jemand  besser  zeichnen,  jemand  beseer 
die  wahrnehmbaren  Umrisse  seines  intellektuellen  Wesens  in  irgend 
einer  menschlichen  Sprache  entwerfen,  als  er  selbst  im  Bilde  seines 
Posa  getan  bat  ?  » 

Wie  ist  dieser  Ausspruch  zu  beurteilen  ? 


484  LES   LANGUES   MODERNES 

Brevet  d'études  prin)aires  supérieures 

(1"    SESSION   1920   —  GARÇONS) 

Version  anglaise.  —  A  rainy  Sunday  in  England.  —  A  wet  Sunday 
ia  a  country  iun  !  Whœver  lias  had  the  luck  to  expérience  one,  can 
alonejudge  of  niy  situation.  Tlie  rain  paitered  against  the  casemeut, 
the  bell  tolled  for  church  with  a  melancholy  sound.  I  went  to  tlie 
Windows  in  quest  of  sometliing  to  amuse  tlie  eye,  but  it  seemed  as  if 
I  had  been  placed  completeh-  out  of  the  reach  of  ail  amusement.  The 
Windows  of  my  bed-room  looked  out  among  tiled  roofs  and  stacks  of 
chimneys,  whiîe  tlioî^  of  my  sitting-room  commanded  a  full  view  of 
the  stable-yard.  I  Kuow  of  nothing  more  calculated  to  make  a  raa-n 
sick  of  this  world  tlian  a  stable-yard  on  a  rainy  day.  The  place  was 
littered  witli  wet  straw  that  had  been  Kicked  about  travellers  and 
stable-boys.  In  one  corner  was  a  stagnart  sool  of  water  surrounding 
an  island  of  muck  ;  there  were  several  kalf  drowned  fowls  crowded 
together  under  a  cart,  among  which  was  a  crest-fallen  cock. 

W.  Irving. 

1.  E.xplain  in  jour  own  words  tliose  which  hâve  been  marked  out 
in  the  text. 

2.  Write  three  questions  and  as  many  answers  concerning  the  above 
passage. 

3.  On  what  occasions,  festive  or  sad,  are  bells  tolled  ?  When  do  j'ou 
feel  crestfallen  ?  What  Kind  of  view  would  you  like  30ur  bed-room 
window  to  command  ? 

Version  allemande.  —  Berlin.  —  Die  Hauptstadt  der  Kônigreichs 
Preussen  und  des  deutschen  Reiches  Berlin  entstand  aus  den  zwei 
Fischerdorfern,  Kôlln  und  Berlin,  zwischen  dcnen  Kurfùrst  Friedrich  II 
seine  Burg  erbaute.  —  Als  dauernde  Residenz  bat  es  seit  1491  gedient 
und  ist  mit  dem  Emporsteigen  des  preussisched  Staates  durch  seiner 
Fûrstcn  Fùrsorge  grossgeworden.  —  Seine  Lage  unterstùtzte  die 
fùrstlichen  Bestrebungen.  Demi  Berlin  liegt  in  der  writte  der  mark 
Brandenburg  zwischen  den  Elb-und  Oderstrassen,  zwischen  der 
sùdlichen  und  der  baltischen  Landhohe,  an  derjenigen  Stelle  der 
schiffbaren  Spree,  wo  zwischen  breiten  seen  in  der  sandigen 
Umgebung  feste  Ufer  den  Fluss  einengen  und  Cbergang  erleictern.  — 
Infolge  des  bequemen  Flussifljerganges  wurde  Berlin  zum  Kreuzungs 
punkte  der  grossen  mitteleuropiiischen  Verkehrswege.  —  Dieser  Lage 
^vegen  liann  es  aber  trotz  grossen  Eintlusses  im  geistigen  Leben  nicht 
die  auschliesslichc  Fùhrerrolle  im  deutschen  Reiclie  gewinnen. 

Von  Seydlitz. 

1.  Was  ist  Berlin  ? 

2.  Wo  liegt  es  ? 

3.  Kennst  du  cine  Strasse  ein  offentliches  Gebâude,  ein  Denkmal  in 
Berlin  ? 

4.  Welchc  sind  die  zwei  Telle  des  Verbs  :  entstand  ;  gib  die 
Grundformen  dièses  Verbs  an  ? 


Mouvement  du   Personnel 


li)Spectioi)  Générale 


M.  Lucien  Beaujeu,  agrégé  d'anglais,  professeur  dans  les  classes 
supérieures  de  lettres  aux  Lycées  (^ondorcet,  Henri  IV  et  Louis-le- 
(Irand,  a  été  nommé  Inspecteur  général  de  l'Enseignement  secondaire 

I 1.    ,1  „   \f       4      /' ..;ii„...^„     j.'.^/:,ix 


classes 
le- 

en  remplacement  de  M.  A.  (luillaume,  décédé. 

Université  de  Toulouse 

M.  Boussagol,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  est  nommé  maître  de 
conférence  de  langue  et  littérature  espagnoles  à  la  Faculté  des  Lettres 
de  l'Université  de  Toulouse. 

Université  de  Paris 

Un  congé,  du  1"  novembre  1920  au  31  mars  1921,  est  accordé,  sur  sa 
demande,  à  M.  Fouchcr,  chargé  d'un  cours  complémentaire  de 
littératures  de  l'Inde. 

M.  Jules  Bloch,  docteur  es  lettres,  directeur-adjoint  à  l'Ecole  des 
Hautes-Etudes,  est  chargé,  du  1""^  novembre  1920  au  31  mars  1921,  de 
conférences  de  langue  sanscrite  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de  Paris  pendant  la  durée  du  congé  accordé  à  M.  Fouchcr. 

M.  Masson-Oursel,  agrégé  de  philosophie,  est  chargé,  du  1"  novem- 
bre 1920  au  31  mars  1921,  de  conférences  de  littérature  hindoue  à  la 
Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris  pendant  la  durée  du  congé 
accordé  à  M.  Foucher. 

Université  d'Aix-Marseille 

M.  Spcnlé,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  est  chargé  pour 
l'année  scolaire  1920-1921,  d'un  cours  de  littérature  allemande. 

Université  de  Bordeaux 

M.  Berger,  docteur  es  lettres,  chargé  de  cours  de  langue  et  littérature 
anglaises  à  la  Faculté  des  lettres,  est  nommé,  à  partir  du  1<"  novem- 
bre 1920,  professeur  de  langue  et  littérature  anglaise  à  la  dite  Faculté, 
en  remplacement  de  M.  Cestre,  appelé  à  d'autres  fonctions. 

f Décret). 

M.  Cestre,  ancien  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université 
de  Bordeaux,  est  nommé  professeur  honoraire  à  la  dite  Faculté. 

(Décret). 

Université  de  Lille 

M.  Delattre,  docteur  es  lettres,  maître  de  conférences  de  langue 
anglaise  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Lille,  est  nommé,  à 
partir  du  1«'  novembre  1920,  professeur  de  langue  et  civilisation 
anglaises  à  ladite  Faculté.  (Décret). 

Université  de  Clern)ont 

Sont   chargés,    pour    l'année    scolaire    1920-1921,  des  enseignements 
complémentaires  ci-après  désignés  : 
M.  Langlais,  professeur  au  Ij'cée.  —  Langue  italienne. 
M™«  Honoré,  professeur  au  Jj'cée  déjeunes  filles.  -•-  Langue  anglaise. 


486  LES    LANGUES    MODERNES 

Légioi)   d'\)oi)t)eur 

Notre  cher  collègue  et  ami  Beltette  vient  d'être  nommé  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur.  Le  comité  lui  adresse  ses  félicitations  les  plus 
cordiales  pour  cette  distinction,  témoignage  de  reconnaissance,  remer- 
cîment  que  lui  devait  le  gouvernement  pour  son  patriotisme  à  toute 
épi'euve,  pour  son  dévouement  inlassable,  pour  son  courage  inébran- 
lable aux  heures  les  plus  sombi'es  de  l'occupation  et  de  la  déportation. 

Ecbai)ge5  scolaires  Frai)CO-Britai)i)><1ues 

MM.  Petit-Dutaillis,  inspecteur  général  de  l'Instruction  publique, 
directeur  de  i^l'ofiBce  national  des  Universités  et  écoles  françaises,  et 
Desclos,  professeur  au  Lycée  Condorcet,  membre  du  conseil  d'admi- 
nistration de  l'office  national  des  Universités  et  écoles  françaises,  sont 
chargés  d'organiser  les  échanges  d'élèves 'entre  établissements  d'ensei- 
gnement secondaire  et  primaire  supérieur  français  et  anglais. 

Lycées  de  la  Seii)e  et  de  S^iOS-st-Oise 

Nominations  :  M.  Chaffurin,  angl.,  Buffoji.  nommé  Condorcet  (empl. 
vac). —  M.  Baujard,  angl.,  Grenoble,  nommé  Buffon.  —  M.  Colens, 
angl.,  Poitiers,  nommé  Lakanal  (empl.  nouveau).  —  ^L  Lalou,  angl., 
Beauvais,  supplée  M.  Lemarquis  à  Lakanal.  —  ^L  Debailleul,  angl., 
Lille,  nommé  Louis-le-Grand  (empl.  nouveau).  —  M.  Orieux,  angl., 
Orléans,  nommé  Michelet  (empl.  nouveau).  —  M.  Brûlé,  ail.,  chargé 
cours  d'angl.,  Condorcet.  supplée  M.  Wjsocky,  ail.,  même  lycée.  — 
M.  Moiel,  ail.,  Buffon  (chaire  supprimée),  nommé  Henri  IV  et  Mon- 
taigne. —  M.  Joffroj-,  ail.,  Nantes,  nommé  Voltaire.  —  M.  Goetschy, 
ail.,  Buffon  et  Voltaire,  supplée  M.  Marquis,  Michelet.  —  M.  Bonnet, 
angl.,  Rennes,  nommé  Rollin.  —  M.  Bourgeois,  angl.  à  titre  de  suppl., 
Rollin,  nomme  même  ]ycée.  —  M.  Roger,  angl.,  Montpellier,  nommé 
Versailles. 

Congés  :  M.  Wysockv,   ail.,    Condorcet,  du  1'^  oct.  20  au  31  mars  2L 

—  M.  Marquis,  ail.,  Michelet,  du  1*'  oct.  20  au  31  mars  21.  —  M.  Lemar- 
quis, angl.,  Lakanal,  du  l^'"^  oct.  20  au  31  mars  21. 

Retraite  :  MM.  Cart,  ail.,  Henri  IV.  —  Girot,  ail.,  Condorcet.  — 
Henry,  ail.,  Reims,  détaché  Buffon. 

Honorariat  :  M.  Girot,  ancien  prof,  d'ail.,  Condorcet.  —  M.  Henry, 
ancien  prof,  d'ail.,  Reims,  détaché  au  Lycée  Buffon. 

Lycées  des  départen)ei)ts  ^ 

Sominalions  :  M.  Danchin,  angl..  Douai,  nommé  Lille.  —  M.  Vei" 
gneau,  angl..  Moulins,  nommé  lycée  Ampère  (Perrache),  à  Lyon.  — 
M.  Vannier,  angl.,  suppl.  à  L^on  (Ijcée  du  Parc),  nommé  même  hcée. 

—  M.  Guerber,  lettres  et  angl.,  collège  Dreux,  nommé  Montluçon.  — 
M.  .Mossé,  angl.,  Nice,  nommé  Nancj-.  —  M.  Bailly,  prof,  de  collège, 
dél.  angl.,  Bar-le-Duc,  }•  est  nommé.  —  M.  Gédéon,  ch.  de  cours, 
angl.,  Chaumont,  nommé  Poitiers.  —  M.  F"auré,  angl.,  St-Brieuc, 
nommé  ^Pontiv\'.  —  M.  Clech,  angl.,  Dijon,  nommé  Rennes.  — 
M.  Picadet,  angl.,  Laon,  nommé  Dijon.  —  M.  Laisney,  angl.,  Rouen 
(Elbœuf),  nommé  Rotien.  —  M.  Casati,  dél.  angl.,  Chambér},  est 
délégué  St-Etienne.  —  M.  Dhérissart  est  maintenu  20-21,  dél.  angl., 
St-Omer.  —  M.  Declerck,  certif.  d'angl.,  dél.,  St-Quentin,  y  est  nommé. 

—  M.  Bertrand,    ch.    de  cours  d'angl.,  Limoges,  est  nommé  Toulouse. 

—  M.  Perrin,  prof.-adj..  Voltaire,  dél.  angl.,  La  Rochelle,  est  nommé 
ch.  de  cours,  Limoges.  —  M.  Rose,  angl.,  détaché  Strasbourg,  est 
nommé  Alger.  —  M.  Leclère,  lettres  et  angl.,  collège  Meaux,  est 
nommé  ch.  de  cours  d'angl.,  Beauvais.  —  M.  Dézert,  angl.,  Angers, 
nommé  Chambéry.  —  M.  Joussaume,  angl.,  Nantes,  nommé  Angers.  — 


MOLVEMHNT   DU    l'LKSONNEL  487 

M.    Le    Roi,    lettres   et   angl.,  collège  Komorantin,  est  nommé  ch.  de 
cours  d'angl..  Roche-sur- You. 
M'"*  Gazaj',  maintenue  20-21  dél.  angl.,  Gap. 

Congés  :  MM.  Gonin,  ail.,  Aix,  du  1"^  octobre  20  au  31  mars  21.  — 
Guinaudeau,  ail.,  Bordeau.x,  prolong,  d'un  mois.  —  Galland,  angl., 
Alger,  pour  l'année  19'20. 

lietraiie  :  MM.  Marjault,  angl..  Tours.—  Medrzccki,  ch.  de  cours 
d'ail.,  St-Quentin,  détaché  Aurillac.  —  Jeanneret,  ail.,  Lons-Ie- 
Saunier.  —  Le  Gai,  angl.,  Lorient.  —  Anglade,  ch.  de  cours  d'ail., 
Montauban. 

Honorariat  :  M.  Lautard,  ancien  prof,  d'angl.,  Nimes.  —  M.  Odemps, 
ancien   ch.  de  cours  d'angl.,  St-Brieuc. 

Collèges 

Nominations  :  MM.  Marie,  lie.  angl.,  délégué  collège  Saintes,  suppl. 
M.  Prunet.  —  Carillon,  dél.  laltres  et  angl.,  Issoire,  est  délégué 
Baume-les-Dames  (chaire  vacante).  —  Bêché,  prof,  ail.,  Falaise, 
nommé  lettres  et  ail.  au  même  collège.  —  Barriéty,  lie.  d'angl., 
surv.  d'intern.,  Toulouse,  est  déléf,'ué  lettres  et  angl..  Menton 
(chaire  vac).  —  Coursier,  dél.  lettres  et  angl.,  Philippeville,  y  est 
nommé.  —  Deconde,  dél.  lettres  et  ail.,  Joignj-,  y  est  nommé.  — 
Salenc,  détaché  à  la  Mcdersa  de  Saint-Louis  du  Sénégal,  précédem- 
ment prof,  d'arabe,  Médéa,  est  mis  à  la  disposition  de  M.  le  Ministre 
des  Affaires  étrangères  pendant  cinq  ans,  pour  occuper  l'emploi  de 
directeur  du  collège  musulman  du  Maroc.  M.  Salenc  reste  rangé  dans 
la  3"^  classe  du  l"'  ordre  des  prof,  de  collège  et  y  conservera  ses  droits 
à  l'avancement  et  à  la  retraite.  —  Boinet,  dél.  lettres  et  ail.,  Fiers, 
y  est  nommé. 

Concjés  :  ^L  Loux,  ail.,  Issoire,  du  V'  oct.  20  au  31  mars  21. 

Retraites  :  MM.  Verdier,  ail.,  Bône.  —  Schœnlaub,  ail.,  Brioude. 
—  Laborier,  angl..  Provins.  —  Lou.x,  ail.,  Issoire. 

Honorariat  :  M.  Sciialler,  ex-prof,  ail.,  Brive. 

Ecoles  Prlipaires  Supérieures  » 

Sominations  :  MM.  Hennemann  (St-Cloud),  certifié  E.  N.,  nommé 
Rethel,  lettres  et  ail.  —  Huguenard  (St-Cloud),  certifié  E.  N.,  nommé 
Luxeuil,  lettres  et  ail.  —  Mme  Macé,  née  Faivre,  adj.  Epinal,  y  est 
nommée  prof.  ail.  —  Mlle  Mac-Namée,  angl.,  Sidi-bel-Abbès, 
nommée  Alger. 


TABLEf^U  D'AVANCEMENT 

Sont  inscrits  sur  la  liste  d'aptitude  aux  fonctions  de  professeur  dans 
les  lycées  de  garçons  de  la  Seine  et  de  Seine-et-Oise,  pour  une  année, 
a  compter  du  l"'juillet  1920  : 

Pour  les  chaires  d'allemand  :  MM.  Desfeuilles  (Amiens).  —  Joffroj' 
(Nantes).  —  Sucher  (Montpellier).  —   Tiret  (Ljon). 

Pour  les  chaires  d'anglais  :  MM.  Baujard  (Grenoble).  —  Bonnet 
(Rennes).  —  BruIé  (Rouen).  —  Colens  (Poitiers).  —  Debailleul  (Lille). 
—  Hilleret  (Toulouse).  —  Lalou  (Beauvais).  —  Orieux  (Orléans).  — 
Roger  (Montpellier).  —  Fannière  (Alger). 

Pour  les  chaires  d'espagnol  :  MM.  Denjean  (Poitiers).  —  Fouret 
(délégué,  .Janson-de-Sailly). 


488  LES  LANGUES   MODERNES 

Pour  les  chaires  d'italien  :  M.  Marcaggi  (Ljon). 

Sont  inscrites  sur  la  liste  d'aptitude  aux  fonctions  de  professeur 
dans -les  h'cées  de  jeunes  filles  de  la  Seine  et  de  Seine-et-Oise,  pour 
une  année,  à  compter  du  1"  juillet  1920  : 

Professeurs  d'allemand  :  Mlles  Bianquis  (Reims).  —  Daudin 
(Bordeaux).  —  Mme  Guéritot  (Nanc^').  —  Mlle  Girard  (Lj'on). 

Professeurs  d'anglais  :  Mlles  Castella  (Clermont-Ferrand).  — 
Dupouts  (Bordeaux).  —  Fournery  (Brest).  —  Mazurier  (Nice).  — 
Perrenoud  (Bordeaux). 

Professeur  d'espagnol  :  Mlle  Auriac  (Montpellier). 

Professeurs  d'italien  :  Mlles  Cathelin  (Grenoble).  —  (^uézel  (Lyon). 


PROMOTIONS  pE  CLASSE 
Lycées  de  la  S^iO^  ^t  de  SeiO^-et-Oise 

PROFESSEURS  AGRÉGÉS  (TABLE.^U   A) 

.4  la  classe  exceptionnelle  :  MM.  Beaujeli,  angl.,  Henri  IV,  Condorcet 
et  Louis-le-Grand.  —  Meneau,  ail.,  Carnot.  —  Pinloche,  ail., 
Michelet.  —  Schmitt,   ail.,   Louis-le-Grand.  - —   Staffler,  ail.,   Chaptal. 

—  Wj'zocki,  ail.,  Condorcet. 

De  la  2«  à  la  P^  classe.    —   MM.   Schlinger,    ail.,    Janson-dc-Sailly. 

—  Bloch  (Ernest),  ail.,  Janson-de-Sailly.  —  Lecoq,  angl.,  Rollin.  — 
Garnier,  angl.,  Henri  IV.  —  Lugné-Philippon,  angl..  Pasteur.  — 
Bourgogne,  angl.,  Condorcet.  —  Steck,  ail.,  Saint-Louis.  —  Delobel, 
ail.,  Voltaire.  —  Borner,  angl.,  Janson-de-Sailly.  —  Karppe,  ail,. 
Charlemagne.  —  Burghard,  ail.,  St-Louis.  —  Dessagnes,  angl., 
Louis-le-Grand.  —  Dupré,  angl.,  Montaigne.  —  Godard,  âll.,  Con- 
dorcet, Henri  IV  et  Louis-le-Grand.  —  Lauvrière,  angl.,  Louis- 
le-Grand.  —  Paoli,  italien,  Louis-le-Grand  et  Henri  IV.  —  Ponge, 
angl.,  Condorcet.  —  Bancès,  angl.,  Condorcet.  — Wahart,  ail.,  Bufîon. 

—  Weill,  ail.,  Louis-le-Grand. 

De  la  3«  o  la  2«  classe  :  MM.  Droin,  ail.,  Buffon.  —  Commarmond, 
ail.,  Condorcet.  —  Milliot-Madéran,  ail.,  Louis-le-Grand.  —  Petit, 
angl.,  —  Buffon.  —  Raphaël,  ail.,  Lakanal.  —  Picot,  angl., 
Chaptal.  —  Audibert,  angl.,  Buffon.  —  Becker,  ail.  Louis-le-Grand.  — 
Beley,  ail.,  Louis-le-(jrand.  —  Bernheim,  ail.,  Louis-le-Grand.  —  Ca- 
merlynck,  angl.,  St-Louis.  —  Grandgeorge,  ail.,  Henri  ÎV.  —  Hanss, 
ail.,  Rollin.  —  Mady,  angl.,"  Janson-de-Saillj'.  —  Massoul,  ail.,  Louis- 
le-Grand.  —  Meyer,  ail.,  Henri  IV.  —  Varennc,  ail.,  Condorcet. 

De  la  ^'  à  la  3'^  classe:  MM.  Servajean,  angl.,  St-Louis.  —  Desclos, 
angl.,  Condorcet.  — Banchet,  angl.,  Versailles.  —  Bernard,  ail.  Rollin. 

—  Dibie,  esp.,  Carnot  et  Henri  IV. —  Longuevalle,  angl.,  Charlemagne. 

—  Muret,  ail.,  Rollin.  —  Rottée,  ail.,  Rollin.  -  Wolff,  angl.,  Henri  IV. 

De  la  5-  à  la '/'•  classe  :  MM.  Bloch,  ail.,  Rollin.  —  Cornuel,  angl., 
Rollin. 

De  là  6^'  à  la  5«  classe  :  MM.  Savage,  angl.,  Bulfon.  —  Renoir,  angl., 
Louis-le-Grand. 

TABLEAU    B 

De  la  2'  à  la  t"  classe  :  M.  Robert-Dumas,  ail.,  Saint-Louis. 


molvj;ment  dl-  pkksonnkl  489 

Lycées  des  départerT)ei)ts 

PUOI-'ESSEUBS    AGRKGKS  (TAHI-EAC   A) 

Sont  promus  à  In  classe  exceplionnelle  :  MM.  Chabaud,  ail., 
Mâcoii.  —  Hirsch,  ail.,  Hoideaux.  —  Mérite,  ail.,  Hoideaux.  —  Miisj', 
ail.,  Valencienncs.  —  Hessleii,  ail.,  Bellort. 

De  la  2"^  à  la  1'"  classe  :  MM.  Cochet,  angl.,  Orléans.  —  Garnier,  alL, 
Dijon.  —  Girolami,  ital.,  Bastia.  —  Goché,  angl.,  Houen.  —  Hébert, 
angl.,  Mordeau.x.  —  Hessc,  ail.,  Nancy.  —  Mcyer,  ail.,  \\x.  —  Hougé, 
ail..  Tours.  —  Coullct,  angl.,  Chartres.  —  Masson,  ail.,  Bourges.  — 
Escarti,  angl.,  Toulouse. 

De  la  :i'  à  la  2'  classe  :  MM.  Marin,  csp.,  Auch.  —  Baujard,  angl., 
Grenoble.  —  Bernus,  ail.;  Annec}'.  —  Fleury,   ail.,  Clermont-Ferrand. 

—  Fouret,  csp.,  dcl.  .lanson-de-Sailly.  —  Genevois.,  ail. ,  Bordeau.x.  — 
Goll,  ail.,  Besançon.  —  Bitz,  angl.,  Lyon.  —  Valentin,  ital.,  Grenoble. 

Delà  V'  à  la  3<'  classe  :  MM.  Bahans,  angl.,  Bordeaux.  —  Charpen- 
tier, angl.,  Pau.  —  Colson,  ail.,  Lille.  —   Guinaudeau,   ail.,  Bordeaux. 

—  Hirtz,  ail.,  Poitiers.  —  .lalras,  ail..  Pau.  —  .Jotîroy,  ail.,  Nantes. — 
Launay,  angl.,  Bourges.  —  Marquis,  angl.,  Mâcon.  ~  Monghal,  angl., 
Nantes.  —  Biegcl,  ail.,  Rouen.  —  Roques,  ail.,  Chartres.  —  Rouède, 
ital.  Nice.  —  Saugrain,  ail.,  Cherbourg.  —  Schniitt,  ail.,  Besançon.  — 
Teulier,  ital.,  Montpellier.  —  Vallod,  angl.,  Nancy.  —  Vermeil,  ail.. 
Ecole  Alsacienne.  —  Waltz,  ail.,  Lille. 

De  la  >  à  la  4'^  classe  :  MM.  Blanc,  ail.,  St-Etienne.  —  Boucher, 
ail.,  Lyon.  —  Bourgoin,  ail.,  Poitiers.  —  (Malien,  ail.,  Grenoble.  — 
Cahen,  ail.,  \'alence.  —  Doutenwille,  ail.,  Avignon.  —  Forné,  angl., 
Monaco.  —  Guiran,  angl.,  Avignon.  —  Lambin,  angl.,  Kléber,  Stras- 
bourg. —  Leroux,  ail.,  Fustel-de-Coulanges,  Strasbourg.  —  Maurice, 
angl.,  St-Etienne.  —  Ménos,  angl.,  Nimes.  -^  Pons,  angl.,  Anncc}'.  — 
Bivoallan,  angl.,  Bordeaux.  —  Talbot,  angl.,  Périgueux.  —  Waldmer, 
ail.,  Amiens. 

De  la  C^  à  la  j'hélasse  :  M.  Chaux,  angl.,  Pau. 

pnoi-ESSEi:Rs  titulaires  non  agrégés 

Sont  promus  à  la  classe  exceptionnelle  :  MM.  Chéiy,  ail.,  Cahors.  — 
Lemonnier,  angl.,  Nice.  —  Maffre,  angl.,  Toulouse.  —  Marjault,  angl.. 
Tours.  —  Mathelin,  ail.,  Ampère,  Lyon.  —  Pernolle,  ail..  Ampère, 
Lyon, 

De  la  2'  à  la  1"  classe  :  MM.  Pradel,  angl.,  Montluçon.  —  Durand, 
ail.,  Toulouse.  —  Rouquette,  angl.,  Limoges.  —  JauïSert,  angl.,  Mar- 
seille. —    Roussel,  angl.,   Vendôme.  —  Aviron,  angl.,  Lyon  (Ampère). 

—  Kancellary,  ail.,  Toulouse.  —  Winter,  angl.,  Oran.  —  Sampré,  ail., 
Dijon.  —  Brunet,  angl.,  Cahors.  —  Debès,  ail.,  La  Flèche  (Prjtanée 
militaire).  —  Esswein,  ail.,  Oran.  —  Despont,  angl.,  Cahors.  —  Girard, 
ail.  Rennes.  —  Hirsch,  ail.,  Dijon.  —  Lacuire,  ail.,  Nice.  —  Marcou, 
angl.,  Marseille.  —  Monard,  angl.,  Alger  (.Mustapha).  —  Montailler, 
ail.,  Rouen.  —  Ostermann,  angl.,  Reims.  —  Piazza,  italien,  Chambéry. 

—  Rosiès,  esp.,  Bordeaux. 

PROFESSEURS    CHARGÉS    DE    COURS    (TABLEAU    B) 

Sont  promus  à  la  classe  exceptionnelle  :  MM.  Arbogast,  ail..  Le 
Havre.  —  Choux,  ail.,  Evreux.  —  Fort,  angl.,  Boixleaux.  —  Père,  ail., 
Valenciennes.  —  Raillart,  ail.,  Toulon.  —  Riemer,  ail.,  La  Rochelle. 

De  la  2«  à  la  /"  classe  :  MM.  Novel,  ail.,  Marseille.  —  Parraentier, 
angl.,  Amiens.  —  Thibault,  ail.,  Pontiv3'.  —  Michel,  ail.,  Digne.  — 
Barthe,  angl.,  Marseille.  —  Leclère,  ail.,  Bar-le-Duc.  —  Bonifacio, 
lettres  et  italien,  Nice.  —  Dévidai,  ail.,  Montluçon.  —  Schneider,  ail.. 


490  LES   LANGUES  MODERNES 

Clermont.  —  Bonnieux,  ail.,  Laval.  —  Dubourg,  ail.,  Ageii.  —  Guélin, 
ail.,  Lyon.  —  Riegert,  ail.,  Châteauroux.  —  Lemoine,  angl.,  Guéret.  — 
Boue,  ail.,  Angoulême.  —  Villard,  angl..  Digne.  —  Andréi,  angl.,  Mar- 
seille (Perler).  —  .^ubry,  ail.,  Alger.  —  Bertrand,  ail.,  Alais.  —  Bon- 
net, angl.,  Angers.  —  Borroméi,  lettres  et  italien,  Tunis.  —  Boss,  ail., 
Quimper.  —  Ghauliat,  angl.  Clermont-Ferrand.  —  Coricon,  ail.,  Cou- 
tances.  —  Cournut,  ail.,  Albi.  —  Dalzell,  angl.,  Nimes.  —  Delmas,  ail., 
Nice.  —  Ferrou,  angl.,  Marseille.  —  Flayac,  angl.,  Montauban.  — 
Guignot,  ail.,  La  Rochelle.  —  Hamon,  al)..  Tours.  —  Lalaguè,  ail., 
Bayonne.  —  Lapeyre,  esp.,  Pau.  —  Meynadier,  ail.,  Montpellier.  — 
Mollet,  ail.,  Marseille.  —  MuUer,  ail.,  Mont-de-Marsan.  —  Oudot,  ail., 
Tourcoing.  —  Petit,  ail.,  Nimes.  —  Provenzali,  arabd,  Oran.  — 
Richard,  1.  v.,  Tournon.  —  Rivière,  angl..  Rodez.  —  Rolet,  ail.  Tours. 

—  Roos,  ail.,  Beauvais.  -  SchufFenecker,  ail..  Le  Mans.  —  Thiétrj', 
ail.,  Belfort.  —  Thouaille,  angl..  Tulle.  —  Touzain,  angl.,  Ljon  (Ampè- 
re). —  Vignolles,  angl.,  Oran.  —  Wolff,  ail.,  Rouen. 

De  la  3'  à  la  2«  classe  :  MM.  Andriot,  ail.,  Chaumont.  —  Anvraj-, 
angl.,  Nantes.  —  Bousquet,  angl..  Sens.  —  BreistrofTer,  ail.,  Grenoble. 

—  Delany,  angl.,  Tours.  —  Desanlis,  ail.,  Chaumont.  —  Dives,  esp., 
Angoulême.  —  Dudin,  1.  v.,  Rechefort.  —  Gillon,  angl.,  Dijon.  — 
Giraud,  ail.,  Nimes.  —  Simon,  ail.,  Vendôme.  —  Foulon,  ail.,  Roche- 
fort.  —  Drejfuss,  ail.,  Besançon.  —  Villeneuve,  angl.,  Albi.  —  Tissot, 
ail.,  Gap.  —  Goutaj-,  angl..  Le  Puj-.  —  Haussaire,  ail.,  Reims.  — 
Kremer,  ail.,  Nancj'.  —  Labarthe,  esp.,  Pau.    —  Lagarde,   angl.,  Agen. 

—  Laurent,  angl.,  Nevers.  —  Masson,  angl.,  PontivA'.  —  Noir}-,  angl., 
Rochefort.  —  Olié,  esp.,  Agen.  —  Penot,  ail.,  Limoges.  —  Salvan, 
angl.,  Bayonne.  —  Schieffer,  1.  v.,  Aurillac.  —  Taboureiix,  angl.,  Cou- 
tances.  —  Tourneux,  ail.,  Angers.  —  Vaillant,  ail.,  Orléans.  —  Varret, 
angl.,  Vesoul.  —  Wolff,  ail.,  Oran.  —  Zigliara,  italien.  Digne. 

De  la  ¥  à  la  S'  classe  :  MM.  Beaurepère,  ail.,  La  Flèche  (^Prjtance 
militaire).  —  Bietlo,  1.  v.,  St-Etienne.  —  Dodanthun,  angl.,  Nevers.  — 
Euvrard,  ail.,  Périgueux.  —  Farsat,  ail.,  Bastia.  —  Frétign^',  ail.,  La 
Flèche  (Prytanée  militaire).  —  Griffon,  ail.,  Lille.  —  Guillin,  ail.,  St- 
Brieuc.  —  Hélias,  angl.  Marseille.  —  Laborde,  angl.,  Angoulême.  — 
Léger,  ail.,  Châteauroux.  —  Le  Tournau,  ail.,  Lorient.  —  Lorgnes, 
angl.,  Toulon.  —  Mart}-,  ail.,  Auch.  —  Nicolas,  angl.,  Brest.  —  Bobi- 
ne, angl..  Le  Havre. 

De  la  5«  à  la  '*«  classe  :  MM.  Dufrenois,  angl.,  Evreux.  —  Guenne- 
baud,  angl.,  St-Brieuc.  —  Pomiès,  angl.,  Grenoble.  —  Rigaudières,  ail., 
Cahors.  —  Roth,  ail.,  Aurillac. 

De  la  6^  à  la  5«  classe.  —  M.  Lebay,  ail.,  Toulon. 

Collèges 

(t.\bleau  K) 

Sont  promus  de  la  l"  classe  à  la  classe  exceptionnelle  : 

I.  —  Section  supérieure 

M.  Cellier,  ail.,  Narbonne. 

II.  —  Assimilés 

MM.  Loux,  ail.,  Issoire.  —  Paulus,  alL,  Chalons-sur-Saône.  — 
Chevalier,   angl.,    Boulogne- s/Mer.  —  Henry,  angl.,   Châlons-s/Marne. 

III.  —  Section  normale 

MM.  Chenu,  alL,  Coulommiers.  —  Monis,  angl.,  Chalons-s/Saône.  — 
Veranneman,  ail.,  Armentières. 


MOrVEMKNT  DU  PERSONNEL  491 

Sont  promus  de  la  2"  à  la  1^*  classe  : 

I.  —  Section  supérieure 
M.  Procureur,  ail.,  Fontainebleau. 

II.  —  Assimilés 

MM.  Valentin,  angl.,  Soissons.  —  Steullet,  1.  v.,  Epernay.  —  Mathey, 
ail.,  .\utun.  —  Letourni}-,  angl.,  Boulogne.  —  Lascaux,  lettres  et  alf., 
la  Châtre.  —  Aigon,  al!..  Cette. 

III.  —  Section  normale 

M.M.  Willemin,  ail.,  Epinal.  —  Rayon,  angl.,  Melun.  —  Fabre,  dél., 
angl.,  lycée  Fort-de-France.  —  Bourgoin,  angl.,  Blois.  —  Desvignes, 
ail.,  Vic-Bigorre.  —  Chausse,  ail.,  Châtellerault.  —  Tive3rat,  angl.  e"t 
gram.,  Carpentras.  —  Delpy,  ail.,  Saint-Girons.  —  Guerold,  ail., 
Châlons-sur-Marne.  —  Soubielle,  lettres  et  esp.,  Perpignan.  —  Coué, 
angl.,  Saint-Scrvan.  —  Godai,  angl.  Bayeu.\.  —  Poggi.  angl.  et  lettres, 
(llermont.  —  Laborier,  angl.  et  lettres.  Provins.  — Fieux,  angl.  et 
lettres,  Chinon.  —  Genouy,  angl.,  Bône.  —  Sautereau  A.,  angl.,  Saint- 
Germain-en-Laye.  —  Bartiei,  angl.,  Armentières.  —  Carillon,  ail., 
Saint-Gcrmain-en-Laye.  —  Dassonville,  ail..  Cambrai.  —  Maresquelle, 
ail.  et  lettres,  Antibes.  —  Rougeyfon,!.  v,,  Domfront.  —  Guéroult, 
angl.,  Avranches.  —  Devaux,  angl..  Vire.  —  Bosmorin,  lettres  et  ail., 
(Carpentras.—  Igonet,  arabe,  Blida.  —  Voulland,  ail.,  Perpignan.  — 
Thuiller,  angl.,  Fontainebleau.  —  Lambert,  ail.,  Béthune.  —  Martin, 
ail.,  Villefranche-sur-Saône.  —  Robert-Dumas,  ail.,  Saint-Germain- 
en-Laye.  —  Casse,  angl.,  Villeneuve-sur-Lot.  —  Breuil,  ail.,  Compiègne. 

De  la  3*  à  la  "2"  classe  :  Section  normale.  —  M.M.  Béchot,  angl., 
Avesnes.  —  Outrebon,  gram.  et  ail..  Abbeville.  —  Bioux,  angl.,  Arras. 
Colson,  ail.,  Langres.  —  Chaussade,  ail.,  Bergerac.  —  Gauthier,  ail., 
Autun.  —  Dumarchat,  ail.,  Libournc.  —  Prost,  ail.,  Louhans.  — 
Fremin,  ail.,  Saumur.  —  Belaygue,  lettres  et  esp.,  Saint-Gaudens.  — 
Bonnet,  lettres  et  esp.,  Vic-Bigorre.  —  Clausse,  I.  v..  Romans.  — 
Poiré,  angl.  et  lettres,  Compiègne.  —  Chevolot,  lettres  et  ail.,  Cosne. 
—  Abison,  angl.,  Bagnères-de-Bigorre.  —  Boucher,  ail.,  Boulogne-sur- 
Mer.  —  .Jacquard,  ail.,  Epernay  —  Barthélem}',  ail.,  Forbach.  — 
Duplenne,  angl.  et  lettres,  Cholet.  —  Topin,  aïl.,  Blois.  —  Berland, 
ail.,  Auxerre.  —  Capela,  angl.,  La  Réole.  —  Carlin,  ail.,  Blida.  — 
Bonnard,  ail.,  Châlons-sur-Marne.  —  Duchemin,  lettres  et  angl., 
Brioude.  —  Dumas,  ail..  Vienne.  —  Matharel,  angl.,  Tanger.  —  Bour- 
niquel,  ail..  Castres.  —  Juret,  ail.,  Poligny.  —  Balsente,  ail.  et  lettres, 
Sarlat.  —  Leroy,  angl.,  Abbeville.  —  Pélegrin,  ail.,  Perpignan.  — 
Nirascou,  lettres  et  esp.,  Saint-Nazaire.  —  Rosier,  lettres  et  angl., 
Pontoise.  —  Deflers,  ail.,  Lisieux.  —  Paimblant,  angl..  Vienne.  — 
Pouget,  lettres  et  angl.,  Villefranche-de-Rouergue.  —  Cayrou,  angl.. 
Blanc.  —  Perret,  ail.,  Brioude.  —  Le  Roi,  angl.,  Romorantin.  — 
Bisto,s,  esp.  et  gram.,  Bagnères-de-Bigorre. 

De  la  i'  à  la  3«  classe  :  MM.  Zeter,  ail.,  Melun.  —  Giot,  lettres  et 
angl.,  Au.xerre.  —  Monin,  angl.,  Antibes.  —  Gillet,  ail.,  Epinal.  — 
Gérardin,  ail.  et  lettres,  Abbeville.  —  Lafon,  ail.,  Bergerac.  —  Trej', 
ail.,  Saint-Gaudens.  —  Letrait,  ail.,  Auxerre.  —  Botté,  angl.,  Dieppe. 
—  Wagner,  ail.,  Bar-sur-Aube.  —  Tbiébaut,  ail.,  Châteaudun.  — 
Métais,  angl.,  Brive.  —  Weigel,  ail.,  Saverne.  —  Affre,  ail.,  Ambert.  — 
Leclère,  lettres  et  angl.,  Meaux.  —  Lis,  angl..  Cambrai.  —  Auboin, 
lettres  et  ail..  Saint- Lô.  —  Léonetti,  lettres  et  ail..  Calais.  —  Eude, 
gram.  et  ail.,  Boulogne-sur-Mer.  —  Gaudin,  lettres  et  alL,  Saulieu.  — 
Beaume,  esp.  et  franc.,  Revel.  —  Pécastaing,  lettres  et  angl.,  Vic-de- 
Bigorre.  —  Touzé,  angl.,  Dinan.  —  Sainte-Marie,  lettres  et  angl., 
Oloron. 


492  LES   LANGUES   MODERNES 

De  la  j«  à  la  4«  classe  :  MM.  Sireygeol,  ail.,  Brive.  —  Chevarin, 
lettres  et  ail.,  Domfront.  —  Pochard,  angl.,  Pontarlier.  —  Lecoruu, 
letti-es  et  angl.,  Moiiaix.  —  Pezières,  lettres  et  ail.,  Béziers.  — 
Deconde,  lettres  et  ail.,  Joigny.  —  Guignard,  lettres  et  ail.,  Manosque. 

—  Campmas,  ail.,  Lectourne.  —  Mej'er,  ail.,  Luçon.  —  Delmas,  lettres 
et  ail.,  Morlaix.  —  Barrère  (dél.),  philo,  et  ail.,"  Bischwiller.  —  Wer- 
quin  (dél.),  angl.,  Dunkerque.  —  Cahuzac  (dél.),  lettres  et  angl.. 
Cette.  —  Dounarel  (dél.),  lettres  et  angl.,  Blaye.  —  Digoit  (dél.),  ail., 
Verneuil.  —  NcA-ton  (dél.),  lettres  et  ail.,  Lûxeuil.  —  Capela,  angl., 
Barbezieux.  —  Meyer  (Sylvain),  lettres  et  ail..  Menton.  —  Baratte 
(dél.),  angl.  et  lettres,  Vannes.  —  Carrouée,  1.  v.,  Tliiers.  —  Vigne 
(dél,),  lettres  et  angl.,  Montélimar. 

De  la  6'  à  la  5'  classe  :  MM.  Kei'david  (dél.),  lettres  et  ail.,  Flei"s.  — 

—  Petiteau,  lettres  et  ail.,  La  Réole.  —  Apibec  (dél.),  lettres  et  angl., 
Cassel.  —  Hérisson-Laroche  (dél.),  angl.,  VitrA'-le-François.  —  Macary 
Cdél.),  lettres  et  angl..  Falaise.  —  Auniac  (dél.),  lettres  et  italien, 
Manosque.  —  Niort  (dél.),  lettres  et  angl.,  Treignac.  —  Le  Normand 
(dél.),  lettres  et  ail.,  Dinan.  —  Corneau  (dél.),  lettres  et  ail..  Cette.  — 
Suran  (dél.),  esp.,  Lodève. 

PROFESSEURS   CHARGÉS   DE   COURS   DE   COLLÈGE   (TABLEAU   L) 

Sont  promus  de  la  P'  classe  à  la  classe  exceptionnelle  :  MM.  Gayte, 
ail..  Orange.  —  Hauck,  ail.,  Remiremont.  —  Voillot,  angl.,  Beaune.  — 
Quenouille,  angl.,  Grasse. 

De  la  2«  à  la  1^^  classe  :  MM.  Banon,  ail.,  Draguignan.  —  Woelffel, 
ail.  et  lettres.  Fougères.  —  Bonnal,  angl.,  Millau.  -■  Gabriel,  angl., 
Lunéville.  —  Miégeville,  ail.,  Castres.  —  Chantalou,  ail.  et  gram., 
Lannion.  —  Gillon,  ail.,  Blaj'e.  —  Majrot,  ail.,  Thonon.  —  Jayet, 
angl.,  Thonon.  —  Cornou,  1.  v.,  Bernay.  —  Oudot,  ail.,  Saint-Amand. 
Marteau,  angl..  Cognac.  —  Gremillet,  1.  v.,  Bruj'ères.  —  Guyot, 
lettres  et  ail.,  Montbéliard. 

De  la  3^  à  la  2«  classe  :  MM.  Lamy,  angl.,  Condé-sur-Noireau.  — 
Guillot,  sciences  et  angl.,  Vassj'.  —  Alric,  ail.,  Pertuis.  —  Zolt,  lettres 
et  angl.,  Saint-Amand.  —  Le  Pautremat,  lettres  et  angl.,  Château- 
Gontier.  —  Naquet,  surv.  gén.  et  prof,  angl.,  Blois. 


Dix-huitième  année.  —  N*  6  Novembre-Décembre  1920 

Les 

Langues  Modernes 


VÀ'^ 


Le  Secrétaire  Général  et  la  Trésorière  prient  instamment 
leurs  collègues  de  leur  signaler  leurs  changements  d'adresse  ou 
de  situation,  afin  d'éviter  la  perte  de  la  revue. 

La  Trésorière  (M"''  Ledoux,  30,  R.  Chevert,  Piiris,  7^), 
rappelle  aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de 
chèques  postaux  lui  est  ouvert  sous  le  n°  151-11  par  le  bureau  de 
Paris.  Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant 
de  Jeurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  litre 
de  reçus  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,  ainsi  qu'à  la  Société  des  frais  de  correspondance. 


-<W>- 


A  nos  Collaborateurs 


La  Rédaction  est  à  son  grand  regret  contrainte,  par  une  augmenta- 
tion subite  et  considérable  du  prix  du  papier,  de  demander  aux  colla- 
borateurs qui  ont  si  largement  répondu  à  son  appel  de  février  dernier, 
un  effort  supplémentaii'e  de  condensation,  tant  en  ce  qui  concerne 
les  articles  indépendants  que  les  comptes  x-endus  bibliographiques  ou 
corporatifs. 

L'étendue  des  Chroniques  Etrangères  doit  être  au  maximum  de 
quatre  pages,  et  d'une  demi-page  en  moyenne  celle  des  comptes  ren- 
dus critiques.  A  ce  prix  seulement  ne  sera  pas  rompu  l'équilibre 
entre  la  partie  corporative  et  l'information  professionnelle,  qui  sont 
également  essentielles  à  la  vie  et  à  l'intérêt  de  la  revue. 

33. 


BULLETIN  DE  L'ASS0CL4TJ0N 


Assemblée  générale.  —  Convocalion  du  Comité 


Assen)blée    géi)éraie 

Le  Comité  a  fixé  au  jeudi  23  décembre,  à  2  h.  1/2  précises,  la 
date  de  la  réunion  de  l'Assemblée  Générale  annuelle  prévue 
par  les  statuts  de  l'Association.  —  L'assemblée  aura  lieu  au 
L^cée   Louis-le-Grand. 

Nous  espérons  que  nos  collègues  se  rendront  nombreux  à 
l'appel   du   Comité. 

L'ordre    du    jour    suivant    a    été    arrêté  : 

Allocution  au  Président. 

Rapport   du   Secrétaire    général. 

Rapport   de   la   Trésorière. 

Projet   de    budget   pour    19"21. 

Questions  dii>erses. 

ElectiOQS  au  CoiT)ité  (1) 

Xou5  rappelons  qu'en  vertu  de  l'article  9  des  statuts,  le  Comité 
doit  fixer  chaque  année  le  nombre  des  membres  à  élire  dans 
chaque  catégorie  de  membres  actifs,  le  nombre  total  des  repré- 
sentants de  chaque  catégorie  au  sein  du  comité  devant  rester, 
autant  que  possible,  proportionnel  au  nombre'  des  électeurs 
appartenant  à  cette  catégorie.  Sont  déclarés  élus,  dans  chaque 
catégorie,  jusqu'à  concurrence  du  nombre  préalablement  fixé,  ics 
candidats  ayant  obtenu  le  plus  grand  nombre  de  voix. 

Conformément  aux  dispositions  qui  précèdent,  le  nombre  des 
sièges  attribués  aux  différentes  catégories  a   été  fixé  comme  suit  : 

Lycées    de    garçons    4 

Collèges    de    garçons     2 

Enseignement    secondaire   féminin    3 

Enseignement    primaire,    commercial,    technique    ...  2 

Total    11 


(1)  Nous  empruntons  à  M.  Milliot-Maderan  la  note  très  claire 
qu'il  a  publiée  à  ce  sujet  dans  le  Bulletin  de  décembre  1914.  Il 
y  a  lieu  de  pourvoir  au  remplacement  de  Mlle  Weiller,  élue  en 
1919,    démissionnaire    pour    raisons    de    santé. 


BULLF.TIN    I)F.   L'ASSOCIATION  495 

Notre  association  compte  en  dccenibic  1920,  environ  916  mem- 
bres   actifs    qui    se    répartissent    ainsi  : 

Knseignement     supérieur                       34 

Lycées    de    garçons    391 

(Collèges    de    garçons     146 

Enseignement    secondaire    féminin     136 

Enseignement    primaire,    commeiciai,    technique     .  .  209 

Total    916 

I^'s  33  membres  du  Ciomité  doivent  donc  se  répartir  comme 
suit  : 

Enseignement     su|)ôrieur     1 

Lycées    de    garçons    • 14 

C]ollèges    de    garçons     6 

Enseignement    supérieur    féminin     fi 

Enseignement    primaire,    cnmmercil.    technique    .  .  ■  •  6 

Total     33 

Les    membres    sortants    sont,    cette    année  : 

M.M.    Arnaudet,    Aiibenas,    Banchet,    Br^uih    Brocard,    Cari,    Mlle 
Clol,  M.  Delohel,  Mlle   Demnien  ?«IM.  Garnier,   Mongiiillon. 
L'Assemblée    générale    doit    donc    élire  : 
4    représentants    des    Lycées    de    garçons. 

2  représentants    des    Collèges, 

3  membres    de    l'enseignement    secondaire    féminin. 

2  membres  de  l'enseignement  primaire,  commercial  et  technique. 

Les  collègues  dont  les  noms  suivent  ont  bien  voulu  consentir 
il  poser  leur  candidature. 

M.  Cart,  rééligible,  conformément  au  S  3  de  l'art,  7  des  statuts 
décline   toute   candidature. 

Liste   des  Candidats 

Lycées    de    garçons  : 
MM.  Servajean.     ])rofesseur    d'anglais     au      lycée      Buffon,      ancien 
m.embre    du    Comité  ; 
Beley,    professeur    d'allemand    au    lycée    St-Louis  ; 
Demolox,    professeur   d'anglais    au    lycée    Voltaire  ; 
GoETTscHY,   professeur   d'allemand   au   Ij'cée    Michelet  ; 
Lalou,   professeur  d'anglais  au  lycée  Lakanal. 
Saroïhandy,   professeur  d'espagnol   au   lycée   St-Louis. 

Collèges  de  garçons  : 
.M.M,  Caillet,  professeur  d'anglais  au  collège  de  St-Germain-en-Laye. 
HiRTZ  (Georges),  professeur  d'allemand  au  collège  de  Pontoise, 

Enseignenienl    secondaire    féminin  : 
.Mlles  BoussixBsQ,    professeur   d'anglais"  au   lycée   Victor-Duruy  ; 
Maître,   professeur   d'anglais   au   lycée    Racine  ; 
Weii.l,    professeur    d'allemand    au    lycée    Racine. 


496  LES    LANGUES   MODERNES 

Enseignement   primaire    commercial    et    technique  : 
MM.     Bec,    professeur    au    collège     Chaptal,    ancien     membre     du 
Comité. 
CoiGNAUD,   professeur   à   l'E.   P.    S.,   Carentan. 

Il  va  saus  dire  que  la  liste  ci-dessus  n'est  pas  limitative  et  le 
président  se  fera  un  devoir  d'annoncer,  dès  l'ouverture  de  l'As- 
semblée générale,  les  candidatures  qui  se  seront  produites  après 
l'impression  du  présent  Bulletin-  Nous  attirons  en  particulier 
l'attention  des  professeurs  de  collège  sur  ce  fait  qu'une  candi- 
dature seulement  a  été  jusqu'ici  enregistrée  pour  leur  catégorie, 
alors  qu'il  y  a  quatre  sièges  à  pourvoir. 

Le  vote  par  correspondance  est  admis.  (Voir  page  11  de  la 
couverture). 

Nous  rappelons  que,  conformément  à  nos  statuts  (article  5, 
paragraphe  2),  seuls  les  membres  actifs  (voir  art.  4,  paragraphe 
1)    ont  le   droit    de   prendre   part    au    scrutin. 

La  prochaine  réunion  du  Comité  aura  lieu  le  jeudi  6  janvier 
à  2  h.  1/2,  au  parloir  du  lycée  Montaigne.  Nos  collègues  sont 
priés  de  considérer  le  présent  avis  comme  tenant  lieu  de  con- 
vocation. 


Section  Régionale  de  Bordeaux 


Procès-verbal  de  la  réunion  du  '2i   octobre  1920 

Sur  l'initiative  de  M.  Mainguy,  Vice-Président  d'avant-guerre  de 
la  Section  Régionale  de  Bordeaux,  et  de  M.  Bahans,  ancien  secré- 
taire de  la  même  section,  un  groupe  de  Professeurs  de  Langues 
Vivantes  de  l'Académie  s'est  réuni  au  Lycée  de  Bordeaux,  le  24 
octobre   1920. 

Considérant  qu'à  la  période  des  bouleversements  apportes  par 
la  guerre  succède  celle  de  la  stabilisation,  où  les  liens  d'entente 
et   de  solidarité  doivent   se  renouer  ; 

que  l'enseignement  des  Langues  Vivantes,  après  avoir  subi  des 
remaniements  partiels,  est  aujourd'hui  discuté  dans  son  ensemble  ; 
que  son  importance  même  est  remise  en  question  ;  que  des  atta- 
ques sont  à  prévoir  et  qu'une  coopération  en  vue  de  la  défense  ne 
fût  jamais   plus  opportune  ; 

qu'il  convient  de  créer  un  organisme  permettant  à  chacun, 
même  au  plus  isolé,  de  faire  entendre  sa'  voix  ;  capable  de  cen- 
traliser les  vœux  et  les  revendications  de  tous,  d'exprimer  cl  de 
manifester  une  opinion  collective  fidèle  ; 

Il  a  été  décidé  à  l'unanimité  de  reformer  la  Section  Régionale 
de  Bordeaux  de  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivan- 
tes, dispersée  depuis  1914. 


bii-i,i:tin  de  l'association  497 

Vn  Coinitr   provisoire  ;i   été  constitué  comme   il   suit  : 

\f^résidcnl  :  M.  DiiKscii.  |)rofcsscur  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Bordeaux  ; 

Vice-I'rcsideiils  :  Mme  Hkbkht,  Lycée  de  Jeunes  Filles  de 
l'ordeaux  ;    M.   MainTiUV,   Lycée   de    Mont-de-Marsan  ; 

Secrétaire  :    M.    Mahtin,    Lycée    de    Garçons,    Bordeaux  ; 

Trésorier  :    M.    Hivoallan,    Lycée    de    Garçons,    Bordeaux. 

La  fin  de  la  séance  fut  consacrée  à  la  discussion  des  moyens 
pratiques  pour  établir,  le  plus  rapidement  possible,  le  contact 
entre  tous  les  membres  de  l'AsscK-iation  dans  l'Académie,  —  la 
première  nécessité  étant  de  se  connaître  et  de  se  compter.  Il  a  été 
convenu  à  cet  cfïet  de  s'assurer  dans  chaque  établissement  le  con- 
cours d'un  correspondant,  qui  se  mettrait  en  relations  directes 
avec  le  bureau,  et  qui  se  dévouerait  au  recrutement  et  à  la  pro- 
pagande  dans    sa    sphère. 

La  réunion,  empreinte  de  la  plus  grande  cordialité,  a  donné  à 
chacun  des  membres  présents  pleine  confiance  en  l'avenir  de  la 
Section  renaissante. 

Le   Secrétaire  :  Le    Vice-Président  : 

M.  Mahtin.  J.  Maixguy. 


SecHon  Régionale  de  Clermont-Ferrand 


La  première  réunion  trimestrielle  (année  scolaire  1920-21)  de  la 
S.  R.  régionale  de  Clermont-Ferrand  a  eu  lieu  le  jeudi  21  octobre, 
au  Lycée  Biaise-Pascal,  sous  la  présidence  de  Mme  Honoré,  pro- 
fesseur au  Lycée  Jeanne-d'Arc,  chargée  de  cours  à  la  Faculté  des 
Lettres. 

Un  certain  nombre  de  membres  de  la  section  s'étaient  excusés 
ou  fait  représenter. 

OnDHE    DU    JOLI?     DE    LA     RÉLNION    : 

1.  Compte  rendu  des  résultats  obtenus  depuis  la  réunion  du  11 
juillet  ; 

2.  Election  du  Bureau  définitif  et   du   Comité  ; 

3.  Questions  diverses. 

1.  Mme  Honoré  donne  la  parole  à  M.  Vivien,  secrétaire.  11  cons- 
tate que,  les  vacances  ayant  entravé  l'action  du  Bureau,  les  résul- 
tats obtenus  ne  sont  i)as  encore  très  tangibles.  Beaucoup  de  pro- 
fesseurs, quoique  désireux  de  faire  partie  de  la  S.  R.  n'ont  pas 
encore  donné  leur  adhésion  formelle.  Pour  la  provoquer,  le 
Bureau  fera  le  nécessaire,  mais  il  compte  sur  les  collègues  appar- 
tenant déjà  à  la  S.  R.  pour  la  propagande  à  faire  dans  tout  le  res- 
sort de  l'Académie. 


498  LES    LANGUES   MODERNES 

Le  Secrétaire  dit  ensuite  la  satisfaction  du  Président  de 
l'A.  P.  L.  V.  au  sujet  de  la  création  de  la  S.  R.  de  Clermont  et  se 
fait  son  interprète  auprès  de  tous  les  professeurs  de  l'Académie 
L-n  invitant  ceux-ci  à  envoyer  leur  adhésion,  au  plus  tard  pour 
Tannée  1921,  à  l'A.  P.  L.  V.,  dont  le  Bureau  actuel  a.  déployé  tant 
d'efforts,  en  ces  derniers  temps,  surtout  pour  sauver  les  études 
allemandes  en  France,  défendre  nos  intérêts  et  pro\oquer,  au 
sujet  de  l'enseignement  des  L.  V.  les  déclarations  sensationnelles 
(Déclaration   Poincaré...,  etc.)    qui   ont  paru  dans  la   Presse. 

En  ce  qui  concerne  les  démarches  que  le  bureau  de  la  S.  R. 
devait  entreprendre  auprès  des  persoriues  susceptibles  d'entrer 
dans  notre  section  comme  membres  d'honneur  (catégorie  C), 
Mme  Honoré,  présidente,  nomme  plusieurs  personnalités  de  Cler- 
mont auprès  de  qui  elle  a  trouvé  le  meilleur  accueil  et  elle  expri- 
me  son  espoir  d'obtenir  de  bons  résultats. 

Des  démarches  individuelles  seront  faites  simultanément  par  le 
Bureau  et  d'autres  membres  de  la  S.  R.  et,  dès  que  quelques 
résultats  auront  été  acquis,  un  appel  aux  personnes  s'intcressant 
à  la  question  des  L.  V.  sera  lancé  dans  la  presse  locale.  (Lecture 
est  donnée  de  cet  appel,  dont  les  termes  sont  approuvés  par 
r.Assemblée)  (1).  Le  Bureau  ne  désespère  pas  de  pouvoir,  réunir, 
avant  la  fin  de  l'année  scolaire,  les  fonds  suffisants  pour  attri- 
buer plusieurs  bourses  de  séjour  à  l'étranger  (bourses  de  \  acan- 
ces)    à  des  élèves  méritants. 

2.  Le  Bureau  provisoire,  nommé  le  11  juillet  dernier,  a  été  trans- 
formé en  bureau  définitif.  Puis  il  a  été  procédé  à  l'élection  des 
membres   du   Comité.  Ont   été  élus  : 


(1)  Appel  aux  personnes  s'intéressant  à  la  question  de  l'étude 
des  Langues  Vivantes.  —^  (Cet  appel  a  été  publié,  par  les  soins  du 
Bureau  de  la  Régionale  de  Clermont-Ferrand.  dans  la  presse  locale 
et  régionale). 

En  multipliant  les  contacts  entre  la  France  et  les  pays  étran- 
gers, alliés  ou  ennemis,  en  conférant  à  notre  pays  un  prestige 
moral  incomparable,  la  guerre  a  donné  à  l'étude  des  langues 
vivantes  une  importance  qu'on  ne  saurait  exagérer.  Afin  de  recher- 
cher les  moyens  les  plus  projjres  à  encourager  celte  étude,  et  de 
la  fortifier  par  l'emploi  des  méthodes  les  plus  sûres,  les  profes- 
seurs de  l'Académie  de  Clermont,  invités  à  grouper  leurs  efforts, 
ont  constitué,  en  juillet  dernier,  une  Section  Régionale  des  pro- 
fesseurs de  Langues  Vivantes.  Ils  désireraient  notamment  i)ou- 
voir  attribuer,  chaque  année,  un  certain  nombre  de  bourses  de 
séjour  à  l'étranger  (Angleterre,  Allemagne  occupée,  Italie,  Espa- 
gne) à  des  élèves  méritants.  Afin  de  réunir  les  fonds  nécessaires 
à  cet  effet,  ils  font  appel  à  la  générosité  de  toutes  les  i)ers()iines 
qui  suivent  d'un  œil  attentif  la  question  des  Langues  Vivantes. 
Et  —  pour  rai)peler  les  termes  mêmes  de  l'article  ,5  de  leurs  Sta- 
tuts —  ils  accueilleraient  avec  reconnaissance,  à  titre  de  membres 
d'honneur  de   leur  Section   Régionale,    "    toutes  personnes  t)u   grou- 


BULLETIN   DE  LASSOCL^TION  499 

1.  Hi-pitsciitiiiit  de  reiiseignenu'iit  MipLiitur  :  M.  Lunriluis,  char- 
gé de  eours  à  la  Faculté. 

2.  Représentant  des  professeurs  agrégés  :  M.  Piillier,  professeur 
au   Lycée  de   Montluçon. 

'.i.  Représentant  des  professeurs  chargés  de  cours  :  M.  Chauliat, 
professeur  au   Lycée  de   (llermont-Ferrand. 

4.  Représentant  des  professeurs  de  collège  :  M.  lildiKjucI,  pro- 
fesseur au   Collège  de  Thiers. 

5.  Représentant  des  professeurs  des  E.  N.  et  des  E.  V.  S., 
.M.  Papin,  professeur  E.  N.,  Moulins. 

6.  Représentant  des  professeurs,  enseignement  technique  : 
M.  Bernurâ,  professeur,  Ecole  pratique  d'industrie  hôtelière  du 
(ÀM)tre,  à  Vichy. 

;{.  Mlle  Chevraut,  professeur  au  Lycée  Jeanne-d'Arc,  et  M.  Lan- 
glais  se  plaignent  de  ne  pouvoir  donner  à  leurs  élèves  candidats 
au  hacc  (lauréat,  le  nomhre  d'heures  d'italien  prévues  par  le 
'  plan  d'études  et  programme  d'examen  ».  Ils  demandent  au 
bureau  de  faire  auprès  de  l'A.  P.  L.  V.    les  démarches  nécessaires. 

Mlle  Comberolc,  de  l'E.  P.  vS.  de  Clermont-Ferrand  se  plaint 
d'être  rétribuée,  pour  '6  heures  d'Anglais  considérées  comme 
heures  supplémentaires,  au  taux  ridicule  de  100  francs  l'heure. 
EUe  demande  au  bureau  de  l'A.  P.  L.  \'.  de  défendre  ses  intérêts. 

Sur  une  proposition  de  M.  Langlais,  présentée  par  le  secrétaire, 
l'Assemblée   émet  le   v(eu  : 

■  (Jue  l'enseignement  de  l'Espagnol,  donné  dans  un  assez 
grand  nombre  d'établissements  secondaires  et  d'enseignement 
technique  du  ressort,  soit  enfin  représenté  à  la  Faculté  des  Let- 
tres, conformément  aux  vœux  en  ce  sens  déjà  formulés  par  la 
Faculté   elle-même,   et   aux   intérêts   de   la   Région   >>. 


penients    attestant    par    des    libéralités,    l'intérêt    qu'ils    portent    à 
l'enseignement   des   Langues  Vivantes    ». 

Présentement,  le  Bureau  de  la  Section  Régionale  est  ainsi  cons- 
titué : 

-    Présidente  :    Mme    Honoré,    chargée    de    Cours    à     la    Faculté    des 
Lettres. 

Vice-Président  :  M.  Lébraly,  professeur  agrégé  au  Lycée  de 
Ciiiéret. 

Secrétaire  :  M.  Vivien,  i)rofcsseur  à  l'E.  P.  S.  de  Clermont-Fer- 
rand. 

ïrésorier  :  ^L  Bouyssy,  professeur  à  l'Ecole  Supérieure  de  Com- 
merce à  Clermont-Ferrand. 

Les  personnes  désirant  se  faire  inscrire  comme  membres  d'hon- 
neur de  la  S.  R.  sont  priées  d'envoyer  leur  adhésion  à  JL  Bouyssy, 
trésorier. 

yotd.  —  S'il  y  a  lieu,  un  règlement  concernant  l'attribution 
des  bourses  de  séjour  à  l'étranger  sera  élaboré  en  temps  utile  et 
porté  à   la  connaissance  des  membres  d'honneur. 


500  LES   LANGUES   MODERNES 

Le  Bureau  de  l'A.  P.  L.  V.  sera  invité  à  faire  auprès  de  l'Admi- 
nistration le  nécessaire  pour  que  ce  vœu  soit  pris  en  considéra- 
tion. 

Prochaine  réunion.  — •  La  prochaine  réunion  de  la  S.  R.  aura 
lieu  en  janvier,  à  une  date  fixée  par  le  Bureau.  Une  convocation 
individuelle  sera  envoyée  en  temps  utile  aux  membres  de  la  S.  R. 


Clermont-Ferrand,   le  22  octobre   1920. 


Le  Secrétaire- 
R.  Vivien. 


Section  Régionale  de  Poitiers 


La  S.  R.  de  Poitiers  s'est  réunie  le  dimanche  24  octobre,  sous 
la  présidence  de  M.  Castelain,  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Poi- 
tiers. 

M.  Castelain  donne  lecture  de  trois  let,ti'«s  d'excuse*  de 
MM.  Ment  (La  Rochelle),  Rougé  (Tours)  et  Hirtz,  puis  ouvre  la 
délibération  sur  la  question  à  l'ordre  du  jour  :  l'épreuve  écrite 
du  baccalauréat. 

Les  conclusions  auxquelles  aboutit  cette  délibération  sont  les 
suivantes  : 

Le  texte  de  la  version  —  choisi  selon  les  prescriptions  minis- 
térielles —  pourra  être  accompagné  de  notices  explicatives  des- 
tinées à  élucider  les  termes  difficiles   s'il  y  a  lieu. 

On  évitera  en  principe  les  textes  philosophiques,  vu  la  difficulté 
du   thème,   qui   en  résulterait. 

I^  rédaction  du  thème  devra  être  telle  que  le  texte  ne  soit  ni 
trop  proche,  ni  trop  éloigné  de  celui  de  la  version.  L'important 
est  de  ne  pas  perdre  de  vue  qu'il  d  destiné  uniquement  à  véri- 
fier les  connaissances  grammaticales  des  candidats.  Le  vocabu- 
laire du  thème  sera  celui  de  la  version  :  mais  il  pourra  fort 
bien  comporter  des  termes  autres  que  ceux  de  la  version,  à 
condition  qu'ils  fassent  partie  du  programme  que  doivent  con- 
naître   les   candidats. 

La  prochaine  réunion  aura  lieu  en  décembre.  La  (hite  en  sera 
fixée  ultérieurement.  L'ordre  du  jour  comportera  :  1.  le  renou- 
vellement du  bureau  ;  2.  l'organisation  matérielle  de  l'ensei- 
grement     (Livres,   Bibliothèques,  Textes   de   devoirs). 

/.('   Secrétaire. 

\\.    AlDOlN. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  âOl 

SecHon  Régionale  de  Lyon 


La  Régionak'  s'est  réunie  le  samedi  19  novembre  à  16  h.  'M),  au 
Lycée  du  Parc,  sous  la  présidence  de  AI.  Douady,  assisté  de 
jMllc  Mathieu,  Vice-Présidente,  et  de  M.  Pierre  Legouis,  Secrétaire. 

Le  Président  donne  lecture  de  deux  lettres  de  M.  Rancès.  Dans 
la  première,  celui-ci  explique  son  attitude  au  Conseil  Supérieur, 
critique  l'organisation  du  référendum,  se  déclare  adversaire 
résolu  de  la  version,  et  alfirme  n'avoir  demandé  le  thème  d'imi- 
tation que  pour  éviter  le  thème  littéraire  dont  nous  étions 
menacés. 

A  ce  propos,  M.  lionnoronl  fait  remarquer  que  dans  le  recueil 
paru  récemment  sous  la  signature  de  M.  Rancès,  recueil  destine 
à  "  illustrer  de  façon  précise  la  volonté  du  Conseil  »,  les  thèmes 
n'ont  guère  de  commun  avec  les  versions  que  le  titre  ;  parlant 
comme  partisan  du  thème  d'imitation,  M.  Bonnoront  déplore 
qu'il  cil  soit  ainsi.  D'un  point  de  vue  opposé,  M.  Diiisit,  adver- 
saire d'j  toute  espèce  de  thème,  demande  en  quoi  les  exemples 
concrets  de  M.  Fiancés  diffèrent  du  thème  littéraire  dont  il  nous 
a  préservés,  (lomme  préparateur  au  baccalauréat,  M.  Duisit 
désirerait  être  fixé  sur  la  nature  d'une  épreuve  encore  flottante, 
et  que  la  circulaire  ministérielle  du  20  mars  1920  a  insufTisam- 
nient  définie.  Enfin,  le  Président  constate  que  beaucoup  de  ces 
thèmes  seraient  trop  difficiles  à  la   Licence. 

Dans  sa  deuxième  lettre,  AL  Rancès  refuse  de  s'associer  au 
vœu  d'ajournement  des  nouvelles  épreuves  jusqu'à  un  référen- 
dum mieux  organisé  ou  jusqu'à  la  refonte  totale  du  baccalau- 
réat. «  L' .Administration,  dit-il,  se  retranchera  facilement  der- 
rière la  décision  du  Conseil,  au  besoin  derrière  les  résultats  du 
référendum,  pour  refuser  de  maintenir  l'épreuve  actuelle  au  delà 
de   l'année    1920.   .. 

Le  Secrétaire  lit  ensuite  une  lettre  ouverte  de  M.  Camerlynck 
à  M,  Veillet-Lavallée,  lettre  dont  l'objet  est  d'obtenir  pour  les 
candidats  au  baccalauréat  qui  se  présenteront  en  1921,  l'option 
entre  l'ancienne  épreuve  (composition)  et  les  nouvelles  (thème 
et  version). 

Dans  la  discussion  qui  suit,  le  droit  des  élèves  actuellement 
en  première  à  se  présenter  avec  la  composition,  aboutissement 
naturel  de  leurs  études  antérieures,  est  admis  à  l'unanimité.  Le 
Président  cite  de  nombreux  précédents,  particulièrement  celui 
du  régime  transitoire  de  la  Licence. 

Sur  les  moyens  de  réaliser  pratiquement  l'option,  divers  avis 
sont  émis.  Le  Secrétaire  soutient  la  méthode  proposée  par 
M.  Camerlynck,  qui  consiste  à  accorder  au  professeur  de  première 
un  pouvoir  discrétionnaire.  Mais  Mlle  Qiiézel,  MM.  Sulger-Buel 
et    Tiret     ne    croient    pas    que    le    professeur    puisse    ainsi    décider 


502  LES    LANGUES    MODERNES 

l)our  tous  les  élèves  de  sa  classe,  saus  s'exposer  aux  récrirnina- 
tious  de  certains  parents  ;  ils  demandent  que  l'arrêté  ministériel 
qui  accordera  l'option,  fixe  le  rôle  du  ])rofesseur  ;  la  famille  res- 
terait donc  libre  de  faire  donner  à  l'enfant  en  dehors  de  la  classe 
une  préparation  à  l'épreuve  de  son  choix.  Enfin,  M.  Bonnoront 
considère  que  le  professeur  de  première  peut  mener  de  front  la 
]3réparation  à  la  composition,  à  la  version  et  au  thème.  Cette 
opinion  est  combattue  par  plusieurs  membres,  notamment 
Mme  Douady.  Il  est  entendu  que  le  Secrétaire  répondra  à 
M.  Camerlynck  en  résumant  la  physionomie  du  débat,  et  eu 
apportant   l'adhésion   des  membres   présents   au   principe   du   vœu. 

L'Assemblée  s'occupe  «ensuite  du  prochain  renouvellement  par- 
tiel du  Comité  de  l'Association.  Le  Président  remarque  que  nous 
connaissons  peu  l'attitude  des  membres  sortants.  Il  propose 
que  les  candidats  soient  invités  à  faire  connaître  dans  une 
courte,  mais  claire  profession  de  foi,  leur  opinion  sur  les  nou- 
velles épreuves  du  baccalauréat.  Cette  proposition  est  adoptée 
à   l'unanimité. 

M.  Ravizé  suggère  que  nous  communiquions  cette  demande 
au.x  autres  régionales  et  aux  groupements  locaux,  pour  qu'ils 
puissent  la  présenter  en  même  temps  que  nous  au  Bureau  de 
Paris.  Cette  proposition  est  également  adoptée  à  l'unanimité. 
Les   élections  pourraient   ainsi    avoir   un   sens. 

M.  Vannier  se  plaint  de  l'entrée  en  d'  d'élèves  chaque  année 
plus  nombreux  qui  n'ont  jamais  fait  d'anglais:  cette  année,  la 
moitié  de  la  classe  en  S''  B  à  St-Rambert.  Il  juge  cet  état  de  cho- 
ses on  ne  peut  plus  fâcheux,  tant  pour  les  retardataires  que  pour 
les  élèves  normaux,  et,  de  plus,  humiliant  pour  le  professeur  de 
Langues  Vivantes,  puisqu'on  n'admettrait  jjas  en  5*  A  un  élève 
qui  n'aurait  jamais  fait  de  latin.  Pour  toutes  les  disciplines,  la 
sixième  est  la  seule  classe  qu'on  ne  devrait  jamais  sauter. 
M.  Diimont  répond  que  le  mal  a  souvent  été  signalé  sans  aucun 
succès.  .M.  Veigncau  demande  un  remède  :  ne  pourrait-on  rendre 
efticaces  les  examens  de  passage  ?  M.  V<j;i;jier  réplique  que  la 
situation  vient  au  contraire  d'empirer,  du  fait  d'un  récent 
décret  qui  supprime  l'examen  de  Langues  Vivantes  au  concoure 
des   bourses   pour   l'entrée   en    5°.   Ce    décret    est   dû   à    l'action    des 

Compagnons  »,  qui  ont  eu  l'intention  louable  de  faciliter  le 
passage  du  primaire  au  secondaire,  mais  qui  semblent  n'avoir 
pas  vu   les  répercussions  de   cette   mesure. 

\  l'unanimité,  l'Assemblée  s'associe  aux  doléances  de  M.  \'an- 
nier,  et   demande   que   le   décret   en   question    soit   rapporté. 

M.  Rocher  demande  que  dans  la  prochaine  loi  militaire  l'uti- 
lisation des  professeurs  de  Langues  \'ivantcs  comme  interprètes 
soit   assurée.   Ce   vœu   est    adopté   à    l'unanimité. 

La    séance   est   levée   à    18   h.   30. 

Le  Secrétaire  :  Le  Président  : 

Pierre    Legouis.  J.    Dolauy. 


BULLETIN   UK  L'ASSOCIATION  503 

L'étude  de  TAllemand 


>>a  Oominissioii  serait  recomiaissante  aux  collègues  qui  vou- 
draient bien  lui  faire  parvenir  les  renseignements  suivants  sur 
la    rentrée   d'octobre  : 

Nombre  des  élèves  de  sixième  étudiant  rallemaïul  en  c)ct()bre 
1919    et   en    octobre    1920. 

Prière  d'adresser  les  renseignements  à  .M.  Delobel,  <\l^,  rue 
Jacob. 


Adhésions  nouvelles 


M.  B(tër,  Paris  ;  M.  Besloti,  prof,  agrégé  d'anglais.  Collège 
(ihaptal,  Paris  ;  M.  Bouissy,  prof.  Ec.  Sup.  Commerce,  Clermont- 
Ferrand  ;  Mlle  Bouriel,  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  Valognes  ;  Mlle  Biinel, 
Malo-les-Bains  ;  Mlle  Caninet,  prof.,  Cours  secondaires,  Pithi- 
viers  ;  M.  Cattet,  prof.  Cours  S.  V.  P.,  Paris  ;  Mme  Colver,  prof. 
E.  P.  S.,  Lorieiit  ;  M.  (Marc)  Delang,  prof,  an'gl..  Lycée,  Tours  ; 
Mme  Diiril,  E.  P.  S.,  f.,  St-Etienne  ;  M.  Fannières,  prof,  angl.. 
Lycée  Versailles  ;  .1/.  France,  prof.  E.  P.  S.,  Valenciennes  ; 
.1/.  .4.  Giiinet,  prof,  (ail.).  Collège,  Cognac  ;  M.  Giiiran,  prof. 
Lycée  .Avrgnon  ;  Mlle  Klunlz,  prof.  E.  P.  S.  Illiers  ;  Mlle  Lafon, 
prof.  E.  P.  S.,  Cette  ;  M.  P.-H.  Larivil,  30,  Kengou  Collège, 
(ianibier,  Knox  C.  IT.  S.  ;  M.  Laval,  prof,  d'ail..  Lycée,  Angers  ; 
Mme  Marchessou,  prof.  E.  P.  S.,  j.  f.,  Clermont-Fcrrant  ;  .V.  Mar- 
tin, prof,  angl..  Lycée,  Bordeaux  ;  M.  Morin,  prof.  Collège  .\nti- 
bes  ;  Mlle  Moshacher,  prof.  E.  P.  S.,  j.  f.,  Mamers  ;  M.  G.  Pactus, 
principal,  prof,  d'ail..  Collège  St-Flour;  Mme  Philij,  prof.  E.  P.  S., 
Grenoble  ;  M.  Plissard,  délégué  au  bureau  International  du  tra- 
vail, Genève  ;  Mlle  Pommier,  prof.  E.  P.  S.,  j.  f.,  Montluçon  ; 
Mme  Sarrailh,  prof.  E.  P.  S.,  j.  f.,  Excideuil,  Dordogne  ;  Mlle 
Savart,  prof.  E.  P.  S.,  Lille  ;  M.  I^ual,  prof,  à  l'Université  d'Up- 
sal  ;  M.  Tiiloup,  prof.  E.  P.  S.,  Le  Havre  ;  Mlle  Villard,  prof. 
E.    P.    S.,    Château    du   Loir  ;    .1/.    Vizen,    Rio-de-Janeiro. 


RecHlicaHons  à  TAnnuaire 


M.  Durhemin  est  professeur  à  l'Ecole  (>olbert,  et  non  à  l'Ecole 
.^rago.  M.  Kiihn  est  professeur  à  TEcole  Supérieure  des  Postes 
et  Télégraphes. 


504  LES   LANGUES  MODERNES 

CORRESPONDANCE 


Les  nouvelles  épreuves  du  Baccalauréat 

Le  Président  de  l'Association  a  reçu  la  lettre  qui  suit  et  dont  la 
teneur  sera  portée  à  la  connaissance  du  Comité  lors  de  sa  pro- 
chaine séance.  Emanant  d'un  de  nos  collègues,  dont  l'expérience 
pédagogique  garantit  le  bien-fondé  de  ses  suggestions,  cette  lettre 
et  les  propositions  qu'elle  contient  méritent  un  sérieux  examen. 
Nous  avons  lieu  de  croire  que  les  idées  formulées  par  M.  Camer- 
lynck  vont  prendre  corps  dans  une  pétition  ou  projet  de  vœu  qui 
sera   soumis   aux   autorités  compétentes  (1). 

N.  D.  L.  R. 


Paris,  le  2  novembre  1920. 
RIox   CHER  Président, 

Puis-je  appeler  votre  amicale  attention  et  celle  du  Comité  sur 
une  proposition  qui  se  présente  à  vous  sous  la  forme  d'un  vœu 
très  modeste,  facile  à  exaucer,  et  dont  cependant  la  réalisation 
donnerait,  je  crois,  satisfaction  à  un  grand  nombre  d'entre  nous  ? 

Il  s'agit  des  épreuves  écrites  de  Langues  Vivantes  au  bacca- 
lauréat, qui,  vous  le  savez,  ont  été  modifiées  tout  récemment. 
Une  formule  nouvelle,  version  et  thème  d'imitation,  nous  a  été 
brusquement  imposée,  sans  qu'aucune  des  mesures  transitoires, 
qu'on  prévoit  habituellement  en  pareil  cas,  ait  été  accordée.  On 
ne  saurait  en  efPct  considérer  comme  période  de  transition  l'an- 
née scolaire  actuelle,  au  bout  de  laquelle  la  nouvelle  épreuve 
devient  obligatoire.  Les  élèves  qui  viennent  d'entrer  en  première, 
après  avoir  été  pendant  quatre  ou  cinq  ans  entraînés  de  bonne  foi 
aux  méthodes  directes,  dont  la  composition  libre  est  l'aboutisse- 
ment naturel,  vont  avoir  à  subir  deux  épreuves  de  traduction. 
Ce  sera  une  génération  sacrifiée,  ou  qui  tout  au  moins  servira 
(l'anima  vilis  à  l'expérience  qu'on  va  tenter.  Car  si  quelques-uns 
(en  B  ou  en  D)  ont  pu  faire  des  versions,  il  en  ost  bien  peu  sans 
doute  qui   aient  pratiqué  le  thème. 

Vous  voudrez  bien  remarquer,  mon  cher  Président,  que  je  ne 
soulève  pas  du  tout  la  question  de  fond  ;  le  Conseil  Supérieur 
s'est  prononcé,  le  Ministre  a  ordonné,  il  ne  nous  reste  plus  qu'à 
faire  l'application  loyale  des  dernières  instructions;  ce  n'est 
que   i)lus   tai'd  qu'on   pourra  juger  l'arbre   à   ses  fruits. 


(1)  Au  moment  de  mettre  en  pages,  nous  apprenons  que  ce 
vœu  a  déjà  recueilli  un  certain  nombre  de  signatures,  qui  ont 
été  communiquées  au  Président  de  l'Association.  L'es  collègues 
qui  voudraient  y  donner  leur  adhésion  sont  priés  de  bien  vouloir 
l'adresser  directement  à  M.  (î.  Canierlynck,  IH,  rue  Soufllot. 
Paris,   V'. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  505 

Il  ne  s'agit  pas  davantage  de  surseoir  à  l'exécution  des  mesu- 
res prescrites  :  la  version  et  le  thème  restent  les  épreuves  de 
la  session  prochaine.  Mais  nous  demandons  qu'à  titre  purement 
transitoire  on  permette  aux  candidats  l'option  entre  le  régime 
ancien  et  le  nouveau  ;  que  ceux  qui  le  désireront  puissent  au 
moins,  cette  année   encore,   passer  l'examen   avec   la   rédaction. 

Présentée  sous  cette  forme  modérée  et  libérale,  s'iwspirant  uni- 
quement de  l'intérêt  de  nos  élèves,  et  de  nos  enfants  pour  ceux 
qui  en  jjarlcnt  en  pères  de  famille,  je  me  permets  de  penser  qu'il 
sera  diflicilc  à  nos  collègues,  quelles  que  soient  leurs  opinions  par- 
ticulières, de  ne  pas  souscrire  à  notre  requête.  Aucun  de  ceux  à 
qui  j'en  ai  parlé  n'a  hésité  à  me  donner  son  adhésion,  et  je  suis 
assuré  qu'un  vœu  ou  une  pétition,  rédigés  si  cela  était  nécessaire, 
dans  le  sens  que  je  viens  d'indiquer,  recueilleraient  immédiate- 
ment un  nombre  imposant  de  signatures.  Xi  vous,  mon  cher 
Président,  ni  notre  représentant  au  Conseil  Supérieur  de  l'Ins- 
truction publique,  vous  ne  refuserez  de  prêter  à  ce  vœu,  s'il  vous 
paraît    justifié,    l'appui    de    votre    autorité. 

Pour  obtenir  même  cette  légère  modification  au  nouveau  statut 
du  baccalauréat,  il  faut  en  effet  prendre  l'avis  du  Conseil  Supé- 
rieur. Mon  ami  Rancès  m'a  objecté  à  ce  propos  —  et  c'est  aussi, 
je  crois  le  savoir,  l'avis  exprimé  en  haut  lieu  —  qu'il  serait 
impolitique  de  porter  à  nouveau  la  question  devant  le  Conseil,  en 
lui  demandant  de  se  déjuger  à  six  mois  de  distance.  La  réponse 
à  cette  objection  est  aisée  :  il  ne  s'agit  ni  pour  le  Conseil,  ni  pour 
l'administration  de  se  déjuger,  mais  de  faciliter  le  passage  de 
l'ancien  état  de  choses  au  nouveau,  qui  n'est  pas  discuté,  par 
l'octroi  d'une  mesure  transitoire  sous  la  simple  forme  d'une  option 
temporaire. 

J'ai  aussi  entendu  alléguer,  contre  cette  suggestion,  la  crainte 
de  compliquer  et  de  troubler  la  tâche  du  professeur  de  Première. 
Dans  ma  pensée,  le  Maitre  libre  de  son  enseignement  déciderait 
lui-même  quelle  épreuve  répond  le  mieux,  selon  lui,  à  la  prépara- 
tion antérieure  de  la  classe  dans  son  ensemble  ;  ici  encore,  l'inté- 
rêt bien  compris  des  élèves  entrerait  d'abord   en  ligne  de  compte. 

Veuillez  agréer,  mon  cher  Président,  mes  sentiments  bien  cor- 
dialement   dévoués. 

G.   Camerlyxck. 


Le  Président  de  l'Association  a  adressé  à  M.  Uey,  à  la  suite 
d'une  démarche  que  ce  dernier  a  faite,  avant  les  vacances,  en  sa 
qualité  de  Vice-Président  intérimaire  de  la  Fédération  nationale 
des  Professeurs  de  Lycée,   une   lettre   conçue   en   ces  termes  : 


506  LES   LANGUES   MODERNES 

Paris,    le  8   novembre    1920. 
Mon   cher   Collègue, 

Nous  avons  pu  lire  dans  le  Bulletin  Ofjlciel  de  la  Fédéra- 
tion Nationale  des  Professeurs  de  Lycée  (n°  d'octobre  1920, 
page   10,  Démarches  du  Bureau),  les  lignes  suivantes  : 

i<  M.  Rcy  entretient  ensuite  M.  le  Directeur  du  projet  du 
<i  Ministère  de  la  Guerre  tendant  à  exiger  deux  langues 
<'  vivantes  au  Concours  d'admission  des  Ecoles  Polytech- 
<'   nique   et    de    St-CjT. 

"  Certaines  familles  qui  destinent  leurs  enfants  à  ces 
<'  écoles  ont  déjà  demandé  aux  Proviseurs  de  les  placer 
<■   dans  la   Section  D   au  lieu  de  la   Section  C. 

"  M,  le  Directeur  répond  que  le  Ministre  de  la  Guerre  a 
<'  abandonné  son  projet,  mais  établit  une  majoration  de 
<'  points  en  faveur  des  élèves  présentant  deux  langues 
«  vivantes.  Le  danger  de  désertion  de  la  Section  C  est  donc 
<•   bien   moindre. 

"  M. .  Rej'  fait  observer  à  M.  le  Directeur  que,  dans  ce 
«  cas,  il  est  absolument  urgent  d'envoyer  aux  Proviseurs 
«  des  instructions  précises  sur  la  réponse  qu'ils  doivent 
«  faire  aux  familles  qui  demanderaient  la  Section  D  pour 
<'   leurs   enfants,   à   cause    des   deux   langues; 

<i  M.  Bclin  ])rcnd  note  et  déclare  que  le  nécessaire  sera 
«  fait.  » 

Le  compte  rendu  de  cette  démarche  —  vous  ne  serez  pas 
surpris,  mon  cher  Collègue,  que  je  vous  en  fasse  la  décla- 
ration très  nette  —  a  vivement  ému  le  Bureau  de  notre 
Association  qui,  saisi  de  l'incident,  considère  cette  initia- 
tive comme  très  regrettable  de  la  part  du  Bureau  de  la 
Fédération, 

Cette  dernière,  en  elTet,  groupant  les  professeurs  de  tous 
ordres  et  de  toutes  disciplines,  devrait,  à  notre  sens,  s'im- 
poser une  ligii:.'  de  conduite  absolument  impartiale  et  se 
défendre  avec  soin  d'intervenir,  comme,  en  cette  occasion, 
elle  l'a  fait,  en  faveur  d'un  enseignement  au  détriment 
d'un    autre. 

Bien  entendu,  je  m'abstiens,  en  ce  moment,  d'examiner 
l'aspect  théorique  de  la  question  et  de  peser  les  mérites 
pédagogiques  respectifs  des  Sections  C  et  D.  iVo/i  est  hia 
lociis. 

Le  Bureau  de  r,\ssociation  des  P.  L.  V.  élève  d'ores  et 
déjà  une  protestation  formelle  contre  l'attitude  prise  à 
l'égard  de  notre  discipline  par  le  Bureau  de  là  Fédération 
Nationale  des  Professeurs  de  Lycée,  contre  la  démarche 
faite  au  Ministère,  démarche  qui  lui  paraît  contraire  aux 
Statuts    de    la    Fédération    et    se     réserve     de     soumettre     la 


HULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  507 

question    à    l:i    prochaine    Assemblée    générale    de    l'Associa- 
tion. 

Je  vous  serai  très  obligé,  mon  cher  (Collègue,  de  vouloir 
bien  faire  coruiaîtrc  le  texte  de  ma  lettre  au  Bureau  actuel 
de  la  Fédération  et  de  recevoir  l'expression  de  mes  senti- 
ments   distingués. 

(;h.  Veillet-Lavai.lkk. 

Toujours  soucieux  de  renseigner  nos  lecteurs  et  nos  adhérents 
sur  l'activité  déployée  par  le  Bureau  et  sur  les  aspects  variés  des 
campagnes  que  mène  l'.Association,  nous  donnons  ci-dessous  la 
réponse   de   M.   Rey  : 

Paris,    S    nnnembre    19'20. 

MONSIEL'H     ET     CHEH     COLLI^XilE, 

Je  m'e.xplique  mal  l'émotion  qui  s'est  emparée  du  Bureau 
de  votre  Société  à  la  lecture  du  Bulletin  Fédéral  relatant 
ma  démarche  auprès  de  M.  Bellin  ;  car  je  ne  vois  vraiment, 
dans  cette  démarche,  aucune  attitude  hostile  à  l'égard  de 
votre  discipline.  Vous  n'y  sauriez  relever  aucune  attaque 
contre  l'enseignement  des  langues  vivantes,  ni  contre  son 
utilité. 

Vous    connaissez    les    faits  : 

Le  Ministre  de  la  Guerre  était  sur  le  point  d'e.xiger  deux 
langues  vivantes  à  l'entrée  des  Grandes  écoles.  Personne 
n'y  aurait  vu  d'inconvénient  s'il  avait  été  possible  d'ajou- 
ter dans  toutes  les  sections  actuellement  existantes  l'étu- 
de de  la  deuxième  langue.  Mais  il  n'y  fallait  pas  songer, 
les  programmes  étant  déjà  surchargés.  Une  seule  section 
offrait  la  possibilité  d'étudier  deux  langues  vivantes  :  la 
Section    D. 

Il  ne  s'agit  pas,  et  sur  ce  point  je  suis  de  votre  avis,  de 
disserter  sur  les  mérites  respectifs  de  la  Section  C  et  de  la 
Section  D.  Mais  ce  sont  là  justement  les  deux  directions, 
et  les  deux  seules,  où  peuvent  s'engager  les  jeunes  gens  qui 
se   destinent   aux   carrières   scientifiques. 

Or,  par  suite  de  cette  simple  addition  au  programme  des 
Concours  d'entrée  aux  grandes  écoles,  les  jeunes  gens  eus- 
sent été  obligés  d'emprunter  la  seconde  voie,  même  si 
leurs  préférences  et  celles  de  leurs  parents  les  avaient  por- 
tés vers  la  première.  Que  devenait  dès  lors  la  liberté  des 
pères  de  famille  ? 

Vous  dites  que  le  Bureau  de  la  Fédération  a  manqué 
d'impartialité  eu  intervenant  <<  en  faveur  d'un  enseigne- 
ment au  détriment  d'un  autre  ».  Ce  serait  vrai  si  la 
balance    avait    été     en     état     d'équilibre     parfait     entre     les 


508  LES   LANGUES   MODERNES 

deux  enseignements  ;  mais,  dans  cette  affaire,  l'un  des  pla- 
teaux descendait  brusquement,  et  l'équilibre  était  rompu. 
Vous  pouvez  être  assuré  que,  sr  la  rupture  d'équilibre 
s'était  produite  en  faveur  des  humanités  classiciues,  vos 
réclamations  eussent  été  appuyées  de  même  ;  car  vous  pou- 
vez bien  penser  que  les  membres  de  la  Société  Franco- 
Ancienne  et  les  pères  de  famille  se  sont  émus  eux  aussi, 
et  à  juste  titre,  en  apprenant  les  projets  du  Ministre  de  la 
Guerre.  Nous  n'avons  pas  été,  crojez-le  bien,  sans  enten- 
dre pousser  des  cris  d'alarme.  La  véritable  partialité  eût,  ^ 
au  contraire,  consisté  à  sanctionner,  par  notre  silence, 
cette  atteinte  directe  et  grave  portée  à  l'une  des  disciplines 
fondamentales    de   notre    enseignement    secondaire. 

J"ai  donc  conscience  d'avoir  servi  la  cause  de  la  stricte 
justice  et  je  compte  sur  votre  appui.  Monsieur  et  cher 
Collègue,  pour  dissiper  ce  que  je  considère  comme  un 
simple    malentendu. 

Veuillez    agréer,    etc.. 

Signé  :   E.   Rev. 

Le  Comité  de  l'Association  sera  mis  au  courant,  lors  de  sa  pro- 
chaine séance,  de  la  question,  et  nous  ne  saurions,  dès  à  présent, 
préjuger  de  l'opinion  qu'il  émettra,  de  la  suite  qu'il  décidera  de 
donner  à  l'affaire.  Toutefois,  rendant  hommage  au  ton  courtois  de 
la  lettre  de  M.  Hey,  nous  devons  faire  remarquer  à  notre  collè- 
gue que,  à  notre  avis,  tel  que  nous  l'avons,  du  reste,  exprimé  eu 
lui  écrivant  et  dans  lequel  nous  persistons,  la  Fédération  Natio- 
nale est  sortie  de  son  rôle  en  cherchant,  comme  il  dit,  à  mainte- 
nir à  un  niveau  égal  les  deux  plateaux  de  la  balance.  Nous  ne 
croyons  pas  nécessaire  que,  semblable  à  la  figure  allégorique  du 
célèbre  tableau  du  Louvre,  la  Fédération  armée  de  cet  appareil 
de  mesure,  poursuive,  de  l'air  farouche  que  l'on  sait,  le  coupable 
enseignement   des  Langues  Vivantes. 

Défendre  les  intérêts  matériels  et  moraux  du  personnel  ensei- 
gnant des  Lj'cées,  tel  est  l'unique  rôle  de  la  Fédération.  Elle 
devrait  s'y  tenir  strictement.  Pour  ce  qui  est  d'intervenir  en 
faveur  de  la  liberté  des  pères  de  famille,  cela  encore  est  un  souci 
généreux  dont  la  Fédération,  pensons-nous,  ferait  bien  de  se 
débarrasser.  11  est  tout  à  fait  inutile  que  la  Fédération  prenne 
sous  son  aile  protectrice  lesdits  pères  de  famille  qui  savent  fort 
bien  se  faire  entendre  des  pouvoirs  publics.  Pourquoi,  encore,  la 
Fédération  prend-elle  en  mains  la  défense  des  intérêts  de  la 
Société  Franco-Ancienne  ?  C'est  ce  qui  ne  peut  manquer  d'éton- 
ner. Nos  collègues  latinistes  ont  bec  et  ongles  pour  faire  préva- 
loir leurs  vues.  S'ils  avaient  jugé  à  propos  d'intervenir,  on  n'en 
eût    pas   été    surpris,   d'ailleurs. 

Ch.  V.-L. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCL\TION  509 

Lettre  reçue  de  M.  Pierre  Legouis 

Professeur  mi   Li/cre  Aiupcre 

Lyon,    10    novembre    10^20. 

MONSIKIII     I,F.     KlCUACTEUn, 

(Test  avec  surprise  que  je  me  suis  vu  mis  en  cause  dans  le  der- 
nier liiillelin  de^  Langues  Modernes,  pages  402  et  403.  En  rendant 
compte  de  la  réunion  du  Comité  qui  a  eu  lieu  le  27  juin,  vous 
parlez  ••  d'une  lettre  de  M.  P.  Legouis  (de  Lyon)  demandant,  au 
nom  de  s<t  Hégionalc,  l'ajournement  des  nouvelles  épreuves  du 
baccalauréat  •■.  .le  n'ai  jamais  écrit  à  ce  sujet  à  aucun  membre 
ûu   Comité. 

Ce  n'est  point  toutefois  que  je  désavoue  les  opinions  que  vous 
me  prêtez.  Tout  au  contraire,  si  je  regrette  cette  étrange  méprise, 
c'est  qu'elle  a  sans  doute  empêché  le  succès  d'une  démarche  inté- 
ressante, en  dissimulant,  pour  l'attribuer  à  un  débutant  inconnu, 
les  noms  de  ses  auteurs  véritables,  deu.\  hautes  autorités  de  notre 
enseignement,  M.  Emile  Legouis,  Professeur  à  la  Sorbonne,  et 
A'.,  Douady,  Professeur  à  l'Université  de  Lyon  ;  l'un  et  l'autre,  en 
etfet,  ont  écrit  à  M.  Veillet-Lavallée  et  à  M.  Rancès  pour  solliciter 
leur  concours  au   vœu   d'ajournement. 

Permettez-moi  de  saisir  cette  occasion  pour  expliquer  à  vos 
lecteurs  l'origine  et  la  portée  de  ce  vœu.  Celui-ci  a  été  déposé 
au  Conseil  Supérieur  par  M.  (^lédat,  Doyen  de  la  Faculté  des 
Lettres  de  l'Université  de  Lyon,  et  M.  Brunot,  Dojen  de  la  Faculté 
des  Lettres  de  l'Université  de  Paris.  M.  Rancès,  invité  à  s'y  asso- 
cier, a  refusé,  en  affirmant  :  1)  qu'il  ne  pouvait  se  déjuger  (c'est 
reconnaître  qu'il  a  toujours  poussé  à  l'adoption  du  thème)  ;  2) 
que  le  Conseil  Supérieur  ne  reviendrait  pas  sur  sa  décision  :  or, 
celui-ci  n'avait  pas  à  délibérer  sur  le  vœu,  et  le  Ministre,  de  sa 
seule  autorité,  aurait  pu  décider  l'ajournement  de  l'application 
de  la  "  réforme  •>.  Il  l'aurait  peut-être  fait  si  M.  Rancès  était 
intervenu  dans  ce  sens.  La  procédure  ne  coûtait  de  grand  eff"ort  à 
personne  et  la  tentative  valait  d'être  faite.  En  tout  cas,  les  obsta- 
cles étaient  moins  importants  que  ceux  que  nous  devrons  surmon- 
ter maintenant  pour  nous  débarrasser  du  thème.  Quoi  qu'en  dise 
M.  Rancès,  on  n'allait  pas  contre  les  résultats  du  référendum, 
puisque  la  question  restait  ouverte  et  qu'une  solution  véritable- 
ment conforme  à  ces  résultats  pouvait  être  apportée  dans  l'inter- 
valle. 

Nous  sommes  nombreux  parmi  les  jeunes  professeurs  à  avoir 
été  empêchés  par  la  mobilisation  de  prendre  part  à  cette  consul- 
talion  d'avril  1919.  Elle  ne  nous  lie  donc  point,  et  je  ne  cache  pas 
que,  personnellement,  je  suis  en  faveur  de  la  composition  pure  et 
simple.  Mais  si  l'on  voulait  nous  faire  accepter  le  référendum, 
il    fallait    du    moins    s'y    soumettre    soi-même,    et     renoncer     à     ce 

34. 


510  LES  LANGUES  MODERNES 

moyen  de  défense  qui  consiste  à  soutenir  que  les  épreuves 
nouvelles  répondent  au  désir  exprimé  par  les  professeurs  de 
langues  vivantes,  alors  que  le  thème  a  obtenu  107  voix,  et  que 
la  composition  (sous  ses  différentes  formes  et  avec  ou  sans  ver- 
sion) en  a  réuni  485. 

Veuillez  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  mes  sentiments  très 
distingués. 

Pierre  Legouis, 
Professeur   au   Lycée   Ampère,    'i3,   rue   de   Sèze. 

X.  D.  L.  R.  —  Cette  lettre  a  été  communiquée  au  Prési- 
dent de  l'Association  et  à  M.  Rancès,  tous  deux  mis  en 
cause,  le  premier  à  titre  de  membre  du  Bureau,  le  second 
comme  délégué  au  Conseil  supérieur  ;  nous  donnons  ci- 
dessous  leurs  réponses  respectives,  à  la  suite  de  la  recti- 
fication que  nous  fait  parvenir  le  rédacteur  du  procès- 
verbal  de  la  dernière  séance  du  Comité. 

Rectificatioi) 

Le  Rédacteur  du  procès-verbal  de  la  séance  du  27  juin  der- 
nier a  attribué  à  M.  Pierre  Legouis,  professeur  au  Ij'cée  Ampère, 
à  Lyon,  —  son  correspondant,  —  deux  lettres  adressées  à 
MM.  Veillet-Lavallée  et  Rancès,  lettres  qui  émanaient  de  M.  Emile 
Legouis,  professeur  à  la  Soi'bonne.  Pour  gagner  du  temps,  le 
procès-verbal  a  été  imprimé  avant  d'avoir  été  lu  et  adopté  en 
séance    du    Comité,   d'où    l'erreur   que    nos   lecteurs   voudront    bien 

excuser. 

H.   B. 

M.  Pierre  Legouis,  professeur  au  lycée  Ampère, 
iS,  rue  de  Sèze,  Lyon. 

n    novembre    i920. 
Monsieur, 

M.  d'Hangcst  m'a  communiqué  votre  lettre  du  10  novembre. 
Une  erreur  a,  je  suppose,  été  commise  dans  le  compte  rendu  de 
la  séance  du  Comité  à  laquelle  vous  faites  allusion.  J'avais, 
en  effet,  reçu  à  cette  époque  une  lettre  de  M.  E.  Legouis,  votre 
père,  pour  qui  j"ai  autant  d'amitié  que  de  vénération,  et  j'en  ai 
donné  connaissance  au  Comité.  Comment  avez-vous  été  mis  en 
cause  ?  Je  ne  puis,  si  longtemps  après,  et  en  faisant  appel  à 
mes  seuls  souvenirs,  me  l'expliquer.  Nous  recherchons  dans  les 
archives  les  notes  qui  nous  permettront  sans  doute  d'élucider 
cette   difficulté. 

Ceci  dit,  je  ne  ])uis  auiuiienunt  accepter  l'imputation  inju- 
rieuse   contenue    dans    une    phrase    de    votre    lettre    et    qui    met    en 


BULLETIN   DE  l'association  51  1 

cause  le  bureau  tout  entier  :  »  ...si  je  regrette  »,  dites-vous, 
"  cette  étrange  méprise,  c'est  qu'elle  a  sans  doute  empêché  le 
succès  d'une  démarche  intéressante,  en  dissimulant,  pour  l'attri- 
Inier  à  un  déliutant  inconnu,  les  noms  de  ses  auteui's  vérita- 
bles... » 

Sachez,  Monsieur,  que  personne,  au  Bureau,  ne  dissimule  rien. 
II  y  a  là,  de  votre  part,  une  insinuation  qui  porte  atteinte  à 
l'honorabilité  de  mes  collaborateurs  immédiats  et  de  moi-même. 
Je  ne  saurais  l'admettre.  Je  repousse,  avec  la  plus  grande  éner- 
gie, toute  accusation  de  ce  genre,  au  nom  des  membres  du  Bureau 
et  en  mon  nom  personnel  surtout,  car  j'assume  la  responsabilité 
de  tout  ce  qui  a  été  fait  au  Bureau. 

Tout  ce  que  je  connais.  Monsieur,  de  votre  passé  m'est  garant 
que,  faisant  un  retour  sur  vous-même,  vous  jugerez  que  votre 
plume  a  été  trop  vive  et  que  vous  n'avez  pas  le  droit,  partant 
d'une  erreur  possible  de  procès-verbal,  de  conclure  à  la  mauvaise 
foi  d'hommes  que  vous  connaissez  fort  peu  et  que  la  confiance 
de  leurs  collègues  a  investis  d'une  lourde  charge  à  laquelle  ils 
sacrifient  leurs  forces  et  leur  temps.  J'attends  de  vous  qu'en 
véritable  gentleman  vous  nous  donniez  les  apaisements  auxquels 
nous  avons  droit.  Vous  vous  honorerez  vous-même  en  eft'açant 
les  termes  flétrissants  que  vous  avez  — •  certainement  par  inad- 
vertance  — '   laissé   glisser   dans   votre    lettre. 

Pour  ce  qui  est  de  la  motion  d'ajournement  que  votre  lettre 
traite  en  détail,  elle  concerne  M.  Rancès  surtout,  et  il  répondra. 
Du  l'esté,  il  est  difficile  de  suivre  une  discussion  académique 
lorsqu'elle  débute  de  la  façon   dont   vous  l'avez  entamée. 

Je   vous   prie   d'agréer,   Monsieur,    etc.. 

Ch.  Veillet-Lavallée. 


Paris,   le   13   novembre   1920. 
Mon   cher   Collègue^ 

Je  vous  remercie  de  m' avoir  communiqué  la  lettre  de  M.  Pierre 
Legouis  :  je  n'en  veux  retenir  que  la  partie  qui  me  met  directe- 
ment en^  cause. 

M.  Pierre  Legouis  est  difficilenîent  excusable.  Non  seulement 
il  a  pu  lire  tout  ce  que  j'ai  écrit  ici-même,  mais  il  a  certaine- 
ment eu  communication  de  la  correspondance  que  j'ai  échangée 
avec  M.  Emile  Legouis,  son  père,  et  M.  Douady,  Président  de  la 
Régionale  dont  il  est  le  Secrétaire.  Donc,  en  affirmant  que  j'ai 
refusé  de  m'associer  au  vœu  de  MM.  Brunot  et  Clédat  parce  que 
<'  je  ne  voulais  pas  me  déjuger  »,  il  a  sciemment  trahi  ma  pen- 
sée. 11  est  vrai  que  cela  lui  permettait  d'ajouter  cette  perfidie  : 
«  C'est  reconnaître  qu'il  a  toujours  poussé  à  l'adoption  du 
thème.  »  Je  répète  ce  que  j'ai  écrit  deux  fois,  et  affirmé  devant 
cinquante    collègues,    sans    rencontrer    d'autre    démenti    que    celui 


512  LES   LANGUES    MODERNES 

de  M,  Pierre  Legouis  :  je  n'ai  parlé  du  thème  d'imitation  qu'après 
avoir  constaté  que  la  Composition  libre  était  définitivement  con- 
damnée, et  le  thème  littéraire   à   deux  doigts  de   triompher. 

La  jeunesse  et  l'inexpérience  de  M.  Pierre  Legouis  ne  sau- 
raient davantage  excuser  ses  affirmations  gratuites.  J'ai  dit  que 
je  ne  m'associerais  à  aucun  vœu  d'ajournement  parce  que  j'étais 
convaincu  que  le  Conseil  Supérieur  ne  reviendrait  jamais  sur 
sa  décision.  M.  Pierre  Legouis  répond  d'un  ton  définitif  que  le 
Conseil  n'avait  pas  à  délibérer  sur  un  vœu  pareil.  Il  se  trompe  ; 
tout  vœu  déposé  au  Conseil  par  un  ou  plusieurs  de  ses  membres, 
est  nécessairement  examiné  par  sa  Section  Permanente,  laquelle 
est  tenue  d'exprimer  un  avis.  Le  Ministre  a,  bien  entendu,  le 
droit  de  ne  pas  s'y  conformer,  puisque  le  Conseil  n'est  qu'un 
organe  consultatif,  mais  il  n'y  a  pas  d'exemple  qu'il  ait  jamais 
passé  outre,  M.  Pierre  Legouis  ajoute  que  si  j'étais  intervenu 
dans  le  sens  qu'il  souhaite,  le  Ministre  se  serait  peut-être  décidé 
en  faveur  de  l'ajournement  :  mon  jeune  collègue  me  fait  vrai- 
ment trop  d'honneur,  et  j'ai  de  mon  pouvoir  de  persuasion  une 
idée   plus   modeste    que   lui. 

M.  Pierre  Legouis  me  reproche  enfin  (car  je  suis  biéli  forcé  de 
prendre  pour  moi  le  dernier  paragraphe  de  sa  lettre)  de  m'ètre 
retranché  derrière  le  référendum  pour  soutenir  que  les  nouvelles 
épreuves   répondaient  au   désir   de   la   majorité   de   nos   collègues. 

En  vérité,  M.  Pierre  Legouis,  qui  par  ailleurs  me  suppose 
omnipotent,  se  fait  une  piètre  conception  de  mes  connaissances 
arithmétiques.  Evidemment  je  n'aurais  pas  trouvé  comme  lui 
que  la  composition  (sous  ses  différentes  formes  et  avec  ou  sans 
version»  a  réuni  't85  suffrages,  alors  que  'i67  collègues  seulement 
(dont  107  voulaient  le  thème)  ont  pris  part  au  référendum.  Je 
lui  afiirme  cependant  que.  même  sans  le  secours  de  ses  additions, 
j'ai  su  défendre  devant  le  Conseil,  avec  toute  la  conviction  néces- 
saire, l'opinion,  hélas  !  trop  imprécise  de  mes  collègues.  Je 
suis  le  premier  à  regretter  —  et  ce  n'est  pas  la  première  fois  que 
je  le  fais  publiquement  —  qu'il  n'ait  pas  jugé  opportun  de  me 
suivre. 

11  reste  de  tout  ceci  que  M.  Pierre  Legouis  semble  vraiment 
manquer  d'esprit  criticjue,  et  qu'il  se  laisse  parfois  aveugler 
par  sa  passion.  Ce  sont  là  travers  juvéniles,  et  qui  passeront, 
j'espère,  l'âge  venant.  Lorsque  M.  Pierre  Legouis  aura  bataillé 
aussi  longtemps  que  moi  en  faveur  des  idées  qui  lui  sont  chères, 
il  excusera,  j'en  suis  sûr,  les  échecs,  ou  les  fausses  manœuvres, 
qui  peuvent  en  retarder  l'évolution,  et  se  gardera  bien  de  les 
attribuer,  comme  il  le  fait  aujourd'hui,  à  je  ne  saisXquellcs  inten- 
tions  secrètes   et   malignes. 

Veuillez,    mon    cher    Collègue,    etc.. 

M.    R.wcKS. 
Dclciiuc    (tu    Conseil    Supérieur. 


ORTHODOXIE  et  AUTONOMIE 


Des  cent  manuscrits  de  romans  nouveaux  entre  lesquels 
a  pu  choisir  l'éditeur  A.  Melrose,  —  organisateur  cette 
année  encore  d'un  concours  littéraire,  —  le  plus  remarqua- 
ble, nous  dit-il,  est  l'œuvre  d'une  femme,  Catherine  Carswell, 
à  qui  a  été  attribué  le  prix  de  deux  cent  cinquante  livres  ; 
je  i)ense  pour  ma  part  que  l'Académie  Française  couronne 
rarement  son  égal. 

Voici  en  effet  un  livre  (1),  de  400  pages  serrées,  dont  la 
forte  volonté  d'analyse  embrasse,  en  son  essence,  totalement 
une  vie,  et  dont  la  gravité  implique  chez  l'écrivain  une  jeu- 
nesse indestructible  qui  est  la  j)oésie  même.  J'imagine,  à  tort 
ou  à  raison,  que  cette  œuvre  est  la  première  de  son  auteur, 
et  je  ne  puis  croire  qu'elle  ne  soit  pas  en  grande  partie 
autobiographique.  Elle  dépeint  et  accompagne  une  famille 
chrétienne  de  Glasgow  et  ses  relations  principales,  groupées 
à  des  plans  divers  adéquatement  éclairés,  autour  d'une 
seule  personnalité  marquante,  d'une  seule  force  intellectuelle 
en  développement  ;  celle-ci  cherche  à  travers  des  expérien- 
ces fondamentales,  au  lieu  d'acquiescer  sans  un  acte  critique 
aux  exigences  des  paresses  traditionnaliste  ou  mondaine,  — 
sa  voie  réelle  et  la  stabilité  morale  où  le  bonheur  lui  sera 
donné   par  surcroît. 


.loanna,  l'héroïne,  sa  sœur  aînée  et  ses  deux  jeunes  frères, 
sont  les  enfants  d'un  missionnaire  évangéli^ue,  Sholto  Ban- 


(\)    Catherine    Oirsiuell  :    Open     Ihe    Door  !     (7/6     net.     Melrose, 
London,    1920). 


514  LES    LANGUES    MODERNES 

nerman,  qui  combat  l'effroi  du  doute  religieux  par  l'intoxi- 
cation des  succès  oratoires,  qui  cherche  surtout  la  paix, 
l'illusion  de  la  foi,  et  dont  la  superficialité  sentimentale 
s'enveloppe  des  attitudes  les  plus  spontanément  charitables. 
Sa  femme,  Juley,  dont  la  foi  centrale  et  profonde  ne  com- 
porte que  des  incertitudes  d'application,  l'a  épousé  pour 
s'assurer  l'atmosphère  indispensable  à  sa  propre  paix  et  à 
ses  œuvres  ;  mais  son  humanité,  qu'éveille  le  mariage, 
réclame  en  union  avec  elle  un  enthousiasme  émotif  que 
l'évangéliste  n'a  pas  en  lui,  et  que  réprime  en  elle-même  à 
mainte  reprise  l'attraction  spirituelle  du  renoncement.  Sa 
vie,  de  dévouement  aussi  réel  que  souvent  intempestif,  et  de 
méditation  étroitement  canalisée  par  l'enseignement  de  son 
église,  contracte  à  la  longue,  en  cet  abandon  de  son  désir 
le  plus  cher,  une  mélancolie  irrémédiable  qu'elle  ne  veut 
pas  s'avouer  à  elle-même.  Sa  tendance  à  la  prédication,  son 
optimisme  volontaire  basé  sur  les  compensations  de  l'au- 
delà,  sur  la  réalisation  céleste  des  bonnes  entreprises  mal 
conduites  ici-bas,  s'accusent  fâcheusement  dans  le  milieu 
familial,  en  une  exaspérante  coïncidence  avec  la  médiocrité 
de  la  vie  matérielle  :  lorsque  le  père  meurt,  pendant  un 
voyage  de  propagande  aux  Etats-Unis,  cette  opposition  des 
résultats  pratiques,  de  la  grisaille  de  la  vie,  avec  les  homé- 
lies quotidiennes  de  la  prédicante  responsable,  a  déjà  ruiné 
dans  l'âme  des  enfants,  et  pour  de  longues  années  chez 
Joanna,  le  prestige  de  la  doctrine.  Pourtant  la  semence  idéa- 
liste, en  une  terre  aussi  riche,  ne  périt  point. 

Nous  sommes  en  effet  dans  un  groupe  où  les  sensibilités 
sont  vivantes,  prêtes  à  la  sympathie  qui  est  intelligence  des 
combinaisons  psychologiques  voisines,  comme  aux  antipa- 
thies qui  exigent  la  classification  à  part  des  dift'érences  une 
fois  formulées.  Très  tôt,  on  s'y  achemine  vers  l'analyse  des 
âmes  dont  la  vie  familiale  conditionne  l'observation  pro- 
longée. La  distinction  s'accomplit  donc  sûrement,  au  cours 
de  notations  et  de  confirmations  nombreuses,  entre  les  élé- 
ments moraux  naturels  et  le  rôle  de  la  croyance.  Celle-ci 
apparaît  d'abord  comme  une  puissance  à  la  fois  arbitraire 
et  réelle,  introduction  volontaire  ou  sociale  d'une  formule, 
instrument  de  cohésion  et  de  discipline,  et  source  éventuelle 


ORTHODOXIE   ET   AUTOXOMIK  i")!') 

(le  bonheur,  si,  coinine  jadis  le  père  mort,  on  peut  aux.  ins- 
tants de  doute  échapper  à  l'esprit  critique,  à  la  connais- 
sance pénétrante  et  à  l'humble  aveu  de  soi-même.  Les  prin- 
cipes inclus  en  cette  croyance  et  dont  l'héroïne  éprouvera 
la  valeur,  sont  en  tout  cas  détachés  par  elle  du  cadre  reli- 
gieux de  son  enfance,  et,  selon  leur  réalité  nue,  demeurent 
accessibles  par  les  voies  ordinaires  de  l'expérience  et  de  la 
réflexion. 

Autour  de  cette  famille  non  dirigée,  à  peine  maintenue 
par  une  bonté  faible,  et  que  les  préoccupations  religieuses 
des  parents  retenaient,  en  un  coin  perdu  do  la  grande  ville, 
à  l'écart  du  matérialisme  triomphant,  —  le  tlot  immense 
des  masses  ouvrières,  et  la  prospérité  satisfaite  des  adora- 
teurs de  Mammon,  passaient  comme  autour  d'un  remous 
instable  les  courants  irrésistibles  de  la  vie  même,  d'une 
unité  sociale  constante  qui  était  réalité,  et,  sans  doute  aussi, 
vérité.  Il  importait  d'échapper  à  l'inacceptable  parallélisme 
iiistitué  dans  la  maison  paternelle,  par  le  hasard  peut-être, 
entre  l'absence  d'union,  de  confiance  spontanée  en  la  vie, 
et  la  rhétorique  d'un  idéalisme  sans  aboutissement  tangible. 
Une  parole  même  du  Livre  des  Rois,  en  harmonie  avec  une 
interprétation  profonde  de  la  parabole  des  Talents,  prêtait 
une  voix  aux  injonctions  chaque  jour  plus  fortes  de  la  soli- 
tude morale  et  à  la  protestation  de  son  moi  inexprimé,  pour 
crier  à  la  jeune  fille  :  «  Ouvre  la  porte,  et  enfuis-toi  !  » 
C'est  sur  cette  recherche  de  la  vérité  morale  qu'insiste  le 
titre  du  livre,  et  sur  les  déchirements  qu'elle  implique. 

«  Enfuis-toi  !  »  Il  reste  à  déterminer  dans  quelle  direc- 
tion. Sans  autres  guides  que  son  désir  de  réalisation  exté- 
rieure, son  intelligence  sincère  en  même  temps  aidée  et 
entravée  par  une  sensibilité  délicate,  par  un  coeur  et  un 
corps  ardents,  —  Joanna,  consciente  à  la  fois  des  risques 
et  de  leur  nécessité,  explore  les  avenues  morales  et  les  cou- 
rants sociaux  qui  l'entourent.  Le  spectacle  est  grand,  de  cet 
être  humain  dont  la  désunion  spirituelle  au  sein  de  la 
famille  a  accentué  l'individualisme,  —  recherchant  ses  émo- 
tions premières  comme  les  plus  purs  miroirs  de  son  moi 
intime,  et  aussi  d'un  océan  de  vérité  cosmique  où  flottent 
comme   des   outres  éventrées  les   formules   confessionnelles  : 


516  LES   LANGUES   MODERNES 

l'influence  des  longs  séjours  de  l'enfant  près  des  bois,  des 
étangs  et  des  landes  écossaises,  d'autre  part  la  gravité  du 
style  et  sa  précision  descriptive,  évoquent  à  mainte  reprise 
les  chefs-d'œuvre  poétiques  de  "Wordsworth  et  l'idée  cen- 
trale de  VOde  sur  l'Immortalité.  Un  des  passages  les  plus 
caractéristiques  à  cet  égard  nous  montre  comment,  dès 
l'adolescence,  même  au  loin  de  la  grande  ville  dont  l'om- 
bre eût  pu  s'atténuer  en  son  souvenir  au  milieu  des  paysa- 
ges et  des  joies  des  vacances,  l'enfant  cherchait  avec  ardeur 
hors  de  l'atmosphère  familiale,  dans  la  majesté  de  la  nature 
et  le  spectacle  de  sa  vie  innombrable,  les  intuitions  d'une 
vérité  à  la  fois  morale  et  esthétique  : 

Leur  dernier  été  à  Duutarvie  fut  celui  qui  précéda  la  mort  de 
Slîolto.  Pour  une  raison  quelconque,  il  fut  impossible  de  renouveler 
le  bail.  Le  chagrin  s'exprima  en  lamentations  dans  la  maison,  et  mal- 
gré l'énorme  accroissement  de  soucis  domestiques  que  représentait 
pour  elle  cette  villégiature,  Juley  fut  aussi  attristée  que  les  enfants. 

Quant  à  Joanua,  à  mesure  qu'approchait  le  départ,  son  amour  pour 
ce  lieu  devint  une  angoisse  véritable,  et  peu  à  peu  sa  voix  ne  s'enten- 
dit plus  dans  le  chœur  des  regrets.  Au  lieu  de  cela,  quand  elle  pou- 
vait, elle  quittait  les  autres,  remontait  en  courant  la  lande  en  face  de 
la  maison,  ne  s'arrêtait  qu'à  une  tanière  secrète  qu'elle  avait  trouvée 
elle-même,  —  sorte  de  couche  sèche,  pâle  et  dorée  parmi  la  bruyère 
haute,  tout  près  de  la  petite  sapinière  dont  la  clôture  argentée  pour- 
rissait ;  et  là,  se  précipitant  sur  le  sol,  elle  enfouissait  sa  ligure  dans 
la  mousse  tiédie  par  le  soleil,  et  humait  la  terre  avec  ardeur. 

Parmi  ces  baisers  prodigués  par  l'enfant  à  la  terre,  baisers  plus 
fervents  qu'elle  n'en  eût  jamais  donnés  à  aucun  être  humain,  un  entre 
tous  devait  vivre  en  son  souvenir. 

Par  une  matinée  de  septembre,  pendant  la  dernière  semaine  de  leur 
séjour,  elle  s'était  esquivée  quelque  temps  avant  le  déjeuner,  prenant 
pour  chemin  la  frange  de  hêtres  qui  derrière  la  maison  montait  entre 
des  champs  à  pente  raide,  et  finissait  par  entourer  létang  le  plus 
élevé.  L'étang  du  bas,  près  des  communs  et  de  la  balançoire,  était  une 
mare  familière  ou  barbotaient  les  canards,  et  sur  laquelle  naviguait 
un  radeau  fait  des  portes  d'un  vieu.\  hangar,  les  échasses  de  Joanna 
servant  d'avirons.  Mais  l'étang  d'en  haut,  en  outre  de  son  étendue 
deux  fois  plus  grande,  était  une  onde  mvstérieusc.  11  était  alimenté  par 
une  source  naturelle,  et  une  légende  du  voisinage  disait  qu'en  ses 
profondeurs  reposait  dans  un  berceau  d'or  le  corps  d'un  enfant  royal 
que  la  mort  ne  pouvait  décoinpo.ser.  Des  roseaux  rencoml)raient,  sa 
surface  traîtresse  n'apparaissait  que  par  reflets  ;  et  mille  espèces  d'oi- 
seaux aquatiques  en  avaient  fait  leur  retraite.  Les  renards,  au  clair  de 
lune,  se  glissaient  jusqu'au  bord  pour  boire  ;  et  -sur  une  petite  île,  au 
centre,  d'une  saison  à  l'autre,  un  couple  de  hcrotis  élevaient  leurs 
petits. 


OHT1IOUOXII-:    LT   ALTONOMII-:  •)!/ 

(^cst  à  cet  étang  liante,  à  la  ceinture  de  hêtres,  dont  Joanna  savait 
tous  les  endroits  où  l'on  pouvait  poser  le  pied,  et  toutes  les  branches 
dangereuses,  qu'elle  s'enfuit  ce  jour-là.  P^tendue  et  cachée  parmi  les 
roseaux  trempés  du  bord,  elle  attendit  que  les  foulques  et  les  poules 
d'eau  effarouchées  eussent  repris,  rassurées,  leur  interminable  activité. 
II  lui  sembla  passer  un  siècle,  immobile,  à  écouter  tous  les  petits  cla- 
potis ou  plongeons,  les  bruissements  dans  les  roseaux  touffus,  les 
bonds  soudains  des  grenouilles,  et  le  ricanement  des  poules  d'eau  sous 
les  rives. 

Alors  cette  enfant  de  douze  ans  pénétrait  au  c(i.ur  même  de  la 
Nature  ;  pour  la  première  fois,  il  lui  vint  à  l'esprit  que  de  son  extase 
elle  pourrait  faire  un  lieu  de  retraite  pour  les  jours  à  venir.  Ce  fut 
une  découverte  :  elle  ressentit  que  désormais  nul  événement,  nul  être 
n'aurait  le  pouvoir  de  lui  nuire.  Pour  sa  vie  entière  elle  aurait  en 
elle-même  ce  refuge  secret.  Dût-elle  être  brûlée  au  poteau,  ou  écor- 
chée  vive  comme  les  martyrs  du  livre  de  Foxe,  elle  pourrait  échapper 
en  esprit  à  ses  bourreaux,  parmi  les  roseaux  de  cette  onde  ;  et  ils 
s'émerveilleraient  de  lavoir  sourire  au  milieu  des  flammes. 

Elle  resta  ainsi  jusqu'à  ce  que  son  corps  devînt  insensible  ;  le  froid 
seul,  pénétrant  ses  habits,  lui  rappela  la  réalité  ;  elle  bougea,  et  s'a- 
perçut seulement  alors  qu'elle  était  trempée  et  courbattue.  Ses  mou- 
vements effrayèrent  le  vieux  héron  :  il  se  leva  bruyamment,  laissant 
d'abord  traîner  quelque  temps  ses  pattes  à  la  surface  de  l'eau,  puis  il 
s'éloigna  vers  l'ouest,  jusqu'à  n'être  plus  qu'un  point  dans  le  ciel, 
au-dessus  du  creux  où  se  trouvait  la  ferme  la  plus  proche. 

Après  s'être  étirée  et  avoir  secoué  ses  cheveux  mouillés,  Joanna  se 
réjouit  en  pensant  au  déjeuner  ;  il  était  bon  de  savoir  que  les  autres 
Tattendaicnt,  assis  à  une  table  où  s'étalaient  les  tourteaux  encore 
poudrés  de  farine,  que  chaque  matin  on  apportait  frais  du  village, 
puis  le  café,  les  confitures  de  mûres,  le  beurre  fait  avec  la  crème  du 
lait  de  leur  propre  vache,  et  qu'elle  aimait  jusqu'à  la  gourmandise. 
Mais  avant  de  retourner  vers  la  maison  au  milieu  des  troncs  des 
hêtres,  elle  se  pencha  une  fois  encore  vers  le  sol  ;  et  appuyée  sur  ses 
deux  paumes,  elle  baisa  l'herbe  mouillée  jusqu'à  sentir  sur  ses  lèvres 
le  goût  de  la  terre  :  «  Si  jamais  je  t'oublie,  ô  Duntarvic,  murmu- 
ra-t-elle,  fais  que  ma  main  droite  oublie  tout  ce  qu'elle  sait  !  »  Le 
sens  de  l'expression  ne  lui  apparaissait,  pas  clair  :  mais  elle  aimait  à 
travailler  de  ses  mains,  et  cette  phrase,  mieux  que  toute  autre,  lui 
semblait  exprimer  son  émotion.  Alors  elle  ramassa  quelques  débris, 
—  une  petite  branche  couverte  de  lichen,  une  feuille  réduite  à  son 
squelette,  une  samare  de  sycomore  prématurément  tombée,  —  pour 
les  garder  en  souvenir  de  son  vœu  ;  puis  se  précipitant  à  toute  vitesse 
vers  la  maison,  elle  y  arriva  toute  rouge,  les  joues  brillantes,  sa  robe 
courte  dégouttant  encore  après  son  passage  dans  la  fougère. 

Les  années  passent,  accentuant  le  contraste  ;  le  mariage. 
avec  ses  indécises  promesses  de  satisfactions  mondaines, 
émotives  et  physiques,  que  consacrent    à    la    fois    tradition 


518  LES  LANGUES  MODEKNES 

sociale  et  suggestions  de  la  nature,  paraît  à  Joanna  la  route 
naturelle  vers  une  activité  générale  libre  et  salutaire.  Mais 
rimpulsion  passionnée  de  ses  besoins,  le  trouble  de  ses 
aspirations,  son  égoïsme  ignoré  d'elle-même  et  aussi  réel 
que  son  idéal  de  sacrifice,  constituent  en  un  faisceau 
d'inexpérience  et  de  conflit,  un  danger  immense  au  seuil 
d'une  aussi  durable  aventure.  Heureusement,  après  des  fian- 
çailles passives  et  soudaines  avec  Bob  Ranken,  fils  d'un 
ancien  collègue  de  son  père,  elle  répudie  à  temps,  violem- 
ment, en  un  sursaut  d'instinct  irréparable  et  qu'elle  regret- 
tera plus  tard,  la  perspective  de  malentendus  graves  avec 
cet  homme  jeune,  travailleur  et  aimant,  mais  dont  les  soucis 
d'avenir  assombrissent  le  sourire,  paralysent  les  gestes  affec- 
tueux, semblent  dissoudre  tout  le  courage  et  la  foi.  L'attrac- 
tion récipropre,  quoi  qu'en  puisse  faire  plus  tard  l'analyse, 
avait  pourtant  été  sincère,  et  au  cours  même  d'expériences 
plus  complètes,  devait  persister  en  un  souvenir  précis  et 
troublant,  dans  le  cadre  des  passages  inoubliables  de  la  ville 
natale.  Car  malgré  l'abandon  du  culte,  l'essence  des  croyan- 
ces premières  restait  en  elle,  simple  coïncidence  peut-être 
avec  ses  tendances  innées  ;  et  dans  la  faiblesse  de  ses  inten- 
tions, le  fiancé  participait  confusément  à  cet  idéalisme. 

C'est  par  contraste  avec  l'incertitude  spirituelle  de  Bob 
Ranken,  qu'à  la  recherche  d'un  meilleur  équilibre  moral, 
elle  va  franchir  une  autre  étape  où  seules  doivent  régnei-  les 
préoccupations  temporelles. 

Elle  reçoit  alors  d'une  vieille  tante  depuis  longtenq)s  fixée 
en  Italie,  une  lettre  affectueuse  dont  la  rhétorique  exaltée 
lui  suggère  des  horizons  romantiques,  jusque-là  abstraits 
pour  elle,  mais  qui  se  précisent  à  la  pensée  que  sa  propre 
mère  avait  été  élevée  à  Rome,  à  l'ombre  de  l'église  presby- 
térienne où  officiait  son  père,  et  qu'elle  avait  rapporté  de  ce 
lointain  séjour  un  souvenir  quasi  extatique.  Joanna  décide 
alors  de  suivre  des  cours  d'italien,  et  se  fait  inunatriculer  ;  la 
salle  de  conférences  est  presque  déserte,  mais  les  rapports 
entre  étudiants  en  sont  moins  distants  ;  la  jeune  fille  y 
retrouve  une  femme  du  monde  que  jadis  avaient  frappé  sa 
beauté  et  sa  distinction,  et  dont  les  invitations  sont  immi- 
nentes. C'est  ainsi  cju'en  rentrant  chez  elle  à  travers  les  jar- 


ORTHODOXIE    KT   ALTONOMIK  519 

«iins  (le  riiniversité,  elle  est  un  jour  présentée  à  Mario  Ras- 
poni,  inventeur  italien  enthousiaste  de  ses  essais  mécani- 
ques, et  dont  ciîaque  {^este  et  chaque  intonation  aflirment  hi 
volonté  tenace,  la  clarté  de  conception  et  la  décision,  qu'ac- 
centuent encore  le  charme  de  ses  manières  et  sa  facilité  de 
jjarole  méridionale. 

Lorsque  le  nom  de  Joaiiiia  fut  prononcé  pour  lui,  Mario  sourit  en 
découvrant  de  petites  dents  d'un  blanc  de  lait,  et  sa  main  caressa 
impulsivement  sa  courte  moustache  noire.  Au  grand  jour,  son  visage 
était,  plutôt  que  l)lanc,  couleur  d'ivoire  ;  ses  traits  fins  et  sculptés, 
ses  paupières  extraordinaires.  11  avait  quelque  chose,  aussi,  de  la 
dureté  de  l'ivoire  ;  et  sous  son  ample  costume  de  drap  d'Ecosse,  elle 
perçut  que  son  corps  ressemblait  à  un  ressort  d'acier  tendu.  Il  était 
l'énergie  elle-même,  mais  accumulée,  non  épanouie.  Joanna  n'avait 
jamais  lessenti  d'impression  aussi  vive,  jamais  imaginé  d'être  aussi 
vivant,  et  la  proximité  de  celui-ci  la  troubla  intensément. 

Cette  force  en  équilibre,  aux  limites  inaperçues,  séduit 
comme  un  symbole  inattendu  de  ses  propres  désirs  la  jeune 
lille  en  quête  de  certitude  et  d'appui  ;  l'opposition  des  deux 
types  physiques  et  nationaux  fournit  un  élément  d'attrac- 
tion, et  le  mariage  précède  à  très  courte  distance  le  départ 
vers  la  vie  nouvelle  à  Florence. 

Mariage  sans  amour,  à  l'insu  même  de  la  femme  éblouie, 
soutenue  dans  sa  poursuite  du  projet  par  l'excitation  devant 
l'inconnu,  par  la  vision  d'une  prospérité  sûre  et  Tintérèt  de 
l'étape  sociale,  tandis  que  le  passé  médiocre,  encore  présent 
et  visible,  justifie  extérieurement  l'évasion,  et  que  la  beauté 
de  l'automne  encadre  en  un  somptueux  silence  le  songe  où 
s'estompe  l'avenir.  Au  départ  de  Glasgow  pourtant,  une 
angoisse  l'étreint  comme  le  remords  d'une  désertion,  comme 
la  conscience  d'une  réalité  essentielle  irréparablement  per- 
due, et  d'un  déchirement  qui  était  une  clarté.  Puis,  la 
variété  des  paysages  traversés,  l'éclat  insoupçonné  ou  la 
délicatesse  des  teintes,  la  pureté  des  contours,  la  joie  visi- 
ble de  la  vie  dans  la  nature  italienne,  la  charment  et  l'ab- 
sorbent ;  en  la  sœur  de  son  mari  comme  en  lui-même,  elle 
découvre  à  la  fois  l'absence  complète  de  croyance  reli- 
gieuse, et  la  satisfaction  parfaite  d'existences  sensuelles  et 
simples,  d'une  indéniable  harmonie. 


520  LES    LANGUES    MODERNES 

Elle  attendait,  dans  l'éveil  de  ses  sens,  l'arrivée  du  soir,  et  pour  la 
première  fois  avec  l'intention  arrêtée  d'émouvoir  son  mari,  elle  se 
retourna  dans  la  lumière  frémissante  et  le  regarda.  Joanna  se  recon- 
naissait à  peine  dans  cette  voluptueuse  séductrice  sous  le  ciel  italien. 
Etait-elle  dans  la  vérité?  toutes  les  épouses  sentaient-elles  et  agis- 
saient-elles de  même?  Elle  pensa  à  sa  mère,  à  sa  tante,  à  l'enseigne- 
ment et  aux  traditions  dont  on  l'avait  nourrie.  A  quoi  se  fier?  à  cette 
tradition  ou  à  cet  abandon  ?  Il  paraissait  impossible  que  les  deux 
fussent  la  vérité  ;  et  pourtant,  le  mal  pouvait-il  résider  en  semblable 
libération,  en  semblable  harmonie  avec  le  monde  d'or  et  avec  les 
cieux  violets  ?  D'elles  ne  venait  nulle  souffrance  pour  un  seul  être,  et 
le  malaise  dont  sa  jeunesse  avait  si  longtemps  souffert  se  trouvait 
effacé.  Elle  riait  désormais  d'une  voix  qu'elle  connaissait  à  peine  ; 
elle  pleurait  sans  effort,  se  sentant  rafraîchie  ;  elle  exprimait  ses 
émotions  en  gestes  rapides;  elle  n'était  plus  en  lutte  avec  elle-même. 
Joanna  se  rappela  une  parole  fréquente  de  sa  mère,  selon  laquelle  le 
critère  de  la  moralité  d'un  acte  était  que  l'on  pût,  à  son  sujet,  prier 
Dieu  sans  honte  ;  or  elle  ne  s'était  jamais  sentie  si  pleine  d'adoration. 
Là  était  donc  la  vérité?...  et  pourtant... 

Le  bras  de  son  mari  passé  autour  d'elle,  elle  regarda  au-dessous 
d'eux  la  grande  plaine  à  travers  l'or  et  l'argent  des  bouleaux.  La 
brume  s'3'  allongeait  en  colonnes  abattues  ;  les  méandres  de  la 
rivière,  —  l'Arno,  lui  avait  dit  Mario,  —  s'y  déployaient  comme  les 
reflets  d'une  traînée  de  colimaçon.  Sur  une  colline  pointue,  une  haute 
et  vieille  villa  se  campait  majestueusement  contre  le  ciel  au  milieu 
de  son  escorte  de  cyprès.  Près  d'eux,  le  long  de  leurs  troncs  rouges^ 
quelques  arbres  retenaient  des  feuilles  vertes  alanguies.  Passant  du 
violet  à  un  bleu  plus  intense,  le  ciel,  aux  yeux  de  .loanna,  semblait 
se  pencher  en  tremblant  vers  la  terre  avide,  comme  un  amant  sûr  de 
l'accueil  et  pourtant  incrédule  devant  cette  joie  offerte.  Une  fois 
encore,  sans  une  trace  de  calcul  ou  de  coquetterie,  elle  tourna  son 
visage  vers  Mario,  et  les  yeux  de  celui-ci  continrent  alors  pour  elle 
toute  la  magie  de  la  nuit  italienne. 

Mais  les  semaines  passent  ;  et  même  sans  tenir  compte  de 
la  jalousie  de  Rasi)oni,  les  murs  de  cette  vie  facik,  et  artis- 
tique par  le  cadre,  sont  bien  ceux  d'une  prison  :  les  âmes 
voisines  sont  à  peine  des  âmes,  tandis  qu'en  la  lointaine 
maison  d'Ecosse  brûlait  une  humble  flamme,  courbée  chaque 
jour  sous  quelque  souffle  hostile,  mais  dont  s'éclairaient 
quelques  visages  chers  et  tristes,  —  et  dont  l'i-nsuflisance 
était  encore  une  réalité,  gage  de  possibilité  plus  pleines. 
L'expérience  florentine  comporte  en  quelques  mois  sa  con- 
clusion :  la  crainte  d'incompatibilités  à  venir  surgit  au 
cœur  de  Joanna,  lorsque,  providentiellement  i)0ur  elle,  son 
mari  meurt  dans  un  accident  de  machine.  Lorstpie  la  jeune 


ORTHOOOXIE   KT   AUTONOMIE  521 

vt'iivi',  qui  n'attend  pas  d'enfant,  et  qui  jamais  en  leurs  plus 
fouj^ueuses  intimités  n'a  livré  son  moi,  est  emportée  par  le 
train  vers  l'Ecosse,  elle  se  sent  vibrante  et  indemne,  avec 
toute  sa  vie  et  peut-être  le  bonheur  devant  elle,  comme  au 
soilir  d'un  tribunal  qui  après  un  meurtre  commis  en  cas  de 
légitime  défense,  l'aurait  acquittée. 

Pendant  trois  ans  elle  réside  à  nouveau  près  de  sa  mère, 
el  d'un  jeune  frère  qui  explore  sans  direction  morale,  aux 
dépens  de  sa  dignité,  des  milieux  plus  aisés  que  le  sien. 
Avec  toute  sa  sincérité  et  sa  piété,  Joanna  lente  de  i)rouver 
à  Juley,  dont  jadis  les  défauts  et  les  travers  l'exaspéraient, 
l'amour  filial  qu'elle  ressent  bien  au  fond  d'elle-même  H 
qu'elle  n'a  pu  sufïisamment  lui  témoigner  ;  mais  elle  ren- 
contre trop  souvent  comme  visiteuse  à  son  foyer,  interdi- 
sant sans  scrupule  ce  qui  eût  pu  devenir  l'intimité  indis- 
pensable à  l'union,  une  organisatrice  de  cérémonies  cul- 
tuelles, dont  le  prosélytisme  atteint  à  l'égard  de  Joanna  les 
limites  extrêmes  de  l'indiscrétion,  et  voile  à  peine  l'hostilité 
envieuse  d'une  femme  sans  grâce  contre  tout  ce  qui  n'est 
pas  renoncement,  destruction  de  sa  beauté  sous  le  boisseau. 
La  conquête  facile  de  sa  mère  par  semblable  influence 
achève  donc  de  ruiner  l'entreprise  touchante  de  la  jeune 
femme,  et  la  contraint  de  chercher  encore  à  l'extérieur 
l'atmosphère  favorable  à  ses  aspirations  les  plus  légitimes. 


Au  cours  d'agréables  incursions  dails  certaine  bourgeoisie 
aisée  de  Glasgow,  où,  par  réaction  contre  la  laideur  et  la 
ir.onotonie  ambiantes,  par  velléité  artistique  et  intellec- 
tuelle, et  par  vanité,  on  cherche  (et  l'on  réussit  mieux  qu'à 
Londres,  à  revenus  égaux),  à  grouper  les  femmes  les  plus  élé- 
gantes, les  plus  jolies,  ou  les  plus  correctement  amorales  de 
la  ville,  et  encore  les  éléments  mondains  de  l'Université  et  des 
Beaux-Arts,  —  Joanna,  rapidement  au  fait  du  vide  et  de  l'éclat 
factice  du  milieu,  y  oublie  pour  un  temps  sa  solitude  ;  elle 
forme  en  outre  parmi  les  visiteurs  plus  ou  moins  éphémères 
quelques  camaraderies  d'art,  dont  le  hasard  peut  transfor- 
mer soudain  l'une  ou  l'autre  en  une  relation  plus  vitale. 


522  LES   LANGUES   MODERNES 

Son  expérience  est  d'ailleurs  connue  dans  ce  cercle,  et 
ajoute  à  l'attrait  qu'elle  exerce,  entre  autres  sur  un  ancien 
condisciple  des  cours  d'italien,  Lawrence  Urquhart,  étu- 
diant distingué  d'anthropologie,  et  sur  un  miniaturiste,  Louis 
Pender.  Le  premier  est  un  enthousiaste  silencieux,  dont  les 
préoccupations  sont  d'une  part  sa  carrière  universitaire,  et 
surtout  cette  religion  que  peut  être  l'amour.  Mais  la  sobriété 
de  gestes  que  lui  confère  son  tempérament  intellectuel,  et  la 
gaucherie  issue  de  sa  sensibilité,  sont  pour  la  jeune  femme, 
malgré  la  sympathie  qu'elle  ressent  à  son  égard  et  le  trouble 
que  depuis  longtemps  elle  jette  en  lui,  des  apparences  encore 
indéchiffrables.  Le  salut,  sans  aucun  doute,  est  là  pour  elle, 
immédiat  ;  mais  la  réserve  d'Urquhart  voile  la  virilité  qui 
l'eût  conquise  ;  et  le  consentement  au  mariage,  qu'elle 
accorde  presque  par  surprise,  souffre  d'un  caractère  acci- 
dentel qui  en  entraîne  presque  aussitôt  l'annulation. 

Le  miniaturiste,  au  contraire,  a  l'expérience  et  l'assurance 
d'un  homme  fait  ;  fils  d'un  acteur  hongrois  et  d'une  fille  de 
pasteur  anglais  assez  indépendante  pour  entrer  elle  aussi  au 
théâtre,  il  a  hérité  d'eux  cet  esprit  d'aventure  qui  jamais  ne 
se  résigne  à  cesser  de  corriger  la  vie  lorsqu'un  hasard  heu- 
reux n'a  pas  satisfait  d'abord  les  exigences  fondamentales  ; 
puis  la  sincérité  parfaite  à  l'égard  de  soi-même,  qui  condi- 
tionne cette  recherche  du  mieux  ;  en  outre,  le  sens  et  le 
besoin  d'une  certaine  approbation  sociale  ;  enfin  le  désir 
ardent  d'expression  personnelle  sans  lequel  il  n'est  point 
d'art.  En  tout  cela  son  tempérament  s'harmonise  avec  celui 
de  Joanna  ;  elle  goûte  en  ses  œuvres  délicates  et  romanes- 
ques la  mélancolie  lasse  ou  révoltée  d'une  vie  semblable  à 
la  sienne  ;  de  l'art  et  de  l'homme  la  puissance  de  séduction 
sur  elle  a  pour  alliés  sa  propre  solitude  et  l'cftort  nécessaire 
au  calme  extérieur.  Pender,  qui  approche  de  la  cinquan- 
taine, est  lui-même  d'autant  plus  i)éniblement  seul  que  son 
mariage,  contracté  très  jeune,  est  dans  sa  vie  une  source  de 
dépression  et  d'amertume  :  sa  femme,  créature  froide,  con- 
forme par  ailleurs  au  code  mondain,  a  en  effet,  au  bout 
d'un  an,  mis  des  jumeaux  au  monde  dans  des  conditions 
telles  qu'elle  éprouve  constamment  par  la  suite,  à  l'égard  de 
son   mari,  une  véritable  terreur  ])hysiquc  ;  la  vie  commune 


ORTHODOXIE   ET   AUTONOMIE  523 

n'est  plus  qu'une  façade,  et  si  dans  l'intérêt  des  enfants  le 
divorce  n'a  pas  lieu,  il  est  moralement  consommé,  ainsi  que 
dans  la  réalité  par  le  mari,  sans  hésitation.  Jusqu'ici,  faute 
de  personnalités  remarquables  dans  ses  rencontres  fémini- 
nes, Pentler  n'a  gardé  de  celles-ci  qu'une  sensation  d'éphé- 
mère vanité.  En  présence  de  Joanna,  toute  possibilité  sem- 
blable parait  écartée  :  presque  assez  âgé  pour  être  son  père, 
mais  la  sachant  veuve,  et  capable  de  peser  les  risques  d'une 
liaison  à  laquelle  il  saura  d'ailleurs  épargner  toute  consé- 
quence physiologique,  il  s'achemine  sans  hâte  comme  sans 
inquiétude  vers  sa  réalisation. 

Le  problème  est  donc  grave  pour  Joanna.  Il  est  indénia- 
ble que  Pender  la  satisfait  intellectuellement  par  sa  capa- 
cité d'introspection  et  par  le  sens  de  ses  créations  artisti- 
ques ;  qu'il  est  précisément  attiré  par  sa  vertu  la  i)lus  haute, 
par  l'alliance  de  sa  curiosité  supérieure  et  de  son  courage  ; 
que  même  en  leurs  conflits  d'opinions,  il  l'aide  à  préciser  et 
à  distinguer  les  valeurs,  sensibles  et  esthétiques  d'une  part, 
intuitives  et  absolues  de  l'autre  ;  et  que  leur  intimité  crois- 
sante est  pour  elle  un  enrichissement  dont  les  possibilités 
sont  indéfinissables.  Serait-ce  là  la  porte  ouverte,  une  fois 
pour  toutes,  vers  l'équilibre  et  la  paix  ? 

Par  ces  importantes  certitudes,  par  de  tels  dons  inatten- 
dus, l'attention  est  absorbée  tout  entière  ;  le  spectacle  desr 
réalités  offertes  s'unit  au  trouble  grandissant  des  émois 
physiques  pour  guider  vers  l'abandon  final  cette  femme  que 
Hardy  eût  sans  doute  appelée  pure,  et  à  qui  nul  sans  irré- 
flexion ne  saurait  jeter  la  première  pierre.  L'étape  est  donc 
franchie.  Mais  l'épreuve  à  l'égard  l'un  de  l'autre  d'une 
liberté  et  d'une  sincérité  sans  entrave  révèle  seulement  à 
Joanna  de  façon  plus  frappante  l'importance  du  rôle  joué 
dans  la-  vie  de  Pender  par  tout  ce  qui  n'est  pas  elle,  sa  soif 
de  concentration  et  d'absolu,  —  par  le  monde  sensible,  par 
la  prospérité  matérielle  et  par  le  cadre  extéi'ieur  de  l'art. 
L'esprit  critique  de  l'artiste,  au  milieu  de  leurs  conversa- 
tions les  plus  affectueuses,  ne  s'endort  jamais  en  une  extase 
définitive  devant  la  personnalité  de  Joanna  ;  une  fois  dissi- 
pées les  premières  ivresses,  elle  se  ressaisit,  et  connaît  que, 
non  plus  que  Rasponi,  cet  homme  ne  l'a  faite  sienne. 


Ô24  LES    LANGUES    MODERNES 

Elle  fut  surprise,  puis  effrayée,  de  ne  pouvoir  trouver  en  Louis 
qu'une  aide  aussi  faible.  Sans  aucun  doute  la  supériorité  qu'elle 
croyait  apercevoir  en  sa  connaissance  de  la  vie,  avait  été  l'un  des 
éléments  puissants  qui  l'avaient  attirée.  Avec  l'avantage  de  l'âge,  de 
l'expérience,  de  sa  situation,  il  lui  paraissait  se  mouvoir  avec  sûreté 
dans  ce  monde  fabuleux  de  Mammon  dont  elle  ressentait  depuis  son 
enfance  la  faim  encore  insatisfaite...  Entre  les  deux  extrêmes  de 
l'aventure  irrégulière  et  de  l'élégance  conventionnelle  (quelle  que  fût 
leur  dépendance  réciproque),  s'étendait  tout  le  royaume  merveilleux 
que  constitue  le  «  siècle  »,  et  qui  est  lesthétisme,  l'histoire,  le  fruit 
chatoyant,  substantiel  en  apparence,  de  la  civilisation.  Pour  des 
raisons  complexes,  locales  et  personnelles,  la  jeune  fille  s'était 
toujours  sentie  privée  de  ce  monde  traditionnel;  désormais,  en  Louis 
elle  allait  le  posséder. 

Et  pourtant,  une  semaine  ne  s'était  pas  passée  encore  depuis  qu'ils 
étaient  amants,  qu'elle  savait  déjà  ce  même  Louis  incapable  de  diriger 
le  cours  de  leur  amour.  Il  était  comme  dans  une  tempête  un  compa- 
gnon dont  la  seule  notion  de  commandement  était  de  laisser  dériver  le 
navire.  Elle  ne  saisissait  pas  facilement  cette  vérité,  que  pour  Louis 
même,  de  par  sa  propre  nature  à  elle,  la  situation  était  essentiellement 
sans  précédent.  Et  elle  comprenait  moins  encore,  —  bien  que,  prati- 
quement elle  dût  agir  en  conséquence  —,  ce  fait  curieux  que  Louis, 
tel  un  noyé,  s'accrochait  à  sa  certitude  spirituelle.  C'était  essentielle- 
ment le  même  mouvement  que,  trente  ans  auparavant,  Sholto,  son 
père,  avait  accompli  vers  Juley,  sa  mère. 

Sans  doute  la  sympathie  de  Pender  est  supérieure,  et  son 
indulgence  intelligente  a  la  même  mesure  ;  sans  doute,  à 
son  contact,  la  jeune  femme  apprend  à  découvrir  dans  la  vie 
quotidienne  mille  menus  faits  ou  facettes  qui  sont  signes  et 
symboles  ;  et  certes  la  joie  est  intense  de  cet  épanouissement 
intellectuel,  dont  la  conscience  comble  le  vide  de  deux 
années.  Mais  les  périodes  longues  ou  fréquentes  de  .solitude 
ne  laissent  à  l'oubli  facile,  aux  joies  de  second  plan,  aux 
désirs  de  repos,  en  cette  âme  incapable  de  paresse,  aucune 
chance  de  triomphe  ou  de  durée.  Malgré  son  humanité,  dont 
la  faiblesse  est  aussi  grandeur.  Joanna  com})lètera  ce  q^ie 
l'acquies'^ence  a  comporté  de  sacrilice,  par  l'acte  également, 
supérieurement  humain,  de  détachement  intellectuel,  de 
choix  et  de  coordination,  d'autonomie. 

Elle  s'est  montrée  cajjable  d'ignorer  les  tiers,  ou  de  leur 
donner  le  sjjectacle  d'une  fidélité  i)arfaile  à  la  lumière  inté- 
lieure.  au  ])rix  de  sa  paix  matérielle  et  d'une  partie  de  .son 
bonheur.    Il   reste  cependant   indispensable   à   la   vertu   esscn- 


OHTHOUOXIE    HT   AUTONOMIE  525 

tielle,  au  triomphe  réel  de  son  initiative  sentimentale,  que 
celle-ci  comporte  de  chaque  côté  la  même  somme  d'effort 
et  de  sacrifice,  —  que  Pender  par  consécjiient  rompe  avec 
tout  son  passé  stérile,  avec  sa  femme  qui  n'est  pas  une 
épouse  et  avec  tous  les  liens  noués  autour  de  cette  liction 
morale,  avec  ses  fils  même  (dont  l'indépendance  sociale  est 
acquise),  s'ils  ont  l'audace  de  juger  avec  l'intransigeante 
ignorance  de  la  jeunesse  et  l'incuriosité  psychologique  de 
la  foule. 

Sûre  du  bienfait  essentiel  que  comporterait  pour  elle,  et 
éventuellement  pour  lui,  leur  union  complète.  Joanna  consi- 
dère qu'elle  n'aura  point  péché,  si  de  sa  longue  acceptation 
elle  fait  surgir  le  plus  persuasif  des  exemples,  en  le  specta- 
cle même  de  ce  qui  manque  à  leur  bonheur  imparfait.  D'une 
joie  profonde  mêlée  pour  elle  seule  à  la  souffrance  du  com- 
promis, des  fréquentes  solitudes  et  du  secret,  la  vision  se 
lèvera  peut-être,  aux  yeux  de  l'amant,  d'un  état  supérieur, 
d'une  i)aix  et  d'une  liberté  totales,  où  tous  les  deux  naî- 
tront enfin  à  la  vie  intense  et  commune  du  cœur  et  de  l'es- 
l)rit.  Telle  se  construit  en  l'esprit  de  Joanna  l'éthique  de  la 
situation  ;  et  sans  doute  Pender  en  sent  bien  la  valeur 
idéale  ;  mais  sa  connaissance  du  monde,  sa  fatigue  et  son 
sens  pratique  s'unissent  pour  confirmer  son  refus  de  sacri- 
fier en  une  lutte  ouverte  où  le  monstre  social  l'écraserait  à 
coup  sûr,  la  vitalité  qui  lui  reste  et  qu'absorbe  tout  entière 
cette  expérience  nouvelle. 

Aussi,  malgré  les  joies  intenses  qui,  après  mainte  crise 
douloureuse,  raniment  sa  volonté  de  vivre  jusqu'au  bout  cet 
amour  si  réel  et  si  varié,  Joanna  sent  désormais  un  mal  invin- 
cible l'envahir  comme  un  poison.  En  ses  méditations  solitai- 
res, l'humiliation  intime  de  ce  renversement  des  rôles,  de 
l'indifférence  de  Pender  à  cet  égard,  de  sa  richesse  d'âme 
abandonnée,  subordonnée  aux  pauvretés  voisines  et  aux 
plus  révoltantes  contingences,  ronge  d'épuisantes  morsures 
la  chair  de  ce  cœur  ardent. 

Alors  survient  la  mort  de  sa  mère,  dont  les  deux  princi- 
pes religieux  centraux,  la  liberté  d'examen  des  problèmes 
moraux,  et  la  nécessité  pour  chacun  d'harmoniser  sa  vie 
' ,    avec  sa  conscience  la  plus  claire  de  la  beauté  ou  de  la  vérité. 


526  LES   LANGUES    MODERNES 

n'avaient  été  représentés  dans  la  pratique  que  par  des  vel- 
léités fugitives,  aussi  inefïicaces  que  sincères  et  touchantes. 

Etait-ce  après  tout  sa  mort  qui  avait  changé  la  face  du  monde  ?  ou 
plutôt  ii'était-ce  pas  la  façon  dont  elle  était  morte  '?  Elle  avait  diparu 
sans  jamais  parvenir  à  la  taille  intégrale  de  son  âme,  sans  avoir  jamais 
dit  la  parole  qu'il  lui  incombait  de  prononcer.  Avec  toutes  ses  luttes, 
ses  sacrifices,  sa  noblesse,  elle  restait  irréalisée.  Elle  ressemblait,  en 
l'absence  de  la  clef  de  voûte,  aux  deux  côtés  qui  s'effondrent.  Et 
pourtant,  qui  donc  avait  la  foi,  sinon  elle  ?  Et  que  lui  avait-il  manqué? 

Dans  les  commentaires  que  la  famille  juge  opportun  de 
faire  entendre  autour  du  cercueil  de  Juley,  Joanna,  non 
moins  aimante  parce  que  clairvoyante,  discerne  l'insincé- 
rité,  la  non-acceptaticn  des  faits  ;  pour  elle  la  connaissance 
de  l'échec  en  entraine  l'aveu  nécessaire,  qui  n'exclut  ni 
l'amour  filial  pour  cette  bonté  disparue,  ni  la  pitié  pour 
cette  faiblesse,  —  mais  qui  surtout  laisse  aux  survivants 
une  clarté  et  une  direction.  En  ses  souvenirs  ravivés, 
Joanna  retrouve  au  moment  voulu  la  notion  nette  du  devoir: 
de  ses  actes,  aujourd'hui  comme  jadis,  elle  n'est  responsable 
que  devant  Dieu,  source  unique  de  son  inspiration  ;  elle  ne 
doit  déléguer  à  personne,   à   nul  avenir,   à  nul  enfant  même, 

—  si  son  désir  de  maternité  avait  trouvé  en  Pender  un  écho, 

—  le  devoir  de  la  réalisation  personnelle.  Et  si  à  la  lumière 
de  sa  rétlexion  la  plus  calme  en  son  pouvoir,  ayant  donné 
tout  son  effort  pour  la  vérité,  ayant  vu  jadis  en  l'union  avec 
cet  homme  l'instrument  de  sa  propre  floraison  morale,  nulle 
considération  mondaine,  nulle  désapprobation  des  majorités 
moutonnières  ne  l'arrêta,  —  si  d'autre  i)art  elle  maintient 
en  elle-même  contre  la  conspiration  des  paresses  ou  des 
impuissances  individuelles,  la  nécessité  d'entreprendre  et 
tout  au  moins  de  ne  jamais  abandonner  la  tâche  de  l'abou- 
tissement moral.  —  elle  est  prête  aujourd'hui,  i)lutôt  que  de 
subir  connue  autrefois  sa  mère  aui)rès  de  .Sholto,  l'empri- 
s(uinemenl  d'un  effort  inutile,  à  reprendre  seule  le  dur  che- 
min de  la  fidélité  à  sa  conscience,  à  ouvrir  de  nouveau  la 
]jorte  du  séjour  où  le  rêve  ne  fut  qu'un  rêve  et  qu'une 
attente,  à  répudier  l'alliance  dont  l'insufiisance  deviendrait 
trahison,  pour  tenter  de  trouver  les  conditions  de  l'expres- 
sion jjleine  ([ui  seule  comporte  l'intuition  de  l'absolu  et  du 
réel. 


ORTHODOXIE   ET   AUTONOMIE  527 

Dans  les  froides  éclaircies  du  désespoir,  le  jugement  s'est 
formulé,  la  sympathie  morale  ne  s'ajoute  plus  à  l'amour  qui 
survit  ;  la  fatigue  physique  de  Pender  ne  trouve  plus  en 
Joanna  l'attention  qu'elle  mérite  comme  circonstance  atté- 
nuante ;  et  d'ailleurs,  la  logi(iuc  de  la  situation  triomphe  des 
hésitations  et  des  retours,  des  détresses  et  des  abandons 
douloureux  qui  ne  sont  plus  qu'accidents  devant  la  perma- 
nence de  la  vérité  même  :  à  la  première  défaillance  de 
l'amant,  la  rupture  se  consomme  dans  la  souffrance,  et  les 
formules  ou  les  réactions  qui  la  suivent,  tout  en  semblant 
réserver  l'initiative  à  Pender,  ne  font  qu'éclairer  l'enchaîne- 
ment irrésistible  des  réalités  dominantes,  avec  la  reconnais- 
sance des  richesses  échangées,  l'acceptation  des  faits  et  la 
douceur  essentielle  du  souvenir. 

Ce  fut  alors,  dans  le  calme,  que  résonna  à  ses  oreilles  une  petite 
voix  mélodieuse  oubliée  depuis  l'enfance.  Autrefois,  à  Duntaivie,  elle 
entendait  de  son  lit  le  réservoir  d'eau  de  la  maison.  Et  voici  que  dans 
la  chambre  même  ou  elle  était,  par  un  curieux  hasard,  se  trouvait  le 
réservoir  de  l'hôtel;  il  était  caché  dans  un  placard,  et  pendant  le 
jour  elle  n'avait  eu  qu'obscurément  conscience  d'une  présence  fami- 
lière, à  certains  chocs  assourdis,  à  certains  jets  et  jaillissements. 
Elle  n'avait  encore  remarqué  aucun  son  pendant  la  nuit.  Mais  à  cette 
heure  secrète  qui  précède  l'aube,  alors  que  tout  le  reste  du  monde 
dormait,  et  que  Joanna,  silencieuse,  attendait  que  le  sommeil  vint 
vers  elle,  cette  eau  se  mit  ?i  parler. 

Cela  jaillit  mystérieusement  du  silence  avec  une  précision  exquise. 
(Cadence  minuscule,  aux  échos  argentins,  interminable.  Oui,  comme 
l'argent  cette  musique  tintinnabulait,  comme  des  perles  marines, 
comme  des  stalactites,  si  fine,  si  claire  et  si  dépouillée,  que  l'enten- 
dre était  une  extase,  extase  intense,  pure  de  toute  tache  d'excitation. 
Pendant  une  ou  deux  mesures  la  chanson  se  prolongeait,  chaque  into- 
nation parfaite  suivant  l'autre.  Puis,  comme  un  ruisselet  qui  bondit 
dans  la  lueur  des  étoiles,  elle  éparpillait  ses  gouttelettes  en  un  embrun 
de  fioritures.  Et  cela  se  poursuivait,  parfois  en  un  chant,  parfois  en 
paroles,  les  modulations  passant  sans  cesse  d'un  rythme  délicat  à  un 
autre,  inconnus  même  dans  le  rêve.  Bien  que  cette  voix  fût  celle  de 
son  enfance,  Joanna  ne  l'avait  jamais  réellement  entendue  encore. 
C'était  la  voix  calme  et  légère  d'une  naissance,  d'une  vie  nouvelles, 
d'un  monde  nouveau.  Car  c'était  la  voix  qui  précède  la  création, 
assurée,  supra-terrestre,  d'une  fragilité  de  filigrane  et  pourtant  d'une 
tîdélité  d'étoile. 

Quelques  mois  se  passent,  où  l'intelligence  psychologique, 
qui  détermina  extérieurement  la  décision,  rétablit  par  degrés 


528  LES  LANGUES  MODERNES 

/ 

en  Joanna  le  calme  dans  lequel  seul  est  possible  son  règne. 
De  l'expérience,  l'âme  de  la  jeune  femme  sort  plus  claire 
pour  elle-même,  dépouillée  des  impulsions  et  des  extases 
stériles  ;  grâce  à  son  courage,  comme  à  sa  soif  artistique  du 
maximum  réalisable  de  perfection,  grâce  surtout  à  son  inlas- 
sable activité  d'esprit,  digne  essentiellement  de  l'épithète 
d'intellectuelle,  —  sa  volonté  s'est  faite  l'humble  servante 
d'une  vision  sûre,  d'un  choix  véritable,  au  delà  des  illu- 
sions et  des  entraînements,  parmi  les  valeurs  masquées, 
déformées  et  enchevêtrées  sous  les  apparences. 

C'est  alors  qu'à  la  lumière  de  la  méditation,  et  à  l'aide  du 
hasard  purement  extérieur  qui  épargne  à  Joanna  l'oubli  où 
ceux-là  l'auraient  pu  laisser  que  jadis  sur  sa  route  elle  avait 
croisés,  fascinés  et  rejetés,  —  le  retour  s'accomplit  vers  les 
intuitions  sentimentales  certaines  dont  la  lueur  fut  pour 
elle  prématurée,  faute  de  la  sobriété  de  jugement  que  seule 
'une  douloureuse  expérience  pouvait  conférer  à  sa  richesse 
émotive.  Bob  Ranken,  le  camarade  d'enfance  dont  les  cour- 
tes fiançailles  éveillaient  encore  en  elle  une  curieuse  ten- 
dresse, mêlée  sans  doute  de  pitié  pour  sa  propre  solitude 
en  sa  première  jeunesse,  reparaît  accidentellement  dans  sa 
Aie,  et  la  subjugation  d'autrefois  luit  encore  en  ses  yeux. 
Mais  la  faiblesse  qui  toujours  émane  de  sa  personne  est  à 
ce  point  éloquente,  que  mieux  vaudrait  pour  Joanna  s'isoler 
en  un  culte  secret  de  celui  par  lequel  elle  vécut  intensément, 
que  de  risquer  auprès  d'une  personnalité  moins  riche  à  tant 
d'égards,  l'abandon  à  des  souvenirs  plus  lumineux  que  le 
présent  même. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  Lawrence  Urquhart,  dont 
l'énergie  ne  lui  était  point  jadis  apparue,  lorsqu'absorbé 
par  l'intérêt  de  ses  premières  études,  et  replié  d'ailleurs  sur 
lui-même  pour  sauvegarder  son  indépendance  contre  une 
mère  bornée  et  autoritaire,  il  n'avait  révélé  à  Joanna  que 
l'accablement  de  l'amour,  incai)able  encore  de  fournir  à 
cette  exigeante  imagination  les  symboles  extérieurs  de  la 
force  et  de  la  clarté,  à  cette  intelligence  l'encadrement  de 
la  sécurité,  à  cette  solitude  la  garantie  visible  d'une  alliance 
et  d'une  protection.  L'étudiant  d'anthropologie,  coiitroint 
d'abandonner  l'université  à  la  suite  d'un   concours  malheu- 


ORTIIODOXIK    KT   AUTONOMIE  529 

reux,  est  entré  au  barreau  ;  mêlé  plus  directement  à  la  vie, 
il  a  dû  acquérir  l'art  d'une  expression  plus  efficace  ;  et  Jes 
quelques  années  qui  le  séparent  de  son  premier  contact  avec 
•loanna  lui  ont  révélé  la  nécessité  d'une  analyse  sûre  d'au- 
trui,  pour  réaliser  dans  l'entourage  choisi  l'intelligibilité 
voulue  de  son  tempérament.  Joanna  sait  désormais  la  qualité 
du  sentiment  de  Lawrence  à  son  égard,  son  calme  devant 
l'opposition,  sa  pénétration  psychologique  et  sa  faculté 
d'affirmation  personnelle  ;  elle  a  appris  en  outre,  au  cours 
de  leurs  dissentiments  même,  que  l'amour  n'obscurcit  pas  en 
lui  la  notion  du  vrai,  et  que  contre  ses  décisions  et  sa  rai- 
son, ses  propres  cruautés  féminines  sont  sans  pouvoir.  Pour 
lui,  la  conception  vulgaire  du  bonheur  n'est  qu'une  eutha- 
nasie :  seule  la  vie  dans  son  intensité  peut  satisfaire  sa  soif 
de  réel,  et  c'est  en  Joanna,  courageuse  exploratrice  des  rela- 
tions essentielles  entre  les  êtres,  et  réalisatrice  des  possibi- 
lités du  moi,  qu'il  trouve  l'inspiration  nécessaire  à  son 
développement.  La  même  logique  impérieuse  qui  domine 
fout  le  livre,  qui  bouleversa  les  éléments  inconscients  d'eux- 
mêmes  égarés  sur  sa  route,  qui  lentement  et  douloureuse- 
ment, amena  à  l'acquiescence  et  à  la  pleine  lumière  les  âmes 
QÛ  l'ordre  ne  régnait  pas  encore,  unit  ici  avec  Joanna 
celui-là  seul  des  personnages  de  premier  plan  qui  soit  doué 
de  la  même  réalité,  et  clôt  dans  l'harmonie  l'évolution  mora- 
le de  héroïne.  ' 


L'attachement  à  la  seule  intrigue,  bien  qu'explicable  par 
la  couleur  et  la  précision  du  style,  par  l'enthousiasme  de 
l'accent,  par  la  sensation  de  réalité  descriptive  qui  à  nul 
instant  né  m'a  quitté  au  cours  de  ma  lecture,  entraînerait  à 
coup  sûr  la  négligence  du  message  moral,  de  l'intention 
peut-être  prédominante  de  l'auteur.  J'ai  tenté  ici  de  dégager 
des  complexités  de  l'action  les  événements  significatifs,  et 
de  mettre  en  lumière  leur  caractère  symbolique  :  il  n'en 
faudrait  pas  conclure  que  le  commentaire  philosophique 
alourdit  l'œuvre.  L'un  de  ses  principaux  mérites  réside  au 
contraire  en  la  fusion  intime  des  faits  extérieurs  et  de  l'élé- 


530  LES   LANGUES   MODERNES 

ment  spirituel  ;  jamais  celui-ci,  comme  au  cours  d'une  ana- 
lyse critique,  ne  se  sépare  en  développements  abstraits  du 
mouvement  même  de  la  vie. 

Il  est  impossible  par  ailleurs  de  passer  sous  silence  la 
beauté  constante  du  stjle  ;  celle-ci  en  tout  cas  ne  semble 
nulle  part  résulter  d'une  recherche  de  l'effet  ;  à  la  base  de 
cet  art  résident  partout  l'intensité  de  souvenirs  personnels, 
la  richesse  de  sens  des  événements  pour  l'écrivain,  l'amour 
suprême  de  la  vie,  l'attraction  de  ses  profondeurs,  la  con- 
fiance en  une  vérité  palpitante  pour  laquelle  nulle  autorité 
confessionnelle,  nulle  cristallisation  en  absolu  métaphysi- 
que n'est  revendiquée.  L'union  en  Catherine  Carswell  d'une 
sensibilité  large  et  vibrante,  d'une  foi  et  d'une  énergie  intel- 
lectuelles égales,  suffisent  à  l'invention  immédiate  d'un  voca- 
bulaire riche  et  précis,  d'une  syntaxe  souple  et  naturelle, 
d'une  intonation  spontanée  qui  semble  être  lé  murmure  inti- 
me du  courant  psychologique. 

Les  paysages,  entre  autres  spectacles,  semblent  interprétés 
par  leur  créateur  même  ;  leur  existence  matérielle  n'est 
susceptible  de  rayonnement  esthétique  que  comme  véhicule 
de  la  vérité  dont  ils  conditionnent  le  relief  en  la  conscience 
humaine  ;  ils  apparaissent  comme  l'un  des  termes  entre  les- 
quels oscille  l'âme  de  Joanna,  comme  les  symboles  de  la 
beauté  terrestre  à  laquelle  il  est  moins  difficile  peut-être 
que  périlleux  de  renoncer,  et  dont  il  est  jjrudent  d'harmoni- 
ser les  joies  avec  les  exigences  organisatrices  et  les  aspira- 
tions les  plus  hautes  de  la  raison. 

Ce  qui  frappe  peut-être  davantage  en  cette  œuvre,  c'est  sa 
parfaite  liberté  ;  en  dehors  de  la  description  même  des 
gestes  les  plus  intimes,  sans  d'ailleurs  qu'à  aucun  moment  la 
chasteté  en  souffre,  la  sincérité  de  la  conviction,  l'objecti- 
vité de  l'observation  se  meuvent  en  ce  livre,  —  pour  une 
société  où  le  traditionnalisme,  devant  les  forces  révolution- 
naires, trouvait  hier  encore  de  si  éloquents  interprètes,  — 
avec  tant  d'aisance,  de  sûreté  d'elles-mêmes,  que  l'indépen- 
dance intellectuelle  d'importants  milieux  de  langue  anglaise 
semble  être  la  constatation  qui  s'impose.  Dieu  sait  si  pen- 
dant la  guerre  l'opinion  française  a  pu  de  façon  concrète 
prendre  conscience  des   différences  profondes  qui  séparent 


OHTHODOXIK    ET   AUTOXOMIK  .«.';i 

les  deux  races,  de  riiiipénétrabilité  de  tant  d'Anglais  aima- 
bles, à  l'analyse  et  à  la  critique  ;  si  en  dehors  des  irrégii- 
liers,  des  résidents  à  l'étranger,  des  exilés  volontaires  en  des 
colonies  lointaines,  et  de  quelques  délicieux  sages  trop  pru- 
demment muets  dans  leur  tour  d'ivoire,  dans  l'extase  des 
couchers  de  soleil  sur  le  lierre  ou  sur  la  patine  de  leurs 
collèges,  —  la  fraction  de  la  société  anglo-saxonne  qui  tente 
de  préserver  l'accord  entre  la  musique  du  jjassé  et  les  cla- 
meurs du  ])résent,  reste  pour  ainsi  dire  congénitalement 
sourde  aux  notes  les  plus  centrales  de  ces  dernières,  et  aveu- 
gle devant  la  complexité  croissante  d'une  machine  sociale  i* 
la  direction  de  laquelle  suflisent  à  i)eine  le  développement  et 
l'exercice  constant  de  toutes  les  ressources  intellectuelles.  Je 
vois  pour  ma  part  en  la  i)ublication,  et  ])lus  encore,  en  le 
seul  accent  d'un  livre  semblable  à  celui  de  Catherine 
(!ii''s\vell,  la  garantie  d'existence  d'un  auditoire  adéquat  ; 
peut-être  me  soupçonnera-t-on,  ce  disant,  de  n'avoir  i)oint 
encore  découvert  H. -G.  Wells,  Hardy,  (iissing,  Galsworthy, 
et  d'autres.  Je  répondrais  que  Wells,  dont  les  conceptions 
théoriques  les  i)lus  just<?s  sont  logiquement  issues  d'études 
biologiques,  ne  les  a  réellement  incarnées  en  des  œuvres 
complexes,  i)leinement  vivantes  autant  qu'éloquentes,  que 
soiis  la  forme  d'une  histoire  de  sa  propre  culture  autour  de 
principes  une  fois  scientifiquement  dégagés  ;  que  la  vie  vient 
s'y  greffer  plutôt  qu'elle  ne  les  a  initialement  comportés  ;  et 
que  d'ailleurs  mainte  intrigue  s'achève  ou  reste  en  suspens 
lorsque  le  développement  de  l'idée  semble  à  l'icrivain  devoir 
sufiire  au  lecteur  :  son  art,  si  réel,  si  magistral  souvent,  reste 
un  moyen  ;  et  cette  séparation  même  de  ses  facultés  d'action 
marque  la  limite  de  son  influence. 

Je  n'oserais,  de  Thomas  Hardy,  affirmer  la  même  crainte  ; 
mais  son  pessimisme  particulier,  son  manque  de  foi  en  la 
volonté  humaine,  son  individualisme  anarchique,  le  stoï- 
cisme de  son  accent  et  son  amertume  de  solitaire,  consti- 
tuent aux  yeux  de  la  moyenne  intellectuelle  une  attitude 
outrée  qui  détourne  l'attention  vers  son  art  seul  et  la  poé- 
sie de  son  œuvre.  Le  même  reproche  s'adresse  à  George  Gis- 
sing,  dont  la  sensibilité  douloureuse  et  l'idéalisme  longtemps 
m.eurtri  expliquent  d'ailleurs  la  poignante  tristesse. 


532  LES   LANGUES    MODERNES 

Sans  doute  trouve-t-on  chez  Galsworthy  un  équilibre  supé- 
rieur, une  sérénité  d'observation  et  de  jugement,  une  adapta- 
tion savante  de  l'art  à  la  vérité  ;  mais  chez  ceux-là  mêmes 
que  n'impatiente  pas  ce  que  d'autres  voient,  en  ses  œuvres 
principales,  de  virtuosité  par  trop  consciente  d'elle-même,  la 
présence  sur  un  seul  plan  de  l'art  et  de  la  vérité,  comme  si 
dans  le  domaine  de  la  certitude  intime  le  premier  pouvait 
marcher  de  pair  avec  la  seconde,  est  un  obstacle  à  sa  puis- 
sance de  persuasion. 

De  toutes  ces  entraves  à  l'influence,  sur  le  public  réfléchi, 
des  œuvres  les  plus  grandes  du  temps,  nulle  ne  me  semble 
exister  dans  le  livre  de  Catherine  Carswell  ;  je  n'en  ai  point 
recherché  ici  les  défauts  ;  j'en  trouverais  sans  doute  si  j'y 
tenais...  comme  au  soleil  des  taches  ;  mais  ils  seraient  peu  de 
chose  devant  l'alliance  intime  des  faits  et  des  idées,  devant 
leur  synchronisme,  si  je  puis  dire,  dès  le  principe,  —  en  un 
mot  devant  leur  vie  indiscutable  comme  telle.  Des  hostilités 
intéressées,  ou  simplement  le  hasard,  pourraient  tisser  au- 
tour d'une  œuvre  semblal^le  le  silence  ou  l'oubli  ;  nul  insuc- 
cès n'ébranlerait  ma  certitude  qu'elle  perpétue  le  germe  de 
lo  plus  délicate,  de  la  plus  proprement  humaine  des  activi- 
tés ;  et  que  sa  seule  floraison  implique  l'existence  de  cet 
auditoire  averti  dont  je  parlais  tout  à  l'heure,  qui  est  le 
milieu  le  plus  essentiel  à  l'existence  et  au  progrès  de  la  race 
anglo-saxonne. 

G.    d'HANOEST. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES    ANGLAISES 


La  session  d'automne  à  Westminster  s'est  ouverte  le  mardi 
19  octobre,  et  dès  les  premières  séances  ont  été  abordés  les 
différents  problèmes,  —  chômage,  grève,  Irlande,  —  qui 
préoccupent  l'opinion  anglaise. 

En  ce  qui  touche  le  chômage,  le  Premier  a  fait  une  décla- 
ration favorablement  accueillie.  Toujours  irritante  à  l'entrée 
de  l'hiver,  cette  question  menace  d'être  ijarticulièrement 
grave  cette  année,  en  raison  de  la  crise  industrielle  consé- 
cutive au  fléchissement  des  prix.  L'intention  du  gouverne- 
ment est  d'occuper  les  «  unemployed  »  à  d'importants  tra- 
vaux de  voirie  et  à  la  construction  d'habitations,  les  charges 
financières  de  l'opération  devant  être  réparties  entre  l'Etat 
et  les  localités.  Ainsi  espère-t-on  éviter  le  retour  des  scènes 
d'émeute  dont  s'est  accompagnée  la  manifestation  des  chô- 
meurs londoniens  à  Whitehall,  la  veille  de  la  rentrée  parle- 
mentaire. 

La  grève  des  mineurs  a  donné  lieu  à  un  large  débat,  où 
représentants  des  grévistes  et  membres  du  gouvernement  ont 
montré  un  égal  désir  de  conciliation,  qui  permet  de  croire  à 
un  rapide  règlement  du  conflit.  Par  les  revendications  tout 
d'abord  formulées,  augmentation  de  salaire  et  diminution  du 
prix  du  charbon  domestique,  les  mineurs  montraient  une 
double  intention  :  s'assurer  des  avantages  matériels  immé- 
diats, et  faire  un  pas  en  avant  vers  la  nationalisation  des 
mines.  Devant  la  résistance  gouvernementale,  ils  ne  tardèrent 
pas  à  renoncer  à  la  seconde  revendication  ;  dès  lors,  le 
conflit  perdait  de  sa  gravité,  et  même  pouvait  être  considéré 
comme  virtuellement  réglé,  car  de  révolutionnaire  il  deve- 
nait purement  professionnel.  Il  reste  à  savoir  si  l'augmenta- 
tion de  salaire  doit  être  subordonnée  à  une  amélioration 
dans  le  rendement,  ou  si  elle  se  trouve,  dès  maintenant, 
justifiée  par  l'élévation  du  coût  de  la  vie.  Il  peut  y  avoir  là 
matière  à  discussion  ;  mais  la  volonté  d'aboutir  existant  des 


534  LES    LANGLES    MODERNES 

deux  côtés,  l'entente  ne  peut  tarder  à  se  faire.  —  L'évolution 
de  cette  grève  comporte  quelques  enseignements  ;  elle  nous 
montre  d'abord  que  les  masses  ouvrières  s'ébranlent  diffici- 
lement s'il  s'agit  d'intérêts  politiques,  mais  qu'elles  luttent 
avec  ténacité  si  des  questions  de  salaire  sont  en  jeu.  L'idéal 
des  foules  n'est  pas  assez  élevé  pour  permettre  les  grandes 
réalisations  envisagées  par  les  chefs  ;  le  serait-il,  qu'on  se 
demande  s'il  y  aurait  progrès  sur  l'état  de  choses  actuel.  En 
tous  cas,  les  trade-unions  prendraient-elles  le  pouvoir  en 
Angleterre,  que  les  relations  de  ce  pays  avec  ses  voisins  n'en 
seraient  ni  meilleures  ni  pires.  Tout  gouvernement,  quel 
qu'il  soit,  monarchiste,  bourgeois,  prolétarien,  est  nationa- 
liste ;  le  cas  de  la  Russie  en  est  un  exemple  et  c'est  d'ailleurs 
l'instinct  de  conservation  qui  le  veut.  La  solidarité  interna- 
tionale des  travailleurs  n'est  réelle  que  contre  un  adversaire 
commun  ;  elle  ne  va  jamais  jusqu'au  sacrifice  d'un  avantage 
en  faveur  d'un  voisin  plus  mal  partagé.  Il  a  été  facile  de 
constater  pendant  cette  grève  que  les  mineurs  anglais  n'ont 
eu  de  pensée  que  pour  leur  augmentation  de  salaire,  sans  se 
soucier  de  la  gêne  qui  en  résulterait  pour  les  consommateurs 
de  charbon,  et  en  particulier  pour  les  ouvriers  italiens  et 
français,  honorés  en  d'autres  circonstances  du  titre  de  frères. 
Il  ne  sera  légitime  de  parler  de  solidarité  internationale  des 
travailleurs  que  le  jour  où  la  C.  G.  T.  française,  intervenant 
auprès  de  l'organisation  correspondante  de  Londres,  obtien- 
dra que  pour  se  chauffer  l'hiver  il  n'en  coûte  pas  i^lus  de  ce 
côté-ci  de  la  Manche  que  de  l'autre. 

Si  le  gouvernement  s'applique  à  trouver  des  remèdes  aux 
malaises  sociaux,  il  semble  impuissant  à  résoudre  les  diffi- 
cidtés  irlandaises.  Une  demande  d'enquête  sur  les  représailles 
exercées  par  les  soldats  du  roi  en  Irlande  a  été  rejetée  à  une 
forte  majorité,  après  des  débats  qui  d'ailleurs  n'ont  rien  ré- 
vélé qui  ne  fût  déjà  connu.  M.  Lloyd  George,  dès  les  premiers 
jours  d'octobre,  à  Carnarvon,  avait  ainsi  formulé  son  opinion: 

"  Les  .Sinn-FcintTs  justifient  leurs  crimes  en  se  déclarant  en 
état  de  guerre  avec  l'.Angleterre.  S'il  y  a  guerre,  il  -faut  que  ce 
soit  des  deux  côtés.  Quant  à  accorder  le  Dominion  Home  Ruk- 
à  l'Irlande,  c'est  impossible.  11  faudrait  imposer  la  conscription 
à  rAnglcterrc,  qui  ne  peut  tolérer  dans  l'île  voisine  des  forces 
armées    indépendantes.   » 

Cette  approbation  lacite  des  représailles  a  fait  dire  à 
M.   Asqiiith   que   répondre   an    meurtre   par   le    meurtre,    à    la 


ciinoNiui  I.  i:iuAN(.Kiu-;  535 

violence  i)ar  la  terreur  n'est  pas  un  acte  de  gouvernement, 
mais  une  concession  à  l'anarchie.  —  De  son  côté,  M.  Arthur 
(irifiith,  qui  porte  le  titre  de  Président  de  la  République 
Irlandaise,  a  fait  à  un  journaliste  l'intéressante  déclaration 
suivante  : 

<■  Fcrsoiiiic  eu  Irlande  iic  songe  à  dctiuirt-  rAngktcnc.  Dès 
que  celle-ci  reconnaîtra  notre  droit  à  l'indépendance,  nous  som- 
mes prêts  à  nous  rencontrer  avec  des  représentants  désignés  par 
elle  pour  discuter  dans  un  esprit  amical  toutes  questions  mili- 
taires, diplomatiques  ou  financières  qui  l'inquiètent  et  à  signer 
tels  traités  qui  assureront  la  i)rotection  de  nos  intérêts 
mutuels.   » 

D'autre  part,  le  correspondant  du  Temps  à  Dublin  (n"  du 
29  oct.)  cite  une  autre  déclaration  de  M.  (jriffith,  conçue  à 
peu  près  dans  les  mêmes  termes  et  qui,  bien  que  datant  du 
22  juin,  est  restée  sans  réponse.  Dernièrement,  en  manière 
de  conclusion  à  une  anecdote,  Pierre  Mille  faisait  dire  à  un 
Anglais:  «  Nous  ne  comprenons  jamais  ce  que  nous  avons  in- 
térêt à  ne  pas  com])rendre.  C'est  ce  qui  fait  notre  force.  Et 
une  fois  qu'on  s'est  fatigué,  nous  en  profitons.  »  Ces  paroles 
ccnticnnent  une  part  de  vérité.  Le  gouvernement  britanni- 
que donne  l'impression  de  rester  sourd  aux  avances  irlan- 
daises et  d'attendre  que  l'Irlande  se  fatigue.  Wait  and  See 
reste  la  devise  du  cabinet. 


Le  courant  favorable  à  l'Allemagne  qui  se  dessinait  en 
Angleterre  dans  les  milieux  libéraux  a  gagné  les  sphères 
intellectuelles.  C'est  Oxford  qui  a  pris  l'initiative  de  tendre 
la  main  à  l'adversaire  de  la  veille  ;  cinquante-sept  docteurs 
et  professeurs  appartenant  aux  divers  collèges  de  la  vieille 
cité  universitaire  ont,  en  effet,  adressé  à  leurs  confrères 
allemands  et  autrichiens  une  lettre  leur  proposant  d'oublier 
ce  qui  peut  les  diviser,  pour  reprendre  une  collaboration 
utile  au  progrès  des  arts  et  des  sciences.  Oxford  était  en 
relations  étroites  avec  les  universités  allemandes,  et  accueil- 
lait chaque  année  à  l'époque  des  vacances  une  clientèle, 
impressionnante  par  le  nombre,  d'étudiants  venus  d'Allema- 
gne ;  son  désir  de  reprendre  les  habitudes  d'avant  1914,  et 
d'amener  un  état  de  paix  qui  soit  mieux  qu'une  prolongation 
de  l'état  de  guerre,  est  donc  tout  à  fait  naturel  ;  le  Times  n'en 


536  LES   LANGUES    MODERNES 

juge  pas  ainsi,  et  trouve  inopportun  de  faire  des  avances  aux 
savants  et  aux  professeurs  de  la  Germanie  tant  qu'ils  n'ont 
pas  reconnu  publiquement  les  torts  de  leur  patrie.  Il  y  a  dans 
cette  appréciation  quelque  chose  d'excessif  ;  l'entretien  de 
ressentiments  nationaux  est  une  chose,  l'intérêt  supérieur  de 
la  science  en  est  une  autre  ;  or  l'intérêt  de  la  science  com- 
mande aux  représentants  de  la  pensée  d'élargir  leur  horizon, 
et  non  de  murer  leurs  fenêtres. 

L'initiative  oxonienne  est  intéressante,  en  outre,  parce 
qu'elle  marque  une  réaction  contre  la  tendance  des  esprits  à 
se  laisser  enchainer  par  certains  préjugés  et  habitudes  nés 
de  la  guerre  ;  elle  tend  à  ramener  l'intelligence  à  la  contem- 
plation des  sommets.  La  libération  définitive  ne  peut  natu- 
rellement être  l'oeuNTC  d'un  jour.  Après  une  secousse  aussi 
violente  que  la  dernière  guerre,  la  pensée  semble  éprouver 
le  besoin  de  se  replier  sur  elle-même,  de  récapituler  les  der- 
niers efforts,  de  dresser  un  état  des  ruines  et  d'étudier  des 
méthodes  de  reconstitution.  Le  mouvement  intellectuel  est  en 
partie  dominé  par  la  guerre  et  ses  conséquences.  De  grands 
écrivains  n'hésitent  pas  à  abandonner  parfois  la  plume  pour 
l'action  ;  c'est  Wells  qui  va  enquêter  en  Russie  (1)  ;  c'est 
B.  Shaw  qui  fait  campagne  en  faveur  des  mineurs.  Les  œuvres 
publiées  donnent  souvent  l'impression  de  bilans  ou  de  plan.» 
de  reconstruction  ;  c'est  le  sort,  en  particulier,  des  travaux 
d'histoire,  de  critique  et  de  sociologie  qui  sortent  nombreux 
des  presses  et  sont  lus  avec  avidité  :  Wells  publie  An  Oiitline 
of  Historij  :  la  librairie  Constable  met  en  vente  la  septième 
édition  de  An  English  Wife  in  Berlin,  par  la  Princesse 
Bliicher.  Le  besoin  de  faire  œuvre  de  propagande  n'épargne 
aucun  genre.  Le  théâtre  devient  une  tribune  ;  lé  Garrick,  par 
exemple,  représente  une  pièce,  The  Right  to  Strike,  qui  est 
un  véritable  réquisitoire  contre  le  Labour  Party,  mais  d'où 
les  préoccupations  artistiques,  comme  il  est  assez  comnuin 
dans  les  productions  modernes,  semblent  exclues. 

Les  périodes  de  convalescence  chez  les  peuples  ne  sont 
favorables  ni  au  fignolage,  ni  même  à  la  création  de  la  simple 
beauté.  On  va  au  plus  vite  ;  le  Primuni  vivere  semble  s'im- 
poser  à    tous.   Dans    cette    course    au    plus  pressé,    que    l'on 


(1)  Notons  que  le  Progrès  Civique  a  entrepris  la  publication  de 
La  liussie  telle  que  je  viens  de  la  voir,  par  H. -G.  Wells.  Lo  premier 
article  a  paru  dans  le  numéro  du  6  Novembre. 


CUUOMyLE    lÎTHANGliKE  537 

constate  même  dans  le  domaine  de  l'intelligence,  seuls  les 
maîtres  forment  des  îlots  de  résistance.  Un  Galsworthy 
montre  par  l'exemple  que  les  conflits  sociaux  jjeuvent  être 
traités  sans  qu'il  soit  besoin  d'écarter  tout  souci  d'art  et  de 
beauté.  Mais  Galsworthy  lui-même,  gagné  par  l'ambiance,  ne 
dédaigne  pas  de  s'asseoir  à  la  table  du  conférencier  pour 
défendre,  par  un  procédé  plus  rapide  et  i)lus  direct  que  le 
roman  ou  le  théâtre,  les  idées  qui  lui  tienneriT  à  cœur. 

Tout  récemment,  il  prononçait  à  Liverpool  un  discours 
plein  d'intérêt  sur  la  place  de  l'art  dans  notre  existence  de 
chaque  jour.  En  ces  années  de  bouleversements,  il  existe, 
«bserve-t-il,  une  tendance  à  oublier  la  dignité  de  la  vie  humai- 
ne. Cependant,  c'est  le  sens  de  la  beauté  qui  élève  l'humanité, 
et  c'est  l'art  seul  qui  peut  ennoblir  la  vie.  Or,  qu'entend-on  au- 
tour de  soi?  Pensonne  ne  parle  que  de  rendement,  de  produc- 
tion, de  commerce  et  d'industrie;  personne  ne  pense  à  l'objet 
réel  de  la  civilisation.  Si  l'on  n'y  prend  garde,  si  l'on  cesse 
d'entretenir  le  culte  de  la  beauté,  l'humanité  ne  tardera  i^as 
à  s'avilir,  les  peuples  que  rien  de  noble  ne  retiendra,  se 
laisseront  glisser  vers  de  nouveaux  conflits  sanglants.  Et 
l'écrivain  de  conclure  :  Puisque  le  sens  du  beau  est  ce  que 
la  Nature  a  accordé  de  plus  précieux  à  l'homme,  que  chacun 
veille  à  ce  que  ce  don  ne  soit  ni  perdu,  ni  même  amoindri. 

Ainsi,  à  notre  époque  de  féroce  utilitarisme,  les  efforts 
d'un  Galsworthy  de  même  que  ceux  du  groupement  d'Oxford, 
tendent  vers  un  même  but  :  soustraire  l'individu  à  la  tyran- 
nie de  Caliban,  quel  que  soit  le  déguisement  sous  lequel  il  se 
dissimule. 

Sarreboiirg,  29  octobre  1920. 

Marcel  Lor.\ns. 


NOTES    ALLEMANDES 


Les  élections  du  6  juin  ont  justifié  les  craintes  du  gouver- 
nement ;  les  partis,  qui  soutenaient  sa  politique  timorée,  ont 
subi  un  revers  très  sérieux  qui,  sans  leur  interdire  l'accès  du 
pouvoir,  leur  impose  du  moins  la  collaboration  de  leurs  en- 
nemis de  la  veille. 

Les  466  députés,  que  compte  le  premier  Reichstag  de  la 
République  allemande,  se  répartissent  ainsi  : 


538  LES    LANGUES    MODERNES 

Socialistes  majoritaires 112  députés  ayant  obtenu  5.614.456  suffrages 

Démocrates 45  —  —  2,202.334  — 

Centre 68  -  —  3.54U.830  — 

Socialistes  indépendants 81  —  —  4.895.317  — 

Communistes 2  —  —  441 .995  — 

Parti  populaire  allemand 62  —  —  3.606.316  — 

Parti  national  allemand 66  —  —  3.736.778  — 

Parti  hanovrien 5  —  —  319.100  — 

Parti  populaire  bavarois 21  —  —  1.171.722  — 

Ligue  des  paj'sans 4  —  -»  218.884  — 

Un  grand  nombre  d'électeurs  avaient  donc  refusé  leur 
confiance  au  bloc  gouvernemental,  constitué  par  les  socialis- 
tes majoritaires,  les  démocrates  et  le  centre,  pour  accorder 
leurs  voix  aux  partis  d'opposition  de  droite  ou  de  gauche. 
Les  espoirs  et  l'enthousiasme  des  journées  révolutionnaires 
s'étaient  en  efîet  évanouis  ;  et  tandis  que  les  uns  songeaient  à 
relever  les  idoles  détruites  et  revenaient  affirmer  leur  fidélité 
aux  mauvais  bergers,  responsables  du  désastre,  d'autres,  plus 
fidèles  aux  idées  qu'aux  hommes,  demandaient  aux  Indépen- 
dants l'institution  d'un  régime  essentiellement  républicain. 
De  toute  façon  cependant  ces  élections  marquaient  le  recul 
de   l'idée   socialiste   en    Allemagne. 

L'échec  de  la  coalition  que  dirigeait  le  chancelier  MciUcr, 
eut  des  causes  multiples.  La  campagne  violente  de  presse  et 
d'argent,  menée  par  Stinnes,  n'y  fut  certes  point  étrangère  : 
à  Berlin  par  exemple,  sur  24  quotidiens,  7  sont  des  journaux 
d'information,  9  expriment  l'opinion  des  droites,  tandis  que 
7  seulement  sont  les  organes  du  centre  et  de  la  gauche  réu- 
nis. La  presse  réactionnaire  exerça  particulièrement  son 
action  sur  les  populations  rurales  qui,  en  1918,  n'avaient 
voté  pour  les  socialistes  que  dans  un  dernier  sursaut  de 
colère,  provoqué  par  les  souvenirs  de  la  vie  de  tranchées, 
^lais  la  défaite  des  majoritaires  et  des  démocrates  fut  surtout 
déterminée  par  leur  politique  bâtarde  d'atermoiements  et  de 
comi^romis,  qui  ne  pouvait  plus  se  soutenir  à  la  longue. 

Enfin  la  participation  des  femmes  allemandes  aux  derniè- 
res élections  contribua  pour  sa  part  au  glissement  delà  majo- 
rité vers  la  droite  ;  une  statisti(iue  curieuse  établie  pour  la 
ville  de  Cologne,  où  hommes  et  femmes  votèrent  dans  des 
locaux  distincts,  permit  de  définir  ainsi  les  préférences 
j)olitiques  des  2  sexes. 


11.231 

().r)ô4 

4.677 

27. 21 S 

18.24.-) 

8.973 

8.307 

4.247 

4.060 

33.712 

17.768 

15.914 

6.612 

3.190 

3.422 

cni'.o.NUjii;  KTi{.\N(;Ki'.i:  539 

Suliruges  ex|<rîmes    Suilraoes  masculins    Stitlraues  leminias 

Socialistes   majoritaires.  60.429  36.293  24.134 

Centre 82.118  32.964  49.154 

Démocrates 

Indépendants 

Parti  popul.  chrétien. . 

—  allemand. 

Nationaux  allemands. . 

229.627  119.263  110.364 

Les  voix  des  femmes  allemandes  sont  donc  allées  aux  par- 
lis  conservateurs. 


J.a  réunion  imminente  de  la  conférence  de  Sjja  exigeait  la 
constitution  rai)ide  d'un  cabinet,  celui-ci  dùt-il  se  conten- 
ter d'expédier  les  atl'aires  courantes.  Mais  la  composition  du 
nouveau  i)arlement  était  telle  qu'elle  rendait  bien  dillicile  la 
tâche   du   futur  chancelier. 

L'ancienne  coalition  ne  disposait  que  d'une  majorité  trop 
précaire,  pour  prétendra  gouverner.  Les  socialistes  indépen- 
dants d'autre  jKirt  refusaient  de  tendre  la  main  aux  majori- 
taires. Les  partis  de  droite  eniin,  qui  occupaient  à  peine  le 
1/4  des  sièges  du  Parlement,  ne  pouvaient  songer  à  exercer 
la  dictature  dont  ils  avaient  rêvé.  L'n?  nouvelle  coalition 
s'imi)osait  donc,  coalition  purement  bourgeoise,  dont  les  élé- 
ments pouvaient  jjaraitre  assez  homogènes,  mais  que  de  gra- 
ves divergences  de  doctrine  ne  devaient  pas  tarder  à  oppo- 
ser les  uns  aux  autres. 

I>es  conservateurs  furent  d'abord  assez  embarrassés  de 
leur  victoire,  surtout  lorsqu'ils  eurent  conscience  qu'il  leur 
était  impossible  de  gouverner  contre  la  volonté  des  masses 
ouvrières.  Le  13  juin,  un  des  membres  les  plus  influents  du 
])arti  populaire,  Heinze,  à  qui  le  président  Ebert  avait  confié 
le  soin  de  former  le  cabinet,  essayait,  mais  en  vain,  d'inté- 
resser à  sa   combinaison   les   socialistes   majoritaires. 

Le  lendemain,  le  député  du  centre,  Trimborn,  reprit  les 
négociations  abandonnées  par  Heinze  ;  elles  aboutirent  le 
25  juin  à  la  constitution  du  cabinet  Fehrenbach,  qui  réussit 
à  grouper  autour  de  lui,  ceux  qui,  la  veille  encore,  se  déchi- 
raient dans  une  lutte  sans  merci,  le  parti  populaire,  le  centre 
et  les  démocrates. 


540  LES   LANGUES    MODERNES 

Cette  nouvelle  coalition,  qu'en  mai  dernier  l'on  eût  décla- 
rée impossible,  devait  causer  à  ceux  qui  la  subissaient,  de 
cuisantes  «blessures  d'amour-propre.  Le  parti  populaire,  qui 
avait  jeté  l'anathème  sur  l'œuvre  de  l'Assemblée  nationale, 
était  contraint  d'abandonner  ses  compagnons  de  lutte,  les 
nationaux  allemands,  pour  s'unir  à  ceux  qu'hier  encore  il 
déclarait  être  les  pires  ennemis  de  la  patrie  ;  il  se  voyait 
imposer  par  les  Démocrates  la  reconnaissance  de  la  cons- 
titution de  Weimar  et  le  renoncement  à  ses  menées  monar- 
chiques antérieures,  toutes  promesses  du  reste  assez  illusoires. 
Le  parti  démocratique  de  son  côté  acceptait  une  collabora- 
tion, contre  laquelle  il  n'avait  jamais  cessé  de  protester  ;  il 
ne  se  résignait  à  entrer  dans  le  ministère  que  pour  assurer 
par  sa  présence  dans  les  conseils  du  gouvernement,  le  res- 
pect des  institutions  républicaines.  Ce  cabinet  ne  pouvait 
donc  être  qu'un  cabinet  de  défiance  mutuelle,  et  il  avait  con- 
tre lui  l'hostilité  sourde  des  partis  dont  il  avait  refusé  ou  dont 
il  n'avait  pu  obtenir  la  collaboration. 

Les  nationaux  allemands  manifestèrent  leur  dépit  de 
n'avoir  pas  été  appelés  à  partager  l'honneur  redoutable  du 
pouvoir  ;  et  les  socialistes  à  qui  l'on  prêtait  volontiers  une 
attitude  de  neutralité  bienveillante,  revendiquèrent  bien  haut 
leur  liberté  d'action  à  l'égard  d'un  gouvernement  dont  ils  ne 
pouvaient  approuver  le  programme. 

Le  discours  de  Fehrenbach,  prononcé  le  28  juin  au  Reichs- 
tag,  refléta  l'embarras  du  chancelier  ;  il  ne  réussit  pas  à  dis- 
simuler, sous  le  voile  de  l'éloquence  parlementaire,  l'oppo- 
sition des  idées  et  des  personnes  appelées  à  collaborer.  Seule 
une  politique  extérieure,  à  la  fois  ferme  et  habile,  pouvait 
par  ses  succès,  assurer  au  cabinet  sa  cohésion  ai^iDarente  et 
sa  popularité  dans  l'Empire. 


La  conférence  de  Spa,  si  impatiemment  attendue  par  le 
gouvernement  de  Berlin,  ne  devait  pas  réaliser  tous  ses 
espoirs.  Le  talent  de  diplomate  que  révéla  M.  Simons,  joint 
à  l'éloquence  un  peu  âpre  du  syndicaliste  Hue,  assura  de  très 
l)récieux  avantages  à  l'Allemagne  ;  celle-ci  n'en  conserva  pas 
moins  de  graves  appréhensions  pour  l'avenir,  les  Alliés  ayanc 
afTirmé  leur  intention  de  ne  point  jouer  un  rôle  de  dupes. 
Un  délai  de  6  mois  fut,  comme  on  le  sait,  accordé  au  minis- 
tre Gessler  pour  ramener  les  efl'ectifs  de  son  armée  au  chif- 


CMHONIQLE    ÉTRANGÈRE  541 

fi-e  (le  lOO.OOl»  h.  :  cl  les  Alliés  consentirent  à  réduire  les 
livraisons  de  charbon  qui  leur  étaient  dues  de  39  millions  1/2 
de  tonnes  par  an  à  29,  puis  finalement  à  24  millions.  Mais  si 
ce  dernier  contingent  n'était  pas  fourni  en  temps  voulu,  la 
J-"rance  et  l'Angleterre  se  réservaient  le  droit  d'occuper  le 
bassin  de  la  Ruhr.  Or  aucune  menace  n'inquiète  davantage 
les  Allemands  que  celle  d'une  intervention  alliée  au  pajs  de 
la  houille.  Ils  craignent  en  elFet  que  les  mineurs,  trouvant 
auprès  de  l'Entente  des  facilités  plus  grandes  de  ravitaille- 
ment, n'obéissent  à  l'appel  de  la  faim  et  ne  fassent  bon 
marché  de  leur  patriotisme  ;  ils  redoutent  surtout  que  la 
création  d'un  commissariat  interallié  du  charbon  ne  permette 
à  l'Entente  de  favoriser,  dans  ses  répartitions,  les  Etats  du 
sud  au  détriment  de  ceux  du  nord  ;  les  tendances  séparatis- 
tes, ou  plutôt  fédéralistes,  que  l'on  dénonce  dans  certaines 
provinces  de  l'Empire,  s'allirmeraient  alors  plus' ouvertement. 
M.  Simons,  en  défendant  devant  le  Reichstag  l'accord  de  Spa, 
déclara  précisément  ne  s'être  incliné  devant  les  exigences  des 
Alliés  que  pour  mieux  sauvegarder  l'intégrité  et  l'unité  de 
l'Empire.  Son  attitude  fut  du  reste  approuvée  par  les  autorités 
compétentes  d'outre-Rhin  ;  elle  reconnurent  sans  peine  que  les 
promesses  faites  par  leur  ministre  à  l'Entente  ne  compromet- 
taient ni  l'existence  ni  la  prospérité  de  l'industrie  alle- 
mande. 

En  résumé,  si  la  conférence  de  Spa  avait  révélé  au  monde 
en  temps  opportun  l'union  étroite  de  la  France  et  de  l'An- 
gleterre, elle  avait  aussi  fourni  aux  ministres  allemands  l'oc- 
casion de  cette  discussion  contradictoire,  qu'ils  réclamaient 
depuis  longtemps.  A  la  satisfaction  des  résultats  acquis  se  joi- 
gnait enfin  pour  eux  l'espoir  que  ce  premier  entretien  prépa- 
rerait les  voies  à  toute  une  série  de  négociations,  au  cours 
desquelles  le  traité  de  Versailles  serait  soumis  à  de  rudes 
assauts. 

Le  prestige  de  M.  Simons  subit  au  mois  d'août  une  éclipse 
rapide.  Dans  sa  hâte  à  vouloir  recruter  pour  l'empire  alle- 
]nand  des  alliés,  quels  qu'ils  soient,  le  ministre  des  affaires 
étrangères  de  Berlin  s'empressa  de  reconnaître  le  gouverne- 
ment des  Soviets  :  et  il  le  fit  avec  une  maladresse  remarqua- 
ble. Ne  déclara-t-il  pas  du  haut  de  la  tribune  que  Lénine  avait 
été  l'agent  le  i^lus  actif  du  relèvement  économique  de  la  Rus- 
sie ?  Ce  dithyrambe  imprévu  en  l'honneur  du  régime  bolche- 
viste  provoqua  le  plus  gros  émoi  dans  les  rangs  de  la  droite, 
et  M.  Simons  dut  promettre  à  l'avenir  d'être  moins  prodigue 

3G. 


542  LES   L.\NGUES    MODERNES 

de  ses  félicitations  diplomatiques  ;  ce  lui  fut  d'autant  plus 
facile,  il  est  vrai,  que  la  victoire  polonaise  avait  dissipé  le 
mirage  de  l'alliance  russe,  et  que  la  retraite  des  légions  sovié- 
tiques avait  imposé  au  cabinet  de  Berlin  une  attitude  plus 
réservée. 

Cet  échec  de  la  diplomatie  allemande  eut  pour  efïet  de 
détourner  pendant  un  certain  temps  l'opinion  publique  des 
problèmes  européens  vers  ceux  de  la  politique  intérieure. 
Alors  apparut  dans  tout  son  éclat  le  vice  inhérent  à  la  coali- 
tion actuelle.  Tandis  que  le  parti  populaire  réfrénait  avec 
peine  ses  velléités  de  restauration  monarchique,  le  centre  et 
les  démocrates,  conscients  de  leurs  responsabilités,  implo- 
raient les  socialistes  majoritaires  de  rentrer  dans  le  giron 
gouvernemental.  L'hiver  en  effet  s'annonce  rude  à  Berlin, 
la  vie  reste  chère,  le  chômage  s'étend  chaque  jour  davantage, 
et  les  chefs  d'industrie  se  demandent  aujourd'hui  avec  inquié- 
tude quelle  sera -demain  l'attitude  des  masses  ouvrières.  Le 
parti  socialiste  n'ignore  point  les  avantages  qu'il  -x  retirés  di- 
son  isolement  ;  il  s'attarde  sous  la  tente,  sachant  que  son 
heure  viendra.  Il  est  évident  qu'il  ne  peut  siéger  aux  cotés 
de  ces  conservateurs,  qui,  hier  encore,  n'avaient  pour  ui  que 
mépris  et  sarcasmes,  mais  il  n'est  pas  encore  arrivé  à  s'en- 
tendre davantage  avec  les  indépendants.  Un  fait  nouveau 
s'est  produit  cependant,  à  la  fin  de  septembre,  qui  ponrr:-.it 
ouvrir  de  nouvelles  perpectives ':  majoritaires  et  minoritaires 
ont  conclu  à  cette  époque  une  alliance  au  conseil  munie ii)al 
de  Berlin,  i^our  imposer  l'élection  de  Wermuth  au  po:>l'.  do 
bourgmestre.  Cette  union  locale  se  généralisera-t-elle  ?  Le 
prochain  congrès  de  Cassel  doit  statuer  sur  ce  cas  et  déter- 
miner la  ligne  de  conduite  du  parti  socialiste.  Si  la  réconci- 
liation des  frères  ennemis,  encore  improbable,  se  réalisait 
bientôt,  le  cabinet  de  Fehrenbach  n'aurait  plus  longue  vie. 

Lyon,  15  octobre. 

J,  Denis. 


CHKUNigiH    l':rHAN(iKHE  543 

NOTES     RHÉNANES 


L'Ui)iverslté  de  Cologne 

II 

L'Université  de  (Pologne  supprimée  par  la  Révolution  — 
comme  toutes  les  universités  françaises  —  ne  pouvait  évi- 
demment renaître  sous  l'Empire.  Les  temps  n'étaient  pas 
favorables,  sous  ce  régime,  à  la  résurrection  de  ces  grands 
corps,  de  pensée  trop  indépendante.  On  sait  assez  que  si 
r«  Université  de  France  »  naquit  alors  d'un  «  Fiat  »  du 
Maître,  elle  ne  fut  durant  tout  son  règne  qu'un  noble  corps 
privé  d'âme,  du  moins  de  l'âme  qui  lui  convenait.  Ce  n'est 
pas  à  ce  genre  de  Prométhée  qu'il  fallait  demander  une  créa- 
tion désintéressée,  aimée  pour  elle-même,  l'argile  animée  par 
resjirit.  Prométhée  même  n'y  avait  réussi  qu'avec  la  colla- 
boration d'Athéna  et  de  cette  collaboration  Napoléon  ne  se 
souciait  guère  !  Au  reste  nos  gens  de  Cologne  ne  paraissent 
pas,  au  total,  avoir  gardé  de  lui  mauvais  souvenir.  Il  y  avait 
été  populaire  tout  de  suite.  Lorsqu'il  y  vint,  en  1804,  la  foule 
détela  son  carrosse  et  le  traîna  en  triomphe  !  L'historien  de 
Cologne  que  j'ai  déjà  cité,  le  D'^  Franz-Bender,  dit  que  son 
gouvernement  fut  «  plus  supportable  »  (ertraglicher)  que  ne 
l'avait  été  celui  des  proconsuls  républicains,  et  il  le  loue 
hautement  à  divers  titres,  qui  ne  sont  cependant  que  ceux 
de  l'exécuteur  du  grand  programme  révolutionnaire  :  égalité 
civile,  liberté  religieuse,  liberté  économique,  etc.  De  nos  jours 
encore  il  est  courant  à  Cologne,  au  l""'  janvier,  d'offrir  un 
petit  buste  de  Napoléon  en  marbre  ou  en  bronze. 

Lorsque  le  grand  règlement  de  1814-15  eût  fait  passer  les 
pays  rhénans  sous  la  domination  de  la  Prusse,  qui  les  accepta 
«  dente  superbo  »  —  car  elle  eût  préféré  achever  de  dévorer 
la  Saxe,  dont  on  ne  lui  donnait  que  les  deux  tiers  !  —  les 
habitants  de  Cologne  firent  grise  mine.  Bender  cite  là-dessus 
des  témoignages  fort  édifiants  et  notamment  celui  du  contem- 
porain Karl  Schurz,  qui  devait  jouer  un  rôle  distingué  dans 
le  mouvement  allemand  de  1848.  Des  trois  régimes  qui 
s'étaient  succédé  en  moins  de  vingt  ans  —  celui  de  l'arche- 
vêque princa  électeur,  le  régime  français  et  le  régime  prus- 
sien —  ce  fut,  écrivait  Schurze  dans  ses  Mémoires,  ce  dernier 
que  les  Rhénans  aimèrent  le  moins.  Il  leur  faisait  l'impres- 


544  LES    LANGUES    MODERNES 

sion  «  d'une  sorte  de  domination  étrangère  ».  Il  ajoute  que 
des  trois  régimes  c'était  pourtant  le  meilleur  mais  le  fait 
de  l'antipathie  originelle  —  et  on  peut  ajouter  persistante  — 
est  indubitable  (1). 

Le  gouvernement  prussien  vit  parfaitement  clair  dans  cet 
état  d'esprit.  Il  se  garda  bien  de  rétablir  l'université  de  Colo- 
gne. Cependant,  comme  il  fallait  bien  une  université  à  la  vaste 
province  rhénane,  il  la  créa,  sous  son  égide,  dans  une  ville 
voisine,  à  Bonn.  Comme  c'était  une  fort  petite  ville,  il  vit 
qu'il  y  pourrait  créer  artificiellement  une  tradition  nouvelle, 
toute  i^russienne,  à  l'abri  du  patriotisme  municipal  et  rhénan 
de  Cologne.  Ce  calcul  s'est  trouvé  juste.  Ce  n'est  pas  sans 
raison,  et  aussi  sans  effet,  que  l'ex-Kronprinz  fit  élection  de 
Bonn   comme  Aima  mater  ! 

Cologne  cependant,  déçue  de  ce  côté,  se  dédommageait  par 
un  développement  industriel  et  commercial  inouï.  Se  débai'- 
rassant  du  corselet  de  murailles  où  elle  étouffait,  elle  décu- 
plait en  un  siècle  sa  population  et  devenait  la  4*  ville  de 
l'Allemagne,  la  2'  de  la  Prusse.  Mais  cette  croissance  purement 
matérielle,  même  accompagnée  de  la  beauté  architecturale, 
et  même  couronnée  par  l'achèvement  —  en  1880  —  de  sa 
fapieuse  cathédrale,  commencée  au  xiii'^  siècle,  ne  pouvait  lui 
suffire.  Elle  n'arrivait  pas  à  se  résigner,  malgré  le  temps,  à 
être  découronnée  de  sa  vieille  gloire  de  cité  universitaire. 
Il  y  avait  d'ailleurs  danger  moral,  disaient  ses  meilleurs 
interprètes,  à  ce  que  les  préoccupations  matérielles  et  l'in- 
fluence de  la  seule  richesse  demeurassent  sans  contrepoids. 
Avec  un  rare  mélange  de  courage  et  d'habileté,  malgré  l'hos- 
tilité ouverte  de  Berlin  et  la  jalousie  de  Bonn,  elle  attaqua 
le  problème.  En  1901,  par  une  de  ces  initiatives  purement 
municipales  où  elle  se  complaît,  elle  se  donnait  une  magni- 
fique Ecole  Supérieure  de  Sciences  économiques  et  sociales, 
la  première  de  ce  genre  qu'ait  eue  l'Allemagne.  En  1904,  elle 


(1)  <'  \'on  dieseii  drei  Hcirscliaften...  liehte  der  Rhcinlander 
die  preiissischc  am  wcnigslen.  obglcich  sie  luizweifelhaft  bei 
wcitcni  dio  bestc  war...  .\llc  dièse  Dinge  liesscn  die  prcussisehe 
Herrschaft  am  Rhein  wie  eine  Art  von  Fremdberrschaft  crs- 
cheineii...  <>  Geschiehte  der  Stadt  Koln,  von  D'  Franz  Bender. 
Koln,  Verlag  von   liachem,    1912. 

J'observe  cjue  l"aiiteiir  a  donné  en  1914  une  édition  abrégée  de 
son  histoire  pour  les  écoles  :  l'iiis  rien  ne  s'y  trouve  de  tout  ce 
développement  !  Dans  le  1"^  ouvrage.  Tauteur  fait  de  la  vSeience  ; 
dans  le   second,  ce  n'est   plus  que  du  dressage  ! 


ciinoNiyi  i;  i-:T)5A.N(ii;Ki;  545 

inaugurait  une  Académie  (k'  médecine  pratique.  En  1900, 
elle  fondait  une  sorte  d'institut  de  sciences  juridiques  et 
politiques  et  en  1912  une  Ecole  Supérieure  d'administration 
municipale  et  sociale.  Une  grande  pensée,  discrètement 
voilée  mais  très  consciente  de  ses  lins,  et  tendue  par  un 
vouloir  énergique,  imprimait  à  l'ensemble  de  ces  créations 
successives  un  caractère  d'unité,  celui  d'un  vaste  système  à 
construire,  d'une  université  entière,  mais  toute  moderne,  à 
ressusciter. 

La  pierre  angulaire  de  ce  vaste  édilice  était  l'Ecole  Su[)é- 
rieure  de  sciences  économiques  et  sociales.  En  1919,  elle 
comptait  79  professeurs  ou  chargés  de  cours,  et  un  millier 
d'étudiants.  —  Les  langues  vivantes  occupaient  dans  cette 
Ecole  une  place  particulièrement  distinguée  :  y  étaient  ensei- 
gnés l'anglais,  le  français,  le  hollandais,  l'italien,  l'espagnol, 
le  portugais,  le  russe,  le  bulgare,  le  grec  moderne,  les  langues 
Scandinaves,  l'arabe,  le  turc,  le  néo-persan,  l'hébreu  (ancien 
et  moderne)  et  le  chinois.  Observons  que  beaucoup  de  ces 
langues  comportaient  plusieurs  cours  (langue  commerciale, 
lîhilologie,  littérature,  traduction,  conversation),  et  que  le 
professeur  en  titre,  pour  les  langues  principales,  y  était 
assisté  d'un  chargé  de  cours  et  d'un  lecteur.  J'ai  ])u  consta- 
ter que  la  bibliothèque  des  «  séminaires  »  d'anglais  et  de 
français  était  fort  abondamment  pourvue.  Je  me  garde,  bien 
entendu,  de  faire  des  commentaires  :  on  les  fera  pour  moi  ! 

Outre  sa  tâche  technique,  l'Ecole  assumait  un  rôle  de 
grand  style,  comme  éducatrice  du  grand  public,  par  une 
quarantaine  de  cours  publics  dans  lesquels  la  culture  la 
plus  désintéressée  et  la  plus  sereine  était  largement  représen- 
tée. Qu'on  en  juge  par  ces  quelques  titres,  cités  un  peu  au 
hasard,  d'après  les  programmes  des  2  semestres  de  1918-1919  : 

La  peinture  française  au  xix'  siècle  ;  l'art  dans  les  pays 
rhénans  ;  l'art  de  la  Renaissance  italienne  ;  Rubens  et  son 
temps  ;  introduction  à  l'art  allemand  du  xix"  siècle  ;  la  Re- 
naissance allemande  et  hollandaise;  la  peinture  romantique;  — 
la  préhistoire  des  pays  rhénans  ;  la  civilisation  romaine  sous 
l'Empire,  en  particulier  dans  les  régions  rhénanes  ;  l'histoire 
intérieure  de  la  France  de  1814  à  1914  ;  histoire  des  révolu- 
tions dans  les  Pays-Bas  et  en  Belgique  ;  histoire  de  Cologne 
(par  le  D""  Bender)  ;  —  Racine  comiue  homme  et  comme  poète; 
Voltaire  et  sa  philosophie  ;  le  drame  romantique  français  ; 
les  comédies  de  Shakespeare  ;  la  vie  de  l'esprit  dans  l'Amé- 
rique de  langue  espagnole  ;  la  littérature  moderne  de  l'Ame- 


546  LES    LANGUES    MODERNES 

rique  de  langue  espagnole  ;  les  relations  intellectuelles  et 
économiques  entre  la  péninsule  ibérique  et  l'Amérique  latine 
(ces  3  cours  par  3  professeurs)  ;  psychologie  du  sentiment 
et  de  la  volonté  ;  les  recherches  modernes  sur  la  vie  de 
Jésus,  etc.,  etc. 

Et  je  ne  parle  pas  bien  entendu  des  cours  publics  se  rap- 
portant aux  sciences  économiques,  politiques  et  sociales  qui 
caractérisent  l'Ecole,  i^ar  exemple  celui-ci  :  le  concours  de 
l'Etat  et  l'initiative  individuelle  dans  l'expansion  du  com- 
merce extérieur  (par  un  syndic  de  la  Chambre  de  Com- 
merce). 

Mais,  précisément  parce  qu'elle  était  intelligente  et  hardie, 
l'initiative  de  Cologne  ne  devait  pas  tarder  à  susciter  des 
rivalités  dangereuses.  Frankfort  ne  tardait  pas  à  l'imiter  et, 
bien  en  cour  à  Berlin,  obtenait  le  droit  de  convertir  ses  éta- 
blissements d'enseignement  supérieur  en  université  de  nou- 
veau style.  D'autre  part  les  vieilles  universités  s'empressaient 
de  se  doter  à  leur  tour  d'instituts  de  sciences  économiques, 
sociales  et  politiques.  Cologne  se  voyait  menacée  de  perdre 
ses  étudiants  qui  pouvaient  trouver  ailleurs  non  seulement 
un  enseignement  aussi  approprié  à  leurs  besoins  mais  encore 
la  consécration  de  grades  enviés.  Cologne  devait  se  borner  à 
donner  un  diplôme  d'études,  ne  conférant  aucun  titre.  Il  lui 
fallait  donc  ou  perdre  tout  le  bénéfice  de, ses  efforts  ou  les 
couronner  par  la  conquête  de  tous  les  jjrivilèges  universitai- 
res, y  compris  le  droit  de  conférer  les  grades.  Ce  fut  l'objet, 
à  partir  de  1910,  de  négociations  difficiles  avec  Berlin.  En 
novembre  1918  tout  ce  que  la  diplomatie  du  maire  de  Colo- 
gne avait  obtenu,  c'était  la  perspective  d'une  incorporation 
de  l'Ecole  supérieure  de  sciences  économiques  à  l'Université 
de  Bonn,  comme  5'  faculté.  Quant  aux  autres  instituts  d'en- 
seignement supérieur  de  Cologne,  Berlin  refusait  nettement 
d'en  entendre  parler.  Ce  médiocre  compromis  —  à  l'état  de 
promesse  —  était  bien  misérable  auprès  de  ce  que  l'ambition 
de  Cologne  avait  rêvé.  Sur  ces  entrefaites  éclatent  les  coups 
de  foudre  :  la  révolution  à  Berlin  le  9  novembre,  l'armistice 
le  11  !  Nouveau  ministre  et  situation  toute  nouvelle  !  Le  Maire 
de  Cologne  ne  manqua  pas  de  voir  qu'à  ce  point  de  vue  du 
moins  le  moment  était  favorable,  mais  il  fallait  agir  vite  et 
sans  bruit  !  11  sut  trouver,  improviser  les  arguments  nouveaux 
que  les  circonstances  semblaient  connnander  :  La  culture 
allemande  perdait  ses  bastions  de  Strasbourg,  de  Posen  et  de 
Prague.  Ne  fallait-il  pas  essayer  de  combler  de  pareils  vides  ? 


CIIROMQLE    KTBAXGÈRE  547 

(Pologne  devenait  ville-frontière  de  l'intelleclualité  allemande  : 
ne  fallait-il  pas  qu'elle  i)ùt  s'équiper,  s'armer,  pour  son  nou- 
veau rôle  ■?  —  Le  4  janvier  lîMO  le  gouvernement  prussien 
autorisait  par  décret  la  ville  de  Cologne  à  transformer  en 
université  de  nouveau  style  ses  instituts  d'enseignement  supé- 
rieur (1). 

La  bataille  était  gagnée.  I>e  droit  de  créer  était  obtenu. 
Restait  à  créer;  ou  plutôt  à  mettre  au  point,  ou  compléter,  la 
grande  création  si  hardiment  entreprise.  Je  dirai  dans  mon 
prochain  article  où  en  est  Cologne  de  la  réalisation  de  son 
l^rogramme  ;  et  surtout,  je  tâcherai  de  dégager  des  ombres 
mouvantes  qui  le  dissimulent  Tesprit  véritable  qui  préside 
à  cette  résurrection  et  qui  animera  cette  force  nouvelle. 

Gaston-E.  Broche. 
(A  Suivre). 
Marseille.  V  novembre  1920. 

<!g> 


NOTES     AMÉRICAINES 


La  campagne  électorale  jjour  la  présidence  se  poursuit 
sans  qu'il  nous  en  parvienne,  par  la  voie  de  la  presse,  autre 
chose  que  de  vagues  et  rares  échos.  On  ne  saurait  trop  déplo- 
rer l'insuffisance  des  informations  que  l'on  trouve  dans  les 
journaux  français,  et  même  dans  les  journaux  anglais,  concer- 
nant les  événements  d'Amérique.  D'autre  part,  l'Association 
des  journalistes  britanniques,  qui  vient  de  faire  un  voyage 
d'études  aux  Etats-Unis,  a  constaté  que  la  presse  américaine 
ne  publie  guère  que  des  renseignements  incomplets  et  sou- 
vent tendancieux  sur  la  situation  de  l'Europe.  Cette  igno- 
rance, ou  plutôt  cette  incuriosité  réciproque  pour  des  problè- 
mes politiques  et  sociaux,  lointains  certes,  mais  qui  ne  peu- 
vent manquer  d'avoir  une  répercussion  de  l'un  et  de  l'autre 
côté  de  l'Atlantique,  risque  d'élargir  le  fossé  qui  s'est  creusé 


]  /  Texte  de  l'art.  1  du  décret  :  <■  Die  preussische  Regierung 
genehmigt  den  Plan  der  Stadt  Kôlu,  ihre  wissenschaftlichen 
Anstalten  zu  einer  neuartigen  Universitât  anszubauen.  ■>  Univen- 
sitat   Koln,   Dcukschrift   von  Prof.  D"-  Eckert   Kôln,   Màrz   1919. 


548  LES   LANGUES    MODERNES 

depuis  deux  ans  entre  les  Etats-Unis  et  leurs  alliés  européens. 

J'ai  pu  voir,  pendant  les  vacances,  plusieurs  amis  améri- 
cains et  d'anciens  collègues  d'université,  qui  ont  conlirmé  les 
indications  que  j'avais  précédemment  données  sur  l'attitude 
des  Etats-Unis  à  l'égard  de  l'Europe.  D'après  eux,  M.  Harding 
et  M.  Cox,  qui  ont  bénéficié  de  la  rivalité  de  concurrents  plus 
connus  et  plus  qualifiés,  ne  sont,  tous  deux,  que  les  repré- 
sentants des  puissances  financières  et  industrielles  rendues 
plus  prépondérantes  encore  par  la  guerre.  Et  si,  comme  il  est 
possible,  M.  Harding  est  élu,  ce  sera  moins  jiour  lui-même  ou 
pour  un  programme  intérieur  nettement  défini,  que  contre 
son  prédécesseur,  M.  Wilson,  et  contre  la  politique  extérieure 
suivie  par  ce  dernier.  «  L'abstentionnisme  »  prôné  i^ar 
M.  Harding,  ses  déclarations  concernant  la  nécessité  pour 
les  Etats-Unis  de  se  dégager  de  toute  participation  aux  atïai- 
res  d'Europe,  répondent  à  un  mouvement  d'opinion,  diffé- 
rent dans  ses  causes,  mais  identique  dans  ses  résultats,  qui 
se  fait  sentir  dans  diverses,  parties  du  corps  électoral  améri- 
cain. D'une  part,  la  masse,  le  man  in  the  street  subit  le 
contre-coup  de  l'après-guerre  qui  se  fait  sentir  en  Amérique 
comme  en  Europe  :  crise  des  loyers,  vie  plus  chère  ;  et  sa 
mauvaise  humeur  en  fait  retomber  la  responsabilité  sur  la 
politique  wilsonienne  qui  a  jeté  les  Etats-Unis  dans  la  mêlée. 
D'autre  part,  une  portion,  considérable  paraît-il,  des  classes 
instruites,  intellectuelles,  a  éprouvé  une  vive  et  profonde 
désillusion  en  constatant  que  le  traité  de  Versailles  n'a  pas 
amené  Fàge  d'or  en  Europe.  Déçue  dans  son  idéalisme  géné- 
reux, elle  est  portée  à  accuser  tous  les  Etats  européens, 
indistinctement,  de  visées  impérialistes,  d'une  soif  de  conquê- 
tes et  d'appétits  égoïstes  qu'elle  se  refuse  à  encourager  et  à 
sanctionner  par  une  coopération  politique  ou  diplomatique 
quelconque  des  Etats-Unis.  La  France  elle-même  n'échappe 
pas  toujours  à  des  reproches,  fondés  sans  doute  sur  des  infor- 
mations tendancieuses  répandues  par  la  presse  germanophile 
si  puissante  du  groupe  Hearst  ;  et  j'ai  eu  quelque  peine  à 
convaincre  certains  de  mes  interlocuteurs  que  la  France 
assaillie  et  meurtrie  n'avait  qu'un  but  :  celui  de  se  garantir 
et  de  se  protéger  contre  le  retour  des  événements  de  1914. 

Ce  rôle  tendancieux  de  la  presse  germanophile  ne  fera 
que  s'accentuer  et  s'affermir.  Dis])osant  de  capitaux  considé- 
rables, et  d'une  influence  qui  s'étend  sur  les  millions  de 
lecteurs  d'origine   ou  de  sympathies  germaniques,   son   plan 


cunoMQii;  l'niiA.NdKiu;  519 

d'action  est  d'abord  de  dissocier  l'Entente  de  1918  :  (luestion 
d'Irlande,  question  de  l'Adriatique,  insinuations  sournoises 
sur  le  soi-disant  «  impérialisme  français  »  et  en  même 
temps,  lamentations  sur  la  détresse  et  la  misère  allemandes 
(l'envoi  en  Allemagne,  par  certaines  associations  du  Middle 
West,  de  bétail  et  de  matériel  agricole,  est  symptomatique  à 
cet  égard).  Elle  espère  ainsi  arriver  à  faire  table  rase  des 
six  dernières  années  et  à  rétablir  avec  les  puissances  centra 
les  les  relations  d'antan.  Nous  devons  prévoir  et  prévenir  ce 
danger  et  pour  cela  ne  pas  compter  uniquement  sur  La 
Fayette  et  sur  le  facile  cliché  des   «  Républiques  sœurs  ». 

G.  Meyer. 
NOTES    ITALIENNES 


On  sait  que  l'Italie,  à  qui  la  guerre  n'a  pas  été  imposée,  ne 
s'est  décidée  à  y  prendre  part  qu'après  avoir  bien  pesé  le 
pour  et  le  contre  et  à  la  suite  de  longues  et  vives  —  sinon 
violentes  —  discussions  entre  neutralistes  et  intervention- 
nistes. Une  belle  victoire  a  couronné  ses  efforts  et  ses  sacri- 
fices. Non  seulement  elle  a  donné  au  jeune  pays  un  prestige 
moral  incontestable,  mais  elle  lui  a  permis  d'atteindre  ses 
principaqx  buts  de  guerre.  Avec  Trente  et  Trieste,  désormais 
italiennes,  l'ceuvre  du  Risorgimcnto  est  heureusement  ache- 
vée. En  même  temps,  l'Autriche  —  renneniie  héréditaire  — 
est   abattue  pour   toujours. 

Malgré  ces  résultats,  la  victoire  n'a  pas  apporté  au  pays 
l'apaisement  espéré.  Bien  plus,  depuis  l'armistice,  le  mécon- 
tentement semble  être  devenu  général. 


Ce  qui  frappe,  d'abord,  le  plus,  dans  l'état  de  l'opinion 
publique  italienne,  c'est  le  discrédit  dans  lequel  sont  tombés 
les  hommes  politiques  et  les  partis  qui  ont  décidé  et  fait  la 
guerre.  Cela  devient  sensible  dès  la  chute  du  Ministère 
Orlando  et  la  formation  du  Ministère  Nitti  (fin  mai  1919). 
L'échec  des  nationalistes,  le  triomphe  des  Catholiques  (parti 
populaire)  et  des  Socialistes  aux  élections  législatives  de 
novembre  1919  eu  sont  une  confirmation  solennelle.  Enfin,  le 


550  l-ES   LANGUES   MODERNES  l 

Ministère  actuel,  formé  le  11  juin  dernier,  en  est  la  manifes- 
tation la  plus  éclatante.  Le  président  du  Conseil,  M.  Giolitti, 
était,  en  1915,  à  la  tête  des  neutralistes.  C'est  l'homme  du 
pareccA/o^  celui  qui  négociait  avec  le  prince  de  Bulow.  Taxé 
de  germanophilie  par  les  uns,  de  trahison  par  d'autres,  il  a 
été  attaqué  par  presque  tous  les  partis.  Des  patriotes  ardents 
l'ont  même  brûlé  en  effigie. 

Et  cependant,  lorsque,  au  commencement  de  juin,  le  troi- 
sième ministère  Nitti  était  démisionnaire,  tous  les  i-egards 
— ■  ou  à  peu  près  —  se  tournèrent  vers  le  député  de  Dronero. 
La  situation  était  assez  critique,  et  seul,  M.  Giolitti,  parais- 
sait pouvoir  la  dominer. 

«  Pourvu  qu'il  sauve  le  pays,  nous  oublierons  le  passé,  » 
voilà  ce  que  la  plupart  pensaient  et  ce  que  beaucoup  disaient 
tout  haut.  Alors,  l'un  des  chefs  du  parti  socialiste,  M.  Turati, 
l'a  même  appelé  le  dernier  rempart  de  la  bourgeoisie. 

C'est  que  la  crise  de  l'autorité  du  gouvernement  commen- 
çait à  inquiéter  sérieusement  tous  les  partisans  de  l'ordre. 
Les  cheminots,  les  fonctionnaires  des  P.-T.-T.,  et  d'autres,  se 
mettaient  en  grève  et  finissaient  par  avoir  raison  du  gouver- 
nement. L'armée  elle-même,  poussée  par  les  nationalistes  et 
le  parti  militariste,  n'obéissait  pas  toujours.  Des  troupes 
régulières  désertaient  pour  se  joindre  à  M.  d'Annunzio,  au 
lieu  de  faire  la  police  autour  de  Fiume.  L'amiral  Millo,  gou- 
verneur de  la*  Dalmatie,  jurait  au  Comandante  de  Fiume  qu'il 
n'abandonnerait  pas  le  pays  où  il  se  trouvait  au  cas  où  le 
gouvernement  et  les  chambres  accepteraient  un  arrangement 
dans  ce  sens,  et  il  restait  sourd  aux  appels,  à  Rome,  du  pré- 
sident du  Conseil,  qui  d'ailleurs  le  laissait  à  son  poste. 


Des  esprits  très  sérieux  et  très  distingués,  ainsi  que  les  plus 
grands  journaux  du  pays,  entre  autres  le  Corriere  délia  Sera, 
Il  Secolo,  Il  Messaggero,  voient  dans  ce  manque  de  discipline 
l'une  des  causes  du  malaise  actuel.  Si  l'on  y  ajoute  une  véri- 
table campagne  de  presse  de  l'ex-président  du  Conseil, 
M.  Nitti,  contre  le  traité  de  Versailles,  on  comprendra,  dans 
une  certaine  mesure,  le  désarroi  qui  peut  régner  dans  l'esprit 
de  nos  voisins.  La  brûlante  question  de  l'Adriatique  n'est  pas 
encore  résolue,  ce  qui  a  déçu  amèrement  la  grande  majorité 
des  Italiens.  Le  pacte  de  Londres  leur  donnait  la  Dalmatie, 


cnHoNiyLi:  !nKAN(;iii<K  551 

Je  principe  (le  l'autodécision  qui  ligurait  parmi  les  douze 
points  de  M.  Wilson,  devait  leur  donner  Fiunie.  Ils  oubliaient 
qu'en  retournant  ce  raisonnement,  les  Yougo-Slaves  pou- 
vaient revendiquer  Fiume,  en  vertu  du  pacte  de  Londres,  et 
la  Dalmatie,  par  l'application  du  principe  de  l'autodécision. 
On  sait  que,  sur  cette  question,  l'habileté  et  l'opiniâtreté  de 
l'ancien  ministre  des  affaires  étrangères  Sonnino  se  heurtè- 
rent, tout  de  suite,  à  l'intransigeance  de  M.  Wilson.  Des  négo- 
ciations directes  allaient  finalement  avoir  lieu,  avec  les 
Yougo-Slaves,  quand  la  chute  du  Ministère  Nitti  a  tout 
arrêté.  Dans  sa  séance  du  25  du  courant,  le  Conseil  des  Minis- 
tres a  décidé  de  les  commencer  sous  peu,  puisque  les  Yougo- 
slaves acceptent  volontiers  de  le  faire.  On  espère  même 
qu'elles  pourraient  être  terminées  pour  la  rentrée  des  cham- 
bres, fixée  au  10  novembre  prochain. 


En  attendant,  des  bruits  de  crise  ministérielle  circulent 
depuis  deux  semaines  environ  ;  mais,  si  la  majorité  du 
cabinet  n'est  sans  doute  pas  compromise  pour  le  moment,  elle 
sera  quelque  peu  réduite  par  la  défection  des  nationalistes 
et  des  libéraux  de  droite  hostiles  aux  négociations  avec  les 
Yougo-Slaves.  Les  catl^oliques  font  quelques  remontrances  au 
sujet  de  la  faiblesse  du  gouvernement  et  vont  s.e  montrer 
moins  dociles.  Enfin,  les  socialistes  pratiqueront  peut-être 
l'obstruction  à  laquelle  ils  semblaient  avoir  renoncé  au  mois 
de  juillet  dernier.  Et  cependant,  le  gouvernement  aurait 
besoin  d'être  solidement  appuyé,  car  les  difficultés  qu'il  a  à 
surmonter,  à  l'intérieur,  sont  très  grandes. 

La  nouvelle  de  complots  militaristes  ou  socialistes  ne 
semble  pas  devoir  être  prise  au  sérieux,  mais  la  crise  écono- 
mique et  sociale  est  réelle.  Il  semble  que  l'une  des  plus  gran- 
des fautes  des  différents  gouvernements  qui  se  sont  succédé 
depuis  l'armistice  ait  été  de  viser  surtout  à  obtenir  de  grands 
avantages  territoriaux  à  l'occasion  des  traités  de  paix,  au 
lieu  de  chercher  à  combattre  ie  malaise  économique,  plus 
grand  en  Italie  que  chez  ses  anciens  alliés,  puisque  la  valeur 
de  notre  franc  oscille,  à  Rome,  autour  de  1  lire  70,  depuis 
plusieurs  semaines.  Depuis  bientôt  deux  ans,  le  renchérisse- 
ment de  la  vie  a  amené  des  demandes  d'augmentation  de  sa- 
laires et  occasionné  des  gi'èves.  Au  mois  d'août  dernier,  les 


552  LES    LANGUES    MODEHNKS 

patrons  métallurgistes,  ayant  répondu  par  le  lock-out  au 
sabotage  de  la  production  systématiquement  organis.é  par  les 
ouvriers,  parce  qu'on  leur  refusait  de  nouvelles  augmenta- 
tions de  salaires,  les  travailleurs  ont  occupé  les  usines  afin  de 
les  exploiter  par  leurs  propres  moyens.  Ils  ont  même  créé 
des  gardes  rouges  et  des  tribunaux,  à  l'exemple  des  bolche- 
vistes.  Le  gouvernement  n'a  pas  cru  devoir  intervenir,  tout 
d'abord,  puis,  au  bout  de  trois  semaines,  dans  l'espoir  de 
résoudre  rapidement  ce  conflit  qui  prenait  des  proportions 
inquiétantes,  ^I.  Giolitti  a  décidé  que  les  industriels  devraient 
admettre  le  contrôle  syndical  pour  toutes  leurs  entreprises. 
Cette  mesure  a  calmé  momentanément  le  monde  ouATier  qui, 
cependant,  ne  la  considère  que  comme  une  étape  vers 
l'expropriation  des  industriels. 

Il  faut  remarquer,  en  effet,  que  l'exemple  de  la  Russie 
fascine  certains  milieux  ouvriers  italiens  qui  ont  accepté  les 
21  conditions  imposées  par  la  3"  internationale  de  Moscou. 
Aussi  Lénine  a-t-il  accordé  sa  Consécration  au  périodique 
de  Turin.  L'ordine  iiiiouo  (l'ordre  nouveau)  qu'il  a  déclaré 
l'interprète  le  plus  fidèle  de  la  pensée  communiste.  Mais  le 
groupe  de  l'ordine  miovo  n'est  pas  la  majorité  dans  le  parti 
socialiste  italien.  Un  autre  groupement  refuse  d'a'^cepter  les 
conditions  de  Moscou,  d'autres  les  acceptent  avec  des  réser- 
ves. Une  scission  va-t-elle  se  produire?  Le  congrès  prépara- 
toire de  Reggio  Emilia  organisé  par  la  fraction  des  «  Cen- 
tristes »  vient  de  se  prononcer  pour  l'unité  du  parti  ;  il  a 
bien  accepté  les  vingt  et  une  conditions  de  Moscou,  mais  en 
faisant  des  réserves  et  en  refusant  les  exclurions  demandées 
par  Lénine. 


Parallèlement  à  l'agitation  ouvrière  s'est  développé,  en 
Italie,  un  assez  vaste  mouvement  agraire.  Le  problème  de  la 
transformation  de  la  gi'ande  propriété,  à  peu  près  inculte 
dans  l'Italie  méridionale,  en  Sicile  et  en  Sardaigne,  se  pose 
depuis  longtemps  chez  nos  voisins.  Aux  paysans,  dans  les 
tranchées,  on  avait  promis  de  donner  une  partie  des  terres 
qu'ils  cultivaient,  mais,  après  la  démobilisation,  ils  ont  re- 
trouvé le  statu  qiio,  ce  qui  les  a  ([uelque  ])eu  exas])érés  et 
portes  à  occuper,  d'abord,  les  i)roi)riétés  peu  ou  pas  cultivées, 
puis  celles  qui  étaient  en  plein  rapport,  mais  qui  apparte- 
naient à  de  riches  propriétaires  fonciers.  Depuis  cinq  ou  six 


r.iii\(iN"iyri:  KTi'.ANdKHi-:  "),'),'{ 

mois,  l'occupation  des  terres  par  les  paysans  prpnant  des 
proportions  inquiétantes,  le  gouvernement  a  décidé  de  la 
discipliner  et  de  la  régler.  Un  décret,  le  troisième,  a  été 
rendu,  à  ce  sujet,  le  20  octobre  courant  et  concerne  surtout 
la  Sicile.  Il  assurerait  aux  paysans,  non  pas  la  propriété  des 
champs  qu'ils  cultiveront,  mais  une  très  longue  jouissance, 
ce  qui  leur  permettrait  d'y  apjjorter  les  améliorations  néces- 
saires, en  attendant  qu'ils  puissent  les  acheter. 


L'espace  nous  manque  pour  parler  des  rapports  franco-ita- 
liens de|)uis  l'avènement  du  Ministère  Giolitti  qui  a  été  plutôt 
fraîchement  accueilli  chez  nous  lors  de  sa  formation.  A  vrai 
dire,  les  relations  avec  nos  voLsins,  sans  être  vraiment  cordia- 
les, n'ont  pas  été  plus  mauvaises  qu'avec  les  autres  ministères, 
depuis  l'armistice.  L'entrevue  de  M.  Millerand  et  de  M.  Gio- 
litti. à  Aix-les-Bains,  fort  bien  vue  dans  les  deux  pays,  semble 
être  de  bon  augure,  et  l'on  espère  fermement  que  les  diffé- 
rents malentendus  se  dissiperont  peu  à  peu.  Quant  à 
l'échange  de  professeurs  et  d'élèves,  prévu  par  l'accord 
approuvé  au  mois  de  juin  dernier,  il  semble  qu'il  ne  sera  pas 
réalisé  pour  cette  année,  du  moins  en  ce  qui  concerne  l'ensei- 
gnement secondaire. 

Marseille,  le  29  octobre  1920. 

Paul  Paoli. 


->o<- 


BIBLIOGRAPHIE 


Dei)iS  Saurat:  Blake  ai)d  MiltOI).  —  Thèse  complémentaire; 
Bordeaux,  Cadoret,  1920  ;  74  p.  in-S». 

Ce  livre  courageux  se  propose  un  double  objet  :  démêler 
d'abord  l'influence  directe  de  Milton  sur  Blake  ;  étudier  ensujte 
d'ans  leur  dcvleloppement  parallèle  les  grandes  constructions 
imaginatives  où  se  sont  exprimés  deux  tempéraments  voisins 
et  divers,  de  façon  à  préciser  leurs  analogies,  leurs  difTérences. 
et  à  les  éclairer  l'un  par  l'autre. 

Lei  champ  est  vaste,  et  l'étude  est  courte  :  mais  sa  méthode  n'est 
pas  celle  des  dépouillements  complets.  Elle  procède  par  coups  de 
sonde,  en  profondeur  ;  et  les  points  choisis  étant  essentiels,  c'est 
bien  une  coupe  des  deux  esprits  vus  d'un  certain  angle,  que  cha- 
cune de  ces  confrontations  nous  donne.  Autour  des  grandes  affir- 
mations de  la  conscience  religieuse  s'organisent  l'univers  moral 
de  Milton  et  celui  de  Blake,  avec  l'intime  ressemblance  qui  les 
unit,  et  le  mouvement  qui  semble  les  faire  sortir  l'un  de  l'autre, 
Blake  étant  à  bien  des  égards  un  Milton  plus  entièrement  affran- 
chi  de  toute  contrainte. 

11  est  impossible  de  lire  cette  étude  sans  en  garder  l'im- 
pression d'un  rafraîchissement  du  savoir  et  d'une  plus  claire 
intelligence,  les  deux  œuvres  prenant  une  précise  et  délicate 
transparence  à  leur  contact.  Sans  doute,  M.  Saurat  paie  le  prix 
de  sa  méthode  et  de  son  audace.  Les  analyses  sont  parfois  plus 
suggestives  que  certainement  probantes.  Toute  ramassée  en  une 
comparaison  hors  du  temps,  son  étude  néglige  le  fonds  com- 
mun, contemporain  ou  traditionnel,  sur  lequel  ont  vécu  et 
Milton  et  Blake  ;  le  pourquoi  de  leurs  analogies  si  frappantes 
ne  nous  est  pas  donné  —  dans  la  mesure  où  il  est  saisissable. 
Mais  le  fait  de  cette  parenté  secrète,  qu'a  trop  longtemps  mas- 
quée l'image  orthodoxe  et  presque  hiératique  de  Milton,  est  for- 
tement établi.  Ecrit  en  un  anglais  virgoureux,  le  livre  témoigne 
d'un  sens  riche  de  la  vie  spirituelle,  et  d'une  pénétration  qui 
promet,  appliquée  à  d'autres  problèmes,  des  fruits  plus  précieux 
encore. 

L.    Gazamian. 

Dei)is  Saurai  :  La  pei)sée  de  Miltoi)*  —  Thèse  principale, 
Alcan,  1920. 

Rien  de  ce  que  je  pourrais  dire  ne  saurait  ajouter  à  la 
valeur,  officiellement  reconnue,  du  livre  de  M.  Saurat  sur  la  pensée 
de  Milton.  11  faut  avoir,  pour  ceux  qui  compulsent  l'œuvre 
énorme  du  poète,  la  leconnaissance  qu'on  voue  d'habitude  aux 
Bénédi'ctins.  (/est  un  dur  labeur,  toujours,  même  quand  c'est 
labeur  d'amour.  Et  pour  moi   qui,  il  y  a  onze  ans,   soutenais  une 


BIBLIOGKAPHlIi  00,y 

thèse  sur  un  sujet  analogue,  il  est  agréable  île  saluer  un  sueces- 
seur   que    le    même    culte    a    guidé    et    soutenu. 

Nous  nous  entendons  sur  ce  qu'on  pourrait  appeler  le  chimis- 
me  du  temiiéramcnt  de  Milton.  Sans  doute,  il  est  difficile 
d'admettre  avec  M.  Saurat  que  le  poète  représente  <•  la  nature 
humaine  normale  ",  qu'il  possède  <•  l'équilibro  de  caractère  », 
ni  qu'il  soit  exempt  de  •>  fanatisme  étroit  ■>.  11  y  a  contradic- 
tion, ce  semble,  à  nous  le  montrer  prenant  •■  l'habitude  de  se 
considérer  comme  un  grand  homme  dès  son  enfance  >>,  sans  souf- 
frir d'"  aucune  mégalomanie  ».  Mais  les  grands  traits  de  lu 
figure  miltonicnne  nous  frappent  également  :  sensibilité,  orgueil, 
naïveté.  Et  je  crois  aussi  que  M.  Saurat  pense,  comme  moi,  qu'il 
faut  chercher  l'essence  de  la  philosophie  de  Milton  dans  le  gros 
volume  de  la  Doctrine  (Chrétienne  plus  ou  moins  agrémenté  de 
la    trilogie    poétique    des    Paradis   et    de    Samson. 

Mais  c'est  peut-être  sur  l'interprétation  de  ces  documents 
essentiels  quo  M.  Saurat  et  moi  ne  serions  pas  tout  à  fait 
d'accord.  L'auteur  a  le  souci  légitime  et  fécond  du  renouvel- 
lement. Il  a  trouvé  que  les  ouvrages  antérieurs  faisaient  trop 
de  cas  de  l'environnement  historique  et  il  a  décidé  de  nous 
jirésenter  un  Milton  penseur,  fondateur  de  doctrine,  séparé 
des  idées  de  son  siècle.  Il  a  ainsi  échafaudé  de  toutes  pièces 
une  ontologie,  une  cosmologie,  une  psychologie,  une  religion  et 
une  politique  miltoniennes,  une  espèce  de  palais  aérien  dont 
les   fondations   restaient  habilement   camouflées. 

L'idée  est  séduisante  et  M.  Sauras  en  a  tiré  de  bons  effets. 
Nous  y  avons  gagné  de  nous  promener  avec  lui  dans  les-  régions 
magnifiques  de  l'entendement  et  de  voir  s'ouvrir  devant  nous 
des  allées  qui  ne  sont  pas  sans  noblesse  :  l'immortalité,  condi- 
tion normale  de  l'être,  le  temps,  fonction  du  mouvement,  la 
création  par  retrait,  la  matière,  divine  en  son  essence.  Non 
que,  si  lucide  que  soit  le  guide,  il  lui  ait  été  possible  de 
solidifier  le  résidu  de  cette  philosohie  personnelle  que  Milton 
aurait  conçue.  Cela  était  impossible  sans  plus  de  matière.  Et 
c'est  devant  cette  difficulté  à  conclure  que  le  critique,  en  cons- 
cience d'honnête  ouvrier  es  lettres,  nous  donne,  pour  que  nous 
y  fassions  notre  choix,  tout  un  Selectœ  de  la  Doctrine,  ainsi 
qu'un  aperçu  très  intéressant  des  sources  judaïques  du  thème 
poétique  miltonien.  Mais,  comme  il  nous  avertit  en  même  temps 
qu'il  «  ne  faut  pas  prendre  trop  au  sérieux  toute  la  mjthologie 
de  Milton  »,  nous  suivons  sagement  son  conseil  en  le  générali- 
sant  un   peu. 

Au  fait,  et  c'est  ià  l'objection  qu'en  toute  admiration  je  vou- 
drais faire  à  l'ouvrage  de  M.  Saurat  (que  je  désirerais  moins 
décousu  et  plus  fondu),  et  puisque,  par  ailleurs,  il  s'agit  de 
rinterpi'étation  de  la  Doctrine  Chrétienne,  il  semble  bien  qu'il 
ait  examiné  cet  ouvrage  capital  sous  un  faux  angle  et  dans  un 
faux-jour. 


556  LES    LANGUES   MODERNES 

^L  Sauvât  n'aime  pas  Jes  critiques  anglais  et  anglicans  de 
Miltou.  C'est  son  droit.  A  ce  qu'il  dit  de  <<  certaine  légende 
absurde  et  choquante  pour  le  bon  sens  »  et  à  quelques  autres 
remarques  peu  obligeantes,  je  devine  qu'il  lui  est  difficile 
d'étudier  la  Doctrine  Chrétienne  en  croyant.  C'est  encore  son 
droit.  Mais  ces  convictions  le  gênent  tout  au  long  de  son 
consciencieux  examen.  M.  Saurat  voit  tout  pensée  dans  Milton. 
J'y  vois  tout  religion.  II  suffit  d'avoir  manié  les  lourds  volumes 
pour  s'assurer  des  origines  de  la  philosophie  miltonienne  : 
elle  a  ses  racines  profondément  ancrées  dans  la  foi  des  Apô- 
tres, dans  l'enseignement  de  Paul,  le  grand  puritain,  <■  créa- 
teur des  dogmes  du  péché  originel  et  de  la  Rédemiîtion  par 
le  Christ  »,  et  dans  la  tradition  augustinienne.  Et  c'est  pour- 
quoi tant  de  miltonisauts  se  sont  crus  autorisés  à  étudier,  dans 
la  Doctrine  Chrétienne,  au  lieu  d'un  tissu  plus  ou  moins  lâche 
de  citations  mal  digérées,  le  faisceau  serré  qui  est  à  la  base  du 
système  philosophique  niiltonien.  C'est  pourquoi,  aussi,  ils 
ont  cru  justifiée  leur  humble  prétention  de  comparer  les 
tenants  du  système  miltonien  aux  sources  dix-huit  fois  cente- 
naires d'où  ils  découlaient.  Milton,  en  somme,  fut  trop  chré- 
tien. Pur  philosophe,  il  serait  monté  plus  haut  peut-être.  Mais 
la  Bible,  où  il  se  dél^attit  toute;  sa  vie  comme  un  géant, 
l'entravait,  en  le  soutenant,  de  toutes  parts.  Certes,  <  il  a 
une  facilité  fatale  à  retrouver  dans  la  Bible  tout  ce  qu'il  y  veut 
trouver.  »  Mais  c'est  à  la  Bible  qu'il  boit  la  vie.  En  inscrivant 
le  titre  de  Doctrine  Chrétienne  en  tète  de  son  ouvrage,  il  auto- 
risait ses  lecteurs  à  faire  la  comparaison  entre  sa  propre  con- 
ception et  la  tradition,  à  la  placer  dans  l'évolution  et  à  la  situer 
dans   l'histoire. 

.Je  reste  convaincu  que  Milton  est  avant  tout  de  son  temps 
et  je  n'en  veux  pour  preuve  que  sa  conception  du  dogme  de  la 
Rédemption  qu'il  a  compris  et  traité  mieux  que  tout  autre. 
M.  Saurat  trouve  que  Milton  a  consacré  «  peu  de  place  à  la 
Rédemption,  alors  que  la  Rédemption  est  pourtant  le  mystère 
central  du  Christianisme  ».  Il  l'étudié  lumineusement,  cepen- 
dant, au  cours  de  trois  beaux  chapitres  du  premier  livre.  Christ 
pour  lui  a  été  humilié  et  exalté.  "  11  a  fait  la  réparation  com- 
plète en  sa  double  capacité  de  Dieu  et  d'homme,  par  l'accom- 
plissement de  la  loi  et  le  paiement  du  prix  requis  pour  toute 
l'humanité.  >  Milton  combat  l'erreur  de  ceux  qui  croient  que 
Christ  "  mourut,  non  pas  à  notre  place,  ni  pour  notre  rédemp- 
tion, mais  simplement  pour  donner  un  exemple  à  l'humanité.  » 
<i  II  meurt  pour  nous  racheter  ».  Dans  le  Paradis  Perdu,  le 
poète  insiste  sur  l'impossibilité*  où  sont  les  hommes  de  se  sau- 
ver sans  l'entremise  de  Jésus-Christ.  Eît  le  thème  sans  cesse 
renouvelé,  jjlonge  plus  profond  que  dans  la  personnalité  pour- 
tant si  profonde  du  poète.  La  Rédemption  est  le  dogme  puritain 
par    excellence,    parce    qu'il    complète    l'autre     dogme    puritain    du 


HIKI.IOCKAPHII-;  00/ 

|)oiho  et  de  Ui  chute,  t.e  sont  ks  IHii  itaiiis  qui  oui  vu,  plus 
loin  que  quiconque,  d'accord  avec  l'orthodoxie  protestante,  dans 
la  réalité  du  mal  et  du  jiéché,  conséquences  fatales  de  la  déso- 
béissance ;  et  c'est  leur  gloire  d'avoir  affîrnié  la  providence  éter- 
nelle dans  la  lU'demption.  Ce  sont  les  deux  grands  thèmes  de  la 
Doctrine,    des    PdnuUs    et    de    Sumson. 

Sans  donc  méconnaître  les  lumières  nouvelles  que  M.  Saurat  a 
pu  jeter  sur  la  philosophie  miltonienne,  il  me  semble  encore, 
à  onze  ans  de  distance,  qu'il  est  plus  sûr  d'en  rechercher  les 
éléments  dans  la  religion  plutôt  que  dans  la  pensée  du  poète. 
M.  Saurat  lui-même  avoue  que  l'originalité  de  .Milton  ■<  a  con- 
sisté à  choisir  et  à  organiser  et  non  à  inventer  ».  A  maintes 
reprises,  il  nous  montre  l'auteur  de  la  Docirine  ChrcUenne 
attaque  passionnée  dans  laquelle  il  a  mis  toute  l'animosité 
personnelle  et  insultante  de  ses  jiamphlets  politiques  »,  tenaillé 
par  les  questions  contemporaines.  Il  est  étrange  d'entendre  un 
critique  de  cette  valeur  nous  affirmer,  en  se  contredisant  lui- 
même,  <|ue  chez  Milton,  c'est  <  l'élément  raison  qui  prédomine  ». 
Au  contraire,  il  serre  de  plus  près  la  vérité  en  nous  montrant 
que  la  «  critique  incessante  de  Satan  que  fait  Milton  a  les 
caractères  de  l'examen  de  conscience  du  Puritain  »  ;  que,  dans 
Samson,  le  héros  est  ••  le  parti  puritain;  terrassé  »  ;  que  le 
Dieu-Destin  est  "  le  Dieu  puritain  »  ;  en  relevant  enfin  des  allu- 
sions constantes   aux   soldats   de   Cromwell. 

Aussi  bien  les  allusions  vagues  qu'il  fait  dans  la  con- 
clusion aux  points  Je  contact  qui  existeraient  entre  Milton  d'une 
part  et  de  l'autre  Spinoza  et  (lorneille,  ne  sont  pas  moussées 
avec  conviction.  Milton  a  peu  du  philosophe.  Plus  religieux 
que  penseur,  plus  flamme  que  lumière,  il  a  rarement  joui  di\ 
calme  nécessaire  pour  se  rencontrer  face  à  face,  toute  passion 
éteinte,  avec  les  redoutables  problèmes  de  la  destinée.  Grand 
certes,  il  l'est,  par  son  génie,  au-dessus  de  ceux  qui  l'en- 
tourent. Mais  il  met  ce  génie  au  service  d'une  cause.  11  est 
lutteur.  Il  faut  savoir  gré  à  M.  Sayrat  de  nous  avoir  promenés 
aux  points  ultimes  que  Milton,  au  cours  de  sa  lutte  tragique,  a 
atteints  dans  le  domaine  de  la  raison  pure.  Mais  on  ne  saurait 
sans  risquer  d'attenter  à  la  vérité,  se  laisser  capter  par  ces 
mirages  pieux.  La  manière  la  plus  profitable  encore  d'étudier 
Milton  est  de  le  placer  dans  l'ambiance  d'adversité  et  de 
controverse  du  xvii'  siècle  anglais  et  du  mouvement  puritain, 
beaucoup  moins  philosophe  que  chrétien,  protestant  libre  beau- 
coup plus  que  libre  penseur,  porte-parole  de  ceux  qui  virent  en 
cette  héroïque  époque  et  à  la  lumière  de  la  foi,  si  loin  dans 
la  triste  et  magnifique  fortune  des  hommes. 

Paul    (^HAIVET, 

Docteur    es    lettres, 
professeur    cgréfjé    au    Lycée    de   Mulhouse- 

.37. 


558  LES    LANGUES    MODERNES 

Pierre  Godet  :  La  pei)5ée  de  Sci)oper)l)auer.  —  Payot, 
Paris. 

C'est  un  ouvrage  sérieux  que  nous  a  donné  là  M.  Pierre  Godet. 
Admirablement  versé  dans  la  philosophie  de  Schopenhauer,  il  a 
entrepris  de  faire  connaître  aui  public  français  la  pensée  du  maître 
auquel  il  porte, on  le  sent,  une  grande  affection.  Il  a  réuni  les  passages 
qui  pouvaient  le  naieux  résumer  cette  pensée,  en  laissant  déli- 
bérément de  côté  ceux  où  le  moraliste  parle  plus  que  le  philoso- 
phe. Peut-être  regrette-t-on  cette  omission  volontaire,  car 
TAllemagne  est  bien  pauvre  en  psychologues  aussi  clairvoyants 
et  incisifs  que  Schopenhauer,  et  peut-être  aussi  la  connaissance 
directe  de  l'homme  aurait-elle  mieux  aidé  à  comprendre  le  pen- 
seur. M.  P.  G.  n'a  pas  essayé  de  grouper  les  morceaux  qu'il 
choisissait,  et  dont  il  donne  à  la  fois  le  texte  et  la  traduction,  de 
manière  à  construire  un  exposé  systématique  de  la  philosophie 
schopenhauérienne.  Il  les  assemble  sous  cinq  rubriques  qui  lui 
paraissent  essentielle^  :  de  la  connaissance,  de  la  nature,  de  l'art, 
de  la  vie  et  de  la  mort,  niorale  et  religion.  Suivent  quelques 
fragments  divers.  En  les  lisant,  on  percevra  bien,  ainsi  que  le 
désire  M.  P.  G.,  l'originalité  de  la  personnalité  de  Schopenhauer, 
'<  l'attitude  caractéristique  de  cet  esprit  en  face  de  l'Univers  », 
et  devinera  en  quoi  il  peut  être  aujourd'hui  encore  un  maître  et 
un  guide.  La  traduction,  entachée  parfois  de  tournures  helvéti- 
ques, est  exacte  et  claire.  Une  introduction,  une  biographie,  un 
index,  une  table  des  matières  détaillée,  une  bibliographie  som- 
maire, font  de  cet  ouvrage  consciencieux  et  intéressant,  un 
instrument    de    travail    fort    utile. 

Gaston    Haphaei.. 


Maurice  Muret  :  La  littérature  aliernar)de  pei)dai)t 
la  guerre.  —  Payot,  Paris. 

Peut-être  le  nom  seul  de  'SI.  Maurice  Muret  suffirait-il  à 
recommander  la  lecture  de  ce  livre,  si  les  circonstances  mêmes 
ne  venaient  en  augmenter  l'intérêt.  Bien  rares  sont  ceux  qui 
ont  pu  continuer  à  suivre  l'évolution  de  la  littérature  allemande 
pendant  la  gueri'e.  Les  ouvrages  qui  paraissaient  là-bas  étaient 
ignorés  ou  inaccessibles.  Et  s'occupait-on  beaucoup  de  littéra- 
ture ?  On  peut  donc  savoir  gré  à  M.  Muret  de  nous  faire  connaître 
dans  des  études  menées  avec  son  ta'ent  coulumier,  les  œuvres 
qui  peuvent  compter  parmi  les  plus  importantes  :  des  romans 
sur  l'Alsace,  sur  Frédéric  II,  sur  la  guerre,  des  poésies  de  haine 
et  de  combat,  et  aussi  des  œuvres  où  perce  une  désillusion  allant 
jusqu'au  défaitisme,  sans  oublier  les  mirifiques  métainorphoses 
du    pangermaniste    Maximilicn    Harden    de    la     Zukunfl.     M.    Muret 


lîIBI.IOfïRAI'MIE  S.'jO 

nous  avertit  lui-mèinL-  qiu-  parfois  l'aspect  national  et  social 
«les  œuvres  étudiées  l'a  intéressé  davantage  que  leur  côté 
j)iirenient    littéraire.   Nul    ne   saurait    lui    en    savoir   mauvais   gré. 

Gaston  Raphaël. 


E.  THIlisoi)  Peers.  —  Tt)e  orgai)izatioi)  of  Educatioi)al 
Experini)ei)t.  —  (Brochure  !»  pp.). 

lui  jaM\ier  dernier,  la  Modem  Lanyiiaye  Associalion  d'Angle- 
terre a  créé  une  section  de  pédagogie  expérimentale  (Department 
of  Edueational  Expcriment».  .\  cette  occasion,  M.  AUison  Peers, 
chargé  de  diriger  l'activité  de  cette  section,  a  prononcé  un  dis- 
cours inaugural  reproduit  dans  le  Journal  of  Expérimental 
l'edaffofjn  and  Trainimj  Collège  Record  et  dont  un  tirage  à  part 
a  été  fait.  M.  A.  P.,  esprit  généreux  et  enthousiaste,  montre  que 
le  professeui",  une  fois  |)ourvu  de  ses  titres  et  d'un  poste,  mettra 
dans  sa  vie  de  la  variété  et  de  l'intérêt,  dans  son  enseignement 
une  .Association  fructueuse  pour  ses  élèves,  s'il  sait  se  défendre 
cmitre  la  tentation  du  laisser-aller  et  de  l'indolence,  contre 
Tattrait  dangereux  du  train-train  quotidien  où  s'enlisent  de 
i-'eaux  talents,  de  la  bcsognn  éternellement  répétée  que  l'on 
accomplit  avec  langueur,  la  pensée  au  loin.  Non,  il  y  a  mieux  à 
faire  :  le  professeur  a  des  loisirs  et,  par  une  sage  économie,  de 
ses  heures  libres,  en  maintenant  son  activité  éveillée,  en 
sachant  utiliser  ces  odd  moments  que  l'on  gaspille  d'ordinaire, 
il  peut  se  livrer,  par  exemple,  à  des  travaux  de  littérature  ou 
d't^rudition,  dont  profiteront  aussitôt  le  ton,  Pallure,  la  richesse 
de    son    enseignement. 

Ce  n'est  pas  tout  ;  le  maître  a,  dans  sa  classe  même,  un  champ 
tout  ouvert  à  des  investigations  d'ordre  pédagogique.  Sans 
doute,  à  l'Ecole  normale,  ou  encore  s'il  a  fréquenté  quelque 
laboratoire  de  psychologie,  il  a  reçu  un  rudiment  de  la  Science 
de  l'éducation.  Mais  le  travail  vraiment  fructueux,  et  personnel, 
c'est  dans  sa  classe  même  et  avec  ses  propres  élèves  que  le 
professeur  peut  l'accomplir.  La  classe  est,  ou  plutôt  doit  être, 
pour  le  maître  désireux  d'améliorer  sa  technique  et  de  colla- 
borer à  l'œuvre  d'ensemble  menée  par  les  chercheurs,  un  véri- 
table laboratoire  pédagogique.  La  méthodologie  des  Langues 
Vivantes  n'est  pas  achevée  :  mille  problèmes  se  posent  encore 
devant  nous.  C'est  aux  professeurs  d'en  chercher  la  solution  au 
cours  de  leurs  expériences  journalières.  Telle  est  l'essence  du 
programme  de  travail  que  s'est  dressé  le  nouveau  Department 
of  Experiment  in  Modem  Language  Teaching  de  l'Associatioa 
anglaise  qui  correspond  à  la  nôtre.  M.  A.  P.  en  expose  les  détails, 
que  nous  ne  pouvons  songer  à  résumer  dans  le  cadre  restreint 
de    ce    bref    compte    rendu,    et    il    exprime     l'espoir     de     voir     ces 


560  LES    LANGUES    MODERNES 

enquêtes,  dépassant  les  limites  de  son  propre  pays,  entreprises 
et  suivies  en  même  temps  en  Amérique,  en  F"ranee,  en  Italie,  a^i 
moyen  d"une  fructueuse  collaboration  internationale.  Nous  enga- 
geons nos  lecteurs,  que  ce  travail  en  commun  intéresse,  à  se 
mettre  en  rapport  avec  M.  Allison  Peers,  24,  Beaufort  Road, 
Kingston-on-Thames,    Angleterre. 

Ch.   Veillet-Lavallée. 


J.-M.  Keyi)es  :   Les   Coi)séquei)ces    Ecoi)onr)iques   de 

la    Paix  (Traduction  française  publié  par  la    Xoiiuelle   Revue    fran- 
çaise,  Paris    1920). 

Je  me  bornerai  à  analyser  ici  cet  ouvrage,  qui  critique  la  poli- 
tique économique  du  traité  de  paix.  AI.  Keynes,  repré- 
sentant de  la  Trésorerie  anglaise  à  la  Conférence  de  la  paix,  juge 
le  traité  avec  l'esprit  d'un  homme  qui  a  assisté  aux  discussions, 
qui  n'a  pu  s'opposer  à  sa  rédaction,  mais  qui  en  a  vu  l'erreur. 
La  solidarité  de  l'Europe  est  la  base  même  de  sa  prospérité 
économique,  l'isolement  de  chacun  des  états  est  la  ruine  de  la 
masse  ;  or,  le  traité  de  paix  a  développé  chez  toutes  les  nations 
un  égoïsme  qui  leur  cause  préjudice  à  elles-mêmes  sans  atteiri- 
dre   leur   ennemi   commun. 

Avant  la  guerre,  le  système  économique  européen  se  groupait 
autour  de  l'Allemagne  qui  jouait  vis-à-vis  de  tous  les  états, 
non  seulement  le  rôle  d'acheteur  et  de  vendeur,  mais  aussi  de 
banquier.  D'autre  part,  l'Europe  souffrait  d'une  population 
excessive,  organisée  artificiellement,  —  de  l'instabilité  des  classes 
laborieuses  et  capitalistes,  et  de  sa  dépendance  à  l'égard  du 
nouveau  monde  en  ce  qui  concerne  son  ravitaillement.  La 
guerre  a  intensifié  ce  mouvement  ;  la  tâche  de  la  Conférence  de 
la  paix  était  de  le  rectifier,  de  rendre  à  l'Europe  une  vie  écono- 
mique possible  :  Keynes,  en  analysant  ses  diverses  proposi- 
tions, en  démontre  linefficacité. 

Les  ouvriers  du  traité  sont  d'abord  en  pleine  contradiction  : 
Clemenceau,  intransigeant,  impassible,  veut  une  complète  revan- 
che de  70  ;  réaliste,  il  veut  ruiner  l'.Allemagne  par  tous  les 
moyens  possibles.  Wilson,  idéaliste,  le  héros  des  imaginations 
populaires,  n'est  qu'un  presbytérien  entêté,  incapable  de  déve- 
lopper les  belles  idées  qu'il  a  jetées  à  travers  l'Océan.  Lloyd 
George,  d'esprit  souple  et  vif,  mais  d'une  hypocrisie  flagrante, 
cherche  à  donner  des  satisfactions  à  son  peuple  pour  sauver 
sa  candidature  électorale.  Orlando,  au  milieu  d'eux,  paraît  insi- 
gnifiant. 

l^e  traité  cherche  à  ruiner  le  système  économique  de  l'Alle- 
magne. 

1"    Sa    marine    marchande    est    détruite    pour   de    longues    années. 


BIBLIOGRAPHIE  561 

L'AJlemagne  a  cédé  ses  colonies,  et  ses  nationaux  indigènes 
sont  même  dépouillés,  atteinte  injuste  à  la  propriété  privée. 
Les  mêmes  dispositions  s'appliquent  à  l'Alsace-Lorraine,  où  leur 
importance  est  beaucoup  plus  grave  que  dans  les  autres  colonies 
allemandes. 

L'influence  et  les  capitaux  de  l'Allemagne  sont  exclus  des  pays 
voisins  où  elle  pouvait  trouver  des  débouchés.  Enfin,  une  somme 
d'un  milliard  est  exigée  par  la  Commission  des  Réparations 
<■  suivant  les  procédés  qu'elle  fixera  ».  Le  commerce  allemand 
d'outre-mer  est  ruiné. 

2"  Le  traité  frappe  r.Allemagne  dans  son  charbon  et  dans 
son  fer,  source  de  son  énorme  développement  industriel.  Il 
exige  jiour  la  France,  en  compensation  de  ses  mines  du  Nord, 
la  propriété  des  mines  de  charbon  de  la  Sarre,  en  confiant  pour 
15  ans  son  gouvernement  à  la  Société  des  Nations  ;  un  plébiscite 
transformera  à  cette  date  l'occupation  en  possession  définitive  ; 
mais  la  Sarre  a  été  allemande  pendant  plus  de  mille  ans,  et 
sa  popu'ation  est  très  homogène.  \^\  même  clause  fixe  le  sort 
de  la  Hautc-Silésie,  au  profit  de  la  Pologne.  Or,  la  perte  de  la 
Sarre  et  de  la  Haute-Silésie  diminuerait  les  ressources  houillères 
de  l'Allemagne  de  près  d'un  tiers  ;  avec  ce  qui  lui  reste,  l'Allema- 
gne doit  fournir  annuellement  à  la  France  une  certaine  quantité  de 
charbon   pour  compenser   la   perte   de   ses   mines  du   Nord. 

Knfin,  r.\llemagne  doit  livrer  à  chacune  des  nations,  sauf  à 
r.Angleterre,  une  certaine  quantité  de  houille.  L'.^llemagne  est 
dans  l'impossibilité  de  satisfaire  toutes  ces  mesures.  Quant  au 
fer.  75  0/0  du  minerai  extrait  en  Allemagne,  provenait  de 
! '.Alsace-Lorraine.  Or  le  traité  a  établi  des  frontières  écono- 
miques  entre  le   charbon   et   le   fer. 

3"   Intervention  dans  le  système  douanier  de  l'.Allemagne. 

En  dehors  des  dispositions  économiques  du  traité,  l'Allemagne 
est  obligée  à  des  Réparations.  L'erreur  de  la  Conférence  est  énor- 
me   sur  ce   chapitre. 

Chaque  pays  a  exagéré  ses  dommages  ;  Clemenceau  comprend 
dans  ses  revendications,  même  les  pensions  et  les  allocations,  con- 
trairement à  nos  engagements.  Lloyd  George  s'était  engagé 
vis-à-vis  de  son  peuple  à  exiger  de  l'.Allemagne  vaincue  des  paie- 
ments qui  violaient  les  promesses  des  .Alliés  à  l'armistice.  En  un 
mot,  les  hommes  d'Etat  cherchèrent  à  faire  payer  à  l'.Allemagne 
toutes  les  dépenses  de  guerre,  discutant  sur  des  problèmes  poli- 
tiques et  territoriaux  sans  apercevoir  que  les  questions  finan- 
cières et  économiques  devaient  être  réglées  d'abord.  Chacun  vou- 
lait tirer  de  l'.Allemagne  des  réparations  exagérées,  supérieures 
à  sa  capacité  de  paiement.  Personne  ne  pensa  qu'on  devait  com- 
mencer par  examiner  cette  capacité  de  paiement  de  son  ennemie 
avant    de    lui    réclamer    des    sommes    qu'elle    ne    possédait    pas. 


562  l^ES   LANGUES    MODERNES 

Il  en  résulta  un  compromis  ou  chaque  homme  d  Etat  apporta 
satisfaction  à  son  peuple. 

La  somme  représentant  la  dette  de  TAllemagne  n'étrait  pas 
iixée  ;  elle  pouvait  se  traduire  en  or,  en  navires,  en  placements 
étrangers,  ou  eu  biens  situés  sur  les  territoires  évacués.  L'Alle- 
magne pouvait  la  payer  par  versements  annuels.  Une  Commis- 
sion des  Réparations  avait  été  instituée  pour  régler  la  situation. 
'  De  grandes  fautes  avaient  donc  été  commises  dans  la  rédac- 
tion du  traité  de  paix  :  les  intérêts  économiques  de  l'Europe 
avaient  été  négligés.  On  avait  trop  demandé  à  l'Allemagne  pour 
en    obtenir   un   peu. 

Il  n'y  a  plus,  actuellement,  aucune  solidarité  entre  les  dif- 
férents Etats  de  l'Europe.  L'Europe  ne  peut  plus  produire,  ne 
peut    plus    échanger,    et    ne    peut    plus    se    ravitailler. 

Keynes  propose   des  remèdes  au  traité  : 

1  "  Sa  révision  :  fixer  les  réparations  à  un  chiffre  payai^lc  par 
1  Allemagne.  Supprimer  les  frontières  de  la  houille  et  du  fer 
par  l'échange  du  minerai  de  fer.  Créer  une  Union  libre-échan- 
giste entre  l'Europe  (-entrale,  l'Europe  Orientale,  rAngletcrre, 
l'Egypte,    etc.. 

2"  Su])primer  les  dettes  interalliées  à  rAnglelerrc  et  à  l'AiiH- 
rique. 

'A"    Faire   un   emprunt    international. 

4"  Ne  pas  rompre  les  relations  russes  et  allemandes  ;  laisser 
l'Allemagne  se  ravitailler  à  l'aide  des  échanges  faits  avec  la 
Russie,  pour  l'empêcher  de  nous  disputer  les  produits  du  Nou- 
veau-Monde   qui    nous    sont    nécessaires. 

Et  Keynes  fait  appel  à  rintelligence  des  peuples  pour  modi- 
fier  un    traité   qui    n'a   pas   été   rédigé   dans    leur    intérêt. 

Madeleine   Basski!i;i:. 


Tl)c  Kîog's  Trcasurics  of  Literature,  Editey  by  Sir  A.  T. 
Quiller-Couch.  —  Dent  et  Sons,  Ltd.,  London  li)'iU. 

J'ai  seulement  quatre  volumes  de  cette  ciiarmante  colkction 
classique.  Le  jjlus  long  a  2.16  j)ages  ;  on  peut  donc  espérer  en 
|)arcourir  un  en  entier  au  cours  d'une  année  scolaire.  Le  papier, 
—  par  ces  temps  durs,  comme  en  a  pu  Juger  le  lecteur  encore 
privilégié  de  cette  revue,  —  est  excellent  ;  l'impression  aussi.  Le 
format  est  très  commode,  la  reliure  solide,  et  exempte  des  sur- 
charges   de   dorure    si    fréquentes    encore    en    Angleterre. 

Mais  tout  cela  est  peu,  auprès  du  choix  des  textes,  et  de 
l'esprit  des  annotations  ou  cojnmentaires  ;  les  titres  seuls  en 
leraient  foi  :  The  Lore  of  îhe  \y(indcrer,  collection  d'essais  de 
R.-L.  Stevenson,  Hazlitt,  lUiskin,  Bacon,  .I.-A.  Symonds,  Ed. 
Thomas,   W.   Raymond,   R.  JelTcrics,   Miss   Milford,   Thoreau,    A'. m 


BIBLIOGRAPHIE  563 

Sullivan  ;  il  y  a  là  une  mine  de  paysages,  de  jugements  esthéti- 
ques ou  moraux,  de  vocabulaire  moderne  et  d'écriture  aussi  artis- 
tique que  fidèle  à  la  psychologie  anglo-saxonne.  Un  autre  volu- 
me :  Modem  Poelrij,  trop  intensément  idiomatique  parfois  pour 
être  utilement  confié  à  nos  élèves,  recèle  au  moins  pour  le  pro- 
fesseur sensible  à  la  réalité  contemporaine,  un  champ  limité, 
mais  fertile,  d'excursions  chez  A.  Noyés,  Kipling,  R.  Brooke, 
Masefield,  Stevenson,  Henley,  Xewbolt,  Bridges,  Yeats,  Whitman, 
Hardy,  J.  Drinkwater,  F.  Thompson,  et  d'autres  ))<)ètes  aussi 
extatiques,  forts  ou  délicats.  La  série  comprend  en  outre  le 
Wonder  Book  de  Hawthorue,  et  l'Essay  on  Clive  de  Macaulay  ; 
et  je  note  l'existence  d'un  Shakespeare  Progress,  composé  par 
M.  Dent  lui-même,  pour  montrer  à  l'aide  de  scènes  habilement 
choisies  et  discrètement  reliées,  le  développement  de  l'art  et  des 
idées    du    poète. 

(les  volumes  sont  apparemment  destinés  aux  élè\es  anglais 
de  treize  à  quinze  ans  :  les  notes,  ou  préfaces  aux  différentes 
divisions  des  ouvrages,  sont  rédigées  avec  clarté,  simplifient 
rapidement  toutes  l'es  diflicultés  d'ordre  purement  mécanique, 
et  passent  à  l'essentiel,  à  la  foj'mation  de  l'esprit  critique  de 
l'enfant.  La  collection,  d'après  le  prospectus,  comprendra  au 
moins  cinquante  volumes,  qui  seront  vendus  de  1/6  à  1/9,  et 
par  conséquent  accessibles  même  dans  l'état  actuel  du  change. 
Il  est  souhaitable  que  figurent  parmi  eux  les  textes  mentionnés 
aux  programmes  de  nos  grandes  écoles  françaises  ;  ainsi  nous 
serait  éjjargnée,  comme  à  nos  élèves,  la  longue  et  décourageante 
recherche  d'éditions  assez  honnêtes,  ou  d'exemplaires  en  nombre 
suffisant,  pour  attaquer  sérieusement  avant  novembre  les  œuvres 
parfois   étendues   dont   l'explication   doit   être   terminée   en   juin. 

G.  d'Haxgest. 


THo^tole    Graioden)il.   —    Oi)    den)aqde    des    Lycées 

Moderi)es  (Cahors  et  Alençon,  Imprimeries  A.  Coueslant). 

Sous  une  forme  incisive  et  amère,  l'auteur  de  cet  article 
de  15  pages  dénonçait  dès  1913,  —  après  M.  G.  Hirtz  ici-même  eu 
1912  — ,  le  sabotage  des  sections  B  et  D  par  les  proviseurs  ;  la 
faillite  des  arguments  opposés  par  nos  collègues  de  lettres  à 
l'institution  d'une  culture  sans  latin  ;  le  sophisme  qui  exclut  de 
l'évolution  le  jeu  des  forces  d'adaptation,  et  n'y  admet  que 
celles  de  conservation  ;  puis  l'association  des  forces  de  réaction 
politique  et  pédagogique  ;  enfin,  les  tentatives  de  monopolisation 
du  patriotisme  par  les  apôtres  connus  de  ladite  association.  Des 
citations  convergentes  de  Taine,  Renan,  Frary,  Lavisse  sont 
opposées  aux  déclarations  tendancieuses  des  romanciers  les  plus 
orfèvres   en   la   matière,   ou   des   iJoliticiens   les   plus   extrêmes.   En 


564  LES   LANGUES   MODERNES 

outre,  est  dénoncée  l'infirmité  du  raisonnement  qui  condamne 
a  priori  les  humanités  modernes  parce  qu'elles  n'ont  en  fait 
jamais  été  expérimentées  en  dehors  du  sabotage  ci-dessus  indi- 
qué :  Léo  Pard  a  pu  reprendre  ce  thème  toujours  actuel  dans 
l'avant-dernier  numéro  du  Bulletin.  Comme  conclusion,  très 
modérée,  l'auteur  demande  (après  Jules  Lemaître  !)  la  création, 
de  quelques  lycées  modernes,  où  se  vérifieraient,  ou  bien  seraient 
ruinées,  les  hjpothèses  jusqu'ici  malveillantes  et  anti-scientifi- 
ques de  nos  adversaires.  Décidément,  cet  article  où  règne  le  bon 
sens  mériterait  d'être  relu  :  je  ne  sais  si  le  tirage  à  part  que 
j'ai  reçu  est  ou  non  dans  le  commerce  :  mais  le  texte  s'en  trouve 
dans  cette  revue   même,   année   1913,   page    313   et    sqq. 

G.   d'Hangest. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

TI)C  Sc>)OOl  Review  (Université'  of  Chicago).  —  A  signaler 
dans  le  n''  de  septembre  un  article  sur  les  dortoirs  dans  les 
Public  High  Schools  où  Ion  pourrait  trouver  un  plaidoyer  en 
faveur  de  l'internat,  ainsi  qu'une  étude  sur  la  participation  des 
élèves  à  la  discipline  de  l'établissement,  chose  impossible  dans 
de  forts  groupements  liiérarchiques  sportifs  ;  et  dans  le  n" 
d'octobre  une  notice  sur  deux  antliologies  de  Louis  Untermeyer. 
Modem  Americdn  Poctri/  et  Modem  Brilish  Poetry  (New- York  : 
Harcourt    et    Howc). 

TI)C  Pedagogical  S^l^iO^ry  (Worcester,  Mass.).  —  Un  article 
sur  l'intérêt  qu'il  y  a  pour  les  parents  à  étudier  scientifiquement 
les  mensonges  de  leurs  enfants  :  Une  notice  sur  le  livre 
d'Albert  Schinz  sur  la  Littérature  française  pendant  la  grande 
guerre  :  l'auteur  croit  voir  dans  le  mouvement  littéraire  fran- 
çais  un  retour   aux    idéalS   catholiques   et    médiévaux. 

TI)C  7^n)ericai)  iOUri)al  of  P5ycl)Ology  (Worcester.  Mass.). 
.-\  s^i^naler  dans  le  n"  de  (Uillet  l'annonce  d'uii  livre  n'is.idor 
Griat  sur  The  Hysteri(t  of  Lady  Macbeth.  (N.-Y.,  Moffat,  Yard  et 
C")  ;  et  surtout  une  excellente  étude  psychoanalytique  de  Lucile 
Dooley  sur  Charlotte  Bronlë.  L'auteur  insiste  sur  l'importance 
ca|)itale  de  la  jeunesse  de  la  grande  romancière.  Essentiellement 
névrotique,  sous  forme  hystérique  le  plus  souvent,  C.  B.  révèle 
dans  ses  contes  la  vie  intime  de  la  femme.  L'atmosphère  fami- 
liale a  eu  sur  elle  une  influence  prépondérante.  Elle  est  restée 
toute  sa  vie  fixée  dans  son  moule  infantile,  la  vie  émotive  arrê- 
tée,     toujours     psychologiquement       adolescente.       victime      d'une 


HIBMOr.HAPHIE  50.') 

répression  de  vie  intérieure.  De  bonne  heure  avertie  des  problè- 
mes sexuels,  elle  fait  un  dieu  de  son  père,  auquel  toute  sa  vie 
elle  se  consacrera  par  devoir,  jalouse  de  la  mère,  et  lui  jaloux 
de  tout  mari  éventuel.  Elle  fait  un  autre  dieu  de  Branwell,  son 
frère.  Vers  la  trentaine,  désireuse  d'élargir  sa  vie,  elle  va  à 
Bruxelles  où  elle  aime  Helger,  son  professeur,  toujours  plus 
prête  à  obéir  qu'à  commander.  Mais  les  circonstances  l'obligeant 
à  renoncer  à  cet  amour,  voilà  de  nouveau  son  grand  instinct 
réprimé,  du  reste  tempérament  de  madone,  désirant  l'enfant  de 
tout  son  pouvoir  et  pourtant  répugnant  à  la  connaissance  de 
l'homme  :  psychologiquement  homosexuelle.  Confinée  dans  un 
monde  d'imagination,  elle  vit  avec  ses  superstitions  et  ses  rêves, 
ses  héros,  comme  le  duc  de  Wellington.  Voici  pourquoi  ses 
œuvres  littéraires,  comme  Jane  Kyre,  sont  "  faites  de  feu  ».  Lucy 
Snowe  est  son  portrait,  type  parfait  de  la  névrotique.  Son  effort 
pour  résoudre  le  problème  de  sa  vie-amour  est  à  la  source  de 
sa    [)ro(kiction    littéraire. 

El)gliSl)  (Harham  House,  Handel  Street,  W.  C.  I.>.  —  L'n  article 
intéressant  sur  le  dialecte  d'Essex  ;  un  autre  sur  The  Eiu/lish  of 
Ihe   Brewer. 

P.    Chaivf.t. 


Notes  et  Documents 


La   sectioi)    parisienne 
de  la   «  Moderi)  Hun)ai)ities   Researcl)    Association  » 

A  la  suite  d'une  réunion  préliminaire,  tenue  en  mars  dernier, 
une  section  parisienne  de  la  M.  H.  R.  A.  (Modem  Humanities 
Research  Association)  est  en  voie  d'organisation  définitive.  Elle 
compte  déjà  un  nombre  suffisant  de  membres  inscrits  pour 
jouir,  d'après  les  statuts,  d'une  existence  autonome.  Elle  sera 
d'autant  plus  vivante  et  utile  qu'elle  réunira  des  adhérents  plus 
nombreux. 

Son  objet,  on  le  sait,  est  de  mettre  en  rapport  les  uns  avec  les 
autres,  et  avec  les  chercJieurs  étrangers,  tous  ceux  qui.  à  Paris 
ou  aux  environs  de  la  capitale,  s'occupent  de  travaux  personnels 
dans  le  domaine  des  langues  et  littératures  modernes.  Elle  agit 
naturellement  en  liaison  avec  les  diverses  sections  nationales 
ou  locales  constituées  dans  la  plupart  des  pays  de  civilisation 
a\ancée,  amis,  alliés  ou  neutres  ;  et  une  fraternité  plus  étroite 
encore  l'unira  aux  groupes  provinciaux  qui  pourront  se  former 
en  France  —  à  l'exemple  de  celui  de  Strasljourg,  déjà  créé, 
dette  organisation  d'ensemble  permettra  l'aide  mutuelle,  l'échange 
des  renseignements,  l'établissement  d'une  bibliographie,  si  l'on 
])eut  dire,  en  puissance  —  la  plus  intéressante  peut-être,  celle 
qui  fait  connaître  les  travaux  en  cours;  elle  préviendra  les 
doubles  emplois,  les  rencontres  regrettables,  cause  de  tant 
d'efforts  perdus.  Il  va  sans  dire  que  tout  ce  qui  relève  du  con- 
tact —  à  distance  et  par  lettre,  ou  dans  une  même  salle,  lors 
de  réunions  —  entre  étudiants  des  mêmes  problèmes,  toute_  la 
vertu  scientifique,  mais  aussi  sociale  et  humaine  de  la  solidarité. 
—   est    inclus   dans    l'objet    de    l'association. 

Un  groupement  analogue,  mais  plus  restreint,  existait  eu 
France,  avant  la  guerre.  Tous  ceux  qui  ont  fait  partie  de  la 
■  Société  d'études  germaniques  »,  élargie,  si  je  ne  me  trompe, 
peu  avant  1914,  en  ■<  Société  pour  l'étude  des  langues  et  litté- 
ratures modernes  »,  se  rappellent  la  fécondité  de  son  action  ; 
les  séances  modestes,  mais  suggestives  du  dimanche  matin,  à 
l'école  normale  ;  les  travaux  scientifiques  encouragés  ou  publiés, 
etc.. 

dette  société,  plus  limitée  en  ^on  objet,  mais  répondant  sans 
nul  doute  à  des  besoins,  ne  demande  qu'à  renaître  ;  et  puisque 
la  guerre  a  i)u  nous  enseigner  l'unification  des  efforts,  il  a  j>aru 
opportun   et   avantageux   de  ne  pas  les  disperser  eutrc  deux   asso- 


NOTES   ET  DOCUMENTS  "jfiT 

fiât  ions  rivales.  Une  fusion  permettrait  un  appui  mutuel,  et  en 
même  temps  une  certaine  division  du  travail.  La  section  pari- 
sienne de  la  M.  H.  H.  A.  resterait  surtout  la  ■  chambre  de 
compensation  »  (dearing-house),  de  renseignements,  le  centre 
de  ralliement  ouvert  aux  néophilologues  nationaux  et  étran- 
gers ;  la  société  d'études  germaniques  renaissante  tiendrait  des 
réunions  distinctes,  mais  en  liaison  avec  elle  ;  elle  écouterait, 
dans  son  domaine  spécial,  des  communications,  les  discuterait, 
et  chercherait  les  moyens  de  faciliter  la  publication  des  tra\aux 
qu'elle   approuverait. 

Il  reste  à  fixer  le  chiffre  de  la  cotisation  c(mimune,  qui  dépas- 
sera  forcément,  12   francs  —  chiffre   statutaire   de   la    M.   H.   R.   A. 

—  mais  ne  s'élèvera  au-dessus  que  dans  la  mesure  où  l'exige- 
ront les  I)esoiiis,   estimés  au   plus  juste,   de   la   société   sœur. 

Ainsi,  les  travailleurs  parisiens  de  tous  les  ordres  d'enseigne- 
ment —  ou  libres  de  toute  attache  avec  l'Université  —  qui  s'inté- 
ressent à  la  langue,  la  littérature,  la  civilisation  de  la  France 
et  des  nations  modernes,  peuvent,  s'ils  le  désirent,  rendre  à 
l'organisation  collective  de  la  recherche  un  précieux  service,  en 
donnant  leur  adhésion  morale  au  groupement  qui  se  prépare  ; 
et  surtout  en  lui  donnant,  dans  quelques  mois,  leur  adhésion 
définitive.  Ils  seront  assurés  de  profiter  des  avantages  variés 
que  les  deux  sociétés  leur  promettent,  et  de  participer  largement 
à  la  vie  scientifique,  par  les  contacts  désormais  bien  plus  faciles 
entre  eux  et  leurs  collègues  français  ou  étrangers.  Peu  importent 
la  forme,  la  nature,  l'objet  précis  de  la  recherche.  Quiconque, 
en  dehors  du  métier  quotidien,  travaille  et  vit  par  la  pensée, 
par  le  besoin  de  connaître  et  de  comprendre,  a  sa  place  marquée 
dans  l'association  de  ceux  qu'un  esprit  commun  anime  ;  les 
forces  qu'il  y  apportera,  il  les  recevra,  au  centuple,  du  rayon- 
nement   de   curiosités   parallèles   et    sympathiques. 

La  section  parisienne  de  la  M.  H.  R.  A.  est  placée  sous  le 
patronage  de  M.  Gustave  Lanson,  président  de  l'association.  Son 
secrétaire  est  le  signataire  de  ces  lignes  (132,  avenue  du 
Maine,  Paris  XIV)  ;  il  sert  d'intermédiaire  pour  les  échanges 
(!e  renseignements,  reçoit  les  communications  d'ordre  bibliogra- 
phi([ue,  transmet,  s'il  y  a  lieu,  les  demandes  et  les  réponses  aux 
sections  principales  ou  étrangères  intéressées,  etc..  Mlle  Brunel 
(35,  rue  ^ladame,  Paris  VI),  veut  bien  recevoir  les  adhésions 
nouvelles,  et  recevra  les  cotisations  dès  que  le  chiffre  en  sera  fixé, 

—  La  trésorière  et  le  secrétaire  convoqueront  les  membres  à  des 
réunions  régulières  ;  et  à  celles,  hors  série,  que  pourra  justifier 
par  exemple,  le  passage  à  Paris  d'un  savant  étranger,  assez 
aimable  pour  nous  exposer  l'état  des  recherches,  en  son  pays, 
dans    son    domaine    spécial. 

L.    Cazami.\.\. 


568  LES    LANGUES   MODEHNES 

Création    de    CIjaires    et    de    Maîtrises 
de  Coi)férei)ces  de  Faculté 

Faculté  des  lettres  de  Paris.  —  Le  cours  complémentaire  d'his- 
toire des  civilisations  des  peuples  de  l'Extrême-Orient  est  sup- 
]jrimé. 

Il  est  créé  un  cours  complémeutaire  de  phonétique. 

11  est  créé  une  chaire  de  civilisation  japonaise  (fondation  de 
V  Universités 

Faculté  des  lettres  de  Lyon  :  une  chaire  de  langue  et  littéra- 
ture  russes. 

Faculté  des  lettres  de  Bordeaux  :  une  maîtrise  de  conférences 
d'anglais. 

Faculté  des  lettres  de  Rennes  :  une  maîtrise  de  conférences 
d'anglais. 

Faculté  des  lettres  de  Strasbourg.  —  La  chaire  d'histoire  du 
moyen  âge  est  transformée  en  chaire  d'histoire  de  la  civilisa- 
tion   allemande.    (Décret). 


7Vdn)issibilité  au  Certificat  Secondaire 

M.  Ferdinand  Buisson,  député,  demande  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pourquoi  les  candidats  admissibles  au 
certificat  de  l'enseignement  secondaire  des  langues  vivantes, 
ayant  -échoué  aux  épreuves  définiti^•es.  n'ont  pas  conser\'é  le 
bénéfice  de  leur  admissibilité  pour  le  concours  spécial  de  1920 
au  même  titre  que  les  candidats  aux  différents  ordres  d'agréga- 
tion et  aux  divers  concours  de  l'ejiseignement  primaire,  et  s'il 
ne  serait  pas  possible  de  remédier  aux  effets  de  ce  traitement 
défavorable.    (Question    du   21    juillet    1920). 

RÉPONSE 

L'arrêté  du  22  avril  1919.  fixant  les  conditions  dans  lesquelles 
les  candidats  de  ^agrégation  conserveraient  le  bénéfice  de  l'admis- 
sibilité, a  été  pris  conformément  aux  intentions  manifestées  par 
la  Commission  de  l'enseignement  de  'a  (".hambre  des  Députés.  A 
aucun  moment,  il  n'a  été  question  d'étendre  cette  mesure  aux 
candidats  détclarés  antérieurement  à  1914,  admissibles  aux 
épreuves  orales  du  certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des 
langues  vivantes  dans  les  lycées  et  collèges.  11  a  paru,  en  effet, 
qu'en  ouvrant  des  sessions  spéciales  avec  jirogrammes  réduits  et 
en  supjjrimant  même  toute  limitation  du  nombre  des  candidats 
à  recevoir  au  concours  de  renseignement  secondaire  en  1920,  on 
assurait  des  facilités  suffisantes  aux  candidats  au  certificat  d'ap- 
titude à  l'enseignement  des  langues  vivantes  dont  la  préparation 
—  qui  ne  saurait  être  comiiarée  à  celle  de  l'agrégation  —  aurait 
été  entravée  par  la  guerre.  On  doit  ajouter  que,  sauf  quelques 
exce|)tions,  les  intéressés  n'ont  présenté  aucune  réolamation  à 
ce    sujet.  {Journal   ojjiciel   du    1.")    août    1920). 


Date  de  publicatioi)  des  Non)ii)atioi)S 

M.  Ferdinand  Buisson,  député,  signale  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  le  v(vu  d'un  certain  nombre  de  fonction- 
naires    de    l'enseignement    secondaire    et     de     l'enseignement     pri- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  569 

jiKiirc  (|ui  souliaitcraient  d'être  avisés  lic  leur  nomination  ou 
mutation  de  poste  au  cours  du  mois  d'août  si  possible,  ou  tout 
au  moins  de  septembre,  afin  d'avoir  le  temps  de  faire  face  aux 
dépenses,  en  ce  moment  très  lourdes,  qu'entraîne  un  démc- 
nagement,  surtout  elTeetuc  précipitamment.  (Question  du  29  juillet 
1920). 

UÉPONSE 

Entière  satisfaction  a  toujours  été  donnée  aux  fonctionnaires 
de  renseignement  secondaire  sur  ce  point.  Seul,  le  mouvement 
de  replacement  des  démobilisés  en  fin  d'année  scolaire  1918- 
1919  a  dû  être  commencé  longtemps  après  les  vacances  et  s'est 
terminé  seulement  fin  décembre,  des  agrégations  spéciales  du 
mois  de  novembre  ayant  nécessité  des  nominations  très  tardives. 
Cette  année,  t<jus  les  mouvements  seront  acbevés  à  la  fin  d'août. 
En  ce  qui  concerne  le  mouvement  des  fonctionnaires  de  l'ensei- 
gnement primaire,  des  mesures  sont  prises  également  pour  que, 
sauf  circonstances  spéciales,  les  intéressés  soient  avertis,  dans 
le  courant  des  mois  d'août  et  de  septembre,  des  mutations  les 
concernant.  Néanmoins,  quelques  nominations  tardives  doivent 
intervenir  dans  certains  cas,  en  raison,  notamment,  de  la  non 
acceptation  des  emplois  antérieurement  attribués  ou  par  suite 
de  vacances   inopinées  (Journal  officiel  du  25  août    1920). 


Modification  des  Epreuves   du   Coi)cours  d'adn)lssioi) 
à  l'Ecole  Navale 

Lctnijues  Diiuinles.  —  La  langue  anglaise  est  obligatoire.  Les 
conditions    des    épreuves    sont    celles    actuellement    réglementaires. 

La  langue  allemande  peut  être  présentée  à  titre  facultatif 
à  l'oral,  dans  les  conditions  prévues  actuellement  pour  la  langue 
présentée  à  titre  facultatif,  c'est-à-dire  avec  le  coefficient  1  et 
les   notes    inférieures   à   5    ne   comptant    pas. 

Cette  modification  au  programme  ne  sera  appliquée  qu'à  partir 
du   concours   de    1922. 

(Décision  ministérielle  ilu  "20  octobre  Î9'20,  Journal  officiel  du 
n    octobre    li)20). 


Baccalauréat 


Les  candidats  au  baccalauréat  de  l'enseignement  secondaire, 
originaires  des  pajs  qui  ont  conclu  une  convention  scolaire  avec 
la  France,  peuvent  présenter  leur  langue  maternelle  au  lieu 
d'une  des  langues  vivantes  prévues  à  l'article  17  du  décret  du  .31 
mai  1902,  modifié  par  les  décrets  des  22  janvier  1917  et  13 
février    1920. 

Ils  peuvent,  en  outre,  aux  épreuves  orales  des  séries  «  Latin- 
langues  vivantes  »  et  <  Sciences-langues  vivantes  »,  présenter 
leur  langue  maternelle  comme  première  langue,  en  remplace- 
ment de  l'allemand  ou  de  l'anglais. 

Toutefois,  cette  substitution  n'est  autorisée  que  dans  les  aca- 
démies où  il  sera  possible  d'adjoindre  au  jury  un  examinateur 
comjîétent. 

(Décret   du   19  août  19-20K 


570  LES   LANGUES   MODERNES 

Progran)n)e  des   Ecoles  Norn)ales  d'li)stituteurs 

Langues  oioantes  :  2  h.  par  semaine  dans  chaque  année. 

Exercices  d'acquisition  de  vocabulaire  au  moyen  de  la  méthode 
intuitive    et    active. 

Lectures    et    traductions    de    textes    étrangers. 

Devoirs  :  Versions.  —  Courts  résumés,  en  langue  étrangère, 
de   textes   expliqués  en  classe.   . 

{Annexe  à  T'Arrête  organique  du  IS  janvier  1887,  publié  ou 
Bulletin  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  le  18  septembre 
1920). 


Cours  de  Gari)isoi) 

La  question  si  délicate  des  cours  de  Langues  vivantes  aux 
militaires  (^Cours  de  Garnison),  semble  avoir  reçu  une  solution 
satisfaisante.  Sur  intervention  de  M.  Bellin,  Directeur  de  l'Ensei- 
gnement secondaire,  le  Ministre  de  la  guerre  —  précisant  les 
termes  de  la  Circulaire  du  8  décembre  1919  —  fait  savoir,  par 
Circulaire,  n"  3930  10/11  E.,  en  date  du  4  octobre  1920,  que  les 
crédits  alloués  à  ces  cours  doivent  être  divisés  par  dixièmes 
et  non  par  douzièmes  ;  que  la  durée  de  ces  cours  est  celle  de 
l'année  scolaire  ;  que  leur  rétribution  n'est  pas  influencée  par 
les   vacances   ou   les   suspensions   de   service. 


Arrêté  n)odifiai)t  les  prograiT)n)es  des  Ecoles 
Prini)alres  Supérieures 

LANGUES     VIVANTES 

i"    Année  :    S    heures   par    semaine 

Enseignement  du  vocabulaire.  —  La  numération,  le  temps,  la 
température. 

Le    corps    humain,    le    vêtement,    la    nourriture. 

L'élève    à    l'école    et    à    la    maison. 

Enseignement  de  la  gr(mimaire.  —  Connaissances  grammatica- 
les   indispensables    à    l'expression    d'un   jugement    simple. 

1'"  Année  :    'i   heures  par  semaine 

Enseignement  du  vocabulaire.  —  La  ville  et  la  campagne. 
Leurs    habitants. 

Principaux   métiers. 

Occupations    et    distractions    suivant    les    diAcrses    saisons. 

La  nature  sous  ses  aspects  divers  :  la  plaine,  la  montagne,  la 
mer,    le    ciel. 

Enseignement  de  la  grammaire.  —  Etude  des  règles  essentielles 
•particulières  à  chaque  jjartie  du  discours.  Insister  sur  le  verbe, 
les    particules    \erbales    et    les    ])ré|)ositions. 

.*»•  Année  :    'i    heures  par   semaine 

Enseignement  du  vocabulaire.  —  La  vie  commerciale,  sociale, 
morale  et  intel'lectueillc.  Lectures  appropriées  au  vcH-abulairo 
enseigné. 

Enseignement    de   la   grinnmairc    rattaché    aux    divers    exercices. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  ÔTl 

A  propos  de  la  nouvelle  Licence 

Il  y  :iur;i  disonnais  une  juxtaposition,  propice  à  toutes  les 
équivoques  et  à  toutes  les  spéculations  suspectes,  de  deux 
sœurs,  de  deux  licences  es  lettres,  afTublées  indistinctement  du 
même  nom,  mais  n'ayant  pas  du  tout  le  même  caractère  et  ne 
donnant  |)as  (pcjur  le  moment)  les  mêmes  droits.  Pour  'es  acqué- 
rir, il  faudra  |)résenter  4  certificats  d'études  supérieures,  dont  le 
ctioix  est  complètement  libre  pour  la  première  et  minutieuse- 
ment réglementé  pour  la  seconde,  et  qui  seront  délivrés  de  six 
en  six  mois  par  les  Facultés  ;  il  faudra  donc  deux  ans  pour 
acquérir  une  quelconque  des  deux  licences.  —  La  première,  n'a 
pas  de  nom  propre,  et  ses  droits  sont  pour  commencer  des  plus 
\agues  :  ses  ambitions,  c'est  autre  chose,  et  vous  pensez  bien 
que,  spéculant  sur  la  captieuse  identité  de  nom,  cette  belle  et 
inquiétante  inconnue,  de  conquête  facile  (aucune  condition  préa- 
lable tie  grades  et  de  titres»,  ne  tardera  pas  à  réclamer  l'égalité 
complète  avec  sa  s(tur  aînée  :  c'est  une  équivoque  qui  commence, 
une  nouvelle  manœuvre  pour  de  nouvelles  équi\alences.  C'est  la 
licence  dont  pourront  se  contenter  les  professeurs  de  l'ensei- 
gnement libre  ;  on  ne  tardera  |)as  à  nous  demander  qu'elle  ail 
cours  dans  l'enseignement  primaire  et  dans  l'enseignement  supé- 
rieur ;  —  et  alors  le  toui-  sera  joué,  le  mouvement  tournant  sera 
complet,  on  passera  directement  du  primaire  au  sujjérieur,  sans 
s'embarrasser  du  secondaire.  A  celui-ci  on  laisse  et  on  laissera 
ce  que  nous  appelons,  nous,  la  vraie  licence  et  qui  devrait  être 
la  seule  autorisant  à  enseigner  aussi  bien  dans  l'enseignement 
libre  que  dans  rUni\ersité.  Cette  seconde  licenc-e  sera  seule 
admise  pour  les  candidats  à  l'enseignement  secondaife  public. 
KUe  com|)rendra  quatre  sections  (Philosophie,  Lettres,  Histoire  et 
(léographie.  Langues  vivantes»  dans  chacune  desquelles  les 
épreuves,  écrites  et  orales,  des  4  certificats  obligatoires  sont 
dé'terminées  avec  soin,  de  façon  à  assurer  à  tous  les  futurs  pro- 
fesseurs   des    lycées    et    collèges    une    forte    culture    classique. 

^Bulletin  de  la  Société  des  Professeurs  de  Français  et  de 
J.nixfjues   Anciennes,   n"   :22). 


CONCOURS    i^T    EXAMENS 

Epreuves  orales  de  l'Agrégation  d'anglais 

{.Juillel-aoùt    1920) 

Leçons  françaises 

1.  Dans  quel  but,  selon  vous.  Spencer  a-t-il  écrit  son  Colin 
Clout's  corne  home  acjain  ?  —  2.  Sidney  d'après  son  livre.  —  3. 
L'amour  dans  VArcadie  de  Sidney.  —  4.  Comment  expliquez-\ous 
le  succès  de  r.4rcrtf/je  de  Sidney.  —  5.  L'amitié  dans  VArcadie 
de  Sidney.  —  6.  Comment  s'accordent  le  genre  chevaleresque  et 
le  genre  pastoral  dans  VArcadie  de  Sidney  ?  —  7.  Les  opinions 
morales  et  philosophiques  de  Sidney.  —  8.  Les  femmes  dans 
VArcadie  de  Sidney.  —  9.  La  nature  dans  VArcadie  de  Sidney.  — ■ 
10.  Les  caractères  d'hommes  dans  VArcadie  de  Sidney.  —  11.  Que 
pensez-vous    de    Sidney    comme    conteur  ? 


0/2  LES   LANGUES   MODERNES 

12.  Le  rapport  de  la  pastorale  et  du  drame  dans  le  Conte 
d'Hiver.  —  13.  En  quoi  le  Conte  d'Hiver  pouvait-il  plaire  à  un 
auditoire  Elisabethaiu  ?  —  14.  Le  caractère  d'Autolycus,  et  sa 
place  dans  le  théâtre  de  Shakespeare.  —  15.  Perdita.  —  16. 
Florizel. 

17.  Quel  est  l'intérêt  du  Sad  Shepherd  ?  —  18.  Le  berger  dans  la 
littérature   pastorale    anglaise    de    la    Renaissance. 

19.  Quel  tableau  Butler  trace-t-il  de  la  Société  anglaise  à  la 
veille  de  la  Restauration  ?  —  20.  Est-il  possible  de  reconstituer 
la  physionomie  morale  de  Samuel  Butler  d'après  son  œuvre  ?  — 
21.  Où  vous  paraît  résider  l'unité  artistique  nu  poème  de  Samuel 
Butler,  Hudibras  ?  —  22.  Définissez  et  appréciez  le  comique  de 
Butler.  —  23.  Le  caractère  de  Ralpho  dans  Hudibras.  —  24.  Sir 
Hudibras. 

25.  Le  journal  de  Pepys  vous  semble-t-il  offrir  un  intérêt  lit- 
téraire en  dehors  de  son  intérêt  historique  ?  —  26.  Sous  quel 
jour   la  figure   de    Pepys  vous   apparaît-elle   dans   son  journal  ? 

27.  .\pprécier  la  qualité  des  portraits  dans  Absaloni  et  Achito- 
phel.  —  28.  L'objet,  les  moyens,  le  succès  d'Absalom  et  Achi- 
tophel  comme  satire  politique.  —  29.  De  l'utilisation  des  person- 
nages et  de  la  couleur  bibliques  dans  Absaloni  et  Achitophel.  — 
30.  Dans  quelle  mesure  la  poésie  de  Dryden  vous  paraît-elle  se 
proposer  et   atteindre  un  idéal  classique  ? 

31.  Donnez  une  appréciation  d'ensemble  du  Gentleman  Dan- 
cing-Master  comme  comédie.  —  32.  La  satire  des  modes  étrangè- 
res dans  le  Gentleman  Dancing-Master.  —  33.  Quelle  place  faut-il 
faire  à  l'intention  morale  dans  le  Gentleman  Dancing-Master  ? 
—  34.  Esquissez  les  traits  individuels  de  Wycherley  parmi  les 
auteurs  comiques  de  son  temps.  —  35.  Wycherley  et  Molière.  — 
36.  Définissez,  d'après  les  textes  du  programme,  les  caractères 
d©  la  Restauration  comme  âge  littéraire.  —  37.  Y  a-t-il,  dans  les 
quatre  auteurs  de  la  Restauration  que  vous  avez  à  étudier,  des 
caractères  d'ordre  littéraire  où  se  reconnaisse  une  influence 
générale  ou   précise   venue   de   France  ? 

38.  Quelle  est  l'attitude  de  Byron  devant  la  nature,  d'après 
Childe  Harold  ?  —  39.  Définissez  l'attitude  morale  de  Byron  dans 
les  deux  derniers  chants  de  Childe  Harold.  . —  40.  La  rhétorique 
de  Byron  dans  Childe  Harold.  —  41.  Dans  quelle  mesure  vous 
êtes-vous  laissé  gagner  par  les  émotions  que  Byron  cherche  à 
produire  dans  les  deux  derniers  chants  du  Pèlerinage  de  Childe 
Harold  ?  —  42.  L'évocation  historique  les  deux  derniers  chants 
de  Childe  Harold. 

43.  Quel  vous  paraît  être  l'intérêt  humain  du  Prometheus 
Unbound  ?  —  44.  La  nature  dans  Prometheus  Vnbovnd.  —  45. 
L'amour  dans  Prometheus  Unbound.  —  46.  L'imagination  cos- 
mique de  Shelley  dans  le  4*=  acte  de  Prometheus  l'nbound.  —  47. 
Quel  vous  paraît  être  l'enseignement  philosophique  et  moral  de 
Shelley  dans  Prometheus  Unbound  ?  —  48.  Les  caractères  et 
raction  dans  Prometheus  Unbound.  —  49.  Quelle  place  occupe 
Prometheus  Unbound  dans  le  développement  de  l'œuvre  de 
Shelley  ?  —  50.  Shelley  poète  lyrique  dans  Prometheus 
Unbound. 

51.  Définissez  et  classez  les  principaux  thèmes  des  Odes  de 
Keats.  —  52.  La  conception  de  l'Ode  chez  Keats.  —  53.  Les  sour- 
ces du  pessimisme  de  Keats.  —  54.  Le  rôle  de  la  sensation  dans 
la  poésie  de  Keats,  d'après  les  Odes.  —  55.  L'originalité  de 
l'image  dans  les  Odes  de  Keats.  —  56.  Comparez  le  sentiment  de 
l'antiquité  grecque  chez  Keats  et  Shelley.  —  57.  Par  quels  traits 
généraux  la  seconde  génération  des  romantiques  anglais  se  dis- 
lingue-t-ellc  de  la  première  ? 


NOTES    ET  DOCUMENTS  •)/.! 

.")S.  L'intérêt  jisytliologiqiie  dis  (Confessions  d'un  mangeur 
d'opium., —   59.    La    prose   de    De   (juincey    d'après   les   Confessions. 

—  6((.  Dans  (fiiclle  mesure  les  Confessions  de  De  Quincey  vous 
j>araissent-t"lles    inspirées    par   le    goût   de   la   vérité  ? 

61.  La  conception  de  l'essai  chez  Hazlitt.  —  62.  La  personna- 
lité de  Hazlitt  d'après  le  Table-Tulk.  —  63.  Hazlitt  moraliste 
dans  le  Tahle-Talk.  —  64.  Les  idées  de  Hazlitt  sur  la  peinture 
d'après  le  Tnble-TidU.  —  65.  Apjjréciez  le  stvle  de  Hazlitt  dans 
le    Tuhle-Tulk- 

Leçons  anglaises 

1.  Study  Spenser's  verse  in  the  first  two  hundred  Jines  of 
Colin  Clout's  come  home  again.  —  2.  Colin  Clout's  impressions 
of  the  Knglish  Court.  —  3.  The  National  feeling  in  Colin  Clout's 
home    again. 

4.  What  are  the  chief  arehaic  éléments  in  Sidney's  prose  ?  — 
.'i.  .Sidney's  vocabnlary  in  .Arcodiu,  Book  I.  ch.  5.  —  6.  Sidney's 
syntax  in  Arcadia,  Fiook  I.  ch.  9.  —  7.  .\  commentary  in  .Arcadia, 
pp.  loi  to  lO.T  (cil.  16).'  —  8.  .\  literary  commentary  on  .Arcadiu. 
p.    132.    .As    I    my    little    flock...   —    137,    .According    to    the    nature... 

—  9.  .A  commentary  on  .Arcodia  :  p.  5  (the  beginning)  to  9 
(Clains  presently  went...i.  —  10.  .A  commentary  on  .Arcndia.  L, 
ch.  m,  pp.  59-64.  —  11.  .A  commentary  on  .Arcadia,  p.  9  (Clains 
presently  went...  —  the  end  of  the  chapter).  —  12.  .A  commen- 
tary on  .Antidia,  p.  108.  But  the  night...  —  the  end  of  the  chapter. 

13.  The  language  of  counti^y  pcople  in  Shakespcarc's  Wintcr's 
Taie.  —  14.  Hohin  Hood  and  his  crew  in  the  Sad  Shepherd.  — 
15.  .A  commentary  on  Sad  Shepherd,  p.  290,  Enter  F'riar...  —  the 
end  of  the  act.  —  16.  A  literary  commentary  on  Ben  Jonson's 
.Sad  .Shepherd,  act.  I,  se.  2.  Enter  .Eglamour...  —  But   I  will   study. 

17.  Religions  satire  in  Hudibras.  —  18.  The  language  of  Hudi- 
hrns. 

19.  The  life  of  London  as  illustrated  by  Pepys.  —  20.  Tcn  years 
of  the  history  of  England  as  mirrored  in  Pepvs'  Diarv.  —  21. 
Ihe  life  of  the  English  Court  as  illustrated  by  Pepys.  —  22.  The 
language  of  Samuel  Pepys.  —  23.  A  commentary  on  Pepys,  p.  132 
«Lord's  Dayi.  This  day  I  first  began  —  p.  135  (Valentine's  Day) 
up  early...  —   24.  ,A  commentary  on   Pepys'  Diary,  pp.   146-150. 

25.  The  crisis  at  the  end  of  Charles  II's  reign  (1678-1685i  as 
leflected  in  the  satires  of  Dryden.  —  26.  A  commentary  on  Dry- 
den's  portrait  of  Shaftesbury,  lines  150  to  230.  —  27.  A  commen- 
tary on  Dryden's  .Absalom  and  Achitophel,  lines  585  to  681.  — 
28.   The    verse    in    Absrdom   and  Achitophel. 

29.  The  moral  temper  of  the  Restoration  as  shown  is  Pepvs  and 
Wychcrley.  —  30.  The  Restoration  fop.  — >  31.  The  Restoration 
as    a    resuit    of   political    and    moral    forces. 

32.  The  individual  quality  of  Byron's  romanticism.  —  33. 
Byrou's  use  of  the  Spenserian  stanza.  —  34.  What  are  the  dis- 
tinctive  featurés  and  merits  of  the  last  two  cantos  of  Childe 
Uarold  ?  —  .35.  (vlassical  éléments  in  Byron's  mind  and  art.  — 
.36.  The  language  of  Byron  in  the  last  two  cantos  of  Childe 
llarold.  —  37.  .A  commentary  on  Byron's  Childe  Harold.  III, 
^tanzas  86  to  98.  —  38.  A  commentary  on  Byron's  Childe  llarold. 
IV.  stanzas,  18  to  26.  —  39.  A  commentary  on  Byron's  Childe 
Harold,  III,  stanzas  68  to  76.  —  40.  A'  commentary  on  Byron, 
Childe    Harold,    IV.    stanzas    177-185. 

41.  The  A-arious  aspects  and  forms  of  Keats's  worship  of 
Beauty  and  Art.  —  42.  A  study  of  Keats's  vocabulary  in  the  Ode 
to  Psyché.  —  43.  .A  commentary  on  Keats's  Ode  on  a  Grecian 
l'rn.   —   44.   A   commentary   on    Keats's   Ode    to   Aafumn.   —   45.   A 

."îs. 


574  LES   LANGUES    MODERNES 

commentary  on  Keats's  Ode  to  the  Nightingale.  —  46.  A  com- 
mentary    on    Keats's     Ode    to   Indolence. 

47.  Shelley's  metrical  experiments  in  Prometheus  Vnbound.  — 
48.  Prometheus  as  a  symbol  in  Shelley's  poeni.  —  49.  Demogor- 
gon  in  Prometheus  Unbound.  —  50.  A  commentary  on  Shelley's 
Prometheus  Unbound,  p.  229.  Who  reigns  '?...  —  Ail  spirits  are 
enslaved...  —  51.  A  commentary  on  Shelley's  Prometheus 
Unbound,  p.  224  :  The  path  through  which...  Canst  thon  imagine. 
—  52.  A  commentarj'  on  Shelley's  Prometheus  Unbound,  p.  226, 
Panth.  Hither  the  sound  hath...  —  the  end  of  the  scène.  — 
53.  A  commentary  on  Shelley's  Prometheus  Unbound,  p.  232  ; 
Voice  in  the  air  singing...  —  tlie  end  of  the  act.  —  54.  A  com- 
mentary on  Shelley's  Prometheus  Unbound,  p.  243.  The  begin- 
ning  of  the  act,  p.  248...  Panthea.  Ha  !  they  are  gone  !  —  55.  A 
conimentafA'  on  Prometheus  Unbound,  act-  1.  «  Chorus  of  spi- 
rits ».  —  56.  A  commentary  on  Shelley's  Prometheus  Unbound, 
p.  241,  The  spirit  of  the  hour  enters...  —  the  end  of  the  act.  — 
57.  Later  English  romanticists  as  harbingers  of  the  anti-Roman- 
tic  reactions.  —  58.  Define  the  attitude  towards  Democracy  and 
contemiJorary   problems   in   the   later   English   romanticists. 

59.  Hazlitt's  relation  to  the  main  tendencies  of  Romanti- 
cism.  —  69.  Hazlitt  as  a  critic  of  Literature.  —  61.  A  commen- 
tary on  Hazlitt,  p.  152,  Few  things  show...  —  p.  156,  There  was 
a  rcmarkable  instance.  —  62.  The  Romantic  éléments  in  De 
Quincej's  Confessions.  —  63.  The  second  English  romantic  wave 
in    its   connection    with   political    -md    social    influences. 


Certificat  Secoi)daire  d'Espagi)oi 

(Session    normale    de    19'20) 

Version    espagnole 

Al   Verano 

i  O   cômo   es   el   Verano 

tiempo    mas   génial    y    mas   humano 

(jue   otro   alguno  que  da   el  volver  del   Cielo  ! 

;  ô    quâl    niiniero   y   quanto    trae    de    flores  ! 

i  ô   quai    admiracion   en    sus  colores  ! 

De   la    imagen    de    amor    ardiente    rosa 

las    encendidas    alas, 

que   fueron   ya    de    sus    espinos    galas, 

con   el   color,   con  el   olor   divino 

son    lustre    y    ornamento    al    blanco    lino, 

dô    al    gusto    se    niinistra,    coronando 

la    niesa    regalada 

y   fruta   sazonada 

con    el    puro    rocio    blaïuiueando. 

i  Fues    quai    parcce    el    Inkaro    sangriento 

de    flores    esparcido, 

y    el    cristal    \'eneciano, 

â    quien    la    agua   de    helada 

la    tersa    frento    la    dejo    empanada  ! 

(.  A    c|uâl    \aga    lazada    de   oro    crespo, 

â    quâl    purpura    y    nieve, 

por  dô  las  gracias  y  cl  amor  se  mucvc, 

no    aiimcntô    herinosura    peregrina 

alguna    flor  divina  ".' 


.1 


NOTES   ET  DOCUMENTS  575 

;  O    florido    voraii(3  ! 

Si   â   mi   afccto   se   debe, 

caniinu  â  lento  paso, 

déjà    el    volar,    déjà    el    volar    ligero 

para   tiempo   mas   triste   y   mas    severo. 

Tû   candido   y   sua\e  y   blaiido   espira, 

y   tardo   te   retira. 

Pero    sordo   y   dificil   â   mi   ruego 

veloz  pasa  volando, 

al    humano    linaje    amonestando, 

vieiido    las    rosas,    que    su    aliento    cria, 

como    nacen    y    miieren    en    un    dia  : 

que    las    humanas    cosas 

quanto    con    mas    belleza    rcsplandecen, 

mas    presto    desvanecen. 

(,  Y   tu    la    edad    no    miras   de   las   rosas  ? 

Arde    en    aquel    ilustre    y  blando    fuego, 

que    dulccmente    engana    tu    cuidado  : 

toma   ejemplo   dcl   tiempo   que   nos   huye, 

y  en    sus  flores   de   tardos   nos   arguye  ; 

y   nos   dejes   pasar   en   ocio   un   punto, 

que    tan    excelsa    llamia 

â    nueva    gloria   y    resplandor   te    llama. 

(,  Y   sabcs   si   â   este   dia   claro   y    puro 

otro    i)odrâs    contar    ledo    y    seguro  ? 

(,  O    si    cl    hermoso    incendio   que   te    apura 

lucirâ    con    eterna    hermosura  ? 

(Francisco    de    Rioja). 

Thème  espagnol 

Le   bon   tour  d'un  Saint 

...Certain  jour,  paraît-il,  au  soleil  couchant,  le  Diable  et  le 
Saint  se  rencontrèrent  à  la  place  même  où  nous  sommes  :  le 
Saint  en  costume  de  saint,  crosse,  mitre,  nimbé,  doré;  le  Diable 
noir  et  cuit  à  son  habitude,  cuit  comme  un  épi,  noir  comme  un 
grillon... 

—  Voj-ons,   ça   va-t-il  ?   dit   le   Diable. 

—  Ça  ne  va  pas  mal,  ça  ne  va  pas  trop  mal  !  répondit  le 
Saint... 

J'ai  même  trouvé  moyen,  ce  mois  dernier,  de  me  bâtir  une 
chapelle,  petite,  il  est  vrai,  mais  c'est  un  commencement.  Veux- 
tu  que  je  te  la  montre  ? 

—  Volontiers,    si    ce    n'est    pas    loin. 

Et  les  voilà  partis  tous  les  deux,  le  Saint  en  tête,  le  Diable 
derrière,  suivant  les  vallons,  gravissant  les  pentes  dans  les 
grands  buis,  dans  les  lavandes,  montant  sans  cesse,  montant 
toujours... 

Enfin,   ils   arrivent   à   la   chapelle. 

—  Joli  !  très  joli  !  dit  le  Diable  en  regardant  par  le  trou  de  la 
serrure,  car  l'eau  bénite  l'empêchait  d'entrer  ;  les  bancs  sont 
neufs,  les  murailles  blanchies  à  la  chaux  ;  ton  portrait  sur  l'au- 
tel me  semble  d'un  effet  magnifique.  Je  te  fais  mon  sincère 
compliment. 

—  Tu  dis  ça   d'un   ton  ! 

—  De    quel    ton    veux-tu    que    je    te    le    dise  ? 

—  C'est  donc  mieux  chez  toi  ? 

—  Un   peu    plus   grand,   mais   voilà   tout. 


576  LES    LANGUE.>    MODERNES 

—  Allons-y   voir,   répondit   le    Saint. 

—  Allons-y,  répondit  le  Diable,  mais  à  une  petite  condition  : 
c'est  qu'une  fois  dedans,  tu  ne  feras  pas  de  signe  de  croix  ;  vos 
sacrés  signes  de  croix  portent  malheur  aux  bâtisses  les  mieux 
construites. 

—  Je  te   le  promets. 

—  Ça   ne    suffit   pas,   jure-le   moi  ! 

—  Je   te   le  jure  !   dit   le   Saint,   qui    avait   déjà   son   idée. 
Aussitôt,    un    char   de    feu    partit,    et    tous    deux,    si   vite,    si    vite 

qu'ils  n'eurent  pas  le  temps  de  voir  le  chemin,  se  trouvèrent 
transportés  dans  le  plus  magnifique  palais  du  monde.  Des  colon- 
nes en  marbre  blanc,  des  voûtes  à  perte  de  vue,  des  jets  d'eau 
qui  dansaient,  des  lustres,  des  murs  en  argent  et  en  or,  un  pavé 
en  rubis  et   en   diamant,  tous  les  trésors   de   dessous  terre. 

—  Eh   bien  ?    demanda    le    Diable. 

—  C'est  beau,  très  beau  !  murmura  le  Saint  devenu  vert  ;  c'est 
beau  d'ici,  c'est  beau  de  là,  c'est  beau  à  gauche,  c'est  beau  à 
droite. 

En  disant  cela,  le  Saint  montrait  du  doigt  les  quatre  coins  de 
l'édifice.  Ainsi,  sans  manquer  à  son  serment,  il  avait  fait  le 
signe  de  la  croix.  .Aussitôt,  les  colonnes  se  rompirent,  les  voûtes 
s'effondrèrent  ;  le  Saint,  qui  avait  eu  soin  de  se  tenir  près  de 
la  porte,  n'eut  pas  de  mal,  et  le  Diable,  pincé  sous  les  décom- 
bres, se  trouva  encore  trop  heureux  de  reprendre,  pour  se  sauver  à 
travers  les  pierres,   son   ancienne  forme  de  serpent. 

(Paul   Ariîne.   Au    bon   Soleil). 

Composition  française 

Quelles  sont  les  productions  de  la  littérature  espagnole  dont 
la  fortune  a  été  la  plus  grande  en  France  ?  Comment  expliquez- 
vous   leur    succès   et    leur   influence  '? 

Composition  espagnole 

Dice  Torres  Villaroel  que  sus  padres  a!  ponerle  la  cartilla  eu 
la  mano  le  clavaron  en  el  corazôn  "  el  miedo  al  maestro,  el 
horror  a  la  escuela,  el  susto  continuado  a  los  azotes  y  las  demâs 
angustias  que  la  buena  crianza  tiene  establccidas  contra  los 
inocentes   muchachos.    ■> 

Por  otra  ])aite,  cucnta  Azoriii  en  Las  confesiones  de  un  ]>eque- 
no  filôsofo  :  «  Yo  me  quedaba  soh)  en  la  escueh\  ;  cntonces  el 
maestro  me  llevaba,  pasaïuio  por  los  claustros  y  por  el  patio,  a 
sus  habitaciones.  Ya  aqui  entrâbamos  en  el  comedor.  Y  ya  en  el 
comedor,  abria  yo  la  cartilla,  y  ilurante  una  hora  este  maestro 
feroz  me  hacia  delctrcar  con  una  insistencia  bàrlKira.  Yo  siento 
aùn  su  aliento  de  tabaco  y  percibo  el  rascar,  a  intervalos,  de  su 
bigote  cerdoso.  Deletrcaba  una  pagina,  me  hacia  volver  atràs  ; 
volviamos  a  avanzar,  vohiamos  a  rétrocéder  ;  se  indignaba  de 
mi  estiilticia  ;  exclamaba  a  grandes  voces  :  «  ;  Que  jio  !  i  Que 
no  !  >>  Y  al  fin  yo,  rendido,  anonadado,  ojirimido,  rompia  en  un 
largo  y   amargo   llanto.   >> 

<•,  Se  jîuede  comparar  la  educaciôn  del  />f(/Ht'ilo  filôsofo  con  la 
del  catcdràtico  salmantino  ?  Y  a  |)esar  de  que  tanto  el  uno  como 
el  otro  se  rebelaron  contra  la  tirania  de  los  maestros  de  prime- 
ras letras,  ;,  no  le  parece  a  V.  cjiie  entre  los  dos  se  nota  una 
gran  diferencia  en  cuanto  a  la  educaciôn  v  formaciôn  pédagô- 
gica  ? 


NOTES   ET  DOCUMENTS  577 

Certificat    Secondaire    d'Italiei) 

i.Sfssioii    iionnnlc    Î920) 

Version  italienne 
Anuildo    (1(1    Jircscid    (^Atlo    lU,    scemi    1") 

(Luogo  deserto  ntlla  ("ampagna  di   Roma,  presso  il  mare) 
AnxAi.DO.   1^'onda   dfl   vogo,  che  levommi   in  alto. 

Fuggi    fremcndo,   c   mi   ha,   quai   nave   iiifiaiita, 

Sopra    sqiiallidc    arcne    abbandonato  ; 

Hd    io    ni()\o    allât icate    cd    arse 

Iv'ignude    plante...    Aride    è    il    labbro,    c    poca 

Acqua    non    trovo    che    la    setc    estingua... 

Arbor    non    v'ha,    muta    ogni    valle  ;    all'ouda, 

Che   improveri    nell'arenoso    letto, 

Più   la   vita  non  mormora.  —  Corragio, 

.Aima    cristiana  !    a    te   conviene    un    pio 

Sofl'rir   tranquillo  !   non   hai   tu   promcsso 

Fede   alla   C.roce,   et   sollevarti   a    Dio 

Fuor   del    monde   c   dei    sensi  ?   A    questa    polve 

La   vita   c   ugual,  chè   sempre   il    suo   cammino 

Segnasi    con   dolor...   l'orma    d'un   piede 

Un   altro  piè  cancella,   e   tutti   un   vano 

Simulacre   qui    siam,   che   appar   pcr   poco, 

E   soffre   e   muoro...  —  Io   non   cembatto   invauo, 

Figlie    di    Dio,    ceU'immoi'tal    parela 

Quel    tiranno    del   tempo    e    deireterno, 

Che    usurpa    in    terra    il    loce    tuo,    che    i    piedi 

Tien   negli   abissi,  e  fra  le   nubi   il   cape, 

E   cei    fulmini    grida  :    Il    monde    è    mie  ! 

Leggi,   virtudi    e   Libertà    tentai 

Renderti,   e  Roma...   Ahi,   sel   dov'   è   la   morte 

.\bita   la   tua   gloria,   e   ben   l'alloro 

Qui   fra    i    sepelcri    nasce   e   le    ruine  ! 

Su  celenna   atterrata   il   fiance   infermo 

Posar   mi    giovi.    .\h,   più   di    lei    giacete, 

-Aime    latine  ;    ed   alla   prima   altezza 

Chi   tornavi   petrà  ?  —  Mi   sente   oppresse 

Dal    grave    duel    délie    speranze    altère 

Sempre    deluse    nell'Italia,    e    trêve 

Dentre    l'anima    mia    maggior    deserto 

Che    questo,    eve    dr    già    l'aër    s'irabruna, 

E   m'annunzia    la    sera    un    suon    di    squilla 

Da  lentano  Cenobio  :   iidir  nol   pesso 

Senza  un  desio  che  tréma,  e   in  cor  mi  desta 

Una    memoria    che    divien    rimorso... 

r ....  Or    mené    oscuro 

Il   ciel    si   fa,  che   minaccio  procelle, 
L'aër  men   pigre   ed   insalubre,   e  tremula 
Lucc  di  stelle  fra  le  nubi  appare.   . 
Oh    sia    Iode    al    Signer  !    Sente    l'eterna 
-Armonia   del   create  ;   e   se   un'incerta 
Luce    qui    sel    mestra    paludi    e    tombe. 
L'aima    dal    peso   che   quaggiù    la    grava 
Non    è   vinta    cosi    che   pur    sia    telta 
La   libertà   del    vole   ai    supi    pensieri... 

(G.-B.    NiccoLi.Ni). 


578  LES   LANGUES   MODERNES 

Thème   italien 

La  tempête  augmentait.  Chassée  par  le  vent,  la  neige  courait 
en  blanches  fumées  rasant  le  sol,  et  ne  s'arrêtant  que  lorsqu'elle 
était  retenue  par  quelque  obstacle,  revers  de  tertre,  mur  de  pier- 
railles, clôture  de  haie,  talus  de  fossé.  Là,  elle  s'entassait  avec 
une  prodigieuse  vitesse,  débordant  en  cascade  de  l'autre  côté  de 
la  digne  temporaire.  D'autres  fois,  elle  remontait  au  ciel  en 
tourbillons  pour  en  retomber  par  masses,  que  l'orage  dispersait 
aussitôt.  Quelques  minutes  avaient  suffi  pour  poudrer  à  blanc, 
sous  la  toile  palpitante  de  la  charrette,  Isabelle,  Sérafine  et 
Léonarde,  quoiqu'elles  fussent  réfugiées  tout  au  fond  et  abritées 
d'un   rempart    de   paquets. 

Ahuri  par  les  flagellations  de  la  neige  et  du  vent,  le  cheval 
n'avançait  plus  qu'à  grand'peine.  11  soufflait,  ses  flancs  battaient 
et  ses  sabots  glissaient  à  chaque  pas.  Le  Tyran  le  prit  par  le 
bridon,  et,  marchant  à  côté  de  lui,  le  soutint  un  peu  de  sa  main 
vigoureuse.  Le  Pédant,  Sigognac  et  Scapin  poussaient  à  la  roue. 
Léandre  faisait  claquer  le  fouet  pour  exciter  ^a  pauvre  bête  :  la 
frapper  eût  été  cruauté  pure.  Quant  au  Matamore,  il  était 
resté  quelque  peu  en  arrière,  car  il  était  si  léger,  vu  sa  maigreur 
phénoménale,  que  le  vent  l'empêchait  d'avancer,  quoiqu'il  eût 
pris  une  pierre  en  chaque  main  et  rempli  ses  poches  de  cailloux 
pour   se   lester. 

Cette  tempête  neigeuse,  loin  de  s'apaiser,  faisait  de  plus  en 
plus  rage.  Elle  devint  si  violente  que  les  comédiens  furent  con- 
traints, bien  qu'ils  eussent  grand'hâle  d'arriver  au  village, 
d'arrêter  le  chariot  et  de  le  tourner  à  l'opposite  du  vent.  La  pau- 
vre rosse  qui  le  traînait  n'en  pouvait  plus  ;  ses  jambes  se  roi- 
dissaient  ;  des  frissons  couraient  sur  sa  peau  fumante  et  baignée 
de  sueur.  Un  effort  de  plus  et  elle  tombait  morte  ;  déjà  une 
goutte  de  sang  perlait  dans  ses  naseaux  largement  dilatés  par 
l'oppression  de  la  poitrine  et  des  lueurs  vitrées  passaient  sur 
le   globe   de   l'œil.  (Théophile    Gautiei\). 

COMPOSITION    FBAXÇAISE 

Est-il   juste   d'appeler   Goldoni    <■   le   Molière    italien   »  '? 

COMPOSITION     EX     LANGUE     ITALIENNE 

Si  suol  dire  che  nei  suoi  personaggi  Dante  ha  ritratto  molta 
parte  di  se  stesso.  Chiarite  taie  giudizio,  commentando  qualche 
episodio   a   vol   bcn  noto. 


Certificat  Prin)aire  de   Langues   Vivantes 

Thème    commun    aux    langues    anglaise,    allemande, 
espagnole   et   italienne 

...Tout  à  coup,  un  grand  bruit  se  fit  dans  la  rue  :  une  voiture 
s'arrêtait  à  notre  porte.  Un  homme,  que  mes  yeux  troublés 
m'empêchaient  de  reconnaître,  sauta  sur-  le  trottoir,  puis  un  pas 
pesant  et  dur  résonna  dans  l'escalier.  Je  fus  saisi  d'un  trem- 
blement involontaire  de  tous  mes  membres.  La.  porte  s'ouvrit. 
C'était    mon    père  ! 

Mon  père  effleura  le  front  de  ma  mère  du  bout  des  lèvres, 
serra  la  main  à  son  frère,  murmura  un  bonjour  et,  sans  me 
regarder,  s'assit.  Sa  physionomie  crispée  trahissait  une  extraor- 
dinaire   irritation.   J'aurais    dû    i)eut-être    lui    sauter     au    cou     dès 


NOTES    ET  DOCUMENTS  .)/t) 

son  entrée  et  conjurer  par  des  caresses  sa  colère  prête  à  dobor- 
der  :  une  terreur  invincible  m'avait  tenu  cloué  contre  la  fenêtre. 
J'étais  resté  là  immobile,  respirant  à  peine,  i)étrifié.  On  se  tai- 
sait,   dans    l'attente    de    quel(}ue    é|)ouvantable    éclat. 

"  \'ous  faites  fort  bien.  Monsieur,  dit  enfin  mon  père  se  tour- 
nant vers  moi,  de  vous  tenir  à  distance,  car  vous  eussiez  reçu 
la  correction  que  vous  méritez.  Mais  ce  qui  est  différé  n'est 
point  perdu,  et  vous  aurez  de  mes  nouvelles,  je  vous  le  jjromets. 
M.  le  principal  m'a  écrit.  Monsieur  ;  je  sais  comment  vous  avez 
travaillé  depuis  deux  ans,  et  je  viens  tout  exprès  de  Lyon  pour 
régler  mes  comptes  avec  xous.  Ah  !  vous  ne  voulez  rien  faire  ! 
,Ah  !  vous  préférez  l'Escandorgue,  Gourgas,  le  Soulondrc  aux  sal- 
les d'études  du  collège  !  Eh  bien,  soyez  tranquille,  vous  n'y 
reviendrez  i)lus  au  collège,  et  puisque  vous  êtes  amoureux  de 
grand  air,  \ous  serez  satisfait.  Tout  à  l'heure,  j'ai  rencontré 
l'entrepreneur  Brunot,  qui  bâtit  une  manufacture  sur  l'Ergue  ; 
je  lui  ai  demandé  une  i)lace  pour  vous.  Vous  n'avez  pas  voulu 
devenii'  avocat,  prêtre,  médecin,  vous  serez  maçon.  Demain 
matin,  je  vous  mènerai  moi-même  au  chantier  de  Brunet.  En 
attendant,  comme  je  n'entends  jias  que  ^•ous  paraissiez  au  collège 
où  vous  n'avez  que  faire  aujourd'hui  surtout,  vous  allez  rester 
enfermé  dan's  le  grenier  d'en  haut.  Vous  pourrez  y  réfléchir  jus- 
qu'à ce  soir  sur  votre  situation   nouvelle. 

—  Mais,  mon  ami,  hasarda  ma  mère  toute  pâle,  .Julien  m'a 
promis    de    travailler   à    l'avenir  ;    pardonne-lui    cette    fois    encore. 

—  Donnez-moi  la  clef  du  grenier  et  ne  gâtez  pas  tant  ce  mau- 
vais   sujet.   ..  (Fehdinand    Fabhe,    Julien    SoirignacK 

Version   allemande 

So  sasz  icii  stolz  und  trutziglich  in  meineni  Kabriolett,  schaukelte 
micli  in  den  Federn  und  bedùnkte  mich  was  Hechtes.  Die  Sonne 
brannte  wohl  mit  (iewalt,  und  die  Staubsàulcn  der  Kalk-Cliausseen 
umwirbelten  mich  oft,  so  dasz  ich  nicht  meine  Nasenspitze  mehr 
erkennen  mochte  ;  —  doch  das  rùhrte  mich  nicht,  denn  den  Staub 
war  ich  schon  von  Berlin  her  gewohnt,  nur  gab's  dort  keine  so 
pràchtige  Gàrten  und  Landhàuser  als  hier  zur  Rechten  und  Linken 
der  Strasze.  Da  standen  auf  den  Mauern  entsetzlich  grosze  Blumentopfe 
von  Stein,  aus  denen  seltsame  hreite  stachlichte  Blàtter  mit  gelber 
Einfassung  herauswuchsen  —  Aloe  geheiszen,  wie  ich  spiiter  erfuhr  ; 
und  durcli  die  eiserne  Gittertùr  sah  man  auf  lange,  schnurgerade 
Alleen,  zu  deren  Seite  die  beschnittenen  Hecken  wie  grùne  Gemâuer 
liefen.  Der  Gang  war  mit  Sand  und  Kies  sauber  bestreut  ;  am  Ende 
stand  dann  gemeiniglich  das  grosze  blitzende  Grafenschlosz  mit 
himmelhohen,  nachtschwarzen  Bàumen,  hierzulande  Zypressen 
genannt,  die  sich  wie  trûbfelige  Leichendiener  ringsherum  driingten 
und  keine  Aliène  verzozen  und  kein  Glied  rùhrten.  Dazwischen 
standen  wieder  gewaltige  Kùbel  mit  Apfelstnen  und  Zitronen,  und 
Springbrunnen  zischten  in  die  Luft,  sprudelten  belles  klares  Silber 
aus  und  streuten  die  glitzernden  Perlenfunken  gen  Himmel,  als 
v\ollten  sie  den  Brand  der  Sonne  auspritzen.  Hart  am  Wege  standen 
Steinkapellchen  mit  allerlei  auf  die  Mauer  gemalten  Schildereien, 
und  wo  die  Sonne  schon  die  Farben  ausgezogen  hatte,  da  waren 
friche  Blumen  -  und  Blàtterkrànze  davor  gchàngt  und  Bander  und 
allerhand  Flitter.  Zu  beiden  des  Weges  hing  Garten  an  Garten,  und 
die  Kornfelder  waren  erst  recht  Gàrten,  und  die  Baume  rundherum 
mit  Wcinreben  umwunden,  die  von  Ulme  zu  Ulme  wie  Fenstergardinen 
hingen.  Da  schaukelte  sich  die  Nachtigall  auf  den  Zweigen  und 
jauchzte  aus  jeder  Hecke,  Lerchen  tirilierten  dazu,  es  war  Jubels 
ohne  Masz  und  Ende. 

Franz  von  Gacdrv.  —  .4jis  dem  Tacjehiiche 
eines  wandernden  ScbneidergescUen . 


580  LES    LANGUES    MODERNES 

Version   anglaise 
The  she-bear  and  Ihe  two  ciib-hiinlers 

Tlie  bear  was  mouuting  the  tree  on  the  other  side.  He  heard  iier 
claws  scrape,  and  saw  lier  bulge  on  both  sides  of  the  massive  tree. 
Her  eye  not  beiug  ver}'  quick  she  reached  the  fork  and  passed  it, 
mounting  the  main  stem.  Gérard  drew  breath  more  freely.  The  bear 
either  heard  him,  or  found  by  scent  she  was  wrong  :  she  paused  : 
presently  she  caught  sight  of  him.  She  eyed  him  stcadil\'  ;  then 
quietly  descended  to  the  fork. 

Slowly  and  cautiously  she  stretched  out  a  paw  and  tried  the  bougb. 
It  was  a  stitT  oak  branch,  sound  as  iron.  Instinct  taug.ht  the  créature 
this  :  it  crawled  carefully  out  on  the  bough,  growling  savagely  as  it 
came. 

Gérard  looked  wildh'  down.  He  was  fort}-  feet  from  the  ground. 
Death  below.  Death  moving  slow  but  sure  on  him  in  a  still  more 
horrible  form.  His  hair  bristled.  The  sweat  poured  from  him.  He  sat 
helpless,  fascinated,  tongue-tied. 

The  bear  crawled  on.  And  now  the  stupor  of  death  fell  on  the  doo- 
med  man  ;  he  saw  the  open  jaws  and  bloodshot  eyes  coming,  but  in  a 
mist. 

As  in  a  mist  he  heard  a  twang  :  he  glanced  down  ;  Uenvs,  white 
and  sileut  as  death,  was  shooting  up  at  the  bear.  The  bear  snarled 
at  the  twang  ;  but  crawled  on.  Again  the  cross-bow  twanged  ;  and 
the  bear  snarled  ;  and  came  nearer.  .\gain  the  cross-bow  twanged  : 
and  the  next  moment  the  bear  was  close  upon  Gérard,  where  he  sat, 
wit  hair  standing  stiff  on  end,  and  ev'es  starting  from  their  sockets, 
palsied.  The  bear  opened  her  jaws  like  a  grave  ;  and  hot  blood 
spouted  from  them  upon  Gérard  as  from  a  pump.  The  bough  rockcd. 
The  vounded  monster  was  reeling  ;  it  clung,  it  stuck  its  sickles  of 
claws  decp  into  the  wood  ;  it  toppled,  its  claws  held  firm,  but  its 
bod}-  rolled  off,  and  the  sudden  shock  to  the  branch  shook  Gérard 
forward  on  his  stomach  witli  his  face  upon  one  of  the  bear's 
straining  paws.  At  this,  by  a  convulsive  effort,  she  raised  her  head 
up,  up,  till  he  felt  her  hot  fetid  breath.  Then  her  huge  teeth  snapped 
together  loudly  close  below  him  in  the  air,  with  a  last  effort  of  baffled 
hâte.  The  pondérons  carcass  rent  the  claws  out  of  the  bough  ;  then 
pounded  the  earth  with  a  tremendous  thump.  There  was  a  shout  of 
triumph  below,  and  the  vei-y  next  instant  a  cry  ofdismay  ;  for  Gérard 
had  swooned,  and,  without  an  attempt  to  save  himself,  rolled 
iieadlong  from  the  perlions  height. 

From  Charles  Heade's,  The  Cloister  and  the  Hearth. 

Version   italienne 

Siior  Béatrice 

Intorno  al  letto  di  morte  del  poeta  ftioruscito  erano  i  due  suoi  tigli- 
uoli  superstiti,  condannati  auch'essi  per  ribelli  ;  v'era  la  figliuola 
Béatrice,  condannatasi  da  se  per  la  carità  del  padrc  ramingo  a  lasciare 
quel  che  iian  più  caro  le  fanci&lle,  le  consuetudini  patrie  e  domestiche 
e  l'aspetto  materno.  Oh  non  dubitate  :  ovunque  la  sventura  sia  aile 
prese  con  un  uomo  di  gran  cuore  ed  ingegno,  ivi  è  pure  una  pia 
immagine  di  donna  a  confortalo  :  in  questa  nobile  parte  del  génère 
umano  .Antigone  non  manca  mai.  La  Heatrice  consolù  certo  l'agonia 
del  genitore  col  soavc  eloquio  della  patria,  con  la  memorîa  d'un  puro 
affetto  giovanile  vie  più  purificata  in  quel  nome  della  figlia  sua  :  la 
Béatrice  nata  della  Gemma  Donati  scorse  la  grande  anima  di  Dante 
nel  suo  passaggio  alla  visione  della  Béatrice  céleste.  K  poi  la  figliuola 
dei  poeta  di  Piccarda  (1)  si  rese  a  vita  di  spirito  nel  convcnto  ravcgnano 

(1)  l'iccarda  entrô  nel  monasloro  di  Sanla  C.liiara  ;  ])o.sl:i  da  Danlo  nel 
l*ara<liso  (o.  ni). 


NOTES   ET  DOCUMENTS  581 

di  Santo  Stcphano  dell'  Uliva.  Clie  aveva  ella  a  far  piCi  col  mondo, 
dopo  chiusi  gli  occhi  e  l)aciate  l'ultima  volta  le  fredde  labbra  del 
padre  suo  ?  come  poteva  accompagnarsi  ad  altr'  uomo  quclla  che 
elesse  per  parte  sua  l'esiglio  c  le  miserie  di  Dante?  Tra  chi  aprî  e 
chi  cliiuse  il  lisorgimcnto  italiano,  tra  Uanto  e  Galilco,  è  ancora 
questa  soinigliaiiza.  che  la  iigliuola  del  primo  e  ambcdue  quelle  del 
secondo  preferirono  d'un  modo  il  padre  alla  madré,  finirono  d'un 
modo  uergini  sorelle  :  forse  nelle  femmine  di  siffati  nomini,  più  che 
ne'  maschi,  rinasce  per  un  mistero  fisiologico,  troppo  del  padre, 
si  che  elle  possano  contentarsi  del  resto  del  mondo  :  per  loro  il  padre 
diventa  come  un  idéale,  e  vivono  e  muoiono  per  lui  ed  in  lui.  Men 
fortunata  di  suor  Béatrice,  perocchè  per  tali  anime  è  una  lortuna 
consolare  altrui  macerando  se  stesse,  suor  Céleste  Gaiilei  primori  al 
gran  genitore.  (^arducci. 

Version    espagnole 

Saciniienlo  y  crianza  de  Don  Diego  de  Torres 

Yo  nacî  entre  las  cortaduras  del  papel  y  los  rollos  del  pergamino 
en  una  casa  brève  del  barrio  de  los  librerosde  la  ciudad  de  Salamanca; 
y  renaci  por  la  misericordia  de  Dios  en  el  sagrado  bautismo  en  la 
parroquia  de  San  Isidoro  y  San  Pelayo,  en  donde  consta  este  carâcter, 
que  es  toda  mi  vanidad,  nii  consuelo  y  mi  esperanza.  La  retahila  del 
abolorio,  que  dejamos  atrâs,  esta  bautizada  también  en  las  Iglesias  de 
esta  ciudad,  unos  en  San  .Martin,  otros  en  San  (histôbal  y  otros  en  la 
iglesia  catedral,  nicnos  los  dos  hermanos,  Uoque  y  Francisco,  que  son 
los  que  trasplantaron  la  casta.  Los  \'illarroeles,  que  es  la  derivaciôn 
de  mi  madré,  también  tiene  de  trescientos  afios  â  esta  parte  asentada 
su  raza  en  esta  ciudad  ;  y  en  los  libres  de  bautizados,  muertos  y 
casados,  se  encontrarân  sus  nombres  y  ejercicios. 

Criéme,  como  todas  los  ninos,  con  teta  y  moco,  lâgrimas  y  caca, 
besos  3'  papilla.  Xo  tuvo  mi  madré,  en  mi  prefiado  ni  eu  mi 
nacimiento,  antojos,  revelaciones,  suenos  ni  senales,  de  que  ya  habia 
de  ser  astrôlogo  6  sastre,  santo  ô  diablo.  Pasô  sus  meses  sin  los 
asombros  6  las  pataratas  que  nos  cuentan  de  otros  nacidos,  y  yo  sali 
del  mismo  modo,  naturalmente,  sin  mâs  testimonios,  mâs  pronôsticos 
ni  mâs  senales  y  significaciones  que  las  comunes  porquerîas  en  que 
todos  nacemos  arrebujados  y  sumidos.  Ensuciando  panales,  faldas  }• 
talegos,  Morando  â  chorros,  jimiendo  â  pansas,  hecho  el  hazme  reir  de 
las  viejas  de  la  vecindad  y  cl  embelesamiento  de  mis  padres,  fui 
pasando,  hasta  que  llegô  el  tiempo  de  la  escuela  y  los  sabanones. 
Mi  madré  cuenta  todavia  algunas  uinadas  de  aquel  tiempo  :  si  dije 
este  despropôsito  ô  la  otra  gracia,  si  tire  piedras,  si  embadurné  el 
vaquero,  el  papa,  caca  y  las  demâs  sencilleces  que  reficren  todas  las 
madrés  de  sus  hijos  ;  pero  siendo  en  ellas  amor  disculpable,  prueba 
de  memoria  y  vejez  referirlas,  en  mi  sera  necedad  y  molestia 
declararlas.  Quedemos  en  que  fui,  como  todos  los  ninos  del  mundo, 
puerco  y  llorôn,  â  ratos  gracioso  y  â  vcces  terrible,  y  estân  dichas 
todas  las  travesuras,  douaires  y  gracias  de  mi  ninez. 

Composition  en   langue  étrangère 

Do  Passy,  en  1784,  F"ranklin  écrivit  une  lettre  au  Journal  de 
Paris. 

11  y  raconte  avec  sa  verve  malicieuse  et  son  humour  bon 
enfant  qu'il  vient  de  faire  deux  grandes  découvertes,  à  savoir 
que  le  soleil  se  lève  de  bonne  heure  et  qu'il  donne  sa  lumière 
dès  qu'il  se  lève.  Ces  deux  faits  lui  suggèrent  des  réflexions  et 
des    réformes. 

Il  trouve  que  la  bonne  ville  de  Paris,  à  elle  seule,  épargnerait 
96.075.000  livres  tournois  de  cire  et  d'huile  en  se  servant  du 
soleil    gratis    au    lieu    de    lumière    artificielle.    Il    propose    au    roi  : 


582  LES   LANGUES    MODERNES 

1°  de  faire  sonner  les  cloches  à  toute  volée  au  lever  du  soleil  ;  2" 
de  mettre  une  lourde  taxe  sur  les  fenêtres  garnies  de  volets 
pleins  ;  3^  de  poster  un  gendarme  à  la  porte  des  ciriers  pour 
interdire  aux  familles  d'acheter  plus  d'une  livre  de  bougie  par 
semaine. 

Frankin  ne  trouva  pour  le  prendre  au  sérieux  que  M.  Quinquet, 
l'inventeur.   Mais   une    idée  juste   ne   meurt    point.  " 

Dire  dans  quelles  circonstances  la  France  a  repris  l'idée  de 
Franklin,  comment  elle  l'applique  et  le  profit  matériel  et  moral 
qu'elle   en   retire. 

Composition  française 
Faites    comprendre,    d'après    des    exemples    tirés    principalement 
de    la    pièce    intitulée    Booz    endormi,    en    quoi    consiste    la    poésie 
de    Victor   Hugo    dans    la   Légende    des   siècles- 


RÉSULTATS  DES  CONCOURS  DE  1920 

Abréviations  :  S.  X.  =  Session  normale  ;  S.  S.  =  Session  spé- 
ciale ;  A.  A.  =  Anciens  admissibles  ;  N.  A  =  Nouveaux  admissi- 
bles ;    A.    L.  =  Candidats    alsaciens    et    lorrains. 

Agrégation  d'Allemand.  —  S.  N.  Admissibles  :  (A.  A.)  MM.  Mau- 
rice (Lucien),  Wolfï  (Léon).  —  (N.  A.)  M.  Lyotard.  —  (A.  L.) 
MM.  Bleicher,  Neibecker.  —  (Candidates^  :  Mlles  Friedsheim, 
Leclercq,    Scholchow,    Arbanz,    Bonnus,    Lévy. 

Reçus  :  (A.  L.)  1.  ex-œquo  :  Mlles  Friedsheim,  Scholchow  ;  1. 
M.  Neibecker.  —  (Candidates)  :  1.  Mlle  Lévy.  —  Pour  les  autres 
catégories  :    (Néant). 

S.  S.  Admissibles  :  (A.  A.)  MM.  (^ornu,  Deniniol'c,  Handrich, 
Le  Tournau,  Maurice  (Ferdinand),  Ortalli,  Sénéchal,  Vachet.  — ■ 
(N.  A.)  MM.  Adde,  Angelloz,  Basti,  Bénazet,  Drouin,  Fraisse,  Gué- 
rin,  Harman,  Lafeuille,  Lebay,  Lévy,  Di.spacher,  Louchart, 
Proust,   Renard,    Ruche,   Taillebot,    Ternat. 

Reçus  :  (A.  A.)  MM.  1.  Deniniolle  ;  2.  Maurice  (Ferdinand)  ;  3. 
Le  Tournau  ;  4.  Sénéchal.  (N.  A.)  MM.  1.  Ruche  ;  2.  Basti  ;  3. 
Angelloz  ;  4.  Adde  ;  5.  Renard.  {Blessés  réformés)  :  MM.  1. 
Lafeuille  ;    2.   Drouin  ;    3.    ex   tvquo  :    Lebaj',   Taillebot. 

Certificat  Secondaire  d'Allemand.  —  S.  N.  Admissibles  :  Mlles 
Couard,    Crayssac,    Graff,    Pellot,    Siffert.    MM.    Crombez,    Gobin. 

(A.  L.)    Mlles  Lischer,  Wantz,  M.   Friedrich. 

Reçus  :  Mlles  1.  Crayssac  ;  2.  Pellot  ;  3.  Couard.  —  MM.  1.  Go- 
bin ;   2.   Crombez.  —   (A.  L.)    Mlles    1.   Wantz  ;    2.   Li.scher. 

S.  S.  —  Admissibles  :  MM  (^astanier,  CJiavegrand,  Gérard, 
Gorier,    Hanras,    .lérôme,    Marion,    Muller,    Robin,    Rousse. 

Reçus  :  MM.  1.  Gérard  ;  2.  Gorier  ;  3.  Rousse  ;  4.  Marion  ;  5. 
Robin  ;    fi.    Muller  ;    7.   Chavegrand. 

Agrégation  d'Anglais.  —  S.  N.  —  Admissibles  :  Mmes  Baudoin, 
Boscq,  Chalmel,  Denis.  Dcsjonquières,  Dieu,  Fabin,  Farenc, 
Gircsse.  Laflitte,  Legouis,  Liron,  Lunier,  Richer,  Seurre,  Tellier  ; 
MM.  Brisset,  Dclamarre,  Dottin,  Gervais.  —  (A.  A.)  MM.  Delany. 
Henry,    Pluvinage. 

Reçus  :  Mmes  1.  Farenc  :  2.  Boscq  ;  3.  Clialmel  ;  4.  Seurre  ; 
5.  e.v-wquo,  Desjonquères,  Dieu  ;  7.  e.r-ivquo,  Legouis,  Liron  ; 
MM.   1.    Dclamarre  ;    2.   Gervais  :  3.  Dottin. 

(A.    A.)    MM,    1.    Pluvinage  ;    2.    Delany  ;    3.   Henry. 

S.   S.   — .   Admissibles.   (N.   A.)    MM.   Àudiaud,    Aulagnon,     Bailly, 


NOTES    ET  DOCUMENTS  583 

Bertrand,  Hoiilègue,  Bouscharain,  (Uitcl,  Dhérissart,  Driit'snc, 
Fabrc,  Gaillard,  Gautier,  Guillaiinic,  Honoré,  Kouindjy,  Laniar, 
Leroy,  Liévaiix,  Médard,  Meunier,  Mollon,  Nicolas,  Ferros,  Poiniès, 
Hatier,    Sage,    Veaux. 

(A.  A.)  MM.  (".asati,  Coquclin,  Ou,  Fillicul,  Gandin,  Hillerct, 
Houyvct,  Jouclas,  Léopold,  Le  l'orh,  Marcet,  Morand,  Morfin,  Mou- 
linier,    Hocher,    Werquin. 

Reçiis  :  (S.  A.)  MM.  L  Médard  ;  2.  Guillaume  ;  3.  Gautier  ;  4. 
Catel  ;  5.  Leroj'  ;  6.  Liévaux  ;  7.  Honoré  ;  8.  Druesne  ;  9.  Mollon  ; 
10.  Dhérissart  ;  11.  I^mar  ;  12.  Fabrc  ;  1.3.  Nicolas  ;  14.  Pomiès  ; 
1 .').    Perros. 

(A.  A.)  MM.  1.  Rocher  ;  2.  Morand  ;  3.  Coquclin  ;  4.  Hilleret  ; 
.'j.   Morfin  ;    6.   Moulinier  ;    ?..  ^Llrcct. 

Certiflcat  Secondaire  d'Anglais.  —  S.  N.  —  Admissibles  :  Mmes 
Bouvet.  (Irépin,  Deschamps.  Doux.  Ducheiine,  Forget,  Gaspard, 
(iautray.  Grappin,  Grenat,  Gukowski,  Henriet,  Herlemont,  Jausse, 
.louglas,  LafTin,  Moussié,  Muret,  Nicod,  Pétrique,  Prieur,  Ricliard 
'M.-L.),  Salnion,  Sibon,  Soyer,  Valore,  Verrier  ;  MM.  Podevin, 
Ricommard. 

Reçus  :  Mmes  1.  Gautray  ;  2.  Forget  ;  ,3.  Prieur  ;  4.  Moussié  ;  5. 
Richard  (M.-L.)  ;  6.  \'errier  ;  7.  Henriet  ;  8.  Valore  ;  9.  Gaspard  ; 
10.   Gukowski  ;    11.   Sil)on  ;   12.   Deschamps  ;   13.  Nicod  ;   14.   Soyer. 

—  1.    M.    Ricommard. 

S.  S.  —  Admissibles  :  MM.  Bernard,  Blériot,  Bonnet,  (.auvain, 
Dumas,  Farmer,  Goldbauji,  Héno,  Lenain,  Matricon,  Pages, 
Papin,    Pourverelle, 

Reçus  :  MM.  1.  Farmer  ;  2.  Matricon  ;  .3,  Bonnet  ;  4,  Blériot  ; 
.').  Gauvain  ;  6.  ex-œquo  Papin,  Pourverelle  ;  8.  Dumas  ;  9.  Gold- 
baun  ;    10.  Héno  ;    11.  Bernard. 

Agrégation  d'EspagnoL    —   S.   N.   —    Admissibles  :    M.    Albié.    — 
A.   A.)    MM.   Agostiuo,    Suran. 
Reçu  :   {A.   A.)    1.   M.   Suran. 

S.    S.   —   Admissibles  :    M.^L   Bataillon,    Cazenavc.    Roustan. 
Reçus  :   MM.   1.  Bataillon  ;   2.  Cazenavc. 

Certificat  d'EspagnoL  —  S.  N  . —  Admissibles  :  Mmes  Garrigue, 
Llouch,    Ruayrcs,    Sicret. 

Reçus  :  Mmes   1.   Sicret  ;   2.   Ruayres. 

S.   S.  —   Admissibles  :   MM.   Fitte,  Verdier. 

Reçu  :    M.    Verdier. 

Agrégation  d'Italien.  —  S.  N.  —  Admissibles  :  M>L  Arrighi, 
Maillan  ;    Mmes    Laignel.    Rouillard. 

^eçijs  ;   ALM.   1.  Arrighi,  2.  Maillan.  —   1.  Mme  Laignel. 

S.  S.  —  Admissibles  :  MM.  Anton iotti,  Guastalla.  Monnot,  Roget, 

—  (A.  A.)  MM.  Borronici,  Guiton,  Massa,  Michel,  PaoLintonacci, 
Poli,    Riby,    Simongiovanni. 

Reçus  :  MM.  1.  Roget  ;  2.  Anton  iotti.  —  (A.  A.)  1.  >L  Paolan- 
tonacci. 

Certificat  Secondaire  d'Italien.  —  S.  N.  —  Admissibles  :  M.  Ar- 
naud ;    Mmes   Giacobbi,   Giacomoni.    Manicacci,   Poletti. 

Reçus  :    1.   Mlle    Manicacci  ;    2.   Mlle   Giacomoni  ;   3.   M.   Arnaud. 
S.    S.    —    (Néant). 

Certificat  secondaire.  —  CoQcours  spécial  d'avril  1920 

Liste,  par  ordre  de  mérite,  des  aspirantes  admises  définitivement: 

ALLEMAND 

Mlles    Proebster,    Hirler,    Lejault.  ' 


584  LES   LANGUES   MODERNES 

ANGLAIS 

Mlles    Procureur,    CAiry,    Gouillou,    Machot,   Racloz. 

ESPAGNOL 

Mlle  Dujardin. 

ITALIEN 

Mlles  Cladel.   Maurice. 

Certificat  Primaire  d'Allemand.  —  S.  N.  —  Reçues  :  Mmes  1. 
Dresch  (Sarah)  ;   2.   Didier  ;   3.  HeiDrich  ;   4.   Schneider  ;   5.  Vitrey. 

Reçus  :  MM.  1.  Luthringer  ;  2.  Kessler  ;  3.  ex-œquo  Merme, 
Schneider  ;    5.    Miart  ;    6.   Barthelemé  ;    7.    Beck. 

Certificat  Primaire  d'Anglais.  —  S.  X.  —  Reçues  :  Mmes  1. 
Valore  ;  2.  Albert  ;  3.  Eprinchard  ;  4.  ex-œquo  Bruuel,  Margez  ; 
6.  Garola  ;  7.  Lovy  ;  8.  Champagne  ;  9.  Bonerandi  ;  10.  Brun  ; 
11.  ex-œquo  Crouzillac,   Postel  ;   13.  Granade  ;    14.  Raoul. 

Reçus  :  MM.  1.  Coindeau  ;  2.  Chavenon  ;  3.  Aiibé  ;  4.  Lohenet  ; 
5.  Canetto  ;  6.  Mazatàud  ;  7.  cx-sequo  Bréhant,  Rochaix  ;  9.  Bur- 
laud  ;   10.  Martin  ;   11.  ex-œquo  Collin,  Lefefcvre  ;   13.  Fabre. 

Certificat  Primaire  d'Espagnol.  —  S.  N.  —  Reçues  :  Mmes  1. 
Venturiui  ;    2.   Llonch  ;    3.   Barthélémy  ;    4.    Duberuet  . 

Reçus  :  MM.  1.  Paloumé  ;  2.  ex-œquo  Marquez,  Poiccy,  Gode- 
froy  ;    4.    Lalagiie  ;    5.   Bouchan. 

Certificat  Primaire  d'Italien.  —  S.  N.  —  Reçue  :   Mlle   Boyer. 

Coefficients    à    attribuer    aux    épreuves    des    divers 
concours  de  l'ei)seigr)en)ei)t  secondaire  et)  1921 

Agrégation  d'allemand 

ÉPHELVES     PliÉPAUATOIKES 

Gomposition  française  sm-  un  sujet  d'histoire  littéraire  alle- 
mande   4 

Gomposition   allemande   sur   un   sujet  relatif   à   la  civilisation 

moderne  des  pays  de  langue  allemande    4 

Thème     •'• 

Version     '■'< 

ÉPHEUVES     DÉFINniVES 

Leçon    française    préparée    4 

Leçon   allemande    préparée    4 

Explication  de   deux   textes   allemands,   l'un   en   prose,    l'autre 

en     vers    4 

Thème   oral    improvisé    "> 

Agrégation  d'anglais 

\  ÉPliELVES    PRÉPARATOIHES 

Composition  française  sur  un  sujet  d'histoire  littéraire  an- 
glaise      4 

Composition    anglaise    sur   un    sujet    relatif   à    la     civilisation 

moderne   des   pays  de   langue   anglaise    4 

Thème    ". -^ 

Version     3 

ÉPUErVKS     DÉFINITIVES 

Leçon    anglaise   préparée    4 

Leçon  française  préparée    4 


NOTES    ET  DOCUMENTS  585 

Explication   do   deux   textes  anglais,   l'un   en    prose,  l'autre   en 

vers     4 

Thème  oral    iniprovis>é    4 

Agrégation    d'espagnol 

ÉPHELVES    PRÉPAMATOIIIES 

Composition  en   français  sur  un  sujet  d'histoire  littéraire    ...  4 
Composition   en    langue   espagnole   sur  un    sujet   relatif  à    la 

civilisation   moderne   des   pays  de   langue   espagnole    4 

Thème    3 

Version    ••...• 3 

KPHEIVES     DÉFINITIVES 

Leçon   en   français    4 

Leçon    en    langue    espagnole    • 4 

Explication  de  deux  textes  espagnols,  l'un  ancien,  l'autre  mo- 
derne ;  explication  d'un  texte  latin    ït 

Thème   oral    improvisé    3 

Explication    improvisée    d'un    passage    d'une    revue    en    portu- 
gais ou   en    italien 2 

Note    pour    la    |)rononciation     •  ■ 3 

Agrégation  d'italien 

KPHELVES     PHÉI'AItATOlUES 

Composition   en  français  sur  un  sujet  d'histoire  littéraire    .  .  4 
Composition   en   langue   italienne   sur  un     sujet   relatif    à    la 

civilisation  moderne  des  pays  de  langue  italienne   4 

Thème    3 

Version .  3 

KPREIVES     DÉFINITIVES 

Leçon   en  français    4 

Leçon    en    langue    italienne    4 

Explication  de  deux  textes   italiens,  l'un  en   prose,  l'autre   en 

vers  ;    explication    d'un    texte    latin    4 

Thème    oral    improvisé 3 

Explication    improvisée    d'un    passage    d'une    revue   en   langue 

complémentaire 2 

Note   pour  la   prononciation    2 

Agrégation  d'arabe 

ÉPREUVES     PRÉPAKATOIMES 

Composition  française  sur  un  sujet  de  littérature  arabe    ....  4 
Composition  en  arabe  littéral   sur  un   sujet  relatif  à  la   civi- 
lisation des  pays  de  langue  arabe    4 

Thème   en  ai-abe  littéral 2 

Version  d'arabe  littéral    2 

ÉPREUVES     DÉFINITIVES 

Leçon   préparée   en   français 3 

Leçon  préparée  eu  arabe  vulgaire  maghrébin    4 

Explication   préparée  :    1"   d'un  texte   tiré    d'une     publication 
périodique   arabe  ;  2°   d'un  texte  de   prose,  de  prose  rimée 

ou  de  poésie   arabe 3 

Lecture   d'arabe   littéral   expliquée  en  arabe  vulgaire   maghré- 
bin      2 


586  USS   LANGUES   MODERNES 

CERTIFICATS 
Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'allemand 

ÉPREUVES    PRÉPARATOIRES 

Thème     1 

Version     •  • .  .  1 

Composition    allemande     1 

ÉPREUVES     DÉFINITIVES 

Thème   oral    2 

Version    orale 2 

Lecture    expliquée    1 

Commentaire    grammatical     1 

Prononciation 1 

Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'anglais 

ÉPREUVES     PRÉPARATOIRES 

Thème 1 

Version    •  • 1 

Composition   anglaise    1 

ÉPREUVES     DÉFINITIVES 

Thème   oral 1 

Version    orale    1 

Lecture    expliquée    2 

Commentaire   grammatical    1 

Prononciation 1 

Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'espagnol 

ÉPREUVES    PRÉPARATOIRES 

Thème     1 

Version • 1 

Compositioiî  espagnole   2 

ÉPREUVES    DÉFINITIVES 

Thème   oral 1 

Version    orale    1 

Lecture    expliquée    2 

Commentaire   grammatical    'l 

Prononciation     2 

Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'italien 

ÉPREUVES     PRÉPARATOIRES 

Thème 1 

Version 1 

Composition  italienne   2 

ÉPREUVES     DÉFINITIVES 

Thème    oral     1 

Version    orale    1 

Lecture    expliquée    2 

Commentaire    grammatical 2 

Prononciation    2 


NOTES    ET    UOCCMKNTS  587 

Certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  de  l'arabe 

ÉPHEUVES    PHÉPAltATOIRES 

Thème   écrit   en   arabe   régulier 1 

Version   écrite  d'arabe   régulier    1 

Composition  en  arabe  régulier  sur  un  sujet  facile   2 

ÉPltEL'VES     UÉFlîJlTIVES 

Thème   oral 1 

Version     orale     1 

Hxercice   de    conversation    2 

Prononciation 1 

Certificat  d'aptitude  au  professorat  des  classes  élémentaires 

ÉPHEUVES     ÉCHITES 

Français     ■ • 3 

Langues  vivantes  et  langues  anciennes   . 2 

Histoire   et  géographie 2 

Arithmétique     1 

Sciences   physiques   et   naturelles 1 

ÉPREUVES    ORALES 

Lecture  et  explication  d'un  texte  français   .  .  : 2 

Exercices    pratiques     1 

Langues  vivantes  et   langues   anciennes    1  1/2 

Histoire  et  géographie    .  .  .  ■  • 1  1/2 

Sciences     1  1/2 

Pédagogie     •  • 1  1/2 

Certificats  Prirnaires  de   Langues  Vivantes 

La  liste  des  auteurs  français  auxquels  seront  empruntés,  en 
1921,  les  sujets  de  la  composition  française  et  le  texte  de  l'expli- 
cation française  à  l'examen  du  certificat  d'aptitude  à  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes  dans  les  écoles  normales  et  les  écoles 
primaires  supérieures  est  fixée  ainsi  qu'il  suit  : 

Corneille.  —  Cinna. 

Molière.  —  Le  Bourgeois  gentilhomme. 

La   Fontaine.  —   Préface   des   fables  :    Les   Deux   Rats  ;   le   Renard 

et   l'Œuf   (livre   X). 
Marivaux.  —  L'Epreuve. 
Buflon.  —  Discours  sur  le  style. 
V.  Hugo.  - —  L'Expiation  {Les  Châtiments)  ;  les  Pauvres  Gens  (La 

Légende  des  Siècles).  (Morceaux  choisis  de  V.   Hugo,   Delagrave, 

édk.). 
A.  Daudet.  —  Lettres  de  mon  moulin  :  Le   secret   de    Maître  Cor- 

nille  ;   La   Chèvre    de   M.   Seguin  ;  Le   Phare    des    Sanguinaires  ; 

L'Agonie   de   la   Sémillante. 
Elrnest  Renan.  —  Prière  sur  l'Acropole  (Souvenirs  d'enfance  et  de 

jeunesse). 

Les  épreuves  orales  de  Tangue  étrangère  porteront,  à  la  même 
session,  sur  les  ouvrages  suivants  : 

i°   Traduction  d'un  passage  d'un  auteur  français 
Edmond  About.  —  Le  Roi  des  montagnes. 


588  LES   LANGUES   MODERNES 

1'"    Lecture   et  traduction   d'une  page   d'un   auteur  étranger 

Auteurs  allemands 
Gœthc.  —   M'erther. 
Lessing.  —  Minna  i>on  Barnhelm. 
Gromaire.  —  Deutsche  Lijrick.   I  Teil  (Colin). 
Loiseau.  Seuil  et  Wolfromm.  ■ —  Erziililende  Prosa,  p.  1-199  (Didier). 

Auteurs  anglais 

Shakespeare.  —  Jutes  César- 

Teiinyson.  —   Four  Poems  (édit.   Vallod,   Hachette/. 

jliss   Alitford.  —   Dur   Vittage. 

Macaiilay.  —  Deux  essais  :   Milton,  Addison.  • 

Auteurs   espagnols 

Cervantes.  —  Don  Quijote,  1"  partie  (collection  Mérimée,  Garnier). 

Tirso  de  Moliua.  —  Marfa  la  piadosa- 

Antonio   de   Villegas.  —  Historia   del    Abencerraje    y    ta    hermosa 

Jarifa. 
Azorin.  —  Lecturas  e^spanolas  (collection  Nelson,  Paris). 

Auteurs  italiens 

Boccace.   —   yovelle    scelte    (édit.    Fornaciari  ;    Florence,    Sansoni^. 

Nov.  VII,  X.  XIII. 
Le  Tasse.  —  Jérusatem  détivrée,  ch.  XIII. 
Prose  dei  sec.  XIX  c  XVIII,  scelte  da   S.  Ferrari   (Sansoni),  p.   161- 

204. 
Poésie  dei  sec.  XIX  e  XVIII  (même  édition),  p.  149-181. 

Auteurs  arabes 

Milte  et  une  Nuits,  tome  III   (édit.  Beyrouth). 

I\.  Basset.  —   Textes   littéraires  à   l'usage   des   candidats   au   brevet 
d'arabe   (.lourdan.   Cari)onel.    Alger). 


Certificat  d'aptitude  au  Professorat  dai)s  les  Ecoles 
NorrT)ales  PrirT)aires  (Pren)ière  partie),  et  adn)issîoi) 
aux  Ecoles  Norni)ales  de  SaiOt-Cloud  et  de  Foi)tei)ay- 
aux-Roses. 

SECTION  DES  LETTRES 

Auteurs  allemands 

Heine.  —  E.vtraits   par   Suchei-.   ciiez   Haciiette.   pages   26   à   92. 
Dentscliland.  Extraits  de  romans  et   de   nouvelles  en  allemand,  par 
L.  André,  chez  Hachette,   pages  11  à  H.'i.    19ri  à  205,  292  à  313. 

Auteurs  anglais 

Palgrave.   —    Tl^e    Children's    Treasury    of   I.yric(d   Poeiry  :    Poems 

of    Wordsworth,    Coleridge    and    Tcnnyson. 
G.  Eliot.  —  Silas  Marner  (édit.  Hachette"). 

Auteurs   espagnols 

P.   Antonio  de   .\larc6n.  •  -  lit  sonil>reri>  de   très  ])icos- 
liietôn  (le   los   Herreros.  —  Mûerete  y   nerds. 


NOTES    ET    DOC.LMENTS 


589 


Auteurs  italiens 

Foscolo.  —  l'Hiuie  Icllerc  di  Juropo  Ortis. 
Manzoni.  —  Adelrhi. 

Auteurs  arabes 

Dcsparmet.  —  Enseiçfnement  de  l'arabe  dialectal  d'après  la  métho- 
de directe.   \'"  et  2'^^  périodes  (Jourdaii,  Alger). 

lielUaseir;  hen  Sedira.  —  Cours  de  litlérutiire  arabe  ;  textes  extraits 
(lu  '  Mostratef  »  et  des  ••  Mille  et  une  Nuits  »  (Jourdan, 
Alger). 

.1  Jourdan.  —  Cours  normal  et  pratique  d'arabe  vulgaire,  dialecte 
lunisien,  1^"  et  '2"  années.  (Tunis,  Imprimerie  nationale,  57, 
Souk-el-HlIat». 

De  Aldecoa.  —  Cours  d'arabe  marocain,  2'  année.  'Paris.  Clialla- 
niel,    17,   rue   Jacobj. 

DEIXIKMK   PARTIE 

Kjireuve  orale.  —  L'épreuve  eonsistera  dans  le  compte  rendu  en 
langue  étrangère  d'un  passage  de  deux  pages  environ,  pris  dans  une 
re\  ue  ou  un  journal  étrangers.  Il  sera  tenu  comjjtc.  dans  l'expli- 
cation de  ce  passage,  de  la  connaissance,  dont  jiourra  faire  preuve 
le  candidat,  soit  dVeuvres  littéraires  étrangères,  soit  de  textes 
relatifs  au  développcnicni  politique  et  économique  du  pays  dont 
il  étudie  la  langue. 


39. 


Mouvement  du  Personnel 


li)Spectioi)  géi)érale 

M.  Luchaire  (Jean-Marie-Julien),  agrégé  de  grammaire,  docteur  es 
lettres,  professeur  ù  la  faculté  des  lettres  de  Grenoble,  dii-ecteur  de 
l'institut  français  de  Florence,  est  nommé  inspecteur  général  de  l'ins- 
truction publique  (enseignement  secondaire)  emploi  nouveau],  en 
remplacement  de  M.  Crouzet,  non  acceptant,  maintenu  dans  ses  fonc- 
tions antérieures  et  appelé  à  remplir  une  mission  spéciale. 

En  cette  qualité,  M.  Luchaire  est  particulièrement  chargé  de  l'ins- 
pection du  personnel  administratif  et  enseignant  détaché  à  l'étranger. 

O  décret  aura  son  effet  à  dater  du  1"  octobre  1920. 

Collège  de  Frai)ce 

M.  Morel-Fatio,  professeur  de  langues  et  littératures  de  l'Europe 
méridionale  au  Collège  de  France,  est  suppléé,  pendant  l'année  sco- 
laire 1920-1921,  par  M.  Saroihandy,  professeur  au  lycée  de  Bayonne, 
chargé  de  cours  aux  Facultés  des  lettres  de  Poitiers  et  de  Bordeaux. 

Ecole  i)atioi)ale  des  langues  orientales  vivantes 

M.  Marçais  (William),  directeur  de  l'Ecole  de  Jangueet  de  littérature 
arabes  de  Tunis,  chargé  de  cours  à  l'Ecole  nationale  des  langues 
orientales  vivantes,  est  nommé  professeur  titulaire  de  la  chaire  d'arabe 
maghrébin  à  ladite  école,  en  remplacement  de  M.  Houdas,  admis  à  la 
retraite  (Décret). 

Université  d'Alger 

M.  Bel  est  chargé,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  d'un  cours  com- 
plémentaire d'arabe,  à  Tlemcen. 

M.  Basset  (René),  professeur  de  langue  arabe,  est  chargé,  en  outre, 
pendant  l'année  scolaire  1920-1921,  d'un  enseignement  complémentaire 
de  dialectes  berbères  (enseignement  théorique). 

.M.  Ben  (^heneb,  professeur  à  la  Medersa  d'Alger,  est  chargé,  en 
outre,  de  faire  par  semaine,  pendant  l'année  scolaire  1920-1921,  trois 
conférences  d'arabe  pratique  (arabe  vulgaire). 

M.  Boulifa  Si  .Amar  Ben  Saïd,  pourvu  du  brevet  d'arabe  et  du 
diplôme  de  dialectes  berbères,  répétiteur  de  langue  kabA'le  à  l'école 
normale  de  Bouzaréa,  est  chargé,  en  outre,  pendant  l'année  scolaire 
19*20-1921,  d'un  cours  complémentaire  de  dialectes  berbères  (répétitions 
pratiques). 

M.  liasset  (Henri),  professeur  à  l'Ecole  supérieure  de  langue  arabe 
et  de  dialectes  berbères  de  Rabat,  est  chargé,  pour  l'année  scolaire 
1920-1921  (durée  du  congé  accorde  à  M.  Doutté),  d'un  cours  d'histoire 
de  la  civilisation  musulmane. 

M.  .Massé  (Henri)  est  diargé,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  d'un 
cours  de  littérature  arabe  et  persane. 

Université  de  Clerrnont 

Est  chargé,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  de    l'enseignement  com- 
plémentaire ci-après  : 
M.  Langlais,  professeur  au  lycée.  —  Langue  italienne. 


MOrVKMF.NT    DU    PKHSOXNEL  591 

Université  de  Grenoble 

M.  Haujaid,  i)i()t'csseur  au  lycée,  est  chargé,  pour  la  laii},'ue  an{{laise 
de  deux  coufcreuces  par  semaine. 

Université  de  Lille 

Kst  ciiargé,    pour  l'année  scolaire  1920-1921,  de  l'enselî^nement  com- 
plémentaire ci-après  désij^né  : 
M.  Piquet,  professeur.  —  Allemand. 

Université  de  Lyon 

M.  Patouillet,  docteur  es  lettres,  est  nommé  à  partir  de;  novembre 
l'J20,  professeur  de  langue  et  littérature  russes  à  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Ljon. 

Est  chargé  de  cours  pour  l'année  scolaire  1920-1921  : 

M.  Carré,  agrégé  d'allemand.  —  Littératures  modernes  comparées  : 

Sont  chargés,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  des  enseignements 
complémentaires  ci-après  : 

M.  Garnier,  professeur  au  lycée.  —  Langue  italienne  (deu.\  leçons 
par  semaine). 

M.  Denis,  professeur  au  lycée.  —  Langue  allemande  (deux  leçons 
par  semaine). 

M.  Porteau,  professeur  au  lycée.  —  Phonétique  expérimentale  (deux 
leçons  par  semaine). 

Université  de  Montpellier 

Est  chargé,  à  partir  du  l<^r  novembre  192li,  sans  limite  de  temps,  de 
cours  complémentaire  : 

M.  Fauconnet  (A.),  docteur  es  lettres.  —  Langue  et  littérature  alle- 
mandes. 

Sont  chargés,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  des  enseignements 
complémentaires  ci-après  : 

M.  Teulier,  professeur  au  lycée.  —  Langue  et  littérature  italiennes 
(;5  heures  par  semaine). 

M.  Roger,  professeur  au  hcée.  —  Langue  et  littérature  anglaises  (.'5 
heures  par  semaine). 

M.  Amade,  agrégé  d'espagnol,  professeur  au  lycée  de  Montpellier, 
est  délégué,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  dans  les  fonction  de  maî- 
tre de  conférences  de  langue  et  littérature  espagnoles. 

Université  de  Rennes 

Est  chargé,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  de   l'enseignement  com- 
plémentaire ci-après. 
M.  Macé,  professeur.  —  Langue  et  littérature  espagnoles. 

Sont  nommés  maîtres   de   conférences,    pour  l'année   scolaire   1920- 
1921. 
M.  Bahon,  agrégé  d'allemand.  —  Langue  et  littératures   allemandes. 
M.  GuA'ot,  docteur  es  lettres.  —  Langue  et  littérature  anglaises. 


592  LES  LANGUES  MODERNES 

Université   de   Strasbourg 

Faculté  des  lettres.  —  M.  \'ermeil,  docteur  es  lettres,  est  nommé 
professeur  d'histoire  de  la  civilisation  allemande  à  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  de  Strasbourg. 

M.  Hoeffner,  docteur  en  philosophie  de  l'Université  de  Sti'asbourg, 
est  nommé,  à  partir  du  1""  novembre  1920,  professeur  de  philologie 
romane  à  la  Faculté  des  lettres  de  ladite  Université.  (Décrets). 

Lycées  de  la  Seine  et  de  Se>oe-et-Oise 

Nominations.  —  MM.  Saroihandy,  esp.,  Louis-le-Grand,  Buffon,  St- 
Louis  et  .Michelet,  est  nommé  Buffon  et  St-Louis.  —  Denjean,  esp., 
Poitiers,  nommé  provisoirement,  Condorcet.  —  t'ouret,  ancien  pro- 
viseur, dél.  esp.,  Janson  de  Sailly,  nommé  même  ]\"cée  et  Pasteur.  — 
PitoUet,  maintenu  suppléant  de  M.  Dibie,  esp.,  Louis-le-Grand  et 
Henri  IV.  —  Marcaggi,  italien,  Lyon  (Ampère),  nommé  Carnot  et 
Michelet.  —  Hilleret,  angl.,  de  Toulouse  à  Henri  IV.  —  Garnier,  angl., 
Henri  IN',  est  nommé  Condorcet,  Henri  I\'  et  Louis-le-Grand.  —  Fan- 
nière,  angl.,  d'Alger  à  \'ersailles.  —  Gaudin,angl.,  collège  de  Libourne, 
dél.  Montaigne.  —  Roger,  angl.,  Versailles,  nommé  Henri  IV. 

Lycées  des  Départen)ei)ts 

Nominations  .'MM.  Loussert,  ail.,  de  Tulle  à  Nevers.  —  Delmas,  ail., 
de  Nevers  à  Tulle.  —  Casati,  angl.,  dél.,  de  Chambéry  à  Bourg.  ^ 
Nicolas,  ch.  de  cours  d'angl.,  Brest,  nommé  même  hcée.  —  Bruneau, 
maintenu  dél.  ch.  de  cours  d'angl.,  Brest.  —  Liéveau.x,  angl.,  dél. 
Chaiiemagne,  chargé  suppléance  à  Caen.  —  Leroy,  angl.,  dcl..  Château- 
roux,  nommé  même  hcée.  —  Andraux,  angl.,  dél.,  de  Charlemagne,  à 
Chaiimont.  —  Honoré,  angl.,  dél.,  Clermont,  nommé  même  lycée.  — 
Druesné,  angl.,  de  collège  Montbéliard  à  lycée  Clermont.  —  Lamar, 
angl.,  Clermont.  —  Fabre,  lettres  et  angl.,  du  collège  de  Gondé-sur- 
Escaut  au  lycée  de  Douai.  —  Aulagnon,  angl.,  collège  Nyons,  nommé 
ch.  de  cours,  lycée  Gap.  —  Pomiès,  ch.  de  cours  d'angl.,  Grenoble, 
nommé  même  lycée.  —  Hilleret,  angl.,  dél.,  Lorient,  nommé  Greno- 
ble. —  Perros,  angl.,  Lorient.  —  Sage,  lettres  et  angl.,  collège  Nogent- 
le-Rotrou,  dél.,  lycée  de  Laon.  —  Merle,  angl.,  collège  Mende,  ch.  de 
cours  d'angl.,  en  suppléance,  Lorient.  —  Rocher,  ch.  de  cours  d'angl., 
Lyon  (Parc),  nommé  même  hcée.  —  Gervais,  angl.,  collège  Manosquc, 
chargé  suppléance,  Montpellier.  —  Médard,  angl.,  nommé  Nancy.  — 
Henry,  angl.,  E.  P.  S.  de  Nantes,  nommé  lycée  de  Nantes.  —  Coquelin, 
angl.,  collège  d'Argentan,  nommé  lycée  de  Nice.  —  Dhérissart,  angl., 
dél.,  St-Omer,  nommé  à  Nice.  —  Veaux,  angl.,  répétiteur,  Lille,  est 
dél.  répétiteur,  Oran.  —  Mortin,  ch.  de  cours  d'angl.,  Roanne,  nommé 
même  lycée.  —  Delamare,  angl.,  collège  Dieppe,  nommé  lycée  Rouen. 

—  Villard,  lettres  et  angl.,  collège  La  Châtre,  nommé  ch.  de  cours 
d'angl.,  St-Brieuc.  —  Catel,  angl.,  nommé  Toulouse.  —  Pluvinage,  ch. 
de  cours  d'angl.,  Tourcoing,  nommé  même  lycée.  —  Delany.  ch.  de 
cours  d'angl..  Tours,  nommé  même  lycée.  —  Moulinier,  angl.,  dél., 
St-Etienne,  nommé  à  Tours.  —  Mollon.  lettres  et  angl.,  de  collège 
Charolles  à  hcée  St-Etienne.    --    Demcaux,  esp.,  maintenu  dél.,  Albi. 

-  Delcombre,  maintenu  répétiteur,  dél.,  ens.  esp.,  Brest.  —  Capmar- 
tin,  esp.,  Cahors,  nommé  Montpellier.  —  Albié,  esp.,  collège  Cognac, 
délégué,  lycée  (>ahors.  —  Cazenave,  répétiteur.  Périgueux,  nommé 
Oran.  —  Agostino,  ancien  prof.  esp..  collège  lilaye,  dél.,  Michelet,  est 
nommé  ch.  de  cours,  Périgueux.  —  Tiiomas,  esp.,  Carcassonnc,  nommé 
Poitiers.  —  Suran,  esp.,  collège  de  Lodè\e,  nommé  lycée  Carcassonne. 
—  Pézard,  italien,  Avignon,  nommé  Lyon  (.Ampère).  —  Roget.  italien, 
est  nommé  Avignon.  —  Arrighi,  italien,  est  nomme  Bourg.  — 
Antoniotti,    italien,    répétiteur,     Grenoble,     nommé     prof.,    Gap.     — 


MOrVEMENT  DU  PERSONNEL  593 

Bonifacio,  cil.  de  cours,  dél.,  lettres,  Nice,  nommé  ch.  de  cours,  lettres 
et  italien,  Nice.  —  Maillan,  ch.  de  cours  angl.,  Toulon,  est  nommé 
italien,  même  lycée.  —  Taillebot,  ail.,  chargé  suppléance,  Aix.  — 
Renard,  ail.,  chargé  suppléance,  Laon.  —  Le  Tournau,  ch.  de  cours 
d'ail.,  Loricnt,  nommé  môme  lycée.  —  Deniniolle,  ch.  de  cours  d'ail., 
Nevers,  nommé  même  lycée.  —  Lebay,  ancien  ch.  de  cours  d'ail.,  Ai.x, 
maintenu  ch.  de  cours  d'angl.,  Toulon.  —  Maurice,  ail.,  dél.,  Vesoul, 
nommé  même  lycée.  —  Dhers,  lettres  et  esp.,  collège  de  Blaye,dél.,  esp., 
Aurillac.  — Angelloz,  ail.,  chargé  de  suppléance  à  Rochefort.  —  Bailly, 
prof,  de  collège,  délégué  angl.  à  Bar-le-Duc,  chargé  de  cours,  même 
lycée.  —  Vaillant,  ch.  de  cours  d'ail.,  Orléans,  y  est  nommé  ch.  de 
cours  d'angl.  —  Sinian,  prof,  adj..  Rodez,  est  délégué  à  ce  titre,  esp., 
même  lycée.  —  Lamar,  angl.,  de  Clermont  à  Beauvais.  —  Catel,  angl., 
de  Toulouse  à  Montpellier.  —  Rassat,  angl.,  de  Belfort  à  Nice.  — 
Bailly,  angl.,  collège  de  Calais,  nommé  ch.  de  cours,  Alger.  —  Le  Goff, 
détaché  Alexandrie,  nommé  ch.  de  cours  d'angl.,  Toulon.  —  l'aolen- 
tonacci,  délégué  italien,  .Annecy,  nommé  Digne.  —  \'oize,  agr.  ail., 
nommé  angl.  et  ail.,  Vendôme.  —  Nicolas,  agr.  angl.,  ch.  cours,  Brest, 
nommé  même  lycée.  —  Bruneau,  maintenu  dél.  ch.  de  cours  d'angl., 
Brest.  —  Liéveâux,  agr.  angl.,  dél.,  (^harlemagne,  chargé  suppléance, 
Caen.  —  Leroj",  agr.  angl.,  dél.,  Châteaurou.\,  nommé  même  lycée.  — 
Andraud,  dél.  angl.,  de  Charlemagne  à  (Ihaumont.  —  Honoré,  agr. 
angl.,  prof,  de  collège,  dél.,  Clermont.  nommé  même  lycée.  —  Druesne, 
agr.  angl.,  de  collège  Montbéliard  à  Clermont.  —  Lamar,  agr.  angl., 
nommé  Clermont.  —  Fabre,  agr.  angl.,  prof,  lettres  et  angl.,  collège 
de  Condé-sur-Escaut,  nommé  Douai.  —  Aulagnon,  angl.,  collège 
Nj'ons,  nommé  ch.  cours  angl.,  Gap.  —  Pomiès,  agr.  angl..  ch.  de 
cours,  Grenoble,  nommé  même  lycée.  —  Hilleret,  agr.  angl.,  dél., 
Lorient,  nommé  Grenoble.  —  l'enos,  agr.  angl.,  nommé  Lorient.  — 
Sage,    lettres    et  angl.,  collège  Nogent-le-Rotrou,  délégué  angl.,  Laon. 

—  Merle,  de  collège  Mende,  ch.  cours  angl.,  Lorient  (suppl.).  — 
Rocher,  agr.  angl.,  ch.  cours,  Lyon  (lycée  du  Parc),  nommé  même 
Ij'cée.  —  Gervais,  agr.  angl.,  collège  .Manosque,  chargé  suppléance  à 
Montpellier.  —  Médard,  agr.  angl.,  nommé  Nancy.  —  Henry,  agr. 
angl.,  de  l'E.  P.  S.,  au  lycée  de  Nantes.  —  Coqueîin,  agr.  angl.,  de 
collège  d'.Argcntan  à  Nice.  —  Dhérissart,  agr.  angl.,  dél.,  St-Omer, 
nommé  Nice.  —  Veau,\,  répétiteur,  Lille,  déi.  angl.,  Oran.  —  Leba\', 
ch.  cours  d'ail.,  Toulon,  supplée  AL  Gonin,  ch.  cours  d'ail,  à  Aix.  — 
Roy,  ch.  cours  ail.,  de  Bastia  à  Lons-le-Saunier.  —  Prost,  ancien 
prof,  d'ail.,  Montpellier,  nommé  Bastia.  —  Duméril,  suppl.  ail., 
Nantes,  nommé  même  lycée.  —  ^'ieux,  ail.,  de  Rochefort  à  Nantes 
(suppl.).  —  Rolet,  ch.  cours  d'ail.,  de  Tours  à  Poitiers  (suppl.).  — 
Jalabcrt,  ail.,,  suppl.,  Toulouse,  nommé  ch.  de  cours,  (Juimper.  — 
Colle,  agr.  ail.,  de  collège  Pontoise  à  St-Omer.  —  Cahen,  ail.,  Greno- 
ble, nommé  sur  sa  demande  à  St-(Juentin.  —  Carel,  ch.  de  cours 
d'angl.,  de  Laval  à  La  Rochelle.  —  Barrât,  angl.,  de  Toulon  à  Tou- 
louse. —  Dhers,  lettres  et  esp.,  collège  Blaje,  délégué,  Aurillac.  — 
Angelloz,  agr.  ail.,  supplée  M.  Vieux,  Rochefort.  —  Bailly,  dél.  angl., 
Bar-le-Duc,  nommé  même  lycée.  — Vaillant,  ch.  cours  d'ail.,  Orléans, 
nommé  ch.  cours  d'angl.,  même  lycée.  —  Siman,  prof.-adj..  Rodez, 
délégué  esp.,  même  lycée.  —  Carel,  ch.  de  cours  d'angl.,  à  La  Rochelle, 
maintenu  sur  sa  demande  à  Laval.  —  .Merle,  agr.  angl.,  collège  Mende, 
chargé  de  suppléance  à  Lorient.  —  Drouin,  agr.  d'ail.,  collège  Beaune, 
chargé  de  suppléance  à  Vesoul.  —  Loussert,  ail.,  de  Tulle  à  Nevers.  -- 
Delmas.  ail.,  de  Nevers  à  Tulle.  —  Casaté,  dél.  angl.,  de  Chambér\'  à 
Bourg.  —  Morfin,    agr.  angl.,  ch.  cours,  Roanne,  nommé  même  lycée. 

—  Delamare,  agr.  angl.,  du  collège  de  Dieppe  an  petit  lycée  de  Rouen 
(FAhœuP).  —  Villard,  lettres  et  angl.,  collège  La  Châtre,  nommé  ch.  de 
cours,  St-Brieuc.  —  (>atel,  agr.  angl.,  nommé  Toulouse.  —  Pluvinage. 
agr.  angl.,  ch.  de  cours,  Tourcoing,  nommé  même  lycée.  —  Delany, 
agr.  angl.,  ch.  cours.  Tours,  nommé  même  hcée.  —  .Moulinier,  agr. 
angl.,  dél.,  St-Etienne,  nommé.  Tours.  —  Mollon.  agr.  angl.,  lettres  et 


594  LES    LANGUES    MODERNES 

angl.,  collège  Charolles,  nommé  angl.,  St-Etieune.  —  Demeaux, 
maintenu  1920-21,  dél.  esp.,  Albi.  —  Delcombre,  maintenu  répétiteur, 
esp.,  Brest.  —  Capmartin,  esp.,  Cahors,  nommé  Montpellier.  —  Albié, 
esp.,  collège  Cognac,  délégué,  Cahors.  —  Cazenave,  agr.  esp.,  répéti- 
teur, Périgueux,  nommé,  Oran.  —  Agostino,  ancien  prof,  esp.,  collège 
Blaye,  dél.,  Michelet,  nommé  ch.  de  cours  d'esp.,  Périgueux.  — 
Thomas,  esp.,  de  Carcassonne  à  Poitiers.  —  Suran,  agr.  esp.,  du 
collège  de  Lodève  à  Carcassonne.  —  Pézard,  italien,  d'Avignon  à  Lyon 
(Ampère).  —  Boget,  agr.  italien,  nommé  Avignon.  —  Arrighi,  agr. 
italien,  nommé.  Bourg.  —  '  Antoniotti,  agr.  italien,  répétiteur,  Greno- 
ble, nommé,  Gap.  —  Bonifacio,  ch.  de  cours,  dél.  lettres,  Nice,  nommé 
ch.  de  cours  d'italien  et  lettres,  même  hcée.  —  Maillan,  agr.  italien, 
ch.  de  cours  d'angl.,  Toulon,  nommé  prof,  italien,  même  Ijcée.  — 
Taillebot,  agr.  ail.,  chargé  suppléance  à  Aix.  —  Renard,  agr.  ail., 
chargé  suppléance  à  Laon.  —  Le  Tournau,  agr.  ail.,  ch.  de  cours, 
Lorient,  nommé  même  lycée.  —  Deniniolle,  agr.  ail.,  ch.  de  cours, 
Nevers,  nommé  même  lycée".  —  Lebaj-,  agr.  ail.,  maintenu  prof,  d'angl., 
Toulon.  —  Maurice,  agr.  ail.,  dél.  ail.,  Vesoul,  nommé  même  hcée.  — 
MM""'  Liron,  agr.  angl.,  lycée  garçons,  Alger.  —  Richard,  angl.,  délé- 
guée, hcée  garçons,  DaV-le-Duc!  —  Gouillon,  angl.,  déléguée,  h'cée 
garçons".  Moulins",  —  Cur3-,  angl.,  déléguée,  lycée  garçons,  St-Omer.  — 
Procureur,  angl.,  déléguée,  hcée  garçons,  Vendôme.  —  Racloz,  angl., 
déléguée,  lycée  garçons,  Alençon.  —  Feytens,  déléguée,  angl.,  lycée 
garçons,  Troj'es,  déléguée,  Constantine.  —  Dieu,  agr.  angl.,  nommée, 
St-Quentin.  -^  M»>=  Faure-Muret,  angl.,  déléguée,  lycée  garçons,  Bastia. 

Con';c  :  M.  Coste,  ch.  de  cours  d'angl.,  Avignon,  du  1"  octobre  1920 
au  31  mars  1921. 

Fonctionnaires  détachés  :  MM.  Crémieux,  italien.  Valence  ;  et  Lous- 
sert,  ail..  Tulle,  sont  mis  pour  une  durée  de  cinq  ans,  à  dater  du 
1«'  octobre  1920,  à  la  disposition  du  Ministre  des  alTaires  étrangères, 
en  qualité  d'attachés  au  bureau  d'études  de  Presse  étrangère.  — 
M.  Enslen,  en  congé  d'inactivité,  est  mis  à  la  disposition  du  ministre 
de  la  Guerre  pour  occuper  un  emploi  de  professeur  d'allemand  au 
Prytanée  militaire  de  la  Flèche. 

Collèges 

Xominations  :  MM.  Boinet,  ail.  et  lettres.  Fiers,  nommé  principal, 
à  titre  provisoire,  Bruyèi-es.  —  Denis,  angl.,  Ijcée  Beauvais,  nommé 
principal  à  titre  provisoire,  Valognes.  —  Bosmorin,  lettres  et  ail., 
Carpentras,  nommé  principal  Cholet.  —  Desrosier,  licencié  ail.,  délé- 
gué lettres  et  ail.,  Auxonne.  —  Herman,  délégué  lettres  et  ail.,  du 
Cateau  à  Cassel.  —  Duchemin,  lettres  et  angl.,  de  Brioude  à  Dreux.  — 
Andraud,  délégué  angl.,  lycée  Montaigne,  délégué  lettres  et  angl.,Cou- 
lommiers.  —  Cornu,  délégué  lycée  Saint-Omer,  délégué  lettres  et  ail., 
Dunkerque.  —  Jugnet,  licencié  ail.,  répétiteur  délégué  lycée  Roanne, 
délégué  lettres  et  al!..  Fiers.  —  Canquery,  délégué  ail.,  de  Honflcur  à 
Longwv.  —  Hayes,  licencié  ail.,  délégué  lettres  et  ail.,  HonFleur.  — 
Guérin",  licencie  ail.,  répétiteur  stagiaire  Etampcs,  délégué  lettres  et 
ail.,  Maubeuge.  —  Druesnc,  angl.,  de  Montbéliard  à  Meaux.  —  Dupont, 
angl..  Fiers,  nommé  lettres  et  angl.,  Meaux.  —  Dubois,  délégué  lettres 
et  angl.,  Pont-l'Evêque,  délégué  angl.,  Mers.  —  Cheminaud,  licencié 
angl.,  délégué  lettres  et  angl.,  Neufchâteau.  —  Buisson,  licencié  angl., 
répétiteur  RoUin,  délégué  lettres  et  angl.,  Pont-l'Evêque.  —  Clerc, 
délégué  lettres  et  ail.,  de  St-Yrieix  à  Provins.  —  Pongy,  délégué  lycée 
Alger,  délégué  lettres  et  ail.,  Sétif.  —  Touchard,  chargé  angl. 
vSaint-Lô,  délégué  même  collège.  —  Ayrault,  licencié  angl.,  répétiteur 
stagiaire  Ciiâtellerault,  délégué  lettres  et  angl.,  Saulieu.  —  Martin, 
licencié  ail.,  délégué  lettres  et  ail.,  Soissons.  —  Ternat,  délégué  let- 
tres et  ail.,  de  Morlaix  à  Castres.  —  Montbouyran,  délégué  lettres  et 
al!.,  du  Cateau  à  Mortain.  -  Cros.  répétiteur  stagiaire  Bagnères-de- 
Bigorrr,  délégué  lettres  et  angl.,  Riom.  —  Meunier,   adni.  agr.    angl.. 


MOUVEMKNT  DU  PERSONNEL  Ô95 

délégué  lettres  et  aiif^l.,  Charolles.  —  Monteil,  délégué  lettres  et  ail., 
de  Conipiègne  à  Carpentras.  —  Thiébaut,  ail.,  de  Cliâteaudun  ù  Com- 
l)iègiie.  —  Dubreuil,  délégué  lettres  et  ail.,  de  Cliolet   à   Cliâteaudun. 

—  liounet,  cert.  angl.,  délégué  lettres  et  aiigl.,  Château-Tliierr}-.  — 
Haill\-,  délégué  .Nancy,  ancien  prof.  1.  v.  Pout-à-Mousson,  nommé 
angl.  et  ail.,  Pont-à-Mousson.  --  Cathaly,  délégué  lettres  et  ail.. 
Le  Blanc,  nommé  même  collège.  —  Mabilaf,  licencié  angl.,  répétiteur 
Clirdons-sur-Marne,  délégué  lettres  et  angl.,  Cosne.  —  Clerc,  ancien 
prof,  lettres  et  ail.,  Dôlc,  nommé  ail.,  Issoire.  —  Maurice,  délégué 
lettres  et  ail.,  de  Hcrnay  à  Morlai.x.  —  Lanne,  délégué  lettres  et  ail., 
de  IJeaufort  à  Bernaj-.  —  Moriii,  délégué  lettres  et  ail.,  de  Treignac  à 
Beaune.  —  .Marion,  cert.  ail.,  ancien  délégué  Provins,  délégué  lettres 
et  ail.,  Treignac.  —  Blériot,  cert.  angl.,  délégué  E.  P.  S.  Calais,  délé- 
gué angl.,  Soissons.  —  Chapiet,  délégué  lettres  et  angl.,  de  Fougères 
à  Dieppe.  —  Kossigneux,  délégué  lettres  et  angl.,  de  Libourne.  à 
Manosque.  —  .Ambec,  délégué  lettres  et  angl.,  de  Cassel  à  Mende.  — 
Proust,  licencié  ail.,  délégué  lettres,  angl.  et  ail.,  Nyons.  —  Marie, 
licencié  angl.,  suppléant  Saintes,  délégué  lettres  et  angl.,  même 
collège. 

Ecoles  Pr\n)a\res  Supérieures 

M.M.  Villejame,  licencié  es  lettres,  répétiteur  cli.  de  cours  d'csp.  aux 
écoles  (^olbert  et  Lavoisier,  nommé  Lavoisier  et  Arago.  —  Berlioz- 
Benier,  inst.  adj.  à  (iérardmer,  nommé  prof,  lettres  et  ail.,  Montbri- 
son.  -  Laurent,  inst.  à  Paris,  nommé  prof,  lettres  et  angl.,  Touloji. 
-  Bernadac,  prof,  adj.,  Givet,  nommé  lettres  et  ail.,  Rambouillet.  — 
Bouchaud,  inst.  adj.,  Bourganeuf,  délégué  (1920-21),  lettres  et  ail., 
.Montbrison.  —  Tisseau,  inst.  Saint-N'azairc,  délégué  (1920-21),  inst. 
adj.  lettres  et  angl.,  Ancenîs.  —  Bivot,  inst.  en  congé,  délégué 
(1920-21),  inst.  adj.,  lettres  et  ail.,  Louhans.  —  Misery,  adj.,  Bourg- 
Saint-Andéol,  est  nommé  adj.,  lettres  et  angl.,  .\vignon,  -  Laurent, 
inst.,  Targon,  délégué  (1920-21),  inst.  adj.,  lettres  et  angl.,  Cadillac.  — 
(îiroud,en  congé,  délégué  (1920-21),  adj.  lettres  et  angl.,  Saint-Marcel- 
lin. —  Drot,  adj.,  Valenciennes,  nommé  adj.,  lettres  et  angl.,  Dourdan. 

—  Garcin,  adj..  Riez,  nommé  adj.,  lettres  et  italien,  Digne.  —  Benais, 
Gannat,  nommé  lettres  et  angl.,  Saint-Jean-d'.\ngély.  —  Mazataud,  en 
congé,  nommé  lettres  et  angl.,  Nantes. —  Pccli,  Castêlnaudar\-,  délégué 
(1920-21),  adj.  lettres  et  espagnol,  Aire-sur-l'.Adour.  — "  Boudon, 
délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et  ail.,  Gérardmer.  —  Montsanat, 
Valence  (Espagne),  délégué  adj.,  lettres  et  esp.,  Saint-Céré.  —  Aimé, 
de  Labégude,  est  délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et  angl.,  Bourg-Saint- 
.\ndéal.  —  .Alavoine,  de  Halluin,  est  délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et 
angl.,  Hénin-Liétard.  —  Cervoni,  délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et 
italien,  Lorgues.  —  Coindeau,  en  congé',  délégué  (1920-21),  adj..  lettres 
et  angl.,  Gannat.  —  Lacaque,  de  Witteschule  de  Graffenstaden  (Alsace), 
est  délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et  ail.,  Thaon-lcs- Vosges.  —  .Manan- 
teau,  en  congé,  délégué  (1920-21),  adj.,  lettres  et  angl.,  Belvès.  —  Brun, 
en  congé,  délégué  (1920-21),  ^dj.,  lettres  et  angl.,  Nevers.  —  .M"'  Carias, 
née  Rey,  déléguée  (1920-21),  inst.  adj.,  lettres  et  angl.,  Pézenas.  — 
Mlles  Bénazet,  déléguée  (1920-21),  inst.  adj.,  lettres  et  esp.,  Toulouse.  — 
Détaille,  prof,  adj.,  Pézenas,  nommée  adj.  angl.,  Nimes.  —  Miserie, 
angl.,  de  Carpentras  à  Aix-en-Provence.  —  Boguet,  ail.,  de  Clamecy 
à  Belfort.  —  V^ercoutter,  adj.,  langues  vivantes,  Saulieu,  nommée  ail., 
Clamecy.  —  Coulonjou,  ex-inst.  intcr.,  E.  P.  S.  de  garçons  d'Albi, 
déléguée  (1920-21),  adj.,  lettres  et  angl.,  Casteinaudàry.' —  Bouvier, 
1.  V.,  Mézières,  déléguée  inst.  adj.,  lettres  et  ail.,  RetheL  —  Pedevilla, 
ex-intérimaire  E.  P.  S.  de  garçons  d'Aix-en-Provence,  déléguée 
il920-21),  inst.  adj.,  lettres  et  angl.,  Brignole.  —  Perrier,  intérimaire 
E.  P.  S.  de  garçons,  Chambéry,  déléguée  (1920-21),  inst.  adj.,  lettres  et 
angl.,  Saint-Claude.  —  Mazuries,  Privas,  est  nommée,  lettres  et  angl., 
Draguignan.  —  Desvaux,   angl.,    en   congé,    nommée    angl.,    Gap.    — 


096  LES   LANGUES   MODERNES 

Richard,  prof.  d'E.  N.  en  congé,  nommée  lettres  et  angl.,  Chambéry. 
—  Goy,  adj.,  Brignolles,  nommée  lettres  et  angl.,  Carpentras.  — 
Martin,  inst.  adj.,  Gap,  déléguée  (li»'20-*21),  adj.  angl.,  Sisteron.  — Gai, 
adj.  angl.,  Barbezieux,  nommée  même  école.  —  Le  Brigant,  adj.  école 
maternelle,  annexe  E.  N.  de  Caen,  déléguée  lettres  et  angl.  (1920-21;, 
à  Saint-Xazaire.  —  Boulay,  nommée  titre  provisoire  (1920-21),  lettres 
et  ail.,  \anc3'.  —  Woltz,  intérimaire  E.  P.  S.  garçons,  Nantes,  déléi^uée 
adj.,  lettres  et  angl.,  Bressuire.  —  M""=  Simon,  intérimaire  E.  P.  S. 
garçons,  Saint-Marcellin,  nommée  lettres  et  angl.,  Draguignan.  — 
M"'«  Munet,  intérimaire  Aire-sur-l'Adour,  déléguée  (1920-21),  adj., 
lettres  et  esp.,  Nérac. 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII-,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  Ofr.50  la  ligne. 

1.  Le  Collège  de  Valognes  (près  de  Cherbourg)  reçoit  élèves  français 
et  anglais.  Climat  doux  et  sain.  Vastes  locaux,  jardins,  à  proximité  de 
la  mer,  sur  la  grande  ligne  Paris-Cherbourg.  Préparation  au.x  divers 
examens.  Ecrire  au  Principal,  M.  P.  Denis,  Agrégé  de  l'Université. 

2.  Correspondance  Interscolaire  :  Les  professeurs  d'anglais  dési- 
reux de  procurer  à  leurs  élèves  (garçons  ou  filles)  des  correspondants 
de  langue  anglaise  sont  priés  de  s'adresser  au  plus  tôt  à  Miss  Sheehan- 
Dare,  Alexandre  House  School,  Hatfield,  Herts.,  qui  se  fera  un  plaisir 
de  leur  donner  satisfaction. 


-<a>- 


Le  Gcranl  :  A.  (^ouesl.xnt. 


c.MiORS,  LMP.  COUESLANT  (personnel  intéressé).  —  23.520 


Dix-neuvième  année.  —  N"  i  Janvier-Février  1921      i 

Les 

Langues  Modernes 


/.<•  Secri'ldire  Gcnértil  (H.  Sehvajkan,  professeur  ;iu  lycée 
Sl-Louis,  i:{'2,  avenue  du  Mniue,  XIV)  et  In  Trésorii-re  jinent 
insliimnient  leurs  collègues  de  l^ur  signaler  leurs  cbamjenicnls 
d'adresse  {indiquer  autant  que  possible  le  domicile  personnel), 
(lU,  s'il  i]  a  lieu,  de  situation,  non  seulement  afin  d'éviter  la  perte 
de  la  rerue,  mais  aussi  en  nue  d'établir  l'Annuaire  de  l'Associa- 
tion  pour   19'21. 

I.a  Trésorii-re  (Mlle  Ledoi  x,  30,  R.  Chevert,  Paris  7')  rappelle 
aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de  chèques 
postaux  lui  est  oiinert  sous  le  n"  151-11  par  le  bureau  de  Paris. 
lAle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant  de 
leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  litre  de 
reçu  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,   ainsi   qu'à   la   Société   des   frais   de   correspondance. 


Les  Régionales  de  Bordeaux,  Poitiers,  Lille,  Aix-.Marseille, 
Lyon,  (Ucrmont-Ferrand,  Nancy,  Toulouse  sont  reconstituées. 
Les  Jlembres  de  l'Association  qui  sont  du  ressort  de  chacune  de 
ces  académies,  sont  priés  de  bien  vouloir  envoyer  directement 
leurs  cotisations  à  leurs  trésoriers  respectifs,  dont  la  liste  est  la 
suivante  : 

Poitiers  :    M.   Giy,   lô.   rue   de   la   Monnaie  ; 

Aix-Marscille  :    M.  Iîhoche,   Grand  Lycée,    Marseille  ; 

Lyon  :   M.  Legouis,  43,  rue  de    Sèze  ; 

Ciermont-Ferrand  :   M.   Bolyssy,   Ecole    supérieure   de   connuercc; 

Bordeaux  :   ^L   Rivoallax,   76,  rue  de  Belleville  ; 

Toulouse  :    M.   Gp.axgeR,    7,   rue   du   Japon  ; 

Xiincy  :    M.    Petit,   professeur   à   l'E.   P.    S. 


L'abonneniqjit  à  Modem  Languages  est  désormais  de  G  shil- 
lings. 

Les  membres  de  r.\ssociation  abonnés  à  la  Revue  Germanique 
sont  informés  que  le  prix  de  l'abonnement  de  faveur"  qui  leur  est 
consenti    est    porté,    à    partir   du    1"   jaiivier    1921,    à    seize    francs. 

Ils  sont  priés  de  verser  cette  somme,  en  même  temps  que  leur 
cotisation  pour  1921,  à  Mlle  Ledolx,  trésorière  de  l'Association, 
(eux  qui  n'ont  pas  encore  payé  leur  abonnement  pour  1914  ou 
1920  voudront  bien  le  faire  par  la  même  occasion.  Ils  sont  ins- 
tamment   priés    d'effectuer    ces    divers     paiements    dès   maintenant. 

.\  partir  du  mois  de  mai,  les  abonnements  à  la  Revue  Germa- 
nique et  les  cotisations  en  retard  seront  perçus  par  la  poste  au 
nom  de  la  trésorière  de  l'Association  des  Professeurs  de  langues 
vivantes. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


AsseiT)blée  Générale  du  6  jai)vier  1921 

L'Assemblée  générale  de  notre  Association  a  eu  lieu  le  jeudi  6 
janvier  1921.  à  3  heures,  au  Lycée  Louis-le-Grand,  sous  la  pré- 
sidence  de   M.  Ch.  Veillet-Lavallée,   président   de  l'Association. 

Après  avoir  déclaré  la  séance  ouverte,  le  Président  prononça 
l'allocation  d'usage,  puis  le  Secrétaire  Général  et  le  Trésorier 
donnèrent  lecture  de  leurs  rapports  après  une  discussion  dont  on 
trouvera    plus   loin    le    compte    rendu. 

IklIocutJoi)  du  Président 

Mes    chers    Collègues, 

Notre  première  pensée  va  vers  ceux  que  la  mort  nous  a  ravis. 
(Certes  Ritz,  Maffre,  Lematte  ont  reçu  dans  le  Bulletin  l'hommage 
qu'ils  méritaient  si  bien  ;  je  me  borne  aujourd'hui  à  évoquer, 
une  fois  encore  leurs  noms  en  cette  dernière  réunion,  ainsi  que 
ceux  de  Mlle  Taviot  et  de  Devaussanvin,  dont  nous  avons  appris 
le  décès  au  moment  des  vacances  du  jour  de  l'an.  Le  Président 
n'a  pas  manqué  de  représenter  l'Association  aux  obsèques  de 
M.  le  Recteur  L.  Poincaré  ;  il  a  pu  aussi,  triste  privilège,  accom- 
|>agner  à  sa  dernière  demeure  l'homme  de  bien,  le  cœur  généreux, 
l'àme  droite  et  simple,  le  défenseur  convaincu  de  notre  disci- 
|j]ine    qu'était    M.    l'Inspecteur    général    Guillaume. 

.Activité  des  hégioxales.  —  Après  le  ralentissement  qui.  au 
cours  de  la  guerre  et  par  la  force  des  choses,  s'était  produit  dans 
la  vie  de  l'.Association,  un  effort  s'imposait  à  nous  pour  lui  ren- 
dre son  activité  d'autrefois.  Nous  pou\ons  constater  avec  plaisir 
que  le  résultat  de  nos  tentatiAes  est  très  satisfaisant.  Les  régio- 
nales anciennes  se  sont  reconstituées  ou  renaissent,  à  cette  heure 
même,  de  leurs  cendres,  de  nouvelles  se  sont  formées.  Il  y  a 
maintenant  dans  toutes  les  parties  de  la  France  des  groupes  de 
professeurs  de  langues  vivantes  qui  organisent  des  réunions, 
ttudient  les  questions  qui  touchent  à  notre  enseignement,  se 
tiennent  en  contact  avec  l'organisme  central  de  l'Association, 
soutiennent  ses  ctïorts,  prennent  des  initiatives  aussi  intéressan- 
tes que  fécondes  et  donnent  ainsi  au  public,  à  "os  collègues  des 
autres  disciplines,  à  nos  chefs,  la  preuve  que  les  langues  vivantes, 
les  Humanités  modernes,  ont  en  elles  une  source  de  \  ie  culturale 
et  d'énergie  qui  ne  le  cède  en  rien  aux  vertus  que  l'on  attribue 
aux  autres  études. 

Vous  serez  d'aci-ord  avec  moi,  mes  chers  Collègues,  pour  saluer 
les  nou\eaux  groupements  régionaux.  Celui  de  Clennont-Ferrnnd 
qui  a  su,  par  son  activité,  le  cié\ouement  de  son  bureau,  intéres- 
ser   des    personnalités    industrielles    et    eomnierciales    de    la    région 


lUM.KTIN"    I)K    L'ASSOCIATION  3 

à  la  cri'iitioii  de  bf)iirses  de  séjour  à  l'êlriinger  pour  les  élèves 
méritants  et  peu  fortunés.  Nous  avons  maintenant  une  régionale 
;"'.  Nancy  ;  celle  de  Strasbourg  s'organise  ;  Bordeaux  s'est  refor- 
mée. Quant  au.\  autres  groupements,  tels  que  ccu.x  de  Lyon,  de 
Poitiers,  de  Toulouse,  dWix-Marscille,  vous  avez  vu  dans  le 
Bulletin  quelle  vie  intense  est  la  leur.  Une  mention  spéciale  doit 
être  réservée  à  Lille  où  le  dévouement  de  M.  Piquet,  de  M.  Mis 
et  de  leurs  collègues,  trouve  une  fois  de  |)lus,  a|)iès  tant  d  épreu- 
ves,  l'occasion  de   se   manifester. 

Je  manquerais  à  num  devoir  si  je  ne  signalais,  à  cette  occasion, 
aux  vaillants  organisateurs  de  régionales  nouvelles  les  dangers 
aiixrpiels  on  s'expose  en  rédigeant  ce  que  certains  collègues 
appellent  des  statuts  p<irticuliers.  L'expression  n'est  d'ailleurs 
pas  très  juste  et  l'isque  d'amener  des  confusions.  11  ne  peut  y 
avoir  d'autres  statuts  que  ceux  votés  en  .Assemblée  générale  de 
rAsst)ciation  et  déposés  conformément  à  la  loi.  Les  membres 
des  Régionales  ont  toute  liberté,  certes,  et  la  chose  est  avanta- 
geuse, pour  s'imposer  à  eux-mêmes  un  Réfilement  Intérieur.  Il  ne 
faut  toutefois  pas  perde  de  vue  que  ce  Règlement  Intérieur  doit, 
de  toute  nécessité,  s'harmoniser  avec  l'esprit  et  les  principes 
généraux  de  nos  Statuts,  (les  réserves  faites  et  ces  conseils  de 
prudence  formulés  par  celui  que  ses  fonctions  désignent  comme 
le  gardien  de  la  Constitution,  si  j'ose  dire,  je  me  félicite  encore 
avec    vous    du    magnitique    développement    de    nos    Régionales. 

Les  SKJoriis  a  i/KTiiAXGEn.  —  Le  Bulletin  vous  ayant  renseigné 
au  fur  et  à  mesure,  je  ne  reviens  pas  en  détail,  mes  chers  (Col- 
lègues, sur  l'activité  déployée  par  le  Bureau  et  le  Comité  pendant 
l'année  1920.  (^u'il  me  suffise  de  rappeler,  en  passant,  notre 
effort  en  faveur  de  ceu.x  de  nos  collègues  qui,  tel  M.  Dodanthun, 
de  Nevers,  ont  perdu  au  début  de  leur  carrière  une  ou  deux 
années  de  services  susceptibles  de  compter  pour  la  retraite,  alors 
qu'ils  étaient  détachés  dans  des  établissements  scolaires  à  l'étran- 
ger, ])ar  les  soins  du  Ministère,  et,  jusqu'à  un  certain  point,  oifi- 
cJellemeiit  désignés  et  chargés  d'un  service.  La  Direction  de  la 
(Comptabilité  se  retranche  derrière  des  textes  et  nous  oppose  une 
lin  de  non  recevoir.  Nous  songeons  à  une  intervention  législative 
«ui    seule   peut    remédier   à   cette    situation. 

Les  épheuves  ou  baccalauhéat.  —  (}uaiui  le  Bureau  est  entré 
en  fonctions  au  mois  de  janvier  de  l'année  dernière,  la  question 
des  épreuves  de  langues  au  Baccalauréat  était  déjà  hors  du 
domaine  de  nos  délibérations  et  l'Administration,  avec  une  rapi- 
dité qui  n'a  pas  laissé  de  paraître  un  peu  inaccoutumée,  a 
d"abord  présenté  au  Conseil  supérieur  un  projet  sur  lequel  notre 
action  n'a  pu  s  exercer,  puis  a  pris  des  mesures  précipitant  l'en- 
trée eu  vigueur  du  nouveau  régime. 

Depuis,  la  question  n'a  cessé  de  donner  lieu  à  des  controverses 
dont  le  Bulletin  vous  a  apporté  les  échos.  11  semble  s'en  dégager 
que  le  problème  n'a  pas  reçu  sa  solution  définitive  et  qu'il  se 
posera    derechef   à   l'attention   du   nouveau   bureau. 

DÉFENSE  DES  LANGUES         VIVANTES  DANS         LE  PRIMAI  HE.         

Avant   que   le   (Conseil    supérieur   se    réunît     pour   tenir   sa     seconde 


4  LES   LANGUES    MODEIÎNES 

session  à  la  fin  de  juin,  l'Association  a  eu  le  temps  de  faire  cam- 
pagne pour  parer  un  des  coups  les  plus  graves  qui  aient  menacé 
l'otre  discipline  depuis  bien  des  années.  L'Administration,  sans 
consulter  les  milieux  intéressés  et  compétents,  contraitrement  au 
iameux  principe  si  souvent  formulé  de  la  collaboration  avec  le 
|)ersonnel,  l'Administration  avait  projeté  de  rendre  facultative 
l'étude  des  langues  vivantes,  non  seulement  dans  les  Ecoles  nor- 
males d'Instituteurs  et  LVInstitulrices,  mais,  chose  plus  stupé- 
fiante encore,  et  cjui  ne  fut  dévoilée  qu'à  la  onzième  heure,  dans 
les  Ecoles  Primaires  supérieures  de  garçons  et  de  filles.  I/Asso- 
ciation  a  pu  empêcher  ce  désastre  ^ràce  à  ses  efforts,  à  son 
action  auprès  des  membres  du  Conseil  Supérieur,  grâce  surtout  à 
l'énergie  persuasive  de  M.  Rancès.  A  son  nom,  je  tiens  à  associer 
celui  de  M.  Monguillon  qui,  dans  cette  circonstance,  —  mais 
aussi  dans  beaucoup  d'autres,  —  a  secondé  nos  efforts  avec  une 
inlassable  activité.  Je  ne  puis  énumérer  ici  tous  les  membres  du 
(Conseil  supérieur  qui  ont  des  droits  à  notre  gratitude.  Il  ne  faut 
pas.  cependant,  passer  sous  silence  le  nom  de  Mlle  Sanua  qui 
nous   a    défendus   avec   autant    d'ardeur   que   de   talent. 

Le  Conseil  supérieur  a  donc  décidé  que  l'on  ne  tuerait  pas  les 
langues  vivantes  dans  l'Enseignement  Primaire  en  les  rendant 
facultatives.  Il  a  maintenu  le  principe  de  l'obligation.  Cependant, 
un  des  derniers  numéros  du  Bulletin  administratif  de  l'Instruc- 
fwn  Publique  nous  a  révélé  que  dans  certaine  section  normale, 
de  nouvelle  création  dans  les  E.  P.  S.,  et  dont  la  physionomie 
est  encore  assez  brumeuse,  puisqu'aucuu  tableau  d'horaii'e  ni  au- 
cun programme  d'études  n'ont  été  publiés  pour  cette  section,  les 
élèves  seraient  libres  d'étudier  ou  de  ne  pas  étudier  les  langues. 
\'oilà  encore  un  point  que  le  jjrochain  Bureau  fera  bien  de  sur- 
\eiller    avec    sollicitude. 

DÉFENSE  DE  l'ai.lemand-  —  L'abaudou  presciue  total  des  études 
(["allemand  dans  les  établissements  d'instruction  de  tous  ordres 
créait  une  situation  menaçante  pour  l'intérêt  national  et  pour 
l'avenir  de  notre  discipline.  Nous  ne  pouvions  y  demeurer  insen- 
sibles. Notre  action,  vous  avez  pu  la  suivre  dans  le  Bulletin,  voire 
même  dans  la  presse  où  nous  avons  trouvé  certains  concours. 
Qu'il  me  soit  permis,  à  cette  occasion,  d'adresser  de  nouveau  les 
remerciements  de  l'.Association  à  M.  R.  Poincaiê,  dont  l'éloquent 
appel  a  été  entendu.  Je  remercie  également  .1/.  Delobel,  président 
(le  la  Commission  nommée  eu  vue  de  la  défense  de  l'allemand, 
pour  tout  le  dévouement  et  le  zèle  éclairé  qu'il  a  consacrés  à 
cette   (vuvre. 

Mes  chers  collègues,  nous  avons,  au  Comité,  éprouvé  quelque 
surprise  en  constatant  que,  dans  certains  milieux,  on  prenait 
im  peu  ombrage  de  l'action  entreprise  par  nous  pour  éclairer  le 
pays  sur  le  danger  que  lui  aurait  fait  courir  l'abandon  à  peu 
près  complet  des  études  germaniques.  Le  rôle  de  l'.Associatioij. 
inspirée  d'ailleurs  jiar  l'unique  intérêt  national,  n'est-il  point 
de.  défendre  la  cause  des  langues  vivantes,  tout  d'abord  sur  les 
points  où  elle  est  le  plus  menacée  ?  Qu'une  autre  langue  ait  été 
txposée  à  un  péril,  notre  groupement  s'en  serait  égaliiinent 
inciuiétc.    .Sa    sollicitude    s'étend    à    toutes    les     langues     modernes. 


BLI.I.KTIN    I)i:    L  ASSf)r.lATI(>N"  .) 

iiu-i!u\  quoi  qii"iii  pLiisciit  qui-Ujues  c-s|irits  nuil  informes.  ;uix 
Langues  MériilioiuiU's  qui  posséciciit  pourtant,  pour  soutenir  leurs 
intérêts  une  Société  particulière,  sœur  de  la  nôtre,  avec  laquelle 
i.ous  marchons  ct)nimc  toujours  la  main  dans  la  main,  avec 
laquelle  il  est  permis  d'espérer  que  nous  pourrons  conclure  une 
alliance  plus  étroite  encore,  pour  le  plus  grand  bien  de  notre 
«l'uvre    commune. 

dette  union  des  cœurs,  souhaitons  de  la  voir  s'affermir  encore. 
Que  nos  travaux  engendrent  des  discussions  parfois  vives,  rien 
de  plus  naturel,  (/est  en  signe  de  vie  intense  au  sein  de  notre 
Association.  Mais  il  ne  faut  pas  que  ces  oppositions  de  p»>inls  de 
\  ne  et  de  théories  dégénèrent  en  j)olémiques.  t'ne  bonne  union 
cfinfraternelle  doit  régner  entre  nous.  Toute  division  à  l'intérieur 
de  notre  groupement  ne  peut  que  favoriser  l'action  des  milieux 
hostiles  à  notre  discipline. 

La  refonte  des  i'mogma:iimes.  —  Et  nous  savons  que  ces  derniers 
i:"ont  pas  désarmé,  qu'à  l'heure  actuelle  où  va  s'élaborer  une 
vaste  refonte  des  programmes  de  TEnseignement  scondaire.  de  ces 
fameux  programmes  de  1902  dont  on  dit  tant  de  mal  et  qui  ne 
méritent  peut-être  pas  cet  excès  d'indignité,  un  assaut  violent  se 
prépare  contre  notre  discipline.  I/offensive  menée  l'an  dernier 
dans  le  Primaire  en  était  un  signe  avant-coureur.  11  ne  faut  cer- 
tes pas  s'alarmer  outre  mesure,  ni  trop  tôt.  Ces  réformes  ne 
sont  encore  qu'à  l'état  lU-  projets  assez  lointains  et  peu  précisés, 
et  les  renseignementr,  que  l'on  peut  obtenir  sont  assez  contradic- 
toires. Il  est  question,  dit-on,  d'un  amoindrissement  apprécialjle, 
sinon  d'une  suppression  de  la  Section  D.  .\  l'inverse  de  ce  que 
l'on  aurait  pu  croire  et  redouter,  B  deviendrait  une  Section  de 
véritables  humanités  modernes.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  prochain 
Bureau  ne  manquera  pas  au  devoir  de  suivre  la  question  d'un 
œil  attentif.  Espérons  que  l'Administration,  cette  fois-ci,  voudra 
bien  appliquer  le  ))rincipe  de  la  collaboration  avec  le  personnel 
compétent.  D'ores  et  déjà,  l'Association,  représentée  par  M.  D^lo- 
bel.  prend  part  aux  travaux  de  la  Commission  instituée  pour  la 
réforme  des  programmes  par  la  Fédération  nationale  des  Profes- 
seurs de  Lycées.  Dans  le  même  ordre  d'idées,  notre  groupement  a 
suivi  avec  sympathie  l'œuvre  entreprise  par  les  ■  Compagnons  •> 
et  vous  vous  rappelez  la  réunion  pédagogique  du  26  février  1920 
où  ces  hardis  pionniers  ont  bien  voulu  nous  faire  connaître  l'état 
de  leurs  doctrines  par  la  bouche  autorisée  de  M.  Ccizamian.  leur 
distingué  président. 

Relations  avec  les  autres  gholpements-  —  Les  mêmes  rela- 
tions cordiales  ont  uni  celte  année,  comme  par  le  passé,  notre 
.Assi^ciation  avec  la  Modem  Langnage  Association  d'Angleterre  et 
la  Fédération  Xalionale  des  Prof(^ssenrs  de  Langues  Modernes 
d'Amérique.  Comme  nous  le  devions  à  nous-mêmes,  nous  avons 
f.lîert  notre  active  collaboration  à  la  Modem  Hunianities  Research 
Association.  Je  rappelle  en  passant  les  démarches  faites  conjoin- 
tement avec  la  Société  des  Langues  .Méridionales  représentée  par 
M.  Boussagol,  son  président,  que  nous  avons  été  heureux  de  voir 
nommé  Maître  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Tou- 
louse, mais  dont  le  départ  a  laissé  un  grand  vide  au  Bureau  et 
;  i    Comité. 


â 


6  LES    LANGLES    MODERNES 

La  réforme  du  certificat  primaire  et  l'inspection  générale 
DANS  LE  primaire.  —  Mes  chers  Collègues,  le  souci  de  ne  pas  être 
trop  long  me  force  à  passer  sous  silence  un  certain  nombre  de 
faits  qui  ont  intéressé  cette  année  la  vie  de  l'Association,  et  bon 
nombre  de  questions  qui  s'imposeront  à  notre  attention  dans  un 
])rochain  avenir.  Il  me  faut  pourtant  indiquer  deux  mesures  dont 
l'application  indispensable  intéresse  particulièrement  nos  collè- 
gues du  Primaire  :  la  réforme  du  Certificat  d'Aptitude  à  l'Ensei- 
gnement des  langues  vivantes  dans  les  Ecoles  normales  et  Pri- 
maires supérieures  suivant  les  grandes  lignes  du  projet  expose 
par  .1/.  Monguillon  dans  le  n"  de  juillet-août  1920  des  Langues 
Modernes  ;  puis  Torganisation  d'une  inspe<.'tion  homogène,  sys- 
tématique et  compétente  de  notre  discipline  dans  les  Ecoles  nor- 
males  et   Primaires   supérieures. 

I^s  Langues  Modernes.  —  11  est  très  désirable  aussi,  pour  la 
l'onne  marche  de  l'Association  que  nous  puissions-  reprendre  la 
publication  mensuelle  des  Langues  Modernes-  Mais  le  coût  du 
papier,  les  frais  d'impression  et  de  poste,  qui  sont  si  élevés,  ren- 
dent encore  ce  projet  peu  réalisable,  pour  le. moment,  avec  le  taux 
actuel   de   la   cotisation. 

Je  tiens,  en  terininant,  à  adresser  mes  plus  chaleureux  remer- 
ciements au  groupe  de  collaborateurs  immédiats  dont  le  dévoue- 
ment amical  a  rendu  un  peu  moins  lourde  la  tâche  du  président, 
aux  deux  vice-présidents,  M.  Cart  et  .1/.  Boussagol,  qui  m'ont 
souvent  accompagné  dans  mes  démarches  ;  à  M.  Bloch  qui,  par 
son  activité  a  su  augmenter,  de  façon  sensible,  le  nombre  des 
adhésions  nouvelles  ;  à  Mlle  Ledoux,  notre  dévouée  trésorière 
dont  la  tâche  est  souvent  ingrate,  mais  dont  rhabilctc  financière 
et  administrative  a  permis  à  M.  d'Hangest  de  publier  le  Bulletin 
intéressant  et  nourri  que  vous  connaissez.  Le  Rédacteur  en  chef 
des  Langues  Modernes  est  absent  et  je  le  regrette,  car  j'aurais 
aimé  lui  offrir  sa  juste  part  de  remerciements  et  lui  transmettre. 
les  appréciations  élogieuses  que  j'ai  recueillies  de  tous  côtés  sur 
le  Bulletin.  J'exprime  aussi  ma  gratitude  à  Mlle  Brunel,  notre 
archiviste,  à  M.  Bellec,  le  trésorier-adjoint  et  à  tous  les  membres 
c!u    Comité. 

Les  années  de  guerre  avaient  singulièrement  anémié  l'Associa- 
tion. L'ambition  de  la  vaillante  équipe  que  je  viens  de  nommer 
a  été  de  rendre  tout  d'abord  à  notre  groupement  sa  situation 
florissante  et  sa  vigueur  d'autrefois.  L'année  qui  vient  de  finir  a 
donc  été  surtout  marquée  par  un  effort  de  reconstruction.  Le 
rapport  de  notre  Secrétaire  général,  à  qui  je  donne  la'  parole, 
\ous  montrera  que  nous  y  avons  réussi  (iaiis  la  mesure  de  nos 
forces. 

Rapport  du  Secrétaire  géi)éral 

-Mes    chkrs    collègues, 
{/année    1920    marque    le    retour   à    la    \  ic    de    noire    Association  ; 
depuis    ■")    ans    nous    végétions,    le    nombre    des    adhésions     compen- 
sant   à    peu    j)rès    le    nombre    des    démissions.    Cette    année,    nous 


lill.l.KTIN    I)i:    L  ASSOCIATION  / 

iiNoiis  (iépassc  le  cliillrc  dt-  1913  :  jjiiis  «k-  Jdll  socit-taircs  et 
abonnés  nouveaux  figurent  sur  nos  listes  pour  eet  exerciee.  11 
nous  faut  reniereier  bien  eordialenient  notre  eollègue  Monguillou 
(ionl  la  pio|):igande  inlassable  et  le  dévouement  corporatif  nous 
vaut  près  de  ôO  adhésions  nouvelles  depuis  le  mois  d'octobre. 
Nous  continuons  d'ailleurs,  mes  chers  collègues,  à  a\<)ir  besoin 
de  votre  action  personnelle,  de  votre  pro|)agande  continue  en 
lîotre  faveur,  (lar  l'augmentation,  à  Jîeine  suflisante  d'ailleurs 
de  la  cotisation  a  entraîné  une  centaine  de  démissions,  en  partie 
l>arnii  ceux  même  au\(|uels,  pendant  toute  la  durée  de  la  guerre 
MOUS  avions  fait  le  ser\  ice  sans  leur  réclamer  quoi  ((ue  ce  soit. 
D'autre  part,  nous  avons  fait  un  réel  effort  de  |)ropagande  cette 
r.nnée;  depuis  la  renirée  il  a  été  envoyé  uu  bulletin  spécimen  et 
nos  statuts  à  tous  les  professeurs  nouvellement  nommés,  dans  la 
niesure  où  ie  bulletin  du  Ministère  rend  ces  envois  possibles  : 
cette  propagande  n'a  pas  donné  ce  que  nous  espérions,  il  sem- 
blerait que  les  jeunes  professeurs  demeurent  encore  en  grand 
nombre  étrangers  au  sentiment  corporatif  ;  et  pourtant  ce  sont 
des  Français,  connaissant  l'étranger,  ayant  vu  combien  ce  senti- 
iiient  est   vixace  et   efficace  chez   nos  \oisins. 

Nous  comptons  enfin  et  surtout  sur  l'effort  de  nos  régionales  ; 
presque  toutes  sont  reconstituées.  Elles  nous  vaudront  se  rayon- 
nement à  travers  toute  la  France,  dont  notre  Société  a  besoin, 
(|ui  est  indispensable  à  notre  action  en  présence  des  dangers  qui 
sans  cesse  menacent  notre  enseignement,  de  l'incomprchension 
où  est  plongée  une  grande  partie  du  public  et  surtout  de  nos 
collègues,  dès  qu'il  s'agit  de  l'utilité  des  langues  vivantes  dans  la 
société  moderne,  ou  de  la  possibilité  d'une  éducation  adaptée  aux 
nécessités  actuelles  de  la  vie  et  fondée  sur  l'étude  des  langues  et 
des  civilisations  acuelles. 

Notre  dévouée  trésorière  vous  a  montré  que  l'augmentation  de 
la  cotisation  nous  a  à  peine  permis  de  boucler  notre  budget  ;  com- 
me la  hausse  semble  terminée,  il  nous  est  permis  d'espérer  que 
nous  n'aurons  i)lus  de  surprise  désagréable  en  recevant  les  bor- 
.dereaux  de  notre  imprimeur,  qu'il  nous  sera  possible  d'établir  un 
ibudget  normal  sans  modification  nouvelle  de  nos  statuts.  Ceci 
serait  d'autant  plus  important  que  notre  Bulletin  s'est  réguliè- 
rement transformé  cette  année  ;  je  suis  extrêmement  à  l'aise  pour 
en  parler,  car  je  ne  suis  pour  rien  dans  cette  transformation, 
dont  le  mérite  tout  entier  revient  à  notre  ami  d'Hangest.  Ne 
ménageant  ni  son  temps,  ni  sa  peine,  non  plus  que  le  temps  et  la 
peine  de  ses  collaborateurs,  il  vous  a  donné  une  revue  pleine  de 
faits  et  d'idées  et  vous  vous  associerez  certainement  à  moi  pour 
lui   adresser   nos   jîIus  vifs  remerciements. 

Rapport  de  la  Trésorière 

.Mi:S     CHEHS     (".OLLÈGUES, 

Le  budget  de  l'Association  a  pris  cette  année  des  proportions 
assez  considérables,  si  nous  le  comparons  à  ceux  des  années  pré- 
cédentes.   Nos     dépenses    ont     beaucoup     augmenté.     Mais     d'autre 


8 


LES    LANGUES   MODERNES 


l'-art,  nos  recettes  ont  augnienté  aussi,  grâce,  d'une  part,  an  relè- 
■\ement  des  cotisations  que  vous  avez  voté  l'an  dernier,  —  et 
d'autre  part,  aux  efforts  jiersonuels  de  notre  Secrétaire-adjoint. 
M.  Bloch,  qui  nous  a  obtenu  des  éditeurs  une  publicité  fruc- 
tueuse. Nos  jjrofits,  de  ce  chef,  se  sont  élevés  à  1241  francs,  contre 
;il6  fr.  80  en  1920.  Nous  en  remercions  très  vivement  et  très  cor- 
dialement  Mi  Bloch. 

Au   l""^   décembre    1920,   notre   avoir   était   de  : 

Réserve  :  22  fr.  Rente  3  0/0 425  3:{               423  315 

Immohilisaiions  :  60  fr.  Rente  5  0/0  1916 1.054  80 

57  fr.        »       4  0/0  1917 1.008  90 

-  10  fr.        »       4  0  0  1918 178  60 

Bons  de  la  Défense 2 .  500                 4 .  742  30 

Dispouibililés  :  Dépôt  C.  N.  E 1 .212  55 

Espèces  en  cause 263  35            1 .475  90 

6.643  53  6.643  53 


Au   1"'  décembre   1921,   notre   avoir   est  de  : 

Réserve  :  22  fr.  Rente  3  0/0 425  33 

Immobilisalions  :  60  fr.  Rente  5  O'O  1916 1 .022  40 

57  fr.       »      4  0/0  1917 477  55 

10  fr.       »      4  0/0  191  ^' 173  12 

75  fr.       »      5  0,0  1920 1 .466  25 

Disponibililés  :  Solde  créditeur  (;.  N.  E 159  3o 

Encaisse  c/c  postal 2.924  80 

7.148  70 


\'oici    comment    s'étîiblit    maintenant    notre    compte 
l'ertes   ».  jjour  l'année   1920  : 

l-.F.CETTKS 


425  33 


3.639  32 

3.084  13 

7.148  78 

>     — 
Prolits    et 


Cotisations 10.356  25 


Rachat  de  2  cotisations 

Publicité 

Intérêts,  Capitau.\, 
C.  N.  E 


300    » 
1.241     » 

189  25 


12.086  50 


» 


DEPENSKS 

Bulletin 8.229 

Secrétaire  et  trésorière  l.'iOO 

.\ide-trésorière 50     » 

Correspondance,  pape- 
terie, frais  généraux.  1  745     » 
C.  N.  E.,  frais  de  garde 
et  correspondance.. .  13  82 

Total  des  dépenses....     11.238  57 

Excédent  des  recettes..  847  93 

(Solde  rrédileiir  â  nouveau)       

12.086  5t» 


Nous  a\()ns  donc  celte  année  encore  réussi  à  vivre  sans  toucher 
iuix  fonds  de  l'.Association  ;  et  nous  nous  efforcerons  de  le  faire 
(ic  même  en  1921,  ^.allS  m)us  demander  un  nou\eau  relèvement 
(hi    chiffre    de    la    cotisnlion.    (lependanl,    il    est    de    mon    devoir   de 


Hll.l.KTIN    l)K   L  ASSOCIATION 


\>tu^  sigiialci  quil  nus  sera  peul-ctrf  diflicile  d'y  réussir.  D'une 
part,  il  serait  imprudent  d'escompter  une  baisse  des  frais  de 
j)ublication  du  Bulletin,  frais  qui  constituent  à  eux  seuls  environ 
les  2/3  du  montant  de  nos  dépenses.  D'autre  part,  je  prévois  une 
diminution  du  montant  des  cotisations,  due  au  fait  que  la  plu- 
part des  Hé}{ionales  sont  maintenant  reconstituées.  Or,  vous  le 
-avez  sans  doute,  l'usage  est  que  les  trésoriers  respectifs  des 
liégionales  prélèvent  pour  leur  (baisse  une  ristourne  de  2  fr.  sur 
thaque  cotisation   qu'ils   touchent. 

.Te  ne  prévois  c|u*un  remède  possible  :  augmenter  le  nombre 
<ies  membres  de  noire  Association.  Pour  cela,  je  fais  appel  à  la 
bonne  volonté  de  tous  ceux  qui  sont  ici  présents,  et  de  tous  nos 
collègues  qui  liront  ce  rapport.  Veuillez  faire  autour  de  vous  un 
])eu  de  propagande  personnelle.  Nombreux  sont  encore  les  profes- 
seurs de  langues  vivantes  qui  ne  font  pas  partie  de  notre  Asso- 
ciation. Je  vous  remercie  d'avance  des  cflorts  que  vous  ferez,  et 
c'est  en  comptant  sur  eux  que  j  établis  le  projet  suivant  pour 
1!>'_'1   : 


Rfxkttks 

Cotisations 

1).,S2<; 

Publicité 

1 .  100 

Intérêts  des  capitaux.. .  . 

224 

11.150 

Dkpf.nses 

Bulletin 

Secrétaire  et  trésorière. 

Aide-trésorière 

Frais  généraux 


8.:500 

l.'iOO 

50 

i.(;oo 
ii.i:>() 


Les   deux    rapports   sont    api)rou\és  à   l'unanimité. 


M.  MilUdl-Modéran  regrette  c]ue  le  programme  de  l'Assemblée 
l'^nérale  ne  comporte  pas  de  questions  précises  ;  le  C^omité  aurait 
tiû  établir  une  série  de  questions  de  façon  à  ce  qu'on  ne  discute 
pas  en   l'air. 

M.  Veillel-Ldixillt'c  répond  qu'il  y  a  plusieurs  problèmes  qui 
se  posent  ;  il  y  aurait  d'abord  la  question  d'une  inspection  géné- 
rale de  l'E.  P.  S.  M.  Guillaume,  en  plus  de  sa  tâche  déjà  si  lourde 
;i'lnsi)ecteur  de  l'Enseignement  secondaire,  était  chargé  de  cette 
fonction  ;.  personne  ne  l'a  remplacé  et  il  serait  extrêmement 
liésirable  qu'un  inspecteur  au  moins  soit  chargé  de  ce  service.  11 
jiropose    donc    à    l'Assemblée    le    vœu    suivant  : 

Les  membres  de  l'Association  des  Professeurs  de  langues 
vivantes,  réunis  au  lycée  Louis-le-Grand,  en  Assemblée  géné- 
rale, le   6  janvier   1920, 

Considérant  que,  dans  l'intérêt  des  études,  des  élèves  et  des 
jjrofesseurs,  il  est  indispensable  que  l'enseignement  des  langues 
vivantes  dans  les  Ecoles  normales  d'Instituteurs  et  d'Institu- 
trices, et  dans  les  Ecoles  Primaires  supérieures  de  garçons  et 
de  filles,  soit  l'objet  d'inspections  régulières  confiées  à  un 
Inspecteur   général    spécialiste    de   cette    discipline, 

Emettent  le  vœu  qu'il  soit  créé  un  poste  d'Inspecteur  gént*- 
ral    des   langues   vivantes   dans   l'Enseignement    primaire.    » 


10  LES    LANGUES    MuDEKNES 

M.  ritispecteur  général  Beaiijeu  désire  vivement  que  cette  ins- 
pection  suit  créée  et  il    s'associe  à  tout  vœu   de   cette  espèce. 

Le   ^œu   est   adopté   à    l'unanimité. 

M.  Veillet-Lavallée  rappelle  qu'il  a  été  saisi  de  vœux  deman- 
dant  une   nouvelle   modification    des    épreuves    du   baccalauréat. 

MM.  Godart  et  Droin  pensent  qu'il  serait  opportun  d'attendre 
les  résultats  du  régime  nouveau  avant  de  reprendre  la   cjuestion. 

M.  Veillet-Lavallée  propose  d'examiner  dans  la  prochaine  réu- 
nion i^édagogique  la  liste  des  auteurs  d'explication,  inscrits  au 
j/rogramme   du   second  cycle. 

M.  Chemin  rappelle  que  les  professeurs  de  lettres  se  plaignent 
de  ne  disposer  que  de  listes  de  textes  trop  courtes  ;  des  listes 
longues  vaudraient  mieux,  laissant  une  grande  latitude  aux 
]jrofesseurs,  ou  bien  des  listes  plus  courtes,  mais  qui  seraient 
renouvelées  tous  les  deux  ou  trois  ans.  Les  professeurs  finissent 
]  ar  être   lassés  d'expliquer  toujours  les  mêmes  textes. 

MM.  SeriHijedn  et  Schacher  croient  que  le  problème  est  actuel- 
lement   inabordable,    étant    donnés    les   prix    des    li^•res. 

M.  Bloch  espère  que.  dans  un  temps  assez  prochain,  mais 
recouvrerons  une  certaine  liberté  ;  les  proviseurs  de  Paris  ayant 
l'intention  de  demander  la  suppression  de  la  fourniture  des  livres 
aux  pensionnaires,  le  fond  existant  devant  être  réservé  aux  bour- 
siers. 

M.  Varenne  demande  que  l'Association  intervienne  au  moins 
pour  qu'à  la  P'aculté  des  lettres  on  se  décide  enfin  à  donner  aux 
examinateurs  des  textes  conformes  aux  programmes.  Pour  la  2" 
partie  du  baccalauréat  surtout,  —  la  situation  est  absolument 
scandaleuse,  —  les  examinateurs  n'ont  pas  à  leur  disposition  un 
seul  livre  se  rapportant  au  programme  d'Elémentaires  ou  de 
Philosophie.  11  souhaite  que,  la  réunion  pédagogique  ne  tende  pas 
à  trop  restreindre  le  nombre  des  textes  à  mettre  entre  les  mains 
des  élèves.  Nous  ne  serions  plus  maîtres  de  diriger  notre  ensei- 
gnement  avec   une   liberté    suffisante. 

.\  ce  choix  d'auteurs,  pourrait  se  lattacher  toute  hi  (piestion  de 
l  orientation  des  études  de  langues  viininles  dans  les  classes  supé- 
rieures, que  notre  prochaine  réunion  |)édagogique  aurait  intérêt 
à    discuter. 

.1/.  (iodart  déclare  qu'il  serait,  en  effet,  avantageux  de  subor- 
donner la  question  particulière  tles  épreuves  écrites  au  problème 
général    de    l'orientation    linale   de    notre   enseignement. 

■M.  Berl.er  demande  qu"a\ant  ia  léunion  i^rochainc  M.  Delobel 
rende  compte  du  travail  fait  à  la  Commission  de  l'éfovme  de 
l'enseignement    de    la    Fédération. 

.1/.  Bloch  répond  que  ce  conii)te  rendu  sera  fait  à  la  prochaine 
■séance   du   (Comité. 

M.  Milliot-Madcran  demande  <iiie  dans  un  des  niinu'rns  île  fin 
d'année  du  Bulletin,  on  imite  les  sociétaires  à  |)oser  leurs  can- 
didatures. 

M.  Bloch  ne  demande  pas  mieux  (luc  île  reprendre  la  tradition 
i!'a\  ant-guerre,  mais  M.  Milliot-.Madéraii  se  rapi)ellera.  comme 
lui,  que  ce  moyen  n'a  jamais  servi  à  grand'chose  ;  on  est  obligé 
lie   solliciter  les  candidats  du   Comité,  et  comme   il    |;arait   fâcheux 


HLLl.KTIN    m;    i/aSSOCIA  I  ION  11 

(If  l'aire-  aller  à  un  ^'chcc  ceux  (lu'oii  a  sullicilc^,  le  sciiOtaiii.-  e>l 
iiatiircllfim-iil  porte  à  cesser  ses  démarches  des  qu'il  a  tirnivé  un 
imnibre    de    candidats    suflisaiit. 

.1/.  Go(l(trl  remarque  à  f<-'  propos  qu'ii  sérail  fort  désirable  d'as- 
suier  una  périodicité  plus  fréquente  de  la  iU-vue.  Cette  publica- 
tion doit  rester  avant  tout  le  Bulletin  d'un  i^roupement  profes- 
sionnel. Il  importe  d<inc  qu'elle  paraisse  ù  intervalles  plus  rap 
|irochés  et  nous  tienne  réguièrenient  au  courant  de  tous  les  faits 
(pii  intéressent  notre  action  corporative.  Au  moment  où,  de  tous 
côtés,  se  discute  le  très  grave  problème  de  rKnseignement  secon- 
daire, il  est  nécessaire  qu'il  prenne  parti  sur  toutes  les  questions 
relatives  à  notre  enseignement  et  que  notre  infoiunation  soit  aussi 
rapide  et  complète  (jue  possible.  .lamais  il  n'a  été  plus  souhaita- 
ble qu'un  contact  |)ermanent  soit  maintenu  entre  les  membres  de 
notre  Association  et  le  Bureau,  qui  d'ailleurs  a  déployé  en'  ces 
(ierniers  temps,  en  particulier,  dans  ses  rapports  a\  ec  la  l'édé- 
ration   nationale,   une  si   louable   activité. 

Mais,  pour  paraître  d'une  fa^;on  moins  espacée,  le  liuUetin 
devra  consentir  à  certains  sacrifices.  Tout  en  rendant  hommage 
à  rheui'euse  initiative  i\i\  secrétaire  de  rédaction  qui  en  a  élargi 
le  cadre,  en  y  introduisant  une  revue  de  la  politique  étrangère, 
on  ne  peut  s'emi)écher  de  trouvei'  que  ces  chroniques  n'ont  plus, 
ini  moment  où  elles  paraissent,  qu'un  intérêt  rétrospectif,  ("est 
ainsi  que  le  numéro  de  décembre  apporte  le  commentaire  d'évé- 
lîcments  antérieuxs  ni'.x  grandes  vacances  :  ces  considéiations,  si 
intéressantes  qu'elles  puissent  être,  risquent  de  paraître,  après 
six  mois,  un  peu  inactuelles  et  périmées.  11  y  aurait  donc  lieu,  si 
les  embarras  de  la  Trésorerie  obligent  le  Bulletin,  pour  multiplier 
ses  numéros,  à  s'alléger,  de  renoncer  à  ee  travail  d'inventaire 
politique,  qui  est  fait  ailleurs  dans  de  meilleures  conditions  de 
documentation,  et  de  s'en  tenir  à  l'actualité  pédagogique.  Notre 
Bulletin  se  résignera  ainsi,  pour  des  raisons  d'économie,  à  n'être 
|)lus  qu'un  instrument  de  travail  professionnel.  Ce  que  nous  lui 
demandons  avant  tout,  ce  que  lui  demandent  aussi  les  collègues 
étrangers  qui  s'y  sont  abonnés  pour  être  tenus  au  courant  du 
mouvement  de  la  pédagogie  linguistique  en  France,  pour  être 
lenseignés  sur  le  sens  et  les  résultats  de  nos  expériences,  c'est 
une  information  de  métier,  et  c'est  dans  ce  sens  technique  qu'il 
Lonviendrait    de   le    développer. 

M.  Bloeh  fait  remarquer  que  les  chroniques  sont  publiées  à  la 
demande  d'un  grand  nombre  de  collègues  de  province  qui  y  voient 
un  moyen  d'être  tenus'  au  courant  et  renseignés  sur  les  choses  de 
l'étranger.  Ils  apprécient  fort  ces  mises  au  point,  fussent-elles  tar- 
dives, il  regrette  vivement  que  M.  d'Hangest  soit  retenu  à  la 
Société  des  Nations,  n'ait  pu  assister  à  TAssembléc,  et  ne  puisse 
défendre    lui-même    sa    conception    du    Bulletin. 

M.  Milliot-Madéran  sans  aucune  intention  de  blâme  pour  la 
Uédaction  dont  il  reconnaît  volontiers  les  efforts,  propose  la  sup- 
pression des  chroniques  ;  ces  articles  demandés  et  acceptés  à 
l'avance  lui  i^araissent  constituer  un  précédent  fâcheux  et  gêner 
la  liberté  d'action  du  Secrétaire  de  la  rédaction  ;  M.  Milliot-Ma- 
déran  voudrait,    il   l'a   déjà   demandé   l'an   dernier,   que    le   Bulletin 


12  LES    LANGUES    MODERNES 

parût  plus  souvent,  en  diminuant  le  nombre 'des  pages  comme  Ta 
demandé  M.  Godart,  on  arriverait  à  concilier  les  nécessités  de  la 
trésorerie   et    le   besoin   d'être    renseigné    des    sociétaires. 

M.  liant-  demande  que  le  nombre  des  Bulletins  annuels  soit 
|)()rté  de  6  à  8.  C'est  également  l'opinion  de  M.  Goy. 

M.  Yarenne  ayant  rappelé  l'intervention  de  M.  Veillet-Lavallée 
auprès  du  Bureau  de  la  Fédération,  MM.  Godard,  Milliot-Madéran 
et    Yarenne    déposent   la    solution    suivante  : 

L'Assemblée  générale  des  professeurs  de  langues  vivantes  affir- 
mant ses  sentiments  de  solidarité  corporative,  approuve  l'inter- 
vention de  son  Président  auprès  du  Bureau  de  la  Fédération,  et 
ne  renonce  que  dans  un)  intérêt  d'union  à  renouveler  sa  protesta- 
tion contre  l'action  du  Bureau  de  la  Fédération  dans  des  ques- 
tions  intéressant   un  enseignement  particulier. 

Gette    solution    est    adoptée    à    l'unanimité. 


Note  du  Rédacteur  en  Clief 


Etant  donné  l'impossibilité  de  se  rendre  compte  de  la  mesure 
où  certaines  critiques  isolées,  adressées  à  l'i  Rédaction  lors  de 
l'Assemblée  générale,  reflètent  les  désirs  de  nos  collègues,  je 
serais  reconnaissant  au.x  Sections  Régionales,  en  particulier,  de 
bien  vouloir  recueillir  l'opinion  réelle  de  la  majorité,  et  de  la 
faire  connaître,  dès  que  possible,   au  Bureau   de  l'Association. 

Les  critiques  en  question  ne  tiennent  évidemment  pas  compte 
des  difficultés  industrielles  qui  entraînent  un  délai  d'un  mois 
environ  entre  l'envoi  des  manuscrits  et  l'expédition  de  la  revue 
aux   abonnés. 

En  ce  qui  concerne  sa  liberté  d'action,  le  Rédacteur  en  Clief 
tient  à  rassurer  ses  collègues  :   il  ne  l'a  jamais  sentie  menacée. 

Il  est  heureux  de  pouvoir  exprimer  ici  à  ses  collaborateurs, 
en  j)articulier  aux  rédacteurs  des  ditférentes  Chronitiues  Elran- 
(jères,  ses  très-  cordiaux  remerciements  pour  leur  régularité,  et 
pour  le  dévouement   qu'elle   implique. 

G.   d'Hangkst. 


Réunion  du  Comité 


Le  Comité  s'est  réuni  le  18  novembre  à  3  heures  de  l'après-midi, 
au  parloir  du  Lycée  Montaigne,  sous  la  présidence  de  M.  Veillet- 
Lavallée,  i)résident  de  l'Association.  .Assistaient  à  la  séance  : 
MM.  Bellec,  Bloch.  Mlle  Brunel,  MM.  Carillon,  Cart,  Chemin,  Mlle 
Clôt,  MM.  Dclobcl,  Duvergé,  Goy,  Guilloiel,  Mlle  Ledoux,  M.  Rancès, 
délégué  au  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique,  M.  Hirlz. 
délégué    de    la    régionale    de    Poiliers. 


lUIJ.iniN    D\:    l/.\SSO(.IATI0N  13 

Kxciisos  :   .M.M.   AiiKiiulfl,   lirocart,  d'Himgcsl,  .lainiii,   Moiilauhric. 

Lf  PrésidiMit  ouvre  la  séance  en  adressant  ses  félicitations  et 
ses  renu'icienients  à  M-  Hanccs  pour  Ténertiic  avec  laquelle  il  a 
défeinhi  les  Langues  \'ivautes  au  (lonseil  Siii)érieur  de  l'Instruc- 
tion l'uidique  et  |)our  le  succès  qu'il  a  obtenu  en  mettant  en  échec 
les  projets  administratifs  et  en  obtenant  le  maintien  de  rensei- 
gnement obligatoire  des  L.  V.  dans  les  écoles  normales  et  les 
écoles  primaires  supérieures.  Ses  remerciements  cordiaux  iront 
aussi  il  M.  Monguillon  jjour  la  campagne  rapide  et  courageuse 
(pi'il  avait  entreprise  contre  les  mêmes  projets  et  pour  la  propa- 
gande continue  (ju'il  fait  en  notre  faveur  et  qui  depuis  la  rentrée 
se  traduit  par  un  nombre  très  respectable  d'adhésions  nouvelles  ve- 
nant de  l'enseignement  primaire  sujjérieur.  11  regrette  enfin  le  départ 
de  notre  \  ice-président,  M.  Boiissagol,  qui  était  en  quelque  sorte 
le  trait  d'union  entre  notre  Société  et  la  Société  des  langues  niéri- 
(iionales,  dont  le  séjour  fut  trop  court  parmi  nous,  mais  dont 
nous  apprécions  tous  la  droiture,  la  netteté  dans  les  itlées,  et  le 
dévouement  à  la  cause  commune.  M.  Vcillet-Lavallée  communique 
ensuite  la  lettre  de  démission  de  M.  .lamin  et  exprime  ses  regrets 
très  vifs  au  sujet  de  la  «lécision  de  notre  excellent  collègue  qui  a 
si  souvent  et  si  longtemps  siégé  au  milieu  de  nous,  et  au  dévoue- 
ment et  aux  avis  duquel  nous  n'avons  jamais  fait  appel  en  vain, 
l'ne  autre  démission  de  l'Association  lui  est  également  parvenue, 
qu'il  déplore  vivement,  celle  de  M.  Paoli  ;  M.  Paoli  est  un  des 
seuls  professeurs  d'italien  en  fonctiV)ns  à  Paris,  il  est  une  auto- 
rité dans  sa  partie,  et  il  est  très  regrettable  qu'il  s'en  aille  ainsi, 
brusquement. 

M.  Hdticc's,  qui  lui  aussi  regrette  cette  décision,  propose  que  le 
comité  fasse  une  démarche  collective  auprès  de  lui,  il  est  persuadé 
qu'après  réflexion,  M.  Paoli  reviendra  sur  sa  démission.  Dans 
tout   cela,   il    semble    qu'il    n'y    ait    qu'un    malentendu. 

M.  VeUlet-LavaUée  continue  le  compte  rendu  de  ses  démarches 
et  de  la  vie  de  l'Association  pendant  les  vacances.  Il  est  heureux 
de  constater  la  reconstitution  successive  de  presque  toutes  les 
régionales  existant  en  1914,  mais  il  soumet  au  comité  les  statuts 
de  la  Régionale  de  Clermont,  il  donne  lecture  de  l'article  3  qui  lui 
parait  être   incompatible  avec  les   statuts  de  notre   association  : 

..  Peuvent  faii'c  partie  de  la  société  régionale,  moyennant  le 
paiement  d'une  cotisation  annuelle  de  deux  francs,  tous  les  pro- 
fesseurs de  L.  \.  non  affiliés  à  l'A.  P.  L.  V.  E.  P.   ». 

M.  Ilirtz  dit  qu'il  faut  demander  à  la  Régionale  la  suppression 
de  ce  paragraphe,  et  demander  au  bureau  d'instituer  dans  tous  les 
lycées  et  établissements  d'enseignement  publics  un  délégué  qui 
s'entendrait  avec  ses  collègues,  et  leur  demanderait  leur  avis  sur 
toutes   les  questions  d'intérêt   général. 

M.  Goy  répond  que  notre  société  ne  peut  connaitrt^que  ceux  qui 
paient   leur   cotisation. 

M.  Bloch  ajoute  que  ceci  est  une  question  d'administration 
intérieure,  que  cette  organisation,  quelqu'intéressante  qu'elle  puisse 
être,  ne  regarde  que  la  Régionale,  mais  que  le  paragraphe  en  ques- 
tion ne  peut  à  soii  avis  être  maintenu  dans  les  statuts.  Le  comité. 


14  LES    LANGUES    MODElîKES 

à  runaiiimité,  se  range  à  son  avis  et  le  Président  interviendra 
auprès  du  bureau  de  la  régionale  pour  lui  demander  la  modifica- 
tion  du  paragraphe. 

Le  Président  donne  quelques  indications  sur  l'activité  déployée 
par  la  Régionale  de  Clermont.  Il  a  été  saisi  par  elle  d'un  vivu 
tendant  à  la  création  de  cours- d'espagnol  à  la  Faculté  des  Lettres 
de  (llermont,  et  de  diverses  réclamations,  émanant  en  particulier 
de  professeurs  de  Langues  Méridionales,  portant  sur  des  horaires 
insufiisants.  Il  fait  les  démarches  nécessaires.  La  Régionale 
s'adresse  aux  grands  industriels  de  la  région  pour  les  intéresser 
au  déveloi)pement  de  l'étude  des  langues,  notamment  par  la  créa- 
tion   de   bourses    de    séjour   à    l'étranger. 

M.  Veillet-Lavallée  rappelle  ensuite  la  démarche  de  M.  Rcy,  vice- 
présideiit  de  la  Fédération  nationale  des  professeurs  de  Lycée, 
auprès  de  M.  Bellin,  au  sujet  des  deux  langues  à  Polytechnique 
et  à  St-Cyr  ;  M.  Rey  avait  insisté  pour  que  l'administration  em- 
pêchât les  élèves  d'entrer  dans  la  section  D.  La  Fédération  sem- 
blait ainsi  lutter  en  faveur  du  latin  contre  notre  discipline  et 
sortait,  ce  faisant,  de  son  rôle.  Cette  démarche  a  causé  un  réel 
émoji  parmi  nos  collègues  ;  elle  leur  a  semblé  contraire  à  l'esprit 
même  de  la  Fédération,  et  M.  Veille t-Lavallée  a  adi-essc  à  M.  Rey 
une  lettre  de  protestation,  dont  il  donne  lecture  au  comité.  La 
réponse  de  M.  Rey,  très  aimable  et  polie,  dont  lecture  est  donnée 
égiUement,  constituait  une  rétractation  insuffisante,  et  .¥.  Vcitlel- 
J  aiHillée  avait  l'intention  de  aaisir  le  comité  de  l'incident,  et  de 
Aoir  quelles  suites  il  comporterait.  Mais  il  vient  de  recevoir  une 
lettre  de  M.  Cope,  le  nouveau  président  de  la  Fédération,  dont  le 
Bureau  reconnaît  le  bien-fondé  de  notre  protestation,  et  promet 
que  chose   semblable  ne   se  renouvellera  plus. 

M.  Bloch  déclare  que  dans  ces  conditions  il  n'j'  a  qu'à  passer 
l'éponge  sur  ce  qui  s'est  passé,  mais  qu'il  était  venu  avec  l'in- 
tention de  protester  vivement  contre  des  procédés  de  ce  genre,  où 
l'on  s'appuie  sur  des  faits  manifestement  faux  pour  continuer 
la  campagne  contre  les  L.  V.  Tout  le  monde  savait  en  effet,  que 
les  élèves  de  C.  ne  seraient  i)as  handicappés  par  rapport  aux  élè- 
ves de  D.,  car  l'enseignement  d'une  deuxième  langue  vivante  avait 
été  prévu  pour  1920-21  dans  la  section  C.  Ce  n'est  là  qu'un  épi- 
sode, symptôme  inquiétant  de  l'état  d'esprit  de  nos  collègues  ; 
il  a  d'ailleurs  eu  uue  impression  analogue,,  à  la  réunion  des  spé- 
cialistes convoqués  par  la  Fédération  pour  étudier  la  réforme  des 
programmes.  Le  dédain  des  Langues  Vivantes  ou  plutôt  la  con- 
fiance dans  le  vieil  enseignement  classique,  panacée  de  tous  nos 
maux,  lui  paraissent  y  régner  en  maîtres. 

M.  Runcî-s  est  convaincu  qu'une  très  grande  partie  de  nos  collè- 
fiucs  croient  vraiment  en  cette  panacée,  et  seraient  volontiers  de 
Tavis  d'un  grand,  journal  du  soir,  à  savoir  que  l'enseignement  clas- 
sique a  sauvé  la  France.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  lettre  de  AL  Cope 
peut  être  considérée  comme  satisfaisante  à  condition  qu'el'e  soit 
jHibliée   dans  le   Bulletin   de   la  Fédération. 

M.  Veillet-Lavallée  rend  compte  ensuite  de  l'inquiétude  qui  sem- 
ble  se    manifester   (larmi   certains  de   nos   collègues   au    sujet    do    la 


lUI.r.ETlN    I)K   I/aSS()(.IATIOX  lu 

c-iinipagiK-  ((uf  lions  avons  entreprise  contre  l'abandon  irraisonné 
de  l'étude  de  ''allemand  :  il  a  re<ju  des  lettres  de  plusieurs  pro- 
fesseurs d'anglais  et  même  .1/.  Boussngol  dans  la  lettre  si  aimable 
qu'il  vient  de  lui  adresser,  se  |)laint  de  cette  campagne  au  nom  de 
ses  collègues  de  Langues  Méridionales.  Tout  le  monde  devrait 
cependant  reconnaître  que  notre  campagne  est  entièrement  désin- 
îéressée  et   ne  songe  qu'à  l'intérêt  supérieur  du  pays. 

.M.  Rames  dit  que  ces  manifestations  étaient  inévitables  et  ne 
doivent  i)as  surprendre.  Les  Langues  Méi  idionales,  notamment.  Ont 
trop  gagné  à  l'abandon  de  l'allemand  pour  ne  pas  con\oiter  des 
gains  supplémentaires.  Cela  est  tout  naturel  de  la  part  d'une  disci- 
pline réduite  pendant  trop  longtemps  à  la  portion  congrue.  Mais 
certains  j)rofesscurs  d'anglais,  surtout  les  jeunes,  se  |)laignent 
aussi,  en  termes  jjarfois  fort  vifs,  de  la  campagne  en  faveur  de  la 
rej)rise  des  études  d'allemand.  Pour  avoir  paru  admettre  la  pos- 
sibilité de  favoriser  l'allemand  grâce  à  un  coeflicient  préférentiel 
aux  examens  d'entrée  aux  giandes  Ecoles,  ne  lui  a-t-on  pas  repro- 
ché de  ■'  lâcher  ses  collègues  d'anglais  pour  se  faire  une  popula- 
rité auprès  des  autres  ?  »  Son  opinion  n'a  cependant  pas  varié  : 
il  faut  agir  de  manière  à  éviter  tout  froissement,  à  ménager  toutes 
les  susceptibilités  légitimes,  mais  il  faut  continuer  la  campagne 
dans  l'intérêt  national.  Les  jjarents  font  en  ce  moment  une  sottise 
que  le  pays  pourrait  payer  très  cher.  Il  faut  leur  ouvrir  les  yeux 
et  a|)puyer  l'intervention  administrative  jusqu'à  ce  qu'un  juste 
équilibre    ait   été    rétabli. 

M.  Delobel  ajoute  qu'au  comité  nous  avons  toujours  montré  que 
nous  voulions  établir  une  juste  luiuinalence  entre  les  deux  langues. 
Pour  Polytechnique  et  St-Cyr  nous  avons  demandé  la  mise  sur  le 
même  pied  de  l'allemand  et  de  l'anglais.  On  ne  peut  pas  se  forma- 
liser de  ce  que  nous  avons  fait,  et  d'autre  part  les  Langues  Méri- 
dionales  ont   toujours  été  représentées  dans  nos   commissions. 

.1/.  Rdiicès  signale  que  certains  articles,  dont  l'un  a  paru  récem- 
ment dans  une  de  nos  revues  spéciales,  ont,  il  faut  le  déclarer, 
beaucoup  surpris,  et  quelque  ])eui  indigné,  les  professeurs  d'anglais 
en  demandant,  non  pas  une  situation  égale  pour  toutes  les  lan- 
gues, mais  le  retour  à  la  suprématie  de  l'allemand.  On  comprendra 
qu'aucun  professeur  d'anglais  ne  puisse  accepter  ce  point  de  vue 
exclusif,  et  si  on  veut  aboutir,  il  faudrait  se  garder  de  manifes- 
tations qui   rendraient  vite   impossible   l'entente   actuelle. 

M.  Bloch  a  eu  communication  il  y  a  quelques  jours  de  l'arrêté 
supprimant  l'allemand  au  concours  d'entrée  à  l'Ecole  Navale,  à 
l)artir  de  1922,  et  il  demande  quelle  est  la  raison  de  ce  nouveau 
coup    porté   à    l'enseignement   de    l'allemand. 

M.  Rancès  répond  que  les  examinateurs  d'admission  à  l'Ecole 
Navale  n'ont  pas  été  spécialement  consultés,  et  n'ont  connu  la  ine- 
sure  prise  que  par  une  lettre  du  Ministre.  Mais  il  savait  que 
l'Etat-Major  général  déplorait  que  dans  les  dernières  promotions, 
et  particulièrement  celles  de  guerre,  60  0/0  des  admis  ne  sussent 
l)as  un  mot  d'anglais.  D'autre  part,  l'équivalence  de  l'anglais  et 
de  l'allemand  n'avait  jamais  été  considérée,  à  la  Marine,  que 
comme    une    mesure    d'attente,    ])rise    il   y    a    quelques    années   pour 


16  I.i:S   LANGUES    MOUKHNES 

relever  le  nombre  des  candidats  :  on  pensait  attirer  ainsi  a  ers 
l'Ecole  Navale  un  certain  nombre  de  candidats  à  l'Ecole  Polytech- 
nique, surtout  en  province,  et  de  fait,  la  niesure  donna  des  résul- 
tats appréciables.  Mais  il  était  bien  évident  qu'on  la  considérait 
comme  toute  provisoire,  et  qu'à  la  première  occasion  favorable, 
on    reviendrait    à    l'ancien    système. 

Au  Lycée  St-Louis,  le  Proviseur  a  été  consulté,  mais  seulement 
sur  la  date  d'application  du  régime  nouveau.  D'après  des  rensei^ 
gnements  fournis  par  un  collègue  du  même  Lycée,  il  semble  que 
personne  n'ait  protesté,  pas  même  les  professeurs  d'allemand  de 
la  maison,  pourtant  directement  lésés.  En  province,  il  n'a  pu 
savoir  comment  la  mesure  avait  été  accueillie.  Cependant  M.  Chu- 
niin,  proviseur  du  Lycée  de  Bordeaux,  la  trouve  toute  naturelle, 
tout  en  protestant  contre  la  date  de  son  application,  qu'il  trouve 
prématurée. 

Bref,  il  est  certain  que  la  décision  du  Ministre  n'a  surpris  per- 
sonne, si  elle  ne  satisfait  pas  tout  le  monde,  et  qu'on  l'attendait 
dans  les  milieux  les  plus  directement  intéressés. 

..]/.  Delobel  s'étonne  que  les  administrations  de  la  Guerre  et  de 
la  Marine  agissent  sans  que  jamais  l'Instruction  Publique  in- 
tervienne. 11  devrait  y  avoir  une  commission  interministérielle 
pour   régler    les    questions    de    programme. 

M.  Rancès.  —  Ces  Commissions  existent.  Il  y  a  trois  Univer- 
sitaires au  Comité  Consultatif  des  Ecoles  de  la  Marine.  D'autre 
part,  deux  délégués  de  l'Instruction  Publique  font  partie  du  Con- 
seil de  perfectionnement  de'  l'Ecole  polytechnique,  et  sont  con- 
voqués quand  l'ordre  du  jour  comprend  des  questions  relatives 
aux  conditions  d'admission.  C'est  ainsi  que  l'avis  du  regretté  vice- 
recteur,  M.  Lucien  Poincaré,  très  nettement  défavorable  à  l'obli- 
gation de  deux  Langues  Vivantes  au  Concours  d'PZntrée  à  l'Ecole, 
fut  pour  beaucoup  dans  la  décision  de  l'Assemblée,  hupielle  en- 
traîna évidemment,  en  fin  de  compte,  l'opinion  du  .Ministre  de  !;i 
guerre. 

Il  est  donc  possible  que  les  hommes  qualifiés  pour  parler  au 
nom  d'une  discipline,  fassent  entendre  les  vœux  de  leurs  collè- 
gues, et  peut-être  aujourd'hui,  au  lieu  d'une  lettre  de  protesta- 
lion,  cotiviendrait-il  de  faire  une  démarche  auprès  des  membres 
universitaires   du   Comité   consultatif   des   Ecoles   de    la    Marine. 

M.  Bloch,  constatant  l'inutilité  à  i)eu  près  certaine  de  sa  proti.— 
tation,  retire  le  vœu  qu'il  avait  déposé,  mais  il  proteste  contic 
les  modifications  successives  et  en  cours  d'année  du  programme  de 
Polytechnique,  rétablissement  et  .suppic-ssion  nouvelle  du  thèni'.- 
de  L.  V.  depuis  6  semaines,  par  des  circulaires  que  d'ailleurs  .m 
oublie  de  nous  communiquer. 

M.  Cnrt  se  plaint  également  de  la  difficulté  d'obtenir  commu- 
nication des  circulaires.  11  a  fini  i)ar  savoir  que  le  thème  était 
supprimé  cette  année  par  mesure  tr;!nsitoire  et  serait  rétabli  cii 
1922, 

M.  Blnch  dépose  le  vtru  suivant  :  Lv  Coiuilé  de  l'Associalioi, 
des  Prnfi'ftsciirs  de  L.  V.  ronsidênml  que  les  meilleurs  juges  dans 
un   e.vdnien    de   L.   V.  sonl   les   jtrofesseurs   spcritdiscs   dans   l'élude 


Itn.l.KTIN    DK    I,  ASSOCIATION 


17 


(le  celle  limijiic,  ciiiet  le  invii  <iu'(iii  concours  d'enlrée  des  (irniules 
écoles,  les  canilidats  soie  ni  interrogés  sur  lu  longue  allemande  par 
lin  professeur  d'allemand  et  sur  ta  langue  anglaise  par  un  profes- 
seur d'anglais. 

Co   \œu   est   ;ui()|)tc'   à   riiiianimitc. 

-V.  Hancès  tout  en  s'associaiit  pleinement  au  |)rinci|)e  tlu  vcuii, 
craint  bien  (|u'il  ne  reste  j)latonic|ue.  Pour  des  raisons  budgé- 
taires d'abord,  sur  lesquelles  il  est  inutile  d'insister  ;  mais  aussi 
parce  qu'il  paraîtra  diftlcile  d'unifier  les  notes  données  pour  une 
même  discipline  par  des  examinateurs  ditTérents.  Or  c'est  un  s«)uci 
qui  préoccupe.  Justement  en  somme,  l'administration  de  certaines 
;::randes  écoles.  Ainsi,  à  l'une  d'entre  elles,  en  ce  qui  concerne  les 
examens  de  passage  et  de  sortie,  la  Direction  des  Etudes  insiste 
pour  que  les  correcteurs  et  les  examinateurs  de  Langues  se  met- 
tent d'accord  pour  aboutir  à  la  même  moyenne  générale.  Il  en  est 
de  même  pour  les  correcteurs  d'écrit  au  Concours  d'entrée.  Ce 
souci  d'équité  est  absolument  légitime,  et  il  nuira  certainement  à 
l'adoption    du    vn.'U. 

M.  Veillci-Lavallée  lit  une  lettre  de  M.  (lamerlynk  demandant 
au  comité  de  s'associer  à  la  requête  qu'il  a  l'intention  d'ailresser 
à  l'administration  su|)érieure  pour  que,  cette  année  encore,  les 
candidats  au  baccalauréat  soient  autorisés  à  opter  entre  la  compo- 
sition en  langue  étrangère  et  la  Aersion  suivie  du  thème  d'imita- 
tion. 

M.  Hancè's,  invité  à  faiie  connaître  son  o|)inion,  dit  qu'il  est  très 
sensible  aux  craintes  exprimées  par  les  pères  de  famille,  dont 
M.  (]amerlynck  se  fait  l'écho.  Il  se  déclare  tout  disposé  à  appuyer 
Je  vœu,  si  telle  est  l'opinion  du  Comité.  Il  tient  cependant  à  faire 
remarquer  que,  dans  le  dernier  paragraphe  de  sa  lettre,  M.  Camer- 
lynck  passe  !rop  rapidement  sur  ce  qui  lui  paraît  être  l'incon\é- 
nient  majeur  de  la  proposition.  Il  ne  pense  pas,  pour  sa  part,  que 
le  professeur  puisse  décider  pour  ses  élèves  de  la  nature  de 
l'épreuve  qu'ils .  devront  présenter.  En  cas  d'échec,  quelle  respon- 
sabilité serait  la  sienne  vis-à-vis  des  familles  !  D'autre  part. 
|)réparer  à  la  fois  les  deux  types  d'éjirevive  lui  semble  à  peu  près 
impossible.  Il  rci)ète  néanmoins  qu'il  suivra  volontiers  ra\is  du 
Comité,  bien  (pialilié  i)ot.ir  fournir  une  <)|)inion  raisqnnée. 

Sur  la  proposition  de  MM.  Duoergé  et  iJelobel,  le  Comité  décide 
(pie  la  demande  de  M.  Camerlynck  arrive  trop  tard,  jetterait  le 
trouble  dans  l'f'sprit  des  élèves  et  gênerait  leur  préparation. 

.M.  Veillet-Larallée  met  le  Comité  au  courant  d'une  protestation 
adressée  en  ternies  fort  vifs  à  M.  d'Hangest,  rédacteur  du  Bulle- 
tin, par  M.   P.  Legouis,   i)rofesseur  au   Lycée   de   Lyon. 

Ce  dernier  se  plaint  d'une  erreur  commise  à  son  sujet  dans  le 
compte  rendu  de  la  séance  du  Comité  du  27  juin  1920.  Cette  lettre 
mettant  en  cause  le  Bureau  de  l'Association  et  M.  Pïancès,  il  y  a 
cil    réplique   de   celui-ci    et    du    Président. 

M.  Delobel  donne  lecture  de  son  rapport  sur  l'état  actuel  de 
l'enseignement    de   l'allemand,   rapport   qu'on    trouvera   plus   loin. 

Sur  la  proposition  de  M.  Bloch,  le  comité  remercie  M.  Delobel 
|)our  ce  travail    si  consciencieux  et   si   complet  ;   il   demande   ensuite 


k 


18  LES    LANGUES    MODERNES 

au  Comité  d(»  prier  .]/.  Delobel  de  bien  vouloir  continuer  à  repré- 
senter TAssociation  à  la  Commission  d'enquête  sur  la  réforme 
de  l'Enseignement.  11  est  convaincu  que  les  intérêts  de  l'Associa- 
tion  ne   sauraient  être  confiés  à  des  mains   plus  expertes. 

M.  Delobel  remercie  le  Comité  de  cette  marque  d'estime.  A  ia 
demande  de  .1/.  Blocb.  empêché,  il  l'a  remplacé  pendant  le  mois 
de  décembre  aux  séances  de  la  Commission  et  continuera  volon- 
îiers  à  en  suivre  les  travaux.  Mais  il  fait  remarquer  que  le 
(Comité  n'ayant  pas  encore  répondu  au  questionnaire  rédigé  par 
hi  Commission,  il  lui  est  difficile  de  parler  au  nom  de  l'Asso- 
ie iation  ;  il  n'a  pu  jusqu'ici  parler  qu'en  son  nom  personnel.  Il 
t'emande  donc  au  Comité  de  se  prononcer  sur  le  questionnaire 
dont  il  donne  lecture,  ainsi  que  sur  le  second  questionnaire. .qui 
\a   être   publié   sous   peu. 

A  l'objection  que  les  questions  soulevées  dépassent  la  compé- 
tence de  l'association  et  que  nous  ne  devons  nous  occuper  que  de 
ce  qui  concerne  notre  spécialité.  M.  Delobel  répond  que  nous  ne 
sommes  pas  seulement  des  professeurs  de  langues  vivantes,  mais 
que  nous  sommes  aussi  des  membres  de  l'enseignement.  Ce  serait 
nous  diminuer  que  de  nous  refuser  à  avoir  une  opinion  sur  les 
i;rands  problèmes  qui  se  posent  à  l'heure  actuelle.  D'ailleurs, 
même  du  point  de  vue  de  notre  spécialité,  nous  avons  intérêt  à 
en  suivre  la  discussion,  car  la  place  attribuée  à  notre  discipline 
dépend  de  la  conception  générale  que  l'on  se  fait  de  l'enseigne- 
ment. Enfin,  par  le  fait  même  que  nous  groupons  les  trois  ordres 
d'enseignement,  ne  sommes- nous  pas  encore  mieux  qualifiés  que 
d'autres  associations  de  spécialistes  pour  traiter  les  questions  qui 
intéressent   tous   les    éducateurs. 

Le  Comité  décide  que  l'Association  répondra  au  qucstionnitiie 
(le  la  Commission. 

M-  Delobel  expose  que  le  principe  étant  adopté,  le  Comité  ne 
|)eut  prendre  à  lui  seul  des  décisions  sur  des  questions  aussi 
importantes.  11  ne  peut  songer  non  plus  à  solliciter  les  avis 
individuels  des  membres  de  l'Association.  Mais  les  Régionales 
s(-nt  tout  indiquées  pour  centraliser  les  opinions  de  nos  collègues. 
Le  Comité  pourrait  faire  parvenir  le  questionnaire  aux  différen- 
Us  Régionales  en  les  priant  de  l'examiner  dans  leurs  réunions, 
("est  d'après  les  réponses  reçues  qu'il  répondrait  lui-même  à  la 
(ommission  d'enquête.  En  même  temps,  les  membres  de  l'Asso- 
ciation pourront  intervenir  dans  leurs  .\micales  pour  y  rcprésen- 
tir    l'opinion    des   professeurs    de    langues   vivantes. 

U  en  est  ainsi  décidé.  Les  Régionales  seront  saisies  de  la  ques- 
tion et  invitées  à  y  répondre  dans  le  plus  bref  délai.  Une  réunion 
pédagogique  sera  organisée  à  Paris,  pour  le  jeudi  17  février  à 
2  h.  1/2,  au  lycée  Louis-Ie-Grand.  M.  Rancès  informe  le  Comité 
que  le  Conseil  supérieur  doit  se  réunir  le  20  janvier  prochain,  et 
(ju'il  a  reçu  ce  mâtin  seulement  le  bordereau  des  affaires  soumi- 
ses à   r.Assemblée,   et    un   certain   nombre   de    projets   de   décret. 

Il  n'en  est  qu'un  qui  touche  particulièrement  les  langues  vivan- 
tes, en  ce  qu'il  porte  supi)ression  de  l'épreuve  écrite  de  langues 
au    Brevet    supérieur.    Seule    subsiste    l'épreuve    orale,    réduite    à    la 


liLI.LETIN    UK    i/assoCIATION  1Î> 

•  (racliiclii)ii  d"uii  texte  fitcile  ».  C'est  là  une  atteinte  i)ortée  à 
notre  enseignement  ;  en  elYet,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  des 
répercussions  «[u'aurait  cette  suppression,  non  seulement  sur  le 
itcrutement  et  la  situation  des  professeurs  de  langues  dans 
renseignement  primaire  public  à  tous  les  degrés,  mais  aussi, 
particulièrement  en  province,  sur  l'enseignement  des  langues  dans 
les  lycées,  collèges  et  Cours  secondaires  <le  Jeunes  filles,  et  enfin 
dans  l'Enseignement  libre  féminin.  Enfin,  cette  mesure  porte 
atteinte  au  |)restige  des  langues  vivantes,  et  M.  Hancès  compte 
cjue  tous  leurs  partisans  se  retrouveront  unis  au  Conseil  pour 
faire  échouer  cette  partie  du   projet   relatif  au   Brevet   supérieur. 

M.  Rancès  regrette  enfin  que  des  projets  de  cette  nature  puis- 
sent être  proposés  sans  que  le  personnel  enseignant,  directement 
intéressé  et  tout  désireux  de  collaborer  avec  la  Direction  de 
PEnseigncment  primaire,  soit  jamais  consulté,  ou  tout  au  moins 
soit  i>révcnu  à  temps  pour  délibérer  utilement  et  présenter  à  la 
!)ircction  une  opinion  solidement  appuyée.  Cest  tout  le  contraire 
du  ce  qui  se  passe  dans  les  deux  autres  directions.  Il  essaiera, 
bien  entendu,  de  faire  triompher  notre  point  de  vue. 

Le  Comité  prie  M.  Kancès  d'intervenir  énergiquement  auprès 
(le  ses  collègues  du  Conseil  supérieur  pour  combattre  ce  projet 
cl  le  Président  dépose  le  vœu  suivant,  qui  sera  transmis  à  tous 
lis    membres   du   Conseil    supérieur  : 

L'Association    des    professeurs    de    langues    \ivantes    des    trois 

ordres    d'enseignement,    proteste    vivement    contre    le    projet    de 

■  suppression    de    l'épreuve    écrite    de    langues    vivantes    au    Brevet 

■  supérieur,  que  la  Direction  de  l'Enseignement  primaire  se  pro- 
pose de  soumettre  aux  délibérations  du  Conseil  supérieur  de 
l'Instruction    iJublique    (session    du    20    janvier    ])rochain). 

Elle   regrette,    que,   contrairement    à    ce    qui    su    passe   dans    les 
deux  autres  Directions,  la   Direction  de  l'Enseignement   primaire 

■  se  refuse,  lors  de  Télaboration  de  ses  projets,  à  faire  appel  à 
>    la    collaboration    des    professeurs    compétents    et    directement    in- 

•  téressés.   » 

— I  Le  Comitt'  adopte  le  vœu  suivant  que  lui  ])résente  M.  Hirtz 
au  nom  de  la   Régionale  de  Poitiers  : 

La   S.  R.  de   Poitiers  de  l'A.  P.  L.  V., 

Considérant  que  l'élévation  indéfinie  du  prix  des  publications 
trançaises  et  étrangères,  met  les  études  de  langues  vivantes  dans 
une   situation   de  plus  en  plus   difficile  ; 

Que  les  étudiants  et  les  professeurs,  indépendamment  de  la 
question  de  prix,  ne  peuvent  se  procurer  qu'avec  la  plus  grande 
difQiculté,  les  publications  nécessaires  à  leurs  travaux  ;  qu'ils  ne 
|)euvent  même  plus  trouver  comme  autrefois  ces  publications 
dans  les  bibliothèques,  celles-cii  n'ayant  plus  les  moyens  d'en  faire 
l'acquisition  ; 

Emet    le    vœu  : 
1"  que  les  jjublications  étrangères  nécessaires  aux  études   soient 
exemptes  de  tout  droit  à  l'importation  ;  que  des  démarches  soient 
entreprises    sans    délai,    afin    d'obtenir    que    la    circulation    de     ces 
publications  d'un   Etat  à  l'autre,   soit  libérée   de  toute  entrave  ; 


20  LES   LANCIUES    MODEISNES 

2"  que  l'échange  des  publications  scientifiques  soit  repris  avec 
tous  les  pays  ; 

3'  Qu'en  attendant  l'efTet  de  ces  mesures,  un  service  soit  créé, 
qui  serait  chargé  :  a)  de  faciliter  l'acquisition  des  publications 
étrangères  ;  b)  d'assurer  une  meilleure  répartition  de  ces  publi- 
cations  entre   les  bibliothèques   (éviter   les   doubles   emplois,   etc..» 

La  S.  R.  saisit  le  Bureau  de  l'A.  P.  L.  V.  de  la  question  et 
l'invite  à  entreprendre  toutes  les  démarches  utiles  auprès  des 
autorités  universitaires  ou  des  personnes  qualifiées  pour  mettre 
lin   à   cette    situation. 

M.  Delohel  ayant  indiqué  que  le  Ministère  se  préoccupe  de 
Lomprimei"   les   horaires, 

Le  Comité  exprime  le  vœu  que  les  heures  de  langues  vivantes 
ne  soient  réduites  que  si  des  réductions  proportionnelles  ont  lieu 
pour   toutes    les    autres    disciplines. 

La   séance  est  levée  à  5  heures. 


Résolutions  du  Comité 


Paris,    le   18   janvier   19^1- 

Le  Comité  de  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivan- 
tes de  l'Enseignement  public  n'a  pu  se  défendre  d'une  émotion 
mêlée  de  surprise  en  apprenant,  le  13  janvier,  qu'un  projet  de 
décret  ayant  pour  effet  de  supprimer  l'épreuve  écrite  de  langue 
étrangère  au  Brevet  Supérieur  venait  d'être  distribué  aux  mem- 
bres du  (vonseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique  pour  venir 
en    discussion    au    cours    de   la    session    qui    s'ouvre    le    20    courant. 

Nous  estimons,  en  tout  état  de  cause,  qu'une  mesure  aussi  grave 
et  que  rien  ne  permettait  de  prévoir,  aurait  dû  être  précédée  d'une 
étude  approfondie  de  la  question  et  d'une  enquête  largement  ou- 
\erte,  où  toutes  les  opinions,  toutes  les  conceptions,  toutes  les 
com])étences    auraient    pu    se    faire    entendre. 

Nous  ])rions  les  membres  du  Conseil  Supérieur  de  vouloir  bien 
remarquer  que  des  jeunes  gens  et  des  jeunes  filles,  en  nombre 
considérable,  dans  toute  la  France,  passent  le  Brevet  Supérieur, 
non  pas  i)our  devenir  instituteurs  et  institutrices,  mais  en  vue  de 
l)osséde-r  une  attestation  de  culture,  à  Li  fois  théorique  et  prati- 
que, qui  leur  licrmette  d'aborder  des  carrières  commerciales, 
iiulustrielles  ou  administratives  où  une  langue  \ivante  est  indis- 
pensable ; 

Que  toute  étude  ilont  rimique  sanction  se  trouve  dans  la 
seconde  partie  (oraL  d'un  examen,  est  toujours  négligée  et  que, 
par  suite,  il  y  aura  diminution  des  connaissances  linguistiques 
dans  de  ncnubreux  centres  à  une  époque  où,  plus  que  jamais,  les 
relations  intellectuelles  et  économicpies  se  dévelo|)pent  a\ec  Us 
Ijays   étrangers  ; 

Que  si  un  examen  oral  est  indisi)ensable  pour  vérifier  la  con- 
naissîHice    pratique    d'une    langue    et    la    bonne    lu'ononciation    des 


HL'LI.IMIN    1)1-;    l/.VSSOCIATION  21 

;ts|)ii\mlN,  sfulo  iiiu'  (.'-pi-omo  cci'itc  (loiiiii'  les  ijrécisions  néces- 
saires sut-  la  eiiltiire  intellectuelle,  grammaticale  et  littéraire  du 
candidat  ; 

Qu'une  des  conséquences  de  la  mesure,  si  elle  était  adoptée, 
serait  de  diminuer  gravement  la  dignité  de  renseignement  des 
langues    vivantes    et    sa    valeur    éducative  ; 

Qu'une  autre  en  serait  de  tarir  le  recrutement  des  candidats  et 
des  candidates  au  Certificat  d'Aptitude  à  l'Knseignement  des  Lan- 
gues Vivantes  dans  les  Keoles  Normales  et  Primaires  Supérieures 
et,  par  suite,  le  recrutement  du  personnel  enseignant  de  ces  éta- 
blissements. 

Les  observations  qui  précèdent  ont  conduit  le  Comité  de  l'As- 
sociation des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  à  prendre  la  réso- 
lution   suivante  : 

«  Le  Comité  de  l'A.  P.  L.  W,  réuni  le  \',i  Janvier  1921  au  siège 
"  sioii  de  répreuve  écrite  de  Langue  Vivante  au  Brevet  Supé- 
>•  social  (Lycée  Montaigne»,  proteste  contre  le  projet  de  suppres- 
■    rieur, 

<■  et  regrette  que  cette  mesure  soit  pro])osée  sans  consultation 
'    préalable    du    |)ersonnel    enseignant.   » 

L'Association,  si  elle  avait  été  appelée  à  examiner  la  réfoime, 
en  eût  fait  l'objet  de  discussions  en  commun  et  de  réunions  péda- 
gogi(|ucs,  comme  elle  en  organise  pour  étudier  toutes  les  questions 
qui  touchent  à  notre  discipline.  Pris  au  dépourvu,  le  Bureau  ne 
peut  jjrésenter  de  solution  délibérée  en  assemblée  générale,  ni  de 
conclusions   définitives   et   officielles. 

Toutefois,  il  est  permis  de  déduire  d'enquêtes  préalables  et 
d'opinions  exprimées  par  de  nombreuses  personnes  autorisées  que 
la  majorité  serait  favorable  au  remplacement  des  questions  en 
langue  étrangère  par  une  version  siiiuic  de  (/iiestions  se  nippnr- 
lanf  à  son  texte.  C'est  l'épreuve  qui  se  pratique  depuis  de  longues 
années  au  Brevet  d'études  prinruires  supérieures.  EUe  donne  toute 
satisfaction.  Pour  le  Brevet  Sufiérieur  il  conviendrait,  semble-t-il, 
de  choisir  un  texte  plus  difficile,  plus  littéraire  et  des  questions 
d'un    caractère    plus    élevé. 

Enfin  une  telle  sanction  serait  le  couronnement  naturel  des 
études  faites  par  les  futurs  instituteurs  et  institutrices  à  l'Ecole 
Xormale,  suivant  les  directives  données  par  le  Conseil  Supérieur 
dans  sa  dernière  session  :  "  Arrêté  du  18  août  1920  :  Ecoles  Nor- 
males, Langues  \'ivantes  ;  Devoirs  :  Versions  ;  courts  résumés  en 
langue  étrangère  de  textes  expliqués  en  classe.  »  —  ■  Instructions 
officielles  du  30  septembre  1920  :  Pourquoi  veut-on  qu'il  (l'insti- 
tuteur) l'étudié  (la  langue  étrangère)  ?  C'est  pour  lui  permettre 
d'élargir  son  horizon  et  de  perfectionner  sa  culture.  La  langue 
qu'on  doit  lui  enseigner,  c'est  donc  la  langue  littéraire  plutôt 
que  la  langue  usuelle.  Et  la  méthode  qu'on  doit  suivre,  c'est  la 
lecture   et    la   traduction,   plutôt    que   la   conversation.   » 

Ch.  Veillet-Lavallée, 
Président. 


k 


22  LES    LAXOUKS    MODKRXES 


L'étude  de  TAllemand 

Œa/>jiort  jirésenlé  <iu  nom  de  la  Commission  par  'SI.  Uelobei. 
professeur  au   lycée  Voltaire) 


Depuis  1914,  les  classes  d'allemand  ont  perdu  une  grande  partie 
de  leurs  élèves  au  profit  des  autres  langues.  Il  est  naturel  que  les 
relations  de  plus  en  plus  actives,  qui  se  sont  établies  entre  la 
France,  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis  aient  développé  l'étude  de 
l'r. nglais.  Mais  "  l'énigme  allemande  »  est  toujours  là,  la  France 
a  toujours  besoin  d'hommes  avertis  qui'  puissent  l'aider  à  la 
déchitïrer.  Comment  concilier  ces  deux  nécessités  ?  Le  Comité  de 
l'Association  a  pensé  qu'il  avait  le  devoir  d'étudier  de  près  ce 
problème  d'ordre  national.  En  février  1920,  il  confiait  à  une 
Commission  spéciale  (1),  le  soin  de  »  rechei'cher  une  solution 
qui  permette  d'établir  un  juste  équilibre  entre  les  deux  langues, 
sans  oublier  non  plus  les  langues  méridionales  (2)  ».  C'était 
indiquer  par  là  que  le  C-omité  se  préoccupait,  non  pas  de  réta- 
blir la  situation  d'avant-guerre,  mais  de  tenir  compte  des  besoins 
nouveaux   pour   donner   à   chaque   langue   la   place   qui   lui   revient. 

Le  premier  soin  de  la  Commission  fut  de  réunir  une  docu- 
mentation précise.  Dans  le  n"  des  Langues  Modernes  de  mars- 
a\ril  1920,  elle  demandait  aux  membres  de  l'Association  de  lui 
adresser   des   renseignements    sur   les   questions    suivantes  : 

1"  Situation  comparée  des  différentes  langues  dans  cliaqiie 
établissement   en   octobre   1913   et   en   octobre   1919  ; 

2"  Mesures  des  administrations  locales  ayant  porté  préjudice  à 
l'enseignement  .de    Tallemand  ; 

3"  Raisons  in\()quées  par  les  familles  pour  ne  pas  choisir 
l'allemand  ; 

4"    Moyens    à   ])rop()ser. 

Dans  ses  séances  du  27  mars,  du  6  mai,  du  18  novembre,  la 
Commission  a  examiné  les  réponses  reçues  et  pris  un  certain 
nombre  de  décisions.  Le  présent  rapport  enregistre  le  résultat 
de    ses    travaux. 


(1)  La  (lommission  fut  ainsi  composée:  M.  Delobel,  professeur 
d'allemand  au  h cée  Voltaire,  président  ;  Mlles  Demmer,  profes- 
seur d'allemand  au  lycée  Victor-Duruy  et  Marichy,  professeur 
d'italien  au  lycée  \'ictor-Duruy  ;  MM.  Dupré,  professeur  d'anglais 
au  lycée  Montaigne  ;  Goy.  i^rofesseur  d'allemantl  à  l'école  J.-H. 
Say  ;  Hirtz.  |)rofesse;ir  d'alleniaïul  au  lycée  de  Poitiei-s.  Les  mem- 
bres du    Bureau  en   faisaient   partie  de  droit. 

(2)  .A\is  ilu  Comité,  dans  les  LiUKjues  Modernes,  mars-avril 
1920,   p.  87, 


BUIXF.TIN    I)K    i/aSSOCIATION  23 

Au  ir>  jiiillit.  ôl  réponses  nous  étaient  i)aivenucs.  La  Commis- 
sion remercie  très  vivement  les  collègues  qui  ont  bien  voulu 
lui  adresser,  non  seulement  des  renseignements  statistiques, 
mais  encore  des  commentaires  des  plus  intéressants.  Elle  regrette 
que  leur  nombre  ne  soit  pas  plus  élevé.  Heureusement,  les  com- 
munications proviennent  de  toutes  les  régions,  de  sorte  que  sur 
17  Académies.  15  sont  représentées  :  Paris,  10  réponses  ;  Aix,  1  ; 
l>esan(,'on,  2  ;  Bordeaux,  4  ;  Caen,  2  ;  Chambéry,  1  ;  Dijon,  3  ; 
Lille,  2  ;  Lyon,  h  ;  Montpellier.  1  ;  Nancy.  2  ;  Poitiers,  11  ; 
lUnnes,  1  ;  Toulouse,  5  ;  Alger,  1  ;  manquent  (Mcrmont  et  Greno- 
ble. Remarquons  en  |>assant  qu'en  dehors  de  Paris,  ce  sont  les 
Aiadémies  où  les  régionales  ont  une  vie  active  qui  ont  donné  le 
|iiu>  de  réponses  et  souhaitons  que,  dans  les  questions  d'intérêt 
général,  nos  collègues  ne  se  contentent  pas  de  demander  au 
<lomité  d'agir,  mais  lui   en  fournissent  encore  les  moyens. 

L  —  Etat  actuel  des  études  d'allen)ai)d 

Les  renseignements  obtenus  ne  |)ermettent  pas  d'établir  une 
statistique  com|)lète  mais,  par  suite  de  la  diversité  des  régions 
dont    ils   proviennent,   ils   peuvent   tout   au   moins   servir   d'indices. 

19  établissements  ont  donné  l'efTectif  global  des  élèves  d'alle- 
mand en  octobre  1913  et  en  octobre  1919.  Ils  fournissent  un  total 
t'.e  3.402  élèves  en  1913  contre  1.414  en  1919,  ce  qui  représente 
ine   diminution   de   plus   de   moitié,   58   0/0. 

15  établissements  ont  donné  l'effectif  des  élèves  de  sixièrae 
étudiant  l'allemand  en  1913  et  en  1919.  Le  total  est  de  618  pour 
1913.  contre  282  en  1919.  ce  qui  représente  une  diminution  de 
plus  de  moitié.  54  0/0.  Bien  que  les  établissements  considérés 
ici  ne  soient  pas  tous  les  mêmes  que  ceux  qui  figurent  dans  la 
siatistique  précédente,  on  aboutit  cependant  à  des  résultats  à 
peu  près  semblables.  Si  la  perte  sur  l'effectif  global  apparaît 
un  peu  plus  grande  que  celle  sur  l'effectif  de  sixième,  c'est  que 
l'effectif  global  comprend  les  élèves  ayant  commencé  leurs  études 
en  1914,  1915,  1916,  1917,  1918.  années  les  plus  critiques  pour 
l'allemand,  alors  que  la  rentrée  de  1919  a  marqué  une  faiblci 
amélioration    dans    certains    établissements. 

14  établissements  ont  fourni  la  comparaison  entre  les  effectifs 
globaux  d'allemand  et  d'anglais.  En  1913,  l'allemand  était  étudié 
par  2.950  et  l'anglais  par  2.269  élèves.  En  1919,  l'effectif  des 
élèves  d'allemand  est  tombé  à  1235,  et  celui  des  élèves  d'anglais 
est  monté  à  3,176.  Ce  qui  revient  à  dire  qu'en  1913,  la  proportion 
était  de  56  0/0  pour  l'allemand,  contre  44  0/0  pour  l'anglais. 
En  1919,  la  proportion  pour  l'allemand  n'est  plus  que  de  28  0/0 
contre  72  0/0  pour  l'anglais.  Ainsi,  l'équilibre  qui  existait  à  peu 
près  entre  les  deux  langues  avant  la  guerre,  est  maintenant  tout 
à   fait    rompu. 


24  I>ES    LANGUES    MODERNES 

Cette  rupture  d'équilibre  apparaît  encore  plus  nettement  si 
Ton  compare  les  effectifs  de  sixième,  fournis  par  12  établisse- 
ments. En  1913,  on  compte  530  élèves  d'allemand  et  357  élèves 
d'anglais  ;  en  1919,  253,  contre  795.  En  1913,  la  proportion  est 
de  59  0/0  pour  l'allemand  contre  41  0/0  pour  l'anglais  ;  en  1919, 
la  proportion  n'est  plus  que  de  24  0/0,  contre  76  0/0  pour  l'an- 
glais (1).  On  peut  admettre,  par  suite,  qu'à  l'heure  actuelle,  à 
peine  un  quart  des  élèves  de  nos  lycées  et  collèges  étudie  l'alle- 
mand. Si  l'on  considère  notre  situation  vis-à-vis  de  l'Allemagne, 
on    pensera    que    cette    proportion    est    absolument    insuffisante. 

On  serait  encore  plus  inquiet  si  l'on  pouvait  considérer  les  cas 
particuliers.  Dans  les  statistiques,  certains  établissemients  de 
l'Est  relèvent  les  moyennes  en  faveur  de  l'allemand.  Les  lycées 
de  Nancy,  de  Besançon,  le  collège  de  Chalon-s.-Saône,  par 
exemple,  possèdent  encore  un  nombre  d'élèves  d'allemand  supé- 
rieur à  celui  des  élèves  d'anglais  :  Nancy,  617  contre  501, 
Besançon  (P""  cycle),  136  contre  99,  Chalon-s.-Saône,  81  contre  67. 
Ils  sont  d'ailleurs  menacés,  car  en  Sixième,  les  élèves  d'anglais 
sont    plus    nombreux    que    les    élèves    d'allemand. 

Partout  ailleurs,  la  régression  est  sensible  et  souvent  bien 
au-dessous  de  la  moyenne.  En  octobre  1919,  Micbelet  n'a  plus  que 
88  élèves  d'allemand  au  lieu  de  228  en  1913,  Nantes  170  au  lieu 
de*  434,  Tours  69  au  lieu  de  214  et  de  même  dans  les  collèges.  St- 
Germain  36  au  lieu  de  96,  Montargis  12  au  lieu'  de  50.  En  Sixième. 
Lakanal  n'a  que  21  élèves  d'allemand  pour  80  élèves  d'anglais. 
Toulouse  23  contre  147,  Lyon  (Ampère),  22  contre  6L  Poitieis  9 
contre  37,  Agen  7  contre  31,  Tarbes  5  contre  40.  Et  jjour  finir,  le 
lycée  d'Albi  n'avait  en  1919-20  aucun  élèvu  de  Sixième  inscrit 
pour  l'allemand  ! 


II.  —  Les  causes  de  l'abaodoi)  de  rallen)ai)d 

Nos  collègues  ont  indiqué  très  clairement  les  raisons  qu'imo- 
quent  les  familles  —  lorsqu'elles  se  donnent  la  peine  d'en  cher- 
cher —  ])our  ne  pas  choisir  l'allemand.  C'est  en -première  ligne 
l'argument  patriotique  :  "  On  a  cru  que  c'était  faire  œuvre  de 
bon  Français  que  de  cesser  d'apprendre  l'allemand.  »  —  <•  On 
s'est  appliqué  à  ignorer  l'.AIleniagne  au  lieu  de  se  contenter  de 
la    haïr.   »    Dans    de    petites    villes,    on    a     même    \u    d'un    marnais 


(1)  Une  statistique  antérieure  établie  par  les  soins  du  minis- 
tère montre  également  que  les  élèves  d'allemand,  en  1913,  repré- 
sentaient 56  0/0  de  l'etTectif  total  (20.215  sur  35.956  dans  le  1" 
cycle),  et  qu'en  1917,  ils  ne  représentaient  plus  que  32  0/0 
(11.707    sur    36.398».    La    (limiinition    a    c<nitiniié    depuis. 


I 


BULLETIN   UE  L  ASSOCIATION  2.) 

(v'\\  les  l'ainilks  dont  k-s  (.iiruiits  CDiitiiiiiaiciit  à  a|)|)iLiulr(.'  le 
•  boche  ".  (Certaines  campagnes  de  presse  ont  répandu  l'idée 
que  l'Allemagne  ne  serait  plus  qu'une  expression  géographique. 
que  les  relations  commerciales  n'existeraient  plus,  que  l'étude 
ne  ]'allcman<l  était  par  suite  inutile.  Kt,  la.  loi  du  moindre  effort 
aidant,  ce  fut  "  une  aubaine  pour  certains  élèves  de  pouvoir 
au  nom  du  patriotisme  esquiver  l'étude  jngée  trop  difl'icile  de 
l'allemand    •>. 

L'anglais  a  profité  de  ces  préventions.  Familles  et  élèves  s'ac- 
cordent à  le  trouver  plus  facile,  parfois  même  <  plus  distingué  •>. 
I.a  présence  de  troupes  anglaises  ou  américaines  dans  de  nom- 
hreuscs  régions  rendait  pendant  la  guerre  son  étutle  plus 
attrayante  et  fournissait  de  nombreuses  occasions  de  conversa- 
tion. Les  parents  font  aussi  remarquer  qu'ils  peuvent  sans 
inconvénient  envoyer  leurs  enfants  se  perfectionner  par  un  séjour 
en    Angleterre,   alors   qu'il    n\'n   est    pas   de    même   en    .Allemagne. 

Knfin,  la  mesure  qui  a  permis  le  choix  entre  l'allemand  et  l'an- 
glais aux  concours  d'entrée  à  Polytechnique  et  à  St-Cyr  a  eu  les 
résultats  les  plus  graves.  Nos  correspondants  confirment  par  les 
faits  ce  que  disait  M.  Ernest  Lavisse  dans  une  de  ses  Lettres  au 
Temps  :  •  H  n'est  guère  en  France  de  pères  de  famille  qui  ne 
destinent  pas  leurs  fils  à  l'Ecole  Polytechnique,  dès  le  berceau. 
Beaucoup  renonçaient  à  cette  ambition,  quand  ils  avaient  cons- 
taté que  l'enfant  était  impropre  aux  études  scientifiques  ;  mais 
l'écolier  demeurait  dans  la  classe  d'allemand  où  son  père  l'avait 
inscrit.  11  n'en  sera  plus  de  même  à  l'avenir.  »  (.1).  L'anglais 
conduisant  aux  grandes  écoles,  aussi  bien  que  l'allemand,  il 
était  naturel  que  les  élèves  choisissent  ce  qui  i)araissait  devoir 
leur  coûter  le   moins   d'efforts. 

in.  —  Mesures  préjudiciables  à  l'étude  de  l'allen)aod 

Si  de  vives  critiques  sont  portées  sur  l'action  de  certains 
administrateurs,  le  sentiment  général  reconnaît  qu'il  n'y  a  pas 
eu  d'hostilité  systématique.  Les  chefs  d'établissement  ont  sou- 
vent regretté  la  désertion  des  classes  d'allemand,  et  certains  ont 
même  agi  efficacement  pour  l'enrayer.  Quelques  mesures  fâcheu- 
ses ont  cependant  été  signalées.  C'est  un  recteur  qui  use  de  son 
autorité  pour  faire  remplacer  l'allemand  par  l'anglais,  puis  par 
l'espagnol,  sans  que  cette  substitution  réponde  aux  besoins  de  la 
région  ;  c'est  un  proviseur  ou  ce  sont  des  directrices  (les  plaintes 
de  ce  genre  sont  plus  fréquentes  dans  les  établissements  de 
filles    que    dans    ceux    de    garçons),     qui     font     campagne     contre 


(1)    Temps,   24   octobre    1919. 


26  LES    LANGUES    MODERNES 

rallcniand.    Il   faut   parfois  bien    du   courage   à   nos  collègues   pour 
défendre    les    intérêts    de    leur    enseignement. 

Des  diminutions  d'heures  ont  été  opérées,  mais  en  petit  nom- 
bre ;  presque  toutes  ont  disparu  avec  la  fin  de  la  guerre.  Plus 
regrettable  est  la  suppression  de  l'allemand  dans  les  classes 
primaires,  l'anglais  seul  restant  enseigné,  ou  un  agencement  de 
l'horaire  tel  que  les  élèves  ayant  commencé  l'anglais  ne  peuvent 
prendre  Tallemand  comme  seconde  langue,  faits  signalés  dans 
des   établissements  de  jeunes   filles. 

La  guerre  a  créé  parfois  des  situations  défavorables  à  l'alle- 
mand. Dans  deux  collèges,  le  professeur  de  langues  vivantes 
mobilisé,  n'a  pu  être  remplacé  que  par  une  institutrice  brevetée, 
qui  ne  connaissait  que  l'anglais  ;  l'allemand  a  été  abandonné. 
Dans  un  autre,  un  des  deux  professeurs  d'allemand  étant  mobi- 
lisé, celui  qui  restait  a  eu  la  charge  de  tous  les  élèves.  Dans  un 
lycée  important,  deux  professeurs  d'allemand  sur  trois  ont  été 
mobilisés  ;  un  seul  suppléant,  un  répétiteur  sans  titres,  est 
nommé,  tandis  que  les  trois  chaires  d'anglais  continuent  à  être 
occupées.  On  conçpit  que  les  professeurs  d'allemand  qui  ont 
re])ris  leur  poste  après  la  guerre,  aient  grand  mal  à  rétablir  une 
situation  aussi  compromise  et  à  retrouver  les  élèves  qu'une  orga- 
nisation   défectueuse   a   détournés   de   leur   enseignement. 

Les  réunions  de  classes  ont  été  plus  fréquentes  et  subsistent 
souvent  encore  aujourd'hui.  La  régionale  de  Poitiers  a  donné  un 
très  bon  exemple  en  publiant  les  résultats  de  son  enquête  sur  les 
géminations  (1>.  On  y  voit  réunies  les  classes  de  6'  et  5*  (Civray, 
l\ochc-sur-Yoni,  de  4'  et  de  3""  (les  mêmes,  plus  Poitiers),  de  5" 
et  de  4«  (Niort,  Limoges  filles).  D'autres  faits  analogues  ont  été 
signalés.  A  Annecy,  pendant  la  guerre,  la  1"  BD  (2'  langue),  a 
été  réunie  à  la  2'  (l""*  langue)  et  la  2"^  BD  (2-  langue)  à  la  3*.  Au 
collège  de  Parthenay,  on  a  réuni  la  2''  C  à  la  1"  BD  ;  les  3'  et  4'' 
1).  Au  collège  de  Béziers,  classes  géminées  pendant  la  guerre  6'' 
et  5  ;  4'^  et  3"  ;  2'  et  l".  Au  lycée  de  jeunes  filles  de  Dijon,  les 
|r,.  j.^  2"  années  sont  réunies.  La  conséquence  est  souvent  une 
réduction  d'horaires,  si  l'on  prend  comme  base  la  classe  ayant 
le  moins  d'heures  de  classe.  A  vrai  dire,  et  certains  collègues 
le  font  remarquer,  ces  mesures  ne  sont  pas  toujours  ducs  aux 
chefs  d'établissement  eux-mêmes.  Les  instructions  qu'ils  reçoi- 
vent au  sujet  des  écon()mies  à  faire  et  des  réductions  d'heures 
supplémentaires  les  obligent  à  procéder  à  ces  géminations.  On 
donne  comme  excuse  le  petit  nombre  des  élèves  dans  les  classes 
tl'allemand.  Sans  doute,  mais  comment  espérer  augmenter  ce 
nombre,    tant    cpie    les    parents    pourront    comparer    à    des    classes 


(1)    J.cs    l.dinjucs    Moilcriivs,    mai-juin    1920. 


BlI.MVrIN   DE  L  ASSOCIATION  li 

^cmiiK'cs,  à  horiiiiL-  lédiiit.  les  classes  d'anglais  séparées  et  pos- 
sédant leur  horaire  n»>rnial  ;  ils  dirigeront  leurs  enfants  vers 
l'enseignement    qui    Kiir    |)aiaitra    le    mieux    organisé. 

IV.  —  Mesures  proposées 

]  '  Sdnrlioiia.  —  L'analyse  des  causes  qui  ont  conduit  à  l'aban 
<lon  de  l'allemand  permet  de  distinguer  quelles  mesures  peuvent 
y  porter  remède.  Il  faut  agir  sur  l'opinion  publique,  dissiper 
les  préventions  qui  persistent,  encourager  le  retour  à  une  plus 
^aine  appréciation  des  réalités.  Mais,  si  persuasive  que  soit  notre 
jjrojjagande,  en  admettant  que  nous  puissions  facilement  attein- 
dre le  grand  public,  elle  a  bes<»in  d'être  appuyée  par  une  interven- 
tion oflicielle  qui  puisse  faire  réfléchir  les  familles.  Et  cette 
intervention  ne  peut  s'exercer  etïîcaccnient  que  par  des  sanc- 
tions ai)|)ropriées,  les  e.xamens  étant  en  définitive  les  régulateurs 
lies  études.  Action  sur  les  familles,  démarches  auprès  de  l'admi- 
nistration, recherche  des  meilleures  sanctions,  tel  est  le  triple 
but  que  doivent  se  proposer  nos  efforts.  Problème  fort  complexe. 
(lomme  nous  l'avons  dit  dès  le  début,  il  ne  s'agit  pas  de  réclamer 

pour  son  saint  »  et  de  redonner  à  l'allemand  la  prépondérance 
un  peu  abusive  qu'il  avait  avant  la  guerre,  mais  d'établir  entre 
les  dilTérentcs  langues  un  juste  équilibre  qui  réponde  aux  besoins 
(lu   ])ays. 

Four  aller  droit  au  but,  il  faut  s'attaquer  en  premier  lieu  au 
problème  des  sanctions.  Pour  Polytechnique  et  St-Cyr,  avant  la 
guerre,  l'allemand  seul  était  obligatoire  ;  en  1916,  les  candidats 
ont  |)u  choisir  entre  l'anglais  et  l'allemand.  Eu  1919,  une  déci- 
sion iiu  ministre  de  la  guerre  a  rendu  obligatoire  la  connais- 
sance de  l'allemand  et  de  l'anglais  à  partir  du,  concours  de  1923. 
l^arnii  les  14  collègues  qui  ont  exprimé  leur  opinion  sur  cette 
question,  11  se  sont  prononcés  pour  l'obligation  des  deux  lan- 
gues, et  les  3  autres  ne  l'ont  écartée,  par  crainte  de  surcharger 
k-s  ijrogrammes,  que  pour  réclamer  la  priorité  en  faveur  de 
rallemand.  Le  coelïLcient  différentiel  a  quelques  partisans  ici 
comme  dans  les  autres  examens,  mais  on  fait  remarquer  que, 
même  le  principe  admis,  il  a  toujours  été  très  difficile  de  se 
mettre  d'accord  sur  le  taux  des  coefficients  ;  la  régionale  de  Lyon 
en  a  repoussé  l'application  (1).  Ajoutons  que,  pour  les  grandes 
écoles,  l'épreuve  de  langues  vivantes  a  déjà  un  coeffit^ient  si 
faible   que   la   diftérence  de  taux   serait   à  peine   sensible. 

Dans  sa  séance  du  6  mai  1920,  le  (Comité  s'est  prononcé  à 
l'unanimité   pour    l'obligation    des    deux   langues   (.2),    et    le    Bureau 


Il   Langues  Modernes,  mai-juin   1920,   p.   214. 
2     Ihid,  p.   192. 


2cS  LES   LANGUES    MODERNES 

a  fait  les  démarches  nécessaires  pour  que  la  mesure  fût  main- 
tenue (1).  Il  a  fal  tremarquer  que  le  souci  de  la  culture  générale 
ne  pouvait  être  invoqué,  car  un  enseignement  des  langues 
vivantes,  bien  compris,  sait  concilier  l'acquisition  des  eonnaii- 
sances  pratiques  avec  le  développement  des  facultés  intellectuel- 
les. Quant  à  l'objection,  que  cette  mesure  imposerait  une  sur- 
charge aux  élèves  de  la  section  C,  le  Comité  a  toujours  ijeiisé 
qu'il  ne  s'agissait  pas  de  superposer  l'étude  d'une  seconde  langue 
aux  programmes  actuels,  mais  de  l'introduire  dans  la  refonte 
générale  de  l'enseignement  qui  est  réclamée  de  tous  côtés.  L'allé- 
gement des  programmes  d'admission  aux  grandes  écoles  entraî- 
nerait celui  de  l'enseignement  secondaire  lui-même,  (^est  une 
raison  de  plus  pour  les  professeurs  de  langues  vivantes  de  ne 
pas  étudier  en  elles-mêmes  les  questions  qui  les  concernent, 
mais  de  les  replacer  toujours  dans  le  plan  général  de  renseigne- 
ment. 

Ce  sont  les  arguments  qui  ont  été  développés  par  notre  Prési- 
dent dans  ses  lettres  aux  ministres  ds  l'Instruction  publique  et  de 
1»  Guerre  (1).  En  même  temps,  il  remettait  à  M.  le  Directeur  de 
l'enseignement  secondaire  et  à  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de 
Paris  une  note  indiquant  les  mesures  transitoires  qui  pouvaient 
être   prises  dès   maintenant   (2). 

Notre  opinion  n'a  pas  prévalu,  et  M.  le  Ministre  de  la  Guerre 
vient  de  rapporter  la  mesure  prise  par  son  prédécesseur.  Nous  le 
regrettons  dans  l'intérêt  général  du  i)ays.  La  faculté  de  choisir 
entre  l'allemand  et  l'anglais  continuera  à  éloigner  les  élèves  de 
l'allemand,  réputé  trop  difficile  ;  et  la  France  court  le  risque  de 
n'avoir  bientôt,  ni  les  officiers,  ni  les  techniciens  que  réclament 
l'exécution  du  traité  de  paix,  le  contrôle  du  désarmement  de 
l'.Allemagne,  la  surveillance  de  son  développefhent  économi()ue. 
l'occupation  de  la  rive  gauche  du  Rhin,  l'exploitation  des  mines 
de  la  Sarre.  Notre  Association  a  le  devoir  de  ne  pas  perdre  de  vue 
celte    question    (3). 

Pour  le  baccalauréat,  trois  réponses  seulement  demandent  des 
épreuves  de  nature  différente  :  par  exemple,  la  narration  ixuir 
l'anglais,  le  thème  et  la  version  pour  l'allemand.  Dix  demandent 
des  épreuves  de  même  nature,  mais  avec  des  modalités  qui  les 
rendent  d'une  difficulté  à  peu   près  égale  pour  toutes  les  langues. 

Diverses  projiositions  ont  été  faites  :  donner  des  textes  plus 
courts  pour  rallemand  que  pour  l'anglais  et  les  langues  méri- 
dionales ;    n'autoriser   de    dictionnaire    que    pour    l'allemand  ;    éta- 


(1)  Ldiiqiics  ,]f(t<leriies,    juillet-août,   i).   ii'Jfi,   se(i. 

(2)  Ihid.,   p.   ;r28. 

(3)  KUe  le  peut  d'autant  moins  (|u'une  récente  décision  du 
ministre  de  la  Marine  vient  de  rendre  l'anglais  seule  langue 
obligatoire   au    concours   de    i'Lcf)le    na\ale. 


KILLETIX   DE  L'ASSOCIATION  29 

l)]ii-  iiiu'  iiolc-  ilimiiuiloiic  pour  ks  langues  autres  que  rallemaiul. 
.Mais  la  inijorifé  souhaite  que  l'équilibre  soit  obtenu  par  le 
iiic)ix  des  sujets  ou  par  les  principes  adopté;*  pour  la  correction  des 
copies,  ('/est  à  ce  système,  déjà  mis  en  i)ratique  avec  succès  dans 
l'Académie  de  Poitiers,  que  s'est  ralliée  la  Commission.  Une 
entente  entre  les  examinateurs  permettrait  d'éviter  des  inégalités 
trop  choquantes  et  contribuerait  à  détruire  la  légende  des 
langues  faciles.  Nous  avons  eu  la  satisfaction  de  voir  notre  vani 
accueilli  |)ar  les  Directions  de  l'enseignement  supérieur  et  de 
l'enseignement  secondaire  ;  et  M.  Ooville  a  informé  notre  Prési- 
dent qu'il  avait  adressé  des  instructions  dans  ce  sens  à  MM-  k's 
Recteurs   (Il 

2"  Action  ih's  luliuinislnileurs.  —  Tout  le  monde  s'accorde  à 
rcconnaitre  la  très  grande  influence  que  peut  exercer  le  chef 
(l'établissement.  Le  plus  souvent,  les  familles  hésitent,  ne  savent 
pas.  s'en  remettent  au  choix  de  l'enfant  ou  —  comme  le  conte 
un  de  nos  correspondants  avec  humour  —  le  mettent  là  où  se 
trouve  déjà  un  ami.  L'intervention  du  proviseur  peut  alors  être 
très  effic^tce  et  fournir  aux  parents  des  raisons  de  fixer  leur 
choix.  11  ne  s'agit  pas,  encore  une  fois,  de  pousser  tout  le  monde 
vers  l'allemand,  mais  d'empêcher  qu'on  n'en  déserte  l'étude  par 
un  sentiment  de  patriotisme  mal  entendu  ou  par  méconnais- 
sance des  réalités  présentes.  Des  instructions  données  j)ar  l'admi- 
nistration supérieure  encourageraient  les  chefs  d'établissement  à 
agir.  L' .Association  est  reconnaissante  à  M.  Bell  in,  Directeur  de 
rKnscignement  secondaire,  d'avoir  recommandé  non  seulement 
aux  Inspecteurs  de  langues  vivantes,  mais  aussi  aux  "Inspecteurs 
(le  toutes  les  autres  disciplines,  de  mener  une  active  propagande 
auprès  des  jiroviseurs,  des  principaux,  des  directrices,  afin  que 
tous  L's  chefs  d'établissement  insistent  auprès  des  élèves  et  des 
familles  ])our  les  empêcher  d'abandonner  l'allemand  ou  les  y 
ramener  (2).  (l'est  dans  le  même  ordre  d'idées  que  le  Bureau  a 
décidé  l'envoi,  avant  la  rentrée  d'octobre  1920,  à  tous  les  chefs 
d'établissement  des  enseignements  secondaire  et  ])rimairc  supé- 
rieur de   la   circulaire   dont    il    sera   parlé   plus   loin. 

■i"  Action  des  professeurs.  —  Mais  les  professeurs  ont  aussi  un 
rôle  à  jouer.  Dans  certains  établissements,  les  professeurs  de 
langues  vivantes  se  sont  entendus  avec  le  professeur  de  Septième 
et  ont  pu  ainsi  renseigner  utilement  les  familles.  Dans  d'autres, 
ils  se  sont  adressés  à  des  collègues  de  spécialités  différentes  qui 
ont  jju  mettre  en  garde  contre  la  désertion  de  l'allemand,  sans 
paraître  "  orfèvres  »  eux-mêmes.  Les  discours  de  distribution 
(11-    prix    fournissent    une    occasion    favorable    d'appeler    l'attention 


1)    Lamjiies   MoilernCs.    mai-juin     1920,    p.    33.'). 
2i    Ilnd.,   mars-avril    1920.    !)'.    171. 


1)0  LES    LANGUES    MODERNES 

des  parents  sur  la  question;  c'est  ce  qu'ont  fait  plusieurs, 
collègues,  comme  MM.  Rochelle  à  Bordeaux,  Dubourg  à  Agcn, 
Dontcnville  à  Avignon,  Guinet  à  Cognac.  Ces  difïéreuts  ^îrocédés 
eut  toujours  donné  des  résultats  appréciables,  et  la  Commission 
les    recommande    particulièrement. 

4*>  Action  sur  l'opinion  publique.  —  L'action  de  l'administra- 
tion, comme  celle  des  professeurs,  n'aura  sou  plein  effet  que  si 
elle  répond  à  un  courant  d'opinion.  De  là,  la  nécessité  de  ne  pas 
se  contenter  d'étudier  le  problème  dans  nos  réunions  profession- 
nelles, mais  de  le  porter  devant  le  public.  Nos  correspondants 
signalent  l'utilité  d'une  propagande  active  faite  dans  la  presse 
|>ari sienne  et  départementale  pour  aider  l'opinion  à  se  ressaisir 
cl  montrer  comment  les  clauses  du  traité,  la  situation  générale, 
les  circonstances  économiques,  nous  imposent  l'obligation  de 
connaître  l'allemand  et  l'Allemagne.  Un  article  de  journal  peut 
déterminer  le  choix  d'une  famille  ;  plusieurs  collègues  nous  en 
fournissent  des  exemples.  De  même,  les  déclarations  de  person- 
nalités  éminentes   sont  de   nature   à   influencer  l'esprit   du   public. 

La  Commission  s'est  préoccupée  d'assurer  cette  propagande. 
Des  articles  ont  été  publiés  à  Paris  par  l'Information,  F  Avenir, 
l'Ere  nouvelle,  l'Œuvre,  la  Victoire,  la  Démocratie  nouv>eUe, 
é'.Infornidteur  civique,  l'Europe  nouvelle,  la  /V  République  ; 
dans  les  départements  par  la  Touruine  républicaine,  le  Messager 
de  la  Vendée,  le  Progrès  de  Seine-et-Oise,  le  Quotidien  du  Midi' 
le  Radical  de  Marseille,  l'Avenir  de  la  Vienne,  pour  ne  citer  que 
ceux  qui   nous  ont   été  communiqués  (1). 

En  réponse  à  une  demande  du  président  de  l'Association, 
M.  Raymond  Poincaré  nous  a  honorés  d'une  longue  lettre,  où  il 
plaide  chaudement  la  cause  de  l'allemand  (2).  Communiquée  à 
la  presse  par  les  soins  de  l'Association,  elle  a  été  reproduite  par 
un  grand  nombre  de  journaux,  parmi  lesquels  le  Temps,  les  iJé- 
bals,  le  Journal,  la  Liberté^  le  Petit  Parisien.  Elle  a  en  outre  été 
envoyée  sous  forme  de  circulaire,  vers  le  15  septembre,  à  tous 
les  chefs  d'établissement  des  Enseignements  secondaire  et  pri- 
maire supérieur  (garçons  et  filles),  pour  qu'ils  puissent 
s'en  servir  au  moment  de  la  rentrée. 

Elle  a  donné  lieu  à  différents  articles  sur  la  question,  notam- 
ment à  une  série  de  chroniques  de  M.  Maurice  Barrés  dans 
l'Echo  de  Paris  (3),  qui  ne  rencontreront  pas  toujours  l'approba- 
tion des  professeurs  de  langues  vivantes,  mais  leur  fournissent 
d'intéressantes  suggestions.  ^L  Barrés  est  d'ailleurs  d'accord  avec 
M.    Poincaré    sur    la    nécessité    d'étudier    l'allemand,    comme    il    l'a 


(1)  Les    Langues    Modernes,   juillet-août    1<.)2().    p.    330,    390. 

(2)  Ibid.,    septembre-octobre,    p.    409. 

(3)  11,    18,    25    octobre,    3    novembre. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  'M 

marqué  ilaiis  s;i  réponse  à  la  lettre  que  M.  Pluspeeteur  j;éiiéral 
Potel  lui  avait  adressée.  Héeeniment,  .Vf.  Haymoud  Poincaré  a,  de 
nouveau,  fortement  dévclopi)é  les  raisons  de  l'étude  de  Talle- 
mand   dans   une   de   ses   Lettres   libres   au    Temps   (1;. 

V.  —  Résultats 

Nous  ne  nous  flattons  pas  que  l'aetion  de  notre  .Assoeiation  ait 
suffi  à  résoudre'  le  problème.  Mais  ajoutée  à  l'action  de  l'adminis- 
tration supérieure  et  de  nos  Inspecteurs  généraux,  aux  avertisse- 
ments des  esprits  clairvoyants,  elle  contribue  à  déterminer  le 
mouvement  d'opinion  nécessaire  pour  empêcher  la  désertion  de 
l'allemand  et  rétablir  un  juste  équilibre  entre  les  difTérentes 
langues.  Certains  indices  annoncent  que  tous  ces  efl'orts  n'ont  pas 
été  inutiles,  et  les  renseignements  que  nous  avons  déjà  reçus 
indiquent    une    reprise    de    l'allemand. 

.\  Lakanai.  la  rentrée  d'octobre  1920  accuse  48  élèves  d'alle- 
mand en  6-,  contre  21  l'an  dernier,  à  Voltaire  67  contre  51,  à 
Tourcoing  24  contre  10,  à  Maubeuge  24  contre  ,"),  à  .\rras  16 
contre  4,  à  .Avignon  18  contre  4,  à,Agen  20  contre  1,  à  Chartres 
13  contre  6,  à  Orléans  15  contre  6,  à  Annecy  8  (sur  32)  contre  5 
(sur  33),  à  Chalon-s.-Saône  22  (sur  30)  contre  8  (sur  16),  à  Bourg 
17  contre  15  (et  3  en  1918i,  à  Epernay  15  contre  2  (et  0  en  1918s 
à  Chaumont  19  contre  10,  à  Dôle  10  contre  7,  à  Epinal  30  contre 
19.  A  Lyon,  le  lycée  .Ampère  a  17  élèves  d'allemand  (sur  70» 
contre  22  (sur  75),  le  Parc  en  a  18  (sur  56 1  contre  9  (sur  44 1, 
l'annexa  Sa.xe  18  (sur  43)  contre  7  (sur  45).  Par  contre,  à  l'Ecole 
primaire  supérieure  d'Epernay,  aucun  élève  n'apprend  plus  l'alle- 
mand ;  au  collège  de  Chàteaudun,  un  seul  élève  est  inscrit  en  6"  ; 
i    Bourgoin,   la   chaire   d'allemand   est    supprimée. 

Presque  toujours,  les  collègues  qui  nous  communiquent  ces 
ilîiiTres,  indiquent  que  l'augmentation  du  nonabre  des  élèves 
d'allemand  est  due  surtout  à  l'intluence  des  chefs  d'établissement. 

Ces  résultats  doivent  nous  encourager  à  persévérer  dans  notre 
action.  Ils  n'indiquent  encore  qu'une  atténuation  du  mal  ;  le  péril 
est  loin  d'être  conjuré.  11  restera  d'ailleurs  à  rechercher  d'après 
quelles  règles  doit  se  faire  la  répartition  des  élèves  entre  les 
difl'érentes  langues,  à  se  demander  si  les  jeunes  gens  qui  sortent 
de  nos  lycées  peuvent  se  contenter  à  l'heure  actuelle  d'étudier 
une  seule  langue,  par  suite  à  déterminer  quelle  place  doit  être 
réservée  aux  humanités  modernes  dans  la  refonte  de  notre  ensei- 
gnement national.  Ce  sont  là  les  questions  essentielles  que  les 
nécessités  immédiates  ne  doivent  jamais  nous  faire  perdre  de 
vue.  G.    Delobfx. 


(1.)    Temps,   25   octobre. 


32  LES    LANGUKS    MODKI'.NES 

Section  régionale  d'Aix-Marseille 


L'Assemblée  générale  de  la  section  régionale  de  notre  académie 
s'est  réunie  le  2  décembre,  à  9  h.  30,  dans  la  salle  des  professeurs 
du  Grand  Lycéf  de  Marseille.  Sur  la  proposition  de  M.  Lestang. 
j)résident  de  la  Régionale  d'avant-guerre,  d'accord  lui-même  avec 
le  secrétariat  provisoire,  elle  a  constitué  ainsi  qu'il  suit  le  bureau 
de  la  section  : 
Président  :   M.   A.   Lévy-Sée,   professeur   de   littérature   allemande   à 

l'Université     de    Strasbourg,    détaché    à     l'Université 

d'Aix-Marseille. 
Secréldire-fjénéral  :  M.  G.-E.  Broche,  professeur  agrégé  d'anglais  au 

Grand  Lycée   de    Marseille. 
Secrcliiires  :   pour  les  lycées  et  crrllcges  de  garçons  :   M.   G.-E.  Bno- 

CHE. 

—  pour  les  lycées  et  collèges  de  jeunes  filles  :   Mlle  Be- 

LEY,  professeur  d'allemand  au  lycée  Montgrand,  Mar- 
seille. 

—  pour  les  écoles  normales  et   primaires   supérieures  de 

garçons  :    M.   Michel,    professeur  d'anglais   à    l'école 
Pierre  Puget,  Marseille. 

—  pour    les  écoles  normales  et  primaires  supérieures  de 

jeunes    filles  :     Mme    Pakis,     professeur     d'italien     à 

l'école   Edgar-Quinet,   Marseille. 
Trésorière  :   Mlle   Coste,   professeur   d'italien   au  tjcée   Montgrand. 
Déléijné   ('lu   de   rAssociafion    des  professeurs   de   Langues   Méridio- 

n(des  :    M.    P.    Paoli,    professeur   agrégé    d'italien    au 

Grand   Lycée,   Marseille. 
L'.Assemblé;.'  a  formulé  les  vccux  suivants  : 

1.  Qu'il  y  ait  une  épreuve  de  langue  vivante  au  concours  d'admis- 
sion à  Pfccole  Centrale,  et  que  soit  rétablie  l'épreuve  de  langue 
Aivante  au  concours  d'admission  aux  Ecoles  nationales  d'Arts  et 
.Métiers,  car  il  n'est  pas  admissible  que  nos  ingénieurs  et  sous-ingé- 
nieurs soient  incapables  de  suivre  directement  les  progrès  de  Ti»- 
(lustrie  étrangère  "t.  au  besoin,  de  s'en   inspirer. 

2.  Que  l'épreuve  faciillatiue  de  langue  vivante  au  concours  d'en- 
trée des  écoles  normales  primaires  soit  rétablie,  puisque  rensei- 
gnement d'une  langue  étrangère  demeure,  et  avec  raison,  oblitjdloire 
dans  ces  écoles. 

3.  Que  l'italien  et  l'espagnol  soient  admis  comme  langues  à 
option  au  concours  d'admission  à  l'Institut   agronomique. 

4.  Que  dans  tous  les  établissements  d'instruction  les  heures  de 
langues  vivanlrs  (langues  méridionales  comprisesi  soient  placées 
aux    heures    normales   (de   8    h.   à    12    h.   ou    de    14   h.    à    Ifi    h.)   :    que 


luiJ.icTiN  iJE  l'association  :53 

leur  nombre  ne  soit  pas  diiniiuié,  contrairement  aux  prescrij)tions 
des  programmes  ;  que  les  réunions  de  classes  soient  fonnellement 
interdites. 

5.  Kn  ce  qui  concerne  répreuve  de  langue  vivante  au  baccalauréat 
(I).   I).),   trente   et  un   votes   ont   été   enregistrés,   soit   à    l'assemblée 
générale,    soit    par   correspondance  :    ils    se    décomposent    ainsi  : 
Pour  le  retour  pur  et  simple  à  l'ancien  régime  (composition) ..       9 
Pour    l'approbation    pure    et      simple     du     nouveau     (version 

-I-  thème) 8 

Pour  le  nouveau,  corrigé  par  le  droit  d'option  entre  le  thème 
et     une    composition    (avec    coefficient    plus    fort    pour   cette 

dernière,    et    plus   de    temps    pour   la    faire)     4 

Pour   la    formule    uersion    et   composition    9 

Pour  la  version  avec  questions  en  langue  étrangère  sur  la 
version,  les  réponses  faites  bien  entendu  dans  la  dite 
langue     1 

Total     31 

En  somme,  22  voix  sur  'M  approu\ent  sans  réser\e  la  version, 
(lud  la  mïnorité  elle-même  a  déclaré  accepter  avec  résignation  mais 
lomme  épreuve  complémentaire  seulement.  Le  conflit  n'existe  véri- 
tablement; que  sur  l'épreuve  thème  (12  voix),  ou  composition  (18  ou 
19  voix).  Mais  il  semble  résulter  dès  maintenant  d'un  échange  de 
\  ues  en  cours  que  raccord  se  ferait  sans  trop  de  peine  sur  la 
formule  suivante  —  proposée  par  M.  Joubert  —  qui  donnerait  en 
clfet  satisfaction  à  tous  :  outre  la  version,  un  sujet  de  compo- 
sition donné  en  français  d'une  façon  un  peu  détaillée  (une  dizaine 
de  ligues),  et  qu'il  faudrait  traduire  avant  de  le  traiter.  C'est 
d'ailleurs  l'ancienne  formule  de  l'épreuve  de  langue  au  concours 
d'admission  à  l'Ecole  Polytechnique.  Elle  devrait  —  semblc-t-il  — 
faire  l'unanimité,  ou  presque,  dans  l'Association  comme  elle  est 
près    de   le    faire,    croyons-nous,    dans    notre    Régionale. 

Enfin  a  été  approuvé  le  vœu  de  Lyon  tendant  à  obtenir  des 
déclarations  d'opinion,  sur  l'objet  de  cette  controverse,  de  la 
part  des  candidats  au  Comité  de  l'Association.  L'Assemblée  n'a 
vu  d'autre  pai't  aucune  inconvénient  à  ce  que  l'option  fût  per- 
mise, cette  année,   entre   le  nouveau  régime   et  l'ancien. 

La   séance   a   été   levée  à   midi. 

I.c    Président    de    la    Régionale  :  Le    Secrétaire  général  : 

.\.  LÉVY-SÉE,  Gaston-E.  Broche. 

Marseille,    3i    décembre    1920. 


34  LES   LANGUES    MODERNES 

Section  Régionale  de  Lille 


Pour  la  première  fois  depuis  la  guerre,  le  groupe  régional  du 
Nord  s'est  réuni  à  Lille,  le  jeudi  25  novembre  en  vue  de  sa 
reconstitution. 

Le  Président,  M.  Piquet,  professeur  de  langue  allemande,  à  la 
Faculté   des   Lettres   de  Lille,   ouvre   la  séance   à  deux  heures. 

Il  prononce  une  allocution  au  cours  de  laquelle  il  rend  hom- 
mage aux  disparus  et  adresse  ses  félicitations  à  ceux  de  nos 
collègues  qui  viennent  d'être  l'objet  de  distinctions  honorifiques 
et  particulièrement  à  M.  Derocquigny,  professeur  à  la  Faculté 
des  Lettres  de  Lille,  M.  Beltette,  professeur  à  Tourcoing,  et 
M.  Bartier,  professeur  à  Armentières,  chevaliers  de  la  Légion 
d'honneur. 

Le  Président  informe  l'Assemblée  qu'une  somme  lui  avait  été 
adressée  par  un  anonyme  en  vue  de  soulager  une  personne 
infortunée  des  régions  dévastées.  L'Assemblée  émet  un  vote  de 
gratitude    à   l'adresse   du   généreux    donateur. 

iSL  Beltette  exprime,  au  nom  des  nouveaux  chevaliers  et  au 
nom  de  toute  l'Assemblée,  l'admiration  générale  pour  la  belle 
attitude  de  M.  Piquet,  au  début  de  l'occupation  allemande,  qui 
lui   a   aussi   valu   le   ruban   rouge   (assentiment   unanime), 

L'Assemblée  passe  ensuite  à  l'élection  du  Bureau  de  la  Régio- 
nale. M.  Piquet  déclare  ne  pas  être  candidat.  M.  Delattre,  pro- 
fesseur de  langue  et  de  civilisation  anglaises  à  la  Faculté  des 
Lettres    de   Lille    est    nommé   Président. 

oont    nommés   Vice-Présidents  : 

Mlle  Lamorlette,   professeur  au  lycée   Fénelon.   Lille. 

M.  Beltette,  professeur  au  lycée  de  Tourcoing. 

M.    Gondry,    professeur    au    collège    d'Arras. 

Secrétaire-Trésorier  : 

M.  Brocart,   professeur  E.   P.   S.,   Lille. 

Le  Président,  en  prenant  possession  du  fauteuil  adresse  ses 
remerciements  à  l'Assemblée.  11  lui  souhaite  la  bienvenue  à  la 
Faculté  des  Lettres  qu'il  lui  demande  de  vouloir  bien  considérer 
comme  la  <■  maison  commune  «  et  il  est  heureux  de  la  bonne  et 
chaude  sympathie  qui  règne  entre  tous  les  professeurs  de  langues 
Ai\antes  du  J'.Académie  de  Lille.  11  promet,  d'autre  part,  de 
faire  tous  ses  efforts  en   \ ne   de  faire  aboutir  nos   vœux. 

Résolutions 

1.  L'.Assemblée  a))j)rouve  à  riinanimité  le  vœu  de  M.  Camer-  ^ 
lynck  tendant  à  permettre  aux  candidats  aux  divers  baccalau-  / 
réats    d'opter,    lors    (ie    leur    inscription,    entre    la    composition    en 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  ii') 

langue  étrangère  (ancien  mode)  et  l'épreuve  de  version  et  thème 
(l'imitation  (nouveau  mode),  j)our  les  deux  sessions  de  1921  et  à 
titre   transitoire. 

II.  Au  sujet  des  auteurs  auxquels  seront  empruntés  les  textes 
de  version,  l'Assemblée  après  en  avoir  délibéré  estime  qu'il  eon- 
Aiendrait  de  ne  pas  remonter  pour  l'anglais  au  delà  de  1660  et 
pour   l'allemand   au  delà   de    1750, 

III.  Elle  propose  que  la  versipn  soit  de  longueur  et  difficulté 
moyennes  et  que  le  thème  d'imitation  reproduise  le  ton  général 
(lu  texte  de  la  version.  Des  difficultés  grammaticales  et  des  idio- 
tismes    pourront    s'y   retrouver    dans    un    ordre    quelconque. 

Crise  de  i'Allen()ai)d 

IV.  L'Assemblée  est  d'avis  qu'il  serait  désirable  que  les  chefs 
d'établissements  éclairent  les  familles  sur  l'utilité  plus  pressante 
que  jamais  de  l'étude  de  l'allemand.  Les  professeurs  d'anglais 
eux-mêmes  insisteront  auprès  de  leurs  élèves  sur  la  nécessité 
(le   cette   étude. 

V.  Le  vœu  émis  par  M.  Bouchez,  tendant  à  ce  que  les  années 
passées  à  l'étranger  entrent  dans  le  calcul  de  la  retraite  est 
renvoyé  pour  discussion  à  la  prochaine  réunion.  M.  Bouchez  sera 
prié  de  présenter  un  rapport   sur  la  question. 

VI.  La  prochaine  réunion  est  fixée  au  jeudi   28  avril   1921. 
Ordre   du  jour   de   cette   réunion  : 

1  '   Question   des  retraites  :   motion   de   M.  Bouchez. 

2  "  Représentation  des  P.  L.  V.  au  Conseil  supérieur  ;  extension 
du  droit  de  vote  aux  Certifiés  de  Langues  vivantes. 

3"  L'Enseignement  des  Langues  vivantes  dans  les  E.  P.  S.  ;  M. 
Brocard    présentera    un    rapport. 

7Vdl)ésioi)S  nouvelles 

Au    cours    de    la    réunion,    les    collègues    dont    les    noms    suivent 
ont   donné   leur   adhésion    à   l'.Association  : 
Mlles  .Tanin,    prof,    anglais,    lycée    Fénelon,    Lille. 

Régis,   prof,    anglais,    collège    de    Douai. 
MM.  Werquin,   prof,    anglais,    collège    de    Dunkerque. 
Albert,   prof,   anglais,   collège   de    Calais. 
Blériot,   prof,   anglais,   collège   de   Calais. 
Léonetti,   prof,   allemand,   collège   de   Calais. 

La   séance  a  été  levée   à   4  heures. 

Le  Secrétaire  : 
Brocart. 


36  LES   LANGUES    MODERNES 

Section  Régionale  de  Nancy 


Le  3  novembre  dernier,  la  lettre  suivante  était  adressée  à  tous 
les  professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Académie  de  Nancy,  ainsi 
qu'une  convocation,  pour  le  9  décembre,  au  l\-cée  Heuri-Poincaré. 
La  Régionale  s'est  rapidement  constituée,  42  adhésions  avant  été 
reçues   en   décembre. 

Monsieur   et   cher   collègue. 

Un  certain  nombre  de  nos  collègues  de  langues  vivantes  de 
renseignement  primaire,  secondaire  et  supérieur,  seraient  dési- 
reux de  voir  se  constituer  dans  l'Académie  de  Nancy  une  asso- 
ciation régionale  des  professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Ensei- 
gnement public,  affiliée  à  l'A.  P.  L.  V.  E.  P.  qui  publie  la  revue 
«  Les  Langues  Modernes  »  et  poursuivant  les  mêmes  buts.  Des 
régionales  ont  déjà  été  créées  à  Clermont,  Marseille,  Poitiers, 
Toulouse,   etc.. 

Nous  vous  serions  reconnaissants  de  bien  vouloir  nous  faire 
savoir  si  nous  pouvons  compter  sur  votre  adhésion,  et  ceci  dans 
le  plus  court  délai  possible,  étant  donné  l'urgence  de  certaines 
questions  à  étudier  (par  exemple,  définition  exacte  de  la  nature 
des  nouvelles  épreuves  du  baccalauréat,  pour  laquelle  une 
entente  entre  les  trois  ordres  d'enseignement  parait  très  désira- 
ble^. 

Les  membres  adhérents  à  l'A.  P.  L.  V.  E.  P.,  donc  abonnés  à  la 
revue  •■  Les  Langues  Modernes  »  seront  de  droit  membres  de  la 
Kégionale  de  Nancj'.  Pour  les  non-adhérents,  la  Régionale  pré- 
voiera  très  vraisemblablement  dans  ses  statuts  l'adhésion  des 
professeurs  de  L.  V.  à  la  Régionale  seule,  moyennant  une  coti- 
sation de  deux  francs  par  an. 

Au  cas,  où  dans  votre  établissement,  ou  d^ns  les  établisse- 
ments voisins,  certains  de  nos  collègues  n'auraient  pas  été  tou- 
chés par  le  présent  avis,  nous  vous  serions  reconnaissants  de 
vouloir  bien  le  leur  communiquer. 

\'euillez  agréer,  Jlonsieur  et  cher  collègue,  l'assurance  de  nos 
sentiments    dévoués. 

J.  Peyraube, 
Professeur   d'allemand   au    lycée    de    Xanci). 

RéUQioi)  du  9  DéceiT)bre  1920 

La  1"^'  réunion  de  la  S.  R.  de  Nancy  a  eu  lieu  le  9/12/192(1.  à 
15  heures,   au   Lycée   Henri-Poincaré. 

Etaient  présents  :  MM.  Rabin,  Railly.  Mme  Rianconi,  Mlle  Rt«u- 
lay,    MM.    Rouchez.    Rriquelot.    Chamoud,    C.oulet,    Davoine,    I3uthil. 


KILLETIN    DE    L  ASSOCIATION  àé 

(iiolïrox,  (jobcit,  (iiiilliii,  Hesse,  Krcnur,  .MarLSfjuelle,  Mattcnet, 
-Michel,  Mossé,  Petit,  Peyraube,  Hérat.  Keyher,  Vallod,  Mme-  Vitrev. 
M.   Vulliod.   Mlle  Taboureau. 

Exrusés  :    Mlle    Dosmond.    M.    Hr)elii)gei-.    Mlle    I.cnoir. 

I^i  presque  totalité  des  établissements  d'enseignement  public 
(If  N'ancy  sont;  représentés,  ainsi  que  le  lycée  de  Bar-le-Uuc,  les 
Killèges   de   Lunéville,   de   Mirecourt   et   de   Pont-à-Mousson. 

M  Maresquelle  rend  compte  de  la  lettre  qu'il  a  reçue  de 
M.  Veillet-Lavallée,  il  y  a  quelques  mois,  et  des  démarches  qui 
nul  abouti  à  la  présente  Réunion.  La  présence  de  27  professeurs 
(le  langues  \i\antes  et  les  45  adhésions  reçues  afïirment  notre 
intention  de  nous  constituer  en  S.  U.  de  l'A.  P.  L.  V.  K.  P.  Le 
liiireau    se    constitue  : 

Sont   élus  :  ' 

Président  :   M.    Keyher,   professeur   à    la    Faculté    des    Lettres. 
Vice-Présidenle  :    Mme    Bianconi,    lycée    de    jeunes    filles,    Nancy. 
\  Îce-Pi\'sident  :    M.   Geoffroy,   lycée   de   Bar-le-Duc. 
Secrétaire  :   M.   Peyraube.   lycée   de   Nancy. 

Secrétaire-adjointe  :  .Mile  Taboureau,  Ecole  pr.  sup.  de  .1.  F., 
Nancy. 

Trésorier  :    M.    Petit,    Kcole    primaire    sup.,    Nancy. 

Sont   élus   membres  du  Comité  : 

Ens.  sup.  :  M.  Vulliod,  Maître  de  conférences  à  'a  Fac.  des 
Lettres. 

Prof,  agrégés  :  M.  Vallod.  lycée  H.  Poincaré  (anglais)  ;  M.  Mares- 
quelle,    lycée    Poincaré    (allemand i. 

Chargés   de   cours  :   M.    Kremer,   lycée   H.    Poincaré   (allemand». 

Prof,  de  Collèges  :  M.  Bailly,  Pont-à-Mousson  (anglais)  ;  M.  Cou- 
let.    Mirecourt   (anglais). 

Enseignement  primaire  :  Mlle  Bosc,  Ecole  pr.  sup.  (allemand)  ; 
M.  Mattenet,  Ecole   normale   inst.  (allemand). 

.M.  Reyher  prend  la  présidence.  Il  se  félicite  de  voir  réaliser  ici 
la  collaboration  des  trois  ordres  d'enseignement,  que  les  nouvel- 
les épreuves  du  baccalauréat  vont  rendre  particulièrement  néces- 
saire. Il  croit  constater  un  certain  flottement  au  sujet  du  thème 
d'imitation.  Par  exemple,  les  textes  contenus  dans  les  ouvrages 
]jarus  pour  illustrer  la  décision  du  C.  S.  I.  P.  relèvent  plutôt  du 
thème  littéraire,  qu'on  a  justement  voulu  éviter,  que  du  thème 
d'imitation. 

>L  Maresquelle  conçoit  le  thème  d'imitation  comme  un  exercice 
essentiellement  grammatical,  reprenant  sous  une  forme  différente 
les  termes  de  la  version  et  créant  une  série  de  petits  problèmes 
grammaticaux,  permettant  aux  élèves  de  prouver  qu'ils  possè- 
dent effectivement  le  mécanisme  grammatical  de  la  langue. 
Cette    conception    tend    surtout    à    écarter   l'emploi    du    dictionnaire 


38  LES   LANGUES    MODERNES 

langue  étrangère-français,  dont  les  élèves  useront  inévitablement, 
dès  que  paraîtront  dans  un  thème  des  mots  étrangers  au  vocabu- 
laire de  la  version. 

M.  Maresquelle  admet  d'ailleurs  fort  bien  que  cette  conception 
puisse  être  élargie  suivant  la  formule  présentée  par  M.  Bouchez  : 
le  thème  d'imitation  suppose  la  connaissance  :  1°  du  vocabulaire 
de  la  version  ;  2"  du  vocabulaire  concret  des  classes  du  1*'  cycle, 
à  l'exclusion  de  tout  terme  technique  ;  3"  d'un  vocabulaire  abs- 
trait   élémentaire    à   définir   plus   exactement. 

M.  Kremer  donne  lecture  de  textes  de  thèmes  empruntés  à 
l'ouvrage  de  M.  Pinloche,  et  réalisant  le  thème  d'iinitation  sous 
sa  forme  rigoureusement  grammaticale.  Toutefois,  M.  Pinloche 
prévoyait  à  côté  du  <■  thème  de  classe  ».  un  thème  d'e.xamcn  .' 
correspondant  à  la  conception  à  laquelle  nous  aboutissons  aujour- 
d'hui. 

M.  \'allod  trouve  dans  le  recueil  de  M.  Rancès  des  passages 
réalisant  bien  le  thème  d'imitation  tel  que  nous  nous  efforçons  de 
le  définir  :  vocabulaire,  surtout  concret,  style  simple  et  précis» 
excluant  les  effets  de  style  (cf.  thème  intitulé  "  le  Loisir  »». 
yi.  Vallod  ne  croit  pas  que  le  thème  ainsi  conçu  puisse  se  borner 
à  n'être  qu'un  moyen  de  contrôle.  Le  thème  ne  devra  jamais  être 
un  moyen  d'acquisition  du  vocabulaire,  mais  par  la  comparaison 
que,  dans  les  classes  du  second  cycle,  il  instituera  entre  les 
moyens  d'expressions  des  deux  langues,  il  peut  être  susceptii)le  de 
donner  à  notre  enseignement  plus  d'intérêt  encore  et   de   solidité. 

M.  Vulliod  signale  les  dangers  de  la  correction  du  thème  en 
classe.  Il  insiste  pour  maintenir  cette  correction  dans  l'esprit  de 
la   méthode   directe. 

M.  Bouchez  remarque  que  lorsque  l'élève  aura  pris  nettement 
conscience  du  phénomène  grammatical,  il  suffira  de  symboliser  la 
règle  par  un  seul  exemple,  —  suivant  le  procédé  des  grammaires 
latines  —   pour   réduire   au    minimum   l'emploi    du   français. 

Quelques  collègues  font  appel  à  des  souvenirs  personnels  pour 
iridiquer  le  danger  de  la  méthode  pratiquée  avant  la  réforme  de 
H102  :  un  enfant  sachant  couramment  l'allemand,  et  l'oubliant 
complètement  après  quelques  années  de  classes;  virtuoses  du 
thème,  absolument  incapables  de  s'exprimer  ni  d'écrire  en 
anglais. 

Ces  souvenirs  montrent  évidemment  ce  que  nous  ne  devons  pas 
faire.  Il  dépend  de  nous  qae  la  pratique  du  thème  et  de  la  version 
ne  nuise  pas  à  la  qualité  de  notre  enseignement,  tout  en  lui  per- 
mettant peut-être  d'échapper  au  reproche  d'imprécision  qui  lui  a 
été  adressé.  .M.  Peyraube  envisagerait  l'introduction  de  la  version 
et  du  thème  d'imitation  dans  nos  classes,  suivant  la  progression 
suivante  :  jusqu'en  troisième,  on  continue  à  ne  pratiquer  que  les 
exercices   grammaticaux   en    langue   étrangère.   Dans   le  cours   de   la 


HCLLETIN    DK    l.'ASSOriATION  39 

;>  ,  pt'lits  thénus  dMiiiitalioii  restreints  à  F  ipplicatiim  d'une 
seule  règle  ;  en  seciinde.  version  préparée,  et  thème  d'imitation 
restreint  au  vocabulaire  de  la  version  ;  en  première,  et  à  l'exa- 
nieu.  version  et  thème  d'imitation  mettant  en  œuvre  le  vocabu- 
laire actif  acquis  par  les  élèves  au  cours  de  leurs  études  anté- 
rieures. 

M.  Vallod  insiste  sur  la  nécessité  de  continuer  à  pratiquer  la 
dissertation  conjointement  au  thème.  Il  sera  intéressant  d'obser- 
ver si  la  pratique  de  cet  exercice  n'amènerait  pas  une  amélioration 
dans   la    qualité   de   la   dissertation. 

(;es  principes  étant  acquis,  il  reste  à  en  réaliser  Tapplication 
par  entente  entre  les  |)rofesseurs  des  divers  établissements  et 
entre  les  trois  ordres  d'enseignement.  M.  Kremer  fait  remarquer 
que  cela  doit  être  i)ossible  dans  !e  cadre  de  la  ••  Région  •.  qui  est 
pour    nous    l'.Académie   de    Nancy. 

("/est  la  question  qui 'sera  portée  à  l'ordre  du  jour  de  la  pro- 
chaine séance,  qui  aura  lieu  un  jeudi  de  la  dernière  quinzaine 
de  février,  à  l'A  heures  1/2.  (Dès  maintenant,  le  bureau  se  propose 
de  faire  tirer  à  un  nombre  suflisant  d'exemplaires,  pour  être  com- 
maniqués  aux  professeurs  intéressés,  les  textes  de  versions  et  de 
thèmes  d'imitation  que  nos  collègues  auront  expérimentés  dans 
leurs  classes  et  qu'ils  voudront  bien  faire  parvenir  au  secrétariat;. 

M.  Reyher  donne  lecture  d'une  communication  de  la  Section 
lyonnaise  demandant  que  les  candidats  des  sections  B  et  D  puissent 
opter  entre  la  composition  libre  et  les  épreuves  de  thème  et  ver- 
sion. M.  Camerlynck  avait  déjà  demandé  à  M.  Maresquelle  de 
\ouloir  bien  consulter  ses  collègues  à  ce  sujet.  Dans  les  2  cas.  la 
réponse  a   été  défavorable. 

La  proposition  suivante  est  adojitée  :  La  section  régionale  de 
Nancy  considérant, 

que  l'existence  de  l'A.  P.  L.  \'.  E.  P.  est  insuflisamment  connue 
et    parfois   même    ignorée   des   professeurs   de   L.   V., 

qu'il  y  a  lieu  de  chercher  à  développer  dans  le  public  cultivé  et 
parmi  le  personnel  enseignant  l'intérêt  pour  notre  enseignement 
et    la   connaissance    de    ses   méthodes, 

charge  son  bureau  de  faire  les  démarches  nécessaires  pour  que 
les  bibliothèques  publiques  et  universitaires  et  celles  des  éta- 
blissements d'enseignement  public  de  l'Académie  de  Nancy  s'abon- 
nent à  la  Revue  ■<  Les  Langues  Modernes  »,  invite  les  adhérents 
à  l'A.  P.  L.  V.  E.  P.  à  agir  dans  le  même  sens  dans  leur  établis- 
sement   et    dans    leur    ville. 

En  cours  de  séance,  les  statuts   suivants  ont   été  adoptés  : 
-Article   phemieh.  —   11   est  créé   dans   l'Académie   de   Nancy   une 

Section     régionale    de    l'Association    des     professeurs     de     langues 

vivantes   de    l'enseignement    public. 


40  LES   LANGUES   MODERNES 

Aht.  II.  —  Cette  section  régionale,  atfiliée  à  l'A.  P.  L.  V.  E.  P..  fi 
pour   but  : 

1"  de  resserrer  les  liens  de  solidarité  universitaire  entre  les 
professeurs  de  L.  V.  des  trois  ordres  d'enseignement  de  l'Acadé- 
152 ie  de  Nancy  ; 

2"  de  défendre  les  intérêts  professionnels,  matériels  et  moraux 
de    ses   membres  ; 

.3"  de  contribuer  à  l'étude  des  moyens  les  plus  propres  à  forti- 
licr   l'enseignement    des   L.    V.  ; 

4"  de  tenir  ses  adhérents  au  courant  des  faits  et  des  idées  qui 
j)euvent    intéresser    les   professeurs    de    L.    V  ; 

5°  de  centraliser  tous  les  renseignements  pouvant  intéresser  les 
professeurs   de   L.   V.   de   l'Académie. 

Art.  III.  —  Font  partie  de  droit  de  la  Section  régionale,  sans 
cotisation  supplémentaire,  tous  les  professeurs  affiliés  à  l'A.  P. 
L.  V.  E.  P.,  dont  ils  reçoivent  le  Bulletin  •>  les  Langues  Moder- 
liCS    ». 

Peuvent  faire  partie  de  la  S.  R.,  moyennant  paiement  d'une 
cotisation  annuelle  de  2  fr..  tous  les  professeurs  de  L.  V.,  non 
;.ffîliés  à  FA.   P.  L.  V.  E.   P. 

Art.  IV.  —  La  S.  R.  est  administrée  par  un  bureau  composé 
d'un  président,  de  deux  vice-présidents,  d'un  secrétaire,  d'un  secré- 
taire-adjoint et  d'un  trésorier,  et  comprenant  obligatoirement 
un    représentant    de   chacun    des   3   ordres   d'enseignement. 

Ce  bureau  est  assisté  d'un  comité  de  nombre  variable,  mais 
com|)renant    obligatoirement  : 

1  représentant  de  Fenseignement  supérieur, 

1  —  des    professeurs    agrégés. 

1  —  des    professeurs   chargés    de    cours, 

1  —  des   professeurs   des  collèges, 

1  —  de   Fenseignement   primaire. 

Les  membres  du  Bureau  et  du  (Comité  sont  élus  pour  1  an. 
L'élection  a  lieu  au  scrutin  secret  et  à  la  majorité  absolue  (ou 
dans  l'éventualité  d'un  second  tour  à  la  majorité  relative).  Le 
vote  par  lettre  et  par  procuration  est  admis.  Autant  que  possible 
il  sera  désigné  pour  chaque  établissement  un  membre  corres- 
pondant plus  particulièrement  chargé  d'assurer  les  relations  entre 
les  professeurs  de  l'établissement  et  le  bureau  de  la  S.  R. 

.\rt.  V.  —  En  principe,  il  est  tenu,  au  cours  de  Fannée  scolaire, 
!;    réunions.    1    j)ar   trimestre. 

L'ordre  du  jour  de  chaque  révinion  est  fixé  en  principe  lors  de 
la  réunion  précédente.  11  peut  être  comjjlété  par  le  Bureau,  le 
(Comité  ou  sur  Finitiative  de  l'un  quelconque  des  membres 
adliérents,   1.')  jours  au  moins  avant   hi  date  fixée  pour  la  réunion. 

Art.  W.  —  La  dissolution  de  la  Section  régionale  ne  pourra' 
èlre  prononcée  (uie  par  un  \ote  des  2^^  au  moins  des  membres 
présents.  I.c   Secrétaire  :   J.   PEVHArBE. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  41 

Section  Régionale  de  Poitiers 


La  Section  légionalc  de  Poitiers  s'est  réunie  le  19  décembre 
sous  la  présidence  de  M.  (^astelain,  à  la  Faculté  des  Lettres. 
^L  Ruyssen  présente  les  excuses  de  MM.  Chausse  et  Russcil 
(Ihàtelkraultj  qui  regrettent  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réunion. 
On  procède  ensuite  an  renouvellement  du  bureau  qui  est  ainsi 
(.uiistitué  : 

Président  :  M.  (lastelain.  13  voix  (sur  14  votants,  dont  lii  pré- 
sents). 

Vice-Présidents  :   Mme  Godillon,   13   voix  ;    M.   Ruyssen.    l'i    voix. 
Secrétaire  :    M.    Sauvage,    10    voix. 
Trésorier  :   M.   Guy,   14  voix. 

M.  Castelain  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  Ronno- 
nint  (Lyon),  relative  à  1  élection  des  membres  du  Comité,  et  du 
rapport  ei-dessous  adressé  par  M.  Hirtz  à  la  S.  R.  de  Poitiers 
sur  «  Le  matériel  d'Enseignenient  des  Langues  vivantes  », 
question    figurant    à    l'ordre    du   jour. 


Le  Matériel  d'ei)seigi)en)ei)t  des  langues  vivantes 

(lahlcaiix,  collections,  bibliothèques) 

L'enseignement  des  langues  vivantes,  pour  pouvoir  porter  tous 
ses  fruits,  a  besoin,  plus  encoi-e  que  les  autres  enseignements 
littéraires,  d'un  outillage  approprié.  Dans  les  classes  du  premier 
cycle,  les  tableaux  muraux,  les  liAres  de  classe  abondamment, 
illustrés,  ou  même  des  collections  d'objets  familiers,  fournissent 
des  sujets  de  conversation  et  d'enseignement  direct  ;  après  les 
preinières  années,  les  élèves  trouvent  dans  les  ouvrages  de  leur 
bibliothèque  de  classe,  la  possibilité  de  lectures  cursives  et  sur- 
tout, la  possibilité  de  connaître,  au  lieu  des  fragments  expliqués 
en    classe,    des    ouvrages    complets. 

C'est  grâce  à  cet  outillage  qu'il  était  possible,  conformément 
aux  exigences  du  programme,  de  plonger  les  élèves  dans  l'atmos- 
phère même  du  pays  étranger,  et  de  leur  faire  retirer  le  béné- 
fice  de   ces   voyages  —   intellectuels   — <   au   dehors. 

Les  conditions  créées  par  la  guerre  ont  bouleversé  cet  état  de 
choses.  L'enseignement  des  langues  vivantes  en  souffre  plus  gra- 
vement que  tous  les  autres.  La  crise  s'étend  non  seulement  à  la 
préparation  scolaire,  mais  encore  à  la  formation  des  étudiants 
et  elle  menace  l'entraînement  professionnel  des  maîtres.  Et  cette 
menace  est  plus  grave  que  toutes  les  autres. 

Le  renchérissement  excessif  de  tous  les  produits  de  librairie, 
rend   très   onéreux   l'entretien   et   le   remplacement   des   collections. 


42  LES   LANGUES    MODERNES 

des  livres  de  lecture  et  des  auteurs  classiques  édités  en  France. 
Il  prohibe  à  peu  près  complètement  la  variété  daus  le  choix  des 
livres   et   des  auteurs. 

L'acquisition  de  volumes  étrangers  à  bon  marché,  que  nous 
lecherchions  pour  nos  bibliothèques  de  classes,  est  soumise  à 
de  sévères  restrictions.  Tantôt,  c'est  un  change  prohibitif  qui 
les  grève  ;  tantôt  c'est  une  législation  douanière  pire  que  celle 
qui  avait  cours  pendant  les  hostilités.  Les  commandes  de  livres 
allemands,  passant  obligatoirement  par  des  intermédiaires  neu- 
tres et  par  un  Office  d'exportation  de  la  librairie  à  Leipzig,  gre- 
vées d'une  taxe  d'exportation  de  100  0/0,  du  change  neutre  et 
d'uiie  taxe  d'importation,  sont  livrées  avec  de  longs  retards, 
avec  de  scandaleuses  majorations,  quand  elles  ne  sont  pas  sim- 
plement égarées  ou  saisies  à  la  frontière  :  car  les  administra- 
tions ont  conservé  le  droit,  qui  leur  avait  été  donné  pendant  la 
guerre,  de  retenir  arbitrairement  ce  qui  leur  parait  de  nature  à 
nuire  au  prestige  du  pays  à  l'extérieur,  et  la  douane  allemande 
fait   largement  usage  de  cette  faculté.  - 

Les  répercussions  de  ces  difficultés  sont  inégalement  gênantes. 
Ce  sont  —  fort  heureusement  —  nos  classes  qui  en  souffriront  le 
moins.  D'abord,  parce  que  beaucoup  possèdent  déjà  l'outillage 
nécessaire  ;  ensuite  parce  que  cet  outillage,  en  ce  qui  concerne 
les  tableaux  et  les  collections,  peut  être  remplacé  par  des  moyens 
de  fortune  (gravures,  cartes  postales,  etc.).  Les  bibliothèques 
renonceront  momentanément  à  l'achat  de  nouveaux  ouvrages. 
Parmi  les  livres  de  lecture,  on  pourra  utiliser  de  préférence  ceux 
qui    peuvent    s'employer   pendant    plusieurs   années    consécutives. 

La  situation  est  beaucoup  plus  grave  en  ce  qui  concerne  les 
candidats  à  un  diplôme  de  langue  vivante.  Pour  ceux-ci,  c'est 
une  nécessité  impérieuse  de  pouvoir  se  procurer  facilement  les 
auteurs  de  leur  programme  d'examen,  et  de  trouver  à  la  biblio- 
thèque universitaire  ou  municipale  de  leur  résidence,  les  ouvra- 
ges indispensables  à  toute  recherche  scientifique.  Il  leur  faut 
aussi  se  tenir  au  courant  du  mouvement  des  idées  en  France  et 
à  l'étranger,  en  lisant  quelques-unes  des  principales  revues 
françaises  et  étrangères  de  leur  spécialité.  Or,  par  suite  des  dif- 
iicultés  d'importation  signalées  plus  haut,  ils  risquent  de  se 
trouver  privés  à  la  fois  des  ouvrages  qu'ils  voudraient  acheter  à 
titre  personnel  et  de  ceux  qu'ils  voudraient  trouver  dans  les 
bibliothèques  :  car  les  crédits,  dérisoires  la  plupart  du  temps,  ne 
permettent  qu'un  nombi'e  infime  d'achats  nouveaux.  On  se 
demande  avec  angoisse  quelle  sera  la  valeur  professionnelle  de 
ces  diplômés  de  demain,  mis  dans  l'impossibilité  de  voyager  à 
l'étranger,  comme  ils  le  faisaient  autrefois,  et  privés  par  surcroît 
de   la   possibilité   de   se   tenir   au   courant   de   la   vie    étrangère. 

Quant  aux  professeurs  en  exercice,  désireux  de  conserver  leur 
entraînement  professionnel,  ils  se  trouvent  aux  prises  avec  les 
mêmes  difficultés.  Il  en  résultera  un  inconvénient,  moins  grave 
sans  doute  dans  ses  effets  immédiats,  mais  qui  ne  saurait  se 
prolonger  sans  nuire  dangereusement  aux  études  de  langues 
\i  vantes. 


HILLKTIN    DE    I-'aSSOCIATION  JIJ 

Si  sombre  (jik-  soit  ce  tableau,  il  n'est  point  poussé  au  noir, 
l/objct  de  ce  travail  n'est  d'ailleurs  pas  de  signaler  des  faits 
connus  de  tous,  et  que  chacun  déplore.  Il  voudrait  rechercher  les 
moyens  pratiques  de  remédier,  dans  la  mesure  du  possible,  k 
cette    situation. 

Ce  n'est  j)as  de  problématiques  relè\ements  de  crédits,  que 
nous  pouvons  attendre  un  secours  eflicace.  11  parait  vain  égale- 
ment de  chercher  à  faire  liaisser  immédiatement  le  i)rix  des 
livres.  Mais  nous  pouvons  nous  efforcer  d'obtenir  la  levée  des 
lestrictions  douanières  (jni  jjcsent  sur  les  instruments  du  travail 
scientifique. 

II  faut  que  les  bibliothèques  reçoivent  gratuitement  tous  les 
liériodiqucs  français  et  étrangers  qui  leur  sont  nécessaires,  et 
(|ue  les  établissements  de  recherches  scientifiques  étrangers 
échangent  leurs  publications  avec  elles.  Cet  échange  doit  s'éten- 
dre même  aux  établissements  des  pays  ennemis.  Cela  est  néces- 
saire, car  les  pays  neutres  et  même  certains  pajs  alliés  (.Améri- 
{'(Ue.  .Angleterre,  Italie),  l'admettent,  et  nos  établissements,  ne 
pouvant  acheter  ces  publications,  faute  de  crédits,  et  ne  les  rece- 
vant pas  par  voie  d'échange,  se  trouvent  par  ce  fait  en  état 
d'infériorité.  Un  tel  échange  est  d'ailleurs  très  différent  d'une 
leprise  de  relations  personnelles  avec  les  savants  ennemis,  que 
tout   le    monde    s'accorde   à   considérer  comme    prématurée. 

Pour  les  publications  non  universitaires,  et  qui  ne  peuvent 
être  comprises  dans  les  échanges,  il  serait  peut-être  possible 
de  conclure  des  accords  internationaux  tendant  à  assurer  aux 
parties  contractantes  des  abonnements  à  prix  réduit,  ou  bien 
encore  de  créer  un  office  central  de  compensation,  qui  se  charge- 
rait de  procurer  aux  établissements  français  l'abonnement  au 
revues  étrangères,  et  aux  établissements  étrangers,  l'abonnement 
aux  revues  françaises  ;  il  subviendrait  en  totalit<j  ou  en  partie 
aux  frais  des  abonnements  demandés  par  les  établihscinents 
français,  et  répartirait  les  revues  de  façon  à  cviti-r  les  doubles 
emplois  dans  une  même  ville,  et  à  rendre  accessibles  ces  revues 
au    plus    grand    nombre    possible    de    lecteurs. 

En  attendant  que  des  démarches  puissent  être  entreprises  en 
vue  d'obtenir  ces  résultats,  il  faut  nous  aider  nous-n,èmes.  II 
faut  grouper  les  initiatives  privées.  Au  lieu  de  nous  abonner 
chacun  à  une  revue,  prenons  s'il  le  faut,  des  abonnements  à  frais 
communs.  Créons,  moyennant  une  petite  cotisation,  des  salles  de 
périodiques  dans  nos  bibliothèques,  ou  bien  encore,  formons  des 
bibliothèques  circulantes.  L'expérience  faite  par  l'Œuvre  des 
Journaux  à  la  Campagne,  vers  1900,  a  montré  qu'une  telle  orga- 
nisation peut  fonctionner.  Elle  pourrait  soulager  la  crise  que 
traversent  nos  études  jusqu'à  ce  que  les  conditions  redeviennent 
plus  favorables. 

Pour  conclure  cette  étude,  je  proposerais  d'examiner  le  vœu 
suivant  : 

La  S.  R.  de  Poitiers, 

Considérant  que  l'élévation  indéfinie  du  prix  des  publications 
françaises  et  étrangères  met  les  études  de  langues  vivantes  dan« 
une   situation   de   plus   en   plus   difficile  ; 


44  LES   LANGUES    MODERNES 

Que  les  étudiants  et  les  professeurs,  indépendamment  même  de 
la  question  de  prix,  ne  peuvent  se  procurer  qu'avec  la  plus  grande 
difficulté  les  publications  nécessaires  à  leurs  travaux  ;  qu'ils  ne 
peuvent  même  plus  trouver  comme  autrefois  ces  publications 
dans  les  bibliothèques,  celles-ci  n'ayant  plus  les  moyens  d'en 
faire    l'acquisition  ; 

Emet  le   vœu  : 

1"  Que  les  publications  étrangères,  nécessaires  aux  études, 
soient  exemptes  de  tout  droit  à  l'importation  ;  que  des  démar- 
ches soient  entreprises  sans  délai,  afin  d'obtenir  que  la  circu- 
lation de  ces  publications  d'un  Ëtat  à  l'autre,  soit  libérée  de 
toute  entrave  ; 

2°  Que  l'échange  des  publications  scientifiques  soit  repris  avec 
tous  les   pays. 

3"  Qu'en  attendant  l'effet  de  ces  mesures,  un  service  soit  créé 
qui  serait  chargé  :  a)  de  faciliter  l'acquisition  des  publications 
étrangères  ;  b)  d'assurer  une  meilleure  répartition  de  ces  publi- 
cations entre   les   bibliothèques   (éviter   les   doubles   emplois,   etc.). 

La  S.  R.  saisit  le  Bureau  de  l'A.  P.  L.  V.  de  la  question,  et 
l'invite  à  entreprendre  toutes  les  démarches  utiles  auprès  des 
autorités  universitaires  ou  des  personnes  qualifiées  pour  mettre 
lin   à  cette   situation. 

La  S.  R.  adopte  à  l'unanimité  les  vœux  formulés  par  M.  Hirtz. 
Elle  les  transmet  au  bureau  de  l'A.  P.  L.  V.  qu'elle  prie  d'étudier 
le  plus  tôt  possible  les  mesures  propres  à  en  obtenir  la  réalisa- 
tion et  suggère,  sous  toutes  réserves,  les  moyens  d'action  sui- 
vants : 

Un  délégué  français  pourrait  acheter  en  Allemagne  les 
ouvrages  dont  un  ofTice  central  lui  adresserait  périodiquement  la 
liste.  Les  livres  ainsi  achetés  seraient  eUvoyés  en  bloc  et  francs 
de  tous  droits  d'importation,  au  service  public  (le  Musée  pédago- 
gique, par  exemple),  qui  se  chargerait  de  les  faire  parvenir  à 
destination.  Un  correspondant  pourrait,  dans  chaque  centre  uni- 
\ersitaire,  recueillir  les  convmandes  pour  les  adresser  au  bureau 
centrai,  celui-ci  ne  fournissant,  cela  va  sans  dire,  que  les  mem- 
bres de  l'Enseignement,  les  étudiants  et  les  établissements 
d'instruction  publique.  Une  provision  représentant  approxima- 
tivement le  prix  des  livres  demandés  serait  Jointe  à  chaque 
commande. 

La  prochaine  réunion  de  la  Section  Régionale  aura  lieu  en 
mars.   La   date  et  l'ordre   du  jour  en    seront    fixés   ultérieurement. 

Le   Secrétaire,  Le    Président, 

Félix   SxrvAGE.  A.    Castklain. 


lui.i.ETiN  nii  i/association  45 

CORRESPONDANCE 


Lettre  adressée  par  M.  Cope,  Président  de  la  Fédéra- 
tion nationale  des  Professeurs  de  Lycée,  à  M.  Cb- 
Veillet-Lavallée,  Président  de  l'Association  des 
Professeurs  de  Langues  Vivantes. 

Tourcoing,   le   17   noi)einbr<^   IU'20- 
M.     W'illcl-Lduallée,    Président    de     l'Association     des 
Professeurs    de    Langues    Vivantes 

Mon   cheh   collkgue, 

M.  Iley  a  communiqué  au  Bureau  de  la  PY-dcration  Xatiouale 
des  Professeurs  de  Lycée  la  lettre  que  vous  lui  avez  écrite,  le 
8  novembre  pour  protester  contre  une  démarche  faite  par  lui, 
au  nom  du  Bureau  de  la  F'édération,  auprès  du  Directeur  de 
rKnscignement  secondaire.  Le  Bureau,  tout  en  rendant  hommage 
aux  intentions  de  M.  Rey,  a  reconnu  que  votre  protestation 
n'était  pas  sans  fondement  et  a  décidé  d'éviter  à  l'avenir  toute 
initiative  et  toute  intervention  dans  les  questions  qui  sont  du 
ressort  des  Sociétés  de  spécialistes.  En  vous  communiquant  cette 
décision  je  me  permettrai,  mon  cher  Collègue,  d'exprimer  le  désir 
que  votre  Association  veuille  bien  considérer  l'incident  comme 
clos,  par  l'assurance  que  je  lui  donne  que  la  décision  du  Bureau 
de   rA3   sera   scrupuleusement   appliquée. 

Veuillez  agréer,  mon  cher  Collègue,  l'expression  de  mes  senti»- 
ments   dévoués. 

Le  Présidenl  de   l'A3, 
Signé  :  V.  Cope. 

Réponse  écrite  par  M.  CY).  Veillet-Lavallée,  Président 
de  l'A.  P.  L.  V.,  à  M.  Cope,  Président  de  la  Fédération 
Nationale  des  Professeurs  de  Lycées. 

M.    V.    Cope,    Président    de    la    Fédération     Xationale 
des    Professeurs    de    Lycée. 

Paris,  le  21   novembre  1920. 

Mon    chek    collègue. 

Votre  lettre  du  17  m'est  parvenue  au  moment  même  où  je 
partais  pour  aller  assister  à  une  séance  du  Comité  de  l'Associa- 
tion des  Professeurs  de  langues  vivantes.  J'ai  pu  ainsi  exposer 
à    nos   collègues    l'état    de    la    question. 

Nous  sommes  tombés  d'accord  pour  reconnaître  que  votre  der- 
nière lettre  apportait  à  l'incident  soulevé  la  plus  heureuse  conclu- 
sion en  nous  apprenant  que  le  Bureau  de  la  Fédération  comp- 
tait, désormais,  par  mesure  générale,  s'abstenir  de  toute  interven- 
tion  dans  les  affaires  qui  concernent  les   Sociétés  de   Spécialistes. 


46  LES   LANGUES   MODERNES 

Il  nous  :i  paru  que,  dans  ces  conditions,  il  était  inutile  de  faire 
figurer  le  sujet  qui  nous  occupe  à  l'ordre  du  jour  de  notre  pro- 
chaine Assemblée  générale  et  l'incident  peut  être  considéré  comme 
clos. 

Le  Comité  a  décidé  de  vous  prier,  toutefois,  de  reproduire  dans 
le  Bulletin  de  la  Fédération,  comme  nous  le  ferons  nous-mêmes 
dans  les  "  Langues  Modernes  »,  la  correspondance  échangée  à 
cette  occasion  :  il  y  a  utilité,  ce  nous  semble,  à  renseigner  les 
collègues  que  le  récit  contenu  dans  le  n"  d'octobre  du  Bulletin 
aurait    pu    émouvoir   et    inquiéter. 

Nous  avons  ainsi,  et  surtout  grâce  à  votre  esprit  de  raison  et 
de  justice,  mon  cher  Collègue,  contribué  à  resserrer  les  liens  de 
bonne  confraternité  qu'il  est  si  nécessaire,  à  l'heure  actuelle,  de 
rendre  plus  forts  et  plus  étroits  entre  les  divers  membres  du 
corps    professoral. 

Je   vous    prie,    mon   cher   Collègue,    d'agréer    Texpression    de    mes 

sentiments   tout    dévoués. 

Ch.   Veillet-Lavallke, 
Président   de    l'A.   P.    L.    V. 

Lettre  à  M.  le  Recteur  de  l'Université  de  Paris 

Dès  la  rentrée  d'octobre,  les  autorités  qui  dirigent  ces  établis- 
sements, obéissant  à  un  mot  d'ordre  venu  d'en  haut,  se  sont  mis 
en  devoir  d'appliquer  strictement,  en  première  année  notamment, 
les  nouveaux  programmes  votés  par  le  Conseil  Supérieur,  d'où  il 
est  résulté  une  diminution  assez  sensible  des  heures  consacrées  à 
l'étude  des  langues.  Invoquant  le  statut  particulier  qui  régit  le 
Collège  Chaptal  et  les  Ecoles  Pi-imaires  supérieures  de  la  Ville 
de  Paris,  le  Président  de  l'Association,  M.  Veillet-LavalU'e,  a 
jidressé   la   lettre   suivante   nu  Recteur  de   l'.Académie  de   Paris  • 

Paris,  le  .')  novembre   lO'ÙO. 
M.   Puni  Appel,  Recteur   de   V Académie  de  Paris. 

MONSIEUU    LE    ReCTEUH, 

Notre  .Association,  soucieuse  de  tout  ce  qui  Ij^juche  à  l'étude 
<les  langues  vivantes  en  France,  n'a  pu  se  défendre  d'une  certaine 
émotion  en  ajjjjrenant  que  les  j)rogrammes  et  les  horaires  adoptés 
par  le  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique  au  cours  de 
sa  dernière  session  étaient  mis  en  application  sans  délais  et  sans 
adoucissements  dans  certaines  Ecoles  Primaires  supérieures  de 
la   Ville   de   Paris. 

Jusqu'à  présent,  ces  établissements  jouissaient  d'un  régime  spé- 
cial que  justifient  le  nombre  des  élèves,  leur  recrutement  parti- 
culier, les  carrières  auxquelles  ils  se  destinent.  Ces  conditions 
ji'ont  pas  changé  et  il  serait  désastreux  pour  les  intérêts  de  ces 
jeunes  gens  et  de  ces  jeunes  filles  —  au  double  point  de  vue  de 
leur    culture    générale    et    de    leur    préjiaratiou     professionnelle    — 


15LM.ETIX    I)K    l'association  .    47 

de  les  soiiiiicttre  au  règlement  édicté  pour  la  province.  Uniformiser 
t't  centraliser  de  si  rigoureuse  façon  irait  d'ailleurs  à  l'encontrc 
des  tendances  générales  actuelles  qui  visent  à  la  spécialisation 
<ies    Kcoles    en    fonction    des    nécessités    locales   ou    régionales. 

Or,  il  se  manifeste  dans  la  population  scolaire  des  établisso- 
nients  dont  j'ai  l'honneur  de  vous  entretenir,  .Monsieur  le  Rec- 
teur, même  chez  les  élèves  qui  se  préparent  à  des  carrières  tech- 
niques ou  industrielles,  comme  les  candidats  aux  Ecoles  d'Arts 
et  Métiers,  une  volonté  bien  nette,  que  confirment  les  désirs 
exprimés    par    les    familles,    d'apprendre    les    langues    étrangères. 

.lusqu'ici,  alors  que  les  classes  de  1"  Année  des  Ecoles  Primai- 
res Supérieures  de  province  avaient  un  programme  hebdomadaire 
de  3  heures  consacrées  aux  langues  (Décret  et  .Arrêté  du  26 
juillet  1909j,  on  avait  maintenu  4  heures  h<.'bdomaduires  de 
langues  en  l'"  Année  dans  les  Ecoles  Primaires  Supérieures  de 
Paris.  Or,  depuis  la  rentrée  d'octobre,  certaines  divisions  de 
1"  .Année,  dans  ces  établissements,  se  voient  réduites  à  .3  heures 
d'anglais   ou   d'allemand. 

Cette  mesure,  il  est  vrai,  n'est  pas  appliquée  partout  ;  les  4 
heures  hebdomadaires  sont,  en  général,  maintenues,  ce  qui  est 
conforme  à  l'esprit  des  j)rescriptions  d'ordre  général  et  pédago- 
gique contenues  dans  les  programmes  et  instructions  de  1902,  qui 
préconisaient,  à  juste  titre,  un  enseignement  intensif  dès  le  début 
de  l'étude  d'une  langue  vivante. 

Connaissant  le  bienveillant  intérêt  que  vous  portez.  Monsieur 
le  Recteur,  à  l'enseignement  qui  nous  est  confié,  nous  sommes 
assurés  que  vous  voudrez  bien  empêcher  toutes  mesures  qui 
aftaibliraient  des  études  aussi  importantes  pour  les  jeunes  Pari- 
siens et  Parisiennes  qui  fréquentent  les  Ecoles  Primaires  Supé- 
rieures   de    la    ville. 

D'ailleurs  ces  établissements  sont  toujours  régis  par  l'arrêté 
du  25  janvier  1895  qui  n'a  jamais  été  abrogé  et  le  Comité  consul- 
tatif du  Collège  Chaptal  et  des  Ecoles  Primaires  Supérieures  de 
la  ville  de  Paris  n'a  pas  été  appelé  à  se  prononcer  sur  l'adapta- 
tion des  nouveaux  programmes   aux   Ecoles   dont   il   a  la   charge. 

.le  vous  prie  d'agréer,  .Monsieur  le   Recteur,  etc.. 

Ch.    Veillet-Lavallée. 

Correspondance  avec  M.  Boussagol 

y ic-^  Président  de  l'Association 
Toulouse,  6,  rue  Neuve  de  la  Balance,   H  novembre   19^20- 

A   M.    Veillet-Lavallée,   Président    de    l'Association    des 
Professeurs   de    langues   vivantes   de   l'Ens.  Public. 

Mon    cher   phésident   et   ami, 
Ma    récente   nomination    à   une    maîtrise    de     Conférences     à     la 
Faculté    des    Lettres    de     Toulouse     me     fait     une     obligation     de 
remettre    entre    vos    mains    ma    démission    de    vice-président. 


48  LES   LANGUES    MODERNES 

Ce  n'est  pas  sans  regrets  très  vifs  que  je  quitte  ce  Bureau, 
dont  tous  les  membres,  si  dévoués  à  la  cause  de  nos  chères  disci- 
plines, travaillaient  de  toutes  leurs  forces  au  perfectionnement 
de  nos  méthodes  et  à  l'amélioration  des  conditions  de  notre 
enseignement.  Je  n'oublierai  jamais  ni  les  réunions  si  cordiales, 
où  tant  de  bonne  besogne  fut  faite,  ni,  en  particulier,  votre  si 
charmant  accueil.  Veuillez  trouver  ici  l'expression  très  sincère 
de   ma    gratitude. 

Et  avant  que  je  ne  rentre  dans  l'ombre,  permettez-vous  à  celui 
qui  représentait  au  Bureau  la  liaison  entre  la  grande  Association 
des  Langues  Modernes  et  la  petite  Société  des  Langues  méridio- 
nales, de  vous  indiquer  quelle  fâcheuse  impression  a  produite 
sur  de  nombreux  professeurs  d'espagnol  et  d'italien  la  campagne 
des  Langues  Modernes  en  faveur  do  l'allemand.  Une  sorte  de 
pression  officielle  —  exagérée  par  les  organes  d'exécution  —  tend, 
et  a  réussi  eu  partie,  à  imposer  la  langue  allemande  aux  parents 
incompétents  ou  indécis. 

Nous,  dont  la  part  est  si  petite  et  l'utilité  si  grande,  nous  dont 
l'enseignement  est  plus  mal  orgauisé  que  celui  des  Langues  Sep- 
tentrionales à  leurs  pénibles  débuts,  nous  ne  pouvons  nous  asso- 
cier plus  longtemps  à  une  campagne  qui,  si  elle  continuait, 
risquerait  de  compromettre  irrémédiablement  les  efforts  que 
Présidents  des  Langues  Modernes  et  Présidents  des  Langues 
Méridionales  ont  toujours  tentés  en  vue  de  préparer  une  fusion 
en    tous    points    souhaitable. 

Veuillez   agréer,   etc.. 

BOLSSAGOL, 

Président    de    lu    Société    d'Etudes    des    Professeurs 
de    Longues    Méridionales 

Paris,   le  5  décembre   1920. 
M.    Boussagol,    Maître    de    Conférences    à    la    Faculté    des 
Lettres    de    Toulouse,   Président   de    la   Société    d'Etudes 
des  Professeurs   de   Langues  Méridionales. 

Mon  cher  président  bt  ami,  . 
J'ai  reçu  votre  lettre  du  14  novembre  dernier  à  la  veille  mcniL- 
d'une  réunion  du  Comité  de  votre  Association.  Il  a  partage  l'émo- 
tion un  peu  triste  et  les  regrets  que  m'avait  inspirés  la  nouvelle 
de  votre  démission,  imposée  par  votre  éloignement  de  Paris. 
Le  compte  rendu  de  la  séance  vous  fera  connaître,  par  le  Bulletin' 
quelles  formules  ont  été  données  par  nos  collègues  et  par  moi- 
même  aux,  sentiments  que  j'exprimais  plus  haut.  Votre  présence 
au  Bureau,  au  Comité,  nous  était  chère,  parce  que  vous  étiez 
un  vice-président  assidu,  dévoué,  amène,  que  vous  nous  suggé- 
riez les  vues  claires  et  justes  des  civilisations  méditerranéennes 
dont    votre    formation    intellectuelle    a    été    nourrie,    et    enfin    parce 


lUM.KTiN  1)1-:  l'association  1!' 

f|ue  vous  étiez,  au  milieu  dv  nous,  T^igent  de  liaisou  ciilie  le^ 
deux  associations  sœurs  des  Langues  Aféridionales  et  des  Lan- 
t;ues   Septentrionales. 

Cloninie  vous  le  dites  si  bien,  but  et  aspirations,  tout  est  com- 
mun dans  les  raisons  de  vivre  de  nos  deux  groupements  profes- 
bionnels.  Ce  n'est  donc  pas  sans  quelque  surprise  que  nous  avons 
lu  les  observations  contenues  dans  la  seconde  partie  de  votre 
lettre.  La  campagne  menée  par  l'Association  en  vue  d'empècber 
l'eftondrement  des  études  allemandes  en  France  —  j'ai  presque 
honte  à  insister  sur  ce  point  —  est  uniquement  inspirée  par 
l'intérêt  national.  .Aucune  hostilité  ne  s'y  mêle,  certes,  contre  les 
Langues  Méridionales,  pas  même  une  indifférence  à  l'égard  de 
leurs  intérêts  et  de  leur  développement.  Nous  pensons,  bien  au 
contraire,  que  les  Langues  \'ivantes  sont  solidaires  et  que  le  suc- 
cès de  l'une  entraîne,  tôt  ou  tard,  le  succès  de  l'autre.  Je  suis 
persuadé,  pour  ma  part,  que  si,  triomphant  de  préjugés  anciens 
et  d'une  hostilité  invétérée  qu'inspirent  des  vues  trop  courtes  et 
des  conceptions  dépoui'X'ues  d'ampleur,  nous  arrivions  à  donner 
à  notre  discipline  l'essor  que  nous  rêvons,  l'étude  des  langues 
ferait,  pour  me  servir  d'une  métaphore  un  peu  usée,  mais  bien 
juste,  ferait  boule  de  neige  car  c'est  un  phénomène  connu 
que  l'acquisition  d'une  langue  inspire  le  goût  d'en  savoir  d'au- 
tres. 

La  campagne  pour  la  défense  de  l'allemand  ne  saurait  nuire 
aux  langues  méridionales  dont  le  développement  a  été  considé- 
rable — ■  et  à  juste  titre  —  depuis  quelques  années.  Il  y  a  main- 
tenant des  chaires  d'espagnol  1"  langue  à  Paris,  à  Poitiers.  J'en 
Isuis  heureux.  Notez,  je  vous  prie,  en  revanche,  ce  simple  fait 
entre  cent  autres  :  cette  année,  en  6Mtiu  lycée  d'.\lbi,  pas  un  élève 
d'allemand.  Et  songez  que,  cependant,  sur  10  élèves  d'une  école 
secondaire  ou  technique,  en  .Allemagne,  9  apprennent  le  français  ! 
Notre  acti\ité,  si  elle  s'exerce  j>Ius  particulièrement  en  ce 
Jiiomeut,  dans  le  sens  favorable  au  maintien  de  l'allemand,  ne  s'y 
:l>orne  d'ailleurs  pas.  J'ai  eu  l'occasion  d'intervenir,  ces  temps 
iderniers,  comme  on  m'y  conviait,  au  profit  de  certains  profes- 
iseurs  d'italien  et  d'espagnol  dont  l'horaire  n'atteignait  pas  le 
quantum  réglementaire,  et  aussi  pour  la  création  d'un  enseigne- 
ment de  l'espagnol  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Clermont-Ferrand. 
Vous  le  voyez,  mon  cher  Président,  par  la  force  même  des  cho- 
ses, il  y  a  une  solidarité  inéluctable  entre  les  diverses  langues 
modernes  étudiées  dans  nos  établissements  d'enseignement  public. 
Vouloir  rompre  cette  solidarité  parce  que,  pour  un  temps,  au 
hasard  des  événements  qui  s'imposent  à  nous,  la  balance  penche 
un  peu  d'un  côté  ou  d'un  autre,  ce  serait  une  politique  singuliè- 
rement bornée. 

Bien  plutôt,  devons-nous  songer  à  une  union  plus  étroite  encore 


r>0  LES   LANGUES    MODERNES 

entre  nos  deux  Associations  vers  laquelle  une  première  étape 
pourrait  être  la  création  d'une  sorte  de  bureau  fédératif  où 
Tune  et  l'autre  seraient  représentées.  Je  propose  ce  point  à  vos 
réflexions  sympathiques,  sans  plus,  pour  le  moment.  Mais  quelle 
l^uissance  nous  posséderions  si  tous  les  professeurs  de  langues 
vivantes,  sans  exception,  formaient  un  seul  bloc  avec  un  idéal 
commun  et  des  moyens  de  défense  communs  contre  des  ennemis 
qui,  eux,  nous  englobent  dans  une  même  aversion  ! 

Je  vous  prie  d'agréer,  mon  cher  Président,  l'assurance  de  mes 
sentiments    d'amicale    confraternité. 

(".h.    Veillet-Lavalliîe. 

Lettre  à  M.  Can)erlyi)ck 

Paris,   le   2   décembre   19'2(>. 
Mon    cher    collègle, 

En  sa  réunion  du  18  novembre,  le  Comité  de  l'Association  des 
Professeurs  de  langues  vivantes  a  pris  connaissance  de  la  lettre 
que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser  à  la  date  du  2  novembre  der- 
nier, ainsi  que  du  vœu  relatif  à  l'ajournement  des  nouvelles  épreu- 
ves de  langues  au  baccalauréat.  Ce  vœu  était,  d'ailleurs,  appuyé 
par  les  signatures  d'un  certain  nombre  de  nos  collègues  dont  les 
noms  connus  et  justement  estimés  apportaient  un  surcroît  d'au- 
torité aux  observations  formulées. 

Sans  qu'il  soit  besoin  d'énumérer  ces  dernières  et  de  les  passer 
de  nouveau  en  revue,  je  puis  vous  assurer  que  votre  lettre  a  pré- 
cisé et  donné  une  forme  aux  objections  que  nous  nous  étions  fai- 
tes déjà.  Nous  avons  été,  mon  cher  collègue,  très  frappés  de  la 
force  et  de  la  qualité  de  vos  arguments  et  le  Comité  a  discuté 
avec  ampleur  vos  propositions.  Mais,  en  fin  de  compte,  il  a  estimé 
qu'elles   présentaient   plus   d'inconvénients   que   d'avantages. 

Donc,  après  un  examen  sérieux  de  la  question  qui  lui  était  sou- 
mise, le  Comité  n'a  pas  cru  pouvoir  prendre  la  responsabilité  de 
recommander  l'adoption  du  vœu  implicitement  contenu  dans  votre 
lettre,  aux  autorités  supérieures  de  l'Université,  en  joignant  à 
cette   recommandation   l'appui   de   l'Association. 

II  ne  vous  avait  pas  échappé  qu'on  obtiendrait  difficilement  du 
Conseil  supérieur  de  l'Instruction  Publique  qu'il  revînt  sur  sa 
décision  et  vous  avez  propesé  de  laisser  aux  élèves  le  droit  de 
choisir  entre  l'ancien  et  le  nouveau  régime.  Mais  alors  que  de  dif- 
ficultés pour  le  ])rofesseur  qui  devrait  préparer  ses  élèves  à  des 
exercices  d'ordre  aussi  différents  !  Que  deviendrait  l'homogénéité 
de  la  classe  ?  Quelle  perte  de  temps  pour  indiquer  les  devoirs  et 
plus  encore,  lorsque  Aiendrait  la  correction  de  ces  travaux  person- 
nels !  .\ussi  aviez-vous  pensé  confier  au  professeur  le  ))ouvoir  que 
j'appellerai    discrétionnaire    de    décider   à    quel    genre   d'épreuves    il 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  7)1 

prcpari-rait  tous  les  élèves  de  sa  classe,  l.c  maître,  après  avoir 
jaugi'  la  qualité  et  les  aptitudes  de  ses  jeunes  disciples,  leur  impo- 
serait eollectivcment,  soit  la  Version  avec  Thème  d'Imitation, 
soit    la   Réduction   et   toute    l;i   classe   devrait   suivre. 

Le  Comité  de  TAssociation  a  pensé  que  de  graves  inconvénients 
pourraient  résulter  de  cette  manière  de  procéder.  Le  professeur 
ne  saurait,  à  notre  avis,  sans  assumer  la  plus  lourde  des  respon- 
sabilités, prescrire  à  tous  ses  élèves  l'adoption  de  tel  ou  tel  genre 
d'épreuves.  Les  échecs,  en  fin  d'année,  ne  manqueraient  pas  de  lui 
être  imputés.  Les  parents  adresseraient  des  réclamations  que  les 
autorités  ne  pourraient  se  défendre  d'accueillir  et  des  diflicultés 
sans  nombre  surgiraient. 

-Au  surplus,  le  (lomité  estime  qu'il  est  trop  tard  maintenant 
l)Our  présenter  le  vœu  à  l'Administration  et  que  l'année  scolaire 
est  trop  avancée  pour  que  l'on  lente  d'appliquer  la  mesure.  Elle 
ne  pourrait  que  jeter  le  trouble  dans  l'esprit  des  candidats  et 
p;èner  leur  préparation.  11  y  a  lieu  de  considérer  aussi  que  la 
réforme  remonte  au  mois  de  fé\Tier  1920  et  que,  depuis  cette  épo- 
que, professeurs  et  élèves  ont  eu  les  délais  nécessaires  pour  adap- 
ter aux  nouvelles  épreuves  leurs  méthodes  d'enseignement  et  leurs 
efforts  de  préparation. 

Je  vous  prie  d'agréer,  mon  cher  Collègue,  rexjjression  de  mes 
sentiments  de   dévouée  confraternité. 

(.h.    \'EJI.LKT-La VALLÉE 

Lettre  de  M.  Pierre  Legouis 

Af   i)   décembre   î!fW. 

MOXSIELR    LE    PnÉSlDEXÏ, 

Le  dernier  numéro  du  Bulletin  a  publié,  en  même  temps  qu'une 
lettre  de  moi,  deux  répliques,  l'une  de  vous,  l'autre  de  M.  Rancès 
auxquelles  je  me  vois  obligé  de  répondre  à  mon  tour. 

Dans  la  première  de  ces  lettres,  vous  convenez  de  la  méprise 
que  j'avais  signalée,  mais  vous  voyez  dans  les  termes  dont  je  me 
suis  servi  <<  une  imputation  injurieuse  ■>  à  l'égard  du  Bureau  de 
l'Association.  S'il  en  avait  été  ain''i,  mon  père  à  qui  j'avais  soumis 
ma  lettre  (car  il  était  aussi  intéressé  que  moi  à  cette  rectifica- 
tion), ne  l'aurait  certes  pas  approuvée,  l'amitié  qu'il  a  pour  vous 
n'étant  pas  moindre  que  celle  que  vous  exprimez  pour  lui.  Vous 
savez,  d'ailleurs,  maintenant,  qu'il  n'a  pas  dépendu  de  moi,  mais  de 
l'imprimeur,  que  le  Bulletin  ne  publiât  un  texte  qui,  de  votre 
propre  aveu,  vous  donnait  toute  satisfaction. 

La  lettre  de  M.  Rancès  insiste  sur  ma  jeunesse  et  mon  inex- 
l^éricnce  :  je  souscris  à  tout  ce  qu'il  en  peut  dire,  et  constate 
qu'il  justifie  ainsi  mon  émotion  à  voir  mon  nom  substitué  à 
celui    de    maîtres     éprouvés.    —    Mais    M.     Rancès    est-il     fondé     à 


o2  LES   LANGUES    MODERNES 

m'accuser  de  "  perfidie  »  ?  Je  suis  «  inexcusable  »,  dit-il,  car 
j'ai  pu  lire  sa  letti-e  à  mon  père,  du  20  juin  1920.  En  effet,  et 
voici  ce  que  j'y  trouve  :  «  Que  M.  Clédat  ou  M.  Brunot,  qui  ont 
Tun  et  l'autre  fait  toutes  réserves  au  moment  du  vote  présentent 
un  tel  vœu  (d'ajournement),  rien  de  plus  normal  et  de  plus 
naturel.  Mais  qu'il  émanât  de  moi,  semblerait...  paradoxal  (sic.)  » 
Ai-je  donc  «  trahi  la  pensée  »  de  M.  Rancès  en  disant  «  qu'il 
ne  voulait  pas  se  déjuger  »  ? 

Le  vœu  d'ajournement,  entre  autres  avantages,  avait  celui 
d'cclaircir  une  situation  confuse.  Dans  quelle  mesure  M.  Rancès, 
après  avoir  exposé  les  désirs  de  ses  électeurs  (version  et  compo- 
sition libre),  avait-il  subi,  accepté  ou  prôné  le  thème  ?  La  ques- 
tion eût  été  tranchée  du  coup  si  notre  représentant  avait  secondé 
les  efforts  de  MM.  Clédat  et  Brunot.  Mais  il  n'a  point  voulu 
profiter  de  cette  occasion  qui  s'offrait  à  lui  de  dissiper  les  malen- 
tendus nés  de  la  séance  du  Conseil  supérieur.  A  nous  de  tirer  nos 
conclusions.  Quant  à  distinguer  entre  le  thème  littéraire  dont 
M.  Rancès  nous  a  préservés  et  le  thème  d'imitation  dont  il  nous 
a  dotés,  j'avoue,  surtout  après  avoir  étudié  le  recueil  de  M.  Ran- 
cès, destiné  à  "  illustrer  la  volonté  du  Conseil  »,  en  être  incapa- 
ble. M.  Rancès  traite  d'"  affirmation  gratuite  »  la  thèse  énoncée 
dans  ma  lettre,  que  le  Conseil  supérieur  n'avait  pas  à  se  pro- 
noncer sur  le  A'œu  d'ajournement.  Malheureusement  pour  lui 
cette  thèse  n'est  pas  de  moi,  mais  de  l'un  des  membres  les  plus 
anciens  et  les  plus  expérimentés  du  Conseil,  M.  Clédat,  doyen  de 
la  Faculté  des  Lettres  de  Lyon.  Le  ministère,  saisi  directement 
l)ar  M.  Rancès,  qui  a  le  droit  d'être  modeste  personnellement 
mais  le  devoir  de  se  faire  entendre  lorsqu'il  nous  représente  tous,- 
pouvait  à  son  gré  consulter  ou  non  la  set-tion  permanente.  S'il 
l'avait  fait,  il  est  vraisemblable  que  celles-ci  se  serait  récusée,  la 
question  de  la  date  d'application  d'une  mesure  étant  purement 
administrative. 

Enfin,  puisque  M.  Rancès  veut  bien  vérifier  mes  additions,  je 
le  prie  de  se  reporter  au  Bulletin,  année  1919,  n°  2,  p.  123  et 
notes  (99  -|-  386  =  485).  S'il  y  a  de  la  confusion  dans  le  referen- 
(ium,  ce  n'est  pas  à  un  des  nombreux  professeurs  qui  n'ont  pu  y 
participer  qu'il   convient  de   s'en   prendre. 

Voilà  une  longue  lettre  sur  un  sujet  purement  rétrospectif  : 
je  m'excuse  de  tenir  tant  de  place  dans  le  Bulletin  et  c'est  une 
raison  de  plus  pour  regretter  l'erreur  qui  m'y  a  fait  entrer  malgi'é 
moi. 

A'euillez   agréer,   etc.. 

Note.  —  Il  serait  vain,  pensons-nous,  et  sans  intérêt  pour  nos 
lecteurs,  de  faire  suivre  la  lettre  ci-dessus  d'une  nouvelle  répli- 
que.  De   biè\es   observations    suffiront. 


liLLi.KTiN  1)1-:  i/association  03 

Le  Président  est  trop  soucieux  de  voir  la  paix  régner  dans 
l'Association  et  un  esprit  de  cordiale  confraternité  unir  tous  les 
n.cnibres  du  groupement,  à  l'heure  où  tant  d'hostilité  se 
manifeste  en  maintes  sphères  administratives  et  autres,  pour  ne 
pas  désirer  voir  la  (in  de  cette  polémique.  M.  P.  Legouis  voudra 
hien  convenir  à  son  tour,  qu'une  erreur  de  noms  propres,  dans 
«n  compte  rendu,  est  chose  fréquente  et  inévitable.  Si  fâcheuses 
qu'en  puissent  être  les  conséquences,  elles  ne  sauraient  justifier 
des  sentiments  d'animosité  entre  nous.  Il  reconnaît  déjà,  j'en 
suis  sûr,  que  le  rapprochement  de  certaines  expressions  comme  : 
>  étrange  méprise  .>  et  •  dissimulant  »  dans  une  phrase,  quand 
bien  même  des  précision^  syntaxiques  puissent  atténuer  la  viru- 
lence des  ternies,  n'en  produit  pas  moins  un  cfiet  que  je  m'abs- 
tiens de  cpialifier,  mais  dont  pourraient  s"olTusquer  les  moins 
chatouilleux. 

Il  sait  aussi  —  et  cela  seul  importe  —  que  les  membres  du 
Comité,  dans  cette  séance  du  29  juin,  ont  été  informés  sans 
aucune  erreur  possible,  que  l'auteur  de  la  lettre  dont  je  leur 
donnais  lecture,  émanait  bien  de  M.  Legouis,  professeur  à  la 
Sorbonne.  Le  Comité  a  donc  jugé  et  apprécié  les  divers  argu- 
ments  qui    lui    furent    présentés,   en    j)leiue   connaissance   de   cause. 

Ch.     \'Eri,LET-LAVALLÉE. 

Lettre  de  M.  Rai)cè5 

Paris,    le    'Mi    décembre    1920- 

.MOX      CHEU     PliÉSlDENT, 

.le  m'étais  bien  jjromis  de  ne  plus  répondre  à  M.  Pierre  Legouis. 
Mais  dans  la  lettre  que  vous  me  communiquez,  il  se  place  sous 
l'égide  de  deux  hommes  dont  l'opinion  compte  beaucoup  à  mes 
yeux.  Force  m'est  donc  de  prolonger  cette  polémique,  et  je  m'en 
excuse  :   quoi   qu'il   arrive,   ce   sera   mon  dernier  mot. 

Il  a  plu  à  M.  Pierre  Legouis  de  détacher  d'une  de  mes  lettres  à 
son  père  une  phrase  qui  doit  me  confondre.  Or,  toute  cette  lettre 
du  .30  juin  à  M.  Emile  Legouis  peut  se  résumer  ainsi  :  «  J'ai 
soutenu,  au  nom  de  trois  cents  de  mes  collègues,  qu'ils,  ne  vou- 
laient plus  du  statu  quo  —  sur  ce  point  du  moins,  le  référendum 
a  donné  une  indication  très  nette.  —  Il  serait  paradoxal  que  je 
vinsse  aujourd'hui  m'associer  à  un  vœu  qui  équivaut  à  réclamer 
le  maintien  sine  die  de  la  situation  actuelle.  »  Partant  de  cette 
lettre,  que  je  l'invite  à  relire,  M.  Pierre  Legouis,  eu  toute  bonne 
foi,    se   croit-il    autorisé    à    m'accuser   de    duplicité  ? 

Sur  un  autre  point,  M.  Pierre  Legouis  cherche  vainement  à  me 
Uîcttre  en  désaccord  avec  mon  collègue,  M.  Clédat.  S'il  veut  me 
contraindre  à  déclarer  que  le  Ministre  a  théoriquement  le  droit 
de   prendre  tel   décret    qu'il    lui    plaît    sans   consulter   le   Conseil,    à 


'A  LES    LANGUES    MODERNES 

plus  forte  raison  de  modifier,  d'annuler  même,  un  projet  de 
Décret  approuvé  par  l'Assemblée,  il  se  donne  bien  du  mal  pour 
rien.  Ce  que  je  soutiens,  c'est  qu'en  fait  il  n'y  a  pas  d'exemple 
que  le  Ministre  ait  jamais  passé  outre  à  la  volonté  du  Conseil,  ni 
qu'il  ait  modifié  un  décret  sans  le  consulter  derechef.  Je  ne  dis- 
cute pas  davantage  que  la  fixation  de  la  date  d'application  ne 
puisse  être  une  mesure  purement  administrative,  bien  que  le  Con- 
seil soit  constamment  appelé  à  fournir  son  avis  sur  ce  point 
comme  sur  les  autres.  Mais  le  vœu  auquel  j'ai  refusé  de  m'asso- 
cier  Cet  qui  doit  a^1oir  suivi  la  filière  commune),  ne  réclamait 
pas  l'ajournement  jusqu'à  une  date  précise  :  il  remettait  l'appli- 
cation du  Décret  jusqu'à  l'heure  incertaine  où  on  jetterait  bas 
tout  l'édifice  du  baccalauréat.  Parlons  net  :  c'était  une  manière 
détournée  d'annuler  le  vote  du  Conseil.  M.  Pierre  Legouis  croit-il 
sincèrement  que  le  Ministre,  saisi  directement,  n'eût  pas  vu  où 
on  voulait  le  mener,  ou  que  la  Section  Permanente,  régulièrement 
consultée,   se   fût  contentée  de   se  récuser  ? 

Tout  ceci,  d'ailleurs,  n'est  que  broutilles.  Ce  qui  est  plus 
sérieux,  c'est  que  M.  Pierre  Legouis,  en  dépit  d'affirmations  for- 
melles qu'il  ne  me  plaît  pas  de  renouveler,  maintient  ses  insinua- 
tions sur  mon  rôle  au  Conseil.  Là-dessus,  j'ai  tout  dit:  à  chacun,  en 
effet,  de  tirer  ses  conclusions.  Je  ne  redoute  certes  rien  de  ceux 
qui  m'ont  élu  sur  les  promesses  d'un  passé  qui  demeure  mon 
meilleur  garant.  La  méthode  directe  ?  Mais  je  l'appliquais,  à  ma 
laçon,  bien  avant  qu'elle  ne  devînt  oflicielle.  L'épreuve  du  bac- 
calauréat ?  Mais  tous  ceux  qui  assistent  à  nos  réunions  pédagogi- 
ques ou  qui  en  lisent  les  comptes  rendus,  savent  ce  que  je  récla- 
me depuis  des  années  :  un  programme  de  deux  ou  trois  auteurs, 
renouvelable  tous  les  deux  ans,  et  une  composition  portant  obli- 
gatoirement sur  l'un  ou  l'autre  de  ces  auteurs.  Et  voici  que  brus- 
quement j'aurais  •  prôné  »  le  thème  auquel  personne  ne  son- 
geait  "    (pas   même   le   rédacteur  de   l'exposé   des   motifs)  ? 

Reste  le  livre  que  j'ai  signé  avec  cet  autre  contempteur  de  la 
méthode  active,  M.  G.  d'Hangest.  Ce  livre  vaut  ce  qu'il  vaut,  mais 
il  dit  bien  ce  qu'il  veut  dire.  Le  thème  qu'a  voulu  le  Conseil  n'est 
nullement  un  exercice  de  reproduction  intégrale,  de  retraduction 
jjure  et  simple.  Portant  sur  le  même  sujet  que  la  version,  afin  de 
hisser  le  candidat  dans  la  même  ambiance,  il  devra  contenir  les 
termes,  les  formes,  les  règles  de  la  gi-ammaire  essentielle  qui  sont 
du  domaine  commun  et  doivent  être  supposés  acquis  par  un  élève 
qui  étudie  les  langues  vivantes  depuis  six  ans.  Entre  l'exercice 
ainsi  cont;u  et  l'ancien  thème  fabriqué  à  grands  coups  du  dic- 
tionnaire bilingue,  n'y  aurait-il  vraiment  aucune  différence  ? 
(^*uoi  qu'il  en  soit,  c'est  cette  conception  que  nous  avons  tenté  de 
réaliser,  tout  au  moii\s  dans  la  première  moitié  de  notre  volume, 
les  autres  devoirs  étant  clairement  destinés  aux  candidats  aux 
grandes    Ecoles.    Et    nous    n'avions    pas    la    singulière    jnétention    de 


Bl'LLEïlN    I)K    L  ASSOCIATION  .).> 

satisfaire  tout  k*  monde,  mais  seulement,  et  sur  leur  invitation 
même,  de  suggérer  quelques  exemples  eontrets  aux  chercheurs  de 
bonne    volonté. 

Mon  jeune  collègue  me  permettra-t-il,  en  terminant,  de  lui 
<lonncr  un  conseil  entièrement  désintéressé  ?  Je  ne  crois  vraiment 
pas  qu'il  use  du  bon  moyen  pour  aboutir.  Que  ne  recherche-t-il 
plutôt,  avec  le  Comité  de  notre  .Association,  un  terrain  d'action 
commune  ?  Kt  quand,  de  cette  collaboration  nécessaire,  sortira 
un  projet  bien  clair,  cette  fois,  et  bien  mis  au  point,  chacun  sera 
forcé  de  prendre  ses  responsabilités.  M.  Pierre  Lcgouis  verra 
que  je   ne   serai   pas   le  dernier  à   réclamer  les   miennes. 

Veuillez    croire,     mon     cher     Président,     etc.. 

.M.   Rancis, 
Déli'ijiié  (III   Conseil  siijiérii'ur. 


Adhésions  nouvelles 


M.  Aboulkel,   prof.   K.   P.   S.,  Omstantinc  ;  M.  Paul  Arriyhi,   prof, 
lycée.     Bourg  ;   Mlle   Btiigiie,    prof.    E.    P.    S.     F".,     (Ihaumont  ;     Mlle 
henesis,  prof.  E.   P.  .S.,  Blida  ;  M.-  J.  Berlioz,   prof.   E.  N.,   Montbri- 
son  :   Mme   BiniKinii.   (".aunes  ;    Mme   Boiitemps,    prof.   E.   P.    S.   F., 
(^haumont  ;    Mlle    Brisch,     C.olmar  ;     M.    Jean    Catel,     prof,     lycée, 
-Montpellier  ;   M.  Chahnel.   prof,  lycée,   St-Qi:entiu  ;  M.  Clech,   prof. 
lycée.  Rennes  ;  Mlle  Colomlntz,  prof.  E.  P.  S.  F.,  Nice  ;  .1/.  Connes, 
prof,   lycée,   Marseille  ;   M.   Couvreur,    prof.    E.    P.    S.,   Bagnols-sur- 
C^èze  ;   Mme   Decloitre,   prof.   E.   P.   S.,   La   Côte-St-André  ;  M.  Des- 
biot,   prof.  E.  P.  S.,   Caen  ;   M.  IJesrosier,   prof,   collège,   .\uxonue  ; 
M.  L.  Dreyfus,  prof,  lycée  Kléber,  Strasbourg  ;  M\  J.  Dreyfus,  prof, 
rlycée  Kléber,   Strasbourg  ;   M.  Ehrhardt.  prof,  lycée   Kléber,   Stras- 
tboiirg  ;    M.    Fabre,    prof.,    lycée    Douai  ;    M.    Féret,    prof.    E.    P.    S„ 
[>Louviers  ;    M.    Fouret,    prof,    lycée    Janson,    Paris  ;    M.    Gautherot. 
srof.   Ec.    Prat..    Montbéliard  ;    M.   Gédéon,     prof,     lycée     Poitiers  ; 
fM'  Ch.  Kray.  prof,  lycée  Kléber,   Strasbourg  ;   Mll^  Lacrouze,  prof. 
|E.   P.   S.,   Talence  ;   .)/.  R.   Lamar,   prof.    lycée    Beauvais  ;   Mlle   La- 
\rab,  prof.  E.  P.  S.  F.,  Mascara  ;  M.  Laurent,  prof.  E.  P.  S.,  Cadil- 
;lac  ;   M.   Le   Golf,   prof,   lycée,    Toulon  ;   Mlle   Legouis,    prof,   lycée 
f^J.    P.,     Mulhouse  ;    M.     Olivier-Leroy,     prof,     lycée,     Châteauroux  ; 
}M.  Jean   Meunier,   prof,  collège,   Charolles  ;   M.   de   Montaigu.   prof. 
Fcollège,   Luçon  ;   M.   Moulinier,   prof,    lycée,    Tours  ;   Mlle    Passard. 
h>Tof.   E.   P.   S.   J.   F.,   Largentière  ;    Mlle   Pédevilla,    prof.   E.    P.   S.. 
[Brignoles  ;  Mlle  Perrenoud,  prof.  Ij-cée  J.  F.,   St-Germain-en-Laye  ; 
^Mlle   Petithuguenin,   prof.    E.    P.    S.' J.   F.,    St-Lô  ;    M.   J.    Peurauhe, 
prof,  lycée,  Nancy  ;  Mme  Pujol,  Bordeaux  ;  Mlle  M.  Richard,  prof, 
déléguée   lycée,    Bar-le-Duc  ;    M.    Rouleux,    prof,     collège.     St-Jean- 
d".\ngély  ;  M.  Ruche,  prof,  lycée,  Tunis  ;   M.  Taillebot,   prof,  lycée, 
Aix-en-Provence  ;  M-  Thénard,  prof.  E.  P.  S.,  Chinon  ;  M.  Thomas, 
prof,  lycée,  Poitiers  ;  Mlle   Thourot.  prof.  E.  P.  S.  J.  F.,  Ste-Marie- 
aux-Mines  ;    M-    Vieu.r.    jirof.   lycée,   Nantes  ;    M.    Villeméjane,   prof, 
d'espagnol    à    l'Ecole    Arago  ;    M.    WolfJ,    prof,    lycée    Kléber,    Stras- 
bourg. 


CONSIDERATIONS  INACTUELLES 


C'est  donc  cette  année  que  la  comi^osition  en  langue  étran- 
gère se  verra  supplanter,  à  l'écrit  des  baccalauréats  B  et  D, 
par  la  nouvelle  formule  :  Version,  thème  d'imitation.  La  loi 
est  la  loi,  et  il  nous  appartient  d'en  assurer  l'exécution,  quoi 
que  nous  puissions  en  penser  dans  notre  for  intérieur.  Mais 
il  est  permis,  croyons-nous,  de  réserver  l'avenir,  et  même, 
en  un  sens,  de  le  préparer,  en  nous  demandant  pourquoi  et 
comment  la  petite  révolution  de  1920  a  pu  réussir. 

Quand  nous  sommes  partis  pour  la  guerre,  en  1914,  nul  ne 
paraissait  songer  à  mettre  en  question  la  réforme  de  1902, 
avec  tous  ses  corollaires,  au  nombre  desquels  figurait  en  place 
honorable  la  composition  en  langue  étrangère.  De  tem])s  en 
temps,  quelque  fidèle  des  anciens  dieux  jetait  bien  sur  nous 
la  malédiction,  mais  sans  la  prendre  lui-même  au  sérieux. 
Aucun  nuage  n'assombrissait  notre  petit  horizon.  Nous  res- 
tâmes longtemps  sous  le  harnois  militaire.  A  notre  retour, 
trop  heureux  de  retrouver  les  douceurs  de  la  vie  civilisée, 
nous  avions  repris  nos  bonnes  habitudes  d'avant-guerre,  et 
ne  soupçonnions  nulle  menace  suspendue  sur  nos  tètes.  Mais 
un  beau  jour  nous  entendîmes  parler  d'un  référendum  qui, 
parait-il,  reflétait  avec  une  fidélité  admirable  le  nouvel  état 
d'esprit  des  professeurs  de  langues. 

D'où  surgissait  le  monstre  ?  Je  ne  sais.  Je  sais  seulement 
que  je  n'ai  pas  eu  l'honneur  d'être  consulté.  Et  conuue  tous 
mes  camarades  de  la  guerre  ont  eu  l'occasion  de  se  faire  la 
même  remarque,  il  est  clair  que  ce  référendum,  silencieuse- 
ment préparé,  mais  bruyamment  exploité,  ne  signifie  plus 
grand'chose.  vSi  ciuelqu'un  avait  le  droit  de  faire  connaître 
son  opinion  en  la  matière,  c'étaient  apparemment  les  anciens 
mobilisés,  pour  ne  pas  dire  les  anciens  combattants.  Or,  la 
date  même  à  laquelle  on  a  recueilli  les  votes  était,  ou  si  bien, 
ou  si  mal  calculée,  que  la  plupart  des  démobilisés  ont  été  mis 
en  présence  rlu  fait  accompli.  C'est  ce  qui  ressort,  aussi  bien, 
des  chiffres  donnés  récemment  dans  cette  revue,  si  on  les 
compare  seulement  aux  chiffres  des  adhérents  de  IWssocia- 
tion. 

Donc  ce  référendum  est  insigniliant  <i  priori,  puisque  tous 
les  jeunes  en  ont  été  exclus.  Cependant,  examiné  en  lui-même, 


CONSIDKHATIONS    INACTCEI.LliS  ,')7 

;i-t-il  If  SLMis  qu'on  a  prétendu  lui  donner  ?  Eniporte-t-il, 
même  incomplet  et  mutilé,  condamnation  de  la  composition 
en  Janj»ue  étrangère  ?  Il  dit  exactement  le  contraire.  Le  thème, 
adopté  par  le  Conseil  Sui)érieur,  et  présenté  par  certains 
comme  le  désir  secret  ilu  personnel  enseii,Miant,  avait  recueilli 
107  voix  sur  407  sufVrages  exprimés,  tandis  que  la  cc)nii)osi- 
tion,  modifiée  ou  non,  réunissait  300  suffrages. 

Le  0)nseil  Supérieur  se  trouvait  donc  en  face  d'une  situa- 
tion très  nette.  Même  si  personne  ne  lui  signalait  l'abstention 
bien  involontaire  de  plusieurs  centaines  de  professeurs,  en 
grosse  majorité  fidèles  à  la  réforme  de  1902,  il  n'y  avait  qu'à 
regarder  les  chiffres  pour  se  convaincre  des  intentions  de 
ceux  qui  avaient  pu  voter.  La  composition,  ou  la  version 
suivie  d'un  large  questionnaire,  répondait  aux  vœux  de  la 
plupart.  Aussi  le  Conseil  Supérieur,  dans  sa  sagesse,  décida- 
t-il  que  la  composition  avait  vécu,  et  que  la  version  elle-même 
ne  se  concevait  que  flanquée  d'un  thème  d'imitation. 

O  n'est  pas  ici  le  lieu  d'étudier  la  composition  du  (Conseil 
Supérieur.  Il  est  excellent,  in  abstracto,  que  ce  grand  et  noble 
organisme  puisse  au  besoin  départager  les  enragés  tenants 
de  nos  mille  catégories  éternellement  rivales.  Cependant, 
lorsqu'il  s'agit  de  maintenir  ou  de  modifier,  et  que  l'immense 
majorité  des  gens  compétents  et  intéressés  se  prononce  pour 
le  maintien,  il  est  assez  étrange  qu'on  leur  impose  ainsi  du 
dehors  des  formules  pédagogiques  rejetées  par  eux.  Mais  le 
travail  d'investissement  avait  été  sans  doute  entrepris  de 
longue  date,  et  sans  donner  le  moins  du  monde  dans  le 
rocambolisme,  il  est  permis  de  trouver  quelque  suite  dans  tous 
ces  événements  inattendus,  d'y  retracer  une  idée  directrice 
et  une  volonté  tenace. 

Encore  fallait-il  des  prétextes  pour  pouvoir  condamner  une 
é])reuve  acceptée  par  nous  pour  lui  en  substituer  une  autre 
que  nous  refusions.  On  a  donc  présenté  la  composition  comme 
un  affreux  pot-pourri  de  formules  toutes  faites,  apprises  par 
cœur,  insérées  bon  gré  mal  gré  dans  n'importe  quel  sujet,  et 
reliées  aussi  mal  que  possible  par  de  pauvres  balbutiements 
déi)ourvus  de  syntaxe  et  de  logique.  C'est  vraiment  se  donner 
la  partie  belle.  Si  tel  était  le  résultat  de  nos  six  années 
d'efforts,  qui  de  nous  serait  assez  aveuglé  par  le  parti  pris 
pour  ne  pas  y  renoncer  spontanément  ?  La  vérité  est  qu'un 
élève  moyen  de  nos  classes  de  première  fournissait  à  l'exa- 
men un  papier  fort  honorable,  rédigé  avec  beaucouj)   moins 


.")8  LES    LANC.IES    MODEUNES 

de  maladresse  et  de  gaucherie  et  de  barbarismes  et  d'erreurs 
qu'on  ne  voudrait  aujourd'hui  le  laisser  entendre.  D'une  ma- 
nière générale,  la  composition  étrangère  valait  à  peu  près, 
relativement  bien  entendu,  la  composition  française.  Les 
épreuves  écrites  du  baccalauréat  n'ont  pas  coutume  de  servir 
aux  anthologies  ;  il  faut  donc  juger  une  épreuve  en  la  rem- 
plaçant dans  son  cadre,  dans  son  rôle,  et  se  demander  com- 
ment elle  le  remplit.  Or,  la  composition  nous  servait  parfaite- 
ment à  apprécier  l'étendue  et  la  justesse  du  vocabulaire,  et 
les  acquisitions  grammaticales  du  candidat.  Elle  répondait 
à  sa  fin.  Elle  avait  aussi  le  mérite  de  couronner  harmonieuse- 
ment notre  patiente  construction  de  six  années.  Quant  aux 
élucubrations  que  Ton  a  produites  comme  de  fidèles  spéci- 
mens de  cette  épreuve,  la  plupart  des  examinateurs  savaient 
isoler  les  clichés,  et  condamner  l'insuffisance  éclatante  de 
tout  le  reste,  qui  représentait  la  force  vraie  de  l'élève.. 

On  aurait  pu  adresser  cependant  des  reproches  à  la  compo.- 
sition  telle  qu'elle  se  pratiquait  jusqu'à  1914.  Au  lieu  de  lancer 
l'élève  à  corps  perdu  sur  un  de  ces  thèmes  qui  reviennent 
forcément  toujours,  avec  quelques  variantes  ingénieuses,  on 
aurait  pu  le  maintenir  plus  longtemps  sur  la  voie,  l'empêcher 
de  dérailler,  en  lui  donnant  par  exemple  une  version  suivie 
d'un  commentaire  bien  compris.  La  composition  n'était  pas 
intangible  dans  sa  forme,  si  elle  semblait  l'être  dans  son  prin- 
cipe. Mais  ce  qu'on  voulait,  ce  n'était  ni  satisfaire  les  désirs 
du  personnel,  même  imparfaitement  exiirimés,  ni  améliorer 
une  épreuve  d'utilité  reconnue  par  l'expérience,  ni  mieux 
armer  les  candidats  contre  l'incertitude  des  examens.  On 
avait  l'arrière-pensée  de  ramener  triomphalement  dans  nos 
classes,  en  vainqueur  et  en  maitre,  le  thème,  naguère  honni, 
le  thème,  relégué  au  rang  de  rapide  exercice  oral,  le  bon  vieux 
thème  du  latin  et  du  grec,  que  certains  ne  se  consolaient  pas 
de  voir  abandonné.  Les  partisans  du  thème  l'ont  emporté, 
grâce  à  l'obscurité  que  l'on  a  su  faire, autour  de  notre  opinion 
presque  unanime.  Ils  ont  trouvé  un  peu  partout  les  compli- 
cités qui  ne  manquent  januiis  aux  ennemis  des  humanités  mo- 
dernes. Leur  victoire  est  une  défaite  pour  nous.  Sachons  du 
moins  en  tirer  la  leçon.  Apprenons  d'abord  à  tous  ceux  qui 
nous  lisent  (juc  le  référendum  de  1919  n'a  pas  de  valeur,  que 
c'est  une  consultation  hâtive  et  incomplète  dont  nous  n'avons 
pas  la  responsabilité.  Et  apprenons  nous-mêmes,  par  l'im- 
]u-évu    de  ce   revirement,    (jui   nous    a   surpris,    qu'il   ne   faut 


NOIES    SIR    LA    MiriHODi;    DIKKCTE  i/,) 

jamais  désespérer  ;  que  si  nous  savons  le  vouloir,  ce  qui  a  été 
fait  malgré  nous  sera  défait  grâce  à  nous  ;  que  nous  aurons 
un  jour  notre  revanche,  comme  les  amis  du  thème  ont  en  ce 
moment  la  leur. 

Faisons  loyalement  l'essai  (|ui  nous  est  proposé,  bien  qu'à 
mon  avis  la  conclusion  soit  inscrite  dans  les  prémisses,  et 
voyons  d'ici  quelque  temps  ce  que  donnerait  un  référendum, 
organisé  cette  fois  dans  des  conditions  normales.  Je  ne  serai 
pas  mauvais  prophète  en  prédisant  que  ce  jour-là,  si  le 
(lonseil  vSupérieur  veut  bien  tenir  compte  de  nos  vœux,  la 
méthode  vivante  d'enseignement  des  lanj^ues  vivantes  retrou- 
vera son  couronnement  naturel,  la  composition  vivante  et 
libre  en  langue  étrangère. 

A.     HiVOAI.LAX. 

:;*;: 


Notes  sur   la   méthode  directe 


«  Des  ni)Ot5,  des  n)Ots,  des  n)ots  !  »  (Harolet) 

Abslrait  et  Concret  —  La  méthode  directe  n'a  plus  d'adver- 
saires, c'est  entendu  ;  mais  elle  a  des  partisans  fervents  et 
des  partisans  tièdes.  Ces  derniers  veulent  bien  la  reconnaître 
bonne  pour  enseigner  le  vocabulaire  <<  concret  »,  mais  lui 
refusent  toute  vertu  pour  enseigner  le  vocabulaire  «  abs- 
trait ». 

Ils  oublient,  évidemment,  que  nos  élèves  nous  arrivent 
possédant  l'un  et  l'autre  vocabulaire' dans  leur  langue  mater- 
nelle. Or,  la  langue  maternelle  tout  entière  a  été  acquise 
directement  :  «  Quand  le  petit  tétait,  et  que  la  mère  allaitait, 
où  donc  était  le  dictionnaire  bilingue  ?  » 

Je  soutiens  qu'il  n'y  a  pas  de  mots  concrets.  Tous  sont 
abstraits. 

En  etïet,  une  chose  quelconque  peut  être  représentée  par 
le  mot  "  ceci  »  ou  par  le,  mot  «  cela  ».  Deux  mots  aussi 
abstraits  et  aussi  généraux  que  possible.  Ce  sont  pourtant  les 
premiers  mots  que  nous  enseignons  :  «  Ceci  est  un  livre  !  » 
Or  si  le  mot  «  ceci  »  est  abstrait,  ce  dont,  j'espère,  personne 
ne  doute,  le  mot  «  livre  »  qui  en  est  l'équivalent  est  abstrait 
aussi.  C.  Q.  F.  D. 


60  LHS   LANGUES   MODERNES 

La  Classification  siiraimêc.  —  Alors,  comment  distinguer 
les  mots  tels  que  «  ceci  »  des  mots  tels  que  «  livre  »  ?  Voici. 
Nous  ferons  table  rase  de  la  classification  d'Aelius  Donatus 
(IV'  siècle)  en  noms  et  i^ronoms,  classification  parfaitement 
inadéquate,  et  controuvée  d'ailleurs  par  les  découvertes  de 
la  linguistique  (D'après  M.  Michel  Bréal,  les  pronoms  au- 
raient été  les  premiers  mots  de  tout  langage).  Et  nous  regar- 
derons «'  ceci  »  comme  une  armature,  et  «.  livre  »  comme 
un  des  revêtements  possibles  de  cette  armature  primitive. 

Les  mots  servant  à  représenter  les  idées  de  choses  :  ceci 
et  cela,  de  lieu  :  ici  et  là,  de  temps  :  maintenant  et  alors, 
d'action  :  faisant,  d'état  :  étant,  sont  de  simples  armatures. 
Ils  sont  susceptibles,   chacun,   d'une   infinité   de   revêtements. 

Syntaxe  directe.  —  Si  nous  savons  nommer  ainsi  simple- 
ment toutes  les  choses  (et  toutes  les  personnes),  tous  les  lieux, 
et  tous  les  temps,  au  moj'en  d'une  dizaine  de  mots  d'armature, 
que  nous  manquera-t-il  pour  compléter   notre  vocabulaire  ? 

Il  nous  manquera  d'abord  les  mots  représentant  l'Espace. 
Je  veux  dire  les  mots  qui  indiquent  les  positions  relatives  des 
images  (choses,  lieux,  temps)  les  unes  par  rapport  aux  autres. 
Ceux-ci,  par  exemple  :  DE,  indiquant  séparation  ;  A,  direc- 
tion ;  et  EN,  union.  Ces  mots,  que  les  grammairiens  négligent, 
sont  des  plus  abstraits  :  mais  je  les  comparerai  aux  boulons 
de  notre  armature. 

Car,  faire  de  la  Syntaxe  directe,  si  je  puis  dire,  devient 
aussi  amusant,  pour  de  petits  gosses,  que  de  jouer  au 
'(  Meccano   ->.   Quelques   exemples  : 

Armature  :  Crci  est  à  cela. 

Hevètement  :       Le  livre    appartient     à  Jacques 

id.         :       Ce  jouet       marche       à       perfection,  etc. 

Un  deuxième  exercice  consistera  à  trouver  l'armature 
d'une  phrase  dont  on   donne  le  revêtement.  Exemple  : 

lU'vêlemenl  :       Marchez'    -      vous      en       rang? 
.\maturc  :  Faites  ceci        en        cela  ? 

Je  parle  par  expérience.  Lorsqu'on  a  jjassé  le  temps  dévolu 
aux  langues  en  Sixième  et  en  Cinquième,  à  de  semblables 
exercices,  on  ne  se  casse  plus  la  tête  à  essayer  de  résoudre, 
en  Quatrième,  le  i)roblème  de  l'Abstraction  par  le  problème 
autrement  compliqué  de  la   Traduction. 


\(»Ti:s    SI  H    I.\    MKTIIODE    OIRECTK  (il 

.l'ajouti'  que  l'on  est  p(nti-  jiimai.s  dégoûté  de  la  Grammaire. 
J'entends  de  celle  que  Donatus  composa  en  latin  pour  son 
élève  saint  Jérôme,  au  iV  siècle  de  notre  ère,  et  que  Chapsal 
transposa  en  français,  pour  le  malheur  de  tous  les  écoliers, 
vers  1825. 

Il  me  reste  à  avouer  que  j'emi)loie  quelques  objets  concrets 
pour  développer  devant  des  élèves  de  dix  ans  ces  théories 
subversives  et  paradoxales.  Mon  parapluie  suffit  cependant  à 
démontrer  le  mécanisnie  de  l'armature  et  du  revêtement. 
Nous  nous  représentons  DE,  comme  les  Egyptiens,  ])ar  une 
scie  ;  A,  par  une  flèche  ;  et  EN,  par  un  anneau. 

La  Pcmi'e  coinplcte.  —  Il  n'est  pas  de  problème  gramma- 
tical qu'on  ne  puisse  résoudre  par  le  moyen  des  quelques  mots 
abstraits  que  j'ai  indiqués.  Je  ne  m'occupe  pas  de  l'orthogra- 
■.  phe  qui  s'apprend,  connue  elle  s'est  installée,  par  l'usage, 
et  notre  usage  est  intensif.  Mais  il  y  a  encore  autre  chose. 

Les  opinions  étant  libres,  nies  contradicteurs  auront  sans 
doute  besoin  de  quelques  mots  abstraits  (j'y  compte  du 
moins)  pour  exprimer  la  leur.  En  voici  de  très  simples  :  ET, 
MAIS,  OU,  QUOIQUE,  etc.  Car  ces  mots  représentent  des 
opinions  (Ed.  L.  Starck,  Boston  Univ.).  La  preuve  ? 

a)  Nous  savons  parler  français. 

h)  Nous  appi'onons  la  Grammaire. 

Voici   l'opinion   de   mes   contradicteurs  : 

c)  Nous  savons  parler  français  PARCE  QUE  nous  appre- 
nons la  Grammaire. 

Et  voici  la  mienne  exprimée  non  moins  simplement  : 

d)  Nous  savons  parler  français  QUOIQUE  nous  apprenions 
la  Grammaire. 

C'était  aussi  l'opinion  de  Paul-Louis  Courier  quand  il  disait: 
"  On  reconnaît  les  gens  qui  savent  bien  leur  Grammaire  à 
ce  qu'ils  parlent  plus  mal  que  les  autres  »  (Conv.  chez  la 
Comtesse   d'Albany). 

Plumeau. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES    ANGLAISES 


Deux  ouvrages  de  publication  récente,  When  Labour  Bules 
par  M.  J.-H.  Thomas,  et  A  Policij  for  the  Labour  Partij,  par 
M.  Ramsay  Mac  Donald,  ont  attiré  l'attention  des  milieux 
politiques,  et  en  particulier  du  parti  libéral,  curieux  de 
connaître  la  pensée  de  ses  voisins  de  gauche  pour  apprécier 
dans  quelle  mesure  il  peut  collaborer  avec  eux. 

'SI.  Thomas  n'a  rien  du  révolutionnaire  hirsute.  Il  réclame 
bien  la  nationalisation,  mais  pour  quelques  industries  essen- 
tielles seulement  ;  et  il  lui  sufl&rait  de  voir  les  autres  sous 
un  vague  contrôle  public.  Il  se  soucie  peu  de  la  forme  répu- 
blicaine soit  pour  l'Angleterre  soit  pour  l'Irlande  et  il  est 
très  nettement  hostile  à  la  séparation  des  deux  pays.  Enfin,  il 
ne  veut  pas  entendre  parler  de  bolchevisme,  dans  le  Royau- 
me-Uni. 

M.  Ramsay  Mac  Donald  étudie  surtout  le  problème  de  la 
nationalisation.  Les  industries  sont  classées  par  lui  en  deux 
catégories,  les  petites  industries  où  la  concurrence  fait  en- 
core sentir  son  action  vivifiante,  et  les  grandes  constituant 
des  monopoles  de  fait  entre  les  mains  d'un  trust.  Il  ne  touche 
pas  aux  premières,  par  respect  de  la  liberté  qu'implique  la 
concurrence  ;  mais  il  fait  passer  les  autres  sous  le  contrôle 
de  la  nation,  car  pour  lui  trust  signifie  tyrannie  économique. 
Quant  au  contrôle  des  services  nationalisés,  il  le  confie  non 
pas  à  de  nouveaux  ministères  où  régnerait  la  torpeur  bureau- 
cratique, mais  à  des  organismes  très  souples  où  seraient 
représentés  techniciens,  producteurs  et  consommateurs.  En 
limitant  la  nationalisation  aux  seules  industries  dont  l'évolu- 
tion a  abouti  au  trust,  il  condamne  implicitement  le  bolche- 
visme et  reste  fidèle  à  l'esprit  du  marxisme.  11  pourrait  contre- 
signer le  jugement  de  H.-G.  Wells  sur  Lénine  ;  le  romancier 
anglais  reproche,  en  efi^et,  au  dictateur  de  Moscou  d'avoir 
brûlé  les  étapes  en  cherchant  à  réaliser  brusquement  l'^ 
marxisme  en  Russie,  et  cela  à  rencontre  de  la  {)ensée  n^ême 
de  Karl  Marx  qui  disait  que  les  premiers  pays  touchés  par  le 
socialisme  seraient  ceux  de  forte  concentration   industrielle. 


CHiiONKJLt:    ÉTKANdÉKE  ()3 

La  doctrine  de  M.  Kanisay  Mac  Donald  ne  fait  qu'étendre 
l'idée  tiéniocratique  aux  faits  d'ordre  économique  ;  à  ce  titre, 
elle  ne  peut  que  séduire  les  libéraux.  Ils  n'ont  pas  plus  de 
raisons  d'admettre  la  concentration  du  pouvoir  économique 
entre  les  mains  de  jjetits  groupes  que  la  concentration  du 
pouvoir  j)olitique  entre  les  mains  d'un  homme  ou  d'une  cote- 
rie ;  pour  eux  la  démocratisation  du  pouvoir  est  la  condition 
même  de  la  liberté  individuelle. 

Les  précisions   sur   le   socialisme   tel    qu'il   est   com])ris   en 
Angleterre    et    tel    qu'il    est    appliqué    en    Russie    offrent    cet 
avantage   d'éclairer  le  parti   libéral   sur   sa  propre   doctrine, 
restée  assez  vague,  surtout  en  matière  économique,  i)en(lant 
les  premiers  mois    qui    ont  suivi   l'armistice.    A  proprement 
parler,    le    libéralisme    a    souffert    d'une   véritable    crise   de 
conscience.  Pendant  la  guerre,  tous  les  partis  dans  un  désir 
d'union  s'étaient  détournés  des  débats  politiques.  La  guerre 
finie,  les  partis  extrêmes  retrouvaient  facilement  leur  voie  ; 
mais  moins  heureux  qu'eux,  parce  que  sa  nature  même  hii 
interdit  de  se  laisser  guider  par  des  dogmes  rigides,  le  parti 
libéral  alla  un  peu  à  la  dérive.  Certains  de  ses  membres,  pré- 
férant  à   l'angoisse   d'une   incertitude   prolongée,   la   sécurité 
que    donne  la  soumission   à  un   Evangile,   rejoignirent   ceux 
qui,  soit  à  leur  droite,  soit  à  leur  gauche,  semblaient  savoir 
où  aller.  Il  ne  resta  qu'un  noyau  de  fidèles  ou  d'entêtés  du 
libéralisme  ;  avant  de  rien  entreprendre,  ils  durent  se  recon- 
naître ;    en    fait,    ce    n'est    qu'après   l'élection    de    M.    Asquith 
qu'ils  commencèrent  à   se  ressaisir.   L'échec   travailliste   aux 
dernières  élections  municipales,  la  constatation  que  le  Labour 
Party  est  trop  prisonnier  des  contingences  syndicalistes  pour 
embrasser  les  problèmes  d'ensemble  et  faire   œuvre   efficace 
d'opposition,  tout  cela  leur  a  rendu  confiance  et  leur  a  donné 
le  sentiment  qu'à  l'aile  gauche   du  Parlement   il  y   avait  un 
rôle  important   à  jouer   et   qu'eux   seuls  pouvaient   le   jouer. 
The  New  Liberalism,  petit  volume  de  M.  Masterman,  reflète 
cet  état  d'esprit,  c  La  liberté  dans  la  coopération   w,  telle  est 
la  formule  dont  M.  Masterman  fait  sa  base  de  départ.  Entre 
la  liberté  et  l'esprit  d'organisation   à  la  manière  allemande, 
il  n'hésite  pas  ;   v  mieux  vaut  pour  l'homme,  dit-il,  appren- 
dre à  bien  choisir  après  des  expériences  malheureuses  que 
se  sentir  pousser  dans  le  bon  chemin  sans  avoir  eu  à  choisir.  » 
La  place  qu'il  assigne  au  libéralisme  est  à  égale  distance  du 
vieil  individualisme  et  des  conceptions  égalitaircs  de  la  guerre 


<'4  LES    LANdUES   MOOEllXES 

de  classes  :  le  but  qu'il  lui  offre  est  la  destruction,  non  pas 
du  capital,  mais  de  la  pauvreté. 

Ce  réveil  de  l'idée  libérale  est  intéressant  à  noter.  Il  est 
possible  que  dans  un  avenir  prochain  des  résultats  soient 
enregistrés,  dus  à  la  foi  agissante  dont  est  animé  le  groupe 
Asquith.  C'est  en  lui  que  mettent  leur  confiance  ceux  qui 
souhaitent  la  cessation  des  hostilités  sur  le  front  irlandais  ; 
car  il  n'est  personne  qui  croie  que  le  Home  Rule,  aujourd'hui 
voté,  soit  capable  d'ameiier  l'apaisement  ;  applicable  dans 
ri'lster.  il  se  heurtera  à  l'opposition  intransigeante  des 
Sinn  Feiners  dans  le  sud  de  l'Irlande. 

D'autre  part,  les  libéraux  auront  à  intervenir  dans  un 
débat  actuellement  en  perspective  sur  la  vieille  question  du 
protectionnisme  ;  nul  doute  qu'ils  ne  le  fassent  avec  une 
ardeur  toute  juvénile,  car  ils  seront  alors  sur  un  terrain  solide 
et  connu.  La  lutte  entre  les  partisans  de  la  protection  et  ceux 
du  libre-échange  s'est  rouverte  à  l'occasion  de  l'entrée  en 
Angleterre  de  jouets  et  de  produits  colorants  venus  d'Alle- 
magne. Il  serait  prématuré  de  parler  d'invasion  commerciale, 
ou  de  dumping,  mais  les  industriels  anglais  se  sentent  mena- 
cés dans  leur  situation  et  craignent  de  ne  pouvoir  résister 
.si  l'on  n'oppose  des  barrières  protectrices  aux  produits 
étrangers. 


Quelle  que  soit  l'issue  du  débat,  il  méritera  d'être  suivi 
avec  attention.  Il  sera  intéressant  de  voir  l'attitude  des  libé- 
raux de  la  coalition,  et  pour  nous  Français  eu  particulier, 
d'observer  comment  évolueront  les  sentiments  de  l'Angle- 
terre à  l'égard  de  l'Allemagne,  en  présence  de  ce  nouveau 
péril  commercial.  In  fait  est  acquis,  c'est  que  l'Angleterre, 
conuîie  avant  la  guerre,  se  trouve  aux  prises  avec  la  concur- 
rence allemande  et  qu'elle  en  éprouve  quelque  inquiétude. 
Faut-il  y  voir  l'origine  des  dispositions  peut-être  plus  conci- 
liantes qu'elle  montre  envers  la  France,  considérée  après  tout 
comme  une  rivale  de  .second  ordre  et  encore  dans  un  avenir 
assez  lointain  ?  Au  début  du  mois,  à  Manchester,  Lord  Derby 
préconisait  comme  garantie  de  paix  future  une  alliance  entre 
l'Angleterre  et  la  France  et,  d'autre  part,  il  semble  que  depuis 
peu  la  ])resse  radicale  soit  plus  réservée  dans  ses  apprécia- 
tions à  notre  égard.  11  n'y  a  pas  longtemps,  il  n'était  question 
(lue  de  militarisme  et   d'impérialisme  français  ;   on  prêtait  à 


liotrt'  i^ouverneiiiciit  rintcntion  d'envoyer  de  nombreuses  di- 
visions culbuter  le  régime  moscovite  ;  l'alliance  avec  la  Belgi- 
que dissinudait  les  plus  noirs  desseins  et  les  moins  avoua- 
bles. Aujourd'hui,  le  Manchester  Guardian  admet  que  si  l'on 
entend  en  France  la  note  impérialiste,  elle  est  loin  d'être 
((ominante;  que»  l'étranger  s'est  trompé  sur  les  vraies  tendances 
de  la  France  d'après-guerre.  Cet  aveu  ne  pouvait  manquer  de 
se  produire  ;  ce  qui  est  inattendu,  c'est  l'explication  qui  a 
été  donnée  de  l'erreur  commise  à  notre  sujet.  D'après  le 
correspondant  parisien  du  Manchester  Guardian,  nous  devons 
notre  réputation  de  peuple  militariste  à  Pertinax  ;  il  recon- 
naît bien  que  le  rédacteur  de  VEcho  de  Paris  ne  parle  qu'au 
nom  de  certains  cerclas  sans  influence  ni  autorité  ;  mais  il 
lui  fait  une  sorte  de  grief  de  «  l'excellente  clarté  »  de  son 
style  ;  tout  le  mal  vient  de  c.e  que  ses  articles,  faciles  à  com- 
prendre et  probablement  faciles  à  traduire,  ont  été  copieu- 
sement cités  dans  la  presse  étrangère  ;  d'où  la  conviction  au 
dehors  qu'ils  reflétaient  l'opinion  française.  Le  mal  aurait 
cependant  été  moins  grand  si,  à  «  l'excellente  clarté  »  de 
Pertinax,  ne  s'était  ajoutée  l'extrême  timidité  des  informa- 
teurs étrangers  dans  leur  chasse  aux  documents.  Les  récri- 
minations, parfois  un  peu  vives,  que  la  majorité  des  journaux 
parisiens  fit  entendre  contre  l'Angleterre  au  moment  de  la 
grève  des  mineurs  ont  eu  du  moins  ce  résultat  de  faire  connaî- 
tre à  notre  alliée  nos  vrais  sentiments.  On  parle  moins  de  nos 
intentions  belliqueuses  et  davantage  de  nos  besoins,  et  l'on 
commence  à  comprendre  outre-Manche  que  pour  compatir 
efficacement  à  la  détresse  de  la  France,  # il  ne  suffit  pas  de 
lui  vendre  au  prix  fort  certaines  commodités,  ni  de  chanter, 
même  avec  conviction  :   Keep  thc  Home-I'ires  bwninti  ! 

Sarrebourg,  le  21  décembre  1920.  Marcel  Lorans. 


-^- 


N0TE5   ALLEMANDES 


M.  Maurice  Muret  rend  service  à  ceux  qui  n'ont  pu  se 
tenir  au  courant  de  la  production  littéraire  en  Allemagne 
pendant  la  guerre,  en  publiant  une  dizaine  d'études  qui 
demeuraient    dispersées    dans  les  revues  (1).  De    l'excellent 


(\>    La   littérature   allemande    pendant    la    guerre,    Pavot,    1920. 


66  LES    LANGUES    MODERNES 

poste  d'observation  auquel  il  était  placé,  l'écrivain  suisse  a 
pu  noter  au  jour  le  jour  les  manifestations  de  la  «  psychose 
de  guerre  »  chez  nos  adversaires.  D'où  l'intérêt  de  ses 
essais.  D'où  leur  faiblesse  aussi.  Ils  ne  constituent  pas  à 
proprement  i^arler  une  étude  d'ensemble  telle  qu'il  nous  la 
faudrait,  conduite  avec  un  souci  d'historien,  mais  plutôt 
une  suite  de  propos  qui  relèvent  autant  du  journalisme  que 
de  la  littérature.  Les  sujets  qu'il  aborde  sont  intéressants  en 
eux-mêmes,  et  rien  que  la  table  des  matières  est  suggestive. 
M.  Muret  anahse  les  romans  de  guerre  de  Clara  Viebig 
(Tôchter  der  Hekuba),  de  Mme  Nannj'  Lambrecht  (Eisente 
Freiide  et  die  Fahne  der  M'allonen),  et  celui  de  Frenssen 
(Die  Brader).  Il  passe  en  revue  les  publications  récentes  des 
deux  frères  Thomas  et  Heinrich  Mann,  qui  se  sont  enfon- 
cés plus  avant,  le  premier  dans  la  voie  d'un  nationalisme 
étroit,  l'autre  dans  celle  du  libéralisme,  du  «  républicanis- 
me »,  et  il  signale  le  poème  de  Stefan  George  «  der 
Krieg  »,  où  l'aristocrate  rhénan  a  gardé  son  attitude  hau- 
taine, son  dédain  des  passions  grégaires,  et  des  agitations 
grossières.  Le  livre  se  clôt  sur  les  noms  de  Dehmel,  Dau- 
thendey   et   Harden. 

Tout  cela  permet  une  reprise  de  contact,  donne  des  indi- 
cations sur  un  mouvement  terriblement  confus.  Mais  ce  ne 
sont  là  précisément  que  des  indications.  Les  jugements 
])ortés  par  M.  Muret  sont  ceux  d'un  homme  échauffé  par  la 
lutte  immédiate.  Les  arbres  l'ont  empêché  de  découvrir  la 
forêt.  A  vrai  dire,  ce  n'est  qu'après  de  longs  travaux  que 
l'on  arriverait  à  dé|;>roailler  le  chaos,  à  dégager  les  tendan- 
ces nouvelles  qui  ont  pu  se  faire  jour  en  Allemagne  j^en- 
dant  les  cinq  années  de  guerre. 

Dès  aujourd'hui  pourtant  on  peut  distinguer  entre  ceux 
qui  n'ont  rien  appris,  ni  rien  oublié,  et  ceux  pour  qui  la 
guerre  a  été  la  révolution  véritable,  apportant  à  l'esprit 
allemand  de  quoi  réfléchir,  se  nourrir  d'aliments  nombreux, 
se  régénérer  peut-être,  (les  derniers  sont  les  seuls  intéres- 
sants du  point  de  vue  de  l'avenir  et  il  est  dommage  que 
M.  Muret  n'ait  ])as  songé  à  nous  entretenir  d'un  Fritz  von 
l'nruh,  le  tyi)e  du  hobereau,  de  l'ollicier  prussien  qui  trouve 
à  Verdun   son   chemin   de  Damas  (1),  ou  des  groupes  d'ocri- 


(1)    I'"ritz    von    rnriih.    Opter^ang,    Kiith    Reiss    Vcrlag. 


(iiiiOMorK  1- rK\\(;Ki!i:  GT 

vains  jeiiiu's  ijiii  sont  ifiMi-si-nlcs  dans  dos  anthologies 
comme  Menschheilsdainincniiif/,  dus  Ziel,  die  Erhcbinu/. 
Nous    aurons    à    y    revenir, 

I>es  autres  représentent  le  i)assé  :  «  prophètes  tournés 
en  arrière  »,  ils  n'ont  fait  cpie  prolonger  les  aspirations 
d'une  Allemagne  de  plus  en  plus  avide  de  hien-être  et  de 
puissance.  Richard  Dehniel  était-il  du  nombre  ?  La  guerre 
fut  i)our  ce  poète,  dont  on  discutait  le  talent,  une  épreuve  à 
laquelle  il  a  mal  résisté.  Kien  de  plus  naturel  que  de  le 
voir,  cédant  à  l'entraînement  de  son  jjeuple,  s'engager  à 
l'âge  de  cinquante  ans  et  prendre  le  fusil  comme  un  jeune 
homme.  Ceci  pourtant  déjà  nous  refroidit,  qu'au  lieu  de 
IKjrtir  en  guerre  contre  le  «  czarisme  »,  comme  on  nous 
l'avait  dit  d'abord,  c'est  sur  le  front  français  qu'il  fit  ses 
jjremières  armes.  Et  il  ne  semble  i)oint  qu'il  ait  vu  de 
difTérence  entre  une  guerre  menée  contre  la  Russie  et  une 
guerre  menée  contre  la  France.  Il  n'aimait  pas  les  Français  ; 
à  un  enquêteur  qui  lui  demandait  en  1913  ce  que  l'Allema- 
gne contemporaine  devait  à  la  culture  française,  il  répon- 
dait par  carte  postale  avec  une  injuste  froideur  :  «  Rien  !  » 
Mais  au  moins  eùt-il  pu  se  souvenir  de  son  i)assé  socialiste. 
Il  s'en  souvenait  sans  doute,  obscurément,  à  la  façon  de  la 
Sozial-Demokratie  engraissée,  embourgeoisée.  Pas  assez  pour 
lever  l'interdit  qui  pesait  sur  les  esprits  et  échapper  à  cette 
mobilisation  de  l'intelligence  qui  fit  taire  toute  faculté  cri-- 
tique.  Si  Dehniel  se  plaignait,  à  son  arrivée  au  corps,  du 
«  Drill  »,  il  s'en  consolait  aussi  en  écrivant  des  hymnes  à 
la  discipline,  en  exaltant  l'abnégation  c[n'exige  non  seule- 
ment le  patriotisme,  mais  le  militarisme.  Son  journal  de 
guerre,  «  Zwischen  Volk  und  Menschheit  »  (1)  nous  con- 
duit de  déception  en  déception.  Sous  l'uniforme  qu'il  avait 
revêtu,  Dehmel  n'était  plus  Dehmel.  Sa  vanité  surexcitée  lui 
faisait  "considérer  moins  la  beauté  d'un  sacrifice  obscur, 
que  la  gloire  de  donner,  lui,  le  poète  quinquagénaire,  un 
exemple  aux  jeunes.  Il  tenait  à  ce  que  l'on  connût  son  geste, 
à  ce  que  l'on  se  ralliât  à  son  nom.  C'est  dans  cet  esprit  que, 
nouveau  Tyrtée,  il  entreprit  des  tournées  de  conférences  à 
l'arrière-front,  dans  la  région  de  la  Somme.  Ce  qu'il  y  disait 
ne    dépassait    pas   les   banales   affirmations   sur   le   droit    de 


1)    S.    Fisctier    Verlag. 


68  LES   LANGUES    MODERNES 

rAllemagne  à  l'existence  et  à  la  victoire.  Au  spectacle  des 
régions  françaises  mal  peuplées,  mal  cultivées,  il  ne  trouvait 
guère  que  l'ordinaire  conclusion  allemande  :  «  la  meilleure 
terre  au  meilleur  homme  ».  Et  il  se  sentait,  uniquement 
parce  qu'il  était  AUemanfl,  sans  chercher  de  raisons  pro- 
fondes, un  de  ces  «  meilleurs  hommes  ».  Sans  doute  lui 
arrivait-il  parfois  d'avoir  un  doute.  Telle  église  de  campa- 
gne, tel  intérieur  de  paysan  ou  de  bourgeois  français,  lui 
donnaient  à  réfléchir  sur  la  valeur  respective  des  civilisa- 
tions opposées.  Mais  pour  faire  un  retour  sur  lui-même,  il 
était  trop  pris  par  le  milieu,  trop  flatté  d'être  invité  aux 
popotes  d'état-major,  encore  que  simple  sous-officier.  Et  il 
est  navrant  de  le  voir  souffrir  en  son  amour-propre,  lorsque 
les  décorations  que  l'Empereur  lui  envoie  lui  semblent  infé- 
rieures à  son  mérite,  bonnes  pour  de  simples  civils.  Dans  le 
mouvement  révolutionnaire  même,  qui  acheva  de  jeter 
bas  la  machine  guerrière,  Dehmel  ne  puisa  pas  une  inspi- 
ration nouvelle.  Son  appel  à  une  ultime  résistance  rappelait 
l'esprit  des  guerres  d'indépendance  plus  qu'il  ne  permet- 
tait de  retrouver  la  poète  de  Erlôsungen,  de  Venus  Socia,  et 
de  la  pitié  sociale  qui  l'avait  animé  vingt  ans  auparavant. 
*A  force  de  vouloir  selon  sa  théorie  et  son  tempérament 
lyrique,  assujetti  aux  impressions  du  dehors,  rapprocher 
l'art  de  la  vie,  confondre  l'art  et  la  vie,  Dehmel  était  devenu 
impuissant  à  dominer  d'un  regard  lucide  la  vie  allemande, 
à  faire  monter  de  l'épaisse  civilisation  matérielle  qui  l'en- 
tourait, l'étoufFait,  une   flamme  plus  haute. 

Sa  mort,  qui  remonte  à  un  an,  permettra  d'étudier  l'en- 
semble de  son  œuvre,,  de  le  classer  dans  le  Parnasse  alle- 
mand contemporain,  où  il  est  à  craindre  qu'il  ne  tienne  pas 
la  place  à  laquelle  il  s'attendait  :  la  première.  La  génération 
dont  il  faisait  partie  est  de  plus  en  plus  clairsemée.  Càsar 
Flaischlen  lui  aussi  vient  de  mourir.  On  se  souvient  qu'il 
avait  été  il  y  a  vingt-cinq  ans,  rédacteur  en  chef  du  Pan, 
auquel  Dehmel  collabora.  Celte  revue,  aujourd'hui  introuva- 
ble à  prix  d'or,  avait  donné  le  signal  d'une  action  concertée 
entre  les  peintres  et  les  écrivains.  Eclectique,  elle  avait 
groupé  des  poètes  et  des  artistes  qui  dans  des  sens  diffé- 
rents, tâchaient  de  créer  une  culture  esthétique  i)ropre  aux 
Allemands.  Ces  tentatives,  qui  ont  en  partie  échoué,  relè- 
vent aujourd'hui  de  l'histoire.  Il  sera  bon  de  les  rappeler, 
et    de    mettre  en   lumière   l'efl'ort   de  ceux   qui   comme  Dau- 


CICHOMQLE   ÉTKANdKHi:  69 

thendcy  (mort  en  1914)  esquissaient  dès  avant  la  guerre 
un  mouvement  d'opposition  contre  leur  entourage  béotien  et 
<'e   qu'ils    appelaient    «  uUdeulscher   Massenioahnsinn.   »    (1). 

F.  Bkktaux. 


NOTES    ITALIENNES 


Cabrlele  d'Ano^ozio  et  le  traité  de  Rapallo 

I-e  traité  de  Rapallo  signé  le  12  novembre  1920  semble 
inarquer  la  lin  des  longs  et  pénibles  difTérends  qui  avaient 
surgi  entre  les  Italiens  et  les  Yougo-Slaves  depuis  la  fin  de 
la  guerre.  Résultat  des  négociations  directes  des  gouverne- 
ments de  Rome  et  de  Belgrade,  on  peut  dire  qu'il  est  le  fruit 
d'un  accord  amical  précurseur  d'accords  économiques  et 
même  politiques  visant  surtout  à  empêcher  le  rétablissement 
de  la  dvnastie  des  Habsbourg.  L'Italie  reçoit  enfin,  à  l'est, 
sa  frontière  naturelle  des  Alpe^,  toute  l'Istrie  avec  les  îles 
de  Cherso,  de  Lussin  et  les  ilôts  voisins  ;  en  Dalmatie,  Zara 
et  ses  dépendances,  ainsi  que  l'ile  de  Lagosta  et  le  groupe  de 
Pelagosa.  Environ  500.000  Yougo-Slaves  deviennent  italiens 
alors  que  40.000  Italiens  seulement  passent  à  la  Yougo-Slavie 
avec  de  sérieuses  garanties  pour  leur  italianitc. 

Les  limites  que  revendiquaient  les  irrédentistes,  avant 
1914,  semblent  donc  dépassées.  Elles  coïncidaient,  à  peu 
près,  avec  celles  dont  parle  Dante  dans  ces  vers  de  la 
Divine  Comédie  : 

A   Pola   dentro   del   Quarnero 

Ch'Italia    chiude  e  suoi  termini    bagna. 

Carducci  lui-même,  dans  son  Salut  italien,  ne  va  pas 
au  delà,  ajoutant,  après  s'être  adressé  à  Trieste  et  à  Capo 
d'Istria  :  «  Saluez  le  Divin  sourire  de  l'Adriatique  jusqu'aux 
lieux  où  Pola  montre  avec  orgueil  ses  temples,  à  Rome  et  à 
César.   » 

Quant  à  Fiume.  le  traité  reconnait  son  indépendance.  Le 
nouvel  Etat  comprendra  l'ancien  «  Corpus  separatum   »  pro- 


1'  Max  Dauthendey.  Gredankengut  aus  nieinen  W'auderjahreu, 
191.3.  Das  Schônste  vod  Max  Dauthendey.  1920.  Albert  I^angen 
Verlag. 


70  LES   LANGUES    MODERNES 

longé  à  l'ouest,  vers  la  côte,  par  une  bande  de  terre  qui  la 
relie  à  l'Italie  avec  deux  grand'routes  et  la  voie  ferrée  :  pier- 
res d'attente  qui  serviront  peut-être  un  jour  —  du  moins 
nous  le  souhaitons  —  à  sceller  intimement  la  petite  cons- 
truction nouvelle  à  la  grande  maison  italienne. 


AjDprouvé  à  une  énorme  majorité  par  la  Chambre  des 
Députés  et  le  Sénat,  ratifié  par  le  roi  et  accepté  par  l'im- 
mense majorité  du  pays,  le  traité  de  Rapallo  a  été  farouche- 
ment repoussé  par  Gabriele  d'Annunzio  qui  occupait  Fiume, 
avec  ses  légionnaires,  depuis  le  12  septembre  1919.  On  sait 
que  son  occupation  avait  empêché  l'installation,  dans  la 
ville,  des  troupes  de  police  anglaises  venues  de  Malte  pour 
assurer  l'ordre  dans  Fiume,  à  la  suite  des  incidents  de 
juillet  1919  où  plusieurs  soldats  français  avaient  trouvé  la 
mort.  Lors  de  l'entrée  des  troupes  victorieuses  de"  Victor- 
Emmanuel  dans  Fiume,  le  30  octobre  1!>18,  par  un  vote  à 
peu  près  unanime,  la  population  fîumaine  demanda  à  être 
italienne.  Et  depuis  septembre  1919,  sous  l'influence  de  la 
parole  entraînante  et  de  l'éloquence  prodigieuse  du  poète 
des  Laudi,  son  Comandante.  la  ville  est  devenue,  de  plus  en 
plus,  un  foyer  d'ardent  patriotisme  italien.  Cependant  son 
sort  tardait  à  être  réglé  et  justifiait  bien  des  craintes.  Aussi, 
en  vue  de  préparer  l'annexion  désirée,  (îabriele  d'Annunzio 
lit-il  adopter,  à  l'occasion  de  l'anniversaire  de  l'occupation, 
la  création  de  la  Régence  italienne  du  Carnaro  en  même 
temps  que  la  promulgation  d'une  Constitution  très  originale 
l)ar  endroits  et  qui  donnait  aux  arts  un  rôle  assez  considé- 
rable. Mais  d'Annunzio  comptait  sans  l'énergie  et  l'habileté 
du  gouvernement  de  M.  Ciolitti  que,  d'ailleurs,  il  a  eu  l'im- 
prudence de  provoquer  en  occupant  les  iles  de  Veglia  et 
d'Arbe  et  en  envoyant  des  troupes  de  débarquement  pour 
soulever  la  Dalniatie.  Le  général  Caviglia  qui  commandait 
une  division  dans  la  région  de  Trieste  reçut  l'ordre  d'investir 
Fiume  et  au  besoin  de  prendre  la  ville  i)ar  n'importe  quels 
moyens,  afin  de  l'amener,  sans  retard,  à  respecter  le  traité 
(le  Rapallo.  La  veille  de  Noël  les  troupes  régulières  italien- 
nes marchent  sur  la  ville  et  font  le  coup  de  feu  contre  les 
légionnaires  qui  leur  0|)posent  une  résistance  acharnée.  Le 
27,  les  opérations  sont  suspendues,  le  29  d'.Xnnunzio  abdique 
ses  pouvoirs  et   le   31    décembre   les   ])arlemcntaires   liumains 


CHUONlyri-;    KThANOKI'.K  71 

acceptent  les  conditions  imposées  ])ar  le  gouvernement  ita- 
lien, c'est-à-dire,  outre  le  res])ect  du  traité  de  Rapallo,  la 
ilissolution  du  corps  des  légionnaires  et  le  départ,  pour  leur 
port  d'attache,  des  navires  de  guerre  italiens  passés  à  Fiume. 
Malheureusement  tout  ce  merveilleux  moyen  âge,  suivant 
les  mots  même  de  (jahriele  d'Annunzio,  a  lini  d'une  façon 
tragicpie.  Il  va  eu  à  (lé]jlorer  40  morts  et  environ  180  hles- 
sés. 


]>'équipée  humaine  de  d'Annunzio  n'a  guère  surpris  ceux 
qui  connaissent  l'homme  et  son  œuvre.  Aussi  bien  avons- 
nous  pu  voir,  pendant  la  guerre,  celui  qui  s'est  appelé  lui- 
même  r  «  (inimuteur  »  devenir  un  chef  héroïque  stimula- 
teur d'énergies  et  dont  les  exploits  nautiques  et  aériens 
dépassent  ce  que  l'on  pouvait  attendre  de  ce  soldat  plus  que 
quinquagénaire. 

En  allant  à  Fiume  et  en  jjrojetant  d'occuper  la  Dalmatie, 
d'Annunzio  n'a  vraiment  fait  qu'essayer  de  réaliser  un  plan 
qu'il  mûrissait  depuis  longtemps.  On  peut  dire  qu'il  reve- 
nait à  ses  premières  amours,  celles  de  la  mer,  qui  sont  à 
l'origine   de   son    nationalisme   impérialiste. 

Bercé  dès  sa  naissance  —  ou  plutôt  dTès  le  sein  de  sa 
mère  —  par  les  flots  de  l'Adriatique  dont  il  s'est  plu,  pen- 
dant longtemps,  à  contempler  les  nuances  inhnies  et  chan- 
geantes et  à  écouter  le  murmure,  il  en  a  toujours  gardé  un 
souvenir  attendri.  Bientôt  cet  amour  de  la  mer  se  confondra 
avec    l'amour    de    l'Italie. 

O  mare,  o  gioria  o  forza  d'Italia  !  (Canto  novo,  1882). 

Dans  ses  Odes  Navales  (1892-1893),  l'un  des  plus  beaux 
poèmes  est  consacré  à  un  torpilleur  évoluant  dans  l'Adria- 
tique. Et  le  1"  volume  des  Laudi,  publié  en  1901,  porte  en 
épigraphe  :  «  Xavigare  necesse  est  ;  vivere  non  est  ne- 
cesse  ».  Aussi  quelle  joie  ce  fut  pour  lui  quand,  à  l'automne 
de  1911,  le  canon  des  cuirassés  italiens  alla  tonner  devant 
Tripoli.  De  son  exil  poétique  d'Arcachon  il  envoya,  du  8 
octobre  1911  au  14  janvier  1912,  au  Carrière  délia  Sera,  une 
série  de  dix  Canzoni  écrites  en  terza  rima  comme  la  Divine 
Comédie  et  destinées  à  former  le  quatrième  volume  des 
Laudi.  Et  dans  l'une  d'elles,  unissant  dans  son  cœur  la 
France  et  l'Italie,  il  s'écria  :   «  Et  toi  occupe  le  Ciel  avec  tes 


il  LES   LANGUES    MODKBNES 

ailes,  <■)  guerrière  ailée.  Nous,  nous  pousserons  nos  puissants 
navires,  de  nos  quais,  vers  la  haute  mer.    » 

Cette  mer  qu'il  rêvait  de  conquérir  c'était,  l'on  s'en  doute 
bien,  celle  qu'il  a  appelée  la  très  cimère  Adriatique.  Dans  la 
Xave  (1ÎH)8)  ses  ambitions  semblent  plus  vastes,  car,  au  Dieu 
qu'il  invoque,  il  dit  sans  réticences  :  «  Fais  que  tous  les 
Océans  soient  notre  mer.  >> 

Aussi  bien  ne  s'est-il  pas  contenté  de  chanter  la  mer.  Du 
27  mai  au  4  juillet  1888,  il  a  publié  huit  remarquables  arti- 
cles intitulés  Armata  d'Italia,  consultés  longtemps  avec  fruit 
par  tous  ceux  qui  cherchaient  à  développer  la  marine  ita- 
lienne. Au  lendemain  de  l'occupation  de  Fiume  il  s'adresse 
en  ces  termes  aux  marins  des  navires  de  guerre  italiens 
mouillés  dans  le  port  :  «  Compagnons,  accordez  l'honneur 
de  vous  appeler  de  ce  nom  au  marin  volontaire  qui,  depuis 
de  longues  années,  a  été  l'illustrateur  du  renouvellement 
naval  italien  et  a  célébré  en  toute  occasion  le  grand  esprit 
marin  de  l'Italie...  Le  Quarnero  est  à  nous.  C'est  une  mer 
dantesque.  »  Après  avoir  été  en  quelque  sorte  le  Lamartine 
des  journées  nationales  de  mai  1915,  il  sera  donc  le  Garibaldi 
qui  donnera  Fiume  et  même  la  Dalmatie  à  son  pays.  A  Cari- 
baldi  qu'il  a  chanté  dans  la  Nuit  de  Caprera,  il  empruntera 
sa  devise  fameuse  :   «   Italia  o  morte.  y> 

Et  ce  cri,  chez  d'Annunzio,  partait  du  cœur.  Parlant  des 
dangers  courus  pendant  la  guerre,  il  a  pu  écrire  à  des  amis  : 
«  dix  fois,  vingt  fois,  je  l'ai  cherchée  la  mort,  je  l'ai  appe- 
lée. Elle  n'a  pas  voulu  de  moi.  »  Soldat  ailé,  c'est  en  plein 
ciel  qu'il  aurait  voulu  être  ravi  par  la  mort.  Mais  les  Dieux 
n'ont  pas  voulu  que  ce  fils  d'Apollon  succombât  sous  les  traits 
de  Mars.  Et  naguère  encore,  le  15  août  1920,  au  Conseil  na- 
tional de  Fiume  qui  hésitait  à  accepter  la  Création  de  la 
Kégence  italienne  du  Carnaro  il  adresse  ces  paroles  :  «  Plu- 
tôt que  i)ourrir  dans  la  tranchée  fiunuune,  je  reprendrai  mon 
aile  de  Vienne  et  vous  disant  adieu  du  haut  des  Cieux,  je 
descendrai  parmi  les  Albanais  de  Kossovo  pour  combattre 
contre  les  Serbes  et  chercher  le  beau  trépas  que  me  doit  le 
destin.  »  l^ne  fois  de  plus,  la  mort  n'a  pas  voulu  de  lui  : 
bien  plus,  il  a  dû  lui-même  déclarer,  dans  un  accès  d'indi- 
gnation. (|ue  l'Italie  ne  mérite  pas  que  l'on  meure  pour 
elle. 


(■.iiiioNigi  K  i:i  KANc.i.Ki:  /.-5 

Si  l'on  objeclait  à  Cliibriele  d'Anniinzio  que  l'Italie,  à  peu 
près  tout  entière,  a  accepté  le  traité  de  Hapallo,  il  répon- 
drait, sans  doute,  que  cela  importe  peu,  car  c'est  lui  seul  qui 
représente  le  juieux  les  «  instincts,  les  tendances  et  les 
sentiments  fondamentaux  de  sa  race  ».  Et  ce  que  Stelio 
Kjfretia,  le  héros  du  Feu,  c'est-à-dire  d'Annunzio  lui-même, 
disait  :  «  Je  ne  dois  et  ne  veux  obéir  qu'au  génie  de  ma 
race  »,  le  Comandante  de  Fiumc  a  voulu  le  réaliser.  Ce  qu'il 
appelle  Vilalionilc  fait  réellement  partie  de  son  moi  à  qui 
il  a  toujours  donné  une  place  extraordinaire.  Or,  l'un  des 
besoins  de  ce  moi  c'est  de  briser  tous 'les  obstacles.  A  la 
Chambre  des  Députés,  en  1897,  ayant  brusquement  quitté  la 
droite  où  il  siégeait,  pour  aller  se  ranger  parmi  les  révolu- 
tionnaires d'extréme-gauche,  il  expliqua  ainsi  sa  volte-face 
à  quelques  amis  :  «  Je  ne  partage  pas  les  idées  de  mes  nou- 
veaux amis,  mais  je  m'associe  à  leur  puissance  de  destruc- 
tion »  et  il  ajoutait  :  «  parmi  les  entreprises  ^viriles,  j'ad- 
mire surtout  celle  de  l'homme  qui  brise  la  loi  imposée  par 
un  autre  pour  établir  sa  propre  loi.  » 

Obligé  à  son  tour  de  céder  à  la  force,  il  semble  ne  pou- 
voir guère  s'y  résigner.  Dans  un  discours  d'adieu  à  ses  légion- 
naires qu'il  venait  de  délier  de  leur  serment,  suivant  les 
conditions  imposées  par  le  général  Caviglia,  il  cherche  à 
les  lier  à  nouveau  par  la  vague  promesse  d'un  inconnu  révo- 
lutionnaire et  rénovateur.  «  A  qui  l'inconnu  ?  »  dit-il.  — 
«   .\   nous.    > 

Le  ô  janvier  courant,  à  l'occasion  du  dernier  rapport  des 
officiers,  il  a  donné  lecture  d'un  projet  de  fédération  natio- 
nale des  légionnaires  et  il  a  annoncé  la  fondation  d'un  jour- 
nal qui  en  sera  l'organe.  Il  vient  de  quitter  le  palais  du  Com- 
mandement, mais  pour  aller  s'installer  dans  la  villa  de  l'an- 
cien gouverneur  autrichien  réquisitionnée,  pour  lui,  par  le 
Conseil  national.  En  attendant,  Fiume  se  prépare  pour  les 
élections  de  l'Assemblée  Constituante,  fixées  au  28  février,  et 
qui  vont  se  faire  sur  un  programme  annexionniste.  D'aucuns 
prétendent  que  la  future  assemblée  élira  d'Annunzio  chef 
de  l'Etat  libre.  Quoi  qu'il  en  soit  l'ancien  Comandante  n'a 
pas  encore  dit  son  dernier  mot.  Vraisemblablement  le  drame 
de  Fiume  n'en  e.st  encore  qu'au  troisième  acte. 

Marseille,  le  10  janvier  1920. 

Paul  P.\OLi. 


74  LES    LANCLHS    MODERNES 


SUR  LES  ORIGINES  DE   L'UNIVERSITÉ 
DE  PRAGUE 


Nous  publions  ci-dessous  une  lettre  fort  intéressante  de 
M.  F.  Mares,  Recteur  de  l'Université  de  Prague,  adressée  à 
notre  collaborateur  M.  G.  E.  Broche.  On  se  souvient  que 
notre  collègue,  dans  ses  Xotes  rhénanes  (L.  M.,  n"  5,  p.  't3H 
et  suivantes),  cherchant  à  déterminer  la  place  de  l'Univer- 
sité de  Cologne  dans  l'histoire  de  la  fondation  des  Univer- 
sités allemandes,  avait  refusé  de  mettre  au  nombre  de  ces 
Universités  celle  de  Prague.  X.  D.  L.  /?. 

REKTOR  Pragite,  le  :il)  novembre  1!)'2IK 

CESKE     UXIVERSITY     KARLOVY 
V   PRAZE 

Monsieur  et  très  honoré  Collègue, 

La  note  dans  les  «  Langues  Modernes  »  par  laquelle  vous 
protestez  contre  la  présomption  que  l'Université  de  Prague 
ait  été  fondée  par  Charles  IV  comme  «  le  plus  ancien  bou- 
levard du  germanisme  «  nous  est  arrivée  très  à  propos,  à 
notre   grande  satisfaction. 

L'assemblée  nationale  de  notre  république  a  sanctionné 
cette  année  une  loi  par  laquelle  l'Université  tchèque  à  Pra- 
gue est  proclamée  seule  successeur  de  l'ancienne  université 
Charles,  et  l'Université  allemande  à  Prague  en  est  séparée, 
restant  autrement  tout  à  fait  intacte.  Mais  nos  Allemands 
proclament  dans  tout  le  monde  que  c'est  une  rupture  de 
leurs   droits   historiques. 

Vous  nous  apportez  un  précieux  secours  dans  cette  cause. 
par  votre  caractéristique  de  notre  bon  roi  Charles,  qui  sera 
toujours  pour  nous  le  père  de  la  patrie.  Quand  vous  con- 
naîtrez les  événements  tragiques  qu'a  dû  subir  l'Université 
de  Charles  (lei)uis  1(;22,  où  elle  fut  sui)i)rimée  par  le  vain- 
queur de  la  Montagne  Blanche,  jusqu'à  1882  où  elle  a  été  ] 
divisée  par  le  monarque  hab.sbourgeois  de  sorte  ([ue  la  nation 
tchèque  a  été  privée  de  son  ancien  héritage,  vous  devien- 
drez, j'en  .suis  sur,  un  défenseur  de  la  justice  encore  plus 
résolu. 

m 


Clir.ONlyt  i;    KTHAN(ii:iiK  /,) 

Je  vous  fsiis  envoyer,  connue  don,  l'Iiistoire  de  l'Univer- 
sité (Charles  jusqu'à  l'an  1848,  écrite  à  l'occasion  de  son  cin- 
([uiènie  centenaire  par  notre  historien  Toinek  (1).  L'histoire 
ultérieure,  surtout  celle  de  la  division  de  l'ancienne  Uni- 
versité en  1882,  a  été  écrite  par  le  professeur  (loll,  en  tchè- 
que, mais  avec  des  documents  en  allemand  que  vous  jjou- 
vez  juger   vous-même. 

l'n  article  sur  la  question  universitaire  de  Prague  a  été 
public  dans  la  Revue  Bleue  de  Paris,  premier  semestre  de 
cette  année. 

Je  regrette  que  vous  ne  puissiez  user  de  nos  publications 
tchèques,  mais  tout  de  même  je  vous  fais  envoyer  le  Décret 
de  Kutna'  Hora  de  1409,  très  important  pour  nous,  dont  vous 
trouverez   un   fac-siniile  et  une  traduction  latine. 

Enlin  j'ajoute  un  spécimen  de  l'ancien  sceau  de  l'I'ni- 
versité  Charles  montrant  celui-ci  agenouillé  devant  saint  Vcn- 
ceslas,  le  patron  des  Tchèques,  lui  offrant  la  bule  de  ia 
fondation  universitaire  ;  à  côté,  les  armes  du  Ptoyaume  de 
Bohême  (lion   avec  deux  queues). 

Voici  «  le  plus  ancien  boulevard  du  germanisme  »  sous 
"^le  patronage  de  saint  Venceslas!  La  bulle  du  pape  Clément  VI. 
que  nous  avons  dans  nos  archives,  parle  expressément  du 
royaume  de  Bohème,  au  centre  duquel  se  trouve  la  ville  de 
Prague.  Je  ne  crois  pas  qu'un  pape  d'Avignon  eût  voulu  fon- 
der un   boulevard   du  germanisme  ! 

Monsieur,  pardonnez-moi  cette  idée  un  peu  fantaisiste, 
mais  vous  me  semblez  avoir  quelque  liaison  avec  les  Esprits 
d'Avignon  qui  vous  ont  inspiré  de  prendre  la  défense  de  la 
vérité  sur  l'Université  de  Prague  créée  à  Avignon. 

Veuillez  agréer,  Monsieur,  l'expression  de  ma  plus  haute 
considération. 

F.  Mauès, 

Recteur  de  l'Université  Charles 

à  Prague. 


(1)   Geschichtc  dcr   Prager   Univcrsitat,   Prag.,   1849. 


BIBLIOGRAPHIE 


Wild,  Hei)ry  Cecil.  —  A  History  of  Moderi)  Colloquial 
EogliSb-  —  Fisher  Unwin,  London.  1920.  XVI  4^  398  pages,  21  sli. 

Il  ne  saurait  être  question  de  donner  ici,  dans  les  limites  que 
les  difficultés  présentes  imposent  à  notre  Bulletin,  un  compte 
icndu  digne  de  ce  très  remarquable  ouvrage.  Mais  nous  voulons 
au  moins  essayer  de  faire  entrevoir  son  importance  et  son  inté- 
rêt. 

M.  Wyld  est  déjà  bien  connu  comme  l'auteur,  entre  autres  cho- 
ses, d"un  excellent  manuel  général  d'histoire  de  l'anglais.  — 
A  short  History  of  English,  Murray,  1914.  Le  livre  nouveau,  quoi- 
que beaucoup  plus  considérable,  embrasse  une  matière  moins 
étendue,  et  n'a  pas  le  même  caractère  de  mise  au  point  définitive. 
Mais  son  esprit,  ses  idées,  sa  méthode,  sont  d'une  belle  origina- 
lité. M.  Wyld.  dont  on  n'est  pas  surpris  d'entendre  dire  qu'il  est 
tout  l'opposé  du  philologue  sec  et  ennujeux  qui  si  longtemps  a 
])u,  et  dû  sans  doute,  sévir  en  ce  domaine,  s'attaque  au  plus  vif 
de  son  sujet,  et  fait  hardiment  litière  du  reste.  Il  part  d'un  prin- 
cipe bien  banal,  mais  dont  il  est,  je  crois,  le  premier  à  tirer  tou- 
tes les  conséquences.  Ce  principe  est  que  seule  la  langue  parlée 
est  le  siège  de  toutes  les  transformations  —  de  prononciation,  de 
morphologie,  de  syntaxe,  de  style  même  —  dont  la  langue  écrite 
ne  fait  qu'enregistrer  plus  ou  moins  bien  (et  fort  mal,  comme 
on  sait,  pour  l'anglais),  les  résultats  acquis  parfois  depuis  long- 
temps. Conséquence  :  c'est  l'histoire  de  la  langue  parlée  qui  im- 
porte, et  que  toujours  d'ailleurs  on  essaie  d'atteindre  derrière  les 
■  documents  ».  Conséquence,  et  celle-ci  plus  nouvelle  :  une 
méthode    vivante    et    économique    s'attachera    surtout,     parmi     les 

documents  ...  à  ccu.x  qui  reflètent  le  plus  directement  cette  his- 
toire. Et  donc  c'est  un  luxe  toujours,  et  ce  peut  être  un  leurre 
jiarfois,  que  de  mettre  sur  le  même  plan,  comme  on  fait  d'habi- 
tude, à  côté  des  textes  qui  nous  livrent  l'image  la  plus  fidèle  de 
la  langue  parlée  à  telle  ou  telle  époque,  d'autres  textes,  peut-être 
plus  attachants  au  point  de  vue  de  la  ■  littérature  ..  ou  de  la  «  grau-^ 
de  »  histoire,  mais  qui  risquent  de  porter  l'empreinte  de  la  main 
timide  et  volontiers  traditionnelle  des  gens  de  lettres  ou  des 
scribes  officiels.  Puisque,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  la  tâche 
essentielle  du  i)hilologuc  est  de  nous  expliquer  la  formation  du 
bon  anglais  courant  d'aujourd'hui,  et.  subsidiairement,  de 
l'anglais  modifié  ))ar  quehpies  influences  de  région  ou  de  classe 
qui  n'en  font  cependant  pas  un  patois  ou  un  argot,  à  quoi  bon 
charger  notre  histoire  de   rétude  de  dialectes  qui   n'ont   eu   aucune" 


HIBlJOCiKAFUIK  /  / 

part    à    rélaboriilion    de   ce    ••    rccelvcd    standard    ■'.    (jui    mil     niéiiie 
fort    peu    retenti    sur   Jes    ••   modified    standards   »  ? 

Aussi,  M.  Wyld,  remontant  au  moyen-anglais  (le  vieil  anglais 
l>(trlc  est  sans  doute  trop  malaisé  à  discerner  nettement),  jette-t-il 
carrément  par-dessus  bord  Tétiide  des  dialectes  du  Nord  ou  des 
.Midlands  occidentaux  dont  l'anglais  de  Londres  ne  laisse  aper- 
cevoir que  des  traces  insignifiantes.  Il  nous  épargne  les  tableaux 
-  horrifiques  pour  certaines  mémoires  —  qui  nous  résumaient 
l'histoire  de  "  O  E.  iu  »,  dans  tous  les  dialectes  à  la  fois.  II 
j)rend.  les  dialectes  formateurs  l'un  après  l'autre,  les  étudie  dans 
leur  unité  vivante,  fait  suivre  chaque  série  de  paradigmes  de 
(|uelques  exemples  concrets  bien  choisis,  et  contiuuc  dans  le 
même  esprit.  Il  montre  la  fusion  qui  s'opère  dans  l'anglais  de 
Londres,  chez  l'humble  moine  .^am  Davie  comme  chez  le  grand 
(  hauccr  —  précisant  fort  clairement  les  différences  qui  séparent 
la  prose  de  la  poésie  de  ce  dernier.  Il  va  ainsi,  de  siècle  en  siècle, 
ilépouiilant  les  textes  les  plus  riches  en  anglais  parlé  qu'il  ren- 
contre —  et  ce  sont  des  chroniques,  des  lettres,  des  testaments, 
(les  livres  de  raison,  autant  ou  plus  que  des  «  œuvres  littérai- 
res ».  Bien  entendu,  M.  Wyld  ne  se  targue  pas  d'épuiser  la 
matière,  et  l'on  songe  tout  de  suite,  par  exemple,  au  riche  filon 
que  le  théâtre  populaire  de  la  Renaissance,  dans  ses  humbles 
'  Quartos  »,  offrirait  au  chercheur.  Mais  il  suffit  à  tous,  au  lec- 
teur comme  à  l'auteur,  qu'un  admirable  guide  de  travail  soit  ici 
mis  par  l'un  à  la  disposition  de  l'autre.  La  nouveauté  des  résul- 
tats acquis  apparaîtra  nettement  aux  jeux  des  spécialistes  dans 
les  derniers  chapitres  (.VI  et  suivants),  où  M.  Wyld,  "  abstrait  » 
des  chapitres  tout  concrets  qui  ont  précédé  une  histoire  sché- 
matique de  la  prononciation  anglaise.  On  remarquera  notamment 
que  la  chronologie  des  transformations  connues  est  sensiblement 
modifiée  sur  plus  d'un  point.  Mais  c'est  bien  la  première  et  la 
plus  grosse  partie  de  ce  beau  livre  qui  en  offre  la  leçon  la  plus 
féconde.  Sans  doute,  elle  n'est  pas  partout  également  dense  d'idées 
eL  de  faits.  L'auteur  n'a  pas  voulu  faire  un  manuel  et  chercher 
le  minimum  de  mots  :  il  parle,  raconte,  observe,  sourit  souvent, 
se  moque  quelquefois,  s'amuse  évidemment  toujours.  Le  livre 
est  clair,  il  n'est  pas  absolument  net.  C'est  la  rançon,  si  l'on  veut, 
de  l'entrain  avec  lequel  il  a  été  écrit,  et  de  la  vie  qu'il  portera 
partout  où  il   ira. 

On  ne  saurait,  croyons-nous,  souhaiter  niicu.x  aux  philolo- 
gues anglais  que  notre  pays  devrait  bien  voir  naître  enfin  en 
plus  grand  nombre,  que  d'aller  à  Oxford  (.1)  se  mettre  à  l'école  de 
l'élève   et   du    successeur    de    Swect. 

A.  KoszUL. 


(1)    M.  Wyld   vient   d'y    être    nommé,    et   va   quitter    sa    chaire   de 
Liverpool. 


78  LKS   LAXGCES    MODERNES 

}.  et  Barbara  Han)n)ood  :  Tl)e  Skilled  Labourer 
(1760-1832).   —  Londres,  191!).  In-S"  Longman  et  Grcen. 

Los  auteurs  de  cet  ouvrage  se  sont  spéeialisés  de  longue  date 
dans  l'histoire  des  milieux  ouvriers  anglais  à  l'époque  de  la 
grande  révolution  économique  qui  marque  le  passage  de  la  petite 
à  la  grande  industrie.  Sur  les  traces  de  Paul  Mantoux,  ils  ont 
cherché  à  rendre,  dans  tous  ses  détails,  pittoresques  et  navrants, 
le  tragique  d'une  période  qui  fut  pourtant  le  début  de  la  mer- 
veilleuse   prospérité    industrielle   du   peuple    britannique. 

Dans  deux  études  précédemment  parues  (1),  les  auteurs  se  sont 
livrés  à  une  enquête  minutieuse  sur  les  conditions  d'existence 
matérielle,  et  sur  les  aspirations  des  ouvriers  anglais  des.  villes 
et  des  campagnes  à  la  fin  du  xvni"  siècle  et  au  commencement 
du  XI.V.  Ils  ont  cette  fois  limité  leurs  recherches  à  quelques-uns 
tles  métiers  les  plus  importants  et  les  plus  réputés  de  la  vieille 
.Angleterre,  et  nous  montrent  les  vains  etforts  de  ces  ouvriers 
spécialisés  (skilled),  pour  lutter  contre  la  dépréciation  continue 
des  salaires,  conséquence  terrible  et  fatale  de  l'apparition  du 
machinisme  et  du  remplacement  de  l'atelier  familial  par  la 
fabrique. 

A  l'histoire  de  ces  malheureux,  mineurs  et  tisserands  pour  la 
])lupart,  ils  ont  ajouté  le  récit  d'un  des  plus  curieux  mouvements 
ouvriers  de  ce  temps,  celui  des  <■  briseurs  de  métiers  »  ou 
'  luddites  >>,  qui  passa  au  cours  des  années  1812  et  1813  comme 
une  vague  de  fond  sur  les  Comtés  du  Centre  et  lit  naître  dans 
l'égoïste  aristocratie  d'argent  qui  gou%ernait  alors  l'Angleterre 
comme    une    soudaine    panique. 

Dans  leur  préambule,  les  auteurs  croient  devoir  Justifier  les 
termes  de  "  révolution  »  et  de  "  guerre  civile  »  dont  ils  se  ser- 
vent pour  caractériser  l'époque  qu'ils  étudient.  Ils  n'ont  pas  tort 
d'insister  sur  cette  métamorphose  rapide  qui  sembla  faire  passer 
l'Angleterre  économique  d'une  sorte  de  Moyen  Age  attardé  à  la 
période  moderne  de  son  histoire.  Us  insistent  justement  sur  la 
transformation  radicale  des  formes  traditionnelles  du  travail, 
sur  la  concentration  de  la  puisance  économique  entre  les  mains 
tl'une  classe  étroite,  sur  la  naissance  d'un  nouvel  esclavage 
rivant  aux  machines  des  fabriques  brusquement  multipliées  une 
foule  misérable,  non  seulement  d'hommes,  mais  de  femmes  et 
d'enfants. 

Les  huit  premiers  chapitres  de  l'ouvrage  promènent  le  lecteur 
successivement   chez  les  mineurs  du  Northumberland,  chez  les  tis- 


(1)    •■    The   Towii    liiboiircr   »    et    <■    77ic    Villnijc    hibuiirer   »    (Lon- 
dres,   Longmans). 


BIBLIOGHAl'HII':  7'.» 

straiids  en  coton  cl  en  l;iinc  du  F.aïuiisliiic,  du  Voikshirc,  du 
West-Uiding.  cIk-/1  les  ouvriers  en  soieries  de  Spitelfield,  le  fau- 
bourg de  Londres,  et  ceux  eu  l)onueterie  de  Nottingham.  Chez 
tous,  l'histoire  est  la  uièmi:  :  diminution  continue  des  salaires, 
lente  aggravation  de  la  niisèi-e.  La  crise  aiguë  est  généralement 
nuirquée  dans  tous  ces  métiers  par  les  années  de  dépression  éco- 
nomique '  qui  suivent  en  Angleterre  la  fin  des  guerres  napoléo- 
niennes et  que  les  troubles  du  radicalisme  politique  et  le  souve- 
nir de  Peterloo  ont  signalé  à  l'attention  des  historiens.  On  ti-ouve 
un  peu  partout  des  tentatives  identiques  de  résistance  à  ces  phé- 
Jiomènes  économiques  qui  accablent  les  ouvriers  sans  que  ceux-ci 
les  comprennent,  et  le  témoignage  de  sentiments  exaspérés,  colère 
sournoise  contré  les  auteurs  et  les  bénéficiaires  de  cette  machine- 
rie nouvelle  qui  transforme  l'industrie,  en  rabaissant  le  prix  du 
travail,  haine  grandissante  et  (Kailleurs  mutuelle  entre  classes, 
essais  localisés,  spasmodiques  d'entente,  toujours  jnalheureux. 
par  sociétés  secrètes,  puisque  la  loi  défend  les  coalitions.  .Jus- 
qu'au jour  où  'a  ténacité  d'un  Place  fera  comprendre  au  gou- 
vernement qu'il  est  plus  sage  de  laisser  les  ouvriers  s'associer 
au  grand  jour.  Grèves  et  lock-out  remplissent  déjà  les  pages  de 
ce  volume  bourré  de   faits  et  de  documents. 

La  deuxième  partie  de  l'ouvrage  est  spécialement  consacrée  à 
ce     curieux    mouvement     de     caractère     ouvrier     qu'on     a     appelé 

luddite  u,  du  nom  d'un  apprenti,  Ned  Ludd,  qui,  le  premier, 
l;risa  à  coups  de  marteau  le  métier  de  son  patron.  Les  <•  briseurs 
de  métiers  »  furent  légion  dès  l'automne  1811  dans  les  comtés 
(lu  (-entre.  Ils  avaient  pour  eux  la  sympathie  des  populations. 
Leurs  méthodes  rappellent  assez  celles  des  Sinn  Feiuers  moder- 
nes :  expéditions  nocturnes,  incendies  de  fabriques,  mais  surtout 
destruction  de  métiers  ;  plus  de  1.000  en  quelques  mois,  dans  les 
environs  de  Nottinghiim.  Contre  ces  ..  Jacobins  »  d'un  nouveau 
genre,    le    gouvernement    usa    de    rigueur    implacable.    Le    crime    de 

bris  de  métier  >>  fut,  en  vertu  d'une  loi  de  circonstance,  puni 
de  mort,  et  pour  stimuler  le  zèle  des  magistrats  locaux,  souvent 
indolents,  Londres  détacha  sur  place  de  grosses  forces  de  police 
el  tâcha  de  dépister  les  organisations  secrètes  des  Luddites  par 
un  savant  service  d'espionnage.  Le  livre  de  Hammond  se  termine 
par  le  récit  pittoresque  des  aventures  d'un  de  ces  agents  provo- 
cateurs. Ils  en  tirent  j)lus  d'une  bonne  raison  pour  assimiler  le 
régime  de  Castlereagh   à  celui  des  tsars  russes. 

Si  ce  jugement  final  apparaît  audacieux,  il  n'en  est  pas  moins 
\rai  que  les  auteurs  ont,  au  cours  de  leur  ouvrage,  continué  à 
faire  mieux  connaître  l'histoire  politique  anglaise  du  début  du 
.\i\«   siècle. 

Mais  c'est  surtout  au  jjoint  de  vue  économique  et  social  que 
The   skilled   labourer   importe   à   l'histoire   de   l'Angleterre.   Les   au- 


<S0  LES    LANC.LES    MODEHNES 

teurs    ont    travaille    utilement    dans    la    voie    si     lai-gement     tracce 
par  les   Webb   (1>,  les   Aslhey   et   les   Grahani  Wallas. 

Nous  nous  permettrons  de  revenir  proehainement  sur  ce  cha- 
pitre capital  de  la  vie  contemporaine  anglaise  à  propos  d'ouvra- 
ges récemment   parus. 

P.   Devinât. 

Kei)i)y.    —    Esquisse    du    droit    crini)ii)el    anglais.    — 

traduction    par    M.    Adrien    Paulian,    docteur    en    droit,    secrétaire- 
rédacteur   à   la   Chambre   des   Députés   (Paris,   Giard,   éd.    1921). 

On  sait  combien  la  législation  anglaise  diffère  de  la  législation 
française.  Si  l'on  exclut  le  régime  de  la  propriété  foncière,  nulle 
part,  peut-èti-e,  les  oppositions  ne  sont  plus  marquées  que  dans 
le  domaine  du  droit  criminel,  La  loi  réprime  à  peu  près  les  mê- 
mes faits  des  deux  côtés  de  la  Manche,  mais  <>  la  théorie  des 
preuves,  que  domine  le  principe  de  la  preuve  légale,  ne  ressemble 
pas  du  tout  à  notre  système  de  preuve  par  intime  conviction, 
écrit  ;\I.  le  professeur  Garçon.  Enfin  la  dialectique  juridique  an- 
glaise est  très  éloignée  de  celle  à  laquelle  les  esprits  français  sont 
accoutumés.  On  ne  raisonne  pas  de  la  même  manière  des  deux  côtés 
du  détroit.  Un  juriste  anglais  ne  serait  probablement  pas  con- 
vaincu par  nos  argumentations  si  nous  cherchons  la  solution 
d'une  controverse,  en  consultant  le  texte,  les  précédents  histori- 
ques, les  travaux  préparatoires,  les  nécessités  pratiques.  ]\Iais,  de 
notre  côté,  nous  avons  peine  à  comprendre  les  arrêts  anglais  où 
chaque  juge  se  détermine  par  les  précédents  librement  interprétés 
et   procède    sou^■ent   par  pures   affirmations.    » 

On  comprend  quelle  est  l'importance  de  l'élude  du  droit  anglais 
pour  tous  ceux  qui  cherchent  à  connaître,  non  dans  ses  formes 
extérieures,  mais  dans  son  essence,  la  civilisation  britannique. 
On  peut  suivre,  dans  les  Acls  of  Parliament  les  transformations 
subies  par  la  pensée  de  nos  voisins.  L'ouvrage  de  M.  Paulian  per- 
met à  ses  lecteurs  de  se  livrer  à  cette  excursion  dans  le  domaine 
de  la  phvchologie  et  de  l'histoire.  La  traduction,  très  exacte  et. 
cependant  élégante  et  sobre,  est  une  image  parfaite  de  la  pensée 
de    l'auteur   anglais. 

M.  Paulian  est,  d'ailleurs,  un  spécialiste  des  travaux  de  cette 
nature.  11  a,  pendant  plusieurs  années,  analysé  et  traduit,  pour 
la  Chambre  des  Députés,  les  manifestations  les  plus  intéressantes 
de  l'activité  du  Parlement  anglais  et  italien  :  projets  de  loi,  lois, 
rapports,    discussions,    enquêtes,    etc.    .\vant    la    guerre,    la    Faculté 


(1)  A  signaler  la  léccnte  édition  de  The  Uislory  of  Trwh- 
Unions  dont  les  trois  derniers  chapitres,  nouvellement  ajoutés, 
sont   hi    synthèse   du   mouvement   ouvrier   ;inglais   contemporain. 


BIHLIOGRAPHJK 


81 


<]e'  droit  a  honoré  d'un  prix  un  oiivrajîo  c»ii  il  étudiait  les  fraiis- 
forniations  historiques  et  le  rôle  pai'ticulièrenient  ini|)ortunt 
aujourd'hui,  des  engagements  de  diverse  nature  (engagement  de 
ne  pas  troubler  l'ordre  public,  d'observer  une  bonne  conduite  à 
l'égard  de  telle  ou  telle  personne,  etc.i  qui  viennent  s'ajouter 
;iux    |)eines    ou    s'y    substituer    (Il 

G.  Malgopi)  :  Lexique  tecijoique  A09l3is-Frar)çais.  — 

C.authier-Villars    et    Cie.    1920. 

(let  ouxrage  >ient  à  son  heure,  et  sera  utilement  consulté  par 
tous  ceux  qui  s'occupent  de  Métallurgie,  d'Klectricité,  de  Cons- 
tructions navales  et  de  Moteurs  à  combustion  interne.  On  ne  sau- 
rait dire  qu'il  est  tout  à  fait  complet  ;  la  langue  technique  s'en- 
richit journellement  de  vocables  nouveaux,  et  à  peine  un  volume 
de  ce  genre  est-il  paru  qu'il  faudrait  le  mettre  au  point  ;  mais 
l'essentiel  y  est  ;  sous  un  format  commode,  le  texte  est  clair  et 
bien  ordonné  et  l'ouvrage  facile  à  consulter.  11  faut  souhaiter  que 
l'auteur  complète  bientôt  son  livre  :  il  manque  presque  tout  le 
vocabulaire  de  r.Automobile,  et  en  matière  de  Constructions 
navales,  il  y  a  beaucoup  de  trous.  Mais,  tel  qu'il  est,  il  est  à 
recommander  et  s'oppose  heureusement  aux  nombreux  produits 
similaires   de   la    librairie   allemande. 

M.    H. 

Mariai)  Edwardes.  —  A  Pocket  Lexicoi)  and  Concor- 
dance to  t\)e   Works  of  Shakespeare,    i  vol.   petit  in-i(i 

carré,   Vni-274   pp..   .T.   M.   Dent   et   G",   London. 

Tous  les  professeurs  d'anglais  ont  tenu  entre  leurs  mains  les 
jolis  volumes  de  la  collection  du  ••  Temple  Shakespeare  >•.  La 
Maison  Dent  a  publié  dans  le  même  format  si  coquet  et  si  pra- 
tique un  Glossaire  destiné  plus  particulièrement  aux  lecteurs  de 
ces  ouvrages,  mais  appelé  à  rendre  service  à  toutes  les  personnes 
qui  étudient  Shakespeare,  quel  que  soit  le  texle  dont  elles  se 
servent.  Le  <•  Lexicon  ■>  contient  à  la  fois  un  Index-Glossaire, 
mais  aussi  une  Concordance,  c'est-à-dire  la  liste  de  tous  les  pas- 
sages de  l'œuvre  shakespearienne  où  se  retrouve  le  mot  dont  on 
veut  préciser  le  sens,  découvrir  les  diverses  acceptions.  Ces  ren- 
vois permettent  d'étendre  le  champ  des  investigations  sémantiques 
autour  d'un  terme  employé  plusieurs  fois  par  le  grand  dramaturge. 
Des  citations  empruntées  aux  critiques  les  plus  autorisés  fournissent 
au  lecteur  les   interprétations  qui  ont  été  données  des  passages  les 


(1)    La    Recognizance    dans    le    droit    anglais,    Paris,     Giard     et 
Brière,    éd. 


82  LES    LAX(iL"ES    MODERNES 

plus  obscurs.  Eufiu,  des  gravures  fort  nettes,  qui  reproduisent, 
pour  la  plupart,  des  objets  exposés  au  British  Muséum,  éclairent 
de  la  meilleure  façon  certains  termes  techniques  vieillis  ou  les 
dénominations  d'ustensiles,  d'outils,  d'armes,  d'instruments  dis- 
parus  de    l'usage    courant. 

Ch.    Veillet-Lavallée. 

RolaQd  Bréauté.  —  Uq  Universitaire  aux  arn)éeS'  — 

Editions  Bossard,    Paris. 

M.  Roland  Bréauté,  professeur  dans  le  civil,  et  territorial  de  2 
classe,  ou  comme  il  le  dit  lui-même  simplonime,  dans  le  mili- 
taire, montre  dans  son  livre  les  qualités  que  sa  double  situation 
d'universitaire  et  de  vétéran  nous  met  en  droit  d'attendre  :  la 
pondération  et  la  mesure.  Il  ne  se  lamente  pas  sur  l'injustice  de 
son  sort.  Non  que  la  promiscuité  des  camps  lui  ait  moins  pesé 
à  lui  qu'à  tous  ces  hommes  cultivés  maintenus,  de  par  le  principe 
fondamental  de  l'inutilisation  des  compétences,  dans  une  situa- 
tion subalterne  ;  mais  stoïque  par  tempérament  ou  par  pudeur, 
il  ne  fait  entendre  aucune  récrimination.  Il  se  borne  à  raconter 
ce  que  les  hasards  de  la  guerre  lui  ont  permis  de  voir.  Et  ce  qu'il 
a  vu  ne  manque  ni  de  variété  ni  d'intérêt.  D"abord  terrassier  et 
homme  de  garde  dans  la  tranchée,  puis  gardien  de  prisonniers 
allemands,  travailleur  auxiliaire  dans  la  guerre  de  mine,  enfin 
météorologiste  attaché  à  une  escadrille  ifaviation  et  à  une  sta- 
tion de  dirigeables  maritimes,  il  a  rapporté  de  ses  différents 
emplois  des  notes,  des  portraits,  des  tableaux,  des  anecdotes  qui 
seront  pour  l'historien  des  à-côtés  de  la  guerre,  de  précieux  docu- 
ments. 

La  précision  et  la  sobriété  du  trait,  le  dédain  de  l'effet,  donnent 
au  style  une  pureté  classique  qui  est  un  des  agréments  du  livre. 
L'indépendance  de  la  pensée  en  est  un  autre.  .Au  contraire  de 
certains  esprits  généreux  mais  mutilés,  il  se  refuse  à  voir  les 
humbles  doués  de  toutes  les  vertus  ;  il  ne  se  ci'oit  pas  obligé  de 
témoigner  une  tendresse  étendue  aux  prisonniers  :qu'il  garde 
j.our  les  dédommager  du  mal  qu'ils  ont  fait  à  son  pays.  Il  a  la 
même  aptitude  à  saisir  le  comique  de  certains  contrastes  que  le 
tragique  de  certaines  situations.  De  savoureuses  révélations  sur 
les  rapports,  parfois  tendus,  entre  le  baromètre  et  le  commande- 
ment font  penser  aux  meilleures  pages  de  Jérôme  K.  Jérôme  ; 
par  contre,  il  est  des  détails  macabres  qui  rappellent  Roland 
Dorgelès,  d'autres  qu'on  croirait  sortis  de  l'imagination  outran- 
cière  d'un  Mirbeau.  .A  cet  égard,  l'histoire  de  la  station  de  diri- 
geables maritimes  qui  ne  compte,  à  son  actif,  que  deux  actions 
d'éclat,  la  mise  à  mal  d"un  cachalot  et  l'envoi  par  le  fond  d'ua 
sous-marin  anglais,  n'est  peut-être  pas  la  plus  caractéristique, 
mais   elle    est    la   plus   facile    à    indiquer    ici. 


Hilii.iodiiAiMiii-:  83 

Kn  gênerai,  M.  Roland  liréautc  laisse  parler  les  faits,  il 
s'efl'acc  devant  eux.  Non  (iirrl  soit  insensible  à  la  soufl'rance 
DU  ineapable  <le  révolte  ;  derrière  sa  neutralité,  son  émotion  ou 
son  indignation  percent  et  jjarfois  même  éclatent  ;  et  avec  son 
attitude  réservée,  il  en  laisse  plus  à  entendre  qu'il  n'en  dit. 
Cependant,  quand  il  parle  des  souffrances  de  Tavant,  quand  il 
note  de  quelle  gravité  le  contact  du  danger  revêt  les  plus  vulgai- 
res, quand  il  dit  l'âpre  poésie  de  la  guerre,  il  se  livre  tout  entier 
et  atteint   à   l'éloquence   simple  et  belle. 

Arrivé  au  terme  du  livre,  on  s'étonne  que  l'œuvre  d'une  intel- 
ligence^i  é(|uilibrée,  si  lucide  et  si  peu  partiale  n'ait  pas  trouvé 
grâce  devant  la  censure,  l'ne  note  en  effet  avertit  le  lecteur  que 
faute  de  rim))rimatur,  l'auteur  a  dû  attendre  l'armistice  pour  se 
faire  i)uhlier  intégralement.  Qu'on  ait  craint  de  voir  le  livre  de 
M.  Roland  Rréauté  exercer  une  influence  déprimante  sur  l'armée, 
cela  coufond  l'esprit.  Les  censeurs  étaient  seuls  à  ignorer  que 
des  œuvres  comme  le  Feu  lui-même  faisaient  moins  de  tort  au 
moral  du  combattant  que  le  bourrage  de  crâne  enfantin  dont 
élaient    remplies    les    feuilles    populaires. 

Marcel    I.ohans- 

Gastoi)  Esoault.  —  Le  Poilu  tel  qu'il  se  parle.  -Edition 
Brossard,  1919,  1  vol.  in-Ki,  de  603  pages. 

La  matière  semble  inépuisable,  mais  l'auteur  a  su  se  borner. 
Tout  l'argot  antérieur  à  la  guerre,  s'il  n'a  repris  une  vie  nou- 
velle, est  exclu  de  ce  livre  par  un  impitoyable  expert,  d'une 
riche  et  savoureuse  érudition.  11  en  reste  pourtant  600  pages, 
d'une  lecture  qui  ne  lasse  pas  l'attention,  M.  G.  Esnault  s'attache 
surtout  à  rechercher  les  sématismes,  les  circonstances  spéciales 
<|ui  ont  déformé  le  mot  correct  et  formé  le  mot  poilu.  Il  nous 
donne  ainsi  des  lumières  imprévues  sur  des  termes  d'usage  aussi 
courant  que  bécdiie  :  bécane,  féminin  de  bécant,  qui  signifie 
oiseau  ;  par  suite,  machine,  outil,  voiture,  qui  fait  du  bruit,  qui 
grince.  Il  nous  initie  aux  avatars  de  eherrer,  et  nous  montre 
comment  eherrer  se  confond  et  s'entremêle  avec  bousculer.  Si 
bien  qua^  c'est  si  l'on  veut,  en  un  sens,  un  dictionnaire,  mais 
surtout  un  témoin  enregistreur  des  fortunes  successives  d'un  mot 
ou  d'une  expression  dans  les  milieux  les  plus  divers.  L'informa- 
lion  de  M.  Esnault  est  précise  et  variée,  et  il  est  de  ceux  qui 
n'ont  pas  oublié  la  marine,  pour  le  grand  avantage  de  son 
enquête.  Il  est  rare  qu'on  le  trouve  en  défaut  :  les  quelques 
remarques  qui  suivent  tendent  plutôt  à  confirmer  ses  indications, 
sans  lesquelles  on   n'aurait  rien  trouvé. 

P.  132,  faire  eapsaille  pour  :  chavirer.  Au  lieu  d'en  faire  une 
suffixation  libre  de  capoter,  ne  vaut-il  pas  mieux  y  reconnaître, 
prononcée  par  des  gens  qui  ne  lisent  pas  l'anglais,  le  mot  to 
capsize,  chavirer,  avec   chute   de  Vs  finale  ? 


84  LES   LANGIKS    MODERNES 

Quant  à  cahtboiirs  pour  prison,  appris  des  marins  américains, 
Webster  donne  en  eifet  :  calaboose,  a  prison,  a  jail  ;  de  l'espa- 
gnol   calabozo,   même    sens   (p.    126). 

Au  lieu  de  chercher  un  rapport  entre  magognian  (p.  332i,  grosse 
marmite,  quotidien  en  effet  au  154  en  1&18,  et  mangonneaii, 
baliste  du  Moyen  Age,  ce  qui  paraît  bien  savant,  je  risque  timi- 
dement l'hypothèse  suivante  :  j'ai  entendu  dire  t>«gogniau, 
c'est-à-dire  pour  moi,  contenu  d'un  wagon,  ou  encore  petit 
wagon  (on  disait  aussi  que  les  gros  ol)us  venaient  sur  des  railsj. 
■  N'allez  pas  là-bas  !  >>  est  bien  antérieur  à  18  :  c'était  déjà 
une   scie   en   vogue  au   256,   secteur  de   Reims,   dès   août   17. 

Mais  il  faut,  comme  M.  Esnault  lui-même,  savoir  s'arrêter, 
bien  à  contre-cœur,  dans  cette  conversation,  non  sans  signaler  le 
Poilu  à  tous  les  anciens  frontards  qui  auraient  encore  l'infortune 
de  l'ignorer.  Et  non  seulement  aux  frontards,  mais  à  tous  ccu.x 
qu'intéresse  la  formation  et  l'évolution  du  langage  populaire, 
alimenté  par  tous  les  métiers,  tous  les  terroirs,  et  le  flamand,  et 
le  breton,  et  le  gascon,  et  le  provençal.  Avec  M.  Esnault,  nous 
suivons  notre  langue  en  son  perpétuel  devenir  :  en  même  temps, 
nous  y  retrouvons,  avec  une  émotion  profonde,  tous  nos  souve- 
nirs de  là-bas,  concrétisés  autour  des  formules,  des  tics,  des  cris, 
qui  ont  fait  partie  de  nous-mêmes  pendant  une  si  longue  suc- 
cession de  mois  et  d'années.  Par  là,  le  Poilu  est  plus  attachant 
que  les  plus  justement  célèbres  des  romans  du  front  :  car  Bar- 
busse et  Dorgelès,  tout  en  s'inspiraut  constamment  de  la  réalité, 
en  recomposent  les  éléments  selon  leur  propre  génie,'  tandis 
qu'axec  M.  Esnault,  chacun  de  nous  erre  à  sa  fantaisie  dans  un 
liasse   qu'il  ressuscite  à   sa   guise. 

Un  dictionnaire  du  même  genr;i.  sinon  de  même  valeur,  existe- 
t-il  pour  le  ■•  poilu  britannique  »  tel  qu'il  se  parla  ?  .Je  pose 
\î<  question  à  ceux  de  mes  collègues  qui  ont  pu  servir  comme 
interprètes.  A  défaut  d'une  telle  source,  ne  pourraient-ils  nous 
tenir,  ici-même,  au  courant  des  déviations  et  créations  populaires 
dont  ils  ont  été  les  témoins  ?  Ils  rendraient  ainsi  un  grand  ser- 
vice à  ceux  qui,  n'ayant  approché  ni  les  Anglais,  ni  les  .\méri- 
cains,  n'osent  pas  davantage  contempler  la  perspective  d'une 
enquête  en  pays  anglo-saxons,  par  ces  temps  de  vie  trop  chère 
et    (le    change    accablant.  ^     Rivo\i  i  ^x 

L.  Marc>)ar)d.  —  Petit  Guide  Pédagogique  du  Profes- 
seur de  français  ei)  Alsace-Lorraii)e.  —  1  brochure  grand 

in-16.    16  j)]).   Siège  central   de   la   Conférence  au   Village.  9,  avenue 
de    l'Opéra,    Paris. 

Notre  collègue  Marchaïul,  sur  la  demande  de  la  ■  (".ommission 
fin  .Manne!  >  tiu  Comité  .\lsacien  de  la  Conférence  au  Village, 
(Commission    (pie    préside    M.    le    professeur    V.h.    Andler.    a    récem-  • 


miîi.i()(ii!AiMin:  S.") 

jîic'iil  public',  il  riiiUiitiou  des  instiliiteiirs  et  iiislituliicie^  qui 
Iravitillcnt  à  l;i  dillusioii  du  friinçais  en  Alsace  et  en  Lorraine, 
une  brochure  où  abondent  les  conseils  d'une  sage  doctrine  péda- 
{{ogique  et  les  formules  heureuses  et  frappantes.  M.  .Marchand 
invite  les  futurs  professeurs  de  français  à  adopter  les  procédés 
de  la  méthode,  directe,  car  la  traduction  présente  •<  d'immenses 
inconvénients  ».  ("/est  que  les  mots,  dit-il,  ne  sont  pas,  •  jetons 
interchangeables,  (-e  n'est  pas  de  la  matière  brute,  ("/est  de  la 
vie.  '  D'une  langue  à  une  autre,  assurément,  il  y  a  concordance, 
mais  combien  peu  précise,  par  exemple  entre  schiih  et  chaussure, 
lieben  et  aimer.  Le  sens  de  chaque  mot  est  ■  comparable  au  noyau 
d'une  cellule  vivante,  analysable  par  la  raison  »,  conccde-t-il, 
mais  :  "  il  y  a  autour  d'eux  comme  un  halo  mouvant  qui  ne  se 
perçoit  que  par  le  sentiment,  et  que  la  traduction  est  très  souvent 
impuissante  à  exprimer  ».  ^L  Marchand  insiste  sur  la  valeur  de 
renlruinement  intuitif  donné  par  l'emploi  de  la  méthode  directe 
où  l'élève  est  obligé  de  comprendre  sans  intermédiaire  linguisti- 
que les  mots  et  les  tournures  de  la  langue  étudiée,  de  deviner 
d'intuition  le  sens  de  tous  les  mots,  seule  façon  d'acquérir  «  le 
sentiment  de  la  langue  étrangère  sans  lequel  ou  n'arrive  jamais 
à    tout    saisir    spontanément    et    à     s'exprimer    couramment    ». 

Le  professeur  qui  traduit  est  contraint  "  d'enseigner  les  ter- 
mes de  la  langue  étrangère  dans  l'ordre  où  ils  surgissent  et  s'épa- 
nouissent dans  leur  milieu  naturel.  On  croit  pouvoir  commencer 
par  n'importe  quel  bout  !  »  Certains  maîtres  ont  cherché  à 
pallier  cet  inconvénient  eu  dressant  "  des  listes  de  mots  groupés 
d'après  le  sens  »,  source  d'ennui  mortel  pour  les  élèves,  méthode 
(]ui  impose  à  la  mémoire  des  etïorts  aussi  pénibles  que  parfaite- 
ment inutiles  :  il  ne  reste  rien  dans  l'esprit,  au  bout  d'un  bref 
délai. 

L'auteur  de  la  brochure  ne  se  borne  pas  à  un  exposé  doctrinal 
et  théorique,  il  passe  ensuite  à  une  série  de  conseils  pratiques 
qui  résument  fort  bien  toute  la  technique  de  l'enseignement  sco- 
laire et  dont  la  lecture  ne  pourrait  que  rendre  service  aux  futurs 
professeurs,  en  particulier  aux  étudiants  des  deux  sexes  qui  se 
préparent  au  Certificat  primaire.  Ils  trouveront  dans  ces  pages, 
où  se  condensent  l'expérience  et  le  savoir  d'un  professeur  émi- 
nent,  des  indications  précieuses  pour  la  leçon  de  pédagogie  qu'ils 
auront    à    faire  en    passant    l'oral.  Ch.    V.-L. 

E.  Courio.  —  La  Métljode  directe  dar)s  la  preni)ière 

ai)l)ée  d'études*  —  l  ^ol-  broché,  grand  in-16,  106  pp.  Librairie 
Ferran  jeune,  Marseille. 

A  qui  lit  attentivement  l'ouvrage  de  doctrine  publié  par 
M.  Gourio,  la  remarque  s'impose  que  la  Méthode  Directe  est  en 
possession  maintenant  d'un  ensemble  de  procédés  aussi  nombreux 


86  Li:S    LANC.UES    MODEKXES 

et  aussi  variés  que  sûrs.  Et  si  les  contempteurs  de  notre  disci- 
pline, ou  plutôt  les  ignorants,  plus  abondants  encore,  étudiaient 
sans  parti  pris  cet  exposé  si  complet,  ils  ne  pourraient  s'empê- 
cher de  reconnaître  la  valeur  pédagogique  des  méthodes  préconi- 
sées en  1902,  mises  en  pratique  depuis  dix-huit  ans  avec  un  suc- 
cès indéniable  que  seuls  une  modestie  peut-être  exagérée,  le  souci 
de  faire  mieux  encore,  nous  empêchent  de  proclamer  comme  il 
serait  opportun  —  et  juste  —  de  le  faire.  Et.  certes,  cet  excès 
de  scrupule  est  tout  à  l'honneur  des  professeurs  de  langues  vivan- 
tes. Il  atteste  d'une  part  leur  esprit  critique  qui  ne  se  contente 
pas  de  rà-peu-près,  ni  d'une  approximation  dans  le  bien,  d'autre 
part  l'ardeur  généreuse  de  leur  tempérament  qui  vise  sans  cesse 
à  la  perfection.  Mais  à  l'inverse  de  certains  concurrents  extra- 
iniiversitaires  qui  jouent  du  tam-tam  autour  de  leur  or\ictan  et 
vantent  bruyamment  l'excellence  de  leur  marchandise  linguisti- 
que, nos  collègues  ont  trop  souvent  avoué  que  le  résultat  acquis 
ne  leur  donnait  pas  entière  satisfaction.  On  sait  avec  quel  em- 
])ressemeiit  certains  éléments  hostiles  se  sont  emparés  de  ces 
honnêtes  déclarations  pour  les  transformer  en  confessions  d'im- 
iiuissancc.  en  aveu  d'insuccès.  Nous  avions,  comme  le  disait 
yi.  Rancès,  confectionné  nous-mêmes  le  paquet  de  verges,  nous 
le  tendions  d'une  main  bénévole  à  d'âpres  adversaires  qui,  main- 
tenant,  nous   en   fustigent. 

V\\  livre  comme  celui  de  M.  Gourio  arrive  à  point  pour  mon- 
ticr  la  réalité  des  choses  et  convaincre  ceux  qui  ne  ferment  pas, 
de  propos  délibéré,  leurs  yeux  et  leurs  oreilles.  Il  suit  de  prè.^ 
l'ouvrage  d'ensemble  de  ilM.  Simonnot  et  Vincent  ;  la  brochure 
de  M.  Marchand,  dont  nous  rendons  compte  ailleurs,  a  paru  après 
un  bref  intervalle.  Nous  laissons  de  côté  les  nombreux  articles 
publiés  dans  les  revues.  Mais  on  est  fondé  à  admirer  cette  florai- 
son si  drue  d'ouvrages  traitant  de  la  pédagogie  des  langues 
vivantes.  Notre  discipline  a  une  intensité  de  vie  qu'il  est  juste  de 
souligner,  car  c'est  un  des  signes  ^es  moins  discutables  <le  sa 
A  ertu. 

L'espace  nous  manque  pour  analyser  dans  le  détail  ce  manuel 
du  maitre  es  langues.  Nous  en  recommandons  l'étude  à  tous  les 
jeunes  professeurs  dont  il  pourrait  être  le  bréviaire,  en  particu- 
lier aux  candidats  qui  se  préparent  au  Certiticat  d'aptitude  à 
l'Enseignement  des  langues  vivantes  dans  les  Ecoles  normales  et 
Primaires  supérieures.  Beaucoup  de  ces  derniers  ne  peuvent 
acquérir,  en  faisant  eux-mêmes  la  classe,  cette  connaissance  pra- 
tique des  méthodes  actives  qui  leur  est  nécessaire  pour  l'épreuve 
de  pédagogie  à  l'oral.  Le  livre  de  M.  Gourio  y  suppléera  du  mieux 
|)<)ssible.  Ils  mettront  surtout  à  profit  le  chapitre  V  :  ••  De  la 
nécessité  de  la  préj)aration  de  la  leç^on.  —  Gomment  conduire 
son  explication.  —  Erreurs  à  éviter.  ■■  Mais  il  est  difficile  —  et 
asez    vain    —    de    désigner    tel    ou    tel    chapitre    comme     |)résenlant 


b[blio<;rai'Hik  87 

iiMc  utilité  particulière  aux  jeunes  professeurs.  Tout  se  tient 
dans  cet  cxeellent  traité  dogmatique,  car  tout  y  est  le  fruit  de 
longues  et  fortes  réflexions  chez  un  maître  qui  a  consacré  sa  vie 
et  les  qualités  d'un  esprit  lucide,  imaginatif  et  tenace  à  l'élabo- 
ration d'une  méthode  logiquement  organisée.  Signalons  toutefois 
la  portée  générale  et  philosophique  des  derniers  chapitres.  I.e 
N'I"  traite  en  détail  des  devoirs  (nature,  correction  et  valeur  des 
devoirs  directs),  celle  des  leçons,  de  Venseignemenl  de  l'orthogrit- 
jihe  par  la  dictée,  de  la  revision,  de  l'exercice  scolaire  que  M.  Gou- 
rio  appelle  la  grande  interrogation  et  dont  nous  avons  exposé 
naguère  un  emploi  particulier  (V.  Langues  Modernes,  année  1918, 
p.  163,  Les  Concfntrs  de  mots).  On  trouvera  dans  le  chapitre  VII 
une  étude  complète  sur  renseignement  de  la  prononciation  ;  l'au- 
teur y  donne  une  foule  de  conseils  pratiques  et  justes,  mais  ne 
se  déclare  pas  en  faveur  de  l'emploi  scolaire  des  scripts  phonéti- 
ques ;  le  dressage  oral  donné  par  un  maître  bien  en  ])ossession 
de  la  huigue  qu'il  enseigne  et  des  procédés  éducatifs  appropriés 
lui  parait  la  meilleure  méthode.  Chose  curieuse,  M.  Gourio  laisse 
entièrement  de  côté  la  question  du  phonographe.  Il  eût  été  inté- 
ressant de  connaître  son  avis,  favorable  ou  non,  sur  l'emploi  sco- 
laire  des   machines   parlantes. 

Nos  lecteurs  connaissent  déjà  —  et  nous  n'y  re\  iendrons  donc 
pas  —  le  dernier  chapitre  de  l'ouvrage  (Opposition  des  Méthodes. 
—  Un  peu  d'historique.  —  Place  de  notre  enseignement  élémen- 
taire dans  la  discipline  des  études)  ;  les  Langues  Modernes  l'ont 
publié,  en  bonnes  feuilles,  dans  le  n"  de  mars-avril  1920.  Il 
résume  et  condense  les  idées  directrices  dont  l'ouvrage  procède 
dans  son  ensemble. 

Quelques  remarques,  en  terminant,  s'imposent.  Tout  d'aboi'd 
insistons  sur  l'importance  qu'a  toujours  eue,  dans  la  pensée  de 
M.  Gourio,  l'enseignement  de  la  grammaire,  contrairement  à  ce 
que  croient,  ou  plutôt  ce  qu'affirment  les  détracteurs  des  métho- 
des actives.  Otte  prééminence  de  la  grammaire  se  manifeste 
ejicore  dans  l'ouvrage  qui  nous  occupe.  L'étude  des  faits  gram- 
maticaux, des  formes  et  des  règles  syntaxiques  est  bien  le  fil 
conducteur,  pour  nous  servir  des  termes  mêmes  d'une  des  ques- 
tions qui  figurent  au  programme  des  leçons  pédagogiques  du  Cer- 
tificat primaire.  Un  examen  superficiel  ne  permet  pas  toujours 
de  s'en  rendre  compte.  «  Tout  ce  vocabulaire  s'interpénétre  sans 
cesse,  écrit  quelque  part  M.  Gourio,  selon  une  logique  qui  n'ap- 
paraît pas  toujours  au  premier  examen.  »  Et  c'est  une  étude 
un  peu  trop  sommaire  qui  a  amené  certains  critiques  à  accuser 
les  ouvrages  classiques  de  M.  Gourio .  de  présenter  quelque 
désordre.  Il  serait  facile  de  rétorquer,  d'ailleurs,  en  empruntant 
la  maxime  de  l'Aristarque,  que  ce  beau  désordre  n'est  que  l'effet 
d'un  art  savant  et  poussé.  Mais  non,  il  n'y  a  là  aucun  désordi-e, 
l'est  le  foisonnement  d'une  vie  drue  qu'informe   une  logique  soli- 


88  LES    LANGUES    MODERNES 

de  dont  l'affirmation  reste  discrète.  Sur  les  106  pages  que  compte 
le  livre  de  M.  Gourio,  69  sont  consacrées  à  l'enseignement  gram- 
matical. Que  l'on  ne  vienne  donc  pas  accuser  la  méthode  directe 
de   négliger  la   grammaire  ! 

Mais  M.  Gourio  n'en  a  pas  moins  mille  fois  raison  quand,  après 
avoir  indiqué,  —  ce  qui  est  l'évidence  même,  —  que  l'étude  d'une 
langue  vivante  est  surtout  affaire  de  mémoire  (1),  il  insiste  sur 
la  nécessité  de  répéter  sans  cesse  mots  et  formules  et  de  les  faire 
répéter  plus  souvent  encore  par  les  élèves.  Psittacisme,  dira-t-on  ! 
Point.  Car  nous  suscitons  chez  les  élèves  les  observations,  les 
comparaisons,  la  notation  des  ressemblances  et  des  dissemblances. 
Nous  ne  laissons  pas  dormir  dans  ces  jeunes  esprits  les  facultés 
de  raisonnement.  La  répétition  et  la  vie  active,  l'action,  voilà  les 
principes  fondamentaux  d'un  enseignement  fructueux  parce  qu'in- 
téressant et  source  de  joie  pour  les  enfants,  (''est  en  agfssdnt  que 
s'apprend,  en  particulier,  le  verbe,  le»  vocable  par  excellence. 
■  car,  écrit  M.  Gourio,  l'élève  aime  agir  et  voir  agir,,  le  mouve- 
ment attire  et  retient  son  attention  ».  Le  vieil  .Aristote,  s'il  m'en 
souvient  bien,  avait  dit  de  même  :  •■  Le  plaisir  s'ajoute  à  l'acte 
comme    à   la   jeunesse   sa  fleur   ». 

Ch.   Veillet-Lavai.lée. 

C-C.  Picavet  :  Ui)e  dérpocratie  historique.  La  St'isse. 

—  Paris,  E.  Flammarion  (Bibliothèque  de  Philosophie  Scienti- 
fique i,    1920  ;    in- 12.    296   p.    7    fr.   50. 

Chose  étrange,  la  plus  ancienne  des  démocraties  du  monde, 
comme  la  Suisse  se  plaît  à  se  nommer,  n'avait  pas  encore  fait 
chez  nous  l'objet  d'un  travail  d'ensemble.  Et  pourtant,  un  Fran- 
çais est  peut-être  plus  apte  qu'un  Suisse  même,  toujours  plus 
ou  moins  prisonnier  de  ses  origines  cantonales,  à  démêler  et 
apprécier  impartialement  ^é^■olution  de  ce  jjetit  peuple  dont 
l'histoire  récèle  plus  d'un  enseignement  pour  les  grands  Etats. 
M.  Picavet  a  heureusement  comblé  cette  regrettable  lacune.  .Ana- 
lysant d'abord  les  éléments  naturels,  géographique  et  économique, 
de  la  nation  suisse,;  il  montre  comment  s'est  constituée  lentement, 
depuis  le  pacte  de  1921,  cette  unité  historique  fondée  et  mainte- 
nue par  la  libre  volonté  de  démocrates.  Car.  c'est  là  le  point  essen- 
tiel, que  M.  Picavet  met,  avec  raison,  en  pleine  lumière  dès  le 
début,  et  que  bien  des  Suisses  mêmes,  sans  en  excepter  les 
Komans,  n'aperçoivent  pas  toujours,  imprégnés  qu'ils  sont  des 
doctrines  germaniques  sur  la  nationalité.  "  La  Suisse,  dit  AL  Pi- 
cavet, est  un  démenti  vivant  à  tous  ceux  qui  veulent  fonder  la 
nationalité    sur   la    race    on    sur    la    langue,   comme   jadis   on     \t>uliit 


(1)    p.    1. 


lUHl.UXilJAIMIlt:  <Si) 

lui  donner  la  base,  iiii|josc-t'  par  la  l'orct-,  de  ruiiito  de  leiigiun.  •. 
Sans  nKconnaître  l'importance  des  autres  facteurs,  l'auteur 
|)r()u\e,  au  cours  d'un  exposé  extrêmement  riche  de  faits  et 
d'idées,  mais  où,  grâce  à  la  clarté  du  plan  et  l'heureuse  disposi- 
tion de  la  matière,  nul  arbre  n'empêche  de  voir  la  forêt,  ••  qu'en 
définitive  une  des  raisons  essentielles  de  la  survivance  de  cet 
Etat,  ce  fut  la  volonté  d'un  i)eui)le  qui  s'était  constitué  librement 
el  qui  tendit  rapidement  au  maintien  d'une  habitude  historique 
qu'il  jugeait  conforme  à  ses  intérêts  comme  aussi  à  son  tempé- 
rament  et   à    son    génie    propres    •>. 

A  l'heure  où  l'on  commence  à  reconnaitre  aux  peuples,  au 
moins  en  théorie,  le  droit  d'être  eux-mêmes  les  libres  arbitres  de 
leurs  destinées,  l'exemple  de  la  petite  Suisse,  tra\ersant  intacte 
une  crise  universelle  et  fortifiant  même,  quand  les  empires  crou- 
lent autour  d'elle,  son  unité  nationale,  malgré  la  diversité  ethni- 
tiue,  linguistique  et  confessionnelle  de  ses  éléments,  est  peut-être 
utile  à  méditer,  même  en  «lehors  de  ses  frontières.  Remercions 
.^f.  Picavet,  dont  l'ouvrage  se  range  parmi  les  meilleurs  d'une 
collection  renuircjuable,  de  nous  en  fournir  si  opportunément 
l'occasion. 

.1.    Mii.i.iot-Madi'iman. 

Soutei)ai)ce  de  thèses  pour  le  doctorat  ès-lettres 

Le  samedi  12  juin  192(1,  .M.  Tronchon  (Hcnri-Jean-Eugènei,  pro- 
fesseur au  lycée  Charlcmagne,  a  soutenu,  devant  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  de  Paris,  les  deux  thèses  suivantes  pour  le 
doctorat  es  lettres  : 

Thkse  complé.mentaiue.  —  La  Fortune  inlellecliicUe  de  Renier 
en   France.   —    Bibliographie    critique. 

Thèse  phixcipale.  —  La  Fortune  intellectuelle  de  Herder  en 
France.   —   La   préparation, 

M.  Tronchon  a  été  déclaré  digne  du  grade  de  docteur  es  lettres, 
avec  la  mention  :    Très   honorable. 


Le  mardi  15  juin  1920,  M.  Tournoux  (Georges-.\imé-Prosperi, 
professeur  à  la  Faculté  libre  des  lettres  de  Lille  a  soutenu,  devant 
la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Lille,  les  deux  thèses  sui- 
vantes  pour  le   doctorat   es   lettres  : 

Thèse  coMPLÉME.NTAinE.  —  La  langue  de  Xoualis  dans  Henri 
d'Ofterdingen,  les  Disciples  à  Sais   et   l'Essai  sur  la   Chrétienté. 

Thèse  principale.  —  Les  mots  étrangers  dans  l'a-uvre  poétique 
de  Henri  Heine. 

M.  Tournons  a  été  déclaré  digne  du  grade  de  docteur  es  lettres 
avec  la  mention  :   Très  honorable. 


90  LES    LANCILES    MODERNES 

Diplôroes  d'Etudes  Supérieures  de  littérature  étran- 
gère. —  Faculté  des  Lettres  de  Bordeaux. 

Année  scolaire  1918-1919 
Mlle  Peyue  ;  Kipling  et  Wells  ;  la  vieille  et  la  jeune  Angle- 
terre. —  Comparaison  entre  l'idéal  impérialiste  et  militaire  de 
Kipling  et  l'idéal  social  de  Wells  ;  et  étude  de  l'évolution  qui 
s'est  produite  dans  les  idées  et  les  conceptions  anglaises  pendant 
ces    dernières    années, 

Mme  GuiBiLLON  :  Vainihun  ihe  Siliirist.  —  Etude  de  sa  vie  et 
de  son  mysticisme,  des  sources  de  son  inspiration,  de  son  art, 
de  la  place  et  de  l'influence  de   sa  poésie  religieuse. 

Mlle  Roux  :  La  Musique  et  les  Musiciens  dans  la  poésie 
itnglaise.  —  Comment  la  musique  a  été  sentie  et  comprise  par 
les  grands  poètes,  depuis  Chaucer  jusqu'à  Swinburne.  Dans 
quelle  mesure  ils  ont  exprimé  l'opinion  et  le  goût  de  leur  temps, 
et  dans  quelle  mesure  ils  ont  été  personnels.  —  Etude  spéciale 
de  plusieurs  passages  de  Shakespeare,  de  Shelley  et  surtout  de 
Browning. 

M.  Battista  :  Boccace  et  Chaucer.^ —  Ce  que  Boccace  a  fourni  à 
Chaucer.  Comment  les  contes  populaires  se  sont  transformés, 
comment  ils  se  forment  encore  chez  les  paysans  de  l'Italie  du  sud 
et  comment  ils  se   transmettent. 

Année  1920-21. 
M.  Landre  :  '^  small  New  England  Collège.  {Amherst,  Mass., 
U.  S.  A.).  —  f.a  formation  du  Collège  et  son  développement  ;  son 
administration  ;  les  études  qu'on  y  fait,  ses  relations  avec  la 
population  de  la  Nouvelle-Angleterre,  et  son  caractère  qui  a 
MUihi    rester   provincial. 

M.  Laui.an  :  The  Dog  in  Jack  London.  —  Le  caractère  du  chien 
dans  les  principaux  romans  de  London  (Call  of  the  Wild  ;  Wh!te 
KiUig  ;  Jerry  ;  Michael  brother  of  Jerrj')  ;  comment  il  ?st  à  l'état 
sauvage  ;  comment  il  s'adapte  à  un  milieu  civilisé.  La  persis- 
tance des  instincts  primitifs,  et  le  passage  d'un  état  à  l'autre 
))ar  évolution  ou  par  régression.  Les  théories  de  London  et  son 
art  ;    les   molifs    nouveaux    qu'il    a    introduits    dans    le    roman. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

TilT)esLiterary  Supplen)eot,'-^(>-  «•  Matnnn  and  the  n-ovel  of 
lerror,  brève  étude  sur  Ch.-i\ob.  Maturin  (1782-1824),  romancier 
irlandais,  tombé  dans  l'oubli,  et  qui  pourtant  fut  en  graïuk- 
faveur  chez  les  romantiques  français  ;  son  «  Melmoth  the  Wan- 
derer  "  (1820),  l'un  des  derniers  représentants  du  >■  novel  of 
lerror    and    woiuler   "    illustré    par    Mrs    Badclitte    et    le     ..    Monk   •> 


lilBLIOdllAI'IIIi:  '.)1 

•  L-wis,  fut  mis  par  Balzac  et  ses  contemporains  au  rang  de  Faust 
l  do  .Manfred.  —  (loniptes  rendus  :  M.  Béer  :  .4  history  of  Bri- 
li^li  socialisni,  \o\.  II,  18.'{6-1919  (Beil  15  sh.),  ouvrage  soigné, 
•  ù  les  faits  sont  exposés  avec  impartialité  et  une  certaine  clarté, 
(juoique  de  façon  un  peu  sèche  et  décousue,  par  suite  du  mauquL- 
de  vues  personnelles  ;  —  on  vient  de  rééditer  en  un  seul  volume 
<0.  r.  I».  36  sb.>,  le  second  supplément  (1901-1911),  du  Dictio- 
uary   of  national    biographij. 

'2é  9.  Seiv  tighl  on  Ihe  l'ilyrini  Slori/,  h\  Uev.  Th.  .M.  .Mason  and 
Rev.  B,  Nightingale  ;  à  j)ropos  de  cet  ouvrage,  qui  jette  lui-même 
peu  de  "  lumière  .  sur  la  question,  Tarticle  donne  une  bonne 
bibliographie  des  ouvrages  relatifs  au.x  Pilgrim  Fathers  et  aux 
origines    de    la    nation    américaine. 

16.  9.  Venli  Settembre  1870-1920  :  article  flatteur  sur  l'œuvre 
glorieuse  et  féconde  du  •■  Risorgimento  •<.  L'intérêt  que  prend  le 
jjublic  anglais  aux  choses  d'Italie  n'a  d'ailleurs  point  faibli  :  un 
simple  petit  fait,  que  nous  annonce  une  lettre  publiée  dans  le 
T.  L.  S.  du  28-1 0  :  il  vient  de  se  former,  avec  l'approbation  des 
^Muvernements  italien  et  britannique,  et  sous  la  présidence  de 
Sir  Frédéric  Kenyon,  directeur  du  British  Muséum,  une  société 
qui  se  propose  •■  de  faciliter  la  circulation  de  la  littérature  ita- 
lienne, tant  classique  que  moderne,  eu  Angleterre.  .\  cet  effet,  la 
librairie  Truslove  and  Hanson  (^hc  London  Literary  Lsounge) 
\  ient  d'ouvrir  une  exposition  permanente  de  livres  et  de  périodi- 
ques italiens.  D'autre  part,  des  centres  d'études  italiennes  s'orga- 
liisent  dans  toutes  les  universités,  notamment  à  Oxford.  Cam- 
bridge, Londres  et  Manchester.  —  Comptes  rendus  :  English  Sotes. 
beinij  a  rejthf  to  ChurU's  Dickcns's  ■  American  \otes  •<  ;  with 
critical  eomments  by  .1.  .Jackson  and  G.-H.  Sargent  (New-York, 
Lewis  .M.  Thompson,  s  15).  Cet  ouvrage,  qui  était  devenu  rare  et 
qu'on  connaissait  peu,  publié  en  1842,  est  la  plus  curieuse  des 
répliques  suscitées  en  .\mérique  par  les  •■  .American  Notes  »  de 
Dickens  ;  il  semble,  à  de  nombreux  indices,  qu'on  puisse  l'attri- 
buer à  Edgar  Poe  ;  —  Spanish  influences  in  Scottish  history,  by 
.lohn  H.  Elder  (Glasgow,  MacLehose  Jackson  12  sh.  6i  ;  traite 
principalement  de  l'intervention  de  l'Espagne  dans  les  affaires 
(le   l'Ecosse    dans   la    seconde    moitié    du   .\vi'    siècle. 

7.  10.  Mr.  T.-W.  RoUeston,  gendre  de  Stopford  Brooke,  vient  de 
j)ublier  un  opuscule  de  Shelley  resté  jusqu'ici  inédit,  .4  Philoso- 
phicul  View  of  Reforni  (Milford  7  sh.  6)  ;  —  C.-B.  Burchardt, 
\orivegian  Life  and  Literature  ;  English  Accoiints  and  Views 
lO.  U.  P.  10  sh.  6),  revue  historique  de  l'intérêt  et  des  études 
suscités    en    .\ngeterre    par    la    culture    norvégienne. 

14.  10.  Shakespearien  Playhouses,  by.  J.  Quincy  Adam  (Consta- 
ble  21  sh.)  ;  cet  ouvrage,  s'aidant  des  recherches  les  plus  récen- 
tes, résume  ce  que  nous  savons  actuellement  sur  les  théâtres  de 
l'époque   de    Shakespeare   et    leurs   acteurs. 


92  Li-:s  LAN(;U1£.S  mookrnes 

21.  10.  Etude  de  A.  W.  Pollard  sur  deux  passages  de  l'HeDri 
IV,  1'  partie,  de  Shakespeare  (II,  iv,  369-421  et  III,  u,  1-113/, 
tiont  le  texte  présente  des  variantes  dans  les  divers  exemplaires 
tic  Fin-quarto. 

28.  10.  John  Evelyn  :  on  célèbre  cette  année  son  tricentenaire  : 
M.  H.  Ma3uard  Smith  vient  de  publier  The  Earlij  Life  and  Educa- 
tion of  John  Evelyn,  1620-i6il,  with  a  commentary  (Clarendon 
Press  12  sh.  6)  ;  —  Xellie  Van  de  Grift  Sanchez,  The  life  of 
Mrs  R.-L.  Stevenson  (Chatto  and  Windus  12  sh.).  L'auteur  est  la 
sœur  de  Mrs  Stevenson. 

4.  11.  La  maison  Hodder  and  Stoughton  va  publier  une  édition 
complète  des  poèmes  d'Anne  Brontë  (avec  introduction  bibliogra- 
phique). —  Compte  rendu  :  A  Thoiisand  and  One  .Yofe.s  on  \ 
Xeiv  English  Dictionary  >,  by  George  G.  Loane  (Philpott,  ô  sh.i. 
supplément   utile    au    dictionnaire    d'Oxford. 

11.  11.  Le  "  Johnson  Club  »  publie  (chez  Fisher  Unwin,  10/6 
un  recueil  d'essais,  Johnson  Club  Papers,  sur  le  grand  homme  ; 
on  y  remarque  entre  autres  un  essai  de  feu  Mr  Spencer  Leigh 
Hughes  sur  <•  Johnson's  e.xplétives  «,  un  autre  de  Mr  WalUky 
sur  "  Johnson  anci  the  Théâtre  »,  un  de  Mr  Ilussell  sur  •  Johnson 
and  the  Catholic  Church  >,  etc.  —  Dans  un  article  sur  Shalces- 
}>eare  and  the  Itidian  Coniedians,  W.-J.  Laurence  commente  une 
étude  du  Prof.  H. -13.  Gray  sur  The  Sources  of  <•  The  Tempest  . 
|.aruc  dans  le  n"  de  juin  des  •■  Modem  Language  Notes  ». 
D'aijrcs  le  prof  Gray,  Shakespeare  se  serait  simplement  inspiré, 
pour  cette  pièce,  de  représentations  données  à  Londres  par  une 
troupe  d'acteurs  italiens.  —  MM.  Constable  annoncent  une 
étude  sur  Shelley  and  Caldcran,  and  Olher  Essaysf,  on  Spanish  and 
English  Poeiry,  par  Salvador  de  Madariaga,  "  Espagnol  qui  a 
abandonné,  en  1916.  une  situation  importante  en  Espagne  pour 
venir  en  .Angleterre  se  faire  le  champion  de  la  cause  des  Alliés 
dans  la  presse  espagnole  et  sud-amcricaine  ».  —  Le  D''  Fitzmaurice- 
Kelly  (V.  T.  L.  S.  du  18-11),  va  également  publier  à  h»  O.  U.  P. 
un  volume  de  Readings  in  Spanish  Lilerature,  allant  de  la  Coro- 
nica  de  Pcro  Nino  (.\V  sièdei  aux  auteurs  contemp'orains.  où  il 
s'eft'orce,  par  le  choix  de  ses  extraits,  de  marquer  les  rapports 
que  peut  avoir  chaque  auteur  espagnol  avec  la  littérature  anglaise 
de    son    époque. 

18.  II.  Comptes  rendus  :  A  llistory  of  Scolland  froni  Ihe  Roman 
cnacualion  lo  Ihe  I)isruj)lion  IH'i.'l,  by  Prof.  C.  Sanf()rd  Terry  : 
ouvrage  de  quelque  650  pages  destiné  à  tenir  le  milieu  entre  Us 
simples  manuels  scolaires  et  les  histoires  en  plusieurs  volumes 
de  Hume  IJrown  ou  d'.Xndrew  Lang.  —  Une  nouvelle  étude  à 
ïijonter  à  la  colossale  bibliogra))hie  «le  Hamlet  :  Hanilet  and  the 
Sroltish  Succession,  by  Miss  L.  Winstanley  (C.  V.  P).  —  La 
!■    Talbot     Prr-ss    ■     du     Dublin     annonce    tout     un     stock    d'ouxrages 


BIBI.KXili.VPIlIE  9;> 

itlatifs  il  l'Irlande  :  littérature,  art,  histoire,  politique  contem- 
poraine (p.  ex.  :  la  collection  ■•  Modem  Ireland  in  the  making  >.  ». 
l'Irlande   y   est   présentée   sous   tous   ses   aspects. 

■Jô.    11.   Scbohirshi/)   ami   Social   Service,    courte    étude     sur   .Juan 

1  uis  X'ives.  l'ami  de  Sir  Thomas  More,  grand  humaniste  et  grand 
philanthrope,  dont  l'cruvre  ne  semble  pas  encore  avoir  reçu  toute 
l'attention  dont  il  est  digne.  —  dompte  rendu  élogieux  de 
VAnloine  et  Cléopùtre  d'.André  (iide  (publié  dans  la  Nouvelle 
Revue  fntnçiiise,  juillet-septembre  1920).  —  On  attire  l'attention 
sur  i\Qux  revues  américaines  :  l'une,  ■■  The  Dial  »,  déjà  ancienne, 
l'autre  l'oetry  »,  fondée  en  1912  par  Miss  Harriett  Monroë, 
toutes  deux  attachées  au  même  idéal  :  faire  connaître  la  jeune 
littérature  américaine,  celle  qui  est  proprement  américaine,  eu 
particulier  les  poètes.  .A  ce  |)ropos,  on  rappelle  l'étude  de  Mr  John 
<iould  Fletcher,  ■•  Sonic  contemporary  American  poets  •>,  qui 
ciinstiluait    le   n"   de   mai    dernier  du        Monthly   Chapbook    •>. 

Atl)CI)aeui1)t  i-  H-  Dans  une  «  lettre  d'Allemagne  ».  Edward 
.1  Dent  rapporte  ses  impressions  de  la  nouvelle  Allemagne  intel- 
lectuelle. On  a  beau:roup  parlé  du  blocus  économique  de  l'Allema- 
gne ;  elle  a  souffert  aussi  du  blocus  intellectuel  qui  l'a  empêchée, 
durant  des  années,  de  se  tenir  au  courant  du  mouvement  des 
idées  dans  les  autres  pays  ;  la  situation  défavorable  de  son 
change  ne  lui  i)ermet  guère  encore  de  réparer  ce  mal.  Beaucoup 
de  nouvelles  librairies  se  sont  ouvertes  à  Berlin  :  à  part  le  livre 
ce  Mr  Keynes,  qui  a  dépassé  le  centième  mille,  et  quelques  ouvra- 
ges de  Wells  ou  de  G.-B.  Shaw,  bien  rares  y  sont  les  livres  étran- 
gers. Il  en  est  de  même  de  la  musique,  à  laquelle  l'auteur  cou- 
sacre   deux  autres   lettres    19   et    26.   11. 

h^Athenwum  du  19.  11,  à  propos  du  poème  «  And  there  was 
a  great  calm  »  publié  dans  le  supplément  spécial  du  "  Times  », 
le  11  novembre  par  Thomas  Hardy,  déplore  que  T'Académie  sué- 
doise ait  attribué  le  prix  Nobel  de  littérature  à  Cari  Spitteler, 
'  a  meritorious  but  entirely  second  rate  Swiss  poet  ■  plutôt 
qu'au  <  grand  old  nian  of  English  literature  ».  —  Compte  rendu  : 
.4  historij  of  the  Théâtre  in  America,  by  .Arthur  Hornhlow  (Lip- 
pincott.  2  vols.,   42   sh.). 

27.  8.  .4  Historij  of  English  Phitosuphij,  by  W.-R.  Sorley  (C.  U. 
P.  20  sh.i,  avec  table  chronologique  et  bibliographie  très  com- 
plète ;  —  article  de  W.-J.  Lawrence  (continué  dans  le  n"  du  3.  9i, 
sur  les  remaniements  que  les  auteurs  de  l'époque  élizabéthaine 
faisaient    subir   à   leurs   pièces. 

24.    9.     Frank    HarriS,     Oscar    Wilde,    his   Life    and    Confessions. 

2  vol.  (publiés  par  l'auteur,  29,  Waverley  Place,  New-York), 
excellente  biographie,  contenant  aussi  Memories  of  Oscar  Wilde 
by   G.  Bernard    Shaw,   et   la   partie    inédite   de   De   Profundis.   L'au- 


94  I^ES    I,AX(;LES    MODIiUNKS 

teur  exagère  peut-être  son  admiration  pour  le  génie  de  Wilde. 
On  annonce  d'autre  part  la  publication  prochaine,  à  la  Chiswick 
l'ress,  d'un  essai  de  Mr.  Elkin  Mathews,  Oscar  Wilde  in  America, 
qui  contiendra,  outre  des  portraits  et  des  fragments  littéraires, 
quelques  lettres  inédites.  La  maison  Methuen  publie,  sous  le 
titre  Arts  and  Décoration  tO  sh.  6)^  des  extraits  de  critiques  esthé- 
tiques, œuvres  de  jeunesse  d'Oscar  Wilde  (compte  rendu  dans  le 
T.  L.  S.  du   28.   10). 

29.    10<    C.-H    Lockitt  :    The    relations    of    English     and     French 
Society  176:i-179:j   (Longmans,   (i   sh.   6). 

Studies      il)     PI)ilOlogy     (publication    de    la    N'orth    Carolina 
rniversity).  juillet  :    art.   sur   les   mises   à   la    scène   des   œuvres   de 

Milton. 

M.    Ferlix    {Tunis}. 


TI)C  Modero  Laoguage  JOUri)al.  (University  of  Chicago). 
Oct.  1920.  —  Une  belle  étude  de  Calvin  Thomas  sur  l'enseignc- 
nient  des  langues  vivantes.  Un  peu  pessimiste  certes,  et  beaucoup 
refuseront  de  voir  avec  l'auteur,  dans  notre  discipline,  un  exer- 
cice prépondérant  de  la  mémoire.  Mais  on  relève  des  aperçus 
féconds,  comme  (au  point  de  vue  américain),  la  nécessité  de 
façonner  l'immigrant  et  le  fils  d'immigrant  au  moule  anglo- 
saxon  ;  et,  (au  sujet  de  l'étude  de  l'allemand),  l'éloquent  appel 
pour  qu'on  n'empoisonne  pas  la  jeunesse  du  «  virus  amer  »  de 
la  guerre  et  qu'on  permette  à  chaque  génération  nouvelle  de  ten- 
ter en  toute  fraîcheur  de  cœur  la  "  grande  aventure  ».  Notons 
que  l'auteur  attribue,  dans  l'échelle  des  littératures,  la  première 
place  à  la  grecque  et  la  seconde  à  l'angaisc.  —  Les  trois  grands 
besoins  :  de  bons  maîtres,  de  petites  classes,  du  temps.  Le  qua- 
trième :  de  l'argent.  —  Un  nouveau  plaidoyer  en  faveur  de 
l'enseigncment    de   l'allemand,    qui    a    maintenant    cause   gagnée. 

Modcri)  Lai)guagc  NotCS(Tlie.Iohns  HopkinsPress, Baltimore). 
Xov.  1920.  —  Une  étude  sur  les  ,sources  des  "  Fates  of  thc 
Apostlcs  »  et  d'  «  Andréas  ".  —  Unei  notice  sur  les  contributions 
faites  par  Mrs  Browning  à  la  presse  américaine  :  Graham's 
Magazine   dans   les    1840    et    Xeiv-York   Indépendant    en    1860-61. 

Tl)e  Pedagogical  Seni'tt)ary    (Wercester,  Mass.).  Oct.  1920.  -  ^ 

lu    article   apijrofondi    sur    ■    The    jisycholo^y   of   thc   thrill   ».   Des  9 

citations    intéressantes,   comme    celle-ci,   de    Havelock   Ellis.   que   le  T 
toucher   »   est  la  mëre  des  autres  sens    ■. 


)UBLl<)(iKAl'lIlE 


U.") 


Tl)e  5cl)OOi  Review*  (l'niversity  oï  Cliicago),  Dec.  l'J'JO.  — 
1,0  11"  tout  entier  ost  excellent.  .\  Cleveland,  on  met  entre  les 
ninins  des  jeunes  filles  des  écoles  supérieures  une  brochure  sur 
les  <'  i)rocédés  de  la  reproduction  ».  —  Kn  Amérique,  comme  chez 
nous,  il  est  mal  porté,  financièrement  du  moins,  d'être  profes- 
seur. ..  Que  voulons-nous  ?  dit  un  article,  des  économies  ou  des 
gens  qui  sachent  leur  métier  ?  »  Or,  ces  gens-là  sont  découragés 
par  les  salaires  de  famine  qu'on  leur  oflre.  .Mors  nous  avons 
des  classes  en  désordre  ou  qu'étrcint  la  discipline  de  la  crainte. 
Payez  vos  maîti'cs  si  vous  les  voulez  bons.  —  \  signaler  une 
résolution  de  la  "  National  Fédération  of  Modem  Language 
Tcachers  ».  Noire  credo  à  tous.  Notons  la  tendance,  qu'on  relève 
également  en  Angleterre,  à  confier  l'enseignement  des  langues 
vivantes  dans  les  établissements  secondaires  à  des  maîtres  qui 
aient    fait    leurs    études    en    Amérique. 

Paul    Chauvet- 


, 


Notes  et  Documents 


A   propos  d'ui)  vœu 

Lors  iruiie  léuiiion  récente,  la  Section  Régionale  de  Lyon  a 
émis,  à  runaniniité,  le  vœu  que  soit  rapporté  le  décret  qui  sup- 
prime l'examen  de  langues  vivantes  au  concours  des  bourses 
pour  l'entrée  en  5*.  Selon  ^L  Vannier,  ■  ce  décret  est  dû  à  l'ac- 
tion des  "  Compagnons  >>,  qui  ont  eu  l'intention  louable  de  faci- 
liter le  passage  du  primaire  au  secondaire,  mais  qui  semblent 
n'avoir  pas  vu  les  répercussions  de  cette  mesure.  »  {Les  Langues 
Modernes,  novembre-décembre   1920,  p.  502). 

Le  président  des  Compagnons,  lui-même,  professeur  de  lan- 
gues vivantes,  regretterait  de  laisser  passer  un  vœu  et  des 
réflexions    de    ce    genre    sans    un    mot   d'explication. 

Les  Compagnons,  en  effet,  ont  le  vif  souci  de  faciliter,  le  plus 
tôt  et  le  plus  largement  possible,  le  raccord  du  primaire  au 
secondaire.  L'intérêt  vital  de  cette  réforme  a  été  trop  souvent 
démontré  pour  qu'il  soit  utile  d'y  revenir  (voir  en  particulier 
le  discours  de  M.  Hcrriot,  rapporteur  du  budget  de  l'instruction 
j.ublique  à  la  Chambre,  le  10  juin  1920).  .\ussi  ont-ils  proposé 
toute  une  nouvelle  organisa'tioit,  dans  laquelle,  à  une  école  '■  uni- 
(|ue  »  et  prolongé;-,  se  superposeraient,  avec  des  contacts  parfaits 
el  simples,  l'enseignement  technique  et  les  humanités  de  cinq 
ans.  Si  leur  programme  était  adopté,  l'inconvénient  signalé  i)ar 
M.  Vannier  cesserait  d'être,  car  tous  les  lycéens  commenceraient 
les    langues    vivantes    en    même    temps,    à    l'entrée    du    lycée. 

En  attendant  une  réforme  d'ensemble,  les  Compagnons  ont 
suggéré  la  mesure  qu'a  instituée  le  récent  décret.  A-t-elle  été 
due,  en  fait,  à  leur  influence  ?  M.  Vannier  l'affirme,  et  je  jic 
demande  qu'à  le  croire.  Quoi  qu'il  en  soit,  ils  se  doivent  de  l'ap- 
prouver. Elle  ne  tardera  pas  à  produire,  au  point  de  vue  natio- 
nal et  social,  les  jjlus  heureuses  conséquences.  Un  dii^ecticur 
d'école  de  la  ville  de  Paris  les  évaluait  ainsi  ces  jours  derniers  : 
Si  ce  décret  avait  été  appliqué  à  temps,  c'est  20  de  ses  élèves, 
au  lieu  de  4  dont  3  médiocres,  qui  auraient  été  admis  cet 
automne  à  concourir  pour  une  bourse;  et  ]>armi  ces  20,  la  pro- 
])ortion  des  succès  possibles  eût  été  très  forte.  Par  l'effet  de  Ja 
limite  d'âge,  on  le  sait,  l'ignorance  des  enfants  du  peuple  en  lan- 
gues vivantes  était  l'insurmontable  obstacle  qui  s'opposait  à  leur 
accès  normal  aux  études  secondaires.  Si  cet  ol)stacle  est  désor- 
mais levé,  le  rajeunissement  des  cadres  de  notre  démocratie 
l)eut    en    être    facilité    dans    une   mesure    appréciable. 

Tout  progrès  s'achète.  Faut-il  que  de  cette  réforme  partielle, 
et  où  les  Compagnons  voient  un  compromis  jjro\isoire,  les  pro- 
fesseurs   (le    langues    \  i\antes    fassent    les    frais  ?    Faut-il    ((u'ils    les 


NOTKS    ET    DOCIMENTS  '.)/ 

IrisMiit  sous  la  Coriiie  la  plus  pciiiblc  à  leur  consciciuc  |)r()fcs- 
siDiinclk',  aux  dépens  de  refTieacifc  de  leur  enseignement  ?  Assu- 
rément non.  Peut-être,  toutefois,  serait-il  exagéré  de  dire,  eomme 
seml)le  le  faire  M.  N'annier,  que  ect  enseignement  serait  aussi 
atteint  dans  sa  tiignité.  Nul  ne  croira,  parmi  nous,  que  si  le  latin 
a  joui  et  jouit  encoi'e  de  pri\  ilèges  d'ordre  moins  universitaire 
que  social,  il  soit  essentiel  à  notre  véritable  prestige  de  les  par- 
tager avec  lui.  Nulle  discipline,  pas  plus  le  latin  que  les  langues 
vivantes,  ne  devrait  faire  obstacle  à  la  sélection  élargie  des  ca|)a- 
cités.  Mais  autre  chose  est,  pour  les  professeurs  de  langues,  une 
vii>hition  flagrante  des  conditions  de  tout  enseignement  eflicace. 
Sur  -ce  point,  qui  ne  s'associerait  à  leurs  justes  protestations  ? 
La  présence  de  retardataires  dans  une  classe  d'élèves  normaux 
est  un  lléau  pédagogique  contre  lequel  les  Compagnons  —  après 
tant  d'auti'es.  avec  tant  d'autres  —  se  ^ont  bien  souvent  élevés. 
Ont-ils,  sans  le  vouloir,  fortifié  le  mal  qu'ils  déplorent  ?  Disons 
plutôt  qu'une  mesure  excellente,  prise  peut-être  à  leur  instiga- 
tion, achève  d'en  rendre  la  guérison  indispensable.  Le  décret 
récent  n'a  pu  encore  produire  l'état  de  choses  signalé  par 
M.  Vannier  ;  mais  il  l'aggravera  fatalement  ;  nous  sommes  d'ac- 
cord, là-dessus,  avec  notre  aimable  critique.  Reconnaissons,  tou- 
tefois, que  la  situation  présente  est  déjà  ancienne,  et  n'engage 
CM  rien  la  responsabilité  des  (Compagnons.  Ladministration,  tou- 
jours à  l'affût  des,  réformes  partielles  —  jiarce  qu'elles  semblent 
dispenser  des  autres  — ,  et  des  réformes  économiques  —  ceci  n'a 
|)as  besoin  d'explication  —  a  pris  au  mot  l'une  de  leurs  deman- 
des, et  l'a  réalisée  sans  faire  de  son  côté  le  geste  complémen- 
taire et  attendu.  Ce  geste,  il  faudra  bien  désormais  qu'elle  le 
fasse.  La  suppression  de  la  barrière  des  langues  vivantes  à  l'en- 
trée de  la  classe  de  cinquième  pour  les  enfants  du  peuple  exige 
une  contre-partie  immédiate  :  l'institution  d'un  cours  spécial 
j.our  les  commençants  de  cette  catégorie  ;  ou  la  division  des 
classes  en  sections  de  ••  forts  ..  et  <■  faibles  i.,  qui  neutralise- 
rait  au   moins   le   mal   en   grande   partie. 

Les  Compagnons  ne  croient  point  que  l'intérêt  du  corps  ensei- 
gnant soit  de  répondre  à  un  décret  juste,  démocratique,  salu- 
taire, mais  incomplet,  par  une  demande  d'annulation  pure  et 
simple.  C'est  ainsi  hélas,  que  se  fait  souvent  —  trop  souvent  — 
le  progrès  en  France  :  par  une  marche  en  avant  et  en  arrière 
qui  nous  laisse  —  si  étrange  que  cela  puisse  paraître  —  après 
beaucoup  de  chemin  et  d'effort,  au  point  de  départ...  Mais  il  leur 
parait  qu'une  campagne  énergique  pour  obtenir  les  mesures  cor- 
rectrices nécessaireg  serait  la  réponse  la  plus  naturelle,  et  peut- 
être  la  plus  adroite  ;  et  ils  s'3'  associeront,  de  leur  côté,  avec 
toute  l'influence  que  M.  Vannier  veut  bien  leur  prêter  ;  sans 
oublier  la  sympathie  profonde  qui  les  anime  envers  renseigne- 
ment  moderne   et   fécond   des   langues   vivantes. 

Louis   Cazamfax- 


98  LES    LANGUES    MOUEHXKS 

Conseil  Supérieur  de  rii)structioi)  Publique 

Le  Conseil  supérieur  a  tenu  sa  première  session  de  l'aniue 
1921   les   20,  21   et   22   janvier. 

Deux  projets  intéressaient  plus  spécialement  renseignement 
des  langues  vivantes.  L'un  d'eux  prévoit,  à  l'Agrégation  d'itaiien. 
1  adjonction  du  portugais  et  du  roumain  à  l'espagnol  comme  lan- 
gue complémentaire  que  les  candidats  sont  tenus  de  présenter  à 
l'oral,  dette  modification  était  réclamée  par  les  Jurys  de  l'Agré- 
gation et  du  Certificat  d'italien  ;  elle  a  été  votée  sans  discussion 
par   le   Conseil. 

L'autre  projet,  émanant  de  la  Direction  de  l'Enseignement  pri- 
maire, portait  suppression  de  ^ép^eu^■e  écrite  de  langues  vivantes 
à  l'examen  du  Brevet  supérieur.  Après  une  discussion  assez  vive, 
le  Conseil  a  maintenu  l'épreuve,  qui  sera  désormais  une  Version, 
conformément  au  nouveau  plan  d'études  adopté  par  le  Conseil  à 
sa  session  de  juillet  1920.  Bien  entendu,  l'épreuve  orale  subsiste 
et  notre  enseignement  ne  sort  pas  diminué  d'une  discussion  que 
l'on   pou^ait   redouter  pour  lui. 

Enfin,  il  a  été  donné  lecture  des  deux  vœux  suivants,  ayant  l'un 
et  l'autre  trait  à  la  nouvelle  épreu\  e  du  baccalauréat,  et  des 
l'épouses  données  par  la    Section   permanente. 

Vœu    n"    766 

Les    soussignés,    membres    du    Conseil    Supérieur. 

Considérant  que  le  projet  de  décret  sur  les  épreuves  de  langues 
vivantes  au  Baccalauréat,  préparé  par  M.  l'Inspecteur  général 
Hovelaque  et  approuvé  par  la  Section  permanente,  a  été  remanié 
par  le  Conseil  supérieur  dans  sa  session  de  1920,  principalement 
parce  qu'on,  croyait  se  conformer  au  vœu  de  la  gi'ande  majorité  des 
professeurs   de   langues  vivantes  ; 

Considérant  que  le  décret  du  13  février  1920  a  sanctionné  ces 
remaniements  ; 

Considérant  que  les  diverses  associations  de  Professeurs  de 
langues  vivantes  ont  vivement  protesté  contre  les  modifications 
ajjportées  au  premier  projet,  montrant  ainsi  que  le  vote  du  Con- 
seil   supérieur  reposait    sur   une   méprise  ; 

Expriment  le  vœu  que  le  décret  du  13/2/20  soit  rapporté  avant  le 
commencement  de  la  nouvelle  année  scolaire,  et  la  question 
remise   à   l'étude, 

Ou  qu'à  tout  le  moins,  pour  permettre  une  enquête  nou>clk'. 
la   mise  en  vigueur  de  co  décret   soit   ajournée  sine  die. 

{Signée  :  (]léi>at-Biu  not. 

PilCPONSE 

La    Section    |)erniaiieiite, 

Considérant  que  dans  le  i)ersonnel  des  langues  vivantes  dv 
l'Enseignement  secondaire  les  opinions  restent  partagées,  que  le 
décret  du  13  février  1920  ne  saurait  par  suite  être  condamné  sans 
<iue   ses  effets   aient    pu   être   constatés. 

Est  d'avis  qu'il   n'y   ai  jjas  lieu   de   donner   suite   au    jirésenl   \(vu. 

M.  le  Ministre  a   adopté  cet   avis. 


XOTKS    KT    DOCLMIATS  99 

Vn'll    /i"    7I>7 

J.es   soussignés, 

(loiisidcTiuit  que  le  décret  du  \'.\  février  1920  poitant  modifica- 
tion des  épreuves  écrites  de  langues  vivantes  au  Baccalauréat  de 
rKnseigneinent  secondaire  (1"  Partie),  a  prescrit  que  le  nouveau 
régime  serait   appliqué  dès  la   session  ordinaire  de  juillet   1921  ; 

Qu'en  réalité,  aucune  période  transitoire,  qui  est  de  règle  en 
pareil  cas,  n'a  été  prévue,  puisque  les  élèves  entrant  cette  année 
en  Première  (B  et  D)  après/  a\oir  été  entraînés  iiendant  quatre  ou 
cinq  ans  aux  méthodes  directes,  dont  la  rédaction  libre  est  l'abou- 
lissement  naturel,  vont  axoir  à  subir  en  fin  d'études  deux  é|jreu- 
ves  de  traduction  ; 

Que,  sans  qu'il  soit  question  d'ajourner  la  mise  en  \  igueur  de 
l'arrêté  ministériel  susdit,  on  de\rait  iJcrmettre,  pendant  cette 
année  au  moins,  aux  candidats  qui  le  désireraient  de  subir  l'exa- 
men avec  les  anciennes  épreuves,  en  autorisant  l'option  à  titre 
provisoire  ; 

Ont    l'honneur  de  prier   M.   le   Ministre   de   bien    vouloir   décider  : 

"  Que  pour  les  sessions  de  baccalauréat  en  1921,  les  candidats 
soient  autorisés  à  opter  entre  la  composition  en  langue  étrangère 
et  la   version   suivie   d'un   thème  d'imitation.   ■> 

(Vœu  transrais  par  M.  Rancès  au  nom  d'un  certain  nombre  de 
ses  collègues), 

RÉPONSE 

La    Section    Permanente, 

Considérant  qu'une  période  transitoire  est  nécessaire  pour  l'ap- 
|)lication  du  décret  du  13  février  1920,  et  que  d'ailleurs  cette 
période  '  transitoire  permettra  d'examiner  à  nouveau  les  disposi- 
tions de  ce  décret  et  d'apprécier  l'opportunité  de  le  maintenir,  ou 
de    le    modifier    s'il    y    a   lieu, 

Est  d'avis  qu'il  convient  de  donner  suite  au  présent  vœu  dans 
le   sens   de   ces   observations. 


EXTRAITS  DE  LA  PRESSE 


Appel   aux    personnes  qui  s'ii)téresseot  à  la  question 
de  l'étude  des  langues  vivantes- 

En  multipliant  les  contacts  entre  la  France  et  les  pays  étran- 
gers, alliés  ou  ennemis,  en  confèrent  à  notre  pays  un  prestige 
moral  incomparable,  la  guerre  a  donné  à  l'étude  des  langues 
vivantes  une  importance  qu'on  ne  saurait  exagérer.  Afin  de 
rechercher  les  moyens  les  plus  propres  à  encourager  cette  étude 
et  de  la  fortifier  par  l'emploi  des  méthodes  les  plus  sûres,  les 
professeurs  de  l'Académie  de  Clermont,  invités  à  grouper  leurs 
efforts,    ont    constitué,    eu   juillet    dernier,    une    Section     Régionale 


100 


LES    LANdlES    MODERNES 


des  Professeurs  de  Langues  vivantes.  Ils  désireraieut  notam- 
ment pouvoir  attribuer,  chaque  année,  un  certain  nombre  de 
l)ourses  de  séjour  à  l'étranger  (Angleterre,  Allemagne  occupée, 
Italie,  Espagne)  à  des  élèves  méritants.  Afin  de  réunir  les  fonds 
]:écessaires  à  cet  effet,  ils  font  appel  à  la  générosité  de  toutes 
les  personnes  qui  suivent  d'un  œil  attentif  la  question  des  lan- 
gues vivantes.  Et,  —  pour  rappeler  les  termes  mêmes  de  l'article 
'à  de  leurs  statuts,  —  ils  accueilleraient  avec  reconnaissance,  à 
titre  de  membres  d'honneur  de  leur  Section  Régionale,  "  toutes 
personnes  ou  groupements  attestant  par  des  libéralités  l'intérêt 
qu'ils   portent   à  l'enseignement   des  langues  vivantes   ». 

M.  le  Recteur  de  l'.Académie  de  Clermont  a  bien  voulu  accor- 
der son  précieux  appui  à  la  Section  Régionale  dont,  présente- 
ment,  le   bureau   est   ainsi   constitué  : 

Présidente  :  Mme  Honoré,  chargée  de  cours  à  la  Faculté  des 
Lettres  ; 

Vice^président  :  M.  Lébraly.  professeur  agrégé  au  lycée  de 
Guéret  ; 

Secrétaire  :  M.  Vivien,  professeur  à  l'E.  P.  S.  de  Clermont-Fer- 
rand  ; 

Trésorier  :  M.  Bouissy,  professeur  à  l'Ecole  supérieure  de  com- 
merce   à   Clermont-Ferrand. 

Les  personnes  désirant  se  faire  inscrire  comme  membres  d'hon- 
ileur  de  la  S.  R.  sont  priées  d'envoyer  leur  adhésion  à  ^I-  Bouys- 
sy,   trésoriei'. 

Vn  règlement  concernant  l'attribution  des  bourses  de  séjour  à 
l'étranger  sera  élaboré  en  temps  utile  et  porté  à  la  connaissance 
tles   membres  d'honneur. 

Le  bureau  de  la  Section  Régionale  se  fait  un  plaisir  de  publier 
ci-après  la  liste  des  souscriptions  déjà  recueillies  et  d'adresser 
aux  généreux  souscripteurs,  au  nom  de  tous  les  professeurs  de 
Langues  vivantes  de  l'.Académie  de  Clermont-Ferrand,  ses  bien 
sincères    remerciements. 

M.     Michelin.     Clermont-Ferrand     500 

M.    Bergougnan,    Clermont-Ferrand     ÔOO 

M.    OlikM-.    Clermont-Ferrand     200 

^L   le   Directeur  de   FEcole   professionnelle   de   Clermont-P'er- 

rand     20 

:\1.   Vidal,    député    de    l'Allier    - fié) 

Souscriptions   diverses   recueillies    à   Thiers    par    Mlle     Caillot  150 

M.   Carrias,    directeur   Ecole    <■   DactAia   30 

Total    1.450 

La  liste  des  souscriijtions  annoncées  mais  non  recueillies  sera 
publiée    ultérieurement. 

(/.es  .47;i/.s  (lu   I'ini-(l('-l)i'>iiu\   n"   du   7   décembre    1920). 


NOTES  i;r  DociMiCNTs  irn 


La  «    Revue  Pédagogique    »  et    les  Langues   Vivantes 

Il  nous  il  cto  iigréablc-  de  n.-lc\  er  dans  la  Reinw  Péddfioyiqiie  de 
septembre  1920,  des  appréciations  favorables  à  l'étude  des  lan- 
gues vivantes  dans  TEnseignement  |)riiTiaire  et  en  particulier 
dans  les  Ecoles  normales  d'Instituteurs  et  d'Institutrices.  Alors 
fiu'un  vent  hostile  à  notre  discipline  souffle  sur  certains  hauts 
sommets  administratifs,  il  \  a  presque  du  courage  de  la  part  de 
M.  Hoger  Thal)ault,  auteur  de  lartiele,  à  prendre  la  plume  pour 
attester  la  valeur  culturale  de  notre  enseignement.  Mais  ses 
déclarations  nous  sont  d'autant  plus  précieuses  que  l'écrivain, 
esjirit  averti  et  fin,  est  lui-même  professeur  de  lettres  dans  une 
l'.cole  normale.  L'article  dévelojjpé.  plein  d'idées  justes,  traite  de 
•  La  (Ailture  intellectuelle  des  Instituteurs  ■•.  .Je  n'en  veux  déta- 
cher  que   le   passage  qui    intéresse    nos   collègues  : 

■  Il  est  un  autre  enseignement,  fort  attaqué  en  ce  momenî  et 
(lui  cej)endant  peut  contribuer  pour  une  large  part  à  la  forma- 
tion intellectuelle  des  élèves  :  l'enseignement  des  langues  vivantes. 
Quand  on  s'adresse  à  de  grands  jeunes  gens,  on  ne  doit  pas  se 
borner  à  leur  apprendre  des  mots  et  des  expressions.  On  peut  — 
i-.n  doit  —  s'efforcer  de  leur  faire  sentir  l'originalité  de  la  langue, 
traduisant  l'originalité  du  peuple  ;  car  la  langue  est  exactement 
représentative  d'un  peuple  et  les  particularités  de  sa  grammaire 
et    de    son    vocabulaire    sont    autant    de    traductions    instinctives   et 

adéquates  »  de  réalités  psychologiques...  ■•.  Suivent  quelques 
exemples.  L'auteur  résume  enfin  sa  penser?  :  •  Peu  à  peu,  par  des 
remarques  de  ce  genre,  portant,  soit  sur  la  grammaire,  soit  sur  le 
vocabulaire  (par  exemple  sur  la  différence  de  sens  entre  le  mot 
home  et  le  mot  foyer),  nous  parviendrions  à  intéresser  nos  élè- 
ves à  r.\ngleterre,  à  leur  faire  p^ssentir  le  tempérament  de 
l'Anglais,  pratique,  individualiste  et  ^irécis,  son  esprit  ferme, 
riche  de  pensée  et  sobre  d'expression,  réaliste  et  concret.  Nous 
signalons  à  ce  sujet  un  livre  qui  fut  jiour  nous  une  véritable 
ré\élation  :  le  livre  de  M.  F.  Delattre  sur  L(i  Culture  par  l'An^ 
glais   <' . 

L'hommage  rendu  au  bel  ouvrage  de  notre  collègue  Delattre 
ne  pourra  que  faire  plaisir  aux  professeurs  de  langues  vivantes. 
Ils  se  réjouiront  aussi  de  voir  un  professeur  de  lettres  reconnaî- 
tre quelque  mérite  éducatif  à  leur  discipline.  Ils  ne  sont  pas 
très  souvent  gâtés  sous  ce  rapport  par  certaines  catégories  de 
leurs  collègues.  Ne  furent-ils  pas  naguère,  comme  le  bouc-émis- 
saire d'Israël,  chargés  de  tous  les  méfaits,  en  particulier  de  la 
crise  du  français  ?  Les  observations  si  sensées  de  M.  Thabault 
viennent  corroborer  l'article  publié  l'an  dernier  par  Mme  Albert 
dans  cette  même  Revue  pédagogique  et  que  les  Langues  Modernes 
ont  reproduit  en  avril.  Le  Conseil  supérieur,  du  reste,  semble 
avoir  partagé  les  vues  de  ces  deux  auteurs,  quand,  écartant  les 
propositions  administratives  qui  tendaient  à  rendre  facultative 
létude  des  langues  vivantes  à  l'Ecole  normale,  il  a  nettement 
indiqué   que   l'enseignement   des  langues  devrait   être   orienté   dans 


102  LES    LANGUES    MODERNES 

le  seus  de  la  culture  intellectuelle  et  tendre  à  faire  faire  aux  élè- 
ves des  lectures  étrangères  ?  Il  serait  bon  aussi  d'envisager  l'uti- 
lité de  la  langue  étrangère  pour  l'étude  de  la  grammaire,  que 
les  jeunes   instituteurs   savent    d'assez   médiocre   façon   en   général. 

Ch.    V.-L. 


Ce  r)'est  point  ui)  orfèvre  q^ui  parle... 

La  Revue  Pédagogique,  organe  officieux  de  la  Direction  de 
TEnseignement  Primaire  au  Ministère  de  l'Instruction  Publique, 
est  généralement  assez  froide  à  l'égard  de  notre  discipline.  Nous 
lui  sommes  d'autant  plus  reconnaissants  d'avoir  ouvert  ses  colon- 
nes, dans  le  n"  de  novembre-décembre  1920,  à  un  éloge  de  l'ensei- 
gnement donné  par  nos  collègues  des  langues,  dans  les  Ecoles 
Xonnales  d'Instituteurs  et  d'Institutrices  et  dans  les  Ecoles  Pri- 
maires Supérieures.  Les  appréciations  flatteuses  que  l'on  va  lire 
prennent  une  valeur  particulière  sous  la  plume  d'un  inspecteur 
général  qui  n'est  point  un  spécialiste  de  notre  discipline,  mais, 
au  contraire,  dont  le  nom  fait  autorité  dans  tout  ce  qui  touche  à 
la   philosophie   et    à   la   pédagogie. 

Dans  la  conclusion  d'un  article  nécrologique  consacré  à  son 
collègue,  M.  A.  Guillaume,  notre  chef  regretté,  M.  Félix  Pécaut, 
inspecteur   général    de   l'Université,    écrit    donc    ces   lignes  : 

"   L'œuvre  à  laquelle   a   présidé   Guillaume   est    solide.   Quand   on 

"  entre     dans    une    première    année    d'Ecole     Supérieure,     l'ensei- 

"  gncment    de   l'anglais    jjaraît    d'abord    une    paradoxale    tentative. 

<  C;es    petits     paysans,     ou    ce^     enfants     du     faubourg,     comment 

.  entreraient-ils    dans    une    langue    étrangère,     quand    ils    ont     de 

•  leur    propre     discours     une     connaissance     si     peu     analytique. 
"  l'oreille    obtuse    et    la    prononciation    emprisonnée    dans    l'accent 

•  du   terroir  ?   Cependant,   en   troisième   année,   on    est    surpris   des 
•'  ])rogrès    de    l'élite    et    souvent,    à    l'Ecole    normale,    on    rencontre 

■  des   élèves   ayant    ))assé    d'abord    par   l'Ecole    supérieure,    en    état 
de  lire  des  textes  à  livre  ouvert  et  d'y  trouver  du  plaisir.  C'est 

•  qu'il   faut  rendre  hommage   à  des   maîtres  qu'on   ne   peut    qu'ad- 

■  mirer  dans   leur   jft'ort   pour  façonner  cette    matière   indocile.    Us 
"    pratiquent    à    mer\eille    la    méthode    directe,    intelligents    de    sa 

•  vraie    nature  :    noii    qu'ils    se    privent    de    l'exercice    écrit,     mais 

■  ils    rattachent    directement    le    vocable    étranger    à    l'objet     qu'il 

•  faut  désigner,  à  l'action  qu'on  veut  exprimer  sans  passer  par  la 
connexion    d'une    langue   dans    une    autre.    11    en    est    parmi     eux 

•  d'éminents.    |)leins    d'un     humour    charmant,    et    l'ensemble    est 
l'un    (les   corps    qui    fait    le    plus    d'honneur    à    ri"ni\-ersité.    >■ 

Cet  ensemble  de  remarques  fort  justes,  rédigées  en  une  langue 
sobre  et  forte,  appellerait  de  iu)nibreux  commentaires,  car  il  est 
gros  de  sens  et  plein  de  suggestions  intéressantes.  Bornons-nous 
à    recueillir    et    souligner    l'hommoge,    rendu    par    un    homme    qui 


NOTES    ET  DOCUMENTS  l(l3 

"y  coiiiKiit,  ;uix  méthodes  employées  et  à  leur  mise  en  miivre  |)ar 
(es  bons  édncateurs  que  sont  nos  collègues  du  primaire.  Espérons 
que  ce  jugement  favorul)ie  et  indépendant  sera  entendu  et  qu'il 
(.  Mntril)uei  a    à    entra\er    l'rin\re    de    desti  uct  ion    entreprise. 

Cti.    V.-I.. 


Nouveau  régiiT)e  de  la  Licence  (1) 

Extrait  du  décret  du  20  septembre  1920  relatif  à  l'organi- 
sation de  certificats  d'études  supérieures  dans  les  Facultés 
des  Lettres. 

Ahticle  puemieh.  —  Les  Facultés  des  lettres  délivrent  après 
examens  des  certificats  d'études  supérieures  correspondant  aux 
matières   enseignées   jjar   elles. 

AnT.  2.  —  La  liste  des  matières  pou\anf  donner  lieu  à  la  déli- 
vrance de  certificats  tl'études  sujïérieures  est  arrêtée  pour  chaque 
Faculté  par  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  sur  la  proposi- 
tion de  l'assemblée  de  la  Faculté,  après  avis  favorable  de  la  Com- 
mission compétente  du  Comité  consultatif  de  l'enseignement 
public    (section    de    l'enseignement    supérieur). 

Elle  peut  être  modifiée  dans  les  mêmes  formes.  Elle  est  publiée 
au   Bulletin    udministrutif  du   Ministère   de   l'Instruction   publique. 

Art.  3.  —  Nul  ne  peut  prendre  part  aux  examens  à  la  suite 
desquels  un  certificat  d'études  supérieures  est  délivre,  s'il  ne 
justifie  d'une  inscription  semestrielle  sur  les  registres  d'une 
Faculté   des   lettres. 

Aucun  diplôme  n'est  exigé  pour  se  présenter  à  ces  examens.  Il 
ne    pourra    être    obtenu    que    trois  certificats    dans   ces   conditions. 

Art.  4.  —  Le  diplôme  de  licencié  es  lettres  est  délivré  aux  can- 
didats qui  justifient  : 

1'^    D'un   diplôme    de   bachelier  ; 

2°  De  quatre  inscriptions  semestrielles  sous  réserve  d'inscrip- 
tions cumulatives  accordées  conformément  au  décret  du  8  juillet 
1914-  ; 

3"   De  quatre   des  certificats   institués   par  l'article   P". 

Le  diplôme  est  délivré  en  même  temps  que  le  quatrième  cer- 
tificat. 

Art.  5.  — •  l'n  des  quatre  certificats  mentionnés  à  l'article  pré- 
cédent peut  être  remplacé  par  un  certificat  obtenu  dans  une 
Faculté  d'un  autre  ordre.  La  liste  de  ces  certificats  sera  arrêtée 
dans  la  forme  établie  par  l'article  2,  après  entente  entre  les 
Facultés  intéressées. 

Un  arrêté  ministériel,  pris  après  avis  de  la  section  permanente 
du  Conseil  supérieur  de  l'instruction  publique,  déterminera 
d'autre    part    les    certificats    et    diplômes   obtenus    dans    les    écoles 


<lt  Voir  texte  complet  des  Décrets.  Arrêtés,  Circulaire,  ainsi  que 
du  Rapport  au  Président  de  la  République  sur  le  même  sujet,, 
aux  B.  I.  P..  n'-  2.446  et  2.448^  en  date  des   16  et  30  octobre   1920. 


104  LES    LANGUES    MODERNES 

oti  instituts  d'enseignement  supérieur  qui  pourront  dispenser 
dun  des  certificats  prévus  aux  articles  1"^  et  4  pour  obtenir  le 
dijîlôme    de   licencié   es   lettres. 

Art.  6.  —  Mention  est  faite  sur  le  diplôme  des  matières  c(  i- 
respondaut   auxdits  certificats. 

Mention  sera  également  faite  sur  le  diplôme  des  autres  certifi- 
cats obtenus  soit  devant  la  même  Faculté,  soit  devant  une  autre 
Faculté. 


.\rt.  8.  —  Les  enseignements  sur  les  matières  pouvant  donner 
lieu  à  la  délivrance  de  certificats  d'études  supérieures  sont 
répartis  dans  l'année  scolaire  eu  deux  semestres,  le  premier  se 
terminant  à  la  fin  du  mois  de  février,  'e  second  à  la  fin  du  mois 
de  juin. 

Art-  9.  —  Les  sessions  d"examens  ont  lieu  à  la  fin  de  chaque 
semestre. 

.Art.  10.  —  Les  examens  pour  chaque  certificat  comprennent 
une  ou  plusieurs  épreuves  écrites  et  des  épreuves  orales.  Les 
épreuves   écrites   sont   éliminatoires. 

.\rt.  11.  —  Pour  obtenir  le  diplôme  de  licencie  es  lettres,  tout 
candidat  devça  subir  une  épreuve  orale  de  langue  étrangère 
vivante  à  son  choix  sur  une  liste  établie  par  chaque  Faculté,  à 
moins  qu'un  des  certificats  obtenus  par  le  candidat  porte  sur  une 
langue    étrangère    vivante. 

.\rt.  12.  —  Le  jury  se  compose  de  trois  membres  au  moins  sié- 
geant ensemble.  11  pourra  être  fait  appel  pour  constituer  les 
jurys  à  des  professeurs,  chargés  de  cours,  maîtres  de  conférences 
des  autres  Facultés  ou  d'établissements  d'enseignement  supérieur 
public,  ou,  à  défaut,  à  des  professeurs  des  autres  enseignements 
publics   munis   du   grade  de   docteur  es  lettres. 

.Art.  13.  —  L'admissibilité,  l'admission,  l'ajournement  sont 
prononcés   après   délibération   du   jui-A". 

Art.  14.  —  Nul  candidat  ajourné  ne  peut  se  présenter  de\ant 
une   autre   Faculté   à   la   même   session    pour  le   même   certificat. 


.Art.  16.  —  Deux  des  quatre  certificats  nécessaires  pour  la  déli- 
vrance du  diplôme  de  licencié  es  lettres  peuvent  être  obtenus 
dans  des  Universités  'différentes  de  celle  où  l'étudiant  a  commencé 
ses  études. 

Des  accords  pourront  être  conclus  avec  les  Gou\  erncmcnts  ou 
les  Universités  de  pays  étrangers  pour  l'équivalence  des  semes- 
tres accomplis  et  des  certificats  obtenus  à  la  suite  de  ces  semes- 
tres dans  les  Facultés  étrangères.  L'équivalence  ne  pourra  être 
accordée  pour  plus  de  deux   semestres  et   de   deux   certificats. 

Art.  17.  —  Le  dernier  certificat  permettant  la  délivrance  du 
diplôme  de  licencié  es  lettres  doit  être  obtenu  dans  une  Faculté 
française  des  lettres. 

Art.  18.  —  Les  dispositions  du  pi-ésent  décret  seront  mises  à 
exécution   à   dater  du    1""   novembre    1920. 


XOTKS    KT    DOCfMKNTS  •  1U.> 

Amt.  19.  —  Les  candidats  iiistTits  avant  la  (in  de  raiinée  1921 
auront  la  faeultx*  de  passer  les  examens  de  licence  es  lettres  con- 
formément  au    décret   du    8   juillet    1907. 

AnT.  20.  —  Sont  abrogées  toutes  les  dispositions  antérieures 
contraires  au  présent  décret  et  en  particulier  le  décret  du  8  juillet 
1907. 

Extraits  du  décret  du  20  septembre  1920  relatif  aux  mentions 
que  doit  porter  le  diplôme  exigé  des  aspirants  aux  fonctions 
de  l'enseignement  secondaire  public  pour  lesquelles  le  grade 
de  licencié  es  lettres  est  requis. 

AiiTicLE  pnEMUîH.  —  Lcs  aspirauts  aux  fonctions  de  l'ensei- 
gnement secondaire  ])ublic  jjour  lesquelles  le  grade  de  licenciés 
es  lettres  est  requis,  doivent  justifier  d'un  diplôme  portant  mcn- 
tif)n    dun    des    groupes    de    certificats    sni\;)iits  : 


Langues  vivantes 

Ktudes   littéraires   classiques. 
Littérature    étrangère. 
Philologie. 
Ktudcs    pratiques. 

AitT-  2.  —  Un  arrêté  ministériel  déterminera  les  conditions 
particulières  des  examens  à  la  suite  desquels  ces  certificats  seront 
délivrés.  Les  examens  de  chaque  groupe  de  certificats  comporte- 
ront au   moins   une   épreuve  de   langue   ou    littérature    ancienne. 


Extrait  de  l'arrèié  du  21  septembre  1920  déterminant  les 
conditions  des  examens  à  la  suite  desquels  les  certificats 
d'études  supérieures  seront  délivrés  dans  les  Facultés  des 
lettres. 

.Article  phemier.  —  Les  examens  pour  l'obtention  des  certi- 
ficats d'études  supérieures  dans  les  Facultés  des  lettres  compren- 
dront au  moins  une  épreuve  écrite  et  deux  épreuves  orales.  Une 
des   épreuves   pourra    avoir   le   caractère    pratique. 

.\rt.  2.  —  L'épreuve  ou  les  épreuves  écrites  détermineront  l'ad- 
missibilité. Le  bénéfice  de  l'admissibilité  est  maintenu  à  la  ses- 
sion   suivante. 


Art.  4.  —  Tout  candidat  qui  n'aura  pas  obtenu  au  moins  la 
moyenne  aux  épreuves  écrites  et  aux  épreuves  orales  sera  ajourné. 

.Art.  5.  —  Lorsqu'il  sera  établi  des  listes  de  questions  ou  d'au- 
teurs, ces  listes  seront  valables  pendant  deux  ans  et  renouvela- 
bles   partiellement 


106  •  LES   LAN(;U1-:S   modeiixes 

Art.  6.  —  Pour  le  règlement  de  toutes  les  questions  de  détail 
concernant  l'application  du  nouveau  régime  d'études  et  d'exa- 
mens, les  professeurs,  maîtres  de  conférences  et  chargés  de  cours 
ou  de  conférences  seront  répartis  en  Sections  ou  Instituts,  com- 
prenant les  enseignements  essentiels  ou  des  groupes  d'enseigne- 
ment  de   même   ordre. 


Extrait  de  l'arrêté  du  21  septembre  1920  fixant  les  conditions 
des  examens  en  vue  des  certificats  d'études  supérieures 
exigés  des  aspirants  aux  fonctions  de  l'enseignement 
secondaire  public  pour  lesquelles  le  grade  de  licencié 
es  lettres  est  requis. 

AiiTicLE  PiiEjiiEiî-  —  Les  épreuves  des  examens  pour  l'obtention 
des  certificats  d'études  supérieures,  dont  la  mention  est  exigée  sur 
le  diplôme  des  aspirants  aux  fonctions  de  l'enseignement  secon- 
daire public  pour  lesquelles  le  grade  de  licencié  es  lettres  est 
requis,   sont   les  suivantes  : 


IV.  —  LANGUES  VIVANTES 

A.     ÉTLDES     LlTTÉHAir.ES     Cl.ASSIQLKS 

Ecrit  : 

Version  latine  ou   grecque,   au  choix   du   candidat. 
Comjjosition    française. 

Oral  : 

Explication    de     deux    textes    d'auteurs    français.    Un     des    deux 
textes  sera  extrait  d'un   auteur  du   moyen   âge. 
Interrogation    sur    la    littérature    française. 

B.     LITTÉRATLIŒ     ÉTItANGÈUE.    . 

Ecrit  : 

Composition  dans  la  langue  étrangère  vivante  cln)isie  par  le 
candidat   sur   un    sujet   tiré   de   la   littérature   de   cette   langue. 

Oral  : 

Explication  d'un  texte  d'un  auteur  dans  la  même  langue 
étrangère    vivante. 

Interrogation  sur  l'histoire  de  la  littérature  étrangère  clioisie 
par    le    candidat. 

("..    PHILOLOGIE. 

Ecrit  : 
Thème. 

Oral  : 

Interrogation  sur  la  grammaire  de  la  langue  clioisie  par  le  can- 
didat. 

Interrogation  sur  l'histoire  de  celte  langue,  d'après  un  texte 
tiré   d'un   auteur. 

Pour  les  épreuves  orales  des  trois  certificats  d'études  littéraires 
tiassiques,  de  littérature  étrangère  el  d;/  philologie,  il  sera  établi 
un    j)rograinme    d'auteurs. 


N()Ti:S    I;T    DiiCLMEMS  107 

I).     liTL'DES     PliATigiKS. 

Ecrit  : 
X'cTsioii. 

Oral  : 

Kiitreticii.  en  langue  étrangère,  sur  la  eivilisation  du  pays  uù 
le  candidat  aura  séjourné,  d'après  un  programme  d'ouvrages  ù 
consulter,   donné   d'avance. 

Interrogation  sur  une  deuxième  langue  étrangère  vivante. 

Aht.  2.  —  Dans  le  groupe  des  langues  vivantes,  une  des  épreu- 
ves orales  du  certificat  d'études  pratiques  aura  pour  objet  une 
seconde  langue  vivante  étrangère,  l'our  les  autres  épreuves  de  et 
certificat  et  i)our  les  certificats  de  littérature  étrangère  et  de  phi- 
lologie, les  examens  porteront  exclusivement  sur  une  seule  .  et 
même   langue   et    sur   la    litttérature   de   cette    langue. 

Extrait  de  la  circulaire  du  8  octobre  concernant  le  nouveau 
réèime  de  la  liscence  es  lettres 


La  création  de  certificats  d'études  supérieures  de;  lettres,  la 
substitution  d'e.xamens  séparés  et  spécialisés  à  un  examen  unique, 
l'obligation  de  justifier  de  quatre  de  ces  certificats  jjour  obtenir  le 
diplôme  de  licencié  es  lettres  ont  pour  objet  de  mieux  adapter  les 
sanctions  à  l'organisation  actuelle  de  l'enseignement,  mais  non  de 
modifier  le  caractère  essentiel  de  grade  littéraire  de  la  licence 
ts  lettres... 

L'enseignement  sous  toutes  ses  formes  et  dans  toutes  ses  parties 
('oit  se  préoccuper  de  développer  les  qualités  littéraires  et  classi- 
ques. Dans  aucun  examen  écrit  la  correction  de  la  langue  et  du 
style,  la  clarté  et  la  logiciue  de  la  composition  ne  doivent  être 
considérées  comme  secondaires  en  com|)araison  des  connaissances 
et   de   l'érudition. 

1.     ORGANISATION     DES    ÉTUDES. 

Deux  règles  importantes  sont  jjosées  par  le  premier  décret  : 
1"  La  scolarité  pour  la  licence  doit  être  au  minimum  de  deux 
ans.  .\fin  d'assurer  cette  scolarité,  aucun  candidat  ne  sera  admis 
à  se  présenter  aux  examens  du  quatrième  certificat  s'il  ne  justifie 
de  quatre  semestres  d'études.  Les  seules  exceptions  légitimes  sont 
uéjà  prévues  par  le  décret  du  8  juillet  1914  qui  précise  les  cas  dans 
lesquels  il  peut  êti'e  accordé  des  inscriptions  cumulatives.  Il  suf- 
fira d'appliquer  simplement   ce  décret. 

2"  Les  enseignements  sont  répartis  entre  deux  semestres,  l'un 
finissant    à    la    fin   de    février,    l'autre    à    la    fin    de   juin. 

Désormais  la  Faculté  ne  sera  plus  morcelée  en  enseignements 
isolés.  Ses  enseignements  devront  former  des  groupes,  sections  ou 
instituts,  où  tout  devra  être  coordonné  par  l'accord  de  tous  les 
maîtres.  Les  groupes,  sections  ou  instituts  essentiels  seront  ceux 
qui  correspondront  aux  grouj)es  de  certificats  de  la  licence  d'en- 
seignement. Mais  il  en  pourra  être  formé  d'autres  selon  les  res- 
sources des   Facultés. 

Dans  chaque  groupe  d'enseignement,  les  professeurs  devront 
se  mettre  à  la  disposition  des  étudiants  pour  les  recevoir,  se  rendre 
compte  de  leurs  préférences,  des  aptitudes  indiquées  par  leurs 
antécédents    scolaires,    de   leurs   besoins    d'avenir,    les   conseiller    et 


108  I.KS    I,ANGL"ES    MODERNES 

assumer  la  direction  de  leurs  études.  11  serait  à  désirer  que  cha- 
que maître  prit,  dans  toute  la  mesure  possible,  la  charge  de  diri- 
ger un  certain  nombre  d'étudiants,  t.'cst  là  un  des  buts  essentiels 
du   nouveau   régime.  ' 

IV.     DES    EXAMENS. 

Il  est  un  point  sur  lequel  il  est  nécessaire  d'insister  avec  la  plus 
grande  netteté.  Les  examens  de  certificat  sont  des  examens  de 
Facultés  des  lettres.  Par  suite,  dans  le  jugement  de  toutes  ïes 
compositions  il  devra  être  tenu  compte  de  la  correction  et  des  qua- 
lités de  style  et  d'exposition.  Dans  l'annotation  générale,  le  cor- 
recteur donnera  son  avis  à  cet  égard.  Il  pourra  demander  au 
jury  l'élimination  d'un  candidat  qui.  tout  en  faisant  preuve  de 
connaissances  étendues,  aurait  montré  une  trop  grande  insuffi- 
sance littéraire.  La  note  sera  diminuée  en  conséquence  par  déli- 
bération   spéciale   du   jury. 

Il  importe  également  d'attirer  dès  maintenant  l'attention  sur 
l'article  11  du  premier  décret  du  20  septembre  19'20.  Les  Facul- 
tés ont  à  établir  sans  retard  la  liste  des  langues  étrangères 
vivantes  sur  lesquelles  les  candidats  à  la  licence  qui  ne  se  pré- 
senteront pas  à  un  certificat  de  langue  vivante  devront  subir  une 
épreuve  orale.  Les  candidats  choisiront  sur  cette  liste.  Ils 
devront  faire  connaître  leur  choix  en  prenant  leur  première  ins- 
cription et  désigner  le  certificat  auquel  ils  désirent  que  cette 
épreuve  soit  annotée,  afin  que  les  mesures  nécessaires  à  la  pié- 
paration  de  cette  épreuve  puissent  être  prévues.  Un  candidat  ne 
pourra  changer  son  optLon  primitive  qu'avec  l'autorisation  écrite 
du  doyen.  11  y  aura  lieu  de  signaler  aux  candidats  l'importance 
de  cette  épreuve  :  elle  ne  doit  pas  être  une  formalité.  Elle  sera 
dirigée  par  un  professeur  spécialiste.  Si  le  candidat  n'obtient  pas 
la  moyenne,  il  sera  ajourné.  Il  ne  pourra  obtenir  le  diplôme 
de  licencié  que  s'il  atteint  cette  moyenne.  Au  cas  où  un  candidat 
serait  pourvu  du  quatrième  certificat,  mais  n'aurait  pu  encore 
être  admis  à  l'épreuve  de  langues  vivantes,  il  devra  attendre 
la    prochaine    session    pour    réparer    son   échec. 


La  durée  des  compositions  sera  de  quatre  heures  :  1"  pour  les 
compositions  proprement  dites,  2°  pour  les  thèmes,  versions,  tra- 
ductions, commentaires,  exercices' divers  qui  formeront  l'épreuve 
écrite  unique  d'un  examen  de  certificat.  Elle  sera  de  trois  heures 
pour  les  thèmes,  versions,  traductions  avec  commentaires,  exer- 
cices divers  qui  formeront  la  seconde  é|)reuve  de  l'examen  écrit 
d'un  certificat.  La  durée  moyenne  des  épreuves  orales  sera  d'un 
c(uart  d'heure.  Il  sera  accordé  aux  candidats,  pour  toute  épreuve 
orale,  dix  minutes  de  réflexion  entre  la  désignation  du  sujet  ou 
du   texte   et  l'interrogation   ou    l'explication   proprement   dite. 

Les  notes  seront  données,  comme  sous  le  régime  précédent,  de 
0  à  20.  Les  ^'acuités  pcnirront  proposer  des  coefïîicients,  si  elles  le 
jugent  nécessaire,  ))our  les  certificats  de  la  licence  libre.  Il  n'y 
aura  pas  de  coefficients  pour  les  éiireuves  de  la  licence  d'ensei- 
gnement. 

La  correction  des  épreuves  éci'ites  sera  faite  ])ar  deux  mem- 
bres du  jury  ;  le  premier  correcteur  sera  le  membre  du  jury  le 
))lus  spécialement   comi)étent. 

Vous  remar(|uerez  ciu'il  n'est  pas  pré\  u  de  session  de  novem- 
bre, ce  qui  permettra  de  reprendre  tout  l'enseignement  dès  les 
premiers   jours  de  no\cmbrc. 


NOTKS    ET    DOCUMENTS  101) 

V.    DE    LA     MCENCF.    U'EXSEIGNE.MENT 

L'importance  du  (lécrct  et  de  l'arrêté  sur  la  licence  d'enseigne- 
ment ne  saurait  vous  échapper.  De  la  valeur  de  cette  licence 
<lépendra  la  valeur  du  |)ersonnel  de  l'enseignement  secondaire. 
De  plus,  elle  doit  servir  de  modèle  pour  l'organisation  de  la 
licence  libre.  Fn(în.  je  fais  étudier  actuellement  un  plan  de  réor- 
ganisation et  tie  coordination  des  grades  et  titres  de  renseigne- 
ment supérieur,  qui  donnera  encore  plus  de  sanctions  à  cette 
licence,  en  particulier  pour  le  recrutement  du  personnel  de  l'en- 
seignement   supérieur. 

C.v  qui  est  dit  plus  haut  d'une  façon  générale  sur  la  valeur 
littéraire  des  compositions  écrites  s'applique  d'une  façon  plus 
étroite  encore  aux  compositions  des  examens  de  certificat  pour  la 
licence  d'enseignement.  Vous  ne  cesserez  de  recommander  aux 
Facultés    d'y    veiller    sans    faiblesse. 

.le  recommande  également  à  l'attention  des  Facultés  les  épreu- 
ves de  traduction  et  de  commentaire  de  textes  grecs  ou  latins, 
surtout  pour  les  groujies  de  certiticat  de  philoso|)hie,  d'histoire 
et  de  géographie  et  tle  langues  \ivantes.  Il  convient  d'attacher 
une  ^aleur  spéciale  à  ces  épreu\es,  de  tenir  grand  compte  de  la 
connaissance  de  la  langue.  .Afin  de  bien  jjréparcr  les  candidats,  de 
_  leur  permettre  d'acquérir  la  méthode  nécessaire,  il  devra  leur 
être  proposé  régulièrement  dans  l'année  des  exercices  de  ce  genre. 

Dans  les  épreuves  orales,  il  faudra  se  garder  de  faire  appel  avant 
tout  à  la  mémoire.  Les  connaissances  précises  et  ordonnées  sont 
certes  indispensables.  .Mais  il  convient  d'éveiller  le  goût,  le  juge- 
nent  scientifique  et  l'esprit  critique  des  étudiants  et  de  leur  don- 
ner l'occasion  à  l'examen  de  faire  leurs  i)reuves.  11  de\'ra  être 
tout  particulièrement  tenu  compte  de  ces  instructions  dans  les 
interrogations    d'histoire    littéraire. 

Dans  tous  les  cas  où  une  option  est  admise,  le  candidat  de\  i  :i 
faire  connaître  son  choix  en  prenant  les  inscriptions  semestrielles. 

VI.     QUESTIONS     DIVEHSES 

Le  décret  général  sur  la  licence  es  lettres  prévoit  qu'un  des 
quatre  certificats  nécessaires  pour  la  licence  pourra  être  remplacé 
par  un  certificat  obtenu  dans  une  Faculté  d'un  autre  ordre.  La 
Faculté  des  lettres  devra  s'entendre  à  cet  égard  avec  les  autres 
Facultés  de  l'Université.  Les  certificats  admis  pour  la  licence 
es  lettr'.'s  pourront  être  soit  des  certificats  déjà  institués,  suit  des 
certificats  nou\eaux  répondant  à  certains  enseignements,  soit  des 
certificats  délivrés  à  la  suite  de  deux  semestres  d'études  régu- 
lières faites  conl'orniément  aux  programmes  des  Facultés  de  droit, 
de  médecine  et  de  pharmacie.  Les  propositions  établies  par  l'ac- 
cord des  Facultés  seront  soumises  au  Comité  consultatif  de 
l'enseignement  public  dans  les  mêmes  conditions  que  pour  les 
certificats  prcjpres  aux  Facultés  des  lettres.  Ces  certificats  réser- 
\  es  au.x  candidats  à  la  licence  es  lettres  seront  institués  dans 
les  mêmes  formes  et  donneront  lieu  aux  mêmes  obligations.  La 
liste  en   sera    publiée   au   Bulletin   administratif- 

Deux  des  quatre  crtificats  nécessaires  pour  la  licence  peuvent 
être  obtenus  dans  d'autres  Universités  que  l'Université  d'origine. 
L'étudiant  qui  changera  d'Université  devra  demander  le  trans- 
fert de  son  dossier  en  justifiant  sa  demande.  La  demande  sera 
accordée  par  le  recteur.  Le  doyen  avisera  la  Faculté  auprès  de 
laquelle  Tétudiant  doit  continuer  ses  études.  L'exeat  devra  être 
inscrit    dans   les   formes    sur    le   livret    de    l'étudiant. 


110  LKS   LANC.UIiS    MODEHNKS 

Pour  les  Universités  étrangères,  il  appartient  aux  UnivLTsités 
françaises  d'engager  avec  celles-ci  les  pourparlers  préliminaires. 
Les  accords  ainsi  préparés  ne  pourront  devenir  définitifs  qu'aprèb 
avis  du  Comité  consultatif  de  l'enseignement  public  et  approba- 
tion du  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  du  Ministre  des 
Affaires  étrangères.  Des  équivalences  pourront  être  également 
établies  par  conventions  entre  le  Gou^■ernement  français  et  les 
gouvernements  étrangers.  Mais  le  Comité  consultatif  de  l'ensei- 
gnement public  devra  toujours  être  consulté  au  préalable.  Pour 
les  étudiants  français,  la  procédure  de  sortie  de  leur  Faculté 
d'origine  sera  la  même  que  pour  le  passage  d'une  Faculté  fran- 
çaise dans  une  Faculté  française.  L'entrée  des  étudiants  étran- 
gers dans  les  Facultés  françaises,  le  retour  des  étudiants  fran- 
çais dans  une  Faculté  française  pour  l'obtention  du  dernier 
certificat  ne  pourront  être  réglés  que  dans  les  accords  particu- 
liers d'Université  à  Université  ou  dans  les  conventions  entre 
Gouvernements. 

Le  nouveau  régime  est  applicable  dès  la  rentrée  prochaine.  Le 
délai  est  court,  puisque  les  décrets  et  arrêtés  n'ont  pu  ])araître 
que  le  25  septembre  dernier.  Toutes  les  opérations  nécessaires 
pour  les  mettre  en  vigueur  doivent  donc  être  aussi  rapides  que 
possible.  D'ailleurs,  les  candidats  peuvent  se  faire  inscrire  jjour 
l'ancien  régime  jusqu'au  SI  décembre  1921.  Cette  date  tardive  a 
été  prise  en  raison  de  la  libération  au  milieu  de  l'année  1921  dj 
la  classe  1919,  la  dernière  classe  de  recrutement  qui  ait  été  soir- 
les   drapeaux   pendant   la    guerre. 


Université  de  Grenoble 

Faculté  des  lettres.  —  Est  approuvée  la  délibération  du  Conseil 
de  l'Université  de  Grenoble  portant  création,  à  dater  du  !■'  novem- 
bre   1920,    d'une    conférence    d'espagnol. 


Sectioi)  Scai)dir)ave 
à  la  Bibliothèque  5ai0te-Cei)eviève 

11  est  institué  à  la  bibliothèque  Sainte-Geneviève  un  comité  de 
patronage   de  la    section    Scandinave. 

Ce  comité  a  pour  mission,  d'une  manière  générale,  de  dévelop- 
per en  France  les  études  Scandinaves  par  l'enseignement  et  par  le 
livre. 

Il  est  spécialement  chargé  :  1"  d'examiner  quelles  acquisitions 
il  y  a  lieu  de  faire  ;  2"  d'étendre,  grâce  à  l'influence  personnelle 
de  chacun  de  ses  membres,  les  relations  de  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève  avec  les  sociétés  savantes,  les  administrations  publi- 
ques, Icsl  éditeurs  de  chacun  des  trois  royaumes  scandinavt^s,  en 
vue  de  provoquer  des  dons  on  des  échanges  dont  bénéficierait 
ladite   bibliothèque.   (F.ilrail   de   l'Arrêté   du  .')    n(>i>cnil>rc    IWith. 


NOTHS    El    IXX.LMI-NTS  111 

Ecole  de  préparatior)  des  professeurs  de  Français 
à  rétranger 

Kst  approuvée  la  délibération  du  (Conseil  de  l'Université  de 
Paris  instituant  une  Keole  de  préparation  des  professeurs  de  fran- 
çais à  l'étranger  et  créant  un  diplôme  d'aptitude  à  renseignement 
du    français   à  l'étranger  de   cette    l'ni\ersité. 

Comité    (le    direction 

Le   Doyen  de   la   P'aculté  des  lettres,   |)résident  ; 

(juatre   professeurs  de.  la   Faculté   des  lettres  ; 

Un  professeur  de  la  Faculté  de  droit,  désigné   par  la   Faculté  ; 

Le  Directeur  de  l'Ec-ole   normale  supérieure  ; 

Le    Directeur   de    TOfiRee    national    des    Universités  ; 

Le    Directeur    de    l'Ecole  ; 

Vn    inspecteur   général    de    l'enseignement    public  ; 

l'n    membre   de  l'enseignement    secondaire  ; 

Un  membre  de  l'enseignement  primaire  (ces  deux  membres  dési- 
gnés par  la   F"aculté  des  lettres)  ; 

Un  membre  de  la  Chambre  de  commerce  de  Paris  (désigné  par 
elle). 

Le  Secrétaire  de  l'Ecole  est  secrétaire  du  Comité  a\'jc  vcjix  con- 
sultative. 

But  de  l'école.  -^  L'Ecole  est  placée  sous  la  direction  technique 
de  la  Faculté  des  lettres.  Elle  se  propose  de  donner  à  tous  les  pro- 
fesseurs de   français   à  l'étranger  des   directions   et   une   méthode. 

Xatche  de  l'enseignement.  —  L'enseignement  comprendra  des 
leçons,  conférences  et  des  exercices  pratiques.  Dans  les  leçons,  on 
choisira  surtout  les  faits  qui  seront  nécessaires  pour  des  démons- 
trations générales.  Les  exercices  pratiques  seront  l'application 
des  principes  et  habitueront  les  élèves  à  les  adapter  à  des  publics 
différents. 

OiiGANisATioN  de  l'exseignement.  —  L'enscigncment  sera  divisé 
en  sections,  chacune  ayant  un  président  chargé  de  maintenir  la 
coordination    et    l'unité    de    direction    entre    ses   collaborateurs. 

I^s   sections   seront   au   nombre   de   dix  : 

1"  Re\ision  des  connaissances  relatives  à  l'histoire,  la  géogra- 
phie et  la  civilisation  de  la  France;  2"  Vues  sommaires  sur  les 
divers  pays  où  les  professeurs  doivent  être  envoyés  ;  3"  Littéra- 
ture française  ;  4°  Phonétique  du  français  ;  5"  Lecture  à  haute 
v(nx  ;  6"  Vocabulaire  français  ;  7"  Grammaire,  formes  et  syntaxe 
du  français  ;  8  '  Orthographe  du  français  ;  9"  Composition  fran- 
çaise ;    10"   E.xplication  de  textes. 

En  outre,  des  littérateurs,  des  artistes,  des  savants  et  des  hom- 
mes d'action  seront  invités  à  venir  donner  des  conférences  sur 
les  grands  courants  littéraires,  artistiques,  scientifiques,  polili- 
(lues  et    économques   de   la    France   contemporaine. 

(Voir  Programme  des  Cours.  B.  1.  P.  du  20  nov.  1920,  W  2451. 
])!).    1551-1559». 


112  LES  lan(;li:s  modernes 

Echanges  loterscolaires  FraQco-Britaooiques 

Le   Ministre   de   l'Instruction   Publique, 
à  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de 

J'ai  rhouneur  d'attirer  votre  attention  sur  le  système  d'échange 
iiiterscolairc  Franco-Britannique  que  je  vais  vous  demander  d'ap- 
pliquer dans  votre  Académie,  et  sur  sa  grande  importance  au 
point  de  vue  des  relations  futures  entre  la  France  et  l'Angleterre. 

11  n'est  pas  besoin  d'insister  sur  la  nécessité  de  maintenir  et 
de  fortifier  nos  relations  amicales  avec  l'Angleterre  et  de  fon- 
der cette  amitié  sur  une  connaissance  mutuelle  des  deux  peuples. 
Les  sympathies  du  peuple  anglais  pour  notre  pays,  on  peut 
l'affirmer,  sont  vives  et  profondes,  mais  il  est  très  peu  au  courant 
des   choses   de   France, 

Rien  de  jjIus  utile,  pour  dissiper  les  préjugés  et  les  malenten- 
dus, que  des  échanges  d'écoliers  et  d'étudiants.  Mais  les  Univer- 
sités anglaises,  pour  des  raisons  d'organisation  d'études,  ne  se 
r.^.ontrent  pas  disposées  à  nous  envoyer  un  grand  nombre  d'étu- 
liiants.  Au  contraire,  du  côté  des  établissements  d'enseignement 
secondaire,  le  terrain  est  maintenant  préparé  et  nous  trouverons 
iiM   accueil   aussi   favorable   qu'on   peut    le  désirer. 

Une  enquête  qui  a  été  faite  sur -cette  question  par  l'Offlcc  des 
l'niversités  a  démontré  en  effet  qu'un  très  grand  nombre  de 
familles  anglaises  sont  disposées  à  en^•oyer  leurs  filles  et  leurs 
fils  accomplir  uue  partie  de  leurs  études  dans  nos  établissements, 
ciue  beaucoup  d'écoles  anglaises  sont  prêtes  à  entrer  en  rapports 
étroits  avec  les  nôtres,  et  que  les  unes  et  les  autres  recevraient 
avec  plaisir  les  enfants  français  que  l'on  voudrait  bien  leur 
confier. 

Le  Ministère  anglais  de  l'Education  auquel  l'idée  a  été  sou- 
mise a  accepté  les  propositions  qui  lui  ont  été  faites  ;  il  a  auto- 
risé les  écoles  anglaises  à  entrer  en  ra]3ports  avec  nos  établiss*^- 
ments,  il  maintiendra  le  bénéfice  de  leur  bourse  à  ceux  des  bour- 
siers anglais  qui  viendront  dans  un  établissement  français  par 
\oie  d'échange  régulier  et  acceptera  à  la  place  de  chacun  de  ces 
boursiers  anglais  un  élève  français  en  échange  ;  il  s'efforcera 
c-nfin,  par  l'action  de  ses  inspecteurs,  de  développer  les  relations 
ainsi  créées  et  de  multiplier  le  nombre  des  enfants  cnvoj'és  en 
France. 

Mais  la  condition  essentielle  pour  que  ce  mouvement  aboutisse, 
c'est  que  nous  puissions  fournir  aux  familles  et  aux  écoles 
anglaises  des  écoliers  d'échange.  Or,  comme  vous  allez  le  voir, 
dans  les  conditions  actuelles  du  change,  l'organisation  que  je 
désire  \o\t  se  réaliser  est  de  nature  à  rendre  à  nos  familles 
françaises  les  plus  grands  services,  puisqu'elle  leur  permet 
d'envoyer  leurs  enfants  en  Angleterre  sans  autres  frais  que  le 
prix  du   voyage  et  l'argent   de  poche. 

Cette   organisation   fonctionnera   dans  les   conditions   suivantes  : 

1.  Chaque  établissement  français  (lycée  ou  collège,  Ecole  pri- 
maire supérieure  de  garçojis  et  de  filles)  désigné  pour  preiulre 
part  à  l'échange  sera  associé  à  un  établissement  anglais  de  même 
ordre  et  d'importance  égale.  11  conviendra  de  ne  choisir  parmi  les 
établissements  français  que  ceux  qui,  en  particulier,  par  leur 
organisation  matérielle,  offrent  des  chances  de  succès  certain. 
En  ce  qui  concerne  nos  Ecoles  primaires  supérieures,  il  sera 
nécessaire  de  ne  faire  appel  qu'à  celles  qui'  vous  doitnent,  au 
point  de  vue  de  l'installation,  entière  satisfaction,  et,  pour  com- 
mencer,   de    n'en    désigner   c(u'un    très    petit    nombre.    Cette    réserve 


NOTi:s  iT  1)()(,imi;ms  11-! 

l■^l  (l";uilant  plus  iiitlispins:!!)!*.-  qiic-  l;utivilé  très  l«>iial)li-  de 
beaucoup  de  nos  directeurs  les  jjousscra  j)rol)al)lejneiit  à  s'inté- 
resser à  cette  innoviition.  et  il  est  à  prévoir  que  vous  aurez  de 
((■   côté   beaucoup   de    sollicitations  (juand    elle    sera    connue. 

2.  I,cs  |)arents  des  élèves  de  ces  établissements  seront  avisés 
par  le  clief  de  rétablissement  des  conditions  dans  lesquelles 
récbange  aura  lieu,  et  invités  à  <léclarer  s'ils  désirent  en  faire 
protiter   leurs   enfants. 

3.  L'élève    français    étluini,'é    sera    reçu    gratuitement. 

m  Soit  flans  une  famille  anglaise  de  condition  analogue  à  la 
sienne,  où  il  vivra  comme  l'enfant  de  la  maison  jjendant  tout  son 
séjour,  hln  cours  d'année  scolaire  il  sera  admis  comme  élève 
externe   dans    l'établissement    anglais    correspondant. 

h)  Soit  dans  l'internat  de  l'école  anglaise  pendant  le  cours 
de  l'année  çcolaire  et  dans  une  famille  anglaise  pendant  les 
vacances. 

Kn  écbange,  la  famille  de  l'élève  français  recevra,  en  même 
temps  et  dans  les  mêmes  conditions,  l'enfant  de  la  famille 
anglaise  corrcs|)ondante.  1/élève  anglais  suivra  les  cours  de 
l'établissement    français. 

Dans  le  cas  oii  l'élève  français  écbangé  serait  interne  en 
l'i'ance,  son  correspondant  aiig'ais  le  remplacerait  dans  l'internat 
cl  n'entrerait  dans  la   famille   française   que   pendant  les  vacances. 

Toutefois,  il  serait  préférable  de  recevoir  le  moins  possible 
d'élèves  anglais  dans  nos  internats,  où  la  vie  est  si  dilTércnte  de 
celle  à  laquelle  ces  enfants  sont  habitués,  et  risfjuerait  parfois 
de  leur  laisser  des  sou\enirs  plutôt  i)énibles  qu'agréables.  Du 
reste,  une  fois  (jue  les  cbefs  des  deux  établissements  auront  été 
mis  en  relations,  il  leur  sera  aisé  de  s'entendre  sur  les  diverses 
modalités  d'échange  qui  peuvent  le  mieux  convenir  dans  chaque 
cas. 

4.  Les  frais  de  scolarité  seront  acquittés  dans  l'établissement 
français  par  la  famille  française,  en  Angleterre  jjar  la  famille 
anglaise.  l>cs  élèveîî  français  boursiers,  et  ceux  qui  bénéficient  de 
la  remise  de  frais  de  pension  ou  d'études,  continueront  à  jouir  de 
leur  bourse  o^i  de  leur  remise;  et  en  leur  absence,  les  élèves 
anglais  qui  les  remplaceront  seront  admis  dans  des  conditions 
identiques  à  celles   où    les   élèves   français   l'eussent   été. 

5.  Dans  chaque  établissement  français,  un  emploi  du  tenii)s 
s|)écial  sera  établi  en  faveur  des  élèves  anglais,  d'après  les  indi- 
cations du  chef  de  l'établissement  anglais  correspondant,  de 
manière  à  permettre  à  ces  élèves  de  suivre  les  cours  les  mieux 
adaptés  à  leurs  besoins.  Des  dispositions  semblables  seront  prises 
en    Angleterre    en    faveur   de'i    élèves   français. 

().  Aiia  de  faciliter  l'organisation  de  ces  études  spéciales,  il 
cûiuiendia  de  désigner  pour  l'échange  des  élèves  apparten.int  à 
une  même  classe.  En  principe,  dans  les  lycées  de  garçons,  imur- 
ront  être  désignés  pr.ur  le  séjour  en  cours  d'année  scolaire,  les 
élèves  qui  vont  entrer  dans  'es  classes  de   3'=  A   et  B. 

Le  même  principe  sera  appliqué  dans  les  autres  établissements. 
Les  chefs  de  ces  établissements  s'inspireront  des  convenances 
locales  pour  désigner  la  classe  sur  laquelle  pourra  porter 
l'échange. 

Il  conviendra  aussi  de  ne  désigner  que  des  élèves  dont  la  con- 
duite et  le  travail  soient  de  nature,  à  donner  à  l'étranger  une 
bonne  opinion  de  l'enseignement  français.  En  associant  les 
familles,  le  plus  grand  conii)te  sera  tenu  de  la  situation  sociale, 
(te    la    religion,   etc.. 


111  LES    I.AMirns   MOUtr.NKS 

7.    JJmx    séjours    seront    oi;^:miscs  : 

(I)  Un  séjour  s'éteiuliint  seiik-nieiit  sur  la  période  des  grandes 
\acanccs,  et  convenant  ])arf  iculièrement  aux  élèves  qui  pour 
diverses  raisons  ne  peuvent  pas  faire  de  séjour  dans  le  cours  de 
l'année  scolaire. 

h)  l'n  séjour  commençant  au  début  des  grandes  vacances  et 
s'étendant  jusqu'à  la  fin  du  premier  trimestre  ou  même  plus 
tard. 

Les  élèves  de  la  deuxième  catégorie  seront  moins  nombreux 
sans  doute,  mais  ce  sont  eux  qui  nous  permettront  de  fonder 
dans  de  nombreuses  écoles  anglaises  des  points  fixes  de  rayonne- 
ment de  l'amitié  française  en  terre  anglaise.  Par  les  rapports 
qui  s'établiront  entre  les  directions  et  les  corps  enseignants  des 
écoles  associées,  par  rinfluence  des  bons  élèves  français  que 
nous  enverrons  en  Angleterre,  par  celle  que  nous  aurons  dans 
nos  classes  sur  les  jeunes  anglais  qui  y  seront  admis,  une  puis- 
sante action  peut  être  exercée.  L'organisation  proposée  fournit 
à  chacun  de  nos  établissements  associés  une  petite  zone  d'in- 
fluence, où  il  aura  à  cliarge  de  faire  connaître  et  aimer  la  France, 
et  de  susciter  des  amitiés  personnelles  qui  contribueront  au  déve- 
loppement  des   bonnes   relations  politiques   et   économiques. 

En  conséquence,  je  vous  prie  de  bien  vouloir  écrire  aux  chefs 
des  établissements  de  votre  ressort  (.Lycées  et  Collèges  de  garçons 
et  de  filles.  Ecoles  primaires  supérieures»  qui  vous  paraissent 
désignés  pour  participer  à  l'échange,  ou  mieux  encore  de  les 
réunir,  pour  leur  exposer  l'économie  du  système  et  pour  leur 
demander  d'intervenir  avec  la  plus  grande  persévérance  auprès 
de  leur  personnel,  de  leurs  élèves,  des  familles,  afin  d'ohtenir 
qu'un  certain  nombre  d'enfants  se  fassent  inscrire  pour  être 
échangés  dès  les  jjrochaines  grandes  vacances  et  pour  le  trimes- 
tre suivant  avec  un  même  nombre  d'élèves  anglais.  Les  chefs 
d'établissements  pourront  se  mettre  directement  en  relations 
avec  M.  Desclos,  professeur  au  lycée  Condorcet,  chargé  d'organi- 
ser les  échanges  à  l'Office  National  des  Universités,  96,  Boulevard 
Ilaspail.  Il  leur  fournira  les  renseignements  complémentaires 
dont    ils  auront  besoin. 

f'niir  le  Ministre  de  l'Inslruclion  Publique  et  des  Beaiix-Arls< 

et   par   aiitorisntion  : 

L^   Directeur  de   l'Enseignement   Supérieur, 


Ecole  des  Langues  Orientales  vivantes 

Par  arrêté  du  '2  novenilire  1!)20.  une  chaire  magistrale  et  un 
emploi  de  répétiteur  sont  créés  à  l'Ivcole  des  Langues  Orientales 
jioiir  chacune  des  langues  suivantes  :  jiolonaise.  serbo-croate  et 
tchèque. 


Cours  de  Langue  T^nO^rnite 

Vn  cours  de  langue  annamite  a  été  créé  au  lycée  de  Tours  par 
décision  ministérielle  du  24  janvier  1919  à  l'intention  des  jeu- 
nes gens  de  la  métropole  désireux  d'aller  se  créer  une  situation 
en  Indo-dhine  et  des  enfants  de  familles  annamites  (|ui  vien- 
draient  compléter  leur   instruction   en    1-rance. 

Cet    enseignement    comporte    actuellement  : 

1"    Un   cours    élémentaire    ou    de    1"    année.    sui\i    par    les    élèves 


NOTES   ET   DOrA'MENTS 


115 


(II-  seconde  qui  n'ont  Jîinwus  l'ait  d'annaniitc.  "J"  l'n  cours  moyen, 
(  u  <k'  2"  aniR'c,  (|nc  les  anciens  élèws  de  seconde  suivent  eu 
classe  de  1".  '.i"  L'n  cours  de  -i"  année  que  les  élèves  qui  ont  déjà 
dvwx  ans  d'étude  d'annamite  suivent  en  classe  de  philosophie  ou 
(le    mathématiques. 


CoQCOurs  des  agrégations  de  TEoseigoenoeot 
Secondaire  er)  1921 

Aux  termes  de  l'aiièté  du  G  mars  192(1,  article  1  ",  >;  2,  les  can- 
didats ayant  participé  aux  concours  spéciaux  de  1919  et  de  1920, 
ainsi  que  les  mutilés  et  réformés  de  guer^re  et  les  candidats 
comjjtant  au  moins  âvux  ans  de  présence  sous  les  drapeaux  lors 
(le  la  signature  de  l'armistice  (11  novembre  1918),  seront  adniis 
à  se  présenter  à  la  session  normale  de  1921  sans  autre  condition 
préalable  pour  l'agrégation  que  la  production  de  l'un  des  dii)lô- 
Mies   de   licence   pré\  us   par   l'arrêté   du    18  juin    1904. 

ŒXrtrail  de  l' Arrêté  du   l'2  iiot'ciiiUrc). 


Les  candidats  à  l'agrégation  cpii  ont  |)ris  part  à  la  session  spé- 
ciale de  1920  et  qui  ont  échoué  aux  épreuves  détinilives  ou.  s'il 
s'agit  de  l'agrégation  d'histoire,  aux  épreuves  jjréparaloires  du 
second  degré,  conserveront  le  bénétic:-  de  leur  admissibilité  ou 
de    leur,  sous-admissibilité   au   concours   de    1921. 

{Arrélé    du    IS    octobre    l'J'JO). 


Note  relative  au  prograrnrne  de  l'agrégation 
d'alleiT)ai)d  et)  1921 

L'édition  indiquée  pour  les  Gesichtc  de  Moscherosch  étant 
épuisée,  cet  ouvrage  est  supprimé  du  i)rogramme  des  textes  à 
expliquer. 

Moscherosch    est    ma'iitenu    au    nombre    des   auteurs    à    étudier. 


Ecoles  Norn)ales  Prirnaires 

L'enseignement  des  Itngues  \i\antes  présente,  à  l'école  normale, 
des  diftïcultés  particulières.  Parmi  les  élèves,  les  uns.  avant 
d'entrer  à  l'école,  ont  déjà  appris,  pendant  plusieurs  années,  une 
langue  étrangère,  les  autres  en  ignorent  le  premier  mot.  Les  uns, 
après  leur  sortie  de  l'école,  continueront  à  la  pratiquer,  les  au- 
tres, beaucoup  plus  nombreux,  n'ont  nullement  l'intention  d'en 
poursuivre  l'étude  et  ne  l'abordent,  à  l'école  même,  qu'avec  un 
zèle  modéré.  Aussi  s'était-on  demandé  s'il  ne  conviedrait  pas  de 
conférer  à  cet  enseignement  le  caractère  facultatif  qu'il  préscijte, 
dès  maintenant,  en  troisième  année  et  de  le  réser\er  uniquement 
à  ceux  des  élè\es  qui,  qu'ils  aient  ou  non  entrepris  cette  étude 
avant  d'entrer  à  l'école  Jiormale,  désirent,  en  tout  cas,  s'y  perfec- 
tionnei'.  On  esj)érait,  l'enseignement  étant  ainsi  restreint  à  une 
élite   de   volontaires,   pouvoir  le   porter  à   un    niveau   plus   élevé. 


116  J-ES    LANGLES    MODERNES 

].c  (lonscil  sui)crieur  n'a  pas  admis  cette  conception  et  il  a 
maintenu  le  slutii  qiio.  Toutefois,  frappé  des  difficultés  spéciales 
c;ue  présente  à  l'école  normale  iL-nseignemeii  des  langues  vivan- 
tes, il  a  modifié,  pour  y  parer,  la  méthode  dont  on  s'était  inspiré 
LU  1905.  Sans  doute,  le  vocabulaire  étranger  continuera  à  ètr^ 
requis  par  la  méthode  intuitive  et  active.  Mais  le  but  de  l'ensei- 
i.nemcnt  ne  sera  plus  de  donner  aux  élèves  la  possession  effective 
de  la  langue.  On  reconnaît  que  la  méthode  directe  exige,  pour 
])ermettre  aux  élèves  de  conserver  couramment  en  allemand  ou 
en  anglais,  ^■oire  en  es|)agnol  ou  en  italien,  plus  de  temps  que 
celui  dont  on  dis|)ose  dans  les  écoles  normales.  La  méthode 
directe  exige  des  heures  de  c()n\ersation  quotidienne  durant  des 
années.  Or,  nos  normaliens  n'ont  pas  le  loisir  de  conserver  cha- 
que jour,  pendant  plusieurs  heures  en  langue  étrangère.  Ces 
exercices  seront  pratiqués  partout  où  le  permettra  l'état  de  pré- 
paration des  élèves,  et  notamment  dans  les  écoles  où  viendra 
faire  un  séjour  un  docteur  étranger.  Mais  le  but  de  l'enseignement 
r.'est  plus  la  conversation  en  langue  étrangère,  c'est  la  lecture 
et  la  traduction,  écrite  ou  orale,  de  textes  faciles.  Aucune  indi- 
cation n'est  fournie  au  sujet  de  ces  textes.  Les  professeurs  choi- 
siront  à  leur  gré,  sui\ant   le   niveau   atteint   par  les   élèves. 

En  somme,  le  (lonseil  supérieur  s^est  rendu  com)Jte  que  les  lan- 
gues Aivantes  n'ont  pas,  à  l'école  normale,  le  même  rôle  que  dans 
les  autres  établissements  d'enseignement.  \  l'école  primaire  supé- 
rieure et  aussi  dans  les  lycées  et  collèges,  on  doit  apprendre  aux 
élèves  à  parler,  à  lire  et  à  écrire  en  langue  étrangère,  car  il  s'agit 
de  former  des  hommes  qui.  industriels,  commerçants,  ingénieurs, 
soldats  ou  diplomates  seront  en  contact  a\ec  des  persgnnes  ne 
parlant  pas  le  français.  Tel  n'est  pas  le  cas  de  l'instituteur  :  il 
est,  en  général,  destiné  à  vi\re  au  milieu  de  ses  compatriotes,  et  la 
langue  étrangère  n'est  pas  pour  lui  nécessaire,  au  sens  utilitaire 
(iu  mot.  Pourquoi  ^eut-on  qu'il  l'étudié  ?  C'est  pour  lui  ])ermettre 
«l'élargir  son  horizon  et  de  ])erfectionner  sa  culture.  La  langue 
qu'on  doit  lui  enseignei".  c'est  donc  la  langue  littéraire  plutôt 
c[ue  la  langue  usuelle.  Lt  la  méthotle  qu'on  doit  suivre,  c'est  la 
lecture  et  la  traduction  plutôt  que  la  conversation.  \'oilà  ])our- 
niioi  le  Conseil  supérieur  a  romjju  avec  les  programmes  de  1905, 
Irop  identiques  à  ceux  des  écoles  ])rimaires  supérieures,  et  leur 
a  substitué  des  directions  plus  sim])les,  laissant  aux  maîtres  plus 
de  liberté  et  assignant  à  leur  enseignement  un  objectif  moins 
utilitaire  et   plus   éducatif. 

(EiXlnnl  du  Décret  el  des  Ai'rètcs  du  ÎS  (kjùI  IU"2U.  jiublics  au 
B.  I.  P.  du  1:i  novembre   WWk 


Ecoles  Priroaires  Supérieures 

l.aiifiut's     riixiiitcs 

De  légères  modilicatious  ont  été  apportées  au  |)i()gramme  pour 
disposer  les  matières  suixant  un  ordie  progressif.  On  étudiera 
d'abord  les  i-éalités  les  plus  proches,  les  actes  de  la  %  ie  indivi- 
duelle (le  corjjs.  le  vêlement,  l'aliment»  :  ceux  du  milieu  social 
le  plus  familier  à  l'enfant,  ceux  (ju'on  i)eut  le  plus  aisément  évo- 
((iiei"  devant  lui  en  prononçant  leur  nom  (.l'enfant  à  l'école,  à  la 
maison  i. 

Puis  l'horizon  s'élai'git:  en  seconde  année,  on  étudie  la  ville  et 
la    campagne,    les    métiers,    la    nature. 


N'OTKS    KT    IXU  l MP.NTS  117 

En  troisicim-  année,  on  s"élève  aux  i)i()l)lèmt's  abstraits  et  Ton 
apprend  non  seulement  le  vocabulaire  usité  dans  la  langue  cou- 
rante mais  celui  de  la  langue  industrielle  et  commerciale  dont 
les  élèves  des  écoles  primaires  supérieures  auront  souvent  à  se 
servir. 

La  méthode  à  suivre  dans  l'enseignement  des  langues  vivantes 
demeure   celle    que    recommandaient    les    instructions   de    1909. 

{.Extrait    du    licvrel    et    des    Arrêtés    du    1S    (tout    1920) 


Appel  aux  professeurs  de  langues  vivantes  ayar)t 
ei)seigi)é  à  Tétraoger 

J'adresse,  par  la  voie  du  Bulletin,  un  ajipel  à  tous  ceux  de  mes 
collègues  de  Langues  \'ivantes  qui,  ayant  interrompu,  j)our  rai- 
sons d'études,  leur  carrière  en  France  pendant  une  ou  plusieurs 
années,  ont  exercé  des  fonctions  d'enseignement  public  à  l'étran- 
ger, et  qui,  pendant  ce  laps  de  temps,  ont  été  mis  en  congé  sans 
traitement,  de  telle  sorte  que  leurs  années  d'enseignement  à 
l'étranger  ne  sont  pas  comptées  par  l'administration  dans  le  cal- 
cul de  leurs  annuités  de  service.  Il  s'agirait  de  trouver  un  député 
qui  s'intéresserait  à  notre  sort  et  qui  déposerait,  sur  le  bureau  de 
la  Chambre,  une  proposition  de  loi  tendant  à  assurer,  par  la  récu- 
pération de  ces  années  de  service  à  l'étranger,  une  satisfaction 
qui  nous  a  été  refusée  jusqu'ici,  malgré  nos  efforts  individuels. 
L'.\ssociation  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes,  par  l'organe 
de  son  Président,  M.  Veillet-Lavallée,  s'offre  à  se  mettre  en  cam- 
pagne pour  soutenir  notre  légitime  revendication.  11  importe  donc 
de  nous  unir  et  de  nous  concerter  pour  la  rédaction  d'une  note 
—  aussi  brève  que  possible  f-  qui  serait  remise,  à  titre  de  docu- 
ment, à  un  membre  du  Parlement.  En  conséquence,  je  recevrai 
avec  plaisir  toutes  les  suggestions  que  les  collègues  intéressés 
voudront  bien  me  communiquer  à  ce  sujet,  et  je  les  prie  de  me 
faire  parvenir,  avec  leur  nom  et  leur  adresse,  l'indication  :  1°  de 
leurs  fonctions  actuelles  ;  2"  des  fonctions  qu'ils  occupaient  en 
France  lors  de  leur  mise  en  congé  ;  3"  des  fonctions  remplies 
par  eux  dans  l'enseignement  à  l'étranger  ;  4"  du  temps  passé 
dans   la   position    de   congé    sans    traitement. 

Jules     DODANTHUN, 

Professeur  d'anglais  au  Lycée  de  Nevers, 
Ex-assistant    français    à    Glasgow. 


Mouvement  du  Personnel 


Universités  d'Aix-Marseille  et  de  Strasbourg 

M.  Mazon,  docteur  es  lettres,  chargé  de  cours  de  langues  et  lit- 
tératures slaves  est  nommé  professeur-adjoint  à  la  Faculté  des 
Lettres  de  l'Université  de   Strasbourg. 

M.  Spenlé,  professeur  de  littérature  étrangère  à  la  Faculté  des 
lettres  de  l'Université  d'Aix-Marseille,  et  M.  Lévy-Sée,  professeur 
de  littérature  allemande  contemporaine  à  la  Faculté  des  lettres 
de  l'Université  de  Strasbourg,  sont  autorisés  à  faire  échange 
d'enseignements   pendant   Tannée   scolaire   1920-1921. 

M.  Lévj'-Sée,  professeur  de  littérature  allemande  à  la  Faculté 
des  lettres  de  l'Université  de  Strasbourg,  chargé  d'assurer  l'en- 
seignement de  la  littérature  étrangère  à  la  Faculté  des  lettres  de 
l'Université  d'Aix-Marseille,  est  chargé,  en  outre,  pour  l'année  sco- 
laire 1920-21  d'un  cours  annexe  de  littérature  allemande  à  la 
Faculté  des  sciences  de  ladite  Université,  en  remplacement  de 
M.  Spenlé,  délégué  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de 
Strasbourg. 

Université  de  Bordeaux 

M.  Saurai,  docteur  es  lettres,  professeur  au  lycée  de  Bordeaux, 
est  nommé,  pour  l'année  scolaire  1920-21,  maître  de  confé- 
rences de  langue  et  littérature  anglaises  à  la  F"aculté  des  lettres 
de    rUniversité    de    Bordeaux    (cmph)i    nouveau). 

Université  de  Grenoble 

M.  Luchaire,  Inspecteur  général  de  l'Instruction  Publique,  an- 
cien prof,  de  langue  et  littérature  italiennes,  est  nommé  profes- 
seur honoraire.  —  M.  Ronzy,  agrégé  d'italien  chargé  d'un  cours 
de  langue  italienne  et  littératures  italienne  et  française  compa- 
rées (Fondation  de  l'Université  de  Grenoble),  est  chargé  pour 
l'année  scolaire  1920-1921,  d'un  cours  de  langue  et  littérature 
italiennes  (chaire  d'Etat,  vacante).  —  M.  François-Vcrnols,  prof, 
au  lycée  de  Grenoble,  est  chargé,  en  outre  pour  l'année  scolaire 
1920-1921,  de  deux  conférences  par  semaine  de  langue  anglaise, 
en    remplacement   de    M.   Baujard,    uomnié    à    Paris. 

Université  de  Lille 

M.  Lirondelle,  professeur  de  langue  et  littérature  russes  (fon- 
dation de  l'Université),  est  chargé,  en  outre,  pour  l'année  sco- 
laire 1920-21,  d'une  conférence  complémentaire  de  civilisatio<n 
russe. 

Université  de  Montpellier 

M.  Catel,  professeur  au  lycée  de  Montpellier,  est  chargé  en 
ou^^e,  pour  l'année  scolaire  1920-1921,  de  faire  par  semaine  à  la 
Faculté    des    lettres,    trois    conféifMues    de     langue     et     littérature 

anglaises. 


MOUVEMENT  Dl  PERSONNEL  119 

Ecole  Norn)ale  de  Sèvres 

Miles  :  Wcilkr,  prof,  ail..  Ecole  N.  de  Sèvres  et  lycée  Jules- 
Ferry,  est  nommée  à  l'E.  N.  de  Sèvres  et  à  l'Ecole  d'application 
annexée  ;  Scott,  prof,  d'angl.,  à  PE.  X.  de  Sèvres  et  au  lycée 
•Iules-Ferry,  est  nommée  à  l'E.  N.  de'  Sèvres  et  à  l'Ecole  d'appli- 
cation annexée,  et  maintenue  à  .Iules-Ferry. 

Lycées  de  la  S^iO^  et  de  la  $zirie-et-Oise 

\o7iiin<itions  :  MM.  Uelpy,  csp.,  de  Hayonne  à  Carnot  et  Miche- 
lel  ;  Digeon,  angj.  petit  C-ondorcet,  chargé  suppl.,  grand  Condorcet 
pendant  la  durée  de  la  mission  confiée  à  M.  d'Hangest  ;  Ponge, 
angl.,  petit  Contlorcet,  chargé  suppl.  grand  Condorcet  pendant  la 
durée  de  la  Mission  confiée  à  M.  Desclos  ;  Chahas,  ail.,  de  Vol- 
taire à  Condorcet  ;,  Baude,  angl..  délégué  de  Montaigne  à  St-ouis 
pendant   la  durée   du  congé   accordé   à   M.  Camerlynck. 

Mlles  Fialip,  angl.,  chargée  suppl.  petit  Condorcet  ;  Richer  angl., 
chargé  suppl.  petit  Condorcet  ;  Auriac,  esj).  de  Montpellier  à  Jules- 
FeFry  et  Racine  ;  Duponts,  angl.,  de  Bordeaux  à  Lamartine  et 
Fénelon  ;  Perrenoud,  angl.,  de  Bordeaux  à  St-Germain-en-Laye  ; 
Cathelin,  italien,  de  Grenoble  à  Fénelon  et  .Iules-Ferry.  Mme  Gué- 
ritot,   ail.,   de  Nancy  à  .lules-FerrA-  et   St-Germain-en-Laye. 

Congés  :    MM.   Cart,    ail.,   Henri-lV,    du    l"   octobre     1920     au    31 
mars   1921   ;   Camerlynck,   angl.,   St-Louis,   du   13  juillet   1920  au   12 
juillet    1921  ;   Hesnard,   ail.,   Charlemagne,   du    l"   octobre   1920   au' 
31   mars   1921. 

Lycées  des  départen()ei)ts 

Nominations  :  MM.  Boycr,  ail.,  de  Chambéry  à  Amiens  ;  Séné- 
chal, agr.  ail.,  de  l'E.  P.  S.  de  Lyon,  au  lycée  de  Chambéry  ; 
Marsigny,  lie.  es  lettres  (angl.)  est  délégué  Bastia  ;  Dottin,  agr. 
angl.,  nommé  Belfort  ;  Guérin,  ail.,  du  collège  de  Maubeuge  au 
lycée  de  Chartres  ;  Callais,  ail.,  chargé  suppl.  Laon  ;  Denis,  esp., 
délégué  Bayonnel  ;  Adam,  angl.,  maintenu  délégué,  Bourges  ; 
Berthé,  italien.  d'.\ix  à  Nice  ;  Paolantonacci,  italien,  -du  collège 
de  Thonon  au  lycée  de  Digne  ;  Colomb,  ail.,  délégué  Chartres  ; 
Proust,  ail.,  chargé  suppl.  Grenoble  ;  Merle,  agr.  angl.,  du  collège 
de  Mende,  nommé  au  lycée  Lorient  ;  Ruche,  ail.,  chargé  suppl-, 
Bastia  ;  Riey,  angl.,  délégué  Bordeaux  ;  Vaillaudet,  E.  P.  S.  de 
Nancy,  est  délégué  ail.,  Grenoble  ;  Gaubert.  chargé  cours  d'ail., 
le  Mans  ;  Maurice,  ail.,  de  collège  Bernay,  ch.  de  cours  au  Mans  ; 
Berthé,  précédemment  nommé  italien,  Nice,  est  maintenu  sur  sa 
demande  à  Aix  ;  Mercier,  arabe,  nommé  Alger  ;  ^Trey,  ail.,  collège 
St-Gaudens,  est  chargé  suppl.,  Laon  ;  Santelli,  ail.,  est  affecté 
aux  établissements  d'ens.  second.  d'Alsace  et  de  Lorraine  ;  Blanc, 
ancien  prof,  ail.,  Bordeaux,  est  affecté  aux  établissements  d'ens. 
second.  d'Alsace  et  de  Lorraine  ;  Guérin,  ail.,  du  collège  de  Mau- 
beuge à  Chartres  ;  Bescon,  angl.,  délégué  Laval  ;  Voize,  ail., 
nommé  Chartres  ;  Griffon,  ch.  de  cours  d'ail,  de  Lille  à  Vesoul  ; 
Carrouée,  1.  v.,  collège  de  Thiers,  chargé  suppl.  ail.,  Nevers  ;  Gau- 
bert, ch.  cours,   d'ail.,  Belfort,   nommé   le   Mans. 

Mlles  Lelarge  d'Ervau,  déléguée  suppl.  angl.,  lycée  garçons. 
Angers  ;  Gautray,  angl.,  déléguée  lycée  garçons,  Alençon  ;  Soyer, 
angl.,  déléguée  lycée  garçons,  Alençon  ;  Racloz,  angl.,  déléguée 
lycée   de   garçons,    Belfort  ;    Bonérandi,    angl.,   déléguée   lycée    gar- 


120  LES    LANGUKS    MODICHM.S 

çons.  Moulins  ;  Gukowski,  anglais,  déléguée  lycée  garçons 
St-Oraer  ;  Liron,  angl.,  du  lycée  de  garçons  d'Alger  à  celui 
de  Nice  ;  Procureur,  déléguée  angl.,  lycée  garçons,  Chartres,  est 
chargée  suppl.  1.  v.,  Chartres  ;  Fabin,  chargée  cours  lettres  et 
angl.,  Quimper  ;  Gouverd,  angl.,  du  collège  de  Bône,  nommée 
ch.  de  cours  aux  cours  secondaires  de  jeunes  filles,  Gap  ;  Feytens, 
déléguée  angl.,  du  lycée  de  garçons  de  Constant ine  à  celui  de 
Troyes  ;  Beneteau,  oh.  cours  d'angl.,  du  Ijcée  de  jeunes  filles  au 
lycée  de  garçons  d'Alger  ;  Lavertujon,  ch.  cours  d'esp.  à  Bordeaux, 
est  déléguée  maîtresse  ch.  cours  d'esp.,  même  lycée  ;  Hatoux 
(licenciée  es  lettres  anglais),  déléguée  lycée  garçons,  Cahors  ; 
Henriet,  angl.,  déléguée  lycée  garçons,  Belfort  ;  Estève,  angl., 
déléguée  Ijcée  garçons.  Bourg  ;  Domec,  ail.,  déléguée  lycée  gar- 
çons, Bastia  ;  Lapierre,  angl.,  déléguée  lycée  garçons,  Bastia  ; 
lAoux,  angl.,  déléguée  lycée  gaTçons,  Troyes.  —  Machot,  angl., 
déléguée  Ij'cée  garçons,  Bourg  ;  Lenoir,  ail.,  des  cours  secondaires 
de  Belfort  à  Nancy  ;  Duman,  angl.,  suppl.,  Grenoble,  y  est  main- 
tenue pendant  l'année  scolaire  1920-1921  ;  Erhardt,  ail.,  suppl.  à 
Clermont-Ferrand,  y  est  nommée  ;  Roux,  suppl.  à  Langres,  y  est 
maintenue  suppl.  pour  l'année  scolaire  1920-1921  ;  Lévj',  ail.,  est 
nommée  Lons-îe-Saunier  ;  Regnault,  ail.,  du  collège  au  lycée  de 
(Hiarfres  ;  Marcourel,  ail.,  collège  d'Avignon,  est  nommée  ch.  de 
cours  au  lycée  d'Avignon  ;  Friedolsheim,  alL,  directrice  adj.  à 
Strasbourg,  est  nommée  prof,  à  Charleville  ;  Cru,  ch.  cours 
d'angl.,  au  Ij'cée  Longchamp,  Marseille,  en  congé,  est  autorisée  à 
reprendre  son  poste  ;  Deschamps,  anglais,  déléguée  suppl.,  lycée 
.de  garçons.  Bourg  ;  Gallois,  ch.  cours  d'angl.,  Orléans,  en  congé, 
est  autorisée  à  reprendre  son  poste  ;  Bory,  angl.,,  de  Lille  à 
.Alger  ;  Valeris,  angl.,  de  Niort  à  Bordeaux  ;  Leurre,  angl.,  nom- 
mée Niort  ;  Nazon,  angl.,  de  Caen  à  Bordeaux  ;  Chauvet,  angl., 
du  collège  de  St-Germain-en-Laye,  à  Caen  ;  Chalmel,  angl.,  nom- 
mée St-Quentin  ;  Boscq,  angl.,  nommée  Quimper  ;  Farcnc,  agr. 
angl.,  du  collège  au  lycée  de  Cahors  ;  Fournie,  angl.,  du  collège 
de  Villeneuve-sur-Lot  à  Marseille,  en  suppl.  ;  Lunier,  angl.. 
déléguée  ch.  de  cours  à  Lons-le-Saunier  ;  Simon,  ch.  de  cours 
d'angl.,  de  Tournon  à  Nancj'  ;  Dosmond,  ch.  de  cours  d'angl.,  de 
Nancj-  à  Tournon  ;  Pomès,  déléguée  Jules-Ferry  (Paris),  est  nom- 
mée esp.,  Bordeaux  ;  Lafont,  italien,  de  Bourg  à  Grenoble  ; 
Desanti,  ch.  de  cours  d'italien,  en  suppl.  à  Bourg,  y  garde  les  mê- 
mes fonctions  pour  l'année  scolaire  1920-21  ;  Cézanne,  italien, 
du  collège  au  lycée  d'Avignon.  Mmes  Hanotaux,  ail..  Le  Havre, 
en  congé,  est  autorisée  à  reprendre  son  poste  ;i  Bianconi,  ail., 
suppl.  à  Nancy,  y  est  nommée  ;  Janin,  angl.,  nommée  Lille  ; 
Huot-Sordet,  angl.,  du  collège  au  lycée  d'Avignon  ;  Dupont-Gou- 
pillon, angl.,  du  collège  au  lycée  de  Chartres  ;  Raniaud,  ch.  de 
cours  d'angl.,  déléguée  lycée  garçons  de  Versailles,  est  chargée 
suppl.  à  Brest  ;  Michel,  esp.,  du  collège  de  Béziers  à  Montpellier  ; 
Moreau.  angl.,  du  collège  de  Laval,  est  déléguée  lycée  garçons  à 
Chartres;  Beneteau,  ch.  cours  d'angl.,  du  lycée  de  filles  au  lycée 
de  garçons  d'Alger  ;  Rouliès,  angl.,  déléguée  suppl.  lycée  gar- 
çons de  Cahors. 

Congés  :  MM.  Bonnet,  ch.  de  cours  d'angl.,  .Angers,  du   1"'   octobre 

1920  au  31  mars  1921  ;  Schmitt.  ail..  .Alger.  1920-1921  ;  Caminade. 
angl.,  Alger  (Mustapha),  justju'au  :îO  septembre  1921  ;  Yvon. 
nngi.,  Caen.  jusqu'au  30  septembre  1921  ;  Casati,  angl.,  Cham- 
béry  ;  Coulel,  angl.,  Chartres  ;  Touzol,  ail..  Lvon  :  Cordier. 
ail.,    St-Quentin  ;    Lote,    ail.,    Troyes,    pendant    l'année    scol.     1920- 

1921  :  Hirtz,  ail.,;  Poitiers  ;  Gillard,  ail.,  Toulouse,  jusqu'au  30 
sept.  1921. 


MOIVFMKNT    Pf    PF.HSONNEL  121 

Uoiinnuuiln  :  MM.  Mîiijaull.  aiiiicii  prof,  il'aiiî^l..  Tours  ;  \x 
(ial,   ancien    prof,   d'aiigl.,    Koricnt. 

Fointionimires  dëlachés  :  MM.  Maiiiiio.  ail..  X'csoul,  est  mis 
pour  5  ans,  à  dater  du  1"^  octobre  lO'iO,  à  la  disposiiton  de  la 
C.oniMiission  Interalliée  des  territoires  rhénans  ;  Voize,  ail., 
N'endônie.  est  mis  pour  5  ans  ù  Ja  disposition  du  Comité  national 
d'études  sociales  et  |)olitiqiies.  45,  rue  d'I'hn,  Paris  ;  Schufle- 
neclter,  ail.,  le  Mans,  est  mis  pour  5  ans  à  dater  du  l*""^^  octobre 
1!)20,  à  la  dispositit)n  du  Ministre  des  Colonies,  pour  exercer  les 
fonctions  de  prof,  au  lycée  de  la  Héunion  ;  F.ambert,  ail., 
Aurillac,  est  mis  pour  5  ans  à  la  disposition  du  .Ministre  des 
XTaiies  étrangères  pour  exercer  les  ftnictions  de  prof,  au  lycée 
français  de  Madrid  ;  Uoustan,  cb.  de  cours  d'esp.,  .Montpellier,  est 
mis  poui'  3  ans  à  la  disposition  du  .Ministre  des  .AtTaires  étran- 
gères pour  exercer  les  fonctions  de  pr«)f,  au  lycée  français  de 
.Madi'id  ;  Buriot,  ail.,  .Moulins,  est  mis  pour  5  ans  à  la  disposition 
du  Ministre  des  .Affaires  étrangères  |)our  exercer  les  fonctions 
de  prof,  à  Iccole  «le  (>ha'teaubriand,  à  Home  ;  Lewtow.  ail., 
A'csoul,  mis.  pour  ô  ans.  à  la  disposition  du  Ministre  des  .Affaires 
l'ti'angèrcs,  comme  prof,  à  l'rague  ;  Mauilressy,  angl..  .Aix.  mis 
pour  5  ans  à  la  disposition  du  .Ministre  des  (iolonies,  comme  prof. 
St-Denis  (Héunion)  ;  .Moulinior,  angl.,  St-Ktienne  mis  pour  .ô  ans 
à  la  disposition  du  Nfiuistre  dos  .Affaires  étrangères  comme  tra- 
ilucteur    des    radiotélégrammes    de    son    département. 

Collèges 

Xoiniiuitioiis  :  M^^.  Oberlé,  cbargé  provisoirement  ita'ien  au 
lycée  Gap,  est  nommé  principal,  provisoirement,  .Aubusson  ; 
Remlinger.  délégué  lettres  et  ail..  Mortain  ;  Bosc,  est  délégué  let- 
tres et  ail..  Fécam|)  :  Larroque,  angl.,  et  esp.,  Sarlat,  nommé 
angl.,  IJbourne  :  Lorenzi.  répétiteur  la  Afure,  délégué  lettres  et 
italien,  Cortc  ;  Letonturier,  délégué  lettres  et  angl.,  de  Valognes 
à  .Autun  ;  Schneider,  de  Harr  est  délégué,  lettres  et  ail..  Pontar- 
lier  ;  Houichère.  lettres  et  ail.,  de  (lonfolens  à  Barbczieux  ; 
Cathaly,  lettres  et  all„  du  Blanc  à  (^onfolens  ;  Vérines,  lettres  et 
esp..  ilélégué,  Blayo  ;  Beynaud.  lettres  et  ail.,  délégué  St-Yrieix  ; 
(louilbers,  adj.  (^liarlemagne,  nommé  lettres  et  esp.,  Bagnères-de- 
lîigorre  ;  Casablanca,  surv.  général,  lycée  Constantinc,  délégué 
lettres  et  italien.  Bône  ;  Lebeau,  lettres  et  ail.,  délégué  Maubeuge  ; 
Cabanes,  lettres  et  ail.,  de  la  Mure  à  St-Gaudens  ;  Xeyton,  let- 
tres et  ail.,  de  Luxeuil  à  la  Mure  ;  .lauze.  répétiteur,  Gaillac, 
délégué  lettres  et  esp.,  Castelnaudary  ;  Bars,  répétiteur  Lille, 
délégué  lettres  et  angl.,  Dieppe  ;  Ferdinand,  répétiteur,  Lisieux. 
délégué  lettres  et  angl.,  Chàlons-sur-Marne  ;  Fournet.  répétiteur 
.Mauriac,  délégué  lettres  et  ail.,  Sillé-le-Guillaume  ;  Arrighi, 
délégué  lettres  et  italien,  .Ajaccio  ;  Chelle,  lettres  et  angl., 
d'.Agde  est  délégué  Béziers  ;  Lyotard.  lettres  et  ail.,  d'.Auxoune 
à  Tlcmcen  ;  Dupont,  nommé  lettres  et  angl.,  Meaux  ;  Truxillo, 
délégué  lycée  la  Guadeloupe,  délégué  angl..  Romorantin  ;  Maury- 
Nègre,  ch.  cours  d'angl.,  Bastia.  nommé  lettres  et  angl.,  Corte  ; 
Baudouin,  inst.-adj.,  Nice,  délégué  letties  et  italien,  Sisteron  ; 
Callais,  en  congé,  délégué  ail.,  de  Bauïiie-les-Damcs  à  Beaune  ; 
Ktchegoin,  délégué  lettres  et  esp.,  Blaye  ;  Blériot.  lettres  et  angl., 
délégué  de  Soissons  à  Calais  ;  Cutfi,  délégué  lettres  et  esp.. 
Cognac  ;  Pages,  lettres  et  angl.,  délégué  de  Cassel  à  Condé-s.-Es- 
caut  ;  Dayre,  délégué  lettres  et  italien,  Driançon  ;  Berriot,  prof, 
au    Cateau,  y    est    nommé,   lettres    et    ail.  ;    Somme,    surv.  d'int.    au 


122  LES    LANGUES   MODERNES 

lycif.  Nancy,  di-lègut-  lettres  et  aiigl..  Longvy  ;  Fischer,  lie.  ail., 
délégué  lettres  et  aiigl.,  Verdun  ;  p-errié,  répétiteur  lycée  Ageu, 
m  mille  lettres  et  angl..  St-.Marcellin  ;  LalTaye,  lettres  et  esp., 
délégué  de  Lodève  à  Béziers  ;  Lignières,  letti'es  et  esp.,  délégué 
de  Pézenas  à  Lodève  ;  Humilieii,  lettres  et  esp.,  de  Béziers  à 
l'ézeiiaH  i;  Chabert,  Lons-le-Saunier,  délégué  lettres  et  all„  Beau- 
fort  :  Chauchard,  lettres  et  ail.,  de  Fécanip  à  Romaus  ;  Mahdad, 
délégué   lettres   et   arabe,  Mostaganem. 

.Mnies  .Audouin,  agr.  ail.,  nommée  sur  sa  demande  eh.  cours 
de  lettres  à  Poitiers  ;  Baudot,  ail..  Langres,  en  congé,  est  autori- 
sée à  reprendre  sou  poste  ;  Michel,  angl.,  suppl.  à  Grasse,  r  est 
nommée  ;  Bénéteau,  angl.,  déléguée  lycée  Alger,  nommée  cours 
r^ccondaires,   Philippe\ille. 

Mlles  Estève.  angl.,  ex-déléguée  lycée  garçons,  Lyon,  nommée  Epi- 
nal  ;  Gerniche,  angl..  d'Epinal  à  N'evers  ;  Perret,  angl.,  ex-délé- 
guée lycée  garçons.  Bourg,  est  nommée,  en  suppl.,  Epernay  ;  Cury, 
répétitrice.  Dieppe,  nommée  angl.,  Laval  ;  Arbenz,  ex-déléguée 
ail..  Sézanne.  nommée  lettres  et  alL,  Dunkerque  ;  Tocquard.  ail., 
nommée  Epinal  ;  Mathias,  ail.,  ex-déléguée  collège  garçons, 
Lodève,  nommée  lettres  et  alL,  Dunkerque  ;  Cahour,  lettres  et 
angl.,  Dinan,  en  congé,  est  autorisée  à  reprendre  son  poste  ; 
Thieulin,  angl.,  suppl.,  Dinan,  nommée  Coutances  ;  Fournies, 
suppl..  lycée  Longchamp,  à  Marseille,  nommée  Villeneuve-sur- 
Lot  ;  Troude,  angl.,  de  (juimper  à  .Avranches  ;  Caron,  angl.,  de 
Pamiers  à  Tarbes  ;  Leyrisse,  angl.,  en  congé,  nommée  à  Pamiers  ; 
Goisey,  ch.  cours  d'angl.,  en  suppl.,  à  Dreux,  y  est  nommée  ; 
Hebmann.  angl..  chargée  cours  d'angl.,  aux  cours  secondaires  de 
.T.  F.  de  Montélimar,  y  est  nommée  ;  Mesplc,  angl.,  Cholet,  en 
congé,  est  autorisée  à  reprendre  son  poste  ;  Welsch,  ch.  de  cours 
d'angl.,  à  Oran,  en  congé,  nommée  Armentières  ;  Sibon,  angl.,  ch. 
de  cours  d'angl..  aux  cours  secondaires  de  Toulon,  est  nommée 
au  collège  ;  Denis,  angl..  nommée  Villeneuve-sur-Lot  ;  Richaud, 
es])..  de  Castres  à  Béziers  ;  Salembien,  esp.  ex-déléguée,  collège 
garçons.  Cognac,  nommée  Castres  ;  Mme  Roy,  esp.,  inst.  lycée. 
Bordeaux,  nommée  Da.x  ;  Mlles  Fauré,  esp.,  nommée  Castres  ; 
Richaud,  esp.,  de  Castres  à  Béziers  ;  Gaulle,  angl.,  en  congé, 
nommée    Fécanij)  ;    Feytens, 

('oii(/és  :  M.  Ricaud,  délégué  lettres  et  angl..  Tarascon,  du  1" 
octobre  1920  au  31  mars  1921  ;  Mme  Ijongue,  ancien  prof,  d'angl., 
à   Grasse,   pendant    l'année   scolaire    1920-1921. 

FonciioniKtircs  dclachés  :  MM.  Monbouyran,  délégué  lettres  et 
ail..  Mortain,  est  mis  à  la  tlisposition  du  Ministre  des  .Affaires 
étrangères  pour  .5  ans,  i)our  occuper  un  emploi  de  prof,  de  collège 
au  Maroc  ;  Pons,  lettres  et  esj).,  Tanger,  est  mis  à  la  disposition 
i\u  Ministre  des  .Affaires  étrangères  i>eiulant  une  nouvelle  périoiie 
de  .')  ans,  |)our  occu|)er  un  emi)loi  de  professeur  dans  les  cadres 
àvi    Protectorat    français    i\u    ;\Iaroc.. 

Relniile  :    M.    Schcvulaub,    alL,    Brioude. 


Ecoles  PriiT)aire5  Supérieures 

\oiinniitions  :  M.M.  .Laurent,  inst.  à  Paris,  nommé  lettres  eL 
angl.,  .Amiens  ;  Leroy,  inst.  à  ('.(uirgains  (Sarthe),  clélégué  ))en- 
dant  l'année  scolaire  1920-1921.  inst.  adj.  (lettres  et  angl.\  à  Sée.s  ; 
Charpentier,  inst.  f»  Charle\ille.  délégué  pendant  l'année  scolaire 
192(I-I92L  inst.  adj.  (lettres  et  alLi,"  .'i  Rethel  ;  Barrey,  inst.  h 
Luxeiiil.  \  est  délégfié  pendant  l'année  scolaire  1920-192!.  inst. 
adj.    (lettres   cl    ail.). 


MOI  vi.mi:m    1)1    pi.us()nm:i.  12;> 

.MiiK's  I.c  .M;iij{ic.  cil  i-oiigc,  iiommoc  tantiJ.i  (liiinjiJinil)  ;  Croii- 
sjilac,  cx-intciiinitirc  à  l'K.  N.  (rinslitutciirs  de  Tulle,  déléguée 
l-eiidant  raiiuée  scolaire  192(»-H»2l,  inst.  adj.  (lettres  et  angl.), 
à  Tulle  ;  Mlles  Houvcl.  niaîlicssc  aux.,  Aix-eu-Provcuce,  est  dclé- 
};uée  i)eudant   raniiée  scolaire  1ÎI'J<»-1!)21,  inst.  adJ.  (lettres  et  angl.), 

;.      iAi.n  rf  11  :  .f  ti  -wi    •      l.*.*!!  :  1 1  •!  f  •!  /I  i        •*>        I  i  1  /' iiixi  11         11  i^titi  111  /wt       f  fi  11  tri    \         Ù 


-<11>- 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  Vir,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
(le  GO  lettres.  Pour  les  n^embres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  0  fr.50  la  ligne. 

1.  Le  Collège  de  \'aiognes  (près  de  Cherbourg)  reçoit  élèves  français 
et  anglais.  Climat  doux  et  sain.  Vastes  locaux,  jardins,  à  proximité  de 
la  mer,  sur  la  grande  ligne  Paris-Cherbourg.  Préparation  aux  divers 
examens.  Ecrire  au  Principal,  .M.  P.  Denis,  Agrégé  de  l'Université. 

2.  Correspondance  Interscolaire  :  Les  professeurs  d'anglais  dési- 
reux de  procurer  à  leurs  élèves  (garçons  on  filles)  des  correspondants 
(le  langue  anglaise  sont  priés  de  s'adresser  au  plus  tôt  à  Miss  Slieehan- 
Dare,  Alexandre  Ilouse  Scliool,  Hatpeld,  IJerts.,  qui  se  fera  un  plaisir 
de  leur  donner  satisfaction. 


->o<- 


Lc  Gcranl  :  A.  Coueslant. 


cvHORS,  IMP.  COUESLANT  (persoîmel  intéressé).  —  23.787 


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LIBRAIRIE    CHAPELOT 

136,  Boulevard  Saint-Germain^  PARIS,  Vi'  (même  Maison  à  Hansy) 


Vient  de  paraître  : 


RECUEIL 


DE 


Documents  Militaires 
Allemands 

DE  LA 

GRANDE    GUERRE 
1914  -  1918 

Publiés  pour  la  première  lois 
avec  rautorisation  du  Grand  Quartier  Généra! 

A  l'usage  des  Ecoles  Militaires  et  Etablissements  Secondaires 
des  Officiers,  des  Interprètes  et  Aspirants  de  toutes  armes 

Par   lOfficier-Interprète  GRIFFON 

Professeur  à  l'Ecole  Sf-é^i^iU  Mililaiie  de  Saint-dyi  et  au  Lycce  Je  Lille 


Accompagnés  d'Introductions  et  de  Commentaires  tactiques 

Par  le  Commandant  breveté  MÉRA 

Je  il-ltat-Majoi    Je  l'Armée 

Préface  du  Général  DE  MAUD'HUY 

Ouvrage    pourvu    d'un    LEXIQLJK   ALLEMAND-FRANÇAIS   des    termes   milit;iire6l 
et  de  nombreux  CROQUIS  et  CARTES  D'ETAT-iMAJOR 

rgio.  —   I  vol.  in-S".  Prix,  m;ijoralion  comprise 12  îr. 


Dix-neuvième  année.  —  N*  2  i5  Avril  1921 


Les 


Langues  Modernes 


A.^%rîssi   IrÈrkt^OT'ta.rxt 


Le  Secri'laire  Gênerai  (H.  Skuvajican,  professeur  au  lycée 
St-Louis,  132,  avenue  du  Maine,  XIV'.i  et  In  Trcsnrière  prient 
instamment  leurs  collègues  de  leur  signaler  leurs  changements 
(l'adresse  (indiquer  autant  que  possible  le  domicile  personnel». 
ou,  s'il  y  a  lieu,  de  situation,  non  seulement  afin  d'éviter  la  perle 
de  la  renne,  mais  aussi  en  vue  d'établir  l'Annuaire  de  rAssocia- 
tion  pmir  1921. 

La  Trésoricre  (Mlle  Ledoux,  30,  R.  Chevcrt,  Paris  T')  rappelle 
aux  membres  de  rAs.'>ociation  qu'un  compte-courant  de  chèques 
l)Ostau.v  lui  est  ouvert  sous  le  n"  151-11  par  le  bureau  de  l'aris. 
Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant  de 
leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  titre  de 
reçu  le  talon  du  chèque  ;  un  Iraimil  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,  ainsi   qu'à   la   Société   des  frais   de   correspondance. 


Les  Régionales  de  Bordeaux,  Poitiers,  Lille,  Aix-Marseille, 
Lyon,  Clermont-Ferrand,  Nancy,  Toulouse  sont  reconstituées. 
Les  membres  de  l'.Association  qui  sont  du  ressort  de  cbacune  de 
ces  académies,  sont  priés  de  bien  vouloir  envoyer  directement 
leurs  cotisations  à  leurs  trésoriers  respectifs,  dont  la  liste  est  la 
^:uivante  : 

Poitiers  :   AL  Guy,  15,  rue  de  la  Monnaie  ; 

Aix-A[arseille  :  M.  Broche,  Grand  Lycée,   Marseille  ; 

Lyon  :   M.  Legovis,  43,  rue  de  Sèze  ; 

Clermont-Ferrand  :   M.  Botyssy,   Ecole   supérieure  de   commerce; 

Bordeaux  :   M.   Rivoallax,   76,  rue   de   Belleville  ; 

Toulouse  :   M.   Giiaxcer,   7,  rue  du   Japon  ; 

Nancy  :   M.   Petit,   professeur  à   l'E.  P.  S. 

Lille  :    JL  Brocart,   professeur   à  l'E.   P.    S. 


L'ai)onnemcnt  à  Modem  Languages  est  désormais  de  6  shil- 
lings. 

Les  membres  de  l'Association  abonnés  à  la  Revue  Germanique 
sont  informés  que  le  prix  de  l'abonnement  de  faveur  qui  leur  est 
consenti    est   porté,    à   partir   du   V   janvier   1921,    à    seize    francs. 

Ils  sont  priés  de  verser  cette  somme,  en  même  temps  que  leur 
cotisation  pour  1921,  à  Mlle  Ledoux,  trésorière  de  l'Association. 
Ceux  qui  n'ont  pas  encore  payé  leur  abonnement  pour  1914  ou 
1920  voudront  bien  le  faire  par  la  même  occasion.  Ils  sont  ins- 
tamment   priés    d'elTectuer   ces    divers    paiements    dès    maintenant. 

A  ))artir  du  15  mai,  les  abonnements  à  la  Repue  Germanique  et 
les  cotisations  en  retard  seront  jicrçus  par  la  poste  au  nom 
de  la  trésrjricre  de  l'Association  des  Professeurs  d«  langues 
vivantes. 

10. 


Note  du  Secrétaire  Général 


Le  Secrétaire  Général  assume  la  responsabilité  de  ce  nu- 
méro, qu'il  a  dû  rédiger,  à  la  place  de  M.  d'Hangcst,  à  qui  les 
travaux  de  plus  en  plus  absorbants  de  la  Société  des  Nations 
ont   malheureusement   rendu   toute   collaboration    impossible. 


->o<- 


Au  Champ  d'Honneur 


Légion  d'\)Oi)t)eur.  —  Citations 

Nous  adressons  nos  bien  sincères  félicitations  à  nos  collè- 
gues, dont  les  noms  suivent,  pour  leur  nomination  dans 
l'ordre   de   la   Légion   d'Honneur  : 

MM. 

Beleii,  professeur  au  lycée  St-Louis,  interprèle  de  1'"  classe, 
27  ans  de  service,  4  campagnes,  déjà  titulaire  de  la  citation 
suivante  : 

((  Très  dévoué,  a  interrogé  avec  la  plus  grande  conqjétence 
les  jjrisonniers  allemands  et  a  fourni  dei)uis  le  début  de  la 
campagne  les  renseignements  les  plus  précieux  au  comman- 
dement (()7''  l>ivision).   » 

Bloch  (Ernest-Henri),  professeur  d'allemand  au  lycée  Jan- 
son-de-Sailly,  à  Paris,  officier-interprète  de  1'"  classe,  corps 
des  interi)rètes  militaires  de  complément  ;  29  ans  <le  services, 
4  campagnes. 

Le  Forestier,  professeur  à  l'Ecole  Arago,  engagé  volontaire, 
au  début  de  la  guerre,  ainsi  que  son  fils. 

Marchand,  professeur   à   l'Ecole   Arago,   oflicier-interprèle. 

Pinloclie,  ])rofesscur  au  lycée  Michelet. 

Nous  enregistrons  avec  plaisir  la  citation  de  notre  collègue 
Dancliin  : 

Dauchin  (Fernand,  Cbarles.  Cieorges),  professeur  d'anglais 
au  lycée  Faidiierbe.  à  Lille,  sous-lieufenant  au  41''  régiment 
d'infanferie  : 


NKCIiOI.OCIK  127 

«  Modèle  (le  dévoilement  et  de  conscience  ;  a,  depuis  plus 
d'un  an,  i)a\  é  largement  de  sa  personne  dans  des  circonstan- 
ces difliciles  et  des  secteurs  violemment  bombardés,  pour 
assurer  l'exécution  de  son  service  spécial  d'officier  Z.  P.  du 
corps.  »  (Ordre  du  régiment.  —  Rapi)ort  du  Recteur  de 
l'Académie  de  Lille  du  10  février  1921). 


NÉCROLOGIE 


Paul  Dussaud 

Le  31  janvier  dernier,  nous  avons  accompagné  à  sa  dernière 
demeure  notre  collègue  Paul  Dussaud,  professeur  d'allemand 
au  Lycée  de  Clermont-Ferrand.  C'est  une  perte  douloureuse 
que  fait  notre  Association.  Dès  la  fondation  de  la  Section 
Régionale  des  Professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Académie 
de  Clermont,  Dussaud  n'avait  mesuré  ni  son  temps,  ni  sa 
peine  pour  assurer  la  prospérité  de  cette  filiale  de  notre  Fédé- 
ration, aussi  sa  mort  fait-elle  un  grand  vide  parmi  nous. 

Eminemment  sympathique,  Paul  Dussaud  ne  comptait  que 
des  amis.  Jamais  personne  n'avait  en  vain  fait  ajjpel  à  son 
dévouement.  Lorsque  la  guerre  éclata  et  que  le  Lycée  de 
Clermont  perdit  ses  professeurs  les  plus  jeunes,  Dussaud, 
classé  dans  le  service  auxiliaire,  se  mit  à  la  disposition  de 
l'administration  pour  assurer  les  services  qui  restaient  en 
soufïrance.  C'est  ainsi  qu'il  fut  appelé  à  enseigner  en  même 
temps  que  l'allemand,  le  latin,  le  français,  l'histoire  et  la 
géographie.  C'était  une  rude  tâche  ;  Dussaud  l'accomplit 
avec  toute  son  intelligence  et  tout  son  coeur.  Mais  la  guerre 
se  prolongeant,  Dussaud  fut  mobilisé  d'abord  au  IIP  d'in- 
fanterie, puis  au  contrôle  lîostal  à  Lyon.  Rendu  au  Ljxée  en 
1917,  Dussaud  reprit  ses  enseignements  multiples.  Mais  les 
services  du  temps  de  guerre,  tant  civils  que  militaires,  avaient 
déjà  considérablement  fatigué  notre  collègue.  Il  lui  aurait 
fallu  du  repos.  Cependant  ni  les  sollicitations  de  son  entou- 
rage, ni  celles  de  ses  amis  n'avaient  pu  l'arracher  à  ses  clas- 
ses. Honmie  du  devoir,  il  luttait  jusqu'au  bout.  Mais  que  de 
fois,  pendant  les  récréations  d'interclasse,  nous  avons  échan- 
gé nos  impressions  sur  les  fatigues  que  la  Méthode   directe 


128  LES    LANGUES    MODERNES 

impose  au  professeur,  que  de  fois  nous  avons  fait  des  vœux 
pour  que  les  classes  de  langues  vivantes  soient  moins  nom- 
breuses et  n'aient  lieu  que  le  matin.  Une  après-midi  de  no- 
vembre dernier,  pendant  la  courte  récréation  qui  précéda  sa 
dernière  classe,  Dussaud  m'avouait  sa  grande  fatigue  et  il 
se  jDroposait  d'aller  voir  un  médecin  le  soir  même.  Le  prati- 
cien reconnut  immédiatement  la  gravité  de  son  état  et  lui 
ordonna  un  repos  absolu.  Hélas  !  il  était  trop  tard.  Deux 
mois  après,  la  mort  avait  fait  son  œuvre. 

Près  de  la  tombe  de  Dussaud  qu'entourait  une  fouie  éplo- 
rée  d'amis,  de  professeurs  et  d'élèves,  M.  Toiireng,  Inspecteur 
d'Académie,  remplaçant  le  Recteur  absent,  a  retracé,  en  ter- 
mes émus,  les  états  de  service  de  notre  collègue,  puis  il  a 
ajouté  : 

«  Les  vacances  de  1920  avaient  été  impuissantes  à  rétablir 
sa  .santé  compromise  et  cependant,  à  la  rentrée  d'octobre,  il 
voulut  encore,  et  quand  même,  reprendre  le  contact  avec  ses 
élèves.  Cette  fois,  pourtant,  malgré  la  force  de  volonté,  le 
corps  plia,  la  voix  s'éteignit.  L'arrêt  s'imposa,  immédiat.  Le 
cas  fut  jugé  exceptionnellement  grave.  Les  soins  éclairés  des 
praticiens,  la  tendre  sollicitude  de  sa  compagne  n'ont  pu 
rendre  à  son  organisme  les  forces  qu'il  avait  données  dans 
leur  totalité  à  l'enseignement  devenu  pour  lui  un  apostolat. 
Une  telle  mort  est  celle  d'un  vrai  soldat  dans  les  batailles 
de  la  paix.   » 

.1.    ('H.VI'LLXT. 


I 

1 


BULLETIN  DE  L'AS80CiATiOl\ 


Assemblée  Générale  du  6  Janvier  1921  (Suite) 


Nous  nous  exciisdiis  niiprès  de  nos  collègues  de  ne  pouvoir 
publier  que  dans  ce  numéro  la  suite  des  procés-verhaux  des 
séances  i\u  6  et  du  13  janvier  1921.  (le  retard  est  dû  à  une  erreur 
de  la   poste   dans   la    transmission  des    manucrits. 

Elections  au  Con)lté 

l.e  dépoiiillemeiit  di\  scrutin  pour  lequel  MM.  (i.  liiitz,  Milliot- 
Madéran  et  Veillet-Lavalléc  avaient  bien  voulu  se  Joindre  â 
M.   Blocli    a    eu   lieu   aussitôt    après   l'Assemblée   générale. 

l*;n    \()ici    les    résultats  : 

N'ombre  de  votants  :  144.  —  Bulletins  nuls  :  i;{  (1;.  —  Oui 
ol)lenu. 

Lycées    (h'   (itirrons 

.MM.  Servajeaii  112  voix,  Heley  110  v.,  Demolon  8.")  v.,  Gœttschy 
(il   V.,   Lalou   62   v.,    Saroïhondy   77   v. 

Enseignenient   seconddire   féminin 
Mlles    Boussinesq    100   voix.   Maître   83    v.,   Weill    91    v. 

Collèges   (le    gurçons 
M.M.   Caillet    100    voix,    Hirtz  Georges  97    v. 

Enseignement  primdire,  commercial  et   lechni<iiic 
MM.  Ik'c    111   voix,  (ioiquaud    72   v.,  Kiihn   69   v. 

D'autre  part,  ont  obtenu  :  M.  Gourio  23  voix,  M.  Camerlynck 
20  voix,  M.  Pierre  Legouis  4  voix,  M.  Dupré  3  voix.  Mlle  Bigoudot, 
Mme  Camerlynck,  Mme  Douad\-,  Mlle  Mathieu,  chacune  2  voix  ; 
MM.  Becker,  Berthet,  Bourgogne,  Burghardt,  Dessagnes,  Desvi- 
gnes, Dibie,  Duchemin,  Gilet,  Guérold,  G.  Hirtz,  Malaisée,  Mallet, 
Malye,  Mlle  Michel-Briand,  MM.  Monguillou,  Muret,  Paoli,  Ravizé, 
Roche,  Roussel,  SchaefTcr,  Vincent,  Veillet-Lavallée,  chacun 
1    voix. 

Par    application    de    l'article    9    des     statuts     et     du     règlement 


0)  Gts  bulletins  qui  contenaient  plus  de  12  noms  ont  dû  être 
annulés.  D'autre  part,  un  bulletin  arrivé  le  7  janvier  n'est  pas 
entré  en  ligne  de  compte. 


130  LES    LANGUES    MODERNES 

adopté  par  le  Comité  dans  s:i  sôimce  du  29  octobre  1911  ont  été 
élus  : 

Lycées  Oe  yarçons  :  MM.  S(.rv;ijcaii,  Bclcv,  Dcmoloii,  Gœttsdiy, 
Saroïhandy. 

Enseignement    secondaire    féminin  :    Mlles    Boussinesq    et    Weill. 

Collèges   de  garçons  :   MM.   Caillet    et    Hirtz. 

Enseignement  primttirc  ommercinl  et  technique  :  MM.  Bec, 
C'oiquaiid,    Kiihn. 

Nous  rappelons  que  les  membres  du  Comité  élus  en  1919  sont  : 
.MM.  Henri  Bloch,  Bellec,  Duvcrgé,  Guillottel,  Jamin,  Koszul, 
Leeigne,   Mlle   Latappy,   M.   Léon    Mis,   Mlle   Weiller. 

M.  Kiihn  est  élu  en  remplacement  de  M.  .lamin  démissionnaire 
et   son   mandat   expirera  le  31   décembre  1921. 

Ccu.x  élus  en  1920  :  M.  Boussagol,  Mlle  Brunel,  M.M.  Carillon, 
Chemin,  Goy,  G.  d'Hangest,  Mlle  Ledoux,  M.M.  Martin,  Montaubric, 
Pinlochc.   Veillet-Lavallée. 

Délégué   de   l<i  Régionale  de  Lyon  :   M.   H.   Ser\ajean. 

Délégué   de   la   Régionale   de   Poitiers  :    M.   Gaston    Hirtz. 

Délégués    de    la   Régionale    de    Xancy  :    MM.   Varennc.    Servajean. 


Séance  du  Comité  du  13  janvier  1921  (SuiU) 


A  3  h.,  au  parloir  du  lycée  Montaigne,  sous  la  présidence  de 
.1/.    Veillet-Lavallée,    président    de    l'Association. 

Etaient  présents  :  MM.  Bec,  Belley,  Bloch,  Mlle  Boussinesq, 
MM.  Caillet,  Chemin.  Duvtrgé,  Gœttschy,  Goy,  Gaston  Hirtz, 
Georges  Hirtz,  .Mlle  Ledoux,  M.  Servajean. 

Excusés  :  Mlle  Brunel,  M.M.  Carillon,  Coiquaud,  Kiihn,  Pinloche, 
Mlle  Weill. 

M.  Fiancés,  délégué  au  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  |)ubli- 
que,  et  M.  Delobel,  faisant  ])artie  de  la  série  sortante  du  Comitv 
assistaient   à   la   séance. 

Le  Président  ouvre  la  séance  en  souhaitant  la  bienvenue  aux 
nouveaux  élus,  il  exprime  l'espoir  qu'avec  leur  concours  le  Comité 
fera  de  bonne  et  utile  besogne.  M.  Bloch  donne  les  résultats  des 
élections  au  Comité,  il  lit  ensuite  le  procès-verbal  de  la  séance 
du  18  novembre,  qui  est  adopté.  Il  demande  que  le  Comité  veuille 
bien  donner  mandai  à  M.  Delobel,  de  le  représenter  à  la  Commis- 
sion de  réformes  des  programmes  de  la  Fédération.  Par  ses  tra- 
vaux antérieurs,  et  sa  compétence  connue  de  tons,  M.  Delobel 
est  tout  désigné  pour  nous  représenter,  et  (pioiqu'il  ne  soit  plus 
membre  du  Comité,  il  est  extrêmement  désirable  qu'il  puisse 
continuer  à   nous  donner   son   concours. 

La    proposition    de    M.    Bloch    csl    adoptée    à    runanimité. 


f 


BULLETIN    DE   L  ASSOCIATION  131 

La  séance  est  MispciKiiif  pendant  un  (jnait  (l'iicurt-  pour  rilcc- 
tion  du   IJuieau. 

A  la  reprise  de  la  séance,  M.  Hloeli  prcrelanie  le  résultai  de 
l'élection. 

Votants  :    U 

l'résideni  :   M.  Veiilet-!,a\  allée,    13  voix. 

Vice-I'rcsideiUs  ;    M.   Bloch,    12   voix  ;    M.    Saroïhandy.    Il    voix. 

Secrétaire    (jénérdl  :    M.    Servajcan,    13    voix. 

Hédacleiir   du    Hulletiu  :    M.    d'Hangest,    11    voix. 

Trésoricre  :    Mlle    Lcdoux,    13    voix. 

Tràsorirre-dd jointe  :    Mlle    Boussines(|,    12    voix. 

Archiviste  :   Mlle  Uiunel,    13   voix. 

Sont   donc  élus  : 

Président  :   M.   Veillet-Lavallkk. 

Vice-Présidents  :  M.  Bloch,  professeur  d'allemand  au  lycée 
Hoche,  en  remplacement  de  M.  Cart,  qui  faisait  partie  de  la  série 
sortante  du  (loniité,  et  avait  décliné  toute  candidature,  et 
.M.  Samoïhanuv,  professeur  d'espagnol  au  lycée  St-Louis,  en  rem- 
jjlacement  de  M.  Boussagol  (nommé  maître  de  conférences  à  la 
l'acuité    des   Lettres    de    Toulouse». 

Secrétaire  général  :   M.   Sehvajean,   professeur  au   lycée   St-Louis. 

Rédacteur  du  Bulletin  :  M.  d'Hangest,  professeur  au  lycée  Coii- 
liorcct. 

Trésorière  :    Mlle    Leuoix.    professeur    au    lycée    Victor-Diiruy. 

Trésorière-adjoinle  :  Mlle  BoissiSEsg,  i)rofesseur  au  lycée  Vic- 
tor-Duruy. 

Archiviste  :    Mlle    Bulnel,    professeur   au    lycée    Fénelon. 

AL  Vcillet-Lavallée  remercie  ses  collègues  de  la  marque  de 
confiance  qu'ils  viennent  de  lui  donner  à  nouveau  ;  il  fera  son 
possible  pour  justifier  cette  confiance,  malgré  ses  occupations 
très  absorbantes   et  très  fatiguantes. 


Assemblée  Générale  du  17  Février  1921 


L'ue  nouvelle  Assemblée  générale  de  notre  Association  a  eu  lieu 
le  jeudi  17  février  à  2  h.  1/2,  au  lycée  Louis-le-Grand,  sous  la 
Présidence   de    AL   Ch.   Veillet-Lavallée,    président    de    l'Association. 

Xos  trois  Inspecteurs  généraux  ;  .MM.  Legouis.  Hauvette,  Caza- 
mian,  Huchon,  avaient  bien  voulu  se  rendre  à  l'invitation  du 
Bureau.     . 

Le  Président  déclare  la  séance  ouverte,  et  prononce  l'allocu- 
tion   salivante  : 

Mes  chers  collègues,  je  tiens  tout  d'abord,  en  ouvrant  la  séance, 
à.  présenter  nos  remerciements  respectueux  à  nos  chefs  qui  ont 
bien  voulu  venir  nous  apporter  aujourd'hui  leur  concours,  et  le 
réconfort   de   leur   présence. 


132  LES    LANGUES    MODERNES 

J'ai  quelques  excuses  à  vous  présenter  ;  celles  de  M.  iMartincn- 
che.  qui  a  été  obligé  de  partir  et  s'excuse  de  ne  pouvoir  venir  ;  il 
aurait  tenu  cependant  à  assister  à  la  réunion  pour  nous  dire  son 
sentiment  sur  des  projets  qui  risquent  d'atteindre  plus  spécia- 
lement l'enseignement  des  langues  méridionales.  J'ai  aussi  une 
lettre  de  M.  Legouis,  qui  compte  venir  un  peu  plus  tard.  Les 
excuses  de  M.  Monguillon  :  «  Je  regrette,  dit-il,  d'autant  plus  de 
ne  pas  pouvoir  venir  que  j'aurais  vivement  désiré  remercier  le 
Président  et  le  Bureau  de  tout  ce  qu'ils  ont  fait  pour  la  cause 
des  langues  vivantes  dans  l'enseignement  primaire.  »  Enfin,  des 
excuses   de  M.   Gœtschj-. 

Mes  chers  collègues,  avant  d'aborder  le  but  précis  de  la  réunion 
d'aujourd'hui,  c'est-à-dire  la  réponse  que  nous  devons  faire  au 
questionnaire  préparé  par  la  Fédération  Nationale  des  Profes- 
seurs de  lycées,  je  vais  tout  d'abord  donner  la  parole  à  M.  l'Ins- 
pecteur  général   Hovelaquc,   qui    a   une   déclaration   à    nous    faire. 

M.  l'Inspecleur  général  Hovelaqiie.  —  Mes  chers  Collègues,  ce 
n'est  pas  une  "  déclaration  »  que  je  vous  apporte,  mais  simple- 
n-.ent  l'explication  de  ma  longue  absence  —  carence  serait  peut- 
être  un  mot  plus  exact  —  et  quelques  considérations  sur  la  situa- 
tion présente  de  notre  enseignement.  Mais  tout  d'abord,  je  veux 
remercier  M.  le  Président  et  le  Bureau,  d'avoir  bien  voulu  m'ac- 
coi'der  la  parole  avant  ce  débat,  et  vous  dire  nettement  que  ni 
moi  ni  mes  collègues,  nous  ne  sommes  venus  pour  y  prendre  part. 
Nous  avons  tenu  à  y  assister  :  nous  l'écouterons  avec  intérêt, 
comme  toute  discussion  où  il  est  question  d'enseignement.  Mais 
vous  comprendrez  que  notre  situation  nous  impose  une  certaine 
discrétion,  et  vous  ne  nous  en  voudrez  pas  de  rester  simplement 
des  auditeurs. 

Personnellement,  rien  ne  pouvait  d'ailleurs  m'être  plus  agréa- 
ble que  toute  occasion  de  reprendre  contact  avec  vous.  Si  je  ne 
l'ai  pas  fait  plus  tôt,  c'est  que  cela  m'a  été  impossible.  Et  c'est 
l?.-dessus  que  je  voudrais  d'abord  vous  donner  quelques  bi'cves 
explications. 

Vous  savez  d'ailleurs  déjà  en  gros,  pourquoi  pendant  la  guerre 
je  n'ai  pu  vous  voir  que  d'une  manière  très  intermittente  :  c'est 
que  d'autres  devoirs  m'ont  été  imposés.  Je  voudrais  vous  en 
exposer  sommairement  le  détail  assez  complexe  :  vous  verrez 
ainsi  à  quel  point,  ils  ont  été  absorbants  et  ont  nécessairement 
diminué  nos  rapports.  Dès  le  commencement  de  1915,  on  m'a 
brusquement  rappelé  d'une  tournée  d'inspection  générale  pour 
me  charger  d'une  première  inission  aux  Etats-Unis.  Mon  absejice 
a  duré  pi'ès  de  six  mois,  pendant  lesquels  j'ai  dû  non  seulement 
inaugurer,  pour  le  Ministère,  le  Pavillon  de  la  Culture  Française 
à  l'Exposition  de  San  Francisco,  mais  faire  un  peu  partout  des 
Conférences  et  parcourir  la  majorité  des  Etats  de  l'Union,  afin 
de  me  renseigner  sur  Tétat  de  l'opinion  publique  américaine. 
Le  surmenage  que  j'ai  subi  nlors,  ju'a  valu  une  très  grave  mala- 
die, qui  m'a  retenu  quelque  temps  à  l'hôpital  de  San-Francisco. 
A  peine  remis,  j'ai  publié  à  la  <■  Revue  de  Paris  »  des  articles 
destinés      à     expliquer    ici     raltitude      des      Etats-Unis      vis-à-vis 


lU'I.I  r.TIN    I)F.    l/.\SSOr,lATION  133 

de  In  gui-rii-,  tl  aux  Aiiiéiicaiiis  la  siUialiun  ilc  la  Iraiicc.  A 
la  suite  (k'  ces  articles,  j'ai  été  chargé  au  commencement  de  191G 
d'organiser  notre  propagande  aux  Etats-Unis.  Quiconque  connaît 
l'étrange  conception  que  l'on  s'est  faite  chez  nous  de  la  propa- 
};ande  peut  facilement  s'imaginer  que  cette  mission  n'était  pas  une 
sinécure.  Mais  personne,  sauf  moi,  ne  sait  à  quels  obstacles  je 
nie  suis  heurté,  quelle  activité  obstinée  j'ai  dû  déployer,  et  quel- 
les inutiles  fatigues  m'ont  été  imposées.  Puis,  en  avril  1917,  j'ai 
été  appelé  à  accompagner,  comme  conseiller  général,  la  mission 
Viviani-.IofTre,  aux  Etats-Unis  ;  j'ai  vécu  toutes  les  émotions  de 
cette  tournée  triomphale,  plus  épuisantes  encore  peut-être  que 
le  tra^•ail  écrasant  que  je  de\ais  fournir  la  nuit  comme  le  jour. 
Le  départ  de  la  mission  ne  m'a  pas  apporté  de  soulagement  : 
j'ai  dû  rester  plus  d'un  mois  encore  pour  liquider  la  situation 
et  accomplir  une  autre  mission  dont  j'étais  chargé  ;  et,  à  peine 
rentré,  on  m'a  envoyé  en  -Angleterre  avec  Af.  Legouis  déposer 
devant  la  grande  Commission  chargée  d'élaborer  la  réforme  de 
l'Enseignement  primaire  secondaire  et  supérieur.  Et  enfin,  dès 
le  commencement  de  1918,  le  bureau  de  propagande  du  "  War 
Office  11  m'a  demande  de  faire  en  Angleterre,  dans  les  principaux 
centres  industriels,  des  conférences  en  anglais  sur  «  l'Eflort  de 
la  France  »  et  sur  la  «  Question  d'Alsace-Lorraine  ».  Le  moment 
était  critique,  vous  le  savez.  C'était  en  février-mars  1918  :  une 
violente  propagande  dans  les  journaux  socialistes  et  les  milieux 
ouvriers  affirmait  que  seules  les  ambitions  impérialistes  de 
la  France  décidée  à  ravoir  à  tout  prix  l'AIsace-Lorraine  prolon- 
geaient la  boucherie  et  empêchaient  la  paix.  Des  brochures  de 
M-M.  Morel,  d'autres  chefs  socialistes,  membres  du  Parlement, 
soutenaient  que  ces  provinces  appartenaient  légitimement  à  l'.Al- 
lemagne,  et  qu'il  serait  monstrueux  de  verser  le  sang  d'un  seul 
soldat  anglais  pour  les  rendre  à  la  France  :  que  le  devoir  des 
ouvriers  était,  par  le  refus  du  travail,  de  mettre  fin  à  une  guerre 
criminelle.  Je  ne  pouvais  pas  ne  pas  accepter  pareille  mission,  si 
peu  efficaces  que  pussent  être  mes  cff"orts.  J'ai  donc,  pendant  si.x 
semaines,  au  moment  des  plus  fortes  restrictions  —  ni  les  trains 
ni  les  hôtels  n'étaient  chauffés  et  la  nourriture  était  partout 
insuffisante  —  parcouru  la  Grande-Bretagne,  de  Birmingham 
à  Glasgow,  d'Edimbourg  à  Newcastlc,  à  Huddersfield,  à  Coventry, 
à  Londres,  partout,  parlant  parfois  deux  fois  par  jour,  devant 
les  auditoires  les  plus  divers,  après  de  longues  heures  passées 
dans  des  trains  glacés  —  et  je  suis  rentré  à  Paris  dans  un  état 
d'épuisement  complet  pour  y  subir  de  nouvelles  émotions,  de 
nouvelles  fatigues  dont  je  ne  vous  parle  pas.  Et  enfin,  après  une 
tournée  en  Alsace-Lorraine  et  en  Allemagne  annexée  en  1919,  je 
me  suis  définitivement  écroulé.  Ma  santé  minée  par  d'incessantes 
fatigues,  un  labeur  forcené,  était  si  profondément  ébranlée 
que  j'ai  dû  cesser  tout  travail.  Et  alors  il  m'est  arrivé  un 
malheur  pire  que  tous  les  autres  :  je  suis  tombé  entre  les  mains 
de  la  Faculté  qui,  rapidement,  m'a  mis  à  deux  doigts  de  la  mort. 
Ce  n'est  qu'à  la  longue  que  l'on  a  découvert  ce  que  l'on  croyait 
être  la  véritable  cause  de  mon  état,  une  très  profonde  intoxica- 
tion  générale   causée    par   le    foie    en   même    temps    qu'un    épuise- 


134  LES    LANGUES    MODERNES 

ment  nerveux  total.  Une  cholécystite  grave  s'est  déclarée,  et 
pendant  trois  mois,  égayés  de  deux  jaunisses  et  de  coliques 
hépatiques,  j'ai  dû  garder  le  lit  et  me  nourrir  uniquement  de  lait. 
Ce  n'est  pas  dans  de  telles  conditions  que  l'on  inspecte  ou  que 
l'on  préside  des  jurys  d'agrégation  ni  des  Commissions.  J'a.i 
cependant  tenu,  au  plus  fort  de  ma  maladie,  à  présider  la  Ses- 
sion spéciale  de  l'Agrégation  en  octobre  1919,  et  la  Commission 
des  langues  vivantes  instituée  pour  discuter  votre  référendum  et 
proposer  des  modifications  aux  examens  du  baccalauréat.  Ces 
efforts  ont  achevé  ma  déconfiture  ;  et  en  décembre  on  m'a  déclaré 
que  seul  un  long  voyage  en  mer,  et  le  repos  absolu,  pourraient 
me  rendre  la  santé.  J'ai  demandé  un  congé  et  je  suis  parti  en 
janvier  1920  à  la  recherche  de  l'amélioration  promise.  Je  suis 
rentré  en  septembre  1920  un  peu  plus  mal  en  point  qu'au  départ, 
un  peu  plus  sceptique  sur  la  science  médicale.  Et  c'est  alors 
seulement  qu'un  dernier  médecin  —  le  bon  enfin  !  —  a  découvert 
une  nouvelle  cause  de  tous  mes  maux,  la  dernière  et  la  bonne 
j'espère  !  et  m'a  imposé  un  traitement  épuisant,  mais  qui  sem- 
ble enfin  devoir  être  efficace. 

Je  m'excuse,  mes  chers  collègues,  de  vous  parler  si  longue- 
ment de  moi.  Mais  j'ai  cru  devoir  vous  fournir  ces  explications 
afin  de  dissiper  certaines  légendes  et  parce  que  vous  avez  le 
droit  de  saxoir  pourquoi  j'ai  semblé  avoir  si  longtemps  négligé 
mes  devoirs  envers  vous,  qui  me  sont  chers,  et  que  je  retrouve 
enfin,  définitivement  j'espère,  avec  joie.  Et  d'autre  part,  en  appre- 
nant avec  quelque  détail  les  raisons  de  mes  absences,  vous 
reconnaîtrez,  je  pense,  que  je  n'ai  pas  cessé  de  servir  notre  cause, 
et  que  je  n'ai  fait  que  remplir  autrement  notre  fonction  à  tous, 
qui  est  de  servir  d'interprètes  entre  noti'e  pays  et  l'étranger  ; 
et  que  dans  les  circonstances  où  nous  nous  sommes  trouvés, 
mon  premier  devoir  était  peut-être  celui  que  j'ai  accompli 
aux  dépens  de  mon  devoir  envers  vous.  Votre  indulgence  m'est, 
je  l'espère,  acquise.  Vous  n'aurez  plus  besoin  à  l'avenir  de 
l'exercer  ;  et  je  compte,  dans  la  mesure  du  possible,  rattraper  le 
temps    perdu. 

Quelques  mots  maintenant  au  sujet  de  la  seule  chose  qui 
importe,  la  répercussion  sur  notre  discipline  de  cette  apparent 
abandon  de  mon  devoir,  et  au  sujet  de  la  situation  de  notre 
enseignement  telle  que  je  la  trouve  en  reprenant  contact  avec 
vous. 

Et  d'abord,  je  voudrais  brièvement  m'expliquer  sur  cette 
fameuse  Commission  du  baccalauréat  et  les  décisions  du  Conseil 
supérieur.  Bien  des  choses  restent  encore  obscures  pour  moi  en 
dépit  —  ou  à  cause  —  de  toutes  les  explications,  fort  variées 
d'ailleurs,  que  j'ai  recueillies.  Aux  conclusions  de  mon  rapport, 
qui  étaient  celles  de  la  Commission  tout  entière,  et  que  je  n'étais 
hélas  !  ])lus  là  pour  défendre,  s'est  substituée  une  note  destinée  à 
leur  donner  pour  la  Section  Permanente  la  forme  d'un  projet  1 
])récis  :  un  mot,  thème  d'imitation,  que  nous  n'avions  examiné  "{ 
que  pour  l'écai'ler,  semble  alors,  par  suite  de  je  ne  sais  quel 
malentendu,  avoir  pris  une  importance  injustifiée;  on  semble 
avoir    cru    (]i\v    le    persoinul     tout      entier     le      réclamait^     comme 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  135 

iprtMivt'  au  baccalauréat.  Kl  au  (loiisi-il  supérieur,  poiif  c\iti'r. 
cruyail-oii.  radoplion  du  thème  pur  et  simple,  demandé  par  quel- 
ques membres,  ou  a  fait  voter  le  texte  adopte  dans  mon  absence 
à  la  Section  Permanente,  et  que,  présent,  j'aurais  combattu  de 
foutes  mes  forces.  Or,  j'estime  que  cette  décision  du  (Conseil  su- 
périeur, contraire  aux  conclusions  de  la  Commission,  non  seule- 
ment ne  répond  pas  aux  vœux  du  |K'rsonnel,  mais  constitue  une 
atteinte  directe  à  la  méthode  dont  nous  sommes  partisans.  Kt 
pour  des  raisons  que  je  vous  dirai  tout  à  l'heure,  j'estime  que 
cette  méthode  et  notre  enseignement  sont  solidaires,  et  que  quand 
on   attaque   l'une  on   ébranle   l'autre. 

Kntendons-nous  bien  :  Contre  le  thème  d'imitation  lui-même 
je  n'ai  aucune  prévention.  Nous  avons  toujours  préconisé  cet  exer- 
cice excellent  :  il  figure  dans  nos  instructions  de  1902  et  l'on  a 
raison  de  le  pratiquer.  Mais  comme  épreuve  d'examen,  il  présente 
des  inconvénients  multiples,  dont  j'ai  pu,  comme  mes  collègues, 
dans  de  récentes  Inspections  constater  la  gravité.  Très  vite,  il 
cesse  d'être  un  véritable  thème  d'imitation  :  il  mène  insidieuse- 
ment à  l'abandon  des  principes  de  notre  méthode  ;  il  dégénère  en 
thème  pur  et  simple,  et  tend  à  devenir  l'exercice  essentiel  dans 
les  classes  d'examen.  Par  là,  il  ébranle  toute  la  méthode  que 
vous  suivez  :  il  devient  un  moyen  d'acquisition  de  la  langue,  ce 
qu'il  ne  saurait  être,  au  lieu  de  rester  un  simple  moyen  de  con- 
trôle ;  au  lieu  de  rester  cantonné  dans  ces  classes,  il  s'infiltre 
1H.'U  à  peu  dans  les  classes  inférieures  ;  et  j'ai  trouvé,  même 
dans  des  classes  de,  S",  le  thème  pur  et  simple,  pratiqué  comme 
aux  temps  antiques.  Dans  ce  retour  apparent  au  thème  et  aux 
méthodes  anciennes,  il  y  a  de  quoi  réjouir  le  cœur  de  nos  adver- 
saires qui  crient  à  la  faillite  de  nos  méthodes,  détestées  par  eux. 
parce  qu'ils  ne  les  connaissent  et  ne  les  comprennent  pas,  et 
auxquelles  ils  attribueJit  toutes  les  insuffisances  qu'ils  constatent 
dans  leurs  classes  et  dont,  naturellement,  ils  rejettent  sur  d'au- 
tres toute  la  responsabilité. 

Et  puisque  j'ai  parlé  d'«  adversaires  »,  je  voudrais  tout  de 
suite  m'expliquer  à  ce  sujet.  Je  ne  suis  ni  un  pessimiste,  ni  un 
alarmiste.  Mais  je  ne  crois  pas  exagérer  en  disant  que  notre 
enseignement  est,  en  effet,  en  butte  à  une  hostilité  certaine,  dont 
l'aggravation  récente  se  manifeste  par  de  nombreux  symptômes. 
Je  n'en  veux  d'autre  exemple  que  ce  qui  se  passe  dans  l'ensei- 
gnement primaire,  où  je  constate  une  diminution  progressive 
indéniable  de  la  situation  des  langues  vivantes.  Or,  de  même  que 
la  méthode  et  notre  enseignement  me  paraissent  solidaires,  ce 
qui  se  passe  dans  l'enseignement  primaire  nous  intéresse  au  pre- 
mier chef  ;  et  toute  diminution  de  notre  enseignement,  où 
qu'elle  se  produise,  nous  atteint  tous. 

Autrefois,  les  langues  vivantes,  dans  le  corps  des  Inspecteurs 
généraux  primaires  avaient  un  représentant  en  titre,  M.  Josse. 
A  sa  mort,  il  n'a  pas  été  remplace.  ;\I.  Guillaume  fut,  sans  doute, 
plus  tard,  nommé  Inspecteur  général  de  l'Enseignement  i)rimaire, 
mais  au  nxème  titre  que  ses  collègues,  et  bien  qu'il  fût  spécia- 
liste, l'Inspection  Générale  des  langues  vivantes  n'était  qu'une 
partie  de   sa  charge.  Et  lorsqu'enfin,    il    fut    nommé   dans   l'ensei- 


136  LES    LANGl'F.S    MODERNES 

giK'meiit  .secondaire,  s'il  fut  toujours  prié  de  voir  aussi  cet 
enscignenient  dans  le  primaire,  le  temps  qu'il  pouvait  y  consa- 
crer devint  forcément  encore  plus  minime  :  les  intérêts  du  per- 
sonnel n'étaient  plus  défendus  au  Comité  et  toute  direction 
efïii-acc  avait  disparu.  Et  enfin,  lorsque  notre  pauvre  collègue 
eut  succombé  aux  fatigues  excessives  qu-e  sa  grande  conscience 
lui  imposait,  notre  enseignement  cessa  d'avoir  aucun  représen- 
tant à  ce  Comité.  Or,  cet  évanouissement  graduel  d'un  Inspec- 
teur général  me  semhle  être  le  symbole  de  ce  qui  se  passe  dans 
l'Enseignement  primaire  ;  une  diminution  progressive  de  la 
situation  des  langues  vivantes  s'y  révèle.  C'est  ainsi  qu'il  a  été 
question  de  rendre  cet  enseignement  facultatif,  sous  prétexte  de 
le  renforcer,  et  dans  l'intérêt  même,  disait-on,  des  langues  vivan- 
tes. Nous  savons  ce  que  cela  veut  dire  :  et  pareille  bienveillance 
nie  parait  mortelle.  Et  de  même,  à  la  dernière  séance  du  Conseil 
supérieur  on  a  tenté  de  supprimer  l'épreuve  écrite  de  langues 
vivantes  au  Brevet  supérieur  ;  et  si  nous  avons  pu,  mon  collègue 
M.  Hautes  et  moi,  en  obtenir  péniblement  le  rétablissement,  ce 
fut  au  prix  d'une  diminution   du  coefficient  de   l'épreuve. 

Cette  situation  est  grave  parce  qu'elle  est  symptomatique  d'uu 
état  général.  Une  hostilité  non  moindre  se  révèle  dans  l'En- 
seignement secondaire  et  sous  les  formes  les  plus  variées.  Les 
défenseurs  des  humanités  «  pures  »  —  les  nôtres  sont  "  impures  >. 
sans  doute  —  voudraient  par  une  singulière  contradiction,  ren- 
dre notre  enseignement  ou  purement  utilitaire  et  lui  défendre 
loute  ambition  plus  haute,  ou  s'il  doit  rester  un  enseignement  de 
culture,  en  faire  je  ne  sais  quelle  discipline  morte  à  l'imitation 
du  latin.  C'est  à  la  méthode  Berlitz  ou  à  la  méthode  des  latinis- 
tes férus  du  thème,  des  règles  de  grammaire  apprises  par  cœur, 
du  mot  à  mot,  de  toutes  les  antiques  routines  périmées,  que 
l'on  voudrait  ramener  notre  enseignement  vivant  et  varié,  et 
qui  prétend  qu'il  n'y  a  pas  de  vraie  culture  sans  la  possession 
effective  de  la  langue,  et  qu'il  est  possible  d'atteindre  en  même 
temps  l'une   et  l'autre. 

Mon  Dieu  !  je  comprends  fort  bien  cette  hostilité  de  nos  col- 
lègues épris  d'humanisme.  Elle  a  une  solide  base  d'ignorance.  Ils 
ne  savent  rien  de  ce  qui  se  passe  dans  vos  classes  :  combien  de 
j)rofcsseurs  de  6%  de  3-,  de  1"  y  ont  jamais  mis  les  pieds?  Ils 
ignorent  tout  de  nos  méthodes  qu'ils  condamnent  à  priori.  Ils 
sont  très  sincèrement  convaincus  que  nous  semons  le  désordre 
dans  l'esprit  des  élèves,  que  nous  sommes  des  maîtres  d'imiiré- 
cision,  que  notre  enseignement  purement  empirique  et  utilitaire 
va  au  hasard,  qu'il  ne  peut  rien  pour  la  formation  de  l'espril. 
qu'il  faudrait  par  conséquent  revenir  aux  habitudes  qui  assu- 
raient des  correspondances  entre  renseignement  si  parfait  du 
latin  et  celui  des  langues  vivantes,  et  «ne  forte  unité  entre  les 
disciplines.  Pour  eux,  noiis  sommes  le  ])elé,  le  tondu  d'où  vient 
tout  le  mal.  C'est  nous  <|ui  sommes  res|)onsables  de  tous  les 
péchés  d'Israël,  et  notamment  de  cette  >■  crise  du  fran(,ais  »  dont 
on  a  d'ailleurs  raison  de  s'alarmer,  et  dont  quehiues-uns  de  nos 
adversaires  nous  fournissent  d'ailleurs  dans  leurs  attaques  d'éda- 
lants   exenqiles. 


HUIJ.lVriN    1)1.    l,'.\SSO(.IMl()\  liiT 

Kl  puisque  j'ai  prononce  ce  mot  fatidique,  je  voudrais  exami- 
ner raj)ideniejit  avec  vous  les  causes  réelles  de  cette  «  crise  » 
(|ue  l'on  nous  attribue,  bien  à  tort.  .le  crois  que  noire  premier 
elîort  doit  tendre  à  convaincre  nos  collègues  de  la  vanité 
de  leurs  superstitions  et  de  l'inanilé  de  leurs  accustitious 
contre  nos  méthodes  ;  que  nous  devons  par  tous  les 
moyens  ijous  efTorcer  d'éclairer  pour  eux,  pour  l'opinion  publi- 
que, toutes  ces  questions,  et  qu'il  n'y  a  pas  de  meilleur  moyen 
(le  nous  défendre  que  d'y  porter  la  lumière.  Or,  je  constate  que 
cette  crise  de  la  langue  maternelle  est  générale,  et  que  la  France 
Ji'en  a  pas  le  monopole.  Elle  doit  donc  tenir  à  des  causes  géné- 
rales et  non  particulières,  et  noti-e  enseignement  n'y  est  pour  rien, 
.le  me  rappelle,  qu'avant  la  guerre,  M.  Lavisse  m'a  remis  une 
lellre  qu'il  avait  reçue  d'un  savant  allemand  qui  se  lamentait 
avec  minutie  sur  la  <i  cri.se  de  l'allemand  »,  et  déclarait  que  l'on 
)ie  savait  plus  rédiger  un  rapport  en  allemand,  ni  même  une  let- 
tre convenablement.  Il  attribuait,  lui  aussi,  cette  crise  à  l'aban- 
don du  latin  et  aux  langues  vivantes  :  pareilles  doléances  abon- 
dent en  Angleterre,  aux  Etats-Unis,  partout  ;  je  les  ai  recueillies 
;ui  .lapon  même  ■ —  il  en  eût  été  de  même  en  Chine,  j'en  suis 
convaincu,  si  les  Chinois  n'étaient  pas  des  gens  discrets  qui 
dissimulent  leurs  tares,  et  n'en  parlent  guère.  .le  ne  sache  pas 
d'ailleurs  qu'ils  attribuent  secrètement  la  décadence  du  chinois  à 
l'oubli  du  latin  ni  aux  méfaits  de.  notre  enseignement.  Cela  vien- 
dra. 

En  réalité,  cette  crise  n'est  pas  française,  elle  est  universelle  ; 
ses  causes  ne  sont  pas  scolaires,  mais  sociales,  et  le  remède 
miraculeux  ne  se  trouve  pas  dans  le  latin,  ni  aucune  panacée 
pa'-ticulière  :  il  n'existe  peut-être  pas,  et  c'est  un  mal  auquel  il 
faut  se  résigner  partiellement.  Autrefois,  l'esprit  des  élèves 
n'était  sollicité  que  par  un  petit  nombre  d'idées  et  d'images  tou- 
tes familières,  précises  et  limitées  :  leur  vocabulaire  comme  leur 
horizon  était  borné,  et  ils  s'y  trouvaient  à  l'aise  ;  le  monde  était 
petit  et  homogène,  la  civilisation  était  une,  rien  n'y  était  vague, 
le  "  style  »  était  partout  :  l'attention  n'était  jias  disséminée  à  la 
l'ois  sur  un  grand  nombre  de  choses  disparates.  Aujourd'hui,  une 
vie  vaste  et  complexe,  en  perpétuel  changement,  nous  entoure, 
et  SCS  sollicitations  sont  incessantes,  désordonnées,  d'une  variété 
inlinie  :  elles  font  à  chaque  instant  irruption  dans  notre  cerveau, 
qui  plie  sous  leur  poids  et  leur  nombre  incessamment  accrus, 
et  ne  peut  plus  les  dominer  et  les  ordonner.  Et  d'autre  part, 
si  autrefois  la  moindre  femme  de  chambre  (qui  ignorait  d'ailleurs 
les  bienfaits  du  latin)  écrivait  mieux  que  nos  académiciens, 
aujourd'hui,  c'est  que  cette  culture  étroite  —  tout  au  moins  la 
française  —  était  le  patrimoine  d'un  grand  nombre  de  gens, 
était  perpétuellement  soutenue  et  confirmée  par  le  milieu 
ambiant  :  tous  parlaient  un  français  clair  et  simple  comme  leurs 
idées.  C'était  d'ailleurs  une  élite  intellectuelle  qui  recevait  l'en- 
seignement secondaire  ou  supérieur  ;  et  cette  élite  trouvait  dans 
la  famille,  dans  le  milieu  où  elle  vivait,  un  culture  semblable  à 
celle  qu'elle  recevait  de  ses  maîtres  :  l'enseignement  reçu  à 
l'école  se  continuait  inconsciemment  à  la   maison.  Aujourd'hui  où 


l'}8  LES    LANGIES    MODERNES 

trouve-t-on  pareille  culture  générale,  l'habitude  des  lectures 
sérieuses,  les  longues  heures  de  loisir  qui  les  permettaient  ?  Où 
le  temps  de  réfléchir  ?  Où  ce  souci  constant  de  bien  dire,  autre- 
fois général  ?  —  On  lit,  rapidement  des  journaux,  des  <•  maga- 
zines »  illustrés  ;  on  va  au  cinéma  :  l'esprit  s'éparpille  sur  mille 
choses  incohérentes  ;  et  l'enfant  ne  trouve  plus  au  même  degré, 
auprès  de  ses  parents,  de  soutien  intellectuel  ni  de  vraie  cul- 
ture :  l'inculture  est  générale,  le  style  n'est  nulle  part  ;  cela  est 
si  vrai  que,  dans  ce  pays  de  clarté,  d'ordre,  de  mesure,  de  ferme 
construction,  on  semble  ne  plus  savoir  construire  ni  une  maison 
qui  soit  française,  ni  un  meuble  logique,  ni  des  phrases  qui  se 
tiennent  :  le  goût  est  vicié  ;  la  confusion  et  le  disparate  sont 
dans  toute  la  société  et  non  seulement  dans  nos  classes. 

Sur  cette  question,  que  je  ne  fais  qu'effleurer,  j'aurais  encore 
beaucoup  à  dire.  Mais  le  temps  presse,  et  j'ai  déjà  abusé  de  votre 
patience.  Il  me  semble  cependant  que  voilà  des  questions  que 
vous  pourriez  utilement  traiter,  et  des  idées  qu'il  faudrait  répan- 
dre. I/établissement  de  ces  vérités  serait  de  nature  à  déplacer 
les  responsabilités  que  l'on  rejette  sur  vous,  et  à  constituer  une 
première  défense  de  notre  enseignement  ainsi  déchargé  de  quel- 
ques crimes.  Vous  pourriez  ainsi  montrer  que  cette  crise  n'est 
pas  imputable  aux  pauvres  professeurs  de  langues  Avivantes  — 
c'est  leur  faire  vraiment  trop  d'honneur  et  je  ne  vous  savais  pas 
si  puissants  —  mais  qu'elle  tient  à  des  causes  plus  profondes, 
plus  générales,  plus  ruineuses  de  la  vraie  culture  qu'aucune 
cause  particulière.  C'est  la  vie  moderne  et  la  civilisation  présente 
tout  entière,  trop  vaste,  trop  complexe,  trop  incohérente,  qui  sont 
responsables  dun  état  de  choses  que,  moi-même  saturé  de  disci- 
plines antiques,  et  amoureux  d'elles,  je  suis  le  premier  à  déplo- 
rer, tout  eh  sentant  avec  force  qu'aucune  réaction  ne  nous  ren- 
dra les  simplicités  du  passé  et  le  style  disparu,  et  que  quarante 
heures  de  latin  par  semaine  ne  pourraient  rien  contre  cette  crise 
sociale  comme  cinq  heures  de  langues  vivantes  ne  peuvent  l'aggra- 
ver. 

Et  en  même  temps,  nous  ])ourrions,  me  semble-t-il,  montrer 
que  nos  méthodes  ne  sont  pas  ce  qu'un  vain  peuple  pense  ;  et 
qu'elles  tendent,  autant  que  le  latin,  à  donner  à  l'esprit  des 
habitudes  de  précision,  d'analyse,  de  clarté  dans  les  idées,  des 
connaissances  exactes,  bref,  une  véritable  culture.  Et,  de  plus, 
elles  apprennent  par  leur  principe  même  à  observer,  à  réfléchir, 
à  comparer,  à  faire  acte  d'initiative  intellectuelle  :  elles  font  un 
appel  peri)étuel  à  l'imagination,  à  la  raison,  à  la  sensibilité,  et 
maintiennent  une  constante  et  féconde  activité  d'esprit.  Nos  col- 
lègues le  reconnaîtraient  s'ils  allaient  dans  nos  classes,  et  leur 
l)arti-pris  tomberait  devant  l'évidence  des  faits  qu'ils  persistent 
à  ignorer.  Il  y  a  là  toute  une  prédication  à  faire.  Qu'on  l'étende 
auprès  de  nos  collègues,  que  vous  avez  sous  la  main  et  que  vous 
jjourriez  inviter  à  aller  dans  vos  classes  :  elle  pourrait  ensuite 
atteindre  l'opinion  publique  et  l'éclairer,  et  lui  faire  connaître  le 
véritable  esprit  de  nos  méthodes.  Nous  avons  essayé  autrefois 
de  l'exposer  dans  des  conférences.  Nous  avons  démontré  que  notre 
enseignement    conduit    à    unv   véritable   culture.   Mais   ces   conféreji- 


BUU>ETIN   DE  L'ASSOCIATION  l'îl» 

ic'S  scnihlent  être  ignorées  de  nos  collègues  même  :  il  faudrait 
que  cette  démonstration  soit  reprise,  ces  idées  répandues  par- 
tout, par  Jes  journaux  si  possible,  les  revues,  dans  les  milieux 
les  plus  divers.  Que  chacun  de  vous  s'emploie  dans  sa  sphère  à 
faire  cette  propagande  ;  elle  gagnerait  de  proche  en  proche  : 
elle  finirait  par  obtenir  quelques  résultats.  Que  l'on  dise 
surtout  qu'il  est  paradoxal  que  l'on  veuille  diminuer  en  France 
la  part  des  langues  vivantes  précisément  au  moment  où  dans 
toutes  les  autres  parties  du  monde,  depuis  le  .lapon  jusqu'à  l'An- 
gleterre, en  passant  par  les  Etats'-Unis,  on  proclame  qu'il  faut 
l'augmenter.  Nous  serions  les  seuls  à  nous  montrer  réactionnai- 
res et  à  vouloir  boucher  nos  ouvertures  sur  le  vaste  monde,  juste 
au  moment  où  partout  ailleurs  on  en  ouvre,  et  où  l'on  reconnaît 
que  tous  les  pays  et  toutes  les  civilisations  sont  solidaires, 
et  que  nul  pays  ne  peut  plus  sans  danger  s'isoler,  se  refermer 
sur  lui-même.  Il  faut  montrer  où  nous  mènerait  cet  étroit  natio- 
nalisme qui  fait  à  la  France  l'injure  de  supposer  qu'elle  n'est 
pas  assez  forte  pour  résister  aux  corruptions  étrangères,  et 
qu'elle  ne  peut  conserver  sa  santé  et  son  essence  qu'en  se  cal- 
feutrant comme   une  malade. 

Surtout,  il  faut  faire  appel  partout  aux  esprits  clairvoyants 
et  vivants  qui  pensent  comme  nous,  et  leur  demander  leur 
témoignage.  .le  puis  en  évoquer  de  nombreux.  M.  Lavisse 
notamment  nie  disait  il  y  a  longtemps  qu'il  était  frappé  par  la 
maturité  plus  grande  d'esprit  des  élèves  de  l'Ecole  normale 
supérieure  qui  font  des  langues  vivantes  et  ont  séjourné  à 
l'étranger.  Ils  en  rapportent  une  curiosité  plus  éveillée,  une 
véritable  fécondation  de  l'esprit  par  les  réalités  nouvelles 
qu'ils  ont  connues  et  comme  un  rajeunissement  de  leurs  points 
de  vue.  Le  bienfait  pour  leur  caractèi-e,  me  disait  M.  Lavisse, 
était  encore  plus  grand  que  pour  l'intelligence  :  c'étaient  des 
hommes  qui  nous  revenaient,  et  non  plus  des  écoliers  ou  de  sim- 
ples érudjts.  Et  récemment  encore,  entre  deux  séances  de  la 
dernière  session  du  Conseil  supérieur,  un  des  membres  les  plus 
éminents  de  ce  Conseil,  —  mon  Dieu,  je  puis  le  nommer,  je  sais 
qu'il  ne  m'en  voudra  pas  —  le  D"^  Widal,  une  des  lumières  de 
la  science  française,  déplorait  l'esprit  de  réaction  présente 
et  cette  superstition  du  latin.  Il  me  disait  la  différence  qu'il 
constatait  chez  ses  élèves  entre  ceux  qui  possédaient  une 
langue  étrangère,  —  allemand,  anglais,  italien,  espagnol  — •  et 
ceu.x  qui  n'avaient  que  la  culture  latine.  Les  uns  avaient  une 
largeur,  une  activité  d'esprit,  un  allant,  une  absence  de  préjugés 
qu'ils  devaient  à  cette  ouverture  qu'ils  avaient  sur  le  monde  ; 
et  cela  non  seulement  parce  qu'ils  étaient  à  même  de  se  rensei- 
gner sur  les  progrès  de  la  médecine,  de  la  chirurgie,  de  la 
science  à  l'étranger,  mais  parce  que  toute  leur  attitude  était 
autre,  et  qu'ils  étaient  capables  d'autres  réactions  personnelles. 
d'une  toute  autre   activité  de  caractère  comme   d'esprit. 

Voilà  les  plus  précieux  des  témoignages,  et  qu'il  faudrait 
opposer  aux  témoignages  contraires,  et  répandre  partout. 
Au  Conseil  supérieur,  même,  qui,  comme  tous  les  grands  corps 
constitués,,  passe  plutôt   pour  réactionnaire,   nous  avons   des  amis, 


l.J(l  M. s    KANGLES    MODERNES 

et  non  des  moindres.  ^[.  Bergson.  M.  Brunot,  d'autres  encore,  et 
dans  notre  Directeur,  un  esprit  qui  comprend  les  nécessités  de  la 
vie  moderne.  Peut-être  même  arriverait-on  à  recueillir  pareils 
témoignages  parmi  ceux,  —  des  ingénieurs,  présidents  de  Cham- 
bres de  commerce,  industriels,  —  qui,  parce  qu'ils  n'ont  pas 
connu  la  culture  traditionnelle,  en  ont  La  superstition  aveugle,  et 
par  esprit  de  conservatisme  social  sont  naturellement  quelque  peu 
léactionnaires.  Il  faudrait  aussi,  puisqu'on  nous  attaque  dans  la 
Presse,  nous  y  défendre,  et  tenter  d'intéresser  à  notre  cause  des 
journalistes,  de  grands  écrivains,  eux  aussi  réactionnaires  eu 
général  quand  ils  sont  arri\és,  parce  que  très  vieux  ou  nés  très 
vieux  et  académiques. 

ÎSIais  quels  que  soient  les  concours  que  nous  puissions  obtenir, 
comptons  d'abord  sur  nous-mêmes,  et,  pour  nous  défendre, 
présentons  un  front  uni.  Soyons  d'accord  sur  les  principes  : 
n'abandonnons  rien  de  nos  conquêtes  :  c'est  la  méthode  directe 
qui  nous  a  fait  obtenir  enfin  un  nombre  d'heure  suffisant. 
Défendons-la  si  nous  ne  voulons  pas  voir  diminuer  la  situation 
de  notre  enseignement,  car  méthode  et  .enseignement  sont  soli- 
daires et  tout  ce  que  l'on  abandonnera  de  l'une  est  une  perte 
pour  l'autre.  Il  faut  conserver  toutes  les  positions  conquises, 
et  toutes  nos  ambitions,  ne  rien  abandonner  des  fins  que  nous 
poursuivons.  Modifier  votre  méthode  et  les  fins  qu'elle  vise,  c'est 
reconnaître  cette  prétendue  faillite  que  vos  adversaires  procla- 
ment l>ruyammcnt  afin  de  vous  ramener  aux  méthodes  anciennes 
dont  l'adoption  entraînerait  automatiquement  un  retour  aux 
anciens  horaires  et  à  la  situation  humiliée  des  langues  vivantes 
autrefois.  Déjouez  par  votre  union  le  plan  de  vos  adversaires,  et 
proclamez  hautement  cette  indispensable  solidarité  de  renseigne- 
ment et  de  la  méthode.  C'est  pour  ruiner  notre  enseignement  que 
Ton  attaque  d'abord  la  méthode  :  défendez  ce  bastion  avancé  si 
vous  ne  voulez  pas  que  toute  la  place  tombe.  Et  par  conséquent 
maintenez  le  thème  dans  les  limites  où  il  doit  être  employé,  dans 
les  classes  préparatoires  aux  grandes  écoles,  où  il  est  légitime, 
et  conscr\cz  au  thème  d'imitation  sa  vraie  nature  et  son  rôle 
réduit.  Vous  donnerez  ainsi  à  nos  adversaires  le  sentiment  qu'ils 
ne  peuvent  compter  sur  aucune  défection  dans  nos  rangs,  que 
notre  front  est  uni.  que  nous  ]ie  cédons  pas,  que  nous  ne  sommes 
j>as,  comme  le  ferait  croire  la  décision  du  Conseil  supérieur,  une 
armée  divisée  contre  elle-même  et  qui  se  replie  en  désordre. 
Principiis  ohstn  :  il  faut  résister  dès  le  début  et  sur  toute  la 
ligne.  Cédez  sur  la  méthode  et  vous  serez  forcés  de  céder  sur 
l'enseignement. 

Voilà,  Mesdames,  Messieurs,  l'essentiel  de  ce  que  je  voulais 
dire.  Il  m'a  semblé  que  je  vous  devais  ces  explications  et  que 
vous  accepteriez  les  conseils  d'un  vieil  ami  désolé  d'être  resté 
si  longtemps  sans  grand  contact  avec  vous.  Nul  n'a  déploré  plus 
que  moi  l'impossibilité  où  je  me  suis  trouvé  de  participer  à 
la  défense  de  nos  iutérét.  Certes,  je  n'ai  pas  la  prétention  d'être 
le  David  qui  abattra  le  Goliath  de  la  réaction,  ^iais  si  ma  santé 
me  l'avait  permis,  j'aurais  i)u  combattre  à  vos  côtés,  et  avoir  au 
moins  l'ilhision  de  faire  quelque  chose  pour  notre  dur  enseigne- 
ment. 


juM.KTiN  1H-;  i/asso<;iati()n  in 

Kt  maintciiiiiil  paidDiiiiez-moi  de  vous  avoir  retenus  si  long- 
temps :  je  eomptais  ne  parler  que  dix  minutes,  et  voilà  plus 
(l'une  heure  que  je  discours.  Mais  considérez  que  c'est  pour  la 
))remière  fois,  depuis  cinq  ans  :  après  tout,  cela  ne  fait  guère 
qu'une  moyenne  de  dix  minutes  par  an.  J'espère  que  vous  ne 
trouverez   pas  que  c'est   excessif. 

Donc,  si  je  pouvais  me  permettre  de  vous  donner  en 
terminant  un  conseil  qui  résume  l'esprit  de  tout  ce  que  je  vous 
ai  dit,  il  est  excellent  que  vous  ne  vous  désintéressiez  d'au- 
cun débat  d'enseignement  et  je  me  réjouis  de  vous  voir  entamer 
celui-ci.  .Mais  occupez-vous  d'abord  des  intérêts,  non  de  l'en- 
seignement en  général  et  de  vastes  projets  que  nos  arrières  petits- 
neveux  verront  peut-être  al>outir,  mais  de  nos  intérêts  les  plus 
|)rochc-s.  Mettons  d'abord  en  ordre  notre  maison  et  défendons-la, 
lar  elle  est  menacée  et  vous  ne  de\rez  le  salut  qu'à  vous-mêmes 
et    en   restant   unis. 

Et  maintenant,  à  regret,  je  vous  quitte,  car  mon  médecin  — 
le  dernier,  le  bon  j'espère  —  m'attend  et  je  dois,  comme  vous, 
m'oceuper  d'abord  de  me  défendre  ;  afin  d'avoir  ensuite,  si  besoin 
est,    plus   de   forces   pour  attaquer. 

.le  vous  remercie  de  l'attention  que  vous  m'avez  accordée  et  je 
remercie  encore  une  fois  M.  Veillet-Lavallée  et  M.  Servajean 
d'avoir  bien  voulu  m'accorder  la  parole  aujourd'hui.  [Applaudis- 
sements). 

Le  Président.  —  Nous  vous  sommes  très  reconnaissants, 
Monsieur  l'Inspecteur  général,  de  l'exposé  que  vous  venez  de 
nous  faire  et  des  directives  que  vous  nous  avez  données,  nous 
eri  tirerons  profit.  Pendant  la  guerre,  nous  vous  avons  suivi  par 
la  pensée  ;  les  journaux  nous  tenaient  au  courant  de  l'action 
que  vous  meniez  pour  le  plus  grand  bien  de  notre  influence  à 
l'étranger  ;  nous  savions  que  vous  serviez,  comme  vous  l'avez 
dit  tout  à  l'heure,  d'intermédiaire  entre  la  France  et  les  nations 
alliées,  et  nous  étions  très  fiers  de  savoir  que  ce  rôle  si  impor- 
tant avait  été  confié  à  l'un  de  nos  chefs.  C'était  pour  nous,  non 
seulement  un  objet  de  fierté,  mais  aussi  un  exemple,  puisque  bon 
nombre  d'entre  nous  avaient  une  mission  un  peu  analogue,  quoi- 
que bien  plus  modeste  ;  les  interprètes  attachés  aux  armées 
alliées  de  langue  anglaise  étaient  aussi  des  intermédiaires  entre 
la  France  et  ses  alliés  et  ils  mettaient  à  s'acquitter  de  leurs 
délicates  fonctions  tout  leur  cœur  et  tout  leur  dévouement 
patriotique,  comme  faisait  au  même  moment  M.  l'Inspecteur 
général   Hovelaque,   dans   des   sphères   plus   élevées. 

Vous  nous  avez  donné  d'excellents  conseils  au  sujet  de  la 
campagne,  que  nous  pourrions  mener  en  ce  moment.  Nous  avons 
fait  de  notre  mieux,  depuis  un  an,  et  nous  ferons  encore  de  notre 
mieux  dans  ra\enir  ;  seulement,  ce  qui  nous  gêne  le  plus,  c'est 
le  manque  de  temps,  mais  j'espère  que  nous  pourrons  tout  de 
même  mettre  cette  besogne  sur  pied,  en  organisant  quelque 
chose  comme  l'année  dernière,  pour  la  défense  de  l'allemand,  «n 
créant  une  Clommission,  un  petit  groupe  de  collègues,  qui  pour- 
raient s'occuper  de  cette  question,  faire  de  la  iiropagandc.  11  y  a 
toute    une    action    à    mener.    Déjà,    l'année     dernière,     nous     avons 

11. 


142  LES   LANGUES    MODERNES 

manœuvré  ainsi  pour  défendre  l'allemand  qui  était  menacé  de 
disparaître  ;  nous  sommes  arrivés  à  un  résultat.  Je  crois  que 
nous  pourrions  arriver  à  un  résultat  analogue  en  menant  une 
campagne  du  même  genre,  et  je  compte  demander  au  Comité 
de  nommer  une  Commission,  un  petit  groupe  de  collègues  dévoués 
qui    s'occuperaient   de   faire    cette   propagande. 

M.  Rancès  demande   la   parole. 

M.   Rancès.   —    M.    l'Inspecteur    général    Hovelaque    a    cru    devoir 
s'excuser  de  nous  avoir  retenus  trop  longtemps.  Je  crois,  pour  ma 
part,   que  nous   devons   le   remercier  très   chaudement    d'avoir   mis 
notre   discussion    sur   son   véritable   terrain.   Je   vous   avoue    qu'en 
relisant    tout    à    l'heure    le    questionnaire    sur    lequel    nous    serons 
appelés    à   nous   prononcer,    j'ai    eu    l'impression     très     nette     que 
nous  n'étions  pas  à  la  page  ;  que  depuis  le  moment  où  le  Comité 
a  décidé  de  réunir  cette  Assemblée,   et   de  lui   proposer  pour  ol)jet 
de   ses   délibérations   les   réponses   à   faire    au   questionnaire   de   la 
Fédération,  il  s'est  passé  un  certain   nombre  de  faits  nouveaux,   à 
propos    desquels    M.    l'Inspecteur    général     Hovelaque     était     tout 
naturellement     t*nu     à     une     certaine     réserve,     et     qui     sont     de 
nature,   sinon   à   nous   inquiéter   (je   ne   veux    pas     dépeindre     une 
situation   4"i   n'est   que   grise   sous   des   couleurs   trop   noires),    du 
moins   à   nous  préoccuper   très  vivement.   Ces   faits  nouveaux   sont 
de   deux   sortes.  Vous   savez   certainement   qu'à  bref  délai,  l'Admi- 
nistration   se   propose   de   consulter   le   Conseil    supérieur    sur   l'op- 
])ortunité   de   réduire   à   vingt    le   nombre     d'heures    d'enseignement 
hebdomadaire   dans  chacun  des  deux  cycles  de  l'enseignement   se- 
condaire   masculin.  \'ous   savez   d'autre   jiart,   pour  les   avoir  lues 
dans   la    presse,    les    déclarations    qu'a    faites    devant     le     Conseil 
supérieur,    au   lendemain   même   de     son    avènement,     le     Ministre 
actuel  ;     vous     avez     lu,     dans     différents     journaux,     les     inter- 
views  qu'il    s'est   laissé   prendre    et    dans   lesquels   non    seulement, 
comme  il  l'avait  fait  devant  le  Conseil   supérieur,  il  a  prôné  l'en- 
seignement par  les  humanités  classiques,  mais   où  il  est  allé  jus- 
qu'à  dire    qu'il   pensait   que   la   Section   D   du   second   cycle   devait 
disparaître.    Vous    savez    enfin,    pour    l'avoir    lu,    pas    plus     tard 
qu'avant-hier,    dans    les    journaux   du    soir,    l'accueil    qu'a    fait    la 
Commission   de   la   Chambre   aux   déclarations   de   M.   le   Ministre  : 

"  Lu  Commission  de  l'Enseignement  et  des  beaux-arts  de  lit 
Chambre  a  entendu  hier  M.  Léon  Bénird,  ministre  de  l'Instruc- 
tion publique. 

M.  Gaston  Deschamps,  Président  de  la  Commission,  a  félicité 
le  Ministre  au  nom  de  ses  collègues,  et  lui  a  fait  pttrt  de  l'im- 
pression très  vive,  très  favorable,  que  ses  récentes  déclarations 
denant  le  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  publique  ont  pro- 
duite chez  tous  les  savants,  chez  tous  les  lettrés,  ainsi  que  de 
l'approbation  unanime  que  son  intelligente  initiative  a  rencon- 
trée dans  tous  les  nuli^u.v  oii  la  culture  générale  et  l'Humanisme 
fran(;ais    sont    en    honneur...   » 

Vous  voyez  donc  que  la  situation  mérite  bien  de  nous  préoc- 
cuper. Le  premier  point  que  je  vous  ai  signalé,  à  savoir  la  réduc- 
tion   prochaine    de    notre    horaire,    i)eut    paraître    moins     inquiétant 


i 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  .143 

que  le  second  ;  il  est  cependant  capital.  M.  le  Directeur  de  l'En- 
seignement secondaire,  que  j'ai  vu  lundi  soir,  m'a  autorisé  à  vous 
dire  que  celte  diminution  de  l'horaire  général  ne  toucherait  pas 
plus  notre  discipline  que  les  autres,  et  que  l'équilibre  actuel 
entre  les  diverses  branches  de  renseignement  serait  scrupuleuse- 
ment observé.  A  vrai  dire,  nous  n'eu  avons  jamais  douté,  mais  il 
est  certain  que  par  cette  diminution  des  heures  de  classe,  notre 
enseignement  sera  tout  de  même  plus  lésé  qu'aucun  autre.  Je 
conçois  très  bien  une  diminution  en  Histoire,  en  Mathématiques, 
en  Histoire  Naturelle  :  c'est  une  question  d'adaptation  de  pro- 
grammes ;  mais  je  conçois  bien  plus  dilTicilement  une  dimi- 
liution  similaire  dans  les  langues  vivantes,  précisément  à  cause 
des  méthodes  par  lesquelles  nous  les  enseignons.  Il  n'est  pas 
douteux  que  si  nous  avons  obtenu  depuis  1902  les  résultats  que 
vous  savez,  nous  les  devons  surtout  à  l'excellence  des  méthodes 
qui  ont  vu  le  jour  en  1902  ;  mais  nous  les  devons  aussi,  pour 
une  part  appréciable,  à  ce  que  nous  avons  obtenu  un  horaire 
suffisant  pour  les  mettre  en  œuvre.  La  situation  est  donc  trou- 
blante pour  nous.  Ainsi,  je  crois  qu'il  ne  convient  pas  de  nous 
incliner  sans  avoir  combattu.  Lorsque  la  question  viendra  en  dis- 
cussion devant  le  Conseil  supérieur,  le  point  de  vue  que  je  me 
))ropose  de  soutenir  est  le  suivant  :  j'estime  qu'en  réduisant  à  20 
heures  par  semaine  l'enseignement  dans  les  deux  cycles,  on  fait 
peut-être  une  très  bonne  chose  dans  le  second  cycle,  on  eu  fait 
une  détestable  dans  le  premier,  et  ceci  au  point  de  vue  stricte- 
ment pédagogique.  Dans  le  second  cycle,,  il  est  certain  qu'il 
y  aura  des  élèves  —  pas  beaucoup  à  mon  sens,  mais  il  suffît  qu'il 
y  en  ait  quelques-uns  —  qui  sauront  profiter  de  la  liberté  qui 
leur  sera  offerte,  pour  travailler  intelligemment  et  fructueuse- 
ment chez  eux.  Mais  dans  le  premier  cycle,  la  même  mesure  ne 
rime  à  rien,  et  serait  une  erreur  pédagogique  grave.  Au  début  des 
études,  et  particulièrement  en  6'  et  5*^,  l'esprit  des  enfants  ne  se 
forme  que  par  le  contact  permanent  avec  le  maître  :  ce  n'est  pas 
par  le  travail  à  la  maison  qu'il  se  développe  et  se  fortifie.  Si 
j'étais  chargé  d'établir  l'horaire  des  classes  du  premier  cycle,  je 
voudrais  qu'en  sixième  et  en  cinquième  tout  au  moins,  l'enfant 
••arrivant  au  lycée  le  matin,  ne  le  quittât  que  le  soir,  qu'il  eût 
sept  ou  huit  heures  de  présence  au  lycée,  lesquelles  seraient  cou- 
pées, bien  entendu,  par  des  récréations  généreusement  distri- 
buées, et  une  heure  d'enseignement  physique  scientifiquement 
donné.  Je  voudrais  que  toutes  ces  heures  ne  fussent  pas  des  heu- 
res d'enseignement,  mais  que  certaines  fussent  des  heures  d'étude, 
où  l'enfant  ferait,  sous  la  direction  de  ses  divers  maîtres,  ses 
devoirs  et  ses  préparations.  Je  voudrais,  en  échange,  lorsqu'il 
rentrerait  chez  lui  le  soir  à  six  heures,  qu'il  n'eût  plus  rien  à 
faire  jusqu'au  lendemain  matin,  bien  plus  qu'il  n'eût,  du  samedi 
soir  au  lundi  matin,  et  du  mercredi  soir  au  vendredi,  rigoureuse- 
ment aucun  travail  scolaire  à  faire,  ce  qui  lui  permettrait  de  consa- 
crer ces  longs  loisirs  bi-hebdomadaires,  à  la  lecture,  à  l'ensei- 
gnement physique  et  aux  sports,  au  travail  manuel.  Je  crois 
que  si  l'on  commet  dans  l'Université  cette  erreur  grave  de  réduire 
à  quatre  heures  par  jour  la  présence  au  lycée  des  jeunes  enfants, 


Ul 


LES    I-ANGIKS    MODEllNES 


les  parents,  loin  de  nous  en  savoir  gré,  s'empresseront  de  chercher 
des  denîi-jjensionnats  où  on  les  débarrassera  de  leur  progéniture, 
tout  en  les  maintenant  dans  l'ordre  et  la  discipline.  Bien  heu- 
reux s'ils  ne  les  confient  pas  aux  maisons  conçu rrejites,  qui  se 
i^arderont  bien  de  rien  changer  à  leurs  façons  de  faire,  et  ne  nous 
rendront  j^lus  les  élèves  que  nous  aurons  nous-mêmes  détachés 
de  nous. 

Voilà  le  iireniier  point  sur  kciuel  je  pense  qu'il  y  a  peut-être 
quelque  chose  à  tenter.  Je  n"ai  d'ailleurs  aucune  illusion  sur  mes 
chances  de  succès  ;  niais  ce  qui  doit  être  dit,  sera  dit. 

En  ce  qui  concerne  le  second  point,  comme  l'a  lumineusement 
démontré  M.  l'Inspecteur  général  Hovelaque,  il  y  a  beaucoup  à 
dire  et  beaucoup  à  faire  :  beaucoup  à  faire  surtout.  11  nous  a 
parlé  d'une  campagne  de  presse,  à  laquelle  il  nous  a  tous  invités 
à  collaborer.  11  nous  a  dit  que  nous  trouverions  chez  des  hommes 
comme  M.  Bergson  et  M.  le  Professeur  Widal  des  appuis  que 
nous  pourrions  invoquer  en  faveur  de  nos  idées  et  de  notre  dis- 
cipline. Et  j'abonde  évidemment  dans  son  sens.  Mais  je  crains 
qu'une  campagne  de  presse  ne  soit  si  diiïicile  à  faire  qu'il  soit 
pour  ainsi  dire  impossible  d'aboutir  à  un  résultat  certain.  Tous 
ceux  qui  ont  essayé  de  collaborer  occasionnellement  aux  grands 
organes  qui  font  l'opinion  publique  savent  les  difïicultés  qu'ils 
ont  rencontrées,  lorsqu'ils  ne  se  sont  pas  heurtés  à  des  fins  de 
non-recevoir  absolues.  Même  quand  nous  avons  essayé  de  rec- 
tifier des  inexactitudes  matérielles,  des  faits  faussement  rap- 
portés, nous  n'avons  jamais  réussi  à  faire  insérer  une  réponse. 
I.cs  grands  journaux,  au  moins  ceux  de  Paris,  ou  bien  n'ont  pas 
de  rubrique  pédagogique,  ou  l'ont  depuis  longtemps  confiée  à 
des  universitaires  qui  ne  sont  pas  précisément  amis  de  notre  dis- 
cipline, ou  tout  au  moins  de  nos  méthodes.  Vous  voyez  donc  la 
difficulté  d'aboutir  par  cette  voie.  Donc,  en  dehors  peut-être  de 
certaines  revues,  où  nous  serions  heureux  de  trouver,  sous  la 
signature  d'un  de  nos  Inspecteurs  généraux,  les  choses  excellentes 
quq  nous  a  dites  M.  Hovelaque,  la  grande  presse  quotidienne  nous 
est  fermée,  et  je  ne  vois  pas  comment  nous  en  pourrons  forcer 
l'accès.  Je  parle  évidemment  en  Parisien,  et  peut-être  la  presse 
de  province,  où  un  collaborateur  nouveau  est  souvent  bien 
accueilli,  ne  nous  rcfusera-t-elle  pas  son  concours,  si  nous  savons 
le    solliciter. 

Il  y  a  d'ailleurs  autre  chose  à  tenter.  .l'ai  beaucoup  réfléchi 
:<  tout  cela,  et  je  suis  convaincu  que  notre  .Association,  non  seule- 
ment par  l'effort  individuel  de  ses  membres,  mais  collectivement, 
corporativcment,  se  doit  à  elle-même  d'intervenir.  Et  elle  peut  le 
faire  aussitôt  de  la  manière  suivante  :  je  voudrais,  comme  suite 
à  ce  débat,  —  auquel  nous  assistons  si  nombreux  que  les  votes 
qui  seront  émis  représenteront  l'opinion  de  la  grande  majorité 
des  professeurs  de  Paris,  ■ —  que  la  décision  fût  jirisc  de  consul- 
ter officiellement  toutes  les  grandes  (lorporat ions,  les  grandes 
.Associations  qui  sont  les  forces  vives  de  la  Nation  ;  je  veux  dire, 
les  Chambres  de  commerce,  les  Chambres  d'agriculture,  les 
Consortiums  des  Chemins  de  ter  et  des  Banques,  tous  les  Syn- 
dicats   jiatronaux    d'abord,    tous    les    Syndicats    ouvriers     ensuite. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  145 

FA  ne  croyez  pas  que  j'aille  trop  loin  ;  non  seulement  le  i)iécé- 
clcnl  (labinct  nous  a  donné  l'exemple  en  proposant  que  deux 
membres  des  Syndicats  ouvriers,  élus  par  le  Conseil  supérieur 
du  Travail,  fissent  partie  du  Conseil  sui)érieur  de  l'Instruction 
l)ublique,  mais  les  Fédérations  ouvrières  ont  le  droit  d'être  con- 
sultées à  un  autre  point  de  vue.  Si  la  réfornie  dont  nous  parais- 
sont  menacés  s'accomplit  dans  un  sens  rétrograde  quant  aux 
lirogrammes,  elle  ne  pourra  pas  être  réactionnaire  quant  aux 
principes,  il  faudra  bien  qu'on  ouvre  de  plus  en  plus  grandes 
les  j)ortes  de  l'Enseignement  secondaire  à  tous  les  enfants  de 
France,  à  quelque  catégorie  sociale  qu'ils  ai)particnnent,  jjourvu 
qu'ils  aient  l'intelligence  nécessaire,  et  qu'ils  ne  ménagent  pas 
leur  peine. 

Que  sortira-t-il  de  la  grande  consultation  que  je  vous  pro- 
pose '?  Il  se  peut  évidemment  qu'elle  condamne  notre  point  de 
vue  ;  nous  n'aurons  en  ce  cas  qu'à  nous  incliner,  et  à  nous 
consoler  comme  nous  i)ourrons  de  n'être  pas  d'accord  avec  ceux 
de  nos  concitoyens  qui  comptent  le  plus  en  ces  temps  troublés. 
Mais  je  suis  convaincu,  pour  ma  part,  que  ces  hommes  nous  don- 
neront raison.  Je  le  crois  parce  qu'il  y  a,  en  notre  pays  de  France, 
une  majorité  d'hommes  de  pensée  claire  et  de  volonté  ferme,  qui 
ne  s'abusent  pas  sur  les  besoins  immédiats  de  la  Nation.  J'ajoute 
que  maints  indices  nous  donnent  confiance  ;  M.  le  Directeur  de 
rKnseignement  secondaire  me  disait  l'autre  soir  qu'il  a  reçu 
dernièrement  la  visite  des  représentants  du  Consortium  des 
Crandes  banques,  et,  à  quelques  jours  de  distance,  ceux  des 
commerçants  du  Havre  :  sans  se  concerter,  ils  étaient  venus  lui 
demander  de  réorganiser  dans  un  sens  évidemment  nouveau  et 
avec  des  formules  différentes,  l'ancien  Enseignement  spécial, 
basé  sur  un  solide  enseignement  du  Français,  des  Sciences  appli- 
quées et  des  langues  vivantes  ;  ils  lui  ont  dit  que  les  employés 
qu'ils  recevaient  directement  de  l'Enseignement  primaire  supé- 
rieur ne  suifisaient  pas  à  tous  les  emplois,  parce  que  cet  ensei- 
gnement dure  trop  peu  pour  développer  chez  l'élève  les  qualités 
de  réflexion,  de  jugement  et  d'initiative  qui  sont  indispensables 
dans  les  jiostes,  même  secondaires,  de  l'Industrie  moderne.  Bien 
plus,  le  Sous-Secrétaire  d'Etat  à  l'Enseignement  technique  du  pré- 
cédent Cabinet  a  jugé  opportun  de  demander  à  M.  Bellin  d'orga- 
niser dans  un  certain  nombre  de  lycées  de  province  nommément 
désignés,  des  sections  d'enseignement  technique,  convaincu  qu'il 
était  que  de  la  collaboration  des  maîtres  de  l'Enseignement 
secondaire  avec  son  jjropre  personnel  sortirait  quelque 
chose  d'aussi  parfait  que  possible.  Tout  cela  me  permet 
d'appuyer  ma  conviction  sur  autre  chose  que  de  vaines 
suppositions.  Oui,  je  crois  que  de  la  consultation  que  je  vous 
propose  pourra  sortir  une  opinion  générale  qui  donnera  à  réflé- 
chir à  ceux  qui  s'illusionnent  sur  le  sentiment  de  la  grande  majo- 
rité des  F'rançais.  Mon  opinion  n'est  pas  loin  d'être,  d'ailleurs,  et 
sur  tous  les  points,  celle  de  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement 
secondaire,  devant  qui  j'ai  développé  mon  projet,  et  qui  l'a  très 
franchement    approuvé. 

En  tous  cas,  quoi   que   vous  décidiez    de    faire.,    laissez-moi  vous 


146  LES    LANGUES    MODERNES 

demander  d'agir  vite.  Il  faudrait,  si  tuiisultation  il  y  a,  qu'elle 
ait  donné  un  résultat,  et  que  ce  résultat  puisse  être  rendu  public 
avant  qu'aucun  projet  soit  déposé  devant  le  Conseil  supérieur.  Or, 
dans  rallocution  qu'il  a  prononcée  devant  le  Conseil,  et  que 
M.  Hovelaque  a  entendue  comme  moi,  le  Ministre  a  annoncé  au 
('onseil  qu'il  aurait  à  s'occuper,  dès  la  session  de  juillet,  tout 
au  moins  d'un  avant-projet  i-elatif  à  la  réforme  des  programmes 
de  1902.  Je  ne  crois  pas,  pour  ma  part,  qu'il  soit  possible,  d'ici 
là,  de  préparer  quelque  chose  de  définitif,  car  la  Direction  est 
bien  décidée,  et  M.  Bellin  m'a  prié  de  vous  en  faire  part,  à 
consulter  tous  les  intéressés,  et  notamment  les  représentants  du 
personnel.  Une  pareille  consultation  ne  peut  se  faire  en  un  jour, 
et  ceci  nous  laisse  quelque  temps  pour  organiser  notre  propa- 
gande. Néanmoins  n'attendez  pas  trop  longtemps  pour  agir,  et  ne 
comptez  pas  surtout,  sur  l'influence  que  peuvent  avoir,  au  Con- 
seil supérieur,  vos  i-eprésentants  et  les  partisans  de  notre  disci- 
pline. Je  parle  en  connaisance  de  cause,  avec  la  conviction  que 
M.  l'Inspecteur  général  Hovelaque  ne  me  démentira  pas.  Il  est  de 
toute  urgence  pour  nous  que  le  projet  du  Ministre,  quand  il 
arrivera  devant  le  Conseil,  ne  nous  soit  pas  par  avance  défavo- 
rable.  Croyez-moi,   s'il  vous   plaît,   à   demi-mot. 

Un  seul  mot  encore.  M.  le  Directeur  de  l'Enseignement  secon- 
daire, qui  ne  nous  a  jamais  ménagé  ses  sympathies,  m'a  charge 
en  son  nom  de  vous  rassurer.  Je  me  suis  bien  volontiers  chargé 
de  son  message,  mais  j'espère  vous  avoir  démontré  néanmoins 
que  nous  courons  un  danger,  auquel  il  convient  de  faire  face. 
M.  Hcvelaque  vous  a  dit  comment  il  concevait  celle  manœuvre 
de  front.  Pour  ma  part,  je  n'ai  cherché  qu'à  compléter  son 
exposé  par  quelques  suggestions  que  je  crois  bonnes.  Je  vous 
demande  d'y  réfléchir,  et  d'être  prêts,  chacun  en  ce  qui  vous 
concerne,  à  appuyer  de  votre  concours  individuel  l'efTort  de  ceux 
qu'à  des  titres  divers,  vous  avez  choisis  pour  vous  représenter, 
et  qui,  livrés  à  eux-mêmes,''  faibliraient  devant  une  pareille 
tâche. 

M.  l'In.specteiir  général  Hovelaque.  —  Vous  voudrez  bien  me 
permettre  d'ajouter  quelques  mots,  non  pour  répondre  à  M.  Ran- 
cès,   nous   sommes   d'accord,   mais  pour  préciser  certains  points. 

J'ai  eu  l'air  tout  à  l'heure  de  critiquer  le  but  de  cette  réunion. 
Nullement.  J'estime  qu'il  est  indispensable  que  nous  intervenions 
dans  de  pareils  débats.  Nous  ne  pouvons  nous  désintéresser 
d'aucune  question  d'enseignement.  Mais  si  l'on  a  raison  de  dis- 
cuter ces  vastes  projets  généraux,  j'estime  comme  M.  Rancès. 
((u'il  y  a  sui*tout  urgence  à  défendre  d'abord  nos  intéi-êts  corpo- 
ratifs. Pour  cela,  je  crois  qu'il  faut  agir,  et  sans  retard,  et  par 
tous  les  moyens  à  la  fois.  M.  Rancès  pense  qu'une  action  dans 
la  Presse  n'est  guère  pratique.  Cela  est  possible  :  cela  n'empêche 
pas  de  la  tenter,  même  sans  grand  espoir  de  réussir.  Les  célè- 
bres paroles  de  Guillaume  d'Orange  sont  éternellement  vraies  : 
je  n'ai  pas  besoin  de  les  citer  :  nous  n'avons  pas  besoin  d'encou- 
ragements pour  persévérer,  et  il  faut  conibaltre  même  sans  espoir 
(le   victoire. 

Sur  l'opportunité   d'associer  à   nos   ciToils   tous   les   ordres   d'en- 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  147 

scigiu-nictit  cl  l'iippui  que  nous  pourrons  trouver  dans  renseigne- 
ment technique  et  ailleurs^  je  suis  pleinement  d'accord  avec 
M.  Hancès.  Il  faut  encourager  tous  les  mouvements  favorables  à 
notre  enseignement,  (juant  à  la  bienveillance  de  Af.  le  Directeur 
de  rKnseignement  secondaire,  j'ai  été  très  heureux  d'entendre  le 
témoignage  de  M.  Uancès.  Par  discrétion,  je  n'y  avais  fait  qu'une 
iiilusion  rapide,  mais  je  suis  heureux  de  pouvoir  corroborer  per- 
sonnellement les  paroles  qu'il  a  prononcées.  Soyez  sûrs  que 
nous  trouverons  toujours  en  lui  un  ami.  Et  je  me  permets  d'ajou- 
ter que  l'.Administration  supérieure  a  été  infiniment  sensible  à 
l'initiative,  <|ue,  seuls,  painii  tous  les  professeurs,  vous  avez  prise 
pendant  la  guerre,  en  discutant  à  fond  la  pédagogie  de  votre 
enseignement,  et  en  cherchant  à  l'anvéliorcr.  Elle  vous  en  a  eu 
une  grande  reconnaissance,  et  sa  bienveillance  déjà  acquise  ne 
pourra  qu'être  renforcée  par  l'activité  désintéressée  que  vous 
ne  cessez  de  déployer,  et  le  haut  exemple  que  vous  donnez. 
(  .4  pplaudissem  enis). 

M.  le  Président.  .le  donne  la  parole  à  notre  collègue,  M.  Delo- 
bel,  qui  a  suivi  les  travaux  de  la  Commission  d'enquête  au  nom 
de  l'Association,  et  va  nous  en  donner  le  compte  rendu.  11  s'agit 
de  répondre  aux  questions  posées  par  la  (.ommissiou.  Les 
I  épouses  que  vous  donnerez  seront  recueillies  par  M.  Delobel 
qui  fera  un  travail  d'ensemble  avec  les  réponses  venues  de 
province. 

M.  Godard  demande  si  la  réponse  de  l'enseignement  secondaire 
doit  se  faire  par  voie  uniquement  universitaire,  sous  forme  d'un 
projet  soumis  au  Conseil  supérieur,  ou  si  le  Parlement  sera 
appelé  à  donner  son  avis  après  une  consultation  générale  de 
l'opinion    comme   en    1902. 

3/.  le  Président.  11  m'est  diflicilc  de  vous  répondre  sur  ce  point, 
car   nous   ne    sommes   jjas    plus   renseignés   que   vous. 

M.  Delobel  s'associe  aux  paroles  du  Président.  Nous  ne  pou- 
vons savoir  actuellement  quellej.  sont  les  intentions  du  minis- 
tère et  quand  on  établira  un  projet  de  réformes.  Mais  la  question 
est  déjà  posée  par  la  décision  de  la  Fédération  nationale  qui  a 
inscrit  à  l'ordre  du  jour  de  son  Congrès  de  Pâques  la  réorgani- 
sation de  l'enseignement.  Une  enquête  a  été  ouverte  par  la  Com- 
mission nommée  au  dernier  Congrès  de  Strasbourg,  enquête  très 
large  dans  le  sens  indiqué  tout  à  l'heure  par  M.  Rancès  et  qui 
s'est  adressée  raix  Amicales,  aux  Associations  de  spécialistes,  et 
à  des  groupements  extra-universitaires,  comme  les  syndicats 
patronau.x   et   ouvriers. 

Le  Comité  de  notre  Association  m'ayant  demandé  en  décem- 
bre de  suivre  en  son  nom  les  travaux  de  la  Commission  d'en- 
quête, j'ai  été  frappé  de  voir  qu'aucune  réponse  n'avait  encore 
été  envoyée  au  nom  des  professeurs  de  langues  vivantes,  alors 
que  les  historieus,  les  philosophes,  les  grammairiens,  avaient 
déjà  fait  connaître  leur  opinion.  11  m'a  paru  nécessaire  que  nous 
fassions  aussi  entendre  notre  voix.  C'est  pourquoi  j'ai  demandé 
au  Comité  d'étudier  le  plus  tôt  possible  le  premier  questionnaire 
envoyé  par  la  Commission  d'enquête  et  d'y  joindre  le  second 
qu'elle  allait   publier.  Le  Comité  ne  pouvait  pas,  lui-même,  pren- 


148  LES   LANGUES    MODERNES 

dre  des  décisions  qui  engageaient  toute  l'Association.  Il  décida 
de  transmettre  les  deux  questionnaires  (1'  aux  régionales  en  leur 
demandant  de  se  prononcer.  Les  régionales  de  Lyon,  Nancy, 
Poitiers,  Toulouse  ont  déjà  répondu.  Celles  de  Bordeaux,  Caen, 
Lille,  Marseille,  en  voie  de  reconstitution  ou  d'organisation,  se 
sont  excusées  de  ne  pouvoir  réunir  leurs  membres.  .\ujourd'hui, 
Ja  Régionale  de  Paris  doit  se  prononcer  à  son  tour.  Les  deux 
questionnaires  représentent  un  ensemble  de  problèmes  très  vas- 
tes, et  nous  ne  pouvons  les  résoudre  en  quelques  heures.  Mais  il 
y  a  urgence  à  faire  entendre  notre  voix  au  Congrès  de  la  Fédé- 
ration. Puisque  l'heure  est  déjà  avancée,  nous  pouvons  laisser  de 
côté  les  points  de  détail  et  ne  retenir  que  les  questions  essen- 
tielles. La  tâche  nous  est  d'ailleurs  facilitée.  La  Commission  d'en- 
quête a  dégagé  des  réponses  reçues  au  sujet  du  1""^  questionnaire 
un  certain  nombre  de  conclusions,  que  vous  avez  trouvées  dans 
la  circulaire  jointe  par  notre  Secrétaire  général  à  la  convocation. 
Nous  pouvons  simplifier  la  discussion  sur  ces  points  et  voter 
seulement  sur  les  conclusions  de  la  Commission.  Le  2'  question- 
naire concerne  l'organisation  générale  de  l'enseignement  secoiv- 
daire  et  pose  la  question  des  humanités  classiques  et  des  huma- 
nités modernes.  C'est  là-dessus,  je  crois,  que  devra  porter  le 
débat  essentiel.  Il  y  aurait  lieu  d'y  ajouter  les  questions  relati- 
ves  aux   langnes  vivantes. 

M.  le  Président  donne   lecture   de   la   résolution    1. 

M.  Godard-  Beaucoup  de  ces  questions  sont  d'ordre  social  ou 
politique  et  dépassent  la  compétence  de  l'Association.  Nous 
n'avons  pas  intérêt  à  y  répondre.  11  faudrait  plutôt  retenir  cel- 
les qui  concernent  les  langues  vivantes  et  sur  lesquelles  nous 
sommes  d'accord,  comme  la  constitution  d'un  véritable  ensei- 
gnement d'humanités  modernes,  et  nous  dérober,  par  tactique,  à 
tettc  consultation,  car  nous  pouvons  dilîérer  d'avis  sur  des 
questions  comme  l'organisation  générale  de  renseignement  ou 
l'étude    du   latin. 

M.  Rancès  considère  comme  anti-statutaire  de  discuter  ici 
cette  question  qui  est  purement  politique.  11  demande  qu'on  vote 
sur    la   question   préalable. 

M.  le  Président  répond  qu'il  ne  faut  pas  exagérer.  Il  est  égale- 
ment intéressant  pour  les  i)rofesseurs  de  langue6  vivantes  de 
savoir  comment  sont  formés  les  élèves  qu'ils  reçoivent  dans  leurs 
classes. 

M,  Delobel  répond  aux  diverses  objecti«)ns.  11  y  a  d'abord  des 
questions  de  fait.  D'autres  .Associations  de  spécialistes  (gram- 
mairiens, historiens,  philosophes»  ont  cru  avoir  la  compétence 
nécessaire  pour  prendre  position.  Pourquoi  l'.Association  des  pro- 
fesseurs de  langues  vivantes,  qui  est  la  seule!  à  réunir  les  trois 
ordres  d'enseignement  et  à  i)osséder  ainsi  en  elle-même  les  élé- 
ments nécessaires  pour  étudier  toutes  les  questions,  serait-elle 
aussi    la    seule   à   se   déclarer    incompétente  '? 


(1)    Les   deux    questionnaires    se    trouvent    publiés    à    la    suite    du 
compte   rendu   de   cette    séance. 


BULLETIN    DE    L'.VSSOCLVTIOX  149 

Dans  notre  Association,  les  rcgioiuilcs  qui  n'ont  pas  repondu 
ont  indiqué  qu'elles  en  étaient  empêchées,  étant  en  voie  d'orga- 
nisation ou  de  reconstruction.  Mais  les  autres  n'ont  pas  hésité 
à  répondre.  Si  elles  ont  mis  en  première  ligne  la  défense  des 
langues  vivantes,  aucune  ne  s'est  tlésintéressée  du  questionnaire 
lui-même. 

Bien  entendu,  les  questions  relatives  aux  langues  vivantes 
doivent  retenir  surtout  notre  attention.  Les  S  7  à  28  nous  en 
fournissent  am|)lcnient  l'occasion  et  seront  le  centre  du  débat. 
.Mais  il  ne  nie  paraît  pas  que  nous  devions  écarter  les  autres 
questions  d'intérêt  plus  général  et  nous  cantonner  étroitetiicnt 
sur  le  terrain  de  notre  spécialité.  La  place  et  le  rôle  des  langues 
vivantes  dépendent  de  la  conception  qu'on  se  fait  de  renseigne- 
ment tout  entier.  Il  n'est  pas  inditîérent  de  savoir  comment  seront 
recrutés  nos  élèves,  d'après  les  ressources  de  leur  famille 
ou  d'après  leurs  aptitudes,  à  quel  âge  coramenctpa  l'étude  des 
langues  vivantes,  quels  seront  les  rapports  des  écoles  techniques 
et  des  écoles  générales.  Pour  ne  pas  prolonger  le  débat,  et  puis- 
que des  propositions  fermes  nous  sont  soumises,  je  demande  si 
nous  voulons  adopter  les  conclusions  de  la  Commission.  Si«on. 
nous  écarterons  ces  questions  afin  de  ne  pas  entrer  dans  une 
discussion  dont  nous  ne  pourrions   plus   sortir. 

M.  Varenne  fait  une  proposition  transactionnelle.  Chargeons 
une  Commission  spéciale  d'étudier  les  grandes  questions  géné- 
rales et  de  nous  apporter  ses  conclusions,  et  réservons  notre 
eflort   pour  les  questions   qui   intéressent   les   langues   vivantes. 

.V.  Delobel.  La  Commission  d'enquête  demande  une  réponse 
pcui'  le  25  février.  Le  Congrès  discutera  les  conclusions  au  Con- 
grès de  Pâques.  La  Commission  que  nous  nommerions  aujour- 
d'hui n'aurait  pas  le  temps  d'aboutir.  D'ailleurs,  nous  avons 
déjà  des  conclusions  fermes  qui  nous  sont  proposées.  Votons 
là-dessus. 

M.  le  Président  met  aux  voi.x  la  question  préalable.  La  ques- 
tion préalable  est  votée  sur  les  résolutions  1,  2,  3.  Les  résolu- 
tions 4  et  5  sont  disjointes  pour  être  réunies  a>i  second  ques- 
tionnaire.   La   résolution    6    est    adoptée. 

M.  Delobel.  Nous  arrivons  au  second  questionnaire.  Nous  pou- 
vons résoudre  brièvement  les  questions  1  à  6.  Les  n»'  7  à  28 
concernent  le  problème  central,  l'organisation  de  renseignement 
secondaire  et  la  place  que  doivent  y  occuper  les  langues  vivantes. 

M.  le  Président  lit  la  question  n"    1. 

M.  Rcuicès.  Je  ne  comprends  pas  ce  qu'on  entend  par  traits 
essentiels. 

M.  Milliot-Maderan  propose  de  traiter  la  question  au  point  de 
vue   des  langues  vivantes   seules. 

M.  Delobel  appuie  cette  proposition  :  ■<  L'enseignement  des  lan- 
gues vivantes  est  le  même  au  point  de  vue  des  horaires  et  des 
programmes  pour  les  garçons  et   pour  les   filles,    i 

Adopté. 

M.    le  Président.   Question    n"    2. 

M.  Ronces.  Voilà  encore  une  grosse  question  politique.  Certains 
veulent    que    l'enseignement    primuire    se    termine    à    11    ans,    d'au- 


150  LES   L.VNGUES    MCDER.NES 

très  à  14  ans.  La  question  est  trop  importante  et  je  demande 
qu'on   n'y   touche   pas. 

M.  Delubel.  Ce  n'est  pas  l'avis  de  la  Régionale  de.  Lyon.  Elle 
fait  remarquer  que,  si  l'on  supprime  les  classes  de  6'  et  de  5',  on 
enlève  aux  langues  vivantes  deux  années  très  favorables  à  la 
méthode  directe,  surtout  pour  l'anglais,  et  elle  refuse  tout 
relèvement  de  l'âge  d'entrée  avant  d'avoir  l'assurance  de  mesu- 
res  compensatrices    pour   les   langues    vivantes. 

M.  Bêcher.  On  restreindrait  le  problème  eu  ne  le  considéraut 
que  du  point  de  vue   étroit  des  langues   vivantes. 

M.  Kuhn.  Nous  he  pouvons  pas  répondre  à  cette  question  après 
avoir  écarté  par  la  question  préalable  la  résolution  n"  1  qui 
parle  de  l'école   unique. 

La  question  préalable  est  votée.  On  passe  aux  questions  3  et  4. 

M.  Milliot-Maderan  pose  la  question  préalable  ;  «  ce  n'est  pas, 
dit-il,  que  le  questionnaire  manque  d'intérêt  à  mes  yeux  ;  il  pose 
au  contraire,  des  problèmes  très  importants  ;  je  puis  avoir  sur 
CVS  problèmes  une  opinion  très  précise,  comme  citoyen,  comme 
professeur,  mais  pas  comme  professeur  de  langues  vivantes.  Si 
nous  avons  ici  une  doctrine  spéciale  sur  les  questions  que  pose  la 
Fédération  des  lycées,  nous  pouvons  l'affirmer  et  la  faire  con- 
naître à  la  Fédération,  mais  en  dehors  du  questionnaire  et  sans 
nous  attacher  à  répondre  à  ce  questionnaire,  article  par  article.   >> 

.V.  Rancés.  Lorsque  ces  questions  seront  examinées  par  le  Con- 
grès de  la  Fédération,  ce  ne  sont  pas  les  représentants  des  Asso- 
lions qui  voteront,  mais  ceux  des  Amicales  de  Paris  et  de  pro- 
vince. Que  nous  répondions  ou  non,  ce  sera  exactement  la  même 
chose.  Ce  qui  importe,  c'est  ce  que  nous  allons  faire  en  face  des 
dangers  qui  nous  menacent  et  qui  ont  été  signalés  par  M.  l'Ins- 
pecteur Hovelaque. 

M.  Delobel.  Sans  doute,  mais  les  professeurs  de  langues  vivan- 
tes font  partie  des  Amicales.  Il  serait  utile  qu'ils  aient  une  doc- 
trine commune,  dont  ils  s'inspireraient  pour  prendre  part  aux 
travaux  des  Al.  Et  cette  doctrine,  c'est  nous,  dans  nos  réunions 
corporatives,  qui  devons  l'élaborer.  D'ailleurs,  nous  abordons 
maintenant  avec  la  question  7  le  problème  des  langues  vivantes. 
Il  ne  s'agit  pas,  bien  entendu,  de  suivre  l'ordre  des  questions, 
mais  d'indiquer  notre  conception  sur  le  rôle  et  la  place  de  notre 
enseignement. 

M.  Laloii  demande  qu'on  retienne  la  question  u"  14,  concer- 
nant le  professeur  principal.  Beaucoup  de  nos  collègues  de  let- 
tres ne  sont  pas  encore  pénétrés  de  cette  vérité  que  renseigne- 
ment des  langues  vivantes  donne  une  discipline  intellectuelle. 
Nous  ne  devons  pas  craindre  de  déclarer  que  nous  pouvons  assu- 
mer  aussi    l'enseignement    du    français. 

M.  Godard  est  d'avis  que  l'Association  se  déclare  incompé- 
tente pour  toutes  ces  questions  et  que,  sans  se  j)rononccr  sur  la 
question  i\\i  latin  et  sur  celle  de  professeur  principal,  elle  expri- 
jne  siniplcnieiit  le  vœu  que,  dans  ht  réorganisation  de  l'ensei- 
gnement secondaire,  il  soit  fait  une  place  à  un  enseignement 
d'humanités   modernes.   Il   dépose  un  ordre   du   jour  dans  ce   sens. 

M.   Rancès    insiste    pour   (pie    soit    faile    une    mauifeslation    con- 


1 


BULLETIN    DE    L'ASS0CL\TI0N  151 

tre  li-s  déclaiatioiis  du  grand-iiiaitrc  de  rTnivcrsitc  où  il  a  indi- 
qué qu'il  convenait  de  supprimer  la  section  D  parce  qu'il  n'y 
avait  pas  de  latin.  Nous  devons  aflirnier  (jue,  par  les  langues 
vivantes,  nous  donnons  un  enseignement  d'Iuimanités.  Il  faut 
obtenir  surtout  que,  dans  cet  enseignement  d'humanités  n)oder- 
nes,   la   langue   française    soit   traitée   comme   une    langue    moderne. 

,1/.  Godard  craint  qu'on  ne  veuille  surtout  attaquer  les  program- 
n)es  de   190'2. 

M.  Varcnite  demande  comme  sanction  av  débat  que  le  Bureau 
aille  exprimer  au  Ministre  l'inquiétude  que  ses  paroles  ont  sou- 
levée  chez   les   professeurs   de    langues   vivantes. 

M.    Desclos-Auricoste    demande    hi       parole  : 

Je  voudrais  ajouter  ù  l'éloquente  argumentation  de  M.  Tlns- 
pecteur  général  Hovelaque,  sur  la  vertu  éducative  de  l'étude  des 
ii.ngues  vivantes,  quelques  considérations  d'ordre  utilitaire,  mais 
qui  me  semblent  de  nature  à  inllucr  sur  l'opinion  publique  et  à 
porter  un  coup  sérieux  à  la  thèse  de  nos  adversaires,  sur  le  ter- 
rain même  qu'ils  ont  choisi.  Kn  effets  s'ils  veulent  ramener 
l'enseignement  secondaire  de  cinquante  ans  en  arrière  et  le 
réduire  à  l'étude  à  peu  près  exclusive  du  grec  et  du  latin,  c'est, 
disent-ils,  pour  défendre  la  culture  française  et  se^^•ir  1  intérêt 
national,   que  menaceraient   les   programmes   en   vigueur. 

Outre  ce  qu'il  y  a  d'inconvenant  à  parler  ainsi  de  la  discipline 
où  se  sont  formées  les  générations  qui  ont  rendu  à  la  patrie  ses 
provinces  perdues  et  son  rang  dans  le  monde,  la  proposition  de 
nos  adversaires  manifeste  une  méconnaissance  complète  des 
conditions  qui  régissent  la  vie  nationale  ;  et,  bien  loin  de  servir 
l'intérêt  du  pays,  elle  ne  tend  à  rien  moins,  en  réduisant  à  néant 
l'étude  des  langues  vivantes,  qu'à  le  priAer  de  ses  armes  essen- 
tielles et  à  la  livrer  sans  défense  à  la  merci  de  ses  concurrents 
et  de  ses  ennemis  plus  résolus  que  jamais. 

Ce  qui  distingue  en  effet  notre  époque  de  la  période  d'avant- 
guerre,  c'est  que,  dans  tous  les  domaines,  la  plupart  des  problè- 
mes qui  se  posent  à  l'examen  de  l'opinion  et  des  pouvoirs  publics, 
de  problèmes  intérieurs  qu'ils  étaient  naguère,  sont  devenus 
aujourd'hui  des  problèmes  mondiaux,  que  les  conditions  régis- 
sant notre  vie  nationale  sont  de  plus  en  plus  déterminées  par  des 
événements  extérieurs,  et  que  si  nous  n'intervenons  pas  pour  agir 
sur  ces  événements  en  notre  fa\'eur,  d'autres,  et  ils  sont  nom- 
breux, sauront  bien  les  diriger  contre  nous.  Or,  nous  n'avons  pas 
fait  la  guerre  pour  nous  laisser  ainsi  dépouiller  du  fruit  de  nos 
sacrifices  ;  nous  savons  que  notre  victoire  n'a  été  qu'un  début, 
qu'une  longue  lutte  nous  attend  ;  nous  entendons  en  sortir  vic- 
torieux encore  et  nous  ne  souffrirons  pas  qu'on  nous  enlève  nos 
armes. 

La  lutte  porte  sur  tous  les  terrains.  Lutte  politique  d'abord. 
Depuis  deux  ans,  nous  voyons  la  propagande  allemande  travailler 
avec  ténacité  et  habileté  l'opinion  publique  dans  tous  les  pajs, 
pour  l'amener  à  exiger  une  révision  du  traité  de  Versailles  qui 
permettrait  au  vaincu  de  se  dérober  aux  justes  réparations  qu'il 
nous  doit.  Et  je  ne  veux  d'autre  preuve  du  succès  de  cette  pro- 
pagande   que   ce    fait    qui    a    si    fortement    impressionné     tous     les 


152  LES    LANGUES    MODERNES 

Français  à  rAsserablée  de  la  Société  des  Nations  :  les  délégués 
de  la  majorité  des  puissances  sont  arrivés  avec  l'ordre  de  leurs 
Gouvernements  de  se  méfier  de  la  France.  Et  l'on  a  vu  cette  chose 
jnonstrueuse.  la  France  pacifique,  toute  saignante  encore  des 
j)laies  qu'elle  a  reçues  pour  la  défense  du  droit,  pour  la  cause 
lie  l'humanité,  accueillie  avec  défiance,  comme  la  nation  de  proie 
dont  les  desseins  impérialistes  menaceraient  partout  la  paix  du 
Monde.  Et  il  a  fallu  tout  le  talent  de  nos  représentants  pour  dis- 
siper cette  impression  fausse  et  permettre  aux  thèses  si  justes 
et  si  modérées  de  la  France  de  triompher  enfin  comme  elles  le 
méritaient.  Allons-nous  abdiquer  devant  cette  propagande  ?  Et 
si  lious  n'abdiquons  pas,  comment  donc  pourrons-nous  la  dépis- 
ter et  la  combattre  si  nous  n'apprenons  plus  les  langues  étran- 
gères ? 

La  lutte  ne  sera  pas  moins  rude  sur  le  terrain  économique  ? 
Où  allons-nous  trouver  les  ressources  qui  nous  permettront  tle 
iaire  face  à  des  budgets  de  25  milliards,  à  la  reconstitution  des 
régions  dé\astées,  si  nous  ne  nous  enrichissons  pas  par  notre 
commerce  extérieur  ?  (".omment  écoulerons-nous  les  produits  de 
nos  industries  dont  nous  saluons  tous  l'essor  comme  un  gage  de 
richesse  et  de  force  nouvelle  si  nous  ne  savons  pas  nous  assu- 
rer les  débouchés  et  les  matières  premières  nécessaires  ;  et  com- 
ment le  faire  encore  si,  ne  sachant  plus  les  langues  vivantes, 
nous  devenons  incapables  d'aller  enlever  sur  place,  de  haute  lutte, 
les  commandes  que  nous  dispute  l'industrie  étrangère  déjà  si 
avantagée  par  ailleurs.  L'instant  est  favorable  ^pourtant  ;  d'après 
certaines  informations,  récemment  publiées,  nous  savons  que 
des  offres  nous  ont  été  faites  de  nature  à  jirocurer  à  nos  indus- 
tries d'immenses  débouchés.  On  nous  propose  des  matières  pre- 
mières, on  nous  réclame  une  véritalîle  armée  de  techniciens, 
administrateurs,  ingénieurs,  ouvriers  d'art.  Du  travail  et  de  la 
richesse  ])our  tous  pendant  des  années  à  venir  nous  sont  ainsi 
annoncés.  Allez-vous  donc  refuser  ces  offres,  allez-vous  fermer 
à  nos  élèves  ces  carrières  qui  s'ouvrent  devant  eux  en  leur 
ôtant  la  possibilité  d'acquérir  l'instrument  indispensable  pour  ce 
travail  :  la  connaissance  des  langues  étrangères.  Je  suis  bien 
certain  que  nos  commerçants,  nos  chefs  d'industrie,  nos  pères  de 
famille,  soucieux  de  l'avenir  de  leurs  enfants  ne  le  permettront 
pas. 

Esî-ce  que  le  rayonncnicnt  de  la  culture  française  ne  dépend 
pas  aussi,  en  grande  j)artie,  de  notre  connaissance  des  langues 
étrangères  ?  (",roit-on  que  notre  pensée,  notre  art.  notre  civili- 
sation se  répandront  si  nous  n'allons  pas  nous-mêmes  les  porter 
de  par  le  monde.  Est-ce  le  moyen  do  conquérir  l'estime  de  l'étran- 
ger que  de  se  montrer  dédaigneux  et  ignorant  de  sa  langue,  de 
sa  civilisation,  dont  il  est  aussi  fier  que  nous  le  sommes  de  la 
nôtre,  et  croit-on  se  rendre  aimable  en  s'enfermant  chez  soi  et 
en  répondant  à  nos  visiteurs  par  un  hargneux  <■  comprends 
pas  ». 

i\econnaissons  la  justesse  de  ce  que  dit  Pierre  llamp  :  ■  Que 
les  routes  du  monde  soient  parcourues  par  des  automobiles  de 
marque    française    n'est    pas    moins    important    que     de     \oir     des 


mil. MIN    1)1.    i.'a.ssoci  \  I  loN  l'iiî 

miviaiie.s  français  ulaz  les  libraires  étrangers,  ce  qui  est  moins 
important  encorf  que  de  rencontrer  dans  tous  les  pays  des  Fran- 
Vais.  Ecrire  chez  soi  et  faire  voyager  i\u  j)apier  ne  vaut  point 
tant  que  de  voyager  soi-même  et  de  fonder  au  loin  des  œuvres 
tic  réalité.  Le  travail  vainqueur  est  le  meilleur  agent  de  pénétra- 
tion des   peuples.    ■ 

•  Trade  fellows  tlie  tlag  .,  disait  jadis  (".hamberlain.  sachons 
reconnaître  qu'aujourd'hui  le  livre  suit  le  commerce,  et  que  si 
nous  Jie  savons  pas  aller  faire  à  l'étranger,  dans  la  langue  du 
pays,  la  publicité  nécessaire,  pas  plus  que  nos  produits  fabriqués, 
nos  livres,  notre  culture  ne  s'y  répandront.  Nos  ennemis  ne  s'y 
trompent  pas  d'ailleurs,  et  vous  me  permettrez  d'étayer  mon 
argumentation  par  l'e.xpo.sé  des  faits  signalés  à  la  dernière  réu- 
nion de  l'Office  National  des  l'niversités  par  M.  Mérimée,  le  dis- 
tingué  Directeur   de   l'Institut    français  de   Madrid. 

.\u  cours  de  l'automne  dernier,  le  Gouvernement  allemand  a 
envoyé  en  mission  en  Kspagne  trois  des  plus  réputés  chirurgiens 
d'Ontre-Hhin.  Ils  se  sont  partagés  le  pays  et  chacun  d'eux  a  fait 
dans  une  ville  de  Faculté  un  séjour  de  trois  mois  pendant  lequel 
il  n'a  cessé  d'opérer  et  d'enseigner  aux  étudiants  et  à  tout  le 
j)ersonnel  médical  de  la  région,  accouru  en  foule  admirer  la 
science  et  l'habileté  de  ces  maîtres,  .\utre  fait  :  Sur  rînter\-en- 
tion  personnelle  du  Ministre  des  .Affaires  étrangères  von  Simons, 
la  Commission  du  budget  du  Reichstag  a  voté  les  millions  néces- 
saires à  la  création  à  Berlin  d'un  grand  Institut  germano-hispa- 
nique, et  à  Madrid  d'un  Institut  hispano-germanique  correspon- 
dant. 

Enfin,  les  maisons  d'édition  de  Leipzig  ont  installé  deux  de 
leurs  meilleurs  chefs  de  service  à  Santander,  où  ils  se  proposent 
d'imprimer,  à  un  nombre  suffisant  d'exemplaires  pour  en  inonder 
1h  péninsule  et  l'Amérique  latine,  des  traductions  espagnoles  des 
ouvrages  scientifiques  allemands  de  tout  ordre,  que  jusqu'à  pré- 
sent les  Espagnols,  qui  ignorent  généralement  l'allemand,  ne  pou- 
vaient lire.  S'ils  veulent  bien  se  souvenir  que  les  cent  marks 
allemands  valent  aujourd'hui  treize  pesetas,  les  champions  de  la 
culture  gréco-latine  mesureront  la  valeur  de  l'eftort  et  la  fer- 
meté du  dessein  que  ces  trois  ordres  de  faits  nous  révèlent,  ils 
mesureront  le  péril  qui  menace  la  culture  française,  et,  ces- 
si-.nt  de  dénoncer  les  langues  vivantes,  ils  demanderont  avec  nous 
qu'on  en  maintienne  et  qu'on  en  renforce   l'étude. 

Comment,  devant  de  pareils  faits,  pourrait-on  présenter  aux 
Chambres  françaises  une  proposition  aussi  périlleuse  que  cette 
prétendue  réforme.  Notre  Parlement  a  tellement  conscience  des 
nécessités  nouvelles,  que,  bien  loin  d'envisager  pour  le  pays  un 
repliement  sur  lui-même  qui  serait  mortel,  il  songe  à  favoriser 
son  développement  extérieur  par  la  création  d'un  Sous-Secré- 
tariat de  l'Expansion  nationale.  Et  c'est  dans  un  pareil  moment 
que  l'on  voudrait  supprimer  l'étude  de  l'instrument  indispen- 
sable   à   toute    l'action    envisagée.    Quelle    folie    et    quelle    impiété  ! 

Que  l'on  ne  dise  pas  non  plus  que  l'étude  des  langues  vivantes 
est  facile  et  que  par  exemple  on  apprend  l'anglais  en  six  mois, 
ainsi  que  je  l'ai  entendu  dire  dans  une  réunion  de  parents  d'élè- 


154  LES   LANGUES   MODERNES 

ves.  D'abord,  il  ne  s'agit  pas  seulement  d'apprendre  la  langue 
étrangère  ;  il  s'agit  tout  autant  d'apprendre  à  connaître  l'âme 
étrangère.  Tous  ceiix  qui  ont  participé  au  travail  de  liaison  avec 
les  armées  alliées,  ceux  que  leurs  occupations  ou  leurs  goûts  met- 
tent en  relations  suivies  avec  des  peuples  étrangers,  savent  que 
la  connaissance  de  l'esprit  étranger  est  aussi  nécessaire  que  celle 
de  la  langue  qui  sert  à  l'acquérir.  Mais  encore,  c'est  une  illusion 
dangereuse  que  cette  prétendue  facilité.  Je  n'en  veux  pour  preuve 
que  les  erreurs  grossières  où  elle  a  mené  certains  rédacteurs  du 
traité   de  Versailles. 

Cette  œuvre  diplomatique,  comme  chacun  sait,  est  rédigée  en 
anglais  et  en  français,  et  les  deux  textes  font  également  foi.  Or, 
en  maints  endroits,  il  est  facile  de  relever  "entre  eux  des  diver- 
gences de  sens,  qu'explique  évidemment  l'illusion  de  la  facilité 
des  langues  vivantes  qu'avaient  certains  rédacteurs,  mais  qui 
peuvent  entraîner  des  conséquences  de  la  plus  grande  impor- 
tance. Je  me  contenterai  d'en  citer  une  très  grave.  Par  l'açt.  10 
du  Pacte  de  la  Société  des  Nations,  les  membres  de  la  Société 
s'engagent  à  maintenir  contre  toute  agression  l'intégrité  terri- 
toriale et  l'indépendance  politique  de  tous  les  membres  de  la 
Société.  L'article,  envisageant  la  possibilité  d'une  telle  agression 
s'exprime    ainsi    en   français  : 

"  En  cas  d'agression,  de  menace  ou  de  danger  d'agression,  le 
(Conseil  noise  aux  moyens  d'assurer  l'exécution  de  cette  obliga- 
tion.  » 

Le   texte    anglais    dit  : 

'.  In  case  of  any  such  agression  or  in  case  of  any  threat  or 
danger  of  such  agression,  the  C.ouncil  shall  advise  upon  the 
ineans   by    v^'hich    Ihis    obligation    shall    be    fulfilled.   » 

Evidemment  il  est  facile  de  remarquer  que  "  aviser  »  et  <«  to 
advise  >  se  ressemblent.  Il  aurait  aussi  fallu  savoir  que  leur  sens 
est  dillerent  et  que  le  mot  français  implique  non  seulement  une 
délibération  mais  la  mise  à  exécution  de  la  décision  prise,  tandis 
que  le  verbe  anglais  signilie  seulement  délibérer,  conseiller.  L'un 
prévoit  des  actes,  l'autre  des  mots.  Quel  secours  ce  texte  nous 
apportera-t-il    le    jour    où    nous    serons    attaqués  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  Ktats-Tnis  ont  vu  dans  cette  dualité 
(l'expression  un  piège,  et  i)our  n'y  point  tomber  n'ont  pas  ratifié 
le  traité. 

Voilà   où    aboutit   l'illusion   de   la   facilité   des   langues   vivantes. 

Je  ne  m'excuserai  j)as,  mes  chers  collègues,  de  vous  avoir  pré- 
senté une  argumentation  d'ordre  purement  utilitaire.  La  généra- 
tion qui  a  fait  la  guerre  a  autant  que  toute  autre  le  respect  des 
idées,  elle  l'a  montré  en  faisant  triompher  celles  de  droit,  de 
justice,  d'Iiumanité,  de  patrie,  mais  elle  sait  y  joindre  le  respect 
des  faits.  La  guerre  lui  a  appris  qu'on  ne  méprise  pas  les  faits 
impunément,  et  que,  si  l'on  veut  vaincre,  il  faut  savoir  les  obser- 
^er,  les  comprendre  et  y  adapter  son  action.  Je  suis  profondé- 
ment convaincu  que  l'opinion  publique  lorsqu'elle  les  connaîtra, 
exigera   qu'on    en    tienne   compte. 

.1/.  Diipré  i)arle  en  faveur  des  |)rogramnies  de  1902.  S'ils  n'ont 
j>as  donné  les  résultats  espérés,  ce  n'est  pas  notre  faute,  mais 
celle  des  circonstances. 


lui.i.i/riN  ni:  l'association  I'm 

.1/.  7va/i;i  ])rf)i)Osc  de  i)rt'fisc'r  le  sens  Hii  va'ii  de  M.  Godard. 
l."en!>eignement  d'hiinianités  modernes  doit  être  fondé  sur  un 
large  et  vivant  enseignement  du  français,  renforcé  par  l'élude 
solide  et  sérieuse  d'une  ou  de  deux  langues  vivantes.  Il  est  néces- 
saire de  préciser  ce  que  nous  entendons  par  humanités  modernes. 
Nous  ne  nous  prononçons  i)as  contre  le  latin,  mais  nous  récla- 
mons pour  les  langues  vivantes  une  place  honorable  dans  tous 
les  types  d'enseignement  i\\.\  second  degré.  11  donne  lecture  d'un 
ordre  du  jour  ainsi  complété. 

Une  discussion  assez  confuse  s'engage  sur  les  deux  ordres  du 
jour,  des  modifications  ou  des  additions  étant  proposées  de 
divers  côtés. 

M.  Godard  demande  à  maintenir  son  ordre  du  jour  qui  ne 
répond  pas  aux  mêmes  préoccupations  que  celui  de  M.  Kuhn. 
11  craint  qu'en  ne  parlant  pas  du  latin,  nous  ayons  l'air  de  lui 
être  hostiles  et  que  nous  nous  aliénions  les  sympathies  de  cer- 
tains collègues  de  lettres.  On  peut  concevoir  des  humanités 
modernes  avec  latin.  11  faut  éviter  de  préciser  et  laisser  loute 
l'élasticité  à  la   formule. 

M.  Rancès  appuie  l'ordre  du  jour  Godard  qui  laisse  volontai- 
rement de  côté  les  questions  délicates  et  dit  exactement  ce  qu'il 
doit  dire.  Quand  nous  nous  adresserons  aux  organisations  écono- 
miques, nous  pourrons  faire  valoir  d'autres  considérations.  Ceci 
est  un  ordre  du  jour  pour  la   Fédération. 

M.  Kuhn  répond  que  son  ordre  du  jour  ne  contient  pas  un  mot 
contre  le  latin.  Les  questions  politiques  et  économiques  ont  aussi 
leur  importance. 

M-  Descland  insiste  pour  que  l'on  mentionne  les  questions  éco- 
nomiques. Nous  ne  pouvons  réussir  dans  notre  |)ropagande 
qu'avec    l'appui    des   groupements   économiques. 

M.  Gricaiit  appuie   aussi   l'ordre   du  jour   Kuhn. 

M.  Delobel  constate  qu'on  a  écarté  tout  à  l'heure  des  questions 
jiarce  que  nous  n'étions  pas  d'accord  à  leur  sujets  II  ne  paraît 
pas  que  l'accord  soit  plus  facile  sur  les  questions  qui  ne  con- 
cernent que  les  langues  vivantes.  Nous  ne  devons  pas  nous  con- 
tenter de  formules  générales  qui  éludent  les  difficultés,  mais  nous 
mettre  résolument   à   l'étude   des   problèmes   essentiels. 

Les  deux  ordres  du  jour  ayant  été  relus.  M-  Godard  déclare 
retirer   le   sien   pour   simplifier  la    discussion. 

L'ordre  du  jour  de  M.  Kuhn  est  adopté  à  l'unanimité.  Sur  la 
proposition  de  M.  Rancès,  il  est  décidé  que  les  Chambres  de 
commerce,   les   Chambres   d'agriculture,   etc..    seront   consultées. 

Voici  l'ordre  du  jour  Kuhn  : 

L'Assemblée  générale  des  professeurs  de  langues  vivantes 
réunie    à    Paris,    au    lycée     Louis-le-Graud,     le    17     février     1921, 

-Après  examen  du  questionnaire  de  la  Fédération  des  profes- 
seurs de  lycée,  et  se  plaçant  au  point  de  vue  de  l'intérêt  national, 
qui  impose  plus  que  jamais  au  peuple  français,  danç  les  condi- 
tions politiques  et  économiques  actuelles,  la  connaissance  des 
langues  et   des  nations   étrangères. 

Demande  :  -         . 


156  M"-?»  ;-\Nr,rEs  moihchnes 

1"  Qi;e  reiiscigiiemùiit  des  langues  vivantes  conserve  une  pince 
au  moins  égale  à  celle  qu'il  occupe  actuellement  dans  toutes 
les    catégories    d'enseignement  ; 

2"  Qu'il  soit  constitué,  à  côté  de  renseignement  des  humanités 
classiques,  un  véritable  enseignement  des  humanités  modernes, 
reposant  sur  xine  étude  vivante  et  approfondie  du  français  et  des 
langues   étrangères. 

L'Assemblée  examine  ensuite  le  cas  •  Bernheiin  »  dont  nous 
donnons    un    compte    rendu    plus    loin. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  le  Président  lè\e  la  séance  à 
6  heures. 


Le  double  quesHonnaire  de  la  Fédéralion  Nationale 
des  Professeurs  de  Lycée 


Nous  croyons  devoir  publier  les  deux  questionnaires  de  la 
Fédération  nationale  des  Professeurs  de  lycée,  pour  permettre  à 
nos  collègues  de  suivre  plus  clairement  la  discussion  précédente, 
ei  leur  faciliter  aussi  l'examen  des  réponses  des  Régionales  de 
Province  à  ces  mêmes  questionnaires  (réponses  qu'ils  trouveront 
plus    loin). 

Preroier  questioooa^r*^ 

Titre  I.  —  a)  Etes-vous  d'avis  ou  non,  que  tous  les  enfants 
reçoivent  un  même  enseignement  primaire  sur  un  programme 
commun  '?   - 

l»  Etes-vous  d'avis  ou  nou.  que  cet  Enseignement  soit  donné 
dans  une  seule  espèce,  ou  dans  plusieurs  espèces  d'établissenvents 
(public  ou  privé,  secondaire  ou  primaire).  .Ce  paragraphe  pose 
entre  autres  la  question  du  maintien,  ou  de  la  suppression  des 
classes    élémentaires   des    lycées. 

c)  Etes-vous  d'avis  ou  non,  que  cet  enseignement  ait  pour  sanc- 
tion  un   examen   commun    à   tous  ? 

Titre  II.  —  a)  Etes-vous  d'avis  ou  non,  qu'à  la  suite,  ou  au  ct)urs 
(ie  cet  Enseignement  soit  ouvert  aux  enfants  l'accès  de  plusieurs 
enseignements  du  deuxième  degré  (classique,  moderne,  techni- 
que,   jjrimaire    supérieur,    ctc.i 

h)    Quels    seront    ces    divers    enseignements  ? 

c)  A   quel    âge    faite.s-vous   commencer   et    linir   chacun    d'eux  '? 

d)  Quelles  doivent  être  les  conditions  {\c  l'entrée  des  enfants 
dans  chacun  de  ces  enseignements? 

c)   Quelles  liaisons  prévoyez-v.)us  entre   eux  ? 

Titre  III.  —  Quelles  liaisons  ou  conditions  de  passage  prévoycz- 
\ous  entre  ces  divers  enseignements  et  l'Enseignement  supérieur  ? 
(Facultés,    Grandes    Ecoles,    Instituts    techniques,    etc..) 


BULLETIN    DK    L'ASSOCIATION  157 

litre  IV.  —  Ces  divers  enseignements  seront-ils  gratuits  entiè- 
reraent  ?   ou   gratuits    seulement   dans   certaines   conditions  ? 

DeuxièrT)e  questionnaire 

En  attendant,  la  Commission  décide  d'étendre  son  enquête,  en 
vue  du  Congres  de  Pâques  1921,  à  l'organisation  de  TEnseigne- 
nient  secondaire  général  du  deuxième  degré,  ou  enseignement 
des  Humanités.  Le  questionnaire  suivant  sera  envoyé  aux  groupe- 
ments et  aux  Associations  à  qui  s'est  adressée  la  première  par- 
lie   de  notre  enquête  : 

l;  L'Enseignement  général  du  2'  degré  ^Humanités)  sera-t-il, 
dans  ses  traits  essentiels,  le  même  pour  les  garçons  et  pour  les 
filles  ? 

2)  Quel    sera    l'âge   d'entrée   dans   cet   enseignement  ? 

3)  Comment  sera  conçu  l'examen  exigé  pour  être  admis  dans 
cet  enseignement  ? 

4)  Comment   se  passera  cet  examen  ? 

5)  Quelle  sera  la  durée  de  cet  enseignement  ? 

6;  Quel  sera  le  maximum  de  l'horaire  hebdomadaire  :  (o)  heu- 
res de   classes  ;   b)    heures   d'étude  ;   c)    exercices   physiques). 

I)  Cet  enseignement  du  2*  degré  sera-t-il,  pendant  toute  sa 
durée,   unique   et   commun   à   tous   les   élèves  ? 

8)  Si  oui,  sera-t-il  conçu  comme  un  Enseignement  d'Humanités 
classiques   avec   latin  ? 

9)  Sera-t-il  dans  la  même  hypothèse,  conçu  comme  un  ensei- 
gnement  d'Humanités   modernes   sans  latin  ? 

10)  Convient-il  d'établir,  au  début  seulement,  et  pendant  un 
certain  nombre  d'années,  un  enseignement  commun  à  tous  les 
élèves  admis   dans  les   classes   d'Humanités  ? 

II)  Si   oui,  combien   durera   cet   enseignement   commun  ? 

12)  Le  latin  sera-t-il  obligatoire  dans  cet  enseignement  com- 
mun ? 

13)  Cet   enseignement   commun    sera-t-il    sans   latin  ? 

14)  Dans  le  cas  où  il  serait  sans  latin,  comme  dans  le  cas  prévu 
au  n"  9,  pourrait-on  organiser  un  enseignement  d'Humanités 
modernes  avec   un   Professeur  principal  ? 

15j  Le  Professeur  Principal  serait-il  le  Professeur  des  lan- 
gues vivantes  chargé,  outre  son  enseignement  propre,  de  l'en- 
seignement du   français  ? 

16)  Serait-il  le  Professeur   de  français  ? 

17)  Dans  ce  cas,  le  Professeur  de  français  pourrait-il  être 
chargé,  outre  son  enseignement  propre,   d'un  autre  enseignement  ? 

18)  Quelles  seraient  les  matières  d'enseignement  pour  ces 
années   d'Enseignement   Unique  ? 

19)  Après  les  années  d'enseignement  commun,  comment  se 
ferait  la  répartition  des  élèves  ? 

12. 


158  LES   l'.ANGUES    MODERNES 

20)  Quelles  seraient  les  matières  d'enseignement  pour  les 
années   succédant   aux   années   d'enseignement   commun  ? 

21)  Convient-il  d'envisager  un  enseignement  diiférencié  dès 
l'origine,    sans    aucune    année    d'enseignement    commun  ? 

22j  Dans  ce  cas,  les  divers  enseignements  qui  se  partageraient, 
dès  l'origine,  les  élèves,  seraient-ils  selon  les  deux  types  envisa- 
gés ci-dessus  :  a)  Humanités  classiques  ;  b)  Humanités  moder- 
nes. 

23)  Sinon,    selon    quels   types    seraient-ils    organisés  ? 

24)  Comment   se   ferait   la   répartition   des   élèves  ? 

25)  Dans  tous  les  cas,  estime-t-on  que  toutes  les  matières 
d'enseignement    prévues    seraient    obligatoires  ? 

26)  Quelles    seraient   ces   matières  ? 

27)  Si  toutes  les  matières  ne  devaient  pas  être  obligatoires, 
quelles   sont   celles   qui   le    seraient  ? 

28)  Dans  la  même  hypothèse,  quelles  seraient  les  matières 
-facultatives  ? 

29)  Comment    seront    organisés   les    examens    de    passage  ? 

30)  Quelle    en    sera   la    sanction  ? 

31)  Quel  sera  l'examen  final  du  deuxième  degré  ?  Où  et  com- 
ment   se    passera-t-il  ? 

Réponses  aux  qoe5t\or)r)a\res  de  la  «  Fédération 
Nationale  des  Professeurs  de  Lycée  »  forn)Ulées 
par  les  Régionales  de  Lyon,  Nancy,  Poitiers, 
Toulouse,    Le    Havre. 

Régionale  de  Lyon 

La  Régionale  s'est  réunie  au  Lycée  du  Parc,  le  jeudi  10  février, 
à  17  heures,  sous  la  présidence  de  M-  Douady  ;  présents  :  Mme 
Douady,.  Mlles  Mathieu,  Girard  et  Quézel  ;  MM.  Denis,  Duisit, 
Dumont,  Legouis,  Pernolle,  Ravizé,  Rocher,  Tiret,  Vannier  et 
Veigneau. 

Le  secrétaire  rend  compte  des  démarches  entreprises  pour  orga- 
niser des  groupes  locaux  dans  les  centres  de  l'Académie,  autres 
que  Lyon  :  il  faut  arriver  à  avoir  partout  un  délégué,  chargé 
de  grouper  les  cotisations  pour  éviter  les  frais  d'envoi,  et  de 
communiquer  à  ses  collègues  les  convocations  et  autres  notes 
du   bureau   régional. 

Le  président  annonce  que  le  vœu  de  la  Régionale  en  faveur  de 
l'option  au  baccalauréat  est  en  voie  d'obtenir  satisfaction,  la 
section  permanente  du  Conseil  supérieur  ayant  donné  un  avis 
favorable.  Quant  au  vœu  concernant  les  professions  de  foi  dos 
candidats  au  Comité,  il  n'a  reçu  une  satisfaction  partielle  qu'à 
une   date  beaucoup   trop   tardive  jiour  que  les   électeurs   votent   en 


I 


BL'I.I.ETIN    Di:    L'ASSOCIATION  159 

connaissance  de  cause.  D'où  le  grand  nombre  des  abstentions 
dans  toute,  la  France.  Néanmoins,  le  président  se  réjouit  de  l'élec- 
lion,  en  tête  de  liste,  de  M.  Servajean,  qui  a  fait  des  déclarations 
très  nettes,  en  faveur  de  la  méthode  directe  et  contre  le  thème. 
Avant  même  que  M.  Servajean  n'eût  été  choisi  par  le  Comité 
renouvelé  comme  secrétaire  général,  le  président  lui  avait  de- 
mandé de  vouloir  bien  accepter  les  fonctions  de  délégué  de  la 
Régionale  lyonnaise  à  Paris  :  ce  choix  est  ratifié  par  l'Assem- 
blée. 

Le  président  passe  ensuite  à  la  péréquation,  qui  sur  un  point 
spécial,  nous  intéresse  comme  linguistes  ;  M.  Herriol  a  fait 
adopter  par  la  Commission  du  budget  de  la  Chambre  le  principe 
«le  l'égalité  des  traitements  masculins  et  féminins,  lorsque  les 
concours  de  recrutement  sont  les  mêmes.  Sans  préjuger  du  droit 
des  autres  agrégés  à  l'assimilation,  cette  décision  tranche  la 
question  en  faveur  des  agrégés  et  certifiés  de  langues  vivantes. 
Le  Président  a  écrit  à  M.  Herriot  pour  le  remercier  de  cet  effort 
de  justice  et  pour  l'encourager  à  défendre  le  résultat  obtenu 
contre  des  retours  offensifs  possibles.  La  catégorie  des  agrégées 
de  langues  vivantes  ne  comptant  que  111  professeurs  en  activité, 
la  répercussion  financière  sera  peu  considérable.  La  Régionale 
invite  le  Bureau  central  à  agir  vigoureusement,  si  besoin  est, 
pour   consolider   les    premiers    résultats    obtenus. 

Puis  l'Assemblée  passe  à  l'étude  de  l'ordre  du  jour,  qui  com- 
porte la  réponse  à  un  questionnaire  émanent  de  la  Fédération 
de  l'Enseignement  secondaire,  et  transmis  par  le  Secrétaire  géné- 
ral de  notre  Association.  Mais  le  président  annonce  qu'il  vient 
de  recicvoir  un  second  questionnaire  en  31  articles,  pr'^cédé  de 
réponses  résumant,  d'après  la  Fédération  l'opinion  du  corps 
enseignant  Sur  le  premier.  Dans  ces  conditions,  l'Assemblée 
décide  de  se  contenter  de  répondre  au  second  questionnaire,  et 
seulement  sur  les  points  qui  intéressent  les  langues  vivantes,  et 
du  point  de  vue  de  ceux  qui  enseignent  celles-ci. 

2  et  5t  L'âge  d'entrée  dans  le  nouvel  enseignement  secondaire 
semble  devoir  être  déterminé  par  la  conception  que  l'on  se  fera 
de  son  recrutement  et  de  ses  rapports  avec  l'enseignement  pri- 
maire. L'Assemblée  évite  donc  de  se  prononcer  au  fond,  mais  elle 
tient  à  mettre  en  lumière  la  diminution  considérable  que  subi- 
raient les  langues  vivantes  si  l'âge  d'entrée  était  élevé  à  13  ans 
et  la  durée  de  l'enseignement  secondaire  réduite  à  5  ans  (projet 
des  Compagnons)  :  les  6«  et  5"  actuelles,  qui  seraient  du  coup 
supprimées,  sont  éminemment  favorables  à  la  méthode  directe, 
surtout  en  anglais,  par  la  souplesse  vocale  et  mentale  des  élèves 
qui  leur  permet  d'acquérir  sans  eftort  la  prononciation  et  le 
^ocabulaire  concret.  L'Assemblée  refuse  donc  d'adhérer  à  tout 
relèvement  de  l'âge  d'entrée  avant  de  connaître   les  mesures  com- 


160  LES    LANGUES    MODERNES 

pensatrices  qui  permettraient  aux  langues  vivantes  de  supporter, 
sans  trop  de  dommage,  cette  amputation,  au  cas  où  elle  serait 
reconnue    indispensable    dans    un    intérêt    supérieur. 

6)  Horaire  :  si,  comme  il  semble  souhaitable,  l'horaire  est 
réduit  à  20  heures  par  semaine,  il  importe  que  cette  réduction 
se  fasse  en  tenant  compte  du  travail  exigé  à  domicile  par  chaque 
discipline,  par  exemple,  en  6'  et  5=  et  en  général,  au  début  de  l'en- 
seignement d'une  langue  vivante  (l'anglais  en  particulier),  tout 
le  travail  essentiel  se  fait  en  classe  ;  c'est  à  peine  si  l'on  demande 
à  l'élève  deux  heures  par  semaine  de  travail  à  la  maison  pour  5 
heures  de  classe,  tandis  que  le  latin  et  le  français  (7  h.  +  3  h.) 
demandent  environ  une  heure  de  travail  à  domicile,  pour  chaque 
heure  de  classe.  Par  conséquent,  l'Assemblée  proteste  foimelle- 
ment  contre  toute  réduction  des  heures  de  langues  vivantes  eu 
6""  et  5%  comme  devant  amener  l'abandon  de  la  méthode  directe 
et  la  mort  de  notre  enseignement.  11  ne  saurait  être  question 
dans  ces  classes  de  substituer  au  professeur,  pour  tout  ou  partie 
des  heures,  l'assistant  étranger,  dont  l'emploi  est,  par  contre, 
désirable  dans  les  deux  ou  trois  dernières   années  d'études. 

7)  Non. 

21)  Oui. 

22)  L'enseignement,  différencié  dès  l'origine,  devra  être  orga- 
nisé selon  les  deux  types  :  a)  humanités  classiques,  b)  humani- 
tés modernes  (à  l'unanimité  moins  une  voix). 

24)  La  répartition  des  élèves  sera  laissée  à  la  décision  des 
parents  ;  l'administration  n'intersiendra  pas  pour  faire  admettre 
les  bons  élèves  dans  la  section  classique,  et  les. mauvais  dans  la 
section   m.oderne. 

25)  Les  langues  vivantes  doivent  toujours  être  matière  obli- 
gatoire,  jamais   facultative. 

26)  Entre  autres  matières  :  une  langue  vivante  dans  la  section 
classique,    deux    langues    vivantes    dans   la    section    moderne. 

29)  Les  examens  de  passage  devront  être  organisés  de  telle 
sorte,  que  tout  élève  n'atteignant  pas  une  certaine  moyenne  pour 
l'ensemble  des  disciplines  sera  automatiquement  éliminé,  sans 
que  l'administrat'on  ait  à  faire  autre  chose  qu'à  enregistrer  cette 
décision  des  chiffres.  Il  n'y  aura  de  note  éliminatoire  pour 
aucune   matière. 

31)  Il  est  désirable  qu'un  examen  final  subsiste,  quel  que  soit 
d'ailleurs   le    nom   que   l'on   conviendra   de  lui   donner. 

14)  Cette  question  n'est  posée  par  la  Fédération  que  dans  le 
cas  d'un  enseignement  un'que  sans  latin.  Mais  elle  ne  se  pose 
pas  moins  dans  l'hypothèse  d'un  enseignement  différencié,  y  pour 
la    section    moderne. 

L'Assemblée  est  unanime  à  désirer  qu'une  liaison  plus  étroite 
soit    établie    entre    les    diverses    disciplines.    Sur     les     moyens     de 


HILLETIN    DE   L'ASSOCIATION  161 

réaliser  cette  cohésion,  elle  se  partage  entre  plusieurs  tendances. 
Les  uns  voudraient  qu'un  professeur,  quelle  que  fût  d'ailleurs  la 
discipline  à  laquelle  il  ajjpartînt,  fût  chargé  de  coordonner  les 
renseignements  recueillis  sur  chaque  élève  par  ses  collègues,  et 
devînt  de  la  sorte  un  directeur  d'études,  sans  pouvoir  d'ailleurs 
contrôler  l'enseignement  de  ses  collègues.  D'autres  sont  d'avis 
que  cette  innovation  est  dangereuse  et  contraire  à  l'esprit  d'éga- 
lité. Ils  préféreraient  voir  appliquer  dans  leur  esprit  et  dans  leur 
lettre  les  règlements  concernant  les  conseils  de  classe,  trop  sou- 
vent en  sommeil  par  une  entente  tacite  entre  l'administration 
et  le  personnel  enseignant. 

15)  Si  l'on  entend,  par  professeur  principal,  celui  qui  donne 
aux  élèves  d'une  classe  le  plus  grand  nombre  d'heures  d'ensei- 
gnement, le  professeur  de  langues  vivantes  est  tout  qualifié  pour 
cette  fonction  dans  la  section  moderne  il  conviendrait  alors  de 
lui  confier  en  outre  l'enseignement  du  français.  D'ailleurs,  ce 
système  se  pratique  couramment  dans  les  établissements  de 
jeunes  filles  et  dans  les  collèges  de  garçons.  Mais  l'.^ssemblée 
demande  que  les  professeurs  de  langues  vivantes  des  lycées  de 
garçons  ne  soient  chargés  de  l'enseignement  du  français  que  sur 
leur  demande  expresse.  Ainsi,  l'expérience  pourra  être  conduite 
dans  les  meilleures  conditions,  et  il  y  a  des  chances  pour  que 
les  résultats  soient  supérieurs  à  ceux  qu'obtiennent  les  profes- 
seurs de  lettres  lorsqu'ils  vont  compléter  leur  horaire  dans  les 
sections  sans  latin,  avec  la  conviction  que  leurs  efforts  seront 
inutiles. 

A 

L'Assemblée  adopte,  à  l'unanimité,  le  vœu  suivant  de  3/.  Rocher: 

•  La  Régionale  lyonnaise  rappelle  le  vœu  émis  dans  sa  der- 
nière séance  au  sujet  des  interprètes  militaires  (Langues  mod., 
déc.    1920,   page    502)  ; 

Signale  à  l'Association  le  succès  déjà  obtenu  par  un  vœu 
analogue  de  l'Amicale  du  lycée  du  Parc,  transmis  à  la  Fédéra- 
tion  des   Ij'cées   (Quinzaine   univers.,    15   janv.    1921)  ; 

Et  compte  que  notre  bureau  s'efforcera  d'obtenir  avec  les  pré- 
cisions utiles,  toutes  dispositions  susceptibles  d'assurer,  dans  la 
nouvelle  loi  militaire,  l'utilisation  rationnelle  des  professeurs  de 
langues  vivantes  de  l'enseignement  public  comme  officiers  inter- 
prètes.  «> 

La  discussion  sur  le  projet  de  M.  Pitrou  (de  Caem,  paru  dans 
les  "  Langues  Vivantes  »,  indiquant  un  procédé  pour  accorder 
les  revendications  respectives  de  l'allemand  et  des  autces  langues 
vivantes  au  concours  d'entrée  de  Polytechnique  et  de  St-Cyr,  — 
est,   en  raison  de  l'heure,  remise   à   une   séance   ultérieure. 

La   séance   est  levée  à  19  heures. 

Le    Secrétaire,  Le    Président, 

Pierre  Legouis.  Douady; 


162  LES   LANGUES    MODERNES 

'SIM.  Demaïul  (St-Etieune),  Arrighi  (,Boiirg),  Gillet  cChalon; 
veulent  bien  se  charger  de  transmettre  les  cotisations  de  leurs 
collègues  au  trésorier  de  la  Régionale,  et  aussi  de  faire  parvenir 
à  le^rs  collègues  les  convocations  aux  séances,  et  autres  com- 
munications. 

P.  L. 

Régionale  de  Nai)cy 

Réunion   du   Comité   du   iO  février   1921 

Etaient  présents  :  Mme  Bianconi,  Mlle  Taboureau,  MM.  Kremer, 
Maresquelle,    Mattenet,    Petit,    Peyraube,    Reyher,    Vallod. 

M.  Reyher  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Camerlynck,  qui 
veut  bien  accepter  de  nous  représenter  auprès  du  Comité  central 
de  l'Association.  Dans  le  cas  où  il  sera  dans  l'impossibilité 
d'assister  aux  séances  du  Comité,  M.  Servajean  le  suppléera. 
Le  Comité  agrée  MM.  Camerlynck  et  Servajean  comme  représen- 
tants  de  la   Section  régionale  et  leur  adresse   ses  remerciements. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  discussion  des  questionnaires  de  la 
Fédération  nationale  relatifs  à  la  réorganisation  de  l'enseigne- 
ment. Un  premier  questionnaire  a  déjà  permis  à  la  Fédération 
d'aboutir  à  des  conclusions  publiées  le  25  janvier,  et  dont  lecture 
est  donnée.  Elles  font  l'objet  des  observations  générales  suivan- 
tes : 

L'enseignement  des  langues  vivantes  a  été  le  grand  bénéfi- 
ciaire de  la  réforme  de  1902.  Par  la  force  des  choses  et  même 
en  écartant  tout  soupçon  de  malveillance  à  l'égard  de  notre 
enseignement,  toute  réforme  nouvelle  risque  de  se  faire  contre 
lui.  Notre  Association  a  donc  le  devoir  de  faire  preuve  de  la 
plus  grande  vigilance.  Il  faut  que  notre  enseignement  garde 
(par  les  humanités  modernes  ou  par  l'enseignement  technique, 
commercial,  etc..)  toute  l'importance  et  si  possible  tout  le 
développement,   qu'il    tient   des   réformes   de    1902. 

Il  ne  paraît  nullement  nécessaire  de  rendre  le  latin  obligatoire 
dans  les  lycées.  Quelles  que  soient  les  qualités  du  latin,  il  serait 
])aradoxal  d'afiirmer  qu'il  reste,  à  notre  époque,  indispensable  à 
une  bonne  formation  secondaire.  L'imposer  serait  vouloir  res- 
treindre le  nombre  des  élèves  qui  profiteraient  de  l'enseignement 
secondaire.  C'est  le  coiitraire  qui  est  désirable  et  véritablement 
t!émocratique.  Si  le  niveau  des  études  a  baissé,  c'est  que  par  suite 
de  la  souplesse  des  programmes  de  1902  —  dont  on  a  tant  médit 
—  le  recrutement  des  lycées  est  devenu  de  plus  en  plus  large.  Or. 
ceci  est  uîi  bien.  Il  vaut  mieux  travailler  à  améliorer  un  ensei- 
gnement largement  accessible  à  tous,  que  de  prétendre  créer  des 
élites  à  grand  renfort  de  latin,  et  par  une  sélection  artificielle 
puisqu'elle    s'exercerait   sur   des  enfants   de    10   à   16  ans. 

11    doit    être    possible,    et    i)our     certains     esprits     désirable,     de 


liUM.KTIN  nii  i/associaticn  163 

suppU'cr  ail  latin  par  une  étude  plus  solide  et  plus  approfondie 
des  grandes  époques  de  la  langue  française,  et  par  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes. 

Celur-ci  ne  devra  plus  se  contenter  désormais  d'avoir  pour 
but  la  connaissance  "  pratique  »  des  langues  étrangères,  qui 
incombera  plus  spécialement  aux  nouveaux  enseignements  com- 
merciaux, techniques,  etc..  ;  prétendant  devenir  uu  instrument 
de  formation  et  de  culture  intellectuelles,  il  devra  devenir  un 
peu  moins  <'  direct  »  et  moins  «  inti\itif  »,  s'appuj'er  sur  une 
connaissance  claire  et  raisonnée  de  la  grammaire,  et  ne  pas 
craindre  d'instituer  franchement  la  comparaison  des  formes  lin- 
guistiques  élémentaires   du    français   et   des   langues   étrangères. 

Il  3'  aurait,  d'ailleurs,  un  véritable  paradoxe  à  réduire  l'ensei- 
gnement des  langues  étrangères,  au  lendemain  de  la  guerre, 
alors  que   l'utilité   en   est   bien   plus    éclatante   encore   qu'en    1902. 

Les  conclusions  de  la  Fédération  nationale  donnent  encore  lieu 
aux    observations   de    détail    suivantes  : 

Les  S§  1  et  2  paraissent  bien  établir  que  le  nouvel  enseignement 
primaire  sera  également  donné  dans  les  lycées..  Ceci  est  abso- 
lument indispensable.  Dans  la  région  de  Nancy,  tous  les  élèves 
de  la  bourgeoisie  iraient  à  l'enseignement  libre  et  seraient 
définitivement  perdus  pour  le  lycée.  Les  lycées  de  jeunes  filles 
notamment  ne  résisteraient  pas  à  une  pareille  épreuve. 

§  3.  On  ne  voit  pas  très  bien  comment  se  ferait  la  transition 
des  établissements  actuellement  existants  aux  nouveaux  ensei- 
gnements du  deuxième  degré  ?  Il  ne  s'agit  sans  doute  pas  de  sup- 
primer un  grand  nombre  d'établissements  prospères  et  qui 
rendent  les  plus  grands  services,  pour  les  remplacer  par  de 
l'inconnu.  Il  s'agirait  sans  doute  d'un  développement  orga- 
nique de  ces  établissements,  en  vue  d'une  meilleure  coordination. 

On  signale  les  défauts  de  l'organisation  actuelle  dans  les  peti- 
tes villes  de  province  :  les  E.  P.  S.  et  les  collèges  sont  des  établis- 
sements   rivaux,    parfois    même    hostiles,    paraît-il. 

Le  Comité  formule  les  réponses  suivantes  au  nouveau  question- 
naire du  25  janvier  (sous  réserve  d'études  plus  approfondies  et 
d'un    complément    d'information)  : 

§  1  :  oui.  g  2  :  11  ans,  l'enseignement  post-scolaire  étant  sup- 
posé réellement  obligatoire.  §  3  :  7.  §  5  :  5  ans  -f  1  année  de 
mathématiques  ou  de  philosophie.  §  6  :  20  heures  de  classes, 
20  heures  d'études.  Les  exercices  physiques  ne  devraient  jamais 
être  développés,  au  point  d'abaisser  le  niveau  des  études  et  de 
la   culture  intellectuelle   en   France. 

§§  7,  8,  9,  10,  11,  12,  .13  :  Non. 

§§  14,  15,  16,  17  :  Non.  Le  cumul  de  plusieurs  enseignements  ne 
pourrait  qu'avoir  la  plus  fâcheuse  influence  sur  la  valeur  du 
corps  enseignant.  C'est  d'ailleurs  le  système  allemand.  Un  mem- 
bre du  Comité  rappelle  ces  mots   du  poète   Dehmel  :   der  deutsche 


164  LES   LANGUES    MODERNES 

Oberlehrer  hat  den  Weltkrieg  verloren.  Rien  à  imiter  de  ce 
côté-là. 

§§  18,  19,  20  :  sans  objet,  les  années  d'enseignement  unique 
ayant  été  écartées. 

§  21  :  Oui.  §  22  :  Oui,  mais  sous  réserve  d'une  élaboration  judi- 
cieuse des  programmes  des  humanités  modernes,  qui  devront 
être  autre  chose  que  l'ancien  enseignement  moderne. 

§§   24,  25,   26,   27,   28   restent   sans  objet. 

§  29  :  mieux  qu'ils  ne  le  sont  actuellement.  §  30  :  sérieuse, 
pouvant  comporter  l'exclusion  de  l'établissement  pour  incapa- 
cité. §  31  :  l'existence  de  l'enseignement  libre  impose  un  examen 
du  genre  du  baccalauréat,  qui  donne  d'ailleurs  des  garanties  d'im- 
partialité et  assure  heureusement  la  collaboration  du  secondaire 
et  du  supérieur. 

Le   Président  Le   Secrétaire, 

Reyher-  J.  Peyraube. 

Rectification  au  texte  du  procès-verbal  de  la  réunion  du  9 
décembre   1920  de  la   Section  Régionale  de  Nancy. 

Notre  collègue,  M.  Vallod,  insiste  sur  la  nécessité  de  continuer 
à  pratiquer  la  dissertation  conjointement  au  thème.  Il  sera  inté- 
ressant d'observer  si  la  pratique  de  cet  exercice  n'amènerait  pas 
une  amélioration  dans  la  qualité  de  la  dissertation. 

H.   S. 

Régionale  de  Poitiers 

La  Section  Régionale  de  Poitiers  s'est  réunie,  le  10  février,  sous 
la  présidence  de  M.  Castelain,  à  la  Faculté  des  lettres.  M-  Caste- 
lain  donne  lecture  d'une  lettre  de  M,  Hirtz  et  d'une  lettre  de 
M.  Serimjean,  relatives  à  la  réforme  de  l'Enseignement.  L'Assem- 
blée passe  ensuite  à  l'examen  du  questionnaire,  émanant  de  la 
Commission  d'enquête,  sur  la  réorganisation  de  l'Enseignement 
Après  échange  de  vues,  les  réponses  suivantes  sont  faites  à  l'una- 
iiimité. 

1.  —  L'Enseignement  général  du  deuxième  degré  (Humanités) 
doit  être  identique  dans  ses  traitf  essentiels  pour  les  garçons  et 
pour  les   filles. 

2.  —  Age  d'entrée  :   11   ans  environ. 

3.  —  L'examen  exigé  pour  être  admis  dans  cet  enseignement 
sera  un  examen  sévère  sur  un  programme  simple.  Dictée,  longue 
et  facile,  avec  questions  de  vocabulaire  et  de  grammaire,  problè- 
mes élémentaires  d'arithmétique.  Il  ne  semble  pas  nécessaire  que 
cet  examen  comporte  un  oral. 

4.  —  Les  épreuves  seront  corrigées  par  un  jury  composé  de 
professeurs   de   la   classe   de   sixième. 


BLLLKTIN    DE   L'ASSOCIATIOX  165 

ô.   —   Durée   de   cet   enseignement  :   la   durée   actuelle,    sept    ans. 

6.  —    Maximum    de   l'horaire   hebdomadaire. 

a)  Heures  de  "classe.  Maximum  de  20  heures  pouvant  être 
abaissé  à   18   ou   16  h.  pour  les  petites  classes. 

h)  Etudes  :  4  à  5  heures  par  jour  avec  maximum  hebdoma- 
daire  de   20   heures. 

r)    Exercice   physique   quotidien. 

7,  8,  9.  —  Cet  enseignement  ne  sera  pas  pendant  toute  sa  durée 
unique  et  commun   à  tous   les  élèves. 

10,  11.  —  11  convient  d'établir  un  enseignement  commun  à  tous 
les  élèves  jusqu'à  la  fin  dç  la  seconde.  Peut-être  y  aurait-il  lieu 
d'instituer,  à  l'issue  de  cette  classe,  un  examen  correspondant  à  la 
première  partie   du  baccalauréat. 

12,  13,  14,  15,  16,  17.  —  Le  latin  sera  obligatoire  dans  cet  ensei- 
gnement commun. 

18.  —  Les  matières  d'enseignement  pour  ces  années  communes 
seraient  les  suivantes  :  Français,  Latin,  Langues  Vivantes,  His- 
toire  et   Géographie,    Sciences. 

19,  20,  21,  22,  23,  24.  —  Après  les  années  d'enseignement  com- 
mun,  les   élèves   auraient   le   choix   entre  : 

1"  Une  section  littéraire:  Français,  Latin,  Grec,  Philosopnie. 
Histoire  et  Géographie,  1  Langue  vivante  (3  heures).  Sciences 
'3   heures  I. 

2''  Une  section  scientifique  :  Français,  Sciences,  Histoire  et 
géographie.    Philosophie,    2    Langues    vivantes. 

25.  26,  27,  28.  —  Outre  les  mr.tières  obligatoires  prévues  plus 
haut,  r.Assemblée  estime  qu'il  y  aurait  lieu  d'instituer  pendant 
les  deux  dernières  années  communes  un  enseignement  élémentaire 
du  grec.  Cet  enseignement,  aussi  utile  aux  élèves  qui  se  desti- 
nent à  la  section  scientifique  qu'à  ceux  qui  se  préparent  à  entrer 
<lans   la    section    littéraire,    serait    également    obligatoire. 

29,  30.  —  Les  examens  de  passage  seront  subis  à  la  fin  de 
Tannée  scolaire,  à  l'intérieur  de  chaque  établissement.  Ils  compor- 
teront des  épreuves  écrites,  qui  seront  corrigées  par  un  jury  com- 
posé des  professeurs  de  la  classe,  où  l'élève  désire  entrer.  Aucun 
élève  refusé  à  l'examen  de  passage  ne  devra  être  admis  dans  la 
classe  supérieure.  Cette  interdiction  devra  être  valable  pour  tous 
les  établissements  d'Enseignement  public. 

31.  ■« —  Les  études  du  second  degré  auront  pour  sanction,  un 
baccalauréat  en  deux  parties,  la  première  partie  commune  pou- 
vant être  placée  à  l'issue  de  la  seconde,  ainsi  qu'il  a  été  suggéré 
plus  haut.  Ces  deux  examens  comporteront  une  épreuve  écrite  de 
langues   vivantes. 

Le   Secrétaire,  Le   Président, 

Félix  SAUVAGii.  Castelaix. 


166  IJES    LANGUES   MODERNES 

Régionale  de  Toulouse 

L'Assemblée  générale  de  la  Régionale  de  Toulouse  a  eu  lieu 
le  dimanche  6  février  1921,  au  lycée  de  Toulouse,  sous  la  prési- 
dence  de  M.  Loiseau,  professeur   à  l'Université   de   Toulouse. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  Assemblée  et  les  comptes  du 
trésorier   de   la   Régionale    sont   approuvés. 

Le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Boussagol,  nommé  ré- 
cemment à  l'Université  de  Toulouse,  et  qui  revient  participer  aux 
travaux  de  la  Régionale,  à  la  création  de  laquelle  il  avait  si  puis- 
samment  collaboré. 

L'Assemblée  procède   à  l'élection   de  trois  membres   du   Bureau  : 

Vice-Président  :  M.  Boussagol,  professeur  de  langue  et  littéra- 
ture espagnoles   à  l'Université   de  Toulouse. 

Représentants  des  Chargés  de  cours  :  M.  Kancellary,  professeur 
d'allemand   au  lycée   de   Toulouse. 

Représentant  des  collèges  :  M.  Abisou,  professeur  d'anglais  au 
collège    de   Bagnères-de-Bigorre. 

L'Assemblée  aborde  ensuite  l'étude  des  questions  portées  à 
l'ordre  du  jour  de  la  réunion.  Questionnaire  adressé  par  le  Secré- 
taire général  de  l'Association  des  professeurs  de  langues  vivantes. 
iUi    sujet   de   la   réorganisation    de   l'enseignement    secondaire. 

Les    résolutions    suivantes    sont    adoptées  : 

Titre   I 

a)  Etes-vous  d'avis  ou  non  que  tous  les  enfants  reçoivent  un 
même    enseignement   primaire    sur    un   programme    commun  ? 

R.  Programme  commun  (sans  aucune  spécialisation  d'aucune 
sorte)    enseigné  par  des  maîtres  de  formation  commune. 

b)  Etes-vous  d'avis  c^ue  cet  enseignem.ent  soit  donné  dans  une 
seule  espèce,    ou   dans  plitsieurs   espèces   d'établissements  ? 

R.  Cet  enseignement  doit  être  donné  dans  des  établissements 
liiiférents. 

c)  Etes-vous  d'avis  que  cet  enseignement  ail  pour  sanction  un 
examen   commun   à   tous  ? 

R,  Sanction  commune  par  un  examen  d'état,  avec  représenta- 
tion   de    l'enseignement    privé    dans    les   {'.ommisslons    d'examen. 

Titre  II 

a)  Etes-vous  d'avis  ou  non  qu'à  la  suite  ou  au  cours  de  cet 
enseignement  soit  ouvert  aux  enfants  l'accès  de  plusieurs  ensei- 
gnements  du   2'"   degré. 

R.  Oui,  à  la  suite  de  renseignement  uiii(iuc,  mais  non  au  cours 
de  cet   enseignement. 

b)  Quels  sont   ces   divers   enseignements  ? 

R.  1"  Enseignement  du  1''  degré  complémentaire,  obligatoire 
pour  ceux  qui  n'ont  pas  satisfait  à  la  sanction  commune,  ou  qui 
ne  veulent   pas  suivre   l'enseignement   i)roprenient   dit   du  2"  degré. 


BULLETIN    DK   l'ASSOCLMION  167 

2"  Eiiseigiienicnt  du  2"  degré  proprement  dit  :  elassique,  moder- 
ne,  technique. 

e)    A    (jiH'l  âge  faites-vous  commencer  cl   finir  chacun  d'eux  ? 

i\.  Enseignement  du  l"  degré  :  de  6  à  11  ans  ;  enseignement 
complémentaire:  de  11  à  14  ans;  enseignement  du  2"  degré  de 
11    à   18  ans. 

d)  Quelles  doivent  être  les  conditions  de  l'entrée  des  enfants 
((ans    chacun    des    enseignements  ? 

l\.   Obtention   du   diplôme   d'études   du   1"    degré. 

e)  Quelles    liaisons    prévoijez-vous    entre    eux  ? 

H.  Le  passage  d'une  section,  quelle  qu'elle  soit,  à  une  autre  est 
possible   par   voie   d'examen. 

TrrRE  III 

Quelles  liaisons,  ou  conditions  de  passage,  prévoyez-vous  entre 
les    divers    Enseignements    et    l'Enseignement   supérieur  ? 

R.  L'accès  à  l'Enseignement  supérieur  se  fera  par  l'obtention 
des  diplômes  normaux  de  fin  d'études  du  2"  degré,  plus  par  une 
année  préparatoire  à  l'enseignement  donné  dans  chaque  Faculté 
ou  dans  chaque  Institut.  Cet  enseignement  préparatoire  se  don- 
nera soit  dans  les  Facultés,  soit  dans  les  établissements  d'ensei- 
gnement du  2''  degré,  et  sera  suivi  d'un  examen. 

TiTHE    IV 

Ces  divers  enseignements  seront-ils  gratuits  entièrement  ?  ou 
gratuits   seulement   dans    certaines   conditions  ? 

R.  Non  pour  la  première  question. 

Augmentation  et  réglementation  des  bourses.  L'accès  à  toutes 
les  branches  de  l'Enseignement  supérieur  serait  facilité  par  la 
création  de  bourses  dont  les  bénéficiaires  s'engageraient  à  rem- 
bourser  le    montant    après    avoir   acquis    une    situation    stable. 

A 

La  Régionale  de  Toulouse  donne  mandat  à  l'Association  des 
professeurs  de  langues  vivantes  de  défendre  énergiquement  les 
droits  de  notre  discipline  dans  la  réforme  projetée.  Si  des  sacri- 
fices sont  nécessaires,  la  Régionale  demande  qu'ils  soient  pour 
chaque  discipline  proportionnels  aux  horaires  établis  par  les  pro- 
grammes de  1902. 

Se 

Après  avoir  entendu  l'exposé  de  la  situation  de  l'Enseignement 
des  langues  méridionales  dans  les  établissements  secondaires,  la 
Régionale  des  professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Académie  de 
Toulouse, 

Considérant, 

Que  l'enseignement  des  langues  méridionales  comme  première 
langue,  n'est  organisée  complètement  et  normalement  dans  aucun 
lycée  et  collège  ; 


168  LES    LANGUES    MODERNES 

que,  loin  de  développer  cet  enseiguement,  l'Administration, 
invoquant  des  raisons  d'économie,  opère  des  réductions  d'horai- 
res de  nature  à  le  compromettre,  et  à  le  discréditer  aux  yeux  des 
familles  ;  **■ 

que  l'importance  donnée  depuis  la  guerre  à  l'enseignement  des 
langues  méridionales  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  aux  Etats- 
Unis,  rend  urgente  l'organisation  complète  et  méthodique  de  cet 
enseignement   en    France  ; 

Emet  le  vœu  : 

Que  l'enseignement  des  langues  méridionales  soit  développé 
dans  les  lycées  et  collèges,  et  qu'aucune  réduction  d'horaire  ne 
soit  opérée  si  une  expérience  complète  et  de  longue  durée  n'en  a 
pas  démontré  la  nécessité. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à  midi. 

Toulouse,   le   6  février   1921. 

Le  Président,  Le  Secrétaire, 

LoisEAU.  H.  Granger. 

Lycée  du  Havre 

Les  Professeurs  du  lycée  du  Havre,  membres  de  l'Association 
des  Professeurs  de  langues  vivantes,  ayant  pris  connaissance  des 
deux  questionnaires  qui  leur  ont  été  envoyés  par  le  Secrétaire 
général  de  l'Association,  et  s'étant  consultés  à  ce  sujet. 

Estiment  : 

I.  —  a)  Que  tous  les  enfants  doivent  recevoir  un  enseignement 
primaire   sur   un   programme    commun, 

I.  —  b)  Que  cet  enseignement  doit  être  donné  dans  plusieurs 
espèces    d'établissements, 

I-  —  c)  Que  cet  enseignement  doit  avoir  pour  sanction  un  exa- 
men commun  à  tous, 

II.  —  a)  Qu'à  la  suite  ou  au  cours  de  cet  enseignement  doil 
être  ouvert  aux  enfants  l'accès  de  plusieurs  enseignements  du 
deuxième   degré, 

II.  —  ib)   A  savoir  : 

II.   —  c)    Enseignement   classique   et   moderne,   de   12   à   18   ans, 

Enseignement  primaire  de   12  à  13  ans. 

Enseignement    technique    de    12    à    14    ans, 

II.  —  d)  Que,  pourvu  qu'ils  possèdent  un  minimum  de  con- 
naissances scientifiques  et  littéraires,  le  choix  des  élèves  sera 
uniquement   guidé  par  leurs  goûts  personnels, 

II.  —  «)  Que  toute  facilité  devra  être  donnée  aux  élèves  de 
passer  d'un  enseignement  dans  l'autre, 

III.  Que   des  concours  devront   ouvrir  l'accès   de   grandes   écoles, 

IV.  Que   ces    divers   enseignements    seront    gratuits    entièrement, 


Bl'LLKTIN    DE   L'ASSOCIATION  169 

l'«    Questionnaire 

1.  Que  renseignement  général  du  deuxième  degré  sera,  dans 
SCS   traits   essentiels,   le   même   pour   les   garçons   et   pour  les   filles, 

2.  Qu'aucun  minimum  d'âge  ne  sera  imposé,  pourvu  que  l'élève 
ait    satisfait    au   certificat    de   fin    d'études   primaires, 

3  et  4.  Que  cet  examen  sera  passé  sous  le  contrôle  d'un  jury 
mixte   de   professeurs   primaires    et    secondaires, 

5.  Que  la  durée  de  cet  enseignemnt   sera   de   6  ans, 

6.  Que    le    maximum    de    l'horaire    hebdomadaire    sera    de  : 

25  heures    de    classe, 
15  heures   d'études, 

14    heures    de    récréations    et    exercices    physiques, 

7  à  9.  Que  cet  enseignement  du  deuxième  degré  ne  sera  pas 
pendant   toute   sa   durée   unique   et   commun   à  tous  les   élèves, 

10  à  20.  Qu'il  ne  convient  pas  d'établir,  même  au  début  et 
pendant  un  certain  nombre  d'années,  un  enseignement  commun 
à   tous   les   élèves  admis   dans   les   classes   d'Humanités, 

21.  Qu'il  convient  d'envisager  un  enseignement  différencié  dès 
l'origine,   sans   aucune  année   d'enseignement  commun, 

22  à  23.  Que  les  divers  enseignements  qui  se  partageront  dès 
l'origine  les  élèves  seront  organisés  selon  les  deux  types  envisa- 
gés ci-dessous  : 

a)  Humanités    classiques, 

b)  Humanités   modernes, 

24.  Que  la  répartition  des  élèves  se  fera  uniquement  suivant 
leurs   goûts, 

25.  Que  dans  tous  les  cas,  toutes  les  matières  d'enseignement 
prévues    seront    obligatoires, 

26  à  28.  Que  ces  matières  seront  sensiblement  celles  ensei- 
gnées   actuellement, 

29.  Que   les   examens   de   passage   devront   être   réels, 

30.  Que  les  élèves  n'ayant  pas  satisfait  à  l'examen  de  passage 
redoubleront  la  classe,  sans  qu'aucun  élève  soit  admis  à  rester 
trois    ans   dans   la   même   classe, 

31.  Que  l'examen  final  de  cet  enseignement  général  du  deuxiè- 
me degré  sera  le  baccalauréat,  passé  dans  les  conditions  actuelles. 

Pour  les  professeurs  du  lycée  du  Havre,  membres  de 
l'Association  des  professeurs  de  langues  vivantes  de 
l'Enseignement    public. 

L'un  d'eux, 
Lemonnier. 


170  LES   LANGUES    MODERNES 

SecHon  Régionale  de  Clermont-Ferrand 


Les  membres  de  la  S.  R.  de  Clermont-Fei'raud  se  sont  réunis  le 
dimanche  30  janvier,  au  lycée  Biaise-Pascal,  sous  la  présidence 
de   Mlle   Castella,   professeur   au   lycée   Jeanne-d'Arc. 

S'étaient  excusés  :  Mme  Honoré,  présidente  ;  Mlle  Comberole  : 
MM.   Lébraly,   Cannac,   Bernard. 

Mlle  Castella  dit  avec  quelle  douloureuse  surprise  les  profes- 
seurs de  Clermont  viennent  d'apprendre  la  mort  prématurée  d'un 
excellent  collègue,  M.  Dussaud,  professeur  d'allemand  au  lycée 
Biaise-Pascal.  M.  Dussaud  était  un  des  membres  les  plus  actifs 
de  notre  S.  R.,  et  sa  disparition  causera  de  vifs  et  unanimes 
regrets. 

Mlle  Castella  exprime  ensuite  le  regret  que  Mme  Honoré,  souf- 
frante, n'ait  pu  venir  présider  la  séance,  et  elle  se  fait  l'inter- 
prète des  membres  présents  en  priant  M.  Honoré  de  transmettre 
à  notre  présidente  les  meilleurs  vœux  de  prompt  rétablissement 
de   la   S.  R. 

Ordre    du    jour    de    la    réunion  : 

1"  Compte  rendu  des  résultats  obtenus  depuis  la  réunion  du 
21    octobre  ; 

2"   Attribution  des  bourses   de  vacances  à  des  élèves  ^n^ritants  ; 

3"  Election  d'un  membre  du  Comité,  en  remplacement  de 
M.   Papin,   démissionnaire  ; 

4"    Questions   diverses. 

1.  —  M.  Vivien,  secrétaire,  rend  compte  :  1)  des  adhésions 
nouveries  (Mlle  Caillot,  MM.  Gros,  Rocher)  ;  2)  des  démarches 
faites  auprès  de  l'administration  par  le  Président  de  l'A.  P.  L.  \'. 
à  la  suite  des  réclamations  déposées,  lors  de  la  dernière  réunion, 
par  Mlles  Chevrant  et  Comberole,  et  M,  Langlais,  et  du  vœu, 
émis  sur  la  proposition  de  M.  Langlais,  relatif  à  l'enseignement 
de  l'espagnol  à  la  Faculté  de  Clermont  ;  3)  de  la  propagande 
entreprise  pour  recueillir  les  fonds  nécessaires  à  l'attribution 
de  bourses  de  séjour  :  >■  L'appel  aux  personnes  s'intéressant  à  la 
question  des  langues  virantes  »  (voir  page  490  du  Bulletin  de 
nov.-déc.  1920)  a  été  publié  par  la  presse  locale,  le  7  décembre. 
Hommage  est  rendu  aux  elloi-ts  déployés,  dans  le  département  du 
Puy-de-Dôme,  par  Mme  Honoré  et  Mlles  Comberole  et  Caillot. 
MM.  Papin  et  Bernard  ont  bien  voulu  se  charger  de  la  propa- 
gande à  faire  dans  le  département  de  l'Allier  ;  et  M.  Lébraly,  du 
lycée  de  Guéret  (1),  vice-président  de  la  S.  R.,  est  en  train  d'organi- 

(1)  M.  Lébraly  a  été  depuis  cette  date  nommé  Professeur  d'alle- 
mand  au   Ivcée  de  Clcrmont-Ferrand. 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  171 

îti-  même  propagande  dans  la  Creuse.  Le  montant  des  souscrip- 
tions recueillies  à  ce  jour  s'élève  à  la  somme  do  2.370  fr.  (>cs 
Tiouseriptions    ont   été    recueillies   dans    l'ordre    suivant  : 

MM.   Michelin,    industriel     •  ■ 500 

Hergougnan,      industriel 500 

Olier,     industriel     ■• 200 

Delaunoy,    Directeur    de    l'E.    professionnelle    20 

Carrias,   Directeur  de   l'E.  de   sténographie    30 

Vidal,    Député    de    l'.Allier,    Sous-secrétaire    d'Etat....  50 

Souscriptions    diverses,    recueillies    à    Thiers    160 

Société   anonyme   du   (Casino   de    Vichy    50 

Loge    cosmopolite.    Vichy    (renouvelables)     20 

A  noniyme     .  .  .  .  • 50 

M.  Pingusson,   fils    • .  20 

Aille    de    Clermont-Ferrand    (subvention    annuelle)     .......  500 

MM.  Rouzaud,    industriel     100 

le   Général   Mordacq.  C   la   26'^  D.   1 20 

Chalus,    banquier     ■ 100 

Gros,    pharmacien    à    Clerraont .  50 


Total     2.370 

.\ussi  bien,  n'est-il  pas  exagéré,  devant  ce  résultat,  d'espérer 
<5ue  le  mentant  des  souscriptions  qui  auront  été  recueillies  avant 
les  grandes  vacances  dépassera  3.000  francs  ;  ce  qui  permettrait 
rattribution   de   4   à   6   bourses. 

2.  —  Après  discussion  sur  le  mode  d'attribution  des  bourses,  il 
a    été    décidé  : 

(t)  que  les  professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Académie  de 
(".lermont  seraient  invités  à  choisir  leurs  candidats-boursiers  (2" 
cycle  des  Ijcées  et-  collèges,  3'  année  des  E.  X.,  3*  et  4*  années  des 
E.  P.  S.  et  des  écoles  pratiques,  1"  et  2"  années  de  l'Ecole  supérieure 
dé  comm.erce)  et  à  fournir,  pour  chaque  candidat,  avant  le  1  "^ 
anai,   un   dossier   de   3   pièces,   comprenant  : 

1°  le  curriculuw,  vitee  du  candidat  établi  de  la  manière  sui- 
vante :  âge,  situation,  antécédents,  conduite  du  candidat  ;  appré- 
tiation  détaillée  sur  le  candidat  an  point  de  vue  de  ses  connais- 
sances en  langue  étrangère;  carrière  à  laquelle  se  destine  le 
candidat  ;    situation    de   la    famille    du   candidat  ; 

2»  un  extrait  du  rôle  des  contribuables,  fourni  par  les  parents 
<lu   candidat  ; 

3"  un  certificat  des  parents  du  candidat  dégageant  de  la  manière 
ia  plus  absolue,  en  cas  d'accident,  la  responsabilité  de  la  S.  R., 
et   endossant   expressément   cette   responsabilité  ; 

b)  que  ces  dossiers  seraient  transmis  aux  bureaux  de  l'Acadé- 
laie   de  Clermont  ; 

c)  que  l'examen  des  dossiers  serait  confié  au  Comité  de  la  S.  R. 


172  LES   LANGUES    MODERNES 

(composé  de  MM.  Langlais,  Pallier,  Chauliat,  Blanquet,  Bernard. 
Gardes)  qui  se  réunirait  à  une  date  fixée  par  le  Bureau,  et  pré- 
parerait, sur  le  montant  et  l'attribution  des  bourses,  un  rapport 
à  soumettre  à  l'approbation  de  l'Assemblée  générale  du  3'  tri- 
mestre ; 

d)  que  l'attribution  définitive  des  bourses  serait  faite  lors  de  la 
réunion  du  3*  trimestre,  que  M.  le  Recteur  a  promis  d'honorer  de 
sa  présence,  et  à  laquelle  seraient  invités  tous  les  membres  d'hon- 
neur de  la   S.   R.  ; 

e)  que  le  Comité  de  l'A.  P.  L.  V.  serait  invité  à  fournir  tous 
renseignements  utiles  pour  permettre  à  nos  boursiers  d'effectuer, 
aux  meilleures  conditions  possibles,  leur  séjour  à  l'étranger  ;  — 
et  pour  obtenir  des  Compagnies  de  chemins  de  fer  des  réductions 
sur  le  prix  des  billets  ; 

/)  qu'à  leur  retour  en  France,  les  boursiers  auraient  à  fournir 
un  rapport  succinct  en  langue  étrangère,  sur  leur  séjour  des 
vacances. 

3.  —  M.  Gardes,  professeur  d'espagnol  à  l'E.  P.  S.  de  Pleaux 
(Cantal),  est  élu  membre  du  Comité  en  remplacement  de 
M,    Papin,    démissionnaire. 

4.  —  Communication  est  donnée  de  la  lettre  du  Comité  de 
l'A.  P.  L.  V.,  du  24  janvier  1921,  relative  à  la  réorganisation  de 
l'Enseignement  secondaire. 

La  date  de  la  réunion  du  3^  bureau  sera  fixée  ultérieurement 
par  le   Bureau. 

Le  Secrétaire, 
R.  Vivien. 


Section  Régionale  de  Lille 


Les  membres  de  la  Régionale  de  Lille  sont  convoqués  en  assem- 
blée générale  le  jeudi  28  avril  à  14  heures.  Faculté  des  Lettres. 
Lille.  L'ordre  du  jour  a  été  publié  dans  le  n"  1  des  Langues  Moder- 
nes, p.  35. 

Le   Président, 
Floris   Delattre. 


L'Université  et  la  Politique 


Une  note  émanant  du  Cabinet  de  M.  le  Recteur  de  l'Académie 
de  Paris,  et  datée  du  11  février  1920,  informait  dernièrement  les 
chefs  d'Etablissements  du  ressort  que  M.  Bernheim  Georges,  pro- 
fesseur  agrégé    d'allemand,   au    lycée   Louis-le-Grand,    était   chargé 


IIULLETIN    DE  L'ASSOCIATION  173 

par  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  d'une  mission  pour 
rinspection  des  langues  vivantes  dans  les  lycées,  collèges,  Ecoles 
normales  et  primaires  supérieures. 

Cette  désignation,  faite  par  M.  Honnorat  au  moment  où  tom- 
bait le  ministère  Leygues,  avait  pour  effet  de  confier  à  un  colla- 
borateur politique  immédiat  de  l'ancien  ministre,  la  charge  par- 
ticulièrement délicate  de  contrôler  l'activité  professionnelle,  le 
mérite,  le  savoir  d'un  nombreux  personnel  qui  a  fait  ses  preuves. 
Le  nouvel  et  relativement  jeune  inspecteur  se  trouve  ainsi,  tout 
à  coup  et  de  façon  imittendiie,  devenir  le  chef  de  professeurs 
dont  plusieurs,  depuis  longtemps,  occupent  une  situation  de 
tout  premier  plan  dans  notre  enseignement,  au  double  point  de 
vue  du  caractère  et  du  savoir,  des  qualités  morales  reconnues  de 
tous,  et  des  mérites   pédagogiques. 

Un  mouvement  d'opinion  assez  vif  s'est  manifesté  auquel  notre 
groupement  ne  pouvait  rester  insensible.  A  la  fin  de  la  séance 
du  17  février,  au  lycée  Louis-le-Grand,  un  échange  de  vues  a  eu 
lieu   entre   les   collègues   présents. 

11   en   est  résulté  la   résolution    suivante  : 

Les  Professeurs  de  Langues  vivantes  réunis  en  Assemblée 
plénière,  le  17  février  1921,  au  lycée  Louis-le-Grand  ayant  exa- 
mine la  question  Bernheim  ont  donné  au  Bureau  mandat  de  la 
suivre  ;   ils   élèvent   la   protestation  que   voici  : 

"  Considérant  que  si  le  nombre  actuel  des  Inspecteurs  géné-j 
faux  de  langues  vivantes  est  insuffisant,  il  y  aurait  lieu  de 
demander  au  Parlement  le  vote  des  crédits  nécessaires  à  la  créa- 
tion   d'un    poste  ; 

"  Que,  cette  condition  réalisée,  l'Administration  trouverait  dans 
le  personnel  enseignant  des  langues  vivantes  des  professeurs 
dont  l'âge,  les  services,  la  compétence  et  l'autorité  reconnue  de 
tous    les    désignerait    au    choix    du    ministre  ; 

"  Que  l'activité  professionnelle,  l'expérience,  les  rapports  d'ins- 
pection, les  travaux  personnels,  les  publications  d'ordre  pédago- 
gique qualifient  mieux  un  candidat  aux  fonctions  d'inspecteur, 
que  ne  sauraient  le  faire  un  certain  nombre  de  mois  passés  dans 
un    cabinet  ministériel,   et   consacrés   à   des   occupations   politiques, 

"  Les  professeurs  de  langues  vivantes  protestent  contre  la 
mesure  prise  en  faveur  de  M.  Bernheim,  mesure,  qui  a  pour  effet  : 

"  1**  de  transformer  les  hautes  fonctions  universitaires  en  pré- 
bendes  destinées   à  récompenser  des   services   politiques  ; 

"  2"  de  décourager  tout  un  personnel  attaché  à  son  œuvre 
pédagogique,  qui  se  fait  une  haute  idée  de  la  mission  éducative 
à  lui  confiée,  mais  dont  le  zèle  et  les  qualités  sont  étrangement 
récompensés    dans    la    présente    occurrence  ; 

"  Et  se  joignent  au  Bureau  de  la  Fédération  nationale  des  pro- 
fesseurs de  lycée  pour  demander  que  la  mission  d'inspecter  les 
classes  de   langues  vivantes   dans   les   Etablissements   d'Instruction 

13. 


174  LES   LANGUES    MODERNES 

de  l'Académie  de  Paris  soit  confiée  à  une  personne  qui,  par  ses 
services,  sa  compétence,  son  autorité  pédagogique  et  morale,  ses 
travaux  antérieurs,  son  âge,  s'imposerait  à  la  respectueuse  estime 
du   Corps  professoral.  » 

Cette  résolution  a  été  transmise  au  bureau  de  la  Fédération 
nationale  des  professeurs  de  lycée,  à  laquelle  plusieurs  amicales 
de  lycées  avaient  déjà  adressé  leur  protestation. 

Nous  apprenons,  que  le  Congrès  des  professeurs  de  Ij'cée  vient 
de  ratifier  la  lettre  que  le  bureau  de  la  Fédération  nationale  se 
propose  d'adresser  au  Ministre  de  l'instruction  publique,  pour 
«  protester  contre  l'intervention  trop  fréquente  de  la  politique 
dans   les  nominations   universitaires.   » 


Démarches  du  Bureau 


Le  4  mars,  le  Bureau  a  été  reçu  par  M.  Gaston  Deschamps,  pré- 
sident de  la  Commission  de  l'Enseignement  de  la  Chambre  des 
Députés,   à   qui   le    vœu    suivant   a   été   remis  : 

"  Le  Bureau  de  l'Association  des  professeurs  de  langues  vivan- 
tes de  l'Enseignement  public,  en  sa  séance  du  2  mars  1921, 

M  Considérant  que  l'enseignement  des  langues  vivantes  ne  com- 
porte qu'un  seul  concours  d'agrégation  commun  aux  hommes  et 
aux   femmes, 

<i  Se  joint  à  la  Société  des  agrégées  de  l'Enseignement  féminin 
pour  demander  que  traitement  égal  soit  accordé  aux  agrégés  des 
deux    sexes.   » 

M.  G.  Deschamps  a  paru  frappé  du  bien-fondé  de  la  demande, 
et  a  promis  de  le  communiquer  à  la  Commission.  La  conversation 
s'est  prolongée  et  a  touché  aux  diverses  questions  qui  nous  inté- 
ressent. M.  G.  Deschamps  a  exprimé  sa  sympathie  pour  les  lan- 
gues vivantes,  qui  n'auront,  a-t-il  affirmé,  aucunement  à  souf- 
frir de  la  refonte  des  programmes. 

A 

Le  Bureau  a  rendu  visite,  le  17  mars,  à  M.  Bellin,  Directeur  de 
l'Enseignement   secondaire. 

En  recevant  le  voeu  concernant  l'égalité  de  traitement  pour  les 
agrégés  des  deux  sexes,  vœu  dont  le  texte  est  reproduit  d'autre 
part,  M.  le  Directeur  s'est  félicité  avec  nous  que  la  mesure  fût 
déjà  chose  acquise,  du  moins  en  ce  qui  concerne  le  vote  de  la 
Chambre  et  les  intentions  du  ministère.  Mlle  Ledoux  et  Mlle  Bous- 
sjncsq  se  sont  associées  au  Président  pour  présenter  leurs  remer- 
ciements à  M.  Eellin  pour  la  part  active  qu'il  avait  prise  à  cette 
reforme. 


Bl'M.KTIN    I)K   l'association  1/5 

M.  le  Directeur  partage  nos  vues  à  l'égartl  de  la  nécessité  qu'il 
y  a,  à  avoir  des  examinateurs  s[)écialisés  dans  les  concours  des 
grandes  écoles.  Il  transmettra  nos  desiderata  en  les  appuyant, 
aux  autorités  compétentes. 

Il  étudiera  avec  intérêt  la  question  posée  par  le  vœu  de  la 
Régionale  de  Poitiers,  et  adopté  ensuite  par  le  Comité  de  l'.As- 
sociation  ;  il  s'agit  de  faciliter  aux  étudiants  et  aux  professeurs 
l'accès  aux  publications  scientifiques,  littéraires  et  philologiques 
des  pays  étrangers.  La  question  est  d'ailleurs  complexe  et  ressor- 
tit  à   diverses   administrations. 

Le  vœu  touchant  aux  réiliictions  éventuelles  d'horaires  (dont 
nous  entendons  que  notre  discipline  ne  soit  pas  seule  à  faire 
les  frais),  la  déclaration  votée  par  r.\ssemblée  du  17  février  (dont 
on  trouvera  le  texte  plus  haut),  ont  également  attiré  l'atten- 
tion sympathique  de  M.  le  Directeur.  Il  nous  a  donné  l'assurance 
que  nous  aurions  satisfaction  :  dr.ns  la  répartition  hebdomadaire 
des  heures  de  classe,  notre  enseignement  sera  réduit  dans  la 
même   proportion    que    les    autres    enseignements. 

Pour  ce  qui  est  des  projets  de  réforme,  rien  n'est  encore  pré- 
cisé. Le  Ministre  prépare  des  consultations  qui  prendront  beau- 
coup de  temps.  M.  Bellin  doute  qu'il  soit  possible  d'élaborer  un 
avant-projet  mis  au  point  pour  la  prochaine  session  du  Conseil 
supérieur  de  l'Instruction  publique.  Il  est  partisan  d'un  ensei- 
gnement ayant  pour  base  les  humanités  modernes  à  côté  d'un 
enseignement  classique  proprement  dit.  En  dehors  de  bien  des 
considérations,  il  y  a  intérêt  à  retenir  au  lycée  toute  une  clien- 
tèle,  partisan    d'un    enseignement    sans    latin. 

Il  regrette  que  dans  certains  milieux  (grandes  Ecoles)  on  ait 
une  tendance  à  multiplier  les  langues  que  les  candidats  pour- 
raient ou  devraient  présenter.  Ou  a  ainsi  l'impression  que  d'au- 
cuns voudraient  transformer  les  lycées  et  collèges  en  des  façons 
d'Ecoles  Berlitz.  Cette  impression  fait  tort  à  la  cause  des  langues 
modernes,  base  de  culture.  En  tous  cas,  la  promesse  est  formelle: 
pour  l'élaboration  des  programmes,  le  Ministère  fera  appel  au 
concours  des  spécialistes.  Nous  n'aurons  pas  à  nous  plaindre  des 
procédés  qui,  naguère,  en  un  service  voisin,  nous  ont  tenus  à 
l'écart  et  préparaient  dans  l'ombre  l'étranglement  des  langues 
vivantes.  L'Association  aura  ses  représentants  dans  les  Com- 
missions appelées   à  établir  les   programmes  futurs. 

La  dernière  question  abordée  au  cours  de  l'entretien  touchaA: 
à  une  mission  d'inspection  des  classes  de  langues  vivantes  con- 
fiée à  un  de  nos  collègues  par  M.  Honnorat  au  moment  où  tom- 
bait le  dernier  ministère.  Cette  nomination  in-extremis,  nous  ne 
l'avons  pas  caché  à  M.  le  Directeur  a  produit  une  fâcheuse  impres- 
sion sur  le  personnel  universitaire.  M.  Bellin  n'en  a  point  été 
surpris.  Mais  il  ne  s'agit,  à  ses  yeux,  que  d'une  mission  toute 
temporaire.    D'ailleurs,    aucun    crédit    n'existe    qui    permette    les 


176  l-KS   I^\XGUES    MODERNES 

déplacements  du  fonctionnaire.  Les  lycées  et  collèges  de  Paris 
et  des  environs  viennent,  en  outre,  d'être  inspectés.  La  mission 
ne  s'exercera  donc  que  dans  les  établissements  primaires  supé- 
rieurs et  dans  les  Ecoles  normales.  En  aucun  cas,  cette  mission 
ne  saurait  être  une  étape  vers  une  inspection  générale,  ou  même 
vers   une    inspection   d'académie. 

Le  Bureau,  en  se  retirant,  rem'ercie  M.  le  Directeur  de  l'appui 
bienveillant  qu'il  veut  bien  apporter  à  la  cause  des  langues 
vivantes. 


Con)n)issioi)  de  propagai)de 

Conformément  au  vœu  exprimé  par  l'Assemblée  générale  du 
17  février  dernier,  le  Bureau  a  désigné  nos  collègues,  dont  les 
noms  suivent,  pour  faire  partie  de  la  Commission  de  propagande. 

MM.  Becker,  Beley,  Bourgeois  (Maurice).  Cazamian,  Camer- 
Ij'nck,  Chemin,  Delobel,  Desclos-Auricoste,  Digeon,  Dupré,  Kiihn. 
Milliot-Madéran,    Mlle    Gagnot. 

MM.  Veillet-Lavallée,  Bloch  et  Servajean,  Mlles  Brunel  et  Bous- 
sinesq,  représentent  le  bureau  au  sein  de  cette  Commission. 

M.  Rancès  assistera  aux  séances,  en  qualité  de  membre  du 
Conseil   supérieur  de   l'Instruction  publique. 

Le  Bureau  laisse  du  reste  le  soin  à  la  Commission,  de  s'adjoin- 
dre d'autres  membres,  notamment  deux  représentants  des  lan- 
gues  méridionales   (italien    et    espagnol). 

Une  première  réunion  a  déjà  eu  lieu,  au  cours  de  laquelle  ont 
été    élus  : 

Président  :   M.   Cazamian. 

Vice-Président  :    M.    Delobel. 

Secrétaires  :    M.   Desclos-Auricoste    et    Mlle   Boussincsq. 

Les  membres  présents  ont  procédé  à  un  échange  de  vues  inté- 
ressant, et  immédiatement  après  les  congés  de  Pâques,  ils  orga- 
niseront leur  action  de  propagande. 


Congrès  de  rei)Seigi)eiT)ei)t  secondaire  de  Pâques 

M.  Delobel,  qui  sert  déjà  de  trait  d'union  entre  notre  Fédéra- 
tion et  la  fédération  nationale  des  professeurs  de  lycée  a  été 
désigne  par  le  Bureau  pour  nous  représenter  au  Congrès  de 
Pâques,  et  défendre  notre  discipline  au  sein  de  la  Commission 
de  la  Reforme  de  l'Enseignement  secondaire,  et  au  cours  de 
l'Assemblée  plénière,  qui  étudiera  cette  question.  Plusieurs  de 
nos  collègues  présents  à  Paris  pendant  les  vacances,  ont  promis 
d'assister  au   Congrès,  dans   le   même   dessein. 


Bl'LLKTlN    DU    I.'asSOCIATION  177 

Conr)pte  rei)du  du  Congrès  (le  référendum) 

La  Fédération  des  professeurs  de  lycée  et  de  l'enseignement 
secondaire  féminin  a  tenu  son  Congrès  annuel  du  31  mars  au 
2  avril.  Notre  Association  y  a  été  représentée  par  plusieurs  collè- 
gues dévoués  :  Mlles  Davesne,  Gagnot.  Ledoux  ;  MM.  Bloch.  Delo- 
bel,  Letourneau,  Milliot-Madéran,  qui  ont  i)ien  voulu  sacrifier  une 
partie  de  leurs  vacances  pour  suivre  les  séances  et  assister  le 
secrétaire   général. 

Nous  ne  retiendi'ons  ici  que  ce  qui  concerne  la  réforme  de 
l'enseignement,  renvoj'ant  au  Bulletin  de  la  Fédération  pour  le 
compte  rendu  détaillé.  La  discussion  a  été  précédée  d'un  rapport 
considérable  de  M.  Moulinier  qui  a  posé  la  question  dans  toute 
son  ampleur  et  donné  les  résultats  de  l'enquête.  Mais  il  est  apparu 
qu'un  certain  nombre  de  congressistes,  surtout  des  professeurs 
de  lettres,  désiraient  que  le  Congrès  rve  prît  pas  de  décisions  et 
que  tout  fût  renvoyé  à  un  nouvel   examen. 

Cependant,  des  résolutions  importantes  ont  été  votées,  et  la 
Fédération  va  les  soumettre  incessamment  au  référendum  des 
Amicales.  En   voici   le  résumé  : 

La  conclusion  1  du  1"  questionnaire  publié  ci-dessus  a  été 
modifiée  comme  suit  :  ••  Tous  les  enfants  doivent  recevoir  sur 
un  programme  commun  un  enseignement  commun  du  l""  degré. 
Il  ne  sera  rien  changé  au  recrutement  du  personnel  des  classes 
élémentaires.   » 

Les  conclusions  2,  3,  4,  5  ont  été  adoptées,  sauf  en  ce  qui  con- 
cerne les  Ecoles  Normales,  dont  l'incorporation  dans  l'enseigne- 
ment des  lycées  a  été  demandée.  Au  sujet  des  bourses  (n''  6;,  les 
conclusions  de  la  Commission  et  un  contre-projet  Weber  ont  été 
renvoyés  à  l'examen  des  Amicales. 

En  réponse  au  second  questionnaire  publié  ci-dessus,  le  Congrès 
a  voté  les  résolutions  suivantes  : 

1.  Identité  de  l'enseignement  des  garçons   et  des  filles. 

2.  11    ans  révolus. 

3-4.  Examen  d'entrée  obligatoire  subi  devant  les  maîtres  de 
l'enseignement  secondaire,  assistés  de  maîtres  de  l'enseignement 
du  l""^  degré.  Epreuves  écrites  et  orales  sur  le  français  et  le  calcul. 
Carnet   scolaire. 

5.  7  ans. 

6.  Maximum  de  20  heures  à  24  heures  de  classe  suivant  les 
années.  Education  physique  méthodique  :  deux  leçons  d'une  heure 
par   semaine. 

7  à  28.  L'enseignement  général  comprend  :  «)  deux  années 
d'enseignement  commun  avec  latin  (et  français,  langue  vivante, 
histoire  et  géographie,  mathématiques,  sciences,  dessin),  b)  ensuite 
trois  années  d'enseignement  différencié  ;  les  élèves  se  répartissent 


178  LES    LANGLKS    MODERNES 

en  deux  divisions  :  français  -f-  langues  anciennes  et  français  4- 
langues  modernes,  les  matières  autres  que  le  français  et  les  lan- 
gues anciennes  ou  modernes  restant  communes,  c)  enfin,  deux 
années  de  spécialisation  avec  fonds  commun  de  culture  générale, 
oîi  chacune  des  divisions,  classique  ou  moderne,  aboutit  à  des 
sections  littéraires  et  à  des   sections  scientifiques. 

14-17.  Le  professeur  principal  doit  être  le  professeur  de  fran- 
çais. (Des  modifications  aux  examens  de  langues  vivantes  ont 
été  envisagées  pour  que  le  professeur  de  langues  vivantes  puisse 
donner  aussi  l'enseignement  de  français). 

29-30.  Renforcement  des  examens  de  passage,  qui  doivent  être 
éliminatoires. 

31.  Le  Congrès  n'ayant  pas  voté  sur  cette  question,  les  Amicales 
devront  se  prononcer  entre  deux  propositions  :  la  première  partie 
du  Baccalauréat  sera-t-elle  placée  après  la  Seconde  (examen  de 
culture  générale)  ou  après  la  Première  (examen  spécialisé  suivant 
les   sections"». 

Les  prochains  Bulletins  de  la  Fédération  contiendront  le  rap- 
port Moulinier  et  les  débats  du  Congrès,  ainsi  que  le  texte  du  réfé- 
rendum, auquel  les  Amicales  seront  invitées  à  répondre  par  oui 
ou  par  non.  L'importance  de  cette  consultation,  notamment  en  ce 
qui  concerne  les  humanités  modernes,  ii'a  pas  besoin  d'être  sou- 
lignée. Les  résultats  en  pourront  être  invoqués  comme  l'expression 
de  la\  volonté  du  corps  enseignant.  Xous  demandons  à  nos  collègues 
de  suivre  très  attentivement  les  discussions  auxquelles  elle  don- 
nera lieu  dans  les  Amiccdes.  En  raison  des  votes  de  l'Assemblée 
du  17  février,  le  Comité  de  l'Association  n'a  pas  cru  pouvoir 
prendre  de  décisions  sur  les  différents  points  du  questionnaire. 
Mais  les  rapports  envoyés  par  les  régionales  et  l'ordre  du  jour 
Kûhn  (voir  compte  rendu  de  l'assemblée  générale  du  17  février) 
fourniront    les    directives    générales. 

La  Fédération  des  professeurs  de  collège  s'est  également  occupée 
de  la  question  dans  son  Congrès  de  Pâques.  Au  moment  où  nous 
donnons  le  bon  à  tirer,  les  conclusions  votées  ne  nous  sont  pas 
encore  parvenues  ;  nous   les  publierons  dans  le   prochain   Bulletin. 


Nouveaux  adhérents 


M.  Bande,  St-Louis  ;  M.  Brugeille,  prof,  d'ail,  à  l'Ecole  des 
Hautes-Etudes  commerciales.  39,  rue  Ganneron,  Paris,  18*  ; 
M.  Cannac,  prof,  lycée  Biaise-Pascal,  Clermont  ;  M.  Druesne, 
prof,  lycée  Biaise-Pascal,  Clermont  ;  M.  Chauliat,  prof,  lycée 
Biaise-Pascal,  Clermont  ;  M.  Honoré,  prof,  lycée  Biaise-Pascal, 
Clermont  ;   M.   Lion,   prof.    E.    supérieure,   de   com.,    Sous-Directeur 


BULLETIN    DE   l'aSSOCLVTIOX  179 

K.  Pratique  ;  M.  Cros,  prof,  collège  de  Riom  ;  M.  Garde,  délégué 
I-:.  P.  S.,  Pléaux  (Cantal)  ;  M.  Coindreaii,  délégué  E.  P.  S.,  Gannat 
(Allier)  ;  Mme  Honoré,  prof,  lycée  .1.  F.,  Clermont-Ferrand  ; 
Mlle  Chevrant,  prof,  lycée  .1.  F.,  Clermont-Ferrand  ;  Mlle  CaslelUt, 
])rof.  lycée  J.  h\,  Clermont-Ferrand  ;  Mlle  Caillot,  prof.  E.  P.  S. 
filles,  Clermont-Ferrand  ;  M.  H.  Xicholson,  Esq.,  the  Grammar 
School,  Watford  ;  M.  T.-R.-N.  Crofts,  Esq.,  Royal  Masonic  School, 
Bushey,  Herts  ;  M.  G.-E.  Mansion,  Esq,,  20,  Sudbrooke  Road, 
London,  s.  w.  12  ;  M.  W.-P.  Fiiller,  Esq.,  Holborn  Estate  Grammar 
School,  Aldwjch,  London,  w.  c.  2  ;  Miss  DrM.  Scott,  Roedeau, 
IJrighton  ;  Miss  M.-M.  King,  Banbury  Municipal,  School,  Oxon  ; 
M.  Durand,  ail.  collège  de  Millau,  Aveyron  ;  Mlle  Vitreij,  E.  P. 
S.  filles,  Nancy  ;  Mlle  Calogêroupolos,  Paris  ;  MM.  Garnier,  ita- 
lien, Calzan,  Goux,  Giielin,  Porteau,  Sulger-Bruel,  lycée  de  Lyon  ; 
Mlle  Siredey,  anglais,  collège  J.  F.,  Ncufchâteau,  Vosges  ;  M. 
Orieiix,  Michclet,  Paris  ;  M.  Proust,  collège  Nyons,  Drôme  ; 
M.  Bailly,  angl.,  Alger,  Ben-.\knoun  ;  Mme  Dedieu,  Chervey- 
(.hatelais,  (Charente  ;  Mlle  Dosmond,  angl.  lycée  J.  F.,  Nancj-  ; 
M.  Aynault,  coll.  Saulieu,  Côte-d"Or  ;  M.  Viebold,  Gymnase  de 
Vissembourg,  Bas-Rhin  ;  M.  Plantié,  inst.  à  Idrac-Respailles, 
Gers  ;  M.  Richard,  Haguenau,  Bas-Rhin  ;  M.  Morin,  Paris  ;  M. 
Reyher,  prof.  Faculté  des  lettres,  Nancy  ;  M.  le  Principal,  collège 
Autun,  Saône-ct-Loire  ;  Mlle  Spindler,  Colmar,  Haut-Rh-n  ; 
Bibliothèque  du  collège  Thionville,  Moselle  ;  M.  Violot,  prof,  col- 
lège, Neufchàteau,  Vosges  ;  M.  Villeméjane,  Arago,  Paris  ;  Mlle 
Balency,  J.  F.,  collège  Dax,  Landes  ;  M.  i\'orm(md  (Alex.),  prof. 
collège,  Pontoise,  S.-et-Oise  ;  M.  Maillet,  prof,  d'anglais,  Ij'cée 
St-Etienne,  Loire  ;  M.  Motion,  prof,  d'anglais,  lycée  St-Etienne, 
Loire  ;  M.  Fabre,  Ecole  prim.  sup.,  Aix-en-Provence,  B.-du-R.  ; 
Mlle  Denis,  prof,  angl.,  coll.  de  J.  F.,  Villeneuse-s.-Lot,  Lot  ; 
.1/.  Xafrechoux,  prof,  angl..  Ecole  normale  Inst.,  Férigueux  ; 
M.  Bourgoin,  prof,  ail.,  lycée  de  Toulouse  ;  M.  Barrât,  prof,  angl., 
lycée  de  Toulouse  ;  M.  Albert,  prof,  espagnol.  Ecole  prim.  sup, 
garçon,  Toulouse  ;  M.  Delmas,  prof,  lycée  Tulle  ;  M.  Guyot,  maî- 
tre de  couf.  à  la  Faculté  de  Rennes  ;  M.  Anstett,  prof,  ail.,  lycée 
Kléber,  Strasbourg  ;  M.  Hélias,  prof,  angl.,  lycée  St-Charles, 
Marseille  ;  M.  Boisset,  principal  du  collège.  Bruyères  (Vosges)  ; 
Mlle  Dole,  E.  V.  S.  F„  Pontivy  (Morbihan)  ;  Mlle  Desanti,  déléguée 
italien,  lycée  Edgar-Quinet,  Bourg  ;  Mlle  Roman,  angl,,  déléguée 
au  lycée  Lalande,  Bourg  ;  M.  Rosier,  angl.,  collège  Pontoise, 
S.-ct-Oise  ;  Mlle  Jacquinet,,  34,  rue  Madame,  Paris  (6*)  ;  M.  Thala- 
mus, E.  P.  S.  G.,  Prades,  Pyr.-Orient.  ;  Mme  Vérité,  prof.  E.  N. 
Instituteurs,    Pau,    Basses-Pjr. 


FRITZ  VON  UNRUH 


La  réputation  de  Fritz  von  Unruh  est  toute  récente  en 
Allemagne.  Il  la  doit  aux  œuvres  que  lui  a  inspirées  la  vision 
de  la  guerre,  en  particulier  à  Opfergang  il),  que  l'on  classe 
entre  le  Feu  de  Barbusse  et  les  Hommes  en  guerre  de  Latz- 
kow.  Il  n'j'  a  pas  là  qu'un  succès  de  librairie. 

Dès  la  publication  de  sa  première  œuvre,  en  1912,  l'auteur 
de  «  0/Jiziere  »  (2)  se  vit  saluer  par  Julius  Hart  comme  le 
poète  inspiré  de  la  jeune  génération,  dont  il  fallait  attendre 
de  grandes  choses.  En  fait,  le  drame  qui  fut  joué  au  Deutsches 
Theater  et  qui  fit  décerner  à  von  Unruh  le  prix  Kleist,  n'était 
encore  qu'une  promesse.  De  même  pour  «  Louis  Ferdinand, 
Prinz  von  Preussen  »  (3),  dont  la  représentation  fut  interdite 
parce  qu'un  Hohenzollern  y  était  mis  en  scène.  Un  très  jeune 
écrivain  s'annonçait  comme  ayant  retrouvé  la  veine  de 
Liliencron  —  de  l'imagination,  de  la  sensibilité,  de  la  flam- 
me, et  par-dessus  tout  de  la  spontanéité.  Une  spontanéité  à 
la  prussienne,  contrastant  avec  les  effusions,  les  langueurs, 
les  lenteurs  de  la  littérature  germanique.  La  langue  était 
nette,  rapide,  hachée,  les  dialogues  enlevés  avec  une  viva- 
cité militaire.  Quant  à  l'inspiration,  rappelant  Kleist  en 
même  temps  que  l'auteur  d'  «  Adjutantenritte  »,  elle  était 
puisée  à  la  source  du  vieux  patriotisme  prussien,  qui  ne  rai- 
sonne pas,  qui  ne  connaît  que  la  beauté  d'obéir,  de  servir, 
d'être  soldat,  et  marqué  pour  la  bataille. 

Vint  la  guerre,  la  révélation  pour  Unruh  de  ce  qu'est  la 
guerre.  Trois  œuvres  en  marquent  les  étapes  :  «  Vor  der 
Entscheidung  »  (4),  Un  poème  dramatique  daté  de  Moyen- 
court,  octobre  1914,  —  «  Ein  Geschlecht  »  (5),  drame  sym 
bolique  de  la  fin  de  1914,  —  «  Opfergang  »  (6),  dont  le  ma- 
nuscrit, livré  à  l'éditeur  pendant  l'été  de  1916,  fut  arrêté  par 
la  censure,  et  publié  seulement  en  1919. 


(1)  Erich    Reiss    Verlag,    Berlin    1919. 

(2)  Erich   Reiss   Verlag,   Berlin    1912. 

(3)  Erich    Reiss   Verlag,    Berlin    19i2. 

(4)  Erich  Rpiss  Verlag,   Berlin. 

(5)  Kurt  Wolff  Verlag,   Leipzig. 
C6)  Erich  Reiss. 


FRITZ   VON    UMUH  181 

Ces  trois  ouvrages  ont  une  valeur  documentaire  considé- 
rable :  on  y  saisit  coninient,  très  tôt,  dès  a))rès  la  bataille  de 
la  Marne,  une  démoralisation,  aux  formes  subtiles  encore, 
s'était  emparée  de  certains  esprits  en  Allemagne.  Le  person- 
nage symbolique  du  «  Ulan  »  dans  «  Vor  der  Entschei- 
dung  »,  déjà  représente  l'angoisse  de  voir  «  l'Europe  jetée 
à  la  nuit  et  au  meurtre  ».  Dans  l'église  mitraillée,  devant  le 
lit  de  l'accouchée  mourante  dont  on  vient  de  fusiller  le  mari, 
au  passage  lugubre  des  réfugiés,  s'éveille  un  frisson,  un  doute 
sur  la  cause  pour  laquelle  les  camarades  continuent  de  com- 
battre. Celui-ci  pense  pour  eux,  sans  agir  sur  eux,  sans  arri- 
ver pour  lui-inème  à  la  lumière  qu'il  attend,  qu'il  implore 
d'en  haut  : 

Wo  ist  die  Tat, 

Wer  kann  den  Weg  mir  zeigen  ? 

Wer  weiss  sich  Rat, 

Wenn  Gottes  Lippen  schweigen  ? 

Tout  l'intérêt  psychologique  —  et  il  dépasse  infiniment 
l'intérêt  documentaire  —  tient  à  l'obscurité  de  cet  «  état 
d'esprit  renversé  »,  eût  dit  Stendhal,  à  la  confusion  d'une 
nouvelle  vision  du  monde  qui  s'ébauche,  sans  arriver  à  se 
débrouiller.  Un  Jules  Romains,  poète  d'Europe,  un  Jouve, 
auteur  de  «  Vous  êtes  des  hommes  »,  savaient  ce  qu'ils  re- 
grettaient, et  définissaient  leur  aspiration.  Un  Fritz  von 
Unruh  —  caractéristique,  en  cela,  de  l'Allemand  —  ne  com- 
prenait plus  le  passé,  en  un  instant  aboli,  et  perdu  comme 
son  héros  errant  sur  le  champ  de  bataille,  il  se  sentait  re- 
plongé dans  le  chaos  premier,  avec  tout  au  plus  cette  confuse 
espérance  que  la  violence  en  ferait  surgir  on  ne  sait  quel 
ordre  nouveau. 

C'est  surtout  dans  Opfergang  qu'il  faut  aller  chercher  les 
signes  de  ce  désarroi  mental  qui  n'est  pas  encore  une  conver- 
sion, mais  qui  se  manifesta  sous  des  formes  multiples  dans 
l'Allemagne  en  guerre,  et  qui  continue  d'y  durer  (On  trouve- 
rait à  ce  sujet  de  bien  curieux  témoignages  dans  la  nouvelle: 
<(  Timur  »  (1)  de  Kasimir  Edschmid).  Non  que  toutes  les 
paroles  que  met  von  Unruh  dans  la  bouche  du  pionnier,  du 
tambour,  du  cuisinier,  ou  de  l'acteur  qui  passent  et  repas- 
sent dans  cette  espèce  de  journal  de  guerre,  aient  pu  être 
réellement  prononcées  par  des  soldats.  Derrière  les  person- 

(1)    Kurt  Wolff,   1917. 


182  LES    LANGUES    MODERNES 

nages  on  sent  l'auteur,  et  un  auteur  qui  a  des  lettres,  qui  est 
visiblement  influencé  par  Shakespeare,  et  auquel  il  ne  déplaît 
pas  de  jouer  ou  de  faire  jouer  à  ses  héros  le  rôle  de  Hamlet. 
Mais  sous  le  mélange  de  tragique,  de  truculence  et  de  boufTon- 
nerie,  on  sent  la  réalité  prenant  des  hommes  aux  entrailles 
et  leur  arrachant  des  accents  d'une  sincérité  vécue. 

L'analyse  serait  imiDuissante  à  rendre  les  éléments  de  ce 
drame  d'un  corps  d'armée  auquel  on  annonce  qu'il  est  des- 
tiné à  Verdun,  que  l'on  y  transporte,  qui  attaque  et  succombe. 
Il  faut  suivre  une  à  une,  dans  leur  désordre,  les  réactions, 
les  réflexes  des  êtres  que  l'idée  de  «  Verdun  »  a  épouvantés 
et  qui  par  degrés  sont  conduits  à  une  sorte  de  folie  tantôt 
individuelle,  comme  lorsque  l'un  d'eux,  à  Marville,  se  préci- 
pite en  travers  du  défilé  de  la  grosse  artillerie  qu'il  accom- 
pagne de  sa  malédiction  en  balançant  sur  elle  une  branche 
cassée,  tantôt  collective,  comme  lorsque  ceux  qui  reviennent 
de  l'attaque  en  brandissant  des  débris  humains,  des  mem- 
bres arrachés,  ne  connaissent  plus  ni  ordre,  ni  chef,  leur 
général  ayant  d'ailleurs  été  tué  par  une  main  allemande. 

Une  part  devra  être  faite,  dans  l'histoire  de  la  guerre,  à  ces 
divagations  chez  les  Allemands  d'une  sensibilité  hyperesthé- 
siée  dont  rien  ailleurs  n'a  donné  l'idée.  Il  y  a  dans  cette 
psjxhose  d'un  peuple  un  cas  intéressant  à  étudier.  Il  n'est 
pas  limité  entre  1914  et  1919.  Cause  de  la  guerre,  résultat  de 
la  guerre,  la  crise  continue.  Ses  manifestations  cependant  — 
déjà  l'œuvre  d'Unruh  en  témoigne  : —  sont  variables.  Elles 
n'ont  pas  changé  de  nature  ;  c'est  à  la  nature  allemande 
qu'elles  tiennent.  Mais  elles  ont  changé  de  direction,  et  si 
tant  est  que  l'on  puisse  deviner  une  orientation  nouvelle, 
c'est  à  la  découvrir  qu'il  se  faudrait  attacher. 

F.  Bertaux, 
Professeur  on  lycée  Biiffon. 


Les  «  Bibliothèque  et  Musée  de  la  Guerre  » 

(Ministère   de   l'Instruction  Publique   et  des   Beanx-Arts) 


Les  ((  Bibliothèque  et  Musée  de  la  Guerre  »,  fondés  avec 
les  collections  Henri  Leblanc  et  devenus  institution  officielle 
par  l'acte  de  donation  signé  en  août  1917,  avaient  pour  objet 
primitif,  de  réunir  et  de  classer  les  documents  et  ouvrages 
relatifs  à  la  guerre  européenne  de  1914-1918,  et  à  ses  consé- 
quences immédiates. 

Le  Directeur,  M.  Camille  Bloch,  Inspecteur  Général  hono- 
raire de  l'Instruction  Publique,  a  exposé  dans  un  article  de 
la  Revue  de  Paris  du  1"  février  1920  les  résultats  obtenus  à 
cette  date  :  le  Musée  comprenait  alors  plus  de  2.000  ijeintures, 
aquarelles,  dessins  originaux,  sculptures,  bas-reliefs  et  mé- 
dailles, sans  compter  les  affiches  illustrées  (plus  de  3.000?, 
estampes,  gravures  et  objets  intéressant  la  vie  de  l'avant  et 
de  l'arrière  pendant  les  années  de  guerre. 

La  Bibliothèque  contenait  environ  50.000  ouvrages.  12.000 
affiches,  600  cartes  et  plans,  ÔOO  quotidiens,  300  journaux  du 
front,  plus  de  3.000  revues  et  autres  périodiques,  6.000  dos- 
siers. Mais  ces  chiffres  n'ont  qu'une  valeur  d'indication  ; 
car  depuis  un  an,  les  collections  se  sont  considérablement 
enrichies. 

Parmi  tous  ces  documents,  ceux  de  langue  française  étaient 
naturellement  les  plus  nombreux  à  l'origine  ;  par  la  suite,  les 
sections  de  langues  étrangères  se  développèrent  également  ; 
elles  ont  pris  à  l'heure  qu'il  est  une  grande  extension.  Leur 
importance  s'est  beaucoup  accrue  du  fait  que  l'Institution, 
non  contente  désormais  de  collectionner  les  documents  ayant 
un  rapport  direct  avec  la  guerre,  devient  et  deviendra  de  plus 
en  plus  un  office  de  renseignements  bibliographiques  sur 
toute  l'histoire  politique,  économique,  sociale  et  intellectuelle 
du  monde  depuis  1914. 

Le  programme  de  la  documentation  est  assez  étendu,  et 
souple  pour  permettre  de  faire  entrer  à  la  Bibliothèque  des 
ouvrages  intéressant  des  catégories  très  variées  de  lecteurs  : 
on  y  trouvera  aussi  bien  les  publications  de  toutes  langues 


184  •  LES   LANGUES    MODERNES 

relatives  au  bolchevisme,  que  les  statistiques  sur  le  cheptel 
ou  les  poèmes  de  guerre  parus  aux  Etats-Unis. 

L'œuvre  entreprise  par  les  Bibliothèque  et  Musée  de  la 
Guerre  (installés  provisoirement  39,  rue  du  Colisée,  en  atten- 
dant leur  transfert  au  Château  de  Vincennes)  offre  donc  un 
attrait  particulier  pour  les  linguistes  désireux  de  suivre  la 
production  bibliographique  contemporaine  des  pays  qu'ils 
étudient.  Il  a  paru  intéressant  à  la  rédaction  des  Langues  Mo- 
dernes, de  signaler  aux  membres  de  l'Association  les  ressour- 
ces uniques  de  cette  institution,  dont  les  sections  germani- 
que, anglo-américaine,  latine  et  slave  sont  dès  à  présent 
d'une  très  grande  richesse.  Ajoutons  que  les  «  Bibliothèque 
et  Musée  de  la  Guerre  »,  soucieux  d'aller  au-devant  des  dé- 
sirs des  chercheurs,  ont  su  obvier,  par  une  organisation  pra- 
tique et  des  fichiers  aisément  consultables,  aux  lenteurs  si 
souvent  reprochées  aux  bibliothèques  françaises  dans  la  com- 
munication des  documents. 

H.  Servajean. 


-«- 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


L'IRLANDE    ET    L'EMPIRE    BRITANNIQUE 


Xotre  collègue,  M.  Maurice  Bourf/eois,  chef  de  la  Section 
britannique  et  américaine  aux  Bibliothèque  et  Musée  de  la 
(iuerre  (Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts',  ancien  correspondant  du  Temps  en  Irlande,  où  il  s'est 
rendu  dernièrement  en  mission,  nous  adresse,  sur  la  situation 
irlandaise,  les  notes  que  l'on  va  lire.  M.  Bourgeois  s'est  de- 
puis longtemps  consacré  aux  études  irlandaises,  ayant  publié 
en  1913  le  livre  :  John  Millington  Synge  and  the  Irish  Théâtre 
(Londres:  Constable  ;  Xew-York  :  Macmillan  Co>  et  traduit 
l'œuvre  du  dramaturge  irlandais  Synge,  dont  Le  Baladin  du 
Monde  Occidental  (publié  aux  Editions  de  la  Sirène),  créé 
avant  la  guerre  par  la  troupe  de  M.  Lugné-Poë  au  Théâtre 
Antoine  et  en  Belgiqi:",  a  été  représenté  depuis  par  Georges 
Pitoèff  dans  les  différentes  villes  de  Suisse  et  doit  être  repris 
prochainement  par  le  Théâtre  du  Vieux-Colombier. 

H.  S. 


L'Empire  britannique  traverse  une  crise  ;  le  moins  qu'on 
l)uisse  en  dire,  c'est  qu'il  est  <(  en  voie  de  transformation  ». 
Sous  l'intluence  du  «  péril  japonais  »,  le  Canada  et  l'Aus- 
tralie gravitent  de  plus  en  plus  dans  l'orbite  de  la  politique 
américaine.  En  Afrique  du  Sud,  des  tendances  séparatistes 
se  font  jour.  En  Irlande,  en  Eg}pte  et  dans  l'Inde,  la  guerre 
continue,  tout  le  temps  que  n'est  pas  rempli  l'un  des  «  buts 
de  guerre  »  proclamés  par  les  dirigeants  de  l'Entente  et  de 
l'Angleterre  elle-même  :  l'émancipation  des  «  petites  »  na- 
tionalités. 

Comment  cette  crise  se  résoudra-t-elle  ?  Il  est  malaisé  de 
le  prédire.  Depuis  longtemps,  le  vent  souffle  à  la  dislocation 
des  Empires  ;  et  M.  Lloyd  George,  de  son  propre  aveu,  appa- 
raît dès  à  présent  comme  le  liquidateur,  aux  conditions  les 
moins  mauvaises  possibles,  de  l'Empire  anglais.  Toutes  les 
possessions  britanniques  réclament  un  statut  plus  libéral  ; 
plusieurs  revendiquent  l'indépendance  absolue  ;  et  si  l'An- 
gleterre réussit  à  «  occuper   »  —  sans  la  mater  —  l'Irlande, 


186  LES    LANGUES    MODERNES 

il  est  permis  de  se  demander  comment  le  front  «  impérial  >/ 
pourra  résister  à  l'àsçaut  concerté  des  nationalismes,  le  jour 
où  —  comme  s'exprime  Gandhi  —  «  dix  millions  d'Hindous 
seront  prêts  à  brandir  leur  cimeterre  ».  A  ce  premier  temps 
de  désagrégation  i^eut-ètre  violente  —  dont  le  gouvernement 
central  ne  fait  que  retarder  l'échéance  — ,  il  n'est  pas  im- 
possible —  sans  plus  —  que  succède  un  second  moment  de 
regroupement  des  parties  disjointes  de  1'  «(  Empire  »  :  soit 
sous  la  forme  purement  économique  d'un  Zollverein,  soit 
sous  celle,  plus  large,  d'un  British  Commonwealth{\),  substi- 
tuant au  lien  «  impérial  »  une  association  plus  libre  et  plus 
souple  entre  partners  égaux  en  droits  et  jaloux  de  leurs 
libertés  resjDectives. 

Le  problème  irlandais  est  donc  fonction  de  celui,  plus 
vaste,  de  l'Empire.  A  vrai  dire,  le  bon  droit  de  l'Irlande  ne 
donne  pas  matière  à  un  «  problème  »  :  la  nationalité  irlan- 
daise, fait  historique,  s'affirme  au  mpment  présent  comme 
une  incoercible  réalité  psychologique.  Quoi  qu'on  pense  des 
méthodes  du  Sinn  Féin,  il  représente,  par  ses  origines 
(Ligue  Gaélique,  Irish  AgriciiUiiral  Organization  Society,  Irish 
Voliinteers  et  «  Hungariaii  Policy  »  d'Arthur  Griffith),  et 
plus  encore  dans  sa  physionomie  actuelle,  la  somme  des 
énergies  irlandaises  et,  si  l'on  peut  dire,  1'  «  union  sacrée  >- 
des  jîartis  irlandais  pour  la  conquête  de  l'indépendance.  C'est 
un  mouvement  profondément  et  sincèrement  patriotique. 
Ami  personnel,  avant  la  guerre,  de  ceux  qui  devinrent  par  la 
.suitq  les  «  rebelles  »  de  1916  :  Pearse,  Mac  Donagh.  Connolly, 
ainsi  que  de  la  plupart  des  dirigeants  actuels  du  nationalis- 
me irlandais,  je  puis  affirmer  que  les  uns  et  les  autres  m'ont 
toujours  frappé  par  leur  rare  élévation  morale,  leur  idéalis- 
me peut-être  excessif,  leur  complet  désintéressement,  et,  par- 
dessus tout,  leur  dévouement  sans  bornes  à  la  patrie  irlan- 
daise. 

Depuis  les  élections  législatives  de  décembre  1918,  le  natio- 
nalisme représente  au  moins  80  0/0  de  la  population  d'Ir- 
lande ;  sans  doute,  ce  n'est  pas  encore  l'unanimité  absolue, 
mais  dans  quel  pays  la  trouve-t-on  ?  D'ailleurs,  il  est  impor- 
tant de  noter  qu'à  chaque  élection  partielle,  régionale  ou 
municipale  (il  n'y  a  pas  encore  eu  de  nouvelles  élections 
générales),  même  en  Ulster,  le  Sinn  Féin  fait  «  tache  d'huile  ><  ; 


(1)   Cette  conception   serait  par  exemple   celle  de  Bernard  Shaw. 
qui   me  l'exposait   dernièrement   en   grand   détail   en   Irlande. 


'K 


CHRONIQUE    ÉTHAXCiÈRE  187 

niéiiw  à  Hclfasl  —  ville  plus  anglaise  et  écossaise  qu'irlan- 
daise, citadelle  du  capitalisme  étranger  en  Irlande  —  on 
compterait  un  certain  nombre  de  Sinn  Féiners  militants. 

Ce  que  veut  l'Irlande  nationaliste,  c'est  la  séparation  abso- 
lue d'avec  l'Angleterre,  c'est  la  République  irlandaise.  Ne 
l'obtenant  pas  de  l'Angleterre,  elle  se  l'est  donnée  à  elle- 
même.  Depuis  le  21  janvier  1919,  date  de  la  création  du  Dàil 
Eireann  ou  Parlement  de  la  République  irlandaise,  l'Irlande 
se  considère  comme  indépendante  et,  en  fait,  se  gouverne 
elle-même.  La  République  irlandaise  a  ses  ministères,  ses 
tribunaux,  sa  ijolice,  son  armée.  Sa  tactique  consiste  beau- 
coup moins  à  détruire  l'ordre  anglais  qu'à  édifier  un  ordre 
irlandais  conforme  à  la  séculaire  civilisation  gaélique.  Les 
unionistes  d'Irlande  eux-mêmes  portent  maintenant  leurs 
différends  devant  les  tribunaux  républicains,  seuls  fréquen- 
tés ;  la  police  irlandaise  réussit  là  où  la  police  anglaise 
échoue  ;  on  a  même  vu  celle-ci  solliciter  (officieusement)  la 
collaboration  de  celle-là  ! 

Depuis  sept  siècles  que  dure  le  conflit  anglo-irlandais,  les 
nationalistes  d'Irlande  ont  toujours  refusé  de  se  regarder 
comme  sujets  britanniques.  L'Angleterre,  elle,  les  considère 
naturellement  comme  des  «  rebelles  »  ;  et  à  leur  révolution 
d'abord  pacifique,  elle  a  répondu  par  une  répression  pré- 
ventive qui  a,  historiquement,  précédé  et  non  suivi  les 
(c  attentats  »  des  Sinn  Féiners.  Il  serait  trop  long  d'apporter 
ici  la  preuve  de  cette  assertion.  Qu'il  nous  suffise  d'affirmer 
que  personne  ne  songe  plus  à  en  contester  l'exactitude.  En- 
core cette  répression  était-elle  —  au  moins  dans  une  certaine 
mesure  —  justifiable  du  point  de  vue  du  «  loyalisme  »  ; 
mais  que  dire  du  terrorisme  actuel  et  du  système  de  soi-disant 
«  représailles  »,  exécutées  par  des  forces  policières  en  état 
d'ivresse  et  recrutées  parmi  les,  démobilisés  sans  occupa- 
tion normale,  voire  même,  dit-on,  les  repris  de  justice  ? 
Ce  sont  le  plus  souvent  des  innocents  qui  sont  frapi^és.  A 
n'importe  quelle  heure  du  jour  ou  de  la  nuit,  toute  personne 
résidant  en  Irlande  est  à  la  merci  d'une  arrestation  sans  juge- 
ment, d'une  perquisition  ou  d'un  vol  à  main  armée.  La 
simple  possession  d'une  brochure  «  séditieuse  »  peut  être 
punie  de  mort.  A  ces  rigueurs  de  la  «  loi  martiale  »,  il  con- 
vient d'ajouter  le  sac  des  villes  et  les  destructions  systéma- 
tiques opérées  par  les  Forces  de  la  Couronne,  le  système  de 
délation  organisée  et  les  mille  turpitudes  du  «  service  se- 
cret »   britannique. 


188  LES    LANGUES    MODERNES 

La  matérialité  des  actes  de  brigandage  et  des  attentats 
contre  les  personnes  imputables  à  la  police  auxiliaire  (Black- 
and-Tcms)  est  attestée  par  une  foule  de  témoignages  non  seu- 
lement irlandais  {Irish  Bulletin,  la  Libre  Belgique  du  Sinn 
Féin  ;  le  poète  W.  B.  Yeats,  l'écrivain  George  W.  Russell 
(a  JE  »  ),  tous  deux  protestants  ;  l'épiscopat  catholique  d'Ir- 
lande, etc.),  mais  aussi  anglais  (Généraux  Sir  Henry  Lawson, 
Sir  Hubert  Gough,  Sir  Frederick  Maurice,  G.  B.  Thomson  ; 
Commandant  Erskine  Childers,  D.  S.  C.  (1)  ;  rapports  des 
Commissions  d'enquête  du  Labour  Party  britannique,  de  la 
Society  of  Friends,  de  la  Women's  International  League,  du 
Peace  ivith  Ireland  Council,  etc.).  Un  mouvement  d'opinion 
commence  à  se  dessiner  en  Angleterre  même,  sinon  en  fa- 
veur de  la  cause  irlandaise,  du  moins  contre  la  politique 
officielle  des  «  représailles  »  (2).  D'autre  part,  le  contribua- 
ble britannique  sait  maintenant  que  l'entretien  de  l'armée 
d'occupation,  les  destructions  opérées  par  elle  et  la  perte  qui 
en  résulte  pour  le  commerce  anglo-irlandais  (3),  représentent 
annuellement  une  somme  qui  correspondrait,  au  change  ac- 
tuel, à  cinq  milliards  et  demi  de  francs. 

On  a  tendance  à  considérer  le  conflit  anglo-irlandais 
comme  une  lutte  religieuse.  Rien  n'est  plus  inexact.  Dans 
toute  l'Irlande,  protestants  et  catholiques  vivent  en  bonne 
intelligence  ;  le  Sinn  Féin  comprend  parmi  ses  membres  les 
plus  militants  de  très  nombreux  protestants  ;  et  le  fanatisme 
religieux  n'existe  plus  guère  qu'à  Belfast,  où  ont  lieu  pério- 
diquement de  véritables  pogroms  de  catholiques.  On  peut  de 
même  faire  justice  de  l'argument  «  stratégique  ».  A  qui  fera- 
t-on  croire  sérieusement  que  l'existence  d'une  Irlande  indé- 
pendante puisse  être  une  menace  pour  l'immense  puissance, 
militaire  et  navale  de  l'Empire  anglais  ?  Au  surplus,  le  Pré- 
sident de  Valera  est  prêt  à  donner  à  l'Angleterre  toutes  les 
garanties  qu'elle  peut  désirer  pour  sa  sécurité,  en  ce  qui  con- 
cerne l'armement  de  la  République  irlandaise  et  les  alliances 
étrangères  contractées  par  cette  dernière.  Il  est  d'ailleurs  à 


(1)  Mililunj  Rule  in  Ireland  (Dublin  :  The  Talbot  Press),  tra- 
duit en  français  par  J.  Gros  sous  le  titre  :  La  Terreur  militaire 
fn    Irlande    (Paris  :    Gabriel    Beauchesne). 

(2)  Voir  notamment  le  récent  manifeste  publié  par  un  certain 
nombre  d'-  intellectuels  »  anglais,  parmi  lesquels  Chesterton 
et    Arnold    Bennett. 

(.3i  Le  marché  irlandais  est,  pour  rAnglcterrc,  le  vins  impor- 
tant  après   le  marché   américain. 


crmoMori:  iVni.wtii.UK  1<S!) 

prévoir  que  la  P.épuhlique  irlandaise  serait  un  Etat  neutre  ; 
les  dirigeants  du  Sinn  Féin  sont  au  fond  des  pacifistes  ; 
l'Irlandais  n'est  pas  conquérant,  et  ne  tient  nullement  à  en- 
tretenir une  année  et  une  marine.  D'autre  part,  l'argument 
«  stratégique  »,  si  on  l'admet,  autorise  toutes  les  annexions; 
et  l'humoriste  anglais  Jérôme  K.  Jérôme  a  pu  faire  remarquer 
que,  le  Pas-de-Calais  étant  plus  étroit  que  le  Canal  de  St-Geor- 
ges,  l'existence  d'une  France  indépendante  constitue,  pour 
l'Angleterre,  une  menace  beaucoup  plus  grave  que  celle  d'une 
Irlande  autonome  ! 

Le  vrai  motif  de  l'occupation  anglaise  et  des  refus  que 
l'Angleterre  opi)Ose  aux  revendications  irlandaises  est  d'ordre 
économique.  L'Irlande  est  pour  l'Angleterre  un  véritable  gre- 
nier à  vivres  ;  elle  l'a  bien  prouvé  au  cours  de  la  guerre.  Il 
y  a,  d'autre  part,  intérêt  pour  l'Angleterre  à  conserver  le  pri- 
vilège exclusif  dont  elle  jouit  sur  le  marché  irlandais,  dont 
tous  les  produits  sont  achetés  au  prix  anglais  et  doivent  obli- 
gatoirement ti'ansiter  à  travers  l'Angleterre,  au  bénéfice  des 
intermédiaires  anglais.  Enfin,  l'Irlande  est  une  importante 
source  de  revenus  pour  le  Trésor  impérial.-  Depuis  l'Acte 
d'Union  (1800),  ainsi  que  l'a  établi  une  Commission  officielle 
anglaise  en  septembre  1896,  l'Irlande  a  été  surimposée  an- 
nuellement de  €  2.750.000.  Le  nouveau  régime  de  Home  Rule 
—  dont  personne  ne  veut  en  Irlande  :  ni  les  Sinn  Féiners, 
ni  les  Ulstériens,  ni  même  les  Unionistes  du  Sud  —  n'a 
d'autre  efl'et  que  d'accroître  encore  la  contribution  déjà 
lourde  de  l'Irlande  au  Trésor  de  l'Empire. 

Le  non-règlement  de  la  crise  irlandaise  complique  les 
rapports  de  la  métropole  avec  les  nombreux  Irlandais  des 
Dominions.  Il  retarde,  d'autre  part,  la  conclusion  des  ententes 
atlantiques  et  de  la  grande  alliance  franco-anglo-américaine 
indispensable  à  la  sécurité  du  monde.  La  «  question  »  irlan- 
daise est  beaucoup  plus  mêlée  qu'on  ne  pense  à  la  politique 
internationale.  Le  passage  à  Paris  de  Lord  French,  Vice-Roi 
d'Irlande,  au  moment  de  la  Conférence  est  une  coïncidence 
au  moins  remarquable.  Non  moins  remarquable  est  le  récent 
entretien  de  Sir  Hamar  Greenwood,  Secrétaire  en  Chef  pour 
l'Irlande,  avec  le  Président  du  Conseil  français  au  Hyde 
Park  Hôtel,  à  Londres.  Les  18  millions  d'Irlandais  des  Etats- 
Unis,  dont  le  vote  a  pu  causer  l'échec  du  parti  démocrate, 
auquel  ils  reprochent  de'  n'avoir  pas  soutenu  l'Irlande  à  la 
Conférence  de  la  Paix,  s'opposent  de  toutes  leurs  forces  — 
par  hostilité  contre  l'Angleterre  —  à  l'annulation  des  dettes 

14 


190  LES   LANGUES    MdDKRNES 

interalliées  ;  et  leur  influence  sur  la  politique  des  Etats-Unis 
n'est  pas  sans  rapport  avec  les  raisons  qui  ont  poussé  der- 
nièrement Sir  Auckland  Geddes,  ambassadeur  britannique  à 
Washington,  à  venir  d'urgence  jusqu'à  Paris  conférer  avec 
M.  Lloyd  George.  Malgré  les  haines  accumulées  de  part  et 
d'autre,  tout  espoir  d'un  règlement  du  sort  de  l'Irlande  ne 
doit  pas  être  abandonné.  Les  plus  hautes  autorités  anglaises 
en  Irlande  m'ont  confié,  dans  des  conversations  privées,  ciuc 
l'Angleterre  finirait  un  jour  par  accorder  à  l'Irlande  le  statut 
des  Dominions.  Les  Sinn  Féiners,  qui  veulent  avant  tout  l'au- 
tonomie fiscale  et  l'émancipation  économique,  c'est-à-dire  la 
liberté  de  commercer  avec  l'étranger  sans  ingérence  anglaise, 
sont  obligés  de  demander  le  plus  pour  obtenir  le  moins.  Si 
l'Angleterre,  au  lieu  de  leur  dicter  ses  conditions  et  de  vou- 
loir les  contraindre  à  capituler,  faisait  à  bref  délai  —  dans 
l'intérêt  même  du  prestige  anglais  —  une  proposition  loyale, 
sans  arrière-pensée,  on  peut  affirmer  qu'elle  trouverait 
les  Irlandais  beaucoup  moins  intransigeants  qu'elle  n'a  cou- 
tume de  les  représenter.  Mais  l'Angleterre  n'a-t-elle  point  déjà 
trop  lardé  à  offrir  à  l'Irlande  le  Home  Eule  des  Dominions  ? 
Et,  d'autre  part,  celui-ci  ne  comportc-t-il  pas,  pour  les  Domi- 
nions, le  droit  au  moins  théorique  de  se  séparer  de  llimpire 
si  et  quand  bon  leur  semble  ? 

Maurice  Bourgeois, 

Ancien  Elève  de  l'Ecole  Normale  Supérieure. 

Agréfié  de  l'Université. 

Xous  sir/n(dons  à  nos  lecteurs  les  arlicles  suivants  de 
M.  Bourgeois  : 

A  Dublin  :  Mgr.  }[annix  :  Le  Lord-Maire  de  Cork.  —  Le 
point  de  vue  angUus.  —  Le  point  de  vue  Sinn  Féin  (Le 
Temps)  ;  La  République  irlandaise  :  son  organisation,  son 
fonctionnement,  son  œuvre  (L'Illustration)  ;  La  question 
d'Irlande  (Le  Monde  illustré)  ;  La  Psychologie  du  Sinn  Féin 
(La  P.evue  de  la  Semaine)  ;  La  résistance  de  l'Irlande  demeure 
inébranlable  (Le  Progrès  Civique). 

H.  S. 


•■m- 


BIBLIOGRAPHIE 


COMPTES  RENDUS 


Louis  Caxan)iai),  Maître  de  cnnlërcnces  à  In  Sorlionne.  L'EvO- 
lutioi)  Psycl)Ologique  et  la  littérature  er)  THosl^terre 
(1660-1914).   1  vol.  Félix  Alcan,  V.m. 

Nul  champ  n'a  été  plus  consciciuieuscinent,  i)liis  méticuleuse- 
mcnt  exploré  au  cours  des  dernières  décades,  que  celui  de  la  lit- 
térature anglaise.  Figures  de  premier  plan,  écrivains  plus  en  gri- 
saille et  dont  certains  ont  simplement  pour  eux  de  représenter 
un  moment,  ou  de  faire  pressentir  l'un  des  tournants,  de  l'histoire 
littéraire  de  nos  voisins,  viennent  s'aligner,  par  les  soins  de  pro- 
fesseurs et  d'érudits,  dans  une  galerie  dont  l'on  croit  chaque 
année  toucher  le  fond,  et  que  chaque  année  vient  pourtant  allon- 
ger. Mais  si  la  physionomie  des  hommes  se  trouve  éclairée  avec 
soin,  si  leurs  mohiles  se  trouvent  dégagés,  si  la  relation  entre 
leurs  idées  propres  et  les  idées  de  leur  temps  apparaît,  grâce  à 
ces  ouvrages,  avec  netteté,  il  semble  que  l'on  a  trop  perdu  de 
vue  les  enseml)les.  L'on  a  trop  oublié  que  la  littérature  d'un  peu- 
ple est  une  chose  qui  vit  et  qui  croît  et  que,  de  même  qu'il  y  a 
un  esprit  grégaire  où  un  élément  vient  s'aj*-uter  à  la  somme 
de  ceux  qui  entrent  dans  sa  composition,  il  y  a  un  esprit 
littéraii-e,  dont  chaque  œuvre  est  une  manifestation,  mais  qui 
dépasse  ces  œuvres  elles-mêmes.  C'est  l'honneur  de  M.  Louis 
Cazamian  de  nous  avoir  enfin  présenté,  bien  que  sachant  quels 
risques  présentait  une  telle  entreprise,  cet  essai  tant  attendu  de 
synthèse  littéraire.  II  fait  plus  que  nous  offrir  des  aperçus  ingé- 
nieux, voire  des  idées  neuves.  Il  nous  apporte,  vérifiée  dans  la 
littérature  de  chaque  époque,  une  formule  autour  de  laquelle 
de  vives  batailles  s'engageront  :  rien  de  plus  hardi,  de  plus  sti- 
mulant que  la  conception  de  M.  Cazamian  ;  aucun  critique  depuis 
Taine  n'avait  pris  plus  de  libertés  avec  les  individus,  et  pourtant 
].ul  ne  tient  plus  strictement  compte  de  l'effort,  de  la  constitution 
psychologique,  de  chaque  facteur  individuel.  Chaque  génie,  cha- 
que talent  perd,  dans  le  livre  de  M.  Cazamian,  une  part  de  son 
autonomie,  sans  rien  perdre  de  sa  valeur  intrinsèque.  Tel  est  le 
pouvoir  d'une  libre  intelligence  qui,  qu'elle  étudie  les  institutions 
d'un   pays   ou   sa   pensée,   ne   perd  jamais   contact   avec   la   vie. 

C'est    la    vieille    querelle    entre    les   partisans    du    milieu    et     les 


11)2  LKS  i..\NGVi:s  M()i»i:iiM:s 

critiques  qui  affii-ment  la  valeur  souveraine  du  génie  que  rouvi'e 
M.  Cazamian.  Est-ce  son  temps  qui  crée  l'homme  de  génie,  ou 
l'homme  de  génie  qui  ci'é'e  son  temps  ?  Chacun  couchait  sur 
ses  positions.  On  sentait  fort  bien  que  ^reu^^'e  d'un  auteur  était  lar- 
gement la  résultante  de  forces  extérieures  à  lui-même,  forces  qui  en 
déterminaient  pour  ainsi  dire  les  modalités,  mais  on  sentait  aussi 
que  l'état  des  mœurs,  les  raisons  historiques  ou  économiques,  ne 
suffisaient  pas  à  expliquer,  je  ne  dis  pas  seulement  telle  ou 
telle  œuvre  particulière  et  privilégiée,  mais  la  direction  d'une 
littérature.  On  constatait  plus  d'une  fois  l'évolution  brusque  de 
cette  littératui-e,  alors  que  l'armature  sociale  restait  à  peu  près 
identique  à  elle-même.  Mais  l'explication  ne  venait  pas,  et  cela, 
parce  que  l'on  n'avait  d'jeux  que  pour  les  conditions  matérielles, 
extérieures,  de  l'évolution.  La  littérature  était  considérée  à  juste 
titre  comme  un  organisme,  mais  on  n'imaginait  pas  qu'elle  pût 
s'adapter  à  un  autre  ensemble  de  circonstances  que  celui  que 
prétend  englober  le  terme  :  civilisation.  La  théorie  de  M.  Caza- 
mian ne  néglige,  nous  Talions  voir,  aucun  de  ces  facteurs,  mais 
elle  pose  avant  tout  comme  principe  que  l'explication  du  mouve- 
ment d'une  littérature  est  psychologique,  que  l'esprit  littéraire 
obéit  à  des  lois  qu'il  reçoit  du  dedans,  lois  qui  régissent  au 
f«nd    toute   mentalité    humaine. 

L'esprit  de  l'homme  ne  saurait  se  mouvoir,  d'un  bout  à  l'autre 
de  son  existence,  sur  un  même  plan.  11  est  tour  à  tour  sollicité 
|)ar  deux  formes  d'activité  :  l'une  rationnelle,  l'autre  sentimen- 
tale. Au  bout  d'un  certain  temps,  la  joie  qu'il  tire  de  l'une  ou 
l'autre  de  ces  activités  s'émousse  ;  il  sent,  obscurément  d'abord, 
consciemment  plus  tard,  le  besoin  d'apports  nouveaux.  Sans 
doute  n'abandonne-t-il  pas  facilement  sa  première  position:  Il 
épuise  avant  cela  tous  les  moyens  dont  il  dispose,  tirant  parti 
d'effets  de  plus  en  plus  rares,  délaissant  les  moj-ennes  pour 
l'anormal.  Mais  un  moment  vient  où  procédés  et  artifices  ne  le 
satisfont  plus,  et  c'est  alors  le  large  coup  de  balancier,  resti- 
tuant tantôt  à  la  sensibilité,  tantôt  à  l'intelligence  sa  fonction 
directrice.  Or,  ce  rythme  psychologique,  cette  oscillation  entre 
deux  pôles,  nous  le  retrouvons,  observe  M.  (Cazamian,  lorsque 
nous  étudions  l'évolution  de  l'esprit  d'un  peuple.  X  une  littéra- 
ture de  sensibilité  et  d'émotion  doit  succéder  tôt  ou  tard  une  lit- 
térature d'analyse  cf  de  critique.  Mais  à  ne  considérer  que  cet 
aspect  de  la  question,  toutes  les  littératures  présenteraient  des 
))hases  identiques.  C'est  ici  qu'intervient  le  faisceau  des  causes 
extérieures  :  conditions  géographiques,  changements  politiques, 
iniluence  exercée  par  un  milieu  étranger.  Ce  sont  ces  causes  qui, 
l)our  chaque  pays,  retardent  ou  précipitent  l'oscillation,  Etudiant 
la  courbe  de  la  littérature  anglaise  depuis  la  Restauration  des 
.Stuarts  jusqu'à  l'époque  contemporaine,  M.  Cazamian  nous  fait 
Voii',    par    LXcMiiple,    comment    ties    phénomènes    tels    que    l'exil    des 


lîim.HHil'.AI'MIF.  193 

Stuarts,  lu  prcpondéiaiue  iirise  par  la  hourgLoisie  niarchaiulc 
au  xvm"  siècle,  la  révolution  française,  le  développement  du 
machinisme,  favorisent  ou  contrarient  les  aspirations  secrètes 
de  la  mentalité  anglaise,  en  quête  d'une  vie  plus  pleine  et  plus 
intense  ou  d'un  équilibre  rationnel.  11  est  aussi  certaines  tendan- 
ces innées  d'un  |)euple  ;  selon  qu'il  traversait  telle  ou  telle  phase 
de  sa  vie  psychologique  au  moment  où  s'est  constituée  chez  lui 
une  véritable  conscience  nationale,  il  sera  par  la  suite  plus  fran- 
chement sollicité  par  une  interprétation  intuitive  ou  rationnelle 
de  l'univers.  Dii  fait  que  l'Angleterre  a  pris  rang  de  grande  nation 
à  une  époque  —  la  Renaissance  —  où  toutes  les  facultés  des 
iiidividuis  se  développent,  mais  où  le  ton  dominant  est  d'ordre 
émotionnel  et  Imaginatif,  il  s'ensuit  que  ce  n'est  que  par  un 
elfort,  que  contrainte  en  quelque  sorte  par  l'inéluctable  loi  psy- 
chologique, qu'elle  donne,  le  moment  venu,  la  prépondérance  au 
courant   intellectuel    dans    sa    littérature. 

M.  Cazamian  nous  montre,  dans  les  ojize  chapitres  de  ce 
livre,  si  profondément  intelligent,  et  dans  lequel  l'auteur  nous 
autorise  à  ne  voir  que  l'esquisse  d'un  ouvrage  qui  fera  à  chaque 
homme  et  à  chaque  œuvre  une  place  digne  de  l'un  ou  de  l'autre, 
quel  a  été  le  jeu  de  ce  rythme  de  1660  à  1914.  Depuis  l'âge 
d'Elisabeth,  nous  dit-il,  le  balancier  n'a  battu  que  deux  fois  et 
demie.  Point  de  départ  :  la  Renaissance,  phase  «  d'intensité  ima- 
ginativc  et  émotionnelle  •>  ;  puis,  avec  la  littérature  de  la  Res- 
tauration qui  se  fixe  et  s'assagit  dans  celle  de  l'âge  dit  «  clas- 
sique 1),  prépondéi-ance  de  l'élément  rationnel  ;  retour,  avec  le 
romantisme,  à  l'enthousiasme  et  à  l'émotion  ;  nouveau  départ 
aux  environs  de  1830  vers  des  conceptions  et  une  forme  d'expres- 
sion plus  disciplinées,  le  facteur  scientifique  intervenant  pour  la 
première  fois  ;  enfin,  à  ])artir  de  1880,  réapparition  d'une  littéra- 
ture traduisant  les  aspirations  vagues  de  l'âme,  empreinte  de 
mysticisme.  Mais,  l'auteur  insiste  sur  ce  fait  capital,  tandis  que 
les  premières  oscillations  sont  d'une  extrême  lenteur,  peuvent 
s'étendre  sur  un  siècle  tout  entier,  les  plus -' récentes  semblent 
se  précipiter.  En  outre,  les  périodes  perdent  de  plus  en  plus  l'in- 
tégrité de  leur  caractère.  11  n'j'  a  jamais  eu,  mais  il  y  a  moins 
que  jamais,  à  l'heure  présente,  de  purs  rationnels,  ni  de  purs 
sensibles  ;  les  deux  tendances  s'allient  plus  ou  moins  chez  cha- 
que individu  ;  seul,  le  coefficient  attribué  à  chacune  est  person- 
nel. Ce  fait  s'explique,  d'abord,  par  l'accumulation  en  profon- 
deur de  la  vie  psychologique,  par  le  jeu  subconscient  des  rémi- 
niscences, par  le  pouvoir  de  suggestion  qu'exercent  sur  les  indi- 
vidus nouveaux  les  expériences  du  passé  ;  et  aussi,  par  une  usure 
croissante  du  pouvoir  de  rajeunissement  national.  Dans  cette 
incapacité  de  se  renouveler  des  littératui-es  contemporaines,  dans 
leur  caractère  hybride,  dans  la  difficulté  ci'oissante  qu'éprouvent 
les   éléments   neufs   à    s'affirmer   eu    regard   d'une   mentalité   domi- 


194  LES   LANGUES    MODERNES 

iKuitf,  synthèse  de  toutes  celles  qui  se  sont  suceédé,  JI.  Ciiza- 
mian  verrait,  soit  le  signe  d'un  prochain  déclin,  soit  l'annonce 
d'un  renouvellement  décisif  par  de  profonds  changements  sociaux 
déjà  commencés.  Ce  sera  peut-être  à  des  organismes  neufs,  à 
des  peuples  d'un  sang  britannique  rafraîchi  —  mère-patrie  ou 
Empix'e  —  de  reprendre  la  besogne  à  ])ied  d'œuvre,  de  rendre, 
dans  les  littératures  de  demain,  au  i-ythme  psychologique,  la 
valeur  créatrice  qu'il  eut  dans  celle  qui  paraît  atteinte  d'une 
intime  vieillesse. 

Edouard   GuYor. 

R.  WithîOgtOO*  —  CogliSb  Pagcai)try  (Vol.  H).  (Harvard 
L'niversity  Press). 

Le  deuxième  et  dernier  volume  de  cet  important  ouvrage,  tra- 
\ail  définitif  sur  un  sujet  des  plus  attrayants,  conduit  l'histoire 
des  jKigeants  jusqu'à  l'époque  contemporaine.  Mêmes  qualités 
que  dans  le  premier  volume  analysé  ici-même  :  texte  in-épro- 
cliable,  illustrations  nombreuses  et  bien  choisies,  de  plus,  index 
général  et  bibliographie  d'une  belle  ampleur.  On  peut  dire  que 
M.  Withington  épuise  le  sujet.  Les  chapitres  du  début  nous  retra- 
cent la  naissance,  le  progrès,  l'apogée  et  le  déclin  de  la  caval- 
cade du  Lord-Maire  de  Londres.  On  voit  en  1612  le  bon  poète 
Thomas  Dekker  et  son  collaborateur  Hemynge  (peut-être  l'homme 
du  folio  shakespearien),  mettre  la  main  à  des  chars  portant  les 
sept  sciences  libérales,  jolies  filles  aux  robes  légères  et  flottantes 
comme  les  connaissances  qu'elles  symbolisent.  L'année  suivante, 
le  bon  poète  Middleton  compose  en  l'honneur  de  son  homo- 
nyme, Lord-Maire  et  marchand  d'épices,  le  Triomphe  de  Ut 
Vérité,  cavalcade  mêlée  de  pantomime.  Le  puritanisme  trouvait 
en  lui-même  assez  d'éléments  de  gaîté  pour  se  dispenser  de  tels 
divertissements,  d'où  éclipse  des  pageants  que  restaure  bientôt  le 
joyeux  Charles  11.  Pepys  s'en  fait  le  chroniqueur  ;  Settie,  le 
dernier  des  City  Poets,  immortel  de  ridicule,  grâce  à  Pope,  en 
concerte  le  détail,  vers  compris,  de  16î)l  à  1708.  Puis  c'est  la 
décadence.  On  reprendra  le  spectacle  à  la  fin  du  mx'  siècle,  mais 
à  l'actuel  défilé,  conscient  et  organisé,  il  manque  la  pompe  naïve 
et    la    belle    humeur    des    temps    anciens. 

Aux  chapitres  suivants  (polUicnl  payeantnj),  on  voit  brûler  à 
souhait  des  papes  d'osier  et  autres  mannequins  symboliques.  La 
dernière  partie  de  l'ouvrage  est  consacrée  aux  pageants  des 
Ktats-Unis,  généralement  fort  divertissants  à  cause  de  leur  didac- 
lismc  compliqué  et  leur  habile  mélange  de  patriotisme  et  de 
réclame  industrielle.  11  semble  qu'en  cet  ordre  d'idées  il  faille 
attribuer  la  palme  au  festival  de  Boston  donné  en  novembre 
1!>10.  Ces  cavalcades  sont  la  poésie  des  masses,  dit  en  concluant 
M.   Withington.   La    formule    est    ingénieuse.   Malheiirensemenl     les 


nir.i.KK.K.M'iiiF.  rJô 

iiiiiSMs,  devenues  paresseuses  et  lucil'ufics.  préfèrent  à  ces  défilés 
ensoleillés  les  ténèbres  visibles  du  cinéma.  Déplorons-le  et  souhai- 
tons le  retour  prociiain  des  antiques  /jinjeants,  si  aimablement 
croqués  par  M.  Withington. 

.1.     DOIADY. 

Lcw  $arett.  —  MaQy  IV1ai)y  Mooi)s>  (il.  HolL,.  New-Vuiio 

i.e  jei-ne  poète  auquel  nous  devons  cet  aimable  recueil  a  tra- 
vaillé pendant  dix  ans  avec  les  Indiens  du  nord  de  l'Amérique 
comme  guide  et  comme  bûcheron,  loin  de  la  lutte  humaine  et 
loin  des  multitudes.  .Avec  un  rare  bonheur  d'expression,  et  en 
des  rythmes  d'une  belle  audace,  il  a  traduit  les  sentiments,  les 
idées  embrycMinaires,  les  rêves  déconcertants  de  ses  compagnons, 
chasseurs,  trappeurs,  guérisseurs.  On  y  sent,  en  dépit  d'une 
enfantine  gaîté,  toute  la  mélancolie  des  races  frappées  à  mort. 
.Aimez,  avec  M.  Lew  Sarett,  ce  que  jamais  on  ne  verra  deux  fois. 

J.     DOUADV. 

Cari  Spitteler.  —  Le  lieutei)ar)t  CoQrad  (traduction 
N.  \'alentin).  -  Mcs  prerT)iCPS  SOUVCI)iPS  (traduction  M.  de 
Ziczler).  —   Irpago  (traduction  de  M""  Fli.  (jodet).  (Pavot.  Paris). 

11  faut  remercier  la  librairie  i'ayot  d'a\()ir  fourni  au  public 
français  la  possibilité  de  connaitre  une  partie  tout  au  moins  de 
l'œuvre  du  poète  suisse.  Etaient-ils  nombreu.x  ceux'  qui  n'igno- 
raient pas  sou  nom  ?  Savaient-ils  qu'en  1915  ce  Suisse  allemand, 
dont  les  œuvres  sont  écrites  en  allemand,  avait  publiquement 
proclamé,  dans  une  conférence  retentissante,  sa  foi  en  la  justice 
de  4^a  cause  française?  Lorsqu'en  1920  il  obtint  le  prix  Nobel 
])our  la  littérature,  n"eùt-oii  pas  en  général  en  France  le  senti- 
ment qu'il  s'agissait  d"iin  inconnu  ?  Assurément,  les  épopées, 
les  ballades  et  autres  ])oésies  de  Spitteler  resteront  inaccessibles 
à  ceux  qui  ne  peuvent  les  lire  dans  le  texte.  Il  faut  le  regretter, 
car  en  dépit  de  leur  étraugeté  parfois  obscure,  elles  sont,  par  les 
problèmes  qu'elles  abordent,  autant  que  par  la  manière  dont  elles 
les  traitent,  les  œuvres  d'un  grand  poète.  Mais  puisque  l'occasion 
est  offerte  à  tous  de  lire  la  vigoureuse  idylle  qu'est  Le  Lieute- 
nant Conrad,  de  goûter  les  impressions  exquises  d'un  enfant  de 
deux  à  cinq  ans,  ou  ce  roman  d'Imago  qui  unit  si  curieusement 
l'observation  de  la  réalité  à  la  fantaisie,  on  peut  espérer  qu'elle 
ne  sera  pas  négligée.  A  coup  sûr,  il  y  aurait  exagération  à  pré- 
tendre que  les  traductions,  dues  à  des  compatriotes  du  poète, 
n'aient  point  laissé  échapper  quelque  parcelle  de  la  savoureuse 
et  rieuse  fantaisie  de  l'humoriste  qife  sait  être  Cari  Spitteler  : 
il  en  reste  assez  néanmoins  pour  surprendre  et  intéresser  le 
lecteur   français. 

Rai'Hakl. 


196  LES   LANGUES    MODEUXES 

Paul  Cei)tizoi)'  —  L'AlleiT)agoe  ei)  République.  (Pavot, 
Paris). 

C'est  If  troisième  volume  que  uous  devons  à  la  plume  du 
reporter  alerte  qu'est  M.  P.  Gentizon.  Envoyé  en  Allemagne  dès 
novembre  1918  par  le  journal  le  Temps,  il  a  déerit  la  révolution 
allemande,  puis  la  transformation  de  l'armée  allemande,  telles 
qu'il  les  avait  vues.  Ce  qu'il  nous  donne,  cette  fois,  ce  sont  ses 
notes  et  impressions  sur  la  transformation  de  l'ossature  politi- 
que et  économique  de  l'Allemagne  pendant  la  période  d'efferves- 
cence 1919-1920.  Passant  rapidement  de  ville  en  ville,  il  nous  fait 
assister  à  la  naissance  de  l'ordre  nouveau,  insistant  en  particu- 
lier sur  les  tendances  de  la  Constitution  votée  par  l'Assemblée 
de  Weimar,  au  milieu  de  tant  de  difficultés.  Déjà,  les  événements 
ont  rendu  caducs  un  certain  nombre  des  jugements  portes  par 
i\I.  P.  Gentizon.  Mais  ces  notes  prises  sur  le  vif  constituent  des 
documents  de  valeur  historique,  ne  serait-ce  que  pour  reconnaître 
le  chemin  parcouru  par  l'Allemagne  depuis  les  temps  des  trou- 
bles révolutionnaires, 

Raimiakf,. 


Voi)  Btilow.  —  Mon  rapport  sur  la  bataille  de  la 
Marqe.  (Paris,  Pavot). 

Dans  cette  "  Collection  de  Mémoires,  Etudes  et  Documents 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  guerre  mondiale  »  qui  est  déjà  si 
utile  et  le  deviendra  toujours  davantage,  vient  de  paraître  une 
traduction  du  rapport  officiel  du  maréchal  von  Bùlow  sur  la 
bataille  de  la  Marne.  Le  maréchal  exerçait  en  1914  le  commande- 
ment de  la  2°  armée  allemande,  celle  qui  fut  chargée  de  la  prise 
de  Liège,  prit  une  part  impoi'tante  aux  batailles  de  Namur  et  de 
St-Quentin,  puis  de  la  Marne  et  de  Reims,  avant  sa  dislocation 
momentanée  au  moment  de  la  course  à  la  mer.  De  plus,  le  maré- 
chal von  lUilow  assumait  le  commandement  d'un  groupe  d'ai-nrées 
comprenant,  en  plus  de  la  sienne,  la  l"""  armée  du  général  von 
Kliick.  C'est  dire  tout  l'intérêt  qui  s'attache  au  <■  rapport  ». 
Ecrit  non  sans  sécheresse  et  animosité,  il  renferme  quantité  d'in- 
dications précises  et  souvent  nouvelles.  Des  ordres  donnés  chaque 
jour,  des  mesures  prises,  il  ressort  que  la  terrible  madiine  de 
guerre  allemande  a  fonctionne  avec  une  exactitude  moins  impec- 
cable qu'on  ne  le  supposait,  que  les  Allemands  ont  surtout  béné- 
licié  de  la  surprise  du  premier  choc,  et  que  la  riposte  française 
les   a   à   leur  tour   suirpris  et   désorganisés. 

WW'UAV.l.. 


i 


BIRMOr.RAPHIF.  197 

R.  Pitrou.  —   La  vie   et  l'œuvre   de   Tt)eodor  Storit). 

(Alcan  1!»20). 

^r.  Pitrou  vient,  pour  son  doctorat,  de  nous  donner,  sur  Storm 
le,  livre  qui  nous  manquait,  (iet  ouvrage  nous  dispensera  désor- 
mais de  recourir  aux  travaux  périmés  ou  sommaires  de  la  criti- 
que allemande.  Et  voilà,  grâce  à.  son  patient  efTort,  un  nouveau 
comaine  de  la  littérature  allemande  annexé,  après  un  certain 
nombre  d'autres,   à   la   germanistique   française. 

La  méthode  adoptée  par  M.  Pitrou  pour  reconstituer  Ja  pcrson- 
I. alité  morale  et  artistique  de  son  auteur  est  strictement  histo- 
rique. Après  avoir  défini  dans  sa  préface  les  relations  de  Storm 
avec  le  pays  qui  l'a  marqué  de  ses  caractères  saillants,  il  le  suit 
pas  à  pas  à  travers  tout  le  détail  de  sou  existence.  Les  princi- 
pales' étapes  de  cette  vic^  en  somme  très  unie,  fournissent  les  divi- 
sions du  livre  qui  lie  étroitement  l'explication  des  œuvres  au 
récit  biographique.  M.  Pitrou  a  conduit  cette  recherche  avec  une 
minutie  et  une  patience  exemplaires.  Hien  d'essentiel  ne  man- 
que :  sur  toutes  les  nouvelles,  sur  toutes  les  poésies  lyriques  de 
Storm,  on  est  assuré  de  trouver  l'information  la  plus  abondante 
et  la  plus  précise.  Mais  cette  enquête  de  800  pages  n'est  pas  seu- 
lement un  guide  à  travers  l'œuvre  de  Storm  :  de  tout  ce  détail 
accumulé  se  dégage  une  image  vivante  et  juste  de  l'homme  et  de 
l'artiste.  M.  Pitrou  ne  s'est  pas  seulement  attaché  à  expliquer  le 
temj)érament  de  Storm,  à  découvrir  les  influences  qui  l'ont  formé, 
les  sources  où  il  a  puisé,  à  définir  le  milieu  littéraire  et  politique 
où  il  a  évolué  :  il  a  su  le  faire  vivre.  Ce  livre  est  un  livre  de 
sj'mpathie  ;  à  l'érudition  la  plus  sûre,  il  a  le  mérite  de  joindre 
des  qualités  très  personnelles  de  sensibilité  et  une  grande  déli- 
catesse de  pénétration  psychologique,  en  particulier  dans  l'inter- 
prétation des  nouvelles.  A  vivre  si  longtemps  dans  l'intimité  de 
son  auteur.  M,  Pitrou  a  subi,  sans  s'en  douter,  ou  peut-être  en 
s'y  abandonnant  volontairement,  son  action,  et  il  n'est  pas  jus- 
qu'au stjle  finement  nuancé  de  son  étude  qui  ne  rappelle  un 
peu,  par  endroits,   la   manière   stormienne. 

Ne  se  pourrait-il  pas  aussi  que  Storm  fût,  dans  une  certaine 
mesure,  responsable  de  la  méthode  suivie  dans  cette  recherche  ? 
M,  Pitrou  a  montré  justement  que  la  nouvelle  de  Storm,  inspirée 
d'une  conception  toute  déterministe  de  l'existence,  nous  représente 
volontiers  l'homme  aux  prises  avec  l'universelle  nécessité  ;  ainsi 
conçue,  elle  s'attache  à  relier  le  présent  et  l'avenir  au  passé  et 
accorde  une  importance  souvent  imprévue  aux  incidents  les  plus 
menus,  aux  hasards  les  plus  insignifiants.  Appliqué  à  une  desti- 
née réelle,  un  pareil  système  conduit  le  biographe  à  une  repré- 
sentation totale  et  toute  chronologique  des  multiples  événements 
dont  l'enchaînement  constitue  l'existence  qu'il  se  propose  de 
retracer.   Et    il    se    trouve    ainsi    amené    à    retenir    avec    le     même 


198  LES    LANGUES    MODERNES 

soiQ  tous  les  laits,  à  attribuer  la  même  valeur  d'explication  ou 
de  signification  à  tous  les  évéuem.euts.  Le  travail  de  M.  Pitrou 
souffre,  en  certaines  parties,  d'un  certain  excès  de  conscience  et 
de  curiosité.  S'il  a  eu  le  courage,  après  la  longue  interruption  de 
la  guerre,  de,  reprendre  un  travail  mis  en  chantier  eu  1909,  il  n'a 
plus  eu  le  temps  de  faire  court.  Cet  ouvrage  scrupuleux  et  péné- 
trant garde  ainsi  un  aspect  fragmentaire  et  émietté.  Il  manque 
un  peu  de  perspective  et  de  hiérarchie.  Le  détail  y  noie  trop 
souvent  les  grandes  lignes.  Un  chapitre  de  conclusion  nous  donne 
bien,  en  quelques  pages  rapides,  une  théorie  de  la  nouvelle  de 
vStorm,  mais  cette  théorie  reste  un  peu  trop  sommaire  et  c'est 
dans  les  autres  parties  du  livre,  à  propos  de  chaque  nouvelle 
particulière,  qu'il  faut  aller  chercher,  sous  ramoncellenient  des 
faits  et  des  références,  les  éléments  de  cette  doctrine  si  originale 
et,  à  tant  d'égards,  si  moderne.  "SI.  Pitrou  n'a  pas  moins  fine- 
ment senti  le  tempérament  lyrique  de  Storm  ni  moins  sûrement 
reconnu,  à  côté  de  l'influence  d'Eichendorff,  de  Heine,  de  Morikc, 
la  nouveauté  de  sa  poésie,,  mais  cette  théorie  du  lyrisme  reste, 
elle  au'Ssi,  trop  diffuse  et  éparse.  Quelques  chapitres  de  synthèse 
psychologique  et  littéraire  auraient  été  les  bienvenus. 

Pourquoi  M.  Pitrou  ne  se  déciderait-il  pas,  quand  il  aura  pris 
le  recul  suffisant,  à  tenter  cette  reconstruction  systématique  ?  Si 
iieuf,  si  plein  de  conscience  et  de  talent  que  soit  son  livre,  on 
peut  se  demander  s'il  aura  toute  la  diffusion  qu'il  mérite  et  qu'on 
lui  souhaiterait.  Il  en  est  de  son  Storm  comme  d'un  certain  nom- 
bre de  thèses  parues  depuis  une  dizaine  d'années.  De  tels  tra- 
vaux sont  d'excellents  ouvrages  de  recherche  et  de  documentation 
scientifiques.  Mais  on  en  verrait  avec  plaisir  les  résultats  essen- 
tiels ramassés  dans  des  livres  plus  abordables  et  d'une  lecture 
plus  facile.  De  tous  les  romanciers  et  lyriques  allemands  du  xi.\' 
siècle,  Storm  est,  à  cause  de  la  sûreté  de  son  goût,  un  de  ceux 
qui  pourraient  être  le  plus  accessibles  au  public  français,  un  de 
ceux  qui  méritent  le  plus  de  lui  être  révélés.  Il  y  aurait  intérêt 
à  faciliter  ce  contact.  Personne  n'est  mieux  préparé  que  M.  Pitrou 
pour   l'établir. 

En  attendant  ce  rapprochement,  il  pourrait  être  intéressant,  à 
un  point  de  vue  plus  pratique  et  'tout  professionnel,  de  savoir  ce 
que  l'enseignement  de  l'allemand  peut  demander  à  Storm.  Nos 
programmes  n'ont  retenu,  dans  leur  répertoire  hâtif  d'auteurs 
d'explication,  que  Pôle  Poppi'nspiiler,  dont  le  charme,  compliqué 
de  diflicultés  dialectales,  ne  jjcut  guère  être  goûté  par  les  élèves 
de  H",  à  qui  on  le  destinait.  C'est  plus  tard,  avec  des  élèves  ])his 
avancés,  i)lus  munis  d'allemand  et  littérairement  plus  formés, 
qu'il  conviendrait  d'aborder  la  nouvelle  de  Storm.  Depuis  qu'elle 
est  tombée  dans  le  domaine  public,  les  éditions  à  bon  marche  se 
sont  multipliées.  La  collection  Reclam,  qui  vient  d'accueillir  les 
œuvi'cs   en    prose    de   G.    Keller,    nous   a   également    facilité    l'accès 


BIBLIOGMAPHIR  199 

(le  Monii.  Nous  n'avons  plus  que  rembarras  du  clioix  :  ^[.  {'ifruii 
aime  trop  son  autcui*  pour  ne  pas  vouloir  nous  aider,  en  éclai- 
rant notre  choix,  à  le  faire  connaître  et  lui  gagner  de  nouveaux 
lecteurs,  ce  qui  est  la  nieilieurc   façon  de  l'aimer. 

A.    GouAirr. 
J.-M.  Carré.—  Goethe  et)  Angleterre.  (IMon-Nourrit,  uriO). 

Le  chantier  de  la  littérature  comparée  ne  chôme  pas  :  après  le 
beau  travail  de  M.  l'onchon  sur  Hcrder  en  France,  voici,  sur 
(iœthe  en  Angleterre,  la  non  moins  précieuse  étude  de  M.  J.-Af. 
Carre.  Et  de  même  que  le  hasard  des  soutenances  rapproche  de 
nouveau  Herder  et  Gœthc,  comme  pour  commémorer  le  150"  anni- 
versaire de  leur  première  rencontre  dans  l'Alsace  française,  il  est 
d'une  ironie  non  moins  significative  de  voir  le  doctorat  français 
faire  sa  rentrée  à  l'Université  de  Strasbourg  avec  un  travail 
sur  Gœthe,  qui  venait  en  1770  y  prendre  ses  inscriptions  d'étu- 
diant eu  droit.  Mais,  moins  courageux  que  son  biographe,  Gœthe 
renonça  au  doctorat  et  partit  avec  une  modeste  licence,  dont  il 
s'autorisa  pour  s'affubler,  dès  son  retour  à  Francfort,  du  titre  de 
docteur.  L'équivalence  des  grades  ne  date  pas   d'hier. 

"  Compagnon  »  de  la  première  heure,  M.  Carré  nous  donne  un 
travail  fait  de  main  de  «  maître  i>.  On  y  retrouve  la  belle  ardeur 
primesautière  avec  laquelle  il  a  mené  cette  croisade  des  Compa- 
gnons, d'où  sortira  peut-être  un  renouveau  de  l'Université.  C'est 
un  livre  alerte  et  plein  de  vie,  fortement  documenté,  habilement 
construit,  écrit  avec  une  franchise  et  un  entrain  très  séduisants. 
JLiis  pourquoi  M.  Carré  a-t-il  jugé  nécessaire,  au  seuil  de  son 
étude,  de  justifier  le  choix  d'un  tel  sujet  et  de  jxjser  la  question 
du  cosmopolismc  littéraire  ?  Il  y  a  là,  sur  l'opposition  entre 
l'Allemagne  de  Gœthc  et  celle  de  1914,  quelques  pages  d'une 
éloquence  sympathique  et  frémissante,  mais  que  nous  aurions 
préféré,  pour  notre  part,  voir  réservées  à  la   soutenance. 

M.  Carré,  qui  doit  au  Gœthe  en  France  de  M.  Baldeusperger 
la  pensée  première  et  le  dessin  général  de  son  livre,  s'est  proposé 
de  suivre  la  lente  pénétration  da  Gœthe  en  Angleterre  et  de  tra- 
cer de  1780  à  1855  la  courbe  de  son  influence.  La  guerre,  en  lui 
imposant  d'autres  devoirs,  l'a  malheureusement  empêché  de  pour- 
suivre au  delà  de  la  moitié  du  xix"  siècle  une  enquête,  qui 
devient  d'ailleurs  de  plus  en  plus  délicate  à  mesure  qu'on 
avance,  parce  que  cette  influence  se  complique  sans  cesse  d'autres 
actions.  Pour  cette  période  de  75  années,  qui  constitue  d'à  II  leurs 
un  ensemble  harmonieux,  il  ne  s'est  pas  contenté  d'interroger 
les  écrivains  les  plus  révélateurs  ;  il  a  patiemment  dépouillé 
d'innombrables  revues  et  joiumaux.  Kt  toute  cette  information, 
à    la    fois    individuelle    et    collective,    qui    retient     non     seulement 


200  LES    LANGUES    MODERNES 

les  attitudes  des  principaux  représentauts  de 'la  littérature,  mais 
rellète  les  réactious  les  plus  diverses  de  ropiniou  publique,  est 
\eDue  s'organiser  daus  son  livre  de  façon  lumineuse.  M.  Carré 
a  fort  habilement  exploité  cette  matière  inépuisable  et  diffieile  à 
mettre  en  œuvre.  En  reléguant  dans  la  bibliographie  critique 
qui  constitue  sa  seconde  thèse  toutes  les  citations,  toutes  les 
ihdications  documentaires,  il  a  allégé  son  exposé,  et  son  étude, 
ainsi    aérée,   désencombrée,   n'en   est   que   plus   agréable   à   lire. 

La  route  est  nettement  jalonnée.  Une  première  partie  qui  va 
jusqu'à  1830  nous  montre,  après  les  premières  manifestations  de 
la  mode  werthérienne,  les  résistances  de  la  moralité  et  du  goût 
anglaisj  au  théâtre  de  Goethe,  l'indifférence  du  public  à  l'égard  de 
son  lyrisme,  auquel  notre  romantisme  se  montre  plus  accueillant. 
La  2»  partie  qui  nous  mène  jusqu'à  1840  est  consacrée  à  Carljie, 
qui  fut  le  véritable  annonciateur  de  Goethe  en  Angleterre  et 
s'attacha  surtout  à  révéler  à  ses  compatriotes  la  doctrine  morale 
di'  penseur.  M.  Carré  s'est  appliqué  avec  le  plus  grand  soin  à 
reconstituer  l'évolution  intellectuelle  de  Carlyle.  à  fixer  les  états 
successifs  de  sa  pensée,  à  doser  l'apport  de  Goethe  et  de  la  philo- 
sophie allemande  dans  la  formation  de  ses  idées,  à  marquer  les 
limites  de  sa  compréhension.  C'est  là  la  partie  la  plus  suggestive 
de  son  livre.  Après  la  révélation  du  philosophe,  il  restait  à  com- 
prendre l'artiste  et  le  savant.  C'est  cette  dernière  étape  que 
nous  décrit  la  3°  partie  :  elle  nous  conduit  de  l'interprétation, 
encore  incomplète  et  tendancieuse  de  Carlyle  à  la  divination  du 
j)oète  lyrique  par  Tennyson  et  à  la  découverte,  par  la  biographie 
de   Lewes,   de  l'universalité   de  Goethe. 

Un  tel  livre  s'adresse  à  la  fois  aux  anglicistes  et  au.x  germa- 
nistes. 11  appartient  aux  premiers  d'apprécier  la  valeur  de  cer- 
tains jugements  de  M.  Carré  et,  en  particulier,  son  interpréta- 
tion de  Carlyle.  Les  seconds  auront  plaisir  à  découvrir,  à  travers 
les  réactions  anglaises,  des  aspects  nouveaux  de  la  personnalité 
et  de  la  pensée  de  Goethe.  La  monographie  de  Lewes  a  été  pour 
beaucoup  d'entre  nous,  en  un  temps  où  on  ne  disposait  guère 
d'autres  moyens  d'étude,  une  introduction  commode  à  l'intelli- 
gence de  Gœthe.  Mais  ses  successeurs,  R.-M.  Mcycr  et  Biels- 
thowsky,  sont  en  train  de  vieillir  à  leur  tour.  Des  travaux  plus 
récents,  ceu.x  de  Simmel,  de  Gundolf,  en  particulier,  nous  ont 
initié  à  un  autre  Goethe.  La  pensée  de  Gœthe,  à  qui  on  s'est 
efforcé,  en  ces  derniers  temps,  de  donner  dans  l'histoire  de  la 
philosophie  allemande  la  place  qui  lui  a  été  si  longtemps  refu- 
sée, passe  de  ))lus  en  plus  au  premier  plan.  Par  là,  le  point  de 
vue  de  Carlyle  reprend  une  actualité  nouvelle,  et  ce  n'est  pas  un 
(les  moindres  mérites  du  \  igourcux  et  clairvoyant  travail  de 
^I.  (>arré  que  d'avoir,  eu  le  mettant  au  centre  de  son  ouvrage, 
rejoint    les    préoccupations    présentes    de    la    critique    gœthcenne. 

A.     GODAIII. 


HDilInCUM'lIli:  *-2ll! 

C.  Ht)d\€r.  —  Les  précurseurs  de  Nietzsche.  (Kdition 
liossijrd,  102(1). 

Voici  l'éclatant  de-but  û'uui:  }<rimde  riu\  lo.  M.  Andicr  entre- 
prend de  nous  donner  en  6  volumes  une  étude  complète  sur  la 
vie  et  la  pensée  de  Nietzsche  et  de  reconstituer  l'évolution  de  sa 
philosophie.  Kntre|)rise  de  longue  haleine,  qui  suppose  une  varié- 
té de  savoir  i)eu  commune  dans  les  domaines  les  i)lus  ditïéi'ents. 
et  qui,  à  en  Juger  par  la  richesse  et  la  nouveauté  de  ce  premier 
volume,  promet  de  laisser  loin  derrière  elle  les  monographies  les 
l)lus    monumentales    du    siècle    dernier. 

Ce  travail  vient  à  son  heure  :  la  guerre  a  faussé,  sur  bien  des 
points,  l'image  qu'on  se  faisait  de  Nietzsche.  Il  est  temps  de  la 
redresser,  de  la  compléter,  de  nous  restituer,  dans  son  intégrité, 
sa  véritable  pensée.  Pour  mesurer  l'originalité  de  cette  philoso- 
j)hic,  il  importait  avant  tout  d'en  découvrir  les  s^iurces,  d'y 
reconnaître  les  éléments  d'emprunt,  de  fixer  l'apport  des  devan- 
ciers. C'est  à  l'inventaire  de  cet  héritage  intellectuel  qu'est 
consacré  ce   volume   d'introduction. 

L'analyse  de  ces  acquisitions  se  divise  en  3  livres  :  le  premier 
étudie  les  influences  allemandes.  Successivement,  M.  Andler  nous 
montre  ce  que  la  pensée  et  la  sensibilité  de  Nietzsche  doivent  à 
Gœlhe,  Schiller,  Holderlin,  Kleist  et  surtout  à  Schopenhaucr  qui 
fut  son  principal  maître.  Le  2'  livre  définit  l'action  des  moralis- 
tes français,  Montaigne,  Pascal,  La  Rochefoucauld,  Fontenelle  et 
Stendhal,  pour  qui  Nietzsche  garda  toute  sa  vie  une  prédilection 
si  tendre  et  si  éclairée.  Mais  si  ces  analystes  lui  enseignèrent  une 
psychologie  nouvelle  de  la  nature  humaine,  s'ils  contribuèrent  à 
afïiner,  à  clarifier,  à  nettoyer  son  esprit,  en  dissipant  les  fumées 
de  l'idéologie  allemande,  leur  action  morale  s'exerça  de  façon 
cliflérente  et  M.  Andicr  a  très  exactement  fixé  l'attitude  de 
Nietzsche  à  l'égard  de  chacun  et  en  particulier  de  Stendhal  qui 
imprègne  si  fortement  sa  pensée.  Après  l'exploration  psycholo- 
gique, la  découverte  des  vastes  horizons  de  l'histoire  des  civi- 
lisations, après  la  cure  française,  l'action  du  cosmopolitisme 
contemporain,  telle  qu'elle  apparaît,  dans  le  dernier  livre,  avec 
Jacob  Burckhardt   et  Emerson. 

Ainsi'  s'ordonnent,  dans  un  enchaînement  aussi  rigoureux  que 
le  permet  une  pareille  étude,  les  matériaux  dont  s'est  constituée  la 
l)cnsée  de  Nietzsche.  La  diffi,culté  d'une  telle  analyse  était,  tout 
en  dénombrant  les  influences  qu'il  a  simultanément  ou  successi- 
vement subies,  en  distinguant  les  thèmes  multiples  dont  se 
compose  cette  symphonie  intellectuelle,  de  faire  sentir  l'àme 
propre  de  l'homme  qui  les  a  orchestrés.  A  côté  de  l'emprunt,  à 
côté  de  la  simple  suggestion  étrangère  qui  séduit  sa  sensibilité 
ou  déclanche  sa  réflexion,  il  y  a  la  disposition  naturelle,  le  fonds 
original,  la   disposition  permanente  ;   à  côté  de   l'éducation,   il   y  a 


2(12  LKS  LAN(;ri:s  modernks 

la  nature  originale,  irréductible,  le  foyer  où  viennent  se  fondre 
et  s'amalgaTner  ces  matériaux  de  provenance^  si  diverse.  Il  importait 
donc,  à  côté  de  cette  évaluation  des  actions  qui  s'étaient  exer- 
cées sur  Nietzsche,  de  bien  faire  saisir  Nietzsche  lui-même  et 
c'est  bien  lui  en  elTet  que  nous  atteignons,  en  ce  qu'il  a  de  plus 
vivant,  à  travers  cette  initiation  continuelle  à  des  pensées  étran- 
gères, si  bien  que  cette  introduction  est  déjà  plus  qu'un  point 
de  départ  et  aboutit  à  une  interprétation  directe  et  déjà  très 
]?oussée    de    Nietzsche. 

La  place  me  mangue  pour  analyser,  comme  il  le  mériterait,  le 
détail  de  ce  livre.  Chacun  des  chapitres  qui  le  composent  méri- 
terait une  étude  à  part  :  Gœthe  et  Schiller  nous  sont  présentés 
sous  un  jour  tout  nouveau  ;  les  essais  sur  Hôlderlin  et  Kleist 
sont  des  synthèses  également  ingénieuses  et  fortes  ;  pour  la  pre- 
mière fois,  la  pensée  de  Burckhardt  est  pleinement  mise  au  joiir. 
On  ne  goûtera  pas  moins  les  études  sur  les  moralistes  français 
dont  la  compréhension  nous  semble  complètement  renouvelée 
par  cette  confrontation  avec  Nietzsche.  Ces  diverses  études  sont 
autant  de  monuments  que  M.  Andler  a  élevés  à  tous  ces  précur- 
seurs, avec  un  art  infini  dans  la  façon  de  condense!*,  de  la  façon 
la  plus  discrète,  en  i^rocédant  ))ar  allusions  et  comme  par  reflets, 
en  faisant  appel  à  la  collaboration  du  lecteur,  le  savoir  le  plus 
impeccable,  animé  par  la  sensibilité  la  plus  fine  et  présenté 
sous  une  lornic  rapide,  nerveuse  et  colorée.  C'est  un  livre  stimu- 
lant :    il    faut    ravoir  lu. 

A.     GODAHT. 


Soutei)ai)ces  de  thèses  pour  le  Doctorat  es  lettres 

Le  mercredi  15  décembre  1920,  M.  Pitrou  (.Robert-Constant), 
professeur  au  lycée  de  Caen,  a  soutenu,  devant  la  Faculté  des 
lettres  de  TUniversité  de  Paris,  ses  thèses  pour  le  doctorat 
sur    les    sujets    suivants  : 

Thèse  compi.kmkntaihk,  —  I.n  rie  et  i<viinre  de  Théoclor  Slonn 
(1817-1888K 

Thkse  principale.  —  Le  Iniixiil  de  ■  itolissaye  ■  dans  les  nou- 
velles de   Th.  Sform. 

M.  Pitrou  a  été  déclaré  digne  du  grade  de  docteur  es  lettres 
avec    la    mention  :    Très    honnrahle. 


Le  mercredi  Tl  décembre  l!)2(l.  M.  .Toussain  (..Tean^Baptisle- 
Henri).  professeur  au  lycée  de  Cherbourg,  a  soutenu,  devant  la 
l'acuité  des  lettres  de  ITuiversité  de  Paris,  les  deux  thèses 
suivantes  pour  le   doctoral    es   lettres  : 

Thksk  coMPi-KMENTAini:.  --  L'EsIhéliiiue  de  Virlor  Hiifjo.  —  Le 
jiillorrstiiie    dans    le    li/risnie    el    dtins    Vvjiopct'. 


)4iBi.io(;r..\PiiiK  liii.'i 

l'uKsi-;    iM'.iNcir.vLK.  Exposr     rrilùiue     de    la     iihilosophic     ilc 

Berkeley. 

M.  .Ii)iiss;tiii  il  été  déclaré  tli}i;nc  du  jjrado  dt-  docteur  es  lettres 
avec    la    mention  :    Honnnibh'. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

Scl)OOl  RewiCW  (l'nivcrsity  of  (Chicago).  —  Dans  le  numéro  de 
tév.,  une  étude  assez  pessimiste  sur  le  sort  de  la  <>  frce  higher 
éducation  »  aux  Etats-L'nis.  L'enseignement  donne  est  très  iné- 
gal. Dans  trop  de  cas,  la  "  high  school  »  est  un  instrument  dont 
on  ne  se  sert  pas  à  bon  escient.  - —  Autre  article,  pas  très  opti- 
miste non  plus,  sur  la  demi-science  ».  —  Une  étude  sur  le  choix 
de  livres  d'histoire,  avec  des  listes  d'auteurs  très  suggestives.  — 
Dnliiv  l'article,  pessimiste  encore  sur  l'insulfisance  des  traite- 
ments  dans   l'enseignement. 

Moderr)  Lai)guageS  (A.  et  C.  Hlack,  London).  —  A  signaler 
dans  le  n"  de  té\rier,  un  article  sur  l'usage  du  gramophone  dans 
renseignement  des  langues  vivantes.  L'auteur  admet,  pour  com- 
mencer, et  cela  est  grave,  qu'un  maître  inexpérimenté  peut  très 
bien  mal  prononcer  le  symbole  phonétique  au  même  titre  que  le 
signe  ordinaire.  Il  poursuit  en  recommandant,  pour  remédier  à 
cet  inconvénient,  l'usage  du  gramophone.  On  admettra  que  voilà 
bien  des  complications  redoutables.  L'auteur  en  a  tellement  cons- 
cience qu'il  termine  st)n  étude  en  nous  assurant  que  le  gramo- 
phone ne  saurait  remplacer  le  maître.  Cl'est  bien  cela,  n'est-ce 
pas,  qu'il   fallait  démontrer  ? 

Paul    Chalvet. 

Modero   Lai)guage   Notes  (.lohns  Hopkins  Press,  Baltimore). 

Dans  l'intéressant  n'^  de  janvier,  article  sur  les  sources  de 
«  A  Taie  of  Two  Cities  ».  Le  roman  de  Dickens  aurait  été  ins- 
piré à  la  fois  par  les  aventures  du  D'  Manette  à  la  Bastille  et  par 
le  sacrifice  de  Sydney  (Carton  sur  l'échafaud.  Carljle  (dont  nous 
connaissons  l'influence  sur  Dickens,  et  dont  l'œuvre  se  retrouvait 
à  ce  moment  pour  la  cinq  centième  fois  entre  les  mains  du 
romancier)  aurait  suggéré  le  cadre  de  la  Révolution  française.  — 
Puisqu'il  faut  badiner  parfois,  grave  discussion  sur  les  origines 
du  mot  <i  cant  >>  :  eu  somme,  et  s'il  faut  eu  croire  les  experts,  le 
mot  aurait  dénoté,  au  seizième  siècle,  le  parler  incompréhensi- 
ble des  vagabonds  ;  cent  ans  plus  tard,  de  mauvais  sermons  et 
des  prières  extravagantes  ;  puis,  vers  1661,  une  croj'ance  popu- 
laire se  serait  fait  jour,  que  les  deux  Cant  (Alexandre  et  Andrew) 
prédicateurs  fanatiques,   s'étflient   mis   à   la   tète   de   ce   mouvement 


201  l.l-S    l.ANdVKS    MUDKUNES 

(politiqucnitut  et  ecclésiitstiquement  séditieux)  de  dévotion 
mimique  et  baragouinée  ;  enfin,  la  pratique  de  ces  deux  prédi- 
tateuis  aurait  eu  réalité  modifié  la  signification  primitive  du 
mot.  —  Compte  rendu  d'un  li\-rc  allemand  sur  Romain  Rolland, 
Henri  Barbusse  et  Fritz  von  l'nruh.  I/auteur  (Walther  Kûchler. 
Wurzburg).  voit  dans  le  Feu  la  création  littéraire  la  plus  signi- 
ficative de  la  guerre  ;  c'est  Tlliadc  de  la  grande  épopée,  alors 
que  Fritz  von  Unruh  nous  en  donne,  dans  VOpfergang.  l'expres- 
sion lyrique,  sous  forme  de  ballade. 

Dans  le  n"  de  fév..  étude  de  l'influence  qu'aurait  eue  sur 
l'œuvre  de  Bunj'an  le  »  Plain  Man's  Pathway  to  Heaven  » 
(1601),  d'Arthur  Dent,  le  fougueux  puritain  ;  comparaison  entre 
la  Pucelle  d'Orléans  de  l'histoire  et  la  Juncjfran  von  Orléans,  de 
Schiller. 

Tl)e  Moderi)  Lai)guage  Journal  (iniversity  of  Chicago).  — 

Excellente  recommandation,  dans  le  n"  de  novembre,  aux  pro- 
fesseurs et  examinateurs,  d'éviter  la  chinoiserie  et  de  se  mettre 
au   niveau  de  l'élève  et  du  candidat. 

Dans  le  n"  de  déc,  étude  sur  l'emploi  des  symboles  phonéti- 
ques, au  cours  de  la  première  année.  L'auteur  recommande  chau- 
dement la  pratique  de  la  phonétique  et  nous  rappelle  que  rien  ne 
vaut  un  mot  de  louange  pour  encourager  les  petits  élèves.  —  .A 
signaler  aussi  un  article  d'Albert  Schinz  sur  les  journaux  et 
périodiques  français  qui,  en  se  plaçant  au  point  de  vue  pure- 
ment documentaire,  ne  semble  pas  aussi  impartial  qu'on  le  dési- 
rerait. Car  enfin,  si  VHumanilé  et  VAction  Française  sont  égale- 
ment "  excellentes  »  (ce  qui  est  contestable),  pourquoi  ne  pas 
mentionner  VŒuore,  un  des  rares  journaux  où  l'on  ait  le  souci 
de   la    foi  me  ? 

Paul    Chaivet, 

Tiiqes  Lit«rary  Supplen)ei)t.  —  23.12.1920.  Art.  de  w.-.i. 

Lawrence  sur  l'introduction  en  Angleterre  du  personnage  do 
Punch,  introduction  que  l'auteur  croit  pouvoir  faire  aux  envi- 
rons de  1666. 

30.  12.  Compte  rendu  :  Prof.  James  Hogan  (l'niv.  Collège,  Cork), 
Ireland  in  the  European  sysiem,  ool.  I,  1500-i557  (Longmans 
12/6),  premier  volume  d'une  histoire  monumentale  de  l'Irlande 
dans  ses  rapports  avec  la  politique  européenne  du  xvi*  s.,  à  nos 
jours.  —  Signalé  un  article  de  Mr  John  Drinkwater,  paru  dans  la 
1  Fornightly  Review  »  de  déc.  1920  et  la  <■  Yale  Review  »  de 
janv.  1921,  sur  un  poète  peu  connu  du  xvii*'  s.,  le  D'  John  Collop. 

13.  1.  1921.  The  poelrii  of  John  Clare  (1793-1864),  le  paysan- 
poète  du  Xorlhamptonshire,  dont  on  vient  d'éditer  un  choix  de 
poèmes    (chez    Cobdon-Sanderson    10/6).    - —    iJryden.    Howard    and 


)uni,i()(ii'..\i'niE  205 

liochcsler,  by  Allardyce  Nicoll,  étude  sur  un  manuscrit  du  B.  M. 
qui  contient  un  fragment  de  pièce,  probablement  «  The  Conquest 
of  China  »,  dont  Dryden  parle  dans  une  lettre  à  ses  fils.  — 
fragment  dpnt  l'auteur  est  peut-être  Dryden  lui-même,  ou  Sir 
llobcrt  Howard,  ou  encore  le  comte  de  Rochester.  —  Comptes 
rendus  :  Peuce  Ilctndbooks,  issiied  by  the  Htstorical  Section  of 
the  Foreign  O/Jtice,  25  vols.  (H.-M.  Stationery  Office,  prix  de  6  p. 
à  5  sh.),  collection  de  monograpliies  préparées,  à  partir  de 
1916-17,  pour  l'édification  des  futurs,  délégués  à  la  Conférence 
de  la  Paix,  et  qui  sont  maintenant  livrées  au  public  ;  réunies  en 
volumes  ou  livrées  en  fascicules  sépares,  ces  monographies  four- 
nissent, avec  cartes,  bibliographies  et|  index  à  l'appui,  d'excellents 
exposés,  du  point  de  vue  britannique,  de  toutes  les  questions  dis- 
cutées par  nos  diplomates  au  cours  de  ces  dernières  années  ;  — 
The  co/itrol  of  parenfhood  (G.  P.  Putnam's  Sons  7/6),  recueil  de 
neuf  essais  par  différents  auteurs,  dont  quelques-uns  ne  sont 
rien  moins  que  le  D"^  Inge,  doyen  de  St-Paul,  ou  le  Principal 
Garvie,  et  qui  abordent  carrément  cette  délicate  question  de 
'<  restriction  volontaire  »,  restriction  que  certains  aspects  de 
notre   civilisation    semblent   rendre   impérieuse. 

20.  1.  l^eiv  tendencies  in  Russian  thought  :  Malgré  l'effroyable 
chaos  qui  rend  à  peu  près  impossible  toute  production  suivie,  la 
pensée  russe  fait  un  effort  pour  s'exprimer  par  la  plume  de  ses 
poètes.  Trois  tendances  principales  sont  à  noter  dans  cette 
poésie  :  1"  le  »  scythisme  »  (v.  le  poème  d'Alexandre  Blok,  Les 
Scythes)  :  la  Russie  n'est  ni  européenne,  ni  asiatique,  elle  forme 
un  continent  à  part,  les  Russes  ne  sont  ni  des  Européens,  ]ii  des 
Mongols,  ce  sont  des  Scj'thes  ;  l'une  des  principales  maisons 
d'é<lition  russes  à  Berlin  s'est  intitulée  "  la  Presse  scythe  »  ; 
peut-être  ce  "  scjthisme  »  n'est-il  qu'un  aspect  du  slavisme  dont 
DosloïewsKi  fut  jadis  le  champion  ;  2"  le  culte  du  prolétariat 
(v.  le  poème  de  Blok,  Les  Douze,  ou  celui  de  Biély,  Le  Christ  est 
ressuscHé),  tendance,  à  vrai  dire,  qui  n'est  point  nouvelle  dans  la 
littérature  russe  ;  3°  le  thème  religieux-patriotique  de  la 
<•  Sainte  Russie  »,  ou  plutôt  de  sa  nouvelle  variante,  <>  la  Russie 
crucifiée  ».  Est-ce  un  nouveau  et  grand  chapitre  de  la  littérature 
russe  qui  s'ouvre,  ou  ne  faut-il  voir  là  qu'une  manifestation  éphé- 
mère ?  L'auteur  ne  se  risque  pas  à  le  prédire.  —  Le  T.  L.  S.,  par 
ailleurs,  suit  attentivement  la  résurrection  de  la  littérature  russe 
qui  a  trouvé  asile  à  l'étranger.  Le  n°  du  6.  1,  dans  ses  «  Russian 
Book  Notes  »  signale  un  certain  nombre  d'oeuvres  russes 
publiées  en  France,  en  Allemagne,  en  Scandinavie,  en  Bulgarie, 
etc.  Berlin  surtout  semble  être  devenu  le  grand  centre  de  publi- 
cations russes.  —  Compte  rendu  :  The  new  poetry,  an  Anthology, 
cd.  by  Harriet  Monroë  and  Alice  Corbin  Henderson  (.New- York, 
Macmillan),  anthologie  donnant  un  excellent  aperçu  de  la  poésie 
américaine  contemporaine. 

13. 


2C6  •      ■         LKS  LANGUES  MODERNES 

La  maison  Gyldendal  continue  à  éditer  un  grand  nombi'e  d'ou- 
vrages traduits  du  Scandinave.  Par  exemple,  celui  du  D"^  Fred. 
Poulsen  sur  les  Ruines  de  Delphes,  paru  en  danois  en  1919 
(21  sh.)  ;  —  le  roman  de  la  "  matriarche  de  la  prose  suédoise  >■, 
Selma  Lagerlôl,  Bannlyst,  trad.  sous  le  titre  The  Outcast  (8/6;  ; 
Pan,  de  Knut  Hamsun  (7/6),  —  v.  le  T.  L.  S.  du  23.  12.  1920  et 
l'Athenaeiun  du  24.  12. 

Il  y  a  seulement  quelques  mois,  la  Satiirday  Review  (12  juin), 
nous  enviait  notre  théâtre  et  déplorait  la  pauvreté  du  théâtre 
londonien.  UAthenaeum  du  7.  1.  fait  entendre  un  autre  son  de 
cloche.  Fort  du  vœu  exprimé  par  M.  Adolphe  Brisson  dans  le 
Temps,  qu'il  soit  fondé  à  Paris  un  théâtre  consacré  exclusive- 
ment au  répertoire  étranger,  et  des  regrets  exhalés  par  M.  Lenor- 
mand,  qui  trouve  "  absolument  scandaleux  que  Paris  soit  privé 
de  Bernard  Shaw,  Strindberg,  Tchehov  et  Sjnge  »,  il  nous  assure 
que  le  théâtre  français  actuel  est  distancé  de  fort  loin  par  le 
théâtre  anglais  ;  seul,  le  Vieux-Colombier  '<  a  un  programme  qui 
vaille   la   peine   de    se    déranger  ». 

14.  1.  Comptes  rendus  :  P.  Hume  Brown,  The  life  of  Gœihe. 
2  vols.  (Murray  36  sh.),  biographie  peut-être  moins  brillante, 
moins  vivante  que  celle  de  Lewés,  mais  forcément  plus  documen- 
tée, et  riche  de  tous  les  travaux  consacrés  au  poète  depuis  un 
demi-siècle  ;  —  David  Graj-,  In  the  Shadows,  with  an  introduc- 
tion by  John  Ferguson  (Melrose,  1  sh.),  réédition  populaire  _  des 
sonnets  du  jeune  poète,  fils  d'un  tisserand  de  Kirkintilloch,  mort 
poitrinaire  à  23  ans  (1861)  ;  —  art.  d'Edward  J.  Dent,  Letters 
from  Germany,  The  classical  stage,  sur  le  culte  des  Allemand?, 
pour    leur    théâtre    classique. 

M.    Ferlix    {Tunis). 


ECHOS  DU  MOIS 


No5  Collaborateurs 

Nous  regrettons  bien  siiîtèrcmciit  que  MM.  Broche  et  Lorans, 
pour  des  motifs  de  convenanee  personnelle,  ne  puissent  plus  nous 
continuer  leur  collaboration  au  Bulletin,  et  nous  leur  adressons 
nos  bien  vifs  remerciements  pour  les  chroniques  si  riches  de 
faits  et  d'idées  qu'ils  ont  bien  voulu  nous  adresser  jusqu'ici. 
Nous  ne  perdons  pas  l'espoir  de  les  voir  reprendre  bientôt  leur 
collaboration,  toujours  très  appréciée  de  l'ensemble  de  nos  lec- 
teurs. 


Tibor)i)en)eTiXs  à  prix  réduits 

Sur  la  demande  de  notre  Président,  l'.Administration  du  jour- 
nal anglais  The  Times  consent  une  remise  de  10  0/0  aux  mem- 
bres de  notre  Association  qui  lui  passeront  un  abonnement,  par 
l'intermédiaire  de  la  Trésorière  des  Langues  Modernes.  Cette 
remise  nous  est  faite  •<  exceptionnellement,  et  afin  d'entretenir 
de  bonnes  relations  avec  nous   ». 

Ce  geste  aimable  du  grand  journal  ami  sera  apprécié  comme 
il  convient  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  choses  d'Angle- 
terre  et   au   bon   développement   de   l'alliance   franco-britannique. 

PREPAID    SUBSCRIPTION     RATES 

(IncJiiding  Poslage) 


PUBLICATION 

FRANCE                       1 

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37.50 
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Literarv  Supplément 

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Educational  Supplément 

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ricano  (Printed  in  Spanish)  .... 

Opder  Fopm  Ovenleaf 

Note.  —  The  subscription  rate  to  The  T/mcs  includes  cost  of  spécial 
evening  delivery  in  Paris  on  àay  of  publication. 


208  LES   LANGUES    MODERNES 

Les  membres  de  notre  Association  qui  désireront  profiter  de 
lOttrc  du  Times  sont  donc  priés  d'envoyer  d'avance  à  Mlle  Ledoux 
le  nîontant  de  l'abonnement,  moins  10  0/0,  et  d'y  ajouter  0,25 
pour   les   frais   de   poste. 

Menace  de  grève  des  professeurs  autricl)iei)S 

La  Fédération  des  professeurs  de  l'Enseignement  secondaire 
autrichien,  indignée  de  la  façon  dont  elle  a  été  mise  à  l'écart 
jusqu'à  présent,  vient  d'adresser  un  ultimatum  au  Gouvernement 
autrichien  ;  elle  exige  que  toutes  les  indemnités  obtenues  par  les 
autres  fonctionnaires  lui  soient  accordées  pour  le  31  janvier  au 
plus  tard.  En  cas.  de  refus  de  réponse,  ou  de  rejet  de  cette  récla- 
mation, l'enseignement  devra  être  arrêté  le  1^"^  février  dans  tous 
les    établissements    secondaires    d'Autriche. 

H.   B.    Vossische   Zeitung   (26,    I.   21 1. 

Ui)  DocurT)ei)t 

Le  30  sept.  1920,  M.  Kurt  Hiller  fit  une  conférence  à  l'Assem- 
blée générale  de  la  ligue  pacifiste  de  Berlin,  où  il  s'éleva  violem- 
ment contre  l'idée  de  toute  guerre  future,  et  demanda  que  des 
mesures  énergiques  fussent  prises  pour  le  désarmement  général 
et  contre  tout  militarisme,  fùt-il  de  droite  ou  de  gauche.  Les 
bolchevistes,  à  son  sens,  étant  en  ce  moment  aussi  militaristes 
que  les  pangermanistes.  L'Assemblée  générale  repoussa  les  mesu- 
res qu'il  proposait,  par  112  voix  contre  83.  M.  Hiller  a  publié  le 
texte  de  sa  conférence  dans  le  n  "  de  "décembre  de  la  Xeue  Rund- 
schau, avec  la  note  ci-dessous,  qui  nous  paraît  devoir  intéresser 
nos   lecteurs. 

H.   B. 

Die  Politik  von  Versailles  und  Spa  bat  die  pazifistische  Eins- 
tellung  der  Deutschen  Seele  von  1918/19  grùndlich  verdorbcn. 
Xicht  bloss  die  Xationalisten  zittern  vor  kaum  noch  vcrhaltener 
Vergeltungsgier  ;  auch  in  jeder  Kommunisten-Vcrsammlung 
kann  man  heute  die  Kriegsbegeistcrung  lodcrn  sehen.  Es  bedarf 
nur  einer  akuten  Spannung  zwischen  England  und  Frankreich 
(einer  so  ernsten,  dass  man  ungefahr  genau  wusste,  England  blicbc 
im  Falle  eines  deutsch  franzôsischen  Konfliktes  neutral  :  Ameri- 
ka  und  Italien  blicben  es  diesmal  ja  ohnehin),  ferner  irgeiul 
einer  franzôsischen  Dummlieit  (Huhrrevier),  schlieszlich  der  ges- 
chickten  Formel  eines  national  kommunistischen  Jesuitcn,  der 
Zauberformel,  der  erlôsenden  Parole,  die  rechts  und  links  zusain- 
menfûhrt  ;  —  und  der  Kricg  "  Schulter  an  Schulter  mit  den 
russischen     Briidern    »    der    J\achekrieg    gegen     Polen     und     Fran- 


ÉCHOS    Df    MOIS  209 

kreich  ist  da.  Dann  siiul  nicht  iiur  unterschricbeiie  Vertriige  mit 
ausWartigen  SlaatcMi,  sondern  auch  Gesctzc,  die  der  Freiheit 
der  cignen  Landsleute  dicneu,  ■  Fetzeii  Papier  !>.  Das  Reichsge- 
setz,  das  die  Wehrpflicht  fur  abgeschafft  erklàrt,  ist  dann  binnen 
fûnf  Minuten  auf  legalstem  Wcg  beseitigt,  zwischen  den  beideii 
Mùhlsteinen  des  weissen  und  roten  Militarismus  wird  dann  das 
bischen  Pazifîsnius  zcrmalmt-wenn  es  sich  nicht,  beizeiten  stark 
und  hard  niacht.  Die  pazifitisehe.  Bonzenschaft  steht  dem  im 
Wege. 

Kiirt    HiLLEH,    30    sept.    1920. 

Les  i)oiT)ioatioi)5  dar)s  rei)5eigr)eni)er)t  supérieur 
Cl)  Prusse 

Il  y  a  eu  en  1920,  120  nominations  de  professeurs  titulaires 
dans  les  Universités  prussiennes  (dont  31  à  la  nouvelle  Univer- 
sité de  Cologne),  la  plupart  de  ces  professeurs  (74)  étaient  pro- 
fesseurs-adjoints dans  les  mêmes  Universités.  —  A  relever,  la 
nomination  du  secrétaire  de  la  Chambre  d'agriculture  de  la  pro- 
vince de  Brandebourg,  en  qualité  de  professeur  à  l'Université 
de  Gœttingue,  et  d'un  curé  d'.Alsace  comme  professeur  à  la 
faculté  de  théologie  de   Munster. 

H.   B. 

La  librairie  ei)  Angleterre 

L'année  1920  représente  un  record  dans  la  production  des  livres 
en  Angleterre.  On  a  publié  au  total  11.004  volumes  ;  2.382  de 
plus  qu'en  1919,  seul  le  nombre  des  publications  pédagogiques, 
agricoles  et  religieuses  est  légèrement  inférieur  aux  chiffres  de 
1919. 


Vossische    Zeitung,    26    I. 


Communiqué   par    M.    Kœssler. 


Notes  et  Documents 


Uo  appel  de  TAssociatioi)  Frai)ce-Crai)de-Bretagi)e 

L'"  Association  France-Gi ande-Bretagne  »  a  été  formée  pour 
"  développer  l'accord  et  la  collaboration  des  forces  productives 
des  deux  pays  ».  Elle  étudie  la  solution  de  problèmes  tels  que 
le  régime  douanier,  les  transports,  le  crédit,  la  coopération 
industrielle,   le   tunnel    sous   la   Manche,   etc.. 

Mais  si  l'entente  cordiale  doit  vivre  et  durer,  ce  n'est  pas  sur 
le  terrain  des  faits  économiques  et  politiques,  si  solide  soit-il, 
qu'elle  trouvera  son  appui   le  plus  résistant. 

Ces  intérêts  peuvent  être  harmonisés  ;  ils  peuvent  naturelle- 
ment, et  par  la  force  des  choses,  converger  dans  leurs  lignes 
essentielles.  Leur  détail  offrira  toujours  de  multiples  divergences. 
Il  faut,  pour  que  l'amitié  des  deux  peuples  survive  aux  inévi- 
tables oppositions  des  faits  matériels,  qu'elle  s'élè^■«  aui-dessus 
d'eux  ;  qu'elle  participe  au  caractère  souple  de  l'union  des  per- 
sonnalités morales  ;  qu'une  confiance  réciproque,  une  habitude 
éclairée,  une  accoutumance  de  l'un  à  l'autre,  puissent  adoucir 
les  froissements,  élargir  la  tolérance  mutuelle,  mettre  dans  les 
lapports  quelque  chose  de  ce  don  de  soi  sans  lequel  un  senti- 
ment  ne   saurait  durer. 

L'amitié  franco-britannique  doit  être  fondée  en  estime  et  rai- 
son, comme  elle  veut  être  fondée  dans  le  sens  clair  des  réalités 
pratiques. 

C'est  pourquoi  l'Association  a  voulu  s'adjoindre  un  «  Comité 
des  relations  intellectuelles  »,  chargé  de  favoriser  et  entretenir 
la  meilleure  connaissance  et  la  sympathie  active  des  deux 
nations. 

Un  Comité  parallèle  a  été  créé  par  V«  Association  of  Great 
Britain  and  France  »,  qui  poursuit,  en  Angleterre,  une  œuvre  iden'- 
tique.  La  division  du  travail  entre  les  deux  Comités  s'est  faite 
selon  un  principe  qu'il  est  difficile  de  ne  pas  trouver  sage  et 
heureux  :  le  Comité  français  sera  en  France  l'interprète,  l'avo- 
cat —  dans  la  mesure  où  un  avocat  peut  ne  plaider  que  les 
justes  causes  —  du  point  de  vue,  des  sentiments,  des  susceptibi- 
lités légitimes  de  la  Grande-Bretagne.  Le  Comité  anglais  défendra 
chez  lui  les  droits  moraux  de  la  France,  ses  titres  à  une  sympa- 
thie agissante,  à  une  aide  cfftcace.  L'un  et  l'autre  feront  appel, 
contre  les  malentendus  réciproques,  et  certaines  expressions  super- 
licielles  de  l'esprit  des  deux  peuples,  à  leur  personnalité  réelle, 
à   leur   volonté   profonde,   a   leur    sentiment    éproitvé. 


NOTES    ET  DOCIMENTS  211 

Une  des  tâches  auxquelles  le  Comité  français  sera  naturelle- 
ment aihené  à  se  consacrer,  est  la  défense  de  la  culture  anglaise 
dans  nos  établissements  d'instruction.  Il  rappellera,  et  l'Asso- 
ciation toute  entière  avec  lui,  combien  l'enseignement  large  de 
la  langue  anglaise  en  France  est  le  corollaire  indispensable  d'une 
L-nteiite  qui  reste  la  sauvegarde  mutuelle  de  deux  peuples  libé- 
raux, et  pourrait  être  un  des  noyaux  de  l'organisation  pacifique 
(lu    monde. 

Il  semble  donc  que  nos  collègues,  professeurs  d'anglais  dans  les 
universités,  les  lycées  et  collèges  de  garçons  et  de  jeunes  filles, 
l^ourraient  trouver,  en  adhérant  à  r.\ssociation.  l'occasion  de  se 
solidariser  avec  un  effort  dirigé  dans  le  sens  de  leur  action,  de 
leur  croyance,  et  utile  à  la  cause  qui   est  nécessairement   la   leur. 

Un  appel  ultérieur  fixera  le  chiffre  de  la  cotisation  demandée 
aux  Universitaires,  qui  sera  probablemejit  de  5  francs,  et  donnera 
tous   les   renseignements   nécessaires  pour   l'adhésion. 

L.    C. 


M.  Can)erlyi)ck  et  le  Rôle  de  riQterprète 

[yous  croyons  qu'on  nous  saura  gré  de  reproduire  l'article 
ci-dessous.  En  dehors  de  l'hommage  éclatant  et  mérité  rendu  à 
notre  distingué  collègue  M.  Camerlynck,  cet  article  a  une  portée 
(fénérale  qui  n'échappera  pas  à  nos  lecteurs.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment au  cours  de  la  guerre,  mais  dans  les  travaux  de  la  paix, 
que  sont  apparues  la  valeur  et  la  qualité  des  services  que  l'Uni- 
versité pouvait  rendre  au  pays.  Il  est  agréable  de  constater  que 
dans  les  hautes  sphères  politiques  et  administratives  on  prend 
maintenant  l'habitude  de  s'adresser,  quand  il  y  a  une  œuvre  utile 
ou  délicate  à  accomplir,  aux  gens  véritablem.ent  compétents, 
c'est-à-dire  aux  professionnels  que  nous  sommes  ;  on  l'a  vu  dans 
les  conférences  interalliées,  dans  de  grandes  organisations  natio- 
nales (Maison  de  la  Presse*  ou  internationales,  à  propos  d'affaires 
et  de  procès  importants,  oii  l'on  a  fait  appel  à  des  agrégés  d'an- 
fjlais  et  d'allemand.  C'est  un  honneur  qui  rejaillit  sur  le  corps  des 
professeurs   de   Icmgues    vivantes    tout    entier. 

L'article  est  intéressant  aussi  parce  qu'il  contient  un  portrait 
asi'e:  pénétrant  du  «  complexe  »  Gallois,  qu'est  Lloyd  George  ; 
il  complète  très  heureusament  les  lévélations  de  Keynes  sur  les 
entretiens  des  «  Quatre  »  à  l'Hôtel  Crillon  dans  son  livre  si  par- 
tial, qui  vaut  plus  par  certaines  notations  psychologiques  que 
par  ses  aperçus   économiques. 

H.    S. 

Pendant  quinze  jours,  les  travaux  de  la  Conférence  de  Londres 
ont  accaparé  notre  attention.  Saint-James'  Palace,  Downing  Street, 


212  LES   LANGUES    MODERNES 

Lancaster  House  et  les  terrasses  du  Château  de  Chequers  out 
aimanté  toutes  les  curiosités  européennes.  Les  répliques  alternées 
du  grand  dialogue  diplomatique  qui  s'y  récitait  devant  un  par- 
terre d'hommes  d'Etat  nous  arrivaient,  une  à  une,  coupées  par  de 
longs  silences,  et  dans  l'attente  du  dénoùment,  le  «  bon  public  ■ 
regardait  la  scène,  admirait  les  costumes  et  les  décors,  s'intéres- 
sait à  la  vie  privée  des  protagonistes  et  enregistrait  les  résultats 
acquis    et    les    péripéties    épuisées. 

Un  des  faits  qui  l'ont  le  plus  vivement  frappé  et  lui  ont 
procuré  une  sincère  satisfaction  fut  le  resserrement  si  spontané 
et  si  affectueux  de  l'eutente  cordiale,  en  présence  des  sournoises 
manœuvres  d'un  adversaire  qui  attendait  tout  d'une  querelle  de 
ménage  entre  Alliés.  Depuis  la  signature  de  la  paix,  il  est  indé- 
nialjle  que  les  vainqueurs  ont  cédé  parfois  à  la  nervosité  en  se 
livrant  à  des  échanges  de  vues  contradictoires.  Il  y  a  eu,  entre 
frères  d'armes,  des  contro^e^ses  un  peu  irritantes,  des  froisse- 
ments d'amour-propre,  des  malentendus,  des  polémiques  de  presse 
qui  pouvaient  autoriser  ces  perfides  espoirs  chez  un  observateur 
superficiel.  Mais,  comme  toujours,  au  moment  nécessaire,  la  fra- 
ternité d'armes  a  balayé  tous  les  autres  sentiments  et  Funité  de 
front  a   été   reconstituée. 


Si  les  Allemands  en  doutaient  encore,  ils  n'auraient  qu'à  lire 
les  com-mentaires  sympathiques  provoqués  par  les  moindres 
paroles  de  Lloyd  George  dans  nos  journaux.  Notre  presse  n'a  pas 
été  toujours  très  tendre  pour  le  Premier  anglais  :  aujourd'hui, 
elle  n'a  pour  lui  que  des  sourires  !  Elle  recueille  ses  mots,  ses 
boutades  ;  elle  collectionne  ses  photographies,  s'amuse  de  ses  plai- 
santeries et  le  traite  en  enfant  gâté. 

Cette  orientation  s'est  dessinée  dès  le  premier  jour.  C'est  dans 
le&  coulisses  de  la  Conférence,  au  cours  des  conversations  préli- 
minaires, dans  l'intimité  des  confidences,  que  s'est  consolidée  la 
nouvelle  entente.  Et  là,  il  est  impossible  de  ne  pas  souligner  le 
rôle  important  qu'a  dû  jouer  dans  cette  pièce  un  personnage 
classique,  jadis  sacrifié,  qui  prend  aujourd'hui  un  relief 
exceptionnel  dans  toutes  les  cérémonies  publiques  de  la  vie 
internationale  et  dont  les  responsabilités  sont  devenues  considé- 
rables. 

Une  photographie  caractéristique,  reproduite  dans  nos  journaux, 
nous  montre  Lloyd  George,  Aristide  Briand  et  le  maréchal  Foch 
assis  dans  des  fauteuils  de  jardin  et  conversant  familièrement 
avec  une  souriante  animation.  Mais,  chose  singulière,  les  inter- 
locuteurs ne  se  regardent  pas  :  leurs  jeux  sont  fixés  sur  le  visage 
d'un  quatrième  personnage  qui  se  tient  debout  devant  eux,  très 
attentif,  et  qui  semble  réunir  dans  ses  mains  tous  les  fils  de 
cette   conversation.  C'est   à   lui   que   vont   les   interrogations   et   les 


NOTKs  i:t  documents  213 

répliques  :  il  doiniue  rentretieii  coiiinic  un  chef  d'orchestre 
domine  les  voix  de  son  harmonieuse  iihalanf^e,  les  isole  tour  à 
tour  et    les   met   en    valeur. 

A 

Ce  personnage  mystérieux  est  un  professeur  agrégé  d'anglais 
au  lycée  Saint-Louis  ;  c'est  M.  Camerlynck,  (Ihef  du  service  des 
interprètes  au  •  Conseil  des  Ambassadeurs,  interprcte-en-chcf  à 
l'Assemblée  générale  de  la  Société  des  Nations,  que  nous  avons  vu 
au  Conseil  Suprême  et  à  la  Conférence  de  la  Paix  et  que  nous 
retrouvons  à  la  Conférence  de  Londres  et  au  Château  de  Chc- 
quers. 

Songez  à  l'importance  de  son  rôle.  C'est  de  sa  traduction, 
forcément  improvisée,  c'est  du  choix  de  ses  mots,  de  son  into- 
nation, des  inflexions  de  sa  voix,  de  l'expression  de  sa  phj-siono- 
mie  et  de  son  regard  que  dépendent,  en  grande  partie,  la  cordia- 
lité des  premiers  contacts,  le  ton  et  l'allure  d'une  conversation 
intime  ou  officielle  et  l'interpénétration  des  points  de  vue  entre 
diplomates  ne  parlant  pas  la  même  langue.  Et  c'est  parfois  à 
son  habileté  à  traduire  les  plus  délicates  nuances  d'un  sentiment 
ou  d'une  pensée  qu'est  due  la  rapidité  d'une  décision. 

Capter  les  paroles  au  vol,  les  empêcher  de  se  déformer,  de  se 
décolorer,  de  se  refroidir,  leur  conserver  tout  leur  accent  persua- 
sif, toute  leur  vivacité,  ne  pas  laisser  se  détendre  le  ressort  d'un 
dialogue,  ne  pas  briser  la  trajectoire  d'une  riposte,  ne  pas 
dépouiller  un  discours  de  son  «  mouvement  »  et  de  son  élan, 
quelle  mission  redoutable  et  quel  art  subtil  !  Si  l'on  admet  la 
formule  :  tradiittore,  traditore,  que  dire  d'une  traduction  verbale 
improvisée  dans  de  telles  conditions  ?  Quelle  responsabilité 
écrasante  pour  l'homme  qui  doit  assurer  la  continuité  du  coui- 
rant  de  la  pensée  entre  deux  négociateurs  chargés  de  régler  le 
sort  de  plusieurs  peuples  !  LTne  nuance  oubliée,  une  intention 
méconnue,  un  sous-entendu  négligé,  même  dans  une  conversation 
non  officielle,  et  voilà  la  porte  ouverte  à  un  léger  froissement, 
à  une  blessure  d'amour-propre,  à  un  mécontentement  qui  peuvent 
engendrer  un  état  d'esprit  fâcheux  au  cours  de  discussions  ulté- 
rieures et  amener  des  malentendus  ! 


Il  faut  donc  un  virtuose  pour  exécuter  de  tels  tours  de  force  : 
nous  le  possédons  en  la  personne  de  M.  Camerl5'nck,  qui  parle 
l'anglais  sans  accent  avec  une  richesse  et  une  souplesse  de  voca- 
bulaire prodigieuses  et  connaît  admirablement  l'esprit  et  les 
mœurs  britanniques.  ^L  Lloyd  George  le  tient,  d'ailleurs,  en  haute 
estime  et  a  déclaré  à  un  de  nos  confrères  qu'il  était  »  un  colla- 
borateur   splendide    »! 

Sa  tâche  est  lourde  avec  l'illustre  Gallois  dont  Keynes  nous 
a  laissé  une  peinture  morale  si  singulière.  A  l'en  croire,  le  pilote 


214  LES    LANGUES    MODERNES 

actuel  de  la  politique  anglaise  possède  des  dons  secrets  assez 
troublants.  Il  nous  le  montre  «  examinant  la  compagnie  avec 
six  ou  sept  sens-  que  ne  possèdent  pas  les  autres  hommes,  —  sans 
doute  le  sens  peu  connu  de  l'orientation  —  jugeant  les  caractè- 
res, les  mobiles  et  les  impulsions  du  subconscient,  percevant  ce 
que  chacun  pense  et  même  ce  que  chacun  va  dire,  ordonnant 
avec  un  instinct  télépathique  l'argument  ou  la  pensée  qui 
s'adapteront  le  mieux  à  la  vanité,  à  la  faiblesse,  à  l'égoïsme  de 
son    interlocuteur   ». 

Il  souligne  également  la  vive  émotivité  de  ce  Celte  qui  prend 
aussi  volontiers  le  sentiment  pour  guide  que  la  froide  raison. 
Lloyd  George  est  très  sensible  aux  images,  à  l'éloquence  des  cho- 
ses. On  a  pu  le  constater,  une  fois  de  plus,  en  le  voyant  accom- 
plir, en  pleine  discussion  sur  les  réparations,  ce  geste  étonnant 
d'otïrir  au  D''  Simons  une  collection  de  photographies  représen- 
tant nos  régions  dévastées  ! 

»  Ame  étrange  »,  a  dit  un  collaborateur  de  la  Revue  de 
Paris,  «  dont  un  Français  peut  comprendre  les  ressorts  subtils 
mieux  qu'un  Anglais  ».  Félicitons-nous  donc  de  trouver  à  ses 
côtés,  dans  l'emploi  traditionnel  de  drogman,  le  u  collaborateur 
splendide   »    qu'est    le    Français    Camerlynck. 

Nous  sommes  loin  des  antiques  habitudes  du  protocole  diplo- 
matique concernant  l'interprète  qui  accompagnait  son  chef  dans 
les  Echelles  du  Levant  pour  traduire  les  pourparlers  laborieux 
ou  les  discours  de  bienvenue.  Le  classique  truchement  n'avait 
droit  à  aucun  rang.  Dans  les  cortèges,  il  marchait  en  avant  des 
personnages  officiels  et  suivait  les  janissaires  ;  pendant  les  entre- 
vues, il  devait  se  tenir  derrière  les  interlocuteurs  et  attendre, 
pour  se  rapprocher,  que  son  intersention  fût  réclamée  par  l'un 
d'eux.  Sa  fonction  était  jugée  subalterne.  Etienne  Dolet,  dans  son 
rarissime  traité  :  "  De  officio  légat  i,  quem  vulgo  ambasciatorem 
vocant  »,  recommande  aux  négociateurs  de  choisir,  dans  ces  cas- 
là.    des   collaborateurs    «   taciturnes   »  ! 

Nous  avons  changé  de  méthode.  M.  Joseph  Galtier  le- notait 
récemment  :  «  L'importance  qu'a  prise  l'interprète  est  un  si'gne 
des  temps  :  depuis  la  conférence  bilingue,  et  même  polyglotte, 
il  a  joué  un  rôle  qu'il  vaudrait  la  peine  de  noter.  Songez  à  ce 
que  des  hommes  comme  M.  Mantoux  et  M.  Camerlynck  ont  enten- 
du et  traduit  et  vous  conviendrez  que  les  mémoires  de  ces  inter- 
prètes ne  seraient  pas  une  contribution  négligeable  à  l'histoire 
de  notre  époque.  Obligés  d'écrire  rapidement  sous  la  dictée,  pour 
ainsi  dire,  des  hommes  d'Etat,  de  quelle  valeur  ne  seraient  pas 
ces  documents  cursifs  et  tout  chauds  des  discussions  actuelles  '.' 
Seront-ils  jamais  déliés  du  serment  qu'ils  ont  dû  faire,  j'imagine, 
de   ne   pas   divulguer  les   secrets   des   conférences  ?...  » 

La    diplomatie    d'aujourd'hui    est    faite    de    nuances,    de     détails. 


NOTES  i:t  documknts  215 

de  jjsychologie  complexe  ;  les  entretiens  préliminaires,  même 
privés,  sur  la  terrasse  d'un  jardin,  le  cigare  aux  lèvres,  y  pren- 
nent une  importanec  eapitale,  entre  plénipotentiaires  qui  n'ont 
<iue  quelques  heures  pour  bien  se  connaître  et  bien  se  compren- 
dre. Dans  la  technique  moderne  des  accords  internationaux,  la 
collaboration,  jadis  obscure,  de  l'interprète  devient  décisive. 
L'ancien  comparse  du  théâtre  diplomatique  est  devenu  un  grand 
jjremier  rôle.  Et  s'il  n'est  pas  encore  la  ■  vedette  »  sur  l'affiche, 
c'est  i)ar  un  simple  oubli  que  les  spectateurs  commencent  aujour- 
<i'hui  spontanément  à  réparer.  Aidons-les,  aujourd'hui,  à  accom- 
plir cet    acte   de  justice  ! 

(L'ILLISTRATION,     Courrier     de     Paris  . 
i2  mars  19^21. 


Les  épreuves  du  baccalauréat  ei)  1921 

Circulaire   de   M.    le   Ministre   de    l'instruction    Publique 
à    MM.    les   Recteurs 

Le  décret  du  13  février  1920  qui  a  substitué  à  la  composition 
de  langues  vivantes  de  la  1"^'  partie  (séries  B  et  D)  du  baccalau- 
réat de  l'enseignement  secondaire,  prévu  par  les  décrets  des  31 
mai  1902  et  22  janvier  1917,  une  version  suivie  d'un  thème  d'imi- 
tation a  prescrit  que  ces  dispositions  nouvelles  entreraient  en 
vigueur  à  partir  de  la   session   de  juillet  prochain. 

Mon  attention  a  été  appelée  sur  les  inconvénients  que  la 
stricte  application  de  ces  prescriptions  présente  pour  les  candi- 
dats qui  depuis  plusieurs  années  ont  été  préparés  en  vue  de  la 
composition  de  langue  vivante  telle  qu'elle  est  prescrite  par  le 
décret   de   1902. 

■  Conformément  à  l'avis  de  la  Section  permanente  du  Conseil 
supérieur  de  l'Instruction  publique,  j'ai  décidé  qu'aux  sessions 
de  juillet  et  octobre  1921,  les  candidats  aux  séries  latin-langues 
vivantes  et  sciences-langues  vivantes  seraient  à  titre  transitoire 
autorisés  à  opter  entre  la  composition,  et  la  version  suivie  du 
thème   d'imitation.   » 

Je  vous  serais  obligé  de  vouloir  bien  donner  toute  la  publicité 
possible    aux    dispositions    de    la    présente    dépêche. 


Appel  eo  faveur  de  notre  Associatioi) 

Signalons  à  nos  collègues  le  vibrant  appel  adressé  par 
M.  Loury,  professeur  à  l'Ecole  normale  d'Instituteurs  de  Stras- 
bourg, aux  professeurs  de  langues  vivantes  d'Eco' es  normales 
primaires  pour  les  engager  à  adhérer  à  notre  Association.  Cet 
appel  a  été  publié  dans  le  n''  de  janvier  1921  du  Bulletin  de 
l'Association    Amicale    des    Professeurs    d'Ecoles    normales    d'Ins- 


216  LES   LANGUES    MODERNES 

titiiteurs  et  d'Institutrices  (p.  29).  Espérons  qu'il  sera  eiitencliu 
Voilà,  en  tous  cas,  d'excellente  propagande.  Nous  en  remercions 
et   nous   en   félicitons   M.   Loury. 

Ch.   V.-L. 


La  questioi)  des  interprètes 

Lorsque  la  guerre  obligea  l'autorité  militaire  à  augmenter  le 
nombre  des  interprètes,  tous  ne  furent  pas  choisis  d'abord  pour 
leurs  connaissances  linguistiques.  Dans  Les  Langues  Modernes 
notre  regretté  collègue  Ritz  a  publié  à  ce  sujet  des  documents 
cruels,  et  nombreux  sont  les  témoignages  qui  pourraient  encore 
s'ajouter  au  sien.  Cependant,  moins  heureux  que  les  jeunes  étu- 
diants en  médecine,  dont  une  loi  sut  assurer  l'affection  normale, 
des  professeurs  de  langues  vivantes,  pourvus  des  plus  hauts  titres 
universitaires,  se  voyaient  écarter  des  emplois  d'interprètes  pour 
lesquels  leurs  fonctions  semblaient  devoir  les  désigner  les  pre- 
miers. Et  jusqu'à  la  fin  des  hostilités,  trop  souvent,  l'amateur 
l'emporta    sur    le    professionnel. 

Mais  ne  devons-nous  espérer  aucune  amélioration  ?  Au  moment 
où  la  question  peut  revenir  à  l'ordre  du  jour,  l'Amicale  du  Lycée 
du  Parc  (.Lyon)  émet  un  vœu  demandant  que  la  nouvelle  loi  mili- 
taire en  préparation  prévoie  l'utilisation  rationnelle  des  profes- 
seurs de  langues  vivantes  comme  officiers  interprètes  ou  inter- 
prètes  stagiaires. 

Peut-être  ce  vœu  paraîtra-t-il  susceptible  de  retenir  l'attention 
de  l'Association  des  professeurs  de  langues  vivantes  et  de  la 
Fédération  des  Anciens  combattants  de  l'enseignement  public,  et 
de  mériter  l'appui  de  tous  les  amis  de  l'Université  soucieux 
de   l'intérêt   général. 

Louis  Rocher, 
Professeur    agrégé    d'anglais 
au  Lycée  du  Parc,  Lyon. 


Arrêté  fixai)t  les  dates  des  concours 

de  reoseigi)erT)ei)t  secondaire  er)  1921 

— ■  Du  20  décembre  — H 
Enseignement  secondaire  des  garerons 

Agrégation  des  langues  vivantes  (anglais,  allemand,  espagnol, 
italien  et  arabe),  certificat  d'aptitude  à  l'enseignement  des  langues 
vivantes  dans  les  lycées  et  collèges  (anglais,  allemand,  espagnol, 
italien  et  arabe)  et  certificat  d'aptitude  au  professorat  des  clas- 
ses élémentaires  :  le  mardi  28  juin,  au  chef-lieu  de  chaque  aca- 
démie, ainsi  qu'à  Bastia,  ('onstantine,  Oran  et  Tunis. 

Les  inscriptions  seront  reçues,  au  secrétariat  de  chaque  aca- 
démie et  au  secrétariat  de  la  Direction  générale  de  l'enseigne- 
ment  public  eu  Tunisie,  du   l"  mars  au   16   avril. 

-<«> 


Mouvement  du   Personnel 


I.  Universités 

Université  de  Dijon 

M.  Legras,  Dijon,  congé  ponr  mission  aux  Etats-Unis.  — 
M.  Garnier,  prof,  lycée  Dijon,  chargé  de  c.  de  lit.  étr.  à  la  Fac. 
des   Lettres   de   Dijon,   |)endant   congé   à   M.   Legras. 

i  niversité    de    Toulouse 

Si)nt  approuvées  les  délibérations  du  (lonseil  de  l'Université  de 
Toulouse    jjortant    création  : 

1'  D'un  poste  de  professeur  de  français  au  Portugal,  à  partir 
du   1"  octobre   1920. 

2"  D'un  poste  de  professeur  à  Barcelone  (emploi  dépendant 
<lc    rinslitut    français    en    Espagne». 

Université   de   Dijon 

(Création,  à  partir  du  l""^  novembre  1920,  d'une  conférence 
<ranglais. 

Université    d'A ix-Marseille 

Il  est  créé  une  chaire  de  langue  et  littérature  provençales  (fon- 
dation   de    l'Université».  ' 

Université   d'Alyer 

Sont    créées   trois    conférences    d'anglais. 

M.  .lolivet.  professeur  au  lycée  de  Strasbourg,  est  nommé,  pour 
l'année  scolaire  1920-1921.  maitre  de  conférences  d'allemand 
«emploi    nouveau). 

II.  Lycées  de  la  Seii)e 

yi.   .louda.   est   délégué   espagnol,   aux   lycées   Carnot    et    Michelet. 

III.  Lycées  des  Départen)ei)ts 

Mlle  Laurent,  déléguée  anglais,  lycée  garçons,  Bastia.  — 
M.  Bruneau,  prof,  anglais,  Brest.  —  Mlle  Roman,  déléguée  anglais, 
lycée  garçons.  Bourg.  —  Mlle  Van  der  Berg,  prof,  angl.,  Dijon.  — 
Mlle  Martinet  déléguée  anglais,  lycée  garçons,  Bastia.  —  Mlle 
Moussié,  déléguée  anglais,  lycée  garçons,  Troyes.  —  Mlle  Giresse, 
anglais,   lycée   filles,   Moulins. 


218  LES    LANGUES    MODERNES 

IV.  Collèges 

M.  Casanova,  école  Emile-Loubet  (italienj,  Tunis.  —  M.  Labro. 
let.  et  angl.,  collège  de  Tarascon.  —  M.  Pousse  délégué  let.  et'  alle- 
mand, collège  de  Montbéliard.  —  M.  Colin,  lettres  et  allemand, 
collège  Morlaix.  —  M.  Colin  (Louis),  délégué,  collège  Remire- 
mont,  lettres  et  allemand.  —  M.  Maigniez,  allemand  et  anglais, 
collège,  Luxeuil.  —  M.  Elvin,  délégué  lettres  et  anglais,  collège 
Salins.  —  M.  Gobin,  professeur  lettres  et  allemand,  collège  Sillé- 
le-Guillaunie. 

Mlle  Fauré,  espagnol,  lycée  jeunes  filles,  Montpellier.  —  Mlle 
Salembien,  professeur  espagnol,  collège  de  jeunes  filles.  Castres. 
—  M.  Bouzet,  lettres  et  espagnol.  Cognac. 

V.  Ecoles  Prirnaires  Supérieures  de  Paris 

M.  Boucher,  professeur  allemand,  à  l'école  J.-B.  Say.  — 
M.  Martin-Dupont,  professeur  anglais,  école  Arago.  —  M.  Blanc 
professeur  anglais,  école  Turgot.  —  M.  Collet,  professeur  espa- 
gnol, collège  Chaptal.  —  M.  Cuflfi  (Pierre),  professeur  d'espagnol 
à  l'école   J.-B.   Say. 

VI.  Ecoles  Prirnaires  Supérieures  (Départeni)eots) 

M.  Canctto,  prof,  angl.,  Arles.  —  Mme  Mimet,  prof.  adj.. 
Nérac.  —  Mlle  Passard,  prof,  adj.,  Largentière.  —  Mlle  Corny. 
prof,  angl.,  Thiers.  —  Mme  Bou'-don,  née  Mijot,  ail.,  Thaon-les- 
Vosges.  —  Mlle  Villard,  prof,  angl,,  Castelnaudary.  —  Mlle  Raoul, 
dél.  inst.  adj.,  lett.  et  angl.,  Château-du-Loir.  —  Mlle  Favard. 
dél.  prof,  lett.  et  angl.,  Thiers.  —  Mme  Courbin,  née  Michaud. 
dél.  inst.  adj.,  Lyon.» —  Mme  Bès,  née  Marty,  prof,  adj.,  .\ire-sur- 
r.Adour.  —  Mlle  Champernaud,  prof,  adj.,  Mussidan.  —  Mme 
Ruayres,  née  Floi-y,  prof,  adj.,  Castelnaudary.  —  Mlle  Eprin- 
chard,  dél.  inst.  adj.,  Thiers.  —  Mme  Colvez,  née  .Adam,  prof, 
ang'.,  Lorient  ;  Mlle  Déniau,  prof,  adj.,  .Aire-sur-l'.Adour.  — 
Mlle  Darrière,  prof,  adj.,  Villefranche-de-Rouergue.  —  M.  Yvon. 
angl.,  .Aiguillon.  —  M.  Cadol,  angl.,  Quimpérlé.  —  Mme  Soissons^ 
angl.,   Bléneau.  —   Mlle   Bonnerandi,   angl..    Sens. 

Certificat  d'aptitude  à  l'eoselgi)en)ei)t  des  langues 
vivantes 

Ont    été   reçus   au   concours   de    1920  : 

L   Langue   allemande 

).  M.  Liithinger  (Ernest).  —  2.  M.  Kessler  (Joseph).  —  3.  c.r- 
irquo,  M.M.  -Mermé  (Maurice),  Schneider  (Ernest).  —  5.  M.  Miart 
(Albert-Octave).  —  6.  M.  Barthelmé  (Alfrcdt.  —  7.  M.  Bcck  (Maric- 
Edouard-Louis). 

1.  .Mlle  Bresch  (Sarah).  —  2.  ex-œquo,  Mlles  Didier  (Jeannei. 
Fleinrich  (Marie-Julie).  —  4.  Mlle  Schneider  (René),  —  5.  Mim- 
N'itrey,    née    Rénaux    (Madeleine-Hermance). 


MOUVKMKNT    1)1     IMîHSONNliL  219 

II.  Langue   aiujUiisc 

1.  M.  (ioindcau  (Hené-Marcel).  —  2.  M.  (Ihaveiioii  (Louis-Joseph). 
— .  '6.  M.  Aube  (Victor-Raymond).  —  4.  M.  Lohcnet  (André-Joseph). 

—  5.  M.  Canetto  (Ludovic-René-Franeis).  —  6.  M.  Alazataud 
(Joseph-Marcel).  —  7.  ex-œqno,  MM.  Brcant  (JuIes-.\uguste-Céles- 
lin),  Rochai.K  (Jean-Claude-Lucien).  —  9.  M.  Burlaud  (Ernest- 
René).  —  10.  M.  Martin  (Erncst-I)aniel).  —  11.,  ex-œquo,  MM.  Col- 
lin  (Louis-Maric-Raymond),  Lefebvre  (Ernest-Louis-Josenh).  — 
13.   M.   Fabre   (Gustave-Joseph). 

1.    Mlle    Valore    (Georgette-Aliee).    —   2.    Mlle    Albert   (Elise).   — 

3.  Mlle  Eprinchard  (Marie-Jeanne-Pauline).  —  4.  ex-œquo,  Mlles 
Brunel     (.Alice-Léoutine-Julictte),     Margez    (Marguerite-Alix-Maric). 

—  6.  Mlle  Garola  (Christine-Claire-Marguerite).  —  7.  Mlle  Lovy 
(Elise-Berthe).   —   8.    Mlle     Champagne     (Germaine-Louise-Jeanne). 

—  9.  Mlle  Bonerandi  (Sophie-Marie-Angèle).  —  10.  Mlle  Brun 
(Suzanne^Marie).  —  11.  ex-œquo,  Mme  Crousillac,  née  Roche, 
Mlle  Postel  (Jeanne-Eugcnie-Joséphine).  —  13.  Mlle  Granade 
(Léonie-Rachel).    —    14.    Mlle    Raoul    (Marthe-Augustine). 

III.  Langue  espagnole 

1.  M.  Paloumc  (Lucien-Noël-Norbert).  —  2.  ex-œquo,  MM.  Mar- 
quèze-Pouey      (Luciea-Marcel),      Godefroy      (Auguste-Pierre).      — 

4.  Bouchan   (Maurice).  —  5.   Lalaguë   (Pierre-Paul). 

1.  Mme  Venturini,  née  Brunet.  —  2.  Mlle  Llonch  (Jeanne).  — 
3.  Mlle  Barthélémy  (Marie-Thérèse-Espérance).  —  4.  Dubernet 
(Jeanne-Marie-Lucie) . 

IV.  Langue    italienne 
1.    Mlle    Boyer    (iMarie-Jeaune-Marthe). 


"»»- 


220  LES   LANGUES    MODERNES 

ERRATUM 

Dans  le  N»  de  Janvier- Février,  une  erreur  typographique  a  déformé 
le  sens  d'une  phrase  de  la  page  tiô,  1"^  ligne  du  2«  paragraphe.  Au  lieu 
de  :  «  Le  professeur  qui  traduit  est  contraint...  »,  lire  :  «  ...  n'est  pas 
contraint...  »  (Compte  rendu  de  la  brochure  de  M.  Marchand  sur 
l'enseignement  du  français  en  Alsace  et  en  Lorraine). 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII%  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  0fr.50  la  ligne. 

1.  Le  Collège  de  Valognes  (près  de  Cherbourg)  reçoit  élèves  français 
et  anglais.  Climat  doux  et  sain.  Vastes  locaux,  jardins,  à  proximité  de 
la  mer,  sur  la  grande  ligne  Paris-Cherbourg.  Préparation  aux  divei's 
examens.  Ecrire  au  Principal,  M.  P.  Denis,  Agrégé  de  l'Université. 

2.  Correspondance  Interscolalre  :  Les  professeurs  d'anglais  dési- 
reux de  procurer  à  leurs  élèves  (garçons  ou  filles)  des  correspondants 
de  langue  anglaise  sont  priés  de  s'adresser  au  plus  tôt  à  Miss  Sheeban- 
Dare,  Alexandre  House  School,  Hatfield,  Herts.,  qui  se  fera  un  plaisir 
de  leur  donner  satisfaction. 

3.  Professeur  diplômé  (Oxford)  veut  recevoir  pensionnaires  dans 
sa  maison.  Vie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Références 
excellentes.  S'adresser  :  M.  A.,'  28,  Woodbastwich  Road,  S}'denhani, 
Londres. 

4.  M.  Régnier,  professeur  d'anglais,  Cambrai,  serait  heureux  de 
trouver  d'occasion  les  2  ouvrages  de  IVI.  Legouis  :  Dans  les  sentiers 
de  la  Renaissance  anglaise  et  la  Jeunesse  de  Wordsworth.  Au  pis 
aller,  il  se  contenterait  de  recevoir  en  prêt  le  premier  ouvrage. 

5.  Professeur  reçoit  en  pension  deux  jeunes  gens  ou  jeunes  filles, 
français  ou  alliés,  dans  villa  entourée  grand  parc.  Climat  très  vivi- 
fiant et  très  sain..  Prix  modérés.  Collège  garçons  et  E.  P.  S.  filles  dans 
localité.  Adresse  :  M.  Aubenas  à  Privas. 

6.  Etudiant  anglais,  distingué,  musicien,  désire  place  précepteur 
dans  famille  i'rançaise.  Paris  ou  banlieue  ou  grande  ville.  12  mars, 
20  avril.  Ecrire  à  ivi"'  Klein,  Collège  j.  filles,  Epernay. 

7.  Echange  de  revues.  —  IVI.  Bonnoront,  prof,  au  lycée  du  Parc, 
à  Lyon,  serait  disposé  à  échanger  chaque  mois  la  revue  américaine 
Atlantic  IVIonthly  contre  revue  anglaise  ou  magazine  de  même  impor- 
tance. 

Le  Gérant  :  A.  Coueslant. 
CAiioKS,  iMP.  COUESLANT  (pcrsoiuicl  intéressé).  —  24.115 


Dix-neuvième  année.  —  N*  3  i"  Juin  içai 


Les 


Langues  Modernes 


A^^xrls   lm.%>oirtekTxt 


Le  Secrétaire  Général  iH.  Seuvajkan,  professeur  au  lycée 
St-Louis,  132,  avenue  du  Maine,  XIV'>  et  la  Trésorière  prient 
instamment  leurs  collègues  de  leur  signaler  leurs  changements 
d'adresse  (indiquer  autant  que  possible  le  domicile  personnel^, 
ou,  s'il  y  a  lieu,  de  situation,  non  seulement  afin  d'éuiter  la  perte 
de  la  revue,  mais  aussi  en  vue  d'établir  l'Annuaire  de  l"Associa- 
tion  pour  l'J'ii,  qui  paraîtra  dans  le  numéro  du  15  juillet  prochain. 

La  Trésorière  (Mlle  Ledolx,  30,  R.  Chevert,  Paris  7')  rappelle 
aux  membres  de  l'Association  iju'un  compte-courant  de  chèques 
postaux  lui  est  ouvert  sous  le  n"  151-11  par  le  bureau  de  Paris. 
Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant  de 
leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  titre  de 
reçu  le  talon  du  chèque  ;  un  iraintil  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,  ainsi  c^u'à   la  Société  des  frais  de  correspondance. 

Les  jnembres  de  l'.Association  qui  désirent  un  reçu  sont  priés 
d'envoyer  0  fr.  '25  à  la  Trésorière  en  n\éme  temps  que  leur  coti- 
sation. L'état  actuel  de  notre  caisse  nous  oblige  à  réduire  autant 
que  possible  nos  frais  de  correspondance. 


Les  Régionales  de  Bordeaux,  Poitiers,  Lille,  Aix-Marseille, 
Lyon,  Clermont-Ferrand,  Nancy.  Toulouse  sont  reconstituées. 
Les  membres  de  l'Association  qui  sont  du  ressort  de  chacune  de 
ces  académies,  sont  priés  de  bien  vouloir  envoyer  directement 
leurs  cotisations  à  leurs  trésoriers  respectifs,  dont  la  liste  est  la 
tuivante  : 

Poitiers  :   M.  Guy,  15,  rue   de  la  Monnaie  ; 

Aix-Marseille  :  Mlle  Coste,  professeur  au  Lycée  Montgrand, 
Marseille. 

Lyon  :  M.  Legovis.  43,  rue  de  Sèze  ; 

Clermont-Ferrand  :   M.   Bouyssy,  Ecole   supérieure   de   commerce; 

Bordeaux  :   M.   Rivoallan.   76,   rue   de   Belleville  ; 

Toulouse  :   M.   Grangep,,   7,  rue  du   Japon  ; 

Nancy  :  M.  Petit,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  40,  rue  Michelet,  Nancy. 

Lille  :   M.  Brocart,  professeur  à  l'E.  P.  S.,  37,  rue  Kulilmann. 


Délégué  de   la  Régionale   de  Lille  :   M.   Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale  de  Lyon  :   M.   Servajean. 

Délégué   de   la    Régionale    de    Slarseille  :    M.    d'Hangest. 

Délégué  de  la  Régionale  de  Nancy  :  MM.  Camerlynck,  Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale  de  Poitiers  :   M.  Gaston  Hirtz. 


16. 


222  LES   LANGUES    MODERNES 

L'abonnement  à  Modem  Lanyuages  est  désormais  de  6  shil- 
lings. 

Les  membres  de  l'Association  abonnés  à  la  Revue  Germanique 
sont  informés  que  le  prix  de  l'abonnement  de  faveur  qui  leur  est 
consenti   est   porté,    à   partir   du    1"^   janvier   1921,    à   seize    francs. 

Ils  sont  priés  de  verser  cette  somme,  en  même  temps  que  leur 
cotisation  pour  1921,  à  Mlle  Ledocx,  trésorière  de  l'Association. 
Ceu.x  qui  n'ont  pas  encore  payé  leur  abonnement  pour  1914  ou 
1920  voudroiit  bien  le  faire  par  la  même  occasion.  Ils  sont  ii^s- 
tamment    priés    d'effectuer   ces    divers    paiements    dès    maintenant. 

Depuis  le  l.î  mai,  les  abonnements  à  la  Reinie  Germanique  et 
les  cotisations  en  retard  sont  perçus  par  la  poste  au  nom 
de  la  trésorière  de  l'Association  des  Professeurs  de  langues 
vivantes. 


Note  du  Secrétaire  Général 


Le  Secrétaire  général  assume  encore  la  responsabilité  de  ce 
numéro  ;  le  prochain,  qui  paraîtra  le  15  juillet,  sera  de  nouveau 
rédigé  par  M.  d'Hangest.  qui  vient  de  reprendre  sa  chaire  au 
lycée   Condorcet. 

Nos  lecteurs  ont  jju  constater,  que,  déférant  au  désir  de  l'.As- 
semblée  générale  du  Comité  et  du  Bureau,  le  Secrétaire  général 
s'est  etforcé  de  réduire  à  6  semaines  (sauf  pendant  les  grandes 
vacances»,    l'intervalle    de    publication    des    Bulletins. 

.\  son  grand  regret,  il  n'a  pu  insérer,  malgré  leur  intérêt,  tous 
les  manuscrits  qui  lui  sont  parvenus,  très  nombreux  et  très 
copieux. 


(NÉCROLOGIE 


Jules  Lecoq 

Jules  I.ecrxi.  professeur  agrégé  d'anglais  au  lycée  Hollin,  vient 
de  nujiirir.  Il  a\ait  soixante  ans,  mais  .il  avait  conservé  un  air  de 
jeunesse,  qui  éloignait  l'idée  d'une  fin  prochaine.  Son  activité 
était  demeurée  intacte  ;  ses  paroles  respiraient  la  confiance  dans 
le  lendemain.  11  avait  maint  projet  d'action  et  d'étude  en  tète, 
quand    il    a    été    brusquement    frappé. 

Né  à  Paris  en  1860,  il  avait  fait  de  solides  études  au  lycée 
Saint-Louis.  Il  les  continua  en  Sorbonne  où  il  se  fit  recevoir 
licencié  es  lettres.  .Alexandre  IJeljame.  qui  venait  d'inaugurer 
son  enseignement  de  Sorbonne,  et  qui  cherchait  à  y  attirer  des 
licenciés  pour  rehausser  le  prestige  des  langues  vivantes  encore 
peu  honorées,  lui  fit  alors  appel.  Lecoq  aimait  à  dire  en  riant, 
qu'il  était  une  manière  de  personnage  historique,  ayant  été  (c'était 
en  1882»  le  premier  en  date  des  boursiers  d'agrégation  d'anglais, 
li  portait  ce  titre  quand  je  le  rencontrai  à  Londres,  en  cette  épo- 
que, où  les  rares  étudiants  venus  de  Fr.uue  dérivaient  comme  des 
épaves    dans    l'immense    ville.     On    y    élait    alors    perdu,    sans     chc- 


Nl'XHOLOOIE  223 

miiis  déjà  fiiiycs,  sans  rt-latioiis  (i'aiiciirif  sorte,  sans  lettres 
<rintiocliuti<)n,  sans  tâche  précise.  La  rencontre  d'un  compatriote 
V    était    une   fête,   —  joie   coupable   qu'on    savourait    avec   remords. 

Les  liens  de  Lecoq  a\ec  la  Sorbonnc  ne  se  rompirent  pas,  lors- 
qu'il s'en  fut,  en  1884,  occuper  sou  premier  poste  de  professeur. 
J.es  anglicisants  étaient  encore  clairsemés,  (le  n'étaient  pas  les 
imposantes  cohortes  d'aujourd'hui.  Il  en  résultait  des  rapports 
j)lus  étroits  et  plus  partagés  entre  les  quelques-uns  qui  gravi- 
taient autour  de  Beljame.  Lecoq  revenait,  à  chaque  congé,  de  sa 
l)rovince.  Il  se  mêlait  aux  groupes  dont  tour  à  tour  Edmond 
Wdhl,  André  Cheorillon,  Emile  Honeluqiie  formaient  le  centre. 
Ces  noms  disent  assez,  que  les  causeries  de  ce  temps-là  ne  man- 
quaient ni  d'aliment  littéraire,  ni  d'entrain.  L'anglais  d'ailleurs 
n'absorbait  pas  toutes  les  pensées.  On  avait  des  anus  à  côté. 
Le  Braz,  Le  (joflic,  le  merveilleux  Jules  Tellier,  sitôt  ravi  à  la 
yloire.  qui  un  jour  nous  emmenait  au  cabaret  déjeuner  avec  Ver- 
laine. 

C'est  d.tns  le  midi  que  Lecoq  était  allé  enseigner  en  1884.  Bien 
qu'il  fût  par  son  père  d'origine  normande,  et  qu'il  eût  dans  son 
aspect  des  traits  Scandinaves  prononcés,  il  se  prit  de  passion 
pour  le  pays  du  soleil.  Sauf  un  intervalle  d'un  an  qu'il  passe 
;uix  lycées  de  Moulins  et  du  Mans,  le  Midi  devait  le  garder  pen- 
eiant  toute  sa  carrière.  Il  fut  à  Nice,  à  Monti)ellier,  surtout  à 
Avignon  où  il  avait  débuté,  où  il  retourna  en  1891,  et  où  nous 
le  crûmes  fixé   pour  la   vie. 

Epris  de  vie  et  de  nouveauté,  il  fut  des  tout  premiers  à  adopter 
la  méthode  directe  dans  son  enseignement.  Dès  1903,  il  publiait 
chez  Cornély  ■  L'Enseignement  vivant  des  langues  vivantes  >, 
éloquente  préface  des  cinq  <  Readers  •>  qui  suivirent  et  que  cou- 
ronnèrent   deux    autres    livres     <    The     Making    of     England    ■>      et 

Through  English  Literature  and  .\rt  ».  .autant  de  recueils 
riches  de  textes  vraiment  neufs,  où  circulait  un  air  plus  frais 
et    i)lus    vif   que    dans    la    plupart    des    manuels    antérieurs. 

Pourtant,  il  rêvait  de  pl,us  d'action  que  ne  lui  en  permettait 
son  service  de  lycée.  Pendant  un  temps,  la  politique  l'attira  et 
faillit  le  garder.  Par  bonheur,  un  autre  champ  s'ouvrit  devant 
lui.  L'Orient  l'appela,  et  il  partit  pour  Salonique  en  1910  comme 
proviseur  du  Lycée  français  qu'y  avait  fondé  la  Mission  laïque. 
C'est  là  qu'il  connut  peut-être  les  jours  de  son  existence  les  plus 
conformes  à  ses  goûts  profonds.  Il  s'était  à  ce  point  orientalisé 
que,  quand  la  guerre  éclata,  et  que  s'organisa  l'expédition  à  Salo- 
nique, il  fut  pour  le  corps  expéditionnaire,  non  seulement  le  plus 
accueillant  des  hôtes,  mais  le  plus  expert,  le  plus  précieux  des 
conseillers.  Il  avait  appris  le  grec  moderne.  Il  connaissait  mieux 
que  personne  les  mœurs,  les  complexités,  les  intrigues  du  pays, 
l'esprit  des  habitants.  Le  Lycée  français  devint  le  centre  de  la 
vie  militaire  en  ces  années-là.  Le  général  Sarrail  y  élut   domicile. 

Vie  intense  pour  Jules  Lecoq  ;  vie  dont  les  fatigues  devaient 
le  miner  à  l'insu  de  ses  amis,  à  l'insu  de  lui-même.  Après  le 
grand  incendie  qui  ravagea  Salonique,  des  milliers  de  pauvres 
gens  restèrent  sans  toit.  Il  fallut  aménager  tout  un  camp  pour 
eux,  et  c'est  à  Lecoq,  puis,  quand  il  fut  plusieurs  semaines  ter- 
rassé par  la  maladie,  à  sa  vaillante  femme,  qu'incomba  le  lourd 
poids  de   cette   installation   de   fortune. 


224  LES    LANGUES    MODERNES 

La  guerre  finie,  il  revint  en  1919,  non  sans  jeter  derrière  lui 
des  regards  de  regret,  occuper  à  Paris  une  chaire  du  lycée  Rol- 
Jin.  Bien  qu'il  se  retrouvât  dans  la  ville  de  sa  jeunesse,  il  éprou- 
va d'abord  la  nostalgie  de  l'Orient.  Il  rêvait  d'y  retourner.  Il  y 
retourna  une  fois,  sur  le  choix  de  M.  Venizelos,  pour  aider  les 
nouveaux  possesseurs  de  la  Macédoine  à  y  organiser  l'enseigne- 
ment. Mais  ce  fut  trop  court  à  son  gré.  Il  méditait  une  nouvelle 
fuite  vers  la  Grèce  ou  la  Turquie.  Toutefois  il  ne  se  consumait 
pas  en  regrets  vains.  Peu  à  peu,  dans  l'atmosphère  parisienne, 
l'ardeur  purement  intellectuelle  de  sa  jeunesse  renaissait.  Il 
revenait  à  des  travaux  longtemps  interrompus.  Il  avait  jadis  pro- 
jeté, et  même  commencé,  une  thèse  sur  le  vieux  poète  dramati- 
que, Thomas  Dekker.  Il  rouvrait  les  volumes  abandonnés,  son- 
geant non  plus  à  une  thèse,  mais  à  des  articles.  Cependant,  ras- 
semblant ses  souvenirs  d'Orient,  il  venait  de  publier  dans  la 
Revue  du  Lyonnais  une  longue  étude  sur  La  Crise  grecque  et  la 
Politique  orientale.  Finalement,  dans  les  mêmes  jours  qp  il  était 
étendu  sur  le  lit  d'oà  il  ne  devait  plus  se  relever,  M.  Leygues 
l'appelait  à  collaborer  avec  lui  pour  l'étude  des  questions  politi- 
ques  de  l'Orient  méditerranéen. 

La  mort  a  arrêté  ces  travaux,  coupé  court  à  ces  projets  divers. 
Elle  a  clos  une  carrière  animée,  toujours  jeune.  Pour  plusieurs 
de  nous,  la  verve  de  Lecoq  faisait  revivre  les  souvenirs  loin- 
tains, évoquait  des  scènes  presque  oubliées.  On  comprenait  eu 
l'entendant  causer,  surtout  en  le  voyant  agir,  pourquoi,  malgré 
qu'il  fût  bon  humaniste,  il  avait  renoncé  spontanément  aux  lan- 
gues mortes,  et  s'était  dirigé  vers  les  vivantes.  Il  aimait  la  vit-. 
ses  risques    et    ses   aventures. 

A  sa  veuve,  à  ses  enfants,  pour  lesquels  le  foyer  de  son  affec- 
tion et  de  son  activité  s'/st  subitement  éteint,  qu'il  soit  permis 
à  ceux  qui  furent  les  camarades  ou  les  collègues  de  Lecoq  d'of- 
frir  l'hommage   de   leur   douloureuse   sympathie. 

Emile    Legoiis. 

Ludovic  BruQet 

Ludovic  Brunet,  que  la  population  de  Cahors  accompagnait  k 
2  décembre  à  sa  dernière  demeure,  est  le  huitième  des  profes- 
seurs que  la  mort  a  enlevés  au  lycée  Gambetta  depuis  quatre 
ans,  et  comme  les  autres,  il  a  disparu  en  pleine  activité,  succom- 
bant à  une  tâche  dont  sa  vaillance  ne  voulait  pas  mesurer  le 
fardeau. 

Depuis  31  ans,  il  était  professeur  d'anglais  dans  ce  même 
lycée  où  il  avait  été  élève,  n'ayant  quitté  son  Quercy  natal  que 
pour  les  années  d'études  en  Angleterre  et  à  Paris,  et  peut-être 
a-t-il  dû  à  cette  fidélité  à  la  rude  terre  des  Causses  la  forte  santé 
morale,  que  ne  connaissent  pas  toujours  les  déracinés,  le  robuste 
bon  sens,  la  rectitude  et  la  netteté' du  jugement  par  quoi  il  fut 
un  éducateur  de  ferme  volonté  autant  qu'un  collègue  loyal  et  sûr. 

Président  de  l'Amicale  des  professeurs,  membre  du  Conseil 
d'Administration  du  lycée,  il  ajoutait  encore  à  ces  charges  qui 
disent  assez  en  quelle  affectueuse  estime  il  était  tenu  de  tous, 
les  lourdes  fonctions  de  maire  de  sa  commune  natale,  voisine  de 
Cahors,    et   de    vice-président    de    la    Société   d'Agriculture    du    Lot. 


NECROLOGIE  iia 

Peu  d'honiiiKs  eurent  une  existenee  si  bien  remplie,  une  activité 
si  léconde.  Que  sa  veuve  et  son  fils  veuillent  bien  trouver  dans 
ce  trop  bref  hommage  l'expression  de  notre  attachement  à  la 
mùTioir.;   d'un    très   regretté   collègue   et   ami. 

Marcel    Heldt, 
Professeur   (l'allemand   an   Lycée    de    Cahors. 

Trucbot 

Nous  avons  k  regret  d'apprendre,  un  peu  tardivement,  le  décès 
tic  .1/.  Truchol,  professeur  de  classes  élémentaires  au  Lycée  Fus- 
ttl-de-Coulang?s,  à  Strasbourg.  Depuis  longtemps,  il  faisait  jKjrtie 
de  notre  Société.  C'est  que  ses  goûts  personnels  et  une  rare  puis- 
sance de  travail   le  poussaient  vers  l'étude  des  langues   modernes. 

Sorti  de  l'enseignement  primaire,  il  réussit,  après  plusieurs 
séjours  de  vacances  en  Allemagne,  à  conquérir  le  Professorat  des 
Classes  élémentaires  en  1905.  Nommé  au  lycée  de  Bourg,  l'admi- 
nistration lui  confie  bientôt  deux  heures  d'italien.  Les  résultats 
qu'il  obtient  dans  cet  enseignement,  pourtant  facultatif,  sont  si 
satisfaisants  qu'à  la  veille  de  la  guerre,  Truchot  a  un  service 
supplémentaire  de  10  heures  d'italien.  Entre  temps,  notre  collè- 
gue cherche  à  conquérir  de  nouveaux  titres.  .Avi  labeur  de  ses 
classes,  il  ajoute  un  travail  personnel  intense  ;  chaque  jeudi,  il 
court  à  Lyon  suivre  les  cours  de  l'Université  ;  en  1911,  il  passe 
avec  succès  les  épreuves  de  la  licence  es  lettres,  mention  •  Ita- 
lien ■'  et  celles  du  Diplôme  d'Etudes  supérieures.  En  1914,  il 
aborde    l'agrégation    d'Italien. 

La  guerre  arrive  :  M.  Truchot  fait  toute  la  campagne  ;  parti 
sergent,  il  revient  lieutenant,  titulaire  de  la  Croix  de  guerre. 
Pendant  son  absence,  une  chaire  d'Italien  a  été  créée  au  lycée  de 
Bourg  :  c'est  alors  qu'il  songe  à  venir  en  Alsace  ;  là  aussi,  et 
surtout,  il  enseignera  les  langues.  Et  alors  que  sa  santé  eût 
mérité  des  ménagements,  que  des  classes  nombreuses  et  fatigan- 
tes absorbent  toute  son  activité,  il  remet  aussitôt  sur  le  métier 
sa  préparation  à  IWgrégation.  A  43  ans,  nous  le  vîmes  s'asseoir 
sur  les  bancs  de  l'Université  de  Strasbourg  î  Malgré  l'avis  des 
médecins,  il  voulut  se  rendre  aux  épreuves  écrites  du  concours 
d'agrégation,  mais  une  syncope  le  terrassa  dans  la  salle  d'exa- 
men... Au  seuil  du  succès,  notre  malheureux  collègue  se  voyait 
enlever   le    bénéfice    de   plusieurs   années   d'efforts    et    de    peines. 

Après  une  longue  maladie,  M.  Truchot  décédait  le  .5  janvier 
dernier,  laissant  une  veuve  et  trois  jeunes  orphelins.  Cette  dou- 
loureuse fin  a  profondément  ému  tous  nos  collègues  de  Stras- 
bourg qui  estimaient  ce  camarade  modeste,  mais  au  cœur  si  bon 
et  si  loyal.  Comme  l'a  remarqué,  sur  sa  tombe,  M.  le  Proviseur 
du  Lycée  Fustel-de-Coulamjes  :  ■  Au  milieu  de  la  fièvre  générale 
du  plaisir,  dans  la  ruée  des  appétits,  dans  la  clameur  des  égoïs- 
mes,  c'est  une  consolation  et  un  réconfort  de  rencontrer  l'exem- 
ple d'une  vie  simplement  consacrée  au  devoir,  et  c'est  une  fierté 
pour  l'Université  française  de  compter  dans  ses  rangs  tant  de 
bons    serviteurs    di»    Pays.    > 

VOIGNIEH, 

Professeur    au    lycée    Fustel-de-Coulanges.    Strasbourg. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Démarches  du  Bureau 


Le  Bureau  a  été  reç^u  le  21  avril  dernier  par  M.  Lapie,  Direc- 
teur  de   l'Enseignement    primaire. 

Le  vœu  émis  par  l'Assemblée  générale  du  6  janvier,  en  faveur 
de  la  création  </'»/!  poste  d'Inspecteur  général  des  Langues  vivan- 
tes dans  l'Enseignement  Primaire,  n'avait  pu  encore  être  remis 
officiellement  à  M.  Lapie  qui  en  avait  eu  connaissance,  cependant, 
par  les  Langues  Modernes.  En  le  recevant,  M.  le  Directeur  nous  a 
annoncé  que  le  principe  de  la  mesure  était  adopté,  qu'il  y  était, 
lui-mêmt  favorable,  mais  qu'il  fallait  la  sanction  du  Parlement- 
Nôtre    vœu    en    hâtera    la    réalisation. 

Le  Président  a  ensuite  absorbé  la  grosse  question  de  la  titu- 
larisation comme  professeurs  des  maîtres-adjoints.  Cette  titula- 
risation pouvait,  autrefois  (lois  du  24  décembre  1908,  du  25 
février  1914),  être  prononcée  en  faveur  des  maîtres  qui  étaient 
pourvus  du  Certificat  primaire  de  langues  et  qui  donnaient  20 
heures  d'enseignement  dont  11  de  langues  vivantes,  après  un  an 
de  stage  et  sur  rapport  favorable  d'un  Inspecteur  général. 
Depuis,  est  intervenue  la  loi  du  6  octobre  1919  dont  l'article  15 
règle  la  situation  des  maîtres  auxiliaires.  "  Après  cinq  ans 
d'exercice,  dit  un  des  paragraphes  de  l'article  en  question,  les 
maîtres  auxiliaires  i)()urront  être  classés  parmi  les  professeurs 
adjoints...    » 

11  semble  que  les  bureaux  du  Ministère  veuillent  étendre  la 
portée  de  ces  dispositions  aux  instituteurs-adjoints  délégués, 
pourvus  du  certificat  de  langues  et  leur  imposer  cinq  ans  de 
stage.  De  pareilles  conditions  nous  paraissent  provenir  d'une 
ijiterprétation  erronée  du  texte  de  la  loi.  M.  Lapie  a  paru  surpris 
des  faits  que  nous  lui  signalions.  Il  n'y  a  pas  de  confusion  pos- 
sible, lui  a-t-il  i)aru.  entre  les  maitres-au.riliaires  et  les  insti- 
luteurs-délégués. 

Diverses  observations  ont  été  ])résentées  à  M.  le  Directeur  au 
sujet  de  cette  question.  L'interprétation  abusive  donnée  par  les 
bureaux  à  un  texte  législatif  porte  un  préjudice  considérable  à 
un  grand  nombre  de  fonctionnaires  :  elle  retarde  leur  titularisa- 
lion  de  i)lusieurs  années.  Il  y  a  lieu  de  noter,  d'autre  part,  que. 
dans  le  projet  de  loi  présenté  au  Parlement  pour  le  Budget  de 
rinstruction  Publique  et  la  loi  de  Finances  pour  1921,  on  voit  à 
l'article  13  que  les  répétitenrs  (ies  Ecoles  primaires  supérieures 
de  Paris,  pourvus  du  Certificat  de  langues  sont  assimilés  aux 
Professeurs  des  E.  P.  S.  des  départements.  II  n'est  pas  question 
pour  eux  de  stage  d'aucune  durée,  l'ne  pareille  inégalité  serait 
trop  injuste  pour  que  le  bon  sens  l'admît.  D'autant  plus  "que 
les    fonctions    remplies    par    les    premiers    sont    toutes    de    surveil- 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  227 

lance  et  de  discipline,  tandis  tjue  les  antres  ont  à  donner  Tensei- 
jjnenient.  —  On  a,  dans  le  même  ordre  d'idées,  montré  à  M.  Lapie 
le  cas  d'un  Jeune  certifié  d'octobre  1920,  professeur-adjoint  dans 
une  Ecole  technique  qui  a  été  titularisé  aussitôt  en  possession 
de  son  titre.  Tel  autre,  reçu  dans  un  meilleur  rang,  et  professeur 
d'K.  P.  S.  se  voit  astreint  à  5  ans  de  stage.  Le  titre  primaire  a 
(ionc    plus    de    \aleur   efTecti%e    dans    l'Enseignement    technique  ! 

Les  Forn)alités  pour  la  Titularisation 

M.  le  Directeur  a  ;)aiu  préoccupé  aussi  d'arriver  à  simplifier  les 
formalités  si  comijliqiiées,  à  l'heure  actuelle,  quand  il  s'agit  de 
titulariser  un  maître-adjoint  comme  ])rofesseur  de  langues  vivan- 
tes, (les  formalités,  dans  le  détail  desquelles  nous  ne  pouvons 
entrer  ici,  ont  entraîné  parfois  un  délai  d'un  an  entre  la  proposi- 
tion initiale  de  titularisation  et  la  décision  du  Ministre.  Les 
intérêts  du  maître  qu'on  fait  attendre  ainsi  sont  gravement  lésés. 
Autre  et  gra^•e  incoin  énient  :  la  titularisation  dépend  de  person- 
nes souvent  peu  compétentes  (conseillers  municipaux,  membres 
tin  Conseil  départemental,  du  Comité  de  patronage).  Ceci  paraît 
cfautant  plus  illogique  aux  intéressés  que  lorsqu'il  s'est  agi^ 
iiuparavant,  de  les  nommer  professeurs-adjoints,  on  n'a  tenu 
compte  que  des  pro()ositions  des  chefs  hiérarchiques  ;  que  dans 
des  cas  analogues,  nos  collègues  licenciés,  ainsi  que  les  maîtres- 
auxiliaires  certiliés  de  langues  sont  titularisés  par  le  Ministre 
simplement  sur  la  proposition  de  l'Inspecteur  général  ou  sur 
celle    <lu     Hecteur. 

Les  li)tériiT)alres  dar)s  les  E.  P.  $• 

M.  Lapie  a  écouté  avec  bienveillance  et  sympathie  le  chaleu- 
reux appel  que  lui  adressait  le  Président  en  faveur  des  dames 
chargées  de  l'enseignement  des  langues  vi\antes,  pendant  la 
guerre,  en  qualité  de  maîtresses  intérimtiires.  Sur  ce  sujet,  la  note 
que   voici    lui    a   été   remise  : 

<•  L'.Association  des  Professeurs  de  langues  vivantes  a  l'hon- 
«  neur  de  recommander  à  la  biemeillante  sollicitude  de  l'Admi- 
<'  nistration  les  maîtresses  qui,  pour\ues  pour  la  plupart  du 
■  Professorat  des  Ecoles  normales  ou  du  Certificat  de  langues, 
I'  ont  assuré  le  service  pendant  la  guerre,  dans  les  Ecoles  de 
"  garçons  où  l'enseignement  et  la  discipline  étaient  souvent  fort 
"    pénibles. 

•  I)e|juis  la  démobilisation.  r.Administration  s'est  efforcée  de 
"  les  pourvoir  d'une  délégation  dans  les  E.  P.  S.  de  Jeunes  filles. 
"  Mais  au.x  termes  des  décrets  du  1"^  mai  1914  et  du  15  novem- 
"  bre  1919,  elles  ne  peuvent  être  nommées  professeurs-adjointes 
<'  que  si  elles  comptent  3  ans  de  services  effectifs  en  qualité 
"   d'institutrices-adjointes   d'E.   P.    S. 

"  Or,  ces  maîtresses  ont  déjà  exercé  pendant  3,  4,  b  années 
"  d'intérim  ;  elles  ont  été  l'objet  d'inspections  générales.  N'est-il 
"  donc  pas  inutile  et  excessif  d'exiger  d'elles  un  supplément  de 
«^  3    années    de    délégation    et    trois    autres     inspections     générales  ? 


228  LES   LANGUES    MODERNES 

"  Si  elles  n'avaient  pas  bien  rempli  leur  tâche,  on  n'eût  pas 
<(  attendu  aussi  longtemps  pour  les  remplacer.  Pendant  les  trois 
»  années  de  délégation  elles  ne  touchent  qu'un  supplément  bien 
<<  minime  de  200  francs,  en  plus  de  leur  traitement  d'institutrice. 
(.  Elles  sont  ainsi  peu  récompensées  des  services  qu'elles  ont 
Il  rendus    pendant    la    guerre. 

"  Nous  osons  donc  espérer  que  l'Administration  voudra  bien 
<.  proposer  l'adoption  de  mesures  bienveillantes  dont  la  formule 
Il   pourrait    se   rapprocher   de    celle-ci  : 

(.  1"  Les  Institutrices  qui  ont  fait  un  intérim  de  4  ou  5  années 
('  pendant  la  guerre  pourront  être  titularisées  professeurs-adjoin- 
«   tes  d'E.   P.    S.,   après   une   délégation   d'une   année. 

«  2°  Celles  qui  ont  été  intérimaires  pendant  2  ou  3  années 
<■  pourront  être  titularisées  après  une  délégation  de  deux 
<i   années.   » 

M.  Lapie  nous  a  laissé  entrevoir  qu'un  projet  de  loi  leur  tien- 
drait  compte  des  années  d'intérim. 

Les  S^ctiOQS  Norn)ales 

Le  Bureau  a  exprimé  à  M.  Lapie  les  sentiments  d'inquiétude 
que  les  Professeurs  de  langues  éprouvent  au  sujet  des  sections 
normales  qui,  dans  les  E.  P.  S.,  à  côté  des  sections  générales,  com- 
merciales, industrielles  et  agricoles,  sont  destinées  à  préparer  les 
futurs  candidats  aux  Ecoles  normales  d'Instituteurs  et  d'Institutri- 
ces. Il  est  dit,  dans  les  Instructions  du  30  septembre  1920:  <.  Dans 
les  trois  années  l'enseignement  des  langues  vioan'es  sera  pour  eux 
(les  élèves)  facultatif.  Toutefois,  l'attention  des  élèves  sera  atti- 
rée sur  l'intérêt  que  présente  pour  eux  cet  enseignement,  qui  sera 
continué  à  l'école  normale.  »  A  nos  yeux,  tout  enseignement 
facultatif,  dans  notre  système  éducatif  français,  est  voué  d'avance 
à  l'insuccès.  Pour  M.  Lapie,  les  sections  normales  ne  sont 
encore  qu'à  l'état  de  projet.  Aucun  horaire  n'a,  d'ailleurs,  été 
établi    pour   elles. 

La  Réforn)e  du  Certificat  Priroaire 

Le  Président  a  ensuite  remercié  M.  le  Directeur  d'avoir  bien 
voulu  autoriser  M.  l'Inspecteur  général  Beaujeu  à  nous  entrete- 
nir du  projet  de  reforme  du  Certificat  d'aptitude  à  l'Enseigm- 
ment  des  langues  dans  les  Ecoles  normales  et  primaires  supé- 
rieures. C'est  un  premier  ajjpcl  de  l'Administration  à  la  coliabo- 
tion  du  personnel  intéressé.  Nous  nous  en  réjouissons  pour  le 
bien  même  de  notre  discipline.  Il  semble  que  le  Certificat  devien- 
dra un  des  Professorats  littéraires.  Il  se  passera  en  deux  parties, 
la  première  portant  sur  le  français  et  la  culture  générale,  la 
seconde  plus  spécialisée  et  comprenant  les  épreuves  actuelles  de 
langue  étrangère,  en  somme,  dans  ses  grandes  lignes,  le  projet 
Monguillon,   exposé   dans   nos  colonnes,   l'an   dernier. 

Nous  avons  signalé  à  M.  le  Directeur  que,  dans  certaines  écoles 
de  province,  l'horaire  des  langues  vivantes  n'est  pas  suivi  scru- 
puleusement.   Tout     en     indicpiant     que     les    directeurs    d'école     se 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  229 

tniivcnt  en  présence,  parfois,  de  ditticiiltés   particulières,   M.  Lapic 
a    recueilli    nos    observations. 

I-c  Président  a  enfin  exposé  à  .)/.  l.dpie  le  mécontentement 
(jui  règne  chez  les  professeurs  de  langues  \  ivantes  des  E.  I*.  S. 
qui  ne  reçoivent  toujours  que  l'indemnité  de  300  francs  alors  que, 
de])uis  le  mois  de  juin  dernier,  le  (>onseil  supérieur  a  voté  le 
taux  de  500  francs.  On  fait  remarquer  que  cette  indemnité  est 
versée  aux  collègues  qui  occupent  un  poste  dans  les  classes  élé- 
mentaires des  Lycées,  alors  même  qu'ils  n'enseignent  pas  la 
langue  pour  laquelle  ils  sont  diplômés.  Pour  eux,  il  s'agit  d'une 
véritable  indemnité  de  titre.  M.  Ijipie  n'a  pu,  malheureusement, 
nous  donner  aucune  précision  sur  le  moment  où  le  Ministère  des 
Finances  sanctionnera  la  décision  du  Conseil  supérieur.  11  semble 
<ionc  que  longtemps  encore  cette  indemnité  restera  au  taux 
d"av.\nt-gierre.  Triste  manière  de  récompenser  des  fonctionnai- 
res qui  ont  travaillé  pendant  des  années  pour  passer  un  concours 
dillicile  et  se  sont  imposé  d'onéreux  voyages  à  l'étranger.  Les  inté- 
ressés  sauront    en   tirer   leurs  conclusions. 


La  titularisation  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes 
dans  l'Enseignement  Primaire  Supérieur 


Après  la  réforme  du  Certificat  d'aptitude  à  l'Enseignement  des 
Langues  Vivantes  dans  les  Ecoles  normales  et  primaires  supé- 
rieures de  1912,  réforme  qui  avait  notablement  renforcé  la  partie 
littéraire  et  française  de  l'examen,  M.  Gasquet  et  M.  Guillaume 
disaient  que  lorsque  la  loi  de  titularisation,  avec  11  heures  d'en- 
seignement de  langues,  serait  votée,  les  certifiés  seraient  titula- 
risés après  une  délégation  dont  la  durée  pourrait  n'être  que 
d'une   année   en   cas   d'inspection    favorable. 

Quelques  mois  après  le  vote  de  la  loi  du  25  février  1914 
(accordant  la  titularisation  avec  11  heures  de  langues),  la  circu- 
laire ministérielle  du  20  avril  1914  est  venue  en  quelque  sorte 
confirmer  les  promesses  précédentes.  On  lit,  en  effet,  dans  cette 
circulaire  ■  qu'un  stage  d'un  an  dans  les  fonctions  d'instituteur- 
adjoint  délégué  paraît  être  le  minimum  exigible  ».  Or,  dix  jours 
plus  tard,  était  signé  un  décret  qui  allait  changer  la  face  des 
choses.  Ce  décret  imposait  au.x  instituteurs-adjoints  pourvus  de 
Certificats  spéciaux,  un  stage  de  trois  ans  avant  de  pouvoir  deve- 
nir professeurs-adjoints  (l"""  mai  1914).  On  enlevait  ainsi  aux 
certifiés  de  langues  la  plupart  des  avantages  qui  leur  avaient  été 
déjà  concédés  et  on  mettait  leur  diplôme  sur  le  même  pied  que 
d'autres  qui,  de  l'aveu  de  tous,  leur  étaient  notablement  inférieurs. 

Les  choses  ont  encore  empiré  par  la  suite  ;  la  loi  du  7  octobre 
1919  impose  un  stage  de  cinq  années  aux  certifiés  de  langues 
avant  qu'ils  puissent  obtenir  la  titularisation.  \  vrai  dire,  le 
texte  ne  parle  que  des  maîtres  auxiliaires  (dont  le  nombre  est 
restreint),   mais   l'administration    interprète   la   loi   de   la   façon    la 


230  LES   LANGUES    MODERNES 

plus  défavor;ible  au  persoinitl   eiisuigiiant   et   applique   cette  condi- 
tion des  cinq  ans  de    stage   à  tous  les  professeurs  délégués. 

Au  moment  où  le  projet  de  loi  de  péréquation  est  venu  en  dis- 
cussion au  Parlement,  on  a  pu  constater  que  les  textes  nouveaux 
maintenaient  les  dispositions  de  la  loi  du  6  octobre  1919.  Dans 
!"espoir  de  faire  modifier  de's  mesures  aussi  fâcheuses  à  l'égard 
de  nos  collègues  de  l'Enseignement  primaire  supérieur,  le  Prési- 
dent a  adressé  la  note  suivante  à  diverses  personnalités  politi- 
ques   qui    s'intéressent    aux    questions    universitaires  : 

Paris,    12    mars    W21. 

Nous  avons  l'honneur  d'attirer  votre  attention  sur  certaines 
dispositions  du  projet  de  loi  relatif  à  la  péréquation  des  traite- 
ments universitaires. 

L'article  38-14  indique  que  les  maîtres  auxiliaires  de  langues 
vivantes,  ainsi  que  les  instituteurs  (et  institutrices)  délégués, 
chargés  de  renseignement  des  langues  vivantes  dans  les  Ecoles 
primaires  supérieures,  pourront  ■  s'ils  possèdent  le  Certificat  de 
Paptitude  à  l'Enseignement  des  langues  vivantes  dans  les  Ecoles 
normales,  sur  la  proposition  des  recteurs  et  après  cinq  ans 
d'exercice,  être  classés  parmi  les  professeurs  d'E.  P.  S.,  en  rece- 
voir  le   titre    et    le    traitement   ". 

Le  stage  était  naguère  d'un  an  ;  un  rapport  d'inspecteur  géné- 
ral   favorable    au    fonctionnaire    permettait    sa    titularisation. 

La  disposition  nouvelle  nous  paraît  beaucoup  trop  onéreuse 
pour  les  professeurs.  Point  n'est  besoin  d'une  durée  de  cinq 
années,  semble-t-il.  pour  qu'un  maître  donne  la  mesure  de  son 
zèle  et  de  ses  qualités  professionnelles.  Ces  dernières,  ainsi  que 
son  savoir,  ont  été  l'objet  d'une  vérification  incontestable  quand 
le  professeur  a  passé  le  Certificat  d'aptitude.  Cet  examen  com- 
porte, en  effet  :  1'*  des  épreuves  spéciales  de  langues  vivantes  qui 
permettent  de  contrôler  les  connaissances  linguistiques  du  candi- 
dat ;  2"  des  épreuves  littéraires  et  grammaticales  qui  ont  pour 
but  de  préciser  sa  culture  générale  ;  3"  une  épreuve  de  pédago- 
gie des  langues  vivantes  où  s'atteste  sa  technique  professiun- 
i.ille. 

Le  stage  fixé  à  5  ans  enlève  au  Certificat  une  part  notable  de- 
^a  valeur  utilitaire  et  de  son  prestige.  Le  recrutement  des  candi- 
dats, et  par  suite  celui  des  profesi;eurs  de  langues,  en   souffrira. 

Il  est  onéreux  pour  les  professeurs  de  langues  vivantes  parce 
que  ces  derniers  ont  dû,  jjour  passer  ce  concours  dont  le  niveau 
élevé  est  comparable  à  celui  du  Cert.  d'A.  des  I.i/cées  et  Collèges. 
se  livrer  à  des  études  prolongées  et  coûteuses,  s'imposer  des 
séjours    dispendieux    à    l'étranger. 

Nous  estimons  donc  que,  pour  les  langues  vivantes,  il  est  néces- 
saire   d'en    revenir   au    stage    d'un    an. 

Le   Président   de   l'.Association, 
Ch.   Veili.et-Lavallkf.. 

D'après  des  renseignements  puisés  à  bonne  source,  il  est  pro- 
bable que  ces  anomalies,  si  même  nous  n'obtenons  pas  gain  di* 
cause  immédiatement,  disparaîtront  quand  sera  effectuée  une 
réforni'.'    des    professorats    de    l'Enseigiunient    prin)aire    qui    est     à 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  231 

]"étiidc  au  iiiiiiistiTe.  Le  Cerlificut  de  langues  devieiulrait  une 
Iraïu'hc  du  Professorat.  On  se  rappelle  que  notre  collègue  Mon- 
(jinllon  a  publié  un  article  magistral  sur  cette  question,  l'an  der- 
nier,  dans    les    Longues    Modernes    (p.    349i. 

D'autre  part.  .V.  Monguillon  a  proposé  et  fait  adopter  les  deux 
\a'u.\  que  voici  par  l'Assemblée  générale  de  VAssociotion  amicale 
des  Professeurs  d'Ecoles  primaires  supérieures  qui  s'est  tenue  à 
l'aris,    pendant    les    vacances    de    Pâques  : 

.<  1"  L'Assemblée  générale  émet  le  vœu  que  le  décret  du  l*^"" 
mai  1914  ne  soit  pas  appliqué  aux  professeurs  de  langues  vivan- 
tes ;  que  la  titularisation  de  ces  derniers  comme  professeurs- 
;(d joints  ou  comme  professeurs  —  selon  le  poste  —  puisse  être 
prononcée    après    un    an    de    stage.   •> 

"  2"  La  titularisation  comme  professeurs  des  certifiés  de  lan- 
gues vivantes  sera  prononcée  par  le  Ministre,  simplement  sur  la 
proposition  de  l'Inspecteur  général  et  de  l'autorité  académi- 
que.   > 


Visite  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  des  E.  P.  S. 

Les  professeurs  de  langues  vivantes  des  Ecoles  primaires  supé- 
rieures, présents  au  Congrès  de  l'.Association  amicale  des  E.  P.  S., 
qui  s'est  tenu  à  l'Ecole  Turgot  pendant  les  vacances  de  Pâques, 
ont  tenu  à  profiter  de  leur  séjour  dans  la  capitale  pour  offrir 
leurs  hommages  à  notre  Président  et  à  le  remercier  du  zèle  et  du 
dévouement  qu'il  a  toujours  montrés  pour  la  défense  des  langues 
vi\antes    dans    les    Ecoles    primaires    supérieures. 

Ils  lui  ont  en  outre  communiqué  les  vœux  votés  la  veille  par 
l'Assemblée  générale  de  l'Amicale  des  E.  P.  S.  et  dont  le  texte  a 
été   reijroduit  d'autre    part. 

Ils  l'ont  aussi  entretenu  de  diverses  autres  questions  telles  que  : 

1.  L'indemnité   «lue   aux    P.   A.    pourvus   du   certificat   de    langues. 

2.  Les  heur'es  supp^lémentaires  de   langues   vivantes. 

li.  Les  horaires  de  langues,  de  moins  en  moins  observés  dans 
les   E.   P.   S. 

4.  Les  conditions  requises  poui'  prendre  part  au  concours  du 
(Certificat    secondaire    de    langues,    etc.. 

Ils  sont  partis  avec  l'impression  réconfortante  qu'ils  peuvent 
toujours  compter  sur  l'appui  de  l'Association,  de  son  Bureau  et 
de    son    Président. 

A.     .MONGLILLON. 


Les  Langues  Vivantes  dans  l'Enseignement  Primaire 
et  dans  l'Enseignement  Technique 

Le  bon  sens,  aussi  bien  que  l'observation  psychologique  des 
élèves  semblent  indiquer  avec  force  l'utilité  que  présente  l'étude 
des  langues  vivantes  à   la   fois  pour  les  fins   pratiques   et    pour   les 


232  LES   LANGUES   MODERNES 

fins  de  culture,  dans  les  deux  Enseignements  prinoaire  et  techni- 
que. Or,  depuis  quelques  années,  nous  l'avons  déjà  montré  à  plu- 
sieurs reprises,  l'Enseignement  des  langues,  dans  ces  deux  gran- 
des divisions  de  l'Université,  a  subi  un  recul  considérable  et,  il 
faut  le  dire,  sans  l'Association,  en  1920  et  en  janvier  dernier, 
le  dommage  eût  été  plus  grand  encore.  Nos  collègues  du  Primaire 
et  du  Technique  l'ont  compris,  d'ailleurs,  et  sont  venus  eu  nom- 
bre grossir  nos  rangs.  Souhaitons  que  le  mouvenîent  des  adhé- 
sions ne  se  ralentira  pas.  Il  ne  devrait  plus  à  l'heure  actuelle, 
rester  un  seul  professeur  de  langvies  vivantes  en  dehors  de 
notre   groupement. 

On  se  rappelle  que  le  projet  de  réforme  du  brevet  supérieur, 
présenté  en  janvier,  comportait  la  suppression  de  l'épreuve  écrite 
de  langues.  On  sait  aussi  par  quels  efforts  de  nos  représentants 
au  Conseil  supérieur  et  de  l'Association  ce  coup  fut,  en  partie, 
paré.  L'épreuve  écrite  reste,  mais  réduite  à  une  durée  d'une 
heure,  alors  que  les  autres  matières  ont  d^ux  heures  et  demie  ou 
trois  heures.  Ces  dernières  sont  cotées  sur  20,  la  première  sur  10 
seulement.  (Voir  Bulletin  de  l'Instruction  Publique  du  19  mars 
1921).  Les  observations  qui  suivent  font  mieux  saisir  encore  la 
diminution    infligée    à    notre    enseignement  : 

Autrefois,  l'épreuve  de  langues  était  le  tiers  de  l'examen  écrit 
et  était  cotée  sur  20.  (11  y  a  maintenant  5  épreuves  à  l'écrit,  dont 
1  de  langues».  Si  on  présente  dans  un  rapport  la  note  maximum 
de  langue  en  la  comparant  au  total  maximum  des  épreuves  écri- 
tes, on  avait  autrefois  :  20  80  soit  1/4  et  aujourd'hui  :  10/90 
ou    1/9. 

'  Autre  constatation  :  le  n°  du  15  avril  1921  publie  toute  une 
série  d'arrêtés  et  un  décret  relatifs  à  l'Ecole  normale  d'Enseigne- 
ment technique,  aux  Certificats  d'Aptitude  au  Professorat  des 
Ecoles  Pratiques  de  Commerce  et  d'Industrie  de  garçons  et  de 
filles,  à  celui  de  l'Enseignement  Pratique  du  Commerce  et  de 
l'Industrie. 

Il  n'y  a  aucune  épreuue  de  langues  vivantes  dans  les  program- 
mes de  ces  divers  examens  et  concours  pas  même  poir  les  sec- 
tions    COMMEHCIALES. 


L'Université  et  la  Politique  (Suiie) 


Nos  lecteurs  se  rappellent  le  texte  de  la  ])rotestation  élevée  par 
notre  groupement  contre  la  mission  dont  a  été  chargé  un  de  nos 
collègues  au  moment  où  M.  Honnorat  quittait  le  Ministère  de 
l'Instruction  Publique  (Voir  Bulletin  du  15  avril  1921,  pp.  172- 
175). 

Le  Bureau  de  la  Fédération  Nationale  des  Professeurs  de 
Li/cées  et  de  l'Enseignement  secondaire  féminin  ayant,  de  son 
côté,  fait  une  démarche  dans  le  même  sens  auprès  du  Ministère 
actuel,  a   re(,-u   hi   réponse  que  \oici  : 


Kii.i.icïiN  i)i:  l'association  233 

•   Paris,  9  avril  192 î. 

'  Le  Miiiislre  de  l'inslriirlion  Publique  et  des  Beaux- 
•   A  ris, 

"  A  M,  dope,  professeur  au  Lycée  de  Lille,  Président  de 
"  la  Fédération  des  Professeurs  de  Lycées  de  garçons 
"   et    de    l'Enseignement    secondaire    féminin. 

■  J'ai  pris  connaissance  de  votre  lettre  du  18  mars  relative  à 
"  la  mission  d'inspection  dans  le  ressort  de  l'Académie  de  Paris 
"  dont  M.  Bernbeim,  professeur  d'allemand  au  lycée  Louis-le- 
•   Grand,    a    été    récemment    chargé.   » 

•  Je  crois  devoir  vous  informer  que  M.  Bernheim  n'a  été 
"  l'objet  d'aucune  nomination.  La  situation  de  ce  professeur, 
"  qui  se  serait  trouvé,  de  fait,  en  surnombre  au  lycée  Louis-le- 
"  Grand,  a  simplement  permis  de  lui  confier  une  mission  tempo- 
"   raire    auprès    de    M.    le    Recteur    de    l'.Académie    de    Paris. 

•  Pour    le    Ministre    et   par    autorisation  : 

"   Le  Chef  de   Cabinet, 
«  Signé  :    RoLANO-ilARCEL.  » 

Cette    lettre    appelle   les   observations    suivantes  : 

1"  Elle  confirme  les  explications  que  notre  Bureau  a  recueil- 
lies  le   17   mars   auprès  de   M.   Bellin  ; 

2"  Il  s'agit,  répète-t-on,  d'une  mission  essentiellement  tempo- 
raire et  non  d'une  nomination  à  titre  définitif.  Le  personnel 
enseignant    en    prend    bonne    note  ; 

3"  Que  le  Professeur  en  question,  au  moment  de  reprendre  sa 
chaire,  se  soit  trouvé  en  surnombre,  c'est  'possible.  La  raison 
est-elle  suffisante  pour  qu'on  le  charge,  ainsi  que  nous  l'avons 
déjà  fait  remarquer,  de  contrôler  l'activité  et  le  mérite  profes- 
sionnels de  ses  collègues  dont  beaucoup  l'emportent  sur  lui  par 
l'âge,  les  services,  la  notoriété  scientifique  et  pédagogique  ?  Il 
reste  patent  qu'une  fois  de  plus,  il  y  a  eu  intrusion  de  la  politi- 
que dans  un  service  technique,  qu'une  fois  de  plus  le  «  fait  du 
prince  »  a  jou'é  au  détriment  du  bien  public,  de  l'ordre,  de  la 
bonne  marche  des  services,  qu'on  a  fait  bon  marché  de  la  dignité 
du  corps  enseignant   et,  pour  tout  dire,  de   la  moralité. 

Nous  devons  ajouter  que  sont  parvenues  au  Bureau  des  pro- 
testations émanant  de  collègues,  anciens  combattants.  L'une 
d'elles  établit  un  parallèle  entre  les  fonctions  remplies  pendant 
la  guerre,  dans  un  hôpital  parisien,  par  la  personne  en  question 
"  fonctions  utiles,  certes,  mais  de  tout  repos,  pendant  que  des 
"  officiers  interprètes  que  je  pourrais  citer,  et  dont  la  valeur  pro- 
"  fessionnelle,  les  titres  et  les  services  universitaires  égalent, 
"  s'ils  ne  dépassent,  les  siens,  étaient  cités  à  l'ordre  pour  bles- 
•■  sures,  actions  d'éclat  ou  faits  prisonniers  avec  les  troupes 
"  combattantes  dont  ils  partagent  les  fatigues  et  les  dangers  ». 
"  S'il  est  décidé  en  haut  lieu  que  la  période  allant  du  2  août 
1914  au  11  novembre  1918  doit  être  effacée  de  notre  histoire,  les 
anciens  combattants  se  le  tiendront  pour  dit,  mais  alors  qu'on 
cesse  de    les   asperger   d'eau   bénite    de   cour   ». 

Un   autre    correspondant    appuie   en   ces   termes    la     protestation 


234  LES   L.\XGLES   MODERNES 

que  Ton  vient  de  lire  :  <  Notre  collègue  X.  (engagé  volontaire, 
<•  croix  de  guerre,  légion  d'honneur  au  titre  militaire)  a  mille 
<-  fois  raison.  L'Université  ignore  les  services  que  ses  profes- 
«.  seurs  ont  pu  rendre  à  la  défense  nationale.  Aussi,  que  ne 
«  sont-ils  restés  tranquillement  dans  leur  chaire  à  soigner  leur 
<■   avancement    auprès    des    politiciens  !   » 

Nous  croyons  savoir  que  la  Ligue  Civique  s'est  occupée,  éga- 
lement, de  la  question.  Le  Président  de  VAssociation  amicale 
des  Anciens  combattants  de  l'Enseignement  supérieur,  et  de  l'En- 
seignement secondaire  public,  tout  en  faisant  remarquer  que  deux 
Inspecteurs  généraux,  MM.  Marijon  et  Yial,  sont  d'anciens  comhat- 
tants,  souhaite  <•  que,  pour  toutes  les  nominations,  il  soit  tenu  le 
plus  grand  compte  des  services  rendus  par  le  fonctionnaire  pen- 
dans  la  guerre.  •>  Il  se  plaint  que  les  A.  C.  n'aient  ■  ni  auprès 
<■  des  pouvoirs  publics,  ni  même  dans  les  milieux  corporatifs 
<'    l'autorité  et   le  crédit    qu'ils   devraient   avoir   >«. 


Section  Régionale  du  Nord  (Lille) 


La  Section  régionale  du  Nord  de  l'A.  P.  L.  V.  a  tenu  son  Assem- 
blée générale  le  jeudi  28  avril  1921,  sou'S  la  Présidence  de 
M.    F.    Delattre. 

Avant  d'aborder  l'ordre  du  jour,  les  membres  présents  procè- 
dent à  un  échange  de  vues  au  sujet  des  modifications  qui  sem- 
blent devoir  intervenir  prochainement  dans  les  horaires  des 
lycées  et  collèges  et  de  la  compression  fâcheuse  qui  pourra  en 
résulter  pour  l'enseignement  des  langues  vivantes.  M.  Beltette 
qui  a  pu  joindre  pendant  le  Congrès  de  Pâques  MM.  Veillet- 
Lavallée  et  Bloch  s'est  entretenu  avec  e.ux  de  la  situation  et  a 
obtenu  d'eux  des  renseignements  complémentaires  très  rassu- 
rants qu'il  communique  à  ses  collègues.  Une  discussion  s'engage 
alors  à  la  suite  de  laquelle  la  résolution  suivante  est  votée  à 
l'unanimité  : 

<i  La  Régionale  du  Nord,  ayant  pris  connaissance  de  VA.  G., 
d'après  le  compte  rendu  qui  a  paru  dans  le  n°  d'avril  des  >  Lan- 
gues Modernes  »,  remercie  MM.  Hovelaque  et  Rancès  de  leurs 
énergiques  efforts  pour  la  défense  de  notre  enseignement.  —  et 
félicite  le  Comité  de  son  heureuse  intervention  à  laquelle  elle 
s'associe   pleinement.   ■> 

Passant  ensuite  à  l'examen  des  questionnaires  de  la  Fédération 
nationale  des  Professeurs  de  lycées  envoyés  aux  Régionales, 
notre  Président  nous  fait  connaître  qu'il  a  rendu  compte  au 
(Comité  central  de  l'impossibililé  où  il  s'était  trouvé  de  convoquer 
la  Régionale  à  ce  sujet,  le  temps  matériel  ayant  fait  défaut 
avant  la  date  requise.  Une  intéressante  discussion  s'engage  cepen- 
dant et  l'.Assemblée  est  d'avis  que  le  référendum  qui  a  servi  de 
point  de  départ  à  la  modification  des  épreu\es  du  Baccalauréat 
n'aurait  pas  dii  être  pris  en  considération  étant  donné  que  :  o) 
Les    questions     étaient    posées    le    plus    souvent     en     termes     trop 


BULLETIN   DE   l'ASSOCL\TIO\  235 

ViKjtn's  el  (ji'nénnrx  ;  —  />i  /<»  date  à  luiiuelle  il  <i  vu  lieu  ci  enii>c- 
</u'  les  non-mobilisés  d'y  prendre  part  ;  —  f»  les  intérimaires  de 
(jucrre  qui  y  ont  pris  part  en  très  ijrand  nombre  en  ont  pu' faus- 
Ni'r  le  résultat. 

En  conséquence,  l'Assenibléc  exprime  l'iivi.s  qu'il  y  aura  lieu 
<Tl)rès  les  deux  sessions  de  baccalauréat  de  juillet  et  octobre  pro- 
chain d'examiner  à  nouveau  et  dans  son  entier  la  question  des 
épreuves  de  langues  vivantes  et  de  demander  aux  |)rofesseurs 
leur  opinion  précise  sur  la  forme  (">  narration,  —  /»•  thème  et 
version)    qu'il    conniendrait    d'adopter    pour    les    éprennes    écrites. 

Il  y  aura  lieu  également,  propose  M.  Delattre,  d'examiner  sépa- 
ii-ment  les  opinions  des  professeurs  de  langue  allemande  et  celles 
ks   professeurs   de    hmgue    anglaise. 

Cette  importante  question  qui  n'est  aujourd'hui  qu'amorcée 
est  portée  à  l'tjrdre  du  jour  de  notre  réunion  de  novembre.  Le 
Président  de  la  Régionale  du  Nord,  .V.  F.  Delattre  accepte  de 
représenter  notre  Groupement  auprès  du  (Comité  central  de  l'Asso- 
v^iation.  Eu  son  absence,  cependant,  il  sera  remplacé  par  M.  Ser- 
vajean  qui,  sur  la  demande  qui  lui  en  a  été  faite  par  M.  Delattre, 
\cut  bien  remplir  les  fonctions  de  délégué  de  la  Région  lilloise 
à  Paris.  L'Assemblée  ratifie  ce  choix  et  adresse  à  M.  Servajcan 
>es   vifs   remerciements. 

Nous  passons  ensuite  à  l'ordre  du  Jour  de  la  séance  et  la  pan^lc 
^  st  donnée  à  M.  Bouclier  de  Boulogne  pour  la  lecture  d'un  rap- 
5'iirt  sur  la  question  des  retraites.  Le  rapporteur  examine  le  cas 
<les  professeurs  qui  ont  dû  interrompre  leurs  services  pour  aller 
préparer  à  l'étranger  leurs  grades  et  qui  ont  dû,  pendant  ce 
temps,  cesser  leurs  vers,ements  en  \ue  de  la  retraite.  Ce  rapport 
est  suivi  d'un  échange  de  vues  au  cours  duquel  il  est  constaté 
tjue  ces  fonctionnaires  n'ont  pas,  pendant  leur  absence,  rompu  le 
contact  avec  leurs  Facultés,  —  qu'ils  y  sont,  le  plus  souvent,  res- 
tés   immatriculés,  —   et    le   v(cu    suivant    est    voté   à    l'unanimité. 

•I  Les  Professeurs  qui  ont  interrompu  leur  service  sans  traite- 
ment pour  préparer,  à  l'étranger,  des  grades  universitaires  seront 
admis  (jusqu'à  (onvurrence  de  .'>'  années  comme  les  anciens  bour- 
siers de  licence  et  d'agrégation)  à  faire  un  versement  rétroactif 
comme  s'ils  avaient  bénéficié  d'un  congé  avec  traitement  de 
100  francs.   » 

L'ordre  du  jour  ai>pcllc  ensuite  la  discussion  de  l'extension  de 
l'électoral  et  de  l'éligibilité  aux  divers  conseils  de  l'enseignement. 
Le   vœu   suivant   est   adopté  : 

»  L'Assemblée  émet  le  vœu  que  les  Certifiés  d^  langues  vivan- 
tes soient  assimilés  à  leurs  collègues  Licenciés  et  Agrégés  pour 
lu  représentation  au.v  divers  conseils  universitaires  et  qu'ils 
])uissent    devenir    clecleurs    el    éligibles.    > 

L'Assemblée  aborde  enfin  la  discussion  d'un  important  rapport 
de  M.  Brocart  sur  la  situation  actuelle  de  renseignement  des 
langues  vivantes  dans  l'Enseignement  primaire  supérieur.  La  lec- 
ture de  ce  rapport  est  suivie  d'une  discussion  prolongée  après 
laquelle    les    propositions    suivantes    sont    adoptées    à    l'unanimité  : 


236  LES   LANGUES    MODERNES 

<•  La  Régionale  de  Lille   émet  le   vani  : 

I.  "  Que  l'épreuve  de  langue  vivante  soit  rétablie  à  l'examen 
oral  du    brevet  de   l'Enseignement  primaire   supérieur.  » 

II.  "  Que  l'enseignement  d'une  langue  vivante  soit  continué 
dans  les  2'  et  3'  années  des  sections  industrielles.   » 

III.  "  Que  l'épreuve  de  langue  vivante  redevienne  obligatoire 
aux  concours  d'admission  dans  les  Ecoles  d'arts  et  métiers  avec 
le  coefficient  minimum  de  1  et  que  la  note  obtenue,  quelle  qu'elle 
puisse   être,   soit   comptée    intégralement   au   candidat.   « 

IV.  "  Que  les  épreuves  de  langues  vivantes  écrites  et  orales  au 
brevet  supérieur  soient  maintenues  d(tns  l'intérêt  futur  des  Insti- 
tuteurs  et  Institutrices.   » 

V.  '<  Que  l'Administration  prenne  les  mesures  nécessaires  pour 
assurer  tous   les  horaires  prévus  par  les  règlements.  » 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée,  l'Assemblée 
ayant  fixé  sa  prochaine  réunion  au  jeudi  2't  novembre  i92i  à  - 
heures. 

Ordre  du  jour 
La    nouvelle    épreuve    écrite    aux    examens    du    baccalauréat. 
Lille,   le   28   avril   1921. 

Le   Président,  Le   Secrétaire, 

Floris  Delatthe.  Brocart. 


Section  Régionale  de  Lyon 


M.  Ehrhard,  professeur  de  langue  et  littérature  allemandes  à 
l'Université  de  Lyon,  a  bien  voulu  nous  exposer,  de  quelle  maniè- 
re il  comprenait  l'expression  si  lâche  de  thème  d'imitation  (en 
allemand).  Dans  les  textes  qu'il  a  été  appelé  à  choisir  pour  le 
baccalauréat,    il    a    observé    les    principes    suivants  : 

1)  faire  servir  pour  le  thème,  dans  la  plus  large  mesure  pos- 
sible,  le   vocabulaire    de   la   version  ; 

2)  obliger  l'élève  à  employer  sous  une  forme  grammaticale 
différente  les  mots  fournis  par  la  version,  par  exemple,  à  rempla- 
tfer  Un  singulier  par  un  pluriel,  un  verbe  au  présent  par  le  même 
verbe  au  passé,  ou  encore  à  chercher  le  dérivé  d'un  mot   simple  ; 

3)  obliger  l'élève  à  se  servir  de  certaines  tournures  relevées 
dans  la  version,  mais  en  changeant  l'ordre  de  la  construction,  par 
exemple,  en  transformant  une  proposition  principale  en  proposi- 
tion subordonnée  et  inversement. 

Naturellement,  le  vocabulaire  des  thèmes  n'a  pu  être  emj)riin- 
lé  entièrement  aux  versions,  mais  les  exceptions,  assez  rares, 
appartiennent  à  la  langue  usuelle  que  l'on  peut  supposer  connue 
de   tous. 

En  tout  cas,  M.  Ehrhard  a  toujours  sacrifié  l'élégance  du  fran- 
çaisyà  la  nécessité  de  se  mettre  à  la  portée  des  élèves. 

Cette  conception  du  thème  d'imitation  diffère  essentiellement 
de  celle  que   l'on  trouve  dans   les   seuls   recueils   parus  jusqu'à   ce 


BULLETIN    DE    L*ASSOCL\TION  237 

jour.  Il  nous  a  semblé  à  ce  titre  qu'elle  pouvait  intéresser,  non 
seulement  les  professeurs  d'allemand  de  l'Académie  de  Lyon, 
mais  enccre  tous  ceux  de  nos  collègues  qui  ont  à  préparer  aux 
nouvelles   épreuves. 


Section  Régionale  de  Nancy 


Assen)blée  générale  du  28  avril  1921 

Présents  :  M.  Babin,  Mme  Bianconi,  M.M.  Briquelot,  Bouchez, 
.Mlle  Bosc,  MM.  Chamoud,  Davoine,  .Mlle  Dosmond/  }il.  Duthil, 
Mlle  Foin.  MM.  Geoffroy,  Gobert,  GuiUin,  Hessc,  Hinzelin,  Hoel- 
linger,  Mme  Hirsch,  MM.  Krémer,  Maresquelle,  Mossé.  Michel, 
Petit.  Peyraube,  Rérat,  Rcyher,  Mlle  Richard.  Mme  Vitrey, 
.Mlle    Taboureau. 

Excusés  :  Mlle  Boulay,  MM.  Goulet,  Mattenet,  Mlles  Petit-Colas, 
Simon,    Siredey,    Mme    Violot,    MM.    ^'aillandet,    Vallbd,    Villemin. 

M.  Reyher  constate  qu'un  certain  nombre  de  détails  im])or- 
i;aits  restent  à  régler  pour  l'uj>pliialion  des  nouvelles  épreiwt'S 
(le  langues  niixintes  à  la  prochaine  session  du  baccalauréat.  Il 
i  st  indispensable  qu'une  entente  soit  réalisée  entre  les  profes- 
seurs de  l'Enseignement  supérieur,  les  doyens  des  facultés  des 
Lettres  et  des  Sciences,  et  qu'elle  soit  sanctionnée  par  une  note  de 
M.  le  Recteur  aux  chefs  d'établissements.  Il  est  impossible  de 
s'en  tenir  à  la  lettre  des  arrêtés  ministériels  qui  restent  muets 
sur- les    points    suivants  : 

1  '  M.  Geoffroy  demande  à  quel  moment  se  fera  l'option  des 
candidats  entre  la  dissertation  et  le  thème.  Cette  question  est 
j)arliculicrement  importante  pour  les  candidats  d'origine  alsa- 
cienne et  lorraine  de  l'Académie  de  Nancy.  Si  les  élèves  ont  la 
liberté  de  se  prononcer  au  moment  de  l'épreuve,  et  en  présence 
des  textes  proposés,  ils  hésiteront  et  se  décideront  peut-être  pour 
l'épreuve  à  laquelle  ils  ne  seront  pas  préparés  ;  aussi  est-il  dési- 
rable que  l'option  se  fasse  au  moment   de  l'inscription. 

2"  L'arrêté  du  12  mars  1920  prescrit  de  retirer  les  copies  de 
\ersion  avant  de  remettre  le  texte  du  thème,  mais  reste  muet 
sur  le  retrait  du  texte  même  de  ia  version.  Il  est  préférable  que 
ce  te.xte  ne  soit  pas  retiré  à  l'élève.  L'n  thème  dit  d'"  imitation  » 
doit  pouvoir  s'appujer  franchemti:;  sur  le  texte  de  la  version. 
Si  l'on  retire  le  texte  de  la  version,  le  candidat  cherchera  à 
apprendre  par  cœur,  ou  à  copier,  tout  ou  partie  de  ce  texte,  ce  qui 
nuira   à   la   loyauté   et    à   la   qualité   de   l'épreuve. 

3"  L'emploi  du  dictionnaire  en  langue  étrangère  sera-t-il  auto- 
risé pour  les  deux  épreuves  ?  M.  V.  Michel  fait  remarquer  que 
si  l'usage  du  dictionnaire  reste  autorisé  pour  le  thème,  la  valeur 
de  contrôle  de  cette  épreuve  se  trouvera  singulièrement  amoin- 
drie. M.  Maresquelle  demande  qu'à  titre  transitoire,  l'usage  du 
dictionnaire   reste   autorisé,   ce   qui   est    approuvé   par   l'.Xssemblée. 

M.    Peyraube    demande    dans    quelle    mesure    on    peut     admettre 

17. 


238  LES   LANGUES    MODERXES 

que  nos  élèves  se  servent  du  dictionnaire  eu  langue  étrangère. 
On  s'accorde  pour  reconnaître  qu'ils  ne  se  servent  ni  du  diction- 
raire,  ni  de  la  grammaire  en  langue  étrangère,  —  sauf  aux  com- 
I  ositions  et  à  l'examen.  Il  y  aurait  peut-être  là  un  point  de 
pédagogie  à  élucider.  Il  est  vrai  que  notre  méthode  a  précisé- 
ment pour  but  de  leur  faire  acquérir  un  vocabulaire  actif  qui  les 
dispense  de  recourir  au  dictionnaire.  M.  Bouche:  remarque  que, 
même  à  l'examen,  le  dictionnaire  deviendra  superflu,  lorsqu'on 
aura  délimité  le  vocabulaire  minimum  que  doit  effectivement 
posséder  un  candidat  au  baccalauréat.  Ceci  sera  prochainement 
réalisable  dans  l'Académie  de  Nancy,  grâce  au  recueil  de  poésies 
dii  à  la  collaboration  des  professeurs  d'allemand  du  lycée  de 
Nancy.  Ce  recueil,  qui  suivra  l'élève  de  la  sixième  en  Mathémati- 
ques et  Philosophie,  sera  suivi  d'un  glossaire,  renvoyant  pour  1-.^ 
sens  aux  poésies  apprises,  et  contenant  les  expressions  élémen- 
taires —  notamment  les  expressions  abstraites  —  que  devront 
posséder  les  élèves,  il.  Mossé  annonce  que  le  même  travail  se 
fait  pour  l'anglais.  M.  Bouchez  prépare  également  une  grammaire 
allemande  comprenant  des  exercices  d'acquisition  orale  suivant 
les  principes  de  la  méthode  directe,  des  séries  de  «  Merksâtze  <: 
extraits  du  recueil  de  poésies  du  lycée  de  Nancy,  d'un  exposé  en 
français  des  règles  grammaticales  acquises  par  l'expérience,  enfin 
d'exercices  écrits  en  allemand  pour  le  premier  cycle,  de  courts 
thèmes  d'imitation  pour  la   2*^  et  la   1". 

La  défense  de  notre  enseignement  :  M.  Reyher  expose  la  ques- 
tion et  demande  quelle  pourrait  être  notre  action.  Notre  ensei- 
gnement a  besoin  d'être  défendu  à  l'intérieur  même  de  l'Univer- 
sité. Pour  cela,  il  faut  que  notre  Association  soit  forte,  et  nous 
comptons  sur  la  vigilance  et  l'énergie  de  nos  représentants  à 
Paris.  Chacun  de  nous  peut  s'employer  à  dissiper  les  préventions 
qui  existent  contre  notre  enseignement  et  à  le  faire  mieux  con- 
naitre.  Mais  la  réponse  faite  spontanément  par  le  plus  grand 
nombre  de  nos  collègues  est  que,  pour  s'imposer  et  désarmer 
l'hostilité  à  laquelle  il  est  parfois  en  but,  notre  enseignement  doit 
tendre  toujours  à  s'améliorer,  à  devenir  toujours  le  meilleur 
possible.  Il  faut  qu'il  reste  essentiellement  vivant,  qu'il  multiplie 
et  qu'il  vivifie  notamment  par  le  choix  des  textes,  les  sources 
d'intérêt.  La  correspondance  en  langue  étrangère  (aboutissant 
parfois  à  l'échange  des  enfants),  les  séjours  à  l'étranger  doivent 
être  encouragés.  Mlles  Dosmond  et  Taboureaii,  M.  Rérat  donnent 
lies  précisions  intéressantes  sur  les  résultats  obtenus  dans  les 
classes  d'anglais.  Il  faut  surtout  que  notre  enseignement  soit  le 
plus  précis  possible,  et  échai)pc  définitivement  au  plus  grave 
reproche  qui  lui  ait  été  adressé.  M.  Mossé  signale  l'erreur  qui 
prétendait  donner  comme  but  à  notre  enseignement  le  bilin- 
guisme des  enfants  élevés  simultanément  dans  la  connaissance 
de  deux  langues.  Ces  enfants  ne  saxent  pas  passer  d'une  langue 
à  l'autre,  ni  se  rendre  compte  jiar  l'analyse,  de  la  correspondance 
exacte  des  idées  et  des  termes,  ce  qui  est  indispensable  à  un  en- 
seignement qui  prétend,  comme  le  nôtre,  à  une  haute  valeur 
intellectuelle.  Et  nous  y  atteindrons,  sans  tomber  dans  les  exer- 
cices livresques,  par  des  explications  aussi  serrées,  aussi  lucides 
que  possible   —   réalisables    même    en    langue    étrangère    avec    des 


j 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  239 

textes  bien  choisis  — •  et  suivies  de  contre-épreuives  rapides  : 
versions  et  thèmes  d'imitation.  La  majorité  de  l'Assemblée  est 
d'avis  de  ne  pas  attacher  une  importance  excessive  à  la  nature 
de  l'épreuve  du  baccalauréat.  Au  sujet  du  rôle  de  professeur  de 
langues  vivantes,  comme  professeur  d'humanités,  et  de  la  possi- 
bilité de  l'instituer  comme  professeur  principal  en  D  et  B  (dont 
il  faudrait  défendre  l'existence),  M.  Gobert  proteste  contre  notre 
procès-verbal  du  10-2-1921.  Il  revendique  la  possibilité  pour  le 
professeur  de  hmgucs  vivantes  de  donner  à  la  fois  l'enseignement 
du  français  et  d'une  langue  étrangère,  ce  qui  est  réalisé  dans  les 
collèges.  La  majorité  sembte  d'avis  que  la  question  du  professeur 
principal  peut  se  résoudre  par  les  conseils  de  classe.  Au  lycée  de 
Nancy,  des  tentatives  intéressantes  de  collaboration  entre  profes- 
seurs de  disciplines  diO'érentes  ont  été  faites  par  l'intermédiaire 
de  l'amicale. 

L'effort  pour  donner  à  notre  enseignement  le  plus  d'efficacité 
et  d'autorité  possible  serait  heureusement  complété  par  une  pro- 
pagande à  entreprendre  à  l'extérieur  de  l'Université.  M.  Mares- 
(jueUe  propose  d'instituer  une  enquête  auprès  des  grandes  asso- 
ciations de  la  région  nancéenne  (Chambre  de  commerce.  Société 
Industrielle  de  l'est,  etc.),  enquête  qui  nous  serait  probablement 
favorable.  M.  Peyruuhe  a  songé  à  s'adresser  aux  mêmes  associa- 
tions et  au  public  en  vue  de  la  création  de  bourses  de  voyage. 
Il  semble  que  les  deux  questions  puissent  être  liées.  Le  bureau 
est  chargé  de  former  une  Commission  qui  étudiera  la  question  et 
tâchera   d'aboutir  axant   les   grandes   \acances. 

Le    Président,  Le    Secrétaire, 

Paul    Reyheh.  J.   Pevraube. 

A  l'issue  de  la  dernière  Assemblée  générale,  il  a  été  décidé 
(jue  le  Comité  et  le  Bureau  de  notre  Section  régionale  se  consti- 
tueraient en  Comité  des  bourses  de  vacances  sous  la  présidence  de 
.V.  Maresquelle. 

fne  ])remière  réunion  a  eu  lieu  le  samedi  14-5.  Après  un 
échange  de  vues,  il  a  été  décidé  de  déterminer  d'abord  le  montant 
approximatif  de  ces  bourses,  d'après  le  cours  du  change  et  les 
conditions  de  la  vie  en  Allemagne  et  en  Angleterre,  de  faire  dans 
un  bref  délai  quelques  démarches  auprès  d'un  certain  nombre 
de  personnalités  nancéiennes.  Si  ces  démarches  abovitissent,  nous, 
tenterons  d'attribuer  quelques  bourses  pour  les  vacances  pro- 
chaines. 

Le    Comité. 


Nouveaux  adhérents 


M.  Geoffroy,  prof,  lycée,  Bar-le-Duc  ;  .V.  Chaux,  prof,  lycée  de 
Pau  ;  M.  Jean  Xorton-Cru,  prof,  de  français,  Williams  Collège, 
Williamstown,  Mass.  E.-L'  ;  Mlle  Tournier,  étudiante.  Paris  ; 
.V.  Gaillard,  prof,  angl.,  coll.  Epinal  ;  Mlle  Petitcolas,  prof,  ail.,  E. 


240  LES    LANGUES    MODERNES 

>>.  I.,  Nancy  ;  Mlle  Dauhic,  interprète  à  lionn  ;  Mlle  Moine,  prof, 
angl-,  E.  P.  S.,  j.-f..  Privas  ;  Mlle  Bnigel,  inst.  à  Ségur  (Aveyron); 
Mme  Boiidingoii,  à  Brest  ;  M.  Bcirat,  prof.  E.  N.  I.,  Alençon  ;  Mlle 
Diincdn,  prof,  lycée  j.  f.,  Grenoble  ;  M.  Faure,  prof,  ail.,  lycée  de 
Moulins  ;  M.  Fraîche,  prof,  angl.,  E.  P.  S.,  Talence  ^Gironde;  ; 
Mlle  Goisey,  prof,  collège,  Dreux  ;  M.  Trey,  prof,  ail.,  lycée 
Laou  ;  M.  Saye,  prof,  angl.,  Ijcée  Laon  ;  Mlle  Villurd,  E.  P.  S., 
filles,  Castelnaudary  ;  Mlle  Fenillat,  prof,  angl.,  E.  P.  S.  filles. 
Calais  ;  M.  Lemoine,  prof.  ail.  coll.,  Ste-Menehould  ;  M.  Turpin, 
professeur  collège,  Bischwiller  (Bas-Rhin >  ;  M.  Petit,  pro- 
fesseur E.  P.  S.,  Nancy  ;  Mlle  Picault,  E.  P.  S.,  Charolles  ; 
M.  F.  Restall,  Brockley.  London  ;  M.  Soiilet,  lycée  Laka- 
nal  ;  M.  E.  Riey,  prof,  angl.,  lycée  Talence,  Bordeaux  ;  Mlle  Costc, 
prof,  lycée,  Marseille  ;  M.  E.  Aiidru,  Directeur  de  l'Institut  fran- 
çais du  Royaume-L'ni  à  Londres  ;  M.  Petit,  prof,  anglais,  lycée 
Buflon,  Paris  ;  M.  Louis  Guillaume,  prof,  anglais,  lycée  Stras- 
bourg ;  Mlle  Monteil,  prof,  lycée  jeunes  filles,  Lille  ;  Mme  Herbin, 
prof,  collège.  Cambrai  ;  Mme  Huet,  prof.  Lille  ;  M.  le  Principal 
du  collège  de  Neufchâteau  ;  M.  Michel,  prof.  Université  de  Nancy  ; 
MM.  Hesse.  Mossé,  Mcdard,  Rérat,  professeurs  lycée,  Nancy  : 
M.  Chamoux,  censeur  du  lycée  de  Nancy  ;  Mlle  Simon,  prof, 
lycée  Jeaiine-d'Arc,  Nancy  ;  Mlle  Boulay,  prof.  E.  P.  S.,  filles. 
Nancy  ;  MM.  Daooine  et  Gnbriel,  professeurs  collège,  Lunéville  ; 
Mlle  Heywang,  prof.  E.  P.  S.,  Lyon  ;  Mlles  Chevron  et  Doussant, 
prof.  coll.  jeunes  filles,  Troycs  ;  Mlle  Moussic,  MM.  Mérat,  Fouret. 
Nida,  prof,   lycée   Troyes. 


->o<- 


SHAKESPEARE  ET  L'AME  ANGLAISE 


Xoits  faisant  Viiilerpvcte  des  scnlinwnts  tacites  de  nos 
lecteurs,  nous  avons  cru  devoir  adresser  ces  quelques  lignes 
à  M.  André  Chcvrillon,  te  jour  de  sa  réception  à  l'Académie 
Française  : 

«  ...Xous  noua'  réjouissons  aujourd'hui,  en  tant  que  pro- 
cesseurs de  Langues  Vivantes,  de  vous  voir  entrer  ii  l' Aca- 
démie, vous  l'un  des  premiers  parmi  les  Anglicisants,  et 
dussions-nous  commettre  le  péché  d'orgueil,  il  nous  semble 
que  c'est  un  peu  notre  enseignement  renouvelé  des  Langues 
Vivantes  qui,  en  votre  éminente  personne,  reçoit  ainsi  une 
sorte  de  consécration  littéraire.  C'est  cette  pensée  qui  nous 
encourage  «  vous  demander  si  vous  ne  pourriez  pas  nous 
donner  la  primeur  de  quelques  pages  du  livre  que  vous  allez 
publier  ces  jours-ci...   » 

M.  Chevrillon  a  bien  voulu  nous  envoyer  la  réponse  sui- 
vante : 

«  Je  suis  très  honoré  par  la  demande  que  vous  voulez 
bien  me  faire.  Je  me  considère  toujours  comme  contribuant 
pour  ma  petite  part  à  enseigner  une  langue  vivante,  c'est 
vous  dire  que  je  suis  de  cœur  avec  votre  association  :  j'y 
compte  d'anciens  camarades,  qui  sont  restés  parmi  mes 
meilleurs   amis... 

«  Je  suis  heureux  de  vous  présenter  quelques  pages  sur 
Shakesj)eare  et  l'Ame  anglaise,  détachées  de  mon  nouveau 
livre  :  i"cis  Etudes  de  Littérature  Anglaise  (la  Poésie  de 
Rudyard  Kipling  ;  John  Galsworthy  ;  Shakespeare  et  l'Ame 
angknse)...   » 

.4  notre  grand  regret  ne  pouvant  pas,  étant  contraint  à 
l'économie,  publier  intégralement  l'article  de  M.  Chevrillon, 
nous  nous  permettons,  avec  son  approbation,  de  faire  quel- 
ques coupures,  et  de  présenter  pour  les  raccorder,  pour  éta- 
blir un   fil,  quelques  petits  résumés   explicatifs  : 

L'auteur  montre  tout  d'abord  que  les  personnages  de 
Shakespeare  différent  du  type,  qui  passe  en  Angleterre 
pour  proprement   anglais   par   ce   trait   évident   de   leur  psy- 


242  LES   LANGUES   MODERNES 

chologie  :  l'abondance  impulsive  du  geste  et  de  la  parole. 
La  forte  discipline  de  l'âme  anglaise  moderne  leur  est  étran- 
gère. Ils  sont  plus  véhéments  et  plus  naturels.  Ce  sont  des 
hommes    de    la   Renaissance. 

Dans  la  poésie  de  Shakespeare,  M.  Chevrillon  reconnaît 
ensuite  certains  caractères  qui  se  rattachent  à  cette  partie 
de  la  littérature  anglaise,  que  les  Anglais  tiennent,  depuis 
Mcdthem    Arnold,  pour   d'essence   celtique. 

H.    S. 

L'idée  courante  aujourd'hui,  en  Angleterre,  c'est  que  cette 
race  a  donné  à  la  littérature  nationale  la  plupart  de  ses 
artistes  et  poètes,  et  que  si  l'autre,  lente,  muette,  tenace, 
fut  la  force  virile  du  pays  dont  elle  a  décidé  l'histoire  et 
le  succès,  celle-ci,  d'âme  mobile,  sensible  et  nuancée,  en 
représenterait  l'élément  féminin.  Féminin,  c'est  le  mot  dont 
usait  Renan  pour  définir  les  caractères  du  génie  celtique,  et 
les  Celtes  dont  il  parlait,  c'étaient  justement  et  seulement 
ceux-là,  ceux  d'Irlande,  de  Cambrie,  de  Cornouaille,  et  par 
conséquent  d'Armorique,  puisque  nos  Bretons,  au  sixième 
siècle,  furent  un  essaim  venu  d'outre-mer.  Peuples  à  part, 
cantonnés  depuis  des  millénaires  dans  ces  terres  qui  com- 
muniquaient à  peinqi  avec  le  reste  du  monde,  refoulés  depuis 
des  siècles  dans  les  extrêmes  pointes  de  ces  îles  et  pres- 
qu'îles où  les  influences  de  la  nature  sont  si  spéciales  et 
partout  les  mêmes.  Souffles  mouillés  de  l'Atlantique,  douceur, 
toujours  menacée  des  beaux  jours,  pâles  brumes  où  le 
monde  fond  comme  un  fantôme,  longue  désolation  des 
«  mois  noirs  »,  interminables  et  languides  crépuscules  d'été, 
incessante  poussière  d'eau  promenée  i)ar  le  vent,  énervants 
à-coujis  des  tempêtes  :  quiconque  a  vécu  dans  ces  pays 
avancés  d'Occident  sait  combien  de  telles  influences  peuvent 
agir,  à  la  longue,  sur  le  ton  de  l'âme,  troubler  en  elle  l'at^nx 
régulier  de  l'énergie  vitale,  la  tendre  et  la  détendre  en  des 
intermittences  de  passion  et  de  rêve,  d'enthousiasme  et  ((e 
découragement.  (À^la  ne  semble  pas  douteux:  les  Bretagut.-. 
sensibilisent  ;  une  certaine  neurasthénie  y  est  latente, 
comme  en  Russie  je  ne  sais  quelle  autre  névrose.  L'homme 
y  est  instable,  impressionnable,  étrangement  susceptible, 
enclin  à  méditer  et  presque  savourer  sa  tristesse.  Si  forte 
que  soit  la  charpente  du  corps,  la  physionomie,  un  certain 
évidement   autour   de   la   bouche,   traihiisent  une   délicatesse, 


SIIAKKSPKAKE    KT    l'.VME   ANGI.AISK  243 

presque  une  faiblesse  de  l'àme.  Le  regard  est  intérieur  ou 
voilé  :  une  mélancolie  s'y  attarde  et  subsiste  sous  la  fantaisie 
même  de  l'Irlamlais.  IVe  are  a  sad  aijed  people,  me  disait 
un    de   leurs    peintres. 

C'est  trop,  évidemment,  d'attribuer  à  cette  race,  comme 
on  le  fait  aujourd'hui,  presque  tout  l'élément  poétique  de  la 
littérature  anglaise.  Mais  dans  toute  l'histoire  de  cette  litté- 
rature, on  i)eut  reconnaître  et  suivre  une  certaine  lignée 
spirituelle,  dont  le  trait  constant  est  une  sorte  singulière  de 
rêve,  rêve  un  peu  fou,  tant  il  s'affranchit  des  réalités  de  la 
terre,  tant  le  monde  qui  s'y  évoque  est  illogique,  aérien, 
merveilleux,  comme  suscité  par  une  incantation  de  magicien, 
tant  les  choses  y  apparaissent  expressives,  pénétrées  de 
significations  nnsliques  et  qui  se  laissent  seulement  pressen- 
tir. C'est  un  peu  le  monde  enchanté  des  vieux  Mabinogion  ; 
des  musiques  y  passent,  que  l'àme  seule  peut  entendre  ; 
l'amour  et  la  fatalité  y  régnent  ;  la  nature  animée,  ordon- 
née régidièrement,  et  comme  d'elle-même,  y  parle  tout  bas 
à  l'homme  en  lui  donnant  des  signes  —  une  nature  où  tout 
revêt  des  apparences  surnaturelles.  Que  l'on  pense  à  cer- 
tains noms,  à  certaines  créations  de  la  littérature  et  de  l'art, 
au  Malory  de  la  Table  Ronde,  au  Spenser  de  la  Faery  Queen, 
au  Shakespeare  de  la  Xnit  d'été,  au  Blake  des  Chansons 
de  l'Innocence,  au  Keats  de  la  Veillée  de  sainte  Agnès,  au 
Shelley  d'Alastor  et  de  la  Sensitive,  au  Coleridge  du  Vieux 
Marinier,  au  Tennyson  de  la  Dame  de  Shalott,  au  Meredith 
de  Richard  Feverel,  au  Hardy  de  Tess,  au  Barry  de  Peter 
Pan  ;  que  l'on  se  rappelle  les  paysages  insubstantiels  et  les 
fantastiques  rayons  de  Turner,  les  chevaliers  et  les  vierges 
<le  Burne  Jones,  ses  décors  étranges  et  rythmés  comme  une 
incantation,  en  général,  tout  l'art  des  Préraphaélites  anglais, 
et  l'on  sentira  de  quelle  sorte  de  vision,  si  légère  et  mysté- 
rieuse, nous  voulons  parler  ici.  On  le  sentira  mieux  encore, 
si  l'on' considère  des  œuvres  de  lignées  très  différentes,  celles 
par  exemple  d'un  Defoe,  d'un  Hogarth,  d'un  Fielding,  d'un 
Constable  —  on  pourrait  ajouter  d'une  George  Eliot  et  d'un 
Arnold  Bennett  —  presque  hollandaises,  lentes  et  quelque- 
fois lourdes,  à  force  de  réalisme  patient,  évoquant  trait  à 
trait  tout  le  détail  individuel  d'une  àme  et  d'une  figure,  — 
ou  bien  encore,  celles  d'un  Milton,  d'un  Byron,  d'un  Carlyle, 
d'une  Brontë.  d'un  Kipling,  où  l'imagination  est  souveraine, 
mais  violente,  chargée   d'énergie   orageuse,   et   comme  soûle- 


244  LES    LANGUES    MODERNES 

vée  par  les  mouvements  passionnés  et  les  tensions  de  l'être 
personnel  et  volontaire. 

Le  rêve  dont  nous  voulons  suggérer  ici  le  sentiment  est 
bien  plus  doux  et  lumineux  ;  il  s'accompagne  d'un  état  d'âme 
tout  contraire  :  passif,  comme  sous  les  influences  d'une  mu- 
sique, entre  le  bonheur  et  la  mélancolie  ;  instable,  comme 
sous  les  inlluences  de  l'amour,  entre  cette  mélancolie  et  ce 
bonheur.  Mais  souvent  des  élans  capricieux  le  brisent,  de 
verve,  dç  danse,  de  folie,  de  chant,  de  lyrisme,  tels  ceux 
qui  passent  ou  jaillissent  dans  les  comédies  de  Shakespeare 
et  les  romans  de  Meredith  ;  on  pourrait  citer  des  exemples 
moins  hauts,  car  le  génie  qui  se  joue  en  ce  rayon  idéal  et 
dans  ces  fantaisies,  n'inspire  pas  seulement  quelques  rares 
artistes  supérieurs.  II  est  difïus  ;  on  le  retrouve  en  cent 
expressions  de  l'art  populaire,  et  par  exemple,  dans  toute 
la  littérature  de  la  nursery.  Nulle  part  il  n'en  est  de  plus 
riche,  de  plus  absurde  et  de  plus  charmante  :  tendres  con- 
tes bleus,  comme  celui  de  Peter  Pan,  comme  celui  d'Alice 
au  Pays  des  Merveilles,  où  le  monde  semble  vu  à  l'envers, 
ritournelles  et  couplets  où  les  images  de  la  campagne  ou 
de  la  bergerie  s'évoquent  sans  lien  logique,  où  la  rime  et 
le  rythme  font  tout  le  sens  —  rimes  folles,  rythmes  ensor- 
celants, anciens,  venus  on  ne  sait  d'où  (Bo-peep  est  déjà 
dans  Shakespeare),  charmes  jetés,  dirait-on,  par  des  fées  à 
l'enfance  - —  les  grand'mères  dans  notre  Bretagne,  les  vieilles 
mammoii  hoz  en  chantent  à  leurs  marmots  de  tout  pareils, 
sur  des  mètres  tout  semblables.  On  bien  c'est  l'enchante- 
jnent  des  pantomines  de  Noël,  où  se  plaisent  les  grandes 
personnes  :  grappes,  guirlandes,  chœurs  de  figures  virginales 
et  puériles,  envolées  >de  leurs  ailes  de  gaze  au  royaume  des 
nuages.  Et  encore  les  gigues  démoniaques,  venues  de  Haute- 
Ecosse,  du  pays  celtique,  les  verves  étourdissantes  ou  le 
comique  concentré,  les  graves  entrechats  des  clowns.  Et  c'est 
aussi  l'étrange  nostalgie  de  certaines  musiques,  chansons 
populaires  nées  en  Irlande,  au  pays  de  Galles,  où  se  mêlent 
les  infinis  du  désir  et  du  regret,  les  sentiments  du  passé, 
du  jamais  plus,  de  l'au-delà,  le  gonflement  du  cœur,  comme 
devant  la  mer  blêmissante,  au  long  crépuscule  du  nord, 
quand  un  navire  chargé  d'émigranls  s'en  va  baisser  à  l'ho- 
rizon. Et  puis  la  spiritualité,  les  chastes  et  pâles  ajjparitions, 
les  aspects  de  songe,  les  intentions  symboliques  de  l'art  le 
l)lus  aimé  du  public  —  bref  tout  ce  (jui  chante,  tout  ce  qui 


SUAKKSl'KAKi;    HT    J.'aMK   ANGLAISE  245 

«liuisc,  tout  ce  ([iii  vole,  lout  ce  qui  rêve,  chez  les  Anglai.s, 
d'étrange,  de  fantasque,  de  suave,  de  hors  la  terre,  et  dont 
un  raisonnable  Français  s'étonne,  comme  de  rencontrer  lout 
d'un  couj),  dans  la  foule  citadine  de  Londres,  une  fr'lo, 
froide   et   visionnaire   ligure   d'Ophélie. 

('ela,  c'est  le  magique  rayon  qui  vient  encore,  sous  des 
fumées  d'usines,  iriser  le  gris  et  le  noir  d'une  Angleterre 
disciplinée  pour  la  prose  et  pour  l'action.  Nulle  part  il  n'a 
jeté  de  feux  plus  vifs  que  dans  le  royaume  à  part  que  l'on 
apptjle  le  monde  shakespearien.  Ce  royaume  est  en  tous  les 
l'eux  où  se  jouent  un  printemps,  des  fleurs,  du  clair  de  lune, 
des  amoureux  et  des  poètes.  Watteau,  étincelant  et  mélan- 
colique, y  est  j)rince.  Mais  pour  en  connaître  les  couleu:'s 
propres,  celles  cju'a  rêvées  Shakespeare,  il  faut  avoir  vu 
tes  féeries  danser  et  voltiger  sur  une  scène  anglaise.  Trop 
de  raison,  d'art  étudié  et  conscient  de  ses  fins,  trop  de  civi- 
lisation intellectuelle,  font  obstacle  à  de  si  libres  mouve- 
ments, qui  semblent  ceux  de  la  Nature  tendant  d'elle-mên;e 
à  la  poésie,  comme  les  énergies  de  la  plante  à  la  fleui.  Il 
y  faut  le  .spontané,  la  fraîcheur  de  pétale,  les  yeux  de  rèvo 
et  d'innocence,  les  cheveux  dénoués,  les  lèvres  entr'ouvertes, 
toute  la  frêle  grâce  angélisée  (Angli  Angeli)  qui  se  révèle, 
avec  d'imprévu.'t  élans  de  danse,  en  des  enfants  et  des  jeunes 
filles  de  là-bas. 

Le  monde  shakespearien  :  le  mot  seul  est  un  sortilège 
qui  nous  enlève  à  la  terre.  On  revoit  la  légendaire  forêt 
des  Ardennes,  où  la  rumeur  du  monde  n'arrive  pas  ;  on  écoute 
le  vaste  silence,  les  cris  d'oiseaux  qui  le  remplissent,  si  doux 
au  cœur  fatigué  que  l'on  ferme  à  demi  les  yeux  pour  mieux 
s'en  pénétrer.  Dans  l'ombre  verte  où  le  sapin  se  mêle  à 
l'olivier,  le  vieux  duc  proscrit  sourit  à  sa  cour  :  bergers, 
poètes,  seigneurs  vêtus  en  Robin  Hood.  Jaques,  sentimental 
et  philosophe,  pleure  la  blessure  d'une  biche  innocente  {poor 
dappled  fool  '.),  ou  moque  méditativement  la  folie  des  hu- 
mains. (>e  fantasque  «  Monsieur  Mélancolie  »  échange  des 
saluts  et  des  soupirs  avec  Signor  Amour.  Rosalinde  dégui- 
sée, feignant  la  dignité  de  la  raison  masculine,  prétend 
guérir  son  Orlando  par  ses  railleries,  et  ne  rêve  que  de 
baisers.  (Cependant,  dès  chansons  çà  et  là  s'élancent,  com- 
me des  alouettes  hors  d'un  champ  de  fleurs,  épanchant  sur 
tout  le  poème  l'allégresse  et  la  fraîcheur  d'un  printemps 
anglais.  Et   i)uis,  tous  les   p.mants  qui   se   cherchaient   se  re- 


246  LES   L.\XGUES   MODERNES 

trouvent  ;  ils  s'assemblent  deux  à  deux,  et  leurs  couplets 
s'enlacent,  se  réjiondent.  Cadences  alternées,  variations  sur 
le  thème  éternel,  et  qui  redoublent,  s'exaltent,  s'exagèrent 
pour  nous  faire  sourire,  comme  dans  une  danse  figurée,  des 
gestes  trop  accomplis  de  passion.  Et  voici  maintenant  la 
profondeur  bleue,  le  frémissement  infini  de  la  Nuit  d'été, 
les  essaims  vaporeux  de  sylphes  et  les  hdlabies  de  fées,  les 
grâces  de  maître  Feur  des  Pois  et  de  messire  Graine  de 
Moutarde,  les  pâmoisons  de  Titania,  les  aimables  braie- 
ments  de  Bottora,  les  tendres  couples  humains  qui  se  nouent 
et  se  dénouent  sous  les  influences  de  la  fleur  magique.  Voici 
les  folles  farandoles  de  fées  et  de  lutins  autour  de  Falstafi" 
endormi,  le  mol  gazon  baigné  de  lune  où  rêve  Jessica.  Voici 
Windsor  et  les  caquets  de  ses  commères,  voici  Messine  et 
l'étincelante  escrime  de  Béatrice  et  de  Bénédict,  leurs  défis 
à  l'amour,  et  la  victoire  de  l'amour.  Voici  le  Conte'  d'hiver, 
la  Nuit  des  Rois,  tous  les  fabuleux  décors  de  ces  comédies 
aux  noms  charmants  de  proverbes  et  de  légendes.  Et  pour 
clore  la  fantasmagorie  shakespearienne,  après  tant  de  rêves 
divins  et  de  visions  terribles,  après  Othello,  après  Lear, 
après  Macbeth,  après  Hamlet,  les  dernières  incantations  de 
Prospero,  ses  adieux  à  ses  talismans,  les  mourantes  musiques 
d'Ariel  qui  s'éloigne,  et,  suprême  vision,  dans  la  solitude  de 
l'ile  enchantée,  l'émerveillement  de  Miranda  qui  ne  sait  rien 
du  monde  humain,  à  l'apparition  radieuse  du  prince,  et  puis 
son  extase,  ses  silencieuses  larmes,  et,  la  suprême  et  lumi- 
neuse réalité  de  la  vie  se  révélant  —  de  cette  vie  que  l'on 
a  vue  vaciller  sous  l'éclair  et  s'évanouir  dans  la  ténèbre  — 
le  ravissement,  à  son  sommet  virginal,  des  deux  êtres  éter- 
nels dans  l'éternelle  aurore  de  l'amour. 

L'étonnant,  en  ces  féeries,  c'est  leur  légèreté,  la  pronqjti- 
tude  ailée  du  rêve,  c'est  le  caractère  aérien,  diaphane,  des 
formes  évoquées,  comme  de  blanches  brumes  de  rosée  qui 
s'essorent  et  fondent  sous  une  pluie  de  rayons  matinaux  ; 
—  les  évocations  de  Shelley,  femmes,  fleurs,  paysages,  ont 
aussi  ce  caractère  de  mouvants  et  radieux  fantômes.  Et  c'est 
encore  la  délicatesse  et  la  flexibilité  de  cette  poésie,  la  nuan- 
ce changeante,  irisée  du  sentiment  qui  s'y  joue,  la  mélan- 
colie se  mêlant  à  la  joie,  l'émotion  à  l'humour,  la  tendresse 
aux  pétulances  de  l'esprit  ;  c'est  surtout  le  parti  pris  d'in- 
vraisemblance, le  non  jeté  par  le  poète  au  bon  sens,  à  l'ex- 
périence, à  la  raison,  la  pure  envolée  dans  un  monde  idéal 


shakespi!:ari-:  kt  i/ame  ANCii.AisE  247 

où  tout  est  comme  il  vous  plaira  —  et  peu  importe  l'impos- 
sible. Sur  ce  monde  aérien  scintille  l'étoile  qui  dansait 
quand    Béatrice    naquit. 

Par  tous  ces  traits,  la  fantaisie  shakespearienne  difTcre  de 
ces  fables  germaniques  où  le  sens  du  mystère  est  profond, 
mais  où  ne  passe  aucun  capricieux  coup  d'aile,  où  l'émer- 
veillement  e.st  passif  et  d'espèce  religieuse,  où  l'âme  ne  se 
joue  ])as  à  la  nature,  mais  se  recueille  pour  la  méditer  et  se 
laisser  pénétrer  de  lentes  influences,  de  vagues,  émouvantes 
sensations  ])anthéistes.  Elles  diffèrent  de  celles-là,  surtout, 
dont  les  fées,  nains,  diables,  kobolds  présentent,  comme  ceux 
que  l'on  voit  aux  tableaux  du  vieux  Breughel,  les  traits 
multiples  et  précis,  les  déformations  particulières  de  l'indi- 
vidu véritable  et  complet,  chacun  fixé  dans  sa  forme  et  son 
caractère,  âme  malicieuse,  sournoise,  cruelle  ou  amicale,  en- 
gagée dans  un  corps  de  matière  solide,  mêlée  dans  un  mon- 
de merveilleux,  mais  sérieux  et  dense,  à  des  aventures  où 
tout  se  passe  suivant  les  lois  du  logique  et  présente  les  ap- 
parences tangibles  du  réel. 

C'est  presque  le  même  contraste  que  nous  avons  noté  en- 
tre une  certaine  poésie  riuglaise  et  des  œuvres  bien  plus 
lentes,  morales  et  réalistes  (Meredith  et  Matthew  Arnold 
eussent  dit  anglo-saxonnes)  de  la  même  littérature.  Il  s'ex- 
plique peut-être,  si  l'on  se  rappelle  que  Shakespeare  naquit 
à  trente  lieues  du  pays  de  Galles,  au  bord  de  cette  rivière 
Avon  que  nos  Bretons  appelleraient  Aven.  \'est-il  pas  re- 
marquable qu'entre  tous  les  grands  écrivains  de  leur  langue, 
c'est  un  Gallois,  Meredith,  qui,  par  l'intensité  de  vie  de  ses 
créatures,  par  la  vérité,  la  logique  et  la  profondeur  de  sa 
IDsychologie  dans  l'arbitraire  et  presque  le  fantastique  des 
situations.  ])ar  la  rapidité  de  son  esprit  qui  devient  celui 
_ile  ses  personnages,  par  ses  caprices,  sa  verve  dansante,  le 
Soudain  et  la  hauteur  de  ses  essors,  rappelle  le  plus  Shakes- 
)eare.  Dans  le  dernier  de  ses  romans,  dont  le  titre  dit  l'idée, 
Meredith  oppose  justement  toute  la  souplesse  Imaginative 
lu  Celte  à  l'énergie  volontaire  et  concentrée  de  l'Anglo- 
Jaxon. 

Ce  n'est  pas  de  l'énergie  concentrée  qui  se  révèle  dans 
:e  que  l'on  découvre  de  la  personne  du  poète.  Il  fut  the 
jentle  Shakespeare,  l'un  de  ceux  dont  la  figure  inspire  à 
jui  les  fréquente  plus  de  tendresse  que  de  respect  —  my 
'ihakespeare,  disait  Ben  Jonson,  qui  fut  son  ami,  —  «  le 
loux  cygne  de  l'Avon  »,  probablement  une  âme  de  vouloir 


248  LES   LANGUES    MODERNES 

et  de  résistance  faibles.  Car  tant  de  sensibilité  tlexible,  une 
telle  aptitude  à  se  muer  idéalement  en  formes  différentes  ne 
supposent  pas  une  forte,  résistante  armature  morale.  L'amour 
lui  est  apparu  comme  une  maladie,  une  intoxication  dont 
rien  ne  peut  arrêter  le  jirogrès,  quelque  chose  comme  le 
développement  fatal  d'une  image  qui  naît  d'un  hasard  et 
dissout  dans  la  créature  toute  raison,  toute  puissance  de  se 
commander/  et  de  se  conduire.  Poor  worm,  thon  art  infectecl, 
dit  son  Prospero,  de  Miranda,  —  et  telle  est  la  triste  idée 
centrale  de  ses  plus  charmantes  comédies.  Telle  fut  certai- 
nement sa  propre  expérience.  Sous  les  prestiges  de  Mary 
Fitton,  il  fut  ^Antoine  aux  petites  mains  de  Cléopâtre.  An- 
toine, Roméo,  Jacques,  Pcsthumus,  Macbeth,  Hamlet,  tous 
ces  vivants  personnages  qu'il  n'a  certes  pas  observés,  copiés, 
dans  le  monde  extérieur,  mais  tirés  de  lui-même  pour  se 
délivrer  :  en  combien  d'entre  eux,  la  retrouvons-nous,  cette 
âme,  à  divers  moments,  en  diverses  attitudes  de  la  vie,  à 
divers  degrés  de  déséquilibre  !  —  âme  changeante,  multiple, 
impuissante  pour  l'action,  dénuée  de  force  et  de  volonté 
stables,  parce  que  trop  facilement  envahie,  possédée,  menée 
par   des   rêves... 

A  côté  de  ces  traits  particuliers,  explicables,  les  uns  par 
l'époque,  les  autres  par  une  influence  «  celtique  »,  M.  Che- 
vrillon  en  signale  un,  commun  à  toug  les  grands  personnages 
de  Shakespeare,  et  qui  lui  apparait  comme  un  caractère  gé- 
néral et  durable  de  l'àme  anglaise  :  l'abondance  de  la  vie 
intérieure.   Voici  la  fin  de  ce  chapitre  : 

Sans  doute  une  telle  conception  semble  paradoxale,  si 
l'on  ne  connaît  de  l'Anglais  que  les  dehors,  si  l'on  pense  à 
ceux  que  l'on  a  rencontrés  à  l'hôtel  ou  sur  des  paquebots 
—  à  tous  ceux-là  qui  ne  semblent  que  se  trop  bien  porter, 
dont  la  conversation  se  limite  aux  anecdotes  qui  circulent, 
dont  les  gestes  sont  connue  réglés  d'avance,  et  qui  trouvent 
plaisir,  à  l'âge  des  soucis  et  des  responsabilités,  à  pousser 
d'un  trou  à  l'autre,  sur  une  pelouse,  une  petite  balle  pen- 
dant des  heures.  Mais  il  ne  faut  jamais  oublier  deux  choses  : 
c'est  qu'en  ce  i)ays,  l'homme  intérieur  et  vraiment  person- 
nel diffère  beaucoup  de  l'homme  extérieur  et  social  ;  c'est 
que  toutes  les  règles  de  l'éducation,  tous  les  impératifs  de 
l'opinion    tendent   à   masquer   celui-ci    sous   celui-là.    Si    l'on 


SHAKESPEARE    ET    I.'AMI;    AN(.I.AISE  249 

connait  les  Korsyte  et  les  Pendyce  de  (ialsworlhy.  si  l'on 
se  rappelle  l'Austeii  Feverel  de  Meredith,  le  Doiiibey  de 
Dickens,  on  sait  à  quel  point  de  telles  âmes  peuvent  se 
dévorer  sans  que  rien  change  de  l'apparence.  Il  faut  pen- 
ser aussi  qu'à  l'origine  de  toutes  ces  disciplines,  il  n'y  a 
pas  seulement  une  idée  iîristocratique  de  forme  et  d'éti- 
(|uette,  mais  un  instinct  obscur  et  très  fort  des  conditions 
(le  la  santé.  Sans  doute,  par  l'cfTet  prolongé  du  régime  de 
sport  et  de  grand  air  que  comnumde  cet  instinct,  par  les 
suggestions,  sur  l'âme,  de  gestes  et  d'attitudes  voulues  et 
l'épétées  depui.s  si  longtemps,  l'homme  extérieur  a  pu  finir, 
en  bien  des  cas,  et  surtout  dans  la  gentry,  par  être  tout 
l'homme.  Mais  la  nature  tend  toujours  à  reparaître,  et  si  les 
mœurs  la  répriment  avec  tant  d'insistance,  c'est  qu'on  la 
pressent  dangereuse.  Dans  l'âme  anglaise,  l'excès  des  éner- 
gies —  puissances  de  rêve,  de  sentiment  et  de  passion,  celles 
(ju'ont  manifestées  avec  tant  d'éclat,  la  poésie,  le  drame  et 
le  roman  —  apparaît  comme  un  principe  général  et  latent 
de  déséquilibre.  Les  Anglais  s'en  doutent  bien,  qui  parlent 
avec  admiration,  non  seulement  de  la  raison,  mais  de  l'équi- 
libre, de  la  santé  foncière  de  l'esprit  français  —  French 
sanily.  Leurs  disciplines  leur  sont  nécessaires  ;  loin  d'elles, 
hors  du  milieu  qui  les  im])ose,  l'individu  devient  facilement 
étrange.  Il  est  contradictoire,  maïs  il  n'est  pas  faux  de  défi- 
nir l'homme  de  ce  pays,  tantôt  comme  une  créature  de  ru- 
che ou  de  troupeau,  qui  ne  songe  qu'à  copier  tous  ses  con- 
génères, tantôt  —  et  ce  fut  jadis  l'opinion  de  tous  les  peu- 
l)les  qui  ne  connaissaient  l'Anglais  que  séparé  de  son  milieu 
—  comme  un  individualiste  à  outrance  et  comme  un  excen- 
trique. 

L'excentrique,  il  abonde  en  Angleterre,  parfois  isolé,  mené 
l)ar  la  fantaisie  pure  ou  par  la  volonté  de  prendre  le  con- 
tre-pied des  mœurs  établies,  de  jeter  le  défi  à  la  convention 
et  à  la  société  —  ainsi  Byron,  ainsi  le  lord  Fleetwood  de 
Meredith,  —  plus  souvent  aflTdié,  en  clubs  et  sociétés,  à  ses 
pareils,  inventeur  de  nouvelles  morales,  de  nouvelles  reli- 
gions, de  nouveaux  régimes  de  vie,  sufTragiste  ou  scientiste 
chrétien,  réformateur  et  sauveur  de  la  société,  orateur  en 
plein  vent,  infatigable  apôtre  de  l'idée  qui  le  possède.  Ce 
type  est  surtout  de  l'espèce  religieuse  et  mystique  :  les  sec- 
tes qui  commencèrent  à  foisonner  au  seizième  siècle  n'ont 
cessé  de  le  manifester  ;  et  peu  importe  si  la  foi  qui  l'illu- 
mine, s'emploie  —  c'était  le  cas  de  Shelley  —  contre  la  foi. 


250  LES   LANGUES    MODERNES 

Il  est  fréquent  dans  le  roman,  notamment  chez  Dickens, 
et  l'admirable  Xevil  "Beauchamp  de  Meredith,  avec  l'exalta- 
tion continue  de  son  rêve  humanitaire,  son  indifTérence  totale 
aux  contingences  du  réel  et  son  total  oubli  de  lui-même,  en 
est  un   exemple  achevé. 

Ce  ne  sont  là  que  les  originaux  ;  mais  souvent,  chez  les 
autres,  vienne  une  secousse,  des  chagrins,  une  trop  longue 
solitude,  des  conditions  de  vie  trop  dures,  et  la  rupture 
d'équilibre  commence  à  se  produire.  C'est  la  sensibilité  qui 
s'exagère  et  la  volonté  qui  fléchit,  surtout  c'est  le  rêve  qui 
échappe  aux  freins  de  la  raison,  c'est  l'image  intérieure  qui 
s'impose,  grandit  d'elle-même,  se  projette  pour  le  voiler 
sur  le  monde  réel,  et  que  l'homme  suit,  passif,  hypnotisé, 
avec  des  yeux  qui  voient  ce  que  nous  ne  voyons  pas.  C'est 
une  certaine  contemplation  qui  s'absorbe  à  propos  de  tout 
sur  de  l'épouvante  et  du  mystère  —  celle  dont  le  danger 
fait  dire  à  Lady  Macbeth  :  «  Ne  regardez  pas  si  profondé- 
ment... Il  ne  faut  pas  penser  de  cette  façon  aux  choses,  ou 
elles  nous  rendront  fous.  »  C'est  un  élément  de  maladie, 
comme  en  Macbeth  et  Hamlet,  de  folie,  peut-être,  comme 
en  Lear,  mais  c'est  aussi,  comme  en  tous  ces  personnages 
excessifs  de  Shakespeare,  un  élément  de  poésie,  et  de  la  plus 
intense  qui  soit  :  lyrique,  métaphysique,  religieuse,  car 
l'exaltation  reste  intérieure,  excitatrice  d'activités  toutes  spi- 
rituelles, et  qui  s'entretiennent,  se  prolongent  —  rêves,  idées, 
sentiments,  intuitions.  Elle  ne  se  dépense  pas  au  dehors,  en 
gestes  soudains,  comme  chez  l'homme  du  Midi. 

Dans  la  vie  réelle,  de  tels  états  ne  sont  pas  rares  ;  on  les 
découvre  surtout  —  comme  dans  le  théâtre  de  Shakespeare 
encore  —  en  des  êtres  que  la  nécessité  a  menés  trop  dur. 
forcés,  hiinted,  driven.  L'armure  morale,  reçue  du  milieu 
et  de  l'éducation,  les  défenses  sociales  sont  tombées  :  l'âme 
nue  apparaît,  frissonnante,  devant  un  monde  qui  n'est  plus 
que  solitude,  ombre,  effroi,  i^rofondeur  tragique.  De  temps 
en  temps  les  journaux  donnent  le  testament  d'un  malheu- 
reux qui  s'est  jeté  dans  la  Tamise,  une  confession  de  con- 
damné à  mort  —  parfois,  à  propos  d'un  procès,  une  lettre 
de  passion  désespérée  :  le  pathétique  ne  peut  aller  au  delà. 
L'homme,  alors,  parle  comme  s'il  voyait  sa  vie  reculer  et  se 
détacher  de  lui  ;  il  est  seul  devant  l'abîme,  devant  son  Juge, 
ou  bien  devant  une  vision  qui  l'obsède  ;  et  dans  l'exaltation 
d'une  telle  heure,  rémotion  trouve  pour  s'exprimer  des 
accents,  tantôt  déchirants,  tantôt  d'une  paix  étrange,  solen- 


I 


SHAKESPEAKK    KT    L'aMK   ANGLAISE  251 

nclle,  et  déjà  comme  lointaine.  Je  me  souviens  d'une  lettre 
de  ce  genre,  écrite  par  un  jeune  homme  qui  avait  tué  sa 
liancée  et  qui  devait  être  pendu  (la  justice  est  stricte  et 
biblique  encore  en  Angleterre).  Il  la  revoyait,  comme  le 
malheureux  héros  de  Tennyson  voit  naître,  croître  lumineu- 
sement, s'efTacer,  revenir  dans  la  nuit  de  son  rêve,  la  face 
pâle,  obsédante  et  fixe,  les  paupières  closes  de  celle  qu'il  a 
perdue.  Il  parlait  de  son  crime,  non  comme  d'un  acte  em- 
porté de  passion,  mais  comme  d'un  geste  nécessaire  et  com- 
mandé. Il  avait  tué  par  .'anour»  avec  amour,  pour  que  sa 
fiancée,  qui  l'avait  trahi,  ne  vécût  pas  impure  :  il  la  voyait 
purifiée  par  la  mort  ;  il  n'y  avait  plus  en  lui  qu'adoration. 
Ortains  mots  ne  ressemblaient  à  rien  qu'à  ceux  d'Othello 
dont  le  cœur  gonfle  et  va  crever  devant  le  tendre  et  blanc 
cadavre  de  Desdémone  {Paie  as  thij  smock .'..,  Cold,  cold, 
iny  girl...  I  kissed  thee  ère  I  kill'd  thee). 

Si  l'on  veut  connaître,  non  pas  dans  un  moment  de  crise, 
mais  au  cours  d'une  vie  d'apparence  quelconque,  cette  ar- 
deur à  sentir,  à  souffrir,  à  se  tourmenter  d'images,  il  faut 
lire  h'autobiographie  de  Mark  Rutherford,  un  grand  poète 
dont  la  destinée  a  fait  un  commis,  et  qui,  sous  la  domination 
d'un  patron  sans  pitié,  dans  un  sous-sol  de  Londres,  où  il 
gratte  avec  d'autres  du  papier  pendant  dix  heures  par  jour, 
revoit  des  paysages,  s'efforce  de  se  muer  en  machine,  se 
languit  de  rêve  et  de  sentiment  refoulé,  et  meurt  peu  à  peu, 
comme  l'oiseau  captif  de  Keats,  l'aigle  malade,  rongé  du 
regret  de  l'espace.  Pour  rencontrer  des  états  analogues,  mais 
en  des  êtres  infiniment  plus  passifs,  et  qui  n'ont  pas  appris 
à  se  réprimer,  il  faut  aller  à  l'autre  bout  de  l'Europe,  chez 
ces  Slaves  auxquels  on  ne  cesse  de  penser,  quand  on  com- 
mence à  pénétrer  ces  dessous  profonds  de  l'àme  anglaise. 
Seuls  au  monde,  ces  deux  peuples  présentent  le  caractère  de 
l'imagination  que  l'on  peut  appeler  visionnaire,  et  qui  se 
traduit  souvent  dans  le  regard.  Rappelez-vous  celui  de  Cha- 
liapine,  quand  il  jouait  Roris  Godounov,  ce  Macbeth  slave, 
qui  chancelle,  gorgé  d'horreurs  (en  Moussorgsky  comme 
dans  le  créateur  de  Raskolnikoff,  il  y  avait  du  Shakespeare). 
Regard  mystique  aussi,  comme  si  le  monde  sensible  s'éva- 
nouissant,  une  indicible  réalité  se  révélait.  De  là,  peut-être, 
tant  de  sectes  étranges  qui  pullulèrent  en  Russie  comme  en 
Angleterre  :  le  gouvernement  anglais,  pendant  la  guerre,  a 
découvert  qu'il  lui  fallait  compter  avec  ses  Donkhobors. 

En   Russie,   l'étrange   élément   dont   nous    parlons    est   évi- 


252  LES    LANGUES    MODERNES 

dent.  Si  l'on  doutait  de  son  importance  chez  les  Anglais,  il 
sufTirait  de  rappeler  ce  que  furent  les  ardeurs  hallucinées 
.des  puritains,  shakers,  méthodistes,  salutistes,  les  délires  col- 
lectifs des  grands  revivais,  et,  de  plus,  que  la  plupart  des 
faits  et  documents  de  spiritisme  et  de  télépathie  viennent 
de  ce  pays,  —  que  ses  campagnes  et  ses  manoirs  sont  encore 
hantés  de  fantômes  connue  le  théâtre  de  Shakespeare.  Il 
suffirait  de  rappeler  ce  qu'est  l'obsession  du  mystère  et  le 
pressentiment  du  surnaturel  tout  au  long  de  la  littérature 
anglaise,  le  fantastique  et  solennel  rayon  dont  s'enveloppent 
tels  contes  de  Kipling,  telles  évocations  de  Dickens,  tels 
poèmes  d'Edgar  Poe  (qui  fut  de  souche  toute  anglaise»,  de 
Coleridge,  de  Shelley,  de  Blake.  Les  figures  infernales,  le 
Satan  même  de  Milton  y  baignent  aussi,  prenant  dans  leur 
vaporeuse  immensité  je  ne  sais  quels  aspects  de  spectres 
surhumains.  C'est  la  clarté  où  le  prince  de  Tennyson  voit, 
en  de  soudains  accès,  la  substance  des  choses  fondre,  et 
sa  propre  personne  se  révéler  fantôme  —  et  telle  fut  la  cons- 
tante vision  qu'eut  Carlyle  de  l'homme  et  de  l'univers  :  une 
apparence,  une  procession  d'apparences  qui  n'émergent  de 
la  ténèbre  que  pour  y  retomber.  A  l'état  intermittent  ou 
chronique,  tous  les  écrivains  que  nous  venons  de  nommer 
sont  des  voyants  ;  les  facultés  que  manifestent  leurs  œuvres 
sont  l'opposé  de  la  raison,  c'est-à-dire,  de  ce  qui  nous  ap- 
paraît comme  la  santé.  Quelques-uns  comme  Poe,  Cowpcr. 
Swift  furent  des  malades.  Rien  d'étonnant  s'ils  excellent  à 
peindre  les  états  étranges  ou  extrêmes  de  la  vie  mentale 
ou  morale,  les  paroxysmes  de  l'émotion,  les  crises  et  tem- 
pêtes de  l'âme  où  elle  finit  par  sombrer.  La  littérature  du 
peuple  qui,  plus  que  tout  autre,  aujourd'hui,  pratique  le 
culte  de  la  santé,  a  plus  que  toute  autre  évoqué  ces  désor- 
dres où  les  forces  intérieures  de  l'homme,  parce  qu'elles  ne 
se  font  plus  équilibre,  se  révèlent  dans  toute  leur  saisissante 
grandeur. 

C'est  ici  le  royaume  même  de  Shakespeare,  dont  chacun 
de  ces  poètes,  par  un  trait  ou  par  un  autre,  semble  émaner. 
Lyrisme,  sentiment  obsédant  des  réalités  morales  et  du 
mystérieux  au-delà,  imagination  concrète  et  rêve  visionnaire, 
aptitude  à  ])énétrer  dans  les  âmes,  intuitions  i)rofondes  et 
dramatiques  des  dangereuses  énergies  qui  couvent  en  elles, 
sous  les  calmes  surfaces  de  la  raison  et  de  la  civilisation 
—  tous  ces  ])ouvoirs,  qui  sont  à  divers  degrés  les  leurs,  se 
rassemblent  dans  le  sien,  qui  seul  est  souverain.  Pour  Tainc. 


SHAKESPEAIU:   ET   l'aME  ANGLAISE  253 

c'est  ce  dernier  trait,  la  puissance  à  faire  apparaître  les 
dessous  profonds  de  la  créature  spirituelle  en  la  boulever- 
sant, qui  fait  la  grandeur  incomparable  du  théâtre  de  Shakes- 
peare. Sans  doute,  on  peut  découvrir  en  Taine  une  trace  de 
ce  romantisme  dont  il  a  dénoncé  le  poison,  mais  qu'il  avait 
goûté.  Dans  la  création  shakespearienne,  il  acclamait  une 
œuvre  qui  procède  de  l'imagination  intuitive,  et  non  pas 
de  la  raison  —  moins  encore  de  cette  raison  classique  dont 
il  a  dit  les  vertus,  mais  dont  il  a  si  souvent  répété  les  insuf- 
fisances et  marqué  les  limites.  De  plus,  il  était  psychologue, 
et  son  analyse  de  l'esprit,  poursuivie  jusque  sur  les  sujets  de 
la  Sal'pètrière,  l'avait  amené  à  cette  thèse,  que  l'homme  est 
fou  par  nature,  et  que  la  perception  extérieure  est  une  hallu- 
cination vraie.  Le  théâtre  du  grand  poète  anglais  vérifiait 
toutes  ses  conclusions.  Non  seulement  il  n'était  pas  un  pro- 
duit de  la  raison,  mais  la  raison  y  apparaissait  comme  un 
équilibre  instable,  la  déraison  comme  l'état  naturel  où 
l'homme  tend  toujours  à  retomber.  La  psychologie  y  sortait 
de  la  pathologie. 

C'est  là,  dira-l-on,  un  point  de  vue  trop  particulier,  celui 
du  spécialiste  admirant  en  un  poète  une  intuition  soudaine 
et  juste  de  l'objet  que  lui-même  a  méthodiquement  étudié. 
Mais  l'objet  dont  il  s'agit  ici,  c'est  tout  simplement  l'hom- 
me, l'homme  intérieur,  essentiel  ;  et  c'est  pourquoi  le  point 
de  vue  spécial  se  confond  ici  avec  le  point  de  vue  général, 
humain,  —  avec  le  point  de  vue  dramatique  aussi.  Car  le 
drame  est  dans  les  -âmes,  et  le  degré  de  sa  puissance  se  me- 
sure à  la  fois  au  degré  de  leur  vérité,  et  au  degré  de  leur 
tragique.  Or,  le  tragique,  ici  c'est  le  malheur  qui  les  attaque  ; 
c'est  le  choc  qu'elles  en  reçoivent,  d'autant  plus  grand,  plus 
puissant  à  exciter  notre  horreur  ou  notre  pitié,  que  nous  le 
voyons  se  jiropager  plus  pi-ofondément  en  elles,  les  ébranler 
de  souffrance  et  d'émotion,  les  renverser  peut-être  pour  tou- 
jours. Car  la  souffra'nce  et  l'émotion  sont  bien  des  principes 
de  désordre  et  de  maladie.  Elles  se  prennent  à  la  raison,  à 
la  volonté,  pour  en  dissocier  peu  à  peu  ou  brusquement  les 
synthèses,  pour  déclencher  le  jeu  automatique  des  impul- 
sions, des  images,  du  rêve.  On  peut  préférer  des  spectacles 
contraires,  un  théâtre  où  tout  soit  discipline  sociale  et  per- 
fection de  l'esprit,  expression  noble  et  mesurée,  nuance 
délicate,  raisonnement  bien  lié  et  mené  jusqu'au  bout.  On 
peut  préférer  l'ordre  à  la  violence  et  la  civilisation  à  la 
nature. 

18. 


254  I^ES    LANGUES    MODEKNES 

Mais  si  parfait  que  soit  un  tel  art,  l'effet  dramatique  eu 
est  moins  puissant.  Car  puisque  \st  tragédie  est  dans  les  âmes, 
plus  violents  et  profonds  seront  ses  effets  sur  les  âmes,  et 
plus  elle  sera  grande,  —  et  pour  atteindre  à  l'extrémité  du 
tragique,  il  faut  aller  jusqu'à  la  ruine  des  âmes.  Et  il  faut 
que  tout  se  passe  suivant  les  démarches  logiques  et  secrètes 
de  la  nature  et  de  la  vie.  Il  faut  que  dans  un  roi  Lear  nous 
sentions  d'abord  l'âge  et  le  tempérament,  la  capricieuse  im- 
patience, la  tyrannique  faiblesse  du  vieillard  impulsif,  sen- 
sible et  passionné  II  faut  que  nous  apparaisse  l'ébranlement 
immédiat  produit  par  le  premier  coup,  la  soudaine  profon- 
deur de  l'atteinte  et  du  déséquilibre,  comme  d'un  chènt- 
séché  par  le  temps,  que  la  hache  a  touché,  et  dont  la  fissure 
aussitôt  s'étend  jusqu'à  la  base.  Qu'on  nous  montre  tout  le 
retentissement  de  l'émotion  excessive,  la  fièvre,  le  geste  qui 
se  précipite,  la  pensée  qui  s'accélère,  le  tremblement  de  la 
barbe  blanche,  les  furieux  départs,  en  tempête,  et  les  retours 
automatiques  du  vieux  roi  ramené,  comme  eh  rêve,  sur  la 
scène,  par  l'idée  qui  l'exalte  et  le  possède.  Voyons  la  folit 
naissante,  l'étrange  et  presque  solennelle  terreur  de  l'homme 
qui   la   sent   obscurément  monter   en   lui  : 

Xot  mad,  siveet  Hpaven  !  I  ivoiild  not   be   inad  I 

Et  puis  la  seconde  atteinte,  le  déchaînement  redoublé  de 
la  passion,  les  moments  subits  de  calme  :  calme  tendu,  me- 
naçant, terrible  comme  au  centre  d'un  cyclone. 

/    will   not    trouble    thee,    mij    child,    farewell, 
^\'e'll  no  more  meei,  no  more  see,  each  other... 

Quel  pathétique  alors  de  la  démence  déclarée,  de  la  scène 
inouïe  sur  la  lande,  sous  l'éclair  et  le  tonnerre,  dans  la 
solitude  et  la  nuit  où  le  vieil  homme  jette  son  délire,  et  le 
boufïon  ses  ironies  !  Enfin,  après  les  frénésies,  l'apaisement, 
l'épuisement,  les  paroles  murmurées  tout  bas,  presque  en- 
fantines dans  la  ruine  de  la  volonté,  quand  l'âme  n'est  plus 
que  chose  passive  et  sentante,  quand  rien  pour  elle  ne 
subsiste  plus  du  monde,  (juc  l'ainuinte,  calmante  présence  de 
Cordclia,  connue  d'une  tendre  main  voilant  les  yeux  sur  un 
front   malade  : 

...Corne,  let's  away   lo  prison  : 
We  tu'o  (donc  n>ill  sukj  likc  birds  i'  Ihe  cage  : 


1 


SIIAKE.S1>EAHE    KT    L'AME   ANGLAISE  255 

\\  Jii'ii  llion  dosl  asL-  me  blessiny  VU  kneel  doivii 
And  ask   o/"   thee   forr/iveness  :   so   we'll   Hue, 
And  pria/  and  sine/,  and  tell  old  laies,  and  laugh 
Al  (jilded  Initlerflies... 

Et  pour  tout  achever,  devant  la  jeune  lille  qui  ne  respire 
plus,  la  contemplation  agenouillée,  absorbée,  obstinée,  avec 
le  seul  souvenir  de  la  voix  qui  mettait  la  i)aix  dans  son 
-cœur  : 

...Her  voice  a>as  euer  soft, 
Gentle  and  lou>  —  an  excellent  Ihinç/  in  wonxan... 

Rien  que  ce  souvenir-là,  et  le  mortel  sentiment  du  jamais 
plus,  où  ce  vieux  cœur,  entre  des  paroles  si  douces,  si  len- 
tes,  si  intenses,  finit  par  crever  : 

...Thon  II   corne   no   more 
S'ever,   never,   ncver,   never,   never  I 
Pray  you   undo   this   ballon,   thank  yoii,   sir  — 
Do  you  see  this  ?  Look  on  her,  —  /ooA%  —  her  lips  — 
LooA-   therc,   look   there  !   — 

{Die  s). 

Plus  purement  psychologique  encore,  est  le  drame  dans 
Hamlet  :  drame  d'inaction,  non  d'action,  —  l'exagération 
du  rêve  et  de  la  pensée  chez  le  prince,  la  tendance  constante 
de  l'énergie  spirituelle  à  se  dépenser  en  idées  et  images,  de 
rémotion  à  en  précipiter  le  jeu.  paralysant  en  lui  la  faculté 
tl'agir,  en  sorte  que  la  tragédie  n'est  que  cela  :  le  graduel 
efTet  de  désorganisation  produit  en  un  certain  caractère  par 
l'idée  obsédante  d'un  certain  devoir  dont  il  n'est  pas  capa- 
ble. Et  cette  histoire  d'âme  n'est  si  émouvante  que  parce 
qu'elle  est  si  fatale  et  si  vraie.  A  cet  esprit  noble  et  médita- 
tif, qui,  dès  le  début,  se  révèle  isolé,  concentré  déjà  dans 
la  douleur  et  le  soupçon,  mais  dont  la  faiblesse  ne  se  mon- 
tre pas  d'abord  (voyez  la  précision  serrée  de  son  interroga- 
toire, quand  Horatio  et  les  deux  soldats  lui  révèlent  ce  qu'ils 
ont  vu),  l'apparition,  les  paroles  du  fantôme  ont  imposé  une 
secousse  terrible,  et  les  effets  de  désordre  —  incohérence 
de  parole,  agitation  du  geste,  demi-folie  du  rire  —  se  mani- 
festent aussitôt.  Le  reste  suit,  mené  par  la  seule  nécessité 
psychologique,  d'autant  plus  évidente  que  Shakespeare  a  pris 
soin,  dans  Hamlet  comme   dans  Lear,   de  placer    à   côté   du 


256  LES    LANGUES    MUDEHNES 

héros  le  plus  tragique  un  personnage  secondaire  (Laertes^ 
Gloucester)  dont  la  situation  est  justement  la  même,  et  dont 
le  drame  pourtant  est  différent,  simi^lement  parce  que  sa 
.structure  d'âme  est  tout  autre.  Mais  en  Macbeth,  l'assassin, 
des  dispositions,  une  maladie  très  analogues  à  celles  d'Ham- 
let  reparaissent  :  l'homme  est  faible,  enclin  au  rêve,  à  la 
méditation,  lui  aussi,  —  encore  plus  facilement  obsédé 
d'images,  sans  résistance  contre  d'impérieuses  suggestions. 
Voyez  celles  que  lui  jettent  les  sorcières,  s'emparer  du  pre- 
mier coujD,  de  lui  —  et  puis  l'idée  fixe  naitre,  grandir  et,  si 
vite,  l'absorber,  l'isoler.  Voyez  la  domination  sur  lui  d'une 
volonté  supérieure,  —  lady  Macbeth  qui  le  reprend  comme 
un  enfant,  et  le  mène  intlexibleraent  jusqu'à  l'acte  :  un  acte 
qui  dépasse  ce  que  ses  nerfs  et  soni  imagination  peuvent  sup- 
porter. Car,  au  fond,  ce  meurtrier  est  un  poète.  Dans  l'ins- 
tant qui  suit  le  crime,  ce  qu'il  pressent,  ce  qu'il  perçoit,  en 
retrouvant  la  paix  immense  de  la  nuit,  en  écoutant  son  infini 
silence,  comme  il  écoutait,  immobile,  hagard,  la  peur  des 
deux  valets  {listening  their  fear)  —  ce  qu'il  rêve,  en  regar- 
dant ses  mains,  dont  le  rouge  lui  «  arrache  les  yeux  >i ,  et 
lui  semble  envahir  peu  à  peu  le  monde,  ce  qui  le  secotie 
quand  passe  le  cri  lointain  de  la  chouette,  tout  cela,  c'est 
le  commencement  de  la  inaladie,  sans  doute,  mais  c'est  la 
plus  tragique  et  mystérieuse  poésie  qui  soit.  Musset  s'en  est 
inspiré,  et  presque  tout  le  théâtre  de  Maeterlinck  nous 
répète  l'obscure,  secrète  et  haletante  émotion  de  cette 
scène. 

Un  tel  personnage  n'est  pas  seulement  un  poète  :  c'est  un 
voyant.  En  Macbeth,  comme  en  Hamlet  et  Prospère,  se  ré- 
vèle l'étrange  faculté  d'intuition  métaphysique  que  nous 
avons  vu  se  traduire  à  divers  moments  de  la  littérature  an- 
glaise. Sous  les  yeux  hallucinés  du  chef  qui  a  forcé  sa  na- 
ture en  tuant,  du  prince  qui  doit  forcer  la  sienne  pour  tuer, 
comme  sous  le  profond  regard  de  l'enchanteur,  la  réalité  des 
choses  s'évanouit,  et  sur  le  théâtre  shakesi^earien,  nous 
reconnaissons  le  rayon  spectral  —  le  mêmei  que  Carlyle  a  vu 
se  projeter  sur  les  perspectives  et  les  multitudes  de  l'His- 
toire. L'homme  est  une  ombre  qui  marche,  la  vie,  une  ilam- 
me  brève,  qui  s'allume  et  tremble  un  instant  entre  deux 
néants,  —  c'est-à-dire  ce  que  nous  savons  aujourd'hui  :  un 
phénomène,  une  pure  forme  dont  la  matière  toujours  est  en 
train  de  passer  ;  et  cette  matière  même,  qu'est-elle  qu'une 
apparence  ?  Le   temps,   c'est   un   banc   de    sable,    émergeant 


SHAKESI'KAKE    ET    L'aME   ANGLAISE  257 

dans  un  océan  sans  liniil3.  Et  le  monde,  aussi,,  se  tisse  de 
la  même  étofTe  que  nos  >èves.  Comme  les  esprits  de  Pros- 
pcro  ont  fondu  dans  l'azur,  comme  toute  l'insubstantielle  évo- 
cation du  magicien,  chaque  chose,  «  ce  vaste  globe  lui- 
même,  oui,  et  tous  ceux-là  qui  le  possèdent,  vont  dispa- 
raître sans  laisser  un  vestige.  »  Mais  si  tout  s'évanouit  dans 
le  gouffre,  tout  en  sort  éternellement,  comme  sur  le  théâtre 
de  Shakespeare,  quand  Hamlet  et  tous  les  héros  sont  morts, 
le  rideau  ne  se  baissant  pas,  nous  voyons  continuer  la  vie 
et  se  préparer  un  nouvel  ordre,  de  nouvelles  destinées. 
L'abîme  n'est  pas  vide  ;  une  indicible  et  solennelle  réalité 
s'y  laisse  pressentir  :  la  Puissance  fatale  qui  mène  toute 
tragédie. 

Voici  donc  s'ouvrir  la  profondeur  d'ombre,  celle  dont  le 
mystère  a  tourmenté  tous  les  hommes.  On  la  pressent,  on 
la  découvre  partout,  derrière  la  fantasmagorie  du  poète. 
Tous  les  rêves  de  ses  créatures  s'achèvent  dans  le  rêve  sans 
fin  que  chaque  race  a  peuplé  de  ses  figures  et  symboles, 
celui  que  les  Puritains  commençaient  à  fixer,  pour  s'en  ob- 
séder, à  l'idée  du  Dieu  biblique  et  de  sa  loi  rigoureuse.  Ce 
Dieu  particulier  n'apparait  pas  dans  l'œuvre  de  Shakespeare; 
le  rêve  reste  général,  non  pas  seulement  métaphysique,  pour- 
tant, mais  religieux,  parce  qu'il  s'accompagne  de  cette  émo- 
tion, de  ce  tremblant  besoin  de  l'infini  et  de  l'éternel  (there's 
nothiiiff  serions  in  mortalily),  de  cet  appétit  de  justice,  après 
toutes  les  injustices  de  la  terre  —  de  cette  mélancolie  et  de 
cette  lassitude  aussi  {this  world-wearied  flesh),  de  cette 
méditation  du  sens  de  la  vie  et  de  la  mort,  enfin,  qui  n'ont 
jamais  cessé  d'inspirer  la  poésie  et  la  pensée  de  l'Angle- 
terre, et  qui  font  la  vivante  réalité  de  sa  religion.  C'est  l'hon- 
neur de  ce  peuple  d'avoir  été,  depuis  son  origine,  plus 
constamment  que  beaucoup  d'autres,  hanté  par  le  mystère. 
Mais  c'est  la  noblesse  de  l'homme  de  s'inquiéter  du  mystère. 
Parce  qu'il  l'a  sondé,  comme  notre  Pascal,  avec  tant  d'in- 
sistance et  d'anxiété,  Shakespeare  parle  à  tous  les  hom- 
mes, et  le  trait  le  plus  anglais  de  ce  génie  en  est  aussi  le  plus 
humain. 

André  Chevrillox. 
De   l'Académie   française. 


M.  Herriût  et  les  Humanités  Modernes 


Nous  ne  connaissons  pas  assez  nos  amis.  Les  adversaires 
des  humanités  modernes  se  rappellent  assez  fréquemment  à 
notre  bon  souvenir,  soit  par  quelque  honnête  diatribe,  soit 
par  leur  gémissement  rétrospectif.  L'on  s'instruit,  l'on 
s'amuse.  Ceux  qui  nous  veulent  du  bien  sont  au  contraire 
d'une  telle  discrétion  qu'on  a  peur  d'offenser  leur  modestie 
en  attirant  sur  eux  l'attention  du  public.  Osons  leur  faire 
cette  douce  violence,  sous  peine  d'être  taxés  d'ingratitude. 
Ne  craignons  pas  d'évoquer  leur  image.  Nous  verrions  d'un 
bon  œil  instituer  parmi  rous  un  muezzin  des  temps  nou- 
veaux qui,  face  au  soleil  levant,  proclamerait  leurs  noms  à 
époques  réglées.  Nous  pouvons  toujours,  à  défaut,  et  plus 
jnodestement,  ouvrir  ici-même  une  rubrique  spéciale  où  figu- 
reront tous  ceux  qui,  par  la  plume,  les  paroles,  les  actes  se 
sont  montrés  nos  plus  chaleureux  défenseurs.  Il  ne  nous  de- 
plait  nullement  d'inaugurer  cette  galerie  de  portraits  en  pré- 
sentant à  nos  lecteurs  un  de  nos  plus  sympathiques  parti- 
sans, et  en  les  invitant  à  méditer  avec  nous  des  doctrines 
pédagogiques  fort  ingénieuses  où  la  vérité  et  le  paradoxe 
font  ensemble  fort  bon  ménage,  et  où  la  sagesse  de  l'hom- 
me d'état  s'assaisonne  fort  agréablement  d'une  pointe  d'hu- 
mour. 


M.  Herriot  n'est  un  inconnu  pour  aucun  d'entre  nous.  On 
ne  nous  saura  cependant  pas  mauvais  gré  de  retracer  en 
deux  mots  sa  carrière.  De  bonne  heure  l'école  de  la  rue 
d'L'lm  lui  ouvrit  ses  portes.  Normalien  brillant  et,  ce  qui 
ne  gâte  rien,  joyeux,  il  ilébuta  allègrement  dans  l'enseigne- 
ment des  lycées.  11  séduisit,  il  s'imposa  ;  il  lui  suHit  d'être 
lui-mêinc  pour  qu'on  vît  qu'il  était  quelqu'un.  11  devint  rapi- 
dement l'un  de  ces  maîtres  que  la  capitale  envie  à  la  pro- 
vince. La  rhétorique,  c'est  ainsi  qu'on  l'appelait  alors,  n'ab- 
sorbait ])as  à  ce  point  tous  ses  instants  qu'il  ne  sût  consacrer 
quelques  heures  de  loisir  à  des  muses  i)lus  humaines.  D'un 
ilirt  prolongé  avec  Juliette  Récamier  naquirent  deux  volu- 
mes jumeaux,  robustes,  bien  constitués,  qui,  luxueusement 
parés  d'une  reliure  digne  de  leur  contenu,  figurent  avec  lion- 


M.    IIKIUUOT    1:T    I.liS    IIIMAMTLS    MOlJll.NtS 


2r.y 


ncur  dans  les  vitrines  des  bibliophiles.  Signalons  aussi,  ijéchc 
de  jeunesse,  une  audacieuse  incursion  dans  les  venelles  et  les 
impasses  de  la  thêosophie  sémitique,  avec  ce  titre  prometteur: 
Philon  le  Juif.  Les  Facultés  des  lettres,  plus  souvent  qu'on 
ne  croit  à  rallùt  de  la  nouveauté,  r>'cherchent  volontiers, 
pour  se  les  attacher,  les  docteurs  frais  émoulus,  sûres  qu'elles 
sont  du  succès  Iors<juc  le  néophyte  apparaît  devant  le  public 
des  deux  sexes  avec  la  triple  auréole  »lu  talent,  de  la  jeu- 
nesse et  du  célibat.  Dans  des  amphithéâtres  devenus  trop 
étroits,  la  foule  refluant  par  les  vomitoires  jusque  dans 
l'atrium,  le  nouvel  adepte  exposa  avec  autant  d'éclat  que 
d'autorité  l'histoire  de  notre  littérature  nationale.  On  se  lasse 
de  tout,  même  dos  lauriers  universitaires.  Aux  honneurs  de 
la  chaire  magistrale,  le  conférencier  a])plaudi  préféra  déci- 
dément le  siège  de  l'édile.  La  Faculté  lui  pari-t  bien  vide  dès 
qu'il  en  fut  absent.  Il  l'accusa  plus  tard  d'être  entrée  en 
sommeil.  11  tira  malicieusement  la  barbe  de  ses  Pères  cons- 
crits connue  pour  s'assurer  qu'ils  n'étaient  qu'endormis,  et 
ils  lui  pardonnèrent,  reconnaissant  tout  de  même  un  des 
:leurs  dans  cet  enfant  terrible.  Cependant  les  sénateurs,  les 
;vrais,  l'avaient  un  jour  contraint  d'avouer  son  âge  en  l'in- 
vitant à  venir  jjartager  les  entretiens  de  lelir  compagnie, 
dans  la  i)énombrc  du  Luxembourg.  Son  histoire,  dès  lors, 
cesse  de  nous  appartenir,  toute  politique  étant  judicieuse- 
ment bannie  de  ces  colonnes. 

Les  habitués  de  VOfpciel  ont  jni  se  faire  une  idée  de  ses 
ai)titudes  multiples  de  son  incroyable  activité,  et  même  de 
son  éloquence,  bien  qu'un  conclave  de  législateurs  ne  soit 
l^nullement  le  genre  d'auditoire  qui  le  serve  le  mieux  et  lui 
plaise  le  plus.  11  est  infiniment  plus  à  son  aise  dans  les 
causeries,  les  demi-improvisations  familières,  surtout,  com- 
me disent  les  Auglais,  dans  ses  after-dinner  speeches,  peti- 
tes merveilles  de  tact,  de  finesse,  d'imagination  souriante, 
et  d'une  telle  pureté  de  forme  que  les  lettrés  mêlent  le  nom 
de  M.  Herriot  à  leurs  actions  de  grâces  lorsqu'ils  prient  en 
secret  pour  le  bon  usage  de  la  langue  française.  11  sait  que 
les  charmes  de  cette  nature  opèrent  même  sur  la  grande 
foule  turbulente  des  assemblées  populaires.  C'est  en  cher- 
chant non  pas  à  terrasser  le  monstre  mais  à  le  captiver  qu'il 
fut  parfois  le  ])lus  harmon)eusement  inspiré.  Comme  le  héros 
biblique  il  a  trouvé  du  miel  dans  la  gueule  du  lion.  Mais 
l'analogie  avec  Samson  s'arrête  là  :  sa  chevelure  est  toujours 
intacte. 


260  LES   L.\XGUES    MODERNES 

Son  énergie,  coquettement  revêtue  de  bonne  grâce,  ne 
s'est  pas  épuisée  en  vaines  polémiques,  en  luttes  stériles.  Il 
l'a  employée  non  pas  à  détruire,  mais  à  édifier.  M.  Cham- 
berlain, maire  de  Birmingham,  disait  à  ses  concitoyens  : 
«  J'avais  trouvé  une  ville  de  briques,  je  vous  rends  une 
ville  de  marbre.  »  Le  maire  de  Lyon  pourrait  tenir  à  peu 
près  le  même  langage,  témoin  ces  poiits,  ces  hôpitaux,  ces 
palais,  ces  stades,  ces  lycées,  et,  nous  n'aurons  point  honte 
de  le  dire,  ces  abattoirs  monumentaux  d'une  telle  noblesse 
de  lignes  qu'on  les  croirait  destinés  non  pas  à  des  bou- 
chers, mais  à  des  victimaires,  ou  au  culte  de  mj-stérieux  et 
multiples  Apis.  Il  n'a  eu  garde  de  négliger  cet  aspect  dans 
le  portait  qu'il  s'est  complu,  semble-t-il,  à  tracer  de  lui- 
même  sous  la  transparente  fiction  de  l'Empereur  Hadrien. 
Voici  comme  il  s'exprime  :  «  Il  serait  difficile  de  rencon- 
trer un  dilettante  plus  averti,  un  délicat  plus  raffiné,  affable 
pour  toutes  les  idées  comme  pour  tous  les  hommes,  ironiste 
par  excès  d'expérience  et  de  savoir,  artiste  et  lettré  non  sans 
grâce.  Un  tel  empereur  cependant  n'oublie  pas  le  soin  qu  il 
doit  prendre  de  ses  possessions  :  les  travaux  publics  entre- 
pris par  lui  prouvent  une  largeur  de  conceptions  bien  pro- 
pre à  humilier  notre  timidité.  » 

Depuis  qu'il  est  entré,  par  devoir  autant  que  par  goût, 
dans  l'arène  parlementaire,  il  a  pris  l'habitude  d'opérer  de 
temps  à  autre  le  recensement  de  ses  opinions,  et  de  les 
offrir  à  l'examen  des  esprits  avisés  sous  la  forme  de  rap- 
ports, leaders,  articles  de  revue,  ou  mieux  encore  de  volu- 
mes aux  titres  brefs,  impératifs  :  «  Agir  »,  «  Créer  ». 
«  Vouloir  ».  A  part  la  question  sociale  et  la  question  reli- 
gieuse on  peut  dire  que  tous  les  problèmes  contemporains 
y  sont  posés,  discutés  et  quelquefois  fort  heureusement  réso- 
lus. Xous  ne  retiendrons  de  ces  récents  ouvrages,  incarnation 
provisoire  d'une  pensée  toujours  en  mouvement,  que  les  pas- 
sages ayant  trait  à  l'enseignement  secondaire  ;  les  autres 
chapitres  ne  seront  rappelés  qu'à  titre  d'illustration,  ce  qui 
n'implique  nullement  qu'il  ne  faille  les  feuilleter  que  d'un 
doigts  distrait,  car  ils  décèlent  une  lecture  immense,  témoi- 
gnent d'une  curiosité  encyclopédique  et  d'une  infatigable 
bonne  volonté. 


La   grande   originalité   de  I\I.   Hcrriol   c'est  que  ses  doctri- 
nes   reposent    sur    l'observation    attentive    de    la    réalité.    La 


M.    HICRRIOT    KT   LHS    IIIMAMIKS   MODEHNKS  261 

pédagogie  prend  parfois  des  airs  d'initiation.  Certains  de 
se«>  prophètes  exigeraient  presque,  avant  de  vous  livrer  leurs 
secrets,  une  immersion  préalable  dans  toute  métaphysique. 
M.  Herriot  la  fait  descendre  du  ciel -sur  la  terre.  II  lui  parle 
le  langage  de  l'expérience  et  de  la  raison  pratique.  Il  a 
de  bonne  heure  constaté  la  vanité  de  la  spéculation  pure. 
La  vie  publique  est  en  effet  une  bonne  école  de  réalisation 
et  de  résolution.  On  ne  conjure  pas  la  crise  du  logement 
en  construisant  des  syllogismes  ;  on  ne  ravitaille  pas  une 
grande  cité,  on  n'équilibre  pas  un  budget  anciennement  de 
vingt  millions,  quadruplé  depuis  la  guerre,  avec  des  hypo- 
thèses ;  et  lorsqu'au  temps  chaud  il  s'agit  de  tolérer  ou 
d'interdire  un  cortège  d'illuminés,  mal  contents  du  huis-clos 
et  affamés  de  cris  et  de  horions,  on  ne  peut  pas  répondre 
aux  gardes  qui  attendent  des  ordres  que  la  vérité  et  Ter- 
reurs sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  des  nuances  aussi 
indiscernables  que  celles  du  cou  de  la  colombe.  Il  faut  que 
la  rue  leur  soit  ouverte  ou  fermée,  et  sans  délai.  L'habitude 
des  responsabilités  et  des  ultimatums  conduit  à  tenir  en 
petite  estime  les  assembleurs  de  nuées,  les  abstracteurs  de 
quinte-essence,  tous  ceux  qui  consument  les  heures  à  épi- 
loguer,  peser,  argumenter,  chicaner.  A  ceux  qui  raisonnent 
sans  agir,  on  en  viendrait  à  préférer  ceux  qui,  sans  raison- 
ner, agissent. 

On  ne  s'étonnera  donc  plus  que  dans  ses  projets  de  ré- 
forme, M.  Herriot  fasse  la  part  si  belle  à  l'enseignement 
technique.  C'est  en  lui  qu'il  a  mis  toutes  ses  espérances, 
toutes  ses  complaisances  :  «  Si  vous  avez  des  fils  qui  soient 
intelligents  et  travailleurs,  dit-il  aux  mères  de  famille, .  n'en 
{i'faites,  pas  des  bacheliers,  faites-en  des  techniciens.  »  On 
conçoit  pareillement  que,  dans  l'enseignement  secondaire, 
il  réserve  la  place  d'honneur  à  toute  la  partie  scientifique. 
Aux  professeurs  de  sciences  pour  leurs  laboratoires,  leurs 
appareils,  leurs  collections,  leurs  excursions  il  ouvrirait 
tous  les  crédits  si  la  pénurie  des  ressources  publiques  ne  le 
contraignait  à  la  parcimonie  :  «  La  science  domine  tout. 
Elle  seule  rend  des  services  définitifs  »,  répète-t-il  volon- 
tiers. .Sur  ce  point  nous  tomberons  facilement  d'accord  avec 
lui,  surtout  au  lendemain  des  grandes  dévastations,  et  à  la 
veille  d'entreprendre  la  grande  œuvre  de  reconstruction. 
On  serait  bien  mal  venu  de  déprécier  les  sciences  parce 
qu'elles  sont  susceptibles  d'applications  matérielles.  Il  s'agit 
aujourd'hui  non  pas  de  mépriser  la  matière,  mais  bien  plu- 


262  I.ES    I^ANGUES    MODEHNES 

tôt  (le  la  iiiaitriser  si  nous  voulons  conserver  le  bénéfice  de 
vingt  siècles  de  civilisation,  et  de  quatre  années  de  résis- 
tance aux  forces  d'anéantissement.  On  peut  dire  de  l'ensei- 
gnement scientifique,  sans  exagération  aucune,  qu'il  i^rotège 
la  France. 

Observons  toutefois  que  la  technique  pure  ne  se  sullit  plus 
à  elle-même  lorsqu'elle  veut  passer  des  plans  et  devis  à 
l'exécution.  Les  grands  fondateurs  semi-légendaires,  les  Or- 
phée, les  Amphion  déplaçaient  les  forêts  ou  élevaient  les 
murailles  des  cités  avec  quelques  accords  de  lyre.  Les  for- 
mules de  l'ingénieur  n'ont  pas  tant  de  pouvoir  ;  il  lui  faut 
recourir,  vaille  que  vaille,  au  ministère  des  ouvriers.  C'est 
là  que  les  difficultés  commencent  et  que  l'étude  de  la  matière 
doit  se  compléter  par  l'étude  de  l'homme.  L'architecte  con- 
naît la  loi  de  résistance  des  matériaux  ;  il  n'est  pas  moins 
indispensable,  qu'il  ait  approfondi  la  loi  de  résistance  des 
syndicats.  Il  ne  suffit  pas  aux  industriels  et  aux  négociants, 
pour  vendre  avec  profit,  d'additionner  froidement,  comme 
dans  les  petites  arithmétiques,  le  prix  d'achat  et  le  bénéfice. 
Pour  se  créer  une  clientèle  et  pour  la  retenir,  il  faut  mettre 
en  œuvre  tous  les  artifices  de  la  persuasion.  Le  financier 
joue  sur  le  clavier  de  tous  les  enthousiasmes,  de  toutes  les 
crédulités,  de  toutes  les  paniques  humaines,  admirablement 
secondé  par  le  journaliste.  Il  n'est  pas  jusqu'au  simple  mar- 
chand qui  ne  puisse  se  dispenser,  sinon  de  morale,  du  moins 
de  psychologie.  De  partout  nous  revenons  à  la  science  de 
l'homme.  Chassez  les  humanités  par  la  porte  de  service  et 
vous  êtes  bientôt  contraint  de  leur  ouvrir  à  deux  battants 
les  grilles  de  la  cour  d'honneur.  Cependant  avant  de  leui* 
en  laisser  franchir  l'entrée,  il  n'est  pas  mauvais,  pour  éviter 
toute  confusion,  d'examiner  de  près  leurs  lettres  de  créance. 
M.  Herriot  s'est  fort  consciencieusement  acquitté  de  cette 
utile  vérification. 

Commençons  par  les  ancêtres.  La  question  du  grec  obli- 
gatoire ne  se  pose  pas  pour  lui  ;  à  vrai  dire  elle  ne  se  pose 
l)lus  aujourd'hui  ])Our  personne.  On  a  sagement  réservé- l'étu- 
de de  cette  langue  difficile  au  tout  petit  nombre  d'élèves 
qui  se  destinent  à  l'enseignement,  à  l'archéologie,  aux  for- 
mes les  plus  élevées  de  la  littérature  ou  de  l'érudition.  L'idée 
que  le  grec  pouvait  être  utile  aux  médecins  égayait  il  y  a 
trente  ans  l'austère  visage  de  M.  Herthelot.  Tout  le  inonde 
sait  que  le  grec  ne  guérit  de  rien,  et  que  nos  thérapeutes  ei> 
utilisent  seulement  quelques  racines  pour  la  fabrication  des. 


M.    IIEHHIOT    KT    LES    HIMANITKS    MODKRNES  2(53 

noms  de  maladies  ou  de  spéciliques.  Il  en  est  de  même  pour 
nos  chimistes,  nos  botanistes,  minéralogistes,  géographes. 
I.e  géologue  américain  M.  Hitchcock,  auteur  d'un  traité  sur 
les  empreintes  fossiles  de  la  vallée  du  Connecticut,  n'aurait 
jamais  pu,  nous  dit  son  fils,  mener  son  étude  à  bonne  fin 
s'il  n'avait  été  capable  de  lire  les  poèmes  d'Homère  dans 
l'original.  M.  Hitchcock  fils  a  lu  Mark  Twain  ;  nous  aussi, 
sourions  et  passons. 

M.  Herriot  traite  par  prétérition  la  question  de  la  langue 
Jaiine,  mais  les  réflexions  que  le  grec  lui  suggère  laissent 
suffisamment  entendre  que  pour  le  latin  aussi  son  siège  est 
fait.  C'est  en  effet  un  véritable  paradoxe  que  d'avoir  décrété, 
il  y  a  vingt  ans,  que  la  connaissance,  ou  soi-disant  telle,  de 
la  langue  latine  devait  être  obligatoire  pour  les  trois-qiiarts 
des  élèves  de  l'enseignement  secondaire,  et  nous  nous  de- 
mandons par  quel  excès  de  zèle  ou  quelle  aberration  des 
hommes  non  dénués  d'esprit  ont  songé  récemment  à  lui  res- 
tituer dans  les  programmes  la  primauté  qu'elle  avait  autre- 
fois graduellement  usurpée.  On  craint  de  fatiguer  à  force  de 
truisnies.  Redisons-le  pourtant  :  nous  ne  sommes  plus  aux 
seizième  et  dix-septième  siècles,  au  temps  où  le  latin  était  la 
langue  internationale,  celle  des  théologiens,  des  philosophes, 
des  savants,  des  diplomates,  où  la  connaissance  en  était 
indispensable  si  l'on  voulait  correspondre  avec  Descartes, 
Spinoza,  Milton,  Saumaise.  Les  arguments  qu'on  produit 
aujourd'hui  en  faveur  d'une  langue  vivante  valaient  alors 
pour  le  latin.  C'était  une  langue  écrite  et  parlée.  Elle  était 
si  familière  aux  lettrés  de  ces  temps-là  qu'ils  osaient  (et 
l'audace  n'était  pas  mince)  composer  des  vers  en  cet  idiome 
bien  qu'ils  ignorassent  tout  de  sa  prononciation,  de  son 
accent  et  de  son  rythme  véritable.  Ces  divertissements  arti- 
ficiels prouvent  à  quel  point  ils  se  l'étaient  incorporé.  Nous 
sommes  au  vingtième  siècle.  Le  latin  n'est  plus  langue  pro- 
fessionnelle que  pour  l'Eglise  catholique.  Le  seul  et  unique 
argument  que  l'on  mette  en  avant  pour  en  généraliser  l'étu- 
de, c'est  qu'il  est  le  père  du  français.  Mais  c'est  au  fils  que 
nous  avons  afTaire  ;  adressons-nous  à  lui  et  ne  nous  laissons 
pas  égarer  par  le  sophisme  de  l'engendrement.  Les  pianistes 
ne  débutent  pas  par  le  clavecin  ou  le  tympanon.  Le  Con- 
servatoire n'impose  pas  à  ses  hautboïstes  et  ses  clarinettis- 
tes, pour  leur  former  le  doigté,  des  gammes  préliminaires 
sur  la  flûte  de  Pan,  aïeule  vénérable  de  la  famille  des 
bois.  Apprenons   de   même   le   français  par  le   français.   Que 


264  LES    LANGUES    MODERNES 

les  élèves  l'étudient  avec  soin,  s'il  se  peut  avec  amour  ; 
qu'ils  en  comprennent  et  respectent  la  grammaire,  même 
dans  ses  minuties  ;  qu'ils  se  plient  aux  fantaisies  esthéti- 
ques de  son  orthographe  pour  ne  pas  contrister  l'àme  de  ses 
poètes  et  de  ses  étymologistes  ;  qu'ils  apprennent  les  ressour- 
ces de  son  vocabulaire  ;  qu'ils  soient  sensibles  à  la  mélodie 
de  ses  phrases,  au  rythme  de  ses  périodes  :  le  jour  où,  à 
force  de  lectures  et  d'attention  soutenue,  ils  parviendront  à 
récrire  comme  La  Rochefoucauld,  qui  ne  savait  pas  le 
latin,  comme  Dumas  fils,  comme  George  Sand,  qui  ne 
le  savaient  pas  davantage,  comme  Voltaire,  qui  au  témoi- 
gnage de  ses  contemporains  n'était  pas  le  vingtième  des  lati- 
nistes de  son  époque,  personne  ne  songera  à  leur  faire  grief 
d'ignorer  l'ablatif  en  i  ou  en  e,  la  concordance  des  temps  ou 
les  règles  de  la  narration  indirecte. 

On  voit,  non  sans  déplaisir,  dans  certaines  classes  dites 
de  grammaire  et  conduites  à  l'ancienne  mode,  le  latin  ron- 
ger le  français.  Mieux  vaudrait  dans  ces  cas-là  une  éduca- 
tion fondée  sur  "l'étude  intelligente  de  la  seule  langue  natio- 
nale. On  entend  d'ici  les  protestations  des  doctes  attardés  : 
Oserez-vous  porter  la  main  sur  la  version  latine,  mère  des 
utiles  contre-sens  ?  —  Ma  foi  oui.  On  la  remplacerait  avan- 
tageusement —  des  lettrés  délicats  l'ont  souvent  proposé  — 
par  des  transcriptions  en  français  moderne  de  textes  de 
Montaigne,  Rabelais  ou  d'auteurs  plus  anciens  dont  les  élè- 
ves quittent  le  lycée  sans  savoir  plus  que  le  nom.  —  Et 
VEnéide  ?  —  Ils  la  liront  dans  la  traduction,  mais  peu.  S'ils 
ont  du  goût  ils  lui  préféreront  les  Géorgiqnes.  Quant  à  Sallus- 
te.  César,  Tite-Live,  Tacite  ils  en  retrouveront  la  matière 
au  cours  d'histoire  ancienne  ;  Lucrèce,  Senèque,  peut-être 
Cicéron,  s'inscriront  en  marge  du  cours  de  philosophie.  S'ils 
éprouvent,  et  nous  y  comptons  bien,  le  désir  de  faire  plus 
ample  connai.ssance  avec  la  pensée  antique,  nous  leur  con- 
seillerons de  faire  comme  tout  le  monde,  de  s'adresser  tout 
d'abord  et  surtout  aux  Grecs,  de  lire  et  de  relire,  dans  les 
excellentes  interprétations  et  avec  les  subtils  commentaires 
de  nos  hellénistes,  Eschyle,  presque  aussi  énorme  que  Hugo. 
Sophocle,  Euripide  au  sourire  énigmatique.  La  nudité  d'Aris- 
tophane exigera  quelques  i)ampres  supplémentaires,  mais  : 
Honni  soit  qui  mal  y  pense,  comme  disent  nos  amis  les  puri- 
tains ;  il  faut  absolument  connaître  ce  faune.  La  liste  s'al- 
longerait démesurément  s'il  fallait  y  ajouter  quelques  dia- 
logues de  Platon,  la  Retraite  des  Dix  Mille,  les  paradoxes  de 


I 


M.    HERIUOT    I;T    LES    IIU.MANITKS    MODEHNES  1:65 

Lucien,  sans  oublier  Plutaïque  et  sa  galerie  d'hommes  pri- 
mitifs et  parallèles  parmi  lesquels  M.  Herriot  ne  dédaigne 
pas,  il  l'avoue,  d'aller  rechercher  à  l'occasion  le  cordial  de 
la   naïveté. 

D'un  mot,  ne  confondons  pas  l'aiJprcnlissa.m.-  dune  langue 
et  la  connaissance  d'une  littérature,  les  années  de  lycée 
et  les  cours  de  la  Faculté  réservés  à  des  spécialistes.  Nous 
tenons,  comme  le  poète,  à  lais.ser    «  an  sommet  des  études. 

Les  grands  livres  latins  et  grecs,  ces  solitudes.  » 

Mais  le  sommet  des  études  c'est  jusqu'à  preuve  du  con- 
traire l'enseignement  supérieur.  Réservons  l'antiquité  en  ce 
qu'elle  a  de  littéral,  d'inaccessible,  d'ésotérique,  d'exquis  à 
ce  conservatoire  des  mots  et  des  idées.  Facilitons,  encou- 
rageons chez  le  profane,  qui  s'appelle  légion,  le  culte  fami- 
lier, en   lanque  vulgaire. 


Pour  l'histoire  M.  Herriot  ne  nous  laisse  aucun  doute 
sur  ses  intentions.  Il  demande  le  rajeunissement  des  cadres. 
Autrefois,  dans  l'enseignement  primaire,  une  convention 
tacite  faisait  débuter  l'histoire  de  France  aux  Etats-Géné- 
raux de  1789,  le  reste  n'était  qu'un  lever  de  rideau  un  peu 
trop  prolongé.  M.  Herriot,  encore  plus  radical,  ne  verrait 
pas  d'inconvénients  à  faire  commencer  l'histoire  détaillée 
et  approfondie  à  la  Révolution  de  1848,  peut-être  même  des- 
cendrait-il jusqu'au  Quatre-Septembre,  ce  qui  réduirait  le 
programme  au  dernier  demi-siècle.  Il  veut  qu'on  passe  très 
vite  sur  les  empereurs  et  les  rois,  qu'on  brûle  toutes  ces 
étapes.  Il  boude  le  Moyen  Age,  quoiqu'il  adore  Michelet. 
Les  Croisades  portent  ombrage  à  son  libéralisme  pour  qui 
le  cléricalisme  n'est  pas  un  article  d'exportation  :  nous  leur 
devons  les  récentes  expéditions  de  Syrie  et  de  Cilicie,  beau 
résultat.  Les  Communes  trouvent  à  peine  grâce  devant  ses 
yeux  :  on  demande  au  professeur  de  huitième  de  faire  pal- 
per et  manier  par  ses  élèves  une  charte  communale,  comme 
si  des  enfants  de  huit  à  neuf  ans  ne  se  moquaient  pas  mal 
de  toutes  les  chartes  y  compris  la  Grande. 

Boutades,  certes,  mais  qui  renferment  une  part  de  vérité. 
M.  Herriot  nous  conseille  en  substance  de  proportionner 
tout  d'abord  les  leçons  à  l'âge  des  auditeurs.  Rappelons-nous 
que  les  garçons  ont  le  privilège  de  rester  de  grands  enfants 


266  LF-S    LANtJUES    MODERNES 

jusque  vers  leur  treizième  ou  quatorzième  année.  Peu  leur  im- 
portent jusque  là  les  subtilités  de  la  diplomatie  et  de  l'admi- 
nistration. L'anecdote  plus  ou  moins  mêlée  de  légende  est  ce 
qu'ils  accueillent  le  plus  \olontiers.  Les  clauses  des  traités 
sont  pour  eux  lettre  morte.  On  aura  beau  lutter  contre  l'his- 
toire bataille,  c'est  à  peu  près  la  seule  qui  leur  paraisse 
vivante.  Dans  l'affaire  des  trois  Curiaces  et  des  trois  Ho- 
races  ils  s'inquiètent  assez  peu  de  la  question  de  supréma- 
tie territoriale,  d'ailleurs  assez  obscure,  qui  met  aux  prises 
ces  deux  équipes.  Ce  qui  les  enthousiasme,  c'est  l'allure  de 
championnat  militaire  que  prit  toute  cette  aventure  et  ils 
ne  pardonnent  guère  à  Corneille,  son  metteur  en  scène, 
d'avoir  dissimulé  le  ring  dans  la  coulisse.  Acceptez-les  tels 
qu'ils  sont.  Permettez-leur  d'avoir  surtout  de  l'imagination. 
La  raison  et  le  cœur  parleront  en  leur  temps.  Ils  compren- 
dront Curiace  à  l'âge  des  l'.ançailles,  et  toute  la  détresse  du  : 
«  Qu'il  mourût  !  »  quand  ils  auront  à  leur  tour  un  fils 
mobilisable. 

Lorsque,  dès  le  lycée,  le  moment  sera  venu  de  leur  parler 
comme  à  de  jeunes  hommes,  l'histoire  pourra  changer  de 
méthode  et  de  langage.  C'est  alors  qu'il  conviendra  de  la 
faire  converger  tout  entière  vers  l'époque  contemporaine,  et 
nous  commençons  à  entrevoir  le  sens  profond  du  paradoxe 
de  M.  Herriot.  L'histoire  telle  qu'il  souhaite  qu'on  l'ensei- 
gne à  des  élèves  réfléchis  n'est  pas  essentiellement  cette  ré- 
surrection dont  parlait  Michelet,  encore  moins  un  monolo- 
gue lyrique.  Elle  doit  être  bien  plutôt  une  préparation  à 
la  vie  active,  l'école  du  citoyen  précédant  l'école  du  soldat. 
C'est  donc  vers  le  présent  qu'il  convient  de  ramener  sans 
cesse  l'esprit  des  jeunes  auditeurs.  Ils  se  passionneront  pour 
l'étude  des  époques  disparues  si  vous  leur  montrez  comment 
ce  passé  lointain  portait  en  lui  les  germes  de  l'avenir,  com- 
ment les  épreuves  que  connurent  leurs  ancêtres  leur  seront 
à  leur  tour  proposées  dès  demain.  Nous  nous  ferions  volon- 
tiers, à  cet  égard  l'avocat  des  parallèles.  Un  professeur  de 
méthode  historique  disait  naguère  à  ses  étudiants  :  «  Sur- 
tout pas  de  rapprochements,  c'est  anti-scientifique.  «  Saluons 
bien  bas  la  science  ainsi  comprise,  mais  comme  on  salue 
un  enterrement,  et  plaignons  sincèrement  ceux  qu'aura 
atteints  la  contagion.  Que  nous  importent  les  grandes  inva- 
sions et  les  grandes  guerres- si  elles  n'ont  rien  de  commun 
avec    celle    dé    1014,   et   les    révolutions    d'avant-hier   si    l'on 


M.    IIERRIOT    ET    LES    HUMANITÉS    MODHUNKS  267 

n'y    iclrouve   les   |)riiicii)e.s   et   la   méthode   de   celles   d'après- 
demain. 

Tout  cela  suppose  évidemment  que  l'historien  a  des  idées 
et  des  convictions,  et  qu'il  n'hésite  pas.  nous  l'en  félicitons, 
à  s'en  inspirer  au  cours  de  ses  leçons.  —  Mais  ne  crai- 
gnez-vous pas  l'histoire  tendancieuse  ?  —  Non  seulement 
nous  ne  la  craignons  pas,  mais  nous  l'espérons.  Toutes  cho- 
ses égales  d'ailleurs,  comme  disent  les  savants,  mieux  vaut 
l)our  l'instruction  des  jeunes  gens,  un  royaliste  pratiquant, 
un  catholique  militant  ou  leurs  antitypes  de  gauche  qu'un 
de  ces  abstentionnistes  falots  qui,  même  avec  des  éclats  de 
voix,  semblent  perpétuellement  prêcher  l'évangile  de  la 
timidité.  On  demande  des  hommes.  Un  excellent  professeur 
d'histoire,  mort  glorieusement  au  combat,  connu  pour  ses 
opinions  avancées  avait,  à  la  veille  de  la  guerre,  mérité 
d'être  ainsi  noté  par  une  administration  qui  n'était  pas  celle 
de  son  lycée  :  dangereux  parce  que  sincère.  Il  y  avait  dans 
cette  fiche  plus  c[u'une  faute  de  goût.  La  sincérité  n'est  dan- 
gereuse que  pour  l'équivoque  et  le  mensonge.  Les  élèves  le 
savent  bien.  Les  sectaires  intelligents  et  généreux  ont  tou- 
jours trouvé  leurs  plus  ardents  défenseurs  parmi  les  audi- 
teurs sur  qui  leur  doctrine  n'avait  aucune  prise.  La  jeunesse 
respecte  la  franchise,  elle  admire  le  courage,  elle  écoute 
avec  fierté  les  paroles  viriles  et  n'éprouve  de  mépris  que 
)our  le  pépiement   de   l'eunuque. 

Un  mot  seulement  de  la  géographie  dont  les  programmes 
ont  fait  la  compagne  inséparable  de  l'histoire,  et  qui,  après 

iavoir  longtemps  hésité  entre  la  faculté  des  sciences  et  la 
faculté  des  lettres,  car  sa  nature  est  double,  s'est  enfin  déci- 

Idée  à  reprendre  sa  place  parmi  les  humanités  sous  le  voca- 
ble nouveau  de  géographie  humaine.  M.  Herriot  inclinerait 
plutôt  vers  une  autre  formule  et  verrait  avec  plaisir  cette 
science  chauve-souris  fixer  définitivement  sa  demeure  dans 
les  profondeurs  de  la  géologie.  Converti  à  la  science  des 
terrains  depuis  qu'il  a  exploité,  non  sans  succès,  dans  l'in- 
térêt de  la  communauté,  une  petite  mine  de  lignite,  il  souhai- 
terait qu'on  mît  de  la  géologie  un  peu  partout.  Faut-il,  com- 
me il  le  désire,  intensifier,  même  chez  les  adolescents, 
l'étude  du  sous-sol  '?  Est-il  exact  que  le  géologue  détienne 
le  grand  secret,  qu'il  soit  le  maitre  de  l'heure,  que  «  dans 
les  questions  internationales  les  notions  ethniques  elles-mê- 
mes soient   dominées  par  les  considérations  géologiques  ?  » 


268  LES    LANGUES    MODERNES 

Il  y  aurait  peut-être  sur  ce  point  quelques  réserves  à  faire. 
La  cave  n'explique  pas  toujours  la  vie  aux  étages  supérieurs 
de  la  maison.  Les  troubles  de  l'Irlande  ont  peu  de  rapport 
avec  ses  tourbières.  D'un  mot  le  géographe  nous  paraît  plus 
proche  de  la  vérité,  et  son  enseignement  gagne  singulière- 
ment en  attrait  et  en  efficacité,  lorsqu'il  fait  une  large  part 
à  l'initiative  des  hommes,  lorsqu'il  étudie  leur  tempéra- 
ment, leur  caractère,  leurs  besoins,  leurs  habitudes,  leurs 
traditions.  Il  rejoint  et  complète  l'historien,  et  les  précieu- 
ses informations  qu'il  fournit  sur  les  nations  qui  nous  en- 
tourent seront  sur  certains  points  complétées  et  précisées 
IDar  les  professeurs  de  langue  et  civilisation  étrangères. 


Arrivés  à  ce  point  de  notre  ascension  nous  pouvons  nous 
arrêter  un  instant  pour  nous  reposer  et  pour  jouir  du  spec- 
tacle. Nous  voici  en  effet  en  présence  d'un  enseignement,, 
celui  des  langues  étrangères,  à  qui  M.  Herriot  fait  toute 
confiance,  pour  lequel  il  n'a  que  des  paroles  d'éloge  qu'il 
s'agisse  de  sa  matière  même  ou  des  progrès  qu'on  l'a  vu  ac- 
complir. Cette  prédilection  n'a  rien  qui  doive  surprendre. 
M.  Herriot  en  expose  fort  éloquemment  les  raisons.  Nous 
n'avons  plus  qu'à  lui  prêter  l'oreille. 

Il  préside  depuis  deux  décades  aux  destinées  d'une  région 
d'usines,  de  fabriques,  de  forges  dont  l'importance  fait  de 
Lyon,  son  chef-lieu,  presque  la  métropole  industrielle  et  com- 
merciale de  la  France.  La  ville  et  les  départements  qui  for- 
ment sa  grande  banlieue  rayonnent  non  seulement  dans  toute 
la  France,  mais  dans  toutes  les  parties  du  monde  civilisé  par 
leurs  exportations  et  leur  puissance  d'achat.  L'histoire 
lyonnaise  est  intimement  liée  avec  celle  de  notre  commer- 
ce extérieur.  Au  Moyen  Age,  Lyon  dut  à  ses  foires  sa  'renom- 
mée et  sa  prospérité.  A  la  Renaissance,  les  marchands  de 
tous  les  pays  s'y  donnaient  rendez-vous  ;  parfois  même  ve- 
naient frapper  à  la  porte  de  ses  banquiers  et  de  ses  consuls 
des  souverains  étrangers  en  quête  d'espèces  sonnantes,  tra- 
dition qui  ne  s'est  pas  complètement  perdue,  M.  Herriot 
vous  le  confiera.  Première  cité  du  monde  pour  le  commerce 
et  le  travail  de  la  soie,  comme  on  l'apprend  même  à  l'école 
primaire,  elle  est  en  relations,  pour  l'achat  de  ses  matières 
premières,     avec    l'Italie,    les    Balkans,    l'Orient,    l'Extrême- 


M.    HKHl'.IOT    ET    LES    IllMAMniS    MODICKNKS  269 

Orient,  alors  que  d'autre  part  ses  tissus  les  plus  riches 
prennent  le  chemin  de  l'Angleterre  et  des  deux  Amériques. 
Et  n'oubliez  pas  l'énorme  développement  de  ses  industries 
métallurgiques  et  chimiques  dont  les  produits  tiennent  un 
<les  premiers  rangs  sur  les  marchés  de  l'étranger.  Enfin  sa 
Foire,  conçue  et  osée  en  pleine  guerre,  ouverte  le  premier 
mars  191G  au  fort  de  la  i)remière  bataille  de  Verdun,  acte 
de  foi  renouvelé  chaque  printemps,  a  depuis  lors  acquis  l'am- 
pleur et  la  solidité  d'une  institution  nationale.  Dans  son  pa- 
lais, auquel  manquent  sans  doute  la  ride  et  l'antiquité  fière, 
mais  dont  la  blancheur  se  déploie  en  longues  et  harmonieuses 
l)erspectives  se  rencontrent  aujourd'hui  deux  fois  l'an  les 
représentants  de  vingt  nations,  et  dans  ses  vastes  avenues, 
vous  entendrez  parler  toutes  les  langues  de  l'Europe. 

Les  circonstances  et  la  volonté  des  hommes  ont  ainsi 
<iccentué  le  caractère  cosmopolite  que  la  ville  tenait  de  sa 
.situation  géographique,  i)lacée  comme  elle  l'est  au  carrefour 
[des  grandes  voies,  plaque  tournante  de  l'Europe  Centrale 
îomme  le  dit  M.  Hcrriot  d'une  rude  métaphore  de  cheminot, 
îlle  a  ses  colonies  étrangères  :  «  Petite  Italie  »,  travailleuse 
ît  joyeuse,  promenant  les  jours  de  fête  ses  bannières  et  ses 
fanfares,  colonie  japonaise,  économe  de  mots  et  de  gestes, 
maramum  d'énergie  et  minimum  de  bruit,  étudiants  chinois 
méditant  sur  les  hauteurs  de  Saint-Irénée,  à  l'ombre  des 
aqueducs  d'Hadrien,  la  sagesse  de  nos  Encyclopédistes  du 
xviir'  siècle  et  de  nos  j^arlementaires  du  vingtième,  Jeunes 
Egyptiens,  futurs  légistes,  prêtant  l'oreille  aux  rumeurs  qui 
viennent  du  Caire  ou  d'Alexandrie,  Américains,  hôtes  hono- 
rés et  fidèles  amis,  Anglais,  trop  rares,  mais  visiteurs  d'élite, 
tous  vous  rappellent,  chacun  dans  son  idiome,  que  la  France 
n'est   qu'une  nation   dans  l'armée   des   nations   en   marche. 

Lorsqu'un  homme  public  se  trouve  ainsi,  de  par  ses  fonc- 
tions mêmes,  en  contact  i^ermanent  avec  les  représentants 
des  pays  étrangers,  qu'il  doit  prendre  la  présidence  de  leurs 
réunions,  de  leurs  commémorations,  de  leurs  banquets,  faire 
succéder  aux  réceptions  ofTicielles  les  entrevues  intimes  où 
se  règlent  les  questions  plus  délicates,  lorsqu'il  a  dû  se  ren- 
dre, en  voyage  d'études  ou  de  propagande,  dans  les  capi- 
tales ou  les  villes  principales  de  l'Europe  —  et  il  en  est  peu 
d'entre  elles  où  l'on  ne  retrouve  l'empreinte  de  ses  pas  et  de 
ses  idées,  depuis  Londres  et  Edimbourg  jusqu'à  Prague  et  à 
Bukharest,  la  nécessité  d'une  culture   étrangère  approfondie 

19. 


270  LES   LANGUES    MODERNES 

pour  le  Français  du  vingtième  siècle  s'impose  à  votre  esprit 
avec  une  telle  force  qu'on  rougirait  d'avoir  jju  jamais  la 
mettre  en  question. 

Hâtons-nous  de  le  dire,  ce  doute  n'effleura  jamais  M.  Her- 
riot.  Avant  même  que  se  fût  élevé  autour  de  lui  ce  chœur 
aux  mille  voix,  une  évolution  toute  naturelle  l'avait  conduit, 
par  des  sentiers  à  vrai  dire  assez  éloignés  de  ceux  du  né- 
goce ou  de  la  politique  internationale,  vers  des  conclusions 
tout  aussi  favorables.  Il  était  venu  très  tôt,  trop  tôt,  dans  une 
Ecole  Normale  ancien  régime,  où  les  lettres  et  les  civilisations 
étrangères  n'avaient  pas  encore  reçu  droit  de  cité  et  ne 
s'insinuaient  que  par  contrebande.  L'antiquité  a  du  bon, 
mais  on  en  abusait.  Le  nouvel  adepte  soupçonna  qu'on  lui 
cachait  quelque  chose.  Il  rêva  de  franchir  l'enceinte  du  pa- 
radis gréco-latin,  de  s'aventurer  seul  dans  la  forêt  obscure. 
On  se  rai^pelle  le  mot  de  Renan,  découvrant  l'oeuvre  des 
critiques  et  théologiens  allemands  :  «  Je  crus  entrer  dans  un 
temple.  »  Shakespeare,  Milton,  Byron,  Shellej-,  Ruskin, 
Emerson,  Heine,  Dante  réservent  à  ceux  qui  viennent  vers 
eux  en  pèlerinage  un  -accueil  singulièrement  plus  cordial  et 
ensoleillé  que  de  frigides  exégètes.  Il  fut  conquis,  il  devint 
un  de  leurs  fidèles,  il  leur  demanda  des  leçons  de  sagesse, 
il  les  évoqua  malgré  lui,  ils  le  hantèrent.  Il  leur  fait  encore 
de  secrètes  visites.  Ne  l'a-t-on  pas  surpris  lisant,  pour  se 
délasser  des  bulletins  municipaux  et  des  tarifs  douaniers, 
les  odes  de  Keats,  non  point  dans  l'estimable  traduction  tk' 
M.  Gallimard,  mais  amoureusement  dans  le  texte  original 
pour  que  rien  ne  s'évaporât  de  leur  parfum  subtil. 

Comme  l'on  comprend  l'ien  qu'au  sortir  de  pareils  tète-à- 
tète  il  lui  soit  échappé  en  pleine  Chambre  des  Députés  ce 
cri  d'impatience  qui  répandit  la  consternation  parmi  les 
tètes  branlantes  :  «  Il  est  des  légendes  avec  lesquellesi  il  faut 
en  finir.  L'une  de  ces  légendes  est  celle  qui  ne  voit  d'éduca- 
tion que  par  l'antiquité  !   » 

Oublions  même  pour  un  instant  les  arguments  du  négo- 
ciant, de  l'industriel,  du  voyageur,  du  lettré,  du  philosophe, 
de  l'artiste,  que  M.  Herriot  a  mis  en  lumière  avec  un  tel 
bonheur  d'expression  ;  il  suffît  d'un  simple  coup  d'oeil  jeté 
autour  de  soi  pour  reconnaître  toute  la  justesse  de  la  doc- 
trine nouvelle.  La  France,  ni  le  monde,  on  ne  saurait  trop 
le  redire,  ne  sont  à  la  veille  de  la  paix  universelle.  Les  plus 
optimistes,  hallucinés  à  part,  n'osent  rêver,  à  brève  échéan- 


M,    IIERRIOT    ET    LES    HLMAMTÉS    -MODERNES  271 

ce,  une  république  de  peuples  frères.  On  ne  trouve  guère 
chez  les  nations  nouvellement  affranchies  ces  dispositions 
débonnaires,  obstinément  conciliantes,  sur  lesquelles  fondent 
de  telles  espérances  les  diplomates  de  coin  de  feu  ou  de 
meetings  en  plein  vent.  L'ivresse  de  leur  jeune  liberté  les 
conduit  encore  assez  facilement  aux  gestes  enthousiastes  et 
désordonnés.  Et  qui  oserait  compter  sur  le  prompt  et  sincère 
repentir  du  colossal  vaincu  ?  De  longtemps  l'Europe  ne  re- 
trouvera l'équilibre,  factice  certes,  inique,  mais  durable,  de 
la  période  d'avant-guerre.  Malheur  aux  nations  isolées  sur 
qui  s'exercera  la  pression  des  masses.  Même  un  grand  pays 
comme  le  nôtre  ne  saurait  fonder  sa  politique  sur  un  prin- 
cipe de  splenditle  insularisme.  .Sa  sécurité,  son  crédit,  la 
prospérité,  la  dignité  de  ses  citoyens  dépendront  en  grande 
partie  des  alliances  qu'il  aura  su  conclure.  De  quelque  nom 
qu'on  les  désigne,  les  ententes  reposent  sur  une  base  bien 
fragile  lorsqu'elles  ne  sont  l'œuvre  que  des  seuls  diplomates, 
des  chefs  d'armée  et  des  financiers  internationaux.  Les 
sympathies  profondes  et  durables  sont  celles  qui  s'établis- 
sent de  nation  à  nation,  de  ville  à  ville,  de  famille  à  famille, 
d'homme  à  homme  par  les  entretiens  individuels,  la  cor- 
respondance, les  visites  ollicielles  ou  familières,  les  réunions 
corporatives,  les  séjours  prolongés.  La  connaissance  précise 
de  la  langue  de  ses  amis  facilite  singulièrement  cet  échange 
mutuel  d'excellents  procédés,  soit  qu'il  faille  désarmer  quel- 
ques préventions,  émousser  les  aspérités,  faire  justice  des 
préjugés  que  même  ceux  qui  nous  veulent  du  bien  conservent 
parfois  à  notre  égard,  ou  ménager  enfin  de  très  légitimes 
susceptibilités  nationales.  Les  anciens  rois  commençaient 
leur  éducation  par  l'étude  des  principales  langues  étrangères. 
Puisque  dans  l'Etat  moderne  chaque  citoyen  responsable  est 
censé  détenir  une  petite  parcelle  de  souveraineté,  pourquoi 
ne  s'adjugerait-il  pas,  afin  de  l'exercer  plus  dignement,  une 
minime  portion  de  ce  royal  polyglottisme  ?  Dans  les  confé- 
rences entre  grands  hommes  d'Etat  on  souffre  de  voir  s'in- 
terposer entre  les  interlocuteurs  la  silhouette  du  truchement. 
Si  parfait,  si  soudain  qu'on  le  suppose,  il  masque,  il  embue, 
il  retarde,  il  refroidit.  On  voudrait  le  contact  immédiat  et 
décisif.  Qu'on  se  rappelle  cette  grande  scène  shakespearienne 
du  4  août  1914,  l'ambassadeur  d'Angleterre,  sir  Edward 
Goschen,  manœuvrant  le  chancelier  von  Bethmann  Hollweg, 
et  celui-ci  gesticulant,  argumentant,  bégayant  en  face  de 
son  impassible  visiteur,   s'affolant  à  l'idée  des  armées  aile- 


2/2  LES    LANGUES    MODERNES 

mandes  déjà  en  marche  à  travers  la  Belgique,  faisant  sur 
l'honneur  britannique  une  tentative  suprême,  et  se  livrant 
enfin,  avec  toute  la  vilenie  de  son  âme,  dans  un  mot  histo- 
rique,  symbole   désormais   de  l'honneur   allemand   (1). 

Ils  semblent  donc  vraiment  bien  étrangers  aux  choses  de 
leur  temps  ces  pédagogues  et  conseillers  vétustés  qu'on  en- 
tend répéter  d'un  air  sentencieux  :  «  Une  langue  vivante 
c'est  beaucoup  ;  surtout  n'en  étudiez  pas  une  seconde  ;  lais- 
sez aux  Suisses,  aux  Roumains  et  à  l'on  ne  sait  quels  Sla- 
ves ce  triste  privilège.  «  Puisque  ni  la  guerre  ni  l'après- 
guerre  n'ont  pu  leur  ouvrir  les  yeux,  laissons  ces  «  taupes 
antiques  »,  comme  dirait  Hamlet,  à  leur  aveuglement  et  à 
leurs  galeries  ténébreuses.  M.  Herriot  dit  quelque  part  : 
«  Notre  pays  a  bien  mérité  de  connaître  enfin  le  règne  de 
l'intelligence.  »    Ce  n'est  point  à  ceux-là  qu'il  pensait. 


yi.  Herriot  conserve  au  sommet  de  l'édifice  la  philosophie, 
mais  avec  les  plus  expresses  réserves.  Il  la  somme  de  s'hu- 
maniser elle  aussi.  Il  considère  comme  un  défi  porté  à  la 
raison  que  de  proposer  à  des  adolescents  de  dix-sept  à  dix- 
huit  ans,  dans  les  épreuves  du  baccalauréat,  les  énigmes  sui- 
vantes dont  il  a  scrupuleusement  relevé  le  texte  dans  des 
documents  dignes  de  foi  :  «  Quelle  confiance  peut-on  accor- 
der à  la  psychologie  des  peuples  primitifs  '?  —  Donner  une 
théorie  psychologique  de  la  certitude.  —  L'espace  et  le  temps 
sont-ils  subjectifs  comme  le  dit  Kant  ?  Le  sont-ils  tous  deux 
également  ?  »  Il  tire  de  la  boîte  aux  sujets  deux  ou  trois  au- 
tres numéros  de  même  force,  et  il  nous  demande  avec  un 
sourire  méphistophélique  :    «  Qui   trompe-t-on   ici  ?  » 

La  philosophie  n'a  cure  de  nos  apologies,  nuiis  vraiment 
nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  protester  ici  contre  les 
sévérités  de  M.  Herriot  à  son  égard.  Le  seul  reproche  tant 
soit  peu  fondé  qu'on  pourrait,  tout  au  plus,  adresser  à  nos 
penseurs  contemporains,  ce  serait,  par  instants,  une  certaine 
afTectation  d'obscurité.  Ils  sont  comme  les  nuages  qui  se 
tiennent  volontiers  sur  les  hauteurs,  mais  on  n'est  pas  fâché 
qu'ils   se   dissii)ent  pour  y  voir  clair  autour  de  soi   et   con- 


(1)  Cet  entretien  ont  lieu  en  anf,'lais.  Nous  devons  ce  détail  cinieu.x  à 
la  courtoisie  de  sir  Edward  (losclien.  Le  mot  que  doit  retenir  l'histo- 
rien est  donc  l'expression  anglaise  scrap  of  paper. 


M.    HEHRIOT    I;T    l.HS    IIl.MAMTKS    MODKUNES  273 

tt'inplcr  le  paysage.  Mais  nous  parlons  ici  de  la  philosophie 
extra-scolaire.  Celle  du  lycée  est  infiniment  plus  voisine  de 
la  vallée  et  de  la  plaine  et  ne  se  revêt  de  brunies  que  par 
accident.  Ne  la  jugeons  pas  sur  les  cas  limites  signalés  par 
M.  Herriot.  Nous  ne  voyons  nullement  qu'elle  dépasse  l'en- 
tendement d'un  garçon  bien  équilibré  et  de  capacités 
moyennes.  La  classe  de  philosophie  n'est  en  aucune  façon 
l'hortiis  iiiclusus  des  scolastiques,  le  jardin  mystérieux  au 
milieu  duquel  s'élèvent  les  deux  arbres  jumeaux  de  la 
science  et  de  la  vie.  C'est  une  classe  de  révision  dans  laquelle 
les  enseignements  des  années  précédentes  sont  rappelés,  ré- 
sumés, concentrés,  approfondis,  universalisés  avant  que  la 
faculté  ou  rinstiti-d  technic|ue  i)asse  aux  jeunes  étudiants 
les   œillères   du   spécialiste. 

Voilà  déjà  trois  ou  cpiatre  ans  qu'ils  font  de  la  philoso- 
phie sans  le  savoir  avec  leurs  professeurs  de  lettres  el  de 
sciences.  II  ne  leur  manque  que  l'allure  dogmatique  de 
l'exposé  et  le  vocabulaire  adéquat,  ce  qui  est  affaire  de 
lexique  et  de  tour  de  main.  L'analyse  psychologique  leur 
est  familière  depuis  qu'ils  ont  pris  contact  avec  les  classi- 
ques. Ils  ont  disséqué  des  caractères  compliqués  de  traîtres 
et  de  héros.  Les  cœurs  de  femme  n'ont  pas  trouvé  grâce 
devant  leur  scalpel  ;  ils  en  ont  studieusement  exploré  les 
replis.  Ils  ont  étudié  la  psychologie  des  foules  dans  Shakes- 
peare ou  Schiller,  les  maladies  de  la  volonté  chez  les  per- 
sonr.ages  de  Racine,  les  multiples  aspects  de  l'aniour-propre 
humain  dans  les  œuvres  de  nos  moralistes  qui  sont  des 
philosophes  déguisés  en  hommes  de  lettres.  La  logique  en 
tant  que  méthodologie  leur  a  été  esquissée  par  le  mathéma- 
ticien, le  physicien  qui  ne  s'est  pas  contenté  de  leur  servir 
des  théorèmes  ou  des  formules  toutes  parées  et  dressées  ; 
il  leur  a  laissé  entrevoir  comment  une  science  péniblement 
■s'élabore,  comment  elle  se  défait  et  se  refait  sans  cesse. 
t  L'historien  lui  aussi  aurait  joué  de  malheur  s'il  n'avait 
f'  jamais  rencontré  en  chemin  un  mot  controversé,  une  anec- 
dote suspecte  exigeant  la  remontée  aux  sources,  et  propre  à 
démontrer  la  fragilité  de  toute  construction  historique.  Et 
comment  ne  pas  elTleurer  la  métaphysique  si  on  lit  un  peu 
de  près  Pascal,  Bossuet,  Vigny,  Hugo  ;  nous  oserons  mêhie 
y  ajouter  Voltaire.  Il  n'est  pas  profond,  soit  ;  mais  il  y  a 
des  puits  d'une  teile  profondeur  que  la  Vérité  ne  réussit 
jamais  à  en  sortir.  C'est  souvent  le  cas  pour  les  Allemands. 


274  LES   LANGUES    MODERNES 

Soyons  de  chez  nous  et  ne  rougissons  pas  d'avoir  'l'eau 
fraiche  à  portée  de  la  main. 

Donc  l'on  révise,  c'est  entendu.  Mais  souvencns-nous  que 
les  élèves,  à  qui  l'on  présente  ainsi  des  doctrines  qui  n'ont 
de  singidarité  que  celle  de  leurs  vocables,  sont,  avec  le 
temps,  devenus  presque  de  jeunes  hommes.  Ils  révisent,  mais 
avec  plus  de  maturité,  d'expérience  de  la  vie,  avec  le  fré- 
missement des  fins  d'adolescence.  Ils  découvrent  vraiment 
un  monde  tout  nouveau  parce  qu'ils  se  découvrent  eux- 
mêmes.  D'autre  part,  cette  philosophie  diffuse  en  vingt  cours 
différents,  demeurait  pour  eux,  et  chez  eux,  à  l'état  de  nébu- 
leuse. Il  est  excellent  qu'ils  soient  invités  à  donner  quelque 
unité  à  toutes  les  réflexions  jusqu'alors  suggérées,  surtout 
si  cette  unité  de  pensée  doit  avoir  pour  conséquence  l'unité 
du  caractère,  la  pleine  conscience  de  soi-même.  C'est  une 
qualité  si  appréciable  que  de  savoir  qui  l'on  est,  ce  que  l'on 
veut,  où  Ton  va,  que  d'apercevoir  derrière  soi,  lorsqu'on 
regarde  ses  années  écoulées,  un  sillage  droit,  bien  net,  que 
d'offrir  à  ceux  qu'on  estime  ou  qui  vous  sont  chers  une 
amitié  exempte  de  caprices-,  et  à  ses  adversaires  la  même 
inaltérable  et  cordiale  hostilité.  La  philosophie  nous  met 
précisément  en  garde  contre  les  hésitants,  les  agités,  les 
dilettantes,  les  candidats  malheureux  au  mysticisme,  ceux 
qui  sont  toujours  à  la  veille  d'une  conversion,  du  saut  dans 
l'inconnu  et  même  ceux  qui  le  font.  Elle  vous  fait  aimer 
le^  existences  d'une  belle  tenue,  d'un  métal  solide  et  ductile. 
Les  grandes  cassures  provoquent  parfois  l'admiration,  mais 
elles  sont  plus  souvent  l'indice  d'une  fêlure  initiale. 

Se  connaître  soi-même  et  ne  pas  trop  changer,  c'est  le 
commencement  de  toute  sagesse.  Mais  le  philosophe  vous 
demande  un  effort  de  plus.  Il  vous  avertit,  et  il  y  insiste,  que 
les  idées  même  bien  classées,  même  promues  à  la  dignité 
d'idées-forces  demeurent  à  l'état  de  négligeables  embryons 
lorsque  nul  acte  ne  les  suit.  Il  joint  à  l'éducation  de  l'in- 
telligence celle  de  la  volonté,  ébauchée,  nous  l'avons  dit,  par 
les  maîtres  qui  ont  précédé,  mais  qu'il  veut  parachever  au 
moment  décisif  qui  précède,  pour  ses  disciples,  l'entrée  dans 
la  vie.  Voilà  ce  qu'il  regarde  comme  sa  tâche  essentielle, 
comme  la  véritable  gymnastique  morale.  Sa  classe  n'est  pas 
cette  couveuse  d'antan  où  de  petits  métaphysiciens,  impa- 
tients d'éclore  en  système,  donnaient  impatiemment  du  bec 
contre  leur  coquille  ;  c'est  une  manière  de  stade  sur  le  por- 


M.    HERRIOT    I;T    LES    HIMANITÉS    MODERNES  '        275 

tique    duquel    s'inscrivent    précisément    les    mots    que    nous 
l)roposait  M.  Herriot  connue  devise  :  Agir,  vouloir. 

On  peut  juger  à  ses  fruits  cette  salutaire  discipline  faite 
de  raison  et  de  décision,  car  l'on  reconnaît  à  des  signes  cer- 
tains les  meilleurs  de  ceux  qu'elle  a  formés.  Ce  sont  des 
hommes  qui  ne  prennent  l'existence  ni  au  tragique,  ni  à 
la  légère  ;  il  leur  suffît  qu'elle  soit  chose  sérieuse.  Ils  parlent 
peu  des  devoirs  qu'on  leur  a  enseignés  parce  qu'on  leur  a 
appris  la  modestie  ;  ils  se  contentent  de  les  remplir  de  leur 
mieux.  Ils  entrent  dans  la  vie  active  avec  bonne  humeur  et 
bon  courage.  Invités  à  décider  de  leur  état-civil,  ils  trou- 
vent plus  chevaleresque  de  s'enrôler  de  bonne  heure  dans 
l'armée  des  pères  de  famille,  ces  grands  aventuriers  du 
monde  moderne,  que  de  s'embusquer  dans  le  célibat.  Dans 
la  course  aux  honneurs  et  aux  profits  ils  se  voient  sérieuse- 
ment handicapés  par  ceux  qui  ne  traînent  pas  avec  eux 
une  maison  et  qui  savent  d'où  vient  le  vent,  mais  ils  se 
consolent  de  leur  lenteur  en  se  disant  qu'un  jour  peut-être 
on  leur  donnera  la  préférence  quand  on  sera  fatigué  des 
lièvres.  L'arrivisme  à  tout  prix  n'est  point  d'ailleurs  leur 
fait.  Ils  ont  retenu  qu'il  est  d'autre*  lecture  que  celle  des 
annuaires,  d'autres  amis  que  les  gens  en  place,  d'autre  idéal 
que  le  transport  privé,  luxueux  et  rapide.  Vous  perdriez 
votre  temps  à  leur  prêcher  la  vie  simple,  car  ils  la  vivent, 
ou  la  simplicité  d'esprit,  car  ils  ne  vous  écouteraient  •  plus. 
Ils  ne  tiennent  pas  en  effet  à  passer  pour  des  saints,  et  ne 
veulent  abdiquer  aucune  de  leurs  faiblesses.  Le  rigorisme 
leur  inspire  quelque  méfiance,  l'expérience  leur  ayant  ap- 
pris la  merveilleuse  souplesse  de  certaines  échines  raides. 
Ils  en  tomberaient  presque  dans  l'excès  contraire  ;  ils  au- 
raient l'absolution  facile  par  manière  de  protestation.  La 
morale,  on  le  voit,  leur  tient  encore  plus  à  cœur  que  la 
métaphysique.  Ils  feraient,  même  à  des  philosophes  allemands, 
les  plus  basses  concessions  tant  qu'il  ne  s'agira  que  de  me- 
surer le  degré  de  subjectivité  de  l'espace  ou  du  temps  ;  ils 
ne  leur  en  feront  aucune  si  l'on  se  met  à  parler  de  justice 
et  d'indépendance.  «  Plaisante  justice  qu'une  rivière  bor- 
ne !  »  En  dépit  du  sceptique  ils  ont  une  préférence  pour 
l'idée  qu'on  se  fait  de  la  justice  de  ce  côté-ci  du  fleuve,  et 
ils  consentiraient  quelques  légers  sacrifices  pour  conserver 
leur  liberté  telle  qu'on  l'entend  chez  nous. 


276  LES   LANGUES    MODERNES 

L'on  quitte  avec  regret  les  livres  pleins  de  choses,  même 
quand  ils  vous  portent  plus  loin  qu'on  n'avait  dessein  d'aller. 

Lorsqu'on  essaie  de  mettre  un  peu  d'ordre  dans  ses  im- 
pressions, après  l'examen  de  conscience  auquel  M.  Herriot 
nous  a  conviés,  on  se  dit  qu'à  tout  prendre  notre  ensei- 
gnement français  se  porte  encore  assez  bien,  et  que  parler 
de  crise  serait  puéril.  Ce  n'est  même  pas  une  réforme  qui 
s'impose,  mais  plutôt  une  mise  au  point,  quelques  redresse- 
ments, ici  et  là  un  coup  de  sécateur.  Le  latin,  on  l'a  constaté, 
se  cramiîonne  au  français  comme  le  lierre  à  la  muraille, 
qu'il  finit  pas  masquer  et  par  décrépir.  Ne  permettons  pas 
que  le  feuillage  ornemental  dégrade,  l'édifice.  Ouvrons  aussi 
un  peu  plus  largement  nos  fenêtres.  Regardons  davantag? 
par-dessus  les  murs  mitoyens.  Tout  en  cultivant  le  jardin  de 
la  France,  sachons  à  quoi  l'on  s'occupe  dans  les  sables  du 
Brandebourg.  Que  les  historiens  et  les  géographes  veillent 
au  salut  de  la  république.  Nous  offrît-on  d'ailleurs  le  pro- 
gramme idéal  nous  savons  qu'il  vaudra  ce  que  vaudront  les 
maîtres.  Plus  que  jamais  il  nous  en  faut  d'excellents.  Qu'on 
songe  à  ce  qu'il  est  tombé  naguère  de  jeunesse,  d'espérance, 
de  science  sereine,  de  réflexion  profonde,  d'affection,  de 
dévouement.  Pour  que  l'Université  de  demain  ne  soit  pas 
trop  indigne  de  ce  qu'elle  eût  été  si  tous  ces  absents  nous 
avaient  été  conservés,  faisons  que  l'élite  des  jeunes  généra- 
lions;  ayant  à  choisir  au  carrefour  décisif  entre  la  richesse 
et  la  vertu,  puisse  sans  trop  déchoir  s'engager  dans  la  voie 
où  son  instinct  la  conduisait.  L'Université  se  satisfait  de 
peu.  La  médiocrité  de  ses  ambitions  terrestres  lui  fait  peu 
d'envieux,  et  le  monde  où  l'on  brille  l'éclaboussé  parfois  de 
ses  dédains,  mais  c'est  encore  vers  elle  et  ceux  qu'elle  a  for- 
més qu'aux  jours  de  grandes  convulsions  la  nation  se  re- 
tourne le  plus  volontiers  pour  leur  demander  des  idées  et 
dos  hommes. 

Jules  DouADY. 


««»- 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


Le  Sixième  Centenaire  ie  la  mort  de  Pante 


Non  seulement  l'Italie,  mais  le  monde  entier  célèbre  cette 
aiMic-e,  avec  éclat,  le  six  centième  anniversaire  de  la  mort  de 
Dante  survenue  à  Ravenne,  le  14  septembre  1321.  Et  dans  ce 
grand  mouvement  d'art  et  de  pensée,  la  France  semble  figurer 
au   premier    rang,    bien    entendu,    après   l'Italie. 

Dante  est  certainement  un  de  ces  génies  universels,  que  l'huma- 
nité entière  a  le  droit  de  revendiquer,  mais  il  n'en  est  pas  moins 
italien,  très  italien.  .Ses  compatriotes  ont  pour  lui  un  véritable 
culte  qui  n'a  pas  d'équivalent  en  France,  peut-être,  parce  que 
chez  nous  aucun  génie  ne  domine  les  autres,  au  même  degré,  que 
le  grand  llorentin  fait  ses  compatriotes.  Ses  ierzine  de  la  Divine 
(lomêilie  chantent  un  peu  dans  toutes  les  mémoires.  A  F^lorence, 
elles  sont  gravées  sur  des  plaques  de  marbre  à  chaque  coin  de 
rue  dont  elles  illustrent  l'histoire.  Les  écrivains,  les  orateurs 
cmaillent  volontiers  leurs  discours  ou  leurs  écrits  de  citations 
tirées  plus  particulièrement  de  la  Dinine  Comédie  considérée 
longtemps  comme  une  Somme.  De  nos  jours,  Gabriele  d'Annun- 
zio  lui-même  avoue  parfois  qu'il  imite  des  vers  de  Dante  «  non 
pas  parce  qu'il  y  a  un  rapport  réel  entre  le  passage  imité  et  le 
moment  lyrique  de  la  Canzone  (Elena  di  Francia  dans  la  Gestq 
d'OUreinare),  mais  parce  que  toute  sorte  de  fait  ou  de  signe 
peut  être  tiré  de  la  Divine  (Comédie  à  livre  ouvert  comme  on 
faisait  les  oracles  des  Livres  Sibyllins  ».  Telle  était,  ni  plus  ni 
moins,  l'idée  qu'on  se  faisait  de  Virgile  au  moyen  âge. 

Volontiers,  les  Italieos  sont  disposés  à  voir  en  Dante  Alighieri 
l'incarnation  du  génie  de  leur  race  et  celui  qui  les  honore  le 
plus.  De  même  pour  ce  peuple  si  sensible  à  la  beauté  et  à  la 
noblesse  de  la  poésie  et  des  beaux  arts,  c'est  un  vrai  titre  de 
gloire  que  d'occuper  une  place,  si  peu  honorable  soit-elle,  dans 
le  divin  poème.  Ainsi,  cette  année,  la  ville  d'Anagni  a  eu  à  cœur 
d'être  la  première  à  fêter  le  farouche  justicier  de  Boniface  VIII. 
Plus  de  deux  siècles  après  la  mort  du  poète,  le  florentin  Vincent 
Acciaioli  déclarait  qu'il  aurait  donné  -  volontiers  tout  ce  qu'il 
possédait  pour  que  Dante  eiit  mentionné  quelqu'un  de  sa  famille, 
même  s'il  l'avait  condamné  aux  pires  tourments  de  son  enfer.  Il 
est  permis  de  croire  aussi  que  l'illustre  exilé  dut  un  peu  de  la 
bienveillance  que  lui  témoigna  Guido  Novello  da  Polenta,  tyran 
de  Ravenne,  au  sublime  épisode  de  l'enfer  qui  a  immortalisé  la 
grande  amoureuse  Francesca,  sa  tante.  Chez  nous-mêmes,  d'ail- 
leurs, n'accepte-t-on  pas  volontiers  avec  quelque  fierté  la  tradi- 
tion —  sinon  la  légende  —  qui  veut  que  D^inte  ait  pris  le  grade 
de  bachelier  à   l'Université   de   Paris  ? 


278  LES   LANGUES    MODERNES 

Les  intellectuels  d'Italie,  et  le  gouvernement  italien  lui-même 
ont  pensé  à  faire  du  Centenaire  dantesque  une  date  sacrée  pour 
l'élévation  spirituelle  du  peuple  italien  en  célébrant,  en  l'auteur 
de  la  Divine  Comédie,  les  plus  pures  valeurs  de  la  tradition  et 
de  la  pensée  italiennes.  Nous  avons  sous  les  yeux  la  circulaire 
du  10  janvier  1921  adressée  par  le  ministre  des  Affaires  étran- 
gères, Comte  Sforza,  aux  représentants  de  l'Italie  à  l'étranger 
où  il  est  dit  qu'il  y  a  lieu  d'expliquer  aux  Italiens  l'œuvre  de 
Dante  «  et  d'en  montrer  la  valeur  et  la  signification  nationales  ... 
Et  encore  :  que  les  fêtes  du  Centenaire  ne  seront  pas  «  seule- 
ment un  hommage  au  plus  grand  génie  de  la  race  italienne,  mais 
qu'elles  devront  servir  à  exalter  l'Italie  à  la  face  des  nations 
étrangères,  dans  le  nom  du  Poète  devant  qui  le  monde  s'incline 
respectueux   ». 

En  Italie,  de  grands  efforts  sont  faits  pour  vulgariser  l'œuvre 
de  Dante,  grâce  à  des  conférences,  des  causeries  et  même  des 
représentations  cinématographiques.  Enfin,  en  septembre  pro- 
chain, sera  organisé  un  triple  pèlerinage  à  Ravenne,  à  Florence 
et  au  Capitole.  A  leur  passage  à  Florence,  les  délégués  des  dif- 
férentes communes  italiennes  assisteront  à  la  lecture  de  quelque 
chant  de  la  Divine  Comédie  et  de  quelque  poésie  du  Canzoniere 
dans  l'un  des  théâtres  de  la  ville.  Quant  au  discours  commémora- 
tif,  il  sera  prononcé  par  d'Annunzio  dans  la  fameuse  salle  des 
Cinq-cents  du  Palais  vieux,  dans  ce  palais  où  a  retenti  la  voix 
de  Dante  lui-même  au  temps  où  il  faisait  partie  du  gouverne- 
ment de  la  République  de  Florence.  Spectacle  vraiment  unique: 
Dante,  grand  poète  et  grand  citoyen,  quoique  homme  de  parti, 
aux  passions  ardentes,  évoqué  dans  son  cadre  historique  par  un 
de  ses  grands  admirateurs,  artiste  digne  du  maître  et  comme  le 
maître,  actuellement,  homme  de  parti  avec  passion,  mais  patriote 
quand  même,  quoique  un  peu  trop  à  sa  manière.  Quant 'à  Dante 
Alighieri,  n'oublions  pas  qu'il  a  fixé  les  frontières  naturelles  de 
l'Italie  en  des  vers  immortels  que  nous  avons  déjà  eu  l'occasion 
de  citer,  en  un  siècle  où,  plus  que  jamais,  l'Italie  n'était  vrai- 
ment qu'une  expression  géographique.  Les  grands  patriotes  du 
Risorgimento  se  réclament  de  lui  et  le  républicain  Mazzini  le 
considère  en  quelque  sorte  comme  son  père  spirituel.  Ou  a  pu 
même  affirmer,  avec  raison,  que  le  mépris  de  Dante,  ou  sou  culte, 
mesurent,  en  Italie,  la  décadence  ou  les  progrès  de  l'esprit  public. 
Rappelons-nous  d'ailleurs  les  vers  que  Leopardi  écrivait  en  1818 
à  l'occasion  d'une  souscription  lancée  à  Florence  pour  l'érec- 
tion d'un  monument  au  poète  dans  l'église  de  Santa-Croce, 
le   Panthéon   de    l'Italie  : 

<■  Si  jamais  tu  es  sorti  de  nos  cœurs,  si  jamais  tu  en  sors, 
puisse,  si  c'est  possible,  notre  malheur  augmenter  et  puisse  ta 
1  ace   ignorée   du  monde  entier   pleurer  ses   éternels   malheurs.   » 

Que  les  mânes  de  Leopardi  rei)osent  en  pai.x  :  le  nom  et  le 
culte  de  Dante  Alighieri  vivront  tant  qu'il  y  aura  une  langue 
italienne    et    des    Italiens. 

Paul     Paoli. 


CHROXIQUE   ETRANGKKK 


279 


Adapfafion  de  TAubade  (fflieffe  ef  Hora),  de  Jean  Aicard 


Je  sonne,  Marguerite, 
Cette  auliade  pour  toi. 


Ich  briiig',  Margarita, 
Dies  Stiindchen  dir  dar  : 
O  horch,  wie  die  Zither 
Erkiingt  wunderklar. 

—  Ich  kenne  die  Leier, 
Sie  reizt  micli  nicht  mehr  ; 
Und  geht  es  so  weiter, 

Icli  spring  nocli  ins  Meer. 

—  Und  meinst  zu  entrinnen 
Der  Liebe  Geschick  ? 

Ins  Wasser  ich  springe 
Und  bring  dich  zuriiçk  ! 

—  Und  wàhnst  mich  zu  halten, 
O  Schwimmer  so  kiihn  ! 

So  werd'  icii  zum  Aale 
Und  gieite  dahin  ! 

—  Der  Aal  mag  entwischen 
Dem  Schwimmer  gewandt, 
So  wild  ich  dich  fischen 
Als  Fischer  am  Strand  ! 


—  So  will  ich  aïs  Rose 
Im  Garten  erblûh'n  ! 

—  Zum  duftenden  Schossc 
Als  Biene  ich  zieh'n  ! 

—  Als  Stern  will  ich  beben 
Zu  nachtlicher  Stund'  ! 

—  Als  Wolke  umschwebe 
Ich  Aug'  dir  und  Mund  ! 

—  Und  wirst  du  zur  Wolke, 
Den  Sternen  zum  Trutz, 

So  find'  ich  als  Nonne 
Im  Kloster  noch  Schutz  ! 

—  Nicht  soll  mich  erschIatTen 
Ein  klosterlich  Haus  : 

Ich  mach'  mich  zu  Pfaffen 
Und  beichte  dich  aus  ! 

—  Was  liegt  mir  am  Pfaflfen  ! 
Ein  Retter  erscheint  : 

Du  siehst  mich  erblassen 
Von  Nonnen  beweint  ! 


—  Dann  werd'  ich  zur  Welle, 
Die  nimmermehr  ruht  ! 

—  Und  ich  bin  das  Bette 
Der  wallenden  Flut  ! 


—  Verstummest  du  sterbend, 

Kein'  Nonne  mehr  weint 

Dann  werd'  ich  zur  Erde  : 
Das  Grab  uns  vereint  ! 


—  Vom  Stàndchen  bezwungen 
Bin  dein  ich  jetzund  ; 
Komm,  sei  denn  mein  Buhie, 
Und  kûss'  mir  den  Mund  ! 


So  sang  Margarita  ! 


ScHAEKFER  (Naucy). 


-K- 


BIBLIOGRAPHIE 


COMPTES    RENDUS 


Edouard  Cuyot.  —  H. -G.  Wells.  Paris,  Pavot,  1920;  3lil  p. 
in-12»,  12  francs. 

L'œuvre  de  Wells  est  Tune  des  plus  substantielles  que  nous 
ollre  la  littérature  contemporaine.  Un  esprit  assez  large,  assez 
indépendant,  assez  neuf,  pour  refléter  ces  réalités  profondes  de 
notre  âge  :  les  problèmes  sociaux,  le  bouillonnement  impa- 
tient d'une  nouvelle  culture  sous  la  surface  de  l'ancienne,  la 
iigure  transformée  d'un  monde  que  la  science  pénètre  ;  un  esprit 
assez  heureux  pour  ignorer  les  empreintes  conventionnelles,  les 
élégances  de  salon,  tous  les  snobismes  ;  l'union  rare  d'une  pensée 
nourrie  de  faits,  d'une  sensibilité  ouverte  au  pathétique  de  la 
vie,  d'une  imagination  qui  sait  voir  l'invisible  et  le  mystèi'e  ;  la 
rencontre  d'un  biologiste,  d'un  sociologue,  d'un  psychologue,  d'un 
mystique  —  il  ne  fallait  pas  moins  pour  nous  donner,  sous  la 
forme  imparfaite,  crue,  vulgaire,  d'un  art  qu'emporte  une  inspi- 
ration irritée  et  fiévreuse,  le  poème  critique,  ardent  et  douloureux 
de  notre  temps  singulier  —  transition  entre  deux  ères,  où  tant 
d'yeux  sont  aveugles  à  ce  qui  n'est  pas  le  passé. 

Sur  cette  œuvre,  nous  n'avions  en  français  que  les  aperçus 
médiocres,  ou  pires,  du  journalisme  ;  et  pour  toute  information 
sérieuse,  quelques  articles  pénétrants  et  vigoureux  de  M.  Che- 
vrillon,  un  chapitre  de  M.  Guyot  (dans  :  Le  Socialisme  et  l'cuolu- 
lion  (le  l'Angleterre  contemporaine).  Le  livre  où  M.  Guyot  résume, 
en  presque  toute  son  étendue,  la  pcjisée  de  Wells,  est  une  addi- 
tion précieuse  à  la  petite  bibliothèque  —  trop  petite  encore  — 
des  ouvrages  qui  peuvent  apporter  à  un  Français,  d'aujourd'hui 
la    pulsation   véritable    de    l'humanité    en    travail. 

Ce  livre  est,  au  sens  le  plus  haut,  de  la  vulgarisation  bien  f:iite. 
Un  premier  chapitre,  <•  L'Orientation  intellectuelle  de  Wells  •■, 
montre  comment  les  idées  s'enchaînent  dans  cet  esprit,  et  com- 
ment il  a  passé,  d'une  province  de  la  réflexion,  de  la  critique,  de 
l'hypothèse  ou  de  la  construction,  à  une  autre.  Parti  de  l'évolu- 
tion, appliquant  cette  vue  générale  au  devenir  des  sociétés,  cher- 
chant les  conditions  de  leur  survie,  se  faisant,  par  degrés,  une 
philosophie  de  la  vérité  comme  de  la  justice,  et  aboutissant  à 
une  foi  où  la  destinée  de  l'homme  rejoint  celle  de  l'univers  ; 
naturaliste,  pragmatistc,  illuminé,  Wells  s'est  développé  selon 
une  croissance  intérieure  dont  le  principe  peut  être,  sans  trop 
d'artifice,  retrouvé.  Et  M.  Guyot  nous  montre  avec  juste  rai,son 
que  cette  pensée  en  un  sens  dénationalisée,  livrée  aux  besoins  de 
vérité  intrépide  qui  blessent  les  partis-pris  profonds  de  sa  race» 
garde   avec   celle-ci   des   aflinités   essentielles,    une   exigence   de   réa- 


BIHI.IOGHAPHIE  2S1 

litc  foiicrùtf  que  traduit  rindividualisme  nominal istc,  un  goût 
impérieux  de  règle  morale  qu'exprime  le  souei  constant  des  fins 
dernières   et   du   salut. 

••  L'homme  de  demain  «  étudie,  non  pas  l'évolution  sociale, 
mais  les  possibilités  biologiques,  économiques,  scientifiques 
(lue  l'on  obtient  en  faisant  varier,  dans  l'équation  humaine, 
l'un  des  termes.  C'est  le  Wells  des  deux  premières  j)ériodes  — 
jncrveilleux  cosmique,  sociologie  Imaginative  —  qui  est  ici  pré- 
senté. ■•  La  Oitique  de  la  société  britannique  »  passe  en  revue 
les  chefs  d'accusation,  les  motifs,  les  conclusions  du  vaste  réqui- 
sitoire que  dressent  les  romans  de  mœurs  contre  l'empirisme 
national    et    l'obstination   d'un    peuple    intellectuellement    amorphe. 

Le  Socialisme  de  ^^'ells  «,  mettant  en  œuvre  surtout  •■  Xeif 
W'irlds  for  Old  »,  nous  montre  la  qualité  large,  souple, 
^nnciliatrice  de  ce  socialisme  constructif,  le  situe  par  rapport  au 
Marxisme,  au  Fabianismc,  évoque  les  réalisations  entrevues.  <■  A 
la  recherche  d'une  aristocratie  >  rappelle  le  rôle  des  unités  supé- 
rieures, des  élites  véritables,  dans  cette  doctrine  qui  oriente  le 
socialisme  vers  l'épanouissement  intégral  de  l'individu.  "  Wells 
et  la  femme  »  pose  le  problème  de  l'éternel  féminin,  sous 
la  forme  aiguë,  universelle,  où  l'auteur  de  •'  Ann  Veronica  », 
<iu  <•  Xew  Machiaoelli  »,  de  "  Marriage  «,  de  "  The  Passioiutte 
Friends  »,  l'a  p',>sé,  sinon  résclu  ;  ce  problème  de  la  sexualité  qui 
traverse  et  limite  les  libres  relations  spirituelles  des  êtres,  et  quc 
Wells  a  traité  avec  une  frénésie  tumultueuse  toute  pleine  des  fré- 
missements de   sa  personnalité  intime. 

Un  résumé  dense  et  riche,  donc...  M.  Guyot  avait  à  présenter 
des  idées  nombreuses,  complexes,  en  les  simplifiant  et  les  organi- 
sant assez  pour  les  rendre  claires,  pour  les  relier,  les  expliquer 
les  unes  par  les  autres  ;  et  il  ne  devait  pas  non  plus  en  fausser 
la  croissance  véritable,  le  mouvement  intérieur.  Il  lui  fallait  déga- 
Lvr  des  formules,  viser  à  l'abstraction,  et  d'autre  part  garder 
!(.■  plus  possible  de  la  qualité  concrète,  pittoresque,  variée  d'une 
œuvre  qui  est  une  perspective  émouvante  ouverte  sur  l'homme, 
son  présent,  son  avenir.  Sentir  les  difficultés  de  la  tâche,  c'est 
apprécier  le  mérite,  le  beau  succès  de  l'entreprise.  On  eût  souhaité 
peut-être,  par  endroits,  un  enchaînement  plus  sûr,  une  forme  plus 
dépouillée  encore  ;  le  rapport  de  l'individu  et  de  l'espèce,  d'après 
Wells,  est  esquissé  avec  une  certaine  insouciance  de  la  contradic- 
tion apparente  (p.  40,  57  ;  et  la  solution  implicite,  p.  162)  ;  et  les 
aspects  les  plus  récents  de  la  pensée  de  Wells,  sa  réaction  à  la 
guerre,  son  mysticisme  religieux,  sont  laissés  en  dehors  d'une 
enquête  dont  le  champ,  à  vrai  dire,  était  sans  eux  déjà  si  vaste. 
Ces  taches  légères,  cette  lacune,  quoi  qu'il  en  soit,  n'ôtent  rien 
de  sa  valeur  à  un  exposé  ferme,  éloquent,  objectif  et  en  même 
temps  personnel,  animé  d'une  ardeur  contagieuse  qui  est  la  pas- 
sion véritable  de  la  pensée  de  Wells.  Vibrant,  allègre,  et  pourtant 
si  plein,  ce  livre  se  lit  avec  un  vif  plaisir  ;  il  sera  largement  lu  ; 
et  tout  esprit  qui  n'est  pas  fermé  aux  inquiétudes  fécondes  en 
sortira  remué,  instruit. 

Louis     C\ZAMIAN. 


282  LES   LANGUES    MODERNES 

Louis  Cazan)iai),  Maître  de  Conférences  à  la  Sorbonne.  — 
Son)e  aspects  of  tbe  Mii)d  of  Frai)ce  (The  Rice  institute 
Pamphlet.  Vol.  VI.  Jan.  1919,  no  1). 

Cette  élégante  brochure  est  imprimée  par  The  Rice  Institute,  a 
University  of  Libéral  and  Technical  Learning,  founded  hij 
William  Rice  in  the  City  of  Houston,  Texas,  and  dedicated  by 
him  ta  the  Advancement  of  Letters,  Science,  and  Art.  C'est  à  la 
fois  une  œuvre  de  pensée  et  d'art.  Elle  contient  trois  conférences 
faites  après  l'armistice  dans  cette  université  du  Texas,  sur 'l'unité, 
sur   la   personnalité,   et    sur   l'avenir  de   la    France. 

Sans  doute,  les  faits  exposés  sont-ils  familiers  à  tous  nos  com- 
patriotes cultivés.  Mais  l'acuité  avec  laquelle  ont  été  perçus,  et 
l'harmonieuse  sobriété  avec  laquelle  y  sont  tracés  les  traits 
essentiels  du  caractère  national,  sont  choses  rares.  Quiconque  a 
su  goûter  tout  ce  que  comportent  à  la  fois  de  science,  de  péné- 
tration et  d'éloquence  disciplinée  les  ouvrages  déjà  connus  de 
l'auteur  (en  particulier  l'Evolution  Psychologique  et  la  Litté- 
rature Anglaise,  dont  rendait  compte  le  précédent  Bulletin), 
retrouvera  en  ce  tryptique  ces  qualités  maitresses  d'un  intellectuel 
éminent  français,  dont  on  sent  qu'il  n'a  dû  faire  effort  que  de 
présentation,  et  nullement  de  recherche  du  fond  psychologique 
hors  de  lui-même,  pour  donner  de  son  pays  une  interprétation 
fidèle. 

Il  est  réconfortant  en  particulier  pour  tous  ceux  qui  pensent, 
et  pour  qui  l'action  n'a  de  valeur  qu'en  fonction  de  la  pensée,  de 
sentir  vibrer  auprès  d'eux  une  intelligence  dont  l'eifort  est  aussi 
constant  qu'ordonné  et  efficace,  et  de  trouver  en  son  verdict 
comme  en  son  exemple,  en  dehors  même  de  l'appui  de  faits 
désormais  historiques,  une  justification  de  la  culture  française. 
L'idée  centrale  du  rythme,  qui  régit  toutes  ses  œuvres,  lui  permet 
ici  d'élever  l'observateur  à  l'altitude  où  régnent  la  clarté  et  la 
sérénité,  et,  en  une  période  de  réaction  pragmatiste,  de  ne  rien 
perdre   des  réalités   ni    de   sa   foi. 

Ce  serait  une  grave  lacune  que  de  négliger  le  style  de  ces 
essais.  Je  me  souviens  d'avoir  éprouvé,  quelques  années  avant 
Ja  guerre,  une  satisfaction  profonde  de  l'esprit  en  lisant  dans 
VAthenieum  un  article  où  la  pureté  classique  de  l'anglais  s'al- 
liait à  la  couleur,  dans  le  cadre  d'une  composition  parfaite 
inaccoutumée  chez  nos  voisins  :  il  était  signé  d'André  Chevrillon. 
Je  me  rendis  pleinement  compte  alors  de  la  richesse  que  peut 
conférer  à  une  âme  française  l'exploration  ininterrompue  du  génie 
d'outre-Manche,  et  que,  pour  s'être  élargie,  elle  n'avait  rien  abdiqué, 
—  mais  que  n'avait  rien  abdiqué  non  plus,  en  se  livrant  entière  à 
un  écrivain  français,  la  langue  étrangère  dont  il  jouait  en  vir- 
tuose. Mon  impression  est  identique  en  lisant,  après  d'autres, 
ces  pages  anglaises  de  L.  Cazamian.  J'irai  plus  loin  :  la  tâche 
était  infiniment  plus  ardue  pour  lui  que  pour  l'académicien  dont 
je  parlais  tout  à  l'heure,  dont  l'éloquence  musicale,  plus  aban- 
donnée à  elle-même,  et  surtout  d'ordre  concret,  s'accommode  plus 
aisément  des  habitudes  imaginatives  anglaises.  Utilisateur,  pour 
la  commodité  même  de  ses  classifications  et  de  sa  propre  pen- 
sée,  de   cette    algèbre   philosophique    qui    a     coutume     d'impatien- 


HIBLIOCRAI'Hlli  283 

tir  ceux  qui  s'en  tiennent  à  rarithmétique  correspondante,  mais 
qui  mène  à  leur  but  les  autres  si  vite  et  si  sûrement,  L.  C.aza- 
mian  a  su,  sans  abandonner  la  rigueur  de  l'argumentation  ni 
l'allure  nerveuse  propres  à  son  tempérament,  sans  heurter  d'au- 
tre part  le  génie  d'une  littérature  qui  certes  possède  ses  écrivains 
j.hilosophiques,  mais  dont  les  principaux  sont  peut-être  ses  poè- 
tes, —  atteindre  par  la  vérité  même  de  la  langue,  à  la  beauté. 
Je  l'ai  par  moi-même  éprouvé  ;  et,  par  acquit  de  conscience,  j'ai 
fait  lire  ces  pages  à  des  personnalités  anglaises  de  profonde  et 
vaste  culture  :   elles  ont   été  de   mon  avis. 

Lorsqu'on  songe  à  la  lourde  tâche  du  professeur  en  Sorbonnc. 
la  quantité  comme  la  qualité  de  sa  production  extérieure  éton- 
nent déjà,  dans  les  domaines  d,e  la  recherche  et'  de  la  pensée  ; 
que  dans  ceux  de  la  langue  pure  et  de  l'art,  semblable  résultat 
lui  soit  encore  accessible,  c'est  ce  dont  il  serait  aussi  dilïicile 
qu'injuste    de   taire   son    admiration. 

G.    d'Hangest. 


F'-A.  Stewart.  —  Les  Lettres  Provinciales  de  Biaise 
Pascal  {Modem  Language  Texis.  General  édition  :  L.-E.  Kastner). 
Universily  Press,  .Manchester,  1920.  XXXVIII  +  360  pages,  relié,  8  s.  6. 

Nos  professeurs  de  langues  vivantes  ne  sauraient  se  désintéres- 
ser de  la  manière  dont,  en  Angleterre  même,  on  présente  aujour- 
d'hui nos  classiques  français.  Une  série,  comme  celle  qu'a  entre- 
prise l'Université  de  Manchester,  montre  ce  que  les  lecteurs  cul- 
tivés d'Outre-Manche  sont  à  même  d'apprécier  en  ce  genre. 
.M.  Stewart,  •  Pascalien  »  bien  connu,  nous  donne  ici,  tout  sim- 
plement, la  meilleure  édition  qui  existe  des  Provinciales.  Texte 
intégral,  scrupuleusement  reproduit  d'après  les  éditions  origi- 
nales, bibliographie  très  complète,  fac-similé,  notes  grammatica- 
les, littéraires  et  théologiques  abondantes,  introduction  nourrie 
aux  meilleures  et  aux  plus  récentes  sources.  (M.  Stewart  défend 
avec  M.  Jovy  et  M.  Strowski  l'idée  d'un  Pascal  qui  se  détache  de 
Port-Royal  par  un  mouvement  sensible  déjà  dans  les  deux  der- 
nières lettres».  Tout  cela  fait  le  plus  grand  honneur  à  l'auteur 
du   livre,   aux   éditeurs,   et   au   public   anglais. 

A  nous  de  leur  rendre  la   politesse... 

A.    KoszuL. 

Rer)é  Bruqet.  —  La  Coi)Stitutioi)  allen)ai)de  du  11 
août  1919.  Librairie  Payot,  Paris,  1920  (18  francs). 

L'un  des  meilleurs  livres  qui  aient  été  publiés  sur  l'Allemagne 
depuis  la  guerre,  l'un  des  plus  utiles  certainement,  est  celui  de 
M.  René  Brunet,  professeur  à  la  Faculté  de  Droit  de  Caen,  sur 
la  Constitution  allemande  du  11  août  1919.  Cet  ouvrage  n'est  pas 
seulement  une  étude  juridique  très  sûre,  il  présente  et  élucide 
bien  des  problèmes  qui  se  posent  à  propos  d'une  constitution 
nouvelle.  Fédéralisme  et  unitarisme,  principes  démocratiques  et 
républicains,  parlementarisme,  socialisation,  toutes  les  questions 
troublantes,  qui  s'agitent  actuellement  et  qui  ont  une  importance 


284  LES   LANGUES    MODERNES 

mondiale  sont  éclairées  par  les  observations  judicieuses  d'un 
esprit  des  mieux  informés.  L'ouvrage  atteint,  par  son  caractère 
scientifique,  à  une  très  grande  objectivité.  Très  bien  ordonné, 
d'une  lecture  facile  et  attachante,  il  fait  entrer  dans  toutes  les 
questions,  que  soulève  l'application  de  la  Constitution  allemande. 
Ce  n'est  pas  un  livre  seulement  pour  les  juristes  ;  c'est  une  œuvre 
faite  pour  le  grand  public  et  qui  doit  être  avant  tout  signalée 
aux  professeurs    de    langues   modernes. 

Sans  essayer  de  l'analyser,  marquons  simplement  quelques-unes 
des   grandes   questions   étudiées   dans   cet    ouvrage. 

L'un  des  problèmes  les  plus  importants  est  celui  de  VEtat  fédé- 
ral et  de  l'Eiat  unitaire.  Question  capitale  pour  l'Allemagne  et 
pour  l'Europe.  La  nouvelle  Constitution  allemande  marque  une 
tendance  très  accusée  vers  l'unité,  surtout  dans  l'organisation  de 
l'armée  et  des  services  administratifs.  Mais  quelle  place  garde 
la  Prusse  dans  cette  unité  ?  Elle  a  perdu  certains  avantages,  mais 
elle  n'en  contient  pas  moins  les  4/7  de  la  population  totale  du 
Reich.  La  Prusse  reste  prépondérante  ;  c'est  d'elle  que  dépend 
encore   le   sort  de   l'Allemagne. 

Le  remède  évident  serait  de  diviser  la  Prusse  en  plusieurs  pays. 
Il  y  a  eu,  en  1918,  parmi  les  Allemands,  de  fougueux  adversaires 
de  la  Prusse  qui  réclamaient  son  démeubrement  iraniédiat.  Les 
partisans  de  la  Prusse  sont  arrivés,  par  un  article  de  la  Consti- 
tution, à  la  garantir  pour  deux  ans  contre  tout  morcellement. 
Les  deux  années  vont  bientôt  être  écoulées  ;  c'est  alors  que  la 
question  de  la  Rhénanie  va  se  poser,  plus  importante  que  jamais. 
Osera-t-ellc  se  constituer  en  république  à  part,  ainsi  que  l'a 
déjà   fait   la   Thuringe  ? 

L'Allemagne  a  complètement  admis  le  principe  de  la  souve- 
raineté nationale  et  l'a  poussé  dans  ses  applications  plus  loin 
peut-être  qu'aucun  autre  pays  du  monde  (représentation  propor- 
tionnelle, vote  des  femmes  et  référendum).  Mais  c'est  beaucoup 
moins  par  besoin  de  logique  que  par  nécessité  que  l'Assemblée 
nationale  de  Weimar  est  venue  à  la  République.  L'Allemagne  s'est 
ralliée  au  parlementarisme  pour  lequel  elle  affichait  un  superbe 
dédain.  Mais,  soit  à  cause  de  la  forme  fédérale  de  l'Etat,  soit  à 
cause  des  principes  économiques  nouveaux  que  la  Constituante  a 
introduits  dans  son  œuvre,  les  rouages  de  ce  mécanisme  parle- 
mentaire sont  plus  nombreux  et  plus  compliqués  que  dans  la 
plupart  des  pays  :  il  y  a  un  Reichslag,  un  Président,  un  Gouver- 
nement, un  Reichsrat  et  un   Conseil  économique. 

Le  Reichslag  fonctionne  à  peu  près  comme  notre  Chambre  des 
députés  ;  il  a  le  pouvoir  législatif  et  le  contrôle  du  pouvoir  exé- 
cutif. Mais  il  n'est  pas  possible  en  séance  de  transfornier-une 
question   en    interpellation. 

Le  Président  du  Reich  doit  être  fort.  La  (Constituante  a  estimé 
qu'un  (Chef  d'Etat  puissant  est  nécessaire  en  .\llemagne  où  le 
peuple  veut  être  gouverné.  11  est  élu  par  la  nation.  Il  a  des 
attributions  executives  plus  larges  qu'en  France.  Il  peut  décla- 
rer l'état  de  siège  par  simple  ordonnance,  et  il  a  déjà  fait  un 
très   large    usage   de   ce    ])ouvoir   exorbitant. 

Le  Chancelier,  nommé  par  le  Président,  ne  peut  être  révoqué 
piw    lui.    Il    ne   cesse     ses   fonctions   que   par     démission,     ou     parce 


BIBLIOGRAPHIE  285 

qn"il  est  renverse  par  la  majorité  du  Reichî-tag.  Les  Ministres,  au 
contraire,  sont  révocables.  Le  Chancelier  «  gouverne  ■•  ;  les 
autres    Ministres    du    Cabinet     ■    administrent    ". 

Le  Reichsrat  est  organisé  sur  le  modèle  de  l'ancien  Bundesrat, 
mais  avec  des  pouvoirs  moins  étendus  ;  les  <■  Pays  •>  sont  repré- 
sentés par  des  membres  de  leur  gouvernement.  Remarquons  que 
le  démembrement  prussien  a  été  amorcé  au  Reichsrat  ;  la  moitié 
seulement  des  voix  prussiennes  revient  au  gouvernement  prus- 
sien, l'autre  moitié  revient  aux  administrations  |)rovinciales 
prussiennes  ;  c'est   leur  permettre  déjà  une  certaine   indépendance. 

La  Constitution  économique  innove  beaucoup  plus  qu^e  la 
Constitution  politique.  L'idée  des  Conseils  est  probablement  la 
seule  idée  véritablement  neuve  qui  soit  apparue  dans  le  droit 
public  depuis  la  guerre.  Les  Conseils  d'ouvriers  sont  :  1>  les 
Conseils  d'entreprises  qui  existent  dans  chaque  exploitation  ;  2) 
les  Conseils  d'ouvriers  de  cercles  qui  sont  organisés  dans  chaque, 
circonscription  économique  ;  S)  le  Conseil  d'ouvriers  du  Reich, 
dont  la  compétence  s'étend  au  territoire  allemand  tout  entier. 
Les  Conseils  ont  pour  mission  de  sauvegarder  les  intérêts  sociaux 
et  économiques  des  ouvriers  ;  ils  sont,  actuellement,  plus  ou 
moins  en  lutte  avec  les  syndicats.  Le  Conseil  économique  du 
Reich  doit  avoir  certaines  fonctions  politiques  ;  et,  par  là.  la 
Constitution  donne  un  commencement  de  satisfaction  aux  parti- 
sans de  l'institution  du  Parlement  économique.  Il  a  le  droit  d'être 
entendu  sur  tous  les  projets  de  loi  de  caractère  social  ou  écono- 
mique avant  qu'ils  soient  présentés  par  le  gouvernement  ou  le 
Parlement.  En  fait,  on  n'a  encore  créé  qu'un  Conseil  économique 
provisoire. 

Ajoutons  qu'un  mouvement  de  socialisation  est  très  manifeste 
en  Allemagne,  soit  sous  l'impulsion  du  syndicalisme,  soit  sous 
la  tutelle  de  l'Etat.  Lh  nationalisation  des  charbons,  de  la  potasse, 
du  fer,  etc..  a  des  partisans  dans  la  plupart  des  groupes  politi- 
ques. 

Pour  conclure,  la  Constitution  du  11  août  1919  porte  la  marque 
d'un  compromis  entre  des  tendances  très  diverses,  en  .Allemagne. 
•Au  point  de  vue  technique,  juridique,  elle  est  consciencieusement 
faite.  Mais  l'usage  seul  montrera  quelle  est  sa  valeur.  On  a 
accepté  en  .Allemagne,  avec  la  république,  le  gouvernement  parle- 
mentaire mais  l'auteur  de  la  Constitution.  Preuss,  est  obligé 
lui-même  de  reconnaître  que  le  nouveau  régime  a  des  défenseurs 
peu  convaincus  et  des  détracteurs  très  acharnés.  L'ne  Constitution 
ne  vaut  que  par  l'esprit  qui  l'anime.  La  Constitution  a  changé 
en  Allemagne,  mais  non  l'esprit  qui  l'avait  précédée  ;  et  les 
préoccupations  d'ordre  économique  paraissent  l'emporter  de 
beaucoup   sur   les   aspirations   vers    un    idéal   politique    et    moral. 

.T.   Dp.esch, 

Doyen    de    la    Faculté    des    Lettres 

de  Bordeaux. 


20. 


286  LES   LANGUES    MODERNES 

M.-B.  Fioc*)  31)^  E>  Allisoi)  Peers>  —  T^e  origio5  of 
Frei)Cl)  Ronr)ai)ticiSrT)  (Lomlon,  Constable  and  Co  Ltd,  1920). 
1  vol.  grand  in-lG,  XV-303  pp. 

L'espace  nous  manque  pour  donner  une  étude  aussi  complète, 
que  le  sujet  le  mérite,  du  savant  livre  de  MM.  Finch  et  Peers. 
La  question  des  origines  du  Romantisme  a  excité  la  curiosité  _ 
in\estigatrice  des  plus  éminents  critiques  et  l'on  se  demande 
ccmment  il  est  possible  encore  d'écrire  un  livre  sur  ces  problè- 
mes littéraires  et  historiques  qui  semblent  épuisés.  En  tous  cas, 
rérudition  et  le  talent  d'exposition  de  MM.  Finch  et  Peers  ont 
réussi  à  résumer,  à  grouper  en  un  tout  clair  et  cohérent  les  résul- 
tats acquis,  de  nombreuses  études  dues  à  des  écrivains  tels  que 
M.  .Jusserand,  avec  son  Shakespeare  en  France  sous  l'Ancien 
Régime,  et  M.  .1.  Texte  avec  son  J.-J.  Rousseau  et  les  Origines  du 
Coi^niopolisme  littéraire,  ainsi  qu'aux  Sainte-Beuve  et  aux  Brune- 
tière,  pour  ne  menti!)nner  que  les  plus  grands. 

Les  auteurs  ont  volontairement  limité  leur  sujet  et  placé  des 
bornes  peut-être  un  peu  trop  étroites  autour  du  champ  de  leurs 
recherches.  Ils  partent  du  xv!!!""  siècle,  laissant  de  côté,  et  de  pro- 
pos délibéré,  les  origines  plus  lointaines,  se  refusant  <■  à  remon- 
ter avec  Sainte-Beuve  au  xvi*  siècle,  à  la  poésie  des  .\rabes  et 
des  Troubadours  avec  Reynaud  et  Sismondi,  à  la  poésie  anglaise 
et  allemande  avec  Villemain  et  Mme  de  Staël  ».  C'est  leur  droit,. 
assurément.  Mais  le  titre,  semble-t-il,  aurait  dû  le  préciser.  Car, 
en  ouvrant  le  volume,  le  lecteur,  sur  la  foi  du  titre,  le  lecteur 
s'attend  à  y  trouver  une  étude  complète  et  exhaustive  de  la  ques- 
tion. L'observation,  du  reste,  n'enlève  rien  au  mérite  de  l'ouvrage 
en  soi,  qui,  dans  les  limites  de  son  terrain  d'exploration,  a  de 
grandes  qualités  de  clarté   et  de   sérieux. 

Les  auteurs,  à  notre  sens,  font  trop  bon  marché  de  Fontenelle. 
M.  Laborde-Milaà,  dans  une  forte  étude  publiée  il  y  a  quelques- 
années  dans  la  Collection  des  grands  écrivains  Français,  a  remis 
à  la  place  très  honorable  qui  lui  était  due  ce  vaste  esprit  et  ce 
délicat  écrivain.  Nous  ne  saurions  non  plus  admettre  sans  réserve 
le  jugement  trop  absolu  que  formulent  ainsi  MM.  Finch  et  Peers  : 
<•  The  eighteenth  Century  is  par  excellence  the  centurj-  of  rea- 
son...  ■>  C'est  bien  plutôt  au  xv!!*"  siècle,  celui  de  Bossuct,  de  Pas- 
cal, de  Descartes  et  de  Molière  que  devrait  être  attribuée  pareille 
qualification.  Et  nos  auteurs  donnent  d'ailleurs  eux-mêmes  une 
note  plus  juste,  bien  que,  contradictoire  avec  la  précédente,  quand 
ils  écrivent  :  "  It  is  the  agc  of  a  narrow  rationalism  »...  et 
encore  :  "  The  eighteenth  (^Mitury  is  thus  what  a  purely  ratio- 
nalistic  âge  must  always  be...  »  Il  y  a  donc  lieu  d'établir,  sem- 
ble-t-il, une  distinction  entre  la  raison  simple,  sobre  et  forte,  la 
raison  tout  court,  et  sa  caricature,  résultat  de  l'abus  qui  en  est 
fait,  et   que  l'on   pourrait   appeler   la   manie   ratiocinante. 

Nous  ne  pouvons  nous  empêcher  de  regretter,  dans  le  chapitre 
consacré  aux  origines  du  drame  romantique,  quelques  lacunes 
assez  graves.  Admettons  que  MM.  Finch  et  Peers  se  soient  inter- 
dit de  rechercher  les  germes  du  drame  moderne  chez  nos  grands 
classiques   du    xvn"    siècle   —   et    ces   premiers    indices    sont     assez 


I 


kibi.I(»(;haimiie  287 

iiDmbreux  et  asstz  apparents  pour  que  le  ronnutUsme  des  dassi- 
(jues  ait  pu  servir  de  thème  à  mainte  étude  critique  —  mais  la 
Comédie  larmoyante  de  Nivelle  de  la  (^haussée,  est,  en  plein 
xviir  siècle,  le  prototype  évident  du  drame  romantique.  Et  son 
nom  ne  ligure  même  pas  dans  les  pages  où  se  traite  l'importante 
question  :    Romanliiism    in   Sovel   and   IJruma  ! 

L'ouvrage  n\\\  reste  pas  moins  un  exposé  clair,  sinon  très 
complet  et  très  approfondi  du  problème.  La  seconde  partie,  celle 
qui  traite  de  la  période  immétliatement  pré-romantique,  offre  au 
lecteur  une  foule  de  détails  intéressants  et  des  indications  sug- 
gestives qui  mettent  le  chercheur  sur  la  voie  de  faits  et  de  points 
de  vue  dont  l'étude  est  encore  à  faire.  Citons  parmi  les  chapi- 
tres les  mieux  venus  :  Mme  de  Staël,  A  precursor  of  Lamartine  : 
Millenoije,    the   Restoration    ■■    Trône   et  Autel    -. 

Ch.    Veillet-Lavallée. 

Notre  Anr)érique.  —  Waldo  Frai)ck  (New-Vork,  1919). 
Traduit  par  Mlle  A.  Houssinesq  (Xouvelle  lievue  Française). 

Le  livre  de  M.  Waldo  Franck  offre  pour  nous  un  intérêt  spé- 
cial ;  écrit  pour  des  Français,  il  est  le  résultat  des  efforts  faits 
par  l'auteur  pour  faire  comprendre  à  des  amis  étrangers  ce 
qu'est    l'Amérique    aujourd'hui,    et    ce   qu'elle    veut    être. 

M.  Frank  revendique  pour  elle  le  droit  absolu  à  vivre  de  sa 
vie  propre,  affranchie  de  la  culture  anglaise  ■■  qui  est  le  moyeu 
d'étouffer  dans  l'œuf  une  culture  originale  »,  car  ••  au  point  de 
vue  psychologique,  le  jeune  américain  n'a  plus  rien  de  commun 
avec  la  Grande-Bretagne  •>.  L'élément  saxon  dans  l'âme  améri- 
caine ne  lui  parait  important  que  dans  la  mesure  où  il  convient 
aux  circonstances  et  au  milieu  qui  ont  formé  cette  âme.  <;e  qu'il 
veut,  c'est  étudier  l'Amérique  en  tant  que  nation  constituée  ayant 
son  individualité  propre,  et  rechercher  l'expression  de  cette  indi- 
vidualité. 

M.  Frank  appartient  à  la  génération  de  ceux  qu'il  appelle  "  les 
pionniers  de  l'esprit  ■>  ;  de  ceux  en  qui  s'incarne  la  révolte  contre 
"  le  puritanisme  desséchant  »,  contre  l'industrialisme  et  l'appé- 
tit de  richesse  destructeurs  de  l'idéal,  contre  le  pragmatisme 
"    qui    mesure    les    valeurs   à    leur    utilité    ». 

Son  ou\Tage  est  donc  forcément  partial.  De  l'âme  américaine, 
il  retient  seulement  les  traits  qui  font  de  r.\méricain  l'homme 
.d'aft'aires  âpre  au  gain  ;  de  la  littérature  américaine,  ce  qui  sert 
I  ses   fins   révolutionnaires. 

L'âme  américaine  actuelle  est,  pour  lui,  toujours  celle  du  pion- 
|.  nier,  façonné  par  la  dure  lutte  de  tous  les  instants  dans  un 
monde  encore  vierge,  où  il  lui  faut  renier  sa  civilisation  et  se 
faire  violence  pour  se  plier  aux  conditions  d'existence  de  l'homme 
primitif  ;  la  vie  intérieure,  la  faculté  spirituelle,  sont  détruites 
par  les  nécessités  matérielles.  Ce  sont  elles,  qui  transforment 
l'individu  et  font  de  lui,  quelle  qu'ait  été  sa  nationalité,  un 
être  nouveau  qui  est  l'Américain.  Cependant,  parmi  ceux  qui 
ont  colonisé  l'.Amérique,  un  type  était  plus  apte  que  les  autres, 
selon  M.  Frank,  à  se  prêter  aux  conditions  de  cette  vie  :  c'est  le 
Puritain. 


288  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Frank  ne  veut  voir  dans  le  puritanisme  qu'un  mouvement 
politique  social  ;  ■  un  épisode  de  la  lutte  des  classes,  placé 
sur  ce  terrain  parce  que  la  religion  était  le  seul  plan  social  qui 
fut    conscient    au    xvir    siècle    ••. 

Le  puritain  trouve  un  aliment  à  son  appétit  de  pouvoir  ; 
armé,  mieux  que  les  autres,  par  son  ascétisme  même,  pour  sup- 
porter la  vie  nouvelle  qui  lui  est  faite,  il  domine,  et,  l'ancien 
idéal  n'ayant  plus  de  sens,  il  apporte  toute  son  énergie  à  se  jeter 
à  l'assaut  des  biens  matériels.  Il  tue  la  culture  indienne  qui 
tendait  à  la  grandeur  spirituelle,  cherchait  à  réaliser  l'harmonie 
entre  l'individu  et  les  forces  mystérieuses  qui  l'environnent, 
confondait   en   un   même   terme   bonheur   et   beauté. 

Il  ne  subsiste  plus  que  le  matérialisme  en  Amérique.  Le  pion- 
nier a  déformé  la  littérature  ;  il  n'a  pas  voulu  qu'elle  exaltât 
l'expérience,  car  "  l'expérience  est  décourageante,  et  la  vie  est 
assez  dure  sans  le  fardeau  supplémentaire  de  la  ruminer  ou 
d'essayer  de  la  comprendre  »,  d'où  l'optimisme  puéril  des  œuvres 
américaines  ;  les  seuls  articles  sérieux  sont  ceux  qui  traitent  de 
questions  politiques  ei  sociales.  Les  journaux  et  les  revues  abon- 
dent, mais  ils  sont  entre  les  mains  de  syndicats,  et  tous  ont  la 
même  physionomie  ;  on  a  étouffé  les  voix  provinciales  et  l'expres- 
sion du  pays  a  été  ramenée  «  au  plus  petit  commun  dénomina- 
teur  ». 

Il  n'y  a  pas  de  théâtre  parce  qu'il  n'y  a  pas  de  public  ;  le 
théâtre  populaire,  c'est  le  cinéma  ;  l'unique  héros  qu'accei>te 
Broadway  c'est  l'escroc  habile,  s'enrichissant  par  d'adroites  spé- 
culations. 

On  ne  saurait  accuser  M.  Waldo  Frank  de  pratiquer  l'optimis- 
me facile  qu'il  reproche  à  ses  compatriotes  ;  son  tableau  est  som- 
bre à  souhait.  Mais  dans  l'obscurité  de  cette  nuit,  il  voit  percer 
des  lueurs  qui  annoncent  l'approche  de  l'aube.  Des  voix  éparses 
s'élèvent  de  Chicago,  de  New- York  même,  disant  le  besoin  de 
l'homme  de  connaître  ses  liens  avec  la  vie.  Des  poètes,  des 
philosophes,  des  romanciers,  des  artistes,  sortent  du  convenu, 
ouvrent  les  yeux  sur  le  monde  réel  et  nous  le  montrent  tel  qu'il 
est.  ><  Des  groupes  neufs  d'athlètes  de  l'intelligence,  formés  par 
l'étude  et  par  les  voyages  entreprennent  de  mener  à  bien  la 
guerre  sociale  »,  car,  dans  un  monde  qui  se  meurt  <'  création 
signifie  révolution  ».  L'édifice  suranné  craque  de  toutes  parts, 
le  sol  est  prêt  pour  le  coup  de  charrue. 

Il  faut  remercier  Mlle  Boussinesq  d'avoir  mis  à  la  portée  du 
public  français  le  livre  de  M.  Waldo  Frank.  La  tâche  n'était  pas 
facile  ;  le  style  est  souvent  fort  beau,  mais  les  répétitions  sont 
nombreuses.  L'auteur  abuse  des  épithètes  ;  on  sent  en  lui  le 
désir  de  faire  grand,  d'atteindre  un  nouvel  idéal  d'art  qui  se 
dérobe  encore  ;  la  traduction  était  donc  particulièrement  délicate. 
Mlle  Boussinesq  a  émondé  et  allégé  avec  prudence,  respectant  les 
beautés  fréquentes,  et  les  outrances  lorsqu'elles  étaient  caracté- 
ristiques  ou    simplement   pittoresques. 

Nous  connaissons  mal  l'.Xmérique  ;  nous  sommes  trop  portés  à 
voir  en  elle  un  pays  encore  neuf,  exempt  des  maux  et  des  tares 
dont    souffre   notre    vieux    monde.    Il    est    bon    de    lire   cet     essai     de 


I 


BIBLIOCRAPHIE  289 

psychologie  du  peuple  anu-ricain  qui,  malgré  un  parti  pris  trop 
évident,  nous  apporte  une  note  nouvelle,  souvent  pénétrante  et 
toujours   intéressante, 

B.   Gagnot    (Mlle). 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

Tiipes    Litcrary    Suppler^eot.    —  i7-2.  Art.  de  fond  sur 

Keats  ;  la  presse  du  monde  entier  d'ailleurs,  à  l'occasion  du 
centenaire  de  la  mort  du  poète  (23  février  1821),  a  rendu  à  Keats 
•  le  génie  le  plus  purement  poétique  que  notre  race,  et  peut-être 
le  monde,  ait  connu  »,  l'hommage  qui  lui  était  dû.  —  Comptes 
rendus  :  The  United  States  in  our  own  times  ISôô-lS^O,  by  Paul 
L.  Haworth,  Prof,  d'indiana  University  (Allen  and  Unwin  16/), 
excellent  guide  pour  quiconque  veut  étudier  l'histoire  récente 
des  E.  U.  A.  ;  —,  Earlji  Tudor  Poetnj  l'tHô-ir)'i7,  by  John  M.  Ber- 
dan  (The  Macniillan  ('/',  26/),  étude  d'un  érudit  sur  les  débuts 
de  la  Renaissance  anglaise. 

24.  2,  Comptes  rendus  :  The  poetical  ivorks  of  Sir  William 
Alexander  Earl  of  Stirling,  édited  by  L.  E.  Kastner  and  H.  B. 
Charlton,  vol.  I,  The  dranmtic  works  (.Manch.  Univ.  Press  ;  Lon- 
don,  Longmans  28/)  ;  les  quatre  tragédies  de  Sir  William,  fasti- 
dieuses au  possible,  sont  cependant  intéressantes  comme  mani- 
festation attardée  (1637)  de  la  tragédie  »  à  la  Sénèque  »  inaugu- 
rée par  Gorboduc  (1561)  ;  —  The  development  of  the  Leeward 
Islands  iinder  the  Restoralion  1660-1688,  by  C.  S.  S.  Higham 
(G.  U.  P.  20/),  intéressant  épisode  de  la  rivalité  coloniale  franco- 
anglaise.  —  Signalé  le  n'*  de  février  du  "  Chapbook  »  (mensuel, 
1/6),  consacré  à  une  étude  de  Gordon  Craig  sur  les  marionnet- 
tes ;  l'auteur,  pour  éliminer  de  la  scène  l'élément  de  perturba- 
tion et  de  déformation  apporté  par  la  personnalité  de  l'acteur, 
voudrait  supprimer  ce  dernier  pour  le  remplacer  par  la  marion- 
nette. —  Une  nouvelle  preuve  de  l'intérêt  que  les  .anglais  ne  ces- 
sent de  manifester  pour  la  Perse  est  la  création,  par  la  «  Persia 
Society  »,  d'un  bulletin  trimestriel,  The  Persia  Magazine  (40  pp., 
2/6). 

Tl)e  Pittyeriaeuni,  depuis  le  19-2,  s'est  réuni  à  Tl)e  NatiOl), 
sous  le  titre  Tl)e  Natioi)  ai)d  ti)e  Atl)ei)aeun),  fusion  de 
personnel,  et  réunion  sous  la  même  couverture  des  deux  jour- 
naux  qui   gardent   chacun   leur   caractère   et  leur   aspect. 

TI)C  New  Statesni)aO'  —  13-3.  Art.  d'H.  Belloc  0/1  Accent, 
donnant  un  aperçu,  trop  maigre,  mais  intéressant,  sur  quelques 
points   de   l'évolution  de   l'anglais   à   l'époque   actuelle. 

Ferlin. 

Moderi)  Lai)guages  (London,  A.  et  C.  Black,  avril).  —  Si  l'on 
ressent,  d'abord,  quelque  plaisir  à  voir  une  revue  étrangère 
imprimer  jusqu'à  trois  articles   en   français,   on  n'en    est    ensuite 


290 


LES    LANGUES    MODERNES 


que  plus  déçu  après  la  lecture.  Les  quelques  pages  d'André  Mau- 
rois, pour  être  intéressantes,  sinon  neuves,  ne  nous  enseignent 
rien.  La  chronique  de  France  est  faible  et  falote.  Il  y  a  toutefois 
plus  à  retenir  dans  les  Notes  Marginales.  Et  de  tout  le  reste  de 
la    livraison,    presque    rien. 

Moderi)  Lai)guages  Notes  (Johns  Kopkins  Press,  Balti- 
more. a\ri]).  On  trou\era  dans  ce  n"  des  notes  intéressantes, 
niais  à  mon  sens,  exagérément  microscopiques  sur  Carlyle.  <•  Joce- 
lyn    »    et    Théodore    de    Banville. 

Tl)e  Scl)OOl  Review  (University  of  Cliicago,  Avril).  —  Et  c'est 
encore  ce  que  je  reprocherai  à  cette  excellente  publication  améri- 
caine, l'abus  de  la  <'  lettre  »,  l'enlisement  dans  le  détail  et  la 
formule,  alors  que  toutes  les  questions  qui  nous  occupent,  si 
l'esprit  les  touchait,  gagneraient  tant  en  envei-gure  et  en  am- 
pleur. D'autres  le  croient  comme  moi.  C'est  ainsi  que  dans  cette 
même  School  Review,  dont  j'ai  dit  tout  le  bien  que  je  pense, 
Henry  C.  Morrison,  dans  un  article  magnifique  intitulé  <■  Maste- 
ry  »  (mars  1921),  s'insurgeait  avec  éloquence  contre  le  fatras  des 
tabulations,  mensurations,  chinoiseries  de  toute  sorte  où  certaine 
pédagogie  américaine,  prenant  la  proie  pour  l'ombre,  en  vient 
jusqu'à  oublier  ce  qui  cependant  doit  rester  le  fonds  et  l'objet 
même  de  nos  efforts,  l'élève  ou  l'étudiant,  le  matériel  précieux  et 
humain  que  nous  avons  pour  mission  de  travailler.  Avec  cet  idéal 
devant  nos  yeux,  <•  nous  nous  débarrassons  des  pourcentages  et 
ne  connaissons  plus  qu'un  objectif,  faire  notre  ouvrage...  Ensei- 
gnez, donnez  les  coups  de  sonde,  et  puis,  si  c'est  nécessaire, 
enseignez  encore  ».  Le  danger,  c'est  de  devenir  c  indolent  et 
formaliste  ».  La  méthode  directe,  c'est-à-dire,  celle  qui  s'attaque 
sans  ambages  à  l'élève  et  au  sujet,  est  la  seule  réelle  et  concrète, 
et  qui  vaille.  Méditons  ces  sages  paroles  :  <■  L'étude  est  une  habi- 
tude, qu'on  n'acquiert  qu'avec  la  pratique  et  non  par  l'entende- 
ment. C'est  une  affaire  d'entraînement,  et  l'entraîneincnt  ne  peut 
s'ejcercer  que  sous  la  surveillance  ».  Ceci  pour  ceux  qui  attendent 
des  merveilles  du  travail  à  la  maison.  Tout  l'article  serait  à 
citer.  C'est  le  bon  sens  même.  C'est  le  réveil  de  la  vraie  tradi- 
tion, de  l'enseignement  humain  et  réaliste  opposé  aux  concep- 
tions pseudo-scientifiques,  qui  n'ont  jamais  donné  de  résultats 
que    sur    le    papier...   quadrillé. 


JOUri)al  of  EdUCatiOl)  (London.  mars  1921).  Il  serait  bon, 
dans  le  même  ordre  d'idées,  que  nous  lisit)ns  et  méditions  tous 
ce  "  Character  of  a  schoolmaster  »  que  nous  a  brossé,  d'ajjrès  le 
cardinal    Xewman    un    ardent    prosélyte. 

Le  maître  '  n'a  pas  les  yeux  fixés  sur  l'horloge  ni  le  chapeau 
à  portée  de  la  main.  S'il  décèle  des  signes  d'indiscipline,  il  se 
d'il  tout  de  suite  que  c'est  lui  qui  doit  être  en  défaut,  et  pas  sa 
classe.  Nul  plus  que  lui  n'a  d'indulgence  pour  la  faiblesse  de  la 
raison  humaine.  S'il  échoue,  il  sent  qu'il  n'est  pas  à  la  hauteur 
de  sa  tâche  ;  et  s'il  réussit,  il  est  trop  sage  pour  s'en  attribuer 
tout     l'honneur   ».    Beau    programme    en    vérité,     qui     replace     les 


BIBLIOl.RAPHIi;  291 

fonctions  de  rcduciileur  sur  leur  terrain  véritable,  que  le  monde 
n'atteint  pas.  et  nous  hausse  au-dessus  des  platitudes  sordides  de 
Ih'jure   présente. 

Paul    Chauvet. 

T()e  New  Era  (il,  Tavistock  Square,  London).  —  Le  N»  d'Avril 
tout  entier  est  consacré  à  l'autonomie  des  écoliers  et  mérite 
d'être  étudié  sérieusement.  Laissons  l'utopie  et  retenons  cette 
\ciité,  que  nous  connaissons  déjà,  mais  qu'il  est  bon  de  rap- 
])clcr  :  l'élève  n'est  pas  une  machine  ;  c'est  une  personnalité 
qui  a  droit  à  d'autant  plus  d'égards  que  nous  avons  autorité  sur 
lui.  ou,  en  d'autres  termes  :  nous  ne  pouvons  agir  que  par  la 
toute-puissance  de  l'influence  personnelle  :  tout  le  reste  n'est 
que  blufT. 

Tt)e  JOUri)al  Of  Education  (3,  Ludgate  Broadway,  E.  C.  4). 
—  Mai.  Les  desiderata  des  professeurs  sont  partout  les  mêmes  : 
nos  collègues  anglais  se  plaignent  de  la  modicité  des  traitements, 
comme  nous  et,  comme  nous,  proclament  que  c  la  patience  des 
maîtres  a  ses  limites  ».  Et  les  tribulations  des  étudiants  se  res- 
semblent partout,  —  pénurie  de  fonds.  Résultats  :  plus  de  maî- 
tres ;  sur  toute  la  surface  de  deux  continents,  la  source  de 
l'enseignement  -se   tarit. 

Tbe  Pedagogial  S6ri)iOai*y  (^Vo^cester,  .Mass.,  Mars).  —  Très 
intéressante  étude  sur  l'éducation  sexuelle.  En  Amérique,  comme 
chez  nous,  la  croisade  contre  le  péril  vénérien  bat  son  plein  : 
c'est  la  rançon  et  en  même  temps  une  des  grandes  leçons  de  la 
guerre.  Sur  cette  riposte  vigoureuse  à  un  péril  immédiat  et  for- 
midable, se  greffent,  au  Etats-Unis  comme  en  Europe,  des  théo- 
ries et  des  programmes  qui  ne  sont  pas  tous  aisément  pratica- 
bles. .Même  en  matière  de  sexe,  il  faut  savoir  faire  la  part  de 
l'instinct  traditionnel  et  millénaire  qui  défend  le  mâle  et  la 
femelle  ;  et  celle  aussi  de  l'humour,  qui  nous  garderait  d'exagé- 
rations comme  ceci  :  "  il  devrait  y  avoir  dans  toutes  les  villes 
un  confesseur  sexuel  muni  d'un  téléphone  particulier  qu'on  pour- 
rait appeler  en  cas  d'urgence,  sans  révéler  son  identité  >..  Mais 
retenons  ce  qui  est  faisable  :  la  lutte  éclairée  contre  le  mal  véné- 
rien, les  dotations  libérales  à  ceux  qui  le  combattent  et.  à  l'école, 
en  classe  d'histoire  naturelle,  par  exemple,  des  cours  sur  la 
reproduction  et  l'hygiène  sexuelle,  au  lycée  de  garçons  comme 
au  Ivcée  de  filles. 

P.    C. 


REVUES    DE    LANGUE    FRANÇAIS^ 

L'EdUCatiOl).     —     Revue    mensuelle    d'éducation    familiale     et 
scolaire.  —  Directeur  :   G.   Berliet   et   L.  Cellerier. 

.V'  d'Octobre  1920.   —  L.  Dugas.  —  L'UoJvcpSité  Nouvelle  : 
L'applicatioi)  de  la  Doctrii)e  par  les  Conr)pagi)Oi)S. 

A    une    analyse    claire    et    complète    de    la    Doctrine    succède    une 
partie   critique  :    les    Universitaires    auront-ils   le   désintéressement 


292  LES   LANGUES    MODERNES 

de  s'imposer  à  eux-iuèmes  les  réformes  que  proposent  les  Compa- 
gnons ?  Les  cadres  prévus  pour  chacun  des  trois  enseignements 
ne  sont-ils  pas  bien  rigides  et  artificiels  ?  Y  a-t-il  même  entre 
Compagnons  »  des  divers  ordres  d'enseignement  accord  par- 
fait ?  La  Doctrine  nouvelle  pose  le  problème  :  les  »  Compa- 
gnons »  seront  vraisemblablement  amenés  à  y  apporter  bien  des 
retouches. 


M.  Legeodre.  —  Chronique  espagnole  :  La  situation 
géi)éraie  de  l'Ei)seigi)en)eot  ;  rEi)seigi)eni)ei)t  prln)aire. 

Exposé  historique  du  développement  de  l'enseignement  primaire 
en  Espagne  :  malgré  les  progrès  réalisés  depuis  1910  seulement, 
le  nombre  des  écoles  publiques  est  encore  insuffisant,  et  il  est 
souhaitable  que  les  intluences  étrangères,  celle  de  la  France  en 
particulier,  contribuent   à  hâter  la  rénovation  en  cours. 

X^  de  Novembre  1920.  —  J.  Foi)tègi)e  :  Les  idées  du  Péda- 
gogue MUI)iCt)OiS  KersC))ei)Steir)er  (2  articles  :  N'ov.  el  Dec. 
1920). 

Etude  très  documentée  non  seulement  sur  les  idées  de  Kers- 
chensteiner,  mais  aussi  sur  leurs  applications  dans  les  écoles  pri- 
maires munichoises,  où  l'on  s'eft'orce  d'éveiller  chez  l'enfant,  par 
un  contact  progressif  avec  le  travail  professionnel  le  goût  de 
l'elfort  honnête  accompli  avec  soin,  avec  joie  et  dans  l'intérêt 
de  la  communauté.  Ce  pré-apprentissage,  œuvre  de  l'école  primaire 
est  poursuivi  et  complété  dans  les  Ecoles  de  Perfectionnement 
de   la    Ville    de    Munich. 


G.  Delobel.  —  Pour  qu'oi)  apprei)i)e  l'allen)ai)d. 

Aux  raisons  sentimentales  qui  ont  fait  déserter  l'étude  de  l'al- 
leniand,  il  convient  d'opposer  les  raisons  militaires,  économiques 
et  intellectuelles  qui  nous  obligent  à  y  revenir.  D'ailleurs,  les 
conditions  politiques  issues  de  la  guerre  rendent  aussi  importante 
l'étude  de  l'anglais  et  il  est  facile  de  concilier  l'enseignement  de 
deux  langues  vivantes  avec  le  souci  de  la  culture  générale  des 
élèves. 

.Y»  de  Décembre  1920.  —  Ad.  Perrière.  —  Herni)ai)o  Lietz, 
le  créateur  eo  'Hlien)agi)e  des  écoles  nouvelles  à  la 
cani)pagi)e  (Esquisse  psychologique). 

Rendue  vivante  par  des  souvenirs  personnels,  cette  étude  évo- 
que en  Lietz  le  patriote  et  le  pédagogue  :  le  premier  devenu  pan- 
germaniste  et  aveuglé  par  la  conviction  sincère  de  la  supériorité 
mondiale  de  l'Allemagne,  le  second,  apôtre  de  l'éducation,  et  réa- 
gissant contre  les  méthodes  autoritaires  pour  susciter  le  libre 
développement  des  énergies  latentes  de  l'enfant. 


BIBLIOGRAPHIE  293 

S  lie  Jdnricr  ii>'2t  —  W.  Frécljet.  Les  Ui)iversités  et 
le  baccalauréat. 

(Cherchant  un  moyen  ternie  entre  le  baccalauréat  et  l'examen 
de  iin  d'études,  l'auteur  propose  de  conserver  aux  épreuves  écrites 
leur  forme  actuelle  et  de  laisser  aux  professeurs  mêmes  des  can- 
didats le  soin  de  leur  faire  passer  les  épreuves  orales.  Les  moda- 
lités de   ce    système    seraient    d'ailleurs    à   préciser. 

J.  Ayo^rd.  —  L'Esprit  d'observation  dar)s  l'éducatioi) 
anglaise. 

Les  littératures  franc^aise  et  anglaise,  l'une  sociale,  l'autre 
naturaliste  reflètent  le  tempérament  respectif  des  deux  peuples, 
le  premier  porte  vers  l'abstraction  au  détriment  de  l'observation 
directe,  le  second,  affinant  au  contact  de  la  nature  ses  facultés 
d'observation.  Sans  vouloir  donner  comme  modèle  exclusif  l'édu- 
cation anglaise  trop  entachée  d'empirisme,  l'auteur  voudrait 
avoir  chez  nous  une  éducation  plus  complète  des  sens  de  l'enfant 
et  1'"  abstraction  des  idées  >  corrigée  par  ■  l'observation  des 
êtres    ». 

G.     JoiSSAtME. 


REVUES  DE  LANGUE  ALLEMANDE 

PreUSSiSChe  Jai)rbùcl)er.  —  Avril  1921.  —  E.  Damels  : 
Die  Briefe  Treitschkes.  D'après  la  nouvelle  édition  complète  de 
sa  correspondance,  décrit  la  personnalité  de  Treitschke,  ses  convic- 
tions religieuses  et  politiques,  sa  méthode  de  travail.  F.  Thi.mme; 
Pnléoloyiies  Erinneningen.  Critique  les  articles  que  l'ancien 
ambassadeur  à  Petrograd  a  fait  paraître  dans  la  Revue  des  Deux- 
Mondes  et  l'accuse  d'avoir  poussé  de  toutes  ses  forces  à  la  guerre,^ 
R.  ScHUHMANX  :  Fninkreich  und  wir.  Trouve  surprenant  que  la 
Trance  ait  conservé  vis-à-vis  de  l'Allemagne  ■•  l'attitude  d'un 
créancier  à  l'égard  d'un  débiteur  malhonnête  qui  ne  cherche  que 
des  échappatoires  et  l'attitude  d'un  juge  à  l'égard  d'un  malfai- 
teur endurci  •>.  S'etforce  de  prouver  que  c'est  la  France  et  non 
l'Angleterre  qui  a  mené  la  politique  de  l'Entente  et  la  mène 
encore,  et  considère  comme  le  devoir  actuel  des  Allemands,  à  côté 
de  la  défense  économique,  de  <•  montrer  au  monde  le  bas  specta- 
cle d'extorsion,  le  chantage  •>  que  la  France  joue  avec  l'Allema- 
gne. Pages  instructives  sur  la  mentalité  allemande.  Kumsteller; 
Zur  Fraqe  der  Lehr^rbildung.  Analyse  quelques  brochures  sur  la 
question  de  la  formation  des  maîtres,  surtout  des  instituteurs. 
Les  tendances  qui  réclament  pour  le  futur  instituteur  des  années 
d'études  à  l'Université  ont  déterminé  une  forte  opposition  chez 
les  maîtres  de  l'enseignement  secondaire  et  supérieur,  ils  préfére- 
raient que  cette  formation  ait  lieu,  partie  dans  une  école  réale^ 
partie   dans    un    institut    pédagogique. 

Delobel. 

<«> 


ECHOS  DU  MOIS 


Distii)ctioi)  l)Oi)orifique 

Nous  apprenons  avec  plaisir  que  M.  Lloyd  George  vient  de 
conférer  à  notre  collègue,  M.  Camerlyiick,  professeur  au  lycée 
St-Louis,  interprète  du  Conseil  Suprême,  la  décoration  particu- 
lièrement appréciée  en  Angleterre  et  rarement  accordée  à  des 
étrangers,  de  Commandeur  de  l'Ordre  du  Bain.  Nous  lui  adres- 
sons   nos    bien    sincères    félicitations. 

Ui)  t)on)n)age  aux  HuiT)ai)>tés  ni)oderi)es 

et  aux  Professeurs  de  Langues  Vivai)tes 

Nous  sommes  heureux  de  reproduire  les  lignes  suivantes  parues 
dans  le  numéro  d'avril  du  Journal  des  Lycées,  sous  la  signature 
de  M.  Paul  Arqué,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Bordeaux  : 
1  Je  voudrais  répondre  d'un  mot  à  une  objection  que  j'ai 
entendu  soulever  contre  les  humanités  modernes.  On  objectait 
l'échec  de  l'enseignement  moderne  des  programmes  de  1890  ;  cet 
échec,  à  supposer  qu'il  soit  bien  réel,  tient,  à  mon  avis,  d'abord 
à  ce  que  l'enseignement  moderne  était  un  enseignement  mineur, 
un  succédané  de  l'enseignement  spécial,  qu'il  ne  coniprenait  que 
6  années  d'études  au  lieu  de  7.  Mais  surtout,  en  1890,  l'expé- 
rience était  prématurée  ;  la  littérature  comparée,  qui  sera  l'arma- 
tudc  des  humanités  modernes,  était  encore  dans  l'enfance  et  à 
ce  moment  l'Université  ne  disposait  pas  d'un  corps  de  professeurs 
de    langues    l'inanles    couiparable    à   celui   d'aujourd'hui.   » 

Œuvre  de  propagai)de  de  l'Associatioi) 
Frai)ce-Grar)de-Bretagi)e 

Le  Comité  des  Relations  intellectuelles  de  cette  Association, 
composé  de  MM.  Boutroux,  Beaujeu,  ,T.  Bardorx,  CauUery,  Caza- 
mian,  .André  Chcvrillon,  Legouis,  Petit-Dutailiis,  Camerlynck  et 
Digeon,  dans  sa  séance  du  12  avril  dernier,  s'est  préoccupé  de  la 
réforme  prochaine  de  l'enseignement  secondaire. 

Il  a  décidé  de  soumettre  au  Conseil  Technique  de  l'.Associatiou 
Clrande-Bretagne  un  projet  de  vœu,  demandant  qu'en  tout  cas,  et 
quelle  que  soit  la  réforme  des  ])rogrammes,  la  part  de  l'aïqlais 
ne    soit    ptts    diminuée    dans    l  ensei<inemenl    de    nos    lycées. 

M.  Léoi)  Bérard  et  la  Culture  iT)oderi)e 

<•  Le  juste  orgueil  que  nous  avons  de  nos  gloires  nationales 
ne  s'opposa  jamais  à  notre  sympathie  pour  le  génie  anglais.  Sans 
remonter  à  lîyron  et  aux  romantiques  vous  savez  la  forte 
empreinte  </zu-  noire  imagination  et  noire  sensibilité  ont  reçu 
d'un    Wells    cl    d'un    Rudyard    Kipling 


KCHOS    DU    MOIS  295 

Il  s'iigit  pour  les  Anglais  et  les  Français  de  la  cM-éation  doulou- 
icuse  et  lente  de  la  paix,  d'un  ordre  politique  nouveau  à  insti- 
tuer dans  le  monde.  C'est  une  œuvre  de  l'intelligenee.  Ces  2  peu- 
ples n'y  réussiront  qu'à  la  condition  de  se  rapprocher  et  de  .se 
v'imprendre  de  mieux  en  mieux  pur  rinlelliijeiice  comme  ils  se 
Mint  compris  et  rapprochés  par  le  cœur...  Le  contact  de  l'étran- 
ger, bien  souvent,  vous  aide  à  mieux  vous  comprendre  vous- 
mêmes.  Transporté  dans  l'ordre  intellectuel,  ceci  veut  dire  qu'à 
-se  rapprocher  d'une  grande  ciuilisalion,  qui  n'est  pas  la  sienne. 
lin  jjeuple  peut  découvrir,  dans  sa  projire  civilisation  des  aspects 
jiDuueaux   et    des   ressources   qu'il   ne   se   coniutissait   pas.   « 

Extrait    de    son   discours   à   Londres,   lors   de    l'inauguration    de 
l"lnstitut    Français]. 

Uoe  traductioi) 

Nos  collègues,  Mlle  Hélène  Iîoussinc^q  et  M.  Hené  Galland 
AJennent  de  traduire  un  curieux  roman  du  grand  écrivain  anglais, 
<icorge  Mcredith  :  Shaç/pal  rasé. 

Cours  de  vacances  à  rui)iver5ité  de  Strasbourg 

(,01ns      PRATIQUES      d'allemand      POUR      LES      ÉTL  DIANTS 
FMAXÇAIS     ET     ÉTRANGERS     (1) 

Comme  en  1920,  des  cours  spéciaux  destinés  aux  étudiants  et 
aux  personnes  qui  désirent  se  perfectionner  dans  la  connaissance 
de  la  langue  allemande  auront  lieu  à  l'Université  de  Strasbourg 
pendant  les  vacances  scolaires  de  l'année  1921.  Ils  commenceront 
le  'f  juillet  et  prendront  fin  le  '2't  septembre.  L'enseignement 
forme  un  tout  continu  ;  néanmoins,  il  sera  organisé  de  telle 
façon  que  les  participants  puissent  se  faire  inscrire  à  la  date  de 
leur  choix   pour  des  périodes  de   durée   variable. 

Ces  cours,  dont  le  caractère  est  essentiellement  pratique,  ont 
pour  objet  d'habituer  les  étudiants  à  parler  et  à  écrire  correcte- 
ment l'allemand.  Toutefois,  quelques  heures  seront  réservées  à 
des  conférences  en  langue  allemande  sur  des  sujets  d'ordre  litté- 
raire et  historique.  Ces  conférences  constitueront  une  utile  initia- 
tion  à   l'étude   de   r.Allemagne   contemporaine. 

Tous  les  cours  et  conférences  sont  faits  par  des  professeurs 
appartenant,  depuis  de  longues  années,  soit  à  l'Université  de 
Strasbourg,  soit  à  divers  établissements  d'enseignement  public 
de  l'Alsace  et  ayant  une  connaissance  parfaite  de  la  langue  alle- 
mande  et    des    choses   d'Allemagne. 

Le   nombre  des  cours   ou   conférences   en    langue    allemande    sera 


(Il  11  est  à  peine  nécessaire  d'insister  sur  les  avantages  uni- 
ques ainsi  offerts  aux  étudiants  de  licence,  et  à  quiconque  veut 
étendre  ou  raffermir  sa  connaissance  de  l'allemand  :  le  moindre 
ne  sera  pas  la  combinaison  du  maximum  de  compétence  avec  une 
parfaite  tranquillité  d'esprit  pour  les  visiteurs,  par  comparaison 
avec  l'Allemagne,  sans  parler  de  la  beauté  du  pays  et  de  la 
facilité    des   excursions.  N.    D.    L.   R. 


296  LES    LANGUES    MODERNES 

en  principe  de  17  heures  (3  heures  par  jour  les  lundi,  mardi, 
mercredi,  jeudi  et  vendredi,  2  heures  le  samedi  matin).  L'horaire 
sera  établi  de  façon  à  permettre  aux  étudiants  étrangers  de  sui- 
vre également  une  partie  des  cours  de  français  moderne  qui 
auront  lieu   aux  mêmes  dates  à  l'Université   de   Strasbourg. 

Programme 

L'enseignement   porte   sur  les   matières    suivantes  : 
Phonétique,  exercices  de  prononciation,  de  diction  et  d'élocution. 
Exercices    grammaticaux,    dictées,    compositions    écrites. 
Traduction    orale    (de    français   en    allemand     ou     d'une     langue 
étrangère   en   allemand). 

Conversation    dirigée    et    exposés    oraux. 
Lecture  et  explication  de   textes  modernes. 
Conférences  littéraires  et   historiques. 

Conditions  d'admission 

Les  étudiants  qui  désirent  suivre  les  cours  devront  être  âgés  de 
17  ans  au  moins  et  être  pourvus  d'un  diplôme  ou  certificat  attes- 
tant qu'ils  ont  fait  des  études  secondaires  ou  primaires  supérieu- 
res. Des  dispenses  pourront  être  accordées  sur  avis  favorable  du 
Comité-Directeur. 

Frais  d'études 

La  fréquentation  des  cours  d'allemand  donnera  lieu  à  la  per- 
ception  des   droits  suivants  : 

Pour  une  période  de  4  semaines  :  60  fr.  ;  pour  une  période  de 
6  semaines  :  80  fr.  ;  pour  une  période  de  8  semaines  :  100  fr.  ; 
pour  une  période  de  12  semaines  :  120  fr.  Des  réductions  seront 
consenties  aux  personnes  s'inscrivant  en  même  temps  aux  cours 
de    français.   Voir   le   programme    spécial    des   cours   de   français. 

Direction 

Les  cours  pratiques  d'allemand  sont  dirigés  par  un  Comité 
composé  de  professeurs  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Strasbourg, 
qui  ont  pu,  au  cours  de  leur  carrière,  se  familiariser  avec  les 
conditions    de    l'enseignement    dans    divers    pays    étrangers. 

MM.  E.   KoHLER,   chargé   de   la   direction   des     Cours   de    vacances  ; 
maître  de  conférences  de  langues  et  littératures  romanes  ; 

F.  Baldexsperger,  chargé  de  cours  à  la  Sorbonne,  professeur 
de  littératures  comparées,  ancien  <■  professeur  échangé  " 
aux    Universités    Harvard   et   Columbia    (Etats-Unis)  ; 

G.  Cohen,  chargé  de  cours  de  littérature  du  moyen  îige, 
ancien  professeur  de  langue  et  littérature  françaises  à 
l'Université    d'.\msterdani  ; 

E.  Hoepffner,  professeur  de   langues  romanes  à   l'Université 

de    Strasbourg  ; 
Kieneh,    professeur    d'histoire   à    l'Université    de    Strasbourg  ; 
G.    Maigain,    professeur   de    langue   et    littérature     italiennes, 

ancien  directeur  des  cours  de  français  à  l'Institut  français 

de    Florence  ; 
y[.  Mazon,  chargé  de  cours  de  langues  et  littératures  slaves  ; 


l'XHOS    L)L'    MOIS  297 

Si'ENLK,    professeur    de    langue    et     litlératiire    allemundes     à 

l'Université    de    Strasbourg  ; 
A.    TKnrtACHF.n,    professeur   d'histoire    de    la    langue    franç^-aise, 

ancien    professeur    aux    l'niversités    de     Baltimore     (Jolins 

Hopkinsi    et    de    Liverpool. 
ToNNELAT,    professeur    de    langue    et    littérature    allemandes    à 

l'Université    de    Strasbourg. 

I/Université  de  Strasbourg  organise  pendant  les  mêmes  vacan- 
ces scolaires,  un  enseignement  spécial  de  la  Prononciation,  de 
la  Langue,  de  la  Littérature  et  de  la  Civilisation  françaises  ;  les 
cours  qui  seront  faits  en  français,  sont  surtout  destinés  aux  étu- 
diants étrangers. 

Pour  les  renseignements  concernant  les  études  et  les  inscrip- 
tions, s'adresser  au  Directeur  des  Cours  de  Vacances,  à  l'Univer- 
sité  de   Strasbourg. 

Pour  les  renseignements  concernant  les  détails  de  la  vie  pra- 
tique s'adresser  au  Bureau  de  renseignenieiils  pour  les  étudiants 
étranijers,   à   l'Université   de    Strasbourg. 

Cours  de  vacai)ces  à  Londres 

L'Université  de  Londres  annonce  son  »  Holiday  Course  for 
foreigners  »  du  22  juillet  au  18  août  prochains.  La  direction  en 
est    confiée    à    Mr    Walter    Ripman    M.    A. 

Les  Conférences  porteront  sur  le  Drame  contemporain  (surtout 
Shaw,  Galsworthy  et  Barrie),  le  Roman  (Hardy,  Stevenson,  Moore. 
Barrie,  Kipling.  Bennett,  Galsworthy,  Wells),  l'Histoire  de  Lon- 
dres, la  Phonétique  de  l'anglais  avec  exercices  pratiques  de  lec- 
ture,  conversation     et    dictée. 

S'adresser  pour  tous  renseignements  à  :  The  University  Exten- 
sion   Registrar,    l^niversity   of   London    S.   \V.    7    (Holiday    Course). 

Tourisn)e  ui)iversitaire  (24*'  ai)>)ée) 

I.  —  Alsace-Lorraine   et  Bords   du   Rhin   (en    aoùti. 

IL   —   Florence,   Rome,   Xaples   (en    septembre). 

Envoi  des  programmes  détaillés  le  15  juin  contre  0  fr.  50  (en 
timbres»,  adressés  à  M.  Ch.  Poujol,  Instituteur,  1,  Boulevard 
Arago,   Paris  XllI". 

Mise    au   poii)t 

M.  Milliot-Maderan  nous  prie  d'insérer  la  lettre  suivante  (adres- 
•sée   à   M.   d'Hangest)  : 

Paris,    25    mars    1921. 
Mon    cher    CoLLf:GLE, 

Voulez-vous  me  permettre  une  brève  mise  au  point  en  réponse 
à  la  "  Note  du  Rédacteur  en  chef  »  parue  dans  les  Langues 
Modernes  de  janvier-février,  ainsi  que  quelques  rectifications 
<tu    compte    rendu    de    la    dernière    Assemblée    générale  ? 

-Aucune    "   critique    »    n'a   été   adressée   à   la    Rédaction  ;   quelques 


298 


LES   LANGUES    MODERNES 


membres  de  l'Association  ont  tout  simplement  et  fort  légiti- 
mement soumis  certains  <•  vœux  »  à  leurs  collègues,  et  ces  vœux 
ne  sont  pas  restés  "  isolés  »,  puisque  l'Assemblée  générale  les 
a  faits  siens.  Il  n'y  a  pas  eu  de  vote  formel,  "précisément  pour 
éviter,  dans  la  mesure  du  possible,  les  interprétations  fâcheuses, 
mais  le   Bureau   s'est    engagé   à  tenir  compte   des    désirs   exprimés. 

Je  ne  vois  pour  ma  part  nul  inconvénient  à  ce  que  l'avis  des 
Régionales  soit  sollicité  sur  les  questions  dont  il  s'agit  ;  s'il  y 
avait  eu  un  vote  exprès  de  l'Assemblée  générale,  un  pareil  recours 
aux  Régionales  pourrait  soulever  des  objections  de  forme,  mais, 
je  le  répète,  tel  ne  fut  pas  le  cas.  Sur  le  fond,  je  me  bornerai  à 
faire  observer  que  les  «  difficultés  industrielles  «  qui  s'opposent, 
selon  vous,  à  une  plus  fréquente  publication  des  Langues  Moder- 
nes, ne  sont  pas  insurmontables.  S'il  faut  aujourd'hui  un  mois 
de  délai  entre  l'envoi  du  manuscrit  à  l'imprimeur  et  l'expédition 
du  Bulletin  aux  abonnés,  il  fallait  quinze  jours  avant  la  guerre  ; 
le  retard  n'est  donc  que  de  quinze  jours  et  le  Bulletin  peut 
paraître  toutes  les  six  semaines,  soit  neuf  fois  par  an  ;  r.\ssem- 
blée  générale,  tenant  compte  des  vacances,  n'a  demandé  que  huit 
numéros.  La  question  des  frais  n'intervient  pas,  si  l'on  réduit 
dans   une    mesure    appropriée   le   volume   des   numéros. 

En  ce  qui  concerne  les  chroniques  étrangères,  je  n'ai  pas  dit 
que  leur  acceptation  d'avance  gênait  votre  liberté  d'action  ;  j'ai 
parlé  en  général  ;  et  si  j'ai  pensé  à  quelqu'un  des  rédacteurs 
successifs  du  Bulletin,  mettons  que  ce  fut  à  moi-même.  Les  chro- 
niques étrangères  en  effet  existaient  dès  avant  la  guerre  et,  bien 
que  j'aie  toujours  été  personnellement  opposé  au  système,  j'en 
ai  jadis,  respectant  l'opinion  de  la  majorité  d'alors,  publié  un 
certain  nombre  ;  je  n'ai  donc  pas  pu  dire  (v.  p.  11  du  compte 
rendu)   qu'elles  constituent  aujourd'hui    "   un  précédent  fâcheux   ». 

Je  sais  que  les  erreurs  du  compte  rendu  ne  vous  sont  point 
imputables,  les  comptes  rendus  sont  rédigés  par  le  Secrétaire 
général,  mais  puisque  l'occasion  s'en  offre  à  moi,  je  me  permet- 
trai  d'en   rectifier  deu.x   autres  : 

1°  Je  n'ai  pas  dit  que  le  Comité  (lurnil  dû  établir  une  série  de 
questions  de  façon  qu'on  ne  discutât  pas  en  l'air  (p.  9)  ;  j'ai 
demandé  si  le  Comité  n'aurait  ])as  pu  préciser  les  <•  questions 
diverses  »  portées  à  l'ordre  du  jour  ;  il  y  a  certainement,  ai-je 
ajouté,  quelques  questions  dans  l'air  ;  le  Bureau  n'aurait-il  pas 
pu   les   signaler  explicitement   à    nos   réflexions   préalables  ? 

2»  Je  n'ai  pas  demandé  ex  abrupto  que  dans  un  des  numéros 
de  fin  d'année  du  Bulletin  on  invitât  les  sociétaires  à  poser 
leurs  candidatures  (p.  10)  ;  ma  demande  s'est  produite  à  la  suite 
d'une  intervention  que  le  compte  rendu,  sur  le  désir  de  l'Assem- 
blée générale,  n'a  pas  retenue  ;  un  de  nos  collègues  avait  critiqué 
la  façon  dont  la  liste  des  candidatures  au  Comité  avait  été 
établie  ;  j'ai  signalé  alors  au  Bureau  qu'il  pouvait  s'éviter  de 
pareils  reproches  en  revenant  à  l'usage  ancien  et  en  provoquant 
des  candidatures  spontanées  par  une  invitation  parue  en  temps 
utile  dans  les  Langues  Modernes.  Je  sais  par  expérience  que  ces 
invitations  ne  produisent  aucun  effet,  mais  là  n'était  pas  li» 
question. 


HCHOS    DU    MOIS  299 

Voilà,  mon  cher  c«)llt'guc,  îo  sens  exact  de  mes  interventioMS  ; 
i'espère  que  mes  rectifications  suffiront  à  dissipcr'des  doutes  que, 
^cule  votre  absence  a  [ni  faire  naître,  et  vous  prie  d'agréer  mes 
i<ir<iiales    salutations. 

J.   Milliot-Maderan, 
Professeur  d'allemand  au  Lycée  F.ouis-le-Grand. 


M.  d'Hangest,  à  (jui  la  lettre  précédente  a  été  communiquée, 
nous  prie  de  bien  vouloir  insérer  à  la  suite  sa  réponse  à  M.  .Mil- 
liot-Maderan. 

Mon    chkh    Oollkglk, 

.le  tiens  d'abord  à  vous  reitiercier  d'avoir  tenu  à  compléter  ou 
à  préciser  sur  certains  points  le  compte-rendu  de  l'Assemblée 
i^énérale  et  d'avoir  ainsi  éliminé  la  possibilité,  que  laissait 
en  en"et  subsister  le  texte,  d'une  application  personnelle  de  votre 
intervention.  Les  deux  lignes  de  ma  Note  avaient  seulement  pour 
but  d'écarter  toute  interprétation  semblable  en  ce  qui  me  concer- 
nait ;  car  je  n'ai  jamais  éprouvé  de  difficulté  à  faire  adopter  à 
mes  collaborateurs  les  modifications  ou  suppressions  que  j'ai 
jugées   nécessaires. 

Si  je  n'avais  eu  le  sentiment  d'une  lacune  ou  d'une  insuffisance 
du  compte  rendu,  je  ne  me  serais  pas  contenté  d'une  forme  aussi 
brève  et  aussi  objective  ;  j'aurais  marqué  mon  étonnement  que 
cette  demande  de  suppression  des  Chroniques  Etrangères  émanât 
de  vous,  qui,  —  contre  votre  préférence  personnelle,  votre  lettre 
me  l'apprend  aujourd'hui,  —  m'aviez  précisément  demandé,  en 
1914,    de   continuer    mes   Notes    Anglaises. 

Je  n'examinerai  pas  la  question  de  savoir  si  les  "  vœux  »  dont 
vous  parlez  ne  constituaient  pas  une  «  critique  »  ;  cela  n'im- 
porterait d'ailleurs  que  si  j'avais,  à  un  moment  quelconque,, 
contesté  la  légitimité  soit  des  uns,  soit  de  l'autre  :  ces  vœux  se 
réaliseront  certainement  dans  la  mesure  où,  comme  vous  le  décla- 
rez, malgré  l'absence  de  "  vote  formel  »,  «  l'Assemblée  les  a 
fait   siens   ». 

En  signalant  la  longueur  du  délai  qui  sépare'  l'expédition  de 
la  revue  de  celle  des  manuscrits,  je  n'avais  aucunement  en  vue 
la  fréquence  de  publication  des  Langues  Modernes  :  je  songeais 
^seulement  à  l'observation  de  notre  collègue  M.  Godart,  relative  à 
un  article  qui  commentait  en  décembre  certains  événements  anté- 
rieurs aux  grandes  vacances.  Cette  exception  (d'ailleurs  compa- 
tible avec  une  autre  conception  des  Chroniques)  favorisait  dans- 
l'esprit  des  lecteurs  une  généralisation  inexacte,  du  fait  que  le 
procès-verbal  la  mettait  isolément  en  lumière  ;  j'en  avais  voulu 
atténuer  l'effet  en  appelant  l'attention  sur  certaines  difficultés 
matérielles  de  la  tâche  du  Rédacteur,  et  non  soulever  contre 
votre  désir  personnel  une  objection  quelconque  :  je  pense  comme 
vous  qu'il  est  à  la  fois  désirable  et  possible  de  porter  à  huit  le 
nombre  annuel  des  Bulletins,  en  réduisant  dans  la  mesure  vou- 
lue  le  volume   de   chacun   d'eux. 


300  LES    LANGUES    MODERNES 

Mais  je  ne  suis  pas  d'accord  avec  vous  sur  l'opportunité  de 
supprimer  les  Chroniques  :  c'est  également  en  songeant  à  la  majo- 
rité, en  particulier  au  grand  nombre  de  nos  très  intéressants  col- 
lègues, à  la  fois  professeurs  et  étudiants,  chargés  d'enseigne- 
ments hétérogènes,  et  privés  dans  leur  thébaïde  de  tout  recours 
normal  aux  bibliothèques  d'Université,  —  que,  d'accord  avec  le 
Bureau,  j'ai  tenté  de  reconstituer  à  la  fois  les  Xotes  Etrangères. 
une  Bibliographie  Critique,  et  une  Revue  des  Revues  encore  limi- 
tée aux  pays  anglo-saxons.  Les  Chroniques  sont  dans  mon  esprit 
destinées,  moins  à  remplacer  le  journal  et  à  tenir  au  courant  des 
faits  les  plus  récents,  qu'à  leur  fournir  d'avance  un  cadre  natu- 
rel et  solide,  une  possibilité  de  coordination  et  d'interprétation. 
Tant  que  le  service  de  propagande  n'aura  pas  établi  l'insigni- 
liance  numérique  des  abonnés  dans  les  petits  établissements,  je 
considère  que  nous  ne  pouvons  nous  désintéresser  des  débutants 
isolés  ;  mes  seuls  souvenirs  personnels  suffiraienty  pour  ma 
part,  à  m'en  empêcher  ;  et  notre  collègue,  M.  Bloch,  Secrétaire 
Général  sortant,  a  signalé  que  ces  articles  "  sont  publiés  à  la 
demande  d'un  grand  nombre  de  collègues  de  province  »,  qui 
■  apprécient  fort  ces  mises  au  point,  fussent-elles  tardives  »  ; 
c'est  là  aussi  un  <•  désir  exprimé  >■  :  la  consultation  de  l'ensem- 
ble de  nos  collègues  par  la  voie  des  Régionales  était  la  meil- 
leure mesure  que  je  puisse  proposer  pour  connaître  à  cet  égard  le 
sentiment  réel   de   la   iiiajorité. 

Il  me  resterait,  mon  cher  Collègue,  à  m'excuser,  auprès  du 
Secrétaire  Général,  d'ajouter  une  page  à  un  Bulletin  désormais 
contraint  à  l'économie,  si  l'insertion  de  votre  "  mise  au  point  •> 
n'avait  entraîné  celle  de  la  mienne.  Je  n'ai  plus  qu'à  vous 
remercier  de  m'avoir  ainsi  permis  de  donner  à  mon  tour  mon 
avis  sur  l'ensemble  de  la  question,  puisque  j'étais  retenu  loin  de 
Paris  lors  de  l'.^sscmblée  générale,  —  et  à  vous  prier  d'agréer 
l'expression    de    mes    sentiments    les    meilleurs, 

G.   d'Hangest. 


m-' 


Notes  et  Documents 


Les  séjours  à  l'étranger 

.le  remercie  vivement  les  eoUègues  qui  ont  bien  voulu  répondre 
;i  mon  appel,  paru  dans  le  dernier  n",  et  qui  m'ont  fait  parvenir 
leur  fiche.  .le  me  plais  à  constater  que  tous  mes  correspondants 
sont  d'accord  avec  moi  i)our  déjjiorer  l'état  de  choses  actuel  et 
demander  la  réparation  d'une  injustice  qui  nous  est  si  préjiuli- 
iiai)le. 

Il  ressort  de  l'examen  de  ma  correspondance,  que  j'iivais  trop 
limité  tout  d'abord  le  chanij)  de  mon  action  ;  je  n'avais  pensé 
([u'à  ceux  d'entre  nous  qui  ont  exercé  des  fonctions  d'enseigne- 
ment à  l'étranger  ;  j'aurais  dû  ajouter  tous  ceux  (jui  ont  passé 
à  l'étranger  une  ou  plusieurs  années  dans  la  position  de  congé 
sans  traitement,  —  qu'ils  y  ai^nl  enseigné  ou  non  —  jjourvu 
qu'ils  aient  préparé  des  examens.  En  outre,  un  de  mes  collègues 
me  signale  un  cas  particulier  auqutl  je  n'avais  pas  songé  non 
plus  :  il  s'agit  des  professeurs  qui  ont  commencé  leur  carrière  à 
l'étranger,  dans  des  «postes  officiels  rétribués  par  l'Etat  français 
[comme,  par  exemple  :  les, Instituts  français  de  Florence,  Madrid, 
etc.],  mais  qui,  sous  prétexte  qu'ils  étaient  nommés  par  simple 
délégation  rectorale,  se  sont  vus  refuser,  pour  ces  années-là,  le 
bénéfice  des  versements  pour  la  retraite,  réservé  uniquement  à 
^.ccux    qui    étaient    pourvus    d'une    nomination    ministérielle. 

En  conséquence,  après  réflexion,  j'ai  décidé  d'élargir  mon  appel 
en    m'adrcssant  : 

1"  à  tous  ceux  de  nos  collègues,  exerçant  actuellement  en 
France  des  fonctions  dans  l'enseignement  des  langues  vivantes, 
qui  se  sont  trouvés  jadis  dans  l'obligation  d'interrompre  leur 
carrière,  pour  misons  d'études,  et  qui  comptent,  à  leur  actif, 
une  ou  plusieurs  années  de  séjour  à  l'étranger,  qu'ils  y  aient 
enseigné  ou  non,  pourvu  qu'ils  fussent  dans  les  cadres  au 
moment  de  leur  départ,  et  qu'ils  aient  été  mis,  pendant  ce  laps 
de  temps,  par  l'Administration  française,  dans  la  position  de 
congé  sans  traitement  [j'insiste  sur  ces  mots  :  congé  sans  trai- 
tement, car  certains  de  mes  correspondants  me  disent  avoir  reçu 
un  congé  avec  traitement  de  100  francs  —  ils  ne  me  paraissent 
donc  pas  en  droit  de  réclamer,  leur  traitement  de  100  fr.  aj'ant 
sauvegardé    leurs    droits    à    la   retraite]  ; 

2"  à  tous  ceux  de  mes  collègues  qui  ont  commencé  leur  carrière 
par    l'enseignement    à    l'étranger,    dans    des   postes     olficiels     rétri- 

21. 


;{02 


LES   LANGUES    MODERNES 


bués  par  l'Etat  français,  ou  une  organisation  française  telle  que 
la  Mission  laïque,  une  CJianibre  de  commerce,  etc.,  mais  qui, 
pour  une  raison  quelconque,  n'ont  pas  été  admis,  pendant  cette 
période,   au  bénéfice   des   versements  pour  la   retraite  ; 

3°  aux  anciens  élèves-maîtres  et  élèves-maîtresses  des  Ecoles 
normales  primaires,  ou  anciens  boursiers  d'enseignement  supé- 
rieur, qui,  au  lieu  de  débuter  normalement  en  France,  à  leur  soi'- 
tie  de  l'Ecole  ou  à  l'expiration  de  leur  bourse,  ont  séjourné  à 
l'étranger  et  se  sont  trouvés,  de  ce  fait,  rctai-dés  dans  leur  avan- 
cement [pourvu  qu'ils  aient,  dans  l'intervalle,  préparé  des  exa- 
mens, et  qu'ils  aient  exercé,  depuis  leur  rentrée  en  France,  des 
fonctions    d'enseignement    des    langues    étrangères]. 


Adhésions  reçues  à  la  date  du  5  avril 
(Inscrites   dai)s    Tordre   de    leur   réception) 

MM.   Laurent,    prof,    d'anglais    au    lycée    de    Nevers. 

Uerranger,    prof,    d'allemand    au    lycée    de   Nice. 

C.auvens,   prof,    d'allemand    au    lycée    d'.\vignon. 

.lubien,    prof,    d'anglais    au    lycée    de    Niort. 

IJéraud,  prof,  d'allemand  au  lycée  de  Tulle  [est   prié   de  com- 
pléter  sa   fiche]. 

Langlais,   prof,   d'italien    au   lycée    de    Clcrniont-Ferrand. 

Laval,    prof,    d'allemand    au    lycée    d'.\Hgers. 

Uichard,   prof,   d'allemand    à   l'K.   P.   S.   de   Mézières    |  est    prié 
(le   compléter   sa   fiche]. 

l'orez,   prof,   d'anglais   au    lycée   de   Valencienncs, 

EscofTier,    i)rof.-adj()int    au    lycée    de    Nice, 

Dufrénois,    prof,   d'anglais    au    lycée    d'Evreux. 

(Irclïier,   prof,    d'allemand    au    collège   de   Saintes. 

■lallat,    prof,   d'anglais   au    collège    de    Moslaganem. 

(Carillon,   ])rof.   d'allemand    au    collège   de    .St-dcmiain-en-Laye 
lest   prié  de  compléter  sa    fiche]. 

Koudil,   prof,    d'alk-niaïul    au    lycée    Bulfon. 

Hégnier,    prof,    d'anglais    au    collège    de    (Cambrai. 

(ioindeau,   instituteur-adjoint   délégué   à  l'E.   P.   S.  de  (îannat. 

(îembier,   prof,   d'allemand    au    lycée   de    (lonstantine. 

iiailly,    prof,    d'anglais    et    d'allemand    au    collège    de    Pont-à- 
Mousson, 

(îranger,   i)rof.  d'anglais   au    lycée   de   Toulouse. 
.Mlle  Sauzet,   déléguée   anglais-lettres   à   l'E.   P.   S.   de   .Icunes   lilles 

(le   vSaulieu. 
MM.  (ienévrier,    jjrof.   d'anglais   au    lycée   de   Tours, 

Darnaud,   prof,   d'anglais   au   lycée   de   Toulouse. 

Saurai,    maître    de    conférences    à    la    Faculté    dos    Lettres    de 
Hordeaux, 


NOTES   ET  DOCUMENTS  303 

iAlM.    Ikiiry,    prof,    frjiiijjlais    au    Iviic    de    Nantes. 

GiOmilly.     prof,      k-ltris    t-t     allcînaïul     au     follcgc     (iouraucl. 

Rabat    (Maroc). 
Mlle   Michel,    prof,    d'anglais    au    collège    de    jeunes    filles    de    \'cn- 

dônie. 
MM,  Lis,   prof,  d'anglais  au  collège  de  Cambrai. 

Boucher,    prof,    d'allemand    au    collège    de    lioulognc-sur-Mer. 

Auvray,    profes,seur   d'anglais    au    lycée    de    Nantes. 

IJars,  j)rof.  d'anglais,  collège  de  Die])pe  (est  prié  de  compléter 

sa    fiche  1. 
Desdouits,  prof,  lettres  et  grammaire,  collège  de  iiriai)ç;on  (est 

prié   de   compléter   sa    fiche». 
Jeaujeon,   prof,   d'anglais,  collège   de    Perpignan. 
Benair,  prof,  d'anglais,  Kcole  primaire  supérieure  de  St-Jean- 

d'Angély. 
Henry  d'Ollières,  prof,  allemand  et   lettres  au  collège  de  Cler. 

mont   (Oise). 
Ciuéroult,    prof,    anglais,    collège    d'.\\  ranches. 
Gallèpe,    Principal    de    collège    de    Sisteron. 
Meillereux,    professeur    au    lycée    de    Cernanti    (Uoumanie). 

Soit,  en  tout,  29  adhésions.  Je  |)rie  tous  ceux  de  mes  collègues 
qui  n'ont  pas  encore  été  touchés  par  mon  précédent  appel  de  bien 
M)uloir  m'cnvoyer,  drins  le  plus  br^f  délai  possible,  leur  nom 
et  leur  adresse  avec  tous  les  renseignements  complémentaires. 
J'ai  PinteritioH  d'attendre  jusqu'au  15  juin  pour  clore  mon  dos- 
sier que  j'enverrai,  aussitôt  qu'il  sera  complet,  à  notre  piésident, 
M.  Veillet-Lavallée,  afin  que  la  Société  des  professeurs  de  langues 
modernes  puisse  se  charger  de  l'alTaire.  Le  nom  de  M.  Avril  m'a 
été  cité  par  ])liisieurs  de  mes  correspondants  comme  celui  de  la 
IH-rsonnalité  du  monde  parlementaire  la  plus  apte  à  défendre  nos 
intérêts   en   la   circonstance. 

Jules     DoDA.NTHUN, 

Professeur  d'anf]lais  un  lycée  de  Xcuers. 


La  Maisor)  de  l'li)stitut  de  Frai)ce  à  Londres 

{1S3,   Quecn's  Gale,   Lnitdon   S.   11'.   7) 

Fondée  par  le  Baron  Edmond  de  Rothschild,  la  Maison  de  l'iits- 
tilut  de  France  à  Londres  est  ouverte  aux  étudiants  français  et 
aux  membres  de  l'Institut  de  France  depuis  le  mois  d'août  der- 
nier. Cette  Maison,  qui  s'élève  dans  un  des  plus  aristocratiques 
quartiers  de  Londres,  est  située  à  proximité  des  musées  et  des 
bibliothèques    où    les   pensionnaires   viennent   faire   des   recherches. 

Lorsqu'on    entre    dans    cette    autre    Villa    Médicis,     sur     laquelle 


304  LES    LANGUES    MODERNES 

Hotte  If  drapeau  français,  on  se  trouve  dans  un  large  hall,  éelairé 
par  une  eoiipole  de  verre.  De  là,  on  passe  dans  la  bibliothèque 
t-t  dans  la  salle  à  manger,  vastes  pièces  très  confortablement  meu- 
blées. De  nombreuses  chambres,  dont  dix-huit  environ  sont  réser- 
vées aux  pensionnaires,  sont  simplement  mais  élégamment  amé- 
nagées,  pour  permettre  un   travail   tranquille  et   profitable. 

Une  Commission  spéciale,  siégeant  à  Paris,  est  chargée  de  dési- 
gner les  personnes  admises  à  séjourner  dans  la  Maison  de  l'Ins- 
titut. Les  candidates  ne  sont  pas  exclues  en  ])rincipc.  Cette  Com- 
mission qui  prononce  sur  toutes  les  demandes  d'admission,  est 
composée  de  dix-sept  membres,  dix  membres  élus  pour  deux  ans 
par  l'Assemblée  générale  de  l'Institut  de  France,  à  raison  de  deux 
l)our  chaque  Académie  et  sur  sa  présentation  ;  les  six  secrétaires 
perpétuels  ;  le  fondateur.  Cette  Commission  est  ainsi  composée 
pour   la    période    actuelle  : 

1"  Pour  l'Académie  Fraiiçaisc,  MM.  Bergson,  F.  Masson,  Henri 
de    Régnier  ; 

2"  Pour  les  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  MM.  Bémonl,  Cagnat, 
Fidmond   Pottier  ; 

'à"  Pour  les  Sciences,  MM.  Lippnuiun,  Schlœsing,  Lacroix, 
Em.  Picard  ; 

4"    Pour   les    Beaux-Arts.    MM.    Girault,    Flameng.    Widor  ; 

5"  Pour  les  Sciences  Morales  et  Politiques,  MM.  Paul  Cambon, 
Alexandre  Hibot,  et  Lyon-Caen.  Ce  dernier  est  Secrétaire  et 
M.    Uibot,   est   Président   de   la   Commission. 

La  Commission  se  réunit  tous  les  deux  mois  pour  cxaiuiiier 
les  demandes  d'admission  des  personnes  désirant  faire  des 
recherches  à  Londres.  Sa  dernière  réunion  était  fixée  aux  premiers 
Jours  de  mai.  Ces  demandes  doivent  être  accompagnées  de  l'acte 
de  naissance  des  candidats,  et  doivent  indiquer  les  diverses  étu- 
des faites,  les  titres  universitaires  obtenus,  les  i)ublications  du 
candidat  ;   enfin   le  but    qu'il    se   |)ropose   en   se   rendant   à   Londres. 

Toutes  les  coinmimicalions  relti'ines  aux  (idniissious  doiiK'nl 
être  adressées  au  Président  de  la  C.oniuiission  Si)éciale  de  la 
Maison  de  l'Institut  de  France  à  Londres,  au  Secrétariat  de  t'ins- 
ti'ut   de  France,  à  Paris. 

J>es  conditions  d'existence  dans  la  Maison  de  l'Institut  de 
France  sont  assez  simples  :  le  pensionnaire  a  le  logement,  le  pre- 
mier déjeuner  (breakfast),  le  blanchissage  de  maison,  le  chauf- 
fage gratuit  ;  il  n'a  qu'à  payer  les  repas  (lunch,  thé,  dîner)  qu'il 
prend  à  la  Maison  (en  général  les  pensionnaires  jjrennent  leur 
déjeuner  de  midi  dans  le  voisinage  du  musée  ou  de  l'Université 
où  ils  travaillent),  enfin,  uiu'  iiideniiiité  est  versée  mensuelle- 
ment i)our  défrayer  en  jiartie  les  |)cnsi()nnaires  de  leurs  frais  de 
séjour. 

Les  membres  de   l'Insliluf.  cpii   ont    à  faire  un   séjour  à   Londres, 


NOTES   ET  DOCUMENTS 


30ô 


j)ouvc'nt    habiter    dans    la    Maison,    dans    la    mesure    où    les     places 
disponibles    j)erniettenl    de    les    y    recevoir. 

Pour  tous  renseignements,  s'adresser  à  l'Adminislratcur-Uirec- 
Icui-  de  la  Maison  de  l'Institut  de  France  à  Londres,  M.  Robert 
L.-('ju,    Docteur    en    philosophie.    Agrégé    de    rUnivcrsité. 


Ur)e  Bibliothèque  ani)éricajr)e 

Pendant  la  guerre  ■  The  American  Library  Association  •>  avait 
établi  à  Paris  la  plus  importante  des  bibliothèques  destinées  à 
fournir  aux  soldats  des  romans  et  aussi  tous  les  livres  de  réfé- 
rence et  d'étude  dont  ils  pouvaient  avoir  besoin.  Cette  bibliothè- 
que, contenant  30.00(1  volumes,  elle  l'a  généreusement  donnée  à 
la  France.  "  The  American  Library  .Association  »  a  voulu  fonder 
dans  la  ><  capitale  intellectuelle  du  monde  occidental  »,  un  cen- 
tre d'information  sur  toutes  les  questions  relatives  aux  civilisa- 
tions anglaise  et  américaine.  Elle  a  considéré,  de  plus,  que  cette 
bibliothèque  serait  un  monument  durable  de  la  fraternité  d'armes 
des  soldats  américains  et  français  tombés  pour  la  défense  d'un 
idéal    commun. 

Cette  bibliothèque,  si I liée,  10,  rue  de  l'Elysée,  ouvre  librement 
à  tous  des  salles  de  travail  et  de  lecture  de  10  h.  du  matin  à  10 
h.  du  soir  ;  le  dimanche,  la  bibliothèque  ouvre  à  2  h.  On  y 
trouve  non  seulement  des  livres,  mais  des  journaux  et  des  revues. 
Les  lecteurs  qui  désirent  emprunter  des  livres  iKuvent  le  faire 
moyennant  une  souscription  de  '20  fr.  i)ar  an  pour  1  livre,  40  fr. 
pour  deux,  50  fr.  ])our  trois.  La  durée  du   prêt  est   de   15  Jours. 

Il  est  désirable  que  le  nombre  des  souscriptions  soit  grand.  Les 
frais  d'entretien  de  la  bibliothèque  sont  considérables,  et  il  faut 
préserver  le  fonds  actuel   et   l'augmenter. 

Nous  ne  pourrons  mieux  témoigner  h  <■  The  American  JAbrarii 
Association  »  que  nous  apprécions  l'admirable  moyen  de  tra%ail 
qu'elle  a  mis  à  notre  disposition,  qu'en  aidant  à  le  conserver  cl 
à   le  développer. 


A  Lei)dli)g-Llbrary 

Nous    signalons    à    nos    lecteurs     la     librairie     Stiakespcare     and 
I    Company  (8,  rue  Du|)uytrcn,  Paris,  6')   qui   prête   ses  volumes  aux 
conditions    suivantes  : 

1  ]nois  1  livre     8  fr.  2  livres  12   fr. 

3       ..  1  ..      20  fr.  2        ..        30  fr. 

6      n  1  "      35  fr.  2        ..       50  fr. 

1     an  1  »     60  fr,  2       »       80  fr. 


306 


LES   L.\NGUES    MODERNES 


La  librairie  possède  non  sciileinont  les  auteurs  classiques,  mais 
les  ouvrages  anglais  et  américains  de  ces  dernières  années  (Hardy, 
Whitman,  Butler,  Shaw,  Kipling,  Chesterton,  Wells,  Henry 
James,   Syuge,   Yeats,   etc.). 


Nos  nouveaux  traiternei)ts 

A  la  demande  de  plusieurs  correspondants  nous  publions  le 
tableau    sui\ant  : 

Lnscifjiiement.  siij'crieiir 

Paris  :  titulaires,  24.000  à  28.000  ;  maîtres  de  couf.,  18.000  à 
22.000. 

Départements  :  titulaires,  19.000  à  25.000  ;  nuiitres  dt  couf., 
15.000   à    19.000. 

Ens<^iijiicmcnl    secondaire 

.Agrégés.  —  Paris  :  14.000  à  20.000  ;  départements  :  11.000  à 
17.000. 

Titulaires    non    agrégés  :    déparlenieiits    9.500    à    15.500. 

Chargés  de  cours  licenciés  :  Paris,  10.500  à  16.500  ;  départe- 
ments,  9.000   à   14.000. 

Professeurs    de    collège  :    8.500    à    KH.500. 

Femmes.  —  .Agrégées  :  Paris.  12.300  à  18.ii00  ;  déi)artcmeuts. 
11.000   à    16.000. 

Certiliées.   —   Départements  :    8.500    à    i;5.500. 

Ensci<jnem^'i\l    primaire 

Ecoles  normales  :  Paris,  11.000  à  17.000  ;  Seine  et  Seiiie-et- 
Oise,   9.500   à    15.500  ;    autres   départements,   9.000   à    14.000. 

Kcoles  primaires  supérieures  :  Seine.  11.000  à  17.000  ;  autres 
départements,  8.500  à   13.500. 


Modifications  au  prograrT)CT)e  de  Tagrégatioi)  d'ai)glais 

(1921) 

La   première  «luestiou    relative  au.x   uriijines  de   la  prose  amjluise 
est   supprimée. 


•:îS: 


Mouvement  du   Personnel 


DlU'AnrF.MKNTS.    CiAnCONS 

Lycées 

Mlle  Hival,  (li-légiu'c,  anglais,  (lliauiudiit  ;  I.ihraly.  allemand, 
(iUrinnnt  ;    (Uiiv,   allemand,    Amiens. 

Ecoles  prirnaires  supérieures 

Delfosse,  lettres  et  allemand,  I.onlians  ;  Hallingor.  lettres  et 
allemand    \aney. 

Dkpartkmknts.    —    Fir.i.Ks 

Lycées 

Mlle  l'eraldi,  italien,  suppléante.  Niée  ;  Mlle  (iézanne.  italien, 
suppléante,  Aix  ;  Mme  lJoual-I5auiaiv.  italien,  su|)pléante, 
Avignon. 

Ecoles  prini)aires  supérieures 

Mme  (lonnet,  langues  vivantes.  Rodez  ;  Mlle  Lavy,  déléguée, 
lettres    et     anglais,     Chàteau-du-Loir. 


-Otto- 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trésorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII'^,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Ponr  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  Ofr.50  la  ligne. 

1.  Professeur  diplômé  (Oxford)  veut  recevoir  pensionnaires  dans 
sa  maison.  Vie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Uéférences 
excellentes.  S'adresser  :  M.  A.,  28,  Woodbastwich  Road,  S3denhani, 
Londres. 

2.  M.  Régnier,  professeur  d'anglais,  Cambrai,  serait  heureux  de 
trouver  d'occasion  les  2  ouvrages  de  M.  Legouis  :  Dans  les  sentiers 
de  la  Renaissance  anglaise  et  la  Jeunesse  de  Wordsworth.  .Au  pis 
aller,  il  se  contenterait  de  recevoir  en  prêt  le  premier  ouvrage. 

3.  Professeur  reçoit  en  pension  deux  jeunes  gens  ou  jeunes  filles, 
français  ou  alliés,  dans  villa  entourée  grand  parc.  Climat  très  vivi- 
fiant et  très  sain.  Prix  modérés.  (Collège  garçons  et  E.  P.  S.  filles  dans 
localité.  Adresse  :  IWI.  Aubenas  à  Privas. 

4.  Etudiant  anglais,  distingué,  musicien,  désire  place  précepteur 
dans  famille  française.  Paris  ou  banlieue  ou  grande  ville.  De  fin  juin 
à  fin  septembre.  Écrire  à  M"^  Klein,  Collège  j.  filles,  Epernay. 

ô.  Echange  de  revues.  —  Wl.  Bonnoront,  prof,  au  lycée  du  Parc, 
à  Lyon,  serait  disjiosé  à  échanger  ciiaque  mois  la  revue  américaine 
Atlantic  Monthly  contre  revue  anglaise  ou  magazine  de  même  impor- 
tance. 

().  Bachelier  es  sciences,  élève  des  Hautes  Etudes  Commerciales, 
désire  situation  dans  maison  industrielle  ou  commerciale  en  Angle- 
terre. Parle  l'anglais.  Adresse  .M.  Henri  Hegnault,  chez  Mme  la 
Directrice  de  l'Ecole  de  filles,  221,  Bd  Pereire,  Paris,  17*. 

7.  A  louer  à  Quiberon  dans  villa,  appartement  meublé,  ô  pièces, 
4  lits,  eau,  électricité,  vue  sur  la  mer.  De  juin  à  octobre  :  1..'{(UI  fr. 
S'adresser  à  M.  Fleur,  11,  rue  des  \'ierges,  à  Vannes  (Morbihan). 

8.  M.  L.  Duchemin,  l.î,  rue  du  Delta,  Paris,  achèterait  1»^  volume 
séparément  ou  les  .'}  vol.  ensemble  du  dict.  latin  de  Preund,  Irad. 
M.  Theil  ;  il  achèterait  également  Larousse,  8  vol.  Env^iyer  offres  à 
l'adresse  ci-ilessus. 


Le  Géronl  :  A.  Couesl.\nt. 


CAHORS,  IMP.  couESLANT  ([)ersonnel  intéressé).  —  24.376 


è^ 


Dix-neuvième  année.  —  N*  4  Août  1921 


Les 


Langues  Modernes 


IJULLETIN  DE  L'ASSOCIATlOiN 


Appel  du  Président 


Mes  chers  Collègues, 

Vous  savez  quelle  période  critique  nous  traversons  et  quelle 
lutte   il   faut   soutenir   pour   la   défense   de   notre   discipline. 

Les  réductions  d'horaire,  les  projets  ministériels  nous  impo- 
sent des  efforts  de  propagande  et,  par  suite,  des  frais  supplémen- 
taires qui  viennent  s'ajouter  au  coût  très  élevé  du  Bulletin  (tarifs 
(l'imprimerie,  prix  du  papier,  affranchissements  postaux,  le  tout 
accru  dans  des  proportions  formidables).  Aussi  la  situation  d? 
notre  trésorerie  n'est-elle  pas  sans  inspirer  quelque  inquiétude 
au  Bureau. 

Nous  avons  donc  décidé  de  demander  à  tous  les  membres  de 
r.\ssociation  de  vouloir  bien  contribuer,  par  des  dons  volontai- 
res, à  la  campagne  que  mène  notre  groupement  dans  l'intérêt  des 
Langues  Vivantes. 

Nous  vous  prions  de  considérer  d'ailleurs  que  la  cotisation  de 
10  fr.,  —  et,  pour  les  membres  des  régionales,  il  ne  parvient  que 
8  fr.  à  la  caisse  centrale,  —  ne  suffit  même  pas  à  couvrir  les  frais 
de  publication  actuels  des  Langues  Modernes  dont  chaque  n''  a  une 
valeur  marchande  supérieure  à  3  francs. 

Je  vous  prie  donc,  mes  chers  Collègues,  au  nom  du  Bureau,  et 
pour  les  besoins  de  la  cause  à  laquelle  nous  nous  dévouons 
tous,  d'adresser  à  Mlle  Ledoux,  notre  trésorière,  les  dons  que 
vous  voudrez  bien  consentir.  Les  noms  des  donateurs,  sauf  avis 
contraire  de  leur  part,  seront  publiés  au  Bulletin.  Aucun  chiffre, 
bien  entendu,  n'est  fixé.  Chacun  agit  selon  sa  conscience  et  en 
proportion  de  ses  disponibilités.  En  tous  cas,  tous  les  dons,  quels 
qu'ils   soient,    seront   accueillis   avec   reconnaissance. 

Je  vous  remercie  d'avance,  mes  chers  Collègues,  au  nom  de  tous. 

Paris,   10  juillet   i9'21. 

Ch.  Veillet-Lavallée. 


310 


LES    L.\XGUES    MODERNES 


Pren)ière  liste  de  souscription 

Ch.    Veillet-Lavallée,    Président     20 

M.  Bloch,  Vice-Président   10 

M.  Saroïhandy,  professeur,  lycée  St-Louis,  Vice-Président   .  20 

M.  Servajean,  Secrétaire  général   20 

G.   d'Hangest,   Rédacteur  du   Bulletin    20 

M.   Rancès,   Délégué   au   Conseil   supérieur    20 

Mlle   Ledoux,   Trésorière   de   l'Association 20 

MUe    Boussinesq,    Trésorière-adjointe    20 

Mlle    Brunel,    Archiviste    de    l'Association    20 

M.  Brunot,  Doyen  de  la   Faculté  des  lettres    20 

M.  Cazamian,  Maître  de  Conférences  à  la   Sorbonne    20 

M.  Girard,  Président  des  Compagnons   20 

M.  Hovelaque,   professeur,   lycée   Lakanal    20 


Note  de  la  Trésorière 


La  trésorière  prie  instamment  ceux  de  nos  collègues  qui,  pour 
cause  d'absence  n'ont  pas  fait  honneur  à  la  traite  de  10  fr.  80  qui 
leur  a  été  présentée  par  la  poste,  de  vouloir  bien  le  plus  tôt 
possible  verser  cette  somme  par  chèque  postal  à  son  compte- 
courant   postal    151.11,    Paris. 


Note  de  la  Rédaction 


La  Rédaction  croit  devoir  rappeler  aux  collaborateurs  qui  lui 
ont  récemment  adressé  les  articles  visés  aux  SJ;  ci-dessous,  que, 
conforuTément  à  des  décisions  toujours  en  vigueur,  ne  peuvent 
être    insérés  : 

1)  les  comptes  rendus  ou  appréciations  d'ouvrages  scolaires 
susceptibles  soit  de  servir,  soit  de  léser  les  intérêts  des  auteurs 
memnres   de    l'Association  ; 

2)  les  traductions  ou  articles  rédigés  en  langue  étrangère,  ou 
constitués  par  des  citations  occupant  par  rapport  au  texte  fran- 
çais un   esjiacc   considérable. 


Note  du  Secrétaire  Général 


Conforniément  aux  v<vux  exprimés  par  le  Coinili'  en  sa  réunion 
du  12  mai  dernier,  le  Secrétaire  génêrdl  serait  reconnaissant  à 
tous  les  membres  de  l'Association  (et  particulièrement  aux  Ré- 
tiioiuiles)  de  bien  vouloir  lui  faire  connaître,  avant  le  15  octobre 
j)rochain,  leur  avis  sur  le  projet  de  relèvement  de  deux  francr. 
de   la   cotisation   annuelle,  qui    serait    ainsi   portée   à    12   fr. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  311 

Pour  la  même  date,  il  invite  les  Sociétaires,  qui  seraient  can- 
didats aux  élections  de  décembre  prochain,  en  mie  du  renouvel- 
lement partiel  du  Comité,  à  lui  envoyer  leurs  noms.  Les  Régio- 
nides  pourraient  aussi  provoquer  des  candidatures,  et  les  lui 
Iransnifttri'. 


Réunions  du  Comité 


Le  Comité  s'est  réuni  le  12  mai,  à  3  h.,  au  lycée  Montaigne, 
sous   la   présidence   de  M.   Veillet-Lanallée. 

Assistaient  à  la  réunion  :  MM.  Beley,  Bloch,  Mlle  Boussinesq, 
MM.  Caillet,  Chemin,  Coiquaud,  Delobel,  Gœtschy,  Goy,  CuillotcL 
d  Hangest,   (icorgcs   Hirtz,    Servajean. 

Kxcusés  :  M.  Bec,  Mlle  Brunel,  M.M.  Duvergé,  Hirtz  (Gaston), 
Kuhn,  Mlle  Lcdoux,  M.M.  Montaubric,  Rancès,  Saroïhandy, 
.Mlle  Weil. 

M.  Veillet-LaDallée  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Coiquaud  de 
Carentan,  qui   assiste  à  une  partie  de  la  séance. 

/.  Commission  de  propagande.  —  3/.  Veillet-Laoallée  insiste 
sur  la  nécessité  d'activer  la  propagande  en  faveur  de  notre 
enseignement   fortement   menacé  en  ce  moment. 

M.  Servajean  apprend  au  Comité  que,  lors  de  sa  dernière  réu- 
nion, la  Commission  de  propagande  a  décidé  de  rédiger  une  cir- 
culaire qui  contiendrait  les  arguments  essentiels  à  faire  valoir 
sur  la  double  valeur  de  notre  discipline,  tant  au  point  de  vue 
pratique,  qu'au  point  de  vue  intellectuel.  Cette  circulaire  serait 
remise  à  tous  les  groupements  économiques  ou  politiques 
influents  du  paj's.  M.  Veillet-Lavallée  annonce  qu'il  vient  de  rece- 
voir une  lettre  de  M.  Rancès  qui  suggère  les  mêmes  moyens  de 
réalisation   pratique. 

Dans  le  même  ordre  d'idées,  M.  Servajean  communique  au 
Comitj  un  vœu  que  lui  a  communiqué  M.  Cazamian  et  qui  a  été 
rédigé  par  MM.  Camerlynk  et  Digeon,  au  nom  de  r.\ssociation 
France-dde-Bretagne.    Ce    vœu    est    ainsi    conçu  : 

L'Association     <    France-Grande-Bretagne   », 

Considérant  qu'au  nombre  des  moyens  de  cultiver  l'amitié  entre 
la  France  et  la  Grande-Bretagne,  plus  que  jamais  indispensable 
aux  deux  pays,  nul  ne  saurait  être  plus  efficace  que  l'enseigne- 
ment ; 

Regrette  que  dans  la  réorganisation  eu  cours  de  renseignement 
primaire  supérieur,  la  part  des  langues  vivantes  ait  été  amoin- 
drie pour  les  écoles  normales  primaires  et  les  écoles  primaires 
supérieures,  et  que  nos  institutrices  et  futurs  instituteurs  soient 
en  moins  grand  nombre  que  par  le  passé  amenés  à  connaître  et  à 
pratiquer   la   langue   anglaise  ; 

Quant  à  la  réforme  de  l'enseignement  secondaire  annoncée  par 
M.  le  ministre  de  l'instruction  publique,  exprime  le  vœu  qu'en 
aucun  cas  la  part  de  la  langue  anglaise,  instrument  incontesta- 
ble  de  culture  moderne,   ne   soit   diminuée  ; 


312  I-ES    lANGl'ES    MODERNES 

Et  demande  qu'avant  toute  décision  il  soit  procédé,  comme 
d'usage,  à  une  consultation  générale  de  tous  les  corps  intéres- 
sés (1). 

M.  Servajean  montre  ensuite,  par  la  lecture  d'extraits  d'un 
discours  prononcé  à  Londres  par  notre  Grand-Maître  de  l'Univer- 
sité que  M.  Léon  Bérard  préconise  tour  à  tour,  suivant  les  lieux 
et  les  milieux  et  en  termes  également  heureux,  la  culture  anti- 
l'ue    à   Paris,    et   la   culture   moderne   à   Londres. 

//.  Propagande  dans  les  collèges.  —  Sur  la  proposition  du 
bureau,  le  Comité  félicite  MM.  Gaston  Hirtz  et  Mongiiillon  qui 
s'emploient  activement  à  recruter  de  nouveaux  adhérents  parmi 
nos  collègues  des  collèges   et   des   E.   P.   S. 

///.  Relèvement  de  la  cotisation  annuelle.  —  Le  Comité  est 
amené  à  envisager  un  relèvement  de  cotisations,  en  raison  de  la 
plus  grande  périodicité  du  Bulletin,  et  de  l'augmentation  des 
frais  de  correspondance,  notamment.  Le  taux  de  la  cotisation 
actuelle  n'est  du  reste  pas  de  10  fr.,  puisque  les  diverses  Régio- 
nales prélèvent  sur  cette  somme  2  fr.  pour  leurs  frais  particuliers. 

MM.  Bloch  et  Seroajean  ont  songé  un  instant  à  insérer  des 
annonces  commerciales  dans  le  Bulletin,  mais  son  faible  tirage 
ne  leur  a  jias  permis  de   donner  suite   à  cette   idée. 

M.  d'Hangest  propose  de  porter  la  cotisation  annuelle  de  10  à 
12  francs  au  moins. 

M.  Veillet-Lanallée  demande  à  M.  Servajean  d'inviter  les 
Régionales  et  les  membres  de  la  Société  à  formuler  leur  opi- 
nion   sur   cette    question,   par   la   voie    du   Bulletin. 

ÏV.  Candidatures  au  Comité.  —  (Renouvellement  partiel  de 
décembre  1921),  le  Président  prie  le  Secrétaire  général  de  deman- 
der (par  une  autre  note  dans  le  Bulletin)  aux  Sociétaires  de  bien 
vouloir  poser  leurs  candidatures,  et  aux  Régionales,  de  provo- 
quer des  candidatures  parmi  leurs  membres. 

V.  Les  vœux  suivants  de  la  Régionale  de  Poitiers  sont  déposés 
par   son    délégué,   M.   Gaston   Hirtz  : 

L'A.   P.   L.   V.,   émet   le   vœu  : 

1°  que  les  programmes  adoptés  pour  l'enseignement  secondaire 
soient  intégralement  observés  dans  tous  les  établisements  ;  que 
les    réductions    arbitraires    d'horaires    ou    les    géminations    de    clas- 


(1;  Ce  vœu  a  été  depuis  remis  à  M.  Bérard,  ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  par  M.  Edgar  Bonnet,  président  du  Comité 
exécutif  de  l'.Association  France-Grande-Bretagne,  et  par  M.  Sche- 
fer,  secrétaire  de  la  Fédération  des  Industriels  et  Commerçants, 
l'n  vœu  analogue  a  été  remis  au  chef  de  Cabinet  du  Ministre  de 
l'Instruction  i)ubli(|ue,  au  nom  de  l'association  des  Sphin.t  qui 
groupe  1.500  anciens  interprètes  auprès  des  armées  anglaise  ou 
américaine  par  M.  Bonnet,  \'ice-Président  des  Sphinx,  M.  de  Bri- 
mant, Secrétaire  général,  et  M.  IJigeon,  représentant  de  ]'.\ssocia- 
tion  France-Grande-Hretagne.  M.  le  C^hcf  de  C;al)inet  a  déclaré  au 
cours  de  l'entretien  que  M.  le  Ministre  était  spécialement  bien  dis- 
posé en  faveur  de  l'anglais,  et  (jue  l'enseignement  des  langues 
vivantes  n'<n'aif  rien  à  craindre  d'une  réforme  qui,  au  reste,  n'est 
encore  qu'un  projet,  et  pour  laquelle  loulcs  les  suggestions  seront 
accueillies  aussi  bien  que  possible. 


BULLETIN   DE   l'ASSOCL\TION  313 

srs  n'aviint  |>;is  le  mùnic  jirofjrmuitie  soieni  absoliiiuent  inlcrdi- 
les  ;  que  les  dc-doubleiiicMils  soient  toujours  edeetués  clans  les 
liasses  déixtssant   l'effectif  prévu   pur   <<'.s   pro(jrammeH  ; 

2"  que  les  professeurs  puissent  être  ehargés  d'un  enseignement 
étranger   à    leur    spécialité. 

I.e   Comité   adopte    le    premier   vœu  ;    le    second   est    réservé. 
.V.  Senutjenn,   délégué   de   la    Hégionak-   de   Lille   fait    adopter   les 
vieux   formulés   |)ar  cette   Hégionalc  en    son   assemblée   générale   du 
28  avril   (voir  pages   234  et   suivantes  du  Bulletin). 

VI.  Le  latin  obliyutoire  «n  6'  et  5".  —  Le  Président  donne  la 
parole  à  M.  Blorb  sur  un  vœu  qu'il  entend  déposer  contre  un 
enseignement    unique  en   6"'  et  5'  et  à  la  base  de  latin. 

J/.  Bloch  rappelle  que  la  F"édération  nationale  a  constitué  une 
Commission  pour  l'étude  de  la  réforme  de  l'Enseignement,  que 
cette  Commission  a  travaillé  très  sérieusement,  pendant  de  longs 
mois.  (Mlle  Ledoux  et  M.  D^lohel  qui  en  faisaient  partie  ont  droit 
à  toute  notre  gratitude,  pour  le  dévouement  et  l'énergie  avec  les- 
quels ils  ont  défendu  notre  cause).  M.  Moulinier  a  résumé  ces  tra- 
vaux dans  un  long  rapport  "qui  devait  être  discuté  au  Congrès 
de  Pâques.  Malheureusement,  la  lecture  seule  de  ce  rapport  a 
occupé  plus  d'une  séance  ;  la  confusion  et  le  désordre  de  la 
dernière  journée  du  Congrès  ont  empêché  toute  discussion  sérieu- 
se. M.  Bloch,  qui  voulait  intervenir  dans  la  discussion  n'a  pas  eu 
occasio_n  de  le  faire,  la  question  des  programmes  devant  être  sou- 
mise à  un  référendum  des  .Amicales.  Ces  nouveaux  programmes 
qui  par  certains  côtés  témoignent  d'un  louable  souci  des  intérêts 
généraux  et  des  besoins  de  la  vie  moderne,  lui  paraissent  cepen- 
dant reposer  sur  une  erreur  fondamentale  et  très  grosse.  Ils  éta- 
blissent à  la  base  de  l'enseignement  deux  années  communes  à 
tous  les  élèves  avec  enseignement  du  latin  obligatoire  pour  tous. 
Ceci  lui  semble  une  mesure  rétrograde,  extrêmement  dangereuse 
à  la  fois,  pour  l'avenir  des  langues  vivantes  et  pour  l'enseigne- 
ment secondaire  lui-même.  Les  arguments  sont  trop  présents  à 
tous  les  esprits  pour  qu'il  y  insiste,  et  il  se  borne  à  déposer  l'or- 
dre du  jour  suivant  : 

"  Le  Comité  de  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivan- 
tes de  l'Enseignement  Public  proteste  avec  énergie  contre  toute 
iTiodification  des  programmes  scolaires  qui  imposerait  à  la  base 
de  l'Enseignement  secondaire  un  enseignement  du  latin  commun 
à  tous  les  élèves. 

Il  rappelle  que  l'enseignement  sans  latin,  malgré  les  obstacles 
qu'il  a  rencontrés  sur  sa  route  depuis  sa  fondation,  se  développe 
sans  cesse  et  est  en  constante  amélioration,  et  de  plus  en  plus 
prospère,  que  ses  élèves,  par  leurs  succès,  prouvent  depuis  de 
longues  années,  qu'ils  ne  sont  aucunement  inférieurs  à  leurs 
camarades   de    l'enseignement   classique. 

Il  exprime  la  crainte  que  la  mesure  proposée  par  la  Fédération 
nationale  n'aboutisse  à  la  désertion  justifiée  des  lycées  au  profit 
de  l'enseignement  primaire  supérieur  et  que  les  partisans  du  latin 
obligatoire  n'entraînent  pas  leur  aveuglement,  sinon  la  mort,  du 
moins  un  elTondrement  complet  de  l'enseignement  secondaire.  » 
M.   Delobel  déclare  qu'avant   d'examiner   l'ordre   du   jour   Bloch, 


314  LES   LANGUES    MODERNES 

il  y  a  une  question  de  droit  à  trancher.  Les  problèmes  qu'il  traite 
ont  déjà  été  soumis  aux  Régionales  et  l'Assemblée  du  17  février 
a  déclaré  qu'elle  était  incompétente  pour  leur  donner  une  solu- 
tion. Plusieurs  orateurs,  M.  Godard  notamment,  ont  demandé  que 
la  question  du  latin  ne  fût  pas  abordée  et  l'on  s'est  contenté  de 
voter  un  ordre  du  jour  très  général.  M.  Delobcl  considère  cette 
décision  comme  une  erreur  de  tactique,  il  estime  que  notre 
Association  aurait  dû  faire  entendre  sa  voix  avant  le  Congrès  de 
Pâques.  Mais  le  fait  est  là,  et  le  Comité  doit  d'abord  décider  s'il 
entend  reprendre  la  discussion  de  questions  que  l'Assemblée  du 
17  février  a  écartées.  Quant  à  l'ordre  du  jour  lui-même,  il  com- 
prendrait et  partagerait  l'émotion  de  ses  collègues  si  le  vote  du 
Congrès  entraînait  la  suppression  des  langues  vivantes  dans  les 
années  d'enseignement  commun.  Mais  les  discussions  qu'il  a  sui- 
vies à  la  Commission  et  au  Congrès  ne  montrent  pas  qu'il  en 
ait  été  question.  Le  projet  de  la  Commission  est  le  suivant  : 
1'  deux  années  d^enseignement  commun  avec  latin  et  langue 
vivante  ;  trois  années  où  les  élèves  se  répartissent  entre  une 
division  d'humanités  classiques,  et  une  division  d'humanités 
modernes  ;  deux  années  finales  où  chacune  de  ces  divisions  se 
subdivise  en  sections  littéraires  et  scientifiques  ».  D'ailleurs,  le 
texte  du  référendum  nous  fixera  sur  ces  points  et  il  conviendrait 
tout   au   moins   d'attendre    qu'il    nous    soit    soumis. 

Sur  cette  question  du  latin  obligatoire,  M.  Seroajean  a  reçu  de 
membres  du  bureau  des  Régionales  de  Lille,  Lyon,  Marseille, 
Nancy,  toute  une  série  de  communications,  qui  ne  sont  qu'autant 
de  protestations  souvent  indignées  contre  cette  mesure  rétro- 
grade à  leur  sens.  11  résume  les  principaux  arguments  qu'on  fait 
valoir  : 

i.  Pourquoi  ne  pas  laisser  les  parents  et  les  élèves  libres  d'op- 
ter dès  la  6''  entre  les  sections  d'humanités  classiques  et  moder- 
nes '?  Ne  se  résoudront  à  perdre  ces  deux  ans  de  latin  que  les 
incapables.  Donc,  les  modernes  ne  se  recruteront  absolument  plus 
que  parmi  les  déchets.  On  peut,  du  reste,  aborder  beaucoup  plus 
tard  les  études  latines  avec  profit  :  certains  jeunes  gens  sont 
entrés  à  l'Ecole  Normale  Supérieure  Lettres,  après  deux  ans  de 
latin  ;  certaines  jeunes  filles  témoignent  au  baccalauréat  d'une 
connaissance  suffisante  du  latin  après  seulement  deux  années 
d'étude. 

2.  Pourquoi  étudier  le  latin  pendant  2  ans  pour  l'abandonner 
ensuite  ?  A-t-il  eu  le  temps  de  développer,  en  ce  laps  de  temps, 
sa  "  vertu  magique  »  ?  Opinion  soutenue,  du  reste,  par  grand 
nombre  de  professeurs  appartenant  à  d'autres  disciplines  que  la 
nôtre  (Berthod,  professeur  de  philosophie,  président  de  la  Société 
des  Agrégés,  Grévy,  professeur  de  mathématiques  spéciales,  mem- 
bre  du   Conseil    supérieur,    etc.). 

3.  On  détourne  toute  une  clientèle  des  lycées,  grave  danger 
signalé,  comme  le  fait  observer  notre  Président,  par  M.  le  Direc- 
teur Bellin   (voir   Bulletin,    page    175). 

4.  Si  le  latin  est  obligatoire,  les  élèves  des  Ecoles  primaires 
entreront  en  A'  B  (moderne)  sans  auoir  fait  de  langue  vivante.  Ce 
sera   une   aggravation   des   abus   actuels   (entrée   en   5"  d'élèves   qui 


BLLLKTIN    DE    i/ASSOCIATION  315 

ijjiioreiil  tmit  dis  l;iii.mit.s  \i\:mlt.s>.  l-'àgc  d'ciitrôe  <.ii  4  cl 
l'iigc  de  sortie  de  l'école  primaire  sont  les  iiicnies  :  13  ans,  ce 
qui    rendrait  le  danger  particulièrement  redoutable. 

5.  Si  le  latin  est  obligatoire,  les  heures  de  langues  \ivantes 
seront  réduites  en  5°  et  en  e*".  Or,  ce  sont  précisément  les  deux 
années  les  plus  fécondes  et  les  plus  efficaces  au  point  de  vue  de 
l'enseignement    des    langues   vivantes. 

6.  La  version  allemande  ou  anglaise  ne  constituc-t-elle  pas  un 
instrument  de  culture  au  moins  aussi  bon  que  la  version  latine  ? 
Evidemment,  la  version  latine,  intelligemment  faite,  serait  d'un 
rendement  incomparable,  mais  bâclée  comme  elle  l'est,  en  vue 
unique  d'une  note  passable  à  un  examen,  elle  devient  absurde, 
hypocrite  même.  La  langue  anglaise,  notamment,  ne  contient-elle 
pas  des  constructions  synthétiques,  tout  comme  le  latin  ?  Ne 
rcproduit-ellc  pas  souvent  les  formes  syntaxiques  du  latin  qui 
l'a  façonnée,  puisque  jusqu'en  octobre  1919  l'enseignement  secon- 
daire anglais  était  basé  exclusivement  sur  l'étude  des  langues 
anciennes  ?  Les  textes  anglais  ne  sont-ils  pas  aussi  riches  en 
idées,  sensations,  images  (et  même  plus),  que  le  latin  ;  ils  ont 
évolué  avec  la  vie  même  de  l'humanité  ;  ils  contiennent  et  dé- 
passent la  civilisation  antique  ;  n'ont-ils  pas  une  plus  grande 
))uissance  de  suggestion  ?  Enfin,  la  version  anglaise,  n'est-elle  pas 
un  exercice  de  l'intelligence  basé  sur  la  différence  de  psychologie 
de  deux  peuples  ?  N'oblige-t-elle  pas  l'esprit  à  un  perpétuel  effort 
de   transposition  '? 

Le  Président  fait  connaître  au  Comité  que  M.  lidiicès,  regret- 
tant d'être  empêché  d'assister  à  la  séajice,  ainsi  qu'il  y  avait  été 
invité,  lui  a  écrit  pour  prier  le  Comité  de  ne  prendre  aucune 
décision   hâtive  : 

"  Non  seulement,  il  n'y  a  aucune  urgence,  mais  on  discuterait 
sans  avoir  les  documents  en  mains,  sur  de  simples  souvenirs  de 
séances  ;  non  seulement,  en  effet,  le  rapport  Moulinier,  qui  est 
une  œuvre  considérable  et  d'un  intérêt  certain,  n'a  pas  encore 
été  imprimé,  mais  le  procès-verbal  officiel  n'a  pas  été  publié  par 
la  Fédération.  En  somme,  le  Congrès  semble  avoir  abouti  à  des 
conclusions  moins  défavorables  qu'on  ne  pouvait  le  craindre  ; 
je  ne  les  trouve  pas,  bien  entendu,  entièrement  acceptables,  mais 
elles  fournissent  une  base  de  discussion  possible.  Nous  insurger 
ainsi  brusquement,  me  paraît  être  une  faute  de  tactique...  » 
«  Nous  devons  évidemment  soutenir  jusqu'au  bout,  ne  fût-ce 
qu'au  nom  de  la  liberté  du  père  de  famille,  la  nécessité  d'un 
enseignement  sans  latin.  Mais  il  faut  reconnaître  que  le  Congrès 
a  adopté  une  solution  terme  dont  il  convient,  sans  rien  exagérer, 
de  lui  savoir  gré.  Ce  que  je  désire,  c'est  que,  quoi  qu'on  fasse, 
en  fin  de  compte,  on  n'agisse  pas  trop  vite.    > 

Après  plusieurs  observations  de  MM.  Guillotel  et  Goy,  et  la  lec- 
ture d'un  projet  ingénieux  de  réforme  de  l'Enseignement  secon- 
daire de  M.  Chemin  (l^,  le  Comité  décide,  avant  de  prendre  position 
sur  la  question,  d'attendre  la  publication  du  rapport  Moulinier, 
qui   lui   fournira   les   éléments   d'information   nécessaires. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 

(Il   Le  prochain  n"  du  Bulletin  en  donnera  le  texte. 


316  LES   LANGUES    MODERNES 

Lf  Comité  s'usl  rcimi  au  lycée  St-Louis,  le  12  juin  1921,  à  10  h. 
du   niiitiu,   sous  la   présidence   de  M.   Veilli't-LaiHillée. 

Etaient  présents  :  Mlles  Bninel,  Ledou.r,  Weill,  MM.  Beley, 
îi/oc/j,  Goestchy,  Goy,  Gaston  Hiriz,  Servajean,  Vcillet-LaimUée. 
M.  Rancès,  notre  délégué  au  Conseil  supérieur,  assistait  à  la 
réunion. 

Excusés  :  Mlle  Boussini^sq  et  Lnlappie,  MM.  Bec,  Caïuerlyncl;, 
Chemin,  Coiqiiaud,  d'Hangest,  Delobel,  Duvenjé,  Hirlz  Georges, 
Kiihn,    Pinloche. 

M.  Rdncès  expose  à  ses  collègues  les  questions  à  l'ordre  du 
jour  de  la  session  de  juin  du  Conseil  supérieur  de  l'I.  P.  et  son 
point   de   vue   personnel    sur  chacune   de  ces   questions. 

I.  CoNcouHs  GÉNÉRAL.  —  Le  Comité  donne  mandat  à  M.  Rancès 
de  voter  contre  le  rétablissement  du  concours  général,  qui  —  et 
les  raisons  n'en  sont  que  trop  connues,  —  va  à  rencontre  des 
principes  d'une  saine  pédagogie,  en  limitant  l'effort  du  profes- 
seur à  la  préparation  des  fameuses  "  bêtes  à  concours  »,  quand, 
dans  le  domaine  des  langues  vivantes,  il  n'est  pas  entaché  d'in- 
justice en  favorisant  les  professeurs  ajant  des  élèves  qui  ont 
appris  les  langues  en  dehors  de  leur  classe,  grâce  à  des  gouver- 
nantes,  ou   des   séjours  à  l'étranger. 

M.  Goestchy  demande  qu'au  cas  où  l'on  rétablirait  le  concours 
général  pour  toutes  les  matières,  l'on  reprenne  la  question  du  réta- 
blissement de  ce  concours  en  langues  vivantes,  pour  ne  pas  met- 
tre notre  discipline  en  état  d'infériorité  par  rapport  aux  autres 
disciplines. 

II.  RÉDUCTION  DE  l'horaire.  —  D'après  les  renseignements  qu'il 
a  pu  recueillir,  —  et  ceci  sous  bénéfice  d'inventaire,  —  M.  Ran- 
cès déclare  que  tous  les  enseignements  semblent  consentir  à  une 
réduction  proportionnelle  de  l'horaire.  Seules,  en  vertu  de  la 
«  prérogative  ministérielle  »  les  heures  de  latin  resteront  intan- 
gibles. 

En  ce  qui  concerne  tout  particulièrement  notre  discipline, 
M.  Rancès  est  décidé  à  formuler,  en  séance  plénière  du  Conseil 
supérieur,  une  proTcstation  énergique  contre  toute  réduction 
arbitraire  qui  tendrait  à  porter  atteinte  à  l'enseignement  des 
langues   vivantes.   11   fera   valoir   les   arguments   suivants  : 

1°  au  point  de  vue  national,  l'enseignement  des  langues  vivan- 
tes a  donné  des  preuves  de  sa  valeur  pendant  la  guerre  ;  grâce  à 
lui,  on  a  pu  constituer  un  corps  d'interprètes  et  d'agents  de  liai- 
son, tout  à  fait  hors  de  pair  ; 

2°  au  point  de  vue  pédagogique,  aucune  réduction  d'horaire  ne 
saurait  être  admise  dans  le  1""  cycle  en  6",  5°  et  4°,  où  tout  le 
travail  de  l'enfant  se  fait  pour  ainsi  dire  en  classe,  à  un  âge  où 
le  contact  du  professeur  avec  l'élève  est  plus  que  jamais  néces- 
saire pour  la  formation  de  son  esprit,  et  ne  peut  s'établir  que 
par  un  assez   grand   nombre   d'heures  ; 

3°  au  point  de  oue  des  intcréts  de  l'Université,  les  parents 
ne  pouvant  pas,  ou  ne  voulant  pas  garder  leurs  enfants  chez  eux, 
risquent  de  les  envoyer  dans  d'autres  établissements  que  ceux 
de  l'Etat. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION  317 

M.  Hdiicrs  iijoiitf  qu'jiu  point  de-  viu-  des  intirôls  slrictcinci)! 
lnoffSsioiiiR'ls,  toute  rédiietioii  restreindra  forei-iiieiit  le  nombre 
des  heures  supplémentaires,  et  ralentiia  ravaneement  des  jeunes 
eollègues  méritants. 

iV.  Rtincès  explitiue  enlin  (|ue  la  rédiietion  de  l'horaire  est 
souhiitée  tout  partieulièrement  |)ar  le  Ministère  de  la  (ïuerre 
(|ui  se  propose  de  remplacer  ces  heures  laissées  lil)res  par  des 
heures  consacrées  à  la  préparation  militaire  pour  pouvoir  ainsi 
trouver  un  emploi  aux  ofïîviers  qui  sont  en  surnombre  et  dont 
il   faut  assurer  la   solde. 

A  la  suite  de  ces  explications  du  Délégué  au  C.  S.,  le  C-oniité 
renouvelle  un  vœu  déjà  forniulé  à  une  séance  antérieure,  à  savoir 
que  : 

//  s'oppose  à  toute  réduction  de  l'horaire  qui  serait  hors  de 
proportion  avec  les  réductions  des  autres  dictplines  ;  en  admet- 
huit  même  comme  possible  une  réduction  de  l'horaire  dans  '  le 
2°  cycle,  il  considère  comme  préjudiciable  aux  intérêts  généraux 
de    rUnioersité    toute    réduction    de    l'horaire    dans    le    1"    cycle. 

III.  Statut  des  surveillants  d'intehnat.  —  M.  Bloch  demande 
à  notre  Délégué  de  prendre  nettement  position  sur  la  question  de 
la  transformation  du  Statut  des  surveillants  d'Internat.  Il  signale 
que  les  surveillants  d'internat  vont  désormais  former  une  nou- 
velle catégorie  de  fonctionnaires,  qu'ils  seront  recrutés  surtout 
parmi  les  candidats  à  l'enseignement,  qu'ils  ne  dépendront  plus 
pour  leur  nomination  ou  leur  renvoi  d'un  Proviseur,  mais  du 
Recteur,  que  leurs  traitements  seront  basés  sur  une  échelle  pré- 
cise, qu'enfin,  l'on  établira  un  ordre  de  roulement  pour  leur 
piesence   dans   les   lycées   de   Facultés. 

La  séance  est  levée  à  midi. 


Section  Régionale  de  Bordeaux 


La  Section  Régionale  de  Bordeaux  de  l'A.  P.  L.  V.  a  tenu  son 
Assemblée  générale  le  lundi  11  juillet  1921,  sous  la  présidence 
de  M.  Dre^ch,  Doyen  de  la  Faculté  des  Lettres  de  Bordeaux. 

M.  Dresch  s'adressant  d'abord  aux  correcteurs  du  Baccalauréat, 
leur  demande  quelle  est  leur  première  impression  sur  l'épreuve 
nouvelle.  Le  choix  de  textes  simples  a  été  recommandé,  mais  on  a 
voulu  réagir  aussi  contre  l'esprit  d'imprécision,  particulièrement 
en  grammaire,  et  on  a  demandé  d'être   sévère   sur  ce  point. 

Les  correcteurs  ont-ils  l'impression  que  l'on  possède  de  bons 
éléments  ;  l'épreuve  aide-t-elle  à  nos  méthodes  actuelles  ? 
M.  Dresch  n'est  pas  un  ennemi  de  la  méthode  directe,  mais  il 
estime  que  la  composition  était  un  mojen  de  contrôle  insuf- 
fisant ;  les  candidats  y  introduisaient  tant  bien  que  mal  des 
bribes  de  développements  appris  d'avance,  et  se  dérobaient  aux 
difficultés    grammaticales    élémentaires. 

M.  Genevois  pense  que  la  version  a  eu  des  résultats  probants, 
en   ce   sens   qu'elle   a   montré   la   force   des   candidats.   Il    n'en    fut 


318  LES   LANGUES    MODEP.XES 

pas  toujours  ainsi  pour  le  thème.  Une  version  faible  est  parfois 
acTonipignée  d'un  thème  passable.  M.  Genevois  estime  qu'il  faut 
attribuer  cette  dilïérence  au  llair  que  peut  avoir  tel  ou  tel  pour 
trouver  le   décalque. 

M.  Dresch.  —  Peut-être  avez-vous  été  plus  indulgent  pour  le 
thème  ? 

M.  Geneoois.  —  J'ai  trouvé  malgré  tout,  dans  le  thème,  des 
connaissances   qui    n'avaient   pas  paru   dans   la   version. 

M.  Berger  déclai'e  qu'en  ce  qui  concerne  les  épreuves  d'anglais, 
la  version  a  été  bonne,  le  thème  mauvais.  Mais  il  a  remarqué  que 
l'on  avait  fait  le  thème  trop  rapidement,  le  croyant  facile.  A 
Bordeaux,  la  salle  de  composition  était  presque  .vide  au  bout  de 
trois  quarts  d'heure.  .\/.  Saiirat  a  fait  la  même  constatation  à 
Bayonne. 

Cependant,  M.  Dresch  aborde  la  question  de  principe.  Il  montre 
d'abord  ce  que  doit  être  la  version  et  comment  il  sera  nécessaire 
d'être  très  exigeant  pour  la  traduction  en  français.  On  écartera 
les  textes  difficiles,  qui  autorisent  le  non-sens  et  pour  lesquels  on 
est  obligé  de  donner  des  notes  passables,  même  si  les  copies  sont 
mauvaises.  N'encourageons  pas  l'à-peu-près,  ne  soyons  pas  des 
professeurs  d'imprécision. 

M.  GeneDois  regrette  la  narration.  Au  point  de  vue  du  stimu- 
lant qu'elle  apportait  à  l'enseignement  des  langues  vivantes,  elle 
était  supérieure  au  thème.  Mieux  vaudrait  une  version  accompa- 
gnée d'une  |)etite  comjjosition  comportant  des  connaissances  élé- 
mentaires  d'histoire    littéraire. 

Une  discussion  s'engage  sur  les  inconvénients  de  la  \ersion  avec 
commentaire.  M.  Dresch  montre  qu'en  définitixe,  une  épreuve  de 
rédaction   ne   permet   que   difficilement   de  juger  les  candidats. 

M.  Berger.  —  Je  veux  qu'on  les  oblige  à  me  faire  des  phrases 
interrogatives. 

a1.  Genevois.  —  Vous  aurez  alors  des  élèves  qui  sauront  la 
grammaire,   mais    ils    ne    parleront    plus    allemand. 

M.  Dresch.  —  Vous  continuerez  à  ])arler  dans  les  classes  du 
Premier  Cycle, 

M.  Genevois.  —  L'élève  se  préoccupera  surtout  de  la  prépara- 
tion de  l'examen  et  se  désintéressera  du  reste. 

M.  Dresch.  —  Cela   dépendra   du   professeur  et   de   sa   méthode. 

M.  Saurai  revient  sur  la  question  pratique.  Il  ne  faut  pas  voir 
la  grammaire  dans  le  thème  seulement,  mais  aussi  dans  la  ver- 
sion. Dans  le  texte  de  Bordeaux,  cette  année,  il  y  avait  une  pério- 
de que  personne  n'a  su  construire,  que  personne  n'a  comprise. 
Nos  élèves  ont  l'habitude  regrettable  de  s'exprimer  en  phrases 
trop   courtes  et   trop   simples. 

M.  Dresch.  —  Ceci  prouve,  du  moins,  qu'un  travail  comme  la 
version  implique  un  effort  intellectuel  véritable,  une  gymnasti- 
que  que   les   latinistes   ne   veulent   pas   reconnaître. 

M.  Saurai.  —  Oui,  la  version  a  été  manquée  dans  l'ensemble, 
parce  que  les  candidats  n'ont   pas  vu   cette   période. 

M.  uenevois.  —  Mais  nous  retombons  dans  la  méthode  d'avant 
1^02  ! 

M.  Berger.  —   Sauf  le   dictionnaire. 


BULLETIN   DR   L'ASS0CL\TI0N  iîlî) 

M.    Drtsch.   —    Nous    itixiiissons    d'ailleurs    le     thcnic     lillér;iiic'. 

.1/.  Siiiirdl  deiiumde  que  l't)ii  envisage  le  tliènie  eoinine  le  résul- 
tat de  la  méthode  directe,  que  l'on  fasse  dans  les  classes  des  thè- 
mes rapides,  et  assez  précis  cependant,  (k'tte  méthode  répondrait 
mieux,  du  reste,  à  l'utilisation  pratique  des  langues  vivantes 
dans   la   vie  courante. 

Tous  les  membres  présents  s'accordent  pour  que  Ton  donne 
plus  d'importance  à  la  version  qu'au  thème,  et  on  jiropose  qu'à 
l'examen  on  consacre  deux  heures  à  la  version  et  une  heure  seu- 
lement   au    thème. 

On   passe  au   vote  : 

Partisans    de    l'ancienne    épreuve     3 

Partisans   de   la   version    et   du   thème,   avec   deu.x    heures   jjour 

la    version   et    une    heure    pour    le    thème .      Hl 

Partisans  de  la  version  avec  une  composition  sur  le  sujet  de 
la  version  (sous  ré-serve  qu'il  faudra  jjrcciser  la  nature  de 
la     composition)      H 

M.  Bulums  demande  s'il  est  juste  que  l'on  se  serve  d'une  com- 
mune mesure  pour  toutes  les  langues.  Tout  le  monde  est  d'avis 
([u'il    convient    d'établir    des    diftérences. 

M.  Delpy  voudrait,  en  espagnol,  une  version  et  une  composition 
sur  un  sujet  tout  à  fait  différent,  mais  précis.  La  version  est 
indispensable  ;  il  faudrait  une  bonne  version,  en  bon  français, 
et  une  bonne  composition  ;  on  aurait  de  la  sorte  des  élèves  com- 
plets, possédant  une  connaissance  précise  de  la  langue,  et  capa- 
bles  de   s'en   servir. 

M.  Saurai.  —  Mais  nous  oublions  l'oral.  Il  y  a  un  oral  que  nous 
devrions  relever  ;  c'est  à  l'oral  que  nous  saurons  si  le  candidat 
sait  parler. 

M.  Delpy.  —  Parler  une  langue,  c'est  d'abord  savoir  bien  l'écrire. 

M.  Rosiès.  —  Cela  est  juste  pour  l'espagnol  ;  c'est  peut-être 
trop  dire  pour  les  autres  langues. 

M.  Dresch.  —  Il  faut  donc  établir  une  gradation. 

Un   second   vote   donne  les   résultats   suivants  : 

Allemand.  —  Composition   pure   et  simple    1 

Version   et   composition    • 2 

Version    et    thème     5 

Anglais.  —  Composition    pure    et    simple    1 

Version    et   composition    • 3 

Version    et    Thème     6 

Espagnol.  —  Version    et    composition     3 

Version   et    Thème    •  ■ 1 

L'.\ssemblée  passe  ensuite  à  l'examen  de  la  circulaire  de  l'As- 
sociation en  date  du  30  juin,  relative  à  la  réforme  de  l'Enseigne- 
ment. On  reconnaît  qu'elle  renferme  une  question  grave  et  qu'une 
protestation  énergique  est  nécessaire.  La  distinction  entre  le  bac- 
calauréat et  un  diplôme  d'enseignement  moderne  est  dangereuse. 
Xous  revenons  à  l'enseignement  spécial  et  aux  «  bestiaux  »  d'au- 
trefois. Après  avoir  lutté  pour  obtenir  un  baccalauréat  D,  voici 
que  tout  s'effondre. 


320  LES   lANGUES    MODERNES 

Il  importe  donc,  dit  M.  Dresch,  que  nous  montrions  que  notre 
enseignement  peut  être  une  gymnastique  intcUeetuelle  comme  le 
latin.  Nous  avons  les  moyens  de  nous  défendre  ;  nous  avons 
obtenu  dans  nos  elasscs  des  résultats  excellents,  que  tout  le 
monde  reconnaît  et  apprécie.  Nous  enseignons  la  grammaire,  la 
littérature  et  la  civilisation  :  nous  avons  des  assises  aussi  soli- 
des que   les   latinistes. 

Par  la  version  et  le  thème,  nous  échapperons  au  reproche 
d'imprécision  que  l'on  nous  adresse  ;  nous  accepterons  donc  ces 
épreuves,  et  ce  sera  pour  montrer  que  nous  sommes  capables 
d'imposer  une  méthode  précise,  et  que  ce  que  nous  enseignons 
vaut    la    gymnastique    latine. 

M.  Saurai  demande  que  l'on  émette  un  vœu.  Au  même  moment, 
M.  Rivoallaii  propose  l'ordre  du  jour  ci-après  qui  est  adopté  à 
l'unanimité  : 

"  La  Section  Régionale  de  Bordeaux  de  l'AssociatiGn  des 
Professeurs  de  Langues  vivantes,  réunie  en  Assemblée  générale, 
le   11   juillet   1921, 

«  Vivement  émue  des  tendances  que  révèle  le  questionnaire 
proposé  par  le  Ministre,  aux  membres  du  Conseil  supérieur  de 
l'Instruction   publique, 

"  Voyant,  dans  ces  tendances,  non  seulement  l'anéantissement 
de  l'œuvre  poursuivie  depuis  1902,  par  l'ensemble  des  profes- 
seurs de  langues  vivantes  sous  l'impulsion  de  leurs  Inspecteurs 
généraux,  mais  aussi  un  coup  mortel  port*  aux  humanités  moder- 
nes à  peine  ébauchées  ; 

"  Convaincue  que  les  immenses  problèmes  de  l'heure  présente 
on'c  leur  solution  dans  une  vue  large  et  hardie  des  réalités  moder- 
nes et   non  dans  la  seule  contemplation  du  passé  ; 

"  Déplore  que  l'on  puisse  penser  à  l'heure  actuelle  à  un  systè- 
me d'éducation  secondaire  nationale  qui  barrerait  à  jamais  à 
toute   une   élite   l'accès   de   la   culture   supérieure  ; 

"  Signale  avec  force  à  tous  les  amis  des  langues  vivantes  et 
des   humanités   modernes   le   péril    mortel    qui    les   menace  ; 

«  Compte  sur  eux  pour  adhérer  au  Comité  présidé  par  M.  Fer- 
dinand Brunot,  Doyen  de  la  Faculté  des  lettres  de  Paris.   » 

Sur  l'intervention  de  M.  Saurat,  le  paragraphe  suivant  a  été 
ajouté  : 

"  Et  demande  le  maintien  de  la  Seconde  langue,  en  lui  lais- 
sant au  moins  la  même  importance  que  les  programmes  de  1902 
lui  ont  donnée.   » 

En  fin  de  séance,  diverses  questions  de  détail  furent  résolues  ; 
on  procéda  également  à  l'élection  de  .V.  Delpy,  professeur  d'espa- 
gnol au  lycée  de  Bayonne.  comme  vice-président,  en  remplacement 
de  notre   très   regretté  collègue,   M.  Maingity. 

Le  Secrétaire  :    R.   Mahtin. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  321 

Section    Régionale    de    Clermont-Ferrand 

L'Assemblée  générale  de  la  section  régionale  des  professeurs  de 
langues  vivantes  de  rAcadéniie  de  Clermont-Ferrand  a  eu  lieu  le 
jeudi  2;j  juin,  à  14  h.  30,  au  lycée  Blaisc-Pascal,  sous  la  prési- 
dence de  M.  le  Hecteur  de  l'Académie.  De  nombreux  professeurs 
et  membres  d'honneur  de  la  section  étaient  présents.  M.  Jouve, 
premier  adjoint,  vice-président  de  la  Chambre  de  commerce, 
membre  d'honneur  de  la  .S.  R.,  représentait  M.  le  maire  de  Cler- 
mont. 

Discours  de  M""  Honoré 

Mme  Honoré,  présidente  de  la  S.  R.,  prend  la  première  la 
parole.  Elle  remercie  M.  le  recteur  du  précieux  appui  moral  que 
la  S.  R.  a  trouvé  auprès  de  lui  ;  M.  le  maire  et  le  Conseil  munici- 
pal de  Clermont  de  leur  bienveillante  sollicitude  ;  les  membres 
d'honneur  de  leurs  dons  généreux  ;  Mmes  les  directrices  de  l'Ecole 
normale  d'institutrices  et  de  l'Ecole  primaire  supérieure  de  jeu- 
nes filles,  ainsi  que  M.  le  proviseur  du  Lycée  de  leur  présence. 
Elle  adresse  à  ^L  Veillet-Addison,  président  de  l'Association  des 
professeurs  de  langues  vivantes,  le  sympathique  souvenir  et  l'ex- 
pression des  sentiments  dévoués  de  la  S.  R.  Puis  Mme  Honoré 
rappelle  les  magnifiques  résultats  obtenus  par  des  organisations 
comparables  à  notre  S.  R..  par  ■•  celle  du  Havre,  par  exemple, 
qui,  à  l'origine,  ne  put  donner  que  deux  bourses  de  600  francs 
cnacunc,  et  qui  aujourd'hui,  est  si  florissante,  grâce  à  la  colla- 
baration  du  Conseil  municipal,  des  Syndicats  des  cotons,  des 
cafés,  des  laines,  des  (chambres  de  commerce,  des  Comités  de 
l'industrie,  etc.  qu'elle  peut  envoyer  chaque  année  six  boursiers 
en  Angleterre  avec  des  bourses  respectives  de  1.600  à  1.200  fr.  ». 
Mme  Honoré  ne  doute  pas  que  la  S.  R.  de  Clermont  finisse  par 
obtenir   les   mêmes   résultats.    Elle    ajoute  : 

<•  Surtout,  nous  n'oublierons  pas  que  l'initiative  que  nous  pre- 
nons aujourd'hui  était  attendue  et  souhaitée,  puisque  de  la  plu- 
part des  établissements  de  l'Académie  nous  sont  parvenues  des 
demandes.  Loin  de  pouvoir  les  satisfaire  toutes  —  nous  avons 
reçu  22  dossiers  —  nos  moyens  ne  nous  permettent  d'offrir  que 
quatre  ou  cinq  bourses,  et  encore  minimes,  si  l'on  tient  compte 
du   cours  du  change   en   Angleterre,  par   exemple. 

<i  Nous  voyons  là  une  raison  nouvelle  de  persister  dans  nos 
efforts,  en  disant  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  Société  : 
Voyez  à  quel  besoin  nous  répondons  et  comme  nos  jeunes  can- 
didats, futurs  ouvriers  de  la  prospérité  nationale,  demandent  à 
aller  compléter  dans  le  pays  même  l'acquisition  de  la  langue 
étrangère  qu'ils  ont  commencé  à  étudier  dans  nos  classes,  dési- 
reux de  mieux  s'ouvrir  ainsi  aux  influences  si  fécondes  et  si  pro- 
fondément   éducatrices    d'un    séjour    à    l'étranger.   » 

L'orateur  montre  ensuite  comment  notre  S.  R.  sert  les  intérêts 
de  l'enseignement,  en  fournissant  aux  professeurs  de  langues 
vivantes  l'occasion  de  se  réunir  de  temps  à  autre  pour  «  étudier 
en  commun   toute  question    intéressant   leur  discipline   "  ;   en   leur 


322  LES   L.\XGUES    MODERNES 

permettant  ■  d'essayer  de  combattre,  par  tous  les  moyens,  la 
crise  redoutable  dont  souffre  l'enseignement  de  l'allemand  »  ;  en 
les  mettant  mieux  en  mesure  de  résister  aux  attaques  dirigées 
contre  l'enseignement  des  langues  vivantes,  en  général.  «  Ce  n'est 
pas  sans  inquiétude,  ajoute  Mme  Honoré,  que  nous  constatons  la 
diminution  qui  est  infligée  aux  langues  vivantes  dans  l'Enseigne- 
ment primaire...  Ne  point  favoriser  l'étude  des  langues  vivantes 
ce  serait  vouloir  diminuer  le  rajonnement  de  notre  pays  à  une 
époque  où  les  relations  internationales  multipliées  exigent  que 
nous  puissions  soutenir,  sans  nous  laisser  devancer  par  d'autres, 
notre  commerce,  notre  influence,  notre  réputation  sur  les  marchés 
du  monde. 

Il  Persuadés  que  leurs  fins  pratiques  justifieraient  à  elles  seu- 
les la  large  part  faite  dans  les  programmes  aux  langues  vivantes, 
nous  crojons  aussi  à  la  valeur  éducative  de  ce  que  l'on  appelle 
les  Humanités  modernes.  Nous  croyons  que  l'étude  de  Dante, 
de  Shakespeare,  de  Cervantes  ou  de  Goethe  peut  mûrir  un  esprit 
et   l'ouvrir   à  la   culture   la   plus  largement   humaine. 

«  C'est  pourquoi  les  professeurs  de  langues  vivantes  de  l'Aca- 
démie de  Clermont,  et  tous  ceux  qu  s'intéressent  à  notre  Société, 
auront  à  cœur  de  soutenir  et  de  défendre  l'enseignement  qui  leur 
est  cher,  d'en  affirmer  la  vitalité  et  d'en  favoriser  le  développe- 
ment en  multipliant  dans  l'avenir  ces  encouragements  pratiques 
donnés  sous  forme  de  Bourses  de  séjour  à  l'étranger,  comme 
celles  que  nous  allons  décerner  aujourd'hui  pour  la  première 
fois.   »    {Vifs  applaudissements^ 

Discours  de  M.  le  Recteur 

'I  Je  suis  confus.  Madame,  des  remerciements  que  vous 
m'adressez,  car  c'est  moi  qui  dois  vous  remercier.  Je  dois  vous 
remercier  d'abord  d'avoir  eu  confiance  en  moi,  lorsque  vous 
m'avez  soumis  votre  projet  si  intéressant  de  Bourses,  en  faveur 
de  vos  élèves  pour  un  séjour  à  l'étranger  ;  d'avoir  eu  confiance 
en  moi  pour  me  demander  de  prendre  en  mains  votre  cause  si 
digne  d'intérêt.  Je  lui  ai  donné  tout  de  suite  un  caractère  pres- 
que officie],  puisqu'aussi  bien,  d'abord,  sur  la  proposition  de 
M.  le  Proviseur  —  que  je  tiens  à  remercier  ici,  —  je  vous  ai 
accordé  cette  salle  comme  siège  permanent  de  vos  délibérations  ; 
qu'ensuite  j'ai  transmis  officiellement  vos  demandes  de  rensei- 
gnements et  d'enquêtes  à  tous  les  chefs  administratifs  des  six 
départements  de  l'Académie,  et  -que  j'ai  reçu  tous  les  dossiers. 
Je  vous  ai  donné  ainsi  une  marque  de  ma  sollicitude  et  de  ma 
bienveillance. 

«  Je  suis  d'accord  avec  vous  sur  l'importance  pédagogique  des 
langues  vivante's  et  particulièrement  sur  la  nécessité  où  nous 
sommes  tous  de  ne  pas  laisser  amoindrir  la  langue  allemande. 
Sous  i)rétexte  que  l'Allemagne  nous  a  donné  des  ennemis,  nous 
ne  voudrions  plus  connaître  sa  langue  ?  Ce  serait  là  une  erreur 
fondamentale.  Ce  serait  une  véritable  hérésie,  car,  mieux  avisés 
que  nos  pères,  nous  savons  que  nous  devrons  toujours  regarder 
du    côté     <lu    Rhin,    que    nous    devons    toujours    savoir    ce     qui     s'y 


BL'LLRTrN    DE   L'ASSOCIATION  .'523 

jiassc,  ce  qui  s'y  (iil,  ce  qui  s"v  prépare,  ce  qui  s'y  fait,  et  que, 
pour  arriver  à  cette  uotion  exacte  des  choses  qui  se  passent  eu 
Allemagne,   nous   devons   d'abord    apprendre    la    langue   de   ce    pays. 

'•  .le  présiderai  dans  quelques  Jours  la  distribution  des  prix  du 
Lycée  de  Tulle.  Le  sujet  du  discours,  —  discours  d'usage,  —  est 
précisément  la  nécessité  d'apprendre  l'allemand,  et  j'aurai  l'oc- 
casion, en  cette  circonstance,  d'exposer  exactement  mes  vues  et 
mes   sentiments. 

"  .le  reconnais  avec  vous  toute  l'utilité  des  langues  vivantes, 
d'abord  au  point  de  vue  de  notre  expansion  mondiale,  et  aussi 
au  point  de  vue  de  la  culture  intellectuelle  ;  mais  je  crois  égale- 
ment que  le  moment  est  peut-être  venu  où  il  faudra  un  peu  allé- 
ger les  programmes,  tous  les  programmes,  parce  qu'il  me  parait 
résulter  de  tous  les  renseignements  que  nous  recevons,  que  la 
part  donnée  au  travail  de  classe  est  véritablement  excessive...  et 
que  la  part  donnée   à   la  réflexion   personnelle   n'est  pas   suffisante. 

I'  L'essentiel,  dans  l'éducation  d'une  Société  (j'ai  trouvé  cette 
idée  exprimée  dans  plusieurs  des  18  discours  de  distribution  de 
prix  de  cette  année  que  j'ai  lus  et  approuvés),  l'essentiel  est 
moins  d'entasser  dans  l'esprit  des  connaissances  que  de  former 
une  intelligence,  de  créer  une  volonté.  Mais  j'estime  que  le  sacri- 
tice  devra  être  fait  par  tous  et  que  la  part  des  uns  ne  devra  pas 
être    plus    forte    que    celle    des    autres. 

"  Sous  le  bénéfice  de  ces  observations,  je  souhaite  bonne 
santé,  bonne  vie  à  votre  association.  Vous  avez  fait  une  œuvre 
méritoire  et,  en  la  consacrant  aujourd'hui  par  l'attribution  de 
bourses,  vous  allez  ouvrir  une  caisse,  un  trésor  qui  s'alimentera 
de  plus  en  plus  ;  et,  à  l'exemple  de  la  ville  du  Havre,  qui  a 
commencé  si  modestement  et  qui  aujourd'hui  dispose  de  sommes 
si  considérables,  l'Association  des  professeurs  de  langues  vivan- 
tes deviendra  riche  et  fortunée.  Et  c'est  le  vœu  que  je  fais  pour 
elle.   .. 

Cette  éloquente  improvisation,  écoutée  avec  la  plus  respec- 
tueuse attention,  est  vivement  applaudie. 

La  parole  est  ensuite  donnée  au  secrétaire  de  la  S.  R.  Il  signale 
([u'il  a  reçu  de>  lettres  d'excuses  de  plusieurs  professeurs  de 
l'Académie  qui  n'ont  pu  assister  à  la  réunion.  Il  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M.  Veillet-Addison,  président  de  l'.Association  des 
V.  L.  V.,  qui,  retenu  à  Paris  par  les  devoirs  de  sa  charge,  n'a 
jni  accepter  l'invitation  qui  lui  avait  été  faite  de  venir  à  Cler- 
mont.  Le  secrétaire  propose  ensuite  à  l'approbation  de  l'assemblée 
le  choix  des  quatre  candidats  que  le  Comité  de  la  S.  R.,  lors  de 
sa  réunion  du  22  mai,  avait  jugés  les  plus  dignes  de  recevoir  une 
bourse. 

Après  lecture  des  notes  données  par  leurs  professeurs  à  ces 
candidats  et  des  détails  concernant  la  situation  de  leurs  familles, 
ce  choix  est  approuvé.  En  conséquence,  les  candidats  dont  les 
noms  suivent  sont  déclarés  titulaires  des  quatre  premières  bour- 
ses   accordées   par   la    S.    R. 

Pour  l'Angleterre  :  1.  M.  Roche  André,  élève  de  1"  supérieure  au 
lycée  Biaise-Pascal  ;  2.  Mlle  Caranove  Ynonne,  élève  de  4^  année  à 
l'Ecole     normale     d'institutrices     de     Clermont-Ferrand,     originaire 


324  LES    LANGUES    MODERNES 

du  Cantal  ;  3.  Mlle  Dugiiet  Yvonne,  élève  au  lycée  de  jeunes  filles 
de   Clermont-Ferrand,   pupille   de   la  Nation. 

Pour  l'Allemagne  :  M.  Barbât  Octave,  élève  au  Collège  de  Cus- 
set  (Allier). 

Candidats    supplémentaires  : 

Pour  l'Angleterre  :  1.  Mlle  Celle  Marie-Louise,  élève  à  l'E.  P. 
S.  de  Thiers  ;  2.  Mlle  Farinaud  Marie-Marthe,  élève  à  l'E.  P.  S. 
de  Clermont-Ferrand, 

Pour  l'Allemagne  :  M.  Xiérat  Henri,  élève  au  lycée  de  Clermont- 
Ferrand. 

L'assemblée  décide  que  le  taux  des  bourses  sera  de  700  fr.  pour 
l'Angleterre,  de  500  fr.  pour  l'Allemagne.  Les  boursiers  devront 
faire  en  pays  étranger  un  séjour  de  six  semaines  au  minimum 
et  adresser  au  bureau  de  la  S.  R.,  à  leur  retour  en  France,  un 
compte   rendu   de   leur   séjour   en   Angleterre   ou   en   .\llemagne. 

Un  effort  sera  tenté  auprès  des  Compagnies  de  chemins  de  fer 
pour  obtenir,  en  faveur  de  nos  boursiers,  une  réduction  sur  le 
prix  des  billets  d'aller  et  retour. 

M.  le  Recteur  estime  que  les  résultats  obtenus  par  la  S.  R.,  au 
bout   d'un   an   d'efforts,   sont   des   plus    satisfaisants. 

M.  Jouve  pense  que  la  S.  R.  a  pris  une  initiative  des  plus  heu- 
reuses et  des  plus  nécessaires  et  promet  pour  l'année  1921-22 
l'appui  financier  de  la  Chambre  de  commerce  de  Clermont-Fer- 
rand   et    de    la    Région    économique. 

M.  Vedel,  industriel  à  Thiers,  membre  d'honneur  de  la  sec- 
tion, engage  celle-ci  à  intensifier  sa  propagande.  Il  est  persuadé 
que  la  région  de  Thiers  est  capable  d'un  effort  bien  supérieur 
à  celui   qu'elle  a   fait   cette  année. 

La   séance  est  levée  à    15   h.  45. 

Un  mot  encore.  Une  fois  de  plus,  la  S.  R.  des  P.  L.  V.  de  l'Aca- 
démie de  Clermont  se  permet  d'attirer  l'attention  de  toutes  les 
personnes  qui  s'intéressent  à  la  question  des  langues  vivantes  sur 
l'importance  de  l'nuvre  qu'elle  a  entreprise.  Elle  est  convaincue 
—  si  l'on  veut  bien  faire  un  peu  de  propagande  autour  de  soi  — 
qu'elle  sera  en  mesure,  l'année  prochaine,  grâce  aux  fonds  impor- 
tants qu'elle  aura  recueillis,  d'attribuer  aux  élèves  les  plus  méri- 
tants de  l'Académie  un  nombre  imposant  de  bourses  de  séjour, 
non  seulement  pour  l'Angleterre  et  l'Allemagne,  mais  aussi  pour 
l'Italie   et  l'Espagne. 

Le  trésorier  de  la  S.  R.  est  M.  Rouyssy,  professeur  à  l'Ecole  pro- 
fessionnelle et  à  l'Ecole  supérieure  de  commerce  de  Clermont- 
Ferrand,   chargé   d'un   cours   d'espagnol    à   la   Faculté   des   Lettres. 


Section  Régionale  de  Lyon 

La  Section  s'est  réunie  le  jeudi.  16  juin  à  14  heures,  au  Cer- 
cle lyonnais  universitaire,  25,  rue  Pierre-Corneille,  sous  la  pré- 
sidence de  M.  Douady  ;  présents  :  Mlle  Perchcrancier  (.Roanne) 
et  Trivicr  (Trévoux),  MM.  .\viron,  Ronnoronl,  J.-M.  Carré,  Duisit, 
Dumont,  Cuélin,  Ooux,  Legouis,  Ravizé.  Rocher,  Tiret,  Vannier. 
^'eigneau   (Lyon),   Désiré   Faure   (\'illefranche),   Odru   (Bourg),   Bar- 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  32.") 

l)ie'r  (Cliâtillon-sur-Chalaronne).  Les  groupes  de  Saint-Etienne  et 
de  Charolles  avaient  envoyé  leur  opinion  écrite  sur  les  questions 
à   l'ordre  du  jour. 

I.  —  Compte  rendu  financier  :  le  trésorier  provisoire  rend 
compte  de  sa  gestion.  Il  a  reçu  de  son  prédécesseur,  en  juillet 
192(1  un  avoir  de  45  fr.  Actuellement,  la  Hégionale  a  en  caisse 
15+  fr.  55,  donc  on  constate  une  augmentation  de  109  fr.  55. 
Comme  la  Régionale  n'a  aucune  raison  de  thésauriser,  le  tréso- 
rier suggère  que  son  successeur  devra  trouver  le  meilleur  moyen 
de  dépenser  cet  argent  ;  peut-être  serait-ce  de  reconstituer  la 
bibliothèque  de  prêt  aux  élèves,  où  il  ne  reste  presque  rien,  tous 
les  volumes  intéressants  ayant  été  donnés  aux  hôpitaux  militai- 
res  américains   pendant    la   guerre. 

ENEncicE    1921 
Recetles  Dépenses 

Cotisation   1920:   f    2    Papeterie     13   75 

—  1921  :    65     130    Timbres  et   frais  d'envoi      10  70 

—  1922  :    1     2  

24  45 

Total      134    Excédent     recettes     ....      109  55 

Malaiice      134     » 

Le  nombre  des  cotisants  pour  1921  est  donc  de  65,  sur  lesquels 
40  sont  à  Lyon  et  25  seulement  hors  Lyon.  Encore  parmi  ces  der- 
niers un  certain  nombre  ont-ils  payé  leur  cotisation  directement 
à  Paris,  ce  qui  entraîne  des  comjilications.  Si  l'on  compare  la 
liste  des  adhérents  à  celle  de  1920,  il  y  a  21  nouveaux  et  3  dé- 
missionnaires. Le  tré.sorier  prie  instamment  ses  collègues  dé 
faire  toute  la  |)ropagande  possible,  en  profitant  de  leurs  relations 
net  sonni'îles,  car  les  circulaires  impersonnelles  ou  les  letîcjs 
d'inconnu  à  inconnu  ne  donnent  aucun  résultat.  La  meilleure 
façon  de  montrer  l'activité  de  VA.  P.  L.  V,  et  de  prouver  que  les 
cotisations  sont  utilement  employées,  est  de  faire  circule'.-  le 
Bulletin,  et  particulièrement  le  dernier  numéro,  si  nourri  et  si 
vivant. 

M.  Rocher  suggère  que  le  bureau  central  pourrait  mettre  à 
notre  disposition  quelques  numéros  de  projîagande  :  si  la  rareté 
du  papier  ne  s'y  oppose  pas  absolument,  ce  serait  de  l'argent 
bien  placé  (1). 

Election  du  trésorier  :  M.  Rocher  (Lyon-Parc)  est  élu  trésorier 
à   l'unanimité. 

IL  —  L'ordre  du  Jour  appelle  la  discussion  du  vœu  émis  par 
le  Congrès  de  Pâques  de  la  Fédération  de  l'E.  S.,  en  faveur  de 
l'obligation  du  latin  erK  G""  et  5". 

Le  Secrétaire  donne  lecture  des  opinions  émises  :  1)  par  le 
groupe  de  Charolles  en  faveur  de  cette  obligation  ;  2)  par  le 
groupe  de  Saint-Etienne  qui  proteste  éncrgiquement  contre  elle,  et 
demande,  sinon  la  suppression  du  latin  dans  ces  mêmes  classes, 
du  moins  que  l'étude  d'une  langue  vivante  soit  commencée  un  an 
avant  celle  du  latin,  pour  éviter  la  confusion  qui  se  produit 
actuellement    dajis    l'esprit    de    l'élève  :    la     nécessité     d'assouplir 

(Il   Hélas  !  voir  Appel  du  Président,  p.  309.  —  N.  D.  L.  R. 

23. 


326  LES    LANGUES    MODERNES 

les  organes  vocaux  justifie  la  priorité  réclamée  pour  la  langue 
vivante   sur  la  langue  morte. 

Dans  la  discussion  qui  suit,  M.  Bonnoront,  reprenant  le  vœu 
de  Charolles,  déclare  que  l'obligation  du  latin  en  6'^  et  5'  n'est 
pas  conçue  dans  un  esprit  d'hostilité  contre  les  langues  vivantes, 
et  il  en  donne  pour  preuve  l'horaire  qui  semble  avoir  obtenu 
les  préférences  du  Congrès  :  5  h.  en  6",  5  h.  puis  4  h.  en  5^  pour 
la  langue  viA'ante  (alors  que  le  latin  est  amputé  d'une  heure). 

A  quoi  M.  Guélin  répond  que  le  danger  n'est  pas  uniquement  dans 
une  compression  de  nos  horaires  :  l'obligation  du  latin  permettra 
à  l'administration  d'empêcher,  encore  plus  complètement  qu'elle 
ne  fait  actuellement,  l'entrée  des  bons  élèves  dans  la  section  B 
du  1"  cycle  (humanités  modernes).  A  l'entrée  en  4",  tous  les  bons 
élèves  seront  poussés  à  continuer  l'étude  du  latin  et  les  mauvais 
dirigés  sur  la  section  sans  latin.  Les  brillantes  exceptions  que 
Ton  trouve  actuellement  en  B  (1""  cycle)  et  0,(2"=  cycle)  disparaî- 
tront. 

Le  Secrétaire  attire  l'attention  de  l'Assemblée  sur  une  consé- 
quence possible  de  l'obligation  du  latin  en  6"  et  5'  :  certains  élè- 
ves des  écoles  primaires  qui  actuellement  entrent  au  lycée  en  6" 
B  ou  (trop  souvent)  en  5"  B,  attendront  maintenant  la  4''  Uge 
d'entrée  :  13  ans  environ,  sensiblement  le  même  que  l'âge  de 
sortie  de  l'école  primaire).  Naturellement,  ces  élèves  n'auront  pas 
commencé  l'étude  d'une  langue  vivante.  La  désorganisation  de 
notre  enseignement  en  a*"  contre  laquelle  notre  Régionale  a  déjà 
protesté,   sera   reportée   sur  la   4"  et   aggravée   d'autant. 

Le  président  propose  à  l'Assemblée  de  protester  contre  l'obli- 
gation du  latin  et  de  réclamer  le  maintien  de  l'état  de  choses 
actuel,  sans  chercher  à  porter  la  guerre  dans  le  camp  de  l'adver- 
saire, ni  réclamer  pour  le  moment  la  suppression  du  latin  qu'il 
\oit    résulter    nécessairement    de    l'évolution    du     monde     moderne. 

M.  Odni,  au  nom  du  Groupe  de  Bourg,  qui  aurait  voulu  reporter 
le  début  du  latin  en  4",  se  rallie  à  la  proposition  du  président 
qui   est   adoptée   à    l'unanimité,    moins   une   voix,   des   présents. 

III.  —  L'Assemblée  étudie  les  démarches  à  faire  pour  défendre 
notre  enseignement  devant  l'opinion  publique,  ainsi  que  nous  l'a 
conseillé  M.  Hovelaque,  inspecteur  général  des  langues  vivantes, 
dans  son  discours  du  mois  de  janvier.  Plusieurs  membres  se  char 
gent  de  tenter  d'obtenir  l'insertion  d'articles  dans  les  principaux 
journaux   de   Lyon. 

IV.  —  Bourses  de  voijiuje  :  il  est  trop  tard  cette  année  pour 
suivre  l'exemple  donné  par  la  Régionale  de  (Uermont-Ferrand, 
mais  la  question  sera  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la  première  séan- 
ce, après  la  rentrée.  Des  premiers  renseignements  recueillis,  il 
semble  que  la  guerre  ait  fait,  dans  plusieurs  lycées,  tomber  en 
désuétude  l'institution  des  bourses  fondées  par  les  anciens  élèves. 

M.  Vaimier  fait  adopter  le  \œu  que  le  nombre  de  bourses  de 
voyage  attribuées  à  l'Enseignement  primaire  supérieur,  qui  est 
actuellement  de  quelques  unités,  soit  considérablement  augmenté. 
L'Assemblée  demande  par  la  même  occasion  que  le  concours,  en 
vue  de  l'obtention  de  ces  bourses,  soit  décentralisé,  l'obligation 
d'aller  passer  l'oral  à  Paris  suHisant  ]nn\r  éliminer  tous  les 
candidats  de  j)rovince. 


BULLETIN    DE    l' ASSOCIATION  327 

V  et  VI.  —  Après  avoir  ciitciulu  un  exposé  de  M.  Winnier,  direc- 
teur d'E.  P.  S.,  la  Régionale  de  Lyon  constate  avec  regret  l'exac- 
titude de  rafiîrniation  de  M.  Hovelaque,  relative  à  <■  la  diminu- 
tion progressive  indéniable  de  la  situation  des  langues  vivantes 
dans  l'enseignement  primaire.  »  (Langues  Modernes,  15  avril,  p. 
135). 

Brevet  supérieur.  —  On  a  failli  supprimer  l'épreuve  écrite  de 
langues  vivantes,  puis  on  l'a  réduite  à  une  durée  d'une  heure-,  avec 
un  maximum- de  10  p.,  contre  une  durée  de  2  h.  1/2  ou  3  h.  et 
un  maximum  de  20  p.  pour  les  autres  matières.  La  Régionale 
demande  le  rétablissement  de  l'épreuve  et  du  coefficient  anté- 
rieurs. 

Brevet  d'enseignement  primaire  supérieur.  —  Il  s'agit  ici  du 
diplôme  de  fin  d'études  des  E.  P.  S.,  qui  s'est  appelé  longtemps 
Certificat  d'études  primaires  supérieures,  et  qui  porte  maintenant 
le  titre  ci-dessus.  Les  programmes  de  1909  avaient  supprimé  les 
langues  vivantes  à  l'écrit  de  ce  brevet.  Grâce  à  des  démarches 
pressantes,  elles  furent  assez  vite  rétablies,  mais  récemment  on 
les  a  supprimées  à  l'oral  de  la  section  générale,  ce  qui  fausse 
totalement  l'esprit  de  l'enseignement  en  abolissant  la  méthode 
directe,   puisque   l'écrit  consiste  en   une  version   avec  questions. 

La  Régionale  demande  donc  que  les  langues  vivantes  soient 
rétablies  à  l'oral   du  Brevet  E.  P.  S.,   section   générale. 

Bourses  d'enseignement  primaire  supérieur.  —  Par  une  anoma- 
lie étrange,  les  candidats  de  2'  et  de  3'  série,  c'est-à-dire  destinés 
à  entrer  en  2'  ou  en  3'"  Année,  ne  sont  soumis  à  aucune  épreuve 
de  langues  vivantes,  sauf  pour  la  3*  série  Commerciale,  à  l'oral 
seulement,  de  sorte  qu'un  boursier  peut  entrer  de  plain-pied  en 
2'  Générale  ou  Commerciale,  ou  en  3-  Générale,  sans  connaître  un 
mot  de  langues  vivantes.  Admettrait-on  qu'il  entrât  dans  l'ensei- 
gnement secondaire,  en  5"  .A  ou  en  4'"  A,  sans  avoir  jamais  fait  de 
latin  ! 

La  Régionale  demande  qu'il  y  ait  une  épreuve  de  langues  vivan- 
tes, au  moins  à  l'oral,  pour  la  2'"  et  la  3'  série  générale  et  com- 
merciale. 

Sections  industrielle  et  agricole  des  E.  P.  S.  —  La  Régionale 
émet  le  vœu  que  les  langues  vivantes  soient  introduites,  à  titre 
facultatif,  dans  les  sections  industrielle  et   agricole  des  E.  P.   S. 

Les  langues  vivantes  en  V  année  et  dans  les  «  Sections  norma- 
les »  des  E.  P.  S.  —  L'arrêté  du  18  août  1920  et  la  circulaire  du 
30  septembre,  laissent  aux  directeurs  d'E.  P.  S.  la  faculté  de  dis- 
penser de  langues  vivantes  les  élèves  de  1"'  Année  qui  se  propo- 
sent d'entrer  ultérieurement  dans  les  sections  industrielle  ou  agri- 
cole. Or,  les  9/10  des  élèves  de  l'''  Année  ne  sont  pas  fixés  sur  le 
choix  d'une  section  ;  mais  il  est  à  craindre  que  beaucoup  ne  se 
réclament  de  l'industrie  ou  de  l'agriculture  pour  s'épargner  la 
peine  de  commencer  une  langue  vivante,  et  alors  quelle  figure 
feront  ceux  qui  entreront  en  2"  Générale  ou  Commerciale  !  De 
plus,  même  pour  ceux  qui  entreront  dans  les  sections  industriel- 
le ou  agricole,  il  n'est  pas  indifférent  qu'ils  aient  étudié  les  élé- 
ments d'une  langue  vivante,  dans  le  cas  où  ils  auraient  besoin 
de  Vy  remettre  plus  tard. 

Le  même  arrêté  et   la   même  circulaire   disposent   que   les   élèves 


328  LES   LANGUES   MODERNES 

d'E.  P.  S.  candidats  aux  Ecoles  normales  pourront  être  dispen- 
sés de  langues  vivantes. 

La  Régionale  joint  les  deux  questions  et  émet  le  vœu  qu'aucune 
dispense   de  ce   genre   ne   soit   prévue  ni   accordée. 

Le  Groupe  de  Saint-Etienne  signale  la  situation  faite  à  l'alle- 
mand dans  renseignement  primaire  du  département  :  99  0/0 
des  élèves  qui  entrent  à  l'E.  N.  d'instituteurs  de  Montbrison 
n'ont  fait  jusque-là  que  de  l'anglais,  seul  enseigné  dans  les  E.  P. 
S.  Or,  une  fois  à  l'E.  X.,  ils  ne  peuvent  faire  que  de  l'allemand, 
car  il  n'y  a  pas  de  professeur  d'anglais.  Les  résultats  sont  tels 
qu'on  doit  s'y  attendre,  et  apparaissent  plus  choquants  encore 
lorsqu'on  les  compare  à  ceux  qu'obtient  l'E.  N.  d'institutrices, 
dont  les  élèves  se  présentent  au  Brevet  supérieur  avec  7  années 
d'anglais  en  moyenne.  La  Régionale  proteste  énergiquement  contre 
ce  manque  de  coordination  qui  révèle  une  fois  de  plus  le  parti- 
pris  de  la  Direction  de  l'Enseignement  Primaire  contre  les  lan- 
gues vivantes,  qu'elle  s'étudie  à  désorganiser  de  toutes  les  façons 
pour   pouvoir  plus   facilement   les   supprimer. 

Questions  diverses  :  la  Régionale  demande  que  le  Bulletin 
jjublie,  si  possible,  dans  son  n"  de  juillet,  le  plus  grand  nombre 
])ossil)lc  de  textes  de  version  et  de  thème  <•  d'imitation  '<  donnés 
au   baccalauréat   dans  les  différentes   nni\ersités. 

La   séance  est   levée  à    16  h.  30. 

J.e  Secréluire  :  Le   Président  : 

Pierre   Lf.gouis.  Douady. 


Nouveaux  adhérents 


Boulfroji,  E.  P.  S.,  Amiens  ;  lioudnn,  E.  P.  S„  Lyon  ;  Mlle  L^s- 
chi,  E.  P.  S.  f.,  Lyon  ;  Mlle  Rei/niund,  lyc.  j.  f.,  Lyon  ;  Mme 
(loiirbin,  E.  P.  S.,  Lyon  ;  Vaillundel,  E.  P.  S.,  Nancy  ;  Hoellinfjer. 
E.  P.  S.,  Nancy  ;  Mlle  Liron,  lycée  garçons,  Nice  ;  Mlle  Launiint, 
école  vSchluthfeld,  Strasbourg  ;  Hovquurl,  Lycée,  Metz  ;  Michel- 
Marin,  E.  P.  S.,  risle-sur-la-Sorgue  ;  (iuimiot,  grand  lycée,  Mar- 
seille ;  Unioersitij  Toronto  ;  Soum,  ail..  Saintes  ;  Dottin,  iAvvv- 
pool  ;  AssnnI,  lycée,  Bi'est  ;  [.écutfer,  coll.,  St-Maixent  ;  Mlle  Mo- 
nod,  lycée  Montgrand,  Marseille  :  Ferdinnnd.  coll.,  (Miâlons-sur- 
.Marne  ;  Piolé,  coll.,  Thion\ille  ;  Miiirl,  \\.  N.,  Chaiimont  ; 
Lebhtnc,  E.  P.  S.,  .Mais  ;  I.enutzurier,  E.  P.  S.,  Rourganouf  ;  Ho- 
nians.  E.  P.  S,  Metz  ;  Mlle  Tréijlos,  E.  P.  S.,  le  Dorât  ;  Mlle  Hir- 
numn,  E.  P.  S.,  Cannes  ;  Mme  l'ujol,  E.  P.  S.,  Bordeaux  ;  Plissiinl, 
à  (lenève;  Mme  Huel,  E.  P.  S.,  Gondécourt  ;  Mlle  Canine t,  E.  P. 
S.,  Pithiviers  ;  Taillandier,  lycée.  Pau  ;  Mlle  Percherancier, 
lycée  j.  f.,  Roanne  ;  Mnie  Charlier,  E.  P.  S.  f.,  Thionvilie  ;  Mlle 
Janin,  lycée  Fénelon,  Lille  ;  /-.  Doi/en,  prof,  ail.,  \'alence  ;  Laro- 
che, Parana  ;  Raj)icault,  coll.  Ontlja,  Maroc  ;  Mme  la  Directrice, 
lyc.  j.  f..  Tours  ;  liourdoncle,  \)voi.  coll.,  (Mamecy  ;  Miss  Liggins 
Sidneij,  London  ;  Mme  Xoelia  Duhrule,  Lawrena  (Mass.»,  E.-Unis  ; 
Librairie  Polska,  \'arsovie  ;  Maison  tlu  livre  français.  Paris  ; 
Proviseur  lycée  garçons,  (Casablanca  ;  Mlle  Uenuiantj,  Lyon  ;  Baer, 
Paris  ;  Principal  collège,  Guebwiller  ;  Slein-FnuK^ois,  librairie 
lorraine,  Forbach  ;  Bellens,  librairie  centrale,  Liège  ;  Mlle  Jung, 
prof,  coll.,  Renijreront  ;  (iabouije,  Perpignan  ;  Delpi/,  prof,  lycée. 
Rayonne  ;  Mlles  Valerio,  Banizelle,  L(mertu jon.  prof,  lycée  j..  f., 
iiordcaux  ;  (Hllon,  j)rof.  lycée  Garnot,  Dijon. 


ANNUAIRE   DE  L'ASSOCIATION  POUR  1921 


/.(•  Secrétaire  général  serait  très  reconnaissant  à  ses  collègues 
de  bien  vouloir  lui  signaler  les  erreurs,  qui  sont  inévitables  dans 
t(  ut  travail  de  ce  genre.  Il  insérera  les  rectifications  dans  le  pro- 
chain   Bulletin. 

BUREAU 

Président  :  M.  Veillet-Lavallée,  professeur  d'anglais  à  l'hÀ-ole 
Arago,   2,  rue   Mizon,   Paris  XV". 

Vice-Présidents:  M.  Bloch, .  professeur  d'allemand  au  Lycée 
Hoche,  3,  avenue  de  Picardie,  Versailles  ;  M.  Saroïhamly,  pro- 
fesseur d'espagnol  au  lycée  St-Louis,  114.  boulevard  Bineaui, 
Neuilly-sur-Seinc. 

Secrétaire  général  :  M.  Servajean,  professeur  d'anglais  au  Lycée 
St-Louis,   132,   avenue   du   Maine,   Paris,   XIV". 

llédacteur  du  Bulletin  :  M.  G.  d'Hangest,  professeur  d'anglais 
au   Lycée  Condorcet,   117,   Bd   Exelmans,   Paris  XVI''. 

Trésorière  :  Mlle  Ledoux,  professeur  d'anglais  au  Lycée  Victor- 
Duruy,   'M),  rue   Chevert,   Paris   Vil'. 

Trésorière  adjointe  :  Mlle  Boussinesii,  professeur  d'anglais  au 
Lycée   \'ictor-Duruy,    13,   Bd   Montparnasse,   Paris   XI V". 

.-Vrchiviste  :  Mlle  Brunct,  |)rofesseur  d'anglais  au  Lycée  Féne- 
lon,   35,   rue   Madame,    Paris   VI". 

COIVIITÉ 

Membres  élus  en  1919 

MM.  //.   Bloeh,   professeur  d'allemand    au   Lycée    Hoche. 

Bellec,   professeur  d'anglais   au   OoHége,   Pontoise. 

Duvergé,    professeur    d'anglais    au    Lycée    Michelet. 

Guiltotel,  professeur   d'anglais   au   Lycée   Charlemagnc. 

Janiin,   professeur   d'anglais   à   l'Ecole   Lavoisier. 

Koszul,   professeur   à   l'Université   de    Strasbourg. 

Lecignc,  professeur  au  Collège,  (Jambrai. 
Mlle  Latappy,   professeur   d'anglais   au    Lycée   Fénelon. 
MM.  Mis,   professeur  d'allemand   au    Lycée  de   Lille. 

Roux,   professeur   d'anglais  E.   P.    S.,   Orléans. 

Membres  élus  en  1920 

M.      Boussagol,    professeur    de    langue    et    littérature    espagnoles    à 

l'Université   de   Toulouse. 
Mlle  Brnnel,   professeur   d'anglais   au    Lycée   P'cnclon. 


330  Ll-S   LANGUKS    MODIUtNKS 

MM.  ('.(trillon,   ]>rolcsseur   d'alleinaïul    au    collège    de    St-Germaiii. 

Chemin,    professeur    d'anglais    au    Lycée    (larnot. 

(ioy,   professeur   d'alleniaïul   à   l'Ecole    normale    supérieure    de 
St-Cloud. 

d'Hangest,   professeur  d'anglais    au    Lycée   Condorcet. 
Mlle  Ledoux,   professeur   d'anglais    au    Lycée   Victor-Duruy. 
MM.  Martin,   professeur  d'allemand   au    Lycée   Janson-dc-Sailly. 

Montaubric,    professeur    d'anglais    au    (Collège    de    Nogent-le- 
Rotrou. 

Pinloche,    professeur    d'allemand    au    Lycée    Michclet. 

Veillel-I/tiudléc,    professeur    d'angl-.tis    à    l'Hcole    .Arago. 

Membres  élus  en  1921 

MM.  Bec,    professeur    d'anglais    au    Collège    Chaptal. 

Belley,   professeur    d'allemand    au    Lycée    St-Louis. 
Mlle  Boussin^sq,    professeur    d'anglais    au    Lycée    Victor-Duruy. 
MM.  Caillet,   professeur   d'anglais    au    Collège    de    Saint-Germain. 

Coiquaud,  Directeur  de  l'E.  P.   S.   de  Carentan,  Manche. 

Demolon,    professeur    d'anglais    au    Lycée    Voltaire. 

Gœtschy,   professeur   d'allemand   au   Lycée   Michelct. 

Georges  Hirtz,  professeur  d'allemand  au  collège  de  Pontoise. 

Kïihn,    professeur    d'anglais    à     l'E.    N.     d'Instituteurs     de     la 
Seine. 

Saroïhandy,    professeur    d'espagnol    au    Lycée    Saint-Louis    et 
Buffon. 

Servajean,    professeur    d'anglais    au    Lycée     Saint-Louis. 
Mlle  ^Yeill,   professeur   d'allemand    au    Lycée    Racine. 

COMITÉS  DES  SECTIONS  RÉGIONALES 

Alx-Marsellle 

Président  ;  M.  Lestang,  professeur  d'anglais  au  Lycée  de  Marseille. 

Secrétaire  :  M.  Broche,  professeur  d'anglais  au  Lycée  de  Mar- 
seille. 

Trésorière  :  Mlle  Coste,  professeur  au  Lycée  Montgrand,  Mar- 
seille. 

Délégué   à   Paris  :   M.  d'Htmyest. 

Bordeaux 

Président  :  .1/.  Dresch,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de 
Bordeaux. 

Vicc-Pi'ésidents  :  Mme  Hébert,  Lycée  de  Jeunes  Filles  de  Bor- 
'deaux  ;  M.  Delpy,  professeur  agrégé  d'espagnol,  Lycée  de  Bayonne. 

Secrétaire  :   M.  Martin,  Lycée   de   garçons,   Bordeaux. 

Trésorier  :  M.  IHuoallan,  Lycée   de   garçons,   Bordeaux. 

Délégué  à   Paris  :  M.  Bloch. 


ANNiAiMi;  i)i;  l'association  .'i'U 

Clermont-Ferrand 

l'i-csi«iciilc  :  Mme  Honore,  ihjirgt-f  tic  i<niis  à  la  Facilité  ilis 
Lettres. 

Vice-Président  :  M.  Lcbnilii,  professeur  ajjrégè  d'alleiiumd  au 
Lycée   de   C.lerniont-Fcrraiid. 

Secrétaire  :  M.  Vinien,  professeur  à  l"K.  1'.  S.  de  Clermont-Fer- 
rand. 

Trésorier  :  M.  Boiii/ssii,  professeur  à  l'iù-ole  i)rofessionnelle  et 
à   l'Hcole   supérieure   de   coniiuerce   de   (llermont-F'errand. 

1.  Heprésentant  de  renseignement  supérieur  :  M.  I.diujlnis,  char- 
gé  de   cours   à   la    Faculté. 

2.  Représentant  des  professeurs  agrégés  :  M.  Pallier,  |)rofesscur 
au   Lycée  de   Montluçon. 

3.  Représentant  des  professeurs  chargés  de  cours  :  M.  (Ihmiliiil, 
professeur   au   Lj'cée    de   Clcrmont-F'errand. 

4.  Représentant  des  professeurs  de  collège  :  .V.  Bl(in<iuel.  |)ro- 
fesseur    au    Collège    de    Thiers. 

3.  Représentant  des  professeurs  des  E.  N.  et  des  K.  P.  S., 
M.    Pdpin,    professeur    E.    N.,    Moulins. 

6.  Représentant  des  professeurs,  enseignement  lechnitiue  : 
M.  Bernard,  professeur.  Ecole  pratique  d'industrie  hôtelière  du 
Centre,  à  Vichy. 

Lille 

Président  :   M.   Delaltr'^,   professeur  à   la    F'aculté   des   Lettres. 
Secrétaire-trésorier  :  M.  Brocart,  professeur  à  l'Ecole  P.  S. 
Délégué   à   Paris  :   M.  Seriuijean. 

Lyon 

Président  :    M.   Douady.    professeur    à    l'I'niversité    de    Lyon. 
Vice-présidente  :  Mlle  Mathieu,  professeur  au  Lycée  de  J.   F",  de 
Lyon. 

Secrétaire  :  M.  Pierre  Legoiiis,  professeur  au  Lycée  Ampère. 
Trésorier  :  M.  Rocher,  professeur  au  lycée  de   Lyon-Parc. 
Délégué   à   Paris  :  M.  Servajean. 

—  à    St-Etienne  :   M.   Deniaud. 

—  à   Bourg  :   M.  Arrighi. 

—  à   Chalou  :    M.    Gillet. 

Nancy 

Président  :  M.  Reyher,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres. 
Secrétaire  :    M.   Peyraube,    professeur   au    Lycée. 
Trésorier  :  M.  Petit,  professeur  à  l'E.   P.   S. 
Délégués  à   Paris  :   MM.  Camerlynck  et  Servajean. 


332  LES   LANGUES    MODERNES 

Poitiers 

Président  :    M.    Crtstclain,    professeur    à    TUniversité    de    Poitiers. 

Vice-Président  :  Mme  GodUlon,  professeur  à  l'E.  P.  S.  de  Poi- 
tiers. 

Vice-Président  :    M.   Hirtz,    professeur   au    Lycée    de    Poitiers. 

Secrétaire  .•  M.  Sauvage,  professeur  au  Lycée  de  Poitiers. 

Trésorier  :   M.   Guy,   professeur   à   l'Ecole    normale   de   Poitiers. 

Membres  du  Comité  :  Mlles  Chaigneau  et  Piuetaud.  professeurs 
au   Collège   de   Jeunes   filles   de   Poitiers. 

M.  Martin,  professeur  à  l'E.   P.  S.  de  Châtclk-rault. 

Délégué  à   Paris  :   M.   Gaston  Hirtz. 

Toulouse 

Président  :  M.  Loiseau,  professeur  de  Langue  et  Littérature 
allemandes    à    l'Université    de    Toulouse. 

Vice-Présidents  :  M.  Mérimée,  professeur  de  langue  et  litté- 
rature espagnoles  à  l'Université  de  Toulouse  :  Mlle  Mayrand, 
professeur  d'anglais  au  Lycée  de  jeunes  filles  de  Tououse  ; 
M.  Boussagol,  professeur  de  langue  et  littérature  espagnoles  à 
l'Université  de  Toulouse. 

Secrétaire-Trésorier  :  M.  Granger,  professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Membres   du   Comité  : 

Enseignement  féminin  :  Mlle  East,  professeur  d'anglais  à 
l'E.  P.  S.  de  jeunes  filles  de  Toulouse. 

Enseignement  supérieur  :  M.  Duméril,  professeur  de  Langue  et 
Littérature    anglaises    à    l'Université    de    Toulouse. 

Professeurs  agrégés  :  M.  Escarti,  professeur  d'anglais  au  Lycée 
de  Toulouse. 

Professeurs  chargés  de  cours  :  M.  KanceUury,  professeur  d'alle- 
mand au   Lycée   de   Toulouse. 

Professeurs  de  collèges:  M.  Ahit^ou,  professeur  d'anglais  au  Col- 
lège   de    Hagnères-de-Bigorrc. 

Enseignement  primaire  :  M.  l'y,  professeur  d'espagnol  à  l'I-À-ide 
J'.   S.   de   Castres. 

JU'présentant  de  la  Régionale  auprès  du  (!oniitc  de  l'.Vssocia- 
tion  des  Professeurs  de  L.  V.  de  l'Enseignenient  Public  (.\rt.  10, 
par.   .j   des   Statuts   de   l'Association)  : 

M.   Py,   professeur   d'espagnnl    à    l'IÀole    P.    S.    de   (Castres. 

Membres  à  Vie  de  l'Association 

M.  beau  jeu  ;  Mlle  Biyoudol  ;  MM.  Didier  ;  Duméril,  Poitiers  ; 
Duméril,  Toulouse  ;  Mme  Dupré  ;  M.  Dupré  ;  Mlle  Ledoux  ; 
MM.  Milliol-Madéran  ;   .Minssen  ;   liuudit  ;  Sernajean. 


ANNLAIHK    IJK    L  ASSOCIATION 


333 


RÉPERTOIRE  ALPHABÉTIQUE 

des  membres  de  l'Association 


Al'isoii,   iiiif^l.,    |)ri>f.   coll.,    Bagnères-df-Bigorre. 

Ahfuilker,  prof.  E.  P.  S.,  g.,  2,  rue  de  la  Concorde,  Constantine. 

Achille,   angl.,   prof.   lyc.   g.,   P'ort-dc-F'rance,    La    Martinique. 

.Agence  générale  de  Librairie,   7,   rue  de   Lille,  Paris,  1". 

Airnult,  angl.,   prof.  coll.  g.,   11,  rue  de  Bcaufort,  La  Châtre,   Indre. 

Albert,  esp..  |)r()f.  E.  P.  S.  g.,  Toulouse. 

Albert   (£.),    prof.   E.    \'.    Inst.,    Sétif,    Algérie. 

Ahlecon   (de),    proviseur   du    Lycée,   Casablanca    (Maroc). 

AUarche,   angl.,   prof,   coll.,    Moissac   (T.-et-G.I. 

Ancelel-Hustache    (Mniej,    ail.,    prof.   lyc.   g.,    St-Quentin. 

André,  ail.,  prof.  "Tyc.  Janson,  9,   rue   Freycinct,   Paris,    16". 

André  (MlleJ,   esp.,  C.   S.,  Châtelleraiilt. 

André   (Mlle),   E.   P.    S.    f.,    Decazeville    (.\vcyroni. 

Andreii,   angl.,   prof,   lyc.,   Marseille. 

Anne,   E.   P.   S.   g.,   77,   Grande-Rue,   (îisors   (Eure). 

Anstett,   ail.,    prof.   lyc.    Klébcr,    24,    rue    Brûlée,    Strasbourg. 

Anthontj  iD.-B.),  U"^  87,  Castellain   Misions,  Maida  Vale.  London  W. 

Aranéder,  Ecole  du   Gd.  Rayonne,   Baronne   (Bsses-Pyr.). 

Arnaudet,  angl.,  prof.  lyc.  Carnot,  134,  r.  de  Tocqueville,  Paris,  17^ 

Arrighi,   prof,   lyc.,   Lalande,   Bourg   (.\in). 

Artarit,    10,   rue   de   Sauniur,   La    Roche-s.-Von. 

Ascher,  ail.,   prof.   lyc.  Condorcet,   Achères  (S.-ct-O.i. 

Assant,   prof,   lyc,   37,   rue   .lean-.Macé,   Brest. 

Aiibé,  prof.  E.  P.  S.,  52,  rue  Balay,   St-Etienne   (Loire». 

Aiibenns,   ail.,   prof,  coll..   Privas   (.Ardèchei. 

Audibert,  prof.  lyc.  BufTon,  57,  r.  Pigallc,   Paris,  9^ 

Audouin,  ail.,  prof,  lyc,  Poitiers. 

Aiidouin-Thomas   (Mme),   6,   rue    Piovry,    Poitiers. 

Audra,    Dir.    Institut    Fr.    1-7,    Croinwell    G'dcns.    S.    Kensington 

London,   S.  W. 
Audij  (.Mlle»,  angl.,  prof.  E.  N.  et   E.  P.  S.   f..  22,  rue  des  Sablières, 

Bordeaux. 
Aufjret,  angl.,   prof.   E.   P.   S.,   Douarnencz  (Finistère). 
Anvraij,   angl.,   prof,   lyc,   Nantes. 
Aviron,   prof.   lyc.   .Ampère,   Lyon. 
Ayrault,    prof,   coll.,    Saulieu   (Côte-d"Or>. 
Azzi  (Amilcare),   prof,   lyc  Virgile,   19,   r.   Trieste,   Manlova,   Italie. 


B 

bubin,   prof.   lyc.   H.-Poincaré,    74,    fg   Stanislas,   Nancy, 
Buchelart  (Mlle),   augl.,   lyc   de   Reims  (Marne}. 


334  LES   LANGUES    MODERNES 

liiter,    librairie   Gauloii,   39,   r.   Madame,   Paris   6'. 

Udhdiis,   angl.,  prof,  lyc,  22,  r.  d'Areaclion,  Bordeaux. 

Bui(iiie   (Mlle),   prof.   E.   P.    S.   f.,   Chaumont. 

Bdilly,    angl.,    prof.,    4,    r.    Raugraff,    Pont-à-Moussoii    (M.-et-M.). 

BaiUg,   angl.,   prof,   lyc,   Ben-Akhoun,   Alger. 

Bulundina   (Mlle),    angl.,   prof.   lyc.   g.,   21,   r.   Catta,    Périgueux. 

Baldenspenjer   (Mlle),    angl.,    prof.,    6,    Passage    du    Livron,    Pau. 

Baleiuy  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  Dax. 

Bally,   dir.   éc.   prat.   d'Ind.   hôtelière,   Gi'enoble    (Isère). 

Balsente,   ail.,   prof,  coll.,   Sarlat   (Dordogne). 

Banchet,  angl.,  prof.  lyc.  Hoche,  2,  impasse  Marguerite,  \'ersailles. 

Baradat,    esp.,   prof,   lyc,   Toulouse. 

Banizette  (Mlle),  prof.  esp.  lyc.  j.  f.,  Bordeaux. 

Barat  {R.},  prof.  E.  N.  inst.,   8,  rue   Bonette,   Alençon. 

Barat,  prof,  lyc,  Grenoble. 

Barbeau,  angl.,  prof,  fac  des  lett.,  Univ.,  23,  r.  des  Jacobins,  (",aen. 

BarVier,   prof.,   E.   P.   S.,   Chàtillon-s.-Chalaronne   (Ain). 

Baret,   angl.,   prof,   hon.,   2,   r.   Gare-de-Longchamps,    Suresnes. 

Baron,    angl.,    prof,    coll.,    Argentat    (Corrèzc). 

Barrât  (Mlle),   prof.   E.   P.   S.   g.,   r.   Vieille-Prison,   Pons. 

Barrât,  angl.,  prof,  lyc,  Toulouse. 

Barraiid,  ail.,  prof.  Ij'c,  Ghambérj'. 

Bartier,  angl.,  prof,  lyc,  46,  r.  de  la  Ghèvrc,  Metz. 

Bascan,  angl.,  prof.  Ec.  J.-B.  Say,  Paris,  16''  . 

Bastide,   angl.,   prof.  lyc.   Charlemagne,    7,   r.   Le-Verrier,   Paris,   6^ 

Bastij,  ail.,   prof,   coll.,   35,  r.  de  Varennes,  Le  Blanc   (Indre). 

Bande,  angl.,  prof,  dcl.,  61,  r.  Nollet,  Paris,   17^ 

Bayle,  ail.,   prof.  E.  P.   S.,   Angoulèmc. 

Bazillon,   angl.,  prof,   au   lyc,    13,   place   du   Général-Sibillc,   Sarre- 

guemines  (Moselle). 
Beaujeii,   Insp.  gén.   de   l'Instruction   publique,   19,   r.  de   Petrograd, 

Paris,  8". 
Beaumont   (Mlle),   angl.,   prof.   E.   P.    S.    f.,    11,   r.    Alsace-Lorraine, 

Rouen. 
Beaurepère,  censeur  des  études  au   lyc  Fontanes,  Niort. 
Bcc,  angl.,  prof.  Chaptal,   7,   sq.  Glignancourt,  Paris,   18". 
Béchade   (Mlle),   ail.,   prof.   coll.  j.   f.,    1,    r.   dWrsonval,    Limoges. 
Bachot,  10,  r.  Victor-Hugo,  Avesnes. 

Bccker,  ail.,  prof.  lyc.   St-Loiiis,  30,  r.  Vauquelin,  Paris,   5°. 
Bécourt  (Mlle),  angl.,  prof,  lyc  Molière,  Paris,  16*. 
Béguinot   (R.)    (Mlle),    Ec.    P.    S.,    Bazas     (Gironde). 
Beilvert,  angl.,   prof,  lyc,   r.   du   Jardin-de-r.\rc,   Laon. 
Beley  (Mlle),  ail.,  prof,  lyc  ,j.  f.,  villa   Marguerite,  213,  r.  d'Endan- 

ne,   Marseille, 
Beley,  ail.,  prof.  lyc.  St-Louis,    1    bis,  av.  du   lyc.  Lakanal,  Bourg- 

la-Reine  (Seine). 
Bellec,  prof.  coll.  Pontoisc,   149,   fg   St-Denis,   Paris. 


ANNUAIHE    Dr;    I, 'ASSOCIATION  335 

Ih'llcits,  lil)r;iiric  cciitriilc,  (i  cl  <S,  rue  de  la  llô.i,'t'iicf,  Lii-Mo,  l>i;lgi(|ut'. 

lie! tel f,   a  11^1.,    prof,    lyc,    IHl,    r.   de    Uoubaix,   Toiiivoiiitf. 

HriKissi/,   iiiigl.,   prof.    lyc.   Carnot,    1((,   r.   (jiistave-Dorc,    l'aris,    17". 

liciKizel  (Mlle»,  csp.,   prof.  K.   P.   S.,  Toulouse. 

liéncsi's   (Mlle),    prof.    E.    P.    S.,    lîlida    (Ali,'érie». 

liéni'lcdu   (Mme),   prof.  lyc.  j.  f.,   2,   r.   d'Kl-lJiar,   Alger. 

livrijer   (P.),    angl.,    prof.    fac.    de    Ictt..    4i),    (Iheniin-de-l'essae,    IJor- 

deaux. 
licrillon    iA.)    (Mile),     augl.,     j)rof.    lyc.     Kacine,    27,     r.     Mazariiie, 

Paris   G-. 
Ihrltind  (P.),   |)r()f.  coll.,    r.   des    Migraines,    .Auxerre. 
lierlioz    (J),    prof.    E.    N.    d'iiist.,     8,     r.     Simon-Hoyer,     Monlbrisou 

(Loire). 
licrndrd  (/'".),   angl.,    Kc.   hôt.   de    Vichy,   villa    ,\iiselme,    r.   d'.Auvcr- 

gne,   Vichy   (.Allier). 
licriKird  (Mlle),  prof.   lyc.   1,  cours   St-Mcdard,  Bordeaux. 
Bcrnère,   ail.,   prof,   lyc,   rue   des   Chapeliers,    Foix   (.Ariège). 
Bernheim,  ail.,  prof.  lyc.  Louis-le-Grand,  16,  r,  Pérignon,  Paris,  7''. 
lierlaux,  prof.   lyc.  BufFon,   170,  bd   de    Strasbourg,    Boulogne-s.-S. 
lierthet,  prof.  lyc.  Lakanal,   11    bis,   r.  Achille-Garnon,  Sceau.x   (S.). 
Bertrand   (Achille),   ail.,   prof,   lyc,   66,    r.    Perganiinière,   Toulouse. 
Bertrand   (H.),    angl.,    prof,    lyc,    6,   chemin    du    Busca,    Toulouse. 
Beslon,   angl.,   prof.   Chaptal,   38,   r.   de   Moscou.    Paris,   S'". 
Bessé,   dir.  des  Etudes,  éc.  Jules-Fcrry,   38,   r.   Satory,  Versailles. 
Besson,   ail.,     prof.  lyc.   Condorcet,  35,   r.  de   Liège,   Paris,   9". 
Bézier,  ail.,  prof.  lyc,  Orléans  (Loiret). 
Bianqiiis  (G.)   (Mile),  ail.,  prof.  lyc.  j.  f.,  Reims. 
Bibliothèque   du   collège   de    Gray   (Hte-Saône). 
Bibliothèque    du   collège   de    Thiouville    (Moselle). 
Bichet,  ail.,   prof,   coll.,   St-Nazaire   (Loire-Inf.). 
Bié  (£.),   angl.,   éc   prat.   Coni.,    Mazamet    (Tarn). 
Bigoudot   (Mlle),    ail.,    prof.    lyc.   V.-Hugo    et    t'énelon,    14    bis,     Bd 

Morland,   Paris,   4". 
Birmann  (Mme),  prof.  E.  P.  S.,  15,* r.  Jean-Goujon,  C-annes. 
Bistos,   esp.,   prof,  lyc,   8,   cours   de   Reffye,   Tarbes   (H.-Pyr.). 
Bloch  (Albert)    ail.,  prof,  lyc,   5,   r.   de   l'Aqueduc,   Paris. 
Bloch    (E.-H.),    ail.,    prof,    au    lyc.     Janson,    19,    r.     de     la     Source, 

Paris,    16^ 
Bloch  (H.),  ail.,  prof.  lyc.  Hoche,  3,  av.  de  Picardie,  Versailles. 
Bloch   (Maurice),   ail.,   prof,    au    gymn.,   Sarreguemines. 
Blondelet  (Mme),  5,  r.  des  Filles-St-Thomas,  Paris. 
Bocave   (A.),  angl.,  prof,   au   lyc,   21,   r.  des   Poissonceaux,   Lilie. 
Bodevin,  ail.,  prof,  au  lyc.   Kiéber,   Strasbourg. 
Boisset,    principal    coll..   Bruyère    (Vosges). 
Boisset   (Mlle),   angl.,   prof.   E.   P.    S.,   aven,     de     la     Gare,     Maison 

Jay,   Voiron   (Isère). 
Boisson   (Mlle),   angl.,   prof.   E.   N.,   inst.,   Versailles,   8,   r.   de   l'Ar- 
rivée,  Paris. 


336  LES  LANGUES   MODERNES 

Bompieijre,    csp.,    prof,    lyc,    Foix. 

Bojidii  (Mme),  aiigl..  Le  Clos-Joli,  av.  du  Chemin  de  fer,  Combcs- 

la-Ville   (,S.-et-M.). 
Bonn-Campagne    (Cercle    de),    Pays    Rhénans,    secteur    96. 
Bonnal,  angl.,  prof,  coll.,  16,  r.  de  la  PejTollerie,  Millau  (Aveyron). 
Bonnard,   ail.,   prof,   coll.,   Châlons-s.-Marne. 
Bonnet  (Mlle),  prof.  C.   compL,  V.   P.,   12,   pi.  d'Anvers,   Paris. 
Bonnet,  prof.   éc.  milit.,   Montreuil-s.-Mer   (P.-de-C). 
Bonnet-Cros   (Mme),   angl.,   cours   du   XV%   234,  bd   Raspail,   Paris. 
Bonniol  (Ch.),   angl.,  prof.  C.  comp.  V.  P.,  37,  r.  Delambre,  Paris, 

Bonnoront,   angl.,   prof,   au   lyc.   du    Parc,   Lyon. 

Bontemps   (Mme),   prof.   E.   P.   S.,   f.,   Chaumont. 

Borner  (C),  angl.,  prof.  lyc.  Janson,  46,  r.  des  Moines,  Paris,  17'. 

Bosc  (Marie)  (Mlle),  prof.  E.  S.  j.  f.,  16  bis,  r.  du  Téméraire, 
Nancy. 

Boucher  {R.),  prof,  lyc,  2,  bd  de  la  Liberté,  Bourges  (Cher). 

Boucher  {Emile),  ail.,  prof,  coll.,  147,  r.  de  Brequerecque,  Bou- 
logne-su r-Mer. 

Bouchez,   ail.,  prof.   lyc.   Poincarc,   Nancy. 

Boudon,   prof.  E.  P.  S.,   67,  r.  (yhaponay,   Lyon. 

Boudonis   angl.,   prof,   coll.,    (lastelsarrazin    (T.-et-G.). 

Boue  (R.)   (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  23,  r.  Rougct-de-1'Isle,  Auch. 

Boue,   prof,  coll.,   Villefrancho-de-Rouergue. 

Bouet,   prof.   E.  N.  d'inst.,   Beauvais. 

Bouillerce  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  Nay  (Basses-Pyr.). 

Boulaij  (Mlle),  ail.,  E.  P.  S.  j.  f.,  rue  St-Lcvre,  Nancy. 

Boulay  (Mlle),  angl.,  prof.  coll.  j.  f.,  4,  r.  Molière,  La  Roclie-s.-Yon. 

Boulhès  (.1.)    (Mlle),   arabe,  E.  P,  S.  j.  f.,   Miliana   (Algérie). 

Boulfroi/,   prof.   E.   P.   S.,   201,   route  d'Albert,   Amiens. 

Bourdoucle,   |)rof.  collège,  CJaniccy  (Nièvre). 

bourgeois  ((.M,  ail.,  prof.  lyc.  Roliin,  Paris. 

Bourgeois  (A/.),  angl.,  prof.,  39,  r.  du   (-oliséc,   Paris,  S", 

Bourgin,   prof,  lyc,   22,   r.   St-tHaude,   Montpellier   (Hérault). 

Bourgogne,  angl.,  prof,  lyc  Condorcct,  9  bis,  r.  Michel-Ange, 
l'a  ri  s,    l(i". 

Bourgoin,   ai!.,   prof,    lyc,   Toulnuse. 

Bourgoin,    prof,    lyc,    Périgueux. 

Bourgoin   (Mlle),   prof.,   45,   av.   de   Boideaux,   Poitiers. 

Bourgougnon,    angl.,    prof.   coll.   de   Cussct   (Allier). 

Bouriel  (Mllei,   prof.   E.   P.   S.   J.   f.,   Valognes   (Manche). 

Bousquet,   prof,   lyc,   30   bd   du    Mail,    Sens. 

Bousquet,   ar.,   prof.   E.   N.    inst.,   Miliana   (.Algérie). 

Buuss(tgol,  esp.,  prof..  Faculté  des  lettres,  fi,  rue  Neu\e-de-la-Ba lan- 
ce, 'l'oulousc 

Boussincsg  (Mile),  prof.  lyc.  \'iclor-Duruy,  13,  bd  Montparnasse, 
Paris. 


AXNIAIKE    DK    1,'ASSOCIATION  337 

lioinjssy,    prof.    Et-.    Sup.    (loin.,    b(i    Truduiiic,    (;ierniont-F"c'rrand. 

lionee  (A.-G.),  Head  of  thc  I)ci)arlmcnt  of  French,  l'niv.  of  Chi- 
cago, III.,  r.  S.  A. 

lioyer  (P.),  adm.  Ec.  Spéc.  des  Langues  Orientales,  r.  de  Lille, 
Paris,   7". 

linnier,  prof.  Ke.  abbatiale  de  Maredsoiis-Maredret,  Sosoye,  Bel- 
gique. 

liriquelol,    angl.,    prof.    lyc,    14,    pi.    de    la    Hille,    Har-le-Due. 

Iir(/(tir(l,   angl.,   prof.   ée.   Lavoisier,   34,   r.    Madame,    Paris,    6^ 

Brocart,  angl.,  prof.  E.  P.  S.,  37,  r.   Kullniann,  Lille. 

Broche,  angl.,  prof.  lyc,  32,  bd.  Joachim  (Vieille  (;hapelle)  »  La 
Pâquerette   »,   Marseille. 

BriKjeille,   ail.,   prof.   Htes   Et.   Coni.,   37,   r.   Ganneron,   Paris,    IS"". 

Brillé  (A.>,   angl.,   prof,  lyc.  Cariiot,   42,   av.   Mozart,   Paris,    IB". 

Brun    (L.),   ail.,    prof.    lyc.   Charlemagne,    31,    bd    St-Jacques,    Paris. 

Bninel  (Mlle),   angl.,   prof.   lyc.   Eénclon,   35,   r.   Madame,   Paris,   6'. 

Bruno  (Mille),  angl.,  prof.  coll.  j.  f.,  18,  r.  Henri-IV,  Catres  (Tarn). 

Bruiii-res,    prof,   coll.,    Pont-de-Vaux    (.Ain). 

Biinel   (Mlle),    21,   av.    Kléber,    Malo-les-Iiains   (Xordi. 

Baryhard,  ail.,  |)rof.   lyc.   St-Louis,    li),  Quai    aux    Fleurs,   Paris,  5'. 

Biiron-dallini,  angl.,  prof.  Ec.  Sup.  Com.  et  Ind.,  Paris,  17,  r.  du 
(Château,    Vincennes. 


Cnlu'ii   (M.),   ail.,   78,   r.    .Montplaisir,   \'alencc   (I)rôp.iei. 

Cinllct,    angl.,    prof,    coll.,    St-Gerniain    (S.-et-O.). 

C.itillol  (Mlle),  jjrof.  lyc.  .1.  f.,  Clermont-Ferrand. 

('.(limettes    (Mlle),    angl.,    prof.    coll.   J.    f.,    9().    Graiide-Huc.    Carcas- 

sonnc. 
(]iilogeropoiilos    (dite    C.alos)    (Mlle),    angl.,    prof.    c.    com.    V.    P.,    4, 

r.  Malebranche,  Paris. 
(Uiizan,  prof.  lyc.  du   Parc.  Lyon. 

(jinihilUiril   (Mlle),    lycée    J.-Ferry,    Place    (llicby,    Paris. 
(.(initirnii    (Mlle),    angl.,    prof,   coll.,    Tanger,    Maroc. 
(.(iniertijnck,   angl.,   prof,   lyc,   St-Louis,   13,   r.   Soufflot,    Paris,   .')'". 
('.(tnierliinck   (Mme)    angl.,    prof.   c.    sec     XP   arr.,     13,     r.     Sou;fflot, 

Paris,   .V. 
('.(impnias,   prof.   coll.   Lectoure    (Gers). 
C.nnivet  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.,  Pithiviers  (Loiret). 
('.(innac,    prof.    lyc,    23,    r.    GauItier-de-Biauzat,    Cilermont-Ferrand. 
C.iipela,  prof,  coll.,  64,  av.  de  la  République,  Barbczieux  (Charente). 
Coroyon,    esp.,    prof.    coll.    de    Bagnères-de-Bigorre. 
Carayon,  angl.,  prof.  coll.  Chaptal,  50,  r.  Truffaut,   Paris,   17". 
Cardon   (Mlle),    angl.,    prof.   coll.   j.    f.,    17,    r.    de    Pornichet,    St-N'a- 

zaire. 
Carias   (Mme),   prof.    E.    P.    S.,    H»,   cours   Molière,    Pézenas. 


338  LES  LANGUES   MODERNES 

Carillon,  alL,  prof,  coll.,  5,  r.  de  la  Surintendance,  St-Germain-en. 

Laye    (S.-et-O.). 
Caron   (.Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  Tarbes. 
Carré,  angl.,  prof.  E.  P.  S.,  Villa  Reine-Marguerite,  11,  r.  Voltaire, 

Vichy  (Allier). 
Carré  (J.-M.),  maître  de  conf.  Univ.,  17,   av.  de  Noailles,  Lyon. 
Cart,   ail.,  prof.   lyc.   Carnot,  8,  r.  Joiiffroy,   Paris,   17'. 
Castelain,  angl.,  prof.  Fac.  des  lett.,  18,  pi.  de  la  Liberté,  Poitiers. 
Castelia    (Mlle),    prof.    lyc.   j.    f.,    3,    r.    d'Alsace,    Clermont-Ferrand. 
Catel   (J.),   angl.,   prof,   lyc,   Montpellier. 

Cattet,  angl,,  prof.  c.  s.  V.  P.,   18,  r.   Monsieui--le-Prince,   Paris,   5^ 
Caujolle,  ail.,  prof.,  Agen. 
Cauvin,  prof,  coll.,   Mortain. 
Cavaillon  (Mlle),  ail.,  prof.  E.  P.  S.,  94,  fg  Ste-Croix  (?),  Forbach, 

Moselle. 
Cayrou,  prof,  coll..  Le  Blanc, 
Cazamian,  Maître  de  conférences  de  Littérature  anglaise  à  la  Sor- 

bonne,  132,  Av.  du  Maine,  Paris,  14^ 
Cellier,   ail.,   prof,   coll.,   Narbonne   (Aude). 
Central    High    School,    School    district    of    city,     Scranton,     Penns., 

U.  S.  A. 
Chabas,   ail.,   prof.   Ij'c,   Condorcet,   rue   du   Havre,   Paris   9". 
Chabot,    ail.,   prof.   Ij'c,    villa    André,    av.    Gambetta,    Guéret. 
Chabot,  prof,  à  la  fac.  des  lett.,  Univ.  de  Lyon. 
Chaffiirin,   angl.,   prof.   \yc.   Condorcet,   Paris. 
Chaigneau   (Mlle),   angl.,   prof.   coll.   j.   f.,   Poitiers   (Vienne). 
Chaillan,   angl.,   maître    aux   E.    P.    S.    de    La    Seyne,   La    Loubière, 

Toulon. 
Chalard   (Mlle),   angl.,   prof.   E.   P.   S.    j.     f.,    12,     rue    Circère,    La 

Rochelle. 
Chalmel  (Mlle),  prof,   lyc,   St-Quentin. 

Chambille,   ail.,  prof,   coll.,   4,   r.   du   Collège,   lliom   (P.-de-Dôme). 
Chanioux,   censeur,  lyc.   Nancy. 

Champion,  ail.,  prof.  adj.  lyc.  Condorcet,  34,  r.  Raniey,  Paris,   18'. 
Changeur,    Hôtel    Cordier,   Rressuire    (Deux-Sèvres). 
Charles  (Mme),   prof.   E.   P.   S.,   La    Souterraine,   Creuse.  •] 

Charlier  (Mme),  ail.,  E.  P.  S.  filles,  Thionville  (Moselle). 
Chariot  (Mlle),   angl.,   prof.   E.   P.   S.  j.   f.,  ^yîy,   r.  Renip.   St-Etienne,  , 

Toulouse. 
Charpentier,  angl.,  prof,  lyc  de  Pau  (Basses-Pyrénées),  Villa  PapofT. 
Châtelain  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  25,  av.  V.-Hugo,  Valence  (Drônie). 
Chaucbard,   prof,   coll..   Romans    (Drônie). 

Chaufour,  angl.,  rédacteur  en  chef.  Ministère  de  l'Instruction  publi- 
que. Le  Caire. 
ChauHat,  prof.  lyc.  Biaise-Pascal.  28,  r.  Bansac,  Clermont-Ferrand. 
Chausse,    prof,    coll.,    Chàtellerault    (Vienne). 

Chauvet.    angl.,    prof,    lye.,    Mulhouse.    18,    r.    du    Jura,    Biedisheiin, 
(Ht-I\hin). 


ANNUAIHK    DE    l'aSSOC.IATIOX  330 

CJuiux,   angl.,    prof,    lyc,   Pau. 

Chefjuud,   angl..   Fondation   Thiers,   5,   Rond-Point   Bugeaud,   Paris, 

16-. 
Chemin,  angl.,   prof.  lyc.  Carnot,  29   bis,   v.   Monge,   Paris,  5'. 
Chenron   (Mlle),   ail.,   prof.   coll.    j.   f.,   Troyes. 
Cheoron  (Mlle),  prof.  E.   P.   S.  j.  f.,   Homans  (Drôme). 
C/joi.a-,  ail.,  prof,  lyc,   12,  r.   Petite-tlité,   Evreux   (Eure). 
CJcille,   angl.,    prof,   lyc,   Poitiers. 
i'.hevntnl    (Mlle),     prof,     lyc     .Feanne-d'Arc,     17,     av.     Croix-Morel, 

(lier  mon  t-Ferrand. 
CUnuleville  (Mme),  prof.  E.  P.  S.,  54,  r.  .Avisseau,  Tours. 
Clcch,   angl.,   prof.   Ij'c,   Rennes. 
Clermont,   proviseur   lyc,   Nice. 
Cloiirec  (Mme),   angl.,   prof.   E.   N.   inst.,    135,   av.   du    Mail-d'Ongcs, 

Rennes   (I.-et-V.). 
Clôt   (Mlle),   angl.,   prof,   lyc   Racine,   52,   r.   Lemercier,    Paris,    17'. 
Cochet,    angl.,    prof,    lyc,    10,    quai    St-Laurent,    Orléans    (Loiret). 
Cohen-Sohil,    ar.,    prof,    lyc,    30,   bd    Séguin,    Oran    (.Algérie). 
Coi/fier  (Mlle),   angl.,   prof,   lyc  j.   f.,  Toulouse. 
Coindreaii,  prof.  E.   P.   S.,   Gannat   (Allier). 
Coignaud,  angl.,  dir.  E.  P.   S.,  Carentan   (Manche). 
Coince  (Mlle),  angl.,  prof,  lyc  j.   f.,   Le   Puy  (Hte-Loire). 
Colens,   angl.,   prof,   lyc   Lakanal,    Bourg-la-Reine. 
Colle,  prof,  hc,   St-Omer. 

Collet,  esp.,   prof.,   10,  av.    Kléber,  Paris,   16'. 
Collette  (Mlle),   ail.,   prof.   lyc.  j.   f.,  Reims. 
Collin,   alU   prof.  J.-B.   Say,   r.   Tarbc,   Paris,   17'. 
Colomba:  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  Pavillon  Victoria,   Montée-Cara- 

bacei,  Nice, 
Colver,  prof.  E.  P.   S.,  84,  r.  Belle-Fontaine,  Lorient. 
Combebins   (Mlle),   prof.   E.    P.   S.   j.   f..   Villa   du     Perce-Neige,    bd 

Pasteur,  C.lermont-Ferrand. 
Comberclle   (Mlle),   Prof.   E.   P.   S.  j.   f.,    15,   bd    Duclau.x,   Clcrmont- 

Ferrand. 
Combes,   angl.,   prof,   lyc,   55,   r.   du   Moustier,   Montauban. 
Commormond,  ail.,  prof.  lyc.  Condorcct,  37,  r.  des  Martyrs,  Paris,  9'. 
Comment,   prof,  lyc,   6,   r.   Cavaignac,   Oran. 
Co/j/ies,  angl.,  prof,   lyc,   17,   bd   Sébastopol,   Marseille. 
Constant,  ail.,  prof,  lyc  .lansoit,  26,  r.  Bellefcuillc,   Paris,   16«. 
Copillef,  4,  r.  des   Ursulines,   Meaux. 
Coricon,   ail.,   prof,  lyc,   Coutances   (Manche). 
Corfeel,    angl.,    prof.    lyc.    Condorcet,    Paris. 
Corlot   (Mlle),    prof,    lyc    Molière,    Paris,    16'. 
Coste,  prof,  d'anglais  au  lycée  d'.Avignon. 

Coulonjon   (Mlle),   prof.   E.   P.   S.,   7,   r.   des   Dames,    Aurillac 
Coiirbin  (Mme),  prof.  E.  P.  S.  f.,  p];ice  Guichard^  Lyon. 
Courtots  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.,   Aubénas  (Ardcche,). 


340  LES    LANGUES    MODERNES 

Couvreur,  angl.,  prof.  E.  P.  S.,  Bagnols-s.-Cèze  (Gard). 

Crampton   (.F.-W.),   28,  Wood   Castwick,   Rd.   Sydenham,   Londres. 

Crayssac,   ail.,  prof,  lyc,  Angoulême. 

Créances  (Mlle),  prof.  lyc.  Fénelon,  Paris. 

Christiani,   ital.,  prof.  E.  P.   S.,  Bandol  (Var). 

Crofts  (T.   R.   N.),   Royal   Masonic   Sehool.   Bushey,   Herts. 

Cros,  prof.  coll..  Riom  (Puy-de-Dôme). 

Norton-Cru    (Jeani,     prof.     Williams     Coll.,     Williamstown,     Mass, 

U.  S.  A. 
Cru   (Mlle),  prof.,   Mirmande   (Drôme». 
Cruvellier  (Mlle),   angl.,   prof.   coll.  j.   f.,    22,   r.    d'Alsace,    Béziers 

(Hérault). 
Cury  (Mlle),  angl..  prof,  coll.,  Laval. 


Danchin,  prof,  lyc,  Lille. 

Dansac,  ail.,  prof.  lyc.  Pasteur,  26.  r.  Victor-Xoir,  Neuilly-s.-Seine. 

Diirnautl,   angl..   prof.  lyc.   Toulouse. 

Ihtssiontnlle,  ail.,  |)rof.  coll.,  30,  .Allée   St-Roch,   ('.timbrai   (Nord). 

Dfiubié  (Mlle),  ail.,  H.  C.  1.  T.  R.,  Bonn  (Rhin),   secteur  96. 

Ddudin  (Mme),  ail.,  prof,  lyc  j.  f.,  Bordeaux, 

Ddunois  (Mlle),  ail.,  dir.  E.  P.  S.  j.  f.,  Nontron   (Dordogne). 

Dauney,  angl.,  prof,  lycée  du   Mans  (Savthe). 

iJdpesnex  (Mlle),  ail.,  prof.  lyc.  j.  f.,   Versailles. 

Dftnoine,  ail.,  prof,  coll.,  Lunévillc  (M.-et-M.t. 

Dox,  ail.,  prof,  lyc,  Tourcoing  (Nordi. 

Dehdilh'ul,  angl..  prof.  lyc.  Louis-le-GriUid.   Paris. 

Debcs,  Pryt.  Mil.,  1,  r.  Conchot,  La  Flèche  (Sarthc). 

Dec.loitre  (Mme),  prof.  E.  P.  S.,  La  (;ôte-St-.\ndré  (Isère>. 

DecoIIognjj   (Mme),    angl..    i)rof.    lyc    Ampère,     15,     r.     C.onslanf ine, 

Lyon. 
Deconde,   ail.,   prof,  coll.,  .loigny. 
Decroix  (Mlle),   angl..   prof.   lyc.   Rouiu.    KJ,   r.   Route-N'ciivc    Mont- 

St-Aignan    (S.-Inf.). 
Dedde  (Mlle),  angl..  prof.  lyc.  j.  f.,  (uiéret   (Creuse). 
Dedieitx  (Suz.)    (Mme),   Cherves-Chatclars   (Charente). 
Deflers.  ail.,  prof,  coll.,  9,  r.  de  la  Préfecture,  Lisieux. 
Deçilnire,   prof.   lyc.   Cherbourg   (Manche). 
Déqniau,  ail.,  ])rof.  gymn.,  Sarregucmines. 

Degré,  angl.,  prof.  coll.  Diderot,  1,  r.  Boivin,  Langres  (Tlte-Marne). 
Delany  (Mark),  angl.,  prof.  lyc.   1.').'),  r.  de   IWlma,  Tours. 
Deldttre  (Florisi,  angl.  prof,  fac  d.  Leit.,  28,  r.  Gambetta,  Loos-les- 

Lille  (N'ord). 
Deldodud,  prof,  éc  pral.  com..  29,  r.  (uiilleniarc.  Le   .Mans  (.Sarthe). 
Delcros   (Mlle),   |)r()f.   lyc  j.   t..    Agen. 
Delnidst.  prof,  lyc.  Av.  de   Paris;  Tulle. 


ANNLAIHE    DE    l'aSSOCIATION  341 

Dclmas,  ail.,  prof,  coll.,  14  r.  de  Brchat,  Morlaix  (Finistère). 

Delobel,  ail.,  proviseur  du  lycée  de  Rochefort. 

Delpij,  esp.,  prof,  lycée  Bayonne,  6,  rue  (^hamp-Lacaiiibc,  Biarritz. 

Deniiiud,  ail.,  prof,  lyc,  38,  cours  Fauriel,  St-Etiennc  (Loire). 

Demeaux,  esp.,  prof,  lyc,  Albi. 

Demmer  (Mlle),   ail.,   prof.   lyc.   Victor-Uuruy,    7,    r.   (A'sar-Franck, 

Paris,  15'. 
Demolon,  angl.,  prof.  lyc.  Voltaire,  Paris. 
Deniniolle,  prof,  lyc,   1,  r.  des  Marmousets,   Nevers. 
Denis  (Paul),  angl.,   principal  collège,  Valognes  (Manche). 
Denis  (J.),  ail.,  prof,  lyc  Ampère,  58^,  cours  d'Herbonville,  Lyon. 
Denis   (Mile),   prof.   coll.  j.   f.,    15,   bd    St-Michel,   VilIeneuve-s.-Lot. 
Denjan,  esp.,  prof.  lyc.  Condorcet,   Paris. 
Deny,  prof,  de  turc,  Ec.  lang.  Or.,  rue  de  Lille,  Paris,  7". 
Deqiiaire,   angl.,   prof.   lyc.   Voltaire,   Paris,    11'. 
Derocquiijny,  angl.,  prof,   fac  de   lettr.   Univ.  de   Lille. 
Desanslis,    ail.,    prof,    lyc,    Chaumont. 

Desants  (Mlle),   ital.,   prof.  .déi.   lyc   Edgar-Quinet,   Bourg. 
Desbiof,  prof.   E.   P.   S.,   Caen. 
Desclos-Aiiricoste,  angl.,  prof,  lyc  Condorcet,  9,  r.  du  Val-de-Gràce, 

Paris  5*. 
Descouchant  (Mlle),  angl.,  prof.  coll.  j.  f.,  La  Châtre. 
Desesbats,  ail.,  prof,  lyc,  Périgueux. 
Desfeuilles,  ail.,  prof,  lycée  Voltaire. 
Desmis,  angl.,  prof.  E.  P.  S.,  Landrecies  (Nord), 
Despont,  bl,  bd.  Gambetta,  .Albi. 

Desport  (Mlle),   angl.,  prof.  E.  P.   S.,   Pontlevoy   (Loir-et-Cher). 
Desrosier,  prof,  col.,  29,  r.  .Antoine-Masson,  .\uxonne   (Côte-d'Or), 
Dessagnes,   angl.,   prof,  lyc   Louis-le-Grand,   7,   Route   des   Sablons, 

Sceaux   (Seine). 
Desimux  (G.)  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  Gap. 
Desuignes,    alL,    prof.   coll.    Vic-en-Bigorre    (Htes-Pyrénées). 
Devaux,  angl.,  prof,  coll..  Vire  (Calvados). 
Devigne,  ail.,  Ec  .l.-B.  Say,  11   bis,  r.  d'Auteuil,  Paris,   16-. 
Devin,  angl.,   prof,   lyc,   Longuenesse,   Saint-Omer  (Pas-de-Calais). 
Dézert,  angl.,  prof,  lyc,  Chambéry. 

Dibie,  lang.  mér..  Maison  de  la  Presse,  3,  r.  François-1"'',  Paris. 
Didelot,  ail.,  prof,  coll.,  Commercy  (Meuse). 
Diebold,  prof,  gymn.,  Wissembourg  (Bas-Rhin). 

Digeon,  angl.,  prof.  lyc.  Condorcet,  51,  r.  du  Mont-Cenis,  Paris,  18«. 
Digoit,  ail.,  prof,  coll.,  1  bis,  r.  Notre-Dame,  Vcrneuil-s.-.\vre  (Eure). 
Dir.  des  C.  S.  de  français.  Trêves  (.Allemagne  occupée). 
Mme  la  Directrice  du  lyc.  j.  f.,  rue  Orget,  Tours  (l.-et-L.). 
Dispan   de  Floran,   angl.,   prof,    au    lyc.    Lakanal,    Bourg-la-Reine 

(Seine). 
Dodanthum,  angl.,  prof,  lyc,  1,  r.  des  Récollets,  Nevers. 
Dole  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  68,  r.  Nationale,  Pontivy  (Morbihan). 

24. 


342  LES   LANGUES    MODERNES 

IJollé,  angl.,  prof.  E.  N.  d'inst.,  Pau  (Basses-Pyrénées). 

Doiitenville,   ail.,   prof,   lyc,   6,   r.   St-Thomas-d'Aquin,   Avignon. 

Dosmond  (Mlle),  angl.,  prof.  lyc.  j.  f.,  Nancy. 

Doyen,  8,  rue  de  la  Cécile,  Valence  (Drôme). 

Doiiady,  angl.,  prof.  fac.  d.  lett.,   18,  bd  du  Lycée,  Lyon. 

Douadg  (Mme),  angl.,  prof.  lyc.  j.  f.,  Lyon. 

Doiissant  (Mlle),  angl.,  prof.  coll.  j.  f.,  Troyes. 

Dresch,  ail.,  prof.  fac.  d.  lettr.,   19,  r.  de  Strasbourg,  Bordeaux. 

Dreyfus  (L.),  prof.  lyc.   Kléber,   Strasbourg. 

Dreyfus  (J.),  prof.  lyc.  Kléber,  Strasbourg. 

Dreyfus,  ail.,  prof,  lyc,  6,   pi.  du  Jura,  Besançon. 

Droin,  ail.,  prof.  lyc.  Buffon,  24,  r.  du  Regard,  Paris,  6'. 

Drouin,  ail.,  prof.  Ij'c,  Vesoul. 

Druesne,  prof.  lyc.   Biaise-Pascal,    Cl.-Ferrand,    villa    des    Cèdres, 

avenue  du  Puy-de-Dôme,   Royat. 
Dubois,  esp.,  prof,   lyc,   Toulouse. 
Dubos,   angl.,   prof,   lyc,   8,   r.   Diaz,   Bordeaux. 
Dubourg,  ail.,  prof,  lyc,  18,  r.  Diderot,  Agen  (L.-et-G.). 
Dubreuil,  ail.,  prof,  col.,  11,  r.  le  Féron,  Compiègne. 
Miss  Soeiia  Dubrule,  15,  Bradford  Street,  Lawrena  (Mass.),  V.  S.  A. 
Duc,   prof,  de   lang.  viv.,   à  Tananarive   (Madagascar). 
Duc  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  Evreux  (Eure). 
Duchdtelle,  ail.,  prof,  coll..  Salins  (Jura). 
Ducheniin,  angl.,  prof.  Ecol.  Com.,  Ec.  Sup.  prat.  de  Com.  et  d'Ind., 

éc  Colbert,  15,  r.  du  Delta,  Paris,  9'. 
Duchemin,  angl.,  prof.  lyc.  Voltaire,  Paris. 
Ducos,   ail.,   prof.  coll.  de   Schlestadt. 
Dudin,  prof.  lyc.  Rochefort. 

Dufrénois,  angl.,  prof,  lyc.   Impasse  Petit,  Evreux. 
Duisit,  angl.,  prof.  lyc.  du  Parc,  Lyon. 

Dumarchat,   ail.,   prof,   coll.,   r.   Montaigne.   81,    Libourne    (Gironde). 
Dupifts,  ail.,  prof.  coll..  \'ienne  (Isère). 

Duméril,  angl.,   prof,  fac   d.   lett.  80,  r.  Montaudran,   Toulouse. 
Duméril  (Fldm.),  prof.  ch.  de  cours,  Poitiers  (Vienne). 
Dumont,  angl.,   prof.  lyc.  Ampère,   145,  av.   de   Saxe,  Lyon. 
Duncan   (Jos.-B.),   .Acting   Sec.   of.   Pub.    Instruction,    Panama     City, 

iiép.  de  Panama. 
Duncan  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  Grenoble. 

Duplenne,    angl.,    prof,   coll.,   9,    r.    St-Pierre,    Cholet    (M.-et-L.). 
Dupont  (Mme),  50,  r.  St-Brice  (Chartres). 
Dupoutz   (Mlle),    73,   r.   du   Cardinal-Lemoine,   Paris,   8'. 
Dupré,  angl.,  prof,  lyc  Montaigne,  164,  r.  de  Vaugirard,  Paris,  15*. 
Duprê  (Mme),   angl.,   prof,   lyc   \'ictor-I)iiruy,    164,   r.   de   Vaugirard, 

Paris.   15«. 
Dupuy  (Mlle)  ail.,  prof.  lyc.  j.  f.,  27,  passage  St-Yves.  Nantes. 
Durand,  al!.,  prof,  coll.,   Millau   (.\veyron). 
Durand  (MIUm,   ital.,   7,   r.   Muiron-.Mourillon,   Toulon. 


ANNUAIRE   DE   i/aSSOCIATION  313 

Durand,  prof.  10,  qniii  du  .Midi,  Tournus  (S.-et-L.). 

Durand  (H.)   (Mlle),  i\ng\.,  piof.  E.  N.  j.  f.,   11,  bd  Bellc-Isle,  Rodez 

(Aveyron). 
Duraud,  ail.,  prof,  lyc,  Toulouse. 

Durif  (Mme),  prof,  E.  P.  S.  j.  f.,  13,  r.  Ganibetta,  St-Etienne  (Loire). 
Duoergé,  angl.,  prof.  lye.  Michelet,  26,  r.  de  Solfcrino,  Vanves  (S.). 


Kasl,  (Mlle),  i)rof.  angl.  E.  P.  S.  j.  f.,  6,  rue  Vélane,  Toulouse. 

lihrhardt,  prof,  à  la  Fac.  lettres  de  l'Univ.  de  Lyon. 

Ehrhardt,   prof,   lyeée   Kléber,  Strasbourg. 

hngel    (E.)    (Mlle),    prof.    coll.    j.    f.,    8,    parvis    de    l'Evèché,    St-Dié 

(Vosges). 
Estihotl»,  prof.  Ec.  norm.  Inst.,  Perpignan  (Pyr.-Orient.). 
Escarti,   prof,   lyc,   Toulouse. 
Euget,  princ.   coll.,   Etampes   (S.-et-O.). 
Evrard  (Mlle),  32,  bd  Montparnasse,  Paris. 
Ex-brayat  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.,  9,  r.  Diderot,  Tours. 


Fabre,  E.  P.  S.,  Aix-en-Provence. 

Fubre,  prof,  lyc.  Douai. 

Fabre,  prof,  lyc,   Fort-de-France. 

Fa  fin  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  17,  bd  Landais,  Vitré  (IlIe-et-Vilaine). 

Fanières,  prof,  d'angl.  lyc,  Versailles. 

Farenc  (Mlle),   prof.   coll.  j.   f.,   Cahors   (Lot). 

Farsat,  prof,  lyc,  Bastia. 

Faucon-Dumont  (A.)  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  Quimperlé. 

Faure  (Abbé),  prof.  E.  N.  Dame,  Guéret  (Creuse). 

Faure    (L.-J.-Désiré),    prof,    coll.,    Villefranche-sur-Saône    (Rhône). 

Favre,  prof,  lyc,   65,   rue  d'Allier,   Moulins   (Allier). 

Ferdinand  (Roger),  prof.  angl.  coll.,  Châlons-sur-Marne. 

Féret,  prof.  E.  P.  S.,  35,  bd  du  Sud,  Louviers. 

Ferlin,  prof,  lyc  Carnot,  Villa   des  Genêts,   Maxala-Radès  (Tunis). 

Ferron,  prof,  lyc,  16,  Cours  du  Chapitre,  Marseille. 

Feuillat  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f..  Calais. 

Feuillerat,  prof,  de  litt.  angl.  Fac.  Let.,  81,  bd  de  Metz,  Rennes. 

Fèvre  (Mme),   15,   r.   Philibert   de  la   Mare,   Dijon. 

Fisher  (Charlotte)   (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,   30,  quai  Michelet.    Cha- 

lon-s.-Saône. 
Fisher,  prof,   lyc   de   Talence,   Bordeaux. 
Flaire,  prof.  E.  J.-B.-Say,  Villa  Blanche-Marguerite,   16,  r.  Durand- 

Benech,    Fontenay-aux-Roses    (Seine). 
Fleur  (A.),  coll.,  11,  r.  des  Vierges,  Vannes. 
Fleurant,  prof,  lyc  Carnot,  14,  r.  Labié,  Paris,   17". 
Foot  (Lionel-R.),   prof.,   8,  r.  Talay,   St-Etienne. 


344  I^ES    LANGUES    MODERNES 

Forget   (E.),    Inst.   secr.   gên.,    Fédér.   des   Ane.  combat,    de   TE.   P., 

108,  r.  de  Patay,  Paris,  13\ 
Forné,  lyc.  de  Monaco. 
Foucault,  prof,  coll.,  Melle  (Deux-Sèvres). 
Fouret,  prof.  lyc.  Janson,  7,  r.  Troyon,  Paris,  1". 
Fouret,   prof,   lyc,  Troyes. 

Fourgeaud,  prof,  lyc,   33,   r.  de   la   Mairie,   La   Roche-s.-Yon. 
Fourneau  (Mlle),  inst.,  Ecole  Petit-Mortier,  Steenwerck  (Nord). 
Fournery  (G.),  prof.  lyc.  Lonis-le-Grand,  Ifi,  r.  d'Ouessant,  Paris,  15'. 
Fournier,   E.  P.   S.,   Cannes. 
Fournier,  prof,  lyc,  Charleville. 
Fraîche,  prof.  E.  P.  S.,  Talence,  Gironde. 
Français,  prof,  lyc,  16,  av,  de  la  République,  Laon. 
France,  prof.  E.  P.  S.,  Valenciennes 
Franzini,  prof,  lyc,  Bastia. 
Frappier,  prof,   coll.,   Civray   (Vienne). 
Frédric  (A.),   prof.   E.  P.   S.,  Lorient   (Morbihan). 
Frehse   (A.)    (Mlle),   prof.   lyc.   Ed.-Quinet,   r.    de    la     Gendarmerie, 

Bel-Air,    Bourg    (Ain). 
Fremin,   prof,  coll.,   47,   av.  Victor-Hugo,    Saumur. 
FreytaU,  prof.  E.  N.  Inst.,  rue  Molitor,  Paris  16'. 
Fuller  (Esq")   Holborn  Estate,  Grammar  School,  Aldwych,  London 

W,  C.2. 


Gabriel,  prof,  coll.,  Lunéville. 

Gachet  (J.)  (Mlle),  5,  Aima  Ter.,  Allen  St.,  Kensinglon,  London,  W. 

Gagnot  (Mlle),  prof.  lyc.  V.-Duruy,  8,  ç.  Pétel,  Paris,  15^ 

Gaillard,  prof,  coll.,  Epinal. 

Gai  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.,  31,  r.  Marcel-Jambon,  Barbézieux. 

Galibert,  prof.  E.  P.  S.,  Toulouse. 

Galla  (M.-G.),   Instituto  Tecnico  Tusinieri,  Vicenza   (Italie). 

Gallant   (Mlle),   1,   r.  Prée  d'Allemagne,   Angers, 

Gailand,  12,  r.  Montalembert,  Limoges. 

Gallas,  R.   R.,  Palestrinastraat,   7,   Amsterdam, 

Galouije,   12,   rue   Marivaux,   Perpignan   (P.-O.), 

Gallot,  prof.   E.   P.   S.,   Mayenne   (Sarthe). 

Gambier,  prof,  au  lycée,  12,  r.  Rivière,  Constantine  (.\lgérie). 

Garcin  (M.-A.),  prof.  E.  P.  S.,  Riez  (Bas. -Alpes). 

Garçon,   Inspecteur  d'académie.  Tulle. 

Garde,  délégué  E.  P,  S,,  Pléaux   (Cantal). 

Garnier,  prof.  lyc.  du  Parc,  Lyon, 

Garnier    (Ch,-M.),    prof,    lycées    Henri-lV,    Condorcet    et    Louis-!c- 

Grand,  41,  r.  Gay-Lussac,  Paris,  6'. 
Ga/ica,  Escuela   Profesional  de  (voniercio,   Valencia   (Espagne^. 
Gasne   (M.-A.),   prof,   au    lyc,   12,   bd    de    Strasi)ourg,  Toulon   (V'ar). 


AXMAIHE    I)K    l'association  3-IÔ 

Gdssiin,   piof.   lyc,  Tarbes  (Htes-Pyrcnées). 

Gaucher  (Mme),  prof.  lyc.  j.  f.,  St-Etienne  (Loire). 

Gandin,  prof,  coll.,   Saulieu  (Côtes-d'Or). 

Gandin  (Haoul),  prof,  lyc,  63,  r.  Comt  Arnould,  Bordeaux. 

Gaalherot,    Ec.    Prat.,    25,    r.    Clemenceau,    Montbcliard    (Doubs;. 

Gédéon,  prof,  lyc,  Poitiers. 

Gchcndcz-nenis  (Mmei.  cours  secon..  r.  du  Poiit-Châtel,  .Moiitbéliard. 

Geismar,  prof,  lyc,  Limoges. 

Gcneoois,   prof,   lyc,   332,   bd   de   Talencc    Bordeaux. 

Genévrier,  68,  r.  Claude-Thion.  Tours. 

Georg   (Mlle),  prof.   E.   N.,   Lons-le-Sauliiier. 

Gérardin  (M.-P.),  prof,  coll.,  .\bbeville  (Somme'. 

Giacomoni,   prof,    lyc,   Toulon. 

Gihelin    (J.),  prof,  lyc,  47,  r.  de  l'.Abattoir,  Nîmes. 

Gidou-Xetter  (Mme),   prof.   coll.  j.   f.,   28,   r.   de    l'.Arquette,   (hien. 

Gilard  (M.)   (Mlle),  prof,  lyc  j.  f.,  38,  r.  de  Suez,  Marseille. 

Gillet,    prof,   coll.,   Chalon-s.-Saône    (Saône-et-Loire). 

Gillon,  prof,  angl.,  lycée  (^irnot,  Dijon. 

Girard  (Mlle),  prof  lyc  j.  f.,  Lyon. 

Girctrd  (Lucien),  prof,  lyc,  15,  bd  Volncy,  Rennes, 

Girardot  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.,  9.  r.  de  Besançon,   Gray   (Doubs). 

Girolanii,  prof,  lyc,  Bastia. 

Girot,   prof,  honor.,    13,   place   de   Téglise,    Dieuze   (Moselle). 

Gobert,  prof,  coll.,  Mirecourt. 

Godart  (.\.),  prof.  lyc.  Condorcet,  121,  r.  Caulaincourt.  Paris.  18'. 

Godillon  (Mme),  prof.  E.  P.  S,  j.  f.,  46,  r.  La  Trauchie,   Poitiers. 

Goestchy,  prof.  lyc.  Michelet,  54,  bd  de  Vaugirard,   Paris,   15*. 

Goisey  (Mlle),  prof,  coll.,  Dreux. 

Goll,  prof,  lyc,  24  bis,  av.  Villarceau,  Besançon. 

Gondry,  prof,  coll.,  3,  r.  Grigny,  Arras  (Pas-de-Calais). 

Gorce  (J.),  prof.  E.  N.,  32,  cours  Grandval,   Ajaccio. 

Goret,  P.  E.  P.  S.,  18,  av.  Espeleta,  Talencc  Bordeaux. 

Goiirio,  prof.  angl.  lyc.  Montaigne,  29,  r.  des  Volontaires,  Paris,  15'. 

Goiitay,  prof,  lyc.  Le  Puy. 

Goy,  prof.  E.  J.-B.  Say,  Bureau  des  Rens.  à  la  Sorbonne,  Paris,  ô". 

Goiix,  prof.  lyc.  du  Parc,  Lyon. 

Granet  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  St-Maixent  (Deux-Sèvres). 

Grandgeorge,  prof.  lyc.  Henri-IV,  23,  r.   Clovis,   Paris,  5*. 

Grange,   prof.   E.   N.,   Bouneville   (Hte-Savoie). 

Granger,  prof.  Ij'c,  28,  r.  du  Japon,  Toulouse. 

Grémillet  (J.i,   prof,  coll..   Bruyères,  Vosges. 

Grémilly,  collège  Gouraud,  Rabat  (Maroc». 

Gressard,   chargé   de   cours   au   lyc,   47,   r.   St-Martin,  Vesoul. 

Gricourt,  prof,  d'anglais,  coll.  Chaptal,  23,  r.  Viète,  Paris,  11''. 

Griffon  (C),  prof.  lyc.  28,  r.  de  Puebla,  Lille. 

Griijet,  prof.  Ec.  N.  Inst.,  27  r.  Cavenne,  Lyon. 

Gromaire  (G.),  prof.  lyc.  Buffon,   189,  r.  de  Vaugirard,   Paris,   15'. 


346  LES   LANGUES    MODERNES 

Guelin,  prof.  Annexe  de  l'Av.  de  Saxe,  Lyon. 
Giiennebaud,  prof,  d'anglais,  lyc,  St-Bricuc. 
Giiérin,  prof,  lyc,  Chartres. 

Giiéritot  (Mme),  prof.  lyc.  Jules-Ferry,  5,  r.  Caveiulisli,  Paris,  19". 
Gugenheim   (Mlle),   9,   Corso   Plebisciti,    Milan   (Italie). 
Giiibillon,  prof.  angl.  lyc,  60,  r.  de  Guebwiller,  Mulhouse  (Ht-Khim. 
Guichard,  prof,  d'italien,  lyc,  Marseille. 
Giiien    (J.),    Dir.    E.    P.    S.,    S.t-Jean-dc-Maurieuue. 
Giiillain,   prof,  lyc,   Monaco. 

Ciiillaiime,  prof,  d'anglais,  lyc,  17,  r.  Sleidan,  Strasbourg. 
Guillois  (Mme),  prof.,  Marmande  (Lot-et-Garonne). 
Guillon  (Mlle),  prof.  lyc.  Victor-Hugo,  70,  Grande-Rue,  Besançon. 
Guillotel,  prof.   lyc.   Charlemagne,   104,  r.   d'Assas,   Paris,   6*. 
Giiimiot,  prof.  ail.  grand  lyc,  Marseille.  , 

Guinaudeaii,  prof,  lyc,  16,  r.  de   Soissons,  Bordeaux.  j 

Guinet   (A.),   prof,   coll..  Cognac  j 

Giiittard  (Mlle),  E.  P.  S.  j.  f.,  Limoux.  | 

Guy,  prof.  E.  N.,  Poitiers.  \ 

Giiyot,  maître  de  conf.,  1,  bd  Montmorency,  Paris,  16'.  ' 

Guzman    (Gustavo),    prof,      del    Colegio      Racional,      Buenos-Aircs 
(Rép.  Argentine). 

H 

Hagen,  prof,  lyc,  Alger. 

Hninzelin,   E.  P.   S.,   Lunéville. 

d'Hangest,  prof,  d'anglais,  Condorcet,  117,  bd  Exelmans,  Paris,   16^ 

Haniez  (Mlle),  prof.  10,  r.  Ferdinand-Fabre,  Paris,  15''. 

Hanneton,   prof,  coll.,   21,   r.   Quintaine,   Montargis. 

Hunss,   prof,   h'c   Rollin,   23,   r.   Lamartine,   Paris,   9*. 

Hantz  (Ch.),  prof.  Ij'c.  Charlemagne,   4,  r.   Laferrière,   Paris,  9\ 

Hartenstein   (Mlle),   prof.   E.   P.    S.  j.   f.,   Wissembourg   (Bas-Rhin). 

Hébert  (Mme),  prof,  d'anglais,  Ijc,  3,  r.  du-  Tech,  Bordeaux. 

Heldt    (M.),  prof,  lyc,  Cahors  (Lot). 

Hélias,  prof.  lyc.   St-Charles,  Marseille, 

Heller  (J.),  prof,  lyc.  Valence. 

Hénin  (B.-L.),  The   Stuyvesant,  High   School,  345,  East,  15'"  Street, 

New-York. 
Henry,  prof,  d'anglais  lyc,  78,  r.  de  Rennes,  Nantes. 
Herbert,  prof,  école  des  Htes-Et.  Corn,,  48,  r.  du  G'   Foy,  Paris,  8'. 
Herbin  (Mme),  prof.  coll.  j.  f..  Cambrai. 
Hérisson,  prof,  coll.,  Valcnciennes  (Nord). 
Herpe,   prof.   E.   P.   S.,   Carhaix. 
Herzog,   prof,   lyc,   Chambcry   (Savoie). 
Hesnard,    prof.    lyc.    Charlemagne,    Paris. 
Hesse,   |)rof.   lyc,   r.   de   Montreville,  Nancy. 
Miss  Heywang,   1,   rue   Constantine,  Lyon  (Rhône). 


ANNTAiiu-:  i)K  l'association  347 

mileret,  prof.  lyc.  Henri-IV,   10,  r.  Lagrangc,  Paris,  5*. 

Hirsch  (S.),  prof,  lyc,  27,  bd  Thiers,  Dijon. 

Hirsch-Weiger  (Mme),  E.  P.  S.,  2,  rue  Fabvier,  Pt)nt-à-.Moussoii. 

Hirtz   (Gaston),   prof,   lyc,    19,   r.   St-Vincent-de-Paul,   Paris,    10«. 

Hirl:  (Georges),  prof,  coll.,  3,  r.  Thiers,  Pontoise  (Oise). 

fificqiKird,  prof,  lycée,  1,  rue  Tcte-d'Or,  Metz. 

IhvUimjer,  délég.  E.  P.  S.,  g.,  23,  r.  Stasnilas,  Nancy. 

Homps,   prof,  coll.,   St-Germain-en-Layc   (S.-et-O.). 

Honoré,  prof,  lyc,  24,  r.  Emmanuel-Chabricr,  Glermont-Ferrand. 

Honoré  (Mme»,  prof,  d'anglais,  lyc.  de  j.  f.,  Clcrniont-Ferrand. 

HorlaoiHe,  prof,  coll.,  .Auxerre  (Yonne). 

Hovelaque,  insp.  génér.  de  l'Université,  9,  r.  Eniile-.\ugier,  16'. 

HoDclaqiie,  prof,  d'anglais,  lyc.  Lakanal,  128,  r.  Houdan,  Sceaux. 

Hiichon,  maître  de  conf.  à  la   Sorbonne,   19,  r.  Rémilly,   Versailles. 

Hiwt  (Mme),   prof.   E.   P.   S.  de   Gondécourt,   12,   r.   de   Douai,   Lille. 

HiKjon  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,   13,   av.  de   la  Gare,  Chalon-s.-Saône. 

Hiiot-Sordnt  (Mme),   prof.   coll.   j.   f..   Villa    les   Cigales,   bd    St-I\uf, 

Avignon. 
Husson   (Mllei,   prof.   E.   P.   S.,   Salins   (..Juraj. 


Iniberl  (Louis),   prof.  lyc.  g.  ail.,  Niort. 

Institut  philologique   germanique.   Université   de   Strasbourg. 

Isselé,  prof.  lyc.  g.  ail.,  Orléans. 


Jacquard,   prof.   coll.   g.,   Epernay   (Marne). 

Jacquinet  (Mlle),  34,  r.  Madame,  Paris,  6% 

Jalabert,  prof.  lyc.  g.  ail.,  Quimper. 

Jalras,  prof.  Ij'c.  g.  ail.,  Pau. 

Jamin,  prof,  à  l'Ecole  Lavoisier,  angl.,  76  bis,  r.  des  S.-Pères,  Paris. 

Jaiibert,   prof,   lyc   g.,   Marseille. 

Jamin  (Mlle*,  prof,  lycée  Fénelon,  Lille. 

Jeandet  (Mlle),  2,  av.  de  la  Gare,  Beaune  (Côte-d'Or). 

JeanneUe,   prof,   d'anglais,  Ijcée   Fustel   de   Coulanges,   Strasbourg. 

Jobard  (E.)    (Mme)    prof.  lyc.  j.  f.,   angl.,   56   bis,    aven,    de    Paris, 

Versailles. 
Joffrog,    prof,    ail.,    lyc.     Voltaire,    101,     aven,     de    la     République, 

Paris,  11". 
JoUivet,  prof,  d'ail,  à  la  Faculté  des  Lettres,  Alger. 
Joussaume,  prof.  lyc.  g.  angl.,  10,  r.  du  D''  Guignard,   Angers. 
Jiibien,  prof.  lyc.  g.  angl.,  18,  r.  Clambauchet,  Niort  (Deux-Sèvres). 
Jung  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  Remiremont  (Vosges). 


348  LES   LANGUES    MODERNES 


Kdblê  (Mlle),   prof.  coll.  j.  L,   Haguenau   (Bas-Rhin). 

Kahii  (Mme),  prof.  lyc.  j.  f.,  24,  r.  Magenta,  Versailles. 

Kancellary,   prof.  lyc.  g.   ail.,   Toulouse. 

Kayser,    direct,    de    Tinstit.     Kayser-Charavay,     3,     av.     Moiitespan, 

Paris,  16^ 
Kegreiss  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  quai   du   Fossé,   Mulhouse. 
King  (M.- M.)   (Miss),  Benbury  Municipal  School,  Oxon  (Angleterre). 
Klein  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  ail.,  Epernaj'  (Marne). 
Koessler,  prof,  ail.,  au  lycée  Janson  de  Sailly,  Paris,  chez  M.  Veil- 

let-Lavallée,  2,  r.  Mizon,  IS"". 
Kosziil,  prof.  litt.  angl.  à  l'Université,   14,  r.   Fischart,   Strasbourg. 
Kouhihallitiis,   Rotakatu,   2,   Helsingfors   (Finlande). 
Krause,  Jamaica   High   School,   Jamaica,   New- York,   E.   U.   A. 
Kray,  prof.  lyc.  Kléber,  fg  de  Pierre,  611,  Strasbourg. 
Kremer,  prof.  lyc.  g.  ail.,  23,  r.  du  Bastion,  Nancy. 
Kron  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  ail.,  Commercy  (Meuse). 
Kûhii,    prof,   d'anglais    Ec.   Sup.   des   Postes   et  Télégr.,    angl.,   62, 

bd  Exelmans,  Paris. 
Kiintz,  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  Illiers  (Eure-et-Loir). 


Lcibeyrie,  prof.  coll.  g.,   Parthenay   (Deux-Sèvres). 

Laborde,  prof.  hc.  g.,  angl.,  Angoulème. 

Lacom.be  (Mlle),  prof,  ail.,  2,  r.  Bellegardc,  Toulouse. 

Lacoste  (Mme),  prof.  E.  P.  S.  f.,  angl.,  Guingamp  (Côtes-du-Xord). 

Lacrouze  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  Talence  (Gironde). 

Ladrière  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  ail.,  Sedan  (Ardennes). 

Lafon  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f..  Cette. 

Lagarde,  prof,  lyc,  g.,   angl.,   Agen   (Lot-et-Garonne). 

Lahigûe,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Villa  Santiago,  Bayonne  (Basscs-Pyr.). 

Lalande  (Mme),   prof.  coll.  j.  f.,   angl.,   52,  r.  des    Brebis,    Morlaix 

(Finistère). 
Lallay,  prof.  E,  P.  S.  g.,  angl.,  St-Lconard  (Hte-Viennc). 
Laloii  (Mme),  prof,  lyc,  6,  r.  de  Seine,  Paris,  6'. 
Lalou,  prof,  angl.,  lyc.  Lakanal,  Sceaux  (Seine). 
Lamar,   prof,   lyc,   F'élix-Faure,   Bcauvais, 

Lamarche,  prof.,  Ec.  Réale  super.,  r.  Maréchal-Foch,   Strasbourg. 
Lamorlclte  (Mlle),  prof.  lyc.  Fénelon,  Lille. 
Landre,   j)rof.   lyc  g.,  ail.,  Quimper.  i 

Landii,  prof.  E.  P.  S,  g.,  angl.,   St-Gaultier  Undre).  ' 

Ldiujevin,   prof,  à   l'Ec.   Golbert,   ail.,   27,   r.   C.hàteau-Landon,   Paris. 
LaïKjluis,  prof,  lyc  g.,  22,  r.   Ste-Claire,   Clermont-F"errand. 
Latines,  prof.  coll.  g.,  ail.,  Libourne'  (Gironde). 

Lapalus,  prof.  coll.  g.,  ail.,  7,  r.  Vivant-Gandin,  Beaune  (Côte-d'Or). 
Larab  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  Mascara  (Oran). 


ANM'AIRK    DK    l'ASSOC.JATION  340 

Larrii'icre,   j)r()f.    Kc.   norni.    inst.,   csp.,    Dax   (Landes). 
Laroche,  156,  Callc  Hiienos-Aires,  Paraïui   (l\c-p.  Arfjeiitinei. 
I.arwiU     (l'.-H.),     90.     Kenyonc     (lollcgc,      Ganibits,      Kiioxl,     Ohio 

(IJ.  l-'.  A.). 
I.uscmix,  |)r<)f.  coll.  g.,  ail.,  La  Chaire  (.Indre). 
Ldssiillc    (l'jibbé),     prof,    à     l'école     N.-D.     de     Bétha-rani,     Lestelle 

(liasses- Pyrénées). 
L(tt(ippii    (Mlle),    prof,    angi.,    lyc.    Féiiclon,    4;$,    r.    Claude-Bernard, 

Paris. 
Ijiuneij,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  Bourges  (Cher). 
Laiiraine  (Mlle),  stagiaire  à  FKcole  Schhitlifeld,  21,  lue   Kathgeber, 

Strasbourg-Neudorf. 
Laiirens,  prof.  lyc.  g.,  10.   place  St-I)idier,   Avignon. 
Laurent,  prof.  E.  P.  S.  g.,  Cadillac  (Gironde). 
Laureni,   \n-uL  coll.   g.,   ail.,   3,   quai    de   Nau,   Châlons-s.-Marnc. 
Launrière,  prof,  angl.,  lyc.  Louis-lc-Grand,  26,  a\'.  Duqucsne,  Paris. 
Laval,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Angers. 
Lananlt,   proviseur,   lycée   de   Moulins. 
Laoertujon  (Mlle),  esp.,  prof.  lyc.  j.  f.,  Bordeaux. 
Le  Blanc,  instituteur  E.  P.  S.,  route  d'.Anduze,  Alais  (Gard). 
Lébralg,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  11,  r.  Victor-Hugo,  Clerxnont-Ferrand. 
Leco,   prof,   coll.   g.,   ital.,   Draguignan   (Var). 
Lechner,  prof.  E.  P.  S.  g.,  Toul  (M.-et-M.). 

Lecigne,  prof.  coll.   g.,   ail.  et   angl.,   17,   allée   St-Roch,   Cambrai. 
Leclère,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Bar-le-Duc. 
Leciujer,  prof,  coll.,  Saint-Maixent,  (Deux-Sèvres). 
Ledoiix  (Mlle),  prof,  angl.,  lyc.  V.-Duruy,  30,  r.  Chevert,  Paris,  7^ 
Le  Forestier,  prof,  ail.,  Ec.  Arago,  4,  r.  d'Arpajon,  Versailles. 
Legénisel    (Mme),    prof,    angl.,    Ec.     Sophie-Germain,     22,     pi.     des 

Vosges,  Paris  4''. 
Le  Goff,  prof.  lyc.  g.,  Toulon. 

Legouis  (E.),  prof.  angl.  à  la  Sorbonne,  128,  av.  E.-Zola,  Paris,  15'. 
Legouis  (P.),  prof,  d'anglais,  lyc.  .Ampère,  43,  r.  de  Sèze,  Lyon. 
Legouis  (Mlle),  prof,  d'anglais,  Ij'c.  j.  f.,  Mulhouse. 
Legras,  prof.  ail.  à  l'I^niversité,  26,  r.  du  Château,  Dijon. 
Lelong,   prof.  coll.   Henri-lV,   ail.,    14,    bd   de    Strasbourg,    Béziers 

(Hérault). 
Lemazurier,  inst.  adj.,  E.  P.  S.  g.,  Bourganeuf  (Creuse). 
Lemoine,  prof.  coll.  g.,  alL,  Ste-Menehould  (Marne). 
Lenionnier,  prof,  angl..  Lycée   Rollin,   Paris. 
Lengaigne,   prof,   adj.,   lyc.  g.,   Lille. 

Lepape,  prof,  ail.,  coll.  Chaptal,  17,  av.  Gourgaud,  Paris   17*. 
Leroux,  prof,   d'ail.,  lyc.   Fustel   de  Coulanges,   31,  av.  de  la  Forêt 

Noire,  Strasbourg. 
Leroy  (Mme),  prof.  coll.  j.  f.,  ail.,  22,  r.  du  Ménin,  Toul. 
Leroy,  prof.  lyc.  g.,  angl.,   Châteauroux. 
Leschi  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  place  Guichard,  Lyon. 


350  LES    LANGUES    MODERNES 

Lt'stdiuj,  prof.  lyc.  g.,  angl.,   117,  r.  Sylvabelle,  Marseille. 

Le  Toiirneiiu,  prof.  lyc.  g.,  ail,,  Lorient. 

Liacos,   prof.,   13,   r.  Ipafrantis,   Salonique. 

Librairie  Ksiaznica  Polska,  rue  Nowy  Swiat,  7^9,  \'arsovie  (Pologne). 

Licbtenberger,   prof,    ail.,   à    la     Sorbonne,     172,    r.    de    la     Pompe, 

Paris,    16'. 
Lion,    sous-direct.,   Ec.   Professionnelle,   Clermont-Ferrand. 
Liron   (Mlle»,   prof.   lyc.  g.,   NMce. 

Lirondelle,    prof,   angl.,   à   l'Université,    2,   boul.   des    Ecoles,    Lille 
Lis,  prof.  coll.  g.,  angl..  Cambrai. 

Loiseau,  prof,  adj.,  ail.,  Fac.  des  Lettres,  7,  r.  du  Japon,  Toulouse. 
Loisel,    inspecteur   d'.^cadémie,   Aurillac. 
Longuevalle,  prof,  angl.,  12,  boul.  St-Germain,  Paris,  5'. 
Lorans,    prof,    gymnase,     angl.,     14,   r.   de      Lunéville,     Sarrebourg 

(Moselle). 
Lorgnes,  prof.  lyc.  g.,  2,  r,  Guiol,  Toulon. 
Lorilleux  (Mme),   prof,   angl.,   lyc.   Molière,   106,   av.   de    Versailles, 

Paris,   16'. 
Loiiry,  prof.  Ec.  nor.  inst.,   1,  r.   de   l'Yser,   Strasbourg. 

M 

Macary,  prof.  coll.  g.,  angl.,  r.  de  Brébisson,  Falaise. 

Macé  (J.)  (Mme),  prof.  E.  P.  S.,  f.,  ail.,  8,  r.  de  la  Clef  d'Or,  Epinal. 

Mady,  prof.  h'c.  Janson,  angl.,  52,  r.  Mozart,  t*aris,  16^ 

Magné  (M.)  (Mlle),  prof,  coll.  j.  f.,  angl.,  35,  r.  Fallu  de  la  Barrière, 
Saintes   (Ch.-lnférieure). 

Mahieu,  prof.  lyc.  Montaigne,  angl.,   18,  r.  Diderot,  Vanves  (Seine). 

Maillan,  prof,  lyc,  Toulon. 

Maillet,   prof.   lyc.   g.,   angl.,   Saint-Etienne. 

Mainguy,  prof.  lyc.  Victor-Duruy,   angl.,  Mont-de-Marsan  (Landes). 

Maison  du  livre  français,  4,  rue  Félibien,  Paris,  G'. 

Maître  (Mlle),  prof,  lyc.  Racine,  Paris  9'. 

Malaisée,   prof.  lyc.   g.,   ail.,   Evreux. 

Malard,  prof.  E.  P.  S.  g.,  Saint-Calais  (Sarthe). 

Malesset,  prof,  angl.,  ail.,   1,  quai   St-Nicolas,  Strasbourg  (B-Rbiii). 

Mallet  (H.),  prof.  lyc.  g.,  angl.,  19,  r.  Jcanne-d'Arc,  Le  Mans. 

Mallet-Goissedet  (Mme),  angl.,   19,  r.  .Teannc-d".\rc,  Le   Mans. 

Malye,   prof.  lyc.  Pasteur,  ail.,   136  bis,  av.  de  Ncuilly,   Paris. 

Mangeis  de  Bourguesdon,  .Association  des  Sténographes  Polyglot- 
tes, 30,  r.  de  Bourgogne,  Paris,  7^ 

Munsion,  20,  Sudbroke  Road,  London,  S.  W.,   12. 

Marcel  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  angl.,  22,  r.  du   Moustier,  Montauban. 

Marcel,  prof.  Prytanée  Militaire,  angl.,  La  Flèche. 

Marchand,  prof.  ail.  Ec.  .Arago,  56,  r.  du  Louvre,  \'iroflay  (S.-et-O.). 

Marchesson  (Mme),  prof.  E,  P.  S.  j.  f.,  Clermont-Ferrand,  6,  r. 
d'.Assas,    Chamalières    (P.-de-D.). 


ANNIAIHI-;  l)K  i/asso(;iati(»\  S'A 

Miiri'siiiu'lle,    prof.  lyc.   g.,   ail.,    109,    r.    Isahcy,    Namy. 

Marichi/  (Mlle),  prof.  lyc.  V'iclor-Duniy,  Paris. 

Marin,   |)r()f.  lyc.  g.,  csp.,   Auch   (Gers). 

Mitrlin,  prof.  lyc.  .lanson-de-Sailly,  ail..  1,  r.  lidmoiul-.Mjout,  l'aiis, 
1()'. 

Mitrlin,   prof.   K.   P.   S.   g.,   aiigl.,   Chatclleraiiit    (Vienne). 

Miirliii   (l'abbé),   école    St-Sigisbert,   Nancy. 

Martin,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  cours  Victor-Hugo,  Bordeaux. 

Martin    (Mme),   cours    Victor-Hugo,    Hordeaux. 

Massarl,   prof.  E.  P.  S.  g.,  angl.,   19,  r.  de  Gand,  Tourcoing. 

^î<ts.son,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  38  bd  Lamarck,   Bourges. 

Ma.'isoiil,   prof.  lyc.   Louis-le-Grand,   ail.,   3,    r.   Herschell,    Paris. 

Mathieu   (Mlle),   prof.   lyc.  j.   f.,   ail.,  Lyon. 

Mat^mann  (Mlle),  prof,  lyc,  j.  f.,  ail.,  8,  r.  d'.Alger,  Amiens. 

Maiirer,  prof.  lyc.  Kléber,  5,  r.  Louis-Appel,  Strasbourg. 

Maurice,  prof.  lyc.  g.,  angl..  Montée  des  Agrèves,  La  Mulatière, 
Saint-Elienne  (Loire). 

Mayran  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  angl.,  Toulouse. 

Maijrot,  prof.  coll.  g.,  ail.,  r.  des  Crêtes,  Thonon  (Hte-Savoie). 

Mazurat,  prof.  E.  P.  S.  g.,  ital.,  3,  quai   Mczin,  Chanibcry. 

Meadmore,  prof.  lyc.  Condorcet,  angl.,   39,   bd   Lcfebvre,   Paris,   15". 

Médard,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  place  Dombasle,  Nancj'. 

Mendez,  Directeur  E.  P.  S.,  Bagnol-s.-Cèze  (Gard). 

Mcrilhw,  prof.  coll.  g.,  Issoudun. 

Mérat,   prof.  Ij'c.  g.,   ail.,   Troyes. 

Mérimée,  prof.  fac.  Lettres,  Toulouse. 

Mérite,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  262,  route  de  Bayonne,  Bordeaux. 

Merle  (J.)    (Mlle),  Châlons-s.-Marne. 

Merle,  prof,  lycée   g.,   angl.,   Loricnt   (Morbihan). 

Métifeu  (Mme),  prof.  coll.  j.  f.,  angl.,  Limoges  (Hte-Vienne). 

Meunier,  prof.  coll.  g.,  de  Charolles,  4,  av.  Burdeau,  Neuville-s.- 
Saône  (S.-et-L.). 

Meut,  prof.  Ij'c.  g.,  angl.,  La  Rochelle. 

Meyer,   prof.   lyc.  Condorcet,   angl.,    78,   r.   des   ^L^rty^,   Paris,   9'. 

Meyer  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Aix-en-Prov.  (B.-du-Rh.). 

Miart,   ail.,   prof.   E.   N.,   Chaumont   (Hte-Marne). 

Michel,   maître  de  conf.,   Fac.  Lettr.,   ail.,   12,   r.   Désilles,   Nancy. 

Michel,   prof.   Ec.   Pierre-Puget,   angl.,   r.   Beaujour,   Marseille. 

Michel,   prof.   lyc.   g.,   ail..   Digne   (Basses- Alpes). 

Michel-Briand  (Mlle),  prof.  Cours  Second,  du  IS*",  angl.,  7,  r.  Guy- 
Patin,   Paris,   10». 

Michel-Marin,  E.  P.  S.,  l'Isle-sur-la-Sorgue,  Vaucluse. 

Michel-Pélissier  (Mme),  prof,  d'anglais,  coll.  j.  f..  Villa  Anna,  av. 
St-Hilaire,  Grasse. 

Mieille,  prof,  d'angl.,  lyc.  g.,  59,  r.  des  Pyrénées,  Taî-bes  (Htes-Pyr.). 

Mignon,  Ambassade  de  France  à  Rome. 

Milliot-Madéran,  prof.  lyc.  Louis-le-Grand,  ail.,  20,  r.  Lacépède, 
Paris,  5% 


352  LES    L.\NGUES    MODERNES 

Minssen,  The   Copse,  Harrow   on  the  Hill,  Angleterre. 

Miqiielard,  prof.   Ij'c.   g.,   ail.,   Carcassonne. 

Mis,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  211,  bd  Victor-Hugo,  Lille. 

Mis   (Mme),   prof.   lyc.  j.   f.,   ail.,   211,   bd  Victor-Hugo,   Lille. 

Miserié  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  angl.,  Aix-en-Provence  (B.-du-Rh,), 

Molilor,   Inspecteur   d'Académie,   Lons-le-Saulnier   (Jura). 

Mollun,  prof.  lyc.  g.,  angl.,   Saint-Etienne. 

Monard,  prof.  Ijc.  g.,  angl.,  1,  r.  Tirmau,  Alger. 

Monghal,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  Nantes. 

Monguillon,  prof.  E.  P.  S.,  g.,  angl.,  2,  r.  du  Chillou,  Le  Havre. 

Moniii,  prof.  coll.  g.,   angl..  Grand  Hôtel,   Antibes  (A.-M.). 

Monod  (Mlle),  prof.  lyc.  Montgrand,  angl.,  1,  av.  de  la  Flotte,  Mar- 
seille. 

Moiisinjou,  prof.  lyc.  g.,  angl..  Douai. 

Montagne,   prof.   lyc.   g.,   ital.,  Bastia. 

de   Montaigii,  prof.  coll.   g.,   angl.,   Luçon   (Vendée). 

Monsniller,  prof.  lyc.  Corneille,  ail.,  Rouen. 

Montaubric,  prof.  coll.  g.,  angl.,   1,  r.   St-Jean,  Nogent-le-Rotrou. 

Monteil  (Mlle),  prof.  Ij'c.  j.  f.,  Lille. 

Monteils  (J.)   (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  angl..  Moulins  (Allier). 

Mook,  prof.  coll.  g.,  ail.,  60,  av.  Paul-Chandon,  Epernay  (Marne). 

Morel,  prof.  lyc.  Henri-lV,  ail.,  12,  r.  Bausset,  Paris,  15*. 

Morin  (R.),  93,  r.  de  Dunkerque,  Paris,   10". 

Mory,   inst.,   39,   r.   N.-D.-de-Nazareth,   Paris,   3^ 

Mosbacher  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.  f.,   Mamers   (Sarthe). 

Mosnier,  prof.   coll.   g.,   Courpière   (P.-de-D.). 

Mossé,  prof,  angl.,  128,  r.  de  Mon-Désert.  Nancy. 

Mothes  (Mme),  prof.  E.  N.  d'inst.,  angl.,  17,  r.  St-Hilaire,  La-Roche- 
s.-Yon  (Vendée). 

Moulinier,  prof.  lyc.   Descartes,   7,   r.  Charles-Gilles,  Tours. 

Moiirlet,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  4,  r.  du   Salle,  Quimper  (Finistère). 

Moussié  (Mlle),   prof.   lyc.   g.,   angl.,  Troyes. 

Muret,  prof.  lyc.  Charlemagne,  ail.,  115,  r.  Caulaincourt,  Paris,  18'. 

Miisy,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Ifi,  Place  St-.Iean,  Valenciennes. 

N 

yafrechoux,  prof.  E.  N.  d'inst.,  angl.,  Pcrigueux. 

Nathan  (Mlle),  dél.  lyc.  Jules-Ferry,  ail.,  47,  av.  Malakoff,  Paris,  IG". 

Nerson  (Mlle),  prof.  Ec.  techn.  municipale,  33,  r.  Lavenuc,  Lyon. 

Neyton,  prof.  lyc.  g.  angl.,  9,  bd  du  Général  Farre,  Alger. 

Nicholson,  The  Gramniar  School,  Watfort  (.Angleterre). 

Nicolas,  prof.  lyc.  (^arnot,  ail.,  75,  r.  Nollct,  Paris,  11". 

Nicolas,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  62,  r.  Victor-Hugo,  Brest. 

Nicot,  prof.  coll.  g.,  angl.,  51,  r.  de   Mons,  Maubeuge. 

Nida,    prof.    lyc.    g.,    angl.,   Troyes. 

Nimsgern   (Mlle),    prof.    lyc.    g.,    ail.,   Charlcville. 


AXNiAiRi:  i)K  l'association  353 

Sissial  (C.)    (Mlle),   étudiante,   30,   r.   des  Chartreux.   Lyon. 

Xonat   (Mlle),   prof.   13,  r.   St-Eloi,  Chàlons-s. -Marne. 

\orguin   (Mlle),   prof.  coll.  j.   f.,   angl.,   6,    r.    Larréguy,   Angoulème. 

\orniiiud,   i)rof.   coll.   g.,    21,    r.    Bretonnerie.    Pr>ntoise    (S.-et-O.i. 

Xonel,   prof.  lyc.  g.,  ail.,   Marseille. 

Xiisshiiiini,   prof,   d'aniflais,    lyc.    Fustel-de-Coulanijes.    Sf rnshourg. 


Ohrij,   prof.   lyc.   g.,   angl.,   62,   r.   Thicrs.    Le    Havre. 

Odru,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  3,  fb  de  Lyon,  Bourg  (.\in). 

Onibredane  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  22,  r.  St-Etienne,  Orléans. 

Orieux,  prof.  lyc.  Michelet,  9,  r.  Marguerin,   Paris,   14'. 

Ott  (A.)   (Mlle),   prof.  E.  P.   S.  f.,  14,   r.  de   la   Prison.   Mézières. 

Oudot,  prof.  coll.  g.,   alL,   Saint-Aniand   (Cher). 

Ounntrd,  prof.  coll.  Ste-Barbe,  angl.,  4,  r.  Le  Brun,   Paris. 


Pactiis,  Principal   du   coll.,   ail.,   Saint-Flour. 

Pages,   prof.   coll.   g.,   angl.,   Cannes   (.A.-.M.i. 

Pnillardon,   prof,   angl.,   ail.,   52,   r.  Fondary,    Paris,    15', 

Pnpin,   prof.   E.   P.   S.   g.,   angl..   Moulins   (Allier). 

Parenfy,   prof.  coll.  g.,   angl.,   .Arras. 

Paris,  prof.   E.   P.  S.  g.,   ital.,  3,  r.   Farjon,   Marseille. 

Parmin,    angl.,    Route    de   Caen,    Sain:-Djsir-de-Lisicux    (Calvados). 

Passand  (Mlle),   prof.  E.   P.   S.   f.,   Largentière   (Ardèchp). 

Patrouilleau,   inbt..  Colvert,   p.   Soulay  (Ch.-Inf.). 

Paulian,    prof.   Ecole    des    Htes-Etudes    Commerciales,    angl.,    2    bis, 

r.   de   Chézy,   Xeuilly-s.-S. 
Pécastaing,   prof.   coll.   g.,   angl.,   Vic-de-Bigorre   (Htes-Pyr.i, 
Pécheujc,   angl..   Principal    du    collège,   Corte. 

Pédevilla  (Mlle),   prof.  E.  P.   S.,  36,   av.   Dréo,   Brignolles  (Var). 
Pedon  (Teresita)    (Mlle).   Schio  (Italie). 
Peignier,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  4,  r.  d'Arcachon,   Bordeaux. 
Penof,  prof.   lyc.  g.,  ail.,   5,  r.   de   la   Croix-Rouge,   Limoges. 
Pérat,  prof.  coll.  g.,  La  Rochefoucauld  (Deux-Sèvres;. 
Percherancier  (Mlle»,  prof,  lycée  j.  f.,  Roanne. 
Perdoncini   (Mlle),   prof.   lyc.   g.,   Hanoï   (Tonkin). 
Père,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  av.   Dampierre,  Valenciennes. 
Pernolle,  prof,  ail.,  lyc.  Ampère,  46,  r.  de   Sèze,   Lyon. 
Perrenoud  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  St-Germain-en-Laye. 
Perret,  prof.  coll.  g.,  alL,  Brioude  (Hte-Loire). 
Perret  (Mlle),  prof.  dél.  coll.  g.,  Epernay  (Marne). 
Perrin,  prof.   E.   P.   S.  g.,   St-Junien   (Hte-Vienne). 
Peseux,  esp.,  Loisy  (Saône-et-Loire). 
Petelot.  Directeur  E.  P.  S.,  Metz. 
P^lit,   prof,   angl.,   lyc.   BufTon,   Paris   15', 


354  LES   LANGUES    MODERNES 

Petit,  prof.  E.  P.  S.  g.,  40,  r.  Michelet,  Nancy. 

Petit  (Mme),  prof.  lyc.  j.  f.,  angl.,  3,  r.  Lices  du  Xord,  Albi  (Tarn). 

Petit  (Mlle),  direct,  des  Cours  second,  j.  f.,  Tourcoing. 

Petitcolas  (Mlle),   prof.  E.  N.,   inst.,   ail.,   8,   quai   Choiseul,   Nancy. 

Petithugueniii   (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,   St-Lô   (Manche). 

Peyre,   prof.  E.   P.   S.   g.,   esp.,   Limoux   (Aude). 

Peyraube,  prof.  lyc.  Henri-Poincaré,  ail.,  41,  av.  de  France,  Nancy. 

Phily  (Mme),  prof.  E.  P.   S.  f.,  80,  cours   St-André,  Grenoble. 

Picaiilt  (Mlle),   prof.  E.   P.   S.   f.,   Charolles   (Saône-et-Loire). 

Picot,   prof,   angl.,   coll.   ChaptaJ,    25,   r.   Poussin,    Paris    16". 

Pieyre,   prof.  coll.   g.,   ail.,   Dôle   (Jura). 

Pigeaud  (Mme),  prof,  cours  sec.  j.  f.,  Brive-la-Gaillarde  (Corrèze). 

Pigeon,  prof.  coll.  g.,  angl.,   Saumur. 

Pinloche,  prof.  Iac.  Michelet,   ail.,   3P,  r.  .louvenet,   Paris,   16'. 

Piolé,  prof,  coll.,  7,  Place  de  la  République,  Thionville,  Moselle. 

Piquet,  prof,  ail.,  à  l'Université,  65,   r.  Briîle-Maison,  Lille. 

Piquet,   principal   coll.,    Sidi-bel-Abbès   (Oran). 

Pitiot  (Mlle),  prof,  angl.,  Maison   Hauteville,  Le  Luc  (-Var). 

Pitollet,  prof.  esp.  (Henri-IV,  Louis-le-G.),  48,  bd  St  Michel,  Paris. 

Pivetaud  (Mlle),  prof.  coll.  j.  f.,  ail.,   Poitiers. 

Planes,  prof.  1.  v.,   collège   de  la   Trinité,  Béziers   (Hérault). 

Plantié,    instit.    Idrac-Rispailles,    par    Mirande    (Gers). 

Plissard,  prof.  E.  P.   S.,  en  congé,  dél.  Bureau  Intern.  du  Travail, 

chez   Mme  Delapraz,   2,  r.  Liotard,   Genève. 
Pluoinage,   prof.   lyc.   g.,   angl.,   Tourcoing   (Nord). 
Paimbœuf,    prof,    angl.,    lyc.    Victor-Hugo,    Besançon. 
Pommier  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  4,  av.  Jules-Ferry,  Montluçon. 
Pongy,  prof.   coll.   g.,   ail.,   Sétif  (Algérie), 
Porteau,   prof.  lyc.   Ampère,  Lyon. 

Postel  (Mlle),  prof,  angl.,  E.  P.  S.  f.,  25,  r.  Notre-Dame,  Vire  (Calv.). 
Potel,  insp.  gén.  de  l'Instr.  Pub.,  14,  Quai  d'Orléans,  Paris,  4% 
Pouget,   prof.   coll.   g.,   angl.,   Villefranche-de-Rouergue. 
Pozzi  (Mlle),  prof.  Ij'c.  j.  f.,  angl.,  9,  r.  du  Général  Foy,  Perpignan. 
Pradat,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Alger. 

Pradel-Gencs,   prof.   lyc.   g.,   angl.,   Montluçon   (Allier).    ' 
Prat  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  f.,  angl.,  15,  c.  Manuel,  St-Amand  (Cher). 
Ecole   Primaire  supérieure  de   filles,  r.   St-Léon,  5,  Nancy. 
Principal    (M.   le),   du   collège,    .\utun   (Saône-et-Loire). 
Principal    (M.    le),    du    collège,    Hlida    (.Algérie). 
Principal   (M.  le),  du   collège,  (^arpentras  (Vaucluse). 
Principal    (M.    le),    du    collège,    Neufchâteau    (Vosges). 
Principal    (M.    le),   du    Gymnase,   Sclestat    (Bas-Rhin). 
Principal   (M.  le»,  du  collège,  Gucbwiller  (Haut-Rhin). 
Principal    (M.    le),    du    collège,    l'zès   (Gard). 
Priout,  prof.   lyc.  g.,   angl.,   18.   r.   Bicoquet,  Caen. 
Procureur,  prof.  coll.  g.,  ail.,  H(i,  p.  Guérin,  Fontainebleau  (S.-et-M.). 


ANMAIIU-:    DK    L'ASSOCIATION  355 

Prost,   prof,   coll.,   g.,   ail.,   Louhans   (Saône-et-Loire). 

Proust,    prof.   coll.    g.,    Nyons    (Drômei. 

Proviseur   (M.    le),   du    lycée    de    garçons,    Casablanca    (Maroc). 

Proviseur  (M.   le),   du   lyc.   Rollin,    12,   av.   Trudaine,    Paris,   9'. 

Pninost,    1,    r.   du    Hras-d' .Argent,    Guérel. 

Prut'ot,  prof,  angl.,  Pryt.  .Milit.,  27,  r.  la  Tour-d'Auvcrgne,  La  Flèche. 

Psahnon,   angl.,   37,   r.   du   Château,   Boulogne-s.-Seine. 

Piijol  (Mme),   135,   r.   Naujac,   Bordeaux. 

Py,   prof.    K.    P.   S.   g.,   esp..   Castres  (Tarn). 

Q 

Qiiczel   (Mlle),   prof.   lyc.  j.   f.,   ital.,   Lyon. 


Rdhache,  prof.  Ivc.  Henri-IV,  angl.,  9,  r.  Campagne-Première,  Paris, 

14'. 
Rdhdche  (Mme),  prof,  d'anglais,  9.  r.  Campagne-Première,  Paris,  14'. 
Rdbuteau,   prof.   coll.   g.,    13,   boul.   Gambetta,   Gaillac   (Tarn). 
Ragon,   prof.   lyc.   Kléber,    Strasbourg. 

Ragoût  (Mme),  prof.  E.  P.  S.  f.,  angl.,  Chasseneuil-s.-Bonnieure  (Ch.). 
Rnillard,  prof.  lyc.  g.,  ail.,  Toulon  (Var). 

Ruimbault,  prof.  E.  P.  S.,  g.,  ar.,  37,  bd  Victor-Hugo,  Constantine 
Rainaud  (Mme),  dél.  angl.,  lycée  g.,  Brest. 

Rallii,  prof.  coll.  g.,  angl.,  r.  Guillaume-le-.Jean,  Morlaix  (Finist.;. 
Rancès,  prof,  angl.,  lyc.  Condorcet.  94,  r.  La  Fontaine,  Paris  16'. 
Raphaël,  prof,  ail.,   lycée  Lakanal,  21,   av.   Gallois,   Bourg-la-Reine 

(Seine). 
Rapicault,  prof.  coll.  g.,  Oudjda  (Maroc). 
Ras  (Mlle),  prof,  lyc,  j.  f.  angl.,  Limoges. 
Rascal,  Directeur  E.  P.   S.,  Albi. 
Ravizé,  prof,  ail.,  hc.  Ampère,  Lyon. 
Raynaud   (Mlle),    institut.,    Ressons-sur-Matz   (Oise). 
Recoules,    prof,    lyc,    g.,    21,    av.    Charles-Rivet,    Brive    (Corrèze). 
Régnier,  prof.  coll.  g.,  angl.,  29,  bd   Vauban,   Cambrai. 
Renard,  prof,   angl.,   lyc.   Janson-de-Sailly,   Paris,   IG*. 
Renoir,    prof,    angl.,    lyc.     Louis-le-Grand,     5,     r.     Léopold-Robert, 

Paris    14-. 
Rérat,    prof.   lyc.   g.,   angl.,   21,   r.   Charles-Martel,   Nancy. 
Reyher,  prof.  litt.  angl.  Faculté  des  Lettres,  Nancy. 
Reymond  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,   114,  r.  de  Vendôme,  Lyon. 
Reynaud,  prof.  lyc.  g.,  Rouen. 

Richard,  prof,  ail.,  lyc.  Tournon,  11,  av.  Valura,  Tain  (Drômc. 
Richard   (Mlle),    délég.    angl.    lyc,    g.,   Bar-le-Duc. 
Richard  (Maurice),   2,  rue  de   l'.Aqueduc,   Haguenau   (Bas-Rhin). 
Riegel,   prof,   ail.,    lyc.  Corneille,   3    bis,   r.   Dulong,   Rouen. 


356  LES    LANGUES    MODERNES 

Riemer,  prof.  lyc.   g.,   ail.,  La  Rochelle 

Riey,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  3,  r.  Charles-Laterrade,  Talence  (Gironde). 

Rigambert,  prof.  Ij'c.   g.,   ail.,   Tarbes. 

Rigaudières,   prof.   lyc.  g.,  ail.,   r.   du   D"^   Verlhac,   Brive   (Gorrèze). 

Rivière,  prof,  angl.,  lyc,  11,  av.  Petit-Languedoc,  Rodez  (.\v.). 

RiiUère,   prof.  lyc.   g.,   ail.,  Bordeaux. 

Rivoallan,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  76,  r.  de  Belleville,  Bordeaux. 

Robert-Dumas,  prof,  ail.,  lyc.   St-Louis,  41,  r.  Vaneau,   Paris  VIP. 

Robine,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  103,  cours  de  la  République,  Le  Havre. 

Robson    (Miss),    II,   Westhall    Garden,   Edimbourg   (Ecosse). 

Roche,  prof.  angl.  coll.  g.,  St-Maixent,  à  Vauzaj%  par  Leza\-  (Deux- 
Sèvres). 

Rocheblave  (Mlle),  prof,  angl.,  lyc.  Fénelon,  6,  r.  V.-Considérant, 
Paris,  14*. 

Rochelle,   prof.   lyc.   g.,   ail.,   44,   r.  Théodore-Ducos,   Bordeaux. 

Rocher,  prof,  angl.,  lyc.  du  Parc,  Lyon. 

Roesch    (A.)    (Mme),    5,    r.    de    la    Lauche,    Guebwiller    (Ht-Rhin). 

Rolet,  prof.  lyc.   g.,   158,  r.  d'Entraygues,   Poitiers. 

Roman   (Mlle),   prof.   dél.   h'c.   Lalande,   Bourg-en-Bresse. 

Romens,  prof.  E.  P.  S.  g.,  46,  r.  de  la  Ronde,  Metz-devant-les-Ponts. 

Rosier,  prof,   angl.,  Pontoise  (S.-et-O.). 

Rosiès,  prof.   lyc.  g.,  esp.,  Bordeaux. 

Roth,  prof,  d'anglais  au  lycée  Rollin,  Paris. 

Rottée,   prof,   ail.,   lyc.   Rollin,    Paris. 

Roudil,  prof.  lyc.  Buffon,   Paris,   15". 

Rouge,  maître  conf.  Sorbonne,  252,  bd  St-Germain,  Paris,  7^ 

Rougé,   prof,   ail.,   Ijc.    Descartes,   24,    av.   de    Grammont,   Tours. 

Roullet-Debenay,  prof.  lyc.  g.,  angl.,  6,  c.  Jean-Pénicaud,  Limoges. 

Rouleux,   prof.   coll.   g.,    angl.,   35,   r.   Lachevelle,   St-Jean-d'Angély. 

Rouquette,  prof,  angl.,  lyc.  Gaj-Lussac,  5,  r.  des  Pénitents-Blancs, 
Limoges. 

Roussel,    prof.    lyc.    g.,    angl.,    102,    r.    Bretonnerie,    Vendôme. 

Roussel   (Mlle),   prof.   E.   P.   S.    f.,    Pons    (Charente-Inférieure). 

Roux  (Mme),   prof.  E.  P.   S.   f.,  angl.,   St-Marccllin   (Isère). 

Roux,  prof.  E.  P.  S.  g.,  angl.,  4,  r.  Parisie,  Orléans. 

Roux,   prof.   coll.   g.,   angl.,   Barcelonnette   (Basses-Alpes). 

Ruayres  (Mme),  prof,  esp.,  E.  P.  S.  f.,  29,  r.  Mauléon,  Castelnaudary. 

Ruche,  prof.  h'c.  g.,   alL,   Tunis. 

Rumèbe  (Mme),  prof.  E,  P.  S.  f.,  esp.,  Bayonne  (Basses-Pyrénées '. 

Ritsseil,   prof.   coll.    g.,   angl.,   Ghàtellerault    (Vienne). 

Ruyssen,  prof,  d'anglais  lyc.  g.,  68,  r.  des  Garniélites,  Poitiers. 

S 

Sagols,  censeur,   lyc   Foix  (Ariège). 

Sagot,  al!.,  prof.  coll.  Chaptal,   13,  r.  de  Xaples,  Paris,  8'. 

Sailleiis,   angl.,   prof.   lyc.   Pasteur,   5.   r.   de   Beaunc,   Paris,   7*. 


ANNIAIIIK    DE   L'ASSOCIATION  357 

Sdiiii.   prof,  lyc,   Aix   (lî.-dii-M.). 

Sdlnion,   iill.,   iiifif.   coll.,   .Si'daii   ( Ardcnnes). 

SdliUin,    jiii.ml.,    prof.    Ivc,    HnyoniK-    (Hassos-I'vréiU'es). 

Siiinprr,   ail.,   pi'of.   lyc,  'if),   bd   Thii-rs,   Dijon   (C.ôtc-ci'Or). 

S<(nlnni,   ital.,   prof,   lyc,   Hastia   ((lorsc). 

Snroïhiinilii,  prof,  csp.,  lyc.  St-Loiiis,  114,  1x1  Hincaii,  Ncuilly-s.-S. 

Sdrrailli   (Mme),   prof.   K.   P.   S.  j.  f.,   Ivxcidc'iiil   (Dordofiiu-). 

Sdiifiniin,   ail.,    prof,    lyc,   50,    r.   de    la    Polie,    (iherbtmrg   (Manche). 

Siiiinit   (Denis),   angl.,    prof.    Fac.   d.    I.etf.,    Bordeaux,    56,    r.    Klisée- 

Hccliis,   Taleiue   ((lironde). 
SiiniHific,    augl.,    i)iof.    lyc.    Poitiers. 

Stnizcl  (Mlle),   prof.   E.   P.   S.    j.  f.,   Sanlien   (Côte-d'Or). 
Sdt'drI  (Mlle),  prof.  H.   P.  .S.,  Lille,  41,  hd   de  Tourcoing,   Marcq-en- 

Hareul    (Nord). 
Sdi>e,   angl.,    prof.   coll.    (Castres    (Tarn). 
Sanille  (M.),  H'   (".oniptoii    .Avenue,   Hrighton   (Angleterre). 
Sdoorij    (D.-I.),    Queen's    l'niversity,    Belfast    (Ireland). 
Sdi/n,   angl.,   prof.   lyc.   Rouen    (S.-Inf.). 
Schacher,    angl..    prof.    lyc.    Henri-IV,    Paris. 
Schne/fi'r,  ail.,   prof.   lyc.   Nancy   (M.-et-M.). 

Schielfer  (Mme),  prof,  angl.,  coll.  j.  f..  G,  pi.  dWuringues,  .\urillac 
Schlesscr  (Mlle),  ail.,  prt^f.  lyc.  Molic're,  71,  v.  du  Ranelagh,  Paris,  1(5'. 
Schlienger,    ail.,    direct.    Enseign.    sec,    7„  r.    Oberlin,    Strasbourg. 
Schneider.  |)rof.  lyc,  pi.  de  la  Liberté,  (".lermont-H'errand  (P.-de-D.). 
Schont,    prof,    lyc,   Clerniont-Ferrand. 

Schiitz   (Marcel),   alL,   prof,   lyc,   ."),   r.   de   la    Monnaie,    Strasbourg. 
Schweilzer,   ail,,   prof.   bon.   200,   r.   St-Jacques,   Paris,   5*. 
Schweitzer  (E.),  ail.,  prof.  coll.  Cbaptal,  200,  r.  St-Jacques,  Paris,  5^ 
Scidltiel   (Mlle),    prof.   2,    square   Tocqueville,   Paris,    17". 
Scott  (Mlle),  angl,  prof,  lyc  Molière,  2,  r.  Ant.-Roucher,  Paris,  16'. 
Scott  (D.-M.)    (Miss),   Two   House,   Roedcan,   Brighton   (Angleterre), 
Séiutc,  ail.,  prof,  éc  Ljivoisier,  22,   r.  d'Assas,  Paris,  6". 
Sénéchal,    angl.,    prof,    lyc,   Chambéry    (Savoie). 

Sénil,  ail.,  prof.  lyc.  Henri-lV,  10,  av.  Isabelle,  Fontenay-aux-Roses. 
Seruajean,  angl.,  prof,  lyc  St-Louis,  132,  av.  du  Maine,  Paris  li*. 
Storr  (Severn)  (M.),  Le  Carillon  Harwell,  Steventon  (Berks.)  (Angl.). 
Sevrette   (G.),   angl.,   prof.   lyc.   Kerdidrous,   r.   de   Varize,   Chartres 

(E.-et-L.). 
Sicre,    ail.,   prof,    lyc,    Carcassonne    (Aude). 
Miss  Liggins  Sidney,  c/o  Gordon  and  Goth-L.  T.  D.,  66,  Shoe  Lane, 

London  E.  C. 
Sigwalt,   ail.,   prof.   lyc.   Michelet,   98,   r.   V.-Hugo,   Clamart   (Seine). 
Simiand   (Mlle),   angl.,   prof.    E.   N.,    inst.,    1,   r.    Molière,     Grenoble 

(Isère). 
Simon   (Michel),    ail.,   prof,   lyc,   Casablanca    (Maroc). 
Simon   (E).,  angl.,   prof,   lyc,   14,  r.  Carnot,   Périgueux   (Dordogne). 
Simon  (Mlle),  angl.,  prof,  lyc  j.  f.  Jeanne-d'Arc,  Nancy  (M.-et-M.). 


358  LES   L.\XGUES    MODERNES 

Simond   (G.),   angl.,   prof.  E.   P.   S.,   6,   r.   Jacquard,   Lyon. 

Simonnot.  ail.,  insp.  ens.  tech.,  6,  r.  de  Lauterbourg,  Strasbourg. 

Simonnot,  ail.,  prof.  éc.  Arago,   4,  pi.  de  la  Nation,  Paris,   12^ 

Siredey  (Mlle),   prof.  coll.  j.   f.,   Neuf  château   (Vosges). 

Société  d'export.  des  Editeurs  français,  3,  r.  Grenelle,  Paris,  6'. 

Souillart,   ail.,   prof.  lyc.   Lakanal,    Sceaux   (Seine). 

Soum,   ail.,   prof,  coll..    Saintes   ((^.har.-Inf.). 

Soulet,  prof.   lyc.  Lakanal,   11,   r.  de  la   Tour,   Paris,   IG*". 

Speich,    prof.    lyc.    Fustel-de-(x>ulanges,    Strasbourg. 

Spenlé,   prof.   Fac.    d.   Lettr.,    Aix   (B.-du-R.). 

Spindler  (Mlle),   14,  av.  Poincaré,  Colmar  (Ht-Rhin). 

Spizek,   prof.,   8,   Palackeho   nabvexi,   Prague   II. 

Staaf,   prof.   Univ.   Upsal   (Suède). 

Stahl  (S.)    (Mlle),   ail.,   prof.,   35,   r.   de   l'Arbalète,   Paris. 

Stahlberger  (Mlle),  2,  r.   du  Levant   (Vincennes). 

S^echert  (Librairie),   18,  r.   de  Condé,  Paris,   5". 

Steg-MiiUer  (Mlle),  prof,  angl.,  E.  X.,  149,  r.  de  la  Guette,  St-Cloud. 

Stein   (François I,   librairie   Lorraine,   Forbach   (Moselle). 

Stopiii   (Mlle),   dir.   E.   P.    S.,   Gondecourt   (Nord). 

Siicher,    ail.,    prof.    lyc.    Montpellier    (Hérault). 

Sulger-Bruel,  ail.,  prof.  lyc.   du   Parc,  Lyon. 


Taboureux,  angl.,   prof.   lyc.   Coutances   (Manche). 

Taillebot,   ail.,   prof,   lyc,    Aix-en-Provence. 

Tdibot,    angl.,    prof,    lyc,    Périgucux    (Dordogne). 

Taillandier,   ail.,   prof,   lyc,    Pau. 

Tai^iot  (Mlle),  prof.  lyc.  j.  f.,  Lons-le-Saulnier  (Jura), 

Terrade,   angl.,   prof.   E.   P.   S.,   .\ubenas   (.\rdèche). 

Terrasse  (Mlle),  dél.   c   s.   Il-  arr.,   59,   fb   St-Martin,   Paris   10*. 

Thalamas,   prof.  E.  P.   S.  g.,   Pradcs  (Pyr.-Or.). 

Théiurrd,   prof.   E.   P.   S.,   44,   quai   Charles-Vll,   Chinon   (I.-ct-V.). 

Théphaine,   angl.,   prof.   Pryt.    Mil.   La    Fiéche  (Sarthe). 

Thibault,    ail.,    prof,    lyc,    Pontivy    (Morbihan). 

Thiébaiilt,    ail.,    prof.   colL    bd    Toutain,    Châtcaudun    (E.-et-L.). 

Thomas,   esp.,   prof.   lyc.   Poitiers   (Vienne). 

Thomas   (Walter),    angl.,    prof.    Fac.   d.    Lettr.,    46,    r.   Juliette-Réca- 

niicr,    Lyon. 
Thourot   (Mlle),   prof.  E.   P.   S.  j.   f.,   7,   r.    Poincaré,    Ste-Marie-aux- 

Mines   (Ht-Rhin). 
Thiiriot,   ail.,   prof.   E.    P.   S.,    La   Charité-s.-Loire    (Nièvre). 
Tibal,  maître  de  conf.,  Fac  lettres,  Nancy. 
Tithirce,    angL.    prof,   coll.,   Libourne   (Gironde). 
Tiret,    prof,    lyc    .Ampère.    Pcrrachc,    Lyon. 
Tisseait,    |)rof.    E.    P.    S..    7,    r.    de    la    Gare,    .Anccnis   (L.-lnf.). 
Tis.<i(it.   prof.  lyc.    10,  r.   Pasteur,  dap  (Htes-.\lpcs). 


i 


ANNUAIRE    DE    L'ASSOCIATION  359 

Tonneliil,    ail.,    prof,    l'niv.,    3,    r.    Ehrmann,    Strasbourg. 

J'oulze,   iill..   prof,   coll.,   Castelnaudary   (Aude). 

Toiirnier  (Mlle),   étud.   Hôtel   Lutècc,   2,   r.   Berthollet,   Paris,   5". 

JOuztiin.    prof.   lyc.    Ampère,    St-Hambert,    125,   r.   Garibaldi,   Lyon. 

Tniners,    augl.,    prof.    lyc.    Hoche,    La    Hos<?raie,    4,    r.    Emile-Des- 

champs,   Versailles. 
Tréylos   (Mlle),   prof.   E.    P.   S.,    Le    Dorât    (Hte-Vieiine;. 
Treitcl,   ail.,   prof.,   2L    r.   des   Carmélites,   (>aen. 
Treij,   alL,   prof,   lyc,   Laon   (Aisne). 
Tripier  (Mlle),   prof.   E.   P.   S.  j.   f.,   Trévoux   (.\inj, 
Tuloiip.  prof.  E.   P.  S.,  Le   Havre  (S.-Inf.).  ' 

Tiirpin,    prof,    coll.,    Bischwiller    (Bas-Rhin). 
Tweedie    (M.-A.)    (Miss),    Edinburgh    Ladies    Collège,     Queen     St., 

Edinburgh. 

u 

Universitv   of  Toronto  (Canada). 


yachei,   al!.,   prof.    lyc.   Toulon   (.Var). 

Vnillandet,   ail.,  prof.  E.   P.   S.  g.,   25,  r.   Sellier,  Nancy. 

Valut,   av.,   prof.   lyc.   Constantine   (Algérie). 

Valdy-Fritz   (Mme),   ail.,   prof.   lyc.  j.   f.,   Versailles. 

Vdlentin,   angl.,   prof,   coll.,   31,  bd   Jeanne-d'.Arc,   Soissons   (.\isne). 

Valério  (Mlle),  prof,  angl.,  lyc.  j.  f.,  Bordeaux. 

Vallod,    angl.,    prof.    lyc.    Poincaré,    Nancy. 

Van  den  Berg  (Mlle),  angl.,  prof.  lyc.  j.  f.,  6,   r.   du  Tillot,   Dijon. 

Vandercolme   (Mlle),    8,    r.   Carnot,    Mons-en-Barscul    (Nord). 

Vannier  (Antonin),  dir.  E.  P.   S.,  67,  r.  Chaponaj-,  Lyon. 

Vannier  (Robert,  angl.,  prof.  lyc.  du   Parc,  67,  r.  Chaponay,  Lyon. 

Vnrenne,   ail.,   prof.  lyc.  Condorcet,   31    r.   de   Turin,   Paris,   9*. 

Vauquois  (Mlle),  prof.  E.   P.   S.  j.   f.,   St-Céré  (Lot). 

Veigneau    (père),    angl.,    prof,    lyc.    Moulins    (Allier). 

Veigneau  (fils),   angl.,  prof.  lyc.  Ampère,  av.  de   Perroche,   Lyon. 

Veillet-Lavallée  (Ch.),  angl.,  prof.  Ec.  Arago,  2,  r.  Mizon,  Paris,  15'. 

Veillet-Lavallée   (.Albert),    prof,   lyc,    av.   Bordier,   Guéret   (Creuse). 

Ventard,    prof,    coll.,    11,    av.    de    la   Gare,    Dôle    (Jura). 

Vercouttet  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.,  Clamccy   (Nièvre). 

Vcrdier,   ail.,  prof.   E.   P.   S.,  Joinville   (Hte-Marne). 

Vérité  (Mlle),   prof.  E.   N.,   inst..  Les   Lauriers,   Chemin   de   Bézéon, 

Pau. 
Vermeil,   ail..    Université   de    Strasbourg. 

Veslof,  angl.,   prof.   lyc.   Hoche,   10,   r.   Carnot   Versailles   (S.-ct-O.). 
Vettier  angl.,    prof.    14,   r.    Dommartin,   .\micns. 
Vidal  (Mlle),  angl.,  prof.  lyc.  j.  f.,  7,  r.  Ec.  de  Droit,  Montpellier. 
Vieux,   ail.,   prof,    lyc,   Nantes. 


360  LES    LANGUES    MODERNES 

Viynolleti.   \>roï.  angl.,   Janson-dc-Sailly,   67,   a\-.   Mozart,   Paris,   \{V\ 
Vil  lard,    angl.,    prof.    lyc.    St-Brieiic    (Côtes-du-Nord). 
Villard  (Mlle),  prof.  E.  P.   S.  j.  f..  Gde-Huc,  C^stelnaudary  (Aude). 
Villard  (Mlle),  angl.,  prof.  E.  P.  S.  j.  f.,  C.hâteau-du-Loir  (Sarthe). 
Villard  (Mlle),   angl.,   prof.   lyc.  j.  f.,   Lyon. 

Villeméjane,   esp.,   prof.   éc.    .Arago,   26,    av.   de   Toiirville.    Paris,    7^. 
Villemot  (Mlle),  prof.  E.  P.  S.  j.   f.,  Valogiies  (Maiiclie). 
Villeneiine,   angl.,   prof,    lyc,    .Albi    (Tarn). 
y incendon,'  aU.,  prof,   lyc..  Le   Piiy   (Hte-Loirei. 

Vincent   (AU.),   angl.,   prof.   lyc.   OharUniagne,    69,    av.   de    la    Hclle- 
*     Gabrielle,    Nogent-s.-Marne. 
Vincent,   angl.,   prof,   lyc,   Albi    (Tarn). 

Violât  (Mme),  ail.,  prof,  coll.,  .">,  r.  Langres,  Ncufcliâteau   (Vosges). 
Vivien,   angl.,   prof.   E.   P.    S.,    l.î,    av.   de    l'Observatoire,    Clermont- 

Ferrand.  "" 

Yitrey   (Mme),   prof.  E.  P.   S.  j.   f.,   3,   r.   Hermite,   Nancy. 
1  izen   (Alïonzo),  para   D''  Pedro   Marquez,    116,   rua  de   Marco,  Rio- 

de-Janeiro   (Brésil). 
Vos  (de),   répct.   coll..   Eu   (Seine-lnf.). 

w 

Wnhart,  ail.,  prof.   lyc.  Buffon,   97,  r.   X.-D.-des-Champs,   Paris,   6^ 

W(ddner,    prof,   lyc,    r.    du   Vieil-Renversé,    Lyon. 

\V(ddner  (Jean),  ail.,  prof,  lyc,  Amiens. 

Waltz   (R.),   ail.,   prof,   lyc,   72,   bd   de    la    Liberté,   Lille. 

IVei//,   ail.,   prof.   lyc.   Louis-le-Grand,   9,   r.    Chernoviz,   Paris,    16'. 

Vi'eill  (Mlle),   ail.,  prof.  lyc.   Racine,   18,   av.   Pasteur,   Paris,   15'. 

Wersinger   (Mlle),    ail.,   prof,   lyc   j.   f.,   40    bis,    r.     du     Printemps, 

Toulouse   (Hte-Garonne). 
Wilhem,   prof,   lyc    Kléber,   5,    r.    Ste-Odile,    Strasbourg. 
Willemin,  ail.,   prof,   coll.,   La   Hètraie,   Epinal   (Vosges). 
Wintzweiller,    proviseur    du    lyc,    Mayence. 

Woelffel,  ail.,   prof,  coll.,  40,  r.   Pasteur,   Fougères  (llle-ct-Vilaine). 
W'olff   (Arm.),    ail.,    r.    de    la    République    à    St-.Aubin-Jouxte-Boul- 

lenq,  près  Elbeuf  (Seine-lnf.). 
Wolff,  prof.  lyc.  Kléber,  Strasbourg. 
Woltz   (Mlle),   angl.,    prof.   E.   P.   S.,   Bressuire   (Deux-Sèvres). 

Y 

Yvon  (Paul),  prof.  angl.  au  lyée.   Il),  place  St-.Martin,  Caen. 

Z 

Zarzeskd   (Mlle),   esp.,   prof.   coll.   j.   f.,    16,   Bord-du-Ganal,   Carcas- 
sonne   (.Aude). 

:JK  : 


NOTE  SUR  LE  LATIN  OBLIGATOIRE  EN  r  ET  EN  5' 


J'ai  re(,-u  de  M.  Jérôme  Lcflapi,  notre  vénéré  collègue  de 
langues  au  Lycée  de  X...,  une  lettre  dont  le  passage  suivant 
mérite  d'être  détaché. 

«  Vous  qui  êtes  dans  une  grande  ville,  et  dans  une  grande 
ville  un  peu  anarchiste  où  l'on  doit  se  tenir  au  courant  des 
nouveautés,  vous  sauriez  peut-être  me  dire  pourquoi  nos 
collègues  de  langues  vivantes  cherchent  à  donner  leur  avis 
sur  la  question  du  latin.  Vous  n'êtes  pas  sans  savoir  que 
l'enseignement  du  latin  n'est  point  notre  affaire.  Ayant  pour 
mon  compte  blanchi  dans  une  commode  incuriosité  —  que 
vous  partagez,  je  suppose  —  à  l'égard  des  disciplines  voi- 
sines, et  confiant  dans  icelle  pour  résoudre  tous  les  problè- 
mes, je  me  suis  fort  demandé  quel  linguiste  avait  eu  le  pre- 
mier cette  idée  extravagante.  Je  ne  doute  point,  mon  cher 
collègue,  que  vous  condamniez  sévèrement,  <"omme  je  le  fais 
moi-même,  une  telle  humeur  batailleuse.  Je  tiens,  pour  mon 
compte,  à  ne  point  me  compromettre.  J'aime  à  ne  pas  élar- 
gir les  questions.  Je  suis  un  honnête  fonctionnaire,  estimé 
de  ses  chefs  et  respectueux  de  tous  sergents,  qui  ne  voudrait 
faire  nulle  peine  à  messieurs  nos  voisins.  Si  nos  grammai- 
riens veulent  tant  de  latin  et  si  peu  de  français,  je  ne  vou- 
drais pas  être  soupçonné  d'y  trouver  à  redire.  Chacun  chez 
soi,  n'est-il  pas  vrai,  et  M.  le  Ministre  pour  tous. 

A  vrai  dire  cette  dangereuse  initiative  m'a  d'abord  très 
inquiété.  Je  craignais  déjà  qu'il  n'y  eijt  parmi  nous,  gens  de 
langues  vivantes,  de  ces  énergumènes  qu'un  maraudage 
intempestif  de  prétendues  idées  entraîne  contre  toute  sécu- 
rité par-dessus  le  mur  du  voisin,  quand  je  me  vis  poser  la 
même  question  par  voie  de  référendum  émanant  de  notre 
vigilante  A3.  Mon  étonnement  s'accrut  jusqu'au  malaise. 
J'avais  bien  vu  dans  les  journaux  (car  grâce  aux  dieux 
nous  ne  soulevons  point  de  telles  questions  dans  notre  Ami- 
cale !)  qu'il  était  question  de  réformer  les  programmes  ; 
mais,  outre  que  je  me  défie  des  réformes,  il  me  semblerait 
incongru  qu'elles  pussent  venir  en  aucune  façon  des  profes- 
seurs eux-mêmes...  A  la  réflexion,  il  faut  l'avouer,  mes 
inquiétudes  se  calmèrent. 

Qui    ne    connaît,    en    efTet,    la    pondération    de    notre    A3  ? 


362  LES    LANGUES    MODERNES 

Qu'elle  ait  voulu  faire  pièce  à  M.  le  Ministre  par  ce  réfé- 
rendum, le  bon  goût  même  interdisait  d'y  ]>enser.  Seulement 
il  faut  bien  paraître  faire  quelque  chose,  n'esl-il  pas  vrai? 
Le  référendum  donnera  à  M.  le  Ministre  une  majorité  res- 
pectueuse sur  la  question  du  latin  :  s'il  ne  la  lui  donnait  pas, 
notre  éminent  Conseil  de  l'Instruction  publique  arrangerait 
tout  cela.  X'a-t-il  pas  déjà  l'an  dernier  bien  arrangé  les  lan- 
gues vivantes  ?  « 


Qu'on  me  permette  d'arrêter  ici  la  citation  et  d'admi- 
rer, outre  le  mol  oreiller  de  confiance  de  notre  doyen  Le- 
tlapi,  quelque  sienne  lucidité  vraiment  remarquable  chez  un 
homme  d'un  si  grand  âge  :  il  est,  je  crois,  hors  classe. 

Il  est  clair,  comme  il  le  dit,  que  notre  avis  sur  le  latin 
obligatoire  en  6"  et  en  5^  sera  remarquablement  inefficace  et 
inécouté.  De  deux  choses  l'une  :  ou  le  référendum  de  l'AS 
produira  une  majorité  pour,  et  alors  notre  nom  de  liguistes 
sera  dans  un  isolement  stratégique  parfait,  ou  le  référendum 
conclura  contre  et  alors  notre  opinion  n'ajoutera  nulle  force 
au  référendum.  Etant  un  peu  plus  jeune  et  de  tempérament 
quelque  peu  plus  maraudeur  (comme  dit  M.  Leflapi)  qup  ce 
pacifique  ancêtre,  je  me  permettrai  de  raisonner  à  fond  dans 
un  sens  tout  diftérent. 


Pourquoi  n'avons-nous  pas  agi  et  consolidé  nos  posi- 
tions quand  les  circonstances  nous  étaient  favorables  ?  Parce 
que  nous  sommes  pacifiques  ;  parce  que  nous  craignons  tou- 
jours de  paraître  empiéter  sur  le  domaine  du  voisin  ;  peut- 
être  aussi  parce  que  nous  ne  voyons  pas  assez  le  pouvoir 
d'expansion  et  de  soulèvement  des  idées.  Aujourd'hui  que  le 
danger  nous  menace,  nous  voyons  soudain  qu'il  faut  nous 
défendre  :  mais  comme  des  gens  qui  n'ont  plus,  ou  n'ont 
jamais  eu,  l'habitude  de  la  lutte,  nous  ne  savons  pas  tasser 
notre  action  sur  les  gestes  efficaces.  .le  maintiens  que  c'est 
l'idée  qui  nous  sauvera.  Je  maintiens  que  ce  n'est  pas  un 
nombre  de  votants  qu'il  faut  produire  :  le  nombre  est  veule 
et  inopérant  :  c'est  des  arguments  qu'il  faut  pousser  à  fond. 
Pousser  à  fond,  sous  les  yeux  du  public,  à  l'aide  d'un  bon 
sens  (|ui  ne  soit  pas  seulement  pédagogique,  mais  largement 
humain. 


NOTE    SIH    I.E    lATIN    OHUGATOI KK    EN    6"    KT    EN    5'  363 

Ainsi  faisiint  ri  paiMnnf  de  l'idri'.  nous  venons  vile  ([ii'il 
f;iut  <leMi;(n(ler  non  pus  le  latin  (aciiUdlij  en  (V  el  ô',  mais  jxm 
(le  latin  (lu  tout  dans  ces  iW'KW  classes.  Nous  ne  pourrons 
|)as,  d'après  nos  arguments,  (iemaiuler  moins.  Et  nous  défen- 
dant ainsi  par  l'oiren-sive,  nous  aurons  tpiek|ues  chances  de 
marquer  des  points. 


L'idée  de  base,  cpie  nous  devons  avant  tout  faire  notre, 
car  sa  justesse  éclate  aux  yeux  de  n'importe  quel  i)ère  de 
famille,  est  qu'il  faut  alléj^er  les  programmes.  Ne  faudra-t-il 
l)as  bientôt  choisir  entre  latin  et  langues  vivantes  au  lieu  de 
les  accumuler  comme  on  a  fait  jusqu'ici  ?  Nous  avons  intérêt 
à  nous  défendre  comme  s'il  fallait  dès  maintenant  choisir.  A 
cet  égard,  les  gens  qui  i)arlent  à  la  fois  de  réduire  les  pro- 
grammes et  d'imposer  à  tous  le  latin,  ne  sont-ils  pas  d'auda- 
cieux bouffons  ? 

N'ayons  plus  peur  de  la  richesse  de  notre  cause.  Ne  lais- 
sons croire  à  personne  que  l'intérêt  seul  nous  guide,  ou  la 
rongeuse  envie.  Si  les  langues  vivantes,  parbleu,  n'étaient  pas 
plus  utiles  que  tel  narcotique  analytique  de  G"  et  ô",  nous 
n'aurions  pas  grand  cœur  à  les  défendre.  La  modestie  n'est 
plus  de  mise.  Il  y  a  des  gens  qui  nous  regardent  nous  battre  : 
il  y  a  ceux  qui  sont  pour  nous,  et  ceux  qui,  n'ayant  jamais  mis 
le  pied  dans  nos  classes  (cela  peut  arriver  à  tel  ministre,  que 
la  galère  parlementaire  a  déposé  sur  nos  côtes),  ne  s'excitent 
contre  nous  qu'en  vertu  de  préjugés.  Plus  nous  verrons  la 
question  de  haut,  plus  il  y  aura  de  gens  que  nos  arguments 
toucheront. 

Etant  restés  jusqu'à  présent  sur  la  défensive,  nous  n'avons 
pas  choisi  notre  champ  de  bataille.  L'idée  qui  domine  le 
débat,  et  que  nos  adversaires  ont  choisie,  la  croyant  leur,  est 
celle  de  donner  une  «  culture  propre  à  la  formation  d'une 
élite  ».  Nos  bons  grammairiens  prétendent  nous  faire  sortir 
cette  élite,  bien  triturée  et  malaxée,  de  leurs  lamino'rs  à 
gérondifs  et  autres  machines  abstrayantes.  Examinons  cette 
prétention.  Voyons  ce  qu'est  leur  enseignement.  Rappelons- 
nous  nos  souvenirs  d'écoliers  :  la  première  leçon  de  latin,  la 
puissance  dogmatique  de  Rasa,  rosœ  sur  le  tableau  noir,  les 
thèmes  (tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  c  d'imitation  »)  à  coups  de 
dictionnaire,  le  vague  des  sujets  et  la  paix  écrasante  de  ces 
classes.  Non  seulement  nous  ne  laisserons  pas  publier  à  tou- 
tes les  hauteurs  où  le  vent  soufïle  que  le  latin  est  l'instrument 


364  LES   LANGUES    MODERNES 

de  culture  unique  pour  un  Français,  même  faiblement  doué  ; 
mais  nous  dirons,  publierons  et  démontrerons  ce  que  nous 
sentons  tous  plus  ou  moins  ;  à  savoir  que  le  latin  tel  qu'on 
l'enseigne  est  un  instrument  unique  de  culture  livresque, 
tandis  que  les  langues  sont  l'instrument  sans  égal  d'une  cul- 
ture stimulante  et  vivante. 


Nos  lignes  d'attaque  sont  doubles.  Il  ne  s'agit  pas  d'éta- 
blir notre  pédagogie  en  fonction  de  l'homme  parfait  (que 
les  Latins  n'ont  d'ailleurs  nullement  produit),  du  parfait  ju- 
risconsulte ou  du  parfait  soldat,  ni  d'aucune  perfection. 
L'idée  de  perfection  dans  l'humain  est  une  idée  de  fonction- 
naires. Nous  avons  à  nous  faire  les  auxiliaires  du  concret, 
les  pré-auxiliaires  de  la  vie  dans  la  formation  intellectuelle 
d'enfants  qu'on  nous  livre  à  onze  ans.  Notre  offensive  consis- 
tera donc  à  montrer  : 

A)  le  caractère  effroyablement  abstrait,  lointain,  vide  de 
représentation,  dénué  de  saisissement,  de  cette  langue  deux 
fois  morte  :  morte,  par  la  faute  du  tenr[3s  et  par  celle  des 
grammairiens  qui  n'y  ont  vu  que  la  grammaire.  Peut-on  faire 
d'une  grammaire,  et  celle-ci  latine,  le  i^aysage  intellectuel 
principal  de  nos  petits  élèves  pendant  deux  et  même  trois 
ans  ?  Puis,  quand  viennent  les  auteurs,  comment  leur  livrer 
par  ces  mots  tout  en  nervures  (la  couleur  et  la  chlorophylle 
en  ayant  passé  depuis  longtemps),  la  fraîcheur  de  neuves 
entreprises,  comme  celles  de  Raleigh  ou  de  Drake,  ou  la  réso- 
lution, sans  rhétorique,  ni  pose  de  grands  caractères,  ou  la 
sincérité  d'hommes  quotidiens  ?  En  réalité,  c'est  avec  des 
phrases  et  non  avec  des  hommes  qu'on  met  nos  élèves  en 
contact  ; 

B)  que  même  s'il  y  avait  égalité  de  saisissement,  il  faudrait 
encore  choisir  entre  les  deux  la  disci])line  (jui  arrive  à  livrer 
le  plus  vite  et  le  moins  péniblement  l<i  culture  ([u'elle  pro-" 
met.  Faire  autrement,  sous  prétexte  de  gymnastique  intellec- 
tuelle, est  une  conception  de  grammairiens  qui  veulent  se 
donner  une  raison  d'être.  Or,  si  Ton  suppose  à  nos  élèves  de 
6*  et  5'  une  journée  de  travail  de  neuf  heures  (7  à  11  au  moins 
le  matin  et  2  à  7  le  soir),  on  peut  admettre  que  sur  ces  neuf 
heures,  il  y  en  a  bien  trois  consacrées  au  latin  tandis  que  les 
langues  vivantes  leur  demandent  à  peine  1  h.  10  (1  heure  ik- 
classe  en  sixième,  à  laquelle  s'ajoutent  quinze  ou  vingt  minu- 
tes de  travail  hors  classe  en  5").  AutriMuent  dit,  l'on  ne  peut 


NOTE   SUH    I,K    LATIN    OHI.KiATOI  HK    KK    6^    ET    EN    '}<'  365 

enseif^ncr  le  latin  aux  élèves  de  6'  et  5"  sans  les  condamner 
d'avance  à  une  journée  d'au  moins  neuf  heures.  Neuf  heures 
de  travail  intellectuel  à  neuf  ou  dix  ans,  c'est  d'une  folie 
criminelle. 

Conclusion 

Toutes  nos  protestations,  résolutions,  défenses  et  contre- 
attaques  doivent  le  répéter  :  l'enseignement  du  latin  est  un 
enseignement  de  spécialistes,  à  réserver  aux  futurs  profes- 
seurs de  français  (et  peut-être  aussi  aux  futurs  mauvais  avo- 
cats, en  raison  de  i'équivoque  inhérente  à  ce  langage).  Vou- 
loir que  toute  la  bourgeoisie  et  demi-bourgeoisie  françaises 
du  xx"  siècle  apprennent  le  latin,  c'est  vouloir  qu'elles 
reçoivent  toute  une  formation  de  professeurs  ;  c'est  un 
paroxysme  de  pédagogie.  Pour  nous,  maîtres  de  langues,  (jui 
savons  sortir  de  nos  livres,  nous  devons  aider  le  bon  sens 
lumineux  à  défendre  ses  droits  contre  toutes  arguties  et 
d'abord  à  fixer  l'attention.  Déjà,  on  ne  nous  laisse  plus  le 
temi^s  d'hésiter. 

Robert  Maurice. 


BIBLIOGRAPHIE 


H'-C  WellS'   —  La  Russie  telle  que  je   viei)S   de   la 

voir.   (Articles  parus  dans  le  Progrès  Civique,  6,  13,  2U,  27  novembre 
4,  11,  18,  25  décembre  1920,  1"  janvier  1921). 

Ces  articles  furent  écrits  au  retour  d'un  voyage  en  Russie,  en 
octobre  1920.  Ils  ne  sont  pas,  malgré  leur  litre,  une  simple  nota- 
tion de  choses  vues.  Ils  ne  sont  pas,  non  plus,  comme  certains 
récits  que  le  Times  publiait  l'an  dernier,  destinés  à  faire  dresser 
les  cheveux  sur  la  tête  de  lecteurs  auprès  desquels  l'horreur  du 
bolchcvisme  a,  par  avance,  cause  gagnée.  Certes,  la  misère  des 
grands  centres,  l'aspect  de  leur  population  diminuée  par  l'exode 
et  la  maladie,  les  chiffres  effrayants  des  statistiques  démogra- 
phiques, les  tristes  conditions  matérielles  et  morales  faites  aux 
grands  intellectuels,  dans  ces  sortes  d'arches  communistes,  qui 
s'appellent  Maison  de  lu  Science  et  Maison  de  la  Littérature  et  de 
l'Art,  et  dont  les  pensionnaires,  bien  qu'isolés  par  la  guerre,  du 
monde  de  la  pensée,  tâchent,  grâce  à  Maxime  Gorkey,  et  aux  plus 
éclairés  des  gouvernants  bolchevistes,  à  survivre  au  cataclysme 
général,  tous  ces  détails  notés  par  Wells  disent  assez  l'étendue  du 
mal   dont   souffre   la   Russie. 

Mais  le  voyageur  ne  s'est  pas  arrêté  aux  seules  apparences  de 
cette  misère.  Le  bolchevisme  est  pour  lui  quelque  chose  de  positif, 
susceptible,  en  dépit  de  fautes,  de  redonner  une  forme  sociale  à 
une  Russie  qui  s'effondre.  Wells  a  en  effet  cherché  à  discerner  les 
causes  dans  leurs  effets  visibles,  à  établir  des  responsabilités,  à 
découvrir  enfin  les  possibilités  d'évolution  de  ce  pays  dans  les 
voies    d'une    civilisation    nouvelle. 

Si  l'on  a  coutume  d'imputer  au  régime  des  Soviets  les  terribles 
convulsions  sociales  où  semble  devoir  sombrer  la  Russie,  on  ne 
réfléchit  pas,  ce  faisant,  combien  elles  étaient  inévitables  '  dans 
un  pays  délabré  par  une  guerre  de  six  années  consécutives, 
moralement  ruiné  par  l'accaparement  et  le  mercantilisme,  i)uis 
privé  progressi\ement  de  ses  ressources  industrielles  et  commer- 
ciales, et  finalement  réduit  à  la  famine.  Comment  était-il  possi- 
ble de  réagir  contre  un  pareil  état  de  choses,  autrement  que  par 
la  force  et  la  violence,  lorsque  s'écroula  le  régime  tsariste,  lors- 
que se  produisit  l'efTondrement  complet  du  vaste  système  admi- 
nistratif, social,  financier  et  commercial  de  l'Empire  Russe  ? 
Qu'on  imagine  donc,  avant  de  condamner  le  bolchevisme,  et  quel- 
que opinion  qu'on  i)uisse  avoir  de  ses  conceptions  politiques,  la 
débâcle    qui    allait    s'aggravant    avec    les    insurrections    des    bandes 


BIBLIOfiRAPHIK  367 

jiriiu'i'S.  ;i\ec  le  I)1()imis,  ;i\i'«'  les  ;ittiif|iifs  (1rs  gi';iii(l>  .'nfiit ui'in's 
sdiitcinis  piir  rKiiri)|)c.  Le  gouvcnifiiicnl  des  Soviets,  ii'tc'\ jiiit  ce 
lïiineiilible  Iiéiitîige.  peul-il  clone  être  lemi  pour  lespoiisiible  des 
désordres  liitérieiir-s  et  des  exéetitioiis  somiiKiires  rendues  iné\i- 
liihles  pjir  le  hrii^iindage  installé  en  niaitre  dans  le  pays  V  Non, 
réj)ond  éneri{ic|uen)ent  Wells;  les  responsahilités  de  eelte  agonie 
d'un  peuple,  il  les  faut  chercher  dans  le  réj^inie  capitaliste  russe 
dont  la  défectueuse  organisation  sociale  n"a  pu  lésistcr  à  la 
i,'ueire,  née  de  l'impérialisme  européen. 

()i\  après  l'enondremcnt  de  la  Société  russe,  seul,  le  parti  c<»nt- 
nuiniste,  minorité  convaincue  et  disciplinée,  était  capaldc  d'assu- 
mer les  charges  du  gouvernement,  car  il  représentait  la  •■  seule 
idée  de  solidarité  •,  •■  la  seule  ufiité  morale  "  qui  eût  subsisté 
dans  le  pays  ;  seule,  cette  minorité,  forte  parce  que  fanatique, 
pouvait  sauver  la  niasse  du  peuple  russe  d'une  débâcle  définitive, 
et  lui  imi)oser  un  régime  qui,  pour  discutable  qu'il  soit,  était 
encore  préférable  à  l'anarchie  envahissante.  Point  essentiel  que 
celui-ci,  souligne  Wells,  car  il  est  la  donnée  première  du  problème 
russe  à  l'heure  actuelle  :  hors  du  communisme,  c'est  le  retour  à 
la  barbarie  ;  il  est  le  seul  commencement  possible  d'un  salut 
encore  lointain  sans  doute,  mais  ce  n'est  que  par  lui  que  la  Rus- 
sie peut  continuer  d'être  ;  en  dehors  de   lui.   il   n'y  a  pas  de  choix. 

Etudiant  l'œuvre  constructive  du  bolchevisme,  Wells  reconnaît 
qu'elle  n'en  est  encore  qu'à  l'état  embryonnaire,  à  la  période  des 
expériences  ;  les  théoriciens  russes  du  communisme,  disciples 
mystiques  et  fervents  de  harl  Marx,  virent  dans  la  Révolution  de 
1917  l'occasion  de  réaliser  leurs  conceptions  sociales.  Les  circons- 
tances rendaient  la  tâche  difficile  ;  les  erreurs  étaient  inévitables; 
et  tout  d'abord,  ils  commirent  celle,  grave  de  conséquences,  de 
suivre  Mar.x  dans  cette  illusion  que  la  Société  Communiste  devait 
naturellement  sortir  des  ruines  du  capitalisme  et  de  l'avènement 
du  prolétariat  :  ils  achevèrent  de  détruire  l'ancien  édifice  avant 
d'avoir  pourvu  à  son  remplacement.  De  plus,  au  contact  des  réali- 
tés, le  nouveau  gouvernement  a  découvert  de  nombreux  problè- 
mes dont  la  solution  n'avait  pas  été  prévue  par  l'inspirateur  du 
régime.  Il  a  fallu  improviser.  De  son  entrevue  avec  Lénine,  Wells 
nous  a  rapporté  en  effet  les  préoccupations  de  celui  qu'il  appelle 
<•  le  rêveur  du  Kremlin  »  :  la  Révolution  russe  pour  lui,  ce  fut 
«'  le  commencement  d'une  ère  d'expériences  illimitées  •>.  L'n 
champ  d'expériences  sociales,  telle  est  la  Russie  aux  niain.s  de 
ceux  qui  se  déclarent  «  prêts  à  essayer  méthode  après  méthode 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  enfin  découvert  celles  qui  doivent  le  mieijx 
les  mener  à  leurs  fins  ».  Ce  qu'ils  ont  fait,  ce  ne  sont  encore  que 
des  essais  :  essais  d'exploitation  agricole  par  les  procédés  moder- 
nes de  grande  culture,  tentatives  pour  la  distribution  de  la  force 
électrique  dans  des  districts  entiers,  application  aux  écoles  du 
système     d'éducation    communiste,    etc..    Tantôt    le    succès    a    cou- 


368  LES   LANGUES    MODERNES 

roniïé  des  efforts  toujours  sincères,  tantôt,  il  n'a  pu  refouler 
l'utopie  au  delà  d'un  commencement  de  réalisation.  L'avenir 
seul  dira  ce  qui  doit  rester  de  cette  œuvre  multiple.  Toutefois, 
on  ne  saurait  nier,  et  c'est  là  une  des  impressions  dominantes 
de  Wells,  que  les  dirigeants  bolchevistes  soient  profondément 
honnêtes  dans  leurs  desseins  ;  ils  veulent  instaurer  le  communis- 
me en  Russie  ;  ils  le  déclarent  ouvertement  et  s'y  efforcent.  Leurs 
vues  sociales  dénotent  l'imagination  et  l'intelligence  nécessaires 
à  des  gens  qui  veulent  reconstruire  sur  des  bases  nouvelles. 
Pourront-ils  mener  à  bien  une  œuvre  qui  se  révèle  chaque  jour 
plus  complexe,  et  à  propos  de  laquel'c  ils  ont  déjà  constaté  l'iiî- 
suffisance  des  théories  marxistes  ?  (1).  Il  faut  pour  cela  qu'une 
aide  leur  vienne  de  l'extérieur;  il  faut  que  renaissent,  avec  le 
concours  de  l'étranger,  le  commerce  et  l'industrie,  sans  lesquels 
ne  peut  vivre  un  pays  comme  la  Russie.  Tel  est,  en  concluant,  le 
conseil  que  Wells  donne  à  l'Europe  comme  à  l'Amérique,  et  qui 
peut  se  résumer  dans  cette  alternative  :  où  condamner  la  Russie 
à  périr  dans  une  barbarie,  qui,  par  contagion,  finira  peut-être 
par  submerger  la  civilisation  européenne,  —  ou  bien  reconnaî- 
tre le  seul  gouvernement  russe  qui  soit  possible  à  l'heure  actuelle; 
aider  ce  gouvernement  inexpérimenté  à  établir  un  ordre  social 
nouveau  ;  admettre  enfin  les  principes  commerciaux  du  commu- 
nisme, pour  assurer  l'existence  matérielle  du  peuple  russe  et 
rendre  de  nouveau  accessibles  à  l'Europe  de  vastes  ressources 
naturelles   nécessaires   à    la    vie    économique   du    vieux    monde. 

G.    JOUSSAUME. 

Cani)bridge  Essays  oi)  THdult  Educatioi),  ediied  by 
R.  St  Jof)0  Parry.  (Cambridge  University  Press,  1920.  230  pp., 
12 '6  net.) 

Les  neuf  essais  qui  composent  cet  intéressant  ouvrage  ont 
été  écrits  par  des  spécialistes  ;  c'est  la  foi  qui  réalise  leur  unité  : 
foi  religieuse,  foi  démocratique,  croyance  absolue  aux  bienfaits 
de    l'éducation    sous    toutes    ses    formes. 

Les  problèmes  abordés  sont  de  ceux  qui  s'imposent  à  l'atten- 
tion de  toutes  les  démocraties  :  le  suffrage  universel  a  donné  à  la 
masse  un  pouvoir  don't  il  importe  qu'elle  fasse  un  usage  raison- 
nable,   or,    elle    manque    des    lumières    nécessaires  ;    il     faut     donc 


(1)  Il  semble  que  déjà  Lénine  ait  renoncé  à  certaines  mesures 
dfi  communisme  intégral  ;  dès  le  début  de  1919,  il  a  été  amené  à 
favoriser  la  reprise  du  petit  commerce  ;  et  Ton  sait  que  récem- 
ment il  a  fait  appel  au  capitalisme  étranger  pour  l'exploitation 
des  richesses  minières  et  forestières  de  Sibérie,  ("es  faits  semblent 
tlonner  raison  aux  |)révisions  de  Wells,  qui  envisage  <■  une  forme 
adoucie  de  communisme  »  comme  l'aboutissement  de  l'évolu- 
tion  probable  du   régime  bolcheviste. 


niHI.IOdHAPHlE  369 

<liie  des  rc-fonnes  hardies  lui  permettent  de  travailler  à  perlec- 
tioiiner    son    instruction. 

Il  nous  parait  impossible  que  les  questions  relatives  à  l'éduca- 
tion des  ouvriers  et  des  femmes  de  toutes  les  classes  puissent  être 
traitées  avec  une  plus  large  sympathie.  La  contianee  témoignée 
ici  aux  trade-unions,  aux  coopératives,  à  la  mutualité,  aux  asso- 
ciations professionnelles  de  tout  genre  est  absolue.  I-eurs  moin- 
dres désirs  sont  si  scrupuleusement  examinés,  leui-  psychologie 
souvent  ombrageuse  est  scrutée  avec  une  volonté  si  nette  de  res- 
|)ecter  Jusqu'à  leurs  préjugés,  que  la  tâche  du  professeur  devant 
ces  auditoires  ondoyants  et  divers,  parfois  hostiles,  apparaît  com- 
me singulièrement  diflicile.  l'our  réussir,  il  faudra  que  le  maître 
soit  un  missionnaire  de  l'éducation  in  ptirtibus  infideliiim  (p.  190 
et  106)  et  qu'il  domine  absolument  son  sujet  de  façon  à  n'établir 
l'autorité    de    son    enseignement    que    par    la    libre    discussion. 

Faut-il  dire  que  ces  essais  sont  écrits  par  des  enthousiastes  ? 
On  ne  se  consacre  pas  à  une  œuvre  aussi  belle  et  aussi  grande 
sans  avoir  quelque  étincelle  du  feu  sacré.  Nul  ne  l'a  davantage 
que  A.  C.obhani,  auteur  de  l'essai  tinal,  ouvrier  dont  l'Extension 
l'niversilaire  a  lait  un  écrivain  et  un  penseur  ;  son  éloquent 
appel   mérite   d'être   entendu. 

H.     ROIDIL. 

Methods  ai)d  Materials  of  Literary  Criticism)  :  Lyric, 
Epie,  ai)d  Allied  Forn[)s  of  Poetry,  by  Charles  Milis, 
Cayley  ai)d  Bei)jan)ii)  Puti)an)  Kurtz.  (Ginn  et  c  .   Boston, 

etc.,  1920,  V  -^  911  pages,  3  dollars;. 

Ce  volume  trapu,  qui  fait  suite,  à  quelque  vingt  ans  de  dis- 
tance, à  un  autre  volume  du  même  genre  (Introduction  to  the 
Methods  and  Materials  of  Literary  Criticism,  1899),  déjà  publié 
par  le  vaillant  professeur  de  l'Université  de  Californie,  avec 
l'aide  d'un  autre  collaborateur,  vaut  qu'on  s'y  arrête.  Ces  centai- 
nes de  pages,  bourrées  d'indications  bibliographiques,  forment 
une  masse  —  ose-t-on  dire  —  qui    «    se  pose  un  peu  là    « . 

Les  auteurs  ont  voulu  nous  donner  un  guide  à  l'étude  de  deux 
grands    genres    littéraires  :    la    poésie    hrique    et    la    poésie    épique. 

Chacune  des  deux  parties  nous  présente  d'abord,  en  une  quaran- 
taine de  pages,  un  exposé  des  questions  générales  de  théorie  et  de 
tchnique  qui  peuvent  retenir  l'attention  de  l'étudiant  :  comment 
la  notion  de  ces  genres  s'est  formée,  comment  elle  a  évolué, 
quelles  définitions  on  en  peut  offrir,  quelles  variétés  on  peut  dis- 
tinguer, quelle  peut  ou  doit  être  la  constitution  psychique  de 
l'auteur  dans  l'un  et  l'autre  cas,  quelles  sont  les  caractéristiques 
de  chaque  genre  pour  le  fond,  pour  la  forme,  quelles  en  sont  les 
fonctions  propres,  en  termes  d'esthétique  ou  d'éthique,  etc..  Il 
y  a  là  déjà  un  monde  de  problèmes  ardus,  qu'une  belle  vaillance. 


370  LES   LANGUES    MODERNES 

une  belle  fraîcheur  d'esprit,  très  américaines  sans  doute,  n'hési- 
tent pas  à  poser  dès  l'abord,  à  proposer  et  presque  à  imposer  au 
critique  en  herbe.  Le  programme  est  suivi  — -et  chaque  fois, 
c'est  encore  affaire  de  40  à  50  pages  —  d'une  bibliogi-aphie  cri- 
tique générale  des  ouvrages  où  ces  premiers  points  de  principe 
sont  plus  ou  moins  complètement  traités.  Après  quoi,  l'histoire 
de  la  critique  et  de  la  théorie  du  genre,  dans  chacun  des  grands 
pays  où  la  conscience  littéraire  a  pu  agiter  ces  problèmes,  est 
esquissée,  avec  d'abondantes  indications  bibliographiques  encore 
(50  pages  pour  le  lyrisme,  90  pour  l'épopée). 

Puis  l'histoire  du  genre  lui-même  est  attaquée,  d'un  point  de 
vue  universel.  Une  fois  de  plus,  il  s'agit  ici  plutôt  de  suggérer 
des  directions  d'attention  et  de  réflexion  que  d'arrêter  des  traits 
définitifs.  Comment  chaque  genre  peut  naître,  quelles  conditions 
sociales  peut  exiger  sa  floraison,  comment  il  peut  évoluer,  se  dif- 
férencier, etc.,  c'est  ce  que  nombre  d'ouvrages,  —  signalés  au 
cours  de  nombre  de  pages  (30  et  50  respectivement)  —  examinent 
plus  ou  moins  sj'Stématiquement  depuis  nombre  d'années,  sans 
que  des  réponses  bien  fermes  et  bien  complètes  s'y  soient  pâmais 
formulées...  Enfin,  des  résumés  historiques,  très  sobres,  mais  très 
nourris  de  références,  montrent  le  développement  de  la  poésie 
lyrique  et  de  l'épopée  en  Grèce,  à  Rome,  à  Byzance,  dans  le 
Moyen  Age  latin,  en  Italie,  en  France,  en  Espagne,  en  Angleterre, 
en  Allemagne,  en  Portugal,  en  Hollande,  —  et  bien  d'autres  pays 
encore  y  compris  la  Chine  et  le  Japon  (pour  la  poésie  lyrique), 
l'Inde  et  la  Babylonie   (pour  l'épopée)... 

On  voit  l'ampleur  formidable  de  ce  travail.  L'Index  doit  com- 
porter de  5  à  6.000  noms  d'auteurs,  et  c'est  par  milliers,  assuré- 
.  ment,  qu'il  faut  compter  le  nombre  des  volumes  ou  articles  que 
les  auteurs  ont  dépouillés,  ou  du  moins  feuilletés  d'une  main 
diligente.  Et  comme  si  cet  effort  ne  leur  sulfisait  pas,  ils  ont 
ajouté  à  leur  livre,  en  appendice  (dont  l'index  ne  tient  pas 
compte),  une  «  brève  bibliographie  de  l'histoire  de  la  poésie  » 
à  la  face  de  notre  planète,  60  pages  de  petit  texte,  bourrées  de 
titres,  et  non  de  titres  secs,  mais  pourvus  d'astérisques  et  parfois 
de  brèves  notes  critiques,  soulignant  la  valeur  des  ouvrages  en 
cause. 

En  vérité,  c'est  ici  un  monument  de  patience  devant  lequel  on 
reste  confondu.  Sans  doute,  se  demandera-t-on  si  jamais  il  se 
trouvera  quelqu'un  pour  entreprendre,  —  je  ne  dis  pas  pour 
mener  à  bien,  —  l'immense  étude  comparée  à  laquelle  un  pareil 
recueil  nous  convie.  Et  sans  doute  aussi,  dès  que  l'on  bornera 
son  enquête,  s'apercevra-t-on  que  ce  guide  bibliographique  ne 
saurait    être    complet    (1).    Mais    n"im|)orte.    L'ouvrage    est    utile    et 

(1)  Kst-il  question  du  sentiment  de  la  nature  dans  le  lyrisme 
anglais  ?    Des   .articles    de    \  iilgirisat  ion    sont    cités   (p.   267)    cl    non 


uiuliochai-hik  371 

siif^gcslif  à  cDiisulUr.  Les  l)il)li()thi'qiR's  ftioiit  mèiiic  bit-n  de  le 
mettre  à  portée  des  travailleurs,  parmi  les  instruments  dont  ils 
auront  le  plus  à  se  servir.  Kt  la  largeur  et  la  précision  des  infor- 
mations ici  accumulées  font  grand  honneur,  non  seulement  à  l.i 
richesse  matérielle  des  centres  d'études,  où  elles  ont  pu  être 
recueillies,  mais  à  l'industrie  et  à  l'amhition  tles  informateurs 
eux-mêmes. 

A.    Koszui.. 

Her)ri  Troi)Ct)Oi).  —  La  Fortune  Intellectuelle  de 
Herder  ei)  France  :  la  préparation,  liihiioynipbie  critique. 
(Kieder.  Paris,  1920). 

Ce  qui  frappe  à  la  lecture  des  deux  volumes  de  M.  Tronchon, 
c'est  l'union  des  qualités  qui  font  le  mérite  d'études  comme 
celles-ci  :   une   vaste   érudition   et   une  parfaite   probité   scientifique. 

Il  n'y  a  pas  de  périodique  susceptible  de  mentionner  le  nom  de 
Herder  que  M.  Tronchon  n'ait  consulté  ;  il  n'y  a  pas  d'émigré 
français  ayant  pu  entendre  parler  de  Herder  dont  M.  Tronchon 
n'ait  scruté  les  écrits  inédits  ou  inachevés  ;  il  n'y  a  pas  d'his- 
torien ou  de  philosophe  connu  dont  il  n'ait  étudié  l'œuvre  pour 
tâcher  d'y  découvrir  la   moindre   trace   de   Herder. 

Un  esprit  plus  facilement  séduit  par  un  développement  possi- 
ble que  retenu  par  une  conscience  scrupuleuse,  s'il  avait  eu  à  sa 
disposition  l'immense  lecture  de  M.  Tronchon,  aurait  fait  flèche 
de  tout  bois.  M.  Tronchon  n'a  pas  été  tenté  une  seule  fois. 
Quand  il  a  trouvé  quelque  idée  ou  expression  qui  pût  s'apparen- 
ter à  Herder,  il  l'a  relevée  et  expliquée  ;  mars  s'il  a  estimé  que 
la  pensée  ou  le  mot  pouvait  avoir  une  autre  origine,  il  l'a  dit,  et  il 
a  souvent  conclu  contre  Herder. 

Dans  la  période  de  préparation,  "  cette  étude  de  la  fortune 
intellectuelle  de  Herder  en  France  »  est,  comme  l'a  dit  spirituel- 
lement M.  Tronchon,  «  l'histoire  d'une  véritable  infortune  »,  et 
en  criblant  ses  matériaux,  l'ouvrier  a  dû  en  rejeter  beaucoup 
qu'il  avait  scrupuleusement  examinés  ;  ce  travail  était  nécessai- 
re cependant  :  il  a  déblayé  le  terrain  sur  lequel  l'auteur  édifiera 
solidement  la   suite  de   son  œuvre. 

C'est  en  1767  que  l'on  relève  la  première  mention  du  nom  de 
Herder,  et  dès  le  début,  les  périodiques  français  lui  ont  fait  un 
accueil   bienveillant    et    ont    mentionné    ses     principaux     ouvrages. 


le  travail  de  Moorman.  —  S'agit-il  des  formes  métriques  du 
lyrisme  français  ?  Le  gros  ouvrage  de  M.  Thieme  semble  négligé. 
—  Et  pour  ce  qui  est  des  origines  de  l'épopée  (p.  594)  et  de 
l'épopée  française  en  particulier  (p,  703),  on  regrette  de  voir 
M.  Bédier  loué  vaguement  (p.  616)  sans  que  ses  idées  soient 
vraiment    «    représentées   ». 


322  LES   LANGUES    MODERNES 

Pendant  IVniigratioii.  quoiquL-  des  Français  de  marque  aient 
réside  à  Weimar  où  vivait  alors  Herder,  Ja  réputation  de  eelui-ei 
n'a  iiuère  profité  de  l'aubaine.  Jusqu'à  la  fin  de  l'Empire,  d'ail- 
leurs, le  publie  fi-ançais  ne  s'intéressa  guère  à  l'idéologie  alle- 
mande. Certes,  Mme  de  Staël  et  sou  groupe  s'occupent  de  Herder  ; 
mais  l'hommage  rendu  à  eelui-oi  dans  le  livre  De  l'Allemagne  est 
plus  important  à  cause  de  la  grande  influence  du  livre  lui-même 
qu'à  cause  de  la  place  que  Herder  y  tient.  Si  Mme  de  Staël  a  été 
sensible  à  la  séduction  du  style  chez  Herder,  elle  n'a  rien  retenu 
de  sa  philosophie  ou  de  sa  critique  esthétique;  et  si  quelques- 
unes  de  ses  idées  ressemblent  à  celles  de  l'auteur  allemand,  c'est 
plutôt  à  Schlegel  qu'elle  les  doit.  Quant  à  Sismondi,  il  a  contracté 
une  dette  très  certaine  envers  Herder  :  il  lui  doit  sa  conception 
du  Hoiuftncero  espagnol.  Benjamin  Constant  étudia  de  près  les 
Idées  de  Herder  ;  il  n'est  pas  douteux  que  l'auteur  allemand  aida 
pour  sa  part  à  la  conversion  de  l'écrivain  français  et  lui  fournit 
quelques-unes  des  idées  qui  lui  permirent  de  composer  son  livre 
De  la  Religion.  C'est  là  sans  doute  que  l'on  relève  la  trace  la 
plus  nette  de  l'influence  de  Herder  en  France  avant  1830.  Herder 
a  bien  fourni  à  Hallanche  îles  confirmations  et  même  des  correc- 
tions utiles  ;  il  a  tenu  un  instant  une  place  importante  dans  la 
vie  intellectuelle  de  Guizot  ;  mais  chez  l'un  et  l'autre  auteur 
français,  la  conception  de  l'histoire  ne  doit  rien  à  Herder.  De 
Maistre  et  Bonald  travaillent  sur  un  fonds  d'idées  analogue  à 
celles  de  Herder  ;  mais  s'ils  ont  nommé  l'auteur  allemand,  ils  ne 
l'ont  guère  connu.  Il  n'a  joué  aucun  rôle  non  plus  dans  la  forma- 
tion du  saint-simonisme  et  du  positivisme.  Eckstein  enfin  tra- 
vailla beaucoup  à  la  notoriété  de  Herder,  car  il  l'a  souvent 
nommé  ;  mais  il  ne  contribua  aucunement  à  son  influence,  car 
lui-même  ne  l'a  guère  subie,  et  n'a  gardé  de  Herder  qu'un  sou- 
venir assez  peu   distinct. 

<'  Ainsi,  conclut  M.  Tronchon,  même  pour  ceux  qui  ont  connu 
vraiment  Herder  et  paru  sensible  à  son  attrait,  ce  qu'ils  ont  pu 
lui  devoir  semble  peu  de  chose,  comparé  à  ce  qu'ils  tiennent  de 
leurs  premières  habitudes  intellectuelles  ou  de  leur  foi,  ou  de 
leur  temps.  »  Mais  <■  dès  avant  Quinet,  quelques  tendances  essen- 
tielles de  l'âge  nouveau  se  sont  pour  ainsi  dire  mesurées  avec 
Herder.  Même  quand  elles  semblaient  à  la  fois  continuer  des 
traditions  intellectuelles  anciennes,  ethniques  dont  nulle  crise 
ne  fait  table  rase,  et  naître  du  siècle,  de  ses  peines  et  de  sa 
grandeur  réfléchies  en  quelque  tempérament  d'élite,  elles  se  sont 
croisées    avec   certaines    inclinations    représentées   par   Herder.  » 

M.  Tronchon  a  eu  raison  de  nous  montrer  ces  concordances,  car 
elles  expliquent  raccueil  que  Herder  recevra  dans  la  France  de 
1830  ;  cet  accueil  et  les  résultats  qui  en  découleront  vont  être 
étudiés  daus  un  prochain  livre  qui  sera  plus  riche  de  résultats 
positifs  :    il    ne    saurait    être    plus    vaste    dans    son     enquête,     plus 


J 


niBLIOGRAPHIE  373 

probe  dans  ses  concliisions  ;  il  sera,  comme  ce  premier  volume, 
(lé(ii)itif. 

Léon    Lemonmeh. 

Tl)e  Year  Book  of  Moderi)  Laoguages,  1920.  — 

(Cambridge  l'niversity  l'ress;. 

L'Association  des  |)rofesseurs  de  langues  modernes  d'Outre- 
Manche  a  pris  la  résolution  de  publier  un  annuaire  des  Langues 
Modernes.  Le  premier  volume,  pour  l'année  1920,  s'occupe  du  pro- 
grès réalise  dans  l'étude  des  langues  vivantes  pendant  la  période 
1914-1919.  Le  j)remicr  article  est  le  compte  rendu  d'un  rapport  pu- 
blié par  une  (;ommission  d'enquête  gouvernementale  1918.  (Certai- 
nes des  conclusions  au.xquelles  la  Commission  aboutit  nous 
intéressent  en  ce  qu'elles  nous  montrent,  là-bas  comme  ici,  des 
préoccupations   semblables. 

Le  paragraphe  F  sur  les  moyens  d'acquisition  d'une  langue 
note  : 

c  Le  séjour  à  l'étranger  est  la  façon  la  plus  facile  d'étudier 
une  langue  vivante  ;  mais  l'étude  préalable  est  la  meilleure  des 
préparations  ;  sans  une  étude  patiente  et  théorique,  une  langue 
ne  peut  être  connue  à  fond.  »  —  "  Les  études  secondaires  doivent 
donner  une  connaissance  sûre  des  principes  de  la  langue  ;  une  base 
sur  lesquelles  l'élève  bâtira  plus  tard,  selon  ses  goûts  ou  ses  be- 
soins. »  —  "  L'étude  obligatoire  du  Latin  et  du  Grec  à  l'Univer- 
sité, tend  à  faire  obstacle  à  l'étude  approfondie  d'une  langue,  dans 
les  écoles.  »  —  «  L'étude  de  l'anglais  est  la  meilleure  base  pour 
servir  à  l'étude  des  langues  vivantes.  Inversement,  l'enseignement 
des  langues  vivantes  doit  donner  une  maîtrise  plus  grande  de  la 
langue   maternelle.   » 

Dans  le  paragraphe  D  sur  la  valeur  des  études  modernes,  on 
lit  : 

"  Le  développement  des  études  modernes  répond  à  un  besoin 
national  ;  nous  avons  besoin...  d'employés,  de  voyageurs,  de 
directeurs,  d'administrateurs  qui  connaissent   les  langues,  les  pays 

et    les    peuples   étrangers Cette   connaissance   (du   pays    étranger; 

ne  doit  pas  se  borner  à  la  philologie  et  la  littérature,  mais 
embrasser  aussi   l'histoire,   la   politique,   l'art   et  la   philosophie.    » 

Dans  le  paragraphe  E  : 

«  La  valeur  relative  des  diverses  langues  étrangères  et  au  point 
de  vue  de  la  culture  est  celle-ci,  pour  les  Anglais  :  le  français,  en 
première  ligne  ;  ensuite,  et  par  ordre  alphabétique,  l'allemand, 
l'espagnol,    l'italien,    et    le    russe.   » 

Dans  le  Chapitre  II,  Les  Sernices  Cinils  et  les  Langues  Modernes, 
il  est  intéressant  pour  nous  de  noter  que  le  nouveau  programme 
d'examen  pour  le  recrutement  des  services  civils,  veut  •  placer 
sur  un  pied  d'égalité  les  principales  disciplines,  à   savoir  :   langues 

26. 


374  LES    LANGUES    MODERNES 

anciennes,  liistoire  et  littérature  ;  langues  modernes,  histoire  et 
littérature  ;  histoire  ;  mathématiques  ;  sciences  physiques  et  natu- 
relles   ». 

H.    BOUSSINESQ. 

Rev.  H. -F.  Stewart,  Fellow  of  Trinity  Collège,  Camhridge  : 
San)Uel  Jot)l)SOI).  (Extrait  de  la  Revue  de  l'Université  de  Bruxelles, 

N"  6,  mars  1921).  Cette  conférence  fut  faite  en  français,  sous  le 
patronage  de  l'Union  anglo-belge.  Grâce  à  des  citations  heureuse- 
ment choisies  et  habilement  groupées,  le  Rév.  H.-F.  Stewart  sait 
donner  la  vie  à  son  personnage  et  met  en  relief  les  défauts  et  les 
qualités  ou   plutôt   les  vertus   du   fameux   docteur. 

H.   DUPUK. 

Louis  Marçt)ai)d.  —  Le  preni)ier  livre  frai)çais  ou 
la  Fan)ille  DupOI)t.  —  l  vol.  broché,  in-8'\  VII-1.'57  pp.,  l'aris, 
Siège  central  de  la  Conférence  au  village,  1920. 

Au  moment  où,  dans  notre  pays,  les  mesures  se  succèdent  qui 
visent  à  restreindre  l'étude  des  langues  vi\'antes,  il  faut  noter  le 
mouvement  inverse  qui,  chez  les  peuples  rivaux,  développe  sans 
cesse  l'importance  de  notre  discipline.  (]'est  pour  répondre  à  ces 
besoins  manifestés  à  l'étranger  que,  depuis  la  guerre,  ont  paru 
Ijlusieurs  méthodes  destinées  à  l'enseignement  du  français  et  dont 
il  fut  rendu  compte  ici-méme.  La  dernière  en  date,  celle  de 
M.  Marchand  s'inspire  comme  celles  de  M.  Gourio,  de  .M.  Camer- 
iynck,  des  principes  de  la  méthode  directe.  L'auteur  le  dit  expres- 
sément :  il  observe  et  Jiiet  en  œuvre  les  deux  grandes  lois  natu- 
relles de  l'acquisition  du  langage  :  Vintuition  et  la  répétition.  Ou 
étudie  d'abord  les  mots  les  plus  fré(|ueuiment  employés  dans  la 
langue  usuelle.  Cela  va  de  soi.  Le  choix  de  ces  termes,  l'auteui', 
comme  il  Ta  iMdi((ué  dans  ses  précédentes  études,  voudrait  qu'il 
fût  réglé  par  l'application  de  ce  qu'il  appelle  le  »  coellicient 
d'usage  •>,  formule  bonne  en  elle-même  et  qui  résume  bien  le 
souci  pédagogique  très  louable  qui  l'inspire,  mais  qu'il  ne  faudrait 
peut-être  pas  appliquer  avec  une  rigueur  impitoyable,  .le  me  mélie, 
d'instinct,  de  toute  intrusion  <k'  la  mathématique  dans  ce  qui  vit 
et  ce  qui  palpite  et  une  langue  est  un  organisuje  vivant,  et  rensei- 
gnement est  une  entrée  en  contact  d'es|)rils  et  de  cœurs.  AL  Mar- 
chand, —  il  faut  rendre  hommage,  d'ailleurs,  à  ses  intentions 
scientifiques,  —  est  obligé,  rimar(iuons-le,  clp  se  départir  dès 
l'abord  de  son  inllexibilité  logique  :  il  a  senti  qu'il  est  nécessaire 
de  faire  connaître  aux  débutants  certaines  poésies  populaires,  cer- 
tains chants,  où  se  rencontrent  des  vocables  rares.  11  faut  pour- 
tant  bien   expliquer  ces  derniers. 

Critique  de  détail,   simplement,   et   qui    n'infirme   en   rien   les  élo- 


BIBLIOGRAPHIE  375 

gcs  que  mérite  rouvrage,  composé  avec  la  conscience  et  le  soin 
ordinaires  de  M.  Marchand.  L'auteur  insiste  avec  raison  sur  l'im- 
portance de  la  répétition  et,  à  cet  effet,  ces  leçons  «  destinées  à 
être  parlées  »,  il  lui  "  a  paru  nécessaire  de  les  faire  enregistrer 
par  le  phonographe  ».  L'ambition  de  M.  Marchand  ne  s'est  pas 
l)ornée  à  enseigner  le  français.  A  juste  titre,  il  voudrait  «  ensei- 
gner la  France  et  la  mentalité  française  »,  désir  fort  légitime  et 
qui  est  celui  de  tous  les  professeurs  d'humanités  modernes,  en  ce 
(|ui  concerne  la  civilisation  dont  ils  apprennent  la  langue  à  leurs 
élèves,  but  dernier  certes,  de  notre  enseignement  et  que  ne  veulent 
point  apercevoir  certains  esprits  hostiles  à  notre  discipline. 
M.  Marchand  transporte  donc  son  lecteur  dans  une  famille  fran- 
çaise <•  où  il  pourra  en  quelque  sorte,  s'imprégner  de  l'atmosphère 
de  notre  pays  ».  Ce  milieu  français  est  créé  non  seulement  par  le 
texte,  mais  par  les  innombrables  dessins  dus  au  talent  de  l'auteur 
lui-même  et  aussi  par  la  chanson.  >•  I/oreillc,  fait  observer 
M.  Marchand,  est  bien  plus  intuitive  que  l'œil.  »  L'ouvrage  con- 
tient tioiic  "  une  illustration  musicale  de  la  France,  tie  toutes  ses 
provinces  »,  sous  la  forme  d'une  série  de  vieilles  chansons  fran- 
çaises, harmonisées  avec  un  grand  sens  artistique  et  pédagogique 
par  M.  E.  lîouillon,  professeur  de  chant  dans  les  Fcoles  de  la 
Ville  de  Paris. 

L'ouvrage  a  été  composé  sur  la  demande  du  Comité  alsacien  de 
la  Conférence  au  Village.  Il  est  particulièrement  destiné  aux  élè- 
ves dont  la  langue  maternelle  est  l'allemand  et  M.  Marchand  a 
jugé  utile  d'y  joindre  quelques  pages  de  iinimniiilik  où  sont  grou- 
pées les   i)rincipales  règles  de  notre   langue. 

Ch.  N'^eii.let-Lavali.kk. 

Georges  Weill.  —  Histoire  de  rEi)seigi)en)ei)t  secoi)- 

daire  CQ  Frai)Ce  (Payot,  1921.   l  vol.  in-lfi  de  2^  pp.). 

Nombreuses  sont  les  études  critiques  qui  ont  paru  depuis  vingt 
ans  sur  l'enseignement  secondaire,  ses  tendances  et  ses  program- 
mes. Mais  nous  n'avions  pas  un  seul  livre  d'ensemble  donnant 
l'histoire  de  cet  enseignement  depuis  que  Napoléon  a  créé  l'Uni- 
versité. 

L'ouvrage  de  M.  Georges  Weill,  professeur  à  la  Faculté  des  Let- 
tres de  Caen,  comble  cette  lacune.  Exposant  le  régime  oijganisé 
sous  le  Consulat  et  l'Empire,  il  en  suit  les  modifications  jusqu'au 
lendemain  de  la  grande  Guerre.  Bien  plus  encore  que  l'étude  des 
règlements  et  des  institutions,  c'est  l'histoire  de  la  vie  universi- 
taire, des  tendances  qui  ont  prévalu  dans  l'éducation  à  chaque 
période,  et  qui  se  sont  traduites  le  plus  souvent  par  de  nouveaux 
programmes.  A  côté  des  lycées  et  collèges  de  l'Etat,  nous  appre- 
nons en  outre  à  connaître  les  maisons  de  l'enseignement  libre, 
maisons   laïques   dans   la    première    moitié   du    xix""   siècle,   maisons 


376  LES    LANGUES    MODERNES 

ecclésiastiques  dans  la  seconde.  Enfin,  une  place  importante  est 
faite  aux  grandes  réformes  pédagogiques  et  aux  discussions  qu'elles 
ont  soulevées. 

Ce  livre  mérite  d'être  lu.  Non  seulement,  il  apporte  quelque 
chose  à  l'histoire  de  la  civilisation  en  France,  mais  il  pourra  ser- 
vir de  guide  utile  à  ceux  qui  veulent  apprécier  en  connaissance 
de  cause  les  nouvelles  réformes  qui  vont  être  soumises  à  l'examen 
du   Conseil  supérieur,  et  très  probablement   du   Parlement. 

Harold  Nicolsoi)  :  Paul  Verlaine  (271  pp  ,  8vo,  12  6,  Cons- 

table  London,  1921). 

Ce  livre  est  l'œurre  d'un  poète  ;  j'entends  par  là  non  le  savant 
constructeur  de  phrases  qui  charment,  ni  le  chantre  presque  dé- 
faillant sous  l'émotion,  mais  seulement  celui  qui  voit,  qui  com- 
prend, qui  laisse  retomber  tout  ce  qui  n'est  pas  réalité  centrale. 
Harold  Nicolson  a  su  dire,  sans  emphase,  tous  les  faits  significa- 
tifs de  la  vie  de  Verlaine,  et  même  de  celle  de  Rimbaud.  Il  n'appuie 
pas  :  il  indique,  selon  toute  la  spontanéité  de  son  attention.  11  ne 
juge  pas  —  il  voit.  Comme  disait  Carlyle,  «  il  3'  a  des  yeux  der- 
rière ses  lunettes   »  :  c'est  en  cela  qu'il  est  humain. 

Sans  doute  importe-t-il,  pour  l'ordre  extérieur  à  l'aide  duquel 
les  sociétés  humaines  témoignent  de  leur  conception  d'un  certain 
équilibre,  que  ne  résonnent  pas  trop  nomljreuses  ces  clameurs  irré- 
sistibles d'âmes  auxquelles  il  suffît  d'être  uniquement  ce  qu'elles 
sont,  et  que  n'intimident,  à  leurs  meilleures  heures,  ni  les  réactions 
inévitables  du  milieu,  ni  même  la  conscience  de  leur  propre  impuis- 
sance à  suivre  pas  à  pas,  en  leurs  moins  bonnes  heures,  et  sans 
faillir,  leur  propre  idéal.  Mais  ces  âmes,  telle  celle  de  Verlaine, 
concentrent  en  elles  plus  d'intacte  réalité  qu'il  n'en  serait  possible 
de  rasseml)ler  en  d'entières  circonscriptions  de  citoyens  plus  aisé- 
ment classifiablcs  :  Harold  Xicolson  l'a  compris.  Il  a  su  en  outre 
(et,  ])oui'  un  Anglais  ou  pour  un  Français,  c'est  un  mérite  certain», 
se  dégager,  à  l'égard  de  Verlaine,  du  dogmatisme  national,  en  mo- 
rale comme  en  art,  ou  tout  au  moins  se  l'expliquer,  en  homme  dont 
les  liens  subsistent,  mais  n'enchaînent  pas  le  jugement. 

Le  dernier  chapitre,  sur  l'originalité  et  l'influence  littéraires  de 
\'erlaine,  est  particulièrement  satisfaisant  pour  l'esprit  :  on  y  voit 
un  sens  criticjue  fait  h  la  fois  de  bon  sens  et  d'acuité,  et  armé 
d'une  culture  étendue,  définir  sûrement  les  mouvements  roman- 
tique, parnassien  et  symboliste,  puis,  eJi  pleine  conscience  des 
diflicultés  de  la  tâche  pour  un  étranger,  comme  des  avantages  de 
cette  situation,  retracer  les  grandes  lignes  oubliées  des  tenipéra- 
nuiits  nationaux  dans  les  domaines  auditif  et  logique.  Comme 
dans  la  biographie  proprement  dite,  un  style  souple  et  précis  re- 
constitue l'atmosphère  ;  et  l'analyse  s'arrête,  devant  le  lecteur  une 
fois  aiguillé,  lui  l:iiss;int  le  droit  et  la  joie  de  penser  par  lui-même. 


BIBLIOdKAPHIK  .il  I 

et  (le  chisser  fjicileiiieiit  la  masse  d'impressions  subtiles  ou  diffuses 
issues  d'une  ^•ie  et  d'un  art  tels  que  ceux  de  X'erlaine.  Malgré  les 
réser\  es  de  l'auteur  au  sujet  de  l'abus,  traditionnel  en  France,  de 
In  itvtteté  des  contours,  dirai-je  que  Harold  Nicolson,  entrant  assez 
profondément  en  l'âme  de  son  héros  pour  la  pleinement  compren- 
dre, et  s'en  détachant  assez  pour  lu  situer  par  rapport  aux  tempé- 
raments autres,  a  fait  œuvre  particulièrement  discrète  et  fran- 
çaise •' 

(i.    dHaM.KST. 

Tl)e  Kii)gs  Treasuries  of  Literature  ((ieneral  Editor  : 
Sir  A. -T.  (Juiller-Couch.  —  J.  M.  Dent  Sons,  l'ublislicrs,  ii^,  (^hiai 
des  Grands-Augustins,  Paris). 

.r;ii  déjà  dit  ici-nième,  en  (iéccnd)rc  dernier,  tout  le  Intii  (|iic 
Ji  pense  de  celte  collection,  dont  (juatre  nou\eaux  \olumes  \  ien- 
nent  de  m'ètre  communiqués.  Dans  Selected  English  Essays 
(.2.")(i  pp.),  seize  auteurs  sont  représentés,  de  liacon  aux  contempo- 
lains  \.  Birrell,  E.  Gosse,  (Chesterton,  E.-V.  Lucas  et  le  jjoète  Yeats. 
En  |>lus  des  notes  de  \ ocabulaire,  ou  identifiant  des  citations,  16 
|)agcs  de  commentaires,  pour  l'ensendile  des  essais,  figurent  à  la  fin 
du  volume,  tt  établissent  la  part  de  nouveauté  des  opinions  expri- 
mées, en  les  situant  parmi  celles  d'autres  écrivains  sur  les  mêmes 
sujets.  Suivent  22  pages  de  notices,  trop  sommaires  en  ce  c|ui  con- 
cei"nc   les  contemporains. 

A  Shakespeare  Progress  (320  pp.),  œuvre  de  .M.  Dent  lui-même, 
consiste  en  une  série  de  passages  classiques  ou  curieux,  cueillis 
dans  l'ensemble  des  pièces  par  ordre  chronologique,  et,  comme 
l'indique  le  titre  de  l'ouvrage,  destinés  à  illustrer  l'évolution  de 
l'art  et  de  la  pensée  du  poète.  Malgré  la  difïiculté  dVxtraire  de 
drames,  des  fragments  doués  d'une  unité  suffisante,  nous  avons  ici 
une  suite  de  morceaux  significatifs  ;  je  crains  pourtant  que  les 
élèves  non  familiers  avec  un  assez  grand  nombre  de  pièces 
shakespeariennes,  ou  avec  les  contes  de  Lamb,  y  sentent  souvent  le 
besoin  d'un  fil  conducteur  ;  il  est  vrai  que  le  professeur  peut  le 
fournir. 

Some  Animal  Stories,  de  Charles  Hobeits,  sont  soit  complètes, 
soit  extraites  d'œuvres  plus  étendues  du  même  auteur  ;  elles  ne 
consistent  pas  en  général  en  observations  directes,  mais  en  scènes 
imaginées  par  un  écrivain  moins  soucieux  de  vérité  ou  de  vrai- 
semblance que  d'amuser,  —  dont  la  méthode  est  par  conséquent 
fort  discutable,  rien  n'étant  aussi  curieux,  même  pour  de  tout 
jeunes  enfants,   que   la   vérité. 

Je  préfère  de  beaucoup  le  volume  intitulé  London  in  Literattire. 
d'.Alfred-H.  Hcadley  (286  pp.)  ;  qu'il  sufTise  de  dire  que  71  auteurs 
y  sont  représentés,  et  que  cet  éclectisme  témoigne  de  l'enthousias- 
me de  l'auteur  pour  son  sujet  ;  on  se  rendra  compte  de  la  variété 


378  LES   LANGUES    MODERNES 

des  points  de  vue,  de  la  richesse  eu  aspects  ou  eu  événements 
retracés,  de  la  valeur  de  cette  promenade  à  travers  l'histoire 
auglaise.  Comme  livre  de  lecture  dans  les  bibliothèques  de  classe, 
et  comme  auteur  du  programme  par  exemple  dans  les  cours ,  de 
préparation  aux  grandes  écoles,  voici  un  livre  qui  serait  aussi 
utile  pour  l'acquisition  d'un  vocabulaire  étendu,  que  pour  la  péné- 
tration du  génie  anglais  sous  ses  formes  les  plus  concrètes  et  l^s 
plus  pittoresques. 

Tous  ces  volumes  coûtent  en  Angleterre  de  1/6  à  1/9  ;  malgré  le 
cours  actuel  du  change,  ils  doivent  donc  être  accessibles  à  la 
moyenne  de  nos  élèves. 

G.   d'Hangest. 

J.-C.  Sn)>tl)  :  A  Book  of  Werse  frort)  Lai)giai}d  to 
Kipling.  (Oxford,  Clarendon  Press,  1U2I.  298  pp.,  ;V6  net). 

Cette  anthologie  complète  l'édition  du  Golden  Treasury  publiée 
par  la  même  maison  et  les  suppléments  qu'elle  comporte  :  c'est 
dire  que  les  poèmes  lyriques  y  sont  rares.  Une  préface  de  16  pages 
dégage  les  caractères  principaux  de  chaque  période.  Les  textes 
choisis  sont  souvent  copieux,  souvent  complets,  et  nettement  repré- 
sentatifs ;  l'Elégie. de  Gray,  Tarn  o'Shanter,  le  Village  Abandonne, 
entre  autres,  y  sont  donnés  intégralement  ;  et  lorsque  des  coupu- 
res ont  été  faites,  l'unité  de  sens  et  la  coordination  ont  été  pré- 
servées. Peu  de  notes  ou  de  notices  ont  donc  été  nécessaires  ;  et 
celles  qui  existent  sont  solires  :  le  mérite  est  réel  de  permettre  ainsi 
à  l'attention  de  se  concentrer  fructueusement  sur  les  <euvres 
elles-mêmes.  Mon  seul  regret  est  de  voir  des  conleniporains  de  niai- 
que,  comme  Meredith,  Bridges  ou   Kipling,  maigrement  représentés. 

G.  d'Hangkst. 

Fleurs  de  Frai)ce,  Poésies  lyriques  depuis  le  Ron)ai)- 
tiSlT)e,  avec  introduction  de  W.-P.  Ker,  Professeur  de  Poésie  à 
Oxford,  et  préface  de  Lady  Frazer.  (Oxford,  Clarendon  Press,  lî(21, 
3/6  net). 

L'auteur  de  celte  anthologie  est,  nous  dit  Lady  Frazei',  un  |)oclc 
frautjais  qui  tient  à  garder  l'anonymat.  •■  Les  lèvres  les  plus  ten- 
dres, nous  assuie-t-on  encore,  peuvent  en  sécurité  goûter  le  miel 
de  la  guirlande  tout  entière  •■.  Mais  l'introduction  ne  rend  compte 
d'aucun  mouvement  d'idées,  d'aucune  évolution:  et  les  poèmes,  i)icii 
que  destines  aux  jeunes,  et  groupés  par  noms  d'auteurs,  sont 
dépourvus  de  toutes  notes  ou  notices,  (juquante-huit  auteurs  sont 
reitfésentés  en  154  petites  pages,  et  certains  par  des  pièces  aussi 
peu  caractéristiques  et  même  aussi  peu  remarquables  que  courtes: 
la  part  du  choi.x  pei'sonnel  est  piécisémenl  dans  ce  li\  re  celle  (|iii 
]>arait  la  plus  critiquable. 

G.    D'HA.NGlCsr. 


BIBLIOGRAPHIE  379 

Edn)Uod    Burke.    Sélections,    witt)   Introduction  ai)d 

Notes   by    A.-D.-M.  Hughes,  «-"^^'l  +  '•'-  I>P-'  Oxford  lnivcrsity 
Press,  1911.  .V"-  "ct). 

Voici  une  anthologit-  bic-ii  faite  :  elle  est  préeédée  d'une  appré- 
ciation générale  du  rôle  politique  et  intellectuel  de  Burke,  d'un 
résumé  biographique  très  clair,  et  des  pages  consacrées  à  l'écri- 
vain par  Johnson,  Goldsniith,  Wordsworth,  Hazlitt,  (!oleridgc. 
Th.  Moore,  Macaulay,  Arnold.  Les  passages  cités  sont  parfois  très 
courts,  mais  toujours  significatifs,  nombreux  pour  chaque  œuvre, 
datés,  intelligemment  coupés  ;  enfin,  16  pages  de  notes  à  la  fin 
du  volume,  donnent  de  façon  concise  tous  les  éclaircissements  in- 
dispensables. 

G.   d'Hangest. 

Hei)ry    Cl)ellew    :     Hun)ao    &    li)dustrial    Efficiei)cy. 

(Universitj'  of  London  Press,  1919,  3,6  net). 

170  pages  de  vulgarisation,  écrites  sans  cfTort  ni  accent  par  un 
instructeur  aux  classes  d'économie  politique  organisées  pour  les 
officiers  par  l'Université  de  Londres.  Les  chapitres  sur  le  rende- 
ment humain,  la  fatigue,  la  psychologie  appliquée,  le  choix  des 
employés,  par  exemple,  ne  contiennent  rien  de  positif  que  le  sens 
commun  ne  découvre  lui-même.  Et  les  données  techniques  sont 
fort  maigres  ;  peut-être  la  seule  alTirmation  utile  est-elle  celle  de 
l'impuissance  fréquente  de  toute  réglementation  générale  à  assurer 
le  succès  commercial  ou  industriel,  et  de  la  nécessité  d'une  étude 
préliminaire  des  faits  locau.x  pour  assurer  le  maximum  de  produc- 
tion ;  mais  point  n'était  besoin  d'un  volume  pour  appeler  sur  ces 
banalités  l'attention  du  vingtième  siècle. 

G.    d'Hangest. 


DIPLOMES     D'ETUDES    SUPERIEURES 

Mémoires  admis  ù   lu  SoiileiKime  {Fuciillé  de  I'(tris,   19'21) 
Langie   anglaise 

M.  Lieutaud  :  Le  poète  paysai)  Jol)o  Clare  (1783- 
1864). 

Le  héros  de  ce  mémoire  est  peu  connu,  ("est  un  Burns  anglais, 
ledevenu  obscur  après  un  temps  de  notoriété.  Vrai  paysan  et  vrai 
poète  pourtant,  mais  sans  l'énergie  et  la  vitalité  de  l'Ecossais.  11 
a  de  la  sincérité  et  du  sentiment,  surtout  le  sentiment  de  la  cam- 
l)agne.  On  peut  l'ignorer,  mais  il  y  a  plaisir  à  le  connaître.  Simple 
|)oète  rustique  quand  il  avait  sa  raison,  il  devint  presque  un  poète 
tout   court    lorsqu'il    l'eut    perdue. 

Emile   Legoiis. 


380  LES    LANGUES    MODERNES 

Mlle  BloQdel  :   Le  sei)tini)ei)t  n)oral   cl)ez  Buoyao* 

Le  séparer  du  sentiment  religieux,  l'étudier  à  part,  est  un  effort 
difficile,  mais  intéressant.  Comment  il  s'est  formé  ;  le  rapport  de 
la  croyance  morale  et  de  la  foi  ;  les  motifs  d'action  ;  les  sanctions 
(légales,  psychologiques,  naturelles,  surnaturelles)  ;  devoirs  privés 
et  vertus  sociales  ;  caractère  pratique  de  cette  morale  ;  ses  ten- 
dances idéalistes  ;  ce  qu'elle  a  de   représentatif  et  de  personnel. 

M.  Cbossat  :  Tl)e  li)flueoce  of  7Hi)tlquity  oi)  A-  C. 
5wii)buri)e. 

La  veine  "  grecque  »  dans  la  poésie  anglaise  avant  Swinburne  ; 
origines,  progrès,  expressions,  de  son  goût  pour  l'hellénisme  ; 
<•  Atalanta  in  Calydon  •>  (mythology,  characters,  technique, 
philosophyi  ;  «  Erechtheus  "  (id.)  ;  la  forme  de  ces  deux  dra- 
mes ;  autres  traces  d'influence  :  1"  dans  les  «  Poems  and  Ballads  "  ; 
2"  dans  la  prose  ;  qualité  générale  de  l'inspiration  antique  chez 
Swinburne. 

L.  Cazamian. 

Mlle  Hitzel  :  Arnericai)  OpiQioi)  towards  FraQce 
fron)  tbe  Eve  of  tbe  Révolution  to  tl)e  Ei)d  of  tbe 
XiXth  Ceotury. 

Ce  mémoire  décrit  dans  ses  grandes  lignes  riniluence  des  prin- 
cipes politiques  français  exprimés  par  la  philosophie  du  xvur 
siècle  et  constituant  l'esprit  de  la  Révolution  ;  il  retrace  en  outre 
la  réaction  américaine  en  présence  des  grands  événements  :  Révo- 
lution de  89,  Premier  Empire,  lutte  de  Napoléon  avec  l'Angle- 
terre,  Ré^olution   de  48,   Second   Empire   et   Guerre  de   1870. 

Mlle  Tollerner  :  Wl)ittler,  tl)e  Poet  of  New-Ei)giai)d. 

Tableau    et    définition    de    la    Nouvelle-Angleterre  Puritaine,     du 

mouvement    anti-esclavagiste,    de    la    vie    rurale    et  domestique,    et 

étude  des  sentiments  de  la  nature   et  religieux,  en  tant  que   sour- 
ces   principales    de    l'inspiration    du    poète. 

Mlle  Frétio  :  ii)diai)  Traits  ii)  Rabir)drai)atb  Tagore's 
Work. 

Le  lyrisme  religieux  de  Tagorc  est  caractérisé  par  le  panthéis- 
me et  le  mysticisme,  et  par  une  impassibilité  extérieure  sous  les 
coups  du  destin,  qui  voile  le  calme  et  une  confiance  ardente  en  les 
forces  idéalistes.  Tagore  est  ensuite  étudié  comme  réaliste,  comme 
protagoniste  du  mouvement  national  hindou,  et  comme  ennemi 
des  idées  extrêmes  et  des  mesures  de  violence  :  belle  figure,  digne 
de    sa    réputation    mondiale. 

Ch.    Cestbe. 


i 


BIBMOGRAPHir.  381 

Mlle  Fiallp.  —  L'li)fluer)ce  frai)çaise  sur  la  vie  et  les 

œuvres  de  Willian)  Morris  (cn  an^jUiis).  —  L'enthousiasme  du 
jiiiiH'  .Mollis  pour  le  movm-âgc  ramena  à  venir  admirer  nos 
eatliédrales  et,  dans  ses  poèmes,  à  s'inspirer  d'.-ibord  de  Froissart, 
el  plus  tard  (dans  VEarlbly  Paradise),  de  ehansons  de  geste  eom- 
nie  Ofjier  le  Danois.  Comme  socialiste  enlin,  il  s'intéressa  à  la 
Coninuine. 

M.    Cérii)-    —    La    Question     d'lrlar)de    et    l'Opii)ior) 
britannique,  dT^vril  1916  à  Février  1921.   —    iravaii  lait 

d'après  les  documents  et  les  journaux  de  la  Maison  de  la  Presse. 
—  Deux  périodes  y  sont  distiiiguées,  avant  et  a|)rès  l'armislice. 
1,'opinion  anglaise,  d'abord  assez  indiUérente  devient  de  plus  en 
plus  in(|uiète  en  raison  de  la  gravité  croissante  des  événements. 
Si  certains  éléments  avancés  inclinent  à  c<mcéder  à  l'Irlande  le 
Dominion   Home   Uulc,   la   masse  reste   unioniste. 

Mlle  Pissot.  —    La   Poésie    de    Chatterton  (en  anglais). 

.Merveilleux  de  précocité.  Chatterton  est  |)armi  les  initiateurs  du 
Homantisnie  par  sa  i)assion  pour  le  moyen-âge.  Les  Rowtey 
l'ofiiis  tiu'il  fabriqua  de  toutes  pièces,  et  fit  passer  pour  anciens, 
sont  remarciuables  de  vie  et  de  variété.  Le  curieux  dialecte  dans 
lequel  ils  sont  écrits  et  qui  se  donne  comme  datant  du  XN"^  siècle, 
s'inspire  directement  de  Spencer,  et  indirectement,  de  Chaucer. 
Ses  jjoèmes  authentiques  sont  beaucoup  plus  ternes.  Sa  profonde 
inlluence  est  due  à  ce  qu'aux  yeux  de  beaucoup,  il  a  personnifié 
l".\rt    malheureux. 

HUCHON. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 

TlrneS  Literary  Supplernent.  —  10-3-192L  Cardinal  Man- 
nimj  :  Mr  Shane  Leslie  publie  une  nouvelle  biographie  de  l'ambi- 
tieux cardinal  qui  "  vise  à  compléter  plutôt  qu'à  supplanter  » 
celle  de  Purcell  (Burns,  Oates  ind  Washbourne,  25  sh.j  ;  —  Prof. 
H.  Withington  publie  le  2«  vol.  de  son  English  Pag^antry,  an  his- 
torical  outline  (.Harvard  Univ.  Press.  London,  Milford,  25  sh.j, 
dont  le  1""^  vol,  avait  paru  en  1918  ;  ce  second  volume  décrit  les 
"  pageants  »  modernes,  tels  que  le  <  Lord  Mayor's  Show  »  ou 
ceux  de  Mr  Louis  Parker. 

17.  3.  Art.  de  fond  sur  Tobias  Smolett  (1721-1771)  ;  à  signaler 
en  même  temps  un  art.  de  Stuart  Bruce  dans  le  •  Mariner's  Mir- 
ror  »  :  Nautical  Jottings  from  <<  Peregrine  Pichle  »  and  "  Rode- 
rick    Random    ».    —    Comptes    rendus  :     William    Morris    and    the 


382  LES   LANGUES    MODERNES 

Earlij  Dai/s  of  the  Sociulist  Movement,  by  J.  Bruce  Glasier  (.Long- 
mans,  <J/6),  »  the  best  account  of  Morris  on  the  political  side 
that  bas  yet  been  written  ;  —  John  Hungcrford  Potter,  S.  J.  : 
Sources  for  the  History  of  Roman  Catholics  in  Emjland,  Irelund  and 
Scotland,  dans  hx  collection  Helps  for  Stadents  of  History  (S.  P. 
C.  K.  1/3)  ;  bibliographie.  —  L'Index  du  T.  L.  S.  pour  1920  est 
paru  (1/1)  ;  pour  l'avoir,  écrire  :  The  Manager,  The  Times  Lite- 
rary  Supplément,  Printing  House  Square,  London  ;  —  à  signaler 
aussi  le  Studio  Year.-Book  of  Applied  art.  19^21,  consacré  à  l'archi- 
tecture domestique  et  à  l'ameublement. 

31.  3.  Andrew  Marveli  :  l'ami  de  Milton,  à  l'occasion  de  son 
tricentenaire,  est  l'objet  de  nombreux  articles  dans  les  périodi- 
ques de  langue  anglaise  ;  citons,  outre  cet  article  du  T.  L.  S.  un 
art.  de  Cyril  Falls  dans  le  XIXth  Century  ;■  —  art.  sur  Eugène 
O'  Neill,  jeune  auteur  dramatique  américain  dont  les  pièces,  entre 
autres  Emperor  Jones  et  Beyond  the  Horizon,  ont  un  grand  suc- 
cès   à    New-York. 

7.  4.  Art.  de  fond  ;  Baudelaire  and  Décadence  :  le  traducteur 
d'Edgar  Poë,  "  one  of  the  greatest  and  most  assured  poets  that 
France  has  produced  »,  est  d'ailleurs,  à  l'occasion  de  son  cente- 
)iairc,  clcvc  au  pinacle  par  toute  la  presse  d'Outre-Manche.  — 
(lonii)tes  rendus  :  Capt.  Peter  E.  Wright,  ancien  interprète  au 
Conseil  Interallié  de  Versailles,  publie  un  livre  de  souvenirs, 
At  the  Suprême  Council  (Eveleigh  Nash  7/6),  où  tandis  que 
LIojd  George,  Foch,  le  maréchal  Wilson,  et  le  général  Gough 
sont  l'objet  d'éloges  enthousiastes,  le  maréchal  Haig,  Sir  W. 
Robert  son.  Sir  F.  Maurice  et  Lord  Derby  sont  rendus  responsa- 
bles des  mauvais  jours.  —  Nouvelle  biographie  de  Queen  Vic- 
loria,  hy  Lytton  Strachcy  (Chatto  and  Windus  15  sh.)  ;  l'auteur, 
qui,  dans  une  précédente  étude,  Eminenl  Yictorians,  n'avait  point 
ménagé  les  personnages  de  "  l'ère  victorienne  •>,  est  au  contraire 
plein  de  sympatliie  pour  leur  souveraine  ;  —  étude  de  I\liss  Hulh 
Clark  sur  .Antiiony  Hamilton,  l'auteur  des  Mémoires  du  Comte 
de  (irammont,  sa  vie,  son  (cuvre  et  sa  famille  (John  Lane,  21  sh.). 
—  Mr.  John  Drinkwater  fait  revivre  la  ■■  lU-ine  Marie  »,  la  grande 
amoureuse,  dans  une  |)icce  moderne,  Mary  Sluart  (Sidgwick  and 
Jackson    3/(i).  l'n    |)roresseiir     de    l'I'niversité    de    Bâle,     Prof, 

llans  Hechl,  vient  d'enrichir  d'une  nouvelle  étude  très  documen- 
tée la  bii)liographie  déjà  copieuse  du  poète  national  de  l'Ecosse  : 
Robert  Burns.  I.ehen  und  Wirken  des  Schottischen  Volksdichlers 
(Heidelberg  :  Cari  Winter).  L'auteur  de  l'article  qui  rend  compte 
de  cet  ouvrage,  dans  son  admiration,  exprime  le  vœu  qu'il  soil 
traduit  en  anglais,  pour  éviter  à  ceux  qui  \eulent  c<>nnaître 
Huiiis  la  lecture  de  nombreux  volumes.  Le  ci'itiquc  ih\  Times 
siuible   avoir  oublié,  car   il    n'en   fait   pas  mention,   qu'il   y  a   bien- 


BIBLIOGRAPHIE  383 

tôt  trente  ans,  un  éniinent  |)r()fessenr  fraiit^ais  u  consacré  aii  poète 
une  étude  capitale  (|ue  beaucoup  considéraient,  à  l)on  droit,  comme 
définitive. 

28.  4.  .Art.  de  fond  sur  Burton  ;  il  y  a  'MU)  ans  que  le  solitaire 
d'Oxford  publia  son  Anatomy  of  MelunchoUj  ;  en  dernière  page, 
étude  bibliof{raphic|ue  sur  l'œuvre  de  Burton  et  sur  sa  i)ibliothèque; 
—  étude  sur  Roger  Boy  te,  E<irl  of  Orrery  (l(i21-79i,  Vxin  des  contem- 
porains et  des  émules  de  Dryden,  dont  le  rôle  comme  un  des  prin- 
cipaux initiateurs  de  la  <■  tragédie  héroïque  ■>  est  trop  oublié  ;  l'au- 
teur, en  passant,  revendique,  pour  cette  tragédie  de  la  Restauration, 
une  plus  grande  part  d'originalité  nationale  qu'on  ne  lui  en  a  géné- 
ralement reconnu.  —  Compte  rendu  :  .4  Manuat  of  Modem  Scots, 
by  W.  Grant  and  J.-M.  Dixon  ((-.  V.  F.  20/  ),  contenant  une  étude 
de  phonétique,  une  de  grammaire,  et  300  pages  d'extraits  de  poè- 
tes et  de  prosateurs  écossais  depuis  .AUan  Ramsay  jusqu'à  nos 
jours. 

5.  5.  Compte  rendu  :  Shakespeare  from  Betterton  to  Iruing  by 
George  C.-D.  Odell  (2  vol.,  Constable,  77/6).  Le  Prof.  Odell  de 
Columbia  Univ.,  a  écrit  une  histoire  aussi  complète  que  possible 
des  variations  qu'a  subies  l'interprétation  de  Shakespeare  depuis 
le  jour  d'oùt  1661  où  ••  Hamlet  »  fnt  joué  à  Dorset-Gardens 
jusqu'aux  dernières  innovations  de  Mr  Granville-Barker.  Chaque 
âge  a  tiré  de  Shakespeare  ce  qu'il  y  aimait  et  l'a  joué  comme  il 
le  comprenait  ;  c'est  peut-être  la  c<jndition  de  l'immortalité  du 
poète. 

1S>.  5.  Comptes  rendus  :  Las  Màscnnis,  [wv  Ramon  Pértz  de 
Ayala  (2  vol.  Madrid,  9,50  |)tas),  étude  —  un  peu  décousue,  sem- 
ble-t-il,  à  moins  que  le  compte  rendu  soit  seul  responsable  de 
cette  impression,  — ■  sur  rinlluence  réciproque  du  théâtre  espa- 
gnol et  du  théâtre  anglais,  depuis  Shakespeare  et  Lope  de  Vega, 
jusqu'à  Senor  Bcnavente  et  Mr  Bernard  Shaw  ;  —  The  Social  and 
lndiis(rial  Historij  of  Scolland,  from  the  l'nioii  lo  Ihe  Présent 
Time,  by  Prof.  ,1.  Mackinson  (Longmans,  l(i/  ;  ;  quelques  bons 
chapitres  sur  la  situation  actuelle  de  l'industrie  et  du  commerce 
écossais  ;  on  y  trouve  groupées  des  informations  qu'on  ne  trou- 
vait   Jus<prici    que    disséminées    dans    une    foule    de    documents. 

26.  .").  L'ne  lettre  signée  C.-E.  Bechhoftr  rajjporle  quelques  im- 
pressions de  la  littérature  américaine  contemporaine.  Cette  litté- 
rature se  caractérise  par  une  rébellion  contre  le  double  idéal 
assigné  jusqu'ici  à  la  littérature  américaine  :  l'austérité  calvi- 
niste, et  l'optimisme  du  pionnier.  Un  livre  récent  de  Van  Wyck 
Brooks,  The  Ordeal  of  Mark  Twain  (New- York,  Dutton,  .s  3,7.")) 
nous  dévoile,  dans  la  vie  contrariée  du  grand  humoriste,  les  sour- 
ces   de   ce   conflit.    Pour   avoir    une    idée    de    ce    qu'a    été    la    littéra- 


384  LES   LANGUES    MODERNES 

turc  officielle  de  l'Amérique,  au  cours  de  ces  cinquante  dernières 
années,  il  suffît  de  lire  The  Life  and  Letters  of  Hamillon  W.  Mabie, 
by  Edwin  W.  Morse  (New- York,  Dodd  Mead,  S  3),  l'un  des  manda- 
rins de  cette  littérature,  l'homme  à  la  compétence  universelle  à  qui 
il  ne  manquait  qu'une  chose  :  des  idées.  D'autres  lettres  doivent 
suivre,  où  seront  étudiées  quelques-uns  des  jeunes  écrivains  amé- 
ricains. 

M.  Ferlin  {TiinisK 

Saturday  Review.  —  19-3.  CarUjlean  Siirviimls  :  si  les  livres 
de  (^arlyle  n'enrichissent  plus  leurs  éditeurs,  ses  idées  et  ses  cri- 
tiques restent  applicables  à  la  situation  présente  ;  Carlyle  a  tou- 
jours prêché  le  salut  par  la  production,  et  voilà  longtemps  qu'il 
avait  prédit  les  dangers  du  suffrage  universel  et  du  régime  i)ark'- 
nientaire.  —  Pour  les  grammairiens  :   une  discussion   s'est   engagée 

—  et  continue  —  dans  le  n"  du  2.  4  et  suiv.,  sur  l'emploi  des 
contiaclions    »    it's   »    ou    <■    'tis    ». 

Moderi)  Laoguages  Notes  (Johns  Hopkins  Press,  Baltimore). 
Dans  le  u"  de  mai,  un  article  intéressant  sur  la  pensée  de  Des- 
cartes :  <•  C'est  nous  qui  sommes  les  Anciens  »,  où  l'on  trouve 
que  Pascal  et  F'ontenelle  considéraient  tous  deu.x  les  .Anciens 
comme  des  débutants  qui  ont  commis  beaucoup  d'erreurs  ;  —  «n 
article  sur  La  Fontaine,  eu  excellent  français,  par  un  Hongrois. 

Moderi)  Lai)guage5  (A.  et  C.  HIack,  London,  w.  1.  Juin).  — 
Un  article,  en  français.  d'.\.  Maurois,  où  l'on  relève  des  idées 
généreuses,  mais,  j'en  ai  peur,  utopiques  ;  —  une  lettre,  en  ita- 
lien, sur  le  recrutement  défectueux  des  professeurs  d'anglais  en 
Italie.  Une  excellente  chose,  cette  interpénétration  des  idées  et  des 
langues.  C'est  aussi  l'idée  de  Quigley,  dans  le  n"  en  question,  qui 
assigne  à  l'étude  des  langues  et  des  littératures  modernes  le 
magnifique  but  ultime  de  rapprocher  les  nations  dans  la  concorde; 

—  une  autre  étude,  assez  pessimiste,  signale  que  le  commerce 
n'a  guère  à  se  louer  des  connaissances  linguistiques  des  jeunes 
.Anglais  que  lui  fournit  l'FvCole  ;  elle  rappelle  aux  maîtres  que  la 
langue  commerciale  n'est  pas  la  cliose  desséchée  qu'ils  supposent 
et  leur  conseillle  d'y  chercher  l'intérêt  intense  d'un  monde  nou- 
veau,   qui    rafraîchira    de    la    |)uie    littérature. 

TI)C  Scl)OOl  RcviCW  (University  of  Chicago).  Dans  le  numéro 
de  mai,  excellente  étude  de  C.-O.  Davis  sur  les  devoirs  des 
"  High  School  Principals  »,  qui  intéresserait  à  coup  sûr  nos 
Administrateurs.  (>es  principaux  sont,  paraît-il,  en  butte  à  de  fré- 
quentes   critiques    qui     ne    seraient    pas    entièrement     injustifiées. 


BIBLIOGRAPHIE  385 

Oïl  leur  reproche  de  consacrer  un  temps  précieux  à  de  fades  pué- 
rilités et  OH  leur  conseille  (c'est  peut-être  plus  facile  là-bas 
qu'ici),  de  s'adonner  entièrement  à  leur  tâche,  qui  est  de  conduire. 
L'enseignement  secondaire  a  pour  mission  de  faire  des  membres 
utiles  de  la  société  et  du  corps  politique.  Un  principal  doit  avoir 
<•  a  vision  and  a  policy  ».  11  doit  être  un  chef  d'éducation,  pas 
un  paperassier.  Il  doit  être  aussi  (et  la  remarque  a  une 
inij)ortance  capitale),  un  agent  accrédite  do  l'Ecole  auprès  du 
public,  un  ambassadeur  d'éducation,  un  digne  représentant  du 
corps  enseignant  et  en  particulier  de  ses  collaborateurs  immé- 
diats. Beau  programme,  en  vérité,  et  qui  pourrait  tenter  bien  des 
ambitions.  —  Le  n"  de  juin  rend  compte  d'un  livre  récent, 
"  Psychology  for  Normal  Schools,  de  L.-A.  Averill  >>  où  l'auteur 
traite  aussi  simplement  que  possible  de  la  psychologie  de  l'en- 
fant. Etude  à  recommander  à  ceux  qui  seraient  tentés  de  ne  voir 
dans   les   petits  élèves    que   des   machines   à    enregistrer. 


Tt)C  Literary  Digest  (New-Vork  et  Loiulon).  Dans  le  numéro 
du  21  mai  de  cette  excellente  publication,  amusante  étude  de 
l'anglais  tel  que  le  parle  le  président  Harding.  On  lui  reproche 
des  expressions  comme  •■  to  visualizc  a  formulated  national  atti- 
tude »,  ou  de  parler  de  l'Amérique  comme  "  illy  prepared  »,  ce 
qui  à  la  vérité  n'est  pas  joli.  Mais  nos  politiciens,  sur  ce  chapi- 
tre, pratiquent  un  très  libéral  éclectisme.  —  Signalons  aussi, 
c'est  encore  de  notre  ressort,  un  article  sur  la  démoralisation 
profonde  que  produirait  chez  les  jeunes  gens  d'.Amérique  la  pra- 
tique des  danses  à  la  mode  et  sur  la  campagne  projetée  d'assai- 
nissement. 

Dans  le  n"  du  28  mai,  controverse  intéressante  sur  le  nombre 
de  représentations  shakespeariennes  en  Allemagne  et  dans  les 
])ays  de  langue  anglaise.  L'auteur  croit  pouvoir  prouver  que  plus 
de  personnes  ont  vu  jouer  Shakespeare  en  Angleterre  et  en  Amé- 
rique qu'en  Allemagne  au  cours  des  deux  premières  saisons  de 
paix.  Mais  il  concède  aux  .Allemands  que  leur  répertoire  est 
peut-être  plus  étendu,  grâce  aux  subsides  d'Etat.  —  Un  para- 
graphe sur  la  récente  décision  de  Harvard  d'inscrire  au  program- 
me de  l'.A.  B.  une  interrogation  sur  la  Bible.  La  mesure  n'a  rien 
à  voir  avec  un  mouvement  de  renaissance  religieuse  ;  elle  consa- 
cre simplement  l'importance  de  la  Bible  en  tant  que  document  et 
instrument   de  culture. 

Paul     C.HAIVRT. 


386  LES   LANGUES    MODERNES 

REVUE3  DE  LANGUE  ALLEMANDE 


5uddeUtSCl)e  tAOT)atS^iefee.  Mai.  G.  Karo.  Deutsche  Scbiild 
und  deutsches  Gewissen.  Le  traté  de  Versailles  repose  sur  la 
responsabilité  de  l'Aileniagne.  Aussi,  pas  de  tâche  plus  urgente 
que  la  revision  de  cette  question.  L'auteur,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Halle,  veut  fournir  à  ses  compatriotes,  par  une  synthèse 
des  documents  déjà  publiés,  une  démonstration  de  Finnocence  de 
l'Allemagne.  La  Russie  voulait  la  guerre  depuis  des  années,  la 
France  pensait  toujours  à  la  revanche,  l'Angleterre  voulait  se 
débarrasser  de  sa  rivale  ;  l'-Allemagne  a  été  entraînée  dans  la 
guerre,  malgré  sa  volonté.  Il  rejette  la  responsabilité  sur  l'Autri- 
che, sur  Berchtold  et  consorts  qui  ont  dupé  et  Berlin  et  leur  vieil 
empereur.  Reconnaît  cependant  que  l'Allemagne  s'est  rendue  cou- 
l)able  en  violant  la  neutralité  de  la  Belgique,  mais  trouve  que  les 
Jouissances  de   l'Entente   ont   fait    encore   bien   pis   en   Grèce  ! 

Die  l)eue  RUI)d5Cl)aU.  Avril.  F.  Lion.  Das  Elsaps  cils  Probiem. 
H.  iHERiNd.  Das  nene  Theuter. 

PreuSiSSCtje  Jal)rbUCl)er.  Mai  li)21.  E.  Damels.  Poincaré 
liber  (lie  Schiild/raye.  (Iritique  acerbe  des  conférences  faites  par 
l'ancien  Président  sur  les  origines  de  la  guerre.  Oberstleutnaut 
BoELCKE.  Das  Probiem  des  Weltkheges.  Considère  que,  même 
une  grande  victoire  allemande,  dès  le  début,  n'aurait  pu  amener 
une  issue  heureuse.de  la  guerre,  en  raison  de  la  politique  qui 
avait  uni  le  monde  entier  contre  r.Allcmagne.  Défend  Ludendorll' 
contre  les  critiques  qui  lui  reprochent  d'avoir  perdu  l'Allemagne 
en  voulant  à  toute  force  anéantir  rcnnemi  au  lieu  de  l'épuiser.  — 
Cl.  RiiTKii,  (ieschictiicbe  Waiulliiiuieii  dea  moiuirchisch*^n  Staals- 
tjedankens  in  Preussen-Deiiischiand.  L'idée  de  l'Empire  est  deve- 
nue plus  puissante,  alors  que  le  sentiment  monarchique  s'afl'ai- 
blissaiL    "    Si    Tempereur  est   tombé,    l'empire    reste.    » 

.luiii.  General  T.  Kiihl.  '/.tir  lieiirleiliiiuj  iinserer  Heerfiiier  iiii 
W'eltkrieçie.  E.xamine  U^i  jugements  du  général  Huât  sur  Luden- 
dorlT  et  Hindenburg.  —  E.  von  Wemtheimeh.  Bismarcks  Stiirz. 
Récit  détaillé  des  événements  ([ui  anuiièrent  le  conllit  entre 
l'empereur  et  le  chancelier,  fait  d'après  de  nouvelles  publications 
et  surtout  d'après  les  lettres  inédites  des  ambassadeurs  d'.Autri- 
che  à  Berlin  et  Pétersbourg.  M.  Meimsoeth.  Der  livijinn  der  Xeii- 
:eit  in  der  (iesrbirhte  der  Phiiosojdiie.  Met  en  valeui-  l'importance 
de  la  mystique  allemande,  de  Eckehardt  à  Bohme.  —  F.  Luthem, 
Paedaynçfia    militons.    .Article    cuiieux    par    certains    points    de    vue 


HIRI.IOC.HAIMIIE  387 

nouveaux.  Condamne  sévèrement  les  résultats  de  l'éducation 
actuelle,  et  donne  de  l'école  allemande  un  tableau  qui  contraste 
avec  les  éloges  habituels.  <■  La  plus  grande  partie  de  la  popula- 
tion ne  peut  mettre  une  orthographe  à  peu  près  correcte,  ne  con- 
naît que  superficiellement  l'écriture  latine,  est  hors  d'état  de  lire 
des  phrases  imprimées  en  majuscules.  »  Les  élèves  des  gymnases 
ne  savent  presque  rien  de  l'.Allemagne  moderne,  mais  ont  eu  la 
tète  farcie  d'antiquités  romaines  ou  de  l'histoire  des  Hohenstau- 
fcn.  Près  de  80  0/0  d'Allemands  n'ont  d'autre  conception  philoso- 
phique que  la  mythologie  de  la  Bible.  Les  classes  supérieures  des 
gymnases  où  l'on  gaspille  le  temps  en  isolant  les  élèves  de  la  vie 
moderne  sont  la  partie  la  plus  faible  du  système  d'éducation.  Les 
Universités  ne  répondent  plus  aux  besoins  et  sont  incapables 
d'enseigner  aux  étudiants  le  travail  scientifique.  Demande  des 
réformes  profondes  faites  dans  un  esprit  déntocratique  et  répon- 
dant aux  besoins  pratiques  de  notre  temps.  Le  nouvel  enseigne- 
ment doit  être  plus  simple  et  |)lus  près  de  la  réalité  ;  la  langue 
maternelle  doit  en  être  le  centre  ;  l'histoire  moderne,  l'étude  de 
l'Allemagne,  l'instruction  civique,  le  travail  manuel  doivent  être 
les  éléments  essentiels.  Au  lieu  de  s'en  tenir  aux  classiques,  il 
faut  enseigner  le  latin  du  moyen-âge  ■  qui  nous  fait  comprendre 
la  littérature  latine  de  notre  peuple  et  nous  exerce  aux  formules 
latines  encore  en  usage  •> .  L'enseignement  des  langues  étrangères 
doit  s'appuyer  sur  la  pratique  et  sur  le  vocabulaire  de  la  vie 
courante.  Au  sujet  de  l'organisation  de  l'enseignement,  Luther  se 
prononce  pour  l'école  unique,  mais  sans  monopole  d'Ktat  ;  après 
la  +'■  année,  les  enfants  doivent  jjouvoir  choisir  entre  diflérents 
types  d'écoles.  Les  classes  supérieures  des  gymnases  doivent  être 
remplacées  par  trois  années  d'Université  qui  constitueront  un 
enseignement  supérieur  obligatoire  de  culture  générale  précé- 
dant  les  études   de   spécialisation. 

G,    Df.lobfl. 


Notes  et  Documents 


La  Sessioi)  du  Cooseil  Supérieur 
(23-25  Juii)  1921) 

La  Session  du  Conseil  supérieur  qui  vient  de  se  terminer  avait 
à  son  ordre  du  jour  un  certain  nombre  de  projets  intéressant 
directement    l'enseignement    des    langues    vivantes. 

1°  Projet  d'arrêté  relatif  à  la  réduction  des  horaires  hebdoma- 
daire dans  les   lycées  et  collèges  de  garçons. 

Le  projet  présente  au  Conseil  et  adopté  par  la  Section  Perma- 
nente avait  été  préparé  par  le  Comité  des  Inspecteurs  généraux 
et  comportait,  en  ce  qui  concerne  les  langues  vivantes,  les  réduc- 
tions suivantes  : 

Philosophie   A   et   B.  :    1/2   heure. 

Mathématiques   A   et   B  :    1/2   heure. 

Première   B   et   D   (2''  1.)  :    1    heure. 

Seconde  B  et  D  (2-  1.)  :    1   heure. 

Troisième   A   (avec   Grecj  :    1    heure. 

Troisième    A    (sans    Grec)  :    1    heure. 

Troisième   B  :   2  heures. 

Quatrième  A  (sans  Grec)  :  1  heure. 
Après  une  discussion  qui  fut  très  vive  en  Commission,  le  Con- 
seil n'a  pas  approuvé  les  suppressions  intéressant  la  Philosophie 
(A  et  B),  la  Troisième  A  (avec  et  sans  Grec),  et  la  Quatrième  A 
(sans  Grec).  Les  autres  modifications  aux  horaires  actuels  ont  été 
admises.  En  conséquence,  le  représentant  des  langues  vivantes  a 
cru  devoir  faire  entendre  la  protestation  suivante,  qui  demeure 
au    procès-verbal    des   séances   du   Conseil  : 

«   Je   ne   me   propose   pas  de   renouveler   ici   les   déclarations   que 

"  j'ai    faites    de\ant    votre    Commission    de    l'Enseignement    secon- 

"  daire.   Ayant    combattu    de    toutes    mes    forces   ce    projet    dont    je 

<'  n'approuve    pas    le    principe,    et    dont    j'ai    contribué    à    atténuer 

«1  les    inconvénients,    je    veux    en    laisser    la    responsabilité    à    (pii 

Il  elle    revient.    Veuillez    seulement    me    ])ermettre    quelques    mois 

«1  très   brefs. 

«    Les   langues  vivantes  sont   tout   i)articulièrenicnt    touchées   par 

"  le    projet    qu'on    vous    demande    de    voter.     Dans    renseml)Ie     des 

"  deux    cycles    d'études,    elles    jjerdent    finalement    sept    heut-es,    et 

■  cela    est    grave    |)our   une   discipline    sans    programme,    parce    (pie 

"  le   but    à   alleindre    reste    le    même,    et    (|ue    les    maîtres    ne    ilispo- 

<■  sent    cependant,    pour   y    aboutir,    (pie    de    moyens    fâcheusement 


NOTES   ET  DOCUMENTS  389 

u  réduits.  Dans  ces  conditimis,  vous  comprendrez  que  je  sois  tenu 

"  de   faire  toutes  réserves. 

"    H  y  a  dix-neuf  ans,  vous  nous  avez  confié  une  tâche  très  pré- 

<i  cise.  Vous   nous   avez  demande   d'enseigner   les   langues   vivantes 

<•  de   manière  que  les  élèves  les  lisent,  les   écrivent  et   les  parlent. 

(.  Comment  nous  avons  exécute  notre  part  du  contrat,  ce  n'est  pas 

«  à  moi  qu'il  appartient  de  le  dire.  Je  tiens  simplement   à   rappe- 

(.  1er  —  et  je  le  fais  avec  quelque  fierté,  —  que  lorsque,  au  cours 

«  de  la  dernière  guerre,  il  a  fallu,  presque  du  jour  au  lendemain, 

0  constituer  une   petite   ai-mce   d'agents   de   liaison   avec   nos   allies 

..  d'Outre-Manche    et    d'Outre-Atlantique  ;    lorsqu'il    s'est    agi    d'or- 

"  ganiser  le   service  des   prisonniers  de   guerre,   ou   bien,   aux   pos- 

"  tes   d'écoute   de   toute    première   ligne,    de    surprendre    les    secrets 

I'  de  l'ennemi,  il  n'y  a  eu  qu'à  choisir  parmi   les  élèves  des  lycées 

"  et    collèges.    Voilà,    pour    un    enseignement      •■    bassement     utili- 

<L  taire   »,    un    service    rendu    au    Pays,    dont    celui-ci    a    le    devoir 

<■  d'être    reconnaissant    à    l'Enseignement    des    langues    vivanfes. 

"    .le   parlais   tout    à     l'heure    de    contrat  ;    mais    tout    contrat    est 

«  bilatéral.   Les  élèves   qui   ont    si   bien    collaboré   à   l'œuvre   com- 

(>  niune,  nous  les  avons  formés  avec   l'horaire  généreux  que   vous 

<>  nous   avez   concédé   en    1902.    Depuis,    vous   l'avez   déjà    réduit   en 

<(  1912  ;    aujourd'hui,   vous   le   comprimez    davantage.    Au    nom    de 

<■  l'unanimité    de    mes    collègues,    encore    une    fois,    je    fais    toutes 

«  réserves.   Si,   malgré   leur  bonne   volonté,   en   dépit   d'un   zèle   qui 

"  ne  se  démentira  pas,  ils  restent  inférieurs  à  une  tâche  devenue 

"  trop   lourde   pour  eux,   si   les   résultats   qu'ils   obtiendront   désor- 

11  mais  ne  se  peuvent  comparer  avec  ceux  qu'ils  obtenaient  jadis, 

■  que   personne   ne   leur  en  veuille  ;   que   nul   ne   leur    adresse   de 

('  reproches    pour   une    infériorité    dont    ils    refusent    d'accepter   la 

«'  responsabilité.   « 

M.     l'Inspecteur    général    Hovelaque    a    déclaré     s'associer     sans 
aucune  réserve  à  la  protestation  du  délégué  des  langues  vivantes. 

Au   cours   de   la   discussion,   des    déclarations     intéressantes    ont 
été    faites   par   M.    Bellin,    Directeur    de   l'Enseignement    secondaire. 

•■  Une  réduction  d'horaires  s'impose,  a-t-il  affirmé,  afin  de  réser- 
ver le  temps  nécessaire  à  l'application  de  la  Loi  sur  l'Enseigne- 
ment physique  obligatoire  et  la  Préparation  militaire,  laquelle 
sera  appliquée  dès  que  la  C.hambre  se  sera  mise  d'accord  avec  le 
Sénat.  »  Questionné  ensuite  par  divers  membres  du  Conseil,  jus- 
leurs  diplômes  universitaires,  il  a  affirmé  que  l'enseignement 
physique,  et  craignant  de  voir  |)énétrcr  au  Ij'cée  des  instructeurs 
militaires  qui  se  substitueraient  aux  maîtres  civils  qualifiés  par 
leurs  diplômes  universitaires,  il  a  affirmé  que  l'enseignement 
militaii'e  ne  serait  donné  qu'aux  élèves  âgés  de  1(5  ans,  au  mini- 
mum,   rien    ne    serait    changé    en    ce    cpii    concerne    les    autres. 


390  LES   LANGUES   MODERNES 

2''  Projets  de  Décret  et  d'arrêté  relatifs  au  professorat  des 
Ecoles    normales    et    des   Ecoles    primaires    supérieures. 

Depuis  longtemps,  le  personnel  des  professeurs  de  langues 
vivantes  de  l'Enseignement  primaire  supérieur  réclamait  la 
réforme  du  Certificat  primaire,  et  souhaitait  qu'il  fût  mis  sur 
le  même  pied  que  les  autres,  en  devenant  une  section  du  profes- 
sorat  littéraire   institué  par  le   décret   du   18   janvier   1887. 

Le  professorat  spécial  des  langues  vivantes  est  aujourd'hui 
créé.  Les  épreuves  communes  du  premier  degré  comprendront,  à 
l'écrit  : 

1"  Une  composition  française  sur  un  sujet  de  littérature 
emprunté   aux   xvii'",   xviii"   et  xix*   siècles. 

2"  Une  composition  sur  un  sujet  d'histoire  moderne  ou  con- 
temporaine. 

3°   Une  composition   sur  un   sujet   de   géographie.  . 

A   l'oral  : 

1°  Lecture  expliquée  d'un  texte  français  des  xvii",  xvin'  et  xix^ 
siècles. 

2°    Interrogations   sur   l'histoire   moderne   et   contemporaine. 

3"    Interrogations    sur    la    géographie. 

4"  Lecture  expliquée  d'un  texte  étranger  et  conversation  en 
langue  étrangère.  {Epreuve  commune  à  tous  les  candidats). 

Les  épreuves  spéciales  du   second  degré  comprennent,   à   l'écrit  : 

1°   Composition   de   psychologie,   morale   ou   pédagogie. 

2°   Composition   en   langue   étrangère. 

3°  Version  de  langue  étrangère. 

4"    Thème    de   langue    étrangère. 

Le  projet  soumis  au  Conseil  comprenait  en  outre,  une  compo- 
sition française,  qui  a  paru  faire  double  emploi  avec  celle  des 
épreuves  du  premier  degré.  A  la  demande  du  délégué  des  langues 
vivantes,  mandaté  sur  ce  point  par  ses  collègues,  cette  épreuve  a 
été    supprimée. 

A  noter  que  les  sections  A  (Langue  et  Littérature  françaises) 
et  B  (Histoire  et  Géographie),  comprennent  l'une  et  l'antre  une 
Version  de  langue  étrangère. 

A  l'oral  : 

1"  Lecture  expliquée  d'un  passage  pris  dans  un  auteur  classi- 
que  français   du   xvii»  au  xix''   siècles. 

2"  Lecture  et  traduction  d'un  passage  pris  dans  un  auteur 
étranger,  avec  explications  grammaticales  et   littéraires. 

3"   Exercices  de  conversation   en   langue   étrangère. 

4"  Traduction  à  livre  ouvert  d'un  passage  d'un  auteur  fran- 
çais. 

')"   Questions   sur   l'enseignement   des  langues  vivantes. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  391 

A  noter  également  l'introduction,  aux  épreuves  orales  des  certi- 
iicats  spéciaux  de  langue  française  et  d'histoire  et  de  géographie, 
de   l'explication  d'un   texte  de   langue   étrangère. 

En  somme,  réforme  excellente,  dont  le  délégué  des  langues 
vivantes  a  tenu  à  remercier  le  Directeur  de  l'Knseignement  i)ri- 
maire,  et  qui  assure  aux  professeurs  de  langues  de  l'Enseigne- 
mciit  primaire  supérieur,  une  situation  rigoureusement  égale  à 
celle  de  leurs  collègues  des  autres  disciplines,  leur  permet  d'être 
titularisés  sans  complications  excessives,  et  d'aspirer  aux  plus 
hautes   fonctions  de   leur  emploi. 

3"  Projet  de  rétablissement  du  Concours  génénd  entre  les  h/cées 
et   collèges. 

La  discussion  fut  d'autant  plus  longue  et  vive  au  sujet  de  ce 
projet,  que  l'opinion  du  Conseil  était  très  divisée.  20  voix  contre 
20  en  Commission,  24  voix  contre  20  en  séance  plénière.  C'est  à 
cette  très  faible  majorité  que  le  projet  a  été  finalement  adopté. 
Le  délégué  des  langues  vivantes  avait  reçu  mandat  de  ses  collè- 
gues du  Comité  de  l'Association  de  voter  contre  le  principe  du 
rétablissement  du  concours,  et  au  cas  où  il  serait  néanmoins 
adopté,  de  s'opposer  à  la  participation  des  langues  vivantes  à 
côté  des  autres  disciplines.  Il  a  eu  d'autant  moins  de  peine  à 
faire  prévaloir  l'opinion  de  ses  mandants  que  M.  l'Inspecteur 
général  Hovclaque  s'était  prononce  dans  le  même  sens  à  la  Sec- 
tion permanente,  en  faisant  valoir  les  mêmes  arguments. 


Les  Six  OuestiOQS  de  M.  Léoi)  Bérard 

En  ouvrant  la  session  du  Conseil  supérieur  de  l'Instruction 
Publique,  M.  Léon  Bérard  a  prononcé  l'allocution  suivante,  que 
nous  reproduisons   d'après   le   Temps. 

"  J'avais  eu  l'honneur  de  vous  dire  au  commencement  de  la  ses- 
sion de  janvier,  que  vous  seriez  appelés  à  délibérer  sur  la  réforme 
de  l'Enseignement  secondaire.  J'ai  choisi,  pour  vous  saisir  du 
problème  dans  son  entier,  la  méthode  qui  m'a  semblé  la  plus 
favorable  à  la  liberté  de  discussion  qu'un  tel  sujet  requiert.  Je 
vous  demanderai  de  vouloir  bien  donner  votre  avis,  dans  votre 
prochaine  session,  sur  un  certain  nombre  de  questions  qui  vont 
vous   être,   dès   aujourd'hui,    publiquement   posées. 

Si  ces  questions  ont  été  à  dessein  libellées  en  termes  très  géné- 
raux, il  n'est,  cependant,  pas  douteux  qu'un  noavc.ui  plan  d'étu- 
des s'j'  trouve  virtuellement  contenu,  dont  il  sera  facile  de  dis- 
cerner  les    idées    directrices. 

Il  s'agit,  sans  annuler  l'œuvre  de  1902,  de  réparer  les  faiblesses 
et  de  rectifier  les  erreurs  que  l'expérience  y  a  fait  apparaître.  Les 
spécialisations    prématurées    et    les    options     hasardeuses     risquent 


392  LES    LANGUES    MODERNES 

de  nuire  à  la  culture  générale,  en  même  temps  qu'elles  mécon- 
naissent le  problème  de  la  vocation.  Il  semble  souhaitable  que, 
pour  les  trois  premières  années  de  l'enseignement  secondaire  pro- 
prement dit  (classes  de  6%  5«  et  4*),  il  soit  institué  un  enseigne- 
i  ment  commun  inspiré  des  anciennes  disciplines.  Si  un  élève  se 
repent  à  la  fin  de  la  4"  d'avoir  fait  du  latin  et  du  grec,  son  erreur 
sera  moins  grave  et  plus  facilement  réparable  que  celle  ae  son 
camarade  qui  regretterait  quelque  jour  d'avoir  choisi  une  divi- 
sion sans  grec,  ni  latin  au  commencement  de  la  &",  alors  que 
malgré  son  jeune  âge,  mis  en  demeure  d'opter,  il  s'est  légitime- 
ment  mépris   sur   ses   goûts   et   ses   aptitudes  véritables. 

Le  moment  venu  où  l'opinion  peut  raisoiinablement  s'exercer, 
l'élève  aurait  le  choix  entre  un  enseignement  littéraire  à  base  de 
culture  gréco-latine,  un  enseignement  scientifique  avec  latin,  un 
enseignement  moderne.  Le  tout  est  de  tenir  compte,  quant  à  cette 
division  des  études,  de  deux   observations  essentielles. 

Ce  fut  l'erreur  de  beaucoup  de  programmes  d'opposer  trop 
fortement  l'une  à  l'autre  la  formation  littéraire  et  la  formation 
scientifique.  Il  importera  d'j'  remédier  principalement  en  accor- 
dant aux  sciences,  dans  la  section  des  lettres,  une  part  plus  large 
que   celle   qu'elles   y  avaient   jusqu'à   présent   obtenue. 

Le  plan  d'études  actuel  comporte,  avec  la  diversité  d'enseigne- 
ments inégaux,  l'égalité  de  sanction.  Il  y  a  lieu  de  se  demander 
si  ce  ne  serait  point  perpétuer  une  rerreur,  que  d'admettre  à 
l'avenir  cette  règle,  en  d<?cidant  que  l'enseignement  moderne  don- 
nerait indistinctement  accès  à  toutes  les  écoles,  à  toutes  les  étu- 
des  d'enseignement    supérieur,   à   toutes  les   carrières. 

Je  souhaite,  messieurs,  que  nous  nous  mettions  \aisémeut 
d'accord  sur  un  sujet  où  l'avenir  du  pays  est  gravement  intéressé. 
Sans  doute  3'  parviendrons-nous,  sans  trop  de  peine,  si  nous  vou- 
lons bien  nous  rappeler  quels  sont  l'objet  et  les  fins  sociales  de 
l'enseignement   secondaire.    » 

Voici  le  texte  ofllciel  des  six  questions  posées  par  M.  le  Minis- 
tre : 

Cabinet  du  Ministre 
DK    l'Instruction    Publique 

ET     DES     BeAUX-.ArTS. 


1"  Question.  —  Le  Conseil  Supérieur  de  l'Instruction  Publique 
n'estime-t-il  pas'  indispensable  de  supprimer  la  division  des  étu- 
des   secondaires,    sé|)arées   actuellement    en    deux    cycles  ? 

:>'•  Question.  —  Le  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  Publique 
lie  considère-t-il  pas  comme  nécessaire  d'établir  un  enseignement 
inii(nie  jusc|u"au  passage  en  3'',  le  Latin  étant  obligatoire  dans  les 
classes  de   ()',  5'  et   4''  et    le   Grec   dans   cette   dernière   classe  ? 


NOTES    ET  DOCUMENTS  393 

.'}"  Question.  —  Le  Conseil  supcrieur  de  riiistruction  Publique 
est-il  d'avis  qu'il  soit  établi,  à  partir  de  la  elasse  de  C',  une  divi- 
sion   de    l'enseignement    en    deux    sections  : 

1"    enseignement    classique,    divisé    lui-même    en  : 

A.  Latin-grec,  avec  un  enseignement  scientifique  plus  développé 
(|ue    dans    le    plan   d'études   actuel. 

M.    Latin-sciences. 

2"    Knseignemcnt    secondaire    moderne. 

'/"  (jiieslioii.  —  Le  (Conseil  supérieur  de  l'Instruction  Publique 
i)'csfime-t-il  pas  qu'une  dilléience  de  sanctions  s'imposerait  suL- 
vatU  la  nature  de  l'enseignement  reçu  :  le  baccalauréat,  avec  les 
droits  qu'il  confère  présentement,  deviendrait  la  sanction  des 
études  d'enseignement  classique  Uatin-grec,  latin-sciences),  tan- 
dis que  les  études  de  la  deuxième  section  aboutiraient  à  un 
diplôme  d'enseignement  secondaire  moderne  qui  serait  admis 
pour  l'inscription  dans  les  Etablissements  et  Ecoles  d'enseigne- 
ment supérieur,  en  vue  de  l'olitention  des  grades  ou  titres  confé- 
rés par  l'Etat,  sauf  la  licence  es  lettres  (.toutes  mentions),  les 
concours  de  l'Ecole  normale  supérieure  et  de  l'Ecole  nationale 
des   Cliartes,   la    licence   en   droit   et   le   doctorat   en    médecine  ? 

5'  Question.  —  Le  Conseil  supérieur  est-il  d'avis  qu'on  doive 
alléger  les  programmes  et  les  horaires  de  l'Enscignemeut  secon- 
daire, en  réduisant  les  heures  de  classe  à  une  durée  de  20  heures 
par  semaine  dans  les  classes  de  6-,  5'  et  4"  et  à  22  heures  par  se- 
maine en  3',  2"  et   1". 

6"  Question.  —  Les  classes  de  langues  vivantes  étant  quelque  peu 
restreintes  par  suite  d'une  diminution  d'heures  et  de  la  dispari- 
tion de  la  seconde  langue  dans  les  classes  de  seconde  et  de 
première,  le  Conseil  supérieur  de  l'Instruction  Publique  serait-il 
d'avis  d'autoriser  les  chefs  d'établissements  à  organiser  des  cours 
facultatifs  où  les  élèves  pourraient  étudier  une  seconde  langue, 
lorsque  ces  cours  auraient,  dès  la  rentrée,  un  effectif  suflTisant 
d'inscrits  ? 

Dans  l'affirmative,  le  Conseil  supérieur  ne  jugerait-il  pas  utile 
d'autoriser  les  candidats  aux  examens  du  baccalauréat  et  du 
diplôme  d'enseignement  moderne  à  présenter  une  seconde  langue 
comme    matière    supplémentaire    avec    un    coefficient    approprié  ? 

Il  nous  paraît  inutile  d'insister  sur  le  caractère  tendancieux  de 
ces  questions,  non  plus  que  sur  l'extrême  gravité  du  danger  qui 
menace    l'Enseignement    des    langues    vivantes. 

Les  membres  du  Conseil  supérieur  ont  été  invités  par  le  Minis- 
tre lui-même  à  transmettre  leur  réponse  à  ces  questions  avant  le 
15  octobre  prochain.  Une  Commission  élue  par  le  Conseil  exami- 
nera les  réponses,  et  devra  remettre  son  rapport  d'ensemble  au 
plus  tard  le  15  décembre,  pour  que  la  discussion  puisse  venir 
devant   le   Conseil   dès  sa  session  de  janvier  1922. 


394  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Rancès,  délégué  des  langues  vivantes  au  Conseil,  désireux 
de  traduire  aussi  tidèlement  que  possible  l'opinion  de  ses  collè- 
gues, prie  instamment  ceux  d'entre  eux  qui  auraient  des  observa- 
tions à  lui  soumettre,  à  lui  écrire  avant  le  20  septembre,  94,  rue 
La   Fontaine,  Paris   16^ 

^* 

20  jiiHtet   W21. 

Nous  apprenons  que  les  membres  du  Conseil  Supérieur  viennent 
d'être  invités  par  le  Ministre  à  répondre  à  une  septième  question,- 
dont  voici   le   texte  : 

1'  Le  Conseil  Supérieur  estimc-t-il,  au  nu)ment  d'une  léformc 
■■  de  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  gens,  qu'on  puisse  laisser 
<•  tie  côté  la  réforme  de  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles, 
"  et  qu'on  puisse  continuer  à  envisager  dans  l'avenir  un  enseigne- 
<'  ment  secondaire  des  jeunes  filles  différent  de  celui  des  jeunes 
<■   gens  ?   » 

Les  membres  de  l'Association  sont  priés  de  bien  vouloir  trans- 
mettre, au  sujet  de  cette  question  tout  à  fait  imprévue,  leurs  obser- 
vations et  avis  à  M.  Rancès,  délégué  au  Conseil  Supérieur. 


Nous  apprenons  d'autre  part  qu'un  Comité  a  été  immédiatement 
constitué  par  un  certain  nombre  de  membres  du  Conseil,  sous  la 
présidence  de  M.  Ferdinand  Brunot,  Doyen tde  la  Faculté  des  Lettres 
de  l'Université  de  Paris,  pour  grouper  les  partisans  d'un  Enseigne- 
ment complet  des  Humanités  Modernes,  et  de  l'égalité  des  sanctions 
au  baccalauréat.  On  trouvera  plus  loin  les  premières  listes  d'adhé- 
rents. La  circulaire  suivante,  adressée  aux  membres  du  Conseil 
Supérieur,  indique  clairement  l'esprit  et  le  but  de  ce  Comité. 


Circulaire  adressée  aux  IVIen)bresdu  Conseil  supérieur 

Monsieur, 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  Publique  a  fait  adresser  à  cha- 
cun des  membres  du  Conseil  supérieur  un  questionnaire  auquel 
il  leur  demande  de  répondre  individuellement,  en  vue  d'une  trans- 
formation   de    l'Enseignement    secondaire. 

Les  questions  sont  rédigées  de  telle  sorte  que  l'opinion  du 
Ministre  apparaît  très  clairement.  On  se  trouve  en  présence,  non 
pas  d'une  enquête,  mais  d'une  demande  d'adhésion  à  un  système 
préconçu.  Quelle  que  soit  d'ailleurs  la  forme  et  l'esprit  de  cette 
consultation,  elle  a  une  extrême  importance,  puisque  c'est  la  pre- 
mière fois  depuis  la  guerre  qu'un  ministre  pose  dans  son  ensemble 


NOTES    ET  DOCUMENTS  39Ô 

l;i  (|ui'slion  <lc  l'Enseignement  secondaire.  Pour  cette  raison,  les 
Noussignés  croient  devoir  attirer  votre  attention,  sur  un  certain 
noinbrc  d'observations  que  leur  a  suggérées  l'étude  du  question- 
naire. 

La  question  I  (suppression  des  cycles)  et  la  question  V  (allége- 
ment des  programmes  et  réduction  des  heures  de  classe)  n'appel- 
lent pas  de  contradiction  sérieuse  :  sur  le  premier  point,  tout  le 
monde  est  d'accord  ;  sur  le  second,  les  divergences  ne  peuvent 
porter  que  sur  l'étendue  des  réductions  proposées.  Mais  il  se 
dégage  du  texte  des  questions  II,  III  et  IV  un  système  qui,  pour 
les  raisons  suivantes  parait  abolument   inacceptable. 

Le  Ministre  s'est  proposé  —  et  tout  le  monde  ne  peut  que 
l'approuver  —  de  renforcer  les  études  anciennes.  En  réalité,  il 
les    affaiblit. 

En  effet,  dans  n'importe  quelle  discipline,  si  l'on  veut  arriver  à 
un  résultat  sérieu.x,  il  faut  que  les  élèves  croient  à  ce  qu'ils  font 
et  qu'ils  en  sentent  la  nécessité.  Or,  en*  forçant  tous  les  enfants 
à  faire  pendant  trois  ans  du  latin  et  pendant  un  an  du  grec,  on 
chargera  les  premières  classes  d'une  masse  d'élèves  décidés  à 
abandonner  ces  études  au  bout  de  ce  temps,  et  qui  n'apporteront 
ni  zèle,  ni  intérêt  aux  exercices.  Ils  constitueront  un  poids  mort 
dont   souffrira   la   vraie   clientèle   des   langues   classiques. 

Ceux  qui  ne  doivent  pas  continuer  leurs  études  de  langues 
anciennes  tireront-ils  de  ces  trois  années  un  profit  sérieux  ? 
L'avantage  que  peut  procurer  une  connaissance  aussi  rudimen- 
taire  des  langues  anciennes  pour  la  connaissance  du  franjais, 
est-il  proportionne  au  temps  perdu  ?  Si  l'on  considère  la  culture, 
quel  profit  des  enfants  si  jeunes  peuvent-ils  avoir  à  apprendre  à 
lire  le  grec,  et  à  s'initier  aux  éléments  de  la  langue  latine  ?  Nous 
croyons  qu'à  aucun  point  de  vue,  ils  n'ont  rien  à  gagner  au  sys- 
tème  proposé. 

De  plus,  en  les  forçant  à  faire  du  latin  pendant  trois  ans  et  du 
grec  pendant  un  an,  il  diminue  gravement  le  temps  consacré  au 
français,  à  ce  français  qui  sera  à  partir  de  la  troisième,  la  base 
principale  de  leur  culture  ;  et  cela,  à  un  âge  où  il  est  particu- 
lièrement nécessaire  d'assurer  par  de  fortes  études  grammaticales 
et  par  quelques  notions  de  l'histoire  de  la  langue,  la  connais- 
sance fondamentale  du  français.  Si  l'on  se  plaint  —  et  avec  rai- 
son —  de  la  faiblesse  actuelle  des  études  françaises,  c'est  que  ces 
solides  assises  manquent  à  nos  lycéens.  Au  lieu  de  remédier  à  ce 
détaut,  le  projet  ministériel  fait  perdre  aux  élèves  modernes  la 
meilleure   partie   de   leur  temps   pendant   trois  ans. 

A  côté  de  la  Section  classique,  le  Ministre  prévoit  une  Section 
Moderne.  Etant  donné  que  l'Enseignement  primaire  supérieur  et 
l'Enseignement  technique  s'offrent  à  ceux  qui  désirent  un  cycle 
d'études  plus  court  ou  plus  directement  utilitaire,  la  Section 
Moderne  du  Lycée,  pour  ne  pas  faire  double  emploi,  ne  peut  être 


396  LES    LANGUES    MODERNES 

qu'une  Section  de  culture  générale.  Un  tel  enseignement  est  par- 
faitement viable,  comme  font  prouvé  les  résultats  obtenus  dans 
la  section  D  actuelle  (Sciences-Langues),  qui  s'est  montrée  tout 
à  fait  capable  de  produire  en  français  de  très  bons  élèves,  et  qui 
en  aurait  produit  benucoup  plus  et  de  meilleurs  encore,  si  une 
expérience  loyale  avait  été  faite.  Mais  les  résultats  de  l'ensei- 
gnement   féminin,    sont    là,    et    ils    sont    démonstratifs. 

Or,  les  Humanités  modernes  valent  les  Humanités  classiques, 
elles  doivent  être  placées  avec  ces  dernières  sur  un  pied  d'égalité; 
elles  doivent  être  mises  dans  les  conditions  nécessaires  pour 
réussir.  Le  projet  ministériel  ne  les  y  met  pas.  H  a  pour  consé- 
quence inévitable  de  faire  de  li  Section  Moderne  le  refuge  de 
tous  ceux  qui  n'auront  pas  réussi  en  latin.  Cette  section  recru- 
tée parmi  les  éléments  inférieurs  ne  pourra  aboutir  qu'à  des  résul- 
tats   inférieurs. 

Aussi  ne  lui  accorde-t-on  plus  l'égalité  de  sanctions  :  à  la  lin 
des  études  classiques  se'  placera  le  baccalauréat  qui  ouvrira 
toutes  les  portes  ;  à  la  fin  de  la  Section  moderne,  un  simple  cer- 
tificat qui  ne  donnera  accès  à  presque  aucune  des  professions 
libérales.  Les  parents  qui  ont  quelque  ambition  pour  leur  fils 
ne  pourront  pas  consentir  à  iui  fermer  l'avenir  à  quatorze  ans. 
fis  ne  le  feront  que  s'ils  sont  contraints  par  son  incapacité  même. 
On   condamne   la   Section   moderne  en   l'instituant. 

Pareil  recul  semble  d'autant  plus  inopportun,  que  certains  pays 
étrangers  rendent  en  ce  mouient  même  un  éclatant  hommage  à 
la  culture  française,  ailant  jusqu'à  lui  donner  dans  leur  enseigne- 
juent,  la  place  occupée  autrefois  par  la  culture  ancienne  qu'elle 
résume  à  leurs  yeux.  Sur  quelle  base  asseoir  notre  propagande  à 
l'étranger  si  nous  désavouons  ce  jugement  si  flatteur  ?  Comment 
pouvons-nous,  sans  trahir  nos  intérêts  nationaux,  dire  à  nos  amis 
que  cette  culture  française  qu'ils  estiment  si  haut,  nous  la  trou- 
vons pour  nous-mêmes  insuffisante  ?  En  outre,  au  lendemain 
d'une  guerre  où  la  victoire  n'a  été  obtenue  que  par  une  intime 
collaboration  des  armées  alliées  à  tous  les  échelons,  à  la  suite 
d'une  paix  qui  a  mis  les  peuples  en  rapports  plus  étroits  les  uns 
avec  les  autres,  et  qui  fait  à  la  France,  en  particulier,  une  obliga- 
tion de  multiplier  ses  liens  avec  le  monde,  on  envisage  dans  une 
réforme  de  l'Enseignement  secondaire  une  diminution  de  la  part 
accordée  aux  langues  vivantes.  C'est  aller  au  rebours  du  mouve- 
ment  des  choses. 

Enfin,  le  projet  ministériel  présente  un  défaut  plus  grave 
encore  dans  une  Société  démocratique  comme  la  nôtre  qui  a  fait 
preuve  jusqu'à  présent  d'une  singulière  force  de  résistance  en 
face  des  excitations  démagogiques,  mais  dont  la  sagesse  a  besoin 
d'être  encouragée  pour  ne  pas  y  céder  dans  l'avenir.  Loin  de  faci- 
liter l'accès  des  études  secondaires  aux  meilleurs  élèves  de  l'Ecole 
I)rimaire,  on  va  les  gêner  singulièrement   et   risquer  de  les  écarter. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  397 

S:iiis  doute,  ils  pciixcnt  toujours  st  présenter  au  concours  des 
bourses  au  seuil  de  l;i  6',  mais  c'est  avant  d'avoir  fini  leurs  étu- 
des primaires,  et  ceux  qui  le  font  avec  succès  sont  une  infime 
minorité.  C.v  n'esl  (|n'un  ;in  plus  lard  que  la  plupart  se  présen- 
tent avec  toutes  leurs  chances.  .Actuellement,  ils  peuvent  entrer 
dirctcnicnt  en  .V  ilans  la  Section  sans  latin  ;  si,  désormais,  le 
latin  est  obligatoire  à  partir  de  la  6",  il  leur  sera  impossible 
d'aller  rejoindre  en  ;')■,  les  enfants  de  leur  âge.  11  leur  faudra 
entrer  en  6"  et  se  mettre  ainsi,  dès  le  début,  d'un  an  en  retard.  Ils 
Ile    le    rattraperont   jamais. 

Tels  sont.  Monsieur,  nos  obseivitions  essentielles.  Il  nous  a 
paru  (|u"ellcs  méritaient,  pir  leur  importance,  d'être  groupées 
et    mises   sous   les   yeux   des   membres   du   Conseil    supérieur. 

Ferdinand  Biilnot,  Kœmgs  (membre  de  l'Institut), 
(x)i,iN,  Gnihv,  pKviiOT,  R.\.\CKS,  Mlle  Sanla,  mem- 
bres    du    (Conseil    supérieui". 


Liste  d'adt)ésioi)S  au  CorT)ité  Brui)Ot 

M.  Veillet-Lavallée,  Président  de  IWss.  des  Prof,  de  L.  V.  des 
'A  ordres,  et  M.  Servajean,  Secrétaire  général  de  l'.Association,  repré- 
sentant r.Association. 

M.  Berthod,  prof,  de  philo,  au  lycée  St-Louis,  Président  de  la 
Société   des   .\grégés. 

M.  Lugol,  prof,  de  physique  au  lycée  St-Louis,  membre  du 
Conseil    académique. 

M.  Billard,  prof,  de  physique  au  lycée  St-Louis. 

M.  Tourrès,  prof,  de  Math,  au  lycée  (^arnot. 

M.  Weill,  prof,  de  math,  au  lycée  St-Louis. 

^L  Hilleret,  prof,  de  lettres  au  lycée  St-Louis. 

MM.  Bourgarel,  Bruhat,  Rivière,  Tourriol,  prof,  de  phys.  lycée 
St-Louis. 

M.  Parot,  étud.  en  niédec. 

MM.  Robert-Dumas,  Burghard,  Gibb,  Beley,  Camerlynk,  Becker, 
prof,  langues  vivantes,  lycée  St-Louis. 

M.  Michel,  prof.  math,  spéc,  lyc.  St-Louis. 

MM.  Capelle,  Xoblot,  prof,  lettres. 

M.  Fabry,  prof.  Faculté  des  Sciences,  Marseille. 

MM.  Legouis,  Cazamian,  .Andler,  Martinenche,  Rouge,  Hauvette, 
Girard,  Bloeh,  Painlevé,  Huchon,  prof,  à  la  Sorbonne. 

M.M.  Baldensperger,  Koszu.l,  Coën,  Tonnelat,  Roth,  Dreyfus,  Pau- 
lin, Anstett,  prof,  à  l'Université  et  aux  lycées  de  Strasbourg. 

M.  Girard,  président  des  Compagnons. 

MM.  Dansac,  Saillens,  prof,  au  lycée  Pasteur,  Paris. 

M.  Ch.-M.  Garnier,   prof.  lyc.   Louis-le-Grand   (U'    Sup.i. 

Mlle  Stahl,  prof,  au  cours  Fénelon, 

M.  Gaston  Jèze,  prof,  à  la  Faculté  de  droit,  Paris. 

M.  Taillebot,  prof,  langues,  lyc.  Ai.x. 

MM.  Fleurant,  L.-W.  Cart,  Chemin,  prof,  langues,  lyc.  Carnot. 

MM.  Garenc,  Genique,  Penel,  Guyot,  docteur  es  lettres.  Coquet, 
Laflerranderie,  Besnard,  Dauvergne,  prof,  français  au  collège 
Chaptal. 


398  LES    LANGUES    MODERNES 

MM.   Bêche,   Angelet,   Lacaze,   Mampon,    Widlôcher,   Sigaud,   Ter- 
villo,  Marty,  Pastre,  Blériot,  Grand,  prof,  mathém.  coll.  Chaptal. 

MM.    Dubrciiil,   Ledoux,    Pastouriaux,   prof.    Phys.   et   Hist.   Nat., 
collège  Chaptal. 

M.  Ancel,  prof.  hist.  collège  (Chaptal. 

MxM.   Gricourt,   Lepape,   Picot,   Schweitzer,   Bec,   Stœfïler,   Chopin, 
Beslon,  Sagot,  prof,  langues  vivantes,  collège  Chaptal. 

MM.  Hovelaque,  Berthet,  Raphaël,  doct.  es  lettres,  prof,  langues 
vivantes,  lycée  I>akanal. 

MM.  Lebrun,  prof,  mathém.,  Bourguignon,  prof,  phys.,  Pauthier, 
prof,  hist.,  lyc.  LakanaJ. 

M.  Goetschy,  prof.  lang.  viv.,  Ij'cée  Michelet. 

Laurens,  prof.  lang.  viv.,  lyc.  Avignon. 

Mlle  A.-J.  Calos,  prof.  Ecole  comm.,  Paris. 

M.  Macary,  prof,  langues  viv.  coll.  Falaise. 

M.  Audoin,  prof,  langues  viv.  lyc.  Poitiers. 

Mme  Audoin,  prof,  langues  viv.,  coll.  J.  F.,  Poitiers. 

MM.  Descouchant,  Airault,  Lascaux,  prof.  lang.  viv.,  coll.  La 
Châtre. 

Mlle  Roziès,  prof,  sciences,  coll.  j.  f..  Grasse. 

Mme  Michel  Pélissier,  prof,  lang.,  coll.  j.  f..  Grasse. 

M.  Louis  Brun,  docteur  es  lettres,  prof.  1.  v.,  lyc.  Charlemagne. 

M.  A.  Bertrand,  prof.  1.  v.,  lyc.  Toulouse. 

M.  Pitollet,  prof.  1.  v.,  lyc.  Henri-lV. 

Mlles  Leroy,  Lalloz,  prof,  lettres,  coll.  J.  F.,  Grasse. 

M.  Roussel,  prof.  1.  v.,  lyc.  Vendôme. 

M.  Marin,  docteur  es  lettres,  prof.  1.  v.,  lyc.  Auch. 

M.  Louis  Wcill,  prof.  1.  v.,  lyc.  Louis-le-Grand. 

M.  Bande,  prof.  1.  v.,  lyc.  St-Louis. 

M.  Escarté,  prof.  1.  v.,  lyc.  Toulouse. 

M.  Marty,  rédacteur  en  chef  de  VEdncatiun. 

M.  Dodanthun,  prof.  1.  v.,  lyc.  Nevers. 

M.  Gromaire,  prof.  1.  v.,  lyc.  Buffon. 

MM.  Labeyrie,  Martin,  prof.  1.  v.,  coll.,  Parthenay. 

MM.  Wetzel,  Clech,  prof.  1.  v.,  Ij'c,  Rennes. 

M.  de  Govon-Matignon,  prof.  1.  v.,  coll.  j.  f.,  Avranches. 

M.  Le  GÙÏÏ,  prof.  1.  v.,  lyc,  Toulon. 

M.  Favrc,  prof.  1.  v.,  lyc,  Moulins. 

MM.  Capela,  de  Thorey,  prof.  1.  v.,  coll.,  Barbczieux. 

MM.  Gautier,  Joucla,  Vignolles,  prof.  1.  v.,  lyc,  Janson-de-Sailly. 

MM.  Pierre  Proust,  prof.  1.  v.,  Vézinhet,  prof,  philos..  Roux,  prof, 
phj's.,  Roussin,  prof,  math.,  coll.,  Xyons. 

M.  Béchot,  prof.  1.  v.,  coll.,  Avesnes. 

AL  Chaufour,  rédact.  en  chef  au  Ministère  de  l'instr,  ])ubl.,  Le 
Caire. 

M.  Nicolas,  prof.  lang.  viv.,  lyc,  Brest. 

M.  Kerlevézou,  prof,  hist.,  lyc,  Brest. 

AL  Ardre,  prof,  mathém.,  lyc,  Brest. 

MAL  Perros,  prof.  1.  v..  Merle,  jjrof.  1.  v..  Le  Paih,  prof.  1.  v.,  Le 
Tournau,  prof.  1.  v.,  Ramliaud,  prof,  math.,  Calmette,  prof,  lettres, 
lycée  Lorient. 

M.  Cotton,  prof.    Faculté  Sciences,  l'niversité  Paris. 

M.  Gaston  Hirtz,  prof.  1.  v.,  lycée  de  Poitiers. 

.NL  Vialat,  prof  L  v.,  lycée,  Constantinc 

.^L  ]\()cher,  |)rof.  I.  v.,  lycée  de  Lyon-Parc 

M.  Michel,  prof,  à  la   Faculté  des  lettres,  Nancy. 

M.   Peyraube,  prof.  1.  v.,  lycée,   Nancy. 

M.  Langevin,  prof,  au  Collège  de  France. 

M.  Hollande,  Secrétaire  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Reims. 

M.  Mallet,  prof.  1.  v.,  lycée,  Reims. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  399 

Mlles  l}i;mqiiis.  Dacliclaiic,  CiollcttO,  prof.  1.  y.,  Kcolan,  prof. 
Iiistoirc,  Chiuimont.  prr)f.  inathéin.,  lycée   j.   f..   Kcinis. 

MM.  Pitroii,  (loeteur  es  lettres,  prof.  1.  v.,  Prioiit,  docteur  es  let- 
tres, prof.  I.  V.,  lycée  de  C-aen. 

M.M.  Conunarnioiid,  Deiijcan,  prof.  1.  v..  lycée  Ooiidorcet. 

M.   Simon,   prof.   1.  v.,  lycée  de   Casablanca. 

.M.  Hriqiielot,  prof.  1.  v.,  lycée  de  Bar-le-I)nc. 

M.  I.abordc,  prof.  1.  v.,  lycée  .Angoulème. 

La  Section  réçiionale  des  prof,  de  1.  v.  de  Bordeaux.  Président  : 
M.  le  Doyen  Dresch. 

M.  Laval,  prof  1.  v.,  lyc.  d'Angers. 

.MM.  .\gostino,  Desesbàts,  Euvrard,  Simon,  Talbot,  prof.  lang.  viv., 
lyc.   Périgiieux. 

Mlle  Lambert,  prof,  lettres,  Mme  Voisenat,  prof,  lang.,  Mlle  Van 
der  Berg,  prof,  lang.,  lyc.  j.  f.,  Dijon. 

M.  Gillon,  prof,  lang.,  lyc.  Carnot,  Dijon. 

Mme  Piolé,  prof,  lettres,  E.  P.  S.,  j.  f.,  Thionville. 

MM.  Kuntz,  Pax,  Thiry,  Ruolt,  Millier,  prof,  lettres,  collè.ge  de 
Thionville. 

MM.   Kappcs,   Dehlinger,   prof.   hist.   et   géog.,   collège,   Thionville. 

MM.  Villebrun,  Xaucelle,  Marchai,  prof,  mathém.,  coll.,  Thionville. 

MM.  Lévy,  Ponthieu,  Piolé,  Grenier  Paul,  prof.  1.  v.,  coll.,  Thion- 
ville. 

MM.  d'Hauterive,  Leprince,  prof,  lettres,  Lamoureux,  Malnoy, 
prof,  math.,  Charzat,  Parain,  prof.  Class.  Elém.,  Cochet,  Goudry, 
Vaillant,  Isselé,  Bezier,  prof.  1.  v.,  lycée  d'Orléans. 

MM.  Chabonnat,  prof.  se.  nat.,  Dodancourt,  Duchesne,  Lasserre, 
Versini,  prof,  lettres,  Gusse,  Penaud,  prof,  math.,  Lamarre,  Rosse, 
prof.  1.  V.,  Meininger,  prof,  hist.,  lycée  de  Beauvais. 

MM.  Pauze,  Maurice,  Maillet,  Demaud,  Mollon,  Matteï,  prof.  1.  v., 
lycée  de  St-Etienne. 

Mme  Gaucher,  Mlles  Wheatcroft,  Guignon,  Mme  Maurice,  prof. 
1.  V.,  lyc.  j.  f.,  St-Etienne. 

MM.  Lcmarchands,  Malfreyt,  Lacroix,  Tournaire,  Martin,  prof, 
phys.,  lycée  St-Etienne. 

MM.  Condemine,  Gaucher,  Perras,  Bourgeois,  Henry,  Bourgogne, 
Masset,  Schuchmacher,  Perrot,  prof,  au  lycée  de  St-Etienne. 

Mmes  Matteï,  Ceryet,  Mlle  Chaussabel,  prof,  lettres,  Mlle  Jac- 
quemin,  prof,  math.,  lycée  de  j.  f.,  St-Etienne. 

M.  G.  Ledoux,  adj.  à  l'insp.  des  Suceurs,  de  la  Banque  de  France, 
Paris. 

Mlles  Pontheil,  Morce,  Alléjean,  prof,  sciences.  Débat,  prof,  ma- 
thém., Cluzel,  Bonnardot,  Menars,  prof,  hist.,  Meuc,  prof,  lettres, 
L.  Daudin,  prof,  lang.,  lycée  j.  f.,  Bordeaux 

Mlles  M.  Fauré,  Pauteux.  Guyot,  Richard,  prof,  lettres,  Xadal, 
prof,  math.,  Poirot,  Souvaux,  prof,  sciences,  lyc.  j.  f.,  Rouen. 

MM.  Henry,  Lenouville,  prof.,  Darvez,  Chevadoux,  prof,  mathém., 
Leitz,  Cuisenier,  prof,  lettres,  D"^  Maurice  Cornille,  lycée  de  Rouen. 

Mlles  Hucher,  Baraduc,  prof,  lettres,  Duchaussoy,  prof,  se,  Gémo- 
net,  Vépin,  Simart,  Labrousse,  maîtresses  primaires,  Denin,  Aubert, 
prof,  sciences,  lyc.  j.  f.,  Amiens. 

MM.  Douclut,  Tourneaux,  prof,  math.,  Thomas,  prof.  hist..  Vet- 
tier,  Renaudeau,  prof,  lang.,  Ijcée  d'.\miens. 

{A   suivre). 


400  LES   LANGUES    MODERNES 

Ui)  Ordre  du  jour  des  Professeurs  de  la  Faculté 
des  Lettres  de  Paris 

Nous  apprenons  qu'au  cours  d'une  réunion  récente,  à  laquelle 
assistaient  la  plupart  des  professeurs  de  la  Sorbonne  littéraire, 
M.  Brunot,  Doyen,  a  combattu  le  projet  ministériel  tel  qu'il  a 
été  soumis  jiar  M.  Léon  Bérard  à  l'examen  du  Conseil  supérieur. 

Les  soixante  professeurs  présents  approuvèrent  l'exposé  du 
Doyen  et  votèrent,  —  à  l'unanimité,  moins  quatre  abstentions,  — 
l'ordre  du  jour  suivant  : 

<•  La  F'acuité  des  lettres,  tout  en  affirmant  son  profond  attache- 
"  nient  aux  études  qui  ont  pour  objet  l'antiquité  classique, 
"  repousse  tout  projet  rétrograde  de  réforme  de  l'enseignement 
"  secondaire  qui  aurait  pour  effet  de  supprimer  ou  de  diminuer 
"  le^.  humanités  modernes,  de  leur  refuser  la  sanction  du  bacca- 
<•  lauréat  et  de  fermer  aux  élèves  qui  en  sortent,  soit  la  Faculté 
•  des  lettres,  soit  d'autres  établissements  d'Enseignement  supé- 
rieur.  » 


Titularisatiol)  des  Instituteurs  délégués 
et  n)aîtres-adjoii)ts  des  E.  P.  S 

Des  renseignements  que  nous  avons  recueillis,  il  semble  que  la 
thèse  de  l'administration  peut   se  résumer  comme  suit  : 

Les  lois  du  26  décembre  1908  et  du  25  février  1914,  qui  réglaient 
la  titularisation  comme  professeurs  des  certifiés  de  langues  vivan- 
tes (Certificat  d'aptitude  à  l'Enseignement  des  langues  vivantes, 
dans  les  E.  X.  et  les  E.  P.  S.),  ont  été  abrogées  par  Tarticle  5  de 
la   loi   du   6   octobre    1919. 

.\ucun  texte  n'existe  donc  à  l'heure  actuelle  concernant  cette 
titularisation  et  nos  collègues  resteraient  éternellement  délégués 
et  maîtres-adjoints  si  on  rre  leur  appliquait,  par  assimilation,  les 
dispositions  de  l'article  15  de  la  loi  de  1919  qui  règlent  la  titula- 
risation   des    maîtres-auxiliaires. 

Nous  accueillerons  volontiers  les  observations  que  suggérera  à 
nos    lecteurs   la    lecture    de    ce   qui    précède. 

Ch.    V.-L. 


Société  des  Langues  Méridionales 

Le  groupe  parisien  de  la  Société  d'Etudes  des  professeurs  de 
langues  méridionales  a  tenu  séance  le  29  mai  dernier,  au  lycée 
Louis-le-Grand.  M.  Marcaggi  présidait,  assisté  de  M.  Denjean, 
comme  secrétaire.  M.  Martinenchc,  professeur  à  la  Sorbonne, 
faisant    fonction    d'Inspecteur    général    d'espagnol    était    présent. 

La  réunion  avait  pour  but  d'examiner  les  vœux  émis  par 
l'Assemblée  générale  de  Toulouse,  du  16  mai.  La  plupart  ont  été 
votés.    La    discussion    a    porté    sur    les    points    suivants  :     nécessité 


NOTES   ET  DOCUMENTS  ^01 

du  faire  respecter  les  horaires  prescrits  par  les  règlements  ?t  pro- 
{îrainmes  ;  composition  de  langues  vivantes  au  baccalauréat  ;  le 
développement  de  l'enseignement  des  langues  méridionales  en 
France  ;  la  campagne  menée  par  notre  groupement  pour  la  défense 
de   l'allemand. 

L'Assemblée  a  approuvé  l'élection  de  M.  Gavel,  professeur 
d'espagnol,  au  lycée  de  Bayonne.  comme  président  de  la  Société 
et  celle  de  M.  Paoli,  professeur  d'italien  au  lycée  de  Marseille  aux 
fonctions  de  secrétaire  général.  Elle  a  proposé  M.  l'iTOLi.Fr,  pro- 
fesseur d'espagnol    au   lycée   Louis-le-Grand,   comme   vice-président. 

Elle  a  enfin  émis  un  vœu  en  faveur  de  la  création  de  deux  pos- 
tes d'inspecteur  général,  l'un  ])oui  l'espagnol,  l'autre  pour  l'ita- 
lien, ou,  si  la  chose  est  impossible  |)our  le  moment,  d'un  poste 
commun    aux    deux    langues. 


Les  séjours  à  rétrai)ger  (suite) 

Adhésions   reçues    depuis    le    1"'   juin    îi)'20 

Mlle  Bianquis,   prof,  d'allemand   au   lycée   de   .1.  F.   de   Reims. 
MM.   Demaud,  prof,  d'allemand,   lycée  de  Saint-Etienne. 

Duchatelle,    prof,    d'allemand,    collège    de    Salins. 

Beltette,   prof,  d'anglais,  lycée   de  Tourcoing. 

Roullet-Debenay-Lafond,    prof,    d'anglais,    lycée    de    Limoges. 

Goll,    prof,    d'allemand,    lycée    de    Besançon. 

Vaillandet,    prof,    lettres    et    afiemand.    Ecole    primaire    supé- 
rieure  de   Nancy. 
Mlle  Ott,  prof,  d'allemand   et   d'anglais  E.  P.  S.  de  .L  F.,  Mézières. 
.M.M.  Grémillet,    professeur   d'allemand    au    collège    de    Bruyères. 

Frémin,  prof  d'allemand   au  collège   de   Saumur 

Bartier,    prof,    d'anglais    au    collège    d'.Armentières. 
Mlle  Coste,    prof,    d'italien    aux    lycées     Montgrand    et     Longchamj) 

(Marseille). 
^^.       Rottée,  prof,  d'allemand  au   lycée  Rollin. 
Mlle  Picault,    prof,    d'anglais    à    l'Ecole   .primaire    supérieure     de 

J.    F.   de   Charolles. 
M.M.  Priout,    prof,   d'anglais   au   lycée   de    Caen. 

Vincent,   prof,   d'anglais   au   lycée   Charlemagne. 

Lauvrière,   professeur   d'anglais   au   lycée   Louis-le-Grand. 

Droin,    prof,    d'allemand    au    lycée    Buffon. 

Rouquette,  prof,  d'anglais  au  lycée  de  Limoges. 

Aube,   prof,   d'anglais   E.   P.   S.,   de   Saint-Etienne. 
Mlle  Vircoutter,  prof,  d'allemand  à  l'E.  P.  S.  de  J.  F.  de  Clamecy. 
Mlle  Exbrayat,  prof,  d'anglais  à  l'E.  P.  S.  de  J.  F.  de  Tours. 
M.M.   Roulleux,   prof,   d'anglais    au   collège   de    Saint-Jean-d'Angély. 

Briquelot,    prof,    d'anglais    au    lycée    de    Bar-le-Duc. 
Mme  Violot,  prof,  d'allemand   au   collège  de  J.  F.  de  Neufchâteau. 
MM.  Degré,    prof,    d'anglais    au    collège    de    Langres. 

Barbier,  prof,  à  l'E.   P.   S.  de  Chàtillon-sur-Chalaronne   (Ain). 

Rochelle,    prof,    d'allemand    au    lycée    de    Bordeaux. 

Mollet,   |)rof.   d'allemand   an    lycée   Pcrier  (Marseille), 


402  LES  LANGUES   MODERNES 

Mlle  Ombredane,  prof,  anglais  E.  P.   S.  de  J.  F.  d'Orléans. 
MM.  Père,    prof,   d'allemand    au    lycée    de    Valenciennes. 

Pages,    principal    du    collège    de    Cannes. 

Rigaudières,    prof,   d'allemand    au    lycée    de   Cahors. 

Galibert,  prof,  d'anglais  E.  P.   S.  de   Toulouse. 

Berlioz-Beinier-Joanny,    prof.    Ecole    normale    de    Montbrison. 
Mme  Leroy,    prof,    d'allemand    au    collège    de    J.    F.    de    Toul. 
M.       Cury,    répétiteur    de    collège     en     congé,     Instructor     Cornell 

University,    Sthaca    (Etats-Unis). 
Mlle  Bianquis,   professeur  d'allemand   au   lycée   de   J.  F.,  Reims. 
Total  :   77   adhésions. 

Jules     DODANTHUN, 

Professeur  d'anglais,  lycée  de  Nevers. 


EXTRAITS    DE   LA    PRESSE 

Le  dai)ger  que  court  l'Ei)seigi)eiT)eot  des  Langues 
Vivantes 

iVoii.s  extraijons  les  lignes  suivanfes  d'une  brochure  de  M.  H.  Le 
Chûtelier,  Professeur  de  Chimie  à  la  Sorbonne  et  à  l'Ecole  des 
Mines,  Membre  de  l'Académie  des  Sciences.  Cette  brochure,  repro- 
duction d'un  article  de  la  «  Revue  de  Métallurgie  »  (1),  vient  d'être 
distribuée  à  tous  les  membres  du  Conseil  Supérieur. 

«   Mais   »,  objectera-t-on,   «   la  part  faite  dans  ce   programme 

aux  Langues  Vivantes  est  bien  faible.  (]onvicnt-il  de  heurter  de 
front  une  opinion  ou  un  préjugé  très  développé  chez  nous  depuis 
quelques  années  ?  La  vérité  n'a  rien  à  ménager,  et  doit  s'affirmer 
sans  masque.  Avant  la  guerre,  il  était  de  bon  ton  de  mettre  la 
culture  allemande  au-dessus  de  toute  autre  ;  espérons  que  ce 
snobisme  est  définitivement  mort,  et  ne  le  remplaçons  pas  par  un 
autre.  Aujourd'hui,  la  culture  par  les  Langues  Vivantes  est  réser- 
vée aux  enfants  qui  devraient  apprendre  à  conduire  un  cheval  ou 
une  machine  au  lieu  d'user  leurs  fonds  de  culottes  sur  les  bancs 
des  Lycées.  N'imposons  pas  le  même  régime  à  tous  les  petits  Fran- 
çais. 

«  Si  l'étude  des  Langues  Vivantes  ne  doit  pas  être  employée  chez 
nous  comme  agent  direct  de  culture  générale,  leur  connaissance 
n'en  est  pas  moins  infiniment  utile  pour  la  vie  pratique.  Aussi  les 
Langues  Vivantes  doivent-elles  être  un  des  objets  essentiels  de 
l'enseignement  professionnel,  soit  des  écoles  techniques  moyennes 
succédant  à  l'enseignement  jjrimaire,  soit  des  écoles  techniques 
supérieures,   faisant   suite  à   l'enseignement   secondaire. 

«  Au  contraire,  dans  l'ensei-gnement  secondaire,  l'étude  des  lan- 
gues doit  occuper  seulement  une  place  de  second  rang  et  être,  dans 

(1)  La  Réforme  de  l'Enseignement  secondaire,  par  H.  Le  Châte- 
lier,  Revue  de  Métallurgie,  janv.-fév.  1918. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  403 

une  certaine  mesure,  laissée  à  la  (liscivtion  des  parents,  comme 
les  arts  d'aj{rément.  On  pourrait  donner,  comme  but  unique  de 
cette  étude  sommaire  des  lant(ues,  l'acciuisition  de  mille  à  deux 
mille  mots  anj^lais  et  allemands.  (",e  résultat  est  facile  à  obtenir 
par  toutes  les  méthodes  directes,  Berlitz  ou  autres.  Hn  possession 
de  ce  nombre  de  mots,  les  jeunes  j^ens  |)ourraient,  à  la  sortie  du 
collèfîe,  lire  sans  trop  de  diftî-cultés  les  journaux  et  publications 
dépourvus  de  prétentions  littéraires  qui  se  contentent  des  mots  les 
plus  usuels  ;  cela  leur  permettrait,  en  outre,  de  tirer  un  profit  im- 
médiat des  ^•oyagcs  k  l'étranger  et  les  pi-éparerait  suflisamment  à 
l'étude  plus  suivie  des  langues  dans  les  écoles  techni(|ues.  > 
Et  plus  loin  : 

<'    Tout  le  reste  de  l'enseignement  des  lycées  :  langues  Diuantes, 

arts  d'agrément,  exercices  physiques,  interrogati<ins,  etc.,  passerait 
au  second  plan,  et  serait  relégué  dans  les  heures  à  programme  va- 
riable, réservées  entre  midi  et  .")  heures.    •> 

Sans  commentaires. 


A'ous  nous  en  voudrions  de  ne  pas  faire  goûter  à  nos  collègues 
les  réflexions  gui  suitrenf  :  elles  ont  le  mérite  de  porter  unec 
elles  leurs  prennes,  à  la  fois  comiques  et  attristantes.  Eniamtnt 
d'un  professeur  de  Itttres,  elles  ne  sauntient  d'ailleurs  susciter 
de  commentaire  plus  convenable  que  la  simple  épigraphe  :  «  Ex- 
perto  crede   Roberto  !   » 

A  propos  d'ui)e  forn)Ule  irzdit\ot)i)e\le 

De  quelque  apprentissage  qu'il  s'agisse,  dès  que  celui  qui  l'a 
entrepris  a  donné  la  preuve  qu'il  n'y  réussissait  pas,  on  l'en 
écarte  et  on  le  dirige  d'un  autre  côté  :  cela  est  logique.  Pour  les 
études  latines  il  n'en  va  pas  de  même  :  quiconque  s'y  est  engagé 
est  tenu,  quoi  qu'il  arrive,  d'aller  jusqu'au  bout,  et  les  preuves  les 
plus  éclatantes  d'une  incapacité  que  chaque  jour  confirme  ou 
accentue,  ne  peuvent  venir  à  bout  d'une  tradition  obstinée.  C'est 
que  le  latin  a,  dit-on,  cette  supériorité  sur  tous  les  autres  appren- 
tissages et  cette  vertu  singulière  d'être  utile  même  quand  il  ne 
l'est  pas,  et  c'est  ce  que  l'on  exprime  en  disant  qu'u  il  en  reste 
toujours  quelque  chose  »  ou  que  «  cela  sert  toujours  à  quelque 
chose  ».  De  cette  affirmation,  on  n'apporte  bien  entendu,  aucune 
preuve,  ni  par  le  raisonnement,  ni,  ce  qui  vaudrait  mieux,  par 
les  faits.  Voici  donc  un  fait  entre  beaucoup  d'autres,  d'où  l'on 
tirera  sans  doute  des  conclusions  un  peu  différentes. 

Des  élèves  de  11  à  12  ans  avaient  à  traduire  dans  une  version 
cette  phrase  :  Unus  ex  ejus  avis  verrucam  habuit  in  extrême  naso 
sitam,  ciceris  grano  similem.  Dix-neuf  sur  trente  et  un  (je  dis 
bien  :  dix-neuf  sur  trente  et  un,  c'est-à-dire  près  des  deux  tiers), 
la   traduisirent   comme   il   suit  : 

1.  Un  de  ses  ancêtres  eut  une  tache  au  bout  du  nez,  semblable 
à  son  pois  chiche  comme  un  grain. 


404  LES    LANGUES    MODERNES 

2.  in   oiseau   ayant  été  placé  dans  l'intérieur  de  son  ne:,   il  en 
eut  une   neriiie,  stmblabe   à  la  graine  du  pois  chiche. 

3.  //  avait  une  verrue  au  milieu  de  son  visage  et  une  graine  de 
pois  chiche   en   analogie. 

4.  Parmi  les  oiseaux,  il  en  est  un  qui  a  un  défaut  pareil  ci  un 
grain   de   pois   chiche,   érigé   dans   le   nez. 

5.  Une   brebis  eut  une  verrue  jilacée  sur  Vextrémité  du  naseau... 

6.  L'un  d'entre  eu.r  avait  une  verrue  située  sur  le  bout  du  nez. 
il   avait    un    grain   semblable   au   pois   chiche. 

7.  i'n  de  ses  auspices  dit  qu'il  aurait  un  défaut  situé  à  l'e.vtré- 
mité  du   nez,  semblable   à   un  grain   de   pois   chiche. 

8.  //  eut  un  nez  noble  et  une  verrue  placée  tout  au  bout,  sem- 
blable... 

9.  //  alla  un  jour  sur  un  pic  très  élevé  pour  railler  la  divination 
des  oiseaux  ;   il   trouva    une  graine  semblable  ci   un  pois   chiche. 

10.  //  avait  un  défaut  rapide  dans  l'odorat,  semblable  à  un  pois 
chiche. 

11.  Un  de  ses  aïeux  eut  une  verrue  dans  l'extérieur  du  nez,  sem- 
blable... 

12.  Un  de  ses  oiseaux  avait  une  excroissance  placée  à  l'extérieur 
de  son   bec,   semblable... 

\6.  Un  de  ses  ancêtres  habita  une  éminence  située  dans  l'exlré- 
me  Nasos,   semblable... 

14.  Un  de  ses  oiseaux  eut  une  verrue,  située  à  l'extrémité  du 
nez... 

15.  Un  de  ses  aïeuls  posséda  une  verrue  située  à  l'exlrémilé  du 
nez,   semblable   à   un   pépin   de  raisin   de   Cicéron. 

16.  Celui-ci  avait  en  signe  de  mauvais  augure  une  verrue  sur 
le   bout   du   nez,   semblable... 

17.  //  eut  un  seul  défaut  situé  à  l'extrémité  du  nez,  qu'il  tenait 
de   ses   ancêtres,   semblable... 

18.  Un  de  ses  aïeu.i  avait  une  verrue  située  dans  le  plus  extrême 
n^z,   semblable... 

19.  //  y  avait  un  de  ses  ancêtres,  qui  avait  une  verrue  sur  l'e.v- 
Irémité  du  nez  ;  Cicéron  avait  un  petit  pois  ;  on  dit  à  cela  qu'il 
aurait    un    grand  yénie. 

(Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  ces  traductions  sont  authen- 
tiques et  qu'on  tient  à  la  disposition  des  sceptiques,  s'il  s'en  trou- 
vait,  les   originaux   dont   on   vient   de   transcrire    ces   fragments). 

Que  peut-il  bien  rester,  je  le  demande,  de  pareilles  sottises, 
quel  profit  peut-fln  retirer  d'une  telle  gymnastique,  et,  si  l'étude 
du  latin  est  utile  pour  former  l'esprit  à  la  logique  et  au  raison- 
nement, quelle  formation  faut-il  espérer  de  semblables  niaiseries 
répétées  pendant  six  ans  ?  Mais,  au  contraire,  n'y  a-t-il  pas  lieu 
de  craindre  une  déformation  dangereuse  et  peut-être,  au  bout  de 
six   années   ainsi   employées,   définitive  ? 

Mais  il  faut  prévoir  quelques  objections,  dont  deux  au  moins 
sont,  à  première  vue,  sérieuses.  Voici  la  première  :  c'est  au 
jeune  âge,  dit-on,  qu'il  faut  imputer  ces  sottises,  et,  si  des  enfants 
de  1 1  à  12  ans  sont  capables'  de  les  écrire,  elles  ne  leur  viendront 
même  pas  à  l'esprit  en  3',  en  2',  en  1''.  Le  raisonnement  est  spé- 
cieux, et  les  faits  le  contredisent.  On  retrouve  en  .S*",  en  2"  et  en 
1",  toutes  proportions  gardées,  les  mêmes  erreurs;  je  pourrais 
.^n  aprorler,  et  mes  collègues  pourraient  aussi,  si  on  les  eu  priait, 
en  apporter  des  exemples  nombreux.  .Ainsi  donc,  si  l'on  peut 
espérer  (|iie   l'âge  corrigera,   dans   une  ceilaine   mesure,  cette   ma  la- 


NOTES   ET  DOCUMENTS  405 

(liesse,  il  n'y  faut  pas  trop  coni|>ter,  et  toute  la  question  est  de 
savoir  si  ces  habilutles  fâcheuses  ne  deviennent  pas  de  jour  en 
Jour  plus  dinicile  à  corriger,  s'il  ne  vaudrait  pas  mieux,  pour 
cette  raison,  ne  pas  leuy  laisser  le  temps  de  pousser  des  racines 
tiop  profondes,  et,  puisque  décidément  certains  esprits  sont,  réfrac 
taires  aux  études  latines,  s'il  n'y  aurait  pas  intérêt,  à  les  for- 
mer par  d'autres  exercices. 

On  répond  à  cela  et  c'est  la  seconde  objection,  que  des  éludes 
latines  mal  faites  n'ont  jamais  empêché  personne  de  réussir,  et 
que  la  plupart  de  ceux  qui,  sous  prétexte  de  latin,  ont  dit  ou 
écrit  beaucoup  de  sottises  dans  leurs  jeunes  années  n'en  ont  pas 
moins  fait  leur  chemin  dans  le  monde.  C'est  possible,  et  cela 
|)i-ouverait  d'abord  que  le  latin,  tout  utile  qu'on  le  suppose,  — 
et  je  ne  conteste  nullement  son  utilité  —  n'est  pas  indispensable 
|)our  réussir,  et,  puisqu'on  ne  peut  soutenir  raisonnablement  que 
des  études  faites  en  dépit  du  bon  sens  aient  contribué  en  quel- 
que manière  au  succès,  il  faut  aussi,  poussant  le  raisonnement, 
jusqu'au  bout,  conclure  que  ceux  qui  ont  ••  réussi  »  après  six 
années  ainsi  employées  ont  réussi,  non  par  le  latin,  mais  en 
dehors,  et,  peut-être  en  dépit  du  latin.  Car  n'a-t-il  pas  fallu 
qu'ils  désapprennent  ce  qu'ils  avaient  d'abord  et  si  péniblemei't 
appris,  pour  apprendre  enfin  ce  en  quoi  ils  ont  réussi  ?  Que  de 
temps  perdu,  que  de  peine  inutile,  et  combien  il  eût  été  plus 
sage  de  commencer  par  la  fin,  c'est-à-dire  de  les  diriger  vers  des 
études  plus  appropriées  à  leurs  capacités,  dès  qu'on  a  eu  la  preu- 
ve que  les  autres  leur  étaient  inutiles  !  Mais  c'eût  été  contraire 
à   la   tradition. 

11  n'est  pas  indispensable,  tout  le  monde  en  convient,  qu'il  y 
ait  dans  une  classe  de  latin  4.5  élèves,  dont  25  au  moins  ne  sui- 
vent pas,  mais  qu'on  s'obstine  à  y  maintenir  sans  profit  pour  eux 
et  au  détriment  des  autres.  Car  il  faut  bien  penser  un  peu  à  ceux- 
ci,  et,  s'il  semble  raisonnable  d'éliminer  les  incapables  dans  leur 
intérêt  même,  n'est-ce  pas  un  devoir  aussi,  vis-à-vis  de  ceux  qui 
\eulent  et  qui  pourraient  réussir,  de  leur  faciliter  le  succès  ? 
Mais  la  tradition  est  inflexible,  et  la  formule  est  là,  qui  veille  : 
•  Continuez,  mon  ami,  des  études  si  heureusement  commencées. 
Parlez-nous  de  la  divination  des  oiseaux  et  de  l'e.xtréme  Nasos. 
Que  cela  est  ingénieux  et  pittoresque,  et  que  de  choses  vous  ivez 
vues  dans  cette  petite  phrase,  que  son  auteur  n'avait  pas  cru  y 
mettre  !  Surtout  n'écoutez  pas  ceux  qui  voudraient  vous  détour- 
ner de  ces  études  sous  prétexte  qu'elles  ne  vous  sont  d'aucun  pro- 
fit ;  et  si  quelqu'un  vous  disait  que  vous  écrivez  des  sottises,  gar- 
dez-vous de  le  croire,  ce  sont  bien  des  sottises  si  l'on  veut,  mais 
ce  sont  des  sottises  d'une  qualité  spéciale  et  unique,  en  ce  sens 
que  leur  utilité  est  indiscutable  et  ne  peut  être  démontrée.  Con- 
tinuez,  il  vous  en  restera  toujours  quelque   chose.   » 

Ces  réflexions  sont  banales,  sans  doute,  et  elles  ont  été  faites 
bien  des  fois  ;  ils  ne  faut  pourtant  pas  se  lasser  de  les  répéter, 
|)uisqu'on  agit  toujours  comme  si  elles  n'avaient  jamais  été  fai- 
tes. Si  l'on  n'avait  à  sa  disposition,  pour  apprendre  à  raisonner 
ou  à  écrire  à  de  jeunes  Français,  d'autre  ressource  que  l'étude  du 
latin,    il     faudrait    bien    en    passer     par    là,    et,   tout    en    maugréant 

28. 


406  LES    LANGUES    MODERNES 

contre  cette  pénurie  de  moyens,  continuer  à  user,  vaille  que  vaille, 
du  seul  dont  on  disposerait.  Mais,  en  admettant  même  que  le 
latin  soit  de  tous  le  plus  efficace,  il  y  en  a  d'autres,  Dieu  merci, 
il  doit  y  en  avoir  d'autres.  Démosthène,,  qui  n'avait  pas  étudié 
Cicéron,  ne  manquait  ni  de  logique,  ni  de  vigueur,  et  quiconque 
se  mettrait,  pour  apprendre  à  raisonner,  à  l'école  de  notre  Pascal, 
aurait    bien    des    chances    de    ne    pas    perdre    son    temps. 

C'est  de  cette  vérité  qu'il  faudrait  se  pénétrer,  pour  le  plus 
grand  profit  des  études  latines,  de  ceux  qui  n'j'  réussissent  pas, 
et  de  ceux  enfin  à  qui  elles  pourraient  être  utiles.  Et,  si  l'on 
arrivait  à  s'en  pénétrer,  c'est  la  sélection  qui  s'ensuivrait  comme 
conséquence  inéluctable.  Car  la  sélection  s'impose,  elle  s'impose 
impérieusement.  Qu'on  la  pi'atique  avec  la  plus  large  bienveil- 
lance, qu'on  mette  tout  le  temps  qu'on  voudra  à  diriger  vers  d'au- 
tres études  ceux  à  qui  le  latin  ne  réussit  pas,  qu'on  laisse  s'êic- 
cumuler,  si  l'on  veut,  pendant  un  an  ou  deux  les  preuves  de  leur 
insuffisance,  mais,  que  la  preuve  faite  et  bien  faite  d'une  inca- 
pacité désormais  manifeste,  on  ne  leur  permette  plus  de  perdre 
leur  temps  ni  de  faire  perdre  leur  temps  aux  autres.  Encore  une 
fois,  la  sélection  s'impose,  et  c'est  un  des  deux  ou  trois  princi- 
pes sur  lesquels  repose  toute  la  question  des  réformes  ;  les  plus 
urgentes,  les  plus  impatiemment  attendues  seront  sans  efficacité, 
SI  elles  sont  réalisées  en  dehors  de  ces  deux  ou  trois  principes. 
Les  classes  des  lycées  continueront  à  être  encombrées,  les  études 
latines  à  être  plus  que  médiocres,  les  études  en  général,  ce  qui 
est  beaucoup  plus  important,  à  être  fort  au-dessous  de  ce  qu'elles 
devraient  et  pourraient  être  ;  et  y  aurait-il  du  pessimisme  à 
penser  que  cette  situation  se  prolongeant  pourrait  bien  compro- 
mettre l'existence  même  de  l'enseignement  secondaire  ?  Ce  serait, 
en   vérité,   grand   dommage. 

J.    EsTKVE,    Lvon. 

{Solidarité,  15  juin,   1921), 


EXAMENS  ET  CONCOURS 


ÉPREUVES  ECRITES  (Juillet  1921) 
Agrégatioi)  d'AlleiT)ai)d 


THEME 


iNTÉniîT  ET  VALEUH  DES  conHESPONDANCES,  —  Lcs  lettres  sont  du 
passé  solidifié  et  irrémédiable,  et  leur  survie  étonne  et  dément 
l'oubli  que  semblait  leur  assurer  leur  fragilité.  Vne  correspon- 
dance reste  toujours  intéressante.  Toute  lettre  pourtant  est  rela- 
tive, et,  ainsi  isolées  des  réponses  qu'elles  suscitèrent  ou  des 
questions  auxquelles  elles  répondirent,  elles  perdent  l'appoint  de 
leur  prétexte  et  de  leur  suite.  Toute  lettre  est  jumelle,  et  le 
médaillier  (ju'on  nous  oITre  ne  présente  le  plus  souvent  qu'une 
face  de  ses  médailles.  L'effigie  |)()urtant  y  demeure.  C'est  à  nous 
d'en    deviner    les    revers.   Sa    correspondance    donne    sur   un    homme 


NOTES  ET  DOCUMENTS  407 

une  icrtaiiie  vérité.  Une  lettre  si  brève,  écrite  pour  l'utilité  du 
nionieut,  en  vue  d'une  affaire,  d'un  rendez-vous,  d'un  fait  minime, 
nous  fournit  au  moins  son  renseignement  exact  sur  la  vie,  au 
jour  le  jour,  du  personnage,  ses  occupations  et  |)rcoccupations. 
De  là  un  premier  bénéfice,  le  plus  mince  et  de  simijle  détail.  A 
mesure  qu'elles  deviennent  plus  étendues,  plus  exjjlicatives,  leur 
apport  documentaire  augmente.  Le  basard  nous  en  livre  parfois 
de  confidentielles.  Il  faut  les  écouter  de  jn-ès,  à  l'oreille,  discrè- 
tement. L'autograpbe  vaudrait  mieux.,  car  la  vie  palpite  dans  les 
formes  diverses  de  l'écriture,  et  la  passion  morte,  aussi  bien  que 
le   temps,    semble    avoir   jauni    de    son    feu    les    papiers    d'autrefois. 

Comme  aux  autres  on  ne  parle  guère  que  de  soi,  directement  ou 
indirectement,  il  y  a  chance  de  trouver  dans  les  lettres  qu'on  leur 
adresse  des  traits  de  caractère  et  de  nature.  Les  hommes  se  con- 
naissent fort  bien  entre  eux  d'après  ce  qu'ils  se  disent  récipro- 
quement. La  lettre  est  de  la  parole  à  distance  ;  elle  en  garde  le 
charme  et  l'imprudence  et  si  nous  y  goûtons  l'un,  nous  y  profi- 
tons de   l'autre. 

D'ailleurs  la  garantie  de  sincérité  d'une  correspondance  se 
trouve  dans  le  procédé  naturel  de  sa  composition.  Les  impressions 
les  plus  diverses  la  motivent,  et  on  ne  peut  guère  supposer  qu'une 
intention  générale  unifie,  en  les  faussant  dans  un  sens  prémédité, 
les  parcelles  de  cette  mosaïque  aux  arabesque  involontaires.  Cela 
dépasserait  le  calcul  humain  et  cette  supercherie  nécessiterait 
une  prévoyance  et  une  hypocrisie  à  bien  longue  portée  ;  l'épisto- 
lier  le  jîlus  précautionneux  ne  pourrait  pas  se  rendre  compte  de 
l'aspect  exact  du  tissu  final.  Il  risquerait  des  surprises,  car,  à 
vrai  dire,  il  ne  livre  guère  là  que  les  cartes  éparses  d'une  sorte 
de  tarot  dont  il  dessine  les  figures,  mais  que  d'autres  interpréte- 
ront. 

Henri  de  Rég.mer   (Figures  et  Caractères). 


APOI.L     UND    ARTEMIS 

Und  es  geschah  uni  dièses  Tages  Mitternacht 

Da    sprach   zu    sich,    aus    traumbegabtem    Schlaf    erwacht, 

.A|)olI    :    <    Welch    geistisch    Singen    durch    den    Mondenschein 

Haucbt   aus  der  Hohe    itmend   in   meiii   Herz  hinein  ? 

Ich    kenne    dièse    Sprache,    heimatlich    bekannt. 

Und    dièse    treue    Stimme,    herzlich    an\erwandt.    ■> 

Und    sieh  :    im    Sternenhaus,    vom    Schlummergeist    enttragen. 

Die    Freundin    .Artemis,    stehend    im    Mondenwagen. 

Schlafwandelnd    lenkte    sie    durch    schwindelhafte    Riiume 

Die  blinde  Fahrt.  An  ihrem  Mantel  hingen  Tràume. 

Phaliinen    huschten    um    die    Riider.    Und    von    ferne 

Folgten    in    leisem   Zuge   die   erstaunten    Sterne. 

Die    Lippen    oft'ncte    die    Heldin    unbewusst, 

Die   Zunge    sprang,    ein   Hymnos   quoU    ihr   aus    der  Brust  : 

"    Ich   kann   es   nicht    verschweigen,   kann    es   nicht    verschliessen, 

Ich  jauchz  es  in  die  Welt,  ivnd  mags  die  Welt  verdriessen  : 

Es  ûberhebt   sich   mir  das   Herz,   es   protzt,   es   prahlt, 

Weil    meine    Schlàfen    Sieg,   die    Schultern    Ruhm    umstrahlt. 

Nicht    zwar   fur   eigenes   Vcrdienst    aus    meiner   Kraft, 

Von   einem   andcrn,  besscrn  zich   ich   Lehenschaft, 

\'on    dem    ich    eitel    bin    ein    niattcr   widerschein  : 

Das   ist   mein   Herr,   mein   Lehrer   und   Gebieter  mein. 

Fin    .\ar   an    Ungestiim,    ein    Leu    an    heftiger    Stàrke, 


408 


LES    LANGUES    MODERNES 


Doch    nicht    zu   Hass   und    Hader,    rum    lebendigen    Werke. 

Versôhnung   làchelt,   wo    sein    Augenblick    geruht, 

Und   was    sein   edler   Finger    stiftet,   das    ist    gut. 

Und   fragst   du    nach   dem    Nanien,   wer    der   grosse   wàre  : 

Du    Tor,    von    wem    erzahlt    die    Oberwelt    die    Mare  ? 

Wes   Lobes   ist    der   Himmel    und    die    FJrde   voll  ? 

Wem   beugt   sich    selber   Kônig   Zeus  ?    Sprich   aus  :    Apoll. 

Du   dort,   zuriick  !    Kriech    in   den   Winkel,   winziger   Wicht  ! 

Schaniloser    Daumling,    mit    Apoll    vergleich    dich    nieht  ! 

Umsonst,  dass  du   die   Zehcn   streckst,   den   Nacken   steifst. 

Erst   kniest   du.   Alsdann   sorge,  ob   du    inhn   begreifst. 

Doch    mir,   wie   mochte    solche    Gnade   mir   geschehn  ? 

Ich   darf   ihm    aufrecht    in    die   stolzen    Augen    schn. 

Jawahr  !   Er  duldet   mich.   Et   ziirnt   nicht    >■    for  von   hier   ». 

Nein,    "    Freundiri,    Freundin    »    gônnt    des    Helden    Zunge    mir. 

Drum  jauchzt  mein  Herz,  drum  muss  mein  Hochmut  uberquellen. 

Wo  ist  ein  Wort,  ein  Ton,  es  durch  die  Welt  zu  gcllen  ?   » 

So    sang   fiir   sich    im   Traum   die   hehre    Schlàferin, 
Mit    blinder    Hand    den    Wagen    steuernd    vor    sich    hin. 
Apoll    vernahms,    und    hcimlich    einen    ewigen    Bund 
Schloss    er   mit    Artemis    im    tiefsten    Hcrzensgrund  : 
"    Ich   fahre   mehr   in    keine   stolze   Hoh   und    Weite, 
Du    standest    denn    mit   deinem   Glauben    mir  zur   Seite. 
Ja,   wahrlich  ja  !    Und   hoffe   niemand   zu   entzweien, 
Die  einst   ins  Tal   Eidophane   geblickt   zu   Zweien  .« 

Carl   Spitteleh   (Ohjmpischer  Frùhh'na). 

DISSERTATION     FRANÇAISE 

Caractériser  l'individualité  de   Schiller  telle  qu'elle   se  manifeste 
dans    ses   œuvres    de   jeunesse. 

DISSERTATION     ALLEMANDE 

Inwiefern   kann    nian   von   einer  Demokratisierung   Deutschlands 
in    den    Jahren    1848-1919    sprechen  ? 

Agrégation  d'Aoglais 


Ils  arrivaient  derrière  Montmartre  à  ces  espèces  de  grands  fos- 
sés, à  ces  carrés  en  contre-bas  où  se  croisent  de  j)etits  sentiers 
foulés  et  gris.  Un  peu  d'herbe  était  là,  frisée,  jaunie  et  veloutée 
par  le  soleil  qu'on  aperce\ait  se  couchant  tout  en  feu  dans  les 
entre-deux  des  maisons.  Et  Gcrminie  aimait  à  y  retrouver  les 
cardeuses  de  matelas  au  travail,  les  chevaux  d'équarrissage  |)àtu- 
rant  la  terre  pelée,  les  i)antal()ns  garance  des  soldats  jouant  aux 
boules,  les  enfants  enlevant  un  cerf-volant  noir  dans  le  ciel  clair. 
Au  bout  de  cela,  l'on  tournait,  pour  aller  traverser  le  pont  du 
chemin  de  fer.  par  ce  mauvais  campement  de  chiffonniers,  le 
quartier  des  limousins  du  bas  de  Clignancourt.  Ils  passaient  vite 
contre  ces  maisons  i)âties  de  démolitions  \olées,  et  suant  les  hor- 
veiirs  (ju'eiles  cachent  ;  ces  huttes,  tenant  de  la  cabane  et  du  ter- 
rier, effrayaient  \aguemeiit  (ierniinie  :  elle  y  sentait  tapis  tous 
les  crimes  de  la    Nuit. 

Mais     aux     fortifications,     son     j)laisir     revenait.     Elle     courait 


NOTICS    ET  DOCL'MHNTS  400 

s'asseoir  avec  .lii|)ill()n  sur  le  lalus.  A  côté  d'elle,  étaient  des 
faiDilies  en  las,  des  ouvriers  couchés  à  i)lat  sur  le  ventre,  de 
l)ctits  rentiers  re},'atrlant  les  horizons  avec  une  lunette  d'approche, 
des  philosophes  de  misère,  arc-boutés  des  deux  mains  sur  leurs 
genoux,  l'habit  gras  de  vieillesse,  le  chapeau  noir  aussi  roux  qiie 
leur  barbe  rousse.  L'air  était  plein  de  bruits  d'orgue.  .Au-dessous 
d'elle,  dans  le  fossé,  des  sociétés  jouaient  aux  quatre  coins. 
Devant  les  yeux,  elle  avait  une  foule  bariolée,  des  blouses  blan- 
ches, des  tabliers  bleus  d'enfants  qui  couraient,  un  jeu  de  bague 
qui  tournait,  des  cafés,  des  débits  de  vin,  des  fritureries,  des 
jeux  de  macarons,  des  tirs  à  demi  cachés  dans  un  bouquet  de  ver- 
dure d'où  s'élevaient  des  mâts  au.x  flammes  tricolores  ;  puis  au 
delà,  dans  une  vapeur,  dans  une  brume  bleuâtre,  une  ligne  de 
tètes  d'arbres  dessinait  une  route.  Sur  la  droite,  elle  apercevait 
Saint-Denis  et  le  grand  vaisseau  de  sa  basilique  ;  sur  la  gauche, 
au-dessus  d'une  file  de  maisons  qui  s'elTatjaient,  le  disque  du 
soleil  se  couchant  sur  Saint-Ouen  était  d'un  feu  couleur  cerise 
et  laissait  tomber  dans  le  bas  du  ciel  gris  comme  des  colonnes 
rouges  qui  le  portaient  en  tremblant.  Souvent,  le  ballon  d'un 
enfant  qui  jouait  passait   une   seconde   sur  cet   éblouissement. 

Ils  descendaient,  passaient  la  porte,  longeaient  les  débits  de 
saucisson  de  Lorraine,  les  marchands  de  gaufres,  les  cabarets  en 
planches,  les  tonnelles  sans  verdure  et  au  bois  encore  blanc  où 
un  pèle-mèle  d'hommes,  de  femmes,  d'enfants,  mangeaient  des 
pommes  de  terre  frites,  des  moules  et  des  crevettes,  et  ils  arri- 
vaient au  premir  champ,  à  la  première  herbe  vivante  :  sur  le 
bord  de  l'herbe,  il  y  avait  une  voiture  à  bras  chargée  de  pain 
d'épicc  et  de  pastilles  de  menthe,  et  une  marchande  de  coco 
Fendait  à  boire  sur  une  table  dans  le  sillon...  Etrange  campagne 
ou  tout  se  mêlait,  la  fumée  de  la  friture  à  la  vapeur  du  soir,  le 
bruit  des  palets  d'un  jeu  de  tonneau  au  silence  versé  du  ciel, 
l'odeur  de  la  poudrette  à  la  senteur  des  blés  verts,  la  barrière 
à  l'idylle,  et  la  Foire  à  la  Nature  !  Germinie  en  jouissait  pour- 
tant ;  et  poussant  Jupillon  plus  loin,  marchant  juste  au  bord  du 
chemin,  elle  se  mettait  à  passer,  en  marchant,  ses  jambes  dans 
les  blés  pour  sentir  sur  ses  bas  leur  fraîcheur  et  leur  chatouille- 
ment. 

E.   et   .1.   DE   GoNcoLRT   (Germinie   Lacerteux). 


I   dare   not    look   again  ;   anotlier  gaze 

Might    drive    me   to    the   wavering   coppice   there, 

Where   bat-winged    madness    brushed    me,    the    wild    laugh 

Of  naked   nature   crashed   across   my   blood. 

So    rank   it   was   with   earthy    présences, 

Faun-shapcs   in    goatish   dance,   young  witches'   eyes 

Slanting  deep    invitation,   whinnying   calls 

Ambiguous,    shocks    and    whirlwinds    of    wild    mirth,    — 

They   had    undone    me    in    the    darkness    there. 

But   that  within    me,   smiting  through   my   lids 

Lowered    to    shut    in    the    thick   whirl    of' sensé, 

The    dumb   light    ached    and   rumniagtd,   and   without, 

The  soaring   splendeur  summoned   me   aloud 

To    leave    the    low   dank    thickets    of   the    flesh 

Where   man    nieets   beast   and   makes   his   lair   with   hira. 

For    spirit    reaches    of   the    strenuous    vast. 


410 


LES   LANGUES    MODERNES 


Where   stalwart   stars  reap  grain  to   make   the  bread 

God  breaketh   at   bis  tables  and   is  glad. 

1   came    out    in   the    moonligbt    cleansed    and    strong. 

And   gazed   up   at  the   lyric   face   to   see 

Ail  sweetness  tasted  of  in  earthen  cups 

Ere  it  I)e  dasbed  and  spilled,  ail  radiance  tliing 

Beyond    expérience,    every   benison    dream, 

Treasured    and    niystically    crescent    there. 

O,  who  will  shield  me  from  her  ?  Who  will   place 

A  veil  between  me  and  the  fierce  in-throng 

Of    her    inexorable    l)enedicite  ? 

See,    1   bave   loved   ber   well   and  been   with   her  ! 

Tbrough    tragic    twiligbts    wben    the    stricken    sea 

Grovelled  with  fear  ;  or  when  sbe  made  her  throne 

In    imminent    cities   built    of    gorgeous    winds 

And   paved  with  lightnings  ;   or  when  the  sobering  stars 

AVouid  lead  her  home  'mid  wealth  of  plundered  May 

Aiong  the  violet   slopes  of  evensong. 

Of   i\\\    the    sights   that    starred   the   dreaniy    year, 

For    me    one    sigbt    stood    pcerlcss    and    apart  : 

liright    rivers    tacit  ;    low    bills    prone    and    dumb  ; 

Forests   that    hnshed    their    tiniest    voice    to    hear  ; 

Skies    for   the    unntterable    advent    robed 

In   purple  like  the  opening  iris  bnds  ; 

And  by   some  lone  expectanl    pool,  one  tree 

Whose   gray    i)oughs    shivered   with   excess   of   awe,  — 

As    with    preluding    gnsh    of    amber    light. 

And    herald    trumpcts    softly    lifted    tbrough, 

Across   the    |)alpitant    horizon    marge 

Crocus-fiUeted    came    the    singing    moon. 

Out   of   her  changing   ligbts   I   wove   my  youth 

A    place   to   dwell    in,   sweef  and    spiritual, 

And  ail  the  bitter  years  of  my  exile 

My   hcart   bas   called   afar   oft    unto   ber. 

Lo,   after   many  days   love   finds   its   own  ! 

The   futile  adorations,  the  waste   tcars, 

The  bymns  that  tluttered  low   in  the   false  dawn, 

Sbe  bas   uptreasured   as  a   lover's  gifts  ; 

They    are    the    mystic    garment    that    sbe    wcars 

Against    the    bridai,    and    the    crocus    flowers 

Sbe    twined   her   brow   with   at    the   going   forth  ; 

Tliey    are    the   burden    of   the    song    sbe   made 

In   coming   tbrough   the   quiet   fields  of  space. 

And    breathe    between    ber    passion-parted    lips 

C.alling   me   out   along   the    tlowcring   road 

W^'hich  summers  tbrough  the  dimncss  of  the  sea. 

U'iLLiAM    Vaughan    Moody   {GIouccsUt  Moors   nnd   Other   Pocms). 


DISSERTATION      FHANÇAtSE 


Sue   Bridehead. 


DISSERTATION'     \NG1,AISE 

Wbat    différences    exist    bctwen    the    «   classical    »     standards    in 
the    literatures    of    France    and    Kngland  ? 


NOTES    KT  DOCrMEXTS  411 

Certificat  Secondaire  d'Anglais 


Cependant  on  n'attelait  pas  la  voiture.  L'ne  petite  lanterne,  que 
portait  un  valet  d'écurie,  sortait  de  temps  à  autre  d'une  porte 
obscure  pour  disparaître  immédiatement  dans  une  autre.  Des 
pieds  de  chevaux  frappaient  la  terre,  amortis  par  le  fumier  des 
litières,  et  une  voix  d'homme  parlint  aux  bêtes  et  jurant  s'enten- 
dait au  fond  du  bâtiment,  l'n  léger  murmure  de  grelots  annonça 
((u"on  maniait  les  harnais  ;  ce  murmure  devint  bientôt  un  fré- 
missement clair  cl  continu,  rythmé  par  le  mouvement  de  l'ani- 
mal, s'arrètanl  pirfois,  |)uis  reprenant  dans  une  brusque  secousse 
qu'accompagnait    le    bruit    mat    d'un    sabot    ferré    battant    le    sol. 

La  porte  subitement  se  ferma.  Tout  bruit  cessa.  Les  bourgeois 
gelés   s'étaient    tus;    ils   demeuraient    immobiles   et   roidis. 

Un  rideau  de  flocons  blincs  ininterrompu  miroitait  sans  cesse 
descendant  \ers  la  terre  ;  il  effaçait  les  formes,  poudrait  les  cho- 
ses d'une  mousse  de  glace  ;  et  l'on  n'entendait  plus,  dans  le 
grand  silence  de  la  ville  calme  et  ensevelie  sous  l'hiver,  que  ce 
froissement  vague,  innommable  et  flottant,  de  la  neige  qui  tombe, 
plutôt  sensition  quc  bruit,  entremélement  d'atomes  légers  qui 
semblaient   emjjlir   l'espace,   couvrir   le   monde. 

L'homme  reparut,  avec  sa  lanterne,  tirant  au  bout  d'une  corde 
un  cheval  triste  qui  ne  venait  pas  volontiers.  Il  le  plaça  contre  le 
timon,  attachn  les  traits,  tourna  longtemps  autour  pour  assurer 
les  harnais,  car  il  ne  pouvait  se  servir  que  d'une  main,  l'autre 
portant  sa  lumière.  Comme  il  allait  chercher  la  seconde  béte,  il 
remarqua  tous  ces  voyageurs  immobiles  déjà  blancs  de  neige,  et 
leur  dit  :  ■■  Pourquoi  ne  montez-vous  pas  dans  la  voilure  ?  vous 
serez   à    l'abri,   au   moins.    » 

Ils  n'y  avaient  pas  songé,  sans  doute,  et  ils  se  précipitèrent. 
Les  trois  hommes  installèrent  leurs  femmes  dans  le  fond,  mon- 
tèrent ensuite  ;  puis  les  autres  formes  indécises  et  voilées  prirent 
à   leur   tour   les   dernières   places    sans   échanger   une    parole. 

Le  plancher  était  couvert  de  paille  où  les  pieds  s'enfoncèrent. 
Les  dames  du  fond,  ayant  apporté  des  petites  chaufferettes  en 
cuivre  avec  un  charbon  chimique,  allumèrent  ces  appareils,  et, 
pendant  quelque  temps,  à  voix  basse,  elles  en  énumérèrent  les 
avantages,  se  répétant  des  choses  qu'elles  savaient  déjà  depuis 
longtemps. 

Enfin,  la  diligence  étant  attelée,  ayec  six  chevaux  au  lieu  de 
quatre  à  cause  du  tirage  plus  pénible,  une  voix  du  dehors 
demanda  :  "  Tout  le  monde  est-il  monté  ?  ■>  ITne  voix  du  dedans 
répondit  :    ■   Oui   »,  Ou   partit. 

Maupassant  {Boule  de  Suif). 


The  day  had  been  troubled  :  from  the  forest  ridge  to  the  sea 
there  was  neither  wind  nor  sun,  but  a  dull,  even  beat  oppressed 
the  fields  and  the  high  downs  under  the  uncertain,  half-luminous 
confusion  of  grey  clouds.  It  was  as  though  a  relief  was  being 
denied,  and  as  though  something  inexorable  had  come  into  that 
ai^r  which  is  normally  the  softest  and  most  tender  in  the  world. 
Ihe  hours  of  the  low  tide  were  too  silent.  The  little  inland  river 
was  quite  dead,  the  reeds  beside  it  dry  and  motionless  ;  even  in 
the  trees  about  it  no  leaves  stirred. 

In  the  late  afternoon,  as  the  beat  grew  more  masterful,  a 
siight  wind   e.ime   out  of  the  east.   It   was   so   faint  and   doubtful 


412  LHS   LANGUES    MODERNES 

in  quant ity  tluit  onc  couUi  not  be  certain,  as  oue  stoud  on  Ihe 
dcsertfil  sliorc.  wliethcr  it  bk-w  from  just  otT  the  land  or  from 
the  sullcn  levcl  of  the  sea.  It  followed  along  the  line  of  the  co.ust 
witliout  refreshnient  and  svithout  vigour,  event  botter  than  had 
beeii  the  still  air  ont  of  which  it  was  engendered.  It  did  not  do 
more  tlian  rufïle  hère  and  there  the  uneasy  surface  of  our  sea  ; 
that  surface  moved  a  little,  but  with  a  motion  borrowed  from 
nothing  so  living  or  so  natural  as  the  wind.  It  was  a  dull  memory 
of  past  stornis,  or  perhaps  that  mysterious  heaving  from  the 
lower  sands  which  sailors  know,  but  which  no  science  bas  yet 
explained. 

In  such  an  influence  of  expectition  and  of  présage  —  an 
influence  having  in  it  that  quality  which  seemed  to  the  ancieuts 
only  Fate,  bu  to  us  modems  a  something  evil  —  in  the  strained 
attention  for  necessary  and  immovable  things  that  cannot  hear 
and  cannot  pity  —  the  hour  came  for  me  to  reascend  the  valIey 
to  my  home.  Àlready  upon  the  far  and  confused  horizon  two  or 
threg'  motionless  sails  that  had  been  invisible  began  to  show 
white  against  a  rising  cloud.  This  cloud  had  not  the  définition 
of  sudden  conquering  stornis,  proper  to  the  summer,  and  leaving 
a  blessing  behind  thcir  fury.  The  edge  of  it  against  the  misty 
and  brooding  sky  had  ail  the  vagueness  of  smoke,  and  as  it  rose 
up  out  of  the  sea  its  growth  was  so  methodical  and  regular  as 
to  disconnect  it  wholly  in  one's  mind  from  the  little  fainting 
breeze  that  still  blew,  from  rain,  or  from  any  daily  thing.  It 
advanced  with  the  fall  of  the  eveniiig  till  it  held  half  the  sky. 
There  it  seemed  halted  for  a  while,  and  lent  by  contrast  an  unua- 
tural  brightness  to  the  parched  hills  beneath  it.  But  there  was 
nothing  of  movement  or  of  sound.  No  lightning,  no  thunder  ;  and 
soon  the  hot  breatb  of  the  afternoon  had  itself  disappeared 
before  the  advance  of  tbis  silcnt  pall.  The  night  of  .lune  to  the 
iiorth  was  brighter  than  twilight,  and  still  soutbward,  a  deli- 
berate  spectacle,  stood  tbis  great  range  of  vague  and  menacing 
cloud,  shutting  ofT  the  sky  and  towering  above  the  downs,  so 
that  it  seemed  permissible  to  ascribe  to  those  protecting  gods  of 
our   vallcy   a   burden    of   fear. 

H.   Belloc  (Hills   and   the   Sea). 

coMPOsrnoN    fhançaise 

SUR     UNE    QUESTION    GÉNÉHALE    DE    MOHALE    OU    DE    LITTÉHATUHE 

Les  caractères  principaux  de  la  littérature  classique  en  France 
et  en  .Angleterre,  au  siècle  de  Louis  XIV  et  au  siècle  de  la  reine 
.Anne. 

Composition   en   langue  anglaise 

How  does  Henry  James  show  hiniself,  in  Roderick  Hudson,  a 
psychological    novelist  ? 

BACCALAURÉAT  (1<«  partie) 
Université  de  Paris 

Section  B 

version   allemande 

Die  Memoiren  von  Staatsleuten,  Soldaten  und  cdlen  Frauen, 
wie  sic  in  Frankreich  taglich  erscheinen,  bilden  cinen  Sagcnkreis 
j^oran    die    Nachwelt    genug    /u    denken    und    zu    singen    bat,    und 


I 


NOTES  i:i  Docr^ircNTS  41.'J 

wnrin  ;iIn  dcsscii  .Miltel|)iiiiUt  (las  Kebeii  des  grosscii  Kaisers  wic 
tin  hiisi-nhauin  Linporrafit.  Die  Ségiirsche  Geseliichte  des  Hiiss- 
laïKlziij^es  ist  eiii  Lied,  ein  fiaii/osisehes  N'oIUslied,  das  zii  diesem 
Sa}»eiiivreise  gehort,  und  in  seinem  Toiie  iind  StofTc  den  epischeii 
Dicliliiiifîen  aller  Zeiten  gleich>iteht.  Kin  Heldengesehleeht,  das 
diirth  deii  Zaubers|)ruch  "  Frcilieit  und  (ileiehheit  >  ans  deni 
Bodeii  Fraiikreichs  emporgesehossen,  hat  wie  ini  Triiiinplizug, 
heraiiseht  voii  Uiihm  und  gefùhrt  von  deni  Ootte  des  Kuhnies 
seibst.  die  Welt  durehzogen,  tanzt  endiicli  den  rasselnden  Waf- 
fentanz  auf  den  Eisfeldern  des  N'ordens,  und  dièse  l)recben  ein 
und  die  Sôhne  des  Feuers  und  der  Freiluit  geben  zu  (irunde 
durch    Kiilte   und    Sklavcn. 

THKME     D'rMrrATION 

La  F'rance  possède  un  grand  nombre  de  mémoires  éerits  i)ar 
des  hommes  d'Etat,  des  soldats  ou  des  femmes.  Cette  riehe  collce- 
tion  eonstitue  pour  les  Français  un  eyele  de  légendes  que  la  i)os- 
térité  peut  chaque  Jour  méditer  et  chanter.  Comme  un  arbre 
géant  qui  domine  tout  autour  de  lui  les  autres  arbres  de  la  forêt, 
l'histoire  du  grand  Napoléon  forme  le  i)oint  central  de  ce  cycle. 
Ségur  nous  a  conté  l'histoire  de  la  campigne  des  Français  en 
Russie  :  c'est  un  poème  épique  qui  égale  les  plus  beaux  poèmes 
de  tous  les  temps.  Il  nous  raconte  comment  une  race  de  héros, 
enivrée  de  liberté  et  de  gloire,  est  conduite  sur  les  cham|)s  de 
glace  du  Nord  par  le  dieu  de  la  guerre  lui-même,  et  comment, 
après  avoir  épouvanté  le  monde,  les  fils  de  la  liberté  succombent 
enfin,  vaincus  par  le  froid  et   par   un   peuple  d'esclaves. 

■  VEHSION    ALLEM.VNDE 

Ein  Gemitlde  von  Paul  Dclaroche 

Dièses  Gemiilde  stellt  den  Kardinal  liichelieu  vor,  •<  der  sterbe- 
krank  von  Tarascon  die  Rhône  hinaufïahrt  und  seibst  in  einem 
Kahnc,  der  hinter  seinem  eigenen  Kabne  befestigt  ist,  den  Cinq- 
Mars  und  den  de  Thou  nach  Lyon  fuhrt,  um  sie  dort  kôpfen  zu 
lasscn  '.  Zwei  Kiihne,  die  hintereinander  fahren,  sind  zwar  eine 
unkûnstlerische  Konzeption  ;  doch  ist  sie  hier  mit  vielem  Geschick 
behandclt.  Die  F'arbengebung  ist  glanzend,  ja  blendend,  und  die 
Gestalten  schwimmen  fast  im  strahlenden  Abendgold.  Dièses 
kontrastiert  um  so  wehmiitiger  mit  dem  Geschick,  dem  die  drei 
Hauptfiguren  entgegenfahren.  Die  zwei  bliihenden  .Tiinglinge  wer- 
den  zur  Hinrichtung  geschleppt  und  zwar  von  einem  sterbenden 
Greise.  Wie  buntgeschmiickt  auch  dièse  Kahne  sind,  so  schifTen  sic 
doch  hinab  ins  Schattenreich  des  Todes.  Die  berrlichen  Goldstrah- 
len  der  Sonne  sind  nur  Scheidegriisse,  es  ist  Abendzeit,  und  sie 
muss  ebenfalls  untergehen...  und   dann    ist   ailes  Nacht. 

THJiME    d'imitation 

Paul  Delaroclie  a  représenté,  dans  un  tableau  qui  eut  beaucoup 
de  succès  en  mil  huit  cent  trente  et  un.  Richelieu  remontant  le 
Rhône  avec  Cinq-Mars  et  de  Thou.  Le  grand  cardinal  est  déjà  très 
affaibli  par  la  maladie  dont  il  devait  mourir  peu  après.  (Cependant 
il  a  voulu  conduire  lui-même  à  Lyon  les  deux  jeunes  gens  qui  \ont 
y  être  décapités.  Les  barques  qui  les  portent  sont  brillamment 
parées.  Avant  de  se  coucher,  le  soleil  répand  ses  rayons  d'or  sur  le 
fleuve  et  sur  ses  rives.  Mais  l'éclat  de  ces  couleurs  est  mélancolique, 
car  il  contraste  avec  l'ombre, de  la  mort,  vers  laquelle  vont  les 
deux  jeunes  hommes  comme  le  vieillard. 


414  LES    LANGUES    MODERNES 

VERSION     ANGLAISE 

At  dawn   in  London 

As  Lord  Arthur  strolled  home  towards  Belgrave  Square,  he  met 
the  great  waggons,  ou  their  way  to  market.  The  white-smocked 
carters,  with  their  pleasant  sunburnt  faces  and  coarse  curly  hair, 
strode  sturdily  on,  cracking  their  whips,  aiwl  calling  out  now  and 
thcn  to  each  other  ;  on  the  back  of  a  huge  grey  horse.  the  leader 
of  a  jangling  team,  sat  a  chubby  boy,  with  a  bunch  of  primroses 
in  bis  hattered  hat,  keeping  tighl  hoîd  of  the  mane  with  bis  little 
hands,  and  laughing  ;  and  the  grjat  ;>iics  of  vegelabics  l'ioUed  like 
masses  of  jade  against  the  morning  sky,  like  masses  of  grcen 
jade  against   the   piuk  petals  of   some   marvellous  rose. 

By  the  time  be  had  reached  Belgrave  Square,  the  sky  was  a  faint 
bluè,  and  the  birds  were  beginning  to  t\A(itter   in  the  gardens. 

O.  Wilde. 
/ 
thème    d'imitation 

Vous  est-il  jamais  arrivé  d'aller,  un  matin  de  printemps,  à 
la  pointe  du  jour,  flâner  autour  de  quelque  grand  marche  aux 
légumes  et  aux  fleurs  ?  Si  vous  ne  l'avez  jamais  fait,  ne  pouvez- 
vous,  du  moins,  imaginer  quelque  chose  du  plaisir  que  l'on  y 
])rend  ?  Essayez  de  vous  figurer  l'arrivée  lente  des  charrettes  ;  les 
campagnards  hâlés  marchant,  le  fouet  suspendu  au  cou,  auprès 
de  leurs  attelages  ;  de  temps  en  temps,  chevauchant  quelque 
puissante  et  patiente  bête,  un  gamin,  un  bouquet  à  la  casquette, 
riant  de  plaisir  et  d'orgueil  ;  et,  au-dessus  de  tout  cela,  le  ciel 
dont   le   rose  merveilleux  graduellement   devient  bleu   pâle. 

VERSION     anglaise 

Poissy  seventij  years  ago 

Many  a  French  town  bave  I  seen  tbat  migbt  sit  for  your  picture, 
little  Poissy.  Barring  the  détails  of  your  old  churcb,  I  know  you 
well,  albeit  we  make  acquaintance  now  for  the  first  time.  I  know 
your  narrow,  straggling,  winding  streets,  with  a  kennel  in  the 
midst  and  lamps  slung  across.  1  know  your  tradesmen's  inscrip- 
tions, in  letters  not  quite  fat  enough  ;  your  barbers'  brazen  basins 
dangling  over  little  shops  ;  your  Cafés  and  Estaminets,  with  cloudy 
bottles  of  stale  syrup  in  the  Windows  and  pictures  of  crossed 
billiard  eues  outside.  I  know  this  identical  grey  horse  who  won't 
be  sbod  and  who  makes  bimself  beraldic  by  clattering  across  the 
street  on  bis  hind  legs. 

Dickens. 

THF:  ME     d'imitation 

Combien  de  fois,  dans  un  pays  étranger  où  vous  aurez  déjà 
voyagé  un  peu,  n'éprouverez-vous  pas  ce  qu'exprime  Dickens  à 
propos  de  l'oissy  !  .Arrivant  dans  une  ville  nouvelle,  il  vous  sem- 
blera qu'une  autre  aurait  pu  poser  pour  celle-ci.  Voici  bien,  vous 
direz-vous,  les  mêmes  rues,  étroites  ou  larges,  sinueuses  ou  droi- 
tes, les  mêmes  groupes  réguliers  ou  la  même  débandade  de  maisons, 
les  mêmes  églises,  à  queUiues  détails  |)rès,  les  mêmes  inscriptions 
familières,  en  caractères  minces  ou  gras,  sur  les  mêmes  boutiques, 
les  mêmes  objets  aux  devantures  ;  et  non  moins  que  les  choses, 
vous  reconnaîtrez,  sans  les  avoir  jamais  vus,  les  gens,  et  jusqu'à 
ce  cheval  dont  la  rébellion  tapageuse  trouble  un  instant  la  paix 
l)iiblifiue. 


NOTES    KT   DOCUMENTS  415 


VERSION     ITALIENNE 

Lelteni   <i   Donienico    Vdleriani.   —   Firenze 

Mihino,   ÎS   tjennaio    IS'Jd. 

Mio  caro  aniicD.  iiiwi  Icllira  dil  Hosiiii  mi  avcv.i  già  significata 
la  giierra  di  che  arde  lutta  la  tostaiia  Icttcratura  su  (jucl  veisu  di 
Daiitf  :  Posciii  iiiù  rhe  il  dolor  polè  il  diqiuno  ;  c,  pur  altra  lettcra 
dc'l  Niccolini  al  Ikllotti,  so  ch'  egli  stesso,  eccitatore  dcll'  liicendio, 
se  ue  tira  in  dis|)aitf,  protcstando  di  non  voler  gittarc  parole  in 
difesa  dell'  opinione,  da  esso  risuseilata,  che  l'golino  divorasse 
i  propri  figli.  Nel  che  lodo  il  suo  senno,  per.hé  quella  chiosa,  per 
inio  sent  ire,  mette  in  campo  un  rensiero  troppo  picno  d'urrore  ; 
e  non  è  maraviglia  se  per  eiô  rimase  dimentieata,  anzi  derisa. 
Xella  narrazione  di  quel  terribile  fatto,  quale  à  rintenzione  del 
jxicta  ?  Sieuramente  qut»lla  di  destar  lagrime  e  eompassione.  Ora 
a  me  pare  elle  lo  spettaeolo  d'un  p-ulre  elle  divora  i  suoi  figli 
spegna  tutto  d'un  trattu  e  iiegli  oechi  il  pianto  e  nel  eiiore  la  eoin- 
passione. 


V.    Mon  11. 


THKNn-:    I)  niriATioN 


ISeaueoup  de  lecteurs  de  I)  nitc  donnent  une  interprétation 
fausse  au  vers  fameux  par  Icfpul  s'achève  le  récit  d'I'golin  dans 
l'Enfer  :  Poscia  piii  che  il  dolor  puli'  il  diniuno.  De  quelle  manière 
la  faim  se  niontra-t-clle  plus  foitc  que  la  douleur  ?  Sans  doute  en 
ce  que  ce  père  atTamé  avait  dévoré  ses  enfants  ;  et  il  est  certain 
que  quelques  commentateurs  anciens  ont  raconté  ainsi  ce  tra- 
gique épisode.  Lorsque,  il  y  a  un  siècle,  Niccolini  ressuscita  celte 
glose  longtemps  oubliée,  il  alluma  un  véritable  incendie  et  pro- 
voqua une  guerre  littéraire  parmi  les  admicateurs  toscans  du 
poète  ;  mais  il  eut  assez  de  sagesse  pour  protester  qu'il  ne  voulait 
pas  soutenir  cette  opinion.  Elle  est  en  effet  contr.iinî  au  sei.ti- 
ment  de  pitié  que  Dante  a  voulu  inspirer  au  lecteur  ;  si  le  iioéte 
avait  voulu  dire  cela,  Ugolin  ne  pourrait  exciter  en  nous  que  de 
l'horreur.  {",ette  glose  a  même  été  parfois  tournée  en  ridicule  : 
n'a-t-on  dit,  par  exemple,  qu'Ugolin  avait  mangé  ses  enfants  pour 
leur  conserver   un   père  ? 

XEflSION     ITALIENNE 

Sono  infiniti  coloro  i  quali  biasimano  le  faccende  moi.dane  e 
faniio  professione  di  aborrirle  in  parole.  Non  è  forse  l'mio  al 
mondo  il  quale  in  vita  sua  non  abbia  detto  più  \'olte  :  »  ^..redete- 
nii,  io  sono  stanco  di  affari,  di  aggiramenti,  di  avère  visite,  di 
farne.  Ho  invidia  ^ai  contadini,  vivrei  volentieri  in  una  villa,  fra  i 
boschi,  sconosciuto  ;  e  se  non  fosse  ch'io  son  trattenuto  da  taie  o 
da  taie  catena,  io  mi  sarei  già  deliberato  a  fuggire  da  questo  mon- 
daccio  tristo,  pieno  di  reti  e  di  trappole  che  insidiano  qua  le  braccia 
e  là  i  piedi,  sicchè  a  camminare  siamo  obbligati  ad  ogni  passo  a 
guardare  e  a  far  corne  i  cavalli  che  adombrano.  »  Posto  che  cotesti 
tali  si  stabilissero  un  giorno  in  una  solitudine,  quando  vi  fossero 
stati  alquanti  giorni,  cambierebbero  ragionamento  e  direbbero  : 
"  Oimè  !  che  noia  mortale  !  Almeno  ci  fossero  qui  uomini  da  poter 
favellare,  o  da  potere  udire  qualcosa  da  uomini  !  Fra  poco,  io  sarô 
condotto  a  valermi  délia  bocca  per  sputare  e  non  i)er  altro.   » 

THÈME    d'imitation 

Un  bourgeois  habitait  à  la  ville  ;  il  avait  beaucoup  d'affaires  ; 
il  recevait  de  nombreuses  visites  ;  il  en  faisait  autant.  Il  lui  sem- 
blait   que   cent  chaînes    le   retenaient,    l'empêchaient    de   faire   ce 


416  LES    LANGUES    MODERNES 

qu'il  aurait  voulu.  >  Que  le  pajsan  est  heureux  !  pensait-il.  Dans 
sa  solitude,  au  milieu  des  bois,  personne  ne  le  guette  pour  lui 
dérober  son  temps  !  Nous  autres  hommes  de  la  ville,  nous  mar- 
chons toujours  craintifs,  comme  un  cheval  ombrageux,  pour  éviter 
les  pièges.  Je  n'ai  jamais  connu,  de  ma  vie,  cette  douce  liberté  des 
champs  et  des  forêts  !  »  11  alla  donc  s'établir  à  la  campagne  et  il 
s'y  serait  trouvé  sans  doute  très  heureux,  si  ce  n'était  que,  au  bout 
de  peu  de  jours,  il  éprouva  un  ennui  mortel.  11  se  disait  :  "  Si  au 
moins  il  y  avait  ici  quelque  autre  bourgeois  avec  qui  je  puisse 
causer  !  Bientôt  je  ne  saurai  plus  me  servir  de  ma  langue.    " 

VEHSIOX      ESPAGNOLE 

Pasé  desde  mi  pupilaje  al  colegio  de  Trilingue,  en  donde  me 
vistieron  una  beca,  que  alcanzô  mi  padre  de  la  Universidad  de 
Salanianca.  Fui  examinado,  como  es  costumbre,  en  el  claustro  de 
diputidos  de  aquella  Universidad  ;  y,  segûn  la  cuento,  ô  me  se- 
plieron  como  a  niiio,  ô  correspondi  â  satisfacciôn  de  los  e::amina- 
dores,  jjorque  no  me  faltô  voto.  Empecé  la  tarea  de  los  que  llaman 
estudios  mayones,  bien  descontento  y  enojado,  porque  yo  queria 
detenerme  mâs  tiempo  con  el  trompo  y  la  matrcica,  pare- 
ciéndome  que  era  may  temprano  para  nieterme  â  hombre  y  en- 
cerrarmc  en  la  melancolia  de  aquel  casercn  Estaba  de  rector 
del  colegio,  en  la  coyuntura  de  mi  entrada,  un  clérigo  virtuoso, 
de  vida  irrépréhensible  ;  pero  ya  viejo,  eufermo,  y  aburrido  de 
lidiar  con  los  jôvenes,  que  se  crian  encerrados  en  aquella  casa. 
Sus  achaques,  la  vejez  y  los  anteriores  trabajos  le  tenian  sujeto  a 
la  cama  muchas  horas  del  dia  ;  y  con  esta  seguridad  y  el  ejemplo 
de  otros  colegiales,  amigos  del  ocio  y  las  diversiones  inutiles, 
iba    inscnsiblemente   amontonando   descrdenes  en   el   aima. 


Le  collège  appelé  trilingue  parce  qu'on  y  enseignait  le  latin,  le 
grec  et  l'hébreu,  où  Torres  \'ill;irroel  subit  un  examen  d'entrée, 
comprenait  quelques  boursiers  auxquels  on  revêtait  la  chausse 
qu'avant  la  cérémonie  ils  jjortaient  pliée  sur  l'épaule  gauche. 
Il  était  dirigé  jjar  un  recteur  qui  se  trou%ait  être  en  resjjèce,  un 
vieillard  respectable  mais  enclin  au  sommeil.  Les  élèves  pares- 
seu.x  en  profitaient,  et  comme  ils  regrcttaint  l'heureux  temps 
où  ils  s'occupaient  surtout  de  leur  toupie  et  de  leur  crécelle,  ils  se 
laissaient  entraîner  peu  à  peu  à  des  divertissements  qui  ne  les 
jiréparaient  point  à  leur  métier  d'homme,  mais  qui  dissipiient  la 
mélancolie  qu'ils  avaient  éprouvée  en  se  voyant  enfermés  dans 
la   grande  bâtisse  du  collège. 

VEUSION    ESPAGNOLE 

El  Qitijote,  a  su  aparicion  —  aparté  de  ser  para  los  escritorcs 
un  curioso  y  gracioso  libro  de  sâtiras  pcrsonales  y  literarias  — 
fué  para  toda  clase  de  Icctor  una  obra  de  actualidad  ;  atacaba  la 
lectura  mâs  en  boga  entonces,  la  de  los  libros  de  caballerias. 
Llego  a  tiempo,  cuando  a(|uella  aficiôii  comcnzaba  a  decaer,  y 
cum|)li6  el  jîropôsito  de  su  autoi'  :  desferrar  lo  (jne  él  creia  "  pcr- 
niciosa  lectura  •■  ;  no  se  escriliieion  mâs  libros  de  esos,  y  apcnas 
si  se  reimprimiô  alguno  de  los  antiguos.  Pero  cse  scntido  era  asi- 
mismo  transitorio  en  el  Quijote.  Del  propio  modo  que  el  lector, 
ajeno  a  los  chismes  literarios  cpie  ignoraba,  y  a  las  criticas  de 
forma  que  no  jxxlia  apreciar,  se  habia  interesado  en  la  fabula 
biirlesca    y   en   las  a\eiituras    del   hidalgo    que  eulociueciô    por   los 


I 


NOTKS    KT  DOCIMKNTS  417 

lil)r<)S  de  c:il)allerias,  los  lectorcs  que  viiiicroii  despiics,  y  que  :i|)e- 
iKis  sjihiaii  de  ellos  por  el  Quijole,  y  a  través  del  Quijote.  adinira- 
roii  este,  atraidos  mâs  hondameiite.  La  ol)ra  ocasional  dcsaparecia 
y  <|iiedaha  la  inipcrecedera. 

THÈME    d'imitation 

L'immortel  roman  de  Cenantes  a  eu  la  même  fortune  que  les 
grandes  œuvres  qui  honorent  riiumanité.  Quand  il  fut  publié, 
les  érudits  virent  en  lui  une  satire  littéraire  qui  réjouit  leur 
malice,  et  la  plupart  des  lecteurs  se  plurent  à  la  caricature  de 
ces  livres  de  chevalerie  qui  commencjaient  à  passer  de  mode  et 
(|u'aucun  auteur  ne  se  hasarda  plus  désormais  à  écrire.  Cet  intérêt 
d'actualité  ne  tarda  pas  à  s'alfaiblir,  et  on  s'attacha  à  don  Qui- 
chotte pour  lui-même,  et  l'on  fut  moins  frappé  du  burlesque  de 
ses  aventures  que  de  son  caractère  et  de  la  générosité  de  sa  folie. 
L'œuvre  se  dépouillait  ainsi  de  ce  qu'elle  devait  aux  circonstances 
et  prenait  une  signification  plus  large  et  plus  profonde.  Elle  fran- 
chissait les  frontières  de  l'Espagne  pour  entrer  dans  l'éternité 
d'une  gloire  universelle. 

(Section  D.  .iiin  1921,  Faculté  de  Paris; 

vehsion    anglaise 

A  Fishrrman's  holse.  —  It  was  beautifully  clean  inside.  and 
as  tidy  as  possible.  Therc  was  a  table  and  a  Dutch  dock,  and  a  chcst 
t)f  dràwers  ;  and  on  the  chest  of  drawers.  there  was  a  tea-tray. 
Over  the  little  mantle  sheit  was  i  |)icture  of  the  ■  Sarah  .lane  » 
luggei,  built  at  Sunderland  with  a  rcal  little  wooden  stern  stuck 
on  to  it  :  a  work  of  art  which  I  considered  to  be  one  of  the  most 
enviable  possessions  that  the  world  could  afford.  There  were 
some  hooks  in  the  beams  of  the  ceiling,  and  some  lockers  and 
boxes  whith  scrved  for  seats  and  eked  out  the  chairs.  AH  this  1 
saw  in  the  lirst  glance  after  I  crossed  the  threshold,  and  Peggotty 
opened  a  little  door  and  showed  me  by  bedroom.  It  was  the 
completest  and  most  désirable  bedroom  ever  seen,  in  the  stern  of 
the  vessel,  with  a  little  looking-glass  just  the  right  height  for  me, 
nailed  against  the  wall  and  framed  with  oyster  shells  :  a  little 
hed,  and  a  nosegay  of  sea-weed  in  a  blue  mug  on  the  table.  The 
walls  were  whitewashed  as  white  as  milk  and  the  patchwork 
counterpane   made  my  eycs  quite  ache   with    its   brightness. 

Dickens. 

THÈME    d'imitation 

La  cabine  du  marin.  —  La  chambre  d'une  reine  ne  peut  pas  être 
aussi  proprement  rangée  «que  celle  d'un   marin.  Chaque  chose  a   sa 

Fetite  place  et  son  petit  clou.  Rien  ne  remue.  Le  bâtiment  peut  rou- 
er tant  qu'il  veut  sans  rien  déranger.  Les  meubles  sont  faits 
selon  la  forme  du  vaisseau  et  de  la  petite  chambre  qu'on  a.  Mon 
lit  était  un  cofTre.  Quand  on  l'ouvrait,  j'y  couchais  ;  quand  on  le 
fermait,  c'était  mon  sofa,  et  j'y  fumais  ma  pipe.  Quelquefois, 
c'était  ma  table  ;  alors,  on  s'asseyait  sur  deux  petits  tonneaux 
qui  étaient  dans  la  chambre.  Mon  parquet  était  frotte  et  ciré 
comme  de  l'acajou,  et  brillant  comme  un  bijou  :  un  vrai  miroir. 
Oh  !  c'était  une  jolie  petite  chambre  !  et  mon  brick  avait  bien 
son  prix  aussi.  On  s'y  amusait  souvent  et  le  voyage  commença 
assez  agréablement. 

-A.    DE    ViGxy, 


418  LES    LANGUES    MODERNES 


VERSION     ALLEMANDE 

Unheilvolle  Folgex  des  Krieges.  —  Das  Elend  in  Deutschland, 
war  zu  einem  solchen  Grade  gestiegen,  dasz  das  Gebet  um  Frie- 
dcn  von  tausendmal  tausend  Zungen  ertonte  und  auch  dcr  nach- 
teiligste  noch  inimer  fiir  eine  Wohltat  des  Himniels  galt.  Wûsten 
lagen  da,  wo  sonst  tausend  frohe  und  fleizsige.  Menschen  wini- 
melten,  wo  die  Xatur  ihren  hcrrlichsten  Segen  ergossen  und 
Wohilleben  und  Ueberflusz  geherrscht  batte.  Die  Felder,  von  der 
fleiszigen  Hand  des  Pflugers  verlassen,  lagen  unbebaut  und  ver- 
wildert,  und  wo  eine  junge  Saat  aufscbosz  oder  eine  lachende 
Ernte  winkte,  da  zerstôrte  ein  einziger  Durcbmarsch  den  Fleisz 
einesganzen  Jahres. 

Verbrannte  Schlôsser,  verwiistete  Felder,  eingeascherte  Dôrfer 
lagen  meilenweit  herum  in  grauenvoller  Zerstôrung,  wàbrend 
ibre  verarmten  Bewohner  hingingen,  die  Zabi  jener  Mordbren- 
nerheere  zu  vermehren  und,  was  sie  selbst  erlitten  batten,  ibren 
verscbonten   Mitbûrgern    scbrecklieh   zu    erstatten. 

THÈME    d'imitation 

Après  une  guerre  qui  avait  duré  de  si  longues  années,  la  misère 
était  particulièrement  grande  dans  les  campagnes.  Toutes  ces 
contrées,  qui  avaient  à  juste  titre  passé  pour  les  plus  ricbes  du 
pays,  avaient  été  pillées  et  saccagées  par  un  ennemi  qui  ne  vou- 
lait ménager  ni  les  hommes  ni  les  cboses.  Il  avait  détruit  les 
moissons,  brûlé  les  fermes,  réduit  en  cendres  des  villages  entiers 
et  massacré  les  babitants  surpris  dans  leur  fuite.  Cette  région 
frontière,  favorisée  par  la  nature  et  enricbie  par  le  travail  d'une 
population  courageuse  et  active,  ressemblait  à  un  vaste  désert, 
et  l'on  avait  peine  à  penser  que  c'est  dans  ces  mêmes  lieux 
qu'avaient  régné,  avant  la  guerre,  la  joie,  la  prospérité  et  l'exis- 
tence  facile. 

VERSION     espagnole 


Cuaxdo  Nino.  —  ;  Si,  yo  también  naci  y  vivi  en  Arcadia  !  Tam- 
bién  supelo  que  era  caminar  en  la  santa  inocencia  del  corazôn 
entre  arboledas  umbrias,  banarme  en  los  arroyos  cristalinos, 
boilar  con  mis  pies  una  alfombra  siempre  verde.  Por  la  manana 
el  rocio  de  jaba  brillantes  gotas  sobre  mis  cabellos  ;  al  medio 
dia  el  sol  tostaba  mi  rostro  ;  por  la  tarde,  cuando  el  crepiisculo 
descendia  de  lo  alto  del  cielo,  tornaba  al  bogar  por  el  scndero  de 
la  montana  y  el  disco  azulado  de  la  luna  alumbraba  mis  pasos. 
Sonaban  las  esquilas  del  ganado  ;  mugian  los  terneros  ;  detr^âs 
del  rebano  marcbâbamos  rapaccs  y  rapazas  cantando  a  coro  un 
antiguo  romance.  Al  llegar  a  la  aldea,  mi  padre  me  recibia  con 
un  beso.  Kl  fuego  chisporroteaba  alcgremente  ;  la  cena  bunieaba  ; 
una  vieja  servidora  narraba  después  la  bistoria  de  alguna  doncella 
encantada,  y  yo  (picdaba  dulcemente  dormido  sobre  el  regazo  de  mi 
madré. 

A.    Palacio   Valdés. 

THÈME     d'imitation 

.\vec  quel  plaisir  je  me  rappelle  mon  enfance  ))assée  îi  la  cam- 
jiagne  !  .l'étais  gai,  j'étais  vif,  et  je  ne  pensais  qu'à  jouir  de  l'air 
pur  et  de  hi  lii)erlé  (pie  me  laissaient  mes  cbcrs  parents,  lîn  été 
je  me  levais  de  bonne  lu  lUe,  et  avant  de  déjeuner,  j'allais  me 
baigner   dans    l'eau    fraîche   d'un    clair    i-uisseau  ;    puis,    l' iprès-midi. 


NOTKS    KT    DOCr.MKNTS 


419 


un  peu  las,  je  m'étendais  sur  riieibc  verte,  à  l'ombre  des  arbres 
lus  plus  feuillus,  m'endomiant  parfois,  ou  écoutant  le  plus  sou- 
vent le  chant  des  oiseaux.  L'automne,  j'accompagnais  mon  père 
et  ses  ouvriers  à  la  vigne  pour  cueillir  les  raisins  mûrs  et  dorés. 
Quel  heureux  temps  que  celui  des  vendanges  !  Le  soir  nous  reve- 
nions tous  en  chantant.  L'hiver  était  |)lus  triste.  Il  fallait  rester 
dans  sa  chambre  ;  et  le  soir,  assis  au  coin  du  feu.  Je  regardais 
brûler  dans  la  cheminée  les  énormes  bûches  de  chêne  qui  lan- 
çaient   des    étincelles    jusque    sur    mes    souliers. 

VEHSIOX     ITALIENNE 

11  gatto  ne  ubbidiscc,  ne  comanda  :  perciô  non  s'immischia  in 
nessun  atTare  ne  nubblico.  ne  privato.  a  difTerenza  del  cavallo, 
del  cane,  e  d'altr'i  domestici  aniniali.  11  cavallo  comincio  -una 
voila  a  lasciarsi  tirare  nclle  battaglie,  e  d'allova  in  |)oi  non  potè 
jiiù    schivare    la    coscrizione. 

Il  cavallo  dunque  prodiga  la  sua  vita  sul  campo  délia  gloria, 
mena  i  conquistatori  in  trionfo,  s'impaccia  di  diplom  izia  e  bu- 
rocrazia  conducendo  i  ministri  a  corte.  i  deputati  aile  cnmere, 
grimjiiegati    ricchi    ail'    uffizio. 

Xegli  afl'ari  privati  poi,  dal  cocchio,  del  milionai'io  al  barroc- 
cino  del  medico  di  campagna,  dall'  ardente  volteggiatore  alla 
rozza  sciancata,  egli  corre  e  suda  pcr  tutti,  vi  tira,  vi  porta,  vi 
ser\e     jier     ogni     occorrenza     délia     \ita. 

Raibeiiti. 

THÈME     d'imitation 

Le  Cheval.  —  La  plus  noble  conquête  que  l'homme  ait  jamais 
faite  est  celle  de  ce  fier  et  fougueux  animal,  qui  partige  avec  lui 
les  fatigues  de  la  guerre  et  la  gloire  des  combats.  Aussi  intrépide 
que  son  maître,  le  cheval  voit  le  péril  et  l'affronte  ;  il  se  fait 
au  bruit  des  armes,  il  l'aime,  il  le  cherche  et  s'anime  de  la 
même  ardeur.  11  partage  aussi  ses  plaisirs  :  à  la  chasse,  aux 
tournois,  à  la  course  il  brille,  il  étincelle.  Mais,  docile  autant 
que  courageux,  il  ne  se  laisse  pas  emporter  à  son  feu  ;  il  sait 
réprimer  ses  mouvements  :  non  seulement  il  fléchit  sous  la  main 
de  celui  qui  le  guide,  mais  il  semble  consulter  ses  désirs  ;  et 
obéissant  toujours  aux  impressions  qu'il  en  reçoit,  il  se  préci- 
pite,   se   modère   ou    s'arrête,   et    n'agit    pour   pour   y    satisfaire. 

BuFFON    (Histoire    \nturelle). 

Ui)iversité    de    Bordeaux 

VERSION     ANGLAISE 

The  Basques 
The  Basques  inspire  tliose  who  know  them  intimately  with  a 
strong  affection  and  respect.  Perhaps  no  other  country  co!nbine.% 
so  striUingly  the  spirit  of  youth  with  that  of  a  prehistoric  anti- 
quity,  just  as  their  ancient  faith  breaks  yearly  into  a  flovver  of 
processions  full  of  grâce  and  charm  ;  and  their  massive  houses, 
with  a  solid  look  of  eternit}-,  stand  in  green  drenched  meadows  and 
cider-orchards  and  fields  of  maize  "and  trefoil,  and  their  sad, 
patient  résignation  to  the  decrees  of  Providence  is  enlivened  by 
moments  of  keen  rejoicing  and  pleasure.  The  modem  Basque  bas 
much  of  that  endurance  for  which  the  ancient  Iberian  was  noted, 
and,  with  it,  he  combines  a  grâce  and  swiftness  which  make  of 
him  an  unrivalled  dancer,  smuggler,  pelotari,  or  soldier.  The  fuU 


420  LES    LANGUES    MODERNES 

thrill  of  pelota,  after  cricket  ttie  fincst  of  the  world's  games,  can 
onlj'  be  felt  by'those  who  know  how  to  manipulate  the  "  chistera  » 
of  basket-work,  which  gives  the  bail  a  lightning-speed  and  tre- 
niendous  force.  The  Basques  love  peace,  and,  in  their  national 
hymn  to  the  oak  of  Guernica,  to  which  Wordsworth  addressed  a 
sonnet,  they  pray  that  peace  may  hc  given  them  «  now  and 
always  ».  But  they  havc  always  loved  liberty  and  independence 
even  more,  and,  during  the  récent  war,  it  was  to  the  rousing  niusic 
of  this  same  hymn  that  thej'  went  intrepidly  into  action. 

{The    Times). 

THÈME    d'imitation 

Les  Basques 

Je  connais  bien  les  Basques  et  leur  pajs,  et  j'ai  pour  les  deux  une 
grande  admiration.  Je  ne  trouve  nulle  part,  aussi  bien  que  chez 
eux,  ces  deux  choses  qui  semblent  contraires  :  l'ardeur  de  la  jeu- 
nesse et  le  sentiment  d'une  très  grande  antiquité.  Connaissez-vous 
leurs  vieilles  maisons  massives,  au  milieu  de  leurs  champs  ou  de 
leurs  prairies  vertes  et  de  leurs  vergers  de  pommiers  '?  Avez-vous 
quelquefois  assisté  à  leurs  processions,  si  bien  connues  dans  tout 
le  pays  ?  Plus  fréquentées  encore  sont  leurs  parties  de  pelote,  qu'ils 
jouent  avec  tant  de  grâce  et  des  mouvements  si  rapides.  Ce  ne  sont 
pas  seulement  d'habiles  joueurs,  ils  ont  été  aussi  pendant  la  der- 
nière guerre  d'excellents  soldats.  Cela  ne  les  empêche  pas  d'aimer 
la  paix  et  de  la  demander  dans  leurs  prières  nationales,  pour 
«   maintenant  et  toujours   ». 

VERSION    ALLEMANDE 

Einzug  der  Franzosen  in  Moskaii 

Moskau  !  Das  verzweifelt  crschnte...  Wir  glaubten  in's  Paradies 
einzuriicken  und  kamen  in  die  Holle.  Der  Kaiser  sass  mit  dem 
Hauptquarticr  auf  dem  Kreml.  Die  Stadt  war  aou  den  Einwohnern 
verlassen  und  lag  totenstill.  Todmûde  bezogen  wir  Biwaks.  Fiir 
wenige  Stunden  nur.  In  der  Nacht  schlug  die  Lohe  auf  ùber 
Moskau.  An  allen  Ecken  und  Enden  brannte  es  zugleicli.  Keincr 
wusste,  was  geschchen  sei,  was  das  bedeute.  Dann  wusste  man  es, 
und  durch  die  Lager  ging  cin  Schrei  des  Flntsetzens.  Unser  Winter- 
quartier  brannte  zu  .\sche  !  Die  Magazine  die  uns  ernahren,  die 
uns  bekleiden  sollten,  wurdcn  zu  Sclnitthaufen  vor  unseren  sehen- 
den  Augen  !  Da  durchbrachen  die  Soldaten  jeden  Befehl.  Sic 
rannten  durch  die  brennendcn  Strassenziige,  drangen  in  die  Hiiuscr 
ein,  holten  Kleider  und  Lebensmittel  heraus,  gerieten  in  den 
Kellern  iiber  Wein  und  Branntwein,  berauschten  sich  und  kamen 
zu  Hunderten  in  den  Flammcn  um.  —  Heiliges  Moskau  !  F'iinf 
Wochen  kampierten  wir  in  den  Ruinen,  weil  der  Kaiser  auf  die 
Annahme  seincr  F"riedensbedingungen  wartete,  und  aile  Manns- 
zucht  lockerle  sich. 

THI^ME   ALLEMAND 

Les  Français  à  Moscou 

Les  Français  es|)éraient  trouver  le  repos  à  Moscou.  Mais  bientôt 
le  feu  apparut  à  tous  les  coins  de  la  ville.  L'incendie  dura  quatre 
jours.  La  plus  grande  partie  des  magasins  qui  devaient  nour- 
rir et  vêtir  les  soldats  furent  réduits  en  cendre.  Alors  la  dis- 
cipline se  relâcha.  Les  soldats  coururent  à  travers  la  ville  enflam- 
mée, entrèrent  dans  les  maisons  pour  y  chercher  des  vêtements  et 
des   vivres.   Beaucoup  (jui    avaient    pénétré   dans   les  caves   s'enivre- 


NOTiis  i:t  documents  421 

# 

relit  L't  inoiii'iireiit  ditiis  les  llamines.  Napoléon,  (jui  avait  son  quar- 
tier fîénéral  au  Kremlin,  campa  avec  ses  troupes  dans  les  ruines 
et -attendit  pendant  cinq  semaines  une  réponse  aux  conditions  de 
paix  (pi'il  axait  euNoyées  au  tzar. 

Université  de  Lyor) 

Section    U 

1)      COMPOSITION      ANGLAISi: 

The   Miser 

A  wealfhy  nian  who  nevcr  gave  a  liaif  penny  to  tiie  i)oor  liad 
bought  a  large  monkey,  hoping  to  find  in  hini  a  faithful  guardian 
of  his  beloved   nioney. 

One  day  he  left  tlie  animal  alone  for  a  short  timc  in  tlie  room 
neai-  a  coft'er  full  of  coins.  Tlie  moniiey  sa\v  froni  the  open  win- 
dow  a  neighbour  tlirow  a  iieniiy  to  a  beggar.  Imitating  the  act, 
he  did  the  sanie  with  the  gold  and  silver  in  the  coffer  and  a 
crowd  of  poor  peo|)!e  in  the  street  filled  their  pockets  with  the 
treasure. 

.lust  thcn,  the  miser  came  home  and  froni  far  cursed  the  mon- 
key. Ikit  a  neighbour  said  to  him  :  ■•  Keep  quiet...  Why  lanient 
over  gold  tiiat  you  never  touched  ?  Put  a  heap  of  stoiies  in  the 
])laces   of   the   coins.   Thcy   will    serve    the    saine    pur|)ose.    » 

2)  VERSION    ANGLAISE 

The   character  of  Juliiis   Cnesar 

C.acsar  was  endowed  with  ever-  great  and  noble  quality  thaï 
could  exalt  human  nature,  and  givc  a  man  the  ascendant  in  So- 
ciety ;  formed  to  excel  in  peace  as  well  as  in  war  :  provident  in 
counsel  ;  fearless  in  action,  and  executing  what  he  had  resolved 
with  amazing  celerity  ;  gênerons  beyond  mcasure  to  his  friends  ; 
placable  to  his  enemies,  and  for  parts,  learning,  éloquence,  scarce 
inferior  to  any  man.  His  orations  were  admired  for  two  qualities 
which  are  seldom  found  together  —  streiigth  and  élégance.  Cicero 
raiiks  him  among  the  greatest  orators  that  Home  ever  bred  ;  and 
Quintilian  says  that  he  spoke  with  the  same  force  with  which 
he  fought,  and  if  he  had  devoted  himself  to  the  bar,  would  hâve 
been  the  only  man  capable  of  rivalling  (licero.  Nor  was  he  a 
master  only  of  the  politer  arts,  but  conversant  also  with  the  most 
abstruse  and  critical  parts  of  learning. 

3)  THÈME    d'imitation 

La  Reine  Elisabeth 

Le  talent  singulier  qu'elle  avait  pour  gouverner  dépendait  à  la 
fois  de  son  caractère  et  de  ses  dons  naturels.  Faite  pour  dominer 
un  peuple  jeune  et  pourvue  d'une  grande  maîtrise  d'elle-même, 
elle  obtint  bientôt  un  réel  ascendant  sur  ses  sujets.  Tandis  qu'elle 
conquérait  toute  leur  estime  par  ses  mérites  incontestables,  elle 
gagnait  aussi  leur  cœur  par  les  qualités  qu'elle  affectait.  Sa  vigueur 
(l'esprit,  sa  constance,  sa  magnanimité  ne  semblent  avoir  été  sur- 
passées par  aucune  autre  femme  qui  ait  jamais  occu|)é  un  trône. 
Peu  de  souverains  anglais  sont  arrivés  au  pouvoir  dans  des  con- 
ditions aussi  difficiles.  .Aucune  n'a  exercé  le  pouvoir  avec  autant 
de  bonheur. 


J22  LES  LANGUES   MODERNES 

verSiox  anglaise  (Série   D) 
Columbus  returns  from  America  to  Spain 

He  arrived  at  Barcelona  about  the  middle  of  April,  and  tht» 
beauty  and  sercnity  of  the  weather,  in  that  génial  season  and  fa- 
voured  cliniate,  contributed  to  give  splendour  to  the  mémorable 
ceremony  of  bis  réception.  As  he  drew  near  the  place,  man}'  of  the 
youtlîful  courtiers  and  cavaliers,  followed  by  a  vast  concourse  of 
the  populace,  came  forth  to  meet  him.  His  entrance  into  this  noble 
city  bas  been  compared  to  one  of  those  triumphs  which  the  Ro- 
mans were  accustomed  to  decree  to  conquerors.  First  were  paraded 
the  six  Indians,  painted  according  to  their  savage  fashion,  and 
decorated  with  their  ornaments  of  gold.  After  thèse  were  borne 
various  kinds  of  live  parrots,  together  with  stuffed  birds  and 
animais  of  uuknowu  species,  and  rare  plants  supposed  to  he  of 
precious  qualifies  ;  while  especial  care  was  taken  to  disjjlay  the 
Indian  coronets,  bracelets  and  other  décorations  of  gold. 

THÈME    ANGLAIS 

Un   triomphe  à  Rome 

Un  triomphe  chez  les  Romains  était  une  cérémonie  splendidc. 
On  voyait  arriver  le  général  vainqueur  entouré  de  la  foule  de  ses 
soldats  et  de  ses  amis  que  venait  grossir  une  multitude  de  gens 
accourus  à  la  ville  pour  jouir  du  spectacle.  Le  commandant  en  chef 
auquel  on  accordait  les  honneurs  de  la  journée  faisait  son  entrée 
sur  un  char  où  il  se  tenait  debout.  11  avait  à  ses  côtés  un  esclave 
chargé  de  lui  rappeler,  au  milieu  des  acclamations,  qu'il  était  lui- 
même  mortel.  Derrière  le  triomphateur  on  portait  le  butin  pris  sur 
l'ennemi.  Puis  marchaient  les  chefs  vaincus  et  les  prisonniers  faits 
sur  le  champ  de  bataille. 

VERSION    ALLEMANDE    (B) 

La  jeunesse  de  Démocrite 

Demokrit  war  ungefâhr  zwanzig  .labre  ait,  als  er  seincn  Vater. 
einen  der  reichsten  Biirger  von  Abdera,  beerbte.  Anstatt  mm  darauf 
zu  denken,  wie  er  seinen  Reichtum  crhalten  oder  vermeliien  oder 
auf  die  angenehmste  oder  lacherlichste  Art  tkirchbringen  wollte, 
entschloss  sicb  der  junge  Menscb,  solchen  zum  .Mittel  der  Vcr- 
vollkommnung  seiner  Seele  zu  machcn. 

<i  Aller  was  sagten  die  .\l)deriten  zu  deni  Entschluss  des  jungen 
Demokrit  ?   » 

Die  gutcn  Leute  hatten  sicb  nie  traumen  lassen,  dass  die  Seele 
ein  anderes  Interesse  habe  als  der  Magen  und  der  Bauch.  Also  mag 
ihnen  dièse  Grille  ihres  Landsmanns  wunderlich  genug  vorge- 
kommen  sein.  Allein  dies  war  nun  gerade,  worum  er  sicb  am 
wenigstcn  bekiimmerte.  Er  ging  seinen '^^'eg  fort  und  l)rachte  vielc 
.labre  mit  gelehrten  Reisen  durch  aile  festen  Liinder  und  Inscln 
zu,  die  man  damais  bereisen  konnte.  Denn  wer  zu  seiner  Zeit  weisc 
werden  wollte,  musste  mit  eigneii  Augeii  sehen.  Ks  gab  nocb  keine 
iJucbdruciicreien,  keiiic  .lournale,  BibliotheUen.  l{iicycloj):i(lieii,  und 
wie  aile  die  NN'crkzeuge  heissen,  mit  dcien  Hilfe  man  jctzt,  oline 
zu  wissen  wie,  ein  Philosopb,  ein  N'atuiiiundiger,  ein  Kunstrichtei', 
ein  .Autor,  ein   .Alleswisser  wird. 

■rHl'•:^n:  allemand 

Il  y  aura  toujours  de  i)onnes  gens  auxf|uels  il  ne  xicndra  jamais 
à    l'esprit    (jue    l'Iidinnu'   puisse   avoir  d'autre   si>uci   que   ses   intérêts 


NOTF.S    ET    DOCU>tKXTS  423 

matirielb.  Ils  iic  songtiit  (ju'à  leur  estoiiKic,  j'i  leur  ventre.  Si  l'un 
ii'eux  fait  un  héritage,  ,  il  n'aura  (|u'une  pensée:  augmenter  sa 
riehessc  ou  dépenser  son  argent  en  plaisirs  grossiers  ou  stupides. 
(Jtue  dans  une  soeiété  pareille  un  jeune  homme  riehc  exprime  le 
désir  de  eultivcr  son  esprit  et  de  jjerl'eetionner  son  âme,  au  lieu 
de  se  préoeeuj)er  seulement  d'amasser  d'autre  argent  ou  de  se 
divertir  eonime  tout  le  monde,  il  fera  l'eflet  d'un  personnage  hizarre, 
«l'un  fou.  S'il  passe  des  années  en  voyages,  en  observant  les  mœurs 
<le  divers  i)ays,  en  admirant  les  monuments  de  l'art,  ses  compa- 
triotes riront  de  cette  fantaisie.  Tel  fut  le  sort  du  Jeune  Uéinocrite, 
l'un  des  i)lus  riches  citoyens  d'AlxIère. 

VERSION'    rrAIJENNE    (B) 

lo  mi  sentiva  veramente  nécessita  di  conversare  suU'  arle,  di 
l)arlar  italiano  e  di  cose  italiane  :  tutte  priva/.ioni  che  (la  due 
anni  mi  si  faceano  sentire  non  poeo  ;  e  cio  con  assai  grande  mio 
seapito,  nell'  arte  principalmentc  del  verseggiare.  K  certo,  se  (piesti 
ultimi  famosi  uomini  franeesi,  come  Voltaire  e  Housscau,  avessero 
dovuto  gran  parte  délia  loro  vita  andarsene  erranti  in  divers!  paesi 
in  cui  la  loro  lingua  fosse  stata  ignota  o  negletta  e  non  avessero  né 
|)ure  troxato  cou  chi  parlarla,  essi  non  a\reI)hero  forse  avuto  la 
im|)erturi)al)ilità  e  la  tenace  costan/.a  di  scrivere  per  semplice  amor 
deir  arte  e  per  mero  sfogo,  come  face\a  io  ed  lio  fatto  poi  per  taiiti 
anni  conseeutivi,  costretto  dalle  circostanze  di  viVere  e  conversare 
sempre  con  harhari  :  chè  taie  si  puo  francamente  denominare  tulta 
rEuro|)a  da  noi,  quanto  alla  letteratura  italiana  ;  come  lo  è  pur 
troppo  tuttavîa,  e  non  poeo,  uiia  gran  parte  délia  stessa  Italia,  <■  sui 
nescia  ".  Che  se  si  vuole  anche  per  gl'  italiani  scrivere  egregia- 
mcnte  e  ehe  si  tcntino  versi  in  cui  spiri  l'arte  del  l'etrarca  e  di 
Dante,  chi  oramai  in  Italia,  chi  c  che  veramente  e  legga  cd  intenda 
c  gusti  e  vivamente  senta  Dante  e  il  Petrarca  ?  une  in  mille,  a  dir 
molto. 

ÏHKME    ITALIEN 

.Mpéri  aurait  voulu  trouver  quelques  personnes  avec  lesquelles 
il  put  converser  sur  les  beaux-arts.  Il  avait  dû  s'en  aller  dans  divers 
pays  où  sa  langue  était  inconnue,  et  au  bout  de  deux  ans  il  sentait 
une  vraie  nécessité  de  parler  italien.  Il  appelait  barbares  les  hom- 
mes au  milieu  desquels  il  \ivait  parce  qu'ils  ignoraient  la  langue 
et  la  littérature  de  son  pays.  Mais,  disait-il,  une  grande  partie  de 
l'Italie  elle-même  aurait  pu  être  a|)pelée  ainsi,  car  c'est  à  peine  si 
on  aurait  pu  y  trouver  un  homme  sur  mille  pour  comprendre  vrai- 
ment et  goûter  Dante  et  Pétrarque. 

Professorat  des  Ecoles  Nornr)ales  et  Ecoles  Prin)aires 
Supérieures 

(.Section    des    Lettres) 

Rédaction 

After  reading  the  account  of  one  of  the  pageants  in  honour 
of  Joan  Dure,  au  Englishnuui  writes  a  letter  îo  a  French  frieud 
of   his.  ^ 

VERSION 

Shakespeare 

He  has  a  magie  power  over  words  :  they  come  winged  at  his 
bidding     and     seem   to   know   their     places.   Thej'    are     struck     oui 


424  LES   LANGUES    MODERNES 

at  a  beat,  on  thc  spur  of  the  occasion,  and  hâve  ail  the  tniffi 
and  vividncss  wliich  arise  froni  an  actual  impression  of  the 
objets.  His  epithets  and  single  phrases  are  like  sparkles  throvvn 
off  frum  an  imagination  fired  bv  the  whirling  rapidity  of  its  own 
motion.  His  language  is  hieroglyphical.  It  translates  tbought 
into  visible  images.  It  abounds  in  sudden  transitions  and 
elliptical  expressions.  This  is  the  source  of  his  mixed  metaphors, 
\\4iich  are  only  abbreviated  forms  of  speech.  Thèse,  however, 
glve  no  pain  from  long  custom  ;  they  bave,  in  fact,  become 
idioms  in  the  language.  They  are  the  building  and  not  the 
scamolding  to  tbought.  \Ve  take  the  meaning  and  effect  of  a 
M'ell-known  passage  entire,  and  no  more  stop  to  scan  and  spell 
out  the  particular  words  and  phrases  than  the  syllables  of  which 
they   are   composed. 

HAZLrrT. 
(Characters   of   Shakespeare's   plays). 


Concours  d'adn)issioi)  à  l'Ecole  Polytechnique  (1921) 

VERSION   {Langue   obliyaloire) 

And  a  l)reezy,  tooth-chattering  place  it  was,  to  wait  in,  in  the 
winter-time,  as  Toby  Veck  well  knew.  The  wind  came  tearing 
round  the  corner  —  especially  the  East  wind  —  as  if  it  bad 
sallied  forth,  express,  from  the  confines  of  the  earth,  to  bave  a 
blow  at  Toby.  And  oftentimes  it  seemed  to  conie  upon  hini  sooner 
than  it  bad  expected,  for  bounciiig  round  the  corner,  and  passing 
Toby,  it  would  suddenly  wheel  round  again,  as  if  it  cried  : 
<i  Wby,  hère  he  is  !  »  Incontiiiently  his  little  white  apron  would  be 
caught  up  over  bis  head  and  his  fecl)le  little  cane  would  ht'  seen 
to  wrestle  and  strugglc  unavailingly  in  his  hand,  and  his  legs 
would  undergo  tremendous  agitât icni,  and  Toi)y  himself  ail  aslant, 
and  facing  now  in  this  direction,  now  in  that,  would  be  so  banged 
and  bufïeted,  and  worried,  and  hustled,  and  liftcd  olï  his  fcet, 
as  to  render  it  a  positive  miracle,  that  be  wasn't  carried  up 
bodily  into  the  air  as  a  colony  of  frogs  or  snails  or  other  porta- 
ble créatures  sometimes  are,   and   rained   down   again. 

Ch.   Dickens. 

THÈME    (Luiuiiic    f(tCllUatilH') 

La  neige  avait  tout  enseveli,  les  herbes,  les  buissons,  les  arbres  ; 
aussi  loin  que  la  vue  pouvait  s'étendre,  ce  n'était  qu'une  nappe  iné- 
gale, mais  uniformément  l)lanche  ;  le  ciel  était  parsemé  d'étoiles 
scintillantes,  mais,  si  \i\e  (pie  fût  leur  clarté,  c'était  de  la  neige 
que  montait  la  pâle  lumière  qui  éclairait  le  paysage.  Le  froid 
avait  repris  et  il  devait  geler  au  dehors,  car  l'air  qui  entrait  dans 
notre  cabane  était  glacé.  Dans  le  silence  lugubre  de  la  nuit,  on 
entendait  jiarfois  des  craquements  cpii  indiquaient  que  la  surface 
de   la    neige   se  congelait. 

Nous  avions  été  vraiment  bien  heureux  de  rencontrer  cette 
cabane  ;   que  serions-nous  devenus,  en   pleine   forêt,   par  ce  froid  '.' 

Hector  Malot. 


NOTES    ET    DOCIMKNTS  425 

PROGRAMMES   POUR  1922<'> 


Agrégation  d'Allen)ai)d 

I.   —  Histoire  de   la   civilisation 
1  )   Le  mysticisme  aux  xni*  et  xiv*'  siècles. 

ECKHART,     SUSO,     TAULER. 

Texte  : 
EcKHART.    —   Reden    d&r    Unterscheidiiiifi. 

(Kleine  Texte  fiir  Vorlesungen  n.  Uehiiiiyen  /irs</.  r.  Lilz- 
niaim,  Bonn,  Marcus  und  Weber). 
2)  Esprit  et  organisation  de  la  monarchie  prussienne  sous  les  rois 
F"rédéric-Guillaume  I  et  Frédéric  II  :  conception  et  pratique 
du  gouvernement,  armée,  administration,  justice,  colonisation 
et  activité  économique,  politique,  religieuse,  attitude  à 
l'égard  de  la  science,  de  la  littérature  et  des  arts. 
;i)    Le   socialisme  de   1847   à   1875. 

La     social-démocratie,    le    socialisme    d'Etat    et    le     socialisme 

chrétien. 
Etudier   en   particulier  : 
Karl    Marx*  Lassalle,    Rodbertus,    Victor-Aimé    Huber,    Ket- 

TELER. 

II.   —   Histoire   de    la   littérature 

1.   La   poésie   lyrique   et   descriptive   de    1700   à    1770. 

GûNTHER,  Brockes,  Haller,  Pvra,  Lange,  Hagedorn,  Gleim, 
Uz,  GôTz,  Ew.  v.  Kleist,  Ramler,  Klopstock. 
Textes  : 
</)  GiiNTHEH.  —  uedichte  :  Briider  lasst  uns  lustig  sein.  —  An 
Rosen  such'  ich  mein  Vergniigen.  —  Eugen  ist  fort,  Ihr  Mu- 
sen,  nach  !  —  Stiirmt,  reisst  und  rast,  ihr  Ungluckswinde. 
■ —  Gedenk'  an  mich  und  meine  Liebe.  —  Der  Herr  fiihrt 
nieiiie  Siiche.  — •  Will  ich  dich  doch  gerne  meiden.  —  Der 
FeiernbejKf  ist  geniacht.  —  Ich  will  schiveigen,  mag's  doch 
sein.  (Edition  Reclam,  ou  Deutsche  National-Litteratur, 
tome    38). 

b)  Haller.  —  Die  Alpen,  vers   1-250. 

c)  Dans   le    tome   45    de    la     National-Litteratur     de    Kûrschner, 

Anol:n'ontil:(  r    und     J^r'^^^us'^isch-J'al^io'ische    Dichier  : 
Hagedorn.  —  Oden  und  Lieder,  n"^   1,   7,   12,   13,   16,  25,   27. 
Gleim.   —   Scherzhnfte   Lieder,   n°   4  ;   Preussische  Kriegslieder 

von    eineni    Grenadier,    n"^    1.    2,    5,    7. 
Uz.  —  Lijrische  Gedichte,  n"^   1,  5,  6,  17.  18,   25,  27,  28. 
Ew.  VON   Kleist.  —  Der  Friihling,   vers   1-201. 
Ramler.   —   Lyrische    Gedichte,    n"'    1    et    14. 

d)  Klopstock.  —  Oden  :  Heinrich  der  Vogler.  —  Der  Ziiri- 
chersee.  —  Hermann  und  Thusnelda.  —  Die  beiden  Musen. 
—  Die  Frûhlingsfeier.  —  Wir  und  Sie.  —  Schlachtlied.  — 
Vnscre    Sprache. 


(1)  Ces  programmes,  affichés  dans  les  salles  d'examen,  sont  su- 
jets à  des  modifications  éventuelles  ;  nous  ferons  connaître  ces 
dernières  s'il  s'en  produit. 


29. 


426  LES   LANGUES   MODERNES 

2.  Schiller  et  Goethe,   1794-1805. 

Textes  : 

A.  Briefwechsel  zwischen  Schiller  und  Gœthe,  lettres  de 
1794  :  S.  23  août,  G.  27  août,  S.  31  août  ;  lettres  de  1797  : 
G.  19  avril,  S.  21  avril  ;  G.  22  avril  ;  S.  25  avril  ;  G.  26 
avril  ;  G.  28  avril  ;  S.  5  mai  ;  S.  7  juillet  ;  G.  16  août  ;  S.  17 
août  ;  G.  22  et  23  août  ;  S.  7  septembre  ;  S.  20  octobre  ;  S.  24 
novembre  ;  G.  24  et  25  novembre  ;  S.  12  décembre  ;  G.  23  dé- 
cembre, avec  l'essai  Ueber  epische  und  dramatische  Dich- 
tiing  ;  S.  26  décembre  ;  S.  29  décembre. 

B.  Gœthe. 

1)  Gedichte  .- 

a}    Balladen  :    Der  Schatzgrâber.   —   Der  Zaub'erlehrling.   —   Die 
Braut  von  Korinth.  —  Der  Gott  und  die  Bajadere. 

b)  Elegien  :   Eiiphrosyne,   Amyntas. 

c)  Epilog   zu   Schiller's   Glocke. 

d)  Herrmann   und  Dorothea,  le   premier  et   le   dernier  chants. 

2)  Paldophron    und   Neoierpe,    —   Die    natiirliche    Tochter,    les     3 

derniers   actes. 

3)  Einleitung   in   die  Propylàen. 

C   Schiller. 
Tj    Gedichte  :   Der  Spaziergang  ;   Die   Kraniche   des   Ibycus  ;   Riiter 

Toggenburg  ;  Das  Lied  von  der  Glocke  ;  An   Gœthe,  als  er  den 

Mahomet  von  Voltaire  auf  die  Btihne  brachte. 
2)  Maria  Stiiart,  les  actes  1,  3  et  5. 
3i    Ueber   naive    und   sentimentalische   Dichtung. 

3.  La   nouvelle  de   1850   à   1900. 

Storm,  g.  Keller,  g.  F.  Meyer,   Rosegger,  Liliengron. 

Textes  : 
G.  Keller.  —  Die  Leute  von  Seldwijla  I  :  Romeo  und  Julia 

auf  dem   Dorfe.  —  Die  drei  gerechten   Kammacher. 
Storm.  —  Aquis  submersus.  —  Der  Schimmelreiter. 
C.  F.  Meyer.  —  Der  Heilige. 
Rosegger.  —  Das  zugmnde  gegangene  Dorf. 
Liliengron.    —   KriegsnoveUen  :    Der   Richtungspunk. 

L'examen   oral  comportera   la  traduction   et   le  commentaire   lin- 
guistique  d'un   texte   de   moyen    haut-allemand. 

Certificat  Secondaire  d'Allen)ai)d 

1"  Auteurs 

Das  Volksbuch  vom  Dr.  Faust,  —  Chap.  33  à  68  (Neudruckc  deuts- 
cher  Litteraturwcrke  des  XVI  und  XVII.  .lahrhunderts.  Halle, 
Niemeyer,    1911). 

Lessing.  —  Emilia  Galotii. 

Gœthe.  —  Ballades  :  Der  Schatzgrâber.  —  Der  Zaubcrlehrling.  —■ 
Die  Braut  von  Korinth.  —  Der  Gott  und  die  Bajadere.  —  Elé«- 
gies  :  Euphrosifne.  —  Annjntas.  —  Hermann  und  Dorothea, 
1"    et    dernier   chants. 

Schiller.  —  Poésies  :  Der  Spaziergang.  —  Die  Kraniche  des  Iby- 
kus.  —  Rit  ter  Toggenburg.  —  Das  Lied  von  der  Glocke.  —  An 
Gœthe,  als  er  den  Mahomet  von   Voltaire  auf  die  Biihne  brachte. 

GRiLLPARZEn.   —    Kônig    Ottokar. 

C.  F.   Meyer.  —  Der  UciUije  (Leipzig.   HasscL. 


NOTES   ET   nOCl'MKNTS  427 

2"  Diction NAiMK  autohisé  pouH  les  lii'itiiuvES  oriAi.iis 
DuDEN.    —    Orthogrnphisches    Wôrlerbuch    der    deutschen    Sprache. 

.3"     Ol'VRAGES    A     CONSULTEIÎ 

().   Lyon.   —   Deutsche   Grammatik   (collection   Goschen). 
Hehaghel.  —  Die  deutsche  Sprache. 

FniEDiucH  Kluge.  —  Unser  Deutsch  (Verlag  von  Quelle  und  Meyer;. 
Friedrich    Seileh.   —   Die   Entwicklung    der   deutschen    Kultur    im 

Spiegel   der  deutschen    Lehnworts   (Halle,    1905». 
F.  Piquet.  —  Phonétique  allemande. 
H.   Paul.  —   Deutsches   Wôrterhuch. 

Agrégatior)   d'l^t)g\z\5 

1.   La   langue   et  la   métrique   anglaises   au   Mo^tîn    .Age 

(Textes  réservés  pour  l'une  des  deux   versions  orales) 

1.  SwEET.  —  .Anglo-Saxon  Reader  : 

X.\.   Beownlf   and    Grendel's   Mother. 

2.  Morris.  —   Spécimens   of  Earlv   English  : 

Part.   I,   XVIII  :   a  Moral  Ode'. 
;L   Morris   and   Skeat.  —   Spécimens   of   Earlv   English  : 
Part.    II,   XVI  :   Barhour  :    The   Bruce. 

II.  Le  platonisme  dans  la  poésie  de  la  Renaissance  anglaise 

1.  Spenser.  —  Hymns. 

2.  Shakespeare.   —   Sonnets. 

li.  John  Ford.  —  'Tis  Piti/  She's  a  Whore. 
4.  Milton.  —  Cornus. 

III.    Du    romantisme   au    réalisme   (1845-18551 

1.  Thackeray.  —  Vanity  Pair  (1848). 

2.  Charles    Kingsley.  —   Alton    Locke   (1850). 

.S.  Tennyson.  —  In  Memoriam   (1850).  —  Moud  (1855). 

4.  Robert  Browning.  —  Men  and  Women  (1855)  :  Love  among  the 
Ruins  ;  Fra  Lippo  Lippi  ;  A  Toccata  of  Galuppi's  ;  By  the 
Fireside  ;  Any  Wife  to  any  Husband  ;  An  Epistle  of  Karshish; 
A  Sérénade  at  the  Villa  ;  Childe  Roland  to  the  Durk  Tower 
came  ;  How  il  strikes  a  Contemporary  ;  The  Last  Ride  Toge- 
ther  ;  Bishop  Blougram's  Apology  ;  Andréa  del  Sarto  ;  In  a 
Balcony  ;  Saul  ;  Holy-Cross  Day  ;  Two  in  the  Campagna  ;  A 
Grammarian's   Funeral  ;    One    Word   More. 

Certificat  Secondaire  d'A09laiS  (1922) 

1.  Shakespeare.  —  Sonnets. 

2.  Milton.  —  Cornus. 

3.  Thackeray.  —  Vanity  Pair. 

4.  C.H.   Kingsley.  —  Alton  Locke. 

5.  Tennyson.   —  In   Memoriam. 

6.  Robert   Frost.  —  North   of  Boston   (Hcnrv   Holt,   New-York i. 


428  LES   LANGUES  MODERNES 

Agrégatioi)    d'Espagi)ol 

A.  —  Questions  et  Auteurs 
I.  —  Le  Mouvement  Littéraire  et  la  Vie  Sociale  en  Espagne 

DANS    Li    seconde     MOITIÉ    DU    XV°    SIÈCLE 

1.  Las  Coplas  de   Mixgo  Revulgo. 

2.  Hernando  del   Pulgar.  —  Crônica  de  los  Reyes  Catôlicos.  (Se- 

gunda    parte).    Les   quinze    premiers   chapitres. 
.'$.  Amauis  de  Gaula.  —  Extraits  des  livres  I  et  II  et  chapitres   51 

et  02  du   livre   IV.  (Tome   72,  Biblioteca  Universal;. 
4.   Blasco   Ibanf.z.  —  La  Catedral,  cap.  VI. 

U.  —  La  Vie  et  l'Œuvre  de  Lope  de  Vega,  de  1614  a  1635 

1.  La   Filoména,   Segunda   parte.  (Biblioteca  de   Autores  Espanoles, 

tome    38,    depuis  :    «   Asi    cantô   la    dulce   Filoména   »,   p.    486, 
Jusqu'à  :    "    Eternas  las  cenizos  de  tu  fama   »,  p.  492). 

2.  El  desdichado  por  la  honra. 

3.  La   Sieya. 

4.  Las   bizarrius  de  Beliza.  (Acte   tercero). 

III.    La     0     GÉNÉRATION    de    98     »     ET    LES    TENTATIVES 

pour  LE  Renouvellement  de  l'Espagne  au  début  du  xx'  siècle 
(Au  point  de  vue  social,  universitaire,  littéraire,   artistique) 

1.  .ToAQUiN    Costa.   —   Maestros,    escuela    y   patria.   Tomo    X   de  ,1a 

Bib.  Econômica.  —  Madrid,  Bib.  Costa,   1916.  (Chapitres  I,   IV, 
V,  VII,   IX,   XI,   S   1,   XII,   .?   1,   4,   5   et  6). 

2.  Francisco    Giner   de    los    Rios.   —    La     Universidad     espanohi. 

(Obras  complétas,  t.  II.  —  Le  chapitre  intitulé  :  Sobre  la  reur- 
gauizacion  de  los  estudios  de  la   Facultad). 

3.  Miguel  de  Unamuno  y  Ancel  Ganivet.  —  El  porvenir  de  Espana. 

(Bib.   Renacimiento,   1912). 

4.  AzoRiN.  —  Castilla. 

5.  Antonio  Machado.  —  Soledades,  galerias  y  otros  poenras. 

B.  —  Auteurs  supplémentaires 

1.  Arcipreste    de    Hita.    —   El    libro    de    biien    amor.    (Edition     de 

"    La   Lectura    »,  Madrid.   1913.  —  Copias   44.   70   et    388-422). 

2.  Don   (Juijote.  —  Primera  parte,   cap.   18   y   26. 

3.  Ramon   de  la  Cruz.  —  La  Petra   y   la  Jiuina. 

C.  Auteur  Latin 
CiCEUoN.   —   Leliiis,    XIII-XXIV. 

Certificat  Secondaire  d'Espagnol 

1.  .Amadis  de  Gaula.  —  Extraits  des  livres   I   et   II  et   chapitres  51 

et   .'i2  du  livre   IV.  (Tome   72,  Biblioteca   Universal). 

2.  Don   Oiuote.  —  Primera   jxirte.   caj).   18  y   26. 

3.  Lope  de  Vega.  —  «)   El  Desdichado  por  fa  hora. 

b)    La   Siega. 

4.  ItAMÔN   DE  LA   Ckuz.  —  La  Petra  y   la  .huma. 

ô.  Miguel  de  Unamuno  y  Angel  Ganivkt.  —  El  parvenir  de  Espana. 
(Bib.   Renacimiento,    1912). 

6.  Blasco   Ibanez.   —   La  Calednd,   cap.   VI. 

7.  .Azohin.   —   Castilla. 

8.  .\ntonio   Machado.   —   Soledades.   yalerias   y   olms   peowas. 


NOTES    KT    DOCUMENTS  429 

Agrégatioi)  d'Itallei) 

I.  —   HisToiiii;   ni;   la   i.iTTKiiATrm-;   kt   dk   la  civilisation 

1.  Ia'  l'anidis,  de   Dante. 

2.  I.cs    Ihi'ories  polilif/iies   <le   l'Elut   et   du   jxiuiyoir.   et   leurs   (ii>iili- 

rii lions   (  14()4-ir);^(»). 
;{.  Le  jiroblème  de   l(i  Idnque   ilulientie,   du   W'Il"  siècle  à   IHlô. 
1.    Fogazzaro. 

II.    Tkxtks    D'KXI'LICVTIONS    ouales 

HoUACE.  —  ('.(irminu,  I,  2  ;   II.  6  ;   IV.  2. 

Dante.  —  l'tmtdis,  Chants  VIII.   L\.   .XVII. 

I^OHENZO   \)E\    .Mi;»ic;i.   —  Seliui   //  ;    Trionfi  ;   l.iiudi.   (Dans    It-    v<>lu- 

im-  :     I!    Poliziaiio,    Il    Magnifko.    t-tc.    lui.    Bontcnipuiii.    Fircnze, 

Sansoni,    191(1  ;    pagt-s   209-22.'},   29(1-292,    29f>-;{04i. 
G.    Savonamola.    —    Exiruils    (.Manuel    d'Aïuoiia    et    IJaci.    Tome    II, 

patres    189-194). 
Machiavelli.   —   Il   Principe  ;   chaj).    I    à   XVII    inelus  ;   eliap.    XXI\' 

et    -X.XVI.   Prose   filoloqiche   (Fircnze,    Sansoni,    1908).    pages    82    à 

102. 
.V.   Cesahi.  —  Le  Grttzie,  2"  jjartie. 
CAHDiccr.    —    Inno    a    Sntnna  ;    Hipresu    (Gianibi    ed    lipodi,    W )  ; 

Aile   fonli   del   Clilunno    (Odi    barbare)  ;    Lu   Chiesu    di    l'olenia 

(Rime   e   llitnii) 
FoGAzzAHo.  —  //  Sunlo. 


Certificat  Secoi}daire  d'Italieo 

Dante.   —   Paradis,   Chants    IX    et    XVII. 

Machiavelli.  —  //  Principe,  chap.  VI  à   I.X   inelus,  et  X.XVI. 
Prose  filoUxjiche  (Firenze,   Sansoni,    1908),   pages   82-102. 
Cahdlccl    —    Inno    a    Salanu  ;    Ripresa    (Giambi    ed    Epodi,    XV)  ; 

Aile    fonli    del    Clilunno    (Odi    barbare)  ;    La    Chiesu    di    Polenlu 

(Rime    e    Ritmit. 
FoGAzzAiio.    —   Piecolo    mondo   aniico,    I,    1  ;    II,   8   et    12  ;    III,    en 

entier. 


:»: 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trèsorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII%  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Association  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune;  insertions  ultérieures  à  Ofr.50  la  ligne. 

1.  Jeune  Française,  diplômée,  parlant  anglais,  désire  place  profes- 
seur dans  école  anglaise.  Ecrire  à  M.  L.  Roulleux,  professeur 
d'anglais,  Collège  de  St-Jean-d'Angély  (Charente-Inférieure). 

2.  Angleterre  :  A  partir  de  lin  septembre,  directrice  de  cours  rece- 
vrait chez  elle  jeune  F'rançaise.  Jolie  région,  maison  moderne  près  de 
la  mer.  Colf,  tennis.  Leçons  d'anglais.  Ecrire  :  Miss  S.  K.  Butler, 
Ormonde  House  School,  Fhorpe  \iay,  Essex. 

3.  Bachelier  es  sciences,  élève  des  Hautes  Etudes  Commerciales, 
désire  situation  dans  maison  industrielle  ou  commerciale  en  Angle- 
terre. Parle  l'anglais.  Adresse  M.  Henri  Hegnault,  chez  Mme  la 
Directrice  de  l'Ecole  de  filles,  221,  Bd  Pereire,  Paris,  17^ 

i.  A  louer  à  Quiberon  dans  villa,  appartement  meublé,  5  pièces, 
4  lits,  eau,  électricité,  \ue  sur  la  mer.  De  juin  à  octobre  :  1..'500  fr. 
S'adressera  M.  Fleur,  11,  rue  des  \'ierges,  à  \'annes  (Morbihan). 

.,").  IVI.  L.  Duchemin,  15,  rue  du  Delta,  Paris,  achèterait  1<^'  volume 
séparément  ou  les  3  vol.  ensemble  du  dict.  latin  de  Freund,  trad. 
M.  Theil  ;  il  achèterait  également  Larousse,  8  vol.  Envojer  offres  à 
l'adresse  ci-dessus. 

(i.  Français,  18  ans,  désirerait  plisser  2  mois,  à  partir  du  15  juillet, 
pour  apprendre  l'anglais  à  la  campagne  près  de  Londres,  avec  vie  de 
famille  et  jeunesse.  Ecrire  Lévy-Schncider,  professeur  à  l'L'niversité, 
Lyon. 

7.  Pour  paraître  chez  Vuibert  (sous  presse),  Aneddoti,  racconti  e 
novelle,  par  L.  (iuichard,  professeur  au  Lycée  de  Marseille,  vol. 
illustré  par  .M.  Soigé,  avec  l'accent  tonique  indiqué  en  caractère  gras. 
Livre  de  lecture  amusant  di\isé  en  cinq  parties  :  1"  Facezie  ;  2"  Aned- 
doti e  leggende  ;  .'5"  Novelle  ;  4»  Novelle  di  Boccaccio  ;  ô"  Aneddoti  su 
gli  uomini  celebri  italiani. 


Le  Gérant  :  A.  C.ouesi.ant. 


cAiioHs,  iMP.  couESLANT  (persoiiiu'l  iiitcvessc).  —  24.644 


Dix-neuvième  année.   —  N*  5  Novembre  1921 


Les 


0(^ 


Langues  Modernes 


u^^^îs     îixai3or*1:a^ia1: 


Le  Secrélitire  Généra!  (H.  Sehvajeax,  professeur  au  lycée  St- 
Louis,  13'J,  a\cnue  du  Maine,  XJV)  et  la  Trésorière  prient  instam- 
ment leurs  colli'ijnes  de  leur  siynaler  leurs  changements  d'adresse . 
(indiquer  autant  que  jjossiblc  le  domicile  personnel),  on,  s'il  y  a 
lieu,  de  situation,  non  seulement  afin  d'éoiter  la  perte  de  la  revue, 
mais  aussi   en   vue  d'établir  l'Annuaire  de  l'Associittion  pour  19'2'2. 

La  Trésorière  (^Mlle  Ledoix,  30,  R.  Chevert,  Paris  7*)  rappelle 
aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de  chèques 
postaux  lui  est  ouvert  sous  le  n"  131-11  par  le  bureau  de  Paris. 
Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant  de 
leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  titre  de 
reçu  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,   ainsi  qu'à   la  Société   des  frais  de  correspondance. 

Les  membres  de  l'Association  qui  désirent  un  reçu  sont  priés 
d'envoyer  0  fr.  "25  à  la  Trésorière  en  même  temps  que  leur  coti- 
sation. L'état  actuel  de  notre  caisse  nous  oblige  à  réduire  autant 
que  possible   nos   frais   de   correspondance. 


Les  Kégionales  de  Bordeaux,  Poitiers.  Lille,  Aix-^Lirseille, 
Ljcn,  Clermont-Fcrrand,  Nancy,  Toulouse  sont  reconstituées. 
Les  membres  de  l'Association  qui  sont  du  ressort  de  chacune  de 
ces  académies,  sont  priés  de  bien  vouloir  envoyer  directement 
leurs  cotisations  à  leurs  trésoriers  respectifs,  dont  la  liste  est  la 
suivante  : 

Poitiers  :   M.  Guv,   15,  rue   de   la  Monnaie  ; 

Aix-Marseille  :  Mlle  Coste,  professeur  au  Lycée  Montgrand, 
Marseille. 

Lyon  :  M.  Rocher,  lycée  du  Parc,  Lyon. 

Clermont-Ferrand  :   M.   Bouyssy,   Ecole   supérieure   de   commerce. 

Toulouse  :    M.   Graxger,   7,   rue   du   Japon. 

Nancy  :    M.    Petit,    professeur    à    l'E.    P.    S.,  40,    rue    Michelet. 

Lille  :    M.  Brocart,   professeur  à  l'E.   P.   S.,   37,  rue   Kuhlmann. 


30. 


432  LES   L.\NGUES    MODERNES 

Délégué  de  la  Régionale  de  Bordeaux  :   M.  Bloch. 

Délégué   de   la   Régionale    de   Lille  :    M.    Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale   de  Lyon  :   M.   Servajean. 

Délégué    de   la  Régionale   de   Marseille  :   M.   d'Hangest. 

Délégués  de  la  Régionale  de  Nancy:  MM.  Camerlynck,  Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale  de  Poitiers  :  M.  Gaston  Hirtz. 


L'abonnement  à  Modem  Languages  est  désormîiis  de  6  shillings. 

Les  membres  de  l'Association  abonnés  à  la  Remie  Germanique 
sont  informés  que  le  prix  de  l'abonnement  de  faveur  qui  leur  est 
consenti    est    porté,    à    partir    du    l""^    janvier    1921,    à    seize    francs. 

Ils  sont  priés  de  verser  cette  somme,  en  même  temps  que  leur 
cotisation  pour  1921,  à  Mlle  Ledocx,  trésorière  de  l'Association. 
Ceux  qui  n'ont  pas  encore  payé  leur  abonnement  pour  1914  ou 
1920  voudront  bien  le  faire  par  la  même  occasion.  Ils  sont  ins- 
tamment   priés    d'effectuer    ces    divers    paiements    dès    maintenant. 

Depuis  le  15  mai,  les  abonnements  à  la  Revue  Germanique  et 
les  cotisations  en  retard  sont  perçus  par  la  poste  au  nom  de  la 
trésorière   de  l'Association   des   Professeurs   de  langues   vivantes. 


:«: 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Appel    du    Président 


Mes  chers  Collègues, 

Vous  savez  quelle  période  critique  nous  traversons  et  quelle 
lutte  il  faut  soutenir  pour  la  défense  de  notre  discipline. 

Les  réductions  d'horaire,  les  projets  ministériels  nous  impo- 
sent des  efforts  de  propagande  et,  par  suite,  des  frais  supplémen- 
taires qui  viennent  s'ajouter  au  coût  très  élevé  du  Bulletin  (tarifs 
d'imprimerie,  prix  du  papier,  affranchissements  postaux  le  tout 
accru  dans  des  proportions  formidables».  Aussi  la  situation  de 
notre  trésorerie  n'est-elle  pas  sans  inspirer  quelque  inquiétude 
au    Bureau. 

Nous  avons  donc  décidé  de  demander  à  tous  les  membres  de 
r.\ssociation  de  vouloir  bien  contribuer,  par  des  dons  volontai- 
res, à  la  campagne  que  mène  notre  groupement  dans  l'intérêt  des 
Langues    Vivantes. 

Nous  vous  prions  de  considérer  d'ailleurs  que  la  cotisation  de 
10  fr.,  —  et,  pour  les  membres  des  régionales,  il  ne  parvient  que 
8  fr.  à  la  caisse  centrale.  —  ne  suffît  même  pas  à  couvrir  les  frais 
de  publication  actuels  des  Langues  Modernes  dont  chaque  n"  a  une 
valeur  marchande  sui)érieure  à  3  francs. 


BULLETIN   DE  l'aSSOCLVTIOX  433 

.k-  vous  prie  donc,  mes  chers  Collègues,  au  nom  du  Bureau,  et 
pour  les  besoins  de  la  cause  à  laquelle  nous  nous  dévouons 
tous,  d'adresser  à  Mlle  Ledoux,  notre  trésorière,  les  dons  que 
vous  voudrez  bien  consentir.  Les  noms  des  donateurs,  sauf  avis 
contraire  de  leur  part,  seront  publiés  au  Bulletin.  Aucun  chiffre, 
bien  entendu,  n'est  fixé.  Chacun  agit  selon  sa  sonsciencc  et  en 
proportion  de  ses  disponibilités.  En  tous  cas,  tous  les  dons,  quels 
qu'ils  soient,  seront  accueillis  avec  reconnaissance. 

Je  vous  remercie  d'avance  mes  chers  Collègues,  au  nom   de  tous. 

Paris,  10  juillet  iOlî. 

CM.  Veillet-Lavallke. 

Deuxièni)e   liste  de  souscription 

M.  Cart.   Paris    20  fr. 

Mme   Michel,   Grasse    10  .. 

M.  Taillandier,    Pau Kl  „ 

M.  Lallay,    St-Léonard     10  .. 

^11  le   Zarzecka,   Carcassonne    20  » 

M.  Roux,    Orléans 10  .. 

M.  .André,   Paris    10  > 

.M.  Becker,    Paris     10  .. 

M.  Briquelot,    Bar-le-Duc    10  .. 

M.  Lis,   Cambrai    .  .  •  • 10  ■> 

M.  Constant,    Paris 20  .. 

M.  France,    Valenciennes    5  •> 

M.  Monguillon,  Le  Havre   10  » 

Mlle    Boue,    Auch    10  >. 

M.  .lubien,    Niort     5  » 

M.  Hervé,    Niort     5  > 

M.  Imbert,    Niort    5  » 

y{.  Guyot,    Rennes    15  ■> 

Mlle  Tréglos,  Le  Dorât 5  ■< 

Mlle    Perrenoud,    St-Germain     20  ■> 

M.    Miquelard,    Carcassonne    20  » 

M.  Dodanthun,    Nevers    10  » 

M.  Horlaville,    Auxerre 5  » 

M.  Joffroy,   Paris    10  .. 

Mme  Charlier,   Thionville    •  ■ 10  ■> 

M.  Roudil   Paris    20  .. 

-M.  Peyraube,    Nancy    . .  •  • 10  » 

M.  Bazillon,    Sarreguemines    10  » 

M.  Legouis,    Lyon 20  » 

M.  Dumarchat,    Libourne    5  » 

M.  Joussaume,    Angers 10  » 

M.  Priout,  Caen    10  .. 

M.  Waltz,    Lille     10  » 

M.  Waldner,    Amiens     10  » 

Mme   Violot,   Neufchâteau 10  » 

M.  Aube,    St-Etienne    10  » 


434  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Picot,  Chaptal   10 

M.    Dequaire,    X'oltaire    20 

M.   Piolé   (Thionville)    10 

M.  Rocher,    Lyon 10 

M.  Bourgogne,    Paris     20 

Mlle    Gagnot,    Paris    .^ 20 

M.  Gondry,    Arras 5 

M.  Dupré,    Paris    20 

M.  Camerlynck,    Paris     20 

Anonyme,   Poitiers •  ■ 20 

M.  Maillan,    Toulon     6 

M.  Petit.    Nancy 5 

M.  Goret,    Talence    5 

M.  Desclos-Auricoste,    Condorcet    •  • 20 

^Ille   Bécourt,  Paris    • 10 

Mlle  Mazurier,    Paris     20 

M.  Délany,    Orléans 20 

M.  Caillet.    St-Germain     10 

M.  Debailleul,    Paris      •  .  .  .  .  .  ô 

M.  Garnier,    Paris    .■ 20 

M.  Duméril,    Toulouse     10 

M.  Duméril,    Nantes     10 

Mlle    Mattmann,    Amiens    20 

Mlle    Michel-Briand,    Paris 10 

Anonyme,    Chaumont     •') 

M.  Gourio,    Paris    20 

Reçu  par  M.  Gourio   d'un   ami   des  Langues  Vivantes    30 

Mlle   Calos,  Paris 10 

]\L  Galibert,    Toulouse     o 

M.  Procureur,    Fontainebleau     5 


Assemblée  générale.  —  Convocation  du  Comité 


7HsserT)blée  générale 

Le  Comité  a  fixé  au  jeudi  22  décembre,  à  2  h.  1/2  précises,  lu 
date  de  la  réunion  de  l'Assemblée  Générale  annuelle  prévue  par 
les  statuts  de  l'Association.  —  L'assemblée  aura  lieu  au  Lycée 
Saint-Louis. 

Nous  espérons  que  nos  collègues  se  rendront  nombreux  à  l'appel 
du   Comité. 

L'ordre    du   .jour    suivant    a    été   arrêté  : 

Allocufion    du    Président. 

Rdjijtorl  du  Secrétaire  général. 

Rapport   de   la   Trésorière. 

Projet  de  lyndget  pour  1922.  ' 

Que.ftion.'i   diverses. 


BULLETIN    DE    L'ASSOCLMION  4'A') 

Eiectioi)  au  Con)ité(l) 

Nous  rappelons  qu'en  vertu  de  l'article  î)  des  statuts,  le  (".Dmité 
doit  fixer  chaque  année  le  nombre  des  membres  à  élire  dans 
tiiaque  catégorie  de  membres  actifs,  le  nombre  total  des  repré- 
sentants de  chaque  catégorie  au  sein  du  comité  devant  rester, 
autant  que  possible,  proportionnel  au  nombre  des  électeurs 
appartenant  à  cette  catégorie.  Sont  déclarés  élus,  dans  chaque 
catégorie,  jusqu'à  concurrence  du  nombre  préalablement  fixé,  les 
candidats   ayant    obtenu   le   plus   grand    nombre   de   voix. 

(^.onformément  aux  disjjositions  qui  précèdent,  le  nomJ)re  des 
sièges  attribués   aux  différentes  catégories  a   été   fixé  comme    suit  : 

Lycées    de    garçons 8 

Collèges    de    garçons    1 

Enseignement    secondaire    féminin 2 

Enseignement   primaire,   commercial,    tecbnitpie    .  .  2 

Total    . 13 

Notre  Association  compte  en  novembre  li)'21,  environ  1081  mem- 
bres   actifs    qui    se    i-épartissent    ainsi  : 

Enseignement    supérieur '^8 

Lycées    de    garçons     483 

Collèges    de    garçons    148 

Enseignement    secondaire   féminin 18!) 

Enseignement    primaire,    commercial,    techiiiciue    .  .  223 

Total 1.081 

Les  33  membres  du  Comité  doivent  donc  se  répartir  comme 
suit  : 

Enseignement    supérieur 1 

Lycées    de    garçons    15 

Collèges    de   garçons    5 

Enseignement    secondaire    féminin     . ...  6 

Enseignement    primaire,    commercial,    technique    .  .  6 

Total    33 

Les    membres   sortants    sont,   cette    année  : 

MM.    Henri   Bloch,   Bellec-Duverg^r,    GnillolteU    Kosziil,    Lecigne; 
Mile    Latappy;    M.   Lévy-Mis;   M.   Demolon. 
L'assemblée    générale    doit    donc   élire  : 
8    représentants    des    lycées    de    garçons. 
1    représentant    des    collèges. 


(1)  Nous  empruntons  à  M.  Milliot-Madéran  la  note  très  claire 
qu'il  a  publiée  à  ce  sujet  dans  le  Bulletin  de  décembre  1914.  11  y  a 
lieu  de  pourvoir  au  remplacement  de  M.  Demolon,  élu  en  1921, 
démissionnaire,  détaché  à  la  Société  des  Nations.  D'autre  part, 
M.  Boussagol,  nommé  professeur  à  l'Université  de  Toulouse,  rem- 
place M.  Koszul,  membre  sortant,  comme  membre  de  l'Enseigne- 
ment  supérieur. 


436  LES   LANGUES    MODERNES 

2    meml)res    de    l'enseignement    secondaire    féminin. 

2  membres  de  l'enseignement  primaire,  commercial  et  technique. 

Les  collègues  dont  les  noms  suivent  ont  bien  voulu  consentir  à 
]30ser  leur  candidature,  M.  Bloch  rééligible,  conformément  au 
.S  3  de  l'article   7  des  statuts  décline  toute  candidature. 

11  va  sans  dire  que  la  liste  ci-dessus  n'est  pas  limitative  et  le 
président  se  fera  un  devoir  d'annoncer,  dès  l'ouverture  de  l'As- 
semblée générale,  les  candidatures  qui  se  seront  produites  après 
l'impression    du    présent    Bulletin. 

Le  vote  par  correspondance  est  admis.  (Voir  page  II  de  la  cou- 
verture). 

Nous  rappelons  que,  conformément  à  nos  statuts  (article  5, 
paragraphe  2),  seuls  les  membres  actifs  (voir  article  4,  paragra- 
phe   1)    ont  le   droit   de   prendre   part   au    scrutin. 

La  prochaine  réunion  du  Comité  aura  lieu  le  dimanche  8  jan\ier 
à  10  h.  1/4,  au  lycée  St-Louis.  Nos  collègues  sont  priés  de  considé- 
rer le  présent   avis  comme  tenant  lieu  de  convocation. 

Liste  des  candidats 

Lycées  de  garçons 

MM.  DuPRÉ,  professeur  d'anglais  au  Ij'cée  Montaigne,  ancien 
membre    du    Comité. 

GoDART,  professeur  d'allemand  (P''  supérieure),  aux  lycées 
Louis-le-Grand,  Condorcet,  Henri-IV,  ancien  membre  du 
Comité. 

Milliot-Madéran,  professeur  d'allemand  au  lycée  Louis-le- 
Grand,  ancien  membre  du  comité. 

Varenne,  Professeur  d'allemand  au  lycée  Condorcet,  ancien 
membre  du   Comité. 

Denjan,    professeur   d'espagnol    au    lycée    Condorcet. 

Dequairb,  professeur  d'anglais  au  lycée  Voltaire. 

Lemonnier,    professeur    d'anglais    au    lycée    Rollin 

MoREL,    professeur    d'allemand    au    lycée    Henri-IV. 

Raphacl,   professeur   d'allemand  au   lycée   Lakanal. 

RoTH,    professeur    d'anglais    au    lycée    Rollin. 

Collèges  de  garçons 

MM.  Ferdinand,    professeur    d'anglais    au    collège    de    Chàlons-sur- 
Marne. 
Rosier,    professeur    d'anglais    au    collège    de    Ponloise. 
Ejiseiynenient   secondaire    féminin 
Mlles  Gagnot,   professeur  d'anglais   au   lycée   Victor-Duruy,   ancien 
membre    du    C-omité. 
RÉCOURT,    professeur    d'anglais    au    lycée    Molière. 
Mme    GuÉRiTOT,    professeur    d'allemand    au    lycée    Jules-Ferry. 
Mlles  Maître,    professeur    d'anglais    au    lycée    Racine. 

Mazurier,    ])rofesseiir    d'anglais    au    lycée    de    Sèvres. 

Enseignement  primaire,   commerci<il,    technique 

M.  DucHEMiN,  professeur  d'anglais  à  l'école  supérieure  pratique 
(le    coinnierce    et    d'industrie,    ancien    membre    du    comité. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCLVTION  437 

MM.  KuHN,  professeur  d'anghiis  à  l'ccok'  supérieure  des  Postes 
et   Télégraphes,    ancien    membre    du    Comité. 

MoxGUiLLON,  professeur  d'anglais  à  l'E.  P.  S.  du  Havre, 
ancien    membre    du     Comité. 

Annb,    professeur   d'anglais    à    l'K.    P.    S.    de    (jisors,    Kure. 

Sagot,    professeur   d'allemand    au    Collège    Chaptal. 


Assemblée  générale  extraordinaire  du  6  octobre 


L' .Association  des  professeurs  des  Langues  vivantes  de  l'ensei- 
gnement publie  s'est  réunie  en  assemblée  extraordinaire,  le  jeudi 
6  octobre  1921,  au   lycée  Saint-Louis. 

La  séance  est  ou\'erte  à  14  heures  30,  sous  la  présidence  de 
M.    Veillet-Lavallée,   président    de   l'Association. 

Excusé  :    M.    Gaston   Hirtz,   délégué   de    la    Régionale   de    Poitiers. 

Assistent  à  la  séance:  M.  Peijraiibe,  secrétaire  de  la  Régionale 
de  Nancy  ;  Mlle  Saniia,  membre  du  conseil  supérieur  de  l'Instruc- 
tion publique  ;  Mlle   Véroux,  secrétaire  de  la  Société  des  Agrégées. 

M.     LE     PhÉSIDENT,     mes     CHEHS     COELl^XlES, 

.Avant  de  donner  la  parole  à  M.  Rancès  qui  va  vo4is  faire  con- 
naître les  observations  adressées  à  lui  par  nos  collègues  de  pro- 
vince, je  tiens  à  vous  dire  que  si  nos  chefs,  les  Inspecteurs  géné- 
raux, ne  sont  pas  ici,  au  milieu  de  nous,  aujourd'hui,  c'est  par  un 
scrupule  délicat  de  leur  part.  Ils  ont  pensé  que  dans  une  réunion 
comme  celle-ci,  nous  devions  exprimer  nos  idées  en  toute  liberté. 
Leur  présence,  au  moment  où  des  discussions  et  des  critiques  vont 
se  produire,  aurait  pu  peut-être  gêner  les  uns  ou  les  autres  dans 
Texpression  libre,  spontanée  de  nos  sentiments  et  de  nos  opi- 
nions. Mais  soyez  sûrs  qu'ils  sont  avec  nous  par  la  pensée  et  par 
le  cœur  et  que,  par  ailleurs,  dans  les  Commissions  où  leur  voix 
se  fait  entendre,  ils  ne  cessent  d'être  les  ardents  et  persuasifs 
défenseurs   des    Humanités    Modernes. 

Ils  l'ont  bien  montré  quand  il  a  été  question  de  la  réduction 
des  horaires.  Ils  ont  lutté  avec  énergie  dans  la  réunion  des  Ins- 
pecteurs généraux  et  j'en  ai  eu  des  échos  de  la  bouche  même 
d'un   de  leurs  collègues  d'un  autre   enseignement. 

A  ce  moment-là,  d'ailleurs,  ils  ont  tenu  à  savoir  quelles  obser- 
vations les  professeurs  de  Langues  vivantes  avaient  à  formuler  sur 
cette  grave  question.  LTne  petite  conférence  où  assistaient  M.  Ran- 
cès et  votre  président,  nous  a  permis  d'examiner  les  aspects  du 
problème  en  contact  avec  nos  chefs. 

Deux  mots  maintenant  sur  l'activité  de  l'Association  au  cours 
de  ces  derniers  mois  : 

Le  questionnaire  du  ministre  a  été  publié  au  moment  des 
vacances,  à  une  époque  où  il  était  difficile  d'organiser  une  campa- 
gne. Rien  entendu,  aussitôt  connue  la  manifestation  de  M.  Bfunot, 


438  LES   LANGUES    MODERNES 

le  Burcnu  s'y  est  associé.  En  outre,  nous  nous  sommes  occupés  de 
tenir   une   réunion   aussitôt    après   les   vacances. 

Mais,  au  début  du  mois  d'août,  nous  apprenions  que  le  ministre 
venait  d'envoyer  aux  membres  du  Conseil  supérieur  une  lettre 
par  laquelle  il  les  invitait  à  lui  répondre  le  plus  tôt  qu'ils  pour- 
raient et  sans  attendre  la  date  extrême  du  15  octobre.  Cette  pré- 
cipitation était  un  peu  étrange.  Nous  avons  jugé  qu'il  y  avait 
intérêt  à  faire  connaître  le  point  de  vue  moyen  des  professeurs 
de  Langues  Vivantes  aux  membres  du  Conseil  supérieur  avant 
que  ceux-ci  eussent  formulé  une  réponse  définitive.  .\vec  la  collabo- 
ration des  membres  du  Bureau,  nous  avons  donc  rédigé  une  série 
d'observations  correspondant  aux  questions  posées  par  le  grand 
maître  de  l'Université  et  nous  en  avons  fait  tenir  un  exemplaire  à 
chacun  des  membres  du  Conseil. 

Cette  tactique  nous  avait  déjà  réussi  en  d'autres  circonstances. 
Nous  avons  jugé  prudent  de  l'employer  encore.  Nous  avons  peut- 
être  anticipé  sur  les  décisions  qui  seront  prises  aujourd'hui  ; 
mais  nous  avons  cru  bien  faire. 

Profitant  des  loisirs  des  vacances  nous  avons  continué  la  cam- 
pagne menée  en  faveur  de  notre  enseignement.  Le  <i  Figaro  »  du 
21  août  a  publié  un  interview  où  j'ai  montré  au  grand  public 
les  mérites  des  Humanités  modernes.  Puis,  en  vue  de  faire  con- 
naître au  monde  des  affaires,  les  mesures  dangereuses  qui  se  pré- 
parent, nous  avons  adressé  aux  Présidents  des  grands  groupements 
économiques  et  à  ceux  des  Chambres  de  Commerce,  une  lettre  que 
je  ne  vt)us  lis  pas,  de  même  que  je  ne  vous  ai  pas  lue  celle  que 
nous  avons  envoyée  aux  membres  du  Conseil  supérieur,  pour  ne 
pas  abuser  de  vos  instants.  Vous  trouverez  ces  lettres  dans  le  pro- 
chain Bulletin. 

Dans  le  dernier  Bulletin,  vous  avez  vu  un  appel  que  nous  nous 
sommes  permis  d'adresser  aux  membres  de  l'Association,  pour 
leur  demander  de  venir  en  aide  à  notre  Trésorière. 

Sans  attendre  l'Assemblée  générale  qui  se  tient  régulièrement  à 
la  fin  de  l'année,  nous  remercions  les  nombreux  donateurs  qui 
ont  répondu  à  notre  appel  du  mois  d'août.  Les  dépenses  du  Bulle- 
tin sont  très  élevées,  celles  qu'entraîne  nécessairement  la  propa- 
gande viennent  s'y  ajouter.  La  situation  financière  de  l'Associa- 
tion inquiète  notre  excellente  trésorière.  Nous  nous  sommes  donc 
décidés  à  cet  appel.  Les  réponses  favorables  sont  venues,  nom- 
breuses, et  il  faut  y  voir  un  autre  signe  réconfortant  du  bon 
esprit  corporatif  qui  règne  dans  notre  groupement,  de  la  vie,  de 
l'ardeur  qui  caractérise  le  monde  des  professeurs  de  Langues 
Vivantes.  Oji  l'apprécie  en  haut  lieu  et  on  rend  justice  à  notre 
activité  que  soutient  la  fierté  que  nous  avons  de  notre  enseigne- 
ment. 

A  ce  sujet,  je  crois  répondre  au  désir  de  certains,  en  ajoutant 
quelques  mots  pour  dissiper  une  erreur,  ou  plutôt  une  équivoque. 
Les  adversaires  de  notre  enseignement  nous  reprocheraient  volon- 
tiers d'être  des  barbares  :  nous  attaquons  les  études  classiques, 
nous  voulons  la  mort  du  vieil  humanisme.  Rien  n'est  plus  faux. 
Nous  aimons  les  études  classiques  pour  en  avoir  nous-mêmes 
recueilli  le  bénéfice,  car  presque  tous  nous  avons  passé  par  l'eni- 
scigiiemeiit    secoiulaire  et  nous  avons  étudié  les  langues  anciennes. 


BULLETIN   DE  L'ASS0CL\TI0N  439 

Il  est  absuide  do  nous  poser  en  ennemis  du  latin  et  du  grec.  Mais 
nous   pensons   que   là    n'est  pas  l'unique   source   de   la  culture. 

Nous  pourrions  donc  nous  associer  de  tout  cœur  à  l'ordre  du 
jour  voté  par  les   professeurs  de  la   Faculté  des  Lettres  de   Paris  : 

"  La  Faculté  des  Lettres,  tout  en  alTirniant  son  profond  atta- 
chement aux  éludes  qui  ont  pour  objet  l'antiquité  classique 
repousse  tout  projet  rétrograde  de  réforme  de  l'enseignement  se- 
condaire qui  aurait  pour  efl'et  de  supprimer  ou  de  diminuer  les 
Humanités  Modernes,  de  leur  refuser  la  siMiction  du  baccalauréat 
et  de  fermer  aux  élèves  qui  en  sortent,  soit  la  Faculté  des  Lettres, 
soit     d'autres    établissements    d'Enseignement     supérieur.    » 

Notre  sentiment  est  aussi  celui  que  voulait  bien  m'exprimer 
récemment  l'homme  émincnt  et  respecté  qu'est  M.  R.  Poincaré, 
avec  toute  l'autorité  qui  s'attache  à  son  nom  et  à  ses  anciennes 
fonctions. 

Je  lui  avais  communiqué  nos  lettres  aux  membres  du  Conseil 
supérieur  et  aux  présidents  des  Chambres  de  commerce  et  grands 
groupements  économiques  et  j'espérais  avoir,  de  lui,  une  décla- 
ration. Voici  sa  réponse,  qui  est  bien  faite  pour  nous  donner 
satisfaction  : 

"   J'ai    lu     avec     intérêt    votre     lettre    et     les     pièces     que     vous 

■  m'avez  envojées.  Je  suis  un  partisan  déterminé  des  études  clas- 

■  siques.  Mais  je  n'ai  jamais  pensé  qu'elles  fussent  incompatibles 
'<  avec  le  maintien,  ni  même  avec  l'extension,  de  l'enseignement  des 
•    langues  vivantes.  Je    m'étais  exi^liqué  à  ce   sujet,  dans  l'enquête 

■  de   1902.  Je  n'ai   pas  changé   d'avis.   Mais  je   crois   qu'il   faudrait 
renoncer    à    vouloir    constamment    alléger    les    programmes. 

"   Croyez,   etc.  <> 

Signé  :    R.   Poincaré. 

Il  y  a  là  une  note  assez  nouvelle  et  intéressante. 

Je  donne  la  parole  à  AL  Rancès,  qui  va  vous  exposer  les  répon- 
ses qu'il   a   reçues   de   nos   collègues   de   province. 

M.  Rancès.  —  Mes  chers  collègues,  j'ai  été  de  ceux  qui  ont  de- 
mandé au  bureau,  avec  le  plus  d'insistance,  de  provoquer  la  réu- 
nion à  laquelle  vous  assistez  aujourd'hui.  En  effet,  je  n'ai  jamais 
senti  davantage  le  poids  du  mandat  que  vous  m'avez  confié,  ni  le 
besoin   de   partager  avec  vous  ma   lourde   responsabilité. 

J'ai,  pour  le  15  octobre,  à  remettre  une  réponse  au  question- 
naire du  Ministre.  J'ai  voulu,  avant  tout,  vous  la  communiquer, 
afin  de  pouvoir  dire,  si  vous  l'approuvez,  que  ce  n'est  pas  seule- 
ment en  mon  nom  personnel  que  je  parle,  mais  au  nom  d'aune 
fraction  considérable  du  personnel  enseignant  des  langues  vivan- 
tes. 

C'est  pour  cette  raison  également  que,  par  la  voix  de  notre 
Bulletin,  par  celle  aussi  de  la  Revue  des  Langues  vivantes,  que 
M.  Camerlynck  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition,  j'ai  demandé 
à  tous  nos  collègues  de  Paris  et  de  province  de  me  faire  connaftre 
leur  sentiment   sur  les  différents  points  qu'a   soulevés  le   Ministre. 

J'ai  reçu  très  peu  de  réponses,  une  vingtaine  environ.  Je  suis 
devenu  trop  sceptique,  avec  l'âge  et  l'expérience,  pour  m'en  éton- 
ner. Mais  je  n'en  suis  que  plus  reconnaissant  à  ceux  qui  ont  pris 


440  LES   LANGUES    MODERNES 

la  peine,  au  milieu  de  leurs  vacances,  de  me  ti'ausmettre  sur  tou- 
tes ces  questions  passionnantes  leur  avis  personnel  ou  celui  de 
leurs   collègues. 

J'ai  reçu  des  réponses  longues  et  d'un  intérêt  extrême  de  quel- 
ques-uns de  mes  correspondants,  parmi  lesquels  je  citerai 
MM.  Rocher  et  Robert  Vannier,  de  Lyon,  M.  Maurice,  de  Saint- 
Etienne,  M.  Hirtz,  de  Poitiers  et  M.  Pej-raube,  ici  présent,  aujour- 
d'hui,  pour  représenter  la   Régionale  de  Nancy. 

Je  leur  ai  fait,  à  tous,  des  emprunts  très  larges,  car  je  n'avais 
pas  la  prétention  de  trouver  moi-même  tous  les  arguments  néces- 
saires à  la  défense  de  notre  cause.  Et  c'est  pourquoi,  en  vous  sou- 
mettant aujourd'hui  le  projet  de  réponse  que  j'ai  préparé  et  que 
je  vais  vous  lire,  je  vous  demande  de  me  dire  très  franchement 
toutes  les  critiques  et  observations  que  ^■ous  pourrez  trouver  à  y 
faire  :  ce  n'est  pas  uniquement  votre  approbation  que  je  suis 
venu  solliciter,  ce  sont  surtout  vos  conseils.  Considérez  seulement 
qu'une  lettre  adressée  au  Ministre,  mais  que  j'écris  surtout  pour 
tenter  d'éclairer  mes  collègues  du  Conseil  supérieur,  ne  peut  pas 
contenir  tous  les  arguments  que  l'on  puisse  présenter  sur  un 
sujet  aussi  vaste.  J'ai  donc  essayé  de  choisir  les  plus  topiques  et 
les  plus  convaincants,  réservant  les  autres  pour  la  discussion 
devant  le  Conseil  supérieur,  où  il  faudra  les  produire  avec  abon- 
dance. 

Vous  verrez  que  j'ai  systématiquement  laissé  de  côté,  quoique 
je  continue  de  penser  à  cet  égard,  le  point  de  vue  politique  de  la 
question.  J'ai  estimé  que,  représentant  des  professeurs  des  lan- 
gues vivantes,  je  devais  exclusivement  m'appuycr  sur  des  argu- 
ments pédagogiques.  Parmi  ceux-là,  il  est  probable,  encore  une 
fois,  que  vous  ne  découvrirez  pas  tous  ceux  auxquels  vous  avez 
songé  vous-mêmes.  Mais  vous  êtes  ici  pour  me  les  dire  et  je  vous 
assure   que  j'en  ferai   mon  profit. 

Donc,  c'est  un  projet  que  je  vous  soumets.  J'ai  voulu  néan- 
moins le  faire  aussi  complet  que  possible,  afin  que  vous  ayez 
une  idée  précise  de  ce  que  je  pense  avec  la  majorité  des  collègues 
qui   ont  répondu  avec  moi  (1). 

M.  le  président.  —  Mes  chers  collègues,  vous  avez  entendu 
l'exposé  de  M.  Rancès,  sa  réponse  au  ministre,  nourrie  de  solides 
arguments  et  de  raisons  convaincantes.  Je  vous  appelle  mainte- 
nant   à   présenter   vos    observations. 

M.  Peyrniihe.  —  Sur  la  quesiton  n"  1,  il  n'y  a  pas,  comme 
on  semble  le  croire,  unanimité  absolue.  J'ai  entendu,  à  Nancy, 
faire  des  réserves  sérieuses,  notamment  par  M.  Juliot,  qui  pré- 
tend que  le  système  qui  consiste  à  reprendre  des  notions  déjà 
vues  une  fois  est  très  défendable  au  point  de  vue  pédagogique,  et 
fournit  encore  de  bons  résultats.  Cette  question  me  paraît  se- 
condaire, mais,  comme  délégué  de  Nancy,  je  dois  vous  faire  ])art 
de    cette    protestation. 


(1)  Nos  collègues  pourront  lire  plus  loin  dans  le  Bulletin,  sous  sa 
l'orme  définitive  la  réponse  de  M.  Rancès  à  M.  le  Ministre  de  l'ins- 
tiuction  publique. 


BULLETIN   DE  L'ASSOCIATION  441 

M.  Raiiccs.  —  C'est  la  seule  opinion  en  faveur  du  maintien  des 
deux  cycles  que  j'aie  jamais  entendu  formuler.  Vous  m'avez  enten- 
du dire  qu'il  eût  été  intéressant,  de  constituer  solidement  cet 
enseifjnement  de  trois  années.  C'est  renseignement  court  qu'avait 
jadis  voulu  Duruy,  et  Liard  bien  après  lui  ;  on  peut  s'incliner 
devant  les  conceptions  d'bommes  de  cet   ordre. 

Mais  je  dis  qu'en  fait,  jamais  on  n'a  appliqué,  dans  aucun 
lycée  à  ma  connaissance,  le  système  du  cycle  court.  Peut-être 
n'a-t-on  pas  fait  ce  qu'il  fallait  pf)ur  en  montrer  les  avantages 
aux  parents.  Ce  n'était  pas  l'intérêt  des  chefs  d'établissement  de 
ne  garder  des  élèves  dans  leur  maison  que  pendant  trois  ans  ; 
ils  ne  pouvaient  donc,  par  définition,  prôner  cet  enseignement. 
Peut-être,  tout  simplement,  n'a-t-il  pas  plu  aux  familles,  qui  ne 
choisissent  l'enseignement  secondaire  que  parce  qu'il  assure  des 
études  prolongées  ?  (juoi  qu'il  en  soit,  je  répète  que  c'est  la  pre- 
mière fois  que  j'entends  soutenir  l'opinion  transmise  jjar  M.  Pey- 
raube,  si  intéressante  qu'elle  puisse  être. 

M.  D^sdos.  —  M.  Rancès  a  dit  tout  à  l'heure  qu'il  ne  pensait 
j)as  qu'il  soit  à  propos,  dans  sa  réponse,  d'évoquer  la  question 
jjolitique.  Je  suis  de  son  avis,  mais  il  me  semble  que,  si  nous 
devons  nous  tenir  à  l'écart  de  la  question  de  politique  intérieure, 
il  serait  peut-être  judicieux  de  soulever  celle  de  politique  exté- 
rieure. 

En  effet,  notre  situation  actuelle  —  M.  Rancès  l'a  fait  ressor- 
tir dans  sa  réponse  —  est  telle  que  notre  vie  nationale  est  inti- 
mement liée  à  la  vie  de  tous  les  peuples  qui  nous  entourent.  Nous 
sommes  de  plus  en  plus  amenés  par  les  circonstances  à  nous  trou- 
ver en  contact  avec  eux  et  à  débattre  des  questions  qui  nous  inté- 
ressent au  premier  chef.  Les  manifestations  de  la  vie  internatio- 
nale se  multiplient.  La  Société  des  Nations  prend  une  activité 
beaucoup  plus  considérable,  on  vient  de  créer  la  cour  permanente 
de.  justice  internationale.  A  chaque  instant,  nous  voyons  se  tenir 
des  conférences  entre  les  premiers  ministres.  —  M.  Camerlynck 
en  sait  quelque  chose.  Bientôt,  nos  dirigeants  vont  aller  à 
Washington  discuter  des  questions  vitales  pour  la   nation. 

Or,  quand  on  a,  par  hasard,  assisté  à  quelques-unes  de  ces 
assises,  on  constate  ce  fait  curieux  que  les  représentants  des 
autres  nations  savent  tous  au  moins  une  langue  étrangère,  tan- 
dis que  les  représentants  chargés  des  intérêts  français  s'en  tien- 
nent à  la  connaissance  pure  et  simple  du  français.  C'est  une  situa- 
tion  d'infériorité   manifeste. 

Les  pays  étrangers  se  rendent  parfaitement  compte  de  la  force 
que  donne  la  connaissance  d'une  langue  étrangère  et,  ce  qui  est 
encore  bien  plus  important,  la  connaissance  de  l'esprit  étranger. 
On  voit,  aussi  bien  en  Allemagne  qu'en  Angleterre,  comme  le  dit 
M.  Rancès,  les  autorités  scolaires  développer  de  plus  en  plus  l'en- 
seignement des  langues  vivantes.  .J'ai  eu  l'occasion,  à  l'assemblée 
de  Genève,  de  poser  la  question  à  des  collègues  des  facultés  de 
droit,  à  des  juristes  internationaux.  Je  leur  ai  demandé  s'ils 
estimaient  que,  dans  la  réforme  de  l'enseignement  secondaire 
projetée,  il  serait  sage  de  diminuer  la  part  des  langues  vivantes. 
Tous  m'ont  répondu  que  l'intérêt  national  exigeait  non  seule- 
ment   le    maintien,    mais    peut-être    le    développement    de    l'ensei- 


442  LES   LANGUES    MODERNES 

gnement  des  langues  vivantes.  Ils  m'ont  dit  qu'ils  étaient  prêts  à 
signer  une  opinion  dans  ce  sens  et  qu'ils  pensent  que  leurs  col- 
lègues, les  autres  professeurs  de  droit  international  —  on  m'a 
cité  les  noms  de  MM.  Larnaudé,  de  Lapradelle,  Weiss,  parmi  beau- 
coup d'autres  —  seraient  tout  disposés  à  signer  une  opinion 
défendant  le  maintien  et  même  l'extension  de  l'enseignement  des 
langues  vivantes,  au  nom  des  intérêts  français  au  point  de  vue 
international.  Je  tiens  une  liste  de  noms  à  la  disposition  du 
bureau. 

M.   Servajean.   —   Provoquez    cette    consultation. 

M.  Camerlynck.  —  M.  Desclos,  à  Genève,  m'a  fait  part  de  cette 
idée.  Nous  allons,  si  vous  nous  y  autorisez,  agir  plus  avant  dans 
ce  sens.  J'ai  vu  M.  de  Lapradelle,  qui  m'a  dit  qu'il  était  tout  prêt 
à  nous  envoyer  une  lettre,  dont  il  m'a  indiqué  la  teneur  d'avance, 
pour  appuyer  notre  action  en  faveur  de  l'extension  de  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes. 

Il  y  a  un  mouvement  à  déclancher.  Nous  pouvons  demander  à 
M.  Desclos  d'agir  à  Genève  et  si,  de  notre  côté,  chacun  de  nous 
pouvait  découvrir  une  veine  à  exploiter,  dans  cet  ordre  d'idées, 
nous  arriverions  certainement  à  un  ensemble  très  impressionnant 
de  témoignages   et   d'appuis. 

M.  le  président.  —  Il  va  sans  dire  que,  si  le  bureau  peut  faire 
cjuelque   chose   dans   ce   sens,   il   sera   très  heureux   de   le   faire. 

.1/.  Desclos.  —  Il  me  semble  qu'on  pourrait  en  faire  cas  dans  la 
discussion   qui    aura   lieu   devant   le   Conseil    supérieur. 

M.  Rancès.  —  Fournissez-moi  le  plus  grand  nombre  d'arguments 
de  cette  nature  et,  lorsque  le  moment  en  sera  venu  j'en  ferai  le 
plus  grand  usage. 

Il  y  a  intérêt  à  ce  que  nous  ayons  les  signatures  de  professeurs 
de  droit  international  et  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  ne  pas  citer 
leur   opinion. 

M.  Desclos.  —  La  question  à  poser  est  très  simple  :  (Convient-il 
que  la  part  des  langues  vivantes  soit  diminuée  ?  En  limitant  la 
question  à  ce  seul  objet,  je  suis  certain  que  nous  obtiendrons  des 
réponses  favorables  d'une  quarantaine  de  professeurs  de  droit 
international. 

M.  Rancès.  —  L'intervention  de  M.  Desclos  nous  ramène  à  la 
question  majeure.  Il  s'agit,  en  effet,  de  savoir  si  nous  devons,  nous, 
les  professeurs  de  langiics  vivantes,  nous  préoccuper  exclusive- 
ment, dans  les  débats  qui  viendront  devant  le  Conseil  supérieur, 
de  l'intérêt  de  notre  discipline  ou  si  nous  devons  considérer  la 
question  des  langues  vivantes  comme  une  position  de  repli  et 
faire   bloc  d'abord   sur  celle  des  humanités  modernes. 

Pour  ma  part,  c'est  ainsi  que  j'ai  vu  la  quesiton  et  que  j'ai 
essayé  de  la  développer. 

Je  ne  reviens  pas  sur  les  arguments  que  j'ai  présentés.  Mais 
vous  me  permettrez,  puisque  nous  sommes  entre  nous,  d'y  ajou- 
ter celui-ci,  qui  a  tout  de  même  son  importance  :  s'il  n'existe  dans 
les  lycées  et  collèges  qu'un  seul  enseignement,  celui  des  humani- 
tés classiques,  quoi  qu'on  fasse,  nous  serons  les  sacrifiés  de  l'en- 
seignement secondaire,  et  nous  perdrons  toute  notre  situation 
morale,    si    péniblement    conquise.    11    faut,    pour     que     nous    conti- 


BULLETIN    Di;    L'ASSOCIATION  443 

unions   à    \i\re    coninie    nous    avons    vccii    depuis    1902,    qu'il    y    ait 
un    enseignement    par    les    humanités    modernes. 

Pour  ce  motif  autant  que  pour  les  autres,  je  crois  que  notre 
vraie  position  de  combat  est  celle  des  humanités  modernes.  Si 
nous  sommes  battus  sur  ce  terrain,  nous  pourrons  reporter  la 
bataille  sur  li  question  des  langues  vivantes  et  sur  la  part  qu'il 
convient  de  leur  laisser,  même  dans  renseignement  par  les  huma- 
nités classiques. 

C'est  sur  ce  |)rincipc  que  je  ^•ous  demanderai  de  vous  prononcer 
tout  d'abord.  Il  s'agit  de  savoir  si  je  de\rai,  comnie  j'ai  essayé  de 
le  faire  dans  ma  réponse,  avant  tout,  insister  sur  la  question  des 
humanités  modernes,  —  sans  oublier,  bien  entendu,  de  faire  dans 
celles-ci  la  part  qui  convient  aux  langues  vivantes  —  ou  si,  au 
contraire  je  dois  m'occuper  exclusivement  de  la  défense  de  notre 
discipline,  je  crois  que  cette  dernière  méthode  serait  une  erreur 
de  tactique,  qui  ruinerait  l'intervention  de  votre  délégué  dans  la 
discussion    devant    le   Conseil    supérieur. 

.1/.  Hilleret.  —  Permettez-moi  d'abord  d'exprimer  un  regret,  c'est 
que  le  rapport  de  M.  Hancès  qui  exprime  notre  opinion  à  tous, 
nous  ait  été  communiqué   oralement    et   non    par  écrit. 

S'il  m'est  permis  de  formuler  quelques  critiques,  je  dirai  en 
particulier  qu'il  m'est  apparu  que  les  arguments  de  M.  Rancès 
ont  été  en  force  grandissante.  Le  premier,  l'attaque  contre  le  latin, 
en  montrant  un  enfant  incapable  de  suivre,  entraîné  dans  une 
classe  dont  il  ne  tire  aucun  bénéfice,  ne  m'a  pas  semblé  être  une 
belle  arme.  C'est  au  contraire  une  arme  qui  peut  se  retourner 
dangereusement  dans  la  main  de  celui   qui    s'en   sert. 

D'autre  part,  M.  Rancès  a  invoqué  l'autorité  toute  puissante  du 
père  de  famille  qui  (parole  très  dangereuse  selon  moi)  doit,  à 
tort  ou  à  raison,  pouvoir  maintenir  son  fils  dans  un  enseigne- 
ment dont  il  ne  peut  tirer  aucun  profit  et  où,  au  contraire,  il 
encombre   la   classe. 

Il  y  a  encore  une  autre  ombre  au  tableau.  Dans  le  morceau 
sur  la  pédagogie  féminine,  il  me  semble  que  la  question  des  lan- 
gues est  un  ])eu  dans  l'ombre  et  cède  le  pas  à  des  considérations, 
d'ailleurs  très  importantes,  que  notre  représentant  a  développées 
en    termes    d'ailleurs    très    éloquents. 

^J.  Rancès.  —  .Je  répondrai  d'abord  à  notre  collègue  Hilleret, 
pour  le  mettre  tout  à  fait  à  l'aise,  que  j'ai  sollicité  les  critiques. 
Non  seulement  je  ne  m'en  formalise  pas,  mais  je  suis  enchanté 
qu'on  m'en   fasse. 

Si  j'ai  d'abord  parlé  de  cet  enseignement  du  latin  à  toute  une 
catégorie  d'enfants  qui  ne  sont  ni  aptes,  ni  enclins  à  le  recevoir, 
c'est  parce  que  l'ordre  même  des  questions  posées  par  le  ministre 
m'y  invitait  ;  et  puis,  pour  défendre  ensuite  l'enseignement  par  les 
humanités  modernes,  il  fallait  bien  considérer,  en  premier  lieu, 
son  recrutement  éventuel.  Enfin,  je  suis  de  ceux  qui  croient  —  et 
vous  me  direz  si  tel  n'est  pas  votre  sentiment  —  que  la  diversité 
des  enseignements  doit  correspondre  à  la  diversité  des  intelli- 
gences et  des  capacités.  J'ajoute  qu'un  enseignement  classique  qui 
peut  être  abandonné  au  bout  de  trois  ans  n'est  qu'une  duperie 
pour  ceux  qui  le  reçoivent  sans  avoir  l'intention  de  le  continuer. 
Voyez   ce  qui   se  passe   déjà  à  l'heure   actuelle  :   prenez  une  classe 


444  LES   LANGUES    MODERNES 

de  Quatrième  A,  qui  a  fait  deux  ans  de  Latin  et  qui  va  commen- 
cer le  Grec  ;  tout  le  monde,  bien  entendu,  suit  de  bon  gré  cet 
enseignement  classique,  avec  l'intention  de  le  prolonger  jusqu'à 
la  fin  du  second  cycle.  Il  semblerait  donc  qu'une  pareille  classe 
dût  constituer  un  tout  bien  homogène,  une  masse  compacte  d'en- 
fants également  entraînés.  La  vérité,  vous  ne  l'ignorez  pas,  est 
tout  autre.  Que  serait-ce  donc  dans  une  classe  où  une  partie  des 
élèves  ne  ferait  du  Latin  que  par  force,  avec  l'intention  bien  dé- 
terminée de  passer  dans  la  section  moderne  dès  qu'ils  pourront 
s'évader  ? 

En  ce  qui  touche  à  la  liberté  du  père  de  famille,  je  n'ignore 
pas  les  objections  que  pourront  me  présenter  les  partisans  de 
ï'ctatisme  intégral.  Argument  de  sentiment,  diront-ils,  qui  n'a  pas 
de  place  dans  une  discussion  de  cette  nature.  Pour  ma  part,  je 
considère  qu'un  homme  qui  met  son  fils  au  Lycée  parce  qu'il 
croit  à  la  vertu  de  l'enseignement  secondaire,  ne  doit  pas  être 
contraint  de  voir  son  enfant  subir  un  enseignement  dont  dès  à 
présent  il  ne  conçoit  pas  l'utilité,  et  qui  l'empêchera  de  consacrer 
des  heures  précieuses  à  des  études  qu'il  estime  indispensables. 
Au  reste,  dites-moi  que  cette  opinion  n'est  pas  celle  de  la  majo- 
rité de  cette  assemblée,  et  je  n'en  ferai  pas  état. 

Je  n'ai  rien  dit.  en  effet,  de  l'enseignement  des  langues  vivantes 
dans  les  établissements  de  jeunes  filles.  Mais  n'oubliez  pas  que 
sur  ce  point,  et  c'est  le  seul,  il  y  a  identité  absolue  entre  les  mé- 
thodes et  les  programmes  masculins  et  féminins.  Nos  filles  ont 
seulement,  dans  l'ensemble  du  plan  d'études,  quelques  heures  de 
moins  que  leurs  frères.  Mais,  par  ailleurs,  je  cherche  en  vain 
quelque   différence. 

M.  Hilleret.  —  Permettez-moi  d'ajouter  un  mot.  11  est  bien  cer- 
tain que  la  discussion  au  Conseil  supérieur  va  s'engager  sur  ce 
point  capital  de  l'importance  qu'on  veut  donner  à  ce  qu'on  appelle 
le  professeur  principal.  Il  aurait  donc  fallu  défendre  notre  posi- 
tion et  montrer  notre  rôle  à  partir  de  1902,  montrer  quelle  fai- 
ble part  cet  enseignement  principal   a  fait  aux   autres   disciplines. 

M.  Ranccs.  —  Tout  cela  est  exact  en  soi  ;  mais  le  Ministre  ne 
nous  a  pas  consultés  sur  la  question  du  professeur  principal.  Je 
me   suis  borné   à  répondre   au   questionnaire   du    Ministre. 

Si  la  question  du  professeur  principal  vient  dans  la  discus- 
sion devant  le  Conseil  supérieur  —  et  elle  y  viendra  sans  doute, 
parce  que  c'est  une  des  questions  que  nos  adversaires  traitent 
avec  le  plus  d'abondance  —  je  ne  manquerai  pas  de  présenter 
avec  d'autres  encore  les  objections  que  vous  venez  de  fournir, 
qui  sont  justes  et  qui  sont  au  fond  de  ma  pensée. 

M.  Cari.  —  Il   me   semble  qu'il  y   a   une   double  question. 

Sans  aucun  doute,  on  instituera  l'enseignement  classique  et  je 
suppose  qu'à  ce  moment,  le  ministre  déclarera  qu'il  aime  beau- 
coup Us  langues  vivantes,  et  que,  dans  cet  enseignement  classique, 
les  langues  vivantes  doivent  avoir  un  rôle  important.  Puis, 
quand  on  arrivera  à  discuter  l'horaire,  on  s'apercevra  que  ce 
rôle  important  se  bornera  i)eut-ètre  à  une  heure  et  demie  ou  deux 
par  semaine,  c'est-à-dire  ce  que  nous  avions  il  y  a  une  trentaine 
d'années. 


BULLETIN    DE    L  ASSOCIATION  ll.> 

M.  Kanri's.  —  Nous  n'avons  jamais  eu  le  moindre  doute  à  cet 
égard. 

.1/.  Cart.  —  Nous  aurons  d'un  côté  un  enseignement  classique 
où  les  langues  vivantes  seront  suffisamment  représentées,  dira-t-on, 
puisqu'elles  auront  deux  heures.  C'est  encore  l'argument  que 
donne  M.  Blum  dans  ses  articles  si  bienveillants  de  la  Reinie  de 
Paris,  où  il  nous  traite  de  personnel  inférieur,  incai)able  d'ensei- 
gner autre  chose  que  de  l'allemand  ou  de  l'anglais,  que  nous  savons 
médiocrement,  et  qui  permet  à  peu  près  de  se  tirer  d'affaire 
quand    on    a    traversé   une    frontière. 

Donc,  dans  cet  enseignement  classique,  nous  ne  pouvons  pas 
espérer  qu'on  nous  laisse  beaucoup  d'heures.  J'irai  même  beaucoup 
plus    loin,    je    poserai    la    question    sous    lu    forme    suivante  : 

Vous  voulez  faire  un  enseignement  classique,  soit.  Vous  voulez 
y  réduire  l'enseignement  des  langues  vivantes,  c'est  entendu.  Si 
même  vous  estimez  que  cet  enseignement  classique  n'a  pas  besoin 
des  langues  vivantes,  supprimez-les.  Mais  à  la  condition,  c'est 
qu'à  côté,  vous  créerez  un  enseignement  d'humanités  modernes 
où  le  professeur  de  langues  vivantes  jouera  un  rôle  très  important, 
et  sera  même  au  besoin  professeur  de  français,  enseignement  qui 
conduira  aux  mêmes  sanctions  que  l'enseignement  classique.  Je 
r.'ose  pas  citer  un  hcée  que  je  connais  bien.  M.  Blum  a  bien  voulu 
y  faire  allusion  dans  son  dernier  article,  avec  d'ailleurs  un  man- 
que de  précision  extrême  —  je  ne  crois  pas  que  M.  Blum  ait  fait 
beaucoup  d'allemand  ou  d'anglais,  cela  ne  l'empêche  pas  de  man- 
quer de  précision  — .  Je  n'irai  pas  jusqu'à  dire  que  c'est  de  la 
mauvaise  foi.  Il  a  fait,  dis-je,  allusion  à  cet  essai  tenté  il  y  a 
vingt  ans  et  qui  avait  fort  bien   réussi.   Il  l'a  fait  en  ces  termes  : 

"  On   a   confié   à    un    professeur   d'allemand...   •> 

(Je  veux  bien  croire  que  c'était  à  moi,  puisque  j'ai  été  le  pre- 
mier ;  mais  ce  professeur  s'est  multiplié,  car  nous  avons  été 
une  vingtaine  à  faire  cet  essai». 

(1   l'enseignement   du   français.  Cet  essai   n'a  pas  été  continué.   » 

Et   c'est   tout. 

Il  faut  maintenir  cette  idée  qu'avec  les  études  que  nous  avons 
faites,  nous  sommes  capables  d'enseigner  non  seulement  une  lan- 
gue vivante,  mais  le  français,  de  devenir  le  professeur  principal 
d'une  classe  et  que  nous  arriverons  à  des  résultats  sûrement  équi- 
valents   à    ceux    des   autres    professeurs. 

M.  le  président.  —  Je  demande  à  M.  Cart  de  rédiger  une  motion, 
afin  que  nous  puissions  voter  sur  un  texte  précis.  Pendant  ce 
temps,  je   donne  la   parole  à   M.   Renard. 

M.  Renard.  —  J'approuve  M.  Rancès  pour  la  position  qu'il  a 
prise  ;  mais  je  lui  demande  de  préciser  la  situation  de  la  section 
dite  de  latin  B,  car  il  faut  que  la  position  que  nous  avons  dans 
cette    section    soit    maintenue. 

M.  Rancès.  —  Jamais,  veuillez  le  croire,  je  n'ai  pensé  à 
lâcher  la  section  B,  comme  le  font  à  l'envi  nos  collègues  des  dis- 
ciplines   anciennes. 

Si  l'on  avait,  là  encore,  fait  l'essai  loyal  que  demandaient  ces 
])rogrammes  de  1902,  dont  nous  n'avons  jamais  vu  que  la  cari- 
cature, on  aurait  obtenu  dans  la  section  B  d'aussi  bons  résul- 
tats   qu'ailleurs.    Mais    vous    avez    tous    assisté    à    des    réunions    de 


446  LES   LANGUES    MODERNES 

professeurs,  vous  savez  que  pour  nos  collègues  des  autres  discipli- 
nes, soutenus  par  des  administrations  complices,  elle  n'a  jamais 
été  considérée  que  comme  le  refuge  des  laissés-pour-compte  des 
sections  A  et  C.  Jamais  on  ne  lui  a  donné  ce  que  les  Anglais  appel- 
lent «  a  fair  chance  »,  je  veux  dire  l'occasion  de  vivre  et  de  se 
développer  au   soleil. 

Soyez  c^onc  certains  que.  lorsque  le  moment  sera  venu,  je  défen- 
drai cette  section  B,  que  je  crois  parfaitement  viable  ;  mais  je 
ne  pouvais  pas  l'introduire  dans  cette  histoire  des  humanités  mo- 
dernes, où  elle  n'a  que  faire,  puisque  c'est  au  premier  chef  une 
section  latine.  Voilà  pourquoi  j'ai  surtout  parlé  de  la  section  D. 
pour  l'opposer  aux  trois  autres  sections  avec  latin  dont  deux, 
tout  au  moins  ont  eu,  avec  des  succès  divers,  toutes  les  faveurs  et 
les    encouragements   de   l'Administration. 

.V.  Garnier.  —  Je  vous  demande  pardon  de  revenir  en  arrière. 
Un  de  nos  collègues,  tout  à  l'heure,  a  eu  une  idée  excellente  de 
donner  à  M.  Rancès  l'occasion  de  s'expliquer  un  peu  plus  lon- 
guement sur  la  question  des  élèves  incapables  de  profiter  de  l'en- 
seignement qu'ils  reçoivent.  Mais,  ce  qui  m'a  surpris  dans  la  belle 
réponse  de  M.  Rancès,  c'est  qu'il  n'a  pas  été  jusqu'au  bout  et  n'a 
pas  montré  à  quoi  tenait  cette  incapacité  de  certains  élèves.  Elle 
vient  du  manque  d'articulation  entre  l'enseignement  primaire 
et  l'enseignement  secondaire  et  c'est  là  le  vice  principal  du  pro- 
jet   ministériel. 

M.  Rancès.  —  Notre  collègue  Garnier  vient  de  soulever  une 
question  d'un  intérêt  capital.  Je  sais  qu'au  Conseil  supérieur, 
certains  de  mes  collègues  poseront  la  question  préalable,  et 
demanderont  à  l'Assemblée  de  se  prononcer  sur  un  point  qu'ils 
estiment  capital  :  peut-on  songer  à  une  réforme  nouvelle  de 
l'enseignement  secondaire  sans  régler  en  même  temps  ses  rapports 
avec  le  primaire  et  le  supérieur  ?  C'est  en  somme,  toute  la  ques- 
tion de  l'éducation  nationale  qui  se  trouvera  posée,  et  il  importe 
qu'elle  le  soit.  Pour  ma  part,  si,  au  lieu  de  réponses  précises  à 
des  questions  bien  limitées,  c'était  notre  opinion  sur  la  réforme 
de  l'enseignement  secondaire  qu'en  termes  plus  généraux  le  Mi- 
nistre nous  avait  demandée,  c'est  dans  ce  sens  que  j'aurais 
répondu.  Mais,  quoi  qu'on  fasse,  dès  qu'en  ce  pays  on  commence 
à  parler  de  l'enseignement  primaire,  c'est  la  question  politique 
qui  se  pose  dans  toute  son  acuité  ;  or,  je  vous  ai  dit  en  commen- 
çant que  j'avais,  de  propos  délibéré,  laissé  de  côté  dans  ma  réponse 
l'argument  politique  qui,  pour  certains,  domine  tous  les  autres. - 
Et  ici,  je  suis  heureux  de  trouver  l'occasion  de  ni'expliquer  sur 
un  point  qui  a  son  importance.  Certains  m'ont  blâmé,  tandis  que 
d'autres  me  louaient,  d'avoir  signé  le  premier  manifeste  Brunot. 
que  vous  avez  reçu  par  les  soins  de  notre  secrétaire  général.  Je 
l'ai  signé  d'abord  parce  que  je  le  croyais  juste  non  pas,  croyez-le 
bien,  que  j'attribue  au  latin  une  vertu  réactionnaire  :  en  1850,  le 
latin  était  républicain  et  suspect  de  socialisme,  tandis  que  depuis 
1912,  il  est  de  mode  d'attaquer  la  République  au  nom  des  Huma- 
nités. Mais  j'estime  que  c'est  faire  œuvre  de  réaction  que  de  vou- 
loir nous  ramener,  en  1921,  aux  programmes  de  1840.  Je  l'ai 
signé  surtout  parce  qu'il,  me  paraissait  propre  à  susciter  des  pas- 
sions,  et    i)ar   conséquent,   à   remuer  bien    des   indifférences.   Sur   ce 


BULLETIN    DE    L'ASS0CL\TI0N  447 

point,  je  ne  nie  suis  pas  trompé,  et  je  déclare  tout  net  que  s'il 
fallait   recommencer,   je   recommencerais. 

M  le  président.  —  J'ai  reçu  de  M.  Cart  le  texte  de  sa  motion, 
qui   est   ainsi    conçue  : 

"  Les  professeurs  de  langues  vivantes  demandent  qu'un  ensei- 
gnement d'humanités  modernes,  fondé  sur  le  français  et  les  lan- 
^^ues  modernes,  soit  étal>U  à  côté  de  l'enseignement  classique, 
avec   des   sanctions   égales.   » 

M.  Godurt.  —  Je  propose  de  supprimer  d;ins  la  formule  de  réso- 
lution mise  en  discussion  les  mots  "  fondé  sur  le  Français  ••.  Il 
convient  d'adopter  une  rédaction  aussi  large  que  possible  et  qui 
laisse  à  M.  Rancès  toute  liberté  de  manœuvre.  C'est  sur  le  ter- 
rain de  la  réforme  de  1902  qu'il  s'est  heureusement  placé  ;  c'est 
là  que  son  action  pourra  se  déployer  le  plus  utilement.  Cette 
réforme  a  été,  quoi  qu'en  pensent  ses  adversaires,  un  effort  réflé- 
chi, cohérent,  ingénieux  :  elle  eût  certainement  vécu,  si  elle  ne 
s'était  heurtée  à  tant  de  mauvaise  volonté  et,  souvent,  de  ni.iu- 
Aaise  foi.  Est-elle  définitivement  condamnée  '?  Et  devons-nous 
renoncer  à  la  mettre  au  point,  ezi  en  corrigeant  les  malfaçons  '? 
un  travail  de  retouche,  de  redressements  partiels  vaudrait  mieux 
à  coup  sur  que  la  réforme  timide  et  réactionnaire  dont  nous  sui- 
\()ns  l'élaboration  hâtive  dans  la  confusion  des  consultations  de 
toute   sorte. 

Notre  préoccupation  essentielle  doit  être  de  sauver  l'enseigne- 
ment d'humanités  modernes  que  cette  réforme  avait  institué. 
11  eût  réussi,  si  l'on  s'était  préoccupé,  au  fur  et  à  mesure  de 
l'expérience,  d'opérer  les  corrections  nécessaires.  Nous  sommes 
tous  d'accord  sur  ce  point.  Où  notre  accord  cesse  peut-être,  c'est 
sur  la  possibilité  de  concilier  cet  enseignement  moderne  avec  une 
certaine  dose  d'études  anciennes.  M.  Rancès  constatait  tout  à 
l'heure  avec  raison  que  la  réforme  de  1902  avait  eu  le  tort  de 
>éparer  de  façon  trop  absolue  la  formation  littéraire  et  scienti- 
fique. 11  ne  faudrait  pas  donner  dans  une  erreur  analogue  qui 
consisterait  à  opposer  avec  la  même  étroitesse  la  culture  moderne 
(.t  la  culture  classique  et  à  isoler  le  présent  du  passé.  Entre  les 
classiques  à  outrance  qui  ne  peuvent  concevoir  l'enseignement 
Nccondaire  sans  l'étude  généralisée  du  latin  et  du  grec  et  les  mo- 
dernistes intransigeants  qui  ne  peuvent  imaginer  d'enseignement 
moderne  sans  l'élimination  absolue  du  latin,  nous  sommes  un 
certain  nombre  de  réformistes  à  penser  que  la  culture  moderne 
peut  fort  bien  s'accommoder  d'une  certaine  imprégnation  de  cul- 
ture classique  et  qui  souhaitent  de  garder,  à  côté  d'un  enseigne- 
ment moderne  exclusivement  fondé  sur  l'étnde  du  Français,  un 
autre  enseignement  moderne  d'où  le  latin  ne  serait  pas  complète- 
ment exclu.  C'est  cette  conciliation  que  la  section  B  avait  tenté 
de  réaliser.  Si  l'on  n'a  pas  du  premier  coup  trouvé  la  formule 
définitive,  ce  n'est  pas  une  raison  pour  renoncer  à  trouver  une 
combinaison  mieux  équilibrée  et  plus  souple.  Nous  sommes  prêts 
à  tenter   de  nouveau   l'expérience. 

C'est  à  ce  sauvetage  qu'il  importe  avant  tout  de  travailler.  Notre 
représentant  va  donc  se  trouver  devant  une  double  tâche  :  d'une 
part,  la  mise  au  point,  au  moyen  des  réfections  nécessaires,  de 
l'enseignement    franco-moderne,    auquel    nous  voulons"  voir   garan- 

31. 


448  LES   LANGUES    MODERNES 

tir  les  mêmes  droits  qu'à  l'enseignement  classique.  Si  l'on  ne 
réussissait  pas  à  le  faire  vivre,  ce  serait  à  désespérer  de  tout 
notre  enseignement  secondaire.  D'autre  part,  la  reconstitution 
d'un  enseignement  latin-moderne  qui  maintiendrait  à  côté  de  la 
culture  classique,  bornée  au  latin,  l'étude  de  deux  langues  moder- 
nes. La  seconde  langue  moderne  a  été  la  conquête  essentielle  de 
1902  :  le  questionnaire  ministériel  la  supprime  d'un  trait  de 
plume.  Nous  en  réclamons  le  maintien.  11  est  à  craindre  que  le 
(.onseil  supérieur,  dans  sa  composition  actuelle,  ne  se  montre 
guère  disposé  à  entreprendre  le  renflouement  de  la  section  B,  dont 
nous  souhaitons  avec  M.  Varenne  la  reconstitution,  et  à  la  rendre 
viable  en  lui  assurant  un  enseignement  scientifique  plus  développé 
et  en  allongeant,  vers  la  base,  l'enseignement  de  la  seconde  lan- 
gue, abordé  dès  la  4''  ou  la  3%  ce  qui  allégerait  les  classes  finaîos 
de  l'apprentissage  purement  verbal.  Mais  la  question  doit  être 
posée.  Et  si  le  conseil  s'inquiète  de  cette  multiplicité  de  sections 
et  se  montre  réfractaire  à  cette  ancienne  trifurcation  à  laquelle 
on  se  trouve  naturellement  ramené,  dès  qu'on  essaie  d'imaginer 
un  système  exactement  adapté  à  la  diversité  des  besoins,  des 
aptitudes  et  des  curiosités,  pourquoi  ne  tenterait-on  pas,  si  nos 
collègues  scientifiques  voulaient  bien  consentir  avec  nous  aux 
réductions  nécessaires,  la  fusion  des  sections  B  et  G  dans  une 
section  unique  qui  juxtaposerait  à  l'étude  du  latin  celle  des 
sciences  et  de  deux  langues  modernes  et  réaliserait  dans  le  sys- 
tème classique  une  combinaison  moderne.  Mais  ce  sont  là  ques- 
tions d'organisation  dont  la  discussion  d'aujourd'hui  ne  doit  pas 
s'encombrer.  L'essentiel  est  qu'elle  ait  dégagé  notre  plein  accord 
sur   la    direction    générale    de   notre   défensive. 

Je  demande  qu'on  n'enferme  pas  M.  Rancès  dans  une  formule 
trop  étroite  et  rigide  et  qu'on  s'en  remette  à  lui  du  soin  de  soute- 
nir, en  toute  liberté  et  au  mieux  des  intérêts  de  notre  enseigne- 
ment qui  pourront  l'amener,  le  cas  échéant,  à  adopter  une  tac- 
tique de  transaction  et  de  conciliation,  la  cause  de  la  culture  mo- 
derne,  dans    son    sens   le   plus   large. 

Je  poserai  en  terminant  une  question  à  M.  Rancès  :  dans  quel 
sens   peut-on   prévoir  que   le   Conseil    supérieur   se   prononcera  ? 

M.  Rancès.  —  Sur  l'ensemble  des  questions  que  M.  Ciodart  a 
soulevées,  il  sait  que  je  suis  d'accord  avec  lui.  J'ai  assez  marqué, 
dans  mon  projet  de  lettre,  mes  sentiments  pour  la  réforme  de 
1902,    pour   qu'il    soit    assuré   que   je    la    défendrai    jusqu'au    bout. 

M.  Godart  m'a  posé  en  outre  une  question  délicate,  à  Jaquclle 
vraiment  il  m'est  difficile  de  donner  une  réponse  précise  :  dans 
([uel  sens  peut-on  prévoir  que  le  Conseil  supérieur  se  prononcera? 
Tous  ceux  qui  ont  l'expérience  du  Conseil  vous  diront  qu'il  y  a 
un  certain  nombre  de  membres,  et  non  des  moindres,  dont  on  ne 
connaît  l'opinion  qu'au  moment  où  ils  lèvent  la  main  ])our  expri- 
mer leur  vote.  Ceux-là  ne  ré|)ondront  sans  doute  pas  au  question- 
naire du  Ministre.  Non  pas  qu'ils  ne  soient  pas  sensibles  à  un 
argument  adroitement  présenté  au  bon  moment  ;  mais  ils  atten- 
flent  à  la  dernière  seconde,  jiour  se  prononcer  en  connaissance  de 
cause.  Ce  sont  eux  qui  font  la  majorité  et  il  faudrait  être  devin 
pour  savoir  en  quel  sens  ils  se  prononceront.  D'autres  membres 
(jiit    déjà    i)ris     parti.     Les     délégués     de     ri'>nseignement     supérieur 


BULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  449 

seront  divisés  :  il  n'en  est  guère,  cependant,  qui  approuveront,  en 
son  intégralité,  le  projet  ministériel.  Les  délégués  du  Primaire 
voteront,  en  majorité,  avec  nous,  mais  les  représentants  du  Pri- 
maire supérieur  voteront  pour  renseignement  unique  à  la  base, 
avec  du  Latin.  Déjà,  dans  leur  presse  spéciale,  une  campagne  très 
nette  se  dessine  en  ce  sens  ;  vous  pensez  bien  que  si  l'enseigne- 
ment sans  latin  disparait  des  Lycées,  c'est  dans  les  K.  P.  S.,  sinon 
dans  les  écoles  libres,  qu'il  se  réfugiera.  Kt  comme  ailleurs,  on 
sait  agir,  vous  verrez  bientôt,  à  défaut  du  baccalauréat,  un  titre 
quelconque  ouvrir  à  tous  les  élèves  de  renseignement  primaire 
supérieur,  l'accès  des  grandes  écoles  et  des  Universités.  Et  je  ne 
dis  pas  que,  par  définition,  ce  soit  un  mal,  mais  seulement  que 
c'est    l'agonie    de    l'enseignement    secondaire    qui    commencerait. 

Quant  aux  délégués  du  secondaire,  vous  savez  qu'ils  sont  qua- 
tre à  former,  dans  notre  sens,  un  bloc  qui  ne  se  désagrégera  pas. 
Parmi  les  autres,  le  délégué  des  Lettres  veut  d'un  enseignement 
unique  à  la  base,  avec  latin,  bien  entendu,  mais  il  n'admet  pas  la 
disparité  de  sanctions  entre  le  baccalauréat  classique  et  le  mo- 
derne ;  le  représentant  des  agrégés  d'Histoire  nous  a  dit,  tout  au 
contraire,  qu'il  réclame  le  maintien  de  l'enseignement  sans  latin 
en  6'",  5"  et  4"',  mais  qu'il  n'admet  pas  qu'on  puisse  faire  du  Droit 
ou   de  la  Médecine  sans  être  pourvu  du   baccalauréat  classique  ! 

Vous  voyez  donc  à  quel  point  l'opinion  est  partagée.  S'il  me 
fallait  formuler  un  pronostic  timide,  je  dirai  que  l'obligation  de 
deux  ou  trois  années  de  latin  à  la  base  sera  probablement  sanc- 
tionnée, mais  qu'il  se  formera  une  majorité  pour  ne  pas  admettre 
une  disparité  de  sanctions  entre  les  baccalauréats  classique  et 
moderne.  Or,  c'est  le  point  essentiel,  et  comme  le  nœud  de  toute  la 
réforme  projetée. 

En  ce  qui  me  concerne,  devant  cet  inconnu,  je  me  propose  de  sou- 
tenir avec  insistance,  et  avec  toute  ma  foi,  que  par  la  culture 
moderne,  par  l'enseignement  du  Français,  de  deux  langues 
vivantes,  et  des  sciences  mathématiques  et  physiques  en  leurs 
Ijrincipes  les  plus  généraux,  on  peut  former  des  esprits  aussi 
lucides,  aussi  vigoureux,  aussi  utiles  à  la  patrie  que  par  les  huma- 
nités classiques.  Et  si  nous  triomphons,  ce  sera,  je  vous  l'assure, 
une  belle  victoire.  Faisons  bloc  là-dessus.  Evidemment,  il  faut 
être  préparé  à  d'autres  batailles  et  prévoir  des  positions  de  repli. 
Mais  je  vous  demande  instamment  de  ne  pas  compliquer,  en  lui 
imposant  des  directives  sur  des  points  de  détail,  tous  intéressants 
en  soi,  mais  qui  ne  seront  discutés  qu'accessoirement,  la  lourde 
tâche  de  votre  représentant,  qui  a  grand  besoin  de  tout  votre 
appui. 

.1/.  le  président.  —  Je  donne  la  parole  à  Mlle  A'^éroux,  secrétaire 
de  la  Société  des  Agrégées  à  laquelle  je  souhaite  la  bienvenue  par- 
mi nous  et  que  je  remercie  d'avoir  bien  voulu  répondre  à  notre 
appel. 

Mlle  Véroiix.  —  Je  m'excuse  d'autant  plus  de  prendre  la  parole 
qu'une  collègue  des  langues  vivantes  serait  plus  qualifiée  que 
moi,  à  la  fois  comme  professeur  de  langues  vivantes  et  comme 
membre  de  l'enseignement  féminin.  Je  remercie  d'autant  plus 
M,  le  président  d'avoir  bien  voulu  me  prier  de  venir  ici  défendre 
notre  cause.  Je  dois  dire  que  la  très  belle  lettre  de  M.  Rancès  au 


450  UiS   LANGUES    MODERNES 

Ministre  m'inspire,  qnant  à  l'enseignement  féminin,  de  très  vives 
inquiétudes. 

Tout  d'abord,  M.  Rancès  reconnaît  que  la  question  est  posée 
maintenant  et  il  se  demande  comment  il  se  fait  qu'elle  le  soit. 
Elle  l'est  parce  que  nous  avons  fait  du  bruit  pour  qu'elle  le   soit. 

M.  Rancès.  —  J'ai  dit  que  je  regrette  qu'elle  soit  posée  au 
moment  où  vous  n'êtes  pas  représentées.  Mais  j'ai  dit  que  c'est 
la  question  la  plus  urgente  qui  puisse  être  traitée  et  voilà  pour- 
quoi j'ai  accepté  de  la  traiter. 

Mlle  Véroux.  —  Cette  question  est  déjà  venue  en  1917,  en  com- 
mission extraparlementaire.  Elle  a  été  enterrée.  Si  elle  n'est  pas 
résolue  cette  fois-ci,  elle  ne  le  sera  jamais  et  nous  resterons  dans 
un    stdtii   qiio   où    nous   pensons    ne    pas   pouvoir   rester. 

M.  Rancès  a  dit  de  très  belles  choses  sur  l'enseignement  fémi- 
nin :  il  nous  a  peintes  sous  des  couleurs  telles  que  nous  ne  pou- 
vons pas  nous  reconnaître.  Il  a  conclu  que  le  jour  où  les  femmes 
prépareront  leurs  élèves  au  baccalauréat,  non  plus  comme  elles  le 
font  maintenant,  mais  un  peu  moins  mal.  en  prenant  les  pro- 
grammes de  l'enseignement  masculin,  elles  feront  des  personnes 
qui  mangent  du  manuel,  elles  feront  des  pédantes.  Cela  ressort 
très  nettement  de  votre  lettre,  Monsieur  Rancès,  vous  avez  l'inquié- 
tude que  nous  ne  formions  plus,  à  supposer  que  nous  nous  les 
formions  déjà,  ni  des  épouses,  ni  des  nières,  ni  des  cuisinières. 
Or,  nous  en  formerons  encore,  en  même  temps,  peut-être,  que  des 
femmes  à  l'esprit  fin,  à  l'esprit  aimable. 

Mais  il  faut  que  nous  sortions  de  la  situation  incohérente  où 
nous  sommes.  Vous  reconnaissez  vous-même  que  les  femmes  ont  à 
se  faire  une  place  par  le  travail.  Vous  dites  que  cela  cessera  un 
jour.  Je  n'en  sais  rien,  et  nous  n'avons  pas  à  nous  demander  ce 
qui   sera  ou  ne   sera  pas  ;   il  nous  faut   regarder  ce  qui  est. 

A  l'heure  qu'il  est,  lorsque  nous  travaillons  modestement  et 
lorsque  nous  prenons  des  grades  ou  des  titres,  nous  voyons  tou- 
jours devant  nous  des  portes  fermées.  C'est  intolérable.  Je  n€ 
parle  pas  pour  moi,  mais  pour  nos  élèves  et  c'est  ce  qui  me  donne 
l'audace    de   jjarler   devant    vous. 

Je  vous  en  prie,  n'agitez  pas  devant  le  Conseil  supérieur  cet 
épouvantail  de  la  femme  pédante  ou  moins  bien  formée  par  les 
méthodes  masculines.  Le  (Conseil  fera  chorus  avec  vous  et  dira  : 
laissez  aux  jeunes  filles  l'enseignement  magnifique  qui  leur  est 
donné.  Nous  en  avons  assez  de  ces  louanges,  nous  sommes  enter- 
rées dessous,  nous   mourons  dessous. 

L'enseignement  masculin  est-il  supérieur,  nous  n'en  savons 
rien.  Ce  qu'il  faut,  c'est  que,  lorsque  nous  aurons  fait  un  efi'ort, 
nous  les  filles,  comme  les  garçons,  nous  ayons  une  étiquette,  un 
l)rix  qui  ne  soient  plus  exposés  à  la  discussion,  au  rabais,  dans 
les  échanges  de  la  vie. 

Au  surplus  ce  ne  serait  pas  la  révolution  qu'on  redoute  pour 
l'enseignement  féminin,  si,  dans  la  réorganisation  actuellement  à 
l'étude,  ou  l'identifiait  à  renseignement  masculin.  J'ai  cru  utile 
de  vous  ai)porter  surtout  des  renseignements  précis  sur  les  diffé- 
rences, très  limitées,  en  somme,  entre  les  deux  enseignements. 
J'espère  dire  des  choses  exactes,  je  suis  prête  à  écouler  les  objec- 
tions. 


BULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  451 

\'oici    ce    (luc    j'avais    noté    en    partitiilitr. 

Tout  (l'abord,  les  jeunes  fille.s  ne  font  plus  de  langues  anciennes. 
Le  législateur  de  1880  avait  prévu  pour  elles,  en  latin,  le  rudi- 
ment, en  je  ne  sais  plus  combien  d'fieures.  A  ce  moment-là,  ce 
n'était  pas  du  pédantisnie.  A  l'heure  actuelle,  le  demander,  c'est 
du    pédantisnie.    Ainsi    changent    les    modes  ! 

Celles  de  nos  élèves  qui  veulent  prendre  le  baccalauréat,  parce 
que  leurs  familles  le  désirent  —  et  elles  ont  raison  car  le  bacca- 
lauréat cela  se  monnaj'e —  sont  réduite»  au  régime  du  latin  court, 
.le  ne  dirai  pas  ce  que  valent  les  disciplines  des  humanités  classi- 
ques par  rapport  à  celles  des  humanités  modernes,  mais  le  latin 
court   est   un  régime   déplorable  :   nous   n'en    voulons  pas. 

D'autre  part,  depuis  sa  créition,  l'enseignement  féminin  a  tou- 
jours fait  une  place,  de  plus  en  plus  étroitement  mesurée,  il  est 
vrai,  à  l'étude  des  littératures  anciennes  à  travers  les  traductions, 
de  même  qu'à  celle  des  littératures  modernes  à  travers  les  tra- 
ductions. Ceci  ne  paraît  pas  avoir  d'équivalent  dans  l'enseignement 
masculin. 

Une  différence  plus  considérable  réside  dans  renseignement 
philosoj)hique.  Les  jeunes  filles  sont  entraînées,  en  des  cours  ré- 
partis sur  trois  années,  à  réfléchir  sur  des  questions  de  morale  et 
de  psychologie  appliquée  à  l'éducation.  Cela  vaut-il  mieux  (ju'une 
"   philosophie    »  ?   .le   ne   sais   pas. 

Mais  que  l'organisation  actuelle  conduise  à  employer  une  ter- 
minologie philosophique  pour  le  baccalauréat  et  une  autre  ter- 
minologie pour  le  diplôme,  que  les  mêmes  choses  n'aient  pas  les 
mêmes  noms,  cela  est-il  propre  à  mettre  du  clair  dans  des  esprits 
qu'on    accuse   d'être   confus  ? 

Il  a  fallu  créer,  dans  les  lycées  de  jeunes  filles,  en  vue  du  bac- 
calauréat, des  classes  de  philosophie  et  de  mathématiques.  (Je 
ne  parle  pas  de  l'enseignement  scientifique,  je  crois  que  les  col- 
lègues de  sciences  trouvent  l'enseignement  scientifique  des  jeunes 
filles    moins    complet). 

Ces  classes  de  philosophie  et  de  mathématiques,  qu'on  a  ins- 
tituées chez  nous  pour  la  préparation  au  baccalauréat,  donnent 
un  enseignement  identique  à  celui  des  garçons,  mais  par  des 
moyens  de  fortune,  c'est-à-dire  en  empruntant  le  personnel  mas- 
culin, ou  en  demandant  au  personnel  féminin  des  improvisations 
onéreuses,  qui  valent  ce  que  peuvent  valoir  des  improvisations,  et 
toujours  avec  des  horaires  réduits,  parce  qu'il  est  dit  que  les  fem- 
mes peuvent  toujours  faire  les  choses  dans  un  bien  moindre  temps 
que   les  hommes.  » 

Une  dernière  différence  réside  dans  ce  fait  que  l'art,  dans 
l'enseignement  féminin,  a  une  j^lace  que  peut  lui  envier  l'ensei- 
gnement  masculin. 

Je  ne  parle  pas,  bien  entendu,  des  cours  de  puériculture  et  de 
cuisine  qui   peuvent   exister  et   qui    sont    en    dehors   des  cadres. 

J'ai  fait  la  part  des  différences,  je  ne  crois  pas  en  avoir  oublié. 
Sur  les  autres  points,  je  ne  vois  pas  ce  que  l'on  entend  par  ensei- 
gnement masculin  et  enseignement  féminin.  Ni  en  langue  fran- 
(;aise,  ni  en  littérature  française,  ni  en  langues  vivantes,  ni  en  his- 
toire et  géographie,  l'enseignement  secondaire  n'est  autre,  quant 
aux    programmes    et    quant    aux    méthodes,    dans    les    deux    sortes 


452  LES   LANGUES    MODERNES 

d'établissements.  Tout  au  plus  peut-on  dire  que  le  français  —  et 
là  c'est  une  question  délicate  —  est  enseigné  aux  jeunes  filles 
par  des  professeurs  de  français  qui,  sans  ignorer  nécessairement 
le  latin,  sont  rarement  des  professeurs  de  latin,  tandis  que  chez 
les  jeunes  gens  les  professeurs  de  français  sont  des  professeurs 
de  latin,  à  quoi  il  y  a  peut-être  avantage,  à  moins  que  le  profes- 
seur de  français  et  de  latin  n'enseigne  le  français  que  par  le 
latin  et  pour  le  latin. 

Je    crois   que  j'ai    fait    un    exposé    impartial. 

M.  Rancès.  —  Au  cours  de  cette  réunion  des  délégués  de  l'ensei- 
gnement secondaire,  j'ai  demandé  à  M.  Bernés,  professeur  de 
latin  et  accessoirement  de  français,  comment  il  entendait  l'ensei- 
gnement du  français  dans  les  classes  de  grammaire  du  premier 
cycle.  11  m'a  répondu  :  l'enseignement  du  français,  pendant  les 
trois  premières  années,  ne  peut  se  faire  et  ne  doit  se  faire  que  j)ar 
l'intermédiaire  du  latin,  thème  latin  et  version  latine  ;  en  dehors 
de  cela,  point   de   salut. 

Voilà  pourquoi  je  ne  demande  pas  qu'il  y  ait  un  enseignement 
exclusivement  par  le  français  de  la  6''  à  la  4^  Je  dis  ceci  pour 
appuyer   votre   thèse. 

Mlle   Véroux.  —  Je   n'expose    pas   vos    idées. 

Notre  vœu  est  très  net.  Nous  demandons  qu'un  même  enseigne- 
ment secondaire  soit  donné  aux  jeunes  gens  et  aux  jeunes  filles. 
J'invoque  le  témoignage  de  M.  Herriot,  qui  a  été  quelquefois  notre 
défenseur  et  qui  a  si  bien  senti  que  demander  ou  tolérer  des  dif- 
férences c'est  nous  disqualifier,  qu'il  a  dit  ceji  —  je  cite  textuel- 
lement, j'ai  recueilli  cela  et  je  ne  veux  pis  le  perdre-  —  :  «  Ne 
laissez  pas  dégi'ader  l'enseignement  féminin  ;  on  vous  demandera 
de   lui   donner   un    statut   spécial,   n'y   consentez  pas.    » 

Il  a  dit  cela  en  matière  de  traitement,  il  faut  le  dire  aussi  en 
matière    de    programmes    et    de    sanctions. 

Tant  que  nous  aurons  un  diplôme  de  fin  d'études  secondaire  à 
donner  à  nos  élèves  et  que  nous  ne  ]>ourrons  donner  le  baccalau- 
réat que  dans  un  petit  coin  à  côté  où  l'on  fait  les  choses  très 
vite,   nos   élèves   seront   disqualifiées. 

Je  supplie  notre  représentant  d'agir  de  toutes  ses  fofccs  en  notre 
faveur  et  surtout  de  ne  pas  dire  que  nous  serons  des  pédantes  et 
que  nous  ne  serons  plus  ni  des  épouses,  ni  des  mères,  parce  que 
nos    élèves   ne    veulent    plus    du    diplôme,    mais    du    baccalauréat. 

M.  le  présidenl.  —  Nous  avons  la  bonne  fortune  de  posséder 
Ici  un  autre  membre  du  Conseil  supérieur,  qui  fait  partie  de 
l'Association.  Je  donne  la  parole   à  Mlle   Sanua. 

Mlle  Sdiuui.  —  M.  Rancès  me  permettra,  avant  de  l'attaquer,  de 
le  défendre,  en  disant  qu'il  a  signé  lui-même  le  vœu  qui  a  été 
])résenté  par  le  Conseil  su])érieur  j^our  qu'il  soit  posé  une  T  ques- 
tion. 

Je  lui  (iemaïuie  maintenant,  tlevinanl  que  bien  des  arguments 
seront  produits  contre  l'identité  d'un  enseignement  masculin  et 
d'un  enseignement  féminin,  de  ne  pas  iirêter  à  nos  adversaires  des 
armes  cju'i!  manie  avec  grâce,  mais  que  d'autres  ])()iirraieiit  manier 
avec   brutalité. 

l't    iiiiis(|iie.    dans    l'enseigiunieiit    primaire,    il    n'y    a    entre    gai- 


BULI.HTIN    DK    L'ASSOCIATION  453 

«;()iis  et  filles  auciinc  différence  de  progiiiinmes  et  de  sanctions, 
pourquoi    il    y    en    aurait-il    dans    l'enseignement    secondaire  ? 

Or,  si  M.  Uancès,  dans  son  rapport,  fait  allusion  à  nouveau  aux 
procédés  différents  qui  doivent  exister  dans  l'enseignement  secon- 
daire, pour  les  jeunes  gens  et  les  jeunes  filles,  je  crains  beaucoup 
([ue  ceux  qui  nous  sont  opposés,  ne  prennent  acte  de  ces  décla- 
rations   pour   nous   les   resservir. 

Si  M.  Uancès  peut  atténuer  un  peu  cette  partie  de  son  rapport 
et  dire  que,  si  la  réforme  projetée  prête  à  l'enseignement  mascu- 
lin une  nouvelle  vie,  il  est  désirable  qu'en  même  temps  l'ensei- 
gnement féminin  en  profite  et  qu'il;  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  des 
jeunes  filles  soient  instruites  d'une  façon  différente,  je  lui  demande 
de  le  faire.  Tous  les  arguments  consistent  à  déplorer  les  nécessités 
actuelles,  l'obligation  des  femmes  de  gagner  leur  vie  et  à  regret- 
ter le  moyen  âge  où  elles  étaient  plus  heureuses  en  filant  de  la 
laine...  On  la  file  dans  des  usines,  maintenant,  et  il  faut  de  l'ar- 
gent pour  l'acheter.  On  ne  peut  pas  passer  son  temps  à  regretter 
le  passé,  on  peut  déplorer  le  présent,  mais  on  ne  connaît  pas 
l'avenir.  II  s'agit  donc  de  prendre  un  état  d'esprit  qui  soit  celui 
de  1921;  En  1921,  les  jeunes  filles  ont  besoin  de  leur  baccalauréat, 
ne  les  laissez  pas  dans  des  classes  où  elles  le  préparent,  nous  le 
savons  tous,  d'une  façon  hâtive,  maladroite,  mauvaise,  bien  pire 
que  si  vous  les  mettiez  dans  un  lycée  de  garçons,  .\lors,  entre  les 
deux  maux,  préjiarer  très  mal  son  baccalauréat  ou  abandonner 
avec  regret  ce  magnifique  enseignement  féminin  pour  retomber 
dans  un  enseignement  masculin  moins  l)on,  je  préfère  encore 
l'enseignement  masculin  moins  bon  et  la  préparation  normale 
du   baccalauréat. 

Au  fond,  je  ne  vois  pas  pourquoi  la  préparation  du  baccalau- 
réat exclurait  la  préparation  du  diplôme  de  fin  d'études.  Celles 
qui  n'en  ont  pas  besoin,  pour  lesquelles  cette  préparation  ne 
semble  pas  indispensable,  n'ont  qu'à  abandonner  un  certain  nom- 
bre des  matières  que  nous  allons  ajouter,  comme  le  latin,  et  elles 
se  prêsputeront  à  un  diplôme  qui  sera  encore  le  diplôme  de  fin 
d'études,  qui  sera  pour  elle  une  satisfaction  morale.  C'est  une 
solution    mi.xte. 

Mlle  Véroux.  —  C'est  une  situation  de  fait  intolérable.  Je  ne 
parle  que  tout  à  fait  en  passant  et  aussi  discrètement  que  possible 
de  la  pression  qui  s'exerce  quelquefois,  de  la  part  des  chefs  d'éta- 
blissements, pour  vider  les  classes  de  baccalauréat  et  pousser  vers 
les  classes  de  diplôme  des  jeunes  filles  qui  n'ont  pas,  dans  la  suite, 
le  moyen   d'avoir  leur  diplôme  de  baccalauréat. 

M.  Rancès.  —  Je  crains  bien  que  ni  Mlle  Véroux,  ni  Mlle  Sanua  ne 
m'aient  pas  entièrement  compris.  Je  voudrais  cependant  que  ma 
pensée  parût  bien  claire.  J'ai  déclaré,  dans  ma  réponse  à  la  7* 
question  du  Ministre,  que  j'adoptais,  pour  des  motifs  d'opportu- 
nité très  exigeante,  le  point  de  vue  de  la  majorité  de  nos  collè- 
gues de  l'enseignement  féminin.  Elles  peuvent  donc'  compter  abso- 
lument sur  ma  voix  au  Conseil.  Mais  elles  ne  peuvent  tout  de  mê- 
me pas  m'empècher  de  regretter  que  les  circonstances  imposent 
à  ceux  qui  goûtaient  les  programmes  féminins  le  devoir  de  dé- 
truire une  œuvre  si  parfaite  que,  chose  sans  exemple  dans  l'Uni- 
versité de  F"rance,  on  l'avait  laissée  à  peu  près  intacte  depuis  1882. 


454  LES   LANGUES    MODERNES 

En  d'autres  termes,  je  reconnais  que  vous  avez  raison,  vu  les  cir- 
constances, de  réclamer  d'autres  moyens  de  travail  que  ceux  dont 
vous  disposez,  mais  je  déplore  que  vous  ayez  raison  :  c'est  tout 
ce   qui   nous   sépare. 

Si  vraiment  Mlle  Sanua  croit  —  et  elle  me  fait  trop  d'honneur 
—  que  les  arguments  que  j'ai  présentés  sont  de  nature  à  impres- 
sionner mes  collègues  du  (Conseil  contre  la  réforme  qui  lui  est 
chère,  je  consens  bien  volontiers  à  supprimer  un  développement 
auquel  je  ne  tiens  que  parce  qu'il  représente  rigoureusement  le 
fond    de   ma  pensée. 

Laissez-moi  du  moins,  en  échange  de  ce  petit  sacrifice,  vous 
mettre  en  garde  contre  cet  enseignement  masculin,  que  aous  ne 
pouvez  pas  connaître,  parce  que  vous  ne  1  avez  pas  donné.  Terri- 
ble engin,  vraiment,  que  cet  enseignement  de  manuels,  toujours 
tendu  vers  la  formule.  11  n'affecte  pas  trop  nos  garçons,  grâce  à 
leur  éclectisme  et  à  leur  sceptisme  naturel.  Mais  les  jeunes  filles 
vont  y  donner  tète  baissée,  avec  leur  conscience  ordinaire.  Pre- 
nez bien  garde,  pour  elles,  aux  dangers  qu'elles  vont  ainsi  courir. 

.J'aurais  voulu  que  vous  conserviez  votre  enseignement  plus 
léger,  plus  fin,  plus  délicat.  Puisque  ce  n'est  pas  possible,  je  vous 
souhaite,  du  moins,  de  préparer  le  baccalauréat  mieux  que  nous^ 
Je  doute  que  vous  y  réussissiez,  malgré  votre  talent,  parce  que  le 
baccalauréat  est  une  chose  odieuse,  qui  fausse  tout  notre  ensei- 
gnement secondaire.  Mais  on  ne  saurait  vous  refuser  les  moyens 
que  vous  sollicitez  de  faire  votre  métier  utilement.  Voilà  pourquoi, 
quoi    que    j'en    aie,    je    voterai    pour    vous. 

M.  IJiipré.  —  J'exprime  le  vœu  qu'après  cet  échange  de  vues,  on 
aboutisse  à  une  conclusion  par  le  vote  d'un  ordre  du  jour.  De  tout 
ce  qui  a  été  dit,  il  parait  ressortir  que  les  collègues  présents  à 
la  réunion  sont  d'accord  avec  notre  représentant  au  Conseil  supé- 
rieur. J'approuve,  dans  ses  grandes  lignes  la  déclaration  de  M.  Ran- 
cès.  Je  laisse  à  sa  conscience  et  à  son  jugement  le  soin  de  résou- 
dre les  questions  de  détail.  Je  le  félicite  de  sa  campagne  en  fa- 
veur de  la  section  B  et  de  ses  efforts  pour  le  maintien  de  la 
seconde  langue.  Puisque  M.  Rancès  a  sollicité  des  suggestions 
auprès  de  ses  collègues,  je  crois  devoir  le  prier  d'insister  sur  un 
point  qui  mérite  d'être  mis  en  pleine  lumière  :  notre  enseigne- 
ment n'a  pas  fait  faillite.  Si,  au  cours  de  la  guerre,  il  y  a  du  dé- 
chet dans  les  résultats  rêvés' Ues  autres  disciplines  sont  logées  à 
la  même  enseigne  que  nous),  le  fait  est  la  conséquence  des  cir- 
constances ;  la  guerre  a  désorganisé  la  machine  universitaire.  Les 
professeurs  de  langues  vivantes  ont  eu,  plus  que  d'autres,  à  souf- 
frir de  l'afflux  extraordinaire  d'enfants  venus  de  tous  les  coins 
du  territoire  et  particulièrement  des  régions  envahies,  du  départ 
de  maîtres  expérimentés  et  surtout  de  l'état  des  mœurs  que  les 
événements  ont  singulièrement  aggravé  et  que  les  changements  de 
propramnies  ne  modifieront  i)as.  Le  public  semble  l'ignorer.  C'est 
là  un  point  que,  le  cas  échéant.  M.  Rancès  fera  l)ien  de  signaler 
à  qui  de  droit  pour  nous  défendre  contre  des  attaques  injustes  et 
imméritées. 

M.  le  président.  —  Je  suis  toujours  en  j)résencc  de  l'ordre  du 
jour  de  M.  Cart. 


BII.LKTIN  *DE   L'ASSOCIATION  455 

M.  l'eijraube.  —  Comme  représentant  de  Nancy,  je  demande 
qn'on  ne  s'engage  pas  sur  les  modalités.  (!ela  fera  un  effet  tout  à 
fait    pénible   à   Nancy. 

.1/.  Varenne.  —  Nous  avons  voté,  dans  la  dernière  assemblée,  un 
voeu    qui    donnait   satisfaction    à   tout    le   jnonde. 

M.  Desclos.  —  Je  demande  qu'on  reprenne  le  vœu  de  la  der- 
nière assemblée.  Nous  pouvons  tous  le  reprendre  de  confiance,  il 
disait  exactement  ce  que  nous  venons  de  dire  aujourd'hui.  Il  a 
léuni  l'unanimité  à  la  dernière  réunion  et  je  suis  persuadé  qu'il 
réunirait  l'unanimité  aujourd'hui.  Nous  pouvons  dire  simplement 
que  l'assemblée  renouvelle  le  vœu  déjà  émis  à  la  dernière  réunion, 
et    faire   confiance   au  bureau   pour   le   rédiger. 

M.  le  président.  —  Nous   n'aurons  qu'à   le  reprendre. 

M.  Rancès.  —  Je  voudrais  beaucoup  qu'il  soit  émis  ici  un  vote 
unanime  sur  cette  grave  question  des  humanités  modernes,  sans 
autres   accessoires. 

Je  suis  d'accord  avec  MM.  Varenne  et  Godart  pour  penser  qu'il 
y  a  d'autres  humanités  modernes  que  celles  sans  latin,  par  exem- 
ple, celles  que  nous  donnons  dans  la  section  B.  Mais  si  vous  me 
laissez  le  terme  ••  humanités  modernes  •>,  sans  plus,  j'aurais  plus 
de   liberté   d'action   devant   le   Conseil    supérieur. 

M.    le   président.   —   Voici    alors    une   jiouvelle    rédaction  : 

"  Les  professeurs  de  langues  vivantes,  réunis  en  assemblée 
extraordinaire,  approuvent  le  projet  de  réponse  de  leur  représen- 
tant au  Conseil  supérieur  et  renouvellent  le  vœu,  déjà  émis  dans 
une  séance  précédente,  qu'un  enseignement  d'humanités  modernes 
soit  maintenu  à  côté  d'un  enseignement  d'humanités  classiques, 
avec    sanctions   égales.   » 

M.  Varenne.  —  Puisque  nous  sommes  du  même  avis  que  notre 
représentant,  approuvons  nettement  ses  déclarations,  et  c'est   tout. 

M.  Servajean.  —  Je  demande  un  ordre  du  jour  motivé  pour  pou- 
voir   renseigner    nos    collègues    de    province. 

Un   assistant.  —  Je  demande  la  division. 

M.  le  président.  —  La  division  ayant  été  demandée,  je  mets 
aux   voix   la   première  partie,   qui   est   ainsi  conçue  : 

«•  Les  professeurs  de  langues  vivantes,  réunis  en  assemblée 
extraordinaire,  approuvent  le  projet  de  réponse  de  leur  représenf- 
tant  au  Conseil   supérieur...   » 

(Cette    première   partie    est    adoptée    à    l'unanimité». 

3/.   le   président.  —  Voici   quelle    serait   la    seconde   partie  : 

"  ...et  demandent  le  maintien  d'un  enseignement  d'humanités 
modernes,  à  côté  de  l'enseignement  d'humanités  classiques,  et 
aboutissant   à  des    sanctions   égales.    » 

Je    mets    aux   voix   la    seconde    partie  : 

La  deuxième  partie  de  l'ordre  du  jour  est  adoptée. 

M.  Rancès.  —  Je  demande  qu'il  y  ait  unanimité  sur  l'ensemble. 

M.  le  président.  —  Je  mets  aux  voix  l'ensemble  de  l'ordre  du 
jour    sous    sa   forme   définitive: 

"  Les  professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'Enseignement  public, 
réunis  en  Assemblée  générale  au  Lycée  St-Louis,  le  6  octobre  1921, 
approuvent  le  projet  de  réponse  au  Questionnaire  ministériel 
rédigé  par  leur  représentant  au  Conseil  supérieur  de  l'Instruction 
publique   et   renouvellent  le   vœu   déjà   émis   dans  une   séance   pré- 


456  LES   LANGUES    MODERNES 

cédente  qu'un  enseignement  d'Humanités  modernes  soit  maintenu, 
dans  les  établissements  d'enseignement  secondaire,  à  côté  de 
TEnseignement  d'Humanités  Classiques  et  que  les  deux  enseigne- 
ments aboutissent  à  des  sanctions  de  valeur  égale.    » 

L'ensemble   est    adopté   à   l'unanimité. 

La  séance  est  levée  à  18  heures. 


Réunion  du  Comité 


Le  Comité  s'est  réuni  le  13  novembre  à  10  h.  1/4  au  lycée  St-Loiiis, 
sous  la  présidence  de  M.  Yeillet-Lauallée. 

Assistaient  à  la  réunion  :  Mlles  Boussinesq,  Brunel,  Ledoux. 
MM.  Beley,  Chemin,  Goetschy,  Pinloche,  Rancès,  Servajean. 

Excusés  :  Mlle  Latappy,  MM.  Bec,  Bloch,  Coiquaud,  Montaubric. 

1.  Banquet  annuel.  —  3/.  Yeillet-Lavallée  propose  de  reprendre 
les  traditions  d'avant-guerre  et  de  rétablir  le  banquet  annuel.  Le 
rétablissement  du  banquet  est  voté  à  l'unanimité  :  il  aura  lieu  le 
jeudi  22  décembre  à  7  h.  après  la  réunion  de  l'Assemblée  Générale. 

Le  Secrétaire  Général  et  la  Trésorière,  conformément  à  la  tradi- 
tion, sont  chargés  de  l'organisation  de  ce  banquet  ;  M.  Beley  leur 
est  adjoint  comme  membre  de  la  Commission.  Dès  que  le  lieu  du 
banquet  et  que  le  prix  de  la  cotisation  auront  été  fixés,  M.  Servajean 
enverra  une  circulaire  aux  membres  de  la  région  parisienne  et  aux 
différentes  Régionales.  Le  Comité  prie  le  bureau  de  faire  une  dé- 
marche auprès  de  M.  Bellin,  Directeur  de  TEnscignement  secon- 
daire, pour  le  prier  de  bien  vouloir  accepter  la  Présidence  de  ce 
banquet.  L'ne  invitation  sera  aussi  adressée  au  Président  de  la 
I    Modem  Language  Association    ". 

Mlle  Ledoux  demande  de  prier  non  seulement  nos  collègues  fémi- 
nins, mais  les  dames  de  nos  collègues  membres  de  l'Association  de 
bien  vouloir  assister  à  ce  banquet. 

2.  Cotisation.  —  Le  Comité  renouvelle  la  proposition  (déjà  faite  à 
la  réunion  du  22  mai)  de  porter  la  cotisation  annuelle  de  10  à  12  fr. 

M.  Servajean  déclare  qu'il  a  reçu  de  diverses  Régionales  et  de 
nombreux  membres  de  l'Association  des  réponses  favorables  au 
relèvement. 

La  cotisation  pour  l'étranger  serait  portée  de  14  à   16  fr. 

3.  Subvention  Brunot.  —  Sur  la  proposition  de  M.  Servajean,  une 
subvention  de  100  fr.  est  accordée  au  Comité  de  propagande  que 
préside  M.  Brunot. 

4.  Bulletin.  —  On  procède  à  un  échange  de  vues  sur  la  forme 
à  donner  au  Bulletin,  et  sur  son  mode  de  périodicité  ;  la  question 
sera  de  nouveau  examinée  à  r.\ssembléc  Générale  du  22  décembre. 

5.  Ordre  du  .Jour  de  l'Assemblée  Générale  du  22  décembre.  —  Il 
est  ainsi  fixé  : 

.\ll()cution  du   Président. 
Hajiport  du   Secrétaire  Général. 


BULLETIN    DE   l'aSSOC[ATION  -J.')? 

Rapport   (le   l;i   Tri-sorière. 

Projet  de  Inidgct   pour  1922. 

Questions  diverses  (iiotaniment  la  question  de  la  rét'oiine  de 
renseignement,   du    bulletin,  du   relèvement   de   la  cotisation». 

().  Les  noaiH'lles  éprennes  du  bdccalduréitl.  —  M.  Goetschy  de- 
mande à  ce  qu'elles  lassent  l'objet  d'une  réunion  pédagogitiuc  pen- 
dant le  l"'   trimestre  de  l'année  1922.  Il  en  est  ainsi  déeidé. 

7.  A  1)11  renient  (les  (^amples.  —  Sur  la  proijosition  de  Mlle  I.edou.r, 
MM.  Beley  et  Chemin  sont  désignés  comme  censeurs  pour  Tapure- 
ment  des  comptes. 

M.  Rancès,  pendant  la  2"  partie  de  la  séance,  communique  au 
("omité  les  renseignements  (ju'il  a  recueillis  .sur  Itt  eansulldlion  du 
Conseil  Sufx'rieur. 

M.  littneès  les  a  résumés  dans  une  note  que  l'on  trouvera  plus  loin 
«ians  le  liuUetin. 

La  séance  est  levée  à  12  h.  15. 


SecHon  Régionale  de  Bordeaux 


La  Section  Régionale  de  Bordcau.x  s'est  réunie  en  .assemblée 
générale  le  jeudi  27  octobre  1921,  sous  la  présidence  de  M.  Dresch, 
Doyen  de  la  Faculté  des  Lettres.  Assistaient  également  à  la  réu- 
nion :  M.  le  Proviseur  Chemin,  et  M.  Peijrot,  membre  du  (Conseil 
Supérieur   de    l'Instruction    Publique. 

Enseignement  Primaire  Supérieur.  —  Au  début  de  la  séance, 
M.  Corel,  professeur  d'anglais  à  l'E.  P.  S.  de  garçons  de  Bordeau.\, 
l)résente    les   vœux   suivants,   qui    sont   votés    sans   objection  : 

1"  (jue  l'épreuve  de  langue  vivante  soit  rétablie  à  l'examen  oral 
tlu  Brevet  d'Enseignement  primaire  supérieur  pour  les  candidats 
de   la   Section  Générale. 

2"  Que  l'épreuve  de  langue  vivante  redevienne  obligatoire  au 
concours  d'admission  dans  les  Ecoles  d'Arts  et  Métiers. 

3"  Que  l'enseignement  d'une  langue  vivante  soit  obligatoire 
dans  les   Sections  normales   des   Ecoles  Primaires   Supérieures. 

1"  Que,  ainsi  que  l'a  décidé  le  Conseil  Supérieur  de  l'Instruc- 
tion Publique  dans  sa  Session  d'été  en  1920,  les  heures  supplé- 
mentaires d'enseignement  d'une  langue  vivante  soient  payées  des 
maintenant  au  personnel  des  E.  P.  S.  d'après  le  tarif  en  usage 
pour   les  enseignements   dits    "   généraux   ». 

Réduction  des  horaires.  —  M.  Talbot  amorce  une  discussion  sur 
la  réduction  des  horaires  dans  les  lycées.  Depuis  la  guerre,  les 
classes  de  5''  et  de  6'^  du  lycée  de  Périgueux  n'ont  jamais  eu  leur 
horaire  complet,  bien  que  l'effectif  de  ces  classes  soit  suffisant.  Le 
cas  de  Périgueux  n'est  pas  unique,  et  l'on  voudrait  voir  cesser  de 
semblables  réductions,  le  plus  souvent  injustifiées  et  accomplies 
au  hasard  ;  que  l'on  géminé  les  classes,  s'il  est  nécessaire,  mais 
que  l'on  ne   diminue  pas  le  nombre  d'heures. 


458  LES   LANGUES    MODERNES 

M.  Rochelle  remarque  que.  sur  cette  question,  un  vœu  a  été  pré- 
senté au  Comité  de  Paris  au  nom  de  la  Régionale  de  Poitiers. 
Après  lecture,  ce  vœu  est  voté  par  l'assemblée.  Rappelons-en  les 
termes  : 

(1  Que  les  programmes  adoptés  pour  l'enseignement  secondaire 
soient  intégralement  observés  dans  tous  les  établissements  ;  que 
les  réductions  arbitraires  d'horaires  ou  les  géminations  de  classes 
n'ayant  pas  le  même  programme  soient  absolument  interdites  : 
que  les  dédoublements  soient  toujours  effectués  dans  les  classes 
dépassant  l'effectif  prévu  par  ces  programmes.  »  (Langues  Moder- 
nes, août  1921,   p.   312). 

On  passe  ensuite  à  l'examen  des  réductions  officiellement  ordon- 
nées depuis  cette  année. 

M.  Peyrot  explique  comment,  au  Conseil  Supérieur,  la  cause  des 
Langues  Vivantes  fut  compromise  par  suite  du  petit  nombre  de 
ses   représentants,  —  deux  voix   seulement. 

Certes,  dit  M.  Dresch,  il  y  a  à  l'heure  actuelle  une  protestation 
générale  ;  les  programmes  sont  trop  chargés,  leur  allégement  s'im- 
pose. Mais,  s'il  faut  que  chaque  branche  fasse  des  sacrifices,  il 
faut  aussi  que  ces  sacrifices  soient  proportionnels.  Nous  deman- 
dons que  nos  horaires  soient  sacrifiés  dans  la  mesure  où  les  au- 
tres  le   seront. 

M.  Genevois  ajoute  que  nul  enseignement  ne  souffrira  plus  que 
le  nôtre  des  réductions  d'heures  ;  car  c'est  en  classe  que  nos  élèves 
apprennent  surtout,  alors  que  pour  d'autres  matières,  le  travail  fait 
à  la  maison  importe  davantage.  Plus  que  tout  autre,  le  professeur 
de   langues   vivantes   doit   donc   rester   en   contact   avec   ses   élèves. 

On  est  frappé,  d'ailleurs,  du  manque  de  logique  des  réductions 
opérées.  L'incohérence  est  particulièrement  flagrante  en  Troisième 
et  en  Mathématiques.  Les  élèves  de  Troisième  A  sans  grec,  dont 
beaucoup  sont  de  futurs  candidats  au  baccalauréat  C.  ont  conservé 
leurs  quatre  heures,  tandis  que  les  élèves  de  Troisième  B  qui 
auront  tous  une  épreuve  écrite  de  langue  vivante  à  l'examen,  n'ont 
plus  que  trois  heures  au  lieu  de  cinq.  En  Mathématiques,  une 
tlemi-heure  est  enlevée,  alors  que  l'horaire  de  Philosophie  reste 
intact.  Chacun  sait  pourtant  qu'un  grand  nombre  d'élèves  de  Ma- 
thématiques se  destinent  aux  Grandes  Ecoles  du  Gouvernement, 
dont  les  concours  d'entrée  comportent  à  l'écrit  des  épreuves  obli- 
gatoires  et   sévères. 

En  somme,  conclut  M.  Dresch,  quel  parti  convient-il  de  pren- 
dre ?  Devons-nous  nous  montrer  intransigeants  '?  Non.  A'orjs 
accepterons  les  réductions  nécessaires  ;  mais  nous  demanderons 
qu'elles  soient  justes  ;  et  nous  signalerons,  comme  corollaire,  le 
caprice  des  mesures  qui  lèsent  notre  enseignement  et  pas  d'autres. 

L'attitude  ainsi  définie  par  .M.  Dresch  est  mise  à  l'ordre  du  jour 
et   adoptée   à  l'unanimité. 

Bourses  de  séjour.  —  La  question  se  pose  de  savoir  s'il  convient, 
à  l'exemple  d'autres  Régionales  et  notamment  de  celle  de  Cler- 
mont-Ferrand,  d'organiser  des  bourses  de  séjour  à  l'étranger. 
Diverses  raisons  rendent  rentrcprisc  particulièrement  difficile  à 
Bordeaux.  Cependant  la  question  mérite  d'être  retenue  ;  elle  sera 
mise  à  l'étude  par  le  Comité  ((ui  est  actuellement  en  voie  de  for- 
mation. 


BULLKTIN    DK    L'ASSOCIATION  4Ô9 

Comité  d'action.  —  La  création  de  ce  (lomité  fait  maintenant 
l'objet  du  débat.  La  Rét^ionalc  reconnaît  que  la  difficulté  de 
s'assembler  est  un  grave  oJjstacle  à  toute  action  prompte  et  efïi- 
cace.  Il  importe  de  former  un  petit  groupe  de  représentants  pou- 
vant se  réunir  et  se  consulter  régulièrement  ;  qui,  dans  la  période 
critique  que  nous  allons  traverser,  se  tiennent  au  courant  des 
<|uestions  d'intérêt  immédiat  ;  et  qui,  tout  en  demeurant  en  con- 
tact étroit  avec  leurs  collègues  de  Bordeaux  et  de  la  région,  puis- 
sent faire  œuvre  de  propagande  au  dehors.  On  choisira  de  préfé- 
rence les  professeurs  connaissant  la  ville  et  ayant  des  relations 
dans  les  milieux  influents.  L'absence  de  certains  membres  empê- 
che de  donner  à  ce  (>omité  une  forme  défIniti^■e  ;  mais  le  Bureau 
veillera   à  ce  qu'il   fonctionne   le  plus   tôt   possible. 

Questions  diverses.  —  En  fin  de  séance,  la  Régionale  de  Bor- 
deaux accepte  le  relèvement  de  la  cotisation  demandée  par  le 
Comité  de  Paris.  En  outre,  sur  la  proposition  de  M.  Riooallan,  son 
trésorier,  elle  vote  un  don  de  cinquante  francs,  destiné  à  être  en- 
voyé à  Paris,  en  réponse  à  Fappel  du  Président  de  l'Association 
«en  août  dernier. 

Le  Secrétaire, 
R.   Martin. 


Section  Régionale  de  Nancy 


Asseni)blée  géoéraie  du  27  octobre  1921 

au  Lycée  H.  Puincaré,  sous  la  présidence  de  M.  Reyher 

Etaient  présents  :  M.  Bailly,  Mme  Bianconi,  MM.  Bouchez,  Cha- 
iiiou.x,  Davoine,  Mlles  Dosmond.  Foin,  MM.  Guilliu,  Hesse,  Mme 
Hirsch,  M.  Kremer,  Mlle  Lenoir,  Mme  Leroy,  MM.  Maresquelle,  Mar- 
tin, Mossé,  Hoellinger,  Mlle  Petitcolas,  MM.  Petit,  Peyraube,  Rérat, 
Reyher,   Vallod,   Vulliod,   Mlle   Taboureau. 

Excusés  :  MM.  Coulet,  Duthil,  Leclère,  Mlles  Gandoin,  Simon. 

M.  Reyher  exprime  à  M.  Gobert  nos  félicitations  et  nos  regrets 
de  le  voir  nous  quitter  pour  le  Lycée  de  Charleville.  11  le  remercie 
pour  l'énergie  avec  laquelle  il  a  défendu  notre  cause  et  contribué' 
-à  éclairer  l'opinion  lorraine,  notamment  par  une  série  fort  inté- 
ressante de  quatre  articles,  parus  dans  1'  Avenir  Républicain  » 
de  Mirecourt  en  août  dernier.  Il  félicite  également  Mile  Dosmond 
pour  sa  nomination  au  Lycée  de  Lyon  et  dit  combien  son  ensei- 
gnement sera  regretté  au  Lycée  Jeanne  d'Arc. 

L'ordre  du  jour  appelle  l'élection  du  bureau  et  du  comité.  Leurs 
pouvoirs  sont  renouvelés  pour  un  an  à  mains  levées  et  à  l'unani- 
mité. 

La  parole  est  à  M.  Maresquelle  pour  rendre  compte  de  l'activité 
<lu  Comité  des  bourses  de  vacances. 


4G0 


LES   LANGUES    MODERNES 


Les  sommes  suivantes  ont  été  recueillies  : 

Municipalité    de    XancA'    600  t  r. 

Ass.  des  anc.  élèves  du  Lycée  de  Nancy - 500  > 

—  —                 Jeanne    d'Arc    400  > 

—  de  l'Ecole  prim.   sup.  g 500  - 

—  de  l'Ecole  prim.  sup.  ,j.  f 100  » 

Banque  Renauld    300  '■ 

Société   Nancéienne    500  ■> 

Société    Industrielle    de    l'Est    300 

Société  de  Pont-à-Mousson  (Cavalier,  Marcel  Paul  et  Cie)  500 

Société  Solvay  et  Cie    500 

Brasserie   de   Maxéville    100  ■■ 

Don  personnel  de  M.  Dillon,  dir.  de  la  Brass 100  ■ 

Brasserie    de    Champigneulles     500 

Crédit  Lyonnais  (Agence  de  Nancy i    100  > 

Comptoir   national    d'Escompte    50  » 

Don  personnel  de  M.  Matray,  dir.  Banque  de  France   ...  50  » 

Total    5.100  -.. 

Le  2  juillet,  le  montant  des  sommes  souscrites  étant  alors-  de 
4.000  fr.,  le  Comité  a  fixé  une  répartition  provisoire  de  principe 
entre  les  différents  établissements  de  Nancy. 

Lycée  de  garçons   1 .  800  f  r. 

Lycée  de  jeunes  filles   800    > 

Ecole  prim.   sup.   de   garçons    (iOO     • 

—  jeunes    filles     800     •■ 

Le  nombre  des  candidats  ayant  toujours  été  supérieur  à  celui 
des  bourses  que  nos  disponibilités  devaient  nous  permettre  d'ac- 
corder, il  a  été  décidé  que,  dans  chaque  établissement,  les  profes- 
seurs établiraient  la  liste  par  ordre  de  mérite  des  candidats,  les 
bourses  devant  être  attribuées  automatiquement  aux  premiers  et 
en  cas  de  désistement  au  candidat  suivant. 

Parmi  les  dons  énumérés  ci-dessus,  ceu.x  des  Associations  d'an- 
ciens élèves  de  l'Ecole  primaire  supérieure  de  garçons,  d'anciennes 
élèves  du  Lycée  Jeanne  d'Arc  et  de  l'Ecole  primaire  supérieure  de 
jeunes  filles  ont  été  alïectés  par  les  associations  donatrices  aux 
boursiers  de  ces  établissements.  De  plus,  la  Chambre  de  Commerce 
de  Nancy  a  donné  50  francs  pour  les  élèves  de  l'Ecole  primaire 
supérieure  de  garçons. 
■^    Les  bourses  ont   été  attribuées  : 

pour  l'Allemagne,  à  MM.  Bal)in,  Desmarets  et  Mathelin  du  Lycée 
de  garçons,  à  MM.  Boiirion,  Collignon,  Dcbover  et  Langlois,  de 
l'Ecole   primaire   supérieure,  à   Mlle   Sérot   de  l'Ecole  prim.   sup.   de 

j.  f.  ; 

pour  l'Angleterre,  à  M.  .Mourol  du  Lycée  de  garçons,  à  Mlles  \'ul- 
liod  du  Lycée  de  jeunes  fille?;  et  Brunschwig  de  l'Ecole  prim.  sup. 
de  j.  f. 

Les  bourses  ont  été  en  moyenne  de  300  fr.  pour  l'Allemagne  et  de 
800  fr.  pour  l'Angleterre,  avec  de  légères  différences  suivant  l'im- 
j)ortance  du  voyage  et  la  situation  des  familles. 


BULLETIN  I)i:  l'assocja'iion  461 

Tous  nos  l'ièvcs  sont  revenus  enchantés  de  leur  séjour,  comme 
en  font  loi  les  rapports  qu'ils  nous  ont  ponctuellement  remis.  Tous 
expriment  le  rej^ret  de  ne  pas  j^voir  pu  pr(jlont;er  leur  séjour  au 
delà  de  t)  semaines.  Il  n'y  a  eu  ni  accidents,  ni  maladie,  ni  incident 
d'aucune  sorte.  Bref  le  succès  de  notre  tentative  a  été  complet. 

L'assemblée  est  d'avis  que  l'expérience  si  bien  commencée  doit 
être  renouvelée.  Le  premier  soin  du  comité  devra  être  de  remercier 
individuellement  les  donateurs  en  leur  rendant  compte  du  succès 
de  notre  tentative,  puis  de  faire  paraître  un  compte  rendu  som- 
maire dans  la  presse. 

On  suggère  la  création,  parallèlement  au  (lomité  des  bourses, 
d'une  Commission  pour  l'échange  des  enfants  entre  parents  fran- 
çais et  étrangers.  Mlle  Taboureau,  MM.  Duthil  et  Krcmer  sont 
désignés  comme  membres  de  cette  (^ommissidii. 

M.  Pt'urdube  a  la  parole  pour  rendre  compte  de  l'.Xssemblée 
générale  de  l'Association  du  6  octobre,  à  laquelle  il  a  assisté  comme 
délégué  de  la  Sectio)i  régionale  de  Nancy.  Le  compte  rendu  officiel 
en  jiaraitra   d'ailleurs  dans  les  Ldiigues  Modernes. 

M.  Reyber  résume  ensuite  l'activité  de  notre  Régionale  pendant 
ces  derniers  mois.  Dans  deux  lettres  du  11  juillet  et  du  22  août, 
M.  Veillet-Lavalléc  attirait  notre  attention  sur  l'intérêt  qu'il  3'  au- 
rait à  obtenir  du  Conseil  municipal,  de  la  (Chambre  de  Commerce, 
etc.,  des  vieux,  d'ailleurs  fort  modérés,  demandant  <iue  l'enseigne- 
ment des  langues  vivantes  ne  subisse  aucune  diminution.  M.  Reyher 
a  pressenti  d'abord  deux  membres  influents  du  (-onseil  municipal. 
Ils  lui  ont  objecté  que  le  Conseil  municipal  ne  pouvait  pas  être 
directement  saisi,  mais  seulement  lorsfjue,  atteint  pftr  des  vœux 
des  grandes  associations  nancéiennes,  il  pourrait  agir  comme  repré- 
sentant des  intérêts  de  certaines  catégories  de  ses  administrés. 
M.  Reyher  s'est  alors  adressé  à  M.  Brun,  directeur  de  la  puissante 
<■  Société  industrielle  de  l'Est  ».  M.  Brun,  très  bien  disposé  en 
notre  faveur,  a  promis  de  saisir  son  Comité.  Nous  avons  appris  que 
sa  proposition  avait  souIe\é  une  violente  opposition.  Au  cours  de 
ses  démarches,  M.  Reyher  a  été  péniblement  impressionné  par 
l'ignorance  profonde  où  se  trouve  le  public  des  méthodes  et  de  la 
valeur  de  notre  enseignement.  On  s'en  rapporte  à  des  souvenirs 
d'enfance,  bien  antérieurs  à  la  réforme  de  1902  ;  on  voudrait  que 
les  langues  \ivantes  fussent  mieux  enseignées.  Nous  nous  heurtons 
à  moins  d'hostilité  que  d'ignorance,  une  ignorance   inouïe. 

D'autres  membres  du  Comité  ont  également  fait  leur  possible 
pour  défendre  notre  enseignement.  Nous  avons  fait  circuler  des 
listes  d'adhésion  à  la  Protestation  de  M.  Brunot.  Nous  avons  obtenu 
un  article  du  directeur  de  •■  l'Etoile  de  l'Est  »  de  Nancy.  M.  Gobert 
a  fait  paraître  les  articles  déjà  mentionziés.  Une  démarche  auprès 
d'un  publiciste  local  influent  est,  malgré  des  promesses,  restée  sans 
résultats.  Accueil  très  réservé  à  la  Chambre  de  Commerce,  où  l'on 
voudrait  que  notre  vœu  soit  d'abord  approuvé  par  les  autorités 
académiques  de  Nancy. 

Le  Bureau  et  le  Comité  feront  leur  possiljle  pour  étudier  et  met- 
tre à  exécution  ce  qui  pourrait  être  encore  fait  dans  le  même  sens. 
Le  secrétaire,   ,  Le  président, 

J.   Pevralbe.  Paul   Reyher. 


462  LES   LANGUES    MODERNES 

Section  Régionale  de  Poitiers 


La  Section  Régionale  de  Poitiers  s'est  réunie  le  11  juillet  à  8  h.  45 
du  soir,  sous  la  présidence  de  M.  Castelain.  Etaient  présents  : 
:\Ime  Audoin,  Mlles  Chaigneau  et  Piveteau,  MM.  Angelloz,  Audoin, 
Crayssac,  Gédéon,  Genévrier,  Guy,  Moulinier,  Rolet,  Ruyssen,  Sau- 
vage, Thomas. 

Après  avoir  entendu  la  lecture  d'une  lettre  de  M.  Hirtz,  relative 
aux  réformes  projetées  par  le  Ministère  de  l'Instruction  Publique, 
et  à  leurs  répercussions  possibles  sur  l'enseignement  des  Langues 
Vivantes,  l'assemblée  passe  à  l'examen  des  questions  à  l'ordre  du 
jour  :  1°  Rétablissement  des  Concours  Généraux  ;  2°  Réforme  de 
l'enseignement. 

Touchant  la  première  de  ces  deux  questions,  la  Régionale  s'étonne 
que  les  Concours  Généraux  aient  été  rétablis  pour  toutes  les  ma- 
■  tières  d'enseignement,  à  l'exception  des  seules  Langues  Vivantes. 
Il  ne  s'agit  pas,  pour  le  moment,  de  se  prononcer  sur  l'opportunité 
du  rétablissement  desdits  concours,  mais  de  savoir  si,  ces  concours 
étant  rétablis,  nous  avons  intérêt  à  ce  que,  seul,  notre  enseignement 
en  soit  exclu.  La  question  ainsi  posée,  ne  semble  admettre  qu'une 
seule  réponse.  C'est  pourquoi  la  Régionale  décide,  avant  de  la  re- 
mettre à  l'étude,  de  procéder  à  un  complément  d'enquête,  en  vue 
de  connaître  avec  précision  les  motifs  qui  ont  pu  déterminer  nos 
représentants  à  accepter  une  situation,  qui  semble  si  contraire  aux 
véritables  intérêts,  tant  moraux  que  matériels,  de  notre  enseigne- 
ment. 

M.  Castelain  donne  ensuite  lecture  d'un  questionnaire  adressé 
par  le  Ministère  de  l'Instruction  Publique  aux  membres  du  Conseil 
Supérieur.  Ce  document,  dont  nos  journaux  corporatifs  et  les  diffé- 
rents organes  de  la  presse  quotidienne  ont  publié  le  texte,  esquisse 
dans  ses  grandes  lignes  —  et  sous  une  forme  qui,  il  faut  bien  le 
dire,  paraît  trop  souvent  tendancieuse,  —  un  projet  de  réforme  de 
l'Enseignement  Secondaire.  La  Régionale,  déjà  consultée  à  ce 
sujet,  a  indiqué  précédemment  (Cf.  Bulletin  du  15  avril  1921, 
p.  164)  dans  quel  esprit  et  suivant  quels  principes  il  lui  semblait 
désirable  que  fût  conduite  la  réforme  projetée.  Rappelons  seule- 
ment les  décisions  adoptées  à  l'unanimité  i)ar  la  réunion  du  10  fé- 
vrier 1921  :  1°  Institution  d'un  premier  cycle  unique,  —  prévu  éga- 
lement par  le  projet  ministériel,  — -  comportant  obligatoirement  : 
"français,  latin,  une  langue  vivante,  histoire,  géographie,  sciences,  et, 
pendant  les  deux  dernières  années,  un  enseignement  élémentaire 
du  grec.  —  2<*  A  l'issue  de  la  Seconde,  deux  sections  au  choix  : 
a)  une  section  littéraire  (français,  latin,  grec,  philosophie,  histoire, 
géographie,  une  langue  vivante,  sciences)  ;  />)  une  section  scientifi- 
que (français,  sciences,  histoire,  géographie,  philosophie,  et  deux 
langues  a  ivantes).  Dans  notre  |)ensée,  chacune  de  ces  deux  sections 
devait  conduire  à  la  deuxième  partie  d'un  Haccalauréat,  dont  la 
])remière  i)artie  pouvait  se  placer  à  la  sortie  de  la  Seconde  ;  —  exa- 
men plus  littéraire  d'une  part,  plus  scientifique  de  l'autre,  mais 
évitant,   dans   l'un    et    l'autre  cas,   toute   spécialisation    exclusive   et 


BULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  463 

prématurée,  tout  en  assurant  les  |)lus  solides  garanties  de  culture 
générale.  Pour  l'un  comme  pour  l'autre  examen,  la  Régionale  de 
Poitiers  demandait  rinatitiilion  d'une  épreuve  écrite  de  Lumjues 
Vivantes.  Si  ces  dernières  sont  nécessaires  au  futur  ingénieur  ou 
industriel,  on  ne  voit  pas  comment  elles  pourraient  l'être  moins  à 
l'historien,  au  juriste,  au  philosophe,  à  l'économiste,  à  tous  ceux 
(jui  auront  |)our  tâche  d'étudier  les  diverses  manifestations  de  la 
pensée  et  de  l'activité  modernes.  Le  projet  ministériel,  en  sacrifiant 
imprudemment  les  Langues  \'ivantes  ne  nous  semble  pas  seulement 
ignorer  les  nécessités  les  plus  vitales  de  la  société  contemporaine, 
il  nous  semble  encore  restreindre  dangereusement  le  sens  et  la 
portée  de  ces  humanités,  que  nous  a\ons  toujours  désirées  plus 
larges,  et,  pour  tout  dire,  plus  humaines. 

C'est  pourquoi  la  Régionale,  en  même  temps  qu'elle  proteste 
contre  la  suppression  de  la  seconde  langue,  s'élève  avec  énergie 
contre  toute  mesure  tendant  à  restaurer,  sous  une  form»  à  peine 
renouvelée,  un  enseignement  soi-disant  moderne,  ou  d'humanités 
restreintes,  n'ayant  pour  sanction  qu'un  diplôme  de  moindre  valeur, 
(^et  enseignement  inférieur  où,  sans  doute,  se  trouveraient  relé- 
guées les  langues  vivantes,  ne  tarderait  pas  à  devenir  le  réceptacle 
des  éléments  les  plus  médiocres  de  nos  lycées,  et  il  est  inutile  de 
souligner  les  inconvénients  qui  en  résulteraient  pour  notre  disci- 
pline. 

La  Régionale  de  Poitiers  proteste  pareillement  contre  l'institu- 
tion de  cours  de  Langues  facultatifs  :  il  y  a  peu  d'exemples  d'un 
enseignement  qui,  devenu  facultatif,  n'ait  été  par  là-méme  frappé 
de  stérilité.  Les  professeurs  de  Langues  Vivantes  ne  sauraient,  à 
notre  avis,  adopter  sur  ce  point  les  vues  du  Ministre,  sans  préparer 
leur  propre  déchéance. 

Sous  réserve  des  modifications  de  détail  qui  pourraient  y  être 
apportées,  le  projet  de  réforme  esquissé  par  notre  Régionale  sem- 
ble être  de  nature  à  sauvegarder  les  intérêts  —  solidaires  à  nos 
3'eux  —  de  la  culture  moderne  et  ceux  de  la  culture  classique  que 
nous  avons  toujours  invariablement  défendus. 

La  prochaine  réunion  aura  lieu  au  début  d'octobre.  La  date  et 
l'ordre  du  jour  en  seront  fixés  ultérieurement. 

Le  Secrétaire,  Le  Président, 

Félix   Sauvage.  M.   Castelain. 


Au  sujet  du  Congrès  International  de  1909 


Le  8  juillet  s'est  tenue  au  Café  Voltaire  une  réunion  à  laquelle 
avaient  été  convoqués  M.  Rancès,  ex-président,  M.  Delobel,  ex-secré- 
taire général  du  Congrès  International  de  1909,  M.  V^eillet-Lavallée, 
Président,  M.  Servajean,  Secrétaire  général,  Mlle  Ledoux,  Tréso- 
rière  de  l'Association  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes  de  l'En- 
seignement public. 

32. 


464 


LES   LANGUES    MODERNES 


Au  cours  de  cette  réunion,  M.  Henri  Dupré  a  rendu  compte  de  la 
façon  dont  il  a,  comme  Trésorier,  géié  les  finances  du  Congrès.  Il 
s'agissait,  en  vérité,  de  choses  anciennes,  mais  qui  n'ont  cessé  d'être 
pour  M.  Dupré  un  objet  d'occupation  et  même  de  préoccupation. 
Le  succès  moral  du  Congrès  de  1909  est  certain.  La  soirée  à  la  Sor- 
bonne,  la  représentation  de  •  Beethoven  ■>  à  l'Odéon,  l'excursion  à 
Chantillj',  le  banquet  à  l'Hôtel  Continental,  ponctuant  les  séances 
de  travail,  les  échanges  de  vues  sur  la  pédagogie  des  Langues  Vivan- 
tes, ont  laissé  à  tous  nos  hôtes.  Français  et  Etrangers,  une  impres- 
sion de  satisfaction  complète.  M.  Rancès,  M.  Delobel  et  M.  Dupré 
ont  reçu  d'éloquents  témoignages  de  cette  satisfaction,  soit  de  vive 
voix,  soit  par  écrit. 

Toutefois,  à  cause  de  la  modicité  de  la  cotisation  (6  francs»,  à 
cause  des  retards  apportés  dans  le  versement  des  subventions,  à 
cause  de  la  guerre  qui  a  interrompu  la  vente  du  Rapport  Général 
du  Congrès  et  annulé  les  promesses  d'achat  sur  lesquelles  nous 
comptions,  à  cause  de  bien  d'autres  circonstances,  la  balance  entre 
les  recettes  et  les  dépenses  a  été  très  longue  à  équilibrer.  Ce  n'est 
que  récemment  que  M.  H.  Dupré  a  été  en  mesure  d'établir  un  bilan 
favorable  aux  intérêts  de  notre  Association,  héritière  du  Congrès. 
Il  y  a  lieu  de  constater  qu'aucun  appel  de  fonds  n'a  été  adressé  à 
la  Caisse  de  l'Association  qui  pourtant  s'était  engagée  à  venir  en 
aide  à  la  Caisse  du  Congrès  dans  la  limite  de  1.500  francs. 

Tous  les  exemplaires  du  Rapport  général  seront  désormais  ven- 
dus au  profit  de  l'Association.  Le  Rapport  général  rédigé  par  M.  De- 
lobel avec  un  soin  scrupuleux  et  un  admirable  esprit  de  méthode 
renferme  une  foule  de  renseignements  qui  n'ont  en  aucune  façon 
perdu  de  leur  valeur  et  sont  de  nature  à  guider  les  jeunes  profes- 
seurs, novices  dans  la  science  pédagogique. 

Voici  l'état  des  recettes  et  des  dépenses  soumis  par  M.  H.  Dupré 
à  l'examen  de  ses  collègues  : 

Recettes 

I 

Subventions  accordées  par  le  Ministère  de  l'I.  P.  sous  la  forme 
d'une  souscription  au  Compte  rendu  général  du  Congrès  : 

A.  Aux  Lycées  de  garçons   2.160  fr. 

B.  Aux  Collèges  de  garçons   4.400    " 

C.  Aux  Lycées  et  Collèges  de  .1.  F 3.  720 

D.  Aux   Lycées  de   garçons    (iOO  ■ 

E.  Aux    bibliothèques    universitaires     300  " 

F.  Subvention  supplémentaire  versée  à  M.  Paulin  ....  140  " 
Ci.  Subvention  supplémentaire  versée  à  M.  H.  Dupré  .  .  600  » 
H.  Subvention  sui)plémentaire  versée  à  M'   Kahn  de  \'er- 

sailles    500  ■' 

1.   Subvention  accordée  par  le  Comité  Mascuraud   500  ■> 

.1.  Sul)vention  accordée  par  le  Conseil  municipal 100  « 

K.  Subvention  accordée  par  le   Syndicat  de  la   Lii)rairie  350  » 


13.370    .. 


BCLLETIX    DE    L'ASSOCIATION  465 

II 

iMilisatiolis     u. 5.625   17 

18.995   17 

ni 

Sdinnies  reçues   pour  le   Bunquet    1 .032    .. 

Vente  de  billets  pour  Chantilly    218    ■> 

2(t.245   17 
IV 
N'ente  d'excmphiircs  du  Rapport  général  par  l'intermé- 
diaire de  MM.  Paulin  et  Prieur  et  de  M.  Didier 2.879     • 

23.124   17 

Recettes     23. 124   17 

Dépenses     22.647   74' 

Différence     476  43 

Cette  somme  de  476  fr.  43  représente  les  frais  de  Trésorerie  de- 
puis le  !"■  octobre   1908  Justju'au   1"^  août   1920. 

Les  différents  articles  concernant  les  recettes  et  les  dépenses  sont 
représentés  par  des  pièces  numérotées  et  classées  avec  soin.  Ces 
pièces  correspondent  aux  renseignements  consignés  dans  le  registre 
des  Comptes  du  Congrès.  M.  H.  Dupré  les  a  fait  passer  sous  les 
yeu.x  de  ses  collègues  qui  ont  pleinement  approuvé  sa  gestion  finan- 
cière. M.  Rancès  l'a  chaudement  remercié  de  la  persévérance  avec 
laquelle  il  a  mené  à  bien  sa  lourde  tâche  de  Trésorier. 

Tous  les  documents  relatifs  au  Congrès  de  1909  ont  été  remis  à 
^Ille  Ledoux  le  18  juillet  1921.  Ils  sont  maintenant  dans  les  archi- 
ves de  l'Association. 

Une  somme  de  38  fr.  45  a  été  versée  entre  les  mains  de  notre 
Trésorière  le  13  juillet.  Cette  somme  provenant  de  la  vente  d'exem- 
jilaires  du  Rapport  général  au  cours  de  Tannée  1921  jusqu'au 
1"^  juillet  sera,  nous  l'espérons,  une  amorce  à  des  bénéfices  ulté- 
rieurs pour  notre  Association.  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  de 
signaler  à  nos  collègues  le  fait  que  le  nomljre  des  exemplaires  du 
Rapport  général  diminue  sensiblement. 

H.  S. 


RecHfi calions  à  l'Annuaire 


Le  Secrétaire  général  prie  ses  collègues  de  lui  signaler  les  er- 
reurs. 

Le  Bureau  de  la  Régionale  d'Aix-Marseille  est  constitué  de  la 
façon    suivante  : 

Président  :  M.  A.  Lévy-Sée,  professeur  de  littérature  allemande  à 
l'Université  de  Strasbourg,  détaché  à  l'Université 
d'Aix-Marseille. 


466  LES   LANGUES    MODERNES 

Secrétaire  général  :  M.  G.-E.  Broche,  professeur  agrégé  d'anglais  au 
Grand  Lycée  de   Marseille.    ,- 

Secrétaires  :  pour  les  lycées  et  collèges  de  garçons  :  M.  G.-E.  Bro- 
che. 

—  pour  les  lycées   et  collèges   de  jeunes   filles  :   Mlle  Be- 

LEY,  professeur  d'allemand  au  lycée  Montgrand,  Mar- 
seille. 

—  pour  les  écoles   normales   et   primaires   supérieures   de 

garçons  :  M.  Michel,  professeur  d'anglais  à  l'école 
Pierre-Puget,  Marseille. 

—  pour  les   écoles  normales  et  primaires   supérieures  de 

jeunes  filles  :  Mme  Paris,  professeur  d'italien  à 
l'école  Edgar-Quinet,  Marseille. 

Trésorière  :  Mlle  Coste,  professeur  d'italien  au  Lycée  Montgrand. 

Délégué  élu  de  l'Association  des  professeurs  de  Langues  Méridio- 
nales :  M.  P.  Paoli,  professeur  agrégé  d'italien  au 
Grand  Lycée,  Marseille. 

Adresses   modifiées  : 

Mlle   yerson,    prof.    Ecole   technique    municipale,    33,    rue    Cavenne, 

Lyon. 
M.  Fleur,  prof,  au  collège,  23,  rue  Thiers,  Vannes. 
Mme  Ancelet-Austache,  prof.  ail.  lycée  j.  f.,  St-Quentin,  60,  rue  S't- 

André-des-Arts,  Paris,  G"". 
M.  Anstett,  prof.  ail.  lycée  de  Mulhouse. 
M.  Baron,  prof.  angl.  lycée  d'Aurillac. 
M.  Barraud,  prof.  ail.  collège  de  St-Claude  (Jura). 
Mlle  Secourt,  prof.  angl.  lycée   Molière,   7,  rue  du   Ranelagh. 
Mlle   Bianquis,   prof.    ail.    lycée    Lamartine,    118,    avenue    d'Orléans,. 

Paris,  14'. 
M.  Collin,  prof,  à  J.-B.-Say,  Turgot,  Arago,  3,  rue  Tarbé,  Paris,  17'. 
M.    Constant,   prof.    ail.   Janson-de-Sailly,    11,   rue   Gustave-(^ourbet, 

Paris,  16^ 
M.  Dequaire,  prof.  angl.  Voltaire,  18,  chaussée  de  l'Etang,  St-Mandé, 

(Seine). 
M.  Despont,  57,  bd  Gambetta,  Cahors. 
M.    Duméril    (Edm.>,    prof,    lycée,    Villa-aux-Roses,    rue    du    Croisic, 

Nantes. 
M.  Fredric,  prof.  E.  P.  S.,  45,  rue  Edgar-Quinet,  Lorient  (Morbihan  . 
M.  Gobert,  prof,  lycée  Chanzy,  (^harleville  (.Ardennes). 
M.  Lécuijer,  prof,  coll.,  42,  rue  de  (Chartres,  Ghàteaudun. 
.^L   Proust',   prof,   lycée,   Bastia   (Corse). 

M.  Roudil,  prof.  ail.  BufTon,  116,  rue  de  la  Convention,  Paris. 
Mlle  Scott,  prof.  angl.  lyc.  Molière,  10,  rue  .Antoine-Roucher,  Paris, 

16'. 
M.  Touzain,  prof.  angl.  lycée  .Ampère,  1^5,  rue  Garibaldi,  Lyon. 
Mlle  Merle,  43,  route  de  Suippes,  (]hàlons-sur-Marne. 
]\llle   dallant,  prof.  E.  P.  S.,   1,  rue   Prée-d'.Allemagne,  Angers, 
^llle  Durand,  prof?  E.  P.  S'.,  10,  quai  du  .Midi,  Tournus  (S.-et-L.). 
Mlle  Bouriel,  prof.  E.  P.  S.,  St-Léonard  (Hte-Vicnne). 
M.  Coiquinid  (et  non  CoignaudK  directeur  E.  P.  S.,  Xérac. 
Mme  Daumois  (et  non  IMlle',  directrice  E.  P.  S',  de  Xontron. 


BULLETIN    DE    L'aSSOCL\  IION  407 

.Mlle  (iiiiliard.  prof.  E.  P.  S.  de  Lavaur. 

.Miss  HeiiuxtrKj,  prof.  E.  P.  S.,  1,  rue  Clonstaiitine.  Lyon. 

Mme  Huet.  prof.  E.   V.  S.  de  Tourcoing- 

.Mlle   J.ncrouze,   prof.  E.   P.  S.  de  Taleuce  (Gironde'    est    maintenant 

.Mme  Simonet,  même  adresse. 
.M.   Lemaziirier,    prof,  (et   non   inst.  ad.j.).    E.   P.   S.    de    Bourganeuf 

I  Creuse  I. 
M.  Mendez.  directeur  E.  P.  S',  à   I>orgucs  (Van. 
Mlle  Petit-Httyuenin,  prof.  E.  P.  S.  de  Bours^es. 

Mme  l'iijol  [à  (ijoiiter  :  prof.  E.   P.  S.).   135,  rue  Naujac.  Bordeaux. 
.M.  Rascoi  dir.  E.  P.  S.  d'.Albi. 
Mlle  Trinier,  prof.  E.  P.  S.  de  Melun. 
M.   Tuloiip,  prof.  E.  N.  de  Douai. 
M.   Vdilhindet,  prof.  E.  N.  dWvignon. 
Mlle  Villemot,  prof.  E.  P.  S.  de  j.  f.  du  Havre. 


Errata 


P,  312,  ligne  10  :  .Au  lieu  de  :  MM.  Gaston  Hirtz  et  .Monguillon, 
^ire  :   M.  Georges   Hirtz  et   Monguillon. 

P.  313,  ligne  4  :  Au  lieu  de  :  2"  que  les  professeurs  j)uissent,  etc., 
lire  :  que  les  professeurs  ne  puissent... 

P.  332,  ligne  4  :  .Au  lieu  de  :  Vice-président  :  .M.  Hirtz,  lire  :  Vice- 
président  :   .M.  Ruyssen. 


Adhésions  nouvelles 


Mme  Bertrand,  prof,  lycée  j.  f.,  à  Ai.x-en-Provence. 

Mlle  Dréhier,  8,  rue  Monfoulon,  Nantes. 

Mlle  Cabet,  prof.  ail.  cours  second,  j.  f.,  16,  rue  Straetman,  Belfort. 

M.  Giiiran.  prof,  lycée  .Avignon. 

M.  Lannes,  Paris. 

M.  Mallet.  prof,  angl.,  Reims.  83,  rue  X.-D.-des-Champs,  Paris,  6". 

Mlle  Mazurier,  prof.  1.  j.  f;.  Sèvres. 

Mlle  Taboureuii,  prof.  E.  P.  S.,  Nancy,  40,  rue  du  Faubourg-St-Jean. 

M.  Toiirneiix,  prof.  ail.  lycée,  55,  rue  Volney,  .Angers. 

Mlle  Trobas.  prof.  E.  P.  S.,  Nantes. 

M.  R.  Yarin,  prof.  E.  P.  S.,  Rambouillet. 

-Mlle  Lafont,  prof.  E.  P,  S.,  Bohaiu  (Nièvre  . 


LES  ÉPREUVES  ORALES  DE  LANGUES  VIVANTES 
AU  BACCALAURÉAT 


Il  semblera  peut-être  étrange  que  nous  choisissions  le 
moment  où  les  nouvelles  épreuves  écrites  de  langues  vivantes 
font  encore  l'objet  de  discussions  pour  soulever  la  question 
des  épreuves  orales.  Mais  thème  et  version  ont  pour  l'instant 
la  valeur  d'un  fait  accompli,  et  lorsqu'il  s'agit  d'une  lan«|ue 
vivante,  que  le  candidat  est  supposé  i^osséder  «  effective- 
ment  »,  la  partie  orale  de  l'examen  ne  saurait  être  négligée. 

A  vrai  dire,  l'oral  du  baccalauréat  est  trop  souvent  consi- 
déré par  les  candidats,  parfois  aussi  par  les  professeurs, 
comme  accessoire  par  rapport  aux  épreuves  écrites  ;  et  bien 
que  les  séances  d'examen  ne  se  rehaussent  pas  du  tradition- 
nel tapis  vert  ni  du  déploiement  des  robes  et  des  hermines, 
on  nous  passera  cette  opinion  hérétique  qu'elles  contribuent 
peut-être  davantage  à  établir  le  prestige  de  l'examen  et  de 
la  Faculté,  qu'à  permettre  un  jugement  exact  sur  la  valeur 
et  les  connaissances  des  candidats.  Il  est  certain  que  les 
qualités  intellectuelles  et  la  culture  générale  se  manifesteront 
plus  sûrement  dans  une  dissertation  française  de  quatre 
pages,  écrite  en  trois  heures,  qu'au  cours  d'une  interroga- 
tion de  quelques  minutes,  pour  peu  surtout  que  le  candidat 
soit  timide,  nerveux,  ou  simplement  victime  de  la  canicule. 
L'épreuve  orale  n'est  donc,  et  ne  peut  être,  qu'un  sondage 
rapide  ;  encore  voudrions-nous  que  ce  sondage,  par  les 
conditions  dans  lesquelles  il  a  lieu  et  pa"  sa  nature,  donnât 
le  maximum  de  garanties. 

Or,  en  ce  qui  concerne  l'anglais  en  ])articulier,  l'exami- 
nateur sait  que  la  machine  à  examiner,  mise  en  nuirche  pour 
une  séance  d'environ  trois  heures,  et  pour  un  rendement 
moyen  de  15  ca-ndidats  par  séance,  ne  lui  laissera  !,uèro  plus 
de  10  minutes  pour  chacun.  Le  mouvement  sera  encore  j>Uis 
accéléré  si,  comme  il  échoit  à  l'examinateur  de  langues 
vivantes  dans  certaines  académies,  il  doit  ajouter  aux 
éi)reuves  de  sa  spécialité  celle  de  français    dans  les  sections 


LKS  i;i»Ki:rvES  oi<ali;s  un  i.an(;ii;s  vivantks  *J69 

P>  et  I).  Il  serait  vain  d'attendre  (ruiu'  administration  doirt 
le  mot  d'ordre  est  l'économie,  et  qui  met  plus  de  hâte  à 
percevoir  les  droits  d'examen  qu'à  indemniser  les  examina- 
teurs, qu'elle  multiplie  le  nombre  de  ces  derniers  ;  aussi 
n'insisterons-nous  pas...  Voyons  plutôt  comment,  dans  la 
pratique,  les  choses  se  passent. 

L'  «  Instruction  pour  les  épreuves  de  langues  étrangères  » 
qui  figure  au  programme  du  baccalauréat  spécifie  ceci  : 

A  chaque  épreuve  orale  :  1"  l'examinateur  remet  au  candidat 
un  texte  facile  tiré  d'un  ouvrage  contemporain  ou  d'une  pul)lication 
périodique.  Le  candidat  lit  ce  texte  à  haute  voix.  Puis  il  le  résume 
en  se  servant  de  la  lant^ue  étrangère.  S'il  est  dans  rimpossibilité 
de  le  faire,  il  lui  est  permis  de  présenter  son  résumé  en  français, 
mais  ce  fait  constitue  une  infériorité  dont  il  est  tenu  compte  dans 
rétablissement  de  la  note.  L'examinateur  pose  ensuite  quelques 
questions  au  candidat  au  sujet  du  texte  lu  par  lui  :  Questions  et 
réponses  sont  faites  en  langue  étrangère. 

2"  Le  candidat  explique  un  court  passage  d'un  auteur  classique, 
choisi  parmi  ceux  qu'il  déclarera  avoir  lus.  A  propos  de  ce  texte, 
il  lui  est  posé  en  français  quelques  questions  grammaticales  et  lit- 
téraires auxquelles  il  pourra  répondre  soit  en  français,  soit  en 
langue  étrangère. 

Instruction  que  l'on  reconnaîtra  de  suite  impossible  à 
appliquer  intégralement  dans  ces  précieuses  dix  minutes 
dont  nous  avons  parlé.  L'examinateur  n'a  plus  comme 
ressource  qu'une  unique  combinaison  des  deux  épreuves  : 
la  majeure  partie  des  candidats,  j'entends  ceux  qui  ne  se 
sont  fixé  d'autre  but  que  d'obtenir  la  note  «  jjassable  »,  a 
préparé  un  texte  sur  lequel  ils  comptent  bien  être  interrogés  : 
on  en  a  appris  presque  par  coeur  un  résumé,  dont  l'élabora- 
tion a  constitué  le  plus  substantiel  de  la  i)réparation.  Ce 
<(  bachotage  »  permet  à  nos  jeunes  gens  d'exprimer  tant 
bien  que  mal  en  langue  étrangère  un  certain  nombre  de 
généralités  banales  sur  l'ouvrage  qu'ils  ont  lu.  Comme  si  la 
somme  de  leurs  connaissances,  l'étendue  de  leur  vocabu- 
laire, le  caractère  idiomatique  de  la  langue  qu'ils  parlent, 
gravitaient  autour  de  ce  seul  sujet,  —  ils  se  vident  comme  une 
outre  bien  remplie,  ...  et  ne  savent  plus  rien  en  dehors  du 
texte  préparé.  Et  les  exigences  du  programme  sont  ainsi 
à  peu  près  respectées...  ;   quand  bien   même  le   candidat   ne 


470  LES   LANGUES    MODERNES 

pourrait  s'exprimer  en  langue  étrangère,  l'instruction  précitée 
ne  lui  ouvre-t-elle  pas  la  ressource  de  la  langue  maternelle, 
voire  de  la  traduction  ? 

Si,  las  d'entendre  les  mêmes  banalités  à  propos  des  mêmes 
textes  l'examinateur  impose  un  passage  facile  d'un  auteur  non 
l^réparé,  l'épreuve  tombe  alors,  le  plus  souvent,  au  niveau 
des  exercices  scolaires  d'une  classe  de  4",  avec  tout  ce  que 
comportent  de  puéril  les  réponses  composées  des  premiers 
mots  qui  se  présentent  à  l'esprit,  à  l'aide  des  constructions 
grammaticales  les  plus  rudimentaires.  Telle  est,  avec  de 
légères  variations  individuelles,  l'interrogation  des  candidats 
qui  péniblement  se  hissent  à  la  moyenne. 

Par  Contre,  de  cette  médiocrité  se  détachent  très  rapide- 
ment les  bons  candidats,  ceux  en  qui  l'on  découvre  un  entraî- 
nement régulier  et  méthodique  à  la  langue  parlée,  pour  qui 
la  conversation  n'est  pas  une  pénible  transjiosition  mentale 
de  la  langue  maternelle,  mais  à  l'esprit  desquels  s^  présentent 
spontanément  les  expressions  idiomatiques  ;  pour  eux,  la 
grammaire  est  devenue  habitude  grammaticale,  la  correction 
automatique,  et  l'étendue  du  vocabulaire  actif  assure  la 
facilité  d'expression.  Tout  cela  se  révèle  vite,  quelle  que  soit 
l'épreuve  choisie  ;  c'est  à  regret  souvent  que  l'examinateur 
se  voit  contraint  de  limiter  à  ces  simples,  mais  déjà  apprécia- 
bles qualités  d'expression,  le  bref  sondage  de  l'examen,  alors 
qu'il  y  a  là  peut-être,  en  riches  gisements,  une  connaissance 
de  l'étranger  acquise  au  cours  de  sérieuses  études.  Et  le 
jeune  homme  quittera  la  salle  en  réfléchissant  que  toute  son 
initiation  à  la  vie,  à  l'histoire,  à  la  civilisation,  à  la  littéra- 
ture étrangères,  est  restée  inutile,  comme  en  une  chambre 
close  dont  l'examinateur  n'a  pas  même  entre-bàillé  la  porte. 

La  question  suggérée  par  ces  constatations  est  donc 
celle-ci  :  doit-il  suffire,  pour  obtenir  une  note  passable,  que 
le  candidat  exprime  sous  une  forme  élémentairement  simple 
quelques  banalités  trop  souvent  apprises  par  cœur  ?  Ou,  au 
contraire,  l'épreuve  moyenne  ne  doit-elle  pas  révéler  connue 
minimum  exigible,  une  certaine  facilité  d'expression  cou- 
rante dans  la  langue  choisie  ? 

Si  les  programmes  de  1902  ne  sont  pas  encore  lettre 
morte,  et  si  l'on  veut  donner  à  la  méthode  qu'ils  préconisent 
une  sanction  adéquate,  la  pierre  de  touche  des  connaissances 
réellement  acquises  sera,  à  l'exclusion  de  toute  traduction  et 
de  toute  explication  en  français,  la  conrcrsalion,  l'expression 


LES    ÉPREUVES    ORALES    DE    LANC.LES    VIVANTES  i~l 

spuiitance  dans  la  langue  élranç/cre.  Condition  minima,  ajou- 
terons-nous ;  car  *•/  notre  enseignement  doit  contribuer  à  la 
formation  d'une  culture  générale,  s'il  doit  avoir  sa  part  légi- 
time dans  les  Humanités  modernes,  il  doit  nécessairement 
aboutir  à  une  épreuve  qui  corresponde  à  son  but.  Nous  vou- 
drions donc  qu'à  la  mesquine  épreuve  qui  consiste  à  résumer 
un  texte,  au  pis-aller  en  français,  ou  simplement  à  le  traduire, 
se  substitue  une  interrogation  conduite  entièrement  en  langue 
étrangère  sur  une  question  simple  de  civilisation  étrangère. 

Ce  faisant,  nous  serions  pleinement  d'accord  avec  les 
programmes  oiliciels. 

Le  moment  est  venu,  y  lit-on  en  effet  (classes  de  seconde  et  de 
l)remière),  de  faire  connaître  la  vie,  la  civilisation,  l'histoire  et  la 
littérature  du  peuple  étranger.  De  temps  à  autre,  on  fera  faire  par 
les  élèves  de  petites  leçons  orales  sur  les  arts  industriels,  les  gran- 
des découvertes,  la  géographie,  les  voies  de  communications,  les 
beaux-arts,  l'histoire  littéraire. 

N'est-ce  pas,  d'ailleurs,  ce  à  quoi  nous  nous  employons  dans 
nos  classes,  et  ce  que  nous  réaliserions  en  une  plus  large  me- 
sure si  nous  ne  devions  trop  souvent  concentrer  les  efforts 
de  la  classe  sur  la  préparation  d'un  unique  auteur  en  vue  de 
l'examen  ? 

Que  l'épreuve  orale  pour  la  première  partie  du  baccalau- 
réat nous  apporte  donc  un  reflet  de  cette  initiation  à  la  vie 
des  nations  étrangères,  et  que  nos  jeunes  bacheliers  nous 
montrent  que  notre  enseignement,  loin  d'avoir  été  étroite- 
ment utilitaire,  leur  a  permis  non  seulement  l'emploi  matériel 
d'un  idiome  nouveau,  mais  la  compréhension  essentielle  du 
peuple  qui  le  parle.  Il  est  d'ailleurs  désirable  qu'en  approfon- 
dissant leur  exploration,  nos  candidats  de  seconde  partie 
puissent  témoigner  qu'ils  ont  réellement  pénétré  les  notions 
précédemment  acquises.  «  On  étudiera  »,  dit  le  programme 
des  classes  de  Philosophie  et  Mathématiques,  «  les  princi- 
paux faits  d'ordre  économique,  politique,  littéraire  et 
social  dont  la  connaissance  permettra  à  l'élève  d'acquérir 
une  idée  générale  des  différentes  manifestations  de  la  vie 
nationale  à  l'étranger  ».  L'enseignement  historique  et 
philosophique  de  ces  deux  classes  familiarise  nos  grands 
élèves  avec  les  idées  abstraites  ;  il  les  habitue  à  pénétrer  les 


472  LES   LANGUES    MODEKXES 

causes  profondes  et  complexes  des  phénomènes,  il  les 
entraîne  à  l'analyse,  il  les  intéresse  aux  idées  directrices, 
aux  raisons  psychologiques  qui  expliquent  et  enchaînent 
les  faits  sociaux.  Pourquoi  cet  entraînement  intellectuel  ne 
trouverait-il  pas  sa  matière  dans  les  études  de  lam/ues 
vivantes  ?  Comment,  en  un  mot,  n'exigerait-on  pas  que 
l'épreuve  orale  révélât  cet  entraînement  dans  son  applica- 
tion aux  choses  de  l'étranger  ? 

Comme  conclusion  pratique,  il  nous  a  semblé  que  l'épreuve 
orale  de  langues  vivantes  au  baccalauréat  gagnerait  à 
être  élargie,  c'est-à-dire  à  correspondre  à  la  double  nature 
des  connaissances  exigibles.  Il  n'y  a  évidemment  là  nul  désir 
de  voir  surcharger  les  programmes  alors  que  les  réductions 
d'horaires  sont  déjà  effectives  ;  mais,  au  lieu  de  consacrer 
le  travail  des  tempéraments  variés  qui  composent  une  classe, 
et  pendant  une  année  entière,  à  l'étude  d'une  seule  œuvre 
d'étendue  consédérable,  ne  serait-il  pas  facile  de  faire 
figurer  au  programme  de  l'examen  trois  ou  quatre  grands 
faits  historiques,  tendances  sociales,  ou  mouvements  litté- 
raires, susceptibles  d'éclairer  la  physionomie  de  la  nation 
étrangère  ?  Ces  questions,  renouvelables  si  l'on  veut,  pour- 
raient même  être  choisies  en  corrélation  avec  les  parties  du 
programme  d'histoire  relatives  au  pays  étranger.  Enfin,  des 
textes  appropriés  de  prose  ou  de  poésie  seraient  groupés 
en  petit  nombre  sous  chacun  de  ces  en-tètes,  et  formeraient 
autant  d'illustrations  précises,  pittoresques,  vivantes,  des 
idées  centrales  qu'il  importe  de  faire  saisir. 

Sur  ce  terrain  de  rencontre  pour  l'interrogateur  et  le 
candidat,  l'épreuve  ne  pourrait  que  gagner  en  valeur  et  en 
intérêt  ;  le  «  bachotage  »  aurait  ainsi  moins  d'occasions  de 
sévir,  et  les  humanités  modernes  trouveraient  la  ])lace  qui 
leur  est  due  dans  un  examen  de  culture  générale. 

G.    JOUSS.\UME. 


-<ÎK>- 


I 


L'EFFORT  OPPORTUN 


Peut-être  beaucoup  de  collègues  n'ont-ils  pas  encore  aperçu 
toutes  les  conséquences  du  projet  de  M.  Bérard.  Sans  vouloir 
dire  qu'il  se  présente  avec  un  air  aussi  pacifique  que  le  fameux 
cheval  qui  i)orta  la  mort  dans  Ilion,  il  faut  reconnaître  que  les 
dangers  en  sont  quelque  peu  dissimulés.  En  réalité,  pour  qui 
lit  avec  attention  le  récent  questionnaire  transmis  par  l'AS, 
il  est  aisé  d'y  reconnaître  le  développement  sur  toute  la 
liçine  de  l'offensive  déjà  commencée  (par  les  réductions 
d'horaires  et  la  modification  du  baccalauréat  conjointement) 
contre  l'enseignement  des  langues  vivantes.  Il  serait  temps 
qu'on  s'en  aperçut  ;  il  serait  temps  de  montrer  qu'on  s'en 
aperçoit. 

Chacun  sait  que  toute  l'efficacité  de  l'enseignement  des 
lycées  repose  (à  tort  ou  à  raison)  sur  la  sanction  dite 
baccalauréat.  Chacun  sait  que  tout  enseignement  dit  faculta- 
tif, c'est-à-dire  non  sanctionné  au  baccalauréat,  est  traité 
par  les  élèves  comme  une  digression  importune,  c'est-à-dire 
par  le  mépris.  II  en  est  ainsi  de.s  langues  en  philosophie, 
encore  qu'elles  ne  soient  pas  vraiment  facultatives  ;  il  en 
est  ainsi  des  langues  dans  les  classes  de  préparation  aux 
Mines,  encore  qu'elles  comptent  à  l'oral  des  Mines  pour 
quelques  vagues  points  :  mais  qui  ne  compte  se  tirer  d'affaire 
à  l'oral,  surtout  si  les  matières  négligées  sont  d'un  faible 
coefficient  ?  L'écrit  urge  sans  réplique.  Or,  voici  un  projet 
qui,  supprimant  deux  variétés  de  baccalauréat  sur  quatre, 
deux  variétés  (sciences-langues  et  lat'  -langues)  qui  avaient 
des  langues  viA'antes  à  l'écrit,  ne  voudrait  maintenir  que  les 
deux  qui  n'en  ont  pas.  J'affirme  qu'il  s'ensuivra  un  effondre- 
ment considérable  de  notre  enseignement. 

Quand  on  nous  parle  d'instituer  pour  les  langues  tous  les 
cours"  facultatifs  qui  sembleront  nécessaires,  on  nous  offre 
un  parapluie  en  remplacement  d'une  maison.  Tous  les  cours 
facultatifs  ne  tiendront  pas  contre  le  fait  psj'chologique 
énoncé  ci-dessus,  et  l'on  admire  qu'un  ministre  qui  veut 
renforcer  en  l'étriquant  le  système  de  coercition  des  pro- 
grammes et  des  volontés  qu'assure  le  baccalauréat,  parle  de 


474  LES    LANGUES    MODERNES 

fonder  quoi  que  ce  soit  sur  du  facultatif.  Je  voudrais  bien 
savoir  s'il  se  trouverait  un  autre  pays  d'Europe  assez  mal 
inpiré,  actuellement,  pour  supprimer  de  l'écrit  de  ses 
examens  secondaires  les  langues  vivantes  qu'il  y  avait  si 
sagement  installées. 

Que  le  projet  ministériel  se  ressente  un  peu  partout  de 
l'improvisation  —  et  une  vague  délibération  du  seul  conseil 
de  l'Instruction  Publique  n'y  changera  sans  doute  pas 
grand'chose  —  il  est  permis  de  le  legrettei  ;  mais  il  y  a  des 
choses  qui  nous  concernent  moins.  Que  tout  en  parlant 
d'alléger  les  programmes  il  les  renforce  du  latin  obligatoire, 
on  peut  encore,  en  attendant  que  le  système  nous  écrase, 
trouver  cela  plaisant.  Qu'on  parle  d'augmenter  la  part  de 
sciences  dans  la  section  latin-grec  alors  que  tous  ceux  qui 
ont  fait  leurs  classes  selon  ce  programme  (et  j'en  suis  un)  se 
rappellent  combien  le  latin  est  absorbant  et  qu'ils  ne  pou- 
vaient, faute  de  temps,  avoir  plus  de  sciences  au  programme 
que  le  peu  qu'ils  avaient,  on  peut  trouver  que  c'est  une 
offre  de  Gascon  qui  regarde  les  scientifiques.  A  l'égard  des 
langues  au  baccalauréat  nous  devons  dès  maintenant  élever 
la  voix.  Nous  devons  la  faire  entendre  à  tous  les  esprits 
avisés,  non  conventionnels,  non  verbeux,  qui  se  rendent 
compte  que  ce  serait  un  crime  d'isoler  la  France  dans  le 
monde  par  son  ignorance  des  idiomes  rivaux. 

Ne  prêtons  pas  l'oreille  ■  aux  faibles,  aux  timorés,  aux 
poseurs  de  tampons,  à  ceux  dont  la  naïveté  vient  plus  du 
caractère  faible  que  de  "esprit  médiocre,  et  qui  nous  diront 
qu'un  ministre  n'a  sûrement  pas  de  si  noirs  desseins.  Les 
desseins  du  ministre  le  regardent  seul  :  mais  dès  l'instant 
qu'il  projette  une  réforme,  c'est  à  nous  d'abord,  qui  sommes 
dans  la  maison  par  vocation,  qui  avons  l'expérience  du 
milieu,  de  tâcher  d'en  prévoir  les  conséquences.  Il  est 
possible  qu'il  y  ait  parmi  nous  des  esprits  plus  sagaces,  mieux 
informés,  plus  vastes  ou  plus  pénétrants  que  ceux  qui  prési- 
dent actuellement  à  nos  destinées.  Cela  n'empêche  point  le 
respect  :  cela  crée  le  devoir  de  l'action. 

S'il  arrivait  que  la  réforme  projetée  se  fit  en  effet  ;  s'il 
arrivait  que  notre  discipline  ne  fût  plus  représentée  à  l'écrit 
du  baccalauréat  ;  s'il  arrivait  d'autre  part,  que  dans  la  section 
même  où  nous  pensions  trouver  un  r.efuge,  la  section  moder- 
ne, on  réduisît  notre  part  de  deux  langues  à  une  seule,  ceux 
que  les  idées  générales   ne  passionnent   pas   pourraient   biL'u- 


I-'EIKORT    OPPORTIN  l~7> 

toi  se  trouver  si  amoindris  dans  leur  situation  matérielle 
qu'ils  comprendraient  enfin.  Ils  comprendraient  qu'il  n'ont 
pas  assez  pris  soin  de  se  défendre.  Ils  comprendraient  qu'il 
ne  suflit  pas  de  répondre  à  un  référendum  aussi  confus 
qu'insidieux  ;  ils  comprendraient  que  l'avenir  est  à  ceux  qui 
se  font  entendre.  Et  sans  doute  ils  en  arriveraient  vite  à  la 
conclusion  déjà  entrevue  par  quelques-uns  :  que.  si  le  bacca- 
lauréat ne  représente  plus  aucune  capacité  véritable,  aucune 
qualilication,  aucune  valeur  de  rendement,  mais  seulement 
un  vague  mandarinat  fondé  sur  de  vieilles  formules  byzan- 
tines, alors  le  plus  grand  service  qu'on  pourra  rendre  à 
l'enseignement  secondaire  sera  de  supprimer  le  baccalauréat. 
Nous  n'en  sommes  pas  encore  là,  mais  je  demande  à  ceux 
qui  croient  à  la  valeur  du  latin  obligatoire  de  se  poser  dès  au- 
jourd'hui cette  question  :  Supposons  qu'il  me  faille  opter  pour 
la  France  entre  l'enseignement  secondaire  sans  langues  an- 
ciennes et  l'enseignement  secondaire  sans  langues  modernes, 
l'un  devant  nécessairement  exclure  l'autre  :  lequel  choisirais- 
je  ?  S'ils  préfèrent  la  France  isolée  du  présent  à  la  France 
isolée  du  passé  d'il  y  a  vingt  siècles,  ils  se  résoudront  en 
faveuc  des  langues  anciennes,  et  d'avance  nous  n'avons  plus 
rien  à  leur  dire.  S'ils  choisissent  les  langues  modernes  —  et 
plus  d'un  sans  doute,  en  les  choisissant,  se  réjouira  que  la 
réalité  ne  lui  impose  pas  un  dilemme  aussi  pressant  —  je 
doute  fort  que  leur  esprit  ne  se  fixe  pas  bientôt  dans  une 
attitude  plus  décidée  en  face  du  péril  suspendu  sur  notre 
en.seignement. 

Robert  Maurice. 


-OEO- 


LETTRE  AUX  COMPAGNONS 

DE  L'UNIVERSITÉ  NOUVELLE 

sur  la  question  du  latin  ^'* 


Mes  chers  amis, 

Je  crois  que  le  moment  est  venu  de  regarder  en  face  le 
problème    du   latin. 

Terrible  problème.  Tant  d'intérêts,  de  sentiments,  de  for- 
ces y  sont  intimement  mêlés...  Une  solution  franche  paraît 
impossible.  Et,  cependant,  une  solution  franche  est  néces- 
saire... 

Les  polémiques  infinies  laissent  une  grande  lassitude.  Trop 
d'encre  a  coulé  pour  défendre  le  latin,  ou  même  l'attaquer. 
Un  scepticisme  résigné,  le  sentiment  parah^sant  d'une  dis- 
cussion irrémédiablement  faussée,  seraient  un  refuge  ten- 
tant, si  le  devoir  de  refaire  l'éducation  française  n'était 
aujourd'hui  la  forme  la  plus  urgente  de  l'obligation  civi- 
que. 

Il  est,  heureusement,  un  progrès  silencieux  des  choses. 
Les  questions  mûrissent  quand  une  nécessité  profonde  ne 
permet  pas  qu'on  les  oublie.  Comment  se  fait-il  que  vous 
posiez,  malgré  tout,  celle  du  latin  ?  Ne  semblait-elle  pas  en- 
terrée avant  la  guerre  ?  Ne  nous  avait-on  pas  démontré  que 
la    «  crise    du   français  »    était  due  à  ce  que  nos  meilleurs 


(1)  Cette  lettre,  depuis  deux  ans  et  demi,  a  vieilli,  comme  toutes 
choses,  mais  j)lus  que  beaucoup  d'autres  ;  le  problème  auquel  elle 
touche  a  évolué  singulièrement  vite.  Elle  porte  la  marque  de  la 
grande  espérance,  du  premier  printemps  de  la  paix  ;  elle  n'est  plus 
au  ton  du  présent.  Elle  évoque  les  reconstructions  nécessaires,  le 
souci  exaltant  de  l'avenir  qui  s'ouvre  ;  on  nous  propose,  aujour- 
d'hui, de  revenir  au  passé.  Il  ne  s'agit  plus,  pour  les  humanités 
modernes,  d'attac|uer,  mais  de  se  défendre.  Peut-être  ces  remarques, 
pourtant,  gardent-elles  quelque  utilité  ;  le  débat,  au  fond,  n'a  pas 
changé  ;  aujourd'hui,  comme  alors,  l'enjeu  en  est  la  grande  mé- 
connue, la  grande  sacrifiée,  la  langue  française  ;  nous  voyons  aux 
prises  ceux  qui  la  croient  personne  majeure,  —  et  ceux  qui  ont  de 
sa  pureté  un  souci  trop  vif  pour  ne  jjoint  la  laisser  sous  la  tutelle 
de  sa  nourrice  ;  ceux  qui  placent  en  nous-mêmes  notre  unité  spiri- 
tuelle, —  et  ceux  (jui  ne  la  veulent  voir  (jue  dans  l'une  des  tradi- 
tions dont   nous  sommes  faits. 

L.  C. 


LETTRE   AUX    COMPAGNONS    DE    L TNIVEKSITE    NOUVELLE       4// 

bacheliers  ne  lisaient  plus  Virgile  sans  lexique  ?  N'avions 
nous  point  appris  que,  si  les  polytechniciens  manquaient 
souvent  de  resjjrit  synthétique  et  du  sens  de  Ja  forme, 
c'était  pour  ne  s'être  point  assez  imprégnés  de  Cicéron  ? 
N'avait-on  pas  évoqué  à  nos  yeux  attendris  l'image  de  nos 
jeunes  lycéens  se  livrant,  devant  un  Tite-Live,  à  la*fameuse 
«  gymnastique  intellectuelle  »  ?  La  guerre  n'a-t-elle  pas, 
depuis,  justifié  cette  orthodoxie  —  quelle  orthodoxie  n'a-t-elle 
pas  justifiée  ?  —  en  prouvant,  de  toute  évidence,  que  les 
ennemis  du  latin  sont  des  Boches  ?  Récemment,  nos  admi- 
nistrateurs n'ont-ils  pas  suivi  ce  mouvement  d'opinion  en 
imposant  aux  jeunes  filles,  pour  s'ouvrir  les  carrières  libéra- 
les, de  passer  le  baccalauréat  et  d'apprendre  —  ou  de  pré- 
tendre  apprendre  —   le   latin  ? 

Vous  faisiez  la  guerre,  cependant  ;  et  quelque  chose,  il 
faut  le  croire,  déplaçait  obscurément  en  vous,  sur  ce  point 
comme  sur  tant  d'autres,  cet  équilibre  des  forces  intérieures 
qui  apparaît  à  la  conscience  claire  comme  le  jeu  des  con- 
victions et  des  croyances.  Votre  mesure  des  valeurs  pédago- 
giques s'est  modifiée.  Esprits  cultivés,  raffinés,  nourris  de 
langues  classiques,  voici  que  vous  renoncez  au  grec  ;  vous 
savez  que  le  maintien  du  grec  dans  le  cadre  de  nos  huma- 
nités normales  est  moralement,  matériellement  impossible. 
Vous  maintenez  le  latin  comme  élément  fondamental  dans 
votre  programme  d'humanités  nouvelles  ;  mais  vous  le 
maintenez  sans  enthousiasme  ;  vous  entourez  son  maintien 
de  considérants  aussi  durs  qu'un  verdict  hostile  ;  vous  l'en- 
tourez de  conditions  qui  ne  peuvent  pas  —  en  toute  fran- 
chise —  se  réaliser.  Croyez-vous  sérieusement  que  l'étude  du 
latin  soit  encore  assez  vivante  ;  que  les  réalités  auxquelles 
elle  répond  soient  assez  substantielles  ;  que  la  foi  des  maî- 
tres qui  y  président  soit  assez  ardente  pour  qu'un  effort 
vigoureux,  vaste,  soutenu,  puisse  la  rendre  efficace  en  la 
rajeunissant,  la  renouvelant  ?  Prenez  garde  :  vous  exigez 
des  résultats.  C'est  un  arrêt  de  mort.  Le  iatin  ne  peut  plus 
vivre  que  de  mystique.  Ses  pleines  vertus  ne  sont  visibles 
qu'aux  yeux  fermés,  éblouis  par  l'éclat  insoutenable  de 
l'habit   neuf  du  grand-duc. 

S'il  est  vrai  que  le  cours  des  choses  —  malgré  de  su- 
perficielles, de  passagères  réactions  —  porte  le  monde  nou- 
veau qui  naît  à  se  chercher  une  libre,  une  neuve  formation 
des  esprits  et  des  âmes,  l'heure  est  passée  où  le  problème 
<lu  latin   dans  l'enseignement  était   une  querelle  de  plus  ou 


478  LKS  LANGUES  MODERNES 

de  moins.  Quel  était  au  juste  le  rendement  de  l'énergie 
mentale,  du  temps  appliqués  à  cet  apprentissage  par  le  meil- 
leur de  notre  jeunesse  ?  A  le  doser,  nous  perdions,  qui  notre 
latin,  qui  notre  algèbre.  Ce  rendement  n'était  point  nul  : 
il  n'était  pas  infinitésimal  ;  il  avait  substance  ;  et  si  la 
quantité-,»  sans  aucun  doute,  était  médiocre,  peut-être  la 
qualité,  comme  l'affirmaient  les  croyants,  était-elle  infini- 
ment précieuse  ?  Peu  importe  aujourd'hui  ce  dosage.  Nous 
savons,  d'une  connaissance  certaine,  que  la  vie  est  trop 
courte,  le  monde  trop  vieux  et  trop  vaste,  pour  que  nos 
enfants  se  façonnent  le  jugement,  ou  acquièrent  le  sens  de 
leur  propre  langue,  ou  fassent  des  exercices  d'assouplisse- 
ment intellectuel,  en  se  frottant  de  vocables  morts,  et  qu'ils 
oublient  tout  de  suite  joyeusement.  Nous  le  savons  ;  et  ceux 
que  le  nient  le  savent  au  fond  d'eux-mêmes,  ou  le  sauront 
demain.  Vous  le  savez  au  fond  de  vous-mêmes,  ou  vous  le 
saurez  demain.  La  foule  des  choses  utiles  ou  belles  et  enno- 
blissantes qu'il  faut  apprendre,  si  nous  voulons  être  de 
notre  temps  ;  l'âpre  concurrence  des  réalités  essentielles 
qui  font  le  siège  d'une  pensée  d'aujourd'hui  ;  les  immenses, 
les  multiples  ressources  de  logique,  de  finesse,  d'art,  de 
beauté  que  nous  offrent  les  expressions  modernes  de  l'acti- 
vité humaine  —  langues,  sciences,  idées,  monuments  ;  tout 
nous  révèle  qu'il  est  nécessaire,  qu'il  est  facile  de  trouver, 
pour  la  formation  morale  des  générations  qui  viennent,  un 
autre  instrument.  Dites,  si  vous  le  voulez,  que  je  tranche 
par  une  décision  arbitraire  ce  nœud  gordien.  C'est  mon  acte 
de  foi,  à  moi  —  car  nous  ne  croyons  rien  sans  foi.  Je  vous 
donne  rendez-vous  dans  un  demi-siècle,  je  fais  appel  à  la 
postérité...  En  attendant,  comme  l'homme  doit  travailler 
selon  ses  faibles  lumières,  de  son  vivant,  je  vous  propose 
de  ne  point  retarder  encore,  mais  d'aider  un  peu  le  cours 
des  choses.  Je  vous  propose  d'attaquer,  dès  aujourd'hui,  la 
montagne  de  préjugés  et  de  sentiments  sincères  qui  nous 
sépare  d'une  coHception  vraiment  féconde  des  humanités 
modernes.  Non,  le  latin  n'est  ])as  indispensable  ;  non,  le  latin 
n'est  plus  possible.   Comment  s'en  libérer  '? 

Entendons-nous  tout  de  suite.  Renoncer  au  latin  n'est  pas 
tirer  le  rideau  sur  la  littérature  et  la  civilisation  de  l'anti- 
quité romaine.  Certes,  nos  enfants  ne  s'hypnotiseront  plus 
sur  le  passé  ;  l'histoire  du  monde  avant  l'ère  chrétienne  ne 
les  retiendra  plus  des  années  entières.  Mais  ils  sauront  ce 
qu'a  été  la  culture  d'Athènes,  et  celle  de  Rome.  Ouvrons  les 


^£ 


i.HTXRE  Aix  (:ompa(;n()NS  de  l  l'nivkrsite  nouvelle      J/'J 

yeux  à  l'évidence  :  l'enseignement  tles  jeunes  filles  marque 
un  ])rogrès  sensible  sur  celui  des  garçons.  Les  sœurs  ont 
de  la  vie  antique,  à  travers  les  cours  de  littérature  ou  d'art, 
les  lectures  bien  choisies,  les  traductions,  un  sentiment  plus 
riche  et  concret  que  celui  des  frères.  Reconnaissons  que  le 
problème  des  humanités  modernes  a  été  en  grande  partie 
résolu  par  les  programmes  de  l'enseignement  féminin  ;  et 
que,  si  l'expérience  n'avait  pas  été  faussée  par  tant  d'in- 
fluences extérieures,  son  succès  indéniable  eût  été  plus  élo- 
quent encore.  Je  ne  parle  pas,  et  pour  cause,  des  sections 
«  sans  latin  »  des  lycées  de  garçons  ;  la  conspiration  des 
parents  et  des  maîtres  les  a  frappées  d'un  interdit  moral. 
11   n'en  sort  pas  moins,   nous  le  savons,  d'excellents  esprits. 

Renoncer  au  latin  n'est  pas  le  bannir  de  l'enseignement 
sui)érieur,  ni  même  secondaire.  Je  crois  nécessaire  que  les 
futurs  professeurs  de  lettres  l'aient  étudié  sérieusement.  Il 
faudrait  instituer  une  préparation  spéciale  de  ce  chef,  pour 
cette  partie  de  l'élite,  qui  ne  doit  en  être,  dans  une  société 
bien  réglée,  qu'une  petite   portion  parmi   beaucoup  d'autres. 

Quel  instrument  cependant  jouera,  dans  la  formation 
du  reste  —  de  toute  cette  jeunesse  à  qui  ses  aptitudes  ou- 
vriront les  humanités,  la  pleine  culture  —  le  rôle  que  notre 
foi  docile  attribuait  au  latin  ?  Dans  une  large  mesure,  une 
langue  en  héritera  ;  et  ce  sera  la  nôtre.  Vous  dites  que 
l'explication  française  est  encore  incertaine,  hésitante  :  elle 
réclame,  en  effet,  plus  de  souplesse,  d'initiative,  de  créa- 
tion, que  l'ànonnement  sur  les  textes  anciens  ;  sa  méthode, 
sa  tradition,  sont  encore  à  créer,  ou  plutôt  à  vulgariser. 
Elle  ne  s'attache  pas  uniquement,  ni  surtout,  à  démêler  la 
pensée  immédiate  de  l'écrivain  ;  cette  besogne  parfois  déli- 
cate, toujours  intéressante,  n'y  est,  le  plus  souvent,  que 
secondaire.  Eclairer  un  passage,  en  retrouver  le  lien  avec 
l'ensemble  organique  où  il  se  place,  avec  la  personnalité  de 
l'auteur,  avec  les  influences  du  milieu  littéraire,  moral  et 
social  :  autant  d'élargissements  qui  donnent  à  cet  exercice 
une  fécondité  incomparable.  Ses  formes  les  plus  humbles 
ne  sont  pas  privées  de  la  même  vertu  ;  lire  une  page  très 
simple  d'un  bon  auteur  avec  des  enfants,  l'élucider  complè- 
tement, en  faire  sentir  le  mérite  et  deviner  l'homme  der- 
rière l'œuvre,  n'est-ce  pas  tirer  du  contact  des  lettres  le 
profit  humain  qu'elles  peuvent  donner  ?  Au  sommet  de 
sa  formule,  l'explication  française  ouvre  de  vastes  pers- 
jjectives   sur   l'histoire,   la    philosophie,   l'esthétique,    la   psy- 

33. 


480  LES    LANGUES    MODERNES 

chologie  ;  elle  est  la  synthèse  naturelle  par  laquelle  se  fait 
dans  l'esprit  des  écoliers  la  fusion  de  toutes  les  connais- 
sances que  leurs  études  leur  ont  données  sur  la  France  ; 
elle  achève  et  anime  l'image  morale  de  la  patrie.  «  Cons- 
truire »,  expliquer  un  texte  latin,  permet  au  maître,  par 
une  pente  aisée,  de  concentrer  sur  les  mots  tout  son  effort. 
Faut-il  croire  que  cette  faculté  commode,  grâce  à  laquelle, 
bien  vite,  l'automatisme  peut  s'installer  sans  partage,  est 
pour  quelque  chose  dans  la  préférence  si  souvent  accordée 
à   l'explication   latine    sur   l'explication    française  ? 

Dans  celle-ci,  le  travail  d'approche  est  réduit  au  mini- 
mum, libérant  l'activité  pour  l'intelligence  du  sentiment  et 
des  idées.  Ce  travail  n'est  pas  annulé  pourtant  ;  plus  on 
s'éloigne  du  présent,  plus  nos  ouvrages  classiques  ont  besoin 
d'être  éclaircis.  Par  le  jeu  de  cette  interprétation,  par  la 
comparaison  des  moments  successifs  dans  le  développement 
de  notre  langue,  nos  enfants  peuvent  acquérir  le  sens  du 
style,  la  conscience  approfondie  de  la  valeur  des  mots  que, 
seul,  le  latin,  parait-il,  devait  nous  donner.  Ajoutons  que 
l'explication  n'est  pas,  il  s'en  faut,  le  seul  exercice  littéraire 
permis  aux  humanités  modernes.  Elles  instituent  l'appren- 
tissage direct  de  l'art  de  penser  et  de  l'art  d'écrire.  Le  dis- 
cours latin  était  un  pastiche  stérile  ;  la  composition  fran- 
çaise est  la  meilleure  école  de  l'esprit.  Corriger  une  narra- 
tion maladroite,  écheniller  les  mille  petites  erreurs  d'usage. 
de  goût,  de  tact,  de  logique,  dont  la  moindre  fait  du  fran- 
çais un  jargon,  n'est-ce  pas  purifier,  à  sa  source  même,  le 
flot  sans  cesse  rejaillissant  de  la  sève  qui  alimente  l'évolu- 
tion  de  notre   littérature  '? 

Mais  en  remontant  le  cours  des  siècles,  en  creusant  sous 
les  apports  successifs  des  générations,  c'est  vers  le  latin,  par 
le  vieux  français  ;  c'est  vers  l'étymologie  latine,  par  les 
sens  archaïques  ou  savants,  que  l'on  s'oriente  nécessaire- 
ment ?  Sans  doute  ;  mais  je  ne  crois  nullement  indispensable 
que  l'élève  moyen,  le  futur  commerçant,  ingénieur,  indus- 
triel, voire  le  futur  savant,  écrivain  ou  artiste,  ait  de  cette 
dérivation  autre  chose  qu'un  sentiment  général.  La  notion 
imaginative  d'un  arrière-fond  de  culture  et  de  langue,  où 
aboutit  le  retour  de  notre  esprit  vers  nos  origines  ;  des 
lumières  sur  les  caractères  moraux,  intellectuels,  sociaux, 
(le  cette  langue  et  de  cette  culture  ;  voilà  ce  qui  importe  et 
ce  qui  suffit.  J'y  ajouterais  des  exemples  roncrets,  des  élé- 
ments probants  ;  je  voudrais  que,  sans  étudier  le  latin  dans 


LETTRE   AIX    COMPAdNONS    DE    l/UN  IVKRSITÉ   NOIVKLLE       481 

les  formes  solennelles  consacrées,  sans  y  perdre  des  années 
ingrates,  nos  écoliers  fussent  mis  en  contact  avec  des  raci- 
nes latines,  des  mots  latins,  et  que  le  mécanisme  du  passage 
d'un  idiome  à  l'autre  leur  fût  rendu  sensible  par  des  illus- 
trations claires.  Quelques  leçons  d'étymologie  ou  de  lin- 
guistique très  simplifiée  ;  une  demi-douzaine  de  classes 
données  à  la  dérivation  d'une  centaine  de  mots  familiers  : 
voilà  ce  qui  importe  et,  encore  une  fois,  cela  sufïit.  Acquérir 
le  vocabulaire  du  latin  usuel  ;  en  posséder  vraiment  le  mé- 
canisme ;  lire  les  auteurs  'dans  le  texte,  est  une  entreprise 
tout  autre,  lente,  ardue,  stérile  dans  l'immense  majorité  des 
cas,  et  dont  la  vaine  poursuite  est  un  criminel  gaspillage  de 
temps  et  de  force. 

Mais  la  «  gymnastique  intellectuelle  ?  o  Le  français  nous 
la  donnera  dans  une  large  mesure.  Et  si  le  maître  doit 
apportei',  jiour  l'intelligence  du  texte,  ■des  afïirmations  sans 
preuves,  renvoyer  à  des  modèles  classiques  ou  à  des  ter- 
mes anciens  que  l'élève  ne  peut,  sans  latin,  contrôler  par 
lui-même,  n'est-ce  pas  la  loi  de  tout  enseignement  ?  Il  faut 
s'arrêter  quelque  part.  Le  latin  lui-même  n'était  qu'une  éta- 
pe ;  quel  arbitraire  en  faisait  un  terme  ultime  de  notre  édu- 
cation philologique  ?  Nos  jeunes  filles  apprennent  fort  bien, 
sans  latin,  à  écrire  en  français.  Combien  de  nos  stylistes 
les  plus  originaux  ont  concilié  la  vigueur  franche,  la  finesse 
exquise  d'une  langue  oréée,  avec  l'ignorance  du  latin  !  Heu- 
reuse ignorance...  Il  n'y  a  là,  au  vrai,  nul  miracle.  Le  latin 
encourage  et  forme  la  correction  académique  ;  mais  Mme 
Colette  Willy  écrirait-elle  mieux  si  elle  le  savait  ?  Ecrirait- 
elle,  pour  tout  dire,  aussi  bien  ?  Que  d'exemples  je  pourrais 
citer  —  dans  le  passé  ou  le  présent  —  chez  les  hommes 
ou  chez  les  femmes  —  si  cette  lettre  n'était  déjà  si  longue  ! 
—  Quant  à  l'esprit  de  synthèse,  à  moins  que  ce  ne  soit 
celui  d'analyse  ;  quant  à  la  faculté  de  construire  et  au 
sentiment  des  nuances,  n'est-il  pas  aveuglant  d'évidence 
qu'il  faut  à  l'écolier  moyen  les  avoir  déjà,  en  posséder  le 
don  instinctif,  pour  les  nourrir  de  Cicéron  ou  de  Tacite  ? 
La  formation  générale  de  la  pensée,  du  jugement,  du  goût, 
sera  l'objet  d'une  «  gymnastique  »  de  tous  les  instants  ; 
et  toutes  les  études  de  nos  enfants,  celle  des  mots  et  celle 
des  choses,  celle  des  sciences  comme  celle  des  lettres,  celle 
de  la  nature  et  de  l'art  humain,  contribueront  à  ce  résultat. 
Il  y  a  un  certain  enchaînement  instructif  des  mots  dans 
une   phrase   latine,   une   certaine   logique   apparente   et    con- 


482  LES    LANGUES    MODERNES 

crête  clans  les  rapports  grammaticaux  marqués  par  des  cas. 
Mais  croyez-vous  que  cette  logique  —  d'ailleurs  relative  et 
de  toutes  parts  limitée  par  l'accident  —  mille  autres  moyens 
de  culture,  artificiels  ou  non  :  un  paragraphe  des  Provincia- 
les, une  série  de  théorèmes  géométriques,  le  jeu  des  organes 
dans  le  corps  humain,  les  proportions  d'une  cathédrale  ne 
puissent  en  donner  à  des  esprits  jeunes  ou  plus  mûrs  le 
sentiment  superficiel  ou  approfondi  ?  Je  n'ai  point  fait  la 
part  belle,  n'est-ce  pas,  aux  langues  étrangères  ;  mais  pour 
une  part  —  une  petite  part  —  les  exercices  d'assouplisse- 
ment que  représente  une  version  anglaise  ou  italienne,  au- 
ront   leur    rôle. 

S'il  y  a  une  «  crise  du  français  »,  c'est  qu'on  n'étudie 
pas  assez  le  français  ;  on  ne  l'a  jamais  assez  étudié.  Mais 
jadis  seules  les  personnes  de  loisir  écrivaient  ;  la  société 
corrigeait  ce  qu'avait  fait  l'école.  Aujourd'hui,  tout  le  monde 
écrit.  Le  journal  est  une  leçon  quotidienne  d'impropriété,  de 
négligence.  Qui  prend,  aujourd'hui,  la  peine  de  bien  écrire  ? 
Raisons  sociales  donc.  Il  y  aurait  un  remède  :  étudier  le 
français  ;  l'étudier  soigneusement,  amoureusement,  en  lui- 
même  et  pour  lui-même.  L'étudier  par  le  latin,  à  travers  le 
latin,  est  une  chimère  ou  une  plaisanterie.  Chimère  pour  le 
philologue  qui  saura  si  bien  le  latin  qu'il  perdra  le  sens 
du  français  vivant  ;  plaisanterie  pour  l'écolier  ordinaire  qui 
ne  saura  jamais  ni  le  latin  ni  le  français. 

Faut-il  croire  que  l'ignorance  du  latin  rendra  inacces- 
sibles, sans  le  commentaire  d'un  maître,  les  chefs-d'œuvre 
de  notre  littérature  classique  ?  Mais  le  latin  ne  les  rendra 
pas  accessibles  sans  une  préparation  d'esprit  générale,  et 
une  préparation  d'esprit  générale  les  rendra  accessibles  sans 
le  latin.  Je  ne  vois  d'interdits,  à  l'écolier  formé  par  les  hu- 
manités modernes,  que  deux  ordres  d'effets  littéraires  :  les 
calembours  souvent  pédantesques  qu'implique  une  allusion 
au  sens  étymologique  lointain  des  termes  ;  les  nuances  sou- 
vent précieuses  qu'enferment  des  emplois  «  savants  »  de 
mots  usuels.  Résignons-nous  à  rendre  difficiles,  sans  le 
secours  d'une  glose,  certaines  recherches  de  nos  écrivains 
les  plus  érudits  ou  les  plus  raffinés  ;  ce  n'est  certes  pas  payer 
trop  cher  un  allégement  infiniment  utile,  et  d'ailleurs  infi- 
niment nécessaire,  des  programmes,  et  la  solution  du  plus 
redoutable  problème  pédagogique  que  l'empirisme  du  passé 
ail   légué   au   présent. 

Enfin,  sommes-nous  des   «  latins  »  ?  Est-il  vrai  que   notre 


I.ETTHE   ALX    COM  l'A(iN()NS    DE    L'iM\  ICRSlTlv    NOIVELI.K       -JSS 

originalité  soit  inséparable  de  la  culture  romaine  ?  Grave 
débat  que  je  ne  me  charge  pas  de  trancher.  L'accord  s'est 
fait  sur  la  dette  intime,  profonde,  évidente,  de  notre  dévelop- 
pement historique  envers  les  influences  latines  de  tout  ordre. 
Reconnaissons  cette  dette  en  donnant  une  jjlace  jirivilégiée, 
dans  l'étude  des  civilisations  antiques,  à  celle  de  Home,  mal- 
gré la  supériorité  intrinsèque  de  celle  d'Athènes.  Mais  notre 
originalité  est  depuis  longtemps  indépendante  ;  elle  contient 
en  elle-même  son  principe  de  renouvellement.  Il  n'est  nulle- 
ment nécessaire  de  lire  Cicéron  dans  le  texte  pour  rester 
—  si  nous  le  sommes  —  des  Latins.  Lire  Racine,  Voltaire 
et  Anatole  France  sera  suffisant,  et  bien  autrement  efficace. 
Rassurons-nous  ;  la  lignée  des  maitres  de  notre  pensée,  de 
notre  langue,  restera  toujours  —  si  elle  est  sincèrement  hono- 
rée —  la  gardienne  des  traditions  vraiment  essentielles  à 
notre  unité  nationale. 

Je  concevrais  donc  un  enseignement  qui  appuierait  large- 
ment les  humanités  modernes  —  pour  tous  ceux  que  les 
premières  années  de  classe  montreraient  dignes  d'y  avoir 
accès  —  sur  l'étude  de  notre  littérature.  Quelle  place  auraient, 
autour  de  cette  étude,  les  diverses  disciplines  —  sciences  de 
la  nature,  histoire,  mathématiques,  langues  vivantes,  morale 
civique,  arts  techniques  —  ce  sera  un  problème  délicat,  mais 
non  insoluble,  de  le  définir.  Délivrés  du  latin,  comme  nous 
nous  sentirons  à  l'aise  !  Quels  programmes  riches  et  souples 
nous  pourrons  tracer,  et  comme  nous  pourrons  laisser  aux 
exercices  du  corps  leur  marge  nécessaire. 

Dans  le  détail,  les  premières  années  d'enseignement,  com- 
inunes  à  tous,  feraient  connaître  à  l'élève  les  écrivains  les 
plus  accessibles  des  trois  derniers  siècles.  L'analyse  précise, 
approfondie  des  textes  commencerait  avec  les  classes  d'hu- 
manités :  ce  serait  d'abord  le  xix"  et  le  xviii-  siècles,  puis  le 
XVII-  ;  Ton  y  chercherait,  non  seulement  le  secret  du  style, 
le  sens  du  mot  exact,  des  convenances  subtiles,  de  l'ordre 
et  de  l'équilibre,  mais  aussi  le  trésor  de  la  pensée,  de  la  poé- 
sie, de  l'éloquence,  de  la  raison.  Puis  viendrait  le  xvi*  siècle  ; 
et  une  année  finale  ouvrirait  l'accès  de  notre  littérature  mé- 
diévale et  de  nos  auteurs  les  plus  difficiles  de  tous  les  temps. 
Durant  les  trois  dernières  années,  l'appel  à  l'étymologie  se 
ferait  plus  fréquent  ;  la  civilisation  antique,  en  son  ensem- 
ble, serait  évoquée  à  travers  des  manuels  d'histoire,  d'art, 
des  traductions  heureusement  choisies  ;  et  des  leçons  élé- 
mentaires donneraient  une  notion  générale  du  rapport  gêné- 


484  LES    LANGUHS    MODERNES 

tique  entre  le  latin  et  le  français.  Seuls  y  ajouteraient  l'étude 
du  latin  lui-même  ceux  que  leur  goût  ou  leur  vocation  juo- 
fessorale  appellerait  à  le  connaître.  Mais  il  est  temps  que  les 
choses  soient  mises  enfin  en  leur  vrai  plan  ;  qu'im  strict  mi- 
nimum de  latin  soit  enseigné  pour  éclairer  la  pleine  connais- 
sance du  français,  et  non  un  minimum  de  français  pour  ne 
point  nuire   au  privilège   du  latin. 

Je  verrais  donc,  avec  vous,  un  professeur  principal  d'hu- 
manités :  le  maître  de  français.  Il  aurait  appris  le  latin,  et 
quelque  chose  en  passerait  dans  ses  leçons.  Il  donnerait,  en 
temps  voulu,  les  rudiments  indispensables  du  latin  :  combien 
allégé,  combien  réduit,  cet  apprentissage  peut  et  doit  être,  la 
pédagogie  l'aura  reconnu  demain.  Il  orienterait  son  enseigne- 
ment vers  le  i^résent,  vers  ce  qui  vit  ;  et,  grâce  à  lui,  la  lan- 
gue de  Corneille  et  de  Musset  resterait  la  source  vive  où  se 
retremperait,  se  purifierait  le  français  trop  souvent  amorphe, 
trouble,  vulgarisé  d'aujourd'hui  ;  tandis  qu'autour  de  la 
classe  circulerait  la  libre  atmosphère  du  monde  moderne,  avec 
la  connaissance  ou  l'interrogation  attentive  de  la  nature,  de 
l'homme  moral,  de  la  société. 

Compagnons,  bâtissez  la  cité  nouvelle  de  l'esprit.  Mais  ne 
mettez  point,  dans  ses  fondations,  de  pierre  au  grain  usé,  qui 
déjà  s'effrite.  Ne  sentez-vous  pas  que  la  France  de  ce  jour  a 
une  soif  ardente  de  réalité  ?  Elle  a  besoin  de  ne  vénérer  que 
des  prestiges  auxquels  elle  puisse  croire.  L'éducation  est  la 
plus  sérieuse  des  tâches  ;  tout  y  doit  respirer  la  plus  scru- 
puleuse sincérité.  Nous  avons  derrière  nous  une  antiquité 
immense  et  glorieuse  :  les  siècles  profonds  de  l'ancien  monde 
d'avant-guerre.  Puisons-y  le  sens  fort  de  notre  tradition  et 
de  notre  noblesse.  Les  âges  légendaires  de  la  Grèce  et  de 
Rome  sont,  désormais,  une  préhistoire  ;  nos  imaginations 
pieuses  ne  les  délaisseront  pas,  les  érudits  en  rappelleront  à 
nos  enfants  les  grandes  mémoires  ;  mais  acceptez  que  nos 
enfants  ne  puissent  y  entrer  eux-mêmes.  La  substance  du 
passé  vivant  est  toute  dans  les  quarante  générations  qui  ont 
assimilé  la  vertu  antique  et  l'ont  façonnée  de  leurs  emprein- 
tes neuves.  C'est  là  qu'il  faut  la  chercher.  Edifions  l'avenir 
français  sur  la  continuité  de  la  personne  morale  que  notre 
patrie  s'est  faite. 

Louis  Cazamiax, 
Professeur  à  la  Sorbonne. 
(Extrait  de  VOpinion,  5  avril  1919). 

. «  :|g]:« 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES    ANCLArSES 


La  conférence  de  Downing-Street  marque  une  étape 
importante  sur  la  route  parcourue  depuis  tleux  ans  par  la 
cause,  de  l'indépendance  irlandaise.  Ceux  qu'hier  encore  on 
appelait  les  rebelles,  extraits  de  leurs  prisons,  sont  devenus, 
sinon  aux  termes  d'une  reconnaissance  officielle,  du  moins 
en  fait,  les  représentants  de  la  nation  irlandaise  admis  à 
défendre  devant  les  représentants  de  la  nation  anglaise  des 
droits  ainsi  implicitement  reconnus  et  qu'il,  reste  à  codifier. 
Dans  quelle  mesure  et  sous  quelle  forme  sera-t-il  fait  droit 
à  leurs  prétentions  ?  Il  est  encore  prématuré  de  le  dire,  au 
moment  où  ne  fait  que  s'ouvrir  une  conférence  qui  peut  être 
longue,  fertile  en  incidents,  ou  qui  peut  même  échouer. 
Pour  l'instant,  on  ne  jDeut  donc  que  pénétrer  l'atmosphère 
dont  s'entoure  cette  conférence,  car  le  résultat  est  susceptible 
de  varier  avec  la  nervosité  ou  l'esprit  de  conciliation  qu'y 
apporteront  les  délégués. 

Malheureusement,  des  nuages  se  sont  amoncelés  dès  avant 
l'ouverture  des  débats  :  cet  enfant  terrible  du  cabinet  britan- 
nique qu'est  M.  Churchill,  s'est  signalé  à  l'hostilité  irlandaise 
de  façon  assez  maladroite  en  parlant  de  la  «  vraie  guerre  » 
qui,  en  cas  d'échec  de  la  conférence,  suivrait  les  «  simples 
embuscades  >•  d'avant  la  trêve.  Singulière  préface  à  des 
pourparlers  de  paix  et  qui,  naturellement,  a  trouvé  un  écho 
dans  un  récent  manifeste  de  M.  de  Valera.  C'est  presque  sur 
un  ton  de  panique,  en  effet,  que  le  Président  de  la  Répu- 
blique irlandaise  invite  ses  concitoyens  à  l'union  dans  la  for- 
ce, les  engage  à  se  préparer  à  toutes  les  éventualités,  voire  à 
tous  les  sacrifices.  Peut-on  d'ailleurs  être  surpris  de  trouver 
chez  les  chefs  irlandais  une  méfiance  instinctive  et  une  opi- 
niâtre détermination  à  la  lutte,  si  l'on  réfléchit  qu'ils  ne  peu- 
vent manquer  d'avoir  présents  à  l'esprit  les  résultats  malheu- 
reux auquels  les  négociations  ont  toujours  abouti  dans 
l'histoire  de  l'Irlande  :  promesses,  commencement  d'exécution 


486  LES   LANGUES    MODERNES 

comme  ce  fut  le  cas  en  1783  lors  de  la  constitution  du  parle- 
ment dit  de  Grattan,  avantages  finalement  abolis  par  l'acte 
d'union  de  1800. 

Il  semble  pourtant  que  l'opinion  publique  en  Angleterre 
réclame  le  règlement  définitif  de  la  question  et  qu'elle  soit 
prête  à  souscrire  à  une  solution  amiable  favorable  à  l'Irlande. 
C'est  le  point  de  vue  que  vient  d'exprimer  Lord  Grey,  à 
l'occasion  de  sa  rentrée  dans  l'arène  poJitique  :  on  finit, 
a-t-il  dit  en  substance,  par  où  l'on  aurait  dû  commencer,  et 
l'on  eût  ainsi  évité,  outre  la  politique  de  terreur  et  de 
représailles  qui  a  fait  couler  tant  de  sang,  l'animosité  et  la 
méfiance  qui  ne  peuvent  que  fausser  les  jugements  et  renfor- 
cer les  obstinations  pendant  les  travaux  de  ces  conférences. 

Aussi,  dans  la  crainte  que  le  peuple  irlandais  ne  soit  peu 
disposé  à  pardonner  à  l'Angleterre  le  sang  versé,  s'eft'orce- 
t-on  de  rejeter  ces  lourdes  responsabilités  sur  l'incohérence, 
soulignée  par  Lord  Grey,  de  la  politique  gouvernementale  ; 
et  l'on  insiste  sur  les  raisons  qu'ont  les  deux  peuples  de 
vivre  en  i^aix.  Il  est  même  significatif  et  rassurant  que 
rirish  Bulletin,  organe  de  propagande  du  Sinn  Fein,  donne 
lui  aussi,  dans  un  de  ses  derniers  numéros,  des  conseils  de 
confiance  et  de  modération  :  «  Si  l'on  veut  mettre  fin  à  la 
lutte  entre  les  deux  peuples,  on  n'y  arrivera  qu'à  force  de 
bonne  volonté  et  en  s'inspirant  de  la  justice,  tant  du  côté 
irlandais,  que,  nous  en  sommes  convaincus,  de  la  part  du 
peuple  britannique.  Les  moyens  de  faire  la  paix  ne  manquent 
pas.  Le  différend  lui-même  reste  en  dehors  des  sentiments 
véritables  des  deux  peuples,  de  même  qu'il  est  contraire  aux 
intérêts  profonds  du  peuple  britannique   ». 

La  note  est  juste,  et  si  à  l'heure  où  se  joue  le  sort  de 
l'Irlande  les  parties  en  présence  ont  conscience  de  leurs  res- 
ponsabilités, elles  ne  triompheront  des  difficultés  du  problè- 
me et  des  divergences  inévitables  qu'en  s'inspirant  de  ces 
conseils. 


La  situation  créée  par  le  chômage  ne  laisse  pas  d'être 
inquiétante.  Le  nombre  des  sans-travail  approche  sensible- 
ment de  deux  millions,  mettant  ainsi  en  jjéril  la  discipline 
.syndicaliste  et  augmentant  ^c  mécontentement  général  contre 
le  gouvernement.   Les   leaders    travaillistes    commencent     en 


CHRONIQUE    ÉTHANGKHE  187 

effet  à  se  déclarer  impuissants  à  inaint.'nir  le  bon  ordre,  et 
reprochent  aux  dirigeants  de  chercher  à  se  soustraire  à 
leurs  responsabilités  en  tentant  de  confier  la  solution  du 
conflit  à  des  commissions  d'experts. 

Le  cabinet  doit  donc  se  résoudre  à  prendre  les  mesures 
que  comporte  la  situation  :  on  a  envisagé  des  solutions  aussi 
radicales  que  l'émigration  vers  les  Dominions,  qu'il  importe 
de  consulter  au  préalable  ;  et,  pour  l'instant,  on  s'est  contenté 
de  subventionner  les  municipalités  susceptibles  d'employer 
les  chômeurs  à  des  travaux  d'utilité  publique.  Faible  remède 
d'ailleurs,  qui  doit  être  complété  par  l'attribution  de  secours 
de  chômage  dans  d'inquiétantes  proportions.  Aussi  le  pro- 
blème se  double-t-il  d'une  question  financière,  et  l'on  se 
résout  mal,  dans  les  milieux  intéressés,  à  une  inflation  fidu- 
cière  liée  inévitablement  au  marasme  de  la  situation  commer- 
ciale. L'amertume  qui  en  résulte  s'accompagne  d'un  dépit  à 
peine  dissimulé  dans  les  journaux,  qui  soulignent  ce  qu'ils 
appellent  le  paradoxe  allemand  :  tandis  quÊ  l'Angleterre  et 
l'Amérique  victorieuses  se  débattent  dans  une  crise  commer- 
ciale sans  précédent,  rAllemagne  vaincue  ignore  le  chômage, 
voit  ses  usines  reprendre  toute  leur  activité  d'avant-guerre, 
et,  grâce  à  la  dépréciation  du  mark,  est  en  train  de  faire  la 
conquête  des  marchés  étrangers.  Sans  doute,  s'accorde-t-on 
à  dire,  cette  prospérité  est  factice  et  passagère,  et  ne  permet- 
tra pas  à  l'Allemagne  d'éviter  une  débâcle  financière  peut- 
être  prochaine. 

La  conclusion  qu'en  tire  alors  la  presse  anglaise  s'inspire 
de  deux  idées  qui  semblent  en  effet  faire  leur  chemin  :  c'est 
que,  d'une  part,  les  relations  commerciales  ne  pourront 
reprendre  leur  cours  normal  qu'autant  que  le  taux  des 
changes  sera  stabilisé,  et  pour  cela,  il  importerait,  comme 
la  Chambre  de  Commerce  de  Manchester  en  a  émis  le  vœu, 
que  fussent  annulées  les  dettes  de  guerre  interalliées.  D'autre 
part,  enfin,  les  crises  de  chômage  dépendant  de  causes 
mondiales  plus  que  nationales,  seule  une  organisation  inter- 
nationale du  travail  permettrait  d'enrayer  le  mal  sur  des 
bases  durables. 

Ces  solutions  sont  encore  dans  le  domaine  des  vœux  et  de 
la  discussion,  et  il  est  certain  que  l'Angleterre  devra  trouver 
à  la  crise  actuelle  des  remèdes  intérieurs  et  provisoires  en 
attendant  ceux-là. 


488  LES    LANGUES    MODERNES 

Si  les  problèmes  politiques  et  sociaux  de  l'heure  actuelle 
orientent  les  esprits  vers  des  préoccupations  de  surface,  le 
courant  profond  permanent  de  l'idéalisme  religieux  semble, 
sous  l'influence  de  tendances  récentes,  se  détourner  sensible- 
ment de  son  cours.  Le  modernisme  n'est  qu'une  nouveauté 
relative  en  Angleterre  :  un  récent  congrès  tenu  à  Cambridge 
au  début  d'août  dernier  vient  cependant  d'en  souligner  l'im- 
portance, et  de  montrer  que,  circonscrit  jadis  aux  milieux 
intellectuels  des  différentes  confessions,  le  mouvement  avait 
dépassé  ces  limites  ;  à  tel  point  que  certains  journaux  com- 
mencent à  demander  des  comptes  aux  propagateurs  de  ces 
tendances  hétérodoxes. 

Lorsque  des  hommes  d'église  comme  le  Dean  of  Carlisie 
nient  sans  équivoque  la  divinité  même  du  Christ,  que  des 
théologiens  comme  le  professeur  Bethune  Baker  déclarent 
futiles  et  surannées  les  croyances  à  la  Nativité  et  à  la  Résur- 
rection, que  d'une  façon  générale  les  exégètes  du  modernis- 
me renoncent  à  concilier  les  explications  scientifique  et  bibli- 
que du  monde,  et  font  de  la  Genèse  un  mythe  ou  une  superbe 
allégorie,  on  comprend  que  la  foule  des  croyants,  témoin 
lointain  de  ces  troublantes  discussions,  et  habituée  qu'elle  était 
au  solide  terrain  de  dogmes  jusqu'alors  considérés  comme 
intangibles,  s'émeuve,  ou  se  laisse  entraîner  à  de  dangereux 
scepticismes.  De  là  cet  appel  de  certains  journaux  pour  l'uni- 
fication et  la  consolidation  de  la  doctrine  chrétienne,  et  cette 
protestation  contre  les  ferments  de  doute  que  l'exégèse  nou- 
velle menace  de  répandre  dans  les  croyances  communément 
enseignées. 

Nul  doute  que  la  récente  position  prise  par  les  modernistes 
ne  détermine  une  réaction  parmi  les  partisans  de  l'autorité 
religieuse  ;  il  ne  sera  pas  non  plus  sans  intérêt  de  voir  se 
mesurer,  sous  l'égide  de  la  religion,  deux  forces  morales  aussi 
contradictoires  que  l'esprit  de  libre  examen  et  l'orthodoxie 
traditionnelle. 

G.    JOUSS.UME. 


^9r 


I 


ClIKONIQrE    KTUANGKRE  489 

NOTES     ESPAGNOLES 


L'actualité  politique  et  les  affaires  du  Maroc 
Quelques  aspects  du  problèn)e  littéraire 

En  inaugurant  ici  noire  chronique  bimensuelle  espagnole, 
nous  tenons  à  formuler  préalablement  quelques  observations 
essentielles.  L'une  des  plus  importantes  est  que,  dans  le 
très  court  espace  qui  est  accordé  à  cette  rubrique"|)ar  notre 
impitoyable  Secrétaire  de  Rédaction,  il  sera  difficile  de  con- 
tenter tout  le  monde.  L'Espagne,  pour  si  décriée  qu'elle  soit 
aux  yeux  de  certains,  est  un  grand  pays,  dont  l'avenir  peut, 
d'un  jour  à  l'autre  —  au  gré  d'accidents  politiques  contin- 
gents —  s'orienter  vers  des  voies  entièrement  nouvelles. 
D'ores  et  déjà,  cependant,  elle  sollicite  l'attention  de  l'obser- 
vateur par  mille  asjîects  intéressants,  dont  le  vieil  aspect 
«  pittoresque  »  sera  le  dernier  que  nous  songions  à  évoquer 
à  cette  place.  Il  n'y  aura  donc  pas  lieu  de  s'attendre  à  ce 
que  nous  donnions  successivement,  dans  Les  Langues  Moder- 
nes, autre  chose  que  des  tableautins  rapides,  dont  la  succes- 
sion, toutefois,  pourra,  nous  l'espérons,  permettre  aux  lecteurs 
de  se  former  quelques  jugements  d'ensemble  sur  un  pays  aussi 
complexe  qu'est  l'Espagne.  D'autre  part,  l'actualité  politique, 
encore  qu'elle  doive  fréquemment  apparaître  au  premier 
plan,  n'absorbera  point  notre  plume.  Nous  saurons,  à  peu 
près  dans  chacun  de  ces  airticulets,  nous  réserver  la  primeur 
de  quelque  nouveauté  littéraire.  La  littérature  espagnole 
reste.  Dieu  merci,  assez  riche  et  féconde,  sur  tous  les  domai- 
nes, pour  que  l'on  soit,  à  priori,  assuré  de  n'avoir,  en 
l'espèce,  que  l'embarras  du  choix.  Ceci  posé,  nous  nous  hâtons 
d'entrer  dans  le  vif  de  notre  sujet. 

Actuellement,  l'horizon  politique  espagnol  est  complète- 
ment dominé  par  le  problème  marocain.  Nous  n'aurons  pas 
la  fatuité  d'en  exposer  les  conditions.  La  presse  française 
les  a  plus  ou  moins  complètement  et  exactement  retracées. 
Qu'il  nous  suffise  de  constater  que  si,  en  1909,  l'envoi  de 
renforts  au  Maroc,  fut  l'occasion  des  tumultes  sanglants  de 
Barcelone,  cette  fois  les  troupes  ont  franchi  le  détroit  sans 
qu'aucun  trouble  sérieux  ne  soit  venu  bouleverser  la  nation. 
Et  cependant  les  renforts  expédiés  en  ces  mois  d'août  et  de 
septembre  sont  autrement  importants  qu'alors  !   C'est  que  le 


490  LES    LANGUES    MODERNES 

peuple,  tout  en  maugréant,  met  une  sorte  de  point  d'hon- 
neur à  réagir  devant  la  catastrophe  —  car  c'en  a  été  une  — 
et,  sentant  que  l'aventure  est  de  celles  où  l'énergie  nationale 
a  besoin  de  se  révéler  en  face  de  l'étranger,  étouffe,  du  moins 
provisoirement,  ses  passions  et  ses  rancœurs.  Mais  combien 
de  temps  cet  état  d'esprit  durera-t-il  ?  Nous  n'oserions  certes 
pas  formuler  de  pronostics.  La  situation  sociale  est  grave  et 
le  sera  aussi  longtemps  que  les  généralités  économiques  qui 
la  conditionnent  n'auront  pas  été  traitées  par  la  main  d'un 
chirurgien  impitoyable.  En  Catalogne  et  dans  les  quelques 
autres  régions  industrielles,  le  feu  couve  sous  la  cendre.  Et 
puis,  la  situation  militaire  rétablie  au  Maroc,  quelle  politique 
suivra-t-on  là-bas  ?  Les  journaux  se  livrent  sur  ce  point  à 
des  discussions  curieuses,  que  nous  ne  pouvons  même  pas 
résumer.  Dans  un  pays  comme  l'Espagne,  où  l'opinion 
publique,  si  elle  existe,  n'a  que  rarement  eu  la  force  de 
s'imposer  aux  Gouvernements,  il  y  a  tout  lieu  de  craindre 
que  les  ministres  d'Alphonse  XIII  ne  se  laissent  emporter 
par  des  rêves  de  mégalomanie  colonisatrice  et  expansionniste 
et  ne  prolongent,  pour  le  plus  grand  dam  du  budget  et  de  la 
colonisation  intérieure,  la  folle  équipée  marocaine.  Il  y  aurait 
certes  profit  à  traduire  certaines  des  réponses  que,  sur  la  poli- 
tique à  suivre  au  Maroc,  le  journal  La  Libertad  reçoit  de  ses 
lecteurs,  mais  c'est  là  tâche  impossible.  Nous  aurions  aimé 
aussi  à  reproduire  ce  que  la  vieille  Correspondcncia  de 
Espona  —  que  son  Directeur,  M.  Leopoldo  Romao,  vient 
d'abandonner  —  citait  à  propos  de  ces  légendaires  Kurdes, 
en  Extrémadure,  où  la  plus  lamentable  inculture  continue, 
comme  par  le  passé,  à  défier  les  conditions  modernes 
d'existence  civilisée.  Allez  donc,  e.n  ])résence  de  tels  exemples 
de  l'abandon  où  est  laissé  l'intérieur  du  pays,  nous  parler  de 
coloniser  le  Maroc  !  Mais  ce  sont  là  questions  fort  délicates, 
où  il  vaut  mieux  ne  pas  prendre  parti. 

Avant  l'échec,  l'Espagne  entretenait  environ  80.000  hommes 
au  Maroc  et  y  dépensait  200.000.000  de  pesetas,  en  chift'res 
ronds.  La  Gaceta  (Journal  Officiel)  publiait  de  temps  à 
autre,  depuis  que  les  opérations  étaient  devenues  plus 
actives,  une  concession  de  crédits  supplémentaires  et  le 
pays  laissait  faire.  Aujourd'hui,  on  trouve  que  l'on  a  dépensé 
beaucoup  d'argent  pour  des  résultats  négatifs  et  la  presse 
exige  que  soient  établies  les  responsabilités.  L'on  n'est  i)as, 
non  plus,  sans  songer  à  l'exemple  de  la  France  dans  la  zone 


r.HHONIQUK   ÉTHANGKHI-:  401 

voisine...  Mais  n'insistons  pas.  Pas  plus  que  nous  n'insisterons 
sur  les  critiques  adressées  par  les  journaux  d'Espagne  au 
Ministre  de  la  Guerre  et  à  l'état  d'impréparation  où  il  est 
avéré  que  fut  laissée  l'armée  espagnole.  En  lisant  ces  criti- 
ques, toutefois,  l'on  réprime  difficilement  un  sourire,  au 
souvenir  de  certaines  rodomontades  d'organes  germano- 
philes contre  la  France,  au  cours  de  la  Grande  Guerre...  Ce 
qu'il  sera  bien  permis  de  dire,  c'est  que  l'expédition  maro- 
caine va  mettre  dans  un  fâcheux  état  les  linances  de  l'Espa- 
gne. Avant  l'échec,  l'année  financière  espagnols  promettait 
un  déficit  d'environ  900.000.000  de  pesetas.  Combien  va 
coûter  au  Trésor  l'expédition  «  punitive  »  au  Maroc,  c'est  ce 
que  l'on  ne  saurait  encore  supputer.  Mais  que  deviendra,  en 
présence  des  charges  qui  vont  désormais  grever  le  budget,  le 
plan  de  rénovation  intérieure  de  l'Espagne  imaginé  jDai* 
M.  La  Cierva  ?  Car  si  les  millions  s'en  vont  par  centaines  au 
Maroc  —  alors  qu'ils  étaient  déjà  insuffisants  pour  l'œuvre 
à  réaliser  dans  la  péninsule  —  comment  sauvera-t-on  le 
paj's  de  la  catastrophe  économico-sociale  qui  le  menace  et 
qu'eût  peut-être  entravée,  sinon  fendue  à  tout  jamais  impos- 
sible, la  conception  de  réformes  élaborée  par  l'homme 
politique  de  Murcie,  dont  M.  José  Martinez  Ruiz  —  plus 
connu  sous  son  pseudonyme  littéraire  d'Azorin  —  s'est 
fait  l'apologiste  patenté  ? 

Que  si,  maintenant,  nous  jetons  un  rapide  coup  d'œil  sur 
les  domaines  de  la  littérature,  nous  ne  saurions  manquer 
d'être  frappés  par  ce  curieux  phénomène  que  le  nombre  des 
livres  traduits  dépas,se  aujourd'hui  de  beaucoup,  aux  vitrines 
dès  libraires,  celui  de  la  production  autochtone.  Celle-ci 
semble  —  pourquoi  le  cacher,  si  les  Espagnols  eux-mêmes  le 
confessent  —  révéler  de  plus  en,  plus  une  fâcheuse  tendance 
à  n'aborder  que  le  domaine  erotique.  A  tel  point  que 
D.  Rafaël  Calleja  —  qui  dirige  l'une  des  plus  importantes 
maisons  éditoriales  d'Espagne  —  a  senti  Je  besoin  de 
pousser  un  cri  d'alarme  public.  L'écrivain  Tomâs  Borrâs  lui 
a  répondu  en  des  termes  qui  posent  le  problème  sous  un  jour 
intéressant  également  les  littérateurs  de  France.  Borrâs,  en 
efTet,  soutient  la  thèse  cjue  l'on  n'écrit,  en  Espagne,  que  sous 
la  pression  des  éditeurs  et  que  ceux-ci  n'accueillent  bien  que 
les  manuscrits  d'ouvrages  pornographiques.  Il  est  de  fait 
que,  irécemment,  Blasco  Ibânez  ■ —  dans  une  des  nombreuses 
interviews  qui  lui  furent  prises  lors  de  sa  tournée  triomphale 
en   Espagne   —   déclarait    qu'il   plaignait    ses     confrères    de 


4J)2  LES    LANGUES    MODEHNES 

l'autre  côté  des  Pyrénées,  «  obligés  à  écrire  des  saletés  ou  à 
mourir  de  faim  ».  Sans  parler  du  théâtre,  il  est  de  fait  que  le 
plus  grand  nombr.e  des  écrivains  esjîagnols  s'adonne,  pour  ga- 
gner quelque  argent,  au  journalisme,  vu  que  les  travaux  de  lon- 
gue haleine  relevant  d'un  éditeur  n'ont  —  toujours  d'après 
Borrâs  —  chance  d'être  reçus  que  sous  forme  de  traductions  ou 
d'histoires  lestes.  Nous  savons  que  la  i)lupart  des  écrivains  es- 
pagnols actuels,  qui  ne  sont  pas  journalistes,  possèdent  un  em- 
ploi qui  leur  permet  de  résoudre  tant  bien  que  mal  le  problème 
alimentaire.  José  Francés,  par  exemple,  est  employé  des 
Postes  et  nous  pourrions  citer  quantité  de  ses  collègues  qui 
travaillent,  qui  dans  des  ministères,  qui  dans  des  mairies, 
etc.  D'ailleurs,  il  suffit  de  feuilleter  un  des  prospectus  de  la 
maison  Calpe,  par  exemple,  pour  se  persuader  que  les  ouvra- 
ges traduits  y  abondent.  Même  VEcIitorial  Catalana  S.  A.  — 
qui  travaille  avec  un  capital  de  3.000.000  de  pesetas  —  a  un 
nombre  infini  d'œuvres  traduites,  alors  que  sa  Biblioteca 
Catalana  reste  médiocre  quant  au  nombre  des  œuvres 
éditées.  Un  magazine  d'apparition  récente  :  Lectiiras,  prodi- 
gue également  les  traductions,  en  quantité  étonnante  et 
n'hésite  même  pas  devant  la  réimpression  de  morceaux  déjà 
traduits.  Quant  à  l'érotisme,  les  grands  chefs  de  chœurs 
d'hier  —  Zamacois,  Hoyos  y  Vinent,  Trigo,  Insùa  —  sont 
laissés  loin  en  arrière  par  les  Belda  et  les  Retana,  ce  dernier 
surtout.  Il  y  a,  à  Madrid,  une  maison  qui  s'est  fait  une 
spécialité  de  l'édition  de  petits  romans  dont  les  titres  à  eux 
seuls  sont  une  ignominie. 

C'est  la  faute  du  public,  dira-t-on,  comme  on  disait  autre- 
fois chez  nous  que  c'était  «  la  faute  à  Voltaire  ».  C'est, 
croyons-nous,  la  faute,  au  moins  à  part  égale,  des  éditeurs  : 
car  le  public  prend  ce  qu'on  lui  offre  et  n'exige  rien.  Ce 
qu'il  a  le  droit  d'exiger,  c'est  qu'on  lui  vende  des  livres  bien 
faits  et  qui  l'intéressent.  Blasco  Ibàiîez  n'est-il  pas,  au  sur- 
plus, la  preuve  lumineuse  qu'on  peut  conquérir  le  gros  public 
sans  donner  une  seule  fois  dans  l'érotisme  ?  Heureusement 
qu'il  y  a,  à  côté  de  lui,  quelques  plumes  qui  se  refusent  à 
s'alimenter  dans  la  fange.  Des  noms  comme  Gabriel  Miro, 
Pérez  de  Ayala,  Ramôn  (iôniez  de  la  Serna,  Eugcnio  d'Ors, 
pour  ne  citer  que  les  plus  connus,  suffiraient  à  nous  rassu- 
rer sur  l'avenir  immédiat  des  lettres  espagnoles... 

3  septembre.  Camille  Pitollet. 


BIBLIOGRAPHIE 


Can)ille  Pitollet.  —  V.  Blasco  Ibanez  :  Ses  ron)ar)S  et 

le   ron)ai)    de   sa    vie.  (Caïman- Lévy,  'Slli  p.,  ouvra;,'e   orné  de   50 
illustrations,  1921). 

M.  Blasco  Ibânez  n'est  pas  un  inconnu  parmi  nous.  Le  grand 
romancier  espagnol  contemporain  jouit  depuis  quelque  temps  déjà 
d'une  renommée  mondiale.  Plusieurs  de  ses  romans  ont  été  traduits 
en  français.  D'autres  le  seront  prochainement.  Mais,  malgré  tout, 
ces  traductions  n'ont  touché,  en  France,  que  le  grand  public. 
Rien  de  comparable  à  l'immense  succès  qu'a  valu  à  Blasco  Iba- 
nez, aux  Etats-Unis,  son  premier  roman  de  guerre  :  les  Quatre 
Cavaliers  de  l'Apocalypse,  traduit  en  anglais  par  .Miss  Brewster 
.lordân.  La  1'^''  édition  parut  en  juillet  1918.  Au  commencement 
de  janvier  1920,  l'œuvre  atteignait  sa  150'^  édition.  Jamais  tirage 
plus  sensationnel.  Aussi,  lors  de  la  longue  tournée  de  conférences 
qu'il  fit,  d'octobre  1919  à  juillet  1920,  aux  quatre  coins  des  Etats- 
Unis,  Blasco  Ibânez  eut-il  l'occasion  de  se  rendre  compte  de  sa 
popularité  dans  tout  le  territoire  de  l'Union.  L'Université  George 
Washington  lui  conférait  en  séance  solennelle  à  laquelle  assistè- 
rent plus  de  6.000  personnes  le  titre  de  Docteur  es  lettres  honoris 
causa. 

L'ouvrage  de  M.  Pitollet  vient  tout  à  fait  à  son  heure  (1).  Nous 
ne  saurions  trop  remercier  l'auteur  de  nous  avoir  donné  de  la 
vie  et  de  l'œuvre  du  célèbre  romancier  une  étude  aussi  intéressante 
et  aussi  complète,  qui  constitue  en  même  temps  un  hommage 
d'admiration  et  de  gratitude  envers  celui  qui.  pendant  la  guerre, 
n'hésita  pas  un  seul  instant  à  mettre  toute  son  activité  et  tout 
son  talent  au  service  de  la  France  et  de  ses  alliés.  La  tâche  n'était 
pas  aisée.  Il  fallait  établir  une  bibliographie  qui  n'existait  pas, 
retrouver  les  nombreux  articles  dont  le  romancier  espagnol  avait 
été  l'objet.  Ce  n'est  pas  à  l'auteur  lui-même  que  M.  Pitollet  pou- 
vait demander  toutes  les  précisions  désirables  sur  la  date  et  le 
lieu  de  parution  de  ces  articles  de  journaux  ou  de  Revues.  Pour 
Blasco,  en  effet,  il  n'existe  qu'une  seule  réalité,  l'avenir.  "  Absorbé 
tyranniquement  par  la  vision  d'un  demain  infini,  il  ne  songe  qu'à 
ce  qu'il  fera  et  non  à  ce  quil  a  fait.   ->    Aussi  a-t-il   été  incapable 


(1 1  De  cet  ouvrage,  il  a  été  publié  une  traduction  espagnole  sous 
le  titre  ■  V.  Blasco  Ibânez,  Sus  novelas  y  la  novela  de  su  vida  », 
éditée  par  la  maison    •   Prometeo   »   à  Valence  et  vendue  5  pesetas. 


494  LES    LANGUES    MODERNES 

de     collectionner   tout    ce    qui    a    été    écrit    sur    sa    personne    et    sa 
production. 

M.  PitoUet  est  cependant  venu  à  bout  des  difficultés  que  pré- 
sentait un  ouvrage  sur  le  romancier  contemporain.  Non  seulement 
il  était  qualifié  pour  entreprendre  cette  étude,  mais  encore  il  était 
un  des  rares  à  pouvoir  la  mener  à  bonne  fin.  Hispaniste  de  très 
grande  valeur,  il  est  au  courant  de  la  production  intellectuelle  de 
l'Espagne  et  des  Républiques  de  l'Amérique  du  Sud,  en  même 
temps  que  de  tout  ce  qui  paraît  un  peu  partout,  en  France,  en 
Angleterre,'  en  Allemagne,  aux  Etats-Unis.  Rien  de  ce  qui  a  trait 
à  la  littérature  espagnole  n'échappe  à  ce  travailleur  infatigable. 
Journaux,  revues,  conférences;  publications  de  tout  genre,  M.  Pi- 
toUet est  renseigné  sur  tout.  Et  lorsque,  au  1"  chapitre  de  son 
ouvrage,  il  déclare  qu'il  n'a  pu  recueillir  qu'une  <■  minime  partie  •> 
de  ce  qui  a  vu  le  jour  sur  l'œuvre  du  romancier  espagnol,  c'est 
pure  modestie.  Il  serait  difficile  de  demander  une  documentation 
plus   scientifique. 

Les  limites  forcément  restreintes  de  ce  compte-rendu  ne  nous 
permettent  pas  d'examiner  dans  le  détail  cet  ouvrage  qui  founnillc 
d'aperçus  de  toute  sorte.  La  1''"  partie  est  consacrée  au  roman  de 
la  vie  de  Blasco  Ibâiïez.  Et  c'est  bien  un  véritable  roman  que  la 
vie  de  l'écrivain  espagnol,  et  un  roman  curieux  et  véritablement 
captivant.  Etudiant,  conspirateur,  journaliste,  député,  colonisateur, 
conférencier,  Blasco  montre  en  toutes  circonstances  une  énergie 
et  une  ténacité  sans  pareilles.  Homme  d'action,  il  lui  faut  r.ans 
cesse  de  nouveaux  terrains  où  exercer  son  activité  débordante. 
Comme  l'écrivait  Ed.  Zamacoïs,  il  fait  l'effet  d'un  véritable  aven- 
turier de  légende,  d'un  conquistador.  »  S'il  eût  vu  le  jour  sur  le 
déclin  du  xV  siècle,  Blasco  eût  revêtu  la  cuirasse  et  suivi  i'astrc 
rouge    de    Pizarre    ou   de   Cortez.   « 

Son  œuvre  devait  être  uai  reflet  de  cette  existence  si  diverse  tt 
si  mouvementée.  M.  PitoUet  a  parfaitement  indiqué  au  chapitre  IX 
qu'à  chaque  période  de  sa  vie  correspond  une  série  différente  de 
romans.  <■  Il  est  facile,  dit-il,  de  faire  accorder  la  classification 
des  romans  avec  le  cours  de  l'existence  même  de  Blasco,  dont 
l'œuvre  apparaît  ainsi  en  fonction  de  la  vie  et  se  révèle  fort 
indépendante  des  tyrannies,  plus  ou  moins  capricieuses,  de  telles 
ou  telles  modes  littéraires,  le  seul  facteur  véritablement  efficace 
d'influence  dont  elle  puisse  se  réclamer  étant  le  facteur  de  l'am- 
biance. » 

Blasco,  en  effet,  a  toujours  montré  une  répugnance  instinctive 
pour  tout  ce  qui  rappelle  les  groupements  académiques  ou  les 
simples  coteries  littéraires.  Il  eût  pu  fonder  une  école  littéraire, 
mais  il  était  trop  persuadé  de  l'inefficacité  de  ces  écoles.  Il  a 
toujours  marché  seul  en  littérature,  et  après  chaque  nouvelle  pro- 
duction   il    s'est    plongé,    comme    il    le    dit    lui-même,    dans    la    vie. 


BIBLIOGBAPHIK  49b 

afin  de  s'assimiler  les  mille  variétés  du  réel  et  recréer  ainsi  son 
activité  productrice.  M.  Pitollet  nous  donne  à  la  page  69  son  pro- 
gramme, sous  forme  d'une  longue  lettre  adressée  eu  1918,  au  prêtre 
D.  Julio  Cejador.  Admirable  profession  de  foi,  du  plus  haut  inté- 
rêt, où  se  trouve  exposée  la  doctrine  du  célèbre  romancier.  Elle 
est  de  nature,  écrit  avec  raison  M.  Pitollet,  à  éclairer  les  critiques 
à  courte  vue  qui  ne  voient  dans  Blasco  Ibanez  qu'une  "  sorte  de 
volcan  en  perpétuelle  éruption  de  romans,  dont  tout  l'art  se  limi- 
terait à  reproduire  la  formule  zolesque  ...  Grand  admirateur  de 
Zola,  certes,  et  son  ami  personnel,  Blasco  Ibanez  n'a  jamais  nié 
avoir  subi  de  façon  considérable  l'influence  du  maître  de  Médan 
et  de  l'école  naturaliste,  alors  en  plein  triomphe.  Mais  il  l'a  subie 
seulement  dans  les  premières  années.  Dans  la  même  lettre  au 
prêtre  Julio  Cejador,  Blasco  Ibanez  déclare  qu'il  ne  se  trouve  que 
peu  de  rapports  avec  celui  que  l'on  a  voulu  considérer  comme 
son  répondant  littéraire.  "  Nous  n'avons  pas  la  moindre  simili- 
tude, ni  dans  notre  méthode  de  travail,  ni  dans  notre  écriture. 
Zola  a  été  littérairement  un  réfléchi,  je  suis  un  impulsif.  »  Nous 
croyons  également  avec  M.  Pitollet,  que  le  réalisme  étant  une  qua- 
lité essentielle  de  la  littérature  espagnole,  •■  il  n'était  pas  besoin 
de  Zola  pour  en  apprendre,  rebaptisée  <  naturalisme  s  la  pratique 
à  l'Espagne.   » 

Dans  les  derniers  chapitres  de  son  ouvrage,  M.  Pitollet  fait  une 
analyse  aussi  complète  que  précise  des  romans  de  Blasco  Ibaiïez. 
Il  ne  manque  pas,  à  cette  occasion,  d'indiquer  les  circonstances 
dans  lesquelles  ces  romans  furent,  écrits,  ce  qu'il  y  a  d'autobiogra- 
phique dans  tel  ou  tel  d'entre  eux.  II  en  profite  également  pour 
mentionner  les  confidences  de  l'auteur  à  E.  Zamacoïs  ou  à  lui-même, 
discuter  les  appréciations  diverses  que  suscitèrent  les  œuvres  du 
romancier,  et  faire  justice  des  critiques,  parfois  sans  fondement  ou 
injustes,  d'exégètes  notoirement  plus  renseignés.  Peut-être  pourrait- 
on  faire  quelques  réserves  à  propos  de  ce  qu'il  dit  de  <•  El  Milita- 
rismo  Mejicano  ».  Ce  livre  est-il  bien  l'expression  de  la  vérité 
touchant  le  Mexique  ?  Un  doute  plane  sur  les  conditions  dans  les- 
quelles furent  écrits  les  articles  réunis  dans  cet  ouvrage.  En  cette 
occasion,  Blasco  Ibanez  ne  mit-il  pas  sa  plume  au  service  des  Etats- 
Unis,  pour  favoriser  leurs  visées  sur  le  Mexique  et  montrer  la 
nécessité  d'une  inters'cntion.  C'est  ce  qui  découle,  semble-t-il, 
d'un  article  récent  de  Luis  Araquistain,  dans  le  journal  »  El 
Universal  ».  M.  Pitollet  a-t-il  lu  l'ouvrage  de  Emilio  Rabaso  sur 
les  Révolutions  au  Mexique  ?  Il  éclaire,  à  notre  avis,  d'une  façon 
intéressante,  et"  l'état  du  Mexique  et  les  efforts  accomplis  pour  en 
faire  une  nation  civilisée. 

M.  Pitollet  voudra-t-il  me  permettre,  en  terminant,  de  lui  sou- 
mettre quelques  objections  sur  la  forme,  la  contexture  même  de 
son  livre  ?  Il  me  semble,  tout  d'abord,  qu'il  y  aurait  eu  peut-être 
intérêt    à    grouper   dans    un    même   chapitre    les   considérations    sur 

34. 


496  LES    LANGUES    MODERNES 

l'aversion  de  Blasco  pour  les  groupements  littéraires,  son  program- 
me esthétique  (ch.  IV),  et  «  Blasco  est-il  "  le  Zola  espagnol?  » 
«  Comment  il  a  écrit  ses  romans  »  ;  «  quelques  réflexions  sur  le 
style  du  romancier  »  (ch.  IX).  Nous  aurions  eu  ainsi  une  vue  d'en- 
semljle  sur  les  idées,  le  programme  et  le  métier  du  romancier.  De 
même,  n'aurait-il  pas  été  préférable  de  reporter  ce  qu'il  dit  au  ch.  8 
du  succès  aux  Etats-Unis  des  Quatre  Cavaliers  de  l'Apocalypse  au 
chapitre  XIII,  où  il  nous  donne  l'analyse  de  ce  roman  ? 

Je  me  permettrai  également  de  signaler  à  M.  Pitollet  l'emploi 
abusif  qu'il  fait  des  incidentes  et  des  parenthèses.  Elles  sont  par- 
fois tellement  longues,  qu'on  est  obligé  de  relire  la  phrase  pour 
suivre  la  pensée  de  l'auteur.  De  ce  fait,  la  lecture  de  telle  ou  telle 
page  est  vraiment  pénible  et  difQcile.  Bon  nombre  d'observations, 
de  remarques  seraient  mieux  à  leur  place  en  note.  Le  texte  y 
gagnerait  beaucoup  en  force  et  surtout  en  netteté.  Le  jour  où 
M.  Pitollet  voudra  bien  s'astreindre  à  élaguer  de  ses  livres  et 
articles  l'amas  de  connaissances,  de  souvenirs,  par  ailleurs  fort 
intéressants,  qui  pourraient  figurer  en  note  ou  en  appendice,  la 
valeur  de  ses  écrits  s'en  trouvera  considérablement  augmentée. 

Ces  quelques  critiques  n'enlèvent  rien  au  mérite  de  l'ouvrage 
de  M.  Pitollet.  Par  sa  documentation  de  tout  premier  ordre,  par 
l'intérêt  qu'il  présente  d'un  bout  à  l'autre,  il  est  à  la  fois  une 
œuvre  de  vulgarisation,  qui  permettra  de  faire  connaître  au  pu- 
blic français  la  vie  si  cui'ieuse  de  ce  grand  ami  de  la  France,  et 
un  instrument  de  travail  indispensable  pour  quiconque  voudra 
étudier  à  fond  les  ouvrages  du, grand  romancier  espagnol.  Nous 
ne  saurions  trop  en  recommander  la  lecture  et  souhaiter  à  ce  livre 
tout   le   succès   qu'il   mérite. 

F.   Denjean. 

Loi)gwortl)-CI)an)brui).  —  «  Giovai)r)i  Fiorio,  ui) 
apôtre   de    la    Rei)aissai)ce    ei)    Aoç'cterre    au    ten)ps 

de  Sb^l^^SP^^'*^  **•  —  1  hèse  pour  le  Doctorat  d'Université  pré- 
sentée à  la  F'aculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris  (Payot,  Paris, 
1921,  20  fr.). 

Voici,  en  un  volume  de  220  pages,  orné  de  13  fac-similés  et  gra- 
vures (quelques-unes  de  ces  dernières  inédites),  une  sérieuse  étu- 
de qui,  suivant  un  sentier  à  peine  exploré  de  la  Renaissance 
anglaise,  comjjlète  de  données  substantielles  et  précises  le  pro- 
blème de  l'italianisme  de  Shakespeare.  Elle  est  donc  intéressante 
à  ce  titre  d'abord,  et  aussi  en  ce  qu'elle  ouvre  de  vivants  aperçus 
sur  les  milieux  italianisants  de  la  société  élizabéthaine.  Seul,  en 
effet,  parmi  ses  compatriotes  (et  ils  furent  nombreux,  commer- 
çants ou  banquiers,  médecins  ou  maîtres  d'armes,  artistes  ou 
savants,    reçus    en    Angleterre    à    la    faveur    de    la    religion     proies- 


biblio(;haphie  497 

tante),  Jolin  Florio  réussit  à  s'assurer  un  enviable  prestige  au- 
près des  mécènes  de  l'époque,  dont  il  devint  le  maître,  ainsi  qu'à 
la  cour  du  roi  Jacques.  Son  érudition,  l'enthousiasme  presque 
teinté  de  chauvinisme  qu'il  manifestait  pour  sa  langue  d'origine. 
l)our  la  littérature  et  la  civilisation  de  son  pays,  son  caractère  à 
la  fois  souple  et  orgueilleux,  susceptible,  mais  capable  de  déli- 
cate diplomatie,  expliquent  le  point  d'honneur  qu'il  mît  à  se  faire, 
dans   ce   milieu,   l'apôtre   des   lettres   italiennes. 

L'œuvre  n'est  pas  moins  curieuse  que  le  caractère  de  l'homme, 
et  si  oubliés  que  soient  aujourd'hui  ces  manuels  de  conversa- 
tion qu'il  intitule  ses  ••  Premiers  ■>  et  ses  "  Seconds  Fruits  », 
son  dictionnaire  ou  «  Monde  des  mots  »,  les  pensées  qui  les  ont 
inspirées  valaient  d'être  soulignées,  puisque,  instigateur  peut-être 
d'une  idée  reprise  par  la  pédagogie  moderne,  F'iorio,  tout  en  fami- 
liarisant ses  compatriotes  avec  la  conversation  anglaise,  les  ini- 
tie par  le  sujet  même  de  ses  dialogues  aux  mœurs  et  au  carac- 
tère de  la  société,  et  puisque,  à  l'usage  de  ses  élèves  anglais,  et 
sous  couleur  de  leur  montrer  les  élégances  et  les  raffinements  de 
la  langue  italienne,  il  introduit  une  ample  moisson  d'aphorismes, 
proverbes,  "  dictons  dorés  >  transposés  de  l'italien,  qui,  trou- 
vant dans  les  goûts  du  temps  la  raison  de  leur  succès,  finirent  par 
enrichir  de  leur  grâce  souvent  précieuse  la  langue  de  l'époque.  Si 
Ton  ajoute  à  cela  une  remarquable  traduction  anglaise  de  Montai- 
gne, qui  vulgarisa  la  philosophie  des  Essais,  on  pourra  se  rendre 
compte  de  l'imposant  bagage  d'impressions,  d'idées  et  d'expres- 
sions nouvelles,  révélatrices  de  la  France  et  surtout  de  l'Italie, 
que  l'homme  et  l'œuvre  importèrent  dans  les  milieux  littéraires, 
et  comment  se  posait  inévitablement  le  problème  de  l'influence 
exercée  par  Florio  sur  Shakespeare.  Il  va  sans  dire  que  la  criti- 
que shakespearienne  avait  déjà  noté  les  traces  de  cette  influence, 
mais  nous  devons  savoir  gré  à  M.  Longworth-Chambrun  d'avoir, 
par  une  étude  complète  de  la  vie  et  de  l'œuvre  de  Florio,  par 
l'étendue  de  ses  recherches  et  la  sûreté  de  ses  rapprochements, 
établi  les  points  de  contact  probables  entre  les  deux  hommes,  le 
caractère  de  leurs  relations  et  les  concordances  entre  leurs  œu- 
vres. Dans  ce  domaine,  où  faute  de  documents  précis,  la  certitude 
doit  souvent  faire  place  à  l'hypothèse  et  à  la  déduction,  l'auteur 
a  su  presque  toujours  apporter  dans  l'exposé  de  ses  arguments 
une  rigoureuse  logique  qui  nous  fait  partager  sa  conviction. 
Tout  au  plus  pourrions-nous  hésiter  à  le  suivre  sur  le  terrain  de 
quelques  déductions  extrêmes  et  un  peu  hasardeuses  :•  si,  par 
exemple,  Shakespeare  accentua  le  mot  "  Stephano  »  sur  la  se- 
conde syllabe  dans  le  "  Marchand  de  Venise  »,  et  sur  la  premiè- 
re, selon  la  prononciation  italienne,  dans  la  «  Tempête  »,  ce 
petit  fait,  à  lui  tout  seul,  ne  nous  semble  pas  permettre  de  con- 
clure aux  progrès  de  Shakespeare  dans  la  pratique  de  l'italien.  Nous 
ne   sommes   pas   davantage  persuadés   que   l'intérêt   de   Shakespeare 


498  LES    LANGUES    MODERNES 

pour  la  philologie  ait  été  uniquement  acquis  auprès  de  Florio. 
Ce  ne  sont  là,  d'ailleurs,  empressons-nous  de  le  remarquer,  qu'hy- 
pothèses de  détail,  et  qui,  pour  fragiles  qu'elles  soient,  ne  com- 
promettent  en   rien    la    solidité    générale    de    l'ouvrage. 

G.    JOUSSAUME. 


Sartor  Resartus.  —  Con)ni)ei)t  oi)  Joue  avec  la  Folie. 

(Edition  des  Tablettes,  St-Raphaèl,  1921). 

Il  m'importe  peu  de  savoir  si  ces  129  pages  de  journal  intime 
sont  un  acte  d'imagination  et  de  volonté,  ou  bien  de  simple  intros- 
pection qui  s'exprime.  J'incline  vers  la  dernière  hypothèse,  car 
l'autre  me  paraît  impliquer  dans  la  composition  un  minimum 
de  logique  ou  de  symétrie,  que  je  ne  trouve  pas,  à  cette  première 
lecture,  dans  ce  petit  livre.  Et  d'ailleurs,  ce  qu'on  imagine  assez 
intensément  pour  donner  l'impression  de  la  vie,  est  en  vérité 
vécu,  ne  fût-ce  que  parce  qu'il  a  son  origine  en  des  réalités  dû- 
ment saisies. 

Je  m'en  voudrais  de  «  juger  »  en  quoi  que  ce  soit  cette  psy- 
chologie qui  ne  se  cache  pas  :  malgré  tous  les  jugements  ou  clas- 
sifications, toute  vie  profonde  reste  majestueuse  de  par  sa  néces- 
sité, au  sens  grec  du   mot. 

A  la  faveur  des  émotions  primitives  de  la  guerre,  voici  donc 
une  âme  enrichie,  révélée  à  elle-même  directement  ou  par  rico- 
chet, en  des  bouleversements  dont  je  ne  saurais  assez  souligner 
le  caractère  de  privilèges.  Les  intuitions,  les  découvertes  abon- 
dent ;  ou  plutôt  devrais-je  dire  que  la  réalité  jadis  méconnue 
sous  les  voiles  de  l'habitude  et  des  nécessités  d'ordre  social,  est 
soudain  désormais  reconnue,  dépouillée  sur  toutes  ses  facettes  des 
obstacles  à  son  resplendissement,  du  moins  dans  le  domaine  de 
la  conscience  ;  et  qu'en  cette  lumière  nouvelle,  jadis  abstraite- 
ment conçue  sans  doute,  sous  forme  de  douloureux  et  mystérieux 
malaise,    l'âme   ressent    l'infini. 

Celle  qui  s'exprime  en  ces  notes  successives,  malgré  ses  heures 
d'extase  irréductibles,  a  foi  en  la  logique  humaine,  et  besoin  d'elle. 
Et  toutes  les  intuitions  qui  lui  furent  accordées,  elle  les  soumet 
en  fin  de  compte  au  critère  de  l'intelligence  considérée  (indûiuent, 
me  semble-t-ilj,  comme  essentiellement  différente  d'elles.  Rester 
fidèle  aux  visions  intenses  lui  paraît  un  danger,  un  vertige  : 
elle  émonde  «  intellectuellement  »  les  algues  merveilleuses  dont 
la  caresse  l'avait  enivrée  dans  l'océan  de  l'être,  afin  de  retrouver 
son  équilibre  en  une  soliddritc  et  une  doctrine.  Cet  effort  de  l'es- 
prit est  l'axe  d'un  tempérament,  de  celui  que  l'ensemble  humain 
s'entendra  le  moins  difficilement  pour  élire,  et  pour  y  chercher  sa 
paix. 

G.   d'Haxgest. 


BIBLIOdKAPHIE  490 

Cl)arles    Cl)as5é.    —    Napoléoi)    par    les    Ecrivains. 

(1  vol.  111-4»  illustré  de  8   iiors-tt-xtes,  broché,  20  fr.,  Paris,  Hachette, 
lil'il). 

Constituée  par  des  extraits  d'écrivains  de  toute  origine  répartis 
sur  un  siècle  entier,  cette  anthologie  n'a  pas  seulement  l'intérêt 
des  textes  qu'elle  rassemble  :  elle  est  une  contribution  à  l'étude 
de  la  |)sychologie  humaine,  puisqu'elle  décrit  la  réaction  des 
milieux  et  des  individus  les  plus  divers  devant  un  fait  historique 
et  une  personnalité  de  première  grandeur.  Les  documents  sont 
aussi  nombreux,  aussi  suggestifs  qu'on  peut  le  souhaiter  ;  et  qui- 
conque connaît  l'infatigable  fureteur  qu'est  notre  collègue 
Chassé,  retrouve  avec  joie  dans  son  livre  l'enthousiasme  qui 
déborde  de  sa  conversation  devant  chaque  manifestation  de  la  vie: 
il  était  inévitable  que  le  prestigieux  défilé  des  admirations  et  des 
haines  auquel  il  nous  fait  assister,  ne  suscitât  pas  de  sa  part  cet 
effort  de  coordination.  Il  ne  s'est  pas  contenté  de  nous  fournir  des 
documents  :  il  les  situe  et  les  explique,  comme  il  convenait  sans 
doute  dans  un  livre  destiné  au  grand  public,  mais  ave;  une 
richesse  d'information  collatérale  et  une  verve  qui  nous  entraî- 
nent, sans  effort,  à  travers  ces  260  pages,  et  nous  laissent  très 
forte  l'impression  d'un  tout.  Sa  division  en  trois  groupes  chrono- 
logiques des  opinions  relatives  au  héros,  de  1830  à  nos  jours,  sous 
les  titres  d'Admiration  Réfléchie,  de  Dénigrement  Systématique, 
et  dWdmiration  Raisonnée,  établit  le  rythme  de  toute  vie  en  cette 
évolution,  et  applique  à  la  classification  des  documents  concrets  le 
principe  dégagé  jadis  par  M.  Cazamian  de  l'histoire  d'Angleterre 
au  19"  siècle,  —  l'illustre  pour  ainsi  dire,  sans  d'ailleurs  que  les 
faits  examinés  autorisent  à  voir  là  autre  chose  qu'une  induction 
légitimement  conduite. 

Les  linguistes  seront  particulièrement  reconnaissants  à  Oh. 
Chassé  d'avoir  consacré  aux  écrivains  étrangers  une  part  impor- 
tante de  son  enquête,  et  de  leur  rendre  perceptible  en  son  essence 
l'influence  française  à  l'extérieur,  qu'il  s'agisse  de  Gœthe,  Walter 
Scott,  Byron,  Wordsworth,  Shelley,  Carlyle,  Thackeray,  Heine, 
Emerson,  Nietzsche,  ou  bien  de  Sir  Hudson  Lovve,  Lord  Rosebcrry 
ou  Max  Lenz.  Donner  cette  liste,  après  ce  que  j'ai  dit  du  choix  et 
de  la   méthode,  c'est   indiquer  l'étendue   de  notre   dette. 

Nulle  ambition  n'est  plus  naturelle  que  celle  de  l'auteur,  de  voir 
figurer  son  livre  auprès  du  Napoléon  par  l'Image  de  M.  Dayot, 
comme  ouvrage  de  référence,  chez  tous  ceux  qui  s'intéressent  au 
grand  homme  ;  on  ne  voit  même  pas  bien  comment  ces  derniers 
se  dispenseraient  d'une  anthologie,  seule  en  sou  genre,  si  vivante 
^t   si   facile  à  consulter. 

G.   d'Hangest. 


500  LES   LANGUES    MODERNES 

Dai)iel  Joi)e5.  —  Ai)   Ei)glisl)  Proi)OUi)Cli)g  Dictiooary 

OI)     Strictiy     PI)OI)etiC     Pril)Ciple5.    (7  6    net,    Dent    et    Sons, 
pablishers,  33,   Quai  des  Grands-Augustins,  Paris,  VI«). 

Tant  que  le  change  interdira  à  l'universitaire  français  le  sé- 
jour en  Angleterre,  et  même  en  temps  normal,  voici  un  livre 
indispensable  au  professeur  ou  à  l'étudiant  d'anglais.  Le  seul  nom 
de  l'auteur  et  celui  de  Walter  Ripman,  signataire  de  la  préface, 
sont  des  garanties  parfaites. 

L'auteur  ne  s'est  pas  proposé  comme  but  de  déterminer  quelle 
doit  être  la  prononciation  de  la  langue,  mais  seulement  de  noter 
quelle  est,  en  fait,  la  prononciation  des  gens  cultivés  dans  la  par- 
tie sud  de  l'Angleterre.  Il  a  omis  les  mots  rares,  sur  lesquels 
l'accord  est  difficile,  mais  son  livre  contient  près  de  50.000  voca- 
bles ;  et  plus  de  onze  mille  d'entre  eux  sont  des  noms  propres, 
bibliques  ou  géographiques.  Ou  n'imagine  guère,  avec  de  tels  maté- 
riaux à  sa  disposition,  quelle  erreur  autre  qu'insignifiante,  il  n'est 
pas  possible  de  rectifier  dans  sa  lecture  ou!  sa  conversation.  (En 
ce  qui  concerne  l'accent  de  la  phrase,  il  existe  d'autres  ouvrages^ 
dont   les   meilleurs   sont   ceux   de  W.   Ripman   et   de   Coleman). 

L'alphabet  employé  est  celui  de  l'Association  phonétique  inter- 
nationale, dans  la  mesure  où  il  réunit  le  minimum  de  signes  et 
le  minimum  d'imprécision  ;  c'est  d'ailleurs  à  la  fois  le  plus  clair 
et   le   plus  répandu. 

Publié  pendant  la  guerre,  en  1917,  cet  ouvrage  destiné  au  seul 
public  instruit,  a  déjà  été  réimprimé  en  1919  :  si  sa  diff"usion 
égale    son   mérite,   une  deuxième   édition  ne   saurait   être   lointaine. 

G.  d'Haxgest. 

Kei)i)etl)  S>san)  :  Fourteei)tl)  Cei)tury  Werse  ai)d  Prose 

(xi.vii    •    292  pp.,  7  (j  net,  Clarendon  Press,  Oxford,  1921.) 

Cette  anthologie  ne  cherche  pas  à  ^■ulgariser  la  connaissance  des 
œuvres  dont  la  valeur  artistitjue  est  actuellement  la  plus  reconnue  r 
son  but  est  historique  et  explicatif.  Elle  représente  ck?s  auteurs,  ou 
des  œuvres  dont  l'origine  n'est  i)as  encore  déterminée,  —  dont  la 
vogue  fut  grande  chez  les  contemporains. 

L'introduction  est  fort  intéressante,  autant  par  suite  d'un  souci 
d'exactitude  très  indépendant  des  opinions  courantes,  et  qui  fait 
reprendre  à  l'auteur  l'étude  à  sa  base,  —  que  par  la  philosophie 
du  sujet,  fondée  sur  la  raison  et  sur'des  vues  larges  ;  on  n'a  à  aucun 
moment  l'impression  d'étouflcr  dans  une  poussiéreuse  érudition, 
mais  de  voir  seulement  Aivre.  dans  le  cadre  de  faits  essentiels 
judicieusement  soulignés,  une  ci\  ilisation  aussi  humaine  que  loin- 
taine. 

Les  notices  précédant  chaque  extrait  (38i,  ou  groupe  d'extraits 
(17i,    sont   précises   et     substantielles.    Pour  environ     200   pages   de 


BlBLIO(iHAPHIE  301 

textes,  près  de  90  de  notes  contiennent  tons  les  éclaircissements  phi- 
lologiques ou  historiques,  toutes  les  remarques  littéraires  utiles  : 
bonne  organisation  du  travail,  qui  n'entraîne  aucun  abandon  à 
l'automatisme,  et  laisse  intacts  chez  le  lecteur  la  curiosité,  l'amour 
nécessaire  de  la   vérité  et  de  la   vie. 

(j.  d'Haxgest. 

Tl)c  Clarei)doi)  Séries  of  Ei)glisb   Litcraturc  (Crown 

8v.,;|(j  net  each  volume,  Clareiulon  Piess,  Oxford.) 

Voici  une  série  d'anthologies  dont  les  premières  font  impatiem- 
ment attendre  les  autres  ;  j'ai  déjà  dit  le  bien  que  je  pense  du 
Burke.  Le  Milton  et  le  Gowper  sont  également  satisfaisants  (sauf 
la  maigreur  relative  des  extraits  de  prose  du  premier).  Ces  volu- 
mes sont  sobres,  puisqu'ils  n'atteignent  même  pas  250  pages. 
Leurs  auteurs  font  preuve  de  désintéressement  et  d'intelligence, 
puisqu'ils  ne  rédigent,  à  la  fin  des  volumes,  que  les  notjs  indis- 
pensables, et  qu'ils  remplacent  l'introduction  par  les  pages  les 
plus  significatives  des  grands  critiques  ou  biographes  sur  les  pas- 
sages choisis  ou  sur  les  écrivains.  Et  la  présentation  matérielle 
est   parfaite. 

Je  conçois  mieux,  pour  ma  part,  l'usage  de  li\res  semblables 
pour  constituer  un  programme  de  licence,  que  la  désignation 
d'une  majorité  d'œuvres  complètes  et  très  étendues,  où  trop  sou- 
vent  les    débutants    se    perdent. 

G.    d'Hangest. 

A.  Meillet.  —  Linguistique  historique  et  linguistique 
générale  (E.  champion,  Paris.) 

Ce  fort  volume,  de  présentation  aussi  agréable  que  soignée,  est 
un  recueil  d'articles  qui  ont  paru,  pour  la  plupart,  depuis  1905 
dans  des  périodiques  divers.  »  Ecrits  sans  plan  préconçu,  dit 
l'axertissement  de  l'auteur,  ces  exposés  ont  cependant  une  unité 
parce  qu'ils  se  rattachent  tous  à  quelques  idées  générales  exposées 
dans  le  premier  d'entre  eux.  >  Celui-ci,  en  effet,  qui  est  la  leçon 
d'ouverture  du  Cours  de  grammaire  comparée  au  Collège  de 
France,  lue  le  13  février  1906,  lorsque  M.  Meillet  succéda  à 
M.  Bréal,  trace  le  tableau  de  l'état  actuel  des  études  de  linguisti- 
que générale,  et  montre  comment  les  études  sur  les  langues  faites 
d'un  point  de  vue  historique,  malheureusement  encore  trop  peu 
nombreuses,  permettront  d'établir  quelques  lois  générales  de  lin- 
guistique et  de  constituer  une  science  qui  prendra  place  parmi  les 
sciences  exactes  et  les  sciences  sociales.  L'n  autre  article  précisera 
le  sens  du  titre  de  tout  l'ouvrage  et  indiquera  quelle  est  cette 
place  de  la  linguistique  générale  «  entre  les  grammaires  descrip- 
tives et  historiques  d'une  part,  qui  sont  des  sciences  de  faits  par- 


502  LES    LANGUES    MODERNES 

ticuliers.  et  ranatomie,  la  physiologie,  la  psychologie  et  la  socio- 
logie, qui  sont  des  sciences  plus  vastes  dominant  et  expliquant 
entre  autres  choses  les  phénomènes  du  langage  articulé  ».  Les 
autres  chapitres  essaient  de  dégager  quelques-unes  des  lois  de 
cette  science,  ou  sont  constitués  par  des  études  sur  des  points  plus 
particuliers. 

Convient-il  de  discuter  les  mérites  d'un  tel  ouvrage,  ou  même 
d'en  faire  l'éloge  ?  Une  pareille  entreprise  nous  paraîtrait  irres- 
pectueuse. On  ne  peut  qu'exprimer  son  admiration  pour  cet  im- 
mense savoir,  e.xempt  de  tout  pédantisme,  d'une  étonnante  clarté, 
et  ne  perdant  jamais  le  contact  avec  la  réalité  la  plus  vivante. 
Quelle  prudence,  mais  aussi  quelle  sûreté  dans  les  affirmations  ! 
Quel  art  pour  ouvrir  à  l'aide  de  menus  faits  bien  connus  de  larges 
perspectives  insoupçonnées  !  11  est  plus  que  comblé,  le  vœu  que 
M.  Meillet  exprime  avec  trop  de  modestie  lorsqu'il  »  souhaite 
que  son  recueil  fasse  entrevoir  l'extrême  complication  des  faits 
et  leur  régularité,  mais  aussi  la  multiplicité  des  influences  qui 
agissent  sur  les  langues   ». 

Peut-on  trouver,  surtout  pour  des  professeurs  de  langues  mo- 
dernes, meilleure  recommandation  de  l'ouvrage  de  M.  Meillet  que 
ces  paroles  qui  sont  encore  empruntées  à  l'avertissement  :  <'  La 
grammaire  a  une  méchante  réputation  près  de  bien  des  pédago- 
gues. Comme  la  grammaire  classique  n"a  guère  suivi  le  progrès 
de  la  linguistique,  elle  se  trouve,  en  effet,  ne  plus  répondre  à  l'état 
actuel  des  idées.  Les  maîtres  qui  voudront  bien  lire  ce  recueil  y 
apercevront  peut-être  le  moyen  de  rendre  parfois  plus  vivant  et 
plus  moderne  l'enseignement  de  la  langue  qui  est  une  des  tâches 
principales  de  l'école  à  tous  ses  degrés,  et  que,  pourtant,  on  les 
prépare  en  général  peu  à  donner.   >■ 

(iaston    Raphaël. 

Lai)usse  et  Yvoo-  —  Cours  corT)plet  de   grarr)n)aire 

française  (Bolin,  Paris.) 

Ce  livre  classique  n'est-il  ])as  comme  une  illustration  des  paro- 
les de  ^L  Meillet  que  l'on  vient  de  lire  ?  Voihi  comment,  en  s'ins- 
pirant  des  connaissances  et  des  théories  nouvelles  en  linguistique, 
deux  collègues  des  classes  de  lettres  ont  écrit  pour  leurs  élèves 
une  grammaire  française  vivante  et  attrayante.  Ils  ont  rompu 
avec  la  tradition  qui  indignait  si  justement  Anatole  France  : 
'■  Etudier  comme  une  langue  morte  la  langue  vivante  :  quel 
contre-sens  !  »  Ils  enseignent  le  français  en  partant  de  la  réalité. 
A  leur  avis,  «  en  dehors  des  formes  grammaticales  et  d'un  petit 
nombre  de  règles,  la  grammaire  ne  doit  pas  être  apprise  par 
cœur  >>.  Ils  invitent  l'élève  à  réfléchir  lui-même  sur  les  expres- 
sions,   formules    et    plirases    ([iril    emploie    constaniinent.    .Mais,    en 


BIBLIOGRAPHIE  503 

excellents  péda}^<)};iics,  ils  Siiveiit  le  guider  avec  sollicitude,  et  avec 
une  expérience  qui  s'appuie  sur  un  savoir  aussi  sûr  et  étendu 
qu'il  se  fait  discret.  Ce  ne  serait  peut-être  pas  s'avancer  trop  que 
de  soutenir  que  la  même  méthode,  appliquée  avec  les  adaptations 
nécessaires,  aiderait  beaucoup  à  renouveler  et  vivifier  renseigne- 
ment de  la  grammaire  allemande  ou  anglaise. 

Ajoutons  que  cet  ouvrage  a  été  précédé  d'une  série  de  petits 
volumes,  accompagnés  d'exercices,  à  l'usage  des  classes  de  gram- 
maire. 

(laston    Rai'H.\ki.. 

LaiT)bley,  Katt)leer)  :  T^e  Teact)ii)g  ai)d  Cultivatioi)  of 
i\)e  Freocb  Lai)guage  il)  Ei)giar)d  durii)g  Tudor  ai)d 
Stuart  Tin)eS>  witli  an  introductory  chapter  on  Ihe  preceding 
period  (Manchester  Université"  Frcss,  192).  Longmans,  i'.'.H  pages, 
14  shillings.) 

Ce  gros  livre  est  présenté  au.  public  comme  l'une  des  puijlica- 
tions  (n"  129)  de  l'I'niversité  de  .Manchester,  (^est,  en  effet,  nous 
dit  la  préface,  M.  Kastner,  le  professeur  de  l'Université  bien  connu, 
qui  suggéra  le  sujet  ;  et  une  bourse  d'études,  ou  «  fellowship  •, 
permit  à  l'auteur  d'entreprendre  l'enquête.  Disons  de  suite  que 
le  travail  est  très  digne  de  ce  patronage  et  de  ces  encouragements. 

Il  faut  cependant  prévenir  le  lecteur  que  l'objet  principal  de 
Miss  Lambley  est  l'histoire  de  l'enseignement  du  français,  plutôt 
que  celle  de  l'emploi  du  français  en  Angleterre.  Si  elle  était  aussi 
fidèle  à  la  deuxième  qu'à  la  première  promesse  de  son  titre,  elle 
ne  pourrait  évidemment  commencer  même  ce  court  chapitre  d'in- 
troduction sur  le  .Moyen  .Age  en  nous  parlant  du  xnr  et  du 
.MV"  siècle  "  ;  mais  elle  aurait  toute  l'histoire  de  l'anglo-normand 
à  résumer,  —  sinon  à  refaire  ;  elle  s'en  abstient,  non  sans  raison, 
et  c'est  encore  dans  le  grand  ouvrage  de  .M.  Brunot  sur  notre 
langue  française  qu'on  trouvera  le  guide  le  plus  complet  et  le 
mieux  ordonné  sur  l'ensemble  de  cette  deuxième  partie  du  pro- 
gramme   annoncé    par    Mlle    Lambley. 

L'histoire  de  l'enseignement  du  français  en  Angleterre  —  l'au- 
teur nous  laisse  trop,  ce  me  semble,  le  soin  de  dégager  cette 
leçon  de  son  livre  —  est  l'histoire  d'une  véritable  évolution  de 
principes.  Il  apparaît  ici  clairement  que  le  <•  Moyen  Age  ■■  sco- 
lastique  »  n'a  pas  voulu  d'une  méthode  scolastique  pour  l'ensei- 
gnement des  langues  vivantes  ;  fort  longtemps,  inconscient  que 
l'on  était  sans  doute  des  règles  qui  régissent  la  langue  vivante, 
on  a  prôné  une  étude  toute'd'empirisme  et  de  pratique.  Les  listes 
de  mots,  les  manuels  de  conversation  ont  précédé  les  grammaires. 
Il  a  fallu  la  Renaissance  pour  qu'on  osât  ■  éclaircir  .-  la  langue, 
—  c'est  le  mot  de  Palsgrave,  —  définir  des  règles  et  édifier  un 
système   sur   le   modèle   du   latin.   Ainsi,   pourrait-on    dire,   c'est   la 


504  LES    LANGUES    MODERNES 

<  méthode  directe  >>  qui  est  primitive  (Ih  Ou  plutôt,  en  l'absence 
de  toute  méthode,  c'est  sur  un  contact  aussi  direct  que  possible 
avec  le  modèle  à  suivre  que  se  fonde  l'enseignement  :  il  reste 
encore    essentiellement    une    mimétique    instinctive. 

D'où  le  rôle  considérable  joué  par  les  professeurs  français  im- 
migrés en  Angleterre.  Mlle  Lambley  les  passe  en  revue  minutieu- 
sement, eux  et  leurs  ouvrages  —  précepteurs  de  princes  et  de 
grands  de  la  cour,  pauvres  réfugiés  devenus  maîtres  d'école,  etc. 
Même  les  auteurs  français  de  traités  publiés  en  France,  pour  au- 
tant qu'ils  ont  dû  servir  aux  voyageurs  et  étudiants  anglais,  ont 
paru  devoir  trouver  place  ici.  On  rencontrera  encore,  de-ci,  de-là, 
de  ces  à-côté  du  sujet,  des  pages  consacrées  soit  à  l'histoire  de 
l'enseignement  de  l'anglais  en  France,  soit  à  celle  des  traductions 
anglaises    d'œuvres   françaises. 

C'est  dire  que  ce  livre  est  un  peu  touffu,  et  qu'il  s'aventure  par- 
fois au  delà,  comme  parfois  il  reste  en  deçà,  de  ce  que  promet 
son  titre.  Il  n'est  pas  d'une  lecture  également  captivante,  et  Von 
ne  voit  guère  d'idée  générale,  on  ne  voit  même  guère  d'idée  y  sur- 
nager. Mais  il  faut  le  prendre  pour  ce  qu'il  a  voulu  être,  —  un 
travail  d'érudition  qui  rassemble  fort  commodément  tout  ce  que 
l'on  a  pu  observer  jusqu'ici  sur  la  matière,  qui  nous  renseigne 
sur  quantité  de  livres  parfois  très  rares,  et  de  personnages  parfois 
très   obscurs. 

11  y  a  deux  appendices  bibliographiques,  l'un  par  ordre  chro- 
nologique, l'autre  par  ordre  alphabétique,  et  un  index  très 
complet. 

A.   KosziL. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAISE 


Tin)es  Literary  Suppleni)ei)t,  !)-6-I()21.  Article  de  fond  : 
John  Drijden,  à  propos  d'une  belle  étude  récemment  publiée-  à 
New-York  par  Mark  Van  Doren,  et  consftcrée  principalement  à 
la  poésie  de  Dryden  ;  l'auteur  insiste  sur  le  génie  poétique  de 
l'auteur  de  «  Mac  Flecknoe  »,  que  d'aucuns  ont  le  tort  de  traiter 
de  prosaïque  ;  —  Leopardi  and  Ençilish  Literature  .■  le  poète  de 
Kccanati  semble  n'avoir  eu  qu'une  connaissance  médiocre  de 
l'anglais  ;  s'il  lut  dans  le  texte  les  Lettres  de  Lord  Chesterfield, 
et  s'il  lut  même  dans  la  traduction  anglaise  VHistoire  de  Rome  ''e 
Niebuhr.  jamais,  semble-t-il,  il  ne  lut  Shakespeare,  et  il  ne  con- 
nut Byron,  un  de  ses  favoris,  que  dans  les  traductions  italiennes  ; 

(1)  Klle  va  d'ailleurs  esquisser  une  revanche  sur  la  méthode- 
livresque  dès  le  wii'   siècle  (cf.  pp.  335-339  du  livre  de  Mlle  L.). 


HIBI.IOGUAPMIE  505 

—  C.  E.  Bechhofcr  (v.  Bulletin  d'août),  dans  une  2«  lettre  sur  la 
littérature  américaine  contemporaine,  étudie  trois  représentants 
de  ce  que  l'auteur  appelle  l'intelligentsia,  car  dans  l'Amérique 
d'aujourd'hui,  comme  dans  la  Russie  de  naguère,  il  y  a  une 
intelligentsia,  <()nstituée  par  une  classe  de  critiques  et  d'essayistes 
qui  s'attaquent  aux  tlogmes  reçus,  sans  être  cependant  approuvés, 
ou  même  compris,  du  grand  public.  De  ces  trois  frondeurs,  l'un, 
Kandolplî  liourne,  mort  infirme,  en  1918,  à  l'âge  de  32  ans,  n'a 
laissé  que  des  articles  dont  ses  amis  ont  déjà  recueilli  deux 
volumes  ;  Mr.  Harold  Stearns,  l'auteur  de  Liberalism  in  America, 
voit  son  autorité  grandir  dans  le  groupe  des  jeunes  puhlicistes 
radicaux  ;  M.  H.-L.  Mencken,  plus  positif  dans  ses  jugements,  s'est 
courageusement  attaqué  à  la  censure  puritaine,  dont  le  pouvoir 
est  tel  en  Amérique  i  qu'elle  a  pu  faire  mettre  à  l'index  des  œu- 
vres comme  «  Jude  the  Obscure  »  ou  "  Tom,  Sawyer  i>.  —  M.  F"or- 
hes  Sieveking  publie  un  poème  inédit  de  John  ■  Keble  :  ce  poème, 
écrit  en  1814  à  l'occasion  d'une  visite  des  souverains  alliés  à 
Oxford,  semble  trahir  une  certaine  influence  du  pamphlet  de  Cha- 
teaubriand, De  Bnonaparte  et  des  Bourbons  ;  M.  Sieveking  y  voit 
une  nouvelle  preuve  de  la  sympathie  qui  rapprochait  les  <■  Tracta- 
rians   »   des  légitimistes  français. 

2.3-6.  L'O.  U.  P.  publie  The  Concise  Dictionarg  of  Xational  Bio- 
graphij,  abrégé  dui  grand  D.  N.  B.,  auquel  est  ajouté  un  abrégé  du 
Supplément  1901-11  (Relié  toile,  .32  sh.j.  —  Une  4"  lettre  de 
C.  E.  Bechhofer  (.1>  est  consacrée  aux  auteurs  plus  foncièrement 
américains,  ceux  du  "  Middle  West  »  :  Théodore  Dreiser,  dont  le 
roman  The  Genius  fut  mis  à  l'index  par  la  <>  Society  for  the  Sup- 
pression of  Vice  »  ;  fils  d'un  père  allemand  et  d'une  mère  d'ori- 
gine hollandaise,  il  est  le  champion  de  l'Amérique  non  anglaise 
et  de  la  rébellion  contre  le  puritanisme  de  la  Nouvelle- Angleterre  ; 
Miss  Willa  Cather,  qui  dans  O  Pioneers  !  et  dans  My  Antdnia  a 
peiftt  la  vie  et  les  mœurs  des  immigrants  suédois. et  bohémiens  du 
Nebraska. 

7-7.  Art.  de  fond  :  Scott  and  Shakespeare  ;  le  châtelain  d'Ab- 
botsford  a  toute  sa  vie  professé  la  plus  grande  admiration  pour  le 
Cjgne  de  l'Avon  ;  il  est  à  noter  qu'il  n'a  jamais  repris  les  sujets 
traités  par  Shakespeare  [cette  assertion  est  d'ailleurs  discutable, 
comme  le  prouve  un  correspondant  dans  le  n"  du  14-7].  —  La 
Ngmphidia  de  ]\Iichael  Drayton  vient  d'être  rééditée  (Blackwell 
5  sh.). 

14-7.  Art.  de  W.-J.  Lawrence  :  \eiv  Light  on  »  The  Two  Noble 
Kinsmen  »  ;  de  l'examen  des  indications  scéniques  portées  sur 
l'in-quarto  de  1634,  l'auteur  conclut  que  la  pièce  est,  non  pas  de 
Shakespeare  et  Fletcher,  comme  on  le  lit  dans  cet  in-quarto,  mais 


(1)   Le   n"  du   16-6,   qui   contenait  la   3"   lettre,   ne   m'est   malheu- 
reusement pas  parvenu. 


506  LES    LANGUES    MODERNES 

•de  Fletcher  seul,  qui  est  l'auteur  de  la  première  version,  tandis 
que  la  \ersion  postérieure  serait  due  à  un  remaniement  de  Mas- 
singer. 

21  et  28-7.  Deux  art,  de  R.  Crompton  Rhodes,  Shakespeare's 
Pronipt-books,  l'un  sur  les  indications  scéniques  portées  sur  ces 
exemplaires  du  souffleur,  l'autre  sur  le  rôle  du  rideau,  ou  plutôt 
des   rideaux   dans   le   théâtre   élizabéthain. 

28-7.  Art.  de  fond,  The  Classics  in  Education,  qui  nous  montre 
nos  collègives  anglais  préoccupés  des  mêmes  problèmes  que  nous. 
En  novembre  1919,  uue  Commission,  présidée  par  Lord  Crew,  et 
comprenant  des  personnalités  aussi  éminentes  que  les  professeurs 
Gilbert  Murray,  W.-P.  Ker,  ou  le  D'  Alington,  directeur  du  Col- 
lège d'Eton,  fut  chargée  d'étudier  la  situation  des  études  gréco- 
latines  dans  le  Royaume-Uni,  Elle  vient  de  déposer  son  rapport, 
un  gros  volume  de  300  pages  (H.  M.  Stationery  Office,  2  sh.).  La 
prédominance  presque  exclusive  donnée  autrefois  aux  études  clas- 
siques dans  l'éducation  de  l'aristocratie  a  produit  en  notre  âge 
démocratique  une  réaction  qui,  à  son  tour,  a  dépassé  la  mesure  ; 
le  grec  est  en  danger  de  disparaître,  ou  peu  s'en  faut,  des  univer- 
sités comme  des  écoles  secondaires  ;  le  latin  a  subi  un  recul  plus 
grand  qu'on  ne  peut  sérieusement  le  désirer.  Les  conditions  mises 
à  l'obtention  de  certaines  bourses  exclusivement  scientifiques,  les 
programmes  de  certains  examens  comme  ceux^du  Civil  Service, 
tout  conspire  à  ce  recul  des  études  gréco-latines.  Et  pourtant,  une 
nouvelle  réaction  eu  sens  contraire  se  dessine  ;  certaines  déposi- 
tions faites  devant  la  Commission  en  font  foi.  toutes  surprenantes 
qu'elles  soient,  émanant  d'où  elles  émanent  :  des  chefs  d'indus- 
trie, reconnaissant  l'insuffisance  d'un  enseignement  purement 
technique,  ont  avoué  qu'ils  préféraient,  pour  leur  haut  personnel 
administratif,  des  hommes  ayant  fait  leurs  humanités  ;  des  lea- 
ders travaillistes  eux-mêmes,  voulant  qu'on  élargisse  l'horizon 
intellectuel  de  la  classe  ouvrière,  sont  venus  demander  que  ,  les 
humanités  classiques  concourent  à  cet  élargissement  ;  des  exem- 
ples ont  été  cités  d'élèves  des  écoles  primaires  qui  se  lançaient 
avec  ferveur  dans  l'étude  du  grec  et  du  latin.  La  Commission 
d'enquête  sur  l'enseignement  des  sciences  naturelles  a  elle-même 
déploré  la  dépréciation  dont  avaient  souffert  les  études  classiques, 
et  la  valeur  exagérée  attribuée  aux  disciplines  scientifiques.  La 
commission  des  études  classiques,  sans  prétendre  rétablir  le  grec 
et  le  latin  dans  leur  ancienne  royauté,  voudrait  que  le  latin  figu- 
rât dans  tous  les  programmes  de  l'enseignement  supérieur,  avec 
faculté  de  le  remplacer  par  le  grec,  et  qu'il  y  eût,  sinon  un  ensei- 
gnement classique  dans  chaque  école  secondaire,  du  moins  une 
école   dans   chaque   district    où   l'on   pût    recevoir  cet   enseignement. 

L'auteur  de  l'iirticlc,  regrettant  qu'on  n'eût  pas  adjoint  à  la 
Commission  un  certain  nombre  de  non-spécialistes,  lui  reproche 
d'avoir  manqué  de  cet  esprit   d'audace  et  de  liberté  qui   fut  juste- 


BIKLIOGHAI'IIIK  507 

ment  celui  de  la  Grèce,  sinon  de  Rome.  11  accepte  en  principe  les 
conclusions  de  la  Commission,  mais  celle-ci  semble  avoir  perdu  de 
vue  un  fait  indéniable  :  les  journées  sont  toujours  de  2i  heures, 
la  capacité  du  cerveau  des  élèves  et  des  maîtres  n'a  pas.  changé,  et 
cependant  ils  ont  à  étudier  une  foule  de  choses  auxquelles  on  ne 
songeait  point  autrefois.  Et  puis,  la  faillite  des  études  classiques 
n'est-elle  point  due  justement  à  ce  gavage  obligatoire  qu'on  a  fait 
subir  à  des  élèves  peu  doués  jjour  ce  genre  d'études  et  qui  en  ont 
conservé  un  dégoût  de  l'étude  même  ?  Le  remède,  c'est  de  commen- 
cer le- grec  ou  le  latin  plus  tard  ;  les  élèves  ne  perdront  rien  à 
aborder  les  langues  et  les  littératures  classiques  après  une  étude 
plus  approfondie  de  la  langue  et  de  la  littérature  anglaises  et 
françaises.  Sans  doute,  il  y  aura  ainsi  moins  d'élèves  pour  appren- 
dre le  latin  et  le  grec,  mais  au  moins  il  y  aura  plus  de  chances 
pour  que  ceux  qui  les  étudient  le  fassent  avec  intérêt  et  avec 
profit. 

4-8.  Courte  étude  sur  Mrs  Elizdheth  Inchbdld  (1753-1821),  au- 
teur un  peu  oublié  aujourd'hui,  mais  qui  a  pourtant  à  son  actif 
un  certain  nombre  de  comédies  intéressantes  par  leurs  peintures 
de  la  vie  domestique  anglaise,  malheureusement  gâtées  par  l'in- 
fluence   de    la     '   Comédie    larmoyante   ». 

Tl)e  NatiOl)  ai)d  Tt)e  Athei)aeun),  11-6.  Revue  du  dernier 
livre  de  Mr  Wells,  The  Salvaging  of  Civilization  ;  Mr  Wells,  décla- 
re-t-on,  y  écrit  encore  plus  mal  que  d'ordinaire  ;  l'auteur  de 
l'article,  qui  a  admiré  The  Outliiie  of  Hisiory,  ne  prise  guère  les 
méthodes  scientifiques  et  collectivistes  proposées  par  Mr  Wells 
pour   le    sauvetage   de   l'humanité. 

18-6.  Art.  de  John  Sargcaunt  montrant  par  quelques  exemples 
tirés  de  Shakespeare  quelle  distinction  subtile  et  précise  l'anglais 
du  XVI''  siècle  faisait  entre  ■  He  bas  corne  "  et  "  He  is  come  ->, 
et  déplorant  la  tendance  qu'a  l'anglais  moderne  à  ne  plus  tenir 
compte   de   cette  nuance. 

2-7.  (Critiques:  1"  du  dernier  recueil  de  Mr.  Shaw,  Back  to  Methiise- 
hih  :  (i  Metabiological  Pentateuch,  où  G.  B.  S.,  à  l'instar  des  Struld- 
brugs  de  Gulliver,  imagine  des  hommes  dépouillés  de  leurs  imper- 
fections corporelles  et  devenus  presque  immortels  ;  2"  du  2''  volu- 
me de  la  nouvelle  édition  de  Shakespeare,  "  The  New  Shakes- 
peare »,  édité  à  la  C.  U.  P.  par  Sir  Arthur  Quiller-Couch  et  .John 
Dover  Wilson  (6  sh.»  ;  ce  volume  contient  The  Two  Gentlemen  of 
Verona  ;  on  peut  regretter  que  les  éditeurs,  au  lieu  de  suivre 
l'ordre  de  l'in-folio,  n'aient  pas  suivi  l'ordre  chronologique,  et 
surtout  qu'ils  ne  montrent  pas  un  peu  plus  de  prudence  et  de  dis- 
crétion dans  leurs  émondations  du  texte  reçu. 

23-7.  La  ■'  National  Association  of  Scboolmasters  »  insère  un 
vibrant  appel  au  public.  L'enseignement  a  besoin  de  3.000  recrues 
par  an,  —  il  lui  en  arrive  à  peine   1.000.  Pourquoi  ?  1'  888.000  en 


508  LES    LANGUES    MODERNES 

1920,  1.422.000  en  1921  ont  été  dépensées  pour  les  écoles  militaires, 
sans  compter  £  500.000  pour  l'instruction  du  soldat,  115  ofiBciers, 
à  l'Ecole  de  Guerre,  coûtent  plus  de  £  1.300  chacun  par  an.  Tout 
pour  le  War  Office,  rien  pour  l'instruction  publique.  Pourtant,  le 
coût  d'un  seul  cuirassé  suffirait  pour  mettre  en  vigueur  la  loi  sur 
l'enseignement  de  1918,  qui  jusqu'ici,  faute  de  crédits,  est  restée 
lettre  morte.  137  millions  de  livres  ont  été  dépensés  en  trois  ans  en 
Palestine  et  en  Mésopotamie  ;  c'est  en  Angleterre  qu'il  faut  d'abord 
bâtir   la    <•    Jérusalem   nouvelle    ». 

M.  Ferlin  {Tunis). 


Moderi)  Laqguages  Notes  (Johns  Hopkins  Press,  Baltimore). 
—  A  signaler  dans  le  n"  de  juin,  un  article  où  nous  apprenons 
que  Samuel  Johnson  s'intéressait  beaucoup  à  l'idiome  gallois, 
bien  qu'il  n'en  comprit  pas  une  syllabe.  C'est  ainsi  qu'il  avait 
souscrit  à  un  recueil  de  poèmes  gallois  du  14*  et  15^  siècle,  publié 
à  Shrewsbury,  en  1773.  Mais  il  faut  n'y  voir  qu'une  preuve  nou- 
velle de  son  bon  cœur,  n'ayant  voulu,  eh  souscrivant,  qu'obliger 
un  de  ses  amis,  Daines  Barrington,  avec  qui  il  resta  en  excellents 
termes  pendant  la   dernière  partie  de   sa  vie. 

TI)C  5cl)OOl  RcviCW  (Universitj-  of  Chicago).  —  Le  numéro 
de  septembre  est  aussi  bon  que  ses  prédécesseurs.  Monographie 
étudiée  et  fouillée  d'une  <•  junior  high  school  »  à  Montclair  dans  les 
environs  de  New- York.  On  essaye  d'y  faire  collaborer  l'activité 
des  différentes  classes,  de  briser  les  cloisons  étanches  qui  font  de 
tant  de  nos  classes  à  nous,  des  jardins  fermés.  L'idée  maîtresse 
est  de  toucher  partout  la  vie.  Les  langues  s'y  apprennent  par  la 
méthode  directe  ;  mais  il  faut  d'abord  que  l'anglais  de  l'élève 
soit  suffisant.  (.\vis  à  ceux  qui  veulent  teindre  le  grec  de  petits 
alsaciens  dont  le  français  tremble  encore).  La  discipline  est  faite 
en  partie  par  les  élèves  ;  et  l'on  combat  spécialement  chez  les 
enfants  la  malnutrition,  suivant  de  près  ceux  qui  n'ont  pas  le 
poids  normal. 

Article  excellent  sur  le  système  de  notes,  qui,  il  faut  l'avouer, 
semble  chez  nos  collègues  transatlantiques  terriblement  compliqué. 
Le  public  doit  ayoir  le  droit  de  comprendre  les  notes  d'élèves,  et 
l'élève  aussi.  Du  reste  on  juge  trop  l'enfant  d'après  ce  qu'il  sait, 
pas  assez  d'après  ce  qu'il  fait.  Judicieuse  remarque.  Nous,  n'avons 
rien  fait  quand  nous  avons  inscrit  un  chiffre  ou  deux  lettres  de- 
vant un  nom  d'élève.  Il  ne  faut  pas  avoir  peur  de  communiquer 
aux    i)arents   un    diagnostic   psychologique,   une   note    morale. 

Enfin,  un  franc  exposé  de  ce  qu'il  advint  à  Bowen  High  School, 
Chicago,  d'une  exjjériencc  que  tenta  le  principal  pour  assurer  un 
peu   plus  de  liberté  à   ses  grands  élèves  aux  heures  d'études.   Il   se 


BIBLIOGRAPHIE  .')09 

passa  ce  qui  s'est  passé  sous  toutes  les  latitudes  et  dans  tous  les 
temps.  On  chahuta.  En  matière  de  discipline,  c'est  le  doigt  dans 
l'engrenage    qu'il    faut    craindre. 

Paul  Chalvet. 


REVUES  DE  LANGUE  ALLEMANDE 


Die   Neuerei)  Spract)ei).  —   .\vrii-mai   1921.   Eva    Seikert. 

Heinrirh  Morf.  Article  nécrologique  consacré  à  l'éminent  roma- 
niste qui  est  mort  le  23  janvier  dernier  à  l'âge  de  67  ans.  — 
E.  Lehch,  Die  >■  halbe  ■•  négation.  Longue  étude  sur  l'emploi  de 
ne...  et  ne...  pas...  ;  critique  le  nom  donné  par  les  grammaires  alle- 
mandes à  la  première  e-xpression.  —  E.  Rosenuach.  H.-G.  Wells' 
First  and  Last  Things.  Relève  les  différences  considérables  que  pré- 
sente la  2'  édition  (1917)  par  rapport  à  la  1"  (1908)  ;  y  voit  la 
preuve  de  l'évolution  de  Wells  vers  une  conception  mystique  et 
panthéiste   du   monde.  —   \V.   Fischer.  Philologischer  Xuchtrag  zii 

Mr.  Britling  sees  it  through  >.  La  traduction  du  titre  :  ■•  Mr. 
Britlings  Weg  zur  Erkcnntnis  "  ne  rend  pas  la  force  de  l'expres- 
sion to  see  through  ;  il  faudrait  traduire  :  <■  .\uch  Mr.  li.  hait 
durch  ".  De  même,  en  français,  le  titre  :  ■  M.  B.  tient  bon  "  est 
préférable  à  «  M.  B.  commence  à  voir  clair  ».  —  W.  Kuchleh. 
La  Nouvelle  Revue  française.  Rend  compte  des  derniers  fascicules 
de  cette  revue,  "  l'organe  >  qui  compte  actuellement  comme  col- 
laboratejirs  les  esprits  les  plus  indépendants  parmi  les  écrivains 
français  •>.  —  Parmi  les  ouvrages  qui  font  l'objet  de  comptes 
rendus,  à  signaler  :  H.  Klinghahdt  et  G.  Klemm.  l'bungen  ini  en- 
glisçhen  Tonfall.  études  phonétiques  sur  l'intonation.  —  H.  Hoesli. 
Eléments  de  langue  française,  où  les  principes  de  la  méthode  di- 
recte  sont   appliqués  avec   une   méthode   scientifique. 

Juin-juillet  :  Th.  Zeiger.  Zum  neusprachlichen  Unterricht  in 
der  deiitschen  hôhen  Schule.  Défend  la  réforme  introduite  dans 
l'enseignement  des  langues  vivantes  en  Allemagne  par  Victor, 
Dorr,  Walter,  etc.,  contre  les  attaques  dont  elle  est  l'objet  actuelle- 
ment de  la  part  de  certains  néo-philologues.  Répond  en  particulier 
aux  critiques  du  Prof.  Lerch  (Munich»  qui,  dans  la  Frankfurter 
Zeitung  reproche  à  l'enseignement  des  langues  vivantes  d'avoir 
remplacé  l'abus  des  règles  par  l'abus  des  phrases  toutes  faites,  la 
philologie  à  outrance  par  le  parlotage,  la  lecture  des  textes  par 
des  conversations  banales.  Donne  un  résumé  rapide  des  résultats 
déjà  obtenus  et  du  travail  qui  reste  à  faire.  —  H.  Heiss.  Voni  Xa- 
turalisnius  zuni  Expressionisnius.  Etude  sur  l'orientation  de  la 
littérature  française  contemporaine.  —  .1.  Caro.  Die  neueste  auto- 
risterte  Shaw-Ubersetzung.    Relève   un"  certain    nonibre    d'inexacti- 


510  LES    LANGUES    MODERNES 

tudes  dans  le  dernier  volume  paru.  —  Parmi  les  comptes  rendus  : 
E.  Lerch  :  Die  Verwendiing  des  ronianischen  Futuninis  aïs  Aiis- 
druck  eines  sittlichen  SoUens,  travail  d'un  représentant  de  la  nou- 
velle école  de  philologues  qui  cherche  à  expliquer  les  phénomèné^s 
linguistiques  par  la  psychologie  et  l'histoire  de  la  civilisation.  — 
O.  Jespersen.  a  Modem  English  Granimar  on  Historical  Principles. 
livre  fondamental.  Ce  numéro  est  dédié  à  Franz  Dôrr,  à  l'occasion 
du  70*  anniversaire  de  l'ancien  Directeur  de  la  Liebig-Oberreal- 
schule  à  Francfort-sur-le-.Main,  maintenant   à  la  retraite. 

Zeit$Cb>*ift  fiir  DeutSCt)kUOde.  1921,5.Heft.  C'est  sous  ce  titre 
significatif  que  parait  maintenant  la  Zeitschrift  fiir  den  deiitschen 
Unterricht.  —  G.  Schlager.  Der  Reimtrieb  als  Wortschôpfer.  Don- 
ne de  nombreux  exemples  de  formations  de  mots  tirés  des  rimes 
enfantines.  —  Ch.  Georges.  Klopstocks  Ode:  Die  kiinftige  Geliebte^ 
Interprétation  esthétique  et  historique.  —  H.-A.  Korff.  Zur  Iphi- 
(jenie.  Les  vers  :  Aile  menschlichen  Getrechen,  —  Siihnet  reine 
Menschlichkeit,  inscrits  par  Goethe  sur  l'exemplaire  de  l'acteur 
Krùger,  ne  se  rapportent  pas  seulement  à  Oreste,  mais  aussi  à 
Iphigénie,  sont  l'expression  d'une  conception  philosophique,  pour 
laquelle  les  différents  événements  du  drame  fournissent  autant 
d'exemples.  —  A.  Janssen.  Hennann  Bos:dorf.  Signale  cet  auteur 
qui  s'est  révélé  pendant  la  guerre  comme  le  plus  grand  poète  ac- 
tuel qui  écrive  en  plattdeutsch.  —  G.  Schiibel.  Die  Geschichte  des 
mhd.  Unterricht  s.  Montre  après  quelle  série  de  luttes  et  de  vicis- 
situdes l'enseignement  du  moyen-haut-allemand  a  été  introduit 
dans  les  écoles.  —  O.  Weise  passe  en  revue  les  ouvrages  de  lin- 
guistique parus  en  1920-21  ;  à  signaler  notamment  la  Deutsche 
Sprachgeschichte  de  F.  Kluge  ;  les  derniers  volumes  de  la  Deutsche 
Graniniatik  de  H.  Paul  ;  Etymoloyie  der  nhd.  Sprache,  de  H.  Hirt  : 
Hans  ('.  Grete,  de  E.  Wasserzieher,  étude  sur  les  prénoms  ;  Orts- 
namenkunde,  de  F.  Mentz  ;  Aus  iiefetn  Brunnen,  de  K.  Faustmann. 
recueil  de  proverbes  ;  Bilderbuch  der  deutschen  Sprache  de  K. 
Wasserzieher. 

PrU5SiSCl)e  Jal)rbUCl)er.  Juillet.  —  G.  von  Below  s'élève 
contre  l'opinion  trop  répandue  que  les  Allemands  n'ont  pas  de 
capacité  politique.  S'ils  n'ont  pu  avoir  une  activité  politique  com- 
parable à  celle  des  autres  peuples,  cela  ne  tient  pas  à  leur  carac- 
tère, mais  à  des  circonstances  historiques  :  la  séparation  confes- 
sionnelle, le  particularisme,  la  question  juive,  l'extension  du  sala- 
riat plus  dévclojjpé  qu'ailleurs  et  moins  gêné  dans  ses  conceptions 
internationales.  Le  remède  ne  consiste  pas  à  satisfaire  les  reven- 
dications des  partis  ou  à  développer  le  parlementarisme.  Il  faut 
"  remplir  le  peuple  d'un  sentiment  national  positif  et  lui  donner 
des  buts  nationaux    ••,  en   un   mot,  rcpreiuirc  Pdiivre  de   Bismarck. 


RiBLiodHAPFirr-;  511 

■ —  S.  IvAHLEii  étudie  le  »  prol)lènie  priissieii-;jllcm:>nd  »  depuis  la 
l'oiuhition  de  l'Empire  et  aboutit  à  cette  conclusion  que  la  Prusse 
est  restée  la  base  de  la  République  allemande  comme  elle  avait  été 
l'axe  de  l'Empire.  —  Hf.kmann  Haku  étudie  d'après  les  derniers 
travaux  sur  Gœtbc  les  échanges  constants  entre  son  œuvre  et  sa 
vie,  et  montre  qu'il  nous  apparaît  de  plus  en  plus  ■•  comme  un 
créateur  qui  finalement  devieifl  lui-même  la  création  de  ses  pro- 
j)res    créations    ». 

Die  t)eue  Rui)dSCl)aU.  Août  Itl'il.  —  Cette  revue  suit  de  près  le 
niomcmcnt  des  idées  en  France,  notamment  l'activité  de  la  jeune 
école  littéraire  et  des  groupes  pacifistes.  —  F.  Lion  consacre  une 
étude  sympathique  au  poète  Jules  Romains.  —  Anxette  Kolu 
nous  donne  les  impressions  d'une  Allemande  qui  après  sept  ans 
revoit  Paris  où  elle  a  longtemps  vécu  et  qu'elle  aime  ;  on  y  trou- 
vera l'état  d'esprit  de  certains  milieux  intellectuels  allemands. 
•  Pour  le  peuple  [français],  le  chauvinisme  n'exerce  plus  de  force 
d'attraction...  Pour  le  peuple,  la  guerre  est  terminée,  elle  est  ga- 
gnée et  ce  fait  détermine,  —  mais  exclusivement  chez  le  peuple, 
—  cette  générosité  qui  est  atïaire  d'humanité  et  reste  complète- 
ment absente  de  toute  politique.  >>  —  «  Quels  enfants  !  quel  peu- 
ple d'enfant  !  Menacer  de  guerre  un  tel  peuple  et  une  telle  ville  ! 
Il  aurait  fallu  savoir  manier  ces  enfants.  Tous  les  pays  ont  su  le 
faire  sauf  un  seul.  »  —  «  L'Allemagne  avait  le  devoir  d'être  la 
plus  sage.  Elle  ne  l'a  pas  été.  Elle  a  péché  contre  son  propre 
esprit.  Et  maintenant,  au  lieu  du  fleuve,  c'est  un  océan  qui  s'est 
jeté  entre  les  deux  pays.  >  —  <>  Ici  [à  un  dîner  de  littérateurs  et 
d'artistes],  je  trouvais  une  France  que  je  ne  connaissais  pas  en- 
core, une  France  pure,  simple,  vivant  à  l'écart,  aussi  religieuse 
que  peu  dévote,  une  France  sans  poteaux-frontière,  où  je  me 
sentais  tout  à  fait  à  l'aise.    » 

SuddeUtSCbe  WIOI)at5bC*te.  —  Le  numéro  de  juin  est 
consacré  tout  entier  (244  pp.)  sous  le  titre  :  Gegenrechnung,  à 
rénumération  des  crimes  qui  auraient  été  commis  à  l'égard  des 
prisonniers  allemands  en  France  et  dans  les  pays  de  l'Entente.  La 
dernière  phrase  indique  l'esprit  de  tout  le  travail  :  «  Vous  de- 
mandez justice.  Avec  Burleigh,  je  vous  crie  :  Craignez-la  !  ».  — 
Le  n"*  de  juillet,  intitulé  Der  grosse  Betrug,  étudie  la  question  des 
responsabilités  et  aboutit  à  cette  conclusion  :  «  L'Allemagne 
n'est  pas  responsable  de  la  guerre  ;  elle  ne  l'a  pas  voulue,  elle  ne 
l'a  pas  provoquée.  La  guerre  n'a  été  ni  offensive,  ni  même  pré- 
ventive ;    nous   avons   dû   l'accepter  pour  nous   défendre.   » 


->o<- 


35. 


Notes  et  Documents 


Réponse  de  M.  Rai)cès>  délégué  au  CoQseil  Supérieur, 
au  Questionnaire  de  M.  le  Mii)istre 

[Approuvée   à   l'unanimité  par  l'Assemblée  générale   extraordinaire 
des  Professeurs   de  Langues    Vivantes  du  6   octobre   1921). 

Paris,  le  10  octobre  1921. 
Monsieur  le  Ministre, 
Vous  avez  posé  aux  membres  du  Conseil  Supérieur  de  l'Instruc- 
tion Publique,  au  début  de  la  Session  de  juin,  un  certain  nombre 
de  questions  touchant  la  réforme  des  programmes  de  l'Enseigne- 
ment secondaire  masculin  et  féminin.  Veuillez  trouver  ici  ma 
réponse.  En  dépit  des  vacances,  et  du  très  court  délai  qui  nous  a 
été  imparti,  j'ai  pu  la  communiquer  aux  collègues  dont  je  suis 
le  délégué  :  vous  pouvez  ainsi  la  considérer  conîine  exprimant 
l'opinion  de  la  très  grande  majorité  des  Professeurs  de  Langues 
vivantes,   et   non   pas   seulement   la   mienne   propre. 

Questions   1    et   5 

La  question  1  (Suppression  des  cycles)  n'appelle  pas  d'objec- 
tion sérieuse.  L'idée  d'un  enseignement  court,  se  suffisant  cepen- 
dant à  lui-même,  était  certainement  ingénieuse,  et  avait  séduit 
des  éducateurs  considérables  ;  elle  eût  mérité  un  essai  loyal,  qui 
n'a  pas  été  tenté.  Bref,  Tétat  de  choses  auquel  on  nous  propose 
de  mettre  fin  n'a  jamais  existé  en  fait  :  il  alourdissait  cependant 
certains  programmes,  et  compliquait,  sans  raison,  la  tâche  de 
certains  maîtres.  Mieux  vaut   franchement  le  supprimer. 

Sur  la  question  5  (.allégement  des  programmes  et  réduction 
des  heures  de  classe),  il  semble  également  qu'il  n'y  ait  aucun 
désaccord  à  prévoir,  et  nulle  opposition  ne  peut  se  produire  que 
sur  l'étendue  des  réductions  proposées.  Cependant  la  progression 
ascendante  prévue  par  le  questionnaire  me  paraît  contraire  au  bon 
sens  pédagogique,  le  nombre  des  heures  de  classe  devant,  à  mon 
sens,  diminuer  à  mesure  (lue  les  élèves  sont  plus  capables  de  pro- 
fiter, pour  le  travail  personnel,  des  heures  laissées  libres,  alors  que 
l'esprit  des  jeunes  ne  peut  se  former,  et  leurs  méthodes  de  travail 
s'affermir,  que  par  le  contact  prolongé  avec  leurs  maîtres. 

Questions  2,  3,  'i  et  6. 

Au  reste,  l'intérêt  de  ces  points  de  détail  disparaît  à  côté  de 
celui  que  suscite  le  système  nouveau  qui  se  dégage  des  questions 
2,  3,  4,  6. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  ')\3 

Je  tiens  tout  d'abord  à  bien  marquer  mon  sentiment  pour  les 
humanités  anciennes  :  formé  par  la  culture  classique,  je  n'ignore 
rien  de  ce  que  je  lui  dois.  Chaque  fois  que  je  l'ai  crue  injuste- 
ment menacée,  au  Conseil  Supérieur  ou  ailleurs,  je  me  suis  levé 
pour  la  défendre  de  toute  ma  reconnaissante  énergie.  .le  me  sens 
dctpc  aijsolument  à  l'aise  pour  exprimer  ma  pensée  en  toute  fran- 
chise. 

Je  considère  que  la  formation  d'un  esprit  critique  et  scientifi- 
que par  la  méthode  classique  peut  donner  des  résultats  excellents; 
encore  faut-il  qu'elle  soit  prolongée  pendant  le  temps  nécessaire, 
et  qu'elle  ne  soit  appliquée  qu'à  des  esprits  à  la  fois  aptes  et 
enclins  à  la  recevoir.  Il  n'est  pas,  je  crois,  un  seul  pédagogue,  si 
féru  qu'il  soit  des  disciplines  anciennes,  qui  croie  à-  la  vertu 
magique  du  "  latin  court  >,  et  seule,  l'étude  lente,  prolongée,  mi- 
nutieuse, approfondie,  de  la  langue  latine  peut  obtenir  le  résultat 
de  cultiver  et  assainir  l'esprit,  de  le  rendre  souple  et  viril,  abon- 
dant et  délicat.  On  a  fait  jadis  une  tentative  pour  enseigner  le 
latin  en  deux  ans  :  encore  que  la  sélection  des  élèves  et  des  maî- 
tres ait  été  faite  avec  un  soin  jaloux,  les  résultats  ont  été  propre- 
ment inexistants.  Et  mieux  vaut  ne  rien  dire  de  ceux  qu'obtien- 
nent au  baccalauréat  la  plupart  des  jeunes  filles  hâtivement  pré- 
parées, qui  croient  pouvoir  s'attaquer  à  un  texte  latin  après  deux 
années  de  travail  même  acharné.  En  outre,  il  est  des  esprits  inca- 
pables d'être  pénétrés  par  le  bienfait  de  la  culture  classique,  sur 
qui,  quelque  efiort  qu'ils  fassent,  le  latin  glisse  «'  comme  l'eau 
sur  un  parapluie  »,  et  qui  sont  cependant  —  l'expérience  quoti- 
dienne nous  le  prouve  —  d'excellents  esprits  fort  aptes  à  profi- 
ter d'un  enseignement  plus  moderne. 

Cependant  l'on  voudrait  que  tous  les  élèves  de  l'enseignement 
secondaire  fussent  tenus  à  l'origine  de  faire  du  latin  durant  trois 
ans,  et  pendant  un  an  du  grec  !  Et  j'imagine  une  classe,  où  tout 
le  monde,  maître  et  élèves,  part  vaillamment  à  l'assaut  de  la  gram- 
maire latine.  Tant  bien  que  mal,  avec  déjà  des  éclopés,  la  décli- 
naison est  conquise  ;  à  la  conjugaison,  des  malheureux  tombent, 
qui  ne  rejoindront  plus  ;  au  début  de  la  syntaxe,  c'est  à  peine  si 
un  tiers  de  l'effectif  est  encore  debout.  C'est  que  le  rudiment 
est  ardu,  et  que  le  latin,  quoi  qu'on  dise,  ne  s'enseigne  pas  sans 
pleurs,  ni,  hélas  !  sans  ennui.  Ekimond  About,  en  un  temps  où 
l'enseignement  officiel  ne  tendait  qu'à  propager,  étendre  et  perfec-* 
tionner  le  maniement  du  grec  et  du  latin,  constate  qu'au  bout  de 
trois  mois,  c'est  à  peine  si,  sur  une  classe  de  80  élèves,  10  ou  12 
s'intéressaient  encore,  peu  ou  prou,  "  à  l'insipide  travail  du  col- 
lège ».  Et  Gaston  Boissier,  qui  ne  saurait  paraître  suspect,  faisait, 
un  peu  plus  tard,  une  constatation  semblable,  et  Michel  Bréal,  et 
Fary,  et  tant  d'autres.  Quelle  sera,  dès  lors,  la  tâche  du  maître, 
devant  cette  débandade  de  sa  classe  ?  Mettons  qu'il  réussisse  à 
rallier   quelques   traînards,    il    lui   restera    néanmoins     une     queue 


514  LES   LANGUES    MODERNES 

énorme,  masse  lourde  et  informe,  poids  mort  qui  embarrassera 
les  bons  élèves,  qu'il  lui  faudra  traîner,  bon  gré,  mal  gré,  jusqu'à 
la  fin  de  l'an  scolaire,  et  que  les  professeurs  de  grammaire  devront 
se  léguer  tour  à  tour.  Est-ce  bien  là,  comme  on  prétend,  fortifier 
les   études   anciennes  ? 

Or,  vis-à-vis  de  ces  élèves  —  j'entends  ceux  qui  sont  propre- 
ment incapables  de  suivre  un  enseignement  pour  lequel  ils  ne 
sont  pas  faits  — •  dont  Victor  Duruy  disait  déjà,  au  cours  d'une  de 
ses  premières  inspections  générales  :  "  Je  pense  que  nous  volons 
le  temps  et  l'argent  de  ces  gens-là  »,  croit-on  vraiment  que  l'Etat 
ferait  tout  sou  devoir  ?  «  Qu'ils  s'en  aillent  »,  diront  les  classi- 
ques impénitents  »,  il  existe  un  enseignement  primaire  supérieur 
où  on  leur  fera  place,  et  bien  fait,  après  tout,  pour  leurs  intelli- 
gences de  second  ordre  ».  Mais  si  leurs  parents  —  et  c'est,  je  pense, 
leur  droit  —  tiennent,  à  tort  ou  à  raison,  à  faire  bénéficier  leurs 
fils  de  l'atmosphère  sociale,  morale  et  intellectuelle  propre  à 
l'enseignement  secondaire  ;  s'ils  considèrent  que  le  primaire  supé- 
rieur est  tout  le  contraire  d'un  enseignement  d'humanités,  ne 
sont-ils  pas  en  droit  de  réclamer  une  utilisation  plus  rationnelle 
du  temps  de  leurs  enfants,  et  d'exiger  qu'ils  consacrent  à  l'étude 
approfondie  des  éléments  fondamentaux  de  la  langue  française  un 
temps  qu'ils  perdent  bien  inutilement  ailleurs  '?  Si  l'on  veut,  à 
partir  de  la  troisième,  une  section  moderne  forte,  il  faut  qu'on  lui 
garantisse  un  recrutement  normal  ;  il  ne  faut  pas  qu'elle  devienne, 
à  peine  née,  le  cloaque  où  se  déverseront  tous  les  éléments  mau- 
vais, tous  les  élèves  qui,  ailleurs  auront  cessé  de  plaire,  outre 
cette  masse  première  d'enfants  déjà  lassés  par  un  enseignement 
qui  leur  aura  été  imposé  trois  ans  durant,  sans  qu'ils  y  aient  cru, 
sans  que  la  nécessité  leur  en  soit  jamais  apparue.  Autant  déclarer 
à  priori  que  la  section  moderne  n'est  qu'une  bâtarde  qui  doit  se 
résigner  aux  rôles  secondaires,  tandis  que  sa  sœur  légitime  ne 
connaîtra   pas  de   limites   à   ses   aspirations. 

N'est-ce  point,  au  surplus,  ce  qui  paraît  ressortir  de  la  question 
4  ?  Et,  en  vérité,  le  système  qu'elle  suppose  ne  nous  semble  pas 
logique.  Si  vraiment  l'enseignement  par  les  humanités  modernes 
ne  mérite  pas  sa  place  aux  côtés  de  l'autre,  s'il  est  prouvé  sans 
conteste  que,  seul,  le  latin  peut  sauver  les  études  françaises,  et 
par  surcroît  le  peuple  de  France  en  sa  présente  détresse,  il  n'y  a 
pas  de  considération  qui  doive  tenir  là-contre.  Chassons  donc  l'in- 
trus qui,  dès  avant  Duruy,  depuis  le  temps  d'Hippolyte  Fortoul 
et  même  de  Salvandy,  le  dernier  Grand-Maître  de  la  Monarchie 
de  juillet,  déshonore  l'Université.  Entamons  la  croisade  contre  les 
études  modernes,  et  affirmons  franchement  que  les  programmes 
les  mieux  adaptés  aux  nécessités  pédagogiques  et  sociales  sont,  eu 
1921,  ceux  de  1840.  Mais  de  grâce,  pas  de  demi-mesure  !  Ne  lais- 
sons pas  insinuer  que  les  classiques  ont  si  |)eu  de  foi  dans  la  vita- 
lité   de    leurs   études   qu'ils    estiment    ne    pouvoir    les    sauver   sans 


NOTES    ET  DOCUMENTS  515 

un  i)rivilège  inique.  Mais  surtout,  gardons-nous  de  faire  coexis- 
ter dans  les  mêmes  établissement  deux  enseignements  dont  l'un 
est  officiellement  proclamé,  et  non  plus  seulement  par  les  chefs 
d'établissement,  inférieur  à  l'autre  !  Il  faut  n'avoir  pas  vécu  dans 
les  lycées,  de  1870  à  1890,  pour  ignorer  ce  que,  avec  la  complicité 
tacite,  mais  souriante  de  nos  maîtres,  nous  pensions  couramment 
des  »  pas-latins  »,  des  «  épiciers  »,  des  '<  bestiaux  »,  Ne  restau- 
rons pas  un  enseignement  de  rebut,  réservé  aux  paresseux  et  aux 
incapables.  Ce  serait  —  et  je  me  refuse  à  croire  à  jjareil  dessein 
—  condamner  la  section  moderne  avant  même  que  de  l'instituer. 
Les  programmes  de  1902  avaient  tenté  de  créer  un  enseignement 
d'humanités  modernes,  non  pas  pour  l'opposer  aux  vieilles  huma- 
nités classiques,  mais  pour  le  placer  modestement  à  côté  d'elles. 
Or,  non  seulement  la  section  D  a  produit  en  sciences  des  élèves  de 
premier  ordre,  mais  elle  s'est  montrée  tout  à  fait  apte  à  former 
en  français  des  élèves  parfaitement  capables,  au  milieu  de  la 
médiocrité  générale,  de  rivaliser  avec  leurs  camarades  des  sections 
latines.  Et  quels  résultats  n'eût-elle  pas  donnés  si  cet  enseigne- 
ment ne  s'était  pas  heurté,  dès  l'abord,  à  une  opposition  sournoise, 
si  une  expérience  franche  et  lojale  avait  été  consentie  !  La  sec- 
tion D  a  vécu,  néanmoins,  au  milieu  d'une  hostilité  à  peine  dissi- 
mulée, ses  effectifs  n'ont  jamais  ■été  plus  nombreux,  et  c'est  le 
moment  qu'on  choisirait  pour  la  supprimer  !  Mais  ne  serait-ce  pas 
proclamer  comme  la  faillite  de  la  langue  et  de  la  civilisation  fran- 
çaises, au  moment  où  elles  constituent  le  plus  clair  de  notre  actif  ? 
\'oici  qu'en  Amérique  des  Universités  considérables,  jusqu'alors 
vouées  à  l'étude  des  langues  anciennes,  estiment  qu'elles  peuvent 
faire  l'économie  d'un  temps  précieux  en  donnant  à  la  culture  fran- 
çaise la  place  occupée  jadis  par  la  culture  latine.  Voici  qu'en 
Angleterre,  après  que  les  deux  vieilles  universités  d'Oxford  et  de 
Canjbridge  ont  ouvert  toutes  larges  leurs  portes  aux  élèves  de  la 
section  moderne  de  l'enseignement  secondaire  anglais,  le  profes- 
seur Sadler,  dont  l'autorité  est  universelle,  écrit  que  la  langue 
française,  »  toute  imprégnée  de  la  pensée  grecque  et  latine,  pur 
miel  où  demeurent  tous  les  sucs  de  l'Hellade  et  du  Latium  »  peut 
à  elle  seule  suffire  à  la  formation  de  l'homme  cultivé.  Et  quatre 
g)ands  siècles  de  littérature  française,  nourris  de  cette  culture 
r.itique  et  de  l'apport  incessant  du  génie  national,  suffiraient  aux 
peuples  de  l'Europe,  au  peuple  américain,  et  ne  seraient  pas  re- 
connus aptes  à  former  des  cerveaux  français  !  Bien  plus,  il  y  a 
actuellement,  en  France  même,  un  pajs  qui  est  avide  de  culture 
française,  qui  travaille  avec  une  belle  ardeur  à  apprendre  notre 
langue,  à  s'assimiler  notre  culture,  à  renouer  les  filiations  inter- 
rompues. Allons-nous  répondre  aux  Alsaciens-Lorrains  :  <  Le 
Français,  c'est  bien,  mais  le  Latin,  c'est  mieux  »  '?  Et  quant  à  la 
culture  supplémentaire  qu'on  peut  tirer  de  la  langue,  de  l'histoire 
de  la  littérature  et  des  arts  de  quatre  grands  peuples  qui  nous  ont 


516  LES    LANGUES    MODERNES 

disputé  la  suprématie  politique  et  intellectuelle,  aux  destinées 
desquels,  et  quoi  qu'on  veuille,  notre  sort  est  lié  désormais,  on 
n'en  parlerait  que  pour  mémoire  ?  Il  y  a  là  comme  une  erreur  de 
vision  qui  étonne  et  qui  choque.  Combien  M..  Lavisse  voyait  plus 
clair  quand  il  écrivait  :  k  Les  humanités,  telles  qu'on  nous  les  en- 
seignait, nous  apprenaient  vraiment  trop  peu  de  choses  sur  l'hu- 
manité. »  On  ne  saurait  évidemment  refuser  que  les  anciens  eurent 
le  sens  du  beau,  et  dans  une  certaine  mesure,  du  vrai  et  du  bien  ; 
mais  nous  vivons  surtout  des  idées  qu'ils  n'ont  pas  connues  ;  ils 
prêchent  les  lois  somptuaires,  écrivait  Raoul  Frary,  l'éducation  mé- 
canique et  uniforme,  la  vertu  imposée,  l'égalité  envieuse  et  la  fausse 
fraternité.  Leur  société  reposait  sur  l'esclavage  :  la  nôtre  le  pros- 
crit ;  la  religion  était  chez  eux  une  affaire  d'état  :  de  plus  en  plus 
nous  en  faisons  un  sentiment  d'ordre  privé  ;  ils  ignoraient  le  pro- 
grès :  nous  en  faisons  presque  un  dieu.  Un  tel  enseignement  pou- 
vait demeurer  sans  rival  en  1840,  et  encore  peut-on  se  demander  si 
la  faiblesse  politique  de  la  bourgoisie  française,  vers  1848.  sa  stu- 
peur effarée  devant  la  Révolution  de  février,  ne  s'expliquent  pas 
en  partie  par  cette  •éducation  qui  faisait  vivre  toute  la  jeunesse 
dans  une  éducation  factice,  dans  le  monde  livresque  du  Conciones 
et  du  Selectie.  Mais  il  ne  saurait  plus  être  que  l'apanage  d'un 
petit  nombre.  C'est  M.  Liard  qui  l'a  dit.  et  l'on  aime  à  se  placer 
sous  son  égide  :  <■  Un  enseignement  national  qui  ne  serait  pas 
résolument  moderne,  par  la  substance  et  par  l'esprit,  ne  serait 
pas  simplement  un  anachronisme  inoffensif,  il  deviendrait  un  péril 
national.   » 

Un  enseignement  des  humanités  modernes,  avec  une  sanction 
normale,  est  donc  nécessaire,  et  il  est  suffisant.  11  aurait  pour 
cœur  l'étude  du  Français,  qui  serait  confiée,  dans  la  mesure  où  la 
chose  est  actuellement  possible,  non  plus  à  des  maîtres  résignés, 
mais  à  des  hommes  qui  auraient  la  foi,  et  ne  refuseraient  pas  à 
priori  d'admettre  que  Montaigne,  Pascal,  Voltaire,  Renan  et  France 
peuvent,  au  même  titre  que  Cicéron,  Tacite,  Tite-Live  et  Pline  le 
jeune,  former  des  esprits  lucides  et  vigoureux.  L'étude  appiofondie 
des  Langues  vivantes  se  substituerait  à  celle  des  Langues  ancien- 
nes. Il  serait  vraiment  trop  aisé  de  montrer  que  les  condiitions 
actuelles  du  monde  moderne,  l'état  des  relations  internationales, 
exigent  de  plus  en  plus  impérieusement  pour  l'élite  de  chaque  pays 
la  connaissance  des  langues  modernes  ;  et  voici  qu'au  moment  pré- 
cis où  la  France  a  l'obligation  de  multiplier  ses  liens  avec  le 
Monde,  on  envisage  dans  une  réforme  de  l'enseignement  secon- 
daire, une  diminution  de  la  part  réservée  aux  Langues  vivantes  ! 
Je  n'irai  pas  jusqu'à  réfuter  l'absurde  argumentation  de  ceux  qui 
s'en  prennent  à  nos  méthodes  puisque  le  sens  commun  leur  inter- 
dit de  s'attaquer  à  notre  discii)line  elle-même.  In  plupait  u'onl 
jamais  mis  le  pied  dans  nos  classes,  et  ne  s'emportent  contre  nous 
qu'en    vertu    de    i)réjugés    de    bonne   compagnie:    li    véi  ilé    est    que 


XOTKS    KT  UOCLMENTS  517 

Jamais,  et  nulle  part,  les  langues  étrangères  elles-mêmes,  la  civi- 
lisation, les  mœurs,  l'histoire  des  peuples  amis  ou  ennemis  au 
milieu  desquels  il  nous  faut  bien  vivre,  n'ont  été  enseignés  plus 
solidement,  plus  en  profondeur.  Et  si  nous  n'avons  pas  toujours 
réussi  à  imprégner  nos  élèves  d'une  culture  littéraire  assez  intense, 
comment  nous  le  reprocherait-on  alors  qu'au  moment  où  nous 
avons  tout  à  dire,  on  nous  mesure  si  chichement  le  temps  indis- 
pensable pour  achever  notre  effort  ?  Nous  mériterions  plus  de  sym- 
pathie de  nos  collègues  des  disciplines  anciennes,  qui,  disposant 
cependant  d'horaires  généreux,  se  plaignent  que  pas  un  seul  des 
écrivains  classiques  ne  soit  vraiment  connu  de  leurs  élèves,  et  que 
la  plupart  ne  leur  apparaissent  qu'ainsi  que  des  ombres  glissant 
dans  un  milieu   incolore  et  muet. 

Je  m'en  voudrais  aussi  de  ne  pas  protester  contre  tout  projet 
de  suppression  'de  la  langue  complémentaire  ;  d'autres  que  moi 
diront,  sans  doute,  avec  plus  de  compétence,  les  résultats  remar- 
quables obtenus  par  cet  enseignement  si  décrié.  On  le  dit  <■  bas- 
sement utilitaire  et  par  conséquent  sans  nul  profit  pour  la  cul- 
ture »,  comme  si  tout  effort  jjoursuivi  avec  conscience  ne  contri- 
buait pas,  pour  sa  part,  à  la  formation  de  l'esprit.  L'argument 
peut,  d'ailleurs,  si  facilement  se  retourner  contre  ceux  qui  en 
usent  !  On  nous  fait  l'injuste  grief  d'enseigner  les  langues  vivan- 
tes dans  un  but  exclusivement  pratique,  mais  y  a-t-il  longtemps 
qu'on  enseignait  le  latin  uniquement  pour  le  parler,  parce  que 
c'était  l'unique  langue  dont  on  se  servît  dans  le  Droit,  la  Méde- 
cine, la  Diplomatie  et  l'Eglise,  la  seule  qui  ouvrît  l'accès  de  leurs 
riches  prébendes  ?  Est-ce  bien  là  la  culture  désintéressée  qu'on 
nous  prône  à  tout  propos  et  qui  "  depuis  quatre  siècles  est  l'apa- 
nage de  la  race  française  >>,  la  culture  haute,  large  et  généreuse 
qui  ne  vise  pas  à  l'utilisation  pratique  et  immédiate  des  connais- 
sances acquises  ?  Les  professeurs  de  Langues  vivantes  ne  sauraient 
se  laisser  prendre  à  d'aussi  faux  prestiges  ;  il  n'accepteront  ja- 
mais, sans  protester,  la  suppression  de  la  seconde  langue  ;  ils  se 
rappelleront  qu'aujourd'hui  toutes  les  gratides  puissances  imposent 
à  leurs  nationaux  l'étude  de  deux  ou  même,  comme  l'Allemagne, 
la  Hollande  et  la  Suède,  de  trois  languec,  et  ils  feront  la  compa- 
raison. Ils  n'admettront  pas  davantage  que  l'on  songe  à  rendre  cet 
enseignement  facultatif  :  une  longue  expérience  leur  a  prouvé  que 
tout  enseignement  dépourvu  de  sanctions  suffisantes  est  voué  à 
l'impuissance  totale.  Mais  de  toute  leur  énergie,  ils  sont  prêts  à 
collaborer  à  un  programme  qui  leur*.laisserait  une  part  d'action 
suffisante.  Et  croit-on  qu'un  enseignement  d'humanités  qui  com- 
prendrait, outre  l'art  d'écrire  dans  la  langue  maternelle,  les  gran- 
des littératures  modernes,  l'histoire  des  civilisations  antique  et 
moderne  et  la  comparaison  de  l'une  et  de  l'autre,  la  philosophie, 
les  sciences  dans  leurs  principes  les  plus  généraux  et  les  plus  fé- 
conds, peut   être  tenu   pour  insuffisant  ?   Il   serait   en  tous  cas  dif- 


518  LES    LANGUES    MODERNES 

ficile  de  faire  croire   qu'il  n'y  a  là  qu'un  ensemble  de  notions  ser- 
viles  et  mercenaires,  servant  uniquement  à  un  but  prochain. 

Un  seul  mot  encore.  Les  questions  auxquelles  nous  avons  essayé 
de  répondre  ont  été  posées,  presque  sous  la  même  forme,  en  juin 
1918,  au  Congrès  de  la  Société  générale  d'éducation  et  d'enseigne- 
ment, ces  Etats-Généraux  de  l'enseignement  secondaire  catholique. 
Là  aussi,  il  s'agissait  du  retour  aux  vieilles  humanités,  et  du  privi- 
lège rendu  au  baccalauréat  classique  d'ouvrir  seul  certaines  carriè- 
res. Ces  vœux  rencontrèrent  de  nombreuses  approbations,  mais  les 
contradictions  ne  manquèrent  pas,  parmi  les  hommes  qui  avaient 
poussé  le  plus  loin  leurs  études  classiques.  Finalement,  l'assem- 
blée, repoussant  les  vœux  catégoriques  des  intransigeants,  adopta 
des  formules  très  générales,  pouvant  se  prêter  aux  interprétations 
les  plus  diverses.  Au  cours  de  la  discussion,  le  président  du  Con- 
grès, ^L  Jean  Brunhes,  fut  amené  à  déclarer  que  lei  programmes  de 
1902  représentent  ■<  un  progrès  de  psychologie  et  de  pédagogie 
énorme  sur  le  passé  ».  Je  trahirais  ma  conviction  la  plus  intime 
si  je  ne  faisais  pas  mienne  cette  opinion  de  l'éminent  géographe. 
Sans  doute  le  programme  de  1902  n'était-il  pas  parfait,  mais  il 
était,  comme  toute  œuvre  humaine,  perfectible  avec  les  leçons  de 
l'expérience.  Il  a  d'abord  causé  de  la  défiance,  et  cette  antipathie 
instinctive  qu'une  corporation  éprouve  pour  tous  les  changements 
radicaux,  et  le  scepticisme  légitime  qu'inspire  une  nouvelle  révo- 
lution scolaire,  surtout  à  ceux  qui  en  ont  beaucoup  subi.  Mais  il 
avait  de  nobles  côtés.  Surtout,  il  constituait  un  enseignement 
secondaire  un,  avec  la  variété  dans  l'unité,  cette  variété  dont 
Gréard  disait  déjà,  dix  ans  auparavant,  qu'elle  s'imposait  à  notre 
éducation,  <•  tandis  que  l'unité  absolue  du  type  classique,  tel 
qu'il  a  été  conçu  depuis  le  seizième  siècle,  ne  correspond  plus  au 
développement  du  sanoir  et  des  idées  ».  Et  puis,  la  réforme  de 
1902  tentait  de  nouveaux  dosages  entre  les  connaissances  humai- 
nes, des  mélanges  ingénieusement  adaptés  à  la  capacité  et  à  la 
diversité  des  intelligences  ;  elle  essayait  de  concilier  la  culture 
scientifique  et  la  culture  littéraire,  et  d'arriver  ainsi  à  réaliser 
l'éducation  qui  convient,  non  pas  à  tous  les  temps  ni  à  tous  les 
pays,  non  pas  à  la  France  d'il  y  a  quatre  siècles,  mais  à  celle  du 
vingtième  siècle,  entourée  de  concurrents  actifs  et  puissants.  C'est, 
senible-t-il,  ce  qu'on  perdrait  de  vue  en  voulant  créer,  par  ces 
temps  difficiles,  un  enseignement  de  culture  purement  antique.  Il 
ne  s'agit  plus  de  préparer  nos  enfants  pour  une  société  qui  a  cessé 
d'être,  ni  de  les  livrer  à  notre  époque  troublée  sans  les  avoir 
armés  pour  la  lutte  :  ce  qu'il  faut  avant  tout,  c'est  faire  cesser, 
sous  peine  d'en  mourir,  la  disconvenance  croissante  entre  l'cducn- 
tion  et  la  \ie. 

Question     7 

Ce  n'est  pas  sans  quelque  scrupule  que  j'aborde  cette  question, 
si    différente   des    précédentes.    Il    était    essentiel    qu'elle    fût     i)i>séc. 


NOTES    ET  DOCr.MENTS  Ô19 

bien  qu'on  puisse,  une  fuis  de  plus,  regretter  que  nos  collègues  de 
l'enseignement  féminin  ne  soient  pas  là  pour  dire  leur  mot.  En 
f.'tit,  il  n'est  pas  de  question  plus  urgente,  ni  qui  réclame  une  so- 
lution plus  prompte.  Chaque  lycée  de  jeunes  filles  est  comme 
l'image  de  la  maison  à  l'envers,  où  il  importe  de  remettre  de 
l'ordre  et  de  l'équilibre,  et  je  plains  de  tout  cœur  nos  infortunées 
collègues  obligées,  avec  des  méthodes  si  peu  faites  pour  une  si 
lourde  et  grossière  entreprise,  de  préparer  leurs  élèves  au  bacca- 
lauréat. Et  cependant,  elles  n'ont  pas  le  choix  :  quelle  jeune  fille, 
soit  que  la  nécessité  de  gagner  sa  vie  s'impose  immédiatement  à 
elle,  soit  qu'elle  s'arme  par  avance  contre  une  trahison  possible 
du  sort,  se  contente  aujourd'hui  du  brevet  de  cinquième  année, 
sanction  de  tant  d'efforts  et  de  savoir,  mais  qui  ne  mène  à  rien  ? 
Et  puis,  là  aussi  la  guerre  a  fait  son  oeuvre  malsaine  :  la  femme 
se  substituant  à  l'homme  dans  presque  toutes  les  fonctions  socia- 
les, la  femme  professionnelle,  la  femme  fonctionnaire,  ce  n'est 
plus  l'exception,  c'est  la  règle.  Et  je  sais  bien'  que  cela  est  faux  en 
théorie,  que  le  devoir  d'un  état  sain  est  de  ne  pas  perdre  de  vue 
l'absurdité  de  cette  tendance,  et  qu'elle  ne  durera  pas  toujours,  et 
qu'il  faudrait  tout  au  moins  préparer,  dès  maintenant,  partout 
où  elle  s'impose,  la  différenciation  entre  carrières  masculines  et 
féminines.  La  division  du  traval  n'est  peut-être  pas  immuable, 
mais  elle  est,  et  elle  est  pour  longtemps.  Nos  collègues  femmes 
l'ont  compris,  et  c'est  pourquoi  elles  ont  fini  par  conclure,  non, 
j'imagine,  sans  quelque  serrement  de  cœur,  à  la  nécessité  d'iden- 
tifier les  programmes  masculins  et  féminins.  Elles  veulent  désor- 
mais travailler  avec  tous  les  moyens  dont  disposent  les  hommes 
et  non  plus  avec  des  procédés  de  fortune  :  je  déclare  me  rallier 
entièrement   à   leur   point    de   vue. 

Veuillez   agréer.   Monsieur   le    Ministre,   l'assurance   de   mes    sen- 
timents  de   haute   considération. 

M.  Rangés, 
Délégué  des  Agrégés  de  Langues  Vivantes. 


A  la  Con)n)issioi)  de  rEi)seigi)eni)ei)t 

Nous  croyons  utile  de  publier  le  «  Communiqué  »  suivant  de 
la  Commission  de  l'Enseignement  de  la  Chambre  des  Députés,  tel 
qu'il  a  paru  dans  la  presse  parisienne  du  28  octobre  : 

La  commission  de  l'enseignement  et  des  beaux-arts,  réunie  sous 
la  présidence  de  M.  Gaston  Deschamps,  a  entendu  M.  Léon  Bérard, 
ministre  de  l'instruction  publique,  au  sujet  de  la  réforme  de 
l'enseignement  secondaire. 

Le  ministre  a  d'abord  précisé  les  raisons  pour  lesquelles  il  lui 
a  paru  préférable  de  poser  des  questions  écrites  aux  membres  du 


Ô20  LES    LANGUES    MODERNES 

conseil  supérieur  de  l'instruction  publique  :  cette  assemblée,  qui 
comprend,  en  majorité,  des  élus  de  divers  corps  universitaires,  est 
légalement  qualifiée  pour  donner  son  avis  sur  tous  les  projets 
qui  intéressent  l'enseignement.  D'autre  part,  étant  donnée  l'im- 
portance de  la  réforme,  M.  Léon  Bérard  a  pensé  qu'il  convenait  de 
permettre  aux  maîtres  les  plus  éminents  de  se  prononcer  mûre- 
ment sur  des  principes  essentiels.  Une  telle  procédure  avait  enfin 
l'avantage,  selon  lui,  de  saisir  l'opinion,  celle  des  familles  en  par- 
ticulier, et  de  provoquer  un  débat  dont  l'ampleur  n'a  pas  déçu 
les  espoirs  du  ministre. 

M.  Léon  Bérard  a  exposé  que  de  nombreux  membres  du  Conseil 
supérieur  lui  avaient  répondu.  Dans  un  avenir  très  rapproché,  le 
Conseil  sera  convoqué  en  session  extraordinaire  pour  discuter  les 
opinions  qui  ont  été  émises.  Les  divers  textes  dont  la  réforme 
impose  la  rédaction  seront  ensuite  élaborés,  puis  soumis  au  Conseil 
supérieur,  qui  se  réunira  en  session  extraordinaire  au  début  de 
l'année  1922.  Lorsque  la  haute  assemblée  de  l'université  aura 
donne  son  avis,  les  règlements  seront  promulgués  aussitôt  que 
possible. 

Répondant  à  diverses  questions,  le  ministre  a  déterminé  les 
grandes  lignes  du  projet  de  réforme,  tel  qu'il  le  conçoit.  11  estime 
que  la  véritable  mission  de  l'enseignement  secondaire  est  de  for- 
mer, en  dehors  de  tout  souci  immédiat  de  carrière,  des  jeunes  gens 
d'esprit  cultivé,  capables  de  s'adapter,  pour  le  plus  grand  bien 
de  l'intérêt  général,  aux  multiples  nécessités  sociales,  quelle  que 
soit  leur  spécialisation  ultérieure. 

C'est,  en  effet,  à  l'enseignement  primaire  supérieur  et  à  l'ensei- 
gnement technique,  dont  M.  Bérard,  d'accord  avec  M.  Gaston 
Vidal,  vient  d'assurer  l'étroite  collaboration,  que  doit  revenir  le 
rôle  essentiel  de  former  directement  :  soit  les  techniciens  du  com- 
merce et  de  l'industrie  dominant  leur  métier  et  indispensables  au 
développement  de  la  vie  économique  moderne,  soit  les  instituteurs 
et  certaines  catégories  de  fonctionnaires  qui  constitueront  les  élé- 
ments essentiels   de   la  nation. 

Une  telle  conception  impliquerait  non  seulement  la  revision 
prochaine  des  horaires,  mais  encore  la  refonte  des  programmes 
et  la  disparition  probable  des  sections  sans  études  classiques. 
Tous  les  élèves  suivraient  ainsi  les  mêmes  études  jusqu'à  leur  sei- 
zième année  :  ils  choisiraient  alors  entre  le  grec  et  les  sciences. 
De  plus,  il  y  aurait  lieu  de  prendre  des  mesures  spéciales  desti- 
nées à  assurer  le  passage  direct  des  meilleurs  élèves  de  l'enseigne- 
ment primaire  dans  la  classe  de  sixième  et  l'institution  d'une  pro- 
cédure qui  permettrait  aux  élèves  les  plus  distingués  de  l'ensei- 
gnement primaire  supérieur  d'accéder  à  l'enseignement  supérieur 
dans  des  conditions  qui  donneraient  \ouiv  garantie  de  mérite  et 
d'impartialité.  Enfin  le  ministre  a  déterminé  le  rôle  que,  selon  lui, 
l'enseignement  des  langues    vivantes    doit   occuper   dans   les    pro- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  521 

grammes  de  l'enseignement  secondaire  :  Il  sert  non  seulement  de 
base  à  une  pratique  éventuelle  du  langage  courant,  mais  constitue 
surtout  le  complément  indispensable  d'une  bonne  culture  générale, 
tandis  que,  dans  l'enseignement  primaire  supérieur  et  dans  l'ensei- 
gnement technique,  il  a  un  but  essentiellement  pratique. 

Aussi  l)ion  la  rct'ormc  entreprise  ne  sera  pas  eomplète  si,  après 
l'avoir  réalisée  et  l'avoir  ensuite  adaptée  à  l'enseignement  secon- 
daire féminin,  on  ne  s'attachait  pas  à  améliorer  les  examens  du 
l)accalauréat  et  à  retoucher  les  programmes  de  certaines  grandes 
écoles,  afin  d'alléger  quelque  peu  ceux  de  l'enseignement  secon- 
daire. 

Au  nom  de  la  commission  de  l'enseignement,  M.  Gaston  Des- 
champs a  remercié  le  ministre  de  cette  importante  communica- 
tion, de  laquelle  doit  résulter  une  collaboration  utile  au  bien  des 
études  et  profitable  au  généreux  dessein  d'assurer  sans  retard  à 
tous  les  degrés  de  l'éducation  iintionale,  conformément  aux 
maximes  essentielles  de  l'intelligence  française,  l'action  des 
esprits  directeurs  |)ar  l'appel   régulier  des  élites. 

Tout  commentaire  serait  supertlu.  Le  nouveau  projet  du  Minis- 
tre, qui  aggrave  singulièrement  celui  qui  paraissait  ressortir  des 
sept  questions  posées  au  Conseil  Supérieur,  aboutit  à  la  suppres- 
sion des  Humanités  modernes  dans  les  Lycées.  Cette  fois,  le  dan- 
ger est  patent.  Et  peut-être,  après  tout,  sera-t-il  plus  aisé  de  com- 
i)attre  un  projet  de  cette  nature  qu'une  manœuvre  insidieuse, 
tendant,   par   d'autres   moyens,   à   des   fins   identiques. 

En  tous  cas,  puisque  la  question  est  posée  nettement  devant 
une  Assemblée  politique,  nos  collègues,  et  particulièrement  nos 
tollègues  de  province,  qui  approchent  de  plus  près  que  les  Pari- 
siens leurs  représentants  au  Parlement,  savent  ce  qu'ils  ont  à 
faire. 

Le  Ministre  doit  être  entendu  devant  la  Commission  de  l'En- 
seignement du  Sénat  le  26  novembre.  D'ici  là,  une  action  utile 
peut  être  concertée,  et  nous  appelons  sur  ce  point  l'attention  de 
nos    Régionales. 


Au  Conseil  Supérieur 

Nous  trouvons,  dans  le  Temps  du  26  octobre,  les  renseigne- 
juents   suivants,  dont  nous  croyons   pouvoir  garantir   l'exactitude  : 

La  commission  élue  par  le  Conseil  Supérieur  de  l'instruction 
publique  pour  examiner  les  réponses  faites  aux  questions  qu'en 
juin  dernier  le  ministre  avait  adressées  aux  membres  de  la  haute 
assemblée  universitaire,  a  tenu  hier  sa  première  réunion.  \os 
lecteurs  se  rappellent  que  ces  questions,  au  noinbre  de  sept,  con- 
cernent  la   réforme    de    l'enseignement    secondaire    des    garçons    et 


Ô22  LES    LANGUES    MODERNES 

ridentification  de  celui  des  jeunes  filles.  Ces  réponses  devaient 
])ar\enir  au  ministère  avant  le  15  octobre. 

Vingt-cinq  seulement  avaient  été  transmises  à  cette  date.  Un 
certain  nombre  de  conseillers  ont  répondu  point  par  point  en 
développant  leurs  raisons  ;  d'autres,  qui  ignoraient  qu'ils  pussent 
procéder  ainsi,  se  sont  bornés  à  répondre  par  oui  ou  par  non.  La 
commission  a  décidé  qu'il  n'était  pas  trop  tard  pour  compléter  les 
réponses.  Elle  a  nommé  une  sous-commission  chargée  du  dépouil- 
lement. Elle  se  réunira  de  n&uveau  le  20  novembre,  pour  en  pren- 
dre connaissance  et  rédiger  un  rapport  <  objectif  »  qui  sera  re- 
mis aux  membres  du  Conseil  Supérieur  pour  la  prochaine  session 
qui  aura  lieu  vers  la  fin  de  décembre. 

A  ce  moment,  le  Conseil  émettra  un  vote  de  principe  ;  et,  s'il  y 
a  lieu,  les  diverses  questions  seront  examinées  au  cours  de  ses- 
sions ultérieures.  L'idée  qui  paraît  avoir  prévalu  hier,  c'est  que  la 
réforme  de  l'enseignement  secondaire  ne  doit  pas  être  envisagée 
isolément,  mais  qu'il  convient  d'examiner  en  même  temps  les 
rapports  de  cet  enseignement  avec  le  primaire  et  le  supérieur. 

Ajoutons  que  la  Sous-Commission  dont  il  est  question  plus  haut 
se  compose  de  MM.  Bernés,  Beaulavon,  Grévy,  Rancès  et  Mlle  S'a- 
nua. 


7   novembre  19'31. 

Au  moment  de  paraître,  nous  apprenons  que  le  dépouillement 
des  réponses  au  questionnaire  du  Ministre  (on  sait  que  la  moitié 
environ  des  membres  du  Conseil  Supérieur  ont  répondu  par  écrit)-, 
vient  d'être  opéré  par  les   soins  de   la   sous-commission. 

Nous  pouvons   dire   que  : 

1"  Une  majorité  d'environ  2  contre  1  veut  un  enseignement 
commun  à  la  base,  avec  le  latin  comme  matière  essentielle.  Le 
grec  est  rejeté  par  une  majorité  presque  aussi  forte. 

2"  La  même  majorité  veut  le  maintien  d'un  enseignement  mo- 
derne à  côté  du  classique  (les  uns  depuis  l'origine,  les  autres  seu- 
lement à  partir  de  la  troisième). 

3"  Une  majorité  plus  forte  encore  insiste  pour  que  le  titre  de 
baccalauréat  continue  d'être  conféré  à  l'examen  terminal  de  la 
section    moderne. 

4"  En  ce  qui  concerne  les  sanctions  de  ce  l)accalauréat  moderne. 
les  avis  diffèrent.  Vne  forte  minorité  veut  des  sanctions  identiques 
à  celles  du  baccalauréat  classique.  La  majorité  est  divisée,  les  uus 
admettant  l'égalité  de  sanctions  poui'  certaines  écoles  ou  Facultés, 
les  autres  pour  d'autres. 

5"  L^ne  grosse  majorité  réclame  l'identification  des  |)rograninies 
masculins  et  féminins. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  023 

A  propos  du  nouveau  professorat  prin)aire 
de  Langues  vivantes 

Nous  savons  qu'un  certain  nombre  de  nos  collègues  de  l'Ensei- 
gnement primaire  se  sont  préoccupés  des  répercussions  que  pour- 
rait avoir  sur  leur  carrière  l'institution  du  nouveau  professorat 
de  Langues  Vivantes.  M.  Rancès,  délégué  au  (conseil  Supérieur, 
ayant  présenté  leurs  doléances  au  Directeur  de  l'Enseignement 
j)rimaire,  a  reçu  de  lui  la  réponse  suivante,  que  nous  jugeons  utile 
de    reproduire.  ^^ 

.MiMSTKllK     DE     L'I.NSTHUCTtOX     PLBLIQLE     ET     DES     BEAI.\-.\KTS 

Direction   de   l'Enseignement  Primaire 
2^  Bnredii 

Paris,  le  .')  septembre  19'21. 

MO.N    CHEH    AMI. 

Vous  avez  bien  voulu,  au  sujet  du  nouveau  certificat  d'aptitude 
à  l'enseLguemcnt  des  langues  vivantes  dans  les  Ecoles  Normales  et 
dans  les  Ecoles  Primaires  Supérieures,  appeler  mon  attention  sur 
les  jeunes  filles  pourvues  du  certificat  primajre  de  langues 
vivantes  qui  sont  encore  sans  emploi,  et  appréhendent,  de  ce  chef, 
lorsqu'elles  se  trouveront  plus  tard  en  concurrence  avec  les  titu- 
laires du  nouveau  professorat,  de  se  voir  préférer  des  postulantes 
susceptibles  d'être  nommées  professeurs  titulaires. 

J'ai  l'honneur  de  vous  informer  que  l'ancien  titre  continuera  à 
valoir  après  192.3,  et  que  les  certifiées  d'avant  cette  année,  pour- 
ront être  nommées  dans  un  poste  :  mais  elles  ne  seront  pas  titu- 
larisées  d'emblée,  comme  les  certifiées   du   nouveau   régime. 

Je  ne  saurais  affirmer,  d'autre  part,  que  le  nouveau  certificat, 
plus  difficile  que  l'ancien,  ne  créera  pas  plus  de  titres  à  une  no- 
niinatio)!.  En  tout  cas,  les  certifiées  de  l'ancien  régime  passeront 
avant    les    simples    institutrices    déléguées. 

Vous  m'avez  demandé,  en  outre,  s'il  a  été  envisagé  une  période 
de  transition  pendant  laquelle  les  candidats  qui  se  préparent  de- 
puis un  certain  temps  au  certificat  primaire  pourront  se  présenter 
au    certificat    aujourd'hui    supprimé. 

Je  ne  vous  laisserai  pas  ignorer  que  le  nouveau  régime  ne 
jouera  qu'en  1923  :  deux  sections  de  l'examen  de  l'ancien  régime 
sont  donc  prévues  pour  les  candidats  dont  la  préparation  est,  dès 
maintenant  commencée. 

Veuillez  agréer,  mon  cher  ami,  l'assurance  de  mes  sentiments 
Its   plus   cordiaux. 

Le  Directeur  de   l'Enseignement   Primaire, 
Conseiller  d'Etat. 
Signé  :   P.   Lapie. 


524 


LES   LANGUES    MODERNES 


Hard  Tin)es  —  Hard  Lii)es  ! 

Ceci  est  le  schéma  d'un  projet  élaboré  après  les  votes  sympathi- 
ques du  Congrès  de  Pâques,  avant  le  projet  ministériel  dont  la  réa- 
lisation ruinerait  tant  de  beaux  rêves.  On  pourrait  supposer  alors^ 
que  le  ministère  de  l'Instruction  publique  s'était  rajeuni  aux 
souffles  nouveaux  qui  passaient,  et  l'on  cherchait  les  moyens,  les 
modalités  par  lesquels  les  langues  vivantes,  sans  renier  les  discipli- 
nes anciennes,  pouvaient,  dans  une  Université  du  vingtième  siècle, 
éclairée  par  les  vérités  éclatantes  de  la  guerre,  se  faire,  au  soleil,  la 
place  qui  leur  revient.  Mais,  hélas  !  le  vent  qui  souffle  ne  A-ient  pas 
de  l'avenir  :  la  France  victorieuse  doit  se  remettre  au  régime  des 
disciplines  sacro-saintes  qui  ont  fait  la  force  et  la  gloire  de  la 
génération  de   70  ! 

Je  soumets  ceci,  uniquement  à  titre  de  document  et  pour  prou- 
ver que  les  modernistes  avaient  plus  de  générosité  et  de  largeur  de 
conceptions  que  certains  de  leurs  collègues  de  latin.  Nombre 
d'entre  nous  n'étaient  nullement  hostiles  au  latin  court  et  ne  pré- 
tendaient pas  tuer  cela  par  ceci.  Ils  donnaient  toute  sa  force  au 
beau  terme  d'humanisme  qui  n'aurait  plus  de  sens  si,  sous  pré- 
texte d'humanités,  on  feignait  d'ignorer  toute  l'humanité  moderne 
dont  nous  sommes  solidaires.  Mais  discute-t-on  avec  des  sourds  ? 
5onge-t-on  à  fleurir  et  à  décorer  son  appartement  quand  un  pro- 
jriétaire  sans  courtoisie  vous  enjoint  de  déguerpir  à  la  fin  du 
mois  ? 

C.   Chemin. 


lei-  CYCLE  (6%  5%  i^) 


Français 5  heures 

Latin 4      — 

Langue  vivante  .4  — 
Hist.  et  Géog...  3  — 
Hist.  naturelle.  2  — 
Mathématiques .     2      — 

20      - 
(-|-  plus  le  dessin,  le  chant, 
et  la  culture  pliysique) 


Enseignement  sans  Latin 

Français 6  heures 

Langue  vivante.  5      — 

Hist.  et  Géog  ...  3      — 

Matliématiques  .  3      — 

Hist.  naturelle..  3      — 

20 

(+  dessin,  etc.). 


NOTES    ET  DOCUMENTS 
2'  CYcr.K  (3-,  2%  1"^) 


A 

Humanités  antiques 

Français fi  li. 

Latin 5     » 

Grec 5  ,  » 

Hist.  et  Géog.. .  4     » 

Langue  vivante.  2     » 

Mathématiques.  2     » 

24     » 
(4-  dessin,  culture 
])h\sique). 

Philosophie 


B  I  C 

llunianitës  modernes    I    Humanités   scientif. 


Français 6  Ii. 

1  "  Langue 5  « 

2«  Langue 4  n 

Hist.  et  Géog. . .  3  » 

Mathématiques.  3  » 

Latin  ou  Phys.^  2  n 

et  Chimie      'i  3  )i 

23  ou  24  » 


Français 6  h. 

Mathématiques.  5  » 

Phys.etCiiimie.  5  » 

Sciences    nat. . .  2  » 

Hist.  et  Géog.. .  3  » 

Langue  vivante.  3  )> 

24  » 


Mathématiques  élémentaires 


Coi)seil  Céi)éral  de  la  Loire 

Nous  sommes  heureux  de  reproduire  ici  un  oœu  déposé  par 
M.  Durafour,  député,  au  Conseil  général  de  la  Loire,  —  que  nous 
communique  notre  collègue,  M.  Maurice,  de  St-Etienne,  dont  l'ac- 
tivité, en  faveur  de  la  cause  'commune  est  des  plus  efficaces  et  des 
plus  dignes  d'être  imitées  : 

Le   Conseil   général   de   la   Loire, 

Considérant  : 

Qu'une  réforme  de  l'enseignement  secondaire  est  en  préparation: 

Que  les  élus  d'une  grande  région  industrielle  comme  celle  de 
la  Loire  ne  sauraient  se  désintéresser  d'une  question  aussi  grosse 
de  conséquences  pour  l'avenir  du  pays  et  plus  particulièrement 
de  l'industrie  et  du  commerce  du  département. 

Que  sans  méconnaître  la  valeur  de  l'enseignement  des  humani- 
tés qui  a  formé  de  si  brillantes  générations,  il  convient  aussi  de 
rechercher  les  moyens  de  constituer  une  élite  intellectuelle  éclose 
à  la  lumière  des  faits  scientifiques  et  de  la  connaissance  des  civi- 
lisations et  langues  étrangères. 

Emet  le  vœu  : 

Que  dans  la  prochaine  réforme  de  l'enseignement  secondaire, 
l'enseignement  moderne,  avec  français,  sciences  et  langues  vivantes, 
ne  soit  pas  sacrifié  au  jjrofit  de  l'enseignement  purement  classique 
et  que  les  deux  ordres  d'enseignement  soient  maintenus  pour 
concourir  ensemble  à  la   pleine   éclosion   du  génie  français. 


52G  LES    LANGUES    MODERNES 

La  Réforn)e  de  rEi)seigi)eni)ei)t  secondaire 
et  les  Langues  vivantes 

Dans  le  courant  du  mois  d'août,  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  a  adressé  aux  membres  du  Conseil  supérieur  un  avis 
qui  avait  pour  but  de  leur  rappeler  le  questionnaire  et  de  les 
inviter  à  envoAer  leurs  réponses  aussitôt  qu'ils  le  pourraient. 

Dans  ces  conditions,  le  Bureau  a  pensé  qu'il  y  avait  utilité  à 
faire  connaître,  d'ores  et  déjà,  aux  Membres  du  Conseil,  le  point 
de  vue  des  Professeurs  de  Langues  Vivantes,  tout  au  moins  dans 
ses  grandes  lignes,  et  tout  en  réservant,  bien  entendu,  les  décisions 
finales  que  prendra  l'Assemblée  du,  6  octobre.  C'est  ainsi  que 
M.  Clî.  Veillet-Lavallée,  Président  de  l'Association,  a  adressé  à 
chacun  des  membres  du  Conseil  Supérieur  la  circulaire  dont  le 
texte  suit  et  qui  était  accompagnée  d'une  brève  lettre  d'envoi. 

Remarques  sur  les  questions  de  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction Publique  concernant  la  réforme  de  l'Enseigne- 
ment secondaire. 

i^"  Queslion.  —  La  division  en  cycles  et  la  subdivision  en  Sec- 
tions A  B  C  D  établie  par  le  plan  d'études  de  1902,  est  plus  théo- 
rique que  réelle  ;  nous  admettons  toutefois  que  la  suppression  des 
cycles  puisse  présenter  certains  avantages  et  qu'il  est  possible 
d'adopter  un  plan  plus   simple   et  plus  harmonieux. 

2"  Question.  —  Sans  préjuger  des  solutions  qui  seront  adoptées, 
nous  demandons  instamment,  dans  l'intérêt  du  pays,  au  double 
point  de  vue  de  la  culture  moderne  à  donner  aux  jeunes  Fran- 
çais et  des  armes  économiques  dont  il  s'agit  de  les  munir,  que 
l'étude  des  Langues  Vivantes  dans  les  classes  de  6%  5^  et  4®  ne 
subisse  aucune  diminution.  Or,  vouloir  en  même  temps  alléger  les 
programmes  et  rendre  obligatoire  pour  tous  l'étude  des  Langues 
Classiques  équivaut  à  vouloir  sacrifier  l'étude  des  Langues  Vi- 
vantes. 

.>"  Question.  —  C'est  pourquoi  nous  souhaitons  qu'à  côté  d'une 
Section  d'Humanités  Classiques  subsiste  une  Section  d'Humanités 
Modernes,  qui  prendra  comme  base  de  culture  une  étude  appro- 
fondie de  notre  langue  nationale  et  des  langues  étrangères  moder- 
nes par  la  pratique  de  la  langue,  la  grammaire,  l'étude  des  textes, 
l'histoire  des  civilisations. 

i"  Question.  —  Nous  entendons  déclarer  de  la  façon  la  plus  for- 
melle que  nous  désirons,  pour  les  études  d'Humanités  Modernes, 
une  sanction  aussi  sérieuse  que  celle  de  l'Enseignement  Classique 
et  donnant  des  droits  égaux,  c'est-à-dire  l'accès  à  l'Ecole  Normale 
Supérieure,  à  la  Licence  en   Droit   et   au   Doctorat   en   Médecine. 

.3"  Question,  —  A  l'inverse  des  propositions  du  Ministre,  nous 
])ensons  que  le  trmail   scolaire,  ]iour  les  élèves  de  6"',  5"  et  4"  doit 


NOTES    KT    DOCIMEMS  527 

s't'xccuter,  pour  la  i)lus  grande  part,  au  Lycée,  sous  la  surveil- 
lance des  professeurs  qui  guideraient  les  enfants  dans  leur  tra- 
vail, et  qu'au  contraire,  dans  les  classes  supérieures,  une  plus 
grande  initiative  étant  laissée  à  l'effort  personnel  de  l'élève,  la 
présence  de  ce  dernier  au  Lycée  peut  être  d'une  durée  moins  lon- 
gue. 

()'•  Question.  —  L'enseignement  des  Langues  Vivantes  exige,  sur- 
tout au  début,  un  nombre  d'heures  de  cours  supérieur  à  celui  des 
autres  enseignements,  étant  donné  que  presque  tout  le  travail 
se  fait  en  classe,  du  moins  en  6",  5'  et  4'  ;  donc,  une  diminution 
de  nos  horaires  nous  mettrait  dans  l'impossibilité  d'accomplir 
notre  tâche  qui  est  de  donner  à  nos  élèves  la  possession  effective 
d'une  langue,  d'une  littérature,  d'une  civilisation,  et  non  pas,  com- 
me dans  certaines  autres  branches  de  l'enseignement,  d'exposer 
aux  élèves  les  matières  d'un  programme  dont  certaines  parties 
peuvent,  sans  grand  inconvénient,  être  supprimées  pour  l'adapter 
aux   horaires. 

D'autre  part,  au  moment  où  toutes  les  grandes  puissances 
imposent  à  leurs  nationaux  l'étude  de  deux  ou  même  trois  Langues 
Vivantes,  il  nous  parait  désastreux  que  l'on  songe  à  rendre  facul- 
tatif l'enseignement  de  la  seconde  langue,  enseignement  qui,  en 
seconde  et  en  première,  depuis  1902,  ne  cesse  de  donner  toute  sa- 
tisfaction. Les  élèves,  entraînés  et  préparés  par  la  connaissance 
d'une  première  langue  étrangère,  abordent  facilement  la  deuxième 
langue   et   font  de  rapides   progrès. 

Tout  enseignement  facultatif,  l'expérience  le  prouve,  est  voué 
à   l'impuissance  et  ne  donne  aucun  résultat. 

/*  Question.  —  Sous  réserve  d'une  ample  discussion,  en  Assem- 
blée générale,  sur  l'adoption  de  programmes  communs  aux  Ensei- 
gnements secondaires,  féminin  et  masculin,  nous  accepterions  toute 
solution   approuvée    par   nos   collègues   de   l'enseignement   féminin. 

Ch.   Veillet-Lavallée, 
Président  de    l'Associotion. 


Circulaire  aux  Cl)an)bres  de  Coni)n)erce 

La  lettre  que  l'on  va  lire  a  été  envoyée  aux  Présidents  des  Cham- 
bres de  Commerce  de  France  et  d'Algérie  et  aux  personnalités  pla- 
cées à  la  tète  des  grands  groupements  économiques,  tels  que  la 
Confédération  des  Groupes  Commerciaux  et  Industriels  de  France, 
le  Comité  Central  d^s  Armateurs,  l'Union  des  Intérêts  Economi- 
ques,   l'Association    \ationale    d'Expansion    Economique,    etc.,    etc. 

Pour  que  notre  campagne  obtînt  son  plein  effet,  il  serait  souhai- 
table que  des  efforts  fussent  tentés  dans  chaque  région,  chaque 
département,  chaque  ville,  par  ceux  de  nos  collègues  qui  y  rési- 
dent.  Nous   adressons   donc   un   appel   pressant    aux    membres    de 

36. 


528  LES   LANGUES    MODERNES 

l'Association  pour  qu'ils  interviennent  directement  auprès  des  per- 
sonnalités influentes  qu'ils  peuvent  atteindre,  auprès  des  journaux 
de  province  qui  seraient  disposés  à  reproduire  ce  document  ou  à 
le  commenter  en  faisant  usage  des  arguments  qu'il  contient  et  de 
toutes  autres  considérations  que  nos  collègues  ne  seront  pas  en 
peine  de  leur  fournir.  Le  Président  tient  à  leur  disposition  des 
exemplaires  dactylographiés  de  notre  Cii'culaire  aux  membres  du 
Conseil  Supérieur,  et  de  la  lettre  aux  Groupements  Economiques. 

Les  projets  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  appellent 
une  observation  importante  :  beaucoup  d'enfants,  après  avoir 
quitté  l'école  primaire,  vont  passer  trois  années  dans  une  école 
primaire  supérieure  et  entrent  ensuite  dans  un  Lycée  ou  un  Col- 
lège qui,  au  bout  de  deux  ou  trois  ans,  les  conduit  au  baccalauréat. 
Les  frais  d'études  ou  de  pension  dans  l'établissement  secondaire 
ne  pèsent  donc  sur  le  budget  familial  que  pendant  deux  ou  trois 
ans. 

Si  le  projet  Bérard  aboutit,  les  enfants  devront,  quitter  l'école 
primaire  élémentaire  de  très  bonne  heure  pour  commencer  le  latin 
en  6'  et  entrer  d'emblée  dans  un  établissement  d'enseignement 
secondaire.  Les  charges  subies  par  les  familles  seront  beaucoup 
augmentées  et  celles  dont  la  situation  est  modeste  reculeront 
devant  pareil  sacrifice.  L'accès  du  baccalauréat  et  des  carrières 
libérales  deviendra  donc  réservé  aux  seuls  enfants  des  familles 
riches. 

Ch.   V.-L.' 


Monsieur   le   Président, 

Nous  avons  l'honneur  d'attirer  votre  attention  sur  le  Ques- 
tionnaire remis  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et 
des  Beaux-Arts,  aux  membres  du  Conseil  Supérieur  de  l'Instruc- 
tion publique,  en  vue  d'une  réforme  de  l'Enseignement  secondaire. 
Il  ressort  des  questions  n°  2,  4  et  6,  dont  vous  trouverez  le 
texte  ci-dessous,  que  l'enseignement  des  Langues  Vivantes  dans 
lîotre  pays  devra  subir  une  diminution  considérable,  si  les  pro- 
jets  ministériels    se   réalisent. 

Le  latin  et  le  grec  (question  2),  devenant  obligatoires,  pendant 
les  trois  années  de  début,  pour  tous  les  jeunes  Français  qui  entre- 
ront dans  les  Lycées  et  lés  Collèges,  la  part  de  temps  et  d'efforts 
consacrée  à  l'étude  des  Langues  Modernes,  dans  la  période  de 
l'enfance  où  l'assimilation  linguistique  est  le  plus  facile  et  le  plus 
fructueuse  sera  réduite  à  peu  de  chose. 

Plus  tard,  les  jeunes  gens  qui  cesseront  de  se  consacrer  à  l'étu- 
de de  l'antiquité  pour  tourner  leur  attention  vers  une  culture 
moderne  fondée  sur  le  français,  les  sciences  et  les  langues  étran- 
gères, ne  pourront  obtenir  qu'un  diplôme  de  second  ordre,  leur  fer- 
mant l'accès  aux  études  supérieures  et  dépourvu,  d'ailleurs,  de 
tout  prestige.  (Question   n"   4). 


NOTES   ET   DOCUMENTS  529 

La  6'  Question  contient  une  menace  de  plus  dirigée  contre  les 
langues.  L'expérience  l'a  montré  :  dans  notre  système  éducatif 
français,  tout  enseignement  facultatif  est  frappé  d'impuissance 
et  ne  donne  aucun  résultat. 

L'ensemble  des  mesures  projetées  nous  paraît  constituer  un 
grave  danger  pour  le  pays.  Nous  ne  songeons  pas  à  nier  la  valeur 
culturale  des  Humanités  classiques,  mais  nous  pensons  que  l'étude 
doit  en  être  réservée  à  un  petit  nombre  de  jeunes  gens  se  destinant 
à   certaines   professions   assez   rares,   en   somme. 

Ce  dont  la  France  a  besoin,  au  lendemain  de  la  guerre  mondiale, 
pour  mener  à  bien  son  œuvre  d'expansion  politique,  intellectuelle 
et  économique,  déjouer  les  propagandes  adverses,  conquérir  les 
marchés  et  faire  rayonner  l'influence  de  son  génie,  ce  n'est  point 
tant  de  chartistes  et  d'érudits,  d'avocats  et  de  légistes  que  de  négo- 
ciants et  de  producteurs,  d'hommes  de  science  et  d'action,  tous 
connaissant,  à  des  degrés  divers,  l'àme  et  le  langage  d'un  ou  de 
plusieurs  peuples  étrangers.  Réduire  l'étude  des  Langues  Moder- 
nes, c'est  nous  empêcher  de  suivre  la  marche  des  événements  poli- 
tiques, sociaux,  économiques,  chez  nos  voisins  et  chez  nos  rivaux, 
c'est,  en  un  mot,   désarmer  la   génération  de  demain. 

De  telles  considérations  semblent  avoir  inspiré  les  nations  étran- 
gères qui,  depuis  le  début  du  conflit  mondial,  ont  donné  chez  elles 
un  nouvel  essor  à  l'étude  des  Langues  Modernes  :  on  en  enseigne 
trois  dans  certains  pays,  comme  la  Suède  et  la  Hollande.  Et  la 
Chambre  de  Commerce  de  Paris,  pour  prendre  un  exemple  aussi  en 
F'rance,,  réserve  une  place  fort  impKjrtante  aux  langues  vivantes 
dans  les  écoles  supérieures  et  secondaires  fondées  et  entretenues 
par   elle. 

Nous  avons  pensé.  Monsieur  le  Président,  que  votre  Compagnie, 
en  raison  même  des  problèmes  chaque  jour  soumis  à  son  atten- 
tion, appréciera  la  gravité  de  la  menace  qui  se  manifeste  dans  le 
projet  ministériel  et  voudra  nous  aider  à  écarter  le  danger  en 
émettant  un  vœu  en  faveur  de  l'étude  des  Langues  Vivantes  en 
France,  en  réclamant  le  maintien  d'une  section  moderne,  à  côté 
de  la  section  classique,  dans  nos  établissements  d'Enseignement 
secondaire,  en  demandant,  enfin,  que  dans  la  réforme  des  études 
secondaires,  l'enseignement  des  Langues  étrangères  modernes  ne 
subisse  aucune  diminution,  au  triple  point  de  vue  de  l'importance 
qu'on  lui  accorde  dans  la  formation  de  l'esprit,  du  temps  qui  lui 
est  consacré  dans  l'horaire  des  classes  et  des  sanctions  auxquelles 
il  aboutit  en  fin  d'études. 

Je  vous  prie  d'agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  mes 

sentiments  distingués. 

Ch.   Veillet-Lavallée, 

Professeur  d'anglais  à  l'Ecole  des  Hautes 

Etudes      Commerciales,      Président      de 

l'Association    des    Professeurs    de    Lcm- 

gues    Vivantes. 


530  LES    LANGUES    MODERNES 

/ 

Bourses  de  voyage  régionales 

(.  C'est  du  Nord,  aujourd'hui,  que  nous  vient  la  lumière  », 
disait-on  au  grand  siècle  ;  et  c'est  de  province  que  nous  arrive  le 
bon  exemple,  celui  d'une  activité  qui  se  dépense  en  œuvres  utiles 
dont  l'éclat  rejaillit  sur  l'Association.  Nos  collègues  ont  pu  cons- 
tater, en  effet,  dans  nos  derniers  Bulletins  le  succès  obtenu  par  la 
jeune  Régionale  de  Clerniont-Ferrand,  dans  la  campagne  qu'elle 
a  menée  pour  créer  des  bourses  de  voyage  et  de  séjour  à  l'étran- 
ger.  (N°  d'août,  p.  321). 

La  Régionale  de  yancy,  à  son  tour,  vient  d'aboutir  à  des  résul- 
tats analogues.  M.  Maresquelle  et  ses  collègues  ont  tenté  des  efforts 
auprès  des  grandes  Associations  et  des  Banques  de  la  région  de 
Nancy.  Les  fonds  réunis  ont  permis  de  donner  11  bourses.  Les 
jeunes  gens  désignés  sont  placés  à  l'étranger.  A  leur  retour,  ils 
auront  à  fournir  un  rapport.  8  sont  en  Allemagne  occupée,  3  en 
Angleterre.  La  somme  réunie  a  atteint  5.000  fr.  Le  séjour  à  l'étran- 
ger est  de  6  semaines.  Les  organismes  sollicités  sont  :  la  Chambre 
de  Commerce  de  Nancy,  la  Société  Industrielle  de  l'Est,  les  Ban- 
ques locales,  les  Sociétés  de  Crédit,  les  Brasseries  de  l'Est,  les  prin- 
cipaux industriels,  la  municipalité,  les  Associations  d'anciens  élè- 
ves. Sur  une  vingtaine  de  personnalités  ou  de  Sociétés  auxquelles 
on   s'est  adressé,   14  ont  répondu   favorablement. 

Cette  activité  de  nos  collègues  et  les  résultats  atteints  sont  tout 
à  l'honneur  des  personnes  dévouées  qui  n'ont  pas  mesuré  leur 
peine.  Le  prestige  de  l'Association,  la  cause  des  Langues  Vivantes 
y  gagnent  beaucoup.  Nos  remerciements  et  nos  félicitations  vont 
à   nos   collègues. 

Ch.    ^'EILLET-LAVALLÉE. 


Cours  con)plén)ei)taires  de  la  Ville  de  Paris 

Une  nouvelle  mesure  où  se  révèlent  les  sentiments  inamicaux 
qu'éprouvent  à  l'égard  des  Langues  Vivantes  certaines  personna- 
lités de  l'Klnseignement  Primaire,  a  été  prise,  en  juillet  dernier,  à 
Paris.  Le  (Conseil  municilJal,  répondant  aux  désirs  de  la  popula- 
tion commerçante  de  la  capitale,  a  créé  depuis  environ  un  demi- 
siècle  un  nombre  toujours  croissant  de  Cours  ComiJlémcntaires 
(garçous  et  filles),  où  l'enseignement  des  Langues  occupe  une  place- 
importante.  L'examen  de  sortie  des  Cours  Complémentaires,  qui  se 
passe  à  la  fin  de  la  deuxième  année,  a  toujours  comporté  une 
épreuve   de   langues,  à   titre  obligatoire. 

Or,  cette  année,  peu  de  jours  avant  l'examen,  des  ordres  venus 
d'en-haut,  ont  soudain  piescrit  que  l'épreuve  de  Langues  Vinantes 
serait  désormais  facultative.  Et   il   en  a   été  ainsi  fait. 

Les  Langues  Vivantes  facultatives  !  Cette  expression  est  en  train 


NOTES    KT  DOCUMENTS  531 

■de  tourner  au  refrain  !  Nous  assistons  ici  à  la  continuation  logi- 
que et  persistante  de  la  campagne  entreprise  l'an  dernier.  Battu 
sur  un  point,  l'ennemi  attaque  sur  un  autre.  On  a  voulu  d'abord 
rendre  l'étude  des  Langues  facultatives  dans  les  Ecoles  normales 
^t  Primaires  Supérieures.  Puis,  on  a  tenté  de  supprimer  l'épreuve 
écrite  de  Langues  au  Brevet  supérieur.  Mais  observons  bien  aussi 
que  lorsque  le  Questionnaire  ministériel  parle  d'organiser  dans  les 
Lycées  et  Collèges  des  cours  facultatifs  où  les  élevés  pourraient 
étudier  une  seconde  langue,  il  s'inspire  du  même  désir,  un  peu 
inavoué,  de  détruire  notre  discipline. 

Quoi  qu'il  en  soit,  aussitôt  prévenu,  le  Président  s'est  mis  en 
rapport  avec  notre  collègue  M.  .4.  Paulian,  inspecteur  des  cours  de 
Langues  Vivantes  de  la  ville  de  Paris,  et  a  fait  une  démarche 
auprès  de  M.  Deville,  Conseiller  municipal  et  Président  de  la  4" 
Commission  (Enseignement).  11  semble  douteux  que  le  Conseil 
municipal  de  Paris,  qui  ne  cesse  de  développer  l'enseignement  des 
Langues  Vivantes  dans  ses  Ecoles,  possède  un  corps  de  professeurs 
nombreux,  pourvus  de  titres  universitaires  et  dont  il  vient  d'amé- 
liorer la  situation  de  façon  sensible  (beaucoup  d'entre  eux  font 
partie  de  notre  groupement)  ;  que  le  Conseil  qui  vient  de  créer, 
tout  récemment,  de  nouveaux  cours,  accepte,  de  gaîté  de  cœur,  une 
mesure,  dont  l'effet  ira  à  rencontre  même  de  ses  plans  et  des 
liesoins  de  la  population  parisienne. 

Ch.  Veillet-Lavallée. 


Extraits  de  la  note  remise  par  le  Président 
à  M.  Deville 

.1  ...Cette  mesure  implique...  que  les  Langues  Vivantes  vont 
•devenir  facultatives  aussi  comme  matières  d'enseignement....  Dans 
notre  système  français,  tout  enseignement  facultatif  est  un  ensei- 
gnement mort,  car  les  élèves,  préoccupés  du  succès  aux  examens, 
considèrent  comme  négligeable  une  étude  dépourvue  de  sanction 
dans  les   épreuves   finales.   » 

<  Au  moment  même  où,  créant  de  nouveaux  cours  de  Langues 
Vivantes,  le  Conseil  municipal  montre  l'intérêt  et  l'importance 
qu'il  attache,  pour  les  jeunes  Parisiens  des  deux  sexes,  à  l'étude 
des  Langues  Modernes,  nous  avons  le  droit  de  supposer  qu'une 
pareille   mesure   ne  rencontrera  pas   son   approbation.   » 

«  Sans  doute,  les  décrets  ministériels  qui  réglementent  les  pro- 
grammes des  Cours  Complémentaires  s'appliquent  à  l'ensemble  du 
territoire  français,  et,  comme  tels,  ils  ont  un  caractère  général... 
Mais  s'ensuit-il  que  dans  les  cours  organisés  par  la  Ville  de 
Paris,  les  Langues  Vivantes,  enseignées  jusqu'ici  à  titre  obligatoire, 
doivent  à  l'avenir  l'être  facultativement  ?  Le  lien  logique  ne  nous 
apparaît   pas.   » 


532  LES    LANGUES    MODERNES 

"  Il  y  a  lieu  d'observer,  d'ailleurs,  que  le  Décret  du  31  octo- 
bre 1920  laisse  aux  Cours  Complémentaires  beaucoup  de  liberté. 
J'y  lis  Uoiirnal  Officiel  du  30  octobre  1920,  p.  17.063)  :  «  Les 
Cours  Complémentaires  ont  pour  mission  de  mettre  un  minimum 
d'Enseignement  Primaire  Supérieur  à  la  portée  des  enfants.  »  Or, 
l'Enseignement  Primaire  Supérieur  comporte  les  Langues  Vivantes 
à   titre   obligatoire.   " 

"  Plus  loin,  le  Décret  étend  encore  ces  libertés  :  «  Le  pro- 
gramme de  ces  cours  sera  choisi  par  les  maîtres  d'accord  avec 
le  Comité  de  patronage  et  sous  le  contrôle  de  l'autorité  académi- 
que ;  il  variera  d'école  à  école,  aucune  règle  générale  ne  lie  à  cet 
égard  la  liberté  des  autorités  locales.  »  En  l'espèce,  l'autorité 
locale,  c'est  le  conseil  municipal  de  Paris  et  la  brusque  décision 
prise   récemment   semble  faire  bon  marché  de  cette  liberté.   » 

■■  Notre  Association,  qui  a  pour  but  de  prendre,  en  toutes  cir- 
constances, la  défense  d'une  discipline  en  laquelle  nous  avons  foi, 
ce  d'études  qui  nous  semblent  plus  que  jamais  indispensables  à 
la  jeunesse  française  pour  sa  culture  intellectuelle  et  pour  ses 
besoins  pratiques,  a  confiance  que  le  conseil  municipal  de  Paris 
tiendra  à  maintenir  le  caractère  obligatoire  des  Langues  Vivantes 
dans  les  Cours  Complémentaires  comme  matière  d'enseignement 
et    comme   sanction   aux   examens...   » 


Liste  d'adl)ésioos  au  Comité  Brui)ot  (suite) 

Comité  de  direction.  Association  commerciale  et  industrielle  de 
la   ville   de    Moulins. 

M.  Pierre   Sayn,   prof.   1.   v.,  lyc.   Rouen. 

.M.   Horlaville,   prof.   1.   v.,   coll.   .\uxerre. 

M.   Roubaud,    prof,    phys.,   lyc.   Lakanal. 

M.    Paul    Raphaël,    homme   de   lettres. 

M.   Maillan,   prof.    1.   v.,   lyc.   Toulon. 

M.   Odru,  prof.   1.  v.,   lyc.   Bourg. 

M.   Doutenville,   prof.   hc.   .Avignon. 

M.   Gabriel,  prof.  1.  v.,  coll.  Lunéville. 

Mme   .Ancelet-Husbache,   prof.  lyc.  j.   f.,   St-Quentin. 

Mme  Birmann,  prof.  1.  v.,  Ec.  pr.  sup.,  Cannes. 

Amicale  lyc.  j.   f.,   Cahors. 

Mlle   Perrenoud,   prof.  1.   v.   lyc.  j.   f.,   St-Germain-en-Laye. 

Mlle  Scott,  prof.  Ec.  Normale   Sup.,  Sèvres. 

MM.  Dassonville,  Lucignc,  Lis  et  Régnier,  prof.  1.  v.,  Lagachc, 
|)n)f.  de  math.,  Nicolas,  prof,  de  Ictt.,  Dupont,  répétiteur,  au  coll. 
de  (Cambrai. 

,M.   -André,  prof.  1.  v.,  lyc.  .laiison-de-Sailly. 

M.   Devin,   prof.   lyc.   Bufl'oii. 


I 
i 


NOTES    ET  DOCUMENTS  533 

M.  Heller,  prof.  1.  v.,  lyc.  Valence. 

M.  Waldner,  prof.  1.  v.,  lyc.  .Amiens. 

.M.  Bazillon,  prof.,  lyc.   Sarreguemincs. 

Mlle   Girard,  prof.  1.  v.,  Ijc.  j.  f.,   Lyon. 

.M.M.   Wiillandet,   Dubas,  Jouglet,   Parent,   Gérard,   Mairesse,   prof, 
lett.,    !•:.    r.   S.    Xaiicy. 

M.M.    Humbcrt,   Gandlo,    institut.,   E.   P.    S.   Nancy. 

.MM.  Petit,  Jager,   prof.,  K.   P.  S.   Nancy. 

MM.  Ragan  et  Volkringer,  professeurs  de  lettres  au   lycée  Kléber, 
Strasbourg. 

M.  Raison,  prof.  E.  P.  S.  Toul. 

M.  Gilbert,  prof.  E.  Norm.  Nancy. 

MM.  Boyot,  Bourrion,  Grane,  Giraud,   Rénaux,  Bajol,  Gilet,  Mou- 
reaux,   prof.   E.  P.   S.   Nanc\'. 

-M.   Inderit,  directeur  E.   P.  S.  Nancy. 
.    .Mlles   Lhuillier,   Brochard,   prof.   E.   Sup.  j.   f.,   Nancy. 

.Mlles  \'itrey,  Baubillier,  S'iécaut,  instit.  E.  P.  S.  j.  f.,  Nancy. 

Mlle  Simon,  dir.  E.  P.  S.  j.  f.,  Nancy. 

Mlles   Ferry,   Deparis,   Lepape,    Gruct,    Boulay,    Bosc,   Taboureau, 
prof.   E.   P.   S.  j.   f.,   Nancy. 

MM.    Maresquelle,     Rérat,     -Antoine,     Kremer,     Bouchez,     A'allod, 
Mossé,  Médard,  Hesse,  prof.  1.  v.,  Nancy. 

MM.    Legras,     Ellies,     Bluzot,     Sauvigny,     Parmantier,     Moreau.x, 
prof,    math.,   lyc.    Nancy. 
Mossé,   Médard,   Hesse,   prof.  1.   v.,  lyc.   Nancy. 

M.  Fromont,  prof.  se.  nat.,  lyc.  Nancy. 

M.M.   Lacoste,   Gros,   prof,   hist.,   lyc.   Nanc3'. 

^I.    C^hamou.x,    censeur,    Ijc.    Nancy. 

M.  Millot,  prof,   de   lett.,  lyc.  Nancy. 

.M.   SchaefTer,  prof,  adj.,   lyc.   Nancj'. 

.M.  Babin,   prof,   class.   élém.,   lyc.   Nancy. 

.M.    Krug,    industriel,    secret.    Chambre    de    Comm.,    NancA'. 

M.  Emile   Nicolas,  critique  d'art,  Nancy. 

.M.    .Mettavant,    Ingén.    princ.    Soc.    Mécanique    Mod.,    Nancy. 

.M.  Butin,  Ingén.,  Prés.  .Ass.  de  l'E.  P.  S.,  Nancy. 

.M.   Rogé,   Représ,   de  comm.,  Vice-Prés,   de   l'.Ass.   .Anciens   El.   E. 
S.   Comm. 

M.   Donders,    Industriel,    Nancy. 

M.   Bunieux,   Représ,   de  comm.,   Cons.   Mun.,   Nancy. 

.M.  Monod,  Secr.  Gén.   Soc.  Nancéienne   du   Crédit  Industriel. 

M.   Foëx,   Ingén.,   Secr.   Gén.   Comp.  Lor.  d'Electr.,  Nancy. 

.M.   Brun,   Prés.  Soc.   ind.   de   l'Est,   Nancy. 

M.    Selozer,    Ingén.    dir.    éc.    nat.    technique,    Strasbourg. 

M.  Reyher,  prof,  de  lett.  angl.  univ.,  Nancy. 

M.   Pariset,   prof.   fac.   lett.,   Strasbourg. 

D""   Bruntz,    doyen   fac.    Pharmacie,   Nancy. 


534  LES    LANGUES    MODERNES 

M.   Turpin,   inventeur   de   la    mélinite. 

M.M.  Bertin,  Gallaud,  Meynaud,  Petit,  prof,  sciences,  coll.  Pon- 
toise. 

M.M.   Bellec,   Hirtz,   Normand,    Rosier,   prof.   1.   v.,   coll.   Pontoise. 

M.  Vogt,  prof,  de  7%  M.  Durand,  prof,  de  8%  Prés,  de  la  Fédéra- 
tion nat.  des  Inst.  et  Institutrices  des  Lyc.  et  Coll.,  coll.  Pontoise. 

M,  Nicolas,  prof.  1.  v.,  lyc.  Carnot. 

M.  Dupré,  prof.  1.  v.,  lyc.  Montaigne. 

M.   Desclos-Auricoste,   prof.  1.  v.,  lyc.  Condorcet. 

M.  Milliot-Madéran,  prof.  1.  v.,  lyc.  Louis-le-Grand. 

Mlle  Mazurier,  prof.  lyc.  j.  f.,  Sèvres. 

Le   Principal  et  les   Professeurs   du   coll.   St-Yrieix. 

M.   Roset,   dir.   éc.  garç.,  Villerupt. 

MM.    Servat,    Thomas,    Bibé,    instituteurs,    Villerupt. 

M.   Haller,   directeur   Société   Métall.,   Villerupt. 

^I.  Honnorat,  pharmacien  à  Villerupt. 

'M.    Vincent,    agent-voyer,    Villerupt. 

M.  Robert,   direct,   mines   de   Michéville,  Villerupt. 

M.  Collignon,  ingénieur. 

M.  Labadie,  ingénieur,  aciéries  Michéville. 

MM.    Mercier,    Pierson,    ingén.,    aciéries    Michéville. 

]M.   Michaud,   ingén.   électricien. 

MM.   Ghiliouda  et   Chaput,  ingén.,   H.  et  M. 

M.   Roux,   dessinateur,   aciéries   de   Michéville. 

M.   Tourret,   gérant.   Soc.   Coopérative   Tucquognieu.x. 

]\I.    Suchet,   ingén.,  mines   de   la   Mourière,   Piennes. 

M.  Rurmu,  directeur,  mines  de  la  Mourière. 

Mlle  Le  Colson,  institutrice  à  la  Mourière,  Piennes. 

M.    Becker,   directeur   d'école    à    Piennes. 

M.   Deschanel,    directeur,    mines   de   Jondreville. 

M.  Bormcnt,  directeur  de  la   Soc.  d'Errouville. 

yi.   Bcnoist,   ingénieur  de   la    Soc.   d'Errou\illc. 

M.   Laporte,   magasinier   de   la    Soc.   d'Errouville. 

M.   de   Lavareille,  caissier.   Société   d'Errouville. 

D""  Cazin,  D""  en  médecine  à  Crusnes. 

M.  Lefort,  chef  d'expédition  à  la  Soc.   d'Errouville. 

M.    Clément,   comptable.    Soc.   d'Errouville. 

M.   Kirschtctter,   secrétaire   de   la    dir.    mines   d'Errouville. 

M.  Gillaud,  chef  de  la  comptai)..   Soc.  d'Errouville. 

M.   Spony,   fal)ricant,   Mulhouse. 

M.  Daum,  entrepreneur,  Jœiif. 

M.    Claude,    négociant    en    vins,   Jcandclize. 

M.  Leclerc,   industriel,  .leandelize. 

M.    Maginot,   instituteur  à   Buzy. 

M.   Cabayct,   négociant   en   vins,   Marbache. 

]\1.    Perrin,   greflier,   Pont-à-Mousson. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  Ô35 

M.   L()ml)ard,   capitaine,   Pont-à-Mousson. 

,M.  Alisou,  avocat  à   la   Cour  d'appel,  Nancy. 

M.    Fugerio,    industriel,    délégué    cantonal,    Frouard.' 

M.   Oudenot,    Bibliothèque    universitaire,   Nancy. 

M.  Gominarmond,   pr.   lyc.   Condorcet. 

.Mme   (".ollery,  prof,  sciences,  lyc.  j.  f.,  St-Qucntin. 

Mlle  Chalniel,  prof.  1.  v.,  lyc.  j.  f.,  St-Quentin. 

MM.  Fages,  prof,  lett.,  Huot,  Sordot,  prof,  de  7",  Mousset,  prof, 
gr.,  IJruyat,  prof,  math.,  Fangniaire,  prof,  math.,  Lordereaux,  prof, 
phys.,  Pellet,  prof,  d'hist.,  Robin,  prof,  de  math.,  Guiran  et  Anto- 
niotti,  prof,  de  1.  v..  Picard,  prof,  de  philo..  Châtain,  prof,  de  4',^ 
Daude,  prof,  de  philo.,  Bouvient,  prof,  d'hist.,  Uessaux,  proviseur, 
lycée  d'Avignon. 

M.  Sautel,  prof,  d'hist.,  coll.  St-Joseph. 

.M.  Geoffroy,  prés.   (>hambre   de   Comm.   d'.Avignon. 

Mme  Fages,  Mlles  Didier,  Maugendre,  prof,  lettres,  Mmes  Ar- 
mand, Maiiras,  prof,  sciences,  Mmes  Huot,  Sordot,  Marcourel,  prof. 
1.  \.,  lycée  j.  f.  d'Avignon. 

Mlle  Péraldi,  prof.  1.  v.,  lyc.  j.  f.,  Aix. 

.MM.  Paoloantonaci,  Salin,  Connes,  Meyer,  prof.  1.  v.,  Espiard, 
prof,  philo.,  Amiel,  prof,   math.,  lycée   d'.Aix. 

Mmes  Ficquet,  Jeangirard,  Detchébarne,  prof,  math.,  Mlles  Klein, 
Hécart,  prof,  phys.,  Mme  Flobert,  prof,  d'hist.,  Mmes  S'chwob,  Eli- 
chabe,  Mablingaud,  prof,  lett.,  Mme  Turpin,  maîtresse  primaire, 
Mme  Lorilleux,  Cortot,   Schach,  Bécourt,   jjrof.   1.  v.,  lyc.  ^Molière. 

Mlles  Pitiot  et  Jeunet,  prof.  coll.  j.  f..  Le  Luc  (Provence). 

:\L   Collin,    prof.  J.-B.-S'ay. 

M.  Pierre  Weiss,  correspondant  de  l'Institut,  Directeur  de  l'Insti- 
tut de  physique  de  l'L'niversité  de  Strasbourg. 

M.  Roger,  prof.   1.   v.,  lycée   Henri-IV. 

-M.  Boussagol,  prof,  à  l'Université  de  Toulouse. 

Les  Professeurs  de  Langues  Vivantes  des  collèges  de  La   Châtre. 

M.  Eyraud,  professeur  à   St-Maixent. 

M.  Gaston   Hirtz,  délégué  à   Paris  de  la   Régionale  de   Poitiers. 

.MM.  Coulon,  prof,  math.,  Ruyssen,  prof.  I.  v.,  hc.  Poitiers. 

MM.  Rougé,  Delany,  prof.  I.  v.  au  lyc.  Tours. 

MM.  Rouquette,  Roullet-Debenay,  Perrin.  Penot,  Geismar,  prof, 
lyc.    Limoges. 

.M.   Crayssac,   prof.   lyc.    .Angoulème. 

M.  Chausse,  prof.  coll.  Châtellerault. 

M.   Mérillac,  prof.  coll.   Issoudun. 

M.    Fourgeaud,   prof.   lyc.   La    Roche-sur- Yon. 

M.  Vayroz,  prof.  coll.  Loudun. 

M.  Frappier,  prof.  coll.  Civraj'. 

M.    Hanneton,   prof,   coll.,   Montargis. 

M.  Jubien,  prof.  1.  v.,  lyc.  Niort. 

MM.  Imbert  et  Hervé,  prof.  1.  v.,  lyc.  Niort. 


536  LES    LANGUES    MODERNES 

M;M.  Fieux,  Gratreaud,  prof.  1.  v.,  coll.  Chinon. 

M.   Gené^Tie^,   prof.   lyc.    Tours. 

M.  Gombeault,  prof.  I.  v.,  coll.  St-Servau. 

.M.   Degnian,  prof,  lett.,  lyc.   Sarreguemines. 

MM.  Basty  et  Cayron,  prof.  1.  v.,  coll.  Le  Blanc  (Indre). 

M.  Artarit,  prof.  1.  v.,  lyc.  La  Roche-sur-Yon. 

M.  Douady,  président  de  la   Section   Régionale  de  Lj'on,  profes- 
seur à  l'Université  de  Lyon. 

La  Régionale  de  Lyon. 

M.   Delattre,   président   de   la    Régionale    Lilloise,   prof,   à   l'Uni- 
.versité  de  Lille. 

Mlle  Bérillon,  prof,  au  lycée  Racine. 

M.  Albert  Loriol,  peintre,  prix  de  Rome. 

Mme  Legeinsel,  prof.   1.   v.,   Ecole   Sophie-Germain. 

M.  Caillet,  prof,  collège,  St-Germain  (S.-et-O.). 

M.    Carillon,    prof,    collège,    St-Germain    (S.-et-O.). 

M.  Arnaudet,  prof,  lycée  Carnot,  1.  v. 

M.  Dubailleul,  prof,  lycée  Carnot,  1.   v. 

{A   siiivreK 


A1  d'Avigi)oi) 

L'AI  du  Lycée  d'Avignon  constate  avec  étonnement  et  regret 
que  plusieurs  délégués  de  régionales  au  Congrès  de  Pâques,  et  en 
particulier  le  délégué  de  rA2  d'Aix-Marseille,  ont  cru  devoir,  au 
nom  de  tous  leurs  commettants,  condamner  l'enseignement  secon- 
daire sans  latin  (motion  Weber). 

Elle  émet  le  vœu  qu'à  l'avenir,  sur  les  questions  qui  manifeste- 
ment divisent  les  membres  des  Amicales,  ces  délégués  ne  puissent 
se  prononcer  sans  avoir  été  dûment  mandatés  à  cet  effet. 


AI  de  Bordeaux 


L'AI,  ayant  pris  connaissance  du  questionnaire  adressé  par  le 
Ministre  de  l'Instruction   publique   au  Conseil   Supérieur, 

Et  sans  préjuger  des  résultats  du  référendum  ouvert  sur  la 
question  de  la  réforme  de  renseignement  par  le  dernier  Congrès 
de    la    Fédération, 

Se   prononce   dès   à   présent  : 

1"  Contre  l'institution  d'une  !{'  année  de  latin  oliligatoire  avec 
grec  obligatoire  ; 

2"  Contre  l'inégalité  des  sanctions  attachées  d'une  part  aux 
humanités   classiques,   de   l'autre   aux   humanités   modernes. 

A,  RivoALLAN,   secrétaire. 


â 


XOTES    ET    DOCUMENTS  537 

Centre  d'Etudes  gern)ar)iques  de  IVlayeoce 

L'iittcntion  de  M.  le  Haut  (Commissaire  de  la  République  Kran- 
t;aise  dans  les  provinees  du  Rhin  ayant  été  attirée  sur  l'intérêt 
qu'il  y  aurait  pour  les  militaires  de  l'armée  du  Rhin  et  pour  les 
fonetionnaires  du  Haut  Commissariat  français  de  développer  leur 
connaissance  de  la  langue  et  de  la  civilisation  allemandes,  il  est 
créé  à  Mayence  un  Centre  d'études  germaniques.  L'enseignement 
donné  par  ce  centre,  combiné  avec  un  enseignement  parallèle  de 
la  section  juridique  donné  par  l'Ecole  de  Droit  de  Mayence,  cons- 
tituera un  cycle  d'études  semestriel,  dont  la  préparation  s'éten- 
dra sur  une  période  de  quatre  mois.  A  l'issue  de  cette  période,  il 
pourra  être  conféré,  après  examen,  un  diplôme  du  Haut  Commis- 
sariat, dont  il  sera  tenu  le  plus  grand  compte  pour  l'admission 
aux    diverses    fonctions    de    la    H.    C.    I.    T.   R. 

Des  professeurs  de  la  Faculté  de  Lettres  de  Strasbourg  assure- 
ront en  même  temps  sur  place,  la  préparation  des  différents  cer- 
tificats de  la  licence  d'allemand  et  donneront  une  direction  d'étu- 
des aux  candidats  au  diplôme  d'études  supérieures  et  aux  can- 
didats à  l'agrégation  d'allemand.  En  outre  des  avantages  que  leur 
assurera  un  centre  de  préparation  actif,  les  étudiants  trouveront 
à  Mayence  des  facilités  particulières  pour  se  loger  dans  des 
familles  allemandes,  une  vie  intellectuelle  et  artistique  rendue 
plus  intense  par  le  voisinage  de  Wiesbaden  avec  son  théâtre  et  ses 
expositions,  et  de  Francfort  avec  son  Université,  ainsi  que  de  mul- 
tiples occasions  d'entrer  en  rapport  avec  les  éléments  intellectuels 
de    la    région    rhénane. 

Programme  des  cours  et  conférences 
de  la  section  germanique 

Antiquités  rhénanes,  M.  Ghenier,  Professeur  à  l'L'niversité  de 
Strasbourg. 

Histoire  des  Pays  rhénans  jusqu'en  1815,  M.  Pariset,  Professeur 
à    l'Université    de    Strasbourg. 

Histoire  politique  de  l'Allemagne,  en  particulier  des  Pays  rhé- 
nans de  1815  à  1914,  M.  Kiener,  Professeur  à  l'L^niversité  de  Stras- 
bourg. 

La  Constitution  de  Weimar,  M.  Vermeil,  Professeur  à  l'Univer- 
sité de  Strasbourg. 

Histoire  du  Socialisme  allemand,  M.  SpexivÉ,  Professeur  à 
l'Université   de   Strasbourg. 

Géographie  physique  et  humaine  de  l'Allemagne,  M.  Malaurie, 
Professeur   au   Lycée   de   Mayence. 

Exercices  pratiques  de  traduction  et  de  conversation  allemande, 
accompagnés  d'exposés  généraux  sur  la  presse  allemande,  le  mou- 
vement   intellectuel    et    artistique,   les   villes     d'art     et     les   centres 


538  LES   LANGUES   MODERNES 

intellectuels   de   rAllemagne  contemporaine  :    MM.   Mouillet,   Roy, 
Garnier,   Professeurs   au   Lycée   de   Mayence. 

Licence   d'allemand 

Cours  de  littérature  française  :  •  Le  romaritisme  français  : 
Explications  d'auteurs  français  du  programme  de  la  licence.  (19' 
siècle),   M.   Lange,   Professeur   à   l'Université   de    Strasbourg. 

Cours  de  phonétique  et  d'histoire  de  la  langue  française.  Expli- 
cation d'auteurs  du  programme  de  licence  (17'^  et  IS''  siècles), 
M.    Terracher,    Professeur    à   l'Université    de    Strasbourg. 

Cours  de  littérature  allemande  :  L'évolution  de  la  poésie  lyri- 
que en  Allemagne  depuis  Klopstock  jusqu'à  nos  jours.  Explications 
d'auteurs  allemands  du  programme  de  la  licence  avec  commen- 
taire philologique,  M.  Toxxelat,  Professeur  à  l'Université  de  Stras- 
bourg. 

Eléments  de  phonétique  et  de  grammaire  historique  allemande. 
Explications  d'un  texte  allemand  de  langue  ancienne,  M.  Ernest 
Lévv,   Professeur  à  l'Université   de   Strasbourg. 

Exercices   pratiques    de   version   latine   pour   la   licence,   M.   N 

Exposés   en   langue   allemande,   M.   X...   lecteur   allemand. 


L'Ei)seJgr)en)eot  secondaire  ei)  Allen)agoe 

M.  Gaston  Hirfz.  détaché  au  Ministère  des  .\ffaires  étrangères, 
nous  communique  la  note  suivante  sur  les  progrès  de  l'enseigne- 
ment moderne  en  Allemagne,  d'après  le  >■  Voss  Zeitung  >  du 
27  sept.  : 

Dans  les  états  du  Sud,  on  constate  peu  de  suppressions  de  gym- 
nases depuis  1919,  c'est-à-dire  d'établissements  d'enseignement 
secondaire  qui  dispensent  uniquement  la  culture  classique.  Dans 
le  Nord,  au  contraire,  le  mouvement  vers  l'enseignement  moderne 
est  très  accentué,  surtout  en  Saxe.  Dans  le  Brunswick,  sur  6  gym- 
nases classiques,  1  seul  subsiste  ;  en  Pruse,  le  nombre  de  ces  éta- 
blissements de  357  en  1919,  est  réduit  à  27  en  1921.  Que  pense  de 
cette    évolution   notre    Grand-Maître    de    ri'ni\ersité  ? 


Réponse  des  n)ilieux  intellectuels  anglais 
à  l'appel  de  l'Association  «  France-Grande-Bretagne  » 

Nous,  soussignés,  appartenant  au  monde  des  lettres,  des  scien- 
ces et  des  arts  en  Angleterre,  désirons  assurer  nos  collègues  fran- 
çais que  nous  partageons  de  tout  notre  cœur  les  sentiments  et  les 
convictions  qu'exprime  si  éloquemment  la  lettre  signée  par  d'énii- 
ncnts    représentants    du    peuple    français    et    rendue    publique,    le 


NOTES    ET  DOCUMENTS  Ô3î> 

14  juillet  dernier,  par  les  soins  du  secrétaire  de  TAssociatiDn 
•  Grande-Breta£;ne-France  >  de  Londres.  Nous  faisons  entière- 
ment nôtre  votre  déclaration,  quand  vous  exprimez  que  "  Notre 
action  ne  doit  certes  pas  se  confondre  avec  celle  des  hommes  ou 
des  corps,  qui,  en  quelque  manière,  ont  la  responsabilité  du  Gou- 
vernement •>.  Nous  souscrivons  également  à  tout  ce  que  vous 
dites  de  notre  étroite  parenté  avec  le  peuple  de  France  dans  le 
passé,  parenté  qui  a  été  rendue  plus  profonde,  plus  solide  encore, 
dans  toutes  les  classes  de  la  population  de  la  Grande-Bretagne,  par 
notre  camaraderie  d'armes  pendant  la  grande  guerre,  et  depuis, 
par  le  suiJrème  besoin  de  coopération,  en  %  ue  d'assurer  à  l'avenir 
une  paix  qui  dure. 

Quels  que  soient  les  sacrifices  que  le  peuple  britannique  ait  pu 
faire  pendant  la  guerre,  les  pertes  subies  par  la  France  en  vies 
humaines  et  en  richesses,  ainsi  que  par  la  dévastation  du  pays, 
sont  supérieures  à  celles  de  n'importe  lequel  des  Alliés  qui  ont 
combattu  pour  notre  victoire  définitive  ;  cela,  nous  le  savons,  nous- 
cn  sommes  entièrement  convaincus,  soyez-en  tous  persuadés.  Nous^ 
avons  aussi  pleinement  conscience  du  fait  que,  par  suite  de  cau- 
ses nombreuses,  les  Français  et  leur  pays  sont  plus  exposés  que 
d'autres  au  danger  d'une  nouvelle  agression  possible  de  la  part  de 
leur  ancien  ennemi. 

Notre    sentiment    est    donc   que    le    peuple   britannique    dans    son  • 
ensemble,  ainsi  que  tous  les  Alliés  qui  ont  pris  part  à  la  Grande 
Guerre,  sont  tenus,  jusqu'à  l'extrême  limite  de  leurs  capacité,  de 
mettre  la  France  à  l'abri   de  toute  attaque   non  provoquée  venant 
de   nos   anciens   ennemis. 

Suivent  les  signatures  : 

Sir  Clifford  Allbut,  Président  de  l'Association  des  Médecins  de 
Grande-Bretagne  ; 

Sir    Squire    Baxcroft,    Président    de   l'Académie    d'art    dramatique  ; 

Frank  Brangwyx,  Président  de  l'Académie  Royale  de  Peiture, 
Membre    de   l'Institut   de   France  ; 

J.-B.  Blry,  Professeur  d'histoire  moderne  à  l'Université  de  Cam- 
bridge ; 

Sir  Edward  Elgar,  Académie  de  Mus^que,  Correspondant  de  l'Ins- 
titut ; 

Dr.  L.-R.  Farnell,  Vice-Recteur  de  l'Université   d'Oxford  ; 

Dr.   P.   GiLES,  Vice-Recteur   de   l'Université   de   Cambridge  ; 

Rudyard  Kyplixg,  homme   de   lettres  ; 

Sir   John    Lavery,    de   l'Académie   des   Beaux-Arts  ; 

Sir  Charles  Oman,  Membre  du  Parlement,  Président  de  la  Société 
d'histoire  ; 

Sir  William  Orpex,  de  l'Académie  de  Peinture  ; 

Rev.  Dr.  E.-C.  Pearce,  Principal  du  Corpus  Christi  Collège» 
Oxford  ; 


540  LES    LANGUES    MODEHNES 

Sïr   William   Ridgeway,    Professeur   d'archéologie    à    Cambridge  ; 
A.-H.    Sayce,     Professeur    d'Assvriologie    à    Oxford,     Correspondant 

de   l'Institut  ; 
C.-S.   Sherrixgtox,   Président  de   l'Académie   des   Sciences  ; 
Sir  Charles  Villiers  Stanford,  Cambridge,  Académie  de  Musique; 
Sir    Arthur-E.    Shipley,     écrivain.     Principal     de    Christ's    Collège, 

Cambridge  ; 
Dr.    S'.    Russell    Wells,    \'ice-Recteur   de    rUni\ersité    de    Londres  ; 
Sir   Charles  Walstox.   écrivain   et   archéologue,   Membre   de    King's 

Collège,    Cambridge. 


Noni)ii)atJoi) 

M.  G.  Delobel,  professeur  d'allemand  au  lycée  \'oltaire,  vient 
d'être  nommé  proviseur  du  Ijcée  de  Rochefort.  Notre  collègue 
avait  demandé,  pour  raisons  de  santé,  un  poste  dans  l'administra- 
tion. Nous  sommes  heureux  qu'il  ait  obtenu  satisfaction,  et  que 
le  choix  de  la  Direction  de  l'Enseignement  secondaire  se  soit 
porté  sur  un  professeur  de  langues  vivantes,  dont  ses  collègues 
avaient  pu,  à  mainte  reprise^  apprécier  les  qualités  d'esprit  judi- 
cieux et  méthodique.  Mais  nous  regrettons  son  départ  qui  nous 
prive  de  la  collaboration  active  et  dévouée  qu'il  apportait  depuis 
bien  longtemps  à  notre  Société,  récemment  encore,  à  propos  de 
l'enquête  sur  la  situation  de  l'allemand,  et  de  la  réforme  de  l'en- 
seignement   secondaire. 


EXTRAITS    DE    LA    PRESSE 


La  Réforn)e  de  rEi)seigf)en)ei)t 

Ceux  de  nos  lecteurs  qui  ont  écouté,  l'autre  jour,  notre  éminent 
collaborateur  M.  Paul-Boncour  plaider  la  cause  des  humanités  clas- 
siques, nous  sauront  certainement  gré  de  leur  faire  entendre,  au- 
jourd'hui, l'autre  son  de  cloche.  La  lettre  que  l'on  oa  lire  est  un 
plaidoyer  en  faneur  de  l'enseignement  moderne.  Indépendamment 
de  sa  valeur  intrinsèque,  notre  impartialité  nous  aurait  obligé  à  la 
publier.  Je  suis  personnellement  heureux  de  pouvoir  céder  mon  tour 
de  parole  à  un  universitaire  plus  qualifié  que  moi  et  de  recueillir 
dans  la  rubrique  des  Opinions  des  autres,  au  lieu  des  avis  souvent 
improvisés  de  mes  collègues,  le  jugement  fortement  motivé  d'un 
lecteur  particulièrement  compétent. 

M.  (.. 


NOTES    KT    DOCUMENTS  34 1 

MONSIELU    I.E    KÉDACTELR    EN    CHEF, 

M.  Léon  Bérard  nous  apporte  la  réforme  des  programmes  de  1902, 
et  cette  reforme,  quelle  est-elle  ?  l'nc  douloureuse  surprise,  une 
cruelle  déception  pour  ri'niversitc  républicaine.  C^'est  donc  là  cette 
réforme  tant  attendue  après  la  guerre  :  notre  enseignement  rajeuni, 
élargi,  modernisé.  Nous  avions  fait  des  rêves  qu'un  vent  de  réaction 
balaie.  La  guerre,  la  grande  solidarité  des  peuples  avaient,  sem- 
i)lait-il,  agrandi  les  visions  et  les  cœurs.  Nous  avions  oublie  que  la 
l)ourgeoisie  et  le  parti  bourgeois  étaient  là  pour  fermer  la  i)orte, 
de  peur  des  courants  d'air. 

.\vec  .M.  le  doyen  Ferdinand  Hrunot,  nous  protestons.  Nous  dou- 
tions de  ce  sourd  travail,  de  cette  marche  de  nuit  rétrograde.  Nous 
disions  :  les  lycées  vont  s'ouvrir  à  l'élite  du  peuple  qui  infusera  un 
sang  neuf  à  cette  jeunesse  bourgeoise,  si  morne  souvent,  si  rare- 
ment animée  du  feu  sacré.  Non,  non,  fermez  bien  :  l'élite,  ça  reste 
toujours  les  gens  bien,  les  gens  qui  peuNcnt  payer,  les  fils  des  an- 
ciens riches  et  des  nouveaux  riches. 

Nous  avons  cru  que  le  français,  la  langue  nationale,  la  littéra- 
ture nationale  allait  devenir  la  base,  le  pivot  de  tout  notre  système 
d'éducation.  On  se  plaignait  de  la  crise  du  français,  et  nous  disions  : 

Organisez  donc  l'enseignement  du  français.  Enseignez  à  l'enfant 
à  parler,  à  écrire  avec  simplicité,  avec  sincérité,  non  plus  conven- 
tionnellement,  pompeusement.  Que  le  jeune  homme  apprenne  à 
penser,  à  sentir  par  lui-même,  non  plu^  d'après  des  jugements  de 
manuel  ;  à  côté  des  trésors  de  notre  Moyen  Age,  de  notre  Renais- 
sance, de  nos  grands  siècles  classiques,  ouvrez-lui  plus  largement 
ce  dix-neuvième  siècle,  si  négligé,  si  débordant  pourtant  de  gran- 
des âmes  généreuses  et  modernes. 

Mais  non,  la  culture  française  ne  suffît  pas.  On  en  revient  à  la 
vieille  formule  d'église  :  hors  du  latin  point  de  salut.  Certes,  nous 
ne  cessons  pas  de  vénérer  cette  antique  culture  latine  qui  a  fait 
l'ornement  et  raffinement  de  tant  de  beaux  esprits.  Mais  tout  de 
même  <  les  anciens  sont  les  anciens  et  nous  sommes  les  moder- 
nes ».  La  vie  et  les  idées  modernes  sont  là  et  l'on  ne  saurait  repous- 
ser en  plein  vingtième  siècle  les  grands  courants  contemporains. 

On  parle  de  la  culture  de  nos  aînés  ;  elle  était  harmonieuse,  elle 
était  homogène,  parce  qu'elle  était  unilatérale  ;  elle  était  simple, 
parce  qu'elle  n'aimait  qu'une  chose  et  qu'elle  ignorait  ou  négligeait 
tout  le  reste.  Elle  négligeait  les  sciences  qui  élargissent  le  présent 
et  ouvrent  l'avenir  ;  elle  négligeait  les  arts,  car  la  musique  et  le 
dessin,  appelés  dédaigneusement  »  arts  d'agrément  ",  étaient  plu- 
tôt méprisés  ;  elle  négligeait  les  langues  modernes,  baragouins 
ridicules  qu'on  feignait  d'ignorer. 

Les  programmes  de  1902  ont  fait  aux  sciences  la  part  belle,  trop 
belle,  je   l'avoue.   Ils   soumettent   l'enfant  à   un  gavage   scientifique 


542  LES   LANGUES    MODERNES 

prématuré  qui  lui  enlève  souvent  l'appétit  et  le  goût  pour  toute 
autre  culture.  Les  sciences  doivent  demeurer,  mais  plus  savamment 
dosées  ;  c'est  une  question  de  méthode  et  de  mesure. 

Notre  fédération  s'était  mise  d'accord  sur  un  programme  :  jus- 
qu'en troisième,  une  base,  un  tronc  uniques  (français,  latin,  une 
langue  vivante,  de  l'histoire,  des  mathématiques^  puis  deux  grands 
rameaux  :  les  humanités  anciennes,  les  humanités  modernes.  (Les 
membres  de  l'enseignement  ont  tout  de  même  un  peu  voix  au  cha- 
pitre !)  Les  premières  sont  tournées  surtout  vers  les  origines,  les 
sources,  le  passé  ;  les  secondes  sont  plutôt  orientées  vers  l'avenir. 
Nous  voulions  que  les  humanités  modernes,  généreusement  ensei- 
gnées, accordassent  les  mêmes  droits,  ouvrissent  les  mêmes  portes 
que  les  autres.  C'est  la  pensée  de  M.  Ferdinand  Brunot. 

Nous  pensions  compléter  cette  culture  française  élargie  par  les 
littératui'es  modernes,  négligées  par  un  injuste  parti  pris,  par  le 
parti  pris  de  l'ignorance. 

Dante,  Cervantes,  Shakespeare  et  Goethe  sont,  à  eux  seuls,  une 
culture.  La  littérature  anglaise,  que  Taine  plaçait  parmi  les  trois 
grandes  littératures  du  monde,  à  côté  de  la  grecque  et  de  la  fran- 
çaise, ouvre  des  trésors  insoupçonnés  de  poésie  généreuse,  d'admi- 
rables romans  psychologiques,  d'humanité  frémissante.  Et  si  l'Al- 
lemagne militariste  des  dernières  années  nous  inspire  crainte  et 
mépris,  il  y  a  tout  de  même  l'Allemagne  des  musiciens  et  des  pen- 
seurs, l'Allemagne  de  Lessing,  de  Goethe,  de  Schiller  et  de  cette  âme 
charmante,  à  demi-française,  de  Heine.  Et  qu'est-ce  que  nous  savons 
de  Calderon,  de  Lope  de  Vega,  de  l'Arioste  et  du  Tasse  '?  Tout  un 
monde  à  découvrir  ! 

Une  langue,  une  littérature  étrangères  ouvrent  une  porte  sur  ce 
monde  moderne  européen,  dont  nous  sommes,  que  nous  le  voulions 
ou  pas,  complètement  solidaires.  C'est  l'invitation  au  voyage,  le 
voyage  qui  a  toujours  formé  et  élargi  les  cerveaux.  «  Il  est  bon, 
disait  déjà  notre  Descartes,  de  savoir  quelque  chose  des  mœurs  des 
divers  peuples  afin  de  juger  des  nôtres  plus  sainement,  et  que  nous 
ne  pensions  pas  que  tout  ce  qui  est  contre  nos  modes  soit  ridicule 
et  contre  raison,  ainsi  qu'ont  coutume  de  faire  ceux  qui  n'ont  rien 
vu.   » 

Et  autour  de  nous  vivent  de  grands  peuples  que  nous  ne  voulons 
connaître  que  par  ouï-dire  (ou  par  les  journaux).  Nous  ne  les  con- 
naissons qu'en  temps  de  guerre,  comme  ennemis  ou  comme  amis. 
La  guerre  finie,  nous  ne  connaissons  plus  que  nos  haines,  nous  ou- 
blions notre  reconnaissance.  Nous  avons  tout  fait  et  tout  seuls  ! 
Nous  sommes  les  fils  des  dieux  et  des  héros  antiques  !  I^es  autres 
sont  les  barbares,  oi  barbaroi  (les  Italiens  disaient  //  barhari,  en 
parlant  des  soldats  de  Napoléon)  ! 

Dans  la  victoire,  nous  pourrions  être  plus  généreux,  plus  chiir- 
voyants   aussi.  Les   Anglais,  les   Américains   viennent   en   partie   de 


EXAMENS    ET    CONCOURS  543 

substituer  à  la  culture  latine  la  culture  française,  estimant  que 
celle-ci  est  l'essence  de  la  culture  antique.  Nous  pourrions  leur 
faire  l'honneur  de  croire  qu'elle  ajoute  quelque  chose  de  vivant  et 
de  neuf  à  notre  civilisation  française,  la  culture  d'un  Shakespeare, 
qui  fut  l'âme  de  la  Renaissance  ;  d'un  Milton,  qui  fut,  avec  Dante, 
la  voix  de  l'héroïsme  chrétien  ;  de  Keats,  en  qui  chanta  une  âme 
grecque  ;  de  Dickens,  l'écho  des  souffrances  sociales  ;  de  Kipling, 
le  grand  maître  d'énergie  et  le  grand  ami  de  la  France. 

Le  retour  au  latin  exclusif,  c'est,  qu'on  s'en  doute  ou  pas,  la  réac- 
tion antidémocratique. 

L'Université  républicaine  avait  rêvé  d'autre  chose  :  d'une  jeu- 
nesse qui,  sans  rien  oublier  des  splendeurs  et  des  leçons  du  passé, 
ouvrirait  son  cœur  et  sa  pensée  vers  l'avenir  ! 

Camille   CE. 

P.-S.  —  Je  me  permettrai  de  répondre  à  M.  Paul-Boncour,  en 
toute  franche  sympathie  (mon  culte  est  grand  pour  Athènes  et 
Rome  et  j'honore  les  anciennes  disciplines),  que  la  guerre  a  été 
gagnée  surtout  par  le  pauvre  peuple  de  France  qui  ne  savait  ni 
grec  ni  latin  ;  que  si  notre  jeunesse  cultivée  a  révélé  tant  de  res- 
sort, de  lucidité,  tant  d'intelligence,  c'est  qu'elle  était  formée  en 
partie  par  ces  nouveaux  programmes  de  1902,  rajeunis  et  élargis, 
qui  faisaient  une  large  place  à  la  culture  scientifique,  aux  huma- 
nités modernes  ;  et  qu'enfin  la  génération  de  1914  n'était  plus  celle 
de  70,  trop  pétrie  de  rhétorique  creuse,  d'idées  vagues,  de  l'igno- 
rance de  l'Allemagne  et  de  l'Europe  modernes. 

{Ere  nouvelle,  juillet  1921;. 


->:^<- 


EXAIVIEN5     ET     CONCOURS 


Certificat  Priii)aire  de  Langues  vivai)tes 

{Epreuves  écrites  de   la  session  de   1921) 

THi^:ME     COMMUN     AUX     LANGUES     ANGLAISE,     ALLEMANDE, 
ESPAGNOLE    ET    ITALIENNE 

Le  terme  étant  venu,  M.  Bergeret  quittait  avec  sa  sœur  et  sa 
fille,  la  vieille  maison  ruinée  de  la  Rue  de  la  Seine  pour  s'aména- 
ger dans  un  moderne  appartement  de  la  Rue  Vaugirard.  Ainsi 
en  avaient  décidé  Zoé  et  les  destins.  Durant  les  longues  heures 
du  déménagement,  Riquet  errait  tristement  dans  l'appartement 
dévasté.  Ses  plus  chères  habitudes  étaient  contrariées.  Des  hom- 
mes inconnus,  mal  vêtus,  injurieux  et  farouches  troublaient  son 
repos  et  venaient  jusque  dans  la  cuisine  fouler  aux  pieds  son 
assiette   à  pâtée  et  son  bol  d'eau   fraîche.   Les  chaises   lui   étaient 


544  LES    LANGUES    MODERNES 

enlevées   à   mesure   qu'il   sV   couchait,   et   les   tapis   tirés   bi'usque- 
ment   de   dessous  lui 

Disons  à  son  honneur  qu'il  avait  d'abord  tenté  de  résister.  Lors 
de  l'enlèvement  de  la  fontaine,  il  avait  aboyé  furieusement  à 
l'ennemi.  Mais  à  son  appel  personne  n'était  venu.  11  ne  se  sentait 
jjolnt  encouragé,  et  même,  à  n'en  pas  douter,  il  était  combattu. 
Mlle  Zoé  lui  avait  dit  sèchement  :  "  Tais-toi  donc  ».  Et  Mlle  Pau- 
line   avait    ajouté  :     ■   Riquet,   tu    es   ridicule  !    > 

Renonçant  désormais  à  donner  des  avertissements  inutiles  et 
à  lutter  seul  pour  le  bien  commun,  il  déplorait  en  silence  les 
ruines  de  la  maison  et  cherchait  vainement  de  chambre  en  cham- 
bre un  peu  de  tranquillité.  Quand  les  déménageurs  pénétraient 
dans  la  pièce  où  il  était  réfugié,  il  se  cachait  par  prudence  sous 
une  table  ou  sous  une  commode  qui  demeuraient  encore.  Mais 
cette  précaution  lui  était  plus  nuisible  qu'utile,  car  bientôt  le 
meuble  s'ébranlait  sur  lui,  se  soulevait,  retombait  en  grondant 
et  menaçait  de  l'écraser.  Il  fuyait,  hagard  et  le  poil  rebroussé,  et 
gagnait   un   autre  abri,  qui   n'était   pas  plus   sûr  que  le  premier. 

Et  ces  incommodités,  ces  périls  même,  étaient  peu  de  chose 
auprès  des  peines  qu'endurait  son  cœur.  —  Les  meubles  de  l'appar- 
tement lui  représentaient  non  des  choses  inertes,  mais  des  êtres 
animés  et  bienAeillants,  des  génies  favorables,  dont  le  départ  pré- 
sageait de  cruels  malheurs.  Plats,  sucriers,  poêlons  et  casseroles, 
toutes  les  divinités  de  la  cuisine  ;  fauteuils,  tapis,  coussins,  ses 
lares  et  ses  dieux  domestiques,  s'en  étaient  allés.  11  ne  croyait  pas 
qu'un  si  grand  désastre  put  jamais  être  réparé.  Et  il  en  rece\ait 
autant   de   chagrin    qu'en   pouvait   contenir  sa   petite   âme. 

.Anatole   France. 

Composition  française 

Que  pensez-vous  de  cette  affirmation  de  Buffon  dans  le  "  Dis- 
cours sur  le  style   ". 

"  Les  ouvrages  bien  écrits  seront  les  seuls  qui  passeront  à  la 
"  postérité  ;  la  quantité  des  connaissances,  la  singularité  des 
'    faits,  la   nouveauté  même  des  faits  ne   sont  pas  de  sûrs  garants 

de   l'immortalité.    " 

Composition   en   i.angle   ictrangfike 

Quels  traits  de  caractère,  ou  traits  de  mœurs,  dans  le  pays  don 
vous  avez  étudié  la  langue,  ont  laissé  en  vous  l'impression  la  pli 
vi\e  ? 

(La    question   devra   être   traitée    sous   forme   de   lettre). 

version   anglaise 

"   Look    at    the    faces   •>    said    .Martin.    She    raised    her   ejes 
diently.   In  this  main  thoroughfare  it  was  not  as  in  the  by-s 
and  only  dull  or  sullen  ghinces.  or  noue  at  ail,  were  bent  oi 
Some   of   the    houses   had    raggcd    plants    on    the    wiiidow-sil) 
one    window    a    canary   was    singing.    Then,    at    a    bend,    they 
into    a    blacker    rcach    of   huinan    river.     Herc     were     outbu 
houses   with    broiien    Windows,    houses   with   Windows   boar 
fried-fish    shops,    low    public-bouses,    houses    without    door; 
were   more    men   than  women   hère,  and   those   incn  were   ' 
liarrows   full   of   rags   and  bottles  :    or   they   were   standin 
public  houses  gossiping  or  (juarrelling  in  groups  of  three 
or   very    slowly    walking    in    the    guttcrs,    or   on    the    pave 


EXAMENS    ET    CONCOURS  545 

though  trviiig  to  remenihcr  if  thcy  wcrc  alive.  Thcii  siiddenly 
somc  yoiing  niaii  with  garnit  violence  in  his  face  woiild  pass, 
piishing  his  barrow  desperatcly,  stridiiig  fiercely  by.  And  every 
now  and  then,  from  a  fried-fish  or  hardware  shop,  woiild  corne 
ont  a  nian  in  a  dirty  apnin  to  take  the  siin  and  conteniplate  the 
scène,  not  finding  in  it,  secmingly,  anything  that  in  any  way 
depressed  his  spirit.  Amongst  the  constant,  crawling,  shifting 
stream  of  passengers  were  seen  wonien  carrying  food  wrapped  iip 
in  newspapers,  or  with  bundles  beneath  their  shawls.  The  faces 
of  thèse  wonien  were  gcnerally  eithcr  very  red  and  coarse  or  of 
a  sort  of  l)luish-\\  hite  ;  thcy  were  the  expression  of  siich  as  know 
themsclves  to  be  existing  in  the'  way  that  Providence  bas  arranged 
they  should  exist.  \o  surprise,  revolt,  disniay,  or  shame  was 
ever  to  be  seen  on  those  faces  ;  in  place  of  thèse  émotions,  a 
brutish  acquiescence  or  mechanical  coarse  Jocularity.  To  pass 
like  this  about  their  business  was  their  occupation  each  morning 
of  the  year  ;  it  was  needful  to  accept  it.  Not  ha\ing  any  hope  of 
ever  being  différent,  not  being  able  to  imagine  any  other  life, 
they  were  not  so  wasteful  of  their  strength  as  to  attempt  either 
to  hope  or  to  imagine.  Hère  and  there,  too,  very  slowly  passed 
old  men  and  women,  crawling  along,  like  winter  bées  w|ho,  in 
some  strange  and  evil  moment,  had  forgotten  to  die  in  the  sun- 
light of  their  toil,  and,  too  old  to  be  of  use,  had  been  turned  out 
of  their  hive  to  perish  slowly  in  the  cold  twilight  of  their  days. 

.lohn   Galswohthy   {Fraternily}. 

VERSION     ESPAGNOLE 

El   (tnior   à    los    hijos 

Xatural  es  à  las  madrés  amarlos,  y  no  habia  para  que  san 
Pablo  encargase  con  particular  precepto  una  cosa  tan  natural  ;  de 
donde  se  entiende  que  el  decir  "  que  los  amen  »,  es  decir  que  los 
crien,  y  que  el  dar  lèche  la  madré  â  sus  hijos,  à  eso  san  Pablo 
llama  amarlos,  y  con  gran  propiedad  ;  porque  el  no  criarlos  es 
venderlos  y  hacerlos  no  hijos  suyos,  y  conio  desheredarlos  de  su 
natural,  que  todas  ellas  son  obras  de  aborrecimiento,  y  tan  fiero, 
que  vencenenello  aun  â  las  fieras,  porque  i  que  animai  tan  crudo 
hay,  que  no  crie  lo  que  produce,  que  fiede  otro  la  crianza  de  loque 
pare  ?  La  braveza  del  leôn  sufre  con  mansedumbre  â  sus  ca- 
chorrillos  que  importunamente  le  desjuguen  las  tetas.  Y  el  tigre, 
sediento  de  sangre,  da  alegremente  la  suya  â  los  suyos.  Y  si  mi- 
ramos  â  lo  delicado,  el  flaco  pajarillo,  por  no  dejar  sus  huevos, 
olvida  el  corner  y  se  enflaquece,  y  cuando  los  ha  sacado,  rodea 
todo  el  aire  volando,  y  trae  alegre  en  el  pico  lo  que  él  desea  corner, 
y  no  lo  corne  porque  ellos  lo  coman.  Crie  pues  la  casada  perfecta 
â  su  hijo,  y  acabe  en  él  el  bien  que  formé,  y  no  dé  la  obra  de  sus 
entraiias  â  quien  se  la  daiie,  y  no  quiera  que  torne  â  nacer  mal 
lo  que  habia  nacido  bien,  ni  que  sea  maestra  de  vicios  la  lèche,  ni 
haga  bastardo  â  su  sucesor,  ni  consienta  que  conozca  â  otra  antes 
que  â  ella  por  madré,  ni  quiera  que  en  comenzando  â  vivir  se 
comience  â   enganar. 


VERSION     ALLEMANDE 

Das  Gehôft  Rohrmoos  in  Oberbayern 

Die    unabschbaren    Schneemassen,    die    festgewurzelte    Kâlte,    die 
eisige     Dàmmerung,     ail'    dièse     kalten     lebensfeindlichen     Miichte 


546  LES    LANGUES    MODERNES 

umgeben  das  warme  Xest  mit  solch  unheimlicher  Gewalt,  als  geltc 
es,  diesen  Unterschlupf  von  allerlei  pulsierendem  Lebeu  aufzu- 
sa'ugen,  jeden  Tropfen,  der  sich  dort  birgt,  zu  erstarren.  Ailes 
aber.  was  sich  auf  dem  dâmmerigen  Hof  legt,  atmet  einen  Uber- 
fluss   von   Wàrme   und   Leben. 

Aus  den  eisùberzogenen  Stallfenstern  fàllt  der  rotgelbe  Schein 
der  Lateruen,  bei  deren  Licht  schon  seit  Stunden  in  den  Stàllen 
und  draussen  auf  dem  zertretenen,  strohuntermischten  Schuee 
hantiert   wird. 

Wird   eine   Tùr   geôffnet,   so   quillt   warmer   Dampf   in   die   Kâlte 

hinaus  und  mit  ihm  die  Brummchôre  des  Viehs Aus  der  grossen 

Futterscheune  duftet  es  nach  gut  eingebrachtem  Heu  und  der 
Geruch  kràftiger  Sommertage  strômt  in  den  starren  Wintermor- 
gen  hinaus.  Die  Mâgde  und  Knechte  laufen  iiber  den  Hof,  blasen 
in  die  Hànde  und  strômen  auch  warmen  Dunst  und  Dampf  aus, 
der  sich  ihnen  als  weisser  Reif  an  Haar  und  Miitze   festsetzt. 

Ailes  was  lebt,  dampft  auf  Rohrmoos  ;  die  Pferde,  die  ein 
Knecht  auschirrt,  blasen  ganze  Wolken  aus  ihren  Niistern,  hûllen 
sich  damit  gegenseitig  ein,  so  dass  ihnen  Mâhnen,  Kôpfe  und 
Leiber  wie   in  wogendem   Nebel   stecken. 

An  den  grossen,  verdeckten  Milchgefàssen,  die  aus  den  Stàllen 
in  die  Molkerei  geschafft  werden,  dampft  das  feuchtwarme  Holz  ; 
jeder  feuchte  Strohhalm,  der  von  den  Knechten  und  Màgdeu  aus 
den  Stàllen  hinaus  in  den  Schnee  verschleppt  wird,  làsst  ein 
Weilchen  eine  zierlich  sich  ringelnde  Dunstsâule  wie  ein  kleines 
Opfer   emporsteigen. 

Ailes  lebt  der  grossen  meilenweiten  Schneewuclit  zum  Trotz 
doppelt   màchtig. 

H.   BÔHLAf,   Der  Rangierbahnhaf. 


VERSION    ITALIENNE 

Le   ciitù   ilaliane   marinare   e   commercianti 

Mentre    nell'    ombra    l'ispide    contrade 

Del   feudal   straniero 

Giaceano   a\"\olte,   e   pochi   violenti 

S'partiansi    i    campi    d'un    immenso    e    scarno 

Vulgo   con   la   ragion   del    masnadiero. 

Col    dritto    délie    spade. 

Col  terror  dei   patiljoli,   fiorenti 

Erano  di  famose  arti  le   folte 

Città    repubblicane, 

Comc  sciame   d'industri  api  negli  orti 

Dell'    Ausonia   raccolte. 

Ivano   ai   ginochi   délie   gaje  corti 

O  ai  festivi  tornei  le  castellane, 

Cinte   di   trina   vencta   le   spalle 

Eburnee  :    ivano    ai    balli, 

E   rifulgean   dello   stranicr   le   sale 

Di    veneti    cristalli. 

E   felice   il   guerrier,   quando   mortale 

Più   la   mischia   ruggia,  se   di   gagliarda 

Corazza    proteggea    gli   orneri   e   il   petto, 

Temprata   su  la   incudine   lombarda, 

Chè   lui   serbava   dclla   sposa   al   caro 

Bacio    c    al    niaterno    tetto 

La   fedele  virtii   di   (luell'  acciaro. 


KXAMENS    ET    CONC.Ol  HS  547 

E  uiio  strepito  lieto,  un  lieto   fumo 

I)i    fervide    fucine, 

I)a   valli    e   da   colline 

Saliano   al   cielo   libérale  ;   e   parve 

Fin    ne'    placidi    chiostri,   acconijjagnata 

Dair   uniforme   suon   délia   gualchiera, 

Più   satita  la  preghiera  ; 

E  se   invitava   a  tessere   la   lana. 

Più   santa   la   campana. 

Al-EARDI. 

BACCALI^URÉAT 
Université  de  Bordeaux 

VERSION    ANGLAISE    (B    et     D) 

Mr.  Pickivick  pursiiing  bis  h<il 

Therc  are  few  moments,  in  a  man's  existence,  when  he  expérien- 
ces se  much  ludicrous  distress,  or  meets  with  so  little  charitable 
commisération  as  when  he  is  in  pursuit  of  his  own  hat.  A  vast 
deal  of  coolness,  and  a  peculiar  degree  of  judgment  are  requisite 
in  catching  a  hat.  A  man  must  not  he  precipitate,  or  he  runs  over 
it  :  he  must  not  rush  into  the  opposite  extrême,  or  he  loses  il 
altogether.  The  best  way  is  to  kecp  up  gently  with  the  object  of 
pursuit,  to  be  wary  and  cautions,  to  watch  your  opportunity  well, 
get  gradually  before  it,  then  make  a  rapid  dive,  seize  it  by  the 
crown,  and  stick  it  firmly  on  jour  head  :  smiling  pleasanth'  ail 
the  time,  as  if  jou  thought  it  as  goo__d  a  joke  as  anybody  else. 

There  was  a  fine  gentle  wind,  and  Mr.  Pickwiçk's  hat  rolled 
sportively  before  it.  The  wind  pulTed,  and  Mr.  Pickwick  puffed, 
and  the  hat  rolled  over  and  over  as  merrily  as  a  lively  porpoise 
in  a  strong  tide  ;  and  on  it  might  ha^e  rolled,  far  beyond 
Mr.  Pickwiçk's  reach,  had  not  its  course  been  pro\identially 
stopped  by  a  carriage-wheel,  just  as  that  gentleman  was  on  the 
point  of  resigning  it  to  its  fate. 

Dickens. 

THÈME     d'imitation 

Poursuite  d'un  chapeau 

Le  vent,  dit  Mr.  Pickwick,  m'avait  enlevé  mon  chapeau.  Je  cou- 
rus après  lui.  Je  n'avais  pas  sans  doute  assez  de  sang-froid  ni  de 
jugement  pour  l'attraper  sans  difficulté.  Que  devais-je  faire  ?  Je 
ne  me  précipitai  pas  trop  vite  sur  lui  :  je  l'aurais  peut-être  écrasé; 
je  n'allai  pas  trop  lentement  :  je  l'aurais  complètement  perdu. 
Je  fus  prudent,  je  courus  un  peu  ;  je  dépassai  le  chapeau.  Mais 
le  vent  souffla  de  nouveau,  et  je  le  vis  de  nouveau  qui  i-oulait  de- 
vant moi.  Je  ne  pouvais  plus  courir.  Heureusement  il  y  avait  près 
de  là  une  voiture  ;  la  roue  arrêta  mon  pauvre  chapeau  :  ainsi  je 
ne  le  perdis  pas  ;  je  pus  facilement  le  ramasser  et  le  fixer  solide- 
ment sur  ma  tête  avec  un  sourire,  comme  si  la  plaisanterie  n'eût 
pas  été  moins  bonne  pour  moi  que  pour  les  autres. 


548  LES   LANGUES    MODERNES 

Université  de  Rei)i)es 

VERSION"    ANGLAISE    (B )  . 
HO'A'    SELDOM    WE    CAX    ENJOY    THE    BEAVTIES    OF    NATURE 

Coiisideriiig  how  seldom  people  think  of  looking  for  a  sunset 
at  ail,  and  how  seldom.  if  they  do,  they  are  in  a  position  from 
which  it  can  be  fully  seen,  the  chances  that  their  attention  should 
be  awake  and  their  position  favourable,  during  thèse  few  flying 
instants  of  the  year,  are  almost  as  nothing.  ^^^lat  can  the  citizen, 
who  can  see  only  the  red  light  on  the  canvas  of  the  waggon  at  the 
end  of  the  street,  and  the  crimson  colour  of  the  bricks  of  his 
neighbour's  chimney,  know  of  the  flood  of  fire  which  déluges  the 
sky  froni  the  horizon  to  the  zénith  ?  What  can  even  the  quiet 
inhabitant  of  the  English  Lowlauds,  whose  scène  for  the  manifes- 
tation of  the  fire  of  heaven  is  limited  to  the  topsi  of  hayricks,  and 
the  rooks'  nests  in  the  old  elm  trees,  know  of  the  mighty  passages 
of  splendour  which  are  toned  from  Alp  to  Alp  over  the  azuré  of  a 
thousand   miles    of   champaign  ? 

J.    RUSKIX. 

THÈME    d'imitation 

Peu  nombreux  sont  les  hommes  capables  ou  à  même  d'admirer 
la  nature.  C'est  bien  rarement,  en  effet,  comme  l'écrit  Ruskin, 
qu'elle  nous  offre  l'occasion  de  jouir  de  ses  spectacles  grandiose'. 
Il  faut  parfois  une  grande  activité  à  celui  qui  veut  être  dans  une 
position  favorable  au  moment  même  où  le  soleil  apparaît  et  où  ses 
flots  de  lumière  s'élançant  de  l'horizon  inondent  le  ciel.  Il  faut 
aussi  autant  de  qualités  d'observation  que  de  vigueur  ou  d'agilité 
corporelle.  Pour  pouvoir  interpréter  le  spectacle  devant  soi,  il  faut 
aussi  avoir  fait  l'éducation  de  l'esprit.  Ce  n'est  pas  en  contemplant 
les  murs  de  briques  rouges  ou  en  grimpant  sur  les  meules  de  foin 
que  ce  but  est  atteint  :  mais,  quand  nous  aurons  préparé  nos 
esprits  à  cette  perception  si  difficile,  n'oublions  pas  que  c'est  chez 
elle  qu'il  nous  faut  voir  la  nature  pour  bien  juger  de  se^  capa- 
cités. 

VERSION     ANGLAISE     (D) 
THE     BATTLE     OF     WATERLOO 

The  news  of  the  great  fights  of  Quatre  Bras  and  Waterloo 
reached  England  at  the  same  time.  The  Gazette  first  published  the 
resuit  of  the  two  battles  ;  at  which  glorious  intelligence  ail  Eng- 
land thrilled  with  triumph  and  fear.  Particulars  then  foUowcd  ; 
and  after  the  announcement  of  the  victories  came  the  list  of  the 
wounded  and  the  slain.  Who  can  tell  the  dread  with  which  that 
catalogue  was  opened  and  read  !  Fancy,  at  every  village  and 
homcstead  almost  through  the  thrce  Kingdoms,  the  great  news 
coming  of  the  battle  of  Flandors,  and  the  feelings  of  exultation 
and  gratitude,  bereavement  and  sickeniiig  dismay,  whcn  the  lists 
of  the  regimental  losses  were  gonc  through.  and  it  became  known 
whether  the   dear   friend   and   relative   bad   escaped    or  had   fallen. 

Thackeray.   Vanitij  Fair. 

THÈME    anglais    (D> 

La  nouvelle  de  la  victoire  de  Waterloo  causa  en  Angleterre, 
comme   on   l'imagine   aisément,   une    explosion   d'orgueil   et    d'allé- 


EXAMENS   ET   COXCOLHS  049 

giesse.  La  joie  cependant  n'était  pas  sans  mélange.  Que  de  familles 
avaient  lieu,  d'être  inquiètes  du  sort  des  leurs  !  Au  fur  et  à  me- 
sure qu'arrivaient  les  listes  de  morts  et  de  blessés,  chacun  se  de- 
mandait s'il  n'allait  pas  avoir  à  déplorer  la  perte  d'un  fils,  d'un 
frère  ou  d'un  ami.  Il  suffit  de  parcourir  une  collection  des  jour- 
naux de  l'époque  pour  se  rendre  compte  de  l'émoti(jn  intense  qui 
régnait  alors.  Depuis,  des  événements  plus  formidables  encore 
que  cette  bataille  illustre  nous  ont  fait  connaître  l'angoisse  qui 
étrcint   tous   les  cœurs   en   de  pareils    moments. 

VERSION    ALLEMANDE    {\i} 

Ich  kannte  nichts  Schôneres  als  niich  auf  Felsen  und  .Matten 
oder  am  \\'asser  miissiggàngerisch  herumzutreiben.  Berge,  See, 
Sturm  und  Sonne  waren  meine  Freunde,  erziihlten  mir  und 
erzogen  mich  und  waren  mir  lange  Zeit  lieber  und  bekannter 
als  irgend  Menschen  und  Menschenschicksale.  .Meine  Lieblinge 
aber,  die  ich  dem  glànzenden  See  und  den  traurigen  Fôhren  und 
sonnigen  Felsen  vorzog,  waren  die  Wolken...  Ich  war  ein  un- 
wissendes  Kind  und  liebte  sie,  schaute  sie  an,  und  wusste  nicht. 
dass  auch  ich  als  einc  Wolke  durch's  Leben  gehen  wiirde  — 
wandernd,  uberall  fremd,  schwebend  zwischen  Zeit  und  F^wig- 
keit.  Von  Kindcrzeitcn  her  sind  sie  mir  liebe  Freundinnen  und 
Schwestern  gewesen...  Auch  vergass  ich  nicht,  was  ich  damais 
von  ihnen  lernte  :  ihre  F'ormen,  ihre  Farben,  ihre  Zùge,  ihre 
Spiele,  Reigen,  Tânze  und  Rasten,  und  ihre  seltsam  irdisch- 
himmlischen   Geschichten. 

Hermann    Hesse. 

THÈME    ALLEMAND    (B). 

La  nature  est  une  merveilleuse  éducatrice.  Lorsque  j'étais 
enfant  et  que,  tout  le  jour,  j'errais  par  monts  et  par  vaux,  j'igno- 
rais tout  des  hommes,  mais  je  connaissais  tous  les  coins  de  la 
montagne.  Les  pins  d'un  vert  sombre  et  triste,  les  rochers  couverts 
de  mousse,  les  pâturages  ensoleillés,  le  lac  tantôt  brillant  sous  le 
soleil,  tantôt  agité  par  la  tempête,  étaient  devenus  mes  amis.  Il  me 
semblait  qu'ils  nie  racontaient  des  histoires  étranges.  Mais  au- 
dessus  de  tout  cela  il  y  avait  les  nuages,  la  chose  la  plus  belle  qui 
soit  au  monde.  Avez-vous  jamais  regardé  les  nuages  ?  Tantôt  ils 
cheminent  leiîtement.  tantôt  le  vent  les  chasse  sans  répit,  mais  tou- 
jours et  partout  ils  pasent  étrangers.  Après  les  avoir  si  longuement 
contemplés  dans  mon  enfance,  je  me  dis  maintenant  que  la  vie 
humaine,  dont  ils  me  paraissent  l'image,  n'est  aussi  qu'un  voyage  : 
semblables  à  ces  nuages  qui  planent  entre  ciel  et  terre,  ne  flottons- 
nous  pas  nous-mêmes,  inconsciemment,  entre  le  temps  et  l'éter- 
jiité  ? 

VERSION    ALLEMANDE    (D). 

-l'ngcfàhr  eine  Stunde  von  der  Stadt  liegt  ein  Ort,  den  sie 
Wahlheim  nennen.  Die  Lage  an  einem  Hùgel  ist  sehr  intéressant, 
und  wenn  mau  oben  auf  dem  Fusspfade  zum  Dorf  herausgeht, 
iibersieht  man  auf  einmal  das  ganze  Tal.  Eine  gute  Wirtin,  die 
gefallig  und  niunter  in  ihrem  Aller  ist,  schenkt  Wein,  Bier,  Kaffee  ; 
und  was  uber  ailes  geht,  sind  zwei  Linden.  die  mit  ihren 
ausgebreiteten  Asten  den  kleinen  Platz  vor  der  Kirche  bedecken, 
der  ringsum  mit  Baucrnhâusern,  Scheunen  und  Hôfen  eingesch- 
lossen  ist.  So  vertraulich,  so  heimlich  hab'  ich  nicht  leicht  ein 
Plâtzchen  gefunden,  und  dahin  lass  ich  niein  Tischchen  aus  dem 
Wirtshause   bringen   und   meinen   Stuhl,   trinke    meinen    Kaffee   da 


550  LES    LANGUES    MODERNES 

iind  lesc  meineu  Homer.  Das  erste  Mal,  als  ich  durch  'einen  Zufall 
an  einem  schônen  Xachmittage  unter  die  Linden  kam,  fand  ich  das 
Plàtzchen  so  einsani.  Es  war  ailes  im  Felde. 

Gœthe.  Werther. 

THÈME    ALLEMAND    (D). 

Gœthe  allait  souvent  se  promener  dans  les  environs  de  la  petite 
ville  de  Wetzlar.  Il  raconte  qu'un  jour  d'été,  il  découvrit  par 
hasard  un  joli  petit  village  situé  à  flanc  de  coteau  et  d'où  l'on 
dominait  la  campagne  d'alentour.  L'intimité,  la  solitude  de  cet 
endroit,  la  petite  église  entourée  de  vieux  tilleuls  l'attiraient  vive- 
ment et  l'artiste  prenait  le  plus  grand  plaisir  à  admirer  le  spec- 
tacle pittoresque  qu'il  avait  sous  les  yeux.  Par  les  beaux  jours 
d'été,  à  l'époque  de  la  moisson,  tout  le  monde  travaillait  aux 
champs  ;  il  ne  restait  au  village  que  la  vieille  aubergiste  et  quel- 
ques jeunes  enfants. 


Université  de  Clepn)Oot-Ferrai)d 

Juillet  1021 

VERSION     ESPAGNOLE 

Un  dia  estuve  en  Cartagena,  evocando  recuerdos  y  gozando  con 
ellos  ;  y  al  dia  siguiente  sali  para  Murcia,  donde  me  detuve  dos 
dias. 

Y  i  cuanto  gocé  en  Murcia  !  Siete  anos  faltaba  :  va  nadie  me 
conocia,  y  no  quise  presentarme  a  ninguno  de  los  amigos  de  mi 
familia. 

INIi  mayor  regocijo  fué  recorrer  durante  aquellos  dos  dias  las 
calles  y  las  plazas,  los  paseos  y  los  alrededores,  el  estrecho 
callejôn  donde  vivia  mi  maestro  de  primeras  letras,  y  los  claus- 
tros  del  Instituto,  por  los  que  di  tantas  vueltas  en  los  cuîttro  anos 
de    la    segunda    ensenanza. 

Por  todas  partes  iba  recogicndo  recuerdos  y  dândol^  nueva 
vida... 

...;  (;omo  despertaban  en  mi  memoria  mis  pequenas  aventuras 
de  estudiante,  que  ni  eran  aventuras,  ni  por  lo  diminutas  podria 
distinguirlas   nadie   que    no   fuese   yo  ! 

José    EcHEGAHAV,    Reciierdos. 

THÈME     ESPAGNOL     D'iMITATIOX 

Je  ne  suis  resté  qu'une  journée  à  Garthagène,  évoquant  des  sou- 
venirs et  en  jouissant  ;  aujourd'hui  je  pense  partir  pour  .Murcie, 
où  je   séjournerai   deux  jours. 

Que  de  ])laisir  y  goùterai-jc  !  J'en  ai  été  absent  sept  années. 
Personne  ne  m'y  connaît  ;  et  c|uant  aux  amis  de  ma  famille,  je 
ne  veux   pas   me   présenter  à  eux. 

Ma  plus  grande  joie  sera  de  parcourir,  ces  deux  jours  durant, 
les  petites  rues  et  les  petites  places,  de  faire  (|uelque  petite  pro- 
menade dans  les  environs,  de  revoir  la  ruelle  étroite  où  \'écut  le 
maître  très  liienveillant  et  très  i)auvre  qui  m'apprit  à  lire,  et  ces 
i^aleries  du  Lycée  où  je  faisais  tant  d'allées  et  venues  pendant  mes 
années    d'études    secondaires. 

Partout  je  recueillerai  des  souvenirs  —  n'importe  lesquels  — 
aux(|nels  je  donnerai  une  vie  nouvelle,  ("omme  s'éveilleront  dans 
jna   mémoire  mes  petites  aventures  d'étudiant,  (jui  ne  furent  même 


KXAMENS    ET    CONCOIRS  T)')! 

pas    des    aventures,    et    ([lie,    vu    leur    peu    d'importance,    nul    autre 
(|ue    moi    ne    pourrait   distinguer  dans   tout   ce   passé  ! 

Octobre  1921 

VKHSION     ESPAGNOLE 

UiKt  corrida  de  toros  en  Madrid 

i  A    los    toros  ! 

('hasquean  los  lâtifîos,  y  jîritan  los  zagales  y  pasa  triunfantc  el 
coche  de  la  cuadrilla,  y  no  hay  nada  comparable  como  aniniaciôn 
à  esta  animaciôn  de  las  corridas  de  toros. 

Durante  la  fiesta  todo  es  contento  y  algaraza.  Las  mismas  luchas 
que  sostiencn  los  partidarios  de  los  diestros,  casi  siempre  dividi- 
dos  en  opucstos  handos,  en  vcz  de  tencr  cl  carâcter  acre  y  procaz 
de  toda  coiitienda,  se  traduce  en  agudas  frases  é  iiitencionadisi- 
iiios  chistes,  que  solo  interrumpen  las  palmas  que  arranca  una 
huena  facna,  ô  los  silbidos  con  que  se  denuesta  al  torero  que  no 
tuvo  habilidad   6   fortuna   al  cjecutar   una    suerte.  > 

El  dia  de  toros  en  Madrid  reviste  una  fisonomia  tan  especial 
((lie  no  puede  decir  que  conoce  por  completo  la  villa  y  cortc,  quieii 
auiique  no  haya  sido  mâs  ((ue  por  curiosidad,  no  haya  asistido  â 
una    corrida. 

THÈME     ESPAGNOL     d'iMITATION 

Mon   cher   ami, 

Tu  sais  que  je  n'aime  pas  les  courses  de  taureaux  ;  mais  on  ne 
pourrait  pas  dire  qu'on  connaît  complètement  la  capitale  si  on 
n'avait  pas  assisté  à  une  de  ces  fêtes,  ne  serait-ce  que  par  curio- 
sité. 

Quelle  animation  dans  les  rues  qui  conduisent  à  la  Plaza  !  Rien 
de  comparable  !  Les  fouets  claquent,  les  postillons  crient,  tandis 
que   passe  comme   dans   un  triomphe   le   landau   des   toréadors. 

Tout  est  contentement  et  joie.  Les  partisans  même  des  toréa- 
dors, divisés  en  partis  opposés,  se  disputent  entre  eux,  mais  sans 
que  leurs  discussions  présentent  le  caractère  acre  et  provocant 
d'une  querelle  ;  ils  échangent  seulement  des  phrases  piquantes  ou 
des  traits  d'esprit  intentionnellement  tendancieux  ou  ironiques, 
qu'interrompent  les  applaudissements  à  une  passe  réussie  ou  les 
coups  de  sifflet  qui  accompagnent  le  manque  d'habileté  ou  l'infor- 
tune du  toréador. 

Juillet    1921 

version   italienne 

P(jche  sere  addietro,  prima  di  coricarmi,  apcrta  la  finestra  délia 
mia  stanza,  e  vedendo  un  cielo  puro,  un  bel  raggio  di  luna,  e 
sentendo  un'  aria  tepida  e  certi  cani  che  abbaiavabo  da  lontano, 
mi  si  svegliarono  alcune  immagini  antiche,  e  mi  parve  di  sentire 
un  moto  nel  cuore,  onde  mi  posi  a  gridare  come  un  forsennato, 
domandando  misericordia  alla  natura,  la  cui  voce  mi  pareva  di 
udire  dopo  tanto  tempo.  E  in  quel  momento  dando  uno  sguardo 
alla  mia  condizione  passata,  alla  quale  era  certo  di  ritornare  su- 
bito dopo,  com'è  seguito,  m'agghiaccai  dallo  spavento,  non  arri- 
vando  a  comprendere  come  si  possa  tollerare  la  vita  senza  illusioni 
e  affetti  vivi,  e  senza  immaginazione  ed  entusiasmo  ;  délie  quali 
cose  un  anno  addietro  si  componeva  tutto  il  mio  tempo,  e  mi  face- 
vano   cosi    beato,   non   ostante   i    miei    travagli.   Ora    sono    stecchito 


552  LES    LANGUES    MODERNES 

e  inaridito  come  iiua  canna  secca,  e  nessuua  passione  trova.  più 
l'entrata  di  questa  povera  anima,  e  la  stessa  onnipotenza  eterna 
e  sovrana  dell'  amore  è  annullata  a  rispetto  mio  nell'  età  in  cui 
mi  trovo. 

Leopardi. 

THÈME     ITALIEN     d'iMITATIOX 

Leopardi  nous  raconte  ici  un  des  accès  de  pessimisme  qui 
l'accablaient  de  temps  à  autre  et  lui  faisaient  prendre  la  vie  en 
dégoût.  Seul  à  sa  fenêtre  devant  la  nature  endormie  sous  la  lune, 
il  se  demande  comment  il  est  possible  qu'un  homme  soit  aussi 
malmené  que  lui  par  la  destinée.  Infirme,  maladif,  il  a  un  cœur 
pour  aimer  et  sait  que  jamais  personne  ne  lui  accordera  un  regard 
de  sympathie.  La  pitié,  voilà  ce  qu'il  rencontre  seulement  dans 
tous  les  regards.  D'illusions,  il  n'en  a  plus,  pas  même  celles  qui 
semblent  indispensables  à  l'existence.  Son  enthousiasme  ne  sait 
où  se  porter,  et  rien  ne  lui  paraît  digne  ici-bas  de  son  admira- 
tion. Telle  est  la  malédiction  qui  pèse  sur  lui  et  il  en  a  pleine- 
ment conscience.  On  ne  peut  que  s'incliner  devant  ce  long  mar- 
tyre moral  d'un  des  esprits  les  plus  éminents  du  siècle  passé  et  de 
tous   les   siècles. 

Octobre  1921 

VERSION      ITALIENNE 

Le  persone  strette  nel  gruppo  maggiore  si  scostarono  a  cerchio 
e  vi  apparve  nel  mezzo  Benedetto.  Un  tavolino  con  due  candele 
e  una  sedia  erano  preparati  per  lui.  Pregô  che  si  togliessero  le 
candele.  Poi  gli  dispiacque  anche  il  tavolino.  Si  disse  stanco, 
chiese  di  parlare  seduto  sul  canapé,  vicino  al  vecchio  signore  dal 
viso  acceso  e  dalla  barba  bianca.  Vestiva  di  nero,  era  pallido  e 
magro  più  ancora  che  a  Jenne.  La  fronte  gli  si  era  scoperta  di 
capelli,  aveva  prcso  qualchecosa  délia  fronte  solenne  di  Don  Giu- 
seppe  Flores.  E  gli  occhi  aAevano  un  azzurro  più  lucente.  Moite 
délie  facce  volte  avidamente  a  lui  parevano  piuttosto  affascinate 
da  quegli  occhi  e  da  quella  fronte  che  ansiose  di  udire  à  la  sua 
parola. 

Egli  prese  a  parlare  cosi,  senza  un  gesto,  tcnendosi  le  inani  sullo 
ginocchia... 

FOGAZZAKO. 
THÈME     ITALIE.N     d'iMITATIOî* 

J'ai  voulu  entendre  l'orateur  dont  tout  le  monde  s'occupe  à 
Rome.  On  m'a  conduit  dans  une  salle  comble.  .\u  milieu  d'un 
groupe  compact,  l'orateur  m'apparut.  Il  prit  place  devant  une 
table  sur  laquelle  se  trouvaient  deux  llambeaux.  Il  parla  assis. 
Près  de  lui  était  un  personnage  à  barbe  blanche,  le  président  de 
la  réunion.  L'orateur  lui-même  n'est  plus  tel  que  tu  me  le  décri- 
vais l'an  dernier,  ^'ètu  entièrement  de  noir,  il  a  le  visage  pâle  et 
pourtant  illuminé.  Son  front  a  perdu  les  cheveux  qui  le  cou- 
vraient, ce  qui  lui  donne  un  caractère  de  solennité.  Ses  yeu.x  bleus 
étincellent.  Il  m'a  semblé  que  ces  yeux  et  ce  front  impression- 
naient son  auditoire  au  moins  autant  que  sa  parole,  car  il  s'expri- 
me   simplement,   sans   gestes,   iJrcsmie   avec    monotonie. 


EXAMENS    ET    CONCOIHS  553 

Certificat  d'aptitude  à  rei)seigi)erT)eot  coni)rT)ercial 
dans    les    Ecoles    Norn)ales    Prin)aires    Supérieures 

{deuré   sii])érieiir)    (Session    de   1921) 

ClOHUF.SPONDANCI-:    COMMERCIALE    EN    LANGUE    ÉTRANGÈRE 

l'n  commissioniKurc  informe  la  maison  X...  d'opérations  exé- 
cutées suivant  ordres  reçus  :  il  a  été  acheté  et  expédié  100  feuilles 
de  cuivre  rouge  et  100  feuilles  de  cuivre  jaune  en  10  caisses  (In- 
diquer détail,  dates,  etc.).  l-a  facture,  jointe  à  la  lettre,  s'élève  à  : 
payables  par  traite  à  3   mois  de  date. 

Profitant  de  l'occasion,  le  commissionnaire  demande  des  rensei- 
gnements sur  deux  maisons  de  la  place  c[ui,  dit-on,  seraient  en 
mauvaise  posture  par  suite  de  la  liquidation  de  la  banque  Z... 
(Détails   sur  cliacune  d'elles!. 

ÉCOLE    DES    HAUTES    ÉTUDES    COMMERCIALES 

Epreuves  écrites  du  concours  d'adn[)issioi) 

d'octobre  1921 

ALLEMAND 

Rédaction.  —  Waruni  bcsuchen  die  Ausliinder  so  gern  und  so 
oft    unser   schones   Paris  ? 

Woher  kommt  es,  dass  unsere  Deukmàler,  unsere  Kunstschàtze, 
unser  reges  geistiges  und  wirtschaftliclies  Leben  auf  die  fremden 
Vôlker    eine    solche    Anziehungskraft    ausiiben  ? 

Version.  —  Orientdampfer.  —  Das  Schiff  legt  nachts  in  Mar- 
seille an  und  soll  morgen  um  neun  Uhr  friih  seine  Weiterfahrt 
nach  Asien  und  Jajjan  antreten.  Die  meisten  Passagiere  haben  fur 
cin  paar  Nachtstunden  das  Schiff  zu  einem  kurzen  Aufenthalt  in 
Marseille  vcrlassen,  um  wieder  einmal  Abendbrot  an  Land  zu 
essen,  denn  das  Schiff  ist  schon  seit  mehreren  Tagen  unterwegs 
und  hat  seit  London  keinen  Hafen  angelaufen.  Jetzt  neigt  sich  die 
Nacht  ihrem  Eude  zu.  Die  elektrischen  Lampen  brennen  noch. 
aber  der  Himmel  wird  schon  blau  und  Scharen  von  lachenden 
und  kindisch  heiteren  Passagieren  kehren  aus  den  Theatern  der 
Stadt  zuriick.  Junge  Leute  haben  Kinderluftballons  an  ihre  Hiite 
gebunden,  Damen  haben. sich  Arme  voll  Blumeu  gekauft,  Winter- 
veilchen  von  der  Riviera,  und  aile  Gesichter  sehen  belustigt  aus, 
aïs  kehrten   diesc   Menschen   von   einem  Volksfest  heim. 

Max   Dauthendev. 

Thème  d'imitation.  —  Avant  de  partir  pour  le  Japon,  notre 
bateau  fit  escale  à  Marseille.  Ceux  d'entre  nous  qui  ne  connais- 
saient pas  cette  ville  eurent  ainsi  l'occasion  de  la  visiter.  Lorsque 
la  nuit  fut  venue,  les  lampes  électriques  furent  allumées  dans  les 
cabines  et  sur  le  pont,  et  l'on  attendit  les  absents.  Les  uns  appa- 
rurent chargés  de  ballons  d'enfants.  Les  autres  apportaient  des 
bouquets  de  violettes.  Tous  avaient  des  figures  répouies  et  parais- 
saient heureux  d'avoir  dîné  en  terre  ferme  ou  passé  une  agréable 
soirée  au  théâtre.  Les  dames  elles-mêmes  ne  pouvaient  "assez  dire 
quel  bon  souvenir  elles  gardaient  de  cette  soirée  charmante  où 
elles  avaient,  pour  quelques  instants,  oublié  la  tristesse  des  sépa- 
rations  ou   les  périls  de   la   traversée. 


554  LES    LANGUES    MODERNES 


Rédaction.  —  Does  quick  travelling,  by  railway  or  iijotor-caiv 
offer  any  ccMiipensation  for  the  loss  of  the  advantages  stated 
below  ? 

Version.  —  This  is  one  of  the  advantages  of  travel  that  we 
corne  upon  uew  ground,  which  we  tread  lightly,  which  is  free 
froni  associations  that  claim  too  deep  and  constant  an  interest 
from  us  ;  and  not  resting  long  in  any  place,  but  travelling 
onwai'ds,  we  maintain  that  désirable  lightness  of  mind  :  we  are 
spectators,  having  for  the  time  no  duties,  no  ties,  no  associations, 
no  responsibilities  ;  nothing  to  do  but  to  look  on,  and  look 
fairh'.  Another  of  the  great  advantages  of  travels  lies  in  What 
you  learn  from  your  companions,  not  nierely  froni  those  you  set 
out  with,  or  so  much  from  them  as  from  those  whom  you  are 
thrown  together  with  on  the  journey.  I  reckon  this  advantage  to 
be  so  great  that  1  should  be  inclined  to  say  that  you  often  get 
more  from  your  companions  in  travel  than  from  ail  j'ou  come  to 
see. 

Arthur   Helps. 

Thème  d'imitation.  —  S'il  suffisait  de  partir  en  voyage  pour 
affranchir  notre  esprit  de  tous  ses  soucis  et  si  nous  pouvions  être 
sûrs,  à  mesure  que  nous  avançons,  de  laisser  aux  différents 
endroits  où  nous  nous  arrêtons  un  peu  de  responsabilités  qui  nous 
paraissent  si  lourdes,  avec  quel  empressement  nous  partirions 
tous  pour  un  pays  étranger  !  Peut-on  dire  aussi  qu'il  n'y  a  que 
des  compagnons  de  voyage  agréables  ?  Nous  apprennent-ils  tou- 
jours quelque  chose  ?  et  surtout  quelque  chose  que  nous  vou- 
drions apprendre  ?  Regarder  est  parfois  agréable,  entendre  l'est 
souvent  moins. 

ESPAGNOL 

Rédaction.  —  <,  Guâl  es  la  estaciôn  del  aiio  que  usted  prefiere, 
y   cuâles   son   los  motivos  de   dicha   preferencia  '? 

Ver-sion.  —  El  Niiio  GOLoso.  —  Es  Pepito  un  nino  sumamente 
goloso  y  desobediente.  Por  mâs  que  sus  padres  han  intentado 
enniendarle,  y  por  mâs  que  le  ha  costado  ya  muy  caro  su  defecto, 
no  puedo  resistir  en  cuanto  ve  algo  dulce  al  alcance  de  su  mano. 
Tu  dia,  estando  solo  en  la  casa  quiso  probar  un  tarro  de  dulce 
que  estaba  colocado  en  lo  alto  de  una  alacena.  (^omo  estaba  muy 
alto  para  él,  acercô  la  mesa  a  la  alacena,  colocô  encinia  una  silla 
y  apodcrândose  del  codiciado  tarro  cmpezô  a  corner  con  avidez. 
r.uando  mâs  cntretenido  estaba  en  tan  grata  operaciôn,  oyô  una 
ihive  que  se  nietia  en  la  cerradura.  Eran  sus  jjadres  que  volvian. 
Azorado  quiso  bajar,  pero  perdio  el  equilibrio  y  rodô  por  el  suelo 
con  la  silla  y  la  mesa,  rompiéndose  una  pierna.  Por  esta  vez 
no  le  dijeron  nada  sus  padres,  pues  lo  Juzgaron  suficientcmente 
castigado.  Pepito  tuvo  que  guardar  cama  .durante  un  nies  y  sufrir 
curas  largas  y  dolorosas.  Pero  durante  el  tiempo  que  estuvo  en 
cama  refle.xionô  y  comprendiô  lo  feo  de  su  conducta,  de  suerte 
que  desde  aquel   momcnto  renuncio   pov  complète  a  aquel  defecto. 

Thème  d'imitation.  —  Quel  intit  gourmand  que  notre  ami  Jean- 
not  !  Ses  jjarenfs  ont  beau  le  gronder,  il  a  beau  avoir  été  puni 
souvent  de  sa  gourmandise,  rien  n'y  fait,  il  est  toujours  aussi 
gourmand.  L'autre  jour,  ayant  voulu  malgré  la  défense  de  ses 
parents   manger   des   confitures   qui    étaient    sur   le   haut    du   bufl'et. 


EXAMENS    ET    CONCOIRS  555 

il  profita  d'un  moment  où  il  était  seul  à  la  maison  pour  satisfaire 
son  désir,  (lomme  le  pot  était  trop  haut,  il  dut  approcher  une 
table  du  butïct  et  placer  dessus  une  chaise  sur  laquelle  il  grimpa. 
Il  était  en  train  de  se  régaler  lorsqu'il,  entendit  du  bruit  à  la  porte, 
("était  sa  mère  qui  rentrait  plus  tôt  qu'il  ne  pensait.  Effrayé, 
Jeannot  voulut  descendre,  mais  dans  sa  précipitation,  la  chaise 
jierdit  l'équilibi'e  et  l'enfant  tomba,  se  cassant  un  bras  dans  sa 
chute.  Sa  mère,  le  voyant  dans  cet  état,  n'eut  pas  le  courage  de  le 
luinir.  Le  médecin  ap])elé  aussitôt  lui  fit  un  pansement  doulou- 
reux et  le  pauvre  Jeannot  dut  garder  la  chambre  plusieurs  jours. 
.Mais  pendant  ce  repos  forcé,  il  put  réfléchir  et  comprenant  enfin 
combien  son  défaut  était  ridicule,  il  |)rit  la  résolution  de  s'en  cor- 
riger à   l'avenir. 

Rédaction.  —  Il  signohe  k  il  mugnaio.  —  Vn  signore  si  vantava 
di  avère  due  piètre  preziose...  "  Credo  di  averne  due  altre  pii'i 
l)reziose  dclle  sue  »,  disse  un  mugnaio  «  Mostratemele  »,  riprese 
il  signore.  —  <  Eccole  »,  replicô  il  mugnaio,  accennando  due 
mucini  (o  macinei. 

Version.  —  Un  povero  entrô  in  casa  di  un  ricco  e  gli  chiesc  l'ele- 
mosina,  ma  questi  non  gli  diede  nulla  "  \'attene  »,  gli  disse  ;  e 
siccome  non  ubbidi  subito  gli  scagliô  una  pietra.  La  raccolse  il 
povero,  la  strinse  al  seno  e  disse  :  <<  La  porterô  fînché  anch'io  non 
abbia  occasione  di  gettargliela  !  »  Il  tempo  trascorse.  Il  ricco  com- 
mise una  cattiva  azione  e  fu  spogliato  d'ogni  suo  avère  e  condotto 
in  carccre.  Vedendolo  trascinato  a  quel  modo,  il  povero  si  avvicinô 
à  lui,  toise  la  pietra  dal  seno  e  fece  l'âtto  di  lanciargliela.  Poi, 
riflettendo,  gettô  a  terra  la  pietra  e  disse  :  ■  Era  inutile  portare  a 
lungo  questa  pietra  !  Quando  era  ricco  e  potente  lo  temevo,  adesso 


Thème  d'imitation.  —  L'n  riche  voit  entrer  chez  lui  un  pauvre 
qui  lui  demande  l'aumône.  Non  content  de  ne  lui  rien  donner,  il 
veut  le  chasser.  Comme  le  pauvre  résiste,  il  lui  lance  une  pierre. 
Le  malheureux  obéit  alors,  mais  non  sans  avoir  ramassé  la  pierre 
qu'il  serre  contre  son  sein  en  disant  :  Je  la  porterai  sur  moi  et 
.je  la  lui  rendrai  si  l'occasion  se  présente  ».  Les  années  s'écoulent. 
Le  riche,  accusé  d'un  grave  méfait,  perd  tous  ses  biens  et  tout 
son  argent  et  est  mis  en  prison.  En  le  voyant,  le  pauvre  pense  à 
la  pierre  qui  lui  a  été  lancée  un  jour  par  l'ancien  riche,  mais  ne 
la   lui   rend   pas.    <■   Je   l'ai   craint   autrefois,   dit-il,   je   le   plaindrai 


CERTIFICAT    PRIMTHIRE    DE    L7HNCUES    VIVANTES 

(Prograni)n)e  pour  1922) 

Traduction   d'un   passage   d'un   auteur   français  : 
Alphonse  Daudet.  —  Le  petit  Chose. 

Auteurs   anglais 

Beljame  et  Legouis.    —    Morceaux    choisis    de  Littérature  anglaise 

(Hachette). 
Miss  Mitford.  —  Our  village. 
Macaulay.  —  Essays  on  Milton  and  Addison. 
AIiLTON.  —  Cornus. 


556  LES    LANGUES    MODERNES 

Auteurs   français 

Racine.  —  Androinaqiie. 

Molière.  —  Le  Misanthrope. 

La  Fontaine.  — -  1°  Préface  des  Fables. 

2"  Fable  1'"  du  Livre  XI  (avec  le  discours  à  Mme  de  la  Sablière), 
BuFFON.  —  Discours  sur  le  style. 
Beaumarchais.  —  Le  Barbier  de  Séville. 
Victor  Hugo.  —  1°  Les  Châtiments  :  l'Expiation. 

2°  La  Légende  des  Siècles  :  Les  pauvres  gens. 
P.  MÉRIMÉE.  —  1°  Matteo  Falcone. 

2"  L'enlèvement  de  la  Redoute. 
Renan.  —  Souvenirs  d'enfance  et  de  jeunesse  :  Prière  sur  les  ruines 

de  l'Acropole. 

Auteurs   allemands 

Schiller.  —  Wallensteins  Tod. 

GoTTFRiED  Keller.  —  Romeo  and  Julie  auf  dem  Dorfe.  Edition  po- 
pulaire Cessa. 

Deutsche  Lyrik.  —  i"'  Teil.  Edition  Gromaire.  Librairie  Armand 
Colin. 

LoiSEAU.  S'enil  et  Wolfromm.  —  Erzdhlende.  Prosa,  pp.  1-199.  Li- 
brairie Didier. 

Auteurs  italiens 

Prose  dei  sec.  xi.\'"-xvnr',  scelle  da  S.  Ferrari  (Sansoni,  p.  161-204i. 
Poésie  dei  sec.  xix'-xviii''  (même  édition,  p.  149-181). 
Pétrarque.  —  Canz.  I  :  «   O  aspetlata  in  ciel  heata  et  bella.  » 

II  :   «  In  quella  parte  dove  Amor  mi  sprona.   » 

III  :    <i    Queir   antiquo  mio   dolce   empio  signore.   » 
D'Anxun^io.  —  Prose  scelle  (Trêves),  p.  172-264. 

Auteurs  espagnols 

Romances  escogidos  (Collection  Mérimée^. 
Lazarillo  de  Tormes.  (Collection  La  Lectura). 
Cervantes.  —  Don   Quijote  (Collection  Mérimée). 
Cervantes.  —  ^ovelas  Ejemplares  (Collection  Mérimée). 
GuiLLEN  DE  Castro.  —  Mocedades  dei  Cid  (Col.  Mérimée). 
LoPE  DE  Vega.  —  El  Xuevo  Mundo  descubierto  (Col.  Mérimée). 
TiRso  DE  MoLiNA.  —  El  Burlddor  de  Sevilla  (Col.  Mérimée). 
Pio  Baroja.  —  La  Ciudad  de  la  Xiebla  (Collection  Nelson). 
AzoRiN.  —  Lecturas  Espanolas  (Collection  Nelson). 


LA     BIBLIOGRAPHIE 

DE     L  ENSEIGNEMENT     PÉDAGOGIQUE 

DES    LANGUES    VIVANTES 


Désireux  de  venir  en  aide  aux  collègues  en  quête  de  rensei- 
gnements pédagogiques  de  toute  nature,  au  "moment  oià  les 
circonstances  exigent  d'eux  des  sacrifices  pécuniaires,  nous 
avons  décidé  de  laisser  le  Rapport  général  du  Congrès  inter- 
national de  19Q9  (848  pages,  in-8°  raisin)  aux  prix  de 

7  fr.  au  lieu  de  10  fr.  pour  la  France,  et  de 

8  fr.  au  lieu  de  12  fr.  50  pour  l'étranger. 

Ces   prix   comprennent  les   frais  d'emballage   et   d'expédition. 

Nous  ne  saurions  trop  recommander  à  nos  jeunes  collègues 
la  lecture  de  ce  Rapport.  Cet  ouvrage  est,  pour  les  professeurs 
qui  débutent,  un  guide  sûr.  Résumé  de  l'expérience  des  meil- 
leurs pédagogues  de  France  et  de  l'étranger,  il  contient  toutes 
les  études,  toutes  les  communications^  toutes  les  discussions  que 
suscita  la  grande  conférence  du  mois  d'avril   1909. 

Il  traite  de  la  préparation  des  professeurs,  de  l'enseigne- 
ment du  verbe,  des  programmes  et  des  méthodes  adoptés  en 
France  et  hors  de  France,  de  l'enseignement  extra-scolaire  et 
post-scolaire,  des  moyens  employés  pour  maintenir  et  dévelop- 
per les  connaissances  acquises  à  l'école  primaire  et  au  lycée, 
et  faciliter  aux  étudiants  et  aux  maîtres  eux-mêmes  leurs  étu- 
des de  langues  vivantes.  On  y  trouve  des  rapports  substan- 
tiels sur  la  Phonétique,  sur  les  séjours  à  l'étranger,  les  bour- 
ses de  voyage,  l'échange  d'enfants,  l'organisation  de  la  cor- 
respondance interscolaire,  les  écoles  françaises  à  l'étranger, 
les  colonies  françaises  de  vacances  à  l'étranger,  les  clubs 
de  conversation  et  les  cours  spéciaux,  la  condition  des  assis- 
tants,   la    Guilde    internationale,    etc.,    etc Il    n'est    pas  un 

seul  point  touchant  directement  ou  indirectement  la  pédago- 
gie des  langues  vivantes  qui  n'y  soit  l'objet  d'une  étude  appro- 
fondie. Publié  par  les  soins  et  sous  la  direction  de  M.  Geor- 
ges Delobel,  agrégé  de  l'Université,  professeur  au  Lycée 
Voltaire,  le  Rapport  général  du  Congrès  international  a  été 
honoré  d'une  souscription  du  Ministère  de  l'Instruction  Pu- 
blique. 

Ceux  de  nos  collègues  qui  désireraient  en  faire  l'acquisition 
sont  priés  de  s'adresser  à  M.  Henri  Didier,  éditeur,  6,  rue 
de  la  Sorbonne,  Paris,  6'. 


L1I1UAIU11-:  1'J;MN.\M)  NAIIIAN.  MK  Rue  tit's  Fiisjes-Saiiil-.lddiiift;,  J'AIUS 


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Groupîr)9.  —  l'he  words  hâve  been  arrangée! 
in  gi'oups  under  the  heading  of  theone  \\  Iiidi 
gives  tlie  sini])lest  form  o^  the  etymology  and 
nieaning.  'l'his  bas  led.  in  some  cases,  to  a 
slight  deparini'e  from  the  strict  alpliabetieal  '■ 
oi'der.  'i'h(^  jdan.  howencM".  slunvs  at  a  gl.incc 
Ihe  words  wliich  ai-c  rehded  to  eacli  oth(M'. 


ORDERS    RECEIVED    NOW 


Dix-neuvième  année*  —  N**  6  Décembre  1921 


Les 

Langues  Modernes 


7?T 


Le  Secrétaire  Général  (H.  Sekvajean,  professeur  au  lycée  St- 
Louis,  132,  avenue  du  Maine,  XJV' )  et  la  Trésorière  prient  instam- 
ment leurs  collcciues  de  leur  signaler  leurs  changements  d'adresse 
(indiquer  autant  que  possible  le  domicile  personnel),  ou,  s'il  y  a 
lieu,  de  situation,  non  seulement  afin  d'éviter  la  perte  de  la  revue, 
mais  aussi  en  vue  d'établir  l'Annuaire  de  l'Association  pour  1922. 

La  Trésorière  (Mlle  Ledoux,  30,  R.  Chevert,  Paris  7«)  rappelle 
aux  membres  de  l'Association  qu'un  compte-courant  de  chèques 
postaux  lui  est  ouvert  sous  le  n"  151-11  par  le  bureau  de  Paris. 
Elle  les  prie  donc  de  lui  envoyer  éventuellement  le  montant  de 
leurs  abonnements  par  chèque  postal,  et  de  conserver  à  titre  de 
reçu  le  talon  du  chèque  ;  un  travail  considérable  lui  sera  ainsi 
épargné,   ainsi  qu'à   la  Société   des  frais  de   correspondance. 

Les  membres  de  l'Association  qui  désirent  un  reçu  sont  priés 
d'envoyer  0  fr.  25  à  la  Trésorière  en  même  temps  ciue  leur  coti- 
sation. L'état  actuel  de  notre  caisse  nous  oblige  à  réduire  autant 
que  possible   nos   frais   de   correspondance. 


Les  Régionales  de  Bordeaux,  Poitiers.  Lille,  Aix-Marseille, 
Lyon,  Clcrmont-Ferrand,  Nancy.  Toulouse  sont  reconstituées. 
Les  membres  de  l'Association  qui  sont  du  ressort  de  chacune  de 
ces  académies,  sont  priés  de  bien  vouloir  envoyer  directement 
leurs  cotisations  à  leurs  trésoriers  respectifs,  dont  la  liste  est  la 
suivante  : 

Poitiers  :   M.  Guy,   15,  rue   de   la   Monnaie  ; 

Aix-Marseille  :  Mlle  Coste,  professeur  au  Lycée  Montgrand, 
Marseille. 

Lyon  :  M.  Rocher,  lycée   du  Parc,  Lyon. 

Clermont-Ferrand  :    M.  Bouyssy,   Ecole   supérieure   de   commerce. 

Toulouse  :    M.   Oranger,   7,   rue   du   Japon. 

Nancy  :    M.    Petit,    professeur    à    l'E.    P.    S.,  40,    rue    Michelet. 

Lille  :    M.  Brocart,   professeur   à  TE.   P.   S.,  37,  rue   Kuhlmann. 


38. 


558  LES   LANGUES    MODERNES 

Délégué   de  la  Régionale  de  Bordeaux  :   M.  Bloch. 

Délégué   de   la   Régionale   de   Lille  :   M.   Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale   de  Lyon  :   M.   Servajean. 

Délégué   de   la  Régionale   de   Marseille  :   M.   d'Hangest. 

Délégués  de  la  Régionale  de  Nancy:  MM.  Canierlynck,  Servajean. 

Délégué  de  la  Régionale  de  Poitiers  :  M.  Gaston  Hirtz. 


L'abonnement  à  Modem  Langiiages  est  désormais  de  6  shillings. 

Les  membres  de  l'Association  abonnés  à  la  Revue  Germanique 
sont  informés  que  le  prix  de  l'abonnement  de  faveur  qui  leur  est 
consenti    est    porté,    à    partir    du    1"   janvier    1921.    à    seize    francs. 

Ils  sont  priés  de  verser  cette  somme,  en  même  temps  que  leur 
cotisation  pour  1921,  à  Mlle  Ledoux,  trésorière  de  l'Association. 
Ceux  qui  n'ont  pas  encore  payé  leur  abonnement  pour  1914  ou 
1920  voudront  bien  le  faire  par  la  même  occasion.  Ils  sont  ins- 
tamment   priés    d'effectuer    ces    divers    paiements    dès    maintenant. 

Depuis  le  15  mai,  les  abonnements  à  la  Revue  Germanique  et 
les  cotisations  en  retard  sont  perçus  par  la  poste  au  nom  de  la 
trésorière   de   l'Association   des   Professeurs   de   langues   vivantes. 


BULLETIN  DE  L'ASSOCIATION 


Correspondance 


Le  Bureau  de  l'Association  n'avait  pas  reçu  d'invitation  à  la 
cérémonie  organisée  à  la  Sorbonnc  pour  la  remise  à  Rudyard 
Kipling  et  à  Sir  James  Frazer  du  diplôme  et  des  insignes  de 
Ductor  honoris  causa.  Le  Président,  M.  ('.h.  Veillet-Lavallée,  s'est 
ouvert  à  M.  le  Recteur  Appell  du  regret  que  nous  inspirait  une 
telle  omission  :  notre  groupement  compte  de  nombreux  amis  dans 
le  monde  universitaire  et  littéraire  de  Grande-Bretagne.  Il  semble 
naturel  qu'une  Société  de  professeurs  chargés  d'enseigner  les 
Humanités  ^lodernes  ait  sa  place  marquée  dans  une  cérémonie  in- 
ternationale comme  celle-ci. 

M.  P.  Appell  a  répondu  aussitôt.  Il  remercie  le  Président  de  lui 
avoir  parlé  avec  confiance.  Le  nombre  limité  de  places  l'a  contraint 
à  réduire  ses  invitations  aux  milieux  enseignants,  intellectuels, 
politiques,  commerciaux  franco-anglais.  Les  chefs  d'établisse- 
ments du  ressort  ont  envoyé  des  délégations  et  l)eaucoup  de  mem- 
bres de  notre  .Association  ont  dû,  de  ce  fait,  assister  à  la  cérémo- 
nie. "  Je  m'empresse  d'ajouter,  »  conclut  M.  le  Recteur,  n  que 
pour   l'avenir  je   prends   note   de   votre   observation    ». 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  559 

Troisième  liste  de  souscription 
à  rappel  du  Président 


M.    Aniaudet    (Paris)     20  fr. 

M.    Roth    (Paris)     20  .. 

M.    E.    H 200  .. 

M.    Commarniond    (Paris)     20  » 

Mlle    Beaumont    (Rouen)     8  •> 

M.    Coiquaud    (Nérac) 10  •> 

M.    Hovelaque    (Lakanal)     20  « 

M.    Dequaire    (Paris)     20  » 

M.    Picot    (Paris)    10  .. 

M.    Piolé    (Thionville)     10  .. 

M.    Roiidil    (Paris)     20  » 

M.    Reilvert    (Laon)     10  « 

M.    Collet    (Paris)     10  » 

Mlle    Latappy    (Paris)     10  .. 

Mlle    Créances    (Paris)     10  » 

Anonyme    (St-Maixent)     5  » 

Mme    Ancelet-Hustache    (St-Quentin)     10  » 

A  rectifier  dans  la  précédente  liste  : 

M.  Becker  (Paris)  :  20  fr.  au  lieu  de  10. 


Propagande 


Le  Bureau  renouvelle  les  recommandations  adressées  à  tous  nos 
collègues  par  la  voie  du  Bulletin  (voir  Langues  Modernes  de  no- 
vembre, pp.  527  et  528).  11  est  à  désirer  que  les  membres  de  l'Asso- 
ciation interviennent  directement  auprès  des  personnalités  influen- 
tes qu'ils  peuvent  atteindre,  auprès  des  joui'uaux  de  province  dis- 
posés à  reproduire  les  documents  favorables  à  notre  cause  ou  à 
les   commenter   dans   un   sens    sympathique. 

Nous  serons,  d'autre  part,  très  reconnaissants  envers  ceux  de 
nos  collègues  qui  voudront  bien  nous  signaler  les  articles  de  re- 
vues et  de  journaux  où  est  traitée  la  question  de  l'Enseignement 
Secondaire.  11  importe  de  documenter  nos  défenseurs  au  Conseil 
Supérieur   de   l'Instruction   Publique   et   au   Parlement. 

Ch.    V.-L. 


560  LES   L.\NGUES    MODERNES 

Réponses  des  Chambres  de  Commerce 


Nos  collègues  ont  lu  dans  le  dernier  numéro  du  Bulletin,  p.  527, 
le  texte  de  la  circulaire  adressée  par  nos  soins  aux  Chambres  de 
Commerce  et  autres  Groupements  économiques.  Le  nombre  des 
documents  confiés  à  la  poste  était  de  165.  A  l'heure  où  nous  écri- 
vons (début  de  décembre),  les  réponses  continuent  à  nous  arriver 
et  le  relevé  statistique  que  nous  portons  à  la  connaissance  de  nos 
lecteurs   n'est    pas    définitif. 

Sans  aucun  doute,  bon  nombre  de  ces  groupements  négligeront 
de  répondre.  Tous  ne  s'intéressent  pas  à  cet  ordre  de  questions. 
Certains  gardent  le  silence  pour  ne  pas  avoir  à  prendre  parti.  La 
violente  sortie  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Lyon  aura  pro- 
duit,  à   coup   sûr,   un   effet   d'intimidation. 

Quoi  qu'il  en  soit,  25  lettres  nous  sont,  à  l'heure  actuelle,  par- 
venues. Beaucoup,  c'était  à  prévoir,  ne  répondent  pas  directement 
à  la  question  posée.  Nous  demandions  que  le  monde  des  affaires 
s'inquiétât  de  la  décadence  où  risquent  de  tomber  les  études  de 
langues  vivantes  dans  notre  paj's.  Il  y  a  danger,  disions-nous,  si 
les  Français  retournent  à  cette  ignorance  des  langues  étrangères 
qui  était  autrefois  leur  caractéristique,  et  qui  est  inévitable  avec 
la  réalisation  des  projets  ministériels.  On  nous  répond  souvent 
par  une  apologie  des  humanités  classiques  et  c'est  répondre  à 
côté. 

On  peut  classer  les  réponses  sous  trois  chefs,  la  sympathie,  l'in- 
différence, V  hostilité. 

Réponses     nettement     sympathiques     12 

»  indifférentes     5 

»  hostiles     ^ 

Il  convient  d'ajouter  trois  lettres   qui    se  bornent   à   accuser 
réception   ou    à   décliner   toute   compétence    3 

Total    25 


La  réponse  la  plus  défavorable  à  notre  thèse  provient  de  la 
Chaml)rc  de  Commerce  de  Lyon  «jui  semble  avoir  mis  une  sorte  de 
fureur  à  nier  les  mérites  de  notre  enseignement.  Non  seulement, 
en  effet,  a-t-elle  adopté  et  transformé  en  délibération  les  conclu- 
sions hostiles  de  son  rapporteur,  mais  elle  a  pris  soin  de  faire 
imprimer  ce  rapport  tout  entier,  de  l'envoyer  aux  ^linistères  de 
riiistruction  Publique  et  chi  Commerce,  et  même  à  toutes  les 
Chambres  de  Commerce  de  France.  Hien  plus,  la  presse  en  a  publié 


BULLETIN    DE    l'aSSOCLVTION  561 

des  extraits  —  et  l'on  sait  de  quelles  démarches  ce  doit  être  le 
résultat  —  avant  même  que  la  lettre  parvînt  à  notre  Association. 
Inutile  d'ajouter  que  ce  rapport  assaisonne  la  malveillance  dont 
il  déborde  de  nombreuses   et   flagrantes  erreurs. 

D'autres  réponses  hostiles  nous  viennent  de  Lille,  de  Roubaix  et 
de  Perpignan.  L'espace  nous  manque  pour  donner  une  analyse 
détaillée  de  ces  documents  ;  il  serait  vain  aussi  d'en  instituer  un 
examen  critique.  Les  auteurs  de  ces  lettres,  séduits  par  le  courant 
<le  la  mode,  s'engouent  des  formules  vides  que  l'on  sait. 

Roubaix  pense  <•  que  l'on  ^■ellt  tout  simplement  ramener  l'en- 
seignement secondaire  à  sa  conception  traditionnelle,  qui  est  de 
former  une  élite  intellectuelle  au  moyen  du  latin  et  du  grec,  nos 
deux  langues-mères...  »  Telle  semble  être  aussi  la  conception  de 
Lille  qui  déclare  :  »  Une  forte  éducation  classique  constitue  la 
meilleure  réglementation  de  l'intelligence  et  la  meilleure  prépa- 
ration à  la  vie.   » 

Avec  la  Chambre  de  Commerce  de  Paris  qui  ne  nous  a  pas  ré- 
pondu, pensant  peut-être  que  sa  délibération  de  juillet  dernier  était 
suffisamment  explicite,  Lille  réclame  :  1"  que  la  culture  générale 
soit  de  nouveau  le  but  unique  poursuivi  (.sic)  par  l'organisation  et 
les  programmes  de  l'enseignement  classique  (un  tel  point  de  vue  ne 
saurait  nous  déplaire  :  reste  à  s'entendre  sur  ce  que  l'on  appelle 
culture  générale)  ;  2"  que  le  rôle  du  professeur  principal  soit  ré- 
tabli (sans  doute  au  seul  profit  du  professeur  de  langues  ancien- 
nes, car  chacun  sait  que  les  talents  pédagogiques  se  puisent  uni- 
quement dans  la  constante  fréquentation  du  De  Viris  et  de  Lho- 
niond)  ;  et  :  3°  que  la  division  en  deux  c\cles  disparaisse. 


Passons  maintenant  aux  indifférents.  Tourcoing  se  liorne  à  nous 
envoyer  une  longue  série  d'observations  répondant  à  une  enquête 
qui  remonte  à  1899.  Son  opinion  n'a  pas  varié  depuis  :  On  étu- 
diera les  humanités  classiques  :  l'acquisition  des  langues  vivantes 
sera  surtout  affaire  de  séjour  à  l'étranger,  mais  la  Chambre  de 
Commerce  ne  s'oppose  pas  à  ce  qu'on  étende  l'enseignement  des 
langues  vivantes  dans  les  lijcées  et  collèges...  Xantes  estime  que 
les  programmes  de  l'enseignement  secondaire  ne  sont  pas  de  sa 
compétence.  Elle  a  créé  un  enseignement  commercial  et  profes- 
sionnel :  "  L'enseignement  des  langues  vivantes  y  est  très  actif 
et  répond  à  tous  les  desiderata  que  votre  Association  peut  avoir 
à   formuler.   » 

Le  Havre  «  attache  la  plus  grande  importance  au  point 
"  de  vue  de  l'avenir  économique  du  pays,  à  l'étude  des  lan- 
■  gués  modernes,  tout  spécialement  de  l'anglais,  de  l'espagnol,  de 
«  l'allemand  et,  en  plein  accord  avec  votre  Association,  elle  con- 
<•   sidère  que  réduire  l'étude  des  langues  vivantes,  laquelle  consti- 


562  LES   LANGUES    MODERNES 

tue  le  plus  sur  moyen  de  suivre  de  près  la  marche  des  évéue- 
ments  politiques,  sociaux  et  économiques  chez  nos  voisins  et 
chez  nos  rivaux,  serait  de  nature  à  compromettre  l'œuvre 
d'expansion  que  la  F'rance  s'efforce  de  mener  à  bien. 
<■  Aussi  la  Chamljre  de  Commerce  n'hésiterait-elle  pas  à  émet- 
tre l'avis  qu'aucune  diminution  ne  doit  être  apportée  dans  l'en- 
seignement des  langues  vivantes  trop  longtemps  négligé...  - 
]\Iais  la  Chambre  ne  \'eut  pas  aller  plus  loin  et  trancher  des  ques- 
tions  de   programmes. 

Bordeaux  apprécie  «  toute  Futilité  que  présentent  la  con- 
naissance et  la  pratique  des  langues  pour  l'expansion  de  l'in- 
fluence française  et  de  notre  commerce  extérieur  ». 
<'  Aussi  nous  attachons-nous  »,  écrit  son  secrétaire,  "  à  encou- 
rager le  développement  de  cette  étude  dans  les  nombreuses  et 
importantes  institutions  d'enseignement  commercial  qui  fonc- 
tionnent sous  le  patronage  de  notre  compagnie  :  Ecoles  de  Com- 
merce, Institut  Colonial,  Cours  Professionnels,  etc..  »  Toute- 
fois, l'enseignement  secondaire  sert  surtout  à  une  élite  qui  en  tire 
la  culture  générale  dont  elle  a  besoin.  (Reste  à  savoir  en  quoi 
peut   consister   cette   culture.) 


Les  réponses  que  nous  avons  groupées  sous  le  titre  de  sympa- 
thiqiies  pourront  fournir  d'utiles  arguments  à  ceux  de  nos  collè- 
gues qui  veulent  bien  faire  un  effort  de  propagande  dans  les  cer- 
cles où  ils  ont  accès,  dans  la  région  où  ils  enseignent.  Parmi  les 
opinions  prudentes,  mais  acceptables  pour  nous,  ils  trouveront 
Toulouse  qui,  "  sans  s'engager  dans  la  discussion  d'une  question 
■  aussi  complexe  que  celle  de  la  réforme  de  l'enseignement  secon- 
1.  daire,  a  néanmoins  émis  le  vœu  qu'une  très  large  part  reste 
•   assurée,  dans  les  études,  aux  langues  vivantes   ». 

Agen,  très  catégorique,  «  a  émis  un  vœu  en  faveur  du  maintien 
"  de  l'étude  des  langues  vivantes  en  France,  délibération  qui  a  été 
"  envoyée  aux  Ministres  du  Commerce  et  de  l'Instruction  Publi- 
■'   que   » . 

La  Chambre  de  Commerce  de  Tours  et  iVIiidre-et-Loire,  après 
quelques  considérants  raisonnables,  émet  un  double  vœu  :  «  1"  Que 
'•  la  pratique  du  latin  soit  introduite  obligatoirement  dans  les 
■■  programmes  d'enseignement  secondaire  ;  —  2"  Que  la  pratique 
'  des  langues  vivantes  soit  adoptée  obligatoirement,  concurrem- 
<'  ment  avec  l'étude  du  français,  dans  ce  même  enseignement.  »  — 
Copie  de  ce  vœu  sera  adressée  à  :  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
Publique  ;  ^L  le  Ministre  du  Commerce  ;  Association  des  Profes- 
seurs de  langues  vivantes,  etc. 

Rochefort,  sur  un  rapport  solide  et  développé  de  M.  Limouzin, 
iidopte   et  convertit   en   délibération   qui    sera   adressée  à   M.  le  Mi- 


BULLETIN    DE   L'ASSOCIATION  563 

nistre  de  l'Instruction  Publique,  le  vœu  dont  voici  le  texte  :  <•  Que 
"  l'étude  des  langues  vivantes  soit  maintenue  dans  une  section 
1'  moderne,  à  côté  de  la  section  classique  ;  —  Que,  dans  la  réfor- 
"  me  des  études  secondaires,  l'enseignement  des  langues  étrangè- 
'•  res  modernes  ne  subisse  aucune  diminution,  au  triple  point  de 
<•  vue  de  l'importance  qu'on  lui  accorde  dans  la  formation  de 
><  l'esprit,  du  temps  qui  lui  est  consacré  dans  l'horaire  des  classes 
"   et  des  sanctions  auxquelles  il  aboutit  en  fin   d'études.   » 

Roanne  nous  écrit  qu'elle  approuve  le  renforcement  des  études 
classiques  et  qu'elle  émet  le  vœu  suivant  :  »  Que,  dans  la  réforme 
"  projetée  de  l'enseignement  secondaire,  l'enseignement  des  lan- 
"  gués  étrangères  modernes  ne  subisse  aucune  diminution.  •>  — 
<■  Ce  vœu  sera  transmis  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
"    et  à   MM.  les  Sénateurs  et  Députés  de  la   Loire.   ■> 

Limoges  est  très  ferme  :  <  La  (Chambre  décide  de  demander  à 
"  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  Publique  d'élargir  plutôt  que 
"  de  restreindre  la  part  des  langues  vivantes  dans  la  réforme  qu'il 
"  envisage,  d'en  rendre  l'enseignement  encore  plus  pratique  et 
"   plus  usuel...   " 

Laval  exprime  des  vues  intéressantes,  mai-s  d'une  réalisation 
peut-être  malaisée.  >  Elle  estime  qu'il  serait  regrettable  de  dimi- 
"  nuer  l'importance  de  l'enseignement  des  langues  vivantes,  mais 
"  d'autre  part  elle  est  favorable  au  rétablissement  de  l'enseigne- 
"  ment  unique  et  classique  jusqu'en  3'  a\ec  division  en  enseigne- 
"  ment  classique  et  enseignement  moderne  à  partir  seulement  de 
<■  cette  classe.  »  ■■  C'est  pourquoi,  en  vue  de  concilier  les  intérêts 
-'  en  présence,  elle  préconise  l'introduction  de  l'enseignement  des 
<•  langues  vivantes  dès  les  plus  basses  classes  de  l'enseignement 
<■  primaire,  au  moment  où  l'enfant  est  le  plus  apte  à  s'assimiler 
"  cet  enseignement,  ce  qui  permettrait  d'y  consacrer  moins  de 
«  temps  dans  les  classes  élevées  tout  en  obtenant  un  meilleur 
••    résultat.   » 

Fougères  est  d'avis  que  "  dans  l'intérêt  du  Commerce,  il  faut 
"  permettre  à  ceux  qui  s'y  destinent  d'arriver  au  couronnement 
"   de  leurs  études  sans  l'étude  des  langues  mortes   ». 

Pour  l'Association  des  Commerçants  de  Boiilogne-sur-Mer,  «  la 
<'  réforme  projetée  ne  s'explique  pas  et  le  moment  est  évidem- 
<•   ment  mal  choisi  pour  restreindre  l'étude  des  langues  vivantes    ». 

Un  important  groupement,  la  Ligue  de  Défense  des  Intérêts  Eco- 
nomiques du  Xord  de  la  France  émet  le  vœu  que  :  ■  dans  aucun 
'■  cas,  une  diminution  quelconque  ne  soit  apportée  à  l'enseigne- 
"  ment  des  langues  vivantes  ».  Ce  vœu  a  été  communiqué  aux 
représentants  du   Pas-de-Calais  au   Parlement. 

La  Chambre  de  Commerce  de  Saumur  a  consacré  à  la  question 
que  nous  lui  avions  soumise  plusieurs  pages  d'observations  à  la 
fois  justes  et  pleines  de  sens  pédagogique  que  nous  ne  pouvons 
songer  à  reproduire  ici.  Sa  conclusion,  la  voici  :   "    Nous  concluons 


564  LES   LANGUES    MODERNES 

i'  à  l'enseignement  du  latin  et  d'une  langue  vivante  de  la  6'"  à  la  3" 
<■  pour  tous  les  élèves  ;  les  classes  supérieures  pourraient  alors 
<•  être  divisées  en  deux  sections  :  l'une  avec  le  grec  et  les  lettres  ; 
<i  l'autre  avec  une  deuxième  langue  vivante  et  les  sciences,  étant 
«  entendu  que  les  élèves,  à  la  fin  de  leurs  études,  recevraient,  à 
<|  connaissances  jugées  égales,  un  titre  d'égale  valeur.  »  Vœu 
transmis  aux  Ministres  du  Commerce  et   de  l'Instruction  Publique. 

Finissons  par  Saint-Nazaire,  dont  la  Chambre  de  Commerce  a, 
elle  aussi,  étudié  notre  circulaire  avec  une  abondance  éclairée  et 
sympathique.  «  Nous  partageons  entièrement  »,  déclare-t-elle, 
'  l'avis  de  l'Association  (des  Professeurs  de  Langues  vivantes),  en 
"  ce  qui  concerne  le  maintien  de  l'enseignement  moderne,  à  côté 
"  de  l'enseignement  classique,  et  le  maintien,  sans  aucune  dimi- 
«  nution,  de  l'enseignement  des  langues  étrangères  aux  élèves  de 
<■   l'enseignement   secondaire,   section   moderne   ou   classique. 

«  S''il  est  vrai  que  l'enfant  doit  commencer,  dès  son  jeune  âge, 
<.  l'étude  des  langues  mortes,  en  raison  de  ses  facilités  plus  gran- 
<'  des  d'assimilation,  cet  argument  consel■^•e  toute  sa  valeur  quand 
«   il  s'agit  des  langues  viAantes. 

«  Nous  considérons  que  l'étude  du  latin  doit  commencer  comme 
'<  cela  se  fait  aujourd'hui,  au  plus  tard  à  l'âge  de  11  ans,  c'est-à- 
«'  dire  en  sixième,  mais  que  l'enseignement  des  langues  vivantes 
<'  devrait  être  commencé  plus  tôt  vers  l'âge  de  8  à  9  ans,  et  être 
<'  donné  exclusivement,  jusqu'à  l'âge  de  10  à  11  ans,  sous  forme 
<>    de  conversation. 

«  L'enseignement  du  latin  et  du  grec,  dans  les  premières  années, 
<■  devrait  également  comporter  un  programme  plus  réduit  que  le 
«  programme  actuel,  et  se  limiter  à  quelques  heures  par  semaine. 
<(  11  serait  intensifié  à  partir  de  la  quatrième,  dans  la  Section 
«  classique,  la  bifurcation  des  études  vers  la  Section  <i  classi- 
<'    que   »    ou    "    moderne   »,  ne   se   faisant   qu'après   la  4^ 

«  De  cette  façon,  il  serait  plus  facile  de  juger  si  les  aptitudes 
<•  de  l'enfant  doivent  le  faire  diriger  vers  la  Section  moderne  ou 
«   la  Section  classique. 

"  Pour  l'enseignement  moderne,  l'étude  des  sciences  et  des  ma- 
<■  thématiques  deviendrait  la  principale  partie  du  programme  à 
i<  côté  des  langues  vivantes,  mais  sans  faire  toutefois  abstraction 
<.  des  études  littéraires.  11  faudrait  maintenir  dans  ces  cours,  un 
«  nombre  d'heures  suffisant  i)()ur  la  littérature  ancienne  et  mo- 
<•    derne. 

«  11  y  aurait  le  plus  grand  intérêt,  à  y  maintenir  aussi  les 
X  éléments  indispensables  de  législation,  de  comptabilité  et 
<'    d'économie   politique. 

•  Un  tel  enseignement  donnerait  aux  jeunes  gens,  pourvus  <lcs 
■  diplômes  de  la  section  moderne,  les  connaissances  suffisantes 
<■    en  latin  et  en  grec,  pour  suivre  utilement  l'étude  du  droit  et  delà 


IULLETIN    DE    L'ASSOCIATION  565 

médecine,  et   pour  tenir  partout  une   place   honorable,  le  bacca- 
lauréat latin-grec   ne  devenant  obligatoire   que   pour  l'Ecole   des 
Chartes,  l'KIcole   Normale   Supérieure  et  la  Licence  es  lettres. 
<<   Nous  vous   proposons   donc  d'émettre  un  vœu  en  faveur  : 
■'    1"  du  maintien,  dans  renseignement  secondaire,  d'une   Section 
moderne,   à  côté  de   la   Section  classique. 

"    2"    de    l'inscription    de    l'étude    des    langues    vivantes,    dans    le 
programme   des  classes   préparatoires   des   Lycées   et    Collèges. 
'<    3"  de  la  bifurcation  des  études  en  classicpie  et   modeinc  après 
la   quatrième. 

"  4"  de  l'admission  des  élèves  pourvus  du  di|)lômc  d'enseigne- 
ment secondaire  moderne,  dans  les  Facultés  de  Droit  et  de  Mé- 
decine. 

■  Après  examen  et  observation  la  Cliainl)re  a(io|)te  le  vœu  ])ré- 
senté.   » 


Nous  tiendrons  nos  collègues  au  courant  des  réponses  qui  nous 
parviendront  sans  doute  encore.  Toutes  sont  communiquées  aux 
défenseurs  de  notre  cause  auprès  du  (Conseil  Supérieur  de  l'Ins- 
truction   Publique. 

Il  ne  faudrait  pas  proportionner  l'efTet  de  notre  propagande  au 
nombre  seul  des  réponses  reçues  à  ce  jour.  La  petite  agitation 
qui  s'est  produite  dans  la  presse  (articles  dans  le  Journal,  le  Petit 
Parisien,  VAction  Française,  etc.)  montre  que  nous  avons  eu  rai- 
son de  faire  connaître  notre  point  de  vue.  Il  est  toujours  utile, 
dans  des  circonstances  comme  celles-ci,  de  toucher  l'opinion  publi- 
que. Et  rappelons-nous  l'apologue  de  Longfellow  :  le  trait  que 
le  chasseur  a  décoché  et  qu'il  croyait  perdu,  il  le  retrouve  long- 
temps après  fiché  dans  le  cœur  d'un  chêne,  bien  loin  au  fond  de 
la   forêt. 

Ch.   Veillet-Lavalliïe. 


Circulaire  aux  Professeurs  de  Droit  International 


[La  lettre  suivante  a  été  adressée  aax  Professeurs  des  Facultés 
de  Droit  qui  s'occupent  de  questions  se  rattachant  au  Droit  des 
Gens,  au  Droit  International  Public  et   Privé.] 

Monsieur, 
La  réforme  de  l'Enseignement  Secondaire  dont  le  projet  s'éla- 
bore en  ce  moment  au  Ministère  de  l'Instruction  Publique  semble 
devoir  entraîner  une  diminution  très  sensible  de  l'étude  des  lan- 
gues étrangères  dans  les  classes  des  Lycées  et  des  Collèges.  L'en- 
seignement  d'une   seconde   langue   tel  qu'il   se  donne   depuis   1902, 


566  LES   LANGUES    MODERNES 

avec  succès,  en  Seconde  et  en  Première  B  et  D,  va  sans  doute  dis- 
paraître. La  langue  unique  ne  dispose  plus  que  d'un  horaire  res- 
treint, et  aboutit,  au  baccalauréat,  à  des  sanctions  peu  efïicaces. 

Les  Français  appelés  à  recevoir  l'éducation  secondaire  destinée 
à  former  l'élite  de  la  nation  seront  ainsi  fort  désavantagés  au 
point  de  vue  de  la  connaissance  des  langues  modernes,  par  rap- 
port à  ceux  des  jeunes  générations  actuelles  qui  ont  fourni  à  nos 
Alliés  et  à  de  nombreux  étrangers,  sur  les  champs  de  bataille, 
dans  les  territoires  occupés,  au  cours  des  négociations  internatio- 
nales, l'occasion  d'apprécier,  et  de  louer  hautement,  l'organisation 
et  le  niveau  de  l'enseignement  des  langues  vivantes  en  France. 

Nous  doutons  que  le  moment  soit  bien  choisi  pour  diminuer 
chez  nous  la  connaissance  des  langues  et  des  civilisations  étran- 
gères, alors  que  se  multiplient  les  assemblées  et  les  conférences 
internationales,  si  nous  observons  l'activité  grandissante  de  la 
Société  des  Nations,  la  constitution  récente  de  la  Cour  Permanente 
de  Justice.  Il  semble  que,  plus  que  jamais,  notre  démocratie  doive 
s'initier  aux  problèmes  internationaux,  et  pouvoir  défendre  les 
intérêts  primordiaux  du  pays  au  cours  de  ces  débats  où  se  déci- 
dent des  questions  vitales  pour  nous. 

Les  autres  nations,  conscientes  de  cette  orientation  nouvelle, 
font  dans  leurs  programmes  d'enseignement  une  part  toujours 
plus  grande  à  l'étude  des  civilisations  et  des  langues  étrangères. 
Il  serait  dangereux  pour  la  France  de  se  trouver  à  cet  égard  dans 
un   état   d'infériorité. 

Si  les  observations  qui  précèdent  vous  paraissent,  comme  nous 
l'espérons,  justifiées,  nous  vous  serions  reconnaissants  de  vouloir 
bien  signer  le  vœu  ci-joint  et  de  nous  le  retourner. 

Charles  Veillet-Lavallée, 


Président   de   l'Association. 


Vœu 


Le  soussigné  exprime  le  vœu  que  dans  le  remaniement  projeté 
des  programmes  de  l'enseignement  secondaire,  la  part  faite  à 
l'étude  des  langues,  des  littératures  et  des  civilisations  étrangères 
modernes   ne   soit    pas   diminuée. 


Une  note  qui  paraîtra  dans  le  prochain  Bulletin  renseignera 
nos  collègues  sur  le  résultat  de  cette  consultation.  D'ores  et  déjà, 
nous  pouvons  annoncer  qu'un  nombre  appréciable  de  réponses 
favorables  à  notre  thèse  nous  sont  parvenues,  et  continuent  d'ar- 
river. Emanant  d'esprits  hautement  cultivés,  ces  appréciations 
constitueront  de  puissants  arguments  que  nos  dévoués  défenseurs 
auprès    du   Conseil    Supérieur,    MM.    Hovelaque    et    !\ancès,    sauront 

faire   valoir. 

Ch.  V.-L. 


NOTRE    DISCIPLINE 


Supposons  qu'un  émule  de  Leniice-Terrieux,  ou  du  capi- 
taine Kœpenick,  ait  la  fantaisie  de  jouer  à  l'inspecteur  géné- 
ral des  Langues  Vivantes.  Une  rosette  rouge,  et  une  barbe 
respectable  sont  faciles  à  trouver.  Le  portier  du  Collège 
s'incline,  le  Principal  s'empresse,  et  voilà  le  faux  inspecteur 
dans  la  classe  d'anglais. 

M.  l'Inspecteur  écoute  d'abord  d'un  air  sévère.  Il  pose  en- 
suite quelques  questions,  dans  une  langue  étrangère,  et  M.  le 
Principal  s'étonne  qu'il  obtienne  si  peu  de  réponses,  et  que 
le  professeur  lui-même  ait  l'air  si  embarrassé.  «  Ce  cher  col- 
laborateur »,  pense-t-il,  «  nous  en  a  imposé  rudement,  jus- 
qu'ici. Je  le  croyais  plus  capable.  Mais  que  peut-on  attendre 
d'un  simule  licencié  d'anglais  ?  »  M.  l'Inspecteur  le  confirme 
aussitôt  dans  ces  pensers  peu  bienveillants  :  «  Monsieur  le 
Professeur,  vos  élèves  connaissent  peut-être  l'anglais  des 
Batignolles,  mais  ils  ignorent  sûrement  celui  de  Stratford- 
atte-Bow  ;  ils  ne  savent  pas  «  causer  »  ;  il  faut  les  nourrir 
d'une  meilleure  grammaire,  et  leur  infuser  un  plus  étendu 
vocabulaire.  Je  reviendrai  vous  voir  prochainement  et  j'es- 
père constater  quelque  amélioration.    » 

Sous  la  violence  de  cette  algarade,  le  pauvre  professeur  se 
ressaisit.  «  P.,  dit-il  à  un  jeune  Anglais  qui  se  trouve  parmi 
les  élèves,  avez-vous  compris  M.  l'Inspecteur  lorsqu'il  parlait 
anglais  ?  »  —  «  Not  a  word  of  it  »,  déclare  le  boy  avec  une 
franchise  toute  britannique. 

Satisfaction  générale.  Tout  le  monde  a  compris.  Surtout 
M.  le  faux  inspecteur  qui  prend  immédiatement  la  porte. 


Maintenant,  supposez  que  notre  farceur  ait  préféré  poser 
pour  un  inspecteur  de  Lettres.  Personne  n'eût  osé  le  démen- 
tir ;  il  fût  sorti  avec  le  sourire,  et  tous  les  honneurs,  y  com- 
pris le  salut  le  plus  poli  du  concierge. 

—  «  Vous  ne  savez  pas  un  mot  de  grec,  monsieur  !  »  Et 
pas  un  compatriote  de  Démosthène  ne  me  contredira. 

—  «  Vous  ignorez  l'art  le  plus  élémentaire  de  prononcer 


568  LES   LANGUES    MODERNES 

le  latin  !   »  Et  pas  un  auditeur  authentique  de  Cicéron  pour 
crier  :  Xego  ! 


C'est  le  fort  de  notre  discipline  qu'elle  peut  toujours  être 
soumise  à  une  épreuve  complète  et  définitive.  Nous  préten- 
dons enseigner  le  véritable  anglais  ou  le  véritable  allemand, 
et  le  premier  jury  venu  est  capable  de  s'en  assurer  rien  que 
sur  le  témoignage  d'un  ou  deux  indigènes  instruits  faciles 
à  trouver  en  Europe.  Tandis  que  pour  déclarer  que  tel  ou 
tel  sait  du  grec  «  autant  qu'homme  de  France  »,  un  aréopage 
de  docteurs  en  Sorbonne  devient  nécessaire.  —  Nul  ne  sau- 
rait d'ailleurs  affirmer  avec  vérité  :  «  autant  que  citoyen 
d'^Athènes...  ». 

Mais  c'est  aussi  le  faible  de  notre  discipline  d'être  de  la 
sorte  à  la  merci  des  juges  les  plus  illettrés,  ou  simplement  les 
moins  compétents  en  la  matière  —  (et  Dieu  sait  à  quel  jDoint 
sévit  cette  incompétence  sous  tels  crânes  où  s'élabore  notre 
destinée  !)  — .  Car  nous  ne  prétendons  jamais  faire  manier 
à  nos  élèves  la  langue  de  Shakespeare  ou  de  Gœthe  avec  la 
saveur,  ou  même  le  naturel  et  l'exactitude  qu'y  mettent  leurs 
moindres  contemporains  d'Outre-Manche  ou  d'Outre-Rhin. 
La  manier  aussi  bien,  surtout  par  ces  temps  de  change  cruel, 
est  à  nous-mêmes  notre  nec  plus  ultra.  Et  si  certains  trou- 
vent que  c'est  peu,  ils  sont  de  ceux  qu'il  est  inutile  de  con- 
tredire. 


'SUns  notre  peu,  à  nous,  professeurs  de  langues  vivantes, 
est  d'une  absolue  vérité.  Notre  discipline  est  authentique. 
C'est  un  point  qui  a  sa  valeur. 

Une  Ecole  mérite  ce  beau  nom  lorsqu'on  y  enseigne  à  dire 
la  vérité.  ^Monter  à  cheval  et  tirer  de  l'arc  ne  sont  que  des 
accessoires.  Loin  de  moi  la  j)ensée  que  nos  collègues  des 
Lettres  et  des  Sciences  ne  cherchent  pas  par  tous  les  moyens 
la  Divinité  des  puits  profonds.  Mais  dans  leurs  disciplines, 
telles  ignorances,  telles  graves  erreurs  se  peuvent  glisser, 
que  nul   ne  saurait  reconnaître  sans  de  patientes  recherches. 

Allons-nous  donc  bannir  de  l'Enseignement,  comme  infé- 
rieure ou  médiocrement  éducative,  la  seule  discipline  peut- 
être  où  la  vérité  puisse  être  démontrée  d'une  manière 
absolue  ? 

BÉCHOT. 


CHRONIQUE    ÉTRANGÈRE 


NOTES     ANGLAISES 


Les    Craquen)er>ts    de    l'Arroature    Iropériale 
La    Crise    de    l'A()g\Bis    ei)    Angleterre 

On  nous  excusera  de  sacrifier  trop  largement  peut-être 
dans  les  présentes  notes  l'étude  des  manifestations  de  la  vie 
intellectuelle  qui  pour  nous  Français  constituent  cependant 
la  raison  la  plus  solide  de  notre  sympathie  pour  l'Angleterre. 
Telle  est  l'acuité  de  la  crise  impériale  qu'il  nous  semble  im- 
possible de  n'en  pas  considérer  l'un  après  l'autre  les  problè- 
mes d'actualité  et  de  ne  pas  les  suivre  dans  leur  développe- 
ment. Encore  tout  récemment,  à  la  conférence  de  Washing- 
ton, M.  Balfour  ne  disait-il  pas  : 

"  L'AngleitMie  est  tributaire  de  la  mer  pour  ce  qui  est  de  sa 
nourriture  et  de  ses  matières  premières  ;  livrée  à  elle-même,  elle 
ne  pourrait  assurer  la  vie  de  son  peuple  pendant  plus  de  sept 
semaines  ;  voilà  pourquoi  nous  ne  pourrons  jamais  négliger  la 
question    des   communications    avec    Textérieur  ?   » 

La  dépendance  de  l'Angleterre  vis-à-vis  de  ses  Dominions 
est  une  réalité  qui  affecte  la  vie  matérielle  et  morale  de  la 
métropole,  et  cette  dépendance  chaque  jour  plus  marquée  ne 
laisse  pas  d'inquiéter  l'opinion   publique. 


Tandis  qu'au  prix  de  concessions  réciproques  les  délé- 
gués du  Sinn-Fein  et  les  membres  du  gouvernement  anglais 
avaient  pu  pousser  assez  avant  les  travaux  de  la  conférence, 
on  sait  quel  obstacle  l'intransigeance  des  représentants  de 
rUlster  vient  de  mettre  en  travers  du  chemin  parcouru.  Forts 
de  positions  acquises  l'année  dernière  par  suite  de  l'établis- 
sement, aux  termes  du  Government  of  Ireland  Act,  d'un  par- 
lement de  l'Ulster,  et  forts  surtout  de  l'engagement  pris  par 
le  gouvernement  anglais  de  ne  rien  modifier  au  statut  de 
rUlster  sans  son  libre  consentement,  les  dirigeants  ulstériens 
opposent  aux  propositions  britanniques  des  conditions  qu'ils 
déclarent  immuables. 


570  LES   LANGUES    MODERNES 

L'accord  se  serait  sans  doute  fait  assez  facilement  entre  le 
Sinn-Fein  et  le  cabinet  de  Londres  sur  la  question  d'un  par- 
lement commun  à  toute  l'Irlande,  et  exerçant  les  droits  que 
l'acte  de  1920  réservait  au  Parlement  de  Westminster  ;  mais 
les  unionistes  de  l'Ulster  réclament  maintenant  pour  eux 
le  statut  des  Dominions,  et  voudraient  faire  de  leur  province 
une  unité  indépendante  dans  l'Empire,  avec  son  parlement 
propre,  et  par  suite  complètement  distincte  de  l'Irlande  du 
Sud.  C'est  ainsi  que  les  extrémistes  ulstériens  {The  Die-hards), 
minorité  bruyante  du  parti  unioniste,  tiennent  en  échec  et 
les  leaders  du  parti,  qui,  comme  Lord  Derby,  s'efforcent  de 
provoquer  la  conciliation,  et,  d'autre  part,  le  gouvernement, 
à  qui  ses  engagements  vis-à-vis  de  l'Ulster  ne  laissent  d'au- 
tres armes  que  sa  force  de  persuasion  et  la  gravité  des  res- 
ponsabilités assumées  par  les  orangistes. 

On  envisage,  il  est  vrai,  la  solution  qui  consisterait  à  pro- 
céder à  un  plébiscite  dans  les  six  comtés  actuels  de  l'Ulster, 
sur  la  question  du  rattachement  à  l'Irlande  :  les  résultats 
probables  ramèneraient  à  trois  comtés  et  demi  l'étendue  de 
la  province,  et  rendraient  vraisemblablement  impossible 
l'attitude  actuelle  du  cabinet  de  Belfast.  En  tout  cas,  les  jour- 
naux se  retournent  très  nettement  contre  l'Ulster,  et  souli- 
gnent les  terribles  conséquences  que  peut  avoir  cette  atti- 
tude, puisque  c'est  de  la  minorité  unioniste  que  dépend 
maintenant,  soit  le  règlement  définitif  du  sort  de  l'Irlande, 
soit  le  recommencement  de  la  guerre  civile  (1). 


C'est  de  tous  les  points  de  l'horizon  impérial  que  montent 
en  ce  moment  les  nuages  alarmants.  Si  la  dernière  confé- 
rence impériale  a  été  pour  le  gouvernement  de  M.  Lloyd 
George  l'occasion  de  jeter  du  lest  et  de  répartir  son  autorité 
sur  de  nouvelles  bases,  il  n'en  resté  pas  moins  que  les  ten- 
dances séparatistes  s'afîirment  et  que  les  individualismes 
nationaux  s'insurgent. 

La    révolte    des    Moplahs  et    les   incidents    de  Bombay   à 


(1)  Ces  Notes  étaient  sous  presse  lorsque  nous  a  surpris  la 
nouvelle  de  l'accord  irlandais.  Nous  ne  connaissons,  à  l'heure  ac- 
tuelle, que  la  matérialité  du  fait,  et  ne  disposons  plus,  a\ant  de 
paraitre,  de  délais  sulïisants  pour  observer  l'accueil  fait  par  la 
presse  et  l'ojiinion  anglaises  à  cette  nouvelle.  ()clle-ci  est  assez 
importante  pour  que  nous  croyions  devoir  attendre  afin  d'en  parler 
en  plus  large  connaissance  de  cause.  G.  J.  —  8-12-21. 


CHRONIQUE   ÉTRANGÈRE  571 

l'occasion  du  passage  du  prince  de  dalles  ne  sont  que  des 
éruptions  locales  de  l'incendie  qui  couve.  Le  parti  nationa- 
liste indien  se  révèle,  en  effet,  comme  une  force  grandissante 
et  organisée  :  sous  la  direction  de  (landhi  et  avec  un  pro- 
gramme de  Home  lUile,  il  vient,  au  cours  d'une  réunion  du 
All-!ndia  Congress  Coinmittee,  tenue  à  Delhi  le  4  novembre, 
d'inviter  les  provinces  indiennes  à  proclamer  le  régime  de 
civil  disobedience,  c'est-à-dire  à  refuser  le  payement  des 
impùts',  à  boycotter  les  jjroduits  anglais,  et  à  entraver  le  re- 
crutement  local   de   l'armée   anglaise. 

De  j)lus,  par  sa  politique  orientale,  l'Angleterre  a  semé 
l'inquiétude  parmi  la  population  mahométane  de  l'Inde  :  on 
est,  en  effet,  convaincu  dans  les  sphères  religieuses  de 
l'Islam,  qu'en  aidant  (irecs  et  Juifs  l'Angleterre  est  décidée  à 
détruire  la  religion  de  Mahomet  ;  et  l'hostilité  anglaise 
contre  le  Sultan  ne  fait  que  justitier  cette  impression  aux 
yeux  des  indigènes.  La  révolte  des  Moplahs  n'a  pas  d'autre 
cause.  Aussi  est-il  intéressant  de  constater  qu'au  moment  où 
les  milieux  olliciels  de  Londres  jugent  si  sévèrement  la  ijoli- 
tique  pacifiste  française  en  Orient  et  notre  accord  d'Angora, 
il  semble  se  créer  un  mouvement  d'opinion  pour  inviter  le 
gouvernement  anglais  à  suivre  notre  exemple,  et  à  traiter 
non  seulement  avec  le  Sultan,  mas  avec  les  kémalistes.  C'est 
la  conclusion,  qui  vaut  d'être  signalée,  d'un  article  de 
M.  D.-C.  Boulger  sous  le  titre  The  Moplah  Warniiig  dans  la 
Conte mpovarij  Review  d'octobre. 


La  situation  en  Egy^ite  n'est  pas  plus  rassurante  :  voici, 
en  effet,  que  sont  rompus  les  pourparlers  entamés  entre  le 
Foreign  Office  et  la  délégation  égjptienne  venue  à  Londres 
pour  négocier  les  termes  d'un  accord.  Adly  Pasha,  le  chef 
de  cette  délégation,  déclare  inacceptables  les  propositions 
britanniques.  On  peut  donc  s'attendre  à  de  nouvelles  compli- 
cations anglo-égyptiennes. 

Il  est  d'ailleurs  à  remarquer  que  les  journaux  signalent 
tout  ce  qu'a  d'insolite  le  protectorat  anglais  en  Egypte.  Il  y 
a,  en  effet,  40  ans  que  dure  l'occupation  anglaise,  et  40  ans 
que  le  cabinet  de  Londres  en  affirme  le  caractère  provisoire. 
Pendant  la  guerre,  les  Egyptiens  ont  été  entretenus  dans 
cette  illusion  que  l'occupation  cesserait  avec  les  hostilités  : 
ils  continuent  à  subir  la  loi  martiale,  et  le  protectorat  an- 
glais a  même  été  formellement  reconnu  par  les  alliés. 


572  LES   LANGUES    MODERNES 

Or,  pendant  la  guerre,  et  surtout  depuis,  le  sentiment  na- 
tional n'a  fait  que  se  développer  avec  d'autant  plus  de  vita- 
lité que  l'Egypte  voyait  promettre  des  garanties  d'indépen- 
dance aux  autres  nations  islamiques,  la  Syrie,  l'Arabie  et  la 
Mésopotamie.  Elle  réclame  donc  son  autonomie,  et,  comme 
première  mesure  dans  cette  voie,  le  retrait  des  troupes  an- 
glaises vers  la  zone  du  canal  de  Suez,  où  leur  présence  peut 
se  justifier  par  la  nécessité  d'assurer  la  liberté  des  commu- 
nications maritimes.  Le  point  de  vue  anglais  maintient,  au 
contraire,  l'impossibilité  de  renoncer  à  la  protection  des 
européens  dans  les  foyers  d'agitation  comme  Alexandrie  et 
le  Caire.  Situation  identique  à  celle  de  l'Irlande,  déclare  la 
presse,  et  à  laquelle  il  faut  apporter  les  mêmes  tentatives  de 
solution.  Problème  d'intérêt  national,  en  effet,  qui  dépasse 
la  compétence  d'un  département  ministériel,  et  doit  recevoir 
l'attention  du  gouvernement  tout  entier  sous  le  contrôle  de 
l'opinion   publique. 


Le  Board  of  Education  vient  de  publier  le  rapport  de  la 
commission  chargée  d'une  enquête  sur  «  les  conditions  de 
renseignement  de  l'anglais  dans  le  système  actuel  d'Educa- 
tion ».  Si,  depuis  longtemps,  nous  parlons  en  France  de 
crise  du  français,  nos  alliés  eux  aussi  ont  constaté  des  symp- 
tômes parallèles  d'une  décadence  de  l'anglais.  Ils  en  ont 
recherché  les  causes,  et  leur  rapi^ort  n'en  accuse  jias,  comme 
on  l'a  trop  souvent  et  si  injustement  fait  chez  nous,  l'ensei- 
gnement des  langues  vivantes.  Ils  y  voient,  pour  une  très 
large  part,  l'influence  des  conditions  sociales  de  la  vie  mo- 
derne. Cela  ne  nous  rappelle-t-il  pas  les  excellentes  paroles 
que  prononçait  M.  l'Inspecteur  Général  Hovelaque  en  février 
dernier  lors  d'une  assemblée  de  notre  association  ?  C'est,  en 
effet,  dans  les  grandes  villes  d'Angleterre  que  l'on  constate 
la  décoloration  la  plus  marquée  de  la  langue  anglaise,  alors 
(ju'elle  semble,  au  contraire,  avoir  gardé  toute  sa  raciness, 
ses  qualités  de  force  expressive  dans  les  districts  ruraux  du 
Yorkshire  et  du  Lancashire. 

En  outre,  si  l'école  est  impuissante  à  réagir  contre  ces 
symptômes  de  dégénérescence,  la  faute  en  est  bien  aussi  aux 
responsables  directs  :  c'est  cpie  dans  les  classes,  comme  à 
l'Université,  l'on  considère  trop  la  langue  non  comme  une 
lin,  mais  comme  un  moyen,  comme  la  servante  à  tout  faire 
([ui  assume  la  basse  besogne  des  autres  disciplines,  c'est  que 


CimOXIQLE    KTfiANGKHE  .)là 

les  livres  de  classe  eux-mêmes  se  contentent  trop  d'un 
second-rate  English,  et  c'est  enfin  que  les  maîtres,  à  part 
d'éminentes  excejjtions,  ne  cherchent  pas  à  susciter  l'intérêt 
de  leurs  élèves  pour  leur  langue  maternelle,  et  qu'ils  n'en 
font  pas  valoir  le  charme  et  la  puissance.  Aussi  est-il  souhai- 
table, conclut  ce  rapport,  que  l'école  réagisse  contre  ces 
tendances,  que  non  seulement  elle  cesse  d'étouffer,  mais 
qu'elle  favorise  en  ses  élèves  leur  goût  naturel  pour  l'art 
d'écrire.  Tous  ceux  qui  connaissent  un  peu  la  littérature  an- 
glaise ne  pourront,  en  effet,  s'empêcher  de  réfléchir  combien 
nombreux  et  typiques  sont  les  exemples  d'écrivains  qui  ne 
doivent  qu'à  eux-mêmes  leur  formation  littéraire. 

Angers,  1"  décembre.  G.  Joissaumk. 


N0TE5     ESPAGNOLES 


La  déi)or)ciatioi)  du  a  Modus  Vivei)di  »  par  la  Frai)ce. 
—  Les  «  Publicaciooes  Atei)ea  »,  (c  la  Plunr)a  »  et 
c(  ii)dice  ».  —  Ui)  nouveau  Jouri)al  espagnol. 

Depuis  nos  premières  notes  —  qui  ont  souffert  du  retard 
apporté  à  la  publication  des  Langues  Modernes  —  l'événe- 
ment capital  de  la  vie  politique  espagnole  internationale  et, 
en  tous  cas,  celui  qui  nous  intéresse  tous  le  plus,  a  été  la 
dénonciation,  par  le  gouvernement  français,  du  modus 
Vivendi  avec  l'Espagne.  Nos  lecteurs  ont  sullisamment  été 
mis  au  courant  de  cet  incident  par  les  journaux  pour  que 
nous  passions  outre  sur  l'aspect  national  des  commentaires 
qu'il  a  déchaînés  dans  notre  presse.  En  Espagne,  il  y  a  eu  à 
ce  sujet  une  fort  intéressante  séance  aux  Cortes  le  vendredi 
11  novembre.  A  une  interpellation  de  Don  Rafaël  Gasset,  le 
Ministre  des  Affaires  Etrangères  a  répondu  en  remémorant 
les  incidents  analogues  survenus  depuis  que  la  France  et 
l'Espagne  sont  soumises  à  ces  échanges  de  notes  —  et  cela 
nous  reporte  à  1895.  On  se  souviendra  qu'en  1906,  il  y  eut 
déjà  un  moment  de  danger  pour  le  modus  vivendi,  qui  n'en 
subsista  pas  moins.  En  1909  (juin),  la  loi  des  coefficients,  en 
augmentant  les  droits  de  douane  français  sur  les  produits 
d'Espagne  ;  puis,  en  1920,  l'établissement  du  coefficient  de 
2,6  pour  les  vins  d'Espagne,  entraînèrent,  de  la  part  du  gou- 
vernement espagnol,  le  décret  de  représailles  du  23  novem- 

39 


574  LES   LANGUES    MODERNES 

bre  1920.  La  France  ayant  proposé  un  arrangement,  reçut 
du  gouvernement  espagnol  un  refus  catégorique.  On  sait  que 
des  négociations  consécutives,  sur  un  autre  terrain  écono- 
mique, eurent  pour  conséquence  une  prolongation  du  délai 
de  remboursement  par  la  France  des  fameux  400.000.000 
que  l'Espagne  nous  avait  avancés  pendant  la  guerre  pour 
permettre  des  achats  dans  ce  pays.  Là-dessus  parut  le  tarif 
douanier  espagnol  provisoire,  qui  entraîna,  de  la  pai't  de 
notre  gouvernement,  la  dénonciation  du  modiis  vivendi  pour 
le  10  décembre  1921. 

Sous  ce  schéma  décharné  palpite  un  embrouillement  infini 
de  notes  diplomatiques.  Si  un  Livre  Rouge  était  publié  à  ce 
sujet,  le  public  frémirait  à  l'asi^ect  de  la  masse  de  palabres 
circulée  entre  le  Quai  d'Orsay  et  la  Galle  de  Villalar,  d'une 
part,  et  le  Ministerio  de  Estado  et  le  46  de  l'Avenue  Kléber, 
où  opère  M.  Quiiiones  de  Leôn,  de  l'autre.  Les  seules  paperas- 
ses échangées  pour  que  fussent  déchargés  de  l'impôt  des  bé- 
néfices de  guerre  les  Espagnols  résidant  en  France,  sont 
atterrantes.  O  diplomatie  secrète,  que  d'inutiles  vélins  on 
gaspille  sous  ton  égide  !  La  thèse  du  Ministre  des  Aflaires 
Etrangères  espagnol  dans  la  réponse  à  M.  Gasset  fut  que  «  la 
France  n'avait  pas  bien  compris  la  formule  espagnole  », 
qui,  au  dire  de  ce  fonctionnaire,  «  ne  lui  portait  en  rien 
dommage  ^>.  M.  Cambô,  on  le  sait,  est  Ministre  des  Finances 
dans  cette  combinaison  Maura.  Il  ne  pouvait  ne  pas  interve- 
nir dans  un  tel  débat.  Il  le  fit  donc  en  tentant  de  démontrer, 
tarifs  douaniers  en  main,  que  c'était  la  France  la  plus  avan- 
tagée par  rai^port  à  l'Espagne  !  Et,  après  deux  interventions, 
de  MM.  Matesanz  et  Zulueta,  il  finit  par  déclarer  à  la  Cham- 
bre que  l'attitude  du  Gouvernement  espagnol  était  dictée 
uniquement  par  le  souci  de  protéger  l'industrie  nationale  et 
de  faciliter  la  sortie  des  produits  agricoles  espagnols. 

Nous  ne  savons  si  les  admirateurs  roussillonnais  de  ('ambo 
—  en  particulier  M.  le  Député  Brousse,  qui,  dans  Vlndépeii- 
dant  de  Perpignan,  chantait,  cet  été,  le  los  du  fameux  ré- 
gionaliste  et  homme  des  banques  catalanes  —  seront  réjouis 
de  cette  attitude.  Nous  avons  constaté,  dans  la  seule  presse 
de  langue  espagnole,  un  tel  concert  de  malédictions  contre 
Cambô  que,  même  en  admettant  la  thèse  de  Hovira  i  Virgili 
dans  deux  articles  anonymes  de  l'édition  du  soir  de  La  Pii- 
blicidad  des  15  et  26  novembre,  et  sans  tenir  compte  des 
campagnes  de  VA  B  C  —  voir  en  particulier  le  n"  du  25  no- 
vendjre,  j).  17-18  —  il  serait  dilficile  de  ne  pas  considérer 
la  prétendue  francophilie  de  cet  homme  retors  comme  aussi 


CHUOMQUE   ÉTHANOKHE  575 

peu  sûre  qu'en  août  1914  ne  l'était  sa  belgophilie  !  Et  ceci 
nous  ramène  —  puisque  de  Belgique  il  s'agit  —  aux  vins 
d'Espagne,  principal  objet  de  la  dénonciation  du  niodiis 
Vivendi.  Sait-on  que  ces  vins,  parés  d'un  titre  usurpé, 
occupent  la  place  de  nos  crûs  de  France  sur  la  table  des 
riches  bourgeois  de  Belgique  ?  Qui  en  douterait  n'aurait  qu'à 
se  reporter  à  l'article  de  M.  le  Sénateur  Mario  Roustan  : 
Pour  les  Vins  de  France,  en  tête  du  Petit  Méridional  du 
25  novembre.  D'ailleurs,  la  thèse  française  difTère  beaucoup 
de  la  thèse  espagnole  et  nos  experts  abondent  dans  l'énumé- 
ration  de  ce  qu'ils  considèrent  comme  des  mesures  prohibi- 
tives de  l'Espagne  à  l'endroit  de  notre  commerce  d'exporta- 
tion. 

Ceux-ci  ont  beau  jeu  à  démontrer  que,  lorsque  la  France 
rétablit  —  par  le  coefïicient  précité  de  2,6  —  l'incidence 
d'avant-guerre,  l'Espagne  réplique  en  élevant  les  droits  sur 
plus  de  150  articles  intéressant  notre  commerce  d'exporta- 
tion et  que,  loin  de  s'arrêter  là,  elle  exigeait  que  ces  droits, 
par  suite  de  la  dépréciation  de  notre  monnaie,  fussent  payés 
en  or,  et  qu'enfin  elle  établilt  une  surtaxe  compensatoire  et 
d'autres  vexations  encore  !  Et  puis,  ils  reprochent  au  gou- 
vernement de  Alaura  —  qui  fut  notre  ennemi  sournois  durant 
la  guerre  —  de  se  dérober  systématiquement  à  toute  conver- 
sation sérieuse,  sous  prétexte  que  cette  conversation  ne  sau- 
rait être  engagée  tant  que  le  nouveau  tarif  douanier  ne  sera 
pas  en  vigueur.  Or,  on  le  laisse  indéfiniment  «  à  l'étude  ». 
Quant  à  nous,  notre  modeste  rôle  d'observateur  des  événe- 
ments nous  int tordit  les  pronostics  qui  engagent  l'avenir.  A 
l'heure  où  nous  rédigeons  ces  lignes,  rien  ne  fait  prévoir 
quelle  sera  l'issue  de  l'incident,  encore  que  nous  crai- 
gnions le  pire.  Mais  d'ores  et  déjà  n'est-il  pas  loisible 
d'augurer  une  solution  en  harmonie  avec  les  intérêts 
des  deux  nations  ?  A  l'heure  où  l'Espagne  subit  au  Maroc 
une  saignée  plus  encore  financière  que  physiologique  et  où 
les  embarras  d'argent  commencent  à  inquiéter  gravement  son 
grand  argentier,  est-il  d'une  sage  philosophie  de  préconiser 
un  système  d'isolement  politique  et  commercial  comme  celui 
qu'impliquerait  la  rupture  décisive  avec  la  France  ?  Ce  que 
nous  voulons  tous,  en  France,  —  hispanisants  et  non  hispa- 
nisants — ,  c'est  que  nous  arrivions  avec  l'Espagne  à  une 
stabilité  qui  permette  enfin  la  reprise  des  affaires  entre  les 
deux  pays.  Si  l'Espagne  (en  l'espèce  :  les  hommes  politiques 
groupés  autour  de  Maura  et  son  parti)  s'imagine  nous 
«  avoir  »,  elle  se  trompe.  Mais  ayons  confiance  en  l'avenir 


576  LES   LANGUES    MODERNES 

et  aux  amis  que  nous  avons  pu  garder  parmi  la  fraction  libé- 
rale et  éclairée  de  ce  pays.  Tout  s'arrangera  et,  ne  fût-ce  que 
sous  une  forme  provisoirement  définitive  —  qu'on  nous  par- 
donne la  contradiction  dans  les  termes  !  —  les  échanges  en- 
tre la  France  et  l'Espagne  ne  tarderont  pas  à  reprendre,  et 
à  amener,"  enfin  !  l'amélioration  d'un  change  stupide,  aussi 
désastreux  pour  les  Espagnols  que  pour  nous... 


En  littérature  —  et  pour  compléter  nos  premières  annota- 
tions, touchant  les  maisons  d'éditions  en  Espagne  —  il  nous 
plaît  de  commencer  ici  par  un  exposé  rapide  des  publica- 
tions «  Atenea  ».  Cette  firme  nous  semble  être  à  l'heure 
actuelle  l'une  de  celles  —  et  il  n'y  en  a  guère  plus  de  trois  ou 
quatre  de  cette  nature  à  Madrid  — ■  qui  mettent  dans  leurs 
jjroductions  le  goût  le  j^lus  fin,  la  variété  la  plus  choisie, 
ainsi  que,  dans  la  confection  matérielle  des  volumes,  l'élé- 
gance la  plus  exquise.  D'autres  entreprises  peuvent  certes 
l'emporter  sur  elle  par  l'abondance  de  la  production,  mais, 
en  matière  de  livres,  qu'importe  la  masse  en  comparaison  de 
la  qualité  ?  Et  nous  croyons  bien  ne  pas  être  dans  l'erreur, 
si  nous  affirmons  que  le  Directeur  des  «  Publicaciones  Ate- 
nea »,  M.  F.  Cervantes,  a  parfaitement  compris  la  mission 
qui  incombe  à  un  éditeur  qui  serait  autre  chose  encore 
qu'un  simple  trafiquant  en  papier  imprimé.  Combien  sont-ils 
de  cette  espèce  rare  ? 

Les  «  Publicaciones  Atenea  »  se  divisent  en  deux  séries  pa- 
rallèles: Aiitores  Espanoles  et  Aiitores  Extranjeros.  Nous  cons- 
tatons avec  plaisir  que,  parmi  les  premiers,  figurent  un  grand 
nombre  de  Catalans  :  Grau,  Miré,  Turrô  et  Eugenio  d'Ors,  en 
particulier.  Parmi  les  écrivains  castillans,  nous  relevons  les 
noms  de  R.  Gômez  de  la  Serna  —  qui  va  devenir  jjopulaire 
chez  nous  et,  hier  encore,  dans  Feuilles  Libres  d'octobre, 
Pillement  lui  dédiait  une  notice,  en  tète  de  quelques  traduc- 
tions — ,  Goy  de  Silva,  Hernândez  Cata,  Garcia  Sanchiz,  et 
même  de  D.  Ramùn  Menéndez  Pidal,  dont  le  beau  volume 
d'Estudios  Literarios  commence  par  une  magistrale  étude  sur 
les  origines  du  drame  de  Tirso  El  condenado  por  desconfîado, 
où  le  savant  professeur  réimprime  son  discours  de  réception 
à  la  Heul  Academia  Espanola,  déjà  ancien,  ainsi  qu'un  tra- 
vail naguère  paru  dans  une  Revue  Hispanique  de  chez  nous. 
Mais  ce  qui  intéressera  surtout  le  lecteur  français  dans  ce 
livre,  —  entre  autres  monographies  ou  esquisses,  où  l'on 
trouve    deux  poésies    inédites  du    divin  Luis  de  Leôn    et  ce 


CHRONIQUE   ÉTRANCiKHE  577 

discours  sur  la  primitive  poésie  lyrique  espagnole  qui  fit 
le  charme  de  l'inauguration  des  cours  de  1919-1920  à  VAteneo 
de  Madrid  —  ce  sera  la  recherche  :  «  Sobre  los  origenes  del 
Convidado  de  Piedra  »,  dont  nous  recommandons  la  lecture 
à  ce  collaborateur  de  la  Revue  «  Les  Lettres  »,  qui  s'achar- 
ne, sous  le  couvert  de  M.  Bernoville,  à  avoir,  dans  cet  organe 
catholique,  le  dernier  mot  sur  nous  dans  une  dispute  enta- 
mée au  Mercure  et  devenue,  d'ailleurs,  parfaitement  oiseuse. 

La  section  des  Auteurs  Etrangers  d'  «  Ateiiea  ■>  révèle 
bien  ce  prurit  de  traductions  exotiques  dont  nous  parlions 
précédemment  et  qui  est  aussi  un  peu  —  un  peu  beaucoup  — 
notre  cas  en  France,  selon  que  l'observait  judicieusement 
M.  Lucien  Descaves  dans  un  bel  article  de  la  «  Lanterne  » 
(19  octobre  1921)  intitulé  :  «  Xotre  Hospitalité  ».  Outre  la 
série  d'Œnures  de  Wilde,  Kipling,  d'Annunzio,  Suarès,  Ch.-L. 
Philippe,  Gide,  Stevenson,  Wells,  Hardy,  Reymont  et  d'au- 
tres, en  cours  de  publication,  et  qui  s'ajoutent  à  celles  de 
Dostoïevski  et  de  Hebbel,  voici  qu'une  collection  de  «  chefs- 
d'œuvre  »  nous  est  annoncée,  dont  les  traductions  seront 
confiées  aux  excellents  littérateurs  Ricardo  Bacza  —  que  ses 
articles  sur  le  problème  irlandais,  rédigés  à  Dublin  même, 
ont  fait  remarquer  au  dehors  — ,  Carlos  Pereira,  Juan  Izquier- 
do  Croselles,  Alberto  Ghiraldo  et  à  d'autres  encore. 

Enfin,  Atenea  a  commencé  une  série  à  part  de  charmants 
petits  volumes  où  sont  recueillies  les  fleurs  de  pensée  de  hau- 
tes personnalités  littéraires,  scientifiques  et  politiques.  Dans 
cette  «  Colecciôn  Microcosmos  »  figurent,  au  moment  où 
sont  rédigées  ces  lignes,  les  Pensamienfos  de  Simon  Bolivar 
et  de  José  Marti.  Les  poètes  en  ont  été  sagement  exclus,  car, 
sur  ce  terrain,  nul  ne  saurait  rivaliser  en  Espagne  avec 
notre  ami  D.  Fernando  Maristany,  qui,  à  Y  «  Editorial  Cer- 
vantes »  de  Barcelone,  accumule,  en  des  versions  métriques 
parfaites,  chefs-d'oeuvre  sur  chefs-d'œuvre,  dans  sa  collec- 
tion :  «  Las  mejores  poesias  (liricas)  de  los  mejores  poê- 
las »,  déjà  volumineuse  et  vendue  —  malgré  une  exécution 
typographique  de  luxe  —  au  prix  uniforme  de  UNE  —  je 
dis  :  UNE  —  peseta  et  CINQUANTE  centimes  !  Mais,  de  Ma- 
ristany et  de  son  œuvre,  il  sera  parlé  longuement,  dans  une 
prochaine  chronique  catalane  du  Mercure  de  France,  par 
l'auteur  de  ces  notes. 

L'adresse  de  la  firme  «  Atenea  »  est  la  suivante  :  Espaîia. 
Atenea,  Aparfado  6ii,  Madrid.  Voici  le  titre  et  les  prix  des 
derniers  volumes  publiés  :  Eugenio  d'Ors  :  El  valle  de 
Josafat,  Ptas  4,50  ;  R.  Gômez  de  la  Serna  :  El  Doctor  Invero- 
simil,    5  ;    Gabriel   Mirô    (auquel    nous    venons  de    consacrer 


5/8  LES    LANGUES    MODERNES 

un  article  dans  «  Hispania  »,  1921,  p.  272  et  suiv.)  :  El 
àngel,  el  moliiio,  el  caracol  del  faro,  5  ;  Id.  :  Niiestro 
padre  San  Daniel,  5,50  ;  Id.  :  Figuras  de  la  Pasiôn  del 
Senor,  Tomes  I  et  II,  12  ;  Id.  :  Libro  de  Sigiienza,  5  ;  Ramôn 
Turrô  :  Origenes  del  pensamiento,  7,50.  C'est  à  dessein  que 
nous  ne  citons  pas  les  traductions  étrangères.  Chaque  volume 
est  envoyé  recommandé  à  quiconque  en  fait  la  demande,  en 
joignant  à  celle-ci  le  prix  de  l'ouvrage,  plus  une  peseta  pour 
les  frais  de  recommandation.  Malheureusement,  le  change, 
qui  s'aggrave,  rend  les  achats  de  livres,  en  Espagne,  parti- 
culièrement  onéreux. 

11  arrive  parfois  que  des  personnes  qui  s'intéressent  à  la 
littérature  espagnole  nous  demandent  quelle  Revue  elles  doi- 
vent lire  pour  se  tenir  au  courant  du  mouvement  contempo- 
rain. Nous  leur  recommandons  spécialement  «  La  Pluma  », 
de  Madrid,  où  des  collaborateurs  comme  Ramôn  del  Valle 
Inclân,  Enrique  Diez  Canedo,  Ramôn  Gômez  de  la  Serna,  Pe- 
dro de  Répide,  Ramiro  de  ^Maeztu  —  dont  les  cours,  cet 
hiver,  à  la  section  de  littérature  de  VAteneo,  sur  Rubén  Dario, 
promettent  d'être  un  régal  (1)  —  nous  sont  la  meilleure  garan- 
tie d'excellence.  M.  Jorge  Guillén,  lecteur  (à  moins  que  traduc- 
teur) d'espagnol  à  la  Sorbonne,  y  donne  des  vers,  comme  il 
donne,  à  «  La  Libertad  »,  des  chroniques  de  France  ;  Paul 
Colin  y  occupe  la  rubrique  des  «  Letras  Alemanas  »  :  Jules 
Bertaut  celle  des  «  Letras  Francesas  »  et  Mario  Puccini 
celle  des  «  Letras  Italianas  «.  Comme  toute  Revue  qui  se 
respecte,  «  La  Pluma  »  a  sa  «  Biblioteca  ».  Celle-ci  se  pro- 
pose de  protéger  les  écrivains  contre  les  caprices  des  édi- 
teurs. ]\Ierveilleux  programme,  qu'ont  inauguré  «  Silvia  » 
de  notre  Nerval,  dans  la  belle  traduction  de  C.  Rivas  Cherif, 
et  Agua  en  cisterna,  de  l'insigne  Eduardo  Marquina.  A  côté  de 
La  Pluma,  nous  placerions  Indice,  fondé  cet  été  avec  toute  lu 
pompe  imaginable  et  qui  possède  cette  caractéristique,  origi- 
nale, de  n'être  pas  l'organe  d'un  groupe,  mais  de  réunir  des 
écrivains  de  tendances  les  plus  diverses,  d'Espagne  et  d'Amé- 
rique, unis  par  le  lien  commun  du  goût  des  choses  de  l'esprit. 
Des  noms  comme  ceux  de  Diez  Canedo,  Ortega  Gasset,  Azo- 
rin,  Moreno  Villa,  Corpus  Barga  —  correspondant  du  u  Sol  » 
à  Paris,  sur  lequel  voyez  nos  «  Lettres  Espagnoles  »  dans  la 
«  Renaissance  d'Occident  »  de  novemlu-e  — ,  Heyes,  Salazar, 
Salinas,  Jiménez,  Henriquez  Urena  sont  recommandation 
suflisante. 


(1)   Voir  son  excellent  article  :  El  clnsicismo  y  el  romontismo  de 
Riihcn  Dario,  dans  le  Hennés  de  novcml)re  1921,  p.  234  et  suiv. 


CIIHONIQL'E    KTHANGÈRE  579 

Pour  ce  qui  est  de  la  presse  quotidienne,  nous  niions  enfin 
avoir,  à  partir  du  1"  décembre,  ce  qui  nous  manquait  jus- 
qu'ici :  un  grand  organe  des  gauches  espagnoles  paraissant 
le  soir  dans  des  conditions  de  rédaction  et  de  format  pro- 
pres à  satisfaire  des  lecteurs  fatigués  de  l'enlisement  du  Sol 
et  des  pirouettes  de  son  succédané  :  La  Voz,  et  regrettant 
toujours  le  naufrage  de  cet  incomparable  Fi(/aro,  victime  de 
l'oubli  du  proverbe  qui  dit  que  «  qiiien  miicho  abarca  poco 
apriela  »,  Ce  journal,  que  dirigera  Julio  Rçmeo,  s'appellera 
«  \ida  Nueva  ».  Son  correspondant  à  Paris  sera  M.  Cons- 
tantino  Laforga.  Mais  il  en  aura  aussi  à  Londres,  à  Berlin, 
à  Buenos-Aires  et  à  Moscou...  Espérons  que  ce  nouveau  dé- 
fenseur des  idées  libérales  détrônera  dans  nos  kiosques 
l'immonde  ABC,  où  l'infâme  Azpeitua,  embusqué  derrière 
l'anonymat  de  sa  rubrique  quotidienne  :  Bolelin  del  Dia, 
continue  à  baver  sur  la  France  comme,  de  Berlin,  aux  jours 
de  la  Grande  Guerre,  il  le  fit  si  longtemps,  aux  ordres  du 
Grosser  Generalstab...  (i^)- 

29  novembre.  Camille  Pitollet. 


NOTES     ALLEMANDES 


Walter  Ratl)ei)au  :   Le    Kaiser.    La    Triple    révolutioi) 


Les  Editions  du  Rhin  ont  entrepris  la  traduction  en  français 
des  œuvres  de  Rathenau,  dont  deux  volumes,  Le  Kaiser  et  La  Tri- 
ple Révolution,  viennent  de  paraitre.  Le  premier  est  précédé  d'un 
avant-propos  de  M.  Félix  Bertaux,  dont  l'auteur  nous  autorise  très 
aimablement  à  reproduire  les  pages  essentielles  :  qu'il  veuille  bien 
trouver  ici   nos  remerciements   les   plus   cordiaux.  G.    H. 

L'idée  de  l'Empire  allemand  et  la  figure  de  l'Empereur  se 
sont  confondues  dans  l'imagination  populaire  française. 
Ceci  est  devenu  le  symbole  de  cela.  Vue  qui  n'est  point  si 
fausse.  Guillaume  II  que  Conradi  saluait  en  1880  comme  le 
représentant  de  la  nouvelle  génération  allemande,  a  donné 
d'elle  une  image  assez  fidèle.  A  y  regarder  de  près,  on  décou- 
vrirait l'accord  profond  entre  le  monarque  et  ses  sujets  :  ils 
étaient  emportés  par  un  même  courant  ;  ils  obéissaient  aux 
mêmes    impulsions.    Aspirations     d'un     germanisme    encore 

(.1)  Voir  sur  cet  énergumène  nos  deux  articles  aux  numéros 
d'avril-mai  et  juin-juillet  1921  du  Bulletin  de  l'Amérique  Latine, 
pp.   252-254,   317-320. 


580  LES   LANGUES    MODERNES 

plein  des  rêves  du  Moyen  Age,  conjuguées  avec  le  réalisme 
dune  Prusse  lucide  et  bornée,  tej  fut  le  drame  —  conflit 
national,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  contlit  intérieur  avant 
d'être  conflit  avec  l'univers. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  trop  tôt  pour  aborder 
l'étude  du  cas  allemand  sous  cet  aspect.  En  écartant  la 
légende,  en  faisant  œuvre  d'histoire,  en  donnant  aussi  la 
parole  à  des  Allemands.  A  ceux-là  précisément  en  qui  est 
éveillé  l'esprit  critique  et  dont  le  jugement  porte.  L'intérêt 
de  la  présente  traduction  tient  moins  à  ce  que  «  Der  Kai- 
ser »  a  dépassé  la  cinquantième  édition,  qu'à  ce  que  l'énig- 
me qui  continue  de  se  poser  et  de  s'imposer  à  nous  com- 
mence à  s'y  déchiffrer.  Xi  ragots,  ni  reportage.  Le  problème 
allemand,  qui  est  sérieux,  y  est  posé  sérieusement,  et  d'abord 
sous  sa  forme  la  plus  saisissable.  Les  traits  d'un  peuple  et 
ceux  d'une  époque  s'y  découvrent  sous  ceux  d'un  homme.  Il 
ne  fallait  pour  les  rassembler  rien  moins  que  la  tête  la  plus 
vigoureuse  peut-être   de  l'Allemagne   actuelle  ... 

Rathenau  est  l'homme  le  plus  admiré  et  le  plus  dénigré  de 
ses  compatriotes.  Il  va  dans  le  même  sens  qu'eux  et  il  les 
précède.  Du  tournant  qu'il  a  franchi  le  premier,  il  anticipe 
l'avenir.  Car,  c'est  par  là  qu'il  nous  intéresse,  il  n'est  pas 
seulement  organisateur,  mais  poète.  L'organisation  qu'il  en- 
trevoit n'a  pas  seulement  trait  à  la  matière,  mais  à  l'esprit. 
Homme  de  la  pratique,  il  en  est  fier.  Mais  aussi  homme  de  la 
pensée,  et  cela  lui  donne  une  autre  fierté.  Il  entend  qu'action 
et  spéculation  ne  se  dissocient  pas,  qu'au  contraire  elles  se 
réengendrent  l'une  l'autre  par  un  rythme  alterné.  Et  si  sa 
critique  de  la  vie  contemporaine  porte,  si  elle  met  impi- 
toyablement à  nu  les  faiblesses  allemandes  surtout,  c'est 
qu'il  a  reconnu  avec  lucidité  l'ensemble  des  forces  maté- 
rielles et  morales  en  jeu  autour  de  lui.  Non  que  tout  de  ses 
représentations  soit  parfaitement  clair  et  rigoureusement 
ordonné.  Il  a  en  même  temps  que  la  précision  du  manieur 
d'afi'aires,  l'imagination  du  voyant  et  l'ardeur  du  prophète: 
quelque  chose  de  biblique  et  de  révolutionnaire,  de  confiant 
et  de  tourmenté,  les  abandons  du  rêve  et  des  éruptions  de 
sèche  violence.  C'est  à  travers  une  demi-douzaine  de  bro- 
chures (1)    qui   depuis   deux    ans   se   sont   ajoutées   aux    cinq 

(1)  De  1917  à  1920,  Rathciuui  a  ])ublié  chez  S.  Fischer  :  Die  neuc 
Wirtschaft,  An  Deutschiands  JiKjend,  Der  Kaiser,  Zeitliehes,  Kritik 
der  dreifnchen  Révolution,  Der  neue  Stitul,  Die  neue  (iesellsehaft, 
Was  wird  werden  ?  Autonome  Wirtschaft,  Demokrutische  Ent- 
wicklung. 


CHRONIQUE    ÉTHANGKHE  581 

volumes  (le  ses  œuvres  complètes,  qu'il  faut  aller  chercher 
une  pensée  toujours  se  répétant,  toujours  se  renouvelant, 
doublement  orientée  comme  dans  les  œuvres  capitales 
d'avant-guerre  :  vers  la  négation,  la  «  Critique  de  ce  temps  », 
et  vers  l'allirmation,  l'évocation  des  «  Choses  qui  viennent  » 
et  du  «  Hoyaume  de  l'âme  ».  Destruction,  reconstruction,  cho- 
ses qui  dans  son  esprit  ne  se  séparent  j)as,  ne  se  succèdent  pas. 
Hompre  nettement  avec  la  tradition  prussienne,  voilà 
peut-èire  sa  plus  impérieuse  réclamation  :  il  ne  voit  de  salut 
pour  les  Allemands  que  lorsqu'ils  auront  repris  leur  évolu- 
tion au  point  où  ils  cessèrent  «  d'être  Allemands  pour  deve- 
nir Berlinois  ».  Ce  n'est  pas  l'impérialisme  de  la  Prusse  ni 
son  militarisme  qu'il  met  en  cause.  Rathenau  n'a  pas  la  tète 
politique.  Il  croit  moins  à  l'influence  des  chancelleries  qu'à 
celle  des  phénomènes  économiques  et  sociaux  d'une  part, 
et  d'autre  part  à  l'action  d'une  idéologie  qui  réglerait  ces 
phénomènes.  Aussi,  sans  disculper  l'Allemagne,  ne  lui  attri- 
bue-t-il  qu'une  responsabilité  restreinte  dans  la  guerre.  Dès 
1911,  dans  Staat  iind  Jiidentum,  il  avait  évoqué  les  ombres 
qui  montaient  à  l'horizon,  dénoncé  ce  qu'il  constatait  en 
traversant  les  rues  de  Berlin  le  soir  :  l'insolente  folie  d'un 
peuple  parvenu,  le  vide  des  formules  de  la  force,  l'inanité  de 
la  prétention  d'un  soi-disant  germanisme  pur  à  s'imposer  à 
la  terre.  Il  proclamait  la  nécessité  de  défaire  ce  monde  d'in- 
justice, de  faire  taire  la  défiance  universelle.  Mais  la  guerre 
éclate,  il  la  considère  comme  la  révolution  qui  tient  à  des 
causes  mondiales,  qui  vient  inévitablement  quand  le  système 
économique  et  le  système  social  ne  répondent  plus  aux  be- 
soins présents,  qui  sont  de  l'humanité  entière.  Le  malheur 
est  qu'ils  soient  comme  des  besoins  nationaux,  alors  que 
nulle  nation  n'est  plus  assez  grande  jjour  avoir  son  indus- 
trie, son  commerce,  ses  finances,  son  organisation  du  travail 
à  elle,  et  qu'en  tout  elle  dépend  de  tous.  Et  l'image  vient  au 
secours  de  l'idée  encore  confuse  :  des  forces  qui  ne  sont  pas 
d'ordre  national  ont  fait  éclater  le  cadre  des  nations  aux 
endroits  de  moindre  résistance.  Reconnaître  la  nature  de  ces 
forces,  dépouiller  le  nationalisme  qui  les  orientait  à  faux,  et, 
en  leur  gardant  un  caractère  anarchique,  les  faisait  s'entre- 
détruire  alors  qu'elles  devraient  concourir  —  c'est  une  pre- 
mière leçon  à  tirer  de  la  guerre.  Il  n'y  a  plus  de  domination 
allemande  au  sens  d'hier.  Mais  il  reste  à  l'Allemagne,  pense 
Rathenau,  une  mission,  mission  spirituelle,  geistige  Sendung, 
qu'elle  remplira  sous  conditions. 

Félix   Bertaux. 


BIBLIOGRAPHIE 


H3II,  H*  Dui)caO'  —  Ti)e  BritisI)  Con)n)Oi)wealtl)  of 
Nations,  a  Study  of  its  Pa5t  ai)d  Future  Developni)ei}t. 

(XII  -h  393  p.,  Mcthuen,  1920,  10/6). 

C'est  ici  un  livre  trapu  de  plus  de  400  pages  d'un  texte  serré, 
bourré  de  notes,  de  citations,  de  références,  qui  condense  l'histoire 
non  de  l'Empire  Britannique,  mais  plutôt  de  l'idée  impériale  bri- 
tannique depuis   150  ans. 

L'auteur  est  un  Australien,  d'abord  étudiant  de  l'Université  de 
Sydney,  puis  étudiant  à  Oxford,  et  enfin  chargé  de  cours  à  cette 
même  Université  d'Oxford.  Son  travail  fut  entrepris  sur  la  requête 
d'une  commission  spéciale  de  la  Société  fabienne  (socialiste', 
nommée  en  1917  pour  étudier  la  question,  dont  on  voj'ait  bien 
que  la  grande  guerre  la  mettait  plus  que  jamais  à  l'ordre  du 
jour.  Il  faut  ajouter  d'ailleurs  que  le  livre  ne  se  présente  nulle- 
ment comme  un  article  de  foi,  ou  comme  un  programme,  auxquels 
la  Société  fabienne  serait  liée.  C'est  même  parce  qu'il  reflète  in- 
contestablement un  état  d'esprit  très  répandu,  des  conclusions 
très  généralement  adoptées,  non  seulement  en  Angleterre,  mais 
encore,  et  surtout  peut-être,  dans  les  colonies  ou  anciennes  colo- 
nies anglaises,  que  ce  livre  est  si   intéressant. 

Pour  des  regards  français,  il  se  divise  naturellement  en  deux 
parties  égales  :  200  pages  environ  sont  consacrées  à  une  revue  du 
passé,  les  autres  200  pages  établissent  les  termes  des  problèmes 
qui  se  posent  actuellement.  L'auteur,  suivant  une  tendance  assez 
marquée  chez  les  esprits  anglo-saxons,  a  simplement  numéroté 
ses  chapitres  —  de  1  à  11  —  mais  si  cette  présentation  énuméra- 
tive  obscurcit  un  peu  le  plan  d'ensemble,  si  la  masse  de  faits  et 
d'observations  qu'on  nous  soumet,  sans  être  invertébrée,  fait  en- 
core penser  à  un  serpent  plutôt  qu'à  un  animal  très  évolué,  les 
grandes  lignes  de  la  pensée  de  M.  Hall  sont  très  claires. 

Pour  M.  Hall,  l'idée  impériale  britannique  a  connu  trois  gran- 
des  crises,   inégalement   conscientes. 

La  première,  très  grave,  très  vive,  très  douloureuse,  a  amené  en 
1776  la  séparation  d'avec  les  colonies  américaines.  Cette  crise-là 
est  bien  connue,  et  M.  Hall  n'y  insiste  pas  :  il  se  borne  à  souligner 
le  fait  qu'elle  résultait  naturellement  de  Técart  formidable  qui 
séparait  la  pensée  politique  de  l'.^nglais  transplanté  en  .\mérique, 
de  celle  de  l'Anglais  demeuré  dans  la  mère-patrie,  —  le  progrès 
rapide  du  besoin  et  du  sens  du  gouvernement  local  aux  colonies, 
et  la  stagnation  de  l'idée  démocratique  dans  l'Angleterre  de  Geor- 
ges de  Hanovre. 


niKLior.RAi'Hn-;  .".S.'i 

Dès  lors,  ralternative  parut  iiuliictal)le  aux  yeux  de  la  plupart 
des  Anj^lais  :  ou  bien  les  liens  de  rKmpire,  coûte  que  coûte,  se- 
raient resserrés,  ou  bien,  selon  la  prophétie  célèbre  de  notre  Tur- 
got,  les  fruits  mûrs  finiraient  par  se  détacher  de  l'arbre.  Adam 
Smith  n'entrevoj'ait  de  salut  que  dans  la  première  direction.  Ben- 
tham  et  son  groupe  se  résignaient  à  la  seconde  perspective.  Les 
uns  et  les  autres  étaient,  en  somme,  de  ces  rationalistes  —  dit 
M.  Hall,  dans  une  note  très  caractéristique  de  la  mentalité  an- 
glaise, p.  8  —  qui  ne  conçoivent  les  choses  (jue  sous  une  forme 
'<  eut  and  dried  ".  Déjà  le  pragmatisme  anglais,  que  loue  l'au- 
teur, cherchait  vaguement  un  compromis  entre  les  termes  du 
dilemme.  Fox,  mal  soutenu  d'ailleurs,  déclarait  en  1791  que  «  le 
seul  moyen  de  conserver  des  colonies  lointaines  avec  quelque 
profit  était  de  leur  donner  le  moyen  de  se  gouverner  elles-mêmes  ». 
Il  disait  cela  à  propos  du  Canada. 

Et  c'est,  en  effet,  la  situation  du  Canada  qui  en  1839  fit  s'ouvrir 
la  seconde  période  critique  dont  parle  M.  Hall.  Cette  date  vit 
éclore  le  premier  projet  ,de  compromis.  Lord  Durham,  après  une 
étude  sur  place,  proposa  de  distinguer  entre  les  questions  intéres- 
sant l'Empire  et  les  questions  purement  locales,  et  de  laisser 
franchement  celles-ci  à  la  décision  des  représentants  élus  de  la 
colonie.  Les  recommandations  de  Durham  firent  scandale,  et  ce 
n'est  qu'en  1846,  après  des  résistances,  que  seule  l'arrivée  au 
pouvoir  de  Lord  Grey  permit  de  surmonter,  qu'elles  furent  adop- 
tées. Peu  à  peu  ce  commencement  de  "  gouvernement  responsa- 
ble »,  qui  d'ailleurs  n'allait  guère  qu'à  assimiler  une  colonie  à 
une  province  du  Royaume-Uni,  fut  admis  non  seulement  pour  le 
Canada,  mais  aussi  pour  l'Australie  ou  plutôt  pour  les  ditYérentes 
colonies  australiennes. 

M.  Hall  suit  de  près  le  partage  et  le  mouvement  de  l'opinion 
britannique  après  ces  premières  concessions  arrachées  par  une 
poignée  de  «  réformateurs  coloniaux  »  ;  il  montre  les  limites 
encore  étroites  du  libéralisme  de  ceux-ci,  —  un  Sir  William 
Molesworth  refusant  encore  toute  idée  de  fédération  des  colonies 
du  Nord-Amérique  et  d'Australie  ;  il  montre  le  renouveau  de  pes- 
simisme que  ce  premier  affranchissement  éveilla  aussi  bien  chez 
les  libéraux  (Cobden  et  Goldwin  Smith i  que  chez  les  conserva- 
teurs (Disraëlij  entre  1855  et  1870  ;  il  montre,  finement,  je  crois, 
comment  le  peuple,  qui  connaissait  en  somme  les  colonies  mieux 
que  bien  des  membres  des  classes  dirigeantes,  conserva  apparem- 
ment mieux  qu'elles  le  sens  confus  de  la  valeur  qu'avaient  ces 
colonies,  même  en  voie  d'émancipation,  pour  la  nation  anglaise, 
et  continua  de  croire  à  la  solidité  du  lien,  de  plus  en  plus  senti- 
mental pourtant,  qui  les  rattachait  à  la  mère-patrie  ;  il  signale  le 
concours  de  circonstances  politiques  et  économiques,  —  l'exten- 
sion et  l'intensification  des  relations  par  mer,  l'exemple  des  fédé- 
rations réalisées  en  66   au   Canada,   en   71   en   Allemagne  —  créant 


584  LES   LANGUES    MODERNES 

une  atmosphère  favorable  à  l'idée  d'une  union  impériale  subsis- 
tant malgré  l'autonomie  croissante  des  différentes  parties  de  l'Em- 
pire ;  il  montre  le  succès  du  livre  de  Seeley  sur  The  Expansion  of 
England,  1883,  cristallisant,  pour  ainsi  dire,  autour  de  l'espoir 
d'une  fédération  précise,  ce  regain  de  confiance  dans  la  mère- 
patrie  ;  il  indique  —  peut-être  aurait-il,  en  colonial,  pu  et  dû  y 
insister  davantage  —  la  curieuse  coexistence  dans  les  colonies 
elles-mêmes  d'un  loyalisme  tenace  et  d'un  nationalisme  de  plus 
en  plus  manifeste,  état  d'esprit  singulier  que  les  souvenirs  de 
voyage  de  Sir  Charles  Dilke  aidèrent  peut-être  plus  que  toute 
autre  chose  à   faire  comprendre   aux   Anglais  de   la   métropole. 

Et  l'on  arrive  ainsi  à  la  troisième  période  critique,  celle  qui 
s'ouvre  avec  la  convocation  de  la  première  conférence  <•  colo- 
niale  »   en  1887,  et  qui  n'est  pas  achevée  à  l'heure  qu'il  est. 

La  manière  dont  cette  première  conférence  s'ouvrit  est,  en  effet, 
significative.  C'est  une  députation  de  la  ligue  de  (et  pouri  la  fédé- 
ration impériale,  qui  en  obtint  la  convocation  par  Lord  Salisbury. 
Et  pourtant,  à  peine  réunie,  la  conférence  décida  d'exclure  de  ses 
ordres   du  jour  cette  question   même   de  la   fédération. 

Rien  de  plus  caractéristique,  insiste  M.  Hall,  de  l'indéracinable 
empirisme  de  l'esprit  anglais,  que  cette  conférence,  et  d'ailleurs 
que  celles  qui  suivirent.  En  1887,  l'occasion  de  la  réunion  —  le 
jubilé  de  la  reine  —  est  plus  évidente,  moins  discutée,  que  son  but 
précis.  La  composition  de  l'assemblée  n'est  pas  homogène  :  ici 
des  ministres  des  colonies,  là  des  représentants,  des  agents,  autre- 
ment qualifiés.  Quelques  décisions  prises,  et  notamment  pour  la 
défense  navale  de  l'Empire,  quelques  subsides  consentis  par  les 
grandes  colonies  —  non  sans  résistance  —  ;  mais,  en  général,  plus 
d'échanges   de   vues   que   de   décisions   fermes. 

Et  c'est  pourtant  ce  procédé  hésitant,  "  tenlalif  >,  qui  à 
l'épreuve  paraît  le  plus  utilisable. 

D'autres  conférences  suivent,  à  Ottawa  en  1894,  à  Londres  en 
1897  pour  le  second  jubilé  de  Victoria,  en  1902  après  la  guerre 
sud-africaine,  et  en  1907  où  l'institution  est  enfin  définie.  Toutes 
ces  conférences,  même  celle  qui  suit  la  manifestation  flagrante 
de  loyalisme  évoquée  par  la  campagne  contre  les  Boers,  marquent 
des  échecs  répétés  de  l'idée  de  fédération,  défendue  pourtant  à  la 
fois  si  chaudement  et  si  habilement  par  Chamberlain.  Dans  les 
décisions  prises  en  1907  pour  rendre  régulières  et  plus  uniformes 
les  réunions  projetées  pour  l'avenir,  tout  indique  la  force  crois- 
sante du  nationalisme  colonial.  Le  mot  de  colonial  lui-même,  qui 
suggère  trop  de  dépendance,  est  abandonné  :  la  conférence,  à  par- 
tir de  1911,  s'appellera  impériale.  Le  terme  de  conférence  est 
conservé,  de  préférence  à  celui  de  conseil  que  proposait  le  colonial 
Oflin,  parce  que,  dit  Sir  W.  Laurier,  un  conseil  semblerait  désigner 
une  assemblée  délibérante  susceptible  d'empiéter  sur  l'autonomie 
des    parties    constituantes.    Le    terme    de    colonies    est    abandonné 


HIlU.IOGHAIMIIi;  585 

pour  celui  de  Dominions.  La  présidence  de  la  Conférence  est 
attribuée  non  plus  au  ministre  des  Colonies,  mais  au  premier  mi- 
nistre britannique.  Et  ce  n'est  pas  seulement  là  un  changement  de 
façade  et  d'étiquette  :  les  faits  eux-mêmes  parlent  dans  ce  sens, 
et  parlent  plus  fort  et  plus  vite  parfois  que  le  gouvernement  de 
la  métropole  ne  le  voudrait  :  M.  Asquith,  par  exemple,  en  1911, 
avait  commencé  par  déclarer  qu'il  ne  saurait  être  question  d'aban- 
donner aux  Dominions  aucune  part  de  direction  dans  la  conduite 
des  affaires  étrangères  de  l'Empire  ;  pourtant  Sir  E.  Grey  fut 
amené  à  faire  aux  ministres  des  Dominions  un  exposé  confiden- 
tiel de  la  situation  générale,  et  à  leur  soumettre  entre  autres  cho- 
ses le  projet  de  renouvellement  de  l'alliance  japonaise.  Bref,  il 
s'agira  à  l'avenir  d'une  conférence  de  gouvernements  traités  sur 
un  pied  d'égalité,  qui  s'abouchent  non  plus  du  tout  en  vue  d'une 
fédération   ultime,  mais   en   vue   d'une   libre  coopération. 

La  guerre  éclate  en  1914.  Et  la  valeur  de  ce  working  compro- 
mise où  depuis  des  années  il  semble  que  les  conférences  impé- 
riales pataugent,  éclate  aux  yeux  surpris  des  ennemis  de  l'Angle- 
terre, de  ses  amis,  et  des  Anglais  eux-mêmes.  Car  les  Allemands 
s'y  étaient  trompés  évidemment  :  Bernhardi,  comme  l'auteur  le  rap- 
pelle avec  complaisance,  écrivait  en  1914  que  <>  pour  ce  qui  regarde 
tout  théâtre  de  guerre  européen,  les  colonies  britanniques  ne 
comptent  absolument  pas  ».  Or,  à  la  fin  de  la  guerre,  le  Canada 
et  l'Australie  avaient  chacun  perdu  en  Europe  plus  d'hommes  que 
les  Etats-Unis  tout  entiers.  Mais  le  plus  curieux  est  qu'en  1916 
encore  on  ne  prévoyait  guère,  même  en  Angleterre,  la  part  effec- 
tive qui  pourrait  revenir  aux  Dominions  dans  le  règlement  de  la 
paix  future.  Les  partisans  d'un  fédéralisme  étroit  étaient  les  pre- 
miers à  souligner  la  probabilité  d'une  conférence  où,  constitu- 
tionnellement,  les  représentants  des  Dominions  ne  sauraient  être 
admis.  C'était  l'opinion  déclarée,  par  exemple,  de  Lord  Milner,  et 
là  encore  les  faits  bousculèrent  les  hommes,  et  .  les  coloniaux 
bousculèrent  les  Anglais.  En  1917,  la  conférence  impériale  devient 
le  Cabinet  Impérial  de  Guerre  désormais  annuel,  où  s'élaborent 
bientôt  les  conditions  de  paix  —  et  Lord  Milner  y  joue  son  rôle  ; 
et  les  coloniaux,  Sir  Robert  Borden  au  Canada,  en  particulier, 
célèbrent  l'innovation  comme  une  nouvelle  victoire  du  nationalis- 
me des  Dominions.  Tout  le  monde  sait  comment  le  traité  de  paix 
fut  signé  par  les  représentants  des  Dominions,  plénipotentiaires 
de  Sa  Majesté  le  Roi  au  même  titre  que  le  premier  ministre  bri- 
tannique. M.  Hall  dit  même  (c'est  peut-être  un  secret  qu'il  révèle) 
que  Lord  Milner  aj'ant  suggéré  l'inutilité  de  faire  ratifier  ces 
signatures  par  un  vote  des  parlements  des  Dominions,  des  pro- 
testations immédiates  surgirent,  et  sur  ce  i^oint  aussi  l'autonomie 
des   grandes   colonies   fut   affirmée. 

Ainsi  se  trouve  justifiée  la  conclusion  de  cette  première  partie 
du  livre  de  M.  Hall  :  p.  195  :  <    Un  changement  complet  s'est  opéré 


586  LES   LANGUES    MODERNES 

dans  la  signification  do  ce  terme  cVEmpire  Britannique  depuis 
1914.  En  1914,  on  entendait  par  là  un  gouvernement  central  en- 
touré d'un  certain  nombre  d'états  plus  ou  moins  dépendants  ;  en 
1919,  cela  voulait  dire  un  tj-pe  nouveau  d'association  politique, 
un  groupe  d'états  autonomes  organisé  sur  une  base  d'égalité  cons- 
titutionnelle  complète   sous   l'égide   d'une   couronne  commune.   » 

Ainsi  se  trouve  justifié  le  titre  du  livre  de  Ah  Hall  :  la  Société, 
ou  République  des  nations  britanniques.  Le  vocable,  qu'on  dit  être 
de  l'invention  du  général  Smuts,  M.  Ernest  Law,  dans  un  livre 
récent,  a  proposé  de  le  substituer  officiellement  à  l'expression 
d'Empire  Britannique,  et  l'on  sait  qu'il  a,  depuis  de  nombreuses 
années  déjà,  remplacé  cette  expression  dans  le  sous-titre  de  la 
grande   revue   des   questions  coloniales,   The  Round   Table. 

Dans  la  seconde  partie  de  son  ouvrage,  M.  Hall  étudie  les 
«  possibilités  »  de  la  coopération  ainsi  entreprise.  La  foi  de  l'au- 
teur, et  sa  fierté,  devant  cet  essai  hardi,  <i  sans  parallèle  et  sans 
pi'écédent  »  dans  l'histoire  (p.  327),  de  libre  coopération,  tenté  par 
les  peuples  de  la  «  République  Britannique  »,  se  haussent  encore 
d'avoir  vu  récemment  la  Société  des  \ations  s'inspirer  de  l'exemple 
anglo-saxon.  La  grande  ligue  réussira-t-elle  aussi  bien  que  la 
petite  ?  "  Granted  the  désire  to  agrée  »  —  comme  le  dit  le  com- 
mentaire officiel  anglais  adjoint  au  fameux  «  Covenant  »  (p.  336) 
—   peut-être... 

Quoi  qu'il  en  soit,  et  qu'il  éveille  en  nous  des  espoirs  ou  des 
regrets,  le  livre  de  M.  Hall  est  à  connaître  en  France.  Bien  qu'écrit 
pour  la  Société  Fabienne,  et  par  un  Australien,  il  reflète  indubi- 
tablement un  état  d'esprit  très  largement  et  ardemment  partagé 
chez  nos  voisins. 

A.  KosziL. 

Rollios,    Hyder  E.    —   Old    EQglisb    Ballads    (i:)ô3-i()2r)) 

(chiefly    from     iManuscripts).     (Cambridge     Univcrsity     Press,     1920, 
XXXI  +  423  pages,  18  s.  6.) 

Froude,  l'historien  pittoresque  et  évocateur,  après  avoir  décrit 
le  service  solennel  qui  inaugura  le  9  juin  1536  les  séances  de  la 
'<  Convocation  »  de  l'Eglise  d'Angleterre,  et  cité  le  sermon  qu'y 
prononça  l'cvèque  Latimer,  signale  ainsi  les  ombres  qu'il  se  voit 
obligé  de  laisser  dans  son  tableau  :  The  sermon  has  reached  us  ; 
but  llie  audience  —  the  fwe  hundred  fierce  oindictive  men  u>ho 
sujjered  under  the  preachers  ironij  —  what  theij  llxought  of  il  ; 
witli  what  feelinys  on  that  suniuier  day  the  heated  crowd  scatter- 
ed  out  of  the  cathedral,  dispersing  to  their  dinners  among  the 
laoerns  in  Fleet  Street  and  Cheapside  —  ail  this  is  gone,  gone 
whithout  a  sound.  Hère  no  friendh/  informer  cornes  to  help  us  ;  no 
pénitent  malconlent  breaks  confidence  or  lifts  the  curtain.  AU  is 
silent.  Et  bien  d'autres  historiens,  sans  doute,  ont  avec  Froude 
déploré   ce    lourd    silence    qui    pèse    sur   les   sentiments    du    peuple 


BIBLIOGKAI'HIE  587 

pendant  tant  de  siècles  que  nous  croyons  connaître.  Combien 
l'histoire,  encore  si  controversée,  de  la  Réforme  Anglaise,  en  par- 
ticulier, gagnerait  à  pouvoir  tenir  un  compte  exact  des  scandales, 
des  scrupules,  qui  agitèrent  ou  retinrent  alors  l'àme  du  pays,  c'est 
ce  qu'on  imagine  aisément. 

Et  c'est  une  contribution  à  cette  étude  religieuse,  bien  plutôt 
qu'une  contribution  à  l'histoire  littéraire,  que  nous  apporte  le 
remarquable  recueil  de  M.  Rollins.  L'auteur  a  appris,  à  l'école  du 
professeur  Firth,  de  quel  e-xcellent  secours  peuvent  être  les  ■■  bal- 
lades »  ou  chansons  populaires  contemporaines  pour  nous  faire 
pénétrer  dans  l'âme  troublée  de  l'Angleterre  des  Tudors.  Il  a 
fouillé  les  bibliothèques,  et  il  a  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer 
soit  dans  des  manuscrits,  soit  dans  ces  feuilles  volantes,  impri- 
mées en  caractères  gothiques,  que  leur  sort  périssable  rend  pres- 
que aussi  rares  que  des  manuscrits,  quantité  de  textes  souvent 
fort  précis,  parfois  beaux  dans  leur  émotion  naïve,  toujours  inté- 
ressants. Parmi  les  74  ballades  ainsi  présentées,  celles-là  surtout 
paraîtront  curieuses,  sinon  inattendues,  qui  nous  montrent  le  sen- 
timent catholique  s'exaltant,  «  sous  le  manteau  >  bien  naturelle- 
ment, dans  d'humbles  chansons  qui  ne  songeaient  même  pas  à 
solliciter  l'approbation  du  «  licenser  »,  et  célébrant  les  nouveaux 
martyrs  que  le  zèle  ou  l'inquiétude  d'Elisabeth  et  de  Jacques  V 
valaient  à  la  vieille  foi  (1). 

M.  Rollins  connaît  admirablement,  non  seulement  le  sujet,  mais 
les  alentours,  et  les  à-côté,  du  sujet  (2).  11  les  connaît  et  les  appré- 
cie surtout  en  historien.  Le  linguiste  apparaît  moins  :  il  y  a  quan- 
tité de  notes  un  peu  bien  vaines  (e.x.  au  hasard  :  p.  76-77  :  constan- 
tie  :  constancy  ;  indude  :  endued  ;  lout  :  mock,  jeer  ;  doeth  : 
doth)  ;  et  le  respect  du  document  va  un  peu  bien  loin  lorsqu'il 
fait  imprimer  (p.  203)  <  verbum  caro  factura  est  et  gabitavit  in 
nobis,  quodcunque  ab  os  dictum  est...  ».  Mais  ce  sont  là  des  vé- 
tilles, et  l'auteur  ne  nous  en  a  pas  moins  donné  un  beau  volume 
qui    prendra    un   rang   honorable    sur   le   rayon   déjà    si    riche    des 

recueils   de    «   ballades   »    anglaises. 

A.    KoszuL. 

Louis  Léger.  —  Les   7Hi)ciei)i)es  civilisations  slaves 

(124  pages,  4  fr.  Fayot,  Paris,  1921.) 

C'est  le  S*"  volume  de  la  Collection  Paijot  qui  doit  former  une 
véritable  encyclopédie  française  de  haute  culture.  Nul  n'était  plus 
qualifié  pour  écrire  cet  ouvrage  que  le  maître  éminent  qui,  depuis 


(1)  C'est  un  lapsus  évidemment  qui,  dans  la  table  des  matières, 
p.  \^I,  fait  figurer  le  n"   10  parmi  les    «   Catholic  Ballads   ». 

(2)  V.  son  important  article,  si  vivant  en  même  temps  que  si 
documenté,  The  Black  Broadside  Ballad,  dans  les  Publications  of 
the  Modem  Language  Association  of  America,  1919,  pp.  258-340. 


588  LES   LANGUES    MODERNES 

1863,  s'est  entièrement  consacré  à  l'étude  du  monde  slave.  A  la 
Sorbonne,  à  l'Ecole  des  Langues  Orientales,  puis  au  Collège  de 
France,  M.  Léger  a  étudié  la  langue  des  peuples  slaves  et  exposé 
tour  à  tour  tous  les  grands  épisodes  de  leur  histoire  sociale,  poli- 
tique et  littéraire. 

Dans  ce  volume  sur  les  Anciennes  civilisations  slaves,  il  a  con- 
densé le  fruit  de  ses  travaux  antérieurs,  en  même  temps  que  les 
résultats  des  œuvres  de  savants  tels  que  Lubor  Xiederlé,  qu'il 
complète,  commente  et  met  sous  une  forme  accessible  à  la  science 
occidentale.  C'est  une  esquisse  précise  et  complète  de  ces  ancien- 
nes civilisations,  depuis  l'origine  jusqu'au  moment  où,  par  leur 
conversion  au  christianisme,  les  Slaves  entrèrent  dans  la  famille 
des  Etats  civilisés.  Le  territoire  des  Slaves  primitifs  ;  leur  migra- 
tion ;  leurs  caractères  généraux  ;  la  vie  des  individus  ;  l'hygiène 
et  l'alimentation  ;  le  vêtement  ;  l'habitation  ;  l'agriculture  ;  la 
famille  et  la  tribu  ;  la  guerre,  la  vie  maritime  ;  l'organisation 
politique  ;  les  arts  ;  les  relations  internationales,  la  religion  :  tout 
y  est  examiné,  brièvement  sans  doute,  mais  d'une  façon  nette  et 
avec  une  méthode  scientifique,  qui  invite  le  lecteur  curieux  à  des 
études   plus   approfondies. 

11  serait  difficile  de  voir  dans  le  détail  les  différents  chapitres 
de  ce  volume.  Nous  nous  contenterons  de  signaler  l'intérêt  spécial 
que  présentent,  à  notre  avis,  les  deux  derniers  :  «  le  substratum 
slave  de  l'Allemagne  et  l'onomastique  de  l'Allemagne  ».  M.  Léger 
y  résume  le  résultat  des  dernières  recherches  du  professeur  Lubor 
Niederlé  sur  1'  "  origine  et  commencements  des  Slaves  occiden- 
taux ».  11  énumère  quelques-uns  des  peuples  slaves  disparus  et 
montre  les  traces  que  certains  d'entre  eux  ont  laissées  dans  la 
toponomastique  allemande.  Les  étymologies  qu'il  donne  à  cette 
occasion  du  nom  de  villes  allemandes  :  Berlin,  Dresde,  Leipsig, 
Lubeck,  Oldenburg  et  autres  sont  tout  à  fait  curieuses.  Et  pour 
quiconque  est  tant  soit  peu  familiarisé  avec  les  racines  slaves, 
leur   exactitude   apparaît   absolument   indiscutable. 

En  somme,  ouvrage  d'une  incontestable  valeur  historique,  dont 
la  lecture  est  à  la  fois  agréable  et  extrêmement  instructive,  car  la 
partie  scientifique  s'y  trouve  agrémentée  d'anecdotes,  de  légendes 
et   de  citations  du  plus  vif  intérêt. 

F.    Dexjean. 

Everyni)ai)'S  Library  (2/6  ou  6  fr.  50  le  volume.  Dent  et  fils, 
3!î,  Quai  des  Graïuis-Aiiguslins,  Paris,  VI-.) 

Cette  admirable  collection,  dont  il  est  utile  de  rappeler  que 
l'équivalent  n'existe  en  France  qu'à  titre  d'intention  ou  de  réali- 
sation fort  limitée,  vient  d'imprimer  dix  nouveaux  volumes  qui 
portent  à  750  le  chiffre  de  ses  publications. 

Parmi  ceux  dont  je  ne  puis  juger  que  i)ar  le  prospectus,  je  vois 
un  volume  de  Gorki,  Through   Russia.  un   de  Tourguéneff,   Fathers 


niiii.iociHAPnir:  589 

and  Sons,  un  d'Ibsen,  Peer  Gynt,  puis  le  quatrième  volume  des 
(eu\ies  de  Tite-Live,  enfin  une  traduction  inédite,  en  vers  blancs, 
du  De  Natura  Rerum.  Lorsqu'on  songe  à  la  médiocrité  générale  des 
traductit)ns  françaises  d'œuvres  germaniques,  slaves  ou  Scandina- 
ves, médiocrité  dont  les  causes  sont  à  la  fois  l'ignorance  en  ce 
domaine  cl  le  mercantilisme  de  nombreux  éditeurs,  et  aussi  l'atti- 
tude supérieure  d'un  grand  nombre  de  nos  "  littéraires  "  à  l'égard 
de  tout  ce  qui  n'est  pas  conforme  à  la  formule  la  plus  étroite  et 
la  moins  fidèle  du  génie  français,  on  ne  saurait  accueillir  qu'avec 
joie,  sous  le  vêtement  d'une  langue  aussi  souple  et  nuancée  que 
l'anglais,  et  dans  une  collection  égale  à  elle-même  par  le  mérite, 
ces  témoignages  de  psycbologies  aussi  importantes  cpie  différentes 
de  la  nôtre. 

Des  quatre  \olumes  que  j'ai  sous  les  yeux,  trois  seront  un  régal 
pour  le  lettré  ;  The  Golden  Treasury  of  Longer  Poems  comprend 
en  374  pages  une  cinquantaine  d'extraits  des  poètes  les  plus  repré- 
sentatifs, de  Gower  jusqu'à  Yeats,  sans  cependant  inclure  d'œuvres 
postérieures  à  la  fin  du  xix"  siècle  ;  bien  que  le  nom  d'Ernest  Rbys 
garantisse  le  maximum  de  compétence  et  de  clarté,  une  aiilliologic 
semblable  le  cède  en  originalité  au  volume  intitulé  English  Short 
Stories,  où  le  dévelojjpement  du  genre  se  suit  sans  effort,  depuis 
Defoe,  et  même  Deloney,  Barnaby  Hich  et  le  folk-lore  initial.  Ces 
ancêtres  n'occupent  d'ailleurs  qu'une  soixantaine  de  pages  sur 
368  ;  nous  arrivons  à  De  Quincej'  vers  la  page  130,  et  à  Stevenson 
cent  pages  plus  loin.  Quiller-Couch,  W.-H.  Hudson,  W.  de  la  Mare, 
Thomas  Hardj*  sont  représentés  parmi  les  contemporains  ;  et  le 
volume  se  clôt  par  un  de  ces  chefs-d'œuvre  de  toucher  délicat  et 
de  magie  poétique,  où  Galsworthy  nous  fait  voir  de  S'irius,  com- 
me il  convient  si  l'on  ne  veut  pas  jusqu'en  sa  conscience  capituler 
devant  les  forces  de  mécanisation,  la  fourmilière  humaine  et  ses 
tjrannies. 

l'n  volume  de  Reprinted  Pièces  de  Dickens  n'a  besoin  que  de 
son  titre  pour  se  justifier,  même  sans  l'introduction  de  Chesterton. 
Quant  à  l'anthologie  d'Ernest  Rhys  intitulée  The  Growth  of 
Political  Liberty,  dont  l'intérêt  comme  source-book  of  English 
history  n'est  pas  discutable,  je  lui  reprocherai,  en  reconnaissant 
tout  ce  qu'elle  donne  de  significatif,  de  n'être  pleinement  utilisable 
de  suite  que  pour  le  lecteur  dont  la  mémoire  ne  défaille  point 
dans  le  domaine  historique  :  surtout  dans  la  première  partie  du 
volume,  si  un  plus  grand  nombre  d'extraits  avaient  été  accompa- 
gnés de  leur  date,  et,  pour  l'ensemble,  ne  fût-ce  que  de  l'équiva- 
lent de  quelques  pages  de  notes,  le  livre  eût  beaucoup  gagné  com- 
me instrument  de  travail.  En  ce  qui  concerne  la  matière,  puisqu'un 
historien  comme  Freeman,  dont  le  tempérament  nuisait  souvent  à 
l'objectivité,  est  assez  copieusement  cité,  on  peut  s'étonner  que 
Green,  dont  l'humanité  et  le  charme  étaient  supérieurs,  et  dont 
l'impartialité  égalait  à  coup  sûr  celle  de  son  confrère  et  ami   par 

40 


590  LES   LANGUES    MODERNES 

trop  germanise,  n'ait  jamais  été  jugé  digne  du  même  lionneur. 
Mais  ce  sont  là  des  taches  qui  n'enlèvent  à  l'ouvrage  ni  sa  valeur 
d'illustration  ni  sa  nouveauté,  surtout  sous  une  forme  si  commode 
et   si   accessible. 

G.   d'Hangest. 

Frai)çois  Frai)zoi)i.    —   La    pensée   de   Machiavel.  — 

Extraits  les  plus  caractéristiques  de  son  œuvre,  choisis,  groupés  et 
traduits  par  François  Franzoni,  avec  une  introduction,  une  biblio- 
graphie et  le  texte  italien  correspondant  (Paris,  Pajot,  1921  ;  334  p. 
in-16  ;  12  fr.). 

Le  beau  livre  de  M.  Franzoni  contribuera  beaucoup  à  faire  mieux 
connaître  en  France  le  vrai  Machiavel.  Afin  de  ne  pas  trahir  sa 
pensée,  M.  Franzoni  le  fait  parler  après  avoir  eu  soin  de  nous  le 
présenter  dans  le  milieu  où  il  vécut  et  de  nous  exposer  ses  théories 
dans  une  courte  —  trop  courte  peut-être  — ,  mais  substantielle 
introduction. 

Xi  meilleur  ni  pire  que  les  autres  hommes,  l'auteur  du  Prince 
fut  ce  que,  de  nos  jours,  nous  appelons  un  intellectuel.  Comme 
Pétrarque,  il  fait  des  grands  écrivains  de  l'antiquité  ses  amis  pré- 
férés, avec  lesquels  il  prend  un  plaisir  infini  à  s'entretenir.  Mais, 
beaucoup  mieux  que  Pétrarque,  Machiavel  sait  observer  et  voir 
la  vie,  aussi  bien  chez  les  anciens  qu'autour  de  lui.  Persuadé  que 
les  hommes  sont  toujours  les  mêmes  et  que  la  Providence  n'inter- 
vient guère  dans  leurs  affaires,  il  croit  à  l'éternel  retour  des  cho- 
ses. Aussi  l'histoire,  en  lui  faisant  connaître  le  passé,  le  renseigne- 
t-elle  sur  le  présent,  et  lui  permet-elle  de  prévoir  l'avenir.  Il  lui 
demandera,  à  l'occasion,  des  exemples  pour  vérifier  ses  théories, 
n'hésitant  pas  à  négliger  les  détails  qui  pourraient  le  gêner.  C'est 
ce  qui  arrive,  en  particulier,  pour  la  vie  de  Castruccio  Castracani. 

Jeté  dans  le  monde  de  l'action,  Machiavel  n'a  guère  réussi,  mais 
il  n'en  reste  pas  moins  un  grand  professeur  d'énergie.  A  ce  sujet, 
on  peut  regretter  que  M.  Franzoni  n'ait  pas  cru  devoir  nous  carac- 
tériser ce  que  Machiavel  appelle  la  -  virtù  »,  mot  qui  revient 
très  souvent  dans  ses  œuvres  et  qui  est  généralement  traduit  par 
'<  valeur  ».  Cela  importait,  peut-être,  bien  plus  que  les  quelques 
pensées  sur  les  femmes  et  l'amour,  qui  n'ont  rien  de  profond  ni 
d'original.  Pour  Machiavel,  la  ><  virtù  »  n'est  autre  chose  que  le 
déploiement  des  forces  de  l'individu,  son  énergie  créatrice.  Il  a 
pour  la  •■  virtù  »  un  véritable  culte.  Par  contre,  il  déteste  les 
doctrines  qui  prêchent  l'humilité,  et  il  voit  dans  l'Eglise  de  Rome 
la  cause  la  plus  profonde  de  la  faiblesse  de  l'Italie.  Quant  à  lui, 
ses  forces  ont  été  tendues  vers  un  but  qui,  à  travers  ses  avatars 
politiques,  n'a  pas  varié  :  la  grandeur  de  son  pays. 

La  traduction  française  est,  en  général,  exacte  et  sûre,  mais  la 
forme  en  est  visiblement  archaïque.  Pour  quelles  raisons  ? 
M.    Franzoni    ne    nous    le    dit    pas.    11    ne    semble    pas    avoir    voulu. 


BIBLIOGRAPHIE  'i9l 

d'ailleurs,  renouveler  rexpérience  de  Littré  avec  VEnfer  de  Dante. 
Ne  lui  arrive-t-il  pas,  en  effet,  après  avoir  presque  toujours  omis 
l'article,  de  traduire  :  "  E  avaro  coliii  che...  >  par  :  •'  l'avare  est 
celui  qui...  ■>  alors  que,  même  le  français  moderne,  dit  fort  bien  : 
"  Est  avare  celui  qui...  '.  Parfois  un  solécisme  lui  échappe  : 
•'  .Mais  comme  il  trouvait  que  ce  fût  chose  servile  d'être...  >  p.  169 
(ma  parendogli  cosa  servile  lo  stare).  Les  interpolations  et  les 
lacunes  ne  manquent  pas,  quoique  souvent  de  peu  d'importance. 
Plusieurs  difficultés  semblent  parfois  escamotées.  Nous  avons  l'im- 
pression que  les  mérites  réels  de  la  traduction  de  M.  Franzoni  sont 
dûs  plutôt  à  une  étude  approfondie  de  l'œuvre  de  Machiavel  qu'à 
une  connaissance  sérieuse  de  la  lant{ue  italienne.  S'il  n'en  était 
pas  ainsi,  on  s'expliquerait  difficilement  qu'une  locution  courante 
telle  que  :  «  quanto  più...  tanto  più  '  (p.  214)  soit  traduite  par 
"  encore  que  »,  au  lieu  de  ■•  plus...  plus  •>.  L'espace  nous  manque 
pour  signaler  toutes  les  erreurs  qui,  nous  l'espérons,  disparaîtront 
dans  une  prochaine  édition. 

Pour  le  texte  italien,  .M.  Franzoni  ne  nous  dit  pas  l'édition  qu'il 
a  suivie.  En  tout  cas,  ce  n'est  pas  toujours  la  meilleure.  Quant  aux 
coquilles,  elles  sont  relativement  peu  nombreuses,  et  nous  ne  som- 
mes  guère  habitués  à   micu.x  en   France. 

Paul   Paoli. 


REVUES  DE  LANGUE  ANGLAIS^ 


TI)C  PedagogiCai  Sen)\l)3ry  (Worcester,  Mass.).  —  Dans 
le  numéro  de  septembre,  excellente  étude,  très  documentée,  sur 
les  superstitions  parmi  les  étudiantes  écossaises.  L'enquête  porte 
sur  des  jeunes  filles  de  19  à  20  ans  et  967  superstitions.  A  noter 
qu'une  enquête  parallèle  portant  sur  de  jeunes  .\méricaines  a 
révélé  que  25  0/0  des  superstitions  classées  étaient  communes  aux 
deux  groupes,  ce  qui  montre  à  quel  point  les  traditions  se  trans- 
mettent en  dépit  du  temps  et  de  l'espace.  —  Intéressant  article, 
aussi,  sur  l'âge  dangereux  et  la  valeur  de  l'être  humain,  en  parti- 
culier de  l'homme,  passé  quarante  ans.  Conclusions  peu  encoura- 
geantes pour  les  quadragénaires,  mais  il  est  vrai  qu'il  y  a  eu  des 
exceptions    retentissantes. 

Signalons  également,  dans  le  numéro  de  juin,  une  étude  sur 
l'éducation  en  Chine,  d'où  il  ressort  que  ce  malheureux  pays 
dépense  70  0/0  de  son  revenu  à  payer  une  armée  inutile,  alors  que 
l'instruction  publique  en  est  encore  à  son  enfance  et  que  les  maî- 
tres, surtout  dans  l'enseignement  primaire,  doivent  souvent  se 
mettre  en  grève  pour  obtenir  le  traitement  qui  leur  est  dû.  —  Une 
étude  sur  la  peur  et  l'influence  qu'auraient  le  football  et  le  base- 


592  LES   LANGUES    MODERNES 

bail  sur  l'éducation  du  courage.  —  Une  autre  sur  les  quatre  types 
d'hommes,  abdominal,  respiratoire,  musculaire  et  cérébral  et  le 
judicieux  emploi   de  chacun. 

TI)C  S^bOOl  RCViCW  (Univcrsity  of  Chicago).  —  Il  semblerait 
d'un  article  sur  l'éducation  sexuelle  aux  Etats-Unis  que  les  espé- 
rances qu'on  fondait  sur  cette  spécialité  nouvelle  n'ont  pas  toutes 
été  réalisées.  Beaucoup  de  maîtres  hésitent  à  employer,  pour 
aborder  le  sujet,  les  sciences  pourtant  évidemment  connexes  de 
la  biologie  et  de  la  sociologie  ;  dans  certains  cas^  les  parents  font 
de  sérieuses  objections  à  toute  étude  relative  au  sexe.  C'est  dans 
l'Ouest  que,  jusqu'ici,  la  sexologie  a  le  plus  d'adhérents  convain- 
cus. Au  fait,  quel  danger  y  a-t-il  à  l'aborder  ?  L'instinct  n'est-il 
pas  chez  tous  les  enfants,  et  quel  est  le  garçon  ou  la  petite  fille 
qui  n'a  pas  vu  une  chienne  ou  une  chatte  grossir,  puis  les  tout 
petits  venir,  délicieux  de  fraîcheur  ?  Ce  sont  là  secrets  de  Poli- 
chinelle, qu'il  n'y  a  nul  mystère  à  étudier  sérieusement  et  scien- 
tifiquement. —  Dans  l'état  d'iowa,  les  principales  langues  étrangè- 
res enseignées  dans  les  <•  high  schools  »  sont  le  latin,  le  français, 
l'espagnol  et  le  Scandinave.  Le  latin  l'emporte  sur  tout  le  reste, 
d'habitude  en  concurrence  avec  le  français,  seule  langue  moderne 
qui  soit  étudiée  sérieusement.  —  Un  autre  article,  enfin,  nous 
apprend  que  l'Amérique  consacre  85  0/0  de  ses  revenus  aux  arme- 
ments, et  le  déplore.  Partout,  c'est  la  révolte  indignée  contre  ces 
pratiques  qui  mènent  le  monde  à  la  ruiiic. 

Moderi)  Lai)guages  (A.  et  C.  Hlack,  Lomlon,  W.  l.).  —  On 
rappelle  fort  à  propos  dans  le  numéro  d'octobre  que  les  fondateurs 
de  la  méthode  directe  n'ont  jamais  voulu  sacrifier  l'étude  de  la 
grammaire.  Ce  sont  les  charlatans  de  la  méthode  directe  qui  lui 
ont  fait  tout  le  mal  dont  elle  languit.  Il  faut  de  la  grammaire  à 
notre  enseignement,  si  nous  voulons  qu'il  se  tienne  debout.  — 
D'après  une  enquête  menée  aux  Etats-Unis,  le  français  serait  en- 
core en  grand  honneur  dans  les  écoles  transatlantiques.  11  sem- 
blerait qu'en  général  on  n'attache  pas  assez  d'importance  au  lan- 
gage parlé  et  que  la  méthode  directe  est  fortement  modifiée.  Ou 
attirerait,  en  particulier,  l'attention  des  maîtres  sur  une  ancienne 
circulaire  d'un  ministre  de  l'I.  P.  austro-hongrois,  ainsi  libellée  : 
<■  Le  maître  se  servira  autant  que  possible  de  la  langue  étudiée  ; 
il  se  servira  autant  qu'il  sera  nécessaire  de  la  langue  de  l'élève  ; 
il  n'()ul)liera  jamais  qu'il  doit  toujours  rester  intelligil)le  à  son 
jeune  auditoire.  »  La  dernière  recommandation,  après  tout,  n'est 
peut-être   pas   aussi    sujjerllue   qu'on    pense  ! 

l'aul    Chauvet, 

<»> 


Notes  et  Documents 


RéUQioi)    de   la   Société    pour    la    propagatloi) 
des    Langues    étrangères    ei)    Frai)ce 

La  Société  pour  la  Propagation  des  Langues  Etrangères  en 
France  a  tenu  sa  séance  annuelle  le  4  décembre  dans  le  grand  am- 
phithéâtre de  la  Sorbonne.  La  séance  devait  être  présidée  par 
M.  Beaujeu,  représentant  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  Publique. 
Notre  Inspecteur  Général  n'aj'ant  pu  venir,  il  a  été  remplacé  par 
M.  Lyon-Caen,  président  de  la  Société,  qui,  dans  son  allocution, 
s'est  refusé  à  croire  que  l'enseignement  des  langiies  vivantes  doive 
envisager  une  diminution  quelconque.  Il  attend  que  les  projets 
ministériels  prennent  corps  pour  apprécier  le  danger.  En  atten- 
dant, il  a  constaté  que  les  programmes  de  1902  ont  eu  un  très 
heureu.x  effet  sur  la  connaissance  des  langues  étrangères  que  pos- 
sèdent les  Français  des  jeunes  générations.  C'est  la  France  qui 
procure  les  interprètes  aux  autres  pays.  .Autrefois,  c'eût  été  im- 
possible. 

Ch.   V.-L. 


Correspoi)dai)ce    scolaire    ii)teri)atioi)ale 

(Rapport   d'ensemble,   pour   l'Année    scolaire    i9W-i9'2i> 

SO   octobre   i92î. 
RAPPORT 

Monsieur  A.   de   Lapradelle.   Président 

Monsieur  et  Cher   Président, 

Au  début  de  la  nouvelle  année  scolaire,  je  tiens  à  vous  présenter 
un  li'pport  d'ensemble  sur  l'activité  du  bureau  et  les  résultats 
obtenus  pendant  la  campagne  1920-21. 

Pour  marquer  le  point  de  départ,  nous  avons  envoyé  au  Bureau 
Central  Américain  44.121  noms  de  correspondants  pour  l'année 
scolaire  1919-1920  et  pour  1920-1921,  mille  soixante  et  une  listes 
contenant  11.956  noms.  Il  n'est  pas  surprenant  que  le  chiffre  de  la 
seconde  année  soit  très  inférieur  à  celui  de  la  première.  Il  faut 
s'attendre  à  ce  que  la  durée  moyenne  de  la  correspondance  soit  de 
trois  ans.  De  plus,  une  extension  du  mouvement  se  fait  de  proche 
en  proche,  par  camaraderie,  sans  passer  par  le  Bureau.  Enfin  pour 
des  raisons  nombreuses,  —  difficultés  provenant  du  caractère 
mi.xte   de   la  plupart  des  classes   américaines,  établissement  par  le 


594  LES   LANGUES    MODERNES 

Bureau  central  américain  de  la  correspondance  scolaire  avec 
18  Etats  de  langue  espagnole,  —  il  s'est  produit  des  retards  consi- 
dérables dans  l'attribution  de  correspondants  américains  aux  élè- 
ves français.  Trop  souvent  déçus,  nos  établissements  ont  bien  na- 
turellement restreint  l'envoi  des  enrôlements  ou  se  sont  rejetés 
du  côté  de  la  Grande-Bretagne.  Le  retard  des  attributions  améri- 
caines dépasse  encore  10.000  noms.  Nous  avons  la  promesse  for- 
melle que,  vu  l'impulsion  vigoureuse  donnée  au  Bureau  Central 
américain  depuis  la  rentrée  de  septembre,  ces  lacunes  seront  tou- 
tes  comblées   d'ici    Noël   prochain. 

Justement  alarmé  de  cette  situation  et  pour  la  connaître  très 
à  fond,  j'ai  procédé  à  une  enquête  à  la  fin  de  juin  dernier.  Au 
questionnaire  lancé  à  la  fin  de  juin,  3'20  établissements  ont  ré- 
pondu à  ce  jour. 

Voici  les  résultats   statistiques  : 

Sur  ces  320  établissements  (lycées,  collèges.  Ecoles  Normales  et 
Ecoles  Primaires  Supérieures),  245  correspondent  avec  les  Etats- 
Unis  ; 

Dont  :   15  mis  en  rapport  par  l'initiative  pri^■ée, 

15  par  l'intermédiaire  de  la  Junior  Bed  Cross,  avec  un  résultat 
fa\orable  dans  40  cas  pour  100, 

et   215   par  l'intermédiaire  de   ce   Bureau. 

La  totalité  des  élèves  n'a  reçu  satisfaction  que  dans  un  nombre 
très  limité  d'écoles  ;  40  établissements  ont  reçu  des  réponses 
dans  la  proportion  de  la  moitié  ;  30  dans  la  proportion  des  2/3, 
et   le   reste  dans  la  proportion   de   1/7. 

Les  résultats  sont  à  coup  sûr  insuffisants.  Nous  avons  à  plu- 
sieurs reprises  attiré  l'attention  du  Bureau  Central  de  Peabody 
Collège  qui,  ayant  insisté  pour  mettre  en  pratique  son  plan,  de  pré- 
férence à  celui  que  nous  avions  proposé,  se  trouve  responsable 
de  l'engorgement  qui  se  produit.  Il  fait  d'ailleurs  tous  ses  efforts 
pour  liquider  le  retard  actuel,  et  j'ai  reçu  de  lui  l'assurance  que 
la  situation  serait  à  jour  d'ici  la  fin  de  décembre. 

Il  convient  de  prendre  cette  statistique  avec  les  réserves  d'usage. 
Il  est  bien  certain  qu'elle  ne  représente  pas  intégralement  l'état 
de  la  Correspondance  scolaire  en  France.  Les  professeurs  qui  l'ont 
organisée  eux-mêmes  grâce  à  leurs  relations  personnelles,  et  ils 
sont  nombreux  surtout  dans  l'enseignement  féminin,  ont  dans  la 
majorité  des  cas  jugé  superflu  de  répondre.  Pour  les  autres,  les 
chiffres  fournis  sont  forcément  flottants,  mais  comme  ils  peuvent 
l'être  dans  le  sens  défavorable  comme  dans  le  sens  favorable,  on 
peut   les   considérer  comme    donnant   une    moyenne. 

Ce  qui  était  tout  aussi  important,  sinon  plus,  ce  sont  les  desi- 
derata formulés  par  les  professeurs.  Comme  on  pouvait  s'y  atten- 
dre, ils  sont  loin  d'avoir  la  même  orientation.  Par  exemple,  sur 
la  question  de  la  correspondance  collective  par  classe,  très  en 
fa\eiir   aux    Etats-Unis   et  exclusivement   pratiquée   en   France   par 


NOTES    ET  DOCUMENTS  ^95 

la  Junior  Red  Cross,  le  Lycée  de  jeunes  filles  de  Rouen  se  pro- 
nonce contre  :  <■  Le  système  collectif  de  la  Junior  Red  Cross  est 
intéressant  en  principe,  mais  sera,  je  crois,  difTicile  à  mettre  en 
pratique.  Je  pense  qu'il  plaira  moins  aux  jeunes  filles  que  la  cor- 
respondance individuelle  et  les  lettres  à  écrire  sur  des  sujets  spé- 
ciaux se  présenteront  un  peu  trop  comme  des  devoirs.   ■> 

Le  lycée  de  garçons  de  Tours  est,  au  contraire,  favorable  au 
système  en  question  :  «  Une  correspondance  par  classe,  suivant 
le  plan  de  la  Junior  Red  Cross,  me  paraît  préférable,  parce  qu'il 
n'y  aurait  pas  d'interruption  dans  l'échange  de  cette  correspon- 
dance d'une  année  à  l'autre,  la  classe  restant  la  même  et  les  élèves 
étant  renouvelés  des  deux  côtés.   » 

Je  constate  par  ailleurs  que  ce  système  classe  à  classe  fonc- 
tionne bien  au  Lycée  de  jeunes  filles  de  Chambéry. 

L'Ecole  Professionnelle  de  Périgueux  va  plus  loin  et  préférerait 
qu'on  se  bornât  à  mettre  en  relation  deux  écoles,  en  laissant  aux 
professeurs  intéressés  le  soin  de  provoquer  et  d'élargir  la  corres- 
pondance entre  leurs  élèves   respectifs. 

C'est  le  souci  de  faciliter  le  contrôle  qui  pousse  le  Lycée  de  St- 
Quentin  à  désirer  l'échange  en  bloc  entre  deux  établissements, 
l'un   français,  l'autre  étranger. 

Enfin  l'Ecole  Primaire  Supérieure  de  jeunes  filles  de  Besançon, 
comprenant  les  ressources  de  variété  et  de  connaissances  sans 
cesse  renouvelées  qu'apporte  la  correspondance  avec  des  points 
très  éloignés  les  uns  des  autres  aux  Etats-Unis,  demande  qu'on 
mette  un  établissement  français  en  rapport  avec  plusieurs  écoles 
américaines  de  manière  à  conserver  l'avantage  de  la  variété  et, 
par  surcroît,  à  permettre  aux  professeurs  d'entrer  en  relation 
directe  avec  leurs  collègues  d'Amérique. 

On  voit  combien  les  avis  diffèrent.  Tous  contiennent  d'excellen- 
tes suggestions.  Bien  que  nous  sovons  par  courtoisie  liés  avec  le 
Peabody  Collège,  qui,  avec  son  nombreux  secrétariat,  a  assuré 
depuis  deux  ans  la  répartition  de  45.000  noms  sur  les  55.000  en- 
voyés, nous  ne  nous  refusons  ici  à  aucune  expérience.  Quand  un 
établissement  aura  nettement  manifesté  sa  préférence,  nous 
ferons  ce  qu'il  demande,  bien  qu'il  doive  s'ensuivre  une  plus 
grande  complication.  En  particulier,  pour  les  écoles  ajant  un 
caractère  spécialisé,  commercial,  technique,  agricole,  etc.,  nous  les 
mettrons  en  rapport  avec  une  ou  plusieurs  écoles  de  même  nature. 
Plus  les  professeurs  eux-mêmes  prendront  part  au  mouvement  en 
écrivant  à  leurs  collègues  américains,  plus  l'œuvre  sera  assurée 
de  vivre  et  de  rendre ^les  services  qu'on  en  attend. 

Aux  Etats-Unis,  en  outre  de  l'arrangement  avec  le  Peabody 
Collège,  nous  avons  continué,  avec  M.  John  Finley,  recteur  de 
l'Université  de  l'Etat  de  New- York  à  Albany,  nos  relations  nouées 
dès  le  milieu  de  la  guerre.  Dans  ce  cas,  c'est  nous  qui  recevons  les 
noms   américains   et   qui   assurons   la   répartition.   Nous   avons  tou- 


596  LES    LANGUES    MODERNES 

jours  pu  donnei"  satisfaction  aux  demandes  d"Albany,  sans  avoir 
grand  mérite  à  cela,  ces  demandes  ne  s'élevant  qu'à  deux  ou  trois 
centaines  par  an.  M.  Finley  a  quitté  le  rectorat  pour  la  direction 
du  Xew-York  Times,  mais  nous  sommes  assurés  que  sa  sympathie 
pour  nos  écoliers  reste  aussi  grande,  et  que  l'Université  d'Etat  de 
New- York  tiendra  à  poursuivre  dans  les  mêmes  conditions  l'œu- 
vre  si   bien   commencée. 

Nous  n'avons  pas  à  parler  de  la  Grande-Bretagne  qui  est  restée 
le  domaine  de  notre  collègue  M.  Paul  Mieille,  qui,  bien  avant  la 
guerre,  personne  moins  que  nous  ne  l'oublie,  a  été  le  pionnier  de 
la  correspondance  entre  écoliers   de   divers  pays. 

Plusieurs  établissements,  Fénelon  de  Paris,  Valréas  de  \'aucluse, 
etc.,  remarquent  avec  raison  que  le  doublement  de  la  taxe  postale 
pour  l'étranger  obère  la  petite  bourse  de  nos  élèves  et  se  deman- 
dent s'il  n'j-  aurait  pas  lieu  d'établir  pour  la  correspondance  sco- 
laire un  tarif  réduit.  Cette  question  préoccupe  beaucoup  le  Bureau. 
On  en  voit  tout  de  suite  la  complexité.  Le  Sous-Secrétariat  des 
Postes  ne  nous  laisse  jusqu'ici  aucun  espoir.  Nous  n'abandonnohs 
pas  notre  requête  pour  cela.  Notons  à  ce  propos  que  la  correspon- 
dance collective  par  classe  est  plus  économique  ;  et  que,  par  sur- 
croît, un  bureau  qui  dispose  de  grands  moyens  matériels  comme 
la  Junior  Red  Cross  peut  alléger  la  dépense  des  élèves  en  se  fai- 
sant adresser  les  lettres  à  son  Office  de  Paris  et  en  les  expédiant  en 
bloc  à  son  Office  de  Philadelphie  qui  assure  la  répartition.  Le  Bu- 
reau Central  de  Nashville  qui  correspond  au  nôtre,  et  qui  est  déjà 
surchargé,  ne  saurait  pour  le  présent  assumer  cette  tâche  supplé- 
mentaire. Mais  c'est  évidemment  une  question  à  réserver,  si  les 
changes   se    stabilisent   pour  longtemps    au    taux    actuel. 

Un  des  points  sur  lesquels  les  avis  diffèrent  le  plus  est  celui 
de  la  correspondance  mixte.  Il  se  présente  sous  deux  aspects  : 

1.  Jeunes  Américains  avec  élèves  françaises. 

2.  Jeunes   Français   avec  élèves   américaines. 

Le  premier  échange  se  trouve  éliminé  d'un  avis  unanime,  ne 
serait-ce  que  par  suite  de  la  difficulté  très  grande  que  nous  trou- 
vons à  équilibrer  le  nombre  des  correspondants  américains  en 
surabondance,  avec   nos  élèves  des  classes   féminines. 

Le  deuxième  échange  reste  seul  à  envisager,  jeunes  Français 
avec  Américaines.  Du  côté  américain,  aucune  difficulté  :  la  ques- 
tion ne  se  pose  pas.  Au  contraire,  le  Bureau  central  de  Nashville 
nous  presse  de  donner  une  plus  grande  expansion  à  ce  mode 
d'échange,  car  il  nous  aiderait  considérablement  à  équilibrer  les 
deux  effectifs  et  à  donner  plus  vite  satisfaction  à  toutes  les  de- 
mandes. Du  côté  français,  les  objections  sont  moins  générales  de 
voir  l'échange  s'établir  dans  ce  sens.  Le  Lj-cée  Condorcct,  tout  en 
déclarant  que  le  contrôle  établi  n'a  rien  relevé  que  de  parfaite- 
ment correct,  croit  pourtant  devoir  se  faire  l'écho  des  appréhen- 
sions   de   quelques    familles. 


NOTES    ET  DOCUMENTS  597 

D'iiiic  faç^oii  géiuralf,  nous  constatons  que  les  professeurs 
seraient  plutôt  lavorahles  et  les  chefs  d'établissements  défavora- 
bles. 

Au  milieu  de  ce  conflit  de  préférences,  la  pratique  constante  de 
ce  Bureau  est  la  suivante  :  dans  la  Série  Universités,  les  étudiants 
sont  considérés  comme  majeurs  et  on  leur  fait  confiance  ;  dans  la 
Série  Secondaire,  nous  ne  faisons  des  attributions  mixtes  globales 
que  quand  elles  sont  nettement  autorisées  par  les  chefs  d'établis- 
sements. Le  Bureau  (Central  de  N'ashville  submergé  par  le  nombre 
des  postulants,  ou  par  simple  erreur  très  compréhensible,  les  pré- 
noms ne  précisant  pas  toujours  assez  nettement  le  se.xe  pour  un 
secrétaire  étranger,  a  pu,  dans  certain  cas,  attribuer  des  corres- 
pondantes à  de  jeunes  Français  sans  notre  demande.  Mais  le  nom- 
bre de  ces  cas  est  resté  insignifiant.  Enfin,  pour  les  demandes  in- 
dividuelles qui  nous  parviennent,  nous  nous  faisons  une  règle 
si  le  signataire  n'est  pas  majeur,  de  réclamer  l'autorisation  du 
chef  d'établissement   ou    du   chef  de  famille. 

Notons  enfin,  pour  clore  ce  paragraphe,  que  le  directeur  d'une 
grande  Ecole  Normale  du  Nord  demande  pour  ses  élèves-maîtres 
de  préférence  des  correspondantes.  N'f)us  mettrons  son  école  dans 
la    Série    Universités. 

Ouverte  l'an  passé,  la  Série  Universités  était  restée  assez  peu 
fournie,  tout  l'effort  du  bureau  ayant  porté  sur  les  autres  ensei- 
gnements. Nous  la  reprenons  cette  année  avec  de  bonnes  perspec- 
tives de  succès,  à  cause  du  temps  d'arrêt  que  nous  marquons  avec 
les  Etats-Unis  et  qui  nous  donne  plus  de  marge,  à  cause  aussi  des 
propositions  fermes  qui  nous  sont  venues  et  d'Amérique  et  de 
Grande-Bretagne,  notamment  pour  ce  dernier  pays  par  The  Inter- 
national Studenf's  Bureau.  Nous  nous  rendons  bien  compte  que 
nous  ne  pouvons  mener  cette  tâche  à  bien  qu'avec  l'appui  et  la 
collaboration  de  l'Office  des  Universités  et  des  Grandes  Ecoles. 
C'est  lui  qui,  avec  l'autorité  qui  s'attache  à  son  œuvre,  suscitera 
dans  chaque  Université  française  le  professeur  qui  voudra  bien 
servir  de  correspondant  pour  cette  question  accessoire,  mais  qui 
peut  rendre  aux  étudiants  de  tout  ordre  des  services  variés  com- 
portant, outre  l'échange  de  lettres,  l'échange  de  renseignements 
techniques    et    même    d'objets    de   collection. 

Rien  ne  s'opposerait  à  ce  que  des  échanges  de  ce  genre  existent 
entre  nos  élèves  et  les  élèves  étrangers.  Nous  venons  de  recevoir 
une  demande  d'un  professeur  d'histoire  qui,  pour  l'étude  d'une 
période  donnée  et  d'un  pays  donné,  désire  que  ses  élèves  se  do- 
cumentent par  la  correspondance  en  langue  vivante.  Rien  de  plus 
intéressant.  A  certains  égards,  sans  oublier  la  cultui'e  même  des 
langues,  notre  bureau  ne  rendra  tous  les  services  qu'on  en  peut 
attendre  que  quand  ce  genre  de  correspondance  d'ordre  documen- 
taire sera,  chez  les  naturalistes  aussi  bien  que  chez  les  historiens, 
largement  développée. 


598  LES   L.\NGUES    MODERNES 

Dans  les  autres  pays  de  langue  anglaise,  sur  la  demande  même 
des  élèves,  par  une  croissance  spontanée,  notre  service  s'est  peu 
à  peu  étendu  au  Canada  (7  établissements),  à  l'Australie  (16  listes 
d'écoles  différentes,  226  noms)  et  même  à  la  Nouvelle-Zélande 
(une  douzaine  de  noms).  Nous  n'avons  pu  donner  suite  à  la  de- 
mande isolée  qui  nous  est  parvenue  pour  l'Afrique  du  Sud,  mais 
on  voit  par  elle  que  l'avidité  épistolaire  de  nos  élèves  ne  connaît 
plus   de  limites. 

En  dehors  des  pays  de  langue  anglaise,  à  la  demande  de  la 
Tchéco-Slovaquie,  nous  avons  mis  ses  écoliers  en  rapport  avec 
certains  établissements  de  l'est.  L'expérience  n'a  pas  dépassé  une 
centaine  d'élèves  et  n'a  pas  donné  tout  le  résultat  voulu  en  grande 
partie,  et  on  ne  peut  que  le  déplorer,  à  cause  du  haut  prix  des 
taxes  postales,  dans  la  jeune  république.  Dans  ce  cas  la  corres- 
pondance globale  par  classes  géminées  serait  un  allégement. 

Pour  les  langues  méridionales,  nous  ne  faisons  que  commencer; 
mais  nous  tenons  à  aviser  nos  collègues  que  nous  avons  une  cor- 
respondante à  Madrid,  Mlle  Boudes,  qui  s'emploiera  volontiers  à 
nous  faciliter  le  travail  ;  nous  avons  aussi  des  collègues  qui  aide- 
ront à  la  transmission  à  Sao  Paulo,  à  Buenos-Ayres  et  à  Monte- 
video, plusieurs  établissements  nous  ayant  spécifié  qu'ils  dési- 
raient  l'Amérique    latine. 

L'Italie  a  nettement  pris  l'initiative.  Nous  avons  pu  jusqu'ici 
suffire  à  ses  demandes  sans  avoir  envoyé  de  circulaires  à  nos  collè- 
gues d'italien  :  nous  les  avisons  que  les  noms  qu'ils  nous  enver- 
ront seront  facilement  pourvus. 

Restent  nos  collèges  de  langue  allemande  qui,  par  suite  des  cir- 
constances, se  trouvent  privés  de  cet  exercice  vivant  entre  tous,  de 
ce  stimulant  hors  pair  qu'est  la  correspondance  en  langue  étran- 
gère. 

Qu'ils  croient  bien  que  ce  bureau  ne  les  a  pas  oubliés.  Nous 
avons  essayé  de  nouer  des  relations  épistolaires  entre  nos  élèves 
et  la  Suisse,  mais  nous  nous  sommes  vite  rendus  compte  que.  avec 
toute  sa  bonne  volonté,  la  Suisse  n'y  mettait  pas  le  même  empres- 
sement que  nous.  La  raison  en  est  bien  simple.  Pour  que  la  cor- 
respondance se  noue  et  dure,  il  faut  qu'il  y  ait,  comme  il  est  natu- 
rel, échange  de  services.  Or  cet  échange  de  services,  correspondance 
ou  troc  des  écoliers,  la  Suisse  a  tous  les  moyens,  et  la  vieille  tra- 
dition, de  les  pratiquer  entre   ses  cantons   de   langue  différente. 

On  pouvait  penser  aux  Pays  Rhénans,  et  cet  été  plusieurs  éta- 
blissements avaient  émis  cette  idée.  Ici,  comme  un  insuccès  serait 
particulièrement  fâcheux,  j'ai  procédé,  et  dans  les  milieux  ren- 
seignés de  Paris  et  dans  les  pays  en  question,  à  une  enquête  pru- 
dente. La  conclusion  est  que  l'essai  serait  prématuré  et  (ju'il  con- 
vient   d'attendre    des   circonstances   plus   favoraljles. 

Restait  le  Luxembourg,  qui  avec  son  élite  bilingue  et  ses  sym- 
pathies acquises  à  notre  pays,  présentait   les  avantages  de  la   lilié- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  599 

nanie  sans  ses  inconvénients  possibles.  L'enquête  menée  sur  place 
nous  confirma  dans  nos  prévisions.  Les  autorités  grand-ducales 
firent  le  meilleur  accueil  à  nos  propositions  et  nous  sommes  heu- 
reux d'annoncer  à  nos  collègues  d'allemand  qui  désireraient  voir 
leurs  élèves  pratiquer  la  correspondance,  que  l'expérience  est  pos- 
sible dès  à  présent  avec  les  élèves  de  l'Athénée  et  de  la  grande 
école  professionnelle  de  Luxembourg.  Les  lettres  échangées  se- 
raient alternativement  écrites  en  français  et  en  allemand  de  façon 
qu'il  y  ait  service  mutuel.  Il  n'y  a  qu'à  nous  demander  des  feuilles 
d'enrôlement  comme  pour  la  langue  anglaise. 

Nous  regrettons  que  l'espace  nous  manque  pour  insérer  des 
lettres-types  qui  nous  sont  parfois  transmises.  Si  le  ton  n'est  plus 
vibrant  comme  il  l'était,  il  y  a  trois  ans,  le  sérieu.x  chez  l'élite 
persiste,  et  porte  de  part  et  d'autre  tous  ses  fruits  de  bonne  volonté 
et  de  promettante   amitié. 

En  faisant  la  part,  et  elle  est  très  grande,  nous  le  savons,  à  la 
correspondance  scolaire  due  aux  efforts  personnels  des  professeurs 
et  des  maitresses  qui  mettent  généreusement  leurs  relations  à  la 
disposition  de  leurs  élèves,  on  ne  se  trompe  pas  en  concluant 
qu'en  apportant  son  apport  au.\  chiffres  cités  plus  haut,  la  cor- 
respondance scolaire  atteint  un  nombre  considérable  des  élèves 
de  l'enseignement  secondaire,  des  écoles  normales,  des  écoles  pri- 
maires supérieures,  qu'elle  est  entrée  dans  les  mœurs  du  corps 
enseignant  tout  entier,  qu'elle  fait  partie  de  la  pratique  pédago- 
gique de  nombre  de  nos  maîtres,  tant  pour  le  perfectionnement  de 
la  langue  étrangère  pratiquée,  que  pour  la  documentation  recueil- 
lie et  surtout  l'ouverture  d'esprit  que  donne  cette  activité  person- 
nelle de  l'écolier,  la  correspondance  scolaire  a  fait  ses  preuves  et 
largement  prouvé  son  utilité.  C'est  sur  toute  la  génération  nou- 
velle que  s'étendra  plus  tard,  par  les  relations  ainsi  nouées  et  les 
échanges  intellectuels  qui  en  naissent,  son  influence  heureuse 
pour  tous  les  participants  et  par  suite  pour  le  pays. 

Ch.-M.   Garnier. 


Echanges    fr)terscolaires    frai)co-britaoi)iques 

(Année  1920-1921) 

L'organisation  des  échanges  interscolaires  entre  la  France  et 
l'Angleterre  a  été  rendue  très  difficile  cette  année  en  raison  des 
grèves  qui   ont  désorganisé   la  vie   économique  anglaise. 

Jusqu'à  la  fin  du  mois  de  juin,  il  ne  semblait  pas  que  l'on  pût 
espérer  trouver  en  .Angleterre  une  réponse  aux  140  demandes  fran- 
çaises. 

C'est  seulement  à  la  suite  d'un  voyage  de  ^l.  Desclos  en  Angle- 
terre, où  il  put  entrer  en  relations  avec  un  certain  nombre  d'auto- 
rités scolaires,  notamment  à  Bradford,  que  les  demandes  anglaises 
commencèrent  à  arriver. 


600 


LES   LANGUES    MODERNES 


La  campagne  maintenant  terminée  a  fourni,  en  France,  les 
chiffres    suivants  : 

I.   Garçons 

108   demandes   réparties   entre   57   établissements. 

Sur   ce    nombre, 

99  ont  reçu   une  proposition   d'échange, 

91   l'ont  acceptée. 

Sur  les  6  qu'il  n'a   pas  été  possible  de  satisfaire, 
2  n'offraient  pas  les  garanties  nécessaires. 
2  venaient   de  régions  trop  éloignées. 
2   étaient  pour  une  trop   longue  période. 

II.   Jeunes   filles 

32   demandes   réparties   entre   22   établissements. 

Sur  ce  nombre, 

28   ont  reçu  une  proposition   d'échange. 

21   l'ont  acceptée. 

Sur  les  4  qu'il  n'a  pas  été  possible  de  satisfaire, 

1   demandait  un  garçon  en   échange. 

1  offrait  un  séjour  dans  un  internat. 

1    demandait  une  correspondante   israélite,   orthodoxe. 

I  n'offrait  pas  les  conditions  requises. 

Du   côté   anglais,   il  y   a  eu  : 

I.    Garçons 

89   demandes   anglaises  réparties   entre   25   établissements. 
Toutes,  sauf  une,  qui   ne   présentait  pas   les  conditions  voulues, 
ont  reçu  satisfaction  ;  une  seule  a  fait  l'objet  d'un  refus. 

II.  Jeunes  filles 

43  demandes  réparties  entre   16  établissements. 

Sur  ce  nombre, 

24  ont  reçu  une  proposition  d'échange  (dont  3  avec  un  garçon). 

Toutes  ont  été  acceptées. 

II  est  regrettable  que  le  petit  nombre  de  demandes  françaises  ait 
empêché  19  jeunes  Anglaises  de  recevoir  satisfaction.  II  est  néces- 
saire d'intensifier  la  propagande  dans  les  établissements  de  jeunes 
filles  françaises.  Quoiqu'il  en  soit,  102  familles  françaises  ont  été 
mises  en  rapport  avec  102  familles  anglaises  et  ont  échangé  leurs 
enfants. 

En  outre,  la  correspondance  et  les  conversations  avec  les  auto- 
rités scolaires  anglaises  permettent  d'espérer  que  l'an  prochain, 
si  r.Vngleterre  se  trouve  dans  une  situation  normale,  le  mouve- 
ment pour  les  échanges  y  prendra  une  ampleur  des  plus  considé- 
rables. 


NOTES   ET  DOCUMENTS  601 

Du  point  de  vue  financier,  il  peut  être  intéressant  de  constater 
qu'on  peut  évaluer  à  1.200  francs  le  coût  d'un  séjour  de  deux 
mois  en  Angleterre.  C'est  donc  une  économie  de  plus  de  cent  vingt 
mille  francs  que  ce  service  a  permis  aux  familles  françaises  de 
réaliser. 

Le  15  juillet  1921. 

A.   Desclos, 

Professeur  au   Jjjcée  Condnrcet, 

churgc  de   l'Orijunisdlion   des   Echanges. 


Le  Bureau  ii)terr)atioi)al  de  rEi}seigi)eni)ei)t  secondaire 

Nous  venons  de  recevoir  ie  numéro  courant  du  Bulletin  Inter- 
national, organe  du  Bureau  International  de  l'Enseignement  se- 
condaire, et  nous  sommes  réellement  peines  de  ne  pouvoir,  faute 
de  place,  écrire  tout  ce  que  cette  publication  suggère  de  réflexions, 
ou  souligner  les  leçons  que  nous  devrions  tous  y  puiser. 

Depuis  la  guerre,  les  préoccupations  du  personnel  enseignant 
se  sont  légitimement  orientées  vers  la  défense  du  statut  moral  et 
de  la  situation  matérielle,  que  compromettent  les  suites  du  conflit 
mondial.  Dans  la  mêlée  locale,  on  a  peut-être,  et  très  imprudem- 
ment, limité  son  horizon,  et  peu  de  regards  se  sont  levés  au  delà 
des  frontières  et  vers  les  nations  amies,  qui  se  sentent  attirées 
vers  nous,  ont  cherché  un  contact  utile  et  fécond  avec  nos  Fédéra- 
tions, leur  demandant  des  exemples  et  surtout  des  témoignages 
d'amitié  et  de  sympathie.  Cette  indifl'érence,  toute  passagère  et 
excusable  qu'elle  puisse  être,  ne  serait-elle  pas  un  danger  ?  Heu- 
reusement, sans  forfanterie  et  sans  éclat,  le  travail  nécessaire  se 
faisait,  grâce  à  quelques  dévoués  dont  plus  tard  on  reconnaîtra 
les  services,  mais  qui,  en  attendant,  travaillent  sans  relâche  dans 
l'ambre  et  marquent  notre  place  dans  le  monde  des  idées  et  de  la 
pédagogie. 

De  cette  heureuse  activité,  le  Bulletin  International  nous  ap- 
porte les  preuves  et  les  résultats.  Un  court  compte-rendu  des  mani- 
festations diverses  auxquelles  le  Bureau  International  —  qui 
actuellement  est  français,  avec  MM.  Fedel,  président,  Beltette, 
secrétaire  général,  Clavière,  trésorier,  et  Raby,  pour  devenir 
Luxembourgeois  dans  quelques  mois  —  a  collaboré,  ou  qu'il  a 
provoquées,  donne  le  tableau  très  suggestif  de  l'œuvre  importante 
qui  se  poursuit  dans  toute  l'Europe  et  dans  l'Amérique.  Grâce  au 
Bureau  International,  beaucoup  de  questions  de  premier  ordre 
ont  été  résolues  au  cours  du  Congrès  de   Paris  en  avril  dernier. 

Depuis  ce  Congrès,  le  Bureau  a  pris  une  part  importante  dans 
une  Conférence  Pédagogique  internationale  qui  s'est  tenue  à  Calais 
du  30  juillet  au  12  août  derniers.  Le  compte  rendu  de  cette  Confé- 
i-ence,  à   laquelle   ont  participé  les   plus   autorisés   des  pédagogues. 


602  LES   LANGUES    MODERNES 

tient  dans  le  Bulletin  une  place  importante  que  nous  ne  pouvons 
malheureusement   lui   donner   ici. 

Le  Bureau  participa,  en  outre,  au  Congrès  de  Bruxelles,  fin 
août,  où  se  trouva  mise  au  point  la  grave  question  du  Travail 
Intellectuel.  Les  résolutions  du  Congrès,  quelques  jours  plus  tard, 
étaient  examinées  à  Cjenève  par  la  Société  des  Nations,  et  se  trou- 
vaient défendues  par  MM.  Léon  Bourgeois,  La  Fontaine  (Belgique) 
et  William  Martin.  Une  solution  très  favorable  aux  Travailleurs 
intellectuels  peut  être  espérée   dans  un  avenir  peu   éloigné. 

A  noter  encore  dans  ce  Bulletin  un  très  intéressant  article  sur  la 
situation   de    l'Enseignement   en    Yougo-Slavie. 

Actuellement  le  Bureau  International  poursuit  une  enquête  très 
complète,  auprès  des  onze  nations  qui  en  font  partie,  sur  les  con- 
ditions de  l'Enseignement  secondaire  dans  chaque  pays.  Cette  en- 
quête fournira  des  éléments  précieux  de  travail  pour  le  prochain 
Congrès,   qui   se   tiendra   à   Luxembourg   au   mois   d'août   prochain. 

Si  quelqu'un  ne  peut  pas  se  désintéresser  de  ce  mouvement 
pédagogique  international,  que  dirige  actuellement  la  France, 
c'est,  par  définition,  le  Professeur  de  Langues  vivantes.  L'exis- 
tence et  le  succès  du  Bureau  International  ne  démontrent-ils  pas 
la  nécessité  de  fortifier  l'étude  des  langues  vivantes,  en  même 
temps  que  l'interdépendance  des  nations,  au  point  de  vue  pédago- 
gique comme  aux  autres  points  de  vue  '?  N'est-ce  pas  là  "  la  dé- 
fense  et   l'illustration    des   humanités    modernes    >  ? 

Nous  savons  que  nous  ferons  plaisir  à  nos  collègues  dévoués, 
Clavière  du  collège  Jean-Bart  à  Dunkerque,  directeur  du  Bulletin, 
et  Beltette  du  Ljcée  de  Tourcoing,  secrétaire  général  du  Bureau, 
en  signalant  à  nos  lecteurs  l'intérêt  de  leur  œuvre.  Nous  ne  dou- 
tons pas  que  ces  quelques  lignes  ne  suscitent  un  mouvement  de 
sympathie  —  et  ce  sera  justice...  et  bénéfice. 


Pour    relever    les    études    d'allen)ar)d 

L'exemple  suivant  montrera  ce  que  peut  un  Proviseur  ou  un 
Principal  pour  relever  l'étude  de  l'allemand  dans  son  établisse- 
ment. 

Au  Lycée  de  Constantine,  l'enseignement  de  l'allemand  était 
tombé,  pendant  la  guerre,  à  l'état  squelettique.  On  s'en  rendra 
compte  quand  on  saura  que  nos  classes  actuelles  de  3%  de  2'"  et 
de  l",  nées  de  la  guerre,  comptent  respectivement  un,  cinq  et  qua- 
tre élèves.  Or,  en  1920,  la  situation  s'améliore  soudain.  La  classe 
de  6'  recrute,  cette  année-là,  2/  élèves.  Elle  en  compte  24  à  la  ren- 
trée  d'octobre    1921. 

L'équilibre  est  par  là  rétabli  entre  l'anglais  et  l'allemand,  et 
nos  collègues  d'anglais,  dont  les  classes  surchargées  se  déconges- 
tionnent enfin,  ne  sont  pas  les  derniers  à  se  réjouir  de  ce  change- 


NOTES    ET  DOCUMENTS  603 

ment.     Désormais    l'élan    est   donné.     Les     études     d'allemand    dans 
notre   lycée   paraissent   sauvées. 

D'où  vient  cette  heureuse  transformation  ?  D'un  revirement 
subit  dans  l'opinion  des  parents  ?  Hélas  !  les  parents,  bien  souvent, 
n'ont  pas  d'opinion,  et  quand,  à  la  veille  de  la  rentrée  scolaire, 
ils  vont  présenter  leurs  enfants  au  Proviseur,  il  n'est  pas  rare 
qu'ils  lui  fassent  part  de  leur  indécision  au  sujet  de  la  langue 
vivante  à  choisir.  i 

(2'est  ici  que  commence  le  rôle  utile  du  chef  d'établissement.  Le 
Proviseur  de  (^onstantine  rappelle  au  père  de  famille,  brièvement, 
sans  plirases,  l'utilité  de  l'allemand  au  point  de  vue  économique, 
militaire,  scientifique.  Il  lui  montre  aussi  que  l'allemand  ouvre 
toutes  les  carrières  et  n'en  ferme  aucune.  L'enfant  aura-t-il  besoin, 
plus  tard,  de  connaître  l'anglais?  Ce  sera  un  jeu  pour  lui  de 
l'apprendre,  connaissant  déjà  l'allemand,  au  lieu  que  la  récipro- 
que n'est  pas  vraie.  <<  Si  j'avais  un  fils  »,  dit-il  enfin  pour  vain- 
cre les  dernières  hésitations,  •'  soyez  certain  qu'il  ferait  de  l'alle- 
mand  >>. 

Ce  qui  est  réalisable  en  Algérie,  à  Constantine,  ne  le  serait-il 
pas  en  France  ?  Combien  ce  doit  être  plus  facile,  si  l'on  songe 
que  l'allemand  et  l'anglais  sont  concurrencés  ici  par  la  langue 
arabe  qui  attire  à  elle  l'immense  majorité  des  élèves,  si  l'on  songe 
aussi  que  cette  langue  arabe  se  subdivise  elle-même  en  arabe  lit- 
téraire et  arabe  vulgaire,  et  que  les  élèves  des  sections  B  et  D  ont 
la  faculté  de  choisir  l'une  comme  langue  principale,  et  l'autre 
comme  langue  complémentaire,  c'est-à-dire  de  ne  pas  apprendre 
d'autre  langue  que  l'arabe. 

L'expérience  prouve  donc  que  la  bonne  volonté  du  Proviseur 
ou  du  Principal  est  un  facteur  essentiel  de  la  renaissance  des 
études  d'allemand.  Le  jour  où  tous  les  chefs  d'établissement  se 
mettront  à  l'œuvre,  nos  classes  se  repeupleront  comme  par  en- 
chantement, et  les  élèves  d'élite  reviendront  à  nous  comme  par  le 
passé.  Alors  il  ne  sera  plus  besoin  de  supprimer  des  chaires.  Alors 
on  n'aura  plus  à  craindre  de  voir,  dans  vingt  ans,  la  France  entière 
ignorer  tout  de  ses  70.000.000  de  voisins.  Un  grand  péril  national 
sera  conjuré. 

Les    deux   professeurs    d'allemand. 


Abor)r)erT)ei)ts    à    prix    réduits 
aux    diverses    publications    du    «   Tirées   » 

Sur  la  demande  de  notre  Président,  l'Administration  du  journal 
anglais  The  Times  consent  une  remise  de  10  0/0  aux  membres  de 
notre  Association  qui  lui  passeront  un  abonnement,  par  l'intermé- 
diaire de  la  Trésorière  des  Langues  Modernes.  Cette  remise  nous 
est  faite  «  exceptionnellement,  et  afin  d'entretenir  de  bonnes  rela- 
tions avec  nous  ». 


604 


LES   LANGUES    MODERNES 


Ce  geste  aimable  du  grand  journal  ami  sera  apprécié  comme 
il  convient  de  tous  ceu.x  qui  s'intéressent  aux  choses  d'.\ngleterre 
et    au    bon    développement    de    l'alliance    franco-britannique. 

The  Times  Weekiy  Edition,  The  Ediicational  Supplément  et  The 
Literarij  Supplément  sont,  en  effet,  particulièrement  intéressants 
pour  quiconque  veut  suivre  de  près  la  vie  intellectuelle  d'Outre- 
IManchc   et   même   du   monde   entier. 

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ricano  (Printcd  in  Spanish).... 

Note.  —  The  subscription  rate  to  The  Times  includes  cost  of 
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le  montant  de  l'abonnement,  moins  10  0/0,  et  d'y  ajouter  0,25 
pour  les  frais  de  ])oste. 


EXAMENS     ET     CONCOURS 


BACCALAUREAT 
Université    de    Caei) 

COMPOSITION     ANGLAIS!-;    (H) 

.\  young  fir-tree  became  discontented  with  its  native  forest.  It 
envied  the  lot  of  the  older  and  taller  trees,  which  were  daily  felled 
l)y  tiie  woodlanders  and  taken  away  (as  it  imagiiicd)  to  a  life  full 
of  amusement   and  excitemcnt. 

One  day,  wjiile  it  was  still  young,  its  turn  came.  It  was  eut 
down  and  put  on  a  cart.  Describe  its  hopes  and  great  expectations 
during  the  journey  to  town. 

It  was  sokl  to  a  gentleman,  who  liad   it   taken   to  bis  bouse  and 


EXAMF.NS   ET    CONCOIRS  6<'5 

set  iip  in  thc  (Irawiiig-room.  It  was  adonicd  with  candies,  tops, 
l'iiiit,  etc.  I)escril)c  its  own  exaltcd  idca   of  itsclf. 

(lliiistinas  Kvc.  Tlie  fir-trcc  was  lit  ii|)  ;  the  children  sang  uiider 
its  hianches.  Il  had  md^v  leachcd  the  liei.nht  of  its  ambition. 

But  the  f(dli)\vin.i,'  niorning,  it  was  |)ut  away  in  a  ct)rner  of  the 
garret    —  and,  the  ioUowing  year,  it  was  eut   iiito  logs  and  hurned. 

VEMSION     A.NGI.AISE     (B  > 

The    Apple 

The  boy  is  indccd  the  triie  apple-cater.  and  is  not  to  be  qucstion- 
cd  how  hc  came  by  the  finit  with  whicli  is  pockets  are  fiiled.  It 
belongs  to  him,  and  hc  may  steal  it,  if  it  cannot  be  had  in  any 
other  way.  His  own  juicy  llesh  craves  thc  Juicy  flesh  of  the  apple. 
Sap  draws  sap...  As  we  grow  old,  wc  crave  apples  less.  It  is  an 
ominous  sign.  When  you  are  ashamed  to  be  seen  eating  thcm  on 
thc  Street  ;  w,hen  you  can  carry  thcm  in  your  pocket  and  yonr 
hand  not  constantly  find  its  way  to  thcm  ;  when  yonr  neighbour 
bas  apjjlcs  and  yoii  bave  none.  and  yoii  make  no  nf)cturnal  visits 
to  his  orciiard,  thcn  be  assnred  you  are  no  longer  a  boy  either  in 
hcart  or  years. 

THÈME    d'imitation 

Vous  souvenez-vous  comme  vous  aimiez  les  fruits,  les  pommes 
surtout,  quand  vous  étiez  enfant  ?  Vos  poches  en  étaient  toujours 
pleines,  et  vous  croquiez  sans  honte  vos  jjommes  en  pleine  rue. 
Quand  vous  n'en  aviez  pas,  et  que  le  voisin  en  avait  dans  son 
\ergcr,  vous  lui  en  empruntiez  \ite  autant  qu'il  en  fallait  à  votre 
jeune  appétit.  Bien  entendu,  vous  n'alliez  pas  dire  :  •■  Pardon, 
monsieur,  il  me  faut  dix  pommes  :  pnis-jc  les  prendre  ?  >>  La 
seule  question  cjue  vous  vous  posiez  était  sans  doute  :  ■<  Ne 
sont-elles  pas  trop  haut  ?  Pourrai-je  les  attraper  ?  >  —  .aujour- 
d'hui, quand  vos  dents  s'enfoncent  dans  la  chair  ferme  et  juteuse 
d'une  pomme,  vous  n'éprouvez  plus  le  même  plaisir  divin  qu'au- 
trefois, (^est  que  vous  devenez  homme,  tant  par  votre  âge  que  par 
vos  goûts. 

•** 

COMPOSITION    ANGLAISE    (Dj 

V(îu  will  suppose  that  your  home  is  in  tlie  war  aren.  You  writc 
a   letter  to  an  P'nglish  fricnd  describing  : 

1.  Your   native   village   before   the   war. 

2.  What  was  left  of  it  at  the  armistice. 

3.  What  it  looks  like  just  now. 

You  will  invite  your  friend  to  come  and  \isit  you.  He  may  gain 
a  l)etter  and  tiuer  opinion  of  the  F'rencli  this  way  than  by  going 
to  one  of  the  big  cities  or  to  a   fashionable  holiday  resort. 

VERSION    ANGLAISE     (Dj 

The  glaniniir  of   the   town 

Lct  them  talk  of  lakes  and  mountains  and  romantic  dales — ail 
tiiat  fantastic  stufî  ;  give  me  a  ramble  by  night,  in  the  winter 
nights  in  London — the  lamps  lit — the  pavements  of  the  motley 
Strand  crowded  with  to  and  fro  passengers — the  shops  ail 
brilliant,  and  stufted  with  obliging  customers  and  obliged  tradcs- 
men — give  me  the  old  bookstalls  of  London — a  walk  in  the  bright 
piazzas  of  (".ovcnt  Gardcii.  I  defy  a  man  to  be  dull  in  such  pla- 
ces— perfect    Mahometan    paradises    upon    earth  !    I    bave    lent    ont 

41 


6U6  LES    LANGUES    MODERNES 

my  hcart  wlth  iisury  to  such  scènes  from  my  childhood  iip.  nnil 
hâve  criecl  with  fullness  of  joy  at  thc  inultitiulinous  scènes  of  life 
in  the  crowdcd  streets  of  ever  dear  Londdn. 

THÈME    d'imitation 

Lisons,  sur  les  beautés  de  la  nature,  quelque  grand  poète  ro- 
mantique. Telle  est  la  magie  de  la  poésie  que  nous  désirons  aussi- 
tôt fuir  la  ville  et  ses  trottoirs  pour  nous  retirer  dans  quelque 
frais  vallon,  sur  les  bords  d'un  lac  paisible,  ou  sur  le  flanc  de 
quelque  sauvage  montagne.  Quelques  lecteurs,  pourtant,  refusent 
(le  se  laisser  convaincre.  "  Bien  obligé,  monsieur  le  poète,  répon- 
dent-ils. Gardez  vos  forêts  et  vos  monts  ;  je  préfère  rester  à  la 
\ille.  Je  m'ennuierais  dans  vos  déserts.  Il  me  suffît  d'aller  et  venir 
dans  ma  rue  bien  éclairée,  bordée  de  beaux  monuments,  rem|)lie 
de  bruit  et  d'animation.  Au  milieu  de  cette  foule,  à  considérer 
cette  variété  de  visages,  de  gestes,  de  voix  et  d'occupations,  je 
goûte  autant  de  plaisir  que  vous  dans  votre  chère  campagne,  qui 
n'est  après  tout  qu'argile  et  que  pierre,  et  je  rentre  chez  moi  la 
tète  garnie  de  plus  de  rêves  et  d'imaginations  que  ne  saurait  m'en 
inspirer   le   plus   beau   paysage.   " 


COMPOSITION    ALLEMANDE    (B  ) 

Du  hast  eincr  Theatervorstellung  in  Deutschlaud  lieigewohnt  ; 
l)cschreibe   kurz  : 

a)   den   Saal  ; 

/;)  die  Buhne  (\'orhang,  DcUoration,  Schauspieler,  Beifall, 
u.  s.  w.)  ; 

c)  das  Stùck  (aber  ohne  es  zu  erziihlen  !)  :  Drama  ?  Lustspicl  '? 
()|)er  ?  —  Klassisch  ?  romantisch  ?  —  mit  oder  ohne  Musik  '?  — 
Stellen,  die  dich  am  meisten  ergrifl'en  hahen.  —  Wer  ist  der  Ver- 
fa  sser  ? 

VERSION     ALLEMANDE     (B) 

iJie  Fr<in:osen  in  Dentschland  nach  der  schldcht  bei  lena  (180G) 
.\ls  die  Franzosen  das  nôrdliche  Deutschland  iiberschwemmtcn, 
fiel  auf  die  Einwohner  eine  fast  uncrtragliche  Last.  Es  war  schon 
hart,  ilass  dieselbcn  so  ungeheure  Heerc  uneiitgeltlich  verpflegeii 
mussten  ;  allein  die  ùbermiitigen  Soldaten  erschwcrten  noch  den 
Druck,  weil  sie  sich  nicht  mit  der  iiblichen  Kost  ihrer  Quartierge- 
l)er  Ijcgniigcn,  sondern  stets  nach  franzosisclicn  Gebrauchen 
l)e\virtet  werden  wollten  :  auch  jedcr  Gemeinc  verlangte  bei 
Tische  Wein  !  Xapoleon  forderte  dabei  sehr  betrachtliche  Kontri- 
butionen  in  barem  Gelde.  In  Mecklemburg  mussten  ihm  2(>.(l()l) 
IM'erde  geliefert  werden.  Da/.u  kani  nocli,  dass  die  Zeughauser(l) 
in  den  erol)erten  Festungen  sehr  grosse  Vorriite  von  WatTen 
liesassen,  die  den  Franzosen  in  die  Hande  ficlen.  In  Verbindung 
mit  den  zahlreichen  Kanonen,  \velclie  Napoléon  iin  Felde  crbeutet 
liatte,  l)esass  er  also  unermessliche  Mittel  /.\\v  X'ermehrung  seiner 
.Année. 

THKME     d'imitation 

1/armée  prussienne  fut  coniiilètcment  défaite  l^ar  Napoléon  à 
léna  en  18()().  De  nombreux  canons  tombèrent  entre  les  mains  des 
Français.  Dans  les  mois  ([ui  suivirent,  ceux-ci  s'emparèrent  encore 
de   pïusieuis   forteresses,   dont    les   arsenaux   étaient    pleins,   si   bien 


(1)   Das   Zeugliaiis  :    l'arsenal. 


KXAMENS    KT    CONCOIKS  607 

([iK.'  Niii)()lt'()ii  put  fatilLMiu'ut  iiiincr  des  milliers  de  Jciiiics  soldats 
et  aii.nMK'iitcr  coiisidt rahk'iiKMit  son  année.  La  Prusse  dut  jiayer 
en  outre  ])rès  de  200  millions  de  franes.  La  ])U|)ulation  aurait 
supporté  assez  laeilemcnt  cette  charge  si  les  Frant;ais  avaient  im- 
mé(iiatement  (|uitté  le  pays.  .Mais  Napoléon  occupa  (1)  la  Prusse 
entière  et  les  soldats  furent  logés  chez  les  habitants  :  bien  des 
années  plus  tartl  on  parlait  encore  a\ec  indignation  (2*  de  l'arro- 
gance de  ces  vainoueurs  (jui  ne  voulaient  pas  se  contenter  de  la 
nourriture  habituelle  de  leurs  hôtes  et  qui  réclamaient  même  du 
vin   à  leurs  repas. 

À 

coMi'Osrnox   ai.lkmandk    (1)i 

Meine  Vatersiddl 

I.  (ieschiclitc.  —  II.  Krster  Kindruck  auf  den  Freinden.  — 
IIl.  Oetl'entliche  Gebaude.  —  IV.  Gewerbc  und  Handel.  —  V.  15c- 
riihmte   .Miinner. 

vkhsion  allemande  (D~l 
Ein   M(trl;ll(i<i 

Uebcrall  in  der  Stadt  sind  die  Kautladen  weit  gcôtlnet  und  vor 
den  Hiuiscrn  stellen  die  kleinen  Handler  auf  Tischen  und  Tonnen 
ihre  Ware  aus.  Bedachtig  schrcitct  der  Hauer,  von  seiner  ganzen 
Familie  begleitet.  die  Heilien  der  S'chautische  entlang,  mit  kurzem 
Hefehl  hiilt  er  die  Frauen  zusammen,  welche  begehrlich  stehen 
bleiben.  wo  Tiicher  oder  Halsbiinder  aufgehaugt  sind,  bis  auch 
sein  kiinstlicher  Gleichmut  von  einem  Ausruf  der  Bewunderung 
durchbrochen  wird.  wenn  er  bei  einem  Tisch  voll  Stahlwaren  oder 
einem   sclionen    Pferdegeschirr   ankommt. 

Lange  wird  gcpriift,  bevor  der  Einkauf  geschicht  ;  wohl  fùnf 
Minuten  biegt  er  das  Blatt  (.H)  der  Sage  hin  und  her,  bis  der  Kauf- 
mann  ihm  gelangweilt  das  Stiick  aus  der  Hand  nimmt,  dann  erst 
entschliesst  er  sich  zum  Kaufe.  Fast  ebcnso  lang  klopft  sein  Weib 
an  den  irdenen  Tôpfen  herum.  ob  nicht  an  einer  Stellc  ein  Misstou 
den   Sprung  (4i   verrat. 

ïHi^;ME  u'iMrrAïioN 

Le  jour  du  marché,  le  paysan  ne  laisse  à  la  maison  qu'une  ser- 
vante et  emmène  avec  lui  sa  famille  tout  entière  à  la  ville.  Il  vend 
d'abord  sur  le  marché  son  grain,  ses  légumes,  sa  volaille  ;  puis, 
quand  sa  bourse  est  remplie,  il  s'en  va,  accompagné  de  tous  les 
siens,  pour  faire  les  achats  nécessaires.  C'est  une  heure  pénible 
pour  lui  ;  sans  cesse  il  faut  qu'il  rappelle  ses  enfants,  les  garyons 
qui  restent  devant  les  gâteaux  ou  les  jouets,  et  les  filles  (jui  ne 
peuvent  assez  admirer  les  beaux  vêtements.  les  colliers  et  les  bra- 
celets. Il  marche  ainsi  pendant  longtemps  à  travers  les  rues  pour 
voir  tous  les  étalages.  II  entre  enfin  dans  le  magasin  où  il  achète 
d'habitude  ses  outils  et  ses  ustensiles  de  ménage  :  il  n'a  besoin 
cjuc  d'une  scie  pour  lui  ou  d'un  pot  de  terre  pour  sa  femme,  mais 
il  examine  l'objet  pendant  un  (|uart  d'heure  et  le  retourne  cent 
fois   avant  de   se   décider   à   l'acheter. 


(\>   Besetzen. 

(2t   Die    Entriistung. 

(3)   La    lame   (d'une   scie). 

(.4)  La   fêlure. 


608  LES  LANGUES    MODERNES 

Université    de    Paris 

(Section  B,  octobre  1921) 

VERSION     ANGLAISE 

A    Bnnkrupt 

To  the  Tapioca  Coffee-house,  sincc  his  own  ofliccs  werc  shut 
up  and  fate  liad  overtaken  liijn,  the  poor  hroken-down  old  gentle- 
man used  to  betake  himself  daily,  and  write  letters  and  receive 
thein  and  tie  thein  up  into  inysterious  bundles,  sevcral  of  which 
he  carricd  in  the  flaps  of  his  coat.  His  coat,  that  used  to  be  so 
glossy  and  triin,  was  white  at  the  seanis,  and  the  buttons  showed 
the  coppcr.  His  face  had  fallen  in  and  was  unshorn  ;  his  frill  and 
neckchith  hung  limp  under  his  bagging  waistcoat.  It  was  quite 
painful  to  see  how  humble  and  civil  he  was  to  John  of  the  Ta- 
pioca, a  blear-cyed  old  attendant  in  dingy  stockings  and  cracked 
pumps.  Thackerav. 

THÈME    d'imitation 

Une    inciinxe   du    destin 

Si  \ous  \oulez  \ous  faire  quelque  idée  de  ce  ([\\c  signifie  quel- 
quefois une  faillite,  souvenez-vous  de  ce  pau\  re  homme  lirisè  par 
la  ruine.  11  y  a  bien  peu  de  mois,  c'était  un  homme  robuste,  aux 
Joues  pleines,  au  regard  et  aux  manières  joyeuses,  toujours  soi- 
gneusement et  richement  vêtu.  Maintenant,  pas  de  face  plus 
creuse  que  la  sienne,  pas  d'yeux  plus  anxieux,  pas  d'habits  plus 
misérables.  Alors,  dans  le  café  le  plus  à  la  mode,  nul  ne  i^arlait, 
ne  riait,  nt*  commandait  aux  garçons  plus  haut  ([ue  lui.  V.c  ffuc 
toutes  ses  manières  expriment  maintenant,  ce  n'est  pas  de  la  poli- 
tesse, ce  n'est  pas  même  simplement  de  l'humilité,  c'est  de  la 
honte. 


VERSION     ALLEMANDE 

Werthers    leiden 


Ja,  es  ist  so.  Wie  die  Natur  sich  zum  Herbste  neigt.  wird  es 
Herl)st  in  mir  und  uni  mich  her.  Meine  Bliitter  werden  gelb, 
und  sclion  sind  die  Bliitter  der  ])enachl)arten  Baume  abgefallen. 
Hab'  ich  dir  nicht  schon  einmal  ^■on  einem  Bauerburschen  ge- 
.schrieben  ?  Jetzt  erkundigte  ich  mich  wieder  nach  ihm  ;  man 
sagte  mir,  er  sci  aus  dem  Dienste  gejagt  worden.  Gestern  bege- 
gnete  ich  ihm  auf  dem  Wege  nach  einem  andern  Dorfe.  Er 
erzàhlte  mir  seine  Geschichte,  die  mich  geriihrt  bat,  wie  du  leicht 
begreifen  wirst,  wenn  icii  sie  dir  wiedererzahle.  Doch  wozu  das 
Ailes  ?  Warum  behalte  ich  nicht  fiir  mich,  was  mich  iingstit  und 
kriinkt  ?  \\'aium  betrùbe  ich  nocb  Dicli  ?...  Sei's  demi,  auch  das 
mag   zu    meineni    Schicksal    geiioren. 

THÈME    d'imitation 

Wetlbei'  est  un  malheureux  (jue  tout  attriste,  tout  angoisse. 
(jiiîi'id  l'hiver  approche,  (piand  les  feuilles  des  arbres  sont  tom- 
bées, son  cœur  aussi  devient  sombre.  11  a  rencontré  sur  la  route 
(|ui  conduit  au  village  voisin  un  Jeune  ]îaysan  ([ui  a  été  renvoyé 
loin  de  celle  «(u'il  aime,  et  dont  il  plaint  le  sort.  Il  faut  c[u'il  ra- 
conte cette  liistoirc  à  l'ami  auc|uel  il  écrit.  11  voudrait  garder 
pour  lui  sa  tristesse.  Il  ne  le  peut  pas.  Il  n'a  jamais  pu  se  maîtri- 
ser. Il  lui  semble  que  c'est  sou  destin,  de  souffrir  et  de  faire  souffrir 
les  autres. 


KXAMENS    ET   COXCOL'IîS  609 

\'  K 1 1 S I O  \     HA  1. 1 K  .\  .s  K 

Impressioni    di    l'isit 

Pisa,  Mattistero,  (ihicsa  c  ('iiiiitero,  e  poi  il  campanile  che  suona 
—  ()  suona \  a  iina  \olta  —  ;  tiitto  c  niarnio  i)ianc(),  su  cui  o  passata 
la  niano  !,'iallina  del  tempo  ;  un  color  di  cera,  vn  color  di  alabas- 
tro,  corne  la  maiio  dei  \ecchi  e  de!  morti  ;  tutto  un  ricamo  acreo 
sul  verde  del  prato  !  lo  \i  giunsi  sul  \esi)ero  luminoso  di  un 
Ijiorno  di  testa,  c,  per  huona  \entura,  (|ueir  angolo  un  po'  fuori  di 
niano  di  Pisa  era  deseito  :  cioè,  |)ro|irio  deserto,  no.  Si  vedevano 
sul  verde  del  prato  gruppi  di  s^entc,  scduta  o  sdraiata  ;  ma  che 
cosa  facesse,  non  distinsi   da   prima  per  la  lontananza. 

Quei  gruppi  di  gente,  che  a\e\()  intiaveciuto,  eiano  f'ormati  di 
t'amiglie  di  artigiani  con  loro  donne  e  i)imi)i.  Do\e  cade\a  romi)ra 
dalle  mura  <>  dalle  cupole,  t'acexano  merenda  in  croccliio  ;  mangia- 
vano  tranr)uillamente  Ira  il  loro  Battistero  e  il  loro  (limitero.  Poi 
i  bimhi  ruzza\ano,  e  (|iiei  monumenti  parevano  pi-oleggerli  e  non 
^dontarsi.  A.   Panzixi. 

ÏHKMK     d'imitation 

L'étranger  qui  visite  Pise  ne  s'arrête  pas  longtemps  dans  les 
rues  paisibles,  pourtant  charmantes,  de  cette  vieille  ville,  ni  même 
sur  les  ponts,  sur  le  Lungarno,  d'où  le  cours  du  fleuve  offre  une 
si  belle  \ue.  11  s'emi)resse  de  chercher  ce  coin  situé  à  l'écart,  près 
des  murs,  où  a|)paraissent  soudain  ces  mer%eilleux  édifices,  le 
baptistère,  l'église,  le  cimetière,  entourés  d'un  gazon  verdoyant, 
sans  oublier  le  cloclicr,  la  célèbre  tour  penchée.  Tout  y  est  de 
marbre  blanc,  d'un  blanc  un  peu  jaune  semblable  à  de  la  cire, 
et  les  façades  cou\ertes  de  sculptures  sont  comme  ornées  d'une 
délicate   broderie    de    marbre. 

Là  aux  jours  de  fête  viennent  s'asseoir  ou  s'étendre  les  artisans 
de  la  ville,  avec  leurs  femmes  et  leurs  enfants  ;  ils  s'établissent 
à  l'endroit  où  l'ombre  tombe  des  coupoles,  et  font  en  plein  air  un 
goûter  en  famille,  ils  mangent  et  boivent  par  groujjes,  les  enfants 
jouent  et  les  \énérables  monuments  ne  s'olVusquent  pas  de  tant 
de   liberté. 


VEHSION     ESPAGNOLE 


A  un  lai)rador  de  muchos  anos  dijo  el  cura  de  su  lugar  que  no 
le  absoheria  una  (îuaresma,  porque  se  le  habia  olvidado  el  credo, 
si  no  se  le  traia  de  memoria.  El  viejo,  que  no  sabia  leer,  valiôse 
de  la  industria  por  no  decir  â  nadie  que  se  le  ensenase.  Vi^■ia  un 
maestro  de  ninos  dos  casas  mâs  arriba  de  la  suya  ;  sentâbase  el 
viejo  â  la  puerta  manana  y  tarde,  y  al  salir  de  la  escuela  decia  con 
una  monecia  en  las  manos  :  "  Ninos,  esta  tiene  quien  mejor  dijere 
el  credo.  »  Recitâbale  cada  uno  de  por  si,  y  él  le  oia  tantas  veces, 
que  ganando  opinion  de  buen  cristiano,  saliô  con  aprender  lo  que 
no  sabla. 

THÈME    d'imitation 

C'est  dans  le  prologue  d'une  de  ses  nouvelles  que  Lope  de  Vegu 
nous  conte  l'ingénieux  moyen  auquel  eut  recours,  pour  se  re- 
mettre en  mémoire  le  Credo,  un  vieux  paysan  qui  ne  voulait  pas 
avouer  qu'il  ne  savait  pas  lire.  Il  s'applique  à  lui-même  cette 
charmante  petite  histoire,  d'autant  plus  volontiers  qu'il  est  bien 
certain  de  réussir  dans  le  genre,  nouveau  pour  lui,  dans  lequel  on 
lui  demande  de  s'essayer.  Dans  la  nouvelle,  comme  au  théâtre, 
la  grande  règle  n'est-elle  pas  la  même,  puisqu'il  s'agit  de  plaire 
au    lecteur  comme   au   spectateur  ? 


0 
V 


Petites   Annonces 


Les  PETITES  ANNONCES  ne  sont  reçues  qu'accompagnées  de 
leur  montant  en  un  mandat-poste  (étranger  :  mandat  interna- 
tional), au  nom  de  Mlle  Ledoux,  trésorière,  30,  rue  Chevert, 
Paris  VII  ,  à  qui  toute  la  correspondance  relative  aux  PETITES 
ANNONCES  doit  être  envoyée. 

Pour  les  personnes  étrangères  à  l'Associalion  :  2  francs  la  ligne 
de  60  lettres.  Pour  les  membres  de  l'Association,  deux  insertions  gra- 
tuites de  quatre  lignes  chacune:  insertions  ultérieures  à  Ofr.ôO  la  ligne. 

1.  Famille  univepsitaire,  2  enfants,  1  bonne,  désirerait  pour  durée 
vacances  Xocl  ou  Pâques  appartement  meublé  Paris,  en  location  ou  en 
échanj^e  de  son  appartement  confortal)le,  ."i  pièces,  à  Nancy.  Ecrire  : 
Peyraub,  Lj'cée  Nancy. 

2.  P.  Vaillandet,  professeur  à  l'Ecole  normale  d'Aviiifnon,  serait 
lieureux  de  trouver  d'occasion  :  Honafous  :  «  Henri  de  Kleist  »,  et 
Haym  :  »  Die  romantisclu-  Schule  ». 

;{.  Professeur  diplômé  (Oxford),  veut  recevoir  pensionnaires  dans 
sa  maison.  \'ie  de  famille  et  leçons.  Conditions  modérées.  Références 
excellentes.  S'adresser  :  iM.  A.,  2(S,  Woodbastwick  Road,  Sxdenham, 
Londres. 

4.  Jeune  Française,  diplômée,  parlant  anglais,  désire  place  profes- 
seur dans  école  anglaise.  Ecrire  à  M.  L.  Roulleux,  professeur 
d'anglais.  Collège  de  St-Jean-d'Angély  (Charente-Inférieure). 

5.  Angleterre  :  A  partir  de  fin  septeml)re,  directrice  de  cours  rece- 
vrait chez  elle  jeune  Française.  Jolie  région,  maison  moderne  près  de 
la  m.er.  Colf,  tennis.  Leçons  d'anglais.  Ecrire  :  Miss  S.  K.  Butler, 
Ormonde  House  School,  Fhorpe  Bay,  Essex. 

<).  Bachelier  es  sciences,  élève  des  Hautes  Etudes  Commerciales, 
désire  situation  dans  maison  industrielle  ou  commerciale  en  Angle- 
terre. Parle  l'anglais.  Adresse  .M.  Henri  Regnault,  chez  Mme  la 
Directrice  de  l'I^cole  de  filles,  221,  Bd  Pereire,  Paris,  17". 

7.  Pour  paraître  chez  Vuibert  (sous  presse),  Aneddoti,  racconti  e 
novelle,  par  L.  Guichard,  professeur  au  Lycée  de  Marseille,  vol. 
illustré  par  M.  Solgé,  avec  l'accent  tonique  indiqué  en  caractère  gras. 
Livre  de  lecture  amusant  divisé  en  cinq  parties  :  1»  Facezie;  2"  Aned- 
doti e  leggendc  ;  :{"  Novelle  ;  4"  Xovclle  di  Boccaccio  ;  ô"  Aneddoti  su 
gli  uomini  celebri  italiani. 

•S.  Ponr  paraître  cet  hiver  à  la  librairie  \'uibert,  (V.\,  boulevard 
St-(îcrniain,  Paris  :  Las  Cien  Mejores  Poesias  Liricas  de  la  Lengua 
Castellana,  par  M.  (>amille  Pitollct.  Comprenant  ks  cent  meilleures 
poésies  lyri(|ues  d'Espagne  depuis  le  xiii«  siècle  jusqu'à  nos  jours, 
avec  introduction,  notes  et  notices  littéraires  en  espagnol. 

il.  Professeur  d'anglais  au  lycée  du  Havre  et  sa  femme,  chargée  de 
cours  d'anglais  ;iu  lycée  de  filles,  Orléans,  tlemandent  permutation 
avec  deux  collègues  de  la  même  ville.  Nord,  Centre,  ou  région  Paris. 
Ecrire  M.  Liéveaux,  8,S,  rue  Thiers,  Le  Havre. 


TABLE   DES   MATIÈRES 

Pour    l'Année    1921 


Bulletin    de    TAssociatiOQ 

(^onipte-rciidii  de  rAsscinhlée  GéiuTiik'  du   (i    j;iii\ier   1921..    2,  129 

Assemblée   Génér:ilc    du    1 7    février    1921     131 

(".ompte-reiidu    de    l'Assemblée    (jénérnle    du    6    octobre     1921  437 
Convocation     de     l'Assemblée     (iénéiale     Statutaire     pour     le 

22    décembre     1 921      434 

Réunions    du    Comité    12,    130,    311,  45(> 

Hésolutions     du     Comité     20 

Notifications    des    Elections    au    Comité,    et    des    Candidatures  435 

Notes    de    la    Rédaction     12,  310 

Notes    du    Secrétaire  (iénéral     222,  310 

Note    de    la    Trésorière    310 

Ila|)port  de   M.   Delobel   sur   l'Etude   de   l'Allemand    22 

(^)uestionnaire    de    la    F'édération,    et    Uéponses    des    Régionales  l.îR 

Appel    du    Président     309,  432 

Listes    de    Souscription    310,    433,  r)ô9 

Propatîande     1  '(i,  559 

Démarches    du     Bureau     174,  227 

I/l'niversité   et   la    Politique    172,  232 

Annonce   et   (Compte-rendu    du    Conjures   de   l'Enseignement    se- 
condaire   de    Pâques     176,  177 

Au   sujet  du   Congrès  International   de    1909    463 

AniuKtire   de   l'Association    pour   1921    329 

Rectifications     à     VAnniutire     463 

Section     Régionale    d'Aix-Marseille     32 

Section    Régionale    de    Bordeaux    317,  457 

Section    Régionale    de    Clermont-Ferrand     170,  321 

Section    Régionale    de    Lille    34,    172,  234 

Section    Régionale    de    Ljon    236,  324 

Section    Régionale   de   Nancy    36,    237,  459 

Section    Régionale    de    Poitiers     41,  462 

Correspondance    de    F  Association  : 

Avec  la   Fédération    Nationale   des    Professeurs   de   Lycée    ....  45 

(circulaire    envoyée    aux    Professeurs    de    Droit    International  565 

Circulaire    aux    Chambres    de    (Commerce    527 

Réponses    des    Chambres    de    Commerce    560 

Lettre  à  M.  le  Recteur  de  l'.Académie  de  Paris 47 

CorresiJondance   avec   M.   le   Recteur  de   Paris  (Réception   Fra- 

zer-Kipling)     558 

(Correspondance    avec    M.    Boussagol     47 

Lettre   à    M.   Camerlynck 50 

Lettre   de    AL    Pierre    Legouis    51 

Lettre    de    M.    Rancès    53 

Lettre  de  M.  Milliot-Madéran  à  M.  d'Hangest    297 

Réponse   de    M.    d'Hangest    à    M.    Milliot-Madéran    299 

Formalités    pour   la   Titularisation    des    Maîtres-.^djoints    ^.  .  .  227 


(312  LES   LANGUES    MODERNES 

Intérimaires   dans   les   E.   P.    S 227 

Sections  Normales  dans  les  E.  P.  S 228 

Réforme    du    ('ertificat    Primaire     228 

Titularisation    dans    PEnseignement    Primaire    Supérieur    ....  229 

Visite  des  Professeurs   de  L.  V.  des   E.  P.   S 231 

Enseignement    Primaire    et    Enseignement    Technique    231 

Bourses    de    ^'oyage    Régionales     530 

(^ours  Clomplémentaires  de  la   Mlle  de   Paris    530 

Sccroloyie  : 

Paul     Dussaud     127 

Jules    Lecoq     222 

Ludovic     Hrunet     224 

Truchot     225 

A.    RivoALL.w.    —    Considérations    Inactuelles     56 


Articles   d'ii)forrT)atioo>    de  critique  ou   de   pédagogie 

Pllmeau.  —  Notes  sur  la  Méthode  Directe    59 

F.  Bektalx.   —   Fritz   von    Unruh    180 

A.  (^HEVRiLLOx.  —  Shakespeare   et  l'Ame   Anglaise    241 

J.  DoLADY.  —  M.  Herriot  et  les  Humanités  Modernes    258 

R.  Maliuce.  —  Le  Latin  Ohligatoire  en  iV  et  en  5"" 3(il 

G.  JoLSSAUME.  —  Les  Epreuves  Orales   de   L.  V.  au  Baccalau- 
réat       -168 

R.   Maurice.  —  L'Effort  Opportun    473 

L.   Cazamiax.  —   Lettre   au.x   Compagnons    sur   la   Question   du 

Latin    47«j 

BÉCHOT.    —   Notre    Discipline    567 


Cbroi)iques    étrangères 

M.    LoHANS.    — -   Notes    Anglaises    63 

^L   BoiKGKOis.  —   Notes    .\nglaises    185 

G.  JorssAiME.  —  Notes   Anglaises    485,  569 

F.  liEMTAix.  —  Notes  Allemandes   65,  579 

P.    Paoi.i.  —   Notes    Italiennes    69,  277 

V.  Mauks.  —  Sur  les  Origines  de  ri'niversité  de  Prague    ....  74 

G.  PiTOLLET.  —  Notes  Espagnoles    489,  573 


Divers 

StHAEKFEU.    —    Adaptation    allemaiulc    de    raul)adc    de    J.    Ai- 
card    .    Miette    et    Nora    ■•     279 


TAHl.i:    DES    MATIKHES  613 

Bibiiograpt)ie 

(Les    noms   des   nuteurs    des    (^uniptes-rLiulus    sont    donnés    entre 
parenthèses.) 

H.-C.   WiLD.  — -   A    History   of  Modem   (^oUoquial   English   (A. 

l\oszul)     '(' 

.1.   And  B.  Hammond.  —  The  Skilled  Lahourer  (1760-1832)   (P. 

Devinât)     78 

Kknny.  —  Esquisse  du    Droit   Criminel    Ani^lais    80 

(}.  Malgoux.  —  Lexique  Teclmique  Anglais-Français  (M.  R.»  81 
.M.    Edwahuks.   —   A    Pocket   Lexicon   and    Concordance   to   the 

Works    of   Shakespeare   (Ch.    Vcillet-Lavallée)     81 

Roland    Bhealte.   —    Un    Universitaire    aux    Armées    (M.    Lo- 

rans)     82 

Gaston  Esnali.t.  —  Le  Poilu  tel  qu'il  se  parle  (A.  Rivoallan;  83 
L.   Mahchand.   —   Petit    guide   pédagogique    du    professeur   de 

français    en    Alsace-Lorraine     84 

E.  Goi  RIO.  —  La  Méthode  directe  dans  la  1 ''''  Année  d'Etudes 

(Ch.    Vcillet-Lavallée)     85 

G.   PicAVET.  —  Une  Démocratie  Historique,  la  Suisse  (Milliot- 

Madéran)     88 

L.   Cazamiax.   —   L'Evolution   Psvchologique   et   la   Littérature 

en    Angleterre    (1660-1914)    (E.'Guyoti     191 

R.  WiTHiNGTOX.  —  English   Pageantry,  Vol.  II   (J.   Douadyi    ..      194 

Lew  Sarett.  —  Many  many  Moons  (J.  Douady)    195 

Carl  Spittei-er.  —  Le  Lieutenant  Conrad.  .Mes  Premiers  Sou- 
venirs.   Imago    (G.    Raphaël)     195 

P.  Gextizon.  —  LWUemagnc  en  République  (G.   Raphaël)    .  .  .      196 

Von  Bulow.  —  La   Bataille  de  la  Marne  (G.  Raphaël)    196 

R.  PiTROu.  —  La  Vie  et  l'Œuvre  de  Th.  Storin  (A.  Godarti    ..      197 

J.-M.  Carré.  —  Gœthe  en  Angleterre  (.A.  Godart)    199 

Ch.  ANDI.ER.  —  Les  Précurseurs  de  Nietzsche  {A.  Godart»    ....      201 

E.  GuYOT.  —  H.-G.  Wells  (L.  Cazamian)    280 

L.  Cazamiax.  —  Some  Aspects  of  the  Mind  of  France  (G.  d'Han- 

gesti     282 

F.-.A.    Stewart.    —    Les    Lettres    Provinciales    de    B.    Pascal 

(A.    Koszul)     283 

R.  Bru.net.    —    La   Constitution   Allemande   du    11    août   1919 

(.1.    Dresch  >     283 

M.-B.  Finch   and   E.-.\.  Peers.  —  The  Origins   of  French   Ro- 

nianticism    (Ch.    Veillet-Lavallée)     286 

Waldo  Franck.  —  Notre  .Amérique   (B.  Gagnot)    28 

H.-G.   Wells.  —  La   Russie  telle  que  je   viens  de   la   voir  (G. 

Joussaume)     366 

R.  St-John  Parry.  —  Cambridge  Essavs  on   Adult  Education 

(H.    Roudil)     ■ 369 

(^h.  Mills,  Gayley  and  B.-P.  Klrtz.  —  Methods  and  Materials 

of   Literary   Criticism   (.\.    Koszul)    369 

H.  Tronchon.  —  La  Fortune  Intellectuelle  de   Herder  (L.   Le- 

monnien      371 

The   Yearhook  of  Modem   Languages,   1920   (H.   Boussinesq) .  .      373 

Rev.  H. -F.  Stewart.  —  Samuel  Johnson  (H.  Dupré)    374 

L.  Marchand.  —  Le  Premier  Livre  de  Français  (Ch.  Veillet- 
Lavallée  t     374 

G.  Weill.  —  Histoire  de  l'Enseignement  Secondaire  en  Fran- 
ce   (M.    R.i     375 

H.  NicoLsoN.  —  Paul  \'eilaine  (G.  d'Hangesti    376 

The  Kings  treasuries  of  English  literatuVe  (G.  d'Haugest)    . . .     377 


(516  LES    LANGUES    MODERNES 

Extraits  de  la  Presse 

Appel  aux   Amis  des  Langues  Vivantes  (Les  Amis  du  Puy-de- 
Dôme  i     !^ 99 

La  Reinie  Pédagogique  et  les  Langues  \'ivantes    101,  102 

Un   Document   (signé   Kurt   Hiller)    208 

M.  Camerlynck  et  le  Rôle  de  l'Interprète  (Illustration)    211 

Appel   en   faveur   de   notre   Association    215 

Hommage   aux    Humanités   Modernes   (Journal  des  Lycées)    .  .  294 
Le     Danger    que    court    l'Enseignement    des    L.   V.  (Revue  de 

Métallurgie}    402 

A  proj)os  d'une  Formule  Traditionnelle  (.1.  Estève  :  Solidarité)  403 

La    Réforme   de   l'FInseignement    (Ere   Xouvellc)    'i40 


Exani)ei)s  et  Concours 

Extrait    de   l'arrêté   du    12    nov.   1920   (Agrégations    de   l'Ensei- 
gnement   Secondaire    en    1921)    115 

Arrêté   du    18   octobre    1920    (d")     115 

Programme  de  l'Agrégation   d'allemand  en   1921    115 

Dates    des    Examens    et    Concours    en    1921     216 

Modifications    au     programme     de     l'Agrégation     d'anglais     en 

1 921     ;^0(> 

Epreuves  écrites  : 

Agrégation    d'allemand    406 

Agrégation   d'anglais    408 

(Certificat    secondaire    d'anglais     411 

Professorat    des    Ecoles    Normales     423 

Certificat    Primaire    de   Langues    Vivantes    543 

Certificat    d'aptitude    à    l'Enseignement    Commercial    dans    les 

E.    N •>^^ 

Baccalauréat  : 

Université    de    Paris    -11-»  ^^8 

Université    de    Bordeaux     -ilS.  ^^j^ 

Université  de  Lyon    • j-^ 

Université    de    Rennes    2 

Université    de    Clermont-Ferrand    580 

Université    de    Caen     ^^^ 

Concours    d'admission   à    l'Ecole    des    Hautes-Etudes    Commer- 
ciales      5-^^ 

Programmes  pour  1922  : 

Agrégation    d'Allemand     ||^"2 

Agrégation    d'Anglais     j-' 

Agrégation    d'Espagnol    4_« 

Agrégation    d'Italien    "*-■' 

Certificat     Secondaire    d'Allemand     j_-*_' 

Certificat    Secondaire   d'Anglais    j_-' 

Certiticat   Secondaire   d'Espagnol    4-X 

Certificat    Secondaire    d'Italien     jf-^ 

Certificat    Primaire    de    Langues    \ivaiites    '-^^-^ 

Le  Gérant  :  A.  Coueslanï. 
CAiions,  IMP.  couESLANT  (pet'sonnel  iiiléressé).  —  20.282 


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lao,    BOULFIVAkD   SAIiNT-GEkMAIN,   120    —    PARIS    (^  •') 


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Professeur  au   Lycée  Louis-Ic-Grand 
et  à  l'Ecole  t-upéricure  de  Commerce  de  Paris 

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E.  CLAR.AC  et  E.   VMNTZWEILLER 

.\grcgc  de  l'Université,  1  Agrégé  dc  l'Université, 

Professeur  au  Lycée  Montaigne.  |         l'roviseur  du  Lycée  dc  .Mayencc. 

Deutsches   Sprachbuch 

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tes  Prix  indiqués  ci-dessus  sont  applicables  à  partir  du  /fi  Février  1920 
et  annulent  tes  prix  antérieurs,  ainsi  que  les  majorations  précédem- 
ment appliquées. 

2. 


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G.     DEL.MAS,  ÉDITEUR    —    BORDEAUX 


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Tableaux  Auxiliaires 
,  DELIVIAS 

Pour  l'Enseipeirient  pralip  des  Laopes  vivantes  par  rimage  et  la  Métîioiie  âirecte 


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FLAMAND 
ESPERANTO 


16  TABLEAUX  accoiiipagiiés  de  leurs  \'ocal30l3ires 


R^durtion  dn  Tableau  n'  18.   —   La  Gabb  -  Le  Votaqb. 


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Agrandissement  des  tableaux  portatifs  (90  X  120) 


Ces  ta))leaux,  dans  lescjuels  le 
di-ssinatfur  a  cherclié  ù  doiuier 
h  l'iiaqu''  personiK!  et  à  chaque 
()))jrt  urii'  u<;ltoté  ]i:irl'aite,  per- 
mi'tlent,  par  leur  roriiiat,  à  tous 
l>'s  élèves  d'uui'  classe,  do  suivre 
sans  fatit^uo  la  k-çou  orale  da 

J.TOfl'BSl'lir. 

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jiorinf l  de  jiasser  en  revue  à  peu 
jiri'-<  Imiles  les 

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sont  imprimes  sur  papier  parcheminé  très  fort,  montts 
sur  baguettes  hois,  prêts  a  être  suspendus  au  mur 


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l'i'iir  l'viriiuiirr,-  nnii  moulé 


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