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3ra
OBSERVATIONS
*^*I.Ç.9 SUR
LA PHYSIQUE,
SUR L'HISTOIRE NATURELLE
ET SUR LES ARTS, *
AVEC DES PLANCHES EN T AIL L E- D Q U C E,
DÉDIÉES
A Mp. le comte D'ARTOIS;
Par Af. PJlhhé Koz I E H , Chevalier de PEgUfe de Lyon , & par
JH. J. A. Mo N G E2 , Chanoine Régulier de la Congrégation de
Sainte-Geneviève y des Académies Royales des Sciences de Rouen , de
Dijon , 6"c. 6c,
JUILLET, 1779.
TOME XIV.
A P A R l S ^
AU BUREAU du Journal de Phyfîque, rue dot Mathurins,
au coin du Cloître Saint-Benoîr.
M. DCC. LXXIX.
A r E C PRjyiLBGE DU ROI.
1
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OBSERVATIONS
£ r
MÉMOIRES
SUR
LA PHYSIQUE,
SUR L'HISTOIRE NATURELLE
ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.
PRÉCIS DE LÉLOGE
De M. deLinnê;
Lu par M, U Marquis DE Cou do kc et , pendant la Séance publique dt
. Renuk après Pâques , de CÂcaditnic R yait dis SiUaus.
V-'it AUtES de Linni, plas conna fous le nom de fhnaus, CHeva-
fier *îe TOrdre de l'Kcoile PoUirc, premier Mcdecin du Roi de Sudie,
ProfeiTear de Médecine & de Botanique dans l'Univeifité d'Up£ii*>
X773. JUILLET. Al
4 OSSERyATIOfiS SUR LA PHYSIQUE »
un des huit Aflociés Etrangers de l'Acadcmie des Sciences, delaSocit^té
Royale de Médecine de Paris, de la Société Royale de Londres, des
Académies dé Berlin , de Pciersbourg , de Stockholm , d'Upt-^I , de
Bologne , d'Edimbourg &c do Philadelphie , naquit dans U Province
de Smoiande en Suéde le n Mai -707.
De tous ces titres Académicjues, ( dont nous n'avons donne ici qu'une
iifte trcs-incomplette ) aucun ne l'a autant flatté que celui d'.-llocic
Etranger de l'Académie Royale des Sciences , dont il a été revêtu le
premier de (Anjtion, & jufqu'à préfem le feul.
Ce font les propres termes de M. l.inné dans un Mémoire qui non»
a été envoyé de fa part : telle étoit l'cxptcnîon de fa reconnoiffànce
four l'Académie , peu de tems avant fa m«>rt, dans ces memcns où
homme celîànt d'ctre fenfible aux diftinûions. mfîagcres de ta v^uiité^
ne l'ell plus qu'aux honneurs immortels de la j;Ioire-
Cet hommage rendu i l'Académie n-ir un Savant illuftre, que TEa-
rope avoir comblé de titres Littéraires , honore à la fois ettdC'ompagnie
& la Nation ; il prouve fur-tout combien eft fage la Ici qui fixe à huit
feulement le nombre de nos Adôciés ttrangers, tn effet,, quel homme
de génie ne feroit flatte de voir Ton nom infciit dans une lille 11 courte
entre le Czar Pierre & Newton?
Le Père de M. de L inné qui exerçoit les fonâions de Minidre dans le
Village de Stenbrohulc , s'amufoit à cultiver des Plantes , tU. fon fils
apprit des l'enfance i les aimer & à les étudier 11 av»it te*^u de la
nature cette aâivité d'efprit qui ne permet point de repos tant c]u'il
— -i_ — __ — -j _»..^ _ __ ,,,_ , .. |.__. .^... ._. -.^ —
épars, &c ne former qu'une grande vérité d'une fûale de vérités ifolées.
Ainfi , en offrant des Plantes aux premiers regards de M. de Linné ,
cil déterminant parla fur quels objets fon eiprit dévoie s'exetcer, le
hafàrd le Ht fiocanillc \ mais déji b nature avoii préparé un gtaad
homme.
A l'âge de 11 ans , il fe rendit à Upfal qu'on pouvoir alors regarder
comme U ( apitalp Littéraire de U Suède. Olaus Celfiu^ qui étoic i
la fois un Erudit très profond, & un Namralifte habile, fentit le mérite
du jeune Linné &i devina fun géniej il lui fervit de Pete,& lai pro-
cura routes les inftrutîHons, tous les encourigemens que fes connoif-
fonces âc fon crédit le raetzoient en état de donner i ce jeune hom-
me , qui crollfoit pour changer la tatc de la Botanique.
^.de Linné obtint à 1$ ans, dans l'Univetftté d'UpfM, la Chaire que
le Savant Boranifte Kudbeck , accablé. d'âunées & de travaux, étoic
obligé d'abandonner. Mais cette place ne fuffifoit pas à l'aâivité du
souveau Pcofell'cur, & il quitu memôt Upfal ^ mais en confcrvant (à
.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES JRTS, j
Chaire, Se par les ordres même de l'Univerfiié, qui préféra fagement
le bien des Sciences Se fa propre gloire à lobfervacioii de fes rè^le-
uiens.
D'abord, il pnrrouruc la Lanonie, la Dalccarlie, la plupart des Pro-
vîntes de la Suède, étend Jm ies obfervations à tout ce qui peut inté-
relTer un hilofDpîie , occupé en mcme-tems d'acquérir des lumières
Se d'en faire des applications utiles, enrichi(T;\nt la fioranique ou de
vues nouvelles . ou de pUntes inconnues , Se apprenant aux Suédois ^
foit À connoîire les pioiluûions de leur fol , foît à en proJïicr. Soumis
dans ces Voyages à toutes les privations, cxpofé dans des pays inha-
bités aux rl^^ueurs d'un climat terrible , tantor graviflanc entre des ro-
chers , tantôt s'enfoncant dans des mines profonde^ , obligé de braver
des dangers de toute efpè.e & de longues f.uij;ues plus dïHïiiles en-
core à fupporter que les ûangers. M. de Linné ne fe repof -it du travail
de la journée que par un autie , celui de tecueitUt fes obfervations fie de
préparer les objets qu'il avoir ramalfés.
Après CCS Voyages, il en fit de plus lointains & de moins pénibles:
îl parcourut le Damiemar k, rillemagne, une partie de la France:
il s'arr&ta long-tenis en Hollande Se en Angleterre , étuJianc dans des
Herbiers ou dans des Jardins, lei Plantes que la nature a refufées à l'Eu-
rope ; confultant les Boraniftes les plus célèbres i Oillen à Londres,
Jurtîcu à Paris , 6c fe rendant leur t ifciple pour fe monttet bientôc
disne d'ctre leur rival.
Plus il étudiuir la Botanique, plus il fentoit que cette fcience, de-
venue immenfe dans fes détails, avoir befoin qu'une main réforma-
trice vînt y produire une de ces grandes révolutions qui attache, lîc le
pom de leurs Auteurs d l'hiftoire de l'cfptit humain.
Tournefort avoir donné le premier une méthode vraiment fyftéma-
lique de clâiTer les Plantes . & M. de Linné afpiroir i être dans fon
£ècle ce que Tournefort avoit été dans le iïen \ fâchant bien que dans
les Sciences on peut allet plus loin que fes ptédécefleurs . fans néanmoins
s'élever au-delfus d'eux, èc qu'il efl un degré de talent où Ton ne peuc
plus .nppercevoir entre deux hommes livrés aux m&tnes recherches, d'au-
rre diffcrence que celle de leur fiè*.lc. M. Linné chercha les caraâères
fondamentaux oc fon fyftcme dans les parties des Plantes qui fervent
i leur reoroduÛion. Les l'otaniftes Allemands ont prétendu qu'il dévoie
la première idée de ce fyftcme i fiurlurd \ ils ont de même revendi-
one en faveur de Camerarius , la méthode de Tournefort; ils ontauiG
Kiutcnu que Jungius Ôc un autre Camerarius avoient été les guides de
Vaillant à qui M Linné accordoit le mérite d'avoir bien décrir le pre-
mier Itrséramines & les pift:illes,&: connu leur ufage pour la féconda-
tion des Plantes. Ces prétentions paroilfenr fondées, mais il n'en eft
pas de mcme des coai^quence3 qu on % voulu en cirer pour diixùnuec
ifc
^^
* OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
le mérite de M. Linné & des deux fiotanifles François. Trouverott-on
dans l'hiftoire des Sciences une gr.inde théorie dont les premières idcesj
les dccaiU & les prcuvts appartîcnnL'nt à un feul homme ?
La fccondarion s'opère dans les Planres lorfi^ue les poulTîèrcs des cca-
mines s'arrêtent fur le ftigmate des pifVilles , ftigmate qui dans la (âi-
fon de la fecondution eft , ou garni d'un velouté , ou humcété d'une
liqueur gluante: mais les grains de cette pouflicre ne font pas encore
ce qui doit fccundur le germe de la Planre; le fligmate eft fouvent fc'p.iré
de ce germe par un long ftilet , creux à la vcrïtc, mais à travers lequel
les pouRîèrcs, routes petites qit'elles fonr, ne pourroienr pénérrer. Ll
nature y a remédié en faîCint de chaque pouiîîèrc un corps ort>anique
doue dclafticitc : imprégné de l'humidité qu'il rencontre fur le ftîgin.ite ,
it fe brifc & lance foit une poulTière plus fine encore, fait une liqucut
très- tenue qui pénètre à travers le ftilet & va féconder le germe ; cctta
detuicre obferv.mon eft due à M. de Jullieu , comme nous l'avons dit
dans fon éloge : M. Needham Ta développée depuis 6c l'a confirmée
par des recherches plus étendues; 5t* il femble qu'il ne puilTe être donné
aux Obfetvatcurs ae rien voir au-deli dans les merveilles de la tepro^
duiiliun des ccresorganifcs.
Le nombre des ctamines ou des parties malcs des Plantes , celui des
parties femelles ou des pittilles; la ponrion de ces éramines bc de ces
piftilles fur les différentes parues de la Heur , ou leur diftriburion dans
des rieurs ou fur des individus L-parcs, tous ces catatlcres varient àint
les différentes efpcces de Plantes.
Dans les efpcccs les plus communes > les deux fexes font réunis fur
une même fleur à laquelle on a donné le nom de fleur hermaphrodite.
Dans d'auties cfpèces , ils font réunis fur le même individu, mais fut
des fleurs différentes \ tuidis que d uis quelques-unes , les fleurs mâles
& les fleurs ftmelles f-nc fur des pbmes féparées. Quelquefois, un
individu porte À la fois des fleurs hermaphrodites & des fleurs femelles.
Alors , il arrive fouvent que dans les fleurs hermaphrodites , les cramî-
ncs & les piftilUs ne parviennent pas en mcme-tems i rérat depet-
fei^ion , ou même, que les piftilles ny parviennent jamais, & le con-
cours des aurrcs fleurs eft ncctlfaire à la fécondation. Dans d'autres
cfpèces, les fleurs hcrmaplirodites fufliroient feules à la reprodudion;
ainfi » on apperçuii également dans les deux cas un luxe de la nature
qui , occupée de perpétuer les efpcces , femble en avoir multiplié les
moyens , mcme au point d'en préparer d'inutiles.
Lorfque les parties mâles S: les oarties femelles , les ctamines & les piftil-
les fe trouvent dans une même ncur , leur difpofition paroît quelquefois
s'oppofcr à la reproduAion. Mais fi le piftille eft plus élevé que le fommet
des ctamines; alors , l'anthère des ctamines, c'cft-3-dire> la véficulc qut
Iç$ termine éc qui cenfertne la pouflicre fécondante , lance avec fbrco
SUR VHÎST, NATVRBllE ÏÏT LES ARTS, 7
celte pouflîère qui s*éieve iufquiiu piftille, ou bien le piftille fe courbe
pour le joindre aux anthères. Si les fleurs font dirpofces foit en lîup-
pes, foit en <^'pis, les Heurs infcrieiires font fctondccs par celles qui fonc
au-delliis; quelquefois, les lleurs pcnchc-es vers la retre , & donc alors
les ctamiiies fe trouvent au-detTous du piftille, fe relèvent dans le tems
de la fécondation pout donner à ces organes la difpoGtion nccelTiiite
à la rcproduâion de la Plante.
. Dans les efpèces où ces parties font placées fur des fleurs difcreU'
tes , mais fur le mcnie individu , le vent ébranlant les branches des
Plantes , fait cotnbec des ctamines une pluie de poulTière qui elt reçue
par les piililles.
Enrin , fi les individus eux-mcmes font fcparés , les pounicrcs empor-
tées au loin pir le vent, répandues dans rout l'efpacc & aj;itécscn tout
fens parviennent eniîn jufqu'aux fleurs femelles. Dans quelques efpèces
mêmes , des infecVes conformés de manière que les fleurs des deux in-
dividus font nécefl^aires à leur cxillencc, portent d'une Plante à l'autre
cetre pourtîcre fécondante, lel eft, félon M, de l. inné, le véritable fectec
de cette opération metveilleufe , décrite pat Toumefort & ufitée dans
les ïfles de l'Archipel» où les habitans piiur fe procurer des tigue;. plus
gïoifes , portent fur les figuiers f^emelfes certains infeAes qu'ils ont
i-atïparavant f^it éclore fur les figuiers mâtcs. On diroit que la nature
n*a mis à raccomplilVement de fes dépeins des obftatles en appArence
infurmontablcs, que pour déployer avec plus de grandeur fa puillànce
& fes re(rources uans les moyens employés à les furinonter.
Ce fut donc dans ces parties conUruites par U nature avec tant de
foin, & deftinces par elle à la perpétuité des efpèces, que M. de Linné
crut devoir chercher les ciraâères de la claflificarion des Plantes.
Les étnmines lui fetvircnt pour former les premières grandes divî-
£ons, & il tira des piftilles les car."nlicres de fes divifîons fecondaires.
Pouf déterminer enfuite les genres, il employa les autres parties de la
fruûilïcicion, comme !e nonïbre & la forme des femences^ la nature
da corps deftiné à les recevoir & à les protéger; le nombre, l'arran-
gemenr des pétales ; la forme des fleurs , la Aruâure du calice qui tan-
ïôt enveloppe le fruit après la chute des pétales , tantôt romhe avec
elles. A l'égard des efpèces, M. de Linné emploie pour les diftint;uer
]a manière dont les fleurs font difpofées fur la Plante 6c nailTenc de fes
branches; les parties de ftruclute différente qui enveloppent les fleurs
nailTântcs ou qui tes défendent^ les vrilles qui foutiennent la plante;
la forme de fes racines , de fa lïjie, de fes feuilles; la ftrufture des
boutons deftinés à former de nouvelles branches, la manière dont les
feuilles nouvelles y font pliées.
, Aptes avoir formé ce plan , M. de Linné n'avoit fait encore qu'une
aès-petice partie du grand ouvrage qu'il mcditoit. Il s'en falloir de
s , OBSERrATIONS SUR LA PffYSIQVE ,
beaucoup eue toutes les parties des Plantes eulfent ctc exa^ement dé*
crites pir le!» Bocanides ; il falloit donc faire une étude plus approfon*
diê de toutes les Plantes, en eximiner cçutes les parties j les fuivre
dans le cours entier de la dtirce de la Plante \ obferver les diverfes
formes qu'elles ont dans les différentes cfpcccs ; les chaiigemens qu'elles
éprouvent dans chacune , afin de pouvoir diftinguer ce qui n'eft qu'ac-
cidentel à l'âïte de 1.1 Pl-inte, flu climat, ou à la culture , d'avec ce qui
eft elfentiel à l'efpèce. Il filloit pirmi ces caradctes elfenriels, choifit
les plus fnppans, les plus faciles à obferver, les plus propres à difliu'
guer chaque efpcce de Icfpèce voinne : il falloir enfin pour ces objets
nouveaux créer une langue nouvelle. Tel croit le travail qu'impofoic
à M. deLinné l'exci-ution de fa mcthode,& puifqu'il a rempli le plan
dans toute fon étendue y ne doit-on pas convenir qu'il a, fur la pto-
ptiété de fa méthode des droits plus réels que ceux des Botmidesdont
on a dir au'il en avoir re^u la première idée, idée ftérile encre leurs
mains 8c aont l'exécution feule pouvoit faite fentirU vériré, 1 étendue
& le prix.
On fe difpenfe trop fouvent d'cftimer ces travaux immenfcs en di-
fant qu'ils ne demandent que de la patience Se du tems; miis la vie
de ceux qui exécutent ces grandes entreprîtes ef^elle plus longue que
celle des autres hommes ? M. de Linné n'avoit pas trente ans , & déji
fon ouvrage étoit prefque terminé. Quel étoit aonc pour lui ce fecrec
de doubler la durée du lems ? N ccoit-ce pas quelque chofe de plus que de
l'afliduité fie de. la patience ? Et H ce talent de porter rapidement fon
attention fut une foule d'objets , & les bien voir, de les voit tout
entiers , n'ed pas l'objet de l'ubfervarion , c'efl du moins une qualité
crés-rare » très précieufc. Se fans laquelle ce génie ne peut cxillcr.
Ce fyflC'me fit une révolution dans la Botanique; la plupart des
écoles de l'Europe s'emprefsêrenr de le fuivre & de publier les i-atalo-
gués de leurs Plantes rangées d'après la méthode de Linneus. I a nomen-
clacutede> Plantes aifu/ettie à un ordre fàvile i fiifir , l'art de les étu-
dier réduit à un petit nombre de principes généraux, rendirent l'étude de
la Botanique moms pénible & moins rebutante Les nouvelles merveilles
que M. de Linné ayoit découvertes dans les Plantes, excitèrent un nouvel
cnthoufufme pour une fcicnce qui» déji, féduif.mte par elle-mcme ,
Ved fur-tout dans lage où Ton fe choiut un objet d'étude. Elle fais-
ait i U fois raâ:ivitc de l'efprit & celle du corps , le befoin du mou-
vement Se celui de l'occupation, elle ofTte à un âge avide de jouir,
des plailtrs toujours varies, Se chaque jour offrant quelque objet nou-
veau» le travail de chaque jour ne manque prefque jamais d'avoir fk
técompenfe. Les jouirtances font fans dpute moins vives que dans les
fciences oiî la vérité efl le prix d'une médintton longue & profonde;
oiais elles font plus ficquejuesa& elles comem moins de peine. Nous
s
SUR VHÏST. NATURELLE ET LES ARTS, i?
tïe parlerons pas ici de l'unlicc plus ou moins grande des diffcrens genres
de f<;iences , & de la gloire plus ou moins brillance qu'elles procurent;
fans doute ces motifs Animent & foutiennem puilîàniment cous les
hommes nés pouc de grandes chofes ; mais quand il s'agit de fe livrer
à des occupations oiî te ptaihr du travail en cft la première récom-
penfci ce n'eft jam^s que l'attrait de ce plaific qui détermine notre
choix4
Les Jeunes Botaniftes accoururent en foule chercher des inllruflions
auprès de M. de Linné ; il les pénétra de Ton zèle, & bientôt ta terre
cnti re fuc'couverce de fes Difciples. La nature fut interrogée à la fois
au nom d'un feul homme , de la cime des montagnes de la Norwcge
aux fommets des Cordelières & de l'Atlas^ des rives du MilHlIipi
aux rives du Gange , des glaces du Groenland aux glaces de l'hcmif-
phère auflral. Tous ces Voyages qui paroîtcoient demander qu'un
grand Roi voulût déployer en faveur des Sciences fa magniricence &
Ion pouvoir , un fimple particulier les fit entreprendre » fins autre
force que l'empire du génie fur des âmes également avides d'inftruc-
tion & de gloire , Ôc fans autre récompenfe pour fes Elèves , que
l'honneur de rapporter aux pieds de leur Maître les richelles qu'ils
enlevuiem à la nature.
Trois de ces Savans, Halfelquift , Ternftohcm & L.rfling fuccom-
bcrent i leurs fatigues \ ils moururent éloignés de leuf patrie > au milieu
des peuples incapables de fentir combien cette mort écoit glorieufe
6c toutliame , ne remportant d'autre prix d'une vie facrifice i l'étude
de la écrire, que rerpcrance incertaine au'un jour le fruit de leurs tra-
vaux feroit remis à M. de Linné , & que leur nom réuni au (leu, n'ccbap*
peroit point i la renommée.
M. de Linné en recevant ces relies précieux, pleura fes Difciples. Il
revit leurs ouvrages, les donna au public \ & cet honneur fiinèbce leur
fit naître des fuccelfeurs que l'exemple de leur mort no put rebuter.
Le fyftcme de Linncus a fans doute quelques endroits foiblesj mais
îufqu'ici aucune autre méthode n'a réuni auuut d'avantages. Peut être
même les défauts qu'on reproche d ce fyil^me fojit-ils inévitables dans
toute méthode attirïciclle^ faut il pour cela les pcofcrire & fe condam*
ner à marcher à tâtons , parce que le flambeau qu'on uous ptéfentc peuc
S*éteindre quelquefois ?
Plufieurs bocanides onr releré des f^ures dans les détails de la mé-
thode de Linneus. Quand il a trouvé lents remarques julles , il s'efl
corrigé; lorfqu'elles lui ont paru mal-fondées, il a fait comme s'il
les eût ignorées Toutes les difcuHions dans les fciences naturelles»
du moins lorfqu'elles ont un objet réel , fc téduifent toujours ,
(iic M. de Linné, à des faits bien ou mal obfetvé^ Se alors les efforts
Tome XiX^ Partie IL 1779. JUILLET, B
10 OBSERyATïOKS SUR lA PHYSIQUE,
réunis de tous les Savans , ne p^uvenc ai ^ublir une erreur, ni ébran-
ler ime vcri[é ; il n'eue dune combattu que pourfon amour-propre j mais
w tems qu'il eîic confauc à dcfcndre fa gloire» il aimoit mieux l'em-
ployer à l'accroître par de nouveaux ouvraj^es.
On a reproché à M. de Linné d'avoir lendu la nomenclature de la
Botanique trop facile, fc d'avoir par-ld donné lieu à une foule d'ouvra*
ges médiocres. Cette objeijl'ion nous paroît prouver feulement les pro-
grès que la Botanique a faits entre fes tuains. Rien ne montée mieux
peut-être combien une fcience e(l avancée, que la facilité de faire fur
cette fcicnco des livres médiocres , & la difficulté d'en faire qui con-
tiennent de<i chofes nouvelles.
M. de Linné .a publié une longue fuite d'obfervations fur les végé-
taux & les animaux comparés êniemble. Les végétaux nailfent , vivent
& meurent comme les animaux j ils fe nourrilTent, ctoilTent & dépé-
riffent comme eux : ils ont comme eux un principe interne de mou-
vement ; M. de Linné obferva de plus que les Plantes ont des inftans
de mouvement 8<. de repos , de fommcil & de veille \ qu'elles fubilTeuc
ces a,lteriutivcs dans des ferres où Voty eniretienc jour & auic uuQ
chaleur égale j S< qu'ainfi ces pbcnomcnes ne foiit pas l'effet de la cha-
leur plus ou moins grande , mais de la prcfence ou de l'abfcnce de la
lumière; qu'enfin , les feuilles d..ns quelques Plantes , & les anthères
des étamines daiK un plus grand nombre, donnent des ûgnes d'irrita-
bilité. La fenlïbilité & le mouvement fponunc qui eu eft la fuite,
paroi^eut feuls diïlinguer la vie des plantes 6c celle des animnux.
On obferve des rapports encore plu frappans entre l'œuf d'itn ani-
mal , de la femcnce d'une niante . dans la manière dont les germes
font fécondés, ou dans les loîx de leur dcvcinppement. Enfin la repro-
duction par bouture, cette manière de muttipliet & d'ciernirer l'txif-
tence d'un même individu , exille dans les deux règnes & forme une
forte d'analogie entre les plantes les plus parfiires & les animaux les
plus imparfaits. Ainfi , quand on oblervela chaîne de tous les genres
d'animaux, depuis les quadrupèdes jufqu'aux polypes, on voit roc|ra-
nifatiun fe fnnplifier, le mouvement fpunt^né Se la fenfibilicé s'aftoi-
blir, & en mcme-tcms les organes dedïnés à recevoir ta nourriture
iç multiplier, le principe de la vie au lieu d'appartenir feulement k
l'individu , fe rrouver tour entier dans pluficurs de fes parties , &
]*animal fe rapprocher de la plante jufqu'à n'en être plus féparé que par
des nuances imperceptibles.
Ces rapprochemcns ne font pas les feuls que M. de Linné ait cru
trouver entre les deux règnes, il en a faiâ de tiès-finguliers entre les
fublbnces dont les plantes Se les anim,mx font compofés. Nous n'en-
ceroas dans aucun détail fur ces idées ingéuîeufes mais trop fyllétna-
SUR V7ÎIST, KÂTURFLLE ET LES ARTS, ii
tîqnes. Ceux qai n'ont vu dans M. de Linné qu'an Hraple Nomencla-
teur, & qui ionz conjïftâr te raient d'un Naturalise, muins dans l'Arc
de bien voir & de bien lier les faics, que dans celui de former des
conjechires hardies & de hafarder des vues générales, ne pourront du
moins s'empèchec d'eftiiner M. de Linné en lifanc cecce patrie de Tes
ouvrages. ">
La Botanique, quelque immenfe quelle foit dans fes détails , ne fuf-
fifoit pas à (on adkivité; il o(\ former le projet de dcrrire & de clalTec
tous les êtres de la narure. H choiltr pour les caraÛèrcs du rcj;ne ani-
mal, les patries deftinées .lux fonctions les plus importâmes de la vie ,
le cerveau ou l'organe d'où pircenc les nerfs, le cœur ou en général
les vifcères où ré(ide la force qui fait cimiicr les liqueurs, les organes
de la refpiration , les mamelles , le nombre &: la Kumc des denw ou
ïû figure du bec , le nombre & la forme des parties qui fervent au
mouvement progreilif. Il favoit par fes obfervaiions qu'une grande
refîcmbl.ince dans ces parties elfentielles, annonce néceflairemenr entre
des efpcces , un grand nombre d'autres rapports. Il auroit pu , fans
tlourc, étendre aux animaux la méthode qu'il avoir employée pour les
f>lanres ; mais il craignoit que mal.3;ré toute la modeftie 8c la gravite
r'il ponrroic mettre dans fes leçons, ou dans fes ouvrages, ceiiemc-
dc n'offrît trop fuuvent d fes ticves, des images que les Natuta-
lifles même nonc pas toujours le privilège de pouvoir contempler avec
tine enrière indirf'érence. Il écarta mime pirmi les organes ncce(ïaiies
aux aarres fondrions de la vie , ceux qu'on ne pouvoit obferver (ans
des recherches anaromiques : il ne vouloic pas qu'on fe crût obligé de
déchiter les animaux pour parvenir h les connoître. Ainti la pureté de
fes mœurs & fon humanité ont nui peut-être â la perfedlion,& fur-
Tout à l'unité de fon fydcme. M. de Linné cblla les animaux prcfque
uniquement d'après lents formes extérieures. 1-es Chymiftes ont fait
«ontre cette méthode des ob/edions auxquellen il paroît bien difficile
de répondre \ mais les Naturaliftes, ou du moins les Difiipies de M.
Àe^ Linné en auroient pu faire d'auflî fortes oonrre yn fytlcme donc
i'an.ilyfc chymique auroit fourni les premiers caractères, fcn convenant
mtme des défauts atta'.hés i toutes les méthodes aniticielles, on ne
peut s'emp&cher de re:onno?tre qu'il fant, pour les former, joindre une
vafte étendue de connoilfauces au nient de fiiire des combinaifons &
de faiiir des rapports, que ces fyftcmes utiles, nécelJiites m cm c pour
Suivre, fans scg*fer, les détails immenfes de rhiltoite namrcilc , feweut
«ncore i fal:ilit^;r la recherche des vcntrs générales , & qu'tntin , s'il
va peu de philofophie k prerxdre ces arranpemtns méthodiques pour
In fcicnce elle-mônie , il y 'îo a bit» moins encore i les mépnfer. '
M. de Lioiic avoic fonaé de» {a première liunelTe le pwjec de fcà
1779. J U l LLL i\ B 1
IX OBSERrATIONS SUR LÀ PHYSIQUE,
fyftéme général , & il s'en occupa toute fa vie. Aucun Natnralîfte
n'avoic julqu'i lui, conçu un pUn lï v;i(lc , & lî on peut dans l'exécution
Jui reprocher ciuclque^ dctiuts , c'ell encore un prodige qu'un fcul
hontmc air pu la [Xirter à ce point de perfeftion.
Sun (yflc'ine de la nature eut douze édirions en trente sns : dans cha-
cune, il piofîtoit de fc-5 nouvelles obfcrvations , des travaux de fesDif-
cipîes , des oHjetiions de Tes critiques. C croie aux fciences plutôt qu'i
fa gloire qu il vouloir élever un monument : aulïi , ne doit-on juger
ce grand Ouvrage que fur fa.denière édition , Se regarder les autres
comme des eiquilles que i'Auteui foumcttoit au jugement des Natu-
lalilks.
M. de l inné ne voulut pas que l'hiftoire naturelle fôt entre Tes mains
une fcience ftcrile. bn l'appliquante des choies d'un ufage commun,
il fervoit à la fois fes conittoyens Se la fcieme qu'il aimoic 6c qu'il
rendoir chère d ceux dont le fecours éto'u nécelTaiie à Ces progrès. Ses
Ouvrages contiennent un traité complet de matière médicale j de dif-
fertations fur les Plantes de Suède qui peuvent être utiles dans la Mé-
decine Se remplacer les Plantes étrangères ; fur celles qui peuvent four-
nir aux hommes une nourriture faine-fic agrcnble, ou qui font employées
dans les Arcs; fur les végétaux qui conviennent le mieux à chacune des
espèces d'animaux domcfliquc:^ ; fur la manière de juger la vertu des
Plantes, foit par les genres où elles func rangées dans fa méthode,
foie par leur faveur ou par leur odeur: fur les terreins qui conviennent
à chaque crpcce ; fur des Plantes qui , femces dans des labiés mobiles ,
f cuvent les hxer , prtfcrver le pays des dangers auxquels ces iables
expofenc , & les changer i la longue en des terres f-ertiles ; fur le
rapport de la vceéranon de chaque plante avec les différences faifons
de tannée; fur Forigine de plufieurs fubftances , comme le baume de
Tolu Se la farcocolle qu'on employoit depuis loug-rems fans favoir
quel arbre les avoit produits, & quelle prcparaiiou on leur avoit faic
fubir.
Le fuifragc de ta plupart des Compagnies favantes de l'Europe y
i'adoprion prefque générale du fyftcme de Botanique de Lïnncus, avotc
appris à la Suède i le regarder comme un Savant qui fiifoit honneur i.
fon pays. Ses travaux dirigés vers le bien public le montroient à fes
compatriotes comme un Citoyen utile. L'envie fut répiimée cette fois
par l'enihouHarme national. M. de Linné fut le premier homme de
Lettres décoré de l'Ordre de l'Etoile-PoLiire , & cette nouveauté fit
peut-être moins d'honneur au Savant qui le reçut, qu'aux lumières d a
Gouvernement de Suède. En accordant cette dimnéhon i M. deLinné,
il montroit que l'emploi d'éclairer les hommes étoit à fes yeux une
ibnâion publique , & avoit droit aux cncmcs lécompenfes.
SUR VHIST, NATURE LIE BT LES ARTS. i)
V. de Linné obtint quelques années après un nnç dans lanobletle
Suéduire; il recranchi afors de Ion nom U cecmmailbn Litine qu'il y
avoic ajoutée fujvanc l'ufage de Ton pays. Vais ce nom écoic déjà trop
illuflre pour qu'il fût ea fon pouvoir de le perdre , & le Chevalier
Von>I.innc ne fuc jamais que Linneus pour l'Euiupc favante , comme
le Baron de Verulam n a jamais été que Bacon pour les Philofophes. Lts
marques de l'eftime perfonnullt: des Princes font loujours Bacteufcs pour
Hn Savant qui aime la gloire \ quel que foie le Prince qui les accorde ,
elles prouvent du moins une grande cctcbritc.
Celtes que M. de Linné reçut de fes Souverains dévoient le flatter
à d'autres titres i il fut traité par la Reine de Suède, digne Sœur du Roi
de Pmire,avec cette fi\miliaritc noble qui honore les Souverains, parce
qu'elle prouve qu'en fe trouvant avec des hommes d'un mctice fupécicuf ,
ils femenc qu ils ont droit de fe croire avec leurs égaux.
Le crédit que M. de Linnc ne devoir qu'aux Sciences , il le Bt fec*
vit tout entier à l'avancement des Sciences. L'ctablillêmenc de l'Acadé-
mie de Stockolm fut en paitie ion ouvraqc; le Jardin dl'pfal, remis
dans un meilleur ordre » augmenté de valles ferres conllruiies felunfes
vues, devint digne du UciTianfîratcur qui de toutes les parties de l'Eu-
rope y attiroit des Difciples.
L'hommage de quelques Plantes qui manquoieut à ce Jardin fi riche ,
^toit un tribut que tous Us amateuts de Loraniquc croyoicnt devoir
à M. de Linné , & lorfque le Roi de Suède vint en France , le feti
Roi le chafL^ea de remettre à l'illuftre Proleifcur d'Upfal, de^ gtaines
rates qu'il avoit recueillies dans le Jardin de Trianon.
Si nous ajoutons à ce que nous avons die de M. de Linné , qu'il rem-
plit pendant plulîeurs atmées les fonctions de Secrétaire de l'Académie
d'Upfal, qu'il donnoît exaâemcu: des levons de Botanique & de Mé-
decine t entin qu'il publia une tuulc de dilfcitaiions fur des objets par-
ticuliers d'hilloirc Naturelle , de Botanique, de Médecine, qui tomes
xenfeiment des vues toujours ingcnieufes & quelquefois protondes ,
nous avons une idée de la vie de cet homme célèbie: elle fut heureufe
jufqu'à 60 ans \ fa faute ne fut aliérce avant cette époque , que pat ujie
violente attaque de goutte dont il prévint les retours par l'ufaee des
fîraifes. Il avoit fait un mariage heureux qui lui a donné trois iillcs &
un âls digne de lui fuccéder. Il pafîa des jours tranquilles, glorieux,
occupés au milieu de fes Difciples qui étoieut fes amis, jouilTant de
fa gloire que chaque jour il augmentoic encore, de la reconnoilîânce
de fon pays, de cette conndcr.iûon publique que la célébrité & le
calent ne peuvent donner , à moins qu ils 11e foicnt unis à un caraAèrc
qui force t'envie au refpeâ. Tel fut M. de Linné , fenhblc avec fes
Rmis.> aimable 6( gai dans U fuciccé iaiiuie,nobleavecle&(JrAnd$>noiflc
14 OBSERVATIONS Sun LA PHYSIQUE,
Se bon avec Tes iiifétieuts , on ne le vie jamais acheter par des banTefTcs
Iq droic de faire éprouver des hauteurs : d'autant moins jaloux d'afTec-
rer une fupcrionre précaire , cju'il croit plus sur d'en avoir une réelle.
Riche des bienfaits de la Cour, il ne quitta jamais cette fimpliciré de
▼ie dont on ne peut s'écarter fans eu ctre puni par le ridicule & par
l'ennui.
II employa pour fa nation ce qu'il avoit reçu d'elle : fon feul luxe
écoit un Mufarum îmmenfei monument glorieux pour la Suède, puif-
quil écoit la colleâiou des tributs que lesNaturaliUesdunord avoiene
confacrés à celui que d'une voix unanime ils avoienc nommé leuE
Chef 6c leur Maître.
Frappé au mois d'Août 177^, d'une apoplexie qui détruifïc fes for-
ces , aftbiblir fa mémoire Se le conduifit au tombeau par un dcpcride-
menr lent & infenfiblc , ce Mufxum éioit encore fa coniblation : cha-
que jour la reconnoiflance de fes Difciples lui préfenroic de nouvelles
merveilles, produites par la nature aux extrémités du globe: on eue
cru voir des enfans occupés d confoler les derniers jours d'un Pcce
chéri. Devenu enRn incapable d'agir Se de penfer, il goûtoic encore
quelque plaiftr en parcourant de les yeux éteints les Plantes nouvelles
que (qh Difiiiple Thunberg venoic de lui envoyer des cxccémités de
l'A fie.
7'rès pcude rems après fon arcaquc d'apoplexie, il drefla lui-même une
courte notice de fa vie , 6c il voulut qu'elle rût envoyée à l'Académie pont
fervir de matériaux à fon éloge, (..'eft avec une égale fimplicité qu'il
parle de fes travaux , de fes découvertes & qu'il convient de fes défauts.
Il avoue qu'il fax peut «te trop facile i s'émouvoir ou à s'irriter; que
lent i embralTer une opinion , il tenoit peut être avec trop d opiniâtreté
à celles qu'il avoit une fois adoptées; qu'il ne fouffrit pas avec airci
de modération , ni tes critiques qui s'élevèrent contre lui , ni les con-
tradiftions qu'il éprouva de la part de fes rivaux. Ces aveux prouvent
feulement que M. de Linné em pour la gloire une patlîun vétiuble»
?c que cetre paffîon a , comme toutes les autres, fes excès Se fes fotblef-
fes. Mais combien peu d'hommes ont comme lui le courage d'avouer
ces foiblefles , Se iur-tmir le courage plus rare d'en fouffnr feuls & *
dans le fecretîCaren jugeant M. de Linné d'après fa conduite, per-
fonne ne l'eût foupi;onné de ces défauts , Se pour qu'ils fulFem connus,
il a fallu qu'il les révélât.
Ainfi, ce foin de s'occuper de fon éloge cjui , dans un autre eût été
peut-être l'efFct d'un vain amour propre, ne fut chez lui qu'une nou-
velle marque de fon amour pour la vérité. Après avoir combattu coûte
fa vie contre les erreurs , il ne voulue pas bidèr fubhftcr celles que
l'admiration ou l'envie auroieut pu accréditer pour ou contre lui.
SUR VniST, NATC/REILE ET LES ARTS. 15
L'extrcme laconifimc des Ouvragçs de M. de Linné , l'uGige peur
être trop Wquent des termes tecniqucs fouvent tirés du grec, f.i ma-
nière de tout réduire en tibles, en rtndcnt la Ictflure diflicile. U Faut
les étudier plutôt que les lire. À I2 vérité > on en cH: dédommagé par
la précifiou des idées, £: pat l'avantage d'avoit d'un cmip-dail un pi us
ctand nombre de rcfaltats. M. de Linné trouvoit fans douce que plus
la véiicc eft nue , plus elle efl: belle \ & que les otnemens dont on
cherche à la parer ne fout que la cachet : il fongcoit à former des Na-
curatilles plus a\\i amufcr des amateurs \ il vouloit-dcs Difciples &
dcdaîgnoit de chercher des l'rôneurs.
Il n'i^no^oic pas néanmoins combien il efl utile de répandre le goût
des véritables dciences dans routes les daffes d'honinies qui peuvent
avoir furie bonheur des Nations une înHucnce plus ou moins gr.inde.
11 favoit qu'après avoir obtenu la gloire de reculer les bornes des Scien-
ces, il re(\ûicaux Philofopliesrobligatioo de les rendre utiles, ££ qu'elles
n'étoient utiles qu'autant qu'elles dcvenoîcnt populaires ^ mats pour
faire goûter les Sciences à des hommes difllpcs, avides de plaifir , en-
nemis du travail , moins jaloux de favoir que de fe faire honneur de ce
qu'ils favent \ il faut avoir l'art de s'emparer de leur imaginatioji par
des peintures féduifances, de fuutcnir leur attention par des traits m-
gcnieux ou brillaas , de réduite ta Science à ^^i tcfuluts piquans Se
faciles i faifir
M. de Linné fentit que cet art lui manquoît, & peut-être même euc-
il rinjullice de le mépriîer, comme le talent de ceux quj U nature a for^
mes pout publier &: non pour découvrit fes fecrets.
Ce n'eft pas que dans les Ouvrages qu'il a donnés en fa langue natu-
relle , (^i compatriotes n'aient trouvé un fty le élégant & agréable, &
le genre d'éloquence pcut-ctrc le plus rare de tous, le feul aurïî peut'
£cre qui convienne vraiment à des Ouvrages philofophiques, & qui
confîfte à renfermer beaucoup d'idées en peu de mots,& à exprimer
dans mi ftyle noble & fnnple des vérités neuves & importantes. Maiscette
éloquence n'eft pas celle qui frappe le gtajid nombre, flc comme c'éft
aux pallions des homme"; qu'il faut parler , fi l'on veut les conduire ,
c*ell à rimaginailon qu'il faut s'âdtefler H l'on afpire à régner fut leurs
goûts ou fur leurs opnûons. *
On voit dominer dans tous les Ouvrnigcs de M. de Linné un grand
refpe<A pour la Providence , une vive admiration de la grandeur , de
la fagelle de fes vues, une tendre reconnuilTancc pour fes bienfaits. Ce
fentiment n'étoit point en lui une croyance infpirce par l'éducation ; ce
n'ttoit pas môme cette conviÛion que l'on conferve après avoir exa-
miné & difcuté une fois dans fa vie les pteuves d'une opinion. 1 1 croyoit
X ta Providence parce que chaque jour , de nouvelles obfervations fur
tS OBSERVATJOKS SUR LA PHYSIQUE,
la narure lui en fourniffoienc de notivelles preuves : il y croyoic pirce que
ch.ique jour il L vovoit agir fous fes yeux. L'homme pliyHque qui iife
de U nature, e(\, diroit-il comme un Roi quia droit d'exiger de fes fu-
jets ce qui eft nccelTaire à (t% bcfoins , & qui les f-ii[ fervir â l'accom-
pllirâmcnc de fes delTèins: s*d abufc de fon pouvoir, il apprend bien-
tôt par 11 rcfiflance de fes fujets mêmes , que les Rois our été écAbtis
four les peuples 6c non les peuples pour les Rois, & qu'il na reçu
empire fur la niture que pour fervir à conferver d.ins l'Univers l'ordre
que la Providence y a ct.ibli. Ainfî , tandis que les vcgcmux fourniHènc
à ccus les animaux leur nourriture , une retvaire , un abri pour les gc-
ncriïions uailVanr:;s» ces mcmes animaux, quelquefois néceiTàires a la.
réprodudîon des plantes , fervent encore , par la deftruâ^ioii même qu'ils
font des végcraux , à maintenir entre les différentes efpèces un équili-
bre qui en alfure la perpétuité. L'on peut dire en un lens que les ani-
maux ont été formés pour les plantes, comme les plantes pour les ani-
maux. Ou plutôt toures les parties de la nature fubordonnées entre elles,
mais né.:enaires l'une a l'amre, forment un enfemble aulli frappant par
l'unité du plan , que par la fagefTe des vues de fon Auteur.
L'«xiftence des poifons n'étoir nicme pour M. de Linné qu'une rai-
fou de plus d'admirer les foins delà Providence pour !'efpc>;e humaine:
la nature , difoit-il , n'a préparé des poifons dans l'ordre phyfiqueqae
pour alTurer à l'homme des rem des contre les maladies rebeller Se
invctctécs, comme dans l'ordre moral elle abandonne quelquefois les
Peuples i des Tyrrns qui deviennent entre fes mains des moyens vio-
lens mais efficaces de rappcllcr à la vie des Nations engourdies & cor-
rompues.
M de Linné préparé depuis long cems à la mort par raffbibliflement
de fes organes, la re<;ut comme un doux fommeil qui délivre d'un état
àc langueur & d'angoiire 11 mourut vers la fin de Janvier 177*1,
regrette de fa famille & de fes Difciples qui le chérilToient comme
un père, parce qu'ils en avoieiic trouve en lui la tendtelfe vive & dc-
Tmicrcirée , honoré des regrets d'une nation généreufe, pillîomiée pour
toutes les efpèces de gloire , capable d'enthouiiafme pat^ qu'elle l'eft
d'Iiéroîfme , & qui n'attend points pour rendre hommaE^c à fes grands
iJommet , qu'iU ne puilïcnt plus jouir des honneurs qu'elle leur décerne.
Aprc!> la mort de M. de Linné, le Roi de Suède lui a fait élever
un monument à coté de celui qu'il a confacté à te Defcartes qui , né-
gligé dans fa patrie après fa. mort comme pendant la vie , attend en-
core de fes Compatriotes les honneurs que les btrangors lui ont pro"
digues. Un temple digne de la magnificence de Rome & du goût d'A-
chènes, a remplacé dans cette Capitale l'Eglife modede où les cendres
À* Defcartes avoienc ccc dcpofées : & ta ttance peut efpéier d'y voie
eiifia
SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17
«nfin , ce qui feroit le plus bel ornement de ce Temple, un Maufoice
de Defcartes, c^ui acquitûc envers lui la dette de la Nation.
Nous n'oublierons pas ici un autre monumenc qu'un des Dîiciples
de M. de Linné lui a confacrc dans t'EgUrc d'Edimoourg , iiu>nunicnc
plus glorieux peuc-ctre, pour le favanc Suédois , que celiTl qu'il a obtenu
dans l'a patrie, parce qu'ctigc au milieu d'une nation cttangcre, il dl
Thommage d'une admiration abfolument dcfintcrellee.
CONSIDÉRATIONS
Sur les Conducteurs en géndral y
Par M. JijtnaiER DE TlNAN (i).
J. ouTES les queflions qu'on peut faire relaclvemenc il Tufàga des
conducteurs, fe ccduifent i deux ptincipales.
(i) Cm con(î<iirations Tcrmiitenr rOuvMge de M. Toaido, inu'tul^ Mémoires fur
les ConJuSeuts pour préfervtr iti Edifccs de la foudre. % vol. in-S". à Strisboufg ,
chez Baver Se Trcutrcl. Cci Mémoires font un avis au peuple fur la manière de ^tlr
fcrïcr ies édifice» du tonocrrc , publié cfi 1771— Uw eipolition abrégée de l'iitiliré
dc« coitduclcurt é!c£lri(]acs , par M. de S.iufliitc... Nouvelle apologie de l'ufigc des
cdhduâeurs ^ ioipiimée en 1774 Ob)cdion 3: réponfc contre les coaduAcurs....
lettre de M. Fiaiikliu à M. de Sauirure,... Det'crip(îaii du cotiduAttir de l'Obrcrva-
totce Je Padoue , de celui dii Clochcc' de SainE-Marc de Veitife , de ceur pour les
magafîns à poudre , poar Ici vailfcaux , &c^. Relation de la foudre torrbéc fur rObrer>
vatoiic de Padoue... SyQcmc de M. Toaido (ur la meilleure conflru^iou des con-
daAeurx. faudra i- il atrendrc que ta d^plorab'> cataflrophc de firefcia fc renouvelle à
Paris & dans les principales villes du Royaume, pour que rcorongefénculement en France
ik préfrivcT de la foudie les niag.ifint à poudre^ Si l'on ptopofe des tacjicts contre
l'apoplexie , tout Paiis cfl en tumeur pcndaucun mois, & chacun court pour s'eti
proEutcr. Il l'agit ici de l'intérêt de chiv]uc paxiiculicr , & patcc que le malheur eft
un peu éloigne . on n'y fait aucune acieniioii. L'ancienne cour de Sainte- Geneviève a
tii fi fouvem t'oudroyée» qu'on s'cfï déterminé à la fin â ne plus en relever la Bêche.
l,c dôaw de la nouvelle Iglifc le ferx jûicmeor , ptiifquc cet édifice élèvera fa tc'tc
majeflueurc fur tout rhoriibn , à moins cu'on ne le gatantilTe par des condui^curt :
Îju'on fc Bgurc le ravage nue la foudre fera for ce Tupcrbc mouvement par la quantité de
cr qui fe trouve cmpattc dans le; muis. Les Académies , cet Sociétés favantes qui
doivent fpécialemcnt s'occuper des objets d'unlité publique» devtoicm imirrr l'exent-
f le donne par celle de Dijoa. Le bien fe fait lentcmcnr. On nous pardonnera donc
de revenir encore aujourd'hui fut un Tujct dont il a été Couvent qucftion dxnsce
Recueil.
Tome XIK Part* IL, 1775.
JUILLET, €
un
une
iS OBSERVjITIONS sur lA PTiYSÏQUE,
I. Eft-il prouvé qu'un conduûeur bien conftruit prcferve l'édifice
auquel il eJt appliqué , des nvages de U Foudre , fâiis l'attirer fur l«s
cdilices voifins?
II. Quelle etl dins tous l«s points U conflruéHou des condaâents
la plus propre'à remplir complcteiiienc l'effet qu'on en nttend.
Je crois U première qtieOion cellei^eut réfoiue nnr par l'ouvrige
de M. 1 Abbé Toaldo que par la réunion d« U théorie & de l'expi-
rience , que je n'hcfiie pas i prononcer encore plus affirm.uivement
qu'il ne femble l'avoir ofc , que lurCqu'un conducteur appliqué X
édifice aura une capacité {iiffiCinte, une contiHuité parfaite, &
communication immédi.ire avec l'eau qui fe trouve dans l'intérieur
de la terre , & fera difpofc de manière a être frappe de la foudre de
préférence à toute autre partie de l'édiiicejîl ellcornp!è(emencdémon:ré,
que qtlelle que foit la quantité de feu que répandra un coup de fou-
ore , non-feuIèment il n'endommagera pas cet édifice , mais encore
que la foudre fera rmnfmife en entier par le condudeur fans y biffer
aucune trace fenfible de fon paiTage , fi ce n'eft peut ê[re quelque mar-
que de fuHon i fon entrée Je crois qu'il eft égilemeni prouve qu'un
fembtable condu£leur , loin d'attirer ta foudre fur les bârimem plus
ou moins voifins , & d'augmenter pat c.nféquent les dangers aux-
quels ils fbntexpofés, dimmue plutôt les rifques que courent même
ceux qui font hors de fa fphére d'aftivité, c'eft-i-dire , hors de \^ dif-
tance à laquelle il peut les préferver enrièfemenr. Je crois inutile
de rappeller & de répéter les preuves , fur lefquelles fon fondées ces
alTêrtiont , qu'aucun Phyficien éclairé ne peur plus contcfter.
Mais fi ta folution de cette première question ed démontrée autffnt
<{a*ane vérité phyfique peut l'ctre, il s'en faut bien que la féconde ait
acquis le même degré de certitude j elle offre une fonle de qucflions
fecondatreSj donc plufieurs font encore un fujct de difpute parmi les
Phy(î:iens> & donc quelques-u^es même pour pouvoir ^tre décidées
d'une manière bien précife , ont bçfoiii d'un grand nombre d'obferva-
tions que le rems feul peur fournir. Voici les principales.
I. Quelle e(l la dimenfion , qu'on doit donner ^ un condutfbeor»
pour qu'il fuit en eut de tr.^nfmettre un coup de foudre quelconque »
uns que le bâtiment & le condu^leuc lui-même en foit endommagé?
li. tfl-il très eifentiel que fon extrémité infciieure aboutiffe dans
l'eau, ou fuffic-il qu'elle s enfonce en rerre?
m. Jufqu'à quel point doit-on pouffer les précautions pour la con-
tiguïté & la coniiiuiiié de fes différentes parties ?
IV. Jufqu'à quel point doit-on lier avec lai toutes les portions de
^éral qui fe rrouvent dans le bâtîtrent ?
V. Peut-on fàus danger le laiffer contigu au bâtiment foïi eu-de-
Sr/R VniST. NÀTUREllP. ET IBS ARTS, 19
4ân$ foi: en dehors» ou convient-il de rifoler (Uns fa longueur, Ôc mcme
de le placer i quelque diflance du bâtiment?
VI. Faui-il que (ot\ extrémité fupérieuce foie élevée & pointue, ott
convient-il de la faire baife & obcufe?
Vil. A quelle diU^nce s'étend le pouvoir d'un conduâeur pourpcc-
ferver de la foudre ?
VIII. N'y a-c-il pas un furplu» de précautions à prendre pour des
bâcimens d'une nature crès-dangereufe , tels que des magartns à poudre ?
Avant que de ttaiier ces différentes queftions, il convient d'exami-
ner de quelle manière les nuées contiennent & lancent le feu cledtiquQ
qui forme la foudre.
I.es nuées font compofce:? de vapeurs aqueufes répandues dans l.i
région fupérieure de l'atmofphère , & qui s'y tiennent fufpendues par
t'aâion continuée de la caufe de leur expanfion , jufqu'au moment ,
où cette caufe celfant , leurs particules fe rapprochent fie forment les
gouttes de pluie qui retombent en vertu de leur pefantcnr. Les parti-
culcj aqueiifes qui les compofent & qui font de nature déférente,
font donc féparces les unes des autres par des particnles d'air , qui font
ifolanre^ » m&me dans les nuées qui paroilTcnt aux yeux avoir le plus
de concinnicé , Se l'on fc tromperoit fort , (i lotfqu'on veut analyfet
les effets de l'éledlricité qu'elles contiennent, on les comparoir en touc
i des conducteurs continus , dans lefqucls 1 cle^riciic jouit d'un mou-
vement entièrement libre. U paroît dirticilc d'expliquer comment ce»
nuées peuvent fe trouver électnfces , comment cette éledVricité eft tontâc
pofitive & tantôt nc*;ative, comment ce changement de plus en moins
& réciproquement elt quelquefois inflancané dans la mcme nué(^ Les
hypothèfes imaginées jufqu'ici , quelqu'îngénieufes quelles foienr >
point encore abfolument fatisfait les Phyficiens. Me feroic-it
is de hafarder fur cet objet quelques idées?
1 es eicpêriences qui ont été f.iites avec des ccrf-volans & des fili
métalliques ifolés &c élevés à une grande hauteur de quelque manière
Que ce foit, ont appris que dans les tems parfaitement fercms il règne
dans la partie ftipcrieure de l'atmofphère une élcAricitc pofitivc, qui
fe manifefte quelquefois foiblement, mais toujours fenfiblement. On
peac en vuîr la preuve dans tin détail d'obfcivations très-exai^es fiites
par le P. Beccana , célèbre Piofeilcut de Turin , & publiées par lui ea
ï 77 ^ fous le rirre : deW eicttncità terrcfîrt atmasfcrica o àtlofcreno. O'autres
PÏiyficiens fe font également convaincus de cette vérité pat leurs propres
expériences. Ne peut-on pas croire que cette furabondance de feu élec-
niqac provient du degré de rarcfadion, dont jouit l'atmofphère à
tnefate qu'il 5'éîève, & qui y forme une efocce ae vuide favorable au
mouvement te à l'accumnlarion du fluide éleôrique , comme nous le
voyons par fc$ effets dans le vuide que nous formons artificicUemem?
X77p. JUILLET. C i
Dont
permis
lo
OBSERf^/iTIONS SUR LA PHYSIQUE,
Cl ma conjecture eft fondée , l'intcnfité de certe éleiîlctcué poiicive
doic aojcie à mefiire qu on s'élève dans ï aruiofphète, & peut dcvenic
afle' coniidcrable dans la région ordinaire des nuages, qui eft encore
fort élevée au delTus de celle à liqnellt* p.itviennenc nos înftrumens.
11 n'efl Jonc pas ctonnanc que ces nuages , donc chaque poition peut
être regardée comme un condaâeut imparfait, mobile , variablu cUns
fa forme & plu? ou moins ifolc , parcii:i]ient à cette cledlriLicc de
mcnie que le ril ifolç que nouç élevons dans 1 air. Mais elle fe mo-
difie avec une variété prefqu'inânie entre les différentes portions fépa-
rées, qui forment les nuages , fuivant les proportions de rélecVricité
des différentes couches dair, dans Icfquclles ils fc trouvent plongés ,
& fuivant que ces portions font plus ou moins éloignées , plus ou
moins fcparees. Pour s'en former quetqu idée , il faut fe rappeller le
jeu & les propriétés des atmofpUèces éleÛriques , tels qu iU font dé-
crits dani piulieurs traités d'éledlricité , & entr'autres dans les ouvra-
ges du P. Beccaria , qui déiîgne !a manière d'agir réciproque de ces
aimofphères parle nom très-expreflTif dcle£trii.iïé comprimante ftet'
tricùa pritnenu. Parmi les nuaees qui flottent en lair, les uns ont déjà
contra<5té Icleélrititc pofitive d s couches d'air, dans lefquelles ils ont
pan? , &: la nianifètlent lorfqu'ils approchent de la terre ou de nos
cdiHces. D'autres ne font affcÂcs que par l'éledliiLité comprim.mte des
couches dair fupérieurcs. Se donnent vers la terre des figues d'éleftri-
cité portùve , i^jis avoir reçu d'augmentation réelle dans la quantité
d'élcdricicé naturelle qu'ils potTcdent. D autres enfin s étant trouvés
dans des couches plus balles & rcfpeâivement moins élcftrifées , ne
le font eux-mcmes que très-peu ou point du tout. Un nuage qui neft
fas cleArifc , venant à une certaine diftan.e d'un nuage clcélrique ,
atmofphète de celui-ci exerce une compreflion fur l'cledritirc natur
relie du premier, & y produit un défaut dans la partie qui eft tournée
vers lui & un excès dans la p.irtie oppoféc. Si cette dernière trouve
à fa portée un nuage ou un autre corps non éUârifé , auquel elle pai'.Tc
cranfmectre fon excès , & fi le nuage en totalité s'éloigne enfuite de
celui dont l'atuiofphère avoir comprimé fun électricité naturelle , il
relie négatif. Ce premier nuage, dans l'inflant où îl e(l devenu pofitif
dans les amas de nuages qui forment ordinairement les orages; il fe-
roic polTible de rendre rai foii de toutes les vari.uions que montre leur
éleûri;;ité , mais il fecoic trop \oï\% de les analyfer ici en détail. II me
fufHta de remarquer, que l'on fe fucmeroic une idée bien faulTe, fi Ton
jugcoit que tous les éclairs &: les coups de tonnerre que Ion voit partir
d'un nuage pendant le cours d'un long orage , font des portions de
SUR VBÎST. NATUREILE ET LES JRTS. n
r^leAriciic qu'il contenoic primitivement. En premier lieu» b quan-
tité dcleâricitd qui fe dédurge d-îiis un feu! coup de foudre, rend
incroyable celle quil fiudroic fuppofer dans un pareil uua{>c , pour
fournir à tous lei coups qu il donne, hn fécond lieu , l'on voie qu'un
conducteur , donc on rire une ctincclle , ed à 1 inllinc dépouillé de
coût fon feu^ je fais que le défaut de continuité dans les parties défé-
rentes qui compofent les nu.igcs, peut empêcher que fon dépouille-
niL'nc ne foie aulli inftintané , mais toujours eft-il vrai que chaque explo-
Hon diminue fon feu, au point qu'un périt nombre devroit le lui en-
lever en totalité. U faut donc que cette éleAricité lui foie fouvent fup-
pléée d'ailleurs pendant le rems que dure Potage qu'il caufe, & quelle
éprouve des variations indépendances des explofions par lefquelUs elle
(e décharç^e. On peut appercevoir par ce que j'ai dit plus haut, quelles
peuvent être les caufes de ces varianons , & I on en a la preuve pat
les obfcrvations qui conflaccnt qu'on a vu pendant le mcmc orage l'élec-
rricitc du mcme nuage ccre tantôt polîtive & cantnr négative.
Examinons maintenant comment fe font les diffcremes décharges d«
cette éle&rijité , foir d un nuage A un autic » foit des nuages ^ la
terre , ou immédiateirfent , ou p.ir le moyen des corps élevés . tels
que les édirices, les arbres, dcc. décharges qui forment les coups de
tonnerre & les éclairs.
II y a long-rems qu'on a remarqué, que parmi les coups de tonnerre.
Us uns tombent, & les autres ne tombent pas. Ceft aux premiers
qu'on a particulièrement alfedté le nom de foudre, fur- tout , loifquun
dégât quel.onque marque les traces de leur palfage. Quand deux nuées,
dont l'une cfl cleârifce Se l'autre ne l'elt pas ^ ou dont les éteâricttés font
contraires, s'approchent à une didance fuHîfamc , rcleâri<.îtc de l'une
s'élance à l'autre fous la forme d'une écin.elle , qui reHemble à celle
qui part entre un conduâeur élcArtfé ôc un autre qui ne L'eil pas Se
quon en approche futHCimm^rit; mats avec cette diAét«nce, que dans tes
oeuxcondudcurs qui font d'une iubftance métallique continue, l'crinctUe
éclate uniquement dans le lieu de leur féparation ; mais les nuaees
étant compolcs , comme nous l'avons dit , de particules déférentes plus
ou moins féparces par un milieu ifulanc, il fc forme à chaque esplo-
iîon entre ces particules, dci ctaînccs d'étincelles pareilles à celles qui
éclatent entre ces petits carreaux de feuilles d'étain qu'on colle tut
on verre pour reprefcntet difféientes ligures par l'électricité. Il y abieu
des éclairs qui nous font appercevoir cette fuctedion par une durée,
qui,quoiqu'inhnimcnt courte, eft cependant fenlible par comparaifon
a l'inRintanéité de l'étincelle unique, mais on l'opperçoit bien mieux
pat la durée du bruit qui fuie l'étlait , & qui fe propigeanr jufquWx
exrrémitcs des nuages à des diftances conlidcrjbles, fe £iit entendre
pendant un tems anez long, i caufe de la lenteut du mouvement du
Il ônSEnrÀTîONs svn. là physique,
fon compnré à celui de la lumière. La plupart des ccbîrs qui cclncenc
en I air & enrre lés mi.ige.s , prcfentene ptutôc rapp.irence d'uni, lu-
mière Jiftufe, que d'un trait de feu réuni j on peut croire que cela vient
du degré de raréf.iftion de U portion de l'atinorphère , dans laqu-llô
fl^ftcnt les nu.iges. On voit de mîme dans un vafe de vetre quon
peut vuidcr d'air , les étincelles éleâ:riques devenir inoin^ rcunies &
tilus dilfufes , à mefurc qu'un l'y rarétici plultuurs cclaiis mcm-'S, donc
3 lumière eft enrorc plus diffuTe, & qui ne font fuivis d';iu.un bruît,
retTemblent ices jets de feu cleârique qu'on voicéclatei: ipontancinent
Ôc en filence d-ns le vuide.
Les coups de tonnerie qui tombent, c'eft-à-dire ,qui s'élancent d îli nuée
verstaterre ou versies corps élevés qui communiquent avec elle, ccUtenc
ou immcJi;Uement ou mê«liitement. Je m'explique. Quelquefois le nuag^
orageux s'approche lui-même de tes corps i ta diftance de l'exploiîon,
qui fe fait alors immédiatement. Quelquefois , & nous verrons pluj-
bas que cette remirque eft importante , ce font dès portions de nuig*
non cleitrifécs qui par leur mouvement s'interpofenr enrre ces corps
& le nu.ige orageux , & excitent l'explofion qui eft alors médiate , en
fiirmc pour ainfi dire la fon£Kon d'un arc c'onduâeur , imparfait i
caufd du défiuc de continuité de fes parties. Le P. Bectaria a éubli
pour principe, d'après l'expérience» que I explolîon éleifVrique entraîne
fur fo ' chemin les parties déféreiues mobiles Qu'elle rencontre, pour
faciliter fon partage jnfqu'i une diftance^à laquelle elle ne parviendroic
pis en traverfant un milieu rcfiftant. On fenr combien ce principe a
d'application rehtivement i des parties auflî mobiles que celles des
nuages , & combien il influe fur l'explofion de la foudre. Les nuages
orageux font compofcs de portions plus ou moins fcparées , fouvent
îfiur partie intcrieure eft comme déchirée en lambeaux pend.uis , Se
qui lervent de véhicule aux cxplofions. La longueur qua fouvent le
tfait de feu qui forme la foudre , eft une preuve que cette explofioii
travers
agc eft
portée à un degré de tenfion incroyable, pour fournir un trait de feu
aurtl long,& les eïFcts de la foudre feroient bien plus conlidcrablcs
encore qu'ils ne le font.
Les dilTérens bruits que fait entendre le tonnerre qui combe, fui-
vaht les différentes circonftanres, font aifcs à expliquer en les com»
pirant aux explofions anificiellcs que nous excitons , par l« moyen
do nos machines. Lorfqu'on fait la décharge d'une forte bouteille pat
un tondufteuc ftiffifamment gros , ctjncma & terminé par une boule
ou un corps moulfe , le bruit de l'exploiTon jouit de toute fa force. ~
Si le circuit eft interrompu par quelque fubftânct rcfiftanre, ou pat
SUR l'TIlSr, NATURELLE ET LES ARTS, »j
le peu de cipiàcé de quelqu'une de Ut parties , fans que l'interrup-
tion ccpendaiK ioit alfez coiifidcrable pour empicher que la décharge
ne foit fenriblement inftintance , comme lorfqu oi\ fournée À t'explo-
fion des cKiiix métalliques qu'on veut revivirter, ou des feuilles min-
ces de métal battu pour les fondre , le bruit cft ^beaucoup moins fort.
I^rfqu'enhn rintcrrupiion t(l aller con(îdcuble, poui que U décharge
ne puilfc fe faire que fuccefllvement , comme lorsqu'on décharge une
bouteille, ctaiu fimplement pofce fur le pUnchet, fnns communiquer
Itar une chaîne de corps bien dcfcrens avec U furirice extérieure , alors
e bruit fe chinge en une efpéce <ie fitflement ou de craqueirtânt con-
tinu , plus ou moins fort , félon les circoiiftances \ la même chofe
arrive a peu-près lorfqu'ou fait la décharge avec un exciutL-ur pointa
qu'on approche par de;^cé^. De même quelquefois le tonnerre tombe
avec on bruit confidérablc, qui indique que fon trajet, jufques dans
l'intérieur de la terre , s'eft trouvé libre ; quelquefois le coup paroît
très-foîble & prefqu'unique , Se cela efl fouvenc arrivé à des coups de
foudre qui ont brifé ou embrâfc des bâtimcn5,4c qui donnoient alnfi
U preuve de la réàftance qu'ils avoiciu éprouvée dans leur partage;
quelquefois le Sifflement & le craqirfnient continu dont j*ai partes eft
imite par ces coups de tonnerre , qui , comme on dit, déchirent le
tafFeLis , ce qui paroît provenir de ce que le fcu que lance la nuée éprouve
une rcfiftante, qui taufe quelque fucceflion dans fon mouvemetïc
On a paJiÉ fuuvent, & même dans cet ouvrage , des coups de
tonnerre qui s'élèvent déterre, (i) Il e(l ccruin , comme je l'ai dit
plu'î haut, que le nuage orageux eft cleÛtlfc tantôt pofitivement tantôt
négativement. Dans le premier cas, l'explonon fe fait du nuage i U
terre , dans le fécond, elle fe dirige de la terre au nuage. M>is on voit
par les expériences électriques , combien il eft peu pclTIble déjuger
par le rapport des fens, de la diredion du courant d'cledriciié U en eft
de même des cas rapportés pour pteuve de la direâlon de U foudre.
L'opinion qu'elle s'élève quelquefois de terre eft cependant vraie dans
le fens qui vient' d'ctre expliqué , nuis la c;iufe de la rupture de
l'équilibre de l'éleârtcité réfide dans les nuages & point dans b retce.
Celle-ci étant i une profondeur fouvent peu conûdérable , toujours
plus ou moins entrecoupée de veines d'eau , >l eft difficile de croire
qu'il puifTe s'y accumuler un excès ou un défiut d'éleâricité capable
aopérer une exptolion fembUble à celle de la foudre, Se l'on voie
que l'effet des moyens préfervaûfs doit être à-peu-près le même, foie
que la foudre ait fa direâion de la nuée à la texte, fott qu'elle l'ait
y
(i) Voyci également le Mémoire de M. Bcicfaoloo , dar« ce Rccocil , ann^e '777»
Tome JOi pag. I7y.
»4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
de la cerre i U nU^. U faut rena.irqucr i ce fujec , ainfî que je pAidic
plus Iiaur cianb une noce , que les cxplulions qui une fouvenc <;u iîea
dari); dei mine» ou dans d'jurces fuuterrains Temblables, piroitlenc
Être dues uniquement i t'ntr iiiflimmable, qui , cornue le dcmoiure
M. Volu dam Tes lettres fur l'air inR.immabIe dei miriis , eft pro-
duit en abondance pjr U dccompofirion des matières vc-^ctales & ani-
male:! , dont on a reconnu le dégagement abondant dans bien des
raines , fie entre autres dans celles de charbon de terre & de (cl gem-
me, !k qui peut s'allumer pat différentes caufes. Le Journal de Part^ du
29 Novembre 177S , contient un fait curieux, (1) qui fiic voir qu'une
pateille explofîon pcui»cgalet un coup de foudre dans fa focce & dans
les effets.
Ayant examine fuccin^lement la manière dont le feu du tonnerre
eft contenu dans les nuages , 6c s'élance vers les corps continus à la
terre pour les frapper , il cfl tems de paflet à l'examen des diÀcrentes
quefUous que j'ai propofccs.
•
Première ^ncjllan.
Quelle eft la dimenllon qu'on doit donner à un conduâeur, pouf
qu'il foi t ca eut de tranfmettre un coup de foudre queLonque, (ans
que le bâtiment & le condutlleut lui-mcmc en fuit endommage ?
Pout alTurer entièrement un bâtiment contre les ravages de la foudre,
ilue fumt pas que le condutfïeur qu'on y adapte iranfmette la totalité d'un
coup de foudre fans danger pour le bâtiment j il faut encore que te con-
(i) Voici le fait tel qu'il y cfl rippotté d^ins une tctue aux Auteurs du Journal.
«» J'ai rtioniîcuï de vous faifC part d'un évêucmcni ircs- extraordinaire , arrivé le 14
» de ce tnois , ï \o hcuici du Toir , chez un Epicier . rue de U Cornette , an Gros
». Caillou. L'époufe de ce Marchand , jetn par le fîège d'aifancc un papier allumd ;
u clic Tut i l'inltant eiivîronnife de flammtfs qui remplirent louc l'intéiictir du cabi-
» net . mirent le feu à la coctFuie , £: ne Uii's^tcnt pas de faite împtefTion fur le
M viCtge , les bras & 1rs nutns de cette Dame, effet qnc cet ait inâaniiiiablc n'eût
« pas produit, s'il n'avoir ité au/Ii reffcrrif pat le local ; une chan.lclle cjtii ctoïr dans
nie cabinet fïit éteinte; les mattcres fîicn; cxploftonif remontèrent jufqu'au plafond i
M à un (iiBcineni confidcrable fucc^da un biuit foutertein 2f une curomotion (î pro-
M dtgicufc , (]ue les maifons voifincs en fuient ébranlées &; Bretic foup^onttcr un Tiai
n trcmblcmait de terre. La clef de la foffe fut cafRedans toute fa longacur, & foiile-
u vée-, tout ces ph^nonicne« fc pafscrcDi dans le même iudant > le dernier a ^té une
*> forte odcut fulfurcufe qui s'eft répandue & a doré pluûears jour<t dans le quartier ",
Il 'cfl évident que cet évcncmcm tt'cH dti qu'il l'air inâatnmable, dont plufieurs
obfcrvations ont tait reconnoîcie l'cxtUcncc & le dc'gagcmcut dan» les latrines.
du^cur
SUR VHTST. NATURELLE ET LES ARTS, t$
du(5teur puillê foutenir fon efforr, & n'en foit pas dormit ei\ rout ou
€11 partie \ car alors , outre l'inutilicc de la dcpenie , une féconde explo-
iïon peur caufcr au bàtimeitc tout le déeât donc on vouloir lepréfecver.
Efl-il ponible de déterminée quel eft le volume c^uon doit donner X
un condudeur» pour qu'il ne pullFe pas être décruic par la foudre? Il
âudroit fans douce bien des obfcrvaiions qui nous inanquenc encore *
pour fixer des dimenlîons bien exaÛes; cependant , nous fommes en
<^tar d'après celles qu'on a recueillies Jufqu'ici, de do;mer un i-pou-prc*
fu^fanc pour la prarique.
Mais il faut d'abord obferver à ce fujet, qu'A volume ^gal un con-
ducteur fera d aucaiu plus en ccac de cranfmeccre la foudre fans en erre
détruit , qu'il aura un conra^ plus immédiat avec l'eau qui cft dans
i'intcrîeur de la terre ,& <^u'it jouira dans toutes fcs parties d'une con-
tinuité plus fxadle ; ce qui fait le fuiet des deux quctlïons fuivantes.
En effet, le défaut d'une de ces conditions oppofe au mouvement du
fluide électrique une rcfidance , qui le fiifanr refluet , peut l'accumuler
dans dçs parties du conducteur au point de les fondre ou de les difliper.
randis qu'il ne les eût pas endommagées , s'il y eût joui d'un mouve-
ment libre. La foudre tombée fur des bâtimens a quelquefois fondu
en partie & endommagé des morceaux de métal ifolés d'un volume
afTez grand, pour que s ils eulTent fait partie d'un conduâcur continu,
ils eulient pu la tranfmettre fans en conferverdc traces.
On a vu fouvenc des coups de ronnerre tombés en difFérens endroits,
ccte conduits a des didances confidérables par des lils de fer de fon-
netces , qui quelquefois font reliés entiers , Quelquefois ont été détruits,
le petit nombre de relations connues at
Dans le petit
le coups de foudre tombés
fur des maifons armées dé conducteurs , on rapporte que des fils mé-
talliques minces, qui en faifoient partie, ont été fondus ou diflipés*
On en trouve entre autres un exemple dans les oeuvres du D. Franklin.
Il y eft dit, qu'un fil de laiton mince, qui réunillôit les portions fupé-
rieure Se inférieure d'un conducteur , a été détruit par la foudre. Sa
groireurn'eft pas fpécihée,on peucfuppoferqu'ellen'exccdoitpas une ligne
de diamctre. Dans d'autres exemples de ce genre, on a vu des coups
de foudre qui paro)lToictit de la plus grande violence , traverfct des
conducteurs du diamètre d'une rringle ordinaire , Se de celui d'un demi-
pouce , fans les endommager^ ôc L'on n'a pas connoiifance que des
conducteurs de ce volume aient jamais foufferc de ta foudre. On peut
donc ratfonnablement croire que cette dernière dimenfion peut fumte,
6ç en pouilant la chofe jufqu'à un fcrupule bien naturel dans une mn-
cière auÛi importante , on peut , je crois , affirmer qu'un conducteur
bien conltruir , d'un pouce de diamètre , ou ptufteurs conducteurs
réunis qui égaleront cette dimenfton, pourront irAnfmenre la pli;sfo[tg
Tome Xjr, Part. II. 1 775, JUILLET D
xS OBSERrATlONS SUR LÀ PHYSIQUE»
explofîon poflible de la foudre, fans que ni eux ni l'i^diûce , auquel il»
fuiu iippUqucs,en reçoivent le moindre dommage.
Seconde quefiion.
Eft-il crcs-effentiel «lue Vcxtrcmitc inférieure du conduûeuc ibou-
ïifle dans i'eau , ou fu&t-il qu'elle s'enfonce en lecre ?
Rèponfc.
Pour qu'un conducteur puiffe tranfmettre en entier une exploiîon
quelconque de la foudre , & prcferver complètement un bâcimenc ,
il faut que rien n'y arrête le patTaee du fluide cleârique, 6c que celui-
ci, dès qu'il eft entré dans leconduâeur, puilTe ierraverfer librement
& fe répandre à l'inïlant dans toute la malle du globe. Quoique la
vertu conduârice de l'eau foit infëricurc à telle des métaux , on fait
cependant que réle^icité la traverfe alfez librement, fur-tour lorf-
qu'ellc eft d'un certain volume. On s'eft imaginé que rimérieur de la
terre i une certaine profondeur étant toujours humide , il fuftifoit que
le conduâeur pût communiquer i cette humidité , pour être en état
de remplir fa tonftion. En effet, cela peut arriver fouvent. Mais on
fait qu une explofion éleétrique en rraverftnt une couche d'eau tr^S'
mince, la diftipe en vapeurs :, il peur donc arriver qu'une féconde expto-
fion de la foudre ne trouvant plus l'humidité c^ui avoit fervi à conduire
la première, déploie fon énergie contre le bacunent qu'on vouloit pré'
fetverî cette humidité d'ailleurs , outre qu'elle eft variable , offre tou-
jours à la foudre un palfa^e moins libre qu'un volume d'eau pafîable-
ment grand. Lorfqu'il s'agira donc de préferver un bâtiment d'une cer-
taine importance , je confeillerai toujours d'obferver fcrupuleufement
la communication du conduéïeur avec l'eau ; deux fiits rapportés
dans les œuvres du D. Franklin viennent i l'appui de mon opinion.
Dans le premier, le conduâeur de M, Weft i Philadelphie, dont l'ex-
trcmiré inférieure s*enfoni;oit de quatre à cinq pieds en terre, ayant été
frappé de la foudre , plulîeurs pcrfonnes virent le feu briller fur le
pave autour du conduâeur à une ou deux toifes de diftance, & M.
weft lui-même appuyé contre fon mur i porrée du conduAeur, ref-
fentit une concumon affez vive , preuve que le feu éleArique avoit
fouffcrt dans fon paflage un retardement qui eût pu devenir funcfte
au bâtiment , s'il eût duré un peu plu?. Le fécond exempte eft celui
du condudeur de la maifun de M. Maine dans la CaroUne Méridio-
nale. Ce conduâeur . qui s'enfonçoit de trois pieds en terre ayant été
frappé > il y eut beaucoup de dégît autour de fon extrémité mténeuro
SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 17
8f <)ans h partie des fondations de la maifon , qui en éEoic proche ,
dégât qui indiouoit un reflux de la matière cleÀrique , & qui ii*eûc
pis eu lieu il le conduâeuc eue idonsc dans l'eau.
pas
Troljtime fucpioru
&
Jufqu'^iquel point doit-on pouffer les précautions pout la comiguitc
la continuité des parties duconduâeui?
Riponfi,
Dans l'exemple de M. Maine , qui vient d'ctre cite , le condut^euc
éioit compofc de tringles de fet accrochées les unes aux autres pac
des joints en anneaux , Se contenues de diflance en diUiance par des
cratnpons fcellés dans le mur. On vit après le coup de fouare, des
marques de fufion alfez coniîdér:ibles à tous les joints des crochets ,
pIuHeurs cioient décrochés , & ia plupart des crampons fe trouvèrent
ébranles : il y eut d'ailleurs plulieurs dccats caiifés principalement par
une force concudion que ce coup avoir f:>ic éprouver a la maifon.
Le Docteur branklin, en raifonnanc fur cet évènemet » attribue tous
ces effets , partie à ce que le conducteur ne s'enfon^oic pas jufque)
dans l'eau , comme nous l'avons dît plus haut , partie au manque de
continuitc du conducteur , dont les différentes portions n'étant qu'ac-
crochées les unes aux autres » ne fe rouchoient que par des points. Ou
voit dans les expériences ^leâriqnes , lorfqu'on fait pider une cxplo-
fion par un couducieur, dont les parties ne font que foiblement con-
ligacs, tel qu'une chaîne , des ti^es de métal fimplement accrochées , Arc,
qui chaque point de contaâ: il éclate une [Retire étincelle qui indi-
que un obfiacle. Se par conféquent un retardement dans le mouvement
i/c l'éledhicité. Par la mcmc raifon , la foudre éprouvera plus de diffi-
culté À fe mouvoir dans un conducteur , dont les différentes pièces
n'auront qu'un contaû imparfait, & pourra par conféquent l'endom-
tnager s'il s'y trouve quelque partie fbibic. Tontes les rois donc qu'ort
voiuira fe procurer le plus grand degré de sûreté roilible, fe conleille
d'établir la cominuité la plus cxaCle entre les différentes patries du
conduâeur^ Cc(a fe fin ttès-airémeni en coupant en bec de Ante
les extrémités de chacune des barres qui le compofent , en les appli-
^sant l'une contre l'autre & les ferrant avec des vis. On peut ntème,
ponr plus de précaution , incerpofer entre tes joints des lames de plomb,
qui rendront le contadl plus parfair. je n'entends cependant pas exclure
les conduâeurs deflinés à faire des obfervations fur l'éleâricitc de l'at-
mofphère Se des nuages orageux : ceux-ci doivent uéccffairement avoir
1775. JUILLET. Di
x9 OBSERrJTlONS SUR LA PHYSIQUE,
une incerrupcion & même ctre \(o\h i mais je confeilIerAi toujoui's de
pratiquer cet irolemenc & cette interruption dans la p.ntie la plus élevée
d'une maifon , d'ob(erver les précautions qu'indique M. de Sauflure dans
fon manifefle pour diminuer cette interruption » & de donner au fur-
plus du conduaeur coûte la concinuicé poJTible. . ,
Quatrième qucjîion.
Jufaua quel point doit-on lier avec le cnndudcur toutes les poi'
tions de mctal qui Te trouveut dans le bâtiment i
Reponfi,
. Ceft ici le point fur lequel M. l'Abbé Toaldo infifte le plus &
avec raifon ; cepcndanr on pourroir , au fujec de cette précaution ,
donner dans un excès de fcrupule , qui , fans contribuer en rien à la
fureté que doit procurer le conduftenr , ne feroit qu'augmenter innii-
lemenr les frais de fa conftruftion. U eft certain que toutes les fois
que le feu de la foudre trouvera fur fon chemin le conduâcut , plutôt
qu'un autre morceau de métal plus ifolé que lui , il s'y jettera de pré-
férence. Lorfque le conducteur donc fera extérieur au bâtiment , la
foudre qui viendra de fon coté y entrera fans attaquer des portions
de métal qui feroient dans rintcricur. Ainfi , dans une difpomion de
conducteurs, par bquelle ils garnitoienc i l'extéiienr tous les c&tés d'un
bâtiment , les parties de métal qui fe trouveroient plus intérieurement,
Quoique féparces du conducteur, ne feroient point attaquées de la fou-
re , & même à dillance égale elle fe jettera plutôt tur un conduc-
teur continu , & qui lui procurera une iiTne libre & aifée , que fur un
morceau de métal fcparé , dans lequel fon mouvement éprouvera de
la réfiftance. Cette précaution n'eft donc rigoureufement ncceifaire que
pour les parries métalliques que U foudre peut rencontrer dans ion
chemin en fe portant au conduéleur & avant d'y être parvenue. U eft
certain qu'alors elle s'y jettera, & que trouvant à leut ilfuc une inter*
ruption , elle pourra brifer & détruire les corps que lui barreronr le
paîrage & s'oppofetonc à la tendance qu'elle a naturellement à fe porrer
vers le conduucur qui lui offre une ïHue libre. C'eit ainfi que dans
l'accident des magaHns à poudre de Purfleet, & dans celui de la mai-
fon de M. Ha^enden , la foudre s'eft portée fur les crampons ifolés
& fur la cheminée, & en s'élançant de-U vers les conduâeuts^ i dé-
txait les corps qui i'oppofoiem à fon palfage.
SUR l'HIST, KATUREllE ET LES ARTS. 19
Cin^tiiims qucjîion.
Peut - on , fans danger , laiiTer le condtifleur contîgu au bâtiment,
foie ?n dedans, fou en dehors , ou ronvicnc- il de l'ifoler dans fà
longueur, & même de le placer à <]uel(^ue difhnce du bâcimenc?
Réponft,
:puis change
égard \ qu'il s'étoit convaincu que cette précaution étoit non- feulement
inutile , mais même quelle n'ctoit pas aulli iiire qu'il l'avoit penfé
d'abord. Comme elle ne peut manquer d'ajouter beaucoup de (wpen-
fes & d'embarra» à la conftruftion des conducteurs , je crois qu'il
fuiHra d'être pccfuadc de fon inutilité pour fe dctermmer à l'aban-
donner.
Le feul motif qui puifTe porter i ifoler le conducteur , efl la craintiS
de l'effet latctal de t'explofton qui te traverfe. On voie dans les explo-
(ions électriques d'une forte batterie , que quelquefois des cocps qui
ne font pas partie du circuit , mais qui en font très-proches , reçoivent
une concufTion fenfiblc \ cela n'artive cependant que lorfque ce circuit
n'ell pas parfait , & lorfque le mouvement du fluide cleârique f
éprouve quelque rcHitance , qui provient , ou de la nature des corps
qui conipofent ce circuit , ou de leur défaut de capacité j rcfiftance
qui , en le refoulant , lui fait faire un effort latéral fur les corps con-
ngus ou très-proches. Mais cet effet n'arrive pas lorfque l'arc conduc-
teur e(l d'un métal bien continu & d'une grofleur fuffifanie. De même
(î le conduéleur dcflîné à prcferver un cdince, pêche par un trop peiic
volume ipar un défaut de continuité ou pour nctre pas enfoncé jufqu'i
l'eau; il c(l polfible qu'une explofîon violente de la foudre produife
un effet latéral , qui aille nicme jufqu'à endommager l'édiRce. On en
a vu l'exemple aans deux cas cités plus haut. M. Weft a reçu une
concuffion , étant appuyé contre le mur, i portée de fon condu£teur>
dont la communication , avec l'eau , n'ctoit pas affez immédiate \ le
même défaut , &: celui d'une continuité parnite dans les différentes
parties qui compofoient le conducteur de M. Maine, a fait que les
crampons qui le bxoient contre le mur, ont été ébranlés par la con-
cufHon latérale qu'ils ont effuyée ; mais un conduCtcuc conftruit avec
toutes les précautions dont nous avons parlé , fera en état de tranfmet-
cre librement & initantancmenc tout le feu répandu par une explofioa
îo OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,
de la foudre , & celui - ci n'cprouvanr aucun obflacle dans Ton mou-
vemenc . ne Fera aucun cfïorr lacerai , Se ne caufera aucune aitcracion
aux corps qui environneronc le conducteur , &c qui lui feront même
contigus. La précaution d'ifoler un condudcur bien fiitt , ou de Icloi-
gner du corps du bâcimenc i me paroît donc abfolument mutité Se
d'un fcrupute outré , & je penfe qu'on peut > fans courir aucun rifque»
le faire defcendre en • dehocs ou en - dedans du bâtiment fuivant U
commodité.
Sixième quejîion.
Faut-il que l'extrcmitc fupcricure du conauâeur foie élevée & poin-
xne, ou convient-il de la faire ba (Te & obtufe?
Rèponfi»
Voici de toutes les qaeftions qu'on peut faire ftir la conftruétion
des conduâeurs, celle fur laquelle les avis font le plus p/.rta^cs & qui
paroît la plus difficile à réfoudre. D habiles Phyficiens ont foutenu &
fbuciennenr encore le pour & le conrre. M. l'Abbé To.ilJo, après avoir
dans fes premiers écrits Se d.tns fes premières contlruAiuns adopté
l'itûge des pointer, les rejette en quelque foire dans fes derniers, & fem-
ble pencher pour l'opinion de IVf. Wilfon , qui les profcnc abfr>Iument.
Il feroit fans doute téméraire d'ofer prononcer entre t;'nt d'habUcs cens.
Je me contenterai de propofer quelques réflexions fur cette queftion j
j'eipoferai enfuite mou opinion , mais je fuis bien-Iom de prétendre
qu'elle doive iâire loi.
Je n'entrerai pas dans le détail de la théorie de Téledlriciic rclative-
tnenc aux pointes. On fait en général qu'un corps pointu préfcnié à
mi corps clctflrifé, lui enlevé fon cUâricitc à une diHaïue à laquelle
nn corps moulTe n'auroic aucune aftion fur lui , & cela en filenio fie
fans explofîon \ que le corps moulTe au contraire n'agît fur le corps
éleûrifc, qu'à la diflance k laquelle il peut en tirer une ctincelieique
cette di(lanceeft rrcs-grandeencomparaifon de celle i laquelle la pt^nte
peut également citer l'étincelle , & que - Ile qui eft tirée par la pointe eft
mtinimenc foible 5c à peine vifible. M. Le Roy, dans nn excellent Mcmoite
fur cette matière, qu'il a lu à l'Académie des Sciences en 1775, & dont
l'exRait fc trouve dans le Journal de M. l'Abbé Rozicr,Tome U , page
457, a dérerminc ces diUances rcfpeAives avec autant de prccillon
qu'il eft poflîble. Il a vu qu'une pointe tiroir le feu d'un conducteur
cledlrifc a une difbnce \6 fois plus erande que celle à laquelle une
bontc
qu'à U'
ponrroic agir fur lui , que l'ac'lion de celle-ci ne devenoii fenlible
i dilhnce a laquelle elle pouvoit en tirer une étincelle, & qu'enfin
SUR VMIST, NATURELLE ET LES ARTS, jj
il filloit approcher la poinie }tf fois plus près dn conduâeur que U
boule, pour pouvoir cg.ilement tirer une crinvelle.
Il eftbien difficile d'avoir des preuves diredeï de l'effet des pointes
appliquées aux conduAeuti Ce n'ell mie d'après les expériences électriques
faites duis nos cabinets Si. pj.t nntlogte, que nous pouvons décider fut
1,1 bonté ou le danger de leur ufi^^e. Mais il n'cll pasaufli aifc qu'il le
femblc au premier coup d'œil , d 'éîiblir cette anilogie dans tous fes
points d'une nuiiière bien cenalne. Ce n'eft pas dans la comparaifon
des effets du petit au grand, mais dans la parité des circonuances à
obfeTvec que icfide la dtfiicuUc.
Il paroît prouve tant par les expériences de M. LeRoy , que par relies
de M. Nairne,dom il fera p-irlé plus bas, que lorfqu'un nuage cliargé
d'életlriticr s'approchera graduellement . même avec une grande rapi-
dité, de la pointe qui termine un conduAeur , la pointe attirera ou
ditlipera en lîlenjc l'éle^lricirc du nuige à une dill:incc à laquelle ce
conducteur , s'il ctoit obtus > ne pourroit pas être frappe par l'exploUon
fîjlrainante \ & par conféqucni , IJ ce nuage continuoit i s'approcher &
arrivoic enlîn à la diAan.e nécelTiire pour donner une explolion à cette
pointe , diftance qui, conformément aux mêmes expériences, eft înRni-
ment plus peritc que celle à laquelle il frapperoit un coaduâcur obtus ,
cette explofion feroit extrêmement foible.
Il y a encore un autre avantage à attendre de l'effet des pointes. On
£tit que les nu^es orageux ont communément leur partie infërieure
comme déchirée & pattaeée en lambeaux plus ou monis peiidans , &
ue CCS lambeaux lont l'intermède par lequel la foudre fe décharge
iir les bâtimens. Le D. Iranklin voulant juger l'effet que les pointes
pourroienc ptoduire fur ces Limbeiux flottans , imagina de les imiter
par des flocons de coton très-lâches & très-fléxibles , fufpendus à un
condu(!teur fortement éle^rifé. Il vit que lorfqu'il leur ptéfentoit en-
deffous un morceau de métal arrondi , ces flocons s'étcndoient vers ce
métal en s'épanouiffant & en s'cloignant du conduâeuri que lorfqu'au
contraire il leur ptcfcntoît une pointe algue, ces mcmes Aoconsfe rele-
voient en s'cloignanc de la pointe & en paroifTant la fuir, & fe rappto-
choient du condudleur. Il a conclu que les pointes éloigneroient & thaf-
fcroient également les lambeaux du nuage vers le nuage piimipal , &'
par confcquent mettroient le condudeut , auquel elles font adaptées,
nors de la diftance néceflaire à l'explofion & l'en piéfttveroient.Lacom-
paraifon entre les flocons de coton Ôt les fragmens de nuages pourra
ne pas paroîire très-exaûe j les premiers font d'une fubftance qui n'eft.
que très- peu déférente; c'eft lentement qu'ils perdent ou qu'ih acqiùâ*-
rtnt l'ére^ricitc ; cette propriété eft même la caufe du phénomène
qui vient d'ccre cité. La cotaiicc du flocon cle^tfc fe porte vers U bcul9'
l
ji OBSERVATIONS SUR LJ PHYSIQUE^
qui ne l'eft pas» en vertu des loix d'attracîHon reconnues dans rcleftrî-
cicé. Mais la pointe par la prcpricrc qu'elle a de faciliter le mouve-
ment du fluicie cleftrique, déftleârife promptemeiic , de loin & fans
l'accirer , la couche de coton qui fe trouve tournée vers elle; telle-ci eft
dès-lots attirée par la couche fupérieuie qui a encore confcrvc fou élec-
tiicirc 'y ruccefllvemcnt le mcine e^er fe produit de couche en couche ,
& ïa totaltcc du flocon s'éloigne de la pointe & fe reflerre vers le con-
ducteur. Les fragmens pcndaiis des nuages étant compofés de vapeurs
aqueufes, qui font dune nature déférente, ne paroillcnt pas devoir prc-
fencer le même phénomène. Mais leur expan(ion dans un milieu de
nature rcfiftante fait à leur égard ce que fait à l'égard du coton la na-
ture réiîftante de fes parties propres. Les particules aqueufes fépatces
par des particules d'air ne reçoivent ou ne perdent leur électricité que
graduellement; leur partie baïTe déféleârifcc par la pointe du conduc-
teur» pourra donc être attirée par la partie fupéricucc qui aura encore
confervc fon cleâricité , & s'éloigner de la pointe. On peut donc
.croire que dans bien des circonllances l'cxpcricnce du flocon de coton
peut être applicable , & que la pointe pourra éloigner une cxplolîon qui
eiJt éclaté fur un conducteur , donr l'extrémité fupcrieure feroit arrondie.
Dans toutes les circonflances donr nous avons parlé jufqu'ici , un
conduifteur terminé en pointe ne fera jamais expofc à recevoir une
forte explofion , foit parce qu'il éloignera de lui les parties de nuage
qui pour roient la lui tranfmetire, foit parce c]u'il dépouillera le nuage
oc Ion électricité, de manière que celui-ci arrivé i la diftance où l'érin-
celle pourroit éclater, ne fera plus en état d'en donner qu'une très-foi-
bi( " ' ' ■ ....
grande force. Il y a donc des circonstances dans Icfquelles une pointe
peut être expofée à recevoir fubiiemenc une forte explofion.
J'ai dit plus haut , qu'if pouvoit arriver que des parties de nuages
iîon-éle<ftrirce5 vinlTent par leur mobilité s'mterpofer entre lo nuage
orageux & la terre, & former une efpèce darc condu^eur imparfiir,
mais cependaat propre à tranfmettre prefqu'inftantanément l'explofion
de l'un à l'autre. Ces mêmes parties, lorfqu'elles viendront s'interpo-
fcr entre le nuage & la pointe du condufteur , pourront fervir de
véhicule à l'explofiou de la foudre qui jouira de prefque toute fon
énergie au moment où elle entrera par la pointe, & pourra par con-
fécuicnt la fondre fie la diflîpcr. J'ai {.hercUé à comparer dans ce cas
l'eiTcc des pointes à celui des corps ronds, autant que cela fe peut par
les expériences électriques. J'ai éubli un circuit interrompu compofii
d'jjn .cylindre de cuivre ifolé , de l'exticiiiiic duquel je pouvois rappro-
cher
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, jj
^ cher ou cloigtier à volonté une pointe ou -une ix)ule de métal d'envi-
ron 6 lignes de dïamccre , qui pac une chaîne cummuniquoit à la fur-
face extérieure d'un bocal d'environ un pied & demi quarrc de furface
armée. J*ai charge ce bocal alTei fortement & toujours au m?me degré,
& j'en ai excité la décharge en appliquant une des extrémités d'unexci-
rateur garni d'un manche de verte au cylindre de cuivre ifolé , & en
couchant de l'aucte extrémité la garniture de la furface intérieure du
bocal. Par ce moven , la totalité de la décharge du bocal fe préfenroic
indancanément k l'extrémité du cylindre & vis-à-vis de la boule ou de
la pointe qui achevoic le circuit. Voici à-peu-près le réfultat de ces expé-
riences.
ia boule recevoir l'explofion jufqu*^ uhe diftance de huit lignes,
& le bruit annonçoir qu'eite étoit totale & réunie. A neuf lignes l'ex-
plofu}!! ne craverfoit plus Se il ne fe faifoic pas de décharge , ce qu'on
reconnoidoic , parce que la divergence d'un éleélromctre coniniunî-
quanr i la furface intérieure du bocal ne diminuoic pas fenfiblement.
La pointe reccvoit l'explofion totale réunie & bruyante jufqu'i U
diftance de lo lignes, & fi c'eût été celle d'une bauerie de \6 bocaux
& de 25 pieds quarrés de furface armée, que je fais condrulre main-
tenant , & qui n'ell pas encore achevée, je luis certiin que l'on eût re-
marqué de£ lignes de fufion a fun extrémité. A 11 lignes, l'excitateur,
AU Iteu du bruit ordinaire de l'cxploûon , excitoit ce bruirïement pro-
longé que j'ai comparé aux coups de tonnerre qui, comme on le dit
vulgairement , déchirent le taffetas. On voyoit un trait defeu plus foible
mais plus durable palier à la pointe , & l'cleâromctte , qui lors de Tex-
plolîon totale s'abattoit fubîtement, ne perdoic plus alors fa divergence
que gtaduellemenc. Les nicmes effets diminuoient en force & augmcn-
toicnt en durée à niefurc qu'on éloignoit la pointe jufqu'i une dihanc6
de trois pouces & davantage. A 6 pouces il ne fe faifoit plus de bruilTe-
ment , on voyoit nne très-petite lumière fut l'extrémité de la pointe,
& réle«£tromètrc s'abailloir lentement.
J'ai varié depuis ces expériences avec nn autre appareil , & les ré-
fultats que j'en ai obtenus m'ont étonné. \U mcricenc d'être décrits un
peu en détail.
'•'J'ai élevé fur deux colonnes de verre deux tiges de cuivre hottfot^-
tales qui traverfoient des canons de cuivre faifant rclTort, & dont leà
extrémités, qui fc préfcntoient diamétralement Tune cuntre l'autre,
&*éloignoient ou fc rapprochoienc i volonté.jc pQuvoîs garnît ces extrcmitcs
d'une boule d'un pouce de diamètre ou d'une pointe de cuivre. J'ai fiic
communiquer une de ces tiges avec U furface extérieure du bocal, donc
l'ai p-irlé plus haut. En appliquant à l'autre tige une des extrémité* de.
l'excitateur ifolé , je pouvois toucher de (or\ autre extrémité la gac-
Tomc Xir, Pan, II. 1 77,, JUILLET, h
H OBSERFATIOÎTS SUR l PHYSIQVE,
niture de I.i furface intctieuve du bocal, ^ faire par ronfcauent qne Lt
totalité de fa charge vînt fe prtTenrcr ^ l'inflmt à la fcp.iracioii des deux
tige^. J'ai (mi face cffive ment communiquer le condudeur auquel ctoic
annexe le bocal au principal condufteur de ma machine , & i fes
coullins irolcs , & par confcquent j'ai charge la furface intérieure du
bocal tantôt pofitivement, taniôc négativement , mais ccujours au mê-
me dcj;rc. Je m'alTurois de l'cgalitc de la charge par un cleâromctre de
M. Henley qui communiquoic avec le bocal.
I. Lorfque les deux boules fe préfentoienc l'une, i l'autre , foir que
le bocal fut élcchifé poruivcment» foit qu'il le fût ncgatîvcmcnt» l'ex-
plofion les traverfolt à environ huit ligne* de diftance ; un peu au-delà
il ne fe faifoic ni explolîon ni diminution fenHble dans la charge.
II. Ayant laiiïé la boule du côté qui répondoit à la furface intétîeure
du bocal, & mis une pointe vis-à-\isà l'autre tige, j'ai élecliifc poCi-
tivement , Se de manière qae l'explofion fut obligée de fortir par U
boule & d'entrer par la pointe. L'explo/îon totale & réunie a eu lieu
jufqu'i la diftance d'environ 14 lignes. P.ïlfc ce terme, il n'y avoir plus
qu'un fifflenienc accompagc d'une diflîpation graduelle & lente de I2
charge fans explofion.
ifl. Xai éUftrifé comme ci-devant en changeant feulement refoeûi-
Yemenc de place la boule & la pointe , de manière que l'explolion
lonle fortoit par celle-ci & entroit par la première. - L'explofion
totale a eu lieu jufqu'à la dillance de 54 lignes, 6c la dùlîpation gra-
duelle n'a commencé que vers 35 lignes.
Surpris d'une différence audî conJïdérable, ma première idée fijt
d'en conclure que l'électricité fort d'une pointe avec plus de ficilité
qu'elle n'y entre j qu'une pointe communiquant à un condudeur élec-
ciifé poritivcment , lance le feu éleâdque A une diftance à laquelle
cette même pointe communiquant à un conducteur négatif ne peut
fus l'aKiiet; au'une pointe prcfcntce vis-à-vis d'un conduàeur négatif,
ui fournit l'eleftlricité qui lui manque à une diftance d laquelle elle
ne peut pas foutirer celle d'un conduâeur pofitif : cependant comme
dans les expériences précédentes le fyftcme polîtif étoit le feul qui fïit
doué dune clcckticiié aftive, le fyftéme négatif étant lié avec la mafle
du globe , i'ai ^enfé que peut-ctrc cette adivité agiftbit fut la pointe
de manière à lui faire lancer le feu de plus loin lorfqu'elle communi-
quoitàla fur&ce intérieure du bocal i que lorfqu'elle n'avoit commu-
nication qu'avec la furface extérieure & avec le magafin commun ,
l'aftivité ne fe trouvoîr que du cote de la boule , & qu'ainG la pointe
ne pouvoir pas alors déployer en entier fon .lâion. C'cft pour vcribcr
SUR VniST, XJTUREILE BT LES JRTS. ,5
coté de Icleâricicîî négative , les phénomènes dévoient fe trouver les
mêmes s'ils dcpendoicnc de cette adivitc , & dévoient au contraire
être entièrement op^fés, s'ils n'étoienc proditits <^iie pirla diScrcnce
de l'influence des cUâxicitcs po^cive & négative fur l'iétion des
pointes.
IV. J'ai éle^rifc négativement ayajit placé la pointe da c&té de la
furfîce intctieure du bocal. Se h boule du côté qui communiquoit â fa
furface exufrieurei de manière que le feu clefttique fortic de celle-ci
pour palTer à la premiètc. L'explolion s'&d laite à-peu près comme dans
Je N*.!! , c'eft-àdire, iufqu'i 15 ou 16 liçnes au plus,& pour peu
qu'on augmentât cette diftance» il ne fe fàuoic plus qu'une dilfipation
graduelle accompagnée de ntflement.
V. En mettant la boule du côte de la futface intérieure du bocal Se
Se la pointe du côté de fa futface extérieure , de manière que la pointe
donnât & la boule reçût le feu éleârique, l'cxplonon à-peu-prcscom-
rac au N°. 111 , a eu lieu jufquà la diftance de 3 j, à 53 lignes.
J'ai répété ces expériences plufîeurs fois avec des rcfultats qui ne
varioient que d'une ligne ou deux tout au plus, ce qui eft inévitable Se
ne change rien aux conféquences qu'on en peut tirer. Il fjut remarquer
BQlTî que les ditférens diamètres des boules Se les différentes fineHes des
pointes qu'on employera , lorfqu'on voudra les répéter , apporteront
quelques changemens à ces rcfultats.
J'ai donc été obligé d'en revenir à ma première idée , Se de rccon-
noître qu'une pointe communiquant à un fydcme polîtif, tranfmcttra
une explofion i une diftance qui eft au-delà dii double de celle à la-
quelle elle pourra la recevoir lorfqu'clle communiquera à un fyftème
négatif. Ce fait qui me paroîr nouveau , n'en ayant trouvé nulle part
aucune mention , eft intéreifant pour la théorie de I clcdtricitc en
général (i).
(1) Les expériences qui viconenc d'être rapportées , ayant toutes éié faites par la dé-
charge f(« la boatctile de Lcydc, on knt objcAcra pcui-Jtre qu'il n'cft pas ccnato que
celle de ta foud rc foie de même natute j qu'elle doit plutôt être comparée â celle d un
conduâeur fimplemcni é\t&tiCé.
Ces dctix décljiari;cs font iiurinftqucmcnt de même nature. On en Toit la preuve
dans la féconde partie d'un Mémoire îniirctTaiu de M. Vo lia fur la capacité dcf coii*
dateurs éleéltiqucs, dont j'ai envoyé la rraduaion a M. l'Abbé Rozier 8e qtii pa.
roitra probablement dans fon Journal. Il y prouve par l'eipériencc, que la décharge
de la bn'.itcillc de Leydc ne diftéte de celle d'un conau:1cur élcftrifé qu'en proportion
delà différence dci capacités ; auc celleci peut de mcme que la première faire ref-
fcaiir la copimotioR ; qu'en rendant la capacité d'nn conducteur égale à celle d'une
bouteille» il D'y « aucune difiércacc dans l'câcc de la décharge dcTune 8c de t'autre^
1779. JUILLET, E X
S6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
Ces e:cpcriences font voir qu'une pointe, qui à peine peut recevoil
une cxplouoa fenfible , lorfqu'elle fc prcfenie immciiuîemenc à un con-
dufteur uu i la, garniture d'un bocal cleftriic , peut en recevoir une
trcs-forte, îorfquc celle-ci lui parvient mcdiaccmenc par l'inrerpolltion
d'un arc condufteur. Elles montrent par confcqucnc la caufe des explo-
rons fuIinin.inTes qui ont fondu ou diflîpé des pointes de condufteurs.
Il femble auOi d'après les rcAïUats , que de fembUbles exploitons
médiates de la foudre sclanceront de plus loin fur un conducteur pointu
que fur un conduâeuc obtus; de plus loin fur le premier lorlque te
nu-ige fera négatif, que lorfqu'il fera pofitif ; & ces expériences fein-
blenr offrir la plus forte objedion qu'on puilîe faire contre les conduc-
teurs pointus. Mais il faut obferver t i*'. que ces différences de dif-
tance, H elles ont lieu, doivent être infiniment moindres que celles
qu'on a vues dans ces expériences. Les portions de nuages dont j'ai parlé ,
ne peuvent f.ure que rtcs-imparfaitement U fonftion d'arc condu(fteuf»
La propagation de l'exnlolion s'y fera toujours aflez fucceflîvement,
pour que les pointes aient le rems d'exercer la faculté qu'elles ont
d'en dilTIper une partie , & ce qui en reftera ayant perdu de fa tenfion
ne pourra plus s'y élancer de fi loin , tandis qu'un condu^eur obtus ne
caulc aucune diOipation préalable , & reçoit l'explofion dans toute fa
force. 1". Nous avons vu dans toutes ces expériences, que paffc le
terme , auquel les pointes pouvoient recevoir l'explûfion, elles procu-
loîenc la diilipation fuirccllivc de l'éleâticité , tandis que les boules au-
delà du terme de l'explofion , n'y caufoient point de changement fen-
fible. j*. Il eft à croire que cette efpcce d'explofion médiate neft pas
Ja plus commune; que la plupart du tems c'eft le nuage même chargé
dVIeâricité , ou quelqu'une de les branches communiquant avec lui , qui
s'approche de nos bâtimens pour les frapper, & Temcacité des pointes
dans ce dernier cas eft prouvée d'une manicce iucontefbble.
D'après toutes ces confidérarions, fans ofer prononcer définitivement
fut l'ufa^e des pointes en général » je me hafarde feulement à propufcc
mon opinion fur ce fujer.
Dans l'application des conduûeurs aux édifices on peut fe propofer
nue poar qw b commotion ferafTe rcfTcmlr ,iln'eft pas iiécefTaircde riippofcr,conimt
luns Icipcricnce He LeyHc, dcuï furfaccs rappioch^c?; , l'une polîrivc fit l'jncie néga-
tive, & un couraot de feu qui aille immédiatcmctif fe rcn^^ieHc ['une à l'autre, mais qu'il
Tuftic que ce courant puilfc tcavetrcr libtcincnc & îiifUntanéniciK le corpf qui lui cH
expofif. Ce Mémoire réponH au ptobltmc propofé Jans le Jotirnal de PUyfiquc Je Fé-
vrier i777>& ne iloic lailVcc aucun fciupulc fur l'application Jcf ctpéiien^cs faites
par U décharge de U bouteille de Lcydc à l'cxplofion de la foudte.
l
SUR VHJST. NATUREllE ET IBS ARTS, 57
eu3f objets: l'un de prcfcrvcr uniquement en bâtiment de Ii foudre ,
«n ofFranc d une explohoii quelcciicjuc qui viendra le ftipper , un
chemin qui la conduire en entier dans 1 intccieur de la ccrre fans danger
pour le bâtiment j l'autre de diminuer l'cledricitc que contient le
nuage orageux , & par confcqnent le danger d« fon explofion , mcme
pour les cdiiice» qui entourent jufqu'i une certaine diftiuce celui qui
eft armé.
11 c(i certain que pour remplir complètement le premier objet Tufage
des pointes n'cft pas nécciraire. LorKju'uh édiâcc fera ^atni d'un con-
dudcur métallique d'une capacité ftinirante , bien continu , en contact
parfait avec les eaux de rincérieur du globe, & qui Cq prcfentera de
tous côtés à la foudre de prcfcrence i toute autre partie du bâtiment »
juelle que Toit la violence du coup qui pourra l'anàillir, &c quelle que
oit la forme dû condudeur, pointue ou obtufe, ce coup pourra bien
Jjiner quelques traces de fuii entrée dans le condudeur^c mitlque marque
de funun , mais une fuis entre il -le traverfera fans effet leaûblej & fans
danger pour le bâtiment.
Pourquoi cependant s'en renir A ce premier effet, fi Cm\s augmenter
les rifqaes on peut fe promettre de remplir jufqu'à un cercam point
le fécond , dont l'utilité ne fauioit Ctre comcllée. Or, il uy a que les
pointes qui foienr encrât de l'effeduer. Un conducteur qui en eft dé-
pourvu, n'a aucune aûion fur la nuée qui ne fe trouve pss alfcz à fi por-
tée pour lui donner une explofion. Les poinres au contraire > ainH que
nous l'avons vu , agillent à une grande diilance fur réleCtricité des
nuages en la fçuiirant. Ou en a des preuves diieûes dans les feux qui
brillent fouvent au fommet de ces pomtes par ^gs tems d'orage. Mer
voiHns en ont npper^u fur les pointes qui terminent le conduûeur
aue j'ai adapte d ma maifon il y a déjà quatre ans. Se qui s'élèvent de
douze pieds au- defliis de mon toir. Ces pointes font en argent, au
nombre de tinq, de la longueur de 6 pouces, dont une verticale &
quatre autres eu croix faifant avec la première des angles d'environ 60
aegrés pour fe préfenter avec avantage aux différentes direâions, par
lefquelles les nuages peuvent s'en approcher. Mes voifins ont vu, dis-
le , une flamme au fommet de chacune de ces cinq pointes , dans un mo-
ment où un nuage orageux , qui d'ailleurs ne ht aucun dégât, paffoit
au-defl'us. Preuve certaine qu'une partie de l'cleâriciic du nuage tra-
vcrfoit ces pointes en filence pour fe perdre en terre. On peut croire
que la quantité d'éledricité qui fe dillipc ainfi eft affez grande; on
voit h pointe d'une aiguille enlever & détruire en une féconde ou deux
féleÛricité d'un "vafte conducteur qui ne laiire pas d'&tre confidcrablc ;
on peut juger qu'il doit s'en didjper beaucoup par lés poinres d'un con-
ducteur , dont on vuÏE la t1âin;ne durer pendant plufieurs minutes.
j» O^SERFATIONS SUR t PHYS1Q_UE ,
Si, coiiformcment aux expériences que j'ai rapportées , il peut y avoir
des cas où Texplofion d'an nuage orageux atreigne de plus loin un
conducteur pointu qu'un autre qui fetoit obtus, j'ai dit que ces cas ne
dévoient pas ttre fort communs, aue ces différences ne feront pas trèï-
confîdctables, & qu'alors l'un & ('autre conduè^eur fcia cgalemcni en
^cac de dilîiper cette explollon fans dnngcr. Palîc le terme ce ces diffé-
rences, te condu^eur pointu reprend fa propriété de diminuer la force
de l'explofion en U rendant fu^certjve.
Quant à ce qui concerïic l'clcvation du condnfteur au-defTus du
bâtiment , je crois ïju*on peut conclure de ce qui a été dit, q^ue lorfqu*i1
fe terminera en pomte> on fera bien de l'élever autant qu'il fêta pof-
hblc. Plus il le fera, plus il pourra déployer fon pouvoir préfervatif ,
fans qu'il coure aucun danrjer de plus en r.-iifon de cetre élévation.
Lorfqu'au contraire on fera fon exrrrmité obtufe, on ne l'élévcra qu'au-
tant qu'il èft néceflaire pour qu'il fe prcfente à la foudre de préférence
1 toute autre pirtie du bâtiment. L*oDJet alors n*eft pas d'aller au-de-
vant de l'explofion , mais de lui préfentcr feulement «ne ilfuc qui
puilîê la tranfmetrre à la terre dircAement S: fans dan^r.
C'crt fans tcndemcrtt qu'on pourmît craindre que les con3mSeurs
pointus, de mt'me que ceux qui ne le font p.i5 , n'acrir.ilTcnc la fcM*
drc fur lesbâtimcns voifins-, un condnfteur. quel qu'il foit,ou n'attire pas
la foudre , ou n'attire que celle à laquelle il offre une ifTiie pour fe
difliper. Un condufteur obtus préfcrve le bâtiment auquel il eft adapte,
iàns ausmentet le danger de ceux qui l'environnent \ un condu^eur
pointu le diminue.
M. l'Abbé Toaldo,dans le funplcmenrjfeir mention des expériences
qui ont été faites au Pnnthéon ûc Londres fur l'effet des conduftcuts
termines en pointe , comparés à ceux qui fe terminent en boule , ^' dit ,
que l'opinion des perfoimes indifférentes avoir paru pen:Ker en fiiî'eaf
de ces detniets. Au moment où ces conlîdérations croient achevées SC
prêtes à être imprimées, il mefl tombe dans les mains, dans le caliier
d'Oftobre 177S d'un Journal qui paroît à Leipfîc en langue AUe-^'
mande, fous le titre de Mufeam Allemand ^\{x\q lettre de M. Liechien-
berger, Profcffeur d Gottingue , qui rapporte ces expériences ,5c celles
qui ont été fiiites en conféquence par M. Nairne. Je crois faire plai(îr
à mes le«5teurs en ajouranr ici l'extrait de certe lettre , & le détail de
ces expériences, qui, à te que rr-pporte M. Liechtenberger , lui a été
fait par un Anglois habile Phyficien qui en a été témoin oculaire \
d'autant plus qu'il me patoît que les tonféquences qu'on en peut titec
font abfulumenc oppofées à celles qu'annonce M. l'Abbé Toaldo.
M. "VTilfon , auteur des expériences du Panthéon, dont la falle eft
une des plus vaftéS qu'on connoiïîc , y avoit fufpendu Zc ifolé un fil
SUR VHIST. NATURELin ET LES ARTS. 50
<Je fer d'une longueur pcodîgicufc, Aox\x. les difil'ctmes ciccouv'oIuEÎons
étoienc (^'ioignccs les unes des autres àù ccoU à cjuâcre pieds, & qui coiur
;nuniquoieiic i un conducieur d'une étendue confidcrable. Ce conduo
leur cojifilloit eu plusdeceuc vingt gros tambours de Uiton recouverts
dVcain banu Se places à k aie ae m-iLÛècc ^ former crois cylindres
concigus y qui fe rejoiguoieuc en poteiice» Au-delTous d'une des extré-
mités de* ce coududcur , il avoic établi une pçtite maiTûn de bois icché
au Four d'euviruu deux pieds en quarcL-, polcc fur une plancKc Se atcv
chce à un gcos cooctepoids qui pouvoir U faire ^lilTer tio-rjpidcmeiu
le long d'une coulill'e de huit i neuf pieds en longueur. A l'extrcmitc
du coudttûeur en-delluus tenoit une Ujule de niccil d'un pouce -^ de
diamctre-(i^ Le long de U petite maifon du luuc jufqu'^u plancher
écoit Rxc un âl de fer qui reprcfentoic le conducteur de U foudre. M.
Wilfbii ;iyant place la petite uuifon ^ l'extrémité U plus éloignée de
la coulille, & mis fur ion totc une pointe de métal de j à 4 pouce$
de long en concad avec U til de £et nui f«rvuic de conduâeur , âc
.&ire fcpc ou huit révolutions au globe de la niachinc électrique. Autli-
tôc il Iddia le conct^poids , qui fit approcher rapidement U p<'ciie mai-
fon de la houle , qui étoit fous le condu^eur. La pointe reçut un*
exploHon à une petite dillonce. Lui ayant fubdirué une tige furmontce
d'une boule, l'explo/îon s'élança quelquefois de plus loin , quclqucf^ois de
plus près qu'avec la pointe- Quelques perfonnes ont cru remarquer que la
tige de U boule écoit de quelque choie plus courte que celle de la pointe ,
& qu'ainlî la pcemi^rc fc trouvoîc toujours à une plus gronde dilUnce
du condutflcur. U e(l oiCé de voir quel écoit dans ces expériences le bue
de M. Wiifou. Le grand conduif^cur repréfentoic une nuée orageufe :
comme il eiic été difiiciie de lui faire imiter le mouvement des nuées,
il a rendu la maifon mobile pour pouvoir l'eu approclier a volonté.
Si rexplofton eût toujours éclaté de plus loin fur la pointe que fur le
condudeuf obcos, M. Wilfon auroic eu raifon & le procès ieroit juge
en ftveur de ce dernier. On ne peut p.as nier que cela ne foie arrive
quelquefois j plulieurs perfonnes inl^ruites dans cette patrie ,& des
l^lembres même de la Société Royale l'ont vu. Mais c«U n'a pas eu
lieu conftammenc , & M. Liechrenberger penfe » avec raifon , que de
ces expériences faites avec un appareil très conhdérable & très-compli-
qué, dans lefquellcs 4^^ circonftatices qu'on ne pouvoic pas reconnoî-
tre ont pu donner lieu à ces variations, Cins fuppofer aucune mau-
vaife foi d.ins la manière de les faire, on ne peut tiea conclure contre
(0 Tomes les dimcnGonf d^nt il eft quciUoa dfus ces cipéticDCcs , ontiappocc
sao pied de Lopdccs.
'40 OBSERVATIONS SUR LÀ PffYSJQUE,
rufaze des pointes auquel caiu d'autres ont été favorables. Cela parole
connrmé par les expcricnccs de M. Nairne , faites avec un degré de
juftelTe de dVxaftitude auquel oh ne peut rien ajouter , qui» à ce qu'on
prétend , ont mis M. Wilfon, qui en a été témoin, hors d ctac de
rien répondre, & qui ont fait décider qu'il convenoît de terminer en
pointe trcs-aiguc les conduéleurs poux les magafms à poudre.. Voici le
détail de ces expériences.
La machine électrique que M. Nairne a employée conlîfte en un
cylindre de- verre de 1 8 pouces de diamètre. Le principal condudeur
a 6 pieds de long & i pied de diamctrei il eiX en bois, recouvert de
feuilles dctain > & élevé i 5 pieds de terre par deux colonnes de
verre recouvertes de cire d'Efpngne. De l'extrémité de ce condu(^eur
s'avance une boule de. laiton de 4 pouces | de diamètre.
Vis-à-vis celte boule & dans la ligne hotifontalc prolongée du con»
ducteur principal, M. p^airne avoir établi fur un pied de bois recouvert
de feuilles d'étain , un petit conduâeur con(îflant en un cylindre de
laiton de deux pieds de long & de 4 pouces de diamètre communi-
quant avec le plancher. Ce conducteur ctoit mobile de manière à pou-
voir ccre approché ou éloigné de la boule.
M. Nairne ayant vilTé a rextrcmiré antérieure du petïc condutftcur
une boule de laiton de 4 pouces de diamètre. Ht agir la machine. Les
étincelles qui ccoicnc de la plus grande force éclatcrenc d'une boule i.
l'autre à 17 pouces 7 de diflance. Ayant fubftirué à cette boule une
autre d'un pouce de diamètre , les étincelles n'éclatèreiu plus qu'i 1 5
pouces \* Une boule de -^^- de pouce ne tiroir plus l 'étincelle qu'à un
demi pouce. Ayant mis a la place une pointe, elle enleva l'éledlricité
du conducteur à toute dLn.iiicc entre o & 17 pouces |. M. Nairne ôca
la pointe , S< mit à fa place un cylindre de cire d'Eipagne de 10 pou*
ces de long & d'un pouce de diamc:re , fur lequel il avoir tîxc 10 pe-
rites barres de métal diftantes l'une de l'autre d'un demi-pouce , qui
fbrmoient un conduéVeuc interrompu , à l'extrémité duquel étoit une
pointe de fer crès-aiguc , qui fe préfentoîr vers la boule du conduc-
tetir. A la diltance de S pouce {, de tf pouces ^, & mcme de 7 pou-
ces X il s'élançuit de fortes étincelles fur la pointe, qui ne pouvoir plus
dllTîper réletftrlcité en filence à caufc des interruprlons du conduâeur.
En mertant à la place de la pointe une boule de 7^ de pouce, les étin-
celles partolcnt à S pouces ^ , & à 8 pouces ^ lorfque b boule ctoic
d'un pouce { de diamètre.
M. Nairne ota le petit condu(3:eur, & en établit un autre qui étoit
lié au conduifVeur principal pat le moyen d'une chaîne; il vouloit lui
faire reprcfencer un nuage mobile; eu conféquence il fécablic en équi-
libre & mobile fur fon axe comme un âéau de balance au fommec
do
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41
lËe U colonne de verre qui Tifoloit. Ce nua^e artificiel confiftoit eu
tine pièce de bois recouverce d'ctain , de 6 pieds de long & de- 4 à 5
pouces de diamètre, aux deux extrcmiics de laquelle il avoir furpendu
avec des Bis de fer deux baHiiis ou boîtes de fer blanc de poids égal »
de 10 pouces de long & de 8 pouces de diamètre- Cette efpèce de
nuée confervoit fon équilibre pendant qu'on cledrifoit, & qu'on tenoic
■à 1 1 pouces de diftance fous une de fes extrémités une boule ôc fous
cle£trique qui y entroic. Ayant ôté la pointe & Lui ayant fubftitué la
■boule > l'extrémité de la nuée s'abailîa vers celle-ci pour lui donner une
étincelle , & fe tint conftamment à la diftance nécelTaire pour que
{'étincelle continuât i éclater. M. Niirne ôta enfuite les baflins de fei
garaer ion équilibre , cane au on lui pi
Iiointe foit feule foit en mème-tems que la boule. Mais dès au'on ne
ui préferKoit que celle-ci , ia nucfe s'abalHoic vers elle pour lui don-
fier une étincelle , fe relevoit enfuice pour en tirer une du conduâeur,
fe rabainbic de nouveau , & continuoit ainfî â fe mouvoir , même
après qu'on avoir cefTé d'cleÛrifec, jufqu'à ce qu'elle eût épuifé toute
réleâricité du conduâeur,& Peut tranfmife à la boule. Une pointe
qui communiquoit i des morceaux de métal intetrompus difpofés le
iong d'un bâton de cire d'tfpagnc, produifoic le même effet que la
boule.
Lorfqu'on rendoit immobile ceconduéleur qui repréfentoit la nuée,
& qu'on le plaçoit à une diftance de 3 pouces du principal conduc-
teur , le premier donnoit 1 ciincelle à une pointe à 1 pouces tï , & mê-
me i près de 3 pouces de diftance \ mais M. Nairne remarque avec tai-
fon qu'on ne peut pas fe figurer qu'une nuée foit fixe & immobile.
Pour faire voir le peu de juftefte des expériences que M. Wilfoii
avoir faites avec fa maifon mobile, il plaça fous fon principal conduûeur
un appareil qui confiftoit en un bâton de trois ou quatre pieds de long,
à une des extrémités duquel étoit attaché un eros poids de plomb ; un
f>eu au-dclfusdu poids, le bâton étoit traverfé par un axe de fer> fut
equel le poids pouvoit le faire ofciller de manière que fon autre extré-
mité décrivît des arcs fort étendus , & étant placée fous le condufteuc
repréfentât les effets de la maifon de M, Wilfon. Le tout étoit recou-
vert de feuilles d'étain & avoir une communication parfaite avec le
plancher. Il mit au haut du bâton une pointe de fer ; un petit gart^on
xenoit cette pointe abaiiTce vers la terre pendant qu'on commençoit ï
Tome XIK^ Pm, JI. 177?. JUILLET. F
41 OBSERVATIONS SUR lA PHYSIQUE ,
éleftrifer, & la lâchant enfuite, le poids de plomb la televoit précipi-
cammcnc & la faifuit ufLillct de côcc & a'auue en palfaiic foiis le
conducteur. Lorfque la pointe pairoit à -p- de pouce du condu£teuc,iI
y avoit une (ftincellc. Mais à -^ de pouce de plus , l'cleâricitc s'en cchap-
celle échcoic fur une poimeà i pouce|, mais fur une boule d'un pouce^
elle éclacoit i lo pouces \ & mcrae i ii pouces,
M. Liechcenberget conclut avec raifon , que ces expériences imagv
fiées âvec intinimeuc du iagacitc, & exécutées avec la dextérité & la
précifion i^u'on cunnoïi à M. Nairnc > lailfent les adverfaires des pointes
cians t'impolVibiluc de leur rien oppofer. Je remanjue reufeuienc
^n elles n ont gucres rapport qu'à l'explofion que donneroit immé-
diatement i la pointe d'un condudeut un nuage éleârifé. Elles prou-
vent fans réplique, que cette explosion ne pouiroit avoir lieu qu'a une
diflance infiniment petite par comparaifon à celle où un condu<5teuc
moufle pourcoic la recevoir ; qu'au-'deia de cette diftance , la pointe
attirant en filence Icleiftricitc du nuage, la dillîpe fans eifet fcnfible,
& garantie par confcquent mcme les bâttmens des environs \ elles
prouvent que tout ao moins les pointes ne follicitenc point l'npptoche
du nuage orageux , tandis qu'un conducteur obtus peut l'anirer ver»
lui : (i) elles prouvent enfin qu'une pointe ne produit tous ces effets
falutaires, qu'autant qu'elle communiques la terre par un conduâeur
non interrompu ; <]ue lorfque cerre communication n'a pas lieu , la
pointe eft prelqu'aum cxpofce qu'un corps arrondi à l'explofîon de la
Foudre } Se elles confirment le danger auquel les portions de métal
pointues qui fe trouvent au haut des Eglifes & d'autres édifices ne les
expofent que trop fouvent.
Je delîrerois que M. Nairne pût répéter & retire avec le même foin
les expériences que j'ai rapportées relativement à l'explofîon que les
pointes peuvent recevoir mcdiatement. Je fuis perfuadé par l'ébauche
que j'en ai préfentée, que leur téfultar feroit en total également favo-
rable à l'ufage des pointes.
Je conclus donc cet article , en difaiit qu'un conduéleur fans poijites-
Ci} Si une pointe n'attire en aucune manière un conduâcurcoorioa & tic$-mobiIc(]oDt
elle foutire lélcdiicit^ , on peut croire que lotltjuc Jcs parties de ce conduilcur Icront
fépai^cs Se inter rompues , comoie le fonc celles des lambeaux pendons des nuages ^
une pointe les ^leârifcra graduellement . & fera auelles fc rclTerrcfont contre le nuage
ptiuctpat. Par conCéaucot t^pplicarion de l'exp^tcoce des flocons de coton du D. Fian—
iJtQ » c'cA pas dàiucc de piobabilué^
StTR L'fiIST, KATUREILE ET LES ARTS. 4J
peut très-bien remplir l'ob/ec auquel il eft Heftinc, mais que je préfé-
rerai cjujours celui qui fera gaciii d'une ou de plufieurs pointes.
Septième qutpion,
A quelle diftancc s'étend le pouvoir d'un conduÛeur pour préfec»
Ver de la foudre ?
Ripoitfi.
11 eft bien clair que cette queftion ne tombe que fur les conducteurs
fju'on termine en pointe. J'ai die plus haut qu'un conduâeurfans poin-
tes ne préferve que l'édifice auquel il eft adapté , encore fauc-il pour
le préfervcr en entier qu'il foit aifpofé de manière que de toutes parts
la foudre puifTe le frapper de préférence d toute autre partie de mctaL
Cxpofée dans le haut nu bâtiment*
Mais j'ai dit aufîî que les pointes ioîgnoîent i cet avantage ceîuî
d'étendre i une plus grande diftance la sûreté qu'elles procurent. On
peut aifément juger combien il eft impoflîble de fixer cette diftance.
Elle dépend d'une intnûté de cîrconftances variables, de la ^randeui;
des nuages , de leur cloigncmenr , de la quantité d'cleétriciic qu'ils
contiennent, de leur direction , de leur mouvement , de la manière dont
ils fe préfeutent aux pointes ; car il eft certain que l'adion de celles-ci
«ft extrêmement dimmuée , Jorfque leur direâiou n'eft pas perpendi-
culaire au nuage; c'eft pour cela que j'ai terminé le condu^cur de ma
maifon par des pointes inclinées en diffcrens fens. A mefurc que ce*
drconflances feront plus favorables , la protection des pointes s'éten-
dra plus loin.
Le feul exemple donc nous puinions faire nfage pour le moment,
eft celui de la foudre tombée fur la maïfon de M. Haffenden , donr
on a parlé plus haut. Celui des magalms de Putflect n'eft point appli-
cable, puifque leur condudeur fe cerminoit par une pointe très-moulTe,
& par conféquent ne pouvoir avoir que peu ou point d'aftion. La che-
minée de M. Haifenden, fur laquelle la foudre eft tombée, étoit d jo
pieds de diftance de fon conducteur. Celui-ci ne s'élevoitque de cinq
pieds au-deHus de la cheminée, à laquelle il étoit adapté, il fe cermi-
noit en une feule pointe dorée. Il paroît que les circonftances ctoient
dans ce cas extrêmement défavorables. L'orage vcnoït de coté, dirige
par une colline , fur laquelle ta maifon eft fituée , & hors d'état de
reftenttr l'influence de la pointe qui étoit peu élevée & verticale. Ce-
pendant cet exemple indique qu'on fera bien en général , lotfqu'on
voudra acquérir le plus grand degré de sûreré pofUole pour un bâti-
ment fort long, d'y élever une barre pointue a chaque extrémité» àC
d'établir entre ces barres une communication métallique.
1773. JUILLET. Fi
4* OBSEKFATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Huitième qiuJiio/U
N'y a-t-it pas un furplus de précautions ^ prendre pour des bâcimmr
d'une Jiâcure tics-<îang€rgufè tels que desmagafixis à^oudu?
Réponjc,
Pour un bnciment ordinaire on {& contente de donner i la foudre»
^ui poucroit le frapper , un conduit & une ilTue qui puïlle la tranf-
znettre jufques dans Tinccrieur de la terre. On ne crauit pas que ce
conduit foie contigu au bâtiment ou patTe dans fon intérieur j on ne
craint pas même d'y pratiquer quelque légère interruption, pour obfer-
Ter la marche & les phénomènes de Tcleélricité de ratmoïphcre. Mai»
il n*en efl pas de mcme des magafuas à poudce. La plus pente étincelle
cleifitique qui éciateroit dans leur intérieur, pourroic ctre la caufe d'un
accident ccriiblc. Se l'on doit y poulfer Les précautions jpfqu'au fcEU*>,
pule.
Lorfqu'un conduAeur eft d'une capacité fuffifante, tien continu»
ic qu'il plonge exactement dans l'eau , on ne conçoit pas qu'il puilTe s'en
cchapet la moindre étincelle de feu cleélrique ; comme cependànc
cela pourroit arriver pat quelque caufe inconnue, il fera, ie crois»
préférable de placer le conducteur excéiieurcment. Se d'en établir deux s,
un à chaque extrcmicc du bâtiment, conftcuits avec toutes les précau--
lions qui ont été recommandées. Je penfa qu'ils peuvent (ans dangec
être contigus au bâtiment, & qu'il n'eft pas néceliaire de les établir ».
comme on Ta propofé, fur des mâts fixés à une certaine diftance.
Il feroic à cehcer que les magaiins à poudre n'eulTent dans leuc
conflru^ion aucune partie métallique extérieure , fai\lanre , 6c expoféâ
par conféquent à erre frappée immédiatement par la Foudre. S'il s'en
rfouvoit cependant, il faudrait avoir foin de les réunir au conduâeuc
par un lien métallique , dont on rendît la contiguïté avec l'un Se l'autre
parfaite. Je penfe qu'au moyen de ces précautions , les magafms feront
garantis des dangers de la foudre.
Avant de finir je ne dois pas omettre deux obfetvations relatives £
la con{lru^ion des couduâeurs.
La première, efl que les gouttières & les tuyaux de décharge dont bien
des éclifices fout garnis, forment d'excellens conduâeurs, qu'il ne s'agijt
plus de tendre bien continus , d'armer d'une pointe dans le haut, Sc
de faire communiquer avec l'eau dans le bas^, pour les rendre bien
pirfàirs. Ainfi en conftru'ifant un édîBce on fêta oien de difpofer tout
de fuite ces gouttières 5c ces tuyaux de manière a pouvoir remplir égale-
ment la double ioA^Oiide conduire lc{ eaux& oe déchargée la foudre*-
SUR vnisr, naturelle et les arts. 45
Cela évitera les frais d'une conftruAion particulière pour ce dernier objet.
Le bâtimeiic le plus complètement armé , fetoit celui fut le fommet
do toic duquel rcgneroit tout du long une bande de plomb fervatif
de fiiîticre, communiquant 4 de femblablcs bandes qui en recouvri-
loient les arrêtes &c viendroient aboutir à des gouttières régnant cour
autour , & ayant aux angles des chenaux ou tuyaux de décharge qui
viendroient jufqu a terre ; de l'extrémité de ceux-ci on pratiqueroic
une communication métallique jufqu'à Teau , & au fommet de chaque
extrémité du bâtiment on éleveroit une barre de fer haute & terminée
ar plufieuts pointes d'un mcial qui ne pût pas fc détruire qu fç çouiU
er a l'aîr.
r.
La féconde obfervatîon eH: que îotfqu'on voudra pratiquer un con*
'duâeur A un édifice , fur-tout lorfqu'on l'établira pendant l'ctc 6*:
que fa conflruckion devra durer quelque-rems» on fera bien de com-
mencer par fa partie inférieure en prenant depuis l'eau & en remon-
tant. En commençant par le haut, on pourroic craindre qu'il ne furvînt
dans l'intervalle quelque couft de foudre qui frappât b partie fupé-
rieure encore ifolec & n'endommageât Icdince.
Je fuis bierr éloigné de me flatter d'avoir donne un réfolution/âri*-
faiianre des différentes qucflions que j'aijptopofées relativement aux con-
ducteurs. Je defire que d'habiles Phylïciens, ^ fur- tout les Compa-
fnies Savantes , juges naturels des objets de cette nature, iravaillenc
les décider èc i fixer invariablement les opinions fur une matière
aulfi importance. Cela n'eft cependant peut-ctre pas pollible fur tous
les points. Il faudroit beaucoup plus d'obfervations que nous n'en
avons encore. Le moyen d'en augmentée le nombre, efl de mulQ«
Îilier les conducteurs condruits de différentes manières. C'efl à quoi
eur exemple 6c leurs exhortations peuvent conduire. On a vu oans
l'ouvrage de M. l'Abbé Toaldo» combien leur ufaee s'cfl multiplié
dans différens pays : (i) je vois avec regret qu'il eft jufqu'ici peu étendu
en France. Quelques particuliers en ont armé leurs maifons & leurs
châre-iux, "" - '' " " -""—*-'-- '"-- ->-- ^-" -.t-i:-
i r
demie
(l) Dans une lettre Je M, l'AbW Toal Jo , qui ne m'cft parvcnae gn'ao aoinent od
on alloit imprimer ceitc feuille , il marntie , aue le Sénat de Vetiifc a oidooné par
110 Aicttt du }o Juillet 1778. que tous les vatlTcaui de la République fcroicni doré-
navant munis de chaïnet éleâriques qui fcroicnt partie des agris nécciTaircs de cba-
que vailfcau , ce qui a été fidèlement & compictemcot exécuté. Il marque aufli que
pendant l'Automne de 177S, od a garni de coDduâeurs plulieurs magaUns à poudre
aux CDvitoDt de Veoife.
(1) L'un de CCS cooduâciirs a éïé établi foi l'kôtcl de i'Acad^oiic» par les foins
4if OBSERyÀTIOfJS SUR LA PHYSIQUE^
que j'en avois acbpcé un â ma maifon , & j'ai décrit la forme que fai
aonncc -î fa poincc Le iurplus confiée en des tringles de fer d'un
pouce de di-imètrc , lices & ferrées les unes aux autres par des vis ,
& continues Jufqu'au fond de mon puits qui ne tarit jamais. Mon
motif en le conftruifant , a moins été l'envie de préfcrver ma mai-
fon , que le dclïr de donner un exemple utile i ma partie. Elle pofsède le
plus beau Monument d'Arc hitedlute Gothique qui exifte. C'eft la tour
de fa Cathédrale élevée de près de 500 pieds, & plus admirable encore
par la hardie{re &: la légèreté de fa con(lrm5kion que pat fon élévation.
Cette tout , ainfi que l'édifice auquel elle appartient , ont frcqucm-
menc éprouvé les ravages de la foudre » & conflitué dans dcï dcpenfcs
înormcs de réparations la fabrique dcftince i fon entretien. Puiffenc
les preuves raHemblées dans cet ouvrage, de l'utilité des conducteurs ,
dctetralner A lui appliquer ce préfervatif , & (Contribuer à la confervi-
tion de ce beau Monument , en prévenant les accidens de la foudre
qui poutroient en ébranler la ftruéhitCj ce qu'on a déjà été dans le
cas de craiiidre plus d'une fois.
I-Egli
Satni-rhilibcrt. Ces deux cooduAcuis, fuivant la dcCctùtion qui m'en a iti laite,
foot tumiaés pat des pointes métalliques élevéei , ne (ont point iTolés & fe pralon>
tent juCques dans l'caa de l'intérieur de la terre M. de Morvcau , vient au mois de
cptembrc de l'année dernière d'en établir un fur le clocher de l'Eglife de Bûurg-en-
Breirc. Il y en a égalemenc un fur l'Eglife de Scmtir en Anxois, petite ville ou les
l«iciiccs se les Ictucs (bac cultivées plus qu'on oc poorioit l'attaMtc de fon étendue*
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. ^y
MÉMOIRE
Sur l'importation du Gdroflîer des Moïuques aux Ifles de
France y de Bourbon 6c de Sechelles ^ £c de ces lues k
Caycnnc j
V M. rAbbé TeSSIER , Docleur-Rigtnt de la Faculté Je Médecine
de Paris , de U SociiU Royale de Médecine 6* de CAcadimU desScienJ
cesj &c. de Lyon,
\^ u 0 1 Q u' £ N Fr:mce rufage des aromates ait diminué à mefutâ que
l'abus qu'on en faifoit A cté prouve ôc reconnu , cependant il y en a des
çÇpccâS, celles que la mufcade Se le clou de gcroHejdom laconfommacioa
eu encore conudcrable, Se le fera lonç-cems. Ces deux produâions exo-
tiques {bnc vendues par les Hollandois , qui les récoltent dans une de
leurs IHes ,exclu{ivemenc aux autres nations, par les foins qu'ils prennenc
d'arrachec les planes d épiceries dans les lieux où ils ne peuvent les garder,
Etrange effec de J'avidlcé d'un peuple commerçant » qui veut que la
nature ne foit bienfaifante que pour lui ! Afin d'empêcher qu'une partie
de notre numéraire ne paTsac chez nos voidns , pour cet oojec , il écoic
naturel que des Trançois cherchaiTent à introduire > dans quelques-unes
de nos polTeflIons , la culture du gcroflier 3c du mufcadier. 11 paroïc
qu'on y a travaillé avec fucccs , comme nous en avons des preuves
maintenant, fur-tout i l'égard du premier de ces arbre!. M. l'Abbé
Raynal , dont la correfpondance emoraïTe toutes les parties du globe,
a reçu de Cayenne une branche de gérofliet, chargée d'un bouquet de
clous, & de Ville de France, quelques cluus de gccufle, qu'il nous a
communiques, en nous certifiant qu'ils provenoient des plantations ^tes
dans ces lues.
Avant de faire connoître les rapports de ces échantillons avec les
branches & les fruits du véritable eeroflicr , nous expoferons comment
cet arbre a été introduit aux lUes de France Se de L-ayenne. Le public
nous faura peut être ^ré de lui apprendre ces circonftances.
Quoique ce Mémoire n'ait pour objet que les progrès du gcroflier»
Fuifquc nous n'avons d'cthantillons que du géroflier, néanmoins dans
hiftorique qui va fuivre , il fera aulli queftion du mufcadier, parce
que i'mi Ôc l'autre ont été importés en même - tems à l'iile de fiance
48 OBSERrATKnrS SUR LA PnrSTQUS,
& i Cayennej il faut attendre pour parler des fuccès du dernier, qatf
uous en ayons des preuves authenriques.
Par un procès - verbal fait à Tlfle de France le 17 Juin 1770,01»
voit que des i jC^ , on s'occupa des moyens de procurer à cette Ifle des
plants de niufcadiers & gcrofliers i que M. Provoft fut charge de cette
opération par M. Poivre ( i ) , Intendant des lllcs de France & de Bourbon»
de concert avec M. Tremigon > Lieutenant des vaifTeaux du Roi j
Qu'il s'embarqua à i'iile de France au mois de Mai 176^ , fur la
corvette /« yigilant , commandée par M. Tremigon \ qu il relâclu À
Pondichéii, enfulte à AcKen, où il fut joint pat Te bateau X'EtciU du
matin ^ commandé par M. de Chevry , Lieutenant de ftcgate , ainfii
qu'on en étoit convenu ;
Que de--là,ils allèrent i GnedajOÙ des opérations tentées l'annéa
précédente n'avoien: pas téufG; qu'ils fc rendirent enfuîtc aux Manililes,
où ils prirent des informations relatives à leur midîon ; que la mouEÏba
étant devenue favoraWe pour quitter les Ifles Philippines , & fe rendre
aux Moluques , ils firent voile pour cet Archipel au mois de Janvier
1 770 i qu'ils touchèrent à MenQana,lile la plus fud des Philippines,
& la plus voifine des Moluques , où ils firent de nouvelles informations ;
que ae-Ui ils pafsèrent i Tlfle Jolo, où ils furent très- bien reçus par
le Roi du piys , qiû s'engagea à leur procurer des plants d'épiceries »
un autre voyage ;
Qu'ils fe rendirent enfuite à Tlfle de Mino,où ils eurent beaucoup
de peine à aborder ; qu'après y avoir cherché en vain pendant deux
jours des plants d'épiceries , ils fe rembarquèrent, avec le projet d'aller
à Ceram & à Timor ; que dans cette route , M. de Tremigon , craignant
de manquer de vivres en allant & a Ceram & à Timor , \'L Provoft
fe décida le 11 Mars 1770 , à patTer fur le bateau V Etoile du matin ,
pour aller faire des recherches a Ceram &: dans les autres Ifles voifmes
dépendances des Hollandois , tandis que M. de Tremigon irott avec
U Vigilant en faire à Timor ;
Que M- Provoft toucha en divers endroits de l'Ifle de Ceram , entr'au-
tres , i la baye de Saway, où il apprit que les Hollandois avoient détruie
récemment* tous les plants de mufcadiers & de gcrofliers i <jue de-U,
il pafla à Gueby , où il gagna les gens du pays , Se en particulier leur
Roi , qui lui procura des plants & des noix fraîches de mufcadiers Se
des plants fie des graines de gcrofliers, qu'il apporta 4 l'iUç de France, aptes
une tfaverfée de deux mois.
(i) Ce nom eft en fcnctaiion dans les Tflcs de France flr de Bourbon. C'eft Icjufte
piix des ferriccs ûnponans <]ue ce Citoyen cfUmabIc a rendus à la Colooic. Reiiié
a (à campagne près de l*y°^ 1 ^ y }°^^ ^ Phiiolop bc i^u ptaiGi ù doui de foulagu
Jb nulbciueux.
M> Commerfon,
Sun VIIÏST. NATVREllE ET LES ARTS 49
. M. Comincrfon , McJtcia Bocmille du Roi , fe trouvoic alors i Tlfle
de France*. 11 vciioit de faire , avec M. de Bougainville , le roui du
monde, où Ton zèle infatigable pouc U Bucanique, dans laquelle il
i^oic fingitfièremenc verfé, lui avoîc fait ramalîcr une quantité conlîdc-
rable de pl.intcs nouvelles , qui font coiifetv^es prccieufement , & qui
£om regretter que U more ait enlevé H -tôt un homme qui annonçoît
un mérite dillingué. Ce fac d lui qu'on s'adrella pour examiner les
plants & les graiues apportés par M. Provoft ; il attcftà , par un^ertificat
du 17 Juin 1770, que cétoienc des plants & des graines du mufcadicr
èc du géroflier , dont les fruits font dans le commerce. Le Confcit
Supérieur ordonna, le 10 Juillet 1770, l'en régi ftremcnt du procès-
verbal. ,.
i.e 16 du mcme moïs^le Guuvcrnear 6c l'Incendant rendirent une
Ordonnance , pour défendre l'exportation de ces plants Se graines hors
de rifle , & le Confeil ht enrcgirfrer le lendemain cette Ordonnance.
Ces plants & graines furent didribués tant dans le jardin de l'Inten-
dant , qui difFéreus lubitans de l'IÛe ,pour être cultivés. Cette première
importation n'ayant pas été afTez conftdcrable , & n'ayaut pas rcuflj ,
comme on s'y atcundoit , on s'occupa , en 1771 , d'une féconde expé-
dicion. Une déclaration de M. Provofl du ^ Juin 177X , porte que te
15 Juin 1771 , il partit, par ordre de MM. le Chevalier des Roches
& Poivre , far la flûte du Roi , Yljle Je France j commandée par M. le
Chevalier de Coetivy , tnfeigne de vaifleaux , cliargé conjointement
avec lui de cette miflion ; qu'on joignit à ce vailfcau la corvette le
Nécefjûirf , commandée par M. Cordé » ci -devant Officier de la Com-
pagnie des Indes \ l'ocdre étoit de £urc le retour par l'Archipel des^
Moluques, après avoir palfc à Manilles four y chercher des vivres fie
agrès de marine , dont la colonie manquoit.
Qu'après avoir palTé , en effet, i Manilles, ils en partircnr le 15
Décembre 1771 ; qu'ils relâchèrent à Gueby , où ils rallemblctenc
encore des plants Se des graines de mufcadler & de gérofliers ^
Qu'ils nuutcrent Gueby le 8 Avril 1771. Le vailfeau arriva à l'ifle
de trance le 4 Juin fuivant , & la corvette te furlendemain , ayant l'un Ôc
l'autre des plants Se des graines, qui furent vcriHés le 8 jum, comme
la première fois , par M. Commerfon ; on les didribua aux habûans
des lAes de France , de Bourbon , & de Sechelles.
t M. Poivre , a£n de mieux conllater encore la découverte , envoya i
l'Académie des Sciences de Patis , des branches de gérofliers S< des
mufcadcs rapportés Se l'expédition ^ la manière de penfer dçs Com-
mifl&ires de cette Compagnie fur les échantillons qui lui furent remis y
fut conforme à celle de M. Commerfon^
C'eft flinfi que le mufcadicr & le géroflier ont été introduits dani
Tome Xir, Partie il. 1 775. JUILLET G
jo OBSERf^JTIOyS SUR LÀ PHYSIQUE^
nos Ifles d'Afrique; nous allons voir comment ils le fiircnt à Cayenne ,*
d'après l'expcfé qui nous a été communiqué.
M. Maiilart du Merie, Commiffàire- Général de la Marine, Ordon-
mceur à rtlle de Cayenne , ccahc revenu en France par congé en 1770 ,
entendit parler du projet d'introduire les épiceries à llHe de France.
Sur les informations qu'il Ht du fol , de la latitude, & du climat des
Moluques , il penfa qu'elles pourroiem réufiit encore mieux à Cayenne.
Il Ht pan de tes idées au Nliniflre , qui les approuva, & donna des
ordres en conféqucnce.
Au lieu de retourner à Cayenne , M. Maillard fut envoyé , en
qualité d'Intendant , i l'ifle de France , dont M. de l'crnay venoic
actre nomme Gouverneur. A peine y furent-ils rendus l'un & l'autre,
3u'ils s'occupèrent de concen à faire porter à Cayenne des plants &
es graines d'épiceries , qui n'avoient pu encore y être envoycs-
lls profitèrent d'un navire particulier de Nantes, qui devoit aller de
rifle de France à St. Domingue , & prirenr les précautions les plus Cigcs
pour que les plants & lés graines dont ils le chargèrent , parvinlfenc
promptement & en bon eut à leur deftination. Le vaitièau arriva î
Cayenne le 5 Février 177J , î*prcs une traverfce qui ne fut que de 64
Jours , nnt le Capitaine ( le Sr. Abram ) avoit fait de diligence ,
comme on le lui avoit recommandé , afin que les plants ne fouffrif-
fenc pas.
MM.de Tcrnay Se Maiilart projetèrent encore en 1774» d'envoyer à
Cayenne des plants d'épiceries , & des plants & de^ graines de ditFnens
arbres ou plantes utiles de l'Inde ; le vailTeau qui en ftit chargé elluy.i
des avarier confidcrables , qui l'obligèrent de revenir à i'Ifle de t ranre ;
enforte que prefque tous les plants ftirenc perdus. Cette dernière ten-t.
tative, quoiqu'elle n'aie prrs réulTi , eft une preuve de plus dn zèle de
MM. ce Ternay & Maiilart puut la multiplication des objecs inié-
relTans dans nos Colonies.
Pour prouver les fuccis que l'imponaiion du gcroflier a eu a Cayenne,
on nous a donné une branche chargée de clous provenue des pl.mtations
fiiites dans cette lÛe. Elle a été denincc prir Madame la CiimtefTe
d'Andlau , qui dans l'âge des plaifîis cultive fa taifon , étend" fes
connoilTances, & pratique quelques-uns des beaux atts. C'eft ce dcHirt
dont nous joignons ici la Gravure.
Les feuilles de cette branche font elliptiques & pointues aux deux
extrémités. On diftingue au milieu une nervurç principle , qui du
pétiole fe prolonge julqu'à la pointe. Il en fort prelque en ligne droite
lin grand nombre de petites neivuies parallèles , qui fe tcnriinent 1 un
cercle placé i quelques lignes du bord. La couleur de la feuille eft
a un verd fombre, un peu plus cLiir cependant que celui de la feuille
SUR VIirST. NATURKILE £T LES ARTS. 51
lu laurier commun , â laquelle elle reïTcmble. Son pétiole eft brun. Si
on l'écrafe, elle exhale une odeur aromatique^ fi on la mâche, elle »
le piquint du girofle. Les clous placés à l'extrcmiic de la branche en
forme de corymbe, font bruns, allongés & crès-odorans. Le bois qui
ibuiient les feuilles eft liffe & gris cendré. Getce branche de gétofliec
parott conforme i celle qui fut envoyée i l'Académie des Sciences ,
avec la dirtcrcnce que dans celle-ci les clous ncroient plus comme
dans celle que nous prcfencon? , atracWcs à rexrrcmiïc j ce qui rend la
dernière plus incérelTance. D'ailleurs , lors de l'envoi fait à l'Académie,
c'étoit une branche degérofliet apportée de l'expédition , dont il fiilloit
vérifier les rapports avec le géromer du commerce , pour s'alfurer que
c'éioit lui qu'on introduifoit aux Ifles de France , de Bourbon Se de
Sechellcs. Ici la Gravure repréfente un des produits des planutions
faites à Caycnnc , avec des plants apportés de Vlfle de France , qui ont
fruc^Hé au point de donner des doux parfaitement fombUblcs à ceux
des Moluques.
Parmi les Auteurs qui onr décrit le ecroP.ter,on diftingue, fur-tout,
Valenciuus ( i ) & Rumphius ( 1 ). Ce dernier a vu cet arbre Se (et
variétés fut les lieux , & il les a delTînés iui-mcme. C'eft parriculicrement
d'après tut que nous allons en donner tme jufte idée.
Le géroBier eft un arbre de la fiimille des mynhes (j) , qui cealc cil
hauteur le cerifier ou le hêtre. Il s^élève ordinairement, fans fe mvifer»
jufqu'à 4 ou 5 pieds. La partie inférieure du tronc eft anguleufc^ la cime
eft difpofce en pyramide ou cône , comme celle de l'épicea ou du bou-
leau; rccorce eft lilfe, mince, & très-adhérente. Elle recouvre un boU
tellement dur, qu'une petite branche peut porter un homme.
Les feuilles fout oppofées deux d deux èc en croix , ayant une forme
elliptique y on y diftingue , outte la nervure principale , qui du pétiole fe
prolonge jufque vers la pointe , plufteurs petites nervures qui eu fottcnc
prcfquc en ligne droite , Se fe terminent à une nervure circulaire , placée
,a quelques lignes du bord (4.). Ces feuilles ne font ni crcnetces, ni dé-
coupées, mais entières Se finuées. Elles ont de la fermeté comme les
'feuilles de laurier, auxquelles elles relTemblent, Se on peut, en les
écrafant , les réduire en poudre. Elles ont le goût Scre Se aromatique.
(0 Hift. Simplie. Rcfonn.
(i) Hcrb. Ambo. Vol. 1.
()) Quatorzième famille de M. AdafiTon.
(4) On obfcrvcra la conformué de ceccc dcrcri{ttion def reuinet faire par Ru&iphiu^
kv<c ccUe de la branche dom aoui avons paiti.
1779. JUILLET, G 1
ji OBSERVATIONS Sun l PHYSIQUE^
C'eA à l'excrcmitc des branches du gcroAicr que fe forme le fruît; on
appelle aiiid une partie allongée , grolTc de quelques lignes, tcrmince
par quatre ezpaii(îons qui Touciennent uu corps plus ou moins fphciique »
d'où doivent forcir ^es org-ines de 11 fnidilîcation. On cueille les fruits
du géroflier , nommé clou de girofle i caufe de fa forme , avant que ces
organes foient fortis , parce que c'efl alors qu'il ell aromatique & propre
aux ufages pour lefqueis on le defline. Plus tard , il ell: fans odeur.
Si l'on n'en trouble point la fruâiâcation , deux ou trois femaines
après la Boraifon , chaque clou de gcrofle grollîr , les quatre cxpanlîons
gui fouieiioicnt le corps fphciique , fe r.ipproihent & fe ferrent ; il fe
forme au centre du clou un noyau dur, qui fe trouve environne d'une
fubftance charnue *, c'eft U le véritable fruit , ou plutôt la vraie femence
du gcrofle qui germe lorfqu'on la pUnre , & produit un nouvel arbre \ le
ftuu du gérons en cet état, fe nomme cA>w matrice ; il n'a point de qualité
atomatique.
\^ti clous de géroflcs , difpofcs en corymbe , font ordinairement portés
trois par rruis fur des pétioles plus ou moins longs , toujours opj'ofcs &
formant la croix , comme les feuilles , avec les pétioles fupcrieurs ou infé-
rieurs, qui fe divifent tous en trois pour en fournir un particulier à cha-
que clou de ccrofle. Un corymbe eft compofc au moins de 9 clous, le
plus {ouvenr de 1 ; , quelquefois de 1 1 & même de 1 j , car il arrive que
toutes les divilîons ne font pas de trois.
Les Moluques,& fur-tout Mackian, fous l'Equateur, font la pa;rie
du géroflier. Il y cruilToii fans culture, maintenant on n'en trouve plus '
qu'i Amboine, où tl a été tranfplanré , & où il eft cultivé foigneufcment-
Lcs Hollandois n'en laiircnt point fublifter ailleurs. La bonne manière
de l'élever , efl de tranfplancer les plants venus de cloub matrices, de les
mettre dans des lieux remplis d'arbres, qui les pcotègenc de leui ombre,
& d'arracher enfuite ces arbres lorfquc les gcroBiers ont une certaine
force j d'où vient, fans doute, l'opinion où l'on eft que les gérufliets ne
ibuffrcnc ni arbres nî herbes auprès d'eux.
Dans le^ Moluques, tes géroHiers donnent ordinairement du frutc
la feptième on la huirième année. Â Amboine, ce n'cft qu'à 10 ou
Il ans. La récolte s'en fait tous les 4 ans , depuis le mois d'Odo-
bre jufqu'au mois de Décembre. C'eft loifque les fruits ou clous ccm-
mencciir à rougir qu'on les cueille avec p'us ou moins de prciaurion,
felun que les cultivateurs font plus ou moins intelligens. On les met
dans de l'eau bouillante , & on les expofe fut des planches à la fumée
d'un feu qu'on entretient delfuus pendant pUifieurs jours \ te qui leur
donne une couleur brune. Quelques perfonncs , fans les plonger dans
i'eau bouillante , les expoletit à la fumée £c enfuite au foleil.
La premiète variété au géroBiec commun , eil le géroBiec toyalj^ il
svn VHïST. KArunr.iiE et les arts, yj
îH très-rare. On le ccouvoîc autrefois à Mackian \ on l'appelle royal ,
}arce qu'on croie que les Rois du p.iys le f-Lifoiem garder foigncufc-
lent pour en ronferver le tVuit deftinc pour leurs perfonnes & pour
tire des ptéiens \ cet arbre ne diffcroit du ^croflier commun , que
■parce que Tes fruits ccoient plus ptrits 5c plus noirs . & pxrte que le corps
iphcrique avoit une ou deux pointes coniuie l'extréniité de U feuille au
geuèvtier.
Le gcroflier fiuvage , féconde v."»rictc c^u commun , scicve plus haut;
[31 a une cime plus grolle. Ses feuilles, qui font l'eauroup plus grandes,
me forment pss exaâement la croix; les lignes ou nervures parallèles
qu'on y obfcrve , font plus ctartces les unes des aunes ; fes feuilles brifces
exhalent une odeur tfe tlous de gcrcfBe , mclce d'une certaine acidité.
11 y a bien moins de clous â l'extrcmitc des branches \ tantôt il s'en
trouve deux , i.'>ntôt trois ou quatre, mais benicoup pUii gros. Les clous
matrices , qui fe forment à la fuite du développement des cramincs, ont
un noynu LonfidctablCf & font d'un volume proportionné. Le bois de
l'arbre cil dur, peianc & crès-cendrc. On i'eniploye % des ouvrages de
méchanique.
Le çéroflier fauvage fe trouve dans coures les Moluques, où il vîcni
naturellement ; fon ^uic efl fans odeur aromatique ^ aulli cft il néglige
abandonné aux oileaux qui s'en nourrilfenc. Quelquefois on introduit pac
fraude dans le commerce des clous du gcroflier fauvage, qu'on peut ce-
pendant diftinguer des autres, à caufe de leur grolleur.
D'après la defcriptioa que nous venons de donner des difFcrens g^-
rofliers , il efl aifc de voir que la branihe , venue de Cayerme » appattîenc
au véritable gcroflier commun , tel que les HoUandois le cultivent à Am-
boine ; puifque les feuilles » le bois y Us clous , U difpofition & l'état de
ces parues a tout eil entièrement femblableàce qui s'obferve dans Icgéco*
flier ordinaire. A l'égard des clous de gétoflc, provenus des plantations
faites à rifle de France, ceux qui nous ont été remis, ont, à la vérité,
la forme éi. l'odeur des clous de gérofie du commene , ou , ce qui ell la
même cbofe , font le fruit du géroâier commun \ mais ils font inférieurs
en grodeur à ceux d'Amboine & de Caycime ^ ils ne fonr pas non plus
d'une couleur aufli brune. Au relie, jl^ous en cil parvenu trop peu du
produit de nos ifles,pour que nous poRRons juger exaâemcm des diâé-
tences. Ce qu'il y a de certam , c'eft qu'ils font tous ttcs-odorans , ayant
le goût piquant éc aromatique.
Nous aurions dtfîré avoir des détails fur la manière dont on cultive
le péroflicr aux Ifles de France , de Bourbon . de Sechclle &c de Caycnne ,
ain{i que fur l'état aduel des plantations ,& fur Us cTpcranccs qu'on peut
avoir de leurs produits, lorfque ces arbres auront acquis alfcz de force
peur donner du fruit abondamment-, ces c.:Iairt.iiîemt;ns nous manquant,
il faut nous conieniei de favoii que cette efpC(.e d'cpic{,'iie croie & fiu:-
y4 OBSEnrATIONS SUR lyi PHTSIQUE,
rîfie dans nos poiTenions , Hnon auiE parfàicemenc que dans les Mola-
qucs , leur pays natal , ou mcmc à Âmoaine , au moins allez hicu pour
«jnonpiillfes'en promecrre nn avantage dont tout bon parriocc fcni le
prix. Oeil à M, I*oivre particulièrement que la France a cette obligation ,
puifque c'eft parfon zcle que le géroâiet, ainfî que lemufcadier^a été
d'abord impottc & plante aans les llles de France , de Bourbon & de Se-
chelles \ detd ces arbres , comme on l'a vu plus haut , ont été traufplancés a
Cayeune pat les Toiiis de M. Maillart du Merle.
SUITE ÙE L'EXTRAIT
Du Porte - Feuille de M. l'Abbé Dicquemare;
Dt ptufmrs Socicrcs & Âeadiirtus RoyaUs des Sciences , BtUts-Ltttns
& Ans de France ^ Efpagne , Allemagne , &c.
V£R. A FOUREAU CONIQUE.
C» E T infeAe marin eft fort tare fur les rivage? des environs du Havre,
où je l'ai trouvé; je ne fais s'il eft connu, on n'en a, je ciuïs, donne
jufqu'ici , ni la figure , ni la defcripiion. Le foureau eft rontl & cunique,
ayant i pouces & lignes de hauteur , 4 lignes de diamètre par fa bafe; il
ctoit planté de bout fut le fable, la pointe en-haut, comme une paire
obclitque de granit, ou de brèche de diverfes couleurs; elles font dues,
en plus grancfc partie , à celles de Tanimal auquel il fert de lofemcnt. La
bafe de ce foureau étoit un peu enfoncée dans le fable , ji. . piemière.
Quoiqu'au premier coup-d'tcil il paroiflè forme de grains de fiule , on.
remarque , en l'obfervant deplos prùs , que ce doit être une liqueur
épainîe par gouttes, jufqu'à dfl||iir folide, ce qui le rend flexible, &
cependant alftz fort pour rcfifteff bien des chocs, quoique très-mince &
«n peu tranfparcnt. Cette liqueur des plus vifqueufes , fort dn bout pofté-
ricur du corps de l'animal , au milieu d'un petit entonnoir , plus ou
moins ouvert \ apraremment que quelques-unes de ces gouttes font fm-
guinolentesjou chargées de quelque humeur, car il s'en trouve de jiu-
nâtres, de brunes &c.i la plupart font grifes , & c'eft la vraie couleur
du foureau j ces gouttes font jomtes enfemble par une matière qui paroîc
la même, mais elle eft plus mince , de forte que le fourenu qui cit totc
uni en dedans , a l'extctieuc rude au toudicr , chaque goutte étant
SUR VHTST. KÂTVnF.llE FT IF.S ARTS. 5j
clev^; G deux ^ucces Uilfent entr elles un viiide qui forme comme nn
angle rentrant, L\ goutte voilùit; en tonne un faiilanc, qui autoit pu le
remplie, r>:. 1 . ".uis le5 aoutw. ne fe tou.hcnt point, h liqueur épaiffie
qui tes unir étant plus uini e, p.uoît plus trjnfparenre Pour voir l'animal
à nuJ, il Hiut faire, avec ta pvùnce a une épingle, lu^e brèche longitudi-
nale d'an bout à l'autre du fuuteju : il ferj. alors fiLile de déloger le vec
en l'agai^ant ou le pouXini par la partie poftcrieure. On le blelVeroit , fi ,
£ins ouvrir le foureau , on le tiroir par la tcie , quand il la faïc fortir Le
corp^ , qui cft d'un blanc jaunûre > a une forme peu dégacce \ f^oye{ Us
fii^um j . 4 qui le teptérentent , la première par-deHus , la féconde par-
deltouSt de grandeur naturelle. U paroît alors plus gros que le fouieaii
dont il cft forti; fa coupe cft teprclentée par la fig. j. La tcie eft alTez
informe , étant vue de face //;■. 6 , elle ell mieux formée de profil Jig. 7 ,
ces deux Hgures fout plus gr.mtJes que nature: elle elï pourvue de deux
rangs de pointes, compotes chacun de la ^ ces pointes qu'on peut foup-
Çonncr être les armes ofFenfives de l'animât , (ont fermes & cependant
élalHques , raneées fur deux ligues , qui font eucr'clles un angle trcs-
obtus ; ces pouites , qu'on peut comparer aux dencs d'an peigne , quoi-
qu'inégales , s'ouvrent & fe ferment comme dans les fiqurei 8 Se 9 ; elles
font d'une efpèce de corne de couleur dorée, fembbble à celte de la foie
naturelle la plus haute en couleur, ëc au(C luifantc. Au-delfus de ces pointes,
Ja (cte ell munie d'un grand nombre de membres ,donc la/r^. 10 donne
la forme en grand f chacun de ces membres a un vaiïfeau fanguin , où le
fang d'un beju rouge fe remarque ailcment malgré la ténuité des mem-
bres; iU font formés par le bout comme une fpatulc , 3'atcachent aux
corps les plus polis , & font les mêmes manœuvres que ceux des polypes
& du ver-mcdufe , dont j'ai domic la figure fie la defcription. Deux
autres membres qui nailTent vers les côtes de la tcte, en-dellbus , ont
nne origine plus forre, & fe terminenr enpointcjf^. 11. A chaque côté
de la tète ou du collet, font deux crcs-jolis ailerons, c'eft-à-dîre , quatre
en tout, ^^g. Il, qui plient en tout fens avec une grande aifance^ ils
ionc formés i-peu-prés comme une plume qui n'auroïc des barbes que
d'un côté i leur couleur ell femblable à celte du fang. 1 5 très-petits aile-
ions nailfeni de ctiaque côté du corps, &-,fonc comme lui d'un blanc
fale, ils rccouvrenc un peu autant de perits pinceaux de pointes dorées y
qui fervent comme de pieds à l'animal . figure j & 4 , & font communs
jl beaucoup d'infedles matins donr j'aurai occaîîon de parler. La partie
poftérieure de l'animal eft terminée par un efpcce de petit entonnoir qui
varie dans fa forme par te mouvement, dont les bords font découpés. Le
corps eft demi-trantparem, on voit parfaitement les vailTcaux fanguins
cui fonc près de la peau. Il f en a un , eucr 'autres , qui fait ptufieurs miuo-
iîtés , ôc qui s'étend au milieu du dos , depuis la rcte jufqu'i ta partie
poftéûeute : deux beaucoup plus délias par ki côtés lui fout parallèles ,
5(î OBSERVATïOy^S SUR LA PHYSIQUE^
d'^tities fe croifent à angles droits, & fe rendent i chaque aileron ou
pieds, comme dans PlouiarJ, En deffoiis, ou en remarque deux qui
s'étendent depuis les 4 jolis ailerons rouges, proche la tcre, jufqua 1
petits qui font au-defTous de la partie poftccieure : tous ces vaitîeaux font
très-déiics, la demi- tranfparence en fait voit de beaucoup plus gtos »
mais qu'on ne peut fuivre. La liqueur qu'on voit circuler tlans tous ces
vaiiïeaux , eft d'un beau louge. A l'ouverture de ce ver , on trouve un
intclUn rempli d'une matière d'un très -beau jaune dore , Se quelques
autres vaifleaux , mais il fcroit dtiScile i caufe des crifpations , &c., & lans
doute minutieux , de donner au jufte leur pofition refpedVive. L'animal
hors de fon toureau , ne fait guère d'autre mouvement que de s'illougec
un peu aux dépens de la grolleur du milieu de fon corps, ôc de fc raccour-
cir en reprenant (à forme ordinaire.
Limaces de Mer, Limace a Plaktc.
cnprion extérieure. Uittérentes efp< .
ornemeiu audclfus de la patrie poftcrieure. Celle qu'on voit de erancleut
naturelle dans la tigure ci- jointe i/*^. 10, a environ 5 puuccs de long,
dans Tétar où ju l'ai fatfic , &: 1 à 1 ^ de largeur , L'une &c l'autre dimea-
lion peuvent fur-tout s'augmenter. Ceux qui l'ont vu manœuvrer dans
ma petite ménagerie marine , la nommoîent )^ beilcMimace \ mais quoi-
que ce nom lui convint très-bien , car en clTec elle eft fort belle , il ne
m'a pas paru la dcfigner d'une manière aiTez précife, j'ai cru que pac
celui de iimau-à~p/anu ^ on la diftingucroit mieux des autres. Elle eft
de couleur gtis cendré, taché irrégulièrement de lic-de*viii. Sa peau eft
chagrinée , plus vers les côtes que fur le dos qui eft pref:^:ie li(Te. Les deux
cornes femblent forrir de deux trous , 8c s'y renfermciir. Son anus eft en-
vironné d'un fort bel ornement, qui forrant aulTi d'un trou» s'épanouit
ou fe développe peu-à-pcu , jufqu'à prendre la forme qu'on lui remarque
dans la figure; mais un peu avant d'être emièrement développe, il
relTemble parfaitement à certains choux frifés, qui après avoir été ex-
pofés
limace-
^^ - ..... ...
bourlet peu fcnfiblc qui forme le bord de la cavité où eft la plante , fe
refterre , de forte qu'on n'imagineroit pas qu'il doit fe faire par ce petit
trou un tel développement. On ne peut conferver ces limaces dans les
liqueurs , parce que leurs orncmens fe conrraâent , 6c leurs couleurs
s'éteignent. J'ai fur des limaces, qui ont une autre forre d'ornement,
dIus de chofes intéteiTantes que fur celle-ci , & dont je ferai part aux
Naturaliftes, dès que j'aurai pu compléter mes dvlTuis.
MÉMOIRE
SUR VHiSr. NATURELLE ET LES ARTS! $7
MÉMOIRE
• Sur TEducation des Troupeaux & la culture des Laines ;
Par M. R, D. L. Infpetiear'Gènèrat des Manufactures de Picardie , 6r
des académies de Roiun ^ de yUUfranche en SeaujoloiS ^ &c.
VJ N Royaume puilTàiu , dont la fnlendeiir & l'^lar font répandus par
toute la terre, qui , femblable à 1 ancienne Grèce, difte aux Nations
les loix du beau , & leur fait adopter fou langage & fes goûis j qui , cn-
louré d'Ëcacs Agricoles Se commerçans , où HeiirilTent les Arts & les
Sciences , n'a qu'à Youloîc pour les furpaÂTer tous \ qui , par fa ncuarion ,
lès produâions , le génie & l'aitivitc de fes habicans , peut rendre tribu-
taire le refte du monde : la France l'eft du monde entier , fur une des
patries les plus impottantes.de l'économie rurnle. Son industrie eflgcnce»
îbTï Commerce languie, fou Apiculture fe détériore.
L'éducation des troupeaux Se la culture des laines, une des fources
les plus fécondes de la profpcritc des Empires ,qui font aux Manufa£hi-
res ce que l'argent eft à la guerre , que les Gouvernemens les plus fages ,
iDcme dans la plus haute aiiciquitc , ont toujours fpéciatemciit procégccs ,
{ont abandonnées au caprice de rïgnorance & du préjugé, & vit^tîmes de
l'efprit inconfcquent 8c barbare de la burfalitc.
L'Angleterre , la Hollande , le Danncmarcfc , le Bas-Rhin, prefdLie
toute l'Allemagne & principalement la Saxe & les marches du Brande-
bourg, qui produifcnt les plus belles laines de cette valle contrée , font
les fources ou notre induftne va puifer la matière première. Sans elles , il
iàudroit renoncer aux étoffes lemarquables pat leurHnetTe & leur légère-
té : fans cites, plus de cQ?i chefs- d'oeuvres de Vire qui montrent lafupcrio-
lité de l'induftrie Françoife ( i ).
Jaloufe de cette niain-d'Œuvre , l'Angleterre s'efforce encore de nous
en priver i on feroit effrayé par le calcul des fonimes que nous lui faifons
pafJet chaque année pour l'acquit de la prodigieufe quantité d'étoffes
dont elle innonde la France. La Saxe nous conûdèie du même <£il,&
nous lie des mêmes chaînes.
(i) L« Cimclots, les Baracjos , les Serges, lès Eiamiircs'.'ïcVTaniires» les Cale*
mandes , fifc. &c. la Bonncicric , le Tricoité , Sec. ic, les Tapî/fencs des Gobclini 3c
tant de beaux oavrages à l'éguillc
Tome Xir, Paru n. i-j79^ JUILLET, H[
)3 OBSERrATIO^rS SUR lA PHYSIQUE,
. , Dy coté du midi , l'Erpagne , l'iulie , la Turquie d'Europe & d'Alîe ,
les côtes de la Barbarie , alimentent nos manufii^lures de draperies fines ,
& la plupart des communes > qui fans elles n'exifteroienc pas,
La France, dans toute fonctcniue, fabrique desccofïes de laine: elle
en confonime beavicoup : elle en exporte autant : elle pourroit en ex-
portes te double , & plus aifcmeiH arccter l'intvodudion des étrangères.
tïle ne récolte pas la moitié des bines qu'elle confomme : elle pourroic
«)i fournir i toutes fcs manufadures , Se même i celles des autres Na-
tions. Elle n'obtient que des qualités altérées par la mauvaiC; culture :
elle péurroit en avoir de toutes les ciualités & de routes les fortes.
Quelques médiocres qu'elles foient, elles reviennent à un prix double
de celtn des laines d'Angleterre : elles pourroient être réduites atr mcmé
taux. La main-d'œuvre eft beaucoup plus chcrc en Angleterre, les terres
y font à beaucoup plus liaut prix j cependant les An^loi$ font des fpécu-
lacions continuelles & trcs-lncrstives fut ta culture Se le commerce des
Ipines, comme fur la fabrication des étorfès , tandis que nos fermiers
font découragés dans l'éducation de leUrs cxou peaux , Si nos moi^ufadurcs
dans leurs enireprifcs.
Indépendamment des grands avantages^ que l'AgricuInire doit retirer
de la multiplication des troupeaux en France ■ de ceux qui doivent réfùl-
ter poiK U commerce , de l'augmentation & de k petfe^ion des laines ;
indépendamment de la plus abondance Se de la meilleure fubùllance
qu'on peut fe procurer par-]à, il eft une raifon déterminante, fupérieuce
à toute autre confidération , fut laquelle on n*a point encore infifté , &
qui réclame avec fotcç une vigilance attention de la part du Gouver-
nement.
Qui peut nous promettre que l'Efpagne , l'Italie & les délicieufes con-
trées du Levant , ne fortiront point de ce long alToupilfemenc où les a
jette la barbarie des fiècles d'ignorance, & où les ont entretisuu \x
Domé des produtf^ions naturelles Se la douceur du climat ? qui peut nous
alTutet que quelques-uns de ces Etats ne fera point avec une Puilfance
întérel?^ ou jaloufe, des traitc> d'exdufîon pour nous^ qui peut nous
garantir que jamais des guettes ou d'autres révolutions n'en mettront
aucun d'eux aans le cas de nous nuire, ftiis conlîdérer s'il fe nuit i lui-
même , par l'intetdiâion du commerce des matières premières ï
L'Angleterre, fi févère dans fcs prohibitions» le Brandebourg & Ic«
autres Etats, ne poucroient-ils pas ttouvet des moyens plus sûrs encore
de nous priver de ces produ«ions ? que deviêndrions-uous alors avec
K>ute-nocc« induAtia ? un eut auÛH précaice , une dépeudaucc auill ouc-
quée , n'onwhj){is de quoi nous cfitayer ?
SUR VniST, KATUKELLE ET LES ARTS. 59
De ^éducation des Troupeaux & de la aUtun des Laines en France ! det
mauvais effets ^ui en réfultetu, & des raijhns qui scppofcnt à en itahlir
une meilleure.
Les animaux , les plantes , toutes les produaions de U Nature enHii;
changenî de forme %c prennent un catactcre particulier au dimac ou
elles fe trouvent traufporcces. L'éducation, la culture , augmentent ou
altèrent les qualités primitives ^ & les varictcs inamenfcs des tues ne
en manères nationales , font, du côte du midi, en draperie , &" du cozi
du nord en crofTcs rafcs. Les grandes fabriques de ce dernier genre , foac
celles de la Picardie, de la Flandre, de la Champagne & du Mans. Les
manufactures de draps d'Abbeville, de ScdaJi, de Louviers » d'EIbeuf ,
des Andelis , de Darnetal & autres , n'employenc que des matières crran-
gcrcs , & leur pofition cfl indifférente , relativement aux maùèrcs
du pays.
• Narbonne & fes vaftes plaines nous fcumiilent les plus belles lainei
de France. La bénigne influence de ce beau climat, fe propage par gra-
dation dans les campagnes du RoulTîllon jufqu'aux Pyrénées ^ Se de
l'autre part jufqu'au-delà de Beziers, Si l'éducation pouvoir détruire
enticrcmcnt l'inHucncc du climat , Narbonne auroit les plus inauvaifes
laines de la France. Je ne dirai rien de trop pour prouver jufqua quel
point cette pairie efl mal craitéc : te dcchcc au lavage des laines de ces
moutons , eit ordinairement de 70, fouvent de 75 , & quelquefois de 80
pour cent; On y renferme les troupeaux dans des bergeries mal propres ,
étroites , étouffées , dont les plajichers de gaules ou de lattes écartées ,
lailTent paffer la poufficre & les menus brins de fourrage qu'on met
delîus, Le crotin , L'urine , ctoupiffcnt dans les toîTons : le fuin en devient
cauftique, les rend jaunâtres &le$ biûlc. L'idée feule de la chaleur érouf-'
£ante,de l'air empeiU qu'ils rcfpirenc dans ces ctables, où ils font con.*
tinucUemcnt dans l'ordure , doit faire juger de leur état de foibleffe , de
langueur, du nombre de maladies qui les affligent & de la quantité
qu'il en périr.
Ce tableau , plus ou moins conforme à ce qui fe pratiaue généralement
enFrancCjurélente la manière cxaAe donr cette partie de l'économie rurale
eftcrairée dans fes Provinces méridionales. On ajoutera pour dernier traita
que darts beaucoup d'cndioits , on ne ùii parquer eu aucun teins de
1 année.
.. I4 diy^lê{4 4(^^ .^/ë^^.» <^ produ^ious Se desmcihodcs dans no4
i775>. JUILLET, H a
ff OBSERVATIONS SUR LA PHYSiqUE^
Provinces méridionales , en répand beaucoup dans la qualité des laines,
La cempiîrature cft plus uniforme dans celles du nord ; les produ£lions
font moins variées , les inégalités moiiu fenfibles , & U dïA'écence
des laines ne fe fait appcrcevoîr qu'à de plus grandes diUances. Mais
Ja règle eft générale , que les troupeaux rentrent A l'étable pendant fix
mois de fuite» de Novembre en Mai , & qu'ils n'en forrent jamais, ni
du parc Tété , qu'enrre 9 & 10 heures du marm » jufqu'au déclin du Jour»
& invariabîemenr avant le coucher du foleil. Ils n'en fortenr abfolument
pas durant les pluips , la neige , le verntas : c'eft le rems de Ja portée des
brebis , celui où elles mettent bas , celui de la première nourriture & de
la plus grande foiblelfe des agneaux ton craindroii les avotwmenSj !e
dépcrilTement, Ici mortalités.
On nourrit mal les troupeaux i l'étable , toujours au fée , en gerbées de
pailles, en bottes de foutagc compofées de pois, de fèves» de vefces.,
dans lerqtielles font des tiges dures , qui icduifem à une livre au plas la
nourriture que chacun de ces animaux prend en 14 heures. Les béliers,
qu^on fait d'ailleurs fervir à tout âge, manquent de force > les brebis de
lait ; les agneaux naitrent & vivent en langueur.
Quand le troupeau fore au printems, échauffé, tremblanr, maigre,
extcnué , il fe jette avec avidité fur les premières herbes qu'il rencontre ;
les rhumes, les dillenteries , &c une intinité d'autres maladies l'alliégent^
II a beaucoup coûté pour le confetver en un très- mauvais ctati & ce
n'eft qu'en courant des rifques & des dangers , & en eifuyant des pertes ,
qu'on le fait paiTer à un état meilleur.
Le tems de parquer eft-il venu? on le fait toujours fur une terre que
la moindre humidité met en boue : on ne parque jamais fur le gazon.
Le troupeau ell aufli entaCfé dans le parc que dans la bergerie. 11 faut
qu'il reftc dans cette firuation durant les matinées & les foirces entières. Oi>
ne lui donne abfolument rien à mangerdans le parc, d'où il n'a la liberté
de fortir que lorfque le foleil lance fes rayons les plus ardens^que lorfque
ceux qui vivent habituellement dans les champs, ie repofent S<. digèrenc
en paix, AiFaméi alors , nos troupeaux liakent en mangeant, & s'ils trou-
voieni des pâturages gcas lU s'engorgeroient , ils pcriroient en peu de
temps.
)ptee
mille autres chimères : cependant, la plus grande partie de l'Europe
nous montre des fucccs qu'elle doit î une pratique aufii conftante qu'elle
eft oppofée à cette opinion- Je ne vois parmi nous que les bouchers oui-
ny croyent pas : iU s'imaginent, au contraire, que fa rofce engrailfe le*
moutons : en conféquencc , leurs troupeaux forcent- des \t point du jputr
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS- tfi
S'ils fc trompent fut la caufe, il n'en rcfulte pas moins l'cfFet qu'ils
'défirent (i).
Je ne diflerrerai point fut l'avantage de laveries laines avant ou après la
tonte : l'Angleterre & l'intérieut de la France lavent le mouton avant
de le tondre. L'EiJïagne, la Hollande, une partie de l'AHemagne, nos
Provinces du midi, la Flandre , l'Artois & le Boulonnois, ne favent la
toifon cjiie lorfque l'animal en eft dépouille. Cette pratique, qui n'eft
pas indiftcrente pour nous , chez qui les ttoupeaux font prefque toujours
dans l'ordure , peut Tètre pour la Hollande & l'Efpagne , où les toifons
font plus nettes, où Ton ne confomme pas les laines dans le pays, où
on les y garde le moins de tems qu'il eft poiïblc. U eft bon d'en dimi-
nuet le poids pour l'exporter j mais elle fe couferve beaucoup mieux
en fuin.
Eu Boulonnois & en Artois, où l'on tient les troupeaux plus malpro-"
E rement encore que dans les Provinces voifines,*oîi fait ïretfiper les
jnes dans Peau, le jour d'avant celui qu'on fe propofe de les laver;
on les met eu tas , pout que la chaleur y ctabliffe de la fermentation , 6c
en facilite le dcgrairtage : elles acquièrent dans cette opération une
teinte jaune, qui les altère fenfiblemenc. En Languedoc ,' où l'on tond
& vend également la laine eu gtas , & iôuvent ailleurs où on la lave fut
le dos du mouton , on fait marcher , avant la tonte , les troupeaux dans
la pouflière, pour que les toifons s'en ciiargent , s'en pénètrent, & que
leur poids foit augmente d'autanr. Par-rout, enfin, nous avons des pra-
tiques ridicules & dangeteufcs , par lefquelles nous croyons nous alTurec
un plus grand bénctîce) comme lî celui qui vend de ta laine une fois
l'aïuiée, la couDoilToit mieux que celui dont le commerce eft d'étudier
toutes ces petites rufes, pour fe mettre à l'abri de leurs inconvcniens.
Le poids des toifons du Boulonnois, en plein fuin & avec toutes les
ordures qui y adhèrent , eft Tuue dans l'autre de 6 liv. Celui des toifons
(l) J'ai trouvé des pctfonncs , depuis que ceci eft ^ciit , qui peHiftent à croire que
t'hcrhe couvenc de rofiic eft dangcccufc puur Im animaux qui la mingcni, & qui
douncDt en furaboiidancc de preuve les lapins qui en fonc malades. Je crois, comme
CCS pctronnes, qtic lc« mourons, ^cbauffès pat ratmofphère raiéâcfc du lieu où ils
font cmaiTés pcndani ta nuit, & par la faim devenue dévorante par le long cfpacc
de tems où \k font rcft^s Cms manger , crouvenr l'herbe fraîche excellente , qu'ils
la mangcnc avec avidité, qu'ils eu mangent trop, & qu'elle Icat fait mal ; & ainfi
des lai'ins ca clapici } maïs j« crois tout auffi ietmerocm , que des animaux, toujoutS
dans le pâturage, jamais aSâmés , ne prennent de U nourriture que quand clic leur
convient, qu'autant qu'il leur en faut ,& qu'elle ac les incommode jamaii. Sembla-
bles aux cnfans de la Ville à qui on roefure te pain , U pour qui on compte Icf
heures d'intervalle auxquelles ils doivent le manger , comparés a ceux de la Campa-»
gne, qui co mangent OLianJ U autant qu'ils veulent : ceux-ci font fotts Se vigouicux,
toifquc tes pccimciSjioiblcs, maladifs, oot de fiéqucDtcs indigcftioas.
ffi OBSERrJTIONS SUR LA PHYSTQVE,
de Picardie & des Provinces voifines , où le lavage fe fait avant la tonte,
efl: d'environ j liv. On eltime que ce lavage bien fait , rcduic nos laines
à Li moitié de leur poids , non compris le déchcc qu'elles épcouvetit au
parfeic dcgrais du dernier lavage, qui eft de iià i j pour cent furies laines
Angloifes , comme fur celles du troupeau du ïieur Delportes , & plus
confidérable fur les nôtres, puifque les 6 livres de la toifon Boulonnoife
^ïïnt téduices , après le patfut Se dernier dcgtais , à i liv. un quatt.
*' On verra que le taux commun des toïfons Angloifes, au niomenc de
îa tonte, eft de a liv., & de 5 liv. -^ après le oerniet dcgrais ^ d'où î!
fuit que les croupeaux du pays ne fourniiTent pas , les moutons l'un por-
tant f'anrre , 1 liv. { de laine à mettre en œuvre , lorque les moutons
Anglois en fournifTent pins de 5 liv.j ajourez à cela , que les ordures dont
Jes toifons de pays font continuellement chargées , altèrent la qualité de
ii laine , au poinr qu'il s'y trouve peu de parties fines & fottes à en ex-
traire au peignage ; que le peignon en eft fec , abondant , peu propre aux
ctoffes même les plus grolucresj & qu'enfin elles dccheoienl confidéta-
btement dans toutes les ptcparanons ( 1 1-
Nous gatdons nos troupeaux îufqu'i la caducité, jufqu'à la décrépi-,
tude des individus : les béliers font ufés, les brebis n'ont prefque plus
de lait , fi elles portent encotc : leur laine diminue & s*altèce pt l'âge :
nous voulons en tiret le même profit av.mt & après le tems de vigueur
marqué par la Nature \ c'cft le moyen de ne le jamais obtenir. On verta
combien diffère à cet égard, comme k tant d'aurres, la pratique des
Anglois : on verra comment , en dépenfant beaucoup moins , ils gagnent
beaucoup plus ; on verra comment ïIs fe difpenfent de nos foins , de nos
embarras , comment Us font à l'abri de nos inquiétudes 5c de nos pertes.
Il ne faut pas tout imputer à l'ignorance & aux préjugés qui en font la
fuite. Quoique nos laines , depuis 1 5 ans ,ayenc augmenté de prix d'envi-
ton jo pour cent > le nombre des individus qui la donnent eft diminué ,
& plus encore la quantité de matière par individus. La grande cherté
des grains Se des foucages, pendant une fuite d'années trop nombreufe,
a torcé de fe défaire de leurs petits troupeaux ceux qui n'ont que de
foibles récoltes Se ceux qui n'en Rint pomt : les autres ont plus mal
nourri les leurs , réfervanc pour les vendre des denrées qui procuroient un
bénéfice acluel £c plus confidérable ; d'où les roifons du poids de 4 liv.
taux commun , fe font nouvées réduites à environ 5 liv. , les maladies
de ces animaux ont été plus fréquentes , plus dangereufes \ on s'eft moins
hâté de les remplacer \ Se le nombre des moutons , dans les territoires
où la diminution e(l le moins fenûble dans les lieux de lertes labou-
(1) Le prix commun adtuci des laines de pays , frifcscncoifon, eft Je 14a ij f.
la Itvrc.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES JiKTS. 6)
rabks mifes eu pleine cultutâ , n eft qu'égale i celui des journaux à
Il foie : un pour trois journaux , Jic mouidcc à proporciou dans les
autres endroits. Cette quaniicc dans les lems ordinaires » va de pair
avec 11 population àts camp:igne5.
On compte les moutons en Angleterre par millions ; & je n'ofe
bafarder ici la quantité qu'on y en luppofe. Le prix des nôtres , depuis
l'époque indiquée > a diminué en ratfun de l'augmentation du prix de
la noutriture (i).
Les tûtfons en Picardie , valeur a^ellcment j liv. lo fols l'une
à fou^cnir cette éducation.
Ne pourroit-il pas y ccrc encouragé par quelque rccompenfe , pat
quelque diminution de taille proportionnée i l'objet , au lieu de l'aug-
mcniatiou réelle & toujours arbitraire? Cet flcbitraire , qui tient fans
ce/le en rufpens & en crainte, qui met loucle monde dans une dépen-
dance htimilLvnte & ruineufe , qui a été & fera nuisible dans tous les
tems &: à tous les égards, ccrafe entr'autce cette partie dont il a fait un
_L; ji:_J..n._:_ J i_- .. J»: n
augmenter fon pioduic , quoique ces eSbrts foient quelquefois iiifiuc-:
tueux , quelquefois milieux»
De C éducation des Troupeaux & de la culture d^i Laines , en Angleterre,
Vn procès-verbal du croupcau du Heur Delportes, Iç compte rendu
des terreins où il paie > du parc oii on le rerire , des pratiques qu'on ob-
fcrve , des vues même qu'on a pour la fuite : tout cela eût mal h\i
• _ . ,i„é'*' - ' - '-■--- ' ■' " ■
cho
objets qu'on veut muter i l'important
ci m'a fait fouler aux pieds les dangers auxquels de femblables démar*
ches expofent , dans un tems fut-tour où la frayeur de fe mettre en mer
étoic égale de part & d'autre, à caufe des hoftilités commencées, qui ne
m'ont permis en outre de mettre en u(âge que des moyens tics- péri lieux.
C<) Lc« moutons AngloU» maigres ou gns.mais principalement ceui.ci , reven-
dent plus du double des nôtres , ce qui prouve , h viande n'ciant pas beaucoup plus
chère en Angleterre qu'en France » que les moucons Anglois font plus gtos , plus giu
que les nôtres ; Se qu'il y a beaucoup à gagnée dans ces fortes d'cuuepnfes lotrqu'cUcs
loat cooduitu avec intelligence.
?4 OBSERrATÎONS SUR LA PTiTSlQUS,
Tai pallc en Angleterre pour y vifitet les troupeaux de bftces à laine ^
les cerreins fur leii^ueU ils vivent, & y étudier les pratiques relatives i
l'éducation de ces animaux 6c à la perfedtion de lenr laine. Je vais entrer
dans tous les détails de ce que j'ai obfervc , & des inftruâions que j'ai
prifes à ce fujec dans les provinces de Kent& de Sufl'ex que j'ai parcourues,
comme celles où les moutons font en plus grande quantité , &c qui fout"
Jiilîènt les plus belles laines.
Parmi beaucoup de fortes de moulons que pofscde l'Angleterre , il en
cft quatre efpcces principales , dont les produits de la croifure forment à-
peu-prcs toutes les autres. Je ne remonte point à l'origine de ces mou-
tons , i rhiftoire de ces troupeaux que tant d'autres ont Faite , fur laquelle
incme on efl peu d'accord, & gui d'ailleurs ne peut contribuer en rien
au projet qu'on a en vue. U fufht qu'on fâche qu'en imitant les Anglois
dans leurs pratiques , on obtiendra les mêmes rcfultats qu'eux.
La plus gtolle efpcce fe nourrît dans les gras pâturages de Lincolns»
hite, province maritime fur l'Océan Germanique j elle fournit abon-
damment une laine la plus loncue, mais non pas la plus fine. CeQ: dç
cette provijKe qu'on tire les béliers pour foutenit & renouveller les
races dans les autres cantons j Si de tems en tems elle en tire elle-
même de la Barbarie pour la même raifon , comme elle le fait , ainfî
que la province d'Yorck, des étalons pouc les chevaux de race , les plus
cftimés de l'Angleterre.
La féconde cfpèce-> qui eft la plus nombreufe & qui fournit la plus;
grande quantité de laines fupérieuresaux précttienfes, & dé/à très-belles,'
couvre les vaftes prairies des provinces de Kent& de SulTex, qui bordi^nc
]a.Manchc, âc particulièrement celles connues fous le nom de Romcnty"
Marsh j ou marais de Romeney. Les individus de ce canton l'cmportenc
en gcoffeur & en quantité de laine fur ceux de tous les autres , excepte
ceux de LincoLishire , auxquels ils le cèdent i ces deux égards.
lia troifième eft celle des environs de Cantorbery , plus petite de taille
que la précédente , & qui fournit une laine plus fine , mais en moins
grande quajuité. Cette dernière laine efl une des plus belles de l'Angle^
t£rre;elle efttrcs-propre au peigne ainfi que celle des cantons précédens.
La plupart des individus, mâles £<: femelles, ont des cornes, ain/i que
les oéhers de Lincolnsbire, ce qui eft d'un exemple rare dans les autres
troupeaux, où l'on n'a pas mêlé ceux de cette race.
La quatrième, entin, eft celle de la partie de l'oueft de la province
de SufTex, aux environs de Lewes & de Bourne dnjis la moncagne.i
40 i 4j milles de Rye; les moutons y font les plus peiits de tuus : leur
ûine, plus courte & plus lîne, eft auftî en moins grande quantité qu'en
aucun endroit, tlle eft plutôt propre à la carde qu'au peigne , & elle
s'employe avec fucccs dans les draperies , fur-tout en cli.iinc Elle a plu-
Iteuis degrés de bnefl'e au-deHus de celui des laines de la iiologne î^da
Berry j
SZ/R VmST. NATURELLE ET LES ARTS tfj
Bcrry; mais elle eft encore très au-defTous des belleJ laines d'Efpagne.
Le produit de la ccoifure de cette efpèce avec celle de Romeney-Matsh ,
en eft une de grolTeur moyenne , dont la laine fort fine eft crès-propte
au peignage.
On apperçoic déji le moyen de varier les laines & de les obtenir i-
peu-près de fa qualité ou on les defire. Cette ctoifure des moutons de U
plaine avec ceux des hauteurs , a encore cela d'avantageux ^ qu'elle Tou-
tient les troupeaux qui, continuellement reproduits par eux- mêmes,
dt^éntreroient enfin ainfi que la laine. Elle eft encore mdiquée par une
autre raifon , celle d'avoir une efpèce propre aux pâturages qu'on lui
dcftine.
En général , plus l'cfpcce cft grofle , toutes chofes égales d'ailleurs ;
plus la laine cft longue, plus elle abonde en poids, & moms elle eft fine:
plus elle eft groilc, plus les pâturages doivent être gtas & nbondans,
Ainfi les premiers paiftem toujours dans les tcrrcins bas, les prairies
qui avoifinenc la mer ; les fuîvans dans les pârura|^es de coteaux, 6c
Jes derniers dans ceux de la montagne. La groife efpèce dcpériroit
bien-toc dans les pâîurages maigres, & l'altération de la laine fuivroic
de près celle de l'individu. La petite efpèce s'engniiTerolc trop tôt dans
les pâturages abondans , & elle fetoit mccftamment fujecte aux mala-
dies qui proviennent de cet état
Les béliers font féparés des brebis pendant toure l'année excepté
environ un mois» à commencer vers le 15 Novembre. Comme la pol-
ice des brebis eft d'environ cinq mois , elles mettent bas en Avril»
faifon où le tems devient plus doux , & où la verdure commence à
poulfer. On ne donne le bclier aux brebis qu'à la féconde année de fa
railfance, à lâgc de 18 â 19 mois , £c les brebis ne font couvenes
qu'au même âge* La première année que lâute le bélier, on ne lui
donne qu'environ zo brebis avec lefquetles on le met à part durant 7
à S jours , quoiqu'il les faillillc & les rcmnlifte toutes ordinairement
dans la première nuit. La féconde 6c troilième amiée de fervice des
béliers , on les lâcUe dans le troupeau à raifon d'un pour 40 à jo bre-
bis , qui ne porrcnc ordinairement que crois f<MS y & qui ne paffenc
jamais quatre ans. On les engtaiile alors: on les tueroit plutôt fi cllei
devenoient trop gralTes.
Les troupeaux , en Angleterre, nailTent, vivent dans les champs,
toujours en plein air: hiver & cré , en fanté comme en maladie ,
il n'y a ni érables , ni hangars. U fe trouve feulemeor i l'excrémicé
de l'un des champs fur lefquels ils pâturent « un petit parc en barricades,
divifé en plufieurs chambres, où l'on ramalTe le troupeau de tems en
ccms , pour le vifiter, lui admîniftrcc les remèdes dont il peut avoic
bcfoin, en faire la tonte, féparcr ceux qu'on ne veut pas qui reften(
Tome XJr, Part, II, 177?* JUILLET. 1
tS OBSERF^TIONS SUR LA PHYSIQUE^
avec les autres » fAÎre la callraciou , leur couper U qneue, choifir-A:
marquer les plus gras pour la boucherie, &c. &c.... fans cette prccau-
rion » il feroit iirpodible de joindre des animaux vifs , alertes, bien
conflitucs , dont le regard eft fixe, la marche ferme, Se i qui leur
manière de vivre donne un air {àuvage & les rend prefque tcW
La tonte des troupeaux fe fait depuis la Saine Jean jufqu'aa f « ou
ao Juillet, & même plutôt à Icgard de ceux qui font dcftin^s à l'en-
grais. Le premier de Juillet, il n'y avoit ptefque encore que ceux-cî
de tondus. On tond les agneaux environ un mois plus tard , £c c'eft
alors qu'on fait la caflration, qu'on leur coupe la queue, un peu plutôt
ou plus tard. On ne met pas une grande confcqiience au tems de
cette opération. On coupe mcme la queue plufieurs fois aux brebis >
comme remède pour les faigner , fuivant les circonftanccs.
(i) Pluûeurs perfoiines penfent que l'opération découper la queutf
n'influe en rien fur l'animal. J'ai de la peine à croire qu'une opération
auffi générale en Angleterre, en Hollande, en Allemagne , en î /paï^ne
& ailleurs , fnite avec une exactitude aufii conftanie Se une inienuon
auin déterminée , aufli raifonnée, foie fans conféquence.
Les Anglois prétendent que cette opération carre l'animal, lui arron-
dit U croupe, fortifie fes différentes parties, & lui donne plus de
difpoUtion a engrailTcr. CcH; pour cette raifon qu'ils la font fur leurs
chevaux. Les Hollanduis infiftent fur cette pratique pour la même rai-
fon. U en réfulte d'ailleurs cet avantage que les parties qui environnent
ia queue, le haut des cuilTcs , les proximités de l'anus & des parties
fexuelles, fujcttes à s'écliauffer , y font moins espofées. En Angleterre
pour éviter ce dernier inconvénient, on leur coupe fouvent tous les
poils du bout de la queue qui refte, ceux qui avoifinent toutes les parties
qu'on vient de nommer , & ou s'attachent ordinairement beaucoup-
a ordures. Ainfl couchant toujours dans l'herbe, expofés à toutes les
intempéries des ûifons , les moutons font toujours propres \ aucun
corps étranger n'augmente le poids des toîfons , n'en catit & durcie
la taine, elle fe conferve blanche & nette, ce qui contribue autanc
à fa beauté qu'à la finté de l'animal. Malgré toutes ces précautions,,
pour avoir des laines encore plus nettes, on lave les troupeaux avant
la toute. Cette opération fe faic en rivière , ou dans des réfervoirs-
(0 On jnge et l'âge des mouctmf p»r IVtat de leurs dents, rTs o'onr d'abonlquc
^it dents canines à U mâchoire iuffricurc: i de ces dents font au bout d'un an
jemplacécs par des mâcliclitrcs , 4 à deux ans, fi à trois ans, & les 8 enfin itma-
irc ans. Elles fe fouticancnc en boa ^ut aivixon un auy & leur diîp^iiiTcmcat uxi».
«tflif indifjuc U fuite de cet âge.
SUR VffiST. NATURELLE ET LES ARTS. €7
dont on renouvelle l'eau t^uancl on ne peut en avoic de courante-
Dans le dernier cas , on pratique autant ou'il eft polTîble des céfervoirs ,
i cet effet , pcès des parcs dont j'ai parlé. Le Uvat;c fe fait de 8 i \o
jours avant la tonte. Les eaux rcchautfces alors par l'ardeur du foleil
dilfuivenr parfnitemenc le luin , ou la grailfe naturelle de l'animal \
Se l'on ne met cet intervalle du lavage i la conte » que pour que U
coifoii fe fournillè d'un nouveau fuin . qui maintient & confcrve U
laine dans un bon état^ qui la rend exempte de fécheceflc Se à l'abri des
vers , jufqu'i ce qu'on l'emploie.
Le poids commun des coifons de Romcney-Marsh eft de 7 liv.J
celui des toifons des environs de Cantorbery de 4 liv. & celui des laines
de la Mont.iene de iliv. ■'- Les troupeaux qui pailTenc dans les herba-
ges en ont plus: ceux qui paillent dans hs terres jachères en ont moins ;
& c'eft une remarque «énctalc que plus la nourriture eft abondante
plus les mourons ont de laine. Il eft cependant à obl'erver que les brebit
qui ont des agneaux donnent moins oe laine que celles qui ne porcenc
pas , & moins encore que les moutons coupes , dont la laine eft tou-
jours plus belle. Cette diminution peut aller à un tiers j mais quoique
les brebis forment toujours en Angleterre le plus grand nomore des
individus dajis chaque troupeau, on y voie cependant beaucoup de
moutons coupes.
Le prix courant de la lainej en Angleterre > depuis quelques années
eft pour celles de Romeney-Marsh , de 6 liv, { fterlings le pak^ (i) celle
des environs de Cantorbery , d'une livre à une livre & demie fterling
déplus; & celle de la partie de l'oueft » de deux livres fterlings au-
deflus de celle de Romeney-Marsh ^ ce qui établit les qualités ordinaire»
parmi les belles, que nous rirons pour employer dans nos Manufac-
tures , de 1 1 à 1 f f. & les plus 6nes àc 16 i 1 8 f. la livre , argetu ÔC
poidf de Fiuice [i}.
(1) le pak eft de 144 Ht. poids d'Angleterre, qui eft de 9 pour cent moindrcqac
celui de Fraoce. Le frheling vaut 11 f. Anglais ^ environ ij f. de fiaucc. La livre
fterling vaat 1; liv. de Fnnce j laguin^c vaut 11 fchclings.
(t) Soif l'abondsncc réelle dn tainet cette année , foit qu'oit en aîr mcànt em-
ployé à la fabricarion dcpiiii quelque -tcm'i , quoiqu'il en Toit beaucoup pafTé en France ,
depuis deux à trois atis, elles font cn;urc baift^fcs de ptii c» ce raorncct.
Un Fermier du Uaut-pajs , cotre Lcwcs & la Ryc , cliex lequel je inc fuis arrêté
alTez de icms , où j'ai pu trouver la facilité de viâtcr les troupeaux, les p.î(uragcs,
les laines en magaiin & de ptendie une parcic des infttuâions que je dcftrois ; 04
Fermier, dis-jc, dont les troupeaux font formés de la cioifurc de rcfpccc de Rome-
ney-Marsh avec la petite cfpece des hauteurs , & dunt les laines Tonc fbir belles
par conCcqucnt , me dit qu'il feroit content s'il les veiidoit ceiic aimée 6 liv. fterling
le pak ( environ 1 l C de France la livre Aogloifc. ) AinTi ta diminouon du ptix de c«i
I77j>. JUILLET. Il
éS OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Les moucons ou bccbis maigres de la plaine , la grande efpèce i va-
leur de 20 à 15 fchelings, & gras de 55 à 40 ft:heUnos,fic îufqua t
gainées, ceux de la petite eCpèce également maigres en roire de même,
& pris en troupeaux , fe vendent de 1 â i 18 fchelings. Les béliers
font fans piix j il dépend de leur force, de leur bonne conftituhoa'.
bu en paie quelquefois lo guinces \ il eft ordinairement de ^ à 4.
Le prix des :^neaux pour former des troupeaux , à 6 mois , ell de
1 4 à 1 j fchelings ; & pour la boucherie , â x à 3 mois , de 1 o à 11 fche-
lincs. Celui des béliers dont on a parle, n'ell tel qu'on la dit que lorf*
qu'ils font formés & en état de fervir, à 17, 18» à 10 moi5> avant
qu'ils aient fervi(0.
11 arrive alTez fouvent qu'une brebis fâ(te deux agneaux , quelquefois
trois. On a beaucoup de peine à les faire adopter à d'autres eu cas
d'accident : on y a rcuHi en enveloppant l'adoptif de la peau du vrat
agneau : la brebis paroilfoit d'abord avoir des dômes , marquer de la
icpugnance \ elle s'y prccoic eufuice.
Dans tous les pâturages bas, ceux des plaines ou vallées qui avoifi-
nent la mer, on n'apperçoit ni haies ni arbres. Les polfelTions ne font
divifées & féparées que par des foiTés ou des barricrcs, & la vue fe
perd dans l'immenllté de ces prairies vertes, tachetées de blanc par-
tout, par la quaniitc prodigïeufe de moutons dont elles font couvertes.
Vjn Odtobce , des la frn de Septembre mcme, loifque les pluies
commencent ^ devenir abondantes, on retire les agneaux des prairies-
pouc les tranfporter fur les hauteurs. Souvent on en ufe ain(î d l'égard
des béliers, & cette pratique eft la meilleure ; on les y garde jufqu'au
Printemfi, en Avril, qu'on les ramène dans la plaine. Â l'égard des
brebis s'il en e(l qui tendent à s'engraidèr trop, fymptôme & avant-
coureur de la pouniture , dont on courrolt les rifqucs en les taifïânc
plus long-iems d.ins cette forte de pâturages, on n'attend pas l'évène-
menc , on les vend pour la boucherie. On ne tranfporte jamais les au-
tres que dans le cas où les eaux trop abondantes , couvreur les prairies ,.
ou que la neige tient au-delà de 1 5 jours à 5 femaines > 6c qu'il y ea-
laines feroit cette ann#c fur fcs précédentes de 1 1 à ij pour cent. Elles fc vendent
aujourii'liiii en Fiance, de la main du frau^leiir qui tes amène au premier Marchantl'
qui Tpéculc fui ccraniclc, 100 pour cent & au-delà de ptus qu'elles ne valent chez
Je Fermier Angloif. Il c(l à préfumer qu'elles coùteroicnt plus encore fî la peine de
ks fortir jtoii motits rigourcufe, quelques gcapdcs qu'en Toîcat les difficultés, comme
ea le verra ci-après,
(i) Qu'on les clioifïfTe bas fur jambes & bien membres , la jambe coune eft ea
géuccal uo bon Hgne. On prétend que les qualités qu'elle annonce s'étendent jiifquc»»
uu la ciiaii de l'animal qui ta cft plus délicate.
SUR VîilST. NATURELLE ET LES ARTS. 69
flic une certaine Hancciir. l.ocfqu'il y a peu de neige » elles la Ubou-
renr .ivec le nez, & elles reviennent fur leurs traces pour msnç^cc I herbe
Î|u'elie couvroit. On y jette un peu de foin qu'on récolte fur des ré-
erves faites dans les prairies ^ mais comme ces récoltes font foibles en
comparaifon de celles des hauts pànirai^es, où l'on a plus de rcferves,
on y conduit le. brebis dans ces longs intervalles.
Quoiqu'il y ait beaucoup de terres en culture dans le haut pays, la
plus grande quantitc du terrein eft en pâturages. Les clôtures y font génc-
lement en haies & quelquefois en barrières , cependant on n'y em-
ra
Îiloie gucres ces dernières , que pour fcrmei les baHe-cours & ceindie
es parcs.
On voie par-U qu'il n'y a ni Bergers ni chiens en Angleterre. U
refaite de ce qui précède & de ce qui fuit , oue les Anglois , outre
guils n'ont point de frais à faire à cet égard , ûépenfent moitié moins
liir coûtes les autres avances qu'exige cette culture, & qu'elle leur rap-
porte moitié plus qu'en France (i).
Le mouron efl de tous les animaux, peuc-êrre> celui qui aie plus
befoin de tcanfpîrer» & celui à qui une cranfpiration forcée foittaplus
contraire. Ami de la liberté, il ne rcfpire i Vaife qu'en plein air. Li-
bre, il eft toujours divaguant, & il ne le cède qui la chèvre par fon
inconftance.. Jamais on ne les voir fe réunir pour paître , poiir fc
coucher : ils n'aftcftent aucune place , ils ne donnent la préférence a
aucun lieu comme les autres animaux. U craint beaucoup la grande
chaleur & il ne mange point aux heures où elle fe fait le plusientir,
quand il a pu fc raltàncc dès le matin: on le voit fc lever au point
du jour, errei dans les pâturages , y mander dans la rofée & faiiânc
fon meilleur repas avant le lever du folciL 11 fe couche dans l'herbe
au fort de la cKaleur^ & dins les pâturages élevés, il fe r.nnge volon-
tiers à l'ombre des haies ou des arbtes, puis il fe relevé fur le foir ,
il bondit & mange avec appétit.
Quand il n'y a pas de neige, ou qu'elle ne tient que peu detems;.
on ne donne abfolument rien aux troupeaux qui paillent dans les
prairies. Dans le haut pays , ou pendant l'ttc ils vivent fur tes pâtu-
rages, lorfqu'ils font fecs , que le troupeau n'y rrouve plus une nourri'
ture fuËiante , non plus que fur les chaumes où les terres en jachèies.
(i) Lorfqac j'arrivai en Angleterre , je fus jené fur la place à j heures du nutinv
à 4 & à f niillc$ de toute habitation , 5c j'errai dant Ict piaincs peni^atic pliis de deux
heures , fan t rencontrer une iîgutc humaine ; mais clletéiotenr couvertes de croupcaiix.
Ce fut pour moi un fpc<flaclc allez imérelTanc que la grolTcur , l'cmboripciiDi de ces
aoimaux , leur blancheur éclatante . leur air i^conné , & fugace , fciubUblcs à uu uou-
peau de biches ou de dains ^u'oa furptcodroit daoi une loxct.
71 OnSERK4TÎONS SUR LA PHYSIQUE^
cent bien: la teinte violette annonce une mauvaife dirpûlltion : t\\x
couleur ell pale ils {ont certainement malades.
A regard du Jarre , poil dur & roidc qui fe refufe à tout apprct,
& <]ui n eft fufceptible d'aucune teinture , dont les toifons font plus
ou moins affcûces par l'âge ou d autres caufes peu connues, il îâuc
ctre attentif i ce que les béliers en ioient abfolument exempts , & ne
pas fe perfuader d'en guérir un troupeau par les croifurcs^ à moins
que la quantité de ce mauvais poil ne foit mfentîble dans les brebis ,
autrement > il faut fans hclitcr les engraillet & les tuer.
U n'y a pas de Bergers en Angleterre , mais on a des gens qui
vîfitent les troupeaux oe tems en teins , & qui en ont foiti. Ces gens
demeutent chez eux , Se ils font attachés a autant de maîtres qu'ils
peuvent en fervir, puuc ce feul eenre d'occupp.uion ; ils n'ont pas d'au-
tre ctat. On lent donne un fcneling par acredepîtut^es fur Icfquels
vivent les troupeaux j & Ton nourrit environ lo moutons fur un acre,
en cic, & de 3 .\ 4 en hiver.
Ceux qui fpt-culeiit fur le produit des troupeaux Se en font leuc
commerce , n'ont fouvenc ni biens fonds ni fcrntes -y ils louent feu-
lement des prairies, Se ils s'arrangent avec les fermiers de la hauteur
pour les tems de neige feulement , à tant par fjmaine , car ceux-là iic
ipéculcnc que iuc les moutons à cngraillcr*
En Angleterre comme en irance , on marque les moutons fur le
dos en noir avec une compoliton de goudron Se de bray, ou en rouge
avec le recJock , terre rouge dclaiée à l huile. On n'y croit pas que ces
marques ne pullfent pas s'en aller: erreur qu'ont accccdité nos Rcgle-
mens en les dcftindanc. Elles ne s'en vont pas au lavage à\i5 moutons
à l'eau pure, ou les rcllnes ne font pas folubles , Se qui ne fe mêle
pas avec les huiles, mais il n'en relie rien au dcruiec dégrais de la laine
qui fe (ait toujours par un lavage au favon.
Après avoir indique la méthode d'éduciuer les troupeaux en Angle-
terre, après avoir donné le prix de la laine & celui des individus
dans leurs difîcrens âges, il n'elt pas hors de place de faire quelques
recherches fur la nature Se le montant des dcpenfes que cette méthode
entraîne. C'eft fur-tout par le prix des chofes qui y font relatives
qu'on en pourra juaer.
Les prairies de Romeney-Marsh font louées chaque année de }oà
jj fchelings l'acre. Les fermes hors U prairie fur la hauteur font éva-
luées i ] 5 fchelings lacre , toutes efpèces de terres les unes dans les
autres.
En 3oulonnots elles ne valent hauts & bas tcrreins , prairies Se
coteaux , les unes dans les autres , que 1 o liv. la mefure j Se elles font
de moindre valeur en Picardie. L'acre d'Angleterre contient environ 85
verges
isun vnïST. t^àturëllë et les arts. 73
r'erges rétiuic à la mefurc du Boiilonnois , qui en contient loo, & i
l'arpent de France qui en contient iio.
Les hommes de journée pour les travaux de la campagne , ont deux
fchetings par jour en été, & ï6 i, Anglois en hiver. Le fchelingvauc
XI f. Anglois, environ ij f. de France. Les Valets de charrue ou au-
tres des fermes , ont de 9 à 10 liv. fterlings par an, outre la nourri-
ture , le chauffage, &c. comme en France. La livre fterling vaut envi-
ron 15 liv. de France. Le pain ordinaire chez le Boulanger vaut ordi-
nairement d'un fol un quart d un fol Se demi Anglois la livre. On fiit
le prix des grains par les papiers publics. Celui du bœuf pris â U
boucherie eft de 4 f. ;. & celui du mouton dc4f. {. Anglois, à-peu-
prcs le mcme prix qu'en France : le poids de 9 pour cent au-defTous du
nôtre , comme je l'ai déjà obfervc. On ne compte gucres la bière ,
on ne paroît pas U mcfurcr du-moîns.
En général le prix de la main-d'œuvre (i) en Angleterre , eft plus
haut qu'en France de 10 a 15 pour cent au moins. Les ouvriers dans
les Arts, qui n'y gagnent que 14315 fchelings pat femaiiie, y fonr
malheureux; ils en gagnent ordinairement de 1 5 d 18 d.ins les Manu-
faAures,& beaucoup même c;agnent une guince. Ce n'eft pas psrce qu'ils
travaillent davantage qu'on le fait en France, qu'il faut qu'ils gagnent
plus, ni mcme que la nourriture commune y fou beaucoup plus chère ;
mais parce que l'ouvrier dcpenfe davantage , qu'il vit beaucoup mieux
fur-tout.^ qu'il eft mieux vccu, qu'il prend plus fes aifes , qu'il a
plus fes commodités en tout gente : ce qui eft devenu habitude fit
befoln chez lui, au point de ne devoir artendre ou craindre aucune
réforme à cet égatd. Il ftut cependant convenir que Ci l'ouvrier An-
tlois fe tepofe beaucoup plus que ne le fait l'ouvrier François , il met
ien une autre activité que lui au travail lorfqu'U le reprend.
On peut donc remarquer & le dire en précis que la matière eft de
100 pour cent meilleur marché, prife en Angleterre , que rendue en
France, & que ce prix primitif des laines d'Angleterre eft d'environ
'IBo pour cent , au-dcifous du prix de nos laines, celles du moins des
Provinces où nous employons les leurs; & qu'enfin la location des
terreins y eft aulfi à-peu-près double d 100 pour cent au-de(fus de ce
qu'elle eft en BouLonuois, en Picatdte, &c«
(i) Les caoaui , foffifs 6c aliords par eau» de la petite ville lie Rye, qui ont été
faitt dermèrcmcnt aux d^pcni; du Gouvernement, ont été travaillas en plus grande
panic par des Fiani^ois , Boulonnois , qui vivoieoc da prix de cette maia-d'icuTtc ou
les ouvriers Anglois fcroient morts defainu
Tomt XIF, Pan* IL 177?.
JUILLET. K
j^ ÔBSERrATlONS SUR LA PnYSiQVB,
Aînfi, ayanc aurant d'induftrie que les Anglois, eu ccard au bas prix
de la main-d'fTuvre en France , i prix , quantité & qualité égales de U
matière première, nous fommes certains d'avoir toujours la préférence
fur eux nans roas les objets de concurrence. Et fans s'écarter de notre
objet, on pourroît montrer jufqu'à l'évidence, que ce n'eft pas en
prohibant les étoffes de laine d'Angleterre , qu'on en empêchera l'in-
trodudliou en France , mais en augmentant la quantité & perfeilion-
nant la qualité de nos laines , pour établir les mcmcs étoffes aulli belles
& i auHI bas prix que celles des Angloïs.
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
k^OLlECTIOM des (Srivres eompUttei de M. Charlis Bonmt , Mem-
bre de plulieurs Académies, à Neufchàtel chez Samuei Fétuchf ^ & 1
Paris chez Hardouin^ rue des Prêtres, Cloître Saint-Germain- TAuxerrois.
Les trois premiers Volumes ( in 4"^. ) paroifTenr & les autres fuivront de
près, puilquils font tous fou^ prelTe. La beauté de cette édition fait
nonneur aux picffes de Ncuf^hâtel , foit pour la netteté & la forme
ipleticment la Nature & les plus petits détails de l'obj
icpréfeme. A la cctt; du prenii'.-r Vt, lume cil placé le poctraicde 1 Autcuc
plongé dans une profonde méditation, peint pat M./u*:/ & fupcrieurement
grave par M. Clément & p.ir Bradr; ces trois Artiftes fontDanois. M. le Pat
leur Meuron s'eft chaieé de l'exécution de cette fupctbe édition. Il ell inu-
tile d'annoncer le mérite des (Eu vtes du célèbre M . B>>n»et , il y a lonfî-
teniïque le public en a jugé; nous nous contenterons de dire que cette édi-
tion ufl enriLhie d'un grand nombre de nouvelles obfervations,&: tout le
j^oonde fait comme M. Bonnu obferve & combien il a obfervé;
cependant, écoutons-le parler pour juger de fa modeftie- •» S'il eft un
» livre que je regrette vivement de n'avoir pu confulcer de nouveau,
«autant qu'il mcriroit de l'être, c'cft le crand Livre de la Nature»
i^^dunt il m'avait été permis, âucte^is de lire -& d'extraire deux ou
« trois paragraphes J'ai bien fait en dernier lieu quelques nouvelles
lîtbblèrvations relatives i la phyfii)ue des Pl.mres & à celle des Animaux^
» mais ctïmbicn ce travail efk-il peu de chofe en comparaifou de ce
» qu6 j'aurois tente d*exécu:er ù. mes yeux avoienc pu fécondes moa
M acle ^ïQur le perfediouaemenc de 1 Hiftoire Natutelleï «
SUR VniST, NATURELLE ET LES ARTS. 75
Inflrucfion fur tAn des Mines ou Traite far U Science de C Exploit
talion des Mines par théorie & pratique, avec un difcours fur les pria-
cipes des Finances, faic pour l'Acadcmie Impériale & Royale de Schem-
nitz , par Oiryfophe-François Déilus , Confeiller-C.'ommî flaire de la Cour
de Sa Majelîc Impériale» à fa Chambre des Monnoies & Mines, tra-
duit en François, par M. Schreiber^ imprime à Vienne au frais de Sa Ma-
jefté Impériale, & enFrance par ordre auRoi & aux frais de Sa Majeftc j
â Paris chez Pierres , rue Saine-Jacques » t vol. in*4?, enrichi de beau-
coup de gravures. L'importance de cet ouvrage , fa clarté , fa netteté
& fa prccifion ont fixe les yeux des Gouvernemens , & nous ajouterons
que c cft un Livre précieux & élémentaire dans fon genre.
Snjfruccion foprc el modo mas feguro y ecônomico de tranfportar Plan'
tas vivas , 6*f. Inflruition fur la manière sûre & économique de tranf-
porter des pays lointains, les plantes en nature , les cailTes femces de
graines , & lue la méthode de delféchct les plantes pour en former
des herbiers , par M. Cafimlr Gome^ Onega , Profelleur de Botanique
du Jardin Royal de Madrid, & des principales Académies de TEufope;
imprimée par ordre du Roi, in-^^. de 70 pages avec les cnvures nc-
certairespour l'intelligence du fu;ec. Cette inftruftion a été expédiée i
tous les vice-rois , Gouverneurs & principaux Officiers de l'Amérique
Efpagnole , accompagnée de la lettre la plus formelle fur la volonté & les
ordres du Roi. U faut efpérer qu'à la fin nous parviendrons à connoître les
plantes dâ cts contrées auffi riches en végétaux iniételfans qu'en mi-
néraux. Le Gouvernement a fàîr partir trois Botaniiles Efpagnols avec
M. X>o/7ïie)' , Botanifte François, pour commencer cette riche collec-
tion , & les foins , le zèle & les connoilfances de M. Onega font efpé-
rer que le Jardin de Botanique de Madrid aura acquis dans peu , Ift
gloire des plus célèbres Jardîjis de Botanique de l'Europe.
Hiflotre &* Mémoires de la Société Royale de Médecine , Année 177^ ,
avec les Mémoires de Médecine & de Phyfique médicale pour ta mê-
me année. Paris 1779,^^-4*'. de 951 pages, de l'Imprimerie de Phi- '
lippe-Denis Pierres , rue Saint- Jacques. Les progrès rapides de cette
Société juftilieiK fon ctabliircment. Il a éprouvé comme celui du Col-
lège de Chirurgie , les oppofitions les plus Asrtcs , & nous ajouterons
les critiques les plus amères, les diatribes les plus indécentes de la parc
de quelques Confrères dont les noms n'ont pu ctre infcrits parmi ceux
des Aifociés. Ils ont juftiâc cet Adage Nulla invidia pejor medicorum. Ce-
pendant, c'eft au milieu de ces contradiAions que la Société s'élève
déjà comme un arbre majcfl:uâux qui couvre de fon ombre une très-
vafle circonférence, fous laquelle les Médecins Nationaux & Etran-
gers viennent réunir leurs Obfervations & leurs travaux. U réfuhera
1779.
JUILLET, K 2.
7<r 'OÈSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE,
oéceiîàircmcnt de ce couAîA que la Faculté de Médecine de PirU
ouvrira enhn fcs Portc-fcuilles , & chuinta dans le Recueil inimenCs
des ObfervAiions faites pendant une longue fuite de liccles , les niatô*
xiaux de plufieurs eKcellens volumes dont elle enrichita le public;
deux corps , jaloux de mériter les fuftrages , en valent mieux Tua fie
l'autre. Le volume public par la Société Royale de Mcdetine eft divi-
ié eh deux parties comme ceux de l'Académie Royale des Sciences,
c*eft-à-dire , qu'il compiend l'Hiftoire & les Mémoires. M. Ftof-
i/'-f^ç^yr, Secrétaire perpc[uel a rédiaé l'hiftoire , & elle comprend jtfo
pages & les Mémoires 591, Trois Mémoices font compris dans L'ordre
des Epidémies , deux daus celui de la Topographie médicale , dix
dans celui dé la Médecine pratique , crois pour les Epizooties , trois
pour l'Anacomie , cinq pour la Chymic médicale » deux pour la Bota-
nique , deux pour la PhyHque médicale , enfin le Mémoire couronné
four l'année \-j-^6. Il n'y a aucun de ces Mémoires dont le mérite &
utilité ne foient bien reconnus.
Effai tVune Méthode giniraU propre à étendre Us Connoijfances des
Voyageurs, OM Recueil d'Ohfervaiions, &c. par M. Munier, Infpeiteur
des Ponts ôc Chauflces, &c Airocié libre de la Société Royale d'Agri-
culture de Limoges. A Paris chez Moutard , Imprimeur Libraire delà
Reine, Hôtel de Qluni , rue des Mathurins. 1 vol. //i-8°. de «oc pa-
fes ch.icun,prix 9 liv. A f Jmoges chez Darhou ^ Imprimeur du Koi;
Poitiers chez f<//« /"aiKon , Imprimeur du Roi^ à Angoul&me chez
Dubois , Libraire.
M. Munier a obfervé que depuis long-teros grands nombre d*Ecri-
vains s'occupent â publier des Annales , des Voyages & des Defcrip-
rions Topographiques , mais il a vu avec regret qu'aucun de ces ou--
vrages n'emoràiroit tous les eentes de connoillanccs que préfentent les
parties du globe qui ont étc décrites. Cette obfervatton a donné naif-
jànce à l'idée la plus vafle; l'Auteur a penfé qu'il pourroic atteindre
à ce but, tn prenant pour baie les principaux chemins, tl y en a par*
toui^ dit-il, tii fervent aux hommes pont Je cotnmun'tqutr ^ ils peuvent
encore Jtrvir à lier leurs idées 6- à les fixer. M. Munier entreprend donc
d expofer démonflrativement dans fa préface , tous les avamages qui
pourroient réfulter de cet immcnfe projet, relativement à la maife de
nos connoilTances , i nos befoins 6c à l'adminiAration publique.
11 ne s'en tient pas à la fpéculaiion , car la pratique lui paroit le
moyen le plus puiiiant pour faire tomber toutes les dimcultés Lacon-
viéHon de cette vctité l'a déterminé à faire un hjf'iy & il a choilt
pour champ de bataille la province d'Angoumois. Il s'attache à cette
{>rovince depuis l'invafion des Romains dans les Gaules, & il enfuit
es icvoluùons jufqu'i ce jour. Les perjonnesp dic-il, qui ne feront pas,
SUR VHIST. KJTURÊriE ET LES JRTS, 77
tUrUufts de ets détails pourront ft conunur de Us parcourir rapidcmtns,
lï examine enfuice ta répartition des impôts dans ce pays , (on com-
merce , fes manufaâures , fes produûions > la formation des coteaux,
des rivières & des principaux objets relatifs à l'Hiftoire NacureDe dc
i la Phyfique. EnAn , il paroîc avoir eu defTein que l'Eiïai qu'il nous
donne pût fervir de modèle pour faire fur les mêmes principes la
defcriprtoa complecte de chaque généralité , ou de chaque proviuce.
Nous citons autant qu'il eft pollible les paroles mêmes de l'Auteur,
pour faire mieux fentit l'elprii de f.i méthode. » Le Royaume de trance
» étant perce de routes qui partent du centre pour arriver à la circon*
1» férence , & les différentes Généralités qui le compofent étant elles-
» mcmes craverfces > tant fur leur longueur que fur leur largeur , les
M notions que l'on pourroit donner fur la componcioa intéricute de
» cette partie du glooe , feroienc alTez rapprochées pour que ce travûl
*>en devînt une efpcce de géographie fouterteinc <«.
L'Angoumois a fourni à M, Munier les matériaux de fon travail,'
mais il a voulu que l'édifice qui en réfulte fut propre à tous les pays.
On ne peut nier que les objets de (çs recherches ne foicnt i'anQ
utilité générale. Pat exemple, la manière donr les Tailles s'impofenc
dans cette Province de l'Angoumois , lui fournit roccaHon de parler
du Cadaftre & de fii« un article de la répartition des impôts. Celui
de Padminiftrartou des chemins n'elt pas moins important. On peur
dire la même chofe cîè celui qui traite de 1 Hiftoire Naturelle de li
Charente, & des travaux que le Gouvernement fait exécuter pour la rendre
navigable jufques dans le Poitou. La culture des crains termine le pre-
mier Volume. Certe panie contient des détails lut la connoilTance de
l'âge des baufs, fur leur travail , le commerce de ces animaux & la
manière de les engrallFer j détails qui méritent d'autant plus l'attention
du Leâeur , qu'on ne les trouve que dans l'ouvrage de M. Munier. Il
propofe aulTi différentes méthodes pour augmenter noi muiHons , atpé-
liorer nos prairies & nos forets.
Le fécond Volume a poui objet la culture de la vigne, la manière
de faire les vins, & celle de les convertir en cau-de-vie. On y décrit
les productions naturelles &C artihcielles de la Province. On y parle
de ta mouture cconomiaue, de l'arc de faire le pipier , de la conltruc-
cion des forges , & de la fonte des canons.
L'Auteur femble avoir prévu que la defcription purement Hiftori-
quc & Topographique de l'Angoumois, ne feroit pas fufccpcible de
fixer feule l'attention du public : il a tâché d'intérelTcc à fes recher-
ches l'AdminiUration & les diifcrens ordres de l'Etat. Ses bonnes in-
tentions mcritenc fans contredît beaucoup d'éloges , & doivent lui
conoliet l'eftime de$ Citoyens.
78 OBSERVATTOytS'SUR L.4 PlTYSTQU^i
C'eft une iJce neuve d'adapter aux fiinples permis les portes bufquée*
des cclufes à Sus. Elle eft de M. Trefaput^ Infpedeur-Gcnéral de.. Ponts
& Chaullces ; la reforme au'il a iic oblige de faire aux aiuiennes
portes pour la conftruûion des ficnnes , ne peuvent manquer d'am<fUo-
rer la conftruftion des éclufes en général. Les nouveaux colliers de
M. Ptrrofict, defquels il efl: oarlc page 555 du premier Volume, &
donc l'exécution a été indiquée page jitf du fécond , annoncent une
Hniplicité & une économie qui tendent certe nouvelle production de U
plus grande importance.
On trouvera des chofes neuves à citer dans les articles qui traitent
de la connoifTance de l'âge des bœufs , de la manière de les cngraitTer j
dans h manière de fertirifet les terres labourables , dans la culture
du froment, du bled d'Efpagne ou maïs, dufainfoîu fc dans l'amé-
lioration des prairies.
Le fécond Volume en mcfente pt in ci (salement dans l'article fur U
conftructioii des forges & la fonte des canons.
EUmens dt Chymu , rêdigts d*après Us McouverUi modcmts; ou PrkU
des Leçons puhtiqucs dt ta Société Royale des Sciences & des Ans de
Afet^; par M. mtckel duTennetar , Confeiller & Médecin ordinaire du
Roi» Profeflèur Royal de la Faculté de Mcdtcîne en l'Univerfité de
Nancy, Abrégé d'honneur au Collège des Médecins d» la même Ville;
de la Société Royale de Mcdecijic de paris > de celle des Sciences 6c
des Arcs de Metz > ^c«
PROSPECTUS,
La Chymie doit fon cxiftenceaux m&mes caufes que la Société, à li
foiblefTc & aux befoins de l'homme. Le hafatd fit faire Quelques décou-
venes, on s'apper^ui qu'on pouvoit en faire d'autres, l'inaullric s'éveilla,
l'art fut créé, bon utilité s'agrandi: en raifon de fes progrès. La forme
que rinduftrie a fu faire prendre aux terres , aux pierres , aux mé-
taux & à tous les produits de la nature , pour les fuumettre i no?
befoins j l'arc de confervet , d'alimenter , de défendre les hommes ;
les moyens par lefquels ils fe font mis à l'abri de l'infulte des faifons;
les reltources qu'ils ont trouvées contre ce qui peut Icuc nuire \ tout:
eft du relTort de la Chymie.
L*Acadcmie de Metz , convaincue de rutilité générale de cette
Science, a arrêté qu'il en feroit donné, A fe$ frais, des Leçons publi-
ques & gratuites , dans une de fes Salles , par un de fes Membres.
Ce projet a été fivorablement accueilliimais on a dclîré d'avoît fous
les yeux un Précis de ces Leçons , qui en prcfentàt le plan , Tordre Sç
les généralités » & qui pût aidet la mémoire de ceux qui les fuivent.
SUR VUIST. NATURELLE ET lES ARTS. 79
Cet Ouvr.ige eft rédige & prêt à cire imprimiJ. L'Auteur ne demande,
pour le donner au Public , que de ne pas faire l'avance des frais:
il le propufe donc par ioufcription à ceux qui ont le projet de fuivré
fes Levons. Dès qu'il y aura cent Sourcripteuis, on livrera la première
Partie.
Tout l'Ouvrage fera divifé en crois Parties : la première comprendra
le Règne Minéral; la féconde, le Règne Végétal; & la croilîème , le
Règne Animal. Il fera du incme format que le Profpcâus.
Le prix de la foufcription eft de quatre livres. On paiera trois livres ,
en recevant la première Partie, vingt fols en recevant la féconde, &
Ton ne paiera rien pour la troilième.
On ibuTcui À Metz» chez Gerlaiht, Libtaire , rué Foumirue.
L'Académie de Munich vient de publier fes Mémoires fous le
titre de Nouveaux Mémoires , commençant une nouvelle époque au
Gouvernement de fon nouveau Souveram , qui a conBnné l'cxillence,
les Privilèges 6c les Membres de l'Académie de Bavière. Voici les
litres des Mémoires de la première Partie du premier Volume.
1**. M'rroire fur U Be^oar, par M. Kennedy,
Ce Mémoire contint des recherches iiè»-f«Lt5faitâmcs fur la nature
& l'origine de« «.orps, qu'on a compris fous le nom de fiezoar.
i°. Sdf ta Matittur du Pôle , par M. Gniher,
On examine dans ce Mémoire les différentes manières dont on peur
fe fervir pour déterminer les latitudes , & ou apprécie leur mcrice. C«
Mémoire aura une fuite.
}**. Mémoirtdt M, Hetfentritder ,iwx la defcription d'une nouvelle forte
de Quarts-de-cer cle Aflronomiques à verres > fur lefquels on peut noter
plus ex.iftement , plus facilement & plus sûrement les plus petites
parties d'un deçré, que fur les Qnarts-de-ccrcle ordinaires. On entre
dans tous les détails néceiraires pour donner une idée fatisfaifante delà
conftiudion de ce nouvel inftrumcnt fur lequel les diviÛons font gra-
vées fur du veixe.
4"* Mémoire de M. W^ehr fur CEUBropkore d^À'ir,
Ce Mémoire eft rempli d'Expériences curieufes & très- iméref-
iances.
. jj*. Examen Chymique de diverfei pierres prUieufes.^ par M. Afhard.
.1 Ces Expctience& font très multipliées.
50 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
fi*. Mcmolet de M» Van-Sw'miai , fur un Phénomène magn<fcîque
paradoxe y que l'aîmant attire plus fortement le fer que raim.inr.
On y fait voir par une analyfe exâ^e , & beaucoup d'expériences
nouvelles , que ce Phcnomcne n'cll pas général comme t'ont die tous
les Phyficiens ; O.o. y développe les circon(lances dajis lefquelles il %
lieu >.& les éicmens dont il dépend.
7**. Mémoire Je M, F'ifiher far une nouvtlU nUthodt d'tm'uer te Naphie
nitrtux.
• 'Tous ces Mémoires font écrits en Allemand , excepté le fixi^mc qui
eft en latin.
Le féconde Partie du même Volume contiendra les Mémoires cou-
ronnés de M M. yan-Swindcn & SccigUncr Air l'Analogie de l'EIcclticitc
6£ du Magnéiifmo.
Examen d'une Brochure qui a pour titre, Frochs-ferhaux & Reftixiont
à l'occajton de ia SeSion de la Simphyje , par M. Lauverjat , Maître en
Chirurgie de Paris , ProfeiTcur en l'Art & Science des Accouchemens ,
Sec. A Amlletdam , i'/ï-S", de Sj pages.
Cours Complet d* Agriculture Théorique j Pratique G Economique ^ & dâ
Médecine Rurale & yétérinaire ; précédé d'un Dijcours conunjni un Pla/t
d'étude propre à fixer la marche des connoiffances nécejfaires au Cultivateur ;
ou Di^ioïtnaire U/ùverfel d'Agriculture , mis à la portée de tow: le
çionde ; par une Société d'Agriculteurs Praticiens, & rédigé par M.
l'Abbé Rosier y Chevalier de l'EgUfe de Lyon , Membre <fe pluûeuts
Académies , &c.
OUVRAGE PROPOSÉ PAR SOUSCRIPTION,
Sur vtf Plan kouvzau.
1 L eft inutile d'entreprendre l'éloçc
de l'Agriculture , de nréconilcr les
avantages pour le bonheur de la So-
ciété, de parler des plailirs fans re-
mords qu'elle promet, de l'utile & de
l'agréable qu'elle réunit; d'élever cet
Art de première nécetlité au-delfus
des Arts que le luxe a introduits. Ces
yéiicés ne font plus tm problcme^&
les cris impérieux de nos befoins
portent Ja conviction de l'impor-
tance & des attraits de l'Agri-
culture ;ufques dans l'amede ceux
qui vivent dans le fein des Villes,
au milieu du tourbillon des adi-
rés ou des plaifîrs. L'habitude
familiarife l'homme avecfes jouif-
faiK» In plus ddirées j peu à peu
ell«
SUR VHIST. NjITURBLLE ET LES ARTS, tt
épacfes de la fàcnce dans un feitl
elles le dégoûtent : l'Agricidcurc feule
lui en oBre fans ccife de nouvelles,
& par confcquenc des plaifîrs tou-
jours nouveaux.
Mais l'Agriculture eft-elle un Art ?
Le Payfxn ne raic-il pas couc ce qu'il
doit favoîr ? N'a-t-on pas déjà écrit
ûir tous les objets de (on reirori ,
&c. &c. ? Que répondre i des objec-
tions fans celFe répétées par cçwx qui
«e prennent pas la peine de lire, &
qui décident fans avoir la plus légère
notion de l'objet dont on leur parle?
Oui, l'Agriculture eft un Art, fondé
fur l'obiervation , qui demande le
plus de notions premières pour en
cirer le parti le plus avantageux \ un
Arc fi étendu , que l'homme mcme
crès-inftruit trouve i chaque moment
de nouveaux fujetsdemcdiutions, ik.
pax conféquent d'inftru^ions. Si l'on
favoic tout ce qu'il faut favoir, pour-
quoi une Province feroit-elle mieux
cultivée que la Province voifiue? Pour-
Îiuoi un canton produîroic-il un vui
upérieur au vin du canton limitro-
phe , lorfque l'expuiition & les efj>éccs
de raiJins font les mêmes ? On a déjà
beaucoup écrit fur l'Agriculture , &
encore plus compilé i les Livres four-
millent, & les bons font rares : leur
inutile multiplicité dégoûte, effraye,
& ne ferc ibuvent qu'à ruiner celui
Ïiui ic livre avec conhancc à leurs
yftcmes hafardés : ces fyClcmes (ont
prcfentés avec art , & pour n'être pas
fuftifamment indruït, le Cultivateur
paye bien cher les fuites de fon
imprudente crédulité,
C'eft donc pour fixer autant qu'il
eft po0ible les principes agronomi-
ques , pour raUembler les paaies
TûPte Xir, Parc, //. 177p.
corps de dodtrine j pour féparer le
vrai du faux ou du douteux , que l'on
public aujourd'hui ce Diékionnaire.
On a préféré cette forme, la plus
fimple , la plus commode , à celle
d'expofef les matières par une fuite
de traités méthodiques \ ils encraine*
roient nécelTairement des répétitions
fillidieufes , Se uniquement propres i
groflir les Volumes. Le Plan d'étude
placé i la tctede cette Edition , fervira
de guide à celui qui defirera fincère-
ment s'inftruire. Il fera fuppofé ignorer
entièrement ce que c'eft que lAgri-
culture; & le faiiant avancer pas i pas
dans la carrière, il parviendra à tîxer
avec ordre & précifion fes connoif-
fances fur toutes les parties de cet
objet intérellànc : de forte que cet
Ouvrage réunira le double avantage,
d'ctre en mcme-tems , & un Livre
Élémentaire & un Didlionnaire. ■
Pour avoir une idée de l'Ouvrage
qu'on propofe , il fulHt de jetrer un
coup-d'œil fur le Plan général des
Auteurs: Us confidcrent l'Agriculture
fous trois points de vue , comme
Agriculture de Tkèorie , Agriculture
de Pratique j & Agriculture i'cjno-
nùqu€*
Sans une théorie folidement établie
par des principes généraux , Se ces
prûicipes généraux tondes fur Icxpc-
rience,il eft difficile, pour ne pas dire
prefqu'impoflibie, dopcrer avec con-
noilLmce de caufe fur des objets fou-
misi des loix phyfiques.De-là, cette
néceifité de donner des prolégomènes,
des notions préliminaires^ qui foienc
comme aiiunt d'échelons pour s'éle-
ver i la pratique, & à la loi qui prcf-
JUÎLLET. L
Si OBSERrATÏONS SUR LA PHYSIQUE^
crit chaque genre de travail. Avant à employer Il ne craindra p!ua
de labourer , par exemple , ne doit-on de porter un fer meurtrier fur l'arbre
païconnoîtreles inftrumensconfacrés qu'il mille j & 6dcle feâiaceur des
au labourage , & les modifications loix de la Narure , il doublera , à
qu'ils exigent relativement aux terres l'exemple du Jardinier de Muncreuil ,
auxquelles on les deftine ? le produit de fes arbres fruitiers ,
Mais pour juger ii les modifications même en atfurant leur durce au-deU
de ces inflrumens feront avantageufes, de tous les termes connus jufqu'à ce
ne convient-it pas auparavant d'avoir jour.
une idée exatfie de la nature de la Avant de dépouiller la terre de Çc&
terre i labourer ; par confcquent des crains , le cep ae fes raifnis . les arbtc«
caufes de fa compacité ou de fon de leurs fruits , ne iàuc-il pas fonger
atténuation , plus ou moins fortes: aux différcns inftruinens que chaque
des moyens de remédier à l'iui ou i récolte exige en particulier ? J ouc
l'aurre, afàn de faire acquérir à cette Propriétaire qui ne vcur pas erre
rerre l'aptitude à ne retenir que la trompé , peut-il ne pas voir par lui-
quantité d'humidité propre à la riche mcme fi les cuves , les prefloirs , (es
végétation de tel ou de tel végétal ? tonneaux font en état, s il ne manque
Ces difcuïïions entraînent néceiiaire- rieji aux voitures de toute efocce ,
ment celles fur les Engrais, tirés d'un confacrées aux travaux champêtres ,
<les règnes de la Nature , ou de deux ii les jougs des bœufs , H les namois
ou des trois cnfemble, & enBn de des chevaux n'exigent aucune répa-
toutès les combmaiA)n& dont ils font ration ? Il faut vou &: tout voir par
fufceptibles. foi-même , & ne jam.iis perdre de
VoiU déjà un pas iramenfe ; mais à vue le précepte que donne la Fontaine,
oifervira-t-il a l'homme qui n'aura lorfqu il dit dans une de fes Fables:
teinture des connoiflances // n'<Jî pour voir que l'oùt du Maître ,
phyfiqucs fur la végétation, fur l'cla- & l'on ajoutera i cet adage: l'homme
ooration de la levé, fur Korganifacton qui n'eft point indruit ne peut ni ne
des plantes, fur l'ufage fie les fondions fait pas voir. C.q$ difltrens exemples
que la Nature a ailîgnés àcliacune de pris au hafard , fuffifenc pour onrir
^urs parties ; enôn , fur leur état de l'apperçu de ce qne les Auteurs de ce
fajité, de maladie ifededépériffement? DiéVionnaire entendent par ces mots.
Si , au contraire , on fuppofe le Culti- Agriculture de Théorie ou Notions Pré*
vateur parfaitement inftruit de ces liminaires ^ & il efl aifé d'apprécier
préliminaires , il faufa d quelle efpéce leur étendue 6c leur importance.
La plus brillante Th<:one ^ fur-tout
en Agriculture , n'eft rien fans la Pror-
rique. L.t Pratique doit être le réfultat
des combinaifons & des expériences.
1 - -r-L'__: /■— I- .„:_ J: ■
quoi
aucune
de grain fa terre cft propre, de quelle
cfpcce de charrue il faudra fe tervir
pour labourer , quand & comment il
faudra labourer Cet homme ne ba-
lancera plus fur le choix du fujet qu'il La Théorie mer fur la voie, dirige
doit greSer, ni fur celui de la méthode l'expérience , apprend i rejetrer ce qui
SUR VHIST. NàTUREILE ET LES ARTS.
«J
eft contraire aux loix de la Phylïque ,
6c enfeigne àopcrer; mais la Pratit^ue
feule allure les produics dans cous les
rnres , âc conhrme les principes de
Théorie. VJgricuhure de Pratique
a pour objet la grande culture des
grains , comme froment , fetgle , orge ,
avoine, &c. Celle des menus grains,
comme maïs , farrazin , pois , fcves ,
panis , millet , &c. La culture des
îemences huileufes , l'm , chanvre ,
iiavctce , colfat , cameline , &c. Tous
ces objets font cependant Aibordonnu
i une culture première , fans lai^uelle
ils n'exiftcroient prcfque pas, pirce
que les moyens de l'homme font trop
roibles pour fe paffer du fecours des
animaux. 11 faut donc fonger à aifurer
leur fubfiftance par la formation des
prairies , foit naturelles , foir orciâ-
cieiles.
Après ces cultures de néccflîté pre-
mière , il en eft d'autres qui ne font
pas moins utiles, &r qui concourent 4
multiplier d'une manière particulière
les douceurs de la vie. Ce font celles
des plantes légumineufes, des plantes
potagères , 9c celles dont le Commerce
& nos Manufatlures tirent de grands
avantages, comme de la garance, da
paftel , de la gaude , du fafran , du
chardon-bonnetier , ôcc.
La Nature toujours prodigue envers
l'homme , a multiplie autour de lui
les arbres , les arbriiïèaux ; les uns
Îiour décorer & foire le charme de
on habitation , les autres pour fournir
a fes befoins : c'eft à lui a diriger &
non pas à contrarier la Nature dans
l'aménageraent de fes forêts , dans la
plantation des arbres d bois blanc ,
dans la conduite des arbres fruitiers ,
foit à noyaux , foir i pépins *, enBn ,
dans la culture de la vigne, qui fe
f fiait fi bien fous le Ciel tempéré de
a France. 1 el eft en abrégé le tableau
des objets qui font du rellort de
l'Agriculture Pratique.
A quoi fecvironr à l'homme les
récoltes les plus abondantes & les plus
préciculcs, s'il ne fait pas les confer-
ver pour les befoins , 6c affurer leur
durée pour prévenir les années de
difette ? L* Agriculture Économique
doit venir à ton fecours. Ici , elle
prépare les greniers, les ctuves, pour
la de^liccation des grains, & perfec-
tionne leur mouture. Li , elle difpofe
les cuves , les tonneaux , pour iouf-
traire aux viciUîtudes de l'atmof--
phère, cette liqueur bîenfaifîinte qui
répare les forces de l'homme , & qui
flatte agréablement les Itoupes ner^
veufes de fon palais : de-là > naît la
comparaifon des différentes méthodes
de faire le vin , le cidre , le poiré, 1%
bière , &c. de retirer de ces liqueurs
chargées du principe fucré , ces efprits
ardens qui fonr pre fou 'incorrupti-
bles. Ici , fous des cyUndres , fous
des preffbirs de diffcrens genres, les
huiles d'olives , de noim , de navette,
de pavot , de lin , &c. coulent i grands
flots. LA , une ménagète prépare le
beurre , façonne les (Tomag*îs , tandis
que d'un autre côté fa compagne fait
le travail de ce peuple laborieux qui
fournit le mîel , la cite & l'hidromel.
Ici , fous un coït rudique, ce ver ori-
ginaire de Chine, & naturalifc, pour
ainfi dire , dans nos climats , prépare
la matière de ces ttHiis précieux que
le luxe a rendus néceffàires. Là , l'hum-
ble brebis fe Laiflè paifïblement dé:.
JC/ILLET, Lz
«4 OSERVÀTIONS SUR LA PHYSIQUE,
pouiller de fa loifon , pour fournir à prochcnc ou s'éloignent de I.i Nattirer
l'homme de tous les ccats le vctenienc Ce n'eft pas tout , il y a pluiîeurs
le plus chaud S< le plus faiii. Malheur pratiques avaiicageufes , cparfes dans
à celui dont l'ame froide & apathique différentes Provinces , & dont on n'a
voit avec indifférence cette mLiltipli- jamais parle , qu'il dX important de
cité de travaux ! raflgmbler &: de publier , afin de ne
Que de détails ce /impie coup- rien laiilèr à dehtcr fur cet article ,
d'ail ne lailfe-t-il pas a defucr ! &compofer uïi Traité fur la Greffe,
L'Agriculture Economique ne s'étend- gui rixe le point où cette partie de la
elle pas encore fur l'cducation des fcïence Agronomique en eft reftée. Ce
chevaux , des bœufs , à^s moutons , Traité doit encore offrir de nouvelles
des chèvres , des cochons , & fur celle vues , de nouvelles expériences à tenter
des oifeaux de baffe-cour , fur les pour reculer les limites de l'Art de
étangs, fur les rivières, fur tesprépa- la Greffe. Alnlî , lorfqu'on parlera de
rarion» des fils de chanvre , de hn , ereffci tel ou tel arbre en particulier^
&c? Mais il eft plus aifc de fuppicer il fuffira d'indiquer fi la greffe doit
â ces détails par la réflexion , que de être pratiquée ou à eût dormant , ou
les retracer tous dans ce peu de lignes,, enfiùte j ou en couroruic^ &c;&l celui
plus uniquement confacrces i prcfen- qui ignorera la valeur de ces déno-
ter en général le tableau de la manière minations , n'aura qu a recourir au
dontilsferuntenvtfagés,quedetoutes mot Greffe. ,^
les parties qui doivent l'enrichir. Tous les autres articles feront
Il s'agit atluellement de faire con- traites de la même manière que celui
noître la méthode adoptée par les dont on vient de parler , & ce feul
Auteurs pour remplir ce canevas, & exemple ciré, démontre que ce Dic-
comment ils en reumffent toutes les tionnaire ne fera point une (împle
parties pour en compofer un Livre compilation, mais un ouvrage entière-
élémentaire, i*'. Chaque mot fera ment neuf , qui pourra (fuir lieu de
préfenté fous toutes les acceptions tous les Livres écrits fur l'Agriculture
dont il fera fufccptible , & difcuté depuis Pline jufqu'à ce jour, puifquc
dans tous les points. Afin de ne pas ce fera une véritable concordance , 3c
forcir des exemples déjà cites , pre- unrapprochementraifonnédecequils
jions le mot greffer ; il y a plulieurs contiennent.
manières de greïfer qu'il taui déve- Le Public fera fuiptis lorfqu'il
iopper; il y a lu choix à faire cbns reconnoîtra que tel Ouvrage ii'eft
les fujeCs qu'on defline A la ercffe , qu'une compilation de tel autre. Se
enfin une iaifon d obferver. Comme celui-là , d'un autre plas ancien, qui
plufieurs Auteurs ont déjà écrir fur la avoir déjà été habille à la modetne
greffe, on comparera Se on dïfcutera pour lui donner un air de nouveauté,
leurs méthodes j on dévoilera leurs II feroit très-important, pour ''avan-
erreurs ou leurs contradifftionsj enfin, cément des connoiiîànces humaines,
on fera connoître en quoi ils (e rap- qu i la fin du fiècle , un Auteur fe
SUR VHJST. NATURELLE ET LES ARTS,
85
dotinât la peine de rafTembler en un gne feri difcutc dans ce Diûionnaice
feul corps de dodrine, roue ce qui a
paru fur chaaue partie de la fcîence.
La trop grande abundancc de Livres,
le tems qu'exigeroit leur letture ,
ancantilTent le delir de les parcourir.
Beaucoup de bonnes vues , de fages
expériences reftenc perdues pour la
Société, &c enfévclics fous des mon-
ceaux d'inucilitcs.
Les Auteurs de ce Cours complet
Cet Ouvrage formera ^ÎJ»-* P'^olumes
i/ï-4°, chacun de 700 pages ^ fur le
caractère de c'uerù , à deux colonnes ,
en tout conforme à ce Prcfptclus ,
Se cliaqae Volume fera enctclii de
quinre a vingt Gravures en taiUe-douce,
On doit voir que Us Auteurs ne cher-
chent pas à multiplier les Volumes j
ni la dcpenfc pour les Acheteurs.
L'imprcHion do ce Diâionnatre
d'Agriculture connoiiïent route l'cten- fera trcs-difpcndieufe; on ne la com-
due & la difficulté de leur encreprife. mencera donc qu'autant qu'il y aura
La difficulcc mcme augmente & re- un nombre fuiHi'ant de Soufcripreurs j
double leur courage , quoiqu'ils fa- mais comme ou a fouveni abufc des
chent par expérience que rien n eft foufcriptions , & que le Public a été
plus pcnibic à bien exécuter qu'un plufieurs fois crompé & dc^u dans
I)iâicnnaire; mais comme ils entre-
prennent celui-ci par goût &: par
amour pour l'Agriculture, ils ofenc
fe flatrer que le Public leur faura grc
de leurs efforts.
Cet Ouvrage étant particulière-
ment deftiné pour ceux qui vivent
fur leurs Terres, &qui, par confé-
font fouvenc cloiiniés des fê-
les efpérances , on ne demande au-
jourd'hui à ceux qui dertrenc fe pro-
curer cet Ouvrage , qu'une lîmple
fouminion par écrit de prendre les
Volumes à inefure qu'ils paroîtronr.
Pour éviter jufqu'à Tapparence du
plus léger reproche , le Soufcripteur
qui ncterapas content de l'Ouvraçe,
^ aura la liberté de le rendre , &: de
cours » ou a pcnfé qu'il fecoit à propos retirer l'argent qu'il aura débourfé,
d'indiquer les vertus médicales des dans le délai dé trois mois , pourvu
plantes, de donner les lîgnes auxquels qu'il n'ait pas dégradé les Volumes,
on reconnoîr les maladies les plus C'efl donc uniquement pour ne pas
communes à la Campagne, & de hafarder les frais d'une forte Edition,
prcfcrirc les remèdes pour les coin- que les Auteurs exigent cette forma-
Dattre : ce fera le précis d'ime Mcde- lité préliminaire. --^ - • f
cine Rurale , réduit à fa plus grande II n'eft pas poHible de mettre Ntts
(implicite, & rédige par un Médecin de bonne toi & plus d'honnêteté oajis
queni
forr connu. Les maladies des bœufs,
des moutons, des chevaux, &c. four-
niront des Articles intérelfans , ou
plutôt la patrie Vécérinaitc y fera
les procédés , &: d'offrir au Public im
moyen plus ûmple de n'ctrc pas trom-
pé. Ct qu'ils demandent à MM. its
SotifinpUurs^ c'cjl dUnvoyer UurfoU'
traitée complettement : en un mot, miffîon le plus prompumcnt qu'il fera
tout ce qui concourt à l'utilité & à poffihk ^cfin d'être dans le cas de com~
l'agrément de l'Habitant de la Campa- meacerfous peu l'imprejjïon de ict Ou-
€6 OBSERrÀTIONS SUR LA PHYSIQUE^
vrage^ Les fouminîons feront adref-
fées , franches de port ^ à Paris, au
..BUREAU au Journal de Phyfique»
rue des Mathurins, au coin du Cloître
Saint-Benoît. On les recevra jufqu'au
premier Novembre prochain.
Les deux premiers Volumes paroî-
tront en 1780, les deux féconds en
1781 , & les deia derniers en 1781.
On payera 14 liv. en recevant chaque
rirraifonj de forte que pourlafoin-
me de 71 Ht. on aura une Collection
completre de tout ce qui aura été fait
&■ dit fitr l'Agriculture depuis Coln-
mellejufqu'à ce jour-, & cette Col-
leAion fera tellement rédigée , qu'elle
tiendra lieu de tous les Livres concer-
n.int cette fcience.
Les Auteurs de ce DiAionnaire
prient tous ceux qui liront ce Prof-
peclusj d'avoir la bonté de leur com-
muniquer les nouvelles Expériences
qu'ils auront faites , leurs vues inté-
reflântes fur diffcrens Articles , les
Pratiques locales qui ne font point
alTez connues , &c. Ils recevront avec
reconnoiflànce ce qu'on leur enverra ,
& citeront les Auteurs qui deHreront
ctre connus.
A h fin du Jemier Volume , •>« trouvera un Catalogue raifonnf Je tous Us Ouvrants
qu'on aura eonfultis pour /a ridaHion de ce DiSionnairr,
MODÈLE DE SOUSCRIPTION.
J E fouffignc , promets &: m'engage de prendre
Exemplaire du Cours complet d'4grkuttare Théorique , Pratique & £"co-
nomique j & de Médecine Rurale & Véte'ruiaire , fiv. 5v. , OU Di^iormaîre
univêrfel d' Agriculture , rédigé par M* l'AbbêR OZ lER^formaniJix Folumes
«-4*. avec des Planches en taille -douce, & de payer la fommc de
d&uie livres par chaque Volume en feuille , à la réception des
Livraifons. Fait \ le du mois d
N. B. Il faut écrire fon nom j Jes qualités , le nom du tieu de fa réfidence ^
ou de l'endroit le plus prochain où efi établi le Bureau de la Pofie ^ afin que
MM. les Soufcripteurs foient avertis à l*inf!ant que les Volumes paroUront,
On prie auffi MM. les Soufcripteurs d'affiranchir leurs Lettres.
SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS.
aâë;
N O U V E A U T É S.
R
ECHEBCHES fui Us Volcans cteincs du Vivariis & du Vclay,avec
un Difcours fut les Volcans brûlans » des Mémoir&s analytiques fur les
Schofls , U Zcolite , le Bafaice , la PouMoIane , les Laves & les diffcrenres
fubftances qui s'y trouvent encrées , &c. -, par M. Faujas de Saint-'Fond :
I volume grand in-folto ^ lo Planches, Vignettes» &c.
Cet OuTMgc iniétefTioi , & qui de-" être coofidéré comme \z premier qot train: n
long d'une matière abfolumcnt neuve, paroû dcpuiï ccrtt anuée i il a mérité , à )uftt litrc,
les éloget que lui ont ptodipié ks Savans les plu» di(ting«c«, ic l'on peut eoofuiicr les
«itraiti St. les aiulyfcs que lès Journaux de Janvier & de férricr en ont donnés ; comoK
le Mercure de France , le Jaiitnal des Savaiu , & patticulicrcmenc le lonroal Eticyctopé-
diquc , dans lequel îl occupe trois numéros. Vingt planches eniichiircnt cet Ojviage , Ac
Ton n'a ncn épargné du côté de U partie typographique» pour embellir ctrtc édition.
Rechfrches fur la Pouzzolane , fur la théorie de la Chaux , &
fur la caufe de la dureté du Mortier , avec la comjpofition des différens
Cimens en Pouzzolane , & la manière de les employer , tant pour ^ù&
Bafïïns , Aqueducs, Rcfetvoirs, Citernes & autres Ouvrages dans l'eau,
que pour les Terraires, Bétons, & aurres Conftruftions en plein air ; par
M. Faujas dt Saint-Fond : i volume i«-8'.
Ce petit Traité ett eitrait du grand Onvtage de M. Faujas it Saînt-Fond , for les
Volcans. Son titre aflcz développe » annonce (uffifaminciit ce qu'il contieat , 0c nous di-
rons fculeiucnî avec M. Macqutr , que ces recherches peuvent devenir d'une utilité beau-
coup plus générale qu'on ne le ctoiioit d'aboid , & que l'Auteur ne l'a peut-être pca£2
Uii-ni£mc.
Nouvelle TABLtdes Arrides contenus dam les Volumes de l'A-
cadémie Royale des Sciences de Paris, depuis 1666 îufqu'en 1770; dans
ceux
des A
fous
rts & Métiers, & dans la Colledion Académique : 4 volume*
le privili^c de l'Académie j pat M. TAbbé Router,
cutaâéridiquc , trouver dans linftant l'objet qu'on 6cCuc connaître ; tel c{l le bm de cette
Table, ou plutôt de cette véritable Concordance. Elle eft inHifpeu&bIc pour les PmMcuis
Ac la Colleélioo des Mémoires de l'Académie , & plus nécclfaiic eacorc pour tous ceux
qui fe livrent à l'étude, « qUi, fans avoir les volumes de l'Académie, dcfitcnt connoircc
les tréfors qu'ils reu&ttnctvr. U /o/io qu'on a iailTé en blanc à ehaquc vtrfo de page
peut leur fervir à écrire chaque jour les articles qu'ils auront los, fit qu'Us feront bien
Bifc de retrouver au befoin. Un des plus grands avantages de cette Concordance, eft de
rcnfc.mcr danx un m«tnc corpS d'Ouvrage, la Table la plus, complcitc , la plus itndue
la f\M eiadc qui air parue , & qui contient les anicfcs les plus intcicââns de totucs les
brandies des Science». Au j-igcmcnt des plus grands Coqnoillcms^ ccnc Table eft un
«hct d'jiUTrc i nous ne tarduonï u? à impriroéx la fuite depuis 1770 iufqu'a ce iout
■:4 M» u w* V w «i M i ri Va m ■• 4\ r '
18 OnSERFÀTIONS SUR LA PHYSIQUE, &c.
Collection comi'lette du Journal de Phyfique , avec plus de
dciix cens Planches en caille douce , dédié d Monfeigneur U Comte d'Jrtois ;
par M. l'Abbé ^'y^«^. Chevalier de l'E^life de Lyon , & par M. J. Mongei ,
Chanoine Rcj;;ulier de Sainte - Geneviève , des Académies Royales des
Sciences de Dijon, de Rouen, de Lyon, &c, : 15 volumes /«-4'. jui-
qu'en Décembre 1778.
Ce Journal , commence en 1771 , par M- l'Abbc Aa^;Vr, n'a aucun rapport avec let
Ouvrages périodiques qu'on diftnbuc en Frjncc ou dant Ict Pays étrangers : Ton but eft
<lc faire connoitie coures tci lUcouveites qui fc font cluquc jour dans les Sciences , A:
de fcrvit de fuite ou de fupplemcat aux Voltimcs des Académies ; en un mot , cc(ï un
Recueil précieux des plus exccllcns Mémoires imprimés en Europe, & préfcnté avec le
ton le plus honciéx & le plus décent. Il cfl inutile de furc l'éloge de ce Recueil, fa ré-
putattou cft décidée par les Tradu^ons Italiennes te Allemandes qu'on en fait réguUc-
jenicnt tous les mois , & rut-tout pat les conrre- façons.
Il en paroît chaque mois un Cahier de dix feuilles d'impreiTiOD . & enrichi de deux
Gravures , ce qui forme, à la fin de l'année, deux volutncs in-^^. Le prix de l'Abon-
ocment dl de $0 Itv. pour U Province , franc de port.
TABLE
DES ARTICLES
Contenus dans ce C:^iet.
JLR éc IS dé'i'Elogc de M. de Linn» , lu par M. U Marquis de Condorcer,
pendant ta Séance publique de RemrU après Pâques ^ de C Académie Royale
des Sciences , page j
Confidiraùons fur Us Conducteurs en général ; par M. Barbier duTinan, 17
Mémoire fur l'importation du Gérojtxer des Moluques aux IJÎes de France^ de
Bourbon & de S échelles j fr de ces !JUs à Cayenne ; par M.fAbbéTisiiZRf
Docleur-Régiiit de la Faculté de Paris , de ta Société Royale de Médecin*
& de l'Académie des Sciences j &c. de Lyon, 47
Suite des extraits du Porte-Feuille de M, CAbbé Dicquemare, 54
Mémoire fur C Education des Troupeaux & la culture des Laines; par M. R*
D. X. Infpcclcw-Gcnérai des Manufacl ures, de Picardie t& des Académies dt
Rouen ^ de VilUfraneke en Beaujolais , &c» . 37
Nouvelles Littéraires , 74
APPROBATION,
J'AiIa.par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux , on Ouvrage qui a pour
litic : Ôbfervatîons fur la Pkyjîque , fur VHifioire Kature//t & fur Us Arts, i/c;
.par M. CAhki Rot t tu, &e. U Collcaion de faits importans qull offie péno.
diquemeot k fcs Leacws, mérite l'accueil des Savans ; en confé^ucnce, j'cIUme 41:00
peut en pcrmcnie l'imprciCoD. A PaiU, ce 8 Juillet 177^ ,,.
VALMONt DE BÔMARE.
JOURNAL DE PHYSIQUE.
A 0 U s T 1779.
1 SîWïgy
SUITE DU MÉMOIRE
Sur TEducacion des Troupeaux ôc la culture des Laines;
Par M. R. D, L. P, InfpeS^ur-Ginèral des Manufactures de Picardie , &
des académies de Rouen, de yiUtJranche en Beaujolais^ 6rc.
J E ne veux dans ce moment , pour montrer l'importance d'adopter
les mcchodes Angloifes que je viens d'expofer , que donner l'idée des
craintes de la Nacion à cet cgard (1), On en jugera par les formes
qu'elle a impofces & les peines qu'elle a décernées concre l'extradHon
prohibée Ae (es matières premières. Il ed dïc que les Fermiers qui
auront des moutons le long des cotes de la mer, jufqu'i crois lieues
dans rinccrieur des terres , feront tenus de déclarer avant la tonte j i
un OSîciec de la Douane, le nombre des moutons auils ont: que
ce prépofé ira vérifier la déclaration : qu'il fera appelle à la conte :
qu'il comptera de nouveau les moutons, & qu'il pcfera les toifons.
Et pour toute l'Angleterre , que chaque Fermier qui aura vendu des
laines, le déclarera au Commis prépofcj que ce Commis fera pré-
fenc i l'emballace ■, qu'il comptera le nombre des toifons qu'on met
dans chaque balle; qu'il prendra note du poids, qu'il les numérotera
& Qu'il dclivtera un acquit â caution pour la deftination , pour la sûreté
de laquelle une petfonne qui aura joo guiiices en bien-fonds, fe ten-
dra garante.
11 eH dit que toutes tes balles de laine doivent être numérotées;
Ôc qu'il fera écrit deiliis en lettres de 6 pouces de longueur & de â
lignes d'épailfeut le mot wooU, qui Hgnihe laine ; que les Voicuriers
(i) Malgré les furvrilUM on trouTC \t% moyens d'éluder toate« ces difoofitionf,
oa plutôi on s'y conforme pour s'cloigncr plus sàremeni da bue de l'Adminiflra-
non . 8c l'on ne mani^uc pat de laines d'Aneletcrrc, ^luod on y veut mcuic le bauc
prix où les portent les lifqQcs à courir pour Tes avoir.
Tom€ Xi r. Pan, II. 1779. A OUST. M
90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
ne pourront les conduire que depub le lever jufi^^u'au coiitlier du (a-
fcil , de manière que s'ils fe trouvent en route aux approches, de U
nuit, futre en plein ctump, ils y lailletont la voiture , & ils en iront
fiiire la dcclaration au Àlaire, Syndic , ou toute autre perfonne nota-
ble de la Ville, Village ou Hameau le plus prochain.
Pour avoir le droit d'acheter &c vendre des laines en Angleterre,
îl faut une commiftton ad hoc du Gouvernement, Se cette commilïîon
ne s'accorde que fous une caution de looo iiv. fterlings, environ zj
milles livres de France , pour garantir qu'on n'exporceta point débine
hors du Royaume, & qu'on n'en vendra à qui que ce (bit cbnnu'ou
foupçonné a en exporrer. Ajoutez à cela la peine de mort contre ceux
^ui l'exportent.
Je ne crois pas afîez cloignccs du fujet que [e traite , certaines ob-
fervations fur la culture des terres en Angleterre, que j'ai faites pert^
dant mon féjour dans queEqaes-uues de Tes contrces pour cr.iindre
de les placer ici. Les terres y font en général un fond de fable plus
ou moins mcté d'argile- On y voit beaucoup moins qu'en Frnnce dea
terres en cutcure & beaucoup plus en prés , prairies ou parures; lî les
récoltes y font prefque pai-tuut toujours plus abondantes que chez
oous,c'elîà leur manière ae cultiver, très-fupérieure à la nôtre, qu'ils les
doivent. Ils ont peu de fumiec \ ils n'ont point d'érables; ils ne mettent
que les chevaux .A l'Ecurie. Les moutons font toujouts en plein champ
èc leur crotin ell le feul engrais qu'on donne aux pâturages fur te(->
quels ils vivent. Les boeufs n'ont que des hangars dans les parcs de
barricades où on les enferre : on en lait deux qu'on oppofe aux
vents les plus violents & les plus froids , & les bœufs rcftent libres de
choifîr celui qui peut le mieux les eu f;arantir , ou de n'erre fou'^ au-
cun. La nourriture qu'on leur donne daii^ ces parcs pendant l'hiver
ed mife dans une grande auge à claires voies , plantée au milieu du
parc. Voili déji une grande économie en bâtimcns , ils la poultènr
plus loin à cet égard, car tU n'ont prefque point de granges; ils ne
renferment aucune efpcce de fourrages. Us le mettent en monceaux
proches des balles cours, ou des parcs qui en font quelquefois trcs-
cloignés , & id affailTc & ferré , ils le coupent avec un outil i large'
lame trempée, par ferions verticales, qui le mettent i l'abri des Im-
preâîons de la pluie , Se le rendent impénétrable aux rats ou autres
animaux de cette efpèce. On met également la paille dehors en mon-
ceaux dont on la titc à menu pour les ouvrages journaliers. On fcie
le bled fort haut , ce qui donne des gerbes très-courtes qui tiennent
peu de place en gtange où on le bat l'hiver comme dans les Provinces
du Nord de U France. La paille qu'on donne aux chevaux en Angle-
terre n'eft que la fommité des nges du bled qui compofent ces gerbes,
brifée fous le fléau & quelquefois Kachéc. On recoupe le chaume >•
SUR VniST, f^ATVREllE ET LES ARTS. 91
mais ce n'eft plus que pouc la litière. On y emploie mcme une grande
pArtie de b première paille qu'on rejette dans U baffe^cour, auni-tôc
que le bled ell battu. Du reÛe , on nourrit les chevaux au foin , à l'avoine
Se aui fèves, & l'on donne des carottes , dit-on , aux chevaux de
cacc. On nourrit les bcrufs au foin & aux navets hachés, Thivcr feu-
lement^ car l'été on ne donne de verdure à aucun animal que celle
qu'il rrouve dans les champs.
La culture fe fait ici en général par des hœafs , ce n'eft pas cepen-
dant un pays où l'on falTe de grandes éducations de ces animaux ;
ils viennent en plus grande partie de la Province de Galles ^ mais on
les y engrailfe Aipérieuremenr , Se la viande en eft excellente. '
Les engrais du gros bétail ne fe font ici que dans les hauts pâturages
& jamais dans la plaine. L'objet de ce commerce n'y eft pas conG-
dcrable. Ce font les Provinces de Chefter & de Glochefter , pays de
gras pâturages , qui fournill'ent cette fubCftance le'plus abondamment.
La première étude du Cultivateur Anglois efl celle de la nature de
fon terrein \ c'eft ainfi qu'il fe prépare à lui donner le genre de culture
& U force d'engrais les plus convenables. Il fait un grand ufage des
vafcs de la mer, qu'on mcle par couches avec une petite quantité de
fumier , & qu'on lailTe ainfi rédproquemenr fe pénétrer de leurs fels
durant pludeurs mots, une année Se plus même. Le rcfulcat de cette
combinaifon répandu fur les terres les fertilife prodigicufcmcnt.
On charie les vafes i plufteurs lieues avanr daiis les terres, dans
d'immcnfes tomberaux , traînés par 4 à 5 jougs de bœufs de la plus
gro^e taille. Se d'une rrcs-granue force ^ on y ajoute encore quelque
fois des chevaux de trait pour tirer dcvanr les bœufs. Ces charges fe
fonc à riifon d'un millier pefanc par bauf, Ôc Ton ne fait que deux
voyages par Jour à croîs milles de didance. La chaux efl aufC excel-
lente pour divifcr & récliauffec les certes , elle s'emploie fur-touc avec
le plus grand fucccs fur celles qui abondent en atgille Se qui fervanc
depuis qnelque-tems , fe trouvent plus garnies de mauvaifes herbes
qu'elle détruit entièrement. On ramalfe avec grajid foin les fucus, les
varecs Si toutes les fortes de plantes marines , dont on extraie les fels
pal la combuHion : il en ell ainH des coquillages & principalement
des écailles d'huîtres que l'on convertit en chaux pour cet ufage. La
pratique de tnarner les terres eft aufll crès-répandue en Angleterre. II
n"y en a guères cependant dans les environs de Rye. On la tire pat
mer de la cote plus méridionale, d 15 â }o milles d'ici. Se elle re-
vient toute extraite Se amenée fut le rivage , où on l'aLhctte , y com-
pris les frais de chargement Se de voiture jufqu'au poit de Rye, ainH
qu'un nouveau droit au profit du Gouvernement, à 4 f^helings le
1779. AOUST. Mi
pt OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
lonneau de looo pefant. Ce droit , qu'on vient de mettre , datis un
befoin , fans doate ttès-prelTant , eft d'enviroa un fcheling par ton-
neau (i).
Par le feul mélange des terres de difFiJrenres natures , cjne les An-
glois mettent en tas en proportions convenables , ils donnent une
nouvelle vie à leurs champs & en augcmentent confidcrablement la
fertilité. On juge bien que !a terre des marais . la vafe des étangs, des
folîés , des canaux , &c. toutes enfin font mifes à contribution & à
profit. Les terres fc reposent après deux années de produâions, à moins
qu'on ne les mette en pâturages & qu'on en rompe d'ani-iens pour les
remettre en culture, cette alternative eft générale & fréquente; un pâtu-
rage élevé ne vieillit jamais , on le remet en culture après quelques
années , & vice vend. Il el\ prodigieux ce que donne de grains une
terre en pâture rompue de l année : ceux que j*ai trouvés dajis mes
courfes font les plus beaux que j'aie jamais vus , extraordinairemcnt
garnis, fans la moindre plante étrangère, ils ont au moins iix pieds de hau-
teur avec des épies de 5 à tf pouces , quarrcs &: fournis à proportion (ij.
Toutes les récoltes offrent cette ptoprcté, cette netteté daus les champs;
& nulle part on ne voit técner une pareille abondance en tout genre-
Point de mauvaife herbe dans les prés \ on en arrache les clutdons
Cl) Ce'ciroit a paru à <)ijclcj<tc!; Anglois auffî ridicalc qu'injuHe. Un de ceux de qai
je prcnoia mes iralrudiom me dit â cetrc occaHon , que l'Arçlcrcrrc oavoit pas be-
foin qu'on lui Ht la guctre poiii la détruite , qu'elle le détiuifoît bien clic - rn^me.
Mais c'cft un moment d'hucncuri pAccc que les Anglois ne Te font des maux de ce
eearc que dans des bcloins très prclTans ; & ils les repaient toujotits lorfquc c»
Dcfoins ii'etillent plus \ ce q'-ii , pouc l'ordinaire , û'dt pa( de longue ilur^c cbcz eux.
(1) J'ai rcmarqaé avec ^connemcnt que dans U plupatt de nos Provinces tous iea
pr^t ont des lîccles : on te« fjine : on les cradrc : on les artofc : on en airacke les
auuvaifcs heibcs. 5ani cela les moufles , les renoncules , \c% jODcs , ou toute autre
plante dedfuAivc de la bonne hctbc , fuivsat la nature du fol, s'en empare ;& bicotôc
ce n'cfl pLis qu'une mauvaiCc pâture , lotrqit'un ou deui labours te rcnouvcltcroii ta
plein Ac le fciulifciDit potir des années. C'c(\ la crainte de la dizme, m'a-t-on dit par-
tout , la culture rend cet impôt exigible : dès q^e la chartuc eJl une fois entrée dan$
on champ il y efl établi à perpétuiié. Ain(ï on ne cultive point ici dans Fa crainte
d'un impôt qui n'cd pas mis feulctncm fur le prodjît , mais fur le travail » mais
fur les (cmcnces, mais fur les nufes ic toutes les avances de quelque nature qucllts
(bîent. On n'ofe là faire un foifé , un mjr , planter une haie .bâtir une er.ingc, une
ntaîfbn t avoir un iro'ipcati, ou l'augmenter: on tremble de montrer Je laifancc,
de bonifier fan fondj Se J'oo refte pauvre, parce que l'aibitrairc ne calcubnt jamais
tjife fur les ipparaiccs , le poJlcflèur ou Je Fermier re paie pas fut ce que le fond
vaut réellement , fur ce qu'il doit naturcHemcnr rendre , mais fuivant qu'il a plus ott
moins d'art â mantrer ou cacher ce qu'il rend. Il n'cxiftc rien de tout cela en An-
gleterre, où l'opéiatioQ eft conimunc tic faire foo propre bien 5c de coocoutii à
cdtti de l'Etat.
SUR Vr/rST. KÀTURBlin ET IP.S ARTS., 91
avec le plus grand foin. On y fait pâturer les b<rufs pour minger les
groifes herbes, enfuice les chevaux , & enfin les moutons qui trou-
veurdans l'herbe la plus âne U la plus courre > U nournture qui leur
convient le mieux.
Comparaifon du fol dt Kent & de Sujftx avec celui du Bouhnnois,
Tes vatlces & prairies voifines de la mer font cgalemenr des con-
qucres faites fur cet élcmenr , & les pâturnges font les mêmes. L'un
& l'autre p.iys eft en coteanx avec des afpeilis abfolument femblables.
On y trouve le même fond de terre , du fable plus ou moins mclc d'ar-
gile: les mêmes produtftioivs naturelles en Arbres Se en Plantes: les
terreins coupes & les polTelTiuns également divifces : le produit des
terres culiivées , de la même nature , plus abondant en Angleterre ,
uniquement par la différence de culture. On trouve de part &c d'autre
beaucoup de terre à briques , à tuiles , à poiterics , à fayance , à fou-
lon , Sec. des bancs d'argille pure entre dus fables cruds, & quelque-
fois (\ proches de la furi^ce de la terre , qu'ils y entretiennent de la
fraîcheur en tout tems -y 8< Couvent en BoulonnQis, des joncs , des bour-
biers , des efpcces de matais Se des palïa^cs dangereux dont on a fa
tirer bon parti en Angleterre, en les cultivant au ptoHt du champ.
On trouve de fortes & larges haies pout défendre les Iicritages > em-
pêcher la communication des animaux qui paiiTent çà 6c U,6c plus
■encore en Boulonnois pour ie procurer cfu bojs de chauffage pour le
foMt j la cuiGne^ Se en Angleterre . de la rame aux mêmes ufagcs do-
meftiques , fur tout dans les lieux éloignés de la met & des rivières
navigables, où le charbon de terre ne pénètre qu'à grands frais; & par-
tout pour en refendre les plus groffes branches , & Tes employer à faire
les barricades , fi communes en Angleterre, pour fermer les parcs, divi-
fer Se dorre ceux des clumps qui n'ont ni naies ni fofTcs.
£tat du troupeau de moutons du Sieiir De/portes » de fa Manu/aî^urt'dt
Tricots , & réflexions fur fa méthode & fes projets.
Le nouveau troupeau du fieur Delportes eft placé à une lieue de
Boulogne , fur un pâmrage fort ancien & trop maigre pour l'efpèce
d'une partie des individus qui le compofent. Le nombre total' de ces
animaux eft de 100 dont i; à ^0 tirés d'Angleterre de diffcrens lieux
& en différens rems: autant provenus des ctoifures des précédensrhuic
 dix brebis de France Se le tefte en agneaux. Les dernières brebis
d'Angleterre font arrivées en Fraiice au mois d'Avril 1777» elles font
au nombre de 1 5 y compris un bélier. Les plus anciennes foat de 1774,
M OBSERVATIONS SUR t PHYSIQUE ,
ain/I elles onc eu quicre cornes en France, & les précédentes dcuX) ea
conipcanc celle qui s'eil fiite le lû Juillet dernier , en ma prifcnce.
^Çev moutons Aogloii Ta ditlinguefic parfaitement des au^c^ aupce-
mier afpcd par la grolfeur & par leur taille plus rapprochée de la terre,
ayant les Jambes plus courtes que celles des nôtres: à la blancheur &
à la Hnclfe de la laine: à la quancitc donc ils en fonc fournis pac-touc
& notamment fous le ventre, à la partie du cou la plus voifine de la
tète . & JLiique fur la tète, les nôtres n'en ayant en aucun de ces en-
'droics.lls ont mcmc en geindrai une large fraife au Haut du cou» d'où U
tcte , ornée d'une houpe, fembic fortir comme d'un cnpuchon. Ils (e
'Hîîlinguent enfin par leur air de finté, dé vigueur & d'embonpoint.
'" Le changement du climat he paruîc pas avoir influé fur la fanté des
"mourons Anglois. U'iuie rrentaine rirée d'Angleterre , il n'en eft mort
depuis ouatre ans que deux de maladies communes à l'un & l'autre
pays. A l'égard de U laine ,on en jugera par les échantillons que j'ai pris;
elle ne me paroîc pas altérée. Cepenaant je ne penfe pas qu'elle put
fe foucenii: long-rems dans l'écat primitif, fi les moutons continuoient
de parquer fur une terre remuée , qui fe dérreinpe Se fait boue à U
pluie , &c fous des arbres , ainîî que le fait adluellemcnt le troupea^i
du (îeur Delpories, faute d'un cetrein plus convenable : inconvénient
ou'il fent mieux que perfonne & qu'il fe propofe de réformer quand
il en aura la facilité.
II n*y a point de ces parcs en Andeterre, il n'en eft pas befoin. Les
loups les tendent indîfpenfables en France. U faut rafTembler le trou-
peau tous les foirs , & le mettre en lieu de sûreré pour la nuit. Il
faut auni le tailfer dans ces patcs l'iiiver lorfqu'il y a beaucoup de
neige, foit pour lui donner de la nourriture, foie à caufc des loups,
qui, dans ces tems-U , fc rendent redoutables en bien des cndrous,
m£me le jour. Alors, ne pouvant erre difperfés proprement & fain&>
ment fur le gazon, il Faut du moins qu'il foit garanti de la mal-pro-
preté Se d'une trop grande humidité qui lui donneroient des rhumes,
le> expoferoient i la pourriture & altcreroienc en mcme-tems la laine.
Le troupeau avoir été lavé lo jours avant la conte. J'en fis péfer
crois toifous audl-iôr après cette dernière opération. L a première dont
l'échantillon eft fous len°. i , pefoii de 7 à S livres. La deuxième fous
le n°. 2 , pefoit de ^ i 7 livres. La troihème fous le n^. ) , de 4^ 1. à
4; 1. & les trois toifons mifes enfemble pefoienc iS livres: ce qui
donne un poids commun de S livres : taux à'peu-ptc:i le même que celui
des toifons d'Angleterre , ou la groife erpcte ell plus abondante ciue
la petite; fur quoi on peut encore obrerv9t que prefque toutes les brebis
^u troupeau du fieui Delportes ont des agncAUx.
Suc CCS trois toifons j'ai pris dix livres de Uine de choix , dans lef'
quelles la plus petite toiibn efl prefque toute entrée ; elle pcovienK
Sun vnnr. NATvkEiin et iês arts. 9$
de l'une des brebis des environj <le Camorbery , lès plos Anciennement
venues d'An;;le:etre , depuis qa.^tre ans ,• ce qai prouve que U laine
nedrçcnéfe p:is en France pat le tems ou l'influence du climat , & que
ce n'ell que par l'éducation.
Un navire Angïois venant des côtes de b Barbarie, il y a environ
dix ans , échoua fur celles du Boulonnois : il en rapporioît de fore
beaux béHers : le Capitaine fc pt&ia en faveur de quelques pacticu-
Hefs qui voulurent bien i'tw accommoder , & on le les répartit. Ils
fe dégradèrent en trois à quatre générations, à ne les reconnoître que
par une laine plus frifce , que leur poftcrité conferve encore , & cela
parce qu'on neut aucun égard dans leur traitement, à leur manicce
ordinaire de vivre: on fuivitla méthode ufitée ici , qui chaque fois qu'on
f a introduit l'eipèce Ajigloife , l'a fait dcgénetet en peu de tems.
J'ai fait peigner les dix livres de laine dont on a parlé plus haut ,
uoupeai
de laine peignée Se non peignée.
J'obfervecai quM y a un grand choix i fiire parmi ces laines, même
les plus belles , car on peut remarquer en Anglcttcrrc comme daiii
le troupeau du llëur Delportes , que plus une toifbn eH de laine hne ,
plus la partie des cuilFes fe trouve grolTe à proponton.
Les Anglois font ce choix trcs-exaâcment, ils peignent leurs belles
laines ctès-hn , & lailfent en arrière un peignon fort gras qu'ils em"
ploient avec intelligence daus les genres propres de Manufaâures»
dont ils ont un fi grand nombre. La nctiecc de ces laines difpenfe
de les battre, lorfqu'on les veut travailler ; on les lave dans une eau
de favon fait d l'huile d'olive \ on les peigne encore mouillées à la mê-
me huile , une première fois avec des peignes à deux rangs de broches ,
& une iiiconde avec des peignes à trois rangs. Ces peignes font d'uni
acier bien trempé , très poli \ ils coûtent de 50 à 36 livres la paire.
Ceux de France ne valent que de 7 d S liv. Après le premier peignage
on relavc la laine dans une nouvelle eau de favon, on la rebrife &*
Ion procède au fécond peignage
Lorfqu'on les deftine à faire du tricote , elles font filées très ouvert ;
on double les fils » mais on ne les retord point , comme en France ,
où l'on croit diminuer par cette opération le duvet dcfagrcable donc
font couverts ceux que nous fabriquons ; tandis qu'en Angicrene il
eft roujours uni , ras , brillant , qualités qui proviennent en plus grande
partjg de la beauté de la bine.
Le fieur Oelportcs imite toutes ces pratiques dans fa Manufaâure
de tricotés, la leulc en Franc» à l'inftat de celles d'Angleterre , &
5>6 OSSnRVATJONS SVR LÀ PHYSIQUE^
dans laquelle on eft pacveim â imiter ce qu'ils on àe plus partit en ce
genre.
Mais ce choix des laines que font les Anelois n'eft ordinairement
<]u'i leur ufage. S'ils nous en cnvoyent quelquefois de peignée , la
plus grande partie eft toujours en loifon; & dans ce cas ils lailHcnc
routes tes fortes de qualités fans en rien diftraite. U e(l alors peu de
nos Manufactures à qui il convienne de s'en fournir; ce ne font que
des Entrepreneurs de divecfes fortes d'étoffes , qui le peuvent taue
avec avantage par la faculté qu'ils ont de les toutes confommer.
Les Hollandois, au contraire, trient avec grand foin leurs laines
ou celles de Hambourg, de Danemarck, de la Poméranie ou d'ailleurs,
ou ils mélangent avec les leur , & qu'ils nous vendent toutes comme
Gt leur cru \ ils en font de pluHeurs cUires,& ils nous en envoient
de 4 i 5 fortes différentes. Le commerce des laines d'Angleterre en
France eft d'ailleurs très-nouveau ou ttès-cenouvelié ; il eft encore
très clandefUn & fort difficile , comme on l'a déjà obfervé. Toutes ces
raifons font ordinAtremenc donner la préférence, pour les mêmes ufa-
ges , aux laines de Hollande , quoique plus chères. I^ différence de
celles-ci d celles d'Angleterre peut concourir dans quelques occafîons
à cette préférence ^ & je ne vois aucun inconvénient de déterminer ici
leur caraffière pour fixer ces circonftanccs.
Le» laines d'Angleterre font plus douces , plus liantes , moins lon-
gues» moins propres aux étoffes abfotumenc rafes &: sèches; elles font
plus convenables, à raifon de ces qualités , pour les étoffes qui ont
quelques tendances à draper. Celles de Hollande font plus longues,
plus lilfes, plus brillantes, plus fermes ; elles fe tirent mieux encore
que celles d'Angleterre : la âbtute en eft plus coulante , les poils fe
féparcnt les uns des autres infenfiblement & avec moins d effort:
elles font les plus propres aux différentes fortes d'étoffes à grains, telles
que les fiatacans , les Camelots , les Eumiues , &c pour la chaîne
fur- tout. w
Pour revenir i la méthode comparative du fieur Delportcs , j'obfer-
verai qu'il ne lailfe pas couvrir fes brebis au tems ou l'on ell dans
cet ufage en France , ou les agneaux naifîent dans les mois les plus
rigoureux de l'année , en Janvier & Février. U fuit i cet égard , com-
me à beaucoup d'autres , les pratiques Angloifes. U ne donne jamais
tien au ttoupeau dans le parc , que durant la neige ou les fortes gelées »
on lui jette alors un peu de foin pendant la nuit; Se en tout autre
rems de l'hivcc , le foit fon palFage plus ou moins long fur \ts
JiaveiSi luifufHt pout fuppléec au défaut de la nourriture des champs.
On a obfervé depuis long-cems que les moutons nourris au £|c £c
mcme au gr^n , ont une laine plus groflîère , plus dure , plus Sche'
que ceux qui vivent d'herbages , de navets ou d'autre nourriture fraîclie»^
L'hiver ,
SUR vnrsT. natureile et les arts $7
L'hiver , le fieur Delportes nourrie fan troupeau à la piille ; mais il ne
paroît pAS avoir eu principalement cgard A la laine » qui eft commune ;
dumoins m'a-t-elle piruc telle , ainfi qu'aux Manufadiuriers dans les
Acceliers defquels j'ai ccc â ponée de la vifiicr Se d'en raifonner ^vec
eux.
Le troupeau du fieur Delportes trouve la nourriture qu'on lui donne
l'hiver fous un hangar placé au fond du parc ; les brebis An^loifes y
viennent , poulTces par lebcfoin, nuis elle en fonent auili-tôc qu'elles
font rairaiiécs^ & elles n'y roviennenc de jour ni de nuit que pouc
manger. Les brebis Françoifes n'en furtcni jamais qu'on ne les eti chadê.
Les premières cherchent bien un abri aux grands vcnrs d hiver , fur-
tout lorfque la pluie s'y niclc, mais jamais elles ne fc mettent fous
le hangar, où elles ne paroilfent pas relpitec à l'ailb: caifon qiii a dé-
terminé le fieur Detpottes à en faire dans fon nouvel écablillement^
s'il a lieu, de rrcs-clevcs. Se qui foient ncici; de toutes parcs.
Quoiqu'il foit efTenticl de lailTcr toujours les moutons au grand air,
& que le froid , ni la ncigc ne leur nuifcnr pas , que U rofce même
leur foit trcs-falutaire , Se qu'ils ne s'en rrouvenc que mieux d'ccre
expofcs d toutes les intempéries des faîfons, il ç(i conllant que la
laine participe de l'âpreté & de la rudeH'e des hivers à proportion qu'elle
y eft plus expofée (i).
(i) Les moncons ne craignent rien tanc qac la pluie , ils ne dorment ni ne mangeni
ilorarn le tcmi qu'elle tombe. Mais dès qj'cltc cclTc, iU fc tr^moullcnt, fc fecouene
violemment , ils (c «JécUarecnt cie ce poids tics<louiii Se iriM-incoinmodc , & ils maa-
gcnt ou dotmcnt aulfî-cât Utivant le befoid le plus prcllânt.
En EcolTc DÛ le climat cit luJe , âpie, où la nouiiiturc eft peu abondante, pea
ftil}rtanticllc, où les moutons font imc pairie de l'anni^c dans la neige & les frimacs , les
laines font beaucoup plus comm-.incs <]uc celles d'Angleterre , quoiqu'elles aient acquis
toute II q'tali:é qui petit i^fultet des mcmcs foins qu'oit a pris pour les unes comme
pouc» les ajttcs , 8: ix elles font beaucoup plu; belles que celles de France , ou voie
bien que c'cJ\ à ces foins qu'on le doit.
Nous avons déjà dit que le prix en Angleterre des laïnes Angloifcs ëtojc de i j
à 16 f. la livre poids & argent de France i nous ajouterons ici que celui des laines
d'Ecortc n'cft que de ic à ii C. même poids Se même argent, d'environ -f ou de }o
à ) ( pour 1 00 moinlre que le prccWent. Il r.e vient guère de cts laines en {-rance f
ce font Ici Maiîufailurcs d'Halitai â: des environs qui les confommcnt » fi: ce n'cll
qup.. depuis quelques anruîcs que les laines de Hollande , ^lant devenues très chères ,
oi) a renouvelle Icî rcntitivcs d'en tirer d'Angleterre. 11 nous en eft venu environ
ion milliers , année commjne , depuis deux à trois ans. La Picardie feule , Amiens^
Abbcvtllc en ont employé les trois quarts au moins. La Suède a pcrfcdlionné les
laines, fai^s doute , mais elle a fait de vains eflbnt pour imiter celles d'Erpa^nc
La Hollande n'a pas des laiacs de Barbaiie, de l'Inde, ni d'ailleurs ; mais clic a'^dcc
laines de HoIlanJc fuperbcs . parce qu'elle a des pâtQrages ezcclleni fie abondant .
A3»% lerqucli les moutons rcftent jour & nuit dar\s tous les temsdc l'aniiéci pattï
Tome X!r, Partie II. 1 779. AOUST. N
OBSERrATlONS Sun LÀ PHYSIQUE,
On en a bien l'expcriencQ & l'on en font le? raifons en Ant>;]eterr0;
mais on y a eu pour princiiie, dans coûtes les méthodes, de rcunir tou-
jours les meilleurs effets a ta plus grande économie ; & rarant^
qui rcfuireroic d'un abri quelconque , n indcmnifeioic 0as des fiais ^
faire pour l'obtenir.
Les loups qui infeiftent la France d'un bouc à l'autre, ne nous Uif-
fent pas libres du choix : le parc y eft indirpenfabie» mais les hangars
 y faire njontenc peu à U dcpenfe^r. U n'importe que l'enceinte (bit
formée par un mut, des fàfcines ou un large folTé, dont les bords
ibient élevés & efcarpés j & il fuiHt pour le hangar d'an toîc de paille »
de fougères , de bruyères , de genêts ou autres chofes femblablcs , fou-
tenues de quelques pilliers ttès-élevés. On doit avoir attention que le
parc ibic allez vade pour que les moutons puilfent s'y agiter & mcmc
«'y promener àl'aife, & d"y ptacei les hangars , comme en Angleterre,
dans les parcs à btrufs , aux extrémités des deux côtés oppufés aux
vents les plus impétueux , aux bourafques les plus violentes. Mais quel-
que tems qu'il faÎTe , ne fut-ce que pour les promener, il faut iortir
tous les jours les moutons du parc. Leur bonne coiiftiturion , ainfî que
]a qualité de leur laine tient autant au changement d'air 8c à t'exet-
icicCy qu'à la propreté &; à la nourriture^ ces précautions font indi-
quées par la nature mcmc de l'animal , couvert d'une toifon épailTe
&: lourde, <m\ excite chez lui une tranfpiration prefque continuelle,
qu'il eft aulh dangereux de gêner que de forcer. Telles font celles qu»
prend le iieur Delportes , autant que la (îtuation &: la petiielfe de
|.îbn tetrein peuvent le permettre : telles font celles auxquelles il fe
propofe de aonncr, locfqu'il y aura lieu , toute l'étendue convenable.
Suivant le Mémoire du iieur Delportes , & les objets de ma mif-
îon , qui s'étend fur l'examen & le rapport de tout ce qu'il contient,
j'ai parcouru & examiné les terreins dont il demande la concelTton.
C'ell la queue d'une foret immenfc dont le pbn ell ci- joint, laquelle
parrie eft prefque enrourée & comme enclavée dans nombre , de
Villages, qui vraifemblablemeni la contïdcrenc d-peu-prcs comme de
leur domaine, elle eft du moins comparée aux autres parties de cette
qu'elle ne.pcrmei pas onc les Wltcrs trop jeunes s'éncrvcni, qu'elfe prcfliî potrlcï
faire faillir , un tenvs également proptc i la cnnfcrvaiion de leurs qualitéi , ■ cdie
des brebis , Se à trau£niettrc ces mêmes qualités à l'ctte qui doit léfjlter de ca
Kcoof lemctK. Il n'y a que la Fiance qui pat la différence de (ci climats , par \i v^nhé
de fcs températures fie de tes proditétions , paifTc afpîret à b diveilîc^ ^^^ cfpéccs
comme à la pcrfeclton des qualicéi.
(i) Il Dc fîui pas m£mc qii^ cet animal cruel ait la faculté de porrcr un regard
avide fur le timide troapcau : l'épgavantc s'y mctiioit; ij ne maogctcit oi ne dpj-
laiioit plut en mU.
SUR VHIST, KÂTURELLE BT ISS ARTS, f^
foret , dans un écac de dépridarion cjui fembleroit l'aimouccr. A cette
caufe il en Faut ajoucer une qui y concoure pour beaucoup , celle de
la nature du terre'm, crès-Aquaùque en nombre d'endroits , fiu« de
donner de Iccoulement aux e;iux, ce qui fcroit d'autant plus facile
que le tetrcin eft en pence. Cette partie de force eft abfolument de-
farnie de boîs & remplie de places vaines & vagues , qui indiquent
ien par la verdure du gazon , qu'elle feroit plus avantagcufemeat
cultivée en prairies. Le bois de itià, zoans, n'a pas l'air d'en avoir
J o , il en eft de même de celui de choque âge ^ & j'ai vainement
cherche pour y trouver un chcne de quelque groÛeur oui ne fut pas
couronne ou ccimc. Le haut de cet emplacement eft aans une fnua-
moire, dans quel ordre on fe pcopofe de difpofer les cliofes pour fos-
mer une cdutation en grand Se s'en anucer le fucccs-
Ce terreiii v <>ft If»
Province
fible
héritages divifés dans ce canton. C'eft d'ailleurs de la part du Gou-
vernement un foible factifice rclativemenr à l'importance de l'ctablif-
/ement propofé & aux graniis avantages qui en rcfulceront. Les dé-
Î'cnfes à faire pour défricher ce tcncui , Tapplanir , le rendre fain «
e mettre en culture enfin Ôc en rapport, ne doivent pas lairter l'Ad-
miniftration indifférente fur le chou de U petfonne i qui elle Ce
j>ropofe de le concéder. Cette enireprife eft majeure*, il a*çft pïqs
tems d'en tenter de fcmblibles avec lcg^rcïc,&: je ne f.iis aucun
doute que la régénération des efpcce^ , & la naultiplicacion des trou-
peaux en Fiance ne tiennent à celle-ci.
Il faut un exemple en j^tand , une pratique raifonnée de fuivïe : plus
en 2. fiit d'elTàts , plus on a marqué d'inconftancc ^ les fuivre , plus
il faut aâuellement de zèle, d'inltruftion & peut-ctrc de dépenfes. Il
-ifaut fair« oublier fes erreurs au PùbHc , qui, les regardant comme des
preuves de la difficulté de rcullir , s'eft fortifié dans Tes préjugés , & de-
vienc diuiranr plus dilHcite fur quelque forte de téfocine qu'on Itii
propofe. U ne voit pas qu'on a aoufc de la confiaiKC & trompé les
meilleures incemionSi il ne Ciit pas qu'il y a. des incrigajis qui, n'ay^int
rien, ne rifquent tien, & que ce font lé plus fouvent ces fortes de
gens qui fe mettent en avant. Le Gouvernement n*a pas pu rcuftir:
quelle confiance devons-nous avoir en fes inftruâions ? Et que fau*
rions-nous tenter pour rcullir mieux que lui ? Tels font les idées Ôc
les propos du Public ^ & le Public a raifon. Ajoutez à cela que fi un
homme aifé peut rifquer lo? pour gagner 200, que fi un homme riche
' 1779. AOUST. N X
loo OBSEKyJTIONS SUR LA PHYSIQUE,
peut rifauer looo pour gagner loooo, ayant même dix chances contre
une,un nomme qui n'a que le ncce(ïaire,ne peutni ne doit rien rifqutr,
pas feulement un pour lo, & certainement le plus grand nombre des
individus , ceux que rAdminiflracion doit te plus conHdcrec ici , parce
que c'eft d'eux feuls qu'on doit attendre cette icfoime , ce plus grand
nombre , dis-je , font ceux qui n'ont que le nécelfatre, fi ce n'eft ceux
si qui il manque.
AinÛ , tout confidcrc, Texemple eft le feul moyen que puilTe em-
ployer l'Adminiftration : c'eft une dette de fa part -, & elle eft très-
neureufe qu'il fe préfente une de ces occafions rares qui , fans dépen-
ît% , & confervant toujours fous ta main le I<fger objet de fon (acti-
fice, U mette dans le cas de s'en acquiter avec le plus grand avan-
tage. Le ficur Delpones jouit dins fa Province d'une confidcration
diftingucc, deux de les HIsont demeure en Angleterre pour en apprendre la
hngue , & iTudier le caradtère & le génie a un peuple dont les intércrs
individuels fe confondent fouvent avec ceux des Commen^ans Frani^ois ;
l'un y a joint le goût de l'Agriculture, & a tourné fes vues pluspatti-
rutîàremcnt du coté de l'éducation des bctes à laine : il me paroit être
entré dans ces détails avec une intelligence & une afKvitc qui font le
prcfage le plus allure de la rculTîtc de l'entrcprife. Ses recherches fe
font étendues en fpcculant fur les différcns produits qui peuvent cc-
fulter d'une éducation raifonnée.
La ManufaCVure de tricots eft un objet auquel il fe ptopofe d'en
faire fuccéder d'autres ( i ) : pour y concourir autant qu'il eft en mon
I»ouvoit , je lui fais paifei différentes mécaniques parmi lefquelles eft
e Dévidoir à l'Angloife avec le tarif pour la Blature. Il eft de la det^
nière confcquencc de monter convcnablcmcm une première opération,
*" ut dans un pays privé de toute efpèce de mam-d'ccuvre, & fans
induftrie nue celle que fes foins commencent à y ^ire naître.
fur- tout
autre
(i) Si cet écabliircmem ne r^aiîit pas entre les mains ijes netirs Dciportc* , il'ac
f^uSira entre celles Je pciCbniK. L'iatdligcncc de h langue, la coiiaoiiljncc tlupays,
les rcUrions avec les Fcimicrs » les Maichands , les Coiuicbamiieis An^ois \ leur
EiGrion j ta (iinilicudc des pays & des produâions ; tout enfin concourt 2 apptanir
s di/Bcultés devant ciut.
Si t'Admiaiftratioa néglige cette occafion , elle s'eEpofcra aux reproches de la
pcftérîté : il faat des ficdcs pour en raaicner de fembUbles.
K^
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS lor
MÉMOIRE
Sur la force d'impulfion des Torrents.
Par M. AvBRY i Ingénieur en chef des Ponis 6* Chauffeesdi Brejft^ &c.
I .E torrent de Bofcodon, près d'Embrun en Daupliinc,quia fourni
les expériences nccelîaires pour li théorie dont it cft ici queftion , ell
le plus confidcrable qu'on connoiCTe dans cette Province , & ceft le
feul fur lequel on n'a pu établir jufqu'ici de pont pour le craverfer.
Il eft peu d'années qui ne foient marquées par quelques accideitt
pour ceux qui s'expofcnt à paHcr ce totfcnr lors des grandes crues
produites pat la fonte des neiges , ou pat les pluies d'orages j enforte
que, dans ces citconftances , les Voyageurs qui ne connoiiïent point ie
local , font obliges de rétrograder , ou d'aitcndtc !e calme pour le
traverfet j ce qui forme un trcs-granil inconvénient pour cetic partie
de route.
On profite quelquefois d'un petit pont ptovifionnel qui fe trouve
ï un quart de lieue en-deffus au pailagc public , dans la gorge doa
ce torrent defcend , ce pont étant entretenu pat les Communautés
voinnes , pour leur communication avec la ville d'Fmbrun; mais in-
dépendamment de ce détour & des difficultés d'aborder à ce pont ,
il fubit fouvent le même fort qu'éptouveroit également un ouvrage
plus folide, c'eft-à-dire, qu'il eft orduiairement emporté [ aux appro-
ches de la crue, & quelquefois huit ou dix minutes avant qu'il en foit
atteint ) pat le choc de ni colonne d'air qui précède celle ae l'eau , Sc
qui en étant violemment preffée, renvcrfe tout ce qui s'oppofe ^ fon
paHaee , fans que des pierres même d'un volume prodigieux , puiffcnt
y rclifter autrement qu'en roulant fut le gravier avec une vîtelfe fu-
périeure à celle du courant , jufqui l'embouchure de la gorge , oii
l'air devenant divergent, elles fe trouvem à la fin gagnées par l'eau ( i).
(t) On ccmarcpie un effet analogue \ celui-lÀ dans le Canat ihi larigucdoc, Bt qai
confirme ce principe théori<]Uc de M. Aobry. L'eau s'échappe du réfcrvotr ou badia
de Sâini-Fcinol par crois robincrs de bronze de y pouces de diamètre, 0c court fous
un large aqueduc. Lorfcju'on ouvre les robmers, tandis que les eaux du bafTîn font
cncoïc hautes, t'impétucjué de ces cauxeftlî terrible qu'on ne s'entend plus j on ne
voie que de l'ccuaic. L'air que l'eau entiaîite par fa coûte dans l'aqueduc roime ua
coiuaoc actuel on a de la pcioc à réûfter. Les malTcs éaormc» des rouies U do
191 OBSERVATIONS SUR LA PHYSîQVEt
Ce phénomène feul indiciue déjà le danger qu'il y a de placer des
Îwnts de bois pour le palTage de ces torrents , dans les gorges par
efquelies ils débouchent des montagnes , pour tomber dans les parties
de plaines inférieures, (\ les limites de ces gorges ne font allez relTer-
cces pour pouvoir fervir de culces & d cpaulemens à ces ponts.
Defcripùon du cours & des tfftts de et tomnt.
Ce torrent, qui n'a qu'un filet d'eau dans le tems ca!me» fe trouve
formé, lors de la fonte des neiges , par plufieurs branches de ravins ,
qui tombent des montagnes des Orres, qui ont environ 5000 pieds de
hauteur , fur des penchaus d'une rapidité inaccedible.
Sa chute eft dilpofce du fud au nord , de manière qu'étant lafTcm-
blc fort peu eu-delfous de Bufcodon , il roule d'abord par cataractes >
dans une gor^e qui a 1000 coifes de longueur , fur 150 toifes de lar-
geur à fon origine , & i^i toifes à fon embouchure avec la plaine»
îur une pente uniforme de 5 pouces & ^ par toife » avec un devers de
trois pouces par toife d'une rive à l'autre fur coûte fa largeur, prife du
levant au couchant.
De toute cette largcut de 131 toifes, qui formoit anciennement
le lit de ce torrent dans la gorge dont on vient de parler , l'eau nea
occupe aifhiellement de rems à autre, que 71 toiles vers la rive du
couchant , le furplus fe trouvant relaiiTc & rempli de gros blocs garnij
de toute efpèce de broffailles, fuivant la nature des graines des diffi^
rentes plantes que l'eau defcend des montagnes , & qu'elle dépofe fur
les graviers.
C'efl dans cet efpace de 71 toifes, que le lie de ce torrent fe trouve
iîxc & £e maintient depuis quelques fiècles , & où il creufe & comble
alternativement fon canal , pour changer fouvenc quelques parties de
ion cours , fuivanc le plus ou le moins de matière qu'il eucrainc avec
lui dans chaque crue.
An furplus , ce canal a en général ro toifes dans les parties les plus
larges, de 5 toifes dans les plus cn^oices , où il a 4 pieds de hauteur
d eau dans les plus grandes crues ; ce qui tornieroit une grande rivière
dans une plaine de niveau, ou à-peu-prôs.
Depuis la gorge dont il vient d'être queftion , & d'où ce torrent
débouche d;ins la plaine, il n*a plus d'autre limite jufqu*à laDurance,
que celle qu'il fe rorme lui-même^ enfone qu'ayant vcrfc , dduis les
murs en paroiilcor ébranla, Aafll appelle-r-on P'oûit d^tofir nat At -ca voûict
rai IcQiacUcs Us eaux ('échappent, fftfcrip. 4iu Catiûi ^e Lân^uM€c , pttr U. àe im
SU/l VffrST. NATURBllE ET lES ARTS, loj
tems prcccdcns , indiftinctemem ï droite & i gauche , îl eft parvenu
aujourd'hui i occuper un efpace de 1105 toifes de largeur encre Savi-
nes & Embrun , aptes avoir formé un comble de graviers de < ^C
pieds de haurcur au-deffus du niveau de la plaine : mai> aâiie lie ment
& depuis 1 époque de 1 604 , fon canal fe mainrienc , pnr uq« efpèce
de miracle, fur la crête du comble donc on vient de oarler > dans
une longueur de toocoifes, prife depuis \x gorge ii*où il débouche»
jufqu'à la chute aans la Dntaace , an fuivant la mèoie direâion & \%
mcmti pence <]ue celte qu'il a dans fa partie fupérïeure > avec une dif-
ponciou celle néanmoins , que le plus périt cvànemenr peut le faire
dériver du côté de Savines , vers lequel le fond de fon lu incline en
fortanc du goulet; d'où il arriveroit qu'il verferoic alors fur Li pente de
fon propre comble » dans une longueur de £04 toifes , en pcoduifauc
de nouveaux ravages.
De tous ces inconvéniens on peut donc tirer k conféqucnce, quon
ne peut établir un pont ni aucune efpèce de pallâge adurc pour cra-
verler ce ronrenc , dans aucune partie de fon cours aâuel ; de manière
qu il ne reile plus qu'à chercher un emplacement favorable dans des
parties hors de fon lit , & où le courant fe trouvant amené avanca-
geufemenr , foit relferré entre des limites naturelles , ou encre des
digues qu'il ne puilfe franchir: mais ces digues font Iccueil des con-
noilTances ordinaires \ enforte que je vais eflayer de donner quelques
détails de leurs conlUuctions , par les expériences mcines ^e ce tor-
rent m'a fournies.
Application du calcul aux difFerens évènemcns qui précédent.
Manière de confdirer fa force d^impuljicn d'un courant d'eau , pour hti
oppofer des diguts indejlruilitUs^ quant au poids 6f quant aux volutnis
dts matériaux doni elles doivent être formées.
Nous examinerons cette force d'impulfion d'une manière diiFérentç
que par les règles ordinaires de l'Hydraulique , a6n qu'ayant égard i
tout ce qui doit encrer dans la nature de ce problème , il devienne
plus propre aux applications ellentielles que nous devons en ^ire.
Comme cette force dépend de la quantité d'eau qui s'écoule dans
an cems déterminé , & de la hauteur de fa chute» nous prendrons
conflammcnc la lettre (a) pour indiquer le volume d'eau écoule dans
une féconde, & la lettre ( x ) pour la hauteur de fa chute ; enforte que
prenant {g) pour désigner la hauteur de laquelle un corps tombe Iibr&-
raem dans une féconde, pour acquérir dam le mème-teius une vîtelfe
104 OBSERrATTOirS SUR LA PHYSIQUE^
uniforme= x^,on aura V S'^S''V '^^ —^?^^' ^ vîtelTe de
J'eau par la hauteuc x = i V~g~x.
Si Ton nomme la bafe de la colonne d'eau qui frappe le plan '^{{),
la quantité d'eau qui s'écoule dans une féconde , fera doublemenc
exprimée par a ^^ "^JJc =a, qui donne i {^= -y^ ; enforte que,
œulcipliauc les deux membres de cette équation par ( r ) , hauteur de
ax
la chute , on aura X ç{x=:— — z:, l'un & l'autre de ces'deux iiiiimbrcs
déterminant , fuîvant chaque règle diftinguée , !a force d'impulfion
contre le plan , dans lefquels on remarquera que cette force eu expiî-
mée, dins le premier, par le double pnfme ou cylindre i -t {{, pour
avoir le plus grand ctfec de la force d'impullîon , qu'on réduira, fuî-
vant chaque circonlUnce du rapport qui Ce trouvera entre ta bafe de
la colonne d'eau , & la furface du plan choque ^ de manicrc qu'ayant
égard, dans ce calcul , à b quaiuitc d'eau écoulée par féconde * on
aura pour l'expreflion de cette force d'impulHoa.
Coirollatre,
On voit que, puifque la vîiefle de l'eau cft comme ( V *) » cetrc
force fera comme la quantité d'eau écoulée par chaque féconde, mul-
tipliée par fa viielfe même, cette méthode étant d'accord avec les prin-
cipes ordinaires, où l'on eftime la force d'impulfion par le quarte de
la vîrclTe \ car la quantité ( a ) renferme auffi la vîteffe ( \/ ^ \
Nous avons lingulièremenc obfervc que TexprelTion de cette impul-
fion fe rapportoit au plus grand effet de la force qui fouticnt le plan,
mais ceci fuppofe que la fuperlîcie de ce plan eft beaucoup plus étendue
que la bafe de la colonne d'eau qu'elle reçoit; car dajis le cas où ces
deux futfaces feroient égales, comme dans la circonllance picfente,
cette expérience fe réduit à ({ ■ ^ , en quoi cette règle eft totale-
ment d'accord avec la vulgaire: mais lorfque le plan furpafle lagrof-
feur de la colonne d'eau , comme dans les autres cas que nous aurons
occafion d'examiner , il faut alors exprimer la force d'impulfion par
(~ J , parce que la force qui foutient le plan, doit augmenter en
laifon du poids de l'eau qui regonfle Se coule fur les cotés , les expc-
liences ayant indiqué que cette force étoit nrefque double , & cetfc
attention , comme on le fera voir » étant nécellàirc pour le choc de
l'eau
SUR^ VNIST. KÀtURBLlE ET LES ARTS, rtj
l'eau contre des digues , murs d cpauteniens de pouct , &c. donc les
furfàces fonc toujours plus grandes «jus U fcûion des couraiis d'eau par
Icfguels elles fonc choquées.
Il ne fcroit donc plus queftion maintenant que de connoître la vî-
teffe de ce torrent , ou U hauteur de fa chute , pour déterminer ù,
force d'impulHon : mais l'itrcgularicc de fon cours en détail, fes caf-
cades , & la quantité d'obftacles dont il eft rempli, tendent cette expc-
lieuce impollible par tous les inoyons connus, euforte qu'on a eu
recours i fes effets ; ce qui aflnre encore beaucoup mieux tous les piine
cipes qu'on pourra y adapter.
On a remarque que dans la quantité des blocs de pierre que ce
torrent entraîne avec lui dans les grandes crues, & qui reftenr, comme
on l'a dit, dans la gorge, il n'en étoit forci jufqu'ici qu'un fcul du
volume de ceux dont ou a voulu parler en premier lieu , ce bloc
ayant été tranfporté i 70 toifes plus bas que l'embouchure de la gorge,
fuivanc une dixcâion de 45 dci^rés, eu égard à celle du coucs de ce
torrenu
De cène poficion & de la tnanicre dont ce bloc eft encombré , on
en conclut qu'il avoir été mu de entraîne par la plus grande crue fur
laquelle il foie polfiblc de compter ; enforte que , d'après ce raifon-
neinent , on a jugé que cette pierre pouvoir être propre à établir une
expérience certaine de la force du torrent dont il eflqueftion.
Cela pofé, ce bloc ayant j pieds 9 pouces de hauteur & de largeur
iiir chaque fice, il produit 14 pieds quartes, Se pai couféqucuc 5}
pieds cubes , un peu moins.
On a trouve que chaque pied cube pefe iStf livres, ce qui fait
578)8 livres pour toute fa malle, dont on fait qu'on doit prendre le
tiers, qui cil de jiStf livres, pour fa prelïïon fur fon aÛîctLC, qui eft
l'expreflion de fa ré^ftance contre lé choc du coûtant.
On doit obfetvcr que quoique ce torrent ait 5 pouces j de pence
par toife , comme on la dit, fuivant laquelle il paroîcroit que ta pé-
lanteur abfolue de cène malTe dût erre relative i l'inclinaifon de
ce plan , on a remarqué au contraire quelle ne pouvoir fouf(rir cette
modification, attendu que le fond du canal fe trouve coupé par une
infinité de reflautsi de manière qu'on doit confidérer ces maifcs com-
me affermies fur des afliettes de niveau , jufqu'à ce qu'elles fe trouvent
atteintes ou rclailTées pat l'eau*
Ceci pofé, on aura donc la hauteur de la chute du courant parla
formule précédente, réduite d ^^-i— j,en fubllituant ^H^g* i
Tome XI ^, Part. IL 1 77p. À OUST. O
TÔT OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
la valeur de (a), ou n ^gx i (rtf)j pour avoir ^^ Vg« ** — =ï«
=^p,p d^fîgnanc le poids de la colonne d'eau égale à la force d'im-
pulHon , qui donne x= — j ce qui reifienc ici à ta méthode ordinaire ,
3 MX indique qu'il faut divifer les ^i%6 liv. qui expriment la force
'impullion par 14 pieds, fupcrticic de la maHc choquée , C^ enfuite
par 70 liv. [ 1) poids d'un cube d'eau , ce qui donne 5 pîcds 4 pouces
1 lignes pour la valeur de (x) , moyennant laquelle on connoiira la
vîceiîe uniforme qui repond â cette chute par l'analogie ordinaire, ou
par le fecouts des tables dans lefqueltes on trouve que cette vkefTe eft
de 14 pieds 1 pouces par féconde.
Si l'on fait attention adluctlemcnt, que lorfque l'eau aura fubmergé
la ma(îe dont il ell que(lion, elle perdra une quantité de Ton poids ,
^le au volume du fluide dont elle occupe ta place, il ne lui reflcra
plus que 614S livres de pcfanteur, Ôc 1049 livres pour fa preflion,
qui équivalent à un foliae d'eau de 14 pieds de bafe, fur 2 pieds
I pouce i ligne de hauteur , cette chute devant répondre i une viteffe
de 1 1 pieds 1 pouces \ enforre que le bloc de pierre auquel nous nous
fommcs fixes jufqu'ici , a dû être entraîne avec une vîtelfe refpeclive
de } pieds par féconde , qui elt l'excès de la vîteire icdulte du torrent ^
au-delfus de fa vîteffe retardée par cet obftacle.
Il fuit donc deli, que pour qu'un corps placé dans le cours de ce
torrent , puilTe réfifter au choc d'une pareille malTe , mue avec une
vîtefle uniforme de j pieds par féconde , fuivant une direi^ion pet'
pendiculaire, il faudroit que fa pefanteuc abfolue fut de 18444 livres,
ce qui formeroit un volume du 39 pieds cubes , fans compter l'acci-
dent d'une cataraAe , qui pourroit encore beaucoup accélérer la vîtelTe
de cette maiTe au moment du choc , fi ce n'eft que la réaûion du
fluide modifie le coup j & il fuit encore , que pour qu'une maffe de
femblable matière ne pût être entraînée par le courant , il faudroit
qu'elle pesâr dans l'eau, 1,8(8 livres, (qui eft le poids de la première
oans l'air) & par conféqucnt hors de l'eau, 15S08 livres , ce qui
compoferoit S 5 pieds cubes, dont la racine cubique eil de 4 pieds 5
pouces environ.
On ne voir point , en e^et , de bloc de cette dimenfion , qui foie
.(x) 70 liv. c(l une cftimc générale ; & comme l'eau des torrents eft toujours char-
ge jc terres Se de fables, on peut évaluer le poids d'un pîcd cube d'eau des cnics»
3 7j livres , ou au moins 7» livtcs.
SUR VHIST, NATURELLE ET lES ARTS, 107
defcendu plus bas que le goiilec, & il e(l vrairembUblc que ceux de
la même matière qui fe trouvent ciï-delTus fous un plus grand volu-
me, n'y font parvenus que par les affouillemens aue Jcs cataraftes de
ce torrent forment fucceflîvement fous la bafe de ces blocs , ce qui
les oblige de faire une révolution fur eux-mêmes « après laquelle ils
s'arrêtent, lorfqu'îls retrouvent un point de gravitation par lequel ils
peuvent réûfter à l'impalfion àa courant^ & ce fane precifcment ces
cvènemens capricieui qui font changer le cour* de ce torrent, beau-
coup plus fréquemment dans la gorge où il eu. refTerrc , que dans la
partie inf<^rieure où les pierres font moins volumincufes & en moins
grande quantité.
Il eft néceflairc d obferver que la vîtelTe uniforme de ce courant ,
que nous avons trouvé de 1 4 pieds 1 pouces par féconde , avec le fe-
cours de cette expérience , n'eft fouvcnt qu'une partie de fa vîtelfe
naturelle, U hauteur de la chute qui repond à cette vîtcffe, fe trou-
vant excédée pat celle des jets de l'eau à la rencontre des ditTércns
obfbcles dont le cours de ce torrent cft rempli ; cnfortc que ceere
vîtelfe uniforme n'efl precifcment que celle qui lui rcfle apr^s avoir
vaincu ces diffcrens obrticles : cet excis pourroir s'eftimer par le rap-
port du jet le plus élevé , d celui de la chute qui produit la vicelfe
redanre \ mais cette fpéculation eft peu néceffaire , & > au refte, pour
y avoir égard , on peut augmenter la chute que nous avons trouvée
de 5 pieos 4 pouces i lignes , en la Bxant à 5 pieds y pouces , ce qui
donnera 1 5 pieds pour la vitelle ujiiforme , fut laquelle on pourra
conftamment compter dans la fuite.
11 sVgit maintenant d'examiner quels feroient le$ elfets qu cprouvc'
toit une digue au moyen de laquelle on voudroic détourner ce tôt-,
rent , pout le ranger i droite ou .i gauche , contre le pied des mon-
tagnes , en plaçant cette diaue a l'embouchure du goulet, auquel elle
ferviroit de barrage , & en l'inclinant fuivant un angle d'incidence de
yo degrés par rapport au courant , Se de telle forte, que le canal qui
reflcroit entre cette digue & le pied des coteaux, auroit 14 pieds de
largeur par le bas. fans égard aux talus, pour contenir 4 pieds de hau-
teur d'eau , en obfervanc que fa pcnrc, fuivant le devers de ce rorrenr,
&C fuivant l'obliquité de cette nouvelle direâion , n'auroit plus que 5
pouces 8 lignes 7 points par toife , au lieu de 5 pouces & un quart.
Soit comme ci devant la bafe de la colonne d'eau =ï{, enforte
quayant égard àla quantité d'eau qui s'écoule par fecoude=4,onaic
a= X {i ygx.
Soit le finus de Tangle d'incidence fous lequel la colonne d'eau
tlioque cette digue =9, la partie de furface de cette digue qui répond
3 la feclton du courant , fe trouvera augmentée relativement à fa iitua-
tbn perpendiculaire, dans le tappott du fmus total (1), auâjius
1779. A OUST. O 1
loS OBSERrJTlONS SVR IJ PHYSIQUE^ .
d'incidence 9, enforte que cène fuiface fera — ^> ainlî , ft le coup
ctoii droi[, la force reçue feroic ; mais à caufe de robliquité,
elle doit ctre diminuée en raifon doublée du finus de l'angle d'inci-
dence fl, au finus total / : ainfi la vraie force d'impufion fur cette Uitl^ce fera
donc *y*^^ =x iixf,î , & en fàifant entrer dans ce calcul U
quamitc d'eau qui s'écoule par féconde , cette force fera ^'
Rtmarque,
Cène force décroît donc feulement dans ta raifon fimpîe du (ïnus
de l'angle d'incidence Ô, quoique , pat les règle ordinaires de l'Hydrau-
lique, nous ayions diminue le choc oblique du Buide en raifon dou-
blée, ce qui vient de ce que la furfiice choquée qui fe rrouve fous b
bafe de la colonne d'eau , augmente par fon obliquité \ circonftance i
laquelle on n'a point d'égard aans les règles communes, où l'on eflimc
cette force par te rapport du quarré du (inust, à celui du ûnus
total.
Au furplus , ce rcfultat fuppofe encore , comme nous en avons pré-
venu en premier lieu , cju'indcpendamment de cet nccroitfemcnt de
furface , eu égard à fon obliquité, la di(^ie en question en prcfentc
encore une plus grande , eu égard à la partie qui reçoit le choc.
Cette formule fiit donc voir que cette torce cft exaftement \%
même que celle qui a été modifiée par le premier calcul, attendu que
par la nature du problème ■ jcelt-a-dire, que cette force
feroir double, H la digue éioit perpendiculaire, ce qui eft évident,
de mc'me que dans le cas où la fuiface choquée n'auroit d'autre exten-
lîon que celle qui fe trouve produite par fon obliquité, cette formule
fe réduiroit a
*-/# V*— >V*.
— j tnais on remarquera , comme o»
vient de le dire, qu'à caufe du regonBemenc de l'eau , la partie de fur-
face de cette digue qui reçoit le choc, furpaiTc de beaucoup U bafe de
la colonne d'eau.
U fuit donc delà & de ce cme nous avons rapporté précédemmenr,
qu'il fuffiroit que cette digue eut 4 i j pieds d'cpaifleur, fi les vuidcs
qui doivent (e trouver dims l'alfemblage des pierres dont elle feroit
compofée , n'en diminuoiem le poids , qu'on fuppofe le mftmc que
ci-devanc pour chaque pied cube : mats comme on ne fe borne point
ordiuaiiement à cet équilibre > oo voir qu'en donnant 8 à 10 pieds
SUR vnisT, Naturelle et les jrts. 105
d'épairteur d cette digue , en h formant d'ailleurs avec des blocs de
pierre d'un volume proportionné aux modlbcations de la force de ce
torrent, on fera fotc au-delîus des évèneniens.
Quant à la hauteur de cette digue , qu'il eft cg,ilenSent aéceïTaire
de régler dans la mcme partie expofce au choc du courant, elle dépend
de laliautcur du regonflemenc de l'eau ; enfotte que n'ayant égard pour
cela qu'ù Con impulfion & à l'obliquité de la dïgue , cette force fe trouvera
réduite » comme nous l'avons obfervc plus haut , à * " * — : &
attendu que les chocs font entr*eux dans le rapport des hauteurs de
leurs chûtes , on aura la hauteur de ce" regonftement , en prenant la
moitié de la chute du courant, qu'on a fixe ci-devant à 5 pieds 9 pou-
ces , cette moitié ét^nt é^ale \ i pied lo pouces 6 lignes ; d'où il foie
que la hauteur de cette dîgue doit avoir cette dernière dimendon pour
excès au-delTus de !a hauteur d'eau connue , en y ajoutant même
encore un pied , foivant les précautions otdiiiaires , afin d ctre au-dcT-
fus de tout équilibre.
On doit conclure encore de ce dernier principe , que la pAttic do
cette digue, qui forott expofée au choc d'un bloc de pierre femblable
à celui fur lequel on a établi la première expérience , ne recevroit
qu'une partie très -modifiée du coup; parce qu'indépendamment de
l'obliquité qui rompt la moitié de ce coup , la léadion du fluide altère
encore la moitié de la force qui lui celle , comme ou Ta déjl obfervc
généralement.
Il refte donc à examiner quelle doit être la hauteur de cette digue,
par rapport yi comble que le fluide doit former , en fe reflèrrant pour
déboucher de fon canal dans celui où on fe propofe de le conduire.
On fe rappellera pour cela que le canal naturel ayant jo pieds de
largeur , de celui-ci 14 pieds , les deux fedlions du courant feront
dans le rapport de 5 à 4 ^ les hauteurs d'eau étant les mêmes), la pre-
miète de ces deux fedUons fourniflant iSoo pieds cubes d'eau pat fé-
conde , par la vîtefTe de 1 5 pieds; & la féconde ayant 98 pieds quar-
tés, abltraâion faite de tout le vuide , ouà-peu-pccs, produit par le
talus de la dieue, i caufe du déchet qui fe trouve opéré par la con-
traûiou que le fluide éprouve , en fe relTctrant pour paflër d'une fec-
tion à l'autre.
Suivant cette diLTpofmon , la vîccffe de l'eau i ce palïàge fera ~~
= 1 8 pieds 4 pouces 4 lignes , cette vîtefTc répondant à une chute
de 5 pieds 7 pouces j lignes, de laquelle retranchant la première (qui
c(l de 5 pieds 9 pouces}, il rctUra i pied 10 pouces 5 lignes pour la
hauteur de ce comble, qui c(l la mcme par l'événement » que celle du
legonflemenc de l'eau dans la partie fuperieure de cette digue ; enforte
no OBSERrATIONS SUR LÀ PHYSIQUS^^
que cette hauteur fe trouvant uniforme dans tous les points împor-
tan5,un voit que cette digue peuc-ctrc arrafce à fonlommct, fuivanc
le niveau de pente du lit du torrent , qui fe trouve être , comme on
la dit, de 3 pouces S lignes 7 points, par rapport à l'obliquicc quia
été fuppofée.
Si I on objeâoit que le nouveau caïul pourtoit erre enfabic , par
la raifon qu'aj^ant moins deoencc que le canal naturel, les matières
charriées feroient moins folUtltées à erre entraînées ; on rcpondroic
que U force d'impulfion du fluide étant beaucoup plus conildcrable
par la vîtelfe de i S pieds , &c. que par celle de 1 5 pieds , il en ré-
fulie une compenfation qui emporte avec elle fon évidence.
On fait d'ailleurs que la vîtelfe des corps qui roulent fur des plans
difFctemment inclines , & par des angles fort obcus, n'éprouvent qu'une
tirdivité infenfibte.
Je penfe donc avoir fuffifamment fatisfaità l'examen que jem'étois
propolé fur les principaux objets de cette quedion , qui devient appli-
cable à tous les lorrens de la même nature.
Il ne rcftecoit plus à ajouter aux ditférens détails de ce Mémoire , que
la théorie fuivant laquelle on doit déterminer, pour le plus grand effet,
l'angle le plus avantageux fous lequel on doit incliner ces digues , par
rappott à la dîreii^ioii du courant , attendu que nous ne l'avons pofc
ici que d'une ouverture arbitraire : mais ce problème a été rcfolu
d'une manière très-favante , dans le Mémoire de l'Abbé le BofTu , &
de feu M. Vialet, Ingénieur des Ponts & Chauffées , qui a remporte
le prix de l'Académie de 7 ouloufe, pour l'année 1761.
Au furplus , la difpofttion , la conflru^ion & la forme des digues
qui doivent rclîfler a l'impaUloii des torrens , tiennent encore à des
connoilTanccs qu'on ne peut acquérir que pat de longues expériences ,
Se dans lefquellcs toutes les ihéories prccédentes doivent fe concentrer.
On doit fur-tour éviter d'employer des bois pour la conftmAion de
ces digues , lorfque tes moyens & les citconl\;mces permenenr d'en
ufer autrement \ Se on a vu franchir ce préjugé avec les plus grands
fuccès en Dauphiné , où, jufqu'en 17Ç0, on n'avoir d'autres métho-
des pour Contenir les tortens qui dévaflenr cette Province,
On voit même que , dans quelques parties de la Savoie , où les pier-
res manquent , on en fabrique avec les graviers Se les cailloux que les
torrens entraînent.
Ces pierres de béton faâice , compofées de chaux maigre & de
SCiis graviers mclcs de cailloux , fe moulent en prifmcs triangulaires
0514. pieds de longueur, & s'ajudcnt enfuite par engrainemeni
les unes fur les autres , de telle fotte , que les digues qui eu font com-
pofées , étonnent les Cof)Doiffeurs.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, m
MÉMOIRE
Sur un Fara-Trcmbicmcnt de terre ,& un Para-Volcan;
Par M, Bertholon DE Saikt-Lazare^Jcs Académies Royales des
ScUncts de MompcUUr ^ Bizuts ^ Lyon , Murfeiliey Dijon , N'i/mes ,
Touloufe , Bordeaux , &c.
J A R M I Ie5 fléaux deflrufteurs , je ne crois pas cju'il y en ait aucun ,
qui infpire plus profondément h terreur & l'effroi que les cremble-
mens de terre. Le fol qu'on habite n'eft plus un lieu de sûreté ; les
pénates , afyle ordinaire contre les orages & les tempêtes , font encore
plus redoutables que le mal lui-même ; le fein de la terre qui pour-
roic être un abri protcdlciir contre la foudre, celFe d'en être un, !orf-
quc notre globe, éprouvant des convulHons Se des dédiiremens, fcm-
hle ébranlé jufques dans fes derniers fondcmctis. Ses malheureux !u-
birans pâles 8c tremblans abandonnent leurs foyers, &:, incertains ou
diriger leur marche , s'éloignent i pas ptccipiccs de leur patrie qui
de toutes parts ne leur préfenre que l'image de la mort Se mille objets
d'horreur : à chaque indanr ils craignent de voie s'ouvrir des abîmes
affreux pccts à les engloutir.
M e(l des âmes intrépides qui affrontent les dangers Se les tempê-
tes, il en ell qui, tranquilles dans le fein des orages, voient de fatig
fi*oid la foudre fillonnet les airs, & le tonnerre , ce météore fi terri-
ble, gronder fur leur tcte ; mais on n*en a jamais vu qui ofalfent ,
je ne dis pas braver ces fecoulfes horribles imprimées à la terre , je"
dis feulement ne pas ftiir des lieux qui en font le funefte théâtre.'
Tous faifis d'épouvante aux premières approches de cet épouvantable
fléau , n'ont m affez de force ni affez de vîteffe pout accélérct leur
fuice précipitée. Qu'on fe rappelle ce qui s'cft pafïé de nos jours dans
les lieux ravagés Se détruits par ces horribles convulfîons de la nature ,
& on fera convaincu que , dans ce déluge de maux auxquels nous
ne fommes que ctop fouvent expofcs , il n'en ed aucun qui foie H
redoutable.
Ce terrible météore de tout lems boulcverfa notre malheureux
globe. Nous ne pouvons douter d'après les témoignages des Anciens
que le mont Ofla fut fcpaté du mont Olympe par un tremblemcnc de
terre j que Selis ÔcMegalenpoliSy la Theiralie>laColchidc>rAchaye>
XI OBSERrATÎONS SUR LA PUYSJQÙE,-
ia Macédoine , &c. ont éprouvé ces fecounes affreufes de la tenS
Ihutidide rapporte cju'environ au tems de la guerre du Pcloponèfe »
toute rirte d'Atalante > ou au moins fa plus grande p.inie , fiic lubmer-
gce par l'effet d'un tremblemtnc de terre; félon Pollîdonius la nitine
choie arriva dans la Ville de Sidon. Callifthcne qui accompagna Ale-
xandre le Grand Jans Tes expéditions , nous apprend qu'Hclice Se Bu-
ris périrent dans un tremblement de terre Àe& plus violens; & Siiaboa
dit que la première de ces Villes fut engloutie dans un abîm. qui
s'ouvtit fous elle, 5: que la féconde fut enfcvelte fous les eaux: Pau-
fanias & Pline en font aiilli mention.
La célèbre NicopoUs, dit un Philofophe de l'Antiquité, eftaccoi'ita-
niée à ce malheur -, l'Egypte & l'ifle de Delos Pont éprouvé, quoique
Pindarc & Viri^ile les en aient cru d l'abri. Paplios a plus d'une fois
été renverfée, ainll que Tyr, Un ancien Auteur a dit de cette dernière
Ville û florirtànte, qu'elle ne fut autrefois qu'un monce.iu de ruines hor-
ribles j il njoute que l'Afie fut boulcverfec en une nuit , Se qu'elle vit
dans un inftanc difparoître douze Villes entières; Tyroi uîiquanJo in~
fzmis ruinis fuit. ÀJÎa duodedm urbesjîmul perJida. Seneq. qu.-cfl. nat.
lib. VI , cap. I. Ce fur la quairicnic année de Tybèie quUrriva ce dcfaHre
effroyable : nous avons une Médaille de cet Empereur O^itJtihus Afiit
rijlinuis ; Strabon, Uv. xii , Tacit. aim. lib. n. Fufebe in Chrori. ajoute
£.phèfe aux Villes d'AHe détruites par ce fatal événement.
On ne peut lire les Anciens fans y rencontrer en mille endroits
des témoignages certains de ces affreux boulevetfemens qui ont ravage
le monde dès les premiers âges. » On navigue , difoit Sénèqne, (ur
n des Villes que nos Ancêtres ont coimues, & de qui les hifloicesonc
» fait paffer jufqu'i notre fiècle la mémoire & la connoilTance. Corn-
« bien y en a-r-il daucrcs qui ont été fubnictgécs en d'autres en-
w droits par l'effet dt$ tremhUmtns dt tetrt .'* Combien y a-t-il de peu-
» pies que la terre a cnfevelis ? « Ceci me rappelle la belle penfée d'un
Ancien: nous marchons fur les cad-ivres des Cités. le PhilofophedcjA
nommé nous apprend que, fous le Conful.it de Réguhis & oeVirgi-
nius , le jour des Nones dç Février, date qui revienr i l'an 6\ de l'Ere
Chrétienne, il y eut un violent tremblement de terre qui fe tic fentic
dans les environs du Véfuve, Pompéïa , Ville célèbre , fut engloutie
dans le fein de L terre ; Hetcuice fut détruite en partie , Noccre en
foufFrit beaucoup , ainfi que toute laCampanie. Seize ans après, c*eft-à-
dirc, l'an 79 de notre fcre, il y eut plufieurs trcmblernens de terre
qui précédèrent la fameufe éruption ou périt Pline l'ancien, qui étoit
aJlé de Misène a Siabie pour obferver de plus près ce phénomène. Pline le
jeune, dans la belle lettte où il raconte ï Cornélius Tacite la more
de fon oncle, « attcfle que les maifons étoicnr reUemenr ébranlées pat
i>Jes ficqueiis tremble m eus déterre, que l'on auioic die qu'elles étoien(
» anachées
SUR VHlST. NATURELLE ET LES ARTS, tij
arrachces de leurs fondemens, & jettces tantôt d'uit côté, cantut de l'autre,
■•i» &puisrcimresà leurs places •>. LhwJetir. i6. Nous favons encore que
rt fous le règne de Ccfar Galîen, on obfcrva pluficurs jours des tremble-
M mens de terre en Italie j on entendit des tonnctres qui produifoienc
o de terribles mudffemens dans les entrailles de la terre : la terre s'en-
t> trouvrant de cotés Se d'autres engloutit quantité de perfonnes **. En
1 5 jS , le 29 Septembre , un tremblement prodigieux m difparoître le
lac Lucrin; Tcipergole fut abîme & fes malheureux habitans englou-
tis. De^ goulfres s'ouvrirent , & il en forcit des flammes , des Cibles
^■tc des pierres ardentes. Le piys des environs fat culbute :ia point que,
Wîngt-quatre heures aptes, il n'en reftoit pas de veftige. Les Citoyens
[jâePouzzol , épouvantes de ce fpedttcle, aDanJonnèrent leurs foyers.
" On feroit effrayé fi je ptcfentois ici le tableau des ravages des trem-
blemens, qui ont fuccclTivemcm boulevetfc les différentes parties de U
c*e(l ce qui a fait croire i plufieurs Auteurs que les montagnes
'âvoient ère formées par des tremblemens de terre; & que nous hibi-
tions feulement les ruines de notre globe. Ces convuKlons horribles
|ae la nature fembtenc être devenues de nos jours plus communes que
jamais. En 1750 , des trcmblcmuns de terre fe firent fcncir dans le
, Japon ; Mcaco fîit cnticcemcnt déciuic. L'année fuivante Pékin eu
éprouva un terrible. Dans les années 1757 & 1758 il y eut dans le
Kamrfchacka des tremblemens de terre lî violens que la plupart des
maifons furent renverfées. On vit aufli de fortes éruptions de quel-
Îiues-uns des Volcans qui font dans ces contrées. En 1 746 , Catlao fuc
ubmergé en entier , la Ville de Lima prefque entièrement détruite.
Depuis récabUtTcment des Efpignols, cette Ville avoir déjà éprouve
i>\en des fois ce malheur, favoir en 1 532 , i^S(>, 14^09, i<^$5> (678,
i6Sy , 1697 , 1599, i7i(>, nij,i7ji, i7j4» 174? Je pourroîa
facilement marquer ici la fuite chronologique des difl~érens tremble-
mens, arrivés dans les Villes dont je parlerai, txuîs l'ennui de tranf*
crîre des dates en dif()enfe.
Cette même année 174*? 1 on compw i Quito jufqu'a 100 fecouffes
dans les premières vingt-quatre heures, & jufqu'au vingt-quatre Février
de J'année fuivante , on obferva^yi reprifcs de tremblement de terre»
L^ tremblement arrivé en 1755 à Lisbonne, & dont toute l'Europe 2
relTenti les effets , eft trop connu pour eii parler. Perfonne n'ignore
que la plus grande partie de cette Ville fut rciivetfée par les fecoulTe*
les plus ternbles. Se. qu'il y périt plus de cent raille citoyens dont le
plus grand nombre fuc englouti dans le fein de la terre. Setuval &
pluHeuts autres Villes du Portugal ont été également ruinées. Dans
toute la Syrie, il y eut plufieurs fecouffes rrès-fbrtes de tremblemens
de terre, à la fin d'Oftobre & dans le courant de Novembre de l'an-
uée 17s 9' Damas fur renvcrfée , & hx mille perfonnes y pérircnti
Tome XIK Part, II, 1779. A OU S T. P
ïU OSSERr4TIONS SUR LA PHYSIQUE^
Ta Ville de Japhec fii: enticremcnt détruite, & prefque tous les habî-
tans furent enfcvelis fous fes ruines, A Tripoli un grand nombre d'édi-
fices furent renverfés , & les Villages voifins furem biemôc changés
en un monceau de décombres.
En 17^7 , les tremblemens furent fréquens dans l'Alletnagne, la
SuiiTe , &c. Le premier Mai 1 j6^ , la Ville de Bagdad fur le Tigre fuc
prefqu'enticrement ruinée par un tremblement de terre. En 1770,
le } Juin , les Villes & les habitations princip.iles de la partie de l'oueft
de rifle de Saint-Domingue , furent détruites pat un tremblement de
terre pendant lequel s'ouvrit un Volcan. Le 19 Juillet 1775» la Ville
de Guatimala dans te Nouveau-Monde , une des plus grandes de la
Nouvelle- Efpagne , fût détruite & engloutie pat un tremblement (î
aifreux qu'il ne rcfta pas fur pied un feul édihce. Le 1 $ Seprembre fui-
vant , il fe fit rcïTentir i Winger en Norwège, c'eft-à-dire, prefqu'aux
extrémités de l'ancien Monde. A Alrdorf,en Suiffe, le 10 Septembre
1774, on éprouva des fecoutTes terribles de tremblement de terre qui
détruiHient un grand nombre d'édifices. Dans la nuit du 11 au 15
Février précédent on en avoir éprouvé à Parme. Dans Tlflede Ternate»
l'une des Moluques , les éruptions du Volcan furent accompagnées
de tremblemens de terre affreux , qui ravagèrent la plus grande partie
de cette ïrte, le 4 Juillet , le 8 Octobre , & le j Septembre de l'année
1775. L'Iflande en reffentit auffi dans cette même année.
Enfin, le 1 Avril 1778 , Manheim fut agité par quelques fecoufTeî
de tremblement de terre \ mais le ) Juillet de cette même année >
Smyrne , cette Ville qui eft le centre de prefque tout le commerce du
Levant , a été détruite en grande partie par pluficurs fecoufTes horri-
bles de tremblement de terre» Se on ne croit pas qu'elle puiHfc jamais
s*en relever. Celui qui arriva en i (588, fut prefqu'aufli fiinefte que le
dernier; Tan 178 de l'Ere Chrétienne elle en éprouva de femblables.
Il n'ed aucune partie de la terre habitable qui n ait été plus ou moins
fujette aux tremblemens de terre j les Ifles fur-tout, les Antilles, les
AçoreSjles Moluques , les Philippines, &c. en éprouvent fouvcnt :
oiais il n'eft aucune contrée qui n'en ait repenti aans divers (îèclcs.
Depuis le Cap de Horn jufqu'd la Baye de TAlTomption ; de la Cali-
fornie , des Lucayes , des Canaries aux Philippines &c aux llles Marian*
nés; & depuis le Groenland, le Spitzberg éc la Nouvelle-Zemble juf-
qu'au Cap des Ai^illes , le globe de la terre a été perpétuellement
açité & bouleverfc. Ce que Scnègue a dit fe préfente ici bien mni-
rcllcment : on ne doit pas être lurpris que la terre tremble , mais
qu'elle fubfifte.
La France elle-même, ce Royaume qui , par fon heureufe pofïtion,
ferabletoit devoir être à l'abri de ce fléau deftru«5leur , l'a fouvent
éprouvé^ &j (aus remonter aux premiers âges, nous pouvons nous
SUR VffIST. NATURELLE ET LES ARTS, iij
rappcller que de nos joues elle en a refTenti bien des atceinces plus uu
moins funeftes. En t7jï , \c ij Juin , le Village de Pardincs en Au-
vergne, fuc englouti dans un tremblement de terre. En 1750, le tremble-
ment du ij & x(j Mai fe fitfcntir i Tarbes & dans le tefteda Bigorrc,
dans le Bcarn , dans laSaintonge, leMcdoc, leRouccgue, le I.angtiedoc :
Mem, de l'Ac. des 5c. 1 7\o. En 175 5 > époque à jamais mémorable du
tremblement de terre de Lisbonne , la France n'en fut pas exempte.
Le 3 Juillet 17 j5, on en relTentit à Aix; il y en eut plufieurs en divers
endroits, dans l'année I7fi7, ain(î que dans l'Allemaj^ne & la SuilTe.
En 1771 , on en éprouva dans plulîcurs Provinces. Le 17 Octobre
17-» ^ , plufîeurs fecoufles furent obfervées à Pau & dans la Vallée
d'Ortau. Le 30 Novem. 1775 4 Cacn & dans la Normandie le même
phénomène eut lieu. En Juin 177U, on a encore relTenti une fecoulle
de tremblement de terre i Pau , félon un excellent Phyficien & habile
ObfervAteur, le P. Cotte, de l'Oratoire. Joum. dcsSav. Août 1778,
page l68g, in-ii.
Je n'ai fait mention que des trembleinens de terre que la France
a éprouves dans ces derniers rems , mais cite y a été jadis très-fujerte ,
comme il confie par les dïfTétcns Volcans éteints qu'on trouve dans
la plupart de fes Provinces. Prcfque par-tout fa fur&ce nous préfence
des laves que ces bouches de feu ont aurrefoîs vomies ; laves
diversifiées , & prcfqu'auflî abondantes que celles du Vcfuvc , de
J'Ethna& de l'Hecla. L'Auvergne, le Languedoc, la Provence & le
Vivarais font les principales Provinces où l'cnorme multinide de ces
produits Volcaniques frappe les regards les moins attentifs. On y
voit fur-tout des maÏÏcs prodigieufes de colonnes bafaliiques qui (ota
des témoignages certains des anciennes éruptions de ces Monts i^nU
vomcs , & des monumens authentiques qui attellent & les tremble-
mens de terre & les bouleverfemens funeftes auxquels ces contréei
furent autrefois cxpofées ; car il y a la plus étroite Itaifon entre le;
tremblemens de terre & les Volcans : ceux-ci dans leurs difFéremci
éruptions occafionnenc prefque toujours ces fecoulfes terribles qui dé-
chirent les entrailles de la terre. Amfi, dans l'année "^31 , on vit des
fleuves de feu couler à grands flots du fommet du Vcfuve ; & plulîeurs
Villages futeiit renverfés dans les tremblemens qui raccompagnèrent:
plus de trente mille perfonnes y périrent diverfement, au rapport do
Théodore Valle , témoin ocuUire, qui nous en a donné une relation
circonftanciée. On peut voir dans VHifioirc da Véfuvc , par le P. Délia-
Torre , la fuite cnronologique de fes différens incendies. Vi?,\i% le
KamtfcKatka oii on compte trois Montagnes iini-vomu^ les violentes
éruptions auxquelles elles font de tems en tems foumifes , font accom-
pagnées de uemblemens de terre. Au Japon & dans l'ifl.inde , &c.
il fe trouve pluiieurs Volcans , & ces endroits font fort fujets aux
AOVST. Pi
lieues Savaus à qui j'ai communique mes vues les ont accueillies , &
in'oiu engage à les publiée ', elles fonc d'ailleurs une Cuicc néceiraice
iî6 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE^* ^
tremblemens de terre- Dans lesCordillières où il y a pluHeurs Vol-
cais dont les plus fameux font le Pitchincha, le Coropaxi & l'Ate-
quipa , les cremblemens de terre y funt plus communs quen aucua
pays du monde. Il n'y a point de femaine , dit M. Rouguer, pen-
dant laquelle on ne relfcnte au Pérou quelques fecoulfes. Dans plulieurs
irembltmcns de terre on a vu naître des Volcans , par exempte, en
Ï7H» *^^'"* ^^^ Manilles , &c. Le nombre de ces bouches de feu,
qui, comme autant de foupiraux, vomifTent des torrens de feu & des
neuves de flammes & de matières embrafces, eft prodigieux; la furface
de notre globe en eft prefque couverte , & on en couiioit plus de ciiiq
ccws.
Tant de ravages affreux produits pat les trcmblemens de terre ^
les Volcans, depuis tes premiers rems jufqu'à nos jonts, 8c d'un bouc
du monde à l'autre , inrpirenc naturellement le dcfir de rechercher les
moyens les plus efficaces pour fe mettre à l'abri de leurs functles effetî ,
ou plutôt celui de les prévenir. Depuis long-rems j'ai tourna mes vues
iiir cet objet , & je crois avoir trouvé ce préfcrvateut fi délite. Plu-
i à qi
^ ,c à I e
des principes établie dans mon Ménioitc fur la foudre afcendance ,
& fur un nouveau moyen de fe préfcivei du tonnerre , qui a été ho-
nore des fuffrages les plus précieux.
Les tremblemcns de terre font des phénomènes cledlriques : cette
propotîtion ell , j'ofc le dire , bien prouvée dans une féconde differ-
cation que je donnerai dans quelquc-rcms^ elle cfl maintenant admife
par tout ce qu'il y a de bons Phyficiens , & de gens inflruits des opé-
rations de la nature. Il fuSîra de rappellcr ici qu'aucune autre caufe
3ue l'éleii^ticité , ne peut produire les eôets étonnans qu'on remarque
ans les tremblenaens de terre. Nous avons vu précédemment cme la
quatrième année de l'Empire de Tibère , l'an dix-fept de rEre-Chic-
tiennc , un tremblement de terre dctruifît en une nuit treize grandes
Villes de l'Âfie mineure. Cet effet n'a pu ètie produit fans qu'au
moins une maHc de 500 milles de diamètre n'ait été ébranlée. La
force motrice a du être placée à 100 milles de profondeur au-deltous de
la furface de la terre, & tornier aînlï un cône renvcrfé. La foliditc du cône
écant le tiers de celte d'un cylindre de même b.ife & de même hauteur, j'aî
trouvé par le calcul que cette puiHance auroit dCi ébranler un folïde d'une
maffe énorme, dont le poids eft au delfus de la venu de toute force
naturelle connue, différente de l'élcâricitc. Que feroic-ce fi , au lieu
d'avoir pris pour exemple un fi pecir diamètre , j'avois choilî , comme
élément du calcul, l'étendue de terrein oui a été ébranlé pjrletreni'
blement de tetre de Lisbonne que toute l'Europe a rclftiui ? Le rcful-
tac eu auroit été eârayaut. Il n y a que la commotion élcdxiquç feule
SUR VniST, NATURELLE ET lES JRTS. i\f.
()aV Te communique i des difbnces .prodigieuses , ainfi q\xc Vet^étxtnéi
le prouve. La vîtefTe ctoniiame avec laquelle les cnirailles de la terre
font cbraniccs dans une immcnfc ttenduc , tin plutôc l'inftantanéité
des mouvemëns qu'on a obfeivcs fore (buvenc dans des lieux rrè*^
cloignés peiidanc ce terrible phénomène , eft encore une nouvelle preuVt
de cette vctitc ; mais j'oublie gue ceci eft le fujcr d un autre Mcmutre*.
Les tremblemeiis de terre ne iont donc que des tonnerres fouterrein»,
comme Pline l'a anciennement reconnu , & puifqu'il efl: dcmohirè
que le tonnerre efl un effet d'cle^flriciic , on ne peut s'empêcher de
r&connuîcre que ]^- caufedes tremblemens de iterrci n'ell autc« chofc
que la mAtièrâ cleilrique. On verra même dans le. fécond Mémoire
que fai fiic fur cet ob/ct , la dcfaiption d'une petite machine qui'^
mue par réledtricicc , repréfeiKe en petit les cranbiemeni de terre S(
leurs principaux phénomènes. I
Ceft d une rupture dVquilibre encre la matière clçârique qui règne
dïms racmofphcre, & celle qui ell propre à la malfe de la terre , que
' rcfultent les tremblemens de terre, ainli que les loiinârrc^rpuiiîqu ib
ibnt <ivs plicnoinèacs éleâirîqaes. Si le Buîdé élecbriqoe eft' furabon-'
■ I jr.CM tf UIWV19) >A -« ^WfiOf ^«il>L uwiik. ^^ubivjus.(uu uM^iuutïVM; i^tcilcuAlI^
rafmofphèTe. Si ce rctablilfement de l'équilibre peut fe faire facilement ,
c'eft un iimple tonnerre afcendam ; IJ des obllacles confidérables Sc
mnltiplics s'y oppofenr, c'eft uji tremblement de terre donc la fores;
& l'étendue font propoitionnées à la grandeur du dcfanc d'équilibre ,
^ la profondeur du foyer , & aux obibcles qu'il y ai vaiucrc;.
Si ce foyer éleAriqu'î elt Abondant Ôc alTez profond , & qu'il putHe
ie formel une iilue , on aura un Volcan par où fe feront fucccllive-
ment def éruptions plus ou moins fréquentes qui , dans la réalité , ne
font que des repullions élâdriques des matières contenues dans le fein de
la terre. En tout genre quand on connoit la caufc d'un mil , il cft facile
d'y remédier. Pour rcuHir à pcéfcrver un pays .des ccrnbles ravages que
produifent û fouvenr les tremblemens de ccrte , il fmt fe rappellec
que ce phénomène dépend de l'étectricitc >que la matière cledrique fe
communique très-bien à cous les corps condu<5fceurs , que les métaux en
fout les meilleurs , & quêtes pointes métaHiques foutirenr à une grande
diltance la matière électrique , ainfi qu'il el^ démontré par l'cxpé-'
cience la plus décifive. Ce font autanc.de priucipes certains donc oO'
ne doic pas s'écarter dans U condruction du Para*tremblement de ccrrè
& du Para- Volcan , c'eft -à-dire, de làpparcil propre à préfecver des
uemblcmcns de terre & des Volcans,
Pouc fouritcr le plus loin qu'on pourra la matière fulminante de la
lene, U fauc (iuiuaccx dati$ U [cuc^li; plus avanc qu'il feu polltbJe^
lit OSERFATIOTfS SUR LA PHTSIQ^UE^
de crès-gnndes verges de fer dont les deux extrcmicés , celle quî eft
cachée èc celle qui le trouve au-dcffus de la fuperficie, feront armcef
de pliilicurs vemcillcs ou pointes divergentes très-aiguc-i. les verticilles
infaicurs, enfoncci dons la terre, /emblables à ceux dont j'ai pjilé
dans mon Mémoire fur on nouveau Para-tonnetre ( pag. 7S du Recueil
des Memairu tus dans t Âjj'cmbUt puhlc^uc dt la SocUU HoyaU des
Scitn<ts de Montpellier ^ année xyi^ \ ou pag. i6 du Mémoire imprimé
féporcmenc); ces verticilles inférieurs, dis-}e , fervitont à foucirer ta
matière cicdbique furabondante dans le fein de la terre. Ce Hiiide
^IcArique terrclUe fora tranfmis par toute ta longueur de cette fubC*
lance mctallique, & il fera enfuite décharge dans l'air de l'atmofphère
fous U forme d'aigrettes par tes pointes ou verticilles fupérieurs. Je
prefcris de divifer l'extrémité inférieure de ces barres ou verges en
ptulieurs branches divergentes très-longues , aHn qu'elles réunitfent i
un plus haut degré la vertu de foutiret l'éleâticicé, propriété qu'ont
toutes les pointes, & que plu(îeurs pointes pcffédent plus emîiiemmenc
qu'une feule. Le bout fupcricuc fera aulTi armé de la mcmc manière^
ftfin que les catuux de décharge foienc au moint égaux i ceux qui
ont fctvi d foutiret â: à conduire la matière éleârique.
On a exige pluficurs verges cle<!iriques, parce qu'une feule ne fuffit pas^
il faut que U multiplicité des conduâeurs métalliques foit en rapport avec
1.1 quantité habituelle de matière éleéhique tetreftre, âc avec 1 crendue
du lertein qu'où veut préfecver. Leur longueur dans la terre doii être
propotiioiinelle i la diflance du foyer : on peut juger affez bien de
' ces rapports par l'expérience du paiïé , qui elfc de tous les Maîtres le
meilleur eu geiue d'ïnllru^on. Je confeillecois volontiers d'ajouter
aux barres dont on vient de voir la defcription , des verticilles inter-
médiaires, qui feront hors de terre Se femblables à ceux qui font par*
tic du Paratonnerre afcendant que j'ai propofé dans te Mémoire
déj cité : I utilité en eH palpable. Sans que je le dife exprelTcmenr ,
on préfume iàns doute que ces verges eleâriques , pour éviter U
rouillât doivent hte revêtues d'un vernis, & environnées d'une ma^
lièto bitiimineufe , &c. afin qu'elles foient long tems confervées; J'ai-
iitvfois mieux conûruire en plomb la panie qui e(l enfoncée dans U
corro* .
Eu réfiéchiffant fut les principes de réleûriciié , tous les vrais Phyfî-
cictis reconnoûront l'efEcatLic de ce nouveau I'ata'tr(.'mbiemcnt de terre
6c de ce Para-volcan ; elle n'ell pas inférieure à celle du Pan^-tonnerre
afcendant & du Para-tonnerre defcendant. La conftruâion de ces
divers appareils eil fondée fur U mï^me bafe , les procédés foni entiè-
rement analogues , 6c tes uns ne peuvent Être utiles 6c efficaces que
les autres ne le foienc également. Si l'on convient du pouvoir des
poimes élcâiiques pour picfçives de U foudre , c« qui eH aâuelle*
SUR VHJST. NJTURSLIE ET LES ARTS. 419
ment un dogme <le phyHqiie » on ne peuc nier , fans inconïcquence *
celui du nouveau préfervateur des tremblemens de terre. Cor , je le
icpètc , les tremblemens de cerre font des phénomènes d cleârickc ,
ils font produits elTentiellemenc par une rupture d'équilibre du Bnide
clt(5lrique j celui-ci ell foutiré par Ie« pointes, & il eft tranfmis en
iîlence p^r les conducteurs mccaUiqaes qui rccablilTeni inrenlîblcment
réauiliore.
Afin de mettre cette vérité hors de tout donte, j'emploie l'expé-
rience pour la démontrer aux yeux. Comme , pour rendre fenfiDle
1 efficacité des Para-tonnerres , ou s eft fervi d'une miifon du tonnerre
qui e(l prcfecvée de la foudre éleâhque , lorfc^ue le Garde- tonnerre
ed place, & qu'elle eft foudroyée & mife en pièces , auQ'tcoc que le
Para-connerre eft enlevé ( aind qu'on peut le voir d la p^gc iS de moa
Mémoire^ fur la Ë3udre afcendante» on page %o des Hèm. di VAcadé^
mit de MoitpiUitr , annû 1771S) \ de même j'ai imagine une expérience
atialogue aux tremblemens de terre. PluHeurs petices maifons de car*
ton, éloignées les unes des autres., repréfentent ime Ville : un carreau
magique ailez grand & fortement chnrgé eft le foyer cleÛrique ; lorf*
que le coup foudroyant eft déchargé , les maifons font violemment
ebranU'es & renwerfces. Une figure de montagne à côte de cette petite
Ville donne l'idée xl'uti Volcan , & un grand vuide dans l'inccrieur
renferme divers corps légers Se dos matières înBammables. La
machine clcârique cunt en jeu, on voit l'image des ccuplions d'un
Volcan dans la répulfion des corps légers qui (brtenr du lommet , &
font lancés À une petite diftance : le feu qui fort de cette bouche
ftchève de montrer une parfaite relïemblance de ce petit mont Igni-
vome avec le Véfuve& 1 Etna. .Dès que le Para-tremblement déterre
& le Para'Vokan font mis en place, les phénomènes dont je viens
de parler n'ont aucunement Jieu , la Ville eft confervée , nulle fecoulîe,
& te petit Volcan eft ccanquille. je m'étendrai un peu plus fur cette
expérience dans le fécond Mémoire que j'ai annoncé , celui-ci étant
deji adez long.
Ces principes fuppofcs , on doit fur-rour dans les pays fujets aux
tremblemens de terre , & ^ux éruptions des Volcans» tels que Naples >
Lisbonne , Cadix, Scville, Gaianee , Palerme , Pckinî» Mcaco , Tauris ,
Lima, Quito, &c. ; le Véfuve, l'Etna, l'Hecla , le Mont Albours ,
le Pic de Ténéiiffe , Tlâe de Fuogue , les environs de l'Arequipa , du
Carappa, &cc\ on doit y planter profondement pluiieucs de ces ver*
ges cleâriques, de grands conducteurs métalliques , nrmés de vcrti-
cilles inférieurs, intermédiaires & fupérieurs, autour des Villes, dans
leur enceince , fur les càcés des Monts volcaniques fie même dans les
Talions & les plaines qui les environnent. C'cft le feul moyen de
fe ptcmimii contre ce fléau deftiuéUur , en létabtiilàiu l'équilibre du
■116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
feu éleâiricjue , tn lui donnant une ilfue par la communication réci-
Î troque qu'on forme encre le globe He la terre & racmofphèrc , dans
equel le fluide cleÛriquc va fe perdre , comme dans un Océan
immenfc. ' . r i i
Les Anciens avoienr encr<vii la nécefîîté de crcufcr des puits pro-
fonds pour ptéfetvet des iremblemens de terre , moyen qui a quel-
gu'efpèce d'analogie avec celui que j'ai propofc. Pline aiPure que les
fréquences cavernes propres i donner luie ilTue au fluide fubtil qui
t:aufe les tremblemens de rcrre , font un excellent moyen pour les
prévenir) c'eft ce qu'on remarque dans ceccaines Villes qui font moins
fujecces auY tremblemens de terre, depuis que plufieurs trous y ont
été formés : Crehri fpccus rcmedium priHtat , conceptum enim Jpîntum
txhalanr; qttod in cereis notatur oppidis ^ tjué minus quaùuntw crebrîs
ad eiaviem cunicuHs cavat.i^'}ï\^. Nat. Ub. ii.cap. 79. Les^premiers
Romains fur-tout prirent cette précaution de creufet des puits pro-
fonds , pour mettre l'ancien Capicole à l'abri des funcftes erfecs des
tremblemens de terre. Se ils y rcuflîrent j cat cette partie de Rome n'a
iàmais rien fouffect de leurs ravages.
Les trous perpendiculaires , qui font fur les diverfes montagnes 5c
les ouvertuces des divers antres , fonr regardés avec raifon comme des
foupiraux utiles ( Dirham , ùk 1 1 1. ThèoL i'hif. cap, 5.) ; & on a remar-
qué que plufteufs contrées ont été entièrement délivrées des tremble-
mens de terre , après que de nouvelles ouvertures y ont été pradut'
tes. Depuis le fameux tremblement de terre qui arriva à Tauris en
Perfe, le 16 Avtil 1711 , on a fait creufer un grand nombre de puits
très-profonds, Hc nul cremblement de terre ne s'eft £iic fcmit jufqu'i
préfent, quoiqu'ils y fufTènt auparavant très-communs.
Ces heureux etfets dépendent uniquement de ce que l'excès de fluide
éleÛrique qui eft quelquefois accumulé dans cenaines régions de la
terre , s'échappe par ces ouvertures jufques dans l'air , l'équilibre fe
réublilïanc pat ce moyen. Mais les barres éleâriques qui foncde vérita-
bles conduâeurs de la matière éleârique , conrribuenc bien plus efficace-
menc , plus gcncralcment & plus sûrement dans tous les c:is à rétablir cet
équilibre , & à [ranfmetcre dans ratmofpbcte Texcès du fluide cludlrique
qui ne mut qnt
dans un lieu aéterminé \ elles fourirent infenfiblement à une grande
diftance cette matière cle£triaue, la tranfmeAent comme condudteurs,
Si. ladilHpenc en réiibliiTant l'équilibre. 11 cil inutile d'ajouter que fou*
vent on ne peut formée dé grandes ouvertures dans la tecré , Se que
dans Les cas où cela eft poiïible c'eft toujours un vol iâaili^e.Êût.4
l'Agriculture. ■ .1
On
SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, iii
On objeâcra peut-être que le moyen que je propofe, je veux dire
lue les Para-creniblemeiis de terre & les Para- Volcans ioiit difpen"
Ueux , j'en conviendrai tic bonne-foi, pourvu qu'on m'accorde que
les ravages produits par les tremblemcns de terre, & qu'on defire de
prévenir, ciufent des maux intinis. Des Provinces dcvaftces, des Villes
rcnverfc'es & enfcvelies ibus leurs ruines , plufîeurs milliers d'habitans
engloutis ou accablés fous les décombres des cdifîces , &c. font des objets
de la plus grande importance; & un remède n'eft jamais de grand prix
?uana le bien qu'on procure lui efl de beaucoup fupérieur. C'eft aux
rinces, c'eft aux Etats à faire ces dépenfes ; il n'en eft certainement
point de plus néccifaircs, puifqu'il s'agit fur-tout de conferver la vie
a des millions d'hommes. Niais cette dépenfe n'eft: point aufll grande
qu^on puurroit d'abord fe l'imaginer; elle fera toujours de beaucoup
inférieure à celles qu'entraînent des guerres pour l'ordmaire fort in-
jures, des confli unions de palais fomptueux, élèves en dépit de la na-
ture , &c. . , Puilfent ces moyens être exécutés par le Roi de Naples , qui
doit y erre plus porté qu'aucun autre Monarque , puifque vingt fois
il a été obligé de s eloizuer en fugitif & â pas précipités , de ces beaux
lieux de lortici, donc tes fondemens doivent lui rappellec fans celle
le dcfaflre arrive du tenis de Pline , dans lequel Herculanum Se Pom-
péïa furent enfévelis dans les entrailles de la terre , te fous des fleuves
de laves \ événement fatal qui pourroit encore avoir lieu. Puillè la
Reine de Pottuga) fuivte cet exemple, & le donner à tous les autres
Souverains ! Près de vingt-cînq ans fc font écoulés depuis cette terrible
époque qui dctruilît laCapicile de ce Royaume, & les ruines de cet
horrible défaftre font encote prefque récentes. L'Efpagne a rcflenti plus
d'une fois dans les deux mondes, les eifcts funeftes des tremblcmens
de terre \ il n'etfc m^me aucun Etat que ce Beau dedruâeur n'ait plongé
dans la défolation , & pour qui un préfervateur des tremblemens de
terre ne foit de la plus grande utilité. PuilTent les Souverains fe liguer
de concert pour détruire les âéaux multipliés qui femblent- conjurés
contre ce malhfurcux globe 1
Tome Xlf^j Parc, II. 1779.
A 0 US r.
Ui OBSERVATIONS SUR LA PRTSIQUK^^
DESCRIPTION
De trois Enfans monlbueux;
Par M. DZ PestaLOZZI , DoScur en Médecint,
UZ cous les moufbfrS qui font reptéfentcs dans Ambroife Vxzé ,
dans ricoûhène , à^ns Âldrovand , dons Licettos , dans BoûAaaa ».
ou dans aucun des Livres que nous ayions , il n'en eA: point de fem-
blable à ce premier-
Son corps eft un peu gros , cela n'efl: pris étonnant parce que s&ce—
ment il eft compofé de deux^ il a deux bras, deux jambes, un feut
col gros &c coure placé fur deux épaules larges; mab ce qnt fait U
fiogularicé de ce monftte , c'eft que ce col porte une double icce » qui
ne parojc qu'une par-decricre , & cft compofée de deux vifage*; par-
devant ; les deux vifa(;cs Tonc d'égale grolfcur , chacun eft un peu
panché fur l'épaule de Ion côté , & toomc en-dehors , ils font atcacnés
l'un à l'autre par les os des deux mâchoires inférieures > des deux
apophifes zygomatiques poftérieures , & des deux temporaux à qui
ces apophifes appartiennent ; c'eft-i-dire, que les deux joues fonr
colées enfemble ; l'on entend la joue gauche de la face droite , à la
|oue droite de la face gauche: les deux &ccs ont chacune un front>
deux yeux , un nez , une bouche & un menton \ la f^ce droite a
une oreille qui touche fur l'épaule à droite , la fice gauche a une
oreille qui touche fur l'épaule à gauche , & entre les deux fronts eft
une double oreitl» tout en haut , qui répond à chacune des deux
autres.
L'on voit bien que ce monftre a foaffert une conTpreHion extrême-
« — ^ —
fouffert la cranfpofltion.
Il paroïc certain que chaque bouche de ce montre a fon Œfophage,
& fa trachée-ancre î & la eroflTeur du corps de la petite fille, lailTe
bien juger que le poumon ell double , l'edomac double , &c. Mais
elle ell entière dans l'efpcit deviu,& l'on n'a pa« encore tenté de
l'ouvrir.
Le derrière de la tîte du fécond enfant monftrueux eft fi lar^,
quelle patoîc bien ccrc compofée de deux » mais le devaac e(l lelle-
SUR VHÎST. KÂTURELLE ET LES ARTS, 115
ment comprime qu'il n'y refte qu'un feul vifage , de fone que la
prelHon en celui-ci e(l encore plus forte qu'en l'autre; ce qui prouve
que ce font deux ccces confondues en une, c'eft: qu'au-dellous de ce
vifage unique & de Ton col » font attachés deux corps , avec quatre
bras & quatre jambes . { un feniblable monftre fe voit dans Aldrovand,
pa^e âoS. } il ctl attathé non- feulement par le col , mais encore par la
poicriue te par le ventre ; de forte que les deux épines font l'une k
dtoite & l'autre à gauche , & le viii^c efl entre deux cpautcs ; les
deux corps fe tiennent embrafTcs avec les quatre bras; les fe(ïes,Ies
cuillès 5c les jambes fuivenc des deux côtes la chute de chaque épine
doifale : ce monftre cft dans de l'cfprit de-vin.
Ces deux corps font tellement approches l'un de l'autre , que les fexes
«n font cachés ; mais l'on juge bien à Tait du vifage ^ que ce font deux
petites filles.
Petfûnne ne peut mettre en doute que les deux jumelles fcparces
fi'eulTènt eu chacune une têce eniiète &; un vifage ; chacun de ces
coi^s a doffc fourni la moitié de la tète qui lui appartenoit , & de
ces deux moitiés de tcte, il s'en eft compoié une ieule, dont le côté
droit appartient au corps qui c(l à droite , & le côte gauche appartienc
au corps qui eîl i gauche. Cette jondion itmple de naturelle eft
conforme i la fîmpbcicc Se à l'uniFormité des loix générales de la
nature.
Tous les monftres ne différent que par la compreffîon plus ou moini
forte dans les parties fupérieures ou inférieures \ ce fyftème eft alTu-
rémcnt plus fi m pic , plus uniforme, & a plus de conformité avec les
loix de la nature, que de vouloir qu'il y ait un germe monftrueux ,
fait exprès pour chaque variation , éc d'attribuer au Créateur les cga*
remens & les fautes que la nature commet.
Le troifième enfant monftrueux n'eft défiguré que par le vifage ,
tout foQ corps eft dans l'état naturel; fa tcce eft un peu applatie par
les deux côtés , fon vifage eft étroit , par conféquent un peu long ; it
n'a point du tout de nez , fa bouche eft petite , & une feule orbite
Xê trouve placée dans le milieu du vîface, audelTous du front ; cepen-
dant l'on voit dans cette orbite, qui eft large, les deux globes des yeux
qui fe touchent.
Au-dedoas de l'orbite eft une petite pièce de chair qui fort d^une
naiâânce éuoite , & fe groflû par le bout comme une petite poire
ridée.
Il y a un pareil monftte dans Fott. Licctus , page 15^, excepté qne
le fien eft femelle Se celui-ci eft mâle. M. Littre en a vu encore un de
m£me figure. Ses Obfervations font inférées dans les Mémoires d«
l'Académie des Sciences, année 1717, page 185.
Cet Académicien a £àcrifié la confervation du monftre en fop entier
I77J. A OUST, Qt
i»4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
au pki(îr înftruâif d'en faite h dîire^tîon , pouc exaniûiec fa Arudure
intérieure.
Apres avoir ouvert le crâne, îl a rcouvé que les deux nerfs opriqnci
écoienc réunis & renfermes /ous un= nicme eriveloppej ne faifanc qu'un
feul cordon qui s'infcroit dans l'orbiie de l'œil , par un trou percé
précifémenr au milieu des deux endroits où doivent ctre deux ouver-
tures par où palTent ordinairement les deux nerfs optiques. Ces deux
ouvertures mauquoienc abfolument , aufli n'en falloit-il qu'une pour laif-
fcr palier un fcul netf; ce palTagc croit fans douce dans l'endroit où
doit cire réminence olleufe nommée Crîtc de co<j » dont l'Obfetvateuc
ne parle pas , non-plus que de l'os cthmoïde : il y a grande apparence
que ces cteux demiètes pièces avoient été détruites par la compreHion
qui avoir effacé les os du nez , & les lames olfcufes : c'cft une fuite
nécelliire de la caufe qui, des deux orbites, n'en a fait qu'une ; les
deux yeux étoicnt aufll renfermés fous une même enveloppe , c'cft-à-
dite , qu'ils n' avoient qu'un feul globe commun.
Si jamais la preflion fut marquée, c'eft dans cemonflr^ii fa r&rc
applatic des deux côtés, a comprime le milieu du vifage \ le nez s'eft
entièrement perdu dans la preflion ; les deux orbites poulfces l'une con-
tre l'autre, n'en ont fait qu'une feule; les deux yeux fe font approchés
l'un de l'aucte. Quant à la petite piice charnue qui eft au-dellous , il
cft probable que la preflion latérale a poufl'c dans le milieu deux pa-
quets de fibres charnues des mufcles frontaux , lefqueltes par leur
union ont formé cette petite pièce de chair faillante.
Si M. Winflow a propofc des faits inexplicables dans les parties
internes, cela veut dite feulement, que la nature myflérieufe a des
routes fectecies que nous ne pouvons pas fuivre de près: tout comme-
dans les Ouvrages de l'Art, il y a des machines dont nous ne pour-
tions deviner l'artifice , fi l'on ne nous en découvrait les reflbrrs caches.
Ce qui a révolté bien des gens contre le fyftcme des monflres acciden-
tels, c'eft qu'ils n'avoieni pas une idée juflc de la rencontre fortuite
& de la joniîbon de deux fujets formés féparcmcnt avant que de fe
joindre. Deux corps diftinfts ont, difent-ils, leurs limites, ils ont des
enveloppes qui téliftent à leur pcnéttation, les extrémités des vailfeauz
font fetmées, elles ne font pas faites pour s'anaflomofct, la preflion ne
peut que les faire replier, rentrer ou fe rebrouller, elle ne peut occa-
iionner tout au plus que des mutilations, retenir les parties &: les em-
pêcher ou abfolument de fe développer ou de s'étendre jc'eft-là une
difficulté que pluficurs objcâent contre ce fyftcme , mais l'idée que
préfente cette objcftion s'cvanouim , fi l'on veut bien penfer que ce
n'eft point entre deux embryons développés que la jondlion peut fe
faire i ce n'eft pas non-plus entre deux auti échappés de l'ovaire & def-
cendus par les trompes dans b cavité de la matrice. Ces deux œufs
SUR VHIST. NATURELir. ET lES ARTS. ii(
ont chacun leurs enveloppes aui, pénétrées de refprit prolifique du maie*
font déjà dans un ctac de gonnemenc & de conllflance qui les fait cénUer
k leur pcnécraûon ^ l'on accorde touc cela, l'on veuc encore accorder
que quand même deux germes feroienc enfermés fous une enveloppe
commune, & contenus de la force dans un calice de l'ovaire avant feue
fécondation ', ces deux germes peuvent fans fe mêler ctrc fécondés &
produire dans la matrice deux jumeaux fépaiés qui auroienc en naîf-
lanc les membranes communes , l'arrière- faix commun , & les deux cor-
dons ombilicaux réunis en un cordon commun \ tout cela peut être»
cela s'eft vu , & Harvée l'a obfervé fur des œufs de poule ; il (es appelle
des monflircs, parce qu'ils font doubles : Nec eiejunt o\is fua monftra,
ExcTcU. 1 1. Cela fait voir que deux pouflins peuvent fortîr d'un feul
ceuf. U dit encore: y'tdi ftpè ova gcmei/ifica^ ÔC il pourfuir alia quoqut
ova vidimus cum binis viuitis e^uaji connafcentibus ,àx. Entrât, ij. Ces
exemples ne prouvent encore rien pour les monftres ; mais il eft cer-
tain que l'oeuf d'une poule contient le germe d'une poulette ; que
dans cette poulette font contenus les ccuh qu'elle doit faire, & dans
ces Œufs d'autres , & d'autres pour les générations à venir. Si cette
règle eft jufte en defcendant , elle l'cft de même en remontant-, ainlî
les ccufs font contenus de la tille dans la mère , de la mère dans la
grand-mèce , & la conftifion des germes s'eft faite peuc-èrre plulieurs
générations en arrière. /
' Les membranes des rcufs en remontant font auflî liquides que les
germes m^mes , alors , point d'obftacle i la jonélion j roue ce qui nage
dans le liquide peut fe rencontrer & s'unir de cette forte. Je penfe que
les monftres fe font, non-pas de la rencontre de deux œufs, mais de
deux germes liquides avant qu'ils foient Œufs formés , c'eft â-dirc , avant
que leur enveloppe ait acduis une confîftance capable de réfiftcr à la jonc-
non. U eft un tems où les pores peuvent s'aboucher les uns aux autres,
où chaque germe n'eft pour ainlî dire qu'un atome de liqueur \ en ce
tems-là , l'on ne peut refufer au germe la pofUbilitc de fe joindre , cela
eft fondé fur la divifibilité indétinie de la matière , & fur la richelTe
■
immenfc de la nature.
Comme ces Monfires font à vendu, on ptut Cadrefftr à ^Auteur du ^|
Mémoire j à Lyon, ^M
1
thS OBSERVATIONS SUR lA PHYSIQUE,
PREMIER MÉMOIRE
Sui une nouvelle efpèce de Gas inflammable j
Par M. NsRET , Ftls^
L'lNrtAMMAB;xiTB dc l'air des luaiais eft uii phénomène des pliu
rurpretunsj Ton aboudance e(l ^reXque inconcevable, & U facilite avec
laquelle il fe dcgaee, femble faire croire qu'il doit entrer nour beau-
coup » ainfi que plufieurs habiles Phyiîcicns l'ont penfc, isins la for-
njation des météores ignés. Jettons un coup-d'ocil fur un air ou gas
âuiTi intcreÛânc, & cbeickoi^s à icpandie quelques lumières fur fa corn-
poiition.
Il y a bien long'tems que l'efpcce d'air que M. Voica ramalfa le
premier dans les marais , écoit connu des I^h^nciens. Nous voyons
dans une inanité d'Ouvrages, notamment dans ceux de M.Prieftley ,
â qui les Sciences font £i redevables , nous vovons, dis- je, fréquem-
menc que ceux qui craicèrenc i feu nud quelques fubltances » dans
l'intenuon d'examiner les airs qu'on y prcrendoit fixés, obtinrent fou-
vent dans leurs réfuluts un gas donc lU remarquèrent l'inflammabi-
lité j mais ne connoiilant encore que l'air inflammable reciré des mc-
^ux > ils le jugèrent de la même nature &c combcceiit ainlî dans
une erreur bien pardonnable. Depuis la découverte de M. Volta *
il a été facile d'obferver les diiFérences de deux gas , qui n'ont de
point commun que l'inflammabilité , encore cette propriccé cft-elle
chez eux tccs-divetfement modifiée.
C'cft une chofe fore particulière que de voir les réfultat? de deux
T^leaux que je joins icij leur objet écoit de rcconnoître lequel , do
l'air des métaux ou de celui des marais , écoic doué d'une inflam-
mabilicé plus grande. Voici d'abord l'effet du mélange de ces deux
g^ avec Vair commun dans différentes proportions \ ce qui forme
mon premier Tableau.
SÛR unis t. KATVREllË ET LES JRTS. ir
PREMIER TABLEAU.
.Air des Mitûux.
Fur. Inâammzcioa aflcz vive , flamme on
peo biancbe.
\ D^connactoo fonc « flamme grande 0c
blanche.
•î Détoimaiioa plus fottc A: plos upide.
\ A - peu - près comme daDS l'eip^ticace
de X.
f Prerque de marne , mais flamme plus
blanche.
\ InflammatioQ dimiaaée.
■9 Encore plus dimiouéc.
\ Flamme blanchâtre trâs-Iégèrc, ftdivi-
fânt {îagutiâremcoc Tut la fiitfacc de
l'eau.
j De même , mah la 6ammc cil rrcs-mé' \ De même.
diocre.
-^ Plus d'infljmmatioo.
. Air des Marais,
Ptu. Inflammation Icoce , flamme bleac.
; flamme bleue , dcfccndanE peu* 1-
peu.
f flamme bleue, moins lente.
; Flamme bleue , mais blanche à la for-
face du vaiïïeau , moins lente,
f Comme deflus.
j A-pea-ptès de même.
? Flamme bicae » dcrccndam bien plo*
rapidement.
T De même.
■^ Flamme moiodre.
Tï De mcmc.
r: Prefquc plus d'ioflammatioa.
■ïV De métne.
^ Encore moins.
rj Plus d'inflammation.
It Tutt de ce Tableaa c\at l'air des marais proît doue d'une infiam*
mabilitc Aipcrieure à l'air des métaux dam la proportion de i ^ à 10 ,^
ou de } a 1 , & ^ue M. Volca s'ell probablemenE mépris lotrqa'il
a cru obtenir une explollon par le mélange de douze parties d'air
atmofphériquc , avec feulement une du cas des marais , ruifgue j*ai *
prolongé le mélange de ces deux airs juiqu'A la ceffation ot l'inâam-
macion , fan$ avoir eu jamais l'apparence de déconnacîon.
Maintenant, jettoiis les yeux lut mon fécond Tableau, & confi-
dérons les effets du mélange de l'air fixe avec les deux gas ijiâamma-
blet.
ii8 OBSBRrJTIONS SUR LÀ PHYSIQUE,
.SECOND TABLEAU.
Âir dts Métaux.
Air dts Marais.
pur. InflammatiOD âlTcx vive, fldfnme un Par. InAamnutioa Icatc , âammc bleue.
peu blanche.
\ Inâammïcioo tiès-dimiou^c. t rnflammïtioD pttis lente, flamme d'iui
beau bleu.
I Encore moindre. t ^'"^ d'intlammation, la bougie même
th écciatc.
\ Trc*-pea <rinflammatiOD.
j Pren^ue aalTi peu que rien.
4 Plus d'inflammation » an eoatraire U *
bougie s'^icioc
Ici tout eft changé » c'eft l'air des métaux qui paroît fupcrieuT en
inflammabilicé» même dans une proportion fort grande , & il femble
que le réfultat des deux Tableaux ne fait que jetter plus d'incertitude
encore fur l'objet Que je décrois cclaircir.
Cependant , quelques tentatives inlruAueufes fur une manière de
ramener ces deux forces d'airs à une feule efpèce, m'avoient du moins
donné lieu de croire que le gas des marais croit mélnneé d'une certaine
quantité de gas méphitique ou aîr fixe» quoique ni Veau de chaux nî
le fromage de chaux ii'aienr jamais pu fépareraUez de ce ^as pour opérer
une démonftracion bien completie , qui fit croire qu'il en entrât ea
quantité bien confîdciable dans la componcion de ce gas (i).
Il eft vrai c]ue je m'étois convaincu qu'en diflillant des matières
végétales oh animales dans l'appareil des airs , on obtcnoit toujours,
( après le dégagement de l'air des vaifTeaux ) une plus ou moins grande
quantité d'air hxe fuivi d'air inflammable analogue à celui des marats,
& que ce dernier croit d'autant plus abondant , que les matières étoienc '
plus exemptes d'humidité & produifoient davantage d'huile empireu^
(i) J'appelle ftomage de chaux, de la chaux ' vive ibreuv^e d'eau dans une tells
prvpoition, tfu'il en téfulte une pâte en confillance de fromage. Cette pâte cil
inattaquable aux acides , au Itcu que ta chaui vive en pierre , mcmc la meilleure , fait
coujouri cffcrvcfcCDce avec l'acide nicreux. Si dani un flacon rempli d'eau acidulé
par l'air fixe, vous iniroduifcz une pclotic de ce fremage . Se que tous agitiez Ic
vaCc , la tcite calcaire cA far le chamf U totalement içvivifléc
matiquC
Sl/R VRIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119
Riatic|ue daus leur dccompolldon : pu une fuite néceffaire , que tant
qu'il rciloit du phlegme dans le matras , & que les matières ne le torrc-
Tioienc pas à un certain point, on n'avoic jain;vis que de iVàr ËKe,&
^ueû, lorfque toute l'humidité cioit diUipée, on enintrodiilfoit de nou-
velle dans le vafe diftillatoirej alors, on avoitencote de l'air hxe au Iteudu
fas inHammable qu'on auroit obtenu Ci on avoit lailTc alkr l'opctation
i'ordinaice. N'cd-on pas en droit de conclure d'après de tels faits
bien aifcs à vérifier , qu'il eft diflicile de retirer des lubftances anima-
les ou végétales , l'ait inflammable de la nature de celui des marais ,
fans qu'il y foît joint une portion d'air fixe , & qu'il ncd pas plus
aifô d'en obtenir de l'air fixe parfaitement exempt de vapeurs acri-
&rnies phlogiiliqucesî
L'air inrtaramablc des marais & celui qu^on rerire de li diftîUatîon
font donc formés, comme on voit , pat la partie huileufe des végé-
taux &c des aJiimaux, & cet air fera d'autant plu^ pur que ces matières
ne contiendront aucune fubïlance qui puiiTe 1 altérer, l'clles furent les
réflexions qui me dctermincrent a tenter de retirer de l'huile elle-
même l'ait mfiammable que je m'imaginai devoit y être abondanr, &
comme on va le voir, mon attente n'a pas été trompée.
Je pris une demi-cuillcrce d'huile d'olive , & je formai une pâte avpc
du faole fin & parfaitement iec. Cette pâte introduite dans un ma-
tras , reçut d'abord une chaleur médiocre , j'eus dix à douze pouces
cubiques d'air amiofphétique , & coui-à coup l'ait inflammable com-
mença à fe dégager. Alors, j'augmentai le feu en prenant garde de ne
pas trop le brufqucr, & cette opération ayant etc bien conduite ,
j'obtins environ deux pintes de gas inflammable : une petite potiioti
de l'huile fut enlevée pat la violence du feu , & je U retrouvai na-
géant fur ma cuvette & tapilTanc les vafes que j'avois employés.
Il eft à remarquer que maigre toute mon .ittention à ciiangcr fré-
quemment de mefures pour examiner les produits, je ne trouvai ja-
mais d'air fixe, ce qui s'accorde bien avec le fentiment que je viens
davan»er , que l'air fixe ne peut être extrait que des fubftances abon-
dantes en phlegme, & qui fouruilTent en racme-cems quelques vapeurs
phlogiftiquées (i).
Le gas inflammable retiré des huiles-, prcfente de nouveaux phéno-
mènes, d'après lefqucls je le nommerai air inflammable huileux: cet
air ed certainement le principe de l'inflammabilité de celui des marais
ÔC de celui de la di&illation , Hc comme il n'efl altéré en aucune
(1) Si le fable oo 1c mairas contenoicquelqne peu d'humiJiré, alors on aatoh un
peu d'air fcmbiabtc à celui des mar^s , mais janiaii d'aii fixe pur, le pcindpe inâam-
œable étant trop fupéiicur à II paiùc bunù>le.
^OUST. R
Tomt XIV^ Part. 11^ 177J.
ïjo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
manière , il cft doué <1 une inflammabiliic bien rupcricurc à aucun <Tes
deux : fa Hammc cH: blanche , vive , cclaunce éc donnant une fuie
confîdérable 6c bien vifible ^ mclan^c avec l'air commun & avec l'atr
fixe j il forme ane colonne de plus à chacun des Tableaux imprimés^
ci-dclTus » & devient un nouvel objet de comparaifon qui s'accorde
bien avec ina manière de l'envifager; alors, le Tableau du mélange
de latr attourplierique avec les crois gas inBauuvubles (t aouvc formc
ainlî.
PREMIER TABLEAU AUGMENTÉ,
Jlir des Métaux, Air des MaraU. Air InJlammabU huileux.
lui. Inflatnrmtion alfcz vi-
ve y âamme ua peu bUn-
chc
j Détonnation forte , âain-
mc grande & blanche
\ D^tonnaiioii plus foitc &
plus iapi«i<.
\ A-pcu près comme dam
J'cxpéiicQcc de f.
\ Prcrquc àt mcmc , mais
flamme plus blanche.
\ Iiiflainmacioa diminuée.
7 Encore plus diminuée.
\ Flamme blanchiire,rtès-
iîgèic, fc dififanrfii^-
lièrcrocnt fut la fiu&c«
de l'eau.
\ De même , mais la fiam-
mc cft trc^-médiocrc.
il Plus d'inflammatioa.
Pur. Inâaromatton Icntc >
flamme bleue.
; flamme bleue dcfcendaat
peu- à -peu.
I flamme bleue, moins
Icnïc.
3 riammc btew , mais bbn- ^ De mimt,
cbc à la fuifacc du vaif-
fcaii , moins Icncc.
f Comme dclTus.
Pur. flamme très-blanche ft
très- éclatante , brûlant
Icnccmciit &: produiCuic
de la fuie.
\ A - peu • pr^ de mime ;
moins de (uie.
7 DcmÔDC.
X A-peu-prés de même.
^ Flamme bleue defccndanc
bien plut rapidcmcnc
f De même.
; De roésw.^
~i Flamme moindre.
■ji De même
f De même, toujours moini
de ftdc.
7 Flamme d'un blanc tin peu
bleu & At moindcciiurcc.
!f Uo peu plu» foibtc âc plu*
bleue,
f De même
\ FlanuBC bleue plui nq>^
oc.
■n; De même.
rî Flamme bleue fort vit«i
il Prefque plus d'inflamm»' -j^ De méroc
non.
^ De même.
i!( Peu de dttfécence.
tI) Eocorc moÎDS.
^ Plus d'iuâamautioa.
•~ De même.
ix Encore plus vive & ïtis-
bleuc.
SUR VffIST. NATURELLE ET LES ARTS, iji
Air du Mitaux, Air du Marais, Air InfiammabU huUmx»
~i A-pea-pt^s ilemiine,
mais moÎQS de chaleur.
77 Moindre
17 A-peii>ptcs demcme*
■^ De même.
iV De même.
■il Flamme moindre.
^ Encore moindre.
i7 De même.
ir» De même.
tV Inflammation ttêi - m j-
lUocre , elle n'a même liea
2u*à l'entoor du corps en.
ammé <]ai cil plonBf
ilans la mafle d'au nw-
langé.
x^ Ccc eâct eft moindrct
xj Presque ncn.
■il De même.
iî Demâne.
iz Plus du tout J'inflammifT
don. .
n y a de vcAmt une nouvelle colonne au Tableau des mélanges
des gas inflammables avec Taii fixe , ce qui le change de U manière
fuivance.
1779. AOUST. Ri
131 OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE,
SECOND TABLEAU AUGMENTÉ,
Air dts MtiaaXé Air dts Marais. Air InfiammahU hutUux.
Pur. lnfl.immation affèz vi-
ve . flamme un peu blaa-
chc.
4 Inflamourion trcs-Juni-
nuéc.
■f Encore raoïiidrc.
; Très-peu d'infiaramarioiî.
7 Prcrc^ueaufTipcttquccicn.
f P!ui d'inflammation , au
contraire , U bougie s'é-
teint.
Par. Inflammatbn kiitc,
flamme bleue
f Inflammation plos lente ,
flamme d'une beau bleu.
f Plas d'inflammation &
la bougie jnêntc c(l ^tein*
ce.
Pur, Flamme trcsblancbe Se
ttds - éclatante , brûlanc
leincmcnt & produifaoc
At la fuie.
-; Flamme blanche plus ra»
pide.
7 Blanche , mais un peu
bleue
\ Prefquc bleue , & je croît
tout -à- fait fcmbUblei-
celle de l'ait des mjrais.
j Toi)C'à>fait bleue, flam-
me plui lente.
\ Plus d'inflammatioa Se I»
bougie s'éteint* >^
Ce nouveau Tableau dcmoiitrc que Pair principe cîe celui des ma-
lais, ou Pair in^mmable huileux » ne le cède poinc en inrtammabilité
au phlogiflique dL-g.iec des métaux , & nous avons vu dans le Tableau
préo^denc qu'il lui ccoïc fupciicar d.ius (on mélange avec l'air acmofphcri-
que> dans la proportion de ^o à lo ou de 5 a t. Cependant malgic
cette cminente pronrictc inflammable , l'air des métaux femblc par
lui-mcme plus difpolé à rinflanimabilio: oue l'air inflammable huileux,
car la moindre flamme fuffit pour allumer le premier j de tandis
que l'ctincelte éle<fhique,ou celles d'uu briquet, plus commodément
encore celles de la batterie d'un piftoict , parviennent à l'enflammer ,^
nous voyons que ces moyetis font trop foibles pour produire un tel
etfer avec le gas inflammable huileux. Il exiflera donc toujours de»^
différences ttcs-elTèntielles, que je développerai davantage dans un fécond
Mémoire, entre deux gas que je regarde comme principes plilogif-
tiques chacun dans leur cfpèce, l'un étant le principe plilogilUque des
métaux , fautre celui des fuoftanccs combullibles.
L'air inflaminable huileux eft méphitique au plus haut point , & Te
gas nitrcux n'en abforbe aucune partie \ enfin le gas déphlogifliqué
mélangé avec lui en quantités égaies , produit une très-forte cxplolion^
mais, comme on Va pu voie dans le premier Tableau augmente, ja-
mais l'air inflammable huileux , comme* celui des marais , ne fait
Sl/R VffIST. NATURELLE ET LES ARTS, ij,
d*explolîon avec l'air atmofphcritjue , dans telles proportions que foie
leur mélange, & ceft la meilleure pierre de touche pour reconnoître
le pas des nicraux de celui des matais , &: de celui que j'ai appelle
air inflammable huileux.
LETTRE
Sur le Problême de la tranftnucacion de l'eau en terre;
Par M. O^A s £ LTO Jf^
jVj • la traiirmutatîon Jeî*eau en terre Ci familière à la nature, eft an
problème , die M. FAbbc Foncana fi), qui n'a point encore cïc réfolu
ni par ï'Antiquitc ni par les Modernes. Les ingcnieufei expériences
que les Savaas de l'Europe ont faites de nos jours, n'ont point encore
tiré <e rideau fur ce voile de la nature , celles de M. l'Abbé Fontana lui-
mcms ne l'ont pas fatisfàir, Se il paroît plus fceptique fur ce fujet qu'il ne
rétoit. Tous les rcfulcats de cesSavansfonr diffcrensSc contradidoires, ce
qui ne peut provenir que de la manipulation & de ce qu'ils n'ont poinc
affvz imité la nature dans Ces opérations; je les vois prefque tous dans
leurs laboratoires enflammés , détruire la nature plutôt que de la fé-
conder ; elle ne fe fert point de feux dévotans qui la coniument, pre-
mière caufe de la différence des rcfultats.
La fe^-onde caufe ne proviendtoir-elle pas auilî de la forme des
*Tàfes, de leur peu d« capacité, car la nature ne fe fore ni de cornues
m d'alambics , & rarement de matras : je crois que le plus grand nom-
bre de fes vaifTeaux efl: de forme cylindrique; on reconnoît cette for-
me d^ns les vailTeaux des animaux , dans ceux des végétaux ; les vei-
nes des animaux font cylindriques, les vailfeaux des plantes fe font
aulli , ce que l'on rcconituït i la paille du bled &c i prefque routes
les plantes; les cxhalaifons qui s'élèvent daris l'ait forment auHt des
colonnes cylindriques dans lesquelles elles s'élcvent avec beaucoup de
rapidité; ces colonnes font à chaque infiant hrifces par les animaux
qui tes traverfent , & rétablies dans le même inilanr; elles font ptef-
que imperceptibles, cependant je les ai observées a un trou quatre- lonç
pratique dans la coaverture de ma maifon par oiî un rayon de foleîl
(i) Daol (ôd Mémoire iatlté' n Jotitaal dç Pliyfi^ae , Mars 1779,
1^4 OBSERyATIOTiS SUR LÀ PHYSIQUE j
pafle, il paroitroit former une colonne cylindrique <jui pouvoit avoir
iix pouces do diiimècre , dans laquelle des exhalaifons voluinincufes
moncoiciic trèsTcapidemenc en roumanr les unes fur les autres en ligne
fpirale.
C eft d'après ces obfervations que je me petfiude que Ci l'on fe fer-
voie de' vaiffeaux cylindriques arrondis par les fonds, plutôt que de
tous les autres vailîeaux dont on s'ed fervi jufqu prcfent , on imite-
roit mieux la nature dans fes- vafes , mais il fauaroit qu'ils flifTenc
élevés 6c qu'ils pulTeiu contenir au moins fix pinces d'eau dans toute
leur capacicc ; on metcroir dans les uns le quart , dans d'autres le tiers ,
&c dans d'aunes moitié^ on pourroic encore les fubdivîfer en plus Se en
nioins , car d^is ces fortes d'expériences, l'air renferme y joue le
plus grand rôle , à quoi M. l'Abbé Fontana n'a point fiiir attention ;
il attribue au feu l'aue me n cation du poids de les vafes , qui fonc
auHt perméables i la fubllance de la lumière qu'à celle du feu. Je
crois très-important pour les Obfervateurs que ces vafes folent de
cryftalou de verre blanc, afin qu'ils puilTent obferver exa^ement tous les
cliangemens qui fe fërouc dans leurs opérations , lefquets feront diffc-
rcns luivam le plus ou ie moins de liqueurs contenues dans les vafes ,
Se les dilfcccns dt^rés de chaleur qui ne font que caufes occafion-
fielles Se miliemenc efficiences. Je oois prévenir que tes procédés dans
CCS vafes plus ou moins pleins d'eau > feront diffcrens les uns des autres
quoiqu'au mcme degré de chaleur ; différence que j'atctibue au pl)W
ou moins d'air qui y eft renfermé.
L*eau Se l'air font très-capables de recevoir toutes les formes , routes
les odeurs , coures les faveurs Se toutes les teintures ; l'air contienc eu
oufre la fublïancc de la lumière, l'efprîc inflammable, ou ce que l'on
appelle le pMlogiftique. Que Ion confidére d'après cela ce que ces deux:
grands corps fonc capables de produire lorfqu'ils font aidés par l'art qui
imite la nature au plus pcCs poHible , fans vouloir ta limiter comme
M. l'Abbé Foncana, qui n'entend donner que dix-huic mois à fa plus
grande digeftion.
La nature dans toiucs fes opérations a fon tcms limité, fes limites
dans les animaux Se dans les végétaux fonc infinies, Se i de très-gran-
des diftances les unes des autres dans les ouvrages qu'elle conduic i
leur perfctfkion , comme ceux de la fruftification & de l'incubation ( i) j
elle y mec encore de bien plus grandes diflances pour les ptcpaiec &
(0 Pat încnbatton , j'cnrcndî le tcms «^ae touï k^ animaui , Toir ovipares ou vivj.
f arcs , mettent à produire leurs petits , ^lam in.ltfrcixm <^ue l'incubarîon fe faflc dant
un (Ttif ou dans une mairice, ra<iltoivcfl à pcu-pici la même Tuivant le pljf ou le
Boius de icms ncccÛaiTC.
Sim VMIST. NATUREim ET LES ARTS. i)$
les amener à cecte pcrfedton : ainfi il feroic je crois dntgetcux <ie lui
donner des bornes , fur-tout dans un ouvrage infonnn , diins un ou-
vrage qui eH peut ctre le premier pas que Tait la nature pour U pro-
duviion (îes trois règnes ; car il eft inconteftable que le règne minéral
eil le plus imp'rfiii , que le règne nnimal eft le plus parfait : le végé-
tal qui rient le milieu , participe pcut-ctre de la nature des deux
autres; c'eft ce que je u'entreprendrai point d'examiner, cela m'cloigne-
roic trop de mon uijer.
J'ai partoutu beaucoup de laboratoires , je les ai comparés à des
Volcans , tantôt embrafés Se tantôt éteints : celui de M. l'Abbé Fon-
tana refTemblc au Véfuve dont il eft voifin : dans les éruptions de fon
labor.itoire , des vafcs fe font cafTés, d'autres fc font iour-A-co\ip re-
froidis y les matières fublimces fi rapidement & refroidies de même
fe font congelée? : Ci n'eft pas 'de cette manière que traTarUela nature;
fon premier laboratoire, & le plus important» le tient dans l'atmof-
phère tant célefte que tetceftre, &i fon fécond dans fes vafes renfer-
més dans la terre, dans les ceins des animaux Ôc d:ms ceux des végé-
taux où elle produit les trois règnes, fclun les loix que le Créateur
lai aimpofces, dont elle ne s'écarte jimais que pàt accidens.
Je viens de tracer rapidement , M. , les vafes dont je crois que U
nature fe fert fur la terre ■, il n'eft plus queflion que de la clialeur
motrice ; cette clialeur doit imiter celle de la nature , elle doit être
égale 5c continuelle, ni trop chaude ni trop froide) il faut fur-tout
éviter de palfer d'une extrémité à l'autre , rien n'eft fi contraire d la.
nature : cette fagé mère paiTe toujours par dos milieux avant d'acrivei
uax extrêmes.
D'après ces principes , il feroit peut-être 2 deHcer pour le plus grand
progrès de cette partie d'Hiftoire Naturelle, que les SavansvoulufTenc
abandonner leurs laboratoires bmlans pour n'en avoir que de modérés,
& qui ne foient pas plus chauds en tous tems que les étés dans nos
Provinces feptentnonales. J'en ai un qui remplit toutes ces conditions,
on ne le charge que deux fois en vingt quatre heures , & on n'en ôie^
les cendres qu'une fois pat femaine, c'eft toute l'attention qu'il exige:
du refte , l'ouvrage eft conâc aux foins de la nature , c'eft elle feule
qui le conduit, je ne fais que l'aider &i acccictcr fes opérations com-
me le Jardinier le fait dans fes ferres chaudes : c'eft aufti par elle que
l'ai tranfmué de l'eau en terre, non en totalité, parce que cela eft im-
poflible , vu que l'eau contient feule toute la nature; c'eft le feul Se
unique élément qui tient enchaîné cous les autres , il eft aAif & paflîf
tout enfcmbie , Se lorfque l'eau dépofc au fond du vafc fa partie cralTfi
en forme de fcdiment gris, avant d'ea venir U , elle palie par beau*
coup de murations , en raifon des variétés & combinaifons des prin-
cipes conftitucifs des corps; mais ce fédimenc fe diftouK i fon tour Se
t5ff OBSERVATIONS SVR LA PTfYSTQUE^
fonne un mixte nouveau très-tmpfttfiiic j !a vérîtc. C'eft tout ce que
j'.ti pa obtenir depuis tiois ans que je travaille; j'ai en outre obfervé
que non- feulement i'eau Te change en terre, mais que la terxe Te change
aufli en eau , ir vicifftm,
Voili des fjits bien articules par M. Wafelton. Nous permettra-t-il
de le prier, au nom de^ Phyficlens , de leur communiquer Tes procé-
dés; ceft Icfcul moyen d'inftruire 5c d'augmenter d'un fait déplus la
maJfe des connoiirances humaines. Ce pas, ce grand pas une fois fait »
nuvriroît une vafte cicrièrc pour une mulntude d'eïpériences , & de ces
exjKriences combinées, il en rcfulreroit peut-être les plus grands avan-
tages pour le bonheur de la Sociccc.
D E S C R I P T I O N
D*un nouvel Eudiomècrej
Par M. G ATT 4 Y.
-L/epois 1ônj;-tems les Phyficicns cherchoienc on moyen pour con-
noJtre avec exaditude la falubritc de l'air. Fnftn les découvertes vrai-
en
r
ment curicufes & utiles du céiéhre & modtfte DoÔeur Prieftley. leur
ont offert ce moyen tant deûté, dans le phénoniène que prcfente la com'
binaifon de l'air nitreux avec Icsdiffcicnresauiiesefpèces d'airtmaîs pour
rendre rufaee plus général &pIuN utile, il f.Iloic trouver un inflrumcnt
i réunît U plus grande limpli.iic à l'ex.^tlitudc néctilairc; t'eft ce que
e font propofés quelques Pliylîcien^; on trouve dans le Journal de Phyiî-
que la defcripcion de différentes cfpcies d'Hudiomccres , dont l'inven-
tion cil év^alement ingéiiieufe , 5c ne laiircroit rien à deiîrer s'ils étoient
d'un ufage plus commode qu'ils ne font en effet , puifqu'ils exigent
toujours un appareil compliaué , ce qui les rend inutiles hors du cabinet
d'un Phyiîcicn ; & en cela , l'un peut dire qu'ils n'ont pas rempli le but
propufé. Celui dont i) s'agit in n'offre pas les mêmes inconvéniens ,
puilqu'à l'avantage d'&tre aurtî exact au moins que les autres, il joint
celui d'crrc plus portatif, & de pouvoir éite employé dans toutes fortes
de lieux, même par les perfonncs les mom> accotitumces i ces fortes
d'etpériences; nuis avant d'en, donner U defcription , je déclare que
j'en ai conçu l'idée d'après ont «diomctre d'une efpéce particulière qu'a
imaginé M, Volta , Auteur des belles expériences fur l'air inflamm.ible,
inftTument qu'il a déait dans Ix Icare iJvl.PiisiUey, infétcç dans le
Jourual
SUR l'HIST. NATURELLE ET LES ^ RTS. 157
Journal de Phyïique Hu mois de Novembre 1778. Quoique cce Eudio-
niccre foit conftruir dans des princijies dlffcrens de ceux daas lefqucls
hont écc imaginés les aucres.ayanc pour bafe le phciiomcne de l'iiiÛam-
unarion de l'air par l'étincelle électrique» au lieu de celui qu'offre la
%conibinaifon de I air nicreux avec les aucres forres d'airs , ( différence fur
le mérite de laquelle je n'entreprendrai pas de prononcer ) j'ai penfc
qu'il étoit polTiblc, au moyen de quelques chaiigemeiis, d'en appliquer le
lïïccliauifme à un inftrumeiu qui feroit coiiflruit dans les principes déjà
connus & adoptés plus géncralemenc par les Phyficiens. Le nouvel Eu-
dioniétre que j'ai imaginé dans ce plan , n'eft donc «jue celui de M.
Voira , adapté A l'expcttence de l'air nicreux.
M C* eft un tube de verre courbé en forme de fyphon , de manière
roue la branche M foir de quelques lignes plus longue que la branche /•.
U fort de ce rube en E , un riucre tube EF. Il eft garni en t extérieure-
ment d'une virole à vis.
G eft un Hacon de cryftal, dans le col duquel eft fixé & fcellé hermé-
tiquement un lube d'un verre fort épais , garni de 1 robinets de cryftal H
& I bien ajuftés, & d'une virole à vis pour l'adapter en F au tube EF,
RR eft une planche fur laquelle on fixe le rube MC^ , comme on le
voit dans la iîgure ( t ) j cette planche peut ctre prolongée, comme il eft
tracé dans la même figure en T, & hxée perpenditulairement fur une
autre planche horifontile Q , ce qui formera un pied i l'inftrument.
Sur certe planche , d fon extrémiré fupcrieure en u , eft attachée , par
une ou plulîeurs vis , une pièce de cuivre coudée , qui porte une vis l*.
a eft un morceau de glace fort épais , taillé circulairemenr du diamè-
tre du tube, bien drcffc & garni vers fon bord dans une feuillure prati-
Î|uée à cet effet d'un cercle de cuir. Ce morceau de clace doit s'appliquer
ur l'extrémité h du tube, & fert à la boucher hermétiquement, au
jnoyeu de la vis de preftîon P , avec laquelle on l'y tient affujetti.
( Comme il eft toujours néctftàire dans les observations que l'on fait
avec cet inftrumenr» de connoître la température de l'armofphère , on
peut y ajouter un thermomètre , qu on placera fur la mcme planche,
ainfi qu'on le voit dans la iîffure , défigné par les lettres Z & O ).
Les points marqués fur la planche par les chifres 1,1,5, ^^- '^'"^
les divilioos de la capacité du tube en autant de portions oii inefure*
égales d l'efpace compris entre les deux robinets H &c 1. Voici commcnc
on parvient à tracer cette divilîon.
On joint le llacon G au refte de rinftrument, pat le moyen des deux
viroles à vis F , & peut qu'il ne refte aucun palïage , foie à l'air , foie i
l'eau , on place entre les deux tubes un petit cercle de cuir ou de la cire,
Les robiners H & l étant fermés, on remplit d'eau le tube MC*,&
l'on pofc le bouchon en (^ , ayant grand foin qu'il n'y refte pas U moin»-
Tome Xir, Part. IL 1 779, JOI/ST, $
ijT onsERrjTTONS svn l physique,
lire bulle d*.iir, ce qui n'cft pas diffitîîc. Alors, lî ion ouvre le robincs
H , une parrie cie l'eau contenue dans le cube C , defccndra jufqu'en I ,
& déplacera l'air qui ccoic contenu dai>s cet elpace^ cet aie ira occuper
le fommet du tube en h. On marquera fur la planche difpofce à cet
effet, l'endroit où l'eau fera defccndue j je fuppofe que cet endroit foie
le point X , on fera cettain que Tefpacc ^x fera égal à l'efpice H I , puif-
qu il fera occupe par la mcmc quanticc de matière.
Pour continuer la graduation , on fermera le robinet H , Se ronctivrin
celui qui efl: dc^gné parla lettre I ; l'eau conccntic dans l'efpacc H I dcf-
ira.
premier. On marquera une féconde divifion,& l'on aura deux mefures
cxaâ^emenc égales , puifqu'elles auront été produites par deux quantités
abfolument égales cllcs-mcmcs.
On continuera ainlljufqu'i ce qu'on ait rempli toute la longueur du
tube de graduations , & l'on aura une échelle plus ou moins étendue,
fuivant la proportion qui fc trouvera entre les diamètres des tubes Se
leur longueur. On pourra fubdivifer chaque mefure en autant de
portions qu'on le croira convenable, & rinftrumcnt fera achevé. Maiucc-
junr il faur expliquer quelle eft b manière de sen fctvir.
Il faut d'abord remplir d'air nirreux très- pur (i]leâacon G, fermer Te
robinet 1 , & l'adapter au tube F E , comme il a été indiqué. Alors , on
ouvrira le robinet H , & l'on verfera de l'eau dans le tube MCp, juf-
qu'à ce qu'il n'y rc(le que la portion d'air qu'on voudra examiner. Je
iuppofe que l'en veuille éprouver une portion d'air aimofphéiique égale
à 4 mefures, on verfera donc de l'eau en M , jufqu'â ce qu'elle foie mon-
tée d.ms la branche A, au point de divifion marqué par le chifrc 4»
parce qu'il reftera dans ce tune 4 mefures d'ait de l'atmofphcre. On bou-
chera l'extrémité i de la manière prefcrirc , on fermera le robinet H , &
l'on ouvrira celui I. L'eau conienae dans l'efpacc H 1 tombant dans le
flacon , fera remplacée par une égale quanticc d'air nttreux qu'elle aura
déplace 'y on fermera le robinet 1 Se l'on ouvrira celui H , la portion d'air
nitreux renfermée dans lefpace H [ cédera auili-tôr la place i l'eau du
tube C , Se montera dans la partie fupcrieurc de ce même tube : là, elle fe
(i) Voyci dans le Joanul dcPhylîquc , TomeX! , Panie I , pagt ijo , la Méthode
indiquée fu M. MagcUan , pour (c rrocvircr l'ait nîtieux pitr Se À-peu-près toujoarj
de la mévac qualité i le Aâcon une fois rempli pourra fcrvir i un grand nombre
d'expériences , cnforcc que cette opération ne fera pas néccflairc à cbaqac fbis que
l'wi vaudra obfcivcr l'état de rataion>hcrc j mais Iculcmcoc loiHjue le téCcrvoir G
fera ifxixCé par des cxpéiteoces rifitcrcct.
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 119
combinera avec la portion d'air atmofphifnque qu'on y a renfermée, &
l'on rcconnoîtra ï la diminution plus ou moins grande qu'aucouc éprou-
vée ces deux portions d'air > quel e(l le degré de falubritc de celui qu'on
examine. S'il c^ nccedairc d'ajourer de nouvelles mcfures d'^ir nïcrcux ,
il Tùlfira de réitérer , autant de fois que l'on voudra ajouter de mefures y
l'opcracion d'ouvrir & fermer fucceiîivemenr , & dans Tordre que l'on
vient d'indiquer , les robinets H &: ï. Rien n'eft plus facile que cette ma-
nipulation , comme on le reconnoîcra avec un peu d'habitude.
Si l'on veut avoir un infhumenc avec lequel on puifle éprouver , non-
feulement l'air de l'atmofphcre , mais encore toute autre elpcce d*air , it
fuffira de faire un léger changement à celui-ci. Au lieu du tube Fo de la
tîgure première , droit & garni fimplement de deux robinets , on fubfli-
tuera le tube m no de la figure dciLXtcme , dont les deux extrémités cour-
bées enpÔc^ font fccltées dans les deux flacons G & K. Du milieu de ce
tube en r s'élèvera perpendiculairement une branche r/i, garnie à fon ex-
çrémirc n d'une virole i vis, deftinée à s'adapter en F, fi^ire premictc.
Cetre branche rn porte un robinet d« cryftal a , bien ajunc , & le tube
lui-même en porte deux^tf , à peu de diAance deTembranchemenr.
11 faudra aufTi changer un peu la forme du pied de l'inflrument, fi
Von en fait Un , & le couper de manière que les deux fUcons G & K
^puiflent s'adapter librement au tube E F. On peut lui donner la figure
; qu'indiquent les lettres T V.
Voici maintenant comment on fera aiàge de cet infiniment ; après avoir
fiempli l'un des flacons d'aic nitreux (i) & l'autre de l'efpcce d'air que
l'on voudra éprouver, on les adaptera au tube MC^, par le moyen
des deux vïroles X vis n , figure deuxième, & F figure première; on
ouvrira le robinet a , & ion remplira le tube MCA d'eau jufqu'en i>\
on pofcra le bouchon fur Textremité de ce tube , & l'on fermera le
robmet a. Si c'ell l'air du flacon K que l'on veut faîte paifer le pte-
(r) Je ne crois pas n^ccflâire d'indiquer U manière d'introduire l'air dans les
flacons, cctrc m^ibode étant fuilirainnKnc connue de cous les Phycicns, & les lobi-
octs ^ 8c c rendant ici cette opération cxticmcmcni facile.
J'obfervcraî à cette occafion, qu'il feroii fort à délirer que l'ott fabriqaât com-
munément dans les Manufaâures des vai^caux qtii pufTcnt ainâ fermer exaâcmcnc
pai le moyen de robinets de cryflal ajullés à l'cmcril. Ils dcviendtoîcnt d'un ufage
A général ic iî commode dans les Cabinets des Piiyfîcicns , dans les Laboratoires
des Ctiymîfies , dans les Pharmacies , flcc. que cdai qui auroit le premier entrepris
ce gcoie de travail s'eo vcrroit bientôt r^compcnfé par un d^bic coniid^rablc. Il fuf-
6rou de faire un rcrâemcnc au col des tlacons comme en i fig. ) , 3c d'y pratiquer
un trou a dans lequel on ajullcrott le robinet e. Quant à ce robinet , au lieu mcme
de le percer comme à l'ordinaire, il fuffiioic dans bien des cas d'y faire uoc caiullc
de chaque côté comme co d,
1779. AOUST. S i
140 OnSERVATIOKS SUR LA PllYSÎQUEj
miec dans le tube , on ouviica le robinet c , &: Ton inclinera un peu
linllrument, afin que foute l'eau contenue cmtc les trois robinets abc ,
sccoule dans ce flacon \ s'y écoulant , elle fera remplacée par une égale
c]uantitc de l'air du flacon. Ou fermera le robinet c, & l'on ouvrira le
robinet n : l'eau tombant alors du tnbç M Ci dans Tefpace renfermé
par les trois robinets abc , cet air montera dans la partie fupcrieute du
tube en ^ , & l'on aura une mefure de l'air contenu dans le flacon K. On
réitcret.! cette opcratioa autant de fois que l'on voudra avoir de mefurcs
de cet air.
Pourfu.ire pafTer enfuitc dans la partie graduée du tube MCi l'air du
flacon G , on n'aura qu'à fermer & ouvrir alternaiivement , d.ins le
incme ordre 6c autant de fois que l'on voudra avoir de luefuies de cet
air , les deux robinets a&cby c'eft-à-dire , que l'on fermera le robinet a
& que l'on ouvrira b j que l'on fermera enmite ce dernier pour ouvrir le
premier à chaque fois que l'on voudra taire monter une nouvelle mefure.
On voit que par ce moyen l'inftrument devient exctcmement utile,
fans cellcr d'être également (impie & commode à manier. U ne le ferott
pas moins quand même on ajouteroit un troilième ou même un qua-
trième flacon , par le moyen de deux nouvelles branches &i de deux
autres robinets. Addition qui feroit fort avautageufe pour comb'mei
cnfcmble trois & même quatre efpêces diffcruntcs d'air.
Il cH inutile d'ajouter à régjra de la graduation du tube dans tous
CCS cas 5 qu'elle fe fêta de la manière indiquée ci-deflus pour un feul
flacon, en mcrquant le long du tube MCi, fur la planche RR, les
points auxquels correfpondtont les portions d'air q^ue l'on fera monter
iucceflivemenci
ESSAI
Sur ïcs moyens de rendre la Navigation du Canal Je
Languedoc plus aifée ;
Par M, Gboffroy , DlrcHtur du Canal , fi- dt CAcadémc
des Sciences de Béliers,.
T. Xj'on ne fauroit avoir an~ez des routes différentes pour parvenir
au même but. Tant de circonftanceî locales concourent dans l'exécu-
tion d'mie mêtne chofe , en divers pays , que l'on parviendroit fou--
vent à vaincre tel obftacle fi plufleurs moyens fut le même objet nous
fuÛènt connus.
SUR VHIST. KArVRF.llF. ET IBS ARTS. 141
1. Le grand avantage qui rcfulce de la mulEÎplicité des canaux ,
dcftcrmine à en exccuiec dans certains pays, & à en projetée dans
d'autres. Le Canal de Languedoc pour cjui particulièrement ces lefic-
xions font faites» devenant , pour ainfi dire» le modèle de tous les
canaux pat la perteâion qu'il acquiert tous les jours j nous a tburni la
matière de celles que nous propofons» non comme entièrement neu-
ves , mais en tant qu'il eft de fait que les Ariiftes qui ont contribue
à rétabliiTcment des divers ouvrages de ce Canal , n'en ont poiiufaic
l'application.
5. Perfuadc que l'on pourroît bien l'imiter tant dans la conftru^tion
de ces nicmcs ouvrages » que dans celle des bateaux qui y font en
ufage , ces dermers étant fufcepiibles d'une forme plus avantageufe »
j'ai cru devoir m'occuper de quelques rcBexions i cet égard.
4. Le Dotteur Franklin, deuxième Volume de fesCSuvres» dans une
Lettre, page 257 , adrelTée au Chevalier Jean Pringle fur la proR3ndeur
des canaux navigables , rapporte une expérience qui prouve que la
différence de vîtellê d'un lâaieau dans un Canal, dont la profondeur
varie , va i plus d'un cinquième entre la plus grande & la moindre
de ces profondeurs.
5. •• De forte qu'en fuppofant de grands cananx , de bateaux de fer-
>» vice & des profondeurs d'eau dans les mêmes proportions . s'il fal-
M loic quatre hommes ou quatre chevaux pour tirer un bateau à quatre
9» lieues en quatre heures , les eaux étant hautes » il faudroic y ajouter
»» uii cinquième tireur pour faire ^ire le même chemin au même
n bateau dans le même tems » les eaux étant baifes , on il faudroic
« s'attendrç ine faire le voyage qu'en cinq heures au lieu de quatre «'.
6. De favoir fî cette diftérence eft d'une alTez grande confequence
pour compenfer l'augmentation de dcpenfe qu'exigeroit une plus grande
excavation des canaux , c'efl une affaire de calcul » &c.
7. D'après ces principes fi l'on donnoit au Canal de LangnedcK «ne
plus grande profondeur , les bateaux qui naviguent auroicnt d'auranc
plus de facilite, que cette même profondeur laiircroit une plus grande
colonne d'eau au-de({ous du bateau.
8. Mais cette facilite ferait acquiCe par une dcpenfe beaucoup au-
deffus de l'ufage qu'on en retireroit. C'cft un fait inconteftable & qui
n'a pas befoin de preuve.
9. L'expérience nous prouve , par la grande quantité de plantes qui
fe font multipliées dans l'incctieur & fur toute la longueur du Canal
<le Languedoc & donc la vcgctacion efl: fi hâtive de h continue, qu'à
peine les a-t-on enlevées qu'elles font remplacées avec une prompti-
tude étonnante , que tous les cananx poarroienr être dans le même
cas : poifque dans l'origine de celui-ci , il n'en exiftoir point du tout
pu du moios ucs-peu> ii que pac un aflez long efpace de tenu elles
141 OBsnnrATioKS sur la physique^
fe font enfin reproduites dans toute fon étendue , à moins que quel-
que caufe que l'on ignore en certaines poiîtions ne devînt contraire
à la mulcipUcation de ces plantes aquatiques. Ce cas excepté , le moyen
propoic par M. Franklin devient pour ainll dire nul, puifquc ne pou-
vant, lotrquc ce Canal e(l plein d'eau, enlever ces plantes qu'à une
certaine profondeur , il en refteroit toujours à Ton foncb une couche
qui foimant enfemble une malfc , réduiroit toujours la colonne d'eau
à une hauteur moindre que la profondeur effective du Canal.
10. Partant du principe de notre illuftre Auteur , un bateau quelcon-
que charge jufqu'à fa préceinte de charge, ira d'autant plus vite , que
Il colonne d'eau comprife entre fon fonds & ta bafe du Canal fera
plus grande.
11. Puifqu'il ed de fait qae cette facilité acqtiîfe par le moyea
donné devient trop difpcndieufe » n'y auroit-il pas une autre manière,
du moins au Canal de Languedoc , de fe procurer cet avantage ?
IX. Les bateaux de tranlporc qui y font en uiàge aujourd'hui ont
confervé la même forme qu'on leur a donnée lors de la condruâion
de ce Canal , fans que petfonne fe foit appctçu qu'une forme diScxente
pourroit procurer de plus grands avantages.
1^. Il en ell cependant une, & avant de la déterminer examinons
quelle eft la forme des bateaux d'aujourd'hui , &c quelle eft celle qu'ils
pourroient avoir, qui fôt telle qu'avec le mcme poids , mais oppo-
faut une plus grande furface , ÏU occupafTenr une moindre colonne d'eau
verticale , & par conféquent laiiTaiTent entre leur fond & la bafe du
Canal , une plus grande hauteur , pcoptiété qui ramencroic au principe
du Doâeur hranlcUn.
14. Les bateaux d'aujourd'hui font compofés d'un certain nombre
de couples dont la forme gcncïalc dépend à-peu-près du maître cou-
ple : i[ fufKra de faire connoître la coupe verticale de ce dernier te
fa figure, pour juger de toute celle du bateau en ce feus.
H. Ce maître couple eft coropofé d'une varangue platie, aux deux
extrémités de laquelle font placées deux allonges peu courbes fur lent
longueur, mais raifant avc<: la varangue un angle ae 11$ degrés, com-
me on peur le voit dans le profil , figure 4, aie, doiuiant la demi-
coupe verticale x ab c d, d'un de cçs bateaux. ( La partie a x , reprtftnte
l'élévation du vt^ord que l'on ferait plein avec dts gouttières au Uea qu'il
cji à fûur* )
iC* Si au lieu de former le coté de ce bateau angulaire, ou pour
mieux m'expUquer , placer l'allonge droite obliquement fur la varangue ,
l'on (aifoit cette allonge au contraire très-courbe , comme aet, l'on
auroir un bâtiment tel qu'on le propofe.
17. Pour fe convaincre de cette vérité , fuppofez. deux bateaux i-
peu-ptci égaux , ne distant entre eux que par le gabarit , le preoiior
SUR VinST, NATt/RElin ET lES ARTS. 14}
«n ufige aujourd'hui, fet-i,comm.e je l'ai déjà die, eiptimé par U figure
A b c d,&c\ç deuxième propol'é p.ir la Hguie acbcd, donnant la demi-
coupe verticale de ces deux bateaux.^
jS. Rappelloiu cufuite ce ptincipe d'hydraulique , qui efl <]ue te
poids dts corps fulides, qui font plongés dans un Huide, ell diminué
d'une quantité égale au poids du Huidc qu'ils déplacent} d'où il fuie
f 1 à \ o — — " »
chari»c d un poids quelconque , plongera dans le Auide jufqu'i ce qu'il
aie dcpbcc un volume deau aont le poids fera égal ^ fou propre
|K>ids \ fuppofant la mcme quantité de poids dans le baceau iX t b c d ^
ce bateau plongera de mcme jufqu'à ce qu'il ait déplace le poids d'un
volume d'eau égal à fon propre poids : mais i.i tonne diftcrente des côtés
de ces deux bateaux donne plus de fuperKcie au bateau at b cd ^ qu'A
celui qui eft defignc par le contour de la figure ab cd\ les enfonce-
mens à poids é^al feront donc en raifun réciproque des fuperficies ;
nuis les Tuperficies étant inégales » les enfonccmens feront inégaux,
& d'autant plus'grands que les fuperùcies feront moindres. Par confé-
quent , le premier baceau a b c d ytw ufage aujourd'hui , enfoncera plus
que le bateau a ebcd, propofc.
to. Première confcquence, le baceau a. tbcdy du eabarit que l'on
propûfe ï poids égal , avec celui qui eft indioué par la figure a bc dy
de la condru^ion ancienne , plongeant dans le Huide d'une moindre
quancitc , auroit une plus grande colonne d'eau au-dclTbus de fon fond,
ce qui ramenant au principe que le Doreur Franldin a déduit d« fon
«xpcrience, procuteroit au bateau propofc plus de vîcefle dans fa mar*
che, à force égale, avec les bateaux d'aujourd'hui , ou même vUeffe
avec une puiflance motrice moindre.
II. Si au contraire ces deux batciux ploa^eoienc de la même quan-
tité dans le fluide , le bateau propofé avec ^a même vîtelfe que l'an-
cien , déplaçant un plus grand volume d'eau, fupporteroit un plus grand
poids.
11. U faut obfcrver que ^ifânr les côtés du bateau propofé fort
ronds, il feroic bon de donner un peu de fai^on à l'avant & à rarrière »
ce que n'ont point les bateaux donc on fe fcrt, & qui procureroït les
eaux plus douces, en facilitetoit encore plus fa marche, & ramenant
une plus grande quantité de lames d'eau au gouvernail, en readtoienc
le bâtiment plus lenfible à cet agent.
Z). L'on fene allez que, augmentant ou diminuant pliK ou moins
la courbure a e b ^ on fe procureroic tel avantage qu'oa delireroic ,
les capacités intérieures fuivant le même rapporc.
144 OBSERFATIONS SUR lA PHYSIQUE^
24. Cette conflrudion feroic en cela plus, aifée, que les bois dont
on iiàt les allonges des bateaux d'aujourd'hui, & qui forment un angle
de 1 i 5 degrés , deviennent rares & plus difficiles à . trouver. Rien ne
prouve autant ce que j'avance que la cherté de ces différentes pièces.
Il feroit bien plus facile, principalement dans les ports de mer, de trou-
ver des bois courbes qui pourroient ètr« quaiî toujours pris dans le
lebut des bois qui fervent à la conftruâion des vailfeau;t de com-
merce , & dont la courbure ne leur efl pas propre , principalement C
l'on fuivoit pour la conftruâion de ces bateaux la méthode qui a été
inife en ufage à une nouvelle machine exécutée au point d'interfec-
tion, d'un petit torrent appelle Livron ^ avec le Canal de Languedoc
près d'Agde , & que l'on a appliquée à celle des vaifleaux qui n'exigent
que des bois peu courbes à gabarit égal.
25. 1.3 feule difficulté que l'on puilTe oppofer au Canal de I^ngue-
doc, & qui n'en eft pas une, eft le préjuge qui n'eft autorifé que par
la routine ancienne , dont les Ouvriers conftru^eurs de ces fortes de
bateaux font efclaves &-fe démettent difficilement, i caufe que leur
Ignorance ne leur permet pas d'étendre leurs vues plus loin.
x6. Il £iut avouer ^ue cette con(lru£don demanderoit un peu plus
d'adrelfe dans l'exécutien , & de l'intelligence de la part du conflruc-
teur, à qui Ion fuppoferoit un plan donné & combiné par la théorie.
Cet enfemble ne contribueroit pas peu à la folidité de l'ouvrage,
17. Du lefte , le commerce (rouveroit dans cette nouvelle manière
de conilruire les bateaux , deux grands avantages réunis , beaucoup de
piopiptitude dans la marche avec le même po}ds , ou une augmentatico
conâdérable de poids à tems égal , dont le choix , fuivant les çiiçopf-';
lançps, devient inappréciable pour le Négociant/
-SJ^»
-9 r-t-fi-j-'^r^^w jw
DE
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS. i4j
DE L'ACTION DE L'ÉLECTRICITÉ
Sur le Corps humain , & de fon ufage dans les Paralyfics;
Par M. Ceruard,
•t A R M I les ditTcrciu objecs dont la PUyûque s'occupe , il n'y en a
fans doute aucun fur lequel on au fait autant d'elTais que fur l'cledUt-
ciic. Mais maigre le grand nombre & la varict(i considérable des expé-
riences qu'on a taires li-delîus , on n'eft pas encore bien avance dans la
connoidance de cette propriété fi patticulicre. La vraie quaticc de la ma-
tière électrique, & les loix qu'on obferve dans fon aâ ion , font encore
trcs-obfcurcs , &: l'ufaee même qu'on en tire à prcfent n'eft pas bien
confidcrable. Les Mccccîns on: été prefqiie les pcemieis à s'en fervic
comme d'un remède. Lorfqi^iisn connue , fur-iput par les expériences de
feu M. de Mufcbembroecli , la vîtclTe prodigieule , & la force avec
lefquelles agit cette matière; qu'on fe fut convaincu, par les même»
expériences, de (a grande fubtilitc,& qu'on eue vu les mouvemens Se
les fecoulles extraordinaires qu'elle exerçoît fur le corps humain , on crue
qu'elle y feroit des effets Glut.iires , fur-tout dans les cas où des humeurs
cpaiiTes ne puuvoient pénétrer les canaux fubtits de cette machine mer-
veilleufe. Ces conlidcr.itions dccermincrent donc les Médecins à s'en
fervit dans les maladies chroniques. Se fur-tout dans la paralyfie. Les
effets qui en ont réfulté ont été très-différens. 11 y a eu des paralytiques
entièrement rétablis; d'autres ont été guéris, mais font bientôt retom-
bés; on en a vu enfin fur lefquels ce remède n'a produit. aucun effet,
& même il s'en eft trouvé dont l'ctic a empiré. Ces effets fi diffcrens ,
m'ont déterminé à faire des expériences fur te mcmc objet; mais afin
de me former auparavant une iufte idée de la manière dont agît rélcâii-
cité fur le corps d'un animal vivant, je Bs tes expériences fuivantes.
D'abord, il étoit néceffaire d'efTayet l'effet de la matière cledfcrique ftu:
les parties folides d'un corps animal, &<. fur-tout fur les parties fenfibles
& irritables. On fait qu'il y a trois efpèces , pour ainfi oire , de flamme
éleélrique. La première produit ces rayons bleuâtres qui fortcnt eu forme
de cône d'un corps élcdlrifé & pointu, dont la bafe cff dans l'air , & la
pointe dans le corps éleiSrifc. La féconde fait jaillir de petites étincelles
iemblables à un charbon ardent, qui fortent en ligne direclc avec peu
4e bruit , & excitent une douleur vive Se piquante laus aucune fecouU'c j
Tome Xir, Partie IL 1 779, AOUST, T
xW ri.v^sERyjrioîTS s ira u physique y
on poiirroic les nommer cciiiceiies cledlriques. A !a troinc-nieapparcîen-
uem enfin les foudres cle<^iqnc5)qui forçant avec plus de bruit c» fet-
pçnunr , caufenr dans la peau une douleur moins piquame , mais ex-
cirent plus ou moins de fecoulTes dans la partie qu'elles frappent. Il croîr
doiK iiéceiraire de Tavoir lï lelfet de ces dilfctentes Bammcs Tur un corpj
animal Tcrotc diffëtenc.
3'aichoifi pour mes expcriencesdes chats, des chiens & des grenouil-
les, en approchant doucement les mufcles dépouillés auparavant de 1a
peau & cm rillu cellulaire qui les couvre ordinairemenr, du conduf^eur
clec>r!que. Les rayons éle(£lrîques ne faifoicnt aucun cfTec, les animaux
reftoient tranquilles , & je ne pouvois obferver aucun mouvement dans
les tibres mufculaircs. Les ciincelles excitoienc des douleurs aiguës, té-
moins les cris des animaux , & dans les fibres mufcnlaires je remarqwois
de fortes ofcillations, qui pourtant ne s'ctendoient pas loin, mais occu-
poient feulement les fibres les plus proches de celles fur Icfquelles les
ccincelles font to.mbécs. Les foudres , tn^n , fembluicnt exciter moins de
douleur , mais les ofcillations des mufcles ctoient plus coniîdcrables ;
elles occupoienr prefque le mufcle entier , Çc continuoient quelque tems.
Au relie tes contrarions des fibres charnues dans les deux expériences
n'étoient pas régulières, mais femblables à des mouvemcns convulfife,
J'cxcitois enfuite les mêmes parties avec une lancette , avec des braifc»
aulli bien qu'arec des matières icres clivmigucs, & en comparant le»
•ffets qui en réfultoienc avec ceux que réIe<fbtictEc avoir canfés , j'ai vu que
les coniraiftions ctoîent, ou peu s'en faut, auflî fortes » mais beaucoup
moins régulières iaofiî ne fe commuriquoient-elles pas bien loin, mais
elles reftoient prefqu'entièremcnt à l'endroit qui en ctoit alfedc, au
Heu que lesaiirres irritans produifenr trés-fouvent des contractions toni-
ques i la matière élcilfcrique , autant que je l'ai obfervé, n'en excite jamais.
Je continuai ces mêmes clfais fur les parties fenfibles , en faifant agir
les rtammes cleélriques fur les nerfs des animaux , après en avoir ôic l'en-
veloppe de manière que la mocUe étoîr tout à découvert. Les rayons ne
£iifoienc point d'effet non plus , mais les étincelles & les foudres produi-
' foicnt des douleurs rrès-fcnfibles , & des convulfions bien vives (lans les
xnufctes auxquels aboutitroient les rameaux du netf irrité, & les foudres
rendoient fur-tout les convulfions plus véhémentes que les étincelles,
Enfuite, je fus curieux de connoîtrc la durée de l'effet de l'éleôricité
après la mort. Je choifis des carurs d^ grenouilles & de poiltons , féparés
dfu refte du corps , & je les laKTai aflez long-tems pour être alTuré que les
autres irritans ne produifoienc plus de mouvemenr- Alors, j'y fis tomber
Jes étincelles & les foudres cleAriqucs , que je vis produire des mouve-
mensaffcz confidérables , ce qui va quelquefois fi loin. Que trois jours
après (]ue Taftion de tout autre irriram a celfé, celle de l'clcébicité coi>-
tuiue encore. U s'offre des phénomènes fembûbles, lorfcjuon applique
, ij
SUR VffrST. TTÀTURELin ET lES ARTS. 147
r^leôricité aax nerfs dun animal mort. M. Leeberkuhii , ce gtand génie
dont je lie prononcerai jamais le nom fans m'atccndcîc au fuuvcnit Je Ces
grands talens , avoir bfervé dcja que h Ton enlève le cerveau d'un anim.1l
mort tout récemment, &: qu'on irrite les nerfs qui en foncnt, tous les
mufdes auxquels ils aboutilTent éprouvent des monvemens convuliifs.
Cet elfai remarquable rcirilit toujours, pourvu que l'animal ait encoie
quelque refte de chaleur naturelle, & l'effet n'a pas lieu iî ranimai eft
entièrement refroidi. En appliquant «lors l'cleârricitc , on remarquera
encore quelque petit moiiTcment , mais il ne dure guère qu'une demi*
heure après le rerroidiffement entier.
Tous ces effets de la matière cleârique fur les parties foifîbles & ir-
ritables des animaux , ou vivans ou morts , devieiinent plus forts loifque
l'animal efl ifolc ; on en fait Sortir alors le$ étincelles &z les ^£u^Jd^es
cleâriques,& on remarquera fur- tout qwe les concradtions durent plus
lûng-tems. Les contradttons , même la plupart , ne fe muiifelbeuc que
lor/que les fl:immc$ fortent; mnîs quand l'cletlricité eft bien forte, de
manière que l'cletlromctre pilfe l'angle de 45**, alors, dans des animaux
fort vifs fe manifeflent des ofciltations foibles , mais fore preffes &. con-
tinuelles, fans qu'on faffe fortir les étincelles ou les foudres. Enfin, il
étoit néccffaire d'examiner quel effet provicndroit de l'aâion de la. maf
tière élefirique far le fang. Dans cette vue ^ je pri; une livre dé fang
humain que Je divifai en deux parties égales. Je mis des ihermomctrek
correfpondans y je plaçai les parties l'une à côté de l'autre , & une en iîii
éleânfée- Les thermomètres n'indiquoicnr aucune différence , mais en
continuant l'ertài jufqu a ce que le fang commençât i s'épaiffir , je vis que
le fang cleclrtfé gardoit un peu plus long-tems fa fluidirc; la couleur da
fang ne fut pas altérée , je n'obfervai pas de différence dans les globales, 5c
le poids ftjt différent; car , au lieu que le fang cleârifé avoic pexda t^-^
grains , l'autre partie n'avoir diminue que de 100 grains. j1 . '■ . ■ (• jr»
Au rcfte , il me femble'avoît remarqué que les contractions des parties
irritables , produites p.ir réledricitc , font moins iottes dans le vuide
que dans Tair.
■ ■ -'^
De ùyûtei'tti Ëxpér'ieftcti'réfuUent les 'prùpofaions fuivanus, ' :
\. La mati&f e éleâriquc cft rîtVîtaTit le plus fort pour les parties fenn-
blés & irritables du corps animal , en ce qu'elle produit des connaiâions
plus fortes, plus univerfelles & plus durables que d'auttes irritans» Se
qu'elle peut même produire ces contraftfons plus long-tems ajirès la
mort- La lïaifùn n'en cft pas diffidlc à déterminer. L'od<ar & le eoû: de
U mitièfé élbârrit^ue femblent indiquer qu'elle <ft .Cot«p(rfÉe:ïfephl1>
tiftiqùV', & d'un fel acide , Mélange qui produit brdtnftireuiciit des ful>-
ancestfès-âcres. La rapidité de cette matière eftprodigieufe,5c j'ai tou-
»77S. JO UST. r X
^
OnS.£R7^JTION:S- SVR lA PHYSIQUE^
firs remarque qu'en moins d'une féconde, elle parcourt des cliaînes de
s5 pieds ; aini'i elle doit choquer d'une manière fenfiWc les fibres initces-
Knhn , fon errrcmc fubtilitc lui permet de inJnccrer les plus petites fibres
des parties qu'tlle touche, & le nombre des fibres fimpîes qui forment
une fibre compofce, dote C-cre plus erand qu'a coût autre itiitant. DeU
réfulte doiK nccellairemenc le grand effet de U matière élcâriquc fut
Je5 parcics-dont je viens de parler.
11. La matière cleiLtrique a la force tle procurer au (âng la iluidicc,
4c fang cleârifc gardanr plus long-tems fa rïiiidîrc. Je m'imagine que
cela dépend d'un mouvement que cette matière excite dans les globules
! du fang ', ce qui eft d'autant plus vraifemblable y que l'cleâricité contri-
'tue à hâter lévaporacion de cette liqueur.
Après ces elTais, il cioit nêcelTaire d'appliquer ces expériences au corps
iiumain, pour voir ft les effets que je viens d'attribuer à la matière élec-
trique s'y manifcftent etfectivement. J'ai choiiî pour cela des perlonnes
d'âges & de cempéramens diftctens , mais qui joiiin'oient tous d'une fantc
parfaite. J'ai toujours fait mes expériences le matin , d'abord apics qu'on
•e'étoit levé, & j'ai pcis la précaution de me fervir conftamment de I*c-
"Jeftromètre , pour avoir autant qu'il étoic poflible le même dcgtç d'c-
"edricité , & i'ai obfetvc les phénomènes fuivans.
I. Le pouls bat plus vite chez tous» de miinièrc que chez des per-
sonnes très -irritables, le nombre des bactemcns double^ la force du
toouls varie félon le tempéiamcnc. Dans les petfonnes d'un tempérament
colérique , elle augmente ; dans les mélancoUqucs & les phlcgmatiqiies,
elle n'cft prcfque point altérée. Pour les perfonnes d'un lempcrainenc
très-vif, j'ai fouvcnc remarqué que |e pouls fe rallencic^mais qu'il cft
aufli un peu tendu. Dans tous , fa marche eft ré^Uère.
H. L-ï chaleur de même augmente , de manière que la différence ctoit
quelquefois de dix degrés , échelle de Tarenheic , en comparant la chaleur
que le thermomètre montroit au commencement avec celle que cet uxC-
^crument indiquoït à la fin de l'opération.
III. La rcfpiration autli augmente , de manière qu'on obfcrve fouvcnc
une fueuraiTez forte.
IV.' La peau , à l'endroit où l'on feit fprtir les étincelles , rougit , &
quand on continue long-tems , il s'y forme une elpèce d'inflammation.
V. Quand les étincelles fortent d'un endroit irès-mufculeux , or»
xemarque des mouvemens convulfifs , quelquefois uès-forts ^ ces
ni
ufties.
VI. Quand réchaufFement caufé pirTéIcdricîic eft pïrtc , iî y Tuc-
cède une foiblelTe & un relâchement a{fez conHdér^ble , Se i'ai cem^rr
-qiiC" fur-toùt que quand des perfonnes fort fen(îblcs & irritables fe fou*
-inettent à L'aâion de l'éleChicitc , elles fe difpofenc aux attaques fpaf-
•mcrdiqucï'.
SUR VHTST, NATURELLE ET LES ARTS. 149
. Au refte , il cft crcs-airé de comprendre que ces effl-cs font plus ou
:.._ /• i_'_.i_i , . * : ... 1. r~_j:t.:i:.i a. !•: :.-u:i:.i j
-, — . -p_. ,,.._«.._.. ^_. ... — — ^ — _ — ._.__
vit.ile des fujets , auxquels la premicte cft applicjuce. Ces obfetvations
auroiem pu luffice pour en déduire l'action de la matière ciccbrique fur
le corps humÂiii,dànslecas où on emploie une feule forte dcleftricité,
la poliàvc ou la ncgaiive; m^is il ccoic ncceflaire de favoir, fi en réu-
niiruit CCS deux fortes d'cleitricitc , l'ufage de Icledricitc oppofée chan-
geroic CCS effecs. Pour m'en iaftcuire, j'éïe*îlrifois mes fujets de manicre
que quelquefois ils me fcrvoient de conduâeur pofitif, &c quelquefois
auifi de condudleur ncg-nif. Dans les di;ux cas, j'ai obfervé en gcnéral
les mêmes effets que la fimple clectricitc produit , miis tous ccoienc
plus fores, fur-tout quand on cledrifoic poiîtivement , & la feule diffé-
rence qu'il y avoit , croie que la marche du pouls n'ctoit pas aufïï régu-
lière dans réledricité contraire que dans la (impie, ce qui arrive, ^ir-
tout, lorfque la perfonne qu'on cleftrife reptéfente le coududleut néga-
tif , ayant toujours remarqué qu'après chaque coup qu'elle avoit éprouve
le pouls battoii plus vue & étoïc tcmitcanu
Tout cela pofé, il n'ell pas diâicite d'expliquer la véritable manière
donr la matière cle6hique agît fut le corps humain. Et d'abord , comme
;crte matière irrite toutes les hbtes & tous les nerfs, il eft évident qu'elle
doit fortement accclcrer le mouvement du cœur & des artères, puifque
la vîtellê de ce mouvement eft proportionnée à la vîteffe avec laquelle
fe font les contradions de ces parties. Or, le mouvement accéléré du
cceuc & des artères doit néceiraÎLement produite dans le fang une fluidi-
lé plus forte , laquelle deviendra encore plus confidérable , par le mou-
vement immédiat que la matière élccicique femble communiquer aux
globules mêmes du fang. Ënfuite, comme l'éledlricicc augmente la ref-
piration infenlible , elle peut fervir i purifier le fang, fur-tout de ces
matières hétérogènes fubtiles , qui aiment i foctir par les vaiffcaux de la
peau. Enfin, la matière éleélrique doit , fur-tout , ciès-fortement exciter
l'endroit par lequel elle fort , témoin rintlammaiion qu'elle y caufe. Or ,
comme il cft démontré par un gts'hd nombre d'es:périences & d'obferva-
tions , que le fang tend toujours en plus grande quantité & avec plus de
vîrelTe vers une partie irritée , il cft ncceiraire que l'élciftricité augmente
auiïi l'aftluence du fang vers tel endroit-, ainfi rélcdtricilé a une force
révulfive. Mais rous les mouvemens forts f£ vifs qu'éprouve le corps,
four immédiatement fuivi; d'une foiblelîe proportionnée à la force & a la
vîtelfe de ces mouvemens précédens \ il cft donc néceffaire que bien loin
que réleékricitc conetibue à fortifier les fibres & les ncrfs^elle les affoi-
blilTe plutôt & les relâche.
En appliquant ces idées à l'ufage de l'éleAridté pour la gucrifon des
r«jo OnSERrÂTÏONS SUR LA PïîTSIQUEt
maladies paralytiques, & en les comparant avec les caufes Je ces mala-
dies, il me fcmbleavoirxrouvc la vraie méthode d'employer ce remède,
La paralyiîe fuppofc piefque toujours ina^ion dt:s nerfs fur les Hbres
motrices & delà, il c(l aifc de comprendre que c'eft, ou la compref^
fion , ou l'obftniétion , ou la conftriâion , ou la roideur , ou la foiblelTc
des nerfs , qui contiennent la caufe matérielle de cette maladie i }. Pour
ce qui regarde ta compreffion, au cas qu'elle provienne d'une matière
fluide, je ne doute pas que l'éledrîcité ne puilTc ^ire quelque effet,
puifqtie d'un côté elle peut dilloudrc un tel fluide , qui par la ftagna-
lion s'cpaiflit,& de l'autre , parce que par l'irriration qu'elle excite dans
les vaineaax réforbans , un fluide ainfî extravafé peut être ramené i la
jnalTè des humeurs circulantes.
Dans le cas de l'obllrut^ion , on peut aulU attendre de bons effets de
l'application de ce remède , fur-tout pnrce qu'il femble que ces obftruc-
rions ne fe trouvent pas dans la fubftance propre des nerfs , mais dans les
vaiHeaux dufang, qui j félon les préparations de l'immortel Leeberkuhn,
s'y étend , & qui dans l'état de TobfVru^on , étant gonfles , doivent
comprimer la moelle netveufe. Car la contraélion plus prompte du
cœur &C des artères , la commotion du fang même , le choc impétueux
du fang qui frappe avec plus de force ces endroits fermes par l'obftruc-
rion , font f.ms contredit les moyens les plus efficaces pour diffoudre les
humeurs épaitTes , & tous ces effets peuvent provenir de l'a^on de la
matière éleâcique. Pour ce qui eft de la conllriélion des nerfs, il n'y a
point de doute non plus que l'élechicité n'y fafTe aulli bon cfîet , vu que
par un mouvement plus rapide qu'elle caufe dans les vaifleaux , & par
(a commotion qu'elle excite dans les humeurs , elle peut remédier à ces
conflti£tion$ , éc étendre les vaifTeaux qui ont perdu leur diamètrO
uaturcl.
Quand les nerfs font roidcs , Icun petites parties compofantes font
trop proches l'une de l'autre , & on comprendra aifément que les fe*
couires véhémentes qu'y excite iV-Ieitricité , doivent fervir à rendre à ces
parties le degré de mollefTe nécefîairc.
Mais dans la foiblell'e ou plutôt dAs le relâchement des nerfs , on
attendtoit envain de bons effets de l'cledricité , parce que toujours fui-
vie de la foibleirc, elle fert alors plutôt i augmentée qu'à détruire la
caufe de la maladie.
Si l'on conftdcce anentivcmcnt ce que je viens de dire> il fera aifc de
(i). Tt faat r«nir<)aer qo'oa conftdére ici rculcmcni la paralyfîc qui itîcnt du
défaut des Dcr& > Si. qu'il oc ('^gic pas des cfpcccsi qOî fiovicuDcut de la j»iut des
artjics*
SUR VHIST. NATURELLE ET LES JRTS. 151
<Jctermijier le véritable ufage de leledtriciié , djus les as de pjrïlyfie où
l'on peut l'employer.
Et d'abord , il eft évident que la plupart du tems ou en attendra en-
I jrain une guérifon completce , à moins qu'on ne joigne à l elcâticitc
[ lufage des remèdes fortifians, fur-cout aufli-tôt qne l'on remarque que
Icleciricitc conimenLC à faite quelqu effet, parce qu'il çft A craindre que
la foibleire qu'elle occalionne, ne fàlTe tenaûte la lualadie, quoique la pre*
mière caufe en foit détruite. Par-li, on petit, fans doute, expliquer pour-
pour-
fjuoi fouvent 1 cleâricitc a produit des effets merveilleux , mais qui ont
été fuivis d'une rechiite fubite.
Enfuite il faut toujours proportionner la force de l'cleâricité an tem-
pérament du malade. Une perfonne foïte & vigonreufe , donr les hu-
meurs, par la dentlté, par la peciceiTe & par le poli coniplec de leurs
parties , aullî bien que pat la forte chaleur qui y règne , ont beaucoup de
dirpotîciuns à s émouvoir^ demande, fans doute, une élecfbricité douce.
un mouvement exccflîf ne pouvant que produire alors une foiblelTc trcs-
confidétïble, qui mettra les plus grands obftacles i une guérifon parfaire,
& l'on pourra fe contenter au commencement , du nioms , de ie fervir ,
6- --- -'-'•^' --^^- r--^- -■- A - «: '- r r„-
tout ion rculTîra le mieux , fi on réle<5trife pofitivemenr. Pour ce qui eft
de l'endroit où le feu élecirique doir erre appliqué, il eft nécefTaire de
choilîc le tronc des nerfs attaqués , excepté le coup de confbiâion , uù
il vaut mieux pendre un endroit oppoîc , afin que par l'irritation qui
y eft caufée , le feu éleftrique agilTe comme remède revullif.
Voilà l'idée que je m'ctois formée de la méthode qu'il fiiut obfcrvcc
dans l'application de la matière éleélrique aux paralyfies, & j'attendois
avec impatience loccafion d'en faire des effais. Les malades de la grande
maifon des pauvres, confiés à mes foins , me la procurèrent bientôt. Le
premier malade qui fe prcfenta fut une femme, âgée de 50 ans, d'un
tempéramenr très-phlegmatîque , attaquée d'une paralyfie complette des
deux bras , laquelle avoir pris fon origine d'une marière galeufe qu'on
avoit empcclic de fonir. Je pris àànc la rcfolution de l'éleétrifcr d'abord
pofitivcmenr , Se remarquant dès la première fois que la vîtefle de fon
pouls , après deux coups qu'elle avoit reçu , n avoit augmenté que de i a
Dattemens par minute; je répétai les coups jufqu'à ce que le pouls battit 90
fois oar minutes,au lieu de âo ou é 5 t>a(temens quelle avoit ordinairement
pendant ce tems- U. Au bout de trois jours, je vis naître des puftulesinll.im-
matoires au cervice, femblables à la petite vérole, donr la fuppurarion
croit allez forte. En même tems la malade éprouva une trc»-foible
fenfibilité aux doigts , & elle fentoit quand Ai la piruoit avec une
épingle. Je coQtiuuai aiiiG pcndauc 15 jours, la fcnfibilité devenant de
•*
1^1 OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSTQVE^
jour en joue plus grande. Se même le bris droit faifoic quelque petic
mouvement. Mais comme je voy >rs gue la milade s'aifoibliiruit , je
commençai alors à lui donner de > furtihans , en contmu.mc toujours l'c'
lei^tiicitc. Avant le cuine de S jours h fenlibilicc fut encicrement réta-
blie , Se le mouvement devint aufli conlidcrahle. Je changeai alors d'c-
leâricité, & je me fervis de la liinple \ m.iis après 4 jours environ , la
fentibilité s'cmoullanc » le mouvement commença aulli i s'stfoiblir. Je
repri:' dune la première méthode , par laquelle, dans un efpaLC d'envi-
ron 6 Temaines , U malade fut enticremenc rétablie, & elle jouit encore
d'une fauté patfaite.
L'autre malade qui fe préfenia, étoit un homme très-robufte, d'un
tempérament lout-i-fait inflammable , qui avoir une piralyhe incom-
pletre aux deux jambes , de manière- que le mouvement ayant celfc , la
fenfibilité fubliitoit encore. Cette malidie étoit provenue de la fup-
prellion du flux hcmorrhoïdal. Je n'ofai pas appliquer ici leleâricité con-«
traire, mais je me fervis de la fimple, de manière que fâifant ifolet le
malade , j'eiprimois des étincelles tout le lom; des "deux jambes , depuis
leurs articulations jufqu'aux genoux. L'c^eâricitc Ht d abord un grand
cS*et j le nombre des bittcmens du pouls doubla après environ un quart
d'heure j il commcn<ja fortement à fuer , & au bout de quelque jours,
il fut en crai de fc tenir » à l'aide d'un bâton, fur fes pieds, fans pouvoic
pourtant marcher. Ce fut alors que je lui donnai feulement trois coups
d'élechicitc contraire, mais le lendemain il ne pouvoir plus fe tenir fur
fes jambes. Reprenant donc la première méthode, le malade fe rétablie
encicrement dans l'efpace de deux mois. Je ne lui a%'ois donné aucun
remède fortifiant , parce que je n'avois pas rcm.irquc que l'éleâricité
l'affoiblît beaucoup. Mais j'eus lieu de m'en repentit bientôt^ car envi-
ron trois femaines après, les pieds devinrent fuiblcs & chancelans, &
enflèrent un peu. Je ne tardai donc pas à lui donner le quinquina, qui
le délivra de tous ces fympcomcs,d: en produifaut te flux hémorrlioidal ,
lui rendit p.ufaitement la fanté.
Mais lobfervation la plus importante que j'aie eu occaHon de fûire »
fut à rc;»ard d'un vieillard âqé de plus de 80 ans, qui avoir déjà , depuis
bien des années , une paralylîe complette à une jambe, & a qui une
nouvelle attaque d'apoplexie fanguinc en avoir caufc une à l'autre jambe,
C'écoir un homme du tempérament le plus robufte que j'ais jamais vu»
& mali^ré fon âge av.mcc , il avoir encore aile? de vigueur. J'ellayai donc
d'aborà l'éleclriciré limple ; mais il fut impolTible de faire fortir la
moindre étincelle, & même le pouls n'alloit pas plus vue. Ainfi j'eus
recours à l'élei^ricité conctaire , dont l'effet fur tel, qu'il commençoit i
mouvoir le pied, récemment att.-ïqué de par.ilvfie, & je ne doute pas
qu'il n'eût été enticrcmem rét.ibli , s'il avoit voulu continuer le remède.
Toutes ces obfccvatious , auxquelles je pourrois eu ajouter plufieuts
autres ,
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS. 15$
autres , pourront fervir i démontrer U vltÎcc de ce que j ai avance fur la
manière d'appliquer Icle^ricitc dans les paralyses.
SECOND MÉMOIRE
Concernant des Expériences faîtes par M. le Marquis de
Néelle , fur la multiplication des Animaux étrangers par
le moyen d'une chaleurartificicIIc,luàrAcadémicRoyaId
des Sciences I le 19 Juin 1779 \
Par M. U Comte de MiLtr.
i»i. le Marquis de Ncelle ayant continué ies obfervaticns &: fes
expériences fur les effets de la chaleur artificielle fur les animaux
des climats donc la température diffère 4u notre , a eu le nicmc fuccès
cecce année que l'année decniète, dont je rendis compte de fa parti
TAcadcmic ; ainli cette dernière expérience confirme pacfaiiemenr la
première , & ne l.iilTc plus de donte fur les amours & la fécondité
des animaux étrangers tranfportés en ce pays , lorfqu'on les tiaîte con-
venablement.
Les Ouiftitis que le Marquis de'NcelIca mis l'année dernière (oi\%
les yeux de l'Académie , ont été établis dans le mt-me Cabinet donc
il a été Fait mention dans le premier Mémoire , & par le moyen d'un
pocle , on y a entretenu le degré de chaleur de leur pays natal. On
s'apperçut dans les premiers jours de Février de cette année 1779,
pat les emprefTemens réciproques du mâle & de la femelle ,
qu*ils étoient prêts de tombet en amour. Pour pouvoit en dctetminet
le moment , on mit un linge blanc dans la boite où ils couchent,
qui bientôt après fe trouva taché , ce qui prouva que la femelle étoic
en chaleur.
Le 10 de Février, ces animaux s'accouplèrent, & on en prit noce.
Après trois mois de porrée, elle a mis bas un petit très-bien confor-
mé, mais qui efV devenu bientôt la viftime de la jaloufîe de fes hères
aînés. Ceux-ci fâchés des foins de leur mère pour le nouve.^.u né , l'ont
arraché de deffus fon dos , & l'ont jette ou laiflé tomber par terre
oii il s'cll tué. Le pcre & la mcte ont coclié le mort avec fuln dans de
la moulTe. M. le Marquis de Néelle l'a fait mettre dans un bocal
rempli d'efprit'de-vin, tel qu'il eft a(>uellemenc fous les yeux de
rAcadémie.
Tome XJy^ Part. IL 1779. A OUST, V
fî4 OPSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Dans les premier? jours de Juin , le pt*re & la mère fe font accou-
ples de nouveau ; il y a lieu de croire qu'à l'expiratioti des trois mois ^
teins de leur portée , la femelle mettra bas pour la troificme fois :
Ces (ortes d'animaux font fujets à l'épilepiie,
II fuit de ces expériences: i". que la chaleurartificiellc peut fuppléet
dans les pays froids à celle des climats ch.iuds pour la génération des ani-
maux , & cela n'étonnera pas tout homme capable de réflexion qui a été
forcé de voyager par le grand froid. U s'eft ceitainemeut appcr^u au&
les deHrs amoureux ne nailTenc pas au milieu des gTaçuns (i ). x*. Qu on
pourra à l'avenir appliquer ce principe à la multiplication des ani-
maux cttangers qu'on jugera ctre utiles dans nos climats. 3^.^ Qaon
feur actuellement déterminer dans riiifloice naturelle des Ouittitis,
époque de leurs amouts , la durée de leur portée , les circonftances de
leur naitfance, donnet uue idée de leurs morurs , & cnân délîgner la.
maladie à. laquelle les individus de cette efpcce font le plus fujets (t).
Je penfe que cela mériie l'attenrion des Naruraliftes, &: que Ie>
Savans & les Amateurs d'Hiftoire Naturelle doivent favoir gré à M. le
Nlarquis de Néelle des foins qu'il a pris, des dépenfes qa'il a faites âC
qu'il fait chaque jour pour lyultiptier éc varier des erpéciences dan&
un genre aulu iutécelTanc que nouveau.
O ) Ce feroit en vain qu'on m'obiefteroït cjo'il y a des erpèce* d'animans quî"
fc m.iltiplieiic dan* !c Nord .lu milieu d«s gUc« , icls que les Ours bl^itcs , icf
fienncs, tes Loups, &c. Car ce n'cfl ceminemeut pas pendant les grands froids de
l'hiver que CCI antmaiiï cnctenc en amour . mats pendant les chaleurs de l'^té ,
lefq'jcllcs qTioiqitc moins [ungucs, le font (cniir avec aatant de violence dans le
Nord pendant tes mois de Juiller & d'Août , ({iie dans les autres climats. On Hiic
3ur I» degrés de chaleur pendant l'été, dans quelque pays qtic ce putlTc jtrc ,
itfc'rent bciucoup moins comparativement que lc$ degrés de froid pcudant Tiiivcik.
31 n'y a que la Juiéc qui vaiie fuivani tes climats.
(i) Les OuiAitis , donc il cfl qccftion , ont tOMJouis été enfcrinés dans un lieu chaud
cil l'air n*a î*cnt-étrc pas été renouvelle avec aiTci d'etaflitude : les émanations de ce»
animaux Ton: fi abondantes qu'elles communiquent à rairoQfphcre du Cabinet une odeur
prerq.ie infourcnablc^il pouttoicbicn fc faire que cette odcur&i lacaufc delanuladic
qu'ils éptouvcac.
SUR Vff/ST. NATURELLE ET LES ARTS. J55
OBSERVATIONS
Sur la Miuc rouge de Cuivre;
Par M. Sag£.
Les expériences dont je vais rendre compte feront connoître que
U mine tou^e de cuivre, n'eft cju'une altération du cuivre natif, on
ce métal privé d'une portion de fon phlogiftique & tendant à fe dé-
compofet par l'efilarekcn-e , ce qui .ed conforme à' ce que Cronltedt
a die dans fa Minéralogie, où il aétînit la mîue rouge de cuivre,
Âiintra cupn calâformis pura ^ friabiliî vti inJttrata, colon rutro,
La plus belle cfpcce de ces mines rouccs de cuivre fe trouva dans
la mine de Prcdannali , dans la Province de Cornouailles. M.Lchmann
dit que fa couleur, fon tilfu & (es cryftaux font qu'elle reffcmble parfai-
tement i la mine d'argent rouge (i), c'ett ce qu'on peut vériher en exa-
minant les morceaux que je prcfente à l'Âcadcmie. La'mine rouge de
cuivre fe trouve dans trois états.
1. En cryflaux oûacdrcs tranfparcns d'un rouge de rubis 5 cette
efpèce a été nommée par Henclcel , mine de cuivre vtireuji rou.^e ; il die
qu'elle ed fî riche en cuivre , que ce métal y efl prefquc cour pur.
liitroducVion i la Minéralogie , Torft. x , pag. x 1 8-
1. En mamelons d'un rouge mat.
5. En fibres ou petits filets opaques , dont la couleur approche de
celle du cinabre ; cette dernière efpèce eft connue fous le nom de
éUurs de cuivre rouge.
Xa mine rouge de cuivre cryftallifce & tranfparente fe trouve pref-
que toujours avec le cuivre natif , dont elle n'efl qu'une aircratioji \ c'eft
une vraie chaux de cuivre qui devient noirâtre après avoir été
expofée au feu , & palfe i l'état de verre brun & chatoyant lorfqu'on
lui fait éprouver un deeré de feu propre à faire rougit le creufet,
Lorfque le cuivre paife de l'état métallique i celui de rouille verte
2u*on nomme patine , 00 trouve que fous cette efpccc de malachite
>iide , le cuivre e(l friable , & qu'il a pris une couleur d un rouge mat j
(1) Art des miacs métalliques, premift Votuioc, page 111.
X779, A 01/ S T.
t$tf OBSERVATIONS SUR LA PHYSiQUEj
cette chaux rouge de cuivre crydallife fouvent lorfqu'elle n'ed point
couvene de patine \ c'eft ce que je viens d'avoir occaCon d 'obfcrver dan»
des fragmens de cuivre dorc(i), qui avoient faic patrie delà jambe
de cheval qui fut trouvée en 17^6, dans la Saône , auprès de Sainte-*
Claire. H» rompant ces morceaux de cuivre , on trouve de petites cavi-
tés tapitrées de cryftaux rouges oftacdtes traMfpitens. La fur^ce de
ce cuivre qui n'écoit point dorée-, écoit endtùte de patine trcs-fîne.
Un fragment de ïambe de cheval en cuivre dore, que M.Rigaudde
Terrebafle a trouve dans ta Ville de Lyon j au mois de Novembre
I777, préfenre dans fa fraéVure des cavités avec des cryflaux rouges tranl**
parçns^^ quelquefois des cryftaux blancs tranfparcns qui m'ont paru
iclcniteux- M* de ta Tourette, qui a rendu compte à M. Becttn de U
découvert de cette jambe, dit qu'elle n'a aucun rapporc avec celle qui
4 été trouvée dans laS.ionc , que leurs piopocrion» fout encièremenc
différentes (*J,
L'analyfc comparée de la mine rouge de cuivre. Se des cryftaux
rouges de cuivre que j'ai trouves dans les fracmens de la jamije de
cheval, m'ont fait connoître qu'il n'y avoit ^omt de différence entre
(N5 dQux productions.
(1) 7e it«ns ces morceaui ilc M. de UTourettc, $ectétatre de l'AcaJ^ie de
tyon.
(t) Voici l'eietait du rapport que M. de laTourctte cnfirsrAcatWmiedcLyon.
H uut bien dtiHiigucr ce nouveau fragment de celui trauvé en 176^. Lcdemicrcft
une jambe toute ciuicra d'un dicval d'iii« grandoii ordinaire , au lieu tjMc le premier nv
cooiprcud qo'une gtao.l4 pociion de l'a.vaiit-bta-t du momoir , 5: un mocccau du cacoa
de cette mt-mc jjmbe. Le* prppotiions atuionccin un cheval iiLS-baui.dc fcp pieds
environ. \i cil: coulé en cuivie roîige [c:ouvtit d'une feuille d'or ircs-purâ fa fur-
face , altéra uu peu par le tcmi. Le dcilin en eft peu «aA, la dJCutnpofîuon du
euivte enfoui ajUl Iodc-icois dans les cntiAÏltct de la terre , a- dpnn^ naifTanvc à divei-
ics ptodu<^oas incérc|lantc«. On y voit de vraies nîalacbixs plui au moins épatées ,
du bleu 3c du vcrd de montagne, des cryl^aiix d'à lut de cuivre, ou fleurs de eu*-
vie bleues Si verccs trcs-ptononc^eï. Dam le« parties calfL'es* on appcr^oir auili qu'il s'cfl
fbrmé dans l'cpaifTcur di mtiat , dc5 cavliés doit qjclque^-unc» l'ont remplies de
malachites, d'autres lapilfces de cryfV.i;Jx plus gros cjuc les ptécédcrs dune crpccc
fl^oins connue . Se don: \i couleur approche de telle du grenat ou dt la rulune d'aifenic.
Dans le uombte , il s'en rrouvc d: [grisâtres , Se queiques-^is d'un blanc rrjnfpiretH
de forme prcrque cubique. Si on oburpc avec la loixpc les ponious de U fuiùcctiui Tont
décompofifcs ,on appcrcoit d'auiics petits ctyftanz rougeâties qui conirarncent à fc for-
mer fous les feuilleii d'une chaui métallique d'un rouge d'ocbrc brun. Ces divers
cryftauii , produits de la décompoliiion de o'iclt] .-es-unes des parties de •;€ culrre, peu.
vent faire foupconnctïfu'll n'ell pas cKtnpt d'alliage. — Cette notccO d'undet Auicuis
du Journal , qui a vu ce fragment de cuivre 9c qui l'a trouvé exa<3cmcnt rclTcmbtani 1
la derctipcîou que M. de la Tourctcc en a faite, 0(1 peut voit un prnt morceau Je ce
fragment île cuivre iu Cabîact d'Hilloire Naturelle de Saiotc-(îcncricve,qui s'enrichit
tous les jours par les foins de M. A. Mongct , l'aÎDc.
SUR VHTST, NATUREim ET LES ARTS. 157
Ces cryftaux routes cîe cuivre étant cxpofés nu fca dans un crcufet,
H^crépitenc , noircifTent de deviennent opnqtiesj pnr un feu plus vio-
lent, ils fe changent en un email brun chatoyant.
J'ai fondu de ces crylbux rouges avec deux parties de poudre de
charbon, Se j'ai reconnu qu'ils produifoient par quintal foixantcA: dix
livres de cuivre.
L'expérience fuivante démontre c]uc ces ctyftaux rouges ne contien-
nent que dû cuivre. J'.ii pulvértfé de ces cryftaux, je les ai mis dans
de l'ilkali volatil , ils s'y font dilfous enticremenr ; r.ilîuli volaril a
pris U plus belle couleur bleue.
Il reluire de ce que je viens de rapporter , que la mine ronge de
enivre eft femblable non-feulemenc par fa forme , mais encore parfes
parties intégrantes , aux cryftaux rouges de enivre rronv(^ âxns les
Fragmens de la cutlTe de cheval j &c l'un & l'autce pardiffènc produits par
l'altération du cuivre le plus pur.
L E T T R £
A Monfieur l'Abbé Rozier , Auteur du Journal de Phyfique;
Par M. LE Cahvs y Membre dts Acadcmies de Lyon & de Dijon ^If
Rueveur du Gattlies au Dcpartunt^ de Lyja.
A Lyott , U s ^tî/Ut I77J.
Mon
JSIEUR,
.. ..I
Votre Joum.il étant devenu par les (oins que vou« y dûnnez,^an
dépôt générai de toutes les Obfervatiotis des PhvficienS"& dès Watu-
tahftes ; voulez-vous bien permettre que j'y couligne une découverte
qui vient de fe faire à quatre lieueî dici. < . ..
On a trouvé à Vienne , en Dauphiné , en crcufant le; fondations
d'une maifon fut le quai qui cft le lonij du torrcnr des. Chères ,.«n«
uiine de mercure j au moins e(l-oh en dfoic de le foûpçonner" parMa
quantité de ce demi-mccal que l'on en a tirée. Ce qui pourroit feuteri
g-^î-P^
tout de cinabre qui accompagne ordinairement' à nfetcii^e. fl-pafdîç*
15S OBSnRFÂTlOKS SUR LA PîirSTQUS,
cependant s'y ctrc fublimc dans quelques endroits, & nvoir forme na
fit! mercunel que je regarde comme un fublimé corrofîf, par la cauf'
cicitcqae je lut ai reconnue .tu f;oût, n'ayant pu m'eJi procurer une alfez
grande quantité pour le foumcttre à d'autres épreuves. La gangue de
ce mercure ed, comme vous voyez, des plus {înguUcres, fie ;e ne con**
Jiois aucun minéral ainfi interpofc dans le tuf qui , comme vous favez»
ell nue matière qui fe forme journellement par les diffâentes concré-
tions que pioduifent les eaux. Jii examiné avec atientiun le tercein,
Çc je crois» d après mes Obfervadons , pouvoir coajeducer que le (îloii
principal pourroic bien ctre dans la monta{>nc , au pied de laquelle
fe trouve Le cuf avec le mercure. Alors , il feroit à picfumer que le
mercure, qui de fa nature eft crcs-pefnm & très Huide , aura pcnétré
à travers les couches de rochers , &c fe fera loge dans les |iores du tuf.
Vous counoiirez ce pays & vous faver que toutes les montagnes qui-
font aux environs de Vienne , offrent quelques indices de mines foi^i
de plomb foie de cuîvrc , dont pluHcucs de plomb font exploitées.
Au furplus comme on s'occupe de recherchée le lilon principal de
mercure, fe ne doute pas que les excavations que l'on fera pour ce(
effet , ne puilTenr nous fournir de nouvelles Obfervarions fur ta nature
de cette mine > doiir je vous ÎQtM parc dès que j'«R ferai inllruit.
J'ai l'honneur d'être, &c.
RÉFLEXIONS ET EXPÉRIENCES
Sur les Réflexions & Expériences de M. de la Folie, con»
cernant les Caflerolcs & autres Vafes néceffaires à Tap-
prêt des alimcns, & où on fuppofe la préfcnce du cuivre
^ de l'arfenic dans récain ;
Par U Sieur SàLMON , Maiui Potier 4' £ tain ^ à ÇkarinSf,
A nature des minéraux ne nous eft pas aJîèï connue pour pouvoir,'
par le feul taifonnement , inférer avec vente quelques conïcquences tirées
du peu de propriétés qu'on en connyît. Il ne faut tien admettre, fur-
tout en fiiic d'alliage de métaux , qui ne foit conforme aux loix d'affini-
té que l'expérience nous a fait connoîrre. L'expçaentç çft la gcomcttie
SUR VtlIST. NATURELLE ET LES ARTS, ijy
On lictlsns le cahi« de Décembrfc 1778, du Jourrrat de Phyfique ^
page 458 , un Mémoire qui a pour litre : Rèjî^xions Gr Expérie/ncs con'
cernant Us cajjeroUs & untrei viijii ncalfairn à t apprêt de aiimeis , par
M, de la Folie L'Auteur penfc qu'on a » Jugrfavec rairon,que le fer battu
n ctoit d'un ufagc trc5-(;iin, mais avec quel mécat recouvrir le fer pour
w le prcferver de U rouille ? hoc ôpus j h'tc lahor efl > l'ctamage ordinaire
n eft lui-même dangereuï pour la fantc , parce qu'il contient au moins
» une partie de plomb fur deux d'ctaiu. Se l'ciain lui-même contienc
» beaucoup de portions arfciiicalcs (1) «f.
l/impattialitc & la modedic qui caraétérifent dans Icrcfle TAureur d«
ce Mémoire , ne fe manifeftent pas ici : Se cependant une imputation da
cette natute mérttoit bien d'ctro appuyée de queloues preuves En etfèr »
elle porte une forte atteinte à l'ordre focial , en prévenant les efprits con-
tre un métj! qui eft d'un ufige Journalier , au moins dans quelques pro-
vinces, & que la modi<.iic de Ton prix ii:ecà la portccdu plus grand nombre,
( car on a beau ctre perfuadédc la falubriré d\\n métal , on nejjeut entendre
avec indifférence ûes hommes
mcme mctal contient beau;
fraye une route à la met
vail , & un moyen de fubfift.inco qui leur fait fupporter rincgalitc Mais
fans nous atrcter à ces points de vue , aon plus qu'à l'examen de Icta-
mage de TAuteur , Se des difficultés qui] y auroit à fiirmontcr pour
en filtre un objet de commerce & de travail libre, voyons lî l'Auceuc
a raifon de prollrire tout autre étamagc que le fien , même celui du fec
blanc , fous prétexte que Céiain contient beaucoup de portions arfeaicaUs,
D'abord la préfence de l'arfenic dans Iccain n'eft encore qu'un ppo-
blême qui n'a point ctcrcfoIu,& qu'aucune expérience n'a démontré
d'une manière pollcive. On prêfume ^ on a lieu de prejumer ^ c'eft aiuiî que
s'expriment les Auteurs , mais la prJfh'fiption n'c/î pas une déci fion ,commQ
le ait trcs-bien M. de la Folie, Il va peut-crre , lui , nous apporter en
preuve quelques expériences, ccoutons-te \ » ce n'efl, dit-il dans (1 nr&*
» micre remarque , qu'apràs une expoGrion de trois jours fous le roue
» des fayanciers ,que je luis parvenu à priver l'ctain de fes portions ar-
n fenicales. L'érain en nature qui fe trouva alors fous la couche d écaia
1» vitrifié , eft très-doux , & a perdu ce que l'on appelle le cri de I ctaink
u Alors j'ai remarqué dans cet étain des veines de cuivre , & [e n'en ai
m point été furpiis ^ car ptefque tout l'étaiu qui efk dam le commerce
(i) Ici on lit deux 8cc. SaÎToicnt appâte m ment des expériences que te Ré(ia£lcur
a jueé à propos Je rcTuacbcr. Scroit-ce parce (ju'cU«t a'étoicni pas nouvelles oa
qu'elles ne piouvoicnc pas L'alTciûoD ?
^y
\6o OnSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE^
vt coniienc du cuivre , & ce cuivre prive des parties arfenicales, reparoît
» fous fâ rormc iiaturclle ".
Il y a dcji quelque rems qu'un célèbre Cliymifte avoît prèfumê la prc-
fence de l'atrcnic dans Ictain \ il publia Tes foupi^ons 6c les expériences
auiyavoient doniic Iieu> 8c bientôt, entraîne fans doute par I'AUtoticc,on
acduit de ces expériences les inciiies conféquences que lui , &: r.iir«rcion
(le t.i prcfcttce cie l'arfenic dons rétain devint gcncralc. J obrervois ce
lucial depuis plus de douze ans , non pas à U vente dans des vues auflt
l'éuin , & me firent redoubler d'efforts pour y découvrir ce pciifon dan-
gereux , de la préfence duquel je ne m'étois pas même douté. J'cmployii
pour cela , fans fucccs , cous les moyens connus en chymie , & pour der-
nière refTource, je crus devoir m'en afTurer par la comparaifon. Je fis
donc l'cxpcricnce fulvante : bien loin de juftifier raHertion de la préfence
de l'arfenic dans rccnin,c!le dcmomre une inaHinicc , une anciparhtc dé-
cidée entre ces deux fubftances.
Jo pris de l'ctain neuf des mines, & aprtïs l'avoir, par des moyens
pour palier a travcr un tamis de crin, je pris 4ï Cï
3e cet érain granulé &: prefque réduit en poudre, & 6 gros d'arlenic
cryftallîn; j'arrangeai ces Jeux matières par lus dans un cieufet quej'ex-
pûfi\i i un feu lent en commençant i j'augmentai le feu p.ir degré jiilqu'il
ce que la maïfe rougît \ ayant agité à cet innanc le mélange
Avec une fpaiule de fer, j'ai eu un cutoc qui pcfoic i6 gros 44
gnins; les fcories croient granulées, j'ai jette delTiis un peu Aq fuif,
& ai augmente le feu , une partie de ces fcnries s'ell réduire , & j*,\i ob-
tenu de nouveau 10 gros j. grains j cnforte qu'il y a eu autour de 14
gros on 5 onces de perre, c'elt-à-dire. la moitié. L'alliage en fufion ,
coalc dans h pierre d'elTai des Hotiersd'ctain fi), a donne un petit lingot
qui rcilbmblott à une marcartite par le nombre de facettes que piéfen-
toit fa furface 'y il étoit plus calîani que le verre , & la caflure examinée à
la loupe étoit compofée de grains ifolés & rayonuans , qui aiinonçoienc
le peu de liaifon des parties. Mais cet alliage en fufion étuit fi épais.
(\) Cecc i>iefic d'eflai qu'on appelle au(G tjuclqiicfois licgotii^ eft de pierre de
tuff'iiut , ou de tonnerre*
qu'il
SVR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. itfi
^u'il 1 fallu m'y prendre à plufleurs fois pour en couler une (i) médaille
[ -dont je plis comparer le poids avec celui d'une mcdaillc de tncme
rVolume dccain pur. Celle-ci pefoic kîç grains, celle-là lo grains de
^idoins. Obfervez cependanr qu'on ne peur guère compter fur ce rapporr
• de denHcc, parce que cec alliage , en fe figeant dans le moule, bourfou^ty
■ce qui occahonne des vuides dans l'intcrieur de la médaille^ remarquez
.encore que le mélange de l'arfenic à l'écain n'a lieu que lorfque quelques
^iiibftances grades reriennenc l'arfenic qui 5'cvaporeroit,& le joignent i
^r^tain par leur affinité avec les deux. En effet , j'ai fouvent tenS cette
■opération avec de l'arfenic blanc cryflallin, Je n'ai jamais pu l'incorporer
isl l'ctain fans la proie^ion d'un peu de fuif qui rallcntit la fublimatiun
de Tarfeftic , en facilite l'union , & en cil enluite comme le lien : il y
fîa plus , n on enitciienc l'alliage en fulion y on voit l'arfenic fc perdre en
'fumée, & emporter avec lui une partie de l'ctain à mefure que les
matières gralfcs qui le tcnoienr uni le confomment, jufqu'à ce qu'enlîii
ce qui rcfte d'étain n'en contienne plus, & porte les mêmes caraékè-
res qu'avant le mclange- Après ces expériences , peut-on trouver à l'étaiii
'Une affinirc avec l'arienic, lui qui s'allie fi difficilement i notre métal ,
; qui le dcrruir lotfqu'il y eft allié, le rend aigre & caflant comme il fait
aux autres métaux , en un mot , lui donne des caraAércs (i ditférens qu'on
ne le reconnoît plus ? Mais allons plus loin , tous les Auteurs de Métal-
llurgie recommandent le grillage de la mine d'étain pour en fublimer
|-rarfenic,&: difentavec raifon que fi la mine n'en efl pas bien dégagée»
la réduûion du métal n'a pas lieu^ qu'il fe forme une matière patérife
,qui cncTafl'e le fourneau, boucUe la tuicrc , en un mot, fait manquer
[Topcration , ce que les Ouvriers appellent fain U cochon. Apres cela, il
n'y a plus , je croîs , à douter de l'inaffinité de l'arfenic avec l'étaîn , ou
du moins l'iniércr des Mineurs nous eft gavant qu'il n'en efl point lellé ,
& qu'ils onr mis tous leurs foins i en dégnger exaftemenc la mine dans
[Je grillage. Enfin , pour combarrre M. de la Folie par fes propres armes ,
|e prouve la falubrité de l'ctain par l'argument dont il s'ed fervi pouc
prouver celle du zinc \ il a fait des ragoûts dans fes calTeroles zincquées ^
il les y a laiffé féjourner, £c en a donné à manger i des anii-naux qui
n'en ont été aucunemejîC incommodés i & moi j'apporte l'expérience de
tous les tems , de tous les pays , de tous les jours , fut laquelle eft fondée
2a perfuafîon où on a toujours été de l'innocuité de l'étaîn \ j'apporte le
témoignage de la Médecine , qui ne fait qu'en faite pouc fon fctvice (i,'>
/
{■) C'cfl une malTe ronilc d'un diamètre le d'un volume dciermtncs , coalée danf
'UD moule de caivre , & qiU 91c fut à comparu Us atlia|^ck de l'étaûi par leur pefân-
leur rcfpcAJvc.
(i.) Je rcodrù compte , par abondant , d'une expérience que j'jû fain^ aux léfuU
Tom^ XIK Part, IL 1779. A O i/S T. X
^Ci OBSERP'ATIONS SUR l PHYSIQUE^
La ptércncc du cuivre ilans l'ccain n'eft pas mieux fondée \ prener'
g-irde, jx ne dis pas kî que le suivre ne peut pas &'.iUiec àlctain, je
jcoiitiois [[op bien la nature du métal de cloche , du bconze âcc. ; je ne
dis pas tntme t^u'îl n'y a p.^s dans le commerce, de 1 ctaiii qui poite uu
J7CU de cirivcc, |e fais que dans Taloy des Poriecs d'ctain il en entie un
peu , mais je dis que dans 1 cuiu , cet qu'il nous vienc des mines , il n'y
en a pas la moindce partie , & que les exptViences de M. de la Folie ne
f rouvetu aucunenieuc qu'il y en eût daiis l'ctaiu dont il s'cA: fcrvi. Pre-
jnièremcnc ^ dans toutes les cxpétieuccs que j'ai faites fur l'ctain de quel-
fiue pays que ce fut , je n y ai jamais apperçu la moindre portion de cui*
vie. Et puti, qui l'yauroit mis? ce ne feïuienc cecrainemenipas les ouvriers
dos mines ^ ils ne s amufent pas à £tire des alliages ', ou du miÂns , nous
pouvons ccre sûrs qu'ils n'en feront point de pareils , Çv nous fuppofons
qu'ils cuniK>illcnc leur vâitable intcrtt: &: cela > tant parce que le cuivre
A dans le commerce un prix plus liAut , que parce qu'il en rcfulteroit
qu'on ne pourroit pas fe fecvir ce leur étain dans bien des circonîlances.
in effet, les teinturietsfe fervent deraiu dilFout dans l'eau régale pouT
f-iirc leur teinture en ccatlatc , & qui plus eft , les chaudières pour cette
icinture doivent être d'ct.iin,6c cï'étam pur. Si cet ctaiu conteuoit une
partie de métal quelconque, & particulicrcnicnc du cuivre» ou (\ la
tats de laf]ucllc on ne s'attend probablcmenr pas ; c'cft la revivtfîcation de la chan*
d'ctain obtenue par la voie bumidc. Ayant fait dtlTouJrc daos l'eau régale de l'ctain
ptihlîc , comoïc j'ai [oujours loin <Je le faire de ccctc partie furabondantc de pblo-
jifliquc , & aprcs avoir fait évaporer la liqueur à feu lent jufqu'i (ïccicé , j'obtins
Une chaux qui ne cclloit de fumer au gtitlacc& ptcnoii ['bumidh^dc r.iir , cortodoic
Je* vafrt d'Atin dain Icf'jaeU je l'ivois mîTc , donnoii à la fublimarion une poudre
blaacfae qui ptcnoii audl j'huraiiliic Je l'air Se répandoii l'odeur du Cc\ ammoniac. J'ai
4ais cette cbtuK dans un crciirct pour ia revîvibcr , ea y joi^nt te moins de ma-
tiètes inHâramablcs qu'il me fut pofTibJc , afia que celles du dtllôlvanc s'incorporaOeot
AiicuY au racial: t.i rcdui^ion faite , j'ai vctfif Putain dans une Hnzotiérc,& il ne ma
£3iat di^rer en rien dc^ autres ^taîns obtenus de idducVon , foit d'après une diflo'
irion ou «ne calcination. Je 1« mh entUite en digdbon pour en dégager U panie
fjrsboodaotc de nucicrci inAammablcs , Se alors , cet ctain cAayé a la pierre , ne
douiM aucune teinte fur ùt fur^c Se rcircmbWic en tous points à IcMatn le plus pur.
Tel cA le r^fulcat lic i.<ttc cvpciicKC \ l'cuîn ne fe trouve pts tocme împtégué des ma*
tîères du difTalvznc qui a tant d'afBnitt^ avec lui. Le feti les a confomm^cs toutes.
Cette eipérîencc cft d^cifîvc , elle démontre clairement dcu» chofes j prcmiêtcmoir ,
que ritain t^uoiqMc pénctid dans l'on état de minerai ou de chatix , de fubfVances iftrjn'
ijcrcs mcme inSiitmciu attMuécs , n'eu rc:icnt pas le moinlte atome aprcs fa rtîJuc-
rion, flc qoc le fcti confommc tontes les matières hérémpincs . S: premièrement l'ar-
fcniç qui de fa nature cil très volatil , &: n'a pniot d'aiTiniic avec IVrain. E!Ic difmoii-
tte en lêeond lieu, qu'un m^tal ne doit fi conhftancc métallique qo'au principe inflatif
imble qm lut dontïcoti caujfie^m ou aciJum fingue , que le rooiaft de l'air onde*
«cidcs paiticnlicrs à chaque métal (cluu l'aibniié peuvent enlever, comme yi l'ai
I •blxrvé plofipiK fou dons te couu dit Mimoéi^ i > ^ •
SUR rniST. NATURELLE ET LES ARTS, ifij
cliaudière croit de cuivre j la coulenr perdroir beaucoup de fou éclat, ou
changeroit mcme toralemenc. Aiiill , il eft premièrement démontré qu'il
n'y a point de cuivre daiw l'écain tel qu'il furt des mines pour entrer dans
lecofpmerce. Jcdis en fécond lieu, que rexpeticncedeM.de la Folie ne
prouve aucunement qu'il y en eût dans l'étain dont il s'eft fervi. Cctre
expérience efl l'expérience générale, conrcnue dans la première remarque,
citée tout au lonç au commencement de ce Mémoire. L'Auteur croit
reconnoître le cuivre i ces nuances jaunes qu'il a. remarquées fur l'étain qui
arefté fous la couche prétendue vitrifiée (je dis prétendue vitrifiée, car
cour le monde fait que 1 ctAtn ne fe vitrifie que par l'addition du plomb
ou de quelques terres vicrifciblcs. Ce métal ell au contraire dans les vaif-
feaux fermes ) : il s'cH trompé , ce n'écoit point du cuivre ; voici ce qui
arrive dans l'opération : la grande chaleur a calciné la furface , ce qui a
forme une croûte qui a fermé lont accès à l'air ^ & a empêché le refVe
de fe calciner \ pendant ce rems l'étain a pris une quantité futabondante
de phlogifticjue ou à'addum pifigae qui lui a donné cette couleur jaiuie ,
& augmente le cri de l'étain» comme M. de la Folie s'en feroit appcr^u,fi
au lieu de lailTer l'écain fous le fourneau jafqu'à lextinâion du feu, il l'eue
reciré le premier jour ; niais pendant l'eCpace de trois Jours , le feu venant
^ diminuer &c l'écain refroidillanc par degré prefqu'infenfiblemenc , a
éprouvé une leaie digeilion qui l'a adouci 8c lui a oté fou crL Mais la
couleur jaune , effcc Je VaciJum p':n^ue , a rcfté , parce que l'air dont le
contact a été intercepte pendant la digcttion par la coudie calcinée , n'a
pu l'enlever. Si M. de la Folie eiJt expofé cet étain à l'air ou à l'aâion
des acides ou du nlcre , ou It pendant la digcflîon de fon érain à un feu
feulement fuHifint pout le tenir fondu , il avoit permis i IVff
^'en fécher , la furface, il auroir bientôt vu fon cutvn difparoîtie
comme le cri;*: fi après il eût fournis ce même étain aux procédés
contraires, c'e[i-à-dite, s'il l'eût fournis A im feu violent dans un vaif-
£cau fermé , il Ttiutoit bientôt vu reprendre £c fon cuivre Se fon cet. Mais
une chofe qu'on n'a peuc-vire point encore remarquée, c'eft que cette
matière phloeilHquc furabou'f'wintc , appeliez -la comme vous voudrez,
augniente la denfiié du métal , lai donne de l'ait^rcut &c. ,& qu'on en a
abfolomenc dépouillé le méc^l ; «I ell alart dans ion plus iîauc Àtia,ià,
d'extenfîbilicc , de duAilitc , de légèreté &c. ^ les rapports des poids font
alcnrs comme tSj à itfj. VorLi, je crois, ce que j'avois mis en avant
bien démontré, qu'il eft faux de clire en général que prcfquc tout l'ccain
qui eft dans le commerce contient du cuivre , & que l'expérience de M.
Je la Folie ne prouve aucunement que l'écain donc il s'eft fervi en contînt.
Voyons m<uncciunt ce que dit M, de la Folie fur la conipollcion des
nouvelles cafferutes en métal blanc. Quoiqu'il ne nomme pas Tlnventeur
de cet alliage, on rcconnoit aifément que l'Auteur ùk alluHon d celui
dont le rapport des Commiflaircs nommés pnr l'Académie pour l'e-xami-
J77?. A OUST. Xi
i(î4 OSEny ATIONS SUR lA PHYSIQUE,
ner , eft inféré Hans le cahier de Janvier 1 778 , pa^e 74. Voici ce qu'il en
clic:» Je crois que l'Artiltc peut cmploy ci la cadmie des fourneaux des fon-
1» deurs en cuivre,.iu lieu d'eniplojcr le zinc pur. Alors cette cadmie revi-
I» vifice par les flux , pourroit touniir quelques portions de cuivre qui fe
» d^cclenc dans l'expérience (1). LaptcfomptiondeMM.lesCommifTai-
I» res n'eft pas une dccifion , & nonobflant leur dccifion , j'aurois acheté
w de ces caiTeroles avec confiance , vu qu'en divccfts circonftances , j'ai
» reconnu la falubcitc du zinc, mais voici les raifousquime dégoûtctcnt
M de cet achat.
*» Jehs difToudreun morceau de cet alliage dans de l'eau forte ou acide
Il nittcux , j'ajoutai à cette dillolution trois parties d'eau. J'en pofai enfuite
jy une goutte fur une lame de couteau bien nettoyée. Il fe forma une
» tache cuivreufe brillante; je lavai fur-le-champ la lame du couteau uns
« relTuyer>& la couche cuivreufe refta très- fenlible. Comme cette couche
» n'ed pas cpailTe , fi l'on etTuye la lame du couteau , les portions de fer
w dilToutesfur cette lame abforbem la couche cuivreufe» & l'oii ne voit
w plus qu'une tache noire '<.
Je n'ai noinr dccompofc le meta! des nouvelles caflcroles que M. de Iz
Folie prétend fufccpcible de dilTblution culvrcufc qui le lui f^iit profcrire.
Une pratique conftante & des obfervations journalières m'onr donné*
alTez de connoilTance fur ralli3c;e des métaux , pour diflinguer â la couleur ,
fie au grain le métal qui fait la bafc d'ime compoficion, & par l'affinitc
celui qui y eft allie. J'examinai donc bien aiteniivement une caflerole de
_. Il- ."^ - _.-„ -f •. f ...n: .i. 1 rii.\.
ce ne pourroit ctre que par l'ctain qu'on a employé à fa compofition j car ,
comme j'en fuis convenu plus haut , l'crain fin ^brique en vaiHelIc
en contient quelquefois , mais dans la proportion dune livre par cent
feulement^ car, pour l'ctain de commerce venant en fa wnons des mi-
nes » il n'en contient point comme je l'ai prouve ci-delTus. D'ailleurs
a le cuivre cntroit dans ce compofé, il y occaHonneroic un déchet
(1) Ici je tnc contenterai de remarquer que ceux qui conooiHcnt les opérarions
de la fcvîviàcation pai les flux , feront bien éloignés de pcnfcr qu'on pcui l'adraettrc
dins les Fabriques , parce c]ue fa cherté cxcédcroit de beaucoup le métal qu'on en
obEicndioic
(1) On me faara pcui-ctrc maiivaiç txé Je mon (îlcnce fur la compofîtion de ce
«nétal , mais il parolt que l'ènvcmcur eu bieii-aife q-i'on l'ignore, Aa rcftc , lorfqijc
l'Académie aura fait imprimer l'Art du Potier- d'Etain qu'elle m'a engagé de décrire
après l'approbation de la picmitrc patrie » 00 y trooTcfa la compolition de ce
milil Ac les aumipulaiion» qu'il cii|^e pour éite traité en ullenUcs de cailînc.
SUR l'HIST, N^TURFlin ET LES ARTS. «5
conddcirable , ce qui donncroic ^ ce mctal un plus hâuc prix que celui
de 10 à II r. auquel l'Auteur La fixe. Il en f^uc dire aucinc 6c plus du
aine : cK s'il y en enrtoir, il y occafionneroic, pat fa volacititc & fon
inaifinitc , une perte beaucoup plus grande. Les foup^ons de MM. les
Commllfaires n'ont donc aucune réalité, & M. D... . ne faifoit donc
que battre l'air lorfqu'il fe récrie contre le Jugement de l'Académie ,
en raifonnant avec les CommiïTaires comme fi le zinc étoic en effet la
bafe du compofé.
J'ai fait le compofc comme je le concevois poÛiblc , & j'afTure qu'il
cil en tout fcmblable à celui des nouvelles ca^eroles. Il efl fixe au
il s'ed fait une forte cbuUition accompagnée d'exhalaifon de l'efpric
de nitrc : vu à la loupe , on appercevoit particulièrement à la circon-
férence de petits globules qui relTembloienc à ceux de mercure crud,
ainfi qu'on l'obferve dans toutes les dilfolutions de ce gente, & ces
globules en quitunt le morceau de métal , laiiroient d l'endroit une ca-
vité , de manière que dans l'eTpace de vingt-fix minutes durant lequel
l'ébulUtion n'a pas ccflé , toute la furface du métal ctoit remplie de
petites cavités, tefqaelles vues à la loupe étoient aiguillées au lieu de
mié &c compare qu'étoit le grain avant la diffblution. Le précipité
étoic une poudre notre que l'acide nitreux a décachée de la fupecficic,
fans attaquer l'intérieur ni même l'autre portion méullique de l'alliage
avec laquelle ce diflblvaiit n'a point d'aninité. J'ai bien mis une goutte
de la diifolution fur une lame de couteau , il s efl. formé une couche
de couleur jaunâtre après l'ébullition , effet qui a lieu toutes les fois
qu'on met de l'eau-force fur le fer : mais la tache n'croit pas cuivrtufe
& brillante , comme le rapiïorre M. de la Folie. Au refte , je ne dis pas
pour cela que la relation de M.
erre l'efprit de nitte dont il s'eft
noii-elle un peu de cuivre en diflblution.
de la Folie foit faufTe^ mais peut-
fervt on l'cau-forte ordinaire conte-
iè6 OSSERFATIOK^ SUR lA PHYSIQUE^
:^^^^-^
NOUVELLES LITTÉRAIRES,
PRIX
Propofls par différentes Académies,
J-i'AcADiMiE des Sciences de Paris, avolt propofé pour fiijet du
T?rrx de 1779 , de donnci: d la Thcorte des Machines fimples, cna.yaat
»» cgaid au frotccmenc de leucs patiies , & à la roideur des cordages <«.
Elle avoit exige de plus; w 1°. çiue les loix du frottement > & l'examen
Il de l'effet rcfultant de la roideut des cordages , fiiffènc déterminés
I» d'après des expériences nouvelles > & faites en grand ; i*. aue les
4>ckpcriençes fulTènt applicables aux ^lachines ullfecs dans laMaiîac,
» telles que la poulie, le cabeflon , & le plan incline «.
P'iulieurs des picccs qui ont été- préfentces au concours renferment
des recherches cliimables. Mais en ccuéral, il lui a paru que dans ces
différentes pièces, les Auteurs ne sctoient pas ruflifammcnr attaches à
templir, d'une manière utile pour la pratique ( ce qui eft le but princi-
pal de la qucHion ) , les divers objets énonces dans le Programme.
L'Académie croit donc pouvoir exiger de nouvelles recherches fur
ce iujet , qu'elle ptopofe encore pour l'année 1781 j eîle invite les
me de 1777 , que le prix ne fera point accordé aux pièjcj qui ne con-
tundroient qu'une théorie purement muthématit^ue & abjlra'uc , ou même
aucune thiorU fondée fur des expériences déjà connues.
Le Prix fera double, c*eft-à-dire, de 4000 liv. Les pièces feront écri-
tes en François ou en Latin , & adreffées au Secrétaire de l'Académie ;
& elles ne feront admifes au concours que jufqu'au premier de Sep-
tembre 17S0.
La Société Royale de Médecine, avoit propofc le 17 Janvier 1778,
pour fujet d'un Prix de 300 liv. »»de déterminer quels font les rapport»
*> des Maladies cpidcmiques avec celles qui furvienncnt en mcme-tem$
i> & dans le même lieu , & qu'on appelle intercurrentes ; quelle's
w font leurs complications &c jufqu'i quel point ces complications
SUR VHlSr. h^JTUREllB £T l^S MTS. H7
»» doivent inHuer Air le traîcemeut"? N'ayant pas i;tc r^tishute Jes.Mé-
TOpires qui ont crc envoyés, cWc propofo da nouveau ce PrograDame
pour fujec d'un Prix de U vaJeor de ûoo liv. qui fera dilhituç en
178 [.dans li Séance pubKque du premier Mardi de Carême. Les Mé-
moires feront remis avant le 1 j Novembre 1780.
L'importance & les difficultés que cette qucôitni préfente ont ^nca^
fia Société à doubler la valeur du prix, & i donner deux ai^ de oé^i
pour travaillée 1 y répondre.
L'Académie Royale de Cbirurgie d.e Paris, a propofé pour fqjet de
Prix pour l'année prochaine, » d'Expofcr les effets au mouvement &
7> du repos , les inclicaiions fuivant lefquelles on doit en prefcrirç i'ufage
» dans la cure des malatlies Chirurgicales". Le Prix fera douhîc : deux
Médailles de 500 liv, chacune*"' • '-'
L'Académie Royale des Infctiplions & Bçllej-Lettccs de Paris pro-
pofé pour Pâques 17S1, « de Rechercher ce que les Monumens nif-
jj toriques nous apprennent des changcmens arrives à la fiirftce du
» globe par le déplacement des eaux de la niet«. Le prix qm c'a une
Xlcdaille d'or de la valeur de 400 Uv. fera double. Les pièces aft'mn-
cliies de tout port jufqu'd Paris, feront remifes entre les maius de M.
Dupuy , Secrétaire perpétuel de TAcadémie, avanc le premier Décem-
bre 1780; ce terme eft de rigueur.
Ptix- pi opojis par VAtadcmit dz MarftiiU.
Voici les fujecs propofcs pour 1780. » Un Mémoire fMtlesavxn-
Il tag^cs & les inconvéniens ae lemploi du Charbon de terre ou de
1) bois dans les Fabriques \ la Defcription des diH^rentcs mines de Char-
»* bon qui font en Provence , ^ leurs (qualités <^. Prix double.
Poux 1781 : 9>Ua Mémoire fur les caufes qui peuvent dimlauer
M la profondeur du port de Marfeille , les moyens d'eu prévenir \ts,
M e^ers & d'y remédier <'.
Pour r/Si: >» XJn Mémoire complet fur la culture de l'olivief ,13*
)» manière de le tailler, pour qu'il rapporte annuellement des fruits ej|
I) quantité plus égale : la meilleure manière d'extraire l'huile des olives^
» cmt pour la quantité que pour la qualité , & une notice des difTé^
»i rens noms qu'on donne i chacune des différentes efpcces d'olives
» dans les diffécens lieux de la Provence c.
■"Pbiit'i78j; i> Un Mémoire fut les moyeos de renouveller le? boi^,
ï» en Provence c«
iS9 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Et pour 1 784 , fujet propofc cette ann^e : » Quelles fout les efpcce*
» de vers marins qui attaquent les navires dans tes divers ports de b
1» Provence, & quelle feroit Li méthode de les en préferver».
L'Acadcmie demande des faits conltatés par des expériences. Chacun
de ces Prix e{l une Médaille d'or de la valeur de 500 liv. portant d'un
côté le bude du Duc de Villars , qui les a fondes » & au revers ces
mots : DoSarum primia frontium. On adreffera les Ouvrages à M.
^plourailJe, Secrétaire perpétuel de T Académie de Marfcille.
L'Académie de Caen propofe pour fujet du Prix qu'elle diflribuera
le Jeudi 1 Décembre de cette année 1779, la queftion fuivante :
» Quelles font les branches de commerce qu'il feroit le plus facile
» d'établir à Caen , & à'y étendre relativement au fol du pajrs, à fcs
» productions, à fes débouchés actuels, à ceux qu'il efl poÔible de lui
M procurer , ainfî qu'à {qs IoÏx , coutumes & ufages j & quels feroîenc
« les moyens d'y parvenir**?
Le Prix fera double >c'cft i-dire , de 800 liv, pour le meilleur Mémoi-
res fur l'objer propofé. On fe réf«rve cependant le droit de partager
cerre fomme encre les deux premiers, s'ils fe trouvoîenc d'un mérite
ipeu-pr^s égal.
Elle avoît propofc pour 1778, un autre Pcix de 400 liv. à l'Auteur
du meilleur Mémoire fur cette queftion : » Quels font les arbres, lc$
n arbudes &c les plantes qui croirïant fur le rivaee de la mer , fans avoir
I* néanmoins belom d'en être baignés à toutes les marées , pourroient
w Être employés à la conftrucHon des digues & étais néceCTaires fur
M les côtes, & le long des rivières danslefquelles la mer mnnte, pour
H défendre de fes irruptions les terreins qm les bordent ? Quelle cft
» la culture de ces arbres, arbudes & plantes, & quel feroit le meil*
I» leur moyen à employer pour en former des digues , à la fois les
» plus économiques & les plus fufceptibles d'une rcfidance confiante
»» hc progreflîve"?
Comme cette matière demande de grandes difcuflions pour erre
traitée d'une manièic convenable, des Auteurs qui s'en occupent, ont
demande , pour faire des expériences , un délai que TAcadcmic a jugé \
propos de leur accorder: ce fécond Prix fera donné le même jour que le
précédent. Les Mémoires feront adrellcs , franc de port, avant le premier
Novembre , à M^ Moyfant , Secrétaire perpétuel de l'Académie , ou
fous lenveloppe de M. l'Intendant.
L'Académie Royale des Sciences & Bçlles-Lettres de Berlin a ren-
voyé d'ici à deux ans le Prix fut le Senet di changer U fubh ui p^fff^» «.
Programma
SUR L'flIST, NATURELLE ET LES ARTS, tC^
Programme de la SocUU tCAgrUuiture itahlle à Âmfcrdam^ 1778.
La Société d'AgnciiIciirc i Amftârdam a adjuge, dans Ton Aflêniblée
du 29 Septembre dernier, le Prix de 40 ducats qu'elle avoit promis à
celui qui auroit inocule la plus grande quantité de veaux, nés de va-
ches rétablies dc'jà auparavant de la maladie qui afflige nocre êtes bétail ,
& qui > des leur nailFance , n'avoieiic pas cté expofcs à l'air libre , à
Geert Reinders, Cultivateur à Carnwen dans la Prtrvince de.Groninguej
lequel a démontre , d'une manière fatisfaifante , à la Société , qu'il avoic
inoculé avec un fuccès très-heureux 4^19 veaux.
Pleinement convaincue cependant que le nommé Jan Dezuyen»
demeurant à VOudc f^aenrrg , avoir inoculé avec un fuccés é^alauent
complet y Gr pour fin propre compte, trente 6* un veaux, elle a juM devoir
récompenftfr les foins louables de ce dernier d'une marque diftînélive
de Ton approbation. C'eil pourquoi elle la gratifié, fans lavoir promis,
d'un prix de 30 ducats.
La Société publiera , avec le Tome produin de fcs Mémoires , une
xelation en abré;:c d^s inoculations mentionnées au-delfus, comme aurïî
de celles bue M. E. Alta. Miiùl^re du St. Evangile à Bofum en frije,
A cntrepnles , Se lefquelles il a bien voulu communiquer à la Société
fans concourir pour le Prix. Et comme les fuccés conftaiés de l'inocu-
lation lui prouvent de plus en plus fon utilité pour la confervation du
bétail, elle a réfolu d:^ propofer encore une fois un prix de 40 ducats
à celui qui aura inoculé depuis le premier Janvier 1779 j^fqu'au pre-
mier Décembre fuîvanr, la plus grande quantité de veaux ( pas moins que
treiîte,^avec le fuccés le plus complet, & qui lui aura envoyé les témoignages
Se les preuves requif s avant le premier Mars 1780. Le feul G. Rem-
ders, comme ayant déjà remporté un Prix i ce fujec , cH exclu de
concourir pour celui-ci.
Par rapport à la Queftion (que la Société avoir propofée au Public,
pour y répondre avant fe premier Juillet 1 77S.} Quelles fint les propriétés
des différentes fiitcs de lEquifetum , connu chei nous fius le nom de
Heermoes , L'njec, o« Katteftaart ? En quoi conjtjlcnt la nature 6* la qua-
lité des parties de cette plante 6* de fin accrotffèmcnt? Quel préjadiie
caufe^t'Clle aux pâturages & quel ejl le miilUur moyen , prouvé par l'expé-
rience^ pour l'extirper de la mamkre la moins coiUeufe? Elle avertit le
Public qu'elle a reçu plulieurs Mémoires fur ce fujet, ûntr'autics un fi^nc :
Pater ipfe coUndi
Ilaud faciUm ejje viam volait j primit/que per artem
Movie agros j curis acuens mortalia corda,
ViRG.
Tome Xir, Pare, II, 1779. .4 OUST, Y
I70 OnSERrATIONS SUR LA PIirSJQVE,
Ez un autre portant pour devife:
De Unjcr die lut Land bederji ,
Kofi mcjl tn arbeid «/ ^ P<''fi'
Quoique ces deux Mémoires , tant par leur exaâitude , que pat fef
preuves inccrefTanrcs qu'ils conciennenc , aienr paru dignes à U Société
dccre diftingucs, cependant aucun n'a repondu w«c/-MïMr , félon fort
avis , à la gueftion propofce. Pour pouvoic donc procurer aux Auteurs
des Mcmoires reçus une occafion légitime &: favorable pour fupplcet
ce qui paroilfoic ctre défeC'ïueuXj la Société a réfolu de diflcrer Tadju-
gcment du Prix proporc,& de laiiTer tous les Billets fermés & cache-
tés jufquU Tannée prochaine; afin que les Auteurs puilfent lui envoyei
leurs fupplémeiis , leurs éclaitciircmcns , & leurs expériences plus dcci-
jîves avant le premier Janvier i7!îo , pour qu'elle puilfe , après ce ter-
me, prononcer fon jugcmenr à ce fujet.
Et afin que l'on n'îgnore pas ce que la Société detîra principalement,
outre les expériences déii faites» qu'on mît dans un gtand jout , elle
penfe qu'on pourroir examiner d'une manière plus claire & plus déci-
îive comment cette planre périr ou peut ctre extirpée. Aulfi la Société
dehreroit*eUe un détail plus cîrconïbncié du dommage que cette plants
caufe aux bctes à corne, & des fymptômes qui en téfultent.
De plus , la Société a réfolu de propofcr au Public ces deux quef-
rions , la première : Quelle ejl la manière la plus avantagtuje pour def'
Jccher des terres baffes & inondées, jufqtià ce qu'elles foient divifées par
des fojps.* Pour y répondre avant le premier Décembre 1779.
La Seconde : Quel cjl le meilleur moyen de cultiver des terres bajfes ,
•& deffiehèes nouvellement , après qu^on les a divijies par des fojfét , 6*
de Us accommoder de façon quelles putjfent rendre un profit ccnjhnt &
durable à leurs prdpriéiains ? Pour y répondre avant le premier Décem-
bre i7Soi
La Société attend, avant te 1 Juillet 1779, les réponfes à b Qucftion
propofée en 1777 : Quels (ont les diagnojlics de lu Maladie dis Bre-
bis y connue fous le nom de foie douve, en HolUndois Oogatïs? Quelles
tn font les caujèsy les pré/en atifs 6* les remides?
Le Prix > que la Sociécc delïine i celui des Mémoires qui lui Te»
ronr remis , qui aura le mieux iluisfaic à ces Quedions , conlilUra en
une Médaille d'or de la valeur de 50 Ducats, frappée au coin de la
Société, avec le nom de l'Auteur, ou bien en une Ibmme de U mcme
valeur, avec une Médaille d'argent, i fon choix.
Au cas qu'au jugement de la Société aucun des Mémoires n'ait
mérité le prix fur la queflion propofée , elle fe téfetve le droit de la.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, ni
propofer une féconde fois j ou non. Si elle juge aue deux des Mcmoi-
notilîce dans un papier public de Nouvelles.
La Société •^- ' "" "■'- *^^J-="- ''-
iécé gratifiera auflî d'une Mcd.iille d'argent ceux qui lui
clqucs découvertes utiles fur l'Agriculture 8c qui en ap]
proerès fuivant l'expc^cience.
fouc-
appuye-
ntront que
ront les progrès luivant 1 expe
Les Auteurs, qui concuutront au Pcîx , ajouteront à leurs Mcmoi'
rCs un Billet cacbetc , comeuanc leui Nom & leur Dememe , marque
en-dehors d'une Devife » qui fe trouvera à la fin de leur Alcmoire.
lis feront écrits en Hotlandûis ^ en Latin ^ en François ^ en Anghîs
ou en /4!ùrTjand, 6'unc manière lifible, ainfi que toutes les autres Pièces
ou Avis qui feronr envoyés à la Société, francs de port & adrelîïs i
M. Jérôme de Bofch , Jeronimusz , fur le Keiierjgragt ^rès ,d\i Kfiçtf-
traai , ou à M. H. Calkoen , Avocat » fut le Kd^erJ^ra^t près du
Bccrepruat , Sicutaires dt, la Sociéti d^Agncultun à AiujUrdam.
L'Acadcmie des Georpifilt , de Florence , propofc pour le fujet du
Prix qu'elle diftribuera l'année prochaine, de dcccrmniec les « vcrita'
•) blcs théories fur lefquelles ont doit établir les évaluations des rer-
»> reins , de manière qu'elles puifTent fervir de règle aux eflimeurs
r* dans la pratique « \ les Mémoires doivent erre rerais à Al, le Comte
Pitire Picrucci » Secrétaire des Dépêches , dans le courant du mois
d'Avril procluin.
Les înfeclcs d Europe peints d'après Nature j par M, Erneji , gravis
par M. Gerardin , 6* coloriés Jhus leur dire3ion, Prciniemc Partie ^ Us Cfu-
nittes , Cryfaitdes 6* Papillons de jour décrits par L. B, P. Engramel/t.
A Paris , cfie^ M. Cerardin , rue de la Harpe , à f ancien Collège de î^'ar*
bonne. Cette féconde livraifon contient, comme la première, 1 1 gravures
& leur explication, précédées d'une diflertadon fur l'éducation St% Che-
nilles ; elle fera grajid plaifir à ceux qui veulent fuivre les métnmcB-
phofes des Infectes, connoître leut vie & leurs mœurs. Il eft impof-
lîble d'avoir des gravures mieux enluminées &c plus analogues à laiiclicirê
des couleurs & des reflets que la natute prodigue avec tant d'élégance
fur les ailes des PaoîUons. La plus fcrupulcufc imitation a prélidé aux
DeHîjis comme à l'enluminure. Nous le répétons avec plaiHr, la beauté
de cet ouvrage le difpuce à celle des Collerions en rour genre qu'on a
publiées chez l'étranget , & elle occafiouoe déjà plulicucs variétés de
Papillons inconnues en France.
171 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c;
TABLE
DES ARTICLES
Comfinus dans ce Cahier.
U VITE du Mémoire fur l'Education des Troupeaux & la culture des Laines;
par M. R. D. L, Infpecltur-Général des ManufaUures de Picardie ^ & des
Académies de Rouen ^ de yHlefranche en BeaBJolois y &c. gp
Mémoire fur la force d^impuljicn des Torrens ; par M. AvhKY , Ingérueur
en chef des Ponts & Chaujjees de Brtffe , &c. loi
Mémoire fur un Para - Tnmbicmtru de terre & un Para-Volcan ; par
M. BtRTHOLON DE Saint- Lazarb , </« Académies Royales des
Sciences de Mon/pellîer, Bé:^iers , Lyon ^ Marftillc y Dijon ^ Nifmcs ^
Touloufe , Bordeaux , ô'f. i \ t
Defcription de trois Enfans monjlraeux ; par M, de Pestalozzi , Doi*
teur en Médecine. m
Premier Mémoire fur une nouvelle efphce de gas inflammable ; par M.
Neret, Fils. \x6
Lettre fur le Problème de la tranfmutation de Veau en terre; par M. Va-
SELTON. 135
Defcription d*un rtouvel Eudiomètre ;par M. Gattay. 136
Ejjaifur les moyens de rendre la Navigation du Canal de Languedoc plus
aifée ; par M. Geoffroy', Dirccleur du Canal, & de l'Académie des
Sciences de Béliers. 140
De FASion de l' EUcîricité fur U Corps humain ^ & defon ufage dans les
Paralyftcs; par M. Gerhard, 145
Second Mémoire concernant des Expériences faites par M, le Marquis os
NÉELiEjywr la- multiplication des Animaux étrangers par l^moyen d'une
chaleur artificielle^ lu à t Académie Royale des Sciences, Ici^ Juin J 77> \
par A/. U Comte de Miily. 153
Obfervations fur la Mine ro^Jge de Cuivre ; par M. Sage. 155
Lettre à Monfteur CAbhé R j«ier , Auteur du Journal de Phyjîque ; par M,
le Camus , Membre des Académies de Lyon & de Dijon. 157
Réflexions & Expéruncts fur Us Réflexions or Expériences de M. de la Folie ,
concernant les Cafleroles & autres Vafes nécejfaires à f apprêt des alimcns ,
fi» où onfuppofc la préftnce du, cuivre & de l'arfenic dans létaia, 1 58
Nouvelles Littéraires , 1 6tf
APPROBATION.
J'Ai la, par ordre de Monfcigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a poor
irrc : Olfervaùons far la P^fqae , fur rWJioire NaturtlU & fur les Arrt, &c. j
par M. CAbhi jRoz/an, Oc. U CoIIcftioa de faits imporuns qu'il offce pétio .
dioucnient i les Lcfteius , mcH:ç l'accueil an Savaiis i en conféqucficc , J'cfiime 4u'oq
peut en pcrmituc rimptcffion. APaiis, ce R Août i77y«
VALMONTDEBOMAR-E.
JOURNAL DE PHYSIQUE.
SEPTEMBRE 1779.
ir^ifTv'
LETTRE
Sur les Feuilles fcminales Se fur la Circulation de h Sève ;
Dt M, VàSteLj dt U Société ÀcaJêml<iuc Je Cherbourg, /fjfocié Hono'
raire de la Socièfi RoyaU d' Agriculture d' A nch ; à M. foVGEROUX
DE BOUDAROY , de f Académie des Sciences,
J E viens de lite la Phyfique des Arbres. Cet ouvrage eft une Collec-
tion précieufe de toutes les Obrcrvations anciennes &c modernes qui
peuvent fervir à faire connoîirc la ftruûure & l'cconomie des vcgc-
raux. L'Auteur y a joint fes Obfervations propres. Se celles-ci font ea
tccs-grand nombre. On ne fait ce qu'il faut admirer davamage, de fou
afliduité & de fa patience infatigables à obfervet , ou de la faeaticé
avec laquelle il confulte la naturel lui arrache quelquefois des iecreu
àmportans. U ne marche jamais que le flambeau de l'expcrience'i la
main. S'il difcuce les anciens fyftcmes on s'il en ptopofe quelquefois
de nouveaux , ce n'efl qu'après s'ctre alfuré d'un grand nombre de
faits dont il tire les induirions convenables avec toute la fagelTc pol-
fible; mais il ne donne jamais ces inductions que pour ce qu'elles
valent, Ôc l'on voir combien îl efl capable de les apprécier. .....
Je vous cnnuierois , M. fi je vous difois tout ce que je penfe de l'ex-
cellent Ouvrage de M. Duhamel j mais je ne puis m'empcLher d'ajou-
ter qu'il en eft peu qui foient conduits avec autant de méthode, ré-
diges avec autant de clarté , & écrits avec autant d'exaftiiudc.
Jugez maintenant fi je fuis plus que jamais amateur du Jardi'-age,
Se combien une pareille levure doit avoir augmente le penchant natu-
rel que vous me connoiifez à ohfcrver. J'étois plonge auparavant dans
les ténèbres les plus profondes. Si je fiifois quelques elTus , je les
faifois lans aucunes vues & , pour ainfi dire à tâtons. J'ignorois fi
l'objet de mes recherches n croit pas connu depuis long teuis ; fi les
expériences que j'aurois voulu faire n'avoicnr pas été fanes mille &
Twnt Xl^yPart. IL 1771;.
SEPTEMBRE.* Z
[74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
nille foisj fi les fyfttmes que je concevois n'avoienc pas cié dcji pra-
poré^ oa mêmes réfu:és. Eutîn , je ne connoilTou les vcgî'caux que par
la Quintinic, l'Abbc Schnbol, l'Auteur de h Maifun Ruflique & quel-
<]ues autres, qui ont pu favoir comment i! faut élever ou gouverner
une pbnte, mais qui ii'ca apprennent gucies davantage.
Cependant je ne pouvois borner U ina curioûcc ,& d'ailleurs , |e
ne pouvois me réfoudre à travailler uniquement par moi-mcme fur
cette partie, & à prendre beaucoup de peine pour découvrir ce qu'on
iavoit déjà. Je voulois avant tout m'iniltuirc de ce qu'on avoir va
& penfc & me mettre au courant. L'eft dans cette vue que j'ai lu U
Phyfique des Arbres, & j'y ai trouve amplement de quoi me fatisfaire.
M, Duhamel a levé quelquefois les coins du voile dont )a nature
s'enveloppe fi foigneufement. Il faut avouer cependant que les parties
principales font encore demeurées dans l'ombre. Je ne puis que regretter
qu'un audi bon Obfervatcur ait borne aux arbres & arbuftes fcs expé-
riences & fes reflexions. Ce qu'il n'a pu y apperccvoir malgré feî
efforts , il l'eût vu peur-ctre aifcraent dans des plantes plus tendres.
Le jeu Se les fondions des fibres du bois, que leur dureté & leur in-
flexibilité ne permettent pas de découvrir dans les arbres , auroient été
plus fenfibics d.ins des plantes herbacées. Un organe que fa pctiteife
ou fon emplacement dérobe d la vue, dans certaines cfpcccs , auroit été
feut-ccre mieux développé & plus i découvert dans d'autres. Enfin ,
analogie auroit été d'un grand fecours dans cette partie , comme par-
tout ailleurs. Les dilférentcs efpcces auroient jette tune fur l'autre une
lumière réciproque, & de proche en proche la théorie des végétaux fe
feroii perfe^ionnée.
Quoique cette théorie foit encore fort incomplette, on en fait alfer
du moins pour efquifier des fyllcmes auxquels il ne manquera peut-
être que quelques nouvelles obfcrvations pour devenir des vérités fon-
damentales. Or, il faut commencer par concevoir des fyllcmes , c'cft-
à-dire, qu'il faut d'abord avoir des vues pour tenter des expériences ,
ou du moins, pour les tenter avec quelquefpèce d intérêt & avec l'ar-
deur nécelTaire pour furmonter les difficultés. Ainfi . l'on peut dire que
Jes NaturalilUs font maintenant fur la voie qui conduit i la fuence
de réconomic végétale , & mcmc qu'ils ont faifi en pafTajic quelques
vérités préliminaires.
Je n'ai pas fans doute alTex de force , ni même afiez de zèle pour
marcher de front avec eux dans ces routes cpineufes. Je vous avouerai
cependant que j'ai delTein de les y fuivrc :u moins de loin & a mon
aile. En me précédant , ils m'applaniront les obftadcs; je profiterai de
leurs découvertes. Si j'avance lentement , cette lenteur même me
mei'^tra à portée d'obfervcr de petites circonibnces que la rapidité de
leurmacçhe dérobera à leur anention, occupée d'ailleurs des objets les
SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ijf
plus imporrans & les plus remarquables. Or, il n'y a rien à négliger
dans le fpeAacle de la Nature. Vous favez. M., que les pérîtes cho-
fes tiennent aux grandes, & que la chute d'une pomme ht trouver le
vrai fyftême du monde.
Vous dirai-je que j'ai déjl fait quelques pas dans cette carrière ?
C'cft encore un aveu que j'avois i vous faire , mais que je vous fais
peut-être trop tôt , car vous allez d'abord me demander ce que j'ai
vu , ôc c'efi: une queftion à laquelle je n'ai prefque rien à répondre.
Cependant , je foumets volontiers à vos lumières mes obfervations &
mes idées fur les feuilles fcminales des plantes fur lefquelles s'efl; d'abord
portée mon attention.
Je n'ai pas befoin, je penfe, de vous rappeller que dans plusieurs
cfpcces de plantes les deux lobes de la giaine fe converciÎTent en
feuilles fémiualcs ; c'eft ce qui efl fort fenfîble dans la fcmence du
haricot, puifque les deux lobes forcent de terre fans changer de for-
me. Mais cette converfion n'eft pas moins réelle dans pluueurs autres
efpèces , quoique h forme des lobes diffère beaucoup de celle des
feuilles féminales. Je prendrai pour exemple les femences de la rave.
Si l'un met en terre quelques graines de cette plante jufqu'à ce que
la radicule commence à percer , Se qu'alors on les ouvre , on verra que
les lobes auront déjà la tourne qu'ils doivent prendre à l'air , que cha-
cun des lobes efl une feuille pUce en deux fuivant ta longueur du pé-
dicule , Se que l'une efl renfermée dans l'autre. Cette forme ne de-
vient fenlibfe que quand la graine a augmenté de volume , mais il
n'en efl pas moins évident qu'elle cxiuoit dans la graine avanr \z
germination j d'où il s'enfuit que dans les plantes dont les lobes fe
convenifTent eu feuilles féminales , les feuilles fémînales ne font que
les lobes développés jufqua un certain point.
Cette obfervation nous donne beaucoup de facilité pour faiilr l'or-
ganifation des lobes ; car, fi cette organifation ne diffère point de celle
des feuilles féminales , il efl clair que pour la connoître , il fufHra d'ob-
fetver celle des feuilles : or, il elt incomparablement plus aifé d'ap-
percevoir leur organifation que celles des looes, puifqu'ellcs acquièrent
<]uelquefois une étendue fort conlidérablc.
M. Duhamel dit, d'après Grew, o que fi l'on coupe du côte du
» germe d'une grofTe fcve , qui a reftc quelques jours en terre, des
M trnnchcs minces, on appercevra des points plus verds quelerefte,
u de qu'en pénétrant plus avant dans le fruit par de pareilles ferions,
p* on découvrira que ces points verds font les coupes iranfverfales de
n pluficurs vailfeaux qui s'épanouilTent en une intijùtéde ramifications
1* dans tonte l'étendue des lobes «. Il ajoute que M. Bonnet a trouve
le moyen de rendre ces vailTeaux plus fenfibles en mettant des fèves
SEPTEMBRE. Zi
!7<î OBSERVATIONS SUR lA PHTSïQVE,
treraper par les lobes dans de l'encre. D'où il conclue que les lobes
de (enieiices font formés d'un prodigieux cpauouiffcmcnt de vaif-
feaux.
Ces prétendus vatlTe:tux dont on ne voie que de foibles traces dans
les lobes, fe voient dans toute leur étendue d-ins les feuilles fémitia-
les. Conlidcrons encore la feuille fcminale de la rave. On y diflingue
d'abord une nervure principale qui pan du pédicule fc en fuit ta
direction. Cette nervure donne naiHance à pludeurs autres qui abou-
lilTent de tous côtés jufqu'aux extrémités de la feuille. Tels font les
vailfeaux dont Grew & M. Bonnet ont apperçu la coupe dans lafcve.
"Mais allons plus loin. Cette feuille eft couverte en-dellus & en-def-
fous d une pc:iu traiifparente & fort mince , d'une forte d'épidcrme*
£ntrc les deux épidctines, on trouve une fubftance verte, fpongieufe,
cellulaire , femblable d la moctle des plantes. Cefl dans celte fubf-
tance , immédiatement fur rcpidermeinrcclcur,que les nervures fe diC*
tribuent & fe ramiHent. On ne peut douter que les lobes ne foieni
oiganifés de la même manière , au moins dans les plantes où ils fe
changent en feuilles fcminales.
Qu'arrive-i-il maintenant lorfqu'on met en terre une femence de
cette cpècc? D'abord rhumidité pénètre à travers fes enveloppes ^ \\
graine fe gonfle , &c bienrôi la radicule de l'embrion s'allonge Si péiio-
ire dans ta terre. Les lobes de ta craiiie ont donc fourni i la radicule
la matière de fon accroilfemeut. Oc , voici comment je conçois ce
premier développement.
L'humidité ayant pénétré dans le tiifu cellulaire des lobes oh. les
fucs reçoivent probablement une préparation elTentielle , les nervures
qui s'y diftribuent pompent ces fucs & les font couler de proche ert
Î proche , jufques dans la nervure principale qui aboutit à la planmie X
aquelle ils parviennent en decnict lieu. Je conGdère les nervures des
lobes , comme de petites racines , des racines primitives , & le tilPtt
cellulaire , comme une efpcce de teiTC végétale particulière , où ces
racines doivent puifer les lues dellinés au premier développement de
lenibrion.
La première fève eft donc portée d'abord parties lobes au point où
ils s'articulent avec le germe. C*e{l deU qu'elle defcend dans U
radicule & qu'elle s'élève en partie vers la plume. Alors la radicule
fait des progrès en grolîeut &: eu longueur. Bientôt elle a peccc les
enveloppes S< g^gné la terre, où elle pompe de nouveaux iucs : les
lobes s étendent » fe déploient fie arrivent à la fuperHcie,& la petite
tige ne tarde pas à paroitrc.
Cependant les fondions des lobes ne font pas encore finies, lis
lefleuc long-cems à Tair libre où ib végètent fie s'étendent fous k
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS» 177
loTtne de Feuilles icminales. Ces feuilles font donc ni-ceiïaires, mais
on peut dVitleurs fe convaincre de leur utilité en les fuppximant à
de jeunes plantes , car ou les verra dépérir fenfiblemenc après cette
fupprcfïîon. On ne pcuc douter que ces orcanes ne foienc deflincs auic
mcmes ufages j foit qu'ils foîent fous la forme de lobes ou de feuilles
rêminatcS} puifque leur organîfation cH toujours U mcme. Les feuilles
fcminales fe pénètrent donc à l'air de l'humidité , comme les lobe*
s'en pénc'troient en terre , & elles font pafler au corps de la plante cette
humidité de la nicme manicrc.
Mais candis que la fève defcend des feuilles fcminales dans les
racines, il paroît qu'elle monte des racines aux feuilles fcminales-, car p
celles-ci commencent A s'étendre principalement quand la petite racine
»'eft enfoncée dans la terre & qu'elle y a pompe de nouveaux fucs.
D'ailleurs les feuilles croîlTcnt après que la tige a gagné la fuperficie
& elles végètent encore long-tcms avec la plante ; elles végètent fans
doute comme les autres feuilles, confcquemment par la fufcepcion des
.fucs extraits par les racines. On peut donc remarquer dans les feuilles
ieminales deux fèves & deux mouvemens diftèrens; l'une eft par ces
feuilles portée vers le corps de la plante , & l'autre pompée par les
racines & élevée vers les feuilles ïeminales. Or, l'analogie remarqua-
ble qu'on apperçoit entre les feuilles fcminales fc les vraies feuilles , ne
permet pis de douter que leurs fondions ne fuient femblablcs,&: qu'ainfi
ces deux fèves & ces deux mouvemens n'exiftent dans les unes comme
dans les autres.
Lors donc que la jeune tige s'eft élevée & qu'elle a déployé à l'air
fes vraies feuilles , celles-ci afnirent l'humidité de l'air qu elles dilUi-
buent au corps de la plante i elles peuvent donc fuppléer aux feuilles
fcminales qui deviennent d'autant moins nécelTàires , que les premières
fc font dcvçloppées en plus grand nombre. Knlîn , le feuillage étant
devenu confîdérable , les feuilles féminales fe delféchcnt & périlTent >
& l'on voit que cette fuppreffion eft alors d-peu-prcs indifférente.
Il me femble que ces rèrtc^ions peuvent répandre un grand jout
fur une queftion tamcufe & qui partage encore aujourd'hui les Physi-
ciens , fur ta queftion de fivoir li la fève circule dans les plantes. Il
eft vifible au moins qu'elle y a deux directions oppofées , puifque , tandis
qu'elle monte des tacines vers les feuilles , elle defcend ^ feuilles
vers les racines. Je ferois donc porté à regarder les feuillaRjmme le
réfervoir commun de la fève. Cette idée fe préfemc fi naturellement,
que je fuis furprïs que peifonne ne l'ait encore propofée. Pour vous y
JVl.vous ne la trouverez peut-circ qu'étrange; car, en matière de fcience
tour ce qui eft nouveau révolte fouvent les efprits & ne s'accrédite que
diffi<*ilement. J'efp:re néanmoins que vous ne me condamnerez pas
avant de m'avoii eoceudu. D'ailleurs votre impartialité , vos connoif-
17» OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE^
Tances , votre dlfcernemenr & votre fupctioritc m'infpitenr affez de con-
fiance pour vous dcvoiUr toutes mes conceptions. Je vais donc vous
«xpofcr , en peu de mots , mon fyftcme fur la ciicuUtion de la ftve.
Nous avons déjà vu que les vailleaux dont Gicw ^ M. Bonnet
ont apperçu lâs traces dans les lobes, doivent cire confidcrés comme
autant de petites racines qulpompent dans le lillu cellulaire d:,s lubcs,
les fucs ncceilaires pour le dcveloppement de Tembrion, Ces mêmes
racines exiftent dans les feuilles icminales qui ne différent point des
lobes, & partant, dans les vraies feuilles qui font elTentielItiî.ent orga-
nifces comme les feuilles fcminales. Ainn, la fonâion des feuilles en
général e(t femblable d celle des lobes , de forte qu'elles font à la
plante, ce que les lobes font i l'embrion.
Tant que la radicule n'a point perce fes enveloppes, il eft évident
due le tilVu cellulaire des loocs fournit feul à la nutncion Se i laccroif-
fement de la plantule. C'efl. dans cette fubftance que les fucs reçoivent
la préparation convenable.
La racine n'a pas plutôt pénétré dans la terre qu'elle y pompe de
nouveaux fucs. La fuccion des racines concourt au développement de
la plante avec l'afpiraiion des lobes , des feuilles féminaks &c des
vraies feuilles qui ne tardent pas à paroître. Alors la j>l3iite fait des
progrès rapides.
Mais if ne faut pas fe perfuader que les fucs entrent fous cette
première forme dans la compolîtion du végétal. Si ceux qui font abfor-
bés iMir les lobes & par les feuilles ont befoin d'être claborcs avant
tout dans le tllUi cellulaire, croira-t-on que la même préparation nell
pas nécelîaire i la fève afccndanteî Or, n'eft-il pas naturel de penfet
que le même organe eft defliné à préparer les uns Si les autres?
Je fuppofe donc que le végétal s'élève par degrés dans les rubcs
capillaires des racines , qu'il parvient aiiifi jufqu'aux pédicules des feuil-
les , qui, comme vous le favez, M., font une production du bois &
de récorce, & que delà, il fe diftribue par les aiftérentes ramifications
du pédicule, iufques vers les extrémités des feuilles. C'eft delà que je
conçois que la fève encore crue Si indigène coule dans le lilUi cellu-
laire, où elle reçoit la même préparation que celle quicflabforbceparces
mêmes feuilles. L'une , ainfi que l'autre , fe filtre, s'atténue & s'énurc dans
cette fuU|nce, d'où elle eft pompée de nouveau p.ir une infînirc de petits
canaux qtn s'y perdent & qui aooutiffent aux nervures, Se delà , dam
la nervure principale, puis dans le pédicule , dans le tronc & les raci-
nes , mais par des canaux diffcrens de ceux par où coule la fcve afccu-
dance.
Si cette explication eft jufte toutes les produ<ftion du bois & de
l'écorce doivent erre attribuées à la fève dcfccndantc , c'cft-à-dîre , à
la ieve qui coule des Veuilles vers le tronc , puifque ce u'eft que dans
SUR vrrrsT. KATUREiin et les arts, tjc,
les feuilles qu'elle reçoit la prcp.ir.icion conveniSIe pour s'allimiler X
chaque efpcce de vcgécal & le ri'nvertlr en fa propre TubClâuce. Ot,
cette conjecture fe trouve conlîrmce pnr diverfcs ooferv.i lions. Car, i°. U
radicule s'accroît vîtiblement pat la fufteption des fucs prépares par
les lobes » ou p^r les feuilles fcininales que je n'en dillinpie point ,
êc partant , par la fcve defcendance. i°. Les bourgeons des extrémités
fupérieure de la plaie, -t**. Les arbres Se les plantes auxquels on arra-
che beaucoup de feuilles, ou dont les feuilles pcrilTent cii grand nom-
bre par quelquacvident ne font prefqu'aucune produ6kion y Se je ne
doute pas que fi l'on ctfeuilloii exaâement & a plufieurs rcprifcs un
vcgctal quelconque, il ne pet» en peu de tems. En effet , cevéi:;ctal ne
pouvant fe nourrir que par des fucs moditics d'une manière analogue à
fa nature particulière , Si les feuilles étant les organes dans lefquels
s'opcrc cette modiHcation , il eft viiible qu'on ne peut les retrancher
que l'aibre ou la plante ne languilfe ou ne meure d'inanition.
En fuivant tes mêmes idées, il efV facile de concevoir qu'il exifVc
dans chaque efpcce de plante deux fortes de fèves dont les qualités
font fort différentes. La première fera la fcve crue & groflière , telle
au'elle eft pompée par les tubes capillaires des racines \ la féconde
iera l'extraie de celle-ci , après qu'elle aura ccc filtrée & élaborée dans
le tiflu cellulaire des feuilles ; la première fera d-peu près la même dans
toutes les plantes ; la féconde lera ditïérente fuivoiu les diverfes cfpc-
ces de végétaux , Se la (Irucbure particulière des filtres où elle aura
reçu fa préparation. Déjà, vous appcrcevez, M., que la (cvc dcfccndanu
fera proprement ce que les Phylicietis nomment fa lymphe , Se la fcve
defcendante,ce qu'ils nomment le fuc propre. Vous voyez également ce
que nous devons entendre par v-illfeaux propres &:v.iifreaux lymphatiques.
11 n'eft donc plus étonnant que la lymphe des diffcrens arbres ne prélente
aucune différence fenfible , ni que le fuc propre paroilfe couler de haut
en bas , tandis que la lymphe femble fuivre une direftion contraire.
Enfin , on apperçoit pourquoi la lymphe coule au commencement
du Printems & pourquoi elfe s'artcte lorfque les feuilles viennent .4
s'étendre. La terre s'étant déjà échauffée &: la chaleur ayant raréfié les fucs
qu'elle contient, ces fucs enfilent les canaux des racines & paHent dam
le tronc Se les branches. Alors, la févc oui n'a pas encore éré préparée,
eft groffière & lymphatique. Se c'eft Tous cette forme qu'elle s'ccoule
par les plaies qu'on fait dans cette faifon fur les parties qui la con-
tiennent. Cependant , elle parvient peu-i-peu jufques dans les boutons
6 dans les tudimens des feuilles. La petite quantité qui s'y infinue
7 e^ élaborée Se redefcend dans le corps de l'atbre. Enfin , les boutons
i«o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQVÉ,
s'ouvrenr &r les feuilles fe dcploîent : bientôt il pafîe bciucoiip dff
fève dans les feuilles, qui abforbent d'ailleurs Inumitliic de Inir;
cette fcve après y avoir été préparée eft renvoyée dans toute la fubftance
du végétal. Alors, le corps de l'arbre contient deux fortes de fcvc. Il
fcve crue & groflicre ou la lymphe , & la fève élaborée ou le fut pro-
pre : fi donc on fait une incifion a l'arbre , ces deux fèves couleront à la
fois Se fe mêleront de forte qu'on ne reconnoîtra plus la qualité lym-
phatique. Mais les ccouleinens feront moins abondans, P^rce que les
feuilles étaiit déployées la tranfpiracîon diminuera conudcrablemenc
le volume de la fcve.
Vous m'avouerez j M., que l'hypothèfe donc vous venez de voir
le précis a quelque dc;;rc de vraifemblance, du moins au premier coup-
d'œil. Il me femble que ce méchanifme eft fore ûmple & très-propre
à expliquer les phénomènes.
Vous ne m'oDjeâerez pas , je penfe , que cette explication ne peut
fe rapporter qu'aux plantes donc les lobes fc convcrtifTcnt en feuilles
féminales. Si j'ai pris celles-ci pour exemple , ce nctoit que pour ren-
dre mes idées plus fcnfibles. Mais n'cft-il pas clair que les fondions
des lobes doivent erre les mêmes , foir que ces lobçs pcrirtenc en terre ,
foit qu'ils scpanouiffent à l'air. Le DoÛeur Gtew 6c M, Bonnec
n'ont-ils pas découvert dans Içs lobes de la fcve les mêmes ramifica-
tions que nous appercevons dans les feuilles féminales? Vous convien-
drez donc aifcment , M. , que les lobes font defcinés aux mcmes ufif^es
que les feuilles dans les unes &c dans les autres, & qu'enfin mon fyf-
cème fur la cîcculati6ti de la fève eft également applicable à toutes
fortes de végétiiux.
Dans les efpcces dont les lobes pcritTent dans la terre, ils y fubfif-
tcnc fc ils y fournilïenr i l'accroilTcment de la plantule jufqu'à ce quo
llss premières feuilles fe foienc épanouies à l'air. Alors , la racine a perce
la terre les feuilles s'imhibenr^ l'eau comme les lobes dans la terre,
& les racines cnnfmcttenc A ces feuilles les mcmes fucs dont les lobes
s'étoient abreuves. Ces fucs font filtrés & digérés dans les feuilles, comme
ils l'ccoient d'abord dans les lobes , & diilribués de la même manicie
dans le corps de la plante. Lors donc que les feuilles comtnencent à
parojtre , les lobes deviennent moins néceffàires; quand elles fe font
augmentées conlulérablementen nombte & en étendue, ils deviennenc
inutiles & c'cA alors qu ils pénlfent.
Quelquefois les lobes font remplacés d'abord par les feuilles fémi-
nales. Un peut diftinguer dans ces efpèces deux fones de lobes \ les
lobes fupéneurs ^ le» lobes intérieurs: ceux-ci, c'ell-à-dire les f>sui lies
féminales , ne différent pas plus des lobes proprement dits que dans
les efpèces où les lobes le convertitTent en feuilles féminales. J'ai vu
un radis qui avoit quarre feuille^ féminales louc-à-fait femblablo.
QuoiqUo
Sl/R rffiST, N/tTt/REllE ET LES ARTS. i8t
Quoique deux de ces feuilles fudenc une monftruotîié , cependant
comme les deux autres n'ctoient certAinetncnt que les lobes mêmes
déployés ij'air, on peut touclure de cette teiremblance , que dans les
efp^ves où les lobes ne fe convetciltcnt point en feuillus Icminales ,
ils n'en difTcrcnt néanmoins ni par leur organîfatlon ni par leurs fonc-
tions.
Dans d'autres efpcces les lobes font remplaces immédiatement par
les vraies feuilles. Ainfi, ces feuilles y [iennenc lieu de feuilles fcmi-
nales. C'eft ce qui arrive d,\ns quelques phntes légumineufes, dans le
fois, la fève , &i;. J'ai voulu voir dans ces efpcces rucilité des lobes i
époque où b jeune tige commence à parokre. Tai donc tiic germer
plantes de nouveau dan^ un mcme vafe rempli de terre que j'ai eu
foin de tenir à l'ombre. Les uns & les autres ont végété avec bc.m-
coup de lenteur, mais la végétation de ceux qui raanquoient de lobes
a été condammenc plus roible ; ils ont toujours été plus petits &
d'un verd moins fore que les autres. J'ai concln de cette obfetvation,
que dans les jeunes plantes les lobes font plus nécelTàires que les racines
mêmes.
Lorfque j'ai vil"itc les racines des pois de mon expérience , je les ai
trouvées en bon état dans les uns 6c dans les autres. Dans les poi$
^ui avoient fubi l'amputation de la radicule , elles s'ctoient fort inuU
liplices,& elles p>irtoient en Rrand nombre autour de la coupe. Dans
les autres, la radicule s'écoic allongce 9c elle avoir j>oultc plulieurs ra-
cines latérales , mais plus foibleï. Il n'ed pas étonnajit que ceux ci aient
végété plus difficilement que les premiers, puifque les racines rcnaif-
^foicnt en foule & que les lobes ne pouvoient fe réparer.
Il eft aifc d'ailleurs de concevoir comment les pois à qui j'avois
coupe la racine , en reproduifoienc fi vigoureufement de nouvelles ,
puilqu'ils avoient confcrvc les lobes &c que ces organes font primiti-
vement defliués à faire croître la racine. Leur végétation devoit néan-
moins ctre plusfoibte, que il on ne leur avuic rien retranché , puif-
qu'ils pcrdoient les fucs qui leur auroient été tranfmis par la racmc
déjà formée,
A l'égard des pois auxquels j'avois fupprïmc les lobes , on voit fa-
cilement pourquoi ils faifoienc (î peu de progrès. Il paruk même qu'ils
auroient où périr ; car, iî Us lobes font le tîltre qui doit d'abord épurer
la fève d'une manière convenable pour qu'une plante puilie fc lallimi-
ler» comment une jeune plante peut-elle végéter fans les lobes? Mais
vous remarquerez, M., que les pois avoient déjà quelques fVuilleSt&
Tome Xll. Pan. IL 1 779. SEPTEMB/iE, A a
i8i OBSERfATIONS SUR lÀ PHYSIQUE^
ccH lUie preuve île plus que tes feuilles ont à-peu-pccs la mcme des-
tination & la même organifation que les luhes.
Voilà des idées, M. , que je rouinecs à votre expérience & i votre
jugement. U me cefteroit a expliquât dans ce fyflcme un grand nom-
Dtede pIiénomèn?s partîcuUets, mais j'attends pour cela vos réflexions.
Cette lettre d'ailleurs ueft déjà que trop longue, &c. Sec.
MÉMOIRE
Sur le fcl qui fe forme par iih long rqjos fur le réfidu que
Ton trouve au fond de la cucurbicc , après la rcftifîcation de
l'cthcr vitrioliquc ; &: fur un autre Phcnonicnc obfcrvc dans
la diftillarion du même cthcr, en employant un cfprit-dc-
vin retire du marc de nos rai fins.
Par M, Mon TET , dt la Société RoyaU des Sciences de MontpelUir,
V/N crand nombre de Chymiftes modernes nous a donné diffcrens
firoccdcs pour retirer une très-grande quantité d'éther de différens m&-
anees de l'hnile de vitriol & de l'efprit-de-vin, foît par poids , foit par
mefures. Us s'accordent tous aujourd'hui à penfcc gue c'eft par poids
ou'il faut procéder , & employer une alTez grande dofe d*efprit-de>vin Se
d'huile de vitriol , pour omenir beaucoup d'cthcr. Ce que je viens de
dire efl: configné dans tous les livres des Chymiftes modernes. •
Dans le tems du dernier concours à une Chaire de Médecine vacante,
l'un des Concurrens me demanda mon avis fur la nature de l'éther , Si.
Ci on ne retiroit aucun fel du rciîdu de la reâificacion. On fait qu'après
avoir retiré par la première diftillatton rous les produits ^ue donne le
mélange d'une certaine quantité d'huile de vitriol & d'efprit»de-vîn, il
faut diftiller de nouveau pour féparer l'ciher pur j que cette liqueur con-
tient très-fouvent de l'acide fulphareux volatil , Se qu'on y verfe aupaxa'
vant une certaine quantité d'huile de tartre par défaillance , pour abfor-
ber le peu d'acide fulphureux qui ctoit monté vêts Ja diftillation. Cet
efprit fulphureux , dès qu'il s'annonce dans le proercs de la diftillation
de l'cther , eft le (îgne non-équivoque qu'il faut dcUpatciller le vasfleau ,
& que ropérarion eft finie.
Par la féconde diftillation qui eft la reâîfication de l'cther , faire feo*
SUR VH1ST, NATUREim ET LES ARTS. i»j
lemcnt pnur féparer un à un tous les proHuics de ta premicre didillacion »
le premier qui palIe, comme le plus volatil, eft l'cthcr, enfuite J'erpric-
<le-vin qui n'.i prefque poinc fubi d'alccranon , ce qui forme en partie les
gouttes d'Hoffinan > & il refte au fond de la cucurbite oit de U cornue
une liqueur un peu louche, fut laquelle n.igenc quelr^ues gouttes d'une
huile qui scpaitric par vcEul^c^ce qui forme un vcntablc bitume liquide,
ou huile pétrole , outre l'alkali fixe Huor que l'on a jette fuc toute I.t
inalle du produit de la prenûcrc dtllillation, par rapport au pen d'acide
fulphurotix qu'elle conrient.
Cette liqueur exporée i l'cvaporation & cryftailifatîon , n'a jamais
produit aucun fel , fuivant l'exporc de la thcfe •À\x ptctendaiit à la
Chiire de Médecine dont j'ai dcja pirlc.
Je ferai remarquer que dam les nombreuses opérations que j ai f\ites
en ^and fur I V-thcr , j'ai toujours obtenu un fel de ce réfidu de la fccondc
de voir H dans la féconde diftillation le rcfidu me donncroit du fel
cryftalliféy en verfuit fur le produit de la première diflillation , de boa
alk.ili fixe fluor , même jufqu a furabondance.
J'ai toujours eu plus ou nioius de Tel cryfhllifc ; & voici comment je
lobriens.
La plupart des Chymifïcs en rectifiant l'étlier , fc fervent de la cornue
comme de la première dilHliation : je me fers pour redlifiec mon ccher,
d'un alambic d'une feule pièce, que je trouve beaucoup plus commode
pour faire cette opération.
J'ai dcji dit qu'on verfoii de l'huile de tartre par défaillance» crès-
pure & très-limpide, fut tous les produits que Ion a retires par une
niftillation graduée d'un mélange de parties égales d'huile de vittiol &
d'efpric-de-vm reililié. Après que j'ai retiré toute ma liqueur du balon,
je la verfe par un long entonnoir dans mon alambic d'une feule pièce,
& j'y verfe tout de fuite de l'huile de tartre pat détaillance , eu quanttic
toujours fulfifante pour abforber tout l'acide que cette liqueur peut con-
tenir \ je lucre bien le bouchon de cryflal qui ed i la tctu du chapiceau ,
Ce je procède cnfuite par degrés i recirer tout mon éthcr que je fcpare.
Quand il a tout patTc , je rerire l'autre produir , qui ed de l'efprit de-vin
uni ^ une petire porrion d'huile éthcrce , qui forme des gouttes d'Hoff-
mani & ce qui rede dans le fond de la cucurbite eft une liqueur un
peu Âlante , d'une odeut de phlègme d'eau-de-vie un peu louche i je
bouche ma cucurbite avec foin, au haut du chapiteau, au moyen d'iui
bouchon de cryflal , du lut gras , & d'un bouchon de licge placé à fon
bec, & enduit du même lut. Je le lailfe tepofer une, deux ou trois an-
nées ^ Se je trouve au bout de ce tems dins cette Uc]ueur tilantc, de
J779. AOUST. A a 1
i8^ ORsnnrATioKS sur la physique,
magnifiques cryftainc de tartre vitriole (i), plus ou moins gros, fuivant
1.1 qiiiiiifirc ticthcr que j'ai difUHéi & dont la forme (qui Icurcft propre)
e(l crc:>-.illangcc. )U font enduits d'une uiaiicre poilli^uft; , que je uve
plulîeurs fuis avec de Teau froide pour lemporcet. Malerc ces lotions ,
les cfyftaux confetvent l'odeur propre de la liqueur où ils fe font formes.
On ne pourra pas m'objeclcr que l'acide de l'air { que les Chyniiftes
nioderncs appellenu pholjihorique ) ait donne lieu i b formation de ces
icls, puifque ladion cle l'air ctoit intctccptce d'une maniète non
équivoque.
Je dis donc que j'ai Toujours obtenu du tartre vitriolé , de la liqueur
qui refte après la reûification de l'cther, foit que j'aie employé les pro-
duits de la premiète diftillation avec l'odeur de l'acide fulphureux vo-
latil , foit fans odeur, ayant dépareillé avant que ce produit s'annonçât.
Cette dernière expérience prouve ttcs*chiremenc qu'il pafTe pendant
la dilUllation de lemer, de l'acide vitriuliquc en naiure, qui acqutut
peutctre dans cette opération un degré de volatilité. M. Daumé,î]ui*a
(i) De prcfquc tout les Amcnrs ^ui ont mité de la diflillaiion Se de h rcAifîcanoM
àc l'^clicr , les £Iémcns de Chyniic de Dijon , font picCquc les fcuU qui parlent da
Tel que l'on tionvc d^ns le réfiJu de la rct^îBcaiion. Cuiiimc les Auieuri de cci
Elément & M. Momct ne fonr pas ciaeKment d'accord , on ferapeui-étte bicrvaifede
voir ici raj'prochés les dcur (entinicnï. Après avoir donné le piocédé de la rcfti6-
catioQ de l'cihcr vitrioliquc » les Académiciens de Dijon , ajouicni , ( vol. j. p. $07. )
M ce qui rcflc dans la cornue cA de refprit-dc vin , de l'atkali fixe , &: une portion
p> àc tel ncJti'c , nue l'on fuppofc forme par l'union de l'acide fulphureux A: de l'ai,
n kali fixe. Ce fcl d^poH! au fond des vaifTeatix qui conienoient le tcfdu de rc:hcr,
M ayant été diiTous dans l'eau diAillée Si enfutte évaporé jufqu'à pellicule, s'cA en
»* cnei crynallilé en aic^ttillci , & en liouppcs, comme le fct fulphutcux de Srhjai ,
*> mais il a réûfté à l'acide viniolique , tout de même que le tartre vitriolé ■■.
La dlfTércncc qui noui paroît esiltci entre le kl futphuieux de Sihaal desElcmens
de Chymic de DJjcn , Bc les magnifiqrjc^ cryflaux de lattte vitriolé de M. Monter,
vient du tcms de leur formation. Fn faifanr ctyftallirer ce fcl & l'cxaminart aulTi'
fôi après l'opération de la rcélification de l'éiher , une partie de l'acide fulphureux
ou plutôt le phlDgini<]Dc étant uni cncotc en iiès-grandc quantité â l'acide victiolî.
Î[ue, forme la combinaifon de l'acide fulphureux avec l'alkali fixe, d'où r^fuUc te
et rulphoreui de .Sthaal. Mais G , arec l'Auteur de ce Mémoitc ,on laîffe repofcr le
réfidu deux ou trois années , alnis le phtogilliqoc fc dégage de lui-méroc de l'acide
vitriotîque , l'acide fulphureux difparoît , Se le fcl fulphureux ne devient plus que
du tartre virhoté. Cela r(l fi vtai qu'il ne faut pas même attendre plufieuii années
r'our cet effet : prenez feulement une certaine quantité de fcl fulphureux de Schaal ,
aiiïë - Il repofer à l'air pendant quelques jours ; le phtogillique qui empêche la com-
binaifon intime & fixe de t'acidc vitrioliquc à l'huile de tanic , s'évapotcra, l'adhé-
rence de l'acide à l'alkali augmentera en ptnporiion , & l'on aura du tattrc vitriolé.
Si le fcl fulphureux des Académiciens de Dijon, a rcfifté à l'acide vimolique com-
me le tartre vitriolé, e'ell fans doure qu'il étoit beaucoup plus prés de l'état de ce
dcioici fcl que du prcmici. {Noie àts RidaSturs du Journal.)
SVR VJIIST. NATVRELIE ET LES ARTS. 1S5
travaille fi fiipcricuremenc fur cette matière, n'en dit pas un mot. Dans
la décompofition de l'cfprit-de-vin , ruppofc qu'elle s'opère par l'acide
vitriolique , l'acide qui entre dans fa compofition , eft d'une autre narure,
& ne forme point de rartre vitriolé avec l'alkali fixe. On peut confidter
H-deflrm le Mémoire de feu M. Romieu, Membre de ceite Société.
■ J'ai obfervc que l'efprit-de-vin que l'on retire du msrc de nos raifins (i \
donnoic deux éthers ditférens , fi je pnis m'exprimer ainfi. J'avois reûtfié
pareille opération ; cependinc je voulois voir la quantiié d'tcher que
produiroir un pareil efpcii;*de-vin, qui eft d'ordinaire plus huileux que
celui dont nous nous fervons. Je l'ouDliai pendant un tems allez long , Ec
je fi« apréîblemenc futpris, en revenant i mon opéracion, de voir que
l'odeur d'ompireume avoit entièrement difparu.
* J«pris Cix livres de cet fefbrit-dc vin, Se autant d'huile de vitriol , je
procédai k l'ordinaire à la diftilUtion , & dès que j'apperçus que tout mon
éther d'un pareil poids d'efprit-de-vin cioit palIé ( te que l'iubitude nous
donne) fans attendre que l'acide fulohureux s'annontât, je vcrlâi ma
liqueur contenue dans mon balon , aans un grand flacon de cryftal ;
l'adaptai tout de fuite le même balon à ma cornue que je luttai bien » ôc
Je continuai mon o|>cration. Je fus (urpris d'avoir une huile rrcs-lcgère,
impidc 6c abondante, nageant fur un peu de liqueur d'une odeur
trcs-fuave', j'allois de tems en tems déboucher le petit trou de mou
balon , pour voit fi l'acide fulphureux fe fnfoit fentir. Dès qu'il s'an-
nonça , je dcluttai mon balon » & j'eus environ quatre onces d'une huile
^thérée très -volatile , fans aucun mélange d'aurre liqueur, & qui peur
Être employée avec fuccès dans les maladies nerveufes; je continuai
enfuitc ma dinillaiion , & j'eus un peu d'huile citrine qui nageoii fur la
liqueur phlegmariquc , chargée forcement d'acide fulphureux volatil.
(t)'Cc a'cft (juc depuii <]uclqucï années , que pluncars Paniculicn, en petit nombre ,
<!i(\illeiit en giarid le m-irc de no* raifin». N^s vins rouges en géoéial font fon rpiri-
iiicux 8c a/Tcz bien cobiés. Par conr<!qucaF, le marc qui en provient doit l'ctie auflî ,
aicctidj que quanJ it fort du prclT'iic , il n'cft pat fort fcc , étan: mal-prcflc. Le vin
Îitie l'on lire par le fecouts du prcfToir , cfb toujours plus coloré que celui qui fort tout,
implemeiit de la cuve ; par la raifon que la tiqucor que ce marc contient , fc charge
plus de la partie coloraiite de U peau du raifin par cette picHion mécluniquc. Ce n'eft
pas eommc dan5 d'autres Pfovincct, par exemple , en Bojrgog^ie , dès qa'ob retire le
mire des raifiiis de dcllous le prciruir , on le prcndioï: pour du bois , 2c on tctiic
CTicoie de ce marc de l'eau-de-vic , en y ajourant de l'czu , & le faiïant fermenter; Se
dans notre Province , ceux qui ne vendent pas le marc pour faire de l'cau-de-vic , en
font delà piquette , en y vcifanc beaucoup d'eau. Se le lailfaiK carer fept à huit
|oun.
i8rf OBSERrATlONS SUR LÀ PSTSIQVE,
M. Buimé (voyez le cToiCème volame de Savatis Etrangers), afTure
dans Ton Mémoire fur l'éthcc, que le plu^ qu'on retire de cette Huile
cirrine d'un mélange de Cxx livres d'huife de viinul ôc d'autant d'efprit-
de-vin , eftd'un gros, & tour au plus demi-once.
Par le procède que je viens d'indiquer, en employant de l'cfptit-de-
vin tiré du marc de nos raitîns, on a deux éthers que fai fût voir à ta
Compagnie ; Tivoir le premier oui eft le plus volatil , 8c qui ell pour ainlî
dire l'elpric' rccleuf , Se l'autre l'huile elfentielle. Cette exp^ience prou-
veroit que l'hutlc de vitriol ne fait que dégager progrcflivement dans la
diftillation l'huile edentlcllc la plus volante de i'efptic'de-vin ciré du
marc , & qu'i mefiire que la liqueur s'cpainîr , une partie de cette huile
la moins volatile cfl attaquée par l'acide vitriolique , qui s'y unit ëc tut
donne une confiftance plnsépaiire, qui forme cette huile citrine analo-
ffue aux huiles par expreffîon, & qu'une autte partie de cette huile efl
Brûlée à mefure que l'acide vitriolique efl rapproché, 8c devient plus
concentre par le progrès delà diflillation /refprit-de vin l'ayant fore
étendu Se noyé par l'eau qui entre dans fa compofition. Voilà pour-
quoi ce rclîdu çd It noir Se rempli de couches minces charbonneufes.
M. Baume , qui a poutTc 1 analyfe de cette fubftance fufqifau bout , en a
retire du foufre pur, outre beaucoup d'acide fulphurcux volatil. Ce qiù
prouve ce que je viens d'avancer , c'eft que cette huile de vitriol gui a
fetvi au dégagement des deux éthers dans mon opération , peut icrvir
encore fous cette forme à dégager de nouvel éther, fi on ajoute de
l'efprit-de-vin en moindre quantité, & que Ton procède comme dans
la première opération. Ceci appartient à M. Cadet , qui a lu un Mé-
moire li-dclius à une Afremolée publique de l'Acadcmic Royale des
Sciences, contigné dans le Journal de M. l'Abbé Roïier,& qui a paru
depuis la levure de ce Mémoire dans le volume de l'Acidémie Royale,
des Sciences de l'année i774,& vient i l'appui de t'explic.ition que je
donne , comment l'huile de vitriol dégage l'éthet contenu dans rcfprit*
de- vin.
Quoique M. le Comte de Lauraguaïs aie avancé ( voyez le volume de
l'Académie Royale des Sciences de l'année Jy^S ) qu'une petite partie
d'éther vitriolique fe didout dans l'eau , je penfe que les éthers varient
beaucoup , fuivant l'cfprit-de-vin que l'on employé. La plupart provien-
nent de vins qui tirent fut l'aigre, & ces cfptits contiennent beaucoup
plus d'acide que ceux qui font tirés des vins gcnéieux & de bonne qua-
lité; ceux-ci donnent toujours un éther plus agréable, plus inHommable,
Ce coiifét]uemmenc moins mifcible à l'eau , s'il a été bien reéVitié.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 187
SUR LES CRYSTALLISATIONS
Obfcrvécs fur le Verre •,
Par James Kbir , tcuytr,
Kj N connoîc depuis long-tems la figure parcicalière du crjrAal «le
roche \ Si l'on Taie que le verie de Mofcovie > les pierres précieufcs, les
pyrircs, les minerais, les métaux (1), les fels, l'eau (i) ôc l'huile (;),
loumis à certain degré de clialcuc ,de froid , de âuidicé S>c d'autres cic-
conllances nccelTairesjaiFcÛent une ficiire uniforme.
Beaucoup d'autres fubflanccs cryftailirent aulli. H y en a plufieuts donc
les parties offrent une figure dctermincc dans leur cafluce : tels font le
Viifmuth , le régule d antimoine , le zinc & tous les autres corps métalli-
ques, dont les parties fe rompent fans s'étendre. Il y a même lieu de
croire que l'or , l'argent , le plomb Se Icuin , pourroienc acquétic cetrc
ccgulariré de grain, par des moyens particuliers; car M. Homberg a
remarqué que le plomb, qui n'cd pas dudlilc daus l'eut de chaleur,
rompu à chaud , oftre une texture grenue. Peut-ctre tous les corps humo-
gcncs fe crydalliferoienr-ils en palîanc de l'état de fluidité à celui de
iolidité, fi ce pafTage n'étoic pas trop fubit, C'eft au moins ce que j'ai
vu dans du verre , qui s'ctoit foliditîé très-lentement. La forme , la rc-
gaUritc de la grandeur des cryflaux oiu varié félon les circonilances qui
en accompagnent la concrécioa.
Les cciiantillûns, n^\ i , onr été pris au fond d'un grand por, qui
«voir reflc dans un fourneau de verrerie, pendant qu'on laiiroii éteindre
lentement le feu- La maHe de la matière chauffce était fi grande , que la
clulcur dura long-tems fans ajouter du chauffage , & que la concrétion
(i) On a trouvé de l'or natif ciydalllf^. M. Rome de l'Ifle dit (Effaîde Cry/lal-
Ugraphie .. p. jsoOavoir tu des crylbuid'or natif à huir pans , romme ceux d'altin ,
& un autre en lame bczjgonc. On en peut voir de beaux échantiltons au C*(>inet dtt
Doâcnr Hanter. L'or fc crynalUfe encore par le fccoun dcl'ait. Ayan; vcrft qd pca
d'éther fut une fotuùon de ce méul dans l'eau régale , Je trouvai au bout de quelques
mois, l'or ftparé dit mcnftrue, fous ta forme de prifnies polfgoncs bien diftin^i.
(x) On connoîc parfaitement le* formes variées & icgulicrei dc« particules de la
neige , qui n'cft que de l'eau cryflaltiféc.
()*) Les ciyftaux que le froid produit dans l'huile AtùSaîiM, font, comme on
Ta remarqué , de ii^-beanx priOnes bcxagones légnlicr».
ï88 OBSnRFATtOKS SUR LA PHYSIQUE,
du verre fiic très-longac Je trouvai U partie fupérieure du verre changée
en une matière bUnche , opaque j ou plutôt Hemi-opaque , dont la cou-
leur 5c ietiffurelTembloienti une efpùce de verre de Mofcovic. Sous cette
croûte, qui avoir un pouce d*c|)ain*eur ou davantage, le verre cioit cranf'
parent, quoique fort obfc'urci , &c devenu d'un cros bleu, d'un verd
foncé qu'il cioit. On crouvoir , fur ce verre , plulicurs cryft.iux blancs
opaques, qui avoient gcnL-ralcment la forme ci'un folide , vu de côte,
fiZ' I i planche i , & p3t la bafe^^, i. Leur furface fe termine par des
lignes plutôt elliptiques que citculaires, difpofces de manière qu'une
fedion rranfverfale du cryftal eft un hexagone, reprcfenté^^. j & 4,
dont U première offre la vucTaurre un plan de cette fecYion. On voie
au milieu de chaque bafe du cr\(bl , une cavité conique ^ fig, i Se 1. Les
lignes citipciques, qui terminent la furface des cryftaux , paroiiïenc for-
mces par les bords de pluficurs lames minces , rangées autour de l'axe de
chaque cryftal , de l^çon que leurs diamètres longirudinanx lui font pa-
rallèles. U y en a douze plus larges , plus villbles Se mieux dchnies que
les autres, files font placcespar p.iircs , à égale diftance l'une de l'autre ,
formant les fix angles delà fedion& de U bafe hexagone, comme oa
le voit/jj'. 1 ) t , 3 & 4. Leurs intervalles font remplis par de plus retires
lames , qui adlièrenti leurs côt^s ainfi qu'entre elles , fous un an^le de (So^,
& par une fubfbnce un peu moins opaque, d'une couleur plus foncée
que celle des lames. La grandeur des cryfbux continus ou voi(ïns les
uns des autres , ne diifcroit pas beaucoup, quoique celle de ceux qui fe
trouvoient i diffcrcntes profondeurs du même pot, le f\z conlîdcrible-
nient. Leur plus grand diamètre croit d'environ ^ de pouce, de forre
que iiQS^g. I , 1, ; & 4 les préfcntenc extrêmement grofTîs, Ils ne font
pas tous auffi exaftement configurés que ceux-ci; mais la plupart ont
ime régularité (i frappante , qu'on ne peut douter que la cryftalliuiion n«
foit parfiiie.
Le verre , marque n". z , offre une autre efpcce de cryft.illifation : je
l'ai pris au fond d'un por qui avoir été tiré du fourneau , nendanr que
le verre étoit rouge. Il y a deux forres de cryftaux : ceux de la /7?. 5 font
des colonnes haute? d'environ un huitième de pouce , larges d'un cin-
quième de leur hauteur, & irrégulièrement cannelces ou hllonnces de
raijiutes. Les autres j repréfentés/fff. (î, 7& 8 , ont leurs bafes prefque
du mcmc diamètre que les prctédens^ m.iis leur hauteur efV beaucoup
moindre , & ne fait qu'environ un fixième de leur largeur. Leurs bafes
fe rerminent pat des lignes qui paroi(fent déchirées Se irré^ulières ; mais
plufu'urs cenaent à une forme hexagone , dont la régularité peut avoir
cté rroublée par le mouvement du verre (bndu, qui, en rîrant le poi
du fourneau j aura fori:c & plié ces cryftaux très minces, pendant qu'ilç
étoient chauds & Hcxibles.
Lçs échantillons , n*. 3 , foitcnt d'un pot de verrerie , fui le côté du-
quel
SVR VniST. NATURELLE ET LES ARTS. 189
quel avoit coule un peu de verre fondu, qui y adlicca allez long-ceim
pour former drffcrences fortes de cryllaux. L'inrcricur de ces ccliauti lions
efl aurti couverc d'un verre diffcremmeiu cryiiilhfc. Quelques crylbux
. feuiblent des deim-colonnes, qu'on voie par le côté plat»jfy. 9. D'autres,
-/%■; lOjparoiireiucompofôs de plufieuts demi-colonnes, réunies fur ua
iiicme plan , autour d'un centre cummun , comme les rayons d'une
roue. Plulieurs de ces niyons fcniblcnt s'ccrecir en approcliaiu du centre
de la roue, 8c rellemblent par conréquent plus à des feamcnsde mor-
cc;iux de cônes coupes fuïvant leur axe,qu'i des cyhndres. Mais peuc-
.ctre cette app.irence vient-elle uniquement de ce que les demi-colonnes
.ionc rangées près dp centre de la roue , de façon que le bord de l'une
XepoCc fur celui de ù voinne, comme les rayons d'un éventail.
Lcchandllon de verre, /î". 4, avoit coulé par la fente d'un pot, &
adhéra alTcz long-tems aux barres de la grille du fourneau pour cryf-
rallifer. Quelques cryftaux paroiilenc oblongs comme des aiguilles^
d'autres globulaires ou d'une figure approchante. Plulieurs de ceux qui
font en aiguilles Ce joignent à un centre commun -, & quoique le trop
prompt refroidi (Te ment du verre les ait probablement etnpcchés de s'unir
en allez grand nombre pour former des cryftaux globulaites complets ,.
ils montrent atrez comment ceux qui le font ont pu le devenir.
Toutes les cryilallifationt que je viens de décrire, ont écc obfervécs
fur un verre X vitie d'un verd noir, qui fe coule à Stoiitbridge. Il eft
compofc, de fable, de rcrre calcaire & de cendres de végétaux leflîvces.
Il y a encore fouvcnr des cryUiUirations dans le verre des bouteilles
ordinaires, dont les matériaux fonr prefquc les mêmes que ceux dont
je viens de parler, fauf des fcories de fer qu'on y njoute quelqueiots,
-.Je mets ici l'échantillon, n**. s* Les cryftaux n'y font pas cntouts dans
un verre tranfparent non cryltallifc, mais faillans à la furhce de la
malTc, qui eft toute opaque ôc cryftallifée. Us femblent une lame d'épée
à deux faces , tronquée pat la pointe.
Je n'ai pas vu tle ft parfaits cryftaux que dans ces deux fortes de verte :
c*e(l quêtant plus fluides Se moins tenaces que tout autre, quand on les
fond , les particules qui conftitucnt les cryftaux fc l'oignent plus aifé-
tnent ,& s'appliquent le5 unes aux autres avec moins de réHll^nce de la
parc du milieu. Peut-être aullî cryftallifent-ils mieux parce qu'ils coa-
liennent plus de patries terreufcs.
Le cryûil o\x fiint-glafi , tenu long-tems rouje à un grand feu,
acquiert un louche , qui vient probablement de plusieurs pirticui<^ blan-
ches cryftallifées, trop petites pour être apperçues. Je foup^onne même
que la blancheur opaque du verre , où il y a de larfenic , eft l'effet d'une
cryftallifation i laquelle ce minéral difpofe certaines efpèces de verre;
car cette opacité , étant plus grande que celle de l'arfenic mcme> ne
peut fe commuuiquet à une plus grande propoaion de verre tranfpa-
TomeXl^j Part. Il, 1779. SEPTEMBRS, B b
ty^ OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
lent, par l.i feule interpofirion mcch.inique de ceire fubftance opaque,
qui n*a quelquefois qu'une demi-opacité.
M.deRcaumura obfervc que quelques erpcccs de verre, expofceslong-
tcms à certains degrés de feu , fe recouvrent d'une croûte blanche opa-
que , & qu'en coucinuant la chaleur , tout le verre fe convenir à la lin
en cette fubftaiice. C'cft ce qu'une prétendue reircmhlance à de la por-
celaine a fait appellcc porcelaine de Réaumur, qui n'eft réellement que
du verre confufénient cryllallifé.
La crydallifacion change conftdcrablemenr quelques propriétés du
verre. Elle dccruit fa rranfparence j & lui donne une blancheur opaque
ou demi-opaque. Elle augmente fa denfitc \ car celle d'un morceau de
verre cryftalliic croie à celle de Teau comme HJ76 i jcoo : au lieu que la
denfité d'un morceau non-cryftallifc, pris à cote du premier, confcquem-
menc fait des marnes matériaux &c expofé à la même «.haleur & aux autres
cîrconflanceSjéroir à celle de l'eau comme xG6x ï looojlacrynalli^tiou
diminue encore la fragilité du verre; car celui qui eft cryllallifé ne fe fcle
pas Htôc en p.-itTant du chaud au froid.
La cryftallifacion eft toujours accompagnée ou précédée de 1 cvapora-
tion des parties les plus légères & tes plus fluides du verre. Un morceau
tranfparcuc, expofé jofqu'à ce qu'il fut encicrement cryft.illifc , perdit un
ciiiquante-huitiéme de fon poids; Se d'autres expériences me donnent à
croire que le verre trop chargé de Bux falins, fe cryftalUfe plus difficile-
ment que les .lutres verres plus durs, jufqu'à ce qu'il en ait perdu le fu-
perflu par l'évnporatioti. Ain(î, il eft douteux que le changement des
propriétés, caufc par la cryftallifarion , ne folt que l'effet du changement
de fa texture des parties intégrantes du verre. Mais , quoique l'excès des
flux falins ou autres puilTe empêcher la cryftallifarion , il n'en eft jjas
moins vrai que ce changement de propriété eft le principal ou le leul
effet du clïangement de texture, comme le prouve l'obfervation qui
fuit :c'eft qu'un morceiu de verre cryftallifé, fournis à une chaleur beau-
coup plus vive qu'il ne faut pour le fondre , & refroidi enfuite fubite-
ment , perd toutes les propriétés qu'il avoir acauifes , & revient du verre
cranfparenr fragile, quoique beaucoup plus dur, plus dcnfe & moins
fuiible qu'il n croit avant la cryftallifation, à caufe de l'cvaporation de
fes parties les plus fubtilcs.
Beaucoup dexemples femblablcs prouvent combien les propriétés des
corps dépendent uniquement du différent arrangement de leurs parties
iiuegranres, ou de leur façon de cryftallifer, C'eft ainfi ^ue le fer de
fonte ôc l'acier , refroidis fubirement , acquièrent un gram beaucoup
plus fin, font plus durs, plus claftiques, plus caffans & fonores que
quand on les huile , ou qu'ils refroidillem lentement. La def.rtptïon de
mes cryftaux vitreux monrre des cryftallifations fort varices dans la
même efpèce de maiièce foumife i différentes circonftanccs ; elles
SUR VniST, NATURELLE ET LES ARTS, i^r
▼arient mcme fouvenc dans le mcme morceau Ho verre , comme je l'ai
fiic voir, quoique les circonft.inces n'ayenc pas change. Peut-être, Hans
ce dernier cas. Il diflFérence des crylUux matque-t-elle fimplumenc les
divers decrcs de U cryl^alUracion \ car ceux des /g. 6 , 7 Se lî > trouvés
dans le mcme morceau de verre que ceux de la ^g. 5 , dilfcrent princi-
patemenc en Iiauceur de ces derniers , qui font pcuc-ctre eux-mêmes
compofcs d'un certain nombre des premiers, joinrs pai- leurs bafes. Les
cryftaux en roue ^Jtg* 1 o , femblent compofcs de ceux en demi-colonnes ,
rangés autour d'an centre commun » comme les rayons d'une roue. J'ai
déjà remarque que les cryftaux globulaires, n°. 4 . font faits de pluficurs .
petits en forme d'aiguille , convergeans vers un point central.
I Cette propficic de cryftallifer, découverte dans le vetre, tend rrès-
probable l'opinion que les haj'alUi font le produit de la cryll.iliifacion
aune lave vitrcufe , fondue pat le feu des volcans. Les contîdcrations
fuivantes viennent à l'appui de cette idée. Les bafaltes prifmariqucs , 6c
autres de forme rcgulicre , font toujours accompagnes de traces de
volcans , comme l'ont rem.irgué d'habiles Naturaliites , entr 'autres M.
Delinareft (1); cet Auteur allure qu'il s'en voit mcme aujourd'hui parmi
les produits des volcans ardens de l'Ecna & de l'inc de Bourbon; — en
fécond lieu , la matière du balixlte eft généralement de mcme nature &
du mcme afpcâ que la lave environnante, &c fuivanc \L Defmarefl,
les bafalres prifmatiques d'Auvergne font adtuellemeut une continua-
tion , &: en général la terminaifun d'un courant de lave.
Troifièmement, la variété de la forme des cryftaux dans les mcmes
efpcces de verre , ainfi que dans le même morceau , montre afTez l'in-
ceaitude des conctufions qu'on pourroit tirer de la reffemblance de
Ëgure; il convient pourtant de remarcmer l'analogie qui e(V à cet égard,
entre les cryïVaux de bafalre & ceux de verre. Les baiàlrcs cryftallifés
font ordinairement en colonnes ou prifmatiques. C'eft juftement b
forme des cryftaux repréfemés/C' y Les cryftaux vitreux en demi-colon-
nes, /fjt;. 9, ren"embîent aux demi-colonnes de bafaltes, que l'Evcque
Pocock (i) a obfecvées dans la Chaulfée-des-Géans. M. Defmareft a*
trouve en Auvergne beaucoup de concrétions de bafaltes fphétiqucs ^
elUpfoidcs , formées de colonnes polygones plus pyramidales que prif-
matiques , convergeant de la circonférence au centre. Les concrétions
vitreufes globulaires , dont nous avons parlé, montrent avec elles une
parfaite analogie. Cet Auteut a vu, dans la mcme province, des tables
de bafaltes régulières , dont les alfemblages ctoicnt accumulés dans toutes
(i) Mémoire far les Bafaltes de liProrincc d'Auvergne. Voyci M^oire dcl' Aca-
démie des Sciences 1771.
C») Tianf. Pl»iiof. Vol. XLVm.
1779. SEPTEMBRE. B b 1
t9i OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
les direâioiis : or , les cryflaiix , Jîg. i , i , j & 4 , fonc tcellemenc des
alfeirtblages de tables , rangccs en tout fcns autour d'un axe commun.
Enrïn , la pierre qui porte les colonnes de bafalies , & qui !i'cn trouve
Îiuelquetois portée , étant de la nature & du cilFu de.ces colonnes mcmes ,
emble une maffe irrégulièrement crythllifée , comme les maiTes des
cchantillons de verre , h". 1 & 1 , qui l'onr évidemment de la nature des
cryftaux voiiîns, & paroîircnt formées d'un nombte de ceux-ci unis in-
diftint"lement \ car la forme particulière des cryftaux n'eft ditlin<f>e que
lotCqu'ils font ifolés ou féparcs les uns des autres par un milieu tranfpa-
tent ou différemment coloré. Tel eft le milieu interpofé entre les
cryfVaux vitreux , qui n'eft autre chofequeles parties les plus fluides du
verre, qui réfiftcnt le plus à la concrétion , & qui, en continuant U
chaleur^ n'auroit iàit, avec les parties déjà cryftallifécs, qu*ane feule
fubftance blanche , opaque , où il n'y auroit eu du verre ttanfparent, ou
des cryilaux diftinâs , qu'àrta furface comme dans I ahantillon, n'^* $»
où ils s'élèvent fur la malle infumie , comme le$ cryfbJ libations de bafal-
ces fur la lave c]ui les fuppotte.
EXPÉRIENCES ÉLECTRIQUES
Qui dcmontrcnt que l'eau peut propager la Commotion j
Par M. HORBERN BerGMAN.
I.
\a £ A V , femblable a Protée , s'offre à nos yeux fous différentes formes ;
tantôt folidc , tantôt Huide , tantôt fous l'état de vapeurs. Le froid en
fait un corps dur, la chaleur lui rend d'abord fon état àc âuidiié, &
Ja refont bientôt en vapeuts \ je ne me propofe point de la confît
dcret fous différens points de vue, ni d'cxammer fies propriétés dsiis
chacun de fes états j je m'attacherai feulement à édairtit quelques
f oints principaux de convenance & de difconvenance par rapport 1
éleâricitc.
I l.
La glace, l'eau 6c les vapeurs conviennent enfemble: i". Para qutUei
pewtnt Ttctvoir i'èUciricitè des autrts corps & ^u'tît'cs la propagent facile-
mcntt Vil glaçon peut enâammct l'eiptic-devin ; l'eau en uqt «juc
SUR rUIST, NATURELLE ET LES ARTS, r^f
liquide, eft un des meilleuis conduâeurs reconna: les vapeurs c|M'
s'élèvent de l'eau bouillante , d'après rexpcricnce, jouilTent de U même
ptopricté,
a"* L'eau dans tfuelqueiat que ee foit , n'a pu encore produire par
éUe^même dt l'èUSrk'uè; ce qui doit paroîcre étonnant, puifqu'on eft
déjà venu i bout d'en tirer des métaux mcme. Peut-2'tre cela vienc-tl
Îitutôt de U difficulté & du défaut de méthode & de moyen , que de
a matière.
3**. On n*a pu encore accumuler & fixer dans VeâBUe fluide iiecfrîque
par U moyen des chocs ou de t'iùnceUe. On ne peut douter cependant
qu'on xïGn vînt à bout en fe fervaiit de lames de glace d'une certaine
cpaiircur, & qui n'auroicnt point de bulles d'air ni de fentes. Mais
je n'ai pu y tcullir.
4''' a "y a que des maffes confldérahUs qui tranfmettent la cortimotlon.
L'amas des vapeurs connues fous le nom de nuages , propagent la foudre,
mais de petites quantités ne donnent point d'explolion. Cette propo-
fition a ci'abord l'ait erronné & même fous plufieurs afped. , mais les
expériences fuivantes vont édaircir tous les doutes. Elle répugne aux
deux propofitions luîvantes : La Ccmmotion iiednqne Je propage p.irfai-
tcrninc à travers l'eau , 6* un moruau de glace placé au milieu d'une
chaîne èUctrique , arrête le pa^agt de la Commotion. On a regardé pen-
dant plus de douze ans la première propnllrion comme un axiome.
Ce fut , i ce que je crois, le Dodeur I-tanklin , qui le premier dé-
couvrit la féconde \ il fut d'autant plus furpris de cette propriété de
la glace , qu'il avoir toujours regarde l'eau comme un excellent milita
à la propagation de l'cleàlricité. J'ai fût quantité dexpéiiences pour
éclaitcir ce point , & j'ai trouvé qu'il n v avoir pas autant de différence
entre l'eau & la glace que Ion croyou ; que ces propofitions prifes
généralement n'étoicnt poiut vraies , mais feulement dans quelques
circonRances particulières.
I I I.
Première Expérience,
Chargez d'éledricîté une bouteille de Leyde ou im Tableau magique ;,
pour connoîcre s'il y aura commotion, & quelle commotion, & s'il
y a entre les deux furfaces une clrcularion d'cledricité, dont l'eau pui(Tè7
faire partie, je me fers de plufîeurs perfonnes pour cette expérience ,
dont le témoignage puiile me donner quelque certitude fur le réfultat.
Suivant qu'elles ont fenti le choc fur la poitrine , à la jointure du coude ,
tu poignet ou fimpicmcnt \ l'extrcmite des doigts ou bien nulle pire,
je juge que le paliàgc du fluide électrique a été entier , imparfait ,
1J4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
ou nul. Pouc peu qu'il s'en échappe, on éprouve uiie commotion
quelconque. J'avoue que cette manière de mefurer ne peut pas ccre
regarJée comme abfolumenc exafte, puîfqu'elle varie fuivanc la force ,
la foiblelle & rintenficc d'cleitricitc ; mais au défaut d'ime meilleure
je m'en fuis fervi. Au reftc , au moyen des cleftromctres ordinaires je
jugeois que Téle^kricité étoic aofH forte qu'elle pouvoir Ictrcôcla com-
motion lur la poictine croit toujours violente. D'aptes cela , voici les
expériences que j'ai faites.
Un petit tîl d^ Itn ou de chanvre fec înterrompoit la chaîne y ic
les doigts fentoient une légère commotion lorfqu'il ctoit mouille.
l V.
11 fuit de-U, que les corps propres à la propagation de l'éleAricitc
ne le font pas pour cela de la commotion. Car ce 61 mouillé permet
bi«n les attra<5Hous , les étincelles ôc les autres petits phénomènes ,
mais il empcchc la commotion.
V.
Secondt Expérience.
A la place du fil , que l'on fe fetve d'un tube de baromètre de crois
à quarte pieds de long , plein d'eau , garni i fes deux extrémités de
bouchons de liège craverfcs par de petites tiges de fer communiquâmes
avec l'eau. Deux perfonnes au milieu de la chaîne , tenant ce tube
par les tiges de ter, ne fentironr aucune commotion, ouellenepaf-
Terapasle poignet; la bouteille deLeydene fera pas dépouillée, puilque
fans nouvelle charge , elle donneca une commoùon aflez forte pour
£cre fcntie à la poitrine.
poitrine.
V L
Troijlème Expérience*
Çrccédente. Plus le diamètre du tube lera gt , ^--,
)eux ou rrois doiets de diamètre peuvent fu£re. Alors, la commo-
tion (éra vive U u bouteille de Leyde fera prefqu'cntièremeur dé-
pouillée.
SUR VniST. NATtTRELLE ET LES ARTS, 195
V 1 I.
11 s'enfuie , i**. que pour tranfmettre ïs commotion de Leyde par le
moyen dp l'eau, une petite qu.imitc ne fi^ffî: pas.
t". Les métaux tranfpôrtert: U commotion bien plus parfaitement que
î'ean ; car 1 travers un cylindre d'eau long de 40 doigts géométriques ,
& de trois lignes de diamètre , ellc.aficdeà peine le poignet (Exp. 1.);
tandis qu'un fil de métal, ou fimplement une bande de papier doré
de m&me longueur, la bouteille cnargce de mcme, &: à la même dif-
lance, fait refTeniic une commotion violente fur la poitrine. Nous voyons
aufïî que les condu^euis métalliques foutlrcnt une plus grande quantité
d'cle^ricicé.
3*. La troifième expérience montre que la quantité d'eau fuperflue
ne nuit point i U communication de Icleftricitc. On ^comprend par-
la comment M. Wiw^/trr, ProfcfTeur à Icypjîck , a pu faire entrer la rivière
de P/i/f< dans la chaîne cleârique (i *j comment M* Le Monn'ur q\x afaic
autant du grand badin des Thuitti'us , dont ta fuperficie a cent toifes
quarrces,&' x\ pieds de profondeur (i); comment M.JaUtthert y Profef-
icur de Genève, a propagé le fluide cledrique à travers le Rhône (j);
comment enfin l'illurtre •Franklin , a pu enflammer de l'efntit-de-vin
fur le bord de la Skuylkil j pat le moyen de l cleélticiic que 1 on excitoii
fut l'autce (4).
V M I.
Quairi^nti Expiritnce,
Si on répète la féconde expérience avec un tube de baromètre qui
foit de moitié plus court , ou ce qui revient au même, on fatfe péné-
trer une des tiges de fer jufqu'à la moitié du cvlindre d'eau, le réïuUac
ell le même, & Ion n'apper^oit aucune difFcrence.
I X.
Ctnquiimt Expérience,
RcmpUlfez d'eau une bouteille de verre d'un demi-pied de hauteur
Se de crois doigts de diamètre ; armez-là comme nous l'avons dit (N. j.) ^
(0 Sticrkc de ElcÛ. Krafft Jcs ValH inGlaC GcfjlTcn. ^, 48.
Cx) Mém. ric l'Acâd^ra. des Sdciic. aiiotfc 1744 , p. 447.
()) Noilct, Lcxues fur l'Ucâr. p. 101-104.
(4) fnokUn, L. c. ^ 19.
i9(î OBSERrJTlONS SUR LA PHYSIQUE,
&ices la chaîne» tirez rétîncelle foudroyante , la commotion fera très-;
forte,
X.
Il fuît de ces deux dernières expériences, que le diamètre înHue pour
beaucoup , & que la diminution de longueur ne produit aucune diffé-
rence, à moins que la diftancc ne devienne fî petite que 1 étincelle
piiifTe éclater immédiatenient de l'extrémité ^qs aeux tiges métalliques.
Si on forme une chaîne dont quelques anneaux foient très-près fans
cependant fe toucher , la décharge fe fait fucceflîvement & tranquille-,
ment, quoique parfaitement,'
X I.
Ayant conllaté ces vérités par rapport à Teau, j'imaginai bientôt
que de gros morceaux de glace etoient plus propres àtranfmettre TéleÛri-
cité que des petits , & les eflàis que j'ai faits ne m'ont point trompé.
X I I.
Sixième Expérience.
Je pris un morceau de glace de 15 doigts géométriques de long ,
I) de large, & 8 depailfeur, que j'armai d'étain aux deux extrémités.
I^ux perfonnes tenant ce morceau de glace par les bouts armés , &c
làifant chaîne reçurent la commotion jufqu'au coude. Je fuis perfuadé
que la commotion eût été plus forte û le morceau de glace eût été plus
çonfîdérable.
A volume égal la glace tranfmet moins bien que l'eau.
XIII.
Septième Expérience»
Un cylindre de neige comprimée de i\ doigts géométriques de
long, & d'i^de diamètre, a très-bien tranfmis la compreflion.
Huitième Expérience,
SUR VHIST. NjtTURElLE ET LES ARTS, i^i
primées L'une contre 1 autre , de façon qu elles ne formoient plus cju'un
gros cylindre d'un demi-pied, la commotion aétéjufqu*à bpoitnne*
XIV.
Neuvième Expérience,
Faifanc attention que l'eau différoit de la glace par le feu & la cha-
leur, que Jallahert avoit obtenu une commotion plus forte avec de
l'eau chaude, qu'avec Keau froide; connoiflfant ennn la^grande analo-
gie qu'il y a encre le feu fie la matière éleârique , j'ellàyai la féconde
expérience avec de l'eau chaude , mais le réfulcat ne m'a pas offett une
différence fenfible.
XV.
Telles font quelques expériences qui peuvent jetcer un grand )*our
& être très-utiles à la théorie de l'éledncité. Elles prouvent que les
corps qui la propagent facilement ne tranfmertent pas toujours le choc.
Il paroîc nécelTaire pour obtenir cet effet , que le corps déférant puilTe
contenir une grande quantité d'éleâricité. La faculté de propager dif-
fère donc de la faculté de communiquer le choc* L'eau, les animaux,
les métaux ont été placés par rous les PhyHciens éleârifans au nombre
des meilleurs corps propageans ; mais perfonne , je crois , n'a comparé
par de bonnes expériences, lequel de ces trois corps étoit le plus pro-
pre i cet effet j quelques-uns cependant n'ont pas douté de donner
cette qualité à l'eau. Certainement le Fhyficien qui s'occuperoit à
clafTer les différens corps fous ce nouveau point de vue renaroit un
très-grand fervice. On trouveroit peut-être unç^nouveau rapport en-
tr'eux , & ce feroic la faculté de communiquer le choc éleunque qui
l'érabliroit.
Tome Xiy^ Pan. IL 1779.- SEPJEMBRE, C o*
*»pB OBSERFATIONS SUR^A PHYSIQUE,
DESCRIPTION ET OBSERFATIONS
Sur leTremblcmenr de terre de Bologne, en Italie;
Par M, U Comtt Auguste de C h a b o t^
J-t E Mardi , premier Juin , vers minuir , on fentic une force fecouffe
de trembtemenc de terre , c]ui dura crois fécondes , & dans l'efpAce de
z heures de ccms , on en fentit deux autres de U même force. Le rcfte
de la nuir les fecouffes conrinuèrcnc , mais trcs-foiWcmcnr.
Le Mercredi , r Juin , au matin , vers les 6 heures & demie » il aniva
tine autre fecoultê plus force que les précédentes, & qui dura à peu-près
Je même cems.
Du Mercredi jufqu'au Vendredi 4,i 7 heures & demie du matin,
on ne feiicïtque de trcs-pctites fecoulTes. Mais alors, il y en eut une terri-
ble qui dura plus long-tems que les précédentes, renverfa beaucoup de
cheminées , ( c'efl à-dire , les tuiles qui couvrent les cheminées , car vous
favex bien que les cheminées en Italie font des bâtimens ) fit des cre-
▼afTes dajis les bâtimens, & d'aurres effets qui remplirent les habitans
dererreur,& les fit tomber dans la plus grande conllernation. On dit
que le même jour il s'cft ouvert une crevalfe i f'arisnans , finie in
milles de tioloi;ne j ce fait ncd cependant pas encore véiifié.
Le lendemain ou apporta dans la ville la M rjona ./i fan Lnca, faite ,
dit-on, par ce Saint , & fitué .i j milles de la ville; elle e(l, comme
is favez , fort en véuération dans le pays , puiiqu'on a bâti des porti-
vous
pays , pui{qu on a r^aii des porti-
ques depuis Bologne jufqu'en haut de fa monragne où e(l fituce TEglife»
pour que les pèlerins puilHenc v alter a couvert par tous les tems.
Nous arrivâmes le Dimanche , & nous vîmes d to ou 1 1 milles de la
ville des biraoues & des tentes fort balFes , bâties dans U campagne, en
cas de nouvelles fecoulfes , pour éviter la chute des maifons. Les Eglifes
étoienc ouvertes , le Saint- Sacrement cxpofé , & tout le monde à genoux
jufqucs dans les chemins.
Le Lundi 7 , i rf heures du foir, étant fur la Monta;noU,i la porte de
la ville , quantité de perfonnes appercurent fur ta mnntaone di Jan Mi~
chiiel in Boj'co j une grande quanritc de globes lumineux qui sVlevoienc
avec force de la terre dans l'air , & qui par Uur nombre prodigieux ,
relTembloienc i une pluie de feu \ jufqu'au Jeudi on ne fentic dam la
ville que des fecoulles ciès-légèrcs , mais qui fiirenc fendes plus vive-
ment aux enviions.
SUR VHTST. TC/tTURELlE ET LES ARTS. 199
Le Jeudi» 10 Juin , d 9 heures 5 minutes du matin, Taie étant fort
.tranquille & le ciel nébuleux , nous fencîmes cout-a-coup une fecoutTe de
cremolement de terre allez violence pour me faire tomber fut une chaife
qui ctoit auprès de moi. L'ofcillation qui fut très-forte ctoit de l'Orient
d l'Occident, &fut fuivie d'une fecouUe de tremblement rcitcréc, qui
£t battre avec violence les portes , ks fenêtres & les tuiles des toîts. On
compta , feulement dans notre rue, 1 5 cheminées abattues de cette uni-
que fecoufTe , fie une maifon écroulée prefqu'entièrement ; mon premier
mouvement fut de croire que le plafond s'ccrouloit» & en confcquence
je courus vers la potte. Mais voyant que les jambes me trembloient &
Sue la porte fiifoi: grand bruit, je reconnus que c ctoit le iremblcmcnt
e rerre dont on avoit déji fenti de û fortes fecoufles les jouts prccé-
dens. Elle ne dura que 5 ou 4 fécondes , & nous donna i peine le tems
d'avoir peur.
On a obfervé que dans les momens qui préccdoient les fecoufles , le
pendule fiiifoit des ofcillations plus fréauentes qu'au moment de la fe-
coufTe , il s'arrccoit , & reprenoit enfuite Ion mouvement naturel.
On a entendu différentes fois dans l'air un bruit fcmbiablc à cdui que
fait l'eau en tombant avec force fur des arbres touffus. i
Dans les tems circonvoilîns des fecoullès , on a obfervé que l'eau des
puits devenoir chaude , & bouillante même dans quelques-uns.
M. TAbbc Marie, qui avoir chez lui une boulïole, a remarqué , dans
le moment où il l'a regardée peu de tems après , qu'elle ctoit déviée de
3 degrés, elle efV cependant revenue d'elle-mcme au point où elle ctoit
avant la fecouffc. Malgré routes les recherches que j'ai pu faire , pcrfonne
ne m'a pu dire iî \t tremblement de terre avoit produit quelque change-
ment dans la Kautcut du baromètre & du thermomètre.
On nous aflura au moment de noite départ , que depuis la première
fccoulTc , les pendules fufpendus près de rerre avoient toujours dévie
de la perpendiculaire , & en dévient encore continuellement, & que l'on
A toujours TU tourner l'eau dans un grand vafe.
»77P. ' SEPTEMBRE. Ce*
io6 OBSERf^JTlONS SUR lÀ PHYSIQUE,
R É P O N S E
A la Lettre de Madame de V*** contenue dans le Supplément
au Journal dcPhyfique, page i8i ;dans laquelle on trouvera,
i**. les raifons qui rendent probable le lyrtêmc de l'émilTion
de la Lumière j i**. des Idées & des Expériences nouvelles fur
la nature de la Lumière &: de fcs effets , Se en particulier fur
la décoloration des furfaces colorées qui font cxpofécsàla
Lumière, & fur rétiollcmcnt des Plantes j
Par M. jEA/f Se^ESIER , Bibliothécaire àt U République dt Gt/tève ^
ô- Memhrt dt la Société HoUandoife des Sciences de Harlertu
5 E vous paroirrai » Madame , ou impoli , ou obftiné ; voici oue tcponfe
i la Lettre favante que vous m'avez fait l'honneur de m'adreifer-Je le fais,
deux bciux yeux comme les vôtres doivent toujours avoir raifon , leur
éloquence eft iriomphante, comme leur femence eft fins appel : maïs
quand on joint à ces attraits réduâeurï, des connoiiFances étendues , des
vues vaftes , un j;cnie mâle ; quand on s'cc^iappe du ihcàrre du monde
pour eutter dans le fandluaire de la A:icnce: quand on prcfcte Newton
ou Euler i un Romaa , & le langage fubtime de la Nature aux épi-
gnmmes des courtifans, on a une ame à foi , on fait apprécier fes idées
en examinant celles autres » & faire la cenfurc philofophique de leurs
opinions, fans craindre d'y ctre expofc foi-ir.cme.
jimicus P lato /4 mica de F^** jek magis arnica vetitas Voili ma pro-
fcrtion de foi , malgré l'admiration aue vous m'avez infpirée : je me pco-
pofe votre exemple pour jufliher les doutes que m'a fait naître la lec-
ture de votre Mémoire , 6c Je vous prie de m'éclairer avec le Public fur
la matière iniérelfance que vous traitez (î agréablement êc avec tant de
profondeur.
Permettez-moi une légère plainte; c'eft fans doute la feule que ;c vous
ferai jamais. Vous m'avez imputé une abfurditc beaucoup trop abfurde ,
en me faifant dire que les corps opaques rcpouffoicnt la lumière; vo-
tre expérience, en lifant divers ouvrages , auroit dû vous familiarîfer
avec les fiiutes d'impteflïon , & vous auriez fuppofé charitablement
que i'avols écrit , que les corps opaques reciUm ta lumière; fe ne fiil*
cette remarque que parce que je fuis jaloux de toute votre cÀime.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, ipt
La divifion de votre Mémoire fera celle de ma rcponfe; j*exami-
nerai donc dans cette première partie , les nifons qui vous font croire
flue la lumière ne fauroit «re une émanation dicefte dufolell, mais
feulement reffec de la preflion de cet aftre fut un fluide cminemmcm claf-
tiquc ^ je me bornerai à l'examen général du fyflcme fans incidentec
fur les accelfoires.
Dans la féconde , qui fera l'objet d'une antre lettre , je vous com-
muniquerai des expériences & des idées qui pourront peut-être éclairer
dans la recherche fur la natute de la lumière.
il y a peu de matières en Phylîque qui foient audî importantes que
cetle-ci ; vous ctes digne , Madame, de la traiter d'une manière allor-
tie à fon importance , & fi j'elTaie de vous communiquer mes idées, c'eft
pour proHter des vôtres , & pour vous engager i Bire part au Public des
expériences curieufes que vous avez faites , des idées utiles que votre
imagination crée depuis long-rems , & que votre pinceau gracieui
exprime avec élégance.
§. I. Rcpùnfi à quelques ohjeSîorts contre U fyjitmt de tim'ijfton de la
Lumïkn,
La quefHon fur la caufe de la lumière a occupé dans tous les tcms
les plus grands Philofophes ; mais ils ne font pas parvenus à la décider.
Epicure & fes Dîfciples regardèrent U lumière comme l'émanation de
quelques corpufcules lumineux qui sechappoienc hors du corps édat-
tmt : Newton s'appropria cette idée par la fublimitc de fon génie »
îa fagacitc de fes recherches , l'ctonnanie logique de fes expériences;
ce grand homme créa l'optique & tit connoicre la lumière.
Avanr Defcartes , on avoit déjà foupconnc que la lumière pouvoic
^tre produite par la preHlon exercée fur un Huîde cladique^ maïs
Defcartes rclTufcira cette opinion , Huyghens la rendit plus vrai-
femblable ; enfin M. Eul«r , ce profond Machém^ricien , a adopté cette
idée , & il en a formé un fyftème , qui ne laiHe rien A deurer pour
la clarté des idées & leur Itaifon \ on peut s'en inftruire dans deux
Ouvrages célèbres de ce grand Homme : Thtona Li/ch & colorum ;
Lettres à une Princeffe d'AlUmagne^ T.L Si l'on veut voir une hypothèfe
de phyfique difcutée avec profondeur , fuivie dans tous fes détails ,
tevcrue de toutes fes preuves , rendue intérelfante par la netteté , la
pTCcifîon & l'élégance qui régnent dans l'explication des phénomènes,
li faut lire les deux Pièces de ce rival de Newton , que je viens de vous
indiquer. Enfin, Madame, vous venez défendre encore cette opinion,
l'accommoder à vos idées : Je devrois quitter le comhatf je l'aurois
&ir, fi je n'avois pas été fbutenu quelquefois par les armes que Newton
me fournie, pat celles r^efA» Melvill déploie dans le fécond Volumt
xox OBSERVATIONS SUR LA pyrsiQU^j
dts Ccmmcntaini tCEdimboarifj & MM. Hcjmsby & Hor\lcy ^ dans les
yoUim^s LVilî & LX du Tranjaclions PhîhJ'ophi^ues, pavois auffl la
.dans les Minoires de CyicaAèmic dt Btriiny^oMt 1771, le Mcmoiie
far la Lumière de M. Bèguelin , que M. l'Abbc Rozier a foint à la
précieufe Colle^ion qu'il fait, eu l'inférant dans le Cahici' au mois de
Janvier de cette année.
Non, Madame , je ne vois rien de contradidloÎTe dans les idi-cs des
Newtonien? . qui regardent dans le mcme-tems le foleil comme le
centre des çraves de notre fyftcme, & comme le foyer de la lumière
qui en cclairc toutes les parties par les corpufcules qu'il lance fans
ca^ti vers elles : Saturne ne peut ctre éclairé par ces corpufcules lu-
mineux, quoiqu'il lombât dans le foleil fans la force de proje^ion
qui le retient dans fon orbite : car , (\ ces deux effets ctoient con-
tradictoires , il faudroit aufli pour que l'analogie fe fourînt , qu'on
ne pût détacher aucuj) corps de la furface de la terre, parce que U
terre l'attlrcroit avec une force qui fait graviter la lune vers elle, quoi-
qu'elle en foie éloignée d'environ 90 milles lieues; tes jets d'eau, les
uuts dos Danfeurs de l'Opéra feroient également abfurdcs : mais
obfervez •;; vous prie , i ", que la gravite efl nroponionnelle à la quan-
tité de matière \ que C\ \x moiicagne coloflàle de Chimboraco . fait
dévier le Pendule, les Taupinières de Saint- Valérien ou des Bons-
Hommes ne fauroient produire cet effet d'une m^inicre feniîble \.x°. que
lorfque l'action de la gravité fur les corpî eft la ■ncme , fes effets
font proportionnels aux circonftances de ce-; corps qu'elle poulfe; pen-
dant qu'un homme ne peut lancer un boulet de 14, livres qu'a la
hauteur de quelques pieds , un canon lui ïvr.x parcourir plufieur^ toi-
fes , quoique dans ces deux cas la gravité le repoulfe dans les mîmes
hauteurs avec la même force vers le rentre de la terre. Si dune nous fop-
pofons le corpufculc lumineux extrêmement petit & poulfc par une
force extrêmement grande d^-ns le vuidcj il pourra parcourir avec uno
vîrelTe extrême un efpace bien plus grand que celu^ du Soleil .i Sarur-
ne, malgré I.1 gravitation du Soleil \ mais vous êtes trop M.ithcman*
cienne pour ne pas fcntir la force de ces coiiféquences.
Il eft vrai, que Je ne crois pas, comme vous rinlînuez, que U force
qui attire, eil aulTi celle qui rcpoulTc^ mais f:ijouie, que ii le Soleil
attire tout à lui en vertu de fa force ccntripcte , il peut avoir aulïï
une force particulière & furïîfanre pour chaRer au loin les corpufcules
rrès-légerj que le feu forme à fa furfàce., Se cette force peut ctre foi-
blement reprcfentce par celle des corps brûlans qui répandent au loin
lâ lumière.
Newton avoit fiippofc que la lumière ctoic compofce de corpufcu-
Jes de dcnfitcs ditrércntcs; eccte idée n'eft point invraifemblablo, il
y a même des exjrériences qui la rendent ptob^bU cupime vouj 1q
SUR vnrsT, NArunniiE et ifs arts, ioj
verrez dans la Lettre fuiv-inre. Elle ne renferme donc rien de contra-
diétoire , quoique Bernouitli ait voulu U ren-lre burlefque dans fes
Rechtrchei jur U Pfpu^iitton de ia L"m/cre : R<.tucit dis Prix dt ( Acadl^
miedes Sciences de Pt'iSy ^o^e Hf ,Sc quoique vous ayiez cru comme
lui qu'elle ctoiï infomenable; mais, ces raifonnemcnsnÊ toml>ent point
fur l'opinion de M. de Mainn que j'avois adoptce ^ elle donne aux
diffffrens rayons une vîtelTe différente ; je fais bien que cette hypothcfe'
nXt pas i Tabci des difbcuUés , mais elle me pacoifToic en avoir le
moins
En regardant cetre opinion comme vraifcmblable , je n'exclus point
celles qui font nufli vMiltrmblables qu'elle, je ne prétends pas non-plus
expliquer comment les fept ditfcrens rayons tamifcs par le prifme &
réunis pour former la lumière, font lancés du foleil avec des vitefles
différentes ; riruiginarion peut fournir mille explications de ce phéno-
mène à l'imagination , mais elles feront toutes fans preuves julUâca-
TÎves. Sjns entrer dans ces détails inutiles , fubfcrve feulement que
la dtflérente refrangibiliré des fept rayons pjffant d*un milieu plus rare
dans un autre qui feroir plus denfe , indique qu'ils n'ont pas la même
vîtefTe; en effet, ix les rayons rouges fuivenr alors plus conftammenc
leur route , s'ils fe courbent moins que les rayons violets , on peut
conclure après les loix de la mcchanique, que les parties conflituantes
du rayon rouge ont une plus grande vîteffe que celles du rayon vio-
let ; ce qui peut arriver , foie par une impulfion plus forte communi-
quée aux parties du rayon rouge, ù elles font égales i celles des au-
tres rayons ^ foit par une vîtcde femblable communiquée à des malTes
plus denfes : mais, quoiqu'il en foie, chaque rayon aura un degré de
vîtefle particulier détermine par fon degré de réfrangibiliré ; ainfi , com-
me l'analogie des effets mène i celle des caufes, la diftcrence de re-
frangibitirécaraftcrifant celle des rayons, & la méchamguc apprenant que
U différente rétrangibilité d'un corps qui paffe d'un milieu plus raredans
uu plus denfe fous le même angle, eft l'effet de U différente vîtelTe avec
bqucllc il le iraverfe; il parotc qu'on peut conclure avec probabilité d'après
ces principes , que la différente viteffe des différens rayons peut être
la caufc de leur différente rcfrangibitité , & par confcquent de leurs
différences couleurs.
Si c'eft une loi de U nature , d'agir d'une manière analogique dans
des cas qui peuvent fe reffembler , le fyftcme de la différente vireffc
des rayons pour produire les différentes couleurs , peut ccre préférable
à rout autre \ les fons aigus ne différent des tons graves que par la
différente vûeffe de leuts ofciltations j de même la différence des cou-
leurs, dépendra de la différence des parties conflituantcs des rayons
qui les forment; & comme les ondes fonores ne fe mc-lent pas, les
rayons ne fe mcletouc pas non-plus ^ la différente vitelTe de chacun
ao4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
& la prodigieufc vîteïTe de cous fuffifenr pour fufpendre leurs affini-
tés & leurs mélanges. Cette analogie icmble ctre auflî dans nos fenfa-
tions , comme dans la nature : chaque ravon ayant fon mouvemcnc
parclculicc d'impul^on, communique à lame une împrcflion parti'
culicre & proportionnelle à ce degré d'impulHon ; alors, le nert optî'
que diflineuc la variété des couleurs comme le necf acoufttque apprécie
la diverfitc des fons.
Enfin, cette explication qui ne rend pas raifon de tout, quadre pout-
tant avec divers phénomènes , de manière d en devenir plus prob.ible.
M. Mctvill obferve qu'en fuivant la théorie de Newton fur les réfrac-
tions, la vîtefTe d'un rayon qui efl: oalfé d'un milieu dans un autre,
étant à fa première vîtcilc , comme le iinus d'incidence à celui de ce-
fra<!!ïion , il arriveroit que quand les rayons fe mouveroient avec une
vîtelTe égale dans un milieu , leur vîtellc changcroit en entrant dans ua
milieu plus denfe , & que cette différence leroit en raifon inverfe
de leur différent iinus de réfrangibilité \ aiuiî quand on fuppofe-
roic les rayons lancés avec une vîtelTe commune , leurs vîtelTcs vatie-
roient dans des miUcu3( donc la faculté réfringente feroit différence
de celle de l'atmofphèce folairc, & elles fccoient à-pcu-prcs comme
les finus des rcfr.iâions. Sî vous lifez l'excellenc Mcmoire de ce Phi*
lofophe , mort trop tôt pour les Sciences, vous trouverez la détermina-
tion de la vîtcfle de la lumière dans chacme milieu , & ce qui mérite
bien d'être remarqué , c'eft que M. Mçlvill détermine le tcms que la
lumière emploie pour venir du foleil jufquà nous pat ces principes,
& il trouve qu'il efl, à très-peu de cbofe près, le mcme que celui que
Homec & Bradlcy avoicnc déjà fixé par deux moyens différent.
Puis donc que la vîtcfle des rayons du foleil augmente lorfqu'ÏIs
travetfe
.1 la
>fphè[
furface de la Terre.
une
a une
du Soleil Se notre atmofphcre
Mais, il faut avouer que cette hypochcfe n'a poinc paru confirmée
par quelques obfervations propres i l'apprécier. On fait Que le rems
employé pat le rayon violer pour fe mouvoir dans un milieu , etl au
tems qu'y emploie le ravon rouge, comme 78 à 77J fi l'on obfervç
donc Içs ccliplcs des fatcllites dçjuuiter, pendant que Jupiter ell dans
Tes quadratures avec le foleil, la aernière lumière violette réfléchie
par un facellicc, doi( ctre à la dernière lumière rouge refléchie par te
même fatellite, comme 78 à 77; de forte que la dernière lumière
violette refléchie pat le fatellite avant fon immerfion, doit affedcr l'œil
après le rayon rouge réfléchi le dernier, la foixante-dix-fcptième partie
de 41 minutes, qui eft le tems employé par la lumière pour arriver
lufqu'à nous , c'çll-i-diiC] 5 1 fecofides^ ainlî donc le iâteUice yu de U
tcrro
SUR VniST, N.4TURELLE F.T LES ARTS. 105
fctre devroît changer (a couleur plus diiiic deuii-minuic avant fon
Immerlîon tot:ilc > en paHlinc par toutes les nu:inces du hUnc au vio-
Jet; mais les meilleurs Obfervaceurs n'ont jamais reni.ir<|uc ce phéno-
mène , qui paroît découler fi n.irurellemenf de la théorie ; en conclurons-
nous donc que la théorie eft faulle, que les ditîcrens rayons n'ont pas
une vîtelfe différente ; non , Madame , vous êtes trop Philofophe ,
trop bon Obfcrvatcut pour ctre fi précipitée dans votre jugement ;
mais vous vous rappellctczquc M. le Alarquis de Courttvrun qui avoir
eu les mcmes idées que M. Melvill « & qui avoît entrepris des Obfer-
vations Aftroaomiqnes analogues pour les confirmer, avoit Tait des
calculs fur la dilféreute vîtctre des rayons, dont les rcfultats éroienc
très-diÔcrens; de forte qu'on peut bien croire que le tems déterminé
par M. Melvill pour déhgner celui qui doit s'écouler entre le momenc
où l'on celTe de voir le rayon rouge , & celui où difpaioît le rayon
violet, peut être trop grand: 1°. Vous fctcz attention que la diffctcme
denfité de l'atmofphcre, & la ditfcrentc qualité des matières qui la corn-
pofent, peuvent occafionaec des variétés confidcrables: j^'. Vous foup-
çonnetez que les rayons réfléchis Si féparés i une fi grande dillance
jie fuivent peut-ccre plus les mêmes loix que ceux de la lumière di-
reûe: 4''. Vous penferez que les vibrations perpétuelles de notre ac-
mofphère réuniHent peut ccre à nos yeux ces rayons rcellemert fépa-
rés, ou bien qu'elles confondent les diffcrens rayons de cette lumière
fucceAive , ilc manicce qu'on n'apperçoit que la lumière ordiiuixe , com-
me iorfqu'on fait tourner un prifme avec rapidité.
Enfin , M. de Mairan remarque qu'il fandroic que cet objet très-
cloigné pût Stre^u au moment qu'il fe préfente a I'œiI , parce que
s'il ne peut être vu qu'an bout d'un cett.iin rems » ce tcniSj quelque
court qu'il foic^g>cut futhre aux r:iyons colorés qui difiércnc peu dans
Jours vjteffes reipe<ilives , pour arriver enfemble & fe réunir avant d'opé-
rer leur feufation individuelle ; & il eft certain ou un fatellite de Ju-
piter ne peut sappcrcevoit au moment qu'il fe prcfcute i l'ail , puif-
qu'avec une lunette de xC pieds on le voit trente fécondes plutôt
qu'avec une lunette de 10 pieds.
Le fyftcme de l'éminion vous effraie. Madame, vous craignez pour
la durée du foleil \ il vous femble le voir s'en aller en poufiière Qc
former des amas embarralfans fur notre terre ou dans l'efpace ; ralln-
rçz-vous^ M. Horfiey fournit des falutions cutieufcs à ces diflicultés
dans le Volume LX des Tranfa(5tions Philofophiques. En fuppofanc
les molécules de lumière fphcriques , leur diamètre d'un million de
raillions de pouces, leur denfité trois fois plus grande que celle du fer»
alors, il trouve que le nombre ^-^C avec ^6 zéros Icruit celui des
fphérulcs de umiicre , qui fecoient une fphcre de fer, donc le diamè-
tre aurait un pied \ que la vîtelTe de cette lumière feroit à celle
Tome Xir, Pan. Jl, 1779. SEPTEMBRE, Dd
xoS OSSERrJTIONS St/R LA PHYSIQUE,
d'un boule: lance par un canon comme ^{{1091: 1, & que la quantité
de mouvemcnc dans U lumicrc , feroic à celle dans le boulet comme
] ai 5 1 1 4^4 avec 17 zéros : il obferve Vnfuire, avec raifon , gu il n'eft
point nccefTàire que l'cmiflton de la lumière foir maihcmatiquement
continue, mais qu'il fufTu que cluques molciules Toitint à jocco lieues
les unes des autres. 11 trouve enfuîte qu'indépendamment des rayons
réfléchis qui parviennent an foleil, le foleil ne perdroir que tj^T^ de
fa malle en jSJï ijo,ocg ans.
Il réfulre de ces calaits» rendus probables par les idées qne nous
avons de la divifibilité de la matière, i'. que le clioc des corpufcules
lumineux ne fauruit détruire les corps les plus délicats; 2". que la matière
lancée par le Tolcil ne fauroit caulcr de grands einbams fur la terre
& dans l'efpace , puifqu'elle eft fi rare, fi ténue & par conféqucnt en
fi petite quantité i d'ailleurs, une partie de la lumière qui tombe fur
la terre, fe combine vraifemblablcmeni d.-.ns les corps : obrervons
encore à cet égard, que fi elle formoit le phlogiftiaue, ou fiellcétoic
Je phlogiftique lui-même comme vous le croyez , elle ne feroit pas U
feizièuie pacûe du foufre , ou du corps qui paroîi en contenir le
plus.
A l'épard des analogies que yous Trouvez encre la lumière & le
fluide cle<îlrique , elles ne nie paroifTcnc pas alfez frappantes pour
_,__ „ — -_- j ^ ^^^ ^ ,._ _ _ .__ _ _. — — ._ — ^ _ . - ^ ^
paroit quand I éledricité etl plus vive ; elle paife au jaune & au blanc
quand elle a route fa force. De nicme les rayons violets font ceux
qui ont le moins de vîtetPe j les rayons rouges font les plus rapides,.
éi la lumière blanche ell la plus éclatante. ^
Enfin , je ne vois pas comment on mectroit en doute ce qu'on (aie
fur la quantité de la vîcefTe de la lumière , quand on e(l prvenu i 1»
détermmec d'une manière i-peu près femblable par ciots moyens lout-
à-fait différens ; par les cclipfcs cfes fatellites de Jupiter , l'aberration
de la lumière des étoiles fixes , & celui de M. Mulvill dont j'ai par*
lé. Faites-y bien attention , une théorie appuyée fur trois faits difTérenS
eft certainement probable: douterons-nous d'un fait que rrofit phéno-
mènes diflcrens nous font appercevoir de la même manière ?
VoiU, Madame, les motifs qui m'attachent au fyftcme de l'émïT-
fion,&les rcponfes qu'on peut faire à ce que vous obieéVex; je fais
bien que tout ce que je vien^ de dire ne forme pas des demonftraiions ,
mais je fais bien aullî que les autres fyftcmes ne four pas plus follde-
ment érayé*s. Je refte donc à cet égard dans mon opinion , parce nue
je la crois encore la mieux fondée : i! f.iut que ma pcrfuafion foit bien
intime pour réfifter i votre éloquente dilTettation.
SUR L'H/ST. NATURELLE ET LES ARTS. 107
§. X. Argumens contre Us Syjlcmes qui fuppofent que la Lum'thre cjl
ttffct tTun Jluidc éUJlique comprimé ou agite par le Soleil,
, Je me hôte de venir à l'examen du fyfVême de ceux qui croient
<jue la lumière ed l'etTec des ondulations d'un lluidc cminemnienc claf-
tiques. produites parTagicacion partielle de toutes les parties du (bleil»
comme dans les idées de M. Euler, ou par la prcfTiun générale de d
tnalTë comme dans les vôtres.
£c d'abord , je commencerai en citant quelques propofitions des Prîn-
fipes Mathèrnatiques de Newton , que vous trouverez dans le fécond
Livrer elles me paroilTent fondamentales & mentent toute votre acccn*
don. I
Newton démontre dans la propoCtion 41 i Que la preffton ne fe
propage point en lignes droites dans un Jluidc , à moins que jes parties ac
foieac placées en ligne droite. Cependant , vous n'avez point dit que vo-
tre Océan élaflique fût compote de parties placées relativement en-
tr'elles en lignes droites du foleîl à nous^ quoique vous ne niez pas
i& propagation de la lumiète en lignes droites.
Il prouve enfuite dans la propofition 41 : Q_ite tout mottvement pro^
âgé dans unjîuide s'éloigne de la ligne droite dans des efpaces immobiUs»
A:i\% vous n'avez point fuppofc que votre Océan clalHque fût fujec
si d'autres mouveniens qu'à ceux que la preHioii du foleil peut y pro-
duire , car s'il s'a{;ittoit de l'adian d'un corps vibrant fur ce fluide claf-
cique , les effets feroienc diffccens. U faut donc conclure, que comme
la lumière fe propage en lignes droites , puifqu'elle eiî interceptée
pat les corps opaques» placés entre le foleil & l'oeil , elle ne feutoic
être produire pat une prefTion ou un mouvement propage au travets
d'un âuidc \ parce que les preflions ou les mouvcmens communiques
au travers d'un milieu, divergent toujours de U ligne droite, & fe ré-
pandent autouc des obdacles qu'ils rencontrent. Je vais approfondit ces
concluions.
i*'» Le mouvement produit par la preHîon dans un Huide eft ondu-
latoire , fur-tout fi le nuide eft claftique \ l'expétience le dcmoiïcre;
elle apprend encore que la première onde formée par le corps com-
primant ell petite, que celle-ci en forme une plus grande qui e(l fui-
vie par d'autres , jufques à ce qu'il y en aie une qui arrive aux bornes
du fluide , ou qui épuife la force communiquée par la prellion \ en
traçant cette matière pat le fecours des Mathématiques , il y auroic
bien des proportions curieufes à faire connoîere , mais ce n'en efl pas
ici le lieuî je me borne donc si conclure de cette expérience, que la
prcHion ne fauroit produire dans un fluide, & encore moins dans un
fluide cminemmem éialUque, un mouvement en lignes droites, mais
1779. SEPTEMBRE, Ddi
fe
io8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
feulement en tout fens^ ainftjpar exemple, s'il fe fait un bruit à ma
droite , quoique je fois fcparé ou lieu ou il commence par desobfta'
clés fuffifans pour m'empccher de l'entendre, il parviendra néanmoins
à mon oreille par une fenêtre placée à ma gauche; C\ elle eft ouverte »
le Ton entreta &: remplira ma chambre; dans ce cas le fluide élaftique
Îirefié par le choc des corps qui fait le bruic , ne fe reftirue pas feu-
emenr dans la diiretflion de la force comprimante, mais li pre(Ie
encore en tour fens toutes les autres parties du fluide; c'eft pour cela
qu'il fe trouve une onde fonore qui communique avec ma chambre par
la fenêtre qui eft à la gauche du bruit ; mais il n'en eft pas de même
pour la lumière, elle écîaireroit avec toute l'intenfité imaginable lemux
qui eft à ma droite, elle y mourroit irrcmifliblement, fans me |>rocu-
ler aufune clarté par la fenêtre qui eft à ma gauche.
Et l'on ne peut pas dire que le bruit foit propagé par le mur, car le
bruic diminue confidérablemenc des que je terme avec foin cette fe-
nêtre de la gauche ; vous conclurez donc que le fon peut entrer au tra-
vers des portes & des fenêtres placées dans routes les pcfitions relati-
vement à lui , & il pAroît toujours venir du côté où l'on peut l'enten-
dre, quoique ce ne foie pas celui où il Commence, & quoiqu'il lui
foit même oppofé ; mais vous ne douterez plus de la propagation du
fon en lignes droites , fi vous vous rappeliez t]u'il fe fortihe dans les
porte-voix. Se qu'il fort pat les tuyaux recourbés; ce qui ne peut arriver
a la lumière.
Obfervez d'ailleurs , Madame, que fi plufieurs preifions diffcrentes
agiftent fur un fluide , chacune d'elles forme une roule d'ondes circu-
laires donc elle eft le centre ; mais fi toutes ces ondes rencontrent un
obftacle, elles fe réfolvent toutes en une fuite d'ondes particulières,
dont l'obftacle devient enfuite le centre , & qui anéantiflenr toutes les
premières. Pourrons-nous donc admettre ficilcment la foule d'ondes lumi-
neufes formées par tous les corps qu'on apperçoit , exiftant cependant
fans trouble ni confufion , Se fe réfolvant en une feule fuite d'ondes ré-
trogrades après avoir rencontré tant d'obftades ? Mais comment ces
ondes rétrogrades ne changent - elles pas le fpeélacle en changeant
la génération des autres ondes par leur choc, en rallentiftanc leur mou-
vement , ou en les brouillant? On peut voir tout le ciel au travers
d'un trou fait dans une carte par une épingle; il vient donc une onde
élaftique de toutes les étoiles dans le même tems, comment ne fe con-
fondront-elles pas dans ce trou> Une onde doit avoir une certaine
étendue, mais en abotdanr d ce trou, l'expérience apprend que toutes
CCS ondes doivent fe confondre, & n'en former qu'une rayonnante de
l'autre côté de la carre, qui fera compofée du mouvement de coures les
autres ondes , qui ne devroic donner l'idée que d'une lumière com-
pofée de celle ae toutes les étoiles , Se qui ne poucroir peindre chaque
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 109
étoile , puirqu'il n'y auroîi plus qu'une feule onde compofée de toutes
les ondes de' chaque étoile. C'efl au moins ce qui arrive aux ondes
faites dans l'eau qui communiquent par un trou au côté oppofé de
l'obltacle contre lequel les ondes origmales fe brifeht.
Outre cela, fi l'on Aippofe un globule de fluide environné de plu-
iieurs autres , comprimés fuïvant différentes directions, il eft clair que
ceux-ci comprimeront le premier fuivant toutes ces direftions ; mais
afin que chaque rayon de lumière conicrve fa dire£tfon , il faudra que
le premier globule comprime tous les autres fuivanc ces direâions^
ce qui eft impoffible, parce qu'elles fe réduifent toutes à une , & le
globule comprimé prefle fur toutes les directions qui peuvent s'oppo-
ier à fa premon, foit quelles correfpondent avec elle ou qu'elles n'y
correfpondent pas.
Enhn , fi la lumière croit l'effet d'une prefllon opérée fur un fluide
élaftique, elle fe plieroit dans l'ombre; une preflion ne fauroit fe pro-
pager dans un fluide au travers d'un obftacle , parce que cet obflaele
arrêteroit fon effet , s'il fe faifoit en lignes droites ; de forte que C\ le
mouvement fe répand derrière l'obftacle , c'eft parce que la preflion
agit en tout fens , & force le fluide à rejoindre fon niveau j les ondes
donc retenues par un obftacle , fe plieront par degré vers la partie
tranquille qui eft derrière , au cas que la communication foit libre : on
éprouve au moins ceci dans les vibrations de l'air; c'eft pour cela qu'on
entendoit à Genève les coups de canon tirés au fiège de Turin, quoi-
que ces deux Villes foient féparées par les plus hautes montagnes du
globe ; mais la lumière ne fuit jamais les routes tottueufes, & fi elle
îe plie , ce n'eft jamais vers l'ombre , mais du côté oppofé & lorfque.
le rayon patfe à l'extrémicé d'un corps.
1". Le mouvement fe communique par le moyen des corps élafti-
ques dans un tems infiniment court, de forte que comme vous fup-
pofez un fluide ém'mtmn.ent élaftique pour la lumière, il en réfulte que
dès cju il fera comprimé, le mouvement fe communiquera en tout fens,
& l'illumination fera fur le champ complette, parce que. le fluide doit
tendre au niveau avec une fouveraine vîtelfe, ce qui rend U propa-
gation de la lumière inftantanée &c ce qui contredit toutes les obser-
vations, il faudroit encore fuppofer que les parties compofantes du
fluide font fphcriques & placées en lignes droites, de manière que les
fphérules fe frappaffent néce (Taire ment dans la direction de leur cen- '
tre ; outre cela , des fphères ne peuvent fe combiner que de fix ma-
nières , enforte qu'il ne pourroit y avoir que fix accidens de lumiète ,
ou fix refleCtions \ ce qui eft contraire à ce qu'on obferve tous les jours j
d'ailleurs, concevez-vofts aifément cet arrangement de fphères dans ce
fluide toujours en mouvement. Se dont il doit fe combinée diffécentes
parties daâs cous les fens avec les corps naturels.
IIP
OBSERFÀTIONS SUR LA PffYSlQUE^
j^. Si la lutiiièce ctoit produite par un âuide cladiquc comprime,
alors la. compreflîou originale ctani toujours li mcmc dans voire fyf-
'" — les objets devroicnt ctre conftammenc éclaires d'une lumière
terne
cg.\icmenc intenfe > pa^e que les ondes lumineufes devront Toujours
ctre les mêmes , par touc & en tout tems ; mais l'illuminatiou varie
fuivanc diverfes ci[con{l.inces : il faudra donc imaginer» comme pour
le fou, de§ ondes plus ou moins rapides, alors donc tout les objcis
auraient encore une illumination fcmblablemenr varice ^d'ailleurs, com-
ment imaginer cette différence d'ondes dans un Huide parfaiiemcnt<!l.ifti-
que ôc dont la compreffion eft toujours la mcme ?
4". La prelHon d'un fluide claftique ne fautoit fe faire en un point ,
fans être propagée i l'inilant dans tous les points de fa nialFc ^ l'iiucc-
PoUtion d'un corps opaque ne fauroic donc oppofer aucun obfladc i.
onde tumineufe^ en -effet , fi dans une fplière creufe pleine à'im fluide
élaftique , on ptice au centre un corps lolide , il eft évident que tou-
tes les parties du fluide en feroient également comprimées, parce
qu'elles fe fouriennent toutes réciproquement , & qu'on ne peut agir
las Tune fans apt fur toutes les autres. Qu'a tri vetoic-U donc , fi la
pteflîon du folcil fur le fluide cminem.ment cladiquc produifoit U lu-
mière ? c'ell C|UC te joue ne tïniroit point , parce que la prcfl'ion du
foleit fur le fluide feroit toujouts conflammenr la même: c'ed au moins
une conféqucnce que la théorie du flux Se du reflux de la mer nous pec-
met de tirer.
5**. Mais pour pouvoir fe faire une idée plus jufte de l'aâion de
ce fluide comprimé par le foleil , il faut penfer , ou qu'il eft naturel-
lement dans un état de tendon , alors il doit toujours tendre à s'écliap-
per & faire eifon contre les parois de la fphèrc qui le contient^ ou
s'il n'ed pas contenu de cette manière , la force gravitante qui ne
peut détruire fon élafliciré, ne fauroit le contenir parclle-mcmc ; fi
le fluide eft d.ms un état de repos, alors il ne fait plus d'ondes & il n'é-
claire plus ; mais par-li même que le foleil le comprime toujours, il
s'enfuit qu'il doit ccte toujours tendu , ôc par conféquent qu'il doit
toujours faire effort pour céder à la preflion qui agit fur lui.
6^, On fait manifËUcment que les fluides tendent à l'équilibre , mais
on n'a Jamais vu que la lumière le cherchât.
7°. je ne faurois comprendre comment , dans le fyftcme du Huida
élaflique , on peut expliquer la vîtefle aquifc par les rayons qui paflent
d'un milieu plus rare dans un plus denfe i dans le fyftcme Newtonien ,
il e(l évident que le rayon eft attiré alors par le milieu, mais il doit
^crc retardé dans fon paflage au travers de ce milieu; cependant , il
a toujours la mcme vîtelle quand il en fotr , pour entrer dans un autre
d'une denfité fembliblc à celle du premier milieu où il fe mouvoir
avant la rcfraâion , que torfqu'U y était entré j d'où il téfulte ^u'il a
SUR VffrST. NJTl/nELlS ET LES ARTS, iii
hcccfTaircment acquis la vîtefle qu'il n'a pas perdue; au lieu que dans le
fyfïcme du fluide cUflique , comme M. Beguelin l'obferve , /Jcadèmit
dt tîerlirj , 17 i ^ t*' Journal de Pfn/itfue^ Janvier 1779 , les vibrations de
ce fluide doivent êcte néceflàirement retardées dans le milieu plus
dcnfe, fcs ondes doivcnc &'^ mouvoir avec plus de lenteur , & fi la lu-
mière qu'elles produifenc a la mcme vîteHe , en forçant de ce milieu
par la féconde rcfra£Vion, ou ne peut voir comment cette féconde té-
fraAion remet les chofes dans leur premier ctat , puifque le rayon eft
alors moins accîcé.
8^. Outre cela, Madjme , la rcfraftion qui eft un effet néceffairc
de l'atiraftion dans le fyftcmc de rémirtion , n'eft plus nccelTaire dans
le fydème des ondes; Il l'on peuc changer la diredion des corpufcu-
les fcparés pour les refléchir, les rcfraâer, les coiidenfer, les écarter
de leur route , on ne peut pas dans ce fens concentrer un fluide , le
icflcchir, le rcfraéter ; fes parties font plus adhérentes entr'elles, qu«
jdcs corpufculcs eircntiellement fêparés n'adhèrent entr'eux j de forte
I que (t ces eflets peuvent avoir lieu , ils ne fauroient avoir lieu aufli
parfaitement. Voyex un rayon qui iraverfe l'air , il eft appeti^u ; il a
donc des particules icflcxibles &: réfléchies j mais Ci la lumière eft
Tefl^ec d'une preflîon continue , cela ne fauroit fe palier ainH , lot
ondes du fluide qui arriveroienc fans celfe fetoient un obl^de invin-
cible au retout des auties. Je ne puis pas mieux expliquer la double
rcfraûion du cryftal d'iflande \ le même fluide pourroit-it l'opérer ? Vn
corps preiïc dans un milieu unifoimc , a des mouvcmcns en tout fens
qui font égaux , mais ces mouvemens ne fauioieni produire la double
réfra<5tion.
9°. Enfin , on a fait des expcticnces pour chercher à conftater , s'il
^toit pofllble , laquelle des deux opinions étoit la plus fondée ; peut'
être fuis-je entraîné par le préjugé y mais quoique je ne croie pas ces
expériences concluantes , il me femble que les indudtions qu'on peut
en tirer font favorables au fyftcme de l'emiflioni elles femblent même
indiquer que la lumière agir par impulflon. Homber» a &îr ofciller
un reiTbrt au foyer d'une Tennlie; Hattfoeker , du ray , de Mairan
imaginèrent ditférens moyens plus ou moins incertains, mais qui me
paroilfent favorables au fyftêrae de l'émifllon. ''qy'Ç Académie des
Scie/icei 1 747. Les expériences de M. Mitcheit faites avec des aiguilles
bien fufpcndues , font un peu plus concluantes parce qu'elles font
mieux faites ; il en tire même des confcquences proptes à tranquilli-
fer ceux qui craignent l'exiinâion du foleil^ tl établit qu'un rayon de
lumière qui tombe pendant une féconde fut un pied quarré , pcfe la
1800 millionième partie d'un grain; que la denlitc de ce rayon eft d
la furfate du foleil comme 45000 à 1 -, d'où il conclut qu'il fort de
U futfacc du foleil dans l'efpace d'un pied quarré , & pendant une
m OBSERFATIONS SUR LA PltYSIQVE,
féconde , la 40 millième partie d'un grain , ce qui fait un peu plus de
deux grains en un jour , ou C-^o livres en 6000 ans^ ce qui n'auroic
diminue le diamètre du fuleil que de 10 pieds en fuppofanc Ùl madère
auflî denfe que celle de l'eau.
Voilà , Madame , quelques Obfervacions générales qui diminuent à
mes yeux la probabiliré du iyllème qui ctabUroit , que la lumière peut
être produite par la prefTion opérée fur une Huide élaftique. Il me relie
encore à vous propofcr .quelques douces fur votre fyftcme particulier.
J'obferve prcliminairemenc que la fuppoficion d'un fluide élaftique
eft tout-à-fait gratuite , qu'il n'y a point d'expérience qui l'appuie \ il
me fembleroit même , comme je l'ai déjà infinué, que cette fuppodtion
e(l contraire à ce que nous avons dit de quelques propriétés des fluides
ëlaftiques.
La lumière eft produite , dans votre hypothèfe, par la preflion immé-
diate du foleil fur un fluide éminemment élaftique , il y produit
une onde qui en forme d'autres , &c. \ on a donc ici tous les inconvc-;
nieus quî rcfuhenc de la compoiîtion & décompoflcion des ondes,
comme je l'ai obfecvé ; vous fuppofez même que l'Océan élaftique peut
recevoir plufieurs impulsons aiflerentes du ioleil , & qu'il en reçoit
un trcs^grand nombre ; mais vous n'expliquez point comment chacune
de ces impuldons qui doit produire une fenfation particulière ne fe
confond pas avec toutes les autres qui ont lieu dans le mème-tems ,
en fuivant la loi obfervée pour la formation des ondes : z°. Vous avez
voulu repréfenter par le mot ^impiUjîon y la preflion opérée par le fo-
leil fur le fluide claftique } les mots font indifterens dès qu'on peut
s'entendre : eh bien donc , 1 illumination produire par cette preflion
doit ccre en raifon de l'énergie de la preflion , ainfl puifque la preflion
fe fait fentir le plus fenftblement fuivant la direâion de la ligne qui
coupe perpendiculairement les ondes \ c'eft alors que l'illummation
doit être la plus vive ; mais aufli comme l'énergie de la preflion n'eft
Î>as la même dans routes les parties du fluide , parce qu'elle n'agit pas
bmblablement fur toutes, il en doit réfutter auflî, ou que l'illumi-
nation variera fuivant la difierente énergie de la preflion relativement
aux lieux où elle fe fait fur-tout fentir , & al<frs les jours devroienc
être beaucoup plus courts & leur illumination très-différence dans les
différentes patries de leur brièveté \ ou bien , comme le fluide que vous
employez eft éminemment élaftique , le mouvement imprimé à une
partie doit fe communiquer à toute la mafle, de forre qu'il femble
qu'il ne devroit point y avoir de nuit , parce que la preflion eft con^
tmuelle fur routes les parties du fluide. 11 me femble que ces confé-!-
auences qui peuvent paroître d'abord exagérées , font cependant fon-»-
oces fur l'analogie de la nature, qui nous offre notre atmofphcre & les
eaux de U mer agitées fucceflîvement fuivaot que la litoe pafle à leuç
inéridieo.
SUR rnisT, NATunniiE bt ifs arts, uj
lïit-ridien , foit dans la n.irtie qui cil immcdiacement etpofce à fon
aâion , foie dans celle qui lui eft diamctralemenr oppofce, & dont le
mouvement eft d'aucaiu plus grand , que U Inné agir avec plus de force
i caufe de fa proximité ou de fa combinaifon d'aâion avec le folei!,
« qui ne produit aucune ditfctence dans rilluminarion; & fi le mouve-
ment des eaux Ti'cft pas unïverfel, c'eft ï°. parce que le fluide n'eft pas
éminemment élaftlque; i". dans l'Occan une petite diffcrence ne (au-
roit être apperçuej enfin, j". toutes les parties n'en font pas également
itrîrces.
Piiifque la lumière fe combine avec les autres corps & entre dans
leur fubftance , il eft évident que fa malle, & par conféquent celle de
Xa lumière, doit diminuer en raifon de la combinaifon; qucdis-je ,
l'illumination diminuera aulli , puifque dans ce cas la preflion fera
«l'autant moindre, que le Huidc aura été plus diminué, ce qui n'arrive
pas. U faut donc imaginer une fource de ce Buide claftiquc pour ré-
arer fes pertes continuelles; mais il fnut anfli qu'il foit toujours par-
lieement homogène , également élaftiquc ; il faut qu'il ne fc produïfe
[ue lorfquc la combin-iifon du fluide lumineux avec les corps l'a dimi-
luc , & qu'on n'en aie prccifcment que la quantité perdue... &c.
'Mais toutes ces conditions & une foule d'autres font également eftcn-
tielles pour que Li lumicere foie toujours femblable à elle-même ;
tjcependanc, CCS conditions deviennent des difticultés réelles Se tics-dif&-
cilcs i réfoudre.
Vous regardez , Madame, votre fluide claftique dilRminé comme la
^dufe de l'expanfibilité des corps qu'il étend en rempli^Tant fcs pores ,
'& en agiffant fut leurs parois, en raifon de I.i prefTion plus ou moins
I forte que le folcil opère fur lui ; mais fi c'eft U feule caufe de l'cxpan-
^ /ibilité des corps & de la chaleur , pourquoi fiit-il froid pendant l'hi-
' ver , quoique le folcil comprime également le fluide & peut-être même
alors d'un douzième de plus ? Pourquoi fait-il encore chaud pendant
les nuits d'été, quoique le foleil fait abfent? ou plutôt pourquoi ne
fkit»il pas également chaud , pnifque le foleil devroit toujours agir
également fur le fluide oui agiroic également i fon tour fur le fluide
contenu dans les pores des corps ?
Jepourrois ajouter une foule d'autres confidéraitons, entre lefqttcltes
je clioifis celles-ci pour les indiquer ; elles font tirées de la compa-
raifon de la lumière avec les phofphores qui s'imprègnent de lumière,
qui la confetveut longtems, ou qui la perdent d'abord fuivant les cit-
conftances \ des diflrrcns eflets produits par la lumière narurelle &
l'artificielle pour dccoloiet quelques corps j de l'immutabihté du rayon
coloré au travers d'un rayon d'une autre couleur; de la différente affi-
nité de ces différentes lumières avec les corps plogiftiqués & avec
d'autres ; de la lumière des corps btîilans, qui neft cerramement pas
Terne Xirj Pan, IL 177?. SEPTEMBRE. E e
X14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
l'effec d'une prelfion , mais <i*une cinination feniîble j des uches'dn
foicil qui font variables , & qui offrent des places où le teu paroît
brûler avec plus d'ardeur quand elles font dillipces: jt; m'arrête, Ma-
dame \ votre vue perçante vous montrera les indudlions que je lîre
de chacune de ces obftrvations i & je vais finie par une renurque
porciculière que vous avez faite fur ma manière d'envifager le plilogif-
tique.
§, j. Obfetvatiom fur le Phiogijii^ue.
Je n'im.iginoîs ps , Madame» m'ctre explique atTez obfcorément fut
le phiogiftique pout lailTcr lieu i l'équivoque i j'avois employé un Cha-
pitre entier, Jour/i. tît Phyf(qut^ Tome IX j pap^e 98, pour faire con-
noûre cet être ^ aufH , quand je me jfetvois de ce mot fans épithcte, je
ctoyois qu'on lui doniieroit la lîgnîlÎLatiun que je lui avoîs alllence ;
mais je ne vois pas comment j'ai pu faire foupçonner, que le phiogi(-
tique fut l'air pUIogiftiquc, qui ne contient qu'environ un quart de phlo-
gi{liquc ; îl eft vrai que le phlogiftique ne peur puères fe foumcttrc
aux expériences que dans l'état oe combinaifon , mais l'uniformité de
ies effets» montre bientôt celle de la caufe ; obfervez outre cela que
j'avois dit expreffcment, en commençant ce Chapitre, que U pbhpfti-
gue alùre Cuir; maï^ (\ le phlogiftique altère l'air en le faturant , l'ail
iaturé de phlogidique n'efl pas plus le phlogifHque, que le nrire vi^
[fiole n'cfc l'acide vicriolique.
Le phlogiftique agit certainement fur tous les nerfs qui font expcH
fés i Ton actiou , foit pat la vapeur du charbon , l'aîr inflammable , l'air
phlogiftique, &c.; les animaux qui ne rcfpirent pas y pcriffenc, touï
y perdent la fenlîbilitc, maïs ils confervcnt alors un peu leur trriubi-
lice^ je ne doute pas , comme vous , que les corps auxquels le phlogifti'^
que eft uni ne modihent Ton aCiion , mais C\ au milieu de toutes ces
tnoditlcacions , on obferve les mêmes effets conftamment, il me fem-
ble impollible de mettre en doute l'aétion qui lui eft propte ; ainfi
je dirai sûrement cjue le phlogiftique rcvivihe les chaux mculÛques,
qu'il ôte la fcnfibilitc aux animaux , qu'il affefte Icuts nerfs , qu'il les
tue i j'ajouterai qu'il eft le principe de la vulatilifatiou, &c. 11 me
femble que dans tous ces cas Se dans une foute d'autres fcmblables,
l'aitiologic chymique eft auffi fondée que toute autre.
Entîn , Madame, quoique je ne croie pas que la lumière foit le
phlogiftique . & vous verrez mes raifons dans la Lettre fuivante , je
regarde la lumière comme un des élémens du phlogiftique, & comme
une matière déji compofce. En deux mors , je crois la lumière plus
volatile que le phlogiftique , moins adive » ayant plus d'aBiniccs avec
les corps cerreftres , & je conclus que fou aAion doit eue propoc*
SUR l'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 115
^tionnce i fou cnemie^ de force qu'elle peut cbraiiler le nerf optique ,
Yans faire aucune impreflîon fur les autres nerfs dont la mobilité eft
moins grande \ certaniemenr on ne peuc comparer les fibriles de la
'jRcine , avec jes houpes nerveufes de la ttmtquc fchneiderienne \ de
iôite que la lumière peuc ébranler la rétine fans influer fur les nerfs
du nez : je puis me tromper , mais je fuis perfuadc que les odeurs
n'âgilfcnc que fur les nerfs olfa^rifs , &c s'il y a des odeurs homicides ,
c'eft parce que le corps calleux tft tue par l'imprertion qu'a reçue le
iii-rf olfat^if. Il réfulce donc de-là qu'im nerf peuc être détruit par un
corps qui n'agiroit point fur un autre.
Mais pour réduire comme vous la queftlon , je dirai que quoique
le phlogiftiquepur irrite roue le Ecnre nerveux, il ne s'enfuit pas que
la lumière agilTe fur tous les nerh , parce qu'elle ébranle le nerf optir
que; car on concluroic auni-bien , qu'on peuc voir pat rorcille, parce
Que la lumiàe agit fur TcriL II me fcmble plutôt que la lumière agic
fut le nctf optique , parce que ce nerf cft en proportion avec Kaâion
des corpufcules lumineux \ mais ù. vous diminuez la ténuité de ce
nerf & fon irritabilité , alors la lumière n'auroicplus aucune prife fut
lui; un brin de ch<invre ell tendu par un poids de quelques grains.,
mais il faut des quintaux pour tendre un gros cable.
J'ai fini de vous adrelTer quelques-uns de mes doutes fur votre
théorie & vos remarques ; mais je vous exhorte de nouveau à' cond-
tiuer vos recherches. Les fyftèmcs les meilleurs n'ont qu'une cxiftenc^
précaire ; ils font expofés à ctre remplacés par d'autres ; la Phyliquenc
îera une fcience folide.que lorfqu'on verra tous les £iits s'enchaîocr;
alors les théories ne feront plus que l'intuition des phénomènes , 5c-
l'on fixera vos expériences fotides avec les conféquences judicieufes
«que vous en aurez tirées. Employez-donc les reiïburces de votre génie
a étendre les bornes du favoir , en augmentant le nombre des faits,,
JU fans profcrire des hypothèfes ÎJigénieufes , tourmentez, la nature pour
înftruirc fes Contemplateurs ; c'eft le moyen d,c captiver l'attention
des Savans de tous les âges , comme vous charmez l'efpric & les re-
gards de vos contemporains.
J'ai l'honneur , d'être avec une refpeÛueijfe confidccation , &c.
^^
"77?.
SEPTEMBRE,
£e a
ii(î OBSBRFATIOKS SUR lA PHYSIQUE^
EXPÉRIENCES
Siir les Tubes Capillaires , quatrième Scdlion.
Par M, DvTOVR,
tt! mJa n s la prcccdente feâion , je n'ai fîir.plemcnt quindïquc fa
Îtàn que le plus ou moins d'adhérence des Ruides au verre , peut avoir ï
a rénftance qui les tient fuCpendus dans Us tubes capillaires.
' 11 eft conftanc que , quand la cohérence des molécules du fluide,
comme à l'égard de l'eau, etl moindre que leur adhérence au tube,
le fluide s'y clévc, & s'y fouiicnc au-dclfus du niveau.
11 l'eil auflîque, quand la cohérence de Tes molécules cil fupétteurc
à fon adhérence au cube, il y efl retenu au-delTous du niveau , comme
cela a lieu à l'égard du mercure.
On en peur, ce femble , inférer i'*.,qae les incenfîccs de U cohérence
& de l'adhérence étant égales, le fluide le mainriendroiit dans le tube ,
exai^bement au niveau; Se l'^.^que moins la cohérence des molécules eft
inférieutc d l'adhérence au tube , & plus courte doit ctre la colonne qui
peut y cac foutenue;
1. On conçoit conféquemment comment, malgré régalltc des diamè-
tres des tubes , les colonnes rufpcndues d'un m&me fluide y feront iné-
gales, quajid les matières qui entrent dans leur compoiîtioa font
■fliffcrentes.
Suppofons de plus que dans chacun des deux tubes C & D, d'égal
diamètre & de différentes pâtes, il foit alternativement introduit deux
fluides diftétens , dont l'un puilFe adhérer plus rortement au premier
qu'au fécond , & l'autre au contraire plus fortement au fecona qu'au
premier , on concevra aufli comment l'un de ces fluides pourra ctre fuf-
pendu plus haut dans le tube C que dans le tube D , tandis que l'autre
fera foutenu moins haut dans le premier que dans le fécond \ & com-
ment, par conféqucnt, il fera rendu raifon de la diversité des rapports
des hauteurs des colonnes d'efprit-de-nitre , de lait & de vin , dont il eft
h}t mention au n^, 41 de la feâion ^ ,
j. Pour appliquer à ces nouvelles obfervations ce qui a été dit,
«". j 1 & fuivans , fur la manière dont s'opère la rcfiftancc de la tranche
in/éiteure de la colonne , on peut y ajouter que , félon que les molécules
de fa circonféteuce tiemieut aux patois du tube par une ptu« forte
SUR VnJST. NATURELLE ET LES ARTS, 117
adhérence , elles en /uucienncnt d'autant mieux le cercle de molccntej
cjiii leur font contigues , celui-ci le fuivaiu , & ainfi de proche en proche
jufqu'à la molécule du centre qui en oppofc plus de réfiftance; en forte
que , par l'augmentation de l'adhérence au tuoe , les chufes deviennent
^-peu prestes mcnics que fi l'adhérence n'ayant pas augmente le diamètre
du tube ccoit devenu un peu moindre.
4. Les phénomènes fi oppofés de l'élcvation de l'eau & de la dé*
preflîon du mercure dans tes tubes capillaires, tiennent donc non-feule-
ment â la cohérence des molécules de ces fluides, mais encore à ce que
le premier eft fufceptible d'adhérer beaucoup au verre, & l'autre non.
D'après cela , il m'a paru qu'on pouvoit appliquer avantagcufcment i
leur explication les principes qiu , dans les auites ferions , ont ctc
déduits des obfetva.tions , & je commencerai ici par les rappcller.
Premier principe. L'adhérence des molécules d'eau au verre eft fupc-
rieure à leur cohérence.
Deuxième principe. La cohérence des molécules de mercure remporre
fur leur adhérence au verre.
Troificme principe. Les bonions du noyau de la colonne d'un fluide
qui fe meuvent eniemble dans le tube appliqué aux parois du tube de
verre, fans s'avancer au-delà, n'éprouvent aucun obl\acle de la part de
la cohérence ( i) , & le frottement eft nul fi'.
Quatrième principe. La tranche inférieure de la colonne en fontient
tout le poids , & elle le foutient en verrn de la cohérence des molécules
qui la compofent (}). Cette tranche ainfi chargée, eft elle-même fou-
tenue à fon tour, ou pat fon adhérence au verre, fi c'eft l'eau [4) , on
par le frottement, fi c eft le mercure (5) , >dout les réfiftances font fupc-
KÏeures à l'effort du poids de la colonne (G),
5. Suppofons maintenant un tube capillaire où l'eau puitfe erre
fufpendue à la hauteur ah ^ &c bien dirpofc d'ailleurs, c'cft-à-dire ,
humide par-tout en dedans , lequel fuit appligué à la fuperficie de l'eau
contenue dans la cuvette P , enforte qu'une lame ou ttanche d'eau C ,
aufn mince qu'on peut l'imaginer, fe colle ï l'orihce du tubci cette
tranche d'eau a à conrrebalancer la preflîon d'une tranche quelconque D,
auin mince de la fuperficie extérieure de la matfe d'eau. Pour qu'en cet
(i) Sc£Uon 1 , u*. 44. Scft. î- n«. 15.
(i) Scâion i, o'. 14, ii. Scû. } , n**. 17.
(j) Seftion Ln". ji , ji, 54 «'fuivans.
(4) Sedion 1 , n'. 14 , 44.
(î) Sc^on },n", ji.
(<) Les Serions i 3c j citées ici font inrérécS au treizième Tome da Joarnal <k
fhy^guc, fie la picmiércau Cahier du mois de Féviiu 1778, page 117.
iî8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
état l'ccjuilibre fubfiftâ: entr*elles, il fâudroic que la tr;inche C, opposit
une téhlUnce ou tine prellîon vquivâi'ence i celle qu'elle elTuye ae la
fiart de la tranche D.Cela feroic, iî l'adhcreuce de la ttanche D aux mo-
écules d'eau dont elle efl entourée, cc(l-à-dire,n la cohérence des mo-
lécules d eau ccoit égale à radhérciicc de ta ccaiKhe C à l'oritice du tube.
Mais celle-ci, en vertu Je la fupétioriic de Ton adhéteiue au vetre
/ur l'adhérence ou cohérence de l'autte aux molécules d'eau qui l'in-
veftiflent, cft mieux foutenue (principe premier) par l'anneau de verre
correfpondan: , que l'autre trancne D ne l'eft par le cercle de molécules
où elle e(l renfermée , & au.point de ne pas pcfet fut leanqui c(l su-
dcilbus du tube \ elle n'oppofe doue qu'une réfidancc infcnuure > ou
— , — f ~- - - . _ — — j. — — ._
lence^nide la part du frotcemem (troinème principe) elle doit obéit
â cette prelTiou , & s'élever dans le tube , tandis qu'une nouvelle
tranche qui la fuit prend la place que cette première quitte.
Si ces deux tranches réunies au bas du tube font de même, en con-
féqucnce des nifons ci-dcvanc déduites , aiîl-z foutcnues, en vertu de
la cohérence que les molécules de la féconde ont enir'elles , & de
l'adhérence de celles de fa circonférence à l'oriHce du tube , pour n'op-
pofer encore aucune rcllftance i la prellion de la tranche D , elles ft-
ron; aiifll dans le cas de céder & Je donner place, en fe portant plus
haut dans le tube , à une rroificme tranche qui y furviendra \ Se cela
fe répétera, & il s'y accumulera d'autres tranches , jufquà ce qnc la
colonne qu'elles formeront, devienne alTez liante, pour que la tranche
inférieure qui doic fupporter le poids de toutes les autres, &c éroit
fuffifammenc fuppottée avnnt par adhérence au tube ( qiiatticmc prin-
cipe) celfe de 1 ctre Se commence à oppofer à la prellion D une ré-
filtance qui la contrebabnce* Ce qui ne peut avoir lieu que lorfque
fa hauteur fêta égale ^ ah j puifqu'ifolée , fa tranche peut , en vertu
de ta cohérence de fes molécules , ëc de fon adhérence à l'orihce du
cube, fupporter le poids d'une colonne d'eau de la hauteur o^, fani
avoir belom d'aucun autre appui qui la foutienne.
6» On voit que les principes que fournitrcnt mes expérience*;,
font difparoîrre la grande difficulté qu'on trouvolt a faire furmonter
à la colonne afcendante le frottement contre le verre , & fa propre
adhérence aux parois du tube qu'elle mouilloit déjà,
U eft certain que non-feulement le froiremem , qui doic avoir lieu
fur les parois du tube , moins lilTes réellement qu'ils ne le font en
apparence & peuc-^tre fillonnés, a l'adhérence qui y attache les mo-
lécules d'eau, mais de plus la réiîdance des âocon> d'air , qui peuvent
trre appliqués , Se comme inau(tc& en partie aux eudiuîcs nua encurç
SUR VHIST. NÀTUnELlE ET LES ARTS. iij
mouillés , pAroifTent & fonr très-propres à cmp&cher qpe l'eau s*y élevé
au-delTus ae fon niveau. Cec oDlticle feroît infurmoncable, s'ilexif-
toic nécelfaircmem toujours comme on l'a fuppofc.
Et en effet, l'eau ne s'élève point dans les tubes capillaires, fi leurs
parois ne font d'avance convenabiemenr dlfpofés: la difpofition con-
venable contîfte eu ce qu'ils foiem revcrus en-dedans d'une couche
d'humidité plus ou moins légère. S'ils en font tot.;lcmenr dépourvus,
s'ils font abfolument fecs , envain les plonge-t on dans l'ciu dans l'efpé-
rance de l'y voie monter au-delTus de fon niveau. Les Phyficiens
qui ont été dans te cas de faire des expériences de ce genre, n'ont pu
manquer de s'apperccvoir que quelquefois l'eau nallott pas dans le
tube au delà du niveau, & que nicme elle s'y tenoii au-cetfous. \}xi
tube que l'ai fait fcchcr en le tenant près du feu, a enfuîte reftc appli-
qué pendant plus de 14 heures à la fuperlîcie de l'eau , où fon orifice
étoic un peu enfoncé, fans que l'eau y fût afpirée. Au contraire, l'eau
qui le baic^noit cn-dchors , luiu de former autour un cordon uinU'
laire qui furmontât fa fupcrticic, y prenoit une difpofition bien opiK>-
fée i on didinguoit comme un creux circulaire dont il étoi: immédia-
tement environné. Ce dernier réfiUtat a lieu aulU , fi une lame de
verre qu'on a fj.it chauffer , ou qui cft fuffifamment sèche , ell plon-
gée en partie dans l'eau. Il arrive encore que l'eau ne s'élève par fois
que lentement dans le tube comme par fauts & à diverfes reprifes,
é<. fins p.\rvenir i Ja hauteur où elle s'y ctoit portée on d'autres cir-
conftances : c'eft qu'alors il y a en-dedans quelque humidité , mais
qu'elle y cil mal dillribuée fur les parois, & qu'elle ne s étend ai
alPez haut , ni par-tout en-bas.
Mais veut-on y voir monter l'eau rapidement À l'inllant où on l'en
rapproche ? Qu'on commence pnr le reniplir d'eau en l'y cnfonyint
' " y reftera
effet qu'on
'PP^ . ...
en entier, qu'on l'en expulfe enfuite en foufflant dedans. 11
une couche d'humidité ou un rubule d'eau qui procurera l'ef?
attend.
Ce cubule d'eau y fait é\ranonir tous les obflacles qui s'oppofoienc
i l'afcenlion de l'eau. Plus de frottement contre les parois du tube;
celui contre le lubule d'eau ell nul. Plus de réiÏÏlance de la parc des
Hocons d'air, qui ne fe collent pas fur l'eau comme fur le verre. Plus
de réfiftaïue non-plus de la part de l'adhérence ou de la cohérence.
La caufe qui la produit ned aucunement re(lrainte , nî contrariée
quand les molécules d'eau coulent , gUlTent , fe meuvent les unes en-
tre les autres fans fe dcfunirj Si alors pour faire élever l'eau fuccef-
fjvcment de place en place, la moindre preliion fuffit, comme nous
l'avons du de la prellion opécée par la tranche d'eau 0 fuppofée
prefqu'inhiiiment mmce.
7. Revenons aux mêmes eSists en les confidéranc fous un autre poinc
Azo OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,
de vue. Soit iin fyphon de verre renverfc STV compofc de deux
branches» l'une capillaire Se Tautre fore large j l'eau verfce dans celle-
ci, & qui palTe dans l'autre, s'y élève aufli i une hauteur a E cç;alo
â celle où ifotée elle pourroit ctre fufpendue dans ce cube capillaire,
& fans doute en vertu des mêmes caufes , £c de la même manière
que nous l'avons vu dans le cas énoncé au n". f . Si on retire alors de la
large btanche V du fyphou reiivcrfé, une certaine portion de l'em qu'il
contient , enforte que la fuperhcic y defcende bien au-dcffous de la
ligne ac , au niveau, par exemple, de la ligne nn , la colonne d'eau
foutenue dans le tube C3pilhireS,y baille, & y doir en effet bailler
d'autant , & jufqu'à ce que fa Jiauteur ng au-de(ru5 du niveau nn fe
rende égale i fa Iieuteut précédente a E , puifque la tranche n de
cette colonne du tube capillaire, qui n'eft plus contrebalancée qui? pat
un tranche cxcrcmement mince de la fuperficic de la niiir^ dcau
ainll réduite, ne fauroit foutcnir parelle-mcmc la trop longue colonne
d'eau n E , mais bien cependant une colonne égale à celle i E , que
ioutenoic auparavant ta tranche a , les circonllances fe retrouvant les
mêmes à l'cgird de l'une qu'à l'égard de l'-iutrc.
8, I.a même théorie s'appliquera encore à la dcprefllion du mercure.
Sgit dans ce fyphon S Tv verfé du mercure qu'on fuppoferi d'abord
de niveau dans les deux branches. La colonne j-'', de la capillaire aura
à contrebalancer ta prcflion d'une autre colonne quelconque c./, de la
malFe de mercure de l'autre branche. L'équilibre fabnileruit entre les
deux colonnes d'égale hauteur , Ci r.idlicrencc de U tranche fupérieuce
a de l'une au verre n'écoit pas inférieure à l'adhérence ou cohérence
de la tranche fupérieure c , de la colonne anngonifte c</, au ruyiu de
mercure qui l'enveloppe { deuxième nrinjpe'; mais en conféquence
de cette infériorité ou nullité d'adnérence , la colonne id* , mieux
ctayée , mieux foutenue cjue la colonne antagonille ah^ n'oppofe i
celle-ci qu'une réhllance inférieure à la prellion qu'elle efTuie de fa
part. Et comme elle peut gHlfet & fe mouvoir dans le tuyau de mer-
cure ambiant, fanj éprouver le moindtc frottement ni être gênée par
la cohérence ( troifîcmc principe), elle doit obéir à l'excès de prcflioii
exercé par la colonne au ^ ^ (c replier fur la m^lfe de mercure
(candis que celle-ci la pouffe & vienc occuper la place abandonnée,
en fe raccourci liant d'autant dans la branche capillaire] jufqu'Ji ce que
J'équilibre foit eflFechié entre les deux preflîons. Ce qui ne doit avoir
lieu que lorfque l'e!icè$ cm de la colonne cJ fur la colonne raccourcie
£^ , eft égal à la colonne de mercure, qui ifotée, peut être fufpendue
dans la branchccapillaire,c'eft-à dire, que lorfque le poids ou la pre(lJoii
de la colonne cm cil contrebalancé complètement psr la rcfillance qu'eft
fufceptible d'oppofcr la tianthe fupérieure £ de l'autre colonne.
3' C'eft ce que l'expérience coulicme. J'ai éprouve avec des efpèccs
SUR L'ffIST, KATURELin ET LES ARTS, ut
de fyphons STV, tels que les reprcfcnte la figure iz,<)onc les dîaniC'
très aes bnnches capillaires écoietu diffcrens], & où j'avoU mat£|uc Aie
ia branche capillaire de chacun , avec des (ils ou autrement, les nivenux
a Se E, des colonnes du mercure de cette branche & de l'aurre plus
large , j'ai éprouvé , dis-je , qu'enfuice on pouvoit faire foutenir dans
la première une colonne de mercure ifolée égale à rintervallc des
deux marques, & non une plus longue. Ou voie qu'il ell néceffiiirc
pour obtenir un pareil réfulcac lur toute Ictenduo du cube capillaire,
qu'il ait cxa<5ïemem le mcme diamètre. Mais, ne fut-il pas le même
par-tout, on parviendra du moins, en ftifaiit rencontrer la colonne
de mercure ilolce entre les deux marques, i y en faire foutenir une
oui en remplira Tintervalle , & qui ne pourra être plus longue. Cette
cgaliic de mcfure entre la dépcemon du mercure dans la branche ca-
pillaire du fyphon , & la hauteur à laquelle il peut , étant ifolc , y
refter fufpenna,ne fe laifloic aucunement préfumer. lia fallu que la
théorie, employée pour l'explication des phénomènes , 1 indiquât. Cette
théorie a pliflieurs points de conformité avec celle de M. Veitbrechr.
lo. D'après les Obfervattons précédentes fur la difponcionà laquelle
les tubes capillaires de verre doivent la propriété qu'ils acquièrent d'af-
pirer l'eau où on les plonge , on peut dire que ce n'eft point dans
un rube de verre qu'elle s'élève, mais dans Tendait d'humidité dont
il ell revctu en-dedans , ou dans un véritable tube d'eau, auquel le
cube de verre fert de foutien.
On fait que d'autres matières folides ont la même propriété de
lailîer élever l'eau dans les pores'ou interftices étroits donc elles font
perforées, Se ils l'ont fans doute de la même f ^on.
L'adhérence qu'il peut y avoir entr'elles & l'eau > fut-elle mcme
trcs-conlîdcrable , ne fuftit pas poiit la leur procurer, puifque cVft
uni^emcnt félon que la cohérence des molécules d'eau efl plus on
moins inférieure i fou adhérence au tube capillaire, quelle s'y élevé
au-delTus du niveau.
Ainfi , le tube de verre feroit privé de la proptiécc d'afplret l'eau ,
fî la cohérence de fes molécules étoii fupéricure ou feulement cg^le à
fon adhérence au verre. C'eft une prcflion, conte foible qu'elle foie,
qui , aptes avoir opéré fon effet , fe reiiouvcllant encore fuccelîîvcnient
jufqu'a un certain terme, fait croître pat degrés Se fouvent crès-rapide-
ment , la colonne d'eau qui excède le niveau ; & l'efficacité de cette
fbibjeprenîon dépend de ce que dans le tube capillaire, la colonne mieux
fûutenue par l'adhérence de la tranche de fa bafe i l'orihce du tube , que
lie l'efl: la tranche antagonifte de la malfe d'eau de la cuvette, en venu
de fa cohérence avec les molécules d'eau qui l'entourent , n'oppofe
d'abord aucune rcfiftance à cette preflîon.
Tome Xir^ Pan, If, 1779, SEPTEMBRE. Ff
ft» OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
11. Dans le cas où les intenncés de l'incenfité de l'une à on tnbe
d'une aucre fubflance que le vcrce, & de la cohcrence de l'autre .ivec
\ts molécules ambiantes fcioicnt égales , le xiivcsu de l'eau dans le
«ube capilLiire fcroir le même qu'en dehors.
IX. Dans celui où rinEenlîcé de la cohérence de la rranche exrc-
tieure avec les molécules d'eau ambianres, l'empotceroit Tut l'adhérence
de l'autre aux parois de ce rube d'une autre fubftance , l'eau y feroit rcce-
nuc au-denbufdu niveau , comme il arrive au mercure dans un iub«
capillaire de verre.
15. Coiifcqucmmenc le fuif, lacirc, & toutes les autres fubtbnces
auxquelles l'eau n'adhère que foiblemcnt ou même n'adhère pas da-
vanrage que les molécules ne cohérent enct'elles ,ne font aucunement
furcepttbfes d'afpïrer l'eau dans les intervalles rétrécis donc elles font
perlorées. Aufli a-t-on éprouvé que l'eau ne s'élève point au-dclTus du
niveau dans un tube de verre dont les parois internes font revêtues
d'une couche de fuif , non-plus qu'entre deux lames de verre aux-
quelles on a donne un pareil enduit ^ quelcjue rapprochées qu'elles
foient Tune de l'autre (1). Cette obfervation qui avoit été faite eu 170$,
par M. Carré , & qui a été véritiéc cnfuite par plufteurs PhyfKiens, a
été contcdéc depuis peu. Maii M. Cigna a dilTipé les doutes , & conf-
taré le fait pat de nouvelles épreuves (x).
J'ai 1 au moment où j'écris ceci, en expérience, i^< deux tubes de
verre d'environ deux lignes de diamètre , revécus tous deux en-dedans
d'une légère couche l'un de cire , l'autre de fuif , qu'on y a étendues
en tenant & fâifant tourner les tubes au-de(lu$ de la Hamme d'une
bougie. Us font plongés d'environ quatre lignes dans l'eau, & dans tous
deux elle fe maintient au-delTous du niveau . dans le piemtet cepen-
daJic moins bas que dans le fécond.
1**. Un vafc de verre dont une portion en-dedans efl Icgèretnenc
enduite de fuif. En regardant pat dehors le niveau de l'eau qu'on y
a verfée, on voit didinâerncnt qu'elle y cft moins élevée d'environ
une ligne fur les parois couvertes de fuif, que fur celles qui ne le font pas.
$^. Une lame de fuif coulé , d'environ deux lignes d'cpailTcur, &
difpofce verticalement courte les parois d'un autre pareil vafe à moitié
plem d'eau qui la baigne en parne. La ligne du niveau de l'eau fur
cette lame de fuif eft de plus d'une ligne plus boife que fur les parois
du vafe.
4**. Deux lames aufli enduites Icgcrcment de fuif, &c qui fort «p-
(i) M^m. Acad^m. des Sciences.
fi) {ouni. de Phyûq. Tom. ), p. lo;.
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. ii|
prochées l'une de l'nutfe % fonc dirpofées vercicAlemenc & plongées par
le bis feulemenc clins l'eatt. Or, loit qa'on les regarde ou par Iciirs
faces , ou prit leurs tranchas, on rcconnoîc itfcmenc que l'exu, c^ul a
pénécrc entr'elles, ne s'y eft pas élevée au-dclftK du niveau.
14. Au refte » d.e cous ces iaiis , ou peut conclure feulement que
Tâdliérence de l'eau au fuif ôc d la cire , cft muini forte que U cohé-
— — _.--, -^ — ,
elle n'eft pas trop erolTe i & fi, récant tTïJp , elJa coule» il 7 en rcïVe
au moins une pornon & des veftiges. J'ai cjmouvc de plus, qu'une
colonne d'eau d'une ligne de hauteur que j'avois introduire dans on
tube capilliire revctu en-dedans d'une couche de fuif , & njufbé i
l'appareil décric an n*^. ^6 , de la deuxième fc^ion , avoir foutenit
une prellïon de zo lignes d'eau avant d'en être débufquiîe : comme
peuc-crre l'enduit de fuif n ctoic pas bien uni , le frottement a pu flc
dû contribuct autant & plus que la foible adhérence i la réltitancc
que la preÛîon a clTuyée. Nous avons vu, que dans de pareilles cir-
conftances le mercuce peut foutcnir de pareilles prcdions.
1 5. J'ai éprouve encore en foufHanc &c poutlanc mon haleine, tant
fur l'enduit de fuif dont écoit couverte une portion du dedans d'un
verre dans la féconde des eipériences du n*. 1 5 , que fur la lame de
fuif employée dans la fuivante , que la liçne du nive-iu de l'eau étoit
encore plus balte fur l'enduit & fur-tout fur la lame de fuif, que fur
la fiufjce nue des verres, mais moins cependant qu'avant qu'ils eu(-
fent été mouillés par les vapeurs de mon hAleine.
Au rcfte, des particules falines qui fe rencoiicreroient fur la fur-
ficc de l'enduit , ou la ponlTicre qui s'y feroic attachée , pourcoicnt
fournir à Peau le moyen de s'y porter un peu au-dcllus de fon niveau »
ûti elle feroit cnfuite artêtée par le frotteivent ; &: c'cll i de pareilles
cAufcs étrangères &c accidentelles qu'il faudrait attribuer les tcïultats
qui ne feroienc pas conformes à, ceux des expériences de M. Carré &C
de M. Cigna.
16. Si Veau ne s'clcve dans les tubçs capillaires qu'autant que l'ad-
hérence au verre l'emporte fur la cohérence de fes molécules, il p.iToî-
tra nécedaire de fuppofet que de toutes les fubflances où l'eau pat*
vient à s'inlinuct , en montant d'elle-mcme au delfus du niveau ,
il n'y en a aucune qui ne foit naturellement difpofée i l'égard de
ce Hutde comme l'eft le verre, fi ce n'eft que l'cvaporation aduelle
du fluide ne fuppléîit au défaut de cette difoolicion. Le tube . donc
il eft queftion au n". 6 , qui avoit été féche près du feu t< où l'eau
ne s'ctoit pas encore introduite au bout devingt-quatre heures, me parut
1775». SEPTEMBRE. Ffi -
ii4 OSSERFJTIOKS SUR LA PHYSIQUE^
le furlendemain en avoir afpiré un peu. Les jours fuivâns Ton afcen-
ilon devint plus fenfible, mais elle s'opéioic ^ lentemenr, que dans
rincervalle de huit jours Teau ne s'éleva que de cinq lignes. On enrre-
voic U , que les parois internes du tube , d'abord trop feches pour ctr&
acceiTibles à l'eau , le devinrent enfuite , en devenant humides , mais
peu-àpeu feulement, & de proche en proche ^ cette humidité ne pro-
venant que de l'évaporation qui Te faifoit a la fuperficie (\ récrecie de la
colonne d'eau qui etoic à l'abri des impreflîons de l'air libre. Âufli , la
lenteur de l'opération, c'e(l-à-dire , de l'afcenfion de l'eau, fut-elle
alTortie au peu d'énergie de la caufe qui la procuroic.
17. Je remarquerai en terminant cette feAion , que ces différences
iîngu^cres de l'afcentîoii d'un fluide , 6c de rabaillèment d'un autre
dans un mcnie tube, y font rappellées , ainfî que l'ont été aufli les
autres phénomènes des tubes capillaires aux mêmes influences , en
vertu defquelles des gouttes d'eau ou de mercure fimplement appli-
quées fur des larmes de verre différemment difpofées, y font retenues,
ou gliffenc delfus, ou s'en détachent(i), c'efl-â-dire, à la cohérence du
fluide , à fon adhérence au verre , & aux différens rapports de l'un à
l'autre; & qu'au refte je n'y confidére, foit l'adhérence, foit la cohé-
rence , que comme les effets d'une caufe plus éloignée , que je n'ai pas
entendu fpécifier. Je me bornerai à donner dans la fuite les détails de
quelques expériences & de quelques obfetvations que j'ai faites fut
ces difpofîtions des fluides.
( 1 ) Voyex la Seaion 1.
EXTRAIT D'UNE LETTRE
De M, MagellAV , Mtmhrt de la Soàctc Royale de
Londres , à un de fis J^mis de Paris.
JMoN cher Docteur, ôc très-cher Refpeûable Ami ,
Je vais vous annoncer un remède nouveau, Se très-fimple, que M.
Mudge , Membre de la Sociccé Royale de Londres , Chirui^icti ù Ply-
moutn , vient de publier. Ce remède gucrtc iiifaillibli^ment la toux
catharrjle en ttès-peu de tems, parciculicremenc loiftiuVlle n'eft pas
ancienne. C'eft d'après un grand nombre d'obfer varions rtcs-conlu-
tces, que l'Auteur parle fi pofirivemenc de l'efficacirc de fon renicde,
d aucaiu plus eftiniable qu'on en peut faire ufage dans tous les p:iys du
monde , prefque fans frais, & fins l'atlifiance de Mcdscin , ou d'Apo-
thicaire. Ce remède eft d'ailleurs fi innocent en lui-même , qu'il ne
peut point nuire , même en l'appliquant avec peu de difcrccion. Ces qua-
lités doivent le rendre on ne peut plus recommandable à tous ceux, qui ,
comme vous , ont fi fortement à cceur le bien & les intcrêts de 1 hti-
manitc. Je fuis fur de vous faire un vrai plaifir en vous Jç commu-
niquant ;& j'en juge d'après telui que j'ai fenti moi-mcmé, lorfque
l'en eus la première notice. Notre manicrc de penfer & de fentir , lotf-
qu'iU s'agit du bien public , cfb parfaitement analogue : Se c'eft peut-être
la fource unique de l'amitic mtime donc vous m'honorez depuis tt
long- te m s.
M. Mugde confidète avec la plus grande raifon , que la toux catharrale
n*eft que la fuite d'une vraie inflammation, du moins partiale, de la
membrane qui rapilTe les organes de la refpiration : &, pour la iguérir,
le plus fur;
ipeur de i eau médiocrement chaude, i'otir nùcux réaC-
il applique le topique le plus fimple , le plus innocent , 3c le pfus fur;
c'eft-a-dire , la vapeur de l'eau médiocrement chaude. Pour niieux réuf-
Bl dans cette application , avec le plus grand avantage , il a invente un
ioftrumem, qu'il appelle inhaltr en Anglois ,& que je crois pouvoir
refpirattur , à caufe de fon ulagc. En voici U defcription ,
clungemens <jue j'y ai faits pour le rendre plus commode
nommer
avec les
dans la pratir.ie , eu lui confervant dans le mcme tems tous les avan-
tages dont cet inflrumenc eft fufceptibic.
La figure 4 reprcfentc le refpiratcur , dans l'état où il faut en faire
ufage. a eft un vaiiTeau cylindrique , qu'on peut faire , fi Ton veut , d'or
ou a'argenc , mais qui , étant d'tcain 3 ou même de fer-blanc , eft cga-
tiâ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
lemcnc bon pour fon objer.ll eft touc foudé i l'enrour , &r doit contenir
environ une pince : fa terme eft .l-peu-près comme celle d'un pot i faite
du thc , ou comme un petit arrofoir de JAtdin garni d une ou deux anfes
hl>. On y rroLive un cuyau ce d y qui ell foudé an plan fiipérï^ur , defcend
an-dcdans, iufqu A la dittancc d'un demt-poucc du fond , comme en le voie
marque par des points , jufqu'A d* Ce tuyau a un peiir couvercle c*,
avec des trous pour lûfTtir entrer Tait qu'on vent humer. ïl y a à coté
une autre embouchure/^ , garnie d 'iin cwivertlc pareil avec des trous ,
mais elle eft faite , au- dedans > en entonnoir : defotce qu'en y met-
tant une petite boule ^ de licgc , elle y fait l'office de foup:ipe , laif-
fam c^happct l'air da dedans au dehors ; mais empêchant qu'il n'y
entre. Les diamètres de l'embouchure k , du tuyau c d y bc du trou r ,
doivent ctre afîcz grands , puur ne pas rendie difficile le palTige de
la refpir.uton. C'eft atfcz de Icuc donner environ quatre dixicmcs de
pouce Anglois.
Enfin L ï ^ eft un ruyiu flexible de cuir , qui renferme un fil de
métal , couvert de foie , en totme fpirale , pour le rendre tout-.^ fait
flexible, 8(. garni d'une embouchure d'ivoire k , qu'on applique A la bou-
che , lorrqu'oa en fait ufage.
Ma/ticrc <tcmphytr le Refflratcur,
t orfque la perfonne aftllg^c de la ronx catharrale , ou du mal de
gorge ( car il paroît que ce topique doit ctre aufti bien avanr.igeux dans
ce dernier cas ) va fe coucher , on mettra de l'eau chaude dans le nf-
ptrattur , par l'embouchure A /, après en avoir ôté le tuyau de cuir Li *.
On ne le remplira pas tout-i fair , mais feulement jufqu'aux deux
tiers , ou environ : on l'enveloppera dans une ferviette , £c on le mctrra
au lit du malade près de fon ailfelle : il attendra jufqu'à ce que l'eau
foit un peu moin> chaude , pour qu'il puiffè en humer la vapeur, fans
fe brûler. Cet inftrnment agit de la manière fuivante. L'air qui enue
par le tuyau c d , pafle ï travers l'eau modércment chaude , %-^ charité
de la vapeur aqueufc , &: entre enfuiic par le tuyau L i ^ , dans les
imumons du malade , qui peut jettec l'expiration par le même tuyau;
parce qu'alors l'air fonanc par la foupape / ^ , avec quelque partie de la
vapeur cluude , & fe rcpandam entre les draps, fervira , au bout de
quelque tcms , à cxcitet le malade à une tranfpiration falurairc. On
doit continuer cette opération pendant to minutes , ou une demi-
heure. Si la roux eft récente , on ne manque pas de fe trouver fou-
lage , & tout-à-fait guéri le jour fuivani. Mais fi la toux eft an-
cienne, alors il faudra continuer ce remède pendant quelques nuits
de fuite.
Quand on voudra faire ufage du rcfpirauur ^ TAuicur confeille de
•>^
SUR VniST. NATURtllE ET LES ARTS, iiy
prendre quel qii'opî ace j d'heure avant de fe coucher , coaime im re-
mctJe concomitant pour obtenir la gucrifou de la taux. Eu conféqucnce,
il prefccit environ j dtagmes - ou ) petites cuilietécs , comme celles
qu'on ufeen prenant le ilic) de ViUxir Parcgoricum pour les adultes; une
pour les enfans moins de 5 ans: & deux pour ceux entre cet âge 6c les
dix ans.
Le titre du livre, dont j'ai extrait cette relation ,c([.: A radical & e.\-
pédmous cure for a /tant tautrrhous cough , hy J, AJtidge , F. R. 5. &c.
London^ 1778, in-S. Le Ledeur y trouvera un grand nombre des dif-
cuflîons théotiques fort ing^mcufes , & des obfcrvacions très - utiles
dans la pratique. Entre les dernières, je ne puis omettre celle du lx)n
effet qu'il a vu dans les crachemcns de fan^ , ctndans à la fièvre hé-
rique, en faifant prendre au malade une demi-dragmedcnitre dans un
verre d'eau , deux ou trois fois par jour : & daiis la toux sèche & fati-
gante , des pillules faites de gomme ammoniaque avec quelques gouttes
de Laudanum , prifes avant aller coucher, je fouluitc que ces remèdes
ne foieut pas oublies par ceux de la Faculté, encre les autres qu'on
connoîc propres i ces maladies \ parce que j'ai plus de conHance aux
remèdes auiotifcs par lobfervation bien conftarce , qu'à tous les au-
tres qui n'unc en leur faveur que l'aucoritc &c la théorie de ceux qui
les ordunncnc.
P, S. M. Mudge parle d'une expérience qu'on peut faire avec le
rtfpiratturj mais que je n'ai pas grande envie de repérer, 11 dit que
pour fe convaincre que la toux catharrale provienc d'avoir refpiré uti
air froid &: humide, il n'y a qu'à faire ulage du refffiramtr avec de
l'eau froide. Car on ne manquera pas d'exciter , par ce moyen, cette
cfpèce de toux.
LETTRE
Dt M. Cbabert de VOratotre , aux Auteurs de u Recueil,
iVlE promenant dans un jardin d'une de nos maifons , j'apperçus fur
une rofe que je venois de cueillir, une petite chenille ou un petit ver
blanc. Rentre dans ma chambre , je mis ce petit ver fur une ibucoupe
couverte d'uiv gobelet: je le confervai dans cet état pendant huit jours,
en lui donnanr pour nourriture des feuilles de rofe. Au bout de ce
tems-là l'animal difparuc , je ne fais comment. Je m'avifai de jettet
quelques goutces d'eau fut ceruins petite corps globuleux j & fcmblaoles à
1x9 ' onsEnrATioNS SUR la pnrsiQus,
des graines de navettes; j'apperçus quetqiie-tems apr^î une belle cou-
leur de ciiron. Ces petits corps me parurent ccre les excrémens de
mon infeAe. Faute d'indrumenc je ne pus me procurer des con-
uoilljnces plus dct:tillées , ni fut Tanimal , ni Air \i nature des coips
cil quedion. Si mon obfervation mcricoit d'être fuivic , je fuis pec-
fuadc qu'entre vos mains elle auroîc tout le Iulccs puHîblc.
O B s E R r A T I O N
Sur l'eifet du Scarabé méloé dans la Rage ;
Par M. RoMME.
V oici un fait trcs-bnn iconnoîcre, puifqu'll fait fentir la nccefliic de
bien dofer le remède des Scarabcs contre laRaee , combien il eft im-
portant de ne pas s ccarter de la préparation & des dofes d'un remède
vraiment iutctelTant, telles que l'indique M. Audry , dans Tes recher-
ches fut la Rage. Ce fait eft extrait des Annonces Littéraires de Goet-
tinguc 4^^. feuille du 1 4 Novembre, Art. Hanovre. «> Le Scarabé méloé
*} recommande comme un remède efHcace contre la morfurc des chiens
» enragés, pris en entier, pat un garçon de (\x ans, l'a tué villblcment^.
Ce fait examiné âc conftaté juridiquement mérite d'ctte connu dans
un plus grand détail.
»> Cet infeAe concatîé & mis dans de Teau-de-vie fut pris ainfi pat
» l'enfant, qui bientôt après fut attaqué d'évanouifTemens, d'angoiCfes ,
)» de colique , convuliions , Tueurs froides & faignement de nez , pille-
»> ment de fang; l'explotîon fut même fi générale, que le fang fortoic
» par les pores de la peau, Se qu'il en rendoit par les fellcs * tous ces
M accidcns ont continué jufqu'à. la mort , It on en excepte l'efpàce de
w ilicur de fang. 11 mourut au bout de huit jours.
»» A l'ouvcrtiire du cadavre , on trouva , outre plufienrs altérations
Il qui n'ap[Ait[icnnent pas au cas préfent , de petites taches fanguines fous
» Tcpiderme; les reïns & toutes les voies urinaires étoienr enflammes
» & remplis d'un fang noir, les inteftinsprès des reins éioientcgatcment
n enHainmés. On voit que ce remède a une manière d'agir aufli
Mji^ive que les caucharides & â-peu-près identique c
MÈM OIRE
SURVUrST. NjiTfTRELlE ET lES ARJS. lAjjt
MÉMOIRE
-J>
■t ■ . * 1 II \ <: \i.r \U
Sur la mC-thodc fingtiUèrc de guérir plufîcurs maladies pa^
l'Emphysimc artificiel;
Par M. G ALLAS DAT y de plupturs Académies ^ Démonjlrateur d'Ana-]
tomie , de C'ilrurgu 6* dt l'Art des Accouchemcns , à FUjJîague.
XL/eroît ^ fouhaifer qac le? gens éclaires tjmvbyagéht'dansTespay^^
étRmgers , & fur-rout ceux qui y vont pour exercer l'Atc de gnerir ,
fiïîènc une attention prirticuhère aux diftcreas moyens que les cens du
pays mettent en ufage pour opérer la gaciifon dos maladies qui régnent,
& qu'après en avoir acquis une connoilfance exafte , ils en fifTenr pan
au public. Ce fcroit fuivre le confeil du père de l.i médecine, qui nou$
recommande de n'avoir aucune liante d'apprendre des gens du commun ,
des chofes aui peuvent, quoique trèsnmples en apparence /donner
Heu à faire des accouvertes importantes dans l'Art ae guérir. L'Inocu-
lation de 1.1 petite vérole , dont nous fommes redevables aux Circafliens ,
& l'ufage cUi quinquina que nous avons appris des fauvagesdu Pérou,
font des preuves bien frappantes de l'utilité du confeil que ce grand
homme nous a laiiré. En cffer , la plupart des meilleurs remèdes ont
été découverts par des j;ens qui ignocoient abfolumcnt les règles 5c la
théorie de l'Art. Il ne faut pas s*en étonner ; l'expérience a été 6c fera
toujours chez tous les peuples te meilleur des Maîtres. La Vraie chéo-'
rie de TAct de guérir n'eft , dans bien des cas , qu'une conféquence de
l'cxpcrience ; & il eft trcs-rare que la théorie , (ans l'aide de quelque
expérience antérieure, reponde k tous ép.ards à la pratique.
Je me propofe de fiirevoir dans ce Mémoire, qu'il ne faut pas tou-
|ours rcjetterla m-inière de guérit que de? peuplés, vivant dans la fim-
pUcicé & la baflefle , mettent en ufage. Parmi les peuples que l'on ap-
pelle Sauvasses , les habitans de la Guinée font gcnéralem«nc reconnus
ftour tels. Cependant la plupart des voyageurs qui ont eu occafioii de
es voir de près , atteftent qu'ils pofsèdent nlulieurs remèdes falutaires
qui nous font inconnu? \ èc le Chevalier des Marchais nous apprend
<|u ils ont parmi eux des Médecins & des Chirureiens , qui , fans cçrc
fcttrés ni gradués, opèrent pat des remèdes fort hmplcs, dont ils ont
Terne Xiy, Paru IL 1779. SEPTEMBRE. Gg
xj'^ '^^OBSERVATIONS SUR LA PtiYStQUÉ^
foindecafclcT le ^e-fct>.4.cs^SUi^fi^*îîîî,*î"iP*'**^°*^^ fi\xe honneur à
ncrBÇoRpes d'Kiirope (î). " " '-'" -"'-■* ~'
Ayant nie plurieurs voyages en Giiintfe en qualité de Chîrurgien-
M.ijoc de vailîenu, j'ai eu occafion d'y voir traiter pluficurs maindics
par des remèdes qui nous font inconnus'. Celui que j'ai vu employer
au cap ta Hou en lyjp.cft certainement de ce nombre , & mcrirc
pÈlïÇ-ûtre autant par fa (iiigularHc que par fa nouveauté, l'attenrion
des cens d« l'Art. Voici de quoi il s'agit. Dans les marafmes , hypo-
condries , rhumatifmcs , &c. quand les Chirurgiens du cap ta Hou
voient que les remèdes ordinaires font admini(lrés fans fucccs, ils font
pour' guérit leurs malades , une opération que j'appelle infufîlatïon , ou
tmphyiimc amfici'.K Elle mérite ce nom à juftc titre , puîfqu'ils font 1
une, & quelquefois aux deux jambes du malade , avec un inftrumenc
rçaiichanc^uiTe, incifion à la peau qui pénètre jufqu'au riïTu cellulaire*
Au moyen de certe ouverture , ils portent un tuyau dans le tilfu cellubite
par lequel , en fouflant > ils infumenc autant d'air que le malade peut eu
fupporter,ou autant qu'ils le jugent à-propos, l 'air introduit ac cette
manière occasionne bientôt un empjiysème univcrfcl. Enfuite ils retirent
le tuyau de la plaie , & ils la referment avec un emplâtre agglutt-
iiatif , compofc de plufieurs gommes & refines, & un appareil conve-
nable. Inimcdiatement après cette opération , ils donnent au malade une
forte dofe d'une potion compofée de fucs de plantes, de jus de limons,
de poivre de Guuice 6c d'eau-de-vie; après quoi ils font courir le
malade autant qu'il peut, & quand il eft extrêmement fatigué , ils le font
mettre au lit, où îl elTuie une fueuc copieufe. Us continuent à lui don-
ner trois ou quatre fois par jour une forte dofe de la potion fufditc ,
jufqu'i ce que l'enflure loit palïce & que le malade (c trouve guéri.
L'enBure ou le gonflement occaiîonné par l'air iniînué dans le iilfu cel-
lubire , commence ordinairement à diminuer le itoificme jour; & elle
eft totalement dilTîpce vers le neuvième , dixième & onzième jour.
Quelquefois le Chirurgien eft oblige , pour obtenir la parfaite gucrifon
du malade , de faire une féconde fois TopcTaiion ; mais cela n'arrive que
très-raremenc
Voilà ce qui m'a été communiqué au fujet de cette opération fingu-
lière pat un Chirurgien nègre , qui l'avoir fouvent pratiquée avec beau-
coup de fucccs ; j'ai vu une ncgreffe , le lendemain qu'il lui avoit
fait cette opération , dont tout le corps ( excepte la plame des pieds
(ODans Tes Voyages tn Gu'mit publiét pat It V.Lahat ,Totk I , p. iji. Bof*
mean Befekryvinge van Guinit^ Dtd » p. 7, eft à-peu-prcs dfl infmc a»is, & lo-
cQmnUDdc fort U rccberchc de»» foitcs de Kciacdcs.
^ÇTH l'TflST. NATURELLE ET LES JRTS: iji
&U pomme des mains.) écoit encore gonflé pat l'emphysème univer-
fel : & lorfaue j'en couchois quelque partie, j'eiiccndois un bruit fem-
blxble d celui que fait un morceau de parchemin fec quand on le
prefTe : j'ai parlé d plulieurs nègres i qui l'on avoic faic depuis lon^
rems cecce oi^ration. Se je n'en ai vu qu'un feul d qui on ravoic^te
pour la féconde tois. "^
Je crois que cette opcracion a cié jufqu'à prcfenc inconnue en' Eu-
rope ,o» du moins quetlen'y a jamais tîtc pratiquée. pour guérit ou
pour prévenir quelque niabdie. Ce crairemeni , après l'opération , %
quelques rapports avec celui <lcs Tanarcs, fur-roue la manière de faire
courir & fatiguer le malade. Lorfque les Tartaresfe trouvent tHcommodc*,
die Je Chevalier de Pohgnac, on fair ouvrir U voine à un cheval , Qc
on fait boité le iànt^ tout cluud au nulade : énfaite on fariguebeau-
coup le makdc , fuic en le faifant courir aucanc ^u'il efb potUble , ou
bien en le foifanc galoppcr d cheval. Locfquc Chat les XU étoicd Bendcr,
les Sué.'ois de ia fuite n'ayant point de Chirurgiens pour les fecouric
dans leurs maUdies, tirenc ufage de ce remède èc s'en aouvèrent fort
bien. '-■• -'■■ -■ - . ■ ■'- ■'' ''" '- î"''^-
L'op^cton que les Scythes avoient coutume de fiire aux jumens
pour leur faire venir une plus grande quantité de lait, a beaucoup de
rapport avec l'emphysème artmciel des nègres. Hérodote rapporte $u
commencement de fon quatrième livre, intitulé Mdpomtr/je ^ xysiU
prenoicnt des tuyaux , les introduifoîent dans les parties génitales des
jumens, $i înhnuoicnc l'air dans ces parties en founlanc avec la bouche.
Cette infuftVition , difem-ilsj fait gonHer les veines des mammelles ,
Ôc produit une fecrécion abondante de lait.
Qu'on puitfe introduire de l'air de dehors en dedans , 8c enBec
roue le tifiii cellulaire, c'ell ce qu'on n'iî^nore pas : bien des mendiaiis
fe font atnù des maladies effrayantes par l afpect , dans le dcllcin d'atci-.
rer les aumônes des palTansi Hildanus , entr 'autres , en rapporte un
exemple ftngulier, cent. 111. Obferv. i3. Les Bouchers ufent du mcme
ariitice pour donner à leurs viandes un cOiip d'rcïl féduifant. Les
payfans , au rapport de M. Maucharr » ( i ) fe fervent quelquefois du
même moyen pour engraiffer en peu de rems les bœufs qu'ils veu-
lent vendre , ou pour tirer de leurs vaches une plus grande quantité
de lait. Us font, comme il l'a appris d'eux, une ouverture à U peau,
& cette ouverture pénètre jufqu'au iiLlu cellulaire \ après y avoir infmué un
.- 1
(i) Di^ertatîo Meiiîca it Èmphyfimau <juam praJÎJe'Jo. jifitr. SchultrePP, tâe-
hatur Car. Chrifi. Pufch. Lignucnjîs. Hatoe, menf< Septensiirî » unno 177 j. Elle le
trouve dam Hallcr, CoIIclL Tire(. Med. Chirarg, Tomi il , Se dans Je mfincOuviage
réJ'gc CD fuD^oU, Tom. I , p. 171,
SEPTEMBRE, Ggi
1^% OBSEKrATlONS St/R LA PHYSldUE,
-peu'idatr, iU ki-refermenÉ eiifuitc. Les deux oa trois jours qui fut-
vent cette opération , r.mimnl uft trifte & comme malade ; mais I&
gaieté 8c t'appctit lui revieniieuc ^ en fix fcmaiiies il engraille prodîgicu-
iemenu^ {i)lA même opération faite i une vache lui fait donner une
plus grande quancitc' de lait : il y a tout lieu de croire, dit M.
Mauchart, que l'air infinuc de cette façon ,& déployant fon relTorc,
«xcite &. provoque les fccrccloas.
i je conclus de ce que je viens d'alléguer, i°.Que quoic)iie les Auteurs
ne falTènt pas mention de l'cmphyscmc anïiiLÎel , dans leurs traites
des opérations Chirurgicales , il n'cfl pouttant pas tout-à-fait inconnu;
1°. Que cette opération ncft pas fort aoulouteufc , ( i ) ni dangereufe ,
piiifqu'il n'eft pas prob;:ble que les mendians qui font ufiige de cet
nniiîce , voululleut fe foumetitc ^ de grandes douleurs ; & quc.Jî elle
fûojci dangereufe » Ic^ payfaiis n'y nfqueroienc pas leucs, belltaux.;
5^! Qu'elle eft d'une grande utilité pour engrailler les bœufs & pour
faire donner a^x vaches une plus taraude quantité de laït^ 4". Que G
cette opération ell d'une grande utilité dans ces cas , parce que l'air
inHnué de cette façon , en déployant fon relTort, excite & provoque
Jcî fécrétionSj on a tout lieu de croire qu'elle peut être mile dans
plufieurs maladies qui attaquent le corps humain « & que par confé-
queoc, elle mcciie l'attention de ceux qui exercent l'Art ae guctic
■ On m'objectera peut-être que , quoiqu'il foit très-aifé de concevoir
la facilite que l'on a d'introduire l'air infuftlc dans les plus petites par-
ties du corps, i raifou des cellules grailTeufes qui répondent les unes
aux autres, il fera toujours très- difficile d'expliquer comment cet air
introduit procure la gaérifon , d'autant plus que les malades attaqués
d'erapKyséme uiiiverfelvà l'occsUiain de quelque plaie au poumon, en
font ordinairement motts. l.'infufflation , au lieu d'exciter & de faci-
liter les féccétiuns , pourra au contraire les fufpendre. L'air introduit
dans toutes les petites cellules, efl un corps étranger qui doit nécef-
fairement faire diminuer toutes les fécrécions , ralentit la circulation,
gêner toutes les fondions, & par conféquent caufer ta mort, comme
lOn peut le voir par des obfervations de M. Littce, inférées dans les
(i) X7h de mes Am'ts cpii n'dl oi M^<leein, ni Chirurgicti , m'a auffî a/Tur^ que
cctrc mcmc médiode d'cngraîflêr les bccufs , (cpraticjuc dans quelques conirécs ét^
DAuemarck.
(1) Elle cfl certainement bien moins douloureulc que la cauc^rifadon 8c l'applica-
tion du Moxa rccommuitt^ coiiirc les douleurs aacicnnet 8c opiiûàtrcs . contre la
eouite , & auxquelles rluficiirs pcrtbitnes fe font foitm<''es. M. Poutcau % dws un livre
ianculé Mè/anges de ChirurgU , a fon pt^conifé cette tnanicic ic brûler qu'il vou-
dtoit remettre eu vogue: ccnaincmmt l'emphysème artificiel n'cft aura pas les incoa-
^ i.
Sl/R VNIST. NATURELLE ET LES ARTS. i>^
Mcmoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris ; par celles de
Bartholin , dius fcs Hifiouts Armai, rar, , & de plufieurs Auteurs
célèbres.
Je reponds a cettô objeftion fpécieufc , que je n'ignore pas que les
grandes plaies du poumon fonc abfolumenc mortelles , quoique d'un
autre côté on trouve aurti dans les Auceurs, des obfervations qui montreoc
que des plaies au poumon ont éc^ guéries^ mais elles ctoienc,ou légères»
ou i portée d'&tre panfces par un Chirurgien.
Dire que l'empliyscme univerfel eft la caufe de la mort de ces malades »
c*e(l , a je ne me trompe , confondre l'effet avec la caufe : car Temphysèmc
furvcnu en conféqactice de quelques blelfures au poumon , ncft qu'un
fympcôme occafioniic par la Icllon de cet organe. Si l'oit veut fe donner
la peine de feuilleter les Auteurs , on trouvera des cas de malades guéris
(l\in emphysème furvenu en confcquence d'une plaie légère au poumon,
& il y a peu de Chirurgiens d'armée qui n'aient vu de pareilles guéri-
fonsid'où il réfulte que ces malades ne font pas motcs de l'emphysème,
mais de la plaie au poumon. AulVi le favant M. Van~SM'tetenAMdM\% fes
Commtntains fur la Aphonfmts de Boerhawc : >» Lorfqu'à la fuite d'une
» plaie à la poitrine , le malade meurt, & qu'aptes l'avoir ouvert, on
*i trouve le poumon blelfé, on a raifon de dire aux juges que cène plaie
» a été U caufe de fà mort, quoique des plaies au poumon aicut été
» quelquefois guéries".
Que l'emphysème univerfel & artificiel, opéré fuivant la méthode
des Nègres , ne foit pas mortel , c'eft une choie dont chaque perfonne
peut fe convaincre pat des expériences inconteftables fur les animaux:
je les ai répétées plus d'une fois en mon particulier , & en préfence de
plufieursgensde l'Art, 8c je nefuispaslefeuhundemesamis fM. Nègre,
célèbre Chirurgien 6c Accoucheur à Middelbourg, ) qui n'c toit point
du tout de mon opinion fur cette opération , en a auHi fait plulleurs
expériences fur des chiens , & ce n'eft qu'après des faits bien conlbcés
qu'il a change d'avis. Voici ce qu'il me marque fur ce fujet.
» Je fuis aduellement d'un autre fentimeiu que je n'étois avant que je
M n^eulfe fait les deux expériences de l'infutHatlon ; comme mes propres
» expériences m'ont convaincu , il faut bien erre du vôtre : cette opération
p pourra devenir utile au gente humain ; mais elle exige encore du tems
» avant que d'ctte en vogue. Pour vous dire vrai , dans le commence-
» ment je craignois fort pour la réuflîte; mais aduellemcnt > fi j'avoïs
ooccaïion de la mettre en ufage, je n'autols pas peur de la propofer le
» premier «. Et dans une autre lettre : » Je viens de faire pour la troi-
w fièmc fois l'expérience de l'infuftUtion fur les chiens, qui a été le fufer
» d'une féconde expérience. J'ai fait la plaie , comme à l'ordinaire, avec
»> un blftoud, après quoi j'y al introduit un foufflet, (parce que je nVvois
pas atfez d'air dans mes poumons pour pouflèr l'infufHation jiifqu'au
1J4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
pour s'échap-
» per , & il ne faifotc aucun cri. Le Teul lien donc- je me luis fervi écoïc
j»nion mouchoir autour de fa cëce pour lut couvrir les yeux \ Tes pattes
«ctoient libres ; d'où il réfulte que rinfufïlacioti n'eft pas douloiitoufe;
r. ^ri- PI..:, v : i ._ c:- c jtli^ ^i \
— .- ,^ -- -.--_ — — j j — / r I 1
fiOlura de la table fur laquelle je l'-ivois mis, avec une viv;icitc furpre-
ï>nante. tl Il^cIi.i U plaie» après quoi je lui donnai une tranche de pain
» qu'il niange.i dans rinftanr,& enfuite une ccucllce de lait qu'il a d'abord.
t> avalée. Après tout cela, je l'ai fait aller dans la rue, où il couroit, fans
i> difficulté, aprcs les autres chiens, mais il Te fecouoit fort fouvenft
«ïvoilijcn abtccéjle rcfultac de cette expérience : je ferai charmé fi
« elle peut aider à juftifiec cette opération.
Apres le détail de cette expérience » il feroit fuperflu d'en rapporter
d'autres. 11 fuffit de faire remarquer que dans toutes les épreuves que
M. Nègre & moi avons faites fur dts chiens, le gonflement occalîonné
par la préfcncc de l'air contenu dans le tiffu cellulaire de tout le corps,
a commencé à diminuer le troificme jour, & qu'il a été :out-à-faic
diOîpé le onzième jour après l'opération.
Quant i la difficulté d'expliquer comment l'air introduit par lin-
fufflation , fuivant la méthode des Nègres , produit la guérifon , elle ne
me paroît pas grande. Voici comme je conçois les bons offices de cette
opération. ////?. 1771. IL'air élaftique infinué dans le tiiru cellulaire com-
fang; ce qui doit nuffi provoquer les fecrétîons &: les rendre pins abon>
dantes. Cette explication me paroît trop fimple & trop plaulible pour
n'être pas Li vraie. Auffi n'ai-;e pas balancé, d'après ce raifonnemenc
& les expériences ci-deflus mentionnées , de confeiller i plutîeurs
Chirargiciis de vailTeaux qui vont en Afrique , d'en faire des épreuves
fur des Ncgrcslorfi^ucroccanons'enpréfemeroit; & j'atcularatisfjÛion
d'apprendre que cette opération a été faite avec tout le fuccès pcllibte
iun Nègre en iri^j ,par M. Takkember, Chirurgien -Major davailleaa
de Chrillophe > à la rade de Malembo , fut la côte d'Ans^oia , en Afrique*
Voici le précis de cette obfervation , qui eft inférée dans les Mémoires
de U fociété Hollandoife des Sciences établie à Harlem , Tome VIII.
p.ut. n.
Un jeune Nègre , âgé d'environ dix ans , fe plaignit le itf Avril 17*3
SUR VSiST. NATURELLE ET LES ARTS, x^
d'un mal tic tèce accompagné de toux, fièvre, & dune refpiration
cÈncc \ M. TakJcemberg crue que le malade ctoit attaqué » fino» d'une
vraie, au moins d'une fauCTe pleurcHe. Il le faigna deux fois, & lui
adminiflra les cemcdes que l'An prefccic dans ces focies de maladies ,
qui firent diminuer la fièvre > le mal de côté & l'embarras de la poictine;
mais le malade fe plaignit après , que les douleurs fe rcpandoieiic pat
tout le corps \ il lui fit faire ufage des remèdes indiques en pareils cas.
1^ malade fut attaqué le troifième jour d'un roidi(rement contre-nature,
qui fe répandit Se fe fixa par tout le corps 6c dans les extrémités. Les
remèdes mternes & externes furent adminilVtés félon les règles de l'Art j
les bains, les vélîcatoires , tes fripions &c les linimetis convenables ne
furent pas oublies, mais fans procurer le moindre foulagement; au
contraire , !e toidiiïèment prit tellement le deifus Se augmenta au point,
que le malade ne pouvoir plus faire ufage des remèdes internes ^ i
peine pouvoit-il fucer un peu d'eau entre les dents fermées j tout fou
corps devenu rigide Se inflexible, retTembloit à uu cadavre gelé; la
parole devint inintelligible , les lèvres fe couvrirent d'une croûte otune,
ôc ce qui découloîc ae fa bouche avoit une odeur cadavéreufc. ,
Tel ctoit l'état de ce Nègre le ap Avril , treizième jour de fa maladie;
on le crut perdu , & le Capitaine du vaiffeau trouva fort ridicule
lorfque le Ciiinirgien lui demanda la permiition de faire l'épreuve de
l'emphysème artihciel à ce mourant j cependant , après lai avoir fuit
obfetver qu'il n'y avoit rien à rifquer, Se qu'il valoir mieux employer
un remède incertain que de ne rien faire , fa demande lui fut accordée.
£n confcqucnce , il fe fit d'abord faire un tuyau de cuivre armé d'une
embouchure de bois à un bout Se rondelet à l'autre. Après avoir place
le malade (qui depuis cinq jours n'avoir rien pris qu'un peu d'eau)
d'une manière convenable pour faire ropéraûon , il tir une incifion
proportionnée au calibre du tuyau , dans la partie moyenne Se interne
de la jambe ; Se ayant introduit te tuyau environ deux travers de doigt
fous la peau , dans te tilfu cellulaire , il commença â fouftler en ferrant
en mcme-tems les bords de la plaie, avec les doigts, pour empêcher l'aie
de rertbrtir. On voyoic lair sinfmuer en fiifant de petites oofîcs dans
lefquelles on pouvoit fentir Se remuer l'air infufflc. tn continuant à
^oufflet,il vint à bout de faire, non-feulement que la jambe jufqu'aux
emplâtre , une comprelfe Se une bande afTez ferrce pour emp&cher l'aie
de fortir. Une heure après l'opération , le malade commença à revivre;
il demanda un fi^uit nommé Banant , qu'il fuça entre (e^ dents , & le
lendemain il fe trouva en état d'ouvrir la bouche. Comme il fe plai^oit
d'uae crudité de poitrine, on lui fit prendre plufieurs jours de fuite un
ijtf OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE^
/i/i^us ou /ohoc pérorai \ r.ipjrctic revint , la rigidité des membres
diminua à niefure cjite rempnyicmc fc diflipoit , 5c le malade reprit
en mîime-tenîs , au grand ^connement des gens de l'équipage , fa fîînté
& fon embonpoint ; il a été vendu à Surinam en bon eut 6c à bon prix.
J'ai appris que ce Nègre vivoit encore en 1769.
j'ai parlé k pluHeacs peifonncs de l'équipage qui ont été témoins
oculaires.
Je fais AuHî de bonne part , que cette opération a été faîte depuis
ce temS'U i deux Nègtes à bord du vailTeau qui efl arrivé ici l'an^
liée 177 1 , mais je n'en ai pu avoir le détail , attendu nue le Chi-
rurgien qui l'a faite eft more quelque tems avant l'arrivée du
vain'eau. Tout ce que j'en ai pu apprendre des gens de l'équipage,
ced: qu'elle a très -bien réudt à un Negtc attaqué de matafme ,& que
le ftijct a qui on a fait l'autre opération cioic fcorbuiiquc , Se qu'il ult
mort jquclques jours après l 'iafuHlation.
Ces faits , qui font autant de preuves décîfives qui étabUlTênt la
poflîbitité de l'opération , ne doivent cependant être regardés que comme
des matériaux encore bruts, ou comme des maffes informes : des expé-
riences multipliées pourront feules fixer nos doutes fur l'efficacité de
cette nouvelle méthode j ce n'efl que du tems qu'elle peut attendre ce
oui lui manque, comme par exemple de pouvoir déterminer la quantité
d'air qu'il faut inlînuer dans le tuTu cellulaire . attendu qu'il v a toute
apparence que cela doit varier fuivant la maladie , l'état, le tempérament»
1 iu;e & les forces du malade;dViIleurs»il eftà préfumer qu'une perfonne
eft' plus facile à iiifuftler que l'autre \ que l'exercice , après l'optration ,.eft
d'une grande utilité , & que lorfqu'il ne peut pas avoir lieu , on pourcoic
peut-ctte y fubftituer les friclions chauaes, &c.
Malgré ces doutes , il me femble que l'on peut conclure de tout ce
que je viens de dire dans ce Mémoire , que Vemphysème aalâciel ctt
une opération chirurgicale qui mérite l'attention des gens de l'Art. C'ell
une nouvelle rcfTource qu'on pourroit employer en Europe dans pludcurs
maladies chroniques , & dans celles dont le tlifu cellulaire eft le fiéçô.
Son efficacité dans le marafme femble ctre prouvée, tant par l'engraif-
femenr des animaux à qui l'on a fait cette opération , que par le bon
fuccès qu'elle a chez les Nègre j il y a coût lieu de croire qu'elle eft
très-propre à guérir les a^ecVions thumacifmales , en particulier dans la
fciaiique & dans les cas où l'humeur rhumacifmale eft llxéc dans quelque
«udroit: quoique cette humeur foit un fluide d'une nature qui nous
eft encore inconnue , nous pouvons préfumer , comme le remarque
M. Pouieau j qu'elle eft d'un caraikcte acre , & même quelquefois
cauftique j
SUR VniST, NATURELLE ET LES ARTS. 157
feioftique ', il n'eft pas cîoatcux cju'ell* eft hors des voies de la cïrculacion,
piiifcjirelle refte hxéc dans le mcme endroit; elle n'eft pas dans les
vaiileaux , mais répandue dans le titfu cellulaire. Cette hmiieur devient
'plus acre lorfqa'elle eft fixée dans le même endroit , que qu»nd elle
eil errante, tant par fa ftagnation que parce quVIIe eli raffemblée daru
un moindre cfpacc : alors , fon impreftion acrimonieure irrite les hbrilles
tiervcufes , & caufe de cruelles doulears ; cette même iniprcftîon fur les
cellules que cette humeur occupe, en affoiblir la cantcxture &: les met
hors d'crat de fe dcbarrafTer de cc fluide étranger. Or , dans ce cas ,
l'emphysème arriHciel me paroît être un moyen eftîcace pour aider la
nature i fe dcbarraflcr de ce fluide rhumacifmal, en provoquant les
fécrétions par les méchanifmes que j'at expliqués ci-devant^ & rexpcrience
faite par M, Takkembtrg à ce Nègre , ï qui tous les autres remèdes, que
l'Art prefctît ont été infruftueux , fembie prouver ce que J'avance.
Puiiîent de nouvelles expériences diriger nos doutes , &: nous faire
connoitre toute refficacitc de cette nouvelle méthode.
EXTRAIT
Des Rcgijîrcs de V Académie Royale des Sciences
du ^o Juin tyy^'
\ /AcAptMTS nous a chargés Mrs. Motand, Portai flc tnoi > de lui
rendre compte d'un accident arrivé le 16 Avril dernier, dans une
folîè d'aifance i Narbonne , dont la relation lui a été envoyée le j
Mai par M. de Marcorelle , fon Correfpondant.
Près du rempart de Narbonne , eft une maifou appellée le Luxent'
bour^ , où , dans un des angles d'une cour , croit une grande (o^q
d'aifance j outre les matîcccs cxcrcmcntiticlles qu'elle conténoii,on
y avoit jette, depuis long-tems , toutes fortes de fiibftances putrides;
& l'odeur qui s'en élevoit , avoit rcllement effraye les vuioangcuts ,
qu'ils n'avoient jamais du fe décidera y defcendre. Le fieur Faure»,
Propriétaire , vu leur rems , prit le parti de faire creufer une nouvelle
forte , ce que l'on exécuca malhenreufemenr près de lancienne. Déji
l'excavation nouvellement prariquéc , avoir dix -huit pieds de pro-
fondeur; à la haureurde iz pieds, c'eft à-dire, fix-picdsau-deftbusdu
fol , on avoit élevé un échafFaud , fur lequel deux maçons travaiUoient,
& deux perfonnes éioient au fond de la nouvelle fo(le , locfque le mur
qui la fcparoit de l'ancienne , s'étant ouvert , les matières putrides fot-
Xome Xiy,Part,IL 177';. SEPTEMBRE, Hh
ijS OBSERVATIONS SUR LA PHTSIQUE,^
tirent touc-j-coup , & la remplirenc à 1a hauteur de trois pieds. Un
des deux maçons pLiccs fur l'cchaffaud , Tnippé par la v.tpeur inR^âe »
demeura comme luftoquc; 1 autre tomba au fond de la rolTe, 6c linq
autrc^s perfonnes qui y dcfcendirent Aicceflivcment, éprouvèrent le
même fort que les deux qui y ctoieni déjà. Elles perdirent connoif-
fance, fie reftèrent immobiles.
Après un gr.\nd nombre de tentatives, on vint ii bonc de retirer ces
malheureux , parmi lefquels deux feulement offiirenc quelques fignes
de vie.
L'un ayant été dépouille Se expofc au grand air, fiit fiiitionné par
tout le corps j on lui fit ptendre du vinaigre fie de lefprif volatil de
corne de cerf. Il rendir alors par la bouLhe des matières gluantes : deux
heures après , fi refpiration étoit plus libre , fie le pouls qui ctoit
a/ïèz fort, donnoit des efpcrances Je guéri fon i on lui a inutilement
adminillrc difîérens remèdes ; ce malheureux a fuccombé peu de tems
après.
L'autre , <^ui ctoit refté fur 1 cchaffàud , a été rappelle i la vie ; il a
été friiftionnc par tout le corps avec des linges iinoioés de vinaigre fie
d'aîkili volatil. U a été falgné au bras, deux heures après avoii été re-
tiré de la folle. On lui a appliqué des fang-fues aux tempes , Sc deux
heures aprèi^ la faigiiée , il a profcrc quelques paroles \ il jouit a^uclte*
ment d'une txmne fanté.
Le fait dont nous prcfentons l'extrait fidèle , eft d'une efpcce, oui
depuis plufieurs années fixe utilement l'attention des Médecins Sc des
Phyficiens , du Public fie du Gouvernement ; il eft auffi très -digne de
celle de l'Académie , fie nous pcnfons qu'il mérite d'être configné dans
fon Hiftuire. Quant aux réflexions auxquelles il peut donner lieu , TAca*
demie ayant paru dcfirer que nous lui exponons l'état des connoif-
fances à ce fujet, fie que nous donnions en mcme-tems noire avis .fuc
la conduite qu'on doit tenir en pareil cas, nous allons elfayei de remplir
ion VŒU.
Rechercha fur les fecours à adminiflrer aux JfpkyxUi,
II feroit bien à dcfirer que le ventilateur fur plus répandu dans les
provinces, fie que le travail de Mrs. Cadet le jeune , Laborie Sc P.ir-
mentier , à ce iujer , ainfi que le rapport de Mrs. de Miily, Lavoihet fie
i-ougeroux fulfent plus connus: alors, on iàuroit qu'au moyen d'tin ca-
binet de menuiferie placé Se fcellé fur l'ouverture de la fbife , Sc deplu-
iieurs tuyères communiquant avec des foufflets qui y aboutitrent , l'air
peut être renouvelle fie chaHé par une des ouvertures les plus élevées
de la fulTe d'aifance, à laquelle on adapte un tuyau qui s'élève au-
deffus du toit, les autres commmiications éunt préalablement bouchées:
SUR VHrST. NÂTUREttE ET LES ARTS, i^»
on fauroit que le courant d'aîr eft très-accclcrc , fi l'on met un fourneau
fur le (icge d'aifance , dont on confervc l'ouverture , au-ddfous du tuyau
c]ue l'on y place j & que l'on peut encore ajouter à la vîteife avec laquelle
l'air circule , en fe fervanc d'un fécond fourneau affujetti dans la foffe,
fur un trépied, & communiquant parle moyen d'un tuyau avec le pre-
mier j on fauroit aufli qu'au moyen de ruy:iux,c:]ui forcent du cabinet
dont nous venons de parler , on peut porter un courant d'air frais aux
travailleurs , ou de l'eau que Ton fait jaillirpar destrous perces en arro-
foir; on fauroit enfin, qu'après avoir légèrement agité les matières con-
tenues dans la fofle, ce qui fouvent en dégage de l'air inâammable, oQ
diminue beaucoup l'aÛivité des vapeurs gazeufes , en y jectant une
quantité fuffifanïc de chaux en pouate. Cette épteuve répétée en pré-
sence des Commiifaires de l'Académie , dans aes tinettes qui conte-
noient des matières fécales & dans les folfcs mêmes, a toujours eu du
fuccès : Mrs. les Commiflaires ajoutent mcme , que ce procédé e(l connu
depuis long-tems dans quelques endroits de la France & de l'Allemagne.
Il eft employé depuis long-tems dans les mines de charbon de terre du
pays de Liège, èc on le trouve décrit avec foin dans l'Art d'exploiter
les mines de charbon de terre, par M, Morand.
A la vérité , il eft prefcjue impolViblc de réunir tous ces moyens dans
les villes où cet appareil n'eft point encore en ufagc^ mais on peut tou-
jours, après avoir ouvert la fofTe , y rcpantire une certaine miantité de
chaux , & n'y defcendre pour ttavailler qu'après un tems fumfant pour
que la réaâiou de ce mélange foit finie. On peut encore placer un four-
neau dans l'intérieur fur un trépied , ajufter fur le dôme de ce four-
neau, des tuyaux de lôle , que l'on doit diriger vers une des ouvertures
Je la fo(ïè j il eit encore facile de placer un tuyau & un fourneau fur
i'ouvermre donr on vient de parler. Ces précautions qui peuvent être
prifes par-tout , feroient d'ime grande utilité pour les iravaiileurs.
Il n eft pas befoin de dire , qu'il fcroit rrès-dangereux de jener de li
chaux dans une foHe où il y auroit une ou pluiîeurs perfonnes afphi-
xices.
Expofons maintenant le genre de fccours qui convient i ces der*
mers.
L'afphixie eft regardée par tous les Auteurs , comme une maladie
qui conlifte dans la celfation fubite du pouls, du fcntiment te du mouve-
ment. Elle diifète de l'apoplexie qui eft un affoupilTement profond
avec rondement , ou au moins une refpiration trcs-élevée. Dans l'afphi-
xie > les niouvemcns vitaux paroilïent ctrc comme fufpendus & arrêtes.
Hic enifrt ( dit Boerrhaave ) nulla tjl conuptio j Jtd mera quies omnium
partium motricium ; cœterùm nVùl mutatum cjl ( i }. Si l'afphixie eft con-
(0 Dt fpïr'nibus Vf îgnlj pcratis , ( DcMorb, Ncrv. Tom. I,pag.iu.)
1779. SEPTEMBRE, Hh 1
140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
ùiiuée trop long-tcms , les vatHl-aux du col , de U Ficc & du cerveau
s'engocgcni , le fing fe rarchc» fore quelquefois par diffcrens émonc-
coircs , & le poumon qui efl alors fouvcnc rctrcci , Ce crouve rem-
pli de faiig. M- Troja (il, quia fait périr un grand nombre d'anî*
maux par les vapeurs méphitiques , die même y avoir remarqué de
petites déchirures. On fe cromperoit cependant , en regardant la Icfion
de la refpiration , comme la feule caufc des accidens qu'éprouvent les
afphixics ; l'expcrience fuivante fcmble démontrer le contraire. On fait
que les grenouilles vivent quelquefois une ou deux heures, après qu'on
leur a ôtc te poumon. M. Spalanz^am en a expofc plusieurs , auxquelles
il venoic de l'enlever , ï l'aotiou d'un iluide méphitique iuua un ouLal,
& il les a vu périr prefque fur le thamp ( i ),
Plulieurs faits prouvent aullî que les perfonnes tombées en arphîxie,
ont fouvent quelciues-uncs du leurs panies dans un état de fpafme. 0\\
Ut dans le joutnal de Phvftque, cahier de Novembre 1776 , l'Hiftoire
de deux afphixics, dont l'un ^m trouve mordant l:iutT« irès-forte-
menc. M- Harmant £c pLufîcurs autres Médecins ont vu quelquefois
les mâchoires des perfonnes afphixiées très-ferrées l'une contre l'autre.
Le fpifnie doit fan^ doute varier, fuivant la Nature du gaz dans lequel
le malade a été plongé. L'air inflammable e(l celui de tous qui donne le
plus de mal-aife ^ il occaiîonne des convulHons Si. même le tétanos. Le
gaz acide de la craie , eft celui qui , après le gaz inilamui.vblc , produit
les effets les plus fâcheux^ la vapeur du charbon n'a pas tuut-à nit au-
tant d'énergie. Ces diifércntes obfervations ont été faites avec la plus
grande exaÂitude par M. Bucquet , & il les a conlîgnces dans un ou-
vrage dont il a été h\i un rapport i TAcadémie.
Tous les effets de cette maladie paroilTent donc devoir ître déduits,
1^. d'une force d'engourdiiTenienc occalîonné par Tadion des vapeurs
méphitiques fut les ner^ ^ 2,". du dc£uii de relpiration \ }\ des eugor-^
eemens plus ou moins coniîdcrables , qui en font une iiiice nêcef-
tiirc.
Les indications que Ton doit fe propofcr en pareil cas , nous paroif-
fent être tes fuivantcs.
i*'. Oétruite l'cngourdilTement nerveux par quelque fecouffe ou
irritation.
a". Rétablir le jeu des poumons.
1*. Prévenir les accidens qui font la fuite de rengotBement, U y a
déji long-tenis que des Médecins habiles ont mis en utage les moyens
néceliaùes poui lemplir ces indications j on les trouvera réunis dans les
(0 Journal de Miyrupc , Mart 1778.
fi) Spal. Opufcdl» de Phy fique . Anim. 8t Vfg. Ac Aiulffc dci Fonrtionï des Syft<-
mcs Dcrvcux , pat M. de la Roche, Tome 1.
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS, 141
nombreux écrits qui ont paru à ce fujec; il itifËca d'en prcfenter un
court extraie à i'Acftdéniie.
Cccfalpia Se Panarolle ( 1 ), en. parlant des accïJcns occallonnés mi
la vapeur du charbon, ont conrcillc d'exporer les malades qui eu avoienr
été zacOx^y à l'air frais , Se de leur jerrer de l'eau iroide fur le corps. Le
dernier recommande qu'on la dirige vers le vifage, & qu'on place ua
loufllec dans la bouche pourrctablir le jeu des poumons.
fioerrhaave a donAé les mêmes préceptes. Vin vtri^mmiiun j<im adefi ^
optimum rerncdium tfi corfïorièus itejts atjuam fri^îdam afptr^ere lam yi«
uJafo p:Bon & vultui injtcen (i). Il confirme l'utilité de cette pratique
pal fon fucccs , dans un cas où plusieurs ouvriers qui avoient ctc fuftoqués
par la vapeuc du cliarbon , furent ainfi rappelles a In vie.
En 17} i, Chriflophe Wagner guérit une perfonne fuffoquée de la
même manière > en lui Êiifanc refpirer de l'efpric volatil fuccinc de corne
de cetf.
M. Lorry a confeillc la méthode de Boerrhaave dans une Thèfe {ôu-
tenueen 1747.
M. Boucher, Médecin à Lille , a consigne dans le journal de Méde-
cine» année 17^0, un Mémoire très-dctaillé fur le traitement des afphy-
xics, dans lequel il recommande tes afpeilloas d'eau froide fur tour te
corps , & Tufage du viniigre déjà indiqué pat Rammazzini , dans fon
traité de morttt attijicum pour ranimer Les mineurs affeflés par la mof-
fette. M. de Zeenne , confrère de M. Boucher à Lille , a mis dans le
tnème tcms cette méthode en ufage avec un grand fucccs.
Le Dofteur FothetgiU , célèbre Médecin de Londres , rappone qu'un
particulier futfoqué en lyâi , par la v.ipeur du charbon > fiir guéri après
avoir été plonec dans un bain froid. Ce fait c(l: consigné dans les Tran-
fadtions pkilolophiques. Le même Auteur annonce qu'un Chirurgien ,
nommé Tolfack, rappellâ à la vie une perfonne fuffoquée pn la vapeur
d'une mine de charbon , en appliquant fa bouche fur la lîennc , pour
introduire de l'air dins le poumon , & en la taifani frotter par tout
Je corps & fecouer Icgèrement.
Le journal de Mc;lecine, année Jy^i , annonce la vertu du vinnî:;re
contre les afphvxics , d'après une obfervation communiquée par M.
Veiillard du Hbert , Médecin au Mans. Le même journal npprend que
(i) Voyez le Journal de Phytique, Ma» 1778. Mém. de Gaidanc , où la paitic
Hirtorique eft rtès-cia^e.
(».^ Ec il i\oatc : Si animalia in earvtrnis ventno^j mortua injiciantur , atjaé fr't-
gidâ fiatim reff'ufcitantuf f homints h x'jpo't ciirhonum ir.ortui , eodtm modo
triiHautur quant eitiffinù » font lîiam refufcnari poffant, Tom. 1 , Az Motb. Ncv.
page II ■(
M* OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
M. Nacher , Chirurgien de Libn , a employé hciireiifenienc, non-feu*
lement le vinaigre , mais encore la limonade dans le même cas. M.
Goulin a réuni ces diffcrenres cicacions d'une manière fort exaâ^e dans le
dtjtit^me volume delà CoUedHon Académique commenc<îe par Planque,
& il approuve Kiï-mcme ce procédé.
On lie dans les mémoires de la Sociccc d'Amfterdam , en faveur des
Noyés, qu'en 1770 le 17 Novembre (i), un mareloc fuffoquc par la va-
peur du charbon , fuc rappelle à la vîe par l'application de deux véfica-
loircs fur les deux jambes , aidée d'un lavement de tabac (i).
En 173J ,Ie II Oâobre , un vuidangeur arphyxic fîit guéri par le
procédé que l'on emploie à Paris pour les noyés.
En i774> M. Portai confeilU dans un ouvrage qui a été réimprimé
en 1775 ^' '77''> ^"^ ^^ traitement de Taf^byiie, la faignée , les afper-
fions d'eau froide > le vinaigre & l'infufflalion dans la poitrine. '■
En 177 j , M. Andry , Dofteur régent de la Faculté de Paris , guérit
par les feules afperfions d'eau froide, un vuidangeur attaqué du plomb y
cette cote eft rapportée dans le TahUau de^perfonms noyées en 1775 (j).
Dans la même aimée , M. liarmanc , Médecin de Nancy » publia ua
mémoire fur les funetlcs effets de charbon allumé , avec le détail des gué-
rifons opérées par le procédé qu'il indique. Ce Médecin confcillc les
afpcr/îons d'eau froide jettce de loin fur le vifage , à ta mcme manière
de Boerrhaave. Il décrit les fymprômes de la maladie avec la plus grande
piécilion,& il communique fix obfervations dont la première date cil
du mois de 1 décembre 1 76 J . Toutes font incontertablcs par leur authen-
ticité, & les fucccs deM. Harmanc étoient connus à Paris depuisplufieurs
années , lorfque fon ouvrage parut. Il recommande d'être très-téfervé fur
la faignée, & îl confeille d'introduire des Ilimulans dans le nez & même
dans la bouche, lorfqu'il eft pollible.
M. Sage a publié en 1 ■^^6 , des expériences qui confirment la venu
de l'alkaii volaril déjà célébré par le Do<^eur Targioni Tozetri dans le
traitement desafphyxies; il a rapporté des obfervations pour en démon-
trer le fucccs.
Le Doreur Carminati , Médecin Italien (4) , a publié dans le mcrac
rems un ouvr^^e considérable fur les cxlulaifons méphitiques , dans
lequel il alTure que leur effet eO: de détruire prumpicment l'irritabilicc ,
(1) Deuil des fucccs de l'établilTcmcnE que la Ville de Paris a fait en favcut dct
pcrfoDncs noyics, 177}. Imp. 177+ . F*B* "^î*
Ca) On employa lufG le fcl ammoniac dans ce traitement.
(0 Page !?•
(4) Bafiiani Carminati , de aaimalium ex Mtfftitûit jÊf ittxiiî kalttî&ttt inttritu
ejufque prophriius catifit* Uiri XJII ^ 1777.
SITR VffIST. NATURELLE ET LES ARTS X45
fur-touc celle du csur. Cette opinion eft auflî celle de M. SpHlanzzani
& de M. de h Roche, Médecin de Genève (i ).
M. Gardane , Ood'keuc régenc de la Faculté de Médecine de Paris,
après avoir public fes idées fut le traitement qui convient aux afphyxiés»
en 177s . * entièrement développé fcs vues à ce fujei en 1778 (z). Son
dernier mémoire contient une Hiftoire exaé^e des fccours adminiArés
dans ce cas par les Médecins : il regarde la méthode de Pancirolle &C
,de Boerrhaave qu'il rapporte avec foin , comme la meilleure.
En 1778 , un de {)) nousa confcillc l'application de ces méthodes aux
perfonnes Aiffbquées dans les cavaux des Eglifes , & déjà M. Morand
en 177(5, avoit donné à-peu-prcs les mcmcs confeils pour rappcUer i
la vie les ouvriers afphyxies dans les mines (4}.
Enfin , dans cette même année, M. Bucquet a entrepris d'clfayer dif-
fércns moyens, coniradicftoires en apparence, pour ranimer des ani-
maux afphyxiés ; il a rcuflî avec le vinaigre , le fel du vinaigre , l'acide
marin fumant & avec l'acide fulphureux volatil, aulli bien qu'avec Tal-
kali volatil , & il a établi l'criologie des différentes maladies daus
lefquelles ces procédés peuvent ctre mis en ufage.
L'infufflation qui peut fe faire par le nez ou par la bouche , avec le
ruyau décrit par M. i^'ia (0 » & ^*" pourroit aufll fe pratiquer de bouche
à bouche , comme nous I .wons dit ^ eft très-utile aux enfans nouveaux-
nés , qui font languifTins & afFoiblis. Smellie y a eu recouts avec fuccès,
& il a conGgné ce fait daus fes écrits -, depuis lui , ce moyeu cfl: tiès-
conniAles Accoucheurs. M. Pia fait mention dans fon Recueil pour l'an-
née 177J (tf) 3 d'un enfint ainfi rappelle i la vie; la gazette de Man-
heim en a rapporté les circonïlanccs. M. Portai a eu occafiun à'en
obfcrver les bons effets , & il en a parlé à la fuite de fon ouvrage fur
les afphyxiés en '774.
D'après les dérails hiftoriques que nous venons d'offrir i l'Académie,
Jie doit-on pas erre étonné tjue le traitement des afphyxiés ne foie
pas généralement répandu ? 11 eft vrai que les méthodes employées ont
îînguliérement varie , Se l'on eft furpris qu'elles aient toutes eu des
fuccès. La confcquence qu'on doit tirer de cette réflexion , ceft qu'au-
cune n'eft vr.iiment fpécifique , & que, malgré leur oppafition appa-
rente , elles doiveiit produire» fous un certain cappoit, aes effets ana-
(1) Ouvrage fur Ic$ fondions du fluide nccvcux, Tomci.
(1) Journaux de Phyficiue, 177J te ^^^tt
(j) M. Vicq a Aiyt.
(4I Rcehcicncs & CoafciU de Médecine fur les maladies qui mettent en danger
la fanté & la vie dct ouvricrî des Minent féconde Partie de l'An d'cxplaîccr les
Mines' de Charbon , fcaion IV, publiée en 177* , page jtjy.
( f) Dcfciipiion de la Boite d'entrepôt, poux le Iccoun des Nuyés. Plancbc I K , 0c
Pbaiibc 1. , fîg. 7 & 8.
(0 Page III.
»44 OBSERVATTONi SUR LA PjîTSTQUE,
\opxt%. A la vérité, coûtes font irminrcs , touces excitent, rcveillent, &
c'ell-Iil'olijeteiïcntiel. Telle eft donc laraifon ponr laquelle les aciJcSjIcs
alkalis, Icsocteursenipyrcumatiques 6c fortes, lesarperfions cT eau Froide,
partielles ou totales, les bains froids, les fternutatoires , les iiilufflations
dans ta poitrine, les lavemens de tabac. Us rcaribcanons mèine, ont rap-
pelle à la vie les perfonnes afphyxiceî.
Il y a cependant un choix i faire parmi ces différens procédés. Tâ-
chons de le déterminer & de remplir les indications propofées nlus haut.
Le danger que l'on court , en pénétrant dans un lieu rempli cle vapeurs
méphitiques, donc une ou plulïeuts perfonnes ont ctc frappées, ell fou-
vent le premier obtlacle que l'on trouve dans l'adminilUation des moyens
qui leur conviennent. Si ceux qui s'txpofent pour les fecourir avec la pré-
caution de fe faire paHer un lien fous les bras, fe trouvent mal ou éprou-
vent du mal-aife ; (i une lumière que l'on plonge dans le lieu inteilé,
s'éteint , il faut fut le champ y jetcet abondamment de Peau ttcs-froide,
& la répandre à la manière des axrofoirs, en ayant toujours foin que les
f>erfounes tombées en. afpUyxic, ne foient pas fubmergécs. Cette pra-
tique utile a encore été confeillée par Boerrhaave , qui s'exprime à ce fujet
de la manière fuivante(i). Sidji e[fL-i pajfrt ut aqua ad Uia. loca viniat ,
jlaùm venzmim abefl ; vel dehent canffrucn caminum aîtum & fub foram'm*
in ejus Ucunari fa^o igmm ponert qui aerem fuppojîtum rare fac'a. Ce der-
nier palïage annonce la manière d'employer les tuyaux , & de plicer le
feu , comme on le tait dans plufieurs mines , Se comme les Auteurs du
ventilateur l'ont pratiqué.
Dans bien de cas, on pourroit employer avec fucccs le moyen indi-
qué par M. de Morveau , ^ qui conlifbc d répandre de l'acide vitrio-
lique fat du fel marin un peu icché auparavant.
La petfonne futfoquée par les vapeurs mcphyciqaes , étant une fois
tirée de l'endroit infedlé, il faut l'en éloigner, fur-tout H les vapeurs
font fétides, comme celles des latrines^ on la déslubillera , & on la
cranfportcra dans un lieu valle, frais & bien acre: (î fon corps efl fouillé
par quelques immondices , on Ictendra par terre fur un drap , la tcce
un peu élevée, & on fera jetrer deffus plufieurs fceaux d'eau froide
avec force & d'un peu loini afin d'exciter plus de furprife. Le corps
étant fuffifammcnt nettoyé , on alTujcttira le malade fur un ficgebas» où
il fera un peu renverfé en arrière, & plufieurs perfonnes feront occu-
pées fans relâche , i lui jetter fur le vilage & fur la poirrine de t'eau la
plus froide par verrécs & de loin. Si la caufe de la fufîocatîon n'eft pas
telle que le corps fuit fouillé de matières infeftes , on pourra com-
mencer par ce genre de fecours , Se fi on fe permet des afperllons totales.
(i) D< fpiritibus tJtfam, & de morh'u nervorum , Tom. I , page lo;.
il
SUR VnrST. NATVRntlE ET lES ARTS. Mf
îl faudra bien prendre garde que le malade ne coure les rîfques d'acre
incommodé pat la trop grande quantité d'eau; il fcroit aufli très-utile
de placer des morceaux de glace fur le fiont Se fur la poitrine, G l'on
pouvoir s'en procurer.
Inutilement on confeilleroîr,^ cette époque, des boiflons quelconques
ou la faignée. Les mâchoires font, comme on l'a dit > quelquefois ferrées
Tiiiie contre l'autre ^ & quand bien même il fcroit poflible, dans tou*
les cas, d ouvrir la bouche, la dcglutition n ayanc pas lieu, les fluides
ne parvicndroicnt pas Jufques à lefVoaiac \ d'un autre côté, quand ta veine
feroit ouverte , le fang ne fortiroit qu'en très-petite qunntitc a canfe de
J'inaâion de tous les vaiifcaux.^c s'il fortoit plus abondamment, il
fcroit bien à craindre qu'un afïàilïèment mortel n'en fût la fuite : ainfî»
îufquU ce que les mouvemens viraux fc foieni fait appercevoir , oa ne
doit rien attendre que des irritans extérieurs.
Il ne faut point oublier de (limuler la membrane picuitaïre, foie
avec l'alkAli volatil qui eft très-adbif , foir avec le fel de vin,iigre , foie
avec iVide fulnhureux volatil , dégage du fouffre que l'on fiiu brûler
fie qu'il eft facile de fe procurer par - tout On peut introduire dans
le nez de petits rouleaux ou des pmceaux pénétrés de ces fluides ^t).
Les fridtons faites fur les di^érentes parties du corps avec des linges
imbibés de vinaigre , procureront aufU un j^rand avantage.
Quoique rinfufïlationde laîr dans la poitrine n'aie pas étéconfeilléepat
tous les Auteurs qui ont donné des préceptes fur le trairemciit des perfon-
ncs attaques d'afphyxics, nous penfons cependant que ce fecours ne doit
point être négligé [i ). L'Auteur des recherches en faveur des ouvriers
noyés ou fuffbqués dans les mines, la recommande (})j pour la mettre
en ufai;e , il fuffîra de placer un tuyau dans le nez ou dans la bouche
du malade en fermant celle de ces cavités qui fera rcftce ouverte, 6c
d'introduire par ce moyen une rrcs-petite quantité d'air qu'on augmentera
enfuiie peu-a-peu. La glotte qui refte ouverte lui donne un libre pafTage.
L'inftcument confcille par M. Pia a cet avantage, qu'en le pinçant,
on intercepte l'air qui peut revenir du malade vers la bouche de celui
qui foufrïe dans le tuyau. Une remarque de la première importance,
c^eft que (i le malade commence d refpircr , ou s'il refpire enc «re un
peu , il faut s'abftenir de ce procédé qui ne pourroit que le fuffoquec
davantage. Peuc-ctre aulK feroi(-il jplus prudent d'employer ^veç beau-r
(i) Il ne ÎmAkài pas s'eipofci x boucher cntièrcnicnt le nez, dans an momcat
où l'on en a bcfoio pour létablir la rcfpirauon.
(i) Boetbaavc , M. Harmant & M. Gaidane oc la confcillent pu dans le cas it'A£-
phixic.
(l) Réflexions fur Ici dïFércns moyens conrcillés dans l'avis publié en 1740 9t ûu
leur admmilirâtion. Art d'cxploitci le Chaibou de terre, Ariide 1 , page 95)6.
Tome Xir, Part. IL lyy^, SEPTEMBRE, 1 i
Mtf OBSERFATIOSS SUR LA PHYSIQUE ,
coup de modcration un fouHlec pour cet uTage , à h manière de Pacicctre;
on introduiruic , par ce mojrt;n,itn air plus frais, plus pur de moins
dénaturé que celui qui a déjà été refpirc.
I.orfque le mouvement ae h poitrine commencera i fe ranimer , on
Bgiiera l'air auprès du malade , foit avec un chapeau > foie avec un
éventail , de manière d le diriger vers Ci bouche , on plicera encore dans
ce moment les vapeurs Aimulantes fous le nez , avec la précaution de
k$ empêcher de pénétrer dans la bouche. Si l'on peut parvenir à le faite
ctetnuer, on lui procurera beaucoup de foulagement , & (a guérifon
fera très-avancée. Aufli-tôt que la déglutition pourra s'exécuter , même
folblement , on introduira dans la bouche quelques cuillerées d'eau
fraîche, â laquelleon aura ajouté du vinaigre employé dans les mines de
Quekna , en Nor wcgc , ou du fuc de citron , ou de limon ( i ).
Alors, les mouvcmcns vitaux commentant d fe rétablir , on doit
principalement inllfler fut les fricUons qui feront faites par plufieurs
perfonnes en nicme-tems fur le tronc Se les extrémités.
Au(îî-tôr que le malade aura éprouvé un tremblement & un failîlfc-
ment, qui font une fuite ncccllaire du procédé indiqué ci-deifus^on
l'euveloppera dans un drap fec & méaiocrement cnaud , & on le
tranfportera dans fon lit. La chambre où on le dcpofeta fera grande &
bien aérée. On ne doit pas difcojitinuer les friiflions ,c'efl alors, un ma-
bde que Ton a à traiter. Se les fymptômes doivent déterminer le genre
de remèdes convenables qui doivent ctrc variés fiiivaiu les circonllaiices.
Nous croyons que l'éméiiquc ne doit jamais ccre employé dans ce
cas : les vaiifeaux du cerveau font trop difpofés à l'engorgement pour
qu'on rifque de les furcharger de nouveau: On pourroir, tout au plus ,
donner t'émétîque en lavage , fi le malade avoit beaucoup mangé avant
fon accident.
a". On fe bornera aux potions acidulés & aigrelettes, les cordiaux,
proprement dits , étant , fuivant nous , ttès-dangereux.
^^. Si le malade cil tiès-fanguin , C en tombant it s'eil bIeiré,oii
fi Us fymptômes, qui annoncent l'engorgement four. très-opiniâtres ,
dans ce cas , la citcufation térablie , on fera une faignce au bras , mais
on tirera peu de fang ^ il vaudroit mieux y revenir une féconde fois
(\ ta circulation t'exigeoit , que de faire d'abord une faignce aop
abondance.
4**. Les lavemens un peu îrritans font nécellàires 5 ceux que l'on
prépare avec le favon & le fel de cuifine conviendront beaucoup dans
ce cas -y ils iUmuleronc fuffifammcnt , Se ils feront fortir les matières
accumulées.
(i)Voycz Méthode abrégée pour fccouiir les pcifonucs fuffbcjuécs acci^ciucllciiiait.
An dXxploiict les Minet oc Ctuiboii ik TcriCj f^gc 100 j.
SUR VnîST. NATURELLE ET LES ARTS, 147
Nous finirons en aflaranc , d'après les expériences multipliées de routes
jîart?,<]u'ileft crcs-importantd'infifterfurles Tecours que l'onadminillie»
& que fouvenc un fuccès complec a ccc la rccompenfe inattendue d'un
Travail de plutîeuts heures^ nous penfons auiîi que cette méthode , qui
eft conforme à la méthode publicc en 1776 pii M. Portai, peut être
paiement employée pour les peribnnes Aiifoquces par le counerre , pat
les vapeurs des cuves en fermenutton , par celles du charbon , ainU que
par les émanations des puits , cloaques & foifes d'aifance.
Nous jugeons donc que l'extrait du fait condgné dans robfervatîou
de M. Marcorelle , mérite d'ctre infère dans l'Hiftoire de l'Académie;
elle difpofera comme elle jugera à propos , des rclîexions que nous y
avons ajoutées, & qu'elle nous a demandées. Morahp jPoiltaL9
ViCQ d'Az YR.
. Je ctrtifie le pnfcnt Extraie conforme à l'original & au jugement dt
tAcademie _, ce jo Juin 1779. Le Marquis de Cohdorcet.
BOTANIQUE.
Plantes étrangères dont la flcurai/bn n'avait pas encore paru
dans nos Climats,
I J A a B a E qui étolt connu juCqu'i préfent dans les jardins de
Botanique fous la domination à'jrbor incognita Jînarum ( l'arbre inconnu
des Chinois ) , après plus de trente ans de plantation , porte enfin des
fleurs dans les jardins de la Reine à Trianon , &; dans ceux de M. le
Maréchal Duc de Noailles^lSt-Germain-en-Laye. (On dit qu'il a âeuri
l'année dernière Qn Kn^Utetxe y fed rumor taatàm pervenU ad aura).
C^et arbre eft remarquable par fon port noble , fa Iiauteur 6c l'cclac de
(on feuillage , les feuilles font alternes , Se ont i leucnaillànce un reuHe-
menc ancéncut ôc poftcrieur.
L'ccorcedu tronc eftprefque unie ,&: de couleur cendrée ^fes rameaux
font conftamment d'un verd fonce , & portent la môme teinte que celle
des feuiiles j le bois en eft caHànc Ôc fragile.
Les folioles font pinnées , rangées fur un filet commun , & terminées
par une impaire; elles fout d'un verd fonce & luftré en dellus , fie d'un
verd glanque en deftous. Elles font prefqae toures oppofces , on en
remarque cependant plufieurs qui font Icgèrement alternes ; elles font
oblon^ics , ôi âniifent en pointe. Les pétioles font prefque felliles.
1773. SEPTEMBRE, \ i 4
MS OBSERrÀT!ONS SUR LÀ PHYSIQUE,
Les fleurs font Icgiimuicufes , difporccs en p.iniciilcs & fubdîvifces en
diffcrcnccs parties : elles iiailTenc à re):crL';niEé du tatncau , d'un blinc
herbacé : leur odeur cft peu fenfible.
Le calice eïl monophylle , pccic , en forme de cloclie > & parcage en
cinq cchancrures.
L'étendard ( vexUlum ) e^ grand, ouvert , arrondi , échancré au fommcc
en deux portions , recouvbc X fa partie fupéiitiurc , &c rabattu fur une
portion du calice.
Les aîtes [ aU ) font oblongucs , ovales & accollces latéralement fur U
nacelle,
La nacelle {ear'.na) eft: compofce de deux pièces prefque de la même
forme & de la même longueur que les aîles , & renferme dix ccamines
diAint^es & fcpatccs \ il faut remarquer que le pciale droit fe croife fuc
le gauche.
Du centre des filets des ctamines s'clcve le piftil , compofc d'un
embcion cylindrique , d'un ftyle aminci Se bli forme , terminé par un
Aigmate trcspeiiti fcs racines font pliantes , jaunaties , & ont le ntcme
gour que celtes du robinU pftu.h acacia,
II en refaite donc que ce bel arbre , dont les fleurs font légumineufes;
doit ctre placé dans la feftion ill. de la vingt- deuxième clafle deTourne-
fort , & dans la dicandna mofio^ynij de Linxus.
P*aprcs la première infpe<5kion des parties fexuelles, qui n'étoient
point encore bien développées , &c d'après la compataifou de plulieurs
parties fimilaires que cet arbre partaire avec le rohlnia pjtudo acacia ^
;*ai penfé d'abutd qu'on pauvuit prétimier que c'en étoit un j mais des
obfervations fctupulcufcmcnc faites depuis par M. Richard ( jeune
homme d'un trcs-^rand niéiire , rrcs-eftimable par fes mœurs , par fcs
connoilïanccs muttipliccs , &c profondément inflruic de tous les mvftcres
de la Botanique ) déterminent fa vraie exiftence ; je le nommerai donc
d'après lui notre arèor incogni'ta ^fophorajinicj. Ce qui femble confirmer
cette dénomination, c'eft qu'indépendamment des caradtères propres
au fophora , que nous venons de détailler , je viens d*obferver que le
rudiment des fruits eft long, articulé, & aà articula noihjum , comme
dit Linaeus. La fruititication comptetie lèvera toute efpèce d'inceniiude.
Cet arbre eft originaire de la province de Pékely. Le père d'Incarville
en envoya des graines à feu M. Bernard de Juflîeu , vers 1747 , fous le
nom de fiouï-t^e , vel hoa:'-hoa j fios ad ùculuram luitam , ( je tiens cette
anecdote de M. le Monnier , } elles furent fcmées pour lors au jardin
du Roi , âc levèrent rrès-bien. L'arbre qui eft dans les jardins de M. le
Maréchal de Noailles en eft un.
M. le Chevalier de Janflen, Baronnet de la Grande-Bretagne , en
apporta quelques pieds de la pépinière de Gordon, père, (célèbre Pcpi-
nierifte de Londres) il y a près de 15 ans, & en lit pcéfent à plufieurs
Amateur;.
SUR VHIST, NATUKniLn ET LES ARTS. 149
Cet arbre eft très-ruftique , vigoureux , il a très-bien fupporté l'hiver
de 1776 , ce qui ne doit pas furnreiKire^ pecfonnen'ii;nore que l'inteiiHié
du froid eft encore plus grande & plus longue A Pckin qu'à Paris.
On le multiplie facilement par les boutures , les marcottes , fie mcme
par les racines. Nous avons tout lieu d'efpcrer que nous en obtiendrons
des femences. Il eft à defiret qu'on s'oaupe à multiplier ce bel arbre,
dont les Arts pourront peut-être , p^r ta fuite , rirer de grands avantages.
L'AKIS ÉTOILE ou LA BADIANE.
Arbrisseau. llUclum Ânifatum, L. S. P.
ETTE Plante eft connue des Anglois fous le nom de lUicîum
Fhridannm y parce que cette pbnte leur eft venue de la Ilorîdc , où elle
croît ainfi qu'en Chine & au Japon. Depuis qu'on cultive la Badiane en
Europe , on ne l'avoit jamais vu fleurir , & Von Linn^- ne l'a décrite que
fur la foi de Kœmpfer^elle a fleuri au jardin du Roi de France en 1778,
& nous avons été aflèz heureux pour la prendre fur le fiûr. I.a defctiptïoa
ne fera pas conforme i celle de Von Linné, mais elle l'eft à la nature. '
Cet arbuftc s'élève peu ( au moins en Europe ] \ les rameaux font
alternes ainlî que les fi.'uillcs; tes feuilles font entières, longues, aiguës,
fans découpures , portées pat de longs pétioles fiUonnés en-deflus.
Les fleurs nailtent fohtaires dans les aitlelles des jeunes rameaux j
elles font foutenvies par des pédicules longs , cylindriques 3c foibles \
elles font hermaphrodites: la corolle eft compofée d'::nviron dix p(:tales,
difpofés fur un r.ing auront des ovaires. Fntrc les pétales on trouve uu
fécond rang .formé par environ dix neâaires tabulés, convexe d'un
côte, lllonnc de l'autre. Au centre de la fleur font les parties fcxuelles,
lesquelles , vues de face , offrent une figure radieufe. L'amas des piftîls
forme un grouppc dans le milieu de la corolle; à la bafe du grouppe
les éramines font difpofées horifonialemeui , elles font poféft entre
les neâaires & les piftils , Se font rangées cifLulairement autour des
piftils. Le filet des ctamines eft très - court , & l'anthère partagée en
deux loges : nous avons compté treize ftigmates au giouppc des piftiU,
& vingt étamipes au moins. Chaque piftil nous a paru compofc d'un
ovaire, d'un ftil & d'un ftigmatc en ^rme d'alcne : ces trois dcriiicrcs
figures font augmentées.
Comme cet arbuftc n'a donné que deux fleurs ,& pour la première
fois , il n*a pas été poflible de les facrifier pour en hiire une defcription
iaconcelUble par rapport au nombre des parties \ nous n'avoiis pu U
z^o OBSERf^JTIONS SCTR LA PHYSIQUE ,
coniî Jcrcr qu'avec le fccours d'une bonne loupe , mais nous garantiffonJ
le nombre des ftigmatesipour celui des ccanimes , comme les anthères
fonr doubles , & qu'elles font rangces circulairemenc , nous avons eu
beaucoup de peine d les compter : après piufîeurs reprifes nous avons
toujours compte de vingt i vingt - deux , c'eft pourquoi nous ofons
croire qu'il y en a au moins vingt. Les pccales & les ncfSkaiccs n'étant
pas en nombte égal fur les deux fleurs , nous avons lieu de croire qu'il n'eft
p.is conilaiic ; quant au calice , que Karmpfct & de célèbres Botanifles
réduifent à quatre feuilles , il eft confiant que celui des deux fleurs que
nous avons peintes d'après le naturel, avoit cinq feuilles, dont deux
blanchâtres, & oppofces, ce calice eft caduque. Le fruit qui fucccde
à la fleur cil compofé de plufieuts capfules réunies , difpofces en étoile
tronquée : les capfules devtoient natutellement être en même nombre
que tes ovaiies, mais il paroïc qu'une partie des loges avorte, s'oblitère
& s'efface i car nous avons examiné un grand nombre de fruits , fans y
rencontrer plus^de huit capfules. Ces capfules font réunies à un centre
commun , & tiennenr toutes snfemble : chaque capfule forme une feule
loge , qui s'ouvre dans fa longueur & renferme une graine , laquelle
ell ovoide , & tetminée pat une petite pointe qui efî fouvenc
recourbée.
Le fruit de cet atbufle, appelle Anis itoiU^ &c la liqueur appellée
Badiane Se BaJiane du Indes , étoient connus en Europe long-tems avant
qu'on ne l'y cultivât. On appelloit encore ce fruit Anis de Sibérie, Anis
de la Chine Ôc Anis des Indes* On l'a appelle vulgairement Anis, à caufe
de la grande relTemblance de fa faveur, de fon odeur Se de fes venus
avec notre Anis y il a même toutes fes qualités à un dé-^ré plus éminent
que l'autre. Les Chinois & les Orientaux , & les Hollandois, à leur
exemple , en mettent dans le fotbet & dans le thé pour les rendre plus
agréatilcs. Ces deux plantes font gravées d'après nature par Mad. Regnault,
h connue déjà par La fuite des plantes de Bocaniqne enluminées , donc
i'entreprife continuée avec fucccs eft Ci bien accueillie du Public,
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
iitSTOiRE naturelle du Froment^ dnns l2quel!e on mite du principe
de la fécondité des retres , du dcveloppemenc ilu germe , de fon accroi£>
fement, de la fleucaifon , des maladies du bled , des parties confti-
ruances de la farine , des moulins » de la mouture , du pain , de Tufàgc
de la farine dans les Arts & Métiers , enBn de la nuctiiion ; par M.
V khhc PonccUc y avec figures. A Paris, chez jOtf/^«^, rue Saint- Jac-
ques, I779j I vol. , irt-îi".
Quantité d'Auteurs ont écrit fur l'Agriculture; plafieurs ont com-
|>ofé des traités particuliers fur certains objets ifolcs. La cuirure des
grains, celle des arbres, des fleurs, &c. ont fait naître des ouvrages
excellens , mais perfonne nVvoic fuivi la marche que M, lAbbé
Poncda a tenue dans fes recherches fur le froment. Le grand livre
de la nature, a été le feul qu'il a voulu confuUer,& comme ce livje
eft ouvert à tout le monde , & que les Swammerdam j les ttuwcn»
hûcck, lus Duhamel ^ les Parmentier y IcsMalouin ^ &c. &c. y ont lu,
& en ont expliqué plufieurs Chapitres , il u'cfl: pas étonnant qu'il
Ce Toit rencontré avec eux. Sans livres , fans compagnon , feiil , il i
laboure lui-même le champ qu'il a enfemencc. Sans charrue , fans moulin,
fon imagination indudrieufe , aidée par les circonftances & excitée parla
nécefiité lui a fourni les uflenfîles nécelTaires à la récolte, i U trituration
de fon grain , & à la préparation de la farine 6c du pain. Un excel-
lent Microfcope lui a découvert & développe les organes merveil-
leux du germe, des parties de la flcuraifon , de la fécondation £<:de
la formation du grain de froment \ quelques vailfeaux chymiques lui
ont fourni une analyfe çxiCtc : enlîn , à l'aide de fon crayon 5c de
fes pinceaux , on retrouve dans fon ouvrage les figures détaillées de
Cour ce qu'il a obfervé.
On ne peur rien defirer du côté de l'exaâitude fcrupuleufe dans
les différcnres expériences. L'Auteur examine d'abord les qualités delà
terre végétale, les plus propres au dcveloppemenr & il la reproduction
du froment. Ce développement & cet accroiiîemem ne peuvenr s'exé-
cuter que par la nutrition ou l'addition fucceffive des parties iïiiiilai-
res. Ces parties doivent donc fe trouver réellement prccxiflanies dans
la rerre qui tient lien de nourrice à la plante. C'efl aufïî ce que l'ana-
lyfe chymique d'une terre médiocrement fertile , comparée à celle du
151 OBSERrATlONS SUR lA PHYSIQUE^
fcomenc fcmble confirmer abfolumenc. L'Auteur a joint celle du fang
humain pour que le capprocliemenc fôt plus parfait. Les parties nucri-
lives &: ferrilifantes rendent dans une elpcce de terre folublc à l'eau,
comme l'avoient dcii remarqué M M, Kulbtl & Homes. Voici la Table
de comparoifoii celle qu'on Ja trouve dans l'ouvrage.
Ttrre folublc.
i*. Eau infipide & ino-
dore.
2.^. Eau IcRcccment mu-
cilagincuCe & chargée
de quelques princi-
pes.
j«, Subftance huilcufe
& faline» annonçant
la prcfence d'un fcl
efTenciel d'abord . &
enfuite d'un Tel alkali
volatil.
4", Huile trcs*ténue.
5*. Huile cpaifle.
6\ Sel 6xe de la tucurc
des Tels neutres»
y**. Terre blanche &ré-
Farine,
1°. Eau inodofe.
1 °. Eau douceâtre ÔC em-
pireumacique.
3 ". Indices de fel eflen-
tiel , & enfuitedefel
alkali volatil fous une
forme fluide.
4*. Huile ténue
j^ Huile épai(re,a{rez
femblable à de la
grailfc fondue , fort
brune & très-empi-
reumatique.
é^. Sel Bxe de la nature
des Tels neutres.
7**, Terre blanche & rc-
fraâairq.
Sang Humain,
i'. Eau phlegmacique
inodore.
i". Second phtegme
chargé de quelques
principes.
j°. Sel alkali volatil
fous forme concrète*
^*. Belle huile jaune
de ténue,
s'. Huile épaifle Se
fort cmpiteumati-
que.
6°. Sel fixe du genre
des Tels neutres.
7°. Terre blanche Se
Les différens engrais propres i multiplier & renouvellcr cette terre
folubte > ce principe de la fertilité » loccupent enfuire, ainfi que la
prcpitatioTt du fol , le labour & les remailles : des réflexions juftes
accompagnent toujours ces détails de pratique. C'cft d.ins l'ouvrage
nicme qu il faut lire la defcripcion des parties organiques du grain de
froment , le méchanifme de fon développement , la théorie de fon
accroifTement ; c'eft fur les gravures qu'il faut admirer le détail de la
Hcuraifon Se des parries organiques de la fructification. Depuis long*
tcms on admet un rapport uoguUet encre le règne végétal & le règne
anioul ^
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 15?
tnîmal ; l'analogie que M- l'Abbc Ponçtht trouve entre le germe dans
le grain, & le fétus des animaux dans la matrice > donne un nouveau
jour & augmente les points de rapprochement.
L'analyCe imparfiiite du 'bled otîroit en gênerai une fubftance mn-
queufe, nutritive & fermencefcibtc, connue fous le nom d'Amidon,
&: une autre fubftancc finj>uUcre, relTemblance à une matière anîmaîe,
vîiqueufc, alkaline & trcs-dilpolce à une prompte uutrcfaiHion , dcfi-
gnce fous le nom de fubtlante glucineufe. l:n poufïant Tes rccUcrches
plus loin, l'Auteur a trouve que t.i rubfUnce glutineufe contenoii une
vraie réfine & une vtaie comme, qu'il en a extraites par refprit-de-vin
te l'eau ^ que l'amidon ctoit un vrai magma, dans lequel dominoic
la Aibdaace oiuqueufe , ou Tel elfentiel fuctc, uni i une terre élémen-
taire prerqu'aum abondance \ enfin , que la farine eft ori;;;inairemcnt
conipofce de terre, d'eau, d aie , de ^îulieurs efpèccs d'huiles, les unes
claires & volatiles, les autres plus cpaifTcs \ de difcrens iels , l'un cfTen-
tict, l'autre alkali volattl , & d'une très-petite portion d'acide; que
de la combinaifon un peu plus compliqucc de tes mêmes principes,
que l'on peut regarder, lùion comme abfolument fimplcs , du moins
comme parties con(\ituantes , il rcfulte en outre une gomme , une
réfinc, une efpèce de fucte , & tx)!ô,\\ un magma, connu fous le nom
d'Amidon.
Pour peu que l'iinmidité pénctre dans l'inccrieut des deux lobes ,
elle occafionne une vive fermentation dans la fubïVance muqueufe ou
ûicrée, dans U fubflancc mucilagineufe ou gommcufe , & paraproxi-
mation dans la fubflance rclîneulc. Ce mouvement de (ermentation
excire une agitation dans le grain, tout tend à une dcfunion prompte
& violente; le germe ft; développe , mais raccroilTêment n'ayant pas
lîeu faute d'une nourriture nccellaire , Us parties conl^ituantcs & orga-
. niques violemment agitées & dcfunics , ne tardent pas à s'altérer, à ïec-
Venrcr, à changer de nature , & i donner pour dernier rcfulrat ce que
nous nommons la putrcfaAion. C'eft cette décompofition à laquelle
M. Ponceta cherche i remédier en propofanc de fouftraire le grain
itbfolument à l'humidité. On connoît fur cet objet les travaux de M.
Duhiimel^ ôc de pluûcurs autres Savans Agricoles. Voici la méthode
que l'Auteur prefcrit pour confervet le grain des fiècles entiers.
Dans un grenier dont le plancher fera bien folide 6c bien carrelé ,
élevez une enceinte en brique d'un bon pied d'cpaiifcur &: de frois
pieds de haut; ménagez fur le rebord intérieur une retraite ou feuil-
lure. Les cotés ou parois tant intérieurs qu'extérieurs, feront crépis
avec du bon cîmem. L'étendue & la forme de cette enceinte feront dé-
teîmlnécs par la figure ^■\u local Se I.^ quantité de bicd que l'on voudra
conferver. Pour éviter l'occafion d introduite inutilement & même
Tome XIP", Part, //,177p.
SEPTEMBRE, K k
aî+, OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE,
dangereufement , l'ait ilans le bled renferme que l'on fe propofe de
conlerver
l
de pouvo
craigiioic d'y avoir recours , on iTicnage
meuE des cafcs forinces par ^utanc de divîiions, ou de féparaciun& cle*
vces en brique, pareilles en couc au petic mur du pouicour» Se ayant
chacune :iti loniir.ct une double tciraïrc ou feuillure.
Avant que de verfec le bled dans chaque café de l'encaitfemenc ,
il faudra bien s'aHurer qu'il eft tel qu'il doit titre pour pouvoir ctre
renfermé , fans courir le moindre rifque de fe corrompre ; c*eft-i-dirc,
qu'il doit être bien fec> exempt d'ordures Se de poullière ,& fur*touc
>urgé de toute efp^ce d'infeâcs. Ainfî deux , trois ou quatre mois
cuîcmcnt après la moilTon, afin qu'il ait tout le rems de bien jetter
fon feu, on commencera par le bat:re . le vanner, le cribler, le leflîvet
à la méthode de M. HiÙer , c'e{l4-dirc , dans ime leHive de cendres
de bois neuf & de chaux (i) \ on le fera cnfuitc bien fccher A une
chaleur crès-tempcrce , foit à l'étuve , au four .iprcs la cuilTon du pain ,
ou tout autrement , comme on le jugera plus a propos.
Le froment ainfi prépare , ou en remplira l'une des cafés ^ on U
couvrira de planches proprement rabotées , de deux ou trois pcmces
d'épaitreur, on en collera exactement toutes les jointures avec des ban-
de:» de toile , enduites de bonne colle de farine, dans laquelle on aura
fair bouillir quelques eoulTcs d'ail. On tînira par couvrir les phinches
avec du fable , le plus icc qu'il fera pcfllble de trouver , & jufqu'à un
bon pied , même quinze pouces dVpailteur. On remplira & garnira
les autres cafés, avec la même attention ^ les mêmes précautions. Le
froment aînfi renfermé fera parfVitc-ment d l'abri de tout danger, des
foutis , des infedes &c parciculicrement des injures du tenis , & de
l'intempérie de l'air.
L'amour du bien public & le zèle que M. l'Abbé Ponctla mon»
tre pour être utile i fcs Concitoyens , lui ont fait porter fes regards
& ies recherches fur les moulins , la mouture , la confervation des
farines , l'art de faire le pain , la manière de préparer les levains , te
pétrilTago , la cuilTbn , & les ditfcrentes fortes ce pain. C'cR dans lou*
vrage mcme qu'il faut Uie ces détails. Les reBéitons intcrelTantes donc
ils font femés , réunies avec les rravnux inlînimenr utiles de M. Par-
jTumicr , formenr d prcfent une théorie complette fur la partie de nos
aliraens, la plus commune & la plus analogue à notre manière de vivre.
(i) Cent livres décentres, deux ccnti pintes d'eau, & quinze lîvru de chtux«
^ui <o boilTcaai de froment.
SUR VniST, NATURELLE ET LES ARTS. tj$
Novo Mciodo per coltivare gli Ananas fi'>{p fuoco , avec figures ,
Turin^ C'eft l'ouvrage du Jardinier de M. lo Comte de Petcon, L'Au-
teur après bien des peines & des foins > eft parvenu à trouver une force
de chaHls pour couvrir les Ananas» qui n'eft pis difpendicux , qui pro-
cure aux plantes tous les avantages qu'elles peuvent retirer de l'ait &
du foleil> & qui facilite au Jardinier toutes fcs opétatiom. 11 a en outre
découvert, i force de faire des épreuves, que les copeaux tcrmentcuc
autant que le fumîer & le tan , èc qu'en les employant par prcfil-rence
pour y enterrer les pots , on épargne des frais , & on évite beaucoup
u'mconvéuiens trcs-nuiCbles aux Plantes. 11 en fait le détail dans fou
ouvrage , il enfeigne la façon de fe fervir des copeaux , & il donne
les règles les plus sûres pour cultivée l'Ananas datis tous les climats
d-pcu-près fembLibles à celui du Piémouc. La Planche , faite avec la
plus grande prccillon , explique li faœu de conllruire les challîs.
On efl perfuadé que le public» & fur-tout les Amateurs de l'Ananas,
recevront avec plailir ce petit ouvrage qui les mettra i même de fatîT-
faire leur goût à très-peu de fi:ais.
TABLE
DES ARTICLES
Contenus dans ce Cahier.
LtETTKEfur Us Feuilles & fur ta Circulation de la Sève; de M.VAsm,
de la Sociéiè Acadèatitjue de Cherbourg , AJfocU Honorttire de la SocUù
Royale d'Agriculture d'Auch; à M. Fooceroux de Bondaroy , de
f Académie des Sciences , Page 17J
Mémoite fur U fel qui fe forme par un long repos fur le rèfldu que Von
trouve au fond de la cucurbite , après la re3if cation de l'ether vitrioli-
que; & fur un autre Phénomène objervê dans la dijîillation du mime èther ,
en employant un ef prit- de-vin Taire du mare de nos ratfns ; par M,
MoNTET , de la Société Rivale des Sciences de Montpellier ^ 181
Expériences èleSrigues qui démontrent que Ceau peut propager la Commotion;
par M, Horbsrn-Bergman , i^i
Defcription 6- ohfervations fur le Tremblement de Une de Bologne , en
Italie; oar M. le Comte Auguste de Chabot , 1 98
Réponfc a la Lettre de Madame de F*** contenue dans le Supplément
i^C OBSERrATlONS SUR LÀ PHYSIQUE, &c:
au Journal de Phyfique , pa^t i8i ; dans laquelle on trouvera^ i°. Us
raifon:- qui rendent probable y le fyjlème de rèmij^on de la Lumière^
i " . du idées & des Expériences nouvelles fur la nature de la Lumière
& de fis 'effets , & en particulier la décoloration des furfaces colorées
qui fint expojees à la Lumière , & fur Cétiolement des Plantes ; par M,
Jean Senebier , Bibliothécaire de la République de-Genève , & Membre
■ de la Société Hollandoife des Sciences de Harlem^ loot
Expériences fur les Tubes Capillains j quatrième Sehicn; par M. Du-
' TOUR, ll6
Extrait d'une lettre de Af. Magellan , Membre de la Société Royale de
■ Londres , à un de fes Amis de Paris , 1 1 j
Lettre de ilf. Chabert de l*0,ratoire,aux Auteurs de ce Recueil^ i%y
Obfervationfuf t effet du Scarabé méloé^ dam là Rage; par M, Romme , 1 1 S
Mémoire fur la méthode finguUère de guérir plufiews maladies par CEm^
physème artificiel ; par M. GallandaT , de plufieurs Académies ,
• Dimor^rattur d'Anatomic , de Chirurgie & de l'An des Accouchemens ,
. à Eleffinguey 115»
Extrait des Regiftres de l* Académie Royale des Sciences y </» 30 Juin
Ï779. , . . *57
Botanique. Plantes étrangères dont la jleuraifon n*avoit pas encore para
dans nos Climats , 247
VAnis étoile ou la Badiane ^ arbriffèau , 249
Nouvelles Littéraires , 151
APPROBATION.
J'Ai lu, par ori^rc de Moufcigncur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour
tÎTc: Olfervatitns fur la P/iyJique , fur t Hijloire Naturelle & furies Arts, &c.y
par M. VÀbht Ro z I E R, &c. La Colkûion de faits impottans qu'il offre p^rio-
diqucmcnc à fes LcAeurs, mirritc l'accueil des Savant ; en conféquencc.j'cftimetju'oii
peut çn permettre rimprcffion. APaxî», ce 18 Septembre 1779-
VALMONT DE BOMARE.
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JOURNAL DE PHYSIQUE.
OCTOBRE 1779.
RECHERCHES
Chymiqucs fur la une des Pierres pTécicufes ou gemmes ;
Par M. ToRBERN Bergman, ProfelTeur àt Chymie, Chevalier
de rOtdte Royal de Wafa.
Opt/ttons diverfes fur la terrt des P'urrts priciatfes.
D
ANS les cems m&me les plus recules, l'éclat , la tranfparence , li
couleuc & la dureté des pierres précieufes ont Bxé l'attention des hoiH'
mes, au point que non-iculemenc au fièclc de Thcophrafte, elles jouif-
foîcnt dcjà du nom de piètres prkicufcs j mais dans le natte mcme,
ce n'cft qui très-gtand prix que l'on fe procure ces riches ptoduits
du règne minéral. Plin** n A\r d'elles . aver atmni t^f* vt^rirp nite d'clé-
gancc , qu'elles renfctinoient en petit toute la majcftc & la iplendeur
de la nature (1); cependant la plupart des hommes s'attachant plutôt
à leur éclat extérieur , qu'i leur principe , ne penfent nui en faire
l'objet de leur vanité & de leur luxe, & négligent abfolunient la re-
cherche de la caufe de leur perfe^on. Leur rareté Se leur chené fe font
oppofces i leur examen. Combien de fois les perfonncs riches achetant
de faud'es pierres pour de véritables , n'ont-elles bien paye la peine de
leur ignorance \ mais la fulie & l'inconddcration n*accompagnent que
trop louvent les richelTes.
Les Minéralogifles les ont clafTces chacun i Cz fa^on dans leurs fyllê-
mes ) mais les uns s'arrachant à leur forme extérieure j tes autres X
des qualités douteufes U incertaines , il n'eft pas étonnant qu'ils na
(0 Hiftoite NamreUe, L. XXXVIL
romtXir.Pan.îLiTj^,
OCTOBRE. Ll
5» OBSERFATIOSS SUR LA PHYSIQUE,
pe trouvent p.is d'accord; & certainement ce n'eût ^té que pat hafard
"lu'ils cufTeut rencontré la vérité, ignorant même fi leur baie terreftre
ïoit /impie & primitive, ou compofée & dérivée. Ceux qui les onc
[tangces dans la clafle des fels n ont confidcrc <]uc leur figure , mais
l'ont point fait attention que les formes déterminées & confiantes ne
lépendent pas toujours a un caradcre falin , quoique les fubïlances
le les autres. Car
aftedent fouvenc
Jgulictes , & en général la Bcultc de cryftallirec
femblc appartenir à tout corps folide, pourvu que fes molécules , ,a(rez
divifées & fufpcndues dans un menftrue humide ou fec , puilfcnt fe
féunîr pat la force d'atcraâion , & aflèâer un ordre fymmétrique.
Dans ces fels, la figure n*eft déterminée ni par un acide ni par la bafe
qui lui eft jointe. Les alkalis végétal & minétal cryftatllfent en cube
avec l'acide matin , mais ce même acide avec l'alkali volatil , la
terre pefante , l'or , la platine» le mercure , le bifmut , le cobolt & les
autres fubftances, prend d'autres formes. Si l'acide n'influe pas dans ces
ôrconftances , comment agira-t-il dans des fnbftances ou rien ne
démontre fon exifteuce que la ftmpic conjeiHure? 11 faut en dire autant
de la bafe, le mcmc alttali cryftallife diverfement avec différens aci-
des. L'alun & le cobolt offrent ordinairement des cryftaux o<iiacdres ,
quoiqu'ils n'aient ni le même œeaftrae, ni la même bafe. Que dirons-
nous des pyrites qui dans leurs lingulières cryftallifations nous reprcfen-
lent des ligures géométriaues régulières, il n'eft pas befoin, je crois,
d'un plus grand nombre d'exemples , & j'ai dcii démontré fuffifàm-
mcnt dans un autre endroit que les formes primitives de la même ma-
tière uuuvulcat cnganJt^r grand nomVtrt» f^p formes dérivées rrès-va-
riées n)» D'après cela , je ne vois pas pourquoi on affocie le diamant &
le rubis à l'alun , avec lequel on ne leur trouve pas le moindre rap-
port. Mais fi l'on ne doit s'en rapporter qu'aux formes purement exté-
lieuies , on devtoit par conféqucnt confondre avec eux & le cobolc
^ les autres fels oftacdrcs \ d'après la même hypothcfe , le diamant
cryftallife en cube dcvroit être rangé dans la claÂe des fels marins, &
riiexagone pcifmariquc termine des deux côtés par trois rhombcs parmi
lesfchoeris.
Ceux qui rangent les pierres gemmes parmi les pierres virrifiables ;
outre plufieuts raifons alTex foibles , s'appuyeut fur ce qu'elles relfem-
bloit au verre , & qu'avec les alkalis fixes elles fe fondent en une
mafle vitteufe tranfpatente. La première raifon eft bien légère y fie
(I) N. Aa. Upfal. Vol. 1, p. 1)0.
SUR VniST. ifATUS.ËLtE ET LES ARTS, ij,
qa&nd U féconde feroic vraie, elle dénotetoic feulement une <]ualicé
cirendelle. Mais on verra dans la fuite ce que l'expérience nous enfcigne
fur cet article. La dureté n'eft qu'une marque vaine, car elle ne dépend
fouvent uniquement que du degré d'exiiccacion » la matière reOant
toujours la même ; l'argille moUe ou durcie au feu nous eu donne un
exemple frappant. Quelques Auteurs les nomment cncoïG Jticx vitreux ,
mais les noms ne changent point la nature des chofcsj & tous ceux
que je viens de citer font également bons.
En compofant un fyftôme minéralogique , lî la figure , la rexrure , ta
dureté, la couleur, la clarté, la grandeur & toutes les autres qualités
fuperficielles fuBifoient pour bien connoîcre les lubfVances minérales ,
cette méthode feroit peuc-ërre très*fàcile pour les commençons , mais
ne feroit pas la meilleure, puifque les qualités dont nous tirons parti
dérivent du caractère de leurs parties conlUtuanres & rarement de leurs
formes extérieures. Tous ceux qui commencent à étudier les minéraux
favent combien les caractères fupertîciels trompent ; il eft attaché à la
condition humaine de ue devenir fage & u ouvrir les yeux que très-tard ,
lotfque l'efpérance du fuccès nous fait entreprendre des chofes pref-
qu'impolUbles.
Un des plus fameux fyftèmes de minéralogie eft celui que l'illudrc
Cronllcdt a propofé avec fa modellie ordinaire Se qui a retenu fon
rx .- /i" f t ! ■ __ j - f_ r. juioncdécidé
les fubflances
feul la con-
duit dans l'erreuc^ Hc s'il n'a pas toujours fuivi le bon chemin , il l'a
cherché de bonne foi ôc l'a mdiqué di(lin6tement. En marchant fur
fes traces, je me fuis occupé pendant plulîeurs années à l'analyfe du
tcgae minerai ; cherchons a trouver les vr.iis fondeniens d'un lyltçme
de la natute , également propre i perfeâionncf U Philofophie natu-
relle, &C i concourir à l'utilité publique Se particulière.
J'ai donné dcji dans plufieurs ouvrages les téfultats de mes recher-
ches, il ne fera ici queftion que des pierres gemmes, parmi Icfquelles
on compte ordinairement les cryftaux qui pat leur dureté furpalFcnt
les cryflaux de coche.
$. II.
SJfai Jes pierrei gtmmts par le thaiamtau des EmaWeurs,
Le chalumeau , dont les Orfèvres & d'autres Ouvriers fe fer-
vent, connu fous le nom de chalumeau des Emailleurs, adapté aux
techecches minera logiques e(l d'une très -grande utilité Se commo^
Ï77J. OCTOBRE, Ll »
1^0 OasERrJTIOP^S SUR lA PtlYStQUE ,
dicc (j)^ pcincipalcmenc dans l'examen des pierres gemmes, donc les
plus petites pACcies fuffifenc pour des elfai^ qui par cux-mcmes ne fonc
rien moins que crcs-coûceux , pourvu que ces petites particules puilTent
êcre f^ilies par les pinces.
Il fjur d abord diflînguer le diamant des autres pierres gemmes,
il les Turpaiïe coûtes par fa dureté , & a des carat^rres bien diflcrens.
La poulUcre de diamant ( z ) expofce dans un charbon I la flamme
du chalumeau , rougit aulTitôc au blanc , mais ncprouvc aucun change-
menc fenfible , parce qu'avec le chalumeau , on peur difficilement
appliquer un degré de feu tgal , conïbnt & affez fuii pour la volaiU
liier, & l'on ne peut éviter pendant cette longue e.^péricnce que l'inc-
galicé du fbuHle ne dirperCe cette pouinèie. Les autres pierres gemmes
font dans lë mcme cas que le diamant.
Pour pouvoir dilîoudie tes minéraux , je me fers fur-rout d'un acide ,
d'un alkali &c d'un fel neutre. Je ne connois point d'autre acide qui
puîHe Toutenir le feu dans un charbon que celui qui e(l renferme
dans le fel microcofmiqne. Ce fel neutre etl compofé de trois autres ,
de l'alkalî volatil, de l'allcili miner tl & de l'acide phofphorique.
L'acide phofphorique faturé du feul alkali volatil ne peut crytlillifer,
mais uni à une portion d'alkali minera! , il cryftallife & forme un fel
connu fous le nom de Microcofmique. Mis fur un charbon , il fe fond ,
lailfe échapper t'alkali volatil , la portion d'acide qui en écoic faturée de
même ànud,& agit alors avec plus d'énergie fur les difFcrentesfubftance*
ou'on lui ptcfente. L'alkalî dont Je me fers eft l'alkali minerai rrès-
dépurc; le végctul à caufe de fa déliquefcence n'eft pas auffi propre d
ces expériences. Enfin , pour fel neutre j'emploie le borax dont les deux
principes font fixes au feu » & qui vitrifie facilemeat les fubibnces
avec Icrqucllcs II elt unî.
J'ai ertayé Tefiicaciré de ces fels fur les pierres gemmes. Te fel mi-
crocofmique les attaque diftîcilcmenr ; il les dillout cependant , mais
il faut du tems. Le diamant offre dans cette diilolution un phénomène
Singulier Se différent des autres piètres gemmes. Un grain de pou Hi ère
de diamant mis dans un globule de lel fondu , furnage cumcôt Ac
s'attache à la patrie fupérieure de la goutte; d'abord il s'échappe quclK
ques bulles lentement & affez ijnçs , elles celfeuc durant U contiuuA-
(l) Tai expliqué a/Tez en détail l'ufagc cTc cet îaftnuncat Jjas an Mémoire que
M. Bom a fiir mféict en Allemand dans les tiois Volumes des Aâcs de l'Acadéinie
de Prague.
Cl) Cette poudre de diamant cft connue dans le coiaraerce foos le nom ^ igrifft ^
)C l'cisploixai daos la fuite de ce Mémouc.
SUR L'HIST, NATURKILE ET LES ARTS, lôt
non de l'opccaïîun. L'cxcccmîcc de la flamme coiiflimmcnr appliquée
au peùc grain de poufllèrc , il diminue fenliblcmenc ; une partie efl
confumce pac le feu , l'autre efl ditlipcc par le venc du chalumeau ,
& 1.1 petite portion qui tefte cft peut-ctre dîtloute. Les autres pierres
gemmes n'encrenc pomc en ciTetverceuce , refient rufpendues d.inç le
iel en fiiHoa , coumenc rapidement , fonc actaquces lentement & foc-
menc des petits globules vitreux de couleur verte. Ils paroitTent doac
s'unir i ce feL par une plus force atrra^ion que le diatnaiit, qui au con-
traire femble en être repoulTé.
L'alkali minéral fondu dans une cuiller d'argent, f car il eft abforbé
p
les
tems, i peine les attaque-t^il. Cepî
poulliète , mais réfra^tt^aire. Le diamant paruic éluder toute la force de
l'alkali minéral , comme on le verra dans les expériences fuivantcs.
Le borax dilTout les gemmes i-peu-prcs comme le fel microcofmi-
que » cependant un peu plus vite Se fans effervefcence , mais il attaque
plus foibicment le diamant , au point que fon globule après une longue
iufion s'attache au chaibon > & la poulTicte adhérence d la fupcrficie fe
dinïpe 6c fe perd.
11 faut avoir foin d'cpurer avec l'eau-forte , régrifce dont on veut
(c fccvir. Car toute celle de commerce contient quantité de pasiies
hétérogènes comme on le verra bien tôt. ( §. III, B. ) Comme fe dia-
mant lurpalTê toutes les autres pierres par fa dureté , qu'il fe confume
au feu en répandant des vapeurs, en un mot, qu'il diffère par toutes
les qualités par Icfquelles les autres fe conviennent, je les diftinguerai
dans les expcripnrps riiiw^nt*»» fpAfit\fmt*rir Innc 1^ «^ïr» n*» fw^fnmff.
La manière dont le diamant fe comporte dans fes difTolvans , fur-
tout dans l'alkali minéral , le différencie abfolumcnt du crylUl de
loche* qui non-feulement eft atuqué par l'alkali , mais qui l'ell avec
une ébullirion ou une effervefcence très-confidérable. LeS pierres faut
fes colorées ou non fe fondent très- facilement Se fans addition.
Il paroît delà, que le diamant & les gemmes forment deux genre»
très-diftinds du quartz, du fchoerl , du grenat & des autres pierres.
Il refte toujours i favoir 11 leur bafe terreufe eft primitive ou dérivée,
& dans ce dernier cas quels font les principes & en quelle propor-
tion ils conftitucnt cette oafe. La voie humide feule peut ^ccUircit ce«
^ucftious a & c'eft ce que je vais^center.
n?i' ODSnRrATlONS SUR LA PHYSIQUE,
§. III.
Difficultés de Canatyfe dis Ctmmes & précautions quit faut tmploye%
Différens oWbcles, que nous allons examiner chacun en particu-
lier, s'oppofcnc à cet examen.
(A) La cherté des matières ^ qui non-feulement engage, mais encore
force à. ne ttavailUr que fut de petites quantités. Il nue bien prendre
garde que pendant l'expcrience , il ne s'cckippe ou même il ne s'ajoute
quelque porrion étrangère qui , en petit , produiroit une ditfcrence fea-
iible , tandis qu'en erand on n'y f^roir feulement pas attention.
(B) Rien n'eft fi difficile que de puivérifer ces fubftances» elles l'em-
portent en dureté fur tous les autres corps. Si l'on.fAit rougir au feu
les gemmes ôc qu'on Us plonge autlî-t&t dans l'eau ^oidc , elles de-
viennent à peine fragiles , ce qui communément réduit en poulBère les
cryilaux de coche les plus durs. Ces petits grains frappes fur l'enclu-
me fe brifeni quelquefois, mais leurs fragmens telTautent , s'échappent ÔC
fe perdent. Trcs-fouvent le diamant pénètre & le marteau & l'enclu-
me. L'égrifce du commerce eft toujours mêlée de parties hétérogènes.
L'eau regale, même fans le fecours du feu> a extrait -~V d'une poudre
de diamant que m'avoit donné M. C. Âlfboemer , &c qui avoit été
apportée d'Anvers. Le menftrue prie une couleur jaune. L'alkali fixe ea
irccipita une poudre blanchâtre , qui au feul feu du tiiatumeau fe
ondit en petit culot opaque & de forme métallique. Dans le borax &C
Je fel microcofmique , elle bouillonne comme la chaux. Mais le fel
microcofmique en fufion , charge d'une ceruine quajitité de cette pouf-
ficre , prend une couleur rougearre en le retroidiuant , &c paiîc dans ua
moment de la tranfparence brillante du rubis i l'opacité abfolue. It
faut attribuer ce mélange étranger aux inftrumens dont on fe Cm , SC
il e(i caufe que l'cgrifée , quelque difficulté que l'on ait pour la ré-
duire à cet état , eit encore moms chère que les fragmens de diamant
même les plus petits, qui ne peuvent fervir qu'à U feule pulvérifa-
tion.
l_.cs outres gemmes fe pulvérifent plus facilement , quand on fe ferc
d'un mortier d'agathe Se d'un peu d'eau. Lorfque l'eau pure blanchit ,
51 faut la décanter Se en remettre de nouvelle jufqu'à ce que la poudre
foit Cï fine qu'elle puifie refter fufpendue dans leau, même quelques
minutes. Car, il faut que la marière offre une très^grande fuperncîe
afin que les menflrues puilfenr brifer plus facilement les chaînes qui
lient les principes. Comme Tagathe efV moins dure, pendant la tritura-
tion il ie détache toujours quelques pattics filiceuies qui fe niêlenc
l
SUR l'HlST. KATVREtLR ET IFS ARTS, irf,
avec h poudre de diimanc Se qu'on ne peui en fcparer que tiLS-dltH-
citemeni.
(C) Les vafes propres i ces expériences par la voie sèche font en-
core une fouTce de clifHcuUcs. Les creufers ordinaires une une futface
raboceufe , pleine de petits porcs dans Icfqucls il fe loge toujours
une quantité de matière afc confidcrable. Mais oe qui eft encore
plus incommode, c'eft qu'étant compofcs de parties argilteufes 5c niU
ceufes , qui ibnt attaquables par l'alkali fixe , on ne peut obtenir que
des réfultats incertains & douteux. Pour connoître l'effet dececalkali
fur ces creofets, voici l'expérience que j'ai faite. Ayaut pris un peiit
creufct de HcLFc , je lai pefé i une balance exa^e , Ton poids s'ctl trouvé
de i^}!>5 livres ducitnal^ïques (i). J'y ai mis loo livres d'alkali de tar-
tre fec , & l'ai expofc pendant 37 minutes au feu de fuiïon. Après te
refroidilfemenc, il ne pcfoit que 1(^45 livres. U s'étoitdonc perdu quar
ranre livres qu'il faut aitcibuur à l'humidité ou du fel ou du creufec ^
ou de tous les deux enfemble , ce qui eft plus croyable. La malFe qui
étoir reftée au fond avoir d'abord l'air d'un verre en fuiîon , mais infen*
(îblement elle devine opaque & atciroit l'humidité de l'air. Je la lavai
dans de l'eau chaude; ayant dccsjicé la liqueur, elle prit ta forme d'unâ
gelée; rclavée de nouveau avec de l'acide vitrioliquo'IR: de nouvelle
eau chaude, reféchée en fuite » elle me donna ti livres d'une terre
iîon. En lavaut le creufec , il s'en détacha quelques particules Se des
fragmens qui, bien féchés , pefoient to livres. Enfin le creufee lui-mcme
bien lavé & bien deiTéchc s'eft trouvé pefer 1594 livres, poids biert
excédant celui qu'il avoK avjuu i'expcnence. Amli, comme les poids
ix-H?-l-io==:28, que M»5— z«=?=Mî7 & q« .M9+— MST^jy ,
il eft clair que le fei alïtiU petidam la fufîon avoir diffout 11 livres
de terre vitrifiable, c'eft-à-dire ^ de fon poids, 6 livres de terre argil-
leufe» c'eft-i-dire ,'g, & qu'enfin le creufet avoir retenu ^y livres de
fel alkali, qui avoit incrufté fon fond d'une matière vitreufe indilTo-
luble i l'eau. D'après cette expérience on doit en conclure qu'il ne
£uic pas ttop fe fier aux creufets dans les expériences des décom-
pofitions des terres par la voie sèche, parce qu'ils fournilfent ïoujours
quelques fubftances hétérogènes ou qu'au moins ils troubleni les pcot
portions des principes.
Il y a déjà plufieurs années que voulant travailler fur le quartz, jo
(i) i;8; gtains.
►nie fiùs fervi de cuillers d6 fer (i). On fait que les bandes de fer
ordûmres ont la forme d'un parallélinipcde dont deux furfaccs fonc
,>pliu larges que les autres. J'ai pris du fer forge de la meilleure nature,
[j'en ù laic couper un barccnti en morceaux d'un pouce de longueur,
ifi: par le moyen du tour, j'y ai fait creufcr des petits fegmens de fpScre.
tC'c£t dans cos perles trous c]ue je plat^ois avec de I'a)k.ili les fubftances
•que je vouloir traiter au feu , & recouvrois le tout d'un autre mor-
*;ceau de fer, pour empêcher les cendres 6c le charbon àcje mclcrav»c
îles matières. Je me fuis fervi encore d'un autre métal , de la nlacine
précipitée de l'eau régale par !e fel ammoniac, fondue par le lel mî-
crocofmique ( ^ ) , & fai^onnée enfin par le marteau en petit creufcr.
Mais les portions confidcrables de ce r^ule ainH traité ^toienc agiles.
Se il n'y avoir que les très-petites qui fuflenr allez bien fondues pour
■jïouvoir obéit facilement au marteau. Pat conféquenc , je ne pus avoir
x}ue des efpèccs de petits creufets qui ne contenoient aue quelques
grains de matière. Si jamais on peut en faire d'affez grands , ils fcronc
â'une très-grande uiilicé , parce qu'on ne craindra pas h fulion à quel-
Îiue degré de feu que ce foit. Si d'abord on a Co\n de les faire bouillir
uffifammcnt dajis l'acide du fel que Tort doic y fondre, ils ne tache-
ront plus ces tks* Bien plus, on peut les faire bouillir dans quelque
menïtrue acide que ce foit , excepte l'eau régale.
Si l'on tond dans les petits creufets de fer des terres minérales par
le moyen de l'alkali fixe , il fe mêlera du fer à la fufion , ce qui rend
très-difficile la fcparation exaâe des principes que l'on cherche *, mais
en ufant de précaution & modérant fagement le feu , on pourra parve-
nir allez facilement au but que Ton fe propofe , comme on le verra
par les expériences fuivantcs.
{L>) Les menftrues qu'il faut employer dans l'examen des pierres
précicufes doivent ctre plus purs que ceux que l'on emploie communé-
ment. L*acide vitriolique du commerce contient différentes fubflanceî
bétcrogcnes & notamment du gypfe,& du vitriol qui occalionncnt des
différences fenfibles dans ces expériences. On ne doit fe fcrvir
de celui que l'on a obtenu par une diflillation très-lente.
11 faut auflj re-flifier avec foin les autres acides , pour les purger
de toutes fubAances terreufes Se métalliques , qui dans l'analyfe
répandent de la confoUon & dans la qualité & dans la quantité des
principes.^
L'alkali de tartre ordinaire contient des atomes de terre vitrifiable
que
(t^ Mém. fiir les Terres géoponitjua.
(ft) Conf. A^ R. Acad. Scockb, an. 1777.
qui
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS, itfj
qui vont quelquefois à j-^- de fon poids. Les acides concentrés les
ieparent ^ la vente, mais tant qu'ils (ont unis aux Tels alkalis , ils ref-
tent iufpendus avec eux dans leur dllfolution , jufqu'd ce que l'acide
aérien répandu dans ratinofphère les précipite , ce qui n'arrive qu'après
un très long efpace de teins , parce que cet acide n'agit que très-lcu-
reaieuc (i). C'eft pourquoi, comme d.ins cesexp<*riences il faut appor-
ter la plus fcrupuleufe attention , l'alk^li fixe dont je me fers ell Tal-
kati minécal ou végétal dépuré exaâcmenc , obtenu de la crème de
tartre par l'eau didillée, & confcrvé dans un flacon de cryRal qui ne
peut iQuinir aucun aiûmc de terre viniâable.
§. I V.
Effets des acidts dans la dkompoftiion des Gtmmts,
On n'a trouve jufqu'ici que cinqefpcccs de terre fi ïïmples par elles-^
mîmes, que par aucun procédé on n'e(V parvenu à les réduire à des
principes plus (impies encore, ou à les changée les unes dans les au-
tres, & que pat conréq«cn[,on peut appeller primitives, avec raifon ,
jufqu'd ce que de nouvelles expériences aient démontre le contraire.
Ces terres font la terre pefanre, la chaux, la magnéne,Ia tctrcargillcufe.
& la terre Hliceufe ou vitriSable (i). On ne peut cependant niec ,
qu'il n'y aie une forte de probabilité dans l'opinion qui les réduit a un
moindre nombre & les rend toutes une modiBcation d'une feule terre.
Mais dans la recherche & rétude de la nature , il ne faut pas que
les fyftêmes purement imaginaires l'emiiortent fur des phénomènes
démontrés par des expériences fuivies,& que rien encore n'a pu in-
firmer. Parmi ces terres, il y en a quatre de folubles dans les acides,
la cinquième, C. D. la terre vttriBable , efl abfolumcnt inattaquable,
excepte par celui que l'on obtient du fluor minéral. Lorfqu'elles font
rociees les unes avec les autres , l'are Spa"irique fait bien les féparer en
leur appliquant des mcn(lrues propres a chacun. La multiplicité des
furfaces augmentant les points de contact , aide infiniment l'aârion des
menfttues. En conféquence , il faut avoir foin de broyer exaAement
les matières que l'on veut éprouver. La feule diviCon méchanique ne
fuflit pas, on doit encore avoir recours i la chymique ; <lans cette
fuite d'expériences elle s'eîl opérée par la voie sèche , au moyen da
(i)S. À^. Upf.ro/. II. p. tioêf m.
(i) Idem. pag. ii}-iitf. te Dijftrt. dt Magnejiâ alha , Upfai. kah 177J.
Tome XIF, Pan. II. 1779. O CTO B RE. M m
. /
k66 OBSERrJTIONS SUR LA PHYSIQUEf^
Cilkali l'ixe qui .itr.iquacc direi^cmuu U cerre vuriluble, btifelelien
des ilifitrens priii;ipes.
(A) L'acide vitrioJiquc n'a point atuquc le diamant bien purgé des
Ayanc verfé fut l'cgrifée des autres gemmes le double de Ton poids
d'acide vicrioliquc trts-concentrc , & l'ayant fait cvaroret au feu jufqu'à
uccitc, j*ii beaucoup mieux réunï ; car le rclidu lave daiis l'eau m'a
donne une maticre niccallique colorante , & une poicïon de chsux. La
matière métallique préfipitce par l'aïlcali phlogiftiquc a fourni un très-
beau bleu de Prude. Il cft donc confiant par là que la couleur rouge du
rubis, la couleur bleue du faphir,& le vert de l'émeraude font dues
au fet I dont j'ai détermine la quantité par le poids du précipité bleu.
J*ai démontré que iîx parties de précipité contenoient une partie de
J'ai fépatc U matière calcaire par l'alkali f^xe. Elle ctoit (i pure , que
craitce avec l'acide vttriulique, je n'ai trouvé nul vcftige de terre argil-
leufe» excepté dans ta décompoticion du fapliîr. Voici les qu.inûiés de
terre calcaire Se de fer que J'ai trouvées dins les gemmes exprimée»
par des livres docimafliques.
Chaux aérée. Fer.
Rubis d'un rouge d'ccarlate, oriental 9, ïo.
Saphir oriental , d'nn bleu d'azur 7 , !•
Topaze de Sjxe d'un jaune doté B, 6,
Hyacinthe orientale jaunâtre 10, 13.
Emcraude orientale » d'un verd gai S^, 4«
Ccft par ce procédé qu'on peut facilement féparcr des gemmes, la
terre calcaire & le fec, comme on le verra dans la fuite.
(B) L'acide nitrcux couLentré donne à-peu-prcs les mcraes réfiilrats
par Jadigedion, J'ai vcrfc fur del'égrifée des dtffcrens gemmes, S fois leur
çûids de cet acide j je l'ai tenu en digeHion pendant deux jours. Se ai
taitbouillir le touidurancune petite heure. Ayant décante pruuemment la
liqueur, j'ai rcverfc la mcme quantité d'acide, jVi digcrc & fait bouil-
lir comme la ptemière fois ; j'ai répété deux fois cette opération juf-
qu'à ce que la liqueur ne me parût plus chargée d'extrait.
Les liqueurs mêlées eufemble& précipitées, m'ont donné àpeu-prcs
(1) Dijfert, Je txphrandu mîneru ferri vU fmaûda t Upfal, habita , 1777.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ÀRTS^ 167
les
uioii
le fcours au rcu,cicpiiiogiitique le rec . ce par-
menr en dJlFulution. Auflî d.ms ces expériences les réfîdus de fei
«'croient que des ochres un peu impures.
Le diaiiunc n'eft poinc actaquj pu ce menflrue , ni par le précé-
dent.
(C) Je me fuis fervi de l'acide mirin conrenrré , comme de l'acide
iiicreux Se avec le même fuccès. H excrait le Fer mieur que ra*;ide
vitri ilique, cependanc la dilféren.e ne va pas à —-.
Nous voyons don. que par le moyen de divers acides on peutextraîre
une portion de chaux & de fer des pierres jremmes proprement dites.
Cet extrait n'étant ja*nais que-, & apréi Ci fcp.uicion le ccfidu n'ayant
plui les mêmes caraâèces qu'aupicavaut, je conjecturai que cet extrait
n'étoit qu'a^LidentL'l , 5c que le r^'iidu conllicuoic vraiment la terre pci-
mirive J'ai mcnie rc'piiidti cette opinion dans divers écrits. Cepen-
dant, les veftiues de terre ar^ilteufs que j'ai reiicwitrés dms le faphir,
èc qui quelquefois exccdoienr les 7^—, me firent naître quelques ft-rupu-
les. J'avois éprouve fouvent que, tndgrc la pulvcrifation la plus exaÂe,
ils paroilToient d'abord inli'ôluhles , mnis qu'en les di(ïolvain dans
un n:}uveau tnenrirue} ils deventtient ntt;)quable5 par ceux-là même qui
n'avoient point eu d'effet fur eux. J elliyn donc de difFcrenies ma-
nières d'en venir à bojt par l'alkili tixe. Une partie de ce fel réduit
deux parties de quartz oa de fiîex en un verie dur & tranfparent. Plus
on augmente la proportion du fL-l,& plu^ la qualité du verre devient
mauvaifc ; au pomt que non- feule ment Us acides peuvent le ditîbu'»
dre, mais même Ci la propjrcion du fjl cft double de la terre vitri-
fiable , le verre qui en rcfulte e(l attaqué par l'Iiumidicé feule de l'air.
On peut par cette métliode, fure un verre difloUibIc dans l'eau. On
n'a pu encore fondre en milTè*: tranfpirentes les gemmes pat le fecouts
de l'alkilij & pour les faire feulement coaguler, il faut le qua-
druple du poids de ce fel. Mais comme cette opération ne peut
fe faire que dans des vafes de fer , 5f que la matière non-feulement
s'attache fortement au vafe , mais encore pénètre facilement le fer , cette
méthode entraîne beauroup de difficultés. A torce de chetcher , j'ai
trouvé ou une fufion parfaite écoit inuiile , Se qu'il fuffifoit d'ajouter
ftffez d'alkali pour que lei molécules pulfcnt fe coaguler d un fimple com-
mencement aefufi^^n; ce qui m*a .on Juif eaUn à une méthode sûre pour
«nalvfer les corps minéraux, & que je vais décrire telle que je l'ai
employée dans celle des pierres prccieufe&-
<779-
OCTOBRE.
s
M m 1
[. 1^8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
§. V.
Mîtltodc pour ixtralrt facilement les principes prochains des Gemmes.
(A) Il (^uc Us rcduirc en poudre impalpable, auOÎ &ne qu'on puîlle
l'obtenir p.ir des triturations & des lotions réitérées.
(fi) Ay.inr cictermînc le poids de cette poudre, on Ii mêle avec te
double d'alk:ili minéral pue par défaillance. IMus le mélange ell con-
£dérable ^* plus les rcfultats font judes.
(C) On mec ce mélange dans un petit vafe de fer bien net & bien
poli en-dediins , de peur que les afpcrités ne fe détachent pendant 11
calcination, ne tombent dans ta maiïè fondue & ne la rouillent.
(D) On place ce petit vafe dans un fourneau ordinaire fur un petit
rond de terre ; on le couvre d'un creufet rcnverfé pour emp&cher les
cendres & le charbon de tomber dedans.
(E) On le tient dans le feu médiocrement rouge. Si le coup de feu
eft trop fort , la matière s'attache aux parois duvale. U faut éviter avec
foin de fe fervir de foufflet , parce que le fer fe tutuéâeroic bientôt
& fe fcorifieroit.
Quand la matière devient ferme & eft afièz coagulée, qu'elle peut
fe féparer du fond du vafc fans corps lictétogcnes adhércns , c'eft une
preuve que l'on a bien gouverné fe feu. Deux ou trois expériences
mdruiront fuffîfnniment.
(F) Cette maffe tirée proprement du vafe de fer, on la pnlvérife
dans un mortier d'agathe , & on en extrait tout ce qui efl foluble
p3C l'acide marin à t'aide de la digeflion.
On s'affure qu'il n'y a plus de matière i extraire, par le réfidu qui
eft léger & d'un caraÛcre fpongieux. On eft certain enfin que ce rélldu
ne contient plus de fubflanccs étrangères, lorfqu'ayant verfé une nou-
velle dofe d'acide &C l'ayant fait digérer pendant plulîeurs heures, elle
ne dilfout rien.
(G) Après la di^olutîon,onrama{Ie le réHdu , on le lave bien, on
le sèche exactement & on le pèfe. Le déchet du premier poids donne
celui de la matière diifoutc.
(H) La diffolucion jaunit &.' annonce la prcfence du fer. On le con-
Boît plus sûrement par une leflive alkaline phlogiftiquce. Elle le pré-
cipite en bleu dtf'PrufTe. On ramalTe exaélement ce précipite, on le
lave , on le sèche bien , S< la fixième partie de fon poids dénote la
quantité exaÛe de fet qu'il contient.
(1) On précipite la partie terreufe de la liqueur purgée de toute
partie métallique» avec de l'alkali fixe qui ne contient fur-tout point
SUR VHIST. NATURELLE ET LUS ARTS, 169
de terre vitrifiable. On verfe fur le précipite lave, fcché & pcfô, du
vinaigre diftillc Ht. fois fon poids. Au bouc dune petite heure, il dif-
fout tout ce cjui Ce trouve de chaux , de magnéfie & de cette pefaïue;
mais ce n'eft qu'après une longue digeftîon qu'il vient à bout de fe
charger d'une alfez grande quantité d'argiltc.
(K) Après avoir filtré la liqueur pat l'alkali fixe acte, on pticipite
du vinaigte tout ce qu'il contient de tetteux. On lave, on sèche 8c
Ton pèfe le nouveau précipité. Ce n'cft pas fans taifon que j'emploie
ici l'alkali air'rc, parce qu'au moyen de l'attradtion double il s'empare
de la terre pefante , gui élude la force de la caullicitc ( 1}.
(L) Il faut examiner avec foin ce que l'on a précipité du vinaigre.
$i on verfe dellus de l'acide vittiolique étendu, il le cryllallife des
fels. Car avec la terre pefante l'acide vittiolique produit le fpach pe^
iant indinbluble dans l'eau chaude» quelque grande que foie la quan-
tité. Avec 11 terre catcaîte , il forme du gypfc qui n'a que tiès-peu de
faveur , qui ne peur ccrc dilfout que dans 500 fois fon poids d'eau
chaude; l'acide du fucre mêlé à cette diïToIution , le change bientôt en
chaux fucrce. Avec la magnéiie , il donne le fel d'Anglctcirc, trcs-
amer, dilToluble dans l'eau bouillante Se dccompofable par l'eau de
chaux.
(MJ.C'eft pat le moyen du chalumeau qu'il faut examiner la nature
du rcûdu de l'opération (G). Comme il eli toujouts très-confidérable ,
on ne peut le traicet dans de grands vailleaux. Los creufets otdinaites
ne conviennent point du tout quand on tr-ivaille fur des matières
vitrilîablcs , Ôc les vaiHcaux de fer font infuffifans lorfque l'opération
demande une fulion ( §. 111. C. ). Ces rcfidusindilfolubles nous déno-
tent t ou des molécules de pierres gemmes qui ne font pas alfez dîvi-
fées, ou font de nature de terre vitrifiable , car toutes les auttes terres
coimucs Lcdcnt à la force dillblvame des acides.
VoÎl'Î la manière facile de le traiter avec le chalumeau d'Eraailleur.
Dans une cuiller d'argent, on fond un globule d'alkali minéral, ou
jette delTus une perite pottion du léfidu , on examine attentivement ce
qui fe pafTe. Si elle pénètre l'alkali avec beaucoup d'effervefcence ,
qu'elle s*y ditfolve , ceft une preuve qu'il eft de nature vitrifiable.
Mais fi elle le pénètre fans efferveRence , & qu'enfin elle foie
agitée dans l'intérieur de la goutte de l'alkali , comme on l'apperçoit
facilement à caufe de ft tranfparence , on peut en concluie qu'il y a
encore Quelques |>articules de matière gemme.
(N) Nous avons die que le réfidu de l'opération ( 1 ) étoic de l'at-
(1) N. Aaa, UpfaU Vol. U. pag. t««.
Ï70 OBXnRyATIONS SUR LA! PHYSIQUE^
fuie ; pour le prouver, que l'on verfe delTus trois fois fon potcU
'acide vitriolique concentré » C*c qu'on falTê évaporer I.i liqueur nu feu
jurau nccité. Si U malfe reftante eft argilleufe» elle fe dillôudra dans
le double de fon poids d eau chaude , aura un goût aftringent , four-
nira des cryftaux otfbcdres, fera décompofce par l'alkali voUril caulti-
^ue , en un moc elle uffirira toutes les propiictés de l'alun.
§. V I.
Priaçipts prochains des Ctmmfs,
Tels font les moyens dont je me fuis fervi pour examiner & anajyfer
les pierreç Gemmes. J'ai trouvé que le réHdu (G) ccoit purement de la
terre vitrifiable : que le prck.ipité (H) n'étoit que du bleu de Prulle :
^ne le précipité, \K) diflout par le vinai(;re iliflillc, étoit de la terre
calcaire , 8c ce qut rede îndilToluble étoit de la tcrte argilleufe. 11 ne me
refte donc plus aucun doute fur la qualité des principes des gemme?. Mais
il rede encore beaucoup d'expériences à faire fur leur quantité Se fur leur
proportion réciproque, n'ayant pu opérer que fur de très-petites portions
3ui ne palloient pas un quintal docimnllique. J'ai fournis à l'expérience
eux fois la matière du même cryftal , Se la différence s'cl^ trouvée i
Ïieine d'un centième ; au contraire , des pierres de même efpèce , comme
ept rubis, fur lefauels j*ai opéré, ont roujours différé les uns des auires.
Cela vient, fans doute, de ce que les proportions varient dans chaque
individu entre certaines bornes que nous ne connoiflons pas encore.
D'après mes expériences . voici les quantités moyennes fourmes pac
chaque quintal Comme la partie argilteufc cft toujours la plus confidé-
rable,je l'aimifeib tcie.
argîL un. vUrL cale, fit,
Emeraude Orientale d'un vetd gai. . . . £o . • 14 . . 8 . . 6,
Saphir Oriental d'un bel azur J8..55.. 5.. a.
Topafe de Saxe d'un jaune doré. . . . . 46 . * 19 . . 8 . . 6,
Hyacinthe Orientale jaunâtre 40 . . 25 . . 10 . . i f.
Rubis Otieutal d'un rouge d'écarlate 40 . . 39 . « 9 • • ^o«
Par la terre argilleufe, j'entends celle qui fait la bafe de l'alun, & qui
dans routes les argilles fc trouve unieâ la rerre vitrifiable §. V, N. ( par
la terre liliceufe ou vitrifiable, j'entends celle qui conftitue le quartz pur, le
cryllal de roche &c les filex t§.VM . La iioifième colonne comiem la
terre calcaire acrcc, c'eft-â- dire, faturce de l'acide aérien. Il clk en.ore
douteux fi dans la compofition cette terre eft pure ou aërce. Si c'eft le
dernier, alors l'union ttcs-cttoite, la petite quautitc, (qui n'excède janaaiS
1
SUR rjilST, NATURELLE ET LES ARTS, xji
f , mais qui qaelt^uefois cft moindre que --. ) p*ut s opvoCâr > & à ta
dtmitiuùon de poitU au feu , 5c à reHreivefcence fenfible \14ii5 les aàties.
De plus , le déchet oui fe trouve plus confiiimble qu'il ne devroic «te
naturellement, femble indiquer un principe acrien. Decencpnmesquctun
founiec à l'anïlyfe, il peut bien s'en petdie une on deux dans les difté-
rences opérations , & en acracUer aux parois des vailleaux , dans l'cpailïWur Sc
fur les filtres &c&c.cequlcxcufc le manque d'exactitude que l'on devtoiï
exiger iccupuleufemcnt daos la cable que j'ai donnée. Mais quand oii
opère avec la plus grande précaution , il ne peut pas s'en perdre ^ , 8 , Ôc
encore moins 1 1 parties , ce qui arciveroit ccpepdant dans la décompo-
sition de l'hyatintiie, U la tetre calcaire ne contenoit pas un principe
aérien. Quoique j'aie tenu les matières en incandefcence pendant plufieurs
heures, je n'ai rien obfervé de volatil; & par le mclan^e avec les acides,
tien ne s'c-ll fublimc ^ les acides paJÎoienc dans le récipient à l'aide de la
chaleur. ,\
La dernière colonne contient le fer foluble àans les acides Avec l'ilkalt
phlogilliquc il donne un fcdimem qui palTe du notr nu bleu, en aulH
li que h proportion de fer dans ces pierres cft un peu plus confidérable
?|!ie celle que j'ai exprimée dans la table. Au refte, c'eft à ce métal que
jnc dues les diverfcs couleurs des eemmes . non en raifon de la quantité ,
mais ci\ raifon de ta qualité, de la dofc de phlogiftique qui ie trouve
dans la chaux ,ou d'autres modihcations. ^
On peut conclure de ce qui précède , que toutes les pierres j^emmeft
conviennent enfemble par les mêmes principes, c*cft-à-dire qu'elles font
compofces de terre argilleufe,qui en fait la partie principale, de terre.
vicrinable . de terre calcaire , £c d'une portion de fer. Les deux premiers;
principes varient beaucoup. En connoilPant leur compofition , leurs pro-
pricïés nous feront bien mieux connues. Elles furpallent tous les autres
corps en dureté, excepté feulement le diamant ; par l'analyre nous avon^
trouvé que la terre argillcufc entroit en plus grande proportion : quelle
exiîtcatiou n'a-t-il pas fallu puut durcir ces matières au point où nous les
voyons! La chaleur qui tcene dans les contrées (ttuées entre les tropiques,
n'cft pas fu££intc , il a fallu celle des Indes, & plus continuel plus vive.
Lacondenfation a fuivi l'endurciCTcment, &c la gravité fpécilïque en aéré
augmentée. Telle eft la caufe qui a donné à ces fubllances une dureté
& uirt ptTanreurqui l'emporte fur tous lesautres.crydaux.
Les gemmes rcfiftent au plus grand feu , excepte l'cmeraude & l'hyacio-
cbe. Je fais cependant qu'au foyer d'un miroir ardent on efV venu a bout de
UDioIlir un rubis. Il paroît confiant , pai l'expérience , que les tliâereos
Lu
%fx OBSERVATIONS SUR lA PHYSIQUE^
dégrés de fuGbtlité dépendent des proportions varices des quacre principes
conftituans, L alkali hxe attaque vivemenr la partie vitriSable , mais il fc
combine difficilement avec î'argilleufe & la calcaire. C'eft pour cecre
raifon qu'il a peine à dilToudre les gemmes , où la partie vitrihable eft rrès-
petite & intimement unie aux autres principes.|Cependaiit, dans Icmerau-
de j plus tendre que les autres pierres précieufes, comme ces principes font
moins étroitement combines. lalkali attaque la partie vitrifiable avec tantde
ficilitc,qu'au chalumeau elle fcréiouteapouflicrcprerquefur-le-champ.Le
fel microcofmiquedinbut très-bien h terre calcaire &Ja terre argilleufe,
mais moins bien la vitritiablc. Lorfque cette dernière eft en penre pro-
portion , elle dilîout bien les gemmes , mais lentement. Enfin le borax,
qui , par la voie sèche dilTont facilement toutes ces terres en particulier ,
(ompt auflï leut aggrégation plus facilement que les autres Tels.
Si les parties arevlleufes & calcaires arrêtent l'adion de l'alkali fix©
fur ta partie viirifiable » i la voie sèche , cette même partie , par Ton union
avec les autres . s'oppofe pareillement à l'adHon des menilrues par la voie
humide , au point qu'ils ne peuvent en extraire que la partie calcaire &
mécallique , à moins que l'on n'ait fait agir auparavant l'alkali tixe.
§. VII.
Mxamtn des cryftaux aaah^uts aux PUrres Gemmes.
D'après ce que nous venons de dire , je ne crois pas que l'on doute
encore que les pierres gemmes ne doivent être placées parmi Içs com-
pofés argilleux. Comme la nature dans Tes ouvrages palle par Aq3
degrés prefque infcnfibles , il ne fera pas inutile d'analyTct les diverï
cryftaux qui font analogues aux gemmes. Compofcs des mcmes prin-
cipes, il n'en différent plus ou moins que par une plus ou moins grande
proportion de terre vitrifiable. A cette clalTc appartiennent pliifieurs
genres de pierres , tels que le çrenar , le fchoer! , la zcolithe & le quartz.
Le grenat £c le fchoerl, traites de la mcme manière que les gemmes,
m'ont donné les mêmes principes , excepté que la partie vitrihable
remporte de beaucoup fur I'argilleufe , & ces principes font fi érroite-
mcnc unis , que fous le briquet le grenat étincelle prefque toujours ,
& le fchoctl alVez fuuvent. Après le fchoerl vient la zcolKhe,dont la
cohérence des parties ell fi toible , que les acides les ditîblvent fans
autre préparation que la pulvcrifaiion. Rarement la zéolithc étincelle
fous le briquet. On eu trouve cependant quelquefois d'affez dure,
pour produire cet etfet, dans la montagne de Moeflebersen Veftrogo-
thie. On n'en voit guère de tranfparenie. J'ai déji parlé de cette pierre
plus au long. Le quartz toucnii I4 fui(e des ctyiUux genuues. Mai»
la
Sl/n VHISr, NATURELLE ET LES ARTS, i7j
la partie vitcifiabie cft fi abondante, qu'elle abfotbe abfolument tous
les autres pimcipes. Si on le traite avec le double de Ton poids d'alkali
minerai, il eil difficile de gouverner afTez bien le feu pour éviter la
fulîon completce. Pour éviter cet accident, il faut réduire le Tel A}.
Si l'on emploie après cela les menftrues, comme pour les gemmes ,
on obtient un peu de terre argilleufe & calcaire. Il peut fe hire qu'il
y air du cryttal de roche abfolument compofc de terre virrilîable , je
ne (ais pas cependant fi l'on en trouve. Il y a quelques années que
i'annon^i que je n'avois point rencontré d'atwille dam quelques aua-
lyfes que j'avois faites , mais j'eus foin en mcme-cems de dire que je
regardois mes expériences comme incompiettes (i).
Pour terminer ces obfervations , &c pour le profit de la minéralogie,
je vais fpécifiet les caractères particuliers des gemmes que j'ai exami-
nés avec le plus de foïji & en donner pour ainfi dire la généalogie.
Des PUrm G<mmts,
( Ânalyft pat la voie sèche.) Si l'on expofe fut un charbon à la flamme
d'un chalumeau un morceau de pierre gemme , il ne fe fond point.
Cependant l'hyacinthe , l'émeraude , 6c mcme l'aiguc marine, & la
chryfolite peuvent s'y ramollir, & y deviennent opaques.
Avec l'alkali minéral tondu dans une cuiller d'argenr, on ne voit
aucune effervefcence , nulle diminution. L'émeraude , l'aiguë marine,
& la chryfolite , que l'on doit placer au dernier rang des pierres
gemmes, prefi^u'à côté des fchoerls, s'y rcfolvent en pouilicre rcftac-:
taire , ôc qui tournoie dans le globule de fel fans diminution fcnfible.
Avec le fel microcofmique , il fe dillbut leiuenieiu &c fans mouve-
ment. Le verre qui fe forme ne perd aucune teinte, excepté avec le
rubis foncé, qui lui donne une belle couleur verte. Ceux de l'hyacin-
the & de l'émeraude deviennent opaques en refroidiHant.
Avec le borax, il difparoît alfcz vue. L'addition de la terre calcaire
aide la dilloluiion comme l'a remarque Ruifl, (a).
{Par la voie humide.) Les acides après une longue digeftion entraînent
on peu de terre calcaire & de fer. Si te morceau de gemme a d'abord
été traité avec l'alkali fixe , il dilfolvera encore la panie argilleufe \ U ne
relie alors que la partie vittiHable d'intafle.
( Proportion des principes,) En général les gemmes font compofées de
terre argilleufe qui forme la partie la plus confidérable , de terre vitri-
fiable , i'uDe portion de calcaire , & ae fec modifié diffibemment. Ce
(i) Mém. fur les icrrca Géoponiqncs , 177t.
<>) Coinin. 10 aâis Stockh. 176S.
Tome XIV» Pare. IL 1 775». OCTOBRE.
Nn
^74 OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE^
feroit par une fuite d'expériences nombreufes que l'on pourroit parvenit
d fixer iufte les proportions de ces utincipes dans chaque cfpèce de gcrn-
mes. Il refte encore i favoic (\ b aivecncé des couleun ne dépend ^int
de la variété de ces mélanges, La forme prifmatique hexagone ou odhcdce
iudique-t-cilc conllammenc la variété de laconipofition ?
{Formes extérieures.) La forme oÛaèdre appanient fpccîalement au ra-
bis, peuc-Stre quelquefois aufU aux fchoerls. Niais l'analyfe d'un prifme en
particulier n'a pas encore fpcciHc fa comporition.
On trouve du faphir cryftaJlifé comme du quartz.
La topaze paipic affeâer la lîgure cubique , ou d'un parallélipipèdr.
Cependant rarement fa figure ed complette , mais par cïéfaut ïe nom-*
bre de fes côtes augmente , foie dans le prifme , fou dans la pyramide.
L'émeraude efl: communémeuc un prilme hexagone tronqué i angle
droit.
J^uoique les variccci Icgcres dans les formes foicnt alfez indifféren-
ces, cependant quiconque s'applique à la Minéralogie » ne doit pas les
iicgli>;er.
C'eft par la dureté que l'on a coutume de fpccifier l'efpèce des
pierres gemmes, car fouvenc elles font trcs-difformes. C'eft aulfi cette
qualité jointe à la tranfparence qui en fait le prix. II fàu: cependant
remarquer (jue le rubis fpinel peut être entame non-feulemeiic par le
faphir, mais encore par la topaze, de mcme que la chryfoiithe par
le cryftal de roche. 11 fcmble donc que la dureté cft prutôr l'effet du
degré de defscchemonc , que de la oivecfc proportion des principes.
Après le diamant, le rubis ell le plus dut de tous , enfuite le faphir ,
puis la topaze , après l'hyacinthe , entin l'émeraude.
Autrefois on ajoutoîc beaucoup de foi à la couleur \ mais la couleur
rouge n'indique pas toujours exaélement le rubis, ni la bleue le faphir^
ni la jaune la topaze , ni la verte l'émeraude.
La pefantcur fpécilique varie au point que l'on ne peut tien con*
dure ae certain (i). Cependant la ropaze la plus pefance varie depuis
3,44^0 jufquà 4, 1 ^o ^ le rubis depuis 5» 180 jufqu'à4,i40 ; le faphk
de 3»6jo jufqu'l 3,940 j Se enfin l'émeraude depuis i,7So julqu'â
),7i I ; Se dans les variétés de l'émeraude, la chryfoiithe l'emporte fn
Jes autres.
Du Grenat,
( Ânalyft par li votesiche.) Si l'on expofc à la flamme on fragment ^
Btenar, il fe fond en un petit globule de vene cranfpareat » mais leplas
louvent en une fcorie noire.
(0 Tab. de M. Raift.
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS. 17$
Avec lalkali mincriJ» il fer^fout en poudre réfraâaire avec tant de
lenteur, qu'A peine remarque-t-on la plus Icgt^re effcrvefceuce. Quand
le fer abonde dans le grenac.la mafle aevient d'un brun obfcur.
Avec le Tel microcorinique « il fe fond, fans apparence de bulles,
en un vcrd verdâtre , ou noîcâcre s'il connent beaucoup de fer.
Traite avec le borax ^ il fe comporte À-peu-prcs de même.
{Par la vou humidt.) Les acides n'en peuvent extraire que la partie cal-
caire & ferrugineufe. Quand on l'a d'abord traité avec l'alluli, il s'em-
pare de la panie argilleufe, & laiHe la terre vitriftable à nud.
; ( Principes. ) La terre vittifiable forme la partie principale dans la corn-
poiidon du grenat, enfuitc la terre argilleufe ^ il contient encore wt\ peu
de terre calcaire. La proportion du fer varie beaucoup ^ les cryltaux tranf-
parens en contiennent environ ~^ &c dans les cryflaux opaques & d'un
rouge noir , cela va quelquefois jufqu'j ~^.
( Forme extèr'uure. ) La forme régulière eft un dodécaèdre compofé
de rhombes égaux. On peut le conHdérer comme un prifme hexa-
gone termine par des pyramides i trois rhombes , ou tricdre ( 1 ) , il
varie beaucoup par rapport à la iîgure. Sa texture intérieure eft lameU
leufe , quoique quelquefois il foie difficile de la remarquer.
Le greiut cède en dureté à la topaze, mais il l'emporte fur le cryftat
de rocne.
La couleur des grenats tranfparcns e(l d'un rouge cramoiiî; quelques-
uns approchent de la couleur jaunâtre ; d'autres ritcnt fur le violet. Les
opaques font fi foncés en couleur qu'ils patoinenc noirs.
Sa pefanteur fpcciiïque approche beaucoup de celle de la topaze, &
quoiqu'il contienne beaucoup de fer, il ne l'emporte jamais. Sapeûu'
ceur vati« depuis 3,(^00 jufqui 4, 400. *
Du Schoerl (a).
( Analyft par la voie ièchc. ) Un fragment de fchoerl expofc i la
âamme fe ramollie en fe bourfouffîant un peu , mais rarement vient-
on i bout de le réduire en globule , ce qui arrive cependant à la tour-
maline de Ceylan^ qui appartient à la claffe des fchoerls , & au fchoerl
feuilleté, dit, Biende cornée.
Avec l'alkali minéral, il fe réduit en poudre » avec une légère cffer-
vefccnce.
<->^ Cl) N. Aa, Upfal. VoL I. pag. ijt. Tab. IX. fîg. $. 1.
(1) Ce que M. Cionflcdt appelle bafalie , je le nomme ftkoerL
177Î. OCTOBRE, Nu x
i.^6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Avec le fel microcofmiqae, il fediflbutavec une petite efFervefceace;
& quand le globule fondu eft un peu gros , il devient opaque.
Avec le borax , le globule cefle tranfpacent, à moins qu il ne Toit
chareé de beaucoup de fer.
( FiiT la voie humide, ) Après une longue digcHion les acides en
fcparent la partie calcaire , ta métallique , & mcmc une grande ponion
de la terre argilleufe i mais fi auparavant le fchoerl a ctc traité avec
l'alkali , toutes ces difTolucÎQns sopècenc plus vite & plus complecte*
ment.
La eerte vïtrifiable y eft en plus grande quantité que dans le grenat;
enfuite vient la terre argilleufe , puis la calcaire. Dans les cryftaux
iranfpatens la portion de fer va à j^^, & dans les opaques, fut-toui
les noits , ^-rzv
{Forme extérieure.) Sa fotnic tcgulicre eft la tncine que celle du gre-
nat, mais le ptifme eft beaucoup plus allongé (i), rarement trouve-
i-on le fchoerl cryftallifc parfaitement \ deU vient que quelquefois il
n'eft pas termine par une pyramide , que fon prifme varie beaucoup
pour le nombre de côtés , & que ces côtés forment fouvent un angle
avec l'axe m&rae. Le fchoeti, dit Bltnde cornée, eft feuillcié-, il y en
a une efpèce , quoique rare , qui affefte la forme du fpath.
Il n'eft guère plus dur que le cryftal de roclie. Souvent on peut en-
tamer avec le couteau le fchoerl prifmatique, & toujours le feuilleté.
Les cryftaux de fchoerl tranfparent font de couleur rouge, jaune,
bleu, brun, mais ordiiuirement vetdi les opaques font noits ouverds
foncés.
Sa pefantetu fpécîRquc eft à-pcu-près celle du grenat, & varie en-
ae j,ooo Se 4,000. Le fcKoctl tiajifparenc eft plus léger.
Dt la Zéollthe,
( Analyft par la voie sèche.) Un fragment de zéolitbe expofc à la
flamme fe bourfouflfle comme le borax avec d'autant plus de force ,
qu'elle eft mieux cryftallifée. Il fe fond en fcorieécumeufe,& raremenr
en vetre tranfparent. Quelques variétés de zéolitbe ne fc boutfouftlent que
pour te moment, ^ fans former de bulles.
Avec l'alkali minéral elle fe réduit avec eftervefcencc en pouiTière,
mais elle ne fe dilTout pas tout-à-fait.
Avec le fel microcohnique elle fe diftbut en fe bourfouBant , cepen-
dant avec lenteur , Se le globule fondu rcfte tranfparent.
h) N. Au. Vpf. Vol. I, paj. s«i. Tab. IX. (ig. 1.
SUR rniSJ. NATURELLE ET LES ARTS, 177
Elle fe comporte de mcmc avec le borax.
( Par la voie humide, ) Les acides en difTolvenc tout ce qu'il y a de
difibluble , mais fans l'avoir traire d'abord avec t'alluli fixe, & for-
ment avec quelques variétés une efpèce de gelée.
( Principes conftttuans. ) La partie principale de la zéolithe eft la terre
vicrifiable, enfaite largilleafe, &: la moindre eft la terre calcaire. La
fec qui s'y rencontre excède rarement y^s (i).
{ t'ormcs cxUricures. ) Sa forme extérieure eft rarement prifmatique ,
prefque toujours pyramidale & imparfaite. Les pyramides paroillcnc
partir d'un centre commun & diverger à la circonférence ; louvenc la
zéolithe par cette cryftaltifaiion affeâeune figure fpKcrique.
Sa dureté n'eft pas ordinairement alTex coiifidcrablc pour ctincelec
avec le briquet y peu de zcoliche mcme eft en état d'entamer & de rayer
le verre.
Sa couleur eft rouge ou blanche » rarement tranfparente.
Sa pefaiitcur fpécihque eft peu confidérable, i peine paHe-t-elIe Zjfoo*
Il eft claie , par tout ce que nous venons de dire , que le grenat , le
fthoerl, & la zcolitKc ont tant de rapport cnfemble, qu'on peut les
nommer congtiihes , avec autant de droit que le rubis, le faphir, la
topaze , l'hyacinthe & l'émeraudc. Cependant jufqti'à prcfent on les
avoir placés non-feulement fous difit-rens genres, mais même fous dif-
férens ordres, La doretc femble augmenter avec la proportion de la
terre argilleufe, Se monter de la zéolithe, par le fchoerl , jufqu'au gre-
nat. Elle defcend au contraire par la roche de corne ou trapp , jufqu'à
la marne, dont la combinaifon ne paroît être qu'un mélange purement
cncchiniquc.
Toutes les efpcces d'argille que j'ai pu examiner mont toujonri
offert des molécules de terre vitrifiaole, plus ou moins gtolTes; elles
formoient toujours plus de la moitié de la mafTe totale ^ fouvcnt elles
cxcédoient7~,& même j^,Iefets'y rencontroit depuis-^ jufqu'i-^V
Ajoutons-y un peu de terre calcaire , & nous aurons la marne, faifanc
effervefcence avec les acides , quoique la partie calcaire n'y pafte pas y^.
L'analyfe découvre dans le trapp les mcmes principes que dans les ûibf-
cances dont j'ai déjà parlé \ ils n'y font pas cependjnc dans un étar de
parfaite combinaifon , mais lïinplement réunis les uns aux autres pac
adhéïîon & par une cryftallifation ^rolTicrc ; car à la loupe on diftin^ue
" l'il fa
plus parfaite des compolitions méchaniques picrreufes,& il fervira de
(i) Comm. de prodaâis ignts /»& tfrr. f.tf'(^.
^
178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
pnirsge aux compofcs homogènes & d'un grain H an , que la mcttlcute
loupe ne peut dilUnguer les moiccutcs dont ils font foniiés. A ccice clalTe
appartiennent les gemmes, le grenat, le fchoetl, la zcolithe SiC les auttes
pierres que Cronftedc a dcfignt: fous le nom de itms,
je n'examinerai pas ii les pierres gemmes ont pu fe cryftallifcr fans un
^utre menllrue oue l'eau. Il me lemble probable que tout véhicule ,
pourvu qu'il aie ccé âuide « quand mèm« il n'aurott pas eu la qualicc de
dilfolvanc , a été propre à cet effet. Il Aiâîtquc les atomes des gemmes
foient fufpendus dans ce Huide , de fa^on qu'ils puilienc ohcir librement
i la force par laquelle ils s'attirent mutuellemenr. Les plus petites
molécules lupplcene par leur furface multipliée à l'attraction des plus
grolTes. Il paroît confVaiit qu'il entre plus ou moins d'eau dans la forma-
tion des cryftaux pierreux , quoique le laps de tems»& une longuo
deffication les en privent. Le bourfouflement de la zcolithe au feu n'eft
dii qu'à l'ccliappement de fon eau qui s'échappe fous la forme de vapeurs;
& fans doute qu'une quantité moins coniidcrablc d'eau dans les fchoeris,
e(l caufe qu'ils fe bourfouflent moins. A peine en voit-on un léger indice
dans le grenat. On n'en remarque aucun dans les gemmes.
Le pctro-iîlex contient aufU de la terre vîtrinable, de t'argiUcufe &
de lacalcaire incimement unies \ on peut fuivre la progreHion des piettes
gemmes dans les filex purs, par les cryftaux de roche. Car ces beaux
cryftaux de quartz du Jemtland , traités d'abord avec ^ d'alkali minéral
& enfuitc avec les .icides » m'ont donné 7-^ de terre argilleufe , & ~ de
terre calcaire » & ainti les mêmes principes que j'avois trouvés dans les
gemmes. Si quelqu'un penfoit qu'à force de traiter avec l'alkali le réfidu
iiidiiroluble , on pourroit l'amener à l'érat d'argitle &c de ccrte calcaire,
qu'il fâche que jeVai eHàyé pluHcurs fois , mais en vain.
§. V I I 1.
Du Diamant,
Quoique le diamaac foie regardé comme la première des pierres
précieufeS) je n'en ai parlé, jufqu'à préfent, que pour en faire fenrir la
différence avec ces mêmes pierres. Il s'en faut de beaucoup qu'une parfaite
atialyfe m'ait conduit i faillr tout ce qui conflituc partairemcnc cette
différence. Cependant , il ne fera pas inutile de faire connoîtrc tout ce
que j'ai pu découvrir. Cette opération eH très-difïif^e , & par le grand
ftùx des matières qui empêche d'en avoir des quantîtcs fnffif3ntes,-& par
a nature mcme de la matière. Mais afin d'applanir la route , Se de
didipcr les obftacles qui pourroicnc retarder la marche desSavans, que
l'ardeur de la Science & les circonftances portent d la recherche des
principes du diamant, je vais tracer le terme où je fuis parvenu* Pourvu
SUR VHIST. NATURELLE ET LES j4RTS. xi^
que le voile qui cache la petite foie arcaché, qu'importe la main qui
l'enlèvera.
par fa lente déflagration. Car , lorfqu on le poulTe au feu , non-fcnleDient il
diminue de volume , mais il brûle*, l'on apperçoic une légère flamme au-
tour de lui , & même traite dans des vaifleaux clos on y trouve une
efpèce de fuie. (O Enfin il diffère des cryftaux gemmes par fa façon de
fe comporter avec les menftrues.
( A ) La poudre de diamant , ou égrifée , propre à ces expcrîences, eft
Is pouflière qui fe fotmc de deux diamans que* l on frotte fortement î'ua
contre l'autre , mais dépouilles entièremcni de leur ccorcc. Car on peut
douter encore fi cette ccorce qui enveloppe le diamant eft de mcmc nature
3ue lui , ou d'une nature difTcteme. Cette pulvcrifation demande
e plus gros diamans que ceux que j'ai pu me proaircr j j'ai donc été
obligé d'avoir recours à l'cgrifce du commerce. On dit communément
que le diamant fournit une poudre noire, 6c l'on a raifon, fi l'on entend
1 égrifée da commerce , mats cette couleur ne lui eft point naturelle ;
les mcnftrues acides l'enlèvent facilement , Se il ne refte plus que des
atomes grifactes qui font dus ou i l'écorce du diamant» ou aux inftrumens
qu'on a employés pour les travailler. Il peut cependant fe faire que les
diamans noirs ne pouvant fervir i aucun ufage , foient deftinés i ccrç
pulvcrifcs \ dans ce cas , la couleur feroit fixe & permanente.
(B) L'égrifée épurée avec l'eau régale n'eft point attaauable par les
autres acides , mais elle offre un phénomène fmgulier avec l'acide vitrio-
lique. Si l'on verfe de cet acide fur de l'égrifée, S< qu'on le fa/le évaporer,
il dcvienr noir, & dcpofe des pellicules noires rrès-difficiles à deflccher.
Ces pellicules, expo/ces à la flamme, s'embrâfent & fe confumenc
prefqu'en entier , & le réfidu blanchârre eft fi peu de chofe , que je n'ai
pu l'examiner. Ces pellicules font-elles les veftiges de la matière gralfe
que l'égrifée paroît contenit ? mais ie n'ai pas encore obfetvc que les
vapeurs qui s'élèvent au feu de l'acide vitriolique , fullent plus phlogifti-
quée5& plus vives.
( C ) J ai traité l'égrifée purifiée, avec le triple d'alkali minéral , par le
procédé dont j'ai parlé §. V.; après l'avoir tenu trois heures au feu , les
grains rt^paroiifoient pas avoir pris une aglurinationfenfible. J'en ai dilfbus
cnfuitecequej'aipuavecl'aciaede fel, avec l'alkali végétal ^ j'ai obtenu un
léger précipité de niaciète blanche & fpougieufe , qui fe dilfulvoit dans
tous les acides minéraux ', mais avec l'acide vittioliquc il n'a formé ni
(i) M. Lavoi£cr , Mém. de l'Acad. de Faits, 177t.
jS^ QBSERFAflOKS SUR LA PHYSIQUE,
fp.irth pefanc , ni gyps , ni fel d'Angleterre, ni de l'alun parfait. Ce
tjrccipitc a donné des cryftaux très- incgulicrs , trcs-dilFuIubles dins
'eau f qui d'abord fe liquéhoîenr fur un charbon dont ils croient enfuite
abfortics. Ils dcveloppoieut fur la langue un ooût acide & au(lère.
( D) J'ai traite ae nouveau la poudre qui n'avoir pas ctc dinoutc dans
l'opération précédente» avec le double d'alkali mii}érali elle s'eft coagulée*,
ce qui marque quelle avoir chance fenfiblcment de nature. Lavée avec
l'acide de iel êc ptc-cipitce par Valkàli végétal , j'ai obtenu un peu de
terre Temblablc à la précédente. Mais le réHdu qui n'avoir pas été dillôutp
tiageoLt encore dans le fclmicrocofmique& le Dorax fondu, comme dans
le §. il. Il pénétroit l'allcali minéral avec une ttès-petiteeffetvefccnce;
enfin , à peine en écoît- îl di(îout. Au rcflc , j'en avois une tiop petite
de l'alkali , indique aflèz qu'il contient une terre vitrifiable, mais fingulic-
rement mafquée Si déguifce i les précipités ont donné une terre difloluble
dans les acides ^ la déflagration , refpèce de fuie qui fe forme dans les
vaiiïeaux clos , les pellicules noires , annoncent la préfencc d'une matière
inflammable. Il poutroit bien fe faire que ces pellicules noires fulTent
ducs aux particules hétérogènes qui fe trouveoc dans l'égtifée du
commerce.
( G ) Comme le fel microcofmique , expofc fur un charbon à ime
longue fufion , paroilTolt dlifoudrc une ccrtame quantité de l'égriféc, j'ai
jette dans l'eau diftilléeplulîeurs petits globules qui eu étoîeni futtifam-
ment chargés. J^efpérois que fi réellement il en avoii dilTout , ce qui fe
feroit uni i l'acide phofphorique s'en fcpareroir dans l'eau , & que je
le précipiterois avec l'alkali fixe. Mes efpérances ne furent pas totalement
frulltées, car ces petits globules fe diffbivoient facilement dans l'eau,
une portion de l'cgrifée , non-dilToure , tomboit «u fond , l'autre reflott
fufpendue dans U liqueur j l'allcali l'en précipitoit, mais très- lente ment
& en très-petite quantité.
Tels font les moyens qui pourroient nous conduire i Tanalyfe com-
plette du diamant , G on avoit une aflez grande quantité de cette matière
précieufe. Sa dureté , fa tranfparence,fon éclat, nous la fait eflimer d'un
prix lingulier , & en peu de rems , avec un feu médiocre , elle fe dillipe
& fe naturalife tout entière , tandis que le rubis & la plupart des autres
cryûaux gemmes y réllftcnr.
Comme nous avodi fu augmenter le ptii des chotci 1 Fitn*
S?*
MÉMOIRE
SUR L'HÏST. NATUREILE ET LES ARTS, iSt
MÉMOIRE
Sur les Attcniflcmcns des Cotes du Languedoc î
Par M. PoiGKT.
V-/N connoîc depuis long-ten\$ "les atterriffemcns des côtes du Lan-
guedoc ; on a fouvenc rcpctc que la mer fe retiroit des environs d'Aigues-
niorres; mais les l'hyficiens qui ont cite ces faits pour cwblit ou pour
combattre quelque théorie çcncrale , n'ont pas izé k portée d'examiner
en quoi conlidoient véritablement ces atterrifTemens , & quelles font
les caufcs de leur formation. Ces recherches très-curieufes en elles-
mêmes , deviennent maintenant bien intcreiîaiires pour nous , puiC-
qu'elles peuvent nous conduire à trouver les moyens de confcrver la
fantc & la vie de nos Concitoyens,
Depuis un grand nombre de fièdes , la nature prépare fur ces côtes
un changement ciui va s'opérer fous nos yeux; les vaftes lagunes que des
bancs de fable feparcnt ue la mer depuis plus de deux mille ans , de-
viendront bientôt des terres que nos travaux rendront fertiles. Mais
les bienfaits que la nature accorde à cette Province, feroient payes trop
chet fi on ne trouvoit les moyens de diminuer les maux que produifcnt
les exhalaifons meurtrières de ces lagunes devenues déjà des marais , ôc
d'en hâter le defscchement.
Avant que de s'occuper de la réfolution de ce grand problême > il
faut examiner l'état de ces lagunes ou étangs, chercher les caufes de leut
formation , & les moyens que la nature emploie pour les deilccher ,
ahn de la féconder (ï nous pouvons y réuHîr, Se abréger ainfi l'époque
de cette fermentation dangereufe, qui ^Hcccde & prépare fes grandes
•opérations.
Prefque tout !e tetrein du Bas-Languedoc paroît être l'ouvrage de U
mer. Pans routesles plaines qui s'étendent des bords du Rhône au pied
des Pyrénées , on trouve des bancs & des amas d'huîtres Se de coquilles
pcrriiîées , débris de corps marins de toute efpcce , de fable, de pierre
cot^uiltcte , qui démontrent que les dépôts de la mer ont formé ces
plaines, recouvertes par ta végétation, par les dépôts des pluies, 6c par
d'autres caufcs fcmblâbles de la terre productive, qui les rend utiles (i).
(i) Il faat en exceprer qtietqiM plaiius baffct , coaipoféct de [Îrioq, Se formée*
pac des rivicrcs vpiliacsj d'autres fîtuccs auili fiès dci nvicrcs, convenu de gravica
Tome Xlf^j Part, ij, 17751.
OCTOBRE, Oo
iïi OÉSF.JirATIONS SUR LA PTIVS TQUS,
BiciilùC une vaflc étendue de icrrein , fotince auflî mr l.i mer, va y être
ajoutce : !.i caufe de tous ces dépôts n'cft pas ditticile à reconnoitre ,
c'eft an Rhône que nous les devons -y ce Fleuve charrie dans la mer une
immenfe quantité de fable , de cailloux » de gravier , de limon; il a,
comme le Nil , formé d'abord à fon embouchure de grands dépôts: on
ne peut méconnoîcrc l'origine des plaines de la Ciau Se de la Camar-
fue; mais tous les corps cju'il entcaînc ne fe font pas arrctcs à fon cm-
ouclmic, une partie acte portée dans la mer, & rcjettce fut les côtes
par les courans.
Dans toute l'étendue des côtes de la Méditerranée on reconnoîr uiï
courant conftanc Hc très rapide , qui entre par le Détroit de Gibraltar,
& fait le tour de cette met : fa diieâion eft de l'oueft à l'cd fut les
côtes d'Afrique, Se de l'ellà iouell fur celles d'Europe; elle varie nn
peu en quelques endcoirs, & en général ce courant fe tient prcfquc pa-
rallèle aux côtes; fa rapidité eft très-grande dans le Golfe de Lyon , Â
l'efl duquel le Rhône eft litué. Après avoir parcouru Icstôtes de Piovence,
il palTe devant les embouchures de ce Fleuve, fe chatce de tous les
fables i graviers Se cailloux qu'il charrie dans la mer , & les dépofe fuc-
cefiîvemenr fur les côtes du (îolfe. Elles font en effet formées en entier
du fable gris du Rhône, mclé dans quelques endroits de cailloux & de
galets; ces dépôts font d'autant plus confidérables qu'on fe rapproche
ces embouchures, mais en général toute la côre en e(\ couverte, i
l'exception d'un petit nombre de falaifes, telles que le Cap St^Pierre,
celui d'Agde , celui de Sete , où l'agiration de la mer eft afTcz violcnre
pour empêcher l'amas. On trouve même encote de ce fable gtis au-delà
au pied des Pyrénées, dans le Golfe de Rofes en Efpagne.
Ce font donc les dépôts du Rhône qui forment les attcrrilTcmeus des
côtes du Languedoc, Se ceft vraifemblablement à dépareilles caufes
quon doit attribuer la' formation de toutes les nouvelles terres qui ont
xeculc les bornes de la mer. Ces changemens fonr une fuite nccelTaite
du principe de la circulation des eaux fut la furface du globe. La cha-
leur du Soleil élève en vapeurs les eaux de la mer , elles retombent
fous ta forme de pluie Se de neige , Se des lieux les plus élevés , revien-
nent par un grand nombre de canaux , fu réunit dans les mers , ces
grands réfervoirs communs d'où elles font repompces par le Soleil , Ôc
où elles retombent encore. Cette circulation due i la nguce trrégulière:
& de cailloux ; Se quelques parties des Diocéfcs d'Agde 8c de Bézîers , recouvcnes de
lave, fie d'auucs pioduâions volcanique!. On duit d^ftiet que les N^inraliflcs s'occa-
pcnt de l'examen lut^tciranc des pbines du Largacdoc, Se qu'ils nous falfcnt contioS>
fre cxAflcmcnc 8c en détail , les p^iritîcniions qu'elles contiennent , comme M. de joii-
.'ben vient de le foire pour une pattic de celles du Diocèfe de Montpellier,
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, i8j
de la furfacc de le terre , y entretient > comme dans les corps animes , le
mouvemcuE &c U vie , mais aullî elle contient en elle-même, ainfi que
la ciri:ul;^n du fang dans les animaux , un principe de dedmâion ;
l'une & l'autcc ufcnc les vaîfleaux deCbiués au palfagc des HnîHes , l'eaa
entraîne avec elle des portions des corps fulidcs fur lefqiiels elle pafîe»
détache  chaque inftant quelque petite partie des montagnes où font
les fources des rivières , ronge les bords & le fond du lit de ces rivières,
des ruilFcaux , des ravins , & enctaîne tons ces débris dans la mer. Un des
«ffecs du mouvement des eaux^ dû à l'inégalité de tafurface de ta terre,
cddoncde détiuire cctce inégalité, âc de réduire tout au niveau, après
quoi la circulation sVricteroic d'elle*mcme. Mais nous ne devons pas
craindre pour tes races futures un cvcnemenc que des mitlions de (ïècles
fuffiroient Ùl peine pour amener. Sans doute quelque retTorr fecrct que
nous ne connoiilons pas, eft deftiné à remonter cette grande machine»
lorCqu'elle s'afFaitIc fur elle-même, & peut-être le feu des volcans, qui
prefque de nos jours a élevé Ats montagnes , cil ce refTbrc inconnu.
Mais il ne fuffit pas de favoir que c'eJft des débris des Alpes, & des
fables produits par le froaemenc des eaux , dans tous les lieux où
parlent le Rhône & les rivières qui s'y jettent, ^e font formées nos
cotes i de connoîttc la caufe gcncrale de ces dépôts j il eft bien plus
intctellanr & bien plu:i utile d'examiner de quelle mnnière ils fc font
formés , de tâcher de découvrit la marche que fuie la nature pour pat^
venir à la création de ces terres nouvelles.
Confidérons ce qui doit arriver lorfque dans une mafTe d'eau , fou-
vent trajiquille, telle que la Méditerranée, qui n'cft pas agitée conftam-
ment d'une manière {cnûblc par les marées, & qui ne l'etb qu'acciden-
tellement par les vents , un courant ciiacgc de corps étrangers vient frap-
per fur une côte unie. Les cailloux, le eravicr èc le fable enrraînés par
ce courant , étant d'une pefanteut fpccihque beaucoup plus grande que
l'eau , ne peuvent y être foutenus qu^au moyen du mouvement violent
d'inipulllon qui leur eft imprime , & que la force de la pefanteur ne
peut vaincre. U y aura donc un dépôt dès que l'eau fera en repos, ou que
Ion mouvement ne fera plus fuffifant pour empêcher l'effet de la pefan-
teur des corps entrâmes, & même au moindre retardement, ft le courant
contient autant de fable ou de gravier qu'il peut en charrier par la fxncje
de la vîteffe a£hielle, s'il en eft pour ainli dire chnre;é jufqucs i finira-
tion (i). Lorfque le courant frappe fur la côte , fa direftion eft changée,
CO On peut préfumet ^ne le coarani du golfe de Lyon eft danf ce cat , au moini
jafqiic^ il cjuclqucs liciics a t'oucft Ac% cinbouchure<t du Rhône, p;ircr qu'on ne rem
Azai cette partie de la côte , lui uppofcr le moindre obflaclc , ni entreprendre de cKan-
jcr la diicûion d'aucun de fcs fileK , fanï produire un Tort dépôt de lablc.
1779. OCTO BRE.
O
o 1
284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
& il eft reHévhi vers le large dam une nouvelle direAion dcc^rmin^e par
l'angle d'iiiculctice^ ce changement ne diminue pas alFez le luouvement
poiic produire un dépôt confidcfable contre U côte mctne ^niais les
tilcts du courant rcflévhi, dirigés vers le large, font croifcs p^ar ceux du
courant direct c]ui lombcnc fur la côte. Les mouvemens oppofcs doi-
vent fe conibattre , s'entre-détruire ; &c l'efTec de ce remous fera un
dcpot qui s'crabltra fur ta ligne où le courant rctlcchi ell en équilibre
avec le courant direct, comme on voit dans les Ports ou dans les grands
BaQins , lorfqu'il y a un peu de mouvcmenc , les petits corps flortans fc
difporer fur une ligne parallèle aux auais, à une petite didance.
Il fe formera donc un banc parallèle à la cote , qui fera d'autant plus
raHemblé , ou d'autant plus étendu en largeur , que la direâion du
mouvement du courant fera plus ou moins tapidc , & que la fotmc,
l'inclinaifon & la nature du terrein de la cote, pcoduiiont plus ou moins
defroctement,ccqui déterminera auRi la djAsncedu banc. Tant qu'il fen
au-deiTous de la furface, il n'arrêtera pas entièrement le courant, mai*
Je retardera » Se d'autant plus qu'il fera plus élevc^ ce qui produira une
augmentation de dépôt dans cet endroit, jufqucs à ce que parvenant au
niveau de la mer , Àl oppofe une barrière abfohie au paflage des eaux.
JDans le Golfe de Lyon , le courant eft très-rapide Se fottchaigc de fable;
£n frappant avec violence fur une cote unie, il a dii former de3 bancs
qui lut fuient parallèles; ces bancs d'abord caches fous l'eau, ont du
après piulîeurs lîccles s'élever, former une [^agc , qui a fcparé de U
met les étendues d'eau comprifes entre le banc &c l'ancienne côte.
C'tftce qui eft arrive en effet: une plage très-étroite & balTe, atTez exac-
tement parallèle A l'ancienne côte, s'eft étendue depuis les embouchu-
tache. C'cll ainfi vraifmnbbblenient qu'ont été formées les lagunes con-
nues fous le nom d'étangs d'Aiguçs-niortes, de Lor, de PatavaSjde Ma-
guclonne , de Crin, de Tau , de Vcndres , de Sijcan &c de Leucacc,
toutes réunies eutr'elles, ou féparées feulement pic quelques plaines ma-
lécagcufes de nouvelle formation.
La théorie ell ici d'.iccord avec l'obfervation, de la manière U plus
fatisfaifanie j mais il ed impoOlble d'en préfemer toutes les preuves,
dans un Mémoire tel que celui-vi. II faudiou pour cela fuivre l'eximeii
de chaque lagune ou étang en particulier, traite: en détail de ta forme
des plages, toujours dépendante de celle de l'ancienne côte, des irrégu-
larités caufées par les Ifles , les Caps & les Rivières, & ce feroit l'objet
d'un ouvrage confidérable. En gcncral on obfcrvera que toutes ce*
plages font très étroites, fort b3ircs,& prcfquc de niveau avec la nier,
excepté dans tes endroits où tes vents ont formé des dunes ; que pac
SUR l'TÎTST, NATURELLE ET LES ARTS. i8j
tout ou la, côce cft droicc , la plr.i^e l'cft auflî , & lui eft; parallcle ; qu'au
devant des caps peu avanci:!., elle forme des pointes & le réunit à ceux
qui font plus fiiUans ; 1.x mom.igne de Scte couvroit une baye , donc
les deux etitrcev ont ctc fermées par des pl.iges , ce qui forme aujour-
d'hui l'ctaiig de Tau. Au-devant des filaifts efcarpces , il n'y a point
d'eiifablemem, mais il eft d'autant pluj confidcrable a quelque diftance
à loueft auprès des digues ; les dépôts s'crabliifent toujours aufli â 1 oucft.
£nfiu, pat-tout où il y a du repos, dans tous les endroirs où la marche
du courant n'eft pas libre, il y a un cnfiblcmcnt. La pente des plages
ou de la cote extérieure vers le large , eft fort peu rapide & alTez uni-
forme j fur la plage de Sete, elle augmente rcgulicrement d'une brafle
par 7î ou 80 , jufaues i une dcmi-ïicue au latec environ. U en eft à-
peu près de même lur toutes lesaurtes places delà cô:e;cettepente uni-
forme eft Lependant interrompue pat les nrAillons dont nous parlerons
ci -après,
11 eft împonible d'aHîgner l'époque de la formation des plages da
Languedoc. Les defcriprions que Strabon & lés autres jGcoi^raphes
Grcts & Latins ont donné de ces côtes, prouvent qu'elles exiftoient de
leur tems , à-peu-prcs de la même manière qu'aujourd'hui ; & Ci elle*
ccoient aulTÎ-bien formées alors vers le premier fi èc le de notre Ere, il
faudroit faire remonter i un tems bien recule, le moment de leur pre-
mière apparition au-delfus du niveau de la mer. L'opinion vulgaire ftir
les attcmiremcns d'Aigucs>martcs , ne peut détruire ce fait conftaté^ iL
/eroit aifc de prouver <^ue la mec croit à-pcu-ptcs aufli éloignée de cette
Ville lors de fa conftrudion qu'aujourd'hui , mais que les Marais qui l'en
féparent croient alors des étangs navigables ; enfin, que Saint Louis s'cft
embarque à Aigues-mortes, comme on peut le faire aujourd'hui, c*eft-à-
dire en allant fur un Canal de !a Ville a la meT(i). .
Les plages qui ftparent les étangs de la mer , exiftent depuis un crand
nombre de fièdes; mais l'état des étangs a beaucoup changé ; iw ont
été pendant long-teus très-profonds ; les plages ne formoicnc pas une
(>) On ne peut p.is ranembler Smt tme note In preuves de ces faits, mais rhiAoire
Jcs ciifablcmens d'Aigoes-moftcs , & de tous fcï changrincns <)u'a éprouvé depuis te
douziiîmc (iccle , le tcrrciii compris entre cette Viilc & la mer, pourroicoi {ttc l'objet
d'une DifTcrtatron mtércrtaïKc. Il patoit certain que le Canal norartiiî la granoc Ro-
bine , Se <^pi va dircflcmcnt d'Aigiies-moncs à la mer , n'eiiftoîr jui eo entier lorfque
Sailli Lottis s'y cfl cmbarc]ué. It en fit counmirc fculctncnt la partie qui eft la plus
vtrifîiie de la Ville ; qire fct Galères pall'oicnt delà dans l'étang de Rcpaujrcc , qui étoic
navigable , 8c qui communiqtioit à la mer par le Grau de la Cioifadc ou d« U Ctou-
iêtte , Htué 2 une alfcz gtaitiie drftancc à l'oucfl du Gra'J actuel , nommé le Grau da
Roi. Le Grau de U Cioulctte a fubûfté long-icms , parce qu'un banc de roche caché
Tous Icju , qui formoit une efpèce de rade aifcz lûre pour des petits Navires, y rc*
tzdoic i*coiâbicmcac<
iZ6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
barrière continnc, elles écoiene coupces en beaucoup d'endroics par <les
Graux qui ctabliflbienc une communication libre entre la mer Se les la-
gunes. Les malfes d'eaa nui entroienc par cc& Graux dans les tempêces,
ou lorfc]ue les vents de utd clevoient le niveau de la nter , charrioient
de grandes c|uanticésde Cible qui s'y dépoloienc; les (âbles amoncelés fuc
les plages, croient aàffi emportes tlans les étangs par les venrs & parles
©aux de la mer, qui, dans les tempcces , couvroient de grandes parties
de ces plages » lorfqu'elles croient moins relevées qu'aujourd'hui. Le$
rivières , rain'eaux & ravins qui tombent de la côte dans ces mêmes
étangs , y eniraînoient fans ceffc du limon & de la terre ; enfin, plufieurs
bras du Rhône entroienr dans ces lagunes par l'extrémité orientale ,
en traverfant ce qui forme aAuellemeut les étangs d'Aigucs-mortes ,&
y portoient immédi.nemeni le limon, le fable & le gravier de ce Meuve.
Toutes ces caufes réunies . ne pouvoient manquer dans cette longuo
fuite de fiècles , de les combler prefque en entier, & de h% réduire 4
l'état oiJ nous les voyons.
Prefque tous les étangs font enfablcs, fur-tout du côte de la mer; de
grandes panies font devenues marccageufes, & demeurent prefque en-
tiércmeuc à fec pendant l'été ; dins toutes les autres il y a fort peu d'eau ,
& on ne peut y naviguer même avec les petits bateaux i varangues
plates &c fans quille, nommés vulgairement JDfV^j, fans tlfquec d'échouer
— -- n ' I i / ---- - I — .,_._ _ , , — - — V
bords du cote de la pUgc \ mais tous les autres font conlîdcrablement
atterris: ceux d'Aicues-mories, & pre/que tous ceux qui bordent les cô-
tes du Uiocèfc de Montpellier , paroillent difpofés i s'aiTcchet bientôt
prefque entièrement; & depuis plufieurs années, les progrès journa-
liers de l'atterrilTemenc y font ttès-fenfibles. Dans cet état, l'agitation
caufce par les vents ne peut pas Être confidérablej rimpreOion Kiite i
une maÎTe d'eau qui n'a que cjuelques pouces de profondeur , cft prcf-
3ue auflî-tôt détruite par le frottement du fond^ les bancs de vafe &:
e fable interceptent la communication du mouvement, & les eaux font
pcefque tlagnanies. U eft atfé de concevoir que les Graux qui formoient
la communication de la mer aux lacunes , n'ont pu fubfifter plus long-
tems. Dans ces canaux , autrefois larges & profonds, capables même
de recevoir ^Qi Navires, comme le Grau de Maguclonne, connu dans
nos HiOoires fous le nom de Port Sarra^n , paHuicnt des maHes d'eau
conlldcrables, qui formoient des courans rapides, dèï que le niveau
de la mer s'élevoit ou s'abaifToit , ou que \qS vents de nord & de fud
chafToient alternativement les eaux à la côte & au Urge. Ces courans
entrant dans les lagunes , ne trouvoient pas d'obilacle qui les attctât Se
c^ii dctruistt leur mouveu^cnt dans ces Dailms Vïftes & piofunds , dout
SUR VII JSr, TfATURniLE ET LES ARTS. 187
les eaux «oient a^^itt-ci elles- mêmes par l'imptciTîou direcledu vent, 5:
f>ar la communication de t'agUatton de la mer^ ils alloieuc porter ttès-
oiu du Grau les Tables donc ils ctoicnc chamcs ; S: bien-loin d'euiablcc
les caoaux , ils les recreufoienc. Les bancs rotmcs par les dépôts de ces
courans, fe font fucceÛivement rapproches des Graux; le mouvement
des eruix qui cncroicnc dans les lagunes , a été plutôt déctuic ou retarde;
les licpôcs fe font ccablis autour des embouchures intérieures, & eniin»
dans ces canaux m&ma qu'ils ont combles. Il n'txifte plus ai-luellement
dans ces lagunes , que les Graux pour lefquels les eaux d'une rivière
palfenc pour fe jetter i la mer , que ce courant recrcufe » ou au moins
conferve. Tels font ceux des ccangs de Sijcan 6c de Vendces , celui de
Palivas, Se celui d'Aigues-moites. Le Port de Scte eft un Grau à beau-
coup d'cgards; mais les courans qui entrent par ce Pou dans la grande
lagune qu'on nomme ctang de Tau , Se ceux qui en fot1e.1t, y produi-
fent du mouvement; & il y a lieu d'efpéter qu'au moins pendant pln-
fieurs (ïècles, on n'y verra plus accumuler des dcpùts, &c qu'on le cnn-
fervera, en continuant à enlever cous les ans la mt-me quimitc de fable
qu'on en retire aujourd'hui (i). Tous les aurtes Graux lont abfolumenc
comblés ; & l\ la violence des tempêtes , ou l'clcvation extraordinaire
des eaux de la mer, les recreufe quelquefois , ce n'ell que pour peu de
tpms. Celui de Perols , ouvert dans les circonllances les plus favorables ,
enrretenu avec Coin , avant âge ufc ment ilcué , exiHe à la vctitc depuis
douze ans ; mais un canal étroit, li peu profond qu'aucun bateau n'y
peut naviguer» embarralTc de barres & de bani:s de fable , ne relfemble
guère à nos anciens Graux qui fervoient d'afvie aux Navires , qui mê-
me par-là devenoienc dangereux dans ces tems où la foiblefle, la non-
exiftence de notre Marine alfuroic l'empire de ces mers aux Galioccs
mal armées des Pirates Sarraâiis. On cravailioit alors à barrer ces Gtaux
devenus les retraites des £fcadres de ces ennemis ; on n'y parvènoic
que par des travaux 8c des dépenfcs conGdcrables : aujourd'hui tes me-
mes travaux , Ôc toutes tes rellources que peut procurer une fcience alors
(0 L'étang dcTati a 8 oa 10 lieues de tour , Se ne commuDÎijiic à la met que par
le Pott de Scte. Lorfquc les vcDts vienncnc du large , les caaz de la mer padenc par
ce Port avec rapidité pour entrer dans IVrang; au cnnttaire lorfqQe tes vents font aa
Nord , les eaux de IVtang fc jciccnt daus la mer , eu fottc ou'il y a pFcfquc rQUJouts
un courant afTcz fore dans ce Poit. C'cH la ptmctpale caulc de fa confcivation. La
difpoArion favantc Se ircs-rcmatquablc des jctt^c* qui formeat (on entrée, y contri-
bue beaucoup aulTi i on ta doit à M.dc Nique:, qui éttût Diiccltur des Fortifications,
à Montpellier , lors de la conniuéhon du l'orr de Sctc. Je crois devoir obfervcr que
les matées y lonr fcnfiblcs dans les jouis iiès-calmes , non par l'clévation ou l'abaif^
fcmcDt du niveau , mais par k chjngdmcnc de ditc^ioD du courant , qtii porte à Iccaug
pcAdaiu le Bui , 8c à k m» pcodaac le rcâux.
iS8 OBUERrATIONS SUR lA PHYSIQUE^
prcfiKtc inconnue , portée maintenAnc i un h.nur degré de perfeâion >
iutËltnc à peine pour confi-rver quclijue tr.uc de ces Gr.iux.
La barrière qui fépare à jAmau ces lagunes de la mer, eft donc enfin
établie. I.a n.iturc avoic Héjà iracc & circonfcrit depuis un grand nom-
bre de ficelés, l'efpate qu'elle dévoie changer en terrcsi mais nous tou-
chons à ta dernière époque de cette révolution : nous puuvons piévoîc
que bientôî ces plaines tertilcs lempLiceront ces Marais , & qu'une nou-
velle côce , rallermic par le tems , repoulfera dans la mer les courans
& \&s fables donc ils font charges , produira une nouvelle plage , de
nouvelles lagunes , qui deviendront des terres d leur tour. Déjà des fa-
raillnns, des bancs cachés fous les eaux, mais peu confidcrables encore,
indiquent la fiiuation de ces nouvelles plages, & enalTurent l'exiftence.
C'cft amli qu'ont été formées apparemment les plaines du Bas-Langue^
doci c'etl anifi (]u'eUes vont être augmentées , & qu'jpccs une longue
période de lîécles il y en fera encore ajouté de nouvelles.
Cette théorie de l'atterritrcmcnt de ces côtes, qui paroît nmple,& à
laquelle l'accord avec l'obfeivation fcmble donner un des plus grands
decrés de probabilité auquel on puiTe atteindre en Phyfique, peur être
utile dans la recherche imporconte àe^ moyens d'accélérer le defsèche-
menc, & de le rendre en même rems moins nuifible aux Habitans des
côtes. Dans l'eut aclucl , ces vaftes Marais, ces eaux Gagnantes , reçoi-
vent une grande quantité de corps étrangers cjui y fermentent pendant
les étés longs & orûlans de ces Provinces ; il s'en élève des vapeurs
mal-faifances , deî miafmcs putrides & meurtriers , qui fc répandent fur
]es Campagnes voilines, infcûent l'air , & portent le germe des mala-
dies , des ^c\.Ci de fièvre fur-tout , qui deviennent tous les jours plus
dangereux, plus difficiles i guérir, & qui dépeuplent cette côte. Tout
fe rcunic pour accabler fes malheureux Habitans i un des plus grands
bienfaits que la nature ait accordé aux pays chauds, leur devient fu-
neste ^ ces vents légers & périodiques oui tempèrent la chaleur, éloi-
gnent de nous, & rcnouvcUenc Tair orûlani, épaifll par des vapeurs
grofijèrcs ; ces vents d'cft & de fud connus dans cette Province fous
le nom de Garbln , dont la diteâion fuit le cours du foleil , & qui
roulÏÏcm allez régulièrement tous les jours pendant les grandes cha-
leurs , n'arrivent fur la côte habitée qu'après avoir paiTé fur les Marais ;
ils entraînent & portent fur la terre les miafmes putrides qui s'ea
élèvent ; & leur fouffle rafraîchilfant & fain fur la plage , devient
empoifonné & mal-faifant en traverfant les étangs. L'élévation de U
côte intérieure bordée de montagnes en plufieurs endroits, arrête .ou
contraire Us vents du nord , & les empêche de challer dans la mer
ces vapeurs meurtticres. Déji un allez gr.ind nombre de Villes & de
Bourgs autrefois conliiiérabies , ne contiennent plus qu'un petit nom-
bre
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS 285»
hte d'habicans , prefque tous attaques de ces cruelles maladies qaî
abiégent leur vie , & en empoifonnenc le cours, La dépopulation rend
ies cultures plus difficiles , les terres font ncgligces, les richelfes du
pays diminuent »& le défaut de moyens de fublifler, de fecours lorf-
qu'ils deviennent plus néceffàires, rend la fituation de nos Concitoyens
plus cruelle.
Les Etats de la Province paroilTenc difpofcs à accorder aux habitanx
de ces côtes, tous les fecouvs que l'humanité réclame , & dont la po-
litique prouve la ncceflité. Tous ceux qui ont confaccc leurs veilles
à l'étude des Sciences Physiques , doivent s'emptelTcr à concourir i
l'exécution d'un projet fi unie , en propoCant les moyens de remédiet
aux maux que produit le dcfscchement des étangs. Il cft malheurcu'
fement impodtbtc de rendre à ces lagunes leur ancienne profondeur,
6c d'arrêter les progrès de t'attcrriirement j il Eue donc en abréger la
durée , & tâvher de le rendre moins dangereux, en diminuant la pro-
duction , ou corrigeant tes funefÏM effets des cxhalaifons. On ne peut
efpérct d'y réufllt par une feule méthode également applicable à toH>
tes les parties de ces vaftes lagunes ; îl eft par conféquenc nccefTàire
d'examiner avec foin l'état des lieux, afin dechoilîr les remèdes locaux
les plus convenables.
Nous avons établi que les fables de la mer, & les dépôts formés
par les eaux des rivières Hc des ravins , croient les caufes ou defsèchc-
ment des étangs; on peut donc y diftinguer l'enfablement de l'atter-
rilïcment. Les eaux de la met ne charrient fur cette côte que des fa-
bles purs , Se qui ne contiennent aucun principe de fermentation j au
contraire > les débris des végétaux , Ce oeaucoup d'autres corps qui
font entraînés par les rivières ou par Iv e^nx des pluies, font tres-oif-
f>ofcs à fermenter. C'cft donc aux arterrilTemens qu'on doit attribuée
es maux que produit le defsèchement des étangs : ils formeront i U
vérité des terres plus aifées à fertilifer que des plages de fable , mais
cet avantage éloigné ne peut UiKincer leurs inconvéniens ; &c lorfque
les Gouverncmens ne font pas aveuglés par la funefte pa/lîon des con-
quêtes, on ne facritîe pas la vîe d'un grand nombre d'hommes ^
l'efpérance éloignée d'une augmentation cle territoire. Il ne faut donc
pas hélîtet à favorifer , A augmenter l'enfablement de nos étangs , &
a diminuer, s'il cft poflîble, l'atterriflémetit. L'ouverture des Ciraux,
cft ptefque le feul moyen qu'on puiiTe employer pour remplie le pre-
mier objet. On parviendra , en ctabliflant ainfi des communications
entre les lagunes Se la mer, à donner aux eaux tout le mouvement
dont elles lont fufceptibles dans l'état a^uel ^ elles celferont d'être
dans cet eut de ftagnatiou Ci dangereux j on hâtera le dcfsèchcment
des Alarais , en y faifant porter par les eaux de la mer de grandes
To/ne Xir, Part, IL 1779. OCTOBRE. P p
i<)0 OnSERP'JTÎONS SUR LA PUTSIQUB,
<]tunnrés de fable; Se on rendra ce dcfscchemenc bien moins dvigereur,
puirqu'il feri produtcpar des fables purs (i).
On ne peac point le diflimuler la difficulcé de la conftruftion de ces
Graux ( donc j*ai tâché de donner U théorie dans le Mémoire que la
Société Royale, dont je n'avois pas l'honneur d'être Membre alors ,
jugea digne du Prix en 17^8.) Le peu de profondeur des étangs,
ne permet pas d'en donner beaucoup à ces canaux , qui s'enfableronc
très-aifément \ mais en renonçant à l'cfrair de former des Graux du-
rables , on peut en contlruire de trï^s-utiles à peu de frais. Des canaux
peu Lirges , peu profonds , prefqne de fimples fofïcs crcufcs au commen-
cement Az l'hiver dans les endroits de la place qui paroîtront les plus
convenables y deviendront des Graux lorfque les eaux de la mer ,
chaHces par les vents du large , y auront paiic & les auront tecreufés.
Ces Graux feront \ la vérité bientôt comblés; mais pendant leur courte
durée, ils auront mis tes eaux des éom^s en mouvement, & y auront
fait entrer des fables qui les defstclient , fans nuire i la fantc des ha-
bicans de la côte. On pourra les remplacer enfuice par d'autres ; &
la formation d'un grand nombre de ces petits Oraux , coûtera moins ,
& fera vraifemblablemenc plus utile que la conflruction d'un feol»
dont ont cachetait peuc-cire inutilement d'alTurer la durée (1).
(i) Cette vémé eft prouvée pat l'expérience fur cettt côrc , lorfqoe la violence des
rcinpé:cs a formé pcaJi'H t'bivcr de pcntt Giaux , U. qu*il c(V entré dans Ici étaogf de
graaJcs quaniicés de Cible qui recouvre le fond, l'air cil beaucoup moini dangereux
pendant l'été fui vanc , & les iruUiies font moins de rjv^i^cs ; nuit l'anoéc d'après , ce
tbtuJs c(V coure n de varech ou moulTc , flc d'autres placrci nurincs, qui en coanecnt
la future lotfqu'elles y pouiiUrciit . ftTair redevient aufC mal-fain qu'an paravanc. Cela
pourroit n'être pas également vrai fur toutes les côres, Se les defsccbemeiis produits
par les tables de ta mcx . dinvent être dangereaz pai leurs cxhalaifons , fi ces fables
ne font pas purs comme dans le golfe de Lyon » <c t'ik font mêl^s de rafc et. de
débris de végétaux.
(1) M. Picot a déjà démontré Tutiliié de la conflraâîoa des Graax dans leséeaog*
du Languedoc , par un Mémoire qai cft imprimé dans le vol. de l'Académie des Scien-
ces de l*aris de 17^^. Depuis cette époque ils font devenus encore plus néceifaire),
mais en mcme-tcms bien plus dii&cilcs à confciver. Il y a quelques parties des érangx
3u*on ne petit plus eufablcr pat ce moyen. C'cl\ la moitié de tous ceux qui s'éteodeni
epuis Trontignaa )uL'qucs à l'ctoli ; les dignes du Caïul de oavtgaaon qui les cravcrre »
doivenc Dé^eluircmcni ariàei les (ables qui fc déporeront dan< les parties comprifcs
entre le Catul & la pta|*e , S: point dans celles qui font renfermées enire le Canal Se
la terre. Cependant, l'ouvcn'jrc des Graux ptocoreroic quelque ««antagc dans ces par-
ties même en rafiaîchiïTant les eaux . & Ic-Ji donnant du mouvement , au moyen des
Ottvcnuret qu'on a faites dans les digoes du Canal. Us feront même plus utiles dans ces
itangt que dans les autres, parce qu'ils font déjà ttcs-nuréc^cax. prefque comMéijqtie
tes exhalaifoas qui en fortcnt foot fort danecreufcs , & de la plus masvaife qualité,
C on peut en juger par l'odcDC tnfeâe que répandent ces Marais, Sl le grand nombre
de fflal^lici qu'IIS coulent far cette paiiic de la côte.
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS, i^t
II Teroic utile de faire bêcher aullî quelquefois les fommecs des du-
nes les plus élevées fur U plage , & de faite arracher les joncs qui y
croiifenr. Les vents d'eft ou de fud pourront emporter dans les ct^ngs
de grandes quantités du fable Hn qui compofe ces dune& , il on l'eai'
pcche de fe réunit & de former des malles folides.
II faadroit eutin examiner les mi.ifmes qui s'élèvent de ces étangs »
cacher de connuîcrc leur nature, & de découvrir £ ti'eft A un air hxe
ou inflammable , qu'on doit attribuée la qualité mal-faifanie de ces
exlulaifons. On crouveroit peut être le moyen d'abforbcr, de neucra-
lifcr, ou de corriger de quelque autre manière , le fluide qui caufe
cous CCS maux. Si on découvroit que c'eft un air Hxe , qui pût être
réduit pat la végétation à l'état d'air pur, refpiriblc & fnin , il feroJc
alfc d'y parvenir, en plantant fur les bords des étangs un grand nom-
bre d'arbres. Kon-feulement on corrigeroit aînfi les miafmes par la
végétation , mais encore on oppoferoic une barrière aux vents légers
d'cté , au garbiu qui les tranfporre &: les tcp^nd fur les terres, tnlîn,
on afTuceruit l'exiftencc de ces terreins nouveaux, &: on les difpofecoic
i devenir utiles, puifqu'on a reconnu que la culture des plantes qui
peuvent exifter fur ces plages , eft le meifleur moyen de les rendre fer-
riles ^ fins doute parce quon parvient ainlï à les recouvrir d'une terre
végétale. On a rculli de cette manière, & par la culture des kili,à
changer fur ces c&tes, des fables fecs & arides, en champs & en vignes
fertiles^ mais il ne faudroit elFayer les plantations d'arbres , qu'après
avoir bien reconnu la nature de l'air de ces Marais, & s ctre com-
plèwment afluré qu'il peut ccte cotrigé par la végétation.
Cependant , cous ces moyens Phvfiques ne fumroienc peut-être pas
encore. On fait que les préfervaiifs les plus suis des maladies du genre
de celles que caufenc ces Marais, font une nouctiture faine , de Don-
nes eaux , des logemens fecs & acres. La fagelTe & l'humanité de ceux
qui veillent au bonheur de cette Province , leur in/pireta fans doute les
moyens de proc^cr aux habicaus de ces cotes, les fecours que leur
situation exige, foit en diminuant les Impôts , foit en favotifant l'Indnf-
trie Se le Commerce, par les encouragemens , & fur-tout par la liberté
entière , en faifim réparer les fontaines & eii conftruite de nouvelles , en
permctunt la dellru^on des murs d'enceinte des maifons devenues
inutiles par la diminution de la population , qui ne fervent aujour-
d'hui qu'a arrêter la circulation de l'air dans ces anciennesVilles, y ren-
fermer & y concentrer les vapeurs putrides ; foit enlin en donnant aux
habirans , lorfque les maladies commenceront leurs ravagciK les remè'
des les plus propres à les calmer, & les mecranc à portée de profiter des
lumières des favans Médecins de U Faculté de Montpellier. Tout ce qui
peut être utile doit cEtcctIayé,lotfqa'unaufn grand intérêt l'exige. U s'agit
177?. OCTOBRE. P p 1
xçi OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
de conferver la fantc & la vie d'un gtand nombre de nos Concitoyens;
rur-Eouc de ces hommes précieux cjui, Uvics aux pénibles travaux de U
pcche, concribuenc d notre fubfiftance , Se augmciitenr la maflTe des
produdions utiles, qui ne quittent leurs demeures que pour aller fer-
vir l'Etat lorfqu'il a befoin de leurs bras, & donc les ^milles peuvent
feules fournir les Marelots ncceifaires i la Marine commerçante de
cette Province , qui commence d peine i fe former.
Oblige de me renfermer dans les bornes d'un Mémoire Académi-
que , je n ai pu préfencer que des vues [générales ; mais fi une feule
eft utile, mon objet eft rempli. U le fera bien mieux encore, C\ mon
exemple peut déterminer des Citoyens aurïl zélés & plus éclaires
que moi , à faite connoîttc des moyens plus sûr^ ou plus faciles de
reniédiet aux maux que caufenc le dcfsècliement des étangs.
S E C O N D MÉMOIRE
Sur le principe de l'Inflammabilitc des corps combuftiblcs , ou
Cas inflammable huileux >
Par M* Ne ttET , fils,
V^u o I Q o F. je fois tenté d'admettre que le gas des marais doit être
compofé le plus ordinairement d'environ deuï d trois parties d'aîr fixe,
contre une leule d'air inflammable huileux , cependant je ne diOimulenix
pas que fi la coulent de la flimme de ce mélange, & d'autres rapports
encore , me déterminent â peiifer ain(î , il y a cependant des diffé'
rences alfez frappantes entre l'ait des marais , & un autre air compofé
dans les proportions dont je le fuupçonne tornié. 0
Car , I **. l'eau de chaux n'eft que Icgctement précipitée par le gas dej
marais , & elle l'ell abondamment par un mélange de deux tiers d'ait 6xe
& d'un tiers d'air inHammablc huileux : mais peut-cire y a-t-il toujours
peu de liaifon & d'adhérence entre les molécules Buides de ces deux
airs, d moins qu'ils ne s'échappent enfcmble d'une fubflance qui les
contient réunis, & fe trouve-t-it une efpcce de rapport entre lanailTancc
de Tait des marais & la formation du cinabre ou du fublimé cottofif ,
c'ed-à'direi^e chacun de ces trois con>pofés n'exifleroit pas (i les fubf-
tances qui doivent le former ne fe rencontroiem enfemble en vapeurs >
&dc manière à contracter par ce moyen une union plus intime. Quoique
les liqueurs vincufes cient, avec l'air rixci uiie atlinitc très -grande y
SUR VffiST. NATURELLE ET LES ARTS. 195
cependant lorfqa'iine fois elles font dépouillées de ce gas, elles refufenC
obftiiiément de le reprendre : ainfi ce n'eft pas tout, que deux fubft.inces
aient entt'elles de l'afliiiitc , il faut encore poat qu elles s'anilTent que
î^toiites les conditions nccertaires à leur liAifon aient été remplies dans
l'inflant où cette liaifon a pu le mieux avoir lieu ôc de la mamèrc U
plus favorable.
i". Une autre différence de l'nir des marais faiUce avec le naturel , eft
celle qu'il prcfente dans ta combuftion de (on mclar^e avec l'air armof-
i-phérigue \ fa manière de brûler n'eft pas tout-.^-fait (cmblable à celle de
*.iaic d<;s marais, mais cette différence peut tenir encore de fon peu
d'union avec l'air fixe qui entre dans fa comoofition : ce qui me le fait
coire , c'cft que fon degré d'inflimmabilité eit i-peu-prcs le même ; car
«ne partie de ce eas faftlce mélangé avec treize d'air atmofphérique ,
donnu encore une inflammation bien médiocre à la vériré, mais cependant
vilïble , & nous avons dit que le jças des marais cefle de brûler lorfqu'il
eft mcbngé de quatorze parties d'aii" commup.
En convenant donc qu'il eft polTible que l'air des marais ne foit pas
toujours le même , fuivant les climats , les végétaux & les animaux qui
lui donnent naillancc , & mal{>rc les différences lé^cccs dont ;'e viens de
fiire mention ( dont il fcmble qu'on peut rendre compte (ans ctte
regardé tomme voulant fe hâter d'arranger un fjftcme à cet égatd ) je
.crois toujours que l'air des marais ne peut ctre compofé que de gas
inrtammable huileux & d'air fixe, quelles qu'en foient les proportions. En
effet , après avoir démomrc dans le premier mémoire que la diftillacion
;des fubftances animales & végétales, peut produire un gas tout-à-fait
femblable i celui des marais , il ne refte plus qu'à conlidérer dans quel
iiiflant ce gas s'échappe des vaiflcaux dîflillatoires , & quels font les airs
qui le précèdent ou le fuivent. C'eft toujours entre la produélion de l'ait
*xe & de ce' ui que j'ai appelle air , principe infiammahU des corps comhuJhbUs
t)u air irifiammahU hniïeux , que paroît l'air ou gas analogue à celui des
marais, & pendant quelques inftans on en obtient qui lui eft parfaitement
, femblable : je dis feulement pendant quelques inftans, parce que l'ait
fixe fe dégageant d'abord , & l'air inflammable huileux vers la fin de
l'opéracion , les dernières portions d'air fixe font pendant un certain tems
mélangées d'air inflammable huileux, dans les proportions qui conftituent
l'air des marais , & que l'air recueilli avant ou après cet mftnnt eft , ou
' de l'air fixe ptefque pur, ou de l'air inflammable huileux aufli prefque
pur. Au rcfte , on foupçonne aifcment que ces produits aëriformes do
la diftillation , font fujets à d'autant plus de divcrhté, que les in.itîc^res
dont ils font tirés font, ou plus plilcgmaiicuics ou plus huileufes.
Certainement ce ncft pas non plus l'air atmofphérique qui entre
dans la compofition du gas des marais , puifqu'aucunc partie de ce gas
u'eft abfotbc par l'ait nltreux , àc cette preuve i'&ïA uiis réplique , à
194 OBSERF^TlONS SUR L^ PHYSIQUE^
moins qu'on ne veuille objedec ce que j'ai die moi-mcme en parlant des
diffeten es de l'air des m.irais fa(3:iceavec le naturel : que Ictroite union
de l'aie commun avec !*air inri.immable huileux , mer le premier à couvert
de la voracité du gas nitreuxi mais alors pourquoi y a-c-il une légère
prccipitition de l'eau de chaux par l'air des marais, & comment fe
dcgageroic-ildans les vailTcaux dtiUllacoircs après la nailTaiice di; l'air Ëxe«
un air fanblable à celui de l'atmofphère ?
Revenons à l'air principe de l'inHammabilité des corps.
Les huiles gralïts > les huiles efTentieltes , la ccrcbenrhine,la grailTe
humaine, & celle des animaux, produifent cgalemeiic & fort abon-
damment le gas inflammable huileux , mais il faut avoir anenrion de
ménager beaucoup le feu , lorfqu'on emploie les huiles eirentielles ,
parce que leur volatilité Les taie élever dans le cube , S< que l'on obcienc
d'autant moins de gas.
L'odeur du cas inflammable huileux a un caraâèrc qui lui elï particulier,
quoiqu'il s'y joigne peut-cire un peu aufli celle de laiubdance dont il a été
extrait. En général , cette odeur efl^ celle de la fuie, de l'huile brûlée, tenant
en outre quelque chofe d'aromatique. Cette odeur eft fi torte , que celle
du gas nitreux en eft détruite. En effet , (\ vous mctcz parties é^tes d'air
inflammable huileux & de eas nitreux, i". il n'y a pas d'.-ibforption. i". Si
vous allumez enfuite ce mélange, il btùle très-bien, d'une fljmme vive 5c
blanche & l'odenr du gas nitreux ne fe fait point feniir. Il y a iti une
petite obfecvation que je crois utile à faire: pourctre certain du fuccès
de la première partie de cette expérience » c'eft-i-dire que le gas nitreux
n'abandonncraaucune partiedc l'air inflammable huileux, iUaut introduire
le gas nitreux le premier dans la jauge & non l'air inflammable, car le
gas nitreux , en palTant à travers l'eau , y rencontre toujours quelque peu
d'air commun qui régénère autant d'eau forte, ce qui pourrotc erre pris
pour une abforption : mais fi on commence par faire pafler une melure
de eas nitreux dans la jauge , cette mefure ne defcendra pas jufqu'i U
diviiîon , & il faudra ajouter quelques bulles d air nitreux pour Tuppléer
 la quantité d'acide régénéré pat l'eau , ôc arriver à la ligne tracée lue la
;auge; enfin, il alors on introduit une mefure de gas inflammable huileux,
elle sarrctera précifément fur la marque de la féconde divition , ce qui
ne kilTera aucun doute que le gas ii^flammable huileux n'eft aucunement
abforbé pat le gas nitreux.
L'élearicité n'allume point le gas inflammable huileux lorfqu'il efl
Pur , mais qu;md il ell mélangé avec égale partie d'air dcphlogilUqtic ,
étincelle cleétrique ne manque jamais de l'enflammer , mais fans
détonnations, & je dois ici relever une erreur que j'ai faite au dernier
article de mon premier Mémoire fur le ^as iiiH-immable huileux, lorfque
j'ai dit que l'air déphlogiftiquc, mclc avec ce gas en quantités égales»
produifoit une ciès-tbrte exploiion : cet elTet n'a lieu , cotnme nou$ le
SUKrHTST. NATURELLE ET LES ARTS. ij$
verrons toutà-Vhetue, que lorfqu'il y a plus d'air iJcpblogîfliqué que de
gas inHnmmabIc huileux \ j'ctois alors plus occupa de ce qui concernoit
la naiiïance & la produâion de l'air que je vcnois de dccouvrîc, que des
diffîfrences manières donc il pouvoic être combiné avec d'autres gas ,
& j'aurai Taiu douce mis trop peu d'atceucioii à U juAelTe de mes
mefures.
L'air inflimmable des métaux a une plus grande facilité pour s'allumer
que l'air intbmmable huileux , mais ce dernier, li je puis employer cette
exprelllon , a une pcopriérc inHammable bien plus coniîaérable. J'ai
conftruit pourmefurer la détonuacion des airs inHammables &: de leurs
diffcrens mélanges» une cpruuvecte de compiraifon que je publierai aufTi-côt
que j'y aurai fait quelques changemens avantageux dont je la crois
lufcepcible. Cetie machine eft cependant déjà aflSz juftg peur qu il n'y
ait jamais plus de deux à trois degrés de diftérence entre chaque dcton-
nation d'une même efpèce d'air mélangé , encore cela eft-il plutôt dû
au plus ou moins de promptitude que l'on met d allumer, qu'à un défaut
de l'éprouvette : la manière dont cet inllruiuenc eft conftruit le tend
également propre i mefuiet la fulmination de toute fubftance inBamma*
ble & détonnante » telle que le gas des métaux mélangé dans différentes
proportions avec l'air atmofphérique & l'air dcphlogiffiqué » le ga«
inflammable huileux étendu également par l'aie dépnlogiftiqué, U poudre
d canon , l'or fulminant, la poudre fulminante, &c.
G'eft avec U fecours de cette éptouvette que j'ai conftmic la toblc
fui vante.
TABLE de Dctonaation des dciiiGis inflainnublcs pat leur
mélange avec l'aix dèphlogiftiquc dans différentes propor-
tions.
jrfiV infiammaèU des Métaux.
■i.Mefutes d'air des métaux.
1. Air dcphlogiftiqué.
Coup moyen fur cinc}*
13 degrés i.
I. Mcfure dair des mccaui.
Air inJlammabU Huiieux, t
I
a. Mefures d'air inflam. huileux*
I . D'air déphlogiftiqué.
Point de dctonnation.
L'air brûle, au conttaire , fore
lentement , & à peine apper-
çoit-on ia pcéfenccde l'ait d^
phlogiffiqué.
x.Mefure d'air influn. huileux.
ip6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Air irijlammable des Métaux;
I. D'air dcphlogifliqur.
Coup moyen fur cinq.
10 degrés \,
X. Mefure d'air des métaux.
1. D'air dcphlogifUquc:.
Coap moyen fur cinq.
I j degrés {.
I. Mefure d'air des mccaux.
j. D'air dépIilogilViqué.
Coup moyen fur cinq.
5 degrés.
I. Mefure d'air des mccaux.
4. D'air déphiogiftiqué.
Coup moyen fur cinq.
j degrés {.
I. Mefure d'air des mcraux.
5. D'air dcpitlogilliqué.
Coup moyen fur cinq.
1 degré j.
Air infiammahU JltiiUuxi
I. D'air déphiogiftiqué.
Poinc de déioanation.
Seulement le mélange brule avec
rapidicé.
1. Mefure d'air inflam. huileux.
2. D'air déphlogtlliqcc.
Coup moyen for cinq,
ji degrés i,
I. Mefure d'air îiiflam. huileux,
5. D'air déphiogiftiqué.
Coup moyen fur cinq.
59 degrés.
I. Mefure d'air inflam. huileux.
4. D'air déphiogiftiqué.
Coup moyen fur cinq.
46 degré;.
I. Mefure d'aii inflam. huileux.
1. D'air déphiogiftiqué.
Coup moyen fur cixiq.
j4 degrés.
Je n'ai pas prolonge davantigc cette table , parce que je crois qu'elle
oflre cour ce qui peut iiitérefTer jufqu'au point où le cas inflaiTim.ible
huileux fe trouve tellement furchargé d'air déphiogiftiqué , qu'il ne
puifTe plus fournir de dctonnacion. En e^et elle apprend ,
i". Que le mélange le plus .ivanLigeux de l'air inflammable des
mét.^ux avec l'air déphiogiftiqué , eft celui où t es deux airs font raclés ert
parties ^alcs; combattant à cet égard le fentiment t\GS Phylîciens qui
om penfc quela proportion la plus convenable pour une force dctonnation,
étoic de deux parties environ dair des métaux contre une feule d'air
déphiogiftiqué , 5c G ces habites Obfervateurs n'ont eu d'autre juge de
la force de l'explofion que le bruit qu'elle occafioime , il n'eft pas
ctonnoiic qu'ils fe foient trompés, d'autant qu'il n'y a de différence entre
ces deux proportions que d'à-pen-prcs un vmgdème , & que cette ditfé-
rencc 11e peut êcre appréciée par l'oreille.
x**. Que la plus forre détonnation de l'air inflammable huileux eft celle
où une feule mefure de ce gas eft mclée avec crois niefures d'air
déplilogiftiqué.
}**. hnfin,quc l'explofion de ce mélange, comparée à la plus forte que
l'flir inflammable de& métaux fournilleavec l'air déphiogiftiqué ,cll djoS
la proportion de 59 à 20 | » ce qui wccorde au(U parfaitemcnc qu'il eft
pollible
SUR rnrsT. naturelle et les ^rts. 197
pofTîble avec le tableau que nous avons donne dans le premier Mémoire)
des mèljnges de l'air acmofphcrique avec les deux airs infljmmableSj
puifque l'on y voit le eas inHaminable huileux l'emporter aufiî fur (on
concurrent » dans la mcme proportion de ^o à lo. Ces deux tableaux
fe fervent donc l'un A l'autre de preuve & de foutien.
il paroîtra confiant que l'air inflammable huileux eft beaucoup plus
pefant que l'air des métaux. Ci on prend deux vafes de mcme capacité Sc
d'ouverture femblable, quon les rempliffc chacun d'une forte de gas
inflammable, & qu'avec adreile on les pofe l'un fur l'autre de manière
que les airs puiflenc fe décanter mutuellement : alors fi c'eft le vafe qui
contient le gas inflammable des métaux que l'on a placés dcITous, quelques
înflans après on trouvera ces deux gas mélangés, tandis que fi on eut mis
i cette place l'air inflammable huileux, il n'y aurôit point eudemclange,
& chacun des deux airs auroit enfuite donne en brûlant les fignes conic-r
tériQiques qui lui font propres.
Quelques expériences nouvelles fur l'air inflammable huileux 8c ta
defcription de l'cprouvette de compaiaifon dont j'ai padé plus haut, fcxonc
l'objet d'un iroifième mémoire.
DISSERTATION
Sur la caufc Phyfique d'une efpècc d'attratftion que les Chy-
miftcs appellent -affinité ; lue h la Séance de la rentrée de
rAcadémic de Mctz^ le ii Novembre 1778;
Par Dom Nicolas Cakbois^ Principal du CoUige Royal de W«ç ,
dt la Société Royale des Arts 6* Sciences de la même Fille , Ajj'ociê i
r Académie de Châlons-fur-Marne ^ de la Sociàé Patriotique de Heûc-
Hambourg (1).
ll*N 1776, fai prononcé un difcours dans la féance publique de Ta
St- Louis, dans lequel je hafardai quelques conteâutes fur la caufe d«
cette difpofition qui porte cettaines fubftances a s'unir entre elles, &
que les ChymtUcs nomment ajfinué* Dm réflexions fur les produdions
(i) Voyet dans ce Journal , Tome XII , pag 141. Ao&t 1778. Lt. Mémoire fur U
Zlimem & les A^nitis, pat M. de la Ci'/frff.
Tome XIKi Paît* II, 1 77?.
OCTOBRE, Q^
198 OBSERFATIONS SUR LA PHYSTQVEy
de la Nature & de l'Art m'avoieiu conduit à ces conjectures \ je voyois
naître la violette fous la douce température du Printems , l'œuf cdore à
la faveur de rincubaclon , mille efpèces de corps prendre exiftence fur le
fourneau du Ciiymifte : donc , difois- je , Talion du feu ou la chaleur eft
le principe aftif de la nature jc'efl elle qui réunit les éténiens,qui par des
combinaifons infiniment variées compofe des molécules de toute erpccc ,
& qui enfuite rafïemblanc des molécules de même efpèce , en forme des
xnaues que nous appelions corps. Mon fyftcme n'étoit quebauché. Il fal-
loic des principes certains , aes applications ckîres , des couféquences
juftes , je vais les foumettre à vos lumières.
Pnmier Principe.
La chaleur eft une agitation en tout fens , un mouvemenr de vibration
dans les plus petites parties du corps. On voit cette ^^itation dans la
flamme , dans une goutte d'eau jettce fur un fer rouge ; j'ofe même dire
quou la fenc lorfque nos organes en font affeâés à un ceruin degré.
Sicond Principe.
Deux parties différentes en grandeur , en intenficé ou en figure , font
agitées différemment par un même degré de chaleur. J'en juge par la
raréfaction des corps , qui étant l'effet de la chaleur , rend fciifible la
manicre d'agir à un même degré de chaleur. L'efprit-de-vin fe raréfie
plus que 1 eau , l'eau plus que le mercure , & le mercure plus que l'or , ce
qui ne pourroit être , lî les parties de ces corps étoient affedces de la
même manière par un même degré de chaleur. On peut encore en juger
pofe
il en ronge l'alliage, il pénètre le creufet, il s'évapore. Quelle différence
d'aâion ! Peut-on dire qu'un même degré de chaleur agitoit les parties
d'or de la même manière qu'il agitoit celles de plomb? n'eft-il pas clair,
au contraire, que des molécules hétérogènes ont chacune leur degré de
foupleffe & de mobilité, & qu elles feprciencdiâcremmenc àl'aâionda
ièu.
Troifièmc Principe,
La différence qui fe trouve dans Tagitation des parties hcrcrogènes
n'eft pas la même pour tous les degrés de chaleur; j'en juge par la raréfac-
tion Aes corps , qui n'eft que le réfultar de l'agitation de leurs parties.
Le mercure , par exemple , depuis la glacë juKju'à l'eau bouillante , fe
raréfie par degrés égaux , tandis que l'eau fe raréfie par degrés inégaux.
SUR VHÎST. NATURELLE ET LES ARTS, 19^
Vn degré de chaleur au-detTus du terme de. l'eau bouillaïue , rédutc
cecte eau en vapeurs , la difperfe , lui donne de nouvelles propiiéccs Se
fait , pour ainfi dire , un fluide d'une nouvelle efpècc , tandis que le
mercure refte en maire & n'acquiert qu'un nouveau degré d'agitation.
Quatrième Principe*
Dans un mixte , hors le cas de fa compofition , le feu n*agite que Tes
parties intégrantes , c'eft-à-dire que dans un fel neutre , par exemple, le
feu n'agite pas féparément l'acide & l'alkali qui le compofent \ mais
feulement les molécules réfultantes de ces deux fels. La preuve eft que
l'acide & l'alkali , par leur union , ont perdu leur propriété aâive, & pac
conféquent leur mouvement propre. D'ailleurs , les parties acides &
alkalines étant hétérogènes, ne pourront recevoir, par l'aâion du feu,
que des mouvemens difFérens, & pac conféquent inconciliables avec leur
union. En effet , comment concevoit deux parties unies , dont l'une icoit à
droite & l'autre à gauche ?
Cinquième Principe,
Parmi les difFérens mouvemens qu'un même degré de chaleur donne
à des molécules hétérogènes, il y en a qui font réductibles à un mouve-
ment compofé , d'autres qui font irrcduâibles ; car nous venons de dire
que les mouvemens propres des acides & alkalis ont été convertis en
mouvement commun , Se nous voyons , dans une goutte d'eau Jetiée fur
un fer rouge , qu'une même chaleur imprime aux parties de fer & aux
parties d'eau des mouvemens fi oppofés , qu'elles fe repouffent avec une
force incroyable. Les mouvemens réduâibles à un mouvement compofé,
je les appellerai concordans ; ceux qui font irréduâibles à un mouvement
compote , je les appellerai difcordans. On conçoit que la différence entre
les mouvemens concordans 8c difcordans , ne peut venir que du plus ou
du moins de grandeur , de fouplefTe, de flexibilité ou d'élafticicé dans les
parties qui font foUicitées par le feu..
Sixième Principe.
Deux molécules , animées d'un mouvement conmiun,font par cette
feule raifon intimement unies entr'elles \ car il efl évident qu'elles ne
peuvent être féparées que par une force fupérieure , qui leur rende à
chacune leur mouvement particulier , ou" qui compofé ce mouvement
avec celai d'autres molécules.
OCTOBRE, Qqi
joo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Sejftième Principe,
Il n*y a point A\tffin'té fans ciialeiir; il faut mcme que l'une au moins
des deux fubftances mifcibles, foit réduite par la chaleur à l état defluiditc*
Ce prin ipe eft avoué de tous les Chymiftes.
Ceft d'après cqs priii. ipcs que j'entreprends d'expliquer le myflcre des
affinïtls çhymi^uts. Je commence par en faire l'application à la mixtion
des a-ides & des alkalis: ces deux efpè.es de fel, oppofées par leurs
propriétés , ont cependant wie tendance fingulière Pune vers l'autre. l*ouc
peu qu'elles fe touchent , elles contraftent une union fi intime, qu'elles
forment une troifième fubft.înie q l'on appelle fU neutre. Cette mét^mor-
phofe fuppofe de la chaleur. Ceft le feptième principe que nous venons
d'étAblir. Cette chaleur , avant l'union , agitoit différemment les parties
de l'aciJe & celles de l'alkili. Ceft mon fécond principe. Ces deux
proptÉ
1iroprié:és du tel neutre. Cette compofitionde mouvement unit intimement
acide :ve. r,lk,ili;c'eft mon fixienie principe. Oonc le feu, en tant qu'il
agite d'un mouvement commun l'atide & l'alkali, eft le principe mé-
clianique de leur union.
On fent bien l^uc cette application peut fe faire à tout autre mélange.
Donc , en général , ra(5tion du feu ou la chaleur eft la caufe phjrfique «$
affinitcs ou MtraHions Chymi^ues,
Mais , direz vous , l'aÂion ttu feu eft expanfive, elle écarte les parties
du corps; comment peut- elle leur faire conttaéier une union intime?
Elle décompofe le plomb, par exemple , comment peut-elle. le compofer?
ï a difficulté eft ficile à réfoudre; une moindre répulfion doit avoir
1 apparence & l'effet d'une attra^ion ; un corps poulfé de toutes parts ne
fe porte-t-il pas né. effairement là où il trouve moins de réfiftance?Or>
nous avons vu que la chaleur étoit une agitation différente dans les
différentes molécules qu'elle anime; que quelques-uns de fes mouvemens
croient concordim ou rèJucii>!i.% i un mouvement compofé , d'autres
difcordam ou imduciLbUs ^ que ^affinité n'avoir lieu que dans le premier
cas.
Nous avons encore dit que la différence d*agit3tion dans les molécules
n'étoit pas la même pour tous Ici degrés de chaleur ; il peut donc fe faire
qu'une chaleur modérée donne à certaines molécules, des mouvemens
concordai , & qu'une chaleur violente leur donne des mouvemens
difcordans ; voilà pourquoi un degré de chaleur peur compofer & unaurre
degré le décompofer. *
Ce que j'ai du jufqu'ici ne regarde que r<2^fffVpropreineat dite > celle
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. joi
qui produit l'union des pirties hctérogènes ou la compontion des mixtes.
11 7.1 une autre iijJin'Jé entre ics p.irties homogènes des corps i on l'.ippelle
a^ ici d^j^gré^afion fon effrt eft de former une malTe pnr l'affociation
de plufîeurs molécules femblables. Des mol^-jules d'eau s'approchent les
Uîits des autres i leur union fait un fleuve, un lac, une mer. Cette
aygré^a:ion^ cette efpèted'rf/fr'-' rc'jS'explÎLjut encore très-bien pnr l'opération
du feu. Des molécules femblables en rei,oivent des agitations femblables 5
quelle que foit la force répulfive de leur agitation , elle eft certainement
moindre que celle qui rcuilte de l'agitation de molécules diiîemblabies:
donc, une molécule, en vertu de fon agitation , fe portera plutôt vers une
molécule femblable que vêts une molécule dilTemblable. Faut -il une
autre raifon de leur aiiociation ? On pourroit objedVer que Vucgrhation
d-js parties intcgrintes des corps s'afFoiblit par la chaleur; l'eau , par
exemple, à un certain degré de froid , eft une maîTe folide : elle devient
fluide à un air tempéré ; elle s'évapote à un air chaud. Comment foutenïr
que cette mcmc chaleur , qui dillipe l'eau , la divife Se la difperfe, ett le
principe de la réunion de fes parties î
Pour lever cette difficultc , jobferve que le contaâ: eft: une des condi-
tions de ['aggréruiion ; 1 accord ou le commerce des mouvemens de la.
chaleur en eft le nœud. Mais cet accord ne lie que les parties qui fe touchent,
il ne peur y avoir de commerce. & p.ir confcquent de liaifon entre celles
qui ne fe touchent pas. Si deux molécules d'eau ne fe touchent qu'en un
point, leur liaifon eft la moindre pofTible; elle fera la plus grande,
fi elles viennent à fe toucher par tous les points de leur furface.
J'obferve encore que la chaleur a deux effets fur les parties intégrantes
des corps , elle les anime d'un mouvement de vibration , elle les raréfie ,
ou les écarte les unes des autres ; par le premier effet, elle les lie enfem-
ble,en établilTant entr'elles un commerce de mouvemens; par le fé-
cond eflPet, elle affoiblit la liaifon de ces parties , en les écartant de
manière qu'elles ne fe touchent plus que par un petit nombre de points :
voilà pourquoi la liaifon de ces parties diminue i mefure que la cha-
leur augmente.
Quant à l'évaporatîon, c*eft l'effet d'une diftribntion inégale de la
chaleur dans la malle d'eau; la furface fupérleure de l'eau eft toujours
plus chaude que les lames inférieures. Cette inég.ilitc de chaleur dé-
truit l'accord qui rcgnoit entre les molécules fupérieures,& les molécules
inférieures ; elle détruit par confcquent leur liaifoni d'ailleurs, il y a de
Vaffinitc entre l'air & l'eau \ l'eau & l'aie fe mêlant avec les molécules
d'eau qui font à la furface, les enlèvent d'autant plus aifément, que
leur grande dilatation les a ifolées des autres molé<.ules. En donnant
cet eftai fur les affinités & les formations des corps , je n'ai rien fup-
pofé dont on puifte comefter l'exiftence. L'adion du feu fut les plus
petites parties des corps , eft une vérité que la natute elle-même mec
5ot OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
en évidence. J'ai prouvé que cette aftïon , de divifée qu'elle écoit dans
les moiccules hétérogènes , fe changeoic , à la rencontre dé certaines de
ces molécules . en une ailion compofée, dont l'effet devoir être l'unioa
intime de ces molécules. C'eft l'explication de V'affinité de compofîtion,
J*ai prouvé aufiî que cette mcnie aâion étant femblable, établiffoic
entr'elles un accord de mouvement qui ne pouvoic avoir lieu entre
REMARQUES
Sur une ancienne Marnièrc du Gouvernement du Havre, & fur
les Squelettes Humains qu'on y a trouvés j
Par M. CAbbc Dicquemare, de plujîturs Sociétés & Académies
Royales des Sciences , Belles-Lettres 6» Arts y de France^ £fp<igrie ^
jilUmagne , «S'c
X^E Vendredi 5 Juin 1778, aufoir, des Ouvriers tirant du cail-
lou de la côte de Maucomble , maifon de campagne appartenante à M.
l'Abbé Aufray , fut la paroiire d'HcrainvilU , i onze mille cinq cens
loifes au nord-eft: ou environ du Havre , dans la Vallée qui conduit de
Gotjerville à Etretat, trouvèrent une ouverture horifontale & la dczA'
gèrent; elle conduit dans une anciennne marnière oij il y avoir au moins
cent fquelettes humains. Le bruit s^qtx répandit bientôt. Le Samedi ,
il y entra un grand nombre de payfans & autres : avant le Dimanche
au foir,il y en étoit entré plus de mille. Le Lundi , il s'y trouva plus
de quatre cens perfonnes. Je n'en fus averti au Havre que le Mardi ,
& j'y arrivai le Mercredi à huit heures du matin.
La forme de cette marnière eft elliptique ; le plus grand diamètre
s*étend de l'eft d l'oueft ; il a quarante pieds, & le plus petit trente ;
la hauteur moyenne efl de fept. Pour former la marnière on a rompu
un lit de caillou ou filex gris qui étoit entre deux lits de marne. Les
lits de caillou qui forment le pavé &c le ciel y comme difent les Ou-
vriers, font inclinés vers l'oueft d'environ trente à trente-cinq pouces.
Du delfus d'un lit de caillou au-dciîus de l'autre, il y a environ quatre
pieds , de chaque lie de caillou a feize pouces dépailLeuc moyenne. Le
SUR rrirsT naturelle et les arts. 505
rcfle eft: de mirne, &: le tour fuît dnns fon inclinaifon le terrein qui
cil nti-cieilus. Quoique je ne fois arrive que le Mardi au matin , &
que les perfonnes ciui y écoient entrées eullent enlevé beaucoup d'os,
il ctoic encore poflible de faifir les chofes les plus elfentielles , tant
par l'infpeAion , que par les témoins oculaires qui ne s'étoient pas
communiqués & n'avoientnul motif, nul intcrt't pour tromper. L'en-
crée de cette mirnière qui donne à- peu-près vis-à-vis l'un des foyers
de 1 ellipfe ( celui de l'eft) étoit plus longue qu'elle ne l'eft aujourd'hui,
farce qu'on a coupé une partie de la nailliînce de la côte avant de
appercevoir. Il y a huit pieds d'épaiircur depuis le délais de l'entrée
jufqu'à la furfice de la terre ; cette entrée a trois pieds fix pouces de
Jiaut & autant de large , eft caillée en voûte , & s'incline un peu en
avançant fous la côte. La marne qui avec des cailloux bouchoit l'en-
trée , étoit remplie de charbon partie pourri , partie aifé à reconnoître
par les fils du bois. On voyoit les os des fqueleites difperfés fur le
pavé autour des parois de la carrière, mais plus fréquemment du côté
de l'oueft , le plus éloigne de l'entrée; on en remarquoit auflî beau-
coup fur un morceau de caillou qui efl refté dans cette marnière , &
en occupe prefque toute la partie méridionale en s'élevant jufqu'à la
voûte. Dans cette partie du midi , on trouve un pilier qu'on avoît
laiiTé pour foutenir une chambre voifine qui n'a d'étendue qu'environ
le tiers de celle-ci: on en a dégagé l'entrée, cinq hommes s'y font in-
finucs en rampant fur le ventre une chandelle a la main , mais non
fans danger , & n'y ont tien apperçu de remarquable. Voyez pour tout
ceci le Plan . Planche I , fig. 1 ; la petite chambre n'y eft que poin-
tillée parce que fa forme ne m'eft pas bien connue.
Les os des fquclettes n'étant plus joints enfemble par leurs ligamens,
ont tombé de côté & d'autre, il y a peut-être dcji fort long-tems.
On les retrouvoit dans le mcme heu \ de forte qu'un Chirurgien en a
emporté ceux qui appartenoient à un enfant de huit ans, Chaaue tête
avoit encore fa mâchoire inférieure. Tous ces os font très-rriables ,
le moindre effort les calTe \ les trois fubftances s'y remarquent & font
parfaitement confetvées ; j'ai vu une vertèbre qui avoit été piquée de
vers, & une tête dont les dents étoient chargées de tartre : ils font en
général d'un quart ou d'un tiers plus légers que les os les plus Ççcs
qu'on conferve dans les Cabinets , & ont la couleur de la pierre de
Saint-Leu ; fur quoi il faut remarquer que dans la marnière , il paroît
que cette même couleur dont eft teinte la marne dans le bas , du
côté le plus incliné , eft due à l'eau qui s'eft élevée jufqu'à feize pou-
ces. Sous les os j'ai trouvé une efpèce de terreau ou marne pourrie , un
peu graflè au toucher , qui femble préienter un refte de fétidité. En
effet , lorfqu'on entra dans ce lieu ^ on fentit une odeur cadavéreufe
jointe à l'otieai: oïdiuaiie des macnières. Les Ouvriers brûlèrent de
jo^ OSSERrJTIONS SUR LA PHYSIQUE^
l'encens , & l'un d'eux s'étant étendu le ventre fur les cailloux pour
tâcher de s'afTurer s'il exifloic réellement une chambre voifine , com-
rui julqu'à une heure après midi , fans en être incommode, quoique
j'eufTe fouvent le vifage proche les cailloux & que j'aie bêché plufieurs
fois.
Quelques-uns de ces os , fur-cout ceux qui font fur le tas de cailloux,
font beaucoup plus pefans que les autres chargés d'un matière mar-
neufe, & d'une féléniteufe cryftallifée en lames fort minces & en peti-
tes maiTes , fans faveur , très-difficile à dilfoudre dans l'ean \ pluueurs
de ces derniers ont foufïerc quelque altération à leur furface \ on peut
les regarder comme des efpèces de pétrifications j comme les autres,
ils s'attachent fortement à la langue.
U eft difficile de dire au jufte le nombre des fquelettes , on le fait
monter , avec vraifemblance , jufqu'à cent cinquante & même plus*, les
Ouvriers en ont compté jufqu'à cent quatre, & n'ont pas cru y avoir
tout compris \ un Fermier du propriétaire en a compte le lendemain
de ia découverte quatre-vingt-dix \ le Fermier même de Maucomble
ne compta plus le Dimanche , c eft-â-dire le troifième jour , que qua-
rante-quatre tctes entières j il en reiloit environ vingt le Mardi à midi ,
& le 1 5 il n'y en avoir plus que deux ou ttois : ce détail pourroic
paroîrre fingulier ; mais on doit fe reflbuvenir que ces os font trcs-fria-
ples^ que peut-être deux mille perfonnes ont entré dans la marnière ,
emporté un tcès-gtand nombre d'os , caffé la plupart de ces têtes pouc
»yoir les dents , en ont brifé en les laiffant tomber & écrafé fous leurs
pieds. On ne peut douter par le nombre de fragmens qu'il n'y eût là
plus de fquelettes qu'on n'en a compté. Ni la vénération , ni la fuperfti-
tion n'ont eu aucune part à l'enlèvement de ces os ; c'efl feulement
pour les faire voir que les payfans & autres les ont emporrés.
Il fetoit très-intéreflanr pour l'Hiftoire du Pays , & même pour l'Hif-
toire Naturelle, de favoir par quel événement 6c dans quel tems ces
corps humains ont été dépofés dans cette marnière ', il ne m'a pas été
poluble de fattsfaire ma curiofiré â cet égard. Je fuis réduit à àts con-
peâion. Une marnière comme celle-ci femble éloigi
lépulchre , âc ne paroît point être un refte de la Léproferie du Valmiellé ,
réunie avec beaucoup d'autres à l'Hôpiral du Havre , à la fin du fîècle
dernier : il y a lieu de croire qu'on ne l'ignoreroir pas. Des Protellans
ou des Catholiques auroient pu être furpris & enfermés dans ce lieu ,
mais n'y crouveroit-on pas quelque {neublej ufteufilç , monnoie ,
bijoux ^
SUR VlilST. NATURELLE ET LES ARTS, jo^
bijoux , à moins qu'ils n'eulTenc éié dépouillas après lear morr. Un»
ancienne retraite de brigands ofFciroit à-jieu-près les mêmes chofes fie
de plus des armes. Ce lieu aucoic-il fetvi de Corpsrde-gardc dans les
guerres civiles avanc la fin du Gouvernement féodal ou des guerres
crmngères ? Il rcnfcrmeroit quelques fragmens d'armes défenlives ou
offenfîves. Seroienc-ce des Ouvriers enfermes par quelque accidenté ce
2u'on ne peut foupçonner pat le local ; on y trouvctoit des outtls>
csvâfesj &c d'ailleurs le nombre cil trop grand pour rcfpace. J'ai déjà
inninic que l'état où Te trouvent les os , f^it ptéiumcr qu'ils func fore
anciens \ je ne crois cependant pas qu'on doive remonter aux Caletcs,
quatrième peuple de la Ligue des onze Cités de la Gaule Celtique ,
tems où l'on ne portnit, â la vérité , en ces contrées aucun ou prelque
.aucun bijoux, 6c où l'on n'»voic que des h:\bics fort (Impies-, a la fé-
conde Lyonnoife , i la Neullrie,où les udenllles n'étoient peuc-icrs
fias fi nombreux qu'ils le font de nos jours. La Normandie a éré fouvent
e théâtre des guerres étrangères jufqu'en 1450. Les difpofitions eco-
graphiques font voir que les Campagnes voifines font propres à adeoit
des Camps, entr'aurres la Campagne de V'ongcnfemare où Ion fit en
16741a revue de douze mille nommes du Gouvernement Général du
Havre* Cette Campagne confine i EccainviUe. Ne pourroic-on pas pré-
fumer que U , ou dans la Vallée qui fépare ce beau plateau des antres ( 1 )
il y aura eu quelque adion , entre des gens du pays &c des croupes
ennemies; ces dernières fe feront fervi oe ce lieu» ou pour y jetcec
les mores ou pour y renfermer des prifonnîers dépouillés : ne pouvant
les porter ni les enlever , ils les auront ctoutfés en faifanc du feu à
rentrée. La prcfence du charbon , la couleur noire qu'on remarque à
la voûte de l'entrée , la pohtion des fquelettcs aux lieux les plus éloi-
gnés de cette entrée fembtent donner plus de force à cette dernière
conjcdure , appuyée d'ailleurs fur ce qu'on n'a pcefque rien trouvé,
je dis prefquc rien , car les Ouvriers en cherchant de plus en plus
trouvèrent le quinze dans la mainière, une clef de fer dont je joins
ici la figure 1 , fur le trait qu'en a formé un de mes Concitoyens , qui
Avoit trouvé le quatorze une autre partie de ctcf&: une boucle, auÛl
de fer , donc il m'a fait préfenc -y on a mcme rrouvé depuis une pof-
rion d'une paccIUc boucle. Ces objets ne font pas tout-à-faic indiffé-
f ens i la clef figure 1 , ^ le bout de clef figure 3 , ne relfcmblent pas aux
clefs antiques, aux clefs Romaines; mais plutôt à nos anciennes clefs
connues \ le trou de ces clefs n'efl pas foré , c'eft du fer étendu âc
(1) Voyez le détail île la f;ratKle Carie de Trance , par M. de CafTini, feuille vîng-
ième où Te trouve le Havre \ quelques mcorrcâioos a'cmpccbenc pas au'dtc œ
neme
,4onne ace connoilTiticc ia^fante du local.
Tome Xiy. Part, //. 1779.
OCTOBRE, Rc
}$ .OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE^
reployé \ quant ^ U boucle Bgure 4 ^ c'eft une boucle enchap^e 1
Vugc lie Sellier, qu'on enipluie encore ï U batce delioulTe-quin : on y
-voit une partie de l'ardillon. Ces uft en fi les 8c rous autres qui n'ont paf
A'air (ittre places expiés, n'indiauenc p.is exaftement le tems de l'évè-
'nemencî mais il elt à propos de tes faifu d^iis L'efpcrance de tcouvec
par la fuite quelque choie qui y ait apport. Des monumcns d'une autre
, erpèce Te prcTenient & portent ^ croire qu'il y auroir eu dans un tems
Kre&-ïeculc quelque grand, événement en cet endroit. Va Marnicceappar*
tient à la inaifun qui porte le nom de MauatmbU ; ce nom cd com-*
pofc de deux mots Mau , adjeâif vient de Malus mauvais, & prcccde
Touvent un fubftantif comme dans Mûuderc y en ufage fous Hugues-
[,Capet dans le neuvième lïècle , Mauduit , Mauconduit Se beaucoup
<l'aurrcs y comhU , TubAanti^ vient de cumulus , tas , monceau , fin , con-
cJufion : ntnfi A^aucomble , fera mauvaife fin , mauvais tas. Ajoutons
qu'il n'y a pas loin de comble à comhe^ ni pour la prononciation , ni pour
lortographe \ combe, xxioi ç-iilois, ngnitic une viUée » une groae. Sans
nous écarter beaucoup voifà donc, mauvaife vallcc , mauvaife grotte,
ce qui eft encore fbrtihc par le lieu contigu vers l'oucA: qui fe nomme
ia f^alUc de Misère. Je pourrois ajouter quelques conjeârures fur le
nom deValmicllé, lieu qui confine du côte de l'efl & qu*on croit
venir de mouei , valmoue^ , mai» cela me paioît un peu éloigHC. Ce»
noms nous rappellent un tems fort reculé. L'infpcdlion des os démon-
tre qu'il y a long-tems qu'ils font reoferracs dans cette marnicre pAt
la forte de pctritication qu'ils ont éprouvée i la boucle, les clefs (tvn-
blenr rapprocher l'cvcncmenr , dont cependant on n'a point de mé-
moire. Qu'il me foit permis d'inviter publiquement les Savans dont ta
Congrégation de Saint-Maur cft remplie ,& qui fe font occupés de
rHiitoire de Normandie , de jerter quelques lumières fur cet objet. Il
cil intéreiTant de favoir combien, dans des circonllances femblables \
celle-ci, il faut d'années pour opérer ces changemcns furies os humains^
C'eft ainlî que toutes les Sciences fe prêtent un mutuel fecouts 6c a'en
font pour ainli dire qu'une.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337
LETTRE
Adrejfée à un Chymïjlty par M, de la Foilte , conctr*
nant les réflexions de M. Salmon ,JUr!cs Etamages.
XVIoNsiEUR., lorfane M. l'Abbc Roûet reçoit quelques reflexions
critiques fur un Mémoire de fun Journal, il les tommunique à l'Auteur
du Mémoire avaiic de les faire itnprimcr. Cccce honnctccé de (1 pan m'a
j&ic connoîcre l'intécêcque vous prenez aux obfcrvations de M. Salmon ^
reUtivemenc à la lettre que vuus m'avez: cccite à ce fujeti Je me âaite
que vous voudrez bien prendre le même iaccrct à ma. rcponfe. Soyez juge^
Montieur , liccidez fi les tcproclics que l'on me fait (owi bien fond^.
J'ai dit que l'ctauiage ordumirc eft dangereux pour la fantc , parce qu'il
contient , au monis , une partie de ploinb fur deux, parties d'ccaiu , &
que l'étain lui-mcme contient des portions arfcnicxlcs.
D'abord , M. Salniun garde le fdence fur l'ufage dancereiix du plomb.
UnecoDteilcra pa^ , fans douce» des principes univerfeilemenc reconnus;
il fait bien que les acides végétaux corrodent le plomb ; ibrmene ce qu'on
appelle du blanc de plomb, doue une crcs-peuce quantité , raclée avec
les alimens » fuftit pour occafitmnec des coliques violentes. Mais j'aî
ajouté que lécain contient des portions arfenicaies : voilà ce qui déplaîc
à M. Salmon, voilà ce qui le lâche au point de me dire que je manquq
de modeftie » & qt^unt pareille imputaùon de ma part pcru une fitru atteuJt^
à l'ordre fôciiiL ■'
Ce n écoit pas mon projet , il s'en faut bien. Je o'ai pas ptccciidu ,
d'ailleurs , arrêter fcs fabrications de poteries ^& lorfqu'on n'ajoutera
point une grande qunniicé de plomb daas l'érain pour en &ire des pots,
je picfume qu'il n'y a pas de danger à s'en fervir., pourvu cependant qu'on
n'y laiHe pas fcjourncr trop long-tems des acides végétaux. A-lois lorfqu'il
fera queflion d'un ^ort alliée de plomb, lotfqu'u fera aueftion d'un
ctamagc compofc d'une paccie de plomb fut deux patries d'éuiu, je
dirai que le plomb ell dat^reux pour un pareil uf;Lge^ j'ajouterai que
le plomb étant plus fujet que l'étain à erre corrodé par les acides végétaux,
pourra faciliter alor& la dilTolution de t'cuiuavec lequel il eft: allié. Se
t,oncourir , peut-être , au dcveioppeinenc des parties arîenicales.
.. , Je u'ai donc poljuc, changé d'avis fut i'exiAenceide ces parties arfeiticsdes.
Ai-je tort? C'eft ce qu'on va voir. •
i-M'. .^.'*i'^(ipfi A9t^ wc qu'il a obfervc l'écain pendant douze aunces. Je'
J77Ï). OCT'OBRM. Rii
^
TJo8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
conviens qae cela e(l împoranc. Cepenilaiic, quel eft le rcfultat de Tes
grandes obfervatîons? Le voici : îl a rcHuir de fcrain en poudre , il l'»
mis au feu avec addition d'un huitième d'arfenic, & beaucoup de fuifj.
alors l'arfenic s*efl incorporé avec l'ccain fondai cec alliage a formé un
peut iingot rejjemhlfint à unt marcaffue ^2.vti:\e<^\.\ç\ M. Salmon eft parvena
A couUr une midailie ; & il conclut de cette expérience que l'arfenic n'a
point d'jffinifé avec l«ain.
Que dircï-vous , Monficur, de cette conclufion ? Nous penferions^
nous, que Triffinitc del'ctatn avec l'arfenic eft bienconfidcrable, puifcue-
l'étaiii s'y combine au point de fc minéialifei: avec lui & d'en pouvoir
couler une médaille. M. Salmon penfe le contraire. LaitTons-lui ion
opinion , m.iis gardons la notre. '
Lorfqiï'une mine d'étain n'eft pas bien grillée, c'eft-à-dire, lorfqu'elle
conrienc encore beaucoup d'arfenic, il fe forme, dit M. Salmon, une
matière pâceufe qui encralYc te fourneau ; cela e(l vrai. Mais fjuc - il en
conclure que dès le moment ou cetencratVcment n'a point lieu , ceft une
preuve certaine qu'il ne rede plus dans la mine la moindre poniofv
d'arfenic ?
Il paroîc donc ircs-probable qu il refte encore dans rérain , après le
grillage de \x mine, des portions d'aifdtiii; plus intinieincnt comoinée^
avec le: métal que ne le font les autres portions furabondniues, & Ion
peur préfumer , fans otFenfcr M. Salmon , que la nature a pu foire, k cet
égard, une combinaifon plus intime que la lienne.
Ajoutez aifbuellemenc , Monûeur , i cette probabilité , tes expériences
frappantes de M. Margraf. Ajuntez cmore ladécifion deM. Mjc^uir, fie
autres Savans. Comparez ces autorités aux liypotKcfcs de M. Salmon, Se
jugez s'il a eu raifon de me dire que j'intcrveriilîbis l'ordre focial , ôc que
ft inanquois de modetlic , parce que j'at regardé comme aHercion la dcci-
lïondes Auteurs rcfpc^ablc^.
PalToDS à une autre expérience que M. Salmon contefte. Il ne l'a point
répétée, mais fcs obfcrvacion-i de douze années fur l'ctaîn le mettent ,
ians doute , à ponce de décider fans le fecours de l'expérience.
Voici la noce de mon mémoire : »» Ce n'elt quaptt-s une expofïtion de
» trois jours fous te four des byancier5,quefe fuis parvenue priver l'étain
j»<ie Tes parties artênicales. L'érain en nature qui fe trouve alors fous la
19 couche d'étain virrihc eft très-doux, & a perdu ce qu'on appelle /< crr
m de l'étain. Alors j'ai remarqué dans cet ctain des veines de cuivre , 9c fe
*i n'en ai point été furpris» car prefque tourrétain qui elV dans le commerce
«contient du cuivre, & ce cuivre piivé des parties ar^nicale» repatoîc '
»> fous fa coulcuc naturelle «.
D'abord , M. Salmon pcceiid que l'ccain ne fe virrifle point fcul , &
qu'il ne peut fe vîtrilîer que par l'addition du plomb ou autre matière
viuefcible. Ce fcroit donc le cas d'examiner fi les parrics arfcnicales ont
{^
SUR VVIST. NATURELLE ET LES JltTS. joj
a concourir à la vitrification de l etain , mais il nie l'exiftence , & de
arfenic , & de la vitrification. Ce qui me fait grand plaifir, c'eft que je
ne ferai pas le feul qui profiterai des levons de M. Satmon. M. Macquec
a cru voir avant moi cette vitrification de l'ciain put. Voici comme il
s'exprime dans fon ancien Se nouveau DiAionnaire de Chjrmie i l'article
Etain.
«J'ai expoft de l'étain très -pur, toatfeul,i un feu prompt ,& auflî
» fort que celui de verrerie. Ce feu a «itc foutenu au même degré pendant
wdeiix iieuresj l'étain qui ctoit fous une moufle, dans un t&t découvert,
»$'efl trouvé après ceU couvert d'une efpèce de chaux de la plus grande
»» blancheur , qui paroilfoit avoir formé une forte de végétation. Il y avoic
» fous cette matière Uiie chaux rougeâtrc , un vetre tt.infpacenc de couleur
» d'hyacinthe , Se un culot d'étain non-alcéré. Cette expérience , réitérée
nplulieursfois, a toujours eu le mcme fucccs*'.
J'ai donc répété cette expérience dans un creufet expofé au plus grand
feu fous un four de fayancier, pendant foixante &. douze heures , & j'ai
obtenu la même vitrification \ mais les obfervatlons de douze années faites
par M.SalmoUjnous annoncent une méprifeconfidérabL*. 11 nous l'afliire,
il donne fa décifion; nous y croirons lorfque nous ferons bien petfuadcs
que la fpéculation elï au-dellus de l'expérience.
Voici un autre objet. J'ai apperçu des veines de cuivre dans mon culoc
d'ctain. M. Salmon die que ce font des nuances jaunes à la furface: il
n'a point vu ce morceau d'écain ; il décide comme s'il l'avoit vu. Quelle
pénétration ! Cependant je peififte à dire que ce font des veines de cuivre ,
& non des nuances jaunes ; d'ailleurs , que M. Salmon explique s'il ic
veut , les effetsyn caufHcum ou de Yacidum pingue , jene lui conteflerai point
le mérite de ces détails lumineux ; mais je lui alfurerai que ce même
CMÎn qui avoit perdu fon cri , ayant été fondu pluûeurs fois , ne l'a point
repris.
M. Salmon prétend enfin qu'il n'y a point de cuivre dans l'étain qui
fort des mines; il n'eïl p.is queflion dans ma note d'un ctain tel qu'il
fort des mines ^ il eft quefHon de l'étain tel qu'il nous vient en grande
partie d'Angleterre , & en un mot , de la majeure partie de t'éram qui
txij7t dans U commcrci. Ce font mes expre^ons qu'il ne faut pas changer.
Autrement, ce fcroit créer un fantôme pour avoir le plaifir de le
combattre.
C'eft fur - tout pr une eau régale très - aifoibiie que j'ai foovent
découvert ic cuivre contenu dans de l'étain de différens pays. J'ai répété
bien des fois ^cette dilTolution lorfque }e cherchois à faire des couleurs
écariates qui ne lofent point à l'air ( j).
(i) Je trouvai ce maj'cn pu une adiiiûon d'un peu de gaudc daos le piciaici bouillon
au lica de tcrra-mcriu.
,10 OBSERVATIONS SVR LA PHYSIQUE,
o , Je voyois donc fouvenc une poudre noire fe précipiter. Je HlrroUU
difTùlucion ; & la poudcc noire, ou boue noiie qui leduit dans le âhre»
ccoit du cuivre.
Il .&i je lailïois pendant quelques jours cette poudre noice dans la com-
pofition d'ccarlare , elle le remectoic en diïloiutïon avec l'étaîn ^ & je n'ai
polnc remarque que Iccarlaie qui en rcfultoir en fût moins belle, il e(l
vrai que-U quanticé de cuivre n ccoit p.t3 con^détable. Je bifois aulH ces
■écarUtes dans des chaudières de cuivre. Les couleurs écoienr brillantes.
Cependant M. Salmon nous aiTure que les chaudières pour la teinture
écaf lace doivent ctre d ctain , te d ctain pur ^ fl cet étaîn , dit- il , comenoie
une partie de métal ejtukonque j & pari'i<tttiiremeiet du cuivre , &Jîia chaudière
iloit de cuivre , la couleur perdrait beaucoup dcjon celai y ou ihangeroit même
totalement.
Si M. Salmon ne vouloit pas faire des expériences avant de donner dei
.ilfettions aullî fortes, il filloit au moins qu'il Ce tranfportât dans des
arteliecs de ceinture, & fur cent teinturiers im\ font cette couleur, il
n'en auroit pas trouve trois qui aient des chaudières d'éuin. U lesaucoic
TU cravaiUer & fiire de belle teinture ccarlate dans des duudicres de
cuivre. Enrtn,s'iln*avoicpaseule tenis de parcourir les atteliers,il auroic
■m lire l'Arr de U teinture en laine de M. Hcllot : il y auroit trouvé
l'expcrieuce dé comparaifou faite dans une chaudière de cuivre & dans
une chaudière d'éiain , & il n'aurtiic point vu qu'on eijt retiré de U
chaudière de cuivre une couleur qui eût perdu beaucoup dejha éclat , ou
changé totalement.
On fait que de toutes les dilToIutions de métaux ou demi - métaux
mifes dans un bain de cochenille , it n'y a que celle de l'ctain qui puilVc
former la couleur ccarlace. J'oferois airribuer en crande partie ce rcfultac
à U prcfence des parties ntfenicales contenues dans l'ccain. Ileft certain
qu'une foible quantité de cuivre mclée dans ta dirïolution d'étain u'empc'
cne point la réullîte de cerre couleur; mais cette mcme quantité de cuivre
n'étant pas dilfoute avec Iccain , m'a donné des gris vineux ou des rouges
bruns \ Se lorfque je mectois de nouveaux morceaux d'étoffe dans les
vieux baios,ils fe coloroient en verd. II eft donc fenfible que l'alkali
volatil de U cochenille» concoure au développement de la couleur verte
du cuivre. Niais (cûmnie l'aobfervéM. Gi</ff ^Valkali volatil ne développe
point la couleur du cuivre lorfque l'atfenic s'y trouve combiné. Je prcfume
donc que ta pré(cnce des parties arfenicales contenues dans l'ctain, cmpc*
chequ'une petite quanticc de cuivre allié àPétain. gâte la couleur écarbco*
Enlin , j'ai réudâ à faire de l'écarlAce en me fcrvjmc d'arfènic au lieu de
dilTolurion d'écain. D'après cette eJipétiejice , je penfe que mon opinion 9
quelque t^ondemenr.
Prcfcntement j'ignoreU' les ErirfepréneùrJs des mines trouvent de
l'avantage i oiectre du cuivre dans l'ctaio , 5c lî le cuivre leur levîeoc %
SUR VMÏSr. S'ÀTUnEllE ET IK^ ARTS. jii
•meilleur marché que IV-çaîn rrès-fin , tel qu'il foir ; pur exemple , de la
|)remièrc fonte des mines de Cornouaille. Je fais qu'il exille de I ct.iin
fans mcbnge de cuivre i mMs il y en a peu, en comparaifon de la grande
quantité , allié avec ce métal qui circule d,\ns le commerce. En voici,
|>euc-«re Jaraifon Les l'odets d'étain qui en font U majeure confomma-
' ion, ne le ccouvent-ils pas meilïenr pour leurs travaux? Non-feulemenc
cet ctain allié avec le cuivte eft plus dur , mais il a'encratTe pas i la fonte
A>mme l'écain pur.
Au rctte , M. Salmon connolt mieux que moi les principes de fon Art ;
il fait que s'il avoir un étain très-pur, il y ajouteruit au moins quatre
IJivres de cuivre par quintal , avec environ livre & demie de bifmut , pour
Sn fiiire de l'itain plant.
S'il s'agilToit de faire U métal de potier, il mettroit environ fix livres
|de cuivre rouée par quintal d etain, avec huit livres de régule d'antimoine ,
1& livre &c (Êmiô de bifmut. Enfin , s'il s'agilToit de former de Céiain
Commun , il mettroit , fur un quintal d'écaiii , environ fiX livres de cuivre
jaune Se quinze livres de plomb \ [ c'efl avec cet étain que l'on fabrique
rtouccs les vailfellcs communes \
Je pourrois me permettre ici quelques réflexions. Je pourrois mettre
!en queUion Ci tous ces alliages font bien falubres,mais je craindrois de
[mériter de nouveaux reprothes de la part de M. Sa.lmon. U me caxeroit
[encore d^intervertir l'ordre focial. Ne nous occupons que des phénomcncs
[^u'il a obfervcs.
(/fte chofi , dit M. Salmon , qiCon n*a peut-être point encore remarquée ,
tejl tfue U matière phhgijît^tie furabondante donne de l' aigreur ait métal ^
1 fe* hrfqa*on en a ahj'olument dépouillé U métal ^ U efi alors dans fort plus haut
* degré d'txtenjihilité , de ducîilité , de ligèrtu,
M. Salmon a raifon de dire que voilà une chofe qu'on n'a point encore
tiemarquée. En effet, elle eft très-neuve, car elle eft contraire d l'cxpc-
^lience & à tous les principes chymiques. Il faut donc que les ouvriers qui
travaillent i, la foudure prennent bien garde aujourd'hui d'employer
itrup de ré/îne, car l'abondance du phlogiflique ôceroit à leur foudure
i'extenfibilitc & la du<flilité.
, Je rendrai compte par abonda/te , dit M. Salmon , d'une expérience que}
t/'ai/aite, & aux réfultais de laquelle on ne s'attend probahUmeKi pa? ^ c'ç/î^
la révivification de la chaux d'étatn obtenue par la \oh humide.
En quoi confiftent ces rcfultars auxquels on ne s'attend pas ? Les voicf.
ÏA, Salmon a diffout de rétain dans l'eau régale. U a fait cnfuirc évaporer
cette eau r^ale où il y avoir du fel ammoniac , (Se il nous obferve avoir
iênti une forte odeur de fel ammoniac). Entîn, il a augmenté Icfeii,
«n ajoutant du flux rcdudlif , & l'ctain s'cll réj;énérc. Voilà ce que
M, Salmon appelle une réduction par U voie humide, un ccfuUat auquel
on ne s'attend pas.
jlt OÈSE,B.K4TlONS SUR LJ PHYSIQUE^
Que penfez - vous , Monfieut , de cette expérience ? Eres - vous bien
^connc ? Mais ce aui furprend encore M. Salmon , c'efl que l'étnin n'a
poiuc reEciiu d'aciae nitceux & de Tel ammoniac. Il e» conclur que les
portions oifeiiicales adhcremes aux molécules de Ictain, ont du auHIÎ
s'évaporer avant que l'ccain eiure en Kilîon, parce qu'il décide toujours
que l'arfenic a une ina^nhé avec ce métal , & qu'un foible degré de feu
cil fuflifanc pour enlever à l'éuin tout l'arfenic qu'il peut contenir.
Je ne crois pas, Monfieur, qu'un Chymifte éclairé, comme vouslctes,
trouve CCS conféquences bien évidentes.
Occupons-nous à préfent des obfervations fur le métal de M. Doucee,
M. Salmon alfurc qu'ayant dillout ce mccal dans l'acide ni[reux , une
goutte de certe dilfolution pofce fur une lame de fer , ne lui a point fait
appercevoir une couche cmvrcufc & brillante , comme je l'ai apperçue»
mais une couche de couleur iaunârre; en voici la raifon : c'eft qu'il n*a
point allez affoibli avec de l'eau là dilfolution , & le fer s'cft trouvé trop
pcomptement attaque. Je n'ai pas été le feul i examiner cette expérience ,
?ui cîl bien fimple , & je m'ctois alfurc par la même épreuve que l'eau
orte dont je mctois iervi ne contenoir point de cuivre.
Au furplus, aurai-je recours à des autorités po\ir combattre la nc^tive
de M. Salmon? Il avoue, lui-même, queyF;ïdrAa/ùr<//« mitai de M. Doucu
conunoït du cuivre jce pourrait être par l'ètatn ^uon a employé à fa compojîtion.
Or, comme je n*ai pas prétendu qu'il y avoir beaucoup de cuivre dans
l'alliage de M. Doucct, nous voilà d'accord. Examinons une autre affercioa
de M. Salmon , qui me paroît plus frappante & plus polltive.
Je n ai point dècompofi ^ dit- il , le métal des nouvellts caJJerolUs d$
M. Dtfuctt ; une pratiijue confiante & du ohfervations Journalières m'ont
donné ajftr de connoiff'ance fur t alliage des métaux^pourdi/^ingutràla couleur
& au grain U mitai qui fait la baje d*une compofition , & par l'ajflniti uîui
^ui y ejl aliii.
Je ne trouve pas mauvais que M. Salmon fàlTe Ini-mîme fon apolc^e,
& nous annonce la fupérioritc de fes connoilfances. En effet , il y a peu
de Chymiftes en état de connoître un alliage en le voyant. On éprouve
même des difficultés en faifanr une dccomponrion lorfque tes demi-méaux
font partie d'un alliage. Mais M. Salmon , par fes obfervations journalières,
& une pratique conft.uite n'a befoinqueducoup-d'œil pour juger. Quelle
facilite ! Ce coup-d'oril eftil couiours mfailliblc ? C'el ce que nous allons
vpir.
M. Salmon altucc qu'il n*y » point de zinc dans le méul de
M. Doucct.
D'abord, Meilleurs les Commiffaires de l'Académie ont trouvé du
linc dans cet alliage. M. Dpucei, Auteur de ce métal, eft convenu
Lui-mcme qu'il y eu avoic* J'ai ans dans ]es chaibom aidcns un morceau
de
SVR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS, jij
de ce métal. Je !'ai vu produire la Ramme brillance du zinc, &c la laine
pliilorophique. Jugez, Moiilîeur , fi nous devons avoir plus de confiance
en la feule ïnfpeiiîion de M, Salmon. 11 nous aflure encore que le zinc
n'a point d'aftinité avec ce métal, 5c il eft convenu qu'il y a de l'étain
dans ce mctal. Je vais donc lui objecter que j'ai fondu du ïinc avec
de l'écain en diverfes proportions, qu'il s'y eft très-bien allié, que
l'alliage qui en eft réfulté en le mettant environ à égale dofe eft plu»
dur que l'étain _, & cependant très - malléable \ qu'il s*étend donc
ibus le marteau & fe plane fort-bien , que j'ai elTàyé d'en faire couler
des vafes chez un Potier , & que j'ai trouvé quelques obftacles à la
rcufllte.
Je defirerois donc que M. Salmon , expert dans fon Art, puiiïeréufïîc
ïl couler des vafes de cet alliage. Quoique le zinc coûte douze fols
la livre ( i ) , il feroic à fouhaiter que cette matière remplaçât les fix
livres de cuivre & les 1 5 liv. de plomb qu'on ajoute au quintal d'érain
pour en faire la vaiflelle commune. Je prcfcrerois auflî ce demi-métal
au régule d'antimoine & au bifmut que les Potiers emploient pour
faire leur mcutl (1 .
LTailleurs je n'ai nullement prétendu profcrire le fer-blanc , comme
le fuppofe M. Salmon , parce que c'eft du fer couvert d'étain. En effer ,
fi j'avois trouvé une diîncultc invincible à ^inquzr pour mon ufage ,
les bonnes caiTerolles de fer de U Fabrique de M. de Lêtre , de Paris,
je les aurois étamées en plein bain comme le fer-blanc avec l'écain
le plus pur qu'il m'eût été poflible de trouver, ou avec égales parties de
zinc & d'ctain , ou bien je me ferois déterminé à fiire rougir mes caffè-
rolles pour les tremper dans de l'huile d'olive, ce qui les affaîte fut-
le-champ,& les empêche de communiquer aux fauiies un goût défa-
gréable. En roue cas, il eft certain que je ne les aurois jamais fait cour
vrir d*un ctamage ordinaire où il entre plus d'un tiers de plomb.
C'eft un ufage, dira-t-on , qui eft établi depuis long-tems, eft-ce
one raifon pour ne pas le blâmer? Si les portions de plomb que l'on
mange dans les fauftes ne font pas affez abondances pour occafionnec
(1) M. Salmon prétend que M. Doucct ne trouveroit pas fon compte à employer
k zinc dans fa composition, parce qu'il ne la vend que xi fols la livre.
(i) Autrefois le vitriol de zinc ou gîUa vîtriolî , étoic un vomitif en ufage. Les
malades en prcnoient jufqu'à 71 grains , £c lorfque le Pharmacien avoir eu foin de
faire lui mcmç ce viciiol , où il n'y avoit aucun alliage , il eo réfultoit de bons effets.
Souvcnc. apiés le vomilTement, l'cftomac prcnoit plus de re(Toxt qu'il n'en avoit au-
paravant. Mais fans nous amufet à difcuter fur les effets de ce remède , je demande
quel eft le Tel métallique , excepté celui du Fer , dont on pouiroit prendre impuné-
ment ^ne aulfi forte dofe ?
TomtXm Pan. IL 1779. 0 CTO B RE. S f
314 OnSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE,
lies maladies violences & carAdtcrifcos , qui m'alTurera que des mal-
aifes , des maux d'eftomac , des affections de nerfs ne proviennent pns
quetqaerois de l.i pK'par.iiion de nos .ilimens dans des vafes où l'acide
des giaidcs bouiilanies, le vinaigre &c le fel ditlblvenc des pntcies de
plomb.
Je voudrois aufli que l'on diminuât les dofes de plomb j pour les
poteries deftinées à mettre les boiiTbns fpiricueufes.
J'ai lailTé féjoarnec une demi-once de vin dans une chopine d'étain
commun. Le vin devenu acide a forme en peu de tems une dilToIutlon
donc j'ai obtenu crois grains de blanc de plomb.
Ces évcnemens font ttcs-ftcquens dans les Cabarets. Le valet qui
dlflribue le vin ne fe donne pas la peine de laver le vafe dVtain lorf-
qu'il n'y a eu précédemment que du vin. Il fert cette boifîon , & le
malheureux Ouvrier, qui fe dclaiTe de Ces travaux, en buvant fa pince
de vin, avale ainfi ^ longs traies un germe de maladies.
Ce feroic à la vérité porter le fcrupule i l'extrême fi je prétendois
ne pas me fervic de fer olanc , parce que l'ctaiil contient des portions
arfénicales qui font d'ailleurs difficiles à excrairc de ce métal j ue pas
me fetvir d'argent , parce que l'argent contient un alliage de cuivre ,
& ne plus boire de l'eau qui a palTc dans des canaux de plomb (i }. Non,
je ne préfenteraî pas ici des alTercions qui pour ctre trop minutieu-
«s deviendroient ridicules. Mais comme , aans les Cuihnes & dans
les Bouticjues , on ne veille pas toujours exaftement i la propreté des
uHcnfîles , je ferois charme qu'après en avoir profcrit le cuivre fuivanc
les fages Règlemens du Gouvernement , on diminuât auflï les dangers
âe$ autres métaux, en diminuant les dofes des alliages pernicieux
qu'on y ajoute. Tel eft , je crois , le vau de rous les bons patriotes.
M. Salmon ne peur pas me blâmer d'avoir répondu avec exaditude
aux reproches qu'il m'a faits. Qu'il foit bien perruadé qufr je n'en ai
pas moins d'ellime pout Tes travaux, Sc Tes bonnes intentions.
Je defîre, Monfieur, que mes rcponfcs Se ma judiûcation méritent
à leur tour votre fuffr.-ige.
J'ai l'honneur d'ctce, &c.
(i) J'en excepte les «ax qui en réjournant dans les vafcs de plomb les atuqaeat
9i les cottodcnt. Voyez le Mémoire de M. le Comte de Miliy, Journal de PbytiqtK,
TéTnei 177?.
SUR l'TrrST, NATURELLE ET LES ARTS, 315
LETTRE
De M. Thomas West ^ à M. Lase fur un Rocher
Volcanique , prcs d'invernejf, en Ecojfe.
! V o o s flvez paru defirer un deuil circonftancié du rocher volcanique
i a produit la lave donc je vous aï lalifc un morceau à mon retour
J'Ecode , je vous l'envoie, lisant avouer que cette dccouvene doit
intéreifer aucanc que caufer de l'admiration , puirqu'elle prouve faus
! aucun douce l'exiltence d'un ancien volcan dans cette conrrée.
Le rocher donc j'ai détache le morceau de lave , que j'ai eu leplaifir
''de vous offrir, eft a un mille & demi A'InverncJj'; les habicans le
nomment Crcck faurick ou rocher <le pierre. On laboure le terrein
qui couvre (a bafe ; h partie fupérieure eft extrêmenienc efcarpée ,
raboreufe & de difficile accès. Elle m'a paru avoir tous les indices qui
annoncent un ancien volcan. La plus cr-mde partie^du rocher femble
avoir été calcinée Se mcme fondue. Rien ne le prouve mieux que les
morceaux que vous avez fous les yeux , & que j aï camaHcs moi-mcme.
Jai décaché les uns du rocher même i coups de pioche \ cela n'a pas
.«é fans grande peine , car ce foc eft très-dur ; j'ai trouvé les autres
dans un trou de quatre pieds de profondeur que j'avois Kiit fut le hauc
du rocher. La terre que j'en ai retirée croit légère & noirâtre : cxpofée
<{uelque-cems i l'air, elle a pris une couleur cendrée- grisâtre.
Suc le fommec du rocher , d'où l'on a une vue focc étendue & rrè$-
agrcnble , eft une petite plaine de quatre-vingt-dix pas de long, fur
\xy de large , environnée de rochers de (îx i 8 pieds de haut , com-
'me d'un parâper extrêmement efcarpé. L'accès pat-dehors eft très-
difficile; mais le milieu depuis le parapet jufqu'au centre eft couvert
d'un gazon ttès-fin. Je penfois d*abord que c'étoit-Ii le cratère i Tniii-
formité de ce plateau me fit changer d'opinion. En vain cherchai-je
.ibigneufement les traces fur tous les côtés du rocher , je n'tn trouvai
pas la moindre apparence. Au lieu d'un feul cratère, le volcan aura
fieut-ctre fait fes éruptions par plufieurs petites ouvertures placées vers
e haut du rocher. On y trouve auffi une petite fource éloignée de 50
verges du fommet , mais clic ctoit à (çc qur.nd je l'ai vue, c'cU-à-dire
vecs la fin de Juillet. Telle eft la dcfcription de ce fameux rocher t
3ue perfonne n"av».»ic exin-.,n:' auparavant , excepte un Gentilhomme
'InvirntJJ^ & dont il n'çaUlou pom: de détail. Il n'en eft fait aucune
i77ij. OCTOBRE, Sf 1
^yg. OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE,
mention dans IHiftoire, qiioiau'il foit probable qu'il a influé en plus
on .en -moins fur le pays qui t'environne. Un Gentilhomme des envi-
rons de Dir.wjl , qui demeure à lo mille À'Invcmcff'^ m'.i allure que
près de fa maifon on crouvoic un monceau de pierres femblables 1
celles du rocher de Creck faurick , que l'on appclloîr Fortification vi'ri-
fiécy mais que petfonne jufqua prcfent n'en avoir donne ni le détail >
ny l'explication.
La Sotictc Royale de Londres ayant examiné les échantillons en-
voyés par l'Antcur de cette lettre , & les ayanr compares avec les pro-
dudions volcaniques les a reconnus pour de vraies laves , & elle croit
que fi tout le rocher en eft compoïc en partie , c'eft un indice certain
qu'il a été autrefois un volcan.
P. S. Enfin voilà des traces de volcan en Angleterre. Il nVft prcl-
que point de latitude où l'on n'en trouve. Si cette obfervation favotifc
le fynème de ceux qui prétendent que tout a été volcan , ou produit
de volcan , elle ell bien oppofce au fyllcmc de ceux qui croient que
les volcans ne peuvent exiger que dans les hautes montagnes > les mon-
tagnes primitives.
DESCRIPTION
De la Méthode du Docteur Ir^ing , pour deJfaUr l'Eau
de. la Mer par Dijlillation»
4- A Marine Royale de Londres a adopté , en 1771 , la méthode du
Doifteut Irviiij; , pour delfalet l'eau de la mer par diftillation : le
Capitaine Phippi , dans fon voyage au Pôle Boréal , s'en eft fervi, Qc
comme cette découverte, qui eft de la plus grande importance pour tous
les Navigateurs, n'a pas été jufqu'à préfenc univerfelfemcnt connue, on
va rapporter ici une defcripcion complette de fcs principes, de foa
appareil &c de fes avantages, telle qu'elle a été donnée par le Docteur
living, lui-même.
11 Avant de décrire cette nouvelle méthode de delTaler l'eau de la mer
»par diftillation , il ne fera pas inutile de rapporter en abrégé des expc-
»riences qu'on avoir faites avant moi fur cette matière , & d'indiquer en
>»mème-tems plusieurs inconvéniens de ces anciens procédés, & lescaufes
«générales qui ont.empcchc qu'elles n'atteignîlTent le fuccès qu'en aiten-
udoienc les Marins «.
»> Sans remonter aux pscmicres expériences , il fuftira de jettei un
SUR vnrsr. Naturelle et les aats, 317
n coup-d'œil fur celles qui ont été faites arec le plus H'actencion tlepuis
Il 40 ans *'.
Gn trouve d'abord le procédé de M. Appicby, public pnr ordre des
Lords de l'Amirauté dans U gazette du ix juin 1734; d'après ce qu'on
y lit , il wroîc que M, AppUby mcloic , avec l'eau de la mer qu'on
vouloit dilbller, une quantité coufidémble de pierres i cautère & d'os
calcines : l'eau qu'on en ticoit étoit excrcmement dcfagrcable ; il étoic
d'ailleurs fort difficile, pour ne pas dire impoffible, de mettre en pratique
cette mctliode , ce qui la fit abandonner.
Le Oofteur Buthr publia en outre un autre procédé pour rendre potable
l'eau de la mer. Il propofa de fe fervir de la lemve des Savonniers, au lieu
de pierre à cautère & d'os calcines^ mais quoiqu'il eûr un peu varié les
ingrcdiens , il n'obtint pas une eau meilleure , & en outre, la méthode
ctoir fujerte aux mcmes inconvcniens que celle d'Appleby. LeDoifteuc
Haies employa de la craie réduite en poudre ,& iliniroduifit la ventilation
en infpiranc , au moyen d'un double foufilet , un courant d'air dans l'eau
qu'on dirtilloit. On trouva que la quantité d'eau dou:e que donuoitainlt
1 appareil dans un tems déterminé, étoic un peu plus grande que celle
qu'on en tiroit en fuivant le procédé de M. Appleby. Certe invention étoic
cependant fujette à beaucoup d'inconvéniens. Le foufflet & la craie qui
étoit au fond de l'alambic , arrctoit l'aétion du feu fur l'eau , en même<tems
que la ventilation diminuoit h chaleur bouillante de cette eau j de forte
que pour produire le même effet, il falloit plus du double de matières
conibudibles qu'on n'en confonimoli auparavant \ d'ailleurs, cette méthode
ne changeoit rien au mauvais goût de l'eau.
Le iavant Doéleut Lmi , de Porfmouth , fut le premier qui fit de
nouvelles expériences aptes celle-ci. 11 diftilla l'eau de la mer fans y faire
entrer aucun ingrédient ; mais comme il lit fes expériences dans un vafe
qui ne contenoit que deux quartes , & qui avoir un récipient de verre , la
marine ne put tirer aucun fruit de fon travail. D'ailleurs , les Chymiftcs
avoient déjà fait de pareilles expériences dans leur laboratoire plus d'un
iïccle auparavant.
En iTÊf , M. Hoffman inventa un alambic d'une nouvelle con{lru<5Vion,
& un ingrédient fecret ^ mais cette machine ayant 7 pieds 5 pouces de
long fut 5 jjteds 8 pouces de large, & 6 pieds 7 pouces de hauteur , avec
fon appareil, occupoit un gtand t'fpace,cc qui la rendoit extraordinaire*
ment incommode ; & coir-nie elle ctoit d'une forme peu profonde , il
étoit impollibledes'en fervït lorfque le vaifleaucprouvoit quelques roulis
confidérables. L'eau qu'on en-tiroit avoir également toutes les mauvaifes
qualités que nous avons reprochées à celle des méthodes précédentes.
Vers lemème-tems.on rit des expériences avec un alambic ordinaire
& un ingrédicnr de M. Do^r. ("ene méthode n'eut aucun avantage fur
celles qu'on avoit employées jufqu'alois j 1 eau cUfliUée ctoit fort dé^gréa-
;iS OBSERFÀTIONS SUR LA PHYSIQUE,
ble, & la. grofTcur éuocme de l'appaceil qui occupoit un efpice de treize
pieds fepc pouces de long fur lïx pieds un pouce de tacgcur, & iîx pieds
cinq pouces de hauteur » la rendoic impraticable fur les vailTcaux. On
fit bientôt après un elfai avec le même alambic fans aucun ingtédient;
mais on n'en cira jamais qu'une eau de fort mauvais goût.
M> Poi^onnitr y Médecin de Paris , inttoduiiit auliî > il y a quelques
années , dans la nuiiiie de Erance , un alambic de 5 pieds dx pouces de
lon^ , de deux pieds de large, & dix-huit ponces de profondeur. Un©
partie de la clicmincc de la cui£ue du vailTeau palTûic à traveis la partie
Tupciieure de l'alambic, à-peu-prcs comme dans celui de M. Omnan :
ces McHieiirs ont cru par-là épargner du bois ou du chatbon. L'oiiâce
de l'alambic de M. PotHonniera 1 5 pouces de large > & on place delfus
une plaque d'ctain , criblée (comme 1 eft une païî'oire} par 57 trous de dx.
lignes cle diamètre chacun; on adanre i ces trous des tuyaux d'ciain,
dont l'orifice a le même diamètre, lerqnels ont 7 pouces de long, &
qui aboutifTent dans le chapiteau de l'alambic. On a inventé ces
tuyaux 6c ces trous , afin que l'eau , qui e(t dans l'alambic , ne palTe
pas dans le ferpcntin , lorfque le vairieau éprouve un roulis c on fid érable.
M. Potjfonnitr emploie d'ailleurs un chapiteau j un ferpentin & fa
cuve , avec leur appareil ordinaire , & il mcte fix onces d'alkali FcAîle,
avec l'eau de la mer i chaque diflillacion, afin d'empêcher l'acide du Tel
de magnélle , de monter avec la vapeur lorfque le fcl commence A fe
former au fond de l'alambic. U efl probable que dans l'alambic de
}A, Poiftonnier , qui a encore moins de profondeur que celui de
A1.Hoffmân,une partie de l'eau peut «te jeitce vers le ferpentin » &
dans ce cas» la plaque trouée & garnie de trous peut fervir a changer la
direâion de l'eau. Mais le tube du Doâeur Irving remédie abfolument
à cet inconvénient: on en a fait l'expérience dans un voyage aux ifles
FalJcland , pendant lequel lems on s'en eft fervi chaque jour pour la
dîflillaiion, ainfi que dans plalleucs voyai>es aux Indes Oticntales , 6c
dans celui-ci , comme on le rapporte dans le Journal.
M. PoitTonnier, en corrigeant ce défaut dans la conftruâ^ion -de Ton
alambic , en a introduit un autre plus elTenticl en diflitlation \ car au
moyen des tuyaux delaf^lToiie, la vapeur éprouvera plus de réfifl.incepout
s'élever» ce qui retardera exceflivement le progrès de la diftiilaiion &
augm entera 1 uttpynumt ( 1 j.
(1) Outic le? AuKius dont M. Trving p«rlc, il »ufoit po ciwr enrore l'ouTiagc
du Doreur Haies , intitulé : InfiruBians pour les Marinifrâ , eofirenanr la maniht
de rcndrg l'eau de U mir potii&U ; IcsTtMnù&iont PhilorophiqucS , année l«j ,
N. 7 , qui d'api» riinc eng.igcnt de faire Ëllitr l'eau de U mer a iravcis dclaciiej
tiflcr, LeibniEz , Rcyer . Haucoo Se M. Gautier, Médecin àKantcs , o&c doBDé auffi
éa piocédct particaiicrs.
Sun vniST. kjturelle et les arts. 31,
Il rcfulte de toutes les expcriences dont on vient de parler, que les
mâhodes dcccuvcrtes jufqu'd préfent pour deiTaler Ttau de la mer,ouc
tottces des inconvénieus qui les rendent à peine fufceptibles de quelque
Utilité.
Voyez les principaux cliefs auxquels on peut tcduire les inçonvcnîens
de^es divcrfes mâhodes*
La petite quamicc d'eau, réduite par les mahodes ordinaires de
diflillation avec un chapiteau d'alambic &: un ferpentin>ne (ïourra jamais
fuHirc aux befoins des équipâmes , lors mcme qu'un Teroit un uCige
continuel de la méthode ; & d'ailleurs» cette manièrededilHUer demande
ane quantité de matictes corabuflibles, qui cauferoient dans le vailTeaa
plus d'encombrement que l'eau douce qu on auroit pu embarquer.
2^. L'eau que donne cette méthode de didilUtion a toujours un î;uÛc
d'empyreume; ellecd très>dcragrcablc;cllecchautfe&: excite la ioif lorf-
qu'on en boit peu de tems .ip:cs qu'elle a été diflillce.
5^. On ignore abfoiument le tems où il faut atrcicr la dilUllation \ on
lailfe le fel fe former au fond de la cucurbite, ce qui brûle & ronge lo
cuivre, décompofe le Tel de nicre $c les Tels de magnclîe, fait montée
leurs acides avec la vapeur, agit fur le chapiteau de l'.nlambic & fut
le bec: &: imprègne l'eau de Tels métalliques de la plus pernicieufe
qualité.
4''. L'alambic Je chapiteau & le ferpcntin occupent un ficrand espace,
que le plus fouvenc il cil impuiriblu de s'en fcrvir à burd des vailTeaux.
£n outre , ils s'ufenc très- prompte ment par les caufes que nous avons
rapportées plus haut. L'appareil exige de grandes dcpenfes : on craint
toujours que le chapiteau ne foir enlevé , ce qui entraineroit beaucoup
dinconvéniens,
■5 ".Quoiqu'on ait omis l'ufaee des ingrédiens dans quelques expériences
faites en petit , cependant on les a regardés faulïèment comme elléntiels
pour deflàler & rendre potable l'eau de la mer pat diftillation.
6". L'incommodité & l'embarras d'un appareil , qui n eft defUné qu'à
fetvir pat Kafard dans une difectc imprévue d'eau, &qui, cependant,
occupe: toujours fur un vailteau beaucoup trop de place pour qu'on puîlTe
l'y mettre fans le gêner.
Après avoir indique les principaux inconvénieus des différentes métho-
des qu'on a propolées julqu'ici, pour rendre potable l'eau de la mer,
nous allons examiner , en peu de mots, les principes de la dillillation
en général , Se l'analyfe chymtque de l'eau de la mer , & nous déve-
lopperons enfuiie les avantages qu'on peut tirer du procédé du Doreur
Irving.
L'eau, dans un récipient, purgé d'air, s'évapore plus abondamment
i 8û degrés du thermomètre de Tahrcnheit, qu'en plein air aux degtés,
point que Ton peut tegatdet comme celui de l'eau bouilbnte.
310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;
Il s'eiiTuit que toute compreflîon fut le fluide buutllant empècKâ
la vapeur de monter, & diminue, par confcquent, U quantité d'citi
qu'on en obtient. Ceci Te démontre cUiccmcnc parla machins â feu ^où la
conrommatioad'cau'quifefiiitdans la chaudière eft très-peu confîdcrabld
en compnraifon de ce qu'elle feroic , fi on Aipprimoic la compreflîoii
caufce par la chute de leau froide , & la foupape de cette machine , &
qu'on y admît feulement la prefiion de l'atmofphère. Mais pat U
réfiftance de cette foupape, la vapeur devient plus chaude, & la raté-
faûion & fon élafticiié augmentent. Ces effets font impoccans au but
Qu'on fe propore dans Tufage de cette machine \ mais ils font le contraire
de ceux qui doivent avoir lieu dans une diÛillation ordinaire. Car les
colonnes de vapeurs dcvroicnt être écartées du fluide bouillant aufli
promptement qu'elles montent, & fans foutTrir aucune autre rédftance
3ue celle de l'atmofphère, ce qu'on ne peut pas empêcher dans ta
iftillation ordinaire.
En comparant le procédé ordinaire de la diftîllation avec les principes
& les faits ci-delfus , on reconnoîtra évidemment combien il eft défec-
tueux : dans le procédé ordinaire de la dîftiUarion , toute la colonne
de vapeur qui s'élève d'un alambic, de quelque grandeur qu'il foit,
après avoir monté au chapiteau, doit non-feulement s'ouvrit un palTâge
à travers un tuyau d'un pouce fie demi de diamètre, mais encore contre
les loîx de fa gravité fpécificjue , defcendra en circonvolutions fpica-
les à travers un air qui cft quinze fois moins pefant qu'elle : cette
direâioo etl û diamécralemcnt op|7ofée i celle d'une vapeur élafti-
que , que fouvent cette vapeur , échauffée de plus en plus & arrêtée
par une barrière , renvcrfc le chapiteau avec une violence incroya-
ble. Sur ces entrefaites , la furface extctieure du tuyau communique
de la chaleur à Keau du réfrigér-int , & la rend peu propre ^ condenfer I2
Tapeur qui eft d.ms le fernentin \ on appercevra bien mienx encore la
vérité de ce que j'avance , ii l'on fait attention que la fubflancc du tuyau
cft au moins d'un quart de pouce d'épailTeur.
D'après ce que je viens de dire, il eft clair que la quantité d'eau
diflillée diminuera en proportion de la réfiftance qu'éprouve la vapeur
pour monter en même - tems que la condenfation devient plus difficile
par la chaleur, & l'élafticité plus grande qu'acquiert la vapeur. Ces incoïk-
véniens fur la manière de diflillcr font rrès-confidérablcs j mais il y en
a un atirrc encore plus important : le fluide dil^ilté a un goût nuiftble
de btûlc ou d'empyreume, ce qui provient de la vapeur qui étant excef-
fivemcnt échauffée, palTe, avant oue d'arriver dans le récipient, fur un
(\ grand nombre de fuvûces métalliques fur cellcb du chapiteau, du bec
& tuyau de fix ou fcpt pieds de longueur.
A la fuite de cette difculTion fur la diftillation elle-même, nous allons
pirlet de l'analyfe chymique àa l'eau de Umct,
L'eau
SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS, jm
L'eau <^ô 11 mer renferme principalement un fel neutre compofé
d'.ilka.li fodille & d'acide maim. Elle contient .'uflï un Tel qui a U
magnfifie pour bafe & le mcmeacide. Ces deux Tels iom mêles enfemble
dans le fel ordinaire d'Angleterre qui fe prépare en faifant bouillit
promptemcnt l'eau de la mer. Mais lorfquou fait le fel au fuleil, ou
quon emploie pour cela une chaleur lente, ces deux fels peuvent Çq
recueillir Icparémcnt f celui qui a. l'alkali foniie pour bafe fc cryQallyfe
le premiet " ' "^ '" t.rr
conferver
mère qui refte
qu'on ^brique en grande quantité en Angltterte fou& le nom de Jtl
d'epfotn.
Outre ces fels , qui font un objet de commerce , l'eau de la mer
contient encore de la fclcnite, un peu du véritable fel de Glauber, fouvent
un peu de nitre , Se toujours beaucoup de terte gypfeufe fufpeudue au
moyen de l'air fixe.
La gravité fpcciâque de l'eau de la mer i celle de l'eau pure diftillée,
e(l alors comme loooà 10241 ^\ ^^^^ l'Océan fepcentrional, comme
1000 à ioaii,oi.
On fcparc difficilement l'eau douce de U mer: torfquon fait bouillie
celle-ci jufqu'à ce qu'elle forme une forte faumure , la dillillation fc fait
plus lentement à incfure que ta faumure augmente, de forte qu'un con-
lomme une plus grande qu.uiticé de charbon ou de bois, pour fe procures
yxna plus perite portion d'eau, & mcnic qui e(l ^c mauvaïfe qualité.
C'cft pour cela qu'il eft ncceiraire d'ôter la faumure par le robinet de U
cucurbite , lorfque la didillarion eft avancée i un cettain degré , &C
d'y ajouter de l'eau de la met , s'il en efl befoin , pour continuée ,U
diftillation. î
Nous venons d'indiquer les inconvénicns ^ts différentes méthodes
qu*on a propofées pour deflàler l'eau de la mer : nous avons expofé les
Ïirincipes gcucrauK de la diftillation, & examine par l'analyfe chymique
es parties conllitutives de cette même eau. U faut développer à préfenC
les avantages de la méthode qu'a trouvée le Doâeur Irving j on peut \^
léduire à ceux ci:
i^. Cette méthode rend inutiles tous les alambics , les ch.ipiieaux,'
les ferpentins bc leuts cuvettes, qui OLCupcnt un lî grand efp.ice, que
tout cet attirail cft abfolumcnt incompatible avec les autres meubles
JïécefTaires du vai^ïëau. On fc fervira, en place de ces ïnflrumens, de U
chaudière ou de la marmite de l'équipage , au Commet de laquelle oa
adaptera un fimple tuyau que l'on pourra ^irc aifémcnt en nier, en
emp1oy.\nt pour cela du fer b.ittu, des douves de tonneaux , ou des
feudlcs d'étain , de forte que dans toutes les fituations priflîbles où
fera le vaineau.on aura àç$ moyens de diflilUr l'eau de la roet*
Tome Xir, Pan. IL 1779. OCTOBRE. T t
jii OBSERFATiOTiS SVn IJ PHYSIQUE^
■"' 1**. D'après l'cs principes dont on n p.irlé plus h.iuc fur la diAilUtîon ,
4e Doreur Icving a découvert la manici^ la plus fimple d'obtenir Ix
^us grande quancitt- portîble d'eau diflillce , en faifam le tube afTcz
large pour recevoir toute la cotonne de vapeur , & en la plaçant dans une
direilion prcfqac horifontale , afin d'enipether la compreOîon c^u'éprouve
le Huide d'eau avec le ferpentin ordinaire.
' } ". On adopte la mcthoile la plus hniple & la plus efficace de condenfer
h vapeur-, car, dans la diftillarion , il faut fur-rcut tenir la furface du
luyau toujours moaillce ; pour cela, un homme place près de lui un
feau d'eau, dans lequel il humeûe un linge qu'il paffe fur la furface
«xcéricure du tuyau. Par cette opération , la vapeur conienue d.ms le
tube le condcnfc avec toute la rapidité imaginable , car en appliquant
le linge mouille , les lames d'eau fc rép-indcnt d'une maniée unifomie
&s*ait.icbent mé*.haniqntmeni à la furface du tube chaud. Cette premicte
eau convertie en vjpeuts » fait place i celle qu'on y rrpand enfuite , &
c'eft ainlî que par Tcvaporation de Tenu froi.le, qu'on applique tunti-
tiuellcmvnt fur le tirynu > on vient à brut de diflîper plus cfficaccmcnc
la chaleur» qu'en fuivant aucune des méthodes connues jufqu'i préfenr»
4". La dillillation fe fait fans aucun ingrcdienti une analyfe «.hymi-
que fott exade de l'e.u de la mer, nous a convaincus combien ces
ingrédiens font inutiles , ou pour empêcher un acide de i'exhaler avec
la vapeur , on pour déctuite l'huile buumineufe Qu'on fuppofc exiftcr
dans 1 eau de la mer, ou cnBn peut ôcet i l'eau dî/lillée le çoùc acre
6c mauvais qnnnc toutes les eaux tirées des alambics par les Autres
procédés.
j-*. On détermine la quantité d'eau de mer qu'il faut diftil!er,&:
par-li,ou cmpctlieque l'eau iiccomt.u^e une qualité nuilible, earim-
prégn:.nt de fcis métalliques, & que le vafe ne foit ron^é ou endom-
mage de quelqu'âutre manière pnr les fels qui s'entalfent au fond
(5^. On fc procure une eau douce Se très-apréable au goût » Se en aITcï
grande quantité pour fufTue à tous les bcfoins des équipaî^es.
7*. On prohte de la préparation des alimens de l'équipaîre , noue
dtftiHer uhe grande quamite d eau, an moyen de la vaptut qui fcroic
perdue lÀns ceb, &c il ncU pas néi.e0airÊ d'augmenter le feu.
Voici en peu de murs U récapitulation des avantages de cette mé-
thode.
On fe feri d'un fimple tube de la conftruftion la plus aifée, & qui
eft applicable à la chaudière de tous les vaifleaux. On ne fiiit ufige
d'aucun ingrédient. On détermine la quantité d'eau qu'il faut diftiller ;
on épargne des matières combufHbles , & on conferve les chaudières
ordinaires. L'eiu douce qu'on enlise cft faine & agréable, & fufiifaiire
pour les befoins des équipages ; on ptotite de la vapeur qui monte
dans U chaudière , pendant qu'où f^i cuiie les proviiions du vaiilcau.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. J15
Pour fe procurer cous ces Avancagcs , il ne faut au ad;ipter lux
chaudières ordiniîres des équipages , le iirtiple tuy.'.u dont on vienc
de palier. Mais le Dodleur Irving propofe deux autces moyens de pec*
fedionnec fon invention.
Premiècement, il veut employer un foyer ou poêle conflruit de ma-
nière que le feu qu'on cnirecicnc tout le jbur pour le ftrvice du vaif-
fcau , fetve aulTi d la diditlatton > Se à 1 aide de cette nouvelle m»<
chine, on fe procurera allez d'eau pour les équipages , Cms &ire
prcfque aucune augmentation de dépeufe fui laiùkle du bois &c du
charbon.
Secondement , il a le projet de fubdituer même fur les plus cros
vailleaux , des chaudières de fer battu d'une conlkucfUoii nouvelle ,
eu la place de celles de cuivre.
Manun dt dijlilltr tEau dt Mtu
Dès qu'on aura mis l'enn de la mer dans la chaudière , on adapte»
le tuyau au fommec ou i l'un des bords, ( & s'il en eft befoin, on
appliquera un morceau de toile mouillée tour autour, a6n qu'il ne rede
aucun intervalle encre ce tube & la bouche du vailfeau ; il fera inu-
tile de le luter , parce que c'eft alors une efpcce d'entonnoir qui fufHc
pour conduire la vapeur.
Lorfque l'eau commence à bouillir, on doit laiiTer pafïer librement
Ja vapeur l'efpace d'une minute, aân de bien nettoyer le tube & la
partie fupcrieure de la chaudière i on aura foin enfuite de renir le tube
toujours mouillé, en tiroctanc fa furface extérieure avec un linge plon-
gé dans de l'eau de la mer. On peut conduire où l'on voudra l'eau
3ui découle du Unge , en plaçant fous le tuyau une rigole en forme
'auget.
On continuera la diftillation jufqn'i ce que les trois quarts de l'eau
foienc évaporés , & pas plus loin. Il fera hcile de déterminer cette
quantité , eu plongeant une jauee dans la chaudière , ou en mcfuranc
leau dilîillée. On en rite alors la fjumure.
On dtdillera fi Ton veut, de l'eau de la même luamcre , pendant
qu'on fait cuire les provifions.
Si l'on i^ic , avanr de s'embarquer , le tuyau dont on a befoin pour
cette didillation, des pbques de cuivre bien minces font la meilleure
fubdance qu'on puilTe employer pour cela , parce qu'elles font plus
durables cbns les longs voyages que les pt.^ques d étain.
Au lieu de mouiller le tubes avec le linj^e , on fera, au befoin ,
une cailfe de cuivre ou cfpèce de réfrigérant alfez grand de diamètre,
pour que l'eau froide puiîTc circuler entre les parois & te tuyau . au
moyen d'un Hlet de cuivre en fpirale : cette cailfe aura i chacune de fes
1779. OCTOBRE, Ti 1
jM OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
extrémîtis , un tuynu d'un pouce de diamètre ^ l'un fera defttné à reccr
voir l'eau firoide , 3c l'aucre ^ la faire fotcir quand cite eft cchaufice.
ExplUaùon de la Figure,
La Figure première , Planche i , reprcfente en perfpeAîve une fec-
tion de deux chaudières. On voit dans la partie poftcrieure. A, D, &
C,des ouvertures pour les robinets. Il y a au iommec un tube dif-
tilbm , A , B, C , de cinq pouces de dlamèire en A , & donr la grof-
fear diminue jur^u'à crois pouces en C j la longueur de B à C, eft
de cinq pieds Prcs de C , cft un rebord , afin d'empêcher l'eau qu'on
applique à la furface, de fe mcler avec t'eaa diflillce. Il y a dans l'in-
certeuc du tube , au-dclïous de H, une lèvre ou un rebord afin que le
roulis du vailFeau ne faite pas rentrer dans la cliaudicie l'eau diltitlée.
Dans la ^ig^re i, d,^, c , ^, reprcfcntcnt une fcâion verticale
d'une caille de cuivre , qui a 17 pouces de long « fept de large, onze
de hauceni , & dont l'intcrieur eft ctamc. On voit an fond /, une
ouverture qui a environ (îi pouces de diamètre , & un anneau pour
y placer l'alambic ou la chaudière. l,es lignes indiquées, qui s'étendent
prefque horifontalement^ font des vaifTeaux minces de enivre, ctimés
en-dehors , de deux pieds de long , de fept de l^rge &: de trois quatts
de pouces de prorondeur. II y a en g^, un entonnoir pour recevoir
l'eau froide r^andue dans les vailfeaux par les tuyciux de communi-
cation . qui font difoofiis de fiçon que l'eau circule d'une manière
r.ipide & complète iins toute leur étendue. Lorfque l'eau eft échaulTce
par l'aftion de la vapeur , elle s'écoule en ^ pir le conduit horifonral : c,
eft un conduit par où palfent l'eju ou les efprits qu'on diftille , & <â
forme eft telle , que la liqueur qui en fort fait les fondions d'une fon-
pape , & empêche la vapeur de s'cch.ipj»er de ce côté ; au fommec de la
caiilê en A , il y a une foupape de sûreté qui prévient les accideni
que pourroient occafiunner les vapeurs qui fe (croient trop accumulées,
parce qu'on auroic manque d'y vecfec de l'eau froide pour les cou-
de nfc t.
-^^^
SUR VHIST, NATURELLE ET LES JRTS. JI5
O B S E R FA T I O N S
Sur la Dent foiïUc d'un animal inconnu ,
U
Par M. le Baron DE SerFIERES,
N célèbre Naturalifte, la die: f/7 contemplatîone rjatura n'thit poufi
de ranufTer des faits \ ce ned que de kuc ripprocliemenc & de
leur combinaifon cju'on doit artendce quelques lumières fur les
grands phénomènes de l'univers. Les obrcrvanons cranc les données
néceffaires pouc la térolution des probUmes pbylîaues , la jurtelfe
de rexplîciïion des phcnomènes cft en railon airede du num-
brc des obfcïvations. Comme dans le caKul de l'orbite d'une comète,
de petites quantités négligées produifenc des erreurs ccnfulcrables ,
de CT^uic dans la recherche des caufes naiurelUs, un feul fait omis ou
mal vu ruSit pour éi^arer le Phyfi*;ien. OMeivons Uns relâche, accu-
mulons les faits, ralTeniblons les maccciaux du vjlle éditîce de la fcicnce
de lanarure, & tatlTons aux fiècles futurs le foin & la gloire de les
mettre en ordre. La notre doit fe borner à leur tracer & leur applanir
la route.
Dans le Jouwjtï dt Physique (1) fe trouve la Difcrîpt'ion d^unc dent
fo(fU. L'illulhe M. de Moivcau a aufli décrie dans ce même Recueil (1)
ta dcit d'un animal inconnu. Ajouter ï ces deux defaiptions celle
d'une Dent encore plus extraordinaire, n'tft-ce pas contribuer aux progrès
de laftience?
La Figure j, repréfente avec la plus fcrnpuleufeexaâitude une den/
foffîl* , trouvée à Pont-a-Mo^ffnn , fous le lie de la MoJ'eUf, Cette
dent eft forte lourde , parce qu'elle s'eft pétrilîée en grande partie. Son
féjour dans la terre lui a fnic prendre une couleur brune. \)n examen
attentif m'.i prouve que c'eft vétitablemenr ufte feule dent, Lorfquon
la liine , elle répand une odeur animale fort approdiance de celle de
la corne. Soumile à l'atfVion des acides, elle n'iuroitpas manqué d'en-
trer en effetvefcenfe. Si je n'ai pas tenté cette expérience , c'eft parce que
(>) I77J. Temcl, page nf
(i) J77». Tome Vil, pjgc 414-
J&6 OliSERyATIONS SUR LÀ PHYSIQUE,
je l'ai jugée inutile. Ce morceau curieux eft confervé dans le Cabinet
de M. Lucot d Hjuurive ^ Lieutenant ^de Marcchauirée i S^rs^mmines ^
c*ui a eu la compUifance d'en dcl^ner lui-nicnic la lîgure. Il efl touc-
à-la-foLS Arcifle ingénieux & NatuuliRe habile.
Longue de 9 pouces à fa bafc qui a deux pouces de largeur , haute
de fepc pouces jufqu'à fa racine 8c groHe à pruporcinn, cette ^<fff ne
peut avoir appjxtcnu qu'à un animal d'une grandenr dcmerurée (i). Ici
lu prcfentcnt d'elles-mêmes deux queilions intérefTar.ces auxquelles je
ne ptnfe pas qu'jucun Naturalise foit en crat de repondre d'une ma-
nière pofmvei 1**. De quel animal cette dent taifoit-elie partie? l^ Pour-
Îjuoi s'eft-elle crouvce ibui le lie de la àSoJUU.^ Cetti itngulière pièce
emble autorifer une conjecture qui ne me paroîc pas entièrement
dépourvue de vrairemblnnce,fàvoit,quc dans les anciens cems ilaexilU
des animaux (fouc lefpèce eft dcciuitc.
tXi 11 reroir podible que cettt dent fût celle d'un él^jtliant > car on en voit plufietirs
de tct animai au Cabinet du Roi, qui ont à rca-p:és Ici mcmcs dimcnfions. Le
N*. MXXII , offre une dent de 8 pouces 8 lignes de longueur, fur j pouces j lignes de
lai^ctir & 4 pouces A lignci de hauteur . ikpuis la baCe jufqu'au bout des tjcuies , à
l'ciidroii de U dent le plus haut' qui td Ct partie pofléiteurc. Elle pcfc 6 tirrcs , 2c
If vient d'un ^Icpliani dont la Iiautciii c(l efliiti^e avoir été de y pieds j pouces. I^
' fi"*, MXXllI, montre une autre dent longue de $ pouces lo lignes, large de )
pouces \ I<g«e> & hauce de 6 pouces 8 lignes. Elle pcfc i liv. ~ & doit avoir appancoa
à un élépbaai haut de lopied» « pouces. Sous le N". MXXIV , on trouve les fritg.
mens d'une autre dent , large de ) pouces lo lignes , & longue de I poucci i ligne.
Ces crois morceaux ont éU apporté» de Siùérie par M. de L'I^r. Le N<*. NiXXVlII ,
préfcntc ttnc autre dent élépliaiiiiue , longue de 8 pouces , épailTc de % pouces y li-
gnes & haute de f poncer 4 lignes . nui péfe 4 livres 1 ) oaccs 1 gros. ( Uefcriptiott
du. Catinet du Rçï , par Dduienton. Ùurs tHiJt. Nat. de Oufan. Cinquième E4itioo ,
Impr. Royale , In- li. Toruc XXH , page< m , iij , 1*4 & nj.)
En coraparauc à ces quatre de/tts mv/airet , celte qui fait le fujet de ce Mémoire ,
il paroîi nafutcl de conclure qu'elle cA de mimz ci'fccc. C'cft néaamotDS ce que
je me gardcxat bien d'at&rmer.
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
jy ours ^V Baromètre ptrftcîionnè par M. J^jffttr PaUa, Après de
longues recherches & un travail de plufieurs années, M. Jffîer Perua
vient enfin de trouver un Baromètre <\\x\ fuipade tous ceux qui
font conniii , & pac fa jnHelfe & mi la facihté avec bquelle on
peut s'en ferrir pour connuirre la pefantcur ou b Icgcreté de l'air, âc
niefurer exaâemenr ).i haureur dcb montagnes. Quoique compofé de
plunenrs tubes, il n'etl pas muins commode que Je Baromècie (împle.
Des vis de rappel le mettent en eut de iervir même loin des yeux de
rObfervaceur. En confcquence, veut-on favoir l'état de l'air dans des
ouvertures profondes où l'on ne peut pénétrer, il fuffira d'attacher l'inf-
trument à une corde, le defccndre cLin\ cette ouverture , l'y lailler :i{Ç^z
de tcms pour que l'effet de l'air foit bien marque , le remonter enfuite j
le mercure indicjuera exaifbemenc ce qui s'cft pafTc.
Par rapport k la hauteur des montagnes» nous nVvons que peu d'ob-
iciv.i(ions exaftes faites avec le EaroniLire ik fut lefqiielles on puitr©
compter
l'a pas
du mercure
ije les marquent pas avec la prékifion quiU le dcvroieut , comme on
va le voir par les exemples (uivans.
Le 14 Décembre de r.innce i 7S , i neuf heures du matin , la co-
lonne de mercure d'un Baromètre ordinaire ctuit moncée i zS pou-
ces 7 { lignes, tandis que celle du Baromètre de nouvelle confUuâion
ëroit à 18 pouces \o{ lignes.
I e 1 5 du mcme mois , à S heures du matin , le premier éroit i x% pon-
ces 8 i lignes & le fécond \ ap pouces fie \ ligne.
Cette différence de marche annonce que le nouveau Baromètre a des
variations de plus de deux pouces; aulfi,cft-il gradué pour 30 & ^ t
pouces i les endroits très-profonds que l'on voudra mefurer exigent
encore cette divifion étendue.
Une des caufes ptiiuipales , ou pour mieux dire, h vraie caufe de
la défcûuofitc des Baromètres ordinaires, vient du changement de U
ligne de niveau. Kn vain a-t-on voulu y remédier en conftruifnnt d^
Baromètres avec des cuvettes de 1,5, 4, 5,<f,7*8& même 9
pouces de dumètie , il n'en efl pas moins vcai que Ci le mercure
tiS OBSERrJTIOKS SUR LA PHYSIQUE,
lonteà I9 pouces, il déplace uii pouce de dedans la cuvette ;& s'il def-
cend à 17 pouces, il eu porte un de plus; & fi , en mcfiitant de hau-
tes muncaeiies , le mercui:e defcend À 14 pouces »il en place tout d'un
coup I 5 dans la cuvette : il e!l iiupollible d'après cela que cette va*
tiacion de la totalitc du mercure dans le réfervuir, n'inHue fur la ligne
de niveau , & dcs-lurs fut la liauccut réelle de la colonne La corirec-
tion que M. AJJier P<rica a faite à cet inftrumenc, obvie tout i- fait i
cet inconvénient j non-feulement l'clcvaiion de la colonne de mercure
à jo & 31 pouces ne change rien à la ligne de niveau , mais même
fon abaillement h. 14 pouces dans un tube de cinq lignes de diamtître,
ne produiroit aucun dérangement.
On connoît fcs travaux pour rendre les Baromètres plus portatif)
entre fes mains, ih le font devenus i un tel point , que fur met , ni le
roulis, ni le tangage ne peuvent le faire varier. Dès 1771 , l'Académie
Royale des Sciences approuva fon procédé pour éviter le choc da
mercute contre le haut du tube-, en i77<>, M. A/ijJ7<r , après s'ctte
fervi de fes nouveaux Thermomètres pour connoître les difFcrcns de-
grés de froid de cette année , Se en avoir éprouvé l'exadirude les a
fait apptûuver par la même Acadétnie, comme ou le verra dans un
Mémoire qui fera imprimé dans le Volume de l'Académie qui p.iroî-
tra cette année. C'eft donc en vain qu'un nommé Mouffy Se la veuve
Capy , ont voulu réclamer contre les travaux de M. Perica, dont l'an-
tériorité eft prouvée pat les atteftations de l'Académie.
Comme l'Auteur a été oblige de faire beaucoup de dépenfe pour
amener fon Baromètre à la perFeéHon où il eft , & que fon exécution
en entraînera encore d'autres, il le propofe par foulcripiion. c'eft-i-
dire, qu'il n'en délivrera à perfonne qu'il n'ait au moins cent foufcrip-
leurs. Ses Baromètres peuvent ctre de fix natutes différentes.
1". Les Baromèctes qui tiendtont un compte exaâ des révolutions
du mercure à chaque infiant du jour & de la nuit , garnis d'une plaque
de cuivre, 6c un nontus qui marquera jufqu'à un dixième de ligne
d'clèvcment & d'abailTemcnt , avec un nouveau Thermomètre , le tout
enrichi d'une moulute de cuivre doté eu or moulu, le prix ctl
de ... * tooo liv.
i". D'autres en bois d'Acajou, garnis d'une plaque de cuivre, mais
ne dcfîgnant pas la marche graduelle du mercure durant la nuit , le
prix efî de - • 1 100 liv,
3*. D'autter avec une demi-plaque de 1 5 pouces , le prix eft de 600 liv.
4^. D'autres en bois de noyer avec une plaque de fept pouces , le
prix eft de . ^60 liv.
5". D'autres en bois de noyer, & point de Thermomètre, avec une
demi -plaque» le prix eft de itl8 Uv.
tf*». D'autres
SUR VHTST. NATURELLE ET LES ARTS. ^19
(S^, D'aurres enfin en bois de noyer avec une graduation bien cxa£te
(ielTus ie même bois ôc bien peint à l'huile, avec une moulure doii'e,
le prix eft de 1 10 liv.
M. Ptrica prévient que les Baromètres N*. 5, n'indiqueront pas 4
quelle Heure dans la nuîc s'efl faite une rcvolutton dans la colonne de
mercure, mais on faura le matin qu'il s'en eÛ fait une par le moyen
des vis de rappel. Plus exaA que tes Baromètres communs, il mar-
quera mieux qu'eux l'ctac de Pair, le beau tems ou les orages.
Les Perfonncs qui voudront s'en procmer font priées de le fane
connoître à l'Auteur , foit en s'adrclfant à lui-même, foit par des let-
tres dont le porc fora aiftanchi , ahn que leurs noms foienc enregiflrés.
Sa demeure cH: rue Saint- Antoine, au coin de celle de Geoffroi l'A A
nier , au fécond , la première porte en entrant dans la rue Geoffroi»
]'A(aier.
L'Académie des Sciences, Ëelles-Lettres & Arcs de Rouen» propcfe
pour fujet de Prix , pour l'année 1780:
.» D'artïgncr , d'après une théorie ctayée par des Expériences dccifi-
iives, les différences entre la Craye , la pierre d Chaux, la Marnée
M la terre des Os , que la plupart des Cnymiftes ont jufqu'à préfenc
o confondu dans la clafTè dci terres Calcaires «.
Le Prix eft une Médaille d'or, de la valeur de trois cens livres.
Les Aureurs font avertis d'éviter tout ce qui pourroit les faire con-
noître , & de joindre feulement à leur ouvrage , nn billet cacheté ,
qui contiendra la répétition de l'épigraphe . avec leur nom & leur adrcfTe.
Les Mémoires, lifiblemenr écrits en François ou en Latin, feront
adreflés , franc déport , & avant le premier jour de Juillet de Tannée
prochaine , à M. l- A. Damhoumty , Négociant, Secréuite perpétuel.
L'Académie avoir demandé pour 1779:
» Par quels moyens , les moins difpendieux , on pourroit rccépet
w fous l'eau donc il cd toujours couvert , un Rocher qui interrompt
•> ou inquiète la Navigation de la Sànc auprès de QuUi'eheuf?
Entre les 14 Mémoires qui ont concouru , la Compagnie a diftin*
gué celui quit par fon ordre de Réception, avoir été cotté N". 7, fie
ne portoit poinr d'épigraphe. Elle lui a décerné le Prix, comme rem-
flilTant toutes les conditions du Programme, L'Auteur eft, M. Zïfl»7<^,
nfpedeur des Travaux publics du Languedoc, Diocèfe d'Uzès , âr
lélidant au Saint-Efprir.
LAic<Jfît , a été adjugé au Mémoire cotté N**. i, avec cette Epigra-
phe..,. Redigtftm cum Pulvere ^'m Pulvtrem.
Le Mémoire cotté N". tf, dont l'Epigraphe, eft... Improhus Uhor ,
omnia vincir; ££ celui, cotté N*. 5)..,. In Aquis , ut irt terra., , ont
mérite des éloges. U en eft de mcme du Mémoire imprimé de M. Coulomb ,
Tj me Xiy, Pan, IL 1 775, OCTOBRE, Vv
«îo OBSERrjnOKS SUR LÀ PHYSIQUE,
Capitaine en premier dans le Corps Royal da Gcnie , quoique û pii-
bltcicc laie exclu du concours.
1-e lo du mois de Mai , la Société Royale d'Agriculture d'Auch a
décerné dans une Séance publique le Prix d'Honneur ( c'eft une gerbe
éparfe d'argent de 1 5 pouces de hauteur) au Mémoire qui avoir pour
Epigraphe ou pour Devife ces vers de Virgile adrelTcs , au nom des Cul-
rîvateurs,à cette favante Société :
Scmper fionos nomcn que tuum iaudes que manehunt
Vt baccho Ctrcri que , tibi Jtc vota quoi annis
A^ricolet faùtnt
On ne pouvoit ^ire des queftions plus intcrefTantes & d une appli-
cation plus étendue. Elles éioient exprimées en ces termes :
Lti engrais peuvent-ils être fuppUcs par de frêqaens labours?
Jufqu'à quel point infiuent-ils fur ta végétation è
Pettv<nt-iis y fujire ?
M. Gentil y Prieur de Fontenct , Ordre de Ctteaux , près de Montbar
en Bourgogne, Auteur de ce Mémoire, & qui a donné en 1777 na
Ouvr.ige ayant pour tîcre : la Diététique générale des f^égctaux^ & j^ppltea*
tion de la Chymie à tylertculiurt , a reçu dans deux Lerrres de M. le
Marquis à'Âjirog^ Secrétaire de la Société Royale , les éloges les plus
fiatieurs , & a été honoré du titre d'Âdocié Honoraire.
Le 7 de Mai 1 779 » la Société Royale des Sciences de Copenhague adju-
gea le Prix de Phy(ique fur la Formation de l'Acide nitreux , à un
Mémoire François, qui a pour Devife : In paucis muità jUtinambona,
dont l'Auteur ne veut pas ctre nommé, & quoique la qucllion n'y foie
pas pleinement réfoluc , ce qu'on navoit pas non-plus ofc Te promettre
<ians une matière C\ difficile , on a pourtant eu égard au foin & à l'exac-
titude avec lefquels ces recherches font imites.
Le Prix de Mathématique fur Ja meilleure difpoficion d'un Inïlru-
menc propre à mefucer de petites difUnces d'une feule (biion , fiic
décerné a M. George • Frédéric Branders , Faifeur d'Inftrumens, à
Aiigsbourg. Ce Savani avoir aulTÎ envoyé à la Société l'indrument mê-
me qui a été éprouvé, & les raifons ac la différence confidcrable en-
rre les difbmces trouvées par le moyen de cet Inftrument , & les diftan-
ces efFeâîves feront indiquées i f'Auteur.
La Société propofe pour cetre année les fujcts fuivans :
>?. Elementa tabularum AJlronomi(arum foUt & lunet ita ordinart
SUR rmST. NATURELLE ET LES ARTS. $$i
ut non pjîum ectlpfes utriufquc lumînaris nojïro ftcuto obfervats ea pretd-
Jione , quam Mageriance tabulas txkîbent ^ fed qwnque antiquijjîmis tem-
pOTibui in Bahylonia. 6* Egypto vïft. & c&njlgnau fine notabiU crrorc
indt fiipputari tjueant ; Ua tamtn , ut aquatioru feculari in calcula non
cpus fit ?
a,*. j4/t Seminium yermium intejlinalium Ttnia ; Gordii ^ Afcarldis^
Fafciola &c. Animalihus connatum , an ab cxtus imromiffufft obferva*
tionibus Cr txpertmentis probare, nmediaquc in illo cafu notare.
Le Prix que la Société décernera à celui qui, i fon jugement, aura le
mieux traite chaque fujet , confifte en une Médaille d'or de la valeur
de cent écus , argent de Dancmarck.
Les Savans , tant étrangers que Danois, exceprc les Membres de la
Société, font invites à concourir pour ces Prix ,& voudront bien écrire
leurs Mémoires en François , Latin , Danois ou Allemand.
Les Concurrens adrelïeront leurs Mémoires , franc de pott^ À S. E.
M. de Hitlmpicrnt^ Chevalier de l'Ordre Royal de Dannebnjg, Con-
seiller Privé & Préfident de la Société \ aucun Ecrit ne fera admis
^VL Concours paflé le dernier d*Août 1780.
Les Auteurs fonr priés de ne fe point faire connoîcre 1 mais démet-
tre une Devife à la tcte de l'Ouvrage, & d*y joindre un billet cacheté
avec la xnîme Devife qui contiendra leur nom & le lieu de leur cé^
dence.
Ceux qui fouhatterouc que leurs Ecrits qui ont concouru pour les
Prix de l'année paffée , leur fuient rendus , voudront bien s'adrelTer
pour cet effet, d S. E. M. dt H'ulmfiurnt ^ avant la fin de l'année cou-
rante,
XJn Chirurgien Allemand nommé /. Jf, Htmmans , a public der-
nièrement , k Berlin , un Ouvrage intitulé : Chirurgifcke Aufrat:(t ,
c'eft à-dire, Annotations Midko-ChirurgicnUs ^ parmi lefquelles il y en
a une qui confirme l'efficacité de h Chirurgie infufoire , dans laquelle
ce Chirurgien donne l'hiftoire de cette pratique & la manière de s'en
fervir fans danger: il dit l'avoir fait deux fois avec fuccés. Savoir,
une folution de mufc dans une femme cpilcptîque , & la décoâïon de
quinquina dans une fièvre putride. Cet article eft tiré d'un Ouvrage
périodique qui fe publie, à C?orrj/;gu£j to\x%\Ql\iiGàeGotting.Ah:(eigen^
1778. NO. 145.
l^ewtonianifme de AI. de Voltaire , on Entretiens d'un Etudiant avec
un DoBeur Ntwtonien. Brochure //ï-iz. pat M. J*... P.ja Paris, chea
Morin , rue Saint- Jacques 177c-
Cette petite Brochure renferme une Critique des Elcmens de la Phy-
fiaue de IK'iwmn . par M. de f^oltaire , d'autant plus piquante, que le
fel en eft caché fous le voile de la plus grar.de umpliiité. Les erreurs
de M. de l'oUatre en Phyfique y font relevées avsc beaucoup d'art &
I77J. OCTOBRE. Vvi
ÎJi OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
<le vérité. L'Auteur ^ eu l'attention de citer exaAement les patTage»
de M.</< yoltatre^Si. cette précaution ctoit d'autant plus ncceiraite qu'il
faut fe convaincre par fes propres yeux , pour croire ce célèbre Ecrivim
capable de pareilles erreurs.
Plantes Vinintufts & fufptcîts it la France ^ avec latrs antidotes ,
par M* Bulliarii,
PROSPECTUS.
Il eft bien étonnant que dans un (iècle auflî éclairé que le nûtre,nous
n'ayons pas fur les Plantes vénéneufes de la France , un feul Ouvrage qui
puifle nous mettre à l'abri des inéptifcs faules qui fcmblcnt fe multi-
plier cous les jours» & qui ont fi fouvenc porté le trouble & la moïc
même datu lefpéce humaine.
^i\ effet, de combien d'accidcns caufcs par des Plantes nuifiblcs,
n'avuns-nous pas écé témoins ? A combien de perfonnes n'en a-t-il pas
coûté la vie pour avoîi mangé , par erreur » de mauvais Champignons,
de la Ciguë employée dans certams ragoûts pour du Perfil aveclequel
elle a quelque relTemblance ? &c. Eft-il un feul pays où fe foienc loirté
ignorer les terribles effets des Tithymales , avec lefqaels on engage
ies enfans, pour leur jouer pièce, à fe frotter les yeux aân de fe lever
matin ? Combien de gens , rrompés par la forme agréable & appctif-
fante de certains fruits, n'ont-ils pas chètement payé la curiofite qu'ils
ont eue d'en maneer?Les uns ont traîné une vie languiiTante, les autres
font morts fous , d'autres imbécilles ou comme enivres, d'autres enlia
font tombés dans un aflbupifTemcnt rebelle à tous les fecours dç
l'Art, &c. ôcc. L'ufage où l'on cft cncotc aujourd'hui dans nos cam-
pagnes , de fe purger , par économie, avec la Laurcole, l'hpurge, I2
Clcrhatite, le Cabaret, &c. n'a-t-il pas fait perdre la vie à mille gens
qui n'avoieiit pas Ai proportionner la dofe de ces médicaniens dan-
gereux, à la force de leur tempérament ?
De toutes les parties de l'Hil^oire Naturelle , il n'en eft donc pas d'aulTi
importante que celle ci ; on ne peut connoitre trop tôt fes ennemis , afin
de les éviter , on du moins de les combattre. Les animaux en liberté
nous prouvent que cette connoiltance des alimens nuiGbles cil une des
premières qu'ils ont : par inftintft, ou par la répugnance qu'éprouve leur
odorat , ils favenc évirer de mander des herbes vénéneufes , quelque
relTemblance qu'elles aient avec celtes qui font leur nourriture ordinaire ^
&: quand il cft arrivé que pK)ur foumettre à difTcrentcs épreuves cer-
tains Animaux , on les a empoifonnés foit avec des herbes , foit avec
des fruits, &c. ce n'a été que par artifice , & en les for(,ant a manger
des pâtées ou des préparations quelconques , dans lesquelles on avoit
fait entrer en fubltince les planres qui faifoient l'objet des recherches.
SUR rffrST. NATURELLE ET LES jixKi^.
Où en
'preuves
5J1
qiu onc ccc
elles ferv
modit(^ fc
1 fcroit l'Homme qui fe Hvreroic aveugUment aux témoignages
ctc les fraiis de ces expériences ? A ouoi soutes ces épreuves onc-
i ? Parce que les Moutons &c les Cncvres mangent fans incom-
mfible l'herbe cie S. Chtiftophe , doit-on croire qu'elle n'eft pas
mal-fùifante i l'Homme , candis qu'il eft prouvé que fe$ baies font pour
lui un poifon fubtil î Ne fait-on pas en outre que cette plante, réduite en
poudre , eft employée fouvent & avec fucccs pour faire mourir la ver-
mine qui incommode les Hommes & les Animaux ? La Jufquiame
noire, etl recherchée par le$ Porcs qui la mangent. Se à qui un la croît
falutaire; il eft cependant certain qu'elle eft maUfaifanie à l'Homme,
âc qu'elle tue les Poules , les Canards , &c. Farce que quelques Ani-
maux , prefTcs pat la faim , ont mange, faiis en paroitre incommodés,
plulîcurs cfpèces de Renoncules vertes , quoique très-acres, des fleurs
d'Aconit , des feuilles même du Bois gentil , pourroit-on fagemenc
conclure que ces mêmes Plantes ne feioicnc pas nuifiBles aux Hommes ?
Non. On rifquera toujours de fe tromper , quand on jugera des bonnes
ou mauvaifes qualités des Plantes pour l'Homme , par les effets qu'elles
produifent fur les Animaux i& rcciproquemcm, de celles pour les Ani-
maux . par les effets qu'elles produiront fut l'Homme j &c ce n'eft que
d'après des expériences faites & répétées nombre de fois , que, l'on
doit prononcer fur la falubritc ou l'mfalubrité des Plantes.
M. Balltard n'a tien épargné pour le procurer toutes les Plantes , tanc
vcnéneufes que fufpecles, qui fe trouvcuten Francc^^ P''*^^ rendre intc-
reffanr aux yeux du Public cet Ouvrage rant defiré; il a lui-même deflinc
cette Colleftion préiieufe , daprès nature: il y a peu deBocaniftes dans
la capitale, qui n'aient été témoins de fes fcrupuleufcs recherches. Depuis
long-t^mps il s'occupe i ranullèr les niacériaux d'une Flore Frunço! je .,
dont il annonce ceâ comme un éthamillon; & c'eft à fes frais, & fous
fes yeux , qu'on grave les Plantes S<. les dcfaiprions qui doivenc entrer
dans fi Collediou. •
Toutes les Plantes font gravées fur un format //1-4*'. & femblables d
celle qui eft jointe au Projpciîuî , ou qu'on pourra voir chez ceux qui
font charges de fa diftribution. Le papier fur «equel cette hgiue eft im-
primée . eft le même qui fetvira pour tous les Exemplaires, excepte ceux
qui feront peints ; ceux-ci ne feront vrais & avoués par l'Auteur, qu'au-
tant qu'ils feront imprimés fur le plus beau papier de Hollande, qu'on
appelle communément Nom dt Jejui\ & ou'en outre on trouvera au dos
de chaque feuille la lettre S avec un paraphe i la plume, H n'y .-ïura pas
moins d'exacVitude dans la defcriprion cfes autres Plantes qu'il n'y en
a dans celle<i \ toutes auront leurs noms François , tant anciens que
modernes , & leurs noms Latins conformément au SptcUs PU/ttcrum
du t^hevalier linatui. On faura du premier coup-d'ocil dans quel
tems chaque Plante âeurit, & dans quels eOjdpUs on la ccouve le plus
JH OBSERFATJONS SUR LA PHYSIQUE,
communément ; on trouvera rous fes détails caraftériftiqucs le plus foi*
eneufemenc obfervcs & tracés par la main de l'Auceur ; & une courte
aeraipdon fur fes parties nuinbles , Tes qualités, Tes effets, & fut les
remèdes , tant internes qu'externes, qu'on doit employer dans les cas
orgens.
Si les parties cara£tériftiqucs de la Plante ne font pas afTez fenfîbles i f»
vue , on les indiquera ( en notes ) gravées i. la loupe ou au microfcopc ,
quand les cas le requenont.
L'on donneta tous les trois mois un Cahier de dix Plantes gravées,
dont le premier a paru au mois d'Août , & ainfi de fuite de trois en
trois mois. Le nombre des Cahiers n'excédera nas celui de dix ou onze.
Le prix de chaque Cahier efl de 5 liv. ii fous, fans qu'on foit obligé de
fouie rire.
L'on a peint fupérieurcment fur la gravure les mêmes Plantes , dont le
premier Cahier ne paroîtra qu'au mois de Janvier 1780^ mais l'on ne
pourra fe procurer cette Collection qu'en foufccivant.
Les conditions de l'abonnemnt font de donner iz livres en foufcrï-
vant. Il livres en recevant le premier Cahier, 11 liv. en recevant le
fécond, & ainH de fuite iufqu'aa dernier qu'on difhibuera gratis.
Le ptix de chaque Cahiet peint fêta de 1 5 Liv. pour ceux qui ne fouf-
ctifont pas.
A PARIS,
P. Fr. Didot le jeune , Libraire-Imprimeur de MONSIEUR,
\ quai des Auguftins.
'CbezCDEBURF, Libraire, quai des AugufUns.
IBelin, Libraire, rue Saint Jacques.
Bazan, Marchand d'Eftampes, rue &' Hôtel Serpente.
Von trouve cfiii^ DlDOr U jtune , Ctm 4ts Lihraires ci'itffus ,
Us Ouvrages fuiva/is du même Auteur.
Flora Parljîenfs, ou Defcriptions & Kgures de routes les Plantes qui
croiffentaux environs de Paris , fuivant la Méthode fexueUe àt Linné ^èc
les Dcmonftrations de Botanique du Jardin du Roi. Paris, m-S". 177^
& années fuivantes.
Cet Ouvrage » dont les Plantes font deflfînées de coloriées d'après nature,
fur Papier de Hollande, paroîc régulièrement tous les deux mois, par
Cahier de 10 Planches: il y en a aujourd'hui aa Cahiers qui fonnent
440 Planches. Le prix de Chaque Cahiei eft de 7 liv. roL^u'onpeuc
SÛR VHIST. NATUREILE ET LES ARTS. yjj^
£e pTocucec à merure» ou pat abonnement, & ratfon dâ 45 Uv. l'uince»
çompofce dt 6 Caliiers ou i lo Planches.
L'on ea a ciié quelques Exeoipbices iA-4®. , doQC le ptix oft 1 1 Uv.
le Cahier.
IntroduAion à U Flore des envîcons de Paris , fuivast la Mécbode
fexuelle de Linné. Pacis,i77tf, 1/1-8°. avec I-i^ures enluminées »repré-
fentanc les caraâères des Plantes. BrocKc, i liv. 16 f.
Cette Brochure contient les premiers Elcmens de la Botarûque s Se
les Planches enluminées en ftciliient I ctude; elle cft en outre ttès-pro-
pre i donner les premiers principes de cette Science >& devient indif-
penfable à ceux qui veulent s,*occuper de i'écude des Plaujss , & pai^
ticulièrement des Plantes véncneufes.
Le mime Ubralrt yient de recevoir de l'Etranger Us Livres fuivans :
Sffai far ia Santé des FUUs nuhiUs , pat M. ^Tr^ir*/.. Londres, ( Paris. )
'■1778 ,1/1-8*'. prix i liv. 4f. Broché.
/. B, Mofgagni de ftdibus & caufts Morborum per Ânatomtn indagaiis,
Litri ^uàWfUê , prafatus éfi à /). Ti^ot j M. D. Ehfodurù , «a Uelvééd
1779, j vol. i«-4''. prix jo liv. Relie.
Cette nouvelle Edition de Morgagni , qu'on doit aux foins de M.
Ttffot, eft très-bien exécutée.
TABLE
DES ARTICLES
Contenus dans ce Cahier.
si- ECHBKC BES Ckymiques fur U terre des Pierres pricîeufes ou gent'.
nus; par A/. Torbirn Bergman , Proftffeur de Chymie ^ Chcvaiier de
rOrdre Royal de Wafa , Page xj7
Mimoire fur Us Atterrijfemens des Côtes du Languedoc ; par M. Povcex ^
iSi
Second Mémoire fur le principe de Vïnflammahïlïté des corps comhufibies
ou Gas infammabU huileux ; par A/. Neret , jf/j, 191
Dijftrtation fur la caufe Phyfique £une efpèce d'attraSion que les Ckymif*
tes appellent Affinité ^lue â la Séance de la Rentrée de f Académie de
j^ff OBSERFATIONS SUR LA PB7SIQVE,&c;
Meti , A 1 1 Novtmire 1778 ; par Dom Nicolas CarbOis , Priaeipai
du Collège Royal de Met[ > de la Société Royale des Arts 6* Sciences
de la mime Ville , AJfocU à f Académie de Châlons-fur^Marne , de la
Société Patriotique de Heffe^Homhourg , x^j
Remarques fur une ancienne Mamiire du Gottvernement du "Havre ^ &Jur
■ les Squelettes Humains qu'on a trouvés ; par M. tAhhé DiCQUi-
VAHB , de plufieurs Sociétés & Académies Rcyales des Sciences , Belles^
Lettres & Arts^ de France j EJpagne ^ Allemagne^ &e. ^oz
lettre adrepe à un Chymifie , par M, de la Foue , cohcemam les réflexions
de M, SALUoVfJur les Ètamages , 107
Lettre de M, Thomas West > à Îh* Lame fur un Rocher volcanique y pris
d'Inverneff^y en Ecojfe^ 315
Defcription de la Méthode du Do3eur Ix.ting , pour deffaler VEau de la
Mer par difiiUaticn , 51^
Obfervationsjur la Dent fojple d'un animal inconnu; par M, le Baron
DE SfiRVIERBS, fl$
Nouvelles Littéraires ^ 517
APPROBATION.
J'Ai la. vu ordre de Monreigoear le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a poor
litre : ObfervaùoJis fur la Pkyjîque , fur CHîfioire Naturelle &fur Tes Arti, (fe. /
par M, tAhhé Ro z i mk» &e. La Collcâion de faiti imporians qu'il ofFre përio-
diquemcnt à Tes Leâeurs , mérite Taccudl des Savans ; en confluence , j'cftime qu'où
fcut en permettre rimprcâwn. A Paris, ce 11 Oâobte 1779.
VALMONT DE BOMARE,
PL
Btiiit Je ^a MoTTmre _^
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/rtzmà> ^jfSi/Trteve ^itrlaff4ptfi ^Zan/ééSud-
^^'4
J^.S.
Oe^irv 1
7/J-'
tff&erS^Sl
^
^§5" -^
.«iJ^4.4
JOURNAL DE PHYSIQUE.
NOVEMBRE 1779.
-rçrH
EXTRAIT DUN MÉMOIRE
De M, Gensaune , fur U Deffhujrement du Charhon^dc-Terre & ftff.
la conJlru3ion dis Fourneaux propres à cette opération.
J\vA}n que de s*ezporer i la dcpenfe de U conflrui^on de ces
fortes de tovirneaux , il eft bon d'crrc prévenu que toutes les efpcces de
Charbon-de- terre ne font pas propres a être réduites en cogkes ou cin-
ders : c'eft ainii qu'en Angleterre on appelle les Charbons-de- terre
ainti prépares ; nous leur donnerons ici le nom de Charbons épures.
Le Charbon nerveux, c*eft-â-dice , qui fe trouve mêlé avec une efpèce
de fchifte noir, plus ou moins p;irrcmc de grains de pjrites, ne vaut
Abfolument rien pour être dciloufrc , parce qu'il donne un Charbon
très-terreux , & plus nuifibJe encore que s'il n'avoit pas été épuré.
Le Chatbon jayet eft à peu-prés dans le mcmc cas i il eft uni , com-
paâre » d'un oeil terne Se lilfe; il n'efl ptefque compofé que de bitume
delTcché, <5: ne hilTe aptes Cx cakination qu'une terte motte qui n*eft
plus daucun ufage.
H y a une autre efpècc de Chatbon qu'on appelle Charbon léger^
qui td très-beau i Tail ; il clk fouvent orné de couleurs d'iris ou
gorge de pigeon j celui-ci employé tout crud eft excellent pour les
ufages domelUques , parce qu'il flambe trcs-bîen , &c rend peu d'odeur}
mais étant épure , il ne donne qu'un Charbon foible de peu de durée ,
qui fe réduit en cendres. U n'y a donc, à proprement parler, que le
Charbon qu'on appelle Charbon de Maréchal , ou qui efV propre pour
les for«s des Maréchaux, auquel on puilTe taire fubir l'opération du
dellburrage avec fuccès. U eft médiocrement dur , crès-luiianc , quel-
quefois à grains cubiques , Se plus fonvent à petites lames légèrement
arrondies. Quoique ce dernier Chatbon Toit, fans contredit, le me il-
leur que nous ay ions , il ne laîdê pas que de renfermer, par intervalle ^
du nerf ou fchifte fouvent pyciteux , qu'il Éiut avoir grand foin de
féparer du Charbon avant que de le mettre dans le fourneau d'épu*
ration.
TomeXiy, Part. IL 177,. NOVEMBRE. X x
j3^ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Nous ajouterons aux obftcvAiions préccdentM , qu'on doit coujours
conllruire ces Toites de foumciux dans le voillna^e îles mines de Char-
bons qu'on fe propofe d'cpurec , parce qu'ils perdent confidérablcmene
de leur poids dans cette opéracion; ce qui diminue d'autant les frais
de votcute , qu'il convient d'epatgnec autant qu'il cH poflible : cela
porc;
Sur un terretn près d'une mine de Charbon , formez une plate-
forme de quatre toifes en quatre , dont vous appUnîrez le fol , que
vous affermirez &: mettrez bien de niveau en le batunc & l'appLuiif-'
fane Avec la batte ou la demuifelle.
Sur le milieu de cette plateforme , tracez un quarré » A,Bj C, D
( tig. 1^) , dont les cotes (oient de dix-huit pieds de longueur ; coupez
les angles de ce quarré pour avoir un oâogône tel que la iîguie te
reprcfence, en donnant aux cotes M , E » fix pieds de longueur > Se
neuf pieds 5c demi aux gnnds côtés E , F.
Dans l'intérieur de la ligne qui forme l'oâogône , crcufez â un bon
«lemi-pied. de profondeur la fondation d'un mur de pourtour de quinze
pouces d*ep.iifleur, que vous élèverez à la hauteur de dix huit pouves
au delfus du terrein, en obfervaut de laiirer au milieu de chaque lûté
& à âeur de rerre , des trous ou ouvertures a^b^c^d^Ct^ de nx bons
pouces en quatre j cela fait, vous formerez diagonalement , d'une ou-
verture à l'autre, des canaux ou rigoles a,e^ ^«/i ^'<^. de (îx pouces
de largeur, & auranc de profondeur^ vous ferez ces rigoles i pierres
sèches avec des pierres de grès ou des fchilles^un peu fortes, afin qu'el-
les aient une bonne aHife, 6c qu'elles ne fe dérangent pas facilement;
vous les couvrirez enfuice avec de larges briques faites exprès , pla-
cées à un pouce d'intervalle les unes des autres.
Cela fait , ayez du gros fable que vous laverez bien , a£n de lui
oter toute la terre , & vous en remplirez les intervalles N , N jufqu'i
fleur du dclTus des briques qui couvrent les rigoles , en uiiiinmi bien
le tout de niveau y au moyeu de quoi , votre fourneau fera préparé Ôc
prct i fervir.
Voici maintenant pourquoi il faut employer du gros fable lavé pour
remplir les inrervalles qui fe trouvent entre les rigoles » £c pourquoi il
^ut du jour entre les briques qui les couvrent ; il ell bon dêire pré-
venu , que l'art d'épurer & de delToufrer le Charbon de-pierre pour le
fendre propre à la fonte des mines, coniîQe a dégager ce follile de deux
fubflaiices éealement nuifibles dans ces fortes d'upcrul^
•pci
rions , le
foufre
& le bitume, fans lui faire perdre fa qualité combuHible; & ce qu'il
V a de lîngulier , c'efl que le funfire , quoique bien plus volatil que
le bitume , ne s'en fépare qac lorfque la partie bitumineufe s'en efl
dégagée ou qu'elle ed confumét: par le feu ^ ce n'efl ^u'alots que ce Ckai-
boa rend une vrAïc odeur de fuulre.
SUR L'H/ST. KATUBELLE ET IBS ARTS* $^9
Dans le gfaiid nombre dexpcrîences que nous avons faites pouc
parvenir 1 ce point de vue , par h mccKode Angloife qui coiiGue à
cuire le Clurbon, à-peu-prcs comme on cuïc celui du bois , ( ceU audl
la plus commode & la plus expéditive) je nie fuis apperçu que les
couches fupcrieures des cas fe cruuvoient toujours incomparablement
mieux épurées que les couches intérieures. Ces decnièces, quelque
firécaucions que )c pnlTe , contenoienc toujours un peu de bicume qui
es rendoit mattes & bien plus pefances que les premières ; j'imaginai
d'abord de faire des rigoles dans la cerre, pour que le bicume qui de-
vJcnc liquide dans le reu , pûc s'écouler par-là ; mais je compris en
mcme-tems que celui qui fe tcouveroic éloigné de ces rigoles, n'aucuic
pas cette ficilîcé j d'un autre côte , je m'appercevois que ce qui con-
tribuoic beaucoup à cet inconvénient, étoit que ces couches infcrieu'
res ne recevoienc pas aflez d'air, & par conféquentjsflezdefeu pour que
cecce dcpuracion s v fit exaûement.Cerce remarque me lit prendre le parti
de faire des rigoles par des rangées de piètres fur letercein, comme
la Figure le fait voir, & de remplir les interv.tlles angulaires avec du
gros gravier bien lavé , afin que le bitume ou huile de pétrole qui
découle des Charbons pût s'y réfugier & remuer dans les rigoles.
C'crt pour cecce raifon que j'aiconleilic de ne pas joindre exadenient
les briques qui couvYenc ces rigoles , avec lefquclles, outre l'évacuation
de la partie oitumineufe , cette conftrudion procure un autre avan-
tage , c'eft celui de fournir tout l'air nécelfaire pour entretenir le feu
aux couches inférieures du cas de Charbon , & de régler le feu de ht
manière qu'on veut; car ces rigoles font des efpèces de regiftres pouc
porter de Vair où il eft uécetTairc, &: pour le fuppnmet dans l'es endroits
pu il eft trop fort^ il n'y a pour cela qu'à fermer en dehors du four-
neau , les portes ou ouvertures des rigoles d<t coté où le feu eft trop
fore , Se de les ouvtir du côté où il eft trop foible.
Il cil maimeiiam connu de tout le Rovaumc, que ces fourneaux ont
tout le fuccès dcHtc entre les mains des pecfonnes à qui nous en avons
envoyé les plans &: les inftrui5lions que nous venons de détailler; Se
nhn de nous rendre plus intelligibles, nous avons rracc d^ns la deu-
xième figure la coupe tranfverfale d'un de ces fourneaux fur la ligne
G, C de la première figure; enfin , la troihème figure reprcfentc un de
ces fourneaux en feu. Il s'agît maimenanc d'expliquer de quelle mi-
nière on doit conduire le travail à l'égard du Charbon qu'on foumuc
si cecce opération.
Votre Charbon étant forri de la mine , concAlTeZ'le de minière
que les plus gros morceaux n'excèdent pas la groflcur du poing , &
prenez fur-tout garde qu'il n'y ait du nerf: on donne ce nom 1 une
pierre noire , grisâtre, ordinairement remplie de jxjints brillans. Cer:c
piêcrc eft uès-commune dans les mines de Chacbon-de-tenc, 2c nuit-
NOFEMBRE. Xx a
HO OBSERrATIONS SUR LA PnrSÏQUEi
benuconp dans roas !cs emplois qu'on fait de ce foflîlc. A mefure que
votre Charbon eft trie, .irrmgez les plus gros morceaux fut le fol de
votre fourneau pour en formée la première couche i vous arrangerez
par-deilus les morceaux moyens , & vous confer vcrex le même ordre pour
les couches fupérieures : difpofez tout cela en forme de meule ou de
dcmi-fphère applattc. Je la hauteur environ de trois à quatre pieds, &
dont les pourtours doivent fe terminer contre les murs des fourneaux »
comme on voie d la lîgurc troifièmc.
Kn arrangeant voire Charbon dans le fourneau pour en former le
cas dont nous venons de parler, vous aurez foin de lailTer au centre
un. trou de fept i hait pouces fur toute la hauteur du ras , que vous
remplirez à mefure avec de menus branchages de bois fec ou autrej
matières combuftibles \ c'eft en allumant ces n^aticres qu'on met le feu
ftu fourneau, comme nous le dirons dans la fuite.
Après avoir chargé vorrc fourneau â-pcu-prcs de la manière que Is
iiguie troîGcme le rcprcfenre , en fuîvanc l'ordre que nous venons de
prefcrire pour U dilpulition des couches , vous egaliferez de votre
mieux le tas fur toute fa furface ; en fuite, vous le couvrirez avec du
pouflîer de Charbon donc on ne manque jamais, (oit des débris des
cultes prÂcdentes, fuit autour de la minej car il eft indifférent que
le pouilict foie du Charbon crud ou de celui qui a été cuit ; le plus
Bn eft le meilleur: vous ferez cette couverture d'enviton deux doigts
d'épaitrcur ; elle fe trouve ordinairement un peu plus cpaifîe vers le
bas du ras , ce qui n' eft pas un mal j vous calquerez légèrement cette
couverture avec 1e plat d'une pelle, pour que l'atfkion du feu ne la
dérange pasi il fcroic même très-bien de mouiller ce fraiïcr, & d*en
faire une efpèce de mortier , qu'il feroit beaucoup plus aifc d'appli-
quer Se d'arranger fur le ras , ce qui en outre fcroic une cfpcce de
croûte , en fe dclïcchant , qui ne fe dérange plus; il eft vrai que cette
croûte forme un grand nombre de petlres fentes j mais ces crevallès
favorifcnt admirablement la fortie de la fumée , fans laitier échappée
la flanvne, ce qui eft elîentiel.
i^lafait, prenez une pelletée de braife ou de ClV.irbon de bois allume ^
& la jettez fur les menus branchages qui remplilPent le trou qui eft
au centre de la meule . que vous aurez foin de ne pas couvrir Je fir^
fier. Dès que vous vous appercevrez que votre bois eft bien ajlumc >
& qu'il torme de la riinime , vous couvrirez le trou avec un gros
morceau de Charbon , qui lailTèra alTez d'air pour que le bois contmuc
de brûler. A mefure que le feu defcend en bnilanc le bois , il allu-
me le Charbt>n de-terre nui lui eft conrigu , & qui alors commence
i brûler par le centre du fourneau , Se s'étend peu-i-peii X l'entour fut
toute fa nautcur.
La ptemièce accemion qu'il faut pour bien rcuftic dans cette opération >
SUR VffiST, KATVREllË ET LES ARTS. J4t
c'eft de bien prendre carde que le fou ne gagne pas plus d-'un côté que
de l'autre , & qu'il s cloigne par-tout également du centre. I orfqu'on
s'apperçoit qu'il gagne d'un côté plus que de l'autre , il faut fermer oa
boui:her la porte de la rigole du côte où le feu avance trop; ce qui
ôte Tair de ce côte, &c arrête le progrès du feu.
Si, pendant le travail, on s'apperçoit que le feu devient trop vio-
lent dans toute l'étendue datas, il faut Doucher toutes les ouvertu-
res des rigoles ; pout-lors , le fourneau n'ayant plus d'air, le feu dimi-
nue en trcs-peu de rems. Pour cet clfec, il faut que les portes des rigo-
les en dehors du fourneau, foienc munies chacune de leur bouchon,
qu'on ouvre ou qu'on ferme , fuivant que les circonftances l'cxigenr.
L'ne autre attention également importante , c'eft d'avoir le plus
grand foin que la fl.\mme ne forte pas audelTus du ras ; Qc lorf-
qiie cela arrive, il faut y jettcr une pelletée de frafier ; mais lorfqu'il
fe forme quelques trous un peu confidcrabtes , on peut les couvrir avec
quelques tuileaux , ou mieux encore avec du fraher mouillé; car on
peut être atTuré que toutes les fois que la riimme fc fait îles ilFues Se
fort du tas , il fe confomme du Charbon qui fe réduit en cendres , ce qui
forme un déchet.
Ou reconnott que le Charbon eft cuit & bien épuré aux marques
fuiviiites. Ce n'eft que vers la fin de l'opt-ration que l'odeur du fou-
fre fe £iic fencir; jufques-U, le fourneau jette une fumée noire Sr épailTe
qui rend une forte odeur de bitume ou d'afphalce , oui dure jufçîu'i
ce que la partie bicumineufe foie confommée ; alors, la fumée devient
bleuacre & cranfparente , & l'odeur du foufre fuccèdc à celle d'af-
phalte. A. mcfurc que le foufre fe dilîipe , la fiimée diminue & devient
blanche -, & des qu'il uV a plus d'odeur de foufre , Se que le cas ne
rend prefque plus de fumée , on peut conclure que le Chnrbon eft
entièrement épuré Se qu'on peut le retirer. On bouche alors rous les
endroits par où il fume, avec du fraficr , on ferme les portes des rigo-
les , afin que le feu s'éteigne^ & au bout de fepr à huit heures on le
retire.
Il faut avoir pour cet effet des râteaux de ftr i longues dents vm
peu recourbées. Ces onrils fonc foiT commodes pour ccïte opération j
il faut s'en fervir légèrement pour ne pas brifer les Charbons cuirs,
qui font alors tendres & friatles. A mefure qu'on retire le Charbon
hors du fourneau, on Pétend fur l'aire qvii eft autour, où il s'éteint
de lul-mcme en très-peu de tems; & lorfqu'ilcft parfaitement refroidi,
on le poneau magafin. Cette opérarion dure depuis trente-fiz jufqu'i
quarante heures de feu , & mcme plus, fuivant U qualité dcsCnar-
bons qu'on emploie.
Deux hommes, un de jour & un de nuiCi fuâifcut pour conduire
i4i OBSEKrATlONS SUR LA PHYSIQUE^
& veiller au travail de trois fourneaux ; mais il en faut un croifième
pour leur aider à charger & décharger le fourneau , & pour préparer
le fralier &c. On peut charger dans le fourneau » tel que celui que
nous venons de décrire , cent foixance'dix i cent quacre-viiigt quia'
taux de Charbon crud, plus ou moins, fuivam la qu.\licc deCnaroon ,
& on retire folxAntc i loixatitc-dix quintaux de Charbon cpuic. On a
remarqué que ce folllle n'cft par^icemcnt cpurc, &c propre à erre uù-
Icnienc employé dans les travaux des forges à fer, que ïorfquil a fuhl
cette diminution de poids. Mais il s'en uut de beaucoup qu'il perde
auunc de fon volume, car au fraïier près, on en retire prelque autant
de mefurcs étant cuir qu'on en avoït mis étant crud, éc i la fonte ,
il fuifonne beaucoup plus que le Chatbon-de-bois. Telle eft la manière
de defioufrer & de préparer le Chatbon-de-terre , pour le rendre pro-
pre à être employé à différens ufages , auxquels il ne fauroit fcrvir
î.ins cette dépuration. Nous avertirons ici que toutes tes fois qu'on
charge de nouveau le fourneau, il convient d'examiner fi les rigoles
ne iont point embarraifées , ce qui eft facile; car il ne s'agit pour cela
que de lever quelques-unes de^ briques qui le couvrent. 11 arrive auilî
quelquefois que le fable devient humide Se huileux pat le bitume quî
y ppiiècrc, il faut alor& le changer.
Si on Êïit bouillir dans de l'eau le Tible quî a fervi , Se qui cil
imptcj;nc de bitume, on en retire, en écumant la furfa<.e de l'eau ,
une efpcce de goudron qui efV excellent pour grailTer les voitures ;
mais il faut le ratîner auparavant^ ce qui fe fait en le faifant bouillir
i petit feu , jufqu'à ce que toute l'eau qu'il renferme foit évaporée j fie
gu'il prenne la conHlliance d'une huile graife.
On nous demandera peut-être pourquoi on n'avoir pas pu jcifqu'ici
paivcnir à épurer alTez le Uharbon , pour l'employer avec fuccès aux
iravaux des forges à fer, qui ont toujours été le but principal de ces
recherches, puifque notre méthode diffère très-peu de celle qu'on em-
ploie en Angleterre, où l'on cuit le Charbon à pcu-pr^s comme celui
de bois , &: où cependant cette dépuration ed imparfaite; nous ré-
pondrons à cela que la raifon en cil crcs-lîmple , & nous l'avons dcjl
fait apperccvoir. En faifant les meules de Cnarbon tout fimplcment
fur un terrein uni , comme on a fait jufqu'ici, les couches inférieures
ne peuvenr point recevoir une chaleur alfez forte pour en confumer
h partie bimniinciirc , & moins encore pour dilTiper la partie fulfu-
reufe ; car il cH de tait que le foultc ne s'en fcpare qu après que te
bitume eft confumé. Cette cltcouftantre nous feroit en quelque forte
foupiçonner que la partie birumineufe ne dcpofe fon acide , que
lurfqu'ellc efl entièrement artcnuécpar le feu, & qu'alors cet acide fe
^ijmbinant avec la partie inBammabfc, forme le foufrc, qui ne peut
SUR VHIST, NÀTVREllE ET LES ARTS, 34,
point s'exhaler qu'après qu'il a ccé formé; & cela piroît d'autanc plus
vraifeniblable , qu'il ne hiuc qu'un léger degré de reu pour dcg.iger le
foufte des fubft.mces minérales qui le retcleiir.
Il réfulce de coures ces rciïexions, que C3in qu'il y a du bicume d.ins
les couches inférieures des tas qu'on forme fur le terrein , le- foufre
ne peut point s'en fcparer 6i que pir cette méthode on n'obtien-
dra jam:iis du Charbon fuffifan:nitiu cpurc. a thofe eft en\.'ore moins
pollibU* dans les vailleaux fermés , donr on fait ufage dans quelques
cndroirs de l'Allemagne & en Ecolîe , où l'on proHre d'une partie du
bitume &: de l'huile que le Ch.nbon renferme , pAfce que le feu n'y
2 jjmais allez d'iiuuniîté pour confumcr la loulité de la pairie bitu:ni-
neufe qui dottne lieu ^ U formation du fuufre; & ce neffe^qu'à U
faveur des rigoles que nous avon!> pratiquées au delTuus du fol de notre
fourneau, quou ptut porter de l'air dans tout le tas de Clurbun qu'il
renferme , Se y maintenir un feu partout égal ^ & ce n'eft qu'en mé-
nageant une retraite au bitume qui peut en découler dans le fable
placé dans les intervalles des rigoles , qu on peut parvenir à épurer
patfaitcmenc ce follite , & i le dépouiller des fublunces qui nuifenc
d la tonte des minéraux.
EXPERIENCES
Sur La poufliùrc fcminalc des PUntcs,
Pur S. Ch. E, de la Société des Amis Scrutateurs de U Nature , de BvUni
J L ^ 3 environ it ans qu'une difTercation du ProfcfTcur Rcffners, in-
férée dans les Mémoires de l'Académie de Hambourg, fur la pouf-
/ière féminaJe, m'avoic vivement touche , 61: déterminé pour ainn dire
d me livrer particulièrement à ce genre d'étude ^ je commençai mes
expériences par deux fleurs de ditférence n.uure , connues fous le
nom de {Jalappa mirtibtlts ) ^ je les ai choifies préférablemenc à t.»ute
autre , parce qu'elles ont quelque chofe de particulier ; le foir on les
voit s'ouvrir aullî-tôr que le foleil difparoît âc le lendemain elles fe
referment aux premiers rayons de cet aftre 1 en confcquence lapouf-
/îèie féminale de ces plantes eft formée en très-peu de tems.
On en diltingue de deux erpèces -y la grande, appellée ( mirahilis ht'
gi/i Td ) qui rcpand une odeur fort agréable, fut jadis introduite dans
nos jardins lous le nom de {jalappa meri<ana*j Cette plante diffère
344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
des belles-de-nuit ou mirabelles, { Jlos mirahi/is , ) par ia tige de iroîs
ou quatre pieds de hauteur» par fes feuillcâ tapiflccs de duvec, gluin-
tces & d'un vetd grisâtre.
Je couçus l'idée de tranfporter la pouflicre fcminale d'une de ces fleurs
fur une autre d'efpcce différente, Ljfpécant eii obtenir une graine qui
J'annce d'enfuite produiroic des mirabilis d'un cenre nouveau. Comme
ces plantes portent des fleurs qui jouiflent a^ii propriétés des deux
fexes, la petite efpcce me fournit de la graine màlt; , 6c la grande de la
graine femelle.
Je Tuivis cette expérience pendant plus de deux mois confécutifs
avec la plus grande cxa^ituae, & j'obtins iureniiblcmeiu quelques
grains^e femencequi croient parvenus au point de maturité. Cette graine
avoir beaucoup d'analogie avec celle de la grande efpèce. J'obfervaî
avec une attention rigoureufe le momenr où le calice de la Heur alloic
s'ouvrir , aHn de ne perdre aucun grain ; auflî , quand la fleur fut
pafféc, je me trouvai en pofleflîon d'une douzaine de grains lecueilUs
iuc chaque fleur ^ j'en diflcquai un par curioficc & j'y remarquai d'une
manière fenlîblc le germe de la plante déjA animé.
Sur les onze grains que je femat de chaque plante , j'en vis lever
cinq y &i parmi ceux-ci j'en remarquai un pnncîpalemenr qui par Ces
feuilles y les nuances de fa couleur &c fa erandeur , fembloir former
l'efpcce mitoyenne que je chetchois i produire. Maïs les autres fcm-
bloient s'éloigner un peu de l'efocce de la plante gcnérativê.
De toutes ces planres une feuic parviiu à la forme naturelle. Elle
porcoic le caraâ:ère d'une origine mélangée. Elle étoit plus grande ,
mais moins couverte de feuilles que les mirahiiis de la petite efpcce»
plus petite & plus chargée de branches que celles de la grande efpcce.
1.ÙS feuilles & la tige écoient couvertes d'un peu de duvcc, & la cou-
leur approchûit affez d'un vert brun teluifanr. Pendanr la croilfancey
les feuilles de cette plante porcageoient les attributs des plintes des
deux efpcces. La queue de ces fleurs avoir trois fois moins a'éIcv.ition ^
que celle des grandes mirabiiis ; elles croient couleur de pourpre ,
mais pour la faveur & l'étendue de l'ouvcrrutc, elles avoiem beaucoup
dnnalogie avec les pecircs mirabilis.
Non content de cette expérience , j'en centiii une nouvelle : je
tranfpcrtai fur cette plante hybride ta pouflicre féminale de l'efpcce »
qui l'année d'auparavant, m'avoic procure la graine mâle. Mais je ne
pourfuivis point cette tentative avec affez de précautions , je ne fis que
répandre cette poutËcre fémiiialc fur différentes fleurs iâns enlever le
calice. L'été fiit très-humide & j'obtins rtcs-pcu de graine en maturité.
Cependant parmi routes les fleurs produires par cette nouvelle graine,
j'en remarquai Tannée d'enfuite d'une efpèce encore toute différenra
des aunes ^ néanmoins je n ofexois affurer que cette nouvelle prodoc-
hoQ
SÛR L'HfST, NATURELLE ET LES ARTS, j4j
tlon foie un cffêc de ma derincre combinaîfon de graine , parce que le
fait ne me paroîc pas bien conftaté. Quoi qu'il en foir, quelqu'une
de ces fleurs avoienc des feuilles très-petites , les autres au contraires
cxtraordinairement grandes \ la tige des unes étoit il petite , qu'on pou-
»•■ - — — ■ — — - — I -'» — -— -- — _•—_.._
qui excita particulièrement ma curiofîtc \ le calice & les feuilles étoient
)lus jaunes que verts ; elle porcoit des fleurs d'un jaune de fou-
re , éc le fcul grain de fenience que je pus en retirer , ctoic long ,
rylindrique & de couleur jaunâtre. J'en appcrçus cnfuite une autre, dont
la fleur par fa forme Se fa grandeur , reflembloit aux fleurs connues
'ibus le nom de ( quamalitipomea ),
J'eus le dcfagrément de ne pouvoir obtenir aucune graine de ces dif-
férentes plantes ; & même l'efpèce ordinaire ne m'en fourni: que
*trcs-peu , fans doute parce que l'Eic Se l'Automne avoient ctc cxtrc-
•mement pluvieux. C'cft à cette époque que je dois rappelltr la perte
'de mes plantes hibridoij parce que je n'avois pas pris la précaution
de les couvrir de fumier , & qu'ayant donné au Jardinier une partie
de la graine, il la fema dans un herbage, où les plantes qui commen-
^j;oient à fortir de terre, furent écouflees par les herbes j & s'il eu étoic
reftces quelques unes , il n'en retira point dcjgraîne. !
Telle cfl l'hifloire de mes expériences fur la pouflicre ftîmÎDale , Sc
la nouvelle cfpéce de plantes d qui j'ai donné pour ainfi dire l'eicif-
teiicc. Ces obfervations furent très-bien accueillies, dans le tems , des
plus habiles Botanides. Notre célèbre ProfelTeur Gledatfch me flt à
cette occafion un compliment trèS'Hatteur , & entreprit peu de rems
.peu , ce crcs-cxpérunentc en iJotanique , accompagne
d'un rare mérite, m'a fair fouvent l'nonneur de venir me voir , pour
Lonnoïtre exaftemcnr le rcfultat de mes expériences. Quant i moi, je
fus irès-fatis^it de l'effet que produifit le mélange de ces deux graines
différentes \ je ne regrette qu'une feule chofe , c'eft de ne pouvoir
xnoncrec à prcfent ^u'un échantillon deflcchc des nouvelles mirabilis^
SQt
Tùtnt Xir , Part, //. 1 77 9. A' 0 TE MB RE. Yj
^4^ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
LE T T R E
De M. DE MoRVEAU, aux Auteurs de ce Recueil;
Sur un Phénomène qui intlrtjfe t Art de la Verrerie & la théorie de la
Vicrijîcation , & fur le peu d'a3'a>n de V acide fhofpboriqué fur Us terres ^
eemme fondant vitreux,
JVJessieurs, robfervitîon que je crois devoir vous communiquer
"t écc faite .iu laboraroire de rAcaticmiedeDijoii,ïl y a environ rrois mots.
Onavoirdirtnbui djns des boiueilles ordinaires le refte d'un grand t^acoa
^'acide victiolique» connu dans le commerce^ fous le nom à'huile de
vùriol, qui venoic des Fabriques de Rouen ; on vicavet furprifc quel-
ques iourï après que la furiace extérieiue de auclques-unes de ces
■bouceillcs écoir couverrc d'une matière blanche brillante ^ cela donna
lieu de les examiner; on reconnut bicmût qu'elles croient percces en
pluiieuis endroits , de on fe hâta de tranfvafer la liqueur dans d'autres
vailfeaux.
Indcpcndammeni de la matière blanche qui fe rrouvoit au-dchor$
Jes bouceilles, nous remarquâmes encore dans l'intcricur une quan-
ticé de petits cônes courts, très- réguliers & folidcs , fonncs de la mê-
me fubAaiicc , les uns ifolcst les autrcr croupes Se ferres de manière
à empiéter réciproque mène fiu leur bafc j d'autres enfin rangés en fuites,
comme des grains de chapelet ^ tous ctoient très-adhcrens par lcur"bnfe,
& cette bafe plus ou moins convexe, fui vaut que le verre avoir été
entimc plus ou moins profondément j quelquefois mcme le verre croit
percé d'un petit rrou au centre de la partie rongée , &: c'ctoit par ces
nous qu'avoir paflé l'acide qui avoit de mcme corrodé en ditférens
points la furfjce exccrieure , y lailfant feulement un enduit irrcgulier
6c qui n'avoir nulle refTemblance pour la forme avec les cônes de
l'intcrieur.
Après avoir été témoin de ce fait, vous jugerez aifémenr, Meffieurs,
ce que j'ai dû penfer de la brillante hypothcfe par laquelle on a cher-
ché à expliquer le mcme phénomène dans la correfpondance minéra-
logique de deux DoÛeurs; (Tom. 1. pae. 207.) comme on avoit mis
en mcme-iems dans la bouteille qui a donné lieu d leur obfcrvation
du bleu de PrutTc avec Tacide , il falloir bien qu'il jouât un rôle dans
SUR L'HISJ, NATURELLE ET LES ARTS ^7
rexpUcaciou , S< ce rôle eft devenu !e principal , grâces ù la facilicé que
ptctoic cette fubfbnce à ramener fur la fcène T'acidc phofnhorique :
ain/î 3 Aiivanc la nouvelle dodcine. >» l'acide vitriolique a dû fournie
« afTez de phlogiftique à l'acide phorplioriquc du bleu de Prulîè pouc
w en dégager cet acide à rénc d'acide phorphorique volatil fumanc,
» qui a uon-feulement corrode le verre & produit par cette corroHoa
» les petits cônes blanchâtres , mais encote moditîc la terre abfotbante
» de l'alkali qui lui fervuit de bafe , au jpoint de lui donner les pco*
»* prictcs de la terre abfotbante alumincuA:».
Tout cela paroifToit fi naturel , fonde fur des rapports fi évidens,
fur une analogie fi fubliniej que j'ai vcricablcmeiu regret à vous annoncer
que nous avons eu les mêmes effets fans employer de bleu de PrulTe y
fie par conféquenc , fans l'inrervention de ce merveilleux agent auquel
on a donné le nom d'acide phofphorique ; je nc m'y détermine que
parce que le fujet intérelle un art utile, & que c'ell rendre fervice à
ceux qui l'exercent , que de les mettre en garde contre des fyftcmes qui
lie pourroient que les égarer. '
Ify a long-tems que l'on a reconnu que certains verres fe lailluient
attaquer par les acides ^ fioyle rapporte qu'ayant confetvé de l'cfpric
de fel dans une bouteille , il corroda le verre jufqua le rendre auflî
mince que du papier , & qu'il fe forma aux endroits altérés une
croûte faline cpailfe (i) j on trouve dans le Recueil des Mémoires de
TAcadémie Royale des Sciences pour les années 17x4 & 1717 , des
expériences de MM. Geoffroy leCadec & Dufay, fur les matières qui
entroient dans la compofitîon de quelques cfpèces de verre , Se qui
le rendoient fufcepcible d'être attaqué , même i froid, par les acides;
enfin il n'eft que trop ordinaire de trouver encore aujourd'hui dans
le commerce, des bouteilles de mauvaife qualité qui gâtent te vin en
très-peu de tems, en donnant prife à fon acide : c'efl ce qui engagez
M. Maret à publier dans les AiSches de Bourgogne , du 9 Mars der-
nier , un procédé i la portée de tout le monae > pour s'affurer de U
qualité des bouteilles , ôc ce procédé c^fifte tout fimplement i les
mettre à l'épreuve de l'avion des acid^^ Si notamment de t acide
vitriulique anoibli qui rend l'eft'et plus prompt 6: plus fcnfible.
U importe donc de ne p.15 lailïer croire aux Verriers qu'il n'y aie
réellement que l'acide phoiphorinue qui puifie attaquer le verre, quelle
qu'en foit la compofition & la fabrication; & puifque le phénomène
oonc il s'agit me conduit à leur indiquer des principes plus vrais»
plus génccateraenc avoués , je ne puis me difpenfer de les prévenir
(i) Dt eorporaai folidorum porojitate ck. S.
1779. NOVEMBRE,
Yyi
)48 OBSERVATIONS SVR lA PHYSIQUE^
encore contre deux points de théorie enfeigncs par les mcn>es Doc-
teurs , l'un que l'acide phofphotique contient le vrai & feul principe
de 1.1 vitriScarion , l'autre que le verre devient attaquable par les aci-
des lorfqu'il a éprouvé une trop longue cuilfon.
»**. 11 fêroic po/lible que l'acide phofpliorique purfùt un très-bon
difTolvant des terres pr la voie sèche, fans qu'il en réruUât feulcmeni
une probabilité que cec acide cft le principe unique de la vitrification ,
foit par lui-incme, foie par fa difpoiicion à palTer à lUtni iTûiiAc phof-
phoriijus, comme le difent nos Auteurs j mais ce qu'il y a ici de bien
l'acide dont je me fervis avoir été retiré du phofphore par déliquef-
cenre ,. je l'avois réduit par une forte cvâporation à une confiftance
sèche & prefque folide , je le mclai en cet état avec le fable , il fut
expofc dans un creufec pendant deux heures au feu le plus violent du
fourneau de M. Macouer , & cependant il ne fut pas fondu ; on ne
trouva qu'une maffe blanche» poreufe, opaque & tellemant rcfraâaîrer
que partie du creufec qui avoir coulé dellu« par la violence du feu,
en un verre bien fondu de couleur verte, n'avoir pu par fon concaû
déterminer la fufioii.
Je ne m'arrèrer.ii pas ^ vous fiiire remarquer que l'acide phofpho-
rique ne peut palfet i l'état de pho/pkoriquc ifné y fans perdre fa fixité;
que dcs-lors il ne peut erre après cette combinaifon le principe du U
vitrification ; il y auroit bien d'autres clfofes i dire fut ce nouveau
iyftcme i robfervarion que je viens de r.-^porter me paroît fulïîfinte
pour défabufer ceux qui voudront mettre un peu d'accord entre les faits
& les raifonnemens , & les ramener à une théorie moins con)eâuraIe
& plus (Impie, fuivanc laquelle, c'eft le feu lui mcme,c'eft-à-dire la
chaleur actuelle qui fans le fecours d'ancun acide , d'aucun autre lîuide ,
eft le principal dillôlvant4|ans coures les vitrifications; qui vitriiieroit
tout s'il pouvoir être atreHonccntré ; qui agît plus ou moins fur les
dilKrcntes fubftances fuivant leurs affinités , d'où vient que nous appel-
ions les unes fufiblcs , les autres réfra£taires j que nous employons
les premières comme fondants des derrùètes , ou que nous modifions
leurs propriétés par des mélanges.
i". On avoit penfé jufqu'i préfcnt que Ic vefte de meilleure qua-
lité , fur-tout pour rcfiftcr aux acides , croit celui auquel on avoit fait
éprouver une plus longue cuilTon , parce qu'il y reftoit d'autant nioins
de matières fondantes & que c'êcoit par la volatilifation de ces mê-
mes matières qu'il acquéroit enfin une forte d'opacité ; feroii-il donc
vrai qu'il fallût abandoiuiet ces principes de recomnundcc aujuiitd ha
Sl/R VffIST. NATURELLE ET LES ARTS. 54?
dor
faifions
aux Faliricans une praciqae dont nous
cjuelle l'cconoinie dti tems Se du bois fembloit déjà les rendre trop
enclins ? dou-on rtaindre en un mot, comme l'aifurent les Auteurs
du nouveau fyftcme, que l'alkali qfti fert de bafe au verre fe décom-
pofe par une trop lonpae cuilfon , pa(îc i l'ctat de terre abforbanic &
devienne ainfi art.iquable par les acides? L'expérience fuivantc va rc-
foudre cette queftion trop importante pour la Uiirer plus long-tems
problématique.
J'ai mis dam un creufet deux onces du verre de la même bouteil-
le qui avoJt produit les cônes précédemment décrits, je l'ai tenu pen-
dant trois heures an plus grand feu de vitrification y la matière après
celte opération n"a plus été attaçince , ni d froid , ni à cluud par les
acides, pas même par l'acide vitiioltquc, foit concentré, foit délayé,
& quoiqu'elle y foit reftée plufieurs jours de fuite.
j**. Mats Cl l'acide phofp borique n a aucune part à notre phénomène',
fi ce n'eft pas l'excès de culllon qui peut tendre le verre attaquable
par les acities, il n'cft pas moins important d'en rechercher la vraie
caufe, puifquelie feule peut indiquer les moyens decotrigeruu dcfauc
auflî ellenticl dans la fibricacion.
M M. Geoffroy le Cadet & Dufay fo font fpécialement occu-
pés de cet objet dans les Mémoires que j'aidéji eu occafiori de citer ;
mais ils ne nie paro'uTcnt pas avoir mdiqué les véritables caufes im-
médiates de cette iniperfeclion. Le premier croit qu'elle vient d'un
principe alumineux, c'eft-à-dire » fuivanc lui, d'une efpèce de terre
p.irticii-licre qui abonde dans le fable & dans les cendres dont on fait
ces mauvais vertes^ il fe fonde fur ce que fes expériences par l'acide
du vitriol lui ont donné des cryftaux d'alun , Se t^a'U ep difficile d*
nproduin et fd que de fa proptt terre.
Le fécond ariribue cette mauvaife qualité exclufivement à la nature
des cendres de leflîve Ôc de celles de vieux bois , qui ptuvent avoir
perdu in partie de Uurs fels Us plus propres à rendre te verre d'une tif'
Cure phx forte y. plus foUde & plus di^cilc à être pénétrée par Us acides;
 la différence des cendres de branches vertes qui lui ont toujours
donné un bon verre par tous les mélanges dans lefquels il les avoir faic
entrer, en une ceruïne proportion.
Je ne m'arrêterai pas à reUvcr ce qui a pu induire en. erfeiK ces
Phyficiens, ni les fairs& les principes qui leur ont manque pour don-
ner une folution plus générale & plus iûre de ce problcme \ on le
<omptendta aifément par l'espoûtion que je vais donner des véritables
caufes immédiates de la folubilité du verre pat les acides.
Dans les Fabriques de verre commun & fur-tout du verre de bot>-
teilies, ce font les cendres de leilïves qui fervent do fondant, non que
ces cendres aient plus de vetcu que le» cendres neuves ^ comme fêle
3S0 OnSERK-iTIONS SUR LA PHYSIQUE^
perfuaJenc quelques ouvriers qui n'ont appris leur art que par routine^
& qui les jugent préférables , parce qu'ils n'en onr j.nmais employé d'au-
tres, mais en effet parce qu'elles coûtent moins , ioft qu'on en ait te*
ciré le falin pour k's Manufa<5lures de vetre fin , foit qu'elles aient
fervi aux leilivei domelliques. Elles portent en plulteurs endroits le
nom de Ckarrte.
Le fable victifiable étant plus ou moins dur à fondre fuivanr qu'il
eft plus put ii. plus compaélc , les proportions des fondans varient nétef-
fairementj fuivant M. Dufay , on employoit dans les Verreries du
Nivernois dont on lui avoit fourni les matières, fepc onces de cendres
de leilivcs féchées aux arches du four , une once de cendres du même
les corps participent nccerfairement des propriétés des matières qui les
coinpoiem , mais fur-tout de la propriété delà fubftaiice qui y domi-
ne ^ on en a un exemple familier dans l'alliage de lor &C de l'argent
qui devient foluble ou infoluble par l'eau -forte fuivant les pro-
potiions \ ÔC il n*y a pas de doute qu'il n'en foit de même de toute
compolition virreufe; cela eft prouve non-fculement pat l'expérience
de la liqueur dies cailloux , mais encore parce que fuivant l'obferva-
tion de M. Cadet > le verre le plus dur, le moins falin réduit eu poudre
impalpable etl décompofé par les acides minéraux.
1^. On fait préfentement que la terre calcaire exlAe abondamment
dans les cendres^ pour en dérerminer précifémenc la quantité , j'ai verfé
de l'eau forte Jufqu'ifacuraEion fur quatre onces de cendtes dont j'avois
d'abord retire tous les fels par luiviatîon ; la liqueur 61trce , il
n eft refté qu'un gros dix-fept grains de terre infoluble , & ayant ajouté
dans la diliolution de l'acide vitrîolique , jufqu'à ce qu'il n'occalïonnât
plus de précipité, j'ai eu quatre onceî quatre gros cinquante-un grains de
oetle félénite, indépendamment de la terre de raagnénequi eft demeurée
didoute dans l'acide vitriolique, & qui n'a donné fon fel que par une
forte évaporarion. Ainfi , dans la compofition dont parle M. Dufay, la
terre calcaire ctoit dans une proportion plus que fextuple de la quan-
tité de la terre vitrifiable.
j°. La terre calcaire en partant d l'état de verre ne perd pas les carac-
tères tiui lui font propres, comme je l'ai établi ( Tom. z. pag. 58 6c
fuiv. des Elémens de Chymie de l'Académie de Dijon,), & comme
Je prouvetoit au befoin le fait même que j'examine.
Aptes cela, on ne trouvera fans doute plus rien d'étonnant dans la
formation d'une matière faline terreufc , très-peu foluble dans une
bouteille de verre ainfi préparée; & on ne fera pas tenté de recourir
à des fuppoiJtions peut - eue ingcoieufes , xnzis uès-gratuites , pour
SUR VlilST, NATURELLE ET LES ARTS, jjj
expliquer nn fait abfolument concordant avec les principes les plus fa-
Sniliecs.
En mcme-iems que les acides attaquent la terre calcaire de ces for-
tes de verre, il s'en fépare nccelîâiremenc une portion de terre quart-
zeufe qui eft très-attcnu(fe & difpofce à former de l'altm tout de mê-
me que le cryftal qui a fubi l'opération de la liqueur des cailloux ; il
efl donc tout iîmplc que nos petits cônes foîent formes en partie de
ce fcl. Quand la terre alumincufc fe trouve dans des proportions plus^
conlîdcrables , alors au lieu d'une cryftallifation aufli prompte, aullî
folide & prefque pierreufe , on a feulement une dilTblution inuLiIagi-
jieufe, ainil que l'ont obfervé MM. Geoffroy & Dufay dans leurs
ElTais , par la raifun qu'ils ne foupçonnoient pas encore que les
compofcs mcme accifîcicls de ces deux terres ont la propriété de don-
ner une gelée dans les acides, jufqii à lc qu'ils aient été fuHifammenc
délayés pour que la rcliftance des frotcemens ne falTe plus obflade ila
réparation delà partie terreufe, diflemince & non dinbure.
Pour acquérir plus de certitude fur la vérité de cette explication , faî
hxi digérer dans Veau-forte un fragment du verre de la mcme bouteille
qui avoir fourni les petits cônes falins \ il s'ed couvert d'une crotite
légère, blanche & comme nacrée ; dtmi-once du mcme verre pulvérifc
3 perdu clans cetce digedion 70 grains, la liqueur tiltrcc a donné par
l'addition de Talk^li uu précipité abondant. Se l'acide vitriolique en a
précipite de la vraie félénite.
Concluons donc que bien-loin d'effrayer les Fabricans fur lesefFecs
de la trop grande cuitlon du verre, il faut les avertir de fe défier de
ces Coin polirions qui ne leur donnent les moyens d'abréger la durée
de l'opération du fourneau , que par un excès de fondans terreux qui
en altèrent la qualité , & que quand ils ont fait des ellâis de diâcrcn-
tes frittes pour concilier ces divers objets d'économie , il e(l autant de
leur intércc que de leur devoir , de foumettre au moins le verre qui en
réfulte à l'épreuve de l'aAion des acides , avant que de le mettre dans
le commerce.
Je fuis , Sic'
kâiJ
J51 ODSERVATIOKS SUR LA PHYSIQUE,
O B S E R VA T I O N S
Faites a N.irbonnc pour connoîtrc la diminution de la chaleur
du Soleil pendant ion Eclipfc du 14 Juin 1779.
Par M. DE AIâRCO R.E LIE , Baron tfSfcaU , Concfpondant
df C Académie^
X ouR connoître la diminution de li chaleur du fuleil pendant fou
éclipfe du 14 Juin 1779, je plaçai ce jouc-Ii, ainfi que les jours pré-
cédcns & les jours fuivans, a un poteau expofc en plein air, 5c i la
furface de ce poteau qui croit cclaitce des rayons du foleil , depuis foti
lever jufqu'i midi , un Thermomètre à metcure, gradué félon la mé-
liiodc de M. de Réaumur \ j'obretvai de quatc>d'heuce en quart-d'heure ,
chacun de ces jours , ce Thcrraomcccc qui étoic â dix-neuf pieds au-
dclfus de tetrc & qui recevoir ies rayons direâs du foleil , fans en
recevoir auam àcs rcHcchis. Je lîs,avecM. Adanroii,de TAcadcmiç
Royale des Sciences de Paris , qui étoit chez moi , ces obfervations
pendant plulleurs jours , aHn d'en rencontrer au moins un dont la
température pût ctre regardée «omme la température naturelle da joue
de lédipfe, û elle n'avoir pas eu lieu. Les variations de latmofphcre
caufces par un orage qu'il ht le 10 Juin vers les trob heures un quarrda
foir , pendant lequel le tonnerre ^onda croîs fuis de allez fort , me
firent craindre de ne pouvoir pas taire cette comparaifon Cependanr,
il me paroît qu'on peut comparer les obfervations du 14 Juin, jour de
réclipre,aTec celles du lendemain i c : en effet, la température de
ini% deux jours a été i-peu-près la mcme, le mercure dans le Ther-
momètre a prefque fuivi la même marthe \ il s'eft élevé au même point
dans le Baromètte , le vent de nord-ouell a foufflé avec la mcme força
^ le Ciel a été par intervalles également couvert de nuages. AulÏÏ
n'cxpofcrai-je ici que le tableau des obfervations de ces deux jours i
où l'on verra les progrès de l'afcenfion & de l'abailfementdu mercure
daiu le TUermonictre j il fcroit fupeirïu de rapporter les autres.
Oijiryations
SUR VHÏST. NATURELLE ET LES ARTS, 55,
Oi'Jèn-athns du i^ Juin , jour
Ohftrvations du 1 j Juin
de l'Eclipft du SoUil.
>779*
Heures
M bu tes.
Dcffrés
Thcrmoméc
Ecac
d.1
Ciel.
Hearcs DcgrcJ
«c du
Minutes. Tiicrmomct.
Etlt
du
Ciel,
A tf H
UDcgrils..
Solcit toible.
1 1 Degrés f .
Couvert. . .
A(f..if M.
Soleil foible.
Atf.. mM.
. . . .
Couvert. . .
A«. . )ù. .
Soldl fuible.
Atf . . jo. .
* . .
Soleil foible.
A*. .4;..
Couvert . .
A«.. 4,..
• • »'
Soleil ....
A7
Soleil foible.
A7
. • •
SoUl foible.
A7..15..
I, f
Soleil ....
A7 .. 1;..
SoleiL . . .
A? .. îû..
it f
Soldl ....
A7.. }0. .
Soleil foible.
A7..4J..
Soldl ....
A7.. 4J..
2
Selcil . . .
A 8
Soleil ....
A 8
Soldl . . .
Nuage. . . .
A t.. ij ..
11 . . . .^
SolcU ....
A 8 ..If ..
1
A 8.. jo..
Soldl ....
A8.. îO..
Soldl. . . .
A 8..4Î..
Soleil ....
AS.. 4;..
1
* • »•
Nuage . . .
A5
Soldl ....
Couvert . .
L'mfpeAlo» de ce ubleaii fait voir que les vatlaeions de U chaleuc
le 14 , ont fuivi les progrès de l'cclipre , & que vers les huit heures ,
lems à-peu-prcs de la plus grande phafe £c où la diminution de la
chaleur a ccc la plus force , le Thermomètre a été d'un degré & demi
plus bas que ic x j , d la même heure , qui efl le jour le plus
voiân de celui de l'écliprc qui puille lui être compare ; enforte que
]a (bule occultation d'un doigt 17 miuutes du folcil , diminue la chaleur
«ie cet alUe par rapport à nous d'un jdegic 6c demi.
Tome Xir^Pan,/!. 1779» NO y£ MB RE. Z »
J54 OBSERrATIONS SUR LA Pf/YSIQVE ,
La diminution de la chaleur du foleil pendant (on ccllpfe du 15
JuiUer 1 748 , dont la grandeur étoic de 7 t* doigts , fut félon le Thermo-
inctre de Rcaumut de 8 degrés J, & feton le Thermomètre de Lyon
de 7 degrés; celle occafionnce par l'cclipfe du 8 Janvier 1750, grande
de 7 doigts 3 5 minutes , de 4 dettes fuivanr leThermomètre de Réau-
mur , & de 5 degrés (uivant le Thermomètre de Lyon^ celle pro-
duite par l'éclip/e du 14 Juin 1778, de 6 doigts 20 minutes , de 5
degrés fL-Ion le Thermomètre de Hcaumur , ôc la diminution de 1.^
chaleur du Jbleil caufée par l'éclipfe du 14 Juin 1779, a ctc duu
dcj»ré & demi félon le même Thermomètre : au moyen de fembla-
bles obrcrvaiions, on pourra déterminer d'une manière prccifc la dimi-
nution de la chaleur au foleil caufée par fcs cclipfes, & de combien de
degrés eft cette diminution pour tliacjuc doîgt é<.lipfé de cet aftre ;
mais pour cela il eft nécelfaire d'en avoir un plus grana nombre , parce
qu'alors on aura uii plus grand nombre de rapports & les tcfuUats fe-
ront plus surs.
L'air fe refroidir après Ic-jlipfe du foleil du 14 Juin, & le foir U
tomba une petite pluie; mais le froid fut plus fcnfible les 16 , 17 &
iS du mcrac mois; pendant ces jours le mercure du Thermomètre
écoit au lever du foUil à 1 1 degrés 7. au-dcflus de la glace, Ôc à a heu-
les après midi au 1 9 degré au-delfus du même terme. Le vent de nord-
oucft fouffloit avec violence* Comme il palToit fur les montagnes des
Pyrénées clu-irgées de neige & cju'il pcnctroit aiféinent les corps , il
caufoit une impreflion allez dcfigrcame ; pour $'tn garantit on fui
obligé d allumer du feu dans les appattemens.
OBSERyATlONSfurU Baromètre.
' Le 14 Juin, joue de Icclipfe, le mercure du Baromètre éprouva quel-
ques variatiiMis. Le matin il étoit à 27 pouces 1 i lignes par un vent de
nord-ouei^. A 7 heures ^. tems auquel commença l'éclipfe , il s'éleva
de demi-li^e & fut i 17 pouces 1 1 lignes & demie ; le vent de notd-
ouefl: conimuit à fouffler, mais avec plus de force; le mercure fut fta-
cionnairc &: refta au mCme point pendant la durée de l'cclipfe & juf-
qu'à g heures qu'elle finit; alors , il defcendit & revint au degré où il
ctoit le matin , à 17 pouces 1 1 lignes par un vent de nord-cucll très-
violent. Le lendemain de l'éclipfe 1 5 Juin , le mercure du Baromètre
defcfndit A i? poucer. i o lignes, & le furltndemain itf , il monta à 1^
pouces une ligne. Lèvent de nord oucll continua de fouflflcr ces jours-
li avec la plus grande vi^slence. U étoit (1 fort ^ fi impémeux qu'il
^leva de dcflus terre M. Adanfon-, herborifant le foir fur la petite mon-*
cagne d^Ij/uh di-t'^î''n£fc ^ voifnc de la Ville de Narbonnc.
SUR L'HfST, NATURELLE ET LES J RTS. jj5
SECONDE LETTRE
A Madame de V***, ou Mémoire fur la xuturc de la Lumière
ôc de fcs cfFcts, fur la dccoloracion des furfaccs colorées
cxpofccs à ion adioa , ÔC fur rédolcmcnc des PUatcs ;
Par M, J£AS SenebieRj Bélloïkccairc dcLt Rcpuhliquc dcGtnèvt 6*
McmBrc di la Société ffo'ltndotfi d«5 Sciences de Hacrîem.
XApKÈs avoir erre, Madame, au milieu des probabiliics & des
vraifemblances pout fuup^^uniicc , avec plus ou moins de fondement , It
la lui
quelques idées fur \.\ lumière , propres à taire deviner la forme des
corpufcules lumineux , &c peuc-crte leur iiacure \ les recherches mie
vous filies m'ont engage à vous communiquer les miennes avec celles
que je projecce î vous m'cclairerez peuc-êcre de vos confeiU, vous
corrigez mes erreurs , vous me dirij^erez â:iï\^ mes nouveaux e^utts,
au cas que mon CMvail foit entièrement inutile au vôtre , & vous rom-
prez peuc-ctre cet anonyme nuilible i votre répuucion , & pénible pour
ceux c]ui voudroicnt profiter comme moi plus partie idièrement de vos
contioiflances.
§. I . Coryidérations génèraUs fur quelques propriétés des Corpufcules
lumineux.
Quand on médire fur les phénomènes des rayons de lumière réflc-
■chis & réfractes, on cft pUirque force de conclure que les corpufcules
lumineux doivent ctre fpliériques*
L'expérience apprend qu'une fphère A reffbrr parfait fe réfléchit tou-
jours de dellus un plan inébranlable, fous un angle égal ^ celui de fon
incidence ; ainll , comme il n'y a que les corps fphcnques qui puiifent
fe réfléchir uiiiiormémeut par un angle égal à celui d'incidente, quelle
que foie leur pofition , & la direÀion de leur mouvement i la ttnh
contre du plan , il en rcfulte clairement que tout corps dont la réflec^
tion donne conftammenc un angle égal à celui d'incidence, doit ^tt
fphctique, ^ comme la lumière aéminemmcnt cetre propriété, c'eft
177?- SOV EMBRE» Zz i
3j(f OBSERVATIOKS SUR LA PTirStQUE^
nvec raifon que M. de Mairan conduoic que la lumicte dévoie ctre com-
pofife de corpufcules fphctiques.
M. d'Alembea fournit des condufions feinblables dans fon traité
profond & fublime fur les fluides \ il y prouve que tout corps ne
doit pas fe rompre en s'approchant de la perpendiculaire dans les mi-
lieux qui lui rtîliftcni moins & récipToquemeni -, parce aue la rcfraâion
d*un corps dépend de fa figure & de la dire<5lion dans laquelle il entre
dans ce milieu j H un corps fphctique entré obliquement d'un milieu
dans un autre, il fe rompt toujours en s'approchant eu s éloignant plus
ou moins de la perpendiculaire, fulvant que le milieu où il entre cft
plus ou moins rénïtant que celui d'où il vient; mais tous les corps
n*obfervciic pas cette loi: un corps qui auroit la lîgute d'un p.\rallcIo-
f;rammc reftangle, & qui frapperoit la furface du nouveau milieu dans
1 dircdtion de fes diagonales > tandis que fon autre diagonale feroic
parallèle à ta furface du nouveau milieu, ce corps ne fouffrîroîc alors
dans fon pacage aucune réiraétion . quoiciu'it eacrâc obliquement
dans le milieu , & il fe comptoir en s'apprucnauc on en s'cloignant db
la perpendiculaire, félon que la direction feroit en deçà ou en delà de fa
digonale , fott que le milieu fut plus àtn(e ou plus rate que celui d'oà
il vient ; mais comme la lumière fe rompt toujours dans ces circonf-
t^Rices, il faut en conclure que les corpiil^ules qui lacompofenc font
/"ph criques.
Les corpufcules lumineux doivent être fouvcrainement èlaftiques ,
puifqu'ils fe n^HcchiUent avec la plus grande facilite & que leur angle
d'incidence e(t toujours égal à celui de rcHecHon.
Us doivent ftire extrêmement ténus & fubtils, puifqn'îls pafTent &t
repaient facilement au travers des corps les plus durs comme le
diamant.
lis peuvent ctre fort éloignés les uns des autres, paîlqu'ils doivent
nécelTâirement fc croifcf , &. qu'ils ne fe dérangent point en fe croifbnr \
on obferve dans. une chambre obfcure les rayons qui partent de tous
Jes objets d'un grand payfage, paifer fans confuHuu au tiavets d'un trou
iRût par ujie épingle*
J. t. Plan de u Mcmoin : première Rechereht fur la naturt Jt la Lumièrt,
Avant d'aHer plus loin, il nw paroît convenable de comparer des
effers femblabies produits par des caufes e» apparence très dilTcrenres ,
& de recherchée tous les faits qui peuvent avoir quelque relation avec
ceux que U lumière préfeme; nous ferons peut-^cre conduits par retrc
voie i des rcfultats important* : je crois cette manière de confulter la
nature intînimenc utile; les expériences découvrent Us eiicts » leius
rapports dcvoiieac quelquefois les caufes.
SUR VHJST. KJTUREIIE ET LES ARTS. 5J7
On ne peut s*enipêi:her de remarquer bientôt en traitant ce fujec,
qae le Fe->, \3Ll.um1cx: , X'EitcinciU & le rh^QpJiitjue <^ii\ font des ccres
trèï-diftindls , produiltnt ccpeniknc des cfteti très-analogues & tjrcs-
pcuprcs , par ronTcqucnt à faire foupçonnet des rappoit^ bien fondés.
Pour éviter loutc équivoque, je dirai que j'entends par le A-u celui
qui fiappe nos fens dans les corps embrafés^ & qui ccluuffc tout ce
3ui l'entoure \ la Lumtirt me ccpréfente l'effet produit par la prcfence
u foleil pour dinîper les ténèbres. VtUchUitc me rappelle les phc-
nomcnes qui nailTent du frottement d'un corps vitreux , quand on en
foutire, par le moyen d'un conduâeur , la matière qui le manifelle
alors par des étincelles. Le Phlo>ijh<jue fera feulement pour nous dans
ce moment , Se fins aucune confcqucnce pour ce que je pourrois en dire
dans d'autres occafions » la vapeur ou foie de foufie ,ou ce qui s'échappe
des métaux qu'on calcine, ou ce qu'un emploie pour réduire les chaux
métalliques.
II paraît évident que le feu , la lumière, l'éleAricité & le phlogif-
tique fe combinent ptu^ ou moins avec les corps expofés à Icut action,
ou qu'ils y font contenus de manière qu'on ne s'y doute pas de leur
préfcnce. Je trouve dans le même métal le feu fixé , démontré par
M. Black , la lumière qu'il lance quand il eft en fution , l'élue-
iricité qu'il renferme èc qui le moditie , quand il eft conducteur ^ enfin
le phlogidique qui lui conferve fon brillant métallique : ces quatre
agents produifcnt de la chaleur dans de certaines ciiconllances , ^'élan-
cent en flammes vives , agillènt comme le feu , dilatent les corps ,
accélèrent leur volatilifation; enlin le feu, la lumière & l'élcctricHé ,
prcfque tous fondent les corps & les vitrihent \ iU concourent jurques
a un certain point à la crydallifation des fels fc au développement de
cous les êtres: le phlogiflique y joue fon tôle , mais ce n'efl peut-ctre
pas d'une manière aufîi immédiate.
Je ne diflingue pas la lumière du jour de celle qui e(V produite par
les rayons immédiats du foleil \ ces deux lumières varient peut-être
feulement dans leur incenfité , elles produifenc au moins quelques effets
communs, mais proportionnels i leur énergie; telle eu l'impreflion
fur l'organe de la vue , U coloration de la lune couiée , l'aâion fut
Jc^ vcgéianx , &c. Mais je ne voudrois p,is affurer que la lumière for-
mée par tes layons immédiats du foleil , fTtt plus chaude que celle qui
eft répandue par-toiu: il eft peut-ctre feulement poflible que les rayons
immédiats du foleil fufTeut un peu plus ferres, plus adif^, plus sapir-
des, 6c par confcqueni plus propres à fe combiner & à zpx avec effi-
cace \ n\\\% je ne dirai pns que la lumière du foleil fut chaude pas elle-
même ; quelques expériences me font croire qu'elle n'occalîonne deU
ch.diur qu'en fe combinant avec les coiVs qu'elle frappe.
M. Uef^uilure, un des Obi'etvaieurs les flu^ péutciJii& & deïPI^yt
iS9 OBSERrATlOfTS SUR LA PHYSIQUE^
iîciens les plus exacts , déshabilla un Thcrmomècre & rcxpofa en Etc aux
rayons les plus ardem du roleil^ayancfoin d'éloigner lous les corps échauffes
Ï>ar la lumière de cec allce, qui auroienc pu communiquer leur chilcuri
'indrumcnt ; alors, il ne vie ce Thermomètre que deux degrés plus
iuut qu'un autre Thermomètre pUcé à l'ombre &c nûs à l'abri de
l'aâion de toute efpècc de lumière. £n rcpétani la nicmc expérience»
l'ai eu ^-peu-pfcii les mcmcs céfulcats, mats j'ai remarque quL la den^
(îté plu5 ou moins grande des verres avec lefqucls on Siit les Thermo-
mètres, leur cpaitTeur plus ou moins ions y leur poli plus ou moins vif,
les bulles plus on moins nombreufes qu'on observe 6:{n'i U {t>rface des
boules, font varier les obfervations; j'ai vu aufîi conlbmment, que la
chaleur indiquée par le Thermomètre expofé au folcil écoic plus grande
quand le verre ou Thermomètre ctoit plus denfe, plus épais, moins
poli , quand la boule ctoit plus groiTe , & fur-tour, comme d jiuta l'ont
remarqué , lorfque la boule des Thermomètres i cfprit-de-vin étoic
cûiorée pir une liqueur foncée ; mais ce que j'ai bien o^fervé , c'cft ^
que deux Thermomètres faits avec le même cfprit-de-vin, domrunécoit
colore en violet , candis que l'autre étott fans couleur, marchoicnt par.illè-
lemenr lorfqa'ils croient plongés dans l'ciu chaude, & perdoieni lîur
parallèlifme quand ils ctoiËnt expofcs h l'aclion du folcil , qui faifoic
monter davantage le Thermomètre dont la boule éroir colorée. Ces
obfervaiions qui prouvent les afHnitcs particulières de la lumièrcj annon-
cent de nouveiux obllacles pour la perfciSlion àfis Thermomètres, foit
de mercure foie d'efprit-de-vin.
L'Hiltoire Naturelle confirme ces expériences; elle apprend quelorf-
ue le foleil brûle les campagnes pendant l'Eté , les neiges bravent
on ardeur quotidienne fur les glaciers ; que les Thermomètres qu'on y
cxpofc d fon AClion immédiate n'y montent pas plus haut que 4 ou
5 degrés au-deffus de zéro: on Giic le iroid atroce que les Efpagnols
éprouvèrent fur les montagnes du Chili j enfin , les neiges permanentes
qui couvrent la cime du Chembotaço , du Pic de Tcnctint: , de l'iitna
éc des glaciers de Suilfc Bc de Savoie , démontrent que le foleil n'y
échauffe jamais l'air au'dclà de 5 ^ £ degrés du Thermomètre de RcaU-
mut Ru-dclfus de zéro.
Il y A plus , l'obfervation apprend encore que la lumière du foleil
n*écha«ffe les corps, qu'autant qu'elle les pénètre Se Qu'elle fe combine
«vcc eux ; il eft d'abord rertain qu'elle les échauffe d'autarttplus qu'ils
font plus denfes; il paroît même que les corps s'cthaufferoicnt plus au
foleil d'Hîvcr qu'A celui d'Lté , s'ils ne perdoient pis une partie de b
chaleur qu'ils acquièrent , à mefure qu'ils la le^oivent. Les miroir»
tirdens brôlent aulli-bien & peut-ctre mieux en Hiver qu'en Ere ; îa
faculté rcHcthiirante des cor|B fait varier les imprellions de la chiltur
produite par U lumière \ plus ils la repourïcnt moins ils «n Abfofbenr,
l
SUR VrUST, NATURFLIE ET LES ARTS, 559
& pltu tard iU s'échau^enr. Les corps îlîapluness'échauSenc de même
moins vîce que les autres ; une lame du vurre mince comme du pa-
pier, & bien polie, foucient l'aÛlon d'un miroir ardent qui fond le fer
en quelques fécondes , tandis que des morceaux de verre plus épais
ou colores , ou plus denfes, ou moins tranfparensfcfondetu & s'échauf-
fent aflez vue.
Les expériences aufTi inircnicufcs quexaâes de M.Defiunure nelaif-
fent aucun doute fur ce fujet ^ on les trouve dans le ptemiet Volume
des SuppUmcm à l'Hifioire NaturclU <U M. de Bu^on^ pt^ie ji dt CiJi'
tion //i-8.;on y voie qu'un Thermomètre place à l'air libre & expofc
au foleil , monte moins haut que celui qui efl expofc d l'air lor^u'il
eft appliqué fut la glace de la première caitfe de fon app\reil ;
oue le Thermomètre contenu entre les glaces de la première caifle &
de ta féconde monta encore plus haut ; mais que celui qui étoic fous la
cinquième glace de la cinquième cailTe , & noyé dans le bois de U
table c|ui portoic tout l'appareil, monta au 70 degré. M. DcfaulTare a
fïerfiîAionnc cet appareil au point qu'il y a vu bouillir Teau , & même
e Thcrmomcrre y eft monte Jufques au 85 degré; enfin , il a rranf-
portc cet appareil fur les montagnL'ï , où il offre les mêmes phénomè-
nes. Je n'oublierai pas un fiit capital , c'cft que le foyer d'un miroic
ardent place dans l'air , y caufe une chaleur qui n'eft pas , à beaucoup
près , proportionnelle à celle que ce foyer occallonne quand on lui pré-
î'enre des corps qu'il peut pcuccrer,
11 me femble donc qu'on peut conclure de touc ceci , que la lumière
a fes affinités propres, qu'elle n'cchauife les corps que îorfqu'elle s'v
Ipge & fe combine avec eux ; enfiji , que les différentes rcriedtions & re-
fraélioos de la lumière d ms l'atmofphère , peuvent U combiner avec les
corp qui oompofent l'^ic que nous reffpicons , 6c contribuer aiuû i
l'écluuâ'er plus oa moins*
$. ), Comparaifon du Feu avec U Lumière»
Le feu eft an fluide invifible , la luniièi;e frappe nos yeux \ il eft un
élément fimple , la lumicte eft fufteptible de dccompofition; le fisti
pénètre tous les corps facilement, la lumière ne traverte que ceux qui
font diaphanes ^ le premier arrive à toutes les molécules du corps liir
lequel il agit, la féconde fe tamtfe tut un grand nombre , de manière
que là elle laiffe palfer quelques-unes de fes parties conftïtuantcs pour
en rcdçchtr dautres , & ici ce font d'antres parties réfléchies & d'autres
qui font .abCorbces.
Le feu Ce dirige en tout fens & la lumière en lignes droites; te
fru n'eft 'jiitcfléchi ni réfraAt- comme la lumière ; 1j lumièie échire ,
pacce <pielie eft rcdécbie} le feu ne ûuroi; avoir cccce ptopriécc ^ le
jifo OBSERrJTÎONS SUR LÀ PHYSIQUE,
feu eft ua corps dont rien ne fauroic arrêter r,t(^ioi) auand il eft en
mouvement, au lieu que la lunflcre peur être déviée, difperfée , raf-
fcmblcc.
La chaleur eft l'effec nature! du feu, on l'éprouve par-tout où iligif;
& il peut agir fans lumfcre; la lumière peur c.Iairer fans chaleur, & U
chaleur qu'elle produit ne lui eft pas eirentiellc. Le feu ét-hauffe tuus les
corps auxquels il touche , & la lumière n'échauffe pas tou[ours ; un
peu de feu peur occafionner beaucoup de chaleur , m^.is il bir beau-
coup de lumière pour produire un peu de chaleur; la lumière n'écliauffe
pas le miroir ardent, s^il n'eft pas enduit de fuie, ou s'il ne touche
pas un corps échauffé.
Le feu îend toujours à l'équilibre, mais la lumière n'y tend jamais;
c eft pcuc-ctre pour cela que le feu ne fauroit erre conceutré comme
la lumière.
Le feu paiïe & repaffe au travers des corps fans altérer leur ciïla
fenûblemciit , fi fou action n'cft pas forte ; mais la lumière change
toujours Iciat d'un grand nombre des qu'ils font expol>^ i fo.i adion,
foii en altcrani leur couleur, foit en chmgeant leurs furl'aces, ou en
EivorifaijE leur progrès &ç leur développen)en[.
Le feu paroîc avoir une affinité égale pour tous les corps, au moins
(MI voit qu'il les échauffe tous également dans le mèmetems , lorf-
qu'ils ont la même denHcé & le même volume; au lieu que la lu-
mière entre diverfes affinités qui lui font particulières, en a qui font
bien décidées pour les corps fortement phlogiftiques.
Le feu comme dilfolvant fcpare les parties des corps , la lumière
contribue fouvent i les unir.
L'eau éteint le feu, mais elle n'empêche ni les dails, ni les vers
luiiàns, ni les diamans , ni les autres pnofphores de luire.
Les corps paroilfenr fe faturer de feu & non de lumière.
Tous les élémens peuvent fe char:*er de feu, to^s réfléchilTent la
lumière^ l'air 6c l'eau la laîffent palier en paitic & la terre en abfotbe
& en rcHéchit quelques rayons.
Il me femble qu'on peut augurer de 11 que la lumière n'eft pas le
hw , mais plutôt qu'elle eft le feu combina avec une ba(è qui l'appli-
que aux corps, qui arrête la force de fes effets, & qui ne les lailTè
reparoître que lorft|ue quelc]ue union particulière occafionne fon dé-
gagement : on ne fauroit au moins douter que la lumière ne foit uu
fore moins fubtil que le feu , puifqu'clle peut eue attirée , rcpouilee
pat divers corps qui agilfent iur elle , tandis que le feu les pénctrç
cous furlechamp. ii >' ■ t
Nous croyons donc qu'on peut conclurei i*;. que le feu & la lumière
^e font pas des ctces idenriques , puifqu'ils cm des qualités (t diffc-
renies.
Sun L'fffST, KATVRELLE ET LES ARTS. jCi
rentes: i**. que le feu cft tuie fubftance plus fubtile aue U lumière , puif-
cju'il pénètre cous tes coips qut lui foac impetméaDles , qu'il eft indi-
viiible, rendant i l'équilibre, ayant des affinités avec tous èc s'infi-
iiuant dans tous: Ç. que le feu peut être un clément de la lumière,
qu'il s'unit alors à une bafe qui diminue fa fubiiliic ; la fl.imme ne
Jïaroît dans les corps brûlans , que lorfque les parties huilcufes fe vo-
atiUfent,& t'uiûflem alors à l'élément du feu. La lumière accumulée
dans le foyer du miroir ardent, n'y devient brûlante que parce que
fes ravons ferres y éprouvent un frottement qui les fépare de leur bafe
enchaînante & qui laine au feu toute fon aâion ; ou bien ces corpuf-
cule» lumineux rapproches agiifenc les uns fur les adirés en vertu de
leurs atHnitcs,& les parties ignée* dégagées de leur bafe, tendent avec
force i s'unir entr'etles; cela me paroît d'autant plus probable» que le
foyer où fe fait cette dtcompolition cetfe d ctre apperçu, précifément
parce que la lumière celle d'y être lumière pour n'être que le feu : quand
les rayons font paiallcles , il n'y a point de chaleur, parce que la lu-
mière ne fiuroit fe décomporer, fott parce qu'il n'y a point de frotte-
«nens entre fes parties , foit p.irt.e qu'elles font hors de la fphère de tcuc
Aitraâion réciproque.
§. 4. Comparaifon de la. Flamme avec la Lumt^fe,
Si quelque chofè peut remplacer a nos yenx la lumière , c'eft fins
^oure la flamme; ne fetoic-il pas poïlible qu'elle nous donnât quel-
que idée de cet être qu'elle repréfentc i\ bien ?
Quoique la lumière de la Bammc foi: plus foible que celle du jour,
la premier^ a comme la féconde la faculté d'éclairer j fes rayons peu*
vent ccrc condenfés par un miroir ardent , & l'on peut brûler à fon
fo^er de la p.iille & au foin bien fecs : elle ell donc plus ai5ltve que la lu-
mtère de In lune , puifqu'ellc e(V alfex fournie de particules ignées
pour échauffer les corps auxquels elle fe combine; elle produit même
des effets encore plus forts, lorfqu elle eft plus fortement concentrée
& appliquée fur les corps pat un chalumeau; alors , fa lumière inté-
rieure eft d'un blanc éclatant , Se elle fe trouve enveloppée d'une cfpcce
d'atmofphère bleue, qui n'eft que Icvaporation du phloj^illique ou
de la bafe enchaînante du feu : quand la Hammc , ou phu»c quand le
feu fe dégage de cette manière hors de fes entraves, il fond le verre
& les métaux.
La Hamme échauffe comme le feu i une certaine diftance, elle paroîc
plus difpofce que la lumière i s'unir aux corps environnans ; ne fe-
roit-elte point fans chaleur comme la lumière , fi elle étoit au flî sim-
ple çju'elle ï Le feu ne feroit-il pas un être fixe s'il ii'avoit pas nûllo
^nités avec tous les corps?
Tome XIK Pan. JL iyy^. NOVEMBRE, A a»
jffi OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE ,
La flamme cft imprcgnée des parties du corps brûlant ; elle n'eft
Îieut-t-rre que le feu maiiitellc pat \x chaleur , mais combiné avec
es patries huileufes du corps qui fe voUtilifc. En vain les char-
bons rougilTenc , ils ne donnent aucune Hamtnc à moins qu'ils
ne foient humcckcs j les mcuux en fufion ne s'enflamment j.imais
à l'exception du zinc , dont le phlogiftlque abondant uni au feu , forme
la flamme la plus vive qu'il y aitj les corps les plus combuftibles ne
lauroicnt brûler dans des vaiîïeaux clos , ou dans des airs gâtes , parce
Îiue le phlogiflique ne peut s'y vapotlier puut former la flimme par
on union avec le feu^ les liqueurs rpicitueufes ne s'alluTient que lorf>
qu'elles commencent à être vaporiCces par la chaleur. Il rcfulte donc
de \if que la flamme ou fa lumière n'ed pas l'efîer de l'abondance du
phlogiftique , mais qu'il faut que les matières phlogiftiquées foienc
réduites en vapeurs pour s'unir au feu ; on voit au moins que lesmc-
^ux & les pierres ne s'enflamment point , parce qu'ils fe volatilifeue
fieu y & que le bois pourri qui c(t luifant e(l aulîi dans un cr:it de
clccompofuion \ la lumière puofphorique des animaux eil une tranTp!-*
ration de leur corps, & celle des phufpKores e(l une émanation qui
mbrâfe à l'aîr ; alors j le feu qui s'échappe s'unit à une partie plus
semt
gfoflière qui le rend lumineux Je dirai prcfque que les métaux ne
ch ingent de couleur au feu , que parce que le feu commence déjà à y
«cre dans un état de combinaiîbn.
Mais cts idées ne deviendroienr-clles pas plus probables , H Ton
confidère que les corps ne commencent i. luire qu'.iuxâ; degré envi*
ron du Thermomètre de Rcaumur? Il fiut cette chaleur pour vola-
tilifci les huiles; il n'y a point de flamme fans fiimce , c'eft-i-dïre,
fans une volatilifaiion de parties plus ou moins phlogiftiques du corps
embrâfc; le phlugtlUque paroit fur les corps brùlans par la coideuc
noire qu'ils prennent &c par la flamme qui eft un phlogiflique vola-
tilifc \ enhn, la flamme en dernière analyfe, fourniroit des parties hui-
leufes & phiogiftiquces, & s'il n'y a point de rt.nnme fans eau , c'eft
parce que cette eau cfl contenue dans les huiles vaporifces, ou plutôc
parce qu'elle ell v.^porifce qu.md les premières huiles s'évaporent , &
parce que fon expaiifibilité ouvre aux matières & au feu des ilfues plus
leur qui lui eft particulier Se qui e(l analogue au corps qui la forme.
En général , plus les corps font phlogilÙqués plus leur flamme e(l
bleue, comme celle du charbon, du foufreide la poix relaie, des efprits
ardens j la lumière de U cire blanche efl brillante, celle de la cire jaune
l'efl moins; l'huile d'olives bien pure donne une belle flamme > nuis
fa vivacité dioiinuc avec la pureté de l'huile.
SUR VHJST, tJÀTVnELLK ET LES ARTS. 36$
Remarquez encore. Madame , <^ue U lumière eft bleue , lA où la dc-
comporitîun du corps brùlanE commence, & par confcquent U où la
compofition du feu avec fa Kife s'opère ^ aufTij h flamme n'a toute fa
vivacité 6c fa blancheur qu'au centre où le phlogiftique el^ le plus
volatilifé; elle eft cnfuite envirouncc des pirties phlogifliquées qui
s'évaporent & qui ne fe combinent qu'en partie \ ce font tUcs qiû
obfcutciilent la tlamme.
La lumière bleue cft tionc plus cooipcft-e , & la plus vive ou la plu*
blanche eft plus ignée; que dis-je , fa couleur varie fuivnnt les corps
brûlés; ceux qui contiennent du cuivre donnent une â.imme verre
comme le phofphore d'urine brûlé fur les charbons. M. Melvillavoic
obfcrvé que le rouge, le jaune, le vctd S<. le bleu fonttaiiis par la
Hamme clés efprits btûlans; que fi l'on m^Ie i ces efpritsdu ftl ammo-
niac ou de la potalTe , CCS couleurs dcvîciuienc boucufes; que le vcrd
ne fc diflingue pas du bleu à la lumière d'une bougie; il avoir trouvé
de même qu'en mêlant du nirre ou du fcl marin avec les efpritt
ardens, la couleur rouge devenoir boueufeila verre brune olive, la
bleue foncée noire , la bleue claire brune , U blanche jaune ; le vifage
paroît 9^véreux au travers de la Hamme du charbon , au lieu que dans
tous ces cas la lumière du foteil eft immuable & ptcfenre les mcmcs
objets avec les mêmes couleurs.
Nous cuntlufons donc que la Hammc n eft pas le feu, mais une com-
binaifun du feu avec une matière phlogîQique qui a été volatilifée , Sc
qu'elle. eft plus chargée de phlogillique oue la lumière; elle eft, fuivanc
les découvertes curit-ufes de M. Volca, Tmllimmation de l'air inflamma-
ble qui eft une compolltion fortement phlogiftiquce , & qui donne une
lumière bleue ; j'ai revivifié diverfes ch.-.ux avec facilité, dans la par-
tie obfcure de la flamme; ce qu'il eft impoflïble d'opérer au feu qui
les calcinetoit encore plus , de même que la partie blanche de la lu-
mière; la fuie qu'elle lailfe écliapper eft du phlogïftique trop groHIct qui
ji'a pu fe combiner avec le feu.
Laâamme dift«re du feu à tous les égards par lefquels elle relTem-
ble À la lumière* mais elle dîBcre de la lumière , parce quelle eft moins
rnnpte qu'elle, & parce qu'elle caufe plus de chaleur.
§. 5. Compdraifon de tEUSridU avec la Lumière ^ U Feu & la Flamme*
1". Le feu éleiftrique relTemble au feu par fon origine qui peut ctre
le frottement ; par fa manière de fe communiquée, il peut pafler i
un corps non-frotté ; il femble mieux fe propager au travers des corps
denfcs comme Us métaux ; mais aullî il s'écoule fans chaleur de tous
les corps , lorfqu'il n'y eft pas Acte Se accumulé.
Le feu électrique U la clialcur fe confervcnt mieux dans un air plus
1775. NOVEMBRE, Aaai
5^4 * OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
dcnfe & fe dirtipenc plutôt dans un air humide, mais le fluide clcAri-
que difparoîc dans ioqs les cas beaucoup plutôt.
Le feu cieftriqiic a des alfinircs particulières ; celles du feu font uni-
verfellesi le premier répugne à pénétrer les matières réfineufes , vitreu-
fes, S£c. l'air même cjuand il eft fcc j le Tecond agic fur elles avec la »
plus grande tjcilité.
Le {fi\i ciedrique a une atmofphcre feiifible & tcrinince \ la fphère
d'a<fViviié du feu diminue par nuances infcnhbles& s'étend fort loin.
Le feu ne pcnètte les corps que pcu-à-peui réJeâricirc fur teihamp;
elle ne dilate pas tes corps comme le feu , lans doute parce qu'elle n'excite
aucune chaleur.
La tourmaline s'éleftrife dans l'eau chaude qui éteint le feu^ réiln-
celie cledriqne gUlTefut la furfàcc de l'eau, au heu que le feu l'échauffé
dans fa mane.
Le ieu éleâriquc opère tous les grands effets du feu, la funon,U
calcination; il colore It» métaux j mais ce qu'il ne fiut pas oublier ,
c^eft qu'il revivifie quelques chaux métalliques comme le phk>çiftique.
1*. L'éleûriciué a quelques rapports arec k flamme; le fluide élec-
rrique luit comtne U flamme , xi otFre comme elle les coul;a|ts prrf-
mattques.il allume comme elle feule l'air inflammable, ce qui me
fetoit alfcz foupçonner qu'elle cfl uncefpècedc flamme, puifque les
ciîarbons embrafés ne fauroienc produire cet effet ; elle enflamme de
même l'efprit-de-vin; elle fuppofe un corps qui lui ferr de bafe^eiifiti
l'éle<Sricitc brûle par étincelles, comme le phofjïore d'urine & l'or ful-
miiTanc; elle a de l'odeur, S<. elle luit dans un ait très- raréfié où toute
autre flamme s'éteindroitj elle fuit le chemin le plus court.
j**. Ces rapports du fluide éleAriqae avec le fèu & la flamme , en
indiquent dqà plu(îeurs avec la lumière que fe ne répctcrxi pas , tels
3ue la faculté de luire , de produire les couleurs prifmatiques , de luira
ans nn air infiniment rarénc , de brûler lorfqu'tl eft concentré : l'élec-
tricitc rend encore phofphotiques rous les corps que la lumière doue
de cette qualité; mais aufli elle diffère de la lumière, parce que les
corps peuvent facilement détourner les rayons éleâriques, Si. ils n'agif^
fent que rtès-peu fur le rayon luminjux & feulement dans de certaines
circondances. Le fluide éle^rique pénèirc encore les corps opaques;
il a Kiwc odeur particulière; il me proît celfer de luire dans un vuide
parfait , ce qui n'arrive pas à la lumière ; l'éleétricité fcmble encore
ie mouvoir plus aifémenr dans un corps denfe, que dans tout autre;
elle ne perd pas fon éclat, quelle que foit l'étendue du corps ou du
fluide au travers duquel elle le propage ; elle ne paroît pas s'y dévoyer
de fa route , cependant la lumière a un éclat d'autant moins vif
que le milieu qu'elle travcrfe eft plu^épais , quoiqu'il foit très-tnnf-
pareat quand les couches font minces ; elle varie u vîteffe , S< change
SUR L'fffST. KATUREllE ET LES ARTS, jtfj
fon cours fuivanc les milieux où e!le p.-ifre \ I ctincelle éle^rique ne
conferve pas fa couleur dans divers fluides , où U lumière rertc inal-
térable, elle eft plus touge dans t'acide vitriolique & d.ins l'air inBam-
niablc; peut-être ces tluides diminuent iU fon imenlîtc en s'appro-
priant i^uelquevuncs de fcs particules phlogiAit^uécs , qui lui funt moins
étroitement, unies qu'à la lumière? elle eft au moins blanche dans l'air
fixe qui a moins ci'affînuc avec le phlogiftique ; elle ne peut paroître
dans l'alkali ciuftiquc & dans Tatide marin. L'étincelle cleéh'iquc di-
minue cnjoie Taie commun en le phlopiftiquant , & il ne paroît pas
que la lumière produife cet effer. Entin l'étincelle éledrique n'empc-
cne pas l'ctiolcment des plantes privées de l'adion de la lumière, &
ù un Hl de mct.il eft plongé dans l'eau qu'on éleârirc, le fluide élec-
trique fuir par préférence le fil de métal. Il réfulteroic de la , que le fluide
éleârique eft bien moins adïif cuU|^ fcu^ qu'il a moins d'aflînitcs avec
ies corps; qu'il n'agir fentiblo^B fur eux que lorfqu'il y eft accu*
uiulc ; qu*il y a un grand nomnlnJe corps qu'il ne uuroir pénétrer;
ce qui pourroit faire croire qu'il eft beaucoup plus compofé : il me
fcmblctoic OK'me que l'cleâricité neutre que oans les grands pores
des corps, & qu'elle ne s'inimue point dans les plus petits ; on voie
l'étincelle glilTèr fur la futtace des fluides; outre cela, elle ne dilate
aucun corps. Enfin, la chaleur peut produire l'cleétricité comme dans
la courmaiine, & dans la rélîne ou le foufre en fufion; mais elle s'jr
forme peut-ctre alors en fe combinant dans fes molécules avec le
phlogiftique qui fe vaporife.
L'union du fea avec fabafc me patoîi plus étroite dans la matière élcâr^
que que dans la flamme ,^puifque la première ne donne aucune cluleur,
& qu'elle fe manifefte dans les vallieaux clos où la flamme s'éteint par
le phlogiftique qu'elle Uilfe échapper, comme dans l'air raréfié, où le
atuté de phlogiftique , puifqu'il ne paroît plus attiré comme la lumière
par les matières phlogiftiquées ^u'il ne (àuroit fe phlogiftiquer davai>-
tage.
11 paroît deU que Icleâricité eft plus compofée que la lumicre,
puifqu'clle eft plus affeâée par une foule de corps qui la modifient»
& poifqu'elle répand une odeur forte. Il eft vrai qu'elle relfemble beau-
coup i la lut^re dans fes effets ; auffï , il me femble qu'elle n'en dif-
fère dans fa compofition, que parce que le feu eft uni plus intime-
ment à une plus grande quaiuitc de phlogiftique ou de matières phUn
giftiquées.
iC6 OSSERr^TlONS SVR IJ PffYSTQUEj
§. <^. Çomparatfon du Phlogiplque avec le Feu, la Flamme tl*EUclri(ké
& ta Lttmièrc»
i". Avant d'entrer en mailcte j'obferveraî qu'il y a quelques pr<H
pricccs communes , à la Bainmc , i I cleÛricitc & à b lumière , donc
je me propofe de parler d'une manière plus particulière à la an de
cette lettre.
Le phloG;tftiaue par lui-même n'eft pas chand & ne fauroit brûler;
mais il facilite rinfummation, ce que le feu fcul ne iàuroic &ire > corn*,
me on l'obfervc dans la chaux de zinc.
Plus le phlogiftique eft abondnnt dam un corps, & moins fortement
il lut efl uni , plus fnciiemenc auHî il le quitte ^ au contraire » le feu telle
d'autant plus long-tems dans un t^iBS qu'il y a cté plus accumulé.
Les corps fe faturent de feu ^Bc phlogiflique , mais ili peuvent
Être dcpouill(is de phlogidique atRBDmc de ne pouvoir le reprendre,
comme dans quelques chaux mccalllques ; il n'en eft pas de même du
feu qui acit toujours fcmblablement fur les mcmcs corps pour les échauf-
fer, quoiqu'ils aient ctc expofcâ fouvenr à fon aâion & dcpouillés du
feu qu'ils avoient acquis.
Le feu par fon adion diGipe lephlogiftique des corps fut lefquels
il agit, en s'umlfant À lui , <?c produifanc par ce moyen la chaleur; le
feu forme mcme ce phlogiftique par (on union avec les parties vapo-
rifces du corps biùlant, mais il s'exhale &: abandonne le corps où il
fe développe. '•
Le fcix dcnntnre les corps en les dcrruifant, ou en changeant leurs
qualircs; le phlogillique ne dcrruit rien, il produit de nouvelles cora-
binaifons qui fr.ir>pent nos fens, & il rend i plusieurs corps les pro-
priétés que le feu leur avoic ôcées ; ainfi le feu cakuie les niccaux , mats le
phlogifltaue les réduic
Le phlogiftique & le feu ccfTenr de brûler dans des vailTeaux clos.
La chaleur eft peut-être l'eftcr de la f-ormatian du phlogiftique pen-
dant la combudion ; il n'y a point de combinaifon avec des matières
fortement phlogiftiquces faiïs chaleur.
L'air , qui a tant d'aftinitcs avec le phlogiftique, ne feroit-il pas Tin-
termcde par le moyen duquel le feu fc combine avec les parties vapo-
rtfées qui contribuent à la formation de la âamme & du phlogiftique 3
Il faut remarquer qtic U Hamme qui eft une matrice ^^ phlogiftique
formé par l'union du feu avec les vapeurs du corps brillant , diminue
beaucoup l'air, le rend irrcfpirablc & lui fait éteindre le feu, de mcme
que tous les procédés où le phlogiftique fe forme ou s'exhale , ce qui
prouve que l'ail doit être iics-pur pour avoir des .affinités avec le phlo-
giftique.
SUR vnrsT. kàtuk^iie et les arts, ^âf
I-É froitemeiic ne produit U H imne & le p'ilo^iftique > qu'après avoir
dcvcloppcle feu; ou plutôt U frottement développe le feu & le feudoiiue
nainànce à la Rainmc S< au phlogiflique.
Le plilogîdique ne palTe pis au travers de certains corps perméables
âu ftu comme le verre; il fïut qu'il foie appliqué immediarement au
corps avec lequel on veut l'unir y ce qui ntik p.is occenaire pour le
Le phlogiAiquc ne s'unit pas à l'eau fans intermède comme le feu;
mais ils fe comoinent avec les acides & les alktlis;i la vérité, ie<> effets
ne font pas les mcmcs, le feu les ékhauffi: , les v.iporife; le plilogiftique
adoucit les premiers & rend les féconds volatils qunnd ils font fixes.
Le phlogiitique gâte Tair, il le diminue > le feu ne paroîc pas ptoduice
cet effet.
Tous les deux donnent la couleur &c l'opacité i ouelgues corps ^ maïs
le phlos;iftique ne leur communique ni chaleur m lumicrc.
Le feu & les acides chaficnt le pMogiftique hors des métaux pour
s*en charger » ou fe combiner avec lui ; le feu agit au moins plus
vigoureuiement fur les corps phlo§iftiqucs, pir.e qu'il a plus d'affinités
avec eux; il y4n a mcme qui fe confument f\ns ignitîon apparente,
comme le foie de foufreje phofphore d'urine ; d'.^urres font embiâfcs
par une feule étincelle d'un caillou » comme l'amadou ôc l'air inflam-
mable*
Le phlogiflique fiit une partie du poids du foufre ou des corps; le
feu n'augmente pas leur pefanteur , celle des chaux métalliques ç^ l'cffec
d'une abforption d'air fixe.
Le phlogiftique, uni à des corps folides , diminue leur dureté fans leur
donner de la âuidîté.
Le feu colore quelques corps lorfqu'ileftvif, le phlogiftîque les colore
tous. Le feu pur efl fans luiniècc ni odeur, le pKlogidiciue ébranle les
nerfs optiques par la lumière qu'il excite daus fa comouHiou , & les
olfai^tifi par fes cmanarions.
le feu fert aux combinaifons phlogiftlques; le charbon éteint ne
rend pis fulphureux l'acide vitriolique fans chaleur; l'acide nitreux
qui eft fins aftion fur le charbon éteint , s'enflamme dès qu'on luipréfente
un chirbon allumé; l'acide marin s'unit difltàlement au phlogidique.
Le foie de foufre çâte l'air comme tous les procédés phlogiiliques,
au point que le feu s'éteint , parce qu'il n'y a plus d'air affez pur pour
fervîr d'incermèdc dans l'union du feu avec les matières qu'il vaporifc;
ils rernitfeiu l'argent Se le plomb , mais le feu ue produit rien de
fcmblible.
Ces rapports montrent que le phlogiftique diiftre du feu par fa bafe;
qu'il II perd en partie par l'aftion d'un feu nouveau qui s'en approprie
une panue j qu'il peut mcme redevenir feu locfqu'il ç& expofc a un fet»
iCt OnSERrATIOKS SUR LA PHYSIQUE^
^YÎoleiit : en un mot , le phloRiftlquc diffîrre du feu par fa compofition
►& fon inertie , c'eft un feu cooibiné, & le feu eft le principe de fou mou-
vement.
Le phlogiftique r^Juîc comme Inflamme leschaux méntliqusî, parce
que fa partie ubfcurc cft une mine de phlogiftiaue ; la fuie & l.i fur.ice
ne UilTent aucun doute fur le phloeiHic^ue qu'elle contient ; 1a âamme
gâte l'air comme les procèdes phlogiftiques j le phlogiftique mis ea
tnouvemcnt produit la Hamme, comme dans le mclangc formé avec du
foufre, delà limaille de fer& del'eau jmais il ne luit pasdnsccliaufTer,
!"& il ne s'enflamme que dans de certaines circonftances.
I II paroîc plus compofc que la flamme , il ne pénètre pas les corpi, â
'tDoins qu'il ne foit mis en mouvement» & quoiqu'il foit en mouvement
il y a beaucoup de corps qui lui font impctmcables; il femble devoir
^ute fon aAivitc au feu }& la flamme n'eft peut-être que le phlogiftiquç
■nu peu volatilife, & dont la bafe eft moins (ixe ou moins confidcrable.
3". Le pMopftique a de même fes rapports avec le fluide cîctfVriquej
[tous les deux diminuent l'air commun, réduifcnc les chaux métalliques»
tînt befoin de quelque force étrangère pour fe dcvelopMr ^ quelguefois
Ptependanc le pliloginique qui abonde dans un corps s'eAaIe en lilencCt
Iftnais le fluide électrique ne devient fenlîble que lorfqu il eft violenté ;
s'annonce par des effets remarquables , tels que les arrraÛions oa
u1iîons,il opère tous les effets du feule plus ardent;, le phlogiftique «
lus paifible , n'opère aucun de ces effets , mais auflî il eft incoerciole,
indis que le fluide cle£ltique peur s'accumuler dans de ceaains cas ,
agir alors fuivant de certaines loix. Enfin , le phlogiftique s'empare
Fde quelques corps avec une telle force , qu'on ne peut les fcpatctiau
[lieu que les affinités éleiflriques peuvent fcrre feciiement ftifpendues »
|ç!érangcc5 , & ne font durables pendant quelques - leras que dans de
■ ertaines circonftances.
Ne paroîtil pas de-là que le fluide élcârîque eft rrefque auflï phlogiftique
que le phlogidique , puifque tous deux font également imperméables au
verre , & puifqu'ils pcoduifent tant d'effets lemblables î Mais le fluide
éle<5trique ayant plus de mobilité , plus d*cnerj;ie, n'annonccroît-il pas
auflî une combinaifon plus intimç de (^s principes avec tme bafc moins
fixe?
4.^. Enfin le plopiftiqiie refTemble à la lumière , parce qu'il fe combine
comme elle avec les corps , qu'il a avec elle des affinités réciproques,
puifque les rayons fe courbent plus dans les fluides phlogiftiqucs qu'ils ne
devroient le faire en fuivant la denfité du milieu.
Il me paroît une lumière éteinte , fi je puis parler ainfî 'y il feroit peut-
ctre la lumière ti l'clénicnt du feu n'etoit pas trop enveloppé, & il le
devient fans doute dès que le feu le volatife; on a la lumière toutes
les fois qu'on combine le feu U le phlogiftique.
SUR VHÎST. KATURELIE ET LES ARTS. jtf,
La lumière, moins embarr-iffce par fa bafe <^ue le phlogiftique, eft ,
[ibne matière allumante, mais le phlogiiUque, moins libre , cli ftiuUmenC
' iflammable.
lia lumière & le phlogiftique font la caufe Hes couleurs & des odeurs;
'comme on le voir dans l'acide vitnoliquc pblogîftiquc qui devient acide
fulphtiteux , & dans les fleurs ou les fruits prives de lumière ou qu'on y
expofe.
La lumière & le phlogiflique donnent du roti aux vaiiTcaux des pUnceS-
r& des animaux.
Le phlogiftique a les plus grandes afïinîtcs avec les acides , il ne paroîc
Pas clairement que la lumière en ait avec eux \ il fembleroit bien que
acide viitioLiqiiedonneaux pierres calcaires leurs qualités phofphoriques,
& que la lune cornée 5c d'autres préparations mcralliques doivent à l'acide
marin la faculté de fe combiner avec la lumière; la lumière rougit le fuc
idupoilïôn de NI. Duhamel^ elle peint les fleurs, les feuilles» les végétaux;
île phlogiftique ne produit aucun de ces effets, & les plantes s étiolent
Iquand elles font cxpoféesà fon aâ:ion,iî elles font privifes de la lumière.
I Le phlogiflique rend 1'^ meutctier, & la lumière ne patott pas lui corn-
mniquer une mauvaife qualité.
Le phlogiftique forme le foufre , l'acide fulphufeux« mais la lumière '
^ne forme ras ces mixtes fur-Ie-champcomnje lui; cependant", comme les
plantes étiolées ne donnent aucune graine, ni même aucune fleur , ne
pourroit-on pas croire qu'elle contribue puilTammem i la formation des
ctamines qui femblent une ^^'phc^ de foufre végétal ? On fait que le
lycopode & les ctamines des pïns ^enflamment aifcment \ on cunnoîc
l'inflammation des vapeurs qui s'exhalent de la fraxinellc à l'approche
d'une bougie , & les étincelles que Mademoifelle Linné pbfeiva dans
jme capucine.
La lumière ne s'unit pas â l'eau, mais elle pourroît peut-ctte contrafter
cette union comme le phIof;iftique par le moyen d'un intermède.
£nfin la lumière n'alkalife pas le falpccre comme le phlogiftique , &
ne réduit pas toutes les chaux métalliques comme lui , mais feulement
Je précipite perfe,1e précipité rouge , le turbith minér.il ,1a lune cornée,
qui n'ont pas fans doute befoin d'une grande quantité de phlogiftique
'pour être réduits. Je dois ledire ici, les expériences de MM. Lavoilîer Se
^ r ontani ne me permettent pas de douter que ces trois préparations de mer-
l" cure ne foient de vraies chaux; n'oublions pas que les chaux martiales expo-
fées au miroir ardenr, redeviennent attirables par l'aimant , & par confé-
quent phloglftiquées.
U Tclxilte de tout cela, que le phloeiftique a les plus grandes analogies
avec la lumière; mais il n'a ni fon aaiviic ni fa faculté de luire , ni fon
efficace pour prévenir l'éiiolement des plantes; il paroît beaucoup plus
Munpofé que la lumière , il n'agit que par le moyen du feu , il ne naverfe
Tome Xiy, Pau. Il, 1779. ' ^OyBMBRE. B b b
i^ù' onsnRrATioNS sun ia PHTsiQue^
pas Us yafcs de veuç <\aè la lumière remplir', & il eft contenu*! grandes
tiof&s dans difftTCns corps, où il exifteen filence comme dans le cnarbon
& les huilesi il produic eptin ^es eSecs (jui aËfecbeai rous les nerfs , tout'
les rens,& qui àteni ta vie, taudis que la lumière n'agit que fut la
vue par Ton éclat , ou fut les autres nciFs par la chaleur qu'elle excite.
i-tt-^'^fP^^ ^^ ^^ i'Umiirt ^ ^t la Flamme ^ de VEùncdU èlcHrique &
du Pklo^iplqtu , relativement à leur comblnuifin avec des matières phîà^
pJTïijuécs.
• ' r
\lOn a pu dcj^ remarquer que la plupart des rapports de la lumière
avec la flamme, le fluide clei^rique & le phloçiftiquc,ctoient dépendam
du pMogirtiquc , nu plutôt tenoicnc leurs relations de quelques propriétés
çoniiiiuiiLS nu pjiloj^idiquc: je me iuis ab(lenu de le dire, parce que je
me prop^fois de comparer de nouveau ces êtres fous ce nouveau pomc
de vue ,CM joignant des obfcrvations propres à intcreflet la curiolîtc.
On fait que le phlogîftique noircit les méfcux blancs expofcs à fyrj
aftion > de même que la lune cornée ,la dilfolation d'argent unie avec
n craie ou la maguéfle du nitre , le maf^iftèce de btfmutn , le fucre dç
iânirne , le mercure doux , le blanc de plomb » la cérufe. Le mercure
dlfTuus dans l'acide marin 6c précipité par l'alkali volatil , eft devenu
jaune, le fublimé corrofif a jauni» & enhn noirci j le turbiiK minéral^
pris une couleur noirattC \ les rubaiu de différentes couleurs ont été aum
changés, les violets» les rofei & les bleus ont un peu blanchi, les vettis
ont )nuni , le bois de fapiii nouvellement raboté y a pris une couleur
plus brune \ [e dois obfervcr îci que le phloginfiquê que j'ai employé .a
été le foie defoufrc en liqueur , dégagé par le vinaigre, & renferme
avec lc£ corps en expérience fous un récipient couvert de manicce qu'il
n'ayoit aucune çQtnmunication avec la lumière.
L'éiliucllc élcchiquc a produit des effets à-peu-près femblablesjelle;»
légèrement teint en violet dans robfcuiité la uine cornée , la diniilution
d'argent unie avec la craie ou la raagnéde du nitre , le tiugi{lcre de
bifinuch , le fucre de farurne & le mercure doux-, elleti jauni le fapin
& blanchi les rubans violets j elle noircie encore l'argent, tevivine U
La fla
j x^A iiamme ne cnange point la couleur de ces corps que je viens de
nommer par fa lumière , ni même lurfqu'elle cfl concentrée par le moyen
d'un miroir ardent^ mais elle opère ces effets lorfque les corps font expoHI-s
à fou achon plus immédiate., . ,, ,.
La lumière produit abfolumenc lés nièmes ctfèts que réiuicelle élec-
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371
trique & le pKIogiftiquû fur cous les coîps dont j'ai parlé ; mais fon
' énergie eft moini efficAce oue celle du phlooiftique , èi elle agit avec
rplus de force que le fluide c(e<S:rique. La lumière altère donc U couleur
''ce ces corps , mais fes effets font gradués daiis la proportion que je viens
d'Indiquer. •■ ' ■' ■ -: 9- - ■ ' - - *-•.■:• Jti
j J'ai fajc mes expériences dans des flacons de cryftal minces, trcs-
,^ranfpar^ns, & fermés avec des bouchons de cryftal ; fi l'on y mec
dô la luhe Corniic , elle commence' ife teindre en violet au boutTdc
quelques féconde^ après une minute clic eft très -fenfible ment violette j
cette couleur ne pcnctre pas au - delà d'une fuvface très - mince. Ce
changement eft uniquement dû i l'imprcflion de la lumière , puifque
Ja lumière cbrhiîe , eJcpofce femblablement S totis égards a la cnaleitt ,
au froid , A l'humidité , d.ins uli air fôrt fec , dans le vuide , d^ns l'eaiti ,
pourvu qu'elle foit garantie de J'impreflîon d* h Inniièrc & des vapeurs
phlogiftiques , Confcrve fa blancheur ,' S: elle ne H perd jamais que
proportionnellement i Taftion de U lumière fut elle; iî elle étoic, pat
exemple, placée dans un lieu où l'illumination permît feulement^ lue
l'écriruce courante , i\ ûudroic hui( ou dix Jours pour qu'il y perdît fa
blancheur.^ y' ; '" -■^ y-v...;^.^. ^,r.,.,^,z ^
La. lumière réScchic & refrappe produit les rricmes effets ; la lune
cornée & les précipités mclésavec la craie 8c la ma^nénç^u nitrc , olfrent
les mcmes phénomènes quand ils font expofés a la lumière.
MM. Beccari, Meycr, Schuhe 3c Siheele avoiem obfervé que la lune
cornée Se les précipités d'argent pafToient du blanc au noir par l'aciion de
la lumière ^ ils avoicnt vu que fi l'on place de la tune cornée dansim
vafc ouvert Se qu'on la couvre en panicavec des bandes de papier ,' la
partie couverte y change de couleur la dernière; mats pour rendre l'expc-
• tficncc plus décihve , j'ai couverr le vafe avec une plaqne de laiton trouée
' de plulïeurs rrous' , & il n'y a que les portions de la lune cornée expofées
2 (on aélion qui foient dcvetmes violettes ; le fond du vafe off^roit le
fpedtacle d'un fatin blanc 5 mouches violettes.
La lumière cKangede même , quoique avec plus de lenteur, les préci-
pités d'argent j elle donne une couleur gtïfe, qiais foncée, au inagiftèrc
de bifniutli, au merfure doux 5c au précipité blanc; elle rend ptefque
blanc le foufrc doré d'antimoine Se \c turbidt minéral ^ de mSroé que
Lalkali cauftique.
La lumière peint tous les végétaux ; elle colore les vitres auxquelles
elle donne la couleur de l'arc-cn-ciel; elle rend bleus les champignons
' dans leiir partie fraîchement foupée , comme M. Bonnet la obfervé.
I Elle change les couleurs Jcs crofFes en jaunilTànt le verd , blanchiflant
le violet ôi le rofe , comme M, Bectati l'a obrérvé dans les.Mcmoîres de
rinllitut , & il a remarqué en mcmc-rems que cet effet écoit produit pat
U lumière indépendamment de toute autre circonftance. Ainfi, Madame,
J779. NOVEMBRE, Bbbi
)7i OnSERVATWKS SUR LÀ PHtSIQUE,
la Phyllque n'ell pas inutile pour le choix d'une robe ou d'un ruban y
dont on fouhaiteaue les couleurs fe coniervent; elle fertdenicme,cotT>-
me vous avez pu le remarquer ^jxïur calculer l'eftec que tes couleurs doi-
vent produire quand on pade de la lumièie du jour i celle des
bougies.
Enfin , la lumière altère la couleur des bois. Je n*entre pas dans de
plus grands détails fur cette partie de mes recherches > parce que j'y
reviendrai dans quelques momens.
Je cire feuleineni cette confcquence : c'eft que fi l'on peut conclure
avec vraifemblance , de l'analogie des e^ets i cette des caufes, nous
dirons que comme le phlogiftique & l'cleâricitc noirciiTent quelques
corps blancs , la lumière produit fans doute le même effet par le mê-
me movenj mais ce moyen cft manifeftemcnt le principe phlogilli-
quant dans le phtogiflique & l'cleâricité : donc la lumière peut agic
auHfi de la même manière , mais Tes effets fout plus lents parce que
fon énergie cil moindre.
5. S< Rapftorts parùculurs de la Lumicrt & de tEUcîr'tcui,
t^ lumière & l'élcâcicitj ont la faculté commune de rendre plu'
licurs corps pnofphoriques , quand ils ont éprouve leur aftion. Tels
font les diamans, les pierres prccteufes , les cryftaux , les quartz , les
agates , les filex , le verre, la porcelaine, les fpaths vitreux & fiidble,
\qs phofphorcs de Bologne , de Canton , le tarire vitriole , le fucte , la
luagnéfie du fel deprom. le fiiblimc» la terre des os, la terre de l'alun
Îirccipicée par t'alkah fixe, ta craie de Briaoçon , la chaux éteinte à l'air»
a lune cornée , l'arfcnic blanc , diverfes refines. Entre ces matières,
il 7 en a plufieurs qui ne luifent que lorfqu'elles font échauffées jore
remarquera dans l'urdrc que j'ai fuivi , que depuis la magnéfie blanche,
elles luifcnt fans frottement & par la feule impreïGon de l'étincelle
cledrique fur chacune d'elles , ou lorfqu'on les a expofces au folcil ^
les autres ont été éprouvées de cette manière par Meflieurs Beccari,
Canton èc Defauflure,£c luifcnc par ces feuls moyens.
Cependant la lumière n'cfl point élcéVrique, & ces corps qni tuifent
fans avoir éprouvé Timpreffion de l'cledricïté , ne donnent aucune
apparence d'en avoir , non plus que ceux qui luifent après avoir été
éle^tifcs , comme je l'ai observé plufieurs fois fur la pierre de Bologne
& le fucrc placés fur des plaques de métal , & féparcs du condudeuc
après que l'cleflricité les a eu rendu lumineux ; outre cela , plufieurs
corps luifeiic forcement quand on les plonge dans l'eau , quoique leur
^leÀricicé dût être anéantie par cette immerfion , fi elle avoit tcelle-
menc eu lieu auparavant*, on voit encore que l'éleâricité n'a pas feule
le pouvoir de lendie les corps lumineux ^ il 7 a des corps de incm«
St/R VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, j7j
nature qui font plus lumineux & moins cle<ft[iques « tandis que d'au-
tres font lumineux Se plus éleâriques. Le meccure dans un macras vuidé
d'aic, devient lumineux Se électrique , (\ on le fcocte dans robfcu-
rité, mais il cfl feulement lumineux, Ç\ Ton agite le nutras; d'où il
téfulcc que Icleâncité exige quelque chofc de plus que la lumière.
F.n6n, M. Dufay a obfcrvé que les pierres prccicufes luifentparle
frottement , l'expolltion à la lumière & la chaleur » comme on peut
s'en alfurer fur lamcthyfte , l cmeraude , le phofphote de Bologne > le
diamant » le rubis , la topafe i le faphir & le lapis bzuli.
Il 7 a donc une analogie entre le Huide élt'ârique & la lumière pour
rendre les corps lumineux; peut-ctre que ces deux fubftances vapori-
fenc l'acide contenu dans les" oaatictes phofphoriqucs pour développer
le feu & les particules phlogiftiquées qu'elles^ renferment , en s'appro-
priant celles que la lumière y apporte , & qui y font nécelTaires pour
opérer cette lumière qui eft trcs-roibte » & qui paroic formée par des
corps trop grolTiers pour lui laitier tout fon écUti il eft au moins
certain que la plupart de ces matières phofphoriques renferment uit
Acide ou naturel , ou artiHciel, mais toujours bien caraâcrifc^ il eft
encore également certain , que le fluide cleélrique ne rend les corps
phofphoriques qu'en les phlogifïiquant , car on ne fauroit attribuer cet
effet i fa chaleur qui efl infenllble , à fa collilion qui efl: momentanée ;
il n'y a que fon incorporation par fa décompo(îtion qui produife cet
effet ^ on ne peut donner la phofphoréitc que par des étmcelles , & on
fait que l'ciincelle dccompofe le fluide cleÀrique , comme il paroîc
par la réduction des métaux & la précipitation de l'air lîxe qu'il opère,
& qui ne font ptoduires que par le dégagement du phtogiÀique qu'il
contient ; ainfi la lumière agiroit encore de cette manière comme un
corps phtoeidiquant, ou plutôt comme un corps qui donneroit au phof-
f>hore le feu qui s'échappe dans la dcconipofition. Ne fetoit-il pas pof-
ible aunTi que la lumière fût attirée pat l'acide du corps phofphotî'
que , qu'elle le volatilisât par fon union avec lui . & qu'elle en fortîc
flV%c fes vapeurs chargées des particules de feu qu'il poutroit dégager y
dans ce moment où il agiroit avec plus de force ? Mais ce nioyen ne
peut pas s'appliquer également i tous les corps phofphoriques*
11 ne faut pas oublier que toutes les combinaifoiis phlogiftiquées ne
font pas écalcment proptes à produire la lumicie ^ le foie dcfoufre,
par exemple , ne produit que les effets les plus grofliers , parce que le
phlogiflique y furabonde, il s'exhale fans luire , & il ne acvient lumi-
neux que lorfque le feu s'empare d'une partie de ia bafe \ il en eft
de mcme du cliarbon qui rougit au feu,& qui ne fauroit donner une
flamme vivej le feu trop enveloppé ne peut y produire la lumière ; le
phlogidique feul ne fauroic communiquer aux corps cette faculté \ mai3
l'éle^cité la déploie quand on l'accumule &c quand on la décomr:
-174 OBSEKrAnONS SUR lA PHYSIQUE^
pcfe en U fâiOinr ctincelcr^ I.i [tiinicre plus igace, plus fubcitâ, agît
ieiile &z Cins intermède pour phorphoriTtr les corps capables de cette
propriété. Toutes les lumières ont la faculté de communiquer à ces
corps la phofphorcicé > mais elles n'ont ce pouvoir quen railon de leuc
intenllic, & <le leuc fubtiUtc^ ainfi la lumière d une bougie , du bois
brûlant, de la lune , du ziiic enHammc, n'agilTent que très-foiblemeiit ^
au bout (l'un tcmb. très-long.
, La lumière immcdiatc du Soleil brunit la lune cornée confïdérable-
ment plutôt que coucc autre i la lumière des bougies au bout d'un
leois allez long, commence à la peindre d'une foible nuance ^cnfin la
lune ne produit cec effet qu'après pIuHeurs nuics d'action continuelle^
il en eft la même chofe pour les phofphores y mais aufTi quand Ja lu-
mière ell parvenue à un ceciaûi degré aubrt:u[ité,elle ne produit pccf-
que plus aucun elFec.
La lumiète du cccpufculc , celle qui feroit nccelTîiirc pour lire ce
journal en venant d'éprouver l'aiflion d'une lumière vive , fans permet-
tre ta lecture d'un cacadlcce plus pecït à une vue d'une force médiocre ,
feroit fans aucune cfHcace fur la lune cornée, & toutes les aurrcs ma-
tiètes qtie j'ai nomniées; mais la matière clc6Uique & le phlogilli^o
fonc.de même (ans eâ^c quand leur force cfl tcès-a£foiblie.
§. p. Dcioloration de divers Corps optrêt par la Lumière au travtrs di
divcrfes lames ^ foU de v^rrc y foit de papier.
11 eft important de ccnfidcrer l'impreffion de la lumière fur diffcrens
co^ps au travers de dïverfes lames , foit de verre , foit de papier. Voici
h, defcripcion de l'appareil dont je me fuis fervi.
Soit une caifTe parallclîpipède dont la bafe a un pied en quarré|fic
U hauteur dix-huit pouces ^ elle eft Terminée de trois cotés par une
feuille de fer<blanc \ le quattième eft un feuillet de verre qui a environ
trois quarts de ligne d'cpailTeur. J'ai inféré dans cette caiiTc, quatre
autre califes ayant la mcme luuieur , faites avec le mcme verre , mÀis
différant toutes par leur largeur, puifquellcs étoïent toutes placées à
cinq lignes les unes des autres \ elles étoient fixées par une rainure
faire dans la planche qui fervoit de bafe i la caKTe, & elles s*y cn-
L châlfoienri toutes ces cailfes étoienc recouvertes par une blanche fem-
blableàcelle de la bafe, &c qui intercepcoit tous les layons de lumière
qui.auroient pu entrer pat lefommet de la cailTe.
J'ai employé des rubans de foie appelles Annttes ^ leurs couleurs
étoienc la violette pale , la rofe , la verte 6: la bleue ; je ne parlerai
^lue des premières couleurs y parce que l'cSec de U lumière fur elld ï
..<jé le plus fenûblc,
SUR VllJSf. NATirREllé ET lÉS JRtS, ^75^
Je jjhÇûis ces rubans de tDanièrc qa une j>anic flottoK à l'air, cindis
(juéraatrecroiten-dedansdela première glace» de façon qu'elle lui inteiv
cèproit l'aftion immédiate de la lumière; j'en pUçai an fécond fur la-
ghce de la féconde caifTe qui étoit la plus voifine , je ainfi un iroifième^i
un quatrième Se un cinquièrfic C\it les glaces des caîftes fuivantes, en
obfetvant que ces rubans ne s^cclipfafTent pas réciproquement la lumière;
je plaçai de mÔme encore d'autres rubans fur les glaces des mcmes càif-
fes, de manière que le fixième avoir cinq glaces encre lui & la lumière ^
&c. Enfin j'y placois des rubans ployès dans plufîeurs papiers & qui ne
pouvoient tcccvoir aucune a^ion de la lumière.
J'obfervai, 1**. que les rubans qui n'avoienc pu erre exnofës à l'avion
immédiate de la lumière , n'avoient point clwngc de couleurs: i*^. Que
fes rubans violets & rofes expofcs immédiatement à la lumière Ôc au
foleil , avoient un peu blanchi rtn bout d'une journée ; que cela augnienra
pendant la féconde & les fuîvantcs, cjuoiqae le côté du ruban qui n'étoit
ftas expofc i la lumière eût confervé long-tems fa couleur; ce fut feu-*
ement au bout de trenre-cinq jours que les deux côtés du ruban fu-
rent décolorés: }*. Que la partie de ce ruban placée fur la première
iquante jours , Ja lurr.ice expt
4". Que fix fomaines enfaire les rnb.ins violcrs $c rofes avoient blanchi:
j**. Qui la fin des trois mois le ruban expofc fur h quatrième glace
avoir commence de fe fiiner. Enfin, qu'au oout de fix mois les autres
'lubans, dans les autres portions plus reculées, n'avoient fouffcrt aucune
altération , comme ceux qui avoient été mîs au fond des caiifes après
avoir été ployés dans du papier.
A l'expiration d'un mois, le jaune & le bleii n'avoient fouffert aucnfîe
altération bien fenfible , après avoir été fcparés du contaét immédiat
de la lumière par une glace; mais au bout de quatre mois le jaune a
bruni, le bleu a été moins fon^^^é de quelques nuances, le cramrfrft a
'un peu blanchi , le verd a un peu jauni; mats il à fallu ttôis fois
plus de rems pour leur fiire éprouver ces changemens , lorfqu'îlsrece-
voient l'imprcilion de ta lumière au travers d'une glace, que lorfqu'ils
étoienc expofés i la lumière.
Je dois remarquer ici, n^is fans donner rien de précis, parce que
je n'ai pu répéter alfez fouvent mes expériences , que fi les glaces fe
touchent , il en dut un plus grand nombre pour arrêter les effets de la
lumière, que lorfqu'elles font féparées par des couches d'air, comme
dans les expériences que je viens ae rapporter.
Enfin, il faut ajouter que ces expériences, de même que que!<^ues-
unes des fuivantcs , varient beaucoup félon les lieux où on les fait,i
caufe du féjour plus ou moins grand du foleil , de fes reflétions, Sec*
î
j7<F OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
On peut cependant conclure en gcnéral , que U dccoloracion des
rubms, eft en raifon de la qunnrirc: de la lumière oui les frappe , du
moindre nombre des furfaces interpofces , & des létradiions éprouvées
par la lumière ea clungeanc de milieu: enfin, qu'il y a un nombre de
ces rurfaces & de ces icfczâiuns au-aeU duquel la lumière n'opère
plus aucune décoloration \ peut-être que chaque paflage d un milieu
dans un autre, occalîonnant desicHcdiuns conlîdcrables » diminue fon
încenlicc au point qu'elle n'a plus allez d'énergie pour produire cet
effet.
Dans une matière de cetce importance , il ne faut rien négliger;
Tai fuivi l'cfllct de la lumière fur la planche de fapin qui fervoir de
bafe à ma cailU: , & j'ai remarque , i ". que la partie inférieure de cette
cailfe, immédiatement expo fée à la lumière, étoit jaunie, & que le jaune
^loic brun: i^. Que la portion de fapin qui étoïc derrière la premiète
glace éroic prefque aulli jaunie que celle qui étoit expofce i l'air, &
que celles qui fuivoient étoient d autant moins jaunies ou altérées
par la lumière, quelles en avoienr été fcparées par un plus grand nom-
bre de glaces i mais la partie du fapin qui écoit derrière la neuvième
Î;lace , ^ qui croit placée à 1 1 pouces & demi de la première, & fur
aquclle la lumière agiifoic immédiatement , cette partie fi éloignée Se
Ci garantie avoir encore des traces légères d'altération ; enfin , l'épaiifeur
de ces taches étoît proportionnelle à la force de l'impreflion de la lu-
intère & à fa durée , elle m'a paru de -^ de lignes dans la partie expo-
fée immédiatement i la lumière , & j'ai lieu de croire que cette colo-
lacion , au bout de quelques années , ne plTe pas une certaine épaiHeur,
comme je le ferai voir dans un autre Mémoire. La nature du bois
m'a paru changée dans fa nature, elle efl devenue plus propre à la com-
buUion ; mais je renvoie encore ce fujet curieux à un Mémoire qui
fuivra celui-ci, de mcmc que des obfervacions fur la nature des buis
£c des fubllances qui me fcmblent être les plus fujectes i ces variatiptis
produites par la tiunicre.
On ne fauroit attribuer ces phénomènes, ni i l'air, ni à l'humidité,
ni i la chaleur; i^. Parce que les rubans & les bois expo fc s à la lu-
mière , fans éprouver une chaleur plus forte que celle de l'atmofphère ,
y foulFrent ces altérations; tandis que ces bois & ces rubans placés i
côté dans des boîtes de bois épailTes & bien fermées , y confetvent par-
faitement leur couleur j outre cela , une chaleur de 50 degrés n'opère
gucun changement fans lumière &c n'empêche pas l'effet que la lumière
produit fur eux quand elle agît: t*. C«s décolorations ont également'
Jieu dans le vuide, comme M. Beccari l'avoir remarqué, Mémoire de
Cologne, T. VI. )''. M. Bonnet dont I'œiI perçant pénètre tout ce
ou'il étudie , a obfervé dans U lome V ^ de Ciduîon in-^**. de fa (Suvrtj^
Ç9^t U commeocç 4'enriciiti Iç P^blic , pa^e 5 p ^ qife les fçuUlcs étio-
SUR rrnsT. naturelle et ies arts. 577
lies des liaricocs avoîenr reverdi , après avoir éic expofces à Tadlion
de b lumière au travers d'une couche d'eiu dans hquellc ces plantes
écoient plongées : 4- . Ma taiire a toujours ézé expofce i la même cein«
jHTarure, de forte que l'air qui y cir. uloit étant le même, l'humidité
^ la chaleur écanc toujours J'embUbI», ces ciules égales auroieiu dû
produite des effets égaux dans couCc:> les parties de la catlfe^ mais
comme la décoloration dci rubans, & la couleur jaune du fipin dinii-
autitt i mcAirc que les oblUclcs à l'aâion de la lumicrc augmcittcnc,
il en rcfulce clairemenr, i^. que la lumière ed ta caufc de cesphcnomè-
Jies^ dailIeurSjOn voie tncorc que la planche fupc'ricure de U caille
qui n'a reçu que la lumière rédcchiu eti intniiment peu colorée : i*^. que
Ja partie de la cailfe qui a toujours été dans lomore eft plus altérée
<lan^ fa couleur que la partie fupérieuie , mais aulG on y voit les bot"
nés de l'ombte ttatées par la force de la couleur brune qui eft plus
grande par-touc où la lumière a agi toujours immédiatement.
J'ai employé encore un liteau de fapin qui avoït trois pied^ pour
varier ces expériences*, je l'ai partagé en dix-fcpt parties égales ; j'en ai
couvert alternativement une avec une bande de pi^pier divcrfement
coloré; de manière qu'une partie de cet efpace fût couvert de deux
papiers, tandis que l'autre croit feulemfnt couvert par un; le cote du
liteau où le papier avoir deux doubles étoit le même pour chacune de
ces diviltons; ces papiers étoient fortement atracKès par les deux bouts
avec du til & retenus par deux pointes dV-piogles, de forte qu'onnft
pourroit aifcment imaginer que l'air extérieur pût y jouer.
Au bout d'une année le papier noir n'a fouffert aucune altération
dans ù. couleur, & le bois qu'il couvroit a confervé fà première blanr
cheur.
Le papier violet n perdu toute fa couleur , le bois^ jauni par-tout t
mais parti<.ulièrcnicut U uù il n'y avoir qu'une épaiireui de papier.
I.e papier verd a conk-ivé une patrie de fa couleur , la partie recou-
verte a ccc même \Ln peu altérée; mais la couleur du bois a très-peu
jauni dans la place couvene par un double de papier , Se point du tout
là où il y en avoit deux.
Le papier Jaune a été entièrement décolore dans la partie expofc«
à la lumière fie point dans l'autre : le bois couvecr d'une feule epaif»
feur de papier a été altéré dans fa couleur > mais peu U où il ccoic
double.
Le l^er rouge a foufterr peu de changemens dans fa couleur , auflî
le bois n'en a prefque poiuc éprouvé.
Le papier d'Hollande ^lanc Ôc épais a roufTi dans fa partie extérieure ;
le bois a eu fa couleur altérée là où il n'étoit couvert quu pat un dou-
ble de ce papier , mais il n'a point fouffeit d'altération U où il y ea
avoit deux.
Tome XJr, Part.IÎ. 1773. NOr£MBR£. Ccc
J78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Le p.-pier hrouiUjrJ gris « le moins préfervc la partie du bois qu'il
couvroic, mais ici encore on trouve que la parrie la plus altccée ctoic
celle qui n croie couverte que par un feul papier. Je dois ajouter que
les incervallcs qui n'ont pas ccc couverts ont tous b même couleur \
mais ce qui efl capital, c'ef^ que la lumière a agi iion-fculement fur la
partie qui n'ctoît pas couverte , mais encore à une ligne au-detlous de
la parrie couverte.
J'ai péfcrc le papier aux étoffes dans ces expériences , parce que
j'en croyois le tifTu plus ferré & plus continu ; mais rt ces expériences
ne lailïcnr aucun doute Air l'efter de la lumière pour décolorer le bois»
fi elles nous monnent que le foie de foufre , &: refprit-de-vin produi*
fent les mcines effets , comme je le ferai voir bientôt plus en détail ,
elles inllruifenr peu fut la décoloration des papiers^ les couleurs qui
les couvrent font terreufes, la préparation employée pour les appliquer
eft diftcrcme , l'effence du papier n'eft pas la même; mais il m'a ce-
pcndanc paru que la décoloration a toujours été proportionnelle à la
diminution de l'épaiffeur des furl^ces qui interceptoienc l'aâion im-
médiate de la lumière; je vais renouveller ces expériences de manière
à pouvoir ftatuer quelque chofe de plus pofitif fur les altétiitions eau-
fées i chaque couleur. Après avoir ramaftc les matériaux de cette letrte ,
{*e les communiquai, Maaimet à M. Bonnet , que vous connoillez avec
'Europe comme un grand l'hylicieii , un parfait Obfcrvateur Se un
lablime Métapliyfîcien; mais donc vous ne connoillez pas comme moi
la grande bonté; îl veut bien perdre fon tems à écouter ceux qui te
confultent & defcendre jufques à eux pour les éclairer de fon avis ;
il daigne m'Iionorer ainli quelquefois de fes confeils & de fes leçons;
quand il eut entendu la lefture de ce que je viens de vous écrire , il
me montra fon Journal qui contenoic pluiîeurs expériences du genre de
celles que j'ai eu l'honneur de vous rapporter fur la décoloration de
quelques corps ; j'y vis avec plaifir que fans nous ctre communiqués
en aucune manicrc , nous avions eu quelques idées femblables, & que
nos expériences quoique différentes pour la forme , offroient les même»
réfulcats ; vous en jugerez mieux par rcxccUent Mémoire que le l*hi-
lofophe de Genthod publiera à ce fujct, &c que j'annonce avec d'ail-
lant plus de plaidr, qu'il fera une autorité propre à accréditer les expé-
riences que je voulois répandre , & une in(lru<flioii inriniment utile
pour les Phyficiens.
Je n'ai pas encore fini , Madame , j'ai des expériences ei^^o plus
fingulièrcs à vous rapporter, elles me paroiffent mériter b plus grande
attention.
Tai dit que Meflîeurs Beccari , Meyer , Schuize & Scheele avoîent
obfervc comme moi , que la lumière rendoit violette la lune cornc^
nuis j'ai obfervc de plus que la lumière du jour ordinaire quand le
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. y;<f
çie\ ii'étoit pas fercin , n'opcroït ce chantrement qu'au buut de deux
minutes j que d.tns un jour ferein , il ne ialloic qu'une inmucc, inais
que U lumièie du foleil produifoic cec ctfec dans lîx i huîc fc^undcsy
que cecce lumicre incerceptce par un papier n'agifToU qu'au bouc de
cinq minutes; qu'il lui en falloir dix quaiid il y avoic deux papiers &
qu'elle ccoic fans efficace quand il y en avoit trois.
M. Tingry , Dcinonflrateur en Chymte , de U Socicic des Artl^
aThonnêtecc duquel je duis toutes les ptcparaEÎons que j'emploie, 3.voic
précipité beaucoup d'argenc par U dillulacion du lui mariii, dans un
bocal qui avoir tf pouce!» de .haut fur 4 pouces de diamctce; cous les
côtés du bocal où le crouvoic la lune cornée paroifloienc violets ; mais
le côte cxpofé à Tai^ion immédiate de la lumière, éroit beaucoup plus
fonce j le fond du vafe vu par-delfous étoic pai^itemenc blanc , mais
la partie fupérieure delà lojie cornée fut ceinte duoiqu'il y eût 7 pou-
ces d'eau; le vaitfeau agité, la lune cornée reprit u blancheur, &c elle
redevint violette quoique les rayons de lumière tcavetfailcnc deux pou-
ces d'eau pour y arriver.
Si l'un emploie une lentille pour porter une lumicre plus vive Cax
cette lune cornée, elle cft cliangce à l'iiiftanc mcmei û l'on intercepte
fes rayons par un papier il faut une minute , crois minutes lorfqu'il
y a deux papiers, 10 minutes avec crois papiers 8c jamais avec quatre
papiers. Le papier que j'emploie eft un peu plus fecré que celui de ce
Journal.
La lumicre réRcchie par un mue blanc n'agilToic qu'au bout de ïêp)^
à huit minutes. Un morceau de bois de noyer de ^ ligne d cnallleur em-
pêche la qploration de la lune cornée loiCqu'il intercepte la lumière ,
maïs un morceau de fapin femblable ne produiûc pas cet effet.
Douze lames de verre ayant chacune; de ligne d'cpaiffcur , & qui
fe touchoienc en couvrant la lune cornée, n'ont permis au foleil de la
colorer qu'après avoir été expofce à fes rayons pendanc vingc-deux mxr
nuces. Deux pouces d'eau entre deux lames de verre, n'ont arrêté que
pendant trois minutes l'adion de la lumière fur la lune cornée, elle efl
devenue violette au bouc de ce tems-là.
lîntîn tes dilfércns rayons pilfmatiqucs ont un pouvoir diffcrenc de
colorer la lune cornée; le rayon violet change en violet la lune cornée
dans i^ fécondes, le pourpre dans 1^, le bleu dans 2 9> le verd dans
J7» le jaune dans cinq mniutes 6c demie , l'orangé dans 11 minutes^
& le rouge dans 10 minutes; ces crois dernicrcs couleurs commençoienc
feulemenc alois à l.iiller une ceinte violerce fur la lune cornée , mais
i« n'ai pas pu parvenir 2i la rendre auili force que celle qui eft opérée
par le rayon violet même au bout de trois quarts- d'heiue.
ÂBn de ne Uiilcr aucim douce fur cette expérience , iai examiné
ï^m de chaque rayon féparc de tout autte fut la igJje corué^
, 177?. NOVEMBRE, Ceci
jîo onsnnrJT/oNS sur la phyxique,'-
dam mie chambre obfcure. Enfuîte j'.ii appliqué fur une des Turfaces
laicratcs lI'uii flacûii une couche de lune cornée; j'y ai fait tombée
Vim^'^e d'un pnlme , «Jo 'lunière qu'elle OLcupât toute la Lirgenr de
l'efpace couvfcrt pst h lune cornée que j'avois eu foin de couper en
dirigonale, pour mieux juger limpreflion de la lumière fur la lamelle
appliquée immédiatement au verte , Se j'ai obfcrvc condamment l'etTec
particulier de chaque rayon comme je l'p.i dLjà décrie -.j'auroi^ pu muUi'
plier ces expériences en les fslfant fut différentes préparations, comme
je l'ai déjà pratiqué j mais cela n'oiftoic aucune vue nouvelle pour ce
que je voulois aujourd'hui .faire connoïtrc,de fotce que je renvoie ces
deuils utiles à d'aurres circonftinces.
Il rcfulte de ces expériences; i"^. Que les rayons dont la viteflè
piruic la moindre , func ceux qui agilfent le plus fortement fur la lune
cornée comme les rayons viulers : i". Que les rayons qui paroiflènc
les pi u^ npideis, oui font peut-être mieux téricchis ,& qui le combi-
nent moms avec la lune cornée, font ceux qui agilTent avec le moins
de force: 3*'. Que les rayons violets agident prefque aufli vite que
TOUS les fept rayons enfemble : 4**. Ne feroii-il pas poflible que le»
rayons violets fu(îenc les feuls phtogiftiqucs , & que les autres rayons
ne parulTent l'être que parce qu'ils ne font pas bien fcpacés du violet?
J**. Peut-être au moins les rayons violets font-ils plus phlogiftiqués
que les nattes , ou fe cotnbineiîi-ils plus facilement Se en plus grande
quantité? 6'^. Enfin, pcut-ctte tous ces rayons font-ils plilogilliquc»
différcns degrés, puifqu'ils ont une manière d'agir commune quoi-
le leur énergie particulière ne fuit pas la même.
Oui , Madame , je ctois ces rayons plUogiftiqncs , ou plutôt conte-
nt une matière agirtante comme le phlogiftique j la lune cornée qui
eft ainfi colorée en violet eft réduite , elle peut fe dilloudre dans
l'eau forte; & fai eu le plailJr de la voir fous fon brillant métallique
quand elle a été expofée i l'avion du feu. 11 e(l au moins certain que
l'acide marin cil chfkffé de l'argent , puifque l'eau dans laquelle on lave
cette lune cornée noircie , eft acide , Si qu elle a l'acidité du fel marin ,
puifqu 'clic* précipite la dllfûluiion d'argent, tandis que Peau qui lave
la lune cornée blanche ne produit point cet effet ; au reftc, la lumière
n'opère pas cette feule rédu^ion , on fait que les acides calcinent l'ot
& l'argent, & qu'ils leur otenr leur phlogiftique, piiifqne leur diflolu-
tion donne de t'air inflammable ; mais la lumière du miroir ardent
rcduir ces métaux (ans addition, parle phlogiftique de la lumicte qui
fe dccompofe fans doute au foyer; ce qu'd y a de certain ,c*eft que Toc
& l'argent donnent alors de l'air déphlogiltiqué;il en eft de même du
ftrécipitc perfe, du précipité roage Se du curbich minéral; enfio,U
umière du miroir ardent rend les chaux de fer attirables à faimant;
b caLcinaùoa dunn« aux (erres calcaires U ficulc^ d'anirei la lutuici*
que
imnt
SUR l'HIST. KATUREILB ET If- S ARTS. 3S1
quand elles font imprégnées d'acide , 8c le pHofjiKoie de Bologne eft
ftccom|ugné, pendani qu'il luit, d'une odeur de foie de foufre aécom-
pofé.
Puis donc que la lumicre rcduic la lune conicc & les chaux de quel-
ques mécaux, il pavoît qu'elle zziz comme une matiÈre plilogïïliquance
ou phlogiftiquce \ la vapeur du foie de foufre , le charbon ^ proHuilencau
moins des crt'ets analogues^ niaîs je me garde bien d'airurer que la lumière
foie le phlogiftique i ce qu'il y a de certain , c'eft qu'elle ne colore
que la furface de la lune cornée , fie qu'au bout de plulieurs Semaines
la pcnccratioii n'eO: pas plus grande qu'au bouc de quelques minuccs.
§. 10. ConJldifaÙMi fur l'Eiiolcment,
Les obfervations que j'ai rapportées, les confidéra lions que j'ai fjites
peuvent nous nppiochec du bl qui nous conduira à la connoillÀnce de
î'ctiolemenr.
Le feu ou la chaleur contribue au développement des plantes» com-
me le fluide électrique, mais ni l'un ni laucre ne préviennent I'ctiole-
menr , Cl les plantes Tout dans robfcuritc \ les pl3ntes végètent fore
bien dans un air plogifliqué, mais ce phlogiflique ne leur tient pas lieu
de la lumière , elles y prennent bientôt une lîgurc étiolée > fi elles
font privées de Pinriuence bienfaifame du foleil ; il y a même plus, U
lumière de la ri.imme ne remplace pas celle du jour : M. l'Abbé Corte
avoir obfervé que la cremelle qui chetchoic les rayons de la lumicce
ne chetchoic point ceux d'une bougie.
On iait qu'une feuille de papier appliquée fur les fruits , empêche leur
coloration coram'e celle de la lune cornée.
On obferve encore que létîolement fc répare trcs-vîte | d l'on cxpofe
les plantes éciolcos à la lumicre.
L iiifpeâion de la plante étiolée annonce quelle c{l attaquée d'une
maladie qui fetoit au végétal, ce que l'hydropine produite par le relâ-
chement eft à l'animal; la plante s'allonge, s'etÏÏle, blanchit ; elle eft
fan^ force; elle eft noyée par un fuc aqueux, c^n relâche toutes fes par-
ties, elle relTêmble affez à ces convalefcens que le fcjnur dans la chani'
bre , l'inaction Se une forte tcanfpiration alfoi^Ulfent , pâlillent , e^
lent &c boutfoufflenc.
Les feuilles des plantes ont une partie rcfïno-exrraÀive, dïfToIuble
dans l'eau par fon adhérence aux matières qui conipofenc l'extraie :
alors, la partie extradbive efl bien diUoutf, mais la réiîncufe ell pccf-
que intacte ; une infuHon de la âeur de carthame donne une couleur
jaune, mais les fels alkalis en rirent la couleur rouge qui ell réfineufe ,
& que l'eau feule n'auroic pu extraire ; ceci m'avoi: fait pcnfer que
comme Vévapoiacion paroU moindre dans les plantes, çiiuicçs» ilferoit
jSi OBSERrjTrON^ SUR LA PHYSIQUE ^
poHible que b partie colorante fût di^oute dans cette eau rurabondante ,
& noyée au point qu'on ne pût l'appercevoir ; mais les expcrien^ci de
M. lionnet prouvent que les plantes ctioices qu'on fubmerge repaient
leur (l'tiulemcnt , (i elles font expofces à la lumière \ cependant dans
cet ctit elles ne Hiuroienc tranfpirer abondamment , puilquV'Ues font
environnées d'cnu j d'ailleurs, l'ciectriùté & la Jialeur qui hâtent l'éva-
{>oration n'empcchent pris l'étiolement ; & les plantes aquatiques s'ttio-
ent fous l'eau quind uUes font privées de la lumière.
il feroir peucltrc plus prubablc d imaginer une combinaifon con-
tinuelle de la Inmiére avec le végétal , «qui favorife l'évaporation du
fuc aqueux , 6c qui le combine de manière d former cette partie réfi-
neufe qu'on obfecve dans toutes les ccorces, dans toutes les feuilles
& dans les parties des fleurs propres à la fécondation; il femble que
t'ell dans ces dernières où les molci*ules de lumière fe concentrent
fur- tout , & où eïïes doivent nccelTaîrement fe concentrer; c'ell au
moins là que fe trouvent les parties les plus huilcufcs, ces exlmlaifons
fulphureufes qui frappent rodotat ; ce qui efl bien remarquable , les
plantes ètiolces ne produîfent aucune fleur, & celtes qui font un bou'
ton pcrident quand elles ne peuvent ctre développées par la lumière»
eii^.n les fleurs étiolées ne font pas fécondes. J'ai obfetvc un fait aifez
(îngulier: des Cénfiers & des Abricotiers qui donnoient beaucoup de
gomme pendant qu'ils ctoient expofés au foleil , cefîèrent d'en latlFec
couler, auni-tôt qu'un bâtiment leur eut intercepté une partie de lac-
lion immédiate de cet aftre; j'avois dit encore dans mon Mémoire
quatrième fur le pMogiAique, qu'il écoit poQîbtc que la lumière at^îc
fur les plantes par fun intpulfion ; maïs pourroîi-on douter qu'elle
modifie tes végétaux , quand on penfe que quelques phofphores cxpo-
fés à fon aéHon y perdent pendant quefque-rcms leur faculc^ de luice,
& qu'ils la reprennent lorfqu'ils ont été expofés au tcu ? M- Beccari
avoir obfervc que le papier cnauflï ctoir phofphorique, mais qu'il ceffè
de laire s'il eft expoié au foleil pendant quelques lieures; les feuilles
des plantes féchées éprouvent le même effet & l imprcfiion de la lu-
mière fur ce papier & ces plantes eft même fi profonde , qu il faut les
tacler long-tems avant qu'ils reprennent leur phofphoréité. M Beccafi
*a obfervé encore , que trois feuilles de papier expofées au foleil , de
manière qu'elles fulfent placées les unes mr les autres , les deux pre-
mières ctoient trop altérées par la lumière pour ctre phofphoriques ;
c'efl fans doute au végcul dont le papier etï h\i qu'il doit ce phof-
phorifme. Cette pltofphoréké dépcndou donc de certaines parties déli-
cates que la lumière dérangeoit , mais la force qui lui tait produire cet
efl^et peut ordonner auHî les lamelles des plantes , comt>o(er leur tilTu ,
s'unir d la terre pour les nourrir , entictcnir une circulation dans les
fluides qui empcche cette hydtopifie snoitelle , produite la coulcuc
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 585
comme fut nos r-ip'tns blanchis au rabor , fournir pcut-ctrc par fa com-
binaifon la rcllne cjuï concourt fingiilicrement à former la psrtie co-
lorante des feuilles & des fleurs, & élaborer la Beur elle-ir.cme,-les fruits
& les graines , qui otfren: ruus beaucoup de parties huileufes.
Enfin, ce gai donne de la probabilité à ces idées , c'cft que toutes
les plantes ^ fuivint les expériences de M. Beccari , peuvent devenir
phofphoriques par la defllcatiou : il paroîtroir de là Qu'elles ont toute
une affinité particulière avec les parties de la lumière*, mais comme
l'humidité nuit à ce pliofphorifme, ne feroit-cc point parce qu'il dimi-
nje l'affinité de la lumière avec la plante & par confcquent tes effets?
Alors, il n'y a plus cette union intime qui produit la lumière , mais
celle qui forme la partie phlogiftiquée dei plantes, leurscouleurs » odeur$,
&c. Dès que la lumière manque à ces plantes deflcchées, elles ceffent
bientôt de luire , & quand elle manque aux plantes ftaîches qui en
■abforbent peut-être plus , ou plutôt qui en combinent davantage quand
elles y font expofées, elles celîeni dette colorées , d'avoir du goût; dans
les années pluvicufes oà le foleil-patoît moins, les plantes auiîi font
moins colorées, moins favoureufes i enBn, une fimple feuille de papier
qui inrercepce la lumière change U coloration des ftuits, parce quelle
dérange fans douce le jeu de l'affiuité de k lumière.
§.
1 1.
Canjtdtrations plus générales fur la Lumihe.
La terre , l'eau Se les fels qui entrent dans la combinaifon de tous
les corps, ne font point lumineux ni inflammables par eux-mêmes:
d'oii reçoivent-ils cette propriété? Seroit-il impoffible que la lumière
contiibuât à &jtmer les huiles, les réfines, les matières fulphurcufes ,
inflammables & phofphoriques, foit en s'uniiranc au feu, foit en le
développant ? Ne feroit-ce point une caufe finale de la lumière ? Les
fluides phlo^iftiqucs font les plus réfringents , lorfque les dcnfirés font
égales; les fluides ou les corps qui réflcchillènt les rayons les plus réfran-
gibles n'ont-its pas cette qualité, parce qu'ils ont plus d'affinité avec
les rayons qui font le moins réfrangibics? Les feuilles les plus obfcures
fonr celles qui contiennent le plus de parties réfincufes ; n'abfotbc-
roient-elles pas plus de lumière ?
Puifque le rayon violet eft réfléchi par les lames les moins denfes,
Ôc ïe rayon rouge par celles qni le font le plus, les forces réfl^ives
Se réfringentes fonr proportionnelles à la denlîté des corps colorés ,
comme Tes expériences de M. Délavai paroilîent le démontrer.
Ne feroit-il pas podible, fi les rayons colorés varient par leur na-
ture , que l'affinité plus ou moins grande de chacun d'eux avec les
plans rcBcchilîans variât leurs nuances ?
38+ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Si la himtcre cft comporce de corpuCculcs, il n'cfl pis imponîbic
<j«e cette fubftance ait Ces .iffinitcs » & qu'elle forme le pMogirtu)ue
c^ui cfk Fxme des corps organifcs , comme celle du Règne minerai ;
le ch.irbon des plantes ctiolces femble ctre en plus petite qurintïcé
que celui des plantes qui ont re<u les influences de la luinitrc j ce
qui montreroic la fourcc où les corps puifenc leur inflammabilité*
Le phlogiftique qui fc formeroit dans les végtfraux par U combinai*
Ton de la lumière avec leurs principes , ne feroit-il pas celui qui circule
dans les deux autres Règnes i ou du moins n'en leroit-il pas la plus
grande partie ? U paroît que les animaux Se les minéraux fouffrenc
moins par la privation de la lumière que les plantes.
Le feu piroi'fant un ditTolvant, U lumière, Iclediicitc, le phlogif-
(ique , ne fcroieiic-ils pas le même dilTolvanc dans ditfcicas degrés de
concentration?
Je m'artcte. Madame, il vaut mieux faire des expériences que des
raifonnemens ; je vous promets de profiter de cet Eté pou t avan-
cer autant que je le pourrai cette partie de nos connoiflances i vos
efforts donneront de Icnergie aux miens ; je tâcherai de vous fuivre
il je ne puis vous donner la main ^ je penferai fouvent à vous en
voyant le foleil. Pète de cette lumière dont vous étudierez avec moi
la nature , après avoir fervi peut-être fouvent de coim>araifon pouc
peindre l'éclat de vos chaimes , vous Lhetchcrez la lolidité de ces
rapports dans la fidélité de l'analyfc que vous voulez en faire : pouc
moi je n'en doute point. Se je ne continuerai mes rechcrchei aue pouc
mieux jt^er les vôtres ; je vous promets leur réfuUat à la fiii de Tannce ,
Ôc j'ai l'honneur d'être rcfpetlueufement.
MÉMOIRE;
'Par M, /. B. de Bbui^iB j fur une maloMe produite par des Moules
yènimeufes,
J-yE tout tcms on a obfervé des maladies caufces par des moules
vt^iimeufes. Werlhof , Cautiones MedU , dit qu'un homme robufte , im-
médiatement après avoir mangé des moules , hit attaqué d'une cardial-
gie, de vomiiTemcns & d'une fièvre pourpre {purpura* urtiaria) Se qu'il
efl mort le troifième jour. Selon Baukmanaus , une Dame de Mcci-
Jcclembourg , ayant mangé des mouUs vcnimeufes, a eu, outre les
fymptômes
Sun VHIST, NJTUREll^ ET lÊS ARTS, j8f
fymptomes ordmiitcs , une ttcs-grantie hcraorragie uccime. Le nicme
Auteur dît : f^idi cn'tm non paucas matronas , vttgiues & injanta tx
mytilorum eju maie Je kahintes , Jintientcs pittcorâtorum anxiciaic.^ , Jii-
Âons frigidos , l'tpothymuis , vtntris , facUi & extrtmifaium intumefcttU'
tiam y ita ut aSum de earum vita putajjei. Eph, Nat. Lur. Dtc. i ann»
Oiiavi Obf, 48 , pag, m. A7««(ftf/ , ajoute , avoir obfervc outre cej
•fymptomes, des convulfions continuelles. (ibid,Oh{. 1945,0.498.)
F A. Guldenk lee cite plufieurs fymptomes produits par des moules veni-
mcufes, Conf. Diâ. Cap. 1 1 , page 155./^. Màbomiits paile des palîîous
illiaques , caufces par des moules venimeufes.
Il y a long-cenis qu'on coimoît la qualité venimeufe des moules ,
mais la nature de ce venin a été inconnue jufqu'à nos jours. Quelques-
uns crurent que la fubAancc de la moule mcme ctoit venimeufe \
d'autres , qu'elle contenoit de jeunes crabes, des araîgtices , 6;c. &c.
Ainll, les opinions lurent partagées; par la fuite du tcms, l'on obfervi
que ces conchyles nctoient venimeufes que dans certaines faifons j des
obfervations réitérées ont donne lieu au proverbe , Us mouUs font mal-
faines dam Us mois ou Ut Uttre R n'entre pnint : ce qui fe confirme ré-
gulièrement tous les ans , cette maladie ne régnant que pendant les mois
de Mai , Juin , Juillet & Août.
Dons ce tens j'ai ouvert une grande quantité de moules * pour dé-
velopper la caufe de cette maladie ; mais toutes mes rc;;heri:hes u'ayanc
pas reudi, je dus à la tin au put haiàida ce que j'avois chetcbé en vain
pendant bien des années.
En 171Î9 , au mois d'Août , un de mes Confrères étant empoi-
Tonné par ces conchyles »& fe croyant prcs de fa fin,me Ac apptiUcr j
je lui ordonnai un vomitif oui lui ht rejener cet infecte nommé
£roiU-marine y de la grandeur de trois lignes, & d'abord les fymptomes
affreux de la mabdie difparurcnc; m'imaginant dès-lors oue cet mfede
ftvoit des qualités venimeufes, je me tranfportai fur les lieux ou bancs
d*où l'on me les moules ; ma furptife fut cxticmc d'y trouver jpref-
qu'autant de petites étoiles-marines que de moules; j'en ramallai une
bonne quantité, pour faire mes expériences projettces ; je queitionnai
beaucoup les Bateliers fur l'origine de ces écutlcs; tout ce qu'ils purent
me dire , fut qu'avant le mois d'Août ou n'en trouve que de grandes ,
& dans le courant de ce mois, de petites qui p.irvienn&nt à leur gran-
deur naturelle vers le mois d'OétoDre,&: qu'en plein hiver leur nom-
bre diminue coufidérablemcnt ; mais qu'alors , par la conftruâion de
leurs rayons, elles ont une lîgure prefque fphcnque. En maniant cet
infectée, j'eus les mains enSces , engourdies ^ ennammées , rymptômc
donc j'aurai occafion de parler ci-après.
De retour chez moi, je donnai trois de ces petites étoiles-marines,
enveloppées d'un morceau de viande , i un thicu de taille médiocre ,
il en mourut dix heures après.
Tom^ XJP"^ Part. II. 1775. A O^E MB RE. D d d
iU OBSERVÂTIOKS SUR tJ PHYSIQUÉ»^ '
Je donnai de ces infeâes i un aucre chien , il fut tf es- malade ;.
mais lui ayant faic avalée beaucoup de vinaigre , il guétit ptcirpcement.
Ces expériences plulîeurs fois rcpctccs , j'obfecvai conilammenc ,
que loifqne les chiens avoiciit pris ces étoiles tontes crues & ne les
rejetcoienc pas , ils croient lott malades , mais que ces infedies cianc
cuits , ou a^anc nmplcmem bouilli , bien que domiés en plus grande
quantité , ils ne produifoienc pas d'effets dangereux.
L/expolition que nous venons de f\ice , doit nous aider à porter nos
vues pfus loin , &' nous engager à fake de nouvelles recherches fut
une matière fi iniére(I.inte : Pline, Aldovrande, Rondelet , Jonfton ,
Cipriani , Ftifch, Godard, l'infatigable Rcaumur, Bonnet &: plulîeurs
autres ont faic l'Uidcire Naturelle des Lafc^tes , mais n'ont rien dit de
celui-ci , ou ne font fis mention de leur qualité venlmeufe ; c'cft pour-
quoi un Abrégé d'Hilloice Naturelle, tant des étoiles- mari nés que des
moules , ne fera point déplacé dans ce Mémoire.
IiiJlo':rc NaturcUe dt CEtolU-maùnt*
L'étoile- ma ri ne eft une efpèce de poiffbn ou d'infeAe marin qu'on
trouve aux embouchures de plulicurs rivières, fur-tout de l'Efcaut ^
^ elle repréfente par fa forme un petit cercle d'où fortent pluficurs cor-
nes ou rayons, qui lui ont fait donner le nom d'étoile. Lotfque ces
infeAcs font jeunes, leur chair motlalle reiTembte ^ la glue> mais à
itiefurc qu'ils grandilTcnt , elle prend plus de conliHiance : leur furface
fupcrieure eft couvene d'une pean calleuCefic chagrinée; au centre, de la
fuifiure inférieure eft placée la bouche, garnie d'un fucçoit dont elle fe
iiert pour tirer fa nourriture ordinaire des coquillages.
Ces rayons trcs*Héxibles lui fervent de jambes, & cliaque rayon a
encore fur quatre double rangs plus de trois cents reflbrts ou petites
arrêtes, femblable^ a des cornes de Iima(,-on, fHifant l'office d'autant
de jambes pour ramper fur des corps marins; malgré ce grand nombre
de jambes , le mouvement progreflif de cet infeâe eft rrès- lenr.
J'ai trouvé des étoiles marines qui avoient perdu quelques-uns de leur
rayons,^ qui commençoient à en poulTcr de nouveaux, ce qui pour-
loit faire ranger cet infeâe dans la ctaflè des polypes.
Ces étoiles étant deOcchccs ne paroilïenr plus qu'un alfemblage d'arrê'
tes dune tincirc & d'une ftraclure admiiable.
Cet tJifedte eft appelle par Aldovrande, ^itUa marina; pat Sylvaricus
Crcmoneniis, mafia , raj/rum marinum ; par Rondelet, fidus m^nnum.
Ces Auteurscn comptent jufqu'à vingt diiicrenies efpêces ; mais Jonfton
dit : M Tarn variée & muUipiius fitUantm formx conjpuiuntur y ut quartnJi
n Êr contcmpianHi nuUus fit f munis finis «. Ec quoique nos Bateliers pré-
tendent en avoir trouvé plusieurs cfpcces dans l'UTcaut, je n'en aijip
mais pu rencontrée que de ceux i cinq rayons^
SUR VniST. NÀrvn.F.LlE ET lËS ARTS, 587
"De U Hire ^ Se<Jtleau croienc , mais ftns la moindr-c [»reuve, cet
ànfeile de diffcrent fexe; mais d'après Teftorius, & les plus célèbres
Naturaliftes modernes , j€ le crois nennflphrodite , de mcme que les
iiuîtres. moules & aurres , qui fécondent leurs propres œufs.
Ceft à la fin d'Avril, ou au commencement de Mai , (fuivane les
chaleurs plus ou moins précoces) que ces infeûes frayent; car en
177} , ils n'ont &ayé qu'à la fin de Mafj on voit fôuvet« Hoctet
enrre deux cauif ane quantité pcodigioufe de ce frai , relVemblant à
de la gt:l(:e de viande, ou au frai de grcnnutiles ^ ce fiai appelle en
langue des Bateliers Quai , ou f^attrgroey , fait par fa qualité glutineufe
précipiter les impuretés de l'eau a tel point, quelle p.-vroît beaucoup
plus claire & plus tranfparencc qu'en route autre faifon de Tannée,
enforte qu'il fait le même effet que la colle de poiflbnau vin & à la
bière.
Ce frai obfervé les premiers jours au microPcope , ne repréfentë
qu'une malTè motte Se informe de gelée; mais après quelques jours de
chaleur elle paroît vivante & remplie d'animalcules, qui après leur dé-
veloppement, fe métamprphofent en étoiles matines très-vifibles, qui
fc précipitent alors au fond de l'eau.
Ce liai ^e voit ucdinairemcnt jufqu'au commencemept du mèb
d.'Août , mais les grandes chaleurs en développant plutôt ces animalcu-
les , le font difpatoître à la mi-Juillet.
Ce frai e(l fi venimeux, fi cauflique, qu'il fait gonfler & enflamme'
avec une démangeaifon ijirnpporcable la main de la pcrfonne qui le
touche immédiatement, & roidit à tel point cette partie, que quelqu'un
dénué d'expérience croit que la gangrène va s'enfuivre , mais cet accident
fans danger difparoît d'abord , fur^touE fî l'on fïotte avec dit vinaigre
l'endroit qui eft attaqué.
Ce n'ert pas feulement aux hommes Se aux quadrupèdes , comme Je
le prouverai bientôt, que ce frai eflnuifible; il l'efl anfli i quelques
polflons : lorfqu'il n"y a point ou peu de ce frai dans l'Efcaut , l'erurgeon
& le faumon fonc apportés ordinairement pleins de vie i la Poifïbn-
nerie d'Anvers, au Pieu que quand il y a beaucoup de ce frai, la plus
grande partie de ces poifions meurt en route. 11 ne patoît pourtant
pas venimeux aux moules auxquelles il ferc peut-ctre au contraire de
nourriture , les moules n'étant jamais plus grafTes que vers le mois de-
Juillet Se d'Aoîit, & on ne trouve pas plus de moules mortes dans U
faifon de ce frai , qu'en toute autre.
Les huîtres qu'on trouve fur les mêmes bancs mêlées avec les mouIc$,
& qui ont comme elles les écailles cntr'ouvertes , devroient aufli être
venimeufes par la même raifon; elles ne le font pourtant pas, aticant
que j 'ai pu le favoir , foit qu'elles rejettent cette efpèce de venin , foie qu»^
NOVEMBRE, Ddd 1
$go OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE^
h. moule ; par conféquenc cVft à tore qu on la nomme rcefophage.
La bouche de h niuule eA ûtuée vers l'angle aigu de cec infe^îe , &
l^rnie de quatre fraiiges âotcrtiices eu forme de moullacbts qui lui
ferveiu de lèvres.
Ce n'etl pas la trompe ou la langue feule, donc la fIrudVule foie fi
arcifWmeiic travaillce \ les barbes ou les franges qui bordent ptefque
la rooitic de la moule otFrenr un nouveau fpectacle d'admîtacion : ces
franges font un tilfii admirable de libres crçules » qui fervent d'ouies»
,ou aotganes de la refpiration , de vailfeaiix pour la circulation des
humeurs , & vraifemblablement de coins pour ouvrir les écailles >
cat on ubferve deux muf^les ou tendons pour les fetmet. Se on cher-
che envain leurs ancagoniftes ou ceux pour les ouvrir.
Lorfque la moule veut s'ouvrir, elle relâche les deux mufcles ou ten-
dons, fait gonâer les franges qui fetvciit de coins, &qui foncccnrter tes
écailles \ du moins on ne voit jamais de moule s'ouvrir qu'elle ne
pouHe les franges en-dehors j tout ce fpet^cte intcrellanc aux yeux dtt
Naturalil^e ne lui fait-il point concevoir les plus hautes idées de la
fécondité de la nature & de fon Créateur? Nous pourrions ajouter ici
plulîeuts autres particularitcsintéredantes des partiesminiemes, mais com-
me dans ce Mémoire notre bue principal e(l moins d'exciter lacuiiolité »
que d'être utile à l'humanité , nous Hnitons ici l'hîAoire naturelle de
la moule. Vu que fes parties (iuférieutes Ceroient inintelligibles fans le
fccours des Hgures , nous allons parler du danger où l'on s'expofe en
mangeant les moules crues dans la {ailbu où le frai des étoiles mari-
nes (ou le Quai) ell dans les rivières,
Oefcnpùon dt la maladie çaufct par dts Moules vinhtuufis avec feifignet
diagnojîiqtas.
Quelques minutes après avoir mangé les moules vcnimeufes , le ma-
lade fe plaint d'imc ardeur dans la gorge. L'œfophagc & l'cllomac, d'a-
bord les lèvres, la langue & la gorge s'cnHent à un tel point , qu'après quel-
aues minutes la parole lui devient difficile & toute la tcte le gonfle con-
iidérablenent i puis les yeux deviennent enflammés comme dans nnç
grande ophtalmie , & patoilTeac aufli rouges & ctincelans que dans
une manie ou frénéfie. Enfuite, toute la fùperhcie du corps devientgonflée
& enflammée, & même plus rouge que dans un ér^Iipèle , à quoi fç
ioint une démangcairon infupportable & une extrême roidcur comme ^3^x1%
le catalcplîe , avec une respiration uès-gènée , beaucoup d'inquiétudes ,
quelquefois des convulfions U douleurs épouvantables.
SUR VHIST, NATUREILE ET LES ARTS, $91
la Caufi.
Nous avons prouvé que le fiai des étoiles matines ou le Quaty appli-
qué extérieurement fur le corps humain , produit des ardeurs , des
gonfinres, des roideurs ; en un mot, les mêmes fyniprômes que les
moules venimeufes prifes inrifrieuremenr , avec cette feule difFitrcnce,
<]ue dans l'application extérieure ce ne font que les parties où TappU*
cation a ccc hiite & les parties adjacentes qui fouffrent, au lieu que
quand le veniu eft pris intérieurement , les (ymptômes font univcrfcis.
Ce frai ou Quai donné dux chiens & aux chats , produit les mcmcs
effets que les moules venimeufes, dans les tems ou le frai des étoi-
les marines fe trouve dans les rivières ; nous croyons pouvoir aflurer
que les moules ne font venimeufes que lorfqu'elles contiennent ce
frai ; l'on ne doit par conféqucm pas accufer la couleur orangée des
moules , leur corruption , leur maigreur, les phafes de la lune, ni
aucune maUdie particulière des moules, ni leurs puftules, ni le nauplie
d'Albert le Grand, ni les arraignées , ni les crabes que le vulgaire croit
la caufe de cette crnelle maladie , mais uniquement le frai des étoiles
marines.
Si les fymptames de cette maladie font a^reux, ils ne font pourtant
pas auffi redoutables qu'on le ctoiroic \ le malade en meurt rarement,
Quoiqu'il y ait des exemples de perfonnes qui ont péri après avoit
iouffert trois ou quatre jours des tourmens horribles^ mais (\ tes rcmc'
ides appropriés leur font ndminiftrés à tems , ils guériifent en trois ou
quatre neures , quoique l'engourdi (Te ment fubfifte quelquefois pendant
|>luneuts jours.
Cure,
Le piemiec foin qu*on doit portet an malade , c'eft de le faire vomir ,
pour évacuer au plutôt la matière venimeufe , mais fi le venin a fé'
joumé quelques heures dans TefVomac du malade . & qu'il foit plétho-
lique , ou fort agité , il convient, crainte dinSamniation , de faire pré'
céder la faignéc (i). Je me fuis toujours fervi avec beaucoup de fucr
ces de l'hipcLacuana pour vomitif^ je ne crois pourtant pas que ce
médicament mérite quelque picféreuce fur les autre:» émcciques.
(t) Cette nubdie doit être plus fnîcjuenre îi AoTcrs qu'ailleurs, car juf^u'aoa
cnfans de tiots ans tous mangcot dc& araulcs crues.
59X OBSERrATÏONS SUR LA PHYSIQUE;
puis
pîeufemenc quelque potion rafraîchifTAnte; & on lui donne par heure
crois onces de vinaigre 'Un peu délayé dans de l'eau \ à mefure que le
malade commence à fuer , les fymptômes diiparoi{rent,& au bout de
cinq à fix heures , il fe trouve entièrement rétabli , excepté qu'il lui refte
un peu d'engoutdiHement pendant quelques jours.
Peuc-ècre le vinaigre feul efl-il capaole d'émoufTer ce venin , car
en Hollande & en Zclande , où on mange autant de moules crues que
dans nos Provinces Autrichiennes , cette redoutable maladie y eft à
Eeine connue. Ce font pourtant les mêmes moules tirées des mêmes
eux ^ toute la différence elt que dans ces deux Provinces, on tes man-
ge crues \ mais toujours avec du vinaigre feul ou avec le vinaigre
mêlé d'un peu de poivre ^.^nH, il eft aifez apparent que le vinaigre
émoufTe le venin ^ & lexpérience nous fait voir que l'inflammation eau-
fée par l'application externe du Quai, eft guérie en peu de minutes par
cet acide.
Pour fe garantir donc de cette maladie , le plus court fera de ne
pas manger de moules crues pendant les mois de Mai, Juin, Juillet
ôc Août \ ou les manger comme en Hollande avec du vinaigre & da
poivre , quoique je ne garantilTe pas in^illiblement cette dernière
Î^écaution ^ pour celles qui ont paflfé par le feu , je crois qu'on peut s'en
ervir en tout cems, n'ayant jamais vu ni entendu dire ( quoique je m'en
fois fcrupuleufement informé i pludeurs de mes Confrères.) qu'elles
aient été i^uifibles , dès qu'elles étoient bouillies , rôties ou étuvées »
excepté dans un feul cas qui ne m'a pas été fuffifamment condaté pouc
proire que les moules foieoc veoimeufe? lorfqu'elles font coites.
RECHERCHES
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS,
i9$
RECHERCHES
Sur les moyens d'cxccuter fous Tcau toutes fortes de travaux
Hydraufiqucs fans employer aucun épuifcmcnt j
Pa( M. CoVLOMBj Capitaine en premier Jans UCofps Royal du G 'nie j
Correfpondant de V Académie Royale des Sciences.
v^ £ McmaicG écoic deilinc pour le concours d'un prix propofô pat
l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de Rouen , & dune le rerme
eft tixà au mois d'Âoûr prochain j des raîfons particulières relatives au
fervice du Roi , m'ont force d'en hacer la publication. Je l'ai lailfc fous
la Forme qui repond aux données de la qucilion ^ mais l'on vcua que Ie5
moyens que je propofc , quoiqu appliqués à un exemple particulier y
font ccncraux \ qu'ils répondent a tous les genres d'excavation que L'on
maçonneries que
profondeurs de trente à quarante pieds.
QUESTION.
L'on demande , de rtcèperfous Peau dont il ejl toujours couvert j un rocher
qui interrompt la navigation de la Seine auprès de QuilUbeuff
Le rocher rejle fubmtrgê d'environ un pied dans Us plus Baffes eaux; il efi
de foixante à quatre-vingts pieds de longueur fur trente à quarante dt
largeur. Les Pilotes dejireroient ^ qu'il fût feulement recèpé de trois pieds
dans fa fupcrjide.
Defcription dun batiau à air, propre à exécuter fous C eau toutes fortes
de travaux Hydrauliques^
Le bateau dont je propofe rufit;c dans ce Mémoire , eft conftcuic
d'après l'idée qui a fait imaginer la cloche du plongeur ; mais il clt
exempt des dcGuts qui ont rendu cette cloche inutile dans la ptacique.
Tome Xiy , Part. //. 1 77 *». MOrEMBRE, E e e
594 OBSKRr.-iTlOr^S SUR LA PHYSIQUE^
Ce bateau a In forme de trois caïiTes jointes l'une à l'autre , faifant en
tout une longueur de vingt-quatre pieds fur neuf pieds de largeur. La
ïig. I. PlihcKc \ , reptéfenre ce bateau vu en (rcrfpedive \ la lie. i.
feprcfente fon plan \ les Fig. 3 & 4 font deux coupes vcrcicales correipon*
dantes aux lignes délignées au plan : les deux cailles A ^B, <\vl\ formenc
les exEtémues du bateau , ont neuf pieds dans le fens de la longueur du
batnu j celle du centre n'a que ftx pitds dans auvre. Les caUIes
A &c B ont neuf pieds ht pouces de hauteur ; celle du centre a onze
pieds, & eft polcede manière, qu'elle dcpaile (Fig. j.)lc5 cailfes^^ B
de fept à huit pouces dans Itur partie infcfricure , & â-peu-près d'un
pied dans la partie fupcrtture. 1 a paitie inférieure des cailles A &c' B
eft fermée par un fond en madriers , en forte qu'elles forment ponton ;
la caille du centre gui eft celle où l'air doit être comprime , eft ou-
verte eu entier d;uis u partie infcricute , &c eft fermée par un plafond en
madriers dans fa partie Aipéfieure: ce plafond eft perce de crois itous.
Le premier trou a ( Fig. 1. ) de dix-huit à vmgt pouces de diamètre , fe
fierme exadtement au moyen d'une trappe garnie de cuiri ce trou eft
deftinc à introduire les cravaillcurs dans la taillé decompreflion; au
centre de cette trappe , l'on pratique un challis oii Ion cimente avec
foin u«c glace ircsép.ùlïç pour duniicr dn jour dans l'iuticieur de U
caifTe; cette glace eft foiitcnue extérieurement par p'.uiîeurs rrinj^les,
pour empêcher l'air qni doit être comprimé dans la caJlfe, de l'enfon-
cer Le iecund rroa h n'a que deux pouces de diamètre ; il fe ferme
en-det7bus iwi une petite foupape à contrepoids , qui empêche l'aie
comprimé dans la caiile de s'cihapperj ce ttou donne communiirtion
au nioven d'un tuyau , «ntre la caiîTe de compreQîon Se un fouftlcc
placé fur le plafond de cette caille ôc deftinc à y lenouvellcr & .1 y
comprimer l'air. Leiruificme ttou J ^ eft futmonlc d'un tuyau vertical
d'un ou deux pieds de longueur , garni à foik extrémité fupéricure d'un
lobinet ouvert en partie pour évacuer r.\ir que la refpiration des hom-
mes pourroic corrompre , & nul fera thalfé par l'air nouveau que les
ibufflets introduiront cuntinueUemenr dans la cai£?c C,
L'on voit (Fig, j.) une coupe du fou Hier dam le fens de fi longueur;
l'air entre dans ce fouftlet au moyen d'un trou ^ garni d'une foupape j en
fermant le fouHlet cette foupape fe ferme , & l'air paftint dans le ruyau
ah loulève une autre fouf>ape h , &c entre dans la chambre de coin-
prellîon.
La chambre de compreftion eft doublée intérieurement avec des lames
de plumb foudces avec foin , pour empêcher l'air comprimé de s'éthappec
par les joints des madriers.
kes détails de la conlhu^ion & liaifon de ce bateau fon: faciles i
imaginer d'.^près nos figures i celui que nous reprcientons eft formé aa
moyen d'un double bordagc de uois pouces d'époifteur. Les madriers
SUR VJfIST. NATURELLE ET LES ARTS, jpj
pofcs horirontalcincnt fuivaiic la longueur du bateau , func percés de
quatre trojs pour recevoir les tenons des madriers UorlfonLiux qui
forment la féparation des cailles. Ces cenoiis font affujettis pnî des clc&.
Un fécond .bordn^e de mctdriers pafcs verticalement recroife à oncte
droit les madriers horifonrAUX contre lefquels il eft boulonc & cheville;
ce qui donne i l'enfemble la plus grande foliditc. Le tond des pontons
j4 éc B Se le plafond de la chambre de compreflîon C, fonc artAcKés
contre une lillè hoiifoncale que l'on voir à la Fig. ^. La foliditc de la
charpente que nous venons de décrire , saugmeniecji facilement par
d'autres moyens di: liaifon , que tout coûClruiïetic de bateau efl en
état diiuagiuer & d'exécuter. '
Manauvre au hattau.
Le bateau fera.lefté de manière que les pontons s'enfoncent de fept
pieds dans l'eau, en forte que la chambre de comprellion aura fcpt pieds
& demi de cirant d'eau , l'eau remplillàni jufqu'i cette Hauteur l'in-
tcrieur de cette chambre. Ainiî , lorfqu'il n'y aura plus que fept pieds &
demi de hauteur d'eau fur le rocher , le. bord inférieur de la chambre C
coiumencera à le roucher. 11 nt^ plus qucftton pour pouvoir déblaier
le rocher, que d'introduire les rravailleurs dans la caiifc de comprellion,
de fermer la trappe, & de chaiTèr au moyen des foui^li^ts , coure l'eau con-
cenue dans la cnambre de comprenlon , en y fubllicuont de l'aie i la
place. Par-ti lorfque le bord inférieur de la caille de comprellion tou-
chera le rocher , toute la partie renfermée fous cette caille fe trouvera
ifec.
Je fuppofc donc , pour fixer rimaglnaion par une opération par-
ticulière , qui peut être cependant vatiéc fuivanc les circoiillances
locales, que locfou'il ne re(lcra plus que fept pieds & demi de hauteur
d'eau au-deHîis de la partie du rocher que l'on vent déblaicr , quatre
hommes s'introduifent pat le trou a ( Fig. i. ), dans la cailfc de com-
preflîon C j où il refle aU'delTus de leau un emplacement de trois
pieds & demi de hauteur : fi l'on ferme la trappe , & que l'on falïè
agir les foufflets , l'ait fc condenfera dans la cnambre , & ne rrou-
vant aucune itiue pour s'échapper > il en chaffera l'eau. Mais l'on doic
remarquer, qu'en même-tems que l'air en fe condenfanc vuidctA l'eau
de defibas la cailTe , il fera câorc par fa réaÛion contre le ptah:>nd
de cette même caiiTe , & il foulevera le bateau \ en fotte que la cham-
bte de compreflîon , ayant lîx pieds dans un fens, & neu^ pieds dans
l'autre , & les caifles A ^ B { Fig. ï. ) ayant pour bafe un quarré
de neuf pitd* de côté , W tirant d'eau de la caifle C, qui çrimirive-
nient étoit dô fept pieds fix pouces , fe trouvera réduir , lorfque l'eau
aura cré complerieinent cluuee de dcHôus la cailTe , à cinq piedf fept
I77J. NOVEMBRE, Eee »
jgtf OBSFRJ^ATÏONS SUR l PHYSIQUE,
pouces fix lignes ( i ). Aînfi , après cette opération , le bocd infécîcuc
de la chambre de coinprellîon ne commencera à toucher le rocher que
locfqu'il rîe rcflera plus que cinq pieds fcpt pouces lîx lignes de hauteuc
d'eau au-defTus j 6c pour lots toute la partie du rocher rcnfernice fous
la chambre de compreflion , qui forme ici une furFace de cinquanre-
t]uatre pieds quarrcs , fe trouvera abfolumenc à fec , fi le rocher cfl
horifomal j £c H le rocher eil incliné > il n'y aura que la partie la plus
cJevce du rocher qui fera découverte \ dans la partie intérieure , il
teflera une hauteur d'eau égale à la pente du rocher fur neuf pieds de
longueur , qui e(l la plus grande dimenfion de notre chambre. Cette
iiauteur au iurplus ne fera jamais que de quelques pouces , fi le
travail eft conduit avec intelligence. Dans tous les cas les travailleurs
renfermés danslacailTcdceomprcnHon^fe pourvoiront de quelques pieds
cubes d'argiU- , pour pouvoir boucher la jonction du rocher avec le bord
de la chambre , non-feulement dans les parties les p]iis élevées , mais
même dans ta plus grande patrie du contour , s'ils lé^genc nécclfairc.
Ils formeront de plus^ contre un des coins delà chambre, un petit baflln
d'un pied de diamètre , communiquant avec l'eau extcrievire , pour y
Vuider avec une pelle hoIUndoife ou qtielque moyen équivalent » les
eaux qui 61treroient dans leur travail : dans le déblai , ils s'arrafe-
tont par cotKhes de niveau à-peu-près d'un pied d'épailfeur. Voici
U marche que Ton pourra fuivrc dans la conduite de l'ouvrage. L'on
coiKunencera par reafcimct fous la caille ,& par dcblaier la fommité
du rocher que Ion enfoncera feulement d'un pied; cnfiiitc, l'on arraferaîL
ce niveau routes les parues voilmes. Lorfqué le ro-her aura été baîiïéd'un
pied, l'on entreprendra une féconde couche de la même cpai (leur que
U première > l'on s'arrafera par-tout de niveau; la ttoifième couche s'en-
tr&ptcndra , & s'exécutera comme les deux autres : le rocher après cette-
* (t) Voî"rîIe calclil qui (îétermincra le tirdot d'eau du batcao. 0ao« \a. Fie. t,Cl
lepréfcnte le tirant d'eau de la cliambre de comprcflîon avjnt que l'air foie coa-
dcnl2;C; rcpiélctice L liianc d'eau de ceice mOnic chambre après ta condcnfadoa, &
que toute l'eau a été cbaltéc: ainlî la coodcDration de l'atr lépoui {lour-Iors à une
colonne d'une hauceui Cy;» & par confi^iiicnt le plafond de la chambre cfl pre/Hf
pat tinc a£lion égale à utic colonne d'eau de la hauteur C g. 1>onc en fuppofant t]uc
o Toit égal à une fcilion horifoniatc de la caific de comprcffîon , B multiplié par Cj
expnmera la preOion ijje l'ait condcnfc cicrtc pour foulevct Je barcau. Or, comme
le bateau c^ fuppofé relevé de la nuatiticé g/ ,fi A c(l égal à U rurfaLC honfontolc
des deux pontons , j4. i g fera la difTcicncc det maflèt d eau déplacées avant &: après
la coiidcnfatbD de l'air. AiaGffuivant les lois de l'équilibre dc$ fluides , nous aurao*
A. a
réquarioo A. /g r=zA(Ci — /g) ^B,Cgi d'où Cg^~ -„ - En appliquant
^ X if
cette formule 3 notre cicmpic, l'on aura C/=: 'jf*z,A=zi$f^jc^p\B^:i^V.s'*,
& par canlcquait Cg=s ff^ jf iK
SUR VffIST. N^TUREllE ET LES ARTS. 597
opération , fe ccouvera bailTé de trois pieds , comme l'exigent les don-
iices dû I2 qucftlon.
Comme le rocher de Quillebctif ai-pcu-près deux mille quatre cens
pieds qmaés de futface, fi l'on réduit l'ouvrage des quatre travailleurs
renfermés fous la caifTe , à cinquanic pieds cubes par marée , l'on trou-
vera qu'il ne faudra que cent quarante -quatre marceS) ou foixante-douzc
jours pour déblaier le rocher. Nous comptons, que quatre hommes
feront fuffifans pour manœuvrer les foufflets: ainficc fera huit hommes
employés tous les Jours fur notre bateau. Doublons Ci nous voûtons
cette quantité ; ajoutons-y les frais de la conftrudion du bateau , nui doi-
vent cependant être dittribucs , entre le travail que nous propofons, &
tous ceux du même genre que l'on exécutera dans le coûts de la Seine
& fur les côtes voihues, & l'on trouvera, que ladépenfc de cette opé--
ration fera fans nulle proportion moins conddérable que celle qui téiul-
teroit des moyens ordmaircs.
Voici comme l'on pourra eftimer le tcms nécedaire aux quatre
travailleurs , pour remplir ta cailfe de compteQion d'air condenlé , Sc
pour cliafTer toute l'eau qui y cfl contenue.
Suivant les expériences du Oodlcur DcfaguiUiers (1), un homme peut
élever avec une bonne machine, par un tuyau , un muid ou huit pieds
cubes d'eau d dix pieds dans une minute ; ou, ce qui revient au même ,
un peu ptus de quatorze pieds cubes à cmq pieds fept pouces dx lignes.
Gr, la comprellion de \\\ïr , Se par conféquent la rcaition de fa preflion ,
eft fuppofce répondre à une colonne d'eau de cinq pieds fept pouces fix
lignes y ainfi , en proportionnant les dimenfions des foufflets, de la lon-
gueur des leviers , de manière que les hommes puilTent commodément
y employer leur force, un feul homme pourroit fournir dans la caiffc
de compreflîon quatorze piedâ tubes d'air par minute , & les quatre
hommes en fourniroient cinqiuntc-hx pieds cubes , aufli par minute:
mais comme la caille de compreflîon contient un volume de cinq cens
quatre-vingt-quatorze pieds cubes , & que l'air atmofplicriquc n'y cïl
pas tout-à-faif comptimc d'un cinquième de fon volume , il s'enfuit,
qu'après la compreflioii , il y aura fept cens douze pieds cubes d'air
atmorptiérique renferme dans la caifie de compreflîon. Mais av-int le
commencement de l'opération, il rcftoit dans la partie fupétieure de
la cailfe, un efpac© de trois pieds & demi de haureur au-delTus de
l'eau , qui contenoic cent quatre-vingt neuf pieds cubes d'air; ôtant cette
quantité de fept cens douze pieds que contient la cailTe après la com-
pteŒon j il en réfolte , qn'il faudta introduire cinq cens vingt-trois pieds
cubes d'air atmofphérlque , pour vuidct toute l'eau contenue: dans la
(1) Couis de PbyG(]ue up^timtaiale , trad. Franc. Toin, tl , page ^95.
39S OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
câtlfe ; ce qui, d'après les calculs qui pfccMent , s'opcrera facilement
dans dix minutes par quatre Kommes, puifqu'ils peuvent élever à ci»q
pieds fepc pouces lix lignes cinq cens foixante pieds cubes d'eau dans dix
minutes. Il y auca i la vccicé une partie des forces perdue, parce qu'il
faut qu'avant de pouvoir faire paiîer l'air du foufflet dans la caUfo Je
comprelllon , cet air fuie réduit dans le fuulïlet au mcme degré do dcii-
C\xi o\x il fe trouve dans la cailTc \ ainlï > il faut que le volume dVir ren-
fermé dans le fouAlet , foie dimmué à-peu-prcs d'un cinquième , avant
que l'adïlon des hommus foie employée utilement à faire paHèr l'air
dans la cailTe de comprcrtïon. Mais cette perte de force ne peur guère
ctre cftimce qui un dixième de la force totale , parce que la rciîitance
□u'onpofc l'air comprimé à l'adion des hommes, eO: nulle lorfqne le
(oumet eft enctèremenc ouvert , & que .cette rcûftance n'cquiv.\ur à une
colonne d'eau de cinq pieds fept pouces fix lignes , que lotfqne l'air a
acquis le même degré de dcniité dans le fouÀlet que dans la caiÛe.
L'on doit faire la même rcRcxion par rapport à la (bmme des forces
que les hommes feront obliges d'employer pour remplir l.i caille. Dans
le commencement de l'opération , la denlité de l'air ccant la mctne
dans la caille & dans l'atmofphère, la rcfiftance que les hommes éprou-
vent pour commencer à condenfer l'air dans la caille , eft nulle \ & ce
n'cd que lorfque l'eau e(l entièrement chance de Li caille , qu ils ont i
vaincre une télïftance répondante i une colonne d'eau de cinq pieds
fept pouces (\x lignes ; en forte que la rcHdance moyenne ne peut guère
ctre eftiméc au-deli d'une coloinie d'eau de trois pieds de hauteur.
Ce qui d'après le calcul des machines , réduiroit le travail nécelTaire
pour vuidcr cnrièremenc ta cailTe de comprellion , ^ Gx ou fept minutes
de tems. La confommation de l'aU' refpirc par les hommes > eft eftimée
par M. Dcraguilliers(i) , a un muid ou à huit pieds cubes d'air par
heurci ainti ce ne fera qu'une confommation de Hx ou fept pieds cu-
bes ail plus , pour le tems qu'il faudra aux quatre hommes pour vuidet
la caille. Doublons fi nous voulons la peite des forces^ augmentons
la confommation d'air que les hommes refpirent^ forons au défavan-
tage de notre mactùne , tous les accidens qui poutroient en retarder
l'effet y fuppofons que pour puriher l'air de la caiiTe , l'on évacue pat
minute quatre ou cinq pieds cubes d'air par le tuyau placé fur le pla-
fond de la cairte : nous ne pourrons jamais, malgré tous ces défavanta-
ges> eftimer d plus de quinine minutes » le tems neceQaire .^ quatre hom-
mes, pour vuiaerla caillé & mettre le rocher i fec. Lorfque l'eau aura été
entictement ch&flce de U caiûè de comptelHon , deux hommes fufiîront
(0 Tome U,pagc >j<.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399
ponr entretenir une circulation , qoi rendra l'air renfermé dans cène
caifTe, p!us put que celui que Ton refpite dans nos falles de fpedacle,
& dans ta plupitt de nos appirtemens.
S'il pouvoir retler c]uelqucs douces, ii Tuftica pour les difliper, de f^irc
rcRvXion , qu'il fera toujours facile d'augmentée le nombre des foutïîcts ,
& celui des trAvailleuvs qui doivent les mettre en mouvement^ & que
3uatre ou cinq manoeuvres de plus n'ïnâueront jamais fenGblcment fur la
cpenfe d'un pareil travail.
Lorfque l'on voudra donner une grande denfitéà l'air , comme pat
exemple le double de la denfité atmofphérique , l'on pourra Tub^bituer
des pompes aux fo.ifflets : les pompss i piflon de mercure , exécutées
en Angleterre &■ décrites par Dcûguilliers (i) , me paroilfenc préférables
pour condcnfcr l'air , à toutes celles que Ton trouve dans nos Cabinet*
de Piiyfiqac^ mais nous troyons cependant quelorfqu'il ne faudra con-
dcufcr l'air de la caiire que d'un tiers de plus que la denHté atmofphé-
riqus, c'til à-dire, qu'il faudra feulement foutenir par la compredion
de l'air, une colonne d'eau de dix ou onze pieds , des foufilcts feronc
plus commodes.
On auroit pu augmenter les dimenfions de notre chambre & celles
des pontons à proportion \ il en Ceroit réfultc que l'on auroit pu y ren-
fermer un plus grand nombre de travailleurs , &" embrafTer i chaque
marée une plus grande furface; inais il nous a pnru que tout compen-
Ic , les dimcnlions que nous adoptons fuffifuieiit pour fatisfatre à la
quefUon adtaelte. I.a nauceur de la chambre a été réglée de manière que
Jes hommes commençnfrent à trAvailUr lorfqu il tefteroit encore cmq
pieds fept pouces de hauteur d'eau au-delfus du rucher; mais d'après lev
données de la quellion, comme le rocher ne refte couvert à balJe mer
que d'un pied de hauteur d'eau , les travailleurs , dans bcaflconp de
marées, auront plus de trois heures de travail \ tenis que nous croyons
iuBïfanr à quatre hommes pour enlever cinquante pieds de furfnce fur
un pied de profondeur, quand nûme ils feroient gcncs par huit ow neuf
pouces de hr.nceur d'eau.
Il nous refte encore pour remplir l'objet de ce Mémoire, de chercher
les moyens de fe débarralîer à chaque marée, des déblais que les travail-
leurs formeront fous la caifle de comprellion. L'on voit ( Tig. 5 ^4, )
dans riiitcrienr''de cène caifîe , une grande horte qui a cinq pieds de
hauteur , truis pieds de largeur dans la parrie fupétieure, & feulcmeiic
un pied ik demi dans U partie inférieure : le fond qui fermera partie
infcricure de cette hutte , etl attache à clurnières au côté de la chain*
(iJTomc U , page 57*,
f^^^^^m^
400 OBSERVATIONS S'UR LA PHYSIQUE^
brc « & ell fourenu au moyen de deux chaînes liées au plafond de U
chambre , m.\i5 que l'on peut lâcher À volonté ; cette hotte eft attachée
trois ou quatre pieds phis haut que te terrein que l'on veut dcblaicr.
f>our que l'on puille travailler par-delTous; elle a toute la longueur de
a chambre , & elle contiendra Facilement les déblais que quatre tni-
vailleucs pourront. fournir dans une marée. La hauteur des bords des
Sontons au-dellus de l'eau eft trop grande, pour que l'on puiffe crain-
re que la charge de cinquaiite pieds cubes de déblai puilfe ^aire couler
le bateau ; c'eft de quoi l'on s'alFurcra facilement par le calcul. Lorfque
le travail fera fini , & nue le montant de la mer mettra le bateau à Hoc,
on le conduira dans quelque partie de la rivière , oi\ les déblais que l'on
vuidcra en lâchant les chaînes, ne pourront point nuire i la navigation.
Après tous les dét.ûls dans lefquels nous venons d'entrer , nous
croyons qu'il ne doit rcfter aucun doute fut la réullitedes moyens que
nous propofons. Le feul danger que l'on pourroit peut-être craindre ,
fcroic que la condenfation de l'ait ne nuisît à Icconomie animale des
homme? renfermés fous la cailfe de comprelEon ; mais fi l'on fiit atten-
tion que l'excédent de b deniîcé de notre air comprimé fur celui de l'at-
morplièrc, ne répond qu'à une colonne d'eau de cinq pieds & demi ^ 5c
qu'en traverfanc des pays de montagne» l'on c-prouve quclquet~oi!« de par-
reilles dilférences fans s'en appercevoir, l'on fera entièrement taHùré fut
c< danger. Je pourrois rapporter un grand nombre d'expériences faites i
ce fujeti mais je me contenterai de citer celles de quelques Phyficiens
dont l'cxattituili: & la fagacité font connues. . . . M. Mufchembrock(i)
dit «que les hommes fe trouvent atïez bien fous l'eau à une profondeuc
»» de trois cens pieds , jiourvu que l'on y renouvelle l'air & que l'on y
M fournilfe celui nécelTaire à leur confonimation «. Si une variation de
dcnfitc répondant i une colonne d'eau de trois cens pieds de hauteur
ne déran|ire pas l'économie animale , celle qui répond à cinq ou (ïx
pieds doit être abfolument infenlible. L'on trouve dans la l'hyllque
du Docteur Défaguitliers (a) , que M. Edmond Halley a fait lui-mcme
plufieurs expériences en s'introduifant fous la cloche du plongeur, où
il rcnouvcUoil l'ait au moyen d'un tonneau que l'on de(cendoit de la
iurfacc de la mer» fans qu'il lui foit jamais arrive aucun accident. L'on
trouve dans le même Ouvrage, une lerne de M. Martin Triewal , qui
tenoit du Gouvernement de Sucde , le privilège des plongeurs fur le
bord de U mer Baltique. Il alTure avoir toujours Fait avec fuccès fes
opérations au moyen de la cloche du plongeur de M. Halley : il die
(0 EAai de Phylîc]ue, trad. Franf. prcnùcie édic Ton. U« page 6S0.
(iJTtad. Fran^. Tonk U, page ijf.
entr'auttes
SUR vniST. f^ÀTURriin ft les jrts, 401
tnrç autres chofes remarquables , cpi'un des plongeurs dont il Ce fervoic
^coic âgé de foixoiire ans. Se faifoic ce niccier depuis l'âge de vingt ans.
- En ccflccbilTiiic fur i'alTenion de M. Mufchembroclc & fur les cxpc-
liences rjpporcces pAr M. Dcfagaiiliets , il en rcfulceroit qu'il ny Auroic
.«ucune cfpèce de danger i craindre en faifanc travailler les hommes
43»s an air condenfc fous une colonne d'eau de treiue à quarante
pieds dâ hauteur. ÂiuG » il paroîc qu'un bateau i air pourroic &cre de la
f>lu$ grande utiliié pour exccucec fous l'eau une foule de travaux c^ui »
Jùfqu'ici, ont paru impolBbles » ou n'ont été tentés qu'avec des rrals
■ëc des rifques énormes. Le bateau que Ton delHiieroit à de grandes
<;on{l[:uâ:ions > pourroic avoir crcnie ou quarante pieds de hauccur ; la
rchambre de comprelUon auroit quinze ou vingt pieds de longueur ÔC
•àe largeur , les aurres dîtnenfïons du bateau s'augmeuccroienc dans les
•mêmes proportions.
\' Si l'on vouloit Ce fervir d'un pareil bateau pour fonder une maçon-
nerie dans la Mcditerr.ïnce ou dans le lit profond d'une rivière ; après
avoir applani le terctin & y avoir , lî on le ctoyoic nécclVaire , enfoncé
des pilotis 8c coule un grillage, Ton renfermeroic dans la chambre de
compreflion , les matériaux ncccllàires pour former un érablirtemeuc
duo pied de hauteur fur toute la furface renfermée fous la chambre;
l'on metïtoit enfuice à fec le delTous de la chambre par le moyen des
Îompes de comprelHoni fi les fouftlecs nVtoient pas futtiiansj l'on cou-
eroit le bateau , & on le meccroit à Hot au moyen de quelques pieds
cubes d'eau que Ton introdulroit dans les poutons & que l'an vuiaeroic
à volonté.
Pour rendre l'ufagc de cette grande caiffe plus commode , pow pou-
voir y renouveller les travailleurs Sc y introduire quand on voudra de»
matériaux âc des outils fans laillcr remonter l'eau dans la cailîei il faudra
pratiquer dans la partie fupcrieure de la chambre de compredion » un ou
oeux petits coffres de quatre ou cinci pieds dans tous les fens, doublés,
comme la chambre, d'une lame de plomb: ces coffres communiqueront
au moyen de deux portes, d'un côte, avec la chambte de camprclljon,
de l'autre , avec l'air extérieur ; pat ce moyeu , l'on pourra former un
dépôt & introduire dans la chambre de comprellîon tout ce que l'on
jugera i ptopos , fans y diminuer l'ctac de condenfacion ncceilàire pour
icnîc à fec le detfons de U caiHe.
Le rocher de Quillebeuf ctanr formé de marue , mclé de lits de fil ex ,
ia pioche , le pic à roc , des coins &c quelques autres outils du même
cenre, fuffitont, je crois, pour en entreprendre le déblai j mais dans
les cas où la dureté du locnec exigeroit que l'on fe (èrvît de poudre,
voici comme ou pourroic s'y prendre. Suivons toujours les données de
;tïotre exemple. La chambre de compreflion ayant ici onze pieds de hau-
Tomc XlKtParc.II. \7J^, NOy£MBHE. fff
^1 OBSERrJTIONS SUR lA PHYSIQUS,
war. Ton pourra fiicilemenc y manœuvrer une barre de mineur. Apri»
avoir perce le rocher à !a profondeur conveitable, l'on inrroduiraau rond
du croa de l.t mine , une pecice boite cvUndnaue de fer-bUnc , ^peu-
pres de mt'me diamètre c]ue ce irou j elle aura la hauteur ruf&fanre pour
concenir la poudre de h charge; au couvercle de cette boîcc. Ion fon-
dera un petit tuyau de fer-blanc de deux ou trois lignes de diamètre,
qui lenfermeri une compoficioii d'artifice très-folble, dciliace à porter
J'iuflamtnation influes aatu la œine*^ le fommct du tuyau fera enduit
de quelque matière gratlIeuCe , & sVlèvera au-detlîts du nivenu de U
mer balle; on le {butîendra, fi on le juge nccefTaire , avec des corda-
ges atr.ichcs a des pointes enfoncées dans les joints du rocher pourcm-
f»êcher les cootans de le rompre ; la mer en montant , menra à Hot
e bateau â ait qui couvte la mine; ou IVloignera , lorfque Ton bord infé-
rieur fe trouveta plus haut que rextrcmité du tuyau qui contient l'arti-
fice. Lorfque le reBuz découvrira enfuite l'extrémité cfu ruyau , une cha-
loupe viendra y mettre le feu ; la lenteur de l'inflammation donnera te
tcms j la chaloupe de s'éloigner avant l'explofîon.
Dans la Méditerranée & dans le lit des rivières où l'on n'a pas le fe-
cours des marées , l'on parviendra à faite jouet les mines fuus l'eau , de
la manière fuivanre. Le myau de fer-blajic qui contient l'artifice » ne
s'élèvera que d'un pied au-delfus du roclier , mais ii fera terminé pat ua
tuyau de cuir enduit extérieurement de quelque matière impénétrable à
l'eau , & intérieurement d'un vernis incombullible. Ce tuyau de cuir fera
fuucenu intérieurement contre la prellionde l'eau pnr des tuyaux de fer-
blanc ou des cercles de gros RI de fer ; fon extrémité fera fermée avec
loin ; l'on y attachera un corps flottant , alîn que lorfque la mine fera dé-
couverte» Se que le bateau fera à flot , l'extrcmiEé cfu tuyau s'élève à la
iurËice de l'eau ; un fil foufré que l'on introduira dans le tuyau , ou quel-
que moyeu équivalent , portera TinAammarion jufques d^uis la mine.
La réulhte de cette opération dépendra abfolumcnt du foin que l'on aura
pris de rendre le ruyau de cuit impénétrable.
Les objets donc nous nous fommes occupés dans ce Mémoire, paroiflent
mériter la plus grande acteniion , 9c peuvent changer le fyflicme de la
plupart de nos conflruéHons hydrauliques. Le développement de nos
côtes nous offre d'excellens barïins, des lits de rivière pro^nds , mais
dont l'ufage e(l interdit à nos vailTeaox par des rochers couverts de cinq
à ùx pieds d'eau , &c dom on na pas tenté l'extraâion, parce quelle
«xigeroit des dcpcnfes énormes en employant les moytiu ordinaires :
SOS pons principaux , nos rades, font ptefque tous gcnés par des rochers
qui occahonncnt tous les ans des accidens Rinefles ^ Us moyens que
nous propofons pour s'en délivrer paroilfenr snrs , d'une exécution
&cile , peu difpendieufe , &: nons ne croyons pas qu'il y ait des raifons
qui puilTeoi eo empêcher re0às.
SUR VHIST, NATURELLE ET LES JRTS, 40J
Cependant, malgré la iimplicitc des moyens qu'exige ce nouveau
gentc de travail , l'on nofeuc crop recommander aux Artifte»*, qui lespre-
miers, voudront fiiru ufage de nus bateaux» de ne négliger auLunc cfpèce
de précautions : dans leschofes neuves , le nioindie événement , facile
à prévoir Se i corrij^r, fait ccnoncec pour long-tems à une idée utile : il
fituc aulTî avoir foin d'introduire contmucUenienc du nouvel aie dans la
caide de comptellion , tout le ccnis cme le travail duiera^ une panio
fervira i la confommacion des tcivailleurs , &c l'aurre cKAlTcca l'ancien
air, qui s'échappera entre les joints du rodier pnr-delTous la caille 5c
par le tuyau & le robinet placé au fomniet de la cailTe de compref-
fton : ce robinet tera toujours oavere de manière à évacuer la moitié
ou te tiers de l'ait que l'on introduira continuel le me tu au moyen de»
foufllets ou des pompes; le rcâe s'échappera, couime nous venons de
le dire , par le delfous de la caiiTe.
Notre bateau n'a de comtmni avec la cloche du plongent , que le
principe de Ta conflru-^on. La cloche du plongeur c(l toujours fufptndue
par une corde & manœuvrée par des cabellius; il on vent qu'elle dé-
place un volume d'eau un peu coniîdétable, il £uit lui donner un poids
cnorme , & fa manoeuvre devient rtès-diiHciU:, pour ne pas dire impolTÏ-
ble y s'il arrive an accident , le Teul homme qu'elle peut renfermer , eA
ibuvenr étouffe Se noyé avant qu'on puiiïë la litet de l'eau \ mais avec
notre bateau , il paroit que l'on pourra mettre i fec au milieu des eaux ,
[ des furfaces de plus de quatre cens pieds quartés fans avoir rien à
craindre, parce que la parue rupcrieore de notre caiUè eil toujours hors
de l'eau ; que les travadleurs qui y fout renfermés peuvent parler avec
ceui qui font dehors ; que l'air y cil renouvelle par des courans contî^
nuels. I-a manœuvre de notre bateau fera dans tous les. cas de la ploi
grande facilité^ elle s'exécute dans l'Océau pat le feul mauvcmcnt des
marées qui le coule & te met à Ûot ^ dans la MéditcrraJice Se dans Ie$
rivières , quelques pieds cubes d'eau introduits dans les pontons Si
vuidcs avec des pompes j lemplitout le même objet.
«77?. SOVEMBRE. Ffft
L
■ii
4Ô4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
EXTRAIT
D€ PHiJIoirc Naturelle du Chili , traduite de l'Italien»
Plantes.
X ■ E Chili , onlfc nombre de plantes connues , en produit qui lui
font pacricuUcfcs , telles font l'herbe du fel, Iherbe de Thnilc, 5:c.
Htrbc du Sei. L'herbe du fel croît drtns les plaines , clic s'élève à
la hAUteur d'enviton un pied : fes feuilles font cendrées & relfem-
blent â celles du bafilic. Cette plante fe couvre, dans l'ctc, de grains
d'un fel rond qui reflemblenti des perles. Les payfans pour ïe ramâf-
fer fccouent les feuilles de la plante ii s*en fervent après l'avoir ira-
,vaillc comme du fel ordinaire.
MaM. Le madi eft une plante annuelle qui fe divife en fauvage
& en cnltivce. Le madi cultivé a une racine fibreufe d'où partent pm-
fteors tiî;cs Inutes de trois ou quatre pieds, velues , cannelées, chargcet
de feuilles oblongues , velues comme les riges. Ses fleurs nailfcnt J
l'excrcniitc des tiges, fe divifent en quatre ou cinq rameaux , font jau-
nes Se en forme de rofes. Aux fleurs fuccèdeilt certaines ccics d'un
pouce de diamètre divifccs en plufieurs petites bouches , dans Icfquelles
im trouve plulieurs femences noirâtres ou blanchâtres , convexes d'unr
côté & couvertes d'une légère pellicule. On retire de ces fcmenccs,
après les avoir pilces & ^it bouillir, une huile anflî agréable au goût
que celle d'olives. Le madi fauvage s'appelle communément metoj'i.
il croît pit-tout dans les ciumps , fur les montagnes, il s'élève plus
haut que le cultivé, mais on n'en fait aiKUn ufage.
Pa/t§U€. Le pangue eft une plante vivace qui aime les marais Se
les lieux aquatiques: ainfi, quand on tV.pperçoit quelque part , c'eft
un (Igne ou'il y ^ quelque fource cachée. Sa racine s'étend fous tetre
d'un ou deux pieds à l'eutour. Elle eft brune , pcfantc , rude au roo-'
cher , d'une faveur acre & aHringentc : cette racine pouife trois ou
quatre tiges hautes d'environ cinq pieds quelquefois plus , félon la
qualité du lerrein j grolTes de quatre à cinq pouces , revêtues d'une
écorce rude , gnfe & velue. Elles contïennenr une pulpe blanche ,
acidulé & pleine d'un fuc agréiblc & rafratchinant. On trouve dans
la pulpe des vieux , quelques tilamcns minces & difficiles i rompre.
Les feuilles qui ne naiffent qu'd l'extrémité des tiges font d'un vcrd
foncé, duces ^ velues , dentelées & ont plus de trois piedi de diamcuç.
SUR VniST. NATtïKEltS ET LES ARTS. 40$
I.a nrine du p.ingtie eft excellente pour ptcparer toutes fortes de peaux,
Vc qui en Fait ftîre un commerce cou fi dé table. Ceux qui la pilent ne
Îiem'ent réiîfter plus dune heure à ce travail X caufe de la force de
bn odeur. Son infiilion fait d'exccUeme encre 2 écrire Les Cordon-
niers en font i\QS formes qui durent fort long-tems. Dans les lieux
fablonneux 5: humides, il croît une autre erpè.:e de cette plante appcl-
Ice dinache, fes tiges ne fortonc jamais de terre; on apper(;oit icule-
cicnt un flocon de fleurs femblaWes en tout i celles de la première
cfpil'ce , mais fort petites. Cette lice eft grofTe comme le bras , haute
d'un pied , tendre Se d'un goi^t délicat Se a^ré3ble.
CuU:, I c culli fe divife en deux efpèces , dont une a les fleurs noires
& l'autre jaunes, l.e culli noir croît entre les gazons dans des lieux
ombrages, il pouffe une ttge de deux pieds remplie d'un fuc rafraîchif-
ianr. Le jaune fe trouve communément dans les lieux cultives , ne
relfemblc i l'autre que par fon goût & fes effets* Sa racine pft fibreufe,
il en part plulieurs tiges rampantes clurgccs de petites fenilles vertes
te pointues On pile l'une & l'autre cfpèce dont on fait une ccitaine
Î'âte. qui infufce dans l'eau eft bonne d?jis les fièvres ardentes. On s'en
en aulli pour faire le forbei. Se pour teindre en violet & en jaune.
Zara/f'o» (ezipalloj eft une plante en tout femblable d celle qui
produit la citrouille , nuis fon fruit en diffère par certain mamelon
qui termine fi pointe, & dans Ci pulpe qui eft farineufe & douce. On
le mange rûti ou cuit.
Quînua, La quinua , dont on diftingue une efpèce fauvage & l'antrt
cultivc^e , vient ordinairement i la hauteur d'un homme; fes feuilles
relîemblcnr i celles de la bette, fes fleurs font purpurines Se fa femence
contenue dans un cpi. Cette femence eft longue 6c bUnclûtre & fe
mange comme du x'it,
Reivun, Le relvun eft une plante vivace qui croît dans les champs
fablonneux, parmi le gaïon. Sa racine eft rongée , fibreufe, longue de
fix à fept pouces & groile d pvoporrion. Elle pouRc une ou plufieurs
tiges, hautes d'un pied , rondes Se garnies de feuilles étroites & bru*
natte». Cette racine fert à teindre en rouge toutes forces de laines. Sa
couleur, qui eft fort vive, fe conftrve autant que l'étutfe. Les payfan'ï
Ji récoltent avec beaucoup de foin k 1? vendent en petit paquet.
Quinchamali. Le quinchamali cfoîi ordinairement fuc le naut des
collines au pied des acbuftes ; fa racine eft longue , verdâcre Se chargée
de fibres Iczères. Elle poufle crois ou quatre riges rampantes , ornées de
petites feuilles vertes , placées deux à deui; a la cime de chacune de
ceï tiges paroît une fleur femblable \ celle du fafran. La décoâion
de la plante & de la racine eft efticacc pour le fang cxtravaré inté-
rieitrement à caufe de quelque coup. Lcftet en eft sût d'apcès pluiieatfl
expcueuces ^ & foulage inftimiancinËUC le malade.
4otf OBSERVATIONS SUR l PHYSIQUE^
Gii.iJaiiguen. Le guaHalaguén , que les Efpagnobont nommi l'herbe
de Sà'mt-ie^n , Ce trouve o^ns Us mêmes lieux que le quinclumali.
C«cco plante ell petite , Tes feuilles fonc blandies & lanugineufes, Ta
ûeur gran<^e Si blanche. On la faic bouillir louie cnticre avec un
peu de fel dans un vailTeau de terre neuf, & pciic en (îrop le matin ,
elle gucrk les apoUumes intnicurcs , les indigeHions Se mcme le fang
corrompu.
HerBe des faux. Vhethc des foux eft aiiiG appellée des Efpagnols ,
parce que les chevaux qut en mangent pai hafard deviennenr furieux,
& courent çâ & li comme des foux fans s'ancrer , jufnu'à ce que tout
le venin fe foit évaporé. Certe plante eft annuelle, elle croît dans les
EraitieSjdont on a foin de l'arracher à caufe du mal qu'elle fait aux
elliaux. Elle mulTe plufieurs ri^es angulcufes, hautes a'enviton deux
pied$. Ses feuilles qui fonc placccs deux 3l deux, font longues, ccioices
ii cejidrccs,
TembladtriUa. La tembladerilla eft urft autre herbe qui faic trem-
bler les chevaux quand ils en mangent. Elle aime les lieux humides;
fes tiges font rampantes i elles porcenr vers leurs excrcmités un épi de
fleurs couleur de curquoife. L'effet de cette plante dure plus long-
tcms que celui de l'herbe des foux , mais ni Vune ni l'autre ne fon£
mortelles.
Luchc, Sur les rochers de la mec du Chili & fous leau , croît une
herbe appellcc loche , donc les feuilles fonc oblongues , lilTcs & bruncttes.
Les naturels du pays les nungeac fricces ou bouilUes.
Coehajufu. IL iiaïc encore dans les mêmes lieux une autre plante ap-
pellcc cochajuju. Sa racine tient aux mêmes rochers, elle pouffe une
cige jaunâtre, dont les feuilles longues de plus dcilx pieds, font larges
de quatre à cinq pouces , épaillès , ipongteufes &: couvertes d'une pelli-
cule noitâtrc. Ces feuilles qui paroiHent autanc de bandes de cuir, étant
mifes dellécher au feu, font un bruit iemblablc à un coup de fufil,
enfuitc on les mange atlâifonnces de diverfes manières. Tons les arbuftcs
4u CbiU> excepté h mycie & la fauge , foru difTcrens de ceux d'^ropç*
A K B U s T B 9,
*Àfhft Je ttnetnu L'arbre de l'encens croît dans les Provinces fep-
tentrionales du Royaume. U s'élève de terre de trois ou quatre pieds ,
£es feuilles font longues d'environ quatre pouces, fie larges de deux 014
ttois, elles font jaunâtres, cpaiffcs j!c roiccs; {^^ fleurs fonc petites dC
jaunes , il diflille abondamment pendant l'été cette précieufe gomme
appelire encens. Ce fonc de pecita globules cjui s'étendent le long du
(ru)ic & des braiicbes. 0|i les récolte quaad Içi feuiUçs coaus^ct^a^ 4
SVR VHISTn KATVRELin HT LES ARTS. 407
tomber. Cet encens eftauflî bon que celui d'Oricnc, quoiqu'il ne vienne
pas du mcme arbuile.
Chifea, La chilea croît far les bords des rivières $c Aes ruifleaiue ,
elle s'élève de fut à fept pieds. Elle fe divife en ptufieiirs tiges droites»
couvertes d'une écorce d*un verdobfLur,& garnies de feuilles longues,
étroites 6c verdâcres. Il didille de toutes les branches de cet arbufte une
r^fme aromatique , blanche d'abord , Se qui devient enfutte jaunâtre.
Les habitans pour en tirer plus de prorïttfont bouillu-enfeinble lei bran-
ches ôc tes feuilles, ce qui communique à laréilne une couleur brune.
Ou remarque que la petite chilea qui croît auprès des eauX faumatres j
fourme le plus de réhne.
lamique & d'un parfnm agréable. Ses feuilles prifes en forme de thé
fout bonnespour les pucrcfaÂions internes î infuices dans refpric-de-viti
Se expofées au foleil pendant vingt jours, elles fourninênt im baume
excellent pour les bletrures récentes. Bien pilées & appliquées chau-
des, elles guérirent en peu de tems les contufions. Elles l'ont encore
bonnes pour les maux aoreilles. Voici la manière de les préparer pout
les apoplcâiques. On met dans utte partie d'huile d'olives le double
de ces feuilles , on expore ce mélange au foleil pendant dix jours de
fuite, après on les fait bouillir jufqu'i ce que l numiditc foit évapo-
rée y on confcrve ce qui telte dans un bocal bien bouché pour s'en
fervir dans la circonftance.
ColUgaa'i. Le coUiguai e(l commun dans tout le Royaume. H croît
fut les montagnes comme dans les plaines. Ses feuilles font d'un verd
pâle > dures, & fe confcrvent pendant l'hiver celles rcllembltnt pour
la forme i celles du pourpier. Son fruit eft triangulaire-, il conïiflre dans
une petite noix qui renferme ttois femences brunes qui relfembjenc
beaucoup aux pois chiches. Quand ce fruit arrive i fa parfaite maïu-
ritc, il laiffe échapper là graine avec bruit & violence, les racines &
le tronc de cet acDulle font d'un rouse obfcur. Quand on les &it brû'
1er elles répandent ujïe odeuc de rôle nês-fuave.aiais beaucoup plus
pénétrante.
Murùlla, La murtilla croît dans les ccmtrées maritimes & n'a que
trois ou quatre pieds de haut. Ses feuilles tellèmblent à celles du buis.
Ses branches U chargent d'une baie plus grande que celle du myrte,
dont la tîgure 6c la couleur relTemblent a ta grenade Ce fruit eft
odoranr. On en fait un vin délicat qui fc conferve & eft ftomachiqne.
Cardon. Le cardon aime les lieux arides. Il a deux fortes de troncs,
ies utufoac tortueux, gros comme la cuilfe d'u;i homme >& s'élèvent
408 OBSEnrATions sun la p^ys/qi^Ej
peu de terre j les nutccs fonfdroÎK , de quatre ou cinq pouces de di>:
mètre, 8c luuu de cinq à (ix pieds. Les premiers font revécus dï'^ail-
les cpailTcs d^ plus de deux ligiiË», fpongteufe», roulles &c enLliàlfccs
les nues d.ins les autres. Ces écailles le brûlent pendnnc I crê aux rayons
du foleil & deviennent noires ci->mme du charbon. Les f<.niilles qui
jtaîirenc autour de ces troncs , font longues d'environ uou p'tcctss
larges de deux ou trois pouces^ elles font dures , convexes & poin-
tues. Leur bord eft garni dcpines recourbées comme un hameçon : les
troncs droits qui scfcvenc du milieu des autres , font très durs en de-
hors , & pleins en-dedans d'une fubftance fpongieufe connue l'ccorctt
du licgc,& qui Tert aux mêmes ufages. Les fommités de ces troncs
font terminées par une ccie fcmblable à unartichaux. Cette tc-tc donne
au printems une Bcur jaune , compoféc de huit ou dix pt-talcs £c
pleines dç moelle blanclie, diflillant un mîel fort agréable au [^oût.
Romerilh, Le rotnerillo refTemble beaucoup au romarin d't'uiope.
C'eft ce qui lui fait conferver le nom que lui ont donné les Efp.^pnols,
Il croît communément dans les terres fablonncufes & s'élève a(Tè^hn^^
Ses branches produifenc à l'extrémité de la cime, des noifcttes remplies
d'une écume blanche, balfamiquc . parmi laquelle fe trouve une huile
claire & odoriférante, dont julqu'i prcfenc on n'a fait aucpn ufage.
Dans les fonderies de cuivre , on prcfëte le bois de cet arbufle i tous
les autres pat l'aclivitc de fa Hamme.
Guiiicuru. Le eoaicuru croît dans les Provinces {eptcntrïonales. U
ii*a pas plus de deux pieds de haut j fes feuilles rciTcmbIcnt à celles
du myrte: h racine qui eft rougeâtre , étant pilée & appliquée fur
des blelTurçs- ou plaies , quelques grandes qu'elles foient, les guériffenc
tellement en vingt-quatre heures, qu'à peine y refte-t-il une marque.
Cette propriété a étc éprouvée ptufienrs fois par des perfonnes fenféet.
Les Indiens qui manquent de Chirurgiens, s'en fervent avec fuccès
dons leurs guerres, 5c ne vont jamais fans une ou deux de ces racines.
Culcn, Le culen fe rencontre dans tout le '^hili •, :! recherche ordi-
nairement les tcrreins eras & humides, d'où il s*^lè>*e i une hauteur
confidérabic. On en diiVmgue deux efpcces , I" verd & le iaune ; le
verd eft le plus commun , on en a dcfi appon.* e:i Iralie , ou il vient
fort-bien. Il perd fes feuilles dans l'hivec^ elles font d'un verd lui-
fant, odorantes & attachées crois à ttots d une l île queue; elles ont
la iïgnrc du bafilic ordinaiie y ce qui l'a fait appelicr par les Efpar^nols
nihaquilla; des ai(rellcs de ces feuilles uai^cnt des fleurs en forme
d'épi, couleur de turquoife, auxquelles fuccèdciit des firuits ou fcmcn-
ces qui relTèmblent à un haricot. Le culen jaune ne diffère du ptécé-
dent , que par la couleur Se dans la ânelTe de fes feuilles qui Çont
jaunes^ û crépues, que fe mêlant toutes, elles forment i l'extiémitc
^e Uufs tiges un globç de plus d'un pied de di^^mècre , ^ ii peûnt
^u'il
SUR VRIST. NATUHEILE ET LES ARTS, 469
<]u*il les J^ic courber; ces arbrifleaux ont toutes les propricrcs du thé
Chinois. Leur feuilles piifcs en petite quanmc ont le mc'me goût &
le même parfiim. Elles font flomachïques , facilitent la digeflion , dé-
chargent l'eftomac & délivrent des obftrut^tîon'i. tlles font en outre
vulnéraires & s'appliquent avec fuccès fur les bleOtires. Toutes les pit-
ties du culen ont les mêmes propriétés. LVcorce macérée avec un peu
de fcl chalfe les indigeilions qui rcfil^ent l la vertu des feuilles \ U
cendte de fa tacine pnfe intérieurement cd bonne pour les opilations :
en^n, les Indiens ont tant de confiance dans cet atbufte , qu'ils s'ea
fervent dans les mabdics tes plus graves &: le plus fouvent avec
fucccs.
Fallut. I.e palqui eil femblable au fureau \ cependant fes feuilles
& fes baies font plus longues. C'eft le meilleur remède cju'on con-
noifle contre les ncvres ardentes. On donne à l>oire aux malades le
fuc des k-uilles & de Técorce du palqui. C'cft «ne boiflon irès-rafraî-
chilfante. Les payfans difent que ces feuilles font un venin fi fiinefte
pour les vaches, que quand elles en mangent parmi d'autres herbes»
elles meurent en quelques heures. Cette propriété me piroîr incroya-
ble, parce qu'elle eft coniraite à U vertu conlbnte qu'elles ont pour
le corps humain.
Rojeau du Chili, On joint à la clalTc des arbuftes le rofcau du Chili
& le boqut, efpccc d'uiier. Le rofeau du Chili fc divife en trois
cfpcces. La première s'appelle cotea, la féconde k.ila &: la iroilicme
canne de Valdivia , parce qu'elle croît dans cette coiictcc. Toutes ces
efpèces font folides & remplies intctieurement d'une fubftance ligneufe,
bien différente des rofeaux d'turope. le coleu s'élève de quinze à
feize pieds, fon écorce eft lifle , dure & j.iunâtre : fes nœuds l'ont dif-
tans enrr'cux d'environ deux emp.ins : les feuilles ne naiirent qu"A la
ibmmité du tronc où elles fe divïTent en pluiieurs petits rameaux;
elles font longues» étroites & fembliblc* i celles du Lhiendeni. 11 tfi
gros comme ceux d'Europe. La kila efl trois ou quatre foi^ plus grolfe
que le coleu , & du refle lui relLemble en tout.
Le rofeau de Valdivia eft d'un jaune citron , fes nffuds font fort
près les uns des autres. Les rofeaux font trè:>'titiles aux habitans. Le
coleu ferc de lattes pour couvrir les maifons & y eft incorruptible,
pourvu qu'il ne foit pas expofé i l'humidité. La kiU fournie ux Lfpa-
gnols & aux Indiens des manches pour leurs lances & leurs piques ,
& le rofeau de Valdivia fert en i^uife de canne & cft fort t:ftimc.
Boqui. Le boqiii croît dans lus bocages les plus ombrageux &c les
filus humides, où il ferpente autour des arbres jufqu*i l'exErcmitêde
eut cime, dont il défend perpendicuUiremenr & remonte ^^: def-
cend alternativement. Il eft attache par un ril délie, (i flciible Se Ci
dw, qu'on ne peut l'arracher qu'avec des inftrumtns tranchons. Ses
Tome XiK, Pan, 11, 1779. NOf£MBH£, Ggg
to OBSERP^yiTIONS SUR LA FWTSIQtrSj
remlles font loin Us unes àa autres <le plus de crois pieds, plus lorr-
Igues que celles du lierre & nillées en rrois p.Trties; cHes font lilTes
\Sc d'un verd foncé. Les fruits qui parceiic de I ailT'clte des feuilles font
'de petites baies brunes avant d'être mûres , &c qui i leur macmité
font longues de cinq à dx pouces , grofTes d'un pouce & demi , coine-
iianc une pulpe blanche , hutireufe & agréable au goût , dins laquelle
fe trouvent trois ou quatre feniences feniblable^ à celle du coton On
dépouille ce fil de fun écorcc pat le moyen du feu , fie on en fait
d'airez bonnes cordes. On s'en fcrt encore à d'autres ufages domefti-
ques, comme à faire des paniers, à lier des palilTàdes ; il fe confetve
même dans l'eau pendant nlufieurs années. On y voir aulîî ptiiHeurs
efpètes de lierre diffcrens dfe ceux d'Europe, f'e Royaume abonde de
joncs parmi lefuuels on en remarque un appelle tolora.
Totora. Le tolora eiV adez haut 6z toujours triangulaire. Les Indiens
s'en fervent à couviir leurs cabannes , tant parce qu'il dure plus long-
cenis que les autre:; , que parce que le feu l'attique difficilement , 9C
que la Bamme y fait beaucoup moins de progrès que dans les autres
efpèces de paille.
Le Chili eft plein de bois remplis de divers arbres , dont la plu-
part confervent leurs feuilles pendant l'hîver. Tons ces arbres , excep-
tés le mûrier , le cyprès , le laurier & le faule , font diffcrens de ceux
d'i urope. On les divife en deux clalfes \ la fwemicre comprend les
Arbres qui perdent leurs feuilles pendant l'hiver , & la féconde ceux
<jui les confervent en coures faifons. On en compte vingt-trois de la
f>remicre clalfe Se foixanie quatorze de la féconde. Les principaux de
a première claJe fon le killai , le fpino , Je toble & le maque.
A K D K E s.
Killai, Le killai aime les lieux monragnenx. Ses feuilles ont la cou-
leur & l'âprecé de celles du chcne^ mais elles fonc moins découpées.
II porte dei) chuons en forme d'écoilesqui cenfermenr quatre ou cinq
petites femences. Son bois eft roux & dur. Jamais îl ne fe fend, c'efl:
pourquoi les payfans en font leurs éc^ers. La partie la plus piécitufc
de cet arbre eft l'écorce ; broyée & trempée dans l'eau , elle ferc de
favon. Elle fait de l'écume & enlève forr-oien toutes fortes de taches
fur la laine & le 61.
Spino. Le fpino a reçu ce nom des £fpagnols,^ caufe de la quantité
d'épines <]u'il porte. U vient par-cou(,al s'élève fort haut, luc-coac
dans les tcrrems gras. Son tronc eft brun , marbré , pefant & très-
duc; il efl: revcca d'une écorce femblable à celle du mûrier. Ses feuilles
font trcs-pecites, découpées , d'un verd clair Se unies plusieurs enfem-
ble. Le» fleurs dont fe couvrent fes lameaux reifemblenc i un boutoo
SUR L'ffiST, NATURELLE ET LES ARTS. 4»»
de foie jaune ; elles exhalent une odeuc aromatique d'où on les a 3p-
pellces ûtoinaces. Aux âeurs fuccèdeiu des baies longues d'une paltne,
gcolfes comme le pouce. Elles font d'abord veries , en fuite noires. Llles
contiennent une moelle blanche, pleine de graines brunes, dont les
perroijuets font fort avides : le fpino e(l le bois de chauffage du pays,
pn en fait d'excellent charbon. Les K'intnes fe fervent Je fùs Hcuts
pour parfiimet leurs vècemens. Ses baies font une encre aflez bonne
pour eciite.
HohU. Le rohie croît dans les lieux maritimes & dans les Andes. Il
s'clÂve â une hauteur furprenante. Son tronc eft droit, d'un rouge obr-
cur, compare, pefant & fe confetve Jnta£k dansTeau. Ses feuilfes ref-
femblenc ^ ccUcs de i'otmeau. Il fe forme fur les rameaux tendres
certaines excrullfances prefque rondes , ayant quaue ou cinq pouces
Efpagnols Tont appell
dureté , car il ne reffemble nullement à celui qui porte le mcme nom
en Europe. Les Indiens l'appellent pUlia,
Mjqut. Le maque eft d une grandeur moyenne. Ses feuilles font
grandes , douces , fibreufV' > dcnttrlces , ayant la hgure d'un ccEur. Les
fruits qu'il porte relTemblent aux baies du myrthe. Elles ont une fa-
veur agréable &c rafraachiflante. Elles font d'un violet foncé qui teint
les mams & les lèvres de ceux qui les mangent. Les feuilles de cec
acbce, mâchées , font un remède efficace contre les maux de gorge.
Les arbres de la féconde clalTe fc divifent en deux ordres. Ceux dont
les ^uits ne font pas bons à manger & ceux dont Icsfiuits font bons.
On en remarque pluHcurs parmi les premiers , Se nous parlerons de
quelques-uns.
AUr^e, L'alcrze eft une elpcce de ccdre rouge qui croîr dans les
Andes & dans Tille de Chiloc. Sesfeuilles refTemblent à celles du cy-
près; (on tronc eft C\ haut & H gros, que les Indiens qui le fendent
avec des coins , rircnr d'un feul , fept ou huir cens planches longues
de dix-huit pieds , Bc larges d'un pied & demi. Si .iu lieu de coin ils
fe fcrvoicnt de la fcie , ils en tireroient beaucoup plu5. Les planches
font eftimées pat leur couleur d'un rouge obfcur , par leur odeur &
leur incorruptibilité. On rencontre dans les tuâmes lieux un cé..re bbnc
Qdorant.
Maiteu, Le maiieu eft un des plus beaux arbres qu'on voie. Il s'élève
ordinairement i quarante pieds. Son bois eft dur , uni , rouge niclc
de jjune , ce qui le tait employer i des ouvrages curieux. Ses feuilles
font petites j dentelées , d'un beau verd luifant » & fî épaiCes que les
animaux fe cachent defTbus pendant la pluie. Les va* hes les aiment
UnCj<}u'«Ues abi^idoimenc les meilleurs pâturages pour en manger.
I77J. NOVEMBRE, Gggi
1^
4ït OBSERVATIONS SUR L4 PJJYSIQVE,
Patagua. la p.it?.gua crou te long des nvières 6c dan;: tous les lieux
. humides, hlle i élève fort-haut , & eft quelquefois fi grollc qu'A peine
3Ufltre hommes peuvent rcmbrafler. Son bois eft blanc & de peu de
urée, fur-rout «ant expofc à rhumidité. Ses feuilles font longues de
nois ou quatre pouces , un peu rudes , & d'un verd brun. Ses fleurs
qui viennent en abondance ont la figure, la couleur & l'odeur des
])S : mais elles font des deux tiers plus pecices 6c pendent cn-b:LS,
Titno. Il y a deux efpèi:es de temo, le blanc& le jaune. Il vient pai-
lout. Son tronc tft revêtu d'une écorce jaunâtre, mais d'un gris cen-
dre inti^rieuremcnt. U eft dur& aJîèz compaiVe. Il eft employé par les
Carrolliers. Ses feuilles ont la couleur & fa forme de celles du citron-
nier , & l'odeut & le goût de la noix de nmfcadc. Les 6curs qui dif-
cinguent les deux efpèces , font blanches dans l'une & jaunes dans
l'autre. Elles font coirpofce^ de pluficurs tîlamens longs de qu-irre
à cinq pouie^. Ces fleurs ont une odeur fuave, qui fe fait fentiràplu$
de deux ç%n^ pas quand ou a le sent favorable.
Xi/r<. Le litie eft d'une hauteur mcdioite, mais il devient allez gros ^
fon bois eft fulide , &c mclc de brun , de jaune & de verd. Ses feuilles
font rondes, tudes » laies & d'un verd pâle., L'ombre de cet arbte eft
fort nuifible. ("eux qui paflenr ou rvftent fous fes branches , font fur-
ie-champ couverts de puflules rouges 5c motdic«nte5 , qui fe manifef-
rent aux mams & au vifage. LUes font occafioimces pat les vapeurs
qui émanent de cet arbre.
BoiUn &* Pa'quiLiugen. Le bollen & le patquilaugen font deux
arbres tiès-garnis de bramhes, hauts» & qui ont entt'eux fort peu de
difféEence. Ils aiment les lieux montueux, leur bois eft un vrai poifon.
Alilgrc cela, les nationaux le recardent comme un excellent purgatif
dans certaines maladies. On le donne en très-peùtc dofe. Il fait éva-
cuer, par haut & par bas avec beaucoup de force, les humeurs épaîf-
fes 6: les autres obft rutilions. Quand on veut en arrctcc l'effet, il taut
boire un verre d'eau pure. Leuts feuilles re0emblenr ^ cclles'du limon ,
mais leur couleur eft plus vive, principalement le bollen qui eft d'un
verd luifanr 6c gai.
SanàaL On trouve dans l'iOe de Jean Fernandez , trois efpcccs de
£indal \ le blanc ^ le rouge & le citton. Cette dernière efpèce , qui eft
fi recherchée en Médecine,- eft j au dire d'un Botanifte Allemand ,
beaucoup meilleure que celui qui nous vient d'Orient.
Il fe ttûuve encore dans les montagnes intérieures des Andes, dont
la plupart font inacceflîbles , des forêts immenfes, où croilfent des
arbres dont on ignore le nom. Il y en a d'une grandeur démefurée.
Un Muliiinnaire 6t avec le bois d'un feul arbte, une Eghfe de plus
de fuixanie pieds^ il lui fouciùt les poutres, la charpente^ le^ Uue&»
SVR VflTST. NATURELLE ET LES JJiTS. 415
tout le bois néct:n\ice pour les portes £c fenctres, les Autels £c pouc
deux ConfeUioniUix.
Fin du Ch /. Le pin du CKlli eft un des plus finguliers arbres qui y
croiirent Les EfpagnoK lui donnèrent improprement ce nom, car tl
ne relTemble en rien au pin d'Europe. Les Indiens !*ûppe!Ieut pt-guen.
li vient natorcUement dans les Povinces habitées par les Araucans. Un
le cultive dans le refte du RoyAunie. 1) lui fauc un ccms conHdcrable^
avant de parvenir d fa h.iuieur ordinaire, qui eft de cinquante piedï.
A mefiire qu'il croît, il fe dépouille de tous les rameaux Ôc feuilles
dont il ctoir couvert dans fa pciittlle. Quand il a environ deux per-
ches de haut, il commence à poulUrr de grolfes branches, pl.^cccs ho-
rifontalement de. quatre en quatte à angles dioirs. Les quatte qui fuc-
cddent vers le haut fonr plus cours que ceux d'en-bas, &c vont ainfî
en diminuant îufqiri la cime, de manière que l'arbre reprcfenre une
pyramide parfaite. Toutes ces branches font garnies de tous les côtés ,
o'auties plus petites placées également à angles droits. Les grands & pecics
rameaux font totalement couverts de petites feuille, enchallécs les
unes dans les autres , les feuilles font longues de plus d'un pouce ,
pointues, convexes, lifTes, d'un vecd brillant & fi dures, qu'elfes rcf-
fcmblcnt à du bois. Les fruits fe trouvent renfermés dans uu çlobe
ligneux de la grandeur de la tète d'un homme. Us font longs :ii'cn vu
ron deux pouces, coniques, couvens d'une gouffe femblablc à celte d«
la châuigne , dont ils ont un peu le goût, il font partages par le mi-
lieu par une membrane fubtile. Ces firuits fout allez noutnllam^ les
Araucans > dans leurs expéditions militaires , ne portent ordinairement
d'autres vivres que la farine qu'on en retire. Les Efpagnols les man-
gent cuits ou rôtis comme les lhâtai;>ncs.
PalmUr. I e palmier du Chili rclTcnible , pour les feuilles & pour le
me, i ceux qu'on voit en Europe. Ses fruits n'en différent pas beaur
ironc
coup. Les habitans les appellent cocos. Us font ronds , plus gios qu'une
noix commune. Ils ont deux coques , l'une fpongieufe & la féconde
ligncufc comme celle des noifettcs, m.-tis plus duce. Dans ta dernière
■coque on trouve une amande pareillement ronde , blanche , agréable
au goût. Etant fraîches , elles conriennent un fuc laiteux & ra&aîchif-
fant. Ces cocos font étroitement ait;tchés à quatre grappes longues de
f>lus de ttois pieds , qui pendent des quatre côtés du palmier. Quand.
es fruits commencent à fe former , ils font couverts d'une envi-loppe
ovale , lieneufe , gcife & convexç. A mefure qu'ils appriKheni de U
maturité, l'enveloppe s'ouvre d'elle-même , & quand ils fonr parfai-
lemenc mûrs, elle fe fend en deux parties qui pendent de ihaque
côté des gtappes. Chaque erappe Bfl^e plus de mille cocos. Les natu-
rels du pays , outre d'excellentes confimres , en cirent de fore bonne
huile. Ils retiieat aufE des bioaches nouvelles & cendres, un miel
414 OnSERFATIOSS SUR lA PffïSfQVE ,
plus agréable que celui de la canne i fucre. Ces palmiers croifTènt ni*
turellemenc , on en rencontre des bois entiers.
D.im le^ bob voinns de ta mer, on voit un autre arbre reffemblant
de loin au palmier. Ses fi^uillcs font longues de cinq à fix ptetlsj lar-
ges d'environ deux palmes , recourbées en bas , lillcs & d'un verd
gai. Son tronc eft gros comme la cuïHèdun homme ,& couvert dVcor-
ccs ccailleufes. Des quarre côtés du tronc de cet arbre , pendent quatre
grappes cliargécs de grains qui reirembleiit en tour ,iu ratfin noir. L'Au-
teur trouva cec arbre, mois comme il ignoroit la qu:tlicc de Tes fruits,
il n'ofa en manger.
Lucuma. La lucuma croîc naturellement dans les Provinces Scpten-
-crionales, rptrcialcment dans le territoire de Coquimbo. On le cultive
idans les contrées Auftrales. Elle relTcmble beaucoup au laurier. Ses
iruiis font de la grotreur d'une pci.lic ; \\% font couverts d'une peau
^'abord verdàtre , enfuite brune, mclcc d'une psu de jaune. Leur pulpe
e& blanche , bucireufe & agréable au goût : elle renferme deux ou
trois noifetces dures, liiTes , d'un rouge brun luifant.
Kt.uif. Le keule s'clcve de plus de foixanre piedv. Ses feuilles font
plus longues Se plus larges que la main \ elles font lilTes , cendres SC
d'un verd brillant. Ses fruits relTembUnt i ceux de la lucuma, maît
ils font plus longs. Us font jaunes inicfieuremeat : la pulpe en cft
oaâueufe Se douce.
Ptumo, Les feuilles du peumo font odorantes» épaiiTes & d'an verd
foncé. Leur figure & leiu grandeur eft comme celle du mûrier. Les
fruits relTcmblcnt aux jujubes, mais elles ont ta peau plus roucc, quel-
quefois blanche , d'autre fois cendrée. Ces fruits qui font alTez buiiceux
éc d'une faveur agréable , fc mangent cuits dans l'eau tiède. Leurs
iioyaux font fragiles j étant piles, on en retire de bonne jiuile dune
jufqu'i ptcfenc on n'a point fait d'ufi^e.
Bnldo. Le boldo eft un arbre tout acom.itique. le bois , l'écorce, les
feuilles , les fruits répandent une odeur crès-agréable. Ses feuilles font
grandes , brunâtres, rudes 5c vifqueufes Ses fruits font ronds . jaunes,
aoux & plus gros que les baies du myrte. Leurs noyaux font forts durs ,
on en k.\z des chapelets qui deviennent beaux i l'user. Léc^c^ de cec
aibre dounc au vm un pacfiim agréable.
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 415
DESCRIPTION
D'un Rouet qui fih & met en icheveau par le même
mouvement*
L eft des inventions H fimples, qu'on a Toujours lieu de s'étonner
riqu'eilcs u'aieîïc pas été trouvées depuis lone-rems. S: qu'elles ne mérU;
tent de confîdécaiion , que relativement au oien public qu elles pc-uveni:
procurer.
C'efl; Tous ce point de vue que doit ctte regardée celle qui fait le
Tujet de cet article, de laqi.ellc nous allons donner la deft.ripnon.
Il eft de F;iit & tecoimu par expérience , qu'un ouvrier qui file route
la femaine emploie en une ou plulicurs fois un demi jour à mettre le
|£l en ccheveau > manoeuvre d autant plus nécelTaice , que le lîl des
rbobines étant mouille , jamais celui qui eft proche de la bobine ne fe
liccheioit» & qu'il scchaufferoit & saltcreroic rtcs-promptemcnc ii on
! le liiffbic en cet état.
Cette opération emporte, comme on voit , un douzième du rems des
ouvriers. Fournir un moyen de la leur faire faire en mcme-tems qu'ils
1, filent & pat le mcme mouvement » eft en quelque forte les multiplier»
puifque n'ayant plus ce retardement , ils produiront un douzième d'où-
' vrage de plus , enforte que dans un endroit où l'on compte 1 100 fileurs,
i^ce fera la mcme chofe que fi l'on en avoir ijoo, excepté que ce der-
nier cenr n*Êxiï*e ni falaire, ni nourtiturCj ni logement. Voici le moyen
d'opérer cet cuet.
Soit un rouet A B , planche H , figure 1 » de la confttuÛîon ordinaire.
Sur rextrcmité de Taxe de la grande roue CD^quipaHè au-dehors
du pilier EF, on place une puulie G d'un pouce de diamètre ; cette
poulie au moyen d'une cotdc fans fin G H 1 K , communique le mou-
ment à une autre poulie H K, de neuf pouces de diamètre, qui roule fur
bre de bois tourne L, fixé environ, aux trois quarts de la longueur
planche du rouet ; cette dernière poulie i quatre bras reprclencés
un arbre
de la .
par les lignes M, N , O & P attachés fiir foo plan^ & qui
portent chacun i égale diftance du centre L , une cheville dont une doit
fc pouvoir ôtec & remettre à volonté. Cette partie eft le dévidoir pro-
prement dir.
On voit aifcmcnt que la grande roue étant mife en mouvemenr»
tUe en communiquera à la poulie du dévidoir dans U raifon de neu^
4^5 OBSERrÂTIONS SUR LA PHYSIQUE ,
i un, ce qui U fera tourner elle & fcs bras avec affez de lencenr^poac
ne pis callec le fil; inconvénient oui arrive fouvent avec les dcvidoirj
ordinaires j par U vîceflè avec laquelle on les tourne pour abréger ropè-
larion.
Ce fil qui fe dévide n'eft pas celui qu'on file aduellemem , ccft
celui d'une bobine prétcdemment filée. Ow la place pour »ct cfFcc
fur une broche R , fixée dans l'cpallTeur de la planche du rouet AB,
comme on le peut voir eu R, ou elle efl repcéfentée comme vue pi^
un (xil pbcc au bout du rouet. Une ficelle TS, eft arrachée en T,
fur le bord de la phnche & apr^ avoir palTc fous la poulie de la bo-
bine , va Te rouler fur une cheville de violon , qui encre & tourne 2
frottemeut dans un trou fait dans ta même cpaifTëur ; fette cheville
procure le moyen de modérer à volonté U (acilirc de tourner qu'a U
oobine.afin de tenir toujours le fil aifez tendu pour s'appliquer fur le
dévidoir fans fe mêler-, Se pour alliirer encore mieux cet effet , le fil
au fortir di: la bobine palTe pour fe rendre au dévidoir par une efpèce
dVpinglier U , forme d'un pciic bâton sitathc fous la planche & garni
de quatre crochets de fil de laiton j le fil p.ilTc d.ms ces cto<hets affcz
près du dévidoir , y va occuper la place qu on délire , & l'on peut en le
changeant de crochet de tcms en tems, rendre réchevciu plus oa
moins larges ta cheville, la bobine & l'épinglier font reprcfentcs vus
de Icxtrémitc A du ruucc dans les figures /j r^u.
Il efl aifc de voir d'aptes cette dclcription, que te fil fera toujours
lire par le dévîdoic avec un mouvement doux & égal , S< que la ten-
Hon qu'il éprouve fera toujours à-peu-prcs In mcme , fur-tout (î on
obfcrve de lâcher une ou deux fois un peu la ficelle T S , à mefure
que le dévidaj^e de la bobine s'avance , parce qu'elle tourne alors avec
plus de rapidité, ce qui rendta le fil bien moins fujet i fe rompre ou
d fe mcler qu'il ne l'eft avec les dévidoirs ordiiuires.
La feule nifpedtion de la figure fuHit pom f^iie voir que cette petite
méchanique (é peut aifément appliquer aux rouets aûuellement faits,
te qu'a Icgnid de ceux qu'on condruira de nouvenu , elle ne doit pas
augmenter leur prix de plus d'uu tiers de leur valeur, du moins pour
les rouers communs.
Quelque lenteur que nous ayons donnée au mouvement du dévidoir»
il aura cependant t<iujour$ dévidé une bobine dans le tiers du rems
ncceiTaire pour en hier une: il fuHîroit donc que dans une fabrique,
il y eût d-ptu-piés le tiers des rouets garnis de cette maihine»ils
fumroienc pour dévider le fil de tous les autres» fur-roue en ne les ron-
6ant qu'aux ouvriers les plus capables de les bien conduire ^ quant aux
£leurs fulitaire^ , ils en Urront quittes pour interrompre le niouvemeac
de leur dévidoir , quand ils ne s'en ferviront pas en faifant fortir de
^a poulie U coxde uns dn qui le lui communique. La même mécha-
nique
SUR VîilST. NATURELLE ET LES ARTS. 417
nique peut auflî, ^vcc quelques légers changement , s'Appliquer aux
rouets qui vont pac le moyen du pied , & i ceux qui 16 poreiu fur
une rable ou fur les genouils , & l'Aurcuc fc fera toujours -uu plailîc
de diriger les ouvriers qui voudroicm en encreprendrc de cette erpccc
LETTRE
-i4 l'AuUur de ce Recueil , fur un Crép'ijfage de murs,
3 E vous envoie , Mm '^ manière de faire les cr^pi^^gcs de murs donc
je vous ai pirlc , Se qiii par fa foliditc^dc fon coup d'oeil agréable»
me paroîr aiîez intcretrante pour mériter une place dans votre Journal.
Son exécution cil des plus fimptes, tl faut prendre auraiu de chaux
maigre que de chaux gtalTe , les faire diitoudre & fuTeravcc de l'eau dans
laquelle on a fait bouillir des pommes de fjpin en ailèz bonne quantité.
Quand le mortier ell clair , on l'applique fur les murs avec un ballet ,
au moyen duquel on le difperfe de maiiière à couvrir tout le mur
pariâiiemeiir , & on l.iilfe fccher le crcpilla^e coût rabotteùx qu il cil ,
lâns le polir avec la cruelle. Jamais il ne tend m fc détache, il prend
au contraire une dureté S< conIttUnce Cupértcnres a tous autres crépif-
fages. Le Château de Burlînel , qui eft dans une des plus belles fuua'
^ons des bords du lac de Genève > a été crépi de cette matiète il y
a 1 8 ans , & p.uoît l'avoir été de l'année , & n'a pas encore de place
défcâueuf^. M. de Sacconcn , propriétaire de ce Château , a un goûc
inexprimable pour l'arrangemenr utile Se économique de Tes po(Iêr<
fions. Il a établi autour de fon Château , des prairies fupetbes, p^r l'arc
avec lequel il a fu ramalFer les eaux de fes fumiers » & de fes cours
pour les diflribucr au moyeu d'un bon nivellement dans tout fon ter-
rein \ au moyen à\\n tronc d'arbre creufé & rejivcrfc, il établit fur
ces petits canaux, des ponts fur lefquels les plus gros chai riots paC-
fcnt fans incon veulent, mais jamais il uc laillc aller les beiUaux d.ins
les prcs^ toute l'aiinéc il les nourrir dans l'écurie avec Hieibc rr;ui.he
qu'il leur fait faucher.
Ses granges dans lefquelles il fait battre fon bled, n'ont qu'un plan-
cher fait avec de la gbife bien battuej ils durent plus que s'ils étoîenc
de bois, & ne coiîtent point d'entretien \ s'il s'y forme un trou , Ibii
domedique le répare auni-tot avec un peu de terre graife délayée , Se
fam dépeiife ^ ou monte fur fes amas de bL*ds 6c de fuin par le moyen
Tome Xir^ Part, IL 1773. I^Of^EMBRE, H hh
4\t OBSERVATIONS SUR lA PurSIQUE,
<ïcchelles de bois, appliquées contre les colonnes de fcs granges, Se
qui ne font qu'une pièce de bois craverfcc par des morceaux de liois qui
forcent de Cvt pouces de chaqtie coté , & font plus folidcs Si moins cm-
birralTans que les échelles ordinaires. ( Planche II , fig. i. ) Tout dans le
Château annonce t'aiCâncc , riiitellipence Se refprit d'cconomie & d'or-
dre du pcopriécairc. Il feroit à dcilrcr que l'un eût des defcriptions
dctaitlées Se bien faites fur la mannieniion des domnines qui font
ioif^ncs avec autant d'attencion , pour fetvir de leçons i tint de pro-
f>riét.^ires qui négligent & ne favent ôrer aucun pani avantageux de
curs polTcilîoas.
LETTRE
De M. Gardane, Doclenr-Régenc de la Faculté de Médecine
de Paris, Ccnfcur R-oyal, AfTocié 6c Corrcfpondaiit de plu-
ficurs Académies ,
A Miffliurs les Auteurs du Journal de Phyfiqut»
Messieurs,
Je vous demande une place dans votre Journal pour les détails fui-
vans; ils intcreîrenr l'humanité. C: titre méfait efpérer que vous vou-
drez les y inférer le plutôt polTiblc.
Occupe depuis quelques année? de la recherche de la caufe des
morts appirentcs & fubitcs, & des moyens d'y remédier, je n'ai rien
négligé pour arriver à ce but Pour cet effet , je publiai en 1775. tui
Avis au Peuple , dans lequel , fans m'atrcier à la, recherche de U
caufe de ce genre d'accident , îe recueillis les moyens reconnus les plus
Qiites & les plus stirs^ que je prcfencai d'une manière Hniple &: populaire,
afin que le premier venu pîic avec ce livre fecourir les Afphyxiques
dans i'abfence des gens de lArr , ce qui arrive trè.-fouvenc.
Defiram enfuite juftilîer ce choix aux yeux des Savons, je lus à l'Aca-
démie des Sciences un Mémoire fur la caufe de l'Afphyxie des noyés,
& fur les moyens d'y remédier. Ce Mémoire divilc en deux parties
indépendantes l'une de l'autre, contredifoit le fyftcme de M. Portai,
fur-tout d.iiis U féconde partie , où il s'agillbit des fecours. crette fé-
conde partie fut accueillie £c approuvée pac l'Âcadcinie j la ptemicre
S(/R VHIST. NÀTI/RELIE ET LES j4KTS. 419
mérita aulli fou aKcmion ; mais M M. les CommifTAÏres ayanc répété
mes expériences. Se le réfulcai leur ayaiu paru ditfcrent, je ta rcclrai
pour chercher dans de nouveaux cirais la caufe de cette dî^crcnce.
Aiais comme en voulant avoir copie du rnpport ^iii croit favorable
à la féconde pnrtic de mon Mémoire, j éprouvai quelc]ucs dilHculrés
de la part de M. le Secrétaire, à caufe que le fyfteme de 'V'. Portai
y était contredit , je craignis de dépLiire à cette Compagnie , en
ayant l'air de pourfuivre un de fes Membres jufques dans ion fein ;
(k. renonçant! ce rapport, je publiai le tout par la voie de votre Journal»
avec augmentation prefque du double, de nouvelles recherches fut
les Afphyxies cauféés par les moffeces,
Jl cd, je crois, inutile de cappellerici que dans ces recherches, fe
prouvois par les autorites, les oLfervations &c les faits , oue les Afphy-
xiques n'ctoient point Apopleâiques , commo M. Portai le prétcnouit j
que cette opinion ancienne & rajeunie , étoit appuyée /ur la théorie
de ta dilaration & de l'affaitTement alteniatifs de la poitrine & du cer-
veau , empruntée par cet Académicien des \1cmoires de M M. de U
Mure Se Halter , mat-;i-propos appliquée au cas préfent \ que les Afphy-
xiqucs de toutes les clalfes » ctoient dans une fufpenfion de mouve-
ment fans Ié(îûn d'organe , occafionnée ou par un faiiilfcment fpaf-
modique , ou par une Hupeur , qui faîfoit cellér tout d-coup les fono>
rions de la vie j que pour les fecourit eâicacement , il ne f^lloit pas re-
courir i la faignée , ni introduire aucun liquide dans la bouche , en-
core moins pratiquer aucune inciiion à la trachée- artère , trois moyens
que M. Portai avoir exprelTcment confeillés ; que ces moyens étotent
Cous les tfbis intiiiles 6c dangereux j que la f'iignée caufant laïFaiire-
ment des vailleaux , paroiffoit plutôt capable d'empêcher le retour à
^'ia vie j que l'introduàion d'un liquide quelconque dans la bouche,
tant que le malade n'avoit pas relpirc , devenoii difficile à caufe de
la conftriclion rrcs-fréquenre des mâchoires , & dangereufi; pat la polli-
bilité de voir ce liquide attiré dans la poiicine à la première: inspira-
tion; qu'entin la fedion de la trachée -artère lalifant ét.happec l'air ren-
fermé dans l'écume des bronches , & y facilitant ainu la chute du
4iquide contenu dans U bouche mcme avant le retour de la refpiratîon ,
, ^toit fujette «au même inconvénient, fans compter ceux auxquels
■l'ignorance & la mcchanceic pouvaient donner lieu dans lesX^ampapncs.
Dans le choix des fecour;. j'mlîUois cnluitc fur les irritans de tous ies
genres, quoique oppofés en apparence , comme l'allcali vulatil , 6c te»
ivapeurs acides & pénétrantes. Je confci!h)i:> 00 dicigsr leiif imprelliuii
:vers les narrines, comme fur la partie du corpj la plus fenlîble, atîii
de combattre promptement la llupeur 6c le fpjïme: je re.ommanJuls,
9vec tous les Auteurs , d'éduuSvr les noyé^ 6c de répmdte d.- leau
>775. NOrEMBiiE. iUh i
^xo OBSERVATIONS StTR l PHYSIQUE^
fraîche fur le vifage & fur le corps des Afphyxiques, ou d'y applîaiicf
de 1.1 glace, aprcs l'avoir auparavant mis i nud , & place a l'air libre
(làz le carreau, la terre ou le g-izon y fuîvant en cela les coiifeils ôc
Tcxpérience de CiGlpin , Panarde, Boerchave, Delauite, l'outher.
Lorry, Hantiaiu& de la Gazette deSanté, où rafperfion de l'eau froide,
en pareil cas , avoit été conreillée avant que M. Poital publiât le fecuucs
qu'il lui a plu d'appcUer fa niétliode.
Ce n'eft donc pas fans fatisr^ction. MM. , qu'en lifant l'extrait des
Regiftrcs de l'Atadâiiie Royale des Sticnces du 30 Juin 1779, infcté
Eage X37 de votre dernier Journal de Septembre^ j'ai vu que MM.
'.s CommifTàires nommés par cette Compagnie , confirmant mon
choix j & donnant l'excUiiion aux moyens de M. Portai, croient de
mon avis » aupoim d'employer les ntcmes raifons te quelquefois les
mêmes expremons , & que penfant comme moi , que l'Afphyxique
cioit dans un état deftupeur, ils avoient également trouvé d.>.ns cette
manière d'euvifager cet accident, an moyen de cojKllier certaines rac-
ihûdes oppofces en apparence , par ces exprellîons tclna^quablL■$:7V/f-
/« l'ont irritantes ,iouUitxà(int tUvàlUnt ^ u qui ejî Cobict tJJeniic/^T:ivoue
qu'oxcedivement flatté de la mention honorable que MM. Icb Coin-
ininâîres avoient bien voulu faire de mes recherches dans la partie de
ces extraits, où il s'agllToit de )'expo(itian du femimenr des Auteurs,
je m'atrendois i me voir cité auffi dans ce qui concerne la pratique,
ruifqu'il cft vrai que je m'ccois autant étendu fur cet objet que dans
autre , & que mcme j'avois eu le bonheur de prévenir l'opinion &
le jugement de l'Académie daiis mes recherches. •
Mais ce qui m'a le plus étonné , c'ed qu'après avoir rejette la £ûgnée
Se les boiilons, { inutilement on confeilleroit i cette époque les boiÇ-
ions quelconques & tes faignées. ) &c gardé le plus profond filencp*^
Tut la feclion de la trachée-artère , ce qui contredit ouvertement \ç
fydcme & les moyens principaux de M. Portai, MM. le^ Commif-
iaires penfent néanmoins , Qu£ ieur AUthodc cfî conforme à /a Mctkode
puHiee en \yj6 p^f M. Portai, Une pareille contradidion ne peuc
s'expliquer que par une erreur du CopiÙe , ou de Typographie. Il faur
au contraire , eu égard à la redembUnte de ma Méthodi^ avec celle de
M M. les Commillaues, & l'oppoliiion de cette dernière à celle de M.
Porul, lire pluiùt que ces Mx\l. penfent , que Uur MiiAodi tji conjorrm à
cclU que M. (iardane a puhUce en 1775 6* 1778.
Pour ne laifTer aucun doure fur cette erreur , & fur ta juftice de cène
téclomacion, daignez MM., jetcer un coup-d'ocii fut le ubleau fuivanc;,
SVR ri/IST, NATURELLE ET LES ARTS, 411
MtTHODK PI Kl. Portai.
La raij;n>!c xi^iiit. {quel-
qnis faigfUtJ, )
L'mîr HJriftioo du cioaigrc
djns la hoache.
La fcâioa de la ttacbéc.
anérc.
MÉTMODI oc L'ACAD£MtE. MitHODE p£ GaKD^UC.
Poim de faiwnrfc [anr <^uc
le fujct cft d4n« rAfphyxic,
elle cU iiiiitile Ce. d«iigcieu-
II en eft Je mf me Jcs boiC
fons de de la fcdioa de la
trach^c*anirc.
Inutilement on confeilU-
roic la fa'gnre , contre l'Af-
phyiic , il ferait à craindre
qu'un affaiffement mortel
n'en fût la fuite.
Inutiltitunt on ionfttîle*
roit Ui hoijfons à cette ipo'
que.
L'Académie -ne coofeille
point la fcâion de la trachée
aticre.
Cependant MM. s'il n'avoic écc queftioo que <3e moi dkns cette
affaire, quoiqu'il foit permis i chacun de revendiquée ce qui lut appar-
tient, j'..Ufoi5 attendu de l'Acadcmic & fur-tout de M. Portai qui eft
l'un des crois CommilTaires, la rétractation que la vccitc exigeoit, fie
que j'avois lieu d'efpcrer. Mais comme il peut réfulter de très-gcavos
accidens de cette mcprife, j'ai cru quen attendant qu^elle fut rccou'
tiuc , il étoit de mon devoir de la publier.
Voici MM. les accidens auxquels elle peut donner lieu. M. Portai
X coofcillé lafitigne'c , i introduction du liquide dans la bouche Jcs AJphy'
xiques & la fiction de ieur trachit-artère. Moyens inuriles ou dangereux.
Les imprimes dans lefquels ce conCell ed donne, ont été publics plu-
sieurs fois, ou aux frais de M. Portai, ou P<if ordre du Gouvernemenr,
iSc de manière ou d'autre , on les a répandus avec profiifion dans Paris
& dans les Provinces \ le rapjrorc de MM. les CommiiTaires attcftant'
que la méthode ado|Kée par l'Académie eft U même que celle de M.
Portai , & le rapport de l'Académie n'éunr point aufïïbcile à l*e pro-
curer que l'Imprimé de M. Portai, ceuic qui ont l'Imprimé le confer-
veront précieufement pour le fuivre avec plus d'exaélitude, Se ceux
qui ne l'ont pas Te le procuretont. Alors, les trois moyens profcrics par
rAcadcmie feront employés plus que jamais , & par une méprifc Typo-
eraphique ^ le bien que cette favantc Compagnie fe propoioit défaire
fera remplacé par des accidcns funellcs.
Vous voyez, MM. , que les fuites d'une pareille mcprife étoient faites
pour réveiller les craintes &c l'atrention de tout Citoyen ^ & trop j^raves
pour ne pas fe hâter de les prcvenii en les relevanu
J'ai l'honneur d'eue MM. j&c*
S^
412 OBSERf^ATlONS SUR LA PHYSIQUE,
:^^^=
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
JXtFLEXî o N s Critiques, en forme de Lettres, fur la caufe de
l'Accouchement, pat M. Capmas ^ Mi^dccin penrioniié de la Ville de
Montauban , 6f Infneifleur des Eaux Minérales de fa Généralité j & Mé-
decin Confultanc de Madame la Comtelle d'Anoîs.
En 1775 , M. Capmas adreilâ à M. Koux , une lettre far un nou-
veau fyftcme de la caufe de rAccouchemenc, où il détouvroit la faof-
fetc & le danger de la thtorie que M. y^j/aa/c^ avoir imaginée au fujec
d'une obfervation curieufc qu'un Médecin de Cliâtillon . avoit taie
înfcrer dans le Journal de Médecine. Cette Critique ne ccfta pas fans
réplique, & les reflexions critiques que nuus annoni^ons font la reponfe
à cette réplique. Le ton d'honnêteté qui y rcgnc , joint à l'cvidence
des raifons que M. Capmai apporte , peut ctrc regarde comme un
modèle de difculHoii polémique en tout genre.
Découvertes de A/. M-irat ^ Doâ«ur en Médecine, furie feu » l'élec*
tticitc & la lumière, condatces par une fuite d'expériences nouvellei;
Paris, 1779.
M. Marai par le moyen d'un microfcope folaire , a cru découvrir 5c
rendre fenfibfes les particules mcme du feu , ce fluide fi fubtil. D'après
l'expofc même des iitf expériences que l'Auteur cite en fa faveur,
il eft bien à craindre que ce ne foient que les émanations feules des corpi
échauffés fournis aux expériences , qui paroiffeni !^élever & voltiger.
Le Grand (Euvre de Vj^grkulturc , ou VAn de Hègénêrer tes Jwfacei
& les trcs-fo/ids; accompagné de découvertes intérelTantes fut l'Agricul-
ture Se la Guerre^ par M. iMo/ttagne , Marquis de Poncins , ancien
Officier aux Gardes rran^oifcs ,avcc cette épigraphe : Et renovahiif-,:ttm
terra, Lyon, chez Faucheux ^ quai des Céleflius. Paris , veuve Duchtjhe
17-79.
Des expériences multipliées , des obfervations faites durant une lon-
fue fuite d'années , un fuLtès obtenu conftamment, prouvent en faveur
u iVftêmc que M. le Marquis de foncins adopte en Agriculture. Il
eft sur que lorfqu on pourra créer & transformer de nouveaux fols par
l'exportation des terres des fo(fcs, ou prifes dans d'autres endroits voi-
fins , on multipliera les furfaces produifantes & l'on diminuera les
terreins incultes Se inutiles. Mais ces tranfports doivent néceifairemenc
être teftrcints par les circonftances des lieux ,• des chemins » des terres
diffccenuneat iicuécs. Dms le cas où, le tiuiiporc deviendroi; ou trop
SUR VniST. NATUREllE ET LES JRTS, 41,
difficile ou ïrop difpendieux , l'Auteur propofe de d(îfoncer avec une
bêche de i S pouces de hauteur les tetrcins qui en feront fufccji cibles.
Une récolte plus riche & plus abondante .1 couronne cet etCan. Il eft
des caufes locales de la dégradation de l'erpèce humaine , de ces ma-
Udics continuelles « du défjuc de population dans certaines provinces,
auxquelles on ne fait pas d'attention. Dans le torez , théâtre des tra-
vaux de M. le Marquis de Poncim, la vieillertc commence à 45 ans,'
la décrépitude à 5 ; :, & très-peu vont à 60. L'efpcce des Cultivateurs,
fans force Se fins vigueur, ie trouve moilfonnée de bonne heure, &
les races étrangères de colons qui defccndenc à chaque inftant des mon-
tagnes qui environnent cette plaine , ne font pas long-icms à s'abârar-
dir. Les brouillards épws qui couvrent cène petite province , fur-tout
dans les mois d'Août , Septembre & Octobre , y caufent & entretien-
nent des maladies continuelles» des fièvres rierces Se quartes. Ceft à
la multiplicité Se à Ictendue des étangs de des marais qu'il faut atctU
buer cette défolation générale. Ce feroit donc un très-grand bonheuc
qu'on en diminuât le nombre , qu'on en reftreignît l'étendue , fur-tout
quand il paruît prefque démontré que le profit local réfultant d*un ptc
anificlel , dans lequel on auroir converti un étang , feroit au moins
aufli grand en foin Se en bétail , dans les années en pré , qu'il pour-
Toir It^ire en poilfons dans les mêmes années en eau. Enfuite dans
les années fubicquences en femaillej on obtiendra autant de récolte,
de fuite. Se aulU abondantes, après l'occupation en ptés artificiels,
qu'après l'occupation en eau; mais avec cette difréren<:e, que dans le
lems en pré on gagneroît fur celui de la tenue en étang, beaucoup d'ex-
cellens fumiers , le fervice du bétail , le lait , le beurre , & de plus , la
falubricc de l'air, 8c par conféquent l'économie de la fanté Se de la vie
desCitoyens& desCultivateurs,cconûmie certainement au-dellusdetout.
£ R R A T J,
Dans le Cahier d'Aoâc de cette année , page 97» à la place de ces mots: le fictti
Oclportc nourrie fon uoupcau > &c. /ife[ M. Dïubcotoa ooartit , icc.
TABLE
DES A R T I tf>I E S
Contenus dans ce Cahier.
£1 Xr RdiT J'ttn Mémoire de M, CiasAHUz ^ fur U Defoufremtnc
du Charbon- di'Tem 3
Page^)7
•414 OBSERFÀTIONS SUR LÀ PHYSIQUE, &c.
Expiriences fur U pouj^rc ft/ninale des Plantes ; par S. Ck. £. de la
Société des jimis Scrutateurs de la Nature , de Berlin , 34}
Lettre dt M. db Morveau , aux Auteurs de ce Recueil ^ fur un Phé-
nomène ifui intéreffc CArt de la f-'errerïe & la théorie de la f^arifcauon ,
6* fur le peu tfaàton de f acide phojphorique fur Us terres ^ comme fondant
viereax , j 45
Ohfervations faites a Niirhonne poitr coiwoitre la diminution de la chaleur
du Soleil pendant fon Eclïpfe du \^3uin 1773; par M.vt Marco-
RELLE , Baron £Efcale , Correjpondant de l'Académie , j 5 i
Seconde Lettre à Madame de y^** ou Mémoire fur la nature de la /,«-
mi^re 6f àefes tffeu^fur la décoloration des furfaces colorées txpnpes
à fon a3ion , & fur téiioUmeat des Plantes; par M, Jean Senebier »
Bibliothécaire de la. Rèpuhli'jue de Genève & Membre de la Société Hvl-
landoife des Sciences de Haerlem j j j j
Mémoire ^ par M, J. B. PS Beunie , fur une maladie produite par les
Moules venimeufes ^ 3S4
Recherches fur les moyens SexeLUter fous l'eau toutes fortes de travaux
Hydrauliques faiu employer aucun épuijèment ; par M. Coulomb,
Capitaine en premier dans le Corps Royai du Génie , Correjpondant di
f Académie Royale des Sciences, jjj
Extrait de l'Hifloire Naturelle du Chili y traduite de l'Italien , 404
Defcription d'un Rouet qui fU 6* met en ècluvtau par le même mouvi"
ment , 415
Lettre à C Auteur dt te Recueil ^ fur un Crépiffage de murs y 417
Lettre de M, Gardane , Do3eur-Ré§ent de la Faculté de Médecine de
Paris y Cenfeur Royal , Ajfocié & Correjpondant dt plufiturs Acadè"
mies , à Meffieurs les Auteurs du Journal de Phyjique , 41 S
Annonces Littéraires y 41 1
APPROBATION,
J'A I lu , par ordre de Monfcignear le Garde des Sceaut , on Oavrage qai a roar
titre : Obfirvationj fur la PAyJîque » fur l'Hifloire SaturtlU & fur les Ant, Oc. /
par M. l'Abbé RorrtM, &c. La Collcflion de fiûis iniportans qu'il offre pénfl-
diqaenicnE à Tes Lcâeurs , méiîtc l'accueil des Savant} en conréquencc,i'cfUme4u'<ni
peut en permettre l'impicÂîon. A Paris, ce 11 Novembre 1779-
^ VALMONT DE BOMARE.
Pin.
/
Jfapemin' j99fi .
\Mj^
■MMMHHMg.
^§3e^^
JOURNAL DE PHYSIQUE.
DÉCEMBRE 1779.
"FT
OBSERVATIONS
Sur le Pipa ou Crapaud de Surinam.
Par M. BoffS ET y de divcrfis Académies,
.IjE pipa ou crApaud de Surinam eft un de ces animaux trèî-ïîngu-
Hers qui n'ouï poinc encore d'analugucs connus, & qui femblent fur'
mer (euls un genre i part. Le cclcbre Ruyfch eft , je crois, le preraiec
qui aie fait mention de la parcicularîcc (\ remin^uable qui caraâcrilis
ce crapaud : je parle des cellules ou matrices qui fe crouvenc en grand
nombre fur Ton dos, & qui renfermenc tantôt des ccufs & tantôt de
petits crapauds tout formés. Mais le Nacuralifle HoUandoisnc dit qu'un
mot de tout cela dans Ton Tréjor des Animaux , Tome 1 , page 9 , de
l'cdition in-8^. de I7i5> & l'actînlc entier fé réduit à quinze lignes
que je ttanfcriral ici :
BufoniJùniU Americanum animai, pedthus poptrioribus anftrinis pipti
& pipaîy incolis Zurinamcnfibus , diSum , in cujus dorfo plurima vifun»
sur ovuia ^Jcparaûm in fuis ccltuUsy ceu utriculis recondita, equibus tan»
dem fistus emtrgire in confejfo ejl. In hoc objecta dor/um à mt effi apcrtum ,
m txpifcartr , an ova ex abdomine emergant , 6* in dorjo tantum appa^
rcant & propuUulent ; contrarium autan in hoc animali liquei : in illiâ
€nim nuUam communicationem rcperin potui cum partibus internis abdomi-
nis ; cutis dorfi. vero , plurimis celluits ceu utriculis donaia , ova contimt ^
idquejub operculo Jeu fcuttUa duriujcuta , quâ ablatâ, ova nuda appa^
rent. Sunt miki varia ejujmodi objeSa , ex utraque Ind'ut allaia , alia
ênirn in dorfo funt cinerei^ aiia pulii ac nigri coloris , nonnulla ovulis ri"
ferta , varia m dorfo fatibus onufla.
Cependant, quoique Ruyrch n'eue point détaillé fon obfcrvatioa^
j'avois ceu que la manière donc s'cxpcimoit ce grand Obfcrvatcur ,
étoit afTez exprefîe pour m'autotifet à parler principalement d'après lui
<3es cellules ou matrices du pipa comme de chofes trcs-réelles. Je n'avois
donc pas Ucûcc à faire ufage au coun cécit de Ruyfch , dans mon manufcm
Tome XIKj Part, IL lyy^, D É CE MB RE, 1 il
4itf OBSERFÀThONS SUR LA PHYSIQUE,
original des Conjîdirations fur Us Corps or^aniféu J'y joignois le t^moî-
^nsge de MM. tolkcs& Backer cjtu avoieiu aufti obrervé les cellules
' t il s'at^ic. Mais, M. Altamand, favanc Profeifeuc de philofophie
s rL-inverHcc de Leydc, à qui j'avois envoyé mon tnanufcrit pour
don
dans
l
paud, 6c à lut lubltituer une oDlervation qui
oit ce qu'il jugeoit n'circ qu'un faux merveilleux , & qui ramcnott U
génération du pipa aux loix ordinaires de celle des crapauds les plus
connus. Voyez l'Art, cccxxvii. des Corps orgarj.
Dès-lors, n'avanc point rencontré d'obfervatlons aflez sûres ni afle»
circontlanciûs Jur Us matrices dorfales du pipa , je n'avois fait aucun
change ment* m on tÈxie dans les éditions poftéiieuresdes Cot»! <n-r>anifîs;
& je m'ctois borné dans la dernière , Tome lll , de la fi^r.inde édition
de mes (tiuvret , d rapporter dans une Nore additionnelle le précis
qu'un Journalide nous adonné des nouvelles recherches de M. Fermin»
en y joignant quelques réflexions ou quelques doutes qu'elles m'avoicnt
fait naître. On a pu voir dans cetre note, que M. Fermin allure, que
les cellules obfervces par Ruyfch font nés- réelles.
J'en étois demeuré-là fur le crapaud de Surinam , lorfqu'une hea*
reufe circondance a mis fous mes yeux ces famcufcs^ cellules donc
M. Allamand m'avoit rendu l'cxidence plus que doureufe. Dans uno
vifite que M. l'Abbé .Spallanzani a bien voulu me faire cet tté
dans ma retraite champcrre , la convcrfarioti tomba un jour fur l.i lîn-
fiularirc qu'oflre le pipa. Un de mes fav.uis Ci^mpatriotes qui éïoii pré-
lent i notre entrerien , nous propofa de décider pat nous-mêmes la
quellion de la téatité des cellules, en dilTéquant un pipa femelle qu'il
■voit fous la main, & que l'on conicrvoit depuis bien des années (i)
dans une liqueur fpiritucufe. Nous n'hélitâmes pas à nous ptévaloic
d'une occallon aulTÎ favorable de fatisfàire notre curiofué \ & c'cd c«
pipa qui fera le principal fujet de ce Mémoire. J'ajourerai, que mon
lUuIlre ami , M. Trembley , a vu avec nous la plus grande partie des
^its que je vais expofer.
J'ai dit que le pipa qui nous avoit été remis , avoir été confervc
pendant bien des années dans une liqueur fpitîtueufe : toutes fes par-
ues croient donc plus ou moins raccomies ; mais ce raccotnifîenienc
n'empcchoit point qu'on n'en diftinguâc nettement la poiîtion , \.\ for-
me & les proportions. Les couleurs croient , fans doute» ce qui avoic
k plus ibuâcrt du long féjour dans la liqueur (a).
(t) Euriron t8 ant.
^1) ]c M deopc pas ici la 6gurc de t'animai coûcr., farce (|u*il dc nous éfoir pas
StTR rffrST. NATURELLE ET LES ARTS. 417
Le pipi efl im crapaud de U plus grinde efpèce. Celui dont il s'agît
ici avoit Çix pouces de longueur depuis l'extrcmlcc du mufcau jufqu'au
derrière, & environ crois pouces de largeur d'un côte i l'aucre.
Les p.ittes antérieures avoieiit crois ponces & demi de longueur ,
depuis leur origine juTt^u'aux extrémicés des doigts. La longueur des
poflérieures étoit d'environ quitte pouces.
Les doigts des pirtc^ anrccieutes ccuicnc affez effilés & au nombre
oe quatre. Ils nctoienc point unis par des membranes, & leur lon-
gueur croit inégale. Le troilicme , qui ctoide pUw long, avoit cnvlroa
.quatorze lignes, ils fe tecminoienc par quatre efpèces de crochets atf»
mous . garnis eux-mêmes de crochecs plus petite,
. ^ Planche t. La figure i , rcprérence au naturel une des pattes ancé-
Heures garnie de fes crochecs ce ce. On peut y remarquer, que routes
les articulations ny font pis appzrentes \ il faut en excepcec celle qui
e(l en aa j qui cioic très-l'enlible à la vue, Se qui t ccoic plus encore
au toucher.
La âgure a . reprcfente le bout d'un des doigts trcs-gtofTi an mirrofcopc :
cccc les crochecs , qui font eux-mêmes pourvus de crochecs plus petits
au nombre de crois à quatre ; mais donc il ny en a que crois qi4
foienc bien diftinds. Je u'oferois même alîurer qu'il y en aitquacre. •
La figure j eft celle du bouc de la parte précédente, beaucoup plu*
gtoffi au mic^rofLope, & où les crochets font bien plus apparens. On
peut y reconnoître qu'ils ne fe cermincnc pas en pointe aiguë.
Au rede, ces crochets principaux &: fecondaires qui terminent les
doigts des nattes antérieures , font des patries fi petites , qu'une légère
alceration doit fufEre à en changer la forme ou l'afpeûi & l'on con-
voie alFez que le long fcjour de l'animal dans la liqueur fpirirueufe,
devoir avoir altéré plus ou moins ces petits organes , & ne permecrre
point d'acquérir une connoiilance aHez exaâe de leur forme > de leurs
proportions & de leur pofitîon refpe£Hve<
Les doigts des pattes poftécieuces font au nombre de cinq , & ums
par des membranes ou nageoires qui s'ccendent jufqu'aux extrémités
des doigts. J'ai très-bien diftinguc à l'œil nud daais ces membranes,
des ramifications de vaiffcaux fanguins , que je ne pouvois mécon-
noître. Ces doigts ne fonc peine rermînés par des crochecs, comme
ceux des pactes ancérieures, & leurs articulations font très marquées.
On diftinguoic neccemenc dans le plus long ou le troifième quatre pha-
langes. Ce ttoUième doigt avoir vingt-trois lignes de longueur. Le plus
Tcnu en pcnféc de le fiire dctTîner STant de Ec dilTifqJCr : raait on peut confulter Ij
ftgurt 1 , de la Planche xxvi du fixicmc Votunie des PUocbes de VEacyclûpiii* de
Paiis, qui eft û général alTcz exaéte.
177J. DÉCEMBRE. .lii»
■^iS OBSERrJTIOTTS SUR LA PHYSIQUE ^
coure n'en avoic que treize. Les panes podérieures font beaucoup plus
^rolïcs que les ancéricures.
La figure 4, e(l celle du bouc d'une des pattes poftcrieures vue au
Ti-A^wxe\\ddddd tes doigts au nombre de cinq. Les phalanges ou arti-
culations font trcs-marquces j & d'autant plus nombieufes que le doigt
eft plus long. AinG , on en voie diflin£teirent quatre au doigt le plus
^o"g» ï > i. î ï 4* î-65 deux plus courts ne montrent que deux articu-
lations, 1 , 1 \mmmm font les membranes qui unilTent les doigts, 0c
qui imitent très-bien ceU&| qu'on voit aux pieds du canard. On peut
remarquer qu'elles fe prolongent, comme je l'ai dit, jufqua Textrc-
xnicé des doigts.
Ruyfch dit fimplement , que les pieds poftcrieurs da pîpa rcïTem-
blenc à ceux du canard j mais il ne dit rien des uicds de devant. Its
ibnt pourtant repicfenrcs dans la figure qu'il a donnée du pipa , &
ils y font très-mal repréfentcs. Us s'y terminent en pointe aiguë comme
une aiguille , A: on n'y apper^oïc aucune trace des crochets dont j'ai parlé.
La figure de VEncychpid'u de Paris eft meilleure. Les doigts de»
pattes antérieurs y four dcITînés plus exadement : on y voie les quarre
crothcts \ mats comme la figure nQ^ pas grofltc au microfcope>on n'y
trouve point' les petits crochets donc les principaux crochets font garnis.
L'Ëncyclopcdifle en roucKant aux partes antcrieutes du pipa, fe burne i
dire , qu'elUs font menues 6* terminus par cjuatrc do/gn tçn^s ifui ont dé
puits ongUs. Cette dcfcription eft , comme l'on voit, bien imparfiiice-
La bouche étoic très -grande. Elle avoir deux pouces de largeur, à
fon ouverture croie au moins dé quiiue lignes. On ne voyoie à la
place de dents qu'un rebord applatcl, un peu épais , decoulcuf brune,
& d'environ deux lignes de largeur. Les mâchoires fbrmoicnt une
£iillie fur le devant de la bouche en forme d'angle un peu obtus. La
jnichoirc inférieure ctoic un peu plus courte que la fupcneure. Celle-
ci montroit a l'endroit de la faillie deux petits entonnoirs bordés de
crénelures , comme certains calices dés fleurs. Une épingle que j'ai in-
troduite dans ces entonnoirs y a pénétré de plufieurs lignes. Ils fonc
apparemment des narines.
En parlant de la bouche du pipa, Seba s'exprime ainfi , T. I,p. iti.
Riclu ampto , & laie diduSo^ anterius in acutum convergente , injiar oris
taipt jimbria quafi rejlexo : unde innotejcit , illud animal , poreorum in
modum , terram fodicando , pahulum fuum quarere. Je ne vois pas
trop commenc Seba a pu comparer le mufeau du pipa i celui de la
taupe; car le mufeau Je la taupe eft conftruit fur des proportions bien
dtfrérenres : il eft fur-touc beaucoup plus allongé & n'eft pas applaci
comme celui du pipa.
Une membrane jaunâtre & très-ridée garniftoit tout l'intciieux d<
la bouche , dont la cavité ctoit très-ample.
SUR VHIST, NÀTUREllE ET LES ARTS, ^i^
tz figure 5 montre au naturel cette bouche , qui eft iâ encr'ouvcrte*
s La mâchoire fupicicare : i U itiâchoire infcrieucc. r Le rebord de
couleur brune qui garnit la mâchoire inférieure & qui occupe la place
des dents. 11 y en a un pareil à la mâchoire fupcrieure. On voie dans
le milieu de chaque mâchoire la faillie dont j'ai patlc, & qui femble
former une forte de mufeau. et Efpèccs de très-petits appendices ou
tubercules , qu'on obfervoic au bord de la mâchoire iupétieure , 6c
qui étoient au nombre de quatre : ils font tous rcméfentcs dans la
figure, «e Les ouvertures en entonnoir qui paroiflent être des narines.
oo Les yeux a(Tez petits & de figure tonde.
Je ne parle point d'une multitude de très -petits tubercules donc
le corps eft parfemé » & que Seba dit rclTembler à des perles fuc
l'animal vivant. On les retrouve Tui les pipas logés dans les cellules.
Ils font exprimes dans la figure 6»
Mais je me hâte d'en revenir à la particularité la plus intérefTante
qu'offre le pipi : on voit bien que je veux pAtler des cellules ou ma-
trices de Ruyfch. Çà donc cré au dos de l'animal que nous avons donné
le plus d'attention, M M. Spallanzani , Trembiey & moi.
Un fimpie coup-d œil jerrc fur le dos du pipa que nous examinions
a fuffi pour nous convaincre de l'exifteucc des cellules. Il y en avoit
an grand nombre & elles étoient fort rapprochées. Les unes étoieoc
ouvertes, les autres fermées. L'ouverture étoit circulaire dans tes unes
ôc ovale dans les auttes.
On voyoit à l'entrée de la plupart des cellules ouvertes un petit
corps brun , qu'on reconnoilfoic bientôt pour un petit cr.ipaud tout
forme. En le laififlant avec une pince, on le tiroit facilcmenr en entiec
hors de la cellule , 6c il paroiifoit auHi parfait dans fa petite taille
que le crapaud-mère : feulement, n'appercevoic-on Ùu foa dos aucun
vertige de cellules. ■'^'' -p
La ligure 6 teprcfcnce au naturel une portion du dos du pipa oà
Ton voit très -diftinde ment les cellules dont il s'agit. Quatre font fer-
mées////.- quatre autres font ouvertes. On appei^oit dans les cellules
oo une portion du corps du petit crapaud qui y eft logé. Une des pat-
tes d'un de ces crapauds, qui eft très en vue, fixe agréablement ratten>
lion de l'Obfervateur.
La fieure 7 montre de grandeur naturelle un des petits crapauds
extrait de fa cellule Ôc deHinc du coté du dos. On voit qu'il ne lui
manque rien pour reiTeiubler parfaitement en petit aux grands cra-
pauds de fon efpèce.
La fîguic 8 montre au naturel la coupe longitudinale d'une cellule,
pour mettre en vue le petit crapaud qui y eft logé de fon long. On voie
en p une des pattes poftérieutes ptoptement repliée fur le corps, &
£11 h U bouche qui eft fermée.
4^o OBSERr/iTIONS SUR LA PHYSIQUE,
. .J*ai mefurc fluGeurs cellules, & leur ai trouve depuis qtutre juC-
<la*àcinq lignes de pcofondcur, fur deux lignes ou deux lignes ^ demie
«l'ouverture. Mais j'ai des raifons de croire f]ue ces dimenfions vari«nc
ftlTez en plus & en moins.
Ces cellules font formées d'une membrane mince. liHe, jaunâtre»
qui a. une fbcco de demi- ttanfpareuce , & dans bquelle nous n'a-
vons pu rcconnojtre des traces de v.iifTeaux. J'ai feulemenc apperçu ça
i^ M dans le fond de pluHeuts cellules des iraiu bleuâtres & tamilîés,
.quÀ croient orobablcmcnt des vaîlTeaux , qui autoienc ccc , fans doute ,
plus reconnoiirables dans l'anîmal frais. Toute cette membrane eft pat-
'ibmi^e de itès-peiits points qui jic font vilibles qu'avec le fccours des
.verres.
,, , Je viens de dire , que la cellule eft formée d'une membrine lifle :
le petit crapaud y eft, en effet, logé comme ÎI le fcroit dans un étui*
•Jilt n'^ adliétc pat aucun ligament , ni par aucun vailfeau. C'eft ce dont
il nou5 a toujours é[c aifé de nous alfurer pendant que nous tictons les
crapauds hors de leur logette. Us en fortoicnt précifémenr comme de
l'intérieur d'un crui , & roufours parfaitement bien formés » & tels
que les crapauds de leur erpècc » a la taille près. Nous n'avons pas
«pper^u de diftïiience bien feuhble dans les dimenfions de ces petits
|>ipas.
La partie antérieure du crapaud nous a toujours pru tournée vers
rouvercurc de la cellule. Parmi le grand nombre de cellules que nous
avions fous les yeux , il y en nyoît donc les petits pipas fortoient en
grande partie hors de la cellule: d'autres , n'avoient au-dphors que U
moitié ou le quart de I«ur corps ; d'autres » ne monttoieiu que le bout
<1u mufe^u i d'autres » une pcte poftécieure ou une patte aiitétieure «
*c,' .
Mais ce qu'il nous împortoit le plus de découvrir , c'éioît s'il n'y
avoit point ue communication fccrette entre les cellules & l'intérieur
de l'animal. Ruyfch avoit dit qu'il , n'avoit pu parveoir i en dccou*
vrir aucune : In iliis taim nullam communicatloncm rtptrirc potu't cum
parùhus inrernis abdomtnii. Pour procéder sûrement dans cette recher-
che « M.SpalUnuni a enlevé proprement avec un inftrument tranchant,
coûte la partie du dos qui contenoît les cellules : il a mis ainfi à dé^
couvert 1 intérieur de l'animal , ^ de tiès-beaut plans de mufcUs ie
font otferrs alors à nos yeux ; mais nous n'avons pas apperçu uu
feul vaiÛeaii qui partît de l'iotéiieur pour fe. tendre aux cellules. La
portion cellulaire du dos paroilfoit ne faire qut repofèr fimp'emenç
fut les mufcles. En un mor , nous n'avons pu dccouvnr aucune forte dQ
çpmmunicatipn entre Les cellules & rinccrieur de l'abdomen.
L'habile Deflinateur a tâché de rendre bien dans la ksfivs 9 , cett«
poccioQ celluloiie du dos i^ul avoir été enlcvôe par M . SpalUioam. Ella
SUKVfilST. NJTURElin ET ItS ARTS, 4M
f'fcft reprcCemée ici aa naturel » & vue pat-deflous. Elle éioit formée
^d'ane membrane Ulfe & punâcrc, fut laauellc pacoifibienc un peu en
relief le fond & une panîe des cocés des cellules. Cela produifoit
des él^vitions ovales, donc plulîenrs prcfcntoient des tat:hes oleuâtres^
qui écoiem dues à la couleur brune du crapaud qui peT(,'oic plus oa
moins à travers l'épaifTeuc de la membrane. Les élévations quele Def»
r fmaceur a le plus ombrées font celles qui moniroienc ces caches bleuâ^
très, dd Sont deux cellules <^ti€ nous avions ouvertes par-detfuus pour
merrre  découvert le petit pipa , & montrer avec quel arc ces petict
membres font repliés fur le corps pour occuper dans la logecte lemoina
d'efpace qu'il eft poifible. Dans la cellule lupcrieure on apperçoit dif-
tîndemeuc une des pattes poftérieures couchée fur le corps & dont
les doigts rrès-bien formes Â: crès-1>ien arrangés, ne laifièiu enrc'eux
aucun inrervalte. D.ins la cellule uifcrieure , on voit avec la mcmc dif-
lindliun la partie postérieure du penc pipa, fan derrière & les pattes
podérieures repliées adroitement fur les côtés du corps.
Les opercules qui ferment les cellules niéritoienc bien de nous oc-
cuper à leur tour : nous les avons donc obfcrvcs avec le plus grand
fom. Ils nous ont paru formés d'une membrane très-différence de celle
qui compofe le fond & les patois des cellules. La membrane des oper-
cules étoïc de couleur grisâtre 8c fcnlîblcment plus mince & plustranf-
p.ircnte que celle dont la cellule ell formes. L'opercule s'enlevoit h.-
cilement avec la pointe d'une aiguille ou di^calpel ; Se tandis qu'il '
ëtoit encore applique à l'ouveruirede la ccIWé, il rappelloit i l'cf*
prit ces alvéoles d'abeilles, fermes d*un (Joiivercle plat.
Rien n'eft plus apparent dans le pipa que L'opercule de chaque ceU
'Iule : il fe &tt d'abord remarquer par fa figure & par fa couleur. Il
nous a p.iru /împtemenc appliqué i l'ouverture de 1* cellule & collé
exaâemenc autour des bords. Nous n'avons pu nous alUucr fî la mem-4
linne donc il eft' formé, efl cuncinue avec la peau du dos, ^onc elUL
difï^re beaucoiifj'ou (ï elle en ell trés-dïfUnéïe. Nous ne fommes point
parvenus non-plus i découvrir, comment cet opercule adhère aucouc
des bocds de rouverrure » quHl ell deftiné i boucher. On juge bien
qu'une pareille recherche ne fauroit hxe laite avec exadïitude que fuc
pipi
que fuè
vivant ou roorc récemment.
• J ajouterai feulement » <]tt*ea preHùnc par delTbus h portion ccll»£
fatire du dos déuchée de l'aniinal* & qiii eil rcptéfcncce dans la figure-
5» » nous avons vu ttcs-diftindcmcnc M. Spallanzani & moi, la liqueur
fpiritueufe donc cette portion cellulatte ctoic encore imbibée, fuincer
loue autour des bords de l'ouverture , c'eftà-dire , entre ces bords fie
l'opercule qui ctoit appliqué immédiatement. Cette petite cxpérienc»
fembleroit donc indiquer, que l'opercule n'cft que collé fut les bords,'
ic qu'il n'y -ftdhéie pa^ bien furcement. Mai», j« vCoU^wt tegarded
4}i OnsnKFÀTïOKS SUR LA PHYSIQUE,
cène conféqaence comme jufVe » i cauFe de l'altéraùon que l'animer
dévoie avoir éprouvé par fon fëjour dajis la liqueur, Ôc encore parce
que nous pouvions avoir dérangé par nos manîputations l'opercule 6c
les parties voifines. Au refte , cet opercule cft fi mince & u rranfpa-
rent» qu'il reffemble plus à un cpiderme qu'i une peau. Nous n'avons
pu y découvrir aucune rrace de hbrcs ou de vaifTeaux.
En pénétrant dans l'abdomen du pipa, M. Spillanzam a reconnu
l'ovaire. Nous avons vu au moins très-nettement un canal qui paroif-
foir lui appartenir Si qui cEoic ouvert à {on extrcmitc iiifétieure pour
procurer la fonie des œufs.
Que de queftions intcrelTantes ne prcfente point le pipa ! ce font
auunt de problèmes que la nature nous donne à réfoudre , Sc
qui ne pourront cire bien tcfolus que par un habile Naturalifte qui
ira étudier cet animal fingulier dans fon pays natal. Peut-être ncan-<
moins qu'il ne feroic pas impoinble de parvenir à l'clevec dans nos
contrées. ,
Entre les différentes qucftïons qu*il fait naître, la plus intcrefTanre
cfl , fans contredit , celle qui concerne les perits crapauds logés dans
les cellules. Commenr fe trouvent-ils !i ? Comment y paroi (fent- ils
tout formés! s'y trouvent-ils d'abord fous la forme d'un oeuf? y fubif-
lênt-ils les cfpèces de transformations que Swammerdani a fi bien fui-
■vies dans la grenouille? Ruyfch Se Seba parlent dœufs & de cellules;
mais la manière dont ^ s'expriment pourroit faire douter s'ils n*onc
poinr confondu les celnles avec les œufs , Se s'ils n'ont point regardé
ta. cellule comme une forte d'œuf. M. Fcrmin qui a plus approfondi
que ces Naturalises l'Iiiiloire du pipa , nous .iflure; ■> qu'il a vu les
m œufs dans l'ovaire , & qu'ils fortcnt de la matrice interne de Tanimat
» pour pafTer fui fon dos & y ctrc fécondé dans les cellules «. Mais,
comme je n'ai pu me procurer encore l'écrit de M. Fermin , & que le
Joumalifte dont je tire le fait , ne l'a poinr affez détaillé , j'ignore le
degré de confiance que mérite l'obfervation de l'Hiftorien du pipa, i
laquelle je reviendrai bientôt. Je poutfuis mes queflions.
Dans quel tcms les cellules commencent-elfes à paroitre ou à (e
développer fur le dos de U femelle , car je me fuis bien affuré que le
dos des petits pipas ne montre aucun vcÏUpc de cellule , pas même
ou mifcrocope. Je puis dire plus: je le^ai cherchées inutilement fous
la peau du dos de ces jeunes pipas , que j'avois enlevée délicatement
avec le icalpel.
Comment les œufs arrivent-ils dans les cellules , puifqu on ne dé-
couvre aucune communication entre celles-ci Se l'incérieu: de l'abdo-
men ? M* Fermin nous apprend , qu^d a vu la fimeiU eramponnce con-
//« ttrrt /i dihatraJI'er dt Jcs ceufs aprtf h'ten des efforts^ Il faur donc que
ksLff^^ie.puvUanci^c doas Ui cellules que pac dehois. Mais corn*
peat
SUR VffrST, KÀTOREllE ET LES ARTS. 45}
meot y parviennent- il s ? comment y fonc-ils crinfporccs & loges ? Ce
3uc4bl. rennin nous raconte fur ce fujec eft bien lînguUcc: ùmilc ,
ic-il , accourut auffi-iàt , prit Us ocufi de Jts pattci de dcrriè'C , & ici
zranfporta fur ic dos dcfafcmtlU, Nous favions cjue chez les crapauds
d'Europe , le mâle ferc d'accoucheur \ Ta femelle , & c^u'il s'acquitte
de cette pénible fundlion avec beaucoup de dexccriré. Il paroîc par
le récit de M. Fermin , que le mâle pipa n'eft pis chargé de la nîcmc
fonâion , & que celle qu'il a à remplir conlitle uniquement A trauf-
portec les oeufs fur le dos de ia femelle. Le Journalil^e ne nous die
point , s'il fe botne A tranfportct A ta fois un certain nombre d'oeufs,
ou s'il iÂic les prendre un A un & loger ainfi chaque oeuf dans fa
cellule.
Ici je ne puis m'empêclicr de. relever une erreur étrange ou'a com-
mis l'Aureur de VExpUcaiion des Figura dt C Encyclopédu de Paris , &
dont Je n'entrevois pas I origine, » La femelle du pipa , dit-U , pond »
»> comme l'on fait > fes crufs fur le dos du mâle dans de petites cavités
Il dans lefquelles les petits éclofent «.Cçs exprelllous pond , comme ton fait
fur U dos du mdlt » lailîetoient croire que ceci eft la choie du monde
Ja mieux confhtée j undis qull eft démontré , au contraire , que ce
n'efl que fur le dos de la femelle que fe trouvent les cellules defli*
nées a recevoir les crufs. J'ai examiné moi-mcme le dos du mâle,&:
je puis alTurer qu'il ne s'y trouve pas la mo'mdrc apparence de cellule.
Le uiaie cfl moins gt^nd que la femelle. Celui que j'ai mefuré &
qui avoit été renfermé daas le mcrae bocal avec le pipa-fcmÈlle qui
fait l'objet de ce Mémoire , n'avoit que quatre pouces de longueur
^puis le mufcau au derrière , fur une largeur de deux pouces. Ses
faties antérieures ri'avoicnt gucrè que deux pouces de long depuis
épaule jufqua l'extrémité du plus long doigt: les poUérieures avoienc
un peu plus de trois pouces^' La largeur de la boucne cCoit d'un poucs
quatre 'lignes.
Comment & où les oeufs foht-ils fécondes ? M. Fermin XacoJlte »
u qu'après que le mâle dut tranfpotté les oeufs fur le dos dé fa femelle ,
» il fe renvetfa fiir elle dos contre dos , ta qu'aptes quelques légères
»9 commotions , il deTcendit, regagna l'eau voimiCj d'où il tevint bien-
•»tôt A fi compagne demeurée immobile, p-ur faire fur fon dos une
ï» ^opération diffctente de la preihière. llfembla cette fois ne ia toucher
w que de fes quatre pattes : deux fôîs il s'aciia vivement pbur fécon-"
» der , fansMoute , les âufs dépofés dans leurs cellules ; cnfuite il lâcha
,» prife, & tous deux fe jettcrent dans l'eau avec une agilité , qui étoit
I) comme l'exprénion He leur fatisfàikion mutuelle «. Mon le^eur fent •
comme rtioi > tout ce oui manque A ce dirieux détail, qui cft affuré-
pienc bien plus propre a piquer la c^itiofité qu'A la Satisfaire. Je feroij;
'Jçm X/f , Paru IL 1773. DtCEMBRU, K tfc
414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
tenté de foupçonner, que lorfque le mâle fe renvcrfoic far fa femelle
dos contre dos, & qu'il fe donnoit des commoriuns, c'étoît ponr faite
pcnctrer les crofs dans les cellules. Je crois appercevoir encore dans le
trop court rcctt du Joarnalifte , que les (rtm ne font fécondes qu'i'
près qu'ils ont été tr:infpor:cs fur le dos Si pouffes dans les cellules.
Mais rObfervateur n'auroit il point vu le mâle les arrofer de fon fper-
me? Seba affure, fans néanmomsen donner aucune preuve, « que la.
M femencc du mâle s'infinue par certains pores à travers la peau olfeufe
>» du dos fie parvient ainfi dans les petites niarrices pour y fécondée
» les <rufs <*. Mais on fait que cet tcrivam éroit plus amateur quob-
feivateur , & le peu qu'il <lit du pipa eft bien vague, &çà fie là, inexaft
fie obfcac. Au teftc , il ne faut pas s'imaginer que la glaire dont tes
Œufi font environnes d leur furcie du ventre, foit un obftacle à la fé-
condation. M. Spallanzani a démontré pir des expétiences très-cnrieu-
fes,que te fperrae agit ï travers cette glaire dans les crapauds de nos
contrées , & ces expériences frint d'autant plus remarquables , qu'elles
prouvent en môme-tems que tes œufs du crapaud peuvent cire fécon-
des par art. J'en ai donné un précis dans mes Œuvres Tome lll,de
l'édition in-4'. page 440 , féconde note. Il faudroit tenter les mêmes
expériences fur les o:ufs du pipa : il y a lieu de préfumer que les rcful-
tats en feroient plus intérefuns encore.
Quel eft le rems où l'opercule fe forme ? comment fe forme t-it?
comment eftil appliqxié li proptcmcnt de ù exactement autour des
burds de la cellule ! on voit a(Iez que les "cellules doivent ctrc ouver-
tes lorfque les <rufs y pénètrent : la formation de l'opercule feroîc
"ne
■ironne
^épendroit-ellc d'un
prolongement en tout fens de l 'épidémie du dos ou de quelqu*autre
membrane voiHne i Si l'on pouvoir &'en rapporcer à ce que dit la-deffus
■l'Auteur de Y Explication ties Figura Jt i' Encyclopidie de Paris , la
quedion ferait décidée : il avance exprcffcmenii »> que les œufs ei>-
■■ foncés dans les cavités du dos , font recouverts par une membrane
» formée par l'épailîini^mcnt de la matière vifqueufe qui entoure le frai
» de ces animaux .• . Une chofe pourroit favorifer cette opinion ; c'eft
que nous n'avons apperçu ni à la vue Hmple ni avec le fecours des
verres aucun vailTeau qui ferpcutât dans tctte fine membrane : nous
n'y avons pas même apperi^u la moindre fibrille. Tour nous y a para
irés-anifotfne. Mais on fait que l'épidecme ne moocre ni viiiïeaux m
fibrilles.
Quel tcms s'écoule- t-il dcpiis la fécondation des œufs jufqu'au
moment où les petits crapauds commencent i cclone , ou plutôt i fe
SUR VttIST, NATURELLE ET LES ARTS, 4^5
ilévelopper } M. Fcrinin die ; *> que le quitre - vingt - aoiûcmc jour , a
pirle coujours d'après
cccxxvii, des Corjfs or^anrfés , Tome Ul , de mes Œuvres de l'cdi-.
lion //1-4*'.
Comment les pecic5 pipas fonc-ils alimentés dans leurs cellules ;cat
ils y prennenc un accruillemenc airez conlidcrable ? Nous avons vuci-
delîus qu'ils eii fortenr parfaitemcm bien formes, & qu'ils ont alors
au moins cinq i Cx lignes de longueur fur une groilcur propoicïonnce*
La peiice pprcion de ginire qui peut t-ire entrée dans la cellule au
momenc que le mâle y a fait pénétrer l'cenf , ne pacok pas fulfire 1
opérer un pareil accroilfcmenr. Il femble donc qu'il faille que les
petits crapauds reçoivent une certaine nourriture de la mère. Quelld
efl cette nourriture? Comment parvient-elle dans la cellule? Comment
pafle-t-elle enfuite dans le crapaud? Je ne formerai U-delfus aucune
conjeilure, parce que je n'ai rien obfervc dans notre pipa qui puille
fcpandre quelque jour iut ce^ t^uellions. J'ai fait remarquer plus liauc.
que les petits pipas ne font pomc adhérens à leurs cellules , & qu'ils
y fout Simplement loges comme dans des étuis , qu'ili» rempliireuc eu
entier j & que lorfqu'on les en retire, ils Ce montrent à nud avec tous
leurs membres i £c ne font revêtus d'aucun tégument.
Eïl-il certain, que dans l'animal vivant uu mort rccemuienr> on ne
puilTe découvrir aucune communication entre les cellules & Tintétieui
de l'abdomen ?
Les cellules font-elles abfolument ncceffaires aux premiers accroif-
femens des pipas , Se ne pourroient-ils fe développée jufqu* à on cct^
cain point fans ce fecours?
Le nombre de cellules rcpond-U à- peu-près i celui des œufs ? Se
nV a-c-il jamais qu'un feul œuf ou qu'un feul embrion daju chaque
[cellule? Qu'arriveroit-il s'il s'en cencomroit deux? Comment encore
l'y a-c-il qu'un feul embrion dans chaque cellule, car l'ouverture de
[celle-ci femble alTez grande pour admettre deux œufs ? Le mâle ne
[dcpofcroit-il jamais qu'un feul truf dans chaque cellule ? Je laifonne
[ici d'après l'obfervation de M. Fermin.
Le petit crapaud refpire-t-il tandis qu'il eft renfermé dans fa cellule?
|& s'il refpire, comment l'air extérieur communique-t-il dans l'intéiieut
^e la logeiic ?
Quel e(l en général le rems qui s'éc<nite depuis la foriie du crapaud
hors de fa cellule , iufqu'i celui où il atteint la grandeur propre i
l'efpèce.
Fourroic-on en bouchant par diâérens moyens l'ouverture des cellules^
J77J. DÉCEMBRE, K kk 1
Xî^ OBSEtirJTIONS SUR LA PnTSlQVS,
Tecarder plus ou moins la forcie ou tccfonoii des petits pip^s faiis îir^
trreffer leur vie 1 I.e pipa z , pour aiiilï dire , à mitre deux fois , & k
cet égard, il a quelque fcgère analogie avec X'oppoffunu 11 feroit curieux
<k lavoir jur^u'à quel point on poutroîc retardée la féconde naiHance
du prpa.
Quoique gous ayons tiché inutilement M. Spalfanzani & mot de
dccouvtif , s'il n'y avoir point quelque forte de régularité dans l,i dif-
rribucioii des cellules fur le dos de notre pipa . eft-il bien sûr ncao»
moins que cette diftribution ne re<.He rien de régulier ? Je noferoir
l'alTurer: combien de fois n^eft-il pas arrivé qu'un examen plus appro*
Ibndi a manifeftc de l'ordre ou ae b rceutarité dans des chofes oè
Von n'avoit appcrçu d'abord qu'irrégularité êc confulîon } Seba dit »
que les cellules , qu'il nomme des yeux , font fituées a pai-pth à è^alt
dijiance les unes des autres : cet Auteur n'y avoir pas apparemment
regardé de bien près. J'ai apperçu â cet é^ard bien des inégalirés dans
le pipa qui a fait le fujet de nres obfervations. j'ai vu des cdlulcs qut
£: tuucliuient prefquc , & j'en ai vu d'autres qui croient diflintes de
leurs voilines de pKis de deux lignes. On peut en juger par linfpe<5lion
de la âgute 6.
Je ne terminerai pM ce Mémoire fans faire remarquer , que mon
objet n'i point été de donner une defcription ex-ifte du /^a ■ je n'ai
voulu que conftjter l'exiftence de ces cellules ou de ces mirrices dor-
Éiles qu on avoir révoquée en douce , & contirnier ainfi ce que divers
Auteurs avoient avance fur la génération de ce fameux crapiud Sc fur
la manière rm^ilicre donc fes petits prennent leurs premiers accroif-
femens. Les mfferences quelliuns qu'il m'a donné lieu de propofer
ne fecoAt peuc-ccre pu iiHicilcs au perfe^ionnemenc de fon iuïboue.
SUR VHIST. NATÏ/RELIE ET LES ARTS. 4^7
MÉMOIRE
Sur la Crydallifation du Fer;
Par M. Pa2VM0Ts
Lit obrervAiions furies cryfliUifaclons mcrilliques ont completfe^
meiu conlirmé ce point de théorie a van -.c en 1771, par M de Mor-
Teiu dans fes digrellîuns acadcmicjues . p.ige 170 » » que le feu eft au*
M métaux pour leur ctyfl;.illtfation , ce que l'eau tH aux feU ». Ce fa-
vait Se laborieux Cliytuide eft celui qui :>*eft occupé davantage de
prouver Ton alfciiion en étendant fe> travaux Car les cryl^atliUtions
métalliques Ac fur celtes de pluHeurs deini-mécaux (1). 11 p^roitcepen-
d.int que l'on eft encore trop peu aran-c dans ce genre Je connoif-
iJiiKes pour qu'il ne foît pas trè:>-inl;ieirant de s'en occuper avec at-
tention y .tlin de-pouvoir aj^acec quelques ujuvclles ubfervauon> i cecte
partie de l'hilloire narurelle.
Des eHais de fonte de la for^e de CoicAnnoSy en Bretagne, près
Bellin-j-en-terre j m'ayaiK été envoyés aiîn de pouvoir coanoître il
cette fonte ne conienou que du fer pur, ces morceaux ouc mérite
toute mon attention \ d'autant plus qu'en les comparant, je croi5 r
avoir reconnu la gradation de la ctytV.tUifation décidée du fer. C'e/c
de cette cryllalliration dont je vais m'occuper dans ce Mémoire.
Afin de pouvoir y procéder avec quelque méthode, je crors devoir
prcfenter en abrégé ce que M- de Morveau & M. Gri^non ont écrie
fur cette matière. Us font les feuls dont nous puiflions citec les obfer-
vations.
M. Grignon a diftinguc deux efpèces de cryllalliOttions, celle de U
fjntc Se celle du fer. Il dit dans Ton Mémoire fur tes méMmorpho-*
fes du ferla) , page 71 , cjue >» U fonte grife dans fon degré dfepef-
H fedion donne une cryllillifation très-réi^ulière . chaque cryftal /t.inf
M diftindl & îfùlé ; que c'eft une efpcce de pyramide dont la bafe eft
t* un thombe , le long de chaque race de laquelle font appliquées h
(1) Jminul (te Pbylique , Novembre 177', 8c Féviicr X77g«
(l) Mcmatrcs de Pbyfit^ac , f/i-4°'.
l
4j8 • OBSERVATIONS SUR t PHYSIQUE^
>» angle droit , & continucmenc d'ancres pyramides donc la baCe e(l
>i égale au poinc d'incidence de ta pyramide pcincipale à laquelle ils
» fonr atcacnés ; & comme les diamètres diminuent fuLcertivement ^
» les pyramides du bas font plus grolTcs & plus longues, celles den-
« haut plus counes ^ plus délices , y ayant une jufte proportion entre
» le diamètre de la bafe & la longueur de la colonne , &c. &c.">
Cette defcriplion que M. Grienon a préfcnccc fous une forme un
eu variée, à la page 47<î />«, au mcmc ouvrage dans le Mcmoire
ur les cryÂallifations métalliques , ne convient qu'il i> ces arbrillëaux
•» reïTemblans i de petits fapins à branches quaternes oppofées , qui
» ( p3ge 71.] forment des amas de ces ccyftaux qui offrent a l'œil, aimé
>* dune loupe, le fpc^fbàclc d'une petite foret métallique <>. Dan> cette
féconde dcfcription, p.ige 47a bis , M. Grignon die , que » le ptemiec
« élément de chaque cryftal cft un rhombe qui eft furmontc en ligne
» perpendiculaire d'autres rhombes articulés qui vont toujours en dé-
11 croiflant jufqua former une pyramide à bafe chomboïdale a.
Tels font les cryflaux que M. Gtlgnon rcconnoït pour être ceux de
la fonce grife. Quant à ceux de la fonte blaticlic , M. Grignon leur
nllîgne la torme rhomboïdale , & il dit , p.ige 7 5 , que " lorfquc la fonre
»» refte long-tems en bain fous une couche de matière cipable d'emjièchec
M la perce de fes principes elïentiels la fonte pour- lors (a con-
» denfe en une matière compa^le, dure, brillante- argenté», cryft.illi-
«fée en rhombe exacdre , en cube, en parallélipipèdes, compofcs d'un
»» tiilii de couches appliquées les unes fur les autres qui fe rompent
ï» rhomboïdale ment •<, L'Auteur ajoute , que >> cette crvrtallifacion
>» ordinairement confufe , tient le milieu encre l'écar de fonte Se celui
w du fer : que c'cft proprement fon régule qui ell très-peu malléable «.
A la page ^76 i>b , M. Grignon dit, que le morceau qu'il décric
contient » deux cryftaux cubiques de régule de fer»; & ^ la page 477,
il ajoute, » je me fuis procuré des crytlaux de régule de fei qui func
■> des tétraèdres, ou des cubes, ou des parallélipipMes ».
De cette courte analyfe des obfervations de M. Grignon fur lescryf-
talliûtions fettugineufes , il s'enfuit qu'il admet la fonne dendrite
compofée de rhombes articulés, oour la cryflaltifation de lafonte grifc;
la forme rhomboïdale pour celle de la fonte bl.tnchc ; 5c que les
cryilaux du icgule n'ont aucune forme fixement déterminée puifqu'ïls
font ou rhombes exaëdres , ou tccracdrcs , ou cubes ^ ou paiallclipi-
pèdes.
M. de Morveau,fuis diftinguer les cryftnux de fonte de ceux du
régule, ne s'cll occupe que des derniers; Con principal but ctuit do
découvrir un moyen d'en obtenir i volonté aHn de pouvoir prouvet
fa théorie» San« avoir afiîgnc les formes propres dç ces çryftim , il
SUR VniST. NATURELLE ET LES ARTS. 459
»*eft contente de dcfigner(i) ce qae fon culot lui a offert par Jes
tt^nes entrecoupée rip.tt^Tzmeni cn-umc un: kucf'urt : ^ néanmoins il
avoit cité ï'obrecvation de Zaniwhcllus, dans Swcmbour;» » que le fer
■> fondu Se refroidi montre de petites particules pyramidales à cjuaire
» c&tés ".
M. le Baron de Dietrii'îi a employé les mêmes exprcffions de M.
6e Morveau, 8c îl penfe que cetie crylUlUfation conCfte dans une
applicarioii de laines les unes fur les .iutres(i\
D'après cet exp 'fc je vais décrire les formes de cryflalliGitions des diffc-
reus morceaux que j'ai.
i*. La crvfValiifation principale, c'eft-à-dire, la plus générale, la
plus mulripliée Sc celle qui préfente en mcme-tcms une plus grande
réunion de cryft-iux . montre au premier afpeÛ une multitude de filets ,
fîtucs en tout fens , compofcs de petits corps globuleux , tous implantés
les uns fiTT les autres y terminés pir un folide pjreil plus détaché de la
file , plus élancé Se qui offre cmrôt une pointe très-aiguë, Se laïuôt une
pointe un peu monde & arrondie.
i". En confidéranc dans les cavités , on remarque des petites pyra-
mides trèsélancées formées pir une pyramide principile , garnie du
bas en-haut de petits corps pyramidaux implantés latcralemeut & per-
pendiculairement i la pyramide principale. L'enfemble repréfente à.
merveille uti petit if caillé pyramidalement. Ccft en petit les fapins de
M. Grignoiu
\ "', Lorfque la cavité eft un peu dégagée , on y découvre ces ifs plus
élances , plus proportionnés, il parfaitement bien conformés > que M.
Grignon a eu railon de les nommer Jes Japins. Ils font géiicralemenc
à branches quateines oppofces, quelquefois à crois branches feulement,
& il y en a en affez grande quantité les uns i côté des autres , pour
pouvoir dire qu'ils offrent réellement la vue d'une paltt forêt mltalli-
qui. Dans ceux que mes morceaux m'ont offerts, j'ai vu que la tige
eft d'un feul jet aultî-bien que les branches , & je n'ai poinr appcrçu
que la tige principale fut compofce de corps articulés, ni que les oran-
cnes latérales portaflent d'autres fur-branches,
4". Dans d'autres cavités moins vuides, l'on obfecve une autre forme
plus grolTe U dont il eft plus aifc de diftinguer l'enfemble. On y voie
très diftînftement une efpèce de végétation compofce d'une tige prin-
cipale articulée dans fon fommet , i laquelle font implantés fatcrale-
meut Bc perpendiculairement des rameaux également articulés , qui
(1) Journal de Pbyfiqac , Tome VHI , page j 50,
(l) Jouioal de PhyU^ae , Tome XI , Mai 1778^ pagci 4I7 & ^is.
'440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
comme une branche portent à leur tour, fur leurs cotes, des corps clxn-
césc]ui les eatnillcnt dsns toute leur Iont;ucur, comme des teui lies laté-
rales qui leroienc perpendiculaires à leur tige. Souvent ces bran.hes
ne font compofces que d'un feul corps élance, fans qu'il porte d'au-
rres corps fur fes côtés} tous ces corps que je compare i des brant-hes
èc i des feuilles, p.iroillenc fe terminer en pointe , mais vus avec \\
plus grande atetntion , on découvre qu'ils font prefqiie tous termines
par une forme convexe, & les articulations paroillem formées de corpi
globuleux.
j". Enfin, dans la cryfVaUiration principale du numéro premier , l'on
découvre pat-tout des groupes foluaires , élancés de la malle cryftalli'
fée , compofés de corps anguleux qui furmcnt une fuite d'artiiula-
tions , donc le corps le plus élancé, montre didindleraeiu un fommec
en pointe Se des angles fur les côtés. Cette cinquicinj obfervacioti
lentre jufqu'ici dans la ptemîcre. Ce qui va cependant la diffl'rem ier
c'cft que le dernier corps, qui montre l'angle de fon fummct , offre
des faces pyramidales diflincles , & prcfence un cétracdre exaâ. VoiU
]a confirmation de lobfervation de Zanichellus : mais en continuanc
d'obferver avec attention , on apperi^OÎt de plus , que plulieurs de ces
tctracdtes font a(Tez détaches cle leur tige piïncipale , pour laifTer ap-
percevoît un autre léiratfdre oppofc an premier par fa bafe & adhérent
au groupe par fa pointe inféiieure. Voilà alors la formç cryftalline
complette & décidée oêîsiJrt,
De ces cinq efpéccs différente* de forme de cryflalUfacion , il n*y a
que la dernière qui foit la feule vtaie & exaâe. La première & \%
quatrième me paroiffenc être de ces cryftauVochpdres dont lesajigles
n'ont pu être formés a caufe de la trop grandt>aâi/ité du feu , ou qui
après avoir été fotmés ont ^cé émoufies par ta continuité de Uqui^
fadion. Les ifs & les fapins me patoilTent n'circ qu'une forme appco-
cliée decrydallifation, d'autajit plus que les fummet^ des br.-)n>-h^^ laté-
rales font , pour U plus grande partie , tous arrondis & ne fe tçrminenc
point eu pointe aiguë comme M* Grignon les a fait deffmer ^
graver.
Jç remarquerai que toui ces cryflaux jouifTent parfaitement bien de
_. I i^ii i.lxr. - _.:i_ /■_ :__Li__ î i. : _ ._
qu'i
& conféquemment qu'ils font tous cryftau» dç régule, piïifquiU en
jéuniffent tous les caraÀèrcs.
En faifant quelques réflexions fur ces cryUntlifations , on cft nani-
rellement conduit i tes comparer avec celles de l'aigent, commues fous
Je nom d'argent vierge en vfgéfaiion. Tous les cryftaux ne poroiffene pas
(l'abord parfaitement décidés dans cçt^c derf^cre. 11 n'y a que celui da
ibnimec
SUR VnrST. NATURELIE et les arts. 40'
fommec de chaque nmeau qui , lorfqu'il eft un peu gros , lailfe voie
dîRtnétenicuc qu'il eil oâacdre comptcc : & âpres avoir obfcrvc etiruite
acceniivemcnc, on remarque que chaque curps qui forme les articu-
lations dus br-iutlies eft un oitactirc apptnci , comme ceux de l'nUin,
La Teule dillcrence qui fe trouve entre cerre cTyrt^iHifacion de l'atgent
& celle du 1er que je viens de décrire , c'tft que les corps articulés de
cette dernière (ont tous globuleux , rindis que ceux m l'argent font
tous anguleux. Mais cette différence ne doit point arrêter tout Obfer-
vateur éclairé. La cryftallifation de l'argent ù tait tranquillement dans
Jes entrailles de la terre , pat l'attion d'une chuleur douce. Celle du
fer érint hite au centre du feu , il n'eft pas étonnant que l'aAivitc de
cet élément aie mutilé les angles des rryftnux du fer ou tes aitempêclic
de fe produite , comme j'e viens de le dire plus haut.
Jt faut donc conclure que la forme exa^e de la cryflallifarion du
•fer en rci;ule cil l'odiacdre.
Il eft bon d obfcrver que cette crydallificion du r'gule , du fer eft
■ en parfaite an.ilogie avec celle de fa mine quand elle eft régulière. Tout
le monde connoir cette mine de l'Ifle de Corfe , atcirable à l'aimant,
diiféminée dans un fchifte gris & qui eft oéticdre. La mine du ruilTeau
d'Efpaiilv, prés du Puy> en Velay, avec laquelle on trouve des hya-
■cintcs , des fApliirs, des grenats , des cryfolires , Bec. eft encore ocfcacdre,
rXa mine fpécuîaire du Mont Dor , en Auvergne , quoiqu'on ne la
trouve prefque qu'en lames trcs-polies, & très- rcfplencfilTanteSj qui af-
fecîlent une forme cxagone à bords en bifeau, eft cependant odiacdre
quand les cryllaux ont pu fe former régulicremenr. Je puis en fournie
la preuve p^r des morceaux que j'ai. Enfin y les pyrites martiales qui
par leur décompofition naturelle , foit dans l'eau , foit dans la terre
lumidc , deviennent mines de fer ^ cryftallifcnt encore en oâacdre : &
ipuifque les principes métallilans affectent cette forme régulière drns la
mine» ils doivent la conferver quand ils palTcnt i 1 état de régule.
Je m'attends que l'on objcaera que les pyrites ne cryftallifenr pas
feulement en oâacdre, & que rien n'eft plus commun que les pyrites
cubiques Se do^^dëdres. Mais je répondrai , d'après les principes de
la favantc cryftaTlographie de M. Rome Delifle, que le cube & le
<îodécacdrfr ne font que i'oilacdre donc la -forme eft modifiée par acci-
'denr.
De ce que je viens de dite , il me paroîr fuivre'nftturellement que
le culot de fer dont M. de Motveau a fait graver la figure dans le
Journal de Phyfique, Tome Vlll , planche 1, l])»ure i , ne préfcnre au
firemier coup-d'cril que de£ indications de crynallifation ; que vu d
a loupe, ainfi qu'il eft gravé à la figure i, il offre une crylVilHfa-
lion plus marquée qui approche de celle que j'ai décrite, numéros i
tomt Kiy» Part, IL 1775. DÈCEMBUE. L 11
441 OBSERFATIONS SUR LA PffTSIQUE,
Zc 4, mais qui cft encore trop confufe & trop peu décidée pour que
l'on doive la regarder comme une vraie & cxaftc cryftaHifatiuii. Il
faut cependant convenir , & ccÛ une juflice à rendre à M. de Moc-
veau , c^uc les crytlallifacions de Ces culors , ainfî que les cinq varincions
que j'ai décrites, font des effets rout-à fa.it compUts , effets de mcnic
efpéce & d'une mcme catiTe , mais dans des circonftances plus ou moins
favorables U }^ l'exacte crydalUration.
*I1 me patoît rcfulcer en fécond lieu , que M. Grignon n'auroic pas
dû diflinguer les cryflaux de fonte de ceux du régule , puifque cous
ceux que j'ai & qui foiic très- analogues à ceux de M. Grignon, font
réeulc.Mais il convient d'examiner ici, s'il y auroit une forme de crytlal-
lilàtion difTcrente pour le régule ou pour la fonte.
Après avoir prouve que l'exadte cryftallifation du régule cil l'oâac-
dre , on pourrou penfer qu'à raifon du principe mincralifatcur & des
matières hétérogènes que la fonte peut contenir en plus ou moins
grande auanticc , elle pourroic peut-ctrc affecter une forme de cryftal-
lifation diffcrenie de celle du rcgule. Cependant , il me parou certain
que l'exacte cryflallifation de la t^onte doit erre, comme celle du ré-
gule, au moins un odacdre. Je puis en doanet une preuve dcmonf-
trarive par des morceaux qui viennent des Forges d'acier de Rives , en
Dauphiné , 6c qui m'ont été donnés par M. Faujas de Saint-l'ond ,
connu pat fon magnïtique Ouvrage fur les Volcans éteints du Velay
& du Vivarais. On y recoiuioit aifément une fonte , cryllallifce à la
vérité, mais de très-mauvaife qualité , peu attirable à l'aimant , qui
eft moins une vraie fonce qu'un récrémcnc de forge , à caufe des par-
ties hcictogcnes du laiciet intimement mclces & confondues avec le
métal -y mais comme cette mauvaife fonte eft toute chargée de
' crylbux , Ci on les examine pour en reconnoîtte la forme , on voie fans
peine qu'ils font tous ocbcdres j les uns parfaits. Se les autres plus ou
moins réguliers.
M. Grignon a fait encore mention d'une crjftalliCition du fer , en
parlant des portions du métal qui coulenc par le chta du fourneau flc
de celles qui s'échappent lorfque la chaude crcveUous le marteau , &
que les Ouvriers appellent ^mmiilons» 11 die , page 8o , que •> ces cryC-
*> taux de fer fonc rarement bien réguliers , parce que le feu qui leur
a> donne nailfancc les foudu enfemble , mutile leurs angles.... & que
M les plus réguliers lui ont paru erre des polygones hexaèdres formés de
p philieurs rhomboïdaux unis par kur grande face «.
\i) Journal Je Phylîguc » Icvricr 1775,
SUR VHIST. NATUREllE ET LES JRIS. 44,
La forge de Coac-Annos m*a fourni des morceaux de cette cfpcce
qui ont éxc trouvés dans des crous du fourneau. C'eft du régule fore
cpurif , ttcs-atrirable k raimanc,tcès-mallcable, & qui jouit de tout Icclac
méraJIique. Ces morceaux font exa^ement formés d'un aHèmblage de
cryllaux foudés enicmblc pat l'adtiou trop vive du feu: m.iis en obfet-
▼anc leur forme atîn de pouvoir La déterminer prccifcmem , l'on re-
connoit que ce n'eft qu'un alfemblage de cubes irrcgulicrs , parmi lef-
quels on en trouve qui font exactement conformés. Je crois d'auunc
moins me tromper dans cette allèrtion , que je puis montrer un de
ces morceaux dans lequel on voie trois cryftaux cubiques trcs-pronon-
ccs; deux font à coté l'un de l'autre. lU font élancés & décidés très-
neTtemcnc. Us ont environ une demi-ligne de gcolfeur, & il ne faut
point de loupe pour les reconnoiire. Le troilième cube, voilin des
deux autres» ell engage dans la maÏÏe de laquelle il ne fort qu'au
tiers. J'.ii fait voir cc^ crydaux d plullcurs favans mlnéralogiftes àc bons
obfervatcurs , entt'atitres à M. DeliHe dont la décirioii cryllallographi-
que cd du plus grand poids; & ces cubes tièi-décidés lui ont fait grand
plaiïîr.
Je n'ai point omis de citer que M. Grignon a dit, page 47^ bis ^
que Ton morceau de fonte griïe contient i> deux cryllaux cubiques
»t de régule de fer". Ainfi voilà cette forme crvftalline ircs-dccidcc par
le morceau de M. Grignon, aiulï que par les miens.
Il me refte i conclure en dernier lieu, que l'exadle cryfblUration
du fer, foit en mine, foit en fonte» foit en régule, eft dchnitivemenc
l'oéVacdre ou le cube qui ne font qu'une même forme idcûcique feu-
lement modifiée, mais invcrfe l'une de l'autre (1),
Je terminerai cet article pat trois obfcrvations.
La première , c'eft que ces cryftaux étant un vériratle régule , ainfî
que je l'ai die, il faut en conclure que la dudilité du fer vient du
rapprochement de fes parties intégrantes fait parle feu; que la maU
Ication ne fert qu'à purger le fer des parties hétérogènes qui , t^ns la
fonte, fépareut fes molccules métalliques, & qu'alors le matte.iu ne
fait que perfe^ionner la duâilitc. De plus j les ditfércns morceaux
que j'ai, montrent aHcz l'ackion du cifeau qui les a entames & qui prouve
une duâiilîtc qui n'a pu venir de la malléation.
La fccunde obfi^rvation , c'cll qu'en frappant ces morceaux fur un
papier» il s'en décache une abondante quantité d'une poudre noiro
crès-fine, provenante de Tenduit ou première couche qui recouvre la
(1^ CryfUllographic de M. Roni<£ Dcliflc : le cube a < fjccs & S aagics. L'oAa*:<Jre
a S faces £c 6 aitgics,
1773. DÉCEMBRE. LU 4
OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ^
fuperficiefupcneure& inférieure du métal. Cette poudre noire étant trcs-
attitable à. l'aim.int eft un véritable éthiops martiAl.
La croifième obfervâiion, c'eft que le printipal morceau que j'ai
décrit n". t. coniicnc dans fcs cavités , des globules de cette chaux
métallique & Coycufe que M. Grignon a nommée amianthe de fer.
Après ces oblcrvations, je crois devoir en ajouter quelques autres
fur ta ctyllallifation en général, ainlî que fur quelques cryUalliiàcions
métalliques & rcini-métalliques.
Il paroir que l'on nç peut pas admettre pour cryftallifntioni vraies Se
décidées, celles qm Je montrent à la furlâce des fublUnccs métalli-
ques , & que ce ne peut ttre que dans les cavités ou dans l'intérieur
que fe trouvera Texaûe cryftallifatioii. Les furfaces extérieures ne pré-
ientent prcfque toujours que des ramifications qui ne iont que des
ébauches de cryftallirarions. Si pat le terme cryjialiijktioa ['on ne veut
entendre qiTune forme déterminée quelconque , alors tout nidimenc
quelconque fera crylLilliracion, S< toute molécule quelconque feracryf-
ul : mais le terme de cryl^allifation emportant avec lui l'idée nécef-
iaire d'un folide conformé à l'extérieur légulicrement par des angles
it des faces, Ce avec cette fvmmétrie régulière dt cryftal mr laquelle l'on
n'a aucune ambiguïté , il faut donc que la cryftallifation foit une for-
me téguHctement fymmétriquc & comprife extérieurement pir des
faces Se des angles. Tel cik le grand or>irc, ou grand principe de la
nature, qui, à quelques exceptions près qui font des modifications ,
produit toujours les cryllaux fous une mcme Hgurc folide, régulière Sc
uniforme à l'excérieuc.
De-là , il fuit que route forme dcndrite ne peut être une cryllalliTa'
EÎon , & conféquemment , que tout crydal qui a des angles renirans
n'eft point un fîul cryftal , mais un groupe de cryftsux : c'eft un fé-
cond ordre ou fécond principe di; la nature véritié par des obferva-
lions (i conftanres qu'il eft impoftible de ne pa^ l'admettre.
: Cet deux principes conduifenc nacuretlcmcnc a conclure d'abord ,
ue les figures extérieures ne doivent rien décider quand les formes
es folides ne font point exaâement prononcées. En fécond lieu, que
la vraie cryftallifation ditfére trcs-réeltemenc alors de la camitication
extérieure, A: que car confcquenc l'étoile fupethcielle de l'antimoine,
ainli que les ramibcations extérieures de létain , du plomb, du bif-
muth} de l'arfenicj&c. ne font point des cryftallifations , mais feu-
iemeuc des clémens de cryftalliiàtion. Je puis eu joindre ici la preuve
fuivance.
te culoc de plomb donc M. de Morveau a public la figure dans le
Journ^il de Phyfique(i), n'offre que deJ lincaniens avec quelques ctoi-
l
(!) Février i77y,Pl.I, fig. to.
SUR VniST. NJTUREllE £T LES ARTS, 445
Icî A fix branches. U ne m'eft pis difficile de reconnoîirc quecertecon-
fic;ur.icion excciicure montre une face de gronppes d'odk.\cdres , puce
que j'ai un morceau de plomb que j'.ii obtenu cryUallifc en le couUnc
au coin de ma cheminée > & qui prcfente dans (a cavité des offlacdres
ircs-confotmcs ,avec des grouppes compofcs d odVacdres applaris, placés
les uns fut les sucres. Mais aaucres culors du mcme plontb & coules
en même-tëins , n'offrent à leur furface qu'une ramification qui diffèie
de ma ccydallifaciuii ituérieure & de l'extéiieure du culoc de M. de
Morvcau. A en juger par ces culors, on prononceroit ouc la crydilli-
faiion du plomb elt une ccoile X qu.itrc brin:hcs ramifiées en fougère;
& cepcndanc , il ed certain que fa vraia<ry(lalltfa[ion cO: roii^iëdre ,
comme je l'ai obcenu, ou bien le cubc^âc il eft très-vrai que les ramifi-
cations extcrieutes ne peuvent rien indiquer au fujct de l'o^acdre ou
du cube y (\ ce n'cfl par inducttua & en taifant coinparaifon de la dif-
polition des Itacamens extérieurs avec des morceaux cryftallifés rrès-
diAînélemenc.
J'étendrai cette preuve par l'examen de l'inrérieur d'une pyrice(ï),
qui préfente parfjitcmenc Uien à l'extérieur la cryftalliGtion oâ:,icdre.
Cette pyrite, »yanc été tranchée à-pcu-près dans la ligne des deux poin-
tes des ocbcdres , l'intérieur montre des figures dendrites formées
par des efpcces de branches qui partent preftiue perpendiculairemenc
àss rayons pyriteux qui font le rameau principal. Or ces dendrites ne
peuvent rien indiquer relativement d 1 oâacdre qui ell la cryfbllifatioii
décidée ; &c cette ramification n ell formée que par des linéamcns
defqueU on ne peut rien conclure. Mais voici encore une preuve de
plus dans une autre efpcce métallique.
Le bifmuth offie à fa futfâcc extérieure une forme ctoilce qui n*în-
dique rîcn. Mais la vr.iie cryflallifaiion de ce demi-métal efl encore
l'odLicdre ou le cube. M. Btongniart , Déni ond rat eut de Chymie au
Jardin Royal des Plantes, vient de cryllallifcc cette fubdance femi-
métallique. Il a obtenu des cubes trc&-exa<itement conformes. U en fera
de même de l'étain. Le zinc & l'antimoine cryftal h feront de m&me»
ainfi que toutes les fubftances métalliques , ou bien en oâacdres qui ,
comme je r.ii obfervé , ne font rien à la forme cryllalliuef puifque
cube , ocl^fcare & même tlodècaêdrt ne font que la même forme avec
des modifications accidentelles.
Paris , Juillu 1779.
PASUMOT, Ingénieur du Roi.
(i) Cette pyiitc vient de Condat au pied des Pywéuécs où on en trouve beaucoup.
Elles font engagées ilans une pierre crayeufc , & elles font toutes cryftaUifécs en oc-
taïidics avec tjucl^ucs formes cubiques.
44* ODSnnyATIONS SUR LA PHYSIQUE,
EXAMEN CHYMIQUE
DE DIFFÉRENTES P I E R R E S.
QUATRIÈME PARTIE.
Contcnatu celui du Porphyre , de l'Ophite , du Granit &
autres Pierres de la CUflc des Vitrcfcibks Mixtes.
Par M, Bat EN,
J-jA pierre vîttefcible qu'on défigiie aufTÎ fous le nom de filex dm
de pierre à fuGl , fe préwmc fous diverfes formes \ fes couleurs ne
font pas moins variées que celles des marbres calcaires ; elle efl taritôC
plus , cancôc moins cranfpareDCe ; quelquefois même elle ell opaque. Ici ,
elle cft en cryftaux réguliers , U , en malTcs informes ; fouvcnt on la
rencontre en baucs continus , mais fouvcnt aulli on la trouve au mi-
lieu de pierres calcaires 8c argilleufes en blocs ifolés. Que de va-
tîétés dans fa contcxtuce ! Tantôr elle forme des bancs d'une crcn-
due immenfe de ^rcs ou pierres de fable de diverfes efpèces , tantôt
des bancs de granits qui diff^renc les uns des antres par la couleur,
par la groHeur , par la cohérence $<. quelquefois m^me par ta nature
des grams qui les compofent ■, enfin , U pierre vitrefcible eft fouvent
mélangée, je ditois prefque, combinée avec les pierres calcaires ÔC
argilleufes en des proportions qui la rendent méconnoilTàble.
Cette partie de la Lithologie eft donc irès-écendue, & les moyens
employés Jufquici pour connoître les pierres font trop incertains
pour ofer fe promettre d'en donner des catalogues raifomiés Se ex.idh ;
il nous manque trop de faits, & pou^ tout dire en un mot, la Chy-
mie cft bien éloignée davoir rempli fur cet objet la tâche qui lui cft
naturellement impofce.
Pott, en publiant fa Lithogéognofie , rendit fans doute un grand
fervice à l'Art \ ce célèbre Chymifte en cxpofant à Paâion d'un feu
violent, un grand nombre de pierres, nous fit connoître celles qui
fe fondoient Se celles qui ne fe fondoient pas : il alla plus loin , Se
ce fut une vccitable découverte. Il uous ^pric que des pierres > qui
traitées fépacément , n'enctoicnc point eu mfiou» fe fondoient pour-
tant Avec facilité , l^fque réunies , il les expofoit au feu de fou fout'.
neau.
SUR l'ffiST. NATURELLE ET LES ARTS. 447
Oete
fins cont
elle nous a tau decouvric nas raies intcreiians , ce n cic qu<
I2 nature, lorfqu'irritce & pouc ainfi dire en convulfion , elle opcre par
Uvoie des volcans.
Qu cft-ce , en effet , que cetce rivière de feu qui découle des bou-
ches du vcfuve ? Qu'eft-ce que cette matière auirefois fondue qu'on
— — i- , . — ___._. j _.. ^ , ^_. .-_ __._.___ —
mois. Ellayons toutefois de nous inUcuice en imiianc la nature même
dans ce que nous prenons pouc Tes écarts^ expofons au feu une de ces
pierres qui entrent en fiinon fans intermède , par exemple , du por-
phyre . ou de l'ophite \ qu'obtenons- nous? Une fubftance vitriforme ,
une force de laitier qui imite à bien des égards la lave des volcans j
mais la fonte dans un creufct n'étant pas même un commencement
d'analyfe , le porphyre & l'ophite n*en font pas pour cela mieux con-
nus ^ 6c dans l'imponîbitite de leur alTignet la place qu'ils doivent
occuper en Lirholocie > le Naturaliste eft toujours en droit d'exiger des
Chymifles de lui aire ce que c'ell que le porpbyie, ce que c'ed que
l'ophire.
Je vais ertàyer de répondre à cette quellion , & pont y parvenir je
m'appuyerai fiu: des expériences analytiques qui , réunies à celles que
j'ai publiées fur les marbres , ferviront peuc-crre à augmenter le jour
déjà répandu fur la Liihogiogno/u ^ par Poit ,6c par ceux des Chymif-
ces qui ont fuivi fa Médiodc
EXPÉRIENCES
Faites fur U Porphyre antique rouge ^entnmélê de petits cryjlaux Bia/t^ (i}.
On a dit avec raifon que le porphyre & lophire étoient des pierres
faCbles par elles*mcines(j}, & ailez dures pouc donner des étincelles
(1) Quoique Ton célcbrc Auteur aie prétendu que le tncUIeut de tons les analyses
jtoit le feu.
(1) Ce porphyre vcnoic ics ruines de l'aocicn Autun,
(0 De toutes le« Sciences, la Chytnie cfl , (ans contredit, celle qui a la oo-
mcntUture la moins eiadlc. Ses ex^rcltiont font prcfque iCMitcs équivoques. On en-
tend tous I» jouts confondre la Tktcfcibilicé avec I2 fufîbilir^ ; Ia àiffircn^t eft
cependant tré«-^rjndc. Les pierres vittcfciblcs ou vitiiBablcs Tooi infulîblcs par elles-
nèmcs , mail joidecs aux tels alkalis Se eux duux de plomb , elle Te foudcut ic
fotmcat Aocic beau vcric , noue beau ciyllal. Les picixcs juiJbks foot (cIUs qù
44? OBSEUf^ÂTlONS SUR LA^ PJÎYSIQVE ,
quand on lc5 ftappoit avec le briquet; nuisons'cft trompe lotfqu'on
a ajouié qu'elles rcûrtoiciu i l'aclioii Hcs acides.
A U vérité , Û , comme il n'efl. que trop ordinaire , on fe rontcnce
de jctter quelques gouttes d'eau - Forte lut l'une ou l'sucrc de ces
pierres, on n'apperçoît point d'elTervercence ; mais d'aprci une expé-
rience aurtî icgcrement faite, peut-on conclure qu'elles réliftent aux
acides ? Non , fans douce \ car fi on mec dans un matras quatre ou
cinq gros de porphyre concalFc ou pulvcTifé ^ & qu'on verfe delîus
i-peu-près autnnr d'acide nicreux de moyenne force > on obtiendra
après cinq ou fix mois de digeftion fiite i froid» une liqueur (aturée,
qui aura la propriété de teindre en noir l'infulion de galle, & donc
1 alkali fixe précipitera du fer , de la terre calcaire , de la terre alumi-
neufe , & de cette autre terre qui fetc de bafe au fel de Sedlitz. EnHa
le porphyre employé aura perdu à-peu-prcs le huitième de Ton poids.
Niais II on veut fe procurer d'une manière bien marquée les produits
^onc je viens de parler, c'dl à la vittiolifation qu'il faut avoir iccouisj
en voici un exemple:
Que l'on pulvcrifc grofllîcrement une certaine quanrité de porphyre,
qu'on le mette dans une capfule de verre , &: qu'on l'arrofe d'acide
vicriolique (i) j on verra en moins d'ua mois les petits fragmens fe
couvrir d'efflorefcences : dès qu'on s'apperçoic que l'acide n'y domine
pas , ou les enlevé par un lavage fait avec l'eau dilhllée , Se fut le
champ on réitère l'acrofement d'acide vicriolique; oh conrinuc la tnf-
jne mantcuvre jufqu'à ce qu'on ait des preuves que le dillblvant celle de
irouver dans la pierre des fubïlanccs auxquelles il peut s'unir , & oa
f)rocéde alors i la crytUUifacion des difl'crens fcis contenus dans U
iqueur qu'on a eu foin de mâcire en rcfcrve.
Ayant traité ainïî deux onces de porphyre , j'en ai retiré:
1^. 1 Grains environ, de fer fous la forme d'ochre.
»*. Il Grains de fcicnite gypfeufe.
j*'. 1 Gros 15 grains de Sel de Sedlitz.
4**. 1 Gros 3 grains d'alun.
5*. tf Graiiis de vitriol martial.
€''. \i e(l relié un peu d'eau mère vittioLique.
Les deux onces de porphyre employées , fe font trouvées réduites i
n'exigent point d'intermcJe pour entrer en fonte; elles foTmcnt alors un laitier, une
fcone qui n'a jamais le diapnaac , le triafpatcnt davcirc. avec Ictjucl on ne doit
iaxnais confondre une pareille matiètc.
(1) En vctGni cet acide fur du porphyre d'Aatun , il s'en cft élevé fur-te-cbamp
une odeur de foie de foufrc qui n'avoir ccpcndiDi pas li ptoptiét^ de aoicir l'argcnc.
Je ne fais fi'tout porpUyre donncroii une pjieilic moAcite , je n'avois pas de por-
'f^ytc d'Italie, je a'u pu confUtcr U panri ou la diâcccue.
SUR VHIST. NATVREllE ET LES \4RTS. 449
me once fix gros vingc-quacie grains , enforce qu'elles avoienc foiinû
m gros 4S gcaitis de oifferentes fubdances qui , combinées avec l'acide
bricriolique, om formé les Tels donc je viens de faire rénumcracion ,
& qui , comme on le faic, prennent tous , à l'exception de la fclénite»
la moitié de leur poids d'eau de crydallifation j or. Il nous retranchoni
encore de chacun de ces fels , confidcrcs dans nn ccar de defliccacion
patfaice, la moitié de leur poids pour l'acide virriolique encré dr.ns leur
compoliriun , nous aurons a crcs-peu de chofe près, la quanricc déterres
refpedlives qui ont concouru A les former.
Quant à la fubflance infoluble , c'eft un mcbngc de pierre vitref-
cible , & de pierre argilieufe dont les proportions ne peuvent erre
lictccminces i tout ce qu'on peut dire , c eft que la pierre vicrefcible ,
ou filiceufe y domine , Se que c'efl à la quantité furabondante de
cette dernière qu'on doit rapporter la dureté du porphyre & de l'ophite ,
dont l'e vais parler dans un inftant ( 1}.
Il eft également impolTible de déterminer la quantité de fer con-
tenu dans le porphyre. Ce métal y étant fous la forme de cliaux info-
luble, la Chymie fe trouve encore ici en défiut, car je doute, qu'en
traitant cette pierre avec le fel ammoniac, on puiffe , au moyen de la
fublimation , en extraire couc te fer qui la colore en rouge.
J'ai cru devoir traiter aufli deux onces de ce porphyre dans un vaif-
feau diftillacoire & pneumatique : il ne s'en eil point dé);agc d'air ,
mais il a paJlé dix i douze gouttes d'eau dans le cécipicnc
MÊMES EXPÉRIENCES,
Répétées fur l'Oph'tte antique*
AyAnt mis dans un marras cinq gros de cerce pierre concaflce, &
autant d'acide ntcrenx foible, il ne parut aucune effervefcence ^ mais
après un mois de digeftton faite à froid , on pouvoir s'appercevoir que
l'acide avoir déji commencé à agir , & après un an révolu, il fe trouva
prefque fituré ; j'en précipitai alors de la terre calcaire , de la terre
alumineufe &c du fer , mais il ne me fur pas pofliblc d'y découvrir
p.ir ce procédé h terre qui fcrt de bafe au fel de fedlitz. Les cinq gros
d'onhiie étoient réduits à quatre gros, onze grains, & fa couleur vcite
avoïc difparu.
(1) Je préfume que le ficc concourt aiiffi i donocr de U diucii à cette pierre,
ainfi oii'i beaucoup d'auties , lorf^u'il entre dans leur compofiiijn en pcitc quantité.
On fait qa'il cft employé dans Ici ciincns j 3£ l'expérience piouve qui!» en devien-
nent plus d>irs, ou ce qui cfl h même diofe, que leurs parties acquiéicui CQii'cllcs
plus de cohéJion.
Tome Xir, Part, II. 1779, DÉCEMBRE, M m m
,4Jo X>B.SF.B.r.4r!0NS SVK LA PHTSÎQVt,
Ayant aurti traite par l'acide vicrioUqae dl<F<ircns morceaux d'ophire,
les produits om été les mêmes-, ces éLhantilloni donc les uns avoiem
été apportés dltilie, les atitreî d'Autim , étoieiu d'ailleurs (\ cetrem-
blans p.ir toutes leurs qualités exréticures , que je les «oi* originaire-
ment fortis de U même carrière.
Une onire de ces pierres foumife i la vitriolifation a donné :
ï*. s Grains environ de fer fous la forme d'ochre.
Ji". Un peu de {cIcniTc,
j". 1 Gros 5^ grains d'alun.
é^. 6j Grains de viiiiol martial.
5", 4 ou î Grains de fel de fediitz.
U eft refté un peu d'eau-mire vicriolique. Enfin» l'once dophite em-
ployée avuit perdu 1 gros i) grains de fou poids.
MÊMES EXPÉRIENCES,
Faitts fur une forte de GraniulU verd de U J^allh £Âfpt^ dans Us
PyrMtti*
Ht
M. l'Abbé de Palb
un zcle peu commun
nées, me remit, dans le coûtant de l'année lyyj.un morceau <l*a ne
pierre ciu'il foupconnoit être leTr.ipp des Suédois : deux Chymiftes de
réputation , i qui il avoit demande des cclaitciifemens fnr cette même
pierre» l'avoient l'un & l'autre traitée fuivant la Méthode de Porc,
& cl l'aide d'un feu vif, ils étoient parvenus à la faire encrer en fii-
fion fans aucun intermède.
Cette pierre qui eft fbtt dure, fiiit feu avec le briquet. Ce Iorfqn*on
lui a donné le beau poli dont elle eft fufceptible , elle préfente deux
couleurs, l'une d'un verd clair, l'autre d'un verd obfcur.
Ces qualités me la firent regarder d'abord comme un ophicc, dont
en effet elle ne diffère point elTentietlement, puifqu'en ayant fournis
deux onces à la vitriolifarion , oui s'opcteplus vite que celle de l'ophite
anciquc, il en a été retiré de la fclénite, de l'alun , du vitriol martial,
& du fel de fcdlitz qui s'y eft trouve en plus grande abondance que
dans la vitriolifation de l'opbice antique j l'alun , le vitriol martial Sc
la félénite étoient d'ailleurs , i-pcu-près, dans les mêmes proportions.
Cette pierte qui doit aufll être regardée d'après fes caractères exté-
rieurs , comme une de celles que les Italiens appellenc granUiUi ,
& dont le nôrre ne diffcreroit que pat fa couleur verre , ne pour-
roic - elle pas remplacer dans nos cdiAccs , l'ophite ou porphyre
verd cane recherché des Grecs & des Romains ? On en pourroïc ouvrir
llaffeau qui , avec des connoiCmccs profondes Se
, , travaille à la Lithographie de la chaîne des Pyré-
SUR VhJST. NATl/RELLE ET LES ARTS. 4|i.
une carrière iinmenfe; fa benuc^ , fa duieté & » ce qui eu eft un« fuite,
ix foiiditc, doiveiu la faire préférer i cous nos marbres vtiidsqui &
dcgradtfiic aifcincnCi les frais qu'où fccoit oblige de faire pour l'expor-
canon de cette belle pierre , ii« scleveroiem p.is plus haut que ceux
qu'on fît autrefois , pour le procurer le aurbre oe b Vallée de Ci/rpi^,
qui eft nicme beaucoup plus éloignée de Bayonne que celle H', '//" *
c'eft aux Amateurs des Beaux Arts , c'eft fur-tout aux Atchiteiies char-
gés d'clevcr les grands cdiBces de la Naiiun,! jugCf û les v<cux que
je Bùs ici font bien ou mal-fondés.
EXPÉRIENCES
Fuîtes fur des Granits Je CancUn Autan , 6* fut ctlm qui fi trouve fouê
lu y)Ue di Simur^ en Auxois,
11 m'avoic été envoyé d'Autun trois échantillons de eca nies antique*
qui différoieut eutr'eux par la couleur &c la grofleur dés grains. -' ■ l
Le premier ed un amas de grains de quartz, les uus d'un blanc lai<^'
ceuxj c'eft, dît-on, le fcldfpatK des NaturaliUes \ les autres gris d'épine,
le tout cncrcmclc de cryfUux d'un rect très-foncé ou prelquc noir.
Le fécond , d'un grain plus ttn , eft un uiêlanae de quarts blanc , da
feldfpatb & d'une maticic verte qui en futmc le ciment.
Le troiiîcme ne me paroît dïnctet du fécond qu'en un ftui point.
Dans celui-ci , les fragmens de quartz , ou Ci l'on veut , de teldfpacii
font blancs , candis que dans le troiûcmc ces nicmes fragmens onc uns
teinte verte.
Ces trois granits calTcs par petits morceaux onc été expofés i l'at^ioii
de l'acide vitriolique , ôc après un mois révolu , ils ont cominencé à
fe couvrir d'efilorefcences , & au moyen de nouvel acide que l'on
fournitlbic, i mcfure que la fatucation p.uvenoit à fon point, la vitrio-
liiâcion fut complecte dans Tefpace d'une année révolue.
En examinant chacune des efHorefcences retirées de ces trois efpè*
ces de granit , le réfultat a été . que les deux onces du premier échan-
tillon , bien lavces & bien fcchées, avoicnt perdu un gros ttente-trois
grains de diverfcs (ublbnces qui , unies i l'acide, avoicuc formé les fcis
luivans, favoir:
Sélénlte gypfeufe. 17 grains»
Alun. . j gros 38 grain^.
Vitijql vçff. 1 gros 4 gtain^>
Sel fediitz r *. 9 grains.
' ' ' ■' Total. . . . . . . 4gToJ tfSgraiiis.
1779. DÉCEMBRE. MmmL
4^1 OBsr.nrÀTTONs Sun i^ pnrsîQVE,
les efflorefcences des deux autres ccKintillons ont également drtnné
de 1.1 fclénite, de l'alun, du vîtriol, du ftl de fedliîz , & à quelque
chofe près, dans les mêmes proporrions.
Le i»rnnic de Semur s'cft ^fllcmcnt irouvc fufceptihie de virtiolifa-
rioh , & a donné les mêmes fcls,à l'exception de celui dcfcdlitxquc
je n'y ai pas découvert.
Enfin, cous ces granits ctanr traites au feu dans les vaiffeaux fermés,
tournilîènt quatre à cinq gouttes d'ciu psr once.
Il réfulte des expériences dont je viens de rendre compte > que rophi-^
te & le porphyre font des efpèces de brèches , dans la compoiition dcf-
quellcs la n.iture a fait entrer U terre vitieftiblc & uue teae argiW
ieufe qui contenoit elle-même du fer, de la terre calcaire, «le U
terre alumùieufe , & de -la teir« alkaline , bafe du fel de fed»
litZ. ■-:',■■■...■.■ •. \
La préfente de ta terre vitreftlbie, ou fi l'on veut de U pierre i
fufil, eft avouée de toui lesN-ituraliftes: en. effet, les yeux feuls en fe
promenant fur la fur&ce de l'ophite & du porphyre I:ivent la dirtin-
guer ï mais il ne faut p.is s'y tromper, les cryftaux blancs dans ceîui-ci ,
te les cryftaux verds dans celui U, neconftiiucnt pas feuls la totalité
dé U'terre vitrefcible renfermée dans ces deux piencsi U terre at^il-
icufe en a retenu une portion avec laquelle elfe s'eft combinée, au
ryirtt de former une fubftance alfez dure pout donner du feu avec le
riqact . & devenir fufceprible d'un beau poli ; propriérés qu'elle n'a
pas naturellement, mcnie lorfqu'elle a fubi la hpiaiticniion.
Le porphyre & l'ophice font donc des pierres qui ne diffèrent en-
if'elles que par la couleur j dans l'un , les cryftaux de quartz font blancs
& le ciment rouge j dans l'autre , ces mêmes cryftaux font d'un verd
tendre 5c le ciment d'un verd obfcur; miis cette différence, quelque
grande qu'elle puinlfc, n'eft pas effemielle , & le Chymifte n'en eft
pas furpris , parce qu'il fait que ces deux couleurs peuvent être & font
en effet , félon les tirconftances , produites par le fer.
Dans la partit; rou;;e du porphyre, dans celle qne i'appcHe le ciment,
ïe fer fe trouve fous la forme de chaux ou de colcornar : dc-là . fon
peu de folubilitc dans les acides, & le peu de vitriol maccial obtenu
par la vitriotifation de cette pierre.
Or , dans cer cnr, le fer ne fe combine pas ; rcMuit en chaux extrê-
mement divifée, il refte interpofé entre les parties de la terre argilleuTe
& la fait piroîcre rouge. Enfin, fi les petits cryft.iux de quarrr ont gatdé
leur blancheur naturelle , c'eft encore à lent d'infolubihic , à l'état de
chaux où s'eft trouvé le fer, lors de la lapidiâcatioii, qu'il en faut rap-
porter la canfe.
I>jns l'ophice , au contraire , ce métal étoit en dîffolution , ou du
eioins dans un état propre à La didolution , au moment où la pétrid-
SUR VHIST. NATURELLE ET LES jiRTS. 45}
ration s'opcroic : fufcepnblâ atu» de combinatfon, il s'eft uni à U
terre arçillcufe , & par une fuite de la propctitc qu'il a dans certaines
circonft.intcs , il l'a colorce en vetd fonce; ajjiiTïint aufTi , nuis plus
foiblement, fur la terre vitrefcible, il ne lui a communiauc ^ue cette
teinte légère qui fe fait remarqvicr dans les crylbux ptimiatiqucs d«
Jophice.
Mais fi les connoilfanccs que nous avons acquifes fut les ophites &
les porphyres , nous permettent de dire quelque chofe de vraifembla-
ble fut leur formation , elles ont encore un avantage non moins pré-
cieux, je veux dire celui de nous mettre en crac d'affigner h %éiitable
caufe de la fufibilitc de ces pierres.
luftruics pat Pott des effets du feu fur des mclaiiges de divsrfes ter-
res , & nommément fur celui de la terre argilleu(e avec U terre cal-
caire &: le fable, nous pouvons conclure avec certitude que le porphyre
& l'ophite des Cirées , l'ophice ou gt^nitelle verd de la Vallée d'Afpe ,
& en gcnénl tmis les granits ne doivent leur fiifîbilité qu'à leur com*
pofiiion qui appioJie très-fort des mélanges anirtciels de fott, fi peut-
être elle n'ell la même (i)-
Le iroificme avantage que nous procure l'analyfc des opliitcs & de>
porphyres , eft celui de mettre le Naturalille à portée de fixer la place
qu'ils doivent occuper dans la férlc des connoilfanccs que nous cher-
chons d acquérir dans l'Hilloire Naturelle.
L'expérience prouve , en effet , que dans la fabrique des trois princl*,
paies terres qui forment la couche fupérieure de notre globe» la nature
va toujours du Iim pie au compofc. Nous avons dcji reconnu cet ordre,
cette nurche , dans les marbres calcaites , & nous ne l'obfervons pas
moins dans les pierres virrefcibles.
Les pierres de ce genre qui doivent occuper la première place dans nos
Catfinecsou dans nos Otafogues, font le ayftal de roche , le quartz, le
l)Iex binnc , c'cft-à-dire, celles que nous reconnoiffons pour être les
plus putes. De-là, on pûlTèroit i ces mêmes pierres teintes de diffcrenres
couleurs, depuis la pierre d fufil grife ou noire la plus commune, jurqu'd
l'agathe que nous enchâfTons dans J'or. Le5Jafpes,& les autres pierres
opaques que leur beauté rend prét^ieufes , quand on aura découvert le
(i) Pott voulant rendre raifnn Je la fuCbilicé du poipbyrc 5c de lopliirc, Tinn-
buoit au fri qu'il avoK dccouvcrt ou loup^onnc «tins cet pierres , cii il n'cnue
è^M aiKtin dtltatl fur cet obict ; mais une once de ptcric à fulil 0c q'icltiuci craint
de fct formeroiciit-ils on mcUngc fufiblc î Je ne le crois pas » ou du rooiin je fui*
port^ a croire <\\.iz , s'tl en ôit cipole un de cette uacurc au fej de foa Iburtfau, it
ne iêtoic p» picvcnu à le faire cctrct en fonic
454 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE^
degré de leur componcion» crouveronc peuc-^tre ici leur place ;vicn-
drnienc eiifuitc te^ pierres grainces, tels cjue les grès, les ennics lîm-
pics , les gr^inits mélangés , & compotes de matières différences ; on
nnicoit par les ophites & tes porphyres qui , d'après l'aiulyfe » Tondes
pierres Jcs plus compoRes de toute cette clatTe.
SUPPLÉMENT.
Le Mémoire qu on vient de lire étoit fait , & quoique je n culTe
tenté luainc expérience fur le j.ifpe vcrd, j'zvois cependant allîgnc la pUce
qu'il dcvolc occuper dans la Ictie de nos connotffances Lichologiques.
M. Daubenton m'excita à le traiter comme les pierres, & même k
foumetttc aux mêmes opcrSicions le jafpe rouge > le jade &: le feldfpaih^
il eue même la bonté de me procurer des échantillons bien carattéri»
i*cs de ces difFérences pierres, fur lefquelles j'ai 6iit des expériences
dont les rcfulrats onr compictté le travail que j'avois entrepru fur le»
pierres vicrefcibles mixtes.
Effet d< Cacide vtmoiique fur les Jafpes verJ & rouge, fur UJade 6* U
Un
fourni
1 morceau de jafpe verd pefant cinq gros douze grains, ayant été
is à l'avion de l'acide vicriolique foiole, donc U fut fculemcnc
mouillé , refta en cet état près de trois mois , fans qu'il parût à fa
furfûce aucune efflorefcence. Les trois mois étanc révolus , on commença
à appeccevuir quelques poincs d'une boue jaunâtre qui , augment.mc
peu-d-pcu en grolleur & en nombre , couvrirent vers le (îzième mois
e la furface de réchantillon; il fe forma autTî , vers cette époque*
toute
fept petits cryft.iux d'alun qui avoienc tous les caraûcres propres a ce
Tel j vers le huitième mois , un en découvrit plulieurs autres qui s croient
formés dans la capfule. Les points de boue jaunâtre > donc j'ai parle ,
n'avoienc pris aucun accroifTcment depuis le lîxicme mois ; c'ctoit au
refte du virriol martial avec excès d'acide.
Le jafpe verd étant une pierre très-dure 5c très-compafte , l'acide
dont on le mouille ne peut agir que fur fa furface , fans jamais péné-
trer au-deli; aulTi le morceau qui faifoic le fujet de l'expérience n'a-
c-il éprouvé aucune aUératiou dans fa forme , m efluyé aucune gerçure.
Deux morceaux de jafpe rouge . qui pefoienc enfemble quarte gros
quatorze crains , ont écc pareillemeni arrofés d'acide vicriolique au
même inlunt que le jafpe verd; mais ils n'ont pas été actaqués, 8C
rien de virriolique ou d'atumineux, rien entîn de filïn ne s'elc iiuni-
feitc > même après plus de dix-huit mois d'expérience.
SUR L'ffisr, NATURELLE ET LES ARTS. 4J5
11 ea a i^tc de mcme d'un morceau de jade dont l'acîde vunolîque
n'a pu rien extraire dans !e mcme efpace de tems.
Le feldfpath , au contraire, fournis à la môme épreuve,» donné quel-
ques crydaux d'alun \ d'où l'on peut conclure que U couleur légèrement
latteufe de cette dernière pierre , doir Ôtre attribuée à cette portion de
terre alumineufe qui, diitcminée dans toure la malTe , lui communi-
que de l'opacité ; un peut auftl , i ce que je crois, préfamer que les
cafPures régulières , qu'a naturetlemenc le feldfpath , font encore un
eflFet de la terre aluiiiincufe qui , par fon mélange avec la pierre
quartzeufe ou vitrcfcîblc , en clian^e la contexturc , accident qui a en-
gage les Naturaliftes i donner un nom diftindlif i cette pierri; qui n'Ml
OAiiS le vrai qu'un quartz mélange d'un peu de terre a alun. Us l'onc
appelle feldfpath, dénomination peu propre à exprimer fa narure, mê-
me pour ceux qui entendent la langue Allemande , le nom de Spaih
fcinùHtint que lui donnerK quelques Nacuralilles, exprimant une de fes
propriétés, nie paroîtplus convenable.
Le jafpe rouge & !e jade ont l'un & l'autre téiîftc h l'acide virrioli-
que , quoique cous deux colore:» par le fer , ce qui n'ctonitera pas , (i
à l'égard du jafpe rouge, on veut Wn fe r.ippeller ce qui a c:é dit fur
la chaux marciate , qui colore en rouge le niatbre de Canipan & le
porphyre antique.
A l'égard du jade, on ne ||Fur pas employer le mcme moyen pour
expliquer fa rélillance à l'acide de vitriol j mais ne peut-on pas l'attri-
buer non-feulement à la très- petite quantité de fer qui le colore,
mais encore à ta iiianière intime dont ce fer efb combine ^vec la pieccc
vitrefcible , qui > couvrant la matière colorante en tout fens, l'empcche
de fe prctet a l'aâion des acides ?
Le jafpe verd contient de la terre d'alun., d« l'argille & du fct,qui
en tenant les parties de la pierre vitrefcible , écartées les unes des au-
tres , donnent à l'acide vitnolique, le moyen de s'unir à tout ce qui
ell foluble & de former de l'alun & du vitriol de Mars , car il eft bon
de noter que fi dans la vïcriolifation du jafpe verd, rapportée ci-delTus,
je n'ai obtenu qu'une très-petite quantité de ces deux fels , on en doit
attribuer la caufu à ce que l'échantillon ayant été employé en un feul
morceau, ne nrcfenioit à l'acide que le moins de fut£ice pollrble. Si
donc on vouloit poulTer la virriolifation de cette pierre aullî-loin
quelle pouvroit aller, je confcilletois de la réduite en poudre hue,
alors les furtaces multipliées offriroient le nioyen d'en retirer tout le
fet & toute la terre alumineufe qui peuvent y être contenus.
t5ff OBSERVATIONS SUR IJ PHYSIQUE ,
EXAMEN dt diux Pierres nouvtlUmcnt envoyées des Montagnes du
Oauph'mè par M* yiilar.
J'ai déjà donné dans mon deuxième Mémoire l'anatyfe de deux
marbres mélangés de fchifte & de pierre vicrefcibki je vais encore en
cicer deux pour exemple, dont l'un fur-tout a un rapuorc immédiat
avec les pierres donc il eft queflion dans ce <]uaïricme Mémoire.
C'eft encore M. Daubenron qui m'a procuré \^s échantillons fur lef-
qucls je fais mes expériences , & c'eft i M.yillar , Boranifte très-connu ,
que les Naturaliftes font redevables de la découverte de ces deux pier-
res qui , par la luigularicé de leur compolîtion , ne peuvent manquer
d'intérclfcr ceux qui s'occupent de Lithogêognojte.
Le travail que j'ai commencé fur ces pierres n'ed pas encore porcc
si Ta fin , mais il efl oHez avancé pour pouvoir prononcer fur leur
compudrion.
La première e(l un marbre mixte qui a une difpofition fmgulière
à fc fendre en long ^ la manière du bois , ce qut pourrait la faire pren-
dre pour du bois pctritié Ci un ne t'obfervoit que Icgcremcnr : un de
ces morceaux poli, dans toute la longueur, offre aux yeux un marbre rayé
de blanc & de cris.
Les bandes blanches font du marbre blanc qui contient quelques
fragmens de quattz; les bandes grifesffont compofées de fchifte, de
pierre calcaire Se de menus cryftaux de quartz \ le fer ne m'a paru juf-
qu'ici s'y trouver , les crylbux de quartz fonr d'ailleurs en lî grande
abondanceidans la partie fchifteufe , qu'avant le poli on la prendruic à
l'œil & au uâ , pour un grès.
Si on frappe les bandes grifes avec le briquet , on en tire fréquem-
m£nc des étincelles , mais il n'en e(l pas de même des bandes blan-
ches , d moins que le hafacd ne falfe rencontrer quelque portion de
qturcz.
Les acides de nitre & de fcl marin attaquent cette pierre avec viva-
cité, &c bientôt les bandes blanches font détruites; les grifcï, au con-
traire , quoiqu'elles aient foutfeit l'aiition de l'acide , paroiffent fub-
ilfler dans leur entier j mais Ci on les touche , elles le brifent en fe
ccduifant partie en poudre, partie en Tablon ircï'lîn. Si, au contraire)
on opère avec précaurion & qu'on ait expofé a l'acide un morceau de
cette pierre pefant au moin^ une once , on s'appcrtevra d'un effet
aifez remarquable de la terre fchilteufe fur le fciuelctte de cette pierre qui
quoique privée de toute la terre calcaire dont elle étoit accompagnée, con-
ierve cependant la forme d'aiguille jufque dans fes plus petites divitions.
La partie qui conllitue les bandes grifes a , comme on le voit, foufferc
un
SUR VHïST. NATVREtlB ET LES ARTS. 4$7
ua dérangement confîdécabie dans Ton aggrégadoa, l'acide y ayant
trouvé de la terre cîlc.iire difliïminée encce les grains de quartz éc le
fchiAc, en a fait la diirolucion(i) &c il n'eflteftc d'incaâ: que les deux
dcrni^e^ fubftances qui foiblement unies l'une à l'autre coiilcrvoient en-
core la propriété de le fendre en long , que nous avons obfervée dans
la pierre avant que Ton aggrcgation ait été dérangée par l'acide dont
Taâion tumultueufe a aulTi produit le déplacement de l'air &c de l'eau,
que nous favons être l'un éc l'autre la principale caufe de toute lapi-
ailication calcaire.
La féconde pierre, quoique tirée dans Je voîfinagc de la première ,
en diffère cependant à oien des éeards. Nous avons obfervé que la pre-
mière fe fcndoii avec facilité en longues aiguilles; l'autre au contraire
a de la difpodtion i fe divifer par lames; la première pour tout dire
en un mot, cft un marbre mixte «tandis que la féconde. ^ en jusi^er d'après
les écluncillons que j'ai fous la main, cfl d'une compolltion fi compli-
quée, que je ne crois pas qu'on puille l'appellet marbre: à la vériré elle
contient dans quelques-unes de les parties, plus de la moirié de fon poids
de pierre calcaire , mais auflî , it en cil tant d'autres où les grains
quartzeux, mclcs de fchoeil noir , de fchocrl vert& d'un peu de mica,
s'y rencontrent en d grande abondance, qu'ils mafquent le peu de terre
calcaire qui y ell dilleminée , au poinr de ne permenre pas i I'œU de
l'Gbfcrvateur, de faire foupçonner qu'elle y foit recelée.
Le mélange des ditfccenres matières dont cette pierre eft compofée
n'cft donc pas uniforme ; là , le fchoerl noir fe rencontre abondam-
mem ; ici, la loitpe n'en lailfe appercevoir que quelques parcelles ;
tantôt, le fchucrl verd eft le dominant , tantôt , c'ell le nuir; la mcmc
variété fe rencontre dans les grains quartzeux. Quant ï la terre calcaire,
elle eft quelquefois répandue dans la pierre en cryftaux fpathiques »
quelquefois aufïi elle y cft ralfcmblée en malTe continue , enfermée
entre deux couches du mélatige précédent. Un cchanrillon d'environ
trpis pouces de long, fur un pouce & demi de largeur, étoit traverfé
dans fon milieu par une bande de marbre fpathique d'environ trois
lignes d'cpaitleur: on voir dans cette ponion vraiment calcaire & colo-
rée en rouge très-léger , quelques petits cryftaux de fchoerl verd ré-
pandus çà & là entre les cryftaux fpathiques, qui eft la forme fous U-
quelle la terre calcaire fe rencontre conftamment dans le morceau donc
je parle,
, Au refte, cette pierre fe prête facilement à Taiulyfe, & l'acide de
une ou de fcl marin en dilTulvaut la terre calcaire , le fur , ( cac
(t) D'apics une cipéncace conftatite , oo vcot foupçonner dans ce rchiftc,dclt
Mii$ li'aloii fie de fel de Scdliiz qui autout également iii diiToutes.
Tom< XIK^ Paiu IL ly/y. D É CE MB RE, N n a
45« OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,
celle-ci en contient ) & les autres fiibltinces fut Icrqtiellcs il peuc agir »
fcpare les grains de quarcï , les fchoerh, & le mica , ce qui , fans atten-
dre lie nouvelles expériences fur U nature des autres terres cjue l'acide
viirtuliquc nous Fera connoître , futHc pour nous prouver qu'il y a dans
le globe des mélanges où les detritui de granit font conJFoudus avec
la terre calcaire & ta terre argilleufe.
CONCLUSION,
En analyfanc , par la voie des combinaifons , les pierres vitrefcibles
iixces> nous les voyons compofccs de t(tfre vitrefcible proprement
dite, de terre argilleufe , de terre d'alun , db terre de fel de Sedlicz »
d'un peu de fer , & de terre cnlcnire. Ce m(!'Iange , divetdHé par
les proportions dc'clucune des fubftances que je viens de nommer,
forme les porphyres » les onhitcs, &c.
Les granits, quoique fort durs . font cependant plus fragiles que l'ophice
& le porphyre ; la raifon en eft bien fimple, cette pierre qui ne contienc
que peu , uu point d'aigille fe rapproche des grès par fa manière d'être
agglomérée^ les crytlaux de quaiu, de fetdfpath, de fchoerl, les pail-
lettes de mica dont elle efl cumpafcâ , ne fe trouvant pas enfermés
dans un ciment lapîditic , n'ont point cntr'euic cette cohérence que
l'on remarque en:re les parties conuituantes de l'opliite Se du porphyre:
audi voyons-nous le* granits fubit une détouipolition fponranée beau-
coup plus prompte que celte des deux autres pierres (i).
. £n effet, dans le porphyre , dans l'cphiie antique , & dans le çra-
nîielle de la Vallée (i'Afpe , les portions de quAra,de feldfparh ^ont
entourées d'un ciment de terre vitrefcible & de terre argilleufe > qui
en fe cumbmant Tune avec l'autre , ont pris une forte conlilUnce. ce
qui a donné à la malTe ce plein & cettf cohérence de parties qui f^
ront toujours didtnguer ces pierres d'avec les granits.
la matière que ['appelle le ciment de l'ophite ^ du porphyr»^
a nn rapport trts-fenliblc avec le jalpe verd , qui , s'il croit parfemcdc
cryfVaux de quartz ou de feldfpach, rormeroit un poiphyre verd ou un
ppliîte.
(i) Ccixe déeampoGtîon aara écé appcrçue <Ie tous ceux miî auront parcouru
des banJci Je {^Tjmts. Loif^^u'oa cntic d^ot U chaîne des Pyrénées, Jk. qu'cm s^
pioche dcî nioiiu^ne^g'anitcurc*;, on rencontre fréqiK-mment dans le ftind des Vjllées
An malfci ifclccs de grinic , «Icvenu Ç\ friable» tju'ou peut , en un iuA^u . à l'aifir
duo codtcaj ou même dun bâton, y fïire un troo de plulicuis pieJi de dumétrc ,
H: dont \» profondeur ne fera letnuaée <^% la rcnconnc du no^au central qui n'a
|ias ciKOïc éprouvé d'altétaiion.
SUR VNIST. NATURELLE ET LES ^RTS. 459
Je l'ai déjà die, les Pyréuées (i) ne fonc ea gcncral formifcs que
de crois pierres, fchtfte ou pierre acgiUcufc, marbre ou terre calcaire ,
granit ou rerre vitrefcible. Les deux premières, le (chifte (1) & le
marbre forment alcernacivement des couches qui m'ont paru , i l'égard
du marbre, avoir quelquefois pluî dune demi- lieue dcpaiireur.
Or , quelle fera la partie de cette épaifleur où on poutra trouvée
les marbres que j'ai appelles mixtes , tels que les Cipolins , les Aman-
dolins, le Caropaii, &c, ? Ce ne fera ordinairement pas vers le cen-
tre qui eft prefque toujours un marbre fimple ou blanc , ou foiblemenc
coloré y mais on fera sûr de les rencontrer vers le lieu où les futfaces
des deux couches font en contact ; c'eft U que fe font fait les mélan-
ges qui, pat la fucceflion des lems , ayant pris la confiftance Ôc la
dureté que nous connoilTons aux marbres mixtes , ont , pour ainfi dire ,
fait une foudure qui unit en beaucoup d'endroirs la couche de ichîfle
avec la couche de marbre.
A l'égard des granJts , je ne crois pas qu'on puifTe leur appliquer
ce qui vient d'être dit : tout femble prouver que dans les l'yrcnces
cette pierre ti\ la bafe fur laquelle les couches de marbre Se de fcbiHe
fe font formées.
Il n'ed cependant pas rare de rencontrer des mélanges de granic
6c de fchiftei on trouve , en cfTeCj-dans les couches de cette d^ntère
pierre, des malfes fchifteufes parfemces de grains de quartz, de mica,
&,peut-crre aufii, de tcldfpath. Les ophires antiques , le granicelled©
U Vallée d'Afpe , fur -tout , font des pierres dans la coropofition
(1) C'efl toujours dons ces montagnes que je vais chciclici tncr preuves i j'aî
moins bien obfcrvé les Alpes Framoifes, la Hati te- Auvergne , le Roucrguc, le Haut-
limoulia, les C^veoocs, que la Pyrénées, pour Icfqucllcs ;'ai toujours eu une piédi«
Icâion qui me fera pardonnéc niccnc par ceux qui n'aucoui fait que les appcrccvotr.
D'aillcuts , ccccc chaîr^c otfVc au Nacuialiftc un oiurccau , pcui>ccie unique dans le
globe, en ce qi<e dans une étendue de plus quatre-vingt lieues & une épailTcur de
vinf,t , fur une élévation de plus de quinze ccac toifes , oa ne rencontre pas le moin-
dre vcfligc de volcan. Ce qu'on n'y voit point de ces éoormcfi alî'aiircmcns qui bou-
levcrrcnt tout , Se ne lailTcni à l'Obrcrvarcnr que te ttifle foc^acle d'un cabos où
il ne peut tien appicndrc fur la formation du grand édifîvc dont il ne voie plus nue
les décumbics. Je le répète cncoïc j tzik dans le chaîne des Pyténccs qu'il faut
aller prendre des Icçdns fur U formation des montagnes} & peut-être qu'après les
avoir bien étudiées , 00 fcca tenté d'attttbucr leur inclinaifon à une toute autre caaft
^quc celle qui paroîr aujourd'hui généralement adoptée par les Naïutaliflcs.
. {1) On entend communément par le fchiftc , toute jicne qui a la propriété de &
{codie en lames ou rcu.îltes, par exemple . les ardoifcs. Je généralifc davantage ce
Doni, je le donne à toutes les pierres at^illcufes , foit qu'elles fc fendent en lames .
Toit qu'elles fe fendent en priTmes, ou Tous toute autre tortue, pourvu qu'elles aient
UQc régulaiité conltattce dans leurs ftaâurcs.
1779. DÉCEMBRE. Nnn 1
4tfo OBSERVATIONS SUR LA PHTSIQUE^
defquelles on retrouve les mimes ctyf^aux ; mais ces mctan^es ir'onc
rien de rurpreiLint , quand on cond^éxc que la mer , en dccruifanc
les rojhers gr.mitcux qu'elle cuuvruitt en dctachoit coiinmicllemcnt Us
grnins dont ils fouE compofcSj fc en formoït une forte de fable on
menu gravier qiù ne tamolc pas a fe fixer dans ta boue argilleufe dc-
pofce au pied Se fur le talus des montagnes de granit.
On trouve aulTî quelquefois de la pierre calcaire dans les mcbnges
de fcliifte & de pierre vittcfctblc ; des Jetrùus de granits ont érc portés
dans des boues argillcufes Sc calcaires , ce qui , par fucceflïon de tems,
a forme des marbres compcfcs de crois fubflances : j'ai cite dans mon
fecohd Mémoire fur les pierres , pour exemple , un cipolin de l'an-
cien Aurun , un marbre polizone d'Italie , pireil à celui donc font fai-
tes les colonnes qui décorent le Maître- Autel de l'Hglife de S.Tint-
Germain-desPrcsi j'ai ijouré dans ce quatrième Mémoire deux antres
exemples , l'un d'un marbre fcliifteux dans lequel il fe ccncontrc
beaucoup de petits cryftiux quartzeux , l'autre d'un marbre couipofc
de grains de quartz , de fclioerlj de terre calcaire , &c. '
Ces diifcrentcs pierres, ainlî que les porphyres, les ophites antiques,
legranitelle de la Vallée d'Afpi.» foni des pierres de féconde Se peut-
ctce racme de croificms formation ; ce ne lune que des mélanges faits,
en des proportions ditTJrentcs, de toazes les matières dépofées pat U
mec dans les parties de fon vafle ballîn , que des cirtonftances avolenr
rendues propres A les tixei.
La mer, quelle que foie fon agitation , ne fait dans fon fond que gîifTec
iiir les dépôts terreux que même elle an~crmic pat fon poids , tandis
qu'elle paroîc aux yeux de celui qui la contemple, employer rouies fei
Kjrces contre les rochers qui s'oppofcnt à Ces courante \ elle dcraclu
donc des blocs de grarrit qui, roularK à travers les ondes fur le taluft
de la montagne donc ils faifoienc partie un inftant auparavant, alloienc
s'enfoncer dans des dcpors qui nous paroilTënr aujourahui très éloignes
des pics graniteux. Or , ces blocs donc qusiques-nns font d'une grof-
feur énurme , ionc ceux que nous rcnc^uitrons enfermé» dans I&î cou-
ches fchifteufes, titntin plus, tantôt moins proKjndémenc en rairondfr
répoquede leur duite (i).
Je finis pir une cédcxion fur les granits proprement dits , regardes
coimne pierre de première formation , Ôc comme faifim La baie da
globe.
{i) J'ai eu ocrafioo de voie de cet blocs cafcrméf daus le fctûlU à des profondcais
de ucis i i^uatic cent totfts.
SVR VniST. NÀTURBllE ET LES ARTS. ^€i-
On a dû être bien moins étonne de trouver dans les granits analyfcs,
le- fer & les terres qui fervent de bafe à l'alun & au fel de Sedlicz , <^q
d'y rencontrer la terre calcaire , qai par fa préfence femble contredire
le fyftcme adopté fur l'origine d» cette même terre , ou du moins ce-
lui qu'on a étaoli fur la formation du granit.
J'avoue que les expériences qui m'ont fait reconnoître la terre cal-
caire dans ce genre de pierres , demandent i être répétées fur d'autres
échantillons. Ceux que j'ai examinés provenoient des ruines de Tan-
cien Autun. Employés par les Romains à la décoration de leur^andi
édifices , ils ont été fixés aux autres pierres par un ciment fait avec la
chaux \ d'ailleurs , enfoui%|^ndant une douzaine de fiècles fous des
décombres , ils ont pu s'imprégner de quelques portions de terre cal-
caire qui fe feront introduites dans des gerçures.
A l'égard de celui de Semur qui a aulTi donné un peu de félénitCi
on doit également avoir quelques doutes fur fa pureté. Le morceau
qui m'a été donné pouvoit avoir refté long-tems à la fuperîîcic de U
terre» & avoir reçu de l'atmofplière quelque fubftance calcaire j que
faiton ? En fait d'expériences, il faut toujours fe tenir fur fes gardes.
Combien de procédé? ont réuffi une, deux & trois fois , qui n'ont eu
aucun fuccès à ta quatrième, que dis-je, à la dixième Zc pat conféqueiit
qu'il a fallu regarder comme nuls.
Il eft, fans doute, intérelfant pour l'hifloire naturelle, de conflatet
n tous les granits contiennent delà terre calcaire, ou n'en contiens-
nent pas. Je fouhaite que des Chymiftes verfés dans le manuel , veuil-
lent concourir à vérifier l'affirmative ou la négative ; je vais de%ôn
côté me procurer des échantillons qu'on ne pourra pas fufpeâ^r ^
& faite tous mes etForis pour découvrir la vérité d'un pareil fait (i).
(i) Dans ce M<!moirc j'ai parlé du fcliocrl « fanfi rien dire de fa compofition ; mais
piiifqae l'cccafinn s'en pr^fcote , je crois devoir annoncer qu'ayant ezpofé à l'iâion
lie l'acide viiîtolique, deux onces d'un fchoerl du Limoulin qui cfl d'une couleur
noire fgncéc, en maire pleine & parrcméc de quartz blanc, la vitriolifaiion s' eft faite
très-aifément , Se q'jc par ce moyen , il a étà retiré fept gros & demi d'alun fàli par
un peu d'ochre , cnf.nte qie dî-jx onces de ce fchoerl contiennent prés de deux gros
<ie terre alumir.ejfc £c une tics^fctits portion de fer.
4^1 OBSERrAflOKS SUR LA PHYSIQUE,
MÉMOIRE
Sur une nouvelle caufc de la Pluie ^
Par M. Bertholon de Saint-LaZARe ^ Je t Académie des Sc'un*
ces de Marfe'tiU^ Béliers, Montpellier , î^on j Dijon ^ Nifmes^ ToU'
huft j Bordeaux y &c. ^4k
JTarmi Us câuTes de la pluie , fur-couc de celle qui rcfulce d'une
nuce oragctife , il en eA une qu'on paroic avoic oubliée, c'efl ta rcpui-
iion cledirique. Pour pcouver cctce alTertion , je vais rappcllei quelques
principes certains que Vcxpéiieiice & l'obfervation nou^ ont appris. Les
nuages orageux foiic cleâiiqucs , puifqu'ils portent la foudre qui efl
elle-même un plicnomène d'cleâricité. ÂufTi, leur prcfence eft-clle an-
noncée par des étincelles cleitriques , qu'on tire des condudeurs
élevés pour foutirer l'électricité acmofphcrique. Les corps cle^rifés fe
repDulTent mutuellement , Se cette rcpulfion eft proportionnelle i li
force de l'éleclcicitc dont ils font doués. Une aigrette de verre qu'on
cleéïrife offre un joli fpeâacle \ tous les filets dont elle eH compofée
deviennent diver^ens , & leut écartement refpe^if eft en rapport avec
J 'énergie de l'éleàricité aâuelie. Tous les corps légers dont la furfacc
d'un corps quelconque cleAtifé peut ctre patfemée, étant eux-mêmes
éleéhifés , font repoufTcs de ce corps ^ ainlî, du tabac» du fon, répandus
'fur le conduÛeur éleârique font difperfés en un inftant.
De ces principes inconteilables, il téfulte nécelTà ire ment qu'un nuage
orageux étant dans un état actuel d'cleûricitc trcs-puifTante , les par-
ticules aqueufes dont il eft compofcy fur tout celles qui font à fa fur-
face, doivent tcrc foumifes i la rcpulfion éleÔrique. tltes {eront donc
difperfées en tout fens , & produiront par* là même une efpcce de
bruine y donc les gouttes augmentant fuccelEvemeiit, foit par leur ren-
contre fottuite avec d'autres gouttes , foit par l'actelTîon des vapeurs
aqueufes répandues dans l'atmolphcrc, tomberont fur la terre fous tbc-
me de pluie , parce qu'elles font alors fpéciBquemcnt plus pefantes
qu'un égal volume d'air. Leur chûie fera encore accélérée par l'attrac-
tion éte^que qui régne encc*eUes & la terre : voili ce qui arrive aux
particules aqucules qui font aux eûtes & i la furface inférieure du
nuage éleûnco-orageux. Celles qui font au-deifus , par les mêmes cau-
fes fe réuniront & lecomberouc dans le nuage , ^ dt>U , dans k balle
SUR VHiST, NATURELLE ET LES ARTS, 4^,
fcgion. Mais après cecre dirperdon des particules aqueufes de la Airface,
les nouvelles molccutcs a^ueufcs qui formeront la fupcriicie tocalc da
nuage, fe trouvant dans les mcmes circonlbuKcs que celles qui ont été
évaporées , ou plutôt repoulTées, éprouveront le même fort que les pre-
mtr^res ; & ainù de fuite jufqu'à la réfolution complette de tout le
AU^e en pluie, ou jufquU ce que la vertu cle^iquefoit entlèremenc
éteinte.
Les gouttes de pluie, dans leur cliûte , communiqueront IcIeÛricité
du nuage orageux aux particules aqueufes, répandues dans la baffe ré-
gion de l'air qu'elles parcourront en tombant fur la terre ; c'eft par cette
caufe que l'ait paroîtta cUchiquc, en donnant tous les (igne^ les plus
marques d'éleftricitc. Ces gouttes de pluie éleârifccs, qui tombent fuc-
ceflivement du nuage orageux, communiquent leur feu éle^riquc en
iraverfinc ratmofpKère, non à l'air qui n'ell pas conducteur, mais ans
molécules aqueufes qu'il tient en dillblution , Se qui de cette manière
font cleârifccs par communication, l a tranfmi(Iion du fluide éled^rique
fe fart de proche eu ptoclie» & mcme avec une très-grande vîiclle;
puifquc f Iclon des expériences trèscondAntes , la ctanfuii/lion delà
matière électrique s'opère dans un indant indifceinable : auni, les con-
ducteurs élevés pour recevoir l'éleftricité naturelle de rannofplîcre , no
d^nnent-iU jamais de plus ibnes étincelles que peu avant ou dans le
reras de la réfolution du nuage orageux en pluie. Je ne nie point que
l'air ne devienne cleétrique par frottement ou par mille autres caufes,
mais je crois qu'il el> impolGbIe, d'après toutes les expériences & les
obfervations faites par le> modernes, qu'il foit pat lut-mcme un vrai
conduâenr d'éle^ricité.
-—■ -— — - — — .- o f — — r . —-*.,•■ ,
elles fe touchent 3c forment un condudleuc continu jufqu'à la terre, &
alors l'éleâiicité , communiquée par l'air de la moyenne région , fe
dilllpe en fc répandant dans notre globe. C'eft ce qui n'arrive point lorf-
que lait eft plus fec ou moins humide^ les v.ipeurs aqueufes font dans
ce cas plus rares , plus dîfperfées, & chaque molécule conferve fon
attnofphère électrique. L'oblervation confirme cette théorie : tandis que
certains vents humides, les vents de mer, par exemple, régnent, Uir-
tout dans les pays maritimes, il n'y a aucune électricité fcnfible dans
l'atmofphère , mais elle patoît avec force lurfque les vents du nord
exercent leur empire. I a raifon en ert évidente d'après les principes que
je viens de rapporter-, les vents de mer fouillant & tr.mfport3nt une
quintité ptodigieufè^de particules aqueufes qui fe touchent > il y a dans
J'air un condufteur continu jufqu'à la terre. Tandis que les vents du
nord ont lieu , le nombre des molécules aqueufes difféminées cutxe les
4fi4 OBSERrATlONS SUR 1.4 PHYSIQUE^
parties de l'air dl beaucoup moindre; & nul conduûeiic continu n'étant
étibli encre la baife cégton de l'atmorphèie & la ceixe , l'élcâ^rictcé aérienne
n'eft point diiîipce.
Lorfciue les nuages font cleftrifcs négativement, & la terre dans un
érac d'éleftricité pofirivc, les phcnomàies doivent ctre fembLbles à ceux
qui arrivent dans le cas où ils font doues d'une cleâricitc poiitive ,
qu us lont attires par ceux en qui règne iciectncuc par
pluie tombera également du nuage. Cette pluie qui tombe fur la fupct-
ficie de la terre, peut être appellée avec jufte raifon dej'cenJantt. Mais
des que la maffe de l'aimofphère eft éleârifce négativement , la terre
étant éleârîque par condenfationou pofîtivement , les particules aqueu-
fes renfermées dans la terre près de fa furface , feront foumifcs à la vertu
éle^rico-répulfîve de la terre > & à la force attraélive de la maOe de l'ait
atmofphérique , & confcquemmenc s'élèveront dans l'air. Cette pluie
crcs-âne , & fouvent imperceptible , mérite d'être nommée pluie Jfcen-
4anu j comme réle(Slcicué qui s'échappe de la terre. Telle cil l'origine
de la rofce qui s'élève de la terre ou ae la rofée afctndante j des brouil-
lards &c des autres météores aqueux > dont la diredion efl de bas en
haut. Cet effet fera encore le même dans le cas où la terte , chargée de
particules aqueufcs à fa fupetficie, fcroit élcârifée par ratéfa^iou ou pac
d.cfaut, l'acmofphcre étant dans la même circonftancc cleûrifce pofitive-
men^ Les loix de l'équilibre propre à cmis les Auîdcs & particulièremeuc
à celui de l'éleéiricitc, exigent cette communication réciproque & alter-
native entre notre globe Se l'acmofphcre^ &, comme je le difois dans
mon Mémoire fur la foudu afcendame & fur un nouveau par.t-fonncrre ,
des obfervacions aufli multipliées que confiantes nous ont forcés à ne
pas méconnoitre ce commerce réciproque qui exifte entte la terre & les
cîeux.
En bonne Phyfîque , comme en Chymic, il faut produire les phéno*
nicnes qu'on veut expliquer, en employant feulement les caufes allî-
gnces ; aunî aî-je cherché d m'allurer par l'expérience de la julletre de
rapplicacion des principes expofés précédemment, au fujet dont il eft
ici queflion. Au-denbus du conduâeur de la machine éle<5hique , j'ai
fufpendu une platine de fer dont tous les bords & les angles avoient été
arrondis \ j'avois eu foin auparavant de parfemet la furface inférieure de
cette platine de très-petites gouttelettes d'eau. Lotfque la machine ctec*-
trique fut mife en jeu , on vit ces gouttelettes s'élancer vers la uble qui
repréfemoit la terre, &c donner le joli fpedacle d'une pluie éledrique,
dont la caufe étoit la répulHon produite par l'éleâricité. l.a force de
cette pluie ou la rapidité de la chute de ces gouttes étoit d'autant plus
grande, que la vertu éleâtique étoit plus forte j& la diftancede la plaque
de
SUR vnrsT. naturelle et les ^rts. 4^5
Je fer i la table ccoicniini tulative à icnergie de rclcftricité. Pour re-
prcfenter la pluie aftendante ou la rofce ; je mets fur Le conduAcur une
pbque métallique fembiablc d li préccdciue y m.iis donc la furface fupé-
heute eft atrofee d'un grand nombre de crès-perites gourtelettes d'eau.
A une dillance convenable de cette platine , je place un cotps quelcon-
<]ue par-delius pourvu qu'il foie londudeuc ; 6i » lotfqu'on éiectrife la
première phque , on voie ftrnfiHleineni la pluie s clevcr en l'air , & donnée
.une image de la pluie arcendautc , de la rufcc, dei; brouillards > & de
l'évaporation de l'eau répandue fur le globe de la terre ( i ). •
L attraction électrique peut aullî quelquefois ctrc caufe de la pluie,
comme la répuliîoti électrique t'cft dans des litconllances oppofées; car
X\ la tecre cft cleârlfée pofîtivcmeni & les nuages ncgaiivemenc , comme
on l'obrecve Touvent, on verra naître une pluie éleârique qui réfultera
(i) L'idée tngjnicufc de l'Auteur de ce Mémoire fur une des cjufcit de la pluie «
convicTit-cllc cxachmcnt à l'afcenfion jc à la ciiûce de la rd(?c ? C'cA ce que des
-expériences cxaAcs dcvroient démontrer. Tous les Phyliciens connotlTcnt les belles
•cipciicnccs qui ont été faiccs dam U Hctlc, par le célcbic Gercfen ; a Uire-:hc, par
Mufftmhrotki à Paris, pat M. Dufuy (ut la roftfc 11 parolt conftant d'après les
obCcfvatiuiis de cç% trois Savans, ^u'au moins daos ces pay^ . la rufffc ne tonibc pas
indiftinflcmcnt Sî en même quantité fur lous les corps. Ctnfen rcmaïqueou'cUc ac
tombe point fur ceux qui root places fur des lames ou fur d« ubics de métal.
MujfemhrotV $'appcr^uc qu'elle ne tombe point fur l'or, l'argcac, l'étain , le cuivre»
le Hmiloi , le fer polt , le plomb, le bifmiitli , le zinc & le mercutc, tandis qu'elle
couvre la furface du fer bnin » du fer peine , du fer blanc , des plaorhes, du vcric ,
4tle la' porcelaine , du talc . des élotFcs de (bic ou de laine, dcc. &c. M. Du^y obl'erra
'à-peu-ptèl les méracs phénomènes , & de plus , qu'une futffice d'étatn vcritilTéc , ramaf^
fou à la véiité de la tofée , mais urc quantité fous^oublc de celle que ramaHa une
fembtable furface de verre. Si les matictcs dont font compofés les corps fur Icfq'jcls
la rofce tombe influe par attraOion ou répuli'ion , la couleur de ces mêmes corps joue
Un rrés-grand rôle dans ce phénomène. Muffcmitroek ayant cxpofé pendant la nutc
des botics de bois parfaitement égales , peintes en différentes couleurs , trouva au bouc
de deux heures que celle qui n'étoii point peinte avoît ramaOÏ 14.40) grains deroféc.
Celle qui étoic pcmic avec du vcrd décris. . . . ij.ixT
du noir de filmée. . lajn
du bleu de Berlin. . i o, j 84.
. d'orpiment. . . . !l>)io
du cinabre. . . . 7*<!i9
de millicot. ... 6,9 \\
de la laque de Florence. «,141
Qu'on ne croîc cependant pas que cette lingularité fort confiante pour tons les
pays. Il cft des endroits , Se sûrement le plus grand nombre , où la luféc tombe indif-
ciniflcment fur tous tes corps.
Il nous fcmblc donc tiue pour que M. Bcrtholon démontrât jufqu'à l'évidence (es
principes , il dcvtoic fatre des expériences élcéltïques analogues à celles de MM.
Ctrtftn , Mujfemhroek (f Dufay : fi les réfultats fc troutoîent conformes a ceux que
lui off^riroit la chiite de ta roféc dans fon pays , qui poucroit fc rcfafer â l'évidcacc ?
Tome Xiy, Pau, //. 1779-
VÈCEMBRE. Ooo
,466 OBSERyjTlONS SUR LA PHYSIQUE^
Àt ratrraAîon clcârîque de la terre. Les moiccules aqueufes de U Tuf
face des nuages qui font dans h bafle région de racmofphère , feront
alors attirées , & la pluie loinbeca. Si les nuages font cle^rtfés poficive-
^enc èc la terre neeativement , ain^ que les obfervacions le prouvent
également \ alors y les molécules d'eau , rcpanducs fur la fuiface des
nuages, feront attirées par le globe de la terre, & on aura encore une
pluie cleftrique Un tube cleiirifé & prcfenrc à la furface inférieure
<i une platine de métal . arrofce de quelque liqueur que ce foir, d'eau
ou d'efprit de-vin , par exemple , donnera une repréfen ration de Ix
pluie éte^riciue par attradion » la terre éunc cleârifée. (3e tube dans le
même état acle^Vricité , étant placé i une jufte di(Unce de la furface
fupcrieure de la.platine également arroféc , offrira encore une image de
la pluie électrique afcendante, dans l'hypotlitTeoù les nuages font élec-
trifé^ par cxccs.
Dans les divers phénomènes de la nature qui dépendent de l'éleftri-
citc , l'atcra^on clet^nque exilée en mcmc-tems que la répulfîon éleâri-
que,&: ces deux caufes concourent à la produâion des mêmes elfecs.
On peut donc dire en général que la pluie d'orage fur-tout, dépend de
rattr.iCtion & de la répulfîon élecUiques , combinées enfemble ou conC-
pirant au même but. Ln effet, il n'eft perfonne qui ue voie aue les nuages
étant éltârifcs par excès , & les particules a^ueufes de leurs furfaces
différentes éunt repoullées du nuage , elles font eu nicmc-ieius attirées
pat ta tetre, & que l'atcradlion &c laicpuKiun cledVriquescoufpiceuià
produire le mîme effet. Je fupDofe ici que l'attcaiiUun & la rcouUîon
cleûriques font deux propriétés , car il n eft pas probable t^ue dans la
réalité ellçs n'en conlÛtucnt qu'une feule ; cette idée ell bien dam U
natttce qui eil aoflî iîniple dans £es mcgrens que dans fa £xi.
SUR VHIST. NATUREllS ET LES ARTS. 4^7
OBSERVATIONS
De M' MuLLBR, de la Société des Amis de la Nature,
de Berlin.
Sur une îxplofion particulière qu'on remarque dans quelques
cfpèces de Clavaires , ( Clavaria, Lin. ) &c de Lycopcrdon.
Dans cettt étude , U faut fouvcnt ofer ignatv^
tr ne pas rougir de l'aveu, Caylus.
J-'ES cUvnîces ont eu de tout cems des droits à l'admîmcion Se aux
recherches des amis de U Nature ; cependant cette étude fi intéreiraiite
n'a été que trop négligée, & mépcif:^ très-injuftemenr. En effet , 11 on
les conudcre avec anention, on leur tiouvcta une defrination pafticu*
Uère ; les foins des Obretvateurs fetont couronnés, par de nouvelle*
connoifrances , & des phénomènes dignes de piquer la curiofité desNatu-
laliftes -, la découverte d'une explolîon que j'ai obfervée dans les clavaires
parvenues à l'état de maturité, eft une preuve bien évidente de ce que
j'avance. Je ne pcnfe pas que cette explofion produite par l'açitatiou de
l'air , ou pat l'attouchement de quelques corps écrangers , ou par un
mouvement propre & très-élaftique , ie faiTe fans aucun delfein & pat
ha fard.
M. Micheii , Naturalifte Italien , MM. le Baron de Haller & le Con-
feillet Glcditfch & autres , ont obfervc dans certaines efpèces de clavai-
res,une éruption ou une exhalaifon forEclaftique*,c'eft ce que j'ai eu heu
de remarquer moi-mcme plufienrs fois,& même dans les clavaires rou-
geâttes , ce qui a échappé jufqu'Â préfent aux recherches des Botaiiiftes ,
& qui va faire le fujet de cette diliertacion. Je parlerai très futcinde-
menc de quelques phénomènes que l'un connoilloit en partie avant que
je n'entrepriife mes expériences , pour démontrer la diflcrence qu'il y a
encre ces apparentes , & celles que je me propofe de décrire.
Si quelqu'un porte la main avec prccauiion fur cette efpècc de cla-
vaire, il appetçoit aulïi-tôt une légère vapeur qui s'émane de la fuper-
ficie, & qui s'épaipille dans l'air comme la fumée, t.'cfl ce que j'ai
fêmarqué plufieurs fois dans les clavaires que décrit le célèbre Cheffers \
cabl. 1 4S , 1 jo , 1 ç + , 1 5 «; , 1 56 , ^: après la première fortie de cette
pûuOIère » une £;;cunde émanation iie paroît qu'au bout d'un cenaiu tems*
DÉCEMBRE. Ooo»
468 Onsr.KP^ÂTlOSS SUR L/f PHYSIQUE,
L'cfpè.e de clavaires dont j'ai démontre les propriiîtis , & l'ufage
qu'on pourroit en faire à l'Académie Rovile des Sciences de Suède ,
forme un nu;ige de poitlVièrc qui fart de 1a fuperbcie de la pUnte. Le
Dofteur Cheffèrs la défîgne fuus le nom D , ei.^ t/-' puUa , ub. i j 8. M.
Geder , d'après M. Zxgi, l'appelle dauf fon Traité, «/; flo-a Dantcâ ^
{ PeTi'ti pohmvrpha ). La v.iriclc de ces clavaires dépend uniquement de
leur â^e plus ou moin^ avancé , de mcme que la difiettnce c)uc Ton
peut remarquer entre les clavaires dont parle Cheffcrs Se les miennes ,
provient de Ictat de la plante vctte on deiréchce.
, Une efpèce de clavaires plillces fur Us bords ôc d'une nature différente
des autres , dont les propriétés n'ont pas encore été démontrées, a ceci
de particulier . que la vapeur s clève Je deiîous les plis du chapiteau , qui
cft par-tout égal & poli jla tige cft fort élevée , & ta plante eft de cou-,
leur cendrée.
D'autres répandent leur graine avec un duvet très-fin auquel la graine
eft attachée C eft ce qui arrive à pluftcurs efpcces de clavaires qui appar-
tiennent d la trichia de M. le Baron de Haller. J'ai vu ces efpèces de
petites plumes s'agiter , & jetter la graine avec affez de force.
Le Citrpnbolui de Micheli , qu'on devroit plutôt appellet moriUr , n'ap-
partient p,i5 à cette clilfe de ch.mipignons , quoiqu'il y ait été inféré par
M, Archiater , le Chevalier de Linné , MM. de Haller & le Confeillec
Gleditf.h. Cette efpèce furprename de clavaires, qui mérite àts atten-
tions particulières , s'ouvre dans des lems humides & pluvieux & bnce
une balle de couleur livide qui parcourt une parabole , comme Micheli
l'a remarqué i la table cent unième. L'on a cru tort long-tems que cette
obferv.uion de Micheli étoit un eftet de fon imaginanon,mais à tore;
car j'ai vu fouvent pendant la pluie ceschampignonsa mor/^Vr ( i ^ jettor des
balles, accomp;ignces d'un bruit femblable à celui d'une chiquenaude,
talifom. Ce phénomène a même eu Heu dans ma chambre. Ceux qui
ont été témoins avant moi de ce charmant fpeâade de la nature, cell
Alichvli & borshaal.
.La poudJère qui s'exhale des clavaires rougeâtres , a quelqu'analogîe
avec celle qui s'évapore des clavaires plilïces , avec cette dinérenre ce-
pendant, que cette exhalaifun fe fait remarquer dans celles-ci pendant
un long intt^rvulle de tems, ik que dans le^ autres au contraire elle fe fait
par fccoufPc & par interruption.
les clavaires rougeâttes & celles qui s'ouvrent naturellement appar^
tiennent i la clalfe Qts plantes les plus curieufes de l'Univers. La pre-
mière de ces deux efpèces a été découverte par Vaillant, & aptes lui, par
GucLtaid , d'Alibard, Burbûum , & par les Botaniftes modernes de Daoe-
(i) Aioli appelle parce qu'il fait l'oficc du moxtiu gui laoce éa bombes.
SURtHfST, NATURELLE ET LES ARTS. 4^9
marrk y dans ta Zélande , en Judée , dans les environs de Paris & de:
Conftantinople. Mais la dernière efpèce n'a été connue que de M. Chef-^
fers 6c de nnoi. J'ai déinom[é dans mon elTai de Botanique y intitulé
F^ora FmiricfisJaluia , que la clavaire rouge croilToit dans la vallée de
Fridtich , où j'en ai trouvé pour la première fois dans l'automne de
l'annce 1^60 ^ Se depuis j'ai euoccafion d en voir plufieurs pbntes dans
les bois. Le lieu de fenr naiffance cfl: ordinaiteinenc un gazon ép.js qui
croît fur les bords de^ puits ou des fulTes ; mais une chofe bien remat'
<]u. b!i:, & qui n'a point été appetçue de Vaillant, c'cft que leur origine
eft due à un infe<5te putréfié. Si l'on veut s'en convaincre par l'expérience,
il fuffit d'arracher ces clavaires avec un couteau , & non avec la main , &C
retirer avec précaution la terre cjui enveloppe la racine & i'infcâe. Pat
ce moyen , j'ai découvert que cette efpèce de clavaires ou lycoperdons ^[
étûir ie produit d'infeétes tombés en purréfaélion. Vaillant , dans fa'
fiotanique de Paris, tome premier, page 5 , a donné la figure de ce
lycoperdon, mais Burbaum en a donné une plus partaite, qui repré-
fente la plante avec linfeélc d'où elle eft fortie. Dans mon Traite de
Muftâ v^ttamt En/opeâ , inféré dans le quatrième volume des Mé-
moires de l'Académie des Amis fcrutateurs de la Nature, j'ai démontre
comment cette merveille , annoncée par les Botaniftes François , s'opère ;
& qu'il écoit inutile d'aller chercher dans le nouveau monde de$inlè<5bes
végétatifs, puifqu'on en trouve alTez fouvent dans le Danemarck & la
France ; j'ai donné enfuite la figure & la defctiption de l'infecte putréfié
& de la plante qui en c(i le réfultat. Ce lycoperdon s'eft enfin préfencé
à mes yeux , après en avoir cherché pendant plufieurs années dans les
forets, & cela dans un bûcher, où je chctchois depuis plufieurs années
des champignons , lorfqne le rems y étoît favorable. Cette plante digne
de piquer la curiolîté des Naturalises autant par fa beauté que par Ca.
rareté, prend naiiîance fur les feuilles pourries du bois de hcrre^ M. le
Dodleur Chefl'ers etl le premier Se le fcul qui en air (ait mention. Mais
ftiivant l'opinion commune, c'eft M. Haller qui le premier en a fait Ix
découverte; il l'a confondu avec fon agaric izûy, & avec ceux de
Vaillanr Sc de Micheli , quoique la defctiption Sc la forme y fullenc
tout-d-fait oppofces. C'cft une nouvelle efpèce de champignons qui n'eft
pas encore connue , Sc dont la première découverre eft due au travail Sc
aux recherches du célèbre Haller , ce que je puis gar.mrir avec affurance ,
puifque je l'ai trouvé tel qu'il a été décrit pat ce gr.^nd homme.
Ce lycoperdon eft connu depuis lone-tems en France , en Angleterre ,
en Allemagne , dans la SuifTe Sc en Italie. Je l'ai très-fouvcnt rencontré ^^
Sc principaleme'it dans des endroits humides & marécageux. Vaillant en
a aonné une fort belle defctiption dans fa Botanique de Pari^ , de même
que Micheli, tome tl? i page 4, nuis pesfoone n'a remarqué dans cetre
47» OBSERVATIONS SUR lA PHTSTQUB,
p1.\ntc , de même que cUiu les clavaires donc |*ai parle ci-deHiu , ce que
i'ii eu iieo d'y obferver.
Il eft facile de fe perfuader que la tête ou le chapeau des clavaires
rougeâcres e(l capillce de pences cellules remplies de vers \ lî on coupa
la plante en deux patries, on voir auflî-tôt que toute la fupr '^-' '^
form^ Que d'une intinicé de petites cellules unies les unes au
fus faili d'admiration d Tafpeâ d'un fi beau Ipeftacle.
Par le fccoiirs du mictofcopc, je découvris une infinité de petits ani*
maux tout blancs , femblables à de petites fibres qui fbituienr de leurs
cellules , qui Te mouvoienc en ferpentant , & tetomboicnc en arrière fuc
erficic n'eft
aux aucies , je
:quii que quelques-uns de cei animalcules ccoient pouî
hors de leurs cellules ^ que les autres étoient étendus, & ne donnoienc
aucun Hgne de vie , qu'enAn il y en avoit qui fe remuoicnt de tous les
côtes, & par ce mouvement de droite à gauche, fe dcbarralfoient de
leurs cetUiles. En attendant quel feroit le fort de ceux qui ctoîent retenus
i l'ouverture de leurs petites cellules , je remarquois une nouvoUe forcie
de ces petits animaux , qui grimpoient les uns fur les autres^ je fiis ptef-*
qu'une demi-iournce attache i cette obfcrvacion.
Il çftvraifemblable que ces petits animaux tardent plus long-tems 1
quitter leur demeure quand le champignon refle en repos au lieu de fa
naiiïance : ces animakutes fembloient scloigner de la plante, d'un pouce
jufqu'àun pouce & demi. J'ai rcpctccettCexpcricnceavec 8 champignons
que j'avois trouvés dans le mois d'Oélobre 1 7^9. Celui qui a la fatisfâc-
tion de trouver un champignon de cette efpèce en maturiré , peut fe
procurer cet amflfementi il fuftit de le placer bien horifontalemcm à la
lumière , & de le regarder i travers le microfcope, & auûi-tôt ces petitt
animalcules parotttont fortirde leurs cellules.
Pour examiner ces animalcules plus attentivement , il me vinr dans
l'idée de les pofer fur un verre blanc bien puli , & de les foumettre en-
suite au microfcone. Je vis en peu de tems quelques-uns de ces petits
fils en forme de ferpent qui étoient étendus fur le verre fans produire
aucun mouvement. Pour en amaifer une plus grande quanticc , je remis
fur le même verre le chapiteau du champignon , & au bout de quelques
minutes, il fut entièrement couvert de ces petits Hlamens animes ; ce
n'ctoîent plus des filets tortueux /ans adion , mais une quantité prodi*
gieufc de lones filets attaches les uns aux auties. Cet allcmolage , ce tifla
devient fenfible à la vue , quand il efl expolé au grand jour , Se reHèmble
dune filure des plus ânes,&i travers le mik:rofcope il a beaucoup d'analogie
avec du coton très-fin. Le microfcope nous apprend encore cjuc ce n«
font point de petits filets à U fuite les uns des autres , mais des fi la mens
SUR VniSr. HArUREltE et les JRTS. 471
longs, gros& découpés qui fe croifent dans tous les fens poiïîbles. Ils
ne (onc ni creux ni rranfpâcens , mais épais & opaques ^ ni tendus , maïs
lâches &c un peu ridés dans certains endroits.
Je dcfireroii favoit par quel moyen ces petits fils peuvent repré-
senter des Blamens tiès-longs , & ane toile pacTaite. Je m'imagine que
CCS petits Als , pat leur réunion , forment des filets d'une certaine lon-
fueuf) parce que leur point de réunion devîenc imperceptible à caufe de
extrême finctle de leurs parties con (Situantes.
J'ai remarqué précédemment qu'une grande partie de ces Animalcules
rctoraboit en arrière fur la clavaire, & tormoit d'abord une étendue
blanchâtre , fembUble à la toile des mites ; mnis bientôt elle fin tapinée
d'un duvet blanc comme la neige. Un habile fcruuteut de la ^Iatu^c
auroit pris ce tilTu pout la toile d'une araignée , ou pour l'enveloppe de
qu^qu'mfed^e , ou enfin pour une pure illuiîon. Je le regardai long-
tems de même, Se j'autois periifté dans cette opinion, (î je n'avois vu
cette toile naître , fe développer & fe former fous mes yeux.
Le lycopeivlon , ou comnie le DoAeur Chettcrs les appelle, clumpî-
gnonspliiïcs (l), forme un véritable état mitoyen entre les clavaires i
chapeau & les clavaires plitTces \ il diffère de ces deux efpèces , en ce que
le ibmmet de cette plante ne paroîc avoir aucune proportion avec un
chapeau > & fbrme une furfice plane qui a une incilion remplie par la
tige, & fa direction eft abfolument perpendiculaire^ enfin, une autre
différence affea marquée , c'eft que la rige & fon chapeau ne portent pas
fur le même point d'appui ; le ftylet eft pointu , long , arrondi , plein de
lides & blanchâtre, au licuque la clavaireeft jaune, plate&trcs-ferrée,
& gagne en largeur à mefure qu'elle s'éloigne de fa bafe.
Parle fecoursdu microfcope, je lemarquoîs des petits points blancs
qui forioienidu chapeau de la clavaicc. Avec cet inftiument ,on peut les
comparer aux tîlets prefque formés de la clavaire rougeâtre j c'eft aiuii
que je les ai dépeints , à la C5 8 table de Flt^râ Danicâ,
Quoique la Clavaire fcTpentinc ait été décrite rrès-fouvent par les fcru-
cateurs de ta N'Ature , cependant aucun n*a obfervé que b icce de cette
plante eft upilfée extérieurement d'une inBnité de petits trous iuviGblcs
0) tes Naiuraliflcs oai plac^ cette fXfhce. tic champignons dans diflcrcni gentes
fiùvant les diifirens p(»nn de vue fous Icfaucls ils les obfctvoiciit. U fcioïc plus
naturel de laiHer dans la mûne ctalTc ccui Haut U panie inféncurc du chapeau eft
plane & polk , puîfcju'on détermine les différentes clafljcs des clavaires ou lycopei-
don , par la forme de li partie inférieare du chapeau. Et on n'aurotr plir; la peine
de chercher ccue claiTc dans ks diffiércns Eenics déciics parles Nacuralrftes -, fc pour-
Tots ajoutera cette efpéce de clavaires plilTécs Cous les boidt du chapitcaa, deux
autres que j'ai dccouvetrsi i'éié dernier. £Ues paioitroni dans moo*OuvTage4 «^
^hrâ Danicâ,
^71 OBSERVATÏOÎTS SVR^ZJ PîîYSTQVE,
à la vue fiinple , &: que ces ouvertures offrent autant de petits cnniux qui
compofenc couce ja (eicture de la ruperficie. Ces pttïts uous examinô au
mictofcopc , ont la figure de piquure d'aiguille \ & en fàifant une incilton
àla pallie fupêiieU'C , on obfctve à la vue (impie tou> ces petits cimux.
Çeuc plante m'a procucé un fpedacle des plus curieux ^ auffî-tôi quô
la çonAÏEutiou iiitcine «.-iTuycit quelque ihangemeut, ces petits corpuf-
culc^ qui fottoient à la fuptirâLÎL-, rprouvoiLut les mêmes modilïcatiuns.
Sî on l'airujctilTuit au grand jour, on tcmatquoit aveu U mie roftopc une
grande quancirc de brillantes étincelles quiï'ctevuientde la ruperfitie,& (e
portotent dans riiir,& comme unefT.iîndcmouihcsdanâ une foiréc d'été.
Te répaiidoienc de rouii les côiés, de en^n rcrotnl^oi&nc en gr.:nde partie
fur la plnnte. Dans leur fortie , le microfcope les reprcfcnroir comme des
atomes fort agités. \ orfqueccs corpufcules font retombes fur cette cla-
vaire, ils rellcmbleiu i des globules de neige ». extrêmement dcli^^ &
deviennent bientôt infeniibles.
Placés fur un verre bien poli & expofés i la lumière, ils paroiflènt for-
mer une poulTîère ttcs-Hne , maïs par le fecours du microfcope , ils de-
venoîent fort longs &: ttCd-brillants; leur longueur ell cinq ou fix fois
plus grande que leur largeur. Us ont la même forme , la mcuie grandeur >
ils font opaques & découpes aux deux extrcmiccs. ^
Le: microlcope nous apprend qu intérieurement ils font tranfparens »
& à l'extérieur opaques j & ceux qui paroident gros, font formés de
plulleurs appliques les uns fur les aurres. Us font plus petits » mais plus
gros que les iîls de quelques clavaires, fermes, (ans rides > ils ne font
point abfolumenc droits, mais un peu courbes. Us s'attachent au vetre,
mais confervanc toujours leur forme ordinaire , ils ne forment point une
texture continue. Sur un nombre afTez con(îdérable de clavaires ferpen-
tineSyi'en trouvai feulement quatre, dont la pointe étoit couverte d'une
^corceblamhe& rude, comme de petites écailles. Je m'imagine que cela,
vientd'un allemblage de filamens collés les uns fur les autres.
Je tes tcnfermois dans di^érens vafes , j'y verfois de l'eau , ce que [e
tcpétois quelques jours après , te /ans qu'ils cprouvallent aucun change-
ncnt. Plufiturs de ces BU quitièrent le fond du vafc pour gagner la fu-
perBcîe, fans donner aucun ligne de vie. Mais une chofe bien remar-
iquable , c'efl qu'ils fe diflipoient avec les vapeurs , quoiqu'ils fullt
lent cou-
ipeurs, quoiquiis t
verts d'eau ( il eil propable que l'eau les avoir mis en diHolution ) j & les
tiges des plantes navoient fouffert aucun changement, même après que
l'eau fut évaporée \ en feccnd lieu » re.iu que javois veriée fur les fibres
membraneufes fe cryUallîfe en molécules de différentes groffeurs, l'eau
3U coDcraiie des tiges reluifantes s'évapore fans fe cr>ftalliler.
Je ne doute pas que la clavaire de coujeur jaune ne produife un fpeAa-
cle particulier & iiuérefFant. J'en ai trouvé fouvent dans un vallon appelle
9aiÙt de Fridérick j Se dans les for&cs , mais depuis quelques années elle
s'eft
SUR VniST, NATUnELtE ET LES ARTS. 47,
s'cft fouftraite i mes recherches. Avant moi , Brcyn l'avoit dccouveirc"
c'cft de iui que Mitheli l'.i empruntée. Touics les obfervntions que j'ai
faites fur cette matière , donnent nccelTairement occalîon à bien det
queftiuns qu i) efl alTez difHiile de réfoudre. Savoir: Qne figniHent ces
atomes, ces fils délicats, ces corpufcules étincelans qui paroiirent fortic
de ces plantes ? Eft-ce de h pouluère » de U graine , ou une collection de
petites plantes? le microfcope 11e nous apprend rien de polîiif là-deffiu,
ce que l'on peut cependant connoître très-parfaitement à l.i vue fimple
dans toute autre efpèce de plante. Sont-ce des vers ou des animalcules
<l'une niturc inconnue? Peut-on attribuer à une végétation des plus attHvcs
la mctamorphofe de ces atomes en tils d'une cert.-iîne longueur , ou à des
animahulesqui fe développent extraordinairement en peu de tems?
. D'oii vient que ces atomes fortis des clavaires rougcâtres , forment
une loile cotonneufe dans leur rechute, & pourquoi ces corpufculescranf-
p.itens ne font-ils fujets^ aucun chanç;ement?& quand ces fils tombent
' ' ' ' rdc 1 - .
paroUtcnt aujourn iiui rciuuu[<: ics uiiiiluhcï, ic nctruucnt le joue
d'enruite par de nouvelles obfctvations.
XJne grmde partie de tous ces filets qu'on a pris jufqu\Upréfenr pour les
tacmcs de la plante , Si qui s'étendent Quelquefois confidérablement , en
dcttuifant tout cequi feroit dans le cas de s'oppofer à leur développement,
ont beaucoup d'analogie .avec ces lîlamens qui fe croifent dam tous les
fens , Se dojit j'ai déjà parlé. Que m*obje£teroit-on , iï j'avaiiçois que ces
fibres doiv,ent leur origine aux molécules animées, (dont j*ai parlé dans
cette dilTertn[ion)qui. après s'être multipliées dans une terre chaude Se
humide, Se après avoir acquis alfez de matière pour fe développer,
fonncnt çniin une efpèce de champignon ; & comme les phcnoincnes
,<]ne prclentcnt les lycoperdons dont je viens de parler font abfolumçnc
oitTcrens des obfervations du Baron de Muncfùiaufcn , ces deux efpèces
exigent une théorie bien différente dans leur création , de celle qu'on leur
laallignéejufqu'àpréfent. Mais dans l'étude de la Nature, on peut nous
comparer À de petits enfans qui commencent i ouvrir leurs yeux : cous
voulojis parler beaucoup , Se nous ne ^ifons que bégayer.
^•V^
^!%
Tcmt Xiy, Part. n. ijyr,. DÉCEMBRE. P pj>
'474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
SUITE DE L' EXTRAIT
De CHifioïre Naturelle du Chili
POISSONS.
3—ik mer du Chili abonde en poifTons qui fonda plupart difi<^rens de
ceux d'Europe.
Polpo, Lepolpo efV d'une figure fi fingulière , que quand on l'apper-
çoit immobile , il relTemble à une branche d'arbre couverte d'une cl orce
femblable i celle du chàraignier. \\ n'efl pas plus gros que le petir doigc ,
long de crois pouces, ileft diviféen 40U ) articulations qui vont en di-
minuant du coté delà queue, qui comme la tctc rcncmbie à l'extrcmiié
d'une branche. Quand il déploie (es 6 jambes qu'il tient couchées du
côté de la tcce , elles rellemblem à autant de racines , & la icte à un pîvoe
brifc^lîon te prend dans la main, il lengourdic pour un inftant, fans faire
d'aurre mal. On trouve dans ce poilTon une petite vellie pleine d'une
liqueur noire qui ferc d'encre.
Diaphane, Le poiiron diaphane fc trouve vers l'embouchure du
fleuve Tolten. Il cft petit , ovale , & d'une faveur agréable. Ce poilTon eft
tranrparenc comme le CT)'ftal , Se quoiqu'on en mette pluheurs les uns
fur les autres, ils confervenc leur traiilparence. On trouve auili la tor-
pede dans cette mer.
Coif. Le poifTon coq eft fans écailles & long de 1 ou 5 pieds. Il
tiie fou nom d'une crcte rouge qu'il a fur la tctc.
' Tolh. Sur les bords de l'ifle de Jean Fernandcs , on trouve un poif-
fbn nomme tolh. Chacune des deux nageoires qu'il a fur le dos eft
armée d'un aiguillon brillant , triangulaire , aigu & recourbé un peu
vers la pointe. U eft dur comme de l'iveite , long de deux pouces &
demi , & large de quatre ou cinq lignes. Cet aiguillon eft efficace contre
le mal de dent. Si un l'applique fut la dent malade , il engourdit b
joue , & la douleut fe palfe dans une demi-heure. Il endort fouvcnt >
& d fon réveil , on fe trouve guéri. Tant que l'os eft dans ta bouche»
on obferve que la partie fjxjncieufe de fa racine fe gonfle peu-i-peu.
Ce phénomène ne peut s'.ittribuer uniquement à la lalive , puifque la
farne de l'aiguillon , feule partie qui touche la dent , eft , comme on
a dit , fort dure. On pourroic en conclure qu'il a qucIqu'attraAion
avec Uumeui morbif^c , & qu'il la communique i U partie fpon-
gieufe
h
SUR L'MIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47$
I Iksectes. Outre les infeâes d'Hurope, il s'en trouve de particuliers
en Chili qui incricent l'attention des Vhilofophes.
Sur le fommec de la bifnaga ou herbe à nettoyer les dents, on trouve
un colcoptère a deux aîlcs , qui (érable èite forme de l'or le plu* bcil-
ixtic.
Parmi les infcdes tuirans on diflingue plulleurs efpcces , les uns font
ailés, Se les autres fans ailes. P.umi les premiers , il i'cn trouve uu
grand comme un papillon onlinaire, qui paroît !a nuit un brafict vo-
lant. Dans les campagnes , on trouve en certains trous qui fe font en
terre , une araignée velue , grife , groire comme le poing , donc les
pieds-font longs de trois à quatre pouces. Elle a eu outre de oetites
dents, & deux dents canines alfez proéminentes auxquelles quelques-
uns accribuenr des vertus médicinales. Cct:e araignée n'eft ni veniaieufe
ni nuifible.
Oiseaux. Les oifeauJt, tant aquatiques que terreftres , y font fort
multiplies. On en compte quatre-vingt-douze efpèces dont beaucoup
relTemblent à ceux d'Europe. D'autres eu diffèrent en quelque chofc,
.d'autres enfin font particulières à ce pays,
Cy^ne, Le cys^ne du Chili diffère de celui d'Europe pat fa tcte qui
eft noire. Les tourterelles de montagne ont les ailes noires.
Pinquen. Le pinquen eft plus grand & plus gtos qu'une oie : il a le dos
mclc de blanc & de gris , & le ventre tout blanc : fa chait eft blanche ,
délicate & de bon goiîr. Cet oifeau aime la plaine où il fe nourrit
d'herbe & d'infectes j on l'apprivoife facilement.
Âlcatra^. L'alcatraz eft une cfpète de pélican. Il eft moins gros qu'un
coq-d'Inde, mais fcs jambes ont plus de deux pieds de haut. Son bec
eft^arge de crois pouces &: long d'un pied \ vers te milieu il eft garni
i 11 partie inférieure , comme à la fupt'rieure , de petites dents alîez
trancliantes , arrangées en forme de fcie. Il lui pend un fac fur l'efto-
mac , qui eft attaché à de petits hlamcns, afin qu'il ne divague nî à.
droite ni \ gauche. Ce fac eft compofc d'une membrane épaiflc & ^ralTe,
alTez charnue. Il fe plie comme un cuir , & eft recouvert d'un petit poil
£n & douillet comme du facin; Quand ce fac eft vuide , il ne paroîc
prefque pas \ mais quand l'alcatraz trouve une pcchc abondante , dont
tl fait fa nourriture, il eft furprcnant de voir la quantité de grands &
de petits poiffons qu'il fait entrer dedans , foit pour le confcrver pour
lui , ibic pour le porter à fes petits. Cet oifeau eft brun \ fes plumes
valent mieux pour écrire que celles d'oie. Les naturels du P'ays fe fer-
vent de {on fac bien tanné pour faire des lanternes. L'alcatraz paroîc
allez délicat ; car dans le pays , on en trouve fouvent de morts mi les
rochers voilîns de la mer.
Pux^ro-ninnuo. Le paxato-ntnnuo reffcmble de loin à un enfant en
maillot, il vit dans la met j il eft de la grolfeuc d'un poulet-d'Inde;
1775. DÉCEMBRE. Ppp 1
47^ OïiSF.RVATÏOl^S SUR LÀ PHYSIQUE,
il a les plumes du dos noires , & celles du vencre blanches : il a le,
cou ovale , gros &: g:irni d'un iroUier de plumes blanches : fa peau eft
cpaiire comme celle d'un cochon , & peut fe détacher cmicremeiu de
fa chair. 11 lui pend de t.h;ique cote, au lieu d'ailes » deux bandes de
peau C]u! relTemblenc à de petits bras. Ces cfpciCi d'ailes font cou-
vertes en haut de plumes blarithes mclccs de hoires très-courtes êi trcs-
ctroîtes \ elles lui fervent pour nager & iamais pour voler. Il fait fon
nid fur les rivages dans des trous nlfcz profonds qui fe trouvent dans
le fable , & y dépofe trois ou quatre o^uf^ tachetés de noir. Son
bec eft étroit & plus grand que celui d'un corbeau j fa queue eft ourte,
fes pieds font nuits « plais 6c garnis d'une membrane comme ceur
de Poie. li marche le corps liaut & dioic , laillànc pendre fes efpcces
d'ailes de chaque cntôi On dit que fa chair n'a point la m^uvaifc odeur
. ordinaire de celle des oifeaux de met , &' qu'tUc cft allez bunnc À
manger. .
Thrfguet ou Ktttnv* Lç keltreu eft de la grolTeur d'un pigeon , mais
fes jambes ont le double de hauteur. Les plumeS de fon dos font cen-
drées , mêlées de noir , & celles du ventre blanches , partagées lon-
gicudinalemenc par le milieu d'une raie noire. Il a au nii de fes ailes
un os long d'un piiuce , gros de quatre ou cinq lignes , dur & aigu \ îl
s'en fert à combattre contre les autres oifcaux , mcme contre les quadru-
pèdes qui approchent de fon nid qu'il hit dans les trous qu'il rencontre
par halard en terre. H pond trois œufs gris, tachetés de noir, qui font
bons à manger. Quand Je keltreu voit arriver un homme , il (e retire
de fon nid , & ne crie que quand il en eft i une diftance confidcrable,
de peur qu'on ne trouve fes aufs. Ils vivent dans les plaines \ jamais ort
. Jie trouve enfemble plus de mâles que de femelles , comme jamais
ils Jie fe perchent fur les arbres.
Trcnca, La trenca eft d'un gris ccndir , elle eft de la groH'eur d'une
grive à laquelle elle rclfemble encore par le bec, la tcte & les pieds. Elle
a les ailes ôc la queue plus lonques & plus larges. Cet oileau chante
agréablement % il varie fa voix comme le rofiîgnol , & a le calenr d'imi-
ter alîcz bien le chant des autres oifeaux. Il eft très vif » & ne peut fe
tenir long-tems dans un même endroit \ il fautille toujouri» quoic^u'il
chance.
Kiveu, Le Jceveu , que les Efpagnols ont appelle grive improprc-
xnent , eft un peu plus gros que la trenca. Il a la chair, les plumes, \q$
yeux , te bec & les jambes noires. Il apprend i p rter comme le per-
roquer, quoique fontec foir mince & un peu plus lon^ cjue la gnve
l'apprivoife facilement. Son chint eft continua
très- mélodieux. Il pourfuir les petits oifeaux , & leur mange la cer-
ptopremenc dite ; on W
vclle. Il fait fon nid fur les arbres. Il le compofe de fin^e qu'il apporte
avec fou bec , fes pieds , & £l queue qui lui feit de ciuelie.
Sun vnisr. kjturelie et les arts. 477
f Le Cluli n'eft pis fi atwn lant en quaJrupcJcs &: eu vivipares indi-
gènes que les autres parties de rAmcriquci cependant, il s'en iruuve
uelques-un> d'inccreilims; on les divife en aquatiques &: en tcrrcftrcs.
es aquatiques font la Kiteine , le lion-niArin , le loup , le cheval , le
lue , le p,uillin &: le coipu. Les terreftres font le lion , l'huanaco , le
hilibucque , le ^ucmul , l.i vigogne , le renard , U guign.-» ,Ie daim,
le lièvre , la vifL\n:ha , le chinne ,"lc k ki , larda & le piguchen.
ViviPAiifes AQUATIQUES. B.ticm-. Lc'» baleincT, dont b mer du Chili eft
cdinniremenr couverte» n'ont que quelques lépcres différences avec celles
u Groenland. On trouve quelquefois de ces inonftrueux nnimausc morts
ur les rivages. Leur plus çrmd ennemi eft le poi'ron-épce; il porte ce
'nom A caufe d'une lame ollcufe, pleine & pyramidale, longue de trois X
uatre pieds qu'il porte fur la tcte. Ce poifTon eft long de dix à douze
teds , & d'une agilité étonnante ; il a les mâchoires armées de petites
ents pointues. Il y en a une autre efpèce qui ne difîïre de la première
ue par fon cpée qui eft dentelée de chaque côté comme un peigne,
armi les b.-ilemes qui fe ttouvcnt mortes Tur le rivage , on en len'
Dntre de prodigieuies. L'auteur qjc je traduis , dit avoir vu la côte
'un de ces énormes poilTons , qui ctoit longue de quinze pïeds ^ large
"un pied & demi , èc épaifle de cinq doigts.
Cuiilin. Le guiUin eft un animal ^{Xar commun qui vît dans les
es, dans les neuves ou d.ins les rivières. Il fc nourrit de poitrons
u de l'herbe qui croît fur les bords des lieux qu'il h.ibite. 11 eft de
taille d'un chien ordinaire \ il eft couvert de deux erjgpces de pulls ,
fies uns longs . les autres courts. Le poil court eft (ïn & fort épais. U
h'eft jamais plus long d'un pouce , éc feri à conferver la chaleur de
Vanioiul. Le long eft plus rude, d'un brun obfcur fur le dos & blan-
:hâtie fous le ventre. C'.t animal a U tcte prcfque ronde, les oreilles
mdes &: courtes , ^c Tes yeux petits ; fa bouche eft armée de quatre
lents longues & pointues , deux en haut Se deux en bas. Sa queue eft
Lirge , (çs pieds hc fes mains font membraneux & piaf; ; fa peau eft
«ftimée , on en fait d'atrcz bons chapeaux y il parolt ijlie c'eft une efpè^-e
.de caftor.
Col'iu. Le colpu eft plus petit que le guilHa auquel il relTemble pat
la figure & par la manière de vivre. Sa peau eft noire & garnie de
Ldeux efpèces de poils donc l'intciieur eft allez doux. Quoique ce petit
animal foit amphibie , on l'élève dans les maifons , & il s'.npprivoife
comme un chien. On trouve cnjore des loutres d.in$ TiHe de Chiloé
qui ne diffèrent point de ceux d'Europe.
, Qu A DRupàoES TEaRESTREs Legnanacojle Chilibuéque, legtiémul&
lia vigogne font des efpèces fubalternes du genre des chameaux , dout
ÏU diffèrent principalement par la privation de la bollè.
' Guaadco. Le guanaco eft long de fix à fepc pieds i & haut d« qu.i(ce
47» ORSERrJTfONS SUR LA PHYSIQUE,
i cinq. 11 reflemble prefque au chame.'i» pir b tîrc, le cou , par la lèvre
Aipcneure qui elt fendue & £ins denc : il lui rellembte encore par ta
queue & p.ir les parties nuurelles , mais fon dos eft i.\ws belle. Ses
pieds fonc ^ucchus Se armés d'ongles gros & pointus : le poil de fon
dos e(l gris-brun , celui du ventre blancliâcre ; il efl fore doux & ferc
à faire des ihapeaux. Cet animal n'a d'autre dctenfe que la Icgcretc de
fcs pieds avec lef quels il Te tient fur les rochers les plus rapides II vit
ordinairement fur les montagnes des Andes i il eft cependant alîez doux ,
s'appcivoife facilcmenr. Si on t'irrire > il crache à la ligure de ceux
qui l'attaquent. Sa chair , félon les habitaus du pays , eft bonne â
mauger , Se cft peu infcticure à celle du mouton. Le guanaco fournie
le plus beau bczoard.
ChUihtiijtit, Le ciiilibuçque tient du guanaco & du mouton d'Europe.
11 a la tcte > le cou & la queue du guanaco , & le rcfte du mouton
qu'il furpaffe du double en grandeur. C'eft de-là que les tfpagnols l'ont
nomme brebis du piys . & les Indiens » chilibucque , qui veut dire,
mouton du Chili, pour le diftinguer des lam.is.du mouton du Pérou.
Le chitibuéque eft un animal domcftique , fort cftimc des Indiens.;
dans leurs cérémonies religieufcs & dans leurs traites de paix, on en
facritic en figne d'alliance* Sa chair eft aulll bonne que celle du mou-
ton. Sa laiue ell excellente. On en trouve de blancs , de {rrit , de noirs
& de cendrés. Cet animal fc multiplie peu par la diffi' ulté qu'a la
femelle de concevoir y il faut la ioutcuir , pour qu'elle ret,oive w
mâle. .
GuemuL l!t gdémul eft de ta forme & de la caille d'un chilibucque ,
â l'exception de (a queue qui rdrcmble à celle d'un cerf, il tli plus
fauvage ciue le guanaco \ il habite prefque toujours les lieux les plus
efcarpcs des .\ndcs.
f''>gog/ie. La vigogne eft de la grandeur d'une chèvre , & reffèmbto
beaucoup au guanaco. Sa laine eft couleur de café , tine & mocUenfe.
On en porte beaucoup en Europe. Sa chair eft bonne i mani^er. La
vigogne vit dans Tbs pays les plus tempérés du rovaume , d.in> lev pro-
vinces de Copiapo & de Coquinbo. Il faut qu'elle foit fort fccjnde ,
parce que, malgré le maftacre continuel qu'on en fait tous tes an^ , il
s'en trouve Toujours beaucoup. Cet animal eft fort timide ; on l'arrcte
d.ins fa courfe avec une corde où pendent plulîeurs Rovons de l.ime.
Si on l'élève , il s'apprivoife comme un mouton \ cependant les h.ibi-
cans du pays, qui pourroicnt en tirer un grand paici , ont la négligence
de ne pas les nourrir.
yifca^uc. La vifcaquc cft de ta grofteur & prefque de la figure d'un
grand lapin , quoiqu'elle ait les jambes plu^ courtes. Son poil cft doux
& mclc qe gris & de noir. Sa queue , qui reifemble à celle du renard , cft
garnie de ioies li diues> qu'elles rellemblenc i des épines, li fe défend
SUR VHÏST. K.4rURELlE ET LES ARTS, 479
de fes ennemis en agiunc fa queue. -Si ch.iit eft bonne i manger. U
,vir dans des terriers qu'il fe forme. Il piiTe la nuit i porter à l'entrée
fàt (on trou coût ce qu'il trouve dans U campagne. QuAnd les voyageurs
ont perJu quelque chofe , ils vont le cKercher i l'entrée des cerrlcrs
des vifcaques , & font prefque toujours sûrs de Py crouver.
Chinne Le chinne eft encore de li gro.Teur d'un lapin \ mais il rcC*
femble plutôt pat UBgureàun petit chien. Sa peau eft tl'un bleu obfcur.
il a fur le dos , depuis U tcte jufqo a l'extrcmité de U queue , une
lûye compolcc de pmtiencs anneaux blancs. Sa queue eft crès-ga||iie de
?'oil , rejourbce en bas ver& Ton extrémité , où elle eft auflî rude & aulli
errce que celle d'un paon. Ce petit animal tft doux, il aime Ici hommes
qu'il cherche p-ir-tout; il entre dans les maifons, fnr-tonr à U camp.-ignej
jiX mange ce qu'il rencontre ; il fe promène eu route liberrc parmi les chiens
c|ui ne lui difputcnc rien non plus que les hommes; tous le refpeftent & le
craignent, quoiqu'il ne falfe mal ni avec les dents ni avec les oncles. Ce
qui lui vaut ce fauf -conduit , eft une petite vetlîe qu'il a placée auprès
de l'anus , à la nailTance de la queue. Cette vellie contient une liqueur
huilcufc y différenre de l'urine , dont l'odcuc eft û puante ^ H fufTo-
quante , qu'on peut h peine trouver dans la nature quelque chofe i lui
comparer. Cette odeur en outre eft lî tenace, qu'il lui faut un tems confi- -
^«Icraole pour fe dillipet. Quand cer animal fc voit attaqué » il allonge
les pieds de derrière , 6c lançant cette liqueur fur fon agrcifeur , il fe
délivre du danger par ce moyen. On ne peut plus fe fervîr d'un habit'
fur lequel elle eft tombée , à moins qu'on ne le mette 4 plullcurs lef-
"ives très-forces. Le lieu refte inhabitable pendant beaucoup de tems j
»n ne trouve ni mufc ni aromate qui puifte furpalfer cette odeur. Lesi
îhiens qui en ont reçu en font tout étourdis \ ils fe roulent dans le fable^
& dans la fange ; ils fe plongent fouvem dans l'eau ; ils courent la'
campagne en hurlant comme des furieux \ ils maigriftènt beaucoup ,i
parce que tant que cela dure . ils ne mangent pcefquc point. Us fe'
gardent bien enfuiie d'attaquer un pareil animal. Le chinne n*a d'au-
tres dcfenfes que cette liqueur qu'il lance fur tous les animaux qui
l'attaquent , excepté fur ceux de fon efpcce , quoiqu'ils aient fouvenc'
des querelles enfemble. On ne s'apperçoit de cette mauvaife odeur
lue quand il la tance. Sa peau &c fa chair en font exemptes. Les In-
tiens , pour l'empêcher de lancer cette liqueur » le prennent par U"
fueue, & tirant avec elle le nerf de la véncule, ils en ferment lou-
:rture. On fait avec fon poil, qui eft fort doux , de fort belles cou-
rejtures de Ht >
Kiki- Le kiki eft de fit grandeur d'un renard auquel il reffemble
par la queue , & par le refte du corps au crocodile. Il eft d'un gris
cendré , tacheté de tlanc \ fes jambes font courtes & fon poil fin \ il
eft uès-féroce » & n'a pu s'apprivoifer jofqu'à picfent.
480 OBSERVJTIONS SUR LA PHYSIQUE,
. ArJa, L'acda efl une efpcce de inuloc uu de campagnol dâ U grof-
leùc d'un cbat ^tii ne fc trouve que dans la province de Copi.ipo.
Ccc aninul e(l allez do'^ilc , il eft couvert d'une laine cendrée , cpaille
& délicate comme le meilleur coton.
Pi^ucnift. Le pi^ucheii ell l'animal le plus cuiicux du Chili. Il eft
AU fois aile ^ cjuidrupcde, il eft de la grandeur d'un lapin ordinaire,
lirge du derrière Se cttoït du devajit. U ell couvert d un duv£c fin de
couleur de canelle foncce. Son niufeaii crt pointu , fus yeux grands ,
ronds Je brillans. A peine appercoit-on Tes oreilles; Tes ailes font mem-
brancuïcs comme cvlles de la chauve-fonris j Tes' jambes font cources
Se fembUbles à celles du Iczatd ; fa queue , ronde dans fou origine ,
sclir^tt enluiie comme celle d'un poii'bu \ il lîfTIe comme les cou-
leuvres Hc vole comme les perdrix ; il fe r^rire dans les trous des ar-
bte> , d'où il II? fort que pendant la ituic 11 ne taîc mal à pcrfoime»
On ignore quelle ejt fa nourriture. Je n'aî Jamais pu obferver cec ani*.
mal; mais des pcrfonnes dignes de foi fc font toutes accordées à m'en
cionner cette dcfcription.
.. MirAux. On trouve dans le Chili des mines de tous les métaux ,
4e(ni-métaux & minéraux connus ; l'or fur-tout y eft très-commun,
oni.n'çn tire que du p.iys appucenant aux Efpienols.
L'or. U y a deux manières de retirée l'or de (a mine, ou en femianC'
avec des p1cs de ter les rochers qui en contiennent , ou en liv.mi lo'
fable des fleuves qui en roulent dans leur lit- La pr^mi^re eft ptéfé-
rabjc par l'avautape qu'on en retire ; elle eft cependant .ilfcz dilpen-
dieufc. Ourre h fatigue, elle exige pluHeurs machines , & un moulin
particulier pour réduire en poudre les pierres mccdliqucs. Ce m'.'ulin
^-appelle 'rj/7/cÀ< ; il eft compofc de deux meules pi. cecs comme ccllel
4'lin moulin ^ huile : un grand canal d'eau fait tourner la meule fu-
périeute dans une grande caifle circulaire où on met le métal. Un auire
petit canal introduit dans cerre cailfe de l'eau qui , baignant comU
, nuellemcnt le minerai , en hâte la mouture , Ô< on conduit les partie»
les plus- broyées dans cettiins puits appelles m.iriiju.\ , par une ou-
verture pratiquée i U caille. Lç minerai étant tout pulvcrifc , ua fi
jette du mercure qui ralfemble toutes les particules d'or qu'il renLontreâi
formant avec elles un globe bUnchâcte , auquel le feu reftitue fa diueié,
5f une belle couleur jaune. u
La féconde manière d"ex(>loitet Tor «'abandonne ordinairement 4-
cegx qui n'ont pas aftea de fonds pour faire les dcpenfes qu'exige U.
manière précédente. Ceux-là mettent le fable dms une efpcce de n*-
vetfê de corne, qu'ils appeitenc. 4»'N^''*>i ^1^ 1% Uvent bien , 3c ranial-
fenc les grains d'oie que leut p^^n^iir f^t reftcr au toad ; mais codim»^
ils ne fe fervent peine de mercure , ils en perdent plus 48 U moiii^y^lei
rtofit en eft cepentJAnt alfcz cpoiiilé table. ., . . i . :>
L'argent
SUR UniST. NATUREILE ET LES ARTS, 4S1
L'argent. On trouve auffi des mines d'argent ; mais comme elles
ibnt fatigantes & plus dirpendieufcs à tirer que celles d'or, on Us
^u'il en dilfcre un peu par (a confltuûnon. i**. On crible enfuite
cette poudre dans une cipcce de tamis de fil de fer très-mince. Oa
le mile avec du mercure , du fel , de U boue putccfice , & on l'e^j-
ferme dnns un cuir de vache > en y vetfant de l'eau ; il fe fait une
'mall'c qui pendant l'efpace de huit i dix jours fe bac , fe fuulc aux pieds,,
}éc fe retourne deux fois uit jour. Ttotûèmcmcnt, on mec cette mafTe ,
capràs les opéraûous précédentes , dans une auge de pierre , on vetfe de
'l'eau delfiis , cette eau entraîne le niincrat avec elle dans des puirs
"creufés au pied de l'augç où ramalgamc d'argent & de mercure fc
'précipite en un globe blanchâtte. Quatrièmement, on retire le globe j
^bn le met dans un fac de toile que l'on prelTe fortement afin de faire
"fortir le mercure. Cinquièmement, les ouvriers donnent À cette ma(re,
^ui eft aufli molle que de la pâte de farine , différentes formes , felcni
l|eurs caprices, ou d'oifeaux ou d'animaux , &c. Une grande partie du
hercure qui y cft contenu , s*échappe par les trous pratiqués aux moules.
Sixièmement > comme le mercure , malgré toutes ces prefiions , n'a pas
iiout-à-faic abandonné l'argent , on jette la mafle dans un fourneau
nen allumé j le mercure le volacilife , & l'argent telle pur, blanc &
folide.
Cuivre. Les mines de cuivre ne font pas plus rares dans ce pays
'que celles d'or avec lequel on le trouve mêlé. On n'exploite que celles
^qui font fort riches. On fe fen des opérations fuivantes pour avoir le
pcuîvre pur. i". On fait une foïlè profonde pavée d'un mélange de
fplatre Se d'os calcinés , bien pulvérifés i cette pâte refte -au feu , fie
[il ne s'y fait aucune gerçure par laquelle ce mctal puilTe s'échapper.
^Des quatre cotés de la folï'e s'élèvent ciuatre murs qui, au fortir de terre,
fe courbant en voûte, forment une efpcce de four. On laUTe une fcnctre
à. la partie fupérieute pour mettre le métal , & pour obfervcr l'état de
[|a fulion i on Uiffe en outre quelques ouvertures pour donner ilFuc à la
[iiunée. Secondement , pour rendre le feu plus vif, on fe fert de grands
libufTIets que l'eau fait marcher. TroiCcmemenc , on échauffe le fourneau
tpluneuts jours avant d'y mettre le métal , & alors qu'on l'y jette, on
[sjouie en mcmc-icms beaucoup de gros bois. Quatrièmement, quand on
|,Voit le métal dans une belle tufion , on ouvre une porte pratiquée au
r%a5 du fourneau par où le cuivre coule comme un torrent de reu , Ce
iiemplit des moules que Ion a mis pour les recevoir. Le fer , quoiqu'a-
boudant , ne s'exploite point.
Tome XIK Part. II. 1779. DÉCEMBRE. Q qq
48* OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE^
Fokans. Le Chili eft un royaume de l'Amcnque maidïoiule , fituc
{ur les bords de la mer Pacifique , entre le Z4 & le 4{ degri: de latitude
auftra.le, & cntte les 504 & }o8 dcgcés de loneiiude»en prenant le premier
méridien à Tille de Fci. Sa longueur du nord au midi efl de 400 lieues >
& fa largeur de l'eft à l'oucft cil d'environ So , en comprenant la mon-
tagne des Andes. Il eft borné à l'oueft par la mer Pacifique , au nord
pat le Pérou , i Teft par le Tucumant , & au midi par les Terres Ma-
ccllaniqucs. Il eft réparé de toutes ces régions ou par lui-même ou pat les
Andes.
Ce royaume eft un des meilleurs de l'Amétique*, fon climat eft Ci-
lubre &: tempéré \ le ciel y eft pur , & le fol fertile. Les faifous y foqt
régulières \ le printems commence en Septembre, l'été en Décembre»
l'automne en Mars , & l'iiivcr en Juin. 11 pleut abondamment au com-
menccmenc du printems -y mais point, ou rarement dans les autres fat-
ions. L'été eft feiein , fans tempàes & fans orages. Ce défaut de pluie
y lerou prodigieulcmçnt chaud, Ulairnetoit ratraicni par
un vent de mer & par celui qui vient des Andes donc le fommet eft
toujours couvert de neige. Le froid de l'hiver eft trés-modéié \ on na
jamais vu tomber de neigedans les provijices maritimes , & l'on n'en voit
que de cinq ans en cinq ans dans les provinces voilînes des Andes. Suc U
partie la plus élevée de ces montagnes , font quatorze grands volcans
enflammés , outre pluHeurs autres petits qui n ont point encore fiit de
tore aux pays circonvoiniis. La quantité de matière fulphureufc que reufec'
ment ces cavernes eft la fource des fréqaens tremblemens de terre
qu'on éprouve .iu Chili. Cependant, ils font moins violens & moins im-
prévus qu'autrefois , ce ^ui donne aux habiians le tems de s'échapper-
l.es volcans ro^ie paroilTent avoir ralleuti la promptitude de leutt
effets.
lii
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 48J
SUITE DES EXTRAITS
Du Pone -Feuille de M. TAbbé DicqtJEMARK.
Porte-Iris, ficonde tfpUe,
l^ JjE itS Juin 1779 , je trouvai fur le fable ( au rivage du Havre ) ane
pecice glaire oui ne m'ctoic pas bien connue ; elle avoir affez l'air li'un
morceau d'orcic marine ; cependant je jugeai que ce pouvoit être un
tout>& d'un animal plus long que ne feroir une tics-pente oriiej îd
la plongeai dans un vale , &c j'eus la farisfacHon d'y rcconnoure non-
I' feulement un animal encief , mais même un porte - iris différent de
«lui que j'avois découvert en 177X , Se dont la figure & la dcfcrip-
tion parurent dans les Obfcrvat'tons fur la Phylia".* , i'Htfloirt N^turelU
6- Ui Ans j rom. VI , Oftobre 1775 , pag, ^n &: fuiv. , où il eft
utile de recourir. Je regarde donc celui-ci comme un porte-îris de la
féconde efpèce, & je m'explique. Tout animal qui offrira , non- feule-
ment les couleurs de l'iris , mais la forme de l'arc- en-ciel , fera un
pcriè-irîsj c'eft ce qui me ht donner ce nom au premier. Celui-ci a
le même caractère générique , & a pour attributs (pécifiques fa forme
' différente. Je préfente de nouveau ici le premier porte-iris , fig. j ,
avec le développement de fes queues ou membres , comme je viens
de le découvrir,/?/. //, & le fécond par la //i;. 4. Celui-ci n'eft donc
point formé comme le premier. C'eO: nne efpîce de fac arrondi par le
fond & ouvert dans la partie que j'ai toujours vue précéder Taurre
d.ins les mouvcmens de l'animal. Cette efpcce de cylinate tranfparent ,
comme du verre blanc , eft creux & orné à l'extérieur de huit rangï
de très-petits ailerons difpofés félon fa longueur » placés comme entre
deux petits rubans chiffonnés d'un rouge un peu violer- Ces ailcronï ,
inclinés vers la partie arrondie ou po(lcrieure , font cependant avancer
l'animal dans un fens oppofc au porte-iris de la première cfpèce , Se
donnent aulli de irès-jolis iris en arc; il offre même quelquefois les
couleurs de l'iris fur fa peau. Je n'ai pu appercevoir dans l'incrieur
que quelques fibrilles tres-déliées & de petits points blanchâtres; L*a-
nimal me parut avoir deux membranei , l'une extérieure, l'amie intér
rieure » dont Tintervale eft rempli par une matière gélatineufe , fem-
blable à 'celle des oities marines , & je crois qu'au centre du bout
ationdi qui ell garni de petits membres ou poils, il pourroit y avoir
1779, D ÈCEMBRE, Qqqi
484 OBSFRrjTJOKS SUR lA PHYSIQUE,
une ouverture qui communique ^ cette duplicatiire. Je ioupçonne que
je poutrois cire cronipé fur la manière de fe mouvoir de l'animal ,
parce qu'il écoic blelTc au côcc \ cependant cette blelTure n'influe ni
fat la ngure, ni fur la defcripcion. Le 45 il croit encore vivant , mais
diminuoit de grofTeur comme les porte-iris de la première efpètc que
j'ai gardes dans ma petite ménagecic marine.
Ver long ou iNTESTii)on.ME.
En parlant des vers à tuyau & de leurs produûions par la fec-
tion {\) y j'ai fait fentir qu'il nous efl imérelTant de connoitre les vers
marins. L'inventaire de la nature ne fera peut-être jamais complet ,
& la mer efl: certainement la partie dans laquelle il cfl le moins avan-
ce, cependant, elle recelie dans les trois règnes des cliofcs dont la con-
noifTartce peut devenir très-utile ; j'y comprends nicme celle de nos
ennemis. La terre , qui n'eft pas culiiviïe par tm travail laborieux »
f>roduit desronccs 3c des épines, & une multitude d'animaux nuiHbleSy
a mer , quoiqu'avec le même inconvénient , offre au contraire pen-
dant toute l'annce une abondante récolte où l'on n'a rien femé. J'aime
il me pcrfiiader qu'un jour on rcconnoîtra Puiilité d'une ménagerie
marine, comme je l'ai propofc (1) \ en attendant , je continuerai de
préfcntcr aux amateurs la hgute & la dcfcription de quelau'ctre in-
connu que j'aurai découvert , 6c vu manœuvrer pendant quelque tems
dans ta mienne.
Il fe trouve dans les rades du Havre un ver nud cylindrique d'envi-
ron douze pieds de long , Se de la giotTeur d'une petite plume i écrire ,
P^' i I f'S' !• Je l'ai prcfque toujours vu tortillé fut lui-mcme , gon-
Hant quc-lques-unes de fc^ parties , & rcprcfentant allez bien un pa-
quet ti'inceilins d où j'ai tire le nom à'inuJîiform<, Ce ver e(l brun ,
-j — ^ — j — -j — — — I — ^_.,^ — I ^ — ,.,_ ——_.,.,».. j
mais elle peut ctre bouchée par une matière vifqueufe qui fort de
l'animal loçfqu'on le coupe , & qui paroît être compoiée en plus
grande partie de globules très-dclics. J'ai vu des natiies confidératles
de ce ver s'alonger' quatre fois plus qu'elles ne Vctoienr dans l'état
ordinaire ; de forte que fi l'animal s'ctoit alongé par-tout en mtme-
rems , ce qui ne paroît ps impoflible , il auroit eu foixante pieds de
long. On fait qu'il y a des unia en comparaifon dcfquels notre vec
marin feroit court -, mais auffi il paroît long, comparé aux vers tes plus
ordinnres & les mieux connus. Voyez-en la figure , je t'ai delluiéc
d'après nature, fg. I. Comme je n'ai eu qu'un Individu , & qu'il étoït
(1) Dans c« Recueil.
(t^ Dani ce Kccucil & co particulier.
SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 485
lans un mouvemem cominuâl» ie Hellin 3. pris fur letems que j'aurols
liu doiuicr A l'obrecvatton. Lorfqu'on e(l prerque toujours , comme j^
S fuis , le pccheur » le dire^eur , I obfervateur, le deflîruireur Se llnf-
][icn , n a-c-on pas quelque droit d la confiance ^ X l'indulgence pu-
[^blique.
OBSERf^ATIONS
Sur les Moules j
Pat MaiUmo'tfeiU Le AUssonLe-Colpt.
»A découverte des reprodu<ftîons animales eft peut-être l'obiet le
'plus piquant, le plus lumineux qu'aie offert, dans notre ficelé, la cul-
[iure des fciences. On éprouve encore l'agrcable furprife que caufe
^clle des polypes d'eau douce par M. Treniblai , Se l'admiration dont
pous failit le rcfultat des expériences du Doâeur Spalanzanf fur les
[limaçons , les Salamandres , &c. (t). Quel apperçu, quelle conviction
|tie mivit pas celles de M. l'Abbé Dicquemare fur les anémones de
Ejner Ôc autres (i) 1 1.e premier de ces iavans a dirigé nos yeux vers
)è phénomène le moins foup^onné j le fécond en a fait voir reten-
due ; le troifième a fixé les limites des rcgnes de la nature , & a ré-
les premières reprodudions annoncées pat MM. Tremblay &:Spalanzani!
Mais les nuages fe font difllpés , & la fétcnité invite à obferver de
nouveau. On ne me foupçomiera certainement pas de vouloir patticiper
aux contradictions honorables qu'ont efluyé ces hommes célèbres, encore
moins i la gloire qui leur eft acquire, puifque je ne vais prcfenter que
'des icproductions de parties fans fuites qui ont refté dans l'oubli pendant
plusieurs années , Se n'auroient jamais patu fans les invitations obli-
geantes de MM. l'Abbé Rozier & Mongez.
(1) Voyez, cequ'cna pablié M^ Bonact dans ce Journal.
(1) Audi dans et Journal 5c daas les Tranfa^ions Philofbpluqucs At la Société Roya]«
\êt Loiidics.
(î) PifTcitaiion fur Ict Limites du Rcgncsde U Naïute , Novembre 1776, p* J7I«
M^nouc iiiila ScoUbiUïé, Avril 1778* page } 18.
^U OBSnRr.4TIONS SUR LA PUTSIQt/E,
Après quelques ledhires , je deitrai voir filer Jes moules. On
permet fans doute cette curiolit^- à une iiecfonne du fexe. En eft - il
de mcme de celle qui fuivit ? Je ne fais fut quoi j'imagin.ii que ft
par quelque accidenfune moule vcnoit à perdre une chofe aufli efTen-
tielle que ce membre , cette efpèce de lant;uette par le moyen de la-
quelle elle change de lieu , & s'ancre fondement , elle pourroit en
recouvrer une nouvelle. Pour m'en aflurer , je coupai cette languette
à une moule de mer \ le morceau retranche conferva fon mouvement
pendant 8 i 3 minutes ( c'ctoït le 1 5 Décembre 177} ). Une nouvelle
faneuette reparut le 1 1 Mars de l'année fuivantc à 9 heures du foir ,
& la moule Hla \ mais s'ctant fctmce jufqu'au t6 , la languette aug-
menta , & reprit fa couleur naturelle. Je lavis alors filer jufqu'au to
Mai A 7 heures un quart du foir , où je coupai la lanc^uecte pour la
féconde fois. Le i j du même mois , à 10 heures du foir, j'apperçus
une féconde languette forte en couleur, mais petite. Le 16 à 5 heures
du matin , la moule aiucha un fil , & le lendemain , à pareille heure,
un fécond ; elle a reftc fermée jufqu'au 7 Juin à 4 heures un quart du
matin j la lai^uette étoit alors aui£ longue , plus cpaifTe , & d'une
couleur plus fontée quelle n etoit dans fon premier état , ce qui indiaue
une reproduction parfiiice \ cependant les nouveaux fils étoienr plus
menus. Le 9 Août, le bout de la Unguette , ou la hlicre de la moule .
fiiE coupée j il s'efl de nouveau reproduit , Se a filé. La moule moucut
le 1 5.
Le 14 Mars 177+ , i 10 heures du foir, je coupai la languette d'une
autre moule fur laquelle j'avois &it depuis plufieurs mois d'autres ex-
périences. Le 17 Avril , à ; heures du matin t j*apper<^us une nouvelle
nlière qui à peine pouvoic filer , tant elle ctoit petite \ elle attacha
deux bis , & fu referma pendant quatre jouis. Le quatrième à 9 heures
& demie du foir , la lan^ierte me parut à-peu-près un tiers de la giati'*
deur naturelle , forma plufieurs fils , le lendemain fit la même ma-
nœuvre , continua d'augmenter en longueur , 6c de fe colorer. Le x6
Mai, je coupai pour la féconde fois ce membre» qui reparut le 14
Juillet , mais blanc , £c ians former de fils. La moule mourut le 1 1
Août.
Je ne rapporterai pas ici les obfervations qui avoient précédé , ic
dont l'objet ctoit le retablilTement des coquilles btifées , ni celles de U
tcinfmi^ation des moules de mer dans Teau-doucc , parce que je crois
qu'elles font connues ; mais j'ajouterai que dani le mcme tems Je coupai
lescorncsaux petits limaçons de mer à coquille noire & épaiife quon
uonime au Havre vignots , ^.' qu'elles ont repouQc. Il ne m'a pas été
f»ofTible de leur couper U tcre , tant ils font prêts à la retirer , ou
atfque je lai fiiit , cette fe'flioii étoit accompagnée d'une elfufion de
fang Ik de circonllances qui ne mont pas permis de conclure.
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 487
EXPLICATION
)c la caufc des Vuidcs que l'on obftrve (bus les glaçons
des chemins raboteux ;
Par M, U DocÎKur GODARD,
«ORSQv'iL gcle après que les pUûes ont rompu les chemins j les pas
[-.des chevaux , les oinicces des voitures « les petites inégalités du tercein
^offrent auaiuicc de glanons que l'on ell Aupris de crouvet appliqués fur
autant de vuidcs , parce que l'eau qui rempHlToic b veillo tous ces
iflicux , ctoic trop aboudanie pour s'être cvapotée en une nuit , & que
le fond qui la contenoît les jours antérieurs , femble devoir la retenir
lencore nijeux , étant condenfé par le froid.
, Ce phénomène a pique ma curiofité; j'ai été tenté d'en connoîtie L»
.^caufe j SiC une expérience Bien fîmplc me l'a dévoilée, !
Un jour qu'il alloic geler la nuit, après avoir plu les prôccd^ns > je
^pratiquai dans la terre répandue fur une tcrrallê de plomb , dil^crei^s
, enfoncemens que je remplis d'eau. .,
Ayant levé le matin les glaçons que la gelée de la nuit avoir pro-
-^duits fur tous les creux » je trouvai que l'eau avoir enticcemeiit dif-
, paruj mais à proportion que le foleil échau^a l'atmorphcre, je vi^ cette
i,^u y revenir , & remplit à-peu-nrcs toutes les excavatiuns.
\ La nuit fuîvante , nouveaux glaçons fur les mares également vuidev,
) & qui fc remplirent en partie » lorfque i'allre du joue parue Air l'H^o-
. fifon, &: fe fit fcniir.
La canfc de ce retour de Teau m'apprit celle de Ton dépare \ je com-
pris que la condeufation de l'aîr , rcntermé dans les pores de \^ rerre»
permeitoit à l'armorphère de pou^er par C^tn poids , l'eau dans les
places abandonnées , ce qui la rairgic diiparoîcre t & que la raréfa^oa
de ce mcme air rcpoufToit à fon tour , ce qui la faifoit reparoitre.
Ce jeu ihermo-bariniictriquc des ruy.iux delà terre m'ofhoit la,folû-
' , don d'une aM^^^ bifarrerie qui m'avoit fouvent furpris \ favoii, que la
terre, dans les tcms de gelées durables , eft scche . poudreufe,, refte
telle quoique préfentée au feu > &c que cependant elle dcvienc houenfe
dès que le foleii commence i échaufler le tertèin : l'abforption de.l'c^u
dans les lies inférieurs de la terre par le hoid ; fa réputùon ^ ver» les
Tupéiicurs par la chaleuc> donnent une raifon évidente de ce phéuo-.
mené.
^S3 OBSERrATîONS SVR LA PNYSIQ^VE
Maii
îvenir aux vuides de nos glaçons » il eft d
qpe
1 rcmarquci
toutes fortes Ue froidures ne font pas propres i les oroduirc.
Une gelée brufque & trop forte , faifir à l'irAjnt toute la furface
de la ccrvc , & incerrompc la communication entre les deux airs nif.
ccBaires à la formation de ces vuides.
Une gglce lente & trop fuible ne pénètre pas a(7ez la terre , pour en
reflerret l'air ^ ou elle ne le contraftc qu'après avoir recouvert le faboc ,
ou la mare , d'une manière oui arrête l'etfet de l'atmofphère.
11 faut donc , pour la proau^ion de notre phénomène > une gelcc
médiocre , d'entre quatre & huit degrés au tnermomètrc de NU de
Réaumur , qui ne foit ni ttop brufque , ni trop lente ; c'cll*à-dire , qni
foit telle, qu'elle rcfroidiiTe l'air contenu dans les |»otes ou tuyaux de
ïx terre , après avoir formé , ou en fornianr des rsyons de glace Cur
la furfue de Teau , H avant d'avoir fermé ou affermi les efpaces d'encre-
<lcuT. Je m'explique.
Monfieur de Mairan a découvert que les clémens de Ja glace font de*
rayons écartés les uns des autres par une divergence de foixance degrés,
& des cordes qui fomendent des arcs de cent vingt degrés î*pat confé-
quent, l'eau qui fe gèle par un froid médiocre , ne fe fige pas tout k
la fois^ mais elle commence par tracer des aiguilles qui lallleni entre
elles des tntervales non^gelés, ou dont les glaces font d'auc-mt plus min-
ces , que l'eau baiffe davantage pendant la formation des aiguilles ; ce
qui eli également vrai des lunules comprifcs entre Ifrs cordes , & les
arcs qui font partie des bords des mares en qucdion : or , cela pofé ,
il cft évident , que fi le froid cft allée petçanc , pour condenfer Tair
renfermé dans les pores de la terre dans le icms qu'il géle la fupccticie
de l'eau contenue dans les enfoncemens , il arrivera que quelques in-
lervaUes des derniers gelés , quelques-unes des lunules ne fc formeront
pt9 entictement, ou feront boucnées par des glaçons qui n'auront pas
allez de force pour foutenir le poids de l'atmofphère , qui les preïTe
d'Autant plus , que l'air intérieur fe condenfe davantage dans les tuyaux
ou finuodtés de ta terre. Ces endroits feront donc enfoncés, & encre-
riendront une libre communication entre l'eau de dctious, la glace &
l'acmorphcre , Je poids de laquelle pôufTera, cette eau dans les interf-
tices de la terre jnfqu'i l'entier rétabliUemenc de l'équilibre entre l'air
intérieur &c l'air extérieur.
Le vuide fera parfait , fi l'eau employée à ce rétabli/Tement eft d'un
moindre volume ou d'un volume égal aux places abandonnées par l'ait
intérieur ; il fera imparfait , fi la auancité d'eau eft plus que funifante ,
& alors it fe formera une féconde glace fous la prcmicie , s'il gèle
alfcz fort pour cela. Cette féconde glace pourra même taptlTer le fond
des mares , fi le tems de fa formation coJnddc avec celui de t'abforp-
rion totale de l'eau*
Le.
■
SUR VBIST, Î^ATURELLE ET LES ARTS. 4$^'
Les trous de communication entre l'air externe & l'air interne font
ordinairement ircs-fenliblûs \ ce font des pièces uimgulaires , empor-
téçs du difque de la glace , des cfpôces de digitatiom , qui atteignent
fa circonférence, des éthancrures niirout de fçs bords; c'eft fouveat la
flace cUe-mctiie , qui , A l'exception de quelques rayons , a étc toiicç
cpiimce, ou qui , vu l'abaitremenr trop loadain de l'eau, ne s'cft pas
formée en lame , ou s'efl btifée en poudre glaciale dans fa clutce rtop
précipirce. Mais quelquefois il n'eft pas pollible de découvrir les ou-
vertures , cela arrive lorfque la gelée ctanc modérée dans fun commen-
cement , la glace a eu le tems d'élargir fcs rayons ou aiguilles , de
I retenir les efpaces qui les fépareni , avant que l'eau fût arpirie , ou
^'qu'étant devenue plus rude après cette afplration , elle a bourfoufflc
telleraent les rayons Se les bords des mares , que toutes les fentes onc
ité bouchées.
Cette obferva[ion fett i expliquer Técoulement périodique de cer-
taines fontaines qui coulent de jour & tarîlTent la nuit : on y trouve
la caufe de raccroiiremcnt des niilfeaux le matin , & de leur décroif-
fement le foir. Elle fournit une raifon très- naturelle des vents qui s'é-
lèvent avec la fonte des neiges 8c les dégels fubits : elle répand aufli
quelque jour fur la caufe des eaux de Mars Se des bourafques d'au-
tomne. L'ait foftanc de h terre , & y rentrant , eft alfuténicnt Tagent
principal de tous ces effets.
LETTRE
De M> DE LatoVRRETTE , aux Auteurs de ce Journal , concernant Us
Ohfervations de M, Sage fur /a mine rougi de Cuivre,
Vous avez publié , Meflieurs , dans votre Journal du mois d'Août
derniet , des Obfervations de M. Sage , auxquelles a donné lieu la dé-
couverte que je fis au mois de Novembre 1777» de plulîeurs pro-
duâions iniéreiîantcs que préfentoit , dans fes ctlfurcs, le fragment
antique d'une jambe de cheval, en cuivre dore, qu'on venoit de trou-
ver i Lyon , Se qu'avpit acquis M. Rigod de Terrcbaffe,
Les Obfervations de M. Srige deviennent une démonftration de fa
théorie & de celle de MM. Cronfted & de l'ifle, fur la formation
delà mine rouge de cuivre, par la décompofition de ce métal. Mais il
s'eft glilTc une erreur de fait , involontaire, dans la narration de M, Sage.
Je crois devoir la relever, parce qu'elle peut tirer à conféquence, fi l'on
'Tome XIKPatt. Il, 1779. DÉCEMBRE, R rr
490 OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE^
veut chercher X reconnoîcre U manière d'opérer, que fait îti la lucare,
& les agem qu'elle emploie dans fou proccdé.
U paroîc pat fon récit» i**. qu'il a vu de la chaux rouge de cuivre ,
fotts h patine f formée à la furface des fti^ens d'une jambe Je chtva/,
de cuivre doré y trouvée dans la Saône , à Lyon , en tyôC j Se des cryf-
taux rouges de cuivre, qui tapilîbienc les cavités de ces fnginens;
i". qu'il a obierrc de pareils cryfliux , dans les fragmens d'une autre
jambe de cheval , de même métal , trouvée à Lyon, en 1^7.
Il y a eu , en effet, deux morceaux antioues 8c conHdcrables , deux
fragmens de jambe de cheval , en cuivre , l'une de grandeur naturelle,
l'autre de taîlle hîro-iiue^ trouvées dans cette Ville, aux époques ci-defTus,
mais je n'ai envoyé, à M. Sage, & il n'a été dans le cas d'examiner,
que les fragmens de ta féconde, La première, qui m'appartenoit &:
que j'ai donnée , depuis à notre Académie , pour ctre jointe aux
autres patties du monument, fi jamais on le découvre, n'a point été
dorée » &c je n'en ai dcuché , m laiflc détacher aucun fragment. Elle
c(l , â la véiité , recouverte d'une patine très-fine ; mais on ne découvte ,
dans l'épailTcur du cuivre, aucune apparence d'altération, aucune dé-
compoHtion \ le plomb, donc le cuivre cil intétieutemcnt revctu , mon-
tre d peine quelques vetllgcs de cérufc à fa furface.
Tous les fragmens que M. Sage a pu examiner, onc été certainement
fcparés de la jambe trouvée au mots de Novembre 1777. Je rendis
compte , peu de tems après, à notre Académie, de cette découverte
& des divetfcs productions accidentelles , celles que le bleu & le verd
de montagne, la malachite, les fleurs de cuivre, la chiux rouge, les
cryftaux ronges & blancs , ficc. que j'avois reconnus fous la dorure
altérée ou dans les cavités qui le font formées dans l'épaifTeur du
cuivre depuis le jec en fonte \ c'eft ce qui paroit par mon rapport do
1 5 du mcme mois , qui ell tombé entre vos mains , MelTieurs , & donc
vous avez donné un extrait dans la note jointe au mémoire de M.
Sage.
Ce fut d la mcme époque, que je crus devoir en adreHet quelques
fragmens d ce célèbre Académicien, en forme d'hommage, & comme
venant particulièrement d l'appui de fa théorie j ce qu'il eut la bomf
de confirmer dans fa rcjx)nfe. Mais, je le répète, ces morceaux &: ceux
qu'il peut avoir eu d'ailleurs , proviennent uniqucmcnr de cette jambe
de cuivre trouvée en 1777, qui efl dorée , comme il le dit.
J'inH^e fur ce fiit , parce que lautre jambe fut prifc dans ta Saône,
plongée dans l'eau au milieu d'un tas de pierres depuis un tenu itxuûé-
monal; & que la féconde, très-antique également, a été découverte,
crès-lûin dc-ià , enfouie dans la terre , à plulieurs pieds de profondeur ; ce
qui met IcPhy^cicnfurla voie de b nature , & facilite l'explication quo»
SUR VHIST, NATURELLE ET LES J RTS, 491
i>eut donner de la dccompofition du cuivre , & des nouvelles coni'
nituiroMs qu'il a éprouvées; décompoTicioiu fc coinbiaaifoQS» qui vrù-
femblabiemenc Jie [>ourroieiit pas avoir lieu fur du cuivre plonge
dans leau , & dans uu eau courante ', (quoique l'eau^ fotc fans doute,
un des agens qai y coopère dans le Cein de la terre.
J'ai l'honneur d'être, &c. &c.
LETTRE
Z>« M. U Baron dt Stavi^aEs j à V Auteur diL Journal diPhyp^m^ can^
tenant la virïtabU recette du frémis Anglois , pour Us ouvrages dt
Cuivre,
'\^UAND vous publiâtes, Monfiear,(i) une recette & la manière
d'employer le vernis jaune Anglois pour les ouvrages de cuivre , vous
priâtes ceux qui pourroicnt avoir la véritable recette des Anglois, qui en
Font un fccrct , de vous la communiquer. Aujourd'hui je me trouve en
^tac de vous facisfaire à cet égard & de fcivic utilement le public. La
recette que je vais vous donner » je U tiens d'un de mes amis , homme
d'un rare mérite , qui , par modcllie > ne veut pas ècre nommé. Il a eu
cette recette à Londres, & l'a donnée, à Vienne en Autriche, à un Horlo-
ger François qui s'en cft fervi utilement , & l'a employée pour boîtes
de pendule. Voici cette recette.
Gomme laque , . . . . 1 onces.
Katabc , fuccin ou ambre jaune , i. onces.
Sang-de*dragon en larmes , 40 grains.
Satran , 7 g^^>
Efprit-de-vin reâilîc> . . 40 onces.
Faites infufet & digérer le tout X la manière ordinaire ; puis pafTeS-
1e par un linge.
Lorfqa'on veut employer ce vernis ^ il faut feire chauffer la pièce,
avant de l'appliquer deHos. Par ce moyen elle prend une couleur d'or
qu'on nettoyé , quand. elle eft fale , avec un peu d'eau tiède.
/
(1) Voyrz Tome lU, de ce RccudI , pag. £1 & 1)7.
1779. DÉCEMBRE, Rrr i
4yi OBSERyATîONS SUR. LA PHYSIQ^UÊ ,
RAPPORT
D< Miffuurs Ui Commijfaircs nommés par la facultl it MéJecînetîi Patîs^
far ta CaJftroUs du fitur Doucit » Fondeur Artijîc de la yUU dt VÂi^lc
en Normandie.
JLE 1 Août dernier, MM. Bertrand , Darcet , Sallin, de Villiers,
Alphonfe U Roy , & de la Pbnche , ont rendu compte des expériences
qu'ils ont faites avec les calîeroles du fieuc Doucer , Fondeur a l'Aiglc-
Comme ces calTeroles & les autres udenfiles que le fieur Doiiccr propofe
pour l'uri^^e de 1^ cuidne , font principalement compofés de zinc , que
,|>Iu(ieurs personnes regardent encore aujourd'hui comme dangereux , l'at-
tention des ComniifTaires s'eft fixée fpcciaienient fur les altérations que ce
"demi-mccal reçoit de l'avion desaciJes,& des Aibftances aigres que l'oit
emploie dans la préparatton des alimens. Toutes ces fubftances ont ctc
^eflayces lour-i-tour, & il eft demeuré poui coiiftant,que toutes fc'jour-
*iunt quelque temps fut le zinc, en cotrodoieut ou dillolvoient une par-
fûe, oue l'on a reconnue & traitée par comparaifon avec de la chaux ou
du fel acéceiix de ce demi-métal. Pour eftimec fi cette chaux ou ce fel
pris même à une dufc pluf forte que n'c-n peut contenir l'aliment pic-
païc avcL les acides los plus focts , mais cependant ulttés en cuiiîne , on
ne s'ell pas contenté de iioutiir pendant 40 jours quatre animaux , deux
lapins , une chienne & fou petit j avec leurs alimL-ns ordinaires ^ dans
lefqucls
obtenu
fouille qui
teux du zinci mais M. de la Planche, l'un des commilTàires, après avoîc
mangé des alimens ptcpirés dans les calfcroles du licur Doucct, a pris
encore, à des dofes graduées, pendant onze jours, lix gros de vinaigrt
bien faiiuc de cet allia^^e, 1^ ces iîx gros fourniflent un gros de imticre
falinc : cette quantité tft lî confidcrable, que quand on prépareroic ea
onze jours onze fauces piquantes avec des acides, il feioic prefqn'im-
pofnble que celui qui les mangeroit toutes en prît autant. M. de la Plan-
che n'en a éprouvé aucun dérangement dans fa fanté , ni même aucun
efTer fenfible. Le feul dcfigrémenc a été dans la faveur âpre , llyptique
& naufcabonde qu'a ce vinaigre , & le fel de zinc, étendu mcme dans
de l'eau fraîche. Les quatre animaux non-feulement fe font bien por-
tés , mais ont pris de k force &c de l'embonpoint. Ces expériences ont
SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 45J
pami la Faculté dévoie ranurer contre les craintes que pouvoir infpirer
la petite portion de chaux ou de Tel de zinc dont quelques alimens fe
chargenr dans l'alliage du fieur Douccr. AufU la Faculté a prononcé que
les caiTeroles faites de cet alliage nccoient point préjudiciables i U
fantc des Citoyens.
■d:
.\\\\ gfy>»U.>i;
NOUVELLES LITTÉRAIRES.
i-^ous n*avons parlé que très - fnccinûement d'un établilfement qui
donne en France ^ comme au centre de l'Europe , aux hommes de tous
les pays, un agent gratuit pour rous les objets relatifs aux Sciences & aux
Arrs.NoB5 avons attendu, pour en publier le Plan, que Ti confiftance fut
prife... U eft tems d'inllruire le Public des détails de tous les avanciees
qu^il trouve dans cette in(litu[iun,quL crée M. de la Blanchcrie, Ion
Auteur , y^^ent'Général de Correfpondance pour tes Sciences & les Ans,
La Correfpondanu-Cènèraîe fur Us Sciences & Us Arts eft coinpofce
de deux parties. La première cft VAJfemèUe ordinaire des Savans Cr des
^tiijles,
La deuxième eft l'Ouvrage Périodique ayant pour titre : Souveiles
de U République des Lettres 6- des Ans,
L'AlTcinblce a trois objets , le premier de fervir de rendei-voits ^ de
point de réunion 8c de communication d tous les Savans, les Gens de
Lettres, les Arciftes, les Amateurs & Jes Voyageurs Nationaux ou
Etrangers qui fe trouvent dans cette Capitale.
Le fécond , de réunir fous les yeux les livres , les tableaux , les pièces
de méchanique, les morceaux d'hiftoire naturelle, les mudèlcs de fculp-
ture. Se enfin toutes fortes d'Ouvrages , anciens ou modcmes, dont on
voudra faire connoîtrc ou apprendre promptementl'exiftcnce, la valeur
ou l'Auccui.
Le troisième enfin , de procuret les moyens d'étendre une correfpon-
dance ôc des relations dans toutes les parties du monde & fut tous Uf
•bjcts des Sciences & des Arts.
Rendci-vcus.
Le rendez-vous a lieu chez M. de la BlancKcric le Mercredi de cha-
que femainc. Lorfque le Mercredi cl\ fctc, le rcndez-vous eft remis au
Ifindemain.
494 OBSERrJTiONS SUR LA PHYSfQUE,
Le bue de l'Alfemblée indique affez quelles fonr les perfonnes qui
doivent I2 tiéquencer: cotis Us hommes connus, par leur rang, leurs
dignicés Se par la profedîon publique des Sciences & des Âru. Nul nucre
n'eft reçu s'il n'eit prcfentc par des perfonncs ci-dc(ïus dciignces ou
annonce par une lettre de leur main dont il eft porteur.
Lés Etransersôc les Voyageurs ne font admis qu'autant qu'ils font revenu
d'un caradète public , ou prcfentés,ou annonces de la manière qui vient
d'être déûgnée ( 1 ).
On annonce dans le bullccin des AlTemblces, dontil fera p.irlc ci-après,
les Savans, les Gens de Lettres & les Atiiftes Etrangers Jcu.'ement , qui
font venus au rendez - vous , après avoir pris fur cela leur coiifeucement.
L'avis qui e(l donne ainfi de leur féjuur aans cette Capitale a produit des
effets utiles.
Expojttion,
L« même jour ^ (le mercredi ) depuis huit heures jufqu'à midi} les
Articles ou les Particuliers qui onr un intccct quelconque à mettre fous
les yeux de l'AlTerablc des Ouvrages en diffcrens genres, foit qu'ils en
foienc Auteurs ou Propriétaires feulement, foit pour eu faire jouir le
Public * foie pour s'en procurer le débit j peuvent dtfpofcr des iatles
dellinées à cet ufagc pour les y placer d'une manière avjntagcufc. On
n'y reçoit que des livres approuvés >& eu fait de Peinture & de Stulptuce
que des Ouvrages de ta plus grande décence.
Comme Us femmes ne fonc poinr admifes au rendez-vous , elles (ont
reçues depuis midi jufqu'à trois heures^ elles ont ce tems qui acte demandé
ar des Dames de la plus haute conndcranon,pour facisfaire leur curioficc
l'occaiion des objets expofés, que leur réunion 8c leur utilité rcndciu
également intcrellàns pour elles.
Le Muficien qui veut faire connoitre fes calenspoutun inftrumenc eil
admis pour en jouer foir & matin.
On peut de même y répéter une expérience quelconque de PhyHque^
par exemple , fur laquelle on defirc avisir l'avis de pluficurs Phyiîaens.
Moyens de Correjpondanci,
L' Agent-Général de correfpondance pour les Sciences & les Arts eft
\
(t) L'Agcttt g^n^ral de corrtfpondancc , ne fc charge de rjîrcauciinc lecommanifa-
tian en faveur de qui que ce (oit . s'il ne lut cA connu ou priffcnti! de la mcnic
manière. Il ne nêsligc rien fioui faciliter aux Savans , AitiHc^ 8c Amateurs dlûingués ,
les moycot de voyager facilcmuic &: agr^ahlcnient l'oit en fiance , foir dan-^ les payi
éttangcis. MM. les Officiers Municipaux des Villes de France ou des pays £1 rangers,
qui lui atlrcffcm des fujccs afin d'être placés de maniéie à acqi^rir ou perfcâionncx
icilif ntcQts, doivcoc avoir foin qu'ils foicnt porteais de Ccniâcats de bocutcnururs.
SUR Vff/ST. NATURELLE ET LES JRTS. 49$
donc aux ordies de tous les Gens de Lettres , Ârcifles , Ânuceurs Nario-
naux Se Etrangers qui s'adrefTenc à lui pour prendre des rcnreignemem
relatifs i leucs travaux ou à leurs goûts , ou pour connoitre des perfonnes
qui lesintérefTent. Ainfi,il leur eft utile, foie qu'ils voyagent , foit qu'ils
relient dans les lieux de leur rcGdence ordinaire. U remplit les m&mes
devoirs envers toutes les Compagnies Littéraires ,& il eft d'autant plus
en état de fubvenir aux obligations qui font énoncées ci-delFus , que
par les fetvices qu'il rend à chaque paniculier , il acquiert le droit de lui
en demander , ayant foin , fur-tout, de ne faire jamais acquiter les fieiis. Et
c'eft pour riudemnifet des dépenfes que toutes les patries de cet éiablif-
fement entraînent , qu'eft pcopofée lafoufcciprion de la feuille hebdoma-
daire dont il va être quefliou Se donc le produit lui cH: actcibuc. On feiic
de quelle reflburce eft à l'Agent - Général de Corrcfpundance un point
de réunion qui le met à mcme de faire une intiniré de connoirtances
propres à étendce , entretenir , protéger & alliircr fcs relations , &cc. âCC.
Nouvelles dt la Répuhliqut 4ts Lettres 6" Jes Arts,
Les Nouvelles de la République des Lettres paroifTent fous le formai
i/î-4'. quelques jours après chaque Affemhlée. Elles offrent d'abord ta
notice des différens Ouvrages qui viennent dette publiés, ou qui font fur
le point de Tètrc dans les différences parties du monde \ des tlécouvettes
intéreffantes pour les Arts ; des jugemens des Académies fur ces décou-
venes ; des fcances de ces mêmes Académies , les Anecdotes fur la vi«
des Savans & des Artiftes , Sec.
La feuille eft terminée par un refumé de tous les objets qui doivent
£tfe expofés à rAfTemblée.
L'objet de ces nouvelles n'eft point de faire aucmie efpJce de critique
des objets qui y font annoncés , l'unique but eft ti'inftruirc les Savans ,
les Gens de Lettres, les Artiftes & les Amateurs du fujct des Ouvrages
prcts ^ paroître de l'époque de leur publication, & de l'impreflion qu'ils
ont faite dans les différentes Nations ] enforce qu'il eft parlé de ces
Ouvrages â trois différentes époques fans qu'il fou porté jamais aucun
jugement petfonnel , gente de plan qui rend la partialité impolîîble.
On porte la précaution plus loin : chaque notice palTe d'abord fous
les yeux du Miinftre de la Nation d'où elle eft parvenue, alîn de prévenir
tout ce qui pourroit bteftct les vues du Gouvernement qu'il repréfenre»
& avant d'être inférée dans les nouvelles , elle eft revue par ta partie
Littéraire, par trois Savans ou Artiftes du ^enre qu'elle annonce.
Toutes perfonnes qui, ayant des conelpondances , fur- tour dans les
rays étrangers , en ront palier habituetlcmenc des déuiU utiles â.
Ouvrage , reçoivent un exemplaire , gratis , & font nommées fi elles le
permettent.
\9^ OBSERy^iTIONS SUR LA PHYSIQUE»
Le prix de la foufcriptloif eft de 14 liv. pour Paris Si %o liv. jufqu'aui
foncières. On s'abonne tous les jours au Bureau de Ijt Corrcfp^ndjuce,
rue de Tournon ^vciiÀÇon. neuve. Les paquets ( 1 ") & envois doivent tous
erre Trancs déport & àradrefTe de M. de la PLinchene, Ag'.'ht-Géiitral
de Correfponaance , &c. , rue de Tournon , on lui écrit en hcan^ois , en
Allemand, eu Ângtois, en Eipagnol èc en Italien.
Lt Roi 6* la H une y Monjuur , Myr U Cornu £ÂttftU , Mndame^
M.idame ta Comttffs tTÂrtoti tf Madame , faur du fini ^ ont daigné auto-
fifet & cncoutagec cet établincment en prenant chacun plulïcurs
foufL-riptions.
Des Miniftres & une "randc pattie de la Cour ontirairécct exemple.
Un grand nombre de Citoyens do cette Capitale ne fe font pas moins
eniprefrcs ù applaudir i ces vues Se en faciliter l'exécution.
LesArrîftes mcmcde toutes les c!alTcs,ont concouru avec leplusgr.ind
dvfintcrertement à U difpofition &. à rornement des lieux deltinc^ aux
Afrcmblces.
U eft certain que cette entreprife, aufll utile aux Etrangers qu'aux
François , continuera d'avoir les mêmes fuccc*. Il eft à délirer que Us
Cours ttrançèrcs, A l'exemple de U Famille Royale de France, y con-
tribucnr par leurs foufcriptions ; c'cft ainfi que les Savans Si les Arriftes
rcccvroicnt une rccompcnfe fluteufe de leurs rravaux , étant allures que
leurs Ouvrages étant annonces dans les Nouvelles, autoi^m fur-le-thamp
pour Juges les hommes les plus faits pour les connoître & les
protéger.
La reprife des AlTemblces , après les vacances d^automnCi a eu lieu i
h maifon neuve , rue de Tournon , le 14 Novembre.
ÊxftdU dis RegiJIrts di l'Académit Royale dis Sciences du 10 Mai 1 778,
L'AcAD-ÉMiE nous ayant nommés M. Franklin , M. le Roy , M. le
Marquis de Condorcet & moi , pour lui rendre conipre du projet de
W. de U lilancherie , pour une correfpondance générale fur les Sciences,
)a Littérature & les Ans, & la vie des Gens de Lettres & des Actiftes
de tous les pays , dont les détails doivent être dorénavant publics tous
les huit jours fous le titre de Nouvelles de la République As& Lettres &
des Arrs; nous avons pris une connoiOance plus dctaillée du Plan qu'il a
formé & des mouvemensd'exévUtion qu'il s'efl procurés; nous ayons allîïlc
àfes Airemb!ceshebdoniadaice5,nouâ yavons vu desSavans^des ArtilUs
Cl) Lw pet'nnnes qui autont à envoyer des Province! , 00 de* f^ys étrangers, des
Tablf«\iii , Mâcliiues uiilcs ou cuneurcs , ou auttci ouv»gct ilcs Ans pouf eue
cxpofifs , voudront bien les aitclTcr à quelqu'un de confiance , chargé de les ccccvoir»
d'ca rcpoaJrc Se d'eo acq'iïticx toas les fiais.
&
SUR VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 497
8^ des Amareufs de prefque toutes les parties de l'Europe , nous avons vu
dans fes Rcgifties une correfpondance qu'il n*a pu former qu'avec
beaucoup de teras & de peines , & nous avons été témoins d'une activité
& d'un zèle qui Tont rrcs-rarcs & qui ne peuvent être que très- utiles au
progrès des Sciences & de? Arts. Cette Alfembléc, ouverte tous les
niercredis à rous les Voyageurs diflingut-s, à tous les Savxns, les Getif
<3c Lettres, les Artiftes & les Amateurs dignes de ce nom , prcfente un
point de réunion & de communication qui cft imcrelTant. Les uns y
trouvent les moyens de tirer de leurs vovages , foit à Paris & en France^
foit dans les autres pa)'s où M. de la filancherie établit des correfpon-
d«nces, toute rutilîtc & tout l'agcémeni qu'ils peuvent dcfircr. Les autres
ont l'avantaee d'étendre leurs connoilfances fur l'eut des Sciences & des
Ans dans les pays crrangers foit par les V^oyageurs avec lefquels ils fit
«xpolcs lucceMivement lous les yeu3
dilcuHîons également profitables en même - icms qu'ils iàtisfx^nt U
curiofité.
On doit rendre cette juftice à M. de la BîancKerîe, qne devenanr > félon
fon Plan , rAgent-Général des Savons , des Gens de Lettres , des Artiftes
& des Etrangers diftingués , il a déjà eu plufîeurs occa(îons de mécicer
JeUr reconnoiïTance.
Plus il fera cncouracé , plus il deviendra utile , foit aux François , ibit
aux Etrangers , à qui il veut épargner tes embarras d'une correfpondance
â laquelle oeaucoup de Gens de Lettres font très-peu propres, qui farigue
beaucoup les autres , & qui leur fait perdre beaucoup de tems fAUtc d'avoir
à leur portée les moyens , les relarions & les lecours que W. de U
Blancherie a fu fe prooirer. On ne fauroic trop favorifer les correfpon-
dances qui font un des grands moyens d'accélérer les progrès des con-
noilTances humaines; en confcquence, nous croyons que le projet de
M. de la Blancherie mérite d'ctre encourage , & que l'Acaocmie ne
pourra voir qu'avec plailîr le fuccès de cet établiifemont.
F A I T à Paris, dans l'Aflemblée de l'Académie Roy-alc des Sciences, le
ié Mai 1778.
J/^/î<' Franklin, le Roy, le Marquis de C0NDORCtt,delaLAhfDE.
Je certifie le prcfent Extrait conforme i l'Original & au jugement de
rAcadémie. A Paris le io Mai 1 778.
5^VW, le Marquis deCokdorcht.
Tome Xiy^ Part. IL 1779. DÉCEMBRE. Sff
4s>5 OSSEUrATlONS SUR LA PHYSIQUE ,
Du Déplacement des Mers , grand in-S\ , 88 pages, Genève y^\tc
figures , aiiiH que tous les cahiers fuivans.
On donne dans ce petit Mémoîic les caufes qui clcvenc ou abaiiïènc
le niveau fut ies diverles régions des mers. £n forte qu'indépendamment
des faits qui conflatenc ces révolutions , on peut les déduire a priori des
loix primitives avec l'évidence réfervée aux vérités mathématiques.
D abord , on établit un principe, que la pofiiion du centre de arivit^,
déterminée par celle de toutes les paiiics du globe, détermine lui-mcme
Ja Htuation du niveau. ( Pour plus grande clarté on n'a en vue » dau5 les
premiers Chapitres, que les globes homo^cncs ). Quelle que puilTe
devenir la lituaiion du centre, tous ces pomts, d'un même niveau, en
feront également éloignés. Le ventre ne peut donc bougée fans que les
parties du globe s'efforcent de fe cranfporter à mefure. Mais les p.irties
iolides étant immobiles , c'cft aux feuls fluides à marquer fes vatutions
par leur afcendon & leur abailT^nient. ,,,
Toute cnufe qui ô||raàunhémifphcrcqaorqncportionaâ fàfiibftance,
rompra néceirairement l'équilibre général. Lt centre, moins attire vers
cet ncraifphère, defcendra vers I hcmifphttrc oppofc. Le niveau & les
j&ets baifleront donc fur le premier pour s'étever d'autant fur l'autre.
ij.Or , les pluies emportent tous les ans dans la mer une certaine
quantité de terre qui y déplace un volume dViucgal au ficn. Cette eau
déplacée, s'étend lui" l'Océan en forme de lame fplicrique, trcs-minçei;
elle manque à fon hémirpli«re primitif qui , attirant moins le centre, le
iai0*e defcendre jufqu'au point de l'équiliore.
Si les mers étoient antipodes à des mers égales, fcmblablcs , & fem-
blablemenc difpofée;: , les pluies ne dépIai.etoient point le centre, parce
qu'elles agiroicnt cgaknient par-tout , & il y auroic compenGcion. Mais
i«s pluies ne pouvant débby«i la mer , dcphccront le centre ii elle a des
terres pour antipodes.
L'Auteur rapporte une évaluation par laquelle on pourroit établir, que
les pays du Rhoue baiflent d'un pouce par fiècle, route compenfation faite,
évatuacion quil ne garantie point > uuûs qui indique i&$ cicmcm de-
ce calcul.
' ■ Deuxième catife. Les parties les plus foKdes de la terre font exposes
i l'iiiHuencc des menflrues aliiens qui diminuent toujours la malTè cles-
cocps,c]auique d'une quantité imperceptible. Ce que l'cvapotacion ôte
aux folides le difpcrfc dans ratmofpbère, & retombls en partie dans la
mer. C'eft nne perte pour leur ancien local , qui , artiranr d'autant,
moins le centre , le laiflc def<.endre vers rhcmifphùrc antipode.
Troilicme caufe. La merellle dcpot d'une infinité de coquillages, de
madrépores , qui s'y cntalfent , augmentent la maiïe de leur hcmifphèic
dif tout l'excès de leur dcuticé fur celle de l'eau , & attirent d'autant plus
ligue. C'cft
Sl/R VmST. NATURELLE ET LES ARTS. 4^3'
le ceiître vers eux. Plus un hémifphère a de mers , plus il (ûîr des acquit-
tions fcinblftbles , ce qui élève à mefure les mers au-defïus de Ini.
On ne faic prefquc point d'artention aux dcpôrs de rorganifation
terreftce qui s'évaporent afTez vite , candis que ceux des mers fubfifteut
pendant une durée comme intinte.
Ces trois caufes concourent à éloigner de l'hémifphérc terreftre le
centre de gravité pour le rapprocher de riicmirphèrc aqueux. Quelques
foibles qu'elles paroifTent , elles func unies & ont un cffcc étonnant au
bouc de plufieurs llccles.
Quatrième caufe, L'Océan pénètre dans des pays plus bas que fon
niveau. L'eau qui les remplit eft un ajouté à la raatTe de leur hémifphcre.
Le centre monte vers lui, & la furfàce des mers voifines monte d'au-
lant. En formant ainfi ta Méditerranée, l'Océan fubmergea l'Atlantide,
qui fe ctouva plus balte que fon niveau. 11 ne rcfte aujourd'hui au-detTus
de ces mers que les fommecs des anciennes montagnes.
Certains amas d'eau s'épuifent après avoir rompu leur dij
une perte pour leur hcmifphère , & le niveau bailTe.
Cinquième caafe. Le mouvement diurne renfle les mers équinoxiales
en bailTant les mers Polaires. Mais le frottement de l'air libre ralentir
toujours ce mouvement , & rapproche toujours de la forme fphérique la
figure ellipfoïdiquc que la planète tient de la rotation. Les terres Equi-
noxiales gagnent en hauteur, candis que la met, en s'clevant fur lei
pôles, les abailfe. Âu(Ti les montagnes de ces climats noâurnes fonc-
clles en général très-inférieures à celles de la Torride. Les îles fe multi-
plient entre les tropic|ues , & s'étendent en fortant des mers, candis que
celles des régions polaires fubmergent en s'élevant les îÛes qui s'y
trouvent.
L'Auteur ne s'arrcte point aux obfcrvations , aux relations , la pluparc
contradiiftoires ; il conlidcre ces cinq caufes d'une manière purement
abftraite & géométrique. M. de SauITure, Profeffcur de Philofophic à
Genève, fait imprimer à fon infu un recueil d'obfervations qu'il a faites
lui-mcme, elles ne feront donc point fufpet>esi elles feront l'édifice
donc l'Auteur conftruit lëchafiaudage. L'Ouvrage de M. de Sauffurc c(l
immenfc.
L'Auteur fe propofede donner d'autres combinaifons purement théo-
riques 3c également démontrées par l'Ailronomie Phvllque. Il fe promet
de ne rien donner au Public qui loit venu à fa connoifTince. 11 ne vouloic
pasfe nommer, m.-ûs on lui a faic voir que c'ctoit inévitable.
Il publiera tous les mois .nu moins un volume pareil à celui qu'on
an^lyie ici. Le prix fera de 30 livres de France, franc de port. On
s'adreiîera dans cnaque ville aux principaux Libraires, qui recevront les
avances qu'ils voudront fiiirc pour un cahier, pour plufieurs, pour tous.
On s'adreflera fi l'on veut à lui-même, ( M. Ducarla ) à Genève.
1779. DÉCEMBRE. Sff 1
"S
joo OBSERP'ATIONS SUR LA PHYSIQVÈ,
M. Ducarla fe flatte d'avoir fourni ccrcc carrière dans moins de deai
ans. \\ eft vrai que fa micière femble fe multiplier en la rravaillaïu. Mais
U crnit être afturé de ne pas fournir plus de treme-fix Mémoires.
QuoiauiU roulcnc cous fur l'Hidoire Naturelle du monde, ch.-icun fe
fufHfa à lui-mcme. lis fe ptcteronc uu appui mutuel fajis avoir befoin de
s'cnu'expljquer. Il a fiiit tous fes efforts pour les mettre à portée dti
commun des Gens de Letties \ peu de Géométrie , pref(]ue point d'AU
gèbre, & toujours des principes purement clcmencaixes.^
Dans le fécond cahier il s'agira des Comètes.
Bifioift GènirûU Cr Economique des trois Règnes de la Nature.
PROSPECTUS.
Rien n'cflplus întéreflàntd l'homme que deconnoîrre les produâions
de la nature \ mais i quoi peut lui fervit cette connoiflance, s'il ignore
les avantages qu'il en peut terirei pour fes befoins? Les Natucaliftes»
les Bocaniftes nous donnent journellement des nomenclarares, des
defcripcions, des fyftcmes , Se il ne s'en trouve prefque aucun qui
traite des diderents ècrcsqui nous environnenc. Connoître uii minéral,
une plante , un animal , ne futHt pas, il faut encore en approfondie
les piopEictcs: c'ell ce qui a cnga^ l'Auteur à rruttcr dans cet Ouvrage
iHirtmre Naturelle d'une façon c*:onoiniciue. Il la divifc en trois parties
qui répondeiu au règn« aninNi, au vcgaal , Se au minerai.
La premicie partie ell fubdivïféc en deux crattés : le premier eft
dediac à l'homme. On l'y conlidèrc dans l'ctat de fanté & dans celui
de maLidie ; on y donne fuccin^emcnt fa defcription anatomique; oir
y explique t'uCige phyiique de fes fondions , le mcchaniiaie des dif-
Êfreiues parties qui leconiUtuenr, lorfqu'il eft on fancc; on faitenfuice
un cxpofc très-dét^itlé des alimens qui lui font plus favorables : on
palTe ae*là au déraugcmeiu de cet individu ft admirable; on traite en
conféqticnce de tout^'S les ditfcrcmes maladies Iruituines ; on en donne
les caufes, les fyniptômes, les diagnolVics, les pcognolUcs & les diffë*
rcns traitemcns; on joint à chaque maladie plulicurs obfervations de
pcaiique j on termine enHa ce premier traite par l'indication â^
remèdes qu'on peut tirer de l'homme, tant avant qu après fâ mort > pour
la gucrifon de (c% fembhbles.
Le fécond rraitc comprend les animaux. Il traite des quadrupèdes,
des oife-inx , des amphibies , des poiffons , des infedes , des vcrmlf-
fcau\. Dans chaque article on commence par donnée une defcription
générique & aoacomique de chaque aniQ:uLl ^ on eu décrit enfuiic les
efpcces^ on en rapporte les diffétens noms, tant triviaux que fcien-
ùhquci , un indique les altmeus qui leur convicuucnt, on fait cc^
SUR rniST, J^^TUREILE ET LES ^RTS. 501
Doître leurs m(FUrs , kui cata^cie » k inûhode de les clevet & do
Us traittc dans leurs nwladies, iorfqu'ils font de I2 nature des animaux
domelliques ; &c quand ils Tonc (auvages, les diticrcnccs façons de les
atcrapper : on fait aufli mention des animaux qui leur Cont emieinis ,
£< de la manière donc ils fe défendent les uns comrc les auices^ ou
cxpofe en outre les ditfcrens avajitages que cliacun d'eux peut nous
procurer, ibic pour les alimens , les médicamem, foit pouc Il's arcj
& l'cconomie champt-ttL- ; enfin , on 7 fait mention des diifcrentes cha0ès
& pêches pratiquées chez les divers Peuples de Li Terre.
La féconde panie concerne les végétaux. On y donne Icnuméracioa
de toutes les plantes, rangées fuivant le Tyllème de M. le Chevaliec
de Linné. On n'y traitera que de ce oui fe trouvera omis daii$
VHi/hire UmvtrJdU JuR^i^m t't^étal ^ oui le publie actuellement, &:
dont le treizième volume de difcours elt fut le point de paroure, avec
douze cents planches gravées. Cette féconde partie en fera, en quelque
façon le fupplcmem ; on y câctitîeia les eueuts dans lefqaelles on
aura pa tomber. La tioiltème partie a pouc ob/ec les minéraux: eU«
cH fubdivifée, de même que la premicre, en deux craiccs» d^Hit ta
premier comprend uniquement les miimauif. On y donne la d*fctip-
cion de chaque mine , ioilîie, fluor, cryftallifatjon , fable , terre, cail-
lou. On en rapporte l'analyLe cliymique; on y cxpofe la manière d'ex-
ploiter les niineSt la pratique la plus accréditée dans la fonce des miné-
raux j on explique leur ufage dans la matière Médicale, daus les Arts,
^ pour la Société civile; oa indique en outre les dilFcren^ eiidroics
de la Terre où on les trouve.
Le fécond ccairc elt deltiné à l'Hydrologie ou à Li recherche des
fontaines minéiales. Ou en examine b nature , les endroits où elles
Se trouvent, leurs principes cliymiqucs, leurs propriétés dans b Mé-
decine, la manière d'en faire ufâge comme mcdicamens. L'Âuuur
jécend fcs recherches à toutes les fources connues de rUniv«rs.
Par cet expofé oit peut fe convaincre que cette Uilioiu Générait Çr
Economique des trois Règnes fera la plus complette & la plus étendue
qui ait jamais patu. On y trouvera ralfemblc par ordre & par choix
fout ce qui fe trouve cpars d,-ins les ditférens Ouvrage de M. iiuc'uoz^
avec des additions inhnies. Les diiférentes planches que M. Buchoz
Fublic depuis crès-Ion2;-tems , pourront concourir à l'oroemeuc & à
intelligence de cet Ouvrage, fans néanmoins en ctie une dépendance
nécelTaire.
On ne peut déterminer le nouïbre de voîumcs que renfermera cette
Hiftoire Naturelle & Economique. On la diftribue par cahiers de lo
feuilles chacun, foit in-foÛo^ foit/a-S^., à la voloiicc des Soufctipteurs.
11 faudra 200 feuilles pour former le premier volume if-fo/io^ & pareîHo
i^aauicc pouc Lâs ciu^ premiec^ volumes ^j-&^'. Le prix pouf la fou^
joi OnSERfAnONS SUR LA PHYSIQUE^
cription du volume in-foiiooa des cinq volumes i/ï-8". , fêta de 48 livres
franc de porc d Paris & par toute la France, qu'on paiera en recevant
les quatre premiers cahiers qui piroiirent ad ue Ile m en t. Le dernier volume
in-folio ne fe paiera que 1+ Uv. , ainfi & de même que les cinq derniers
volumes //ï-8*'., aulîï franc de port. On ne délivrera de ces cahiers
qu'aux feuls Soufcripteurs. Ceux qui n'auront pas foufcric ,.ne pourront
acquérir l'Ouvrage qu'après qu'il fera âni , & à un plus haut prix.
ColU3îon dt Pianchts enluminées 5* non xnliiminéa , repriftntant au
naturel ce qui je trouve de plus intérejfant 6* de plus cuneux parmi Us
animaux ^ les végétaux & Us minéraux , pour fervir à CinulUgenct dt
VHiJioirt Générale & Eeonomijue des trois Règnes de la Nature,
Cette CoUeâion qui a commence a patoîtrc au mois de Janvier
'775 * P**^ cahiers, de trois mois en trois mois, en renferme aâuel-
lement feize » qui ont mcritc l'approbatioil des Curieux. Le premier,
le quatrième, le feptième, le dixième de la première Centurie, & le
premier Se le quatrième de la féconde , reprcfentent des animaux ^ le
fécond, le cinquième Se le huitième de la première Centurie, de
mcme que le fécond & le troilicmc cahiers de la féconde, des végé-
taux i & le troifième, le fixième, le neuvième de la première Cen-
turie, le troifième Se le fixième de la féconde, des minéraux. Dans
le cahier des animaux, on y entremêle des quadrupèdes ,desoifeaux,
des Œufs, des infeâes, des p oi lions , des ferpens , des coquillages,
des madrépores. Les cahiers devinés aux végétaux ne reprcfentent que
les plantes botaniques Se médicinales de la Chine , de forte que ces
4.ahiers réunis i ceux dont nous parlerons ci après, formeront la plus
belle ColleAion que l'on puille avoir en Europe du Règne Végétal de
cet Empire. Les cahiers des minôraux offriront tour-à-tour des mines
& des foÛTiles. Chaque cahier comprend >i feuilles, dont une de titre,
une d'explication, dix enluminées Se dix oui ne le font pas, toutes
tirées fur papier au nom de Jcfus, Se brochées en papier bleu. Le
prix de chaque cahier eft de jo livres j la Collcdlion qui en paroît
achiellement fe monte i 480 liv. Cet Ouvrage fe diflribue par parties
pour en Biciliter l'acquifition aux Amateurs. On peut très-bien le
qualïHer de Glanures d'HiJhire SaturelU,
Collection précuufe & enluminée desjleurs Us plus helUs & Us plus curîtujès
^ui Je cultivent^ tant dans Us Jardins de la Chine ^ que dans ceux de
i' Europe t pour fervir à CinuU'igence de tHijloire Génirâu tr Eeçnomiaut
des trois Règnes.
Cet Ouvrage, un des plus précieux qui paroîlfent dans ce ^ècle,
fconic en mcine lems tout le luérite de U no^vea^té. 11 peut ctT«: cjc
4
Sl^R VHIST, NATURELLE ET LES ARTS. 50J
la plus j;r.inde utilicc aux Naturalîftes, aux Peintres, aux Defliiuteurs 1
aux Dircéleurs <Ic m.inufaftures en porcelaines, en fayance, en étoffes
de foie, de laine, de coton, en papiers peines, &c aux autres Atnftes.
La plupart de^ fleurs de la Chine dont on a public Jufqu'i préfent
les dcl]ms peines, ctoient fuppofées. Celles-ci ont l'avantage decre
peintes d'après nature , & font entièrement conformes i celles qu'oit
cultive dans les Jardins de Pékin: on en peut même juger pat quel-
ques plantes qui fo trouvent dans ce Recueil, fc qu'on cït parvenu 1
luturaiifer depms quelque cems dans la France. On diftribue cet
Ouvrage par cahiers. Chaque cahier eft de dix feuilles , cicepiî- le premier
&c le onzième qui en ont onze à taufc des titres, & e(l tue en papier
d'Hollande. On ne néglige n\ les foins ni la dcpenfe pour colorier ces
fteurs. La première partie de ce Recueil & les cinq premiers cahiers
du fécond patoitTeni actuellement au nombre de qumzc. Le prix de
chaque cahier eft de i-t livres. Ce qui en paroît coiite par confcqucnc
^60 livres.
UïJioiTt tiatuftlh delà. France ^fiprifenUc tt ^rnvir es ^ rangi'e fuivanf
h fyjîèmt de Unnaus & dlvipc par parties ^ pour fervlr à CHiJloire Gc'né'
raU & £conomiq:u d*s trois Kîigncs,
Depuis près de 25 ans, M. Buc'noz ctavaillc i l'Hiftoire Naturelle
èvi Royaume. Il a parcouru pour cet effet laborieufement la plus grande
paaie des Provinces de la rtance, pour en connoître les différentes
produ^ions. Ce font ces pvodudions qui fe ttouvenr gravées dans ce
Recueil. Les planches y doivent êtte rangées fuivanc le fyffcme de
LinnaruSj & font divifccs en pUtfîeurs parties. La première contient
^o planches, dont la première fett de titre, fi: la dernière indique
ï'arrangement de chacune de ces planches , qui font toutes dcIUnces
anx quadrupèdes de la Irancc. La féconde partie rcptéfcmera 1er
oifeaut du Royaume j la troiGcme, les poiHonsj la quatrième ^ les
amphibies; la cinquième, les infeéles; la iîxième, les vermilfeaux fie
les coquillage?; la feptième, les plantes dont le premier cahier va
paroîtte incclfanirrent, & .iiiifi de fuite de Règne en Règne. Le»
planches font fonnat tti-fnlio, dont les deux tiers offrent les différent
objets donc il s'agît, & dans l'autte tiers fe trouve gravée l'explica*
ùon. Cette Cotte^ion fera fuivic des différentes cartes de chaque
Province, pourpouvoiidérernnner les heux où fe trouvent les différentes
fubffances qui ioni tepiéfentces dans cette Collcdlion. V^^ trois premiers
cahiers paroiffcnt aÛucllement : ils renferment jo planches, y compris
le titre. Le prix de chaque cahier cil de \q liv.
j*4 OBSERr^iTIONS SUR LA PHYSIQUE ^^h
Hifloire GlniraU 4ts trois Règnes ^ rcptlfentU en grayures^ & ranoèt
Juivant le fyfi'f^^ àt Linaans » pour fèfvtr 4 t'tnttVigenct de CHiJloirt
Cénèralc & Eionomique des trois Règnes,
Cet Ouvrage joint aux rrois Recueils prcccdens, forme» une Col-
leûion complétée en gravures des diifcrentes fubftances Qui formenc
THiftoice Naturelle. On commence par le Règne animal ; on fait .
prccciler les coftuiîies de l'Européen, de l'Afiarique, de l'Africain &t
de rÂmciicaiii^ on palle de-lA aux quadrupèdes érrangers à la France ,
après quoi aux Oifeaux , & ainfi de fuîce de Rè^ne eu Règne. Le
premier cahier concernsnc les plantes paroîtra inceflammenc. Les crois
premiers cahiers font aduellemcnc au jour. Le prix de chaque cahier ,
qui renferme lo planches, eft de lo livres. On luit pour rarrangcmciic
le fyficme de Linnxus. A la en de chaque dalTe fe trouvera uoe expli*
f:acion gravée.
Plantes nouvellement découvertes , récemment dénommées & chffées ^ repré-
fentèesen gravures , avec leurs dejcriptions ^pourjervir d'intelligence à flff-
toire Générale & Economique des trois Règnes.
Cette Colleûion eft touc-à-faic nouvelle & par&itemenc gravée ,
accompagnée de la dcfcription qui fe trouve vis-à-vis de chaque plante :
on n'y a représenté que des plantes récemment découvertes ou peu connues.
Ce Recueil renferme déjà deux cahiers de to planches chaque colùec^
le prix eft de 15 livres par cahier.
Les Dons merveilleux & diverfement coloriés de U Nature d4ns le R^gnt
végétal t avec Difeours, pour fetvir d'intelligence à l^HiJloire Générale fi"
Economique des trois Règnes,
Ce nouveau Recueil renferme indiftinAement toutes fortes de plantes ,
avec les détails de chacune d'elles , pour en faire counoître les caradctcs
boLinîqnes ; elles font parfaitement enluminées. Il en patoît aâuellcmeni
deux cahiers ., le prix de cliaquc cahier eft de 14 livres.
Nota. On venu décachés lescahicrs de chaque CollctfHonj ^ toutes
les Collections font indépendantes les unes des autres, & mcme de
l'fiiftoire Générale & Economique des crois Règnes, quoiqu'elles paroif-
fcnt en ccre les accelfoires.
Ohfervation fur la Guérifon d'une Pluijîe- Pulmonaire , dvec des remarques
fur cette maladie; par M. Daffy d'ArpaJcan ,DoÙc\it en Médecine^
Fontainebleau» A Laufaane , & fc trouve à Paris chez Méquignon l'aîné ,
JJbraire , rue des Cordetiers , 1/7-1 1 , prix , broché, 1 5 liv.
Lefix'àme Cahier du Suplément à la Botanique mife à la parUe de tout le
monde yen 10 planches coloriées jfuivies de leur de/cription. l.cs 20 Plantes
décrites font le Sebeftier , ta Morgeline , le Rocou, le Tcrébinrhe, le
Bouleau ,
SUR VHIST. I^ATURBllE ET LES ARTS, joj
Bouleau ; le TAliâron , U Berce , la Perficaire , le Pruneliec , l'Hermo-
(iai5le, le Fenouil de Porc, l'Alléluia, le Tamarin, U SoManetlc.U
Prcle, le Câprier ,1e Riz, ta Vanille, le Cacaotier, eiitin l'Anis Lcoilé.
Il doicparoîcre encore deux cahiers environ pour terminer ce^te coUe^tioa
inréreiîante , qui forme la première partie de l'Ouvrage de M. Zc Mad,
Regnaulc. Cette première partie coniiem les Plantes &: Arbres d'ufage
dans la Médecine , dans les Alimens & dans les Arts, en 4f*o planches
coloriées , accompagnées de Notices in(lruâ;ives fur le lieu originaire des
-Plantes, leur culture , le rang qu'elles oct:upenc dans les principaux
/yftcmes ; fur leur vertu, leur emploi , les dofes auxquetlcs on les dunno
«omme remède , les dangers auxquels expofenr les Plantes venimeufcs,
l'avantage que l'on tire d un grand nombre dans les alimens S< dans les
Arts. JLes dilfeâions des différentes Parues, des Fleurs & des Fruits,
démontrent ficilemenc à quelle claife ou Famille chacune appartient*
On a mis au commencement de l'Ouvrage un Oiâionnaire abrégé des
mots Techniques , avec j Planches de Bgiires pour les rendre fcndbles.
Le format etl grand 'm-fol,^Sc le prix, à raifon de i livres ^ fols pac
Pbflche.
La féconde Partie fuccédera immédiatement i. la première, elle en
era abfolument indcpendanre , néanmoins elle pourra y Fiire fuite
d'autant qu'elle fera du m^me Format. Elle fera compofée des Plantes
Î|ai ne peuveuc pas être confervées en herbier comme les Plantes gralTes,
es Champignons , &c. On la publiera par décades ou cahien de lo PI»
chacgn.
La difficulté d'entretenir ces Plantes en végétation , fans le fecours
des ferres chaudes , & 1 impollîbiliié de les confciver en herbier à caufc
de leur forme , rendent cette nouvelle coUeéïiou importante pour les
progrès de la fcience & pour la fatisfa£lion des Savans : c'cA à leur folli-
(itation que les Auteurs fe font livrés à ce nouveau travail pour enrichie
la Botanique de cette branche delirée & trop peu connue ; les matériaux
3u'ils ont dc)Â préparés leur Font efpérer aullî qu'ils feronr au(Û exadl;!> dan^ U
iftriburion de cetre deuxième Partie que dans celle de la première^ oa
y joindra les Plantes nouvelles ôc celles qui font ciès-raies u c'ed le vœu
des Soufcripteurs.
On tirera des Exemplaires en papier d'Hollande pour les Amateurs
qui le demanderont. Les autres feront en papier de France, ainfi que la
première Partie. Comme on n'imprimera que peu d'exemplaires au-deU
du nombre des Soufcripcions , les Auteurs invitent ceux qui voudront
fe procurer cette nouvelle Cotle^ion à fe Faire infcrire pour aHurer leuc
rang dans la dilktibution des Epreuves. A Paris ^ chez K/gnault , Peintre
& Graveur , rue Croix-des-Petits-Cliamps. On aura la bonté d'aîFranchir
les ports de lettres.
X,es principaux Libraires de l'Europe fe chargent au(C de procurer lei
TomeXiy^PatuIL 1779. DÉCEMBRE. T tt
if«6 OBSERyATlOSS SUR LÀ PHYSIQUE,
ditfiïrens Ouvnges d'Hifloirc Naturelle aalli coloriés qu'ils ont d^jl
(Aibliés» tels qae In Colle£hon des Plantes H'ufage ci-defTus énoncées,
les Ecarcs de la Nature \ les Quadrupèdes pour l'CEuvre de M. de
Boifoii , &c.
n The Univerfat Gotdtntr and Botanîfl j &c. Le Jardinier & Botanifte
M Univetfel, ou DiâionnaireUniverfel de Jardinage Se de Bocaiiique ;
*i où l'on trouve dans l'oidre de Linnens tous les Arbres , ArbnlTeaux 8c
u Plantes herbacées qui métitenE la culture à. titre dutilité , d ornemenc
» ou de curiolîtc j avec des règles pratiques pour les différentes opcra-
»> lions mcchnniques du Jardinage en général ^ par M- Thomas Ma-we ^
rt Jardinier du Duc de Léed^ & M.Jean Abercromhie , Auteur de l'Ouvrage
» intitulé : Chaque Hommtjon propre Jardinier y 6*<< : ^•4'*. Londres , che*
M Robinfon «s
Prcfaue toutes les Narions, fur- tout la France, l'Angleterre & U
Hollande > ont fixé tes yeux fur cette partie de l'Agriculture long-tem<
négligée , le Jardinage; de rous côrés nailTent de nouveaux Traités fut
cet objet elTbntiel , mais en mcine-tems naitîent de nouvelles etreurt
dans la pratique. Chaque Auteur peut créer , & la Nature ne fe croit
pas obligée d'obéir toujours aux loix que prefcrivenrdcs Ecrivains qui
n'ont fouvent que le titre d'Agronomes , fans en pollcder l'expérience.
L'Ouvrage de MM. Mawt Se Abcrcrombu, eil deÛiné à faite connoître
les erreurs , i tes corriger & â fupplcer aux omiirions des EcrÏTainf
qui les ont précédés.
M j4ri Ejjay on tht CuTe 0/ yièfceffeSy&c. EiTài fur la Cure des Abftès
9» par les Caudiques , & fur le Traicennent des fileiïures Se des Ulcères ^
M avec des Obfervations fur quelques Innovations avantaeeufes en Chi-*
o rurgie «• ; par M. CUrty Chirurgien : t/î-S". Londres , cnez CadtU,
L'Obfervation la plus curienfe de ce Traité eft une nouvelle méthodç
d'introduire le Mercure dans la circulation Pour la core des Maladies
Vénériennes. Elle confifte à délayer fur le oout du doigt dans de U
iàlive , crois ou quatre grains de mercure , ?c à en frottée U joue du
Malade. M. C/nrv s'eft convaincu, par fa propre expérience, que cette
méthode étoir particulière , & pour la faire accueillir plus fâvorablGmeiit
par le Public > il a ajouté i. fes propres Obfcrvacions quelques remarques
de M. le Doâeuc Hunttr^ fur les avantages qu'on peut raifonnablement
en attendre.
s» Erfahruf^fm^ffige akhandtun^ von d<n x-tnekk dentn , &e, &c Traité
ti des différentes Maladies du Bétail , cie leurs caufes , de leurs fignes ,
» des préfervatifs Se de leurs remèdes j par l'Auteur des M6tBoif«s
» à^(S.con(miit Champêtre. A Berlin ^ chez Pan/i , iT7'9:M-fl'',
La répuration juftement oïéritce de l'Auteur des Mémoires dXEct>-
nomie Clumpcire nous fait augurer en faveur de ce nouvel Ouvrage
que nous ne connoillbiu encore que de nom.
SUR V7ÎIST. NATURELLE ET LES ARTS, yû?
_ I* Pomona Francorica , ou DiÛionnaire des inÊilleures efpèces d'At-
''<m bres Fniiciers &" de leurs Fruits. Par M. Mayzr , Jardinier du Priacc-
1» Evêque de Wurtzbourg. A Nuremberg , chez Winurfchmidt : 3 64 pages
Il Sf 17 planches , où les truies fonr peines avec leurs couleurs uacurelles.
Elève du fameux AbW Ro^ir Schaboi ^ M. Mayrr expofc dans cQtïc
féconde Partie les fuccès que les préceptes de Ton Maître ont cq «a
Allemagne. Pat Ces foins la caille des pêchers à U Moiitreuil fc tiouvo
tranfplantcc dans ce pays. L'expérience l'a conduit à adûpccr des maximes
claires Se prccifcs qu'on pourroit adoptée en France & qui ne mauque-
roieat d'y rcuflirr
»» Dttla f^ûlU f^alcanico- Marina di RoncÀ , &c. Mémoire Otirogr»-
1* phiaue fur ta vallée Volcanique Marine de Ron^i, dans le territoire
** de Vérone \ par M. l'Abbc fortit , &c, : in - 4^* « avec des gravures.
f^cnife , de l'Imprimerie de CharUs l^aUfi ; & fe trouve à Rot/u cher
Ongoire Sttarie.
Il etl peu de pays plus étudie depuis quelques-rems que l'Italie , 9c
ceiraînement plus fait pour l'être. De tout côté la Nature offre des monu-
mens Hnguliers, montagnes, rochers > volcans , bafaltes . courans de
laves, pierres calcaiccs, er-inices, ferpencincs, pierres oUaires, tout eib
confoudu , coût a été bouleverfé par une révolution terrible Se étonnante.
Depuis les pieds des Alpes Ftançoifes jufqu'à la pointe la plus méridionale
de la Sicile , à chaque pas rObfervateut iiiflruit eft fr.ippé pat des mec-
veilles qui démenteuc &C détruifenc fouvciit des fyllcmcs magnifiques
auxquels l'imagination feule avoic donné l'exiAence. ZfiWr^ ^ dans (à
Protogcc , & d'autres Savans , aptes lui , avoient avancé que la terre avoit
brûlé après l'inondation univucfellç. M. l'Abbé Fonis rapporte dans ce
Mémoire des obfervations bien concradiâoires. Les couches de la vallée
de Roncà ôc de la montagne l'-i/Kjri/iij , offrent une difpolîtion toute
oppofée. Les traces que le feu a laillc fut fon palFage font recouvertes
par les dépôts de la mer* Mais ce qui e(ï encore plus frappant, fur les
bafaltes de la montagne de VA^vttrina s'élùve une couche épailTe d'un
pied Ôc demi de terre graflc argilleufe, noire , toute remplie de telUcées
marins pétriHés > de forme très-vatice & très-tare pour la plupart, ou
même inconnus, entre lefquels il a dilUngué ui:e variété de la leur
de la Chine { torricelU chinenfe ) une conque fclériforme, décrite par
GuaUtri &c par /idanfon , <lans fon Traité des Tcftacées du Sénégal*
La couche iofcrteuce & borifonrale du petit torrent , nommé GarinUia^
renferme des Cochieœ patfaiienoent fembUbles i celle de U Chine ^/é
JÛargenville a fait dcfiiner ( Tab. !X, B. ). Après c^ obfervations cuiicufos
& pfufieurs antres que l'Abbé Fortis a faites dans cette vilU'c , on ne; peut
nier que les flots de la mer n'ayem tecouveic ces débris de volcans.
Syftèmes , que devenez-vous ?
1775. DÉCEMBRE. Ttc 1
5o8 OBSEnyjfiONS Sl/R lÀ PHYSIQUE^
De Monti Colonnariy fir. Mf^moire fur les Monts Colomna'nes Se d'au-
tres l^hcnomènes volcaniques; par M.Strar.ge : i/t'^^ . Milan y 1778 ,cUeas
JoJ'cph Martin y Ce fe trouve a Florence chez Corliari,
Pendant que M. Hamilton faiCoit Tes pbfervaiîons fur les Volcans
des environs de Naples > M. Stran^e s'occupoit des mêmes recherches
fur les Monts Cohmnairts { bafaltiques) & volcaniques de l'Etat de
Venife , du Viennois , du Vicentin , & du tetritoire de Padoue. Ainfi
ces deux Savans , tous deux envoyés de leur Souverain auprès de diffc-
rentcs Cours , ont fu entremêler aux foins pénibles des affaires donc
ils croient chargés, les délaflemens fi agréables & fi fatisfaifans qu'offse
l'étude de la Nature. Si leur Patrie feni le prix de leurs foins & de
leur 2èle pour fes affiiires , toute la République des Sciences leur doit
tin tribut de reconnoi (Tance pour les meilleurs Ouvrages quelle doit à
leur recherche & à leurs obfervations.
Dijcoun fur la vir'uabU gloire eu Chirurgien , prononcé aux Ecoles
de Médecine pour l'ouvemire foleronellc des Ecoles de Chirurgie, le 19
Novembre 1778 ; par M. Groffin du Haume , Do dlc ut- Régent & ancien
Profefleut des Inftituts de Médecine en l'Univerficc de Paris , PïofclTcor
ftéVuel de Chirurgie hrancoife,& Médecin de l'Hôtel- Dieu. ^ Parij^
chez A'Houry , rue de la Bouderie : in-^°. PuilTe ce Difcours , correâc-
mcnt ccrir , ^ver dans iHme des Chirurgiens & Médecins qui le litonc
les fages préceptes qu'il renferme.
Elemcm de thymity rédigés d'apùi les découvertes modernes; Ou précb
des Leçons publiques de la Société Royale des Sciences Se des Arts de
Met2 ; pat M. Michel du Tenneiar , Confeiller & Médecin ordinaire da
Roi, Profelfeur Royal, &c. A Mciz, chtz Guerlacke: in-i i de x8o pages.
Ce Précis fera trés-utilc pour des Elèves oui faivent les leçons publiques
l'elle a établies. L'exemple donné par l'Académie de Dijon
£c gratuites qu'
tme ! Quand
••commence donc i influer fur quelques Académies du Royaun
l'efpric Patriotique , l'efprit d'Inflrudtion aura-t'ii influé fui toutes les
autres. Les noms de MM. de Morveau , Maret , Ourande j Tennetary fe-
ront placés, à jufle titre , parmiceux des Bienfaitcursdc leurs Provinces.
De la Çùnno'tffanu de l'/iomme Moral par l Homme Phyjitjue f par
W. l'Abbé Pernetty. Â Berlin j Se à Paris , che2 Bruuec , Libraire,
a voLi/i-S".
Carte du Cours </tî Fleuves du Sénégal & Gamhie , dédiée Si. préfentée
^ M. le Duc de Lauzun y Gouvemeut du Sénégal \ pat M. Lon^ehamp ,
fils, Ingénieur-Géographe. A Paris , chez l'Auteur , rue Si Collège des
Cholets. La defcription Sx. Ihiftorique de certe Carte font tracés fur les
côtés de ta Carte, de même que le Plan & vue de l'Ille de Gorée y les
forts St-Louis , St- Jofeph Se James.
Cette Cane mérite d'être accueillie , fie dans ce moment , fur-coot ,
elle devient uis-intérellàn&ti..
SUR vnrsT. n'^tvreile et les jrts. 509
CoUcijone di cafi Chirnrgic'r, i&c. Collerions des cas Chirurgicaux,
mis en ordre Se écUircis par des Nores ; par M. Jofeph Cavailini de Ctvoli ,
Profedeur & Hifturiographe de l'Uopiul Royal de Sainte -Marie de
.Florence. Tome 111, Partie deuxième: /n-8'. Flonnct ^ ^77 9 t de lltn-
primerie de Jofeph yanni.
Après une favante dirtertatlon fur la Suppuration, qui fert comme
d'introdud^ion préliminaire i cette partie du grand Ouvrage de M. Ca-
vallini de CcvoU y on lie 57 Obfervations fur des plaies de nature & de
caraâère diffcrens. Une Table Hiftorique des Malades enterrés & foctis
de l'HopiuI de Sce-Marîe termine ce volume. Le réfultar de ce Tableau
:eft trop inccrefTant pour faire connoître d'un coup-d œil les foins avec
lefquels les malades y font traités , pour que nous le pâfTions fous itlence.
:En 177^ il eft entré i l'Hôpital Je Sainte-Marie 4147 malades , il en
eft forti 5597, & il en eft more fCi, En 1777 il en eft entré 4101 , U
en eft forti 5419, il en eft mort 640. En 1778 il eu eft entré 4101 ,
font 1 5 49 , & mort 5oi. On difpute depuis long-tems for l'avantage oo
le dcfavaiuage des grands Hôpitaux \ le peuple en géncraf, les
redoute finguliî^remenc \ il regarde fon cranfport ï l'Hôpital comme fon
Arrêt de mort. Ce feroic par un balancement exaâ des Malades qui y
périffenc ou qui en fortenr guéris , que l'on pourroic décider cette mté-
relTante qucftion. En général ce n'eft pas dans les Hôpitaux les plus valles
que les Malades font mieux foigncs. Chez les Nations qui nous envi-
ronnent , les Hôpitaux , plus multipliés, font plus propres, & par confé-
qucnc plus faciles à tenir propres & iâins.
infiru^ione Medico-Praùchc y &c. n Inftcudlîon Mcdico- Pratique fttC
» l'Art Vétérinaire ; par M. Jofeph Ovus , ProfefTcur & Diredteur du
» Collège Public de Médecine Vétérinaire. A Padoue , chez Lomini^
•n Libraire , 1779 "•
I ' Le Sénat de Venife a établi à Padoue une Ecole Publique de Méde*
,c)ne Vétérinaire, fous Tinfpe^on des Magiftrats députés pour lesterreins
incultes. M. Ovus, qui en eft le Profefleur , fait imprimer l'Ouvrage
que nous annonçons i l'ufage de fes Elèves. Il contiendra l'Hiftoire Se
b defcription des Maladies du Cheval , du Boeuf, du menu Bétail , &c.^
. & les moyens de les guérir. Cet Ouvrage propofc par foufcription fera
en deux volunies d'environ vingt feuilles chacun. Le premier traitera
dc5 Maladies internes générales & particulières de la tcte, de la poitrine
& du ventre j & te fécond des Maladies extérieures , générales & parti-
culières , de la tète, du corps , àts extrémités , & de la peau. La foufcrip-
tion eft de 40 livres pour cnaque volume, fomme qu'on ne payera qu'en
le recevant. On peut foufcrire chez les principaux Libraires d'Italie, Se
parciculièrement i Ftonncc , chez Amoine Jojtpk Patjutri,
Rtmarks on That Kind of Palfy , &c. » Remarques fur le genre de
V PaialyGe dans les membres inférieurs , qtù accompagne fouvent une
^
510 OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE,
Il courbure de l'épine , fie qu on ruppcfc caufce par cette courbure, avec les
»• moyens de la guérir. A quoi on a ajouté desobfervattons fur U oéceOité
» de l'Amputation dans certains cas & ccnaines circonftances « j par
M. Ptfctvat Pat , <' hirurgien de l'Hôpital de Saint-Barthelenù : ûi-S*.
Londres , 1779 , chez Johnfon,
La rcpaution que M. PerciVa! s'cft déjà aqaife par fes différens
Ouvrages , répond de la boncé de celui-ci. Ce ieroit des Ouvrages de
cette unliic & de cei intctct dont nos Savans Traduileurs devroieni nous
enriclùr. M. le Doâeur Caineton & M. Jeffteys de ^X'^orcefter avoient
déji prefcrir une méthode pour traiter cette cruelle Maladie^ celle que
donne l'Auceur de cet excellent Traité femble devoir effc^ucr la cure
Avec plus de Tucccs. Voici en deux mots eu quoi elle conlUle. 11 £iut
appliquet des deux côtés au-dedous de la courbure de rcpine,an peric
' cauftique , tel cependant qu'il puilTc tenir une grolTu fcve dans la plaie.
Tous les ttois ou quatre jours on répand delius un peu de poudre de
Cantharides, & on maintient ainfi la fuppucation jufqu'à ce que le
Malade ait parfaitement tecouvrc l'ulagc des membres inférieurs donc
ia Paralyiie provenoit de cette courbure. Le fécond Traité n'efl qu'une
«dditiun i ce que l'Auteur a déjà dit dans fes Traités prccédens , 6c
{iir-tout dans fes remarques fur les fcaâutes , compofces de l'indifpenfa-
ble ncceflltc de l'amputaiioD daiis certains cas , & du danger de la
■diâerer.
^nA<cou>itoftkefcaTUcFtrer,&c»uV)^Çf:x\^x\onàe\x Fièvre rouge»
» accompagnée de mal de gorge ou ScarUàna angiaofa ; celle , fur-tout,
M qu'elle a paru i Birftùsgkam l'an 1778 j par M.GuUîaufnc VTithcring^
JDoûkeur en Médecine : w-V . Londres, 1779 , cher CadtU»
(ïîj^e cruelle Maladie fit des ravages k Birmingham l'été & l'automne
de l'année dernière. Semblable , d'abord , i la fcattaùna f^brts , elle en
dilTéroit par un caraâèie de malignité que i on n'obferve point dans la
l-ièvre rouge commune. D'après les remarques de M. Withering-»
M» Kavier a détruit en France une Fièvre rouge maligne qui , à plulîeurs
igardt , lui correfpond. Le remède qui eut le fucccs le plus grand Sc
ie plus condanc, fut un putiîani vomitif adminiftrc À pluueurs reprifej;
^onné même au commencement de bt maladie il en prévenoit toutes
Jes fuites.
Traité dt la Confervation des Enfans , ou moyens de les forùjur , de Us
■pféfirv4r & de Us guérir dans leurs diffi:rcMiei maladies, par M. RatUia ^
Doâeur en Médecine » 8cc. ; féconde Edition. A Paris , chez SaugraiJt &
Lamy y quai des Auguftins, au coin de la rue Pavée, 1779.
L'accueil mérite que le Public a fait i la première Edition de cet
Ouvrajge , en ailure un pareil i celle-ci ; Ton utilité , & £1 néceflité mèa^
encre ks mains des métes de f;inûlles & des petfonnesqui fe chargent
d« U prcnucte cducatioji des enfans , en font de fùxs gaiancst
SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARTS, pi
Pf€cis fur la nature des Maladies proJuius par U vice des humeurs Lyrr^
phatiijues , leurs difftremes efpiccs , & le traitement qui leur convient ; par
AL AW» Membre du Collège éc de TAcadcniie Royale de Chirurgie
de Paris : z volume ifl-S**. Paris » chez Didot , le jeune, quai des Augu(-
Ces deux volumes ne doivent làire que la féconde partie de la Chi-
nirgie Médicale^ mais comme il y avoic d^)â Quelque tems qy'fis avoienc
été misÂrimpccluon, on les fait paroître avant les deux premiers volumes
oui formeront la pfemièrc Partie de la Chirurgie McdicaU , aonoacce
dans le Profpeâus , fous le titre de Chirurgie Médicale , ou de l'utilité
de la Chirurgie » & dans la théorie & la pratique de tArt de Guérir , &c.
Voyez ce que nous avons dit de cet Ouvrage en l'annonçant dans U mois
de Mai I77 9 y P^8^ i-J9*
TABLE
DES ARTICLES
Contenus dans ce Cahier.
kJ BSEKVâTî 0}f s fut h Pipa ou Crapaud de Surinam ; par Af,
Bonnet , de diverfes Académies, Page 41 j
Mémoire fur la Cryjîallifation du Fer ; par M. Pazumot , 457
Examen Ckymique de différentes Pierres. IK Partie. Contenant cUut du
Porphyre > de fOphite , du Granit & autres Pierres de la C/ajft des
yitrefcihles mixtes ; par M» Bayenj 44*?
Mémoire fur une nouvelle caufc de la Pluie ; par M. B^KmaLOs^ de Saint-
Lazare j de l'Académie des Sciences de Marfeîlle, Béliers, Montpel-
lier, Dijon f Nifmes^ Touloufe , Bordeaux, &c, 481
Ohfervations de M. Moller , de la Société des Amis delà Nature dt
Berlin • fur une Exptofîon particulière quon remarque dans quelques
efpéces de Clavaires , ( Clavaria , Lin. ) & de Lycoperdon , 4^7
Suite de V extrait de VHifoire NaturtUe du Chili y 474
Suite des extraits du Pone-FeuilU de M. CAbbl Dicquemare, 485
Ohfervations fur les MouUs ;par MademoiJelU Le Masson-le-Golpt, 48 5
Explication de la cauje des fluides que l'on obferve fous Us glaçons des
chemins raboteux ; par M, U Doélcur GoDASiO , 487
Lettre de M. Latourrette, aux Auteurs de ce journal, concernant les
Ohfervations de M, Sage far la miru rouge de Cuivre , 489
'511 OBSERrATIONS SUR LA PHYSIQUE, ^ct
Lettre de M. U Baron dt SERViâRSS , à C Auteur du Journal de Phyfiquei
contenaru la véritahU recette du frémis Anglais , pour Ut ouvrants dt
Cuivre, 49!
Rapport de Mejpewrs Us Commijfaires nommés par la FaUulté de Médecine
de Paris y fur Us Çajferoles dufitur DoucBT , Fondear-Artijle de la f^ilU
de VAi^ en Normandie , 491
Annonces Littéraires , 49 j
APPROBATION
J'Ai ta, pu ordre de MonfeigacDr le Garde des Sceibz» acOmmee ml a pou
tir-re : Oèfervathns fur la Pkypque , fur CHifioire Naturelle & fur us Aru, Cfe, /
par M. tAhié Rozibr^ &e. La Colleâion de faits importans qu'il offre pério-
di^nemeat À (es Lcâeiin , mérite l'accueil des Savjtns i pn coofiqucDce , j'eftime 4U*oii
pcuc en pcrmcnte l'impreflioD. AParis , ce 11 Novembre 1779.
VALMONT DE BOMARE.
TABLE
-.la
TABLE GENERALE
DES ARTICLES .
CONTENUS DANS CE VOLUME
PHYSIQUE.
X^ o N S I D ÈRAT I o H S fur Its ConduStufs en gc/Ural ^ far M- Bah.»
aiER DO TiNAN, (^ ,;, ^j Page jy .
^(tnoin fur la force d'ïmpuljion des Torreru ; par M, Av9VJY ^ IrJgênieur
en chef des Ponts & Chauffées de Bnjfe , &c, xpl
Jâémoirt fur un Para - Trembiemtnt di urre fr un Para-Volcan ; j>ar
M. Bertholon j DE SAir4T- Lazare , des jicadèmUs Royales des
_ Sciences de Monfptliier, Bqjtrt, Lyon ^ MarftUie ^ Dijon , Nifmes^
^ Touloufe , Bordeaux , &c, m
.JDefcription d*un nouvel Eudiomctre ;par M. Gattay. 1 5^
£.^atfur les moyeni de rendre la Navigation du Canal de Languedoc plus
aijee^ par M. GeoïFAOY, Direcleur du Canal, 6* de tAcadem'u des
. Sciences de Béliers. 140
expériences éleSnques qui démontrent que Ceau peut propager la Commotion^
par M, Horbern-Bercmak , ipt
JDefcription & ohfervations fur le Tremblement dt ^uiTê dfi Bfilo^ne , tft
. Italie ; oar M. le Comte Auguste de Chabot , i j8
Répoafe a la Lettre de Madame de V* * * par M* ScNEBiEa > Bihlioihi'
caire de la République de Genève , iop
[Seconde Lettre à Madame de ^ * * ♦ ; par M» Senebier , 555
^Expériences fur les Tubes Capillaires , quatriime SeBion ; par M. Du-
ïOhfcrvaiions faites à Narbonne pour connaître la diminution de la chaleur
du Soleil pendant fin Eclipft du 1 4 Juin 1779 \ far M> de Marco-
RELLE, Baron d'Efcale , Correfpondam de l Académie ^ J5i
JAimolfje fut une nouvelle caufi de la Pluie ; par M. Bertholo» , 482
'•xplication de la caufe des Fiiides que Von obferve fous les glaçons des
chemins raboteux; par M, Godart, 4S7
\^j:omé XIV, Pm. //. 1779. D É CE MB RE. V vv
5 M
TABLE GÉNÉRALE
HISTOIRE NATURELLE.
O ÛITE d<s extraits du Porte-FcuUU de M, /'^VW/Dicquemare , page 5 4
Second Mcmo/re concernant des ExpirUncis fa'aes par M, le Marquts db
NiELLE ,y«r la muitipiication des Animaux étrangers par It moyen d'une
chaleur artificielUj lu à l'AcadimU Bj^aU des Sciencts, le 19 Juùt 2779 ^
par Af. le Comte oe Milly. ' ' J ■ 1 j j
JUttre à Monjîeur r AhU RoziEfL , Auteur du Journal de Vkyjtque ; par M,
~^tB ÇamoSj Afem^ jrfej Académies^de Lyon & de Dijon, 1J7
Lettre fur les Feuilles & fur la Ctrcutaiion de la Sève; de M. Vastel,
à M. FoUGEROUX DE BONDAAOY , 17^
lettre de W/Chabert de l'Oratoire ^ aux Auteurs de ce Recueil , xiy
Plantes étrangères dont la Jleuraijbn n'avoit pas encore paru dans rtvs
•■ Climats f 147
*^3tié^ifc fur Us AueMffemens des Cotes du Languedoc; pcr'M, PooctT,
lumiiuRk , vj-sv A. .V. y ^gj
^émarjjues fur une ancienne Marmère du Gou\em:ment du Havre j & fur
Us SqueUites Tiumatns qu^an a trouvés ; par M. l'Abbè X)\c^w~
MAKf. , 50L
'lettre de M, TtioMAS \t^EST » à A/. Lawe fur un Rocker vo/cantqne ,près
d'Inverncffy en BcoOe , 5 1 j
Obfervations fur la Dknt foffile éCun animal inconnu ; par Aî, le Bat on
Ot SsRVltRM , JI5
''JBxpériences fur la -pott^rt fSmtncle des Plantes ; par S. CA- £, de la
Société' des Amis Scrutateurs de la Nature y de Berlin ^ }4|
Extrait de l'Hifloirt Naturelle du Chili , traduire de tlralien , 40^
Suite de l'Extrait de l'HiJloire Naturelle du Chili y 474.
'Obfervations de M. MuttER , fur une Exphfîon particulière quon remah*
que dans (juclques efpècts de Clavaires &• de Lycoperdon , 467
Ohfervatiorts fur le Pipa ou Crapand de Surinam; par M, Bonnet, 41'y
Offervations fur les Moules ; par MademoifelU Li MassonLe-Gomt,
485
C H Y M I E.
Mr R E M lE Jt MêiTtobtfue une nouvelle efpèee de gas infiammable; par Hf.
' Neret t Fils , page iitf
Second Mémoire fur le principe de tlrtfiammaBîlité des corps comhujHtUs
ou Gas mjUmmaUe huileux j par AS. Nbi£T>^«> ^$x
D E y-A R T I C L E s. >5
uUfar U ProbUmt ât Ia iranfmutation dt tcau tn tcrn; par M. Wa-
• SELTON. ijî
Ohftrvaùons fur la Mine rottg* dt Cuivre; par M. Sage. 155
Lettre de M. Latourrette , aux auteurs de ce Joumai y contenant les
Obfervations de M, Sage fur ia mine rouge de Cuivre , 489
Mémoire fur le fel qui fe forme par un long repos fur U rêftdu que l'on
trouve au fond de la cucurbiie , apris la reclîjtcation de l'cther vUrioU-
que; & fur un autre Phénomène oéjervé dans la diflillation du mémeèrher^
en employant un efpr'U'de-vin retiré du marc de nos raifins ; par A7*
MoNTET , de la Société Royale des Scienus de Monipellicr , 182.
Dtfcription des Cryjlallifarions obfervées fur U Ferre; par M, Jam&s
- Ktifk. j Eeuyer i 187
Mtckerches Chymiques fuf la terre des Pierres prècUufei ou getnmes ; par M» ,
Bergman, 157
Dijjertation fur la caufe Phyfque d'une efpèce d'attradîon que les Chymif
tes appellent Affinité; par DomCARvois, 197
Lettre de M, de Morysav , aux Auteurs de ce Recueil ^ fur un Phi*
nomcne qui imérejje l'Art de la Verrerie & la théorie de la fit.-ijîcatton ,
&fur le peu d'aHion de l'acide pbojphorique fur les terres^ comme fondant
• vitreux y 545
Examen Chymîque de différentes Pierres , Jy. Partie. Conunanc celui du
Porphyre , de l'OphitOy du Granit & autres Pierres de la Clajje des
• y'UrefcibUs Mixtes ; par M, Bayen, 445*
Mémoire fur la Cryfiallifaiion ; par M. Pazuuot« 4 37,
MÉDECINE.
JJ ESCRiPTiùs de trois Enfans monjlrutux jpar Af. dePestalozzi*;
Dotleur en Médecine. iii
De tAcîion de l'EUctriciU far U Corps humain , & de fon ufage dans les
Paraiyfies; par M. Gerhard. 14^
Extrait d'une lettre de M, Macellaî^ , Memhe d* la Société Royale de
Londres , à un de fes jimis de Paris , ne
Ohftryation fur l'effet du Scarabè méloé^ dans la Rage; par M.KoWMt , 11 H
Mémoire fur la méthode flngulière de guérir plufeurs maladies par tEm-
phyième artificiel ; par M. Gallandat , de placeurs Académies ,
Démonjlraieur d' Anatomie y de Chirurgie & de l'Art des Accouc/umens,
à FUffingue , tl?
Extrait des RogtprêS de l* Académie Royak des Stiencts , du jû Juin
Lettre df M, Gardan£> Docttur-Regent de la faculté de Médecine de
5f« TABLE GÉNÉRALE DES ARTICLES.
Paris , Cenftur Royal , AffocU & Comfpondant de plujùurs Acadl^
mies , â Mcffîcurs Us Auteurs du Journal de Phyfique , 418
Mémoire , par M. J. B. be Bevnie , fur une maladie produite par Us
MouUs venimeufes , ^84
Rapport de la Faculté de Médecint de Paris , fur Us CafferoUs de ^bt[ , du.
fiem DoucET, 491
R
ARTS.
èFEXlOffsfurles Expériences deM.dela Folie^ concernant la Caffe-
roU* 6» où on fuppofe la préfence du attvre & de farfentc dans tétain^
page 158
Ltart adrtffée à un Ckymijîe , par M. DE la Folie , concernant Us réflexions
de M. Salmon , fur Us Ecamages , J07
Vefcrtption de la Méthode du Do3eur \kvwq , peur deffaUr rEau de la
Mer par diflUaiion , 5 1 tf
Extrait d'un Mémoire de M. GiHSANNl ^fur U Dejfoufremmt du Char"
hon'de-Tcrre^ Jj7
Recherches fur Us moyens d'exicuur fous teau toutes fortes de travaux
Hydrauliques fans employer aucun ipuifement ; par M, Coulomb y
Defcription d^un Rouet ^ui file & mu en ieheveau par U mime mouve-
ment, . 415
Ltttre à F Auteur de ce Recueil ^ fur un Crépi£age de murs^ ^Ay
Lettre de M. U Baron de SeaViiREs , eontenant la véritable recette du
Fernis Anpois , pour Us ouvrage de Cuivre ; 49 1
AGRICULTURE.
Mi
.BMOIKE fur l'importation du Giroflier des Moluques aux Ifles dé
France , de Bourbon , &c. & de ces Ijles à Cayenne ; par M. CJbb*
Temier , page 47
Mémoire far t Education des Troupeau^: & la culture du Laines ; par
M.R.D.L 57
^uite du Mémoire fur t éducation de* Troupeaux & la <ttUurt des Laines;
■ par M.R,D. L. . - 89
NoKvelUs Littéraires , 74 , ifltf, 15 i , 317 , 4tz & 4fyf
Précis de l'Eloge de M. de LiHNij^or M, U iMarjuis deQoiiDOK<ET »
Seerétaira perpétuel de f Académie ^ 4*
t'rt
' t