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Full text of "Journal de physique, de chimie, d'histoire naturelle et des arts"

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3ra 


OBSERVATIONS 

*^*I.Ç.9  SUR 

LA    PHYSIQUE, 

SUR    L'HISTOIRE    NATURELLE 

ET    SUR    LES    ARTS,        * 
AVEC     DES     PLANCHES     EN      T  AIL  L  E- D  Q  U  C  E, 

DÉDIÉES 

A     Mp.    le     comte    D'ARTOIS; 

Par  Af.  PJlhhé  Koz  I  E  H  ,  Chevalier  de  PEgUfe  de  Lyon ,  &  par 
JH.  J.  A.  Mo  N  G  E2  ,  Chanoine  Régulier  de  la  Congrégation  de 
Sainte-Geneviève  y  des  Académies  Royales  des  Sciences  de  Rouen ,  de 
Dijon  ,  6"c.  6c, 


JUILLET,    1779. 


TOME       XIV. 


A       P    A    R    l    S  ^ 

AU    BUREAU   du  Journal  de  Phyfîque,  rue  dot  Mathurins, 
au  coin  du  Cloître  Saint-Benoîr. 


M.    DCC.     LXXIX. 
A  r  E  C    PRjyiLBGE     DU    ROI. 


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OBSERVATIONS 

£  r 

MÉMOIRES 

SUR 

LA     PHYSIQUE, 

SUR   L'HISTOIRE   NATURELLE 
ET   SUR  LES   ARTS    ET    MÉTIERS. 


PRÉCIS    DE      LÉLOGE 

De      M.     deLinnê; 

Lu  par  M,  U  Marquis  DE  Cou  do  kc  et  ,  pendant  la  Séance  publique  dt 
.   Renuk  après  Pâques ,  de  CÂcaditnic  R  yait  dis  SiUaus. 

V-'it  AUtES  de  Linni,  plas  conna  fous  le  nom  de  fhnaus,  CHeva- 
fier  *îe  TOrdre  de  l'Kcoile  PoUirc,  premier  Mcdecin  du  Roi  de  Sudie, 
ProfeiTear  de  Médecine  &  de  Botanique  dans  l'Univeifité  d'Up£ii*> 

X773.    JUILLET.    Al 


4         OSSERyATIOfiS  SUR   LA  PHYSIQUE  » 

un  des  huit  Aflociés  Etrangers  de  l'Acadcmie  des  Sciences,  delaSocit^té 
Royale  de  Médecine  de  Paris,  de  la  Société  Royale  de  Londres,  des 
Académies  dé  Berlin  ,  de  Pciersbourg ,  de  Stockholm  ,  d'Upt-^I ,  de 
Bologne  ,  d'Edimbourg  &c  do  Philadelphie  ,  naquit  dans  U  Province 
de  Smoiande  en  Suéde  le  n  Mai  -707. 

De  tous  ces  titres  Académicjues,  (  dont  nous  n'avons  donne  ici  qu'une 
iifte  trcs-incomplette  )  aucun  ne  l'a  autant  flatté  que  celui  d'.-llocic 
Etranger  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  ,  dont  il  a  été  revêtu  le 
premier  de  (Anjtion,  &  jufqu'à  préfem  le  feul. 

Ce  font  les  propres  termes  de  M.  l.inné  dans  un  Mémoire  qui  non» 
a  été  envoyé  de  fa  part  :  telle  étoit  l'cxptcnîon  de  fa  reconnoiffànce 

four  l'Académie  ,  peu  de  tems  avant  fa  m«>rt,  dans  ces  memcns  où 
homme  celîànt  d'ctre  fenfible  aux  diftinûions.  mfîagcres  de  ta  v^uiité^ 
ne  l'ell  plus  qu'aux  honneurs  immortels  de  la  j;Ioire- 

Cet  hommage  rendu  i  l'Académie  n-ir  un  Savant  illuftre,  que  TEa- 
rope  avoir  comblé  de  titres  Littéraires ,  honore  à  la  fois  ettdC'ompagnie 
&  la  Nation  ;  il  prouve  fur-tout  combien  eft  fage  la  Ici  qui  fixe  à  huit 
feulement  le  nombre  de  nos  Adôciés  ttrangers,  tn  effet,,  quel  homme 
de  génie  ne  feroit  flatte  de  voir  Ton  nom  infciit  dans  une  lille  11  courte 
entre  le  Czar  Pierre  &  Newton? 

Le  Père  de  M.  de  L  inné  qui  exerçoit  les  fonâions  de  Minidre  dans  le 
Village  de  Stenbrohulc ,  s'amufoit  à  cultiver  des  Plantes ,  tU.  fon  fils 
apprit  des  l'enfance  i  les  aimer  &  à  les  étudier  11  av»it  te*^u  de  la 
nature  cette  aâivité  d'efprit  qui  ne  permet  point  de  repos  tant  c]u'il 


—  -i_  —  __ —  -j  _»..^ _  __  ,,,_ , .. |.__.  .^...       ._.  -.^ — 

épars,  &c  ne  former  qu'une  grande  vérité  d'une  fûale  de  vérités  ifolées. 
Ainfi ,  en  offrant  des  Plantes  aux  premiers  regards  de  M.  de  Linné , 
cil  déterminant  parla  fur  quels  objets  fon  eiprit  dévoie  s'exetcer,  le 
hafàrd  le  Ht  fiocanillc  \  mais  déji  b  nature  avoii  préparé  un  gtaad 
homme. 

A  l'âge  de  11  ans ,  il  fe  rendit  à  Upfal  qu'on  pouvoir  alors  regarder 
comme  U  (  apitalp  Littéraire  de  U  Suède.  Olaus  Celfiu^  qui  étoic  i 
la  fois  un  Erudit  très  profond,  &  un  Namralifte  habile,  fentit  le  mérite 
du  jeune  Linné  &i  devina  fun  géniej  il  lui  fervit  de  Pete,&  lai  pro- 
cura routes  les  inftrutîHons,  tous  les  encourigemens  que  fes  connoif- 
fonces  âc  fon  crédit  le  raetzoient  en  état  de  donner  i  ce  jeune  hom- 
me ,  qui  crollfoit  pour  changer  la  tatc  de  la  Botanique. 

^.de  Linné  obtint  à  1$  ans,  dans  l'Univetftté  d'UpfM,  la  Chaire  que 
le  Savant  Boranifte  Kudbeck  ,  accablé. d'âunées  &  de  travaux,  étoic 
obligé  d'abandonner.  Mais  cette  place  ne  fuffifoit  pas  à  l'aâivité  du 
souveau  Pcofell'cur,  &  il  quitu  memôt  Upfal  ^  mais  en  confcrvant  (à 


. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  JRTS,        j 

Chaire,  Se  par  les  ordres  même  de  l'Univerfiié,  qui  préféra  fagement 
le  bien   des  Sciences  Se  fa  propre  gloire  à  lobfervacioii  de   fes  rè^le- 


uiens. 


D'abord,  il  pnrrouruc  la  Lanonie,  la  Dalccarlie,  la  plupart  des  Pro- 
vîntes de  la  Suède,  étend Jm  ies  obfervations  à  tout  ce  qui  peut  inté- 
relTer  un  hilofDpîie  ,  occupé  en  mcme-tems  d'acquérir  des  lumières 
Se  d'en  faire  des  applications  utiles,  enrichi(T;\nt  la  fioranique  ou  de 
vues  nouvelles  .  ou  de  pUntes  inconnues ,  Se  apprenant  aux  Suédois  ^ 
foit  À  connoîire  les  pioiluûions  de  leur  fol ,  foît  à  en  proJïicr.  Soumis 
dans  ces  Voyages  à  toutes  les  privations,  cxpofé  dans  des  pays  inha- 
bités aux  rl^^ueurs  d'un  climat  terrible ,  tantor  graviflanc  entre  des  ro- 
chers ,  tantôt  s'enfoncant  dans  des  mines  profonde^ ,  obligé  de  braver 
des  dangers  de  toute  efpè.e  &  de  longues  f.uij;ues  plus  dïHïiiles  en- 
core à  fupporter  que  les  ûangers.  M.  de  Linné  ne  fe  repof -it  du  travail 
de  la  journée  que  par  un  autie  ,  celui  de  tecueitUt  fes  obfervations  fie  de 
préparer  les  objets  qu'il  avoir  ramalfés. 

Après  CCS  Voyages,  il  en  fit  de  plus  lointains  &  de  moins  pénibles: 
îl  parcourut  le  Damiemar  k,  rillemagne,  une  partie  de  la  France: 
il  s'arr&ta  long-tenis  en  Hollande  Se  en  Angleterre  ,  étuJianc  dans  des 
Herbiers  ou  dans  des  Jardins,  lei  Plantes  que  la  nature  a  refufées  à  l'Eu- 
rope ;  confultant  les  Boraniftes  les  plus  célèbres i  Oillen  à  Londres, 
Jurtîcu  à  Paris ,  6c  fe  rendant  leur  t  ifciple  pour  fe  monttet  bientôc 
disne  d'ctre  leur  rival. 

Plus  il  étudiuir  la  Botanique,  plus  il  fentoit  que  cette  fcience,  de- 
venue immenfe  dans  fes  détails,  avoir  befoin  qu'une  main  réforma- 
trice vînt  y  produire  une  de  ces  grandes  révolutions  qui  attache, lîc  le 
pom  de  leurs  Auteurs  d  l'hiftoire  de  l'cfptit  humain. 

Tournefort  avoir  donné  le  premier  une  méthode  vraiment  fyftéma- 
lique  de  clâiTer  les  Plantes  .  &  M.  de  Linné  afpiroir  i  être  dans  fon 
£ècle  ce  que  Tournefort  avoit  été  dans  le  iïen  \  fâchant  bien  que  dans 
les  Sciences  on  peut  allet  plus  loin  que  fes  ptédécefleurs  .  fans  néanmoins 
s'élever  au-delfus  d'eux,  èc  qu'il  efl  un  degré  de  talent  où  Ton  ne  peuc 
plus  .nppercevoir  entre  deux  hommes  livrés  aux  m&tnes  recherches,  d'au- 
rre  diffcrence  que  celle  de  leur  fiè*.lc.  M.  Linné  chercha  les  caraâères 
fondamentaux  oc  fon  fyftcme  dans  les  parties  des  Plantes  qui  fervent 
i  leur  reoroduÛion.  Les  l'otaniftes  Allemands  ont  prétendu  qu'il  dévoie 
la  première  idée  de  ce  fyftcme  i  fiurlurd  \  ils  ont  de  même  revendi- 
one  en  faveur  de  Camerarius ,  la  méthode  de  Tournefort;  ils  ontauiG 
Kiutcnu  que  Jungius  Ôc  un  autre  Camerarius  avoient  été  les  guides  de 
Vaillant  à  qui  M  Linné  accordoit  le  mérite  d'avoir  bien  décrir  le  pre- 
mier Itrséramines  &  les  pift:illes,&:  connu  leur  ufage  pour  la  féconda- 
tion des  Plantes.  Ces  prétentions  paroilfenr  fondées,  mais  il  n'en  eft 
pas  de  mcme  des  coai^quence3  qu  on  %  voulu  en  cirer  pour  diixùnuec 


ifc 


^^ 


*         OBSERVATIONS  SUR   LA   PHYSIQUE, 

le  mérite  de  M.  Linné  &  des  deux  fiotanifles  François.  Trouverott-on 
dans  l'hiftoire  des  Sciences  une  gr.inde  théorie  dont  les  premières  idcesj 
les  dccaiU  &  les  prcuvts  appartîcnnL'nt  à  un  feul  homme  ? 

La  fccondarion  s'opère  dans  les  Planres  lorfi^ue  les  poulTîèrcs  des  cca- 
mines  s'arrêtent  fur  le  ftigmate  des  pifVilles  ,  ftigmate  qui  dans  la  (âi- 
fon  de  la  fecondution  eft  ,  ou  garni  d'un  velouté ,  ou  humcété  d'une 
liqueur  gluante:  mais  les  grains  de  cette  pouflicre  ne  font  pas  encore 
ce  qui  doit  fccundur  le  germe  de  la  Planre;  le  fligmate  eft  fouvent  fc'p.iré 
de  ce  germe  par  un  long  ftilet ,  creux  à  la  vcrïtc,  mais  à  travers  lequel 
les  pouRîèrcs,  routes  petites  qit'elles  fonr,  ne  pourroienr  pénérrer.  Ll 
nature  y  a  remédié  en  faîCint  de  chaque  pouiîîèrc  un  corps  ort>anique 
doue  dclafticitc  :  imprégné  de  l'humidité  qu'il  rencontre  fur  le  ftîgin.ite  , 
it  fe  brifc  &  lance  foit  une  poulTière  plus  fine  encore,  fait  une  liqucut 
très- tenue  qui  pénètre  à  travers  le  ftilet  &  va  féconder  le  germe  ;  cctta 
detuicre  obferv.mon  eft  due  à  M.  de  Jullieu ,  comme  nous  l'avons  dit 
dans  fon  éloge  :  M.  Needham  Ta  développée  depuis  6c  l'a  confirmée 
par  des  recherches  plus  étendues;  5t*  il  femble  qu'il  ne  puilTe  être  donné 
aux  Obfetvatcurs  ae  rien  voir  au-deli  dans  les  merveilles  de  la  tepro^ 
duiiliun  des  ccresorganifcs. 

Le  nombre  des  ctamines  ou  des  parties  malcs  des  Plantes ,  celui  des 
parties  femelles  ou  des  pittilles;  la  ponrion  de  ces  éramines  bc  de  ces 
piftilles  fur  les  différentes  parues  de  la  Heur  ,  ou  leur  diftriburion  dans 
des  rieurs  ou  fur  des  individus  L-parcs,  tous  ces  catatlcres  varient  àint 
les  différentes  efpcces  de  Plantes. 

Dans  les  efpcccs  les  plus  communes  >  les  deux  fexes  font  réunis  fur 
une  même  fleur  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  fleur  hermaphrodite. 
Dans  d'auties  cfpèces ,  ils  font  réunis  fur  le  même  individu,  mais  fut 
des  fleurs  différentes  \  tuidis  que  d uis  quelques-unes  ,  les  fleurs  mâles 
&  les  fleurs  ftmelles  f-nc  fur  des  pbmes  féparées.  Quelquefois,  un 
individu  porte  À  la  fois  des  fleurs  hermaphrodites  &  des  fleurs  femelles. 
Alors  ,  il  arrive  fouvent  que  dans  les  fleurs  hermaphrodites  ,  les  cramî- 
ncs  &  les  piftilUs  ne  parviennent  pas  en  mcme-tems  i  rérat  depet- 
fei^ion ,  ou  même,  que  les  piftilles  ny  parviennent  jamais,  &  le  con- 
cours des  aurrcs  fleurs  eft  ncctlfaire  à  la  fécondation.  Dans  d'autres 
cfpèces,  les  fleurs  hcrmaplirodites  fufliroient  feules  à  la  reprodudion; 
ainfi  »  on  apperçuii  également  dans  les  deux  cas  un  luxe  de  la  nature 
qui ,  occupée  de  perpétuer  les  efpcces ,  femble  en  avoir  multiplié  les 
moyens ,  mcme  au  point  d'en  préparer  d'inutiles. 

Lorfque  les  parties  mâles  S:  les  oarties  femelles ,  les  ctamines  &  les  piftil- 
les fe  trouvent  dans  une  même  ncur  ,  leur  difpofition  paroît  quelquefois 
s'oppofcr  à  la  reproduAion.  Mais  fi  le  piftille  eft  plus  élevé  que  le  fommet 
des  ctamines;  alors ,  l'anthère  des  ctamines,  c'cft-3-dire>  la  véficulc  qut 
Iç$  termine  éc  qui  cenfertne  la  pouflicre  fécondante ,  lance  avec  fbrco 


SUR  VHÎST,  NATVRBllE  ÏÏT  LES  ARTS,         7 

celte  pouflîère  qui  s*éieve  iufquiiu  piftille,  ou  bien  le  piftille  fe  courbe 
pour  le  joindre  aux  anthères.  Si  les  fleurs  font  dirpofces  foit  en  lîup- 
pes,  foit  en  <^'pis,  les  Heurs  infcrieiires  font  fctondccs  par  celles  qui  fonc 
au-delliis;  quelquefois,  les  lleurs  pcnchc-es  vers  la  retre  ,  &  donc  alors 
les  ctamiiies  fe  trouvent  au-detTous  du  piftille,  fe  relèvent  dans  le  tems 
de  la  fécondation  pout  donner  à  ces  organes  la  difpoGtion  nccelTiiite 
à  la  rcproduâion  de  la  Plante. 

.  Dans  les  efpèces  où  ces  parties  font  placées  fur  des  fleurs  difcreU' 
tes ,  mais  fur  le  mcnie  individu  ,  le  vent  ébranlant  les  branches  des 
Plantes ,  fait  cotnbec  des  ctamines  une  pluie  de  poulTière  qui  elt  reçue 
par  les  piililles. 

Enrin  ,  fi  les  individus  eux-mcmes  font  fcparés  ,  les  pounicrcs  empor- 
tées au  loin  pir  le  vent,  répandues  dans  rout  l'efpacc  &  aj;itécscn  tout 
fens  parviennent  eniîn  jufqu'aux  fleurs  femelles.  Dans  quelques  efpèces 
mêmes ,  des  infecVes  conformés  de  manière  que  les  fleurs  des  deux  in- 
dividus font  nécefl^aires  à  leur  cxillencc,  portent  d'une  Plante  à  l'autre 
cetre  pourtîcre  fécondante,  lel  eft,  félon  M,  de  l. inné,  le  véritable  fectec 
de  cette  opération  metveilleufe ,  décrite  pat  Toumefort  &  ufitée  dans 
les  ïfles  de  l'Archipel»  où  les  habitans  piiur  fe  procurer  des  tigue;.  plus 
gïoifes  ,  portent  fur  les  figuiers  f^emelfes  certains  infeAes  qu'ils  ont 
i-atïparavant  f^it  éclore  fur  les  figuiers  mâtcs.  On  diroit  que  la  nature 
n*a  mis  à  raccomplilVement  de  fes  dépeins  des  obftatles  en  appArence 
infurmontablcs,  que  pour  déployer  avec  plus  de  grandeur  fa  puillànce 
&  fes  re(rources  uans  les   moyens  employés  à  les  furinonter. 

Ce  fut  donc  dans  ces  parties  conUruites  par  U  nature  avec  tant  de 
foin,  &  deftinces  par  elle  à  la  perpétuité  des  efpèces,  que  M.  de  Linné 
crut  devoir  chercher  les  ciraâères  de  la  claflificarion  des  Plantes. 

Les  étnmines  lui  fetvircnt  pour  former  les  premières  grandes  divî- 
£ons,  &  il  tira  des  piftilles  les  car."nlicres  de  fes  divifîons  fecondaires. 
Pouf  déterminer  enfuite  les  genres,  il  employa  les  autres  parties  de  la 
fruûilïcicion,  comme  !e  nonïbre  &  la  forme  des  femences^  la  nature 
da  corps  deftiné  à  les  recevoir  &  à  les  protéger;  le  nombre,  l'arran- 
gemenr  des  pétales  ;  la  forme  des  fleurs ,  la  Aruâure  du  calice  qui  tan- 
ïôt  enveloppe  le  fruit  après  la  chute  des  pétales ,  tantôt  romhe  avec 
elles.  A  l'égard  des  efpèces,  M.  de  Linné  emploie  pour  les  diftint;uer 
]a  manière  dont  les  fleurs  font  difpofées  fur  la  Plante  6c  nailTenc  de  fes 
branches;  les  parties  de  ftruclute  différente  qui  enveloppent  les  fleurs 
nailTântcs  ou  qui  tes  défendent^  les  vrilles  qui  foutiennent  la  plante; 
la  forme  de  fes  racines  ,  de  fa  lïjie,  de  fes  feuilles;  la  ftrufture  des 
boutons  deftinés  à  former  de  nouvelles  branches,  la  manière  dont  les 
feuilles  nouvelles  y  font  pliées. 

,  Aptes  avoir  formé  ce  plan  ,  M.  de  Linné  n'avoit  fait  encore  qu'une 
aès-petice  partie  du  grand  ouvrage  qu'il  mcditoit.   Il  s'en  falloir  de 


s        ,  OBSERrATIONS  SUR  LA  PffYSIQVE  , 

beaucoup  eue  toutes  les  parties  des  Plantes  eulfent  ctc  exa^ement  dé* 
crites  pir  le!»  Bocanides  ;  il  falloit  donc  faire  une  étude  plus  approfon* 
diê  de  toutes  les  Plantes,  en  eximiner  cçutes  les  parties  j  les  fuivre 
dans  le  cours  entier  de  la  dtirce  de  la  Plante  \  obferver  les  diverfes 
formes  qu'elles  ont  dans  les  différentes  cfpcccs  ;  les  chaiigemens  qu'elles 
éprouvent  dans  chacune ,  afin  de  pouvoir  diftinguer  ce  qui  n'eft  qu'ac- 
cidentel à  l'âïte  de  1.1  Pl-inte,  flu  climat,  ou  à  la  culture  ,  d'avec  ce  qui 
eft  elfentiel  à  l'efpèce.  Il  filloit  pirmi  ces  caradctes  elfenriels,  choifit 
les  plus  fnppans,  les  plus  faciles  à  obferver,  les  plus  propres  à  difliu' 
guer  chaque  efpcce  de  Icfpèce  voinne  :  il  falloir  enfin  pour  ces  objets 
nouveaux  créer  une  langue  nouvelle.  Tel  croit  le  travail  qu'impofoic 
à  M.  deLinné  l'exci-ution  de  fa  mcthode,&  puifqu'il  a  rempli  le  plan 
dans  toute  fon  étendue  y  ne  doit-on  pas  convenir  qu'il  a,  fur  la  pto- 
ptiété  de  fa  méthode  des  droits  plus  réels  que  ceux  des  Botmidesdont 
on  a  dir  au'il  en  avoir  re^u  la  première  idée,  idée  ftérile  encre  leurs 
mains  8c  aont  l'exécution  feule  pouvoit  faite  fentirU  vériré,  1  étendue 
&  le  prix. 

On  fe  difpenfe  trop  fouvent  d'cftimer  ces  travaux  immenfcs  en  di- 
fant  qu'ils  ne  demandent  que  de  la  patience  Se  du  tems;  miis  la  vie 
de  ceux  qui  exécutent  ces  grandes  entreprîtes  ef^elle  plus  longue  que 
celle  des  autres  hommes  ?  M.  de  Linné  n'avoit  pas  trente  ans ,  &  déji 
fon  ouvrage  étoit  prefque  terminé.  Quel  étoit  aonc  pour  lui  ce  fecrec 
de  doubler  la  durée  du  lems  ?  N  ccoit-ce  pas  quelque  chofe  de  plus  que  de 
l'afliduité  fie  de.  la  patience  ?  Et  H  ce  talent  de  porter  rapidement  fon 
attention  fut  une  foule  d'objets  ,  &  les  bien  voir,  de  les  voit  tout 
entiers ,  n'ed  pas  l'objet  de  l'ubfervarion ,  c'efl  du  moins  une  qualité 
crés-rare  »  très  précieufc.  Se  fans  laquelle  ce  génie  ne  peut  cxillcr. 

Ce  fyflC'me  fit  une  révolution  dans  la  Botanique;  la  plupart  des 
écoles  de  l'Europe  s'emprefsêrenr  de  le  fuivre  &  de  publier  les  i-atalo- 
gués  de  leurs  Plantes  rangées  d'après  la  méthode  de  Linneus.  I  a  nomen- 
clacutede>  Plantes  aifu/ettie  à  un  ordre  fàvile  i  fiifir ,  l'art  de  les  étu- 
dier réduit  à  un  petit  nombre  de  principes  généraux,  rendirent  l'étude  de 
la  Botanique  moms  pénible  &  moins  rebutante  Les  nouvelles  merveilles 
que  M.  de  Linné ayoit  découvertes  dans  les  Plantes,  excitèrent  un  nouvel 
cnthoufufme  pour  une  fcicnce  qui»  déji,  féduif.mte  par  elle-mcme  , 
Ved  fur-tout  dans  lage  où  Ton  fe  choiut  un  objet  d'étude.  Elle  fais- 
ait i  U  fois  raâ:ivitc  de  l'efprit  &  celle  du  corps ,  le  befoin  du  mou- 
vement Se  celui  de  l'occupation,  elle  ofTte  à  un  âge  avide  de  jouir, 
des  plailtrs  toujours  varies,  Se  chaque  jour  offrant  quelque  objet  nou- 
veau» le  travail  de  chaque  jour  ne  manque  prefque  jamais  d'avoir  fk 
técompenfe.  Les  jouirtances  font  fans  dpute  moins  vives  que  dans  les 
fciences  oiî  la  vérité  efl  le  prix  d'une  médintton  longue  &  profonde; 
oiais  elles  font  plus  ficquejuesa&  elles  comem  moins  de  peine.  Nous 


s 


SUR  VHÏST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS,       i? 

tïe  parlerons  pas  ici  de  l'unlicc  plus  ou  moins  grande  des  diffcrens  genres 
de  f<;iences ,  &  de  la  gloire  plus  ou  moins  brillance  qu'elles  procurent; 
fans  doute  ces  motifs  Animent  &  foutiennem  puilîàniment  cous  les 
hommes  nés  pouc  de  grandes  chofes  ;  mais  quand  il  s'agit  de  fe  livrer 
à  des  occupations  oiî  te  ptaihr  du  travail  en  cft  la  première  récom- 
penfci  ce  n'eft  jam^s  que  l'attrait  de  ce  plaific  qui  détermine  notre 
choix4 

Les  Jeunes  Botaniftes  accoururent  en  foule  chercher  des  inllruflions 
auprès  de  M.  de  Linné  ;  il  les  pénétra  de  Ton  zèle,  &  bientôt  ta  terre 
cnti  re  fuc'couverce  de  fes  Difciples.  La  nature  fut  interrogée  à  la  fois 
au  nom  d'un  feul  homme  ,  de  la  cime  des  montagnes  de  la  Norwcge 
aux  fommets  des  Cordelières  &  de  l'Atlas^  des  rives  du  MilHlIipi 
aux  rives  du  Gange  ,  des  glaces  du  Groenland  aux  glaces  de  l'hcmif- 
phère  auflral.  Tous  ces  Voyages  qui  paroîtcoient  demander  qu'un 
grand  Roi  voulût  déployer  en  faveur  des  Sciences  fa  magniricence  & 
Ion  pouvoir  ,  un  fimple  particulier  les  fit  entreprendre  »  fins  autre 
force  que  l'empire  du  génie  fur  des  âmes  également  avides  d'inftruc- 
tion  &  de  gloire ,  Ôc  fans  autre  récompenfe  pour  fes  Elèves  ,  que 
l'honneur  de  rapporter  aux  pieds  de  leur  Maître  les  richelles  qu'ils 
enlevuiem  à  la  nature. 

Trois  de  ces  Savans,  Halfelquift  ,  Ternftohcm  &  L.rfling  fuccom- 
bcrent  i  leurs  fatigues  \  ils  moururent  éloignés  de  leuf  patrie  >  au  milieu 
des  peuples  incapables  de  fentir  combien  cette  mort  écoit  glorieufe 
6c  toutliame ,  ne  remportant  d'autre  prix  d'une  vie  facrifice  i  l'étude 
de  la  écrire,  que  rerpcrance  incertaine  au'un  jour  le  fruit  de  leurs  tra- 
vaux feroit  remis  à  M.  de  Linné ,  &  que  leur  nom  réuni  au  (leu,  n'ccbap* 
peroit  point  i  la  renommée. 

M.  de  Linné  en  recevant  ces  relies  précieux,  pleura  fes  Difciples.  Il 
revit  leurs  ouvrages,  les  donna  au  public  \  &  cet  honneur  fiinèbce  leur 
fit  naître  des  fuccelfeurs  que  l'exemple  de  leur  mort  no  put  rebuter. 

Le  fyftcme  de  Linncus  a  fans  doute  quelques  endroits  foiblesj  mais 
îufqu'ici  aucune  autre  méthode  n'a  réuni  auuut  d'avantages.  Peut  être 
même  les  défauts  qu'on  reproche  d  ce  fyil^me  fojit-ils  inévitables  dans 
toute  méthode  attirïciclle^  faut  il  pour  cela  les  pcofcrire  &  fe  condam* 
ner  à  marcher  à  tâtons ,  parce  que  le  flambeau  qu'on  uous  ptéfentc  peuc 
S*éteindre  quelquefois  ? 

Plufieurs  bocanides  onr  releré  des  f^ures  dans  les  détails  de  la  mé- 
thode de  Linneus.  Quand  il  a  trouvé  lents  remarques  julles  ,  il  s'efl 
corrigé;  lorfqu'elles  lui  ont  paru  mal-fondées,  il  a  fait  comme  s'il 
les  eût  ignorées  Toutes  les  difcuHions  dans  les  fciences  naturelles» 
du  moins  lorfqu'elles  ont  un  objet  réel  ,  fc  téduifent  toujours  , 
(iic  M.  de  Linné, à  des  faits  bien  ou  mal  obfetvé^  Se  alors  les  efforts 

Tome  XiX^  Partie  IL     1779.  JUILLET,     B 


10  OBSERyATïOKS  SUR  lA  PHYSIQUE, 
réunis  de  tous  les  Savans ,  ne  p^uvenc  ai  ^ublir  une  erreur,  ni  ébran- 
ler ime  vcri[é  ;  il  n'eue  dune  combattu  que  pourfon  amour-propre  j  mais 
w  tems  qu'il  eîic  confauc  à  dcfcndre  fa  gloire»  il  aimoit  mieux  l'em- 
ployer à  l'accroître  par  de  nouveaux  ouvraj^es. 

On  a  reproché  à  M.  de  Linné  d'avoir  lendu  la  nomenclature  de  la 
Botanique  trop  facile,  fc  d'avoir  par-ld  donné  lieu  à  une  foule  d'ouvra* 
ges  médiocres.  Cette  objeijl'ion  nous  paroît  prouver  feulement  les  pro- 
grès que  la  Botanique  a  faits  entre  fes  tuains.  Rien  ne  montée  mieux 
peut-être  combien  une  fcience  e(l  avancée,  que  la  facilité  de  faire  fur 
cette  fcicnco  des  livres  médiocres ,  &  la  difficulté  d'en  faire  qui  con- 
tiennent de<i  chofes  nouvelles. 

M.  de  Linné  .a  publié  une  longue  fuite  d'obfervations  fur  les  végé- 
taux &  les  animaux  comparés  êniemble.  Les  végétaux  nailfent ,  vivent 
&  meurent  comme  les  animaux  j  ils  fe  nourrilTent,  ctoilTent  &  dépé- 
riffent  comme  eux  :  ils  ont  comme  eux  un  principe  interne  de  mou- 
vement ;  M.  de  Linné  obferva  de  plus  que  les  Plantes  ont  des  inftans 
de  mouvement  8<.  de  repos ,  de  fommcil  &  de  veille  \  qu'elles  fubilTeuc 
ces  a,lteriutivcs  dans  des  ferres  où  Voty  eniretienc  jour  &  auic  uuQ 
chaleur  égale  j  S<  qu'ainfi  ces  pbcnomcnes  ne  foiit  pas  l'effet  de  la  cha- 
leur plus  ou  moins  grande  ,  mais  de  la  prcfence  ou  de  l'abfcnce  de  la 
lumière;  qu'enfin  ,  les  feuilles  d..ns  quelques  Plantes  ,  &  les  anthères 
des  étamines  daiK  un  plus  grand  nombre,  donnent  des  ûgnes  d'irrita- 
bilité. La  fenlïbilité  &  le  mouvement  fponunc  qui  eu  eft  la  fuite, 
paroi^eut  feuls  diïlinguer  la  vie  des  plantes  6c  celle  des  animnux. 

On  obferve  des  rapports  encore  plu  frappans  entre  l'œuf  d'itn  ani- 
mal ,  de  la  femcnce  d'une  niante  .  dans  la  manière  dont  les  germes 
font  fécondés,  ou  dans  les  loîx  de  leur  dcvcinppement.  Enfin  la  repro- 
duction par  bouture,  cette  manière  de  muttipliet  &  d'ciernirer  l'txif- 
tence  d'un  même  individu  ,  exille  dans  les  deux  règnes  &  forme  une 
forte  d'analogie  entre  les  plantes  les  plus  parfiires  &  les  animaux  les 
plus  imparfaits.  Ainfi ,  quand  on  oblervela  chaîne  de  tous  les  genres 
d'animaux,  depuis  les  quadrupèdes  jufqu'aux  polypes,  on  voit  roc|ra- 
nifatiun  fe  fnnplifier,  le  mouvement  fpunt^né  Se  la  fenfibilicé  s'aftoi- 
blir,  &  en  mcme-tcms  les  organes  dedïnés  à  recevoir  ta  nourriture 
iç  multiplier,  le  principe  de  la  vie  au  lieu  d'appartenir  feulement  k 
l'individu  ,  fe  rrouver  tour  entier  dans  pluficurs  de  fes  parties  ,  & 
]*animal  fe  rapprocher  de  la  plante  jufqu'à  n'en  être  plus  féparé  que  par 
des  nuances  imperceptibles. 

Ces  rapprochemcns  ne  font  pas  les  feuls  que  M.  de  Linné  ait  cru 
trouver  entre  les  deux  règnes,  il  en  a  faiâ  de  tiès-finguliers  entre  les 
fublbnces  dont  les  plantes  Se  les  anim,mx  font  compofés.  Nous  n'en- 
ceroas  dans  aucun  détail  fur  ces  idées  ingéuîeufes  mais  trop  fyllétna- 


SUR    V7ÎIST,    KÂTURFLLE    ET  LES   ARTS,     ii 

tîqnes.  Ceux  qai  n'ont  vu  dans  M.  de  Linné  qu'an  Hraple  Nomencla- 
teur,  &  qui  ionz  conjïftâr  te  raient  d'un  Naturalise,  muins  dans  l'Arc 
de  bien  voir  &  de  bien  lier  les  faics,  que  dans  celui  de  former  des 
conjechires  hardies  &  de  hafarder  des  vues  générales,  ne  pourront  du 
moins  s'empèchec  d'eftiiner  M.  de  Linné  en  lifanc  cecce  patrie  de  Tes 
ouvrages.  "> 

La  Botanique,  quelque  immenfe  quelle  foit  dans  fes  détails  ,  ne  fuf- 
fifoit  pas  à  (on  adkivité;  il  o(\  former  le  projet  de  dcrrire  &  de  clalTec 
tous  les  êtres  de  la  narure.  H  choiltr  pour  les  caraÛèrcs  du  rcj;ne  ani- 
mal, les  patries  deftinées  .lux  fonctions  les  plus  importâmes  de  la  vie  , 
le  cerveau  ou  l'organe  d'où  pircenc  les  nerfs,  le  cœur  ou  en  général 
les  vifcères  où  ré(ide  la  force  qui  fait  cimiicr  les  liqueurs,  les  organes 
de  la  refpiration  ,  les  mamelles  ,  le  nombre  &:  la  Kumc  des  denw  ou 
ïû  figure  du  bec ,  le  nombre  &  la  forme  des  parties  qui  fervent  au 
mouvement  progreilif.  Il  favoit  par  fes  obfervaiions  qu'une  grande 
refîcmbl.ince  dans  ces  parties  elfentielles,  annonce  néceflairemenr  entre 
des  efpcces  ,  un  grand  nombre  d'autres  rapports.  Il  auroit  pu  ,  fans 
tlourc,  étendre  aux  animaux  la  méthode  qu'il  avoir  employée  pour  les 
f>lanres  ;  mais  il  craignoit  que   mal.3;ré    toute  la  modeftie  8c  la  gravite 

r'il  ponrroic  mettre  dans  fes  leçons,  ou  dans  fes  ouvrages,  ceiiemc- 
dc  n'offrît  trop  fuuvent  d  fes  ticves,  des  images  que  les  Natuta- 
lifles  même  nonc  pas  toujours  le  privilège  de  pouvoir  contempler  avec 
tine  enrière  indirf'érence.  Il  écarta  mime  pirmi  les  organes  ncce(ïaiies 
aux  aarres  fondrions  de  la  vie ,  ceux  qu'on  ne  pouvoit  obferver  (ans 
des  recherches  anaromiques  :  il  ne  vouloic  pas  qu'on  fe  crût  obligé  de 
déchiter  les  animaux  pour  parvenir  h  les  connoître.  Ainti  la  pureté  de 
fes  mœurs  &  fon  humanité  ont  nui  peut-être  â  la  perfedlion,&  fur- 
Tout  à  l'unité  de  fon  fydcme.  M.  de  Linné  cblla  les  animaux  prcfque 
uniquement  d'après  lents  formes  extérieures.  1-es  Chymiftes  ont  fait 
«ontre  cette  méthode  des  ob/edions  auxquellen  il  paroît  bien  difficile 
de  répondre  \  mais  les  Naturaliftes,  ou  du  moins  les  Difiipies  de  M. 
Àe^  Linné  en  auroient  pu  faire  d'auflî  fortes  oonrre  yn  fytlcme  donc 
i'an.ilyfc  chymique  auroit  fourni  les  premiers  caractères,  fcn  convenant 
mtme  des  défauts  atta'.hés  i  toutes  les  méthodes  aniticielles,  on  ne 
peut  s'emp&cher  de  re:onno?tre  qu'il  fant,  pour  les  former,  joindre  une 
vafte  étendue  de  connoilfauces  au  nient  de  fiiire  des  combinaifons  & 
de  faiiir  des  rapports,  que  ces  fyftcmes  utiles,  nécelJiites  m  cm  c  pour 
Suivre,  fans  scg*fer,  les  détails  immenfes  de  rhiltoite  namrcilc  ,  feweut 
«ncore  i  fal:ilit^;r  la  recherche  des  vcntrs  générales  ,  &  qu'tntin  ,  s'il 
va  peu  de  philofophie  k  prerxdre  ces  arranpemtns  méthodiques  pour 
In  fcicnce  elle-mônie ,  il  y  'îo  a  bit»  moins  encore  i  les  mépnfer.  ' 
M.  de  Lioiic  avoic  fonaé  de»  {a   première  liunelTe  le  pwjec  de  fcà 

1779.    J U l  LLL  i\     B  1 


IX       OBSERrATIONS   SUR   LÀ   PHYSIQUE, 

fyftéme  général ,  &  il  s'en  occupa  toute  fa  vie.  Aucun  Natnralîfte 
n'avoic  julqu'i  lui,  conçu  un  pUn  lï  v;i(lc  ,  &  lî  on  peut  dans  l'exécution 
Jui  reprocher  ciuclque^  dctiuts  ,  c'ell  encore  un  prodige  qu'un  fcul 
hontmc  air  pu  la  [Xirter  à  ce  point  de  perfeftion. 

Sun  (yflc'ine  de  la  nature  eut  douze  édirions  en  trente  sns  :  dans  cha- 
cune, il  piofîtoit  de  fc-5  nouvelles  obfcrvations ,  des  travaux  de  fesDif- 
cipîes ,  des  oHjetiions  de  Tes  critiques.  C  croie  aux  fciences  plutôt  qu'i 
fa  gloire  qu  il  vouloir  élever  un  monument  :  aulïi ,  ne  doit-on  juger 
ce  grand  Ouvrage  que  fur  fa.denière  édition  ,  Se  regarder  les  autres 
comme  des  eiquilles  que  i'Auteui  foumcttoit  au  jugement  des  Natu- 
lalilks. 

M.  de  l  inné  ne  voulut  pas  que  l'hiftoire  naturelle  fôt  entre  Tes  mains 
une  fcience  ftcrile.  bn  l'appliquante  des  choies  d'un  ufage  commun, 
il  fervoit  à  la  fois  fes  conittoyens  Se  la  fcieme  qu'il  aimoic  6c  qu'il 
rendoir  chère  d  ceux  dont  le  fecours  éto'u  nécelTaiie  à  Ces  progrès.  Ses 
Ouvrages  contiennent  un  traité  complet  de  matière  médicale  j  de  dif- 
fertations  fur  les  Plantes  de  Suède  qui  peuvent  être  utiles  dans  la  Mé- 
decine Se  remplacer  les  Plantes  étrangères  ;  fur  celles  qui  peuvent  four- 
nir aux  hommes  une  nourriture  faine-fic  agrcnble,  ou  qui  font  employées 
dans  les  Arcs;  fur  les  végétaux  qui  conviennent  le  mieux  à  chacune  des 
espèces  d'animaux  domcfliquc:^  ;  fur  la  manière  de  juger  la  vertu  des 
Plantes,  foit  par  les  genres  où  elles  func  rangées  dans  fa  méthode, 
foie  par  leur  faveur  ou  par  leur  odeur:  fur  les  terreins  qui  conviennent 
à  chaque  crpcce  ;  fur  des  Plantes  qui ,  femces  dans  des  labiés  mobiles  , 

f  cuvent  les  hxer ,  prtfcrver  le  pays  des  dangers  auxquels  ces  iables 
expofenc ,  &  les  changer  i  la  longue  en  des  terres  f-ertiles  ;  fur  le 
rapport  de  la  vceéranon  de  chaque  plante  avec  les  différences  faifons 
de  tannée;  fur  Forigine  de  plufieurs  fubftances ,  comme  le  baume  de 
Tolu  Se  la  farcocolle  qu'on  employoit  depuis  loug-rems  fans  favoir 
quel  arbre  les  avoit  produits,  &  quelle  prcparaiiou  on  leur  avoit  faic 
fubir. 

Le  fuifragc  de  ta  plupart  des  Compagnies  favantes  de  l'Europe  y 
i'adoprion  prefque  générale  du  fyftcme  de  Botanique  de  Lïnncus,  avotc 
appris  à  la  Suède  i  le  regarder  comme  un  Savant  qui  fiifoit  honneur  i. 
fon  pays.  Ses  travaux  dirigés  vers  le  bien  public  le  montroient  à  fes 
compatriotes  comme  un  Citoyen  utile.  L'envie  fut  répiimée  cette  fois 
par  l'enihouHarme  national.  M.  de  Linné  fut  le  premier  homme  de 
Lettres  décoré  de  l'Ordre  de  l'Etoile-PoLiire  ,  &  cette  nouveauté  fit 
peut-être  moins  d'honneur  au  Savant  qui  le  reçut,  qu'aux  lumières  d a 
Gouvernement  de  Suède.  En  accordant  cette  dimnéhon  i  M.  deLinné, 
il  montroit  que  l'emploi  d'éclairer  les  hommes  étoit  à  fes  yeux  une 
ibnâion  publique ,  &  avoit  droit  aux  cncmcs  lécompenfes. 


SUR   VHIST,  NATURE  LIE  BT  LES  ARTS.       i) 

V.  de  Linné  obtint  quelques  années  après  un  nnç  dans  lanobletle 
Suéduire;  il  recranchi  afors  de  Ion  nom  U  cecmmailbn  Litine  qu'il  y 
avoic  ajoutée  fujvanc  l'ufage  de  Ton  pays.  Vais  ce  nom  écoic  déjà  trop 
illuflre  pour  qu'il  fût  ea  fon  pouvoir  de  le  perdre  ,  &  le  Chevalier 
Von>I.innc  ne  fuc  jamais  que  Linneus  pour  l'Euiupc  favante  ,  comme 
le  Baron  de  Verulam  n  a  jamais  été  que  Bacon  pour  les  Philofophes.  Lts 
marques  de  l'eftime  perfonnullt:  des  Princes  font  loujours  Bacteufcs  pour 
Hn  Savant  qui  aime  la  gloire  \  quel  que  foie  le  Prince  qui  les  accorde  , 
elles  prouvent  du  moins  une  grande  cctcbritc. 

Celtes  que  M.  de  Linné  reçut  de  fes  Souverains  dévoient  le  flatter 
à  d'autres  titres  i  il  fut  traité  par  la  Reine  de  Suède,  digne  Sœur  du  Roi 
de  Pmire,avec  cette  fi\miliaritc  noble  qui  honore  les  Souverains,  parce 
qu'elle  prouve  qu'en  fe  trouvant  avec  des  hommes  d'un  mctice  fupécicuf , 
ils  femenc  qu  ils  ont  droit  de  fe  croire  avec  leurs  égaux. 

Le  crédit  que  M.  de  Linnc  ne  devoir  qu'aux  Sciences ,  il  le  Bt  fec* 
vit  tout  entier  à  l'avancement  des  Sciences.  L'ctablillêmenc  de  l'Acadé- 
mie de  Stockolm  fut  en  paitie  ion  ouvraqc;  le  Jardin  dl'pfal,  remis 
dans  un  meilleur  ordre  »  augmenté  de  valles  ferres  conllruiies  felunfes 
vues,  devint  digne  du  UciTianfîratcur  qui  de  toutes  les  parties  de  l'Eu- 
rope y  attiroit  des  Difciples. 

L'hommage  de  quelques  Plantes  qui  manquoieut  à  ce  Jardin  fi  riche , 
^toit  un  tribut  que  tous  Us  amateuts  de  Loraniquc  croyoicnt  devoir 
à  M.  de  Linné ,  &  lorfque  le  Roi  de  Suède  vint  en  France ,  le  feti 
Roi  le  chafL^ea  de  remettre  à  l'illuftre  Proleifcur  d'Upfal,  de^  gtaines 
rates  qu'il  avoit  recueillies  dans  le  Jardin  de  Trianon. 

Si  nous  ajoutons  à  ce  que  nous  avons  die  de  M.  de  Linné  ,  qu'il  rem- 
plit pendant  plulîeurs  atmées  les  fonctions  de  Secrétaire  de  l'Académie 
d'Upfal,  qu'il  donnoît  exaâemcu:  des  levons  de  Botanique  &  de  Mé- 
decine t  entin  qu'il  publia  une  tuulc  de  dilfcitaiions  fur  des  objets  par- 
ticuliers d'hilloirc  Naturelle  ,  de  Botanique,  de  Médecine,  qui  tomes 
xenfeiment  des  vues  toujours  ingcnieufes  &  quelquefois  protondes  , 
nous  avons  une  idée  de  la  vie  de  cet  homme  célèbie:  elle  fut  heureufe 
jufqu'à  60  ans  \  fa  faute  ne  fut  aliérce  avant  cette  époque ,  que  pat  ujie 
violente  attaque  de  goutte  dont  il  prévint  les  retours  par  l'ufaee  des 
fîraifes.  Il  avoit  fait  un  mariage  heureux  qui  lui  a  donné  trois  iillcs  & 
un  âls  digne  de  lui  fuccéder.  Il  pafîa  des  jours  tranquilles,  glorieux, 
occupés  au  milieu  de  fes  Difciples  qui  étoieut  fes  amis,  jouilTant  de 
fa  gloire  que  chaque  jour  il  augmentoic  encore,  de  la  reconnoilîânce 
de  fon  pays,  de  cette  conndcr.iûon  publique  que  la  célébrité  &  le 
calent  ne  peuvent  donner ,  à  moins  qu  ils  11e  foicnt  unis  à  un  caraAèrc 
qui  force  t'envie  au  refpeâ.  Tel  fut  M.  de  Linné  ,  fenhblc  avec  fes 
Rmis.> aimable  6(  gai  dans  U fuciccé  iaiiuie,nobleavecle&(JrAnd$>noiflc 


14         OBSERVATIONS  Sun   LA    PHYSIQUE, 

Se  bon  avec  Tes  iiifétieuts ,  on  ne  le  vie  jamais  acheter  par  des  banTefTcs 
Iq  droic  de  faire  éprouver  des  hauteurs  :  d'autant  moins  jaloux  d'afTec- 
rer  une  fupcrionre  précaire ,  cju'il  croit  plus  sur  d'en  avoir  une  réelle. 
Riche  des  bienfaits  de  la  Cour,  il  ne  quitta  jamais  cette  fimpliciré  de 
▼ie  dont  on  ne  peut  s'écarter  fans  eu  ctre  puni  par  le  ridicule  &  par 
l'ennui. 

II  employa  pour  fa  nation  ce  qu'il  avoit  reçu  d'elle  :  fon  feul  luxe 
écoit  un  Mufarum  îmmenfei  monument  glorieux  pour  la  Suède, puif- 
quil  écoit  la  colleâiou  des  tributs  que  lesNaturaliUesdunord  avoiene 
confacrés  à  celui  que  d'une  voix  unanime  ils  avoienc  nommé  leuE 
Chef  6c  leur  Maître. 

Frappé  au  mois  d'Août  177^,  d'une  apoplexie  qui  détruifïc  fes  for- 
ces ,  aftbiblir  fa  mémoire  Se  le  conduifit  au  tombeau  par  un  dcpcride- 
menr  lent  &  infenfiblc  ,  ce  Mufxum  éioit  encore  fa  coniblation  :  cha- 
que jour  la  reconnoiflance  de  fes  Difciples  lui  préfenroic  de  nouvelles 
merveilles,  produites  par  la  nature  aux  extrémités  du  globe:  on  eue 
cru  voir  des  enfans  occupés  d  confoler  les  derniers  jours  d'un  Pcce 
chéri.  Devenu  enRn  incapable  d'agir  Se  de  penfer,  il  goûtoic  encore 
quelque  plaiftr  en  parcourant  de  les  yeux  éteints  les  Plantes  nouvelles 
que  (qh  Difiiiple  Thunberg  venoic  de  lui  envoyer  des  cxccémités  de 
l'A  fie. 

7'rès  pcude  rems  après  fon  arcaquc  d'apoplexie, il  drefla lui-même  une 
courte  notice  de  fa  vie ,  6c  il  voulut  qu'elle  rût  envoyée  à  l'Académie  pont 
fervir  de  matériaux  à  fon  éloge,  (..'eft  avec  une  égale  fimplicité  qu'il 
parle  de  fes  travaux  ,  de  fes  découvertes  &  qu'il  convient  de  fes  défauts. 
Il  avoue  qu'il  fax  peut  «te  trop  facile  i  s'émouvoir  ou  à  s'irriter;  que 
lent  i  embralTer  une  opinion  ,  il  tenoit  peut  être  avec  trop  d  opiniâtreté 
à  celles  qu'il  avoit  une  fois  adoptées;  qu'il  ne  fouffrit  pas  avec  airci 
de  modération ,  ni  tes  critiques  qui  s'élevèrent  contre  lui ,  ni  les  con- 
tradiftions  qu'il  éprouva  de  la  part  de  fes  rivaux.  Ces  aveux  prouvent 
feulement  que  M.  de  Linné  em  pour  la  gloire  une  patlîun  vétiuble» 
?c  que  cetre  paffîon  a ,  comme  toutes  les  autres,  fes  excès  Se  fes  fotblef- 
fes.  Mais  combien  peu  d'hommes  ont  comme  lui  le  courage  d'avouer 
ces  foiblefles  ,  Se  iur-tmir  le  courage  plus  rare  d'en  fouffnr  feuls  &  * 
dans  le  fecretîCaren  jugeant  M.  de  Linné  d'après  fa  conduite,  per- 
fonne  ne  l'eût  foupi;onné  de  ces  défauts ,  Se  pour  qu'ils  fulFem  connus, 
il  a  fallu  qu'il  les  révélât. 

Ainfi,  ce  foin  de  s'occuper  de  fon  éloge  cjui ,  dans  un  autre  eût  été 
peut-être  l'efFct  d'un  vain  amour  propre,  ne  fut  chez  lui  qu'une  nou- 
velle marque  de  fon  amour  pour  la  vérité.  Après  avoir  combattu  coûte 
fa  vie  contre  les  erreurs ,  il  ne  voulue  pas  bidèr  fubhftcr  celles  que 
l'admiration  ou  l'envie  auroieut  pu  accréditer  pour  ou  contre  lui. 


SUR  VniST,  NATC/REILE   ET  LES  ARTS.       15 

L'extrcme  laconifimc  des  Ouvragçs  de  M.  de  Linné  ,  l'uGige  peur 
être  trop  Wquent  des  termes  tecniqucs  fouvent  tirés  du  grec,  f.i  ma- 
nière de  tout  réduire  en  tibles,  en  rtndcnt  la  Ictflure  diflicile.  U  Faut 
les  étudier  plutôt  que  les  lire.  À  I2  vérité  >  on  en  cH:  dédommagé  par 
la  précifiou  des  idées,  £:  pat  l'avantage  d'avoit  d'un  cmip-dail  un  pi  us 
ctand  nombre  de  rcfaltats.  M.  de  Linné  trouvoit  fans  douce  que  plus 
la  véiicc  eft  nue  ,  plus  elle  efl:  belle  \  &  que  les  otnemens  dont  on 
cherche  à  la  parer  ne  fout  que  la  cachet  :  il  fongcoit  à  former  des  Na- 
curatilles  plus  a\\i  amufcr  des  amateurs  \  il  vouloit-dcs  Difciples  & 
dcdaîgnoit  de  chercher  des  l'rôneurs. 

Il  n'i^no^oic  pas  néanmoins  combien  il  efl  utile  de  répandre  le  goût 
des  véritables  dciences  dans  routes  les  daffes  d'honinies  qui  peuvent 
avoir  furie  bonheur  des  Nations  une  înHucnce  plus  ou  moins  gr.inde. 
11  favoit  qu'après  avoir  obtenu  la  gloire  de  reculer  les  bornes  des  Scien- 
ces, il  re(\ûicaux  Philofopliesrobligatioo  de  les  rendre  utiles,  ££  qu'elles 
n'étoient  utiles  qu'autant  qu'elles  dcvenoîcnt  populaires  ^  mats  pour 
faire  goûter  les  Sciences  à  des  hommes  difllpcs,  avides  de  plaifir ,  en- 
nemis du  travail ,  moins  jaloux  de  favoir  que  de  fe  faire  honneur  de  ce 
qu'ils  favent  \  il  faut  avoir  l'art  de  s'emparer  de  leur  imaginatioji  par 
des  peintures  féduifances,  de  fuutcnir  leur  attention  par  des  traits  m- 
gcnieux  ou  brillaas ,  de  réduite  ta  Science  à  ^^i  tcfuluts  piquans  Se 
faciles  i  faifir 

M.  de  Linné  fentit  que  cet  art  lui  manquoît,  &  peut-être  même  euc- 
il  rinjullice  de  le  mépriîer,  comme  le  talent  de  ceux  quj  U  nature  a  for^ 
mes  pout  publier  &:  non  pour  découvrit  fes  fecrets. 

Ce  n'eft  pas  que  dans  les  Ouvrages  qu'il  a  donnés  en  fa  langue  natu- 
relle ,  (^i  compatriotes  n'aient  trouvé  un  fty le  élégant  &  agréable,  & 
le  genre  d'éloquence  pcut-ctrc  le  plus  rare  de  tous,  le  feul  aurïî  peut' 
£cre  qui  convienne  vraiment  à  des  Ouvrages  philofophiques,  &  qui 
confîfte  à  renfermer  beaucoup  d'idées  en  peu  de  mots,&  à  exprimer 
dans  mi  ftyle  noble  &  fnnple  des  vérités  neuves  &  importantes.  Maiscette 
éloquence  n'eft  pas  celle  qui  frappe  le  gtajid  nombre,  flc  comme  c'éft 
aux  pallions  des  homme";  qu'il  faut  parler  ,  fi  l'on  veut  les  conduire  , 
c*ell  à  rimaginailon  qu'il  faut  s'âdtefler  H  l'on  afpire  à  régner  fut  leurs 
goûts  ou  fur  leurs  opnûons.  * 

On  voit  dominer  dans  tous  les  Ouvrnigcs  de  M.  de  Linné  un  grand 
refpe<A  pour  la  Providence  ,  une  vive  admiration  de  la  grandeur  ,  de 
la  fagelle  de  fes  vues,  une  tendre  reconnuilTancc  pour  fes  bienfaits.  Ce 
fentiment  n'étoit  point  en  lui  une  croyance  infpirce  par  l'éducation  ;  ce 
n'ttoit  pas  môme  cette  conviÛion  que  l'on  conferve  après  avoir  exa- 
miné &  difcuté  une  fois  dans  fa  vie  les  pteuves  d'une  opinion.  1 1  croyoit 
X  ta  Providence  parce  que  chaque  jour ,  de  nouvelles  obfervations  fur 


tS        OBSERVATJOKS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

la  narure  lui  en  fourniffoienc  de  notivelles  preuves  :  il  y  croyoic  pirce  que 
ch.ique  jour  il  L  vovoit  agir  fous  fes  yeux.  L'homme  pliyHque  qui  iife 
de  U nature, e(\,  diroit-il  comme  un  Roi  quia  droit  d'exiger  de  fes  fu- 
jets  ce  qui  eft  nccelTaire  à  (t%  bcfoins ,  &  qui  les  f-ii[  fervir  â  l'accom- 
pllirâmcnc  de  fes  delTèins:  s*d  abufc  de  fon  pouvoir,  il  apprend  bien- 
tôt par  11  rcfiflance  de  fes  fujets  mêmes ,  que  les  Rois  our  été  écAbtis 
four  les  peuples  6c  non  les  peuples  pour  les  Rois,  &  qu'il  na  reçu 
empire  fur  la  niture  que  pour  fervir  à  conferver  d.ins  l'Univers  l'ordre 
que  la  Providence  y  a  ct.ibli.  Ainfî ,  tandis  que  les  vcgcmux  fourniHènc 
à  ccus  les  animaux  leur  nourriture ,  une  retvaire ,  un  abri  pour  les  gc- 
ncriïions  uailVanr:;s»  ces  mcmes  animaux,  quelquefois  néceiTàires  a  la. 
réprodudîon  des  plantes ,  fervent  encore  ,  par  la  deftruâ^ioii  même  qu'ils 
font  des  végcraux  ,  à  maintenir  entre  les  différentes  efpèces  un  équili- 
bre qui  en  alfure  la  perpétuité.  L'on  peut  dire  en  un  lens  que  les  ani- 
maux ont  été  formés  pour  les  plantes,  comme  les  plantes  pour  les  ani- 
maux. Ou  plutôt  toures  les  parties  de  la  nature  fubordonnées  entre  elles, 
mais  né.:enaires  l'une  a  l'amre,  forment  un  enfemble  aulli  frappant  par 
l'unité  du  plan  ,  que  par  la  fagefTe  des  vues  de  fon  Auteur. 

L'«xiftence  des  poifons  n'étoir  nicme  pour  M.  de  Linné  qu'une  rai- 
fou  de  plus  d'admirer  les  foins  delà  Providence  pour  !'efpc>;e  humaine: 
la  nature  ,  difoit-il ,  n'a  préparé  des  poifons  dans  l'ordre  phyfiqueqae 
pour  alTurer  à  l'homme  des  rem  des  contre  les  maladies  rebeller  Se 
invctctécs,  comme  dans  l'ordre  moral  elle  abandonne  quelquefois  les 
Peuples  i  des  Tyrrns  qui  deviennent  entre  fes  mains  des  moyens  vio- 
lens  mais  efficaces  de  rappcllcr  à  la  vie  des  Nations  engourdies  &  cor- 
rompues. 

M  de  Linné  préparé  depuis  long  cems  à  la  mort  par  raffbibliflement 
de  fes  organes,  la  re<;ut  comme  un  doux  fommeil  qui  délivre  d'un  état 
àc  langueur  &  d'angoiire  11  mourut  vers  la  fin  de  Janvier  177*1, 
regrette  de  fa  famille  &  de  fes  Difciples  qui  le  chérilToient  comme 
un  père,  parce  qu'ils  en  avoieiic  trouve  en  lui  la  tendtelfe  vive  &  dc- 
Tmicrcirée ,  honoré  des  regrets  d'une  nation  généreufe,  pillîomiée  pour 
toutes  les  efpèces  de  gloire  ,  capable  d'enthouiiafme  pat^  qu'elle  l'eft 
d'Iiéroîfme ,  &  qui  n'attend  points  pour  rendre  hommaE^c  à  fes  grands 
iJommet ,  qu'iU  ne  puilïcnt  plus  jouir  des  honneurs  qu'elle  leur  décerne. 
Aprc!>  la  mort  de  M.  de  Linné,  le  Roi  de  Suède  lui  a  fait  élever 
un  monument  à  coté  de  celui  qu'il  a  confacté  à  te  Defcartes  qui ,  né- 
gligé dans  fa  patrie  après  fa.  mort  comme  pendant  la  vie  ,  attend  en- 
core de  fes  Compatriotes  les  honneurs  que  les  btrangors  lui  ont  pro" 
digues.  Un  temple  digne  de  la  magnificence  de  Rome  &  du  goût  d'A- 
chènes,  a  remplacé  dans  cette  Capitale  l'Eglife  modede  où  les  cendres 
À*  Defcartes  avoienc  ccc  dcpofées  :  &  ta  ttance  peut  efpéier  d'y  voie 

eiifia 


SUR  L'HIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.  17 
«nfin  ,  ce  qui  feroit  le  plus  bel  ornement  de  ce  Temple,  un  Maufoice 
de  Defcartes,  c^ui  acquitûc  envers  lui  la  dette  de  la  Nation. 

Nous  n'oublierons  pas  ici  un  autre  monumenc  qu'un  des  Dîiciples 
de  M.  de  Linné  lui  a  confacrc  dans  t'EgUrc  d'Edimoourg ,  iiu>nunicnc 
plus  glorieux  peuc-ctre,  pour  le  favanc  Suédois ,  que  celiTl  qu'il  a  obtenu 
dans  l'a  patrie,  parce  qu'ctigc  au  milieu  d'une  nation  cttangcre,  il  dl 
Thommage   d'une  admiration  abfolument  dcfintcrellee. 


CONSIDÉRATIONS 

Sur  les  Conducteurs  en  géndral  y 

Par     M.     JijtnaiER    DE     TlNAN  (i). 

J.  ouTES  les  queflions  qu'on  peut  faire  relaclvemenc  il  Tufàga  des 
conducteurs,  fe  ccduifent  i  deux  ptincipales. 


(i)  Cm  con(î<iirations  Tcrmiitenr  rOuvMge  de  M.  Toaido,  inu'tul^  Mémoires  fur 
les  ConJuSeuts  pour  préfervtr  iti  Edifccs  de  la  foudre.  %  vol.  in-S".  à  Strisboufg  , 
chez  Baver  Se  Trcutrcl.  Cci  Mémoires  font  un  avis  au  peuple  fur  la  manière  de  ^tlr 
fcrïcr  ies  édifice»  du  tonocrrc ,  publié  cfi  1771—  Uw  eipolition  abrégée  de  l'iitiliré 
dc«    coitduclcurt  é!c£lri(]acs  ,  par  M.  de  S.iufliitc...  Nouvelle  apologie   de  l'ufigc  des 

cdhduâeurs  ^  ioipiimée  en   1774 Ob)cdion  3:  réponfc  contre  les  coaduAcurs.... 

lettre  de  M.  Fiaiikliu  à  M.  de  Sauirure,...  Det'crip(îaii  du  cotiduAttir  de  l'Obrcrva- 
totce  Je  Padoue ,  de  celui  dii  Clochcc' de  SainE-Marc  de  Veitife ,  de  ceur  pour  les 
magafîns  à  poudre ,  poar  Ici  vailfcaux ,  &c^.  Relation  de  la  foudre  torrbéc  fur  rObrer> 
vatoiic  de  Padoue...  SyQcmc  de  M.  Toaido  (ur  la  meilleure  conflru^iou  des  con- 
daAeurx.  faudra  i- il  atrendrc  que  ta  d^plorab'>  cataflrophc  de  firefcia  fc  renouvelle  à 
Paris  &  dans  les  principales  villes  du  Royaume,  pour  que  rcorongefénculement  en  France 
ik  préfrivcT  de  la  foudie  les  niag.ifint  à  poudre^  Si  l'on  ptopofe  des  tacjicts  contre 
l'apoplexie  ,  tout  Paiis  cfl  en  tumeur  pcndaucun  mois,  &  chacun  court  pour  s'eti 
proEutcr.  Il  l'agit  ici  de  l'intérêt  de  chiv]uc  paxiiculicr ,  &  patcc  que  le  malheur  eft 
un  peu  éloigne  .  on  n'y  fait  aucune  acieniioii.  L'ancienne  cour  de  Sainte- Geneviève  a 
tii  fi  fouvem  t'oudroyée»  qu'on  s'cfï  déterminé  à  la  fin  â  ne  plus  en  relever  la  Bêche. 
l,c  dôaw  de  la  nouvelle  Iglifc  le  ferx  jûicmeor ,  ptiifquc  cet  édifice  élèvera  fa  tc'tc 
majeflueurc  fur  tout   rhoriibn ,  à  moins  cu'on  ne  le  gatantilTe  par  des  condui^curt  : 

Îju'on  fc  Bgurc  le  ravage  nue  la  foudre  fera  for  ce  Tupcrbc  mouvement  par  la  quantité  de 
cr  qui  fe  trouve  cmpattc  dans  le;  muis.  Les  Académies  ,  cet  Sociétés  favantes  qui 
doivent  fpécialemcnt  s'occuper  des  objets  d'unlité  publique»  devtoicm  imirrr  l'exent- 
f  le  donne  par  celle  de  Dijoa.  Le  bien  fe  fait  lentcmcnr.  On  nous  pardonnera  donc 
de  revenir  encore  aujourd'hui  fut  un  Tujct  dont  il  a  été  Couvent  qucftion  dxnsce 
Recueil. 


Tome  XIK  Part* IL,    1775. 


JUILLET,    € 


un 
une 


iS       OBSERVjITIONS  sur   lA    PTiYSÏQUE, 

I.  Eft-il  prouvé  qu'un  conduûeur  bien  conftruit  prcferve  l'édifice 
auquel  il  eJt  appliqué ,  des  nvages  de  U  Foudre  ,  fâiis  l'attirer  fur  l«s 
cdilices  voifins? 

II.  Quelle  etl  dins  tous  l«s  points  U  conflruéHou  des  condaâents 
la  plus  propre'à  remplir  complcteiiienc  l'effet  qu'on  en  nttend. 

Je  crois  U  première  qtieOion  cellei^eut  réfoiue  nnr  par  l'ouvrige 
de  M.  1  Abbé  Toaldo  que  par  la  réunion  d«  U  théorie  &  de  l'expi- 
rience  ,  que  je  n'hcfiie  pas  i  prononcer  encore  plus  affirm.uivement 
qu'il  ne  femble  l'avoir  ofc  ,  que  lurCqu'un  conducteur  appliqué  X 
édifice  aura  une  capacité  {iiffiCinte,  une  contiHuité  parfaite,  & 
communication  immédi.ire  avec  l'eau  qui  fe  trouve  dans  l'intérieur 
de  la  terre ,  &  fera  difpofc  de  manière  a  être  frappe  de  la  foudre  de 
préférence  à  toute  autre  partie  de  l'édiiicejîl  ellcornp!è(emencdémon:ré, 
que  qtlelle  que  foit  la  quantité  de  feu  que  répandra  un  coup  de  fou- 
ore  ,  non-feuIèment  il  n'endommagera  pas  cet  édifice ,  mais  encore 
que  la  foudre  fera  rmnfmife  en  entier  par  le  condudeur  fans  y  biffer 
aucune  trace  fenfible  de  fon  paiTage ,  fi  ce  n'eft  peut  ê[re  quelque  mar- 
que de  fuHon  i  fon  entrée  Je  crois  qu'il  eft  égilemeni  prouve  qu'un 
fembtable  condu£leur ,  loin  d'attirer  ta  foudre  fur  les  bârimem  plus 
ou  moins  voifins  ,  &  d'augmenter  pat  c.nféquent  les  dangers  aux- 
quels ils  fbntexpofés,  dimmue  plutôt  les  rifques  que  courent  même 
ceux  qui  font  hors  de  fa  fphére  d'aftivité,  c'eft-i-dire  ,  hors  de  \^  dif- 
tance  à  laquelle  il  peut  les  préferver  enrièfemenr.  Je  crois  inutile 
de  rappeller  &  de  répéter  les  preuves ,  fur  lefquelles  fon  fondées  ces 
alTêrtiont ,  qu'aucun  Phyficien  éclairé  ne  peur  plus  contcfter. 

Mais  fi  ta  folution  de  cette  première  question  ed  démontrée  autffnt 
<{a*ane  vérité  phyfique  peut  l'ctre,  il  s'en  faut  bien  que  la  féconde  ait 
acquis  le  même  degré  de  certitude  j  elle  offre  une  fonle  de  qucflions 
fecondatreSj  donc  plufieurs  font  encore  un  fujct  de  difpute  parmi  les 
Phy(î:iens>  &  donc  quelques-u^es  même  pour  pouvoir  ^tre  décidées 
d'une  manière  bien  précife  ,  ont  bçfoiii  d'un  grand  nombre  d'obferva- 
tions  que  le  rems  feul  peur  fournir.  Voici  les  principales. 

I.  Quelle  e(l  la  dimenfion  ,  qu'on  doit  donner  ^  un  condutfbeor» 
pour  qu'il  fuit  en  eut  de  tr.^nfmettre  un  coup  de  foudre  quelconque  » 
uns  que  le  bâtiment  &  le  condu^leuc  lui-même  en  foit  endommagé? 

li.  tfl-il  très  eifentiel  que  fon  extrémité  infciieure  aboutiffe  dans 
l'eau,  ou  fuffic-il  qu'elle  s  enfonce  en  rerre? 

m.  Jufqu'à  quel  point  doit-on  pouffer  les  précautions  pour  la  con- 
tiguïté &  la  coniiiuiiié  de  fes  différentes  parties  ? 

IV.  Jufqu'à  quel  point  doit-on  lier  avec  lai  toutes  les  portions  de 
^éral  qui  fe  rrouvent  dans  le  bâtîtrent  ? 

V.  Peut-on  fàus  danger  le  laiffer  contigu  au  bâtiment  foïi  eu-de- 


Sr/R  VniST.  NÀTUREllP.    ET  IBS   ARTS,     19 

4ân$  foi:  en  dehors»  ou  convient-il  de  rifoler  (Uns  fa  longueur,  Ôc  mcme 
de  le  placer i  quelque  diflance  du  bâtiment? 

VI.  Faui-il  que  (ot\  extrémité  fupérieuce  foie  élevée  &  pointue,  ott 
convient-il  de  la  faire  baife  &  obcufe? 

Vil.  A  quelle  diU^nce  s'étend  le  pouvoir  d'un  conduâeur  pourpcc- 
ferver  de  la  foudre  ? 

VIII.  N'y  a-c-il  pas  un  furplu»  de  précautions  à  prendre  pour  des 
bâcimens  d'une  nature  crès-dangereufe  ,  tels  que  des  magartns  à  poudre  ? 
Avant  que  de  ttaiier  ces  différentes  queftions,  il  convient  d'exami- 
ner de  quelle  manière  les  nuées  contiennent  &  lancent  le  feu  cledtiquQ 
qui  forme  la  foudre. 

I.es  nuées  font  compofce:?  de  vapeurs  aqueufes  répandues  dans  l.i 
région  fupérieure  de  l'atmofphère ,  &  qui  s'y  tiennent  fufpendues  par 
t'aâion  continuée  de  la  caufe  de  leur  expanfion  ,  jufqu'au  moment , 
où  cette  caufe  celfant ,  leurs   particules  fe  rapprochent  fie  forment  les 
gouttes  de  pluie  qui  retombent  en  vertu  de  leur  pefantcnr.  Les  parti- 
culcj    aqueiifes  qui   les  compofent  &  qui  font  de  nature  déférente, 
font  donc  féparces  les  unes  des  autres  par  des  particnles  d'air  ,  qui  font 
ifolanre^  »  m&me  dans  les  nuées  qui  paroilTcnt  aux  yeux  avoir  le  plus 
de  concinnicé  ,   Se  l'on  fc  tromperoit  fort ,  (i  lotfqu'on  veut  analyfet 
les  effets  de  l'éledlricité  qu'elles  contiennent,  on  les  comparoir  en  touc 
i  des  conducteurs  continus ,  dans  lefqucls  1  cle^riciic  jouit  d'un  mou- 
vement entièrement  libre.   U  paroît  dirticilc  d'expliquer  comment  ce» 
nuées  peuvent  fe  trouver  électnfces ,  comment  cette  éledVricité  eft  tontâc 
pofitive  &  tantôt  nc*;ative,  comment  ce  changement  de  plus  en  moins 
&  réciproquement  elt  quelquefois  inflancané  dans  la  mcme  nué(^  Les 
hypothèfes    imaginées    jufqu'ici  ,  quelqu'îngénieufes   quelles   foienr  > 
point  encore  abfolument  fatisfait   les   Phyficiens.  Me  feroic-it 
is  de  hafarder   fur  cet  objet  quelques  idées? 
1  es  eicpêriences  qui   ont  été  f.iites  avec  des  ccrf-volans  &  des  fili 
métalliques  ifolés  &c  élevés  à  une  grande  hauteur  de  quelque  manière 
Que  ce  foit,  ont  appris  que  dans  les  tems  parfaitement  fercms  il  règne 
dans  la  partie  ftipcrieure  de  l'atmofphère  une  élcAricitc  pofitivc,  qui 
fe  manifefte  quelquefois  foiblement,  mais  toujours  fenfiblement.  On 
peac  en  vuîr  la  preuve  dans  tin  détail  d'obfcivations  très-exai^es  fiites 
par  le  P.  Beccana  ,  célèbre  Piofeilcut  de  Turin  ,  &  publiées  par  lui  ea 
ï  77  ^  fous  le  rirre  :  deW  eicttncità  terrcfîrt  atmasfcrica  o  àtlofcreno.  O'autres 
PÏiyficiens  fe  font  également  convaincus  de  cette  vérité  pat  leurs  propres 
expériences.  Ne  peut-on  pas  croire  que  cette  furabondance  de  feu  élec- 
niqac  provient   du  degré   de  rarcfadion,  dont  jouit  l'atmofphère  à 
tnefate  qu'il  5'éîève,  &  qui  y  forme  une  efocce  ae  vuide  favorable  au 
mouvement  te  à  l'accumnlarion  du  fluide  éleôrique ,  comme  nous  le 
voyons  par  fc$  effets  dans  le  vuide  que  nous  formons  artificicUemem? 

X77p.     JUILLET.    C  i 


Dont 
permis 


lo 


OBSERf^/iTIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

Cl  ma  conjecture  eft  fondée  ,  l'intcnfité  de  certe  éleiîlctcué  poiicive 
doic  aojcie  à  mefiire  qu  on  s'élève  dans  ï  aruiofphète,  &  peut  dcvenic 
afle'  coniidcrable  dans  la  région  ordinaire  des  nuages,  qui  eft  encore 
fort  élevée  au  delTus  de  celle  à  liqnellt*  p.itviennenc  nos  înftrumens. 
11  n'efl  Jonc  pas  ctonnanc  que  ces  nuages  ,  donc  chaque  poition  peut 
être  regardée  comme  un  condaâeut  imparfait,  mobile ,  variablu  cUns 
fa  forme  &  plu?  ou  moins  ifolc  ,  parcii:i]ient  à  cette  cledlriLicc  de 
mcnie  que  le  ril  ifolç  que  nouç  élevons  dans  1  air.  Mais  elle  fe  mo- 
difie avec  une  variété  prefqu'inânie  entre  les  différentes  portions  fépa- 
rées,  qui  forment  les  nuages  ,  fuivant  les  proportions  de  rélecVricité 
des  différentes  couches  dair,  dans  Icfquclles  ils  fc  trouvent  plongés  , 
&  fuivant  que  ces  portions  font  plus  ou  moins  éloignées  ,  plus  ou 
moins  fcparees.  Pour  s'en  former  quetqu  idée  ,  il  faut  fe  rappeller  le 
jeu  &  les  propriétés  des  atmofpUèces  éleÛriques  ,  tels  qu  iU  font  dé- 
crits dani  piulieurs  traités  d'éledlricité  ,  &  entr'autres  dans  les  ouvra- 
ges du  P.  Beccaria  ,  qui  déiîgne  !a  manière  d'agir  réciproque  de  ces 
aimofphères  parle  nom  très-expreflTif  dcle£trii.iïé  comprimante  ftet' 
tricùa  pritnenu.  Parmi  les  nuaees  qui  flottent  en  lair,  les  uns  ont  déjà 
contra<5té  Icleélrititc  pofitive  d  s  couches  d'air,  dans  lefquelles  ils  ont 
pan?  ,  &:  la  nianifètlent  lorfqu'ils  approchent  de  la  terre  ou  de  nos 
cdiHces.  D'autres  ne  font  affcÂcs  que  par  l'éledliiLité  comprim.mte  des 
couches  dair  fupérieurcs.  Se  donnent  vers  la  terre  des  figues  d'éleftri- 
cité  portùve  ,  i^jis  avoir  reçu  d'augmentation  réelle  dans  la  quantité 
d'élcdricicé  naturelle  qu'ils  potTcdent.  D  autres  enfin  s  étant  trouvés 
dans  des  couches  plus  balles  &  rcfpeâivement  moins  élcftrifées ,  ne 
le  font  eux-mcmes  que  très-peu  ou  point  du  tout.  Un  nuage  qui  neft 

fas  cleArifc  ,  venant  à  une  certaine  diftan.e  d'un  nuage  clcélrique  , 
atmofphète  de  celui-ci  exerce  une  compreflion  fur  l'cledritirc  natur 
relie  du  premier,  &  y  produit  un  défaut  dans  la  partie  qui  eft  tournée 
vers  lui  &  un  excès  dans  la  p.irtie  oppoféc.  Si  cette  dernière  trouve 
à  fa  portée  un  nuage  ou  un  autre  corps  non  éUârifé ,  auquel  elle  pai'.Tc 
cranfmectre  fon  excès  ,  &  fi  le  nuage  en  totalité  s'éloigne  enfuite  de 
celui  dont  l'atuiofphère  avoir  comprimé  fun  électricité  naturelle  ,  il 
relie   négatif.  Ce  premier  nuage,  dans  l'inflant  où  îl  e(l  devenu  pofitif 


dans  les  amas  de  nuages  qui  forment  ordinairement  les  orages;  il  fe- 
roic  polTible  de  rendre  rai foii  de  toutes  les  vari.uions  que  montre  leur 
éleûri;;ité ,  mais  il  fecoic  trop  \oï\%  de  les  analyfer  ici  en  détail.  II  me 
fufHta  de  remarquer,  que  l'on  fe  fucmeroic  une  idée  bien  faulTe,  fi  Ton 
jugcoit  que  tous  les  éclairs  &:  les  coups  de  tonnerre  que  Ion  voit  partir 
d'un  nuage  pendant  le  cours  d'un  long  orage ,  font  des  portions  de 


SUR  VBÎST.  NATUREILE  ET  LES  JRTS.      n 

r^leAriciic  qu'il  contenoic  primitivement.  En  premier  lieu»  b  quan- 
tité dcleâricitd  qui  fe  dédurge  d-îiis  un  feu!  coup  de  foudre,  rend 
incroyable  celle  quil  fiudroic  fuppofer  dans  un  pareil  uua{>c ,  pour 
fournir  à  tous  lei  coups  qu  il  donne,  hn  fécond  lieu ,  l'on  voie  qu'un 
conducteur  ,  donc  on  rire  une  ctincclle  ,  ed  à  1  inllinc  dépouillé  de 
coût  fon  feu^  je  fais  que  le  défaut  de  continuité  dans  les  parties  défé- 
rentes qui  compofent  les  nu.igcs,  peut  empêcher  que  fon  dépouille- 
niL'nc  ne  foie  aulli  inftintané  ,  mais  toujours  eft-il  vrai  que  chaque  explo- 
Hon  diminue  fon  feu,  au  point  qu'un  périt  nombre  devroit  le  lui  en- 
lever en  totalité.  U  faut  donc  que  cette  éleAricité  lui  foie  fouvent  fup- 
pléée  d'ailleurs  pendant  le  rems  que  dure  Potage  qu'il caufe,  &  quelle 
éprouve  des  variations  indépendances  des  explofions  par  lefquelUs  elle 
(e  décharç^e.  On  peut  appercevoir  par  ce  que  j'ai  dit  plus  haut,  quelles 
peuvent  être  les  caufes  de  ces  varianons ,  &  I  on  en  a  la  preuve  pat 
les  obfcrvations  qui  conflaccnt  qu'on  a  vu  pendant  le  mcmc  orage  l'élec- 
rricitc  du  mcme  nuage  ccre  tantôt  polîtive  &  cantnr  négative. 

Examinons  maintenant  comment  fe  font  les  diffcremes  décharges  d« 
cette  éle&rijité  ,  foir  d  un  nuage  A  un  autic  »  foit  des  nuages  ^  la 
terre  ,  ou  immédiateirfent ,  ou  p.ir  le  moyen  des  corps  élevés  .  tels 
que  les  édirices,  les  arbres,  dcc.  décharges  qui  forment  les  coups  de 
tonnerre  &  les  éclairs. 

II  y  a  long-rems  qu'on  a  remarqué,  que  parmi  les  coups  de  tonnerre. 
Us  uns  tombent,  &  les  autres  ne  tombent  pas.  Ceft  aux  premiers 
qu'on  a  particulièrement  alfedté  le  nom  de  foudre,  fur- tout ,  loifquun 
dégât  quel.onque  marque  les  traces  de  leur  palfage.  Quand  deux  nuées, 
dont  l'une  cfl  cleârifce  Se  l'autre  ne  l'elt  pas  ^  ou  dont  les  éteâricttés  font 
contraires,  s'approchent  à  une  didance  fuHîfamc ,  rcleâri<.îtc  de  l'une 
s'élance  à  l'autre  fous  la  forme  d'une  écin.elle  ,  qui  reHemble  à  celle 
qui  part  entre  un  conduâeur  élcArtfé  ôc  un  autre  qui  ne  L'eil  pas  Se 
quon  en  approche  futHCimm^rit;  mats  avec  cette  diAét«nce,  que  dans  tes 
oeuxcondudcurs  qui  font  d'une  iubftance  métallique  continue, l'crinctUe 
éclate  uniquement  dans  le  lieu  de  leur  féparation  ;  mais  les  nuaees 
étant  compolcs ,  comme  nous  l'avons  dit ,  de  particules  déférentes  plus 
ou  moins  féparces  par  un  milieu  ifulanc,  il  fc  forme  à  chaque  esplo- 
iîon  entre  ces  particules,  dci  ctaînccs  d'étincelles  pareilles  à  celles  qui 
éclatent  entre  ces  petits  carreaux  de  feuilles  d'étain  qu'on  colle  tut 
on  verre  pour  reprefcntet  difféientes  ligures  par  l'électricité.  Il  y  abieu 
des  éclairs  qui  nous  font  appercevoir  cette  fuctedion  par  une  durée, 
qui,quoiqu'inhnimcnt  courte,  eft  cependant  fenlible  par  comparaifon 
a  l'inRintanéité  de  l'étincelle  unique,  mais  on  l'opperçoit  bien  mieux 
pat  la  durée  du  bruit  qui  fuie  l'étlait  ,  &  qui  fe  propigeanr  jufquWx 
exrrémitcs  des  nuages  à  des  diftances  conlidcrjbles,  fe  £iit  entendre 
pendant  un  tems  anez  long,  i  caufe  de  la  lenteut  du  mouvement  du 


Il     ônSEnrÀTîONs  svn.  là  physique, 

fon  compnré  à  celui  de  la  lumière.  La  plupart  des  ccbîrs  qui  cclncenc 
en  I  air  &  enrre  lés  mi.ige.s ,  prcfentene  ptutôc  rapp.irence  d'uni,  lu- 
mière Jiftufe,  que  d'un  trait  de  feu  réuni  j  on  peut  croire  que  cela  vient 
du  degré  de  raréf.iftion  de  U  portion  de  l'atinorphère  ,  dans  laqu-llô 
fl^ftcnt  les  nu.iges.  On  voit  de  mîme  dans  un  vafe  de  vetre  quon 
peut  vuidcr  d'air  ,  les  étincelles  éleâ:riques  devenir  inoin^  rcunies  & 

tilus  dilfufes ,  à  mefurc  qu'un  l'y  rarétici  plultuurs  cclaiis  mcm-'S,  donc 
3  lumière  eft  enrorc  plus  diffuTe,  &  qui  ne  font  fuivis  d';iu.un  bruît, 
retTemblent  ices  jets  de  feu  cleârique  qu'on  voicéclatei:  ipontancinent 
Ôc  en  filence  d-ns  le  vuide. 

Les  coups  de  tonnerie  qui  tombent,  c'eft-à-dire  ,qui  s'élancent  d  îli  nuée 
verstaterre  ou  versies  corps  élevés  qui  communiquent  avec  elle,  ccUtenc 
ou  immcJi;Uement  ou  mê«liitement.  Je  m'explique.  Quelquefois  le  nuag^ 
orageux  s'approche  lui-même  de  tes  corps  i  ta  diftance  de  l'exploiîon, 
qui  fe  fait  alors  immédiatement.  Quelquefois  ,  &  nous  verrons  pluj- 
bas  que  cette  remirque  eft  importante  ,  ce  font  dès  portions  de  nuig* 
non  cleitrifécs  qui  par  leur  mouvement  s'interpofenr  enrre  ces  corps 
&  le  nu.ige  orageux  ,  &  excitent  l'explofion  qui  eft  alors  médiate  ,  en 
fiirmc  pour  ainfi  dire  la  fon£Kon  d'un  arc  c'onduâeur ,  imparfait  i 
caufd  du  défiuc  de  continuité  de  fes  parties.  Le  P.  Bectaria  a  éubli 
pour  principe,  d'après  l'expérience»  que  I  explolîon  éleifVrique  entraîne 
fur  fo  '  chemin  les  parties  déféreiues  mobiles  Qu'elle  rencontre,  pour 
faciliter  fon  partage  jnfqu'i  une  diftance^à  laquelle  elle  ne  parviendroic 
pis  en  traverfant  un  milieu  rcfiftant.  On  fenr  combien  ce  principe  a 
d'application  rehtivement  i  des  parties  auflî  mobiles  que  celles  des 
nuages  ,  &  combien  il  influe  fur  l'explofion  de  la  foudre.  Les  nuages 
orageux  font  compofcs  de  portions  plus  ou  moins  fcparées ,  fouvent 
îfiur  partie  intcrieure  eft  comme  déchirée  en  lambeaux  pend.uis ,  Se 
qui  lervent  de  véhicule  aux  cxplofions.  La  longueur  qua  fouvent  le 
tfait  de  feu  qui  forme  la   foudre ,  eft  une    preuve  que  cette  explofioii 

travers 
agc  eft 

portée  à  un  degré  de  tenfion  incroyable,  pour  fournir  un  trait  de  feu 
aurtl  long,&  les  eïFcts  de  la  foudre  feroient  bien  plus  conlidcrablcs 
encore  qu'ils  ne  le  font. 

Les  dilTérens  bruits  que  fait  entendre  le  tonnerre  qui  combe,  fui- 
vaht  les  différentes  circonftanres,  font  aifcs  à  expliquer  en  les  com» 
pirant  aux  explofions  anificiellcs  que  nous  excitons  ,  par  l«  moyen 
do  nos  machines.  Lorfqu'on  fait  la  décharge  d'une  forte  bouteille  pat 
un  tondufteuc  ftiffifamment  gros  ,  ctjncma  &  terminé  par  une  boule 
ou  un  corps  moulfe  ,  le  bruit  de  l'exploiTon  jouit  de  toute  fa  force.  ~ 
Si  le  circuit  eft  interrompu  par  quelque  fubftânct  rcfiftanre,  ou  pat 


SUR  l'TIlSr,  NATURELLE  ET    LES   ARTS,      »j 

le  peu  de  cipiàcé  de  quelqu'une  de  Ut  parties  ,  fans  que  l'interrup- 
tion ccpendaiK  ioit  alfez  coiifidcrable  pour  empicher  que  la  décharge 
ne  foit  fenriblement  inftintance  ,  comme  lorfqu  oi\  fournée  À  t'explo- 
fion  des  cKiiix  métalliques  qu'on  veut  revivirter,  ou  des  feuilles  min- 
ces de  métal  battu  pour  les  fondre  ,  le  bruit  cft  ^beaucoup  moins  fort. 
I^rfqu'enhn  rintcrrupiion  t(l  aller  con(îdcuble,  poui  que  U  décharge 
ne  puilfc  fe  faire  que  fuccefllvement ,  comme  lorsqu'on  décharge  une 
bouteille,  ctaiu  fimplement  pofce  fur  le  pUnchet,  fnns  communiquer 

Itar  une  chaîne  de  corps  bien  dcfcrens  avec  U  furirice  extérieure  ,  alors 
e  bruit  fe  chinge  en  une  efpéce  <ie  fitflement  ou  de  craqueirtânt  con- 
tinu ,  plus  ou  moins  fort ,  félon  les  circoiiftances  \  la  même  chofe 
arrive  a  peu-près  lorfqu'ou  fait  la  décharge  avec  un  exciutL-ur  pointa 
qu'on  approche  par  de;^cé^.  De  même  quelquefois  le  tonnerre  tombe 
avec  on  bruit  confidérablc,  qui  indique  que  fon  trajet,  jufques  dans 
l'intérieur  de  la  terre  ,  s'eft  trouvé  libre  ;  quelquefois  le  coup  paroît 
très-foîble  &  prefqu'unique ,  Se  cela  efl  fouvenc  arrivé  à  des  coups  de 
foudre  qui  ont  brifé  ou  embrâfc  des  bâtimcn5,4c  qui  donnoient  alnfi 
U  preuve  de  la  réàftance  qu'ils  avoiciu  éprouvée  dans  leur  partage; 
quelquefois  le  Sifflement  &  le  craqirfnient  continu  dont  j*ai  partes  eft 
imite  par  ces  coups  de  tonnerre  ,  qui  ,  comme  on  dit,  déchirent  le 
tafFeLis ,  ce  qui  paroît  provenir  de  ce  que  le  fcu  que  lance  la  nuée  éprouve 
une  rcfiftante,  qui  taufe  quelque  fucceflion  dans  fon  mouvemetïc 

On  a  paJiÉ  fuuvent,  &  même  dans  cet  ouvrage  ,  des  coups  de 
tonnerre  qui  s'élèvent  déterre,  (i)  Il  e(l  ccruin  ,  comme  je  l'ai  dit 
plu'î  haut,  que  le  nuage  orageux  eft  cleÛtlfc  tantôt  pofitivement  tantôt 
négativement.  Dans  le  premier  cas,  l'explonon  fe  fait  du  nuage  i  U 
terre  ,  dans  le  fécond, elle  fe  dirige  de  la  terre  au  nuage.  M>is  on  voit 
par  les  expériences  électriques  ,  combien  il  eft  peu  pclTIble  déjuger 
par  le  rapport  des  fens,  de  la  diredion  du  courant  d'cledriciié  U  en  eft 
de  même  des  cas  rapportés  pour  pteuve  de  la  direâlon  de  U  foudre. 
L'opinion  qu'elle  s'élève  quelquefois  de  terre  eft  cependant  vraie  dans 
le  fens  qui  vient'  d'ctre  expliqué ,  nuis  la  c;iufe  de  la  rupture  de 
l'équilibre  de  l'éleârtcité  réfide  dans  les  nuages  &  point  dans  b  retce. 
Celle-ci  étant  i  une  profondeur  fouvent  peu  conûdérable ,  toujours 
plus  ou  moins  entrecoupée  de  veines  d'eau  ,  >l  eft  difficile  de  croire 
qu'il  puifTe  s'y  accumuler  un  excès  ou  un  défiut  d'éleâricité  capable 
aopérer  une  exptolion  fembUble  à  celle  de  la  foudre,  Se  l'on  voie 
que  l'effet  des  moyens  préfervaûfs  doit  être  à-peu-près  le  même,  foie 
que  la  foudre  ait  fa  direâion  de  la  nuée  à  la  texte,  fott  qu'elle  l'ait 


y 


(i)  Voyci  également  le  Mémoire  de  M.  Bcicfaoloo  ,  dar«  ce  Rccocil ,  ann^e  '777» 
Tome  JOi  pag.  I7y. 


»4        OBSERVATIONS   SUR    LA    PHYSIQUE^ 

de  la  cerre  i  U  nU^.  U  faut  rena.irqucr  i  ce  fujec ,  ainfî  que  je  pAidic 
plus  Iiaur  cianb  une  noce  ,  que  les  cxplulions  qui  une  fouvenc  <;u  iîea 
dari);  dei  mine»  ou  dans  d'jurces  fuuterrains  Temblables,  piroitlenc 
Être  dues  uniquement  i  t'ntr  iiiflimmable,  qui ,  cornue  le  dcmoiure 
M.  Volu  dam  Tes  lettres  fur  l'air  inR.immabIe  dei  miriis  ,  eft  pro- 
duit en  abondance  pjr  U  dccompofirion  des  matières  vc-^ctales  &  ani- 
male:! ,  dont  on  a  reconnu  le  dégagement  abondant  dans  bien  des 
raines  ,  fie  entre  autres  dans  celles  de  charbon  de  terre  &  de  (cl  gem- 
me, !k  qui  peut  s'allumer  pat  différentes  caufes.  Le  Journal  de  Part^  du 
29  Novembre  177S  ,  contient  un  fait  curieux,  (1)  qui  fiic  voir  qu'une 
pateille  explofîon  pcui»cgalet  un  coup  de  foudre  dans  fa  focce  &  dans 
les  effets. 

Ayant  examine  fuccin^lement  la  manière  dont  le  feu  du  tonnerre 
eft  contenu  dans  les  nuages  ,  6c  s'élance  vers  les  corps  continus  à  la 
terre  pour  les  frapper  ,  il  cfl  tems  de  paflet  à  l'examen  des  diÀcrentes 
quefUous  que  j'ai  propofccs. 

• 
Première  ^ncjllan. 

Quelle  eft  la  dimenllon  qu'on  doit  donner  à  un  conduâeur,  pouf 
qu'il  foi t  ca  eut  de  tranfmettre  un  coup  de  foudre  queLonque,  (ans 
que  le  bâtiment  &  le  condutlleut  lui-mcmc  en  fuit  endommage  ? 

Pout  alTurer  entièrement  un  bâtiment  contre  les  ravages  de  la  foudre, 
ilue  fumt  pas  que  le  condutfïeur  qu'on  y  adapte  iranfmette  la  totalité  d'un 
coup  de  foudre  fans  danger  pour  le  bâtiment  j  il  faut  encore  que  te  con- 


(i)  Voici  le  fait  tel  qu'il  y  cfl  rippotté  d^ins  une  tctue  aux  Auteurs  du  Journal. 

«»  J'ai  rtioniîcuï  de  vous  faifC  part  d'un  évêucmcni  ircs- extraordinaire  ,  arrivé  le  14 
»  de  ce  tnois ,  ï  \o  hcuici  du  Toir  ,  chez  un  Epicier .  rue  de  U  Cornette  ,  an  Gros 
».  Caillou.  L'époufe  de  ce  Marchand  ,  jetn  par  le  fîège  d'aifancc  un  papier  allumd  ; 
u  clic  Tut  i  l'inltant  eiivîronnife  de  flammtfs  qui  remplirent  louc  l'intéiictir  du  cabi- 
»  net .  mirent  le  feu  à  la  coctFuie  ,  £:  ne  Uii's^tcnt  pas  de  faite  împtefTion  fur  le 
M  viCtge  ,  les  bras  &  1rs  nutns  de  cette  Dame,  effet  qnc  cet  ait  inâaniiiiablc  n'eût 
«  pas  produit,  s'il  n'avoir  ité  au/Ii  reffcrrif  pat  le  local  ;  une  chan.lclle  cjtii  ctoïr  dans 
nie  cabinet  fïit  éteinte;  les  mattcres  fîicn;  cxploftonif  remontèrent  jufqu'au  plafond i 
M  à  un  (iiBcineni  confidcrable  fucc^da  un  biuit  foutertein  2f  une  curomotion  (î  pro- 
M  dtgicufc ,  (]ue  les  maifons  voifincs  en  fuient  ébranlées  &;  Bretic  foup^onttcr  un  Tiai 
n  trcmblcmait  de  terre.  La  clef  de  la  foffe  fut  cafRedans  toute  fa  longacur,  &  foiile- 
u  vée-,  tout  ces  ph^nonicne«  fc  pafscrcDi  dans  le  même  iudant  >  le  dernier  a  ^té  une 
*>  forte  odcut  fulfurcufe  qui  s'eft  répandue  &  a  doré  pluûears  jour<t  dans  le  quartier  ", 
Il 'cfl  évident  que  cet  évcncmcm  tt'cH  dti  qu'il  l'air  inâatnmable,  dont  plufieurs 
obfcrvations  ont  tait  reconnoîcie  l'cxtUcncc  &  le  dc'gagcmcut  dan»  les  latrines. 

du^cur 


SUR  VHTST.    NATURELLE  ET  LES  ARTS,       t$ 

du(5teur  puillê  foutenir  fon  efforr,  &  n'en  foit  pas  dormit  ei\  rout  ou 
€11  partie  \  car  alors ,  outre l'inutilicc  de  la  dcpenie  ,  une  féconde  explo- 
iïon  peur  caufcr  au  bàtimeitc  tout  le  déeât  donc  on  vouloir  lepréfecver. 
Efl-il  ponible  de  déterminée  quel  eft  le  volume  c^uon  doit  donner  X 
un  condudeur»  pour  qu'il  ne  pullFe  pas  être  décruic  par  la  foudre?  Il 
âudroit  fans  douce  bien  des  obfcrvaiions  qui  nous  inanquenc  encore  * 
pour  fixer  des  dimenlîons  bien  exaÛes;  cependant ,  nous  fommes  en 
<^tar  d'après  celles  qu'on  a  recueillies  Jufqu'ici,  de  do;mer  un  i-pou-prc* 
fu^fanc  pour  la  prarique. 

Mais  il  faut  d'abord  obferver  à  ce  fujet,  qu'A  volume  ^gal  un  con- 
ducteur fera  d  aucaiu  plus  en  ccac  de  cranfmeccre  la  foudre  fans  en  erre 
détruit  ,  qu'il  aura  un  conra^  plus  immédiat  avec  l'eau  qui  cft  dans 
i'intcrîeur  de  la  terre  ,&  <^u'it  jouira  dans  toutes  fcs  parties  d'une  con- 
tinuité plus  fxadle  ;  ce  qui  fait  le  fuiet  des  deux  quctlïons  fuivantes. 
En  effet,  le  défaut  d'une  de  ces  conditions  oppofe  au  mouvement  du 
fluide  électrique  une  rcfidance  ,  qui  le  fiifanr  refluet ,  peut  l'accumuler 
dans  dçs  parties  du  conducteur  au  point  de  les  fondre  ou  de  les  difliper. 
randis  qu'il  ne  les  eût  pas  endommagées ,  s'il  y  eût  joui  d'un  mouve- 
ment libre.  La  foudre  tombée  fur  des  bâtimens  a  quelquefois  fondu 
en  partie  &  endommagé  des  morceaux  de  métal  ifolés  d'un  volume 
afTez  grand,  pour  que  s  ils  eulTent  fait  partie  d'un  conduâcur  continu, 
ils  eulient  pu  la  tranfmettre  fans  en  conferverdc  traces. 

On  a  vu  fouvenc  des  coups  de  ronnerre  tombés  en  difFérens  endroits, 
ccte  conduits  a  des  didances  confidérables  par  des  lils  de  fer  de  fon- 
netces ,  qui  quelquefois  font  reliés  entiers ,  Quelquefois  ont  été  détruits, 
le  petit  nombre  de  relations  connues  at 


Dans  le  petit 


le  coups  de  foudre  tombés 


fur  des  maifons  armées  dé  conducteurs  ,  on  rapporte  que  des  fils  mé- 
talliques minces,  qui  en  faifoient  partie,  ont  été  fondus  ou  diflipés* 
On  en  trouve  entre  autres  un  exemple  dans  les  oeuvres  du  D.  Franklin. 
Il  y  eft  dit,  qu'un  fil  de  laiton  mince,  qui  réunillôit  les  portions  fupé- 
rieure  Se  inférieure  d'un  conducteur ,  a  été  détruit  par  la  foudre.  Sa 
groireurn'eft  pas  fpécihée,on  peucfuppoferqu'ellen'exccdoitpas  une  ligne 
de  diamctre.  Dans  d'autres  exemples  de  ce  genre,  on  a  vu  des  coups 
de  foudre  qui  paro)lToictit  de  la  plus  grande  violence ,  traverfct  des 
conducteurs  du  diamètre  d'une  rringle  ordinaire  ,  Se  de  celui  d'un  demi- 
pouce  ,  fans  les  endommager^  ôc  L'on  n'a  pas  connoiifance  que  des 
conducteurs  de  ce  volume  aient  jamais  foufferc  de  ta  foudre.  On  peut 
donc  ratfonnablement  croire  que  cette  dernière  dimenfion  peut  fumte, 
6ç  en  pouilant  la  chofe  jufqu'à  un  fcrupule  bien  naturel  dans  une  mn- 
cière  auÛi  importante ,  on  peut ,  je  crois ,  affirmer  qu'un  conducteur 
bien  conltruir ,  d'un  pouce  de  diamètre  ,  ou  ptufteurs  conducteurs 
réunis  qui  égaleront  cette  dimenfton,  pourront  irAnfmenre  la  pli;sfo[tg 

Tome  Xjr,  Part.  II.  1 775,  JUILLET    D 


xS         OBSERrATlONS  SUR  LÀ  PHYSIQUE» 

explofîon  poflible  de  la  foudre,  fans  que  ni  eux  ni  l'i^diûce ,  auquel  il» 
fuiu  iippUqucs,en  reçoivent  le  moindre  dommage. 

Seconde  quefiion. 

Eft-il  crcs-effentiel  «lue  Vcxtrcmitc  inférieure  du  conduûeuc  ibou- 
ïifle  dans  i'eau ,  ou  fu&t-il   qu'elle  s'enfonce  en  lecre  ? 

Rèponfc. 

Pour  qu'un  conducteur  puiffe  tranfmettre  en  entier  une  exploiîon 
quelconque  de  la  foudre ,  &  prcferver  complètement  un  bâcimenc , 
il  faut  que  rien  n'y  arrête  le  patTaee  du  fluide  cleârique,  6c  que  celui- 
ci,  dès  qu'il  eft  entré  dans  leconduâeur,  puilTe  ierraverfer  librement 
&  fe  répandre  à  l'inïlant  dans  toute  la  malle  du  globe.  Quoique  la 
vertu  conduârice  de  l'eau  foit  infëricurc  à  telle  des  métaux ,  on  fait 
cependant  que  réle^icité  la  traverfe  alfez  librement,  fur-tour  lorf- 
qu'ellc  eft  d'un  certain  volume.  On  s'eft  imaginé  que  rimérieur  de  la 


terre  i  une  certaine  profondeur  étant  toujours  humide  ,  il  fuftifoit  que 
le  conduâeur  pût  communiquer  i  cette  humidité  ,  pour  être  en  état 
de  remplir  fa  tonftion.  En  effet,  cela  peut  arriver  fouvent.    Mais  on 


fait  qu  une  explofion  éleétrique  en  rraverftnt  une  couche  d'eau  tr^S' 
mince,  la  diftipe  en  vapeurs  :,  il  peur  donc  arriver  qu'une  féconde  expto- 
fion  de  la  foudre  ne  trouvant  plus  l'humidité  c^ui  avoit  fervi  à  conduire 
la  première,  déploie  fon  énergie  contre  le  bacunent  qu'on  vouloit  pré' 
fetverî  cette  humidité  d'ailleurs ,  outre  qu'elle  eft  variable  ,  offre  tou- 
jours à  la  foudre  un  palfa^e  moins  libre  qu'un  volume  d'eau  pafîable- 
ment  grand.  Lorfqu'il  s'agira  donc  de  préferver  un  bâtiment  d'une  cer- 
taine importance ,  je  confeillerai  toujours  d'obferver  fcrupuleufement 
la  communication  du  conduéïeur  avec  l'eau  ;  deux  fiits  rapportés 
dans  les  œuvres  du  D.  Franklin  viennent  i  l'appui  de  mon  opinion. 
Dans  le  premier,  le  conduâeur  de  M,  Weft  i  Philadelphie,  dont  l'ex- 
trcmiré  inférieure  s*enfoni;oit  de  quatre  à  cinq  pieds  en  terre,  ayant  été 
frappé  de  la  foudre  ,  plulîeurs  pcrfonnes  virent  le  feu  briller  fur  le 
pave  autour  du  conduâeur  à  une  ou  deux  toifes  de  diftance,  &  M. 
weft  lui-même  appuyé  contre  fon  mur  i  porrée  du  conduAeur,  ref- 
fentit  une  concumon  affez  vive  ,  preuve  que  le  feu  éleArique  avoit 
fouffcrt  dans  fon  paflage  un  retardement  qui  eût  pu  devenir  funcfte 
au  bâtiment ,  s'il  eût  duré  un  peu  plu?.  Le  fécond  exempte  eft  celui 
du  condudeur  de  la  maifun  de  M.  Maine  dans  la  CaroUne  Méridio- 
nale. Ce  conduâeur .  qui  s'enfonçoit  de  trois  pieds  en  terre  ayant  été 
frappé  >  il  y  eut  beaucoup  de  dégît  autour  de  fon  extrémité  mténeuro 


SUR  L'HIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.  17 
8f  <)ans  h  partie  des  fondations  de  la  maifon ,  qui  en  éEoic  proche , 
dégât  qui  indiouoit  un  reflux  de  la  matière  cleÀrique ,  &  qui  ii*eûc 
pis  eu  lieu  il  le  conduâeuc  eue  idonsc  dans  l'eau. 


pas 


Troljtime  fucpioru 


& 


Jufqu'^iquel  point  doit-on  pouffer  les  précautions  pout  la  comiguitc 
la  continuité  des  parties  duconduâeui? 


Riponfi, 


Dans  l'exemple  de  M.  Maine ,  qui  vient  d'ctre  cite ,  le  condut^euc 
éioit  compofc  de  tringles  de  fet  accrochées  les  unes  aux  autres  pac 
des  joints  en  anneaux  ,  Se  contenues  de  diflance  en  diUiance  par  des 
cratnpons  fcellés  dans  le  mur.  On  vit  après  le  coup  de  fouare,  des 
marques  de  fufion  alfez  coniîdér:ibles  à  tous  les  joints  des  crochets , 
pIuHeurs  cioient  décrochés ,  &  ia  plupart  des  crampons  fe  trouvèrent 
ébranles  :  il  y  eut  d'ailleurs  plulieurs  dccats  caiifés  principalement  par 
une  force  concudion  que  ce  coup  avoir  f:>ic  éprouver  a  la  maifon. 
Le  Docteur  branklin,  en  raifonnanc  fur  cet  évènemet  »  attribue  tous 
ces  effets ,  partie  à  ce  que  le  conducteur  ne  s'enfon^oic  pas  jufque) 
dans  l'eau  ,  comme  nous  l'avons  dît  plus  haut ,  partie  au  manque  de 
continuitc  du  conducteur ,  dont  les  différentes  portions  n'étant  qu'ac- 
crochées les  unes  aux  autres  »  ne  fe  rouchoient  que  par  des  points.  Ou 
voit  dans  les  expériences  ^leâriqnes  ,  lorfqu'on  fait  pider  une  cxplo- 
fion  par  un  couducieur,  dont  les  parties  ne  font  que  foiblement  con- 
ligacs,  tel  qu'une  chaîne ,  des  ti^es  de  métal  fimplement  accrochées ,  Arc, 
qui  chaque  point  de  contaâ:  il  éclate  une  [Retire  étincelle  qui  indi- 
que un  obfiacle.  Se  par  conféquent  un  retardement  dans  le  mouvement 
i/c  l'éledhicité.  Par  la  mcmc  raifon  ,  la  foudre  éprouvera  plus  de  diffi- 
culté À  fe  mouvoir  dans  un  conducteur  ,  dont  les  différentes  pièces 
n'auront  qu'un  contaû  imparfait,  &  pourra  par  conféquent  l'endom- 
tnager  s'il  s'y  trouve  quelque  partie  fbibic.  Tontes  les  rois  donc  qu'ort 
voiuira  fe  procurer  le  plus  grand  degré  de  sûreté  roilible,  fe  conleille 
d'établir  la  cominuité  la  plus  cxaCle  entre  les  différentes  patries  du 
conduâeur^  Cc(a  fe  fin  ttès-airémeni  en  coupant  en  bec  de  Ante 
les  extrémités  de  chacune  des  barres  qui  le  compofent ,  en  les  appli- 
^sant  l'une  contre  l'autre  &  les  ferrant  avec  des  vis.  On  peut  ntème, 
ponr  plus  de  précaution ,  incerpofer  entre  tes  joints  des  lames  de  plomb, 
qui  rendront  le  contadl  plus  parfair.  je  n'entends  cependant  pas  exclure 
les  conduâeurs  deflinés  à  faire  des  obfervations  fur  l'éleâricitc  de  l'at- 
mofphère  Se  des  nuages  orageux  :  ceux-ci  doivent  uéccffairement  avoir 

1775.     JUILLET.         Di 


x9        OBSERrJTlONS  SUR   LA    PHYSIQUE, 

une  incerrupcion  &  même  ctre  \(o\h  i  mais  je  confeilIerAi  toujoui's  de 
pratiquer  cet  irolemenc  &  cette  interruption  dans  la  p.ntie  la  plus  élevée 
d'une  maifon  ,  d'ob(erver  les  précautions  qu'indique  M.  de  Sauflure  dans 
fon  manifefle  pour  diminuer  cette  interruption  »  &  de  donner  au  fur- 
plus  du  conduaeur  coûte  la  concinuicé  poJTible.      .  , 

Quatrième  qucjîion. 

Jufaua  quel   point  doit-on  lier  avec  le  cnndudcur  toutes  les  poi' 
tions  de  mctal  qui  Te  trouveut  dans  le  bâtiment  i 

Reponfi, 

.  Ceft  ici  le  point  fur  lequel  M.  l'Abbé  Toaldo  infifte  le  plus  & 
avec  raifon  ;  cepcndanr  on  pourroir ,  au  fujec  de  cette  précaution  , 
donner  dans  un  excès  de  fcrupule  ,  qui ,  fans  contribuer  en  rien  à  la 
fureté  que  doit  procurer  le  conduftenr ,  ne  feroit  qu'augmenter  innii- 
lemenr  les  frais  de  fa  conftruftion.  U  eft  certain  que  toutes  les  fois 
que  le  feu  de  la  foudre  trouvera  fur  fon  chemin  le  conduâcut ,  plutôt 
qu'un  autre  morceau  de  métal  plus  ifolé  que  lui ,  il  s'y  jettera  de  pré- 
férence. Lorfque  le  conducteur  donc  fera  extérieur  au  bâtiment ,  la 
foudre  qui  viendra  de  fon  coté  y  entrera  fans  attaquer  des  portions 
de  métal  qui  feroient  dans  rintcricur.  Ainfi ,  dans  une  difpomion  de 
conducteurs,  par  bquelle  ils  garnitoienc  i  l'extéiienr  tous  les  c&tés  d'un 
bâtiment ,  les  parties  de  métal  qui  fe  trouveroient  plus  intérieurement, 

Quoique  féparces  du  conducteur,  ne  feroient  point  attaquées  de  la  fou- 
re ,  &  même  à  dillance  égale  elle  fe  jettera  plutôt  tur  un  conduc- 
teur continu ,  &  qui  lui  procurera  une  iiTne  libre  &  aifée  ,  que  fur  un 
morceau  de  métal  fcparé ,  dans  lequel  fon  mouvement  éprouvera  de 
la  réfiftance.  Cette  précaution  n'eft  donc  rigoureufement  ncceifaire  que 
pour  les  parries  métalliques  que  U  foudre  peut  rencontrer  dans  ion 
chemin  en  fe  portant  au  conduéleur  &  avant  d'y  être  parvenue.  U  eft 
certain  qu'alors  elle  s'y  jettera,  &  que  trouvant  à  leut  ilfuc  une  inter* 
ruption ,  elle  pourra  brifer  &  détruire  les  corps  que  lui  barreronr  le 
paîrage  &  s'oppofetonc  à  la  tendance  qu'elle  a  naturellement  à  fe  porrer 
vers  le  conduucur  qui  lui  offre  une  ïHue  libre.  C'eit  ainfi  que  dans 
l'accident  des  magaHns  à  poudre  de  Purfleet,  &  dans  celui  de  la  mai- 
fon  de  M.  Ha^enden ,  la  foudre  s'eft  portée  fur  les  crampons  ifolés 
&  fur  la  cheminée,  &  en  s'élançant  de-U  vers  les  conduâeuts^  i  dé- 
txait  les  corps  qui  i'oppofoiem  à  fon  palfage. 


SUR  l'HIST,  KATUREllE  ET  LES  ARTS.      19 

Cin^tiiims  qucjîion. 

Peut  -  on  ,  fans  danger ,  laiiTer  le  condtifleur  contîgu  au  bâtiment, 
foie  ?n  dedans,  fou  en  dehors  ,  ou  ronvicnc- il  de  l'ifoler  dans  fà 
longueur,  &  même  de  le  placer  à  <]uel(^ue  difhnce  du  bâcimenc? 

Réponft, 


:puis  change 

égard  \  qu'il  s'étoit  convaincu  que  cette  précaution  étoit  non- feulement 
inutile  ,  mais  même  quelle  n'ctoit  pas  aulli  iiire  qu'il  l'avoit  penfé 
d'abord.  Comme  elle  ne  peut  manquer  d'ajouter  beaucoup  de  (wpen- 
fes  &  d'embarra»  à  la  conftruftion  des  conducteurs  ,  je  crois  qu'il 
fuiHra  d'être  pccfuadc  de  fon  inutilité  pour  fe  dctermmer  à  l'aban- 
donner. 

Le  feul  motif  qui  puifTe  porter  i  ifoler  le  conducteur ,  efl  la  craintiS 
de  l'effet  latctal  de  t'explofton  qui  te  traverfe.  On  voie  dans  les  explo- 
(ions  électriques  d'une  forte  batterie ,  que  quelquefois  des  cocps  qui 
ne  font  pas  partie  du  circuit ,  mais  qui  en  font  très-proches  ,  reçoivent 
une  concufTion  fenfiblc  \  cela  n'artive  cependant  que  lorfque  ce  circuit 
n'ell  pas  parfait ,  &  lorfque  le  mouvement  du  fluide  cleârique  f 
éprouve  quelque  rcHitance  ,  qui  provient ,  ou  de  la  nature  des  corps 
qui  conipofent  ce  circuit  ,  ou  de  leur  défaut  de  capacité  j  rcfiftance 
qui ,  en  le  refoulant ,  lui  fait  faire  un  effort  latéral  fur  les  corps  con- 
ngus  ou  très-proches.  Mais  cet  effet  n'arrive  pas  lorfque  l'arc  conduc- 
teur e(l  d'un  métal  bien  continu  &  d'une  grofleur  fuffifanie.  De  même 
(î  le  conduéleur  dcflîné  à  prcferver  un  cdince,  pêche  par  un  trop  peiic 
volume  ipar  un  défaut  de  continuité  ou  pour  nctre  pas  enfoncé  jufqu'i 
l'eau;  il  c(l  polfible  qu'une  explofîon  violente  de  la  foudre  produife 
un  effet  latéral ,  qui  aille  nicme  jufqu'à  endommager  l'édiRce.  On  en 
a  vu  l'exemple  aans  deux  cas  cités  plus  haut.  M.  Weft  a  reçu  une 
concuffion , étant  appuyé  contre  le  mur,  i  portée  de  fon  condu£teur> 
dont  la  communication ,  avec  l'eau  ,  n'ctoit  pas  affez  immédiate  \  le 
même  défaut ,  &:  celui  d'une  continuité  parnite  dans  les  différentes 
parties  qui  compofoient  le  conducteur  de  M.  Maine,  a  fait  que  les 
crampons  qui  le  bxoient  contre  le  mur,  ont  été  ébranlés  par  la  con- 
cufHon  latérale  qu'ils  ont  effuyée  ;  mais  un  conduCtcuc  conftruit  avec 
toutes  les  précautions  dont  nous  avons  parlé ,  fera  en  état  de  tranfmet- 
cre  librement  &  initantancmenc  tout  le  feu  répandu  par  une  explofioa 


îo         OBSERFATIONS  SUR  LA    PHYSIQUE, 

de  la  foudre  ,  &  celui  -  ci  n'cprouvanr  aucun  obflacle  dans  Ton  mou- 
vemenc .  ne  Fera  aucun  cfïorr  lacerai ,  Se  ne  caufera  aucune  aitcracion 
aux  corps  qui  environneronc  le  conducteur  ,  &c  qui  lui  feront  même 
contigus.  La  précaution  d'ifoler  un  condudcur  bien  fiitt ,  ou  de  Icloi- 
gner  du  corps  du  bâcimenc  i  me  paroît  donc  abfolument  mutité  Se 
d'un  fcrupute  outré ,  &  je  penfe  qu'on  peut  >  fans  courir  aucun  rifque» 
le  faire  defcendre  en  •  dehocs  ou  en  -  dedans  du  bâtiment  fuivant  U 
commodité. 

Sixième  quejîion. 

Faut-il  que  l'extrcmitc  fupcricure  du  conauâeur  foie  élevée  &  poin- 
xne,  ou  convient-il  de  la  faire  ba (Te  &  obtufe? 

Rèponfi» 

Voici  de  toutes  les  qaeftions  qu'on  peut  faire  ftir  la  conftruétion 
des  conduâeurs,  celle  fur  laquelle  les  avis  font  le  plus  p/.rta^cs  &  qui 
paroît  la  plus  difficile  à  réfoudre.  D  habiles  Phyficiens  ont  foutenu  & 
fbuciennenr  encore  le  pour  &  le  conrre.  M.  l'Abbé  To.ilJo, après  avoir 
dans  fes  premiers  écrits  Se  d.tns  fes  premières  contlruAiuns  adopté 
l'itûge  des  pointer,  les  rejette  en  quelque  foire  dans  fes  derniers,  &  fem- 
ble  pencher  pour  l'opinion  de  IVf.  Wilfon  ,  qui  les  profcnc  abfr>Iument. 
Il  feroit  fans  doute  téméraire  d'ofer  prononcer  entre  t;'nt  d'habUcs  cens. 
Je  me  contenterai  de  propofer  quelques  réflexions  fur  cette  queftion  j 
j'eipoferai  enfuite  mou  opinion ,  mais  je  fuis  bien-Iom  de  prétendre 
qu'elle  doive  iâire  loi. 

Je  n'entrerai  pas  dans  le  détail  de  la  théorie  de  Téledlriciic  rclative- 
tnenc  aux  pointes.  On  fait  en  général  qu'un  corps  pointu  préfcnié  à 
mi  corps  clctflrifé,  lui  enlevé  fon  cUâricitc  à  une  diHaïue  à  laquelle 
nn  corps  moulTe  n'auroic  aucune  aftion  fur  lui  ,  &  cela  en  filenio  fie 
fans  explofîon  \  que  le  corps  moulTe  au  contraire  n'agît  fur  le  corps 
éleûrifc,  qu'à  la  diflance  k  laquelle  il  peut  en  tirer  une  ctincelieique 
cette  di(lanceeft  rrcs-grandeencomparaifon  de  celle  i  laquelle  la  pt^nte 
peut  également  citer  l'étincelle ,  &  que  -  Ile  qui  eft  tirée  par  la  pointe  eft 
mtinimenc  foible  5c  à  peine  vifible.  M.  Le  Roy,  dans  nn  excellent  Mcmoite 
fur  cette  matière,  qu'il  a  lu  à  l'Académie  des  Sciences  en  1775,  &  dont 
l'exRait  fc  trouve  dans  le  Journal  de  M.  l'Abbé  Rozicr,Tome  U  ,  page 
457,  a  dérerminc  ces  diUances  rcfpeAives  avec  autant  de  prccillon 
qu'il  eft  poflîble.  Il  a  vu  qu'une  pointe  tiroir  le  feu  d'un  conducteur 
cledlrifc  a  une  difbnce  \6  fois  plus  erande  que   celle  à  laquelle  une 


bontc 
qu'à  U' 


ponrroic  agir  fur  lui ,  que  l'ac'lion  de  celle-ci  ne  devenoii  fenlible 
i  dilhnce  a  laquelle  elle  pouvoit  en  tirer  une  étincelle,  &  qu'enfin 


SUR  VMIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     jj 

il  filloit  approcher  la  poinie  }tf  fois   plus  près  dn  conduâeur  que  U 
boule,  pour  pouvoir  cg.ilement  tirer  une  crinvelle. 

Il  eftbien  difficile  d'avoir  des  preuves  diredeï  de  l'effet  des  pointes 
appliquées  aux  conduAeuti  Ce  n'ell  mie  d'après  les  expériences  électriques 
faites  duis  nos  cabinets  Si.  pj.t  nntlogte,  que  nous  pouvons  décider  fut 
1,1  bonté  ou  le  danger  de  leur  ufi^^e.  Mais  il  n'cll  pasaufli  aifc  qu'il  le 
femblc  au  premier  coup  d'œil ,  d 'éîiblir  cette  anilogie  dans  tous  fes 
points  d'une  nuiiière  bien  cenalne.  Ce  n'eft  pas  dans  la  comparaifon 
des  effets  du  petit  au  grand,  mais  dans  la  parité  des  circonuances  à 
obfeTvec  que  icfide  la  dtfiicuUc. 

Il  paroît  prouve  tant  par  les  expériences  de  M.  LeRoy ,  que  par  relies 
de  M.  Nairne,dom  il  fera  p-irlé  plus  bas,  que  lorfqu'un  nuage  cliargé 
d'életlriticr  s'approchera  graduellement  .  même  avec  une  grande  rapi- 
dité, de  la  pointe  qui  termine  un  conduAeur ,  la  pointe  attirera  ou 
ditlipera  en  lîlenjc  l'éle^lricirc  du  nuige  à  une  dill:incc  à  laquelle  ce 
conducteur  ,  s'il  ctoit  obtus  >  ne  pourroit  pas  être  frappe  par  l'exploUon 
fîjlrainante  \  &  par  conféqucni ,  IJ  ce  nuage  continuoit  i  s'approcher  & 
arrivoic  enlîn  à  la  diAan.e  nécelTiire  pour  donner  une  explolion  à  cette 
pointe  ,  diftance  qui,  conformément  aux  mêmes  expériences,  eft  înRni- 
ment  plus  peritc  que  celle  à  laquelle  il  frapperoit  un  coaduâcur  obtus , 
cette  explofion  feroit  extrêmement  foible. 

Il  y  a  encore  un  autre  avantage  à  attendre  de  l'effet  des  pointes.  On 
£tit  que  les  nu^es  orageux  ont  communément  leur  partie  infërieure 
comme  déchirée  &  pattaeée  en  lambeaux  plus  ou  monis  peiidans ,  & 
ue  CCS  lambeaux  lont  l'intermède  par  lequel  la  foudre  fe  décharge 
iir  les  bâtimens.  Le  D.  Iranklin  voulant  juger  l'effet  que  les  pointes 
pourroienc  ptoduire  fur  ces  Limbeiux  flottans  ,  imagina  de  les  imiter 
par  des  flocons  de  coton  très-lâches  &  très-fléxibles ,  fufpendus  à  un 
condu(!teur  fortement  éle^rifé.  Il  vit  que  lorfqu'il  leur  ptéfentoit  en- 
deffous  un  morceau  de  métal  arrondi ,  ces  flocons  s'étcndoient  vers  ce 
métal  en  s'épanouiffant  &  en  s'cloignant  du  conduâeuri  que  lorfqu'au 
contraire  il  leur  ptcfcntoît  une  pointe  algue,  ces  mcmes  Aoconsfe  rele- 
voient  en  s'cloignanc  de  la  pointe  &  en  paroifTant  la  fuir,  &  fe  rappto- 
choient  du  condudleur.  Il  a  conclu  que  les  pointes éloigneroient  &  thaf- 
fcroient  également  les  lambeaux  du  nuage  vers  le  nuage  piimipal ,  &' 
par  confcquent  mettroient  le  condudeut ,  auquel  elles  font  adaptées, 
nors  de  la  diftance  néceflaire  à l'explofion  &  l'en  piéfttveroient.Lacom- 
paraifon  entre  les  flocons  de  coton  Ôt  les  fragmens  de  nuages  pourra 
ne  pas  paroîire  très-exaûe  j  les  premiers  font  d'une  fubftance  qui  n'eft. 
que  très- peu  déférente;  c'eft  lentement  qu'ils  perdent  ou  qu'ih  acqiùâ*- 
rtnt  l'ére^ricitc  ;  cette  propriété  eft  même  la  caufe  du  phénomène 
qui  vient  d'ccre  cité.  La  cotaiicc  du  flocon  cle^tfc  fe  porte  vers  U  bcul9' 


l 


ji        OBSERVATIONS  SUR  LJ  PHYSIQUE^ 

qui  ne  l'eft  pas»  en  vertu  des  loix  d'attracîHon  reconnues  dans  rcleftrî- 
cicé.  Mais  la  pointe  par  la  prcpricrc  qu'elle  a  de  faciliter  le  mouve- 
ment du  fluicie  cleftrique,  déftleârife  promptemeiic ,  de  loin  &  fans 
l'accirer ,  la  couche  de  coton  qui  fe  trouve  tournée  vers  elle;  telle-ci  eft 
dès-lots  attirée  par  la  couche  fupérieuie  qui  a  encore  confcrvc  fou  élec- 
tiicirc  'y  ruccefllvemcnt  le  mcine  e^er  fe  produit  de  couche  en  couche  , 
&  ïa  totaltcc  du  flocon  s'éloigne  de  la  pointe  &  fe  reflerre  vers  le  con- 
ducteur. Les  fragmens  pcndaiis  des  nuages  étant  compofés  de  vapeurs 
aqueufes,  qui  font  dune  nature  déférente,  ne  paroillcnt  pas  devoir  prc- 
fencer  le  même  phénomène.  Mais  leur  expan(ion  dans  un  milieu  de 
nature  rcfiftante  fait  à  leur  égard  ce  que  fait  à  l'égard  du  coton  la  na- 
ture réiîftante  de  fes  parties  propres.  Les  particules  aqueufes  fépatces 
par  des  particules  d'air  ne  reçoivent  ou  ne  perdent  leur  électricité  que 
graduellement;  leur  partie  baïTe  déféleârifcc  par  la  pointe  du  conduc- 
teur» pourra  donc  être  attirée  par  la  partie  fupéricucc  qui  aura  encore 
confervc  fon  cleâricité  ,  &  s'éloigner  de  la  pointe.  On  peut  donc 
.croire  que  dans  bien  des  circonllances  l'cxpcricnce  du  flocon  de  coton 
peut  être  applicable ,  &  que  la  pointe  pourra  éloigner  une  cxplolîon  qui 
eiJt  éclaté  fur  un  conducteur ,  donr  l'extrémité  fupcrieure  feroit  arrondie. 
Dans  toutes  les  circonflances  donr  nous  avons  parlé  jufqu'ici ,  un 
conduifteur  terminé  en  pointe  ne  fera  jamais  expofc  à  recevoir  une 
forte  explofion  ,  foit  parce  qu'il  éloignera  de  lui  les  parties  de  nuage 
qui  pour roient  la  lui  tranfmetire,  foit  parce  c]u'il  dépouillera  le  nuage 
oc  Ion  électricité,  de  manière  que  celui-ci  arrivé  i  la  diftance  où  l'érin- 
celle  pourroit  éclater,  ne  fera  plus  en  état  d'en  donner  qu'une  très-foi- 
bi(    "        '  '        ■  .... 


grande  force.  Il  y  a  donc  des  circonstances  dans  Icfquelles  une  pointe 
peut  être  expofée  à  recevoir  fubiiemenc  une  forte  explofion. 

J'ai  dit  plus  haut ,  qu'if  pouvoit  arriver  que  des  parties  de  nuages 
iîon-éle<ftrirce5  vinlTent  par  leur  mobilité  s'mterpofer  entre  lo  nuage 
orageux  &  la  terre,  &  former  une  efpèce  darc  condu^eur  imparfiir, 
mais  cependaat  propre  à  tranfmettre  prefqu'inftantanément  l'explofion 
de  l'un  à  l'autre.  Ces  mêmes  parties,  lorfqu'elles  viendront  s'interpo- 
fcr  entre  le  nuage  &  la  pointe  du  condufteur  ,  pourront  fervir  de 
véhicule  à  l'explofiou  de  la  foudre  qui  jouira  de  prefque  toute  fon 
énergie  au  moment  où  elle  entrera  par  la  pointe,  &  pourra  par  con- 
fécuicnt  la  fondre  fie  la  diflîpcr.  J'ai  {.hercUé  à  comparer  dans  ce  cas 
l'eiTcc  des  pointes  à  celui  des  corps  ronds,  autant  que  cela  fe  peut  par 
les  expériences  électriques.  J'ai  éubli  un  circuit  interrompu  compofii 
d'jjn  .cylindre  de  cuivre  ifolé ,  de  l'exticiiiiic  duquel  je  pouvois  rappro- 
cher 


SUR  VHIST.   NATURELLE  ET  LES   ARTS,       jj 

^  cher  ou  cloigtier  à  volonté  une  pointe  ou  -une  ix)ule  de  métal  d'envi- 
ron 6  lignes  de  dïamccre  ,  qui  pac  une  chaîne  cummuniquoit  à  la  fur- 
face  extérieure  d'un  bocal  d'environ  un  pied  &  demi  quarrc  de  furface 
armée.  J*ai  charge  ce  bocal  alTei  fortement  &  toujours  au  m?me  degré, 
&  j'en  ai  excité  la  décharge  en  appliquant  une  des  extrémités  d'unexci- 
rateur  garni  d'un  manche  de  verte  au  cylindre  de  cuivre  ifolé  ,  &  en 
couchant  de  l'aucte  extrémité  la  garniture  de  la  furface  intérieure  du 
bocal.  Par  ce  moven ,  la  totalité  de  la  décharge  du  bocal  fe  préfenroic 
indancanément  k  l'extrémité  du  cylindre  &  vis-à-vis  de  la  boule  ou  de 
la  pointe  qui  achevoic  le  circuit.  Voici  à-peu-près  le  réfultat  de  ces  expé- 
riences. 

ia  boule  recevoir  l'explofion  jufqu*^  uhe  diftance  de  huit  lignes, 
&  le  bruit  annonçoir  qu'eite  étoit  totale  &  réunie.  A  neuf  lignes  l'ex- 
plofu}!!  ne  craverfoit  plus  Se  il  ne  fe  faifoic  pas  de  décharge ,  ce  qu'on 
reconnoidoic  ,  parce  que  la  divergence  d'un  éleélromctre  coniniunî- 
quanr  i  la  furface  intérieure  du  bocal  ne  diminuoic  pas  fenfiblement. 

La  pointe  reccvoit  l'explofion  totale  réunie  &  bruyante  jufqu'i  U 
diftance  de  lo  lignes, &  fi  c'eût  été  celle  d'une  bauerie  de  \6  bocaux 
&  de  25  pieds  quarrés  de  furface  armée,  que  je  fais  condrulre  main- 
tenant ,  &  qui  n'ell  pas  encore  achevée,  je  luis  certiin  que  l'on  eût  re- 
marqué de£  lignes  de  fufion  a  fun  extrémité.  A  11  lignes, l'excitateur, 
AU  Iteu  du  bruit  ordinaire  de  l'cxploûon  ,  excitoit  ce  bruirïement  pro- 
longé que  j'ai  comparé  aux  coups  de  tonnerre  qui,  comme  on  le  dit 
vulgairement ,  déchirent  le  taffetas. On  voyoit  un  trait  defeu  plus  foible 
mais  plus  durable  palier  à  la  pointe ,  &  l'cleâromctte ,  qui  lors  de  Tex- 
plolîon  totale  s'abattoit  fubîtement,  ne  perdoic  plus  alors  fa  divergence 
que  gtaduellemenc.  Les  nicmes  effets  diminuoient  en  force  &  augmcn- 
toicnt  en  durée  à  niefurc  qu'on  éloignoit  la  pointe  jufqu'i  une  dihanc6 
de  trois  pouces  &  davantage.  A  6  pouces  il  ne  fe  faifoit  plus  de  bruilTe- 
ment ,  on  voyoit  nne  très-petite  lumière  fut  l'extrémité  de  la  pointe, 
&  réle«£tromètrc  s'abailloir  lentement. 

J'ai  varié  depuis  ces  expériences  avec  nn  autre  appareil ,  &  les  ré- 
fultats  que  j'en  ai  obtenus  m'ont  étonné.  \U  mcricenc  d'être  décrits  un 
peu  en  détail. 

'•'J'ai  élevé  fur  deux  colonnes  de  verre  deux  tiges  de  cuivre  hottfot^- 
tales  qui  traverfoient  des  canons  de  cuivre  faifant  rclTort,  &  dont  leà 
extrémités,  qui  fc  préfcntoient  diamétralement  Tune  cuntre  l'autre, 
&*éloignoient  ou  fc  rapprochoienc  i  volonté.jc  pQuvoîs  garnît  ces  extrcmitcs 
d'une  boule  d'un  pouce  de  diamètre  ou  d'une  pointe  de  cuivre.  J'ai  fiic 
communiquer  une  de  ces  tiges  avec  U  furface  extérieure  du  bocal, donc 
l'ai  p-irlé  plus  haut.  En  appliquant  à  l'autre  tige  une  des  extrémité*  de. 
l'excitateur  ifolé  ,  je  pouvois   toucher  de  (or\  autre  extrémité  la   gac- 

Tomc  Xir,  Pan,  II.   1 77,,  JUILLET,      h 


H        OBSERFATIOÎTS   SUR   l  PHYSIQVE, 

niture  de  I.i  furface  intctieuve  du  bocal,  ^  faire  par  ronfcauent  qne  Lt 
totalité  de  fa  charge  vînt  fe  prtTenrcr  ^  l'inflmt  à  la  fcp.iracioii  des  deux 
tige^.  J'ai  (mi  face cffive ment  communiquer  le  condudeur  auquel  ctoic 
annexe  le  bocal  au  principal  condufteur  de  ma  machine  ,  &  i  fes 
coullins  irolcs  ,  &  par  confcquent  j'ai  charge  la  furface  intérieure  du 
bocal  tantôt  pofitivement,  taniôc  négativement ,  mais  ccujours  au  mê- 
me dcj;rc.  Je  m'alTurois  de  l'cgalitc  de  la  charge  par  un  cleâromctre  de 
M.  Henley  qui  communiquoic  avec  le  bocal. 

I.  Lorfque  les  deux  boules  fe  préfentoienc  l'une,  i  l'autre ,  foir  que 
le  bocal  fut  élcchifé  poruivcment»  foit  qu'il  le  fût  ncgatîvcmcnt»  l'ex- 
plofion  les  traverfolt  à  environ  huit  ligne*  de  diftance  ;  un  peu  au-delà 
il  ne  fe  faifoic  ni  explolîon  ni  diminution  fenHble  dans  la  charge. 

II.  Ayant  laiiïé  la  boule  du  côté  qui  répondoit  à  la  furface  intétîeure 
du  bocal,  &  mis  une  pointe  vis-à-\isà  l'autre  tige,  j'ai  élecliifc  poCi- 
tivement  ,  Se  de  manière  qae  l'explofion  fut  obligée  de  fortir  par  U 
boule  &  d'entrer  par  la  pointe.  L'explo/îon  totale  &  réunie  a  eu  lieu 
jufqu'i  la  diftance  d'environ  14  lignes.  P.ïlfc  ce  terme,  il  n'y  avoir  plus 
qu'un  fifflenienc  accompagc  d'une  diflîpation  graduelle  &  lente  de  I2 
charge  fans  explofion. 

ifl.  Xai  éUftrifé  comme  ci-devant  en  changeant  feulement  refoeûi- 
Yemenc  de  place  la  boule  &  la  pointe  ,  de  manière  que  l'explolion 
lonle  fortoit  par  celle-ci  &  entroit  par  la  première. -  L'explofion 
totale  a  eu  lieu  jufqu'à  la  dillance  de  54  lignes,  6c  la  dùlîpation  gra- 
duelle n'a  commencé  que  vers  35  lignes. 

Surpris  d'une  différence  audî  conJïdérable,  ma  première  idée  fijt 
d'en  conclure  que  l'électricité  fort  d'une  pointe  avec  plus  de  ficilité 
qu'elle  n'y  entre  j  qu'une  pointe  communiquant  à  un  condudeur  élec- 
ciifé  poritivcment ,  lance  le  feu  éleâdque  A  une  diftance  à  laquelle 
cette  même    pointe   communiquant  à  un  conducteur  négatif  ne  peut 

fus  l'aKiiet;  au'une  pointe  prcfcntce  vis-à-vis  d'un  conduàeur  négatif, 
ui  fournit  l'eleftlricité  qui  lui  manque  à  une  diftance  d  laquelle  elle 
ne  peut  pas  foutirer  celle  d'un  conduâeur  pofitif  :  cependant  comme 
dans  les  expériences  précédentes  le  fyftcme  polîtif  étoit  le  feul  qui  fïit 
doué  dune  clcckticiié  aftive,  le  fyftéme  négatif  étant  lié  avec  la  mafle 
du  globe ,  i'ai  ^enfé  que  peut-ctrc  cette  adivité  agiftbit  fut  la  pointe 
de  manière  à  lui  faire  lancer  le  feu  de  plus  loin  lorfqu'elle  communi- 
quoitàla  fur&ce  intérieure  du  bocal  i  que  lorfqu'elle  n'avoit  commu- 
nication qu'avec  la  furface  extérieure  &  avec  le  magafin  commun  , 
l'aftivité  ne  fe  trouvoîr  que  du  cote  de  la  boule ,  &  qu'ainG  la  pointe 
ne  pouvoir  pas  alors  déployer  en  entier  fon  .lâion.  C'cft  pour  vcribcr 


SUR  VniST,  XJTUREILE  BT  LES  JRTS.       ,5 

coté  de  Icleâricicîî  négative  ,  les  phénomènes  dévoient  fe  trouver  les 
mêmes  s'ils  dcpendoicnc  de  cette  adivitc  ,  &  dévoient  au  contraire 
être  entièrement  op^fés,  s'ils  n'étoienc  proditits  <^iie  pirla  diScrcnce 
de  l'influence  des  cUâxicitcs  po^cive  &  négative  fur  l'iétion  des 
pointes. 

IV.  J'ai  éle^rifc  négativement  ayajit  placé  la  pointe  da  c&té  de  la 
furfîce  intctieure  du  bocal.  Se  h  boule  du  côté  qui  communiquoit  â  fa 
furface  exufrieurei  de  manière  que  le  feu  clefttique  fortic  de  celle-ci 
pour  palTer  à  la  premiètc.  L'explolion  s'&d  laite  à-peu  près  comme  dans 
Je  N*.!! ,  c'eft-àdire,  iufqu'i  15  ou  16  liçnes  au  plus,&  pour  peu 
qu'on  augmentât  cette  diftance»  il  ne  fe  fàuoic  plus  qu'une  dilfipation 
graduelle  accompagnée  de  ntflement. 

V.  En  mettant  la  boule  du  côte  de  la  futface  intérieure  du  bocal  Se 
Se  la  pointe  du  côté  de  fa  futface  extérieure  ,  de  manière  que  la  pointe 
donnât  &  la  boule  reçût  le  feu  éleârique,  l'cxplonon  à-peu-prcscom- 
rac  au  N°.  111 ,  a  eu  lieu  jufquà  la  diftance  de  3  j,  à  53  lignes. 

J'ai  répété  ces  expériences  plufîeurs  fois  avec  des  rcfultats  qui  ne 
varioient  que  d'une  ligne  ou  deux  tout  au  plus,  ce  qui  eft  inévitable  Se 
ne  change  rien  aux  conféquences  qu'on  en  peut  tirer.  Il  fjut  remarquer 
BQlTî  que  les  ditférens  diamètres  des  boules  Se  les  différentes  fineHes  des 
pointes  qu'on  employera ,  lorfqu'on  voudra  les  répéter  ,  apporteront 
quelques  changemens  à  ces  rcfultats. 

J'ai  donc  été  obligé  d'en  revenir  à  ma  première  idée  ,  Se  de  rccon- 
noître  qu'une  pointe  communiquant  à  un  fydcme  polîtif,  tranfmcttra 
une  explofion  i  une  diftance  qui  eft  au-delà  dii  double  de  celle  à  la- 
quelle elle  pourra  la  recevoir  lorfqu'clle  communiquera  à  un  fyftème 
négatif.  Ce  fait  qui  me  paroîr  nouveau  ,  n'en  ayant  trouvé  nulle  part 
aucune  mention ,  eft  intéreifant  pour  la  théorie  de  I  clcdtricitc  en 
général  (i). 


(1)  Les  expériences  qui  viconenc  d'être  rapportées  ,  ayant  toutes  éié  faites  par  la  dé- 
charge f(«  la  boatctile  de  Lcydc,  on  knt  objcAcra  pcui-Jtre  qu'il  n'cft  pas  ccnato  que 
celle  de  ta  foud  rc  foie  de  même  natute  j  qu'elle  doit  plutôt  être  comparée  â  celle  d  un 
conduâeur  fimplemcni  é\t&tiCé. 

Ces  dctix  décljiari;cs  font  iiurinftqucmcnt  de  même  nature.  On  en  Toit  la  preuve 
dans  la  féconde  partie  d'un  Mémoire  îniirctTaiu  de  M.  Vo lia  fur  la  capacité  dcf  coii* 
dateurs  éleéltiqucs,  dont  j'ai  envoyé  la  rraduaion  a  M.  l'Abbé  Rozier  8e  qtii  pa. 
roitra  probablement  dans  fon  Journal.  Il  y  prouve  par  l'eipériencc,  que  la  décharge 
de  la  bn'.itcillc  de  Leydc  ne  diftéte  de  celle  d'un  conau:1cur  élcftrifé  qu'en  proportion 
delà  différence  dci  capacités  ;  auc  celleci  peut  de  mcme  que  la  première  faire  ref- 
fcaiir  la  copimotioR  ;  qu'en  rendant  la  capacité  d'nn  conducteur  égale  à  celle  d'une 
bouteille»  il  D'y  «  aucune  difiércacc  dans  l'câcc  de  la  décharge  dcTune  8c  de  t'autre^ 

1779.     JUILLET,         E  X 


S6         OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

Ces  e:cpcriences  font  voir  qu'une  pointe,  qui  à  peine  peut  recevoil 
une  cxplouoa  fenfible  ,  lorfqu'elle  fc  prcfenie  immciiuîemenc  à  un  con- 
dufteur  uu  i  la,  garniture  d'un  bocal  cleftriic  ,  peut  en  recevoir  une 
trcs-forte,  îorfquc  celle-ci  lui  parvient  mcdiaccmenc  par  l'inrerpolltion 
d'un  arc  condufteur.  Elles  montrent  par  confcqucnc  la  caufe  des  explo- 
rons fuIinin.inTes  qui  ont  fondu  ou  diflîpé  des  pointes  de  condufteurs. 

Il  femble  auOi  d'après  les  rcAïUats  ,  que  de  fembUbles  exploitons 
médiates  de  la  foudre  sclanceront  de  plus  loin  fur  un  conducteur  pointu 
que  fur  un  conduâeuc  obtus;  de  plus  loin  fur  le  premier  lorlque  te 
nu-ige  fera  négatif,  que  lorfqu'il  fera  pofitif  ;  &  ces  expériences  fein- 
blenr  offrir  la  plus  forte  objedion  qu'on  puilîe  faire  contre  les  conduc- 
teurs pointus.  Mais  il  faut  obferver  t  i*'.  que  ces  différences  de  dif- 
tance,  H  elles  ont  lieu,  doivent  être  infiniment  moindres  que  celles 
qu'on  a  vues  dans  ces  expériences.  Les  portions  de  nuages  dont  j'ai  parlé , 
ne  peuvent  f.ure  que  rtcs-imparfaitement  U  fonftion  d'arc  condu(fteuf» 
La  propagation  de  l'exnlolion  s'y  fera  toujours  aflez  fucceflîvement, 
pour  que  les  pointes  aient  le  rems  d'exercer  la  faculté  qu'elles  ont 
d'en  dilTIper  une  partie  ,  &  ce  qui  en  reftera  ayant  perdu  de  fa  tenfion 
ne  pourra  plus  s'y  élancer  de  fi  loin  ,  tandis  qu'un  condu^eur  obtus  ne 
caulc  aucune  diOipation  préalable  ,  &  reçoit  l'explofion  dans  toute  fa 
force.  1".  Nous  avons  vu  dans  toutes  ces  expériences,  que  paffc  le 
terme  ,  auquel  les  pointes  pouvoient  recevoir  l'explûfion,  elles  procu- 
loîenc  la  diilipation  fuirccllivc  de  l'éleâticité  ,  tandis  que  les  boules  au- 
delà  du  terme  de  l'explofion  ,  n'y  caufoient  point  de  changement  fen- 
fible. j*.  Il  eft  à  croire  que  cette  efpcce  d'explofion  médiate  neft  pas 
Ja  plus  commune;  que  la  plupart  du  tems  c'eft  le  nuage  même  chargé 
dVIeâricité ,  ou  quelqu'une  de  les  branches  communiquant  avec  lui ,  qui 
s'approche  de  nos  bâtimens  pour  les  frapper,  &  Temcacité  des  pointes 
dans  ce  dernier  cas  eft  prouvée  d'une  manicce  iucontefbble. 

D'après  toutes  ces  confidérarions,  fans  ofer  prononcer  définitivement 
fut  l'ufa^e  des  pointes  en  général  »  je  me  hafarde  feulement  à  propufcc 
mon  opinion  fur  ce  fujer. 

Dans  l'application  des  conduûeurs  aux  édifices  on  peut  fe  propofer 


nue  poar  qw  b  commotion  ferafTe  rcfTcmlr  ,iln'eft  pas  iiécefTaircde  riippofcr,conimt 
luns  Icipcricnce  He  LeyHc,  dcuï  furfaccs  rappioch^c?; ,  l'une  polîrivc  fit  l'jncie  néga- 
tive, &  un  couraot  de  feu  qui  aille  immédiatcmctif  fe  rcn^^ieHc  ['une  à  l'autre,  mais  qu'il 
Tuftic  que  ce  courant  puilfc  tcavetrcr  libtcincnc  &  îiifUntanéniciK  le  corpf  qui  lui  cH 
expofif.  Ce  Mémoire  réponH  au  ptobltmc  propofé  Jans  le  Jotirnal  de  PUyfiquc  Je  Fé- 
vrier i777>&  ne  iloic  lailVcc  aucun  fciupulc  fur  l'application  Jcf  ctpéiien^cs  faites 
par  U  décharge  de  U  bouteille  de  Lcydc  à  l'cxplofion  de  la  foudte. 


l 


SUR   VHJST.  NATUREllE  ET  IBS  ARTS,       57 

eu3f  objets:  l'un  de  prcfcrvcr  uniquement  en  bâtiment  de  Ii  foudre , 
«n  ofFranc  d  une  explohoii  quelcciicjuc  qui  viendra  le  ftipper ,  un 
chemin  qui  la  conduire  en  entier  dans  1  intccieur  de  la  ccrre  fans  danger 
pour  le  bâtiment  j  l'autre  de  diminuer  l'cledricitc  que  contient  le 
nuage  orageux  ,  &  par  confcqnent  le  danger  d«  fon  explofion  ,  mcme 
pour  les  cdiiice»  qui  entourent  jufqu'i  une  certaine  diftiuce  celui  qui 
eft  armé. 

11  c(i  certain  que  pour  remplir  complètement  le  premier  objet  Tufage 
des  pointes  n'cft  pas  nécciraire.  LorKju'uh  édiâcc  fera  ^atni  d'un  con- 
dudcur  métallique  d'une  capacité  ftinirante  ,  bien  continu  ,  en  contact 
parfait  avec  les  eaux  de  rincérieur  du  globe,  &  qui  Cq  prcfentera  de 
tous  côtés  à  la  foudre  de  prcfcrence  i  toute  autre  partie  du  bâtiment  » 
juelle  que  Toit  la  violence  du  coup  qui  pourra  l'anàillir,  &c  quelle  que 
oit  la  forme  dû  condudeur,  pointue  ou  obtufe,  ce  coup  pourra  bien 
Jjiner quelques  traces  de  fuii  entrée  dans  le  condudeur^c  mitlque  marque 
de  funun  ,  mais  une  fuis  entre  il  -le  traverfera  fans  effet  leaûblej  &  fans 
danger  pour  le  bâtiment. 

Pourquoi  cependant  s'en  renir  A  ce  premier  effet,  fi  Cm\s  augmenter 
les  rifqaes  on  peut  fe  promettre  de  remplir  jufqu'à  un  cercam  point 
le  fécond ,  dont  l'utilité  ne  fauioit  Ctre  comcllée.  Or,  il  uy  a  que  les 
pointes  qui  foienr  encrât  de  l'effeduer.  Un  conducteur  qui  en  eft  dé- 
pourvu, n'a  aucune  aûion  fur  la  nuée  qui  ne  fe  trouve  pss  alfcz  à  fi  por- 
tée pour  lui  donner  une  explofion.  Les  poinres  au  contraire  >  ainH  que 
nous  l'avons  vu  ,  agillent  à  une  grande  diilance  fur  réleCtricité  des 
nuages  en  la  fçuiirant.  Ou  en  a  des  preuves  diieûes  dans  les  feux  qui 
brillent  fouvent  au  fommet  de  ces  pomtes  par  ^gs  tems  d'orage.  Mer 
voiHns  en  ont  npper^u  fur  les  pointes  qui  terminent  le  conduûeur 
aue  j'ai  adapte  d  ma  maifon  il  y  a  déjà  quatre  ans.  Se  qui  s'élèvent  de 
douze  pieds  au- defliis  de  mon  toir.  Ces  pointes  font  en  argent,  au 
nombre  de  tinq,  de  la  longueur  de  6  pouces,  dont  une  verticale  & 
quatre  autres  eu  croix  faifant  avec  la  première  des  angles  d'environ  60 
aegrés  pour  fe  préfenter  avec  avantage  aux  différentes  direâions,  par 
lefquelles  les  nuages  peuvent  s'en  approcher.  Mes  voifins  ont  vu,  dis- 
le  ,  une  flamme  au  fommet  de  chacune  de  ces  cinq  pointes ,  dans  un  mo- 
ment où  un  nuage  orageux  ,  qui  d'ailleurs  ne  ht  aucun  dégât,  paffoit 
au-defl'us.  Preuve  certaine  qu'une  partie  de  l'cleâriciic  du  nuage  tra- 
vcrfoit  ces  pointes  en  filence  pour  fe  perdre  en  terre.  On  peut  croire 
que  la  quantité  d'éledricité  qui  fe  dillipc  ainfi  eft  affez  grande;  on 
voit  h  pointe  d'une  aiguille  enlever  &  détruire  en  une  féconde  ou  deux 
féleÛricité  d'un  "vafte  conducteur  qui  ne  laiire  pas  d'&tre  confidcrablc  ; 
on  peut  juger  qu'il  doit  s'en  didjper  beaucoup  par  lés  poinres  d'un  con- 
ducteur ,  dont  on  vuÏE  la  t1âin;ne  durer  pendant  plufieurs  minutes. 


j»         O^SERFATIONS  SUR   t  PHYS1Q_UE  , 

Si,  coiiformcment  aux  expériences  que  j'ai  rapportées ,  il  peut  y  avoir 
des  cas  où  Texplofion  d'an  nuage  orageux  atreigne  de  plus  loin  un 
conducteur  pointu  qu'un  autre  qui  fetoit  obtus,  j'ai  dit  que  ces  cas  ne 
dévoient  pas  ttre  fort  communs,  aue  ces  différences  ne  feront  pas  trèï- 
confîdctables,  &  qu'alors  l'un  &  ('autre  conduè^eur  fcia  cgalemcni  en 
^cac  de  dilîiper  cette  explollon  fans  dnngcr.  Palîc  le  terme  ce  ces  diffé- 
rences, te  condu^eur  pointu  reprend  fa  propriété  de  diminuer  la  force 
de  l'explofion  en  U  rendant  fu^certjve. 

Quant  à  ce  qui  concerïic  l'clcvation  du  condnfteur  au-defTus  du 
bâtiment ,  je  crois  ïju*on  peut  conclure  de  ce  qui  a  été  dit,  q^ue  lorfqu*i1 
fe  terminera  en  pomte>  on  fera  bien  de  l'élever  autant  qu'il  fêta  pof- 
hblc.  Plus  il  le  fera,  plus  il  pourra  déployer  fon  pouvoir  préfervatif , 
fans  qu'il  coure  aucun  danrjer  de  plus  en  r.-iifon  de  cetre  élévation. 
Lorfqu'au  contraire  on  fera  fon  exrrrmité  obtufe,  on  ne  l'élévcra  qu'au- 
tant qu'il  èft  néceflaire  pour  qu'il  fe  prcfente  à  la  foudre  de  préférence 
1  toute  autre  pirtie  du  bâtiment.  L*oDJet  alors  n*eft  pas  d'aller  au-de- 
vant de  l'explofion  ,  mais  de  lui  préfentcr  feulement  «ne  ilfuc  qui 
puilîê  la  tranfmetrre  à  la  terre  dircAement  S:  fans  dan^r. 

C'crt  fans  tcndemcrtt  qu'on  pourmît  craindre  que  les  con3mSeurs 
pointus,  de  mt'me  que  ceux  qui  ne  le  font  p.i5 ,  n'acrir.ilTcnc  la  fcM* 
drc  fur  lesbâtimcns  voifins-,  un  condnfteur.  quel  qu'il  foit,ou  n'attire  pas 
la  foudre  ,  ou  n'attire  que  celle  à  laquelle  il  offre  une  ifTiie  pour  fe 
difliper.  Un  condufteur  obtus  préfcrve  le  bâtiment  auquel  il  eft  adapte, 
iàns  ausmentet  le  danger  de  ceux  qui  l'environnent  \  un  condu^eur 
pointu  le  diminue. 

M.  l'Abbé  Toaldo,dans  le  funplcmenrjfeir  mention  des  expériences 
qui  ont  été  faites  au  Pnnthéon  ûc  Londres  fur  l'effet  des  conduftcuts 
termines  en  pointe ,  comparés  à  ceux  qui  fe  terminent  en  boule ,  ^'  dit , 
que  l'opinion  des  perfoimes  indifférentes  avoir  paru  pen:Ker  en  fiiî'eaf 
de  ces  detniets.  Au  moment  où  ces  conlîdérations  croient  achevées  SC 
prêtes  à  être  imprimées,  il  mefl  tombe  dans  les  mains,  dans  le  caliier 
d'Oftobre  177S  d'un  Journal  qui  paroît  à  Leipfîc  en  langue  AUe-^' 
mande,  fous  le  titre  de  Mufeam  Allemand ^\{x\q  lettre  de  M.  Liechien- 
berger,  Profcffeur  d  Gottingue  ,  qui  rapporte  ces  expériences  ,5c  celles 
qui  ont  été  fiiites  en  conféquence  par  M.  Nairne.  Je  crois  faire  plai(îr 
à  mes  le«5teurs  en  ajouranr  ici  l'extrait  de  certe  lettre  ,  &  le  détail  de 
ces  expériences,  qui,  à  te  que  rr-pporte  M.  Liechtenberger ,  lui  a  été 
fait  par  un  Anglois  habile  Phyficien  qui  en  a  été  témoin  oculaire  \ 
d'autant  plus  qu'il  me  patoît  que  les  tonféquences  qu'on  en  peut  titec 
font  abfulumenc  oppofées  à  celles  qu'annonce  M.  l'Abbé  Toaldo. 

M.  "VTilfon  ,  auteur  des  expériences  du  Panthéon,  dont  la  falle  eft 
une  des  plus  vaftéS  qu'on  connoiïîc ,  y  avoit  fufpendu  Zc  ifolé  un  fil 


SUR  VHIST.  NATURELin  ET  LES  ARTS.        50 

<Je  fer  d'une  longueur  pcodîgicufc,  Aox\x.  les  difil'ctmes  ciccouv'oIuEÎons 
étoienc  (^'ioignccs  les  unes  des  autres  àù  ccoU  à  cjuâcre  pieds,  &  qui  coiur 
;nuniquoieiic  i  un  conducieur  d'une  étendue  confidcrable.  Ce  conduo 
leur  cojifilloit  eu  plusdeceuc  vingt  gros  tambours  de  Uiton  recouverts 
dVcain  banu  Se  places  à  k  aie  ae  m-iLÛècc  ^  former  crois  cylindres 
concigus  y  qui  fe  rejoiguoieuc  en  poteiice»  Au-delTous  d'une  des  extré- 
mités de*  ce  coududcur ,  il  avoic  établi  une  pçtite  maiTûn  de  bois  icché 
au  Four  d'euviruu  deux  pieds  en  quarcL-,  polcc  fur  une  plancKc  Se  atcv 
chce  à   un  gcos  cooctepoids  qui  pouvoir  U  faire  ^lilTer  tio-rjpidcmeiu 
le  long  d'une  coulill'e  de  huit  i  neuf  pieds  en  longueur.  A  l'extrcmitc 
du  coudttûeur  en-delluus  tenoit  une  Ujule  de  niccil  d'un  pouce  -^  de 
diamctre-(i^  Le  long   de  U  petite  maifon  du  luuc  jufqu'^u  plancher 
écoit  Rxc  un  âl  de  fer  qui  reprcfentoic  le  conducteur  de  U  foudre.  M. 
Wilfbii  ;iyant  place  la  petite  uuifon  ^  l'extrémité  U  plus  éloignée  de 
la  coulille,  &  mis  fur  ion  totc  une  pointe  de  métal  de  j   à  4  pouce$ 
de  long  en  concad  avec  U  til  de  £et  nui  f«rvuic  de  conduâeur ,  âc 
.&ire  fcpc  ou  huit  révolutions  au  globe  de  la  niachinc  électrique.  Autli- 
tôc  il  Iddia  le  conct^poids ,  qui  fit  approcher  rapidement  U  p<'ciie  mai- 
fon de  la  houle  ,  qui  étoit  fous  le  condu^eur.  La  pointe  reçut  un* 
exploHon  à  une  petite  dillonce.  Lui  ayant  fubdirué  une  tige  furmontce 
d'une  boule,  l'explo/îon  s'élança  quelquefois  de  plus  loin  ,  quclqucf^ois  de 
plus  près  qu'avec  la  pointe-  Quelques  perfonnes  ont  cru  remarquer  que  la 
tige  de  U  boule  écoit  de  quelque  choie  plus  courte  que  celle  de  la  pointe , 
&  qu'ainlî  la  pcemi^rc  fc  trouvoîc  toujours  à  une  plus  gronde  dilUnce 
du  condutflcur.  U  e(l  oiCé  de  voir  quel  écoit  dans  ces  expériences  le  bue 
de  M.  Wiifou.  Le  grand  conduif^cur  repréfentoic    une  nuée  orageufe  : 
comme  il  eiic  été  difiiciie  de  lui  faire  imiter  le  mouvement  des  nuées, 
il  a  rendu  la  maifon  mobile  pour  pouvoir  l'eu  approclier  a  volonté. 
Si  rexplofton  eût  toujours  éclaté  de  plus  loin  fur  la  pointe  que  fur  le 
condudeuf  obcos,  M.  Wilfon  auroic  eu  raifon  &  le  procès  ieroit  juge 
en  ftveur  de  ce  dernier.  On  ne  peut  p.as  nier  que  cela  ne   foie  arrive 
quelquefois  j   plulieurs  perfonnes   inl^ruites    dans    cette  patrie  ,&  des 
l^lembres  même  de  la  Société  Royale  l'ont  vu.  Mais  c«U  n'a  pas  eu 
lieu  conftammenc ,  &  M.  Liechrenberger  penfe  »  avec  raifon ,  que  de 
ces  expériences  faites  avec  un  appareil  très  conhdérable  &  très-compli- 
qué, dans  lefquellcs  4^^  circonftatices  qu'on  ne  pouvoic  pas  reconnoî- 
tre   ont    pu    donner  lieu  à  ces  variations,  Cins  fuppofer  aucune  mau- 
vaife  foi  d.ins  la  manière  de  les  faire,  on  ne  peut  tiea  conclure  contre 


(0  Tomes  les  dimcnGonf  d^nt  il  eft  quciUoa  dfus  ces  cipéticDCcs ,  ontiappocc 
sao  pied  de  Lopdccs. 


'40        OBSERVATIONS  SUR   LÀ  PffYSJQUE, 

rufaze  des  pointes  auquel  caiu  d'autres  ont  été  favorables.  Cela  parole 
connrmé  par  les  expcricnccs  de  M.  Nairne  ,  faites  avec  un  degré  de 
juftelTe  de  dVxaftitude  auquel  oh  ne  peut  rien  ajouter ,  qui»  à  ce  qu'on 
prétend  ,  ont  mis  M.  Wilfon,  qui  en  a  été  témoin,  hors  d ctac  de 
rien  répondre,  &  qui  ont  fait  décider  qu'il  convenoît  de  terminer  en 
pointe  trcs-aiguc  les  conduéleurs  poux  les  magafms  à  poudre..  Voici  le 
détail  de  ces  expériences. 

La  machine  électrique  que  M.  Nairne  a  employée  conlîfte  en  un 
cylindre  de- verre  de  1 8  pouces  de  diamètre.  Le  principal  condudeur 
a  6  pieds  de  long  &  i  pied  de  diamctrei  il  eiX  en  bois,  recouvert  de 
feuilles  dctain  >  &  élevé  i  5  pieds  de  terre  par  deux  colonnes  de 
verre  recouvertes  de  cire  d'Efpngne.  De  l'extrémité  de  ce  condu(^eur 
s'avance  une  boule  de. laiton  de  4  pouces  |  de  diamètre. 

Vis-à-vis  celte  boule  &  dans  la  ligne  hotifontalc  prolongée  du  con» 
ducteur  principal,  M. p^airne  avoir  établi  fur  un  pied  de  bois  recouvert 
de  feuilles  d'étain  ,  un  petit  conduâeur  con(îflant  en  un  cylindre  de 
laiton  de  deux  pieds  de  long  &  de  4  pouces  de  diamètre  communi- 
quant avec  le  plancher.  Ce  conducteur  ctoit  mobile  de  manière  à  pou- 
voir ccre  approché  ou  éloigné  de  la  boule. 

M.  Nairne  ayant  vilTé  a  rextrcmiré  antérieure  du  petïc  condutftcur 
une  boule  de  laiton  de  4  pouces  de  diamètre.  Ht  agir  la  machine.  Les 
étincelles  qui  ccoicnc  de  la  plus  grande  force  éclatcrenc  d'une  boule  i. 
l'autre  à  17  pouces  7  de  diflance.  Ayant  fubftirué  à  cette  boule  une 
autre  d'un  pouce  de  diamètre ,  les  étincelles  n'éclatèreiu  plus  qu'i  1  5 
pouces  \*  Une  boule  de  -^^-  de  pouce  ne  tiroir  plus  l 'étincelle  qu'à  un 
demi  pouce.  Ayant  mis  a  la  place  une  pointe,  elle  enleva  l'éledlricité 
du  conducteur  à  toute  dLn.iiicc  entre  o  &  17  pouces  |.  M.  Nairne  ôca 
la  pointe  ,  S<  mit  à  fa  place  un  cylindre  de  cire  d'Eipagne  de  10  pou* 
ces  de  long  &  d'un  pouce  de  diamc:re  ,  fur  lequel  il  avoir  tîxc  10  pe- 
rites  barres  de  métal  diftantes  l'une  de  l'autre  d'un  demi-pouce ,  qui 
fbrmoient  un  conduéVeuc  interrompu ,  à  l'extrémité  duquel  étoit  une 
pointe  de  fer  crès-aiguc ,  qui  fe  préfentoîr  vers  la  boule  du  conduc- 
tetir.  A  la  diltance  de  S  pouce  {,  de  tf  pouces  ^,  &  mcme  de  7  pou- 
ces X  il  s'élançuit  de  fortes  étincelles  fur  la  pointe,  qui  ne  pouvoir  plus 
dllTîper  réletftrlcité  en  filence  à  caufc  des  interruprlons  du  conduâeur. 
En  mertant  à  la  place  de  la  pointe  une  boule  de 7^  de  pouce,  les  étin- 
celles partolcnt  à  S  pouces  ^ ,  &  à  8  pouces  ^  lorfque  b  boule  ctoic 
d'un  pouce  {  de  diamètre. 

M.  Nairne  ota  le  petit  condu(3:eur,  &  en  établit  un  autre  qui  étoit 
lié  au  conduifVeur  principal  pat  le  moyen  d'une  chaîne;  il  vouloit  lui 
faire  reprcfencer  un  nuage  mobile;  eu  conféquence  il  fécablic  en  équi- 
libre &  mobile  fur  fon  axe   comme  un  âéau  de  balance  au  fommec 

do 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.       41 

lËe  U  colonne  de  verre  qui  Tifoloit.  Ce  nua^e  artificiel  confiftoit  eu 
tine  pièce  de  bois  recouverce  d'ctain ,  de  6  pieds  de  long  &  de-  4  à  5 
pouces  de  diamètre,  aux  deux  extrcmiics  de  laquelle  il  avoir  furpendu 
avec  des  Bis  de  fer  deux  baHiiis  ou  boîtes  de  fer  blanc  de  poids  égal  » 
de  10  pouces  de  long  &  de  8  pouces  de  diamètre-  Cette  efpèce  de 
nuée  confervoit  fon  équilibre  pendant  qu'on  cledrifoit,  &  qu'on  tenoic 
■à    1 1  pouces  de  diftance  fous  une  de  fes  extrémités  une  boule  ôc  fous 


cle£trique  qui  y  entroic.  Ayant  ôté  la  pointe  &  Lui  ayant  fubftitué  la 
■boule  >  l'extrémité  de  la  nuée  s'abailîa  vers  celle-ci  pour  lui  donner  une 
étincelle  ,  &  fe  tint  conftamment  à  la  diftance  nécelTaire  pour  que 
{'étincelle  continuât  i  éclater.  M.  Niirne  ôta  enfuite  les  baflins  de  fei 


garaer  ion  équilibre  ,  cane  au  on  lui  pi 

Iiointe  foit  feule  foit  en  mème-tems  que  la  boule.  Mais  dès  au'on  ne 
ui  préferKoit  que  celle-ci ,  ia  nucfe  s'abalHoic  vers  elle  pour  lui  don- 
fier  une  étincelle  ,  fe  relevoit  enfuice  pour  en  tirer  une  du  conduâeur, 
fe  rabainbic  de  nouveau ,  &  continuoit  ainfî  â  fe  mouvoir ,  même 
après  qu'on  avoir  cefTé  d'cleÛrifec,  jufqu'à  ce  qu'elle  eût  épuifé  toute 
réleâricité  du  conduâeur,&  Peut  tranfmife  à  la  boule.  Une  pointe 
qui  communiquoit  i  des  morceaux  de  métal  intetrompus  difpofés  le 
iong  d'un  bâton  de  cire  d'tfpagnc,  produifoic  le  même  effet  que  la 
boule. 

Lorfqu'on  rendoit  immobile  ceconduéleur  qui  repréfentoit  la  nuée, 
&  qu'on  le  plaçoit  à  une  diftance  de  3  pouces  du  principal  conduc- 
teur ,  le  premier  donnoit  1  ciincelle  à  une  pointe  à  1  pouces  tï  ,  &  mê- 
me i  près  de  3  pouces  de  diftance  \  mais  M.  Nairne  remarque  avec  tai- 
fon  qu'on  ne  peut  pas  fe  figurer  qu'une  nuée  foit  fixe  &  immobile. 

Pour  faire  voir  le  peu  de  juftefte  des  expériences  que  M.  Wilfoii 
avoir  faites  avec  fa  maifon  mobile,  il  plaça  fous  fon  principal  conduûeur 
un  appareil  qui  confiftoit  en  un  bâton  de  trois  ou  quatre  pieds  de  long, 
à  une  des  extrémités  duquel  étoit  attaché  un  eros  poids  de  plomb  ;  un 

f>eu  au-dclfusdu  poids,  le  bâton  étoit  traverfé  par  un  axe  de  fer>  fut 
equel  le  poids  pouvoit  le  faire  ofciller  de  manière  que  fon  autre  extré- 
mité décrivît  des  arcs  fort  étendus ,  &  étant  placée  fous  le  condufteuc 
repréfentât  les  effets  de  la  maifon  de  M,  Wilfon.  Le  tout  étoit  recou- 
vert de  feuilles  d'étain  &  avoir  une  communication  parfaite  avec  le 
plancher.  Il  mit  au  haut  du  bâton  une  pointe  de  fer  ;  un  petit  gart^on 
xenoit  cette  pointe  abaiiTce  vers  la  terre  pendant  qu'on  commençoit  ï 
Tome  XIK^  Pm,  JI.  177?.  JUILLET.      F 


41  OBSERVATIONS  SUR  lA  PHYSIQUE  , 

éleftrifer,  &  la  lâchant  enfuite,  le  poids  de  plomb  la  televoit  précipi- 
cammcnc  &  la  faifuit  ufLillct  de  côcc  &  a'auue  en  palfaiic  foiis  le 
conducteur.  Lorfque  la  pointe  pairoit  à  -p-  de  pouce  du  condu£teuc,iI 
y  avoit  une  (ftincellc.  Mais  à  -^  de  pouce  de  plus ,  l'cleâricitc  s'en  cchap- 


celle  échcoic  fur  une  poimeà  i  pouce|,  mais  fur  une  boule  d'un  pouce^ 
elle  éclacoit  i  lo  pouces  \  &  mcrae  i  ii  pouces, 

M.  Liechcenberget  conclut  avec  raifon  ,  que  ces  expériences  imagv 
fiées  âvec  intinimeuc  du  iagacitc,  &  exécutées  avec  la  dextérité  &  la 
précifion  i^u'on  cunnoïi  à  M.  Nairnc  >  lailfent  les  adverfaires  des  pointes 
cians  t'impolVibiluc  de  leur  rien  oppofer.  Je  remanjue  reufeuienc 
^n  elles  n  ont  gucres  rapport  qu'à  l'explofion  que  donneroit  immé- 
diatement i  la  pointe  d'un  condudeut  un  nuage  éleârifé.  Elles  prou- 
vent fans  réplique,  que  cette  explosion  ne  pouiroit  avoir  lieu  qu'a  une 
diflance  infiniment  petite  par  comparaifon  à  celle  où  un  condu<5teuc 
moufle  pourcoic  la  recevoir  ;  qu'au-'deia  de  cette  diftance  ,  la  pointe 
attirant  en  filence  Icleiftricitc  du  nuage,  la  dillîpe  fans  eifet  fcnfible, 
&  garantie  par  confcquent  mcme  les  bâttmens  des  environs  \  elles 
prouvent  que  tout  ao  moins  les  pointes  ne  follicitenc  point  l'npptoche 
du  nuage  orageux  ,  tandis  qu'un  conducteur  obtus  peut  l'anirer  ver» 
lui  :  (i)  elles  prouvent  enfin  qu'une  pointe  ne  produit  tous  ces  effets 
falutaires,  qu'autant  qu'elle  communiques  la  terre  par  un  conduâeur 
non  interrompu  ;  <]ue  lorfque  cerre  communication  n'a  pas  lieu ,  la 
pointe  eft  prelqu'aum  cxpofce  qu'un  corps  arrondi  à  l'explofîon  de  la 
Foudre  }  Se  elles  confirment  le  danger  auquel  les  portions  de  métal 
pointues  qui  fe  trouvent  au  haut  des  Eglifes  &  d'autres  édifices  ne  les 
expofent  que  trop  fouvent. 

Je  delîrerois  que  M.  Nairne  pût  répéter  &  retire  avec  le  même  foin 
les  expériences  que  j'ai  rapportées  relativement  à  l'explofîon  que  les 
pointes  peuvent  recevoir  mcdiatement.  Je  fuis  perfuadé  par  l'ébauche 
que  j'en  ai  préfentée,  que  leur  téfultar  feroit  en  total  également  favo- 
rable à  l'ufage  des  pointes. 

Je  conclus  donc  cet  article ,  en  difaiit  qu'un  conduéleur  fans  poijites- 


Ci}  Si  une  pointe  n'attire  en  aucune  manière  un  conduâcurcoorioa  &  tic$-mobiIc(]oDt 
elle  foutire  lélcdiicit^  ,  on  peut  croire  que  lotltjuc  Jcs  parties  de  ce  conduilcur  Icront 
fépai^cs  Se  inter rompues  ,  comoie  le  fonc  celles  des  lambeaux  pendons  des  nuages  ^ 
une  pointe  les  ^leârifcra  graduellement .  &  fera  auelles  fc  rclTerrcfont  contre  le  nuage 
ptiuctpat.  Par  conCéaucot  t^pplicarion  de  l'exp^tcoce  des  flocons  de  coton  du  D.  Fian— 
iJtQ  »  c'cA  pas  dàiucc  de  piobabilué^ 


StTR  L'fiIST,   KATUREILE  ET  LES   ARTS.      4J 

peut  très-bien  remplir  l'ob/ec  auquel  il  eft  Heftinc,  mais  que  je  préfé- 
rerai cjujours  celui  qui  fera  gaciii  d'une  ou  de  plufieurs  pointes. 

Septième  qutpion, 

A  quelle  diftancc  s'étend  le  pouvoir  d'un  conduÛeur  pour  préfec» 
Ver  de  la  foudre  ? 

Ripoitfi. 

11  eft  bien  clair  que  cette  queftion  ne  tombe  que  fur  les  conducteurs 
fju'on  termine  en  pointe.  J'ai  die  plus  haut  qu'un  conduâeurfans  poin- 
tes ne  préferve  que  l'édifice  auquel  il  eft  adapté ,  encore  fauc-il  pour 
le  préfervcr  en  entier  qu'il  foit  aifpofé  de  manière  que  de  toutes  parts 
la  foudre  puifTe  le  frapper  de  préférence  d  toute  autre  partie  de  mctaL 
Cxpofée  dans  le  haut  nu  bâtiment* 

Mais  j'ai  dit  aufîî  que  les  pointes  ioîgnoîent  i  cet  avantage  ceîuî 
d'étendre  i  une  plus  grande  diftance  la  sûreté  qu'elles  procurent.  On 
peut  aifément  juger  combien  il  eft  impoflîble  de  fixer  cette  diftance. 
Elle  dépend  d'une  intnûté  de  cîrconftances  variables,  de  la  ^randeui; 
des  nuages ,  de  leur  cloigncmenr  ,  de  la  quantité  d'cleétriciic  qu'ils 
contiennent,  de  leur  direction ,  de  leur  mouvement ,  de  la  manière  dont 
ils  fe  préfeutent  aux  pointes  ;  car  il  eft  certain  que  l'adion  de  celles-ci 
«ft  extrêmement  dimmuée ,  Jorfque  leur  direâiou  n'eft  pas  perpendi- 
culaire au  nuage;  c'eft  pour  cela  que  j'ai  terminé  le  condu^cur  de  ma 
maifon  par  des  pointes  inclinées  en  diffcrens  fens.  A  mefurc  que  ce* 
drconflances  feront  plus  favorables ,  la  protection  des  pointes  s'éten- 
dra plus  loin. 

Le  feul  exemple  donc  nous  puinions  faire  nfage  pour  le  moment, 
eft  celui  de  la  foudre  tombée  fur  la  maïfon  de  M.  Haffenden ,  donr 
on  a  parlé  plus  haut.  Celui  des  magalms  de  Putflect  n'eft  point  appli- 
cable, puifque  leur  condudeur  fe  cerminoit  par  une  pointe  très-moulTe, 
&  par  conféquent  ne  pouvoir  avoir  que  peu  ou  point  d'aftion.  La  che- 
minée de  M.  Haifenden,  fur  laquelle  la  foudre  eft  tombée,  étoit  d  jo 
pieds  de  diftance  de  fon  conducteur.  Celui-ci  ne  s'élevoitque  de  cinq 
pieds  au-deHus  de  la  cheminée,  à  laquelle  il  étoit  adapté,  il  fe  cermi- 
noit en  une  feule  pointe  dorée.  Il  paroît  que  les  circonftances  ctoient 
dans  ce  cas  extrêmement  défavorables.  L'orage  vcnoït  de  coté,  dirige 
par  une  colline  ,  fur  laquelle  ta  maifon  eft  fituée  ,  &  hors  d'état  de 
reftenttr  l'influence  de  la  pointe  qui  étoit  peu  élevée  &  verticale.  Ce- 
pendant cet  exemple  indique  qu'on  fera  bien  en  général ,  lotfqu'on 
voudra  acquérir  le  plus  grand  degré  de  sûreré  pofUole  pour  un  bâti- 
ment fort  long,  d'y  élever  une  barre  pointue  a  chaque  extrémité»  àC 
d'établir  entre  ces  barres  une  communication  métallique. 

1773.    JUILLET.     Fi 


4*       OBSEKFATIONS   SUR  LA   PHYSIQUE^ 

Huitième  qiuJiio/U 

N'y  a-t-it  pas  un  furplus  de  précautions  ^  prendre  pour  des  bâcimmr 
d'une  Jiâcure  tics-<îang€rgufè  tels  que  desmagafixis  à^oudu? 

Réponjc, 

Pour  un  bnciment  ordinaire  on  {&  contente  de  donner  i  la  foudre» 
^ui  poucroit  le  frapper ,  un  conduit  &  une  ilTue  qui  puïlle  la  tranf- 
znettre  jufques  dans  Tinccrieur  de  la  terre.  On  ne  crauit  pas  que  ce 
conduit  foie  contigu  au  bâtiment  ou  patTe  dans  fon  intérieur  j  on  ne 
craint  pas  même  d'y  pratiquer  quelque  légère  interruption, pour  obfer- 
Ter  la  marche  &  les  phénomènes  de  Tcleélricité  de  ratmoïphcre.  Mai» 
il  n*en  efl  pas  de  mcme  des  magafuas  à  poudce.  La  plus  pente  étincelle 
cleifitique  qui  éciateroit  dans  leur  intérieur,  pourroic  ctre  la  caufe  d'un 
accident  ccriiblc.  Se  l'on  doit  y  poulfer  Les  précautions  jpfqu'au  fcEU*>, 
pule. 

Lorfqu'un  conduAeur  eft  d'une  capacité  fuffifante,  tien  continu» 
ic  qu'il  plonge  exactement  dans  l'eau ,  on  ne  conçoit  pas  qu'il  puilTe  s'en 
cchapet  la  moindre  étincelle  de  feu  cleélrique  ;  comme  cependànc 
cela  pourroit  arriver  pat  quelque  caufe  inconnue,  il  fera,  ie  crois» 
préférable  de  placer  le  conducteur  excéiieurcment.  Se  d'en  établir  deux  s, 
un  à  chaque  extrcmicc  du  bâtiment,  conftcuits  avec  toutes  les  précau-- 
lions  qui  ont  été  recommandées.  Je  penfa  qu'ils  peuvent  (ans  dangec 
être  contigus  au  bâtiment,  &  qu'il  n'eft  pas  néceliaire  de  les  établir  ». 
comme  on  Ta  propofé,  fur  des  mâts  fixés  à  une  certaine  diftance. 

Il  feroic  à  cehcer  que  les  magaiins  à  poudre  n'eulTent  dans  leuc 
conflru^ion  aucune  partie  métallique  extérieure  ,  fai\lanre ,  6c  expoféâ 
par  conféquent  à  erre  frappée  immédiatement  par  la  Foudre.  S'il  s'en 
rfouvoit  cependant,  il  faudrait  avoir  foin  de  les  réunir  au  conduâeuc 
par  un  lien  métallique  ,  dont  on  rendît  la  contiguïté  avec  l'un  Se  l'autre 
parfaite.  Je  penfe  qu'au  moyen  de  ces  précautions ,  les  magafms  feront 
garantis  des  dangers  de  la  foudre. 

Avant  de  finir  je  ne  dois  pas  omettre  deux  obfetvations  relatives  £ 
la  con{lru^ion  des  couduâeurs. 

La  première,  efl  que  les  gouttières  &  les  tuyaux  de  décharge  dont  bien 
des  éclifices  fout  garnis,  forment  d'excellens  conduâeurs,  qu'il  ne  s'agijt 
plus  de  tendre  bien  continus  ,  d'armer  d'une  pointe  dans  le  haut,  Sc 
de  faire  communiquer  avec  l'eau  dans  le  bas^,  pour  les  rendre  bien 
pirfàirs.  Ainfi  en  conftru'ifant  un  édîBce  on  fêta  oien  de  difpofer  tout 
de  fuite  ces  gouttières  5c  ces  tuyaux  de  manière  a  pouvoir  remplir  égale- 
ment la  double  ioA^Oiide  conduire  lc{  eaux&  oe  déchargée  la  foudre*- 


SUR  vnisr,  naturelle  et  les  arts.     45 

Cela  évitera  les  frais  d'une  conftruAion  particulière  pour  ce  dernier  objet. 
Le  bâtimeiic  le  plus  complètement  armé  ,  fetoit  celui  fut  le  fommet 
do  toic  duquel  rcgneroit  tout  du  long  une  bande  de  plomb  fervatif 
de  fiiîticre,  communiquant  4  de  femblablcs  bandes  qui  en  recouvri- 
loient  les  arrêtes  &c  viendroient  aboutir  à  des  gouttières  régnant  cour 
autour ,  &  ayant  aux  angles  des  chenaux  ou  tuyaux  de  décharge  qui 
viendroient  jufqu  a  terre  ;  de  l'extrémité  de  ceux-ci  on  pratiqueroic 
une  communication  métallique  jufqu'à  Teau  ,  &  au  fommet  de  chaque 
extrémité  du  bâtiment  on  éleveroit  une  barre  de  fer  haute  &  terminée 


ar  plufieuts  pointes  d'un  mcial  qui  ne  pût  pas  fc  détruire  qu  fç  çouiU 
er  a  l'aîr. 


r. 

La  féconde  obfervatîon  eH:  que  îotfqu'on  voudra  pratiquer  un  con* 
'duâeur  A  un  édifice ,  fur-tout  lorfqu'on  l'établira  pendant  l'ctc  6*: 
que  fa  conflruckion  devra  durer  quelque-rems»  on  fera  bien  de  com- 
mencer par  fa  partie  inférieure  en  prenant  depuis  l'eau  &  en  remon- 
tant. En  commençant  par  le  haut,  on  pourroic  craindre  qu'il  ne  furvînt 
dans  l'intervalle  quelque  couft  de  foudre  qui  frappât  b  partie  fupé- 
rieure  encore  ifolec  &  n'endommageât  Icdince. 

Je  fuis  bierr  éloigné  de  me  flatter  d'avoir  donne  un  réfolution/âri*- 
faiianre  des  différentes  qucflions  que  j'aijptopofées  relativement  aux  con- 
ducteurs. Je  defire  que  d'habiles  Phylïciens,  ^  fur- tout  les  Compa- 
fnies  Savantes  ,  juges  naturels  des  objets  de  cette  nature, iravaillenc 
les  décider  èc  i  fixer  invariablement  les  opinions  fur  une  matière 
aulfi  importance.  Cela  n'eft  cependant  peut-ctre  pas  pollible  fur  tous 
les  points.  Il  faudroit  beaucoup  plus  d'obfervations  que  nous  n'en 
avons  encore.  Le  moyen  d'en  augmentée    le  nombre,  efl  de  mulQ« 

Îilier  les  conducteurs  condruits  de  différentes  manières.  C'efl  à  quoi 
eur  exemple  6c  leurs  exhortations  peuvent  conduire.  On  a  vu  oans 
l'ouvrage  de  M.  l'Abbé  Toaldo»  combien  leur  ufaee  s'cfl  multiplié 
dans  différens  pays  :  (i)  je  vois  avec  regret  qu'il  eft  jufqu'ici  peu  étendu 
en  France.  Quelques  particuliers  en  ont  armé  leurs  maifons  &  leurs 
châre-iux,   "" -  ''  " "  -""—*-'--  '"--  ->--  ^-" -.t-i:- 

i  r 

demie 


(l)  Dans  une  lettre  Je  M,  l'AbW  Toal  Jo  ,  qui  ne  m'cft  parvcnae  gn'ao  aoinent  od 
on  alloit  imprimer  ceitc  feuille ,  il  marntie  ,  aue  le  Sénat  de  Vetiifc  a  oidooné  par 
110  Aicttt  du  }o  Juillet  1778.  que  tous  les  vatlTcaui  de  la  République  fcroicni  doré- 
navant munis  de  chaïnet  éleâriques  qui  fcroicnt  partie  des  agris  nécciTaircs  de  cba- 
que  vailfcau ,  ce  qui  a  été  fidèlement  &  compictemcot  exécuté.  Il  marque  aufli  que 
pendant  l'Automne  de  177S,  od  a  garni  de  coDduâeurs  plulieurs  magaUns  à  poudre 
aux  CDvitoDt  de  Veoife. 


(1)  L'un  de  CCS  cooduâciirs  a  éïé  établi  foi  l'kôtcl  de  i'Acad^oiic»  par  les  foins 


4if        OBSERyÀTIOfJS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

que  j'en  avois  acbpcé  un  â  ma  maifon ,  &  j'ai  décrit  la  forme  que  fai 
aonncc  -î  fa  poincc  Le  iurplus  confiée  en  des  tringles  de  fer  d'un 
pouce  de  di-imètrc  ,  lices  &  ferrées  les  unes  aux  autres  par  des  vis , 
&  continues  Jufqu'au  fond  de  mon  puits  qui  ne  tarit  jamais.  Mon 
motif  en  le  conftruifant ,  a  moins  été  l'envie  de  préfcrver  ma  mai- 
fon  ,  que  le  dclïr  de  donner  un  exemple  utile  i  ma  partie.  Elle  pofsède  le 
plus  beau  Monument  d'Arc hitedlute  Gothique  qui  exifte.  C'eft  la  tour 
de  fa  Cathédrale  élevée  de  près  de  500  pieds,  &  plus  admirable  encore 
par  la  hardie{re  &:  la  légèreté  de  fa  con(lrm5kion  que  pat  fon  élévation. 
Cette  tout ,  ainfi  que  l'édifice  auquel  elle  appartient ,  ont  frcqucm- 
menc  éprouvé  les  ravages  de  la  foudre  »  &  conflitué  dans  dcï  dcpenfcs 
înormcs  de  réparations  la  fabrique  dcftince  i  fon  entretien.  Puiffenc 
les  preuves  raHemblées  dans  cet  ouvrage,  de  l'utilité  des  conducteurs , 
dctetralner  A  lui  appliquer  ce  préfervatif ,  &  (Contribuer  à  la  confervi- 
tion  de  ce  beau  Monument ,  en  prévenant  les  accidens  de  la  foudre 
qui  poutroient  en  ébranler  la  ftruéhitCj  ce  qu'on  a  déjà  été  dans  le 
cas  de  craiiidre  plus  d'une  fois. 


I-Egli 

Satni-rhilibcrt.  Ces  deux  cooduAcuis,  fuivant  la  dcCctùtion  qui  m'en  a  iti  laite, 
foot  tumiaés  pat  des  pointes  métalliques  élevéei ,  ne  (ont  point  iTolés  &  fe  pralon> 

tent  juCques  dans  l'caa  de  l'intérieur  de  la  terre  M.  de  Morvcau ,  vient  au  mois  de 
cptembrc  de  l'année  dernière  d'en  établir  un  fur  le  clocher  de  l'Eglife  de  Bûurg-en- 
Breirc.  Il  y  en  a  égalemenc  un  fur  l'Eglife  de  Scmtir  en  Anxois,  petite  ville  ou  les 
l«iciiccs  se  les  Ictucs  (bac  cultivées  plus  qu'on  oc  poorioit  l'attaMtc  de  fon  étendue* 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.       ^y 


MÉMOIRE 

Sur  l'importation  du  Gdroflîer  des  Moïuques  aux  Ifles  de 
France  y  de  Bourbon  6c  de  Sechelles  ^  £c  de  ces  lues  k 
Caycnnc  j 

V  M.  rAbbé  TeSSIER  ,  Docleur-Rigtnt  de  la  Faculté  Je  Médecine 
de  Paris ,  de  U  SociiU  Royale  de  Médecine  6*  de  CAcadimU  desScienJ 
cesj  &c.  de  Lyon, 

\^  u  0 1 Q  u'  £  N  Fr:mce  rufage  des  aromates  ait  diminué  à  mefutâ  que 
l'abus  qu'on  en  faifoit  A  cté  prouve  ôc  reconnu ,  cependant  il  y  en  a  des 
çÇpccâS,  celles  que  la  mufcade  Se  le  clou  de  gcroHejdom  laconfommacioa 
eu  encore  conudcrable,  Se  le  fera  lonç-cems.  Ces  deux  produâions  exo- 
tiques {bnc  vendues  par  les  Hollandois ,  qui  les  récoltent  dans  une  de 
leurs  IHes  ,exclu{ivemenc  aux  autres  nations,  par  les  foins  qu'ils  prennenc 
d'arrachec  les  planes  d  épiceries  dans  les  lieux  où  ils  ne  peuvent  les  garder, 
Etrange  effec  de  J'avidlcé  d'un  peuple  commerçant  »  qui  veut  que  la 
nature  ne  foit  bienfaifante  que  pour  lui  !  Afin  d'empêcher  qu'une  partie 
de  notre  numéraire  ne  paTsac  chez  nos  voidns ,  pour  cet  oojec ,  il  écoic 
naturel  que  des  Trançois  cherchaiTent  à  introduire  >  dans  quelques-unes 
de  nos  polTeflIons ,  la  culture  du  gcroflier  3c  du  mufcadier.  11  paroïc 
qu'on  y  a  travaillé  avec  fucccs ,  comme  nous  en  avons  des  preuves 
maintenant,  fur-tout  i  l'égard  du  premier  de  ces  arbre!.  M.  l'Abbé 
Raynal ,  dont  la  correfpondance  emoraïTe  toutes  les  parties  du  globe, 
a  reçu  de  Cayenne  une  branche  de  gérofliet,  chargée  d'un  bouquet  de 
clous,  &  de  Ville  de  France,  quelques  cluus  de  gccufle,  qu'il  nous  a 
communiques,  en  nous  certifiant  qu'ils  provenoient  des  plantations  ^tes 
dans  ces  lues. 

Avant  de  faire  connoître  les  rapports  de  ces  échantillons  avec  les 
branches  &  les  fruits  du  véritable  eeroflicr  ,  nous  expoferons  comment 
cet  arbre  a  été  introduit  aux  lUes  de  France  Se  de  L-ayenne.  Le  public 
nous  faura  peut  être  ^ré  de  lui  apprendre  ces  circonftances. 

Quoique  ce  Mémoire  n'ait  pour  objet  que  les  progrès  du  gcroflier» 

Fuifquc  nous  n'avons  d'cthantillons  que  du  géroflier,  néanmoins  dans 
hiftorique  qui  va  fuivre  ,  il  fera  aulli  queftion  du  mufcadier,  parce 
que  i'mi  Ôc  l'autre  ont  été  importés  en  même  -  tems  à  l'iile  de  fiance 


48       OBSERrATKnrS  SUR    LA   PnrSTQUS, 

&  i  Cayennej  il  faut  attendre  pour  parler  des  fuccès  du  dernier,  qatf 
uous  en  ayons  des  preuves  authenriques. 

Par  un  procès  -  verbal  fait  à  Tlfle  de  France  le  17  Juin  1770,01» 
voit  que  des  i  jC^ ,  on  s'occupa  des  moyens  de  procurer  à  cette  Ifle  des 
plants  de  niufcadiers  &  gcrofliers  i  que  M.  Provoft  fut  charge  de  cette 
opération  par  M.  Poivre  (  i  ) ,  Intendant  des  lllcs  de  France  &  de  Bourbon» 
de  concert  avec  M.  Tremigon  >  Lieutenant  des  vaifTeaux  du  Roi  j 

Qu'il  s'embarqua  à  i'iile  de  France  au  mois  de  Mai  176^  ,  fur  la 
corvette  /«  yigilant ,  commandée  par  M.  Tremigon  \  qu  il  relâclu  À 
Pondichéii,  enfulte  à  AcKen,  où  il  fut  joint  pat  Te  bateau  X'EtciU  du 
matin  ^  commandé  par  M.  de  Chevry  ,  Lieutenant  de  ftcgate  ,  ainfii 
qu'on  en  étoit  convenu  ; 

Que  de--là,ils  allèrent  i  GnedajOÙ  des  opérations  tentées  l'annéa 
précédente  n'avoien:  pas  téufG;  qu'ils  fc  rendirent  enfuîtc  aux  Manililes, 
où  ils  prirent  des  informations  relatives  à  leur  midîon  ;  que  la  mouEÏba 
étant  devenue  favoraWe  pour  quitter  les  Ifles  Philippines ,  &  fe  rendre 
aux  Moluques ,  ils  firent  voile  pour  cet  Archipel  au  mois  de  Janvier 
1 770 i  qu'ils  touchèrent  à  MenQana,lile  la  plus  fud  des  Philippines, 
&  la  plus  voifine  des  Moluques ,  où  ils  firent  de  nouvelles  informations  ; 
que  ae-Ui  ils  pafsèrent  i  Tlfle  Jolo,  où  ils  furent  très- bien  reçus  par 
le  Roi  du  piys ,  qiû  s'engagea  à  leur  procurer  des  plants  d'épiceries  » 
un  autre  voyage  ; 

Qu'ils  fe  rendirent  enfuite  à  Tlfle  de  Mino,où  ils  eurent  beaucoup 
de  peine  à  aborder  ;  qu'après  y  avoir  cherché  en  vain  pendant  deux 
jours  des  plants  d'épiceries ,  ils  fe  rembarquèrent,  avec  le  projet  d'aller 
à  Ceram  &  à  Timor  ;  que  dans  cette  route ,  M.  de  Tremigon  ,  craignant 
de  manquer  de  vivres  en  allant  &  a  Ceram  &  à  Timor  ,  \'L  Provoft 
fe  décida  le  11  Mars  1770  ,  à  patTer  fur  le  bateau  V Etoile  du  matin  , 
pour  aller  faire  des  recherches  a  Ceram  &:  dans  les  autres  Ifles  voifmes 
dépendances  des  Hollandois ,  tandis  que  M.  de  Tremigon  irott  avec 
U  Vigilant  en  faire  à  Timor  ; 

Que  M-  Provoft  toucha  en  divers  endroits  de  l'Ifle  de  Ceram ,  entr'au- 
tres ,  i  la  baye  de  Saway,  où  il  apprit  que  les  Hollandois  avoient  détruie 
récemment*  tous  les  plants  de  mufcadiers  &  de  gcrofliers i  <jue  de-U, 
il  pafla  à  Gueby  ,  où  il  gagna  les  gens  du  pays ,  Se  en  particulier  leur 
Roi ,  qui  lui  procura  des  plants  &  des  noix  fraîches  de  mufcadiers  Se 
des  plants  fie  des  graines  de  gcrofliers,  qu'il  apporta  4  l'iUç  de  France,  aptes 
une  tfaverfée  de  deux  mois. 


(i)  Ce  nom  eft  en  fcnctaiion  dans  les  Tflcs  de  France  flr  de  Bourbon.  C'eft  Icjufte 
piix  des  ferriccs  ûnponans  <]ue  ce  Citoyen  cfUmabIc  a  rendus  à  la  Colooic.  Reiiié 
a  (à  campagne  près  de  l*y°^  1  ^  y  }°^^  ^  Phiiolop bc  i^u  ptaiGi  ù  doui  de  foulagu 
Jb  nulbciueux. 

M>  Commerfon, 


Sun  VIIÏST.  NATVREllE  ET  LES  ARTS       49 

.  M.  Comincrfon ,  McJtcia  Bocmille  du  Roi ,  fe  trouvoic  alors  i  Tlfle 
de  France*.  11  vciioit  de  faire  ,  avec  M.  de  Bougainville ,  le  roui  du 
monde,  où  Ton  zèle  infatigable  pouc  U  Bucanique,  dans  laquelle  il 
i^oic  fingitfièremenc  verfé,  lui  avoîc  fait  ramalîcr  une  quantité  conlîdc- 
rable  de  pl.intcs  nouvelles ,  qui  font  coiifetv^es  prccieufement ,  &  qui 
£om  regretter  que  U  more  ait  enlevé  H -tôt  un  homme  qui  annonçoît 
un  mérite  dillingué.  Ce  fac  d  lui  qu'on  s'adrella  pour  examiner  les 
plants  &  les  graiues  apportés  par  M.  Provoft  ;  il  attcftà ,  par  un^ertificat 
du  17  Juin  1770,  que  cétoienc  des  plants  &  des  graines  du  mufcadicr 
èc  du  géroflier ,  dont  les  fruits  font  dans  le  commerce.  Le  Confcit 
Supérieur  ordonna,  le  10  Juillet  1770,  l'en  régi  ftremcnt  du  procès- 
verbal.  ,. 

i.e  16  du  mcme  moïs^le  Guuvcrnear  6c  l'Incendant  rendirent  une 
Ordonnance ,  pour  défendre  l'exportation  de  ces  plants  Se  graines  hors 
de  rifle ,  &  le  Confeil  ht  enrcgirfrer  le  lendemain  cette  Ordonnance. 

Ces  plants  &  graines  furent  didribués  tant  dans  le  jardin  de  l'Inten- 
dant ,  qui  difFéreus  lubitans  de  l'IÛe  ,pour  être  cultivés. Cette  première 
importation  n'ayant  pas  été  afTez  conftdcrable  ,  &  n'ayaut  pas  rcuflj , 
comme  on  s'y  atcundoit ,  on  s'occupa  ,  en  1771  ,  d'une  féconde  expé- 
dicion.  Une  déclaration  de  M.  Provofl  du  ^  Juin  177X  ,  porte  que  te 
15  Juin  1771 ,  il  partit,  par  ordre  de  MM.  le  Chevalier  des  Roches 
&  Poivre  ,  far  la  flûte  du  Roi ,  Yljle  Je  France  j  commandée  par  M.  le 
Chevalier  de  Coetivy  ,  tnfeigne  de  vaifleaux ,  cliargé  conjointement 
avec  lui  de  cette  miflion  ;  qu'on  joignit  à  ce  vailfcau  la  corvette  le 
Nécefjûirf  ,  commandée  par  M.  Cordé  »  ci -devant  Officier  de  la  Com- 
pagnie des  Indes  \  l'ocdre  étoit  de  £urc  le  retour  par  l'Archipel  des^ 
Moluques,  après  avoir  palfc  à  Manilles  four  y  chercher  des  vivres  fie 
agrès  de  marine ,  dont  la  colonie  manquoit. 

Qu'après  avoir  palTé ,  en  effet,  i  Manilles,  ils  en  partircnr  le  15 
Décembre  1771  ;  qu'ils  relâchèrent  à  Gueby  ,  où  ils  rallemblctenc 
encore  des  plants  Se  des  graines  de  mufcadler  &  de  gérofliers  ^ 

Qu'ils  nuutcrent  Gueby  le  8  Avril  1771.  Le  vailfeau  arriva  à  l'ifle 
de  trance  le  4  Juin  fuivant ,  &  la  corvette  te  furlendemain ,  ayant  l'un  Ôc 
l'autre  des  plants  Se  des  graines,  qui  furent  vcriHés  le  8  jum,  comme 
la  première  fois ,  par  M.  Commerfon  ;  on  les  didribua  aux  habûans 
des  lAes  de  France  ,  de  Bourbon ,  &  de  Sechelles. 
t  M.  Poivre ,  a£n  de  mieux  conllater  encore  la  découverte ,  envoya  i 
l'Académie  des  Sciences  de  Patis  ,  des  branches  de  gérofliers  S<  des 
mufcadcs  rapportés  Se  l'expédition  ^  la  manière  de  penfer  dçs  Com- 
mifl&ires  de  cette  Compagnie  fur  les  échantillons  qui  lui  furent  remis  y 
fut  conforme  à  celle  de  M.  Commerfon^ 

C'eft  flinfi  que  le  mufcadicr  &  le  géroflier  ont  été  introduits  dani 
Tome  Xir,  Partie  il.      1 775.  JUILLET      G 


jo        OBSERf^JTIOyS  SUR  LÀ  PHYSIQUE^ 

nos  Ifles  d'Afrique;  nous  allons  voir  comment  ils  le  fiircnt  à  Cayenne  ,* 
d'après  l'expcfé  qui  nous  a  été  communiqué. 

M.  Maiilart  du  Merie,  Commiffàire- Général  de  la  Marine,  Ordon- 
mceur  à  rtlle  de  Cayenne ,  ccahc  revenu  en  France  par  congé  en  1770  , 
entendit  parler  du  projet  d'introduire  les  épiceries  à  llHe  de  France. 
Sur  les  informations  qu'il  Ht  du  fol ,  de  la  latitude,  &  du  climat  des 
Moluques  ,  il  penfa  qu'elles  pourroiem  réufiit  encore  mieux  à  Cayenne. 
Il  Ht  pan  de  tes  idées  au  Nliniflre  ,  qui  les  approuva,  &  donna  des 
ordres  en  conféqucnce. 

Au  lieu  de  retourner  à  Cayenne  ,  M.  Maillard  fut  envoyé  ,  en 
qualité  d'Intendant ,  i  l'ifle  de  France  ,  dont  M.  de  l'crnay  venoic 
actre  nomme  Gouverneur.  A  peine  y  furent-ils  rendus  l'un  &  l'autre, 

3u'ils  s'occupèrent  de  concen  à  faire  porter  à  Cayenne  des  plants  & 
es  graines  d'épiceries ,  qui  n'avoient  pu  encore  y  être  envoycs- 

lls  profitèrent  d'un  navire  particulier  de  Nantes,  qui  devoit  aller  de 
rifle  de  France  à  St.  Domingue ,  &  prirenr  les  précautions  les  plus  Cigcs 
pour  que  les  plants  &  lés  graines  dont  ils  le  chargèrent ,  parvinlfenc 
promptement  &  en  bon  eut  à  leur  deftination.  Le  vaitièau  arriva  î 
Cayenne  le  5  Février  177J  ,  î*prcs  une  traverfce  qui  ne  fut  que  de  64 
Jours  ,  nnt  le  Capitaine  (  le  Sr.  Abram  )  avoit  fait  de  diligence  , 
comme  on  le  lui  avoit  recommandé  ,  afin  que  les  plants  ne  fouffrif- 
fenc  pas. 

MM.de  Tcrnay  Se  Maiilart  projetèrent  encore  en  1774»  d'envoyer  à 
Cayenne  des  plants  d'épiceries ,  &  des  plants  &  de^ graines  de  ditFnens 
arbres  ou  plantes  utiles  de  l'Inde  ;  le  vailTeau  qui  en  ftit  chargé  elluy.i 
des  avarier  confidcrables  ,  qui  l'obligèrent  de  revenir  à  i'Ifle  de  t  ranre  ; 
enforte  que  prefque  tous  les  plants  ftirenc  perdus.  Cette  dernière  ten-t. 
tative,  quoiqu'elle  n'aie  prrs  réulTi ,  eft  une  preuve  de  plus  dn  zèle  de 
MM.  ce  Ternay  &  Maiilart  puut  la  multiplication  des  objecs  inié- 
relTans  dans  nos  Colonies. 

Pour  prouver  les  fuccis  que  l'imponaiion  du  gcroflier  a  eu  a  Cayenne, 
on  nous  a  donné  une  branche  chargée  de  clous  provenue  des  pl.mtations 
fiiites  dans  cette  lÛe.  Elle  a  été  denincc  prir  Madame  la  CiimtefTe 
d'Andlau  ,  qui  dans  l'âge  des  plaifîis  cultive  fa  taifon  ,  étend"  fes 
connoilTances,  &  pratique  quelques-uns  des  beaux  atts.  C'eft  ce  dcHirt 
dont  nous  joignons  ici  la  Gravure. 

Les  feuilles  de  cette  branche  font  elliptiques  &  pointues  aux  deux 
extrémités.  On  diftingue  au  milieu  une  nervurç  principle ,  qui  du 
pétiole  fe  prolonge  julqu'à  la  pointe.  Il  en  fort  prelque  en  ligne  droite 
lin  grand  nombre  de  petites  neivuies  parallèles  ,  qui  fe  tcnriinent  1  un 
cercle  placé  i  quelques  lignes  du  bord.  La  couleur  de  la  feuille  eft 
a  un  verd  fombre,  un  peu  plus  cLiir  cependant  que  celui  de  la  feuille 


SUR    VIirST.   NATURKILE   £T  LES   ARTS.     51 

lu  laurier  commun ,  â  laquelle  elle  reïTcmble.  Son  pétiole  eft  brun.  Si 
on  l'écrafe,  elle  exhale  une  odeur  aromatique^  fi  on  la  mâche,  elle  » 
le  piquint  du  girofle.  Les  clous  placés  à  l'extrcmiic  de  la  branche  en 
forme  de  corymbe,  font  bruns,  allongés  &  crès-odorans.  Le  bois  qui 
ibuiient  les  feuilles  eft  liffe  &  gris  cendré.  Getce  branche  de  gétofliec 
parott  conforme  i  celle  qui  fut  envoyée  i  l'Académie  des  Sciences , 
avec  la  dirtcrcnce  que  dans  celle-ci  les  clous  ncroient  plus  comme 
dans  celle  que  nous  prcfencon?  ,  atracWcs  à  rexrrcmiïc  j  ce  qui  rend  la 
dernière  plus  incérelTance.  D'ailleurs ,  lors  de  l'envoi  fait  à  l'Académie, 
c'étoit  une  branche  degérofliet  apportée  de  l'expédition ,  dont  il  fiilloit 
vérifier  les  rapports  avec  le  géromer  du  commerce  ,  pour  s'alfurer  que 
c'éioit  lui  qu'on  introduifoit  aux  Ifles  de  France ,  de  Bourbon  Se  de 
Sechellcs.  Ici  la  Gravure  repréfente  un  des  produits  des  planutions 
faites  à  Caycnnc ,  avec  des  plants  apportés  de  Vlfle  de  France ,  qui  ont 
fruc^Hé  au  point  de  donner  des  doux  parfaitement  fombUblcs  à  ceux 
des  Moluques. 

Parmi  les  Auteurs  qui  onr  décrit  le  ecroP.ter,on  diftingue,  fur-tout, 
Valenciuus  (  i  )  &  Rumphius  (  1  ).  Ce  dernier  a  vu  cet  arbre  Se  (et 
variétés  fut  les  lieux  ,  &  il  les  a  delTînés  iui-mcme.  C'eft  parriculicrement 
d'après  tut  que  nous  allons  en  donner  tme  jufte  idée. 

Le  géroBier  eft  un  arbre  de  la  fiimille  des  mynhes  (j) ,  qui  cealc  cil 
hauteur  le  cerifier  ou  le  hêtre.  Il  s^élève  ordinairement,  fans  fe  mvifer» 
jufqu'à  4  ou  5  pieds.  La  partie  inférieure  du  tronc  eft  anguleufc^  la  cime 
eft  difpofce  en  pyramide  ou  cône ,  comme  celle  de  l'épicea  ou  du  bou- 
leau; rccorce  eft  lilfe, mince,  &  très-adhérente.  Elle  recouvre  un  boU 
tellement  dur,  qu'une  petite  branche  peut  porter  un  homme. 

Les  feuilles  fout  oppofées  deux  d  deux  èc  en  croix ,  ayant  une  forme 
elliptique  y  on  y  diftingue ,  outte  la  nervure  principale ,  qui  du  pétiole  fe 
prolonge  jufque  vers  la  pointe ,  plufteurs  petites  nervures  qui  eu  fottcnc 
prcfquc  en  ligne  droite ,  Se  fe  terminent  à  une  nervure  circulaire ,  placée 
,a  quelques  lignes  du  bord  (4.).  Ces  feuilles  ne  font  ni  crcnetces,  ni  dé- 
coupées, mais  entières  Se  finuées.  Elles  ont  de  la  fermeté  comme  les 
'feuilles  de  laurier,  auxquelles  elles  relTemblent,  Se  on  peut,  en  les 
écrafant ,  les  réduire  en  poudre.  Elles  ont  le  goût  Scre  Se  aromatique. 


(0  Hift.  Simplie.  Rcfonn. 

(i)  Hcrb.  Ambo.  Vol.  1. 

())  Quatorzième  famille  de  M.  AdafiTon. 

(4)  On  obfcrvcra  la  conformué  de  ceccc dcrcri{ttion  def  reuinet  faire  par  Ru&iphiu^ 
kv<c  ccUe  de  la  branche  dom  aoui  avons  paiti. 

1779.    JUILLET,    G  1 


ji         OBSERVATIONS  Sun    l    PHYSIQUE^ 

C'eA  à  l'excrcmitc  des  branches  du  gcroAicr  que  fe  forme  le  fruît;  on 
appelle  aiiid  une  partie  allongée ,  grolTc  de  quelques  lignes,  tcrmince 
par  quatre  ezpaii(îons  qui  Touciennent  uu  corps  plus  ou  moins  fphciique  » 
d'où  doivent  forcir  ^es  org-ines  de  11  fnidilîcation.  On  cueille  les  fruits 
du  géroflier ,  nommé  clou  de  girofle  i  caufe  de  fa  forme ,  avant  que  ces 
organes  foient  fortis ,  parce  que  c'efl  alors  qu'il  ell  aromatique  &  propre 
aux  ufages  pour  lefqueis  on  le  defline.  Plus  tard ,  il  ell:  fans  odeur. 

Si  l'on  n'en  trouble  point  la  fruâiâcation ,  deux  ou  trois  femaines 
après  la  Boraifon ,  chaque  clou  de  gcrofle  grollîr ,  les  quatre  cxpanlîons 
gui  fouieiioicnt  le  corps  fphciique ,  fe  r.ipproihent  &  fe  ferrent  ;  il  fe 
forme  au  centre  du  clou  un  noyau  dur,  qui  fe  trouve  environne  d'une 
fubftance  charnue  *,  c'eft  U  le  véritable  fruit ,  ou  plutôt  la  vraie  femence 
du  gcrofle  qui  germe  lorfqu'on  la  pUnre ,  &  produit  un  nouvel  arbre  \  le 
ftuu  du  gérons  en  cet  état,  fe  nomme  cA>w  matrice  ;  il  n'a  point  de  qualité 
atomatique. 

\^ti  clous  de  géroflcs ,  difpofcs  en  corymbe ,  font  ordinairement  portés 
trois  par  rruis  fur  des  pétioles  plus  ou  moins  longs  ,  toujours  opj'ofcs  & 
formant  la  croix  ,  comme  les  feuilles , avec  les  pétioles  fupcrieurs  ou  infé- 
rieurs, qui  fe  divifent  tous  en  trois  pour  en  fournir  un  particulier  à  cha- 
que clou  de  ccrofle.  Un  corymbe  eft  compofc  au  moins  de  9  clous,  le 
plus  {ouvenr  de  1  ; ,  quelquefois  de  1 1  &  même  de  1  j ,  car  il  arrive  que 
toutes  les  divilîons  ne  font  pas  de  trois. 

Les  Moluques,&  fur-tout  Mackian,  fous  l'Equateur,  font  la  pa;rie 
du  géroflier.  Il  y  cruilToii  fans  culture,  maintenant  on  n'en  trouve  plus  ' 
qu'i  Amboine,  où  tl  a  été  tranfplanré  ,  &  où  il  eft  cultivé  foigneufcment- 
Lcs  Hollandois  n'en  laiircnt  point  fublifter  ailleurs.  La  bonne  manière 
de  l'élever ,  efl  de  tranfplancer  les  plants  venus  de  cloub  matrices,  de  les 
mettre  dans  des  lieux  remplis  d'arbres,  qui  les  pcotègenc  de  leui  ombre, 
&  d'arracher  enfuite  ces  arbres  lorfquc  les  gcroBiers  ont  une  certaine 
force  j  d'où  vient,  fans  doute,  l'opinion  où  l'on  eft  que  les  gérufliets  ne 
ibuffrcnc  ni  arbres  nî  herbes  auprès  d'eux. 

Dans  le^  Moluques,  tes  géroHiers  donnent  ordinairement  du  frutc 
la  feptième  on  la  huirième  année.  Â  Amboine,  ce  n'cft  qu'à  10  ou 
Il  ans.  La  récolte  s'en  fait  tous  les  4  ans  ,  depuis  le  mois  d'Odo- 
bre  jufqu'au  mois  de  Décembre.  C'eft  loifque  les  fruits  ou  clous  ccm- 
mencciir  à  rougir  qu'on  les  cueille  avec  p'us  ou  moins  de  prciaurion, 
felun  que  les  cultivateurs  font  plus  ou  moins  intelligens.  On  les  met 
dans  de  l'eau  bouillante ,  &  on  les  expofe  fut  des  planches  à  la  fumée 
d'un  feu  qu'on  entretient  delfuus  pendant  pUifieurs  jours  \  te  qui  leur 
donne  une  couleur  brune.  Quelques  perfonncs  ,  fans  les  plonger  dans 
i'eau  bouillante ,  les  expoletit  à  la  fumée  £c  enfuite  au  foleil. 

La  premiète  variété  au  géroBiec  commun ,  eil  le  géroBiec  toyalj^  il 


svn  VHïST.  KArunr.iiE  et  les  arts,     yj 

îH  très-rare.  On  le  ccouvoîc  autrefois  à  Mackian  \  on  l'appelle  royal , 

}arce  qu'on  croie  que  les   Rois  du  p.iys  le  f-Lifoiem  garder  foigncufc- 

lent  pour  en  ronferver  le  tVuit  deftinc  pour  leurs  perfonnes  &  pour 

tire  des  ptéiens  \  cet  arbre  ne  diffcroit  du   ^croflier  commun ,  que 

■parce  que  Tes  fruits  ccoient  plus  ptrits  5c  plus  noirs .  &  pxrte  que  le  corps 

iphcrique  avoit  une  ou  deux  pointes  coniuie  l'extréniité  de  U  feuille  au 

geuèvtier. 

Le  gcroflier  fiuvage  ,  féconde  v."»rictc  c^u  commun  ,  scicve  plus  haut; 
[31  a  une  cime  plus  grolle.  Ses  feuilles,  qui  font  l'eauroup  plus  grandes, 
me  forment  pss  exaâement  la  croix;  les  lignes  ou  nervures  parallèles 
qu'on  y  obfcrve ,  font  plus  ctartces  les  unes  des  aunes  ;  fes  feuilles  brifces 
exhalent  une  odeur  tfe  tlous  de  gcrcfBe ,  mclce  d'une  certaine  acidité. 
11  y  a  bien  moins  de  clous  â  l'extrcmitc  des  branches  \  tantôt  il  s'en 
trouve  deux ,  i.'>ntôt  trois  ou  quatre,  mais  benicoup  pUii  gros.  Les  clous 
matrices  ,  qui  fe  forment  à  la  fuite  du  développement  des  cramincs,  ont 
un  noynu  LonfidctablCf  &  font  d'un  volume  proportionné.  Le  bois  de 
l'arbre  cil  dur,  peianc  &  crès-cendrc.  On i'eniploye  %  des  ouvrages  de 
méchanique. 

Le  çéroflier  fauvage  fe  trouve  dans  coures  les  Moluques,  où  il  vîcni 
naturellement  ;  fon  ^uic  efl  fans  odeur  aromatique  ^  aulli  cft  il  néglige 
abandonné  aux  oileaux  qui  s'en  nourrilfenc.  Quelquefois  on  introduit pac 
fraude  dans  le  commerce  des  clous  du  gcroflier  fauvage,  qu'on  peut  ce- 
pendant diftinguer  des  autres,  à  caufe  de  leur  grolleur. 

D'après  la  defcriptioa  que  nous  venons  de  donner  des  difFcrens  g^- 
rofliers ,  il  efl  aifc  de  voir  que  la  branihe ,  venue  de  Cayerme  »  appattîenc 
au  véritable  gcroflier  commun  ,  tel  que  les  HoUandois  le  cultivent  à  Am- 
boine  ;  puifque  les  feuilles  »  le  bois  y  Us  clous ,  U  difpofition  &  l'état  de 
ces  parues  a  tout  eil  entièrement  femblableàce  qui  s'obferve  dans  Icgéco* 
flier  ordinaire.  A  l'égard  des  clous  de  gétoflc,  provenus  des  plantations 
faites  à  rifle  de  France,  ceux  qui  nous  ont  été  remis,  ont, à  la  vérité, 
la  forme  éi.  l'odeur  des  clous  de  gérofie  du  commene ,  ou  ,  ce  qui  ell  la 
même  cbofe ,  font  le  fruit  du  géroâier  commun  \  mais  ils  font  inférieurs 
en  grodeur  à  ceux  d'Amboine  &  de  Caycime  ^  ils  ne  fonr  pas  non  plus 
d'une  couleur  aufli  brune.  Au  relie,  jl^ous  en  cil  parvenu  trop  peu  du 
produit  de  nos  ifles,pour  que  nous  poRRons  juger  exaâemcm  des  diâé- 
tences.  Ce  qu'il  y  a  de  certam  ,  c'eft  qu'ils  font  tous  ttcs-odorans ,  ayant 
le  goût  piquant  éc  aromatique. 

Nous  aurions  dtfîré  avoir  des  détails  fur  la  manière  dont  on  cultive 
le  péroflicr  aux  Ifles  de  France ,  de  Bourbon  .  de  Sechclle  &c  de  Caycnne , 
ain{i  que  fur  l'état  aduel  des  plantations  ,&  fur  Us  cTpcranccs  qu'on  peut 
avoir  de  leurs  produits,  lorfque  ces  arbres  auront  acquis  alfcz  de  force 
peur  donner  du  fruit  abondamment-,  ces  c.:Iairt.iiîemt;ns  nous  manquant, 
il  faut  nous  conieniei  de  favoii  que  cette  efpC(.e  d'cpic{,'iie  croie  &  fiu:- 


y4        OBSEnrATIONS  SUR   lyi  PHTSIQUE, 

rîfie  dans  nos  poiTenions ,  Hnon  auiE  parfàicemenc  que  dans  les  Mola- 
qucs  ,  leur  pays  natal ,  ou  mcmc  à  Âmoaine ,  au  moins  allez  hicu  pour 
«jnonpiillfes'en  promecrre  nn  avantage  dont  tout  bon  parriocc  fcni  le 
prix.  Oeil  à  M,  I*oivre  particulièrement  que  la  France  a  cette  obligation , 
puifque  c'eft  parfon  zcle  que  le  géroâiet,  ainfî  que  lemufcadier^a  été 
d'abord  impottc  &  plante  aans  les  llles  de  France  ,  de  Bourbon  &  de  Se- 
chelles  \  detd  ces  arbres ,  comme  on  l'a  vu  plus  haut ,  ont  été  traufplancés  a 
Cayeune  pat  les  Toiiis  de  M.  Maillart  du  Merle. 


SUITE    ÙE     L'EXTRAIT 

Du   Porte  -  Feuille  de   M.  l'Abbé  Dicquemare; 

Dt  ptufmrs  Socicrcs  &  Âeadiirtus  RoyaUs  des  Sciences ,  BtUts-Ltttns 
&  Ans  de  France  ^  Efpagne  ,  Allemagne  ,  &c. 

V£R.     A    FOUREAU     CONIQUE. 


C»  E  T  infeAe  marin  eft  fort  tare  fur  les  rivage?  des  environs  du  Havre, 
où  je  l'ai  trouvé;  je  ne  fais  s'il  eft  connu,  on  n'en  a,  je  ciuïs,  donne 
jufqu'ici ,  ni  la  figure ,  ni  la  defcripiion.  Le  foureau  eft  rontl  &  cunique, 
ayant  i  pouces  &  lignes  de  hauteur ,  4  lignes  de  diamètre  par  fa  bafe;  il 
ctoit  planté  de  bout  fut  le  fable,  la  pointe  en-haut,  comme  une  paire 
obclitque  de  granit,  ou  de  brèche  de  diverfes  couleurs;  elles  font  dues, 
en  plus  grancfc  partie ,  à  celles  de  Tanimal  auquel  il  fert  de  lofemcnt.  La 
bafe  de  ce  foureau  étoit  un  peu  enfoncée  dans  le  fable  ,  ji. .  piemière. 
Quoiqu'au  premier  coup-d'tcil  il  paroiflè  forme  de  grains  de  fiule ,  on. 
remarque  ,  en  l'obfervant  deplos  prùs ,  que  ce  doit  être  une  liqueur 
épainîe  par  gouttes, jufqu'à  dfl||iir  folide,  ce  qui  le  rend  flexible, & 
cependant  alftz  fort  pour  rcfifteff  bien  des  chocs,  quoique  très-mince  & 
«n  peu  tranfparcnt.  Cette  liqueur  des  plus  vifqueufes ,  fort  dn  bout  pofté- 
ricur  du  corps  de  l'animal ,  au  milieu  d'un  petit  entonnoir ,  plus  ou 
moins  ouvert  \  apraremment  que  quelques-unes  de  ces  gouttes  font  fm- 
guinolentesjou  chargées  de  quelque  humeur,  car  il  s'en  trouve  de  jiu- 
nâtres,  de  brunes  &c.i  la  plupart  font  grifes ,  &  c'eft  la  vraie  couleur 
du  foureau  j  ces  gouttes  font  jomtes  enfemble  par  une  matière  qui  paroîc 
la  même,  mais  elle  eft  plus  mince ,  de  forte  que  le  fourenu  qui  cit  totc 
uni  en  dedans ,  a  l'extctieuc  rude  au  toudicr ,  chaque  goutte  étant 


SUR  VHTST.  KÂTVnF.llE   FT  IF.S   ARTS.      5j 
clev^;  G  deux  ^ucces  Uilfent  entr  elles  un  viiide  qui  forme  comme  nn 
angle  rentrant,  L\  goutte  voilùit;  en  tonne  un  faiilanc,  qui  autoit  pu  le 
remplie, r>:.  1 .  ".uis  le5  aoutw.  ne  fe  tou.hcnt  point,  h  liqueur  épaiffie 
qui  tes  unir  étant  plus  uini  e,  p.uoît  plus  trjnfparenre  Pour  voir  l'animal 
à  nuJ,  il  Hiut  faire,  avec  ta  pvùnce  a  une  épingle,  lu^e  brèche  longitudi- 
nale d'an  bout  à  l'autre  du  fuuteju  :  il  ferj.  alors  fiLile  de  déloger  le  vec 
en  l'agai^ant    ou  le  pouXini  par  la  partie  poftcrieure.  On  le  blelVeroit ,  fi  , 
£ins  ouvrir  le  foureau ,  on  le  tiroir  par  la  tcie ,  quand  il  la  faïc  fortir  Le 
corp^ ,  qui  cft  d'un  blanc  jaunûre  >  a  une  forme  peu  dégacce  \  f^oye{  Us 
fii^um  j  .   4  qui  le  teptérentent ,  la  première  par-deHus  ,  la  féconde  par- 
deltouSt  de  grandeur  naturelle.  U  paroît  alors  plus  gros  que  le  fouieaii 
dont  il  cft  forti;  fa  coupe  cft  teprclentée  par  la  fig.  j.  La  tcie  eft  alTez 
informe ,  étant  vue  de  face  //;■.  6  ,  elle  ell  mieux  formée  de  profil  Jig.  7  , 
ces  deux  Hgures  fout  plus  gr.mtJes  que  nature:  elle  elï  pourvue  de  deux 
rangs  de  pointes,  compotes  chacun  de  la  ^  ces  pointes  qu'on  peut  foup- 
Çonncr  être  les  armes  ofFenfives  de  l'animât ,  (ont  fermes  &  cependant 
élalHques ,  raneées  fur  deux  ligues  ,  qui  font  eucr'clles  un  angle  trcs- 
obtus  ;  ces  pouites  ,  qu'on  peut  comparer  aux  dencs  d'an  peigne ,  quoi- 
qu'inégales  ,  s'ouvrent  &  fe  ferment  comme  dans  les  fiqurei  8  Se  9  ;  elles 
font  d'une  efpèce  de  corne  de  couleur  dorée,  fembbble  à  celte  de  la  foie 
naturelle  la  plus  haute  en  couleur,  ëc  au(C  luifantc.  Au-delfus  de  ces  pointes, 
Ja  (cte  ell  munie  d'un  grand  nombre  de  membres  ,donc  la/r^.  10  donne 
la  forme  en  grand  f  chacun  de  ces  membres  a  un  vaiïfeau  fanguin  ,  où  le 
fang  d'un  beju  rouge  fe  remarque  ailcment  malgré  la  ténuité  des  mem- 
bres; iU  font  formés  par  le  bout  comme  une  fpatulc ,  3'atcachent  aux 
corps  les  plus  polis ,  &  font  les  mêmes  manœuvres  que  ceux  des  polypes 
&    du  ver-mcdufe ,  dont  j'ai  domic  la  figure  fie  la  defcription.  Deux 
autres  membres  qui  nailTent  vers  les  côtes  de  la  tcte,  en-dellbus ,  ont 
nne  origine  plus  forre,  &  fe  terminenr  enpointcjf^.  11.  A  chaque  côté 
de  la  tète  ou  du  collet,  font  deux  crcs-jolis  ailerons,  c'eft-à-dîre ,  quatre 
en  tout,  ^^g.  Il, qui  plient  en  tout  fens  avec  une  grande  aifance^  ils 
ionc  formés  i-peu-prés  comme  une  plume  qui  n'auroïc  des  barbes  que 
d'un  côté  i  leur  couleur  ell  femblable  à  celte  du  fang.   1 5  très-petits  aile- 
ions  nailfeni  de  ctiaque  côté  du  corps,  &-,fonc  comme  lui  d'un  blanc 
fale,  ils  rccouvrenc  un  peu  autant  de  perits  pinceaux  de  pointes  dorées  y 
qui  fervent  comme  de  pieds  à  l'animal .  figure  j  &  4 ,  &  font  communs 
jl  beaucoup  d'infedles  matins  donr  j'aurai  occaîîon  de  parler.  La  partie 
poftérieure  de  l'animal  eft  terminée  par  un  efpcce  de  petit  entonnoir  qui 
varie  dans  fa  forme  par  te  mouvement,  dont  les  bords  font  découpés.  Le 
corps  eft  demi-trantparem,  on  voit  parfaitement  les  vailTcaux  fanguins 
cui  fonc  près  de  la  peau.  Il  f  en  a  un ,  eucr 'autres ,  qui  fait  ptufieurs  miuo- 
iîtés ,  ôc  qui  s'étend  au  milieu  du  dos  ,  depuis  la  rcte  jufqu'i  ta  partie 
poftéûeute  :  deux  beaucoup  plus  délias  par  ki  côtés  lui  fout  parallèles , 


5(î       OBSERVATïOy^S  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

d'^tities  fe  croifent  à  angles  droits,  &  fe  rendent  i  chaque  aileron  ou 
pieds,  comme  dans  PlouiarJ,  En  deffoiis,  ou  en  remarque  deux  qui 
s'étendent  depuis  les  4  jolis  ailerons  rouges,  proche  la  tcre,  jufqua  1 
petits  qui  font  au-defTous  de  la  partie  poftccieure  :  tous  ces  vaitîeaux  font 
très-déiics,  la  demi-  tranfparence  en  fait  voit  de  beaucoup  plus  gtos  » 
mais  qu'on  ne  peut  fuivre.  La  liqueur  qu'on  voit  circuler  tlans  tous  ces 
vaiiïeaux ,  eft  d'un  beau  louge.  A  l'ouverture  de  ce  ver ,  on  trouve  un 
intclUn  rempli  d'une  matière  d'un  très -beau  jaune  dore  ,  Se  quelques 
autres  vaifleaux ,  mais  il  fcroit  dtiScile  i  caufe  des  crifpations ,  &c.,  &  lans 
doute  minutieux ,  de  donner  au  jufte  leur  pofition  refpedVive.  L'animal 
hors  de  fon  toureau ,  ne  fait  guère  d'autre  mouvement  que  de  s'illougec 
un  peu  aux  dépens  de  la  grolleur  du  milieu  de  fon  corps,  ôc  de  fc  raccour- 
cir en  reprenant  (à  forme  ordinaire. 

Limaces  de  Mer,  Limace  a  Plaktc. 


cnprion  extérieure.  Uittérentes  efp<  . 

ornemeiu  audclfus  de  la  patrie  poftcrieure.  Celle  qu'on  voit  de  erancleut 
naturelle  dans  la  tigure  ci- jointe  i/*^.  10,  a  environ  5  puuccs  de  long, 
dans  Tétar  où  ju  l'ai  fatfic ,  &:  1  à  1  ^  de  largeur ,  L'une  &c  l'autre  dimea- 
lion  peuvent  fur-tout  s'augmenter.  Ceux  qui  l'ont  vu  manœuvrer  dans 
ma  petite  ménagerie  marine ,  la  nommoîent  )^  beilcMimace  \  mais  quoi- 
que ce  nom  lui  convint  très-bien  ,  car  en  clTec  elle  eft  fort  belle  ,  il  ne 
m'a  pas  paru  la  dcfigner  d'une  manière  aiTez  précife,  j'ai  cru  que  pac 
celui  de  iimau-à~p/anu  ^  on  la  diftingucroit  mieux  des  autres.  Elle  eft 
de  couleur  gtis  cendré,  taché  irrégulièrement  de  lic-de*viii.  Sa  peau  eft 
chagrinée  ,  plus  vers  les  côtes  que  fur  le  dos  qui  eft  pref:^:ie  li(Te.  Les  deux 
cornes  femblent  forrir  de  deux  trous ,  8c  s'y  renfermciir.  Son  anus  eft  en- 
vironné d'un  fort  bel  ornement,  qui  forrant  aulTi  d'un  trou»  s'épanouit 
ou  fe  développe  peu-à-pcu ,  jufqu'à  prendre  la  forme  qu'on  lui  remarque 
dans  la  figure;  mais  un  peu  avant  d'être  emièrement  développe,  il 
relTemble  parfaitement  à  certains  choux  frifés,  qui  après  avoir  été  ex- 
pofés 
limace- 

^^  -  .....  ... 

bourlet  peu  fcnfiblc  qui  forme  le  bord  de  la  cavité  où  eft  la  plante ,  fe 

refterre ,  de  forte  qu'on  n'imagineroit  pas  qu'il  doit  fe  faire  par  ce  petit 

trou  un  tel  développement.  On  ne  peut  conferver  ces  limaces  dans  les 

liqueurs ,  parce  que  leurs  orncmens  fe  conrraâent ,  6c  leurs  couleurs 

s'éteignent.  J'ai  fur  des  limaces,  qui  ont  une  autre  forre  d'ornement, 

dIus  de  chofes  intéteiTantes  que  fur  celle-ci ,  &  dont  je  ferai  part  aux 

Naturaliftes,  dès  que  j'aurai  pu  compléter  mes  dvlTuis. 

MÉMOIRE 


SUR  VHiSr.  NATURELLE  ET  LES  ARTS!       $7 


MÉMOIRE 

•  Sur  TEducation  des  Troupeaux  &  la  culture  des  Laines  ; 

Par  M.  R,  D.  L.  Infpetiear'Gènèrat  des  Manufactures  de  Picardie ,  6r 
des  académies  de  Roiun  ^  de  yUUfranche  en  SeaujoloiS  ^  &c. 

VJ  N  Royaume  puilTàiu ,  dont  la  fnlendeiir  &  l'^lar  font  répandus  par 
toute  la  terre,  qui ,  femblable  à  1  ancienne  Grèce,  difte  aux  Nations 
les  loix  du  beau  ,  &  leur  fait  adopter  fou  langage  &  fes  goûis  j  qui  ,  cn- 
louré  d'Ëcacs  Agricoles  Se  commerçans  ,  où  HeiirilTent  les  Arts  &  les 
Sciences  ,  n'a  qu'à  Youloîc  pour  les  furpaÂTer  tous  \  qui ,  par  fa  ncuarion  , 
lès  produâions  ,  le  génie  &  l'aitivitc  de  fes  habicans ,  peut  rendre  tribu- 
taire le  refte  du  monde  :  la  France  l'eft  du  monde  entier ,  fur  une  des 
patries  les  plus  impottantes.de  l'économie  rurnle.  Son  industrie  eflgcnce» 
îbTï  Commerce  languie,  fou  Apiculture  fe  détériore. 

L'éducation  des  troupeaux  Se  la  culture  des  laines,  une  des  fources 
les  plus  fécondes  de  la  profpcritc  des  Empires  ,qui  font  aux  Manufa£hi- 
res  ce  que  l'argent  eft  à  la  guerre ,  que  les  Gouvernemens  les  plus  fages , 
iDcme  dans  la  plus  haute  aiiciquitc ,  ont  toujours  fpéciatemciit  procégccs , 
{ont  abandonnées  au  caprice  de  rïgnorance  &  du  préjugé, &  vit^tîmes  de 
l'efprit  inconfcquent  8c  barbare  de  la  burfalitc. 

L'Angleterre  ,  la  Hollande  ,  le  Danncmarcfc  ,  le  Bas-Rhin,  prefdLie 
toute  l'Allemagne  &  principalement  la  Saxe  &  les  marches  du  Brande- 
bourg, qui  produifcnt  les  plus  belles  laines  de  cette  valle  contrée  ,  font 
les  fources  ou  notre  induftne  va  puifer  la  matière  première.  Sans  elles ,  il 
iàudroit  renoncer  aux  étoffes  lemarquables  pat  leurHnetTe  &  leur  légère- 
té :  fans  cites, plus  de  cQ?i  chefs- d'oeuvres  de  Vire  qui  montrent  lafupcrio- 
lité  de  l'induftrie  Françoife  (  i  ). 

Jaloufe  de  cette  niain-d'Œuvre ,  l'Angleterre  s'efforce  encore  de  nous 
en  priver  i  on  feroit  effrayé  par  le  calcul  des  fonimes  que  nous  lui  faifons 
pafJet  chaque  année  pour  l'acquit  de  la  prodigieufe  quantité  d'étoffes 
dont  elle  innonde  la  France.  La  Saxe  nous  conûdèie  du  même <£il,& 
nous  lie  des  mêmes  chaînes. 


(i)  L«  Cimclots,  les  Baracjos  ,  les  Serges,  lès  Eiamiircs'.'ïcVTaniires»  les  Cale* 
mandes ,  fifc.  &c.  la  Bonncicric  ,  le  Tricoité  ,  Sec.  ic,  les  Tapî/fencs  des  Gobclini  3c 
tant  de  beaux  oavrages  à  l'éguillc 

Tome  Xir, Paru  n.  i-j79^  JUILLET,    H[ 


)3       OBSERrATIO^rS  SUR   lA  PHYSIQUE, 

.  ,  Dy  coté  du  midi ,  l'Erpagne ,  l'iulie  ,  la  Turquie  d'Europe  &  d'Alîe , 
les  côtes  de  la  Barbarie ,  alimentent  nos  manufii^lures  de  draperies  fines , 
&  la  plupart  des  communes  >  qui  fans  elles  n'exifteroienc  pas, 

La  France,  dans  toute  fonctcniue,  fabrique  desccofïes  de  laine:  elle 
en  confonime  beavicoup  :  elle  en  exporte  autant  :  elle  pourroit  en  ex- 
portes te  double  ,  &  plus  aifcmeiH  arccter  l'intvodudion  des  étrangères. 
tïle  ne  récolte  pas  la  moitié  des  bines  qu'elle  confomme  :  elle  pourroic 
«)i  fournir  i  toutes  fcs  manufadures ,  Se  même  i  celles  des  autres  Na- 
tions. Elle  n'obtient  que  des  qualités  altérées  par  la  mauvaiC;  culture  : 
elle  péurroit  en  avoir  de  toutes  les  ciualités  &  de  routes  les  fortes. 
Quelques  médiocres  qu'elles  foient,  elles  reviennent  à  un  prix  double 
de  celtn  des  laines  d'Angleterre  :  elles  pourroient  être  réduites  atr  mcmé 
taux.  La  main-d'œuvre  eft  beaucoup  plus  chcrc  en  Angleterre,  les  terres 
y  font  à  beaucoup  plus  liaut  prix  j  cependant  les  An^loi$  font  des  fpécu- 
lacions  continuelles  &  trcs-lncrstives  fut  ta  culture  Se  le  commerce  des 
Ipines,  comme  fur  la  fabrication  des  étorfès ,  tandis  que  nos  fermiers 
font  découragés  dans  l'éducation  de  leUrs  cxou peaux ,  Si  nos  moi^ufadurcs 
dans  leurs  enireprifcs. 

Indépendamment  des  grands  avantages^  que  l'AgricuInire  doit  retirer 
de  la  multiplication  des  troupeaux  en  France  ■  de  ceux  qui  doivent  réfùl- 
ter  poiK  U  commerce ,  de  l'augmentation  &  de  k  petfe^ion  des  laines  ; 
indépendamment  de  la  plus  abondance  Se  de  la  meilleure  fubùllance 
qu'on  peut  fe  procurer  par-]à,  il  eft  une  raifon  déterminante,  fupérieuce 
à  toute  autre  confidération ,  fut  laquelle  on  n*a  point  encore  infifté ,  & 
qui  réclame  avec  fotcç  une  vigilance  attention  de  la  part  du  Gouver- 
nement. 

Qui  peut  nous  promettre  que  l'Efpagne ,  l'Italie  &  les  délicieufes  con- 
trées du  Levant ,  ne  fortiront  point  de  ce  long  alToupilfemenc  où  les  a 
jette  la  barbarie  des  fiècles  d'ignorance,  &  où  les  ont  entretisuu  \x 
Domé  des  produtf^ions  naturelles  Se  la  douceur  du  climat  ?  qui  peut  nous 
alTutet  que  quelques-uns  de  ces  Etats  ne  fera  point  avec  une  Puilfance 
întérel?^  ou  jaloufe,  des  traitc>  d'exdufîon  pour  nous^  qui  peut  nous 
garantir  que  jamais  des  guettes  ou  d'autres  révolutions  n'en  mettront 
aucun  d'eux  aans  le  cas  de  nous  nuire,  ftiis  conlîdérer  s'il  fe  nuit  i  lui- 
même  ,  par  l'intetdiâion  du  commerce  des  matières  premières  ï 

L'Angleterre,  fi  févère  dans  fcs  prohibitions»  le  Brandebourg  &  Ic« 
autres  Etats,  ne  poucroient-ils  pas  ttouvet  des  moyens  plus  sûrs  encore 
de  nous  priver  de  ces  produ«ions  ?  que  deviêndrions-uous  alors  avec 
K>ute-nocc«  induAtia  ?  un  eut  auÛH  précaice ,  une  dépeudaucc  auill  ouc- 
quée ,  n'onwhj){is  de  quoi  nous  cfitayer  ? 


SUR  VniST,  KATUKELLE  ET  LES  ARTS.        59 

De  ^éducation  des  Troupeaux  &  de  la  aUtun  des  Laines  en  France  !  det 
mauvais  effets  ^ui  en  réfultetu,  &  des  raijhns  qui  scppofcnt  à  en  itahlir 

une  meilleure. 

Les  animaux ,  les  plantes ,  toutes  les  produaions  de  U  Nature  enHii; 
changenî  de  forme  %c  prennent  un  catactcre  particulier  au  dimac  ou 
elles  fe  trouvent  traufporcces.  L'éducation,  la  culture ,  augmentent  ou 
altèrent  les  qualités  primitives  ^  &  les  varictcs  inamenfcs  des  tues  ne 


en  manères  nationales ,  font,  du  côte  du  midi,  en  draperie ,  &"  du  cozi 
du  nord  en  crofTcs  rafcs.  Les  grandes  fabriques  de  ce  dernier  genre ,  foac 
celles  de  la  Picardie,  de  la  Flandre,  de  la  Champagne  &  du  Mans.  Les 
manufactures  de  draps  d'Abbeville,  de  ScdaJi,  de  Louviers »  d'EIbeuf , 
des  Andelis ,  de  Darnetal  &  autres ,  n'employenc  que  des  matières  crran- 
gcrcs  ,  &  leur  pofition  cfl  indifférente ,  relativement  aux  maùèrcs 
du  pays. 

•  Narbonne  &  fes  vaftes  plaines  nous  fcumiilent  les  plus  belles  lainei 
de  France.  La  bénigne  influence  de  ce  beau  climat,  fe  propage  par  gra- 
dation dans  les  campagnes  du  RoulTîllon  jufqu'aux  Pyrénées  ^  Se  de 
l'autre  part  jufqu'au-delà  de  Beziers,  Si  l'éducation  pouvoir  détruire 
enticrcmcnt  l'inHucncc  du  climat ,  Narbonne  auroit  les  plus  inauvaifes 
laines  de  la  France.  Je  ne  dirai  rien  de  trop  pour  prouver  jufqua  quel 
point  cette  pairie  efl  mal  craitéc  :  te  dcchcc  au  lavage  des  laines  de  ces 
moutons  ,  eit  ordinairement  de  70,  fouvent  de  75  ,  &  quelquefois  de  80 
pour  cent;  On  y  renferme  les  troupeaux  dans  des  bergeries  mal  propres  , 
étroites  ,  étouffées ,  dont  les  plajichers  de  gaules  ou  de  lattes  écartées  , 
lailTent  paffer  la  poufficre  &  les  menus  brins  de  fourrage  qu'on  met 
delîus,  Le  crotin ,  L'urine ,  ctoupiffcnt  dans  les  toîTons  :  le  fuin  en  devient 
cauftique,  les  rend  jaunâtres  &le$  biûlc.  L'idée  feule  de  la  chaleur  érouf-' 
£ante,de  l'air  empeiU  qu'ils  rcfpirenc  dans  ces  ctables,  où  ils  font  con.* 
tinucUemcnt  dans  l'ordure  ,  doit  faire  juger  de  leur  état  de  foibleffe  ,  de 
langueur,  du  nombre  de  maladies  qui  les  affligent  &  de  la  quantité 
qu'il  en  périr. 

Ce  tableau ,  plus  ou  moins  conforme  à  ce  qui  fe  pratiaue  généralement 
enFrancCjurélente  la  manière  cxaAe  donr  cette  partie  de  l'économie  rurale 
eftcrairée  dans  fes  Provinces  méridionales.  On  ajoutera  pour  dernier  traita 
que  darts  beaucoup  d'cndioits ,  on  ne  ùii  parquer  eu  aucun  teins  de 
1  année. 

..  I4  diy^lê{4  4(^^  .^/ë^^.»  <^  produ^ious  Se  desmcihodcs  dans  no4 

i775>.     JUILLET,      H  a 


ff         OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSiqUE^ 

Provinces  méridionales ,  en  répand  beaucoup  dans  la  qualité  des  laines, 
La  cempiîrature  cft  plus  uniforme  dans  celles  du  nord  ;  les  produ£lions 
font  moins  variées  ,  les  inégalités  moiiu  fenfibles ,  &  U  dïA'écence 
des  laines  ne  fe  fait  appcrcevoîr  qu'à  de  plus  grandes  diUances.  Mais 
Ja  règle  eft  générale  ,  que  les  troupeaux  rentrent  A  l'étable  pendant  fix 
mois  de  fuite» de  Novembre  en  Mai ,  &  qu'ils  n'en  forrent  jamais,  ni 
du  parc  Tété ,  qu'enrre  9  &  10  heures  du  marm  »  jufqu'au  déclin  du  Jour» 
&  invariabîemenr  avant  le  coucher  du  foleil.  Ils  n'en  fortenr  abfolument 
pas  durant  les  pluips ,  la  neige ,  le  verntas  :  c'eft  le  rems  de  Ja  portée  des 
brebis ,  celui  où  elles  mettent  bas ,  celui  de  la  première  nourriture  &  de 
la  plus  grande  foiblelfe  des  agneaux  ton  craindroii  les  avotwmenSj  !e 
dépcrilTement,  Ici  mortalités. 

On  nourrit  mal  les  troupeaux  i  l'étable ,  toujours  au  fée  ,  en  gerbées  de 
pailles,  en  bottes  de  foutagc  compofées  de  pois,  de  fèves»  de  vefces., 
dans  lerqtielles  font  des  tiges  dures ,  qui  icduifem  à  une  livre  au  plas  la 
nourriture  que  chacun  de  ces  animaux  prend  en  14  heures.  Les  béliers, 
qu^on  fait  d'ailleurs  fervir  à  tout  âge,  manquent  de  force >  les  brebis  de 
lait  ;  les  agneaux  naitrent  &  vivent  en  langueur. 

Quand  le  troupeau  fore  au  printems,  échauffé,  tremblanr,  maigre, 
extcnué  ,  il  fe  jette  avec  avidité  fur  les  premières  herbes  qu'il  rencontre  ; 
les  rhumes,  les  dillenteries ,  &c  une  intinité  d'autres  maladies  l'alliégent^ 
II  a  beaucoup  coûté  pour  le  confetver  en  un  très- mauvais  ctati  &  ce 
n'eft  qu'en  courant  des  rifques  &  des  dangers ,  &  en  eifuyant  des  pertes , 
qu'on  le  fait  paiTer  à  un  état  meilleur. 

Le  tems  de  parquer  eft-il  venu?  on  le  fait  toujours  fur  une  terre  que 
la  moindre  humidité  met  en  boue  :  on  ne  parque  jamais  fur  le  gazon. 
Le  troupeau  ell  aufli  entaCfé  dans  le  parc  que  dans  la  bergerie.  11  faut 
qu'il  reftc  dans  cette  firuation  durant  les  matinées  &  les  foirces  entières. Oi> 
ne  lui  donne  abfolument  rien  à  mangerdans  le  parc,  d'où  il  n'a  la  liberté 
de  fortir  que  lorfque  le  foleil  lance  fes  rayons  les  plus  ardens^que  lorfque 
ceux  qui  vivent  habituellement  dans  les  champs,  ie  repofent  S<.  digèrenc 
en  paix,  AiFaméi  alors ,  nos  troupeaux  liakent  en  mangeant,  &  s'ils  trou- 
voieni  des  pâturages  gcas  lU  s'engorgeroient ,  ils  pcriroient  en  peu  de 
temps. 


)ptee 


mille  autres  chimères  :  cependant,  la  plus  grande  partie  de  l'Europe 
nous  montre  des  fucccs  qu'elle  doit  î  une  pratique  aufii  conftante  qu'elle 
eft  oppofée  à  cette  opinion-  Je  ne  vois  parmi  nous  que  les  bouchers  oui- 
ny  croyent  pas  :  iU  s'imaginent,  au  contraire,  que  fa  rofce  engrailfe  le* 
moutons  :  en  conféquencc ,  leurs  troupeaux  forcent- des  \t  point  du  jputr 


SUR  VniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS-       tfi 

S'ils  fc  trompent  fut  la  caufe,  il  n'en  rcfulte  pas  moins  l'cfFet  qu'ils 
'défirent  (i). 

Je  ne  diflerrerai  point  fut  l'avantage  de  laveries  laines  avant  ou  après  la 
tonte  :  l'Angleterre  &  l'intérieut  de  la  France  lavent  le  mouton  avant 
de  le  tondre.  L'EiJïagne,  la  Hollande,  une  partie  de  l'AHemagne,  nos 
Provinces  du  midi, la  Flandre  ,  l'Artois  &  le  Boulonnois,  ne  favent  la 
toifon  cjiie  lorfque  l'animal  en  eft  dépouille.  Cette  pratique,  qui  n'eft 
pas  indiftcrente  pour  nous ,  chez  qui  les  ttoupeaux  font  prefque  toujours 
dans  l'ordure ,  peut  Tètre  pour  la  Hollande  &  l'Efpagne ,  où  les  toifons 
font  plus  nettes,  où  Ton  ne  confomme  pas  les  laines  dans  le  pays,  où 
on  les  y  garde  le  moins  de  tems  qu'il  eft  poiïblc.  U  eft  bon  d'en  dimi- 
nuet  le  poids  pour  l'exporter  j  mais  elle  fe  couferve  beaucoup  mieux 
en  fuin. 

Eu  Boulonnois  &  en  Artois,  où  l'on  tient  les  troupeaux  plus  malpro-" 

E rement  encore  que  dans  les  Provinces  voifines,*oîi  fait  ïretfiper  les 
jnes  dans  Peau,  le  jour  d'avant  celui  qu'on  fe  propofe  de  les  laver; 
on  les  met  eu  tas ,  pout  que  la  chaleur  y  ctabliffe  de  la  fermentation ,  6c 
en  facilite  le  dcgrairtage  :  elles  acquièrent  dans  cette  opération  une 
teinte  jaune,  qui  les  altère  fenfiblemenc.  En  Languedoc  ,'  où  l'on  tond 
&  vend  également  la  laine  eu  gtas ,  &  iôuvent  ailleurs  où  on  la  lave  fut 
le  dos  du  mouton ,  on  fait  marcher ,  avant  la  tonte ,  les  troupeaux  dans 
la  pouflière,  pour  que  les  toifons  s'en  ciiargent ,  s'en  pénètrent,  &  que 
leur  poids  foit  augmente  d'autanr.  Par-rout,  enfin,  nous  avons  des  pra- 
tiques ridicules  &  dangeteufcs ,  par  lefquelles  nous  croyons  nous  alTurec 
un  plus  grand  bénctîce)  comme  lî  celui  qui  vend  de  ta  laine  une  fois 
l'aïuiée,  la  couDoilToit  mieux  que  celui  dont  le  commerce  eft  d'étudier 
toutes  ces  petites  rufes,  pour  fe  mettre  à  l'abri  de  leurs  inconvcniens. 

Le  poids  des  toifons  du  Boulonnois,  en  plein  fuin  &  avec  toutes  les 
ordures  qui  y  adhèrent ,  eft  Tuue  dans  l'autre  de  6  liv.  Celui  des  toifons 


(l)  J'ai  trouvé  des  pctfonncs ,  depuis  que  ceci  eft  ^ciit ,  qui  peHiftent  à  croire  que 
t'hcrhe  couvenc  de  rofiic  eft  dangcccufc  puur  Im  animaux  qui  la  mingcni,  &  qui 
douncDt  en  furaboiidancc  de  preuve  les  lapins  qui  en  fonc  malades.  Je  crois, comme 
CCS  pctronnes,  qtic  lc«  mourons,  ^cbauffès  pat  ratmofphère  raiéâcfc  du  lieu  où  ils 
font  cmaiTés  pcndani  ta  nuit,  &  par  la  faim  devenue  dévorante  par  le  long  cfpacc 
de  tems  où  \k  font  rcft^s  Cms  manger  ,  crouvenr  l'herbe  fraîche  excellente  ,  qu'ils 
la  mangcnc  avec  avidité,  qu'ils  eu  mangent  trop,  &  qu'elle  Icat  fait  mal  ;  &  ainfi 
des  lai'ins  ca  clapici }  maïs  j«  crois  tout  auffi  ietmerocm  ,  que  des  animaux,  toujoutS 
dans  le  pâturage,  jamais  aSâmés ,  ne  prennent  de  U  nourriture  que  quand  clic  leur 
convient,  qu'autant  qu'il  leur  en  faut ,&  qu'elle  ac  les  incommode  jamaii.  Sembla- 
bles aux  cnfans  de  la  Ville  à  qui  on  roefure  te  pain  ,  U  pour  qui  on  compte  Icf 
heures  d'intervalle  auxquelles  ils  doivent  le  manger ,  comparés  a  ceux  de  la  Campa-» 
gne,  qui  co  mangent  OLianJ  U  autant  qu'ils  veulent  :  ceux-ci  font  fotts  Se  vigouicux, 
toifquc  tes  pccimciSjioiblcs,  maladifs,  oot  de  fiéqucDtcs  indigcftioas. 


ffi        OBSERrJTIONS  SUR   LA  PHYSTQVE, 

de  Picardie  &  des  Provinces  voifines ,  où  le  lavage  fe  fait  avant  la  tonte, 
efl:  d'environ  j  liv.  On  eltime  que  ce  lavage  bien  fait ,  rcduic  nos  laines 
à  Li  moitié  de  leur  poids ,  non  compris  le  déchcc  qu'elles  épcouvetit  au 
parfeic  dcgrais  du  dernier  lavage,  qui  eft  de  iià  i  j  pour  cent  furies  laines 
Angloifes ,  comme  fur  celles  du  troupeau  du  ïieur  Delportes  ,  &  plus 
confidérable  fur  les  nôtres, puifque  les  6  livres  de  la  toifon  Boulonnoife 
^ïïnt  téduices ,  après  le  patfut  Se  dernier  dcgtais ,  à  i  liv.  un  quatt. 
*'  On  verra  que  le  taux  commun  des  toïfons  Angloifes,  au  niomenc  de 
îa  tonte,  eft  de  a  liv.,  &  de  5  liv.  -^  après  le  oerniet  dcgrais ^  d'où  î! 
fuit  que  les  croupeaux  du  pays  ne  fourniiTent  pas ,  les  moutons  l'un  por- 
tant f'anrre ,  1  liv.  {  de  laine  à  mettre  en  œuvre ,  lorque  les  moutons 
Anglois  en  fournifTent  pins  de  5  liv.j  ajourez  à  cela ,  que  les  ordures  dont 
Jes  toifons  de  pays  font  continuellement  chargées ,  altèrent  la  qualité  de 
ii  laine ,  au  poinr  qu'il  s'y  trouve  peu  de  parties  fines  &  fottes  à  en  ex- 
traire au  peignage  ;  que  le  peignon  en  eft  fec ,  abondant ,  peu  propre  aux 
ctoffes  même  les  plus  grolucresj  &  qu'enfin  elles  dccheoienl  confidéta- 
btement  dans  toutes  les  ptcparanons  (  1 1- 

Nous  gatdons  nos  troupeaux  îufqu'i  la  caducité,  jufqu'à  la  décrépi-, 
tude  des  individus  :  les  béliers  font  ufés,  les  brebis  n'ont  prefque  plus 
de  lait ,  fi  elles  portent  encotc  :  leur  laine  diminue  &  s*altèce  pt  l'âge  : 
nous  voulons  en  tiret  le  même  profit  av.mt  &  après  le  tems  de  vigueur 
marqué  par  la  Nature  \  c'cft  le  moyen  de  ne  le  jamais  obtenir.  On  verta 
combien  diffère  à  cet  égard,  comme  k  tant  d'aurres,  la  pratique  des 
Anglois  :  on  verra  comment ,  en  dépenfant  beaucoup  moins ,  ils  gagnent 
beaucoup  plus  ;  on  verra  comment  ïIs  fe  difpenfent  de  nos  foins ,  de  nos 
embarras ,  comment  Us  font  à  l'abri  de  nos  inquiétudes  5c  de  nos  pertes. 

Il  ne  faut  pas  tout  imputer  à  l'ignorance  &  aux  préjugés  qui  en  font  la 
fuite.  Quoique  nos  laines ,  depuis  1 5  ans  ,ayenc  augmenté  de  prix  d'envi- 
ton  jo  pour  cent  >  le  nombre  des  individus  qui  la  donnent  eft  diminué  , 
&  plus  encore  la  quantité  de  matière  par  individus.  La  grande  cherté 
des  grains  Se  des  foucages,  pendant  une  fuite  d'années  trop  nombreufe, 
a  torcé  de  fe  défaire  de  leurs  petits  troupeaux  ceux  qui  n'ont  que  de 
foibles  récoltes  Se  ceux  qui  n'en  Rint  pomt  :  les  autres  ont  plus  mal 
nourri  les  leurs ,  réfervanc  pour  les  vendre  des  denrées  qui  procuroient  un 
bénéfice  acluel  £c  plus  confidérable  ;  d'où  les  roifons  du  poids  de  4  liv. 
taux  commun ,  fe  font  nouvées  réduites  à  environ  5  liv. ,  les  maladies 
de  ces  animaux  ont  été  plus  fréquentes ,  plus  dangereufes  \  on  s'eft  moins 
hâté  de  les  remplacer  \  Se  le  nombre  des  moutons ,  dans  les  territoires 
où  la  diminution  e(l  le  moins  fenûble  dans  les  lieux  de  lertes  labou- 


(1)  Le  prix  commun  adtuci  des  laines  de  pays  ,  frifcscncoifon,  eft  Je  14a  ij  f. 
la  Itvrc. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  JiKTS.  6) 
rabks  mifes  eu  pleine  cultutâ ,  n  eft  qu'égale  i  celui  des  journaux  à 
Il  foie  :  un  pour  trois  journaux  ,  Jic  mouidcc  à  proporciou  dans  les 
autres  endroits.  Cette  quaniicc  dans  les  lems  ordinaires  »  va  de  pair 
avec  11  population  àts  camp:igne5. 

On  compte  les  moutons  en  Angleterre  par  millions  ;  &  je  n'ofe 
bafarder  ici  la  quantité  qu'on  y  en  luppofe.  Le  prix  des  nôtres  ,  depuis 
l'époque  indiquée  >  a  diminué  en  ratfun  de  l'augmentation  du  prix  de 
la  noutriture  (i). 

Les   tûtfons  en  Picardie ,  valeur  a^ellcment   j  liv.   lo  fols  l'une 


à  fou^cnir  cette  éducation. 


Ne  pourroit-il  pas  y  ccrc  encouragé  par  quelque  rccompenfe  ,  pat 
quelque  diminution  de  taille  proportionnée  i  l'objet ,  au  lieu  de  l'aug- 
mcniatiou  réelle  &  toujours  arbitraire?  Cet  flcbitraire ,  qui  tient  fans 
ce/le  en  rufpens  &  en  crainte,  qui  met  loucle  monde  dans  une  dépen- 
dance htimilLvnte  &  ruineufe  ,  qui  a  été  &  fera  nuisible  dans  tous  les 
tems  &:  à  tous  les  égards,  ccrafe  entr'autce  cette  partie  dont  il  a  fait  un 

_L; ji:_J..n._:_    J i_- ..     J»: n 


augmenter  fon  pioduic ,  quoique  ces  eSbrts  foient  quelquefois  iiifiuc-: 
tueux ,  quelquefois  milieux» 

De  C éducation  des  Troupeaux  &  de  la  culture  d^i  Laines  ,  en  Angleterre, 

Vn  procès-verbal  du  croupcau  du  Heur  Delportes,  Iç  compte  rendu 
des  terreins  où  il  paie  >  du  parc  oii  on  le  rerire ,  des  pratiques  qu'on  ob- 
fcrve ,  des  vues  même  qu'on  a  pour  la  fuite  :  tout  cela  eût  mal  h\i 
•        _  .  ,i„é'*'  -  '      -     '-■---      '      ■'  "        ■ 

cho 

objets  qu'on  veut  muter  i  l'important 
ci  m'a  fait  fouler  aux  pieds  les  dangers  auxquels  de  femblables  démar* 
ches  expofent ,  dans  un  tems  fut-tour  où  la  frayeur  de  fe  mettre  en  mer 
étoic  égale  de  part  &  d'autre,  à  caufe  des  hoftilités  commencées,  qui  ne 
m'ont  permis  en  outre  de  mettre  en  u(âge  que  des  moyens  tics- péri  lieux. 


C<)  Lc«  moutons  AngloU»  maigres  ou  gns.mais  principalement  ceui.ci ,  reven- 
dent plus  du  double  des  nôtres  ,  ce  qui  prouve  ,  h  viande  n'ciant  pas  beaucoup  plus 
chère  en  Angleterre  qu'en  France  »  que  les  moucons  Anglois  font  plus  gtos  ,  plus  giu 
que  les  nôtres  ;  Se  qu'il  y  a  beaucoup  à  gagnée  dans  ces  fortes  d'cuuepnfes  lotrqu'cUcs 
loat  cooduitu  avec  intelligence. 


?4        OBSERrATÎONS  SUR   LA  PTiTSlQUS, 

Tai  pallc  en  Angleterre  pour  y  vifitet  les  troupeaux  de  bftces  à  laine  ^ 
les  cerreins  fur  leii^ueU  ils  vivent,  &  y  étudier  les  pratiques  relatives i 
l'éducation  de  ces  animaux  6c  à  la  perfedtion  de  lenr  laine.  Je  vais  entrer 
dans  tous  les  détails  de  ce  que  j'ai  obfervc ,  &  des  inftruâions  que  j'ai 
prifes  à  ce  fujec  dans  les  provinces  de  Kent&  de  Sufl'ex  que  j'ai  parcourues, 
comme  celles  où  les  moutons  font  en  plus  grande  quantité ,  &c  qui  fout" 
Jiilîènt  les  plus  belles  laines. 

Parmi  beaucoup  de  fortes  de  moulons  que  pofscde  l'Angleterre ,  il  en 
cft  quatre  efpcces  principales ,  dont  les  produits  de  la  croifure  forment  à- 
peu-prcs  toutes  les  autres.  Je  ne  remonte  point  à  l'origine  de  ces  mou- 
tons ,  i  rhiftoire  de  ces  troupeaux  que  tant  d'autres  ont  Faite ,  fur  laquelle 
incme  on  efl  peu  d'accord,  &  gui  d'ailleurs  ne  peut  contribuer  en  rien 
au  projet  qu'on  a  en  vue.  U  fufht  qu'on  fâche  qu'en  imitant  les  Anglois 
dans  leurs  pratiques ,  on  obtiendra  les  mêmes  rcfultats  qu'eux. 

La  plus  gtolle  efpcce  fe  nourrît  dans  les  gras  pâturages  de  Lincolns» 
hite,  province  maritime  fur  l'Océan  Germanique  j  elle  fournit  abon- 
damment une  laine  la  plus  loncue,  mais  non  pas  la  plus  fine.  CeQ:  dç 
cette  provijKe  qu'on  tire  les  béliers  pour  foutenit  &  renouveller  les 
races  dans  les  autres  cantons  j  Si  de  tems  en  tems  elle  en  tire  elle- 
même  de  la  Barbarie  pour  la  même  raifon  ,  comme  elle  le  fait ,  ainfî 
que  la  province  d'Yorck,  des  étalons  pouc  les  chevaux  de  race  ,  les  plus 
cftimés  de  l'Angleterre. 

La  féconde  cfpèce->  qui  eft  la  plus  nombreufe  &  qui  fournit  la  plus; 
grande  quantité  de  laines  fupérieuresaux  précttienfes,  &  dé/à  très-belles,' 
couvre  les  vaftes  prairies  des  provinces  de  Kent&  de  SulTex,  qui  bordi^nc 
]a.Manchc,  âc  particulièrement  celles  connues  fous  le  nom  de  Romcnty" 
Marsh  j  ou  marais  de  Romeney.  Les  individus  de  ce  canton  l'cmportenc 
en  gcoffeur  &  en  quantité  de  laine  fur  ceux  de  tous  les  autres ,  excepte 
ceux  de  LincoLishire ,  auxquels  ils  le  cèdent  i  ces  deux  égards. 

lia  troifième  eft  celle  des  environs  de  Cantorbery ,  plus  petite  de  taille 
que  la  précédente ,  &  qui  fournit  une  laine  plus  fine ,  mais  en  moins 
grande  quajuité.  Cette  dernière  laine  efl  une  des  plus  belles  de  l'Angle^ 
t£rre;elle  efttrcs-propre  au  peigne  ainfi  que  celle  des  cantons  précédens. 
La  plupart  des  individus,  mâles  £<:  femelles,  ont  des  cornes,  ain/i  que 
les  oéhers  de  Lincolnsbire,  ce  qui  eft  d'un  exemple  rare  dans  les  autres 
troupeaux,  où  l'on  n'a  pas  mêlé  ceux  de  cette  race. 

La  quatrième, entin,  eft  celle  de  la  partie  de  l'oueft  de  la  province 
de  SufTex,  aux  environs  de  Lewes  &  de  Bourne  dnjis  la  moncagne.i 
40  i  4j  milles  de  Rye;  les  moutons  y  font  les  plus  peiits  de  tuus  :  leur 
ûine,  plus  courte  &  plus  lîne,  eft  auftî  en  moins  grande  quantité  qu'en 
aucun  endroit,  tlle  eft  plutôt  propre  à  la  carde  qu'au  peigne ,  &  elle 
s'employe  avec  fucccs  dans  les  draperies  ,  fur-tout  en  cli.iinc  Elle  a  plu- 
Iteuis  degrés  de  bnefl'e  au-deHus  de  celui  des  laines  de  la  iiologne  î^da 

Berry  j 


SZ/R  VmST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS       tfj 

Bcrry;  mais  elle  eft  encore  très  au-defTous  des  belleJ  laines  d'Efpagne. 
Le  produit  de  la  ccoifure  de  cette  efpèce  avec  celle  de  Romeney-Matsh , 
en  eft  une  de  grolTeur  moyenne ,  dont  la  laine  fort  fine  eft  crès-propte 
au  peignage. 

On  apperçoic  déji  le  moyen  de  varier  les  laines  &  de  les  obtenir  i- 
peu-près  de  fa  qualité  ou  on  les  defire.  Cette  ctoifure  des  moutons  de  U 
plaine  avec  ceux  des  hauteurs ,  a  encore  cela  d'avantageux  ^  qu'elle  Tou- 
tient  les  troupeaux  qui,  continuellement  reproduits  par  eux- mêmes, 
dt^éntreroient  enfin  ainfi  que  la  laine.  Elle  eft  encore  mdiquée  par  une 
autre  raifon  ,  celle  d'avoir  une  efpèce  propre  aux  pâturages  qu'on  lui 
dcftine. 

En  général ,  plus  l'cfpcce  cft  grofle ,  toutes  chofes  égales  d'ailleurs  ; 
plus  la  laine  cft  longue,  plus  elle  abonde  en  poids,  &  moms  elle  eft  fine: 
plus  elle  eft  groilc,  plus  les  pâturages  doivent  être  gtas  &  nbondans, 
Ainfi  les  premiers  paiftem  toujours  dans  les  tcrrcins  bas,  les  prairies 
qui  avoifinenc  la  mer  ;  les  fuîvans  dans  les  pârura|^es  de  coteaux,  6c 
Jes  derniers  dans  ceux  de  la  montagne.  La  groife  efpèce  dcpériroit 
bien-toc  dans  les  pâîurages  maigres,  &  l'altération  de  la  laine  fuivroic 
de  près  celle  de  l'individu.  La  petite  efpèce  s'engniiTerolc  trop  tôt  dans 
les  pâturages  abondans ,  &  elle  fetoit  mccftamment  fujecte  aux  mala- 
dies qui  proviennent  de  cet  état 

Les  béliers  font  féparés  des  brebis  pendant  toure  l'année  excepté 
environ  un  mois»  à  commencer  vers  le  15  Novembre.  Comme  la  pol- 
ice des  brebis  eft  d'environ  cinq  mois  ,  elles  mettent  bas  en  Avril» 
faifon  où  le  tems  devient  plus  doux ,  &  où  la  verdure  commence  à 
poulfer.  On  ne  donne  le  bclier  aux  brebis  qu'à  la  féconde  année  de  fa 
railfance,  à  lâgc  de  18  â  19  mois , £c  les  brebis  ne  font  couvenes 
qu'au  même  âge*  La  première  année  que  lâute  le  bélier,  on  ne  lui 
donne  qu'environ  zo  brebis  avec  lefquetles  on  le  met  à  part  durant  7 
à  S  jours  ,  quoiqu'il  les  faillillc  &  les  rcmnlifte  toutes  ordinairement 
dans  la  première  nuit.  La  féconde  6c  troilième  amiée  de  fervice  des 
béliers ,  on  les  lâcUe  dans  le  troupeau  à  raifon  d'un  pour  40  à  jo  bre- 
bis ,  qui  ne  porrcnc  ordinairement  que  crois  f<MS  y  &  qui  ne  paffenc 
jamais  quatre  ans.  On  les  engtaiile  alors:  on  les  tueroit  plutôt  fi  cllei 
devenoient  trop  gralTes. 

Les  troupeaux  ,  en  Angleterre,  nailTent,  vivent  dans  les  champs, 
toujours  en  plein  air:  hiver  &  cré  ,  en  fanté  comme  en  maladie  , 
il  n'y  a  ni  érables ,  ni  hangars.  U  fe  trouve  feulemeor  i  l'excrémicé 
de  l'un  des  champs  fur  lefquels  ils  pâturent  «  un  petit  parc  en  barricades, 
divifé  en  plufieurs  chambres,  où  l'on  ramalTe  le  troupeau  de  tems  en 
ccms ,  pour  le  vifiter,  lui  admîniftrcc  les  remèdes  dont  il  peut  avoic 
bcfoin,  en  faire  la  tonte,  féparcr  ceux  qu'on  ne  veut  pas  qui  reften( 
Tome  XJr,  Part,  II,  177?*  JUILLET.      1 


tS        OBSERF^TIONS   SUR   LA  PHYSIQUE^ 

avec  les  autres  »  fAÎre  la  callraciou  ,  leur  couper  U  qneue,  choifir-A: 
marquer  les  plus  gras  pour  la  boucherie,  &c.  &c....  fans  cette  prccau- 
rion  »  il  feroit  iirpodible  de  joindre  des  animaux  vifs ,  alertes,  bien 
conflitucs  ,  dont  le  regard  eft  fixe,  la  marche  ferme,  Se  i  qui  leur 
manière  de  vivre  donne  un  air  {àuvage  &  les  rend  prefque  tcW 

La  tonte  des  troupeaux  fe  fait  depuis  la  Saine  Jean  jufqu'aa  f  «  ou 
ao  Juillet,  &  même  plutôt  à  Icgard  de  ceux  qui  font  dcftin^s  à  l'en- 
grais. Le  premier  de  Juillet,  il  n'y  avoit  ptefque  encore  que  ceux-cî 
de  tondus.  On  tond  les  agneaux  environ  un  mois  plus  tard ,  £c  c'eft 
alors  qu'on  fait  la  caflration,  qu'on  leur  coupe  la  queue,  un  peu  plutôt 
ou  plus  tard.  On  ne  met  pas  une  grande  confcqiience  au  tems  de 
cette  opération.  On  coupe  mcme  la  queue  plufieurs  fois  aux  brebis  > 
comme  remède  pour  les  faigner ,  fuivant  les  circonftanccs. 

(i)  Pluûeurs  perfoiines  penfent  que  l'opération  découper  la  queutf 
n'influe  en  rien  fur  l'animal.  J'ai  de  la  peine  à  croire  qu'une  opération 
auffi  générale  en  Angleterre,  en  Hollande, en  Allemagne  ,  en  î /paï^ne 
&  ailleurs  ,  fnite  avec  une  exactitude  aufii  conftanie  Se  une  inienuon 
auin  déterminée ,  aufli  raifonnée,  foie  fans  conféquence. 

Les  Anglois  prétendent  que  cette  opération  carre  l'animal,  lui  arron- 
dit U  croupe,  fortifie  fes  différentes  parties,  &  lui  donne  plus  de 
difpoUtion  a  engrailTcr.  CcH;  pour  cette  raifon  qu'ils  la  font  fur  leurs 
chevaux.  Les  Hollanduis  infiftent  fur  cette  pratique  pour  la  même  rai- 
fon. U  en  réfulte  d'ailleurs  cet  avantage  que  les  parties  qui  environnent 
ia  queue,  le  haut  des  cuilTcs ,  les  proximités  de  l'anus  &  des  parties 
fexuelles,  fujcttes  à  s'écliauffer ,  y  font  moins  espofées.  En  Angleterre 
pour  éviter  ce  dernier  inconvénient,  on  leur  coupe  fouvent  tous  les 
poils  du  bout  de  la  queue  qui  refte,  ceux  qui  avoifinent  toutes  les  parties 
qu'on  vient  de  nommer ,  &  ou  s'attachent  ordinairement  beaucoup- 
a  ordures.  Ainfl  couchant  toujours  dans  l'herbe,  expofés  à  toutes  les 
intempéries  des  ûifons ,  les  moutons  font  toujours  propres  \  aucun 
corps  étranger  n'augmente  le  poids  des  toîfons  ,  n'en  catit  &  durcie 
la  taine,  elle  fe  conferve  blanche  &  nette,  ce  qui  contribue  autanc 
à  fa  beauté  qu'à  la  finté  de  l'animal.  Malgré  toutes  ces  précautions,, 
pour  avoir  des  laines  encore  plus  nettes,  on  lave  les  troupeaux  avant 
la  toute.  Cette  opération   fe  faic  en  rivière ,  ou  dans  des  réfervoirs- 


(0  On  jnge  et  l'âge  des  mouctmf  p»r  IVtat  de  leurs  dents,  rTs  o'onr  d'abonlquc 
^it  dents  canines  à  U  mâchoire  iuffricurc:  i  de  ces  dents  font  au  bout  d'un  an 
jemplacécs  par  des  mâcliclitrcs ,  4  à  deux  ans,  fi  à  trois  ans,  &  les  8  enfin  itma- 
irc  ans.  Elles  fe  fouticancnc  en  boa  ^ut  aivixon  un  auy  &  leur  diîp^iiiTcmcat  uxi». 
«tflif  indifjuc  U  fuite  de  cet  âge. 


SUR   VffiST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      €7 

dont  on  renouvelle  l'eau  t^uancl  on  ne  peut  en  avoic  de  courante- 
Dans  le  dernier  cas ,  on  pratique  autant  ou'il  eft  polTîble  des  céfervoirs , 
i  cet  effet ,  pcès  des  parcs  dont  j'ai  parlé.  Le  Uvat;c  fe  fait  de  8  i  \o 
jours  avant  la  tonte.  Les  eaux  rcchautfces  alors  par  l'ardeur  du  foleil 
dilfuivenr  parfnitemenc  le  luin  ,  ou  la  grailfe  naturelle  de  l'animal  \ 
Se  l'on  ne  met  cet  intervalle  du  lavage  i  la  conte  »  que  pour  que  U 
coifoii  fe  fournillè  d'un  nouveau  fuin  .  qui  maintient  &  confcrve  U 
laine  dans  un  bon  état^  qui  la  rend  exempte  de  fécheceflc  Se  à  l'abri  des 
vers ,  jufqu'i  ce  qu'on  l'emploie. 

Le  poids  commun  des  coifons  de  Romcney-Marsh  eft  de  7  liv.J 
celui  des  toifons  des  environs  de  Cantorbery  de  4  liv.  &  celui  des  laines 
de  la  Mont.iene  de  iliv.  ■'-  Les  troupeaux  qui  pailTenc  dans  les  herba- 
ges en  ont  plus:  ceux  qui  paillent  dans  hs  terres  jachères  en  ont  moins  ; 
&  c'eft  une  remarque  «énctalc  que  plus  la  nourriture  eft  abondante 
plus  les  mourons  ont  de  laine.  Il  eft  cependant  à  obl'erver  que  les  brebit 
qui  ont  des  agneaux  donnent  moins  oe  laine  que  celles  qui  ne  porcenc 
pas ,  &  moins  encore  que  les  moutons  coupes ,  dont  la  laine  eft  tou- 
jours plus  belle.  Cette  diminution  peut  aller  à  un  tiers  j  mais  quoique 
les  brebis  forment  toujours  en  Angleterre  le  plus  grand  nomore  des 
individus  dajis  chaque  troupeau,  on  y  voie  cependant  beaucoup  de 
moutons  coupes. 

Le  prix  courant  de  la  lainej  en  Angleterre  >  depuis  quelques  années 
eft  pour  celles  de  Romeney-Marsh ,  de  6  liv,  {  fterlings  le  pak^  (i)  celle 
des  environs  de  Cantorbery  ,  d'une  livre  à  une  livre  &  demie  fterling 
déplus;  &  celle  de  la  partie  de  l'oueft  »  de  deux  livres  fterlings  au- 
deflus  de  celle  de  Romeney-Marsh  ^  ce  qui  établit  les  qualités  ordinaire» 
parmi  les  belles,  que  nous  rirons  pour  employer  dans  nos  Manufac- 
tures ,  de  1 1  à  1  f  f.  &  les  plus  6nes  àc  16  i  1 8  f.  la  livre ,  argetu  ÔC 
poidf  de  Fiuice  [i}. 


(1)  le  pak  eft  de  144  Ht.  poids  d'Angleterre,  qui  eft  de  9  pour  cent  moindrcqac 
celui  de  Fraoce.  Le  frheling  vaut  11  f.  Anglais  ^  environ  ij  f.  de  fiaucc.  La  livre 
fterling  vaat  1;  liv.  de  Fnnce  j  laguin^c  vaut  11  fchclings. 

(t)  Soif  l'abondsncc  réelle  dn  tainet  cette  année  ,  foit  qu'oit  en  aîr  mcànt  em- 
ployé à  la  fabricarion  dcpiiii  quelque -tcm'i ,  quoiqu'il  en  Toit  beaucoup  pafTé  en  France  , 
depuis  deux  à  trois  atis,  elles  font  cn;urc  baift^fcs  de  ptii  c»  ce  raorncct. 

Un  Fermier  du  Uaut-pajs  ,  cotre  Lcwcs  &  la  Ryc ,  cliex  lequel  je  inc  fuis  arrêté 
alTez  de  icms ,  où  j'ai  pu  trouver  la  facilité  de  viâtcr  les  troupeaux,  les  p.î(uragcs, 
les  laines  en  magaiin  &  de  ptendie  une  parcic  des  infttuâions  que  je  dcftrois  ;  04 
Fermier,  dis-jc,  dont  les  troupeaux  font  formés  de  la  cioifurc  de  rcfpccc  de  Rome- 
ney-Marsh avec  la  petite  cfpece  des  hauteurs  ,  &  dunt  les  laines  Tonc  fbir  belles 
par  conCcqucnt ,  me  dit  qu'il  feroit  content  s'il  les  veiidoit  ceiic  aimée  6  liv.  fterling 
le  pak  (  environ  1  l  C  de  France  la  livre  Aogloifc.  )  AinTi  ta  diminouon  du  ptix  de  c«i 

I77j>.     JUILLET.  Il 


éS        OBSERVATIONS   SUR   LA   PHYSIQUE, 

Les  moucons  ou  bccbis  maigres  de  la  plaine ,  la  grande  efpèce  i  va- 
leur de  20  à  15  fchelings,  &  gras  de  55  à  40  ft:heUnos,fic  îufqua  t 
gainées,  ceux  de  la  petite  eCpèce  également  maigres  en  roire  de  même, 
&  pris  en  troupeaux  ,  fe  vendent  de  1  â  i  18  fchelings.  Les  béliers 
font  fans  piix  j  il  dépend  de  leur  force,  de  leur  bonne  conftituhoa'. 
bu  en  paie  quelquefois  lo  guinces  \  il  eft  ordinairement  de  ^  à  4. 

Le  prix  des  :^neaux  pour  former  des  troupeaux ,  à  6  mois ,  ell  de 
1 4  à  1  j  fchelings  ;  &  pour  la  boucherie ,  â  x  à  3  mois ,  de  1  o  à  11  fche- 
lincs.  Celui  des  béliers  dont  on  a  parle,  n'ell  tel  qu'on  la  dit  que  lorf* 
qu'ils  font  formés  &  en  état  de  fervir,  à  17, 18»  à  10  moi5>  avant 
qu'ils  aient  fervi(0. 

11  arrive  alTez  fouvent  qu'une  brebis  fâ(te  deux  agneaux ,  quelquefois 
trois.  On  a  beaucoup  de  peine  à  les  faire  adopter  à  d'autres  eu  cas 
d'accident  :  on  y  a  rcuHi  en  enveloppant  l'adoptif  de  la  peau  du  vrat 
agneau  :  la  brebis  paroilfoit  d'abord  avoir  des  dômes  ,  marquer  de  la 
icpugnance  \  elle  s'y  prccoic  eufuice. 

Dans  tous  les  pâturages  bas,  ceux  des  plaines  ou  vallées  qui  avoifi- 
nent  la  mer,  on  n'apperçoit  ni  haies  ni  arbres.  Les  polfelTions  ne  font 
divifées  &  féparées  que  par  des  foiTés   ou    des  barricrcs,  &  la  vue  fe 
perd  dans  l'immenllté  de  ces   prairies  vertes,  tachetées  de  blanc  par- 
tout, par  la  quaniitc  prodigïeufe  de  moutons  dont  elles  font  couvertes. 
Vjn  Odtobce  ,   des  la    frn  de   Septembre  mcme,  loifque  les  pluies 
commencent  ^  devenir  abondantes,  on  retire  les  agneaux  des  prairies- 
pouc  les  tranfporter  fur  les  hauteurs.  Souvent  on  en  ufe  ain(î  d  l'égard 
des  béliers,  &  cette  pratique  eft  la  meilleure  ;  on  les  y  garde  jufqu'au 
Printemfi,  en  Avril,  qu'on  les  ramène  dans    la  plaine.  Â  l'égard  des 
brebis  s'il  en  e(l  qui  tendent  à  s'engraidèr  trop,  fymptôme  &  avant- 
coureur  de   la   pouniture  ,  dont  on  courrolt  les  rifqucs  en  les  taifïânc 
plus  long-iems  d.ins  cette  forte  de  pâturages,  on  n'attend  pas  l'évène- 
menc ,  on  les  vend  pour  la  boucherie.    On  ne  tranfporte  jamais  les  au- 
tres que  dans  le  cas  où  les  eaux  trop  abondantes ,  couvreur  les  prairies  ,. 
ou  que  la  neige  tient  au-delà  de  1 5  jours  à  5  femaines  >  6c  qu'il  y  ea- 


laines  feroit  cette  ann#c  fur  fcs  précédentes  de  1 1  à  ij  pour  cent.  Elles  fc  vendent 
aujourii'liiii  en  Fiance,  de  la  main  du  frau^leiir  qui  tes  amène  au  premier  Marchantl' 
qui  Tpéculc  fui  ccraniclc,  100  pour  cent  &  au-delà  de  ptus  qu'elles  ne  valent  chez 
Je  Fermier  Angloif.  Il  c(l  à  préfumer  qu'elles  coùteroicnt  plus  encore  fî  la  peine  de 
ks  fortir  jtoii  motits  rigourcufe,  quelques  gcapdcs  qu'en  Toîcat  les  difficultés,  comme 
ea  le  verra  ci-après, 

(i)  Qu'on  les  clioifïfTe  bas  fur  jambes  &  bien  membres ,  la  jambe  coune  eft  ea 
géuccal  uo  bon  Hgne.  On  prétend  que  les  qualités  qu'elle  annonce  s'étendent  jiifquc»» 
uu  la  ciiaii  de  l'animal  qui  ta  cft  plus  délicate. 


SUR   VîilST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      69 

flic  une  certaine  Hancciir.  l.ocfqu'il  y  a  peu  de  neige  »  elles  la  Ubou- 
renr  .ivec  le  nez,  &  elles  reviennent  fur  leurs  traces  pour  msnç^cc  I  herbe 

Î|u'elie  couvroit.  On  y  jette  un  peu  de  foin  qu'on  récolte  fur  des  ré- 
erves  faites  dans  les  prairies  ^  mais  comme  ces  récoltes  font  foibles  en 
comparaifon  de  celles  des  hauts  pànirai^es,  où  l'on  a  plus  de  rcferves, 
on   y  conduit  le.  brebis  dans  ces  longs  intervalles. 

Quoiqu'il  y  ait  beaucoup  de  terres  en  culture  dans  le  haut  pays,  la 
plus  grande  quantitc  du  terrein  eft  en  pâturages.  Les  clôtures  y  font  génc- 
lement  en  haies  &  quelquefois  en  barrières  ,  cependant  on  n'y  em- 


ra 


Îiloie  gucres  ces  dernières ,  que  pour  fcrmei  les  baHe-cours  &  ceindie 
es  parcs. 

On  voie  par-U  qu'il  n'y  a  ni  Bergers  ni  chiens  en  Angleterre.  U 
refaite  de  ce  qui  précède  &  de  ce  qui  fuit ,  oue  les  Anglois ,  outre 
guils  n'ont  point  de  frais  à  faire  à  cet  égard  ,  ûépenfent  moitié  moins 
liir  coûtes  les  autres  avances  qu'exige  cette  culture,  &  qu'elle  leur  rap- 
porte moitié  plus  qu'en  France  (i). 

Le  mouron  efl  de  tous  les  animaux,  peuc-êrre>  celui  qui  aie  plus 
befoin  de  tcanfpîrer»  &  celui  à  qui  une  cranfpiration  forcée  foittaplus 
contraire.  Ami  de  la  liberté,  il  ne  rcfpire  i  Vaife  qu'en  plein  air.  Li- 
bre, il  eft  toujours  divaguant,  &  il  ne  le  cède  qui  la  chèvre  par  fon 
inconftance..  Jamais  on  ne  les  voir  fe  réunir  pour  paître ,  poiir  fc 
coucher  :  ils  n'aftcftent  aucune  place ,  ils  ne  donnent  la  préférence  a 
aucun  lieu  comme  les  autres  animaux.  U  craint  beaucoup  la  grande 
chaleur  &  il  ne  mange  point  aux  heures  où  elle  fe  fait  le  plusientir, 
quand  il  a  pu  fc  raltàncc  dès  le  matin:  on  le  voit  fc  lever  au  point 
du  jour,  errei  dans  les  pâturages  ,  y  mander  dans  la  rofée  &  faiiânc 
fon  meilleur  repas  avant  le  lever  du  folciL  11  fe  couche  dans  l'herbe 
au  fort  de  la  cKaleur^  &  dins  les  pâturages  élevés,  il  fe  r.nnge  volon- 
tiers à  l'ombre  des  haies  ou  des  arbtes,  puis  il  fe  relevé  fur  le  foir  , 
il  bondit  &  mange  avec  appétit. 

Quand  il  n'y  a  pas  de  neige,  ou  qu'elle  ne  tient  que  peu  detems;. 
on  ne  donne  abfolument  rien  aux  troupeaux  qui  paillent  dans  les 
prairies.  Dans  le  haut  pays  ,  ou  pendant  l'ttc  ils  vivent  fur  tes  pâtu- 
rages, lorfqu'ils  font  fecs ,  que  le  troupeau  n'y  rrouve  plus  une  nourri' 
ture  fuËiante ,  non  plus  que  fur  les  chaumes  où  les  terres  en  jachèies. 


(i)  Lorfqac  j'arrivai  en  Angleterre ,  je  fus  jené  fur  la  place  à  j  heures  du  nutinv 
à  4  &  à  f  niillc$  de  toute  habitation  ,  5c  j'errai  dant  Ict  piaincs  peni^atic  pliis  de  deux 
heures  ,  fan t  rencontrer  une  iîgutc  humaine  ;  mais  clletéiotenr  couvertes  de  croupcaiix. 
Ce  fut  pour  moi  un  fpc<flaclc  allez  imérelTanc  que  la  grolTcur  ,  l'cmboripciiDi  de  ces 
aoimaux  ,  leur  blancheur  éclatante  .  leur  air  i^conné  ,  &  fugace ,  fciubUblcs  à  uu  uou- 
peau  de  biches  ou  de  dains  ^u'oa  furptcodroit  daoi  une  loxct. 


71       OnSERK4TÎONS   SUR   LA   PHYSIQUE^ 

cent  bien:  la  teinte  violette  annonce  une  mauvaife  dirpûlltion :  t\\x 
couleur  ell  pale  ils  {ont  certainement  malades. 

A  regard  du  Jarre  ,  poil  dur  &  roidc  qui  fe  refufe  à  tout  apprct, 
&  <]ui  n  eft  fufceptible  d'aucune  teinture  ,  dont  les  toifons  font  plus 
ou  moins  affcûces  par  l'âge  ou  d autres  caufes  peu  connues,  il  îâuc 
ctre  attentif  i  ce  que  les  béliers  en  ioient  abfolument  exempts ,  &  ne 
pas  fe  perfuader  d'en  guérir  un  troupeau  par  les  croifurcs^  à  moins 
que  la  quantité  de  ce  mauvais  poil  ne  foit  mfentîble  dans  les  brebis  , 
autrement  >  il  faut  fans  hclitcr  les  engraillet  &  les  tuer. 

U  n'y  a  pas  de  Bergers  en  Angleterre  ,  mais  on  a  des  gens  qui 
vîfitent  les  troupeaux  oe  tems  en  teins ,  &  qui  en  ont  foiti.  Ces  gens 
demeutent  chez  eux  ,  Se  ils  font  attachés  a  autant  de  maîtres  qu'ils 
peuvent  en  fervir,  puuc  ce  feul  eenre  d'occupp.uion  ;  ils  n'ont  pas  d'au- 
tre ctat.  On  lent  donne  un  fcneling  par  acredepîtut^es  fur  Icfquels 
vivent  les  troupeaux  j  &  Ton  nourrit  environ  lo  moutons  fur  un  acre, 
en  cic,  &  de  3  .\  4  en  hiver. 

Ceux  qui  fpt-culeiit  fur  le  produit  des  troupeaux  Se  en  font  leuc 
commerce ,  n'ont  fouvenc  ni  biens  fonds  ni  fcrntes  -y  ils  louent  feu- 
lement des  prairies,  Se  ils  s'arrangent  avec  les  fermiers  de  la  hauteur 
pour  les  tems  de  neige  feulement ,  à  tant  par  fjmaine ,  car  ceux-là  iic 
ipéculcnc  que   iuc  les  moutons  à  cngraillcr* 

En  Angleterre  comme  en  irance  ,  on  marque  les  moutons  fur  le 
dos  en  noir  avec  une  compoliton  de  goudron  Se  de  bray,  ou  en  rouge 
avec  le  recJock ,  terre  rouge  dclaiée  à  l  huile.  On  n'y  croit  pas  que  ces 
marques  ne  pullfent  pas  s'en  aller: erreur  qu'ont  accccdité  nos  Rcgle- 
mens  en  les  dcftindanc.  Elles  ne  s'en  vont  pas  au  lavage  à\i5  moutons 
à  l'eau  pure,  ou  les  rcllnes  ne  font  pas  folubles ,  Se  qui  ne  fe  mêle 
pas  avec  les  huiles,  mais  il  n'en  relie  rien  au  dcruiec  dégrais  de  la  laine 
qui  fe  (ait  toujours  par  un  lavage  au  favon. 

Après  avoir  indique  la  méthode  d'éduciuer  les  troupeaux  en  Angle- 
terre, après  avoir  donné  le  prix  de  la  laine  &  celui  des  individus 
dans  leurs  difîcrens  âges,  il  n'elt  pas  hors  de  place  de  faire  quelques 
recherches  fur  la  nature  Se  le  montant  des  dcpenfes  que  cette  méthode 
entraîne.  C'eft  fur-tout  par  le  prix  des  chofes  qui  y  font  relatives 
qu'on  en  pourra  juaer. 

Les  prairies  de  Romeney-Marsh  font  louées  chaque  année  de  }oà 
jj  fchelings  l'acre.  Les  fermes  hors  U  prairie  fur  la  hauteur  font  éva- 
luées i  ]  5  fchelings  lacre ,  toutes  efpèces  de  terres  les  unes  dans  les 
autres. 

En  3oulonnots  elles  ne  valent  hauts  &  bas  tcrreins  ,  prairies  Se 
coteaux  ,  les  unes  dans  les  autres ,  que  1  o  liv.  la  mefure  j  Se  elles  font 
de  moindre  valeur  en  Picardie.  L'acre  d'Angleterre  contient  environ  85 

verges 


isun  vnïST.  t^àturëllë  et  les  arts.    73 

r'erges  rétiuic  à  la  mefurc  du  Boiilonnois ,  qui  en  contient  loo,  &  i 
l'arpent  de  France  qui  en  contient  iio. 

Les  hommes  de  journée  pour  les  travaux  de  la  campagne ,  ont  deux 
fchetings  par  jour  en  été,  &  ï6  i,  Anglois  en  hiver.  Le  fchelingvauc 
XI  f.  Anglois,  environ  ij  f.  de  France.  Les  Valets  de  charrue  ou  au- 
tres des  fermes ,  ont  de  9  à  10  liv.  fterlings  par  an,  outre  la  nourri- 
ture ,  le  chauffage,  &c.  comme  en  France.  La  livre  fterling  vaut  envi- 
ron 15  liv.  de  France.  Le  pain  ordinaire  chez  le  Boulanger  vaut  ordi- 
nairement d'un  fol  un  quart  d  un  fol  Se  demi  Anglois  la  livre.  On  fiit 
le  prix  des  grains  par  les  papiers  publics.  Celui  du  bœuf  pris  â  U 
boucherie  eft  de  4  f.  ;.  &  celui  du  mouton  dc4f.  {.  Anglois,  à-peu- 
prcs  le  mcme  prix  qu'en  France  :  le  poids  de  9  pour  cent  au-defTous  du 
nôtre  ,  comme  je  l'ai  déjà  obfervc.  On  ne  compte  gucres  la  bière  , 
on  ne  paroît  pas  U  mcfurcr  du-moîns. 

En  général  le  prix  de  la  main-d'œuvre  (i)  en  Angleterre  ,  eft  plus 
haut  qu'en  France  de  10  a  15  pour  cent  au  moins.  Les  ouvriers  dans 
les  Arts,  qui  n'y  gagnent  que  14315  fchelings  pat  femaiiie,  y  fonr 
malheureux;  ils  en  gagnent  ordinairement  de  1 5  d  18  d.ins  les  Manu- 
faAures,&  beaucoup  même  c;agnent  une  guince.  Ce  n'eft  pas  psrce  qu'ils 
travaillent  davantage  qu'on  le  fait  en  France,  qu'il  faut  qu'ils  gagnent 
plus, ni  mcme  que  la  nourriture  commune  y  fou  beaucoup  plus  chère  ; 
mais  parce  que  l'ouvrier  dcpenfe  davantage ,  qu'il  vit  beaucoup  mieux 
fur-tout.^  qu'il  eft  mieux  vccu,  qu'il  prend  plus  fes  aifes ,  qu'il  a 
plus  fes  commodités  en  tout  gente  :  ce  qui  eft  devenu  habitude  fit 
befoln  chez  lui,  au  point  de  ne  devoir  artendre  ou  craindre  aucune 
réforme  à  cet  égatd.  Il  ftut  cependant  convenir  que  Ci  l'ouvrier  An- 

tlois  fe  tepofe  beaucoup  plus  que  ne  le  fait  l'ouvrier  François ,  il  met 
ien  une  autre  activité  que  lui  au  travail  lorfqu'U  le  reprend. 

On  peut  donc  remarquer  &  le  dire  en  précis  que  la  matière  eft  de 
100  pour  cent  meilleur  marché,  prife  en  Angleterre ,  que  rendue  en 
France, &  que  ce  prix  primitif  des  laines  d'Angleterre  eft  d'environ 
'IBo  pour  cent ,  au-dcifous  du  prix  de  nos  laines,  celles  du  moins  des 
Provinces  où  nous  employons  les  leurs;  &  qu'enfin  la  location  des 
terreins  y  eft  aulfi  à-peu-près  double  d  100  pour  cent  au-de(fus  de  ce 
qu'elle  eft  en  BouLonuois,  en  Picatdte,  &c« 


(i)  Les  caoaui ,  foffifs  6c  aliords  par  eau»  de  la  petite  ville  lie  Rye,  qui  ont  été 
faitt  dermèrcmcnt  aux  d^pcni;  du  Gouvernement,  ont  été  travaillas  en  plus  grande 
panic  par  des  Fiani^ois  ,  Boulonnois ,  qui  vivoieoc  da  prix  de  cette  maia-d'icuTtc  ou 
les  ouvriers  Anglois  fcroient  morts  defainu 


Tomt  XIF,  Pan*  IL  177?. 


JUILLET.    K 


j^        ÔBSERrATlONS  SUR  LA  PnYSiQVB, 

Aînfi,  ayanc  aurant  d'induftrie  que  les  Anglois,  eu  ccard  au  bas  prix 
de  la  main-d'fTuvre  en  France ,  i  prix ,  quantité  &  qualité  égales  de  U 
matière  première,  nous  fommes  certains  d'avoir  toujours  la  préférence 
fur  eux  nans  roas  les  objets  de  concurrence.  Et  fans  s'écarter  de  notre 
objet,  on  pourroît  montrer  jufqu'à  l'évidence,  que  ce  n'eft  pas  en 
prohibant  les  étoffes  de  laine  d'Angleterre ,  qu'on  en  empêchera  l'in- 
trodudliou  en  France ,  mais  en  augmentant  la  quantité  &  perfeilion- 
nant  la  qualité  de  nos  laines  ,  pour  établir  les  mcmcs  étoffes  aulli  belles 
&  i  auHI  bas  prix  que  celles  des  Angloïs. 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES. 


k^OLlECTIOM  des  (Srivres  eompUttei  de  M.  Charlis  Bonmt ,  Mem- 
bre de  plulieurs  Académies,  à  Neufchàtel  chez  Samuei  Fétuchf  ^  &  1 
Paris  chez  Hardouin^  rue  des  Prêtres,  Cloître  Saint-Germain- TAuxerrois. 
Les  trois  premiers  Volumes  (  in  4"^.  )  paroifTenr  &  les  autres  fuivront  de 
près,  puilquils  font  tous  fou^  prelTe.  La  beauté  de  cette  édition  fait 
nonneur   aux    picffes  de  Ncuf^hâtel ,  foit  pour  la  netteté  &  la  forme 


ipleticment  la  Nature  &  les  plus  petits  détails  de  l'obj 
icpréfeme.  A  la  cctt;  du  prenii'.-r  Vt,  lume  cil  placé  le  poctraicde  1  Autcuc 
plongé  dans  une  profonde  méditation,  peint  pat  M./u*:/  &  fupcrieurement 
grave  par  M.  Clément  &  p.ir  Bradr;  ces  trois  Artiftes  fontDanois.  M. le  Pat 
leur  Meuron  s'eft  chaieé  de  l'exécution  de  cette  fupctbe  édition.  Il  ell  inu- 
tile d'annoncer  le  mérite  des  (Eu  vtes  du  célèbre  M .  B>>n»et ,  il  y  a  lonfî- 
teniïque  le  public  en  a  jugé;  nous  nous  contenterons  de  dire  que  cette  édi- 
tion ufl  enriLhie  d'un  grand  nombre  de  nouvelles  obfervations,&:  tout  le 
j^oonde  fait  comme  M.  Bonnu  obferve  &  combien  il  a  obfervé; 
cependant,  écoutons-le  parler  pour  juger  de  fa  modeftie-  •»  S'il  eft  un 
»  livre  que  je  regrette  vivement  de  n'avoir  pu  confulcer  de  nouveau, 
«autant  qu'il  mcriroit  de  l'être,  c'cft  le  crand  Livre  de  la  Nature» 
i^^dunt  il  m'avait  été  permis,  âucte^is  de  lire  -&  d'extraire  deux  ou 
«  trois  paragraphes  J'ai  bien  fait  en  dernier  lieu  quelques  nouvelles 
lîtbblèrvations  relatives  i  la  phyfii)ue  des  Pl.mres  &  à  celle  des  Animaux^ 
»  mais  ctïmbicn  ce  travail  efk-il  peu  de  chofe  en  comparaifou  de  ce 
»  qu6  j'aurois  tente  d*exécu:er  ù.  mes  yeux  avoienc  pu  fécondes  moa 
M  acle  ^ïQur  le  perfediouaemenc  de  1  Hiftoire  Natutelleï  « 


SUR  VniST,  NATURELLE  ET  LES   ARTS.     75 

Inflrucfion  fur  tAn  des  Mines  ou  Traite  far  U  Science  de  C Exploit 
talion  des  Mines  par  théorie  &  pratique,  avec  un  difcours  fur  les  pria- 
cipes  des  Finances,  faic  pour  l'Acadcmie  Impériale  &  Royale  de  Schem- 
nitz ,  par  Oiryfophe-François  Déilus ,  Confeiller-C.'ommî flaire  de  la  Cour 
de  Sa  Majelîc  Impériale»  à  fa  Chambre  des  Monnoies  &  Mines,  tra- 
duit en  François,  par  M.  Schreiber^  imprime  à  Vienne  au  frais  de  Sa  Ma- 
jefté  Impériale, &  enFrance  par  ordre  auRoi  &  aux  frais  de  Sa  Majeftc  j 
â  Paris  chez  Pierres  ,  rue  Saine-Jacques  »  t  vol.  in*4?,  enrichi  de  beau- 
coup de  gravures.  L'importance  de  cet  ouvrage  ,  fa  clarté ,  fa  netteté 
&  fa  prccifion  ont  fixe  les  yeux  des  Gouvernemens ,  &  nous  ajouterons 
que  c  cft  un  Livre  précieux  &  élémentaire  dans  fon  genre. 

Snjfruccion  foprc  el  modo  mas  feguro  y  ecônomico  de  tranfportar  Plan' 
tas  vivas ,  6*f.  Inflruition  fur  la  manière  sûre  &  économique  de  tranf- 
porter  des  pays  lointains,  les  plantes  en  nature ,  les  cailTes  femces  de 
graines ,  &  lue  la  méthode  de  delféchct  les  plantes  pour  en  former 
des  herbiers ,  par  M.  Cafimlr  Gome^  Onega ,  Profelleur  de  Botanique 
du  Jardin  Royal  de  Madrid,  &  des  principales  Académies  de  TEufope; 
imprimée  par  ordre  du  Roi,  in-^^.  de  70  pages  avec  les  cnvures  nc- 
certairespour  l'intelligence  du  fu;ec.  Cette  inftruftion  a  été  expédiée  i 
tous  les  vice-rois ,  Gouverneurs  &  principaux  Officiers  de  l'Amérique 
Efpagnole ,  accompagnée  de  la  lettre  la  plus  formelle  fur  la  volonté  &  les 
ordres  du  Roi.  U  faut  efpérer  qu'à  la  fin  nous  parviendrons  à  connoître  les 
plantes  dâ  cts  contrées  auffi  riches  en  végétaux  iniételfans  qu'en  mi- 
néraux. Le  Gouvernement  a  fàîr  partir  trois  Botaniiles  Efpagnols  avec 
M.  X>o/7ïie)' ,  Botanifte  François,  pour  commencer  cette  riche  collec- 
tion ,  &  les  foins ,  le  zèle  &  les  connoilfances  de  M.  Onega  font  efpé- 
rer que  le  Jardin  de  Botanique  de  Madrid  aura  acquis  dans  peu ,  Ift 
gloire  des  plus  célèbres  Jardîjis  de  Botanique  de  l'Europe. 

Hiflotre  &*  Mémoires  de  la  Société  Royale  de  Médecine ,  Année  177^ , 
avec  les  Mémoires  de  Médecine  &  de  Phyfique  médicale  pour  ta  mê- 
me année.  Paris  1779,^^-4*'.  de  951  pages,  de  l'Imprimerie  de  Phi-  ' 
lippe-Denis  Pierres  ,  rue  Saint- Jacques.  Les  progrès  rapides  de  cette 
Société  juftilieiK  fon  ctabliircment.  Il  a  éprouvé  comme  celui  du  Col- 
lège de  Chirurgie ,  les  oppofitions  les  plus  Asrtcs  ,  &  nous  ajouterons 
les  critiques  les  plus  amères,  les  diatribes  les  plus  indécentes  de  la  parc 
de  quelques  Confrères  dont  les  noms  n'ont  pu  ctre  infcrits  parmi  ceux 
des  Aifociés.  Ils  ont  juftiâc  cet  Adage  Nulla  invidia  pejor  medicorum.  Ce- 
pendant, c'eft  au  milieu  de  ces  contradiAions  que  la  Société  s'élève 
déjà  comme  un  arbre  majcfl:uâux  qui  couvre  de  fon  ombre  une  très- 
vafle  circonférence,  fous  laquelle  les  Médecins  Nationaux  &  Etran- 
gers viennent  réunir  leurs  Obfervations  &  leurs  travaux.   U  réfuhera 


1779. 


JUILLET,     K  2. 


7<r    'OÈSERrATIONS  SUR  LA   PHYSIQUE, 

oéceiîàircmcnt  de  ce  couAîA  que  la  Faculté  de  Médecine  de  PirU 
ouvrira  enhn  fcs  Portc-fcuilles  ,  &  chuinta  dans  le  Recueil  inimenCs 
des  ObfervAiions  faites  pendant  une  longue  fuite  de  liccles  ,  les  niatô* 
xiaux  de  plufieurs  eKcellens  volumes  dont  elle  enrichita  le  public; 
deux  corps ,  jaloux  de  mériter  les  fuftrages ,  en  valent  mieux  Tua  fie 
l'autre.  Le  volume  public  par  la  Société  Royale  de  Mcdetine  eft  divi- 
ié  eh  deux  parties  comme  ceux  de  l'Académie  Royale  des  Sciences, 
c*eft-à-dire ,  qu'il  compiend  l'Hiftoire  &  les  Mémoires.  M.  Ftof- 
i/'-f^ç^yr,  Secrétaire  perpc[uel  a  rédiaé  l'hiftoire  ,  &  elle  comprend  jtfo 
pages  &  les  Mémoires  591,  Trois  Mémoices  font  compris  dans  L'ordre 
des  Epidémies  ,  deux  daus  celui  de  la  Topographie  médicale  ,  dix 
dans  celui  dé  la  Médecine  pratique ,  crois  pour  les  Epizooties ,  trois 
pour  l'Anacomie ,  cinq  pour  la  Chymic  médicale  »  deux  pour  la  Bota- 
nique ,  deux  pour  la  PhyHque  médicale ,  enfin  le  Mémoire  couronné 
four  l'année  \-j-^6.  Il  n'y  a  aucun  de  ces  Mémoires  dont  le  mérite  & 
utilité  ne  foient  bien  reconnus. 

Effai  tVune  Méthode  giniraU  propre  à  étendre  Us  Connoijfances  des 
Voyageurs, OM  Recueil  d'Ohfervaiions,  &c.  par  M.  Munier,  Infpeiteur 
des  Ponts  ôc  Chauflces,  &c  Airocié  libre  de  la  Société  Royale  d'Agri- 
culture de  Limoges.  A  Paris  chez  Moutard ,  Imprimeur  Libraire  delà 
Reine,  Hôtel  de  Qluni ,  rue  des  Mathurins.  1  vol. //i-8°.  de  «oc  pa- 

fes  ch.icun,prix  9  liv.  A  f Jmoges  chez  Darhou  ^  Imprimeur  du  Koi; 
Poitiers  chez  f<//« /"aiKon ,  Imprimeur  du  Roi^  à  Angoul&me  chez 
Dubois ,  Libraire. 

M.  Munier  a  obfervé  que  depuis  long-teros  grands  nombre  d*Ecri- 
vains  s'occupent  â  publier  des  Annales ,  des  Voyages  &  des  Defcrip- 
rions  Topographiques  ,  mais  il  a  vu  avec  regret  qu'aucun  de  ces  ou-- 
vrages  n'emoràiroit  tous  les  eentes  de  connoillanccs  que  préfentent  les 
parties  du  globe  qui  ont  étc  décrites.  Cette  obfervatton  a  donné  naif- 
jànce  à  l'idée  la  plus  vafle;  l'Auteur  a  penfé  qu'il  pourroic  atteindre 
à  ce  but,  tn  prenant  pour  baie  les  principaux  chemins,  tl  y  en  a  par* 
toui^  dit-il,  tii  fervent  aux  hommes  pont  Je  cotnmun'tqutr  ^  ils  peuvent 
encore  Jtrvir  à  lier  leurs  idées  6-  à  les  fixer.  M.  Munier  entreprend  donc 
d  expofer  démonflrativement  dans  fa  préface  ,  tous  les  avamages  qui 
pourroient  réfulter  de  cet  immcnfe  projet,  relativement  à  la  maife  de 
nos  connoilTances ,  i  nos  befoins  6c  à  l'adminiAration  publique. 

11  ne  s'en  tient  pas  à  la  fpéculaiion  ,  car  la  pratique  lui  paroit  le 
moyen  le  plus  puiiiant  pour  faire  tomber  toutes  les  dimcultés  Lacon- 
viéHon  de  cette  vctité  l'a  déterminé  à  faire  un  hjf'iy  &  il  a  choilt 
pour   champ  de  bataille    la  province  d'Angoumois.  Il  s'attache  à  cette 

{>rovince  depuis  l'invafion  des  Romains  dans  les  Gaules,  &  il  enfuit 
es  icvoluùons  jufqu'i  ce  jour.  Les  perjonnesp  dic-il,  qui  ne  feront  pas, 


SUR   VHIST.    KJTURÊriE  ET  LES  JRTS,       77 

tUrUufts  de  ets  détails  pourront  ft  conunur  de  Us  parcourir  rapidcmtns, 
lï  examine  enfuice  ta  répartition  des  impôts  dans  ce  pays ,  (on  com- 
merce ,  fes  manufaâures ,  fes  produûions  >  la  formation  des  coteaux, 
des  rivières  &  des  principaux  objets  relatifs  à  l'Hiftoire  NacureDe  dc 
i  la  Phyfique.  EnAn  ,  il  paroîc  avoir  eu  defTein  que  l'Eiïai  qu'il  nous 
donne  pût  fervir  de  modèle  pour  faire  fur  les  mêmes  principes  la 
defcriprtoa  complecte  de  chaque  généralité ,  ou  de  chaque  proviuce. 
Nous  citons  autant  qu'il  eft  pollible  les  paroles  mêmes  de  l'Auteur, 
pour  faire  mieux  fentit  l'elprii  de  f.i  méthode.  »  Le  Royaume  de  trance 
»  étant  perce  de  routes  qui  partent  du  centre  pour  arriver  à  la  circon* 
1»  férence  ,  &  les  différentes  Généralités  qui  le  compofent  étant  elles- 
»  mcmes  craverfces  >  tant  fur  leur  longueur  que  fur  leur  largeur  ,  les 
M  notions  que  l'on  pourroit  donner  fur  la  componcioa  intéricute  de 
»  cette  partie  du  glooe ,  feroienc  alTez  rapprochées  pour  que  ce  travûl 
*>en  devînt  une  efpcce  de  géographie  fouterteinc  <«. 

L'Angoumois  a  fourni  à  M,  Munier  les  matériaux  de  fon  travail,' 
mais  il  a  voulu  que  l'édifice  qui  en  réfulte  fut  propre  à  tous  les  pays. 
On  ne  peut  nier  que  les  objets  de  (çs  recherches  ne  foicnt  i'anQ 
utilité  générale.  Pat  exemple,  la  manière  donr  les  Tailles  s'impofenc 
dans  cette  Province  de  l'Angoumois ,  lui  fournit  roccaHon  de  parler 
du  Cadaftre  &  de  fii«  un  article  de  la  répartition  des  impôts.  Celui 
de  Padminiftrartou  des  chemins  n'elt  pas  moins  important.  On  peur 
dire  la  même  chofe  cîè  celui  qui  traite  de  1  Hiftoire  Naturelle  de  li 
Charente,  &  des  travaux  que  le  Gouvernement  fait  exécuter  pour  la  rendre 
navigable  jufques  dans  le  Poitou.  La  culture  des  crains  termine  le  pre- 
mier Volume.  Certe  panie  contient  des  détails  lut  la  connoilTance  de 
l'âge  des  baufs,  fur  leur  travail  ,  le  commerce  de  ces  animaux  &  la 
manière  de  les  engrallFer  j  détails  qui  méritent  d'autant  plus  l'attention 
du  Leâeur  ,  qu'on  ne  les  trouve  que  dans  l'ouvrage  de  M.  Munier.  Il 
propofe  aulTi  différentes  méthodes  pour  augmenter  noi  muiHons ,  atpé- 
liorer  nos  prairies  &  nos  forets. 

Le  fécond  Volume  a  poui  objet  la  culture  de  la  vigne,  la  manière 
de  faire  les  vins,  &  celle  de  les  convertir  en  cau-de-vie.  On  y  décrit 
les  productions  naturelles  &C  artihcielles  de  la  Province.  On  y  parle 
de  ta  mouture  cconomiaue,  de  l'arc  de  faire  le  pipier ,  de  la  conltruc- 
cion  des  forges ,  &  de  la  fonte  des  canons. 

L'Auteur  femble  avoir  prévu  que  la  defcription  purement  Hiftori- 
quc  &  Topographique  de  l'Angoumois,  ne  feroit  pas  fufccpcible  de 
fixer  feule  l'attention  du  public  :  il  a  tâché  d'intérelTcc  à  fes  recher- 
ches l'AdminiUration  &  les  diifcrens  ordres  de  l'Etat.  Ses  bonnes  in- 
tentions mcritenc  fans  contredît  beaucoup  d'éloges  ,  &  doivent  lui 
conoliet  l'eftime  de$  Citoyens. 


78         OBSERVATTOytS'SUR    L.4  PlTYSTQU^i 

C'eft  une  iJce  neuve  d'adapter  aux  fiinples  permis  les  portes  bufquée* 
des  cclufes  à  Sus.  Elle  eft  de  M.  Trefaput^  Infpedeur-Gcnéral  de..  Ponts 
&  Chaullces  ;  la  reforme  au'il  a  iic  oblige  de  faire  aux  aiuiennes 
portes  pour  la  conftruûion  des  ficnnes ,  ne  peuvent  manquer  d'am<fUo- 
rer  la  conftruftion  des  éclufes  en  général.  Les  nouveaux  colliers  de 
M.  Ptrrofict,  defquels  il  efl:  oarlc  page  555  du  premier  Volume, & 
donc  l'exécution  a  été  indiquée  page  jitf  du  fécond  ,  annoncent  une 
Hniplicité  &  une  économie  qui  tendent  certe  nouvelle  production  de  U 
plus  grande  importance. 

On  trouvera  des  chofes  neuves  à  citer  dans  les  articles  qui  traitent 
de  la  connoifTance  de  l'âge  des  bœufs  ,  de  la  manière  de  les  cngraitTer  j 
dans  h  manière  de  fertirifet  les  terres  labourables  ,  dans  la  culture 
du  froment,  du  bled  d'Efpagne  ou  maïs,  dufainfoîu  fc  dans  l'amé- 
lioration des  prairies. 

Le  fécond  Volume  en  mcfente  pt  in  ci  (salement  dans  l'article  fur  U 
conftructioii  des  forges  &  la  fonte  des  canons. 

EUmens  dt  Chymu  ,  rêdigts  d*après  Us  McouverUi  modcmts;  ou  PrkU 
des  Leçons  puhtiqucs  dt  ta  Société  Royale  des  Sciences  &  des  Ans  de 
Afet^;  par  M.  mtckel  duTennetar ,  Confeiller  &  Médecin  ordinaire  du 
Roi»  Profeflèur  Royal  de  la  Faculté  de  Mcdtcîne  en  l'Univerfité  de 
Nancy,  Abrégé  d'honneur  au  Collège  des  Médecins  d»  la  même  Ville; 
de  la  Société  Royale  de  Mcdecijic  de  paris  >  de  celle  des  Sciences  6c 
des  Arcs  de  Metz  >  ^c« 

PROSPECTUS, 

La  Chymie  doit  fon  cxiftenceaux  m&mes  caufes  que  la  Société,  à  li 
foiblefTc  &  aux  befoins  de  l'homme.  Le  hafatd  fit  faire  Quelques  décou- 
venes,  on  s'apper^ui  qu'on  pouvoit  en  faire  d'autres,  l'inaullric  s'éveilla, 
l'art  fut  créé,  bon  utilité  s'agrandi:  en  raifon  de  fes  progrès.  La  forme 
que  rinduftrie  a  fu  faire  prendre  aux  terres ,  aux  pierres  ,  aux  mé- 
taux &  à  tous  les  produits  de  la  nature  ,  pour  les  fuumettre  i  no? 
befoins  j  l'arc  de  confervet ,  d'alimenter ,  de  défendre  les  hommes  ; 
les  moyens  par  lefquels  ils  fe  font  mis  à  l'abri  de  l'infulte  des  faifons; 
les  reltources  qu'ils  ont  trouvées  contre  ce  qui  peut  Icuc  nuire  \  tout: 
eft  du  relTort  de  la  Chymie. 

L*Acadcmie  de  Metz  ,  convaincue  de  rutilité  générale  de  cette 
Science,  a  arrêté  qu'il  en  feroit  donné,  A  fe$  frais,  des  Leçons  publi- 
ques &  gratuites ,  dans  une  de  fes  Salles ,  par  un  de  fes  Membres. 

Ce  projet  a  été  fivorablement  accueilliimais  on  a  dclîré  d'avoît  fous 
les  yeux  un  Précis  de  ces  Leçons  ,  qui  en  prcfentàt  le  plan ,  Tordre  Sç 
les  généralités  »  &  qui  pût  aidet  la  mémoire  de  ceux  qui  les  fuivent. 


SUR  VUIST.  NATURELLE  ET  lES  ARTS.      79 

Cet  Ouvr.ige  eft  rédige  &  prêt  à  cire  imprimiJ.  L'Auteur  ne  demande, 
pour  le  donner  au  Public  ,  que  de  ne  pas  faire  l'avance  des  frais: 
il  le  propufe  donc  par  ioufcription  à  ceux  qui  ont  le  projet  de  fuivré 
fes  Levons.  Dès  qu'il  y  aura  cent  Sourcripteuis,  on  livrera  la  première 
Partie. 

Tout  l'Ouvrage  fera  divifé  en  crois  Parties  :  la  première  comprendra 
le  Règne  Minéral;  la  féconde,  le  Règne  Végétal;  &  la  croilîème ,  le 
Règne  Animal.  Il  fera  du  incme  format  que  le  Profpcâus. 

Le  prix  de  la  foufcription  eft  de  quatre  livres.  On  paiera  trois  livres  , 
en  recevant  la  première  Partie,  vingt  fols  en  recevant  la  féconde,  & 
Ton  ne  paiera  rien  pour  la  troilième. 

On  ibuTcui  À  Metz»  chez  Gerlaiht,  Libtaire ,  rué Foumirue. 

L'Académie  de  Munich  vient  de  publier  fes  Mémoires  fous  le 
titre  de  Nouveaux  Mémoires ,  commençant  une  nouvelle  époque  au 
Gouvernement  de  fon  nouveau  Souveram  ,  qui  a  conBnné  l'cxillence, 
les  Privilèges  6c  les  Membres  de  l'Académie  de  Bavière.  Voici  les 
litres  des  Mémoires  de  la  première  Partie  du  premier  Volume. 

1**.  M'rroire  fur  U  Be^oar,  par  M.  Kennedy, 
Ce  Mémoire  contint  des  recherches  iiè»-f«Lt5faitâmcs  fur  la  nature 
&  l'origine  de«  «.orps,  qu'on  a  compris  fous  le  nom  de  fiezoar. 

i°.  Sdf  ta  Matittur  du  Pôle ,   par  M.  Gniher, 

On  examine  dans  ce  Mémoire  les  différentes  manières  dont  on  peur 
fe  fervir  pour  déterminer  les  latitudes ,  &  ou  apprécie  leur  mcrice.  C« 
Mémoire  aura  une  fuite. 

}**.  Mémoirtdt  M,  Hetfentritder ,iwx  la  defcription  d'une  nouvelle  forte 
de  Quarts-de-cer cle  Aflronomiques  à  verres  >  fur  lefquels  on  peut  noter 
plus  ex.iftement  ,  plus  facilement  &  plus  sûrement  les  plus  petites 
parties  d'un  deçré,  que  fur  les  Qnarts-de-ccrcle  ordinaires.  On  entre 
dans  tous  les  détails  néceiraires  pour  donner  une  idée  fatisfaifante  delà 
conftiudion  de  ce  nouvel  inftrumcnt  fur  lequel  les  diviÛons  font  gra- 
vées fur  du  veixe. 

4"*  Mémoire  de   M.  W^ehr  fur  CEUBropkore  d^À'ir, 

Ce  Mémoire  eft  rempli  d'Expériences  curieufes  &  très-  iméref- 
iances. 

.  jj*.  Examen  Chymique  de  diverfei  pierres  prUieufes.^  par  M.  Afhard. 
.1  Ces  Expctience&  font  très  multipliées. 


50        OBSERVATIONS   SUR    LA   PHYSIQUE, 

fi*.  Mcmolet  de  M»  Van-Sw'miai  ,  fur  un  Phénomène  magn<fcîque 
paradoxe  y  que  l'aîmant  attire  plus  fortement  le  fer  que  raim.inr. 

On  y  fait  voir  par  une  analyfe  exâ^e ,  &  beaucoup  d'expériences 
nouvelles  ,  que  ce  Phcnomcne  n'cll  pas  général  comme  t'ont  die  tous 
les  Phyficiens  ;  O.o.  y  développe  les  circon(lances  dajis  lefquelles  il  % 
lieu  >.&  les  éicmens  dont  il  dépend. 

7**.  Mémoire  Je  M,  F'ifiher  far  une  nouvtlU  nUthodt  d'tm'uer  te  Naphie 
nitrtux. 

•  'Tous  ces  Mémoires  font  écrits  en  Allemand  ,  excepté  le  fixi^mc  qui 
eft  en  latin. 

Le  féconde  Partie  du  même  Volume  contiendra  les  Mémoires  cou- 
ronnés de  M  M.  yan-Swindcn  &  SccigUncr  Air  l'Analogie  de  l'EIcclticitc 
6£  du  Magnéiifmo. 

Examen  d'une  Brochure  qui  a  pour  titre,  Frochs-ferhaux  &  Reftixiont 
à  l'occajton  de  ia  SeSion  de  la  Simphyje  ,  par  M.  Lauverjat ,  Maître  en 
Chirurgie  de  Paris ,  ProfeiTcur  en  l'Art  &  Science  des  Accouchemens , 
Sec.  A  Amlletdam  ,  i'/ï-S",  de  Sj  pages. 

Cours  Complet  d* Agriculture  Théorique  j  Pratique  G  Economique  ^  &  dâ 
Médecine  Rurale  &  yétérinaire  ;  précédé  d'un  Dijcours  conunjni  un  Pla/t 
d'étude  propre  à  fixer  la  marche  des  connoiffances  nécejfaires  au  Cultivateur  ; 
ou  Di^ioïtnaire  U/ùverfel  d'Agriculture  ,  mis  à  la  portée  de  tow:  le 
çionde  ;  par  une  Société  d'Agriculteurs  Praticiens,  &  rédigé  par  M. 
l'Abbé  Rosier  y  Chevalier  de  l'EgUfe  de  Lyon ,  Membre  <fe  pluûeuts 
Académies ,  &c. 

OUVRAGE   PROPOSÉ  PAR   SOUSCRIPTION, 
Sur    vtf  Plan    kouvzau. 


1 L  eft  inutile  d'entreprendre  l'éloçc 
de  l'Agriculture  ,  de  nréconilcr  les 
avantages  pour  le  bonheur  de  la  So- 
ciété, de  parler  des  plailirs  fans  re- 
mords qu'elle  promet,  de  l'utile  &  de 
l'agréable  qu'elle  réunit;  d'élever  cet 
Art  de  première  nécetlité  au-delfus 
des  Arts  que  le  luxe  a  introduits.  Ces 
yéiicés  ne  font  plus  tm  problcme^& 


les  cris  impérieux  de  nos  befoins 
portent  Ja  conviction  de  l'impor- 
tance &  des  attraits  de  l'Agri- 
culture ;ufques  dans  l'amede  ceux 
qui  vivent  dans  le  fein  des  Villes, 
au  milieu  du  tourbillon  des  adi- 
rés ou  des  plaifîrs.  L'habitude 
familiarife  l'homme  avecfes  jouif- 
faiK»  In  plus  ddirées  j  peu  à  peu 

ell« 


SUR  VHIST.  NjITURBLLE   ET  LES  ARTS,        tt 

épacfes  de   la  fàcnce  dans  un  feitl 


elles  le  dégoûtent  :  l'Agricidcurc  feule 
lui  en  oBre  fans  ccife  de  nouvelles, 
&  par  confcquenc  des  plaifîrs  tou- 
jours nouveaux. 

Mais  l'Agriculture  eft-elle  un  Art  ? 
Le  Payfxn  ne  raic-il  pas  couc  ce  qu'il 
doit  favoîr  ?  N'a-t-on  pas  déjà  écrit 
ûir  tous  les  objets  de  (on  reirori , 
&c.  &c.  ?  Que  répondre  i  des  objec- 
tions fans  celFe  répétées  par  cçwx  qui 
«e  prennent  pas  la  peine  de  lire,  & 
qui  décident  fans  avoir  la  plus  légère 
notion  de  l'objet  dont  on  leur  parle? 
Oui,  l'Agriculture  eft  un  Art,  fondé 
fur  l'obiervation  ,  qui  demande  le 
plus  de  notions  premières  pour  en 
cirer  le  parti  le  plus  avantageux  \  un 
Arc  fi  étendu  ,  que  l'homme  mcme 
crès-inftruit  trouve  i  chaque  moment 
de  nouveaux  fujetsdemcdiutions,  ik. 
pax  conféquent  d'inftru^ions.  Si  l'on 
favoic  tout  ce  qu'il  faut  favoir,  pour- 
quoi une  Province  feroit-elle  mieux 
cultivée  que  la  Province  voifiue?  Pour- 

Îiuoi  un  canton  produîroic-il  un  vui 
upérieur  au  vin  du  canton  limitro- 
phe ,  lorfque  l'expuiition  &  les  efj>éccs 
de  raiJins  font  les  mêmes  ?  On  a  déjà 
beaucoup  écrit  fur  l'Agriculture  ,  & 
encore  plus  compilé  i  les  Livres  four- 
millent, &  les  bons  font  rares  :  leur 
inutile  multiplicité  dégoûte,  effraye, 
&  ne  ferc  ibuvent  qu'à  ruiner  celui 

Ïiui  ic  livre  avec  conhancc  à  leurs 
yftcmes  hafardés  :  ces  fyClcmes  (ont 
prcfentés  avec  art ,  &  pour  n'être  pas 
fuftifamment  indruït,  le  Cultivateur 
paye  bien  cher  les  fuites  de  fon 
imprudente  crédulité, 

C'eft  donc  pour  fixer  autant  qu'il 
eft  po0ible  les  principes  agronomi- 
ques ,  pour  raUembler   les  paaies 
TûPte  Xir,  Parc,   //.    177p. 


corps  de  dodtrine  j  pour  féparer  le 
vrai  du  faux  ou  du  douteux  ,  que  l'on 
public  aujourd'hui  ce  Diékionnaire. 
On  a  préféré  cette  forme,  la  plus 
fimple  ,  la  plus  commode  ,  à  celle 
d'expofef  les  matières  par  une  fuite 
de  traités  méthodiques  \  ils  encraine* 
roient  nécelTairement  des  répétitions 
fillidieufes ,  Se  uniquement  propres  i 
groflir  les  Volumes.  Le  Plan  d'étude 
placé  i  la  tctede  cette  Edition ,  fervira 
de  guide  à  celui  qui  defirera  fincère- 
ment  s'inftruire.  Il  fera  fuppofé  ignorer 
entièrement  ce  que  c'eft  que  lAgri- 
culture;  &  le  faiiant  avancer  pas  i  pas 
dans  la  carrière,  il  parviendra  à  tîxer 
avec  ordre  &  précifion  fes  connoif- 
fances  fur  toutes  les  parties  de  cet 
objet  intérellànc  :  de  forte  que  cet 
Ouvrage  réunira  le  double  avantage, 
d'ctre  en  mcme-tems ,  &  un  Livre 
Élémentaire  &  un  Didlionnaire.  ■ 

Pour  avoir  une  idée  de  l'Ouvrage 
qu'on  propofe  ,  il  fulHt  de  jetrer  un 
coup-d'œil  fur  le  Plan  général  des 
Auteurs:  Us  confidcrent  l'Agriculture 
fous  trois  points  de  vue  ,  comme 
Agriculture  de  Tkèorie  ,  Agriculture 
de  Pratique  j  &  Agriculture  i'cjno- 
nùqu€* 

Sans  une  théorie  folidement  établie 
par  des  principes  généraux ,  Se  ces 
prûicipes  généraux  tondes  fur  Icxpc- 
rience,il  eft  difficile,  pour  ne  pas  dire 
prefqu'impoflibie,  dopcrer  avec con- 
noilLmce  de  caufe  fur  des  objets  fou- 
misi  des  loix  phyfiques.De-là,  cette 
néceifité  de  donner  des  prolégomènes, 
des  notions  préliminaires^  qui  foienc 
comme  aiiunt  d'échelons  pour  s'éle- 
ver i  la  pratique,  &  à  la  loi  qui  prcf- 

JUÎLLET.        L 


Si  OBSERrATÏONS  SUR   LA    PHYSIQUE^ 

crit  chaque  genre  de  travail.  Avant     à  employer Il  ne  craindra  p!ua 

de  labourer ,  par  exemple ,  ne  doit-on  de  porter  un  fer  meurtrier  fur  l'arbre 

païconnoîtreles  inftrumensconfacrés  qu'il  mille  j    &  6dcle  feâiaceur  des 

au  labourage  ,   &  les  modifications  loix   de  la  Narure  ,  il   doublera ,  à 

qu'ils  exigent  relativement  aux  terres  l'exemple  du  Jardinier  de  Muncreuil , 

auxquelles  on  les  deftine  ?  le   produit  de  fes  arbres  fruitiers  , 

Mais  pour  juger  ii  les  modifications  même  en  atfurant  leur  durce  au-deU 

de  ces  inflrumens  feront avantageufes,  de  tous  les  termes  connus  jufqu'à  ce 

ne  convient-it  pas  auparavant  d'avoir  jour. 

une  idée  exatfie  de  la  nature  de  la  Avant  de  dépouiller  la  terre  de  Çc& 
terre  i  labourer  ;  par  confcquent  des  crains ,  le  cep  ae  fes  raifnis .  les  arbtc« 
caufes  de  fa  compacité  ou  de  fon  de  leurs  fruits ,  ne  iàuc-il  pas  fonger 
atténuation  ,  plus  ou  moins  fortes:  aux  différcns  inftruinens  que  chaque 
des  moyens  de  remédier  à  l'iui  ou  i  récolte  exige  en  particulier  ?  J  ouc 
l'aurre,  afàn  de  faire  acquérir  à  cette  Propriétaire  qui  ne  vcur  pas  erre 
rerre  l'aptitude  à  ne  retenir  que  la  trompé ,  peut-il  ne  pas  voir  par  lui- 
quantité  d'humidité  propre  à  la  riche  mcme  fi  les  cuves  ,  les  prefloirs ,  (es 
végétation  de  tel  ou  de  tel  végétal  ?  tonneaux  font  en  état,  s  il  ne  manque 
Ces  difcuïïions  entraînent  néceiiaire-  rieji  aux  voitures  de  toute  efocce  , 
ment  celles  fur  les  Engrais,  tirés  d'un  confacrées  aux  travaux  champêtres  , 
<les  règnes  de  la  Nature ,  ou  de  deux  ii  les  jougs  des  bœufs ,  H  les  namois 
ou  des  trois  cnfemble,  &  enBn  de  des  chevaux  n'exigent  aucune  répa- 
toutès  les  combmaiA)n&  dont  ils  font  ration  ?  Il  faut  vou  &:  tout  voir  par 
fufceptibles.  foi-même  ,  &  ne  jam.iis  perdre  de 
VoiU  déjà  un  pas  iramenfe  ;  mais  à  vue  le  précepte  que  donne  la  Fontaine, 
oifervira-t-il  a  l'homme  qui  n'aura  lorfqu  il  dit  dans  une  de  fes  Fables: 
teinture  des  connoiflances  //  n'<Jî  pour  voir  que  l'oùt  du  Maître  , 
phyfiqucs  fur  la  végétation,  fur  l'cla-  &  l'on  ajoutera  i  cet  adage:  l'homme 
ooration  de  la  levé,  fur  Korganifacton  qui  n'eft  point  indruit  ne  peut  ni  ne 
des  plantes,  fur  l'ufage  fie  les  fondions  fait  pas  voir.  C.q$  difltrens  exemples 
que  la  Nature  a  ailîgnés  àcliacune  de  pris  au  hafard ,  fuffifenc  pour  onrir 
^urs  parties  ;  enôn ,  fur  leur  état  de  l'apperçu  de  ce  qne  les  Auteurs  de  ce 
fajité,  de  maladie  ifededépériffement?  DiéVionnaire  entendent  par  ces  mots. 
Si ,  au  contraire ,  on  fuppofe  le  Culti-  Agriculture  de  Théorie  ou  Notions  Pré* 
vateur  parfaitement  inftruit  de  ces  liminaires  ^  &  il  efl  aifé  d'apprécier 
préliminaires ,  il  faufa  d  quelle  efpéce  leur  étendue  6c  leur  importance. 

La  plus  brillante  Th<:one  ^  fur-tout 
en  Agriculture  ,  n'eft  rien  fans  la  Pror- 
rique.  L.t  Pratique  doit  être  le  réfultat 
des  combinaifons  &  des  expériences. 

1  -  -r-L'__: /■—    I-     .„:_      J:    ■ 


quoi 

aucune 


de  grain  fa  terre  cft  propre,  de  quelle 
cfpcce  de  charrue  il  faudra  fe  tervir 
pour  labourer ,  quand  &  comment  il 
faudra  labourer Cet  homme  ne  ba- 


lancera plus  fur  le  choix  du  fujet  qu'il     La  Théorie  mer  fur  la  voie,  dirige 
doit  greSer,  ni  fur  celui  de  la  méthode     l'expérience ,  apprend  i  rejetrer  ce  qui 


SUR  VHIST.   NàTUREILE  ET  LES  ARTS. 


«J 


eft  contraire  aux  loix  de  la  Phylïque  , 
6c  enfeigne  àopcrer;  mais  la  Pratit^ue 
feule  allure  les  produics  dans  cous  les 

rnres ,  âc  conhrme  les  principes  de 
Théorie.  VJgricuhure  de  Pratique 
a  pour  objet  la  grande  culture  des 
grains ,  comme  froment ,  fetgle ,  orge , 
avoine,  &c.  Celle  des  menus  grains, 
comme  maïs ,  farrazin  ,  pois ,  fcves  , 
panis  ,  millet ,  &c.  La  culture  des 
îemences  huileufes  ,  l'm  ,  chanvre , 
iiavctce ,  colfat ,  cameline ,  &c.  Tous 
ces  objets  font  cependant  Aibordonnu 
i  une  culture  première ,  fans  lai^uelle 
ils  n'exiftcroient  prcfque  pas,  pirce 
que  les  moyens  de  l'homme  font  trop 
roibles  pour  fe  paffer  du  fecours  des 
animaux.  11  faut  donc  fonger  à  aifurer 
leur  fubfiftance  par  la  formation  des 
prairies ,  foit  naturelles  ,  foir  orciâ- 
cieiles. 

Après  ces  cultures  de  néccflîté  pre- 
mière ,  il  en  eft  d'autres  qui  ne  font 
pas  moins  utiles,  &r  qui  concourent  4 
multiplier  d'une  manière  particulière 
les  douceurs  de  la  vie.  Ce  font  celles 
des  plantes  légumineufes,  des  plantes 
potagères ,  9c  celles  dont  le  Commerce 
&  nos  Manufatlures  tirent  de  grands 
avantages,  comme  de  la  garance,  da 
paftel ,  de  la  gaude ,  du  fafran ,  du 
chardon-bonnetier ,  ôcc. 

La  Nature  toujours  prodigue  envers 
l'homme  ,  a  multiplie  autour  de  lui 
les  arbres  ,  les  arbriiïèaux  ;  les  uns 

Îiour  décorer  &  foire  le  charme  de 
on  habitation ,  les  autres  pour  fournir 
a  fes  befoins  :  c'eft  à  lui  a  diriger  & 
non  pas  à  contrarier  la  Nature  dans 
l'aménageraent  de  fes  forêts  ,  dans  la 
plantation  des  arbres  d  bois  blanc  , 
dans  la  conduite  des  arbres  fruitiers , 


foit  à  noyaux ,  foir  i  pépins  *,  enBn  , 
dans  la  culture  de  la  vigne,  qui  fe 

f fiait  fi  bien  fous  le  Ciel  tempéré  de 
a  France.  1  el  eft  en  abrégé  le  tableau 
des  objets  qui  font  du  rellort  de 
l'Agriculture  Pratique. 

A  quoi  fecvironr  à  l'homme  les 
récoltes  les  plus  abondantes  &  les  plus 
préciculcs,  s'il  ne  fait  pas  les  confer- 
ver  pour  les  befoins ,  6c  affurer  leur 
durée  pour  prévenir  les  années  de 
difette  ?  L* Agriculture  Économique 
doit  venir  à  ton  fecours.  Ici  ,  elle 
prépare  les  greniers,  les  ctuves,  pour 
la de^liccation  des  grains,  &  perfec- 
tionne leur  mouture.  Li  ,  elle  difpofe 
les  cuves ,  les  tonneaux ,  pour  iouf- 
traire  aux  viciUîtudes  de  l'atmof-- 
phère,  cette  liqueur  bîenfaifîinte  qui 
répare  les  forces  de  l'homme ,  &  qui 
flatte  agréablement  les  Itoupes  ner^ 
veufes  de  fon  palais  :  de-là  >  naît  la 
comparaifon  des  différentes  méthodes 
de  faire  le  vin  ,  le  cidre ,  le  poiré,  1% 
bière ,  &c.  de  retirer  de  ces  liqueurs 
chargées  du  principe  fucré ,  ces  efprits 
ardens  qui  fonr  pre  fou 'incorrupti- 
bles. Ici  ,  fous  des  cyUndres  ,  fous 
des  preffbirs  de  diffcrens  genres,  les 
huiles  d'olives ,  de  noim ,  de  navette, 
de  pavot ,  de  lin  ,  &c.  coulent  i  grands 
flots.  LA  ,  une  ménagète  prépare  le 
beurre ,  façonne  les  (Tomag*îs ,  tandis 
que  d'un  autre  côté  fa  compagne  fait 
le  travail  de  ce  peuple  laborieux  qui 
fournit  le  mîel ,  la  cite  &  l'hidromel. 
Ici ,  fous  un  coït  rudique,  ce  ver  ori- 
ginaire de  Chine,  &  naturalifc,  pour 
ainfi  dire ,  dans  nos  climats ,  prépare 
la  matière  de  ces  ttHiis  précieux  que 
le  luxe  a  rendus  néceffàires.  Là ,  l'hum- 
ble brebis  fe  Laiflè  paifïblement  dé:. 

JC/ILLET,  Lz 


«4         OSERVÀTIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

pouiller  de  fa  loifon  ,  pour  fournir  à     prochcnc  ou  s'éloignent  de  I.i  Nattirer 
l'homme  de  tous  les  ccats  le  vctenienc     Ce  n'eft  pas  tout  ,  il  y  a  pluiîeurs 
le  plus  chaud  S<  le  plus  faiii.  Malheur     pratiques  avaiicageufes ,  cparfes  dans 
à  celui  dont  l'ame  froide  &  apathique     différentes  Provinces  ,  &  dont  on  n'a 
voit  avec  indifférence  cette  mLiltipli-     jamais  parle  ,  qu'il  dX  important  de 
cité  de  travaux  !  raflgmbler  &:  de  publier  ,  afin  de  ne 
Que   de  détails  ce   /impie  coup-  rien  laiilèr  à  dehtcr  fur  cet  article  , 
d'ail  ne   lailfe-t-il  pas  a  defucr  !  &compofer  uïi  Traité  fur  la  Greffe, 
L'Agriculture  Economique  ne  s'étend-  gui  rixe  le  point  où  cette  partie  de  la 
elle  pas  encore   fur   l'cducation  des  fcïence  Agronomique  en  eft  reftée.  Ce 
chevaux  ,  des  bœufs  ,  à^s  moutons  ,  Traité  doit  encore  offrir  de  nouvelles 
des  chèvres ,  des  cochons ,  &  fur  celle  vues ,  de  nouvelles  expériences  à  tenter 
des  oifeaux    de  baffe-cour  ,  fur  les  pour  reculer  les  limites  de  l'Art  de 
étangs,  fur  les  rivières,  fur  tesprépa-  la  Greffe.  Alnlî ,  lorfqu'on  parlera  de 
rarion»  des  fils  de  chanvre  ,  de  hn  ,  ereffci  tel  ou  tel  arbre  en  particulier^ 
&c?  Mais  il  eft  plus  aifc  de  fuppicer  il  fuffira  d'indiquer  fi  la  greffe  doit 
â  ces  détails  par  la  réflexion ,  que  de  être  pratiquée  ou  à  eût  dormant  ,  ou 
les  retracer  tous  dans  ce  peu  de  lignes,,  enfiùte  j  ou  en  couroruic^  &c;&l  celui 
plus  uniquement  confacrces  i  prcfen-  qui  ignorera  la  valeur  de  ces  déno- 
ter en  général  le  tableau  de  la  manière  minations  ,  n'aura  qu  a  recourir  au 
dontilsferuntenvtfagés,quedetoutes  mot  Greffe.                                ,^ 
les  parties  qui  doivent  l'enrichir.  Tous    les   autres    articles    feront 
Il  s'agit  atluellement  de  faire  con-  traites  de  la  même  manière  que  celui 
noître  la  méthode  adoptée   par   les  dont  on  vient  de  parler ,  &  ce  feul 
Auteurs  pour  remplir  ce  canevas,  &  exemple  ciré,  démontre  que  ce  Dic- 
comment  ils  en  reumffent  toutes  les  tionnaire  ne  fera  point  une  (împle 
parties  pour  en  compofer  un  Livre  compilation,  mais  un  ouvrage  entière- 
élémentaire,    i*'.   Chaque  mot   fera  ment  neuf ,  qui  pourra  (fuir  lieu  de 
préfenté  fous    toutes    les  acceptions  tous  les  Livres  écrits  fur  l'Agriculture 
dont  il  fera  fufccptible  ,  &  difcuté  depuis  Pline  jufqu'à  ce  jour,  puifquc 
dans  tous  les  points.  Afin  de  ne  pas  ce  fera  une  véritable  concordance ,  3c 
forcir  des  exemples  déjà  cites  ,  pre-  unrapprochementraifonnédecequils 
jions  le  mot  greffer  ;  il  y  a  plulieurs  contiennent. 

manières  de  greïfer  qu'il  taui  déve-  Le   Public    fera   fuiptis    lorfqu'il 

iopper;  il  y  a  lu  choix  à  faire  cbns  reconnoîtra  que   tel    Ouvrage  ii'eft 

les  fujeCs  qu'on  defline  A  la  ercffe  ,  qu'une  compilation  de  tel  autre.  Se 

enfin  une  iaifon  d  obferver.  Comme  celui-là  ,  d'un  autre  plas  ancien,  qui 

plufieurs  Auteurs  ont  déjà  écrir  fur  la  avoir  déjà  été  habille  à  la  modetne 

greffe,  on  comparera  Se  on  dïfcutera  pour  lui  donner  un  air  de  nouveauté, 

leurs  méthodes  j  on  dévoilera  leurs  II  feroit  très-important,  pour ''avan- 

erreurs  ou  leurs  contradifftionsj  enfin,  cément  des  connoiiîànces  humaines, 

on  fera  connoître  en  quoi  ils  (e  rap-  qu  i  la  fin  du  fiècle ,  un  Auteur  fe 


SUR  VHJST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS, 


85 


dotinât  la  peine  de  rafTembler  en  un     gne  feri  difcutc  dans  ce  Diûionnaice 


feul  corps  de  dodrine,  roue  ce  qui  a 
paru  fur  chaaue  partie  de  la  fcîence. 
La  trop  grande  abundancc  de  Livres, 
le  tems  qu'exigeroit  leur  letture , 
ancantilTent  le  delir  de  les  parcourir. 
Beaucoup  de  bonnes  vues ,  de  fages 
expériences  reftenc  perdues  pour  la 
Société,  &c  enfévclics  fous  des  mon- 
ceaux d'inucilitcs. 

Les  Auteurs  de  ce  Cours  complet 


Cet  Ouvrage  formera  ^ÎJ»-*  P'^olumes 
i/ï-4°,  chacun  de  700  pages  ^  fur  le 
caractère  de  c'uerù ,  à  deux  colonnes , 
en  tout  conforme  à  ce  Prcfptclus , 
Se  cliaqae  Volume  fera  enctclii  de 
quinre  a  vingt  Gravures  en  taiUe-douce, 
On  doit  voir  que  Us  Auteurs  ne  cher- 
chent pas  à  multiplier  les  Volumes  j 
ni  la  dcpenfc  pour  les  Acheteurs. 

L'imprcHion   do    ce    Diâionnatre 


d'Agriculture connoiiïent  route  l'cten-  fera  trcs-difpcndieufe;  on  ne  la  com- 
due  &  la  difficulté  de  leur  encreprife.  mencera  donc  qu'autant  qu'il  y  aura 
La  difficulcc  mcme  augmente  &  re-  un  nombre  fuiHi'ant  de  Soufcripreurs  j 
double  leur  courage  ,  quoiqu'ils  fa-  mais  comme  ou  a  fouveni  abufc  des 
chent  par  expérience  que  rien  n  eft  foufcriptions ,  &  que  le  Public  a  été 
plus  pcnibic  à  bien  exécuter  qu'un  plufieurs  fois  crompé  &  dc^u  dans 
I)iâicnnaire;  mais  comme  ils  entre- 
prennent celui-ci  par  goût  &:  par 
amour  pour  l'Agriculture,  ils  ofenc 
fe  flatrer  que  le  Public  leur  faura  grc 
de  leurs  efforts. 

Cet   Ouvrage  étant  particulière- 
ment deftiné  pour  ceux  qui  vivent 
fur  leurs  Terres,  &qui,  par  confé- 
font  fouvenc  cloiiniés  des  fê- 


les efpérances ,  on  ne  demande  au- 
jourd'hui à  ceux  qui  dertrenc  fe  pro- 
curer cet  Ouvrage  ,  qu'une  lîmple 
fouminion  par  écrit  de  prendre  les 
Volumes  à  inefure  qu'ils  paroîtronr. 
Pour  éviter  jufqu'à  Tapparence  du 
plus  léger  reproche  ,  le  Soufcripteur 
qui  ncterapas  content  de  l'Ouvraçe, 
^  aura  la  liberté  de  le  rendre ,  &:  de 
cours  »  ou  a  pcnfé  qu'il  fecoit  à  propos  retirer  l'argent  qu'il  aura  débourfé, 
d'indiquer  les  vertus  médicales  des  dans  le  délai  dé  trois  mois  ,  pourvu 
plantes,  de  donner  les  lîgnes  auxquels  qu'il  n'ait  pas  dégradé  les  Volumes, 
on  reconnoîr  les  maladies  les  plus  C'efl  donc  uniquement  pour  ne  pas 
communes  à  la  Campagne,  &  de  hafarder  les  frais  d'une  forte  Edition, 
prcfcrirc  les  remèdes  pour  les  coin-  que  les  Auteurs  exigent  cette  forma- 
Dattre  :  ce  fera  le  précis  d'ime  Mcde-     lité  préliminaire.  --^  -  •    f 

cine  Rurale ,  réduit  à  fa  plus  grande         II  n'eft  pas  poHible  de  mettre  Ntts 
(implicite,  &  rédige  par  un  Médecin     de  bonne  toi  &  plus  d'honnêteté  oajis 


queni 


forr  connu.  Les  maladies  des  bœufs, 
des  moutons,  des  chevaux,  &c.  four- 
niront des  Articles  intérelfans  ,  ou 
plutôt  la  patrie  Vécérinaitc  y   fera 


les  procédés ,  &:  d'offrir  au  Public  im 
moyen  plus  ûmple  de  n'ctrc  pas  trom- 
pé. Ct  qu'ils  demandent  à  MM.  its 
SotifinpUurs^  c'cjl  dUnvoyer  UurfoU' 


traitée  complettement  :  en  un  mot,  miffîon  le  plus  prompumcnt  qu'il  fera 
tout  ce  qui  concourt  à  l'utilité  &  à  poffihk ^cfin  d'être  dans  le  cas  de  com~ 
l'agrément  de  l'Habitant  de  la  Campa-     meacerfous  peu  l'imprejjïon  de  ict  Ou- 


€6  OBSERrÀTIONS  SUR   LA   PHYSIQUE^ 


vrage^  Les  fouminîons  feront  adref- 
fées  ,  franches  de  port ^  à  Paris,  au 
..BUREAU  au  Journal  de  Phyfique» 
rue  des  Mathurins,  au  coin  du  Cloître 
Saint-Benoît.  On  les  recevra  jufqu'au 
premier  Novembre  prochain. 

Les  deux  premiers  Volumes  paroî- 
tront  en  1780,  les  deux  féconds  en 
1781 ,  &  les  deia  derniers  en  1781. 
On  payera  14  liv.  en  recevant  chaque 
rirraifonj  de  forte  que  pourlafoin- 
me  de  71  Ht.  on  aura  une  Collection 
completre  de  tout  ce  qui  aura  été  fait 
&■  dit  fitr  l'Agriculture  depuis  Coln- 
mellejufqu'à  ce  jour-,  &  cette  Col- 


leAion  fera  tellement  rédigée ,  qu'elle 
tiendra  lieu  de  tous  les  Livres  concer- 
n.int  cette  fcience. 

Les  Auteurs  de  ce  DiAionnaire 
prient  tous  ceux  qui  liront  ce  Prof- 
peclusj  d'avoir  la  bonté  de  leur  com- 
muniquer les  nouvelles  Expériences 
qu'ils  auront  faites ,  leurs  vues  inté- 
reflântes  fur  diffcrens  Articles  ,  les 
Pratiques  locales  qui  ne  font  point 
alTez  connues  ,  &c.  Ils  recevront  avec 
reconnoiflànce  ce  qu'on  leur  enverra , 
&  citeront  les  Auteurs  qui  deHreront 
ctre  connus. 


A  h  fin  du  Jemier  Volume  ,  •>«  trouvera  un  Catalogue  raifonnf  Je  tous  Us  Ouvrants 
qu'on  aura  eonfultis  pour  /a  ridaHion  de  ce   DiSionnairr, 


MODÈLE   DE    SOUSCRIPTION. 


J  E  fouffignc  ,  promets  &:  m'engage  de  prendre 
Exemplaire  du  Cours  complet  d'4grkuttare  Théorique  ,  Pratique  &  £"co- 
nomique  j  &  de  Médecine  Rurale  &  Véte'ruiaire  ,  fiv.  5v. ,  OU  Di^iormaîre 
univêrfel  d' Agriculture  ,  rédigé  par  M*  l'AbbêR  OZ  lER^formaniJix  Folumes 
«-4*.  avec  des  Planches  en  taille -douce,  &  de  payer  la  fommc  de 
d&uie  livres  par  chaque  Volume  en  feuille  ,  à  la  réception  des 
Livraifons.  Fait  \  le  du  mois  d 

N.  B.  Il  faut  écrire  fon  nom  j  Jes  qualités  ,  le  nom  du  tieu  de  fa  réfidence  ^ 
ou  de  l'endroit  le  plus  prochain  où  efi  établi  le  Bureau  de  la  Pofie  ^  afin  que 
MM.  les  Soufcripteurs  foient  avertis  à  l*inf!ant  que  les  Volumes  paroUront, 

On  prie  auffi  MM.  les  Soufcripteurs  d'affiranchir  leurs  Lettres. 


SUR  L'HIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS. 


aâë; 


N  O  U  V  E  A  U  T  É  S. 


R 


ECHEBCHES  fui  Us  Volcans  cteincs  du  Vivariis  &  du  Vclay,avec 
un  Difcours  fut  les  Volcans  brûlans  »  des  Mémoir&s  analytiques  fur  les 
Schofls ,  U  Zcolite ,  le  Bafaice ,  la  PouMoIane ,  les  Laves  &  les  diffcrenres 
fubftances  qui  s'y  trouvent  encrées ,  &c.  -,  par  M.  Faujas  de  Saint-'Fond  : 
I  volume  grand  in-folto  ^  lo  Planches,  Vignettes»  &c. 

Cet  OuTMgc  iniétefTioi ,  &  qui  de-"  être  coofidéré  comme  \z  premier  qot  train:  n 
long  d'une  matière  abfolumcnt  neuve,  paroû  dcpuiï  ccrtt  anuée  i  il  a  mérité ,  à  )uftt  litrc, 
les  éloget  que  lui  ont  ptodipié  ks  Savans  les  plu»  di(ting«c«,  ic  l'on  peut  eoofuiicr  les 
«itraiti  St.  les  aiulyfcs  que  lès  Journaux  de  Janvier  &  de  férricr  en  ont  donnés  ;  comoK 
le  Mercure  de  France  ,  le  Jaiitnal  des  Savaiu ,  &  patticulicrcmenc  le  lonroal  Eticyctopé- 
diquc  ,  dans  lequel  îl  occupe  trois  numéros.  Vingt  planches  eniichiircnt  cet  Ojviage  ,  Ac 
Ton  n'a  ncn  épargné  du  côté  de  U  partie  typographique»  pour  embellir  ctrtc  édition. 

Rechfrches  fur  la  Pouzzolane ,  fur  la  théorie  de  la  Chaux ,  & 
fur  la  caufe  de  la  dureté  du  Mortier ,  avec  la  comjpofition  des  différens 
Cimens  en  Pouzzolane ,  &  la  manière  de  les  employer  ,  tant  pour  ^ù& 
Bafïïns  ,  Aqueducs,  Rcfetvoirs,  Citernes  &  autres  Ouvrages  dans  l'eau, 
que  pour  les  Terraires,  Bétons,  &  aurres  Conftruftions  en  plein  air  ;  par 
M.  Faujas  dt  Saint-Fond  :   i   volume  i«-8'. 

Ce  petit  Traité  ett  eitrait  du  grand  Onvtage  de  M.  Faujas  it  Saînt-Fond ,  for  les 
Volcans.  Son  titre  aflcz  développe  »  annonce  (uffifaminciit  ce  qu'il  contieat  ,  0c  nous  di- 
rons fculeiucnî  avec  M.  Macqutr ,  que  ces  recherches  peuvent  devenir  d'une  utilité  beau- 
coup plus  générale  qu'on  ne  le  ctoiioit  d'aboid  ,  &  que  l'Auteur  ne  l'a  peut-être  pca£2 
Uii-ni£mc. 

Nouvelle  TABLtdes  Arrides  contenus  dam  les  Volumes  de  l'A- 
cadémie Royale  des  Sciences  de  Paris,  depuis  1666  îufqu'en  1770;  dans 


ceux 


des  A 
fous 


rts  &  Métiers,  &  dans  la  Colledion  Académique  :  4  volume* 
le  privili^c  de  l'Académie  j  pat  M.  TAbbé  Router, 


cutaâéridiquc  ,  trouver  dans  linftant  l'objet  qu'on  6cCuc  connaître  ;  tel  c{l  le  bm  de  cette 
Table,  ou  plutôt  de  cette  véritable  Concordance.  Elle  eft  inHifpeu&bIc  pour  les  PmMcuis 
Ac  la  Colleélioo  des  Mémoires  de  l'Académie  ,  &  plus  nécclfaiic  eacorc  pour  tous  ceux 
qui  fe  livrent  à  l'étude,  «  qUi,  fans  avoir  les  volumes  de  l'Académie,  dcfitcnt  connoircc 
les  tréfors  qu'ils  reu&ttnctvr.  U  /o/io  qu'on  a  iailTé  en  blanc  à  ehaquc  vtrfo  de  page 
peut  leur  fervir  à  écrire  chaque  jour  les  articles  qu'ils  auront  los,  fit  qu'Us  feront  bien 
Bifc  de  retrouver  au  befoin.  Un  des  plus  grands  avantages  de  cette  Concordance,  eft  de 
rcnfc.mcr  danx  un  m«tnc  corpS  d'Ouvrage,  la  Table  la  plus,  complcitc  ,  la  plus  itndue 
la  f\M  eiadc  qui  air  parue  ,  &  qui  contient  les  anicfcs  les  plus  intcicââns  de  totucs  les 
brandies  des  Science».  Au  j-igcmcnt  des  plus  grands  Coqnoillcms^  ccnc  Table  eft  un 
«hct  d'jiUTrc  i  nous  ne  tarduonï  u?  à  impriroéx  la  fuite  depuis  1770  iufqu'a  ce  iout 
■:4  M»  u  w*  V  w    «i  M     i  ri  Va  m  ■•  4\  r  ' 


18        OnSERFÀTIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, &c. 

Collection  comi'lette  du  Journal  de  Phyfique ,  avec  plus  de 
dciix  cens  Planches  en  caille  douce ,  dédié  d  Monfeigneur  U  Comte  d'Jrtois  ; 
par  M.  l'Abbé  ^'y^«^.  Chevalier  de  l'E^life  de  Lyon ,  &  par  M.  J.  Mongei  , 
Chanoine  Rcj;;ulier  de  Sainte  -  Geneviève ,  des  Académies  Royales  des 
Sciences  de  Dijon,  de  Rouen,  de  Lyon,  &c,  :  15  volumes  /«-4'.  jui- 
qu'en  Décembre   1778. 

Ce  Journal  ,  commence  en  1771  ,  par  M-  l'Abbc  Aa^;Vr,  n'a  aucun  rapport  avec  let 
Ouvrages  périodiques  qu'on  diftnbuc  en  Frjncc  ou  dant  Ict  Pays  étrangers  :  Ton  but  eft 
<lc  faire  connoitie  coures  tci  lUcouveites  qui  fc  font  cluquc  jour  dans  les  Sciences ,  A: 
de  fcrvit  de  fuite  ou  de  fupplemcat  aux  Voltimcs  des  Académies  ;  en  un  mot ,  cc(ï  un 
Recueil  précieux  des  plus  exccllcns  Mémoires  imprimés  en  Europe,  &  préfcnté  avec  le 
ton  le  plus  honciéx  &  le  plus  décent.  Il  cfl  inutile  de  furc  l'éloge  de  ce  Recueil,  fa  ré- 
putattou  cft  décidée  par  les  Tradu^ons  Italiennes  te  Allemandes  qu'on  en  fait  réguUc- 
jenicnt  tous  les  mois  ,  &  rut-tout  pat  les  conrre- façons. 

Il  en  paroît  chaque  mois  un  Cahier  de  dix  feuilles  d'impreiTiOD  .  &  enrichi  de  deux 
Gravures ,  ce  qui  forme,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volutncs  in-^^.  Le  prix  de  l'Abon- 
ocment  dl  de  $0  Itv.  pour  U  Province  ,  franc  de  port. 


TABLE 

DES       ARTICLES 

Contenus  dans  ce  C:^iet. 

JLR  éc  IS  dé'i'Elogc  de  M.  de  Linn»  ,  lu  par  M.  U  Marquis  de  Condorcer, 

pendant  ta  Séance  publique  de  RemrU  après  Pâques  ^  de  C  Académie  Royale 

des  Sciences  ,  page  j 

Confidiraùons  fur  Us  Conducteurs  en  général  ;  par  M.  Barbier  duTinan,   17 

Mémoire  fur  l'importation  du  Gérojtxer  des  Moluques  aux  IJÎes  de  France^  de 

Bourbon  &  de  S  échelles  j  fr  de  ces  !JUs  à  Cayenne  ;  par  M.fAbbéTisiiZRf 

Docleur-Régiiit  de  la  Faculté  de  Paris ,  de  ta  Société  Royale  de  Médecin* 

&  de  l'Académie  des  Sciences j  &c.  de  Lyon,  47 

Suite  des  extraits  du  Porte-Feuille  de  M,  CAbbé  Dicquemare,  54 

Mémoire  fur  C Education  des  Troupeaux   &  la  culture  des  Laines;  par  M.  R* 

D.  X.  Infpcclcw-Gcnérai  des  Manufacl ures, de  Picardie t&  des  Académies  dt 

Rouen  ^  de  VilUfraneke  en  Beaujolais ,  &c»  .  37 

Nouvelles  Littéraires  ,  74 


APPROBATION, 

J'AiIa.par  ordre  de  Monfeigneur  le  Garde  des  Sceaux ,  on  Ouvrage  qui  a  pour 
litic  :  Ôbfervatîons  fur  la  Pkyjîque ,  fur  VHifioire  Kature//t  &  fur  Us  Arts,  i/c; 
.par  M.  CAhki  Rot  t  tu,  &e.  U  Collcaion  de  faits  importans  qull  offie  péno. 
diquemeot  k  fcs  Leacws,  mérite  l'accueil  des  Savans  ;  en  confé^ucnce,  j'cIUme  41:00 
peut  en  pcrmcnie  l'imprciCoD.  A  PaiU,  ce  8  Juillet  177^    ,,. 

VALMONt  DE   BÔMARE. 


JOURNAL  DE  PHYSIQUE. 

A  0  U  s  T       1779. 

1         SîWïgy 


SUITE    DU    MÉMOIRE 

Sur  TEducacion  des  Troupeaux  ôc  la  culture  des  Laines; 

Par  M.  R.  D,  L.  P,  InfpeS^ur-Ginèral  des  Manufactures  de  Picardie ,  & 
des  académies  de  Rouen,  de  yiUtJranche  en  Beaujolais^  6rc. 

J  E  ne  veux  dans  ce  moment ,  pour  montrer  l'importance  d'adopter 
les  mcchodes  Angloifes  que  je  viens  d'expofer  ,  que  donner  l'idée  des 
craintes  de  la  Nacion  à  cet  cgard  (1),  On  en  jugera  par  les  formes 
qu'elle  a  impofces  &  les  peines  qu'elle  a  décernées  concre  l'extradHon 
prohibée  Ae  (es  matières  premières.  Il  ed  dïc  que  les  Fermiers  qui 
auront  des  moutons  le  long  des  cotes  de  la  mer,  jufqu'i  crois  lieues 
dans  rinccrieur  des  terres  ,  feront  tenus  de  déclarer  avant  la  tonte  j  i 
un  OSîciec  de  la  Douane,  le  nombre  des  moutons  auils  ont:  que 
ce  prépofé  ira  vérifier  la  déclaration  :  qu'il  fera  appelle  à  la  conte  : 
qu'il  comptera  de  nouveau  les  moutons,  &  qu'il  pcfera  les  toifons. 
Et  pour  toute  l'Angleterre  ,  que  chaque  Fermier  qui  aura  vendu  des 
laines,  le  déclarera  au  Commis  prépofcj  que  ce  Commis  fera  pré- 
fenc  i  l'emballace  ■,  qu'il  comptera  le  nombre  des  toifons  qu'on  met 
dans  chaque  balle;  qu'il  prendra  note  du  poids,  qu'il  les  numérotera 
&  Qu'il  dclivtera  un  acquit  â  caution  pour  la  deftination ,  pour  la  sûreté 
de  laquelle  une  petfonne  qui  aura  joo  guiiices  en  bien-fonds,  fe ten- 
dra garante. 

11  eH  dit  que  toutes  tes  balles  de  laine  doivent  être  numérotées; 
Ôc  qu'il  fera  écrit  deiliis  en  lettres  de  6  pouces  de  longueur  &  de  â 
lignes  d'épailfeut  le  mot  wooU,  qui  Hgnihe   laine  ;  que  les  Voicuriers 


(i)  Malgré  les  furvrilUM  on  trouTC  \t%  moyens  d'éluder  toate«  ces  difoofitionf, 
oa  plutôi  on  s'y  conforme  pour  s'cloigncr  plus  sàremeni  da  bue  de  l'Adminiflra- 
non  .  8c  l'on  ne  mani^uc  pat  de  laines  d'Aneletcrrc,  ^luod  on  y  veut  mcuic  le  bauc 
prix  où  les  portent  les  lifqQcs  à  courir  pour  Tes  avoir. 

Tom€  Xi  r.  Pan,  II.   1779.  A  OUST.      M 


90       OBSERVATIONS   SUR   LA    PHYSIQUE, 

ne  pourront  les  conduire  que  depub  le  lever  jufi^^u'au  coiitlier  du  (a- 
fcil ,  de  manière  que  s'ils  fe  trouvent  en  route  aux  approches,  de  U 
nuit,  futre  en  plein  ctump,  ils  y  lailletont  la  voiture ,  &  ils  en  iront 
fiiire  la  dcclaration  au  Àlaire,  Syndic  ,  ou  toute  autre  perfonne  nota- 
ble de  la  Ville,  Village  ou  Hameau  le  plus  prochain. 

Pour  avoir  le  droit  d'acheter  &c  vendre  des  laines  en  Angleterre, 
îl  faut  une  commiftton  ad  hoc  du  Gouvernement,  Se  cette  commilïîon 
ne  s'accorde  que  fous  une  caution  de  looo  iiv.  fterlings,  environ  zj 
milles  livres  de  France  ,  pour  garantir  qu'on  n'exporceta  point  débine 
hors  du  Royaume,  &  qu'on  n'en  vendra  à  qui  que  ce  (bit  cbnnu'ou 
foupçonné  a  en  exporrer.  Ajoutez  à  cela  la  peine  de  mort  contre  ceux 
^ui  l'exportent. 

Je  ne  crois  pas  afîez  cloignccs  du  fujet  que  [e  traite ,  certaines  ob- 
fervations  fur  la  culture  des  terres  en  Angleterre,  que  j'ai  faites  pert^ 
dant  mon  féjour  dans  queEqaes-uues  de  Tes  contrces  pour  cr.iindre 
de  les  placer  ici.  Les  terres  y  font  en  général  un  fond  de  fable  plus 
ou  moins  mcté  d'argile-  On  y  voit  beaucoup  moins  qu'en  Frnnce  dea 
terres  en  cutcure  &  beaucoup  plus  en  prés  ,  prairies  ou  parures;  lî  les 
récoltes  y  font  prefque  pai-tuut  toujours  plus  abondantes  que  chez 
oous,c'elîà  leur  manière  ae  cultiver,  très-fupérieure  à  la  nôtre,  qu'ils  les 
doivent.  Ils  ont  peu  de  fumiec  \  ils  n'ont  point  d'érables;  ils  ne  mettent 
que  les  chevaux  .A  l'Ecurie.  Les  moutons  font  toujouts  en  plein  champ 
èc  leur  crotin  ell  le  feul  engrais  qu'on  donne  aux  pâturages  fur  te(-> 
quels  ils  vivent.  Les  boeufs  n'ont  que  des  hangars  dans  les  parcs  de 
barricades  où  on  les  enferre  :  on  en  lait  deux  qu'on  oppofe  aux 
vents  les  plus  violents  &  les  plus  froids ,  &  les  bœufs  rcftent  libres  de 
choifîr  celui  qui  peut  le  mieux  les  eu  f;arantir  ,  ou  de  n'erre  fou'^  au- 
cun. La  nourriture  qu'on  leur  donne  daii^  ces  parcs  pendant  l'hiver 
ed  mife  dans  une  grande  auge  à  claires  voies ,  plantée  au  milieu  du 
parc.  Voili  déji  une  grande  économie  en  bâtimcns ,  ils  la  poultènr 
plus  loin  à  cet  égard,  car  tU  n'ont  prefque  point  de  granges;  ils  ne 
renferment  aucune  efpcce  de  fourrages.  Us  le  mettent  en  monceaux 
proches  des  balles  cours,  ou  des  parcs  qui  en  font  quelquefois  trcs- 
cloignés  ,  &  id  affailTc  &  ferré  ,  ils  le  coupent  avec  un  outil  i  large' 
lame  trempée,  par  ferions  verticales,  qui  le  mettent  i  l'abri  des  Im- 
preâîons  de  la  pluie  ,  Se  le  rendent  impénétrable  aux  rats  ou  autres 
animaux  de  cette  efpèce.  On  met  également  la  paille  dehors  en  mon- 
ceaux dont  on  la  titc  à  menu  pour  les  ouvrages  journaliers.  On  fcie 
le  bled  fort  haut  ,  ce  qui  donne  des  gerbes  très-courtes  qui  tiennent 
peu  de  place  en  gtange  où  on  le  bat  l'hiver  comme  dans  les  Provinces 
du  Nord  de  U  France.  La  paille  qu'on  donne  aux  chevaux  en  Angle- 
terre n'eft  que  la  fommité  des  nges  du  bled  qui  compofent  ces  gerbes, 
brifée   fous  le  fléau  &  quelquefois  Kachéc.  On  recoupe  le  chaume  >• 


SUR  VniST,  f^ATVREllE  ET  LES  ARTS.      91 

mais  ce  n'eft  plus  que  pouc  la  litière.  On  y  emploie  mcme  une  grande 
pArtie  de  b  première  paille  qu'on  rejette  dans  U  baffe^cour,  auni-tôc 
que  le  bled  ell  battu.  Du  reÛe ,  on  nourrit  les  chevaux  au  foin ,  à  l'avoine 
Se  aui  fèves,  &  l'on  donne  des  carottes ,  dit-on  ,  aux  chevaux  de 
cacc.  On  nourrit  les  bcrufs  au  foin  &  aux  navets  hachés,  Thivcr  feu- 
lement^ car  l'été  on  ne  donne  de  verdure  à  aucun  animal  que  celle 
qu'il  rrouve  dans  les  champs. 

La  culture  fe  fait  ici  en  général  par  des  hœafs ,  ce  n'eft  pas  cepen- 
dant un  pays  où  l'on  falTe  de  grandes  éducations  de  ces  animaux  ; 
ils  viennent  en  plus  grande  partie  de  la  Province  de  Galles  ^  mais  on 
les  y  engrailfe  Aipérieuremenr ,   Se   la  viande  en  eft  excellente.    ' 

Les  engrais  du  gros  bétail  ne  fe  font  ici  que  dans  les  hauts  pâturages 
&  jamais  dans  la  plaine.  L'objet  de  ce  commerce  n'y  eft  pas  conG- 
dcrable.  Ce  font  les  Provinces  de  Chefter  &  de  Glochefter ,  pays  de 
gras  pâturages  ,  qui  fournill'ent  cette  fubCftance  le'plus  abondamment. 

La  première  étude  du  Cultivateur  Anglois  efl  celle  de  la  nature  de 
fon  terrein  \  c'eft  ainfi  qu'il  fe  prépare  à  lui  donner  le  genre  de  culture 
&  U  force  d'engrais  les  plus  convenables.  Il  fait  un  grand  ufage  des 
vafcs  de  la  mer,  qu'on  mcle  par  couches  avec  une  petite  quantité  de 
fumier ,  &  qu'on  lailTe  ainfi  rédproquemenr  fe  pénétrer  de  leurs  fels 
durant  pludeurs  mots,  une  année  Se  plus  même.  Le  rcfulcat  de  cette 
combinaifon  répandu  fur  les  terres  les  fertilife  prodigicufcmcnt. 

On  charie  les  vafes  i  plufteurs  lieues  avanr  daiis  les  terres,  dans 
d'immcnfes  tomberaux  ,  traînés  par  4  à  5  jougs  de  bœufs  de  la  plus 
gro^e  taille.  Se  d'une  rrcs-granue  force  ^  on  y  ajoute  encore  quelque 
fois  des  chevaux  de  trait  pour  tirer  dcvanr  les  bœufs.  Ces  charges  fe 
fonc  à  riifon  d'un  millier  pefanc  par  bauf,  Ôc  Ton  ne  fait  que  deux 
voyages  par  Jour  à  croîs  milles  de  didance.  La  chaux  efl  aufC  excel- 
lente pour  divifcr  &  récliauffec  les  certes ,  elle  s'emploie  fur-touc  avec 
le  plus  grand  fucccs  fur  celles  qui  abondent  en  atgille  Se  qui  fervanc 
depuis  qnelque-tems  ,  fe  trouvent  plus  garnies  de  mauvaifes  herbes 
qu'elle  détruit  entièrement.  On  ramalfe  avec  grajid  foin  les  fucus,  les 
varecs  Si  toutes  les  fortes  de  plantes  marines  ,  dont  on  extraie  les  fels 
pal  la  combuHion  :  il  en  ell  ainH  des  coquillages  &  principalement 
des  écailles  d'huîtres  que  l'on  convertit  en  chaux  pour  cet  ufage.  La 
pratique  de  tnarner  les  terres  eft  aufll  crès-répandue  en  Angleterre.  II 
n"y  en  a  guères  cependant  dans  les  environs  de  Rye.  On  la  tire  pat 
mer  de  la  cote  plus  méridionale,  d  15  â  }o  milles  d'ici.  Se  elle  re- 
vient toute  extraite  Se  amenée  fut  le  rivage ,  où  on  l'aLhctte ,  y  com- 
pris les  frais  de  chargement  Se  de  voiture  jufqu'au  poit  de  Rye,  ainH 
qu'un  nouveau  droit  au  profit  du    Gouvernement,  à  4   f^helings  le 

1779.      AOUST.  Mi 


pt       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

lonneau  de  looo  pefant.  Ce  droit ,  qu'on  vient  de  mettre  ,  datis  un 
befoin  ,  fans  doate  ttès-prelTant ,  eft  d'enviroa  un  fcheling  par  ton- 
neau (i). 

Par  le  feul  mélange  des  terres  de  difFiJrenres  natures ,  cjne  les  An- 
glois  mettent  en  tas  en  proportions  convenables  ,  ils  donnent  une 
nouvelle  vie  à  leurs  champs  &  en  augcmentent  confidcrablement  la 
fertilité.  On  juge  bien  que  !a  terre  des  marais  .  la  vafe  des  étangs,  des 
folîés ,  des  canaux  ,  &c.  toutes  enfin  font  mifes  à  contribution  &  à 
profit.  Les  terres  fc  reposent  après  deux  années  de  produâions,  à  moins 
qu'on  ne  les  mette  en  pâturages  &  qu'on  en  rompe  d'ani-iens  pour  les 
remettre  en  culture,  cette  alternative  eft  générale  &  fréquente;  un  pâtu- 
rage élevé  ne  vieillit  jamais  ,  on  le  remet  en  culture  après  quelques 
années  ,  &  vice  vend.  Il  el\  prodigieux  ce  que  donne  de  grains  une 
terre  en  pâture  rompue  de  l  année  :  ceux  que  j*ai  trouvés  dajis  mes 
courfes  font  les  plus  beaux  que  j'aie  jamais  vus  ,  extraordinairemcnt 
garnis, fans  la  moindre  plante  étrangère,  ils  ont  au  moins  iix  pieds  de  hau- 
teur avec  des  épies  de  5  à  tf  pouces ,  quarrcs  &:  fournis  à  proportion  (ij. 

Toutes  les  récoltes  offrent  cette  ptoprcté,  cette  netteté  daus  les  champs; 
&  nulle  part  on  ne  voit  técner  une  pareille  abondance  en  tout  genre- 
Point   de  mauvaife  herbe  dans  les  prés  \  on  en  arrache  les  clutdons 


Cl)  Ce'ciroit  a  paru  à  <)ijclcj<tc!;  Anglois  auffî  ridicalc  qu'injuHe.  Un  de  ceux  de  qai 
je  prcnoia  mes  iralrudiom  me  dit  â  cetrc  occaHon  ,  que  l'Arçlcrcrrc  oavoit  pas  be- 
foin qu'on  lui  Ht  la  guctre  poiii  la  détruite ,  qu'elle  le  détiuifoît  bien  clic  -  rn^me. 
Mais  c'cft  un  moment  d'hucncuri  pAccc  que  les  Anglois  ne  Te  font  des  maux  de  ce 
eearc  que  dans  des  bcloins  très  prclTans  ;  &  ils  les  repaient  toujotits  lorfquc  c» 
Dcfoins  ii'etillent  plus  \  ce  q'-ii ,  pouc  l'ordinaire ,  û'dt  pa(  de  longue  ilur^c  cbcz  eux. 

(1)  J'ai  rcmarqaé  avec  ^connemcnt  que  dans  U  plupatt  de  nos  Provinces  tous  iea 
pr^t  ont  des  lîccles  :  on  te«  fjine  :  on  les  cradrc  :  on  les  artofc  :  on  en  airacke  les 
auuvaifcs  heibcs.  5ani  cela  les  moufles ,  les  renoncules ,  \c%  jODcs  ,  ou  toute  autre 
plante  dedfuAivc  de  la  bonne  hctbc ,  fuivsat  la  nature  du  fol,  s'en  empare  ;&  bicotôc 
ce  n'cfl  pLis  qu'une  mauvaiCc  pâture ,  lotrqit'un  ou  deui  labours  te  rcnouvcltcroii  ta 
plein  Ac  le  fciulifciDit  potir  des  années.  C'c(\  la  crainte  de  la  dizme,  m'a-t-on  dit  par- 
tout ,  la  culture  rend  cet  impôt  exigible  :  dès  q^e  la  chartuc  eJl  une  fois  entrée  dan$ 
on  champ  il  y  efl  établi  à  perpétuiié.  Ain(ï  on  ne  cultive  point  ici  dans  Fa  crainte 
d'un  impôt  qui  n'cd  pas  mis  feulctncm  fur  le  prodjît ,  mais  fur  le  travail  »  mais 
fur  les  (cmcnces,  mais  fur  les  nufes  ic  toutes  les  avances  de  quelque  nature  qucllts 
(bîent.  On  n'ofe  là  faire  un  foifé  ,  un  mjr  ,  planter  une  haie  .bâtir  une  er.ingc,  une 
ntaîfbn  t  avoir  un  iro'ipcati,  ou  l'augmenter:  on  tremble  de  montrer  Je  laifancc, 
de  bonifier  fan  fondj  Se  J'oo  refte  pauvre,  parce  que  l'aibitrairc  ne  calcubnt  jamais 
tjife  fur  les  ipparaiccs ,  le  poJlcflèur  ou  Je  Fermier  re  paie  pas  fut  ce  que  le  fond 
vaut  réellement ,  fur  ce  qu'il  doit  naturcHemcnr  rendre ,  mais  fuivant  qu'il  a  plus  ott 
moins  d'art  â  mantrer  ou  cacher  ce  qu'il  rend.  Il  n'cxiftc  rien  de  tout  cela  en  An- 
gleterre, où  l'opéiatioQ  eft  conimunc  tic  faire  foo  propre  bien  5c  de  coocoutii  à 
cdtti  de  l'Etat. 


SUR   Vr/rST.  KÀTURBlin  ET  IP.S  ARTS.,    91 

avec  le  plus  grand  foin.  On  y  fait  pâturer  les  b<rufs  pour  minger  les 
groifes  herbes,  enfuice  les  chevaux  ,  &  enfin  les  moutons  qui  trou- 
veurdans  l'herbe  la  plus  âne  U  la  plus  courre  >  U  nournture  qui  leur 
convient  le  mieux. 

Comparaifon   du  fol  dt  Kent  &  de  Sujftx  avec  celui  du  Bouhnnois, 

Tes  vatlces  &  prairies  voifines  de  la  mer  font  cgalemenr  des  con- 
qucres  faites  fur  cet  élcmenr ,  &  les  pâturnges  font  les  mêmes.  L'un 
&  l'autre  p.iys  eft  en  coteanx  avec  des  afpeilis  abfolument  femblables. 
On  y  trouve  le  même  fond  de  terre ,  du  fable  plus  ou  moins  mclc  d'ar- 
gile: les  mêmes  produtftioivs  naturelles  en  Arbres  Se  en  Plantes:  les 
terreins  coupes  &  les  polTelTiuns  également  divifces  :  le  produit  des 
terres  culiivées ,  de  la  même  nature  ,  plus  abondant  en  Angleterre  , 
uniquement  par  la  différence  de  culture.  On  trouve  de  part  &c  d'autre 
beaucoup  de  terre  à  briques  ,  à  tuiles ,  à  poiterics ,  à  fayance  ,  à  fou- 
lon ,  Sec.  des  bancs  d'argille  pure  entre  dus  fables  cruds,  &  quelque- 
fois (\  proches  de  la  furi^ce  de  la  terre ,  qu'ils  y  entretiennent  de  la 
fraîcheur  en  tout  tems  -y  8<  Couvent  en  BoulonnQis,  des  joncs  ,  des  bour- 
biers ,  des  efpcces  de  matais  Se  des  palïa^cs  dangereux  dont  on  a  fa 
tirer  bon  parti  en  Angleterre,  en  les  cultivant  au  ptoHt  du  champ. 
On  trouve  de  fortes  &  larges  haies  pout  défendre  les  Iicritages  >  em- 
pêcher la  communication  des  animaux  qui  paiiTent  çà  6c  U,6c  plus 
■encore  en  Boulonnois  pour  ie  procurer  cfu  bojs  de  chauffage  pour  le 
foMt  j  la  cuiGne^  Se  en  Angleterre  .  de  la  rame  aux  mêmes  ufagcs  do- 
meftiques  ,  fur  tout  dans  les  lieux  éloignés  de  la  met  &  des  rivières 
navigables,  où  le  charbon  de  terre  ne  pénètre  qu'à  grands  frais;  &  par- 
tout pour  en  refendre  les  plus  groffes  branches ,  &  Tes  employer  à  faire 
les  barricades ,  fi  communes  en  Angleterre,  pour  fermer  les  parcs,  divi- 
fer  Se  dorre  ceux  des  clumps  qui  n'ont  ni  naies  ni  fofTcs. 

£tat  du  troupeau  de  moutons  du  Sieiir  De/portes  »  de  fa  Manu/aî^urt'dt 
Tricots ,  &  réflexions  fur  fa  méthode  &  fes  projets. 

Le  nouveau  troupeau  du  fieur  Delportes  eft  placé  à  une  lieue  de 
Boulogne ,  fur  un  pâmrage  fort  ancien  &  trop  maigre  pour  l'efpèce 
d'une  partie  des  individus  qui  le  compofent.  Le  nombre  total'  de  ces 
animaux  eft  de  100  dont  i;  à  ^0  tirés  d'Angleterre  de  diffcrens  lieux 
&  en  différens  rems:  autant  provenus  des  ctoifures  des  précédensrhuic 
  dix  brebis  de  France  Se  le  tefte  en  agneaux.  Les  dernières  brebis 
d'Angleterre  font  arrivées  en  Fraiice  au  mois  d'Avril  1777»  elles  font 
au  nombre  de  1 5  y  compris  un  bélier.  Les  plus  anciennes  foat  de  1774, 


M        OBSERVATIONS  SUR  t  PHYSIQUE  , 

ain/I  elles  onc  eu  quicre  cornes  en  France,  &  les  précédentes  dcuX)  ea 
conipcanc  celle  qui  s'eil  fiite  le  lû  Juillet  dernier ,  en  ma  prifcnce. 

^Çev  moutons  Aogloii  Ta  ditlinguefic  parfaitement  des  au^c^  aupce- 
mier  afpcd  par  la  grolfeur  &  par  leur  taille  plus  rapprochée  de  la  terre, 
ayant  les  Jambes  plus  courtes  que  celles  des  nôtres:  à  la  blancheur  & 
à  la  Hnclfe  de  la  laine:  à  la  quancitc  donc  ils  en  fonc  fournis  pac-touc 
&  notamment  fous  le  ventre,  à  la  partie  du  cou  la  plus  voifine  de  la 
tète  .  &  JLiique  fur  la  tète,  les  nôtres  n'en  ayant  en  aucun  de  ces  en- 
'droics.lls  ont  mcmc  en  geindrai  une  large  fraife  au  Haut  du  cou»  d'où  U 
tcte  ,  ornée  d'une  houpe,  fembic  fortir  comme  d'un  cnpuchon.  Ils  (e 
'Hîîlinguent  enfin  par  leur  air  de  finté,  dé  vigueur  &  d'embonpoint. 
'"  Le  changement  du  climat  he  paruîc  pas  avoir  influé  fur  la  fanté  des 
"mourons  Anglois.  U'iuie  rrentaine  rirée  d'Angleterre ,  il  n'en  eft  mort 
depuis  ouatre  ans  que  deux  de  maladies  communes  à  l'un  &  l'autre 
pays.  A  l'égard  de  U  laine  ,on  en  jugera  par  les  échantillons  que  j'ai  pris; 
elle  ne  me  paroîc  pas  altérée.  Cepenaant  je  ne  penfe  pas  qu'elle  put 
fe  foucenii:  long-rems  dans  l'écat  primitif,  fi  les  moutons  continuoient 
de  parquer  fur  une  terre  remuée  ,  qui  fe  dérreinpe  Se  fait  boue  à  U 
pluie ,  &c  fous  des  arbres  ,  ainîî  que  le  fait  adluellemcnt  le  troupea^i 
du  (îeur  Delpories,  faute  d'un  cetrein  plus  convenable  :  inconvénient 
ou'il  fent  mieux  que  perfonne  &  qu'il  fe  propofe  de  réformer  quand 
il  en  aura  la  facilité. 

II  n*y  a  point  de  ces  parcs  en  Andeterre,  il  n'en  eft  pas  befoin.  Les 
loups  les  tendent  indîfpenfables  en  France.  U  faut  rafTembler  le  trou- 
peau tous  les  foirs ,  &  le  mettre  en  lieu  de  sûreré  pour  la  nuit.  Il 
faut  auni  le  tailfer  dans  ces  patcs  l'iiiver  lorfqu'il  y  a  beaucoup  de 
neige,  foit  pour  lui  donner  de  la  nourriture,  foie  à  caufc  des  loups, 
qui,  dans  ces  tems-U  ,  fc  rendent  redoutables  en  bien  des  cndrous, 
m£me  le  jour.  Alors,  ne  pouvant  erre  difperfés  proprement  &  fain&> 
ment  fur  le  gazon,  il  Faut  du  moins  qu'il  foit  garanti  de  la  mal-pro- 
preté Se  d'une  trop  grande  humidité  qui  lui  donneroient  des  rhumes, 
le>  expoferoient  i  la  pourriture  &  altcreroienc  en  mcme-tems  la  laine. 

Le  troupeau  avoir  été  lavé  lo  jours  avant  la  conte.  J'en  fis  péfer 
crois  toifous  audl-iôr  après  cette  dernière  opération.  L  a  première  dont 
l'échantillon  eft  fous  len°.  i ,  pefoii  de  7  à  S  livres.  La  deuxième  fous 
le  n°.  2  ,  pefoit  de  ^  i  7  livres.  La  troihème  fous  le  n^.  ) ,  de  4^  1.  à 
4;  1.  &  les  trois  toifons  mifes  enfemble  pefoienc  iS  livres:  ce  qui 
donne  un  poids  commun  de  S  livres  :  taux  à'peu-ptc:i  le  même  que  celui 
des  toifons  d'Angleterre  ,  ou  la  groife  erpcte  ell  plus  abondante  ciue 
la  petite;  fur  quoi  on  peut  encore  obrerv9t  que  prefque  toutes  les  brebis 
^u  troupeau  du  fieui  Delportes  ont  des  agncAUx. 

Suc  CCS  trois  toifons  j'ai  pris  dix  livres  de  Uine  de  choix  ,  dans  lef' 
quelles  la  plus  petite  toiibn  efl  prefque  toute  entrée  ;  elle  pcovienK 


Sun  vnnr.  NATvkEiin  et  iês  arts.     9$ 

de  l'une  des  brebis  des  environj  <le  Camorbery ,  lès  plos  Anciennement 
venues  d'An;;le:etre  ,  depuis  qa.^tre  ans  ,•  ce  qai  prouve  que  U  laine 
nedrçcnéfe  p:is  en  France  pat  le  tems  ou  l'influence  du  climat ,  &  que 
ce  n'ell  que  par  l'éducation. 

Un  navire  Angïois  venant  des  côtes  de  b  Barbarie,  il  y  a  environ 
dix  ans  ,  échoua  fur  celles  du  Boulonnois  :  il  en  rapporioît  de  fore 
beaux  béHers  :  le  Capitaine  fc  pt&ia  en  faveur  de  quelques  pacticu- 
Hefs  qui  voulurent  bien  i'tw  accommoder ,  &  on  le  les  répartit.  Ils 
fe  dégradèrent  en  trois  à  quatre  générations,  à  ne  les  reconnoître  que 
par  une  laine  plus  frifce ,  que  leur  poftcrité  conferve  encore  ,  &  cela 
parce  qu'on  neut  aucun  égard  dans  leur  traitement,  à  leur  manicce 
ordinaire  de  vivre:  on  fuivitla  méthode  ufitée  ici ,  qui  chaque  fois  qu'on 
f  a  introduit  l'eipèce  Ajigloife  ,  l'a  fait  dcgénetet  en  peu  de  tems. 

J'ai  fait  peigner  les  dix  livres  de  laine  dont  on  a  parlé  plus  haut , 


uoupeai 
de  laine  peignée  Se  non   peignée. 

J'obfervecai  quM  y  a  un  grand  choix  i  fiire  parmi  ces  laines,  même 
les  plus  belles  ,  car  on  peut  remarquer  en  Anglcttcrrc  comme  daiii 
le  troupeau  du  llëur  Delportes  ,  que  plus  une  toifbn  eH  de  laine  hne  , 
plus  la  partie  des  cuilFes  fe  trouve  grolTe  à  proponton. 

Les  Anglois  font  ce  choix  trcs-exaâcment,  ils  peignent  leurs  belles 
laines  ctès-hn  ,  &  lailfent  en  arrière  un  peignon  fort  gras  qu'ils  em" 
ploient  avec  intelligence  daus  les  genres  propres  de  Manufaâures» 
dont  ils  ont  un  fi  grand  nombre.  La  nctiecc  de  ces  laines  difpenfe 
de  les  battre,  lorfqu'on  les  veut  travailler  ;  on  les  lave  dans  une  eau 
de  favon  fait  d  l'huile  d'olive  \  on  les  peigne  encore  mouillées  à  la  mê- 
me huile ,  une  première  fois  avec  des  peignes  à  deux  rangs  de  broches , 
&  une  iiiconde  avec  des  peignes  à  trois  rangs.  Ces  peignes  font  d'uni 
acier  bien  trempé ,  très  poli  \  ils  coûtent  de  50  à  36  livres  la  paire. 
Ceux  de  France  ne  valent  que  de  7  d  S  liv.  Après  le  premier  peignage 
on  relavc  la  laine  dans  une  nouvelle  eau  de  favon,  on  la  rebrife  &* 
Ion  procède  au  fécond  peignage 

Lorfqu'on  les  deftine  à  faire  du  tricote ,  elles  font  filées  très  ouvert  ; 
on  double  les  fils  »  mais  on  ne  les  retord  point ,  comme  en  France , 
où  l'on  croit  diminuer  par  cette  opération  le  duvet  dcfagrcable  donc 
font  couverts  ceux  que  nous  fabriquons  ;  tandis  qu'en  Angicrene  il 
eft  roujours  uni ,  ras ,  brillant ,  qualités  qui  proviennent  en  plus  grande 
partjg  de  la  beauté  de  la  bine. 

Le  fieur  Oelportcs  imite  toutes  ces  pratiques  dans  fa  Manufaâure 
de  tricotés,  la  leulc  en  Franc»  à  l'inftat  de  celles  d'Angleterre  ,  & 


5>6        OSSnRVATJONS  SVR  LÀ  PHYSIQUE^ 

dans  laquelle  on  eft  pacveim  â  imiter  ce  qu'ils  on  àe  plus  partit  en  ce 
genre. 

Mais  ce  choix  des  laines  que  font  les  Anelois  n'eft  ordinairement 
<]u'i  leur  ufage.  S'ils  nous  en  cnvoyent  quelquefois  de  peignée ,  la 
plus  grande  partie  eft  toujours  en  loifon;  &  dans  ce  cas  ils  lailHcnc 
routes  tes  fortes  de  qualités  fans  en  rien  diftraite.  U  e(l  alors  peu  de 
nos  Manufactures  à  qui  il  convienne  de  s'en  fournir;  ce  ne  font  que 
des  Entrepreneurs  de  divecfes  fortes  d'étoffes ,  qui  le  peuvent  taue 
avec  avantage  par  la  faculté  qu'ils  ont  de  les  toutes  confommer. 

Les  Hollandois,  au  contraire,  trient  avec  grand  foin  leurs  laines 
ou  celles  de  Hambourg,  de  Danemarck,  de  la  Poméranie  ou  d'ailleurs, 
ou  ils  mélangent  avec  les  leur ,  &  qu'ils  nous  vendent  toutes  comme 
Gt  leur  cru  \  ils  en  font  de  pluHeurs  cUires,&  ils  nous  en  envoient 
de  4  i  5  fortes  différentes.  Le  commerce  des  laines  d'Angleterre  en 
France  eft  d'ailleurs  très-nouveau  ou  ttès-cenouvelié  ;  il  eft  encore 
très  clandefUn  &  fort  difficile  ,  comme  on  l'a  déjà  obfervé.  Toutes  ces 
raifons  font  ordinAtremenc  donner  la  préférence,  pour  les  mêmes  ufa- 
ges  ,  aux  laines  de  Hollande  ,  quoique  plus  chères.  I^  différence  de 
celles-ci  d  celles  d'Angleterre  peut  concourir  dans  quelques  occafîons 
à  cette  préférence  ^  &  je  ne  vois  aucun  inconvénient  de  déterminer  ici 
leur   caraffière  pour   fixer  ces  circonftanccs. 

Le»  laines  d'Angleterre  font  plus  douces ,  plus  liantes  ,  moins  lon- 
gues» moins  propres  aux  étoffes  abfotumenc  rafes  &:  sèches;  elles  font 
plus  convenables,  à  raifon  de  ces  qualités  ,  pour  les  étoffes  qui  ont 
quelques  tendances  à  draper.  Celles  de  Hollande  font  plus  longues, 
plus  lilfes,  plus  brillantes,  plus  fermes  ;  elles  fe  tirent  mieux  encore 
que  celles  d'Angleterre  :  la  âbtute  en  eft  plus  coulante  ,  les  poils  fe 
féparcnt  les  uns  des  autres  infenfiblement  &  avec  moins  d  effort: 
elles  font  les  plus  propres  aux  différentes  fortes  d'étoffes  à  grains,  telles 
que  les  fiatacans  ,  les  Camelots ,  les  Eumiues  ,  &c  pour  la  chaîne 
fur- tout.  w 

Pour  revenir  i  la  méthode  comparative  du  fieur  Delportcs ,  j'obfer- 
verai  qu'il  ne  lailfe  pas  couvrir  fes  brebis  au  tems  ou  l'on  ell  dans 
cet  ufage  en  France  ,  ou  les  agneaux  naifîent  dans  les  mois  les  plus 
rigoureux  de  l'année ,  en  Janvier  &  Février.  U  fuit  i  cet  égard  ,  com- 
me à  beaucoup  d'autres ,  les  pratiques  Angloifes.  U  ne  donne  jamais 
tien  au  ttoupeau  dans  le  parc  ,  que  durant  la  neige  ou  les  fortes  gelées  » 
on  lui  jette  alors  un  peu  de  foin  pendant  la  nuit;  Se  en  tout  autre 
rems  de  l'hivcc ,  le  foit  fon  palFage  plus  ou  moins  long  fur  \ts 
JiaveiSi  luifufHt  pout  fuppléec  au  défaut  de  la  nourriture  des  champs. 

On  a  obfervé  depuis  long-cems  que  les  moutons  nourris  au  £|c  £c 
mcme  au  gr^n ,  ont  une  laine  plus  groflîère  ,  plus  dure ,  plus  Sche' 
que  ceux  qui  vivent  d'herbages ,  de  navets  ou  d'autre  nourriture  fraîclie»^ 

L'hiver , 


SUR  vnrsT.  natureile  et  les  arts    $7 

L'hiver  ,  le  fieur  Delportes  nourrie  fan  troupeau  à  la  piille  ;  mais  il  ne 
paroît  pAS  avoir  eu  principalement  cgard  A  la  laine  »  qui  eft  commune  ; 
dumoins  m'a-t-elle  piruc  telle  ,  ainfi  qu'aux  Manufadiuriers  dans  les 
Acceliers  defquels  j'ai  ccc  â  ponée  de  la  vifiicr  Se  d'en  raifonner  ^vec 
eux. 

Le  troupeau  du  fieur  Delportes  trouve  la  nourriture  qu'on  lui  donne 
l'hiver  fous  un  hangar  placé  au  fond  du  parc  ;  les  brebis  An^loifes  y 
viennent ,  poulTces  par  lebcfoin,  nuis  elle  en  fonent  auili-tôc  qu'elles 
font  rairaiiécs^  &  elles  n'y  roviennenc  de  jour  ni  de  nuit  que  pouc 
manger.  Les  brebis  Françoifes  n'en  furtcni  jamais  qu'on  ne  les  eti  chadê. 
Les  premières  cherchent  bien  un  abri  aux  grands  vcnrs  d  hiver ,  fur- 
tout  lorfque  la  pluie  s'y  niclc,  mais  jamais  elles  ne  fc  mettent  fous 
le  hangar,  où  elles  ne  paroilfent  pas  relpitec  à  l'ailb:  caifon  qiii  a  dé- 
terminé le  fieur  Detpottes  à  en  faire  dans  fon  nouvel  écablillement^ 
s'il  a  lieu,  de  rrcs-clevcs.  Se  qui  foient  ncici;  de  toutes  parcs. 

Quoiqu'il  foit  efTenticl  de  lailTcr  toujours  les  moutons  au  grand  air, 
&  que  le  froid ,  ni  la  ncigc  ne  leur  nuifcnr  pas ,  que  U  rofce  même 
leur  foit  trcs-falutaire  ,  Se  qu'ils  ne  s'en  rrouvenc  que  mieux  d'ccre 
expofcs  d  toutes  les  intempéries  des  faîfons,  il  ç(i  conllant  que  la 
laine  participe  de  l'âpreté  &  de  la  rudeH'e  des  hivers  à  proportion  qu'elle 
y  eft  plus  expofée  (i). 


(i)  Les  moncons  ne  craignent  rien  tanc  qac  la  pluie  ,  ils  ne  dorment  ni  ne  mangeni 
ilorarn  le  tcmi  qu'elle  tombe.  Mais  dès  qj'cltc  cclTc,  iU  fc  tr^moullcnt,  fc  fecouene 
violemment ,  ils  (c  «JécUarecnt  cie  ce  poids  tics<louiii  Se  iriM-incoinmodc ,  &  ils  maa- 
gcnt  ou  dotmcnt  aulfî-cât  Utivant   le  befoid  le  plus  prcllânt. 

En  EcolTc  DÛ  le  climat  cit  luJe  ,  âpie,  où  la  nouiiiturc  eft  peu  abondante,  pea 
ftil}rtanticllc,  où  les  moutons  font  imc  pairie  de  l'anni^c  dans  la  neige  &  les  frimacs ,  les 
laines  font  beaucoup  plus  comm-.incs  <]uc  celles  d'Angleterre  ,  quoiqu'elles  aient  acquis 
toute  II  q'tali:é  qui  petit  i^fultet  des  mcmcs  foins  qu'oit  a  pris  pour  les  unes  comme 
pouc»  les  ajttcs  ,  8:  ix  elles  font  beaucoup  plu;  belles  que  celles  de  France ,  ou  voie 
bien  que  c'cJ\  à  ces  foins  qu'on  le  doit. 

Nous  avons  déjà  dit  que  le  prix  en  Angleterre  des  laïnes  Angloifcs  ëtojc  de  i  j 
à  16  f.  la  livre  poids  &  argent  de  France  i  nous  ajouterons  ici  que  celui  des  laines 
d'Ecortc  n'cft  que  de  ic  à  ii  C.  même  poids  Se  même  argent,  d'environ -f  ou  de  }o 
à  )  (  pour  1 00  moinlre  que  le  prccWent.  Il  r.e  vient  guère  de  cts  laines  en  {-rance  f 
ce  font  Ici  Maiîufailurcs  d'Halitai  â:  des  environs  qui  les  confommcnt  »  fi:  ce  n'cll 
qup..  depuis  quelques  anruîcs  que  les  laines  de  Hollande  ,  ^lant  devenues  très  chères  , 
oi)  a  renouvelle  Icî  rcntitivcs  d'en  tirer  d'Angleterre.  11  nous  en  eft  venu  environ 
ion  milliers ,  année  commjne  ,  depuis  deux  à  trois  ans.  La  Picardie  feule  ,  Amiens^ 
Abbcvtllc  en  ont  employé  les  trois  quarts  au  moins.  La  Suède  a  pcrfcdlionné  les 
laines,  fai^s  doute  ,  mais  elle  a  fait  de  vains  eflbnt  pour  imiter  celles  d'Erpa^nc 
La  Hollande  n'a  pas  des  laiacs  de  Barbaiie,  de  l'Inde,  ni  d'ailleurs  ;  mais  clic  a'^dcc 
laines  de  HoIlanJc  fuperbcs  .  parce  qu'elle  a  des  pâtQrages  ezcclleni  fie  abondant . 
A3»%  lerqucli  les  moutons  rcftent  jour  &  nuit  dar\s  tous  les  temsdc  l'aniiéci  pattï 

Tome  X!r,  Partie  II.     1 779.  AOUST.      N 


OBSERrATlONS  Sun   LÀ  PHYSIQUE, 

On  en  a  bien  l'expcriencQ  &  l'on  en  font  le?  raifons  en  Ant>;]eterr0; 
mais  on  y  a  eu  pour  princiiie,  dans  coûtes  les  méthodes,  de  rcunir  tou- 
jours les  meilleurs  effets  a  ta  plus  grande  économie  ;  &  rarant^ 
qui  rcfuireroic  d'un  abri  quelconque  ,  n  indcmnifeioic  0as  des  fiais  ^ 
faire  pour  l'obtenir. 

Les  loups  qui  infeiftent  la  France  d'un  bouc  à  l'autre, ne  nous  Uif- 
fent  pas  libres  du  choix  :  le  parc  y  eft  indirpenfabie»  mais  les  hangars 
  y  faire  njontenc  peu  à  U  dcpenfe^r.  U  n'importe  que  l'enceinte  (bit 
formée  par  un  mut,  des  fàfcines  ou  un  large  folTé,  dont  les  bords 
ibient  élevés  &  efcarpés  j  &  il  fuiHt  pour  le  hangar  d'an  toîc  de  paille  » 
de  fougères  ,  de  bruyères ,  de  genêts  ou  autres  chofes  femblablcs ,  fou- 
tenues  de  quelques  pilliers  ttès-élevés.  On  doit  avoir  attention  que  le 
parc  ibic  allez  vade  pour  que  les  moutons  puilfent  s'y  agiter  &  mcmc 
«'y  promener  àl'aife,  &  d"y  ptacei  les  hangars ,  comme  en  Angleterre, 
dans  les  parcs  à  btrufs ,  aux  extrémités  des  deux  côtés  oppufés  aux 
vents  les  plus  impétueux ,  aux  bourafques  les  plus  violentes.  Mais  quel- 
que tems  qu'il  faÎTe  ,  ne  fut-ce  que  pour  les  promener,  il  faut  iortir 
tous  les  jours  les  moutons  du  parc.  Leur  bonne  coiiftiturion  ,  ainfî  que 
]a  qualité  de  leur  laine  tient  autant  au  changement  d'air  8c  à  t'exet- 
icicCy  qu'à  la  propreté  &;  à  la  nourriture^  ces  précautions  font  indi- 
quées par  la  nature  mcmc  de  l'animal  ,  couvert  d'une  toifon  épailTe 
&:  lourde,  <m\  excite  chez  lui  une  tranfpiration  prefque  continuelle, 
qu'il  eft  aulh  dangereux  de  gêner  que  de  forcer.  Telles  font  celles  qu» 
prend  le  iieur  Delportes  ,  autant  que  la  (îtuation  &:  la  petiielfe  de 
|.îbn  tetrein  peuvent  le  permettre  :  telles  font  celles  auxquelles  il  fe 
propofe  de  aonncr,  locfqu'il  y  aura  lieu  ,  toute  l'étendue  convenable. 

Suivant  le  Mémoire  du  iieur  Delportes ,  &  les  objets  de  ma  mif- 
îon ,  qui  s'étend  fur  l'examen  &  le  rapport  de  tout  ce  qu'il  contient, 
j'ai  parcouru  &  examiné  les  terreins  dont  il  demande  la  concelTton. 
C'ell  la  queue  d'une  foret  immenfc  dont  le  pbn  ell  ci- joint,  laquelle 
parrie  eft  prefque  enrourée  &  comme  enclavée  dans  nombre ,  de 
Villages,  qui  vraifemblablemeni  la  contïdcrenc  d-peu-prcs  comme  de 
leur  domaine,  elle  eft  du  moins  comparée  aux  autres  parties  de  cette 


qu'elle  ne.pcrmei  pas  onc  les  Wltcrs  trop  jeunes  s'éncrvcni,  qu'elfe  prcfliî  potrlcï 
faire  faillir  ,  un  tenvs  également  proptc  i  la  cnnfcrvaiion  de  leurs  qualitéi  ,  ■  cdie 
des  brebis ,  Se  à  trau£niettrc  ces  mêmes  qualités  à  l'ctte  qui  doit  léfjlter  de  ca 
Kcoof  lemctK.  Il  n'y  a  que  la  Fiance  qui  pat  la  différence  de  (ci  climats  ,  par  \i  v^nhé 
de  fcs  températures  fie  de  tes  proditétions  ,  paifTc  afpîret  à  b  diveilîc^  ^^^  cfpéccs 
comme  à  la  pcrfeclton  des  qualicéi. 

(i)  Il  Dc  fîui  pas  m£mc  qii^  cet  animal  cruel  ait  la  faculté  de  porrcr  un  regard 
avide  fur  le  timide  troapcau  :  l'épgavantc  s'y  mctiioit;  ij  ne  maogctcit  oi  ne  dpj- 
laiioit  plut  en  mU. 


SUR  VHIST,  KÂTURELLE   BT  ISS  ARTS,     f^ 

foret ,  dans  un  écac  de  dépridarion  cjui  fembleroit  l'aimouccr.  A  cette 
caufe  il  en  Faut  ajoucer  une  qui  y  concoure  pour  beaucoup ,  celle  de 
la  nature  du  terre'm,  crès-Aquaùque  en  nombre  d'endroits ,  fiu«  de 
donner  de  Iccoulement  aux  e;iux,  ce  qui  fcroit  d'autant  plus  facile 
que  le  tetrcin  eft  en  pence.  Cette  partie  de  force  eft  abfolument  de- 

farnie  de  boîs  &  remplie  de  places  vaines  &  vagues ,  qui  indiquent 
ien  par  la  verdure  du  gazon ,  qu'elle  feroit  plus  avantagcufemeat 
cultivée  en  prairies.  Le  bois  de  itià,  zoans,  n'a  pas  l'air  d'en  avoir 
J  o ,  il  en  eft  de  même  de  celui  de  choque  âge  ^  &  j'ai  vainement 
cherche  pour  y  trouver  un  chcne  de  quelque  groÛeur  oui  ne  fut  pas 
couronne  ou  ccimc.  Le  haut  de  cet  emplacement  eft  aans  une  fnua- 


moire,  dans  quel  ordre  on  fe  pcopofe  de  difpofer  les  cliofes  pour  fos- 
mer  une  cdutation  en  grand  Se  s'en  anucer  le  fucccs- 

Ce  terreiii  v  <>ft    If» 
Province 
fible 

héritages  divifés  dans  ce  canton.  C'eft  d'ailleurs  de  la  part  du  Gou- 
vernement un  foible  factifice  rclativemenr  à  l'importance  de  l'ctablif- 
/ement  propofé  &  aux  graniis  avantages  qui  en  rcfulceront.  Les  dé- 

Î'cnfes  à  faire  pour  défricher  ce  tcncui  ,  Tapplanir ,  le  rendre  fain  « 
e  mettre  en  culture  enfin  Ôc  en  rapport,  ne  doivent  pas  lairter  l'Ad- 
miniftration  indifférente  fur  le  chou  de  U  petfonne  i  qui  elle  Ce 
j>ropofe  de  le  concéder.  Cette  enireprife  eft  majeure*,  il  a*çft  pïqs 
tems  d'en  tenter  de  fcmblibles  avec  lcg^rcïc,&:  je  ne  f.iis  aucun 
doute  que  la  régénération  des  efpcce^ ,  &  la  naultiplicacion  des  trou- 
peaux en  Fiance  ne  tiennent  à  celle-ci. 

Il  faut  un  exemple  en  j^tand  ,  une  pratique  raifonnée  de  fuivïe  :  plus 

en  2.  fiit  d'elTàts  ,  plus  on  a  marqué  d'inconftancc  ^  les  fuivre ,   plus 

il  faut  aâuellement  de  zèle,  d'inltruftion  &  peut-ctrc  de  dépenfes.  Il 

-ifaut  fair«  oublier  fes  erreurs  au  PùbHc  ,  qui,  les  regardant  comme  des 

preuves  de  la  difficulté  de  rcullir ,  s'eft  fortifié  dans  Tes  préjugés ,  &  de- 

vienc  diuiranr    plus    dilHcite   fur  quelque  forte  de  téfocine  qu'on  Itii 

propofe.   U   ne   voit  pas  qu'on  a  aoufc  de  la  confiaiKC  &  trompé  les 

meilleures  incemionSi il  ne  Ciit  pas  qu'il  y  a. des  incrigajis  qui,  n'ay^int 

rien,  ne  rifquent  tien,  &  que  ce  font  lé  plus  fouvent  ces  fortes  de 

gens  qui  fe  mettent  en  avant.  Le  Gouvernement   n*a  pas  pu  rcuftir: 

quelle  confiance    devons-nous  avoir  en  fes   inftruâions  ?  Et  que  fau* 

rions-nous  tenter    pour    rcullir  mieux  que  lui  ?  Tels  font  les  idées  Ôc 

les  propos  du  Public  ^  &  le  Public  a  raifon.    Ajoutez  à  cela  que  fi  un 

homme  aifé  peut  rifquer  lo?  pour  gagner  200,  que  fi  un  homme  riche 

'  1779.    AOUST.  N  X 


loo       OBSEKyJTIONS  SUR   LA    PHYSIQUE, 

peut  rifauer  looo  pour  gagner  loooo,  ayant  même  dix  chances  contre 
une,un  nomme  qui  n'a  que  le  ncce(ïaire,ne  peutni  ne  doit  rien  rifqutr, 
pas  feulement  un  pour  lo,  &  certainement  le  plus  grand  nombre  des 
individus  ,  ceux  que  rAdminiflracion  doit  te  plus  conHdcrec  ici ,  parce 
que  c'eft  d'eux  feuls  qu'on  doit  attendre  cette  icfoime  ,  ce  plus  grand 
nombre  ,  dis-je  ,  font  ceux  qui  n'ont  que  le  nécelfatre,  fi  ce  n'eft  ceux 
si  qui  il  manque. 

AinÛ ,  tout  confidcrc,  Texemple  eft  le  feul  moyen  que  puilTe  em- 
ployer l'Adminiftration  :  c'eft  une  dette  de  fa  part  -,  &  elle  eft  très- 
neureufe  qu'il  fe  préfente  une  de  ces  occafions  rares  qui ,  fans  dépen- 
ît% ,  &  confervant  toujours  fous  ta  main  le  I<fger  objet  de  fon  (acti- 
fice,  U  mette  dans  le  cas  de  s'en  acquiter  avec  le  plus  grand  avan- 
tage. Le  ficur  Delpones  jouit  dins  fa  Province  d'une  confidcration 
diftingucc,  deux  de  les  HIsont  demeure  en  Angleterre  pour  en  apprendre  la 
hngue  ,  &  iTudier  le  caradtère  &  le  génie  a  un  peuple  dont  les  intércrs 
individuels  fe  confondent  fouvent  avec  ceux  des  Commen^ans  Frani^ois  ; 
l'un  y  a  joint  le  goût  de  l'Agriculture,  &  a  tourné  fes  vues  pluspatti- 
rutîàremcnt  du  coté  de  l'éducation  des  bctes  à  laine  :  il  me  paroit  être 
entré  dans  ces  détails  avec  une  intelligence  &  une  afKvitc  qui  font  le 
prcfage  le  plus  allure  de  la  rculTîtc  de  l'entrcprife.  Ses  recherches  fe 
font  étendues  en  fpcculant  fur  les  différcns  produits  qui  peuvent  cc- 
fulter  d'une  éducation  raifonnée. 

La  ManufaCVure  de  tricots  eft  un  objet  auquel  il  fe  ptopofe  d'en 
faire  fuccéder  d'autres  (  i  )  :  pour  y  concourir  autant  qu'il  eft  en  mon 

I»ouvoit ,  je  lui  fais  paifei  différentes  mécaniques  parmi  lefquelles  eft 
e  Dévidoir  à  l'Angloife  avec  le  tarif  pour  la  Blature.  Il  eft  de  la  det^ 
nière  confcquencc  de  monter  convcnablcmcm  une  première  opération, 
*"         ut  dans  un  pays  privé  de  toute  efpèce  de  mam-d'ccuvre,  &  fans 
induftrie  nue  celle  que  fes   foins  commencent  à  y  ^ire  naître. 


fur- tout 

autre 


(i)  Si  cet  écabliircmem  ne  r^aiîit  pas  entre  les  mains  ijes  netirs  Dciportc*  ,  il'ac 
f^uSira  entre  celles  Je  pciCbniK.  L'iatdligcncc  de  h  langue,  la  coiiaoiiljncc  tlupays, 
les  rcUrions  avec  les  Fcimicrs  »  les   Maichands ,  les   Coiuicbamiieis   An^ois  \  leur 

EiGrion  j  ta  (iinilicudc  des  pays  &  des  produâions  ;  tout  enfin  concourt  2  apptanir 
s  di/Bcultés  devant  ciut. 

Si  t'Admiaiftratioa  néglige  cette  occafion  ,  elle  s'eEpofcra  aux  reproches  de  la 
pcftérîté  :  il  faat  des  ficdcs  pour  en  raaicner  de  fembUbles. 


K^ 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS      lor 


MÉMOIRE 

Sur  la  force  d'impulfion  des  Torrents. 
Par  M.  AvBRY  i  Ingénieur  en  chef  des  Ponis  6*  Chauffeesdi  Brejft^  &c. 

I  .E  torrent  de  Bofcodon,  près  d'Embrun  en  Daupliinc,quia  fourni 
les  expériences  nccelîaires  pour  li  théorie  dont  it  cft  ici  queftion  ,  ell 
le  plus  confidcrable  qu'on  connoiCTe  dans  cette  Province ,  &  ceft  le 
feul  fur  lequel  on  n'a  pu  établir  jufqu'ici  de  pont  pour  le  craverfer. 

Il  eft  peu  d'années  qui  ne  foient  marquées  par  quelques  accideitt 
pour  ceux  qui  s'expofcnt  à  paHcr  ce  totfcnr  lors  des  grandes  crues 
produites  pat  la  fonte  des  neiges ,  ou  pat  les  pluies  d'orages  j  enforte 
que,  dans  ces  citconftances ,  les  Voyageurs  qui  ne  connoiiïent  point  ie 
local  ,  font  obliges  de  rétrograder  ,  ou  d'aitcndtc  !e  calme  pour  le 
traverfet  j  ce  qui  forme  un  trcs-granil  inconvénient  pour  cetic  partie 
de  route. 

On  profite  quelquefois  d'un  petit  pont  ptovifionnel  qui  fe  trouve 
ï  un  quart  de  lieue  en-deffus  au  pailagc  public  ,  dans  la  gorge  doa 
ce  torrent  defcend  ,  ce  pont  étant  entretenu  pat  les  Communautés 
voinnes  ,  pour  leur  communication  avec  la  ville  d'Fmbrun;  mais  in- 
dépendamment de  ce  détour  &  des  difficultés  d'aborder  à  ce  pont , 
il  fubit  fouvent  le  même  fort  qu'éptouveroit  également  un  ouvrage 
plus  folide,  c'eft-à-dire,  qu'il  eft  orduiairement  emporté  [  aux  appro- 
ches de  la  crue,  &  quelquefois  huit  ou  dix  minutes  avant  qu'il  en  foit 
atteint  )  pat  le  choc  de  ni  colonne  d'air  qui  précède  celle  ae  l'eau  ,  Sc 
qui  en  étant  violemment  preffée,  renvcrfe  tout  ce  qui  s'oppofe  ^  fon 
paHaee  ,  fans  que  des  pierres  même  d'un  volume  prodigieux  ,  puiffcnt 
y  rclifter  autrement  qu'en  roulant  fut  le  gravier  avec  une  vîtelfe  fu- 
périeure  à  celle  du  courant ,  jufqui  l'embouchure  de  la  gorge ,  oii 
l'air  devenant  divergent,  elles  fe  trouvem  à  la  fin  gagnées  par  l'eau  (  i). 


(t)  On  ccmarcpie  un  effet  analogue  \  celui-lÀ  dans  le  Canat  ihi  larigucdoc,  Bt  qai 
confirme  ce  principe  théori<]Uc  de  M.  Aobry.  L'eau  s'échappe  du  réfcrvotr  ou  badia 
de  Sâini-Fcinol  par  crois  robincrs  de  bronze  de  y  pouces  de  diamètre,  0c  court  fous 
un  large  aqueduc.  Lorfcju'on  ouvre  les  robmers,  tandis  que  les  eaux  du  bafTîn  font 
cncoïc  hautes,  t'impétucjué  de  ces  cauxeftlî  terrible  qu'on  ne  s'entend  plus  j  on  ne 
voie  que  de  l'ccuaic.  L'air  que  l'eau  entiaîite  par  fa  coûte  dans  l'aqueduc  roime  ua 
coiuaoc  actuel  on  a  de  la  pcioc  à  réûfter.   Les  malTcs  éaormc»  des  rouies  U  do 


191       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSîQVEt 

Ce  phénomène  feul  indiciue  déjà  le  danger  qu'il  y  a  de  placer  des 

Îwnts  de  bois  pour  le  palTage  de  ces  torrents  ,  dans  les  gorges  par 
efquelies  ils  débouchent  des  montagnes ,  pour  tomber  dans  les  parties 
de  plaines  inférieures,  (\  les  limites  de  ces  gorges  ne  font  allez  relTer- 
cces  pour  pouvoir  fervir  de  culces  &  d  cpaulemens  à  ces  ponts. 

Defcripùon  du  cours  &  des  tfftts  de  et  tomnt. 

Ce  torrent,  qui  n'a  qu'un  filet  d'eau  dans  le  tems  ca!me»  fe  trouve 
formé,  lors  de  la  fonte  des  neiges ,  par  plufieurs  branches  de  ravins , 
qui  tombent  des  montagnes  des  Orres,  qui  ont  environ  5000  pieds  de 
hauteur ,  fur  des  penchaus  d'une  rapidité  inaccedible. 

Sa  chute  eft  dilpofce  du  fud  au  nord  ,  de  manière  qu'étant  lafTcm- 
blc  fort  peu  eu-delfous  de  Bufcodon ,  il  roule  d'abord  par  cataractes  > 
dans  une  gor^e  qui  a  1000  coifes  de  longueur ,  fur  150  toifes  de  lar- 
geur à  fon  origine ,  &  i^i  toifes  à  fon  embouchure  avec  la  plaine» 
îur  une  pente  uniforme  de  5  pouces  &  ^  par  toife  »  avec  un  devers  de 
trois  pouces  par  toife  d'une  rive  à  l'autre  fur  coûte  fa  largeur,  prife  du 
levant  au  couchant. 

De  toute  cette  largcut  de  131  toifes,  qui  formoit  anciennement 
le  lit  de  ce  torrent  dans  la  gorge  dont  on  vient  de  parler ,  l'eau  nea 
occupe  aifhiellement  de  rems  à  autre,  que  71  toiles  vers  la  rive  du 
couchant ,  le  furplus  fe  trouvant  relaiiTc  &  rempli  de  gros  blocs  garnij 
de  toute  efpèce  de  broffailles,  fuivant  la  nature  des  graines  des  diffi^ 
rentes  plantes  que  l'eau  defcend  des  montagnes ,  &  qu'elle  dépofe  fur 
les  graviers. 

C'efl  dans  cet  efpace  de  71  toifes,  que  le  lie  de  ce  torrent  fe  trouve 
iîxc  &  £e  maintient  depuis  quelques  fiècles ,  &  où  il  creufe  &  comble 
alternativement  fon  canal ,  pour  changer  fouvenc  quelques  parties  de 
ion  cours ,  fuivanc  le  plus  ou  le  moins  de  matière  qu'il  eucrainc  avec 
lui  dans  chaque  crue. 

An  furplus ,  ce  canal  a  en  général  ro  toifes  dans  les  parties  les  plus 
larges,  de  5  toifes  dans  les  plus  cn^oices  ,  où  il  a  4  pieds  de  hauteur 
d  eau  dans  les  plus  grandes  crues  ;  ce  qui  tornieroit  une  grande  rivière 
dans  une  plaine  de  niveau,  ou  à-peu-prôs. 

Depuis  la  gorge  dont  il  vient  d'être  queftion  ,  &  d'où  ce  torrent 
débouche  d;ins  la  plaine,  il  n*a  plus  d'autre  limite  jufqu*à  laDurance, 
que  celle  qu'il  fe  rorme  lui-même^  enfone  qu'ayant   vcrfc  ,  dduis  les 


murs  en  paroiilcor  ébranla,  Aafll  appelle-r-on   P'oûit  d^tofir  nat  At -ca  voûict 
rai  IcQiacUcs  Us  eaux  ('échappent,  fftfcrip.  4iu  Catiûi  ^e  Lân^uM€c ,  pttr  U.  àe  im 


SU/l   VffrST.   NATURBllE   ET  lES  ARTS,     loj 

tems  prcccdcns  ,  indiftinctemem  ï  droite  &  i  gauche  ,  îl  eft  parvenu 
aujourd'hui  i  occuper  un  efpace  de  1105  toifes  de  largeur  encre  Savi- 
nes  &  Embrun  ,  aptes  avoir  formé  un  comble  de  graviers  de  <  ^C 
pieds  de  haurcur  au-deffus  du  niveau  de  la  plaine  :  mai>  aâiie  lie  ment 
&  depuis  1  époque  de  1 604 ,  fon  canal  fe  mainrienc ,  pnr  uq«  efpèce 
de  miracle,  fur  la  crête  du  comble  donc  on  vient  de  oarler  >  dans 
une  longueur  de  toocoifes,  prife  depuis  \x  gorge  ii*où  il  débouche» 
jufqu'à  la  chute  aans  la  Dntaace ,  an  fuivant  la  mèoie  direâion  &  \% 
mcmti  pence  <]ue  celte  qu'il  a  dans  fa  partie  fupérïeure  >  avec  une  dif- 
ponciou  celle  néanmoins  ,  que  le  plus  périt  cvànemenr  peut  le  faire 
dériver  du  côté  de  Savines  ,  vers  lequel  le  fond  de  fon  lu  incline  en 
fortanc  du  goulet;  d'où  il  arriveroit  qu'il  verferoic  alors  fur  Li  pente  de 
fon  propre  comble  »  dans  une  longueur  de  £04  toifes ,  en  pcoduifauc 
de  nouveaux  ravages. 

De  tous  ces  inconvéniens  on  peut  donc  tirer  k  conféqucnce,  quon 
ne  peut  établir  un  pont  ni  aucune  efpèce  de  pallâge  adurc  pour  cra- 
verler  ce  ronrenc ,  dans  aucune  partie  de  fon  cours  aâuel  ;  de  manière 
qu  il  ne  reile  plus  qu'à  chercher  un  emplacement  favorable  dans  des 
parties  hors  de  fon  lit  ,  &  où  le  courant  fe  trouvant  amené  avanca- 
geufemenr  ,  foit  relferré  entre  des  limites  naturelles ,  ou  encre  des 
digues  qu'il  ne  puilfe  franchir:  mais  ces  digues  font  Iccueil  des  con- 
noilTances  ordinaires  \  enforte  que  je  vais  eflayer  de  donner  quelques 
détails  de  leurs  conlUuctions ,  par  les  expériences  mcines  ^e  ce  tor- 
rent m'a  fournies. 


Application  du  calcul  aux  difFerens  évènemcns  qui  précédent. 

Manière  de  confdirer  fa  force  d^impuljicn  d'un  courant  d'eau  ,  pour  hti 
oppofer  des  diguts  indejlruilitUs^  quant  au  poids  6f  quant  aux  volutnis 
dts  matériaux  doni  elles  doivent  être  formées. 

Nous  examinerons  cette  force  d'impulfion  d'une  manière  diiFérentç 
que  par  les  règles  ordinaires  de  l'Hydraulique  ,  a6n  qu'ayant  égard  i 
tout  ce  qui  doit  encrer  dans  la  nature  de  ce  problème  ,  il  devienne 
plus  propre  aux  applications  ellentielles  que  nous  devons  en  ^ire. 

Comme  cette  force  dépend  de  la  quantité  d'eau  qui  s'écoule  dans 
an  cems  déterminé  ,  &  de  la  hauteur  de  fa  chute»  nous  prendrons 
conflammcnc  la  lettre  (a)  pour  indiquer  le  volume  d'eau  écoule  dans 
une  féconde,  &  la  lettre  (  x  )  pour  la  hauteur  de  fa  chute  ;  enforte  que 
prenant  {g)  pour  désigner  la  hauteur  de  laquelle  un  corps  tombe  Iibr&- 
raem  dans  une  féconde,  pour  acquérir  dam  le  mème-teius  une  vîtelfe 


104      OBSERrATTOirS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

uniforme=  x^,on  aura  V S'^S''V '^^  —^?^^'  ^  vîtelTe  de 
J'eau  par  la  hauteuc  x  =  i  V~g~x. 

Si  Ton   nomme  la  bafe  de  la  colonne  d'eau  qui  frappe  le  plan  '^{{), 
la   quantité  d'eau   qui  s'écoule  dans  une  féconde  ,  fera  doublemenc 

exprimée  par  a   ^^  "^JJc  =a,  qui  donne  i  {^=  -y^  ;  enforte  que, 
œulcipliauc  les  deux  membres  de  cette  équation  par  (  r  ) ,  hauteur  de 


ax 


la  chute , on  aura  X  ç{x=:— — z:,  l'un  &  l'autre  de  ces'deux  iiiiimbrcs 

déterminant ,  fuîvant  chaque  règle  diftinguée  ,  !a  force  d'impulfion 
contre  le  plan  ,  dans  lefquels  on  remarquera  que  cette  force  eu  expiî- 
mée,  dins  le  premier,  par  le  double  pnfme  ou  cylindre  i  -t  {{,  pour 
avoir  le  plus  grand  ctfec  de  la  force  d'impullîon  ,  qu'on  réduira,  fuî- 
vant chaque  circonlUnce  du  rapport  qui  Ce  trouvera  entre  ta  bafe  de 
la  colonne  d'eau ,  &  la  furface  du  plan  choque  ^  de  manicrc  qu'ayant 
égard,  dans  ce  calcul  ,  à  b  quaiuitc  d'eau  écoulée  par  féconde  *  on 

aura  pour  l'expreflion  de  cette  force  d'impulHoa. 


Coirollatre, 

On  voit  que,  puifque  la  vîiefle  de  l'eau  cft  comme  (  V  *)  »  cetrc 
force  fera  comme  la  quantité  d'eau  écoulée  par  chaque  féconde,  mul- 
tipliée par  fa  viielfe  même,  cette  méthode  étant  d'accord  avec  les  prin- 
cipes ordinaires,  où  l'on  eftime  la  force  d'impulfion  par  le  quarte  de 
la  vîrclTe  \  car  la  quantité  (  a  )  renferme  auffi  la  vîteffe  (  \/  ^  \ 

Nous  avons  lingulièremenc  obfervc  que  TexprelTion  de  cette  impul- 
fion  fe  rapportoit  au  plus  grand  effet  de  la  force  qui  fouticnt  le  plan, 
mais  ceci  fuppofe  que  la  fuperlîcie  de  ce  plan  eft  beaucoup  plus  étendue 
que  la  bafe  de  la  colonne  d'eau  qu'elle  reçoit;  car  dajis  le  cas  où  ces 
deux  futfaces  feroient  égales,  comme  dans  la  circonllance  picfente, 

cette  expérience  fe  réduit  à  ({  ■  ^  ,  en  quoi  cette  règle  eft  totale- 
ment d'accord  avec  la  vulgaire:  mais  lorfque  le  plan  furpafle  lagrof- 
feur  de  la  colonne  d'eau  ,  comme  dans  les  autres  cas  que  nous  aurons 
occafion  d'examiner  ,  il  faut  alors   exprimer   la  force  d'impulfion  par 

(~ J  ,  parce  que  la  force  qui  foutient  le  plan,  doit  augmenter  en 

laifon  du  poids  de  l'eau  qui  regonfle  Se  coule  fur  les  cotés ,  les  expc- 
liences  ayant  indiqué  que  cette  force  étoit  nrefque  double  ,  &  cetfc 
attention ,  comme  on  le  fera  voir  »  étant  nécellàirc  pour  le  choc  de 

l'eau 


SUR^  VNIST.  KÀtURBLlE   ET  LES  ARTS,    rtj 

l'eau  contre  des  digues  ,  murs  d  cpauteniens  de  pouct ,  &c.  donc  les 
furfàces  fonc  toujours  plus  grandes  «jus  U  fcûion  des  couraiis  d'eau  par 
Icfguels  elles  fonc  choquées. 

Il  ne  fcroit  donc  plus  queftion  maintenant  que  de  connoître  la  vî- 
teffe  de  ce  torrent  ,  ou  U  hauteur  de  fa  chute ,  pour  déterminer  ù, 
force  d'impulHon  :  mais  l'itrcgularicc  de  fon  cours  en  détail,  fes  caf- 
cades ,  &  la  quantité  d'obftacles  dont  il  eft  rempli,  tendent  cette  expc- 
lieuce  impollible  par  tous  les  inoyons  connus,  euforte  qu'on  a  eu 
recours  i  fes  effets  ;  ce  qui  aflnre  encore  beaucoup  mieux  tous  les  piine 
cipes  qu'on  pourra  y  adapter. 

On  a  remarque  que  dans  la  quantité  des  blocs  de  pierre  que  ce 
torrent  entraîne  avec  lui  dans  les  grandes  crues, &  qui reftenr, comme 
on  l'a  dit,  dans  la  gorge,  il  n'en  étoit  forci  jufqu'ici  qu'un  fcul  du 
volume  de  ceux  dont  ou  a  voulu  parler  en  premier  lieu  ,  ce  bloc 
ayant  été  tranfporté  i  70  toifes  plus  bas  que  l'embouchure  de  la  gorge, 
fuivanc  une  dixcâion  de  45  dci^rés,  eu  égard  à  celle  du  coucs  de  ce 
torrenu 

De  cène  poficion  &  de  la  tnanicre  dont  ce  bloc  eft  encombré  ,  on 
en  conclut  qu'il  avoir  été  mu  de  entraîne  par  la  plus  grande  crue  fur 
laquelle  il  foie  polfiblc  de  compter  ;  enforte  que  ,  d'après  ce  raifon- 
neinent ,  on  a  jugé  que  cette  pierre  pouvoir  être  propre  à  établir  une 
expérience  certaine  de  la  force  du  torrent  dont  il  eflqueftion. 

Cela  pofé,  ce  bloc  ayant  j  pieds  9  pouces  de  hauteur  &  de  largeur 
iiir  chaque  fice,  il  produit  14  pieds  quartes,  Se  pai  couféqucuc  5} 
pieds  cubes ,  un  peu  moins. 

On  a  trouve  que  chaque  pied  cube  pefe  iStf  livres,  ce  qui  fait 
578)8  livres  pour  toute  fa  malle,  dont  on  fait  qu'on  doit  prendre  le 
tiers,  qui  cil  de  jiStf  livres,  pour  fa  prelïïon  fur  fon  aÛîctLC,  qui  eft 
l'expreflion  de  fa  ré^ftance  contre  lé  choc  du  coûtant. 

On  doit  obfetvcr  que  quoique  ce  torrent  ait  5  pouces  j  de  pence 
par  toife ,  comme  on  la  dit,  fuivant  laquelle  il  paroîcroit  que  ta  pé- 
lanteur  abfolue  de  cène  malTe  dût  erre  relative  i  l'inclinaifon  de 
ce  plan  ,  on  a  remarqué  au  contraire  quelle  ne  pouvoir  fouf(rir  cette 
modification,  attendu  que  le  fond  du  canal  fe  trouve  coupé  par  une 
infinité  de  reflautsi  de  manière  qu'on  doit  confidérer  ces  maifcs  com- 
me affermies  fur  des  afliettes  de  niveau ,  jufqu'à  ce  qu'elles  fe  trouvent 
atteintes  ou  rclailTées  pat  l'eau* 

Ceci  pofé,  on  aura  donc  la  hauteur  de  la  chute  du  courant  parla 
formule  précédente,  réduite  d  ^^-i— j,en  fubllituant  ^H^g*  i 

Tome  XI  ^,  Part.  IL  1 77p.  À  OUST.         O 


TÔT     OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

la  valeur  de  (a),  ou  n  ^gx  i  (rtf)j  pour  avoir  ^^  Vg«  **  — =ï« 
=^p,p  d^fîgnanc  le  poids  de  la  colonne  d'eau  égale  à  la  force  d'im- 

pulHon  ,  qui  donne  x= — j  ce  qui  reifienc  ici  à  ta  méthode  ordinaire , 

3 MX  indique  qu'il  faut  divifer  les  ^i%6  liv.  qui  expriment  la  force 
'impullion  par  14  pieds,  fupcrticic  de  la  maHc  choquée  ,  C^  enfuite 
par  70  liv.  [  1)  poids  d'un  cube  d'eau ,  ce  qui  donne  5  pîcds  4  pouces 
1  lignes  pour  la  valeur  de  (x)  ,  moyennant  laquelle  on  connoiira  la 
vîceiîe  uniforme  qui  repond  â  cette  chute  par  l'analogie  ordinaire,  ou 
par  le  fecouts  des  tables  dans  lefqueltes  on  trouve  que  cette  vkefTe  eft 
de  14  pieds  1  pouces  par  féconde. 

Si  l'on  fait  attention  adluctlemcnt,  que  lorfque  l'eau  aura  fubmergé 
la  ma(îe  dont  il  ell  que(lion,  elle  perdra  une  quantité  de  Ton  poids  , 
^le  au  volume  du  fluide  dont  elle  occupe  ta  place,  il  ne  lui  reflcra 
plus  que  614S  livres  de  pcfanteur,  Ôc  1049  livres  pour  fa  preflion, 
qui  équivalent  à  un  foliae  d'eau  de  14  pieds  de  bafe,  fur  2  pieds 
I  pouce  i  ligne  de  hauteur ,  cette  chute  devant  répondre  i  une  viteffe 
de  1 1  pieds  1  pouces  \  enforre  que  le  bloc  de  pierre  auquel  nous  nous 
fommcs  fixes  jufqu'ici ,  a  dû  être  entraîne  avec  une  vîtelfe  refpeclive 
de  }  pieds  par  féconde  ,  qui  elt  l'excès  de  la  vîteire  icdulte  du  torrent ^ 
au-delfus  de  fa  vîteffe  retardée  par  cet  obftacle. 

Il  fuit  donc  deli,  que  pour  qu'un  corps  placé  dans  le  cours  de  ce 
torrent ,  puilTe  réfifter  au  choc  d'une  pareille  malTe  ,  mue  avec  une 
vîtefle  uniforme  de  j  pieds  par  féconde  ,  fuivant  une  direi^ion  pet' 
pendiculaire,  il  faudroit  que  fa  pefanteuc  abfolue  fut  de  18444  livres, 
ce  qui  formeroit  un  volume  du  39  pieds  cubes ,  fans  compter  l'acci- 
dent d'une  cataraAe  ,  qui  pourroit  encore  beaucoup  accélérer  la  vîtelTe 
de  cette  maiTe  au  moment  du  choc ,  fi  ce  n'eft  que  la  réaûion  du 
fluide  modifie  le  coup  j  &  il  fuit  encore ,  que  pour  qu'une  maffe  de 
femblable  matière  ne  pût  être  entraînée  par  le  courant ,  il  faudroit 
qu'elle  pesâr  dans  l'eau,  1,8(8  livres,  (qui  eft  le  poids  de  la  première 
oans  l'air)  &  par  conféqucnt  hors  de  l'eau,  15S08  livres  ,  ce  qui 
compoferoit  S 5  pieds  cubes,  dont  la  racine  cubique  eil  de  4  pieds  5 
pouces  environ. 

On  ne  voir  point ,  en  e^et ,  de  bloc  de  cette  dimenfion  ,  qui  foie 


.(x)  70  liv.  c(l  une  cftimc  générale  ;  &  comme  l'eau  des  torrents  eft  toujours  char- 
ge jc  terres  Se  de  fables,  on  peut  évaluer  le  poids  d'un  pîcd  cube  d'eau  des  cnics» 
3  7j  livres ,  ou  au  moins  7»  livtcs. 


SUR  VHIST,   NATURELLE  ET  lES  ARTS,     107 

defcendu  plus  bas  que  le  goiilec,  &  il  e(l  vrairembUblc  que  ceux  de 
la  même  matière  qui  fe  trouvent  ciï-delTus  fous  un  plus  grand  volu- 
me,  n'y  font  parvenus  que  par  les  affouillemens  aue  Jcs  cataraftes  de 
ce  torrent  forment  fucceflîvement  fous  la  bafe  de  ces  blocs ,  ce  qui 
les  oblige  de  faire  une  révolution  fur  eux-mêmes  «  après  laquelle  ils 
s'arrêtent,  lorfqu'îls  retrouvent  un  point  de  gravitation  par  lequel  ils 
peuvent  réûfter  à  l'impalfion  àa  courant^  &  ce  fane  precifcment  ces 
cvènemens  capricieui  qui  font  changer  le  cour*  de  ce  torrent,  beau- 
coup plus  fréquemment  dans  la  gorge  où  il  eu.  refTerrc ,  que  dans  la 
partie  inf<^rieure  où  les  pierres  font  moins  volumincufes  &  en  moins 
grande  quantité. 

Il  eft  néceflairc  d  obferver  que  la  vîtelTe  uniforme  de  ce  courant , 
que  nous  avons  trouvé  de  1 4  pieds  1  pouces  par  féconde ,  avec  le  fe- 
cours  de  cette  expérience ,  n'eft  fouvcnt  qu'une  partie  de  fa  vîtelfe 
naturelle,  U  hauteur  de  la  chute  qui  repond  à  cette  vîtcffe,  fe  trou- 
vant excédée  pat  celle  des  jets  de  l'eau  à  la  rencontre  des  ditTércns 
obfbcles  dont  le  cours  de  ce  torrent  cft  rempli  ;  cnfortc  que  ceere 
vîtelfe  uniforme  n'efl  precifcment  que  celle  qui  lui  rcfle  apr^s  avoir 
vaincu  ces  diffcrens  obrticles  :  cet  excis  pourroir  s'eftimer  par  le  rap- 
port du  jet  le  plus  élevé  ,  d  celui  de  la  chute  qui  produit  la  vicelfe 
redanre  \  mais  cette  fpéculation  eft  peu  néceffaire  ,  &  >  au  refte,  pour 
y  avoir  égard ,  on  peut  augmenter  la  chute  que  nous  avons  trouvée 
de  5  pieos  4  pouces  i  lignes ,  en  la  Bxant  à  5  pieds  y  pouces ,  ce  qui 
donnera  1 5  pieds  pour  la  vitelle  ujiiforme  ,  fut  laquelle  on  pourra 
conftamment  compter  dans  la  fuite. 

11  sVgit  maintenant  d'examiner  quels  feroient  le$  elfets  qu  cprouvc' 
toit  une  digue  au  moyen  de  laquelle  on  voudroic  détourner  ce  tôt-, 
rent ,  pout  le  ranger  i  droite  ou  .i  gauche ,  contre  le  pied  des  mon- 
tagnes ,  en  plaçant  cette  diaue  a  l'embouchure  du  goulet,  auquel  elle 
ferviroit  de  barrage ,  &  en  l'inclinant  fuivant  un  angle  d'incidence  de 
yo  degrés  par  rapport  au  courant ,  Se  de  telle  forte,  que  le  canal  qui 
reflcroit  entre  cette  digue  &  le  pied  des  coteaux,  auroit  14  pieds  de 
largeur  par  le  bas.  fans  égard  aux  talus,  pour  contenir  4  pieds  de  hau- 
teur d'eau  ,  en  obfervanc  que  fa  pcnrc,  fuivant  le  devers  de  ce  rorrenr, 
&C  fuivant  l'obliquité  de  cette  nouvelle  direâion ,  n'auroit  plus  que  5 
pouces  8  lignes  7  points  par  toife ,  au  lieu  de  5  pouces  &  un  quart. 

Soit  comme  ci  devant  la  bafe  de  la  colonne  d'eau  =ï{,  enforte 
quayant  égard  àla  quantité  d'eau  qui  s'écoule  par  fecoude=4,onaic 
a=  X  {i  ygx. 

Soit  le  finus  de  Tangle  d'incidence  fous  lequel  la  colonne  d'eau 
tlioque  cette  digue  =9,  la  partie  de  furface  de  cette  digue  qui  répond 
3  la  feclton  du  courant ,  fe  trouvera  augmentée  relativement  à  fa  iitua- 
tbn    perpendiculaire,   dans  le  tappott  du   fmus  total  (1),  auâjius 

1779.        A  OUST.      O  1 


loS       OBSERrJTlONS  SVR  IJ  PHYSIQUE^     . 

d'incidence 9,  enforte  que  cène  fuiface  fera  — ^>  ainlî ,  ft  le  coup 

ctoii  droi[,  la  force  reçue  feroic ;  mais  à  caufe  de  robliquité, 

elle  doit  ctre  diminuée  en  raifon  doublée  du  finus  de  l'angle  d'inci- 
dence fl,  au  finus  total  /  :  ainfi  la  vraie  force  d'impufion  fur  cette  Uitl^ce  fera 

donc  *y*^^  =x  iixf,î  ,  &  en  fàifant  entrer  dans  ce  calcul  U 
quamitc  d'eau  qui  s'écoule  par  féconde ,  cette  force  fera   ^'  

Rtmarque, 

Cène  force  décroît  donc  feulement  dans  ta  raifon  fimpîe  du  (ïnus 
de  l'angle  d'incidence  Ô,  quoique  ,  pat  les  règle  ordinaires  de  l'Hydrau- 
lique, nous  ayions  diminue  le  choc  oblique  du  Buide  en  raifon  dou- 
blée, ce  qui  vient  de  ce  que  la  furfiice  choquée  qui  fe  rrouve  fous  b 
bafe  de  la  colonne  d'eau  ,  augmente  par  fon  obliquité  \  circonftance  i 
laquelle  on  n'a  point  d'égard  aans  les  règles  communes,  où  l'on  eflimc 
cette  force  par  te  rapport  du  quarré  du  (inust,  à  celui  du  ûnus 
total. 

Au  furplus ,  ce  rcfultat  fuppofe  encore  ,  comme  nous  en  avons  pré- 
venu en  premier  lieu  ,  cju'indcpendamment  de  cet  nccroitfemcnt  de 
furface  ,  eu  égard  à  fon  obliquité,  la  di(^ie  en  question  en  prcfentc 
encore  une  plus  grande ,  eu  égard  à  la  partie  qui  reçoit  le  choc. 

Cette  formule  fiit  donc  voir  que  cette  torce  cft  exaftement  \% 
même  que  celle  qui  a  été  modifiée  par  le  premier  calcul,  attendu  que 

par  la  nature  du  problème ■      jcelt-a-dire,  que  cette  force 

feroir  double,  H  la  digue  éioit  perpendiculaire,  ce  qui  eft évident, 
de  mc'me  que  dans  le  cas  où  la  fuiface  choquée  n'auroit  d'autre  exten- 
lîon  que  celle  qui  fe  trouve  produite  par  fon  obliquité,  cette  formule 


fe  réduiroit  a 


*-/#  V*— >V*. 


—  j  tnais  on  remarquera  ,  comme  o» 


vient  de  le  dire,  qu'à  caufe  du  regonBemenc  de  l'eau ,  la  partie  de  fur- 
face  de  cette  digue  qui  reçoit  le  choc,  furpaiTc  de  beaucoup  U  bafe  de 
la  colonne  d'eau. 

U  fuit  donc  delà  &  de  ce  cme  nous  avons  rapporté  précédemmenr, 
qu'il  fuffiroit  que  cette  digue  eut  4  i  j  pieds  d'cpaifleur,  fi  les  vuidcs 
qui  doivent  (e  trouver  dims  l'alfemblage  des  pierres  dont  elle  feroit 
compofée ,  n'en  diminuoiem  le  poids ,  qu'on  fuppofe  le  mftmc  que 
ci-devanc  pour  chaque  pied  cube  :  mats  comme  on  ne  fe  borne  point 
ordiuaiiement  à  cet  équilibre  >  oo  voir  qu'en  donnant  8  à  10  pieds 


SUR  vnisT,  Naturelle  et  les  jrts.    105 

d'épairteur  d  cette  digue ,  en  h  formant  d'ailleurs  avec  des  blocs  de 
pierre  d'un  volume  proportionné  aux  modlbcations  de  la  force  de  ce 
torrent,  on  fera   fotc  au-delîus  des  évèneniens. 

Quant  à  la  hauteur  de  cette  digue  ,  qu'il  eft  cg,ilenSent  aéceïTaire 
de  régler  dans  la  mcme  partie  expofce  au  choc  du  courant,  elle  dépend 
de  laliautcur  du  regonflemenc  de  l'eau  ;  enfotte  que  n'ayant  égard  pour 
cela  qu'ù  Con  impulfion  &  à  l'obliquité  de  la  dïgue ,  cette  force  fe  trouvera 

réduite  »  comme  nous  l'avons  obfervc  plus  haut ,  à  *  "   *    —  :  & 

attendu  que  les  chocs  font  entr*eux  dans  le  rapport  des  hauteurs  de 
leurs  chûtes ,  on  aura  la  hauteur  de  ce"  regonftement ,  en  prenant  la 
moitié  de  la  chute  du  courant,  qu'on  a  fixe  ci-devant  à  5  pieds  9  pou- 
ces ,  cette  moitié  ét^nt  é^ale  \  i  pied  lo  pouces  6  lignes  ;  d'où  il  foie 
que  la  hauteur  de  cette  dîgue  doit  avoir  cette  dernière  dimendon  pour 
excès  au-delTus  de  !a  hauteur  d'eau  connue ,  en  y  ajoutant  même 
encore  un  pied  ,  foivant  les  précautions  otdiiiaires ,  afin  d  ctre  au-dcT- 
fus  de  tout  équilibre. 

On  doit  conclure  encore  de  ce  dernier  principe  ,  que  la  pAttic  do 
cette  digue,  qui  forott  expofée  au  choc  d'un  bloc  de  pierre  femblable 
à  celui  fur  lequel  on  a  établi  la  première  expérience ,  ne  recevroit 
qu'une  partie  très -modifiée  du  coup;  parce  qu'indépendamment  de 
l'obliquité  qui  rompt  la  moitié  de  ce  coup  ,  la  léadion  du  fluide  altère 
encore  la  moitié  de  la  force  qui  lui  celle ,  comme  ou  Ta  déjl  obfervc 
généralement. 

Il  refte  donc  à  examiner  quelle  doit  être  la  hauteur  de  cette  digue, 
par  rapport  yi  comble  que  le  fluide  doit  former  ,  en  fe  reflèrrant  pour 
déboucher  de  fon  canal  dans  celui  où  on  fe  propofe  de  le  conduire. 

On  fe  rappellera  pour  cela  que  le  canal  naturel  ayant  jo  pieds  de 
largeur ,  de  celui-ci  14  pieds  ,  les  deux  fedlions  du  courant  feront 
dans  le  rapport  de  5  à  4  ^  les  hauteurs  d'eau  étant  les  mêmes),  la  pre- 
miète  de  ces  deux  fedUons  fourniflant  iSoo  pieds  cubes  d'eau  pat  fé- 
conde ,  par  la  vîtefTe  de  1 5  pieds;  &  la  féconde  ayant  98  pieds  quar- 
tés, abltraâion  faite  de  tout  le  vuide  ,  ouà-peu-pccs,  produit  par  le 
talus  de  la  dieue,  i  caufe  du  déchet  qui  fe  trouve  opéré  par  la  con- 
traûiou  que  le  fluide  éprouve ,  en  fe  relTctrant  pour  paflër  d'une  fec- 
tion  à  l'autre. 

Suivant  cette  diLTpofmon ,  la  vîccffe  de  l'eau  i  ce  palïàge  fera  ~~ 
=  1 8  pieds  4  pouces  4  lignes ,  cette  vîtefTc  répondant  à  une  chute 
de  5  pieds  7  pouces  j  lignes,  de  laquelle  retranchant  la  première  (qui 
c(l  de  5  pieds  9  pouces},  il  rctUra  i  pied  10  pouces  5  lignes  pour  la 
hauteur  de  ce  comble,  qui  c(l  la  mcme  par  l'événement  »  que  celle  du 
legonflemenc  de  l'eau  dans  la  partie  fuperieure  de  cette  digue  ;  enforte 


no     OBSERrATIONS   SUR    LÀ   PHYSIQUS^^ 

que  cette  hauteur  fe  trouvant  uniforme  dans  tous  les  points  împor- 
tan5,un  voit  que  cette  digue  peuc-ctrc  arrafce  à  fonlommct,  fuivanc 
le  niveau  de  pente  du  lit  du  torrent ,  qui  fe  trouve  être ,  comme  on 
la  dit,  de  3  pouces  S  lignes  7  points,  par  rapport  à  l'obliquicc  quia 
été  fuppofée. 

Si  I  on  objeâoit  que  le  nouveau  caïul  pourtoit  erre  enfabic ,  par 
la  raifon  qu'aj^ant  moins  deoencc  que  le  canal  naturel,  les  matières 
charriées  feroient  moins  folUtltées  à  erre  entraînées  ;  on  rcpondroic 
que  U  force  d'impulfion  du  fluide  étant  beaucoup  plus  conildcrable 
par  la  vîtelfe  de  i  S  pieds ,  &c.  que  par  celle  de  1 5  pieds ,  il  en  ré- 
fulie  une  compenfation  qui  emporte  avec  elle  fon  évidence. 

On  fait  d'ailleurs  que  la  vîtelfe  des  corps  qui  roulent  fur  des  plans 
difFctemment  inclines  ,  &  par  des  angles  fort  obcus,  n'éprouvent  qu'une 
tirdivité  infenfibte. 

Je  penfe  donc  avoir  fuffifamment  fatisfaità  l'examen  que  jem'étois 
propolé  fur  les  principaux  objets  de  cette  quedion ,  qui  devient  appli- 
cable à  tous  les  lorrens  de  la  même  nature. 

Il  ne  rcftecoit  plus  à  ajouter  aux  ditférens  détails  de  ce  Mémoire ,  que 
la  théorie  fuivant  laquelle  on  doit  déterminer,  pour  le  plus  grand  effet, 
l'angle  le  plus  avantageux  fous  lequel  on  doit  incliner  ces  digues ,  par 
rappott  à  la  dîreii^ioii  du  courant  ,  attendu  que  nous  ne  l'avons  pofc 
ici  que  d'une  ouverture  arbitraire  :  mais  ce  problème  a  été  rcfolu 
d'une  manière  très-favante  ,  dans  le  Mémoire  de  l'Abbé  le  BofTu ,  & 
de  feu  M.  Vialet,  Ingénieur  des  Ponts  &  Chauffées ,  qui  a  remporte 
le  prix  de  l'Académie  de  7 ouloufe,  pour  l'année  1761. 

Au  furplus ,  la  difpofttion  ,  la  conflru^ion  &  la  forme  des  digues 
qui  doivent  rclîfler  a  l'impaUloii  des  torrens ,  tiennent  encore  à  des 
connoilTanccs  qu'on  ne  peut  acquérir  que  pat  de  longues  expériences  , 
Se  dans  lefquellcs  toutes  les  ihéories  prccédentes  doivent  fe  concentrer. 

On  doit  fur-tour  éviter  d'employer  des  bois  pour  la  conftmAion  de 
ces  digues  ,  lorfque  tes  moyens  &  les  citconl\;mces  permenenr  d'en 
ufer  autrement  \  Se  on  a  vu  franchir  ce  préjugé  avec  les  plus  grands 
fuccès  en  Dauphiné  ,  où,  jufqu'en  17Ç0,  on  n'avoir  d'autres  métho- 
des pour  Contenir  les  tortens  qui  dévaflenr  cette  Province, 

On  voit  même  que ,  dans  quelques  parties  de  la  Savoie  ,  où  les  pier- 
res manquent ,  on  en  fabrique  avec  les  graviers  Se  les  cailloux  que  les 
torrens  entraînent. 

Ces  pierres  de  béton  faâice   ,  compofées  de  chaux  maigre  &  de 

SCiis  graviers  mclcs  de  cailloux  ,  fe  moulent  en  prifmcs  triangulaires 
0514.  pieds  de  longueur,  &  s'ajudcnt  enfuite  par  engrainemeni 
les  unes  fur  les  autres ,  de  telle  fotte ,  que  les  digues  qui  eu  font  com- 
pofées ,  étonnent  les  Cof)Doiffeurs. 


SUR  VHIST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS,      m 


MÉMOIRE 

Sur  un  Fara-Trcmbicmcnt  de  terre ,&  un  Para-Volcan; 

Par  M,  Bertholon  DE  Saikt-Lazare^Jcs  Académies  Royales  des 
ScUncts  de  MompcUUr  ^  Bizuts  ^  Lyon  ,  Murfeiliey  Dijon  ,  N'i/mes  , 
Touloufe ,  Bordeaux  ,  &c. 


J  A  R  M I  Ie5  fléaux  deflrufteurs ,  je  ne  crois  pas  cju'il  y  en  ait  aucun  , 
qui  infpire  plus  profondément  h  terreur  &  l'effroi  que  les  cremble- 
mens  de  terre.  Le  fol  qu'on  habite  n'eft  plus  un  lieu  de  sûreté  ;  les 
pénates ,  afyle  ordinaire  contre  les  orages  &  les  tempêtes ,  font  encore 
plus  redoutables  que  le  mal  lui-même  ;  le  fein  de  la  terre  qui  pour- 
roic  être  un  abri  protcdlciir  contre  la  foudre,  celFe  d'en  être  un,  !orf- 
quc  notre  globe,  éprouvant  des  convulHons  Se  des  dédiiremens,  fcm- 
hle  ébranlé  jufques  dans  fes  derniers  fondcmctis.  Ses  malheureux  !u- 
birans  pâles  8c  tremblans  abandonnent  leurs  foyers,  &:,  incertains  ou 
diriger  leur  marche  ,  s'éloignent  i  pas  ptccipiccs  de  leur  patrie  qui 
de  toutes  parts  ne  leur  préfenre  que  l'image  de  la  mort  Se  mille  objets 
d'horreur  :  à  chaque  indanr  ils  craignent  de  voie  s'ouvrir  des  abîmes 
affreux  pccts  à  les  engloutir. 

M  e(l  des  âmes  intrépides  qui  affrontent  les  dangers  Se  les  tempê- 
tes, il  en  ell  qui,  tranquilles  dans  le  fein  des  orages,  voient  de  fatig 
fi*oid  la  foudre  fillonnet  les  airs,  &  le  tonnerre  ,  ce  météore  fi  terri- 
ble, gronder  fur  leur  tcte  ;  mais  on  n*en  a  jamais  vu  qui  ofalfent , 
je  ne  dis  pas  braver  ces  fecoulfes  horribles  imprimées  à  la  terre  ,  je" 
dis  feulement  ne  pas  ftiir  des  lieux  qui  en  font  le  funefte  théâtre.' 
Tous  faifis  d'épouvante  aux  premières  approches  de  cet  épouvantable 
fléau ,  n'ont  m  affez  de  force  ni  affez  de  vîteffe  pout  accélérct  leur 
fuice  précipitée.  Qu'on  fe  rappelle  ce  qui  s'cft  pafïé  de  nos  jours  dans 
les  lieux  ravagés  Se  détruits  par  ces  horribles  convulfîons  de  la  nature  , 
&  on  fera  convaincu  que ,  dans  ce  déluge  de  maux  auxquels  nous 
ne  fommes  que  ctop  fouvent  expofcs  ,  il  n'en  ed  aucun  qui  foie  H 
redoutable. 

Ce  terrible  météore  de  tout  lems  boulcverfa  notre  malheureux 
globe.  Nous  ne  pouvons  douter  d'après  les  témoignages  des  Anciens 
que  le  mont  Ofla  fut  fcpaté  du  mont  Olympe  par  un  tremblemcnc  de 
terre  j  que  Selis  ÔcMegalenpoliSy  la  Theiralie>laColchidc>rAchaye> 


XI       OBSERrATÎONS  SUR  LA   PUYSJQÙE,- 

ia  Macédoine  ,  &c.  ont  éprouvé  ces  fecounes  affreufes  de  la  tenS 
Ihutidide  rapporte  cju'environ  au  tems  de  la  guerre  du  Pcloponèfe  » 
toute  rirte  d'Atalante  >  ou  au  moins  fa  plus  grande  p.inie ,  fiic  lubmer- 
gce  par  l'effet  d'un  tremblemtnc  de  terre;  félon  Pollîdonius  la  nitine 
choie  arriva  dans  la  Ville  de  Sidon.  Callifthcne  qui  accompagna  Ale- 
xandre le  Grand  Jans  Tes  expéditions ,  nous  apprend  qu'Hclice  Se  Bu- 
ris  périrent  dans  un  tremblement  de  terre  Àe&  plus  violens;  &  Siiaboa 
dit  que  la  première  de  ces  Villes  fut  engloutie  dans  un  abîm.  qui 
s'ouvtit  fous  elle,  5:  que  la  féconde  fut  enfcvelte  fous  les  eaux:  Pau- 
fanias  &  Pline  en   font  aiilli  mention. 

La  célèbre  NicopoUs,  dit  un  Philofophe  de  l'Antiquité,  eftaccoi'ita- 
niée  à  ce  malheur  -,  l'Egypte  &  l'ifle  de  Delos  Pont  éprouvé,  quoique 
Pindarc  &  Viri^ile  les  en  aient  cru  d  l'abri.  Paplios  a  plus  d'une  fois 
été  renverfée,  ainll  que  Tyr,  Un  ancien  Auteur  a  dit  de  cette  dernière 
Ville  û  florirtànte,  qu'elle  ne  fut  autrefois  qu'un  monce.iu  de  ruines  hor- 
ribles j  il  njoute  que  l'Afie  fut  boulcverfec  en  une  nuit  ,  Se  qu'elle  vit 
dans  un  inftanc  difparoître  douze  Villes  entières;  Tyroi  uîiquanJo  in~ 
fzmis  ruinis  fuit.  ÀJÎa  duodedm  urbesjîmul  perJida.  Seneq.  qu.-cfl.  nat. 
lib.  VI ,  cap.  I.  Ce  fur  la  quairicnic  année  de  Tybèie  quUrriva  ce  dcfaHre 
effroyable  :  nous  avons  une  Médaille  de  cet  Empereur  O^itJtihus  Afiit 
rijlinuis  ;  Strabon,  Uv.  xii  ,  Tacit.  aim.  lib.  n.  Fufebe  in  Chrori.  ajoute 
£.phèfe  aux  Villes  d'AHe  détruites  par  ce  fatal  événement. 

On  ne  peut  lire  les  Anciens  fans  y  rencontrer  en  mille  endroits 
des  témoignages  certains  de  ces  affreux  boulevetfemens  qui  ont  ravage 
le  monde  dès  les  premiers  âges.  »  On  navigue  ,  difoit  Sénèqne,  (ur 
n  des  Villes  que  nos  Ancêtres  ont  coimues,  &  de  qui  les  hifloicesonc 
»  fait  paffer  jufqu'i  notre  fiècle  la  mémoire  &  la  connoilTance.  Corn- 
«  bien  y  en  a-r-il  daucrcs  qui  ont  été  fubnictgécs  en  d'autres  en- 
w  droits  par  l'effet  dt$  tremhUmtns  dt  tetrt  .'*  Combien  y  a-t-il  de  peu- 
»  pies  que  la  terre  a  cnfevelis  ?  «  Ceci  me  rappelle  la  belle  penfée  d'un 
Ancien:  nous  marchons  fur  les  cad-ivres  des  Cités.  le  PhilofophedcjA 
nommé  nous  apprend  que,  fous  le  Conful.it  de  Réguhis  &  oeVirgi- 
nius ,  le  jour  des  Nones  dç  Février,  date  qui  revienr  i  l'an  6\  de  l'Ere 
Chrétienne,  il  y  eut  un  violent  tremblement  de  terre  qui  fe  tic  fentic 
dans  les  environs  du  Véfuve,  Pompéïa  ,  Ville  célèbre ,  fut  engloutie 
dans  le  fein  de  L  terre  ;  Hetcuice  fut  détruite  en  partie  ,  Noccre  en 
foufFrit  beaucoup  ,  ainfi  que  toute  laCampanie.  Seize  ans  après,  c*eft-à- 
dirc,  l'an  79  de  notre  fcre,  il  y  eut  plufieurs  trcmblernens  de  terre 
qui  précédèrent  la  fameufe  éruption  ou  périt  Pline  l'ancien,  qui  étoit 
aJlé  de  Misène  a  Siabie  pour  obferver  de  plus  près  ce  phénomène.  Pline  le 
jeune,  dans  la  belle  lettte  où  il  raconte  ï  Cornélius  Tacite  la  more 
de  fon  oncle,  «  attcfle  que  les  maifons  étoicnr  reUemenr  ébranlées  pat 
i>Jes  ficqueiis  tremble  m  eus  déterre,  que  l'on  auioic  die  qu'elles  étoien( 

»  anachées 


SUR   VHlST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      tij 

arrachces  de  leurs  fondemens,  &  jettces  tantôt  d'uit  côté,  cantut  de  l'autre, 
■•i»  &puisrcimresà  leurs  places  •>.  LhwJetir.  i6.  Nous  favons  encore  que 
rt  fous  le  règne  de  Ccfar  Galîen,  on  obfcrva  pluficurs  jours  des  tremble- 
M  mens  de  terre  en  Italie  j  on  entendit  des  tonnctres  qui  produifoienc 
o  de  terribles  mudffemens  dans  les  entrailles  de  la  terre  :  la  terre  s'en- 
t>  trouvrant  de  cotés  Se  d'autres  engloutit  quantité  de  perfonnes  **.  En 
1 5  jS  ,  le  29  Septembre  ,  un  tremblement  prodigieux  m  difparoître  le 
lac  Lucrin;  Tcipergole  fut  abîme  &  fes  malheureux  habitans  englou- 
tis. De^  goulfres  s'ouvrirent ,  &  il  en  forcit  des  flammes  ,  des  Cibles 
^■tc  des  pierres  ardentes.  Le  piys  des  environs  fat  culbute  :ia  point  que, 
Wîngt-quatre   heures  aptes,  il  n'en  reftoit  pas  de  veftige.   Les  Citoyens 
[jâePouzzol ,  épouvantes  de  ce  fpedttcle,  aDanJonnèrent  leurs  foyers. 
"   On  feroit  effrayé  fi  je  ptcfentois  ici  le  tableau  des  ravages  des  trem- 
blemens,  qui  ont  fuccclTivemcm  boulevetfc  les  différentes  parties  de  U 
c*e(l  ce  qui  a  fait  croire  i  plufieurs  Auteurs  que  les  montagnes 
'âvoient  ère  formées  par  des  tremblemens  de  terre;  &  que  nous  hibi- 
tions  feulement  les   ruines  de  notre  globe.  Ces  convuKlons  horribles 
|ae  la  nature  fembtenc  être  devenues  de  nos  jours  plus  communes  que 
jamais.   En  1750  ,  des    trcmblcmuns  de   terre   fe  firent  fcncir  dans  le 
,  Japon  ;   Mcaco  fîit  cnticcemcnt  déciuic.    L'année   fuivante  Pékin  eu 
éprouva  un  terrible.    Dans  les  années   1757  &  1758   il  y  eut  dans  le 
Kamrfchacka  des  tremblemens  de  terre  lî  violens  que  la  plupart  des 
maifons    furent  renverfées.    On  vit  aufli  de  fortes  éruptions  de  quel- 

Îiues-uns  des  Volcans  qui  font  dans  ces  contrées.  En  1 746  ,  Catlao  fuc 
ubmergé  en  entier ,  la  Ville  de  Lima  prefque  entièrement  détruite. 
Depuis  récabUtTcment  des  Efpignols,  cette  Ville  avoir  déjà  éprouve 
i>\en  des  fois  ce  malheur,  favoir  en  1 532  ,  i^S(>,  14^09,  i<^$5>  (678, 
i6Sy  ,  1697  ,  1599,  i7i(>,  nij,i7ji,  i7j4»  174?  Je  pourroîa 
facilement  marquer  ici  la  fuite  chronologique  des  difl~érens  tremble- 
mens, arrivés  dans  les  Villes  dont  je  parlerai,  txuîs  l'ennui  de  tranf* 
crîre  des  dates  en  dif()enfe. 

Cette  même  année  174*?  1  on  compw  i  Quito  jufqu'a  100  fecouffes 
dans  les  premières  vingt-quatre  heures,  &  jufqu'au  vingt-quatre  Février 
de  J'année  fuivante ,  on  obferva^yi  reprifcs  de  tremblement  de  terre» 
L^  tremblement  arrivé  en  1755  à  Lisbonne,  &  dont  toute  l'Europe  2 
relTenti  les  effets  ,  eft  trop  connu  pour  eii  parler.  Perfonne  n'ignore 
que  la  plus  grande  partie  de  cette  Ville  fut  rciivetfée  par  les  fecoulTe* 
les  plus  ternbles.  Se.  qu'il  y  périt  plus  de  cent  raille  citoyens  dont  le 
plus  grand  nombre  fuc  englouti  dans  le  fein  de  la  terre.  Setuval  & 
pluHeuts  autres  Villes  du  Portugal  ont  été  également  ruinées.  Dans 
toute  la  Syrie,  il  y  eut  plufieurs  fecouffes  rrès-fbrtes  de  tremblemens 
de  terre,  à  la  fin  d'Oftobre  &  dans  le  courant  de  Novembre  de  l'an- 
uée  17s  9'  Damas  fur  renvcrfée  ,  &  hx  mille  perfonnes  y  pérircnti 
Tome  XIK  Part,  II,  1779.  A  OU  S  T.         P 


ïU      OSSERr4TIONS   SUR   LA   PHYSIQUE^ 

Ta  Ville  de  Japhec  fii:  enticremcnt  détruite,  &  prefque  tous  les  habî- 
tans  furent  enfcvelis  fous  fes  ruines,  A  Tripoli  un  grand  nombre  d'édi- 
fices furent  renverfés ,  &  les  Villages  voifins  furem  biemôc  changés 
en  un  monceau  de  décombres. 

En  17^7  ,  les  tremblemens  furent  fréquens  dans  l'Alletnagne,  la 
SuiiTe ,  &c.  Le  premier  Mai  1  j6^ ,  la  Ville  de  Bagdad  fur  le  Tigre  fuc 
prefqu'enticrement  ruinée  par  un  tremblement  de  terre.  En  1770, 
le  }  Juin ,  les  Villes  &  les  habitations  princip.iles  de  la  partie  de  l'oueft 
de  rifle  de  Saint-Domingue  ,  furent  détruites  pat  un  tremblement  de 
terre  pendant  lequel  s'ouvrit  un  Volcan.  Le  19  Juillet  1775»  la  Ville 
de  Guatimala  dans  te  Nouveau-Monde  ,  une  des  plus  grandes  de  la 
Nouvelle- Efpagne  ,  fût  détruite  &  engloutie  pat  un  tremblement  (î 
aifreux  qu'il  ne  rcfta  pas  fur  pied  un  feul  édihce.  Le  1  $  Seprembre  fui- 
vant ,  il  fe  fit  rcïTentir  i  Winger  en  Norwège,  c'eft-à-dire,  prefqu'aux 
extrémités  de  l'ancien  Monde.  A  Alrdorf,en  Suiffe,  le  10 Septembre 

1774,  on  éprouva  des  fecoutTes  terribles  de  tremblement  de  terre  qui 
détruiHient  un  grand  nombre  d'édifices.  Dans  la  nuit  du  11  au  15 
Février  précédent  on  en  avoir  éprouvé  à  Parme.  Dans  Tlflede  Ternate» 
l'une  des  Moluques  ,  les  éruptions  du  Volcan  furent  accompagnées 
de  tremblemens  de  terre  affreux ,  qui  ravagèrent  la  plus  grande  partie 
de  cette  ïrte,  le  4  Juillet ,  le  8  Octobre ,  &  le  j  Septembre  de  l'année 

1775.  L'Iflande  en  reffentit  auffi  dans  cette  même  année. 

Enfin,  le  1  Avril  1778  ,  Manheim  fut  agité  par  quelques  fecoufTeî 
de  tremblement  de  terre  \  mais  le  )  Juillet  de  cette  même  année  > 
Smyrne ,  cette  Ville  qui  eft  le  centre  de  prefque  tout  le  commerce  du 
Levant  ,  a  été  détruite  en  grande  partie  par  pluficurs  fecoufTes  horri- 
bles de  tremblement  de  terre»  Se  on  ne  croit  pas  qu'elle  puiHfc  jamais 
s*en  relever.  Celui  qui  arriva  en  i  (588,  fut  prefqu'aufli  fiinefte  que  le 
dernier;  Tan  178  de  l'Ere  Chrétienne  elle  en  éprouva  de  femblables. 
Il  n'ed  aucune  partie  de  la  terre  habitable  qui  n  ait  été  plus  ou  moins 
fujette  aux  tremblemens  de  terre  j  les  Ifles  fur-tout,  les  Antilles,  les 
AçoreSjles  Moluques  ,  les  Philippines,  &c.  en  éprouvent  fouvcnt  : 
oiais  il  n'eft  aucune  contrée  qui  n'en  ait  repenti  aans  divers  (îèclcs. 
Depuis  le  Cap  de  Horn  jufqu'd  la  Baye  de  TAlTomption  ;  de  la  Cali- 
fornie ,  des  Lucayes  ,  des  Canaries  aux  Philippines  &c  aux  llles  Marian* 
nés;  &  depuis  le  Groenland,  le  Spitzberg  éc  la  Nouvelle-Zemble  juf- 
qu'au  Cap  des  Ai^illes  ,  le  globe  de  la  terre  a  été  perpétuellement 
açité  &  bouleverfc.  Ce  que  Scnègue  a  dit  fe  préfente  ici  bien  mni- 
rcllcment  :  on  ne  doit  pas  être  lurpris  que  la  terre  tremble ,  mais 
qu'elle  fubfifte. 

La  France  elle-même,  ce  Royaume  qui ,  par  fon  heureufe  pofïtion, 
ferabletoit  devoir  être  à  l'abri  de  ce  fléau  deftru«5leur  ,  l'a  fouvent 
éprouvé^  &j  (aus  remonter   aux  premiers  âges,  nous  pouvons  nous 


SUR  VffIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,  iij 
rappcller  que  de  nos  joues  elle  en  a  refTenti  bien  des  atceinces  plus  uu 
moins  funeftes.  En  t7jï  ,  \c  ij  Juin  ,  le  Village  de  Pardincs  en  Au- 
vergne, fuc  englouti  dans  un  tremblement  de  terre.  En  1750,  le  tremble- 
ment du  ij  &  x(j  Mai  fe  fitfcntir  i  Tarbes  &  dans  le  tefteda  Bigorrc, 
dans  le  Bcarn ,  dans  laSaintonge,  leMcdoc,  leRouccgue,  le  I.angtiedoc  : 
Mem,  de  l'Ac.  des  5c.  1  7\o.  En  175  5  >  époque  à  jamais  mémorable  du 
tremblement  de  terre  de  Lisbonne  ,  la  France  n'en  fut  pas  exempte. 
Le  3  Juillet  17  j5,  on  en  relTentit  à  Aix;  il  y  en  eut  plufieurs  en  divers 
endroits,  dans  l'année  I7fi7,  ain(î  que  dans  l'Allemaj^ne  &  la  SuilTe. 
En  1771 ,  on  en  éprouva  dans  plulîcurs  Provinces.  Le  17  Octobre 
17-»  ^  ,  plufîeurs  fecoufles  furent  obfervées  à  Pau  &  dans  la  Vallée 
d'Ortau.  Le  30  Novem.  1775  4  Cacn  &  dans  la  Normandie  le  même 
phénomène  eut  lieu.  En  Juin  177U,  on  a  encore  relTenti  une  fecoulle 
de  tremblement  de  terre  i  Pau  ,  félon  un  excellent  Phyficien  &  habile 
ObfervAteur,  le  P.  Cotte,  de  l'Oratoire.  Joum.  dcsSav.  Août  1778, 
page  l68g,  in-ii. 

Je  n'ai  fait  mention  que  des  trembleinens  de  terre  que  la  France 
a  éprouves  dans  ces  derniers  rems  ,  mais  cite  y  a  été  jadis  très-fujerte  , 
comme  il  confie  par  les  dïfTétcns  Volcans  éteints  qu'on  trouve  dans 
la  plupart  de  fes  Provinces.  Prcfque  par-tout  fa  fur&ce  nous  préfence 
des  laves  que  ces  bouches  de  feu  ont  aurrefoîs  vomies  ;  laves 
diversifiées  ,  &  prcfqu'auflî  abondantes  que  celles  du  Vcfuvc ,  de 
J'Ethna&  de  l'Hecla.  L'Auvergne,  le  Languedoc,  la  Provence  &  le 
Vivarais  font  les  principales  Provinces  où  l'cnorme  multinide  de  ces 
produits  Volcaniques  frappe  les  regards  les  moins  attentifs.  On  y 
voit  fur-tout  des  maÏÏcs  prodigieufes  de  colonnes  bafaliiques  qui  (ota 
des  témoignages  certains  des  anciennes  éruptions  de  ces  Monts  i^nU 
vomcs  ,  &  des  monumens  authentiques  qui  attellent  &  les  tremble- 
mens  de  terre  &  les  bouleverfemens  funeftes  auxquels  ces  contréei 
furent  autrefois  cxpofées  ;  car  il  y  a  la  plus  étroite  Itaifon  entre  le; 
tremblemens  de  terre  &  les  Volcans  :  ceux-ci  dans  leurs  difFéremci 
éruptions  occafionnenc  prefque  toujours  ces  fecoulfes  terribles  qui  dé- 
chirent les  entrailles  de  la  terre.  Amfi,  dans  l'année  "^31 ,  on  vit  des 
fleuves  de  feu  couler  à  grands  flots  du  fommet  du  Vcfuve  ;  &  plulîeurs 
Villages  futeiit  renverfés  dans  les  tremblemens  qui  raccompagnèrent: 
plus  de  trente  mille  perfonnes  y  périrent  diverfement,  au  rapport  do 
Théodore  Valle  ,  témoin  ocuUire,  qui  nous  en  a  donné  une  relation 
circonftanciée.  On  peut  voir  dans  VHifioirc  da  Véfuvc ,  par  le  P.  Délia- 
Torre  ,  la  fuite  cnronologique  de  fes  différens  incendies.  Vi?,\i%  le 
KamtfcKatka  oii  on  compte  trois  Montagnes  iini-vomu^  les  violentes 
éruptions  auxquelles  elles  font  de  tems  en  tems  foumifes ,  font  accom- 
pagnées de  uemblemens  de  terre.  Au  Japon  &  dans  l'ifl.inde  ,  &c. 
il  fe  trouve  pluiieurs   Volcans  ,  &  ces  endroits  font  fort  fujets  aux 

AOVST.      Pi 


lieues  Savaus  à  qui  j'ai  communique  mes  vues  les  ont  accueillies ,  & 
in'oiu  engage  à  les  publiée  ',  elles  fonc  d'ailleurs  une  Cuicc  néceiraice 


iî6      OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^*  ^ 

tremblemens  de  terre-  Dans  lesCordillières  où  il  y  a  pluHeurs  Vol- 
cais  dont  les  plus  fameux  font  le  Pitchincha,  le  Coropaxi  &  l'Ate- 
quipa  ,  les  cremblemens  de  terre  y  funt  plus  communs  quen  aucua 
pays  du  monde.  Il  n'y  a  point  de  femaine  ,  dit  M.  Rouguer,  pen- 
dant laquelle  on  ne  relfcnte  au  Pérou  quelques  fecoulfes.  Dans  plulieurs 
irembltmcns  de  terre  on  a  vu  naître  des  Volcans  ,  par  exempte,  en 
Ï7H»  *^^'"*  ^^^  Manilles  ,  &c.  Le  nombre  de  ces  bouches  de  feu, 
qui,  comme  autant  de  foupiraux,  vomifTent  des  torrens  de  feu  &  des 
neuves  de  flammes  &  de  matières  embrafces,  eft  prodigieux;  la  furface 
de  notre  globe  en  eft  prefque  couverte ,  &  on  en  couiioit  plus  de  ciiiq 
ccws. 

Tant  de  ravages  affreux  produits  pat  les  trcmblemens  de  terre  ^ 
les  Volcans,  depuis  tes  premiers  rems  jufqu'à  nos  jonts,  8c  d'un  bouc 
du  monde  à  l'autre  ,  inrpirenc  naturellement  le  dcfir  de  rechercher  les 
moyens  les  plus  efficaces  pour  fe  mettre  à  l'abri  de  leurs  functles  effetî , 
ou  plutôt  celui  de  les  prévenir.  Depuis  long-rems  j'ai  tourna  mes  vues 
iiir  cet  objet ,  &  je  crois  avoir  trouvé  ce  préfcrvateut  fi  délite.  Plu- 
i  à  qi 
^  ,c  à  I  e 
des  principes  établie  dans  mon  Ménioitc  fur  la  foudre  afcendance  , 
&  fur  un  nouveau  moyen  de  fe  préfcivei  du  tonnerre  ,  qui  a  été  ho- 
nore des  fuffrages  les  plus  précieux. 

Les  tremblemcns  de  terre  font  des  phénomènes  cledlriques  :  cette 
propotîtion  ell ,  j'ofc  le  dire ,  bien  prouvée  dans  une  féconde  differ- 
cation  que  je  donnerai  dans  quelquc-rcms^  elle  cfl  maintenant  admife 
par  tout  ce  qu'il  y  a  de  bons  Phyficiens  ,  &  de  gens  inflruits  des  opé- 
rations de  la  nature.  Il  fuSîra  de  rappellcr  ici  qu'aucune  autre  caufe 
3ue  l'éleii^ticité ,  ne  peut  produire  les  eôets  étonnans  qu'on  remarque 
ans  les  tremblenaens  de  terre.  Nous  avons  vu  précédemment  cme  la 
quatrième  année  de  l'Empire  de  Tibère ,  l'an  dix-fept  de  rEre-Chic- 
tiennc  ,  un  tremblement  de  terre  dctruifît  en  une  nuit  treize  grandes 
Villes  de  l'Âfie  mineure.  Cet  effet  n'a  pu  ètie  produit  fans  qu'au 
moins  une  maHc  de  500  milles  de  diamètre  n'ait  été  ébranlée.  La 
force  motrice  a  du  être  placée  à  100  milles  de  profondeur  au-deltous  de 
la  furface  de  la  terre,  &  tornier  aînlï  un  cône  renvcrfé.  La  foliditc  du  cône 
écant  le  tiers  de  celte  d'un  cylindre  de  même  b.ife  &  de  même  hauteur,  j'aî 
trouvé  par  le  calcul  que  cette  puiHance  auroit  dCi  ébranler  un  folïde  d'une 
maffe  énorme,  dont  le  poids  eft  au  delfus  de  la  venu  de  toute  force 
naturelle  connue,  différente  de  l'élcâricitc.  Que  feroic-ce  fi ,  au  lieu 
d'avoir  pris  pour  exemple  un  fi  pecir  diamètre ,  j'avois  choilî ,  comme 
élément  du  calcul,  l'étendue  de  terrein  oui  a  été  ébranlé  pjrletreni' 
blement  de  tetre  de  Lisbonne  que  toute  l'Europe  a  rclftiui  ?  Le  rcful- 
tac  eu  auroit  été  eârayaut.  Il  n  y  a  que  la  commotion  élcdxiquç  feule 


SUR  VniST,  NATURELLE  ET  lES  JRTS.  i\f. 
()aV  Te  communique  i  des  difbnces  .prodigieuses ,  ainfi  q\xc  Vet^étxtnéi 
le  prouve.  La  vîtefTe  ctoniiame  avec  laquelle  les  cnirailles  de  la  terre 
font  cbraniccs  dans  une  immcnfc  ttenduc  ,  tin  plutôc  l'inftantanéité 
des  mouvemëns  qu'on  a  obfeivcs  fore  (buvenc  dans  des  lieux  rrè*^ 
cloignés  peiidanc  ce  terrible  phénomène ,  eft  encore  une  nouvelle  preuVt 
de  cette  vctitc  ;  mais  j'oublie  gue  ceci  eft  le  fujcr  d  un  autre  Mcmutre*. 
Les  tremblemeiis  de  terre  ne  iont  donc  que  des  tonnerres  fouterrein», 
comme  Pline  l'a  anciennement  reconnu  ,  &  puifqu'il  efl:  dcmohirè 
que  le  tonnerre  efl  un  effet  d'cle^flriciic  ,  on  ne  peut  s'empêcher  de 
r&connuîcre  que  ]^-  caufedes  tremblemens  de  iterrci  n'ell  autc«  chofc 
que  la  mAtièrâ  cleilrique.  On  verra  même  dans  le.  fécond  Mémoire 
que  fai  fiic  fur  cet  ob/ct ,  la  dcfaiption  d'une  petite  machine  qui'^ 
mue  par  réledtricicc  ,  repréfeiKe  en  petit  les  cranbiemeni  de  terre  S( 
leurs  principaux  phénomènes.  I 

Ceft  d  une  rupture  dVquilibre  encre  la  matière  clçârique  qui  règne 
dïms  racmofphcre,  &   celle  qui  ell  propre  à  la  malfe  de  la  terre  ,  que 
'  rcfultent  les  tremblemens  de  terre,  ainli  que  les  loiinârrc^rpuiiîqu  ib 
ibnt  <ivs  plicnoinèacs  éleâirîqaes.  Si  le  Buîdé  élecbriqoe  eft'  furabon-' 


■  I  jr.CM  tf  UIWV19)  >A -«  ^WfiOf  ^«il>L  uwiik.  ^^ubivjus.(uu  uM^iuutïVM;   i^tcilcuAlI^ 

rafmofphèTe.  Si  ce  rctablilfement  de  l'équilibre  peut  fe  faire  facilement , 
c'eft  un  iimple  tonnerre  afcendam  ;  IJ  des  obllacles  confidérables  Sc 
mnltiplics  s'y  oppofenr,  c'eft  uji  tremblement  de  terre  donc  la  fores; 
&  l'étendue  font  propoitionnées  à  la  grandeur  du  dcfanc  d'équilibre , 
^  la  profondeur  du  foyer  ,  &  aux  obibcles  qu'il  y  ai  vaiucrc;. 

Si  ce  foyer  éleAriqu'î  elt  Abondant  Ôc  alTez  profond  ,  &  qu'il  putHe 
ie  formel  une  iilue  ,  on  aura  un  Volcan  par  où  fe  feront  fucccllive- 
ment  def  éruptions  plus  ou  moins  fréquentes  qui ,  dans  la  réalité  ,  ne 
font  que  des  repullions  élâdriques  des  matières  contenues  dans  le  fein  de 
la  terre.  En  tout  genre  quand  on  connoit  la  caufc  d'un  mil ,  il  cft  facile 
d'y  remédier.  Pour  rcuHir  à  pcéfcrver  un  pays  .des  ccrnbles  ravages  que 
produifent  û  fouvenr  les  tremblemens  de  ccrte  ,  il  fmt  fe  rappellec 
que  ce  phénomène  dépend  de  l'étectricitc  >que  la  matière  cledrique  fe 
communique  très-bien  à  cous  les  corps  condu<5fceurs ,  que  les  métaux  en 
fout  les  meilleurs ,  &  quêtes  pointes  métaHiques  foutirenr  à  une  grande 
diltance  la  matière  électrique  ,  ainfi  qu'il  el^  démontré  par  l'cxpé-' 
cience  la  plus  décifive.  Ce  font  autanc.de  priucipes  certains  donc  oO' 
ne  doic  pas  s'écarter  dans  U  condruction  du  Para*tremblement  de  ccrrè 
&  du  Para- Volcan  ,  c'eft -à-dire,  de  làpparcil  propre  à  préfecver  des 
uemblcmcns  de  terre  &  des  Volcans, 

Pouc  fouritcr  le  plus  loin  qu'on  pourra  la  matière  fulminante  de  la 
lene,  U  fauc  (iuiuaccx  dati$  U  [cuc^li;  plus  avanc  qu'il  feu  polltbJe^ 


lit       OSERFATIOTfS  SUR  LA  PHTSIQ^UE^ 

de  crès-gnndes  verges  de  fer  dont  les  deux  extrcmicés ,  celle  quî  eft 
cachée  èc  celle  qui  le  trouve  au-dcffus  de  la  fuperficie,  feront  armcef 
de  pliilicurs  vemcillcs  ou  pointes  divergentes  très-aiguc-i.  les  verticilles 
infaicurs,  enfoncci  dons  la  terre,  /emblables  à  ceux  dont  j'ai  pjilé 
dans  mon  Mémoire  fur  on  nouveau  Para-tonnetre  (  pag.  7S  du  Recueil 
des  Memairu  tus  dans  t Âjj'cmbUt  puhlc^uc  dt  la  SocUU  HoyaU  des 
Scitn<ts  de  Montpellier  ^  année  xyi^  \  ou  pag.  i6  du  Mémoire  imprimé 
féporcmenc);  ces  verticilles  inférieurs,  dis-}e  ,  fervitont  à  foucirer  ta 
matière  cicdbique  furabondante  dans  le  fein  de  la  terre.  Ce  Hiiide 
^IcArique  terrclUe  fora  tranfmis  par  toute  ta  longueur  de  cette  fubC* 
lance  mctallique,  &  il  fera  enfuite  décharge  dans  l'air  de  l'atmofphère 
fous  U  forme  d'aigrettes  par  tes  pointes  ou  verticilles  fupérieurs.  Je 
prefcris  de  divifer  l'extrémité  inférieure  de  ces  barres  ou  verges  en 
ptulieurs  branches  divergentes  très-longues  ,  aHn  qu'elles  réunitfent  i 
un  plus  haut  degré  la  vertu  de  foutiret  l'éleâticicé,  propriété  qu'ont 
toutes  les  pointes,  &  que  plu(îeurs  pointes  pcffédent  plus  emîiiemmenc 
qu'une  feule.  Le  bout  fupcricuc  fera  aulTi  armé  de  la  mcmc  manière^ 
ftfin  que  les  catuux  de  décharge  foienc  au  moint  égaux  i  ceux  qui 
ont  fctvi  d  foutiret  â:  à  conduire  la  matière  éleârique. 

On  a  exige  pluficurs  verges  cle<!iriques,  parce  qu'une  feule  ne  fuffit  pas^ 
il  faut  que  U  multiplicité  des  conduâeurs  métalliques  foit  en  rapport  avec 
1.1  quantité  habituelle  de  matière  éleéhique  tetreftre,  âc  avec  1  crendue 
du  lertein  qu'où  veut  préfecver.  Leur  longueur  dans  la  terre  doii  être 
propotiioiinelle  i  la  diflance  du  foyer  :  on  peut  juger  affez  bien  de 
'  ces  rapports  par  l'expérience  du  paiïé ,  qui  elfc  de  tous  les  Maîtres  le 
meilleur  eu  geiue  d'ïnllru^on.  Je  confeillecois  volontiers  d'ajouter 
aux  barres  dont  on  vient  de  voir  la  defcription  ,  des  verticilles  inter- 
médiaires, qui  feront  hors  de  terre  Se  femblables  à  ceux  qui  font  par* 
tic  du  Paratonnerre  afcendant  que  j'ai  propofé  dans  te  Mémoire 
déj  cité  :  I  utilité  en  eH  palpable.  Sans  que  je  le  dife  exprelTcmenr , 
on  préfume  iàns  doute  que  ces  verges  eleâriques  ,  pour  éviter  U 
rouillât  doivent  hte  revêtues  d'un  vernis,  &  environnées  d'une  ma^ 
lièto  bitiimineufe ,  &c.  afin  qu'elles  foient  long  tems  confervées;  J'ai- 
iitvfois  mieux  conûruire  en  plomb  la  panie  qui  e(l  enfoncée  dans  U 
corro* . 

Eu  réfiéchiffant  fut  les  principes  de  réleûriciié  ,  tous  les  vrais  Phyfî- 
cictis  reconnoûront  l'efEcatLic  de  ce  nouveau  I'ata'tr(.'mbiemcnt  de  terre 
6c  de  ce  Para-volcan  ;  elle  n'ell  pas  inférieure  à  celle  du  Pan^-tonnerre 
afcendant  &  du  Para-tonnerre  defcendant.  La  conftruâion  de  ces 
divers  appareils  eil  fondée  fur  U  mï^me  bafe  ,  les  procédés  foni  entiè- 
rement analogues  ,  6c  tes  uns  ne  peuvent  Être  utiles  6c  efficaces  que 
les  autres  ne  le  foienc  également.  Si  l'on  convient  du  pouvoir  des 
poimes  élcâiiques  pour  picfçives  de  U  foudre  ,  c«  qui  eH  aâuelle* 


SUR   VHJST.  NJTURSLIE  ET  LES  ARTS.     419 

ment  un  dogme  <le  phyHqiie  »  on  ne  peuc  nier ,  fans  inconïcquence  * 
celui  du  nouveau  préfervateur  des  tremblemens  de  terre.  Cor ,  je  le 
icpètc ,  les  tremblemens  de  cerre  font  des  phénomènes  d  cleârickc , 
ils  font  produits  elTentiellemenc  par  une  rupture  d'équilibre  du  Bnide 
clt(5lrique  j  celui-ci  ell  foutiré  par  Ie«  pointes,  &  il  eft  tranfmis  en 
iîlence  p^r  les  conducteurs  mccaUiqaes  qui  rccablilTeni  inrenlîblcment 
réauiliore. 

Afin  de  mettre  cette  vérité  hors  de  tout  donte,  j'emploie  l'expé- 
rience pour  la  démontrer  aux  yeux.  Comme  ,  pour  rendre  fenfiDle 
1  efficacité  des  Para-tonnerres  ,  ou  s  eft  fervi  d'une  miifon  du  tonnerre 
qui  e(l  prcfecvée  de  la  foudre  éleâhque  ,  lorfc^ue  le  Garde- tonnerre 
ed  place,  &  qu'elle  eft  foudroyée  &  mife  en  pièces  ,  auQ'tcoc  que  le 
Para-connerre  eft  enlevé  (  aind  qu'on  peut  le  voir  d  la  p^gc  iS  de  moa 
Mémoire^  fur  la  Ë3udre  afcendante»  on  page  %o  des  Hèm.  di  VAcadé^ 
mit  de  MoitpiUitr  ,  annû  1771S)  \  de  même  j'ai  imagine  une  expérience 
atialogue  aux  tremblemens  de  terre.  PluHeurs  petices  maifons  de  car* 
ton,  éloignées  les  unes  des  autres.,  repréfentent  ime  Ville  :  un  carreau 
magique  ailez  grand  &  fortement  chnrgé  eft  le  foyer  cleÛrique  ;  lorf* 
que  le  coup  foudroyant  eft  déchargé ,  les  maifons  font  violemment 
ebranU'es  &  renwerfces.  Une  figure  de  montagne  à  côte  de  cette  petite 
Ville  donne  l'idée  xl'uti  Volcan  ,  &  un  grand  vuide  dans  l'inccrieur 
renferme  divers  corps  légers  Se  dos  matières  înBammables.  La 
machine  clcârique  cunt  en  jeu,  on  voit  l'image  des  ccuplions  d'un 
Volcan  dans  la  répulfion  des  corps  légers  qui  (brtenr  du  lommet ,  & 
font  lancés  À  une  petite  diftance  :  le  feu  qui  fort  de  cette  bouche 
ftchève  de  montrer  une  parfaite  relïemblance  de  ce  petit  mont  Igni- 
vome  avec  le  Véfuve&  1  Etna. .Dès  que  le  Para-tremblement  déterre 
&  le  Para'Vokan  font  mis  en  place,  les  phénomènes  dont  je  viens 
de  parler  n'ont  aucunement  Jieu  ,  la  Ville  eft  confervée ,  nulle  fecoulîe, 
&  te  petit  Volcan  eft  ccanquille.  je  m'étendrai  un  peu  plus  fur  cette 
expérience  dans  le  fécond  Mémoire  que  j'ai  annoncé ,  celui-ci  étant 
deji  adez  long. 

Ces  principes  fuppofcs  ,  on  doit  fur-rour  dans  les  pays  fujets  aux 
tremblemens  de  terre  ,  &  ^ux  éruptions  des  Volcans»  tels  que  Naples  > 
Lisbonne  ,  Cadix,  Scville,  Gaianee ,  Palerme ,  Pckinî»  Mcaco  ,  Tauris , 
Lima,  Quito,  &c.  ;  le  Véfuve,  l'Etna,  l'Hecla ,  le  Mont  Albours , 
le  Pic  de  Ténéiiffe ,  Tlâe  de  Fuogue  ,  les  environs  de  l'Arequipa ,  du 
Carappa,  &cc\  on  doit  y  planter  profondement  pluiieucs  de  ces  ver* 
ges  cleâriques,  de  grands  conducteurs  métalliques ,  nrmés  de  vcrti- 
cilles  inférieurs,  intermédiaires  &  fupérieurs,  autour  des  Villes,  dans 
leur  enceince  ,  fur  les  càcés  des  Monts  volcaniques  fie  même  dans  les 
Talions  &  les  plaines  qui  les  environnent.  C'cft  le  feul  moyen  de 
fe  ptcmimii  contre  ce  fléau  deftiuéUur ,  en  létabtiilàiu  l'équilibre  du 


■116      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

feu  éleâiricjue ,  tn  lui  donnant  une  ilfue  par  la  communication  réci- 

Î troque  qu'on  forme  encre  le  globe  He  la  terre  &  racmofphèrc ,  dans 
equel   le  fluide   cleÛriquc  va  fe  perdre  ,  comme  dans    un   Océan 
immenfc.       '   .  r  i  i 

Les  Anciens  avoienr  encr<vii  la  nécefîîté  de  crcufcr  des  puits  pro- 
fonds pour  ptéfetvet  des  iremblemens  de  terre  ,  moyen  qui  a  quel- 
gu'efpèce  d'analogie  avec  celui  que  j'ai  propofc.  Pline  aiPure  que  les 
fréquences  cavernes  propres  i  donner  luie  ilTue  au  fluide  fubtil  qui 
t:aufe  les  tremblemens  de  rcrre ,  font  un  excellent  moyen  pour  les 
prévenir)  c'eft  ce  qu'on  remarque  dans  ceccaines  Villes  qui  font  moins 
fujecces  auY  tremblemens  de  terre,  depuis  que  plufieurs  trous  y  ont 
été  formés  :  Crehri  fpccus  rcmedium  priHtat ,  conceptum  enim  Jpîntum 
txhalanr;  qttod  in  cereis  notatur  oppidis  ^  tjué  minus  quaùuntw  crebrîs 
ad  eiaviem  cunicuHs  cavat.i^'}ï\^.  Nat.  Ub.  ii.cap.  79.  Les^premiers 
Romains  fur-tout  prirent  cette  précaution  de  creufet  des  puits  pro- 
fonds ,  pour  mettre  l'ancien  Capicole  à  l'abri  des  funcftes  erfecs  des 
tremblemens  de  terre.  Se  ils  y  rcuflîrent  j  cat  cette  partie  de  Rome  n'a 
iàmais  rien  fouffect  de  leurs  ravages. 

Les  trous  perpendiculaires ,  qui  font  fur  les  diverfes  montagnes  5c 
les  ouvertuces  des  divers  antres ,  fonr  regardés  avec  raifon  comme  des 
foupiraux  utiles  (  Dirham ,  ùk  1 1  1.  ThèoL  i'hif.  cap,  5.)  ;  &  on  a  remar- 
qué que  plufteufs  contrées  ont  été  entièrement  délivrées  des  tremble- 
mens de  terre  ,  après  que  de  nouvelles  ouvertures  y  ont  été  pradut' 
tes.  Depuis  le  fameux  tremblement  de  terre  qui  arriva  à  Tauris  en 
Perfe,  le  16  Avtil  1711  ,  on  a  fait  creufer  un  grand  nombre  de  puits 
très-profonds,  Hc  nul  cremblement  de  terre  ne  s'eft  £iic  fcmit  jufqu'i 
préfent,  quoiqu'ils  y  fufTènt  auparavant  très-communs. 

Ces  heureux  etfets  dépendent  uniquement  de  ce  que  l'excès  de  fluide 
éleÛrique  qui  eft  quelquefois  accumulé  dans  cenaines  régions  de  la 
terre  ,  s'échappe  par  ces  ouvertures  jufques  dans  l'air  ,  l'équilibre  fe 
réublilïanc  pat  ce  moyen.  Mais  les  barres  éleâriques  qui  foncde  vérita- 
bles conduâeurs  de  la  matière  éleârique  ,  conrribuenc  bien  plus  efficace- 
menc ,  plus  gcncralcment  &  plus  sûrement  dans  tous  les  c:is  à  rétablir  cet 
équilibre  ,  &  à  [ranfmetcre  dans  ratmofpbcte  Texcès  du  fluide  cludlrique 


qui  ne  mut  qnt 

dans  un  lieu  aéterminé  \  elles  fourirent  infenfiblement  à  une  grande 
diftance  cette  matière  cle£triaue,  la  tranfmeAent  comme  condudteurs, 
Si.  ladilHpenc  en  réiibliiTant  l'équilibre.  11  cil  inutile  d'ajouter  que  fou* 
vent  on  ne  peut  formée  dé  grandes  ouvertures  dans  la  tecré ,  Se  que 
dans  Les  cas  où  cela  eft  poiïible  c'eft  toujours  un  vol  iâaili^e.Êût.4 
l'Agriculture.  ■  .1 

On 


SUR  L'HIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     iii 

On  objeâcra  peut-être  que  le  moyen  que  je  propofe,  je  veux  dire 
lue  les  Para-creniblemeiis  de  terre  &  les  Para- Volcans  ioiit  difpen" 
Ueux  ,  j'en  conviendrai  tic  bonne-foi,  pourvu  qu'on  m'accorde  que 
les  ravages  produits  par  les  tremblemcns  de  terre,  &  qu'on  defire  de 
prévenir,  ciufent  des  maux  intinis.  Des  Provinces  dcvaftces,  des  Villes 
rcnverfc'es  &  enfcvelies  ibus  leurs  ruines  ,  plufîeurs  milliers  d'habitans 
engloutis  ou  accablés  fous  les  décombres  des  cdifîces ,  &c.  font  des  objets 
de  la  plus  grande  importance;  &  un  remède  n'eft  jamais  de  grand  prix 

?uana  le  bien  qu'on  procure  lui  efl  de  beaucoup  fupérieur.  C'eft  aux 
rinces,  c'eft  aux  Etats  à  faire  ces  dépenfes  ;  il  n'en  eft  certainement 
point  de  plus  néccifaircs,  puifqu'il  s'agit  fur-tout  de  conferver  la  vie 
a  des  millions  d'hommes.  Niais  cette  dépenfe  n'eft:  point  aufll  grande 
qu^on  puurroit  d'abord  fe  l'imaginer;  elle  fera  toujours  de  beaucoup 
inférieure  à  celles  qu'entraînent  des  guerres  pour  l'ordmaire  fort  in- 
jures, des  confli unions  de  palais  fomptueux,  élèves  en  dépit  de  la  na- 
ture ,  &c. . ,  Puilfent  ces  moyens  être  exécutés  par  le  Roi  de  Naples ,  qui 
doit  y  erre  plus  porté  qu'aucun  autre  Monarque  ,  puifque  vingt  fois 
il  a  été  obligé  de  s  eloizuer  en  fugitif  &  â  pas  précipités ,  de  ces  beaux 
lieux  de  lortici,  donc  tes  fondemens  doivent  lui  rappellec  fans  celle 
le  dcfaflre  arrive  du  tenis  de  Pline ,  dans  lequel  Herculanum  Se  Pom- 
péïa  furent  enfévelis  dans  les  entrailles  de  la  terre  ,  te  fous  des  fleuves 
de  laves  \  événement  fatal  qui  pourroit  encore  avoir  lieu.  Puillè  la 
Reine  de  Pottuga)  fuivte  cet  exemple,  &  le  donner  à  tous  les  autres 
Souverains  !  Près  de  vingt-cînq  ans  fc  font  écoulés  depuis  cette  terrible 
époque  qui  dctruilît  laCapicile  de  ce  Royaume,  &  les  ruines  de  cet 
horrible  défaftre  font  encote  prefque  récentes.  L'Efpagne  a  rcflenti  plus 
d'une  fois  dans  les  deux  mondes,  les  eifcts  funeftes  des  tremblcmens 
de  terre  \  il  n'etfc  m^me  aucun  Etat  que  ce  Beau  dedruâeur  n'ait  plongé 
dans  la  défolation ,  &  pour  qui  un  préfervateur  des  tremblemens  de 
terre  ne  foit  de  la  plus  grande  utilité.  PuilTent  les  Souverains  fe  liguer 
de  concert  pour  détruire  les  âéaux  multipliés  qui  femblent-  conjurés 
contre  ce  malhfurcux  globe  1 


Tome  Xlf^j  Parc,  II.  1779. 


A  0  US  r. 


Ui         OBSERVATIONS  SUR  LA  PRTSIQUK^^ 


DESCRIPTION 

De  trois  Enfans  monlbueux; 

Par  M.   DZ  PestaLOZZI  ,   DoScur  en  Médecint, 

UZ  cous  les  moufbfrS  qui  font  reptéfentcs  dans  Ambroife  Vxzé  , 
dans  ricoûhène  ,  à^ns  Âldrovand  ,  dons  Licettos  ,  dans  BoûAaaa  ». 
ou  dans  aucun  des  Livres  que  nous  ayions ,  il  n'en  eA:  point  de  fem- 
blable  à  ce  premier- 
Son  corps  eft  un  peu  gros ,  cela  n'efl:  pris  étonnant  parce  que  s&ce— 
ment  il  eft  compofé  de  deux^  il  a  deux  bras,  deux  jambes,  un  feut 
col  gros  &c  coure  placé  fur  deux  épaules  larges;  mab  ce  qnt  fait  U 
fiogularicé  de  ce  monftte ,  c'eft  que  ce  col  porte  une  double  icce  »  qui 
ne  parojc  qu'une  par-decricre  ,  &  cft  compofée  de  deux  vifage*;  par- 
devant  ;  les  deux  vifa(;cs  Tonc  d'égale  grolfcur  ,  chacun  eft  un  peu 
panché  fur  l'épaule  de  Ion  côté ,  &  toomc  en-dehors ,  ils  font  atcacnés 
l'un  à  l'autre  par  les  os  des  deux  mâchoires  inférieures  >  des  deux 
apophifes  zygomatiques  poftérieures  ,  &  des  deux  temporaux  à  qui 
ces  apophifes  appartiennent  ;  c'eft-i-dire,  que  les  deux  joues  fonr 
colées  enfemble  ;  l'on  entend  la  joue  gauche  de  la  face  droite ,  à  la 
|oue  droite  de  la  face  gauche:  les  deux  &ccs  ont  chacune  un  front> 
deux  yeux  ,  un  nez  ,  une  bouche  &  un  menton  \  la  f^ce  droite  a 
une  oreille  qui  touche  fur  l'épaule  à  droite  ,  la  fice  gauche  a  une 
oreille  qui  touche  fur  l'épaule  à  gauche ,  &  entre  les  deux  fronts  eft 
une  double  oreitl»  tout  en  haut  ,  qui  répond  à  chacune  des  deux 
autres. 

L'on  voit  bien  que  ce  monftre  a  foaffert  une  conTpreHion  extrême- 


«      —      ^  — 

fouffert  la  cranfpofltion. 

Il  paroïc  certain  que  chaque  bouche  de  ce  montre  a  fon  Œfophage, 
&  fa  trachée-ancre î  &  la  eroflTeur  du  corps  de  la  petite  fille,  lailTe 
bien  juger  que  le  poumon  ell  double  ,  l'edomac  double  ,  &c.  Mais 
elle  ell  entière  dans  l'efpcit  deviu,&  l'on  n'a  pa«  encore  tenté  de 
l'ouvrir. 

Le  derrière  de  la  tîte  du  fécond  enfant  monftrueux  eft  fi  lar^, 
quelle  patoîc  bien  ccrc  compofée  de  deux  »  mais  le  devaac  e(l  lelle- 


SUR  VHÎST.  KÂTURELLE  ET  LES  ARTS,  115 
ment  comprime  qu'il  n'y  refte  qu'un  feul  vifage ,  de  fone  que  la 
prelHon  en  celui-ci  e(l  encore  plus  forte  qu'en  l'autre;  ce  qui  prouve 
que  ce  font  deux  ccces  confondues  en  une,  c'eft:  qu'au-dellous  de  ce 
vifage  unique  &  de  Ton  col  »  font  attachés  deux  corps ,  avec  quatre 
bras  &  quatre  jambes .  {  un  feniblable  monftre  fe  voit  dans  Aldrovand, 
pa^e  âoS. }  il  ctl  attathé  non- feulement  par  le  col ,  mais  encore  par  la 
poicriue  te  par  le  ventre  ;  de  forte  que  les  deux  épines  font  l'une  k 
dtoite  &  l'autre  à  gauche  ,  &  le  viii^c  efl  entre  deux  cpautcs  ;  les 
deux  corps  fe  tiennent  embrafTcs  avec  les  quatre  bras;  les  fe(ïes,Ies 
cuillès  5c  les  jambes  fuivenc  des  deux  côtes  la  chute  de  chaque  épine 
doifale  :  ce  monftre  cft  dans  de  l'cfprit  de-vin. 

Ces  deux  corps  font  tellement  approches  l'un  de  l'autre  ,  que  les  fexes 
«n  font  cachés  ;  mais  l'on  juge  bien  à  Tait  du  vifage  ^  que  ce  font  deux 
petites  filles. 

Petfûnne  ne  peut  mettre  en  doute  que  les  deux  jumelles  fcparces 
fi'eulTènt  eu  chacune  une  têce  eniiète  &;  un  vifage  ;  chacun  de  ces 
coi^s  a  doffc  fourni  la  moitié  de  la  tète  qui  lui  appartenoit ,  &  de 
ces  deux  moitiés  de  tcte,  il  s'en  eft  compoié  une  ieule,  dont  le  côté 
droit  appartient  au  corps  qui  c(l  à  droite  ,  &  le  côte  gauche  appartienc 
au  corps  qui  eîl  i  gauche.  Cette  jondion  itmple  de  naturelle  eft 
conforme  i  la  fîmpbcicc  Se  à  l'uniFormité  des  loix  générales  de  la 
nature. 

Tous  les  monftres  ne  différent  que  par  la  compreffîon  plus  ou  moini 
forte  dans  les  parties  fupérieures  ou  inférieures  \  ce  fyftème  eft  alTu- 
rémcnt  plus  fi  m  pic ,  plus  uniforme,  &  a  plus  de  conformité  avec  les 
loix  de  la  nature,  que  de  vouloir  qu'il  y  ait  un  germe  monftrueux  , 
fait  exprès  pour  chaque  variation  ,  éc  d'attribuer  au  Créateur  les  cga* 
remens  &  les  fautes  que  la  nature  commet. 

Le  troifième  enfant  monftrueux  n'eft  défiguré  que  par  le  vifage  , 
tout  foQ  corps  eft  dans  l'état  naturel;  fa  tcce  eft  un  peu  applatie  par 
les  deux  côtés ,  fon  vifage  eft  étroit ,  par  conféquent  un  peu  long  ;  it 
n'a  point  du  tout  de  nez  ,  fa  bouche  eft  petite ,  &  une  feule  orbite 
Xê  trouve  placée  dans  le  milieu  du  vîface,  audelTous du  front  ;  cepen- 
dant l'on  voit  dans  cette  orbite,  qui  eft  large,  les  deux  globes  des  yeux 
qui  fe  touchent. 

Au-dedoas  de  l'orbite  eft  une  petite  pièce  de  chair  qui  fort  d^une 
naiâânce  éuoite  ,  &  fe  groflû  par  le  bout  comme  une  petite  poire 
ridée. 

Il  y  a  un  pareil  monftte  dans  Fott.  Licctus ,  page  15^,  excepté  qne 
le  fien  eft  femelle  Se  celui-ci  eft  mâle.  M.  Littre  en  a  vu  encore  un  de 
m£me  figure.  Ses  Obfervations  font  inférées  dans  les  Mémoires  d« 
l'Académie  des  Sciences,  année  1717,  page  185. 

Cet  Académicien  a  £àcrifié  la  confervation  du  monftre  en  fop  entier 

I77J.     A  OUST,         Qt 


i»4      OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

au  pki(îr  înftruâif  d'en  faite  h  dîire^tîon ,  pouc  exaniûiec  fa  Arudure 
intérieure. 

Apres  avoir  ouvert  le  crâne,  îl  a  rcouvé  que  les  deux  nerfs  opriqnci 
écoienc  réunis  &  renfermes /ous  un=  nicme  eriveloppej  ne  faifanc  qu'un 
feul  cordon  qui  s'infcroit  dans  l'orbiie  de  l'œil ,  par  un  trou  percé 
précifémenr  au  milieu  des  deux  endroits  où  doivent  ctre  deux  ouver- 
tures par  où  palTent  ordinairement  les  deux  nerfs  optiques.  Ces  deux 
ouvertures  mauquoienc  abfolument ,  aufli  n'en  falloit-il  qu'une  pour  laif- 
fcr  palier  un  fcul  netf;  ce  palTagc  croit  fans  douce  dans  l'endroit  où 
doit  cire  réminence  olleufe  nommée  Crîtc  de  co<j  »  dont  l'Obfetvateuc 
ne  parle  pas  ,  non-plus  que  de  l'os  cthmoïde  :  il  y  a  grande  apparence 
que  ces  cteux  demiètes  pièces  avoient  été  détruites  par  la  compreHion 
qui  avoir  effacé  les  os  du  nez ,  &  les  lames  olfcufes  :  c'cft  une  fuite 
nécelliire  de  la  caufe  qui,  des  deux  orbites,  n'en  a  fait  qu'une  ;  les 
deux  yeux  étoicnt  aufll  renfermés  fous  une  même  enveloppe  ,  c'cft-à- 
dite ,  qu'ils  n' avoient  qu'un  feul  globe  commun. 

Si  jamais  la  preflion  fut  marquée,  c'eft  dans  cemonflr^ii  fa  r&rc 
applatic  des  deux  côtés,  a  comprime  le  milieu  du  vifage  \  le  nez  s'eft 
entièrement  perdu  dans  la  preflion  ;  les  deux  orbites  poulfces  l'une  con- 
tre l'autre,  n'en  ont  fait  qu'une  feule;  les  deux  yeux  fe  font  approchés 
l'un  de  l'aucte.  Quant  à  la  petite  piice  charnue  qui  eft  au-dellous  ,  il 
cft  probable  que  la  preflion  latérale  a  poufl'c  dans  le  milieu  deux  pa- 
quets de  fibres  charnues  des  mufcles  frontaux ,  lefqueltes  par  leur 
union  ont  formé  cette  petite   pièce  de  chair  faillante. 

Si  M.  Winflow  a  propofc  des  faits  inexplicables  dans  les  parties 
internes,  cela  veut  dite  feulement,  que  la  nature  myflérieufe  a  des 
routes  fectecies  que  nous  ne  pouvons  pas  fuivre  de  près:  tout  comme- 
dans  les  Ouvrages  de  l'Art,  il  y  a  des  machines  dont  nous  ne  pour- 
tions  deviner  l'artifice ,  fi  l'on  ne  nous  en  découvrait  les  reflbrrs  caches. 
Ce  qui  a  révolté  bien  des  gens  contre  le  fyftcme  des  monflres  acciden- 
tels, c'eft  qu'ils  n'avoieni  pas  une  idée  juflc  de  la  rencontre  fortuite 
&  de  la  joniîbon  de  deux  fujets  formés  féparcmcnt  avant  que  de  fe 
joindre.  Deux  corps  diftinfts  ont,  difent-ils,  leurs  limites,  ils  ont  des 
enveloppes  qui  téliftent  à  leur  pcnéttation,  les  extrémités  des  vailfeauz 
font  fetmées,  elles  ne  font  pas  faites  pour  s'anaflomofct,  la  preflion  ne 
peut  que  les  faire  replier,  rentrer  ou  fe  rebrouller,  elle  ne  peut  occa- 
iionner  tout  au  plus  que  des  mutilations,  retenir  les  parties &:  les  em- 
pêcher ou  abfolument  de  fe  développer  ou  de  s'étendre  jc'eft-là  une 
difficulté  que  pluficurs  objcâent  contre  ce  fyftcme  ,  mais  l'idée  que 
préfente  cette  objcftion  s'cvanouim ,  fi  l'on  veut  bien  penfer  que  ce 
n'eft  point  entre  deux  embryons  développés  que  la  jondlion  peut  fe 
faire  i  ce  n'eft  pas  non-plus  entre  deux  auti  échappés  de  l'ovaire  &  def- 
cendus  par  les  trompes  dans  b  cavité  de  la  matrice.  Ces  deux  œufs 


SUR  VHIST.  NATURELir.  ET  lES  ARTS.    ii( 

ont  chacun  leurs  enveloppes  aui,  pénétrées  de  refprit  prolifique  du  maie* 
font  déjà  dans  un  ctac  de  gonnemenc  &  de  conllflance  qui  les  fait  cénUer 
k  leur  pcnécraûon  ^  l'on  accorde  touc  cela,  l'on  veuc  encore  accorder 
que  quand  même  deux  germes  feroienc  enfermés  fous  une  enveloppe 
commune,  &  contenus  de  la  force  dans  un  calice  de  l'ovaire  avant  feue 
fécondation  ',  ces  deux  germes  peuvent  fans  fe  mêler  ctrc  fécondés  & 
produire  dans  la  matrice  deux  jumeaux  fépaiés  qui  auroienc  en  naîf- 
lanc  les  membranes  communes ,  l'arrière- faix  commun ,  &  les  deux  cor- 
dons ombilicaux  réunis  en  un  cordon  commun  \  tout  cela  peut  être» 
cela  s'eft  vu ,  &  Harvée  l'a  obfervé  fur  des  œufs  de  poule  ;  il  (es  appelle 
des  monflircs,  parce  qu'ils  font  doubles  :  Nec  eiejunt  o\is  fua  monftra, 
ExcTcU.  1 1.  Cela  fait  voir  que  deux  pouflins  peuvent  fortîr  d'un  feul 
ceuf.  U  dit  encore:  y'tdi  ftpè  ova  gcmei/ifica^  ÔC  il  pourfuir  alia  quoqut 
ova  vidimus  cum  binis  viuitis  e^uaji  connafcentibus  ,àx.  Entrât,  ij.  Ces 
exemples  ne  prouvent  encore  rien  pour  les  monftres  ;  mais  il  eft  cer- 
tain que  l'oeuf  d'une  poule  contient  le  germe  d'une  poulette  ;  que 
dans  cette  poulette  font  contenus  les  ccuh  qu'elle  doit  faire,  &  dans 
ces  Œufs  d'autres ,  &  d'autres  pour  les  générations  à  venir.  Si  cette 
règle  eft  jufte  en  defcendant ,  elle  l'cft  de  même  en  remontant-,  ainlî 
les  ccufs  font  contenus  de  la  tille  dans  la  mère  ,  de  la  mère  dans  la 
grand-mèce ,  &  la  conftifion  des  germes  s'eft  faite  peuc-èrre  plulieurs 
générations  en  arrière.  / 

'  Les  membranes  des  rcufs  en  remontant  font  auflî  liquides  que  les 
germes  m^mes ,  alors ,  point  d'obftacle  i  la  jonélion  j  roue  ce  qui  nage 
dans  le  liquide  peut  fe  rencontrer  &  s'unir  de  cette  forte.  Je  penfe  que 
les  monftres  fe  font,  non-pas  de  la  rencontre  de  deux  œufs,  mais  de 
deux  germes  liquides  avant  qu'ils  foient  Œufs  formés ,  c'eft  â-dirc ,  avant 
que  leur  enveloppe  ait  acduis  une  confîftance  capable  de  réfiftcr  à  la  jonc- 
non.  U  eft  un  tems  où  les  pores  peuvent  s'aboucher  les  uns  aux  autres, 
où  chaque  germe  n'eft  pour  ainlî  dire  qu'un  atome  de  liqueur  \  en  ce 
tems-là  ,  l'on  ne  peut  refufer  au  germe  la  pofUbilitc  de  fe  joindre  ,  cela 
eft  fondé  fur  la  divifibilité  indétinie  de  la  matière ,  &  fur  la  richelTe 


■ 

immenfc  de  la  nature. 

Comme  ces  Monfires  font  à  vendu,  on  ptut  Cadrefftr  à  ^Auteur  du                ^| 
Mémoire  j  à  Lyon,                                                                                                       ^M 

1 

thS     OBSERVATIONS  SUR  lA  PHYSIQUE, 


PREMIER     MÉMOIRE 

Sui  une  nouvelle  efpèce  de  Gas  inflammable  j 

Par   M.  NsRET  ,  Ftls^ 

L'lNrtAMMAB;xiTB  dc  l'air  des  luaiais  eft  uii  phénomène  des  pliu 
rurpretunsj  Ton  aboudance  e(l  ^reXque  inconcevable,  &  U  facilite  avec 
laquelle  il  fe  dcgaee,  femble  faire  croire  qu'il  doit  entrer  nour  beau- 
coup »  ainfi  que  plufieurs  habiles  Phyiîcicns  l'ont  penfc,  isins  la  for- 
njation  des  météores  ignés.  Jettons  un  coup-d'ocil  fur  un  air  ou  gas 
âuiTi  intcreÛânc,  &  cbeickoi^s  à  icpandie  quelques  lumières  fur  fa  corn- 
poiition. 

Il  y  a  bien  long'tems  que  l'efpcce  d'air  que  M.  Voica  ramalfa  le 
premier  dans  les  marais  ,  écoit  connu  des  I^h^nciens.  Nous  voyons 
dans  une  inanité  d'Ouvrages,  notamment  dans  ceux  de  M.Prieftley  , 
â  qui  les  Sciences  font  £i  redevables  ,  nous  vovons,  dis- je,  fréquem- 
menc  que  ceux  qui  craicèrenc  i  feu  nud  quelques  fubltances  »  dans 
l'intenuon  d'examiner  les  airs  qu'on  y  prcrendoit  fixés,  obtinrent  fou- 
vent  dans  leurs  réfuluts  un  gas  donc  lU  remarquèrent  l'inflammabi- 
lité  j  mais  ne  connoiilant  encore  que  l'air  inflammable  reciré  des  mc- 
^ux  >  ils  le  jugèrent  de  la  même  nature  &c  combcceiit  ainlî  dans 
une  erreur  bien  pardonnable.  Depuis  la  découverte  de  M.  Volta  * 
il  a  été  facile  d'obferver  les  diiFérences  de  deux  gas  ,  qui  n'ont  de 
point  commun  que  l'inflammabilité  ,  encore  cette  propriccé  cft-elle 
chez  eux  tccs-divetfement  modifiée. 

C'cft  une  chofe  fore  particulière  que  de  voir  les  réfultat?  de  deux 
T^leaux  que  je  joins  icij  leur  objet  écoit  de  rcconnoître  lequel ,  do 
l'air  des  métaux  ou  de  celui  des  marais ,  écoic  doué  d'une  inflam- 
mabilicé  plus  grande.  Voici  d'abord  l'effet  du  mélange  de  ces  deux 
g^  avec  Vair  commun  dans  différentes  proportions  \  ce  qui  forme 
mon  premier  Tableau. 


SÛR  unis  t.  KATVREllË  ET  LES  JRTS.     ir 


PREMIER      TABLEAU. 


.Air  des  Mitûux. 

Fur.  Inâammzcioa  aflcz  vive ,  flamme  on 

peo  biancbe. 
\  D^connactoo    fonc  «  flamme    grande  0c 

blanche. 
•î  Détoimaiioa  plus  fottc  A:  plos  upide. 

\  A  -  peu  -  près  comme  daDS  l'eip^ticace 

de  X. 
f  Prerque  de  marne  ,  mais  flamme  plus 

blanche. 
\  InflammatioQ  dimiaaée. 
■9  Encore  plus  dimiouéc. 


\  Flamme  blanchâtre  trâs-Iégèrc,  ftdivi- 

fânt    {îagutiâremcoc    Tut    la    fiitfacc  de 

l'eau. 
j  De  même ,  mah  la  6ammc  cil  rrcs-mé'    \  De  même. 

diocre. 
-^  Plus  d'infljmmatioo. 


.  Air  des  Marais, 

Ptu.  Inflammation  Icoce ,  flamme  bleac. 

;  flamme  bleue  ,  dcfccndanE  peu*  1- 

peu. 
f  flamme  bleue,  moins  lente. 

;  Flamme  bleue ,  mais  blanche  à  la  for- 

face  du  vaiïïeau ,  moins  lente, 
f  Comme  deflus. 

j  A-pea-ptès  de  même. 

?  Flamme  bicae  »  dcrccndam  bien  plo* 

rapidement. 
T  De  même. 


■^  Flamme  moiodre. 

Tï  De  mcmc. 

r:  Prefquc  plus  d'ioflammatioa. 

■ïV  De  métne. 

^  Encore  moins. 

rj  Plus  d'inflammation. 


It  Tutt  de  ce  Tableaa  c\at  l'air  des  marais  proît  doue  d'une  infiam* 
mabilitc  Aipcrieure  à  l'air  des  métaux  dam  la  proportion  de  i  ^  à  10  ,^ 
ou  de  }  a  1 ,  &  ^ue  M.  Volca  s'ell  probablemenE  mépris  lotrqa'il 
a  cru  obtenir  une  explollon  par  le  mélange  de  douze  parties  d'air 
atmofphériquc  ,  avec  feulement  une  du  cas  des  marais ,  ruifgue  j*ai  * 
prolongé  le  mélange  de  ces  deux  airs  juiqu'A  la  ceffation  ot  l'inâam- 
macion ,  fan$  avoir  eu  jamais  l'apparence  de  déconnacîon. 

Maintenant,  jettoiis  les  yeux  lut  mon  fécond  Tableau,  &  confi- 
dérons  les  effets  du  mélange  de  l'air  fixe  avec  les  deux  gas  ijiâamma- 
blet. 


ii8        OBSBRrJTIONS  SUR   LÀ  PHYSIQUE, 


.SECOND      TABLEAU. 


Âir  dts  Métaux. 


Air  dts  Marais. 


pur.  InflammatiOD  âlTcx  vive,  fldfnme  un    Par.  InAamnutioa  Icatc ,  âammc bleue. 

peu  blanche. 
\  Inâammïcioo  tiès-dimiou^c.  t  rnflammïtioD  pttis  lente,  flamme  d'iui 

beau  bleu. 
I  Encore  moindre.  t  ^'"^  d'intlammation,  la  bougie  même 

th  écciatc. 
\  Trc*-pea  <rinflammatiOD. 

j  Pren^ue  aalTi  peu  que  rien. 

4  Plus  d'inflammation  »   an  eoatraire   U  * 

bougie  s'^icioc 

Ici  tout  eft  changé  »  c'eft  l'air  des  métaux  qui  paroît  fupcrieuT  en 
inflammabilicé»  même  dans  une  proportion  fort  grande  ,  &  il  femble 
que  le  réfultat  des  deux  Tableaux  ne  fait  que  jetter  plus  d'incertitude 
encore  fur  l'objet  Que  je  décrois  cclaircir. 

Cependant ,  quelques  tentatives  inlruAueufes  fur  une  manière  de 
ramener  ces  deux  forces  d'airs  à  une  feule  efpèce,  m'avoient  du  moins 
donné  lieu  de  croire  que  le  gas  des  marais  croit  mélnneé  d'une  certaine 
quantité  de  gas  méphitique  ou  aîr  fixe»  quoique  ni  Veau  de  chaux  nî 
le  fromage  de  chaux  ii'aienr  jamais  pu  fépareraUez  de  ce  ^as  pour  opérer 
une  démonftracion  bien  completie  ,  qui  fit  croire  qu'il  en  entrât  ea 
quantité  bien  confîdciable  dans  la  componcion  de  ce  gas  (i). 

Il  eft  vrai  c]ue  je  m'étois  convaincu  qu'en  diflillant  des  matières 
végétales  oh  animales  dans  l'appareil  des  airs  ,  on  obtcnoit  toujours, 
(  après  le  dégagement  de  l'air  des  vaifTeaux  )  une  plus  ou  moins  grande 
quantité  d'air  hxe  fuivi  d'air  inflammable  analogue  à  celui  des  marats, 
&  que  ce  dernier  croit  d'autant  plus  abondant ,  que  les  matières  étoienc  ' 
plus  exemptes  d'humidité  &  produifoient  davantage  d'huile  empireu^ 


(i)  J'appelle  ftomage  de  chaux,  de  la  chaux '  vive  ibreuv^e  d'eau  dans  une  tells 
prvpoition,  tfu'il  en  téfulte  une  pâte  en  confillance  de  fromage.  Cette  pâte  cil 
inattaquable  aux  acides  ,  au  Itcu  que  ta  chaui  vive  en  pierre ,  mcmc  la  meilleure  ,  fait 
coujouri  cffcrvcfcCDce  avec  l'acide  nicreux.  Si  dani  un  flacon  rempli  d'eau  acidulé 
par  l'air  fixe,  vous  iniroduifcz  une  pclotic  de  ce  fremage .  Se  que  tous  agitiez  Ic 
vaCc ,  la  tcite  calcaire  cA  far  le  chamf  U  totalement  içvivifléc 

matiquC 


Sl/R  VRIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     119 

Riatic|ue  daus  leur  dccompolldon  :  pu  une  fuite  néceffaire ,  que  tant 
qu'il  rciloit  du  phlegme  dans  le  matras  ,  &  que  les  matières  ne  le  torrc- 
Tioienc  pas  à  un  certain  point,  on  n'avoic  jain;vis  que  de  iVàr  ËKe,& 
^ueû,  lorfque  toute  l'humidité  cioit  diUipée,  on  enintrodiilfoit  de  nou- 
velle dans  le  vafe  diftillatoirej  alors,  on  avoitencote  de  l'air  hxe  au  Iteudu 
fas  inHammable  qu'on  auroit  obtenu  Ci  on  avoit  lailTc  alkr  l'opctation 
i'ordinaice.  N'cd-on  pas  en  droit  de  conclure  d'après  de  tels  faits 
bien  aifcs  à  vérifier ,  qu'il  eft  diflicile  de  retirer  des  lubftances  anima- 
les ou  végétales  ,  l'ait  inflammable  de  la  nature  de  celui  des  marais  , 
fans  qu'il  y  foît  joint  une  portion  d'air  fixe  ,  &  qu'il  ncd  pas  plus 
aifô  d'en  obtenir  de  l'air  fixe  parfaitement  exempt  de  vapeurs  acri- 
&rnies  phlogiiliqucesî 

L'air  inrtaramablc  des  marais  &  celui  qu^on  rerire  de  li  diftîUatîon 
font  donc  formés,  comme  on  voit ,  pat  la  partie  huileufe  des  végé- 
taux &c  des  aJiimaux,  &  cet  air  fera  d'autant  plu^  pur  que  ces  matières 
ne  contiendront  aucune  fubïlance  qui  puiiTe  1  altérer,  l'clles  furent  les 
réflexions  qui  me  dctermincrent  a  tenter  de  retirer  de  l'huile  elle- 
même  l'ait  mfiammable  que  je  m'imaginai  devoit  y  être  abondanr,  & 
comme  on  va  le  voir,  mon  attente  n'a  pas  été  trompée. 

Je  pris  une  demi-cuillcrce  d'huile  d'olive ,  &  je  formai  une  pâte  avpc 
du  faole  fin  &  parfaitement  iec.  Cette  pâte  introduite  dans  un  ma- 
tras ,  reçut  d'abord  une  chaleur  médiocre ,  j'eus  dix  à  douze  pouces 
cubiques  d'air  amiofphétique  ,  &  coui-à  coup  l'ait  inflammable  com- 
mença à  fe  dégager.  Alors,  j'augmentai  le  feu  en  prenant  garde  de  ne 
pas  trop  le  brufqucr,  &  cette  opération  ayant  etc  bien  conduite  , 
j'obtins  environ  deux  pintes  de  gas  inflammable  :  une  petite  potiioti 
de  l'huile  fut  enlevée  pat  la  violence  du  feu ,  &  je  U  retrouvai  na- 
géant   fur  ma  cuvette  &   tapilTanc  les  vafes  que  j'avois  employés. 

Il  eft  à  remarquer  que  maigre  toute  mon  .ittention  à  ciiangcr  fré- 
quemment de  mefures  pour  examiner  les  produits,  je  ne  trouvai  ja- 
mais d'air  fixe,  ce  qui  s'accorde  bien  avec  le  fentiment  que  je  viens 
davan»er ,  que  l'air  fixe  ne  peut  être  extrait  que  des  fubftances  abon- 
dantes en  phlegme,  &  qui  fouruilTent  en  racme-cems  quelques  vapeurs 
phlogiftiquées  (i). 

Le  gas  inflammable  retiré  des  huiles-,  prcfente  de  nouveaux  phéno- 
mènes, d'après  lefqucls  je  le  nommerai  air  inflammable  huileux:  cet 
air  ed  certainement  le  principe  de  l'inflammabilité  de  celui  des  marais 
ÔC   de  celui   de  la  di&illation  ,  Hc  comme  il    n'efl  altéré   en  aucune 


(1)  Si  le  fable  oo  1c  mairas  contenoicquelqne  peu  d'humiJiré,  alors  on  aatoh  un 
peu  d'air  fcmbiabtc  à  celui  des  mar^s ,  mais  janiaii  d'aii  fixe  pur,  le  pcindpe  inâam- 
œable  étant  trop  fupéiicur   à  II  paiùc  bunù>le. 

^OUST.        R 


Tomt  XIV^  Part.  11^  177J. 


ïjo       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

manière ,  il  cft  doué  <1  une  inflammabiliic  bien  rupcricurc  à  aucun  <Tes 
deux  :  fa  Hammc  cH:  blanche  ,  vive  ,  cclaunce  éc  donnant  une  fuie 
confîdérable  6c  bien  vifible  ^  mclan^c  avec  l'air  commun  &  avec  l'atr 
fixe  j  il  forme  ane  colonne  de  plus  à  chacun  des  Tableaux  imprimés^ 
ci-dclTus  »  &  devient  un  nouvel  objet  de  comparaifon  qui  s'accorde 
bien  avec  ina  manière  de  l'envifager;  alors,  le  Tableau  du  mélange 
de  latr  attourplierique  avec  les  crois  gas  inBauuvubles (t  aouvc formc 
ainlî. 


PREMIER  TABLEAU  AUGMENTÉ, 


Jlir  des  Métaux,  Air  des  MaraU.  Air  InJlammabU  huileux. 


lui.  Inflatnrmtion  alfcz  vi- 
ve y  âamme  ua  peu  bUn- 
chc 

j  Détonnation  forte ,  âain- 
mc  grande  &  blanche 

\  D^tonnaiioii  plus  foitc  & 
plus  iapi«i<. 

\  A-pcu  près  comme  dam 
J'cxpéiicQcc  de  f. 

\  Prcrquc  àt  mcmc  ,  mais 

flamme  plus  blanche. 
\  Iiiflainmacioa  diminuée. 

7  Encore  plus  diminuée. 

\  Flamme blanchiire,rtès- 
iîgèic,  fc  dififanrfii^- 
lièrcrocnt  fut  la  fiu&c« 
de  l'eau. 

\  De  même ,  mais  la  fiam- 
mc  cft  trc^-médiocrc. 

il  Plus  d'inflammatioa. 


Pur.  Inâaromatton  Icntc  > 
flamme  bleue. 


;  flamme  bleue  dcfcendaat 

peu- à -peu. 
I  flamme    bleue,    moins 

Icnïc. 
3  riammc  btew ,  mais  bbn-    ^  De  mimt, 

cbc  à  la  fuifacc  du  vaif- 

fcaii ,  moins  Icncc. 
f  Comme  dclTus. 


Pur.  flamme  très-blanche  ft 
très- éclatante  ,  brûlant 
Icnccmciit  &:  produiCuic 
de  la  fuie. 

\  A  -  peu  •  pr^  de  mime  ; 
moins  de  (uie. 

7  DcmÔDC. 


X  A-peu-prés  de  même. 

^  Flamme  bleue  defccndanc 

bien  plut  rapidcmcnc 
f  De  même. 


;  De  roésw.^ 

~i  Flamme  moindre. 

■ji   De  même 


f  De  même,  toujours  moini 

de  ftdc. 
7  Flamme  d'un  blanc  tin  peu 

bleu  &  At  moindcciiurcc. 
!f   Uo  peu  plu»  foibtc  âc  plu* 

bleue, 
f  De  même 


\  FlanuBC  bleue  plui  nq>^ 

oc. 
■n;  De  même. 

rî  Flamme  bleue  fort  vit«i 


il  Prefque  plus  d'inflamm»'    -j^  De  méroc 

non. 
^  De  même. 


i!(  Peu  de  dttfécence. 


tI)  Eocorc  moÎDS. 

^  Plus  d'iuâamautioa. 


•~  De  même. 


ix  Encore  plus  vive  &  ïtis- 
bleuc. 


SUR  VffIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,    iji 

Air  du  Mitaux,  Air  du  Marais,  Air  InfiammabU  huUmx» 

~i  A-pea-pt^s  ilemiine, 

mais  moÎQS  de  chaleur. 
77  Moindre 

17  A-peii>ptcs  demcme* 

■^  De  même. 

iV  De  même. 

■il  Flamme  moindre. 

^  Encore  moindre. 

i7  De  même. 

ir»  De  même. 

tV  Inflammation  ttêi  -  m  j- 
lUocre ,  elle  n'a  même  liea 

2u*à  l'entoor  du  corps  en. 
ammé    <]ai  cil  plonBf 
ilans  la  mafle  d'au  nw- 
langé. 
x^  Ccc  eâct  eft  moindrct 

xj  Presque  ncn. 

■il  De  même. 

iî  Demâne. 

iz  Plus  du  tout  J'inflammifT 
don.  . 

n  y  a  de  vcAmt  une  nouvelle  colonne  au  Tableau  des  mélanges 
des  gas  inflammables  avec  Taii  fixe ,  ce  qui  le  change  de  U  manière 
fuivance. 


1779.      AOUST.  Ri 


131       OBSERVATIONS   SUR   LÀ   PHYSIQUE, 


SECOND    TABLEAU    AUGMENTÉ, 

Air  dts  MtiaaXé  Air  dts  Marais.  Air  InfiammahU  hutUux. 


Pur.  lnfl.immation  affèz  vi- 
ve .  flamme  un  peu  blaa- 
chc. 

4  Inflamourion    trcs-Juni- 

nuéc. 
■f  Encore  raoïiidrc. 

;  Très-peu  d'infiaramarioiî. 

7  Prcrc^ueaufTipcttquccicn. 

f  P!ui  d'inflammation  ,  au 
contraire ,  U  bougie  s'é- 
teint. 


Par.    Inflammatbn   kiitc, 
flamme  bleue 


f  Inflammation  plos  lente , 
flamme  d'une  beau  bleu. 

f  Plas  d'inflammation  & 
la  bougie  jnêntc  c(l  ^tein* 
ce. 


Pur,  Flamme  trcsblancbe  Se 
ttds  -  éclatante  ,  brûlanc 
leincmcnt  &  produifaoc 
At  la  fuie. 

-;  Flamme  blanche  plus  ra» 
pide. 

7  Blanche  ,  mais  un  peu 
bleue 

\  Prefquc  bleue  ,  &  je  croît 
tout -à-  fait  fcmbUblei- 
celle  de  l'ait  des  mjrais. 

j  Toi)C'à>fait  bleue,  flam- 
me plui  lente. 

\  Plus  d'inflammatioa  Se  I» 
bougie  s'éteint*  >^ 


Ce  nouveau  Tableau  dcmoiitrc  que  Pair  principe  cîe  celui  des  ma- 
lais, ou  Pair  in^mmable  huileux  »  ne  le  cède  poinc  en  inrtammabilité 
au  phlogiflique  dL-g.iec  des  métaux  ,  &  nous  avons  vu  dans  le  Tableau 
préo^denc  qu'il  lui  ccoïc  fupciicar  d.ius  (on  mélange  avec  l'air  acmofphcri- 
que>  dans  la  proportion  de  ^o  à  lo  ou  de  5  a  t.  Cependant  malgic 
cette  cminente  pronrictc  inflammable ,  l'air  des  métaux  femblc  par 
lui-mcme  plus  difpolé  à  rinflanimabilio:  oue  l'air  inflammable  huileux, 
car  la  moindre  flamme  fuffit  pour  allumer  le  premier  j  de  tandis 
que  l'ctincelte  éle<fhique,ou  celles  d'uu  briquet,  plus  commodément 
encore  celles  de  la  batterie  d'un  piftoict ,  parviennent  à  l'enflammer  ,^ 
nous  voyons  que  ces  moyetis  font  trop  foibles  pour  produire  un  tel 
etfer  avec  le  gas  inflammable  huileux.  Il  exiflera  donc  toujours  de»^ 
différences  ttcs-elTèntielles,  que  je  développerai  davantage  dans  un  fécond 
Mémoire,  entre  deux  gas  que  je  regarde  comme  principes  plilogif- 
tiques  chacun  dans  leur  cfpèce,  l'un  étant  le  principe  plilogilUque  des 
métaux ,  fautre  celui  des  fuoftanccs  combullibles. 

L'air  inflaminable  huileux  eft  méphitique  au  plus  haut  point ,  &  Te 
gas  nitrcux  n'en  abforbe  aucune  partie  \  enfin  le  gas  déphlogifliqué 
mélangé  avec  lui  en  quantités  égaies  ,  produit  une  très-forte  cxplolion^ 
mais,  comme  on  Va  pu  voie  dans  le  premier  Tableau  augmente,  ja- 
mais  l'air  inflammable  huileux ,   comme*  celui   des  marais ,  ne  fait 


Sl/R  VffIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     ij, 

d*explolîon  avec  l'air  atmofphcritjue  ,  dans  telles  proportions  que  foie 
leur  mélange,  &  ceft  la  meilleure  pierre  de  touche  pour  reconnoître 
le  pas  des  nicraux  de  celui  des  matais ,  &:  de  celui  que  j'ai  appelle 
air  inflammable  huileux. 


LETTRE 

Sur  le  Problême  de  la  tranftnucacion  de  l'eau  en  terre; 

Par  M.    O^A  s  £  LTO  Jf^ 

jVj  •  la  traiirmutatîon  Jeî*eau  en  terre  Ci  familière  à  la  nature, eft  an 
problème  ,  die  M.  FAbbc  Foncana  fi),  qui  n'a  point  encore  cïc  réfolu 
ni  par  ï'Antiquitc  ni  par  les  Modernes.  Les  ingcnieufei  expériences 
que  les  Savaas  de  l'Europe  ont  faites  de  nos  jours,  n'ont  point  encore 
tiré  <e  rideau  fur  ce  voile  de  la  nature  ,  celles  de  M.  l'Abbé  Fontana  lui- 
mcms  ne  l'ont  pas  fatisfàir,  Se  il  paroît  plus  fceptique  fur  ce  fujet  qu'il  ne 
rétoit.  Tous  les  rcfulcats  de  cesSavansfonr  diffcrensSc  contradidoires,  ce 
qui  ne  peut  provenir  que  de  la  manipulation  &  de  ce  qu'ils  n'ont  poinc 
affvz  imité  la  nature  dans  Ces  opérations;  je  les  vois  prefque  tous  dans 
leurs  laboratoires  enflammés  ,  détruire  la  nature  plutôt  que  de  la  fé- 
conder ;  elle  ne  fe  fert  point  de  feux  dévotans  qui  la  coniument,  pre- 
mière caufe  de  la  différence  des  rcfultats. 

La  fe^-onde  caufe  ne  proviendtoir-elle  pas  auilî  de  la  forme  des 
*Tàfes,  de  leur  peu  d«  capacité,  car  la  nature  ne  fe  fore  ni  de  cornues 
m  d'alambics  ,  &  rarement  de  matras  :  je  crois  que  le  plus  grand  nom- 
bre de  fes  vaifTeaux  efl:  de  forme  cylindrique;  on  reconnoît  cette  for- 
me d^ns  les  vailTeaux  des  animaux  ,  dans  ceux  des  végétaux  ;  les  vei- 
nes des  animaux  font  cylindriques,  les  vailfeaux  des  plantes  fe  font 
aulli ,  ce  que  l'on  rcconituït  i  la  paille  du  bled  &c  i  prefque  routes 
les  plantes;  les  cxhalaifons  qui  s'élèvent  daris  l'ait  forment  auHt  des 
colonnes  cylindriques  dans  lesquelles  elles  s'élcvent  avec  beaucoup  de 
rapidité;  ces  colonnes  font  à  chaque  infiant  hrifces  par  les  animaux 
qui  tes  traverfent ,  &  rétablies  dans  le  même  inilanr;  elles  font  ptef- 
que  imperceptibles,  cependant  je  les  ai  observées  a  un  trou  quatre- lonç 
pratique  dans  la  coaverture  de  ma  maifon  par  oiî  un  rayon  de  foleîl 


(i)  Daol  (ôd  Mémoire  iatlté'  n  Jotitaal  dç  Pliyfi^ae ,  Mars  1779, 


1^4      OBSERyATIOTiS  SUR  LÀ   PHYSIQUE  j 

pafle,  il  paroitroit  former  une  colonne  cylindrique  <jui  pouvoit  avoir 
iix  pouces  do  diiimècre  ,  dans  laquelle  des  exhalaifons  voluinincufes 
moncoiciic  trèsTcapidemenc  en  roumanr  les  unes  fur  les  autres  en  ligne 
fpirale. 

C  eft  d'après  ces  obfervations  que  je  me  petfiude  que  Ci  l'on  fe  fer- 
voie  de'  vaiffeaux  cylindriques  arrondis  par  les  fonds,  plutôt  que  de 
tous  les  autres  vailîeaux  dont  on  s'ed  fervi  jufqu  prcfent ,  on  imite- 
roit  mieux  la  nature  dans  fes-  vafes  ,  mais  il  fauaroit  qu'ils  flifTenc 
élevés  6c  qu'ils  pulTeiu  contenir  au  moins  fix  pinces  d'eau  dans  toute 
leur  capacicc  ;  on  metcroir  dans  les  uns  le  quart ,  dans  d'autres  le  tiers  , 
&c  dans  d'aunes  moitié^  on  pourroic  encore  les  fubdivîfer  en  plus  Se  en 
nioins  ,  car  d^is  ces  fortes  d'expériences,  l'air  renferme  y  joue  le 
plus  grand  rôle  ,  à  quoi  M.  l'Abbé  Fontana  n'a  point  fiiir  attention  ; 
il  attribue  au  feu  l'aue me n cation  du  poids  de  les  vafes  ,  qui  fonc 
auHt  perméables  i  la  fubllance  de  la  lumière  qu'à  celle  du  feu.  Je 
crois  très-important  pour  les  Obfervateurs  que  ces  vafes  folent  de 
cryftalou  de  verre  blanc,  afin  qu'ils  puilTent  obferver  exa^ement  tous  les 
cliangemens  qui  fe  fërouc  dans  leurs  opérations ,  lefquets  feront  diffc- 
rcns  luivam  le  plus  ou  ie  moins  de  liqueurs  contenues  dans  les  vafes , 
Se  les  dilfcccns  dt^rés  de  chaleur  qui  ne  font  que  caufes  occafion- 
fielles  Se  miliemenc  efficiences.  Je  oois  prévenir  que  tes  procédés  dans 
CCS  vafes  plus  ou  moins  pleins  d'eau  >  feront  diffcrens  les  uns  des  autres 
quoiqu'au  mcme  degré  de  chaleur  ;  différence  que  j'atctibue  au  pl)W 
ou  moins  d'air  qui  y  eft  renfermé. 

L*eau  Se  l'air  font  très-capables  de  recevoir  toutes  les  formes ,  routes 
les  odeurs  ,  coures  les  faveurs  Se  toutes  les  teintures  ;  l'air  contienc  eu 
oufre  la  fublïancc  de  la  lumière,  l'efprîc  inflammable,  ou  ce  que  l'on 
appelle  le  pMlogiftique.  Que  Ion  confidére  d'après  cela  ce  que  ces  deux: 
grands  corps  fonc  capables  de  produire  lorfqu'ils  font  aidés  par  l'art  qui 
imite  la  nature  au  plus  pcCs  poHible  ,  fans  vouloir  ta  limiter  comme 
M.  l'Abbé  Foncana,  qui  n'entend  donner  que  dix-huic  mois  à  fa  plus 
grande  digeftion. 

La  nature  dans  toiucs  fes  opérations  a  fon  tcms  limité,  fes  limites 
dans  les  animaux  Se  dans  les  végétaux  fonc  infinies,  Se  i  de  très-gran- 
des diftances  les  unes  des  autres  dans  les  ouvrages  qu'elle  conduic  i 
leur  perfctfkion  ,  comme  ceux  de  la  fruftification  &  de  l'incubation  (  i)  j 
elle  y  mec  encore  de  bien  plus  grandes  diflances  pour  les  ptcpaiec  & 


(0  Pat  încnbatton  ,  j'cnrcndî  le  tcms  «^ae  touï  k^  animaui  ,  Toir  ovipares  ou  vivj. 
f  arcs ,  mettent  à  produire  leurs  petits  ,  ^lam  in.ltfrcixm  <^ue  l'incubarîon  fe  faflc  dant 
un  (Ttif  ou  dans  une  mairice,  ra<iltoivcfl  à  pcu-pici  la  même  Tuivant  le  pljf  ou  le 
Boius  de  icms  ncccÛaiTC. 


Sim  VMIST.   NATUREim  ET  LES  ARTS.     i)$ 

les  amener  à  cecte  pcrfedton  :  ainfi  il  feroic  je  crois  dntgetcux  <ie  lui 
donner  des  bornes  ,  fur-tout  dans  un  ouvrage  infonnn  ,  diins  un  ou- 
vrage qui  eH  peut  ctre  le  premier  pas  que  Tait  la  nature  pour  U  pro- 
duviion  (îes  trois  règnes  ;  car  il  eft  inconteftable  que  le  règne  minéral 
eil  le  plus  imp'rfiii ,  que  le  règne  nnimal  eft  le  plus  parfait  :  le  végé- 
tal qui  rient  le  milieu  ,  participe  pcut-ctre  de  la  nature  des  deux 
autres;  c'eft  ce  que  je  u'entreprendrai  point  d'examiner,  cela  m'cloigne- 
roic  trop  de  mon  uijer. 

J'ai  partoutu  beaucoup  de  laboratoires  ,  je  les  ai  comparés  à  des 
Volcans ,  tantôt  embrafés  Se  tantôt  éteints  :  celui  de  M.  l'Abbé  Fon- 
tana  refTemblc  au  Véfuve  dont  il  eft  voifin  :  dans  les  éruptions  de  fon 
labor.itoire  ,  des  vafcs  fe  font  cafTés,  d'autres  fc  font  iour-A-co\ip  re- 
froidis y  les  matières  fublimces  fi  rapidement  &  refroidies  de  même 
fe  font  congelée?  :  Ci  n'eft  pas  'de  cette  manière  que  traTarUela  nature; 
fon  premier  laboratoire,  &  le  plus  important»  le  tient  dans  l'atmof- 
phère  tant  célefte  que  tetceftre,  &i  fon  fécond  dans  fes  vafes  renfer- 
més dans  la  terre,  dans  les  ceins  des  animaux  Ôc  d:ms ceux  des  végé- 
taux où  elle  produit  les  trois  règnes,  fclun  les  loix  que  le  Créateur 
lai  aimpofces,  dont  elle  ne  s'écarte  jimais  que  pàt  accidens. 

Je  viens  de  tracer  rapidement ,  M.  ,  les  vafes  dont  je  crois  que  U 
nature  fe  fert  fur  la  terre  ■,  il  n'eft  plus  queflion  que  de  la  clialeur 
motrice  ;  cette  clialeur  doit  imiter  celle  de  la  nature ,  elle  doit  être 
égale  5c  continuelle,  ni  trop  chaude  ni  trop  froide)  il  faut  fur-tout 
éviter  de  palfer  d'une  extrémité  à  l'autre  ,  rien  n'eft  fi  contraire  d  la. 
nature  :  cette  fagé  mère  paiTe  toujours  par  dos  milieux  avant  d'acrivei 
uax  extrêmes. 

D'après  ces  principes  ,  il  feroit  peut-être  2  deHcer  pour  le  plus  grand 
progrès  de  cette  partie  d'Hiftoire  Naturelle,  que  les SavansvoulufTenc 
abandonner  leurs  laboratoires  bmlans  pour  n'en  avoir  que  de  modérés, 
&  qui  ne  foient  pas  plus  chauds  en  tous  tems  que  les  étés  dans  nos 
Provinces  feptentnonales.  J'en  ai  un  qui  remplit  toutes  ces  conditions, 
on  ne  le  charge  que  deux  fois  en  vingt  quatre  heures ,  &  on  n'en  ôie^ 
les  cendres  qu'une  fois  pat  femaine,  c'eft  toute  l'attention  qu'il  exige: 
du  refte  ,  l'ouvrage  eft  conâc  aux  foins  de  la  nature  ,  c'eft  elle  feule 
qui  le  conduit,  je  ne  fais  que  l'aider  &i  acccictcr  fes  opérations  com- 
me le  Jardinier  le  fait  dans  fes  ferres  chaudes  :  c'eft  aufti  par  elle  que 
l'ai  tranfmué  de  l'eau  en  terre,  non  en  totalité,  parce  que  cela  eft  im- 
poflible  ,  vu  que  l'eau  contient  feule  toute  la  nature;  c'eft  le  feul  Se 
unique  élément  qui  tient  enchaîné  cous  les  autres ,  il  eft  aAif  &  paflîf 
tout  enfcmbie ,  Se  lorfque  l'eau  dépofc  au  fond  du  vafc  fa  partie  cralTfi 
en  forme  de  fcdiment  gris,  avant  d'ea  venir  U ,  elle  palie  par  beau* 
coup  de  murations  ,  en  raifon  des  variétés  &  combinaifons  des  prin- 
cipes conftitucifs  des  corps;  mais  ce  fédimenc  fe  diftouK  i  fon  tour  Se 


t5ff       OBSERVATIONS   SVR    LA  PTfYSTQUE^ 

fonne  un  mixte  nouveau  très-tmpfttfiiic  j  !a  vérîtc.  C'eft  tout  ce  que 
j'.ti  pa  obtenir  depuis  tiois  ans  que  je  travaille;  j'ai  en  outre  obfervé 
que  non- feulement  i'eau  Te  change  en  terre,  mais  que  la  terxe  Te  change 
aufli  en  eau  ,  ir  vicifftm, 

Voili  des  fjits  bien  articules  par  M.  Wafelton.  Nous  permettra-t-il 
de  le  prier,  au  nom  de^  Phyficlens  ,  de  leur  communiquer  Tes  procé- 
dés; ceft  Icfcul  moyen  d'inftruire  5c  d'augmenter  d'un  fait  déplus  la 
maJfe  des  connoiirances  humaines.  Ce  pas,  ce  grand  pas  une  fois  fait  » 
nuvriroît  une  vafte  cicrièrc  pour  une  mulntude  d'eïpériences  ,  &  de  ces 
exjKriences  combinées,  il  en  rcfulreroit  peut-être  les  plus  grands  avan- 
tages pour  le  bonheur  de  la  Sociccc. 


D  E  S  C  R  I  P  T  I  O  N 

D*un  nouvel  Eudiomècrej 
Par  M.  G  ATT  4  Y. 

-L/epois  1ônj;-tems  les  Phyficicns  cherchoienc  on  moyen  pour  con- 
noJtre  avec  exaditude  la  falubritc  de  l'air.  Fnftn  les  découvertes  vrai- 


en 

r 


ment  curicufes  &  utiles  du  céiéhre  &  modtfte  DoÔeur  Prieftley.  leur 
ont  offert  ce  moyen  tant  deûté,  dans  le  phénoniène  que  prcfente  la  com' 
binaifon  de  l'air  nitreux  avec  Icsdiffcicnresauiiesefpèces  d'airtmaîs  pour 
rendre  rufaee  plus  général  &pIuN  utile,  il  f.Iloic  trouver  un  inflrumcnt 
i  réunît  U  plus  grande  limpli.iic  à  l'ex.^tlitudc  néctilairc;  t'eft  ce  que 
e  font  propofés  quelques  Pliylîcien^;  on  trouve  dans  le  Journal  de  Phyiî- 
que  la  defcripcion  de  différentes  cfpcies  d'Hudiomccres ,  dont  l'inven- 
tion cil  év^alement  ingéiiieufe  ,  5c  ne  laiircroit  rien  à  deiîrer  s'ils  étoient 
d'un  ufage  plus  commode  qu'ils  ne  font  en  effet ,  puifqu'ils  exigent 
toujours  un  appareil  compliaué ,  ce  qui  les  rend  inutiles  hors  du  cabinet 
d'un  Phyiîcicn  ;  &  en  cela ,  l'un  peut  dire  qu'ils  n'ont  pas  rempli  le  but 
propufé.  Celui  dont  i)  s'agit  in  n'offre  pas  les  mêmes  inconvéniens  , 
puilqu'à  l'avantage  d'&tre  aurtî  exact  au  moins  que  les  autres,  il  joint 
celui  d'crrc  plus  portatif,  &  de  pouvoir  éite  employé  dans  toutes  fortes 
de  lieux,  même  par  les  perfonncs  les  mom>  accotitumces  i  ces  fortes 
d'etpériences;  nuis  avant  d'en,  donner  U  defcription ,  je  déclare  que 
j'en  ai  conçu  l'idée  d'après  ont  «diomctre  d'une  efpéce  particulière  qu'a 
imaginé  M,  Volta  ,  Auteur  des  belles  expériences  fur  l'air  inflamm.ible, 
inftTument  qu'il  a  déait  dans  Ix  Icare  iJvl.PiisiUey,  infétcç  dans  le 

Jourual 


SUR  l'HIST.  NATURELLE   ET  LES  ^ RTS.    157 

Journal  de  Phyïique  Hu  mois  de  Novembre  1778.  Quoique  cce  Eudio- 

niccre  foit  conftruir  dans  des  princijies  dlffcrens  de  ceux  daas  lefqucls 

hont  écc  imaginés  les  aucres.ayanc  pour  bafe  le  phciiomcne  de  l'iiiÛam- 

unarion  de  l'air  par  l'étincelle  électrique»  au  lieu  de  celui  qu'offre  la 

%conibinaifon  de  I  air  nicreux  avec  les  aucres  forres  d'airs ,  (  différence  fur 

le  mérite  de  laquelle  je  n'entreprendrai  pas  de  prononcer  )  j'ai  penfc 

qu'il  étoit  polTiblc,  au  moyen  de  quelques  chaiigemeiis,  d'en  appliquer  le 

lïïccliauifme  à  un  inftrumeiu  qui  feroit  coiiflruit  dans  les  principes  déjà 

connus  &  adoptés  plus  géncralemenc  par  les  Phyficiens.  Le  nouvel  Eu- 

dioniétre  que  j'ai  imaginé  dans  ce  plan ,  n'eft  donc  «jue  celui  de   M. 

Voira ,  adapté  A  l'expcttence  de  l'air  nicreux. 

M  C*  eft  un  tube  de  verre  courbé  en  forme  de  fyphon ,  de  manière 
roue  la  branche  M  foir  de  quelques  lignes  plus  longue  que  la  branche  /•. 
U  fort  de  ce  rube  en  E ,  un  riucre  tube  EF.  Il  eft  garni  en  t  extérieure- 
ment d'une  virole  à  vis. 

G  eft  un  Hacon  de  cryftal,  dans  le  col  duquel  eft  fixé  &  fcellé  hermé- 
tiquement un  lube  d'un  verre  fort  épais ,  garni  de  1  robinets  de  cryftal  H 
&  I  bien  ajuftés,  &  d'une  virole  à  vis  pour  l'adapter  en  F  au  tube  EF, 

RR  eft  une  planche  fur  laquelle  on  fixe  le  rube  MC^  ,  comme  on  le 
voit  dans  la  iîgure  (  t  )  j  cette  planche  peut  ctre  prolongée,  comme  il  eft 
tracé  dans  la  même  figure  en  T,  &  hxée  perpenditulairement  fur  une 
autre  planche  horifontile  Q ,  ce  qui  formera  un  pied  i  l'inftrument. 

Sur  certe  planche  ,  d  fon  extrémiré  fupcrieure  en  u ,  eft  attachée ,  par 
une  ou  plulîeurs  vis ,  une  pièce  de  cuivre  coudée ,  qui  porte  une  vis  l*. 

a  eft  un  morceau  de  glace  fort  épais ,  taillé  circulairemenr  du  diamè- 
tre du  tube,  bien  drcffc  &  garni  vers  fon  bord  dans  une  feuillure  prati- 
Î|uée  à  cet  effet  d'un  cercle  de  cuir.  Ce  morceau  de  clace  doit  s'appliquer 
ur  l'extrémité  h  du  tube,  &  fert  à  la  boucher  hermétiquement,  au 
jnoyeu  de  la  vis  de  preftîon  P ,  avec  laquelle  on  l'y  tient  affujetti. 

(  Comme  il  eft  toujours  néctftàire  dans  les  observations  que  l'on  fait 
avec  cet  inftrumenr»  de  connoître  la  température  de  l'armofphère ,  on 
peut  y  ajouter  un  thermomètre , qu on  placera  fur  la  mcme  planche, 
ainfi  qu'on  le  voit  dans  la  iîffure ,  défigné  par  les  lettres  Z  &  O  ). 

Les  points  marqués  fur  la  planche  par  les  chifres  1,1,5,  ^^-  '^'"^ 
les  divilioos  de  la  capacité  du  tube  en  autant  de  portions  oii  inefure* 
égales  d  l'efpace  compris  entre  les  deux  robinets  H  &c  1.  Voici  commcnc 
on  parvient  à  tracer  cette  divilîon. 

On  joint  le  llacon  G  au  refte  de  rinftrument,  pat  le  moyen  des  deux 
viroles  à  vis  F ,  &  peut  qu'il  ne  refte  aucun  palïage ,  foie  à  l'air ,  foie  i 
l'eau  ,  on  place  entre  les  deux  tubes  un  petit  cercle  de  cuir  ou  de  la  cire, 
Les  robiners  H  &  l  étant  fermés,  on  remplit  d'eau  le  tube  MC*,& 
l'on  pofc  le  bouchon  en  (^ ,  ayant  grand  foin  qu'il  n'y  refte  pas  U  moin»- 

Tome  Xir,  Part.  IL  1 779,  JOI/ST,  $ 


ijT     onsERrjTTONS  svn  l  physique, 

lire  bulle  d*.iir,  ce  qui  n'cft  pas  diffitîîc.  Alors,  lî  ion  ouvre  le  robincs 
H  ,  une  parrie  cie  l'eau  contenue  dans  le  cube  C ,  defccndra  jufqu'en  I , 
&  déplacera  l'air  qui  ccoic  contenu  dai>s  cet  elpace^  cet  aie  ira  occuper 
le  fommet  du  tube  en  h.  On  marquera  fur  la  planche  difpofce  à  cet 
effet,  l'endroit  où  l'eau  fera  defccndue  j  je  fuppofe  que  cet  endroit  foie 
le  point  X ,  on  fera  cettain  que  Tefpacc  ^x  fera  égal  à  l'efpice  H  I ,  puif- 
qu  il  fera  occupe  par  la  mcmc  quanticc  de  matière. 

Pour  continuer  la  graduation  ,  on  fermera  le  robinet  H ,  Se  ronctivrin 
celui  qui  efl:  dc^gné  parla  lettre  I  ;  l'eau  conccntic  dans  l'efpacc  H  I  dcf- 

ira. 


premier.  On  marquera  une  féconde  divifion,&  l'on  aura  deux  mefures 
cxaâ^emenc  égales ,  puifqu'elles  auront  été  produites  par  deux  quantités 
abfolument  égales  cllcs-mcmcs. 

On  continuera  ainlljufqu'i  ce  qu'on  ait  rempli  toute  la  longueur  du 
tube  de  graduations ,  &  l'on  aura  une  échelle  plus  ou  moins  étendue, 
fuivant  la  proportion  qui  fc  trouvera  entre  les  diamètres  des  tubes  Se 
leur  longueur.  On  pourra  fubdivifer  chaque  mefure  en  autant  de 
portions  qu'on  le  croira  convenable,  &  rinftrumcnt  fera  achevé.  Maiucc- 
junr  il  faur  expliquer  quelle  eft  b manière  de  sen  fctvir. 

Il  faut  d'abord  remplir  d'air  nirreux  très- pur  (i]leâacon  G,  fermer  Te 
robinet  1 ,  &  l'adapter  au  tube  F  E ,  comme  il  a  été  indiqué.  Alors ,  on 
ouvrira  le  robinet  H  ,  &  l'on  verfera  de  l'eau  dans  le  tube  MCp,  juf- 
qu'à  ce  qu'il  n'y  rc(le  que  la  portion  d'air  qu'on  voudra  examiner.  Je 
iuppofe  que  l'en  veuille  éprouver  une  portion  d'air  aimofphéiique  égale 
à  4  mefures,  on  verfera  donc  de  l'eau  en  M  ,  jufqu'â  ce  qu'elle  foie  mon- 
tée d.ms  la  branche  A,  au  point  de  divifion  marqué  par  le  chifrc  4» 
parce  qu'il  reftera  dans  ce  tune  4  mefures  d'ait  de  l'atmofphcre.  On  bou- 
chera l'extrémité  i  de  la  manière  prefcrirc ,  on  fermera  le  robinet  H ,  & 
l'on  ouvrira  celui  I.  L'eau  conienae  dans  l'efpacc  H  1  tombant  dans  le 
flacon ,  fera  remplacée  par  une  égale  quanticc  d'air  nttreux  qu'elle  aura 
déplace  'y  on  fermera  le  robinet  1  Se  l'on  ouvrira  celui  H ,  la  portion  d'air 
nitreux  renfermée  dans  lefpace  H  [  cédera  auili-tôr  la  place  i  l'eau  du 
tube  C  ,  Se  montera  dans  la  partie  fupcrieurc  de  ce  même  tube  :  là, elle  fe 


(i)  Voyci  dans  le  Joanul  dcPhylîquc  ,  TomeX!  ,  Panie  I ,  pagt  ijo ,  la  Méthode 
indiquée  fu  M.  MagcUan ,  pour  (c  rrocvircr  l'ait  nîtieux  pitr  Se  À-peu-près  toujoarj 
de  la  mévac  qualité  i  le  Aâcon  une  fois  rempli  pourra  fcrvir  i  un  grand  nombre 
d'expériences  ,  cnforcc  que  cette  opération  ne  fera  pas  néccflairc  à  cbaqac  fbis  que 
l'wi  vaudra  obfcivcr  l'état  de  rataion>hcrc  j  mais  Iculcmcoc  loiHjue  le  téCcrvoir  G 
fera  ifxixCé  par  des  cxpéiteoces  rifitcrcct. 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      119 

combinera  avec  la  portion  d'air  atmofphifnque  qu'on  y  a  renfermée, & 
l'on  rcconnoîtra  ï  la  diminution  plus  ou  moins  grande  qu'aucouc  éprou- 
vée ces  deux  portions  d'air  >  quel  e(l  le  degré  de  falubritc  de  celui  qu'on 
examine.  S'il  c^  nccedairc  d'ajourer  de  nouvelles  mcfures  d'^ir  nïcrcux  , 
il  Tùlfira  de  réitérer  ,  autant  de  fois  que  l'on  voudra  ajouter  de  mefures  y 
l'opcracion  d'ouvrir  &  fermer  fucceiîivemenr ,  &  dans  Tordre  que  l'on 
vient  d'indiquer ,  les  robinets  H  &:  ï.  Rien  n'eft  plus  facile  que  cette  ma- 
nipulation ,  comme  on  le  reconnoîcra  avec  un  peu  d'habitude. 

Si  l'on  veut  avoir  un  infhumenc  avec  lequel  on  puifle  éprouver ,  non- 
feulement  l'air  de  l'atmofphcre ,  mais  encore  toute  autre  elpcce  d*air ,  it 
fuffira  de  faire  un  léger  changement  à  celui-ci.  Au  lieu  du  tube  Fo  de  la 
tîgure  première ,  droit  &  garni  fimplement  de  deux  robinets ,  on  fubfli- 
tuera  le  tube  m  no  de  la  figure  dciLXtcme ,  dont  les  deux  extrémités  cour- 
bées enpÔc^  font  fccltées  dans  les  deux  flacons  G  &  K.  Du  milieu  de  ce 
tube  en  r  s'élèvera  perpendiculairement  une  branche  r/i,  garnie  à  fon  ex- 
çrémirc  n  d'une  virole  i  vis,  deftinée  à  s'adapter  en  F,  fi^ire  premictc. 
Cetre  branche  rn  porte  un  robinet  d«  cryftal  a ,  bien  ajunc ,  &  le  tube 
lui-même  en  porte  deux^tf ,  à  peu  de  diAance  deTembranchemenr. 

11  faudra  aufTi  changer  un  peu  la  forme  du  pied  de  l'inflrument,  fi 
Von  en  fait  Un  ,  &  le  couper  de  manière  que  les  deux  fUcons  G  &  K 
^puiflent  s'adapter  librement  au  tube  E  F.  On  peut  lui  donner  la  figure 
;  qu'indiquent  les  lettres  T  V. 

Voici  maintenant  comment  on  fera  aiàge  de  cet  infiniment  ;  après  avoir 
fiempli  l'un  des  flacons  d'aic  nitreux  (i)  &  l'autre  de  l'efpcce  d'air  que 
l'on  voudra  éprouver,  on  les  adaptera  au  tube  MC^,  par  le  moyen 
des  deux  vïroles  X  vis  n ,  figure  deuxième,  &  F  figure  première;  on 
ouvrira  le  robinet  a  ,  &  ion  remplira  le  tube  MCA  d'eau  jufqu'en  i>\ 
on  pofcra  le  bouchon  fur  Textremité  de  ce  tube  ,  &  l'on  fermera  le 
robmet  a.  Si   c'ell  l'air  du  flacon  K  que  l'on  veut  faîte  paifer  le  pte- 


(r)  Je  ne  crois  pas  n^ccflâire  d'indiquer  U  manière  d'introduire  l'air  dans  les 
flacons,  cctrc  m^ibode  étant  fuilirainnKnc  connue  de  cous  les  Phycicns,  &  les  lobi- 
octs  ^  8c  c  rendant  ici  cette  opération  cxticmcmcni  facile. 

J'obfervcraî  à  cette  occafion,  qu'il  feroii  fort  à  délirer  que  l'ott  fabriqaât  com- 
munément dans  les  Manufaâures  des  vai^caux  qtii  pufTcnt  ainâ  fermer  exaâcmcnc 
pai  le  moyen  de  robinets  de  cryflal  ajullés  à  l'cmcril.  Ils  dcviendtoîcnt  d'un  ufage 
A  général  ic  iî  commode  dans  les  Cabinets  des  Piiyfîcicns  ,  dans  les  Laboratoires 
des  Ctiymîfies  ,  dans  les  Pharmacies ,  flcc.  que  cdai  qui  auroit  le  premier  entrepris 
ce  gcoie  de  travail  s'eo  vcrroit  bientôt  r^compcnfé  par  un  d^bic  coniid^rablc.  Il  fuf- 
6rou  de  faire  un  rcrâemcnc  au  col  des  tlacons  comme  en  i  fig.  ) ,  3c  d'y  pratiquer 
un  trou  a  dans  lequel  on  ajullcrott  le  robinet  e.  Quant  à  ce  robinet ,  au  lieu  mcme 
de  le  percer  comme  à  l'ordinaire,  il  fuffiioic  dans  bien  des  cas  d'y  faire  uoc  caiullc 
de  chaque  côté  comme  co  d, 

1779.    AOUST.  S  i 


140  OnSERVATIOKS  SUR  LA  PllYSÎQUEj 
miec  dans  le  tube ,  on  ouviica  le  robinet  c ,  &:  Ton  inclinera  un  peu 
linllrument,  afin  que  foute  l'eau  contenue  cmtc  les  trois  robinets  abc  , 
sccoule  dans  ce  flacon  \  s'y  écoulant ,  elle  fera  remplacée  par  une  égale 
c]uantitc  de  l'air  du  flacon.  Ou  fermera  le  robinet  c,  &  l'on  ouvrira  le 
robinet  n  :  l'eau  tombant  alors  du  tnbç  M  Ci  dans  Tefpace  renfermé 
par  les  trois  robinets  abc ,  cet  air  montera  dans  la  partie  fupcrieute  du 
tube  en  ^ ,  &  l'on  aura  une  mefure  de  l'air  contenu  dans  le  flacon  K.  On 
réitcret.!  cette  opcratioa  autant  de  fois  que  l'on  voudra  avoir  de  mefurcs 
de  cet  air. 

Pourfu.ire  pafTer  enfuitc  dans  la  partie  graduée  du  tube  MCi  l'air  du 
flacon  G ,  on  n'aura  qu'à  fermer  &  ouvrir  alternaiivement ,  d.ins  le 
incme  ordre  6c  autant  de  fois  que  l'on  voudra  avoir  de  luefuies  de  cet 
air  ,  les  deux  robinets  a&cby  c'eft-à-dire ,  que  l'on  fermera  le  robinet  a 
&  que  l'on  ouvrira  b  j  que  l'on  fermera  enmite  ce  dernier  pour  ouvrir  le 
premier  à  chaque  fois  que  l'on  voudra  taire  monter  une  nouvelle  mefure. 

On  voit  que  par  ce  moyen  l'inftrument  devient  exctcmement  utile, 
fans  cellcr  d'être  également  (impie  &  commode  à  manier.  U  ne  le  ferott 
pas  moins  quand  même  on  ajouteroit  un  troilième  ou  même  un  qua- 
trième flacon ,  par  le  moyen  de  deux  nouvelles  branches  &i  de  deux 
autres  robinets.  Addition  qui  feroit  fort  avautageufe  pour  comb'mei 
cnfcmble  trois  &  même  quatre  efpêces  diffcruntcs  d'air. 

Il  cH  inutile  d'ajouter  à  régjra  de  la  graduation  du  tube  dans  tous 
CCS  cas  5  qu'elle  fe  fêta  de  la  manière  indiquée  ci-deflus  pour  un  feul 
flacon,  en  mcrquant  le  long  du  tube  MCi,  fur  la  planche  RR,  les 
points  auxquels  correfpondtont  les  portions  d'air  q^ue  l'on  fera  monter 
iucceflivemenci 


ESSAI 

Sur  ïcs  moyens  de  rendre  la  Navigation  du  Canal  Je 
Languedoc  plus  aifée  ; 

Par   M,  Gboffroy  ,  DlrcHtur  du  Canal ,  fi-  dt  CAcadémc 
des  Sciences  de  Béliers,. 


T.  Xj'on  ne  fauroit  avoir  an~ez  des  routes  différentes  pour  parvenir 
au  même  but.  Tant  de  circonftanceî  locales  concourent  dans  l'exécu- 
tion d'mie  mêtne  chofe ,  en  divers  pays  ,  que  l'on  parviendroit  fou-- 
vent  à  vaincre  tel  obftacle  fi  plufleurs  moyens  fut  le  même  objet  nous 
fuÛènt  connus. 


SUR  VHIST.   KArVRF.llF.  ET  IBS  ARTS.      141 

1.  Le  grand  avantage  qui  rcfulce  de  la  mulEÎplicité  des  canaux  , 
dcftcrmine  à  en  exccuiec  dans  certains  pays,  &  à  en  projetée  dans 
d'autres.  Le  Canal  de  Languedoc  pour  cjui  particulièrement  ces  lefic- 
xions  font  faites»  devenant  ,  pour  ainfi  dire»  le  modèle  de  tous  les 
canaux  pat  la  perteâion  qu'il  acquiert  tous  les  jours  j  nous  a  tburni  la 
matière  de  celles  que  nous  propofons»  non  comme  entièrement  neu- 
ves ,  mais  en  tant  qu'il  eft  de  fait  que  les  Ariiftes  qui  ont  contribue 
à  rétabliiTcment  des  divers  ouvrages  de  ce  Canal ,  n'en  ont  poiiufaic 
l'application. 

5.  Perfuadc  que  l'on  pourroît  bien  l'imiter  tant  dans  la  conftru^tion 
de  ces  nicmcs  ouvrages  »  que  dans  celle  des  bateaux  qui  y  font  en 
ufage  ,  ces  dermers  étant  fufcepiibles  d'une  forme  plus  avantageufe  » 
j'ai  cru  devoir  m'occuper  de  quelques  rcBexions  i  cet  égard. 

4.  Le  Dotteur  Franklin,  deuxième  Volume  de  fesCSuvres»  dans  une 
Lettre,  page  257 ,  adrelTée  au  Chevalier  Jean  Pringle  fur  la  proR3ndeur 
des  canaux  navigables  ,  rapporte  une  expérience  qui  prouve  que  la 
différence  de  vîtellê  d'un  lâaieau  dans  un  Canal,  dont  la  profondeur 
varie ,  va  i  plus  d'un  cinquième  entre  la  plus  grande  &  la  moindre 
de  ces  profondeurs. 

5.  ••  De  forte  qu'en  fuppofant  de  grands  cananx  ,  de  bateaux  de  fer- 
>»  vice  &  des  profondeurs  d'eau  dans  les  mêmes  proportions .  s'il  fal- 
M  loic  quatre  hommes  ou  quatre  chevaux  pour  tirer  un  bateau  à  quatre 
9»  lieues  en  quatre  heures ,  les  eaux  étant  hautes  »  il  faudroic  y  ajouter 
»»  uii  cinquième  tireur  pour  faire  ^ire  le  même  chemin  au  même 
n  bateau  dans  le  même  tems  »  les  eaux  étant  baifes ,  on  il  faudroic 
«  s'attendrç  ine  faire  le  voyage  qu'en  cinq  heures  au  lieu  de  quatre  «'. 

6.  De  favoir  fî  cette  diftérence  eft  d'une  alTez  grande  confequence 
pour  compenfer  l'augmentation  de  dcpenfe  qu'exigeroit  une  plus  grande 
excavation  des  canaux ,  c'efl  une  affaire  de  calcul  »  &c. 

7.  D'après  ces  principes  fi  l'on  donnoit  au  Canal  de  LangnedcK  «ne 
plus  grande  profondeur ,  les  bateaux  qui  naviguent  auroicnt  d'auranc 
plus  de  facilite,  que  cette  même  profondeur  laiircroit  une  plus  grande 
colonne  d'eau  au-de({ous  du  bateau. 

8.  Mais  cette  facilite  ferait  acquiCe  par  une  dcpenfe  beaucoup  au- 
deffus  de  l'ufage  qu'on  en  retireroit.  C'cft  un  fait  inconteftable  &  qui 
n'a  pas  befoin  de  preuve. 

9.  L'expérience  nous  prouve  ,  par  la  grande  quantité  de  plantes  qui 
fe  font  multipliées  dans  l'incctieur  &  fur  toute  la  longueur  du  Canal 
<le  Languedoc  &  donc  la  vcgctacion  efl:  fi  hâtive  de  h  continue,  qu'à 
peine  les  a-t-on  enlevées  qu'elles  font  remplacées  avec  une  prompti- 
tude étonnante ,  que  tous  les  cananx  poarroienr  être  dans  le  même 
cas  :  poifque  dans  l'origine  de  celui-ci ,  il  n'en  exiftoir  point  du  tout 
pu  du  moios  ucs-peu>  ii  que  pac  un  aflez  long  efpace  de  tenu  elles 


141     OBsnnrATioKS  sur  la  physique^ 

fe  font  enfin  reproduites  dans  toute  fon  étendue ,  à  moins  que  quel- 
que caufe  que  l'on  ignore  en  certaines  poiîtions  ne  devînt  contraire 
à  la  mulcipUcation  de  ces  plantes  aquatiques.  Ce  cas  excepté  ,  le  moyen 
propoic  par  M.  Franklin  devient  pour  ainll  dire  nul,  puifquc  ne  pou- 
vant, lotrquc  ce  Canal  e(l  plein  d'eau,  enlever  ces  plantes  qu'à  une 
certaine  profondeur ,  il  en  refteroit  toujours  à  Ton  foncb  une  couche 
qui  foimant  enfemble  une  malfc  ,  réduiroit  toujours  la  colonne  d'eau 
à  une  hauteur  moindre  que  la  profondeur  effective  du  Canal. 

10.  Partant  du  principe  de  notre  illuftre  Auteur ,  un  bateau  quelcon- 
que charge  jufqu'à  fa  préceinte  de  charge,  ira  d'autant  plus  vite  ,  que 
Il  colonne  d'eau  comprife  entre  fon  fonds  &  ta  bafe  du  Canal  fera 
plus  grande. 

11.  Puifqu'il  ed  de  fait  qae  cette  facilité  acqtiîfe  par  le  moyea 
donné  devient  trop  difpcndieufe  »  n'y  auroit-il  pas  une  autre  manière, 
du  moins  au  Canal  de  Languedoc ,  de  fe  procurer  cet  avantage  ? 

IX.  Les  bateaux  de  tranlporc  qui  y  font  en  uiàge  aujourd'hui  ont 
confervé  la  même  forme  qu'on  leur  a  donnée  lors  de  la  condruâion 
de  ce  Canal ,  fans  que  petfonne  fe  foit  appctçu  qu'une  forme  diScxente 
pourroit  procurer   de  plus  grands  avantages. 

1^.  Il  en  ell  cependant  une,  &  avant  de  la  déterminer  examinons 
quelle  eft  la  forme  des  bateaux  d'aujourd'hui ,  &c  quelle  eft  celle  qu'ils 
pourroient  avoir,  qui  fôt  telle  qu'avec  le  mcme  poids  ,  mais  oppo- 
faut  une  plus  grande  furface ,  ÏU  occupafTenr  une  moindre  colonne  d'eau 
verticale  ,  &  par  conféquent  laiiTaiTent  entre  leur  fond  &  la  bafe  du 
Canal ,  une  plus  grande  hauteur ,  pcoptiété  qui  ramencroic  au  principe 
du  Doâeur  hranlcUn. 

14.  Les  bateaux  d'aujourd'hui  font  compofés  d'un  certain  nombre 
de  couples  dont  la  forme  gcncïalc  dépend  à-peu-près  du  maître  cou- 
ple :  i[  fufKra  de  faire  connoître  la  coupe  verticale  de  ce  dernier  te 
fa  figure,  pour  juger  de  toute  celle  du  bateau  en  ce  feus. 

H.  Ce  maître  couple  eft  coropofé  d'une  varangue  platie,  aux  deux 
extrémités  de  laquelle  font  placées  deux  allonges  peu  courbes  fur  lent 
longueur,  mais  raifant  avc<:  la  varangue  un  angle  ae  11$  degrés,  com- 
me on  peur  le  voit  dans  le  profil ,  figure  4,  aie,  doiuiant  la  demi- 
coupe  verticale  x  ab  c  d,  d'un  de  cçs  bateaux.  (  La  partie  a  x  ,  reprtftnte 
l'élévation  du  vt^ord  que  l'on  ferait  plein  avec  dts  gouttières  au  Uea  qu'il 
cji  à  fûur*  ) 

iC*  Si  au  lieu  de  former  le  coté  de  ce  bateau  angulaire,  ou  pour 
mieux  m'expUquer ,  placer  l'allonge  droite  obliquement  fur  la  varangue , 
l'on  (aifoit  cette  allonge  au  contraire  très-courbe ,  comme  aet,  l'on 
auroir  un  bâtiment  tel  qu'on  le  propofe. 

17.  Pour  fe  convaincre  de  cette  vérité  ,  fuppofez.  deux  bateaux  i- 
peu-ptci  égaux ,  ne  distant  entre  eux  que  par  le  gabarit ,  le  preoiior 


SUR  VinST,  NATt/RElin  ET  lES  ARTS.      14} 

«n  ufige  aujourd'hui,  fet-i,comm.e  je  l'ai  déjà  die,  eiptimé  par  U  figure 
A  b  c d,&c\ç  deuxième  propol'é  p.ir  la Hguie acbcd,  donnant  la  demi- 
coupe  verticale  de  ces  deux  bateaux.^ 

jS.  Rappelloiu  cufuite  ce  ptincipe  d'hydraulique  ,  qui  efl  <]ue  te 
poids  dts  corps  fulides,  qui  font  plongés  dans  un  Huide,  ell  diminué 
d'une  quantité  égale  au    poids   du  Huidc  qu'ils  déplacent}  d'où  il  fuie 


f  1  à  \  o     —   —        "  » 

chari»c  d  un  poids  quelconque ,  plongera  dans  le  Auide  jufqu'i  ce  qu'il 
aie  dcpbcc  un  volume  deau  aont  le  poids  fera  égal  ^  fou  propre 
|K>ids  \  fuppofant  la  mcme  quantité  de  poids  dans  le  baceau  iX  t  b  c  d  ^ 
ce  bateau  plongera  de  mcme  jufqu'à  ce  qu'il  ait  déplace  le  poids  d'un 
volume  d'eau  égal  à  fon  propre  poids  :  mais  i.i  tonne  diftcrente  des  côtés 
de  ces  deux  bateaux  donne  plus  de  fuperKcie  au  bateau  at  b  cd  ^  qu'A 
celui  qui  eft  defignc  par  le  contour  de  la  figure  ab  cd\  les  enfonce- 
mens  à  poids  é^al  feront  donc  en  raifun  réciproque  des  fuperficies  ; 
nuis  les  Tuperficies  étant  inégales  »  les  enfonccmens  feront  inégaux, 
&  d'autant  plus'grands  que  les  fuperùcies  feront  moindres.  Par  confé- 
quent ,  le  premier  baceau  a  b  c  d  ytw  ufage  aujourd'hui ,  enfoncera  plus 
que  le  bateau  a  ebcd,  propofc. 

to.  Première  confcquence,  le  baceau  a.  tbcdy  du  eabarit  que  l'on 
propûfe  ï  poids  égal  ,  avec  celui  qui  eft  indioué  par  la  figure  a  bc  dy 
de  la  condru^ion  ancienne  ,  plongeant  dans  le  Huide  d'une  moindre 
quancitc  ,  auroit  une  plus  grande  colonne  d'eau au-dclTbus  de  fon  fond, 
ce  qui  ramenant  au  principe  que  le  Doreur  Franldin  a  déduit  d«  fon 
«xpcrience,  procuteroit  au  bateau  propofc  plus  de  vîcefle  dans  fa  mar* 
che,  à  force  égale,  avec  les  bateaux  d'aujourd'hui , ou  même  vUeffe 
avec  une  puiflance  motrice  moindre. 

II.  Si  au  contraire  ces  deux  batciux  ploa^eoienc  de  la  même  quan- 
tité dans  le  fluide ,  le  bateau  propofé  avec  ^a  même  vîtelfe  que  l'an- 
cien ,  déplaçant  un  plus  grand  volume  d'eau,  fupporteroit  un  plus  grand 
poids. 

11.  U  faut  obfcrver  que  ^ifânr  les  côtés  du  bateau  propofé  fort 
ronds,  il  feroic  bon  de  donner  un  peu  de  fai^on  à  l'avant  &  à  rarrière  » 
ce  que   n'ont  point  les  bateaux  donc  on  fe  fcrt,  &  qui  procureroït  les 


eaux  plus  douces,  en  facilitetoit  encore  plus  fa  marche,  &  ramenant 
une  plus  grande  quantité  de  lames  d'eau  au  gouvernail,  en  readtoienc 
le  bâtiment  plus  lenfible  à  cet  agent. 

Z).  L'on  fene  allez  que,  augmentant  ou  diminuant  pliK  ou  moins 
la  courbure  a  e  b  ^  on  fe  procureroic  tel  avantage  qu'oa  delireroic  , 
les  capacités  intérieures  fuivant  le  même  rapporc. 


144        OBSERFATIONS   SUR   lA  PHYSIQUE^ 

24.  Cette  conflrudion  feroic  en  cela  plus, aifée,  que  les  bois  dont 
on  iiàt  les  allonges  des  bateaux  d'aujourd'hui,  &  qui  forment  un  angle 
de  1  i  5  degrés ,  deviennent  rares  &  plus  difficiles  à .  trouver.  Rien  ne 
prouve  autant  ce  que  j'avance  que  la  cherté  de  ces  différentes  pièces. 
Il  feroit  bien  plus  facile,  principalement  dans  les  ports  de  mer,  de  trou- 
ver des  bois  courbes  qui  pourroient  ètr«  quaiî  toujours  pris  dans  le 
lebut  des  bois  qui  fervent  à  la  conftruâion  des  vailfeau;t  de  com- 
merce ,  &  dont  la  courbure  ne  leur  efl  pas  propre ,  principalement  C 
l'on  fuivoit  pour  la  conftruâion  de  ces  bateaux  la  méthode  qui  a  été 
inife  en  ufage  à  une  nouvelle  machine  exécutée  au  point  d'interfec- 
tion,  d'un  petit  torrent  appelle  Livron  ^  avec  le  Canal  de  Languedoc 
près  d'Agde ,  &  que  l'on  a  appliquée  à  celle  des  vaifleaux  qui  n'exigent 
que  des  bois  peu  courbes  à  gabarit  égal. 

25.  1.3  feule  difficulté  que  l'on  puilTe  oppofer  au  Canal  de  I^ngue- 
doc,  &  qui  n'en  eft  pas  une,  eft  le  préjuge  qui  n'eft  autorifé  que  par 
la  routine  ancienne ,  dont  les  Ouvriers  conftru^eurs  de  ces  fortes  de 
bateaux  font  efclaves  &-fe  démettent  difficilement,  i  caufe  que  leur 
Ignorance  ne  leur  permet  pas  d'étendre  leurs  vues  plus  loin. 

x6.  Il  £iut  avouer  ^ue  cette  con(lru£don  demanderoit  un  peu  plus 
d'adrelfe  dans  l'exécutien  ,  &  de  l'intelligence  de  la  part  du  conflruc- 
teur,  à  qui  Ion  fuppoferoit  un  plan  donné  &  combiné  par  la  théorie. 
Cet  enfemble  ne  contribueroit  pas  peu  à  la  folidité  de  l'ouvrage, 

17.  Du  lefte ,  le  commerce  (rouveroit  dans  cette  nouvelle  manière 
de  conilruire  les  bateaux ,  deux  grands  avantages  réunis ,  beaucoup  de 
piopiptitude  dans  la  marche  avec  le  même  po}ds ,  ou  une  augmentatico 
conâdérable  de  poids  à  tems  égal ,  dont  le  choix ,  fuivant  les  çiiçopf-'; 
lançps,  devient  inappréciable  pour  le  Négociant/ 


-SJ^» 


-9    r-t-fi-j-'^r^^w  jw 


DE 


SUR   VniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     i4j 


DE  L'ACTION  DE  L'ÉLECTRICITÉ 
Sur  le  Corps  humain ,  &  de  fon   ufage  dans  les  Paralyfics; 

Par  M.  Ceruard, 


•t  A  R  M I  les  ditTcrciu  objecs  dont  la  PUyûque  s'occupe ,  il  n'y  en  a 
fans  doute  aucun  fur  lequel  on  au  fait  autant  d'elTais  que  fur  l'cledUt- 
ciic.  Mais  maigre  le  grand  nombre  &  la  varict(i  considérable  des  expé- 
riences qu'on  a  taires  li-delîus ,  on  n'eft  pas  encore  bien  avance  dans  la 
connoidance  de  cette  propriété  fi  patticulicre.  La  vraie  quaticc  de  la  ma- 
tière électrique,  &  les  loix  qu'on  obferve  dans  fon  aâ ion ,  font  encore 
trcs-obfcurcs ,  &:  l'ufaee  même  qu'on  en  tire  à  prcfent  n'eft  pas  bien 
confidcrable.  Les  Mccccîns  on:  été  prefqiie  les  pcemieis  à  s'en  fervic 
comme  d'un  remède.  Lorfqi^iisn  connue ,  fur-iput  par  les  expériences  de 
feu  M.  de  Mufcbembroecli ,  la  vîtclTe  prodigieule ,  &  la  force  avec 
lefquelles  agit  cette  matière;  qu'on  fe  fut  convaincu,  par  les  même» 
expériences,  de  (a grande  fubtilitc,&  qu'on  eue  vu  les  mouvemens  Se 
les  fecoulles  extraordinaires  qu'elle  exerçoît  fur  le  corps  humain  ,  on  crue 
qu'elle  y  feroit  des  effets  Glut.iires ,  fur-tout  dans  les  cas  où  des  humeurs 
cpaiiTes  ne  puuvoient  pénétrer  les  canaux  fubtits  de  cette  machine  mer- 
veilleufe.  Ces  conlidcr.itions  dccermincrent  donc  les  Médecins  à  s'en 
fervit  dans  les  maladies  chroniques.  Se  fur-tout  dans  la  paralyfie.  Les 
effets  qui  en  ont  réfulté  ont  été  très-différens.  11  y  a  eu  des  paralytiques 
entièrement  rétablis;  d'autres  ont  été  guéris,  mais  font  bientôt  retom- 
bés; on  en  a  vu  enfin  fur  lefquels  ce  remède  n'a  produit. aucun  effet, 
&  même  il  s'en  eft  trouvé  dont  l'ctic  a  empiré.  Ces  effets  fi  diffcrens , 
m'ont  déterminé  à  faire  des  expériences  fur  te  mcmc  objet;  mais  afin 
de  me  former  auparavant  une  iufte  idée  de  la  manière  dont  agît  rélcâii- 
cité  fur  le  corps  d'un  animal  vivant,  je  Bs  tes  expériences  fuivantes. 
D'abord,  il  étoit  néceffaire  d'efTayet  l'effet  de  la  matière  cledfcrique  ftu: 
les  parties  folides  d'un  corps  animal,  &<.  fur-tout  fur  les  parties  fenfibles 
&  irritables.  On  fait  qu'il  y  a  trois  efpèces ,  pour  ainfi  oire ,  de  flamme 
éleélrique.  La  première  produit  ces  rayons  bleuâtres  qui  fortcnt  eu  forme 
de  cône  d'un  corps  élcdlrifé  &  pointu,  dont  la  bafe  cff  dans  l'air ,  &  la 
pointe  dans  le  corps  éleiSrifc.  La  féconde  fait  jaillir  de  petites  étincelles 
iemblables  à  un  charbon  ardent,  qui  fortent  en  ligne  direclc  avec  peu 
4e  bruit ,  &  excitent  une  douleur  vive  Se  piquante  laus  aucune  fecouU'c  j 

Tome  Xir,  Partie  IL     1 779,  AOUST,      T 


xW  ri.v^sERyjrioîTS  s  ira  u  physique  y 

on  poiirroic  les  nommer  cciiiceiies  cledlriques.  A  !a  troinc-nieapparcîen- 
uem  enfin  les  foudres  cle<^iqnc5)qui  forçant  avec  plus  de  bruit  c»  fet- 
pçnunr ,  caufenr  dans  la  peau  une  douleur  moins  piquame ,  mais  ex- 
cirent  plus  ou  moins  de  fecoulTes  dans  la  partie  qu'elles  frappent.  Il  croîr 
doiK  iiéceiraire de Tavoir  lï  lelfet  de  ces  dilfctentes  Bammcs  Tur  un  corpj 
animal  Tcrotc  diffëtenc. 

3'aichoifi  pour  mes  expcriencesdes  chats,  des  chiens  &  des  grenouil- 
les, en  approchant  doucement  les  mufcles  dépouillés  auparavant  de  1a 
peau  &  cm  rillu  cellulaire  qui  les  couvre  ordinairemenr,  du  conduf^eur 
clec>r!que.  Les  rayons  éle(£lrîques  ne  faifoicnt  aucun  cfTec,  les  animaux 
reftoient  tranquilles ,  &  je  ne  pouvois  obferver  aucun  mouvement  dans 
les  tibres  mufculaircs.  Les  ciincelles  excitoienc  des  douleurs  aiguës,  té- 
moins les  cris  des  animaux  ,  &  dans  les  fibres  mufcnlaires  je  remarqwois 
de  fortes ofcillations,  qui  pourtant  ne  s'ctendoient  pas  loin,  mais  occu- 
poient  feulement  les  fibres  les  plus  proches  de  celles  fur  Icfquelles  les 
ccincelles  font  to.mbécs.  Les  foudres ,  tn^n ,  fembluicnt  exciter  moins  de 
douleur  ,  mais  les  ofcillations  des  mufcles  ctoient  plus  coniîdcrables  ; 
elles  occupoienr  prefque  le  mufcle  entier ,  Çc  continuoient  quelque  tems. 
Au  relie  tes  contrarions  des  fibres  charnues  dans  les  deux  expériences 
n'étoient  pas  régulières,  mais  femblables  à  des  mouvemcns  convulfife, 
J'cxcitois  enfuite  les  mêmes  parties  avec  une  lancette ,  avec  des  braifc» 
aulli  bien  qu'arec  des  matières  icres  clivmigucs,  &  en  comparant  le» 
•ffets  qui  en  réfultoienc  avec  ceux  que  réIe<fbtictEc  avoir  canfés ,  j'ai  vu  que 
les  coniraiftions  ctoîent,  ou  peu  s'en  faut,  auflî  fortes  »  mais  beaucoup 
moins  régulières  iaofiî  ne  fe  commuriquoient-elles  pas  bien  loin,  mais 
elles  reftoient  prefqu'entièremcnt  à  l'endroit  qui  en  ctoit  alfedc,  au 
Heu  que  lesaiirres  irritans  produifenr  trés-fouvent  des  contractions  toni- 
ques i  la  matière  élcilfcrique ,  autant  que  je  l'ai  obfervé,  n'en  excite  jamais. 
Je  continuai  ces  mêmes  clfais  fur  les  parties  fenfibles ,  en  faifant  agir 
les  rtammes  cleélriques  fur  les  nerfs  des  animaux  ,  après  en  avoir  ôic  l'en- 
veloppe de  manière  que  la  mocUe  étoîr  tout  à  découvert.  Les  rayons  ne 
£iifoienc  point  d'effet  non  plus ,  mais  les  étincelles  &  les  foudres  produi- 
'  foicnt  des  douleurs  rrès-fcnfibles ,  &  des  convulfions  bien  vives  (lans  les 
xnufctes auxquels  aboutitroient  les  rameaux  du  netf  irrité, &  les  foudres 
rendoient  fur-tout  les  convulfions  plus  véhémentes  que  les  étincelles, 

Enfuite,  je  fus  curieux  de  connoîtrc  la  durée  de  l'effet  de  l'éleôricité 
après  la  mort.  Je  choifis  des  carurs  d^  grenouilles  &  de  poiltons ,  féparés 
dfu  refte  du  corps ,  &  je  les  laKTai  aflez  long-tems  pour  être  alTuré  que  les 
autres  irritans  ne  produifoienc  plus  de  mouvemenr-  Alors,  j'y  fis  tomber 
Jes  étincelles  &  les  foudres  cleAriqucs ,  que  je  vis  produire  des  mouve- 
mensaffcz  confidérables ,  ce  qui  va  quelquefois  fi  loin.  Que  trois  jours 
après  (]ue  Taftion  de  tout  autre  irriram  a  celfé,  celle  de  l'clcébicité  coi>- 
tuiue  encore.  U  s'offre  des  phénomènes  fembûbles,  lorfcjuon  applique 


,  ij 


SUR  VffrST.  TTÀTURELin  ET  lES  ARTS.     147 

r^leôricité  aax  nerfs  dun  animal  mort.  M.  Leeberkuhii ,  ce  gtand  génie 
dont  je  lie  prononcerai  jamais  le  nom  fans  m'atccndcîc  au  fuuvcnit  Je  Ces 
grands  talens ,  avoir  bfervé  dcja  que  h  Ton  enlève  le  cerveau  d'un  anim.1l 
mort  tout  récemment, &:  qu'on  irrite  les  nerfs  qui  en  foncnt,  tous  les 
mufdes  auxquels  ils  aboutilTent  éprouvent  des  monvemens  convuliifs. 
Cet  elfai  remarquable  rcirilit  toujours,  pourvu  que  l'animal  ait  encoie 
quelque  refte  de  chaleur  naturelle,  &  l'effet  n'a  pas  lieu  iî  ranimai  eft 
entièrement  refroidi.  En  appliquant  «lors  l'cleârricitc  ,  on  remarquera 
encore  quelque  petit  moiiTcment ,  mais  il  ne  dure  guère  qu'une  demi* 
heure  après  le  rerroidiffement  entier. 

Tous  ces  effets  de  la  matière  cleârique  fur  les  parties  foifîbles  &  ir- 
ritables des  animaux ,  ou  vivans  ou  morts ,  devieiinent  plus  forts  loifque 
l'animal  efl  ifolc  ;  on  en  fait  Sortir  alors  le$  étincelles  &z  les  ^£u^Jd^es 
cleâriques,&  on  remarquera  fur- tout  qwe  les  concradtions  durent  plus 
lûng-tems.  Les  contradttons  ,  même  la  plupart ,  ne  fe  muiifelbeuc  que 
lor/que  les  fl:immc$  fortent;  mnîs  quand  l'cletlricité  eft  bien  forte,  de 
manière  que  l'cletlromctre  pilfe  l'angle  de  45**,  alors,  dans  des  animaux 
fort  vifs  fe  manifeflent  des  ofciltations  foibles ,  mais  fore  preffes  &.  con- 
tinuelles, fans  qu'on  faffe  fortir  les  étincelles  ou  les  foudres.  Enfin,  il 
étoit  néccffaire  d'examiner  quel  effet  provicndroit  de  l'aâion  de  la.  maf 
tière  élefirique  far  le  fang.  Dans  cette  vue  ^  je  pri;  une  livre  dé  fang 
humain  que  Je  divifai  en  deux  parties  égales.  Je  mis  des  ihermomctrek 
correfpondans  y  je  plaçai  les  parties  l'une  à  côté  de  l'autre ,  &  une  en  iîii 
éleânfée-  Les  thermomètres  n'indiquoicnr  aucune  différence ,  mais  en 
continuant  l'ertài  jufqu  a  ce  que  le  fang  commençât  i  s'épaiffir ,  je  vis  que 
le  fang  cleclrtfé  gardoit  un  peu  plus  long-tems  fa  fluidirc;  la  couleur  da 
fang  ne  fut  pas  altérée  ,  je  n'obfervai  pas  de  différence  dans  les  globales,  5c 
le  poids  ftjt  différent;  car ,  au  lieu  que  le  fang  cleârifé  avoic  pexda  t^-^ 
grains ,  l'autre  partie  n'avoir  diminue  que  de  100  grains.     j1  .     '■ .  ■  (•  jr» 

Au  rcfte ,  il  me  femble'avoît  remarqué  que  les  contractions  des  parties 
irritables ,  produites  p.ir  réledricitc ,  font  moins  iottes  dans  le  vuide 
que  dans  Tair. 

■  ■  -'^ 
De  ùyûtei'tti  Ëxpér'ieftcti'réfuUent  les  'prùpofaions  fuivanus,  '  : 

\.  La  mati&f e  éleâriquc  cft  rîtVîtaTit  le  plus  fort  pour  les  parties  fenn- 
blés  &  irritables  du  corps  animal ,  en  ce  qu'elle  produit  des  connaiâions 
plus  fortes,  plus  univerfelles  &  plus  durables  que  d'auttes  irritans»  Se 
qu'elle  peut  même  produire  ces  contraftfons  plus  long-tems  ajirès  la 
mort- La  lïaifùn  n'en  cft  pas  diffidlc  à  déterminer.  L'od<ar  &  le  eoû:  de 
U  mitièfé  élbârrit^ue  femblent  indiquer  qu'elle  <ft  .Cot«p(rfÉe:ïfephl1> 

tiftiqùV',  &  d'un  fel  acide ,  Mélange  qui  produit  brdtnftireuiciit  des  ful>- 
ancestfès-âcres.  La  rapidité  de  cette  matière  eftprodigieufe,5c  j'ai  tou- 

»77S.       JO  UST.      r  X 


^ 


OnS.£R7^JTION:S-  SVR   lA  PHYSIQUE^ 

firs  remarque  qu'en  moins  d'une  féconde,  elle  parcourt  des  cliaînes  de 
s5  pieds  ;  aini'i  elle  doit  choquer  d'une  manière  fenfiWc  les  fibres  initces- 
Knhn ,  fon  errrcmc  fubtilitc  lui  permet  de  inJnccrer  les  plus  petites  fibres 
des  parties  qu'tlle  touche, &  le  nombre  des  fibres  fimpîes  qui  forment 
une  fibre  compofce,  dote  C-cre  plus  erand  qu'a  coût  autre  itiitant.  DeU 
réfulte  doiK  nccellairemenc  le  grand  effet  de  U  matière  élcâriquc  fut 
Je5  parcics-dont  je  viens  de  parler. 

11.  La  matière  cleiLtrique  a  la  force  tle  procurer  au  (âng  la  iluidicc, 

4c  fang  cleârifc  gardanr  plus  long-tems  fa  rïiiidîrc.  Je  m'imagine  que 

cela  dépend  d'un  mouvement  que  cette  matière  excite  dans  les  globules 

!  du  fang  ',  ce  qui  eft  d'autant  plus  vraifemblable  y  que  l'cleâricité  contri- 

'tue  à  hâter  lévaporacion  de  cette  liqueur. 

Après  ces  elTais,  il  cioit  nêcelTaire  d'appliquer  ces  expériences  au  corps 
iiumain,  pour  voir  ft  les  effets  que  je  viens  d'attribuer  à  la  matière  élec- 
trique s'y  manifcftent  etfectivement.  J'ai  choiiî  pour  cela  des  perlonnes 
d'âges  &  de  cempéramens  diftctens ,  mais  qui  joiiin'oient  tous  d'une  fantc 
parfaite.  J'ai  toujours  fait  mes  expériences  le  matin ,  d'abord  apics  qu'on 
•e'étoit  levé,  &  j'ai  pcis  la  précaution  de  me  fervir  conftamment  de  I*c- 
"Jeftromètre ,  pour  avoir  autant  qu'il  étoic  poflible  le  même  dcgtç  d'c- 
"edricité ,  &  i'ai  obfetvc  les  phénomènes  fuivans. 

I.  Le  pouls  bat  plus  vite  chez  tous»  de  miinièrc  que  chez  des  per- 
sonnes très -irritables,  le  nombre  des  bactemcns  double^  la  force  du 
toouls  varie  félon  le  tempéiamcnc.  Dans  les  petfonnes  d'un  tempérament 
colérique ,  elle  augmente  ;  dans  les  mélancoUqucs  &  les  phlcgmatiqiies, 
elle  n'cft  prcfque  point  altérée.  Pour  les  perfonnes  d'un  lempcrainenc 
très-vif,  j'ai  fouvcnc  remarqué  que  |e  pouls  fe  rallencic^mais  qu'il  cft 
aufli  un  peu  tendu.  Dans  tous ,  fa  marche  eft  ré^Uère. 

H.  L-ï  chaleur  de  même  augmente ,  de  manière  que  la  différence  ctoit 
quelquefois  de  dix  degrés ,  échelle  de  Tarenheic ,  en  comparant  la  chaleur 
que  le  thermomètre  montroit  au  commencement  avec  celle  que  cet  uxC- 
^crument  indiquoït  à  la  fin  de  l'opération. 

III.  La  rcfpiration  autli  augmente  ,  de  manière  qu'on  obfcrve  fouvcnc 
une  fueuraiTez  forte. 

IV.'  La  peau ,  à  l'endroit  où  l'on  feit  fprtir  les  étincelles ,  rougit ,  & 
quand  on  continue  long-tems  ,  il  s'y  forme  une  elpèce  d'inflammation. 

V.  Quand   les  étincelles  fortent  d'un  endroit  irès-mufculeux  ,  or» 
xemarque   des  mouvemens  convulfifs  ,  quelquefois    uès-forts  ^  ces 


ni 


ufties. 


VI.  Quand  réchaufFement  caufé  pirTéIcdricîic  eft  pïrtc ,  iî  y  Tuc- 
cède  une  foiblelTe  &  un  relâchement  a{fez  conHdér^ble ,  Se  i'ai  cem^rr 
-qiiC"  fur-toùt  que  quand  des  perfonnes  fort  fen(îblcs  &  irritables  fe  fou* 
-inettent  à  L'aâion  de  l'éleChicitc ,  elles  fe  difpofenc  aux  attaques  fpaf- 


•mcrdiqucï'. 


SUR  VHTST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS.      149 

.  Au  refte ,  il  cft  crcs-airé  de  comprendre  que  ces  effl-cs  font  plus  ou 
:.._         /•  i_'_.i_i , .     *   : ... 1.    r~_j:t.:i:.i   a.  !•: :.-u:i:.i   j 


-, — . -p_. ,,.._«.._..  ^_.  ... —  — ^ — _  —   ._.__ 

vit.ile  des  fujets ,  auxquels  la  premicte  cft  applicjuce.  Ces  obfetvations 
auroiem  pu  luffice  pour  en  déduire  l'action  de  la  matière  ciccbrique  fur 
le  corps  humÂiii,dànslecas  où  on  emploie  une  feule  forte  dcleftricité, 
la  poliàvc  ou  la  ncgaiive;  m^is  il  ccoic  ncceflaire  de  favoir,  fi  en  réu- 
niiruit  CCS  deux  fortes  d'cleitricitc  ,  l'ufage  de  Icledricitc  oppofée  chan- 
geroic  CCS  effecs.  Pour  m'en  iaftcuire,  j'éïe*îlrifois  mes  fujets  de  manicre 
que  quelquefois  ils  me  fcrvoient  de  conduâeur  pofitif,  &c  quelquefois 
auifi  de  condudleur  ncg-nif.  Dans  les  di;ux  cas,  j'ai  obfervé  en  gcnéral 
les  mêmes  effets  que  la  fimple  clectricitc  produit ,  miis  tous  ccoienc 
plus  fores,  fur-tout  quand  on  cledrifoic  poiîtivement ,  &  la  feule  diffé- 
rence qu'il  y  avoit ,  croie  que  la  marche  du  pouls  n'ctoit  pas  aufïï  régu- 
lière dans  réledricité  contraire  que  dans  la  (impie,  ce  qui  arrive,  ^ir- 
tout,  lorfque  la  perfonne  qu'on  cleftrife  reptéfente  le  coududleut  néga- 
tif ,  ayant  toujours  remarqué  qu'après  chaque  coup  qu'elle  avoit  éprouve 
le  pouls  battoii  plus  vue  &  étoïc  tcmitcanu 

Tout  cela  pofé,  il  n'ell  pas  diâicite  d'expliquer  la  véritable  manière 
donr  la  matière  cle6hique  agît  fut  le  corps  humain.  Et  d'abord  ,  comme 
;crte  matière  irrite  toutes  les  hbtes  &  tous  les  nerfs,  il  eft  évident  qu'elle 


doit  fortement  accclcrer  le  mouvement  du  cœur  &  des  artères,  puifque 
la  vîtellê  de  ce  mouvement  eft  proportionnée  à  la  vîteffe  avec  laquelle 
fe  font  les  contradions  de  ces  parties.  Or,  le  mouvement  accéléré  du 
cceuc  &  des  artères  doit  néceiraÎLement  produite  dans  le  fang  une  fluidi- 
lé  plus  forte ,  laquelle  deviendra  encore  plus  confidérable  ,  par  le  mou- 
vement immédiat  que  la  matière  élccicique  femble  communiquer  aux 
globules  mêmes  du  fang.  Ënfuite,  comme  l'éledlricicc  augmente  la  ref- 
piration  infenlible ,  elle  peut  fervir  i  purifier  le  fang,  fur-tout  de  ces 
matières  hétérogènes  fubtiles ,  qui  aiment  i  foctir  par  les  vaiffcaux  de  la 
peau.  Enfin,  la  matière  éleélrique  doit , fur-tout ,  ciès-fortement  exciter 
l'endroit  par  lequel  elle  fort ,  témoin  rintlammaiion  qu'elle  y  caufe.  Or , 
comme  il  cft  démontré  par  un  gts'hd  nombre  d'es:périences  &  d'obferva- 
tions ,  que  le  fang  tend  toujours  en  plus  grande  quantité  &  avec  plus  de 
vîrelTe  vers  une  partie  irritée ,  il  cft  ncceiraire  que  l'élciftricité  augmente 
auiïi  l'aftluence  du  fang  vers  tel  endroit-,  ainfi  rélcdtricilé  a  une  force 
révulfive.  Mais  rous  les  mouvemens  forts  f£  vifs  qu'éprouve  le  corps, 
four  immédiatement  fuivi;  d'une  foiblelîe  proportionnée  à  la  force  &  a  la 
vîtelfe  de  ces  mouvemens  précédens  \  il  cft  donc  néceffaire  que  bien  loin 
que  réleékricitc  conetibue  à  fortifier  les  fibres  &  les  ncrfs^elle  les  affoi- 
blilTe  plutôt  &  les  relâche. 

En  appliquant  ces  idées  à  l'ufage  de  l'éleAridté  pour  la  gucrifon  des 


r«jo  OnSERrÂTÏONS  SUR  LA  PïîTSIQUEt 
maladies  paralytiques,  &  en  les  comparant  avec  les  caufes  Je  ces  mala- 
dies, il  me  fcmbleavoirxrouvc  la  vraie  méthode  d'employer  ce  remède, 
La  paralyiîe  fuppofc  piefque  toujours  ina^ion  dt:s  nerfs  fur  les  Hbres 
motrices  &  delà,  il  c(l  aifc  de  comprendre  que  c'eft,  ou  la  compref^ 
fion  ,  ou  l'obftniétion  ,  ou  la  conftriâion  ,  ou  la  roideur  ,  ou  la  foiblelTc 
des  nerfs ,  qui  contiennent  la  caufe  matérielle  de  cette  maladie  i }.  Pour 
ce  qui  regarde  ta  compreffion,  au  cas  qu'elle  provienne  d'une  matière 
fluide,  je  ne  doute  pas  que  l'éledrîcité  ne  puilTc  ^ire  quelque  effet, 
puifqtie  d'un  côté  elle  peut  dilloudrc  un  tel  fluide ,  qui  par  la  ftagna- 
lion  s'cpaiflit,&  de  l'autre  ,  parce  que  par  l'irriration  qu'elle  excite  dans 
les  vaineaax  réforbans ,  un  fluide  ainfî  extravafé  peut  être  ramené  i  la 
jnalTè  des  humeurs  circulantes. 

Dans  le  cas  de  l'obllrut^ion ,  on  peut  aulU  attendre  de  bons  effets  de 
l'application  de  ce  remède  ,  fur-tout  pnrce  qu'il  femble  que  ces  obftruc- 
rions  ne  fe  trouvent  pas  dans  la  fubftance  propre  des  nerfs ,  mais  dans  les 
vaiHeaux  dufang,  qui  j  félon  les  préparations  de  l'immortel  Leeberkuhn, 
s'y  étend ,  &  qui  dans  l'état  de  TobfVru^on  ,  étant  gonfles ,  doivent 
comprimer  la  moelle  netveufe.  Car  la  contraélion  plus  prompte  du 
cœur  &C  des  artères ,  la  commotion  du  fang  même ,  le  choc  impétueux 
du  fang  qui  frappe  avec  plus  de  force  ces  endroits  fermes  par  l'obftruc- 
rion ,  font  f.ms  contredit  les  moyens  les  plus  efficaces  pour  diffoudre  les 
humeurs  épaitTes ,  &  tous  ces  effets  peuvent  provenir  de  l'a^on  de  la 
matière  éleâcique.  Pour  ce  qui  eft  de  la  conllriélion  des  nerfs,  il  n'y  a 
point  de  doute  non  plus  que  l'élechicité  n'y  fafTe  aulli  bon  cfîet ,  vu  que 
par  un  mouvement  plus  rapide  qu'elle  caufe  dans  les  vaifleaux ,  &  par 
(a  commotion  qu'elle  excite  dans  les  humeurs ,  elle  peut  remédier  à  ces 
conflti£tion$ ,  éc  étendre  les  vaifTeaux  qui  ont  perdu  leur  diamètrO 
uaturcl. 

Quand  les  nerfs  font  roidcs ,  Icun  petites  parties  compofantes  font 
trop  proches  l'une  de  l'autre ,  &  on  comprendra  aifément  que  les  fe* 
couires  véhémentes  qu'y  excite  iV-Ieitricité ,  doivent  fervir  à  rendre  à  ces 
parties  le  degré  de  mollefTe  nécefîairc. 

Mais  dans  la  foiblell'e  ou  plutôt  dAs  le  relâchement  des  nerfs ,  on 
attendtoit  envain  de  bons  effets  de  l'cledricité ,  parce  que  toujours  fui- 
vie  de  la  foibleirc,  elle  fert  alors  plutôt  i  augmentée  qu'à  détruire  la 
caufe  de  la  maladie. 

Si  l'on  conftdcce  anentivcmcnt  ce  que  je  viens  de  dire>  il  fera  aifc  de 


(i).  Tt  faat  r«nir<)aer  qo'oa  conftdére  ici  rculcmcni  la  paralyfîc  qui  itîcnt  du 
défaut  des  Dcr&  >  Si.  qu'il  oc  ('^gic  pas  des  cfpcccsi  qOî  fiovicuDcut  de  la  j»iut  des 
artjics* 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  JRTS.       151 

<Jctermijier  le  véritable  ufage  de  leledtriciié ,  djus  les  as  de  pjrïlyfie  où 
l'on  peut  l'employer. 

Et  d'abord  ,  il  eft  évident  que  la  plupart  du  tems  ou  en  attendra  en- 

I jrain  une  guérifon  completce ,  à  moins  qu'on  ne  joigne  à  l  elcâticitc 

[  lufage  des  remèdes  fortifians,  fur-cout  aufli-tôt  qne  l'on  remarque  que 

Icleciricitc  conimenLC  à  faite  quelqu effet,  parce  qu'il  çft  A  craindre  que 

la  foibleire  qu'elle  occalionne,  ne  fàlTe  tenaûte  la  lualadie, quoique  la  pre* 

mière  caufe  en  foit  détruite.  Par-li,  on  petit,  fans  doute, expliquer  pour- 


pour- 
fjuoi  fouvent  1  cleâricitc  a  produit  des  effets  merveilleux  ,  mais  qui  ont 
été  fuivis  d'une  rechiite  fubite. 

Enfuite  il  faut  toujours  proportionner  la  force  de  l'cleâricité  an  tem- 
pérament du  malade.  Une  perfonne  foïte  &  vigonreufe  ,  donr  les  hu- 
meurs, par  la  dentlté,  par  la  peciceiTe  &  par  le  poli  coniplec  de  leurs 
parties ,  aullî  bien  que  pat  la  forte  chaleur  qui  y  règne ,  ont  beaucoup  de 
dirpotîciuns  à  s  émouvoir^  demande,  fans  doute,  une  élecfbricité  douce. 
un  mouvement  exccflîf  ne  pouvant  que  produire  alors  une  foiblelTc  trcs- 
confidétïble,  qui  mettra  les  plus  grands  obftacles  i  une  guérifon  parfaire, 
&  l'on  pourra  fe  contenter  au  commencement ,  du  nioms ,  de  ie  fervir , 

6- ---      -'-'•^'     --^^-   r--^-       -■- A   -  «: '-  r r„- 


tout  ion  rculTîra  le  mieux ,  fi  on  réle<5trife  pofitivemenr.  Pour  ce  qui  eft 
de  l'endroit  où  le  feu  élecirique  doir  erre  appliqué,  il  eft  nécefTaire  de 
choilîc  le  tronc  des  nerfs  attaqués ,  excepté  le  coup  de  confbiâion ,  uù 
il  vaut  mieux  pendre  un  endroit  oppoîc ,  afin  que  par  l'irritation  qui 
y  eft  caufée  ,  le  feu  éleftrique  agilTe  comme  remède  revullif. 

Voilà  l'idée  que  je  m'ctois  formée  de  la  méthode  qu'il  fiiut  obfcrvcc 
dans  l'application  de  la  matière  éleélrique  aux  paralyfies,  &  j'attendois 
avec  impatience  loccafion  d'en  faire  des  effais.  Les  malades  de  la  grande 
maifon  des  pauvres,  confiés  à  mes  foins  ,  me  la  procurèrent  bientôt.  Le 
premier  malade  qui  fe  prcfenta  fut  une  femme,  âgée  de  50  ans,  d'un 
tempéramenr  très-phlegmatîque  ,  attaquée  d'une  paralyfie  complette  des 
deux  bras ,  laquelle  avoir  pris  fon  origine  d'une  marière  galeufe  qu'on 
avoit  empcclic  de  fonir.  Je  pris  àànc  la  rcfolution  de  l'éleétrifcr  d'abord 
pofitivcmenr ,  Se  remarquant  dès  la  première  fois  que  la  vîtefle  de  fon 
pouls ,  après  deux  coups  qu'elle  avoit  reçu ,  n  avoit  augmenté  que  de  i  a 
Dattemens  par  minute;  je  répétai  les  coups  jufqu'à  ce  que  le  pouls  battit  90 
fois  oar  minutes,au  lieu  de  âo  ou  é  5  t>a(temens  quelle  avoit  ordinairement 
pendant  ce  tems- U.  Au  bout  de  trois  jours,  je  vis  naître  des  puftulesinll.im- 
matoires  au  cervice,  femblables  à  la  petite  vérole,  donr  la  fuppurarion 
croit  allez  forte.  En  même  tems  la  malade  éprouva  une  trc»-foible 
fenfibilité  aux  doigts  ,  &  elle  fentoit  quand  Ai  la  piruoit  avec  une 
épingle.  Je  coQtiuuai  aiiiG  pcndauc  15  jours,  la  fcnfibilité  devenant  de 


•* 


1^1       OBSERVATIONS   SUR    LÀ  PHYSTQVE^ 

jour  en  joue  plus  grande.  Se  même  le  bris  droit faifoic  quelque  petic 
mouvement.  Mais  comme  je  voy  >rs  gue  la  milade  s'aifoibliiruit ,  je 
commençai  alors  à  lui  donner  de  >  furtihans ,  en  contmu.mc  toujours  l'c' 
lei^tiicitc.  Avant  le  cuine  de  S  jours  h  fenlibilicc  fut  encicrement  réta- 
blie ,  Se  le  mouvement  devint  aufli  conlidcrahle.  Je  changeai  alors  d'c- 
leâricité,  &  je  me  fervis  de  la  liinple  \  m.iis  après  4  jours  environ  ,  la 
fentibilité  s'cmoullanc  »  le  mouvement  commença  aulli  i  s'stfoiblir.  Je 
repri:'  dune  la  première  méthode  ,  par  laquelle,  dans  un  efpaLC  d'envi- 
ron 6  Temaines ,  U  malade  fut  enticremenc  rétablie,  &  elle  jouit  encore 
d'une  fauté  patfaite. 

L'autre  malade  qui  fe  préfenia,  étoit  un  homme  très-robufte,  d'un 
tempérament  lout-i-fait  inflammable ,  qui  avoir  une  piralyhe  incom- 
pletre  aux  deux  jambes ,  de  manière-  que  le  mouvement  ayant  celfc ,  la 
fenfibilité  fubliitoit  encore.  Cette  malidie  étoit  provenue  de  la  fup- 
prellion  du  flux  hcmorrhoïdal.  Je  n'ofai  pas  appliquer  ici  leleâricité  con-« 
traire,  mais  je  me  fervis  de  la  fimple,  de  manière  que  fâifant  ifolet  le 
malade ,  j'eiprimois  des  étincelles  tout  le  lom;  des  "deux  jambes ,  depuis 
leurs  articulations  jufqu'aux  genoux.  L'c^eâricitc  Ht  d  abord  un  grand 
cS*et  j  le  nombre  des  bittcmens  du  pouls  doubla  après  environ  un  quart 
d'heure  j  il  commcn<ja  fortement  à  fuer ,  &  au  bout  de  quelque  jours, 
il  fut  en  crai  de  fc  tenir  »  à  l'aide  d'un  bâton,  fur  fes  pieds,  fans  pouvoic 
pourtant  marcher.  Ce  fut  alors  que  je  lui  donnai  feulement  trois  coups 
d'élechicitc  contraire,  mais  le  lendemain  il  ne  pouvoir  plus  fe  tenir  fur 
fes  jambes.  Reprenant  donc  la  première  méthode,  le  malade  fe  rétablie 
encicrement  dans  l'efpace  de  deux  mois.  Je  ne  lui  a%'ois  donné  aucun 
remède  fortifiant ,  parce  que  je  n'avois  pas  rcm.irquc  que  l'éleâricité 
l'affoiblît  beaucoup.  Mais  j'eus  lieu  de  m'en  repentit  bientôt^  car  envi- 
ron trois  femaines  après,  les  pieds  devinrent  fuiblcs  &  chancelans,  & 
enflèrent  un  peu.  Je  ne  tardai  donc  pas  à  lui  donner  le  quinquina,  qui 
le  délivra  de  tous  ces  fympcomcs,d:  en  produifaut  te  flux  hémorrlioidal , 
lui  rendit  p.ufaitement  la  fanté. 

Mais lobfervation  la  plus  importante  que  j'aie  eu  occaHon  de  fûire  » 
fut  à  rc;»ard  d'un  vieillard  âqé  de  plus  de  80  ans,  qui  avoir  déjà  ,  depuis 
bien  des  années ,  une  paralylîe  complette  à  une  jambe,  &  a  qui  une 
nouvelle  attaque  d'apoplexie  fanguinc  en  avoir  caufc  une  à  l'autre  jambe, 
C'écoir  un  homme  du  tempérament  le  plus  robufte  que  j'ais  jamais  vu» 
&  mali^ré  fon  âge  av.mcc ,  il  avoir  encore  aile?  de  vigueur.  J'ellayai  donc 
d'aborà  l'éleclriciré  limple  ;  mais  il  fut  impolTible  de  faire  fortir  la 
moindre  étincelle,  &  même  le  pouls  n'alloit  pas  plus  vue.  Ainfi  j'eus 
recours  à  l'élei^ricité  conctaire  ,  dont  l'effet  fur  tel,  qu'il  commençoit  i 
mouvoir  le  pied,  récemment  att.-ïqué  de  par.ilvfie,  &  je  ne  doute  pas 
qu'il  n'eût  été  enticrcmem  rét.ibli ,  s'il  avoit  voulu  continuer  le  remède. 

Toutes  ces  obfccvatious ,  auxquelles  je  pourrois  eu  ajouter  plufieuts 

autres , 


SUR  VniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     15$ 

autres ,  pourront  fervir  i  démontrer  U  vltÎcc  de  ce  que  j  ai  avance  fur  la 
manière  d'appliquer  Icle^ricitc  dans  les  paralyses. 


SECOND      MÉMOIRE 

Concernant  des  Expériences  faîtes  par  M.  le  Marquis  de 
Néelle  ,  fur  la  multiplication  des  Animaux  étrangers  par 
le  moyen  d'une  chaleurartificicIIc,luàrAcadémicRoyaId 
des  Sciences  I  le  19  Juin  1779  \ 

Par  M.   U  Comte  de  MiLtr. 

i»i.  le  Marquis  de  Ncelle  ayant  continué  ies  obfervaticns  &:  fes 
expériences  fur  les  effets  de  la  chaleur  artificielle  fur  les  animaux 
des  climats  donc  la  température  diffère  4u  notre  ,  a  eu  le  nicmc  fuccès 
cecce  année  que  l'année  decniète,  dont  je  rendis  compte  de  fa  parti 
TAcadcmic  ;  ainli  cette  dernière  expérience  confirme  pacfaiiemenr  la 
première  ,  &  ne  l.iilTc  plus  de  donte  fur  les  amours  &  la  fécondité 
des  animaux  étrangers  tranfportés  en  ce  pays ,  lorfqu'on  les  tiaîte  con- 
venablement. 

Les  Ouiftitis  que  le  Marquis  de'NcelIca  mis  l'année  dernière  (oi\% 
les  yeux  de  l'Académie  ,  ont  été  établis  dans  le  mt-me  Cabinet  donc 
il  a  été  Fait  mention  dans  le  premier  Mémoire  ,  &  par  le  moyen  d'un 
pocle  ,  on  y  a  entretenu  le  degré  de  chaleur  de  leur  pays  natal.  On 
s'apperçut  dans  les  premiers  jours  de  Février  de  cette  année  1779, 
pat  les  emprefTemens  réciproques  du  mâle  &  de  la  femelle , 
qu*ils  étoient  prêts  de  tombet  en  amour.  Pour  pouvoit  en  dctetminet 
le  moment  ,  on  mit  un  linge  blanc  dans  la  boite  où  ils  couchent, 
qui  bientôt  après  fe  trouva  taché ,  ce  qui  prouva  que  la  femelle  étoic 
en  chaleur. 

Le  10  de  Février,  ces  animaux  s'accouplèrent,  &  on  en  prit  noce. 
Après  trois  mois  de  porrée,  elle  a  mis  bas  un  petit  très-bien  confor- 
mé, mais  qui  efV  devenu  bientôt  la  viftime  de  la  jaloufîe  de  fes  hères 
aînés.  Ceux-ci  fâchés  des  foins  de  leur  mère  pour  le  nouve.^.u  né ,  l'ont 
arraché  de  deffus  fon  dos ,  &  l'ont  jette  ou  laiflé  tomber  par  terre 
oii  il  s'cll  tué.  Le  pcre  &  la  mcte  ont  coclié  le  mort  avec  fuln  dans  de 
la  moulTe.  M.  le  Marquis  de  Néelle  l'a  fait  mettre  dans  un  bocal 
rempli  d'efprit'de-vin,  tel  qu'il  eft  a(>uellemenc  fous  les  yeux  de 
rAcadémie. 

Tome  XJy^ Part. IL  1779.  A  OUST,       V 


fî4       OPSERVATIONS  SUR   LA   PHYSIQUE, 

Dans  les  premier?  jours  de  Juin  ,  le  pt*re  &  la  mère  fe  font  accou- 
ples de  nouveau  ;  il  y  a  lieu  de  croire  qu'à  l'expiratioti  des  trois  mois  ^ 
teins  de  leur  portée  ,  la  femelle  mettra  bas  pour  la  troificme  fois  : 

Ces  (ortes  d'animaux  font  fujets  à  l'épilepiie, 

II  fuit  de  ces  expériences:  i".  que  la  chaleurartificiellc  peut  fuppléet 
dans  les  pays  froids  à  celle  des  climats  ch.iuds  pour  la  génération  des  ani- 
maux ,  &  cela  n'étonnera  pas  tout  homme  capable  de  réflexion  qui  a  été 
forcé  de  voyager  par  le  grand  froid.  U  s'eft  ceitainemeut  appcr^u  au& 
les  deHrs  amoureux  ne  nailTenc  pas  au  milieu  des  gTaçuns  (i  ).  x*.  Qu  on 
pourra  à  l'avenir  appliquer  ce  principe  à  la  multiplication  des  ani- 
maux cttangers  qu'on  jugera  ctre  utiles  dans  nos  climats.  3^.^  Qaon 
feur  actuellement  déterminer  dans  riiifloice  naturelle  des  Ouittitis, 
époque  de  leurs  amouts ,  la  durée  de  leur  portée ,  les  circonftances  de 
leur  naitfance,  donnet  uue  idée  de  leurs  morurs  ,  &  cnân  délîgner  la. 
maladie  à.  laquelle  les  individus  de  cette  efpcce  font  le  plus  fujets  (t). 

Je  penfe  que  cela  mériie  l'attenrion  des  Naruraliftes,  &:  que  Ie> 
Savans  &  les  Amateurs  d'Hiftoire  Naturelle  doivent  favoir  gré  à  M.  le 
Nlarquis  de  Néelle  des  foins  qu'il  a  pris,  des  dépenfes  qa'il  a  faites  âC 
qu'il  fait  chaque  jour  pour  lyultiptier  éc  varier  des  erpéciences  dan& 
un  genre  aulu  iutécelTanc  que  nouveau. 


O  )  Ce  feroit  en  vain  qu'on  m'obiefteroït  cjo'il  y  a  des  erpèce*  d'animans  quî" 
fc  m.iltiplieiic  dan*  !c  Nord  .lu  milieu  d«s  gUc«  ,  icls  que  les  Ours  bl^itcs ,  icf 
fienncs,  tes  Loups,  &c.  Car  ce  n'cfl  ceminemeut  pas  pendant  les  grands  froids  de 
l'hiver  que  CCI  antmaiiï  cnctenc  en  amour .  mats  pendant  les  chaleurs  de  l'^té  , 
lefq'jcllcs  qTioiqitc  moins  [ungucs,  le  font  (cniir  avec  aatant  de  violence  dans  le 
Nord  pendant  tes  mois  de  Juiller  &  d'Août  ,  ({iie  dans  les  autres  climats.  On  Hiic 

3ur  I»  degrés  de  chaleur    pendant    l'été,  dans    quelque   pays   qtic  ce   putlTc  jtrc  , 
itfc'rent  bciucoup  moins  comparativement  que  lc$    degrés  de  froid  pcudant  Tiiivcik. 
31  n'y  a  que  la  Juiéc  qui  vaiie  fuivani  tes  climats. 

(i)  Les  OuiAitis ,  donc  il  cfl  qccftion ,  ont  tOMJouis  été  enfcrinés  dans  un  lieu  chaud 
cil  l'air  n*a  î*cnt-étrc  pas  été  renouvelle  avec  aiTci  d'etaflitude  :  les  émanations  de  ce» 
animaux  Ton:  fi abondantes  qu'elles  communiquent  à  rairoQfphcre  du  Cabinet  une  odeur 
prerq.ie  infourcnablc^il  pouttoicbicn  fc  faire  que  cette  odcur&i  lacaufc  delanuladic 
qu'ils  éptouvcac. 


SUR   Vff/ST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS.     J55 


OBSERVATIONS 

Sur  la  Miuc  rouge  de  Cuivre; 

Par  M.  Sag£. 

Les  expériences  dont  je  vais  rendre  compte  feront  connoître  que 
U  mine  tou^e  de  cuivre,  n'eft  cju'une  altération  du  cuivre  natif,  on 
ce  métal  privé  d'une  portion  de  fon  phlogiftique  &  tendant  à  fe  dé- 
compofet  par  l'efilarekcn-e  ,  ce  qui  .ed  conforme  à'  ce  que  Cronltedt 
a  die  dans  fa  Minéralogie,  où  il  aétînit  la mîue  rouge  de  cuivre, 

Âiintra  cupn  calâformis  pura  ^  friabiliî  vti  inJttrata,  colon  rutro, 

La  plus  belle  cfpcce  de  ces  mines  rouccs  de  cuivre  fe  trouva  dans 
la  mine  de  Prcdannali ,  dans  la  Province  de  Cornouailles.  M.Lchmann 
dit  que  fa  couleur,  fon  tilfu  &  (es  cryftaux  font  qu'elle  reffcmble  parfai- 
tement i  la  mine  d'argent  rouge  (i),  c'ett  ce  qu'on  peut  vériher  en  exa- 
minant les  morceaux  que  je  prcfente  à  l'Âcadcmie.  La'mine  rouge  de 
cuivre  fe  trouve  dans  trois  états. 

1.   En    cryflaux    oûacdrcs   tranfparcns   d'un  rouge  de  rubis  5  cette 
efpèce  a  été  nommée  par  Henclcel ,  mine  de  cuivre  vtireuji  rou.^e  ;  il  die 
qu'elle  ed    fî  riche  en  cuivre  ,  que  ce  métal  y  efl  prefquc  cour  pur. 
liitroducVion  i  la  Minéralogie ,  Torft.  x ,  pag.  x  1 8- 
1.  En  mamelons  d'un  rouge  mat. 

5.  En  fibres  ou  petits  filets  opaques  ,  dont  la  couleur  approche  de 
celle  du  cinabre  ;  cette  dernière  efpèce  eft  connue  fous  le  nom  de 
éUurs  de  cuivre  rouge. 

Xa  mine  rouge  de  cuivre  cryftallifce  &  tranfparente  fe  trouve  pref- 
que  toujours  avec  le  cuivre  natif ,  dont  elle  n'efl  qu'une  aircratioji  \  c'eft 
une  vraie  chaux  de  cuivre  qui  devient  noirâtre  après  avoir  été 
expofée  au  feu ,  &  palfe  i  l'état  de  verre  brun  &  chatoyant  lorfqu'on 
lui  fait  éprouver  un  deeré  de  feu  propre  à  faire  rougit  le  creufet, 
Lorfque  le  cuivre  paife  de  l'état  métallique  i  celui  de  rouille  verte 

2u*on  nomme  patine  ,  00  trouve  que  fous  cette  efpccc  de  malachite 
>iide ,  le  cuivre  e(l  friable ,  &  qu'il  a  pris  une  couleur  d  un  rouge  mat  j 


(1)  Art  des  miacs  métalliques,  premift  Votuioc,  page  111. 

X779,        A  01/ S  T. 


t$tf        OBSERVATIONS  SUR   LA   PHYSiQUEj 

cette  chaux  rouge  de  cuivre  crydallife  fouvent  lorfqu'elle  n'ed  point 
couvene  de  patine  \  c'eft  ce  que  je  viens  d'avoir  occaCon  d 'obfcrver  dan» 
des  fragmens  de  cuivre  dorc(i),  qui  avoient  faic  patrie  delà  jambe 
de  cheval  qui  fut  trouvée  en  17^6,  dans  la  Saône  ,  auprès  de  Sainte-* 
Claire.  H»  rompant  ces  morceaux  de  cuivre ,  on  trouve  de  petites  cavi- 
tés tapitrées  de  cryftaux  rouges  oftacdtes  traMfpitens.  La  fur^ce  de 
ce  cuivre  qui  n'écoit  point  dorée-,  écoit  endtùte  de  patine  trcs-fîne. 

Un  fragment  de  ïambe  de  cheval  en  cuivre  dore,  que  M.Rigaudde 
Terrebafle  a  trouve  dans  ta  Ville  de  Lyon  j  au  mois  de  Novembre 
I777,  préfenre  dans  fa  fraéVure  des  cavités  avec  des  cryflaux  rouges  tranl** 
parçns^^  quelquefois  des  cryftaux  blancs  tranfparcns  qui  m'ont  paru 
iclcniteux- M*  de  ta  Tourette,  qui  a  rendu  compte  à  M.  Becttn  de  U 
découvert  de  cette  jambe,  dit  qu'elle  n'a  aucun  rapporc  avec  celle  qui 
4  été  trouvée  dans  laS.ionc  ,  que  leurs  piopocrion»  fout  encièremenc 
différentes  (*J, 

L'analyfc  comparée  de  la  mine  rouge  de  cuivre.  Se  des  cryftaux 
rouges  de  cuivre  que  j'ai  trouves  dans  les  fracmens  de  la  jamije  de 
cheval,  m'ont  fait  connoître  qu'il  n'y  avoit  ^omt  de  différence  entre 
(N5  dQux  productions. 


(1)    7e  it«ns   ces    morceaui  ilc  M.  de  UTourettc,  $ectétatre  de  l'AcaJ^ie  de 

tyon. 

(t)  Voici  l'eietait  du  rapport  que  M.  de  laTourctte  cnfirsrAcatWmiedcLyon. 
H  uut  bien  dtiHiigucr  ce  nouveau  fragment  de  celui  trauvé  en   176^.  Lcdemicrcft 
une  jambe  toute  ciuicra  d'un  dicval  d'iii«  grandoii  ordinaire  ,  au  lieu  tjMc  le  premier  nv 
cooiprcud  qo'une  gtao.l4  pociion  de  l'a.vaiit-bta-t  du  momoir ,  5:  un  mocccau  du  cacoa 
de  cette  mt-mc  jjmbe.   Le*  prppotiions  atuionccin  un  cheval  iiLS-baui.dc  fcp  pieds 
environ.  \i  cil:  coulé  en  cuivie  roîige  [c:ouvtit  d'une  feuille  d'or  ircs-purâ  fa  fur- 
face  ,  altéra  uu  peu  par   le  tcmi.  Le  dcilin  en   eft  peu  «aA,  la  dJCutnpofîuon  du 
euivte  enfoui  ajUl  Iodc-icois  dans  les  cntiAÏltct  de  la  terre  ,  a-  dpnn^  naifTanvc  à  divei- 
ics  ptodu<^oas  incérc|lantc«.  On  y  voit  de  vraies  nîalacbixs  plui  au  moins  épatées  , 
du  bleu  3c  du  vcrd  de  montagne,  des  cryl^aiix  d'à  lut  de  cuivre,  ou  fleurs  de  eu*- 
vie  bleues  Si  verccs  trcs-ptononc^eï.  Dam  le«  parties  calfL'es*  on  appcr^oir  auili  qu'il  s'cfl 
fbrmé  dans  l'cpaifTcur  di  mtiat ,  dc5  cavliés   doit   qjclque^-unc»    l'ont   remplies  de 
malachites,  d'autres   lapilfces  de  cryfV.i;Jx  plus  gros  cjuc   les  ptécédcrs   dune  crpccc 
fl^oins  connue  .  Se  don:  \i  couleur  approche  de  telle  du  grenat  ou  dt  la  rulune  d'aifenic. 
Dans  le  uombte  ,  il  s'en  rrouvc  d:  [grisâtres  ,  Se  queiques-^is  d'un  blanc  rrjnfpiretH 
de  forme  prcrque  cubique.  Si  on  oburpc  avec  la  loixpc  les  ponious  de  U  fuiùcctiui  Tont 
décompofifcs  ,on  appcrcoit  d'auiics  petits  ctyftanz  rougeâties  qui  conirarncent  à  fc  for- 
mer fous  les  feuilleii  d'une  chaui  métallique   d'un  rouge   d'ocbrc  brun.  Ces  divers 
cryftauii ,  produits  de  la  décompoliiion  de  o'iclt]  .-es-unes  des  parties  de  •;€  culrre,  peu. 
vent  faire  foupconnctïfu'll  n'ell  pas  cKtnpt  d'alliage. —  Cette  notccO  d'undet  Auicuis 
du  Journal ,  qui  a  vu  ce  fragment  de  cuivre  9c  qui  l'a  trouvé  exa<3cmcnt  rclTcmbtani  1 
la  derctipcîou  que  M.  de  la  Tourctcc  en  a  faite,  0(1  peut  voit  un  prnt  morceau  Je  ce 
fragment  île  cuivre  iu  Cabîact  d'Hilloire  Naturelle  de  Saiotc-(îcncricve,qui  s'enrichit 
tous  les  jours  par  les  foins  de  M.  A.  Mongct ,  l'aÎDc. 


SUR  VHTST,  NATUREim   ET    LES   ARTS.     157 

Ces  cryftaux  routes  cîe  cuivre  étant  cxpofés  nu  fca  dans  un  crcufet, 
H^crépitenc  ,  noircifTent  de  deviennent  opnqtiesj  pnr  un  feu  plus  vio- 
lent, ils  fe  changent  en  un  email  brun  chatoyant. 

J'ai  fondu  de  ces  crylbux  rouges  avec  deux  parties  de  poudre  de 
charbon,  Se  j'ai  reconnu  qu'ils  produifoient  par  quintal  foixantcA:  dix 
livres  de  cuivre. 

L'expérience  fuivante  démontre  c]uc  ces  ctyftaux  rouges  ne  contien- 
nent que  dû  cuivre.  J'.ii  pulvértfé  de  ces  cryftaux,  je  les  ai  mis  dans 
de  l'ilkali  volatil  ,  ils  s'y  font  dilfous  enticremenr  ;  r.ilîuli  volaril  a 
pris  U  plus  belle  couleur  bleue. 

Il  reluire  de  ce  que  je  viens  de  rapporter ,  que  la  mine  ronge  de 
enivre  eft  femblable  non-feulemenc  par  fa  forme  ,  mais  encore  parfes 
parties  intégrantes  ,  aux  cryftaux  rouges  de  enivre  rronv(^  âxns  les 
Fragmens  de  la  cutlTe  de  cheval  j  &c  l'un  &  l'autce  pardiffènc  produits  par 
l'altération  du  cuivre  le  plus  pur. 


L    E     T    T    R    £ 

A  Monfieur  l'Abbé  Rozier  ,  Auteur  du  Journal  de  Phyfique; 

Par  M.  LE  Cahvs y  Membre  dts  Acadcmies  de  Lyon  &  de  Dijon ^If 
Rueveur  du  Gattlies  au  Dcpartunt^  de  Lyja. 


A  Lyott ,  U  s  ^tî/Ut  I77J. 


Mon 


JSIEUR, 


..  ..I 


Votre  Joum.il  étant  devenu  par  les  (oins  que  vou«  y  dûnnez,^an 
dépôt  générai  de  toutes  les  Obfervatiotis  des  PhvficienS"&  dès  Watu- 
tahftes  ;  voulez-vous  bien  permettre  que  j'y  couligne  une  découverte 
qui  vient  de  fe  faire  à  quatre  lieueî  dici.  <      .     .. 

On  a  trouvé  à  Vienne ,  en  Dauphiné  ,  en  crcufant  le;  fondations 
d'une  maifon  fut  le  quai  qui  cft  le  lonij  du  torrcnr  des. Chères  ,.«n« 
uiine  de  mercure  j  au  moins  e(l-oh  en  dfoic  de  le  foûpçonner"  parMa 
quantité  de  ce  demi-mccal  que  l'on  en  a  tirée.  Ce  qui  pourroit  feuteri 


g-^î-P^ 


tout   de  cinabre  qui  accompagne  ordinairement' à  nfetcii^e.  fl-pafdîç* 


15S        OBSnRFÂTlOKS  SUR  LA  PîirSTQUS, 

cependant  s'y  ctrc  fublimc  dans  quelques  endroits,  &  nvoir  forme  na 
fit!  mercunel  que  je  regarde  comme  un  fublimé  corrofîf,  par  la  cauf' 
cicitcqae  je  lut  ai  reconnue  .tu  f;oût,  n'ayant  pu  m'eJi  procurer  une  alfez 
grande  quantité  pour  le  foumcttre  à  d'autres  épreuves.  La  gangue  de 
ce  mercure  ed,  comme  vous  voyez,  des  plus  {înguUcres,  fie  ;e  ne  con** 
Jiois  aucun  minéral  ainfi  interpofc  dans  le  tuf  qui ,  comme  vous  favez» 
ell  nue  matière  qui  fe  forme  journellement  par  les  diffâentes  concré- 
tions que  pioduifent  les  eaux.  Jii  examiné  avec  atientiun  le  tercein, 
Çc  je  crois»  d après  mes  Obfervadons ,  pouvoir  coajeducer  que  le  (îloii 
principal  pourroic  bien  ctre  dans  la  monta{>nc  ,  au   pied  de  laquelle 
fe  trouve  Le  cuf  avec  le  mercure.  Alors ,  il  feroit  à  picfumer  que  le 
mercure,  qui  de  fa  nature  eft  crcs-pefnm  &  très  Huide  ,  aura  pcnétré 
à  travers  les  couches  de  rochers ,  &c  fe  fera  loge  dans  les  |iores  du  tuf. 
Vous  counoiirez  ce  pays  &  vous  faver  que  toutes  les  montagnes  qui- 
font  aux  environs  de  Vienne ,  offrent  quelques  indices  de  mines  foi^i 
de  plomb  foie   de  cuîvrc  ,  dont  pluHcucs  de  plomb  font  exploitées. 
Au  furplus   comme  on  s'occupe  de  recherchée   le   lilon  principal  de 
mercure,  fe  ne  doute  pas  que  les  excavations  que  l'on  fera  pour  ce( 
effet ,  ne  puilTenr  nous  fournir  de  nouvelles  Obfervarions  fur  ta  nature 
de  cette  mine  >  doiir  je  vous  ÎQtM  parc  dès  que  j'«R  ferai  inllruit. 

J'ai  l'honneur  d'être,  &c. 


RÉFLEXIONS  ET  EXPÉRIENCES 

Sur  les  Réflexions  &  Expériences  de  M.  de  la  Folie,  con» 
cernant  les  Caflerolcs  &  autres  Vafes  néceffaires  à  Tap- 
prêt  des  alimcns,  &  où  on  fuppofe  la  préfcnce  du  cuivre 
^  de  l'arfenic  dans  récain  ; 

Par  U  Sieur   SàLMON  ,  Maiui  Potier  4' £  tain  ^  à  ÇkarinSf, 


A  nature  des  minéraux  ne  nous  eft  pas  aJîèï  connue  pour  pouvoir,' 
par  le  feul  taifonnement ,  inférer  avec  vente  quelques  conïcquences  tirées 
du  peu  de  propriétés  qu'on  en  connyît.  Il  ne  faut  tien  admettre,  fur- 
tout  en  fiiic  d'alliage  de  métaux  ,  qui  ne  foit  conforme  aux  loix  d'affini- 
té que  l'expérience  nous  a  fait  connoîrre.  L'expçaentç  çft  la  gcomcttie 


SUR   VtlIST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS,     ijy 

On  lictlsns  le  cahi«  de  Décembrfc  1778,  du  Jourrrat  de  Phyfique  ^ 
page  458  ,  un  Mémoire  qui  a  pour  litre  :  Rèjî^xions  Gr  Expérie/ncs  con' 
cernant  Us  cajjeroUs  &  untrei  viijii  ncalfairn  à  t apprêt  de  aiimeis  ,  par 
M,  de  la  Folie  L'Auteur  penfc qu'on  a  »  Jugrfavec  rairon,que  le  fer  battu 
n  ctoit  d'un  ufagc  trc5-(;iin,  mais  avec  quel  mécat  recouvrir  le  fer  pour 
w  le  prcferver  de  U  rouille  ?  hoc  ôpus  j  h'tc  lahor  efl  >  l'ctamage  ordinaire 
n  eft  lui-même  dangereuï  pour  la  fantc ,  parce  qu'il  contient  au  moins 
»  une  partie  de  plomb  fur  deux  d'ctaiu.  Se  l'ciain  lui-même  contienc 
»  beaucoup  de  portions  arfciiicalcs  (1)  «f. 

l/impattialitc  &  la  modedic  qui  caraétérifent  dans  Icrcfle  TAureur  d« 
ce  Mémoire  ,  ne  fe  manifeftent  pas  ici  :  Se  cependant  une  imputation  da 
cette  natute  mérttoit  bien  d'ctro  appuyée  de  queloues  preuves  En  etfèr  » 
elle  porte  une  forte  atteinte  à  l'ordre  focial ,  en  prévenant  les  efprits  con- 
tre un  métj!  qui  eft  d'un  ufige  Journalier ,  au  moins  dans  quelques  pro- 
vinces, &  que  la  modi<.iic  de  Ton  prix  ii:ecà  la  portccdu  plus  grand  nombre, 
(  car  on  a  beau  ctre  perfuadédc  la  falubriré  d\\n  métal ,  on  nejjeut  entendre 
avec  indifférence  ûes  hommes 
mcme  mctal  contient  beau; 
fraye  une  route  à  la  met 
vail ,  &  un  moyen  de  fubfift.inco  qui  leur  fait  fupporter  rincgalitc  Mais 
fans  nous  atrcter  à  ces  points  de  vue  ,  aon  plus  qu'à  l'examen  de  Icta- 
mage  de  TAuteur ,  Se  des  difficultés  qui]  y  auroit  à  fiirmontcr  pour 
en  filtre  un  objet  de  commerce  &  de  travail  libre,  voyons  lî  l'Auceuc 
a  raifon  de  prollrire  tout  autre  étamagc  que  le  fien ,  même  celui  du  fec 
blanc  ,  fous  prétexte  que  Céiain  contient  beaucoup  de  portions  arfeaicaUs, 

D'abord  la  préfence  de  l'arfenic  dans  Iccain  n'eft  encore  qu'un  ppo- 
blême  qui  n'a  point  ctcrcfoIu,&  qu'aucune  expérience  n'a  démontré 
d'une  manière  pollcive.  On  prêfume  ^  on  a  lieu  de  prejumer  ^  c'eft  aiuiî  que 
s'expriment  les  Auteurs ,  mais  la  prJfh'fiption  n'c/î  pas  une  déci fion  ,commQ 
le  ait  trcs-bien  M.  de  la  Folie,  Il  va  peut-crre ,  lui ,  nous  apporter  en 
preuve  quelques  expériences,  ccoutons-te  \  »  ce  n'efl,  dit-il  dans  (1  nr&* 
»  micre  remarque ,  qu'apràs  une  expoGrion  de  trois  jours  fous  le  roue 
»  des  fayanciers  ,que  je  luis  parvenu  à  priver  l'ctain  de  fes  portions  ar- 
n  fenicales.  L'érain  en  nature  qui  fe  trouva  alors  fous  la  couche  d  écaia 
1»  vitrifié ,  eft  très-doux ,  &  a  perdu  ce  que  l'on  appelle  le  cri  de  I  ctaink 
u  Alors  j'ai  remarqué  dans  cet  étain  des  veines  de  cuivre  ,  &  [e  n'en  ai 
m  point  été  furpiis  ^  car  ptefque  tout  l'étaiu  qui  efk  dam  le  commerce 


(i)  Ici  on  lit  deux  8cc.  SaÎToicnt  appâte  m  ment  des  expériences  que  te  Ré(ia£lcur 
a  jueé  à  propos  Je  rcTuacbcr.  Scroit-ce  parce  (ju'cU«t  a'étoicni  pas  nouvelles  oa 
qu'elles  ne  piouvoicnc  pas  L'alTciûoD  ? 


^y 


\6o      OnSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

vt  coniienc  du  cuivre ,  &  ce  cuivre  prive  des  parties  arfenicales,  reparoît 

»  fous  fâ  rormc  iiaturclle  ". 

Il  y  a  dcji  quelque  rems  qu'un  célèbre  Cliymifte  avoît  prèfumê  la  prc- 
fence  de  l'atrcnic  dans  Ictain  \  il  publia  Tes  foupi^ons  6c  les  expériences 
auiyavoient  doniic  Iieu>  8c  bientôt,  entraîne  fans  doute  par  I'AUtoticc,on 
acduit  de  ces  expériences  les  inciiies  conféquences  que  lui ,  &:  r.iir«rcion 
(le  t.i  prcfcttce  cie  l'arfenic  dons  rétain  devint  gcncralc.  J  obrervois  ce 
lucial  depuis  plus  de  douze  ans ,  non  pas  à  U  vente  dans  des  vues  auflt 


l'éuin  ,  &  me  firent  redoubler  d'efforts  pour  y  découvrir  ce  pciifon  dan- 
gereux ,  de  la  préfence  duquel  je  ne  m'étois  pas  même  douté.  J'cmployii 
pour  cela ,  fans  fucccs ,  cous  les  moyens  connus  en  chymie ,  &  pour  der- 
nière refTource,  je  crus  devoir  m'en  afTurer  par  la  comparaifon.  Je  fis 
donc  l'cxpcricnce  fulvante  :  bien  loin  de  juftifier  raHertion  de  la  préfence 
de  l'arfenic  dans  rccnin,c!le  dcmomre  une  inaHinicc , une anciparhtc  dé- 
cidée entre  ces  deux  fubftances. 

Jo  pris  de  l'ctain  neuf  des  mines,  &  aprtïs  l'avoir,  par  des  moyens 


pour  palier  a  travcr  un  tamis  de  crin,  je  pris  4ï  Cï 
3e  cet  érain  granulé  &:  prefque  réduit  en  poudre,  &  6  gros  d'arlenic 
cryftallîn;  j'arrangeai  ces  Jeux  matières  par  lus  dans  un  cieufet  quej'ex- 
pûfi\i  i  un  feu  lent  en  commençant  i  j'augmentai  le  feu  p.ir  degré  jiilqu'il 
ce  que  la  maïfe  rougît  \  ayant  agité  à  cet  innanc  le  mélange 
Avec  une  fpaiule  de  fer,  j'ai  eu  un  cutoc  qui  pcfoic  i6  gros  44 
gnins;  les  fcories  croient  granulées,  j'ai  jette  delTiis  un  peu  Aq  fuif, 
&  ai  augmente  le  feu  ,  une  partie  de  ces  fcnries  s'ell  réduire  ,  &  j*,\i  ob- 
tenu de  nouveau  10  gros  j.  grains  j  cnforte  qu'il  y  a  eu  autour  de  14 
gros  on  5  onces  de  perre,  c'elt-à-dire.  la  moitié.  L'alliage  en  fufion  , 
coalc  dans  h  pierre  d'elTai  des  Hotiersd'ctain  fi),  a  donne  un  petit  lingot 
qui  rcilbmblott  à  une  marcartite  par  le  nombre  de  facettes  que  piéfen- 
toit  fa  furface  'y  il  étoit  plus  calîani  que  le  verre ,  &  la  caflure  examinée  à 
la  loupe  étoit  compofée  de  grains  ifolés  &  rayonuans ,  qui  aiinonçoienc 
le  peu  de  liaifon  des  parties.  Mais  cet  alliage  en  fufion  étuit  fi  épais. 


(\)  Cecc  i>iefic  d'eflai  qu'on  appelle  au(G  tjuclqiicfois  licgotii^  eft  de  pierre  de 

tuff'iiut ,  ou  de  tonnerre* 

qu'il 


SVR    VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      itfi 

^u'il  1  fallu  m'y  prendre  à  plufleurs  fois  pour  en  couler  une (i)  médaille 

[  -dont  je  plis  comparer  le   poids  avec  celui  d'une  mcdaillc  de   tncme 

rVolume  dccain  pur.  Celle-ci  pefoic  kîç  grains,  celle-là  lo  grains  de 

^idoins.  Obfervez  cependanr  qu'on  ne  peur  guère  compter  fur  ce  rapporr 

•  de  denHcc,  parce  que  cec  alliage ,  en  fe  figeant  dans  le  moule,  bourfou^ty 

■ce  qui  occahonne  des  vuides  dans  l'intcrieur  de  la  médaille^  remarquez 

.encore  que  le  mélange  de  l'arfenic  à  l'écain  n'a  lieu  que  lorfque  quelques 

^iiibftances  grades  reriennenc  l'arfenic  qui  5'cvaporeroit,&  le  joignent  i 

^r^tain  par  leur  affinité  avec  les  deux.  En  effet ,  j'ai  fouvent  tenS  cette 

■opération  avec  de  l'arfenic  blanc  cryflallin,  Je  n'ai  jamais  pu  l'incorporer 

isl  l'ctain  fans  la  proie^ion  d'un  peu  de  fuif  qui  rallcntit  la  fublimatiun 

de  Tarfeftic  ,  en  facilite  l'union ,  &  en  cil  enluite  comme  le  lien  :  il  y 

fîa  plus  ,  n  on  enitciienc  l'alliage  en  fulion  y  on  voit  l'arfenic  fc  perdre  en 

'fumée,  &  emporter  avec  lui  une  partie  de  l'ctain  à  mefure   que  les 

matières  gralfcs  qui  le  tcnoienr  uni  le  confomment,  jufqu'à  ce  qu'enlîii 

ce  qui    rcfte  d'étain    n'en  contienne  plus,  &  porte  les  mêmes  caraékè- 

res  qu'avant  le  mclange-  Après  ces  expériences ,  peut-on  trouver  à  l'étaiii 

'Une  affinirc  avec  l'arienic,  lui  qui  s'allie  fi  difficilement  i  notre  métal  , 

;  qui  le  dcrruir  lotfqu'il  y  eft  allié,  le  rend  aigre  &  caflant  comme  il  fait 

aux  autres  métaux  ,  en  un  mot ,  lui  donne  des  caraAércs  (i  ditférens  qu'on 

ne  le  reconnoît  plus  ?  Mais  allons  plus  loin  ,  tous  les  Auteurs  de  Métal- 

llurgie  recommandent  le  grillage  de  la  mine  d'étain  pour  en  fublimer 

|-rarfenic,&:  difentavec  raifon  que  fi  la  mine  n'en  efl  pas  bien  dégagée» 

la  réduûion  du  métal  n'a  pas  lieu^  qu'il  fe  forme  une  matière  patérife 

,qui  cncTafl'e  le  fourneau,  boucUe  la  tuicrc ,  en  un  mot,  fait  manquer 

[Topcration  ,  ce  que  les  Ouvriers  appellent  fain  U  cochon.  Apres  cela,  il 

n'y  a  plus ,  je  croîs ,  à  douter  de  l'inaffinité  de  l'arfenic  avec  l'étaîn ,  ou 

du  moins  l'iniércr  des  Mineurs  nous  eft  gavant  qu'il  n'en  efl  point  lellé , 

&  qu'ils  onr  mis  tous  leurs  foins  i  en  dégnger  exaftemenc  la  mine  dans 

[Je  grillage.  Enfin  ,  pour  combarrre  M.  de  la  Folie  par  fes  propres  armes  , 

|e  prouve  la  falubrité  de  l'ctain  par  l'argument  dont  il  s'ed  fervi  pouc 

prouver  celle  du  zinc  \  il  a  fait  des  ragoûts  dans  fes  calTeroles  zincquées  ^ 

il  les  y  a  laiffé  féjourner,  £c  en  a  donné  à  manger  i  des  anii-naux  qui 

n'en  ont  été  aucunemejîC  incommodés  i  &  moi  j'apporte  l'expérience  de 

tous  les  tems ,  de  tous  les  pays ,  de  tous  les  jours ,  fut  laquelle  eft  fondée 

2a  perfuafîon  où  on  a  toujours  été  de  l'innocuité  de  l'étaîn  \  j'apporte  le 

témoignage  de  la  Médecine ,  qui  ne  fait  qu'en  faite  pouc  fon  fctvice  (i,'> 


/ 


{■)  C'cfl  une  malTe  ronilc  d'un  diamètre  le  d'un  volume  dciermtncs ,  coalée  danf 
'UD  moule  de  caivre  ,  &  qiU  91c  fut  à  comparu  Us  atlia|^ck  de  l'étaûi  par  leur  pefân- 
leur  rcfpcAJvc. 

(i.)  Je  rcodrù  compte ,  par  abondant ,  d'une  expérience  que  j'jû  fain^  aux  léfuU 

Tom^  XIK  Part,  IL  1779.  A  O  i/S  T.         X 


^Ci       OBSERP'ATIONS  SUR   l  PHYSIQUE^ 

La  ptércncc  du  cuivre  ilans  l'ccain  n'eft  pas  mieux  fondée  \  prener' 
g-irde,  jx  ne  dis  pas  kî  que  le  suivre  ne  peut  pas  &'.iUiec  àlctain,  je 
jcoiitiois  [[op  bien  la  nature  du  métal  de  cloche  ,  du  bconze  âcc.  ;  je  ne 
dis  pas  tntme  t^u'îl  n'y  a  p.^s  dans  le  commerce,  de  1  ctaiii  qui  poite  uu 
J7CU  de  cirivcc,  |e  fais  que  dans  Taloy  des  Poriecs  d'ctain  il  en  entie  un 
peu  ,  mais  je  dis  que  dans  1  cuiu ,  cet  qu'il  nous  vienc  des  mines ,  il  n'y 
en  a  pas  la  moindce  partie  ,  &  que  les  exptViences  de  M.  de  la  Folie  ne 
f  rouvetu  aucunenieuc  qu'il  y  en  eût  daiis  l'ctaiu  dont  il  s'cA:  fcrvi.  Pre- 
jnièremcnc  ^  dans  toutes  les  cxpétieuccs  que  j'ai  faites  fur  l'ctain  de  quel- 
fiue  pays  que  ce  fut ,  je  n  y  ai  jamais  apperçu  la  moindre  portion  de  cui* 
vie.  Et  puti,  qui  l'yauroit  mis?  ce  ne  feïuienc  cecrainemenipas  les  ouvriers 
dos  mines  ^  ils  ne  s  amufent  pas  à  £tire  des  alliages  ',  ou  du  miÂns ,  nous 
pouvons  ccre  sûrs  qu'ils  n'en  feront  point  de  pareils ,  Çv  nous  fuppofons 
qu'ils  cuniK>illcnc  leur  vâitable  intcrtt:  &:  cela  >  tant  parce  que  le  cuivre 
A  dans  le  commerce  un  prix  plus  liAut ,  que  parce  qu'il  en  rcfulteroit 
qu'on  ne  pourroit  pas  fe  fecvir  ce  leur  étain  dans  bien  des  circonîlances. 
in  effet,  les  teinturietsfe  fervent  deraiu  dilFout  dans  l'eau  régale  pouT 
f-iirc  leur  teinture  en  ccatlatc ,  &  qui  plus  eft ,  les  chaudières  pour  cette 
icinture  doivent  être  d'ct.iin,6c  cï'étam  pur.  Si  cet  ctaiu  conteuoit  une 
partie  de  métal  quelconque,  &  particulicrcnicnc  du  cuivre»  ou  (\  la 


tats  de  laf]ucllc  on  ne  s'attend  probablcmenr  pas  ;  c'cft  la  revivtfîcation  de  la  chan* 
d'ctain  obtenue  par  la  voie  bumidc.  Ayant  fait  dtlTouJrc  daos  l'eau  régale  de  l'ctain 
ptihlîc ,  comoïc  j'ai  [oujours  loin  <Je  le  faire  de  ccctc  partie  furabondantc  de  pblo- 
jifliquc ,  &  aprcs  avoir  fait  évaporer  la  liqueur  à  feu  lent  jufqu'i  (ïccicé  ,  j'obtins 
Une  chaux  qui  ne  cclloit  de  fumer  au  gtitlacc&  ptcnoii  ['bumidh^dc  r.iir ,  cortodoic 
Je*  vafrt  d'Atin  dain  Icf'jaeU  je  l'ivois  mîTc  ,  donnoii  à  la  fublimarion  une  poudre 
blaacfae  qui  ptcnoii  audl  j'huraiiliic  Je  l'air  Se  répandoii  l'odeur  du  Cc\  ammoniac.  J'ai 
4ais  cette  cbtuK  dans  un  crciirct  pour  ia  revîvibcr ,  ea  y  joi^nt  te  moins  de  ma- 
tiètes  inHâramablcs  qu'il  me  fut  pofTibJc ,  afia  que  celles  du  dtllôlvanc  s'incorporaOeot 
AiicuY  au  racial:  t.i  rcdui^ion  faite ,  j'ai  vctfif  Putain  dans  une  Hnzotiérc,&  il  ne  ma 

£3iat  di^rer  en  rien  dc^  autres  ^taîns  obtenus  de  idducVon ,  foit  d'après  une  diflo' 
irion  ou  «ne  calcination.  Je  1«  mh  entUite  en  digdbon  pour  en  dégager  U  panie 
fjrsboodaotc  de  nucicrci  inAammablcs  ,  Se  alors ,  cet  ctain  cAayé  a  la  pierre ,  ne 
douiM  aucune  teinte  fur  ùt  fur^c  Se  rcircmbWic  en  tous  points  à  IcMatn  le  plus  pur. 
Tel  cA  le  r^fulcat  lic  i.<ttc  cvpciicKC  \  l'cuîn  ne  fe  trouve  pts  tocme  împtégué  des  ma* 
tîères  du  difTalvznc  qui  a  tant  d'afBnitt^  avec  lui.  Le  feti  les  a  confomm^cs  toutes. 
Cette  eipérîencc  cft  d^cifîvc  ,  elle  démontre  clairement  dcu»  chofes  j  prcmiêtcmoir  , 
que  ritain  t^uoiqMc  pénctid  dans  l'on  état  de  minerai  ou  de  chatix ,  de  fubfVances  iftrjn' 
ijcrcs  mcme  inSiitmciu  attMuécs ,  n'eu  rc:icnt  pas  le  moinlte  atome  aprcs  fa  rtîJuc- 
rion,  flc  qoc  le  fcti  confommc  tontes  les  matières  hérémpincs .  S:  premièrement  l'ar- 
fcniç  qui  de  fa  nature  cil  très  volatil ,  &:  n'a  pniot  d'aiTiniic  avec  IVrain.  E!Ic  difmoii- 
tte  en  lêeond  lieu,  qu'un  m^tal  ne  doit  fi  conhftancc  métallique qo'au  principe  inflatif 
imble  qm  lut  dontïcoti  caujfie^m  ou  aciJum  fingue ,  que  le  rooiaft  de  l'air  onde* 
«cidcs  paiticnlicrs  à  chaque  métal  (cluu  l'aibniié  peuvent  enlever,  comme  yi  l'ai 
I  •blxrvé  plofipiK  fou  dons  te  couu  dit  Mimoéi^  i  >      ^  • 


SUR  rniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     ifij 

cliaudière  croit  de  cuivre j  la  coulenr  perdroir  beaucoup  de  fou  éclat, ou 
changeroit  mcme  toralemenc.  Aiiill ,  il  eft  premièrement  démontré  qu'il 
n'y  a  point  de  cuivre  daiw  l'écain  tel  qu'il  furt  des  mines  pour  entrer  dans 
lecofpmerce.  Jcdis  en  fécond  lieu,  que  rexpeticncedeM.de  la  Folie  ne 
prouve  aucunement  qu'il  y  en  eût  dans  l'étain  dont  il  s'eft  fervi.  Cctre 
expérience  efl  l'expérience  générale,  conrcnue  dans  la  première  remarque, 
citée  tout  au  lonç  au  commencement  de  ce  Mémoire.  L'Auteur  croit 
reconnoître  le  cuivre  i  ces  nuances  jaunes  qu'il  a.  remarquées  fur  l'étain  qui 
arefté  fous  la  couche  prétendue  vitrifiée  (je  dis  prétendue  vitrifiée,  car 
cour  le  monde  fait  que  1  ctAtn  ne  fe  vitrifie  que  par  l'addition  du  plomb 
ou  de  quelques  terres  vicrifciblcs.  Ce  métal  ell  au  contraire  dans  les  vaif- 
feaux  fermes  )  :  il  s'cH  trompé  ,  ce  n'écoit  point  du  cuivre  ;  voici  ce  qui 
arrive  dans  l'opération  :  la  grande  chaleur  a  calciné  la  furface ,  ce  qui  a 
forme  une  croûte  qui  a  fermé  lont  accès  à  l'air  ^  &  a  empêché  le  refVe 
de  fe  calciner  \  pendant  ce  rems  l'étain  a  pris  une  quantité  futabondante 
de  phlogifticjue  ou  à'addum  pifigae  qui  lui  a  donné  cette  couleur  jaiuie , 
&  augmente  le  cri  de  l'étain»  comme  M.  de  la  Folie  s'en  feroit  appcr^u,fi 
au  lieu  de  lailTer  l'écain  fous  le  fourneau  jafqu'à  lextinâion  du  feu,  il  l'eue 
reciré  le  premier  jour  ;  niais  pendant  l'eCpace  de  trois  Jours ,  le  feu  venant 
^  diminuer  &c  l'écain  refroidillanc  par  degré  prefqu'infenfiblemenc ,  a 
éprouvé  une  leaie  digeilion  qui  l'a  adouci  8c  lui  a  oté  fou  crL  Mais  la 
couleur  jaune ,  effcc  Je  VaciJum  p':n^ue  ,  a  rcfté  ,  parce  que  l'air  dont  le 
contact  a  été  intercepte  pendant  la  digcttion  par  la  coudie  calcinée  ,  n'a 
pu  l'enlever.  Si  M.  de  la  Folie  eiJt  expofé  cet  étain  à  l'air  ou  à  l'aâion 
des  acides  ou  du  nlcre ,  ou  It  pendant  la  digcflîon  de  fon  érain  à  un  feu 
feulement    fuHifint    pout  le  tenir    fondu  ,    il  avoit  permis    i   IVff 
^'en   fécher  ,   la  furface,  il  auroir  bientôt  vu   fon  cutvn   difparoîtie 
comme  le  cri;*:  fi  après  il  eût  fournis  ce  même  étain  aux  procédés 
contraires,  c'e[i-à-dite,  s'il  l'eût  fournis  A  im  feu  violent  dans  un  vaif- 
£cau  fermé  ,  il  Ttiutoit  bientôt  vu  reprendre  £c  fon  cuivre  Se  fon  cet.  Mais 
une  chofe  qu'on  n'a  peuc-vire  point  encore  remarquée,  c'eft  que  cette 
matière  phloeilHquc  furabou'f'wintc ,  appeliez -la  comme  vous  voudrez, 
augniente  la  denfiié  du  métal ,  lai  donne  de  l'ait^rcut  &c.  ,&  qu'on  en  a 
abfolomenc  dépouillé  le   méc^l  ;  «I  ell  alart  dans  ion  plus  iîauc  Àtia,ià, 
d'extenfîbilicc ,  de  duAilitc ,  de  légèreté  &c.  ^  les  rapports  des  poids  font 
alcnrs  comme  tSj  à  itfj.  VorLi,  je  crois,  ce  que  j'avois  mis  en  avant 
bien  démontré,  qu'il  eft  faux  de  clire  en  général  que  prcfquc  tout  l'ccain 
qui  eft  dans  le  commerce  contient  du  cuivre ,  &  que  l'expérience  de  M. 
Je  la  Folie  ne  prouve  aucunement  que  l'écain  donc  il  s'eft  fervi  en  contînt. 
Voyons  m<uncciunt  ce  que  dit  M,  de  la  Folie  fur  la  conipollcion  des 
nouvelles  cafferutes  en  métal  blanc.  Quoiqu'il  ne  nomme  pas  Tlnventeur 
de  cet  alliage, on  rcconnoit  aifément  que  l'Auteur  ùk  alluHon  d  celui 
dont  le  rapport  des  Commiflaircs  nommés  pnr  l'Académie  pour  l'e-xami- 

J77?.     A  OUST.         Xi 


i(î4       OSEny ATIONS  SUR  lA  PHYSIQUE, 

ner ,  eft  inféré  Hans  le  cahier  de  Janvier  1 778 ,  pa^e  74.  Voici  ce  qu'il  en 
clic:»  Je  crois  que  l'Artiltc  peut  cmploy ci  la  cadmie  des  fourneaux  des fon- 
1»  deurs  en  cuivre,.iu  lieu  d'eniplojcr  le  zinc  pur.  Alors  cette  cadmie  revi- 
I»  vifice  par  les  flux ,  pourroit  touniir  quelques  portions  de  cuivre  qui  fe 
»  d^cclenc  dans  l'expérience  (1).  LaptcfomptiondeMM.lesCommifTai- 
I»  res  n'eft  pas  une  dccifion ,  &  nonobflant  leur  dccifion ,  j'aurois  acheté 
w  de  ces  caiTeroles  avec  confiance ,  vu  qu'en  divccfts  circonftances ,  j'ai 
»  reconnu  la  falubcitc  du  zinc,  mais  voici  les  raifousquime  dégoûtctcnt 
M  de  cet  achat. 

*»  Jehs  difToudreun  morceau  de  cet  alliage  dans  de  l'eau  forte  ou  acide 
Il  nittcux ,  j'ajoutai  à  cette  dillolution  trois  parties  d'eau.  J'en  pofai  enfuite 
jy  une  goutte  fur  une  lame  de  couteau  bien  nettoyée.  Il  fe  forma  une 
»  tache  cuivreufe  brillante;  je  lavai  fur-le-champ  la  lame  du  couteau  uns 
«  relTuyer>&  la  couche  cuivreufe  refta  très- fenlible.  Comme  cette  couche 
»  n'ed  pas  cpailTe ,  fi  l'on  etTuye  la  lame  du  couteau ,  les  portions  de  fer 
w  dilToutesfur  cette  lame  abforbem  la  couche  cuivreufe»  &  l'oii  ne  voit 
w  plus  qu'une  tache  noire  '<. 

Je  n'ai  noinr  dccompofc  le  meta!  des  nouvelles  caflcroles  que  M.  de  Iz 

Folie  prétend  fufccpcible  de  dilTblution  culvrcufc  qui  le  lui  f^iit  profcrire. 

Une  pratique  conftante  &  des  obfervations  journalières  m'onr  donné* 

alTez  de  connoilTance  fur  ralli3c;e  des  métaux ,  pour  diflinguer  â  la  couleur  , 

fie  au  grain  le  métal  qui  fait  la  bafc  d'ime  compoficion,  &  par  l'affinitc 

celui  qui  y  eft  allie.  J'examinai  donc  bien  aiteniivement  une  caflerole  de 
_.    Il-    ."^  -  _.-„ -f •.  f ...n:  .i.  1 rii.\. 


ce  ne  pourroit  ctre  que  par  l'ctain  qu'on  a  employé  à  fa  compofition  j  car , 
comme  j'en  fuis  convenu  plus  haut  ,  l'crain  fin  ^brique  en  vaiHelIc 
en  contient  quelquefois ,  mais  dans  la  proportion  dune  livre  par  cent 
feulement^  car,  pour  l'ctain  de  commerce  venant  en  fa wnons  des  mi- 
nes »  il  n'en  contient  point  comme  je  l'ai  prouve  ci-delTus.  D'ailleurs 
a  le  cuivre  cntroit  dans  ce  compofé,  il  y  occaHonneroic  un  déchet 


(1)  Ici  je  tnc  contenterai  de  remarquer  que  ceux  qui  conooiHcnt  les  opérarions 
de  la  fcvîviàcation  pai  les  flux  ,  feront  bien  éloignés  de  pcnfcr  qu'on  pcui  l'adraettrc 
dins  les  Fabriques ,  parce  c]ue  fa  cherté  cxcédcroit  de  beaucoup  le  métal  qu'on  en 

obEicndioic 

(1)  On  me  faara  pcui-ctrc  maiivaiç  txé  Je  mon  (îlcnce  fur  la  compofîtion  de  ce 
«nétal ,  mais  il  parolt  que  l'ènvcmcur  eu  bieii-aife  q-i'on  l'ignore,  Aa  rcftc ,  lorfqijc 
l'Académie  aura  fait  imprimer  l'Art  du  Potier- d'Etain  qu'elle  m'a  engagé  de  décrire 
après  l'approbation  de  la  picmitrc  patrie  »  00  y  trooTcfa  la  compolition  de  ce 
milil  Ac  les  aumipulaiion»  qu'il  cii|^e  pour  éite  traité  en  ullenUcs  de  cailînc. 


SUR  l'HIST,  N^TURFlin  ET  LES  ARTS.      «5 

conddcirable  ,  ce  qui  donncroic  ^  ce  mctal  un  plus  hâuc  prix  que  celui 
de  10  à  II  r.  auquel  l'Auteur  La  fixe.  Il  en  f^uc  dire  aucinc  6c  plus  du 
aine  :  cK  s'il  y  en  enrtoir,  il  y  occafionneroic,  pat  fa  volacititc  &  fon 
inaifinitc  ,  une  perte  beaucoup  plus  grande.  Les  foup^ons  de  MM.  les 
Commllfaires  n'ont  donc  aucune  réalité,  &  M.  D... .  ne  faifoit  donc 
que  battre  l'air  lorfqu'il  fe  récrie  contre  le  Jugement  de  l'Académie , 
en  raifonnant  avec  les  CommiïTaires  comme  fi  le  zinc  étoic  en  effet  la 


bafe  du  compofé. 

J'ai  fait  le  compofc  comme  je  le  concevois  poÛiblc ,  &  j'afTure  qu'il 
cil  en  tout  fcmblable  à  celui  des  nouvelles  ca^eroles.    Il  efl  fixe  au 


il  s'ed  fait  une  forte  cbuUition  accompagnée  d'exhalaifon  de  l'efpric 
de  nitrc  :  vu  à  la  loupe ,  on  appercevoit  particulièrement  à  la  circon- 
férence de  petits  globules  qui  relTembloienc  à  ceux  de  mercure  crud, 
ainfi  qu'on  l'obferve  dans  toutes  les  dilfolutions  de  ce  gente,  &  ces 
globules  en  quitunt  le  morceau  de  métal ,  laiiroient  d  l'endroit  une  ca- 
vité ,  de  manière  que  dans  l'eTpace  de  vingt-fix  minutes  durant  lequel 
l'ébulUtion  n'a  pas  ccflé  ,  toute  la  furface  du  métal  ctoit  remplie  de 
petites  cavités,  tefqaelles  vues  à  la  loupe  étoient  aiguillées  au  lieu  de 
mié  &c  compare  qu'étoit  le  grain  avant  la  diffblution.  Le  précipité 
étoic  une  poudre  notre  que  l'acide  nitreux  a  décachée  de  la  fupecficic, 
fans  attaquer  l'intérieur  ni  même  l'autre  portion  méullique  de  l'alliage 
avec  laquelle  ce  diflblvaiit  n'a  point  d'aninité.  J'ai  bien  mis  une  goutte 
de  la  diifolution  fur  une  lame  de  couteau ,  il  s  efl.  formé  une  couche 
de  couleur  jaunâtre  après  l'ébullition ,  effet  qui  a  lieu  toutes  les  fois 
qu'on  met  de  l'eau-force  fur  le  fer  :  mais  la  tache  n'croit  pas  cuivrtufe 
&  brillante ,  comme  le  rapiïorre  M.  de  la  Folie.  Au  refte ,  je  ne  dis  pas 


pour  cela  que  la  relation  de  M. 
erre  l'efprit  de  nitte  dont  il  s'eft 
noii-elle  un  peu  de  cuivre  en  diflblution. 


de  la  Folie  foit  faufTe^  mais  peut- 
fervt  on  l'cau-forte  ordinaire  conte- 


iè6         OSSERFATIOK^  SUR  lA  PHYSIQUE^ 


:^^^^-^ 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES, 


PRIX 

Propofls    par   différentes   Académies, 

J-i'AcADiMiE  des  Sciences  de  Paris,  avolt  propofé  pour  fiijet  du 
T?rrx  de  1779  ,  de  donnci:  d  la  Thcorte  des  Machines  fimples,  cna.yaat 
»»  cgaid  au  frotccmenc  de  leucs  patiies ,  &  à  la  roideur  des  cordages  <«. 
Elle  avoit  exige  de  plus;  w  1°.  çiue  les  loix  du  frottement  >  &  l'examen 
Il  de  l'effet  rcfultant  de  la  roideut  des  cordages  ,  fiiffènc  déterminés 
I»  d'après  des  expériences  nouvelles  >  &  faites  en  grand  ;  i*.  aue  les 
4>ckpcriençes  fulTènt  applicables  aux  ^lachines  ullfecs  dans  laMaiîac, 
»  telles  que  la  poulie,  le  cabeflon ,  &  le  plan  incline «. 

P'iulieurs  des  picccs  qui  ont  été-  préfentces  au  concours  renferment 
des  recherches  cliimables.  Mais  en  ccuéral,  il  lui  a  paru  que  dans  ces 
différentes  pièces,  les  Auteurs  ne  sctoient  pas  ruflifammcnr  attaches  à 
templir,  d'une  manière  utile  pour  la  pratique  (  ce  qui  eft  le  but  princi- 
pal de  la  qucHion  ) ,  les  divers  objets  énonces  dans  le  Programme. 

L'Académie  croit  donc  pouvoir  exiger  de  nouvelles  recherches  fur 
ce  iujet ,  qu'elle    ptopofe    encore  pour  l'année  1781  j  eîle  invite  les 


me  de  1777  ,  que  le  prix  ne  fera  point  accordé  aux  pièjcj  qui  ne  con- 
tundroient  qu'une  théorie  purement  muthématit^ue  &  abjlra'uc  ,  ou  même 
aucune  thiorU  fondée  fur  des  expériences  déjà  connues. 

Le  Prix  fera  double,  c*eft-à-dire,  de  4000  liv.  Les  pièces  feront  écri- 
tes en  François  ou  en  Latin ,  &  adreffées  au  Secrétaire  de  l'Académie  ; 
&  elles  ne  feront  admifes  au  concours  que  jufqu'au  premier  de  Sep- 
tembre 17S0. 

La  Société  Royale  de  Médecine,  avoit  propofc  le  17  Janvier  1778, 
pour  fujet  d'un  Prix  de  300  liv.  »»de  déterminer  quels  font  les  rapport» 
*>  des  Maladies  cpidcmiques  avec  celles  qui  furvienncnt  en  mcme-tem$ 
i>  &  dans  le  même  lieu  ,  &  qu'on  appelle  intercurrentes  ;  quelle's 
w  font  leurs   complications  &c  jufqu'i   quel  point   ces  complications 


SUR  VHlSr.  h^JTUREllB  £T  l^S  MTS.      H7 

»»  doivent  inHuer  Air  le  traîcemeut"?  N'ayant  pas  i;tc  r^tishute  Jes.Mé- 
TOpires  qui  ont  crc  envoyés,  cWc  propofo  da  nouveau  ce  PrograDame 
pour  fujec  d'un  Prix  de  U  vaJeor  de  ûoo  liv.  qui  fera  dilhituç  en 
178  [.dans  li  Séance  pubKque  du  premier  Mardi  de  Carême.  Les  Mé- 
moires feront  remis  avant  le  1  j  Novembre  1780. 

L'importance  &  les  difficultés  que  cette  qucôitni  préfente  ont  ^nca^ 
fia  Société  à  doubler  la  valeur  du  prix,  &  i  donner  deux  ai^  de  oé^i 
pour  travaillée  1  y  répondre. 

L'Académie  Royale  de  Cbirurgie  d.e  Paris,  a  propofé  pour  fqjet  de 
Prix  pour  l'année  prochaine,  »  d'Expofcr  les  effets  au  mouvement  & 
7>  du  repos ,  les  inclicaiions  fuivant  lefquelles  on  doit  en  prefcrirç  i'ufage 
»  dans  la  cure  des  malatlies  Chirurgicales".  Le  Prix  fera  douhîc  :  deux 
Médailles  de  500  liv,  chacune*"'  •  '-' 

L'Académie  Royale  des  Infctiplions  &  Bçllej-Lettccs  de  Paris  pro- 
pofé pour  Pâques  17S1,  «  de  Rechercher  ce  que  les  Monumens  nif- 
jj  toriques  nous  apprennent  des  changcmens  arrives  à  la  fiirftce  du 
»  globe  par  le  déplacement  des  eaux  de  la  niet«.  Le  prix  qm  c'a  une 
Xlcdaille  d'or  de  la  valeur  de  400  Uv.  fera  double.  Les  pièces  aft'mn- 
cliies  de  tout  port  jufqu'd  Paris,  feront  remifes  entre  les  maius  de  M. 
Dupuy  ,  Secrétaire  perpétuel  de  TAcadémie,  avanc  le  premier  Décem- 
bre 1780;  ce  terme  eft  de  rigueur. 

Ptix-  pi  opojis  par  VAtadcmit  dz  MarftiiU. 

Voici  les  fujecs  propofcs  pour  1780.  »  Un  Mémoire  fMtlesavxn- 
Il  tag^cs  &  les  inconvéniens  ae  lemploi  du  Charbon  de  terre  ou  de 
1)  bois  dans  les  Fabriques  \  la  Defcription  des  diH^rentcs  mines  de  Char- 
»*  bon  qui  font  en  Provence ,  ^  leurs  (qualités  <^.  Prix  double. 

Poux  1781  :  9>Ua  Mémoire  fur  les  caufes  qui  peuvent  dimlauer 
M  la  profondeur  du  port  de  Marfeille ,  les  moyens  d'eu  prévenir  \ts, 
M  e^ers  &  d'y  remédier  <'. 

Pour  r/Si:  >»  XJn  Mémoire  complet  fur  la  culture  de  l'olivief  ,13* 
)»  manière  de  le  tailler,  pour  qu'il  rapporte  annuellement  des  fruits ej| 
I)  quantité  plus  égale  :  la  meilleure  manière  d'extraire  l'huile  des  olives^ 
»  cmt  pour  la  quantité  que  pour  la  qualité  ,  &  une  notice  des  difTé^ 
»i  rens  noms  qu'on  donne  i  chacune  des  différentes  efpcces  d'olives 
»  dans  les  diffécens  lieux  de  la  Provence  c. 

■"Pbiit'i78j;  i>  Un  Mémoire  fut  les  moyeos  de  renouveller  le?  boi^, 
ï»  en  Provence  c« 


iS9      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

Et  pour  1 784 ,  fujet  propofc  cette  ann^e  :  »  Quelles  fout  les  efpcce* 
»  de  vers  marins  qui  attaquent  les  navires  dans  tes  divers  ports  de  b 
1»  Provence,  &  quelle  feroit  Li  méthode  de  les  en  préferver». 

L'Acadcmie  demande  des  faits  conltatés  par  des  expériences.  Chacun 
de  ces  Prix  e{l  une  Médaille  d'or  de  la  valeur  de  500  liv.  portant  d'un 
côté  le  bude  du  Duc  de  Villars  ,  qui  les  a  fondes  »  &  au  revers  ces 
mots  :  DoSarum  primia  frontium.  On  adreffera  les  Ouvrages  à  M. 
^plourailJe,  Secrétaire  perpétuel  de  T Académie  de  Marfcille. 

L'Académie  de  Caen  propofe  pour  fujet  du  Prix  qu'elle  diflribuera 
le  Jeudi  1  Décembre  de  cette  année  1779,  la  queftion  fuivante  : 
»  Quelles  font  les  branches  de  commerce  qu'il  feroit  le  plus  facile 
»  d'établir  à  Caen  ,  &  à'y  étendre  relativement  au  fol  du  pajrs,  à  fcs 
»  productions,  à  fes  débouchés  actuels,  à  ceux  qu'il  efl  poÔible  de  lui 
M  procurer  ,  ainfî  qu'à  {qs  IoÏx  ,  coutumes  &  ufages  j  &  quels  feroîenc 
«  les  moyens  d'y  parvenir**? 

Le  Prix  fera  double  >c'cft  i-dire  ,  de  800  liv,  pour  le  meilleur  Mémoi- 
res fur  l'objer  propofé.  On  fe  réf«rve  cependant  le  droit  de  partager 
cerre  fomme  encre  les  deux  premiers,  s'ils  fe  trouvoîenc  d'un  mérite 
ipeu-pr^s  égal. 

Elle  avoît  propofc  pour  1778,  un  autre  Pcix  de  400  liv.  à  l'Auteur 
du  meilleur  Mémoire  fur  cette  queftion  :  »  Quels  font  les  arbres, lc$ 
n  arbudes  &c  les  plantes  qui  croirïant  fur  le  rivaee  de  la  mer ,  fans  avoir 
I*  néanmoins  belom  d'en  être  baignés  à  toutes  les  marées ,  pourroient 
w  Être  employés  à  la  conftrucHon  des  digues  &  étais  néceCTaires  fur 
M  les  côtes,  &  le  long  des  rivières  danslefquelles  la  mer  mnnte,  pour 
H  défendre  de  fes  irruptions  les  terreins  qm  les  bordent  ?  Quelle  cft 
»  la  culture  de  ces  arbres,  arbudes  &  plantes,  &  quel  feroit  le  meil* 
I»  leur  moyen  à  employer  pour  en  former  des  digues  ,  à  la  fois  les 
»  plus  économiques  &  les  plus  fufceptibles  d'une  rcfidance  confiante 
»»  hc  progreflîve"? 

Comme  cette  matière  demande  de  grandes  difcuflions  pour  erre 
traitée  d'une  manièic  convenable,  des  Auteurs  qui  s'en  occupent,  ont 
demande ,  pour  faire  des  expériences ,  un  délai  que  TAcadcmic  a  jugé  \ 
propos  de  leur  accorder:  ce  fécond  Prix  fera  donné  le  même  jour  que  le 
précédent.  Les  Mémoires  feront  adrellcs  ,  franc  de  port, avant  le  premier 
Novembre ,  à  M^  Moyfant  ,  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie ,  ou 
fous  lenveloppe  de  M. l'Intendant. 

L'Académie  Royale  des  Sciences  &  Bçlles-Lettres  de  Berlin  a  ren- 
voyé d'ici  à  deux  ans  le  Prix  fut  le  Senet  di  changer  U  fubh  ui  p^fff^»  «. 


Programma 


SUR  L'flIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     tC^ 
Programme  de  la  SocUU  tCAgrUuiture  itahlle  à  Âmfcrdam^  1778. 

La  Société  d'AgnciiIciirc  i  Amftârdam  a  adjuge,  dans  Ton  Aflêniblée 
du  29  Septembre  dernier,  le  Prix  de  40  ducats  qu'elle  avoit  promis  à 
celui  qui  auroit  inocule  la  plus  grande  quantité  de  veaux,  nés  de  va- 
ches rétablies  dc'jà  auparavant  de  la  maladie  qui  afflige  nocre  êtes  bétail , 
&  qui  >  des  leur  nailFance ,  n'avoieiic  pas  cté  expofcs  à  l'air  libre  ,  à 
Geert  Reinders,  Cultivateur  à  Carnwen  dans  la  Prtrvince  de.Groninguej 
lequel  a  démontre  ,  d'une  manière  fatisfaifante ,  à  la  Société ,  qu'il  avoic 
inoculé  avec  un  fuccès  très-heureux  4^19  veaux. 

Pleinement  convaincue  cependant  que  le  nommé  Jan  Dezuyen» 
demeurant  à  VOudc  f^aenrrg  ,  avoir  inoculé  avec  un  fuccés  é^alauent 
complet  y  Gr  pour  fin  propre  compte,  trente  6*  un  veaux,  elle  a  juM  devoir 
récompenftfr  les  foins  louables  de  ce  dernier  d'une  marque  diftînélive 
de  Ton  approbation.  C'eil  pourquoi  elle  la  gratifié,  fans  lavoir  promis, 
d'un  prix  de  30  ducats. 

La  Société  publiera  ,  avec  le  Tome  produin  de  fcs  Mémoires ,  une 
xelation  en  abré;:c  d^s  inoculations  mentionnées  au-delfus, comme  aurïî 
de  celles  bue  M.  E.  Alta.  Miiùl^re  du  St.  Evangile  à  Bofum  en  frije, 
A  cntrepnles  ,  Se  lefquelles  il  a  bien  voulu  communiquer  à  la  Société 
fans  concourir  pour  le  Prix.  Et  comme  les  fuccés  conftaiés  de  l'inocu- 
lation lui  prouvent  de  plus  en  plus  fon  utilité  pour  la  confervation  du 
bétail,  elle  a  réfolu  d:^  propofer  encore  une  fois  un  prix  de  40  ducats 
à  celui  qui  aura  inoculé  depuis  le  premier  Janvier  1779  j^fqu'au  pre- 
mier Décembre  fuîvanr,  la  plus  grande  quantité  de  veaux  (  pas  moins  que 
treiîte,^avec  le  fuccés  le  plus  complet,  &  qui  lui  aura  envoyé  les  témoignages 
Se  les  preuves  requif  s  avant  le  premier  Mars  1780.  Le  feul  G.  Rem- 
ders,  comme  ayant  déjà  remporté  un  Prix  i  ce  fujec ,  cH  exclu  de 
concourir  pour  celui-ci. 

Par  rapport  à  la  Queftion  (que  la  Société  avoir  propofée  au  Public, 
pour  y  répondre  avant  fe  premier  Juillet  1 77S.}  Quelles  fint  les  propriétés 
des  différentes  fiitcs  de  lEquifetum  ,  connu  chei  nous  fius  le  nom  de 
Heermoes  ,  L'njec,  o«  Katteftaart  ?  En  quoi  conjtjlcnt la  nature  6*  la  qua- 
lité des  parties  de  cette  plante  6*  de  fin  accrotffèmcnt?  Quel  préjadiie 
caufe^t'Clle  aux  pâturages  &  quel  ejl  le  miilUur  moyen  ,  prouvé  par  l'expé- 
rience^ pour  l'extirper  de  la  mamkre  la  moins  coiUeufe?  Elle  avertit  le 
Public  qu'elle  a  reçu  plulieurs  Mémoires  fur  ce  fujet,  ûntr'autics  un  fi^nc  : 

Pater  ipfe  coUndi 
Ilaud  faciUm  ejje  viam  volait  j  primit/que  per  artem 
Movie  agros  j  curis  acuens  mortalia  corda, 

ViRG. 

Tome  Xir,  Pare,  II,  1779.  .4  OUST,         Y 


I70        OnSERrATIONS  SUR   LA  PIirSJQVE, 

Ez  un  autre  portant  pour  devife: 

De  Unjcr  die  lut  Land  bederji , 
Kofi  mcjl  tn  arbeid  «/  ^  P<''fi' 

Quoique  ces  deux  Mémoires ,  tant  par  leur  exaâitude  ,  que  pat  fef 
preuves  inccrefTanrcs  qu'ils  conciennenc ,  aienr  paru  dignes  à  U  Société 
dccre  diftingucs,  cependant  aucun  n'a  repondu  w«c/-MïMr ,  félon  fort 
avis ,  à  la  gueftion  propofce.  Pour  pouvoic  donc  procurer  aux  Auteurs 
des  Mcmoires  reçus  une  occafion  légitime  &:  favorable  pour  fupplcet 
ce  qui  paroilfoic  ctre  défeC'ïueuXj  la  Société  a  réfolu  de  diflcrer  Tadju- 
gcment  du  Prix  proporc,&  de laiiTer  tous  les  Billets  fermés  &  cache- 
tés jufquU  Tannée  prochaine;  afin  que  les  Auteurs  puilfent  lui  envoyei 
leurs  fupplémeiis ,  leurs  éclaitciircmcns ,  &  leurs  expériences  plus  dcci- 
jîves  avant  le  premier  Janvier  i7!îo ,  pour  qu'elle  puilfe  ,  après  ce  ter- 
me, prononcer  fon  jugcmenr  à  ce  fujet. 

Et  afin  que  l'on  n'îgnore  pas  ce  que  la  Société  detîra  principalement, 
outre  les  expériences  déii  faites»  qu'on  mît  dans  un  gtand  jout ,  elle 
penfe  qu'on  pourroir  examiner  d'une  manière  plus  claire  &  plus  déci- 
îive  comment  cette  planre  périr  ou  peut  ctre  extirpée.  Aulfi  la  Société 
dehreroit*eUe  un  détail  plus  cîrconïbncié  du  dommage  que  cette  plants 
caufe  aux  bctes  à  corne,  &  des  fymptômes  qui  en  téfultent. 

De  plus  ,  la  Société  a  réfolu  de  propofcr  au  Public  ces  deux  quef- 
rions ,  la  première  :  Quelle  ejl  la  manière  la  plus  avantagtuje  pour  def' 
Jccher  des  terres  baffes  &  inondées,  jufqtià  ce  qu'elles  foient  divifées par 
des  fojps.*  Pour  y  répondre  avant  le  premier  Décembre  1779. 

La  Seconde  :  Quel  cjl  le  meilleur  moyen  de  cultiver  des  terres  bajfes , 
•&  deffiehèes  nouvellement  ,  après  qu^on  les  a  divijies  par  des  fojfét ,  6* 
de  Us  accommoder  de  façon  quelles  putjfent  rendre  un  profit  ccnjhnt  & 
durable  à  leurs  prdpriéiains  ?  Pour  y  répondre  avant  le  premier  Décem- 
bre i7Soi 

La  Société  attend,  avant  te  1  Juillet  1779,  les  réponfes  à  b  Qucftion 
propofée  en  1777  :  Quels  (ont  les  diagnojlics  de  lu  Maladie  dis  Bre- 
bis y  connue  fous  le  nom  de  foie  douve,  en  HolUndois  Oogatïs?  Quelles 
tn  font   les  caujèsy  les  pré/en  atifs  6*  les  remides? 

Le  Prix  >  que  la  Sociécc  delïine  i  celui  des  Mémoires  qui  lui  Te» 
ronr  remis ,  qui  aura  le  mieux  iluisfaic  à  ces  Quedions ,  conlilUra  en 
une  Médaille  d'or  de  la  valeur  de  50  Ducats,  frappée  au  coin  de  la 
Société,  avec  le  nom  de  l'Auteur,  ou  bien  en  une  Ibmme  de  U  mcme 
valeur,  avec  une  Médaille  d'argent,  i  fon  choix. 

Au  cas  qu'au  jugement  de  la  Société  aucun  des  Mémoires  n'ait 
mérité  le  prix  fur  la  queflion  propofée ,  elle  fe  téfetve  le  droit  de  la. 


SUR   VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     ni 
propofer  une  féconde  fois  j  ou  non.  Si  elle  juge  aue  deux  des  Mcmoi- 


notilîce  dans  un  papier  public  de  Nouvelles. 
La  Société        •^-  '  ""  "■'-  *^^J-="-  ''- 


iécé  gratifiera  auflî  d'une  Mcd.iille  d'argent  ceux  qui  lui 
clqucs  découvertes  utiles  fur  l'Agriculture  8c  qui  en  ap] 
proerès  fuivant  l'expc^cience. 


fouc- 
appuye- 


ntront  que 

ront  les  progrès  luivant  1  expe 

Les  Auteurs,  qui  concuutront  au  Pcîx  ,  ajouteront  à  leurs  Mcmoi' 
rCs  un  Billet  cacbetc ,  comeuanc  leui  Nom  &  leur  Dememe ,  marque 
en-dehors  d'une  Devife  »  qui  fe  trouvera  à  la  fin  de  leur  Alcmoire. 

lis  feront  écrits  en  Hotlandûis  ^  en  Latin  ^  en  François  ^  en  Anghîs 
ou  en  /4!ùrTjand,  6'unc  manière  lifible,  ainfi  que  toutes  les  autres  Pièces 
ou  Avis  qui  feronr  envoyés  à  la  Société,  francs  de  port  &  adrelîïs  i 
M.  Jérôme  de  Bofch  ,  Jeronimusz  ,  fur  le  Keiierjgragt  ^rès  ,d\i  Kfiçtf- 
traai  ,  ou  à  M.  H.  Calkoen  ,  Avocat  »  fut  le  Kd^erJ^ra^t  près  du 
Bccrepruat ,  Sicutaires  dt,  la  Sociéti  d^Agncultun  à  AiujUrdam. 

L'Acadcmie  des  Georpifilt ,  de  Florence ,  propofc  pour  le  fujet  du 
Prix  qu'elle  diftribuera  l'année  prochaine,  de  dcccrmniec  les  «  vcrita' 
•)  blcs  théories  fur  lefquelles  ont  doit  établir  les  évaluations  des  rer- 
»>  reins ,  de  manière  qu'elles  puifTent  fervir  de  règle  aux  eflimeurs 
r*  dans  la  pratique  «  \  les  Mémoires  doivent  erre  rerais  à  Al,  le  Comte 
Pitire  Picrucci  »  Secrétaire  des  Dépêches ,  dans  le  courant  du  mois 
d'Avril  procluin. 

Les  înfeclcs  d  Europe  peints  d'après  Nature  j  par  M,  Erneji ,  gravis 
par  M.  Gerardin  ,  6*  coloriés  Jhus  leur  dire3ion,  Prciniemc  Partie  ^  Us  Cfu- 
nittes  ,  Cryfaitdes  6*  Papillons  de  jour  décrits  par  L.  B,  P.  Engramel/t. 
A  Paris  ,  cfie^  M.  Cerardin  ,  rue  de  la  Harpe  ,  à  f  ancien  Collège  de  î^'ar* 
bonne.  Cette  féconde  livraifon  contient,  comme  la  première,  1 1  gravures 
&  leur  explication,  précédées  d'une  diflertadon  fur  l'éducation  St%  Che- 
nilles ;  elle  fera  grajid  plaifir  à  ceux  qui  veulent  fuivre  les  métnmcB- 
phofes  des  Infectes,  connoître  leut  vie  &  leurs  mœurs.  Il  eft  impof- 
lîble  d'avoir  des  gravures  mieux  enluminées  &c  plus  analogues  à  laiiclicirê 
des  couleurs  &  des  reflets  que  la  natute  prodigue  avec  tant  d'élégance 
fur  les  ailes  des  PaoîUons.  La  plus  fcrupulcufc  imitation  a  prélidé  aux 
DeHîjis  comme  à  l'enluminure.  Nous  le  répétons  avec  plaiHr,  la  beauté 
de  cet  ouvrage  le  difpuce  à  celle  des  Collerions  en  rour  genre  qu'on  a 
publiées  chez  l'étranget ,  &  elle  occafiouoe  déjà  plulicucs  variétés  de 
Papillons  inconnues  en  France. 


171     OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, &c; 


TABLE 

DES      ARTICLES 

Comfinus  dans  ce  Cahier. 

U  VITE  du  Mémoire  fur  l'Education  des  Troupeaux  &  la  culture  des  Laines; 
par  M.  R.  D.  L,  Infpecltur-Général  des  ManufaUures  de  Picardie ^  &  des 
Académies  de  Rouen  ^  de  yHlefranche  en  BeaBJolois  y  &c.  gp 

Mémoire  fur  la  force  d^impuljicn  des  Torrens  ;  par  M.  AvhKY ,  Ingérueur 
en  chef  des  Ponts  &  Chaujjees  de  Brtffe  ,  &c.  loi 

Mémoire  fur  un  Para  -  Tnmbicmtru  de  terre  &  un  Para-Volcan  ;  par 
M.  BtRTHOLON  DE  Saint- Lazarb  ,  </«  Académies  Royales  des 
Sciences  de  Mon/pellîer,  Bé:^iers ,  Lyon  ^  Marftillc  y  Dijon  ^  Nifmcs  ^ 
Touloufe ,  Bordeaux  ,  ô'f.  i  \  t 

Defcription  de  trois  Enfans  monjlraeux  ;  par  M,  de  Pestalozzi  ,  Doi* 
teur  en  Médecine.  m 

Premier  Mémoire  fur  une  nouvelle  efphce  de  gas  inflammable  ;  par  M. 
Neret,  Fils.  \x6 

Lettre  fur  le  Problème  de  la  tranfmutation  de  Veau  en  terre;  par  M.  Va- 

SELTON.  135 

Defcription  d*un  rtouvel  Eudiomètre  ;par  M.  Gattay.  136 

Ejjaifur  les  moyens  de  rendre  la  Navigation  du  Canal  de  Languedoc  plus 
aifée  ;  par  M.  Geoffroy',  Dirccleur  du  Canal,  &  de  l'Académie  des 
Sciences  de  Béliers.  140 

De  FASion  de  l' EUcîricité  fur  U  Corps  humain  ^  &  defon  ufage  dans  les 
Paralyftcs;  par  M.  Gerhard,  145 

Second  Mémoire  concernant  des  Expériences  faites  par  M,  le  Marquis  os 
NÉELiEjywr  la- multiplication  des  Animaux  étrangers  par  l^moyen  d'une 
chaleur  artificielle^  lu  à  t  Académie  Royale  des  Sciences,  Ici^  Juin  J  77>  \ 
par  A/.  U  Comte  de  Miily.  153 

Obfervations  fur  la  Mine  ro^Jge  de  Cuivre  ;  par  M.  Sage.  155 

Lettre  à  Monfteur  CAbhé  R  j«ier  ,  Auteur  du  Journal  de  Phyjîque  ;  par  M, 
le  Camus  ,  Membre  des  Académies  de  Lyon  &  de  Dijon.  157 

Réflexions  &  Expéruncts  fur  Us  Réflexions  or  Expériences  de  M.  de  la  Folie , 
concernant  les  Cafleroles  &  autres  Vafes  nécejfaires  à  f  apprêt  des  alimcns , 
fi»  où  onfuppofc  la  préftnce  du,  cuivre  &  de  l'arfenic  dans  létaia,     1 58 

Nouvelles  Littéraires  ,  1 6tf 


APPROBATION. 

J'Ai  la,  par  ordre  de  Monfcigneur  le  Garde  des  Sceaux,  un  Ouvrage  qui  a  poor 
irrc  :  Olfervaùons  far  la  P^fqae  ,  fur  rWJioire  NaturtlU  &  fur  les  Arrt,  &c.  j 
par  M.  CAbhi  jRoz/an,  Oc.  U  CoIIcftioa  de  faits  imporuns  qu'il  offce  pétio . 
dioucnient  i  les  Lcfteius ,  mcH:ç  l'accueil  an  Savaiis  i  en  conféqucficc ,  J'cfiime  4u'oq 
peut  en  pcrmituc  rimptcffion.  APaiis,  ce  R  Août  i77y« 

VALMONTDEBOMAR-E. 


JOURNAL  DE  PHYSIQUE. 

SEPTEMBRE     1779. 


ir^ifTv' 


LETTRE 

Sur  les  Feuilles  fcminales  Se  fur  la  Circulation  de  h  Sève  ; 

Dt  M,  VàSteLj  dt  U  Société  ÀcaJêml<iuc  Je  Cherbourg,  /fjfocié  Hono' 
raire  de  la  Socièfi  RoyaU  d' Agriculture  d' A nch  ;  à  M.  foVGEROUX 
DE  BOUDAROY ,  de  f  Académie  des  Sciences, 

J  E  viens  de  lite  la  Phyfique  des  Arbres.  Cet  ouvrage  eft  une  Collec- 
tion précieufe  de   toutes  les  Obrcrvations  anciennes  &c  modernes  qui 
peuvent  fervir    à   faire  connoîirc  la  ftruûure  &  l'cconomie  des  vcgc- 
raux.  L'Auteur  y  a  joint  fes  Obfervations  propres.  Se  celles-ci  font  ea 
tccs-grand  nombre.  On  ne  fait  ce  qu'il  faut  admirer  davamage,  de  fou 
afliduité  &  de  fa  patience  infatigables  à  obfervet ,  ou  de  la  faeaticé 
avec  laquelle  il  confulte  la  naturel  lui  arrache  quelquefois  des  iecreu 
àmportans.  U  ne  marche  jamais  que  le  flambeau  de  l'expcrience'i  la 
main.  S'il  difcuce  les  anciens  fyftcmes  on  s'il  en  ptopofe  quelquefois 
de  nouveaux  ,  ce  n'efl   qu'après  s'ctre  alfuré  d'un  grand  nombre  de 
faits  dont  il  tire  les  induirions  convenables  avec  toute  la  fagelTc  pol- 
fible;  mais    il  ne  donne  jamais   ces  inductions  que  pour  ce  qu'elles 
valent,  Ôc  l'on  voir  combien  îl  efl  capable  de  les  apprécier.  ..... 

Je  vous  cnnuierois  ,  M.  fi  je  vous  difois  tout  ce  que  je  penfe  de  l'ex- 
cellent Ouvrage  de  M.  Duhamel  j  mais  je  ne  puis  m'empcLher  d'ajou- 
ter qu'il  en  eft  peu  qui  foient  conduits  avec  autant  de  méthode,  ré- 
diges avec  autant  de  clarté ,  &  écrits  avec  autant  d'exaftiiudc. 

Jugez  maintenant  fi  je  fuis  plus  que  jamais  amateur  du  Jardi'-age, 
Se  combien  une  pareille  levure  doit  avoir  augmente  le  penchant  natu- 
rel que  vous  me  connoiifez  à  ohfcrver.  J'étois  plonge  auparavant  dans 
les  ténèbres  les  plus  profondes.  Si  je  fiifois  quelques  elTus ,  je  les 
faifois  lans  aucunes  vues  &  ,  pour  ainfi  dire  à  tâtons.  J'ignorois  fi 
l'objet  de  mes  recherches  n  croit  pas  connu  depuis  long  teuis  ;  fi  les 
expériences  que  j'aurois  voulu  faire  n'avoicnr  pas  été  fanes   mille  & 


Twnt  Xl^yPart.  IL   1771;. 


SEPTEMBRE.*   Z 


[74      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

nille  foisj  fi  les  fyfttmes  que  je  concevois  n'avoienc  pas  cié  dcji  pra- 
poré^  oa  mêmes  réfu:és.  Eutîn ,  je  ne  connoilTou  les  vcgî'caux  que  par 
la  Quintinic,  l'Abbc  Schnbol,  l'Auteur  de  h  Maifun  Ruflique  &  quel- 
<]ues  autres,  qui  ont  pu  favoir  comment  i!  faut  élever  ou  gouverner 
une  pbnte,  mais  qui  ii'ca  apprennent  gucies  davantage. 

Cependant  je  ne  pouvois  borner  U  ina  curioûcc  ,&  d'ailleurs ,  |e 
ne  pouvois  me  réfoudre  à  travailler  uniquement  par  moi-mcme  fur 
cette  partie,  &  à  prendre  beaucoup  de  peine  pour  découvrir  ce  qu'on 
iavoit  déjà.  Je  voulois  avant  tout  m'iniltuirc  de  ce  qu'on  avoir  va 
&  penfc  &  me  mettre  au  courant.  L'eft  dans  cette  vue  que  j'ai  lu  U 
Phyfique  des  Arbres,  &  j'y  ai  trouve  amplement  de  quoi  me  fatisfaire. 

M,  Duhamel  a  levé  quelquefois  les  coins  du  voile  dont  )a  nature 
s'enveloppe  fi  foigneufement.  Il  faut  avouer  cependant  que  les  parties 
principales  font  encore  demeurées  dans  l'ombre.  Je  ne  puis  que  regretter 
qu'un  audi  bon  Obfervatcur  ait  borne  aux  arbres  &  arbuftes  fcs  expé- 
riences &  fes  reflexions.  Ce  qu'il  n'a  pu  y  apperccvoir  malgré  feî 
efforts ,  il  l'eût  vu  peur-ctre  aifcraent  dans  des  plantes  plus  tendres. 
Le  jeu  Se  les  fondions  des  fibres  du  bois,  que  leur  dureté  &  leur  in- 
flexibilité ne  permettent  pas  de  découvrir  dans  les  arbres ,  auroient  été 
plus  fenfibics  d.ins  des  plantes  herbacées.  Un  organe  que  fa  pctiteife 
ou  fon  emplacement  dérobe  d  la  vue,  dans  certaines  cfpcccs ,  auroit  été 

feut-ccre  mieux  développé  &  plus  i  découvert  dans  d'autres.  Enfin  , 
analogie  auroit  été  d'un  grand  fecours  dans  cette  partie ,  comme  par- 
tout ailleurs.  Les  dilférentcs  efpcces  auroient  jette  tune  fur  l'autre  une 
lumière  réciproque,  &  de  proche  en  proche  la  théorie  des  végétaux  fe 
feroii  perfe^ionnée. 

Quoique  cette  théorie  foit  encore  fort  incomplette,  on  en  fait  alfer 
du  moins  pour  efquifier  des  fyllcmes  auxquels  il  ne  manquera  peut- 
être  que  quelques  nouvelles  obfcrvations  pour  devenir  des  vérités  fon- 
damentales. Or,  il  faut  commencer  par  concevoir  des  fyllcmes ,  c'cft- 
à-dire,  qu'il  faut  d'abord  avoir  des  vues  pour  tenter  des  expériences , 
ou  du  moins,  pour  les  tenter  avec  quelquefpèce  d  intérêt  &  avec  l'ar- 
deur nécelTaire  pour  furmonter  les  difficultés.  Ainfi  .  l'on  peut  dire  que 
Jes  NaturalilUs  font  maintenant  fur  la  voie  qui  conduit  i  la  fuence 
de  réconomic  végétale ,  &  mcmc  qu'ils  ont  faifi  en  pafTajic  quelques 
vérités  préliminaires. 

Je  n'ai  pas  fans  doute  alTex  de  force ,  ni  même  afiez  de  zèle  pour 
marcher  de  front  avec  eux  dans  ces  routes  cpineufes.  Je  vous  avouerai 
cependant  que  j'ai  delTein  de  les  y  fuivrc  :u  moins  de  loin  &  a  mon 
aile.  En  me  précédant ,  ils  m'applaniront  les  obftadcs;  je  profiterai  de 
leurs  découvertes.  Si  j'avance  lentement ,  cette  lenteur  même  me 
mei'^tra  à  portée  d'obfervcr  de  petites  circonibnces  que  la  rapidité  de 
leurmacçhe  dérobera  à  leur  anention, occupée  d'ailleurs  des  objets  les 


SUR  L'HIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,  ijf 
plus  imporrans  &  les  plus  remarquables.  Or,  il  n'y  a  rien  à  négliger 
dans  le  fpeAacle  de  la  Nature.  Vous  favez.  M.,  que  les  pérîtes  cho- 
fes  tiennent  aux  grandes,  &  que  la  chute  d'une  pomme  ht  trouver  le 
vrai  fyftême  du  monde. 

Vous  dirai-je  que  j'ai  déjl  fait  quelques  pas  dans  cette  carrière  ? 
C'cft  encore  un  aveu  que  j'avois  i  vous  faire  ,  mais  que  je  vous  fais 
peut-être  trop  tôt ,  car  vous  allez  d'abord  me  demander  ce  que  j'ai 
vu ,  ôc  c'efi:  une  queftion  à  laquelle  je  n'ai  prefque  rien  à  répondre. 
Cependant ,  je  foumets  volontiers  à  vos  lumières  mes  obfervations  & 
mes  idées  fur  les  feuilles  fcminales  des  plantes  fur  lefquelles  s'efl;  d'abord 
portée  mon  attention. 

Je  n'ai  pas  befoin,  je  penfe,  de  vous  rappeller  que  dans  plusieurs 
cfpcces  de  plantes  les  deux  lobes  de  la  giaine  fe  converciÎTent  en 
feuilles  fémiualcs  ;  c'eft  ce  qui  efl  fort  fenfîble  dans  la  fcmence  du 
haricot,  puifque  les  deux  lobes  forcent  de  terre  fans  changer  de  for- 
me. Mais  cette  converfion  n'eft  pas  moins  réelle  dans  pluueurs  autres 
efpèces ,  quoique  h  forme  des  lobes  diffère  beaucoup  de  celle  des 
feuilles  féminales.  Je  prendrai  pour  exemple  les  femences  de  la  rave. 
Si  l'un  met  en  terre  quelques  graines  de  cette  plante  jufqu'à  ce  que 
la  radicule  commence  à  percer ,  Se  qu'alors  on  les  ouvre ,  on  verra  que 
les  lobes  auront  déjà  la  tourne  qu'ils  doivent  prendre  à  l'air  ,  que  cha- 
cun des  lobes  efl  une  feuille  pUce  en  deux  fuivant  ta  longueur  du  pé- 
dicule ,  Se  que  l'une  efl  renfermée  dans  l'autre.  Cette  forme  ne  de- 
vient fenlibfe  que  quand  la  graine  a  augmenté  de  volume ,  mais  il 
n'en  efl  pas  moins  évident  qu'elle  cxiuoit  dans  la  graine  avanr  \z 
germination  j  d'où  il  s'enfuit  que  dans  les  plantes  dont  les  lobes  fe 
convenifTent  eu  feuilles  féminales ,  les  feuilles  fémînales  ne  font  que 
les  lobes  développés  jufqua  un  certain  point. 

Cette  obfervation  nous  donne  beaucoup  de  facilité  pour  faiilr  l'or- 
ganifation  des  lobes  ;  car,  fi  cette  organifation  ne  diffère  point  de  celle 
des  feuilles  féminales ,  il  efl  clair  que  pour  la  connoître ,  il  fufHra  d'ob- 
fetver  celle  des  feuilles  :  or,  il  elt  incomparablement  plus  aifé  d'ap- 
percevoir  leur  organifation  que  celles  des  looes,  puifqu'ellcs  acquièrent 
<]uelquefois  une  étendue  fort  conlidérablc. 

M.  Duhamel  dit,  d'après  Grew,  o  que  fi  l'on  coupe  du  côte  du 
»  germe  d'une  grofTe  fcve  ,  qui  a  reftc  quelques  jours  en  terre,  des 
M  trnnchcs  minces,  on  appercevra  des  points  plus  verds  quelerefte, 
u  de  qu'en  pénétrant  plus  avant  dans  le  fruit  par  de  pareilles  ferions, 
p*  on  découvrira  que  ces  points  verds  font  les  coupes  iranfverfales  de 
n  pluficurs  vailfeaux  qui  s'épanouilTent  en  une  intijùtéde  ramifications 
1*  dans  tonte  l'étendue  des  lobes  «.  Il  ajoute  que  M.  Bonnet  a  trouve 
le  moyen  de  rendre  ces  vailTeaux  plus  fenfibles  en  mettant  des  fèves 

SEPTEMBRE.      Zi 


!7<î      OBSERVATIONS   SUR   lA  PHTSïQVE, 

treraper  par  les  lobes  dans  de  l'encre.  D'où  il  conclue  que  les  lobes 
de  (enieiices  font  formés  d'un  prodigieux  cpauouiffcmcnt  de  vaif- 
feaux. 

Ces  prétendus  vatlTe:tux  dont  on  ne  voie  que  de  foibles  traces  dans 
les  lobes,  fe  voient  dans  toute  leur  étendue  d-ins  les  feuilles  fémitia- 
les.  Conlidcrons  encore  la  feuille  fcminale  de  la  rave.  On  y  diflingue 
d'abord  une  nervure  principale  qui  pan  du  pédicule  fc  en  fuit  ta 
direction.  Cette  nervure  donne  naiHance  à  pludeurs  autres  qui  abou- 
lilTent  de  tous  côtés  jufqu'aux  extrémités  de  la  feuille.  Tels  font  les 
vailfeaux  dont  Grew  &  M.  Bonnet  ont  apperçu  la  coupe  dans  lafcve. 
"Mais  allons  plus  loin.  Cette  feuille  eft  couverte  en-dellus  &  en-def- 
fous  d  une  pc:iu  traiifparente  &  fort  mince ,  d'une  forte  d'épidcrme* 
£ntrc  les  deux  épidctines,  on  trouve  une  fubftance  verte,  fpongieufe, 
cellulaire  ,  femblable  d  la  moctle  des  plantes.  Cefl  dans  celte  fubf- 
tance , immédiatement  fur  rcpidermeinrcclcur,que  les  nervures  fe  diC* 
tribuent  &  fe  ramiHent.  On  ne  peut  douter  que  les  lobes  ne  foieni 
oiganifés  de  la  même  manière ,  au  moins  dans  les  plantes  où  ils  fe 
changent  en  feuilles  fcminales. 

Qu'arrive-i-il  maintenant  lorfqu'on  met  en  terre  une  femence  de 
cette  cpècc?  D'abord  rhumidité  pénètre  à  travers  fes  enveloppes  ^  \\ 
graine  fe  gonfle ,  &c  bienrôi  la  radicule  de  l'embrion  s'allonge  Si  péiio- 
ire  dans  ta  terre.  Les  lobes  de  ta  craiiie  ont  donc  fourni  i  la  radicule 
la  matière  de  fon  accroilfemeut.  Oc  ,  voici  comment  je  conçois  ce 
premier  développement. 

L'humidité  ayant  pénétré  dans  le  tiifu  cellulaire  des  lobes  oh.  les 
fucs  reçoivent  probablement  une  préparation  elTentielle ,  les  nervures 
qui  s'y  diftribuent  pompent  ces  fucs  &  les  font  couler  de  proche  ert 

Î proche  ,  jufques  dans  la  nervure  principale  qui  aboutit  à  la  planmie  X 
aquelle  ils  parviennent  en  decnict  lieu.  Je  conGdère  les  nervures  des 
lobes ,  comme  de  petites  racines  ,  des  racines  primitives  ,  &  le  tilPtt 
cellulaire ,  comme  une  efpcce  de  teiTC  végétale  particulière  ,  où  ces 
racines  doivent  puifer  les  lues  dellinés  au  premier  développement  de 
lenibrion. 

La  première  fève  eft  donc  portée  d'abord  parties  lobes  au  point  où 
ils  s'articulent  avec  le  germe.  C*e{l  deU  qu'elle  defcend  dans  U 
radicule  &  qu'elle  s'élève  en  partie  vers  la  plume.  Alors  la  radicule 
fait  des  progrès  en  grolîeut  &:  eu  longueur.  Bientôt  elle  a  peccc  les 
enveloppes  S<  g^gné  la  terre,  où  elle  pompe  de  nouveaux  iucs  :  les 
lobes  s  étendent  »  fe  déploient  fie  arrivent  à  la  fuperHcie,&  la  petite 
tige  ne  tarde  pas  à  paroitrc. 

Cependant  les  fondions  des  lobes  ne  font  pas  encore  finies,  lis 
lefleuc  long-cems  à  Tair  libre  où   ib  végètent  fie  s'étendent  fous  k 


SUR  VHIST,   NATURELLE   ET  LES  ARTS»     177 

loTtne  de  Feuilles  icminales.  Ces  feuilles  font  donc  ni-ceiïaires,  mais 
on  peut  dVitleurs  fe  convaincre  de  leur  utilité  en  les  fuppximant  à 
de  jeunes  plantes  ,  car  ou  les  verra  dépérir  fenfiblemenc  après  cette 
fupprcfïîon.  On  ne  pcuc  douter  que  ces  orcanes  ne  foienc  deflincs  auic 
mcmes  ufages  j  foit  qu'ils  foîent  fous  la  forme  de  lobes  ou  de  feuilles 
rêminatcS}  puifque  leur  organîfation  cH  toujours  U  mcme.  Les  feuilles 
fcminales  fe  pénètrent  donc  à  l'air  de  l'humidité  ,  comme  les  lobe* 
s'en  pénc'troient  en  terre ,  &  elles  font  pafler  au  corps  de  la  plante  cette 
humidité  de  la  nicme  manicrc. 

Mais  candis  que  la  fève  defcend  des  feuilles  fcminales  dans  les 
racines,  il  paroît  qu'elle  monte  des  racines  aux  feuilles  fcminales-,  car p 
celles-ci  commencent  A  s'étendre  principalement  quand  la  petite  racine 
»'eft  enfoncée  dans  la  terre  &  qu'elle  y  a  pompe  de  nouveaux  fucs. 
D'ailleurs  les  feuilles  croîlTcnt  après  que  la  tige  a  gagné  la  fuperficie 
&  elles  végètent  encore  long-tcms  avec  la  plante  ;  elles  végètent  fans 
doute  comme  les  autres  feuilles,  confcquemment  par  la  fufcepcion  des 
.fucs  extraits  par  les  racines.  On  peut  donc  remarquer  dans  les  feuilles 
ieminales  deux  fèves  &  deux  mouvemens  diftèrens;  l'une  eft  par  ces 
feuilles  portée  vers  le  corps  de  la  plante  ,  &  l'autre  pompée  par  les 
racines  &  élevée  vers  les  feuilles  ïeminales.  Or,  l'analogie  remarqua- 
ble qu'on  apperçoit  entre  les  feuilles  fcminales  fc  les  vraies  feuilles ,  ne 
permet  pis  de  douter  que  leurs  fondions  ne  fuient  femblablcs,&:  qu'ainfi 
ces  deux  fèves  &  ces  deux  mouvemens  n'exiftent  dans  les  unes  comme 
dans  les  autres. 

Lors  donc  que  la  jeune  tige  s'eft  élevée  &  qu'elle  a  déployé  à  l'air 
fes  vraies  feuilles  ,  celles-ci  afnirent  l'humidité  de  l'air  qu  elles  dilUi- 
buent  au  corps  de  la  plante  i  elles  peuvent  donc  fuppléer  aux  feuilles 
fcminales  qui  deviennent  d'autant  moins  nécelTàires ,  que  les  premières 
fc  font  dcvçloppées  en  plus  grand  nombre.  Knlîn  ,  le  feuillage  étant 
devenu  confîdérable ,  les  feuilles  féminales  fe  delféchcnt  &  périlTent  > 
&  l'on  voit  que  cette  fuppreffion  eft  alors  d-peu-prcs  indifférente. 

Il  me  femble  que  ces  rèrtc^ions  peuvent  répandre  un  grand  jout 
fur  une  queftion  tamcufe  &  qui  partage  encore  aujourd'hui  les  Physi- 
ciens ,  fur  ta  queftion  de  fivoir  li  la  fève  circule  dans  les  plantes.  Il 
eft  vifible  au  moins  qu'elle  y  a  deux  directions  oppofées ,  puifque ,  tandis 
qu'elle  monte  des  tacines  vers  les  feuilles  ,  elle  defcend  ^  feuilles 
vers  les  racines.  Je  ferois  donc  porté  à  regarder  les  feuillaRjmme  le 
réfervoir  commun  de  la  fève.  Cette  idée  fe  préfemc  fi  naturellement, 
que  je  fuis  furprïs  que  peifonne  ne  l'ait  encore  propofée.  Pour  vous  y 
JVl.vous  ne  la  trouverez  peut-circ  qu'étrange;  car,  en  matière  de  fcience 
tour  ce  qui  eft  nouveau  révolte  fouvent  les  efprits  &  ne  s'accrédite  que 
diffi<*ilement.  J'efp:re  néanmoins  que  vous  ne  me  condamnerez  pas 
avant  de  m'avoii  eoceudu.  D'ailleurs  votre  impartialité ,  vos  connoif- 


17»      OBSERVATIONS  SUR   LÀ  PHYSIQUE^ 

Tances ,  votre  dlfcernemenr  &  votre  fupctioritc  m'infpitenr  affez  de  con- 
fiance pour  vous  dcvoiUr  toutes  mes  conceptions.  Je  vais  donc  vous 
«xpofcr ,  en  peu  de  mots ,  mon  fyftcme  fur  la  ciicuUtion  de  la  ftve. 

Nous  avons  déjà  vu  que  les  vailleaux  dont  Gicw  ^  M.  Bonnet 
ont  apperçu  lâs  traces  dans  les  lobes,  doivent  cire  confidcrés  comme 
autant  de  petites  racines  qulpompent  dans  le  lillu  cellulaire  d:,s  lubcs, 
les  fucs  ncceilaires  pour  le  dcveloppement  de  Tembrion,  Ces  mêmes 
racines  exiftent  dans  les  feuilles  icminales  qui  ne  différent  point  des 
lobes,  &  partant,  dans  les  vraies  feuilles  qui  font  elTentielItiî.ent  orga- 
nifces  comme  les  feuilles  fcminales.  Ainn,  la  fonâion  des  feuilles  en 
général  e(t  femblable  d  celle  des  lobes  ,  de  forte  qu'elles  font  à  la 
plante,  ce  que  les  lobes  font  i  l'embrion. 

Tant  que  la  radicule  n'a  point  perce  fes  enveloppes,  il  eft  évident 
due  le  tilVu  cellulaire  des  loocs  fournit  feul  à  la  nutncion  Se  i  laccroif- 
fement  de  la  plantule.  C'efl.  dans  cette  fubftance  que  les  fucs  reçoivent 
la  préparation  convenable. 

La  racine  n'a  pas  plutôt  pénétré  dans  la  terre  qu'elle  y  pompe  de 
nouveaux  fucs.  La  fuccion  des  racines  concourt  au  développement  de 
la  plante  avec  l'afpiraiion  des  lobes ,  des  feuilles  féminaks  &c  des 
vraies  feuilles  qui  ne  tardent  pas  à  paroître.  Alors  la  j>l3iite  fait  des 
progrès  rapides. 

Mais  if  ne  faut  pas  fe  perfuader  que  les  fucs  entrent  fous  cette 
première  forme  dans  la  compolîtion  du  végétal.  Si  ceux  qui  font  abfor- 
bés  iMir  les  lobes  &  par  les  feuilles  ont  befoin  d'être  claborcs  avant 
tout  dans  le  tllUi  cellulaire,  croira-t-on  que  la  même  préparation  nell 
pas  nécelîaire  i  la  fève  afccndanteî  Or,  n'eft-il  pas  naturel  de  penfet 
que  le  même  organe  eft  defliné  à  préparer  les  uns  Si  les  autres? 

Je  fuppofe  donc  que  le  végétal  s'élève  par  degrés  dans  les  rubcs 
capillaires  des  racines ,  qu'il  parvient  aiiifi  jufqu'aux  pédicules  des  feuil- 
les ,  qui,  comme  vous  le  favez,  M.,  font  une  production  du  bois  & 
de  récorce,  &  que  delà,  il  fe  diftribue  par  les  aiftérentes  ramifications 
du  pédicule,  iufques  vers  les  extrémités  des  feuilles.  C'eft  delà  que  je 
conçois  que  la  fève  encore  crue  Si  indigène  coule  dans  le  lilUi  cellu- 
laire, où  elle  reçoit  la  même  préparation  que  celle  quicflabforbceparces 
mêmes  feuilles.  L'une ,  ainfi  que  l'autre ,  fe  filtre,  s'atténue  &  s'énurc  dans 
cette  fuU|nce,  d'où  elle  eft  pompée  de  nouveau  p.ir  une  infînirc  de  petits 
canaux  qtn  s'y  perdent  &  qui  aooutiffent  aux  nervures,  Se  delà  ,  dam 
la  nervure  principale,  puis  dans  le  pédicule  ,  dans  le  tronc  &  les  raci- 
nes ,  mais  par  des  canaux  diffcrens  de  ceux  par  où  coule  la  fcve  afccu- 
dance. 

Si  cette  explication  eft  jufte  toutes  les  produ<ftion  du  bois  &  de 
l'écorce  doivent  erre  attribuées  à  la  fève  dcfccndantc ,  c'cft-à-dîre  ,  à 
la  ieve  qui  coule  des  Veuilles  vers  le  tronc ,  puifque  ce  u'eft  que  dans 


SUR  vrrrsT.  KATUREiin  et  les  arts,   tjc, 

les  feuilles  qu'elle  reçoit  la  prcp.ir.icion  conveniSIe  pour  s'allimiler  X 
chaque  efpcce  de  vcgécal  &  le  ri'nvertlr  en  fa  propre  TubClâuce.  Ot, 
cette  conjecture  fe  trouve  conlîrmce  pnr  diverfcs  ooferv.i lions.  Car,  i°.  U 
radicule  s'accroît  vîtiblement  pat  la  fufteption  des  fucs  prépares  par 
les  lobes  »  ou  p^r  les  feuilles  fcininales  que  je  n'en  dillinpie  point , 
êc  partant ,  par  la  fcve  defcendance.   i°.  Les  bourgeons  des  extrémités 


fupérieure  de  la  plaie,  -t**.  Les  arbres  Se  les  plantes  auxquels  on  arra- 
che beaucoup  de  feuilles,  ou  dont  les  feuilles  pcrilTent  cii  grand  nom- 
bre par  quelquacvident  ne  font  prefqu'aucune  produ6kion  y  Se  je  ne 
doute  pas  que  fi  l'on  ctfeuilloii  exaâement  &  a  plufieurs  rcprifcs  un 
vcgctal  quelconque,  il  ne  pet»  en  peu  de  tems.  En  effet ,  cevéi:;ctal  ne 
pouvant  fe  nourrir  que  par  des  fucs  moditics  d'une  manière  analogue  à 
fa  nature  particulière  ,  Si  les  feuilles  étant  les  organes  dans  lefquels 
s'opcrc  cette  modiHcation ,  il  eft  viiible  qu'on  ne  peut  les  retrancher 
que  l'aibre  ou  la  plante  ne  languilfe  ou  ne  meure  d'inanition. 

En  fuivant  tes  mêmes  idées,  il  efV  facile  de  concevoir  qu'il  exifVc 
dans  chaque  efpcce  de  plante  deux  fortes  de  fèves  dont  les  qualités 
font  fort  différentes.  La  première  fera  la  fcve  crue  &  groflière ,  telle 
au'elle  eft  pompée  par  les  tubes  capillaires  des  racines  \  la  féconde 
iera  l'extraie  de  celle-ci ,  après  qu'elle  aura  ccc  filtrée  &  élaborée  dans 
le  tiflu  cellulaire  des  feuilles  ;  la  première  fera  d-peu  près  la  même  dans 
toutes  les  plantes  ;  la  féconde  lera  ditïérente  fuivoiu  les  diverfes  cfpc- 
ces  de  végétaux  ,  Se  la  (Irucbure  particulière  des  filtres  où  elle  aura 
reçu  fa  préparation.  Déjà,  vous  appcrcevez,  M.,  que  la  (cvc dcfccndanu 
fera  proprement  ce  que  les  Phylicietis  nomment  fa  lymphe  ,  Se  la  fcve 
defcendante,ce  qu'ils  nomment  le  fuc  propre.  Vous  voyez  également  ce 
que  nous  devons  entendre  par  v-illfeaux  propres  &:v.iifreaux  lymphatiques. 
11  n'eft  donc  plus  étonnant  que  la  lymphe  des  diffcrens  arbres  ne  prélente 
aucune  différence  fenfible ,  ni  que  le  fuc  propre  paroilfe  couler  de  haut 
en  bas ,  tandis  que  la  lymphe  femble  fuivre  une  direftion  contraire. 

Enfin  ,  on  apperçoit  pourquoi  la  lymphe  coule  au  commencement 
du  Printems  &  pourquoi  elfe  s'artcte  lorfque  les  feuilles  viennent  .4 
s'étendre.  La  terre  s'étant  déjà  échauffée  &:  la  chaleur  ayant  raréfié  les  fucs 
qu'elle  contient,  ces  fucs  enfilent  les  canaux  des  racines  &  paHent  dam 
le  tronc  Se  les  branches.  Alors,  la  févc  oui  n'a  pas  encore  éré  préparée, 
eft  groffière  &  lymphatique.  Se  c'eft  Tous  cette  forme  qu'elle  s'ccoule 
par  les  plaies  qu'on  fait  dans  cette  faifon  fur  les  parties  qui  la  con- 
tiennent. Cependant ,  elle  parvient  peu-i-peu  jufques  dans  les  boutons 

6  dans  les   tudimens  des  feuilles.  La  petite  quantité  qui  s'y  infinue 

7  e^  élaborée  Se  redefcend  dans  le  corps  de  l'atbre.  Enfin ,  les  boutons 


i«o       OBSERVATIONS  SUR   LA   PHYSIQVÉ, 

s'ouvrenr  &r  les  feuilles  fe  dcploîent  :  bientôt  il  pafîe  bciucoiip  dff 
fève  dans  les  feuilles,  qui  abforbent  d'ailleurs  Inumitliic  de  Inir; 
cette  fcve  après  y  avoir  été  préparée  eft  renvoyée  dans  toute  la  fubftance 
du  végétal.  Alors,  le  corps  de  l'arbre  contient  deux  fortes  de  fcvc.  Il 
fcve  crue  &  groflicre  ou  la  lymphe ,  &  la  fève  élaborée  ou  le  fut  pro- 
pre :  fi  donc  on  fait  une  incifion  a  l'arbre  ,  ces  deux  fèves  couleront  à  la 
fois  Se  fe  mêleront  de  forte  qu'on  ne  reconnoîtra  plus  la  qualité  lym- 
phatique. Mais  les  ccouleinens  feront  moins  abondans,  P^rce  que  les 
feuilles  étaiit  déployées  la  tranfpiracîon  diminuera  conudcrablemenc 
le  volume  de  la  fcve. 

Vous  m'avouerez  j  M.,  que  l'hypothèfe  donc  vous  venez  de  voir 
le  précis  a  quelque  dc;;rc  de  vraifemblance,  du  moins  au  premier coup- 
d'œil.  Il  me  femble  que  ce  méchanifme  eft  fore  ûmple  &  très-propre 
à  expliquer  les  phénomènes. 

Vous  ne  m'oDjeâerez  pas ,  je  penfe ,  que  cette  explication  ne  peut 
fe  rapporter  qu'aux  plantes  donc  les  lobes  fc  convcrtifTcnt  en  feuilles 
féminales.  Si  j'ai  pris  celles-ci  pour  exemple ,  ce  nctoit  que  pour  ren- 
dre mes  idées  plus  fcnfibles.  Mais  n'cft-il  pas  clair  que  les  fondions 
des  lobes  doivent  erre  les  mêmes  ,  foir  que  ces  lobçs  pcrirtenc  en  terre , 
foit  qu'ils  scpanouiffent  à  l'air.  Le  DoÛeur  Gtew  6c  M,  Bonnec 
n'ont-ils  pas  découvert  dans  Içs  lobes  de  la  fcve  les  mêmes  ramifica- 
tions que  nous  appercevons  dans  les  feuilles  féminales?  Vous  convien- 
drez donc  aifcment ,  M. ,  que  les  lobes  font  defcinés  aux  mcmes  ufif^es 
que  les  feuilles  dans  les  unes  &c  dans  les  autres,  &  qu'enfin  mon  fyf- 
cème  fur  la  cîcculati6ti  de  la  fève  eft  également  applicable  à  toutes 
fortes  de  végétiiux. 

Dans  les  efpcces  dont  les  lobes  pcritTent  dans  la  terre,  ils  y  fubfif- 
tcnc  fc  ils  y  fournilïenr  i  l'accroilTcment  de  la  plantule  jufqu'à  ce  quo 
llss  premières  feuilles  fe  foienc  épanouies  à  l'air.  Alors ,  la  racine  a  perce 
la  terre  les  feuilles  s'imhibenr^  l'eau  comme  les  lobes  dans  la  terre, 
&  les  racines  cnnfmcttenc  A  ces  feuilles  les  mcmes  fucs  dont  les  lobes 
s'étoient  abreuves.  Ces  fucs  font  filtrés  &  digérés  dans  les  feuilles,  comme 
ils  l'ccoient  d'abord  dans  les  lobes ,  &  diilribués  de  la  même  manicie 
dans  le  corps  de  la  plante.  Lors  donc  que  les  feuilles  comtnencent  à 
parojtre  ,  les  lobes  deviennent  moins  néceffàires;  quand  elles  fe  font 
augmentées  conlulérablementen  nombte  &  en  étendue, ils  deviennenc 
inutiles  &  c'cA  alors  qu  ils  pénlfent. 

Quelquefois  les  lobes  font  remplacés  d'abord  par  les  feuilles  fémi- 
nales. Un  peut  diftinguer  dans  ces  efpèces  deux  fones  de  lobes  \  les 
lobes  fupéneurs  ^  le»  lobes  intérieurs:  ceux-ci,  c'ell-à-dire  les  f>sui lies 
féminales  ,  ne  différent  pas  plus  des  lobes  proprement  dits  que  dans 
les  efpèces  où  les  lobes  le  convertitTent  en  feuilles  féminales.  J'ai  vu 
un  radis  qui  avoit  quarre   feuille^    féminales  louc-à-fait  femblablo. 

QuoiqUo 


Sl/R  rffiST,  N/tTt/REllE  ET  LES  ARTS.       i8t 

Quoique  deux  de  ces  feuilles  fudenc  une  monftruotîié  ,  cependant 
comme  les  deux  autres  n'ctoient  certAinetncnt  que  les  lobes  mêmes 
déployés  ij'air,  on  peut  touclure  de  cette  teiremblance  ,  que  dans  les 
efp^ves  où  les  lobes  ne  fe  convetciltcnt  point  en  feuillus  Icminales , 
ils  n'en  difTcrcnt  néanmoins  ni  par  leur  organîfatlon  ni  par  leurs  fonc- 
tions. 

Dans  d'autres  efpcces  les  lobes  font  remplaces  immédiatement  par 
les  vraies  feuilles.  Ainfi,  ces  feuilles  y  [iennenc  lieu  de  feuilles  fcmi- 
nales.  C'eft  ce  qui  arrive  d,\ns  quelques  phntes  légumineufes,  dans  le 

fois,  la  fève ,  &i;.  J'ai  voulu  voir  dans  ces  efpcces  rucilité  des  lobes  i 
époque  où  b  jeune  tige  commence  à  parokre.  Tai  donc  tiic  germer 


plantes  de  nouveau  dan^  un  mcme  vafe  rempli  de  terre  que  j'ai  eu 
foin  de  tenir  à  l'ombre.  Les  uns  &  les  autres  ont  végété  avec  bc.m- 
coup  de  lenteur,  mais  la  végétation  de  ceux  qui  raanquoient  de  lobes 
a  été  condammenc  plus  roible  ;  ils  ont  toujours  été  plus  petits  & 
d'un  verd  moins  fore  que  les  autres.  J'ai  concln  de  cette  obfetvation, 
que  dans  les  jeunes  plantes  les  lobes  font  plus  nécelTàires  que  les  racines 
mêmes. 

Lorfque  j'ai  vil"itc  les  racines  des  pois  de  mon  expérience  ,  je  les  ai 
trouvées  en  bon  état  dans  les  uns  6c  dans  les  autres.  Dans  les  poi$ 
^ui  avoient  fubi  l'amputation  de  la  radicule ,  elles  s'ctoient  fort  inuU 
liplices,&  elles  p>irtoient  en  Rrand  nombre  autour  de  la  coupe.  Dans 
les  autres,  la  radicule  s'écoic  allongce  9c  elle  avoir  j>oultc  plulieurs  ra- 
cines latérales ,  mais  plus  foibleï.  Il  n'ed  pas  étonnajit  que  ceux  ci  aient 
végété  plus  difficilement  que  les  premiers,  puifque  les  racines  rcnaif- 
^foicnt  en  foule  &  que  les  lobes  ne  pouvoient  fe  réparer. 

Il  eft  aifc  d'ailleurs  de  concevoir  comment  les  pois  à  qui  j'avois 
coupe  la  racine ,  en  reproduifoienc  fi  vigoureufement  de  nouvelles , 
puilqu'ils  avoient  confcrvc  les  lobes  &c  que  ces  organes  font  primiti- 
vement defliués  à  faire  croître  la  racine.  Leur  végétation  devoit  néan- 
moins ctre  plusfoibte,  que  il  on  ne  leur  avuic  rien  retranché  ,  puif- 
qu'ils  pcrdoient  les  fucs  qui  leur  auroient  été  tranfmis  par  la  racmc 
déjà   formée, 

A  l'égard  des  pois  auxquels  j'avois  fupprïmc  les  lobes  ,  on  voit  fa- 
cilement pourquoi  ils  faifoienc  (î  peu  de  progrès.  Il  paruk  même  qu'ils 
auroient  où  périr  ;  car,  iî  Us  lobes  font  le  tîltre  qui  doit  d'abord  épurer 
la  fève  d'une  manière  convenable  pour  qu'une  plante  puilie  fc  lallimi- 
ler»  comment  une  jeune  plante  peut-elle  végéter  fans  les  lobes?  Mais 
vous  remarquerez,  M.,  que  les  pois  avoient  déjà  quelques  fVuilleSt& 

Tome  Xll.  Pan.  IL  1 779.  SEPTEMB/iE,     A  a 


i8i       OBSERfATIONS   SUR   lÀ   PHYSIQUE^ 
ccH  lUie  preuve  île  plus  que  tes  feuilles  ont  à-peu-pccs  la  mcme  des- 
tination &  la  même  organifation  que  les  luhes. 

Voilà  des  idées,  M. ,  que  je  rouinecs  à  votre  expérience  &  i  votre 
jugement.  U  me  cefteroit  a  expliquât  dans  ce  fyflcme  un  grand  nom- 
Dtede  pIiénomèn?s  partîcuUets,  mais  j'attends  pour  cela  vos  réflexions. 
Cette  lettre  d'ailleurs  ueft  déjà  que  trop  longue,  &c.  Sec. 


MÉMOIRE 

Sur  le  fcl  qui  fe  forme  par  iih  long  rqjos  fur  le  réfidu  que 
Ton  trouve  au  fond  de  la  cucurbicc  ,  après  la  rcftifîcation  de 
l'cthcr  vitrioliquc  ;  &:  fur  un  autre  Phcnonicnc  obfcrvc  dans 
la  diftillarion  du  même  cthcr,  en  employant  un  cfprit-dc- 
vin  retire  du  marc  de  nos  rai  fins. 

Par  M,  Mon  TET  ,  dt  la  Société  RoyaU  des  Sciences  de  MontpelUir, 

V/N  crand  nombre  de  Chymiftes  modernes  nous  a  donné  diffcrens 

firoccdcs  pour  retirer  une  très-grande  quantité  d'éther  de  différens  m&- 
anees  de  l'hnile  de  vitriol  &  de  l'efprit-de-vin,  foît  par  poids ,  foit  par 
mefures.  Us  s'accordent  tous  aujourd'hui  à  penfcc  gue  c'eft  par  poids 
ou'il  faut  procéder ,  &  employer  une  alTez  grande  dofe  d*efprit-de>vin  Se 
d'huile  de  vitriol ,  pour  omenir  beaucoup  d'cthcr.  Ce  que  je  viens  de 
dire  efl:  configné  dans  tous  les  livres  des  Chymiftes  modernes.  • 

Dans  le  tems  du  dernier  concours  à  une  Chaire  de  Médecine  vacante, 
l'un  des  Concurrens  me  demanda  mon  avis  fur  la  nature  de  l'éther  ,  Si. 
Ci  on  ne  retiroit  aucun  fel  du  rciîdu  de  la  reâificacion.  On  fait  qu'après 
avoir  retiré  par  la  première  diftillatton  rous  les  produits  ^ue  donne  le 
mélange  d'une  certaine  quantité  d'huile  de  vitriol  &  d'efprit»de-vîn,  il 
faut  diftiller  de  nouveau  pour  féparer  l'ciher  pur  j  que  cette  liqueur  con- 
tient très-fouvent  de  l'acide  fulphareux  volatil ,  Se  qu'on  y  verfe  aupaxa' 
vant  une  certaine  quantité  d'huile  de  tartre  par  défaillance ,  pour  abfor- 
ber  le  peu  d'acide  fulphureux  qui  ctoit  monté  vêts  Ja  diftillation.  Cet 
efprit  fulphureux  ,  dès  qu'il  s'annonce  dans  le  proercs  de  la  diftillation 
de  l'cther ,  eft  le  (îgne  non-équivoque  qu'il  faut  dcUpatciller  le  vasfleau , 
&  que  ropérarion  eft  finie. 

Par  la  féconde  diftillation  qui  eft  la  reâîfication  de  l'cther ,  faire  feo* 


SUR  VH1ST,  NATUREim  ET  LES  ARTS.  i»j 
lemcnt  pnur  féparer  un  à  un  tous  les  proHuics  de  ta  premicre  didillacion  » 
le  premier  qui  palIe,  comme  le  plus  volatil, eft  l'cthcr,  enfuite  J'erpric- 
<le-vin  qui  n'.i  prefque  poinc  fubi  d'alccranon  ,  ce  qui  forme  en  partie  les 
gouttes  d'Hoffinan  >  &  il  refte  au  fond  de  la  cucurbite  oit  de  U  cornue 
une  liqueur  un  peu  louche,  fut  laquelle  n.igenc  quelr^ues  gouttes  d'une 
huile  qui  scpaitric  par  vcEul^c^ce  qui  forme  un  vcntablc  bitume  liquide, 
ou  huile  pétrole ,  outre  l'alkali  fixe  Huor  que  l'on  a  jette  fuc  toute  I.t 
inalle  du  produit  de  la  prenûcrc  dtllillation,  par  rapport  au  pen  d'acide 
fulphurotix  qu'elle  conrient. 

Cette  liqueur  exporée  i  l'cvaporation  &  cryftailifatîon ,  n'a  jamais 
produit  aucun  fel ,  fuivant  l'exporc  de  la  thcfe  •À\x  ptctendaiit  à  la 
Chiire  de  Médecine  dont  j'ai  dcja  pirlc. 

Je  ferai  remarquer  que  dam  les  nombreuses  opérations  que  j  ai  f\ites 
en  ^and  fur  I V-thcr ,  j'ai  toujours  obtenu  un  fel  de  ce  réfidu  de  la  fccondc 


de  voir  H  dans  la  féconde  diftillation  le  rcfidu  me  donncroit  du  fel 
cryftalliféy  en  verfuit  fur  le  produit  de  la  première  diflillation  ,  de  boa 
alk.ili  fixe  fluor ,  même  jufqu  a  furabondance. 

J'ai  toujours  eu  plus  ou  nioius  de  Tel  cryfhllifc  ;  &  voici  comment  je 
lobriens. 

La  plupart  des  Chymifïcs  en  rectifiant  l'étlier  ,  fc  fervent  de  la  cornue 
comme  de  la  première  dilHliation  :  je  me  fers  pour  redlifiec  mon  ccher, 
d'un  alambic  d'une  feule  pièce,  que  je  trouve  beaucoup  plus  commode 
pour  faire  cette  opération. 

J'ai  dcji  dit  qu'on  verfoii  de  l'huile  de  tartre  par  défaillance»  crès- 
pure  &  très-limpide,  fut  tous  les  produits  que  Ion  a  retires  par  une 
niftillation  graduée  d'un  mélange  de  parties  égales  d'huile  de  vittiol  & 
d'efpric-de-vm  reililié.  Après  que  j'ai  retiré  toute  ma  liqueur  du  balon, 
je  la  verfe  par  un  long  entonnoir  dans  mon  alambic  d'une  feule  pièce, 
&  j'y  verfe  tout  de  fuite  de  l'huile  de  tartre  pat  détaillance ,  eu  quanttic 
toujours  fulfifante  pour  abforber  tout  l'acide  que  cette  liqueur  peut  con- 
tenir \  je  lucre  bien  le  bouchon  de  cryflal  qui  ed  i  la  tctu  du  chapiceau , 
Ce  je  procède  cnfuite  par  degrés  i  recirer  tout  mon  éthcr  que  je  fcpare. 
Quand  il  a  tout  patTc  ,  je  rerire  l'autre  produir ,  qui  ed  de  l'efprit  de-vin 
uni  ^  une  petire  porrion  d'huile  éthcrce ,  qui  forme  des  gouttes  d'Hoff- 
mani  &  ce  qui  rede  dans  le  fond  de  la  cucurbite  eft  une  liqueur  un 
peu  Âlante ,  d'une  odeut  de  phlègme  d'eau-de-vie  un  peu  louche  i  je 
bouche  ma  cucurbite  avec  foin,  au  haut  du  chapiteau,  au  moyen  d'iui 
bouchon  de  cryflal ,  du  lut  gras ,  &  d'un  bouchon  de  licge  placé  à  fon 
bec,  &  enduit  du  même  lut.  Je  le  lailfe  tepofer  une,  deux  ou  trois  an- 
nées ^  Se  je  trouve  au  bout  de  ce  tems  dins  cette  Uc]ueur  tilantc,  de 

J779.     AOUST.  A  a  1 


i8^     ORsnnrATioKS  sur  la  physique, 

magnifiques  cryftainc  de  tartre  vitriole (i),  plus  ou  moins  gros,  fuivant 
1.1  qiiiiiifirc  ticthcr  que  j'ai  difUHéi  &  dont  la  forme  (qui  Icurcft  propre) 
e(l  crc:>-.illangcc.  )U  font  enduits  d'une  uiaiicre  poilli^uft; ,  que  je  uve 
plulîeurs  fuis  avec  de  Teau  froide  pour  lemporcet.  Malerc  ces  lotions , 
les  cfyftaux  confetvent  l'odeur  propre  de  la  liqueur  où  ils  fe  font  formes. 
On  ne  pourra  pas  m'objeclcr  que  l'acide  de  l'air  { que  les  Chyniiftes 
nioderncs  appellenu  pholjihorique  )  ait  donne  lieu  i  b  formation  de  ces 
icls,  puifque  ladion  cle  l'air  ctoit  intctccptce  d'une  maniète  non 
équivoque. 

Je  dis  donc  que  j'ai  Toujours  obtenu  du  tartre  vitriolé  ,  de  la  liqueur 
qui  refte  après  la  reûification  de  l'cther,  foit  que  j'aie  employé  les  pro- 
duits de  la  premiète  diftillation  avec  l'odeur  de  l'acide  fulphureux  vo- 
latil ,  foit  fans  odeur,  ayant  dépareillé  avant  que  ce  produit  s'annonçât. 

Cette  dernière  expérience  prouve  ttcs*chiremenc  qu'il  pafTe  pendant 
la  dilUllation  de  lemer,  de  l'acide  vitriuliquc  en  naiure,  qui  acqutut 
peutctre  dans  cette  opération  un  degré  de  volatilité.  M.  Daumé,î]ui*a 


(i)  De  prcfquc  tout  les  Amcnrs  ^ui  ont  mité  de  la  diflillaiion  Se  de  h  rcAifîcanoM 
àc  l'^clicr  ,  les  £Iémcns  de  Chyniic  de  Dijon ,  font  picCquc  les  fcuU  qui  parlent  da 
Tel  que  l'on  tionvc  d^ns  le  réfiJu  de  la  rct^îBcaiion.  Cuiiimc  les  Auieuri  de  cci 
Elément  &  M.  Momct  ne  fonr  pas  ciaeKment  d'accord  ,  on  ferapeui-étte  bicrvaifede 
voir  ici  raj'prochés  les  dcur  (entinicnï.  Après  avoir  donné  le  piocédé  de  la  rcfti6- 
catioQ  de  l'cihcr  vitrioliquc  »  les  Académiciens  de  Dijon ,  ajouicni ,  (  vol.  j.  p.  $07.  ) 
M  ce  qui  rcflc  dans  la  cornue  cA  de  refprit-dc  vin ,  de  l'atkali  fixe ,  &:  une  portion 
p>  àc  tel  ncJti'c ,  nue  l'on  fuppofc  forme  par  l'union  de  l'acide  fulphureux  A:  de  l'ai, 
n  kali  fixe.  Ce  fcl  d^poH!  au  fond  des  vaifTeatix  qui  conienoient  le  tcfdu  de  rc:hcr, 
M  ayant  été  diiTous  dans  l'eau  diAillée  Si  enfutte  évaporé  jufqu'à  pellicule,  s'cA  en 
»*  cnei  crynallilé  en  aic^ttillci ,  &  en  liouppcs,  comme  le  fct  fulphutcux  de  Srhjai  , 
*>  mais  il  a  réûfté  à  l'acide  viniolique ,  tout  de  même  que  le  tartre  vitriolé  ■■. 

La  dlfTércncc  qui  noui  paroît  esiltci  entre  le  kl  futphuieux  de  Sihaal  desElcmens 
de  Chymic  de  DJjcn  ,  Bc  les  magnifiqrjc^  cryflaux  de  lattte  vitriolé  de  M.  Monter, 
vient  du  tcms  de  leur  formation.  Fn  faifanr  ctyftallirer  ce  fcl  &  l'cxaminart  aulTi' 
fôi  après  l'opération  de  la  rcélification  de  l'éiher ,  une  partie  de  l'acide  fulphureux 
ou  plutôt  le  phlDgini<]Dc  étant  uni  cncotc  en  iiès-grandc  quantité  â  l'acide  victiolî. 

Î[ue,  forme  la  combinaifon  de  l'acide  fulphureux  avec  l'alkali  fixe,  d'où  r^fuUc  te 
et  rulphoreui  de  .Sthaal.  Mais  G ,  arec  l'Auteur  de  ce  Mémoitc  ,on  laîffe  repofcr  le 
réfidu  deux  ou  trois  années ,  alnis  le  phtogilliqoc  fc  dégage  de  lui-méroc  de  l'acide 
vitriotîque  ,  l'acide  fulphureux  difparoît ,  Se  le  fcl  fulphureux  ne  devient  plus  que 
du  tartre  virhoté.  Cela  r(l  fi  vtai  qu'il  ne  faut  pas  même  attendre  plufieuii  années 

r'our  cet  effet  :  prenez  feulement  une  certaine  quantité  de  fcl  fulphureux  de  Schaal , 
aiiïë  -  Il  repofer  à  l'air  pendant  quelques  jours  ;  le  phtogillique  qui  empêche  la  com- 
binaifon intime  &  fixe  de  t'acidc  vitrioliquc  à  l'huile  de  tanic  ,  s'évapotcra,  l'adhé- 
rence de  l'acide  à  l'alkali  augmentera  en  ptnporiion ,  &  l'on  aura  du  tattrc  vitriolé. 
Si  le  fcl  fulphureux  des  Académiciens  de  Dijon,  a  rcfifté  à  l'acide  vimolique com- 
me le  tartre  vitriolé,  e'ell  fans  doure  qu'il  étoit  beaucoup  plus  prés  de  l'état  de  ce 
dcioici  fcl  que  du  prcmici.  {Noie  àts  RidaSturs  du  Journal.) 


SVR  VJIIST.  NATVRELIE  ET  LES  ARTS.  1S5 
travaille  fi  fiipcricuremenc  fur  cette  matière,  n'en  dit  pas  un  mot.  Dans 
la  décompofition  de  l'cfprit-de-vin  ,  ruppofc  qu'elle  s'opère  par  l'acide 
vitriolique ,  l'acide  qui  entre  dans  fa  compofition ,  eft  d'une  autre  narure, 
&  ne  forme  point  de  rartre  vitriolé  avec  l'alkali  fixe.  On  peut  confidter 
H-deflrm  le  Mémoire  de  feu  M.  Romieu,  Membre  de  ceite  Société. 
■  J'ai  obfervc  que  l'efprit-de-vin  que  l'on  retire  du  msrc  de  nos  raifins  (i  \ 
donnoic  deux  éthers  ditférens ,  fi  je  pnis  m'exprimer  ainfi.  J'avois  reûtfié 


pareille  opération  ;  cependinc  je  voulois  voir  la  quantiié  d'tcher  que 
produiroir  un  pareil  efpcii;*de-vin,  qui  eft  d'ordinaire  plus  huileux  que 
celui  dont  nous  nous  fervons.  Je  l'ouDliai  pendant  un  tems  allez  long ,  Ec 
je  fi«  apréîblemenc  futpris,  en  revenant  i  mon  opéracion,  de  voir  que 
l'odeur  d'ompireume  avoit  entièrement  difparu. 

*  J«pris  Cix  livres  de  cet  fefbrit-dc  vin,  Se  autant  d'huile  de  vitriol ,  je 
procédai  k  l'ordinaire  à  la  diftilUtion ,  &  dès  que  j'apperçus  que  tout  mon 
éther  d'un  pareil  poids  d'efprit-de-vin  cioit  palIé  (  te  que  l'iubitude  nous 
donne)  fans  attendre  que  l'acide  fulohureux  s'annontât,  je  vcrlâi  ma 
liqueur  contenue  dans  mon  balon ,  aans  un  grand  flacon  de  cryftal  ; 
l'adaptai  tout  de  fuite  le  même  balon  à  ma  cornue  que  je  luttai  bien  »  ôc 
Je  continuai  mon  o|>cration.  Je  fus  (urpris  d'avoir  une  huile  rrcs-lcgère, 
impidc  6c  abondante,  nageant  fur  un  peu  de  liqueur  d'une  odeur 
trcs-fuave',  j'allois  de  tems  en  tems  déboucher  le  petit  trou  de  mou 
balon ,  pour  voit  fi  l'acide  fulphureux  fe  fnfoit  fentir.  Dès  qu'il  s'an- 
nonça ,  je  dcluttai  mon  balon  »  &  j'eus  environ  quatre  onces  d'une  huile 
^thérée  très -volatile ,  fans  aucun  mélange  d'aurre  liqueur,  &  qui  peur 
Être  employée  avec  fuccès  dans  les  maladies  nerveufes;  je  continuai 
enfuitc  ma  dinillaiion  ,  &  j'eus  un  peu  d'huile  citrine  qui  nageoii  fur  la 
liqueur  phlegmariquc ,  chargée  forcement  d'acide  fulphureux  volatil. 


(t)'Cc  a'cft  (juc  depuii  <]uclqucï  années ,  que  pluncars  Paniculicn,  en  petit  nombre , 
<!i(\illeiit  en  giarid  le  m-irc  de  no*  raifin».  N^s  vins  rouges  en  géoéial  font  fon  rpiri- 
iiicux  8c  a/Tcz  bien  cobiés.  Par  conr<!qucaF,  le  marc  qui  en  provient  doit  l'ctie  auflî  , 
aicctidj  que  quanJ  it   fort  du  prclT'iic ,  il  n'cft  pat  fort  fcc ,  étan:  mal-prcflc.  Le  vin 

Îitie  l'on  lire  par  le  fecouts  du  prcfToir  ,  cfb  toujours  plus  coloré  que  celui  qui  fort  tout, 
implemeiit  de  la  cuve  ;  par  la  raifon  que  la  tiqucor  que  ce  marc  contient ,  fc  charge 
plus  de  la  partie  coloraiite  de  U  peau  du  raifin  par  cette  picHion  mécluniquc.  Ce  n'eft 
pas  eommc  dan5  d'autres  Pfovincct,  par  exemple  ,  en  Bojrgog^ie  ,  dès  qa'ob  retire  le 
mire  des  raifiiis  de  dcllous  le  prciruir ,  on  le  prcndioï:  pour  du  bois ,  2c  on  tctiic 
CTicoie  de  ce  marc  de  l'eau-de-vic  ,  en  y  ajourant  de  l'czu  ,  &  le  faiïant  fermenter;  Se 
dans  notre  Province ,  ceux  qui  ne  vendent  pas  le  marc  pour  faire  de  l'cau-de-vic  ,  en 
font  delà  piquette  ,  en  y  vcifanc  beaucoup  d'eau.  Se  le  lailfaiK  carer  fept  à  huit 
|oun. 


i8rf       OBSERrATlONS  SUR  LÀ  PSTSIQVE, 

M.  Buimé  (voyez  le  cToiCème  volame  de  Savatis  Etrangers),  afTure 
dans  Ton  Mémoire  fur  l'éthcc,  que  le  plu^  qu'on  retire  de  cette  Huile 
cirrine  d'un  mélange  de  Cxx  livres  d'huife  de  viinul  ôc  d'autant  d'efprit- 
de-vin ,  eftd'un  gros,  &  tour  au  plus  demi-once. 

Par  le  procède  que  je  viens  d'indiquer,  en  employant  de  l'cfptit-de- 
vin  tiré  du  marc  de  nos  raitîns,  on  a  deux  éthers  que  fai  fût  voir  à  ta 
Compagnie  ;  Tivoir  le  premier  oui  eft  le  plus  volatil ,  8c  qui  ell  pour  ainlî 
dire  l'elpric' rccleuf ,  Se  l'autre  l'huile  elfentielle.  Cette  exp^ience  prou- 
veroit  que  l'hutlc  de  vitriol  ne  fait  que  dégager  progrcflivement  dans  la 
diftillation  l'huile  edentlcllc  la  plus  volante  de  i'efptic'de-vin  ciré  du 
marc ,  &  qu'i  mefiire  que  la  liqueur  s'cpainîr ,  une  partie  de  cette  huile 
la  moins  volatile  cfl  attaquée  par  l'acide  vitriolique ,  qui  s'y  unit  ëc  tut 
donne  une  confiftance  plnsépaiire,  qui  forme  cette  huile  citrine  analo- 
ffue  aux  huiles  par  expreffîon,  &  qu'une  autte  partie  de  cette  huile  efl 
Brûlée  à  mefure  que  l'acide  vitriolique  efl  rapproché,  8c  devient  plus 
concentre  par  le  progrès  delà  diflillation /refprit-de  vin  l'ayant  fore 
étendu  Se  noyé  par  l'eau  qui  entre  dans  fa  compofition.  Voilà  pour- 
quoi ce  rclîdu  çd  It  noir  Se  rempli  de  couches  minces  charbonneufes. 
M.  Baume  ,  qui  a  poutTc  1  analyfe  de  cette  fubftance  fufqifau  bout ,  en  a 
retire  du  foufre  pur,  outre  beaucoup  d'acide  fulphurcux  volatil.  Ce  qiù 
prouve  ce  que  je  viens  d'avancer ,  c'eft  que  cette  huile  de  vitriol  gui  a 
fetvi  au  dégagement  des  deux  éthers  dans  mon  opération ,  peut  icrvir 
encore  fous  cette  forme  à  dégager  de  nouvel  éther,  fi  on  ajoute  de 
l'efprit-de-vin  en  moindre  quantité,  &  que  Ton  procède  comme  dans 
la  première  opération.  Ceci  appartient  à   M.  Cadet ,  qui  a  lu  un  Mé- 
moire li-dclius  à  une  Afremolée  publique  de  l'Acadcmic  Royale  des 
Sciences,  contigné  dans  le  Journal  de  M.  l'Abbé  Roïier,&  qui  a  paru 
depuis  la  levure  de  ce  Mémoire  dans  le  volume  de  l'Acidémie  Royale, 
des  Sciences  de  l'année  i774,&  vient  i  l'appui  de  t'explic.ition  que  je 
donne ,  comment  l'huile  de  vitriol  dégage  l'éthet  contenu  dans  rcfprit* 
de- vin. 

Quoique  M.  le  Comte  de  Lauraguaïs  aie  avancé  (  voyez  le  volume  de 
l'Académie  Royale  des  Sciences  de  l'année  Jy^S  )  qu'une  petite  partie 
d'éther  vitriolique  fe  didout  dans  l'eau  ,  je  penfe  que  les  éthers  varient 
beaucoup  ,  fuivant  l'cfprit-de-vin  que  l'on  employé.  La  plupart  provien- 
nent de  vins  qui  tirent  fut  l'aigre,  &  ces  cfptits  contiennent  beaucoup 
plus  d'acide  que  ceux  qui  font  tirés  des  vins  gcnéieux  &  de  bonne  qua- 
lité; ceux-ci  donnent  toujours  un  éther  plus  agréable,  plus  inHommable, 
Ce  coiifét]uemmenc  moins  mifcible  à  l'eau ,  s'il  a  été  bien  reéVitié. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.    187 


SUR   LES   CRYSTALLISATIONS 

Obfcrvécs  fur  le  Verre  •, 
Par  James  Kbir  ,  tcuytr, 

Kj  N  connoîc  depuis  long-tems  la  figure  parcicalière  du  crjrAal  «le 
roche  \  Si  l'on  Taie  que  le  verie  de  Mofcovie  >  les  pierres  précieufcs,  les 
pyrircs,  les  minerais,  les  métaux  (1),  les  fels,  l'eau  (i)  ôc  l'huile  (;), 
loumis  à  certain  degré  de  clialcuc  ,de  froid  ,  de  âuidicé  S>c  d'autres  cic- 
conllances  nccelTairesjaiFcÛent  une  ficiire  uniforme. 

Beaucoup  d'autres  fubflanccs  cryftailirent  aulli.  H  y  en  a  plufieuts  donc 
les  parties  offrent  une  figure  dctermincc  dans  leur  cafluce  :  tels  font  le 
Viifmuth  ,  le  régule  d  antimoine  ,  le  zinc  &  tous  les  autres  corps  métalli- 
ques, dont  les  parties  fe  rompent  fans  s'étendre.  Il  y  a  même  lieu  de 
croire  que  l'or ,  l'argent ,  le  plomb  Se  Icuin ,  pourroienc  acquétic  cetrc 
ccgulariré  de  grain,  par  des  moyens  particuliers;  car  M.  Homberg  a 
remarqué  que  le  plomb,  qui  n'cd  pas  dudlilc  daus  l'eut  de  chaleur, 
rompu  à  chaud ,  oftre  une  texture  grenue.  Peut-ctre  tous  les  corps  humo- 
gcncs  fe  crydalliferoienr-ils  en  palîanc  de  l'état  de  fluidité  à  celui  de 
iolidité,  fi  ce  pafTage  n'étoic  pas  trop  fubit,  C'eft  au  moins  ce  que  j'ai 
vu  dans  du  verre  ,  qui  s'ctoit  foliditîé  très-lentement.  La  forme ,  la  rc- 
gaUritc  de  la  grandeur  des  cryflaux  oiu  varié  félon  les  circonilances  qui 
en  accompagnent  la  concrécioa. 

Les  cciiantillûns,  n^\  i  ,  onr  été  pris  au  fond  d'un  grand  por,  qui 
«voir  reflc  dans  un  fourneau  de  verrerie,  pendant  qu'on  laiiroii  éteindre 
lentement  le  feu-  La  maHe  de  la  matière  chauffce  était  fi  grande ,  que  la 
clulcur  dura  long-tems  fans  ajouter  du  chauffage  ,  &  que  la  concrétion 


(i)  On  a  trouvé  de  l'or  natif  ciydalllf^.  M.  Rome  de  l'Ifle  dit  (Effaîde  Cry/lal- 
Ugraphie  ..  p.  jsoOavoir  tu  des  crylbuid'or  natif  à  huir  pans  ,  romme  ceux  d'altin  , 
&  un  autre  en  lame  bczjgonc.  On  en  peut  voir  de  beaux  échantiltons  au  C*(>inet  dtt 
Doâcnr  Hanter.  L'or  fc  crynalUfe  encore  par  le  fccoun  dcl'ait.  Ayan;  vcrft  qd  pca 
d'éther  fut  une  fotuùon  de  ce  méul  dans  l'eau  régale  ,  Je  trouvai  au  bout  de  quelques 
mois,  l'or  ftparé  dit  mcnftrue,  fous  ta  forme  de  prifnies  polfgoncs  bien  diftin^i. 

(x)  On  connoîc  parfaitement  le*  formes  variées  &  icgulicrei  dc«  particules  de  la 
neige  ,  qui  n'cft  que  de  l'eau  cryflaltiféc. 

()*)  Les  ciyftaux  que  le  froid  produit  dans  l'huile  AtùSaîiM,  font,  comme  on 
Ta  remarqué ,  de  ii^-beanx  priOnes  bcxagones  légnlicr». 


ï88       OBSnRFATtOKS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

du  verre  fiic  très-longac  Je  trouvai  U  partie  fupérieure  du  verre  changée 
en  une  matière  bUnche ,  opaque  j  ou  plutôt  Hemi-opaque ,  dont  la  cou- 
leur 5c  ietiffurelTembloienti  une  efpùce  de  verre  de  Mofcovic.  Sous  cette 
croûte,  qui  avoir  un  pouce  d*c|)ain*eur  ou  davantage,  le  verre  cioit  cranf' 
parent,  quoique  fort  obfc'urci ,  &c  devenu  d'un  cros  bleu,  d'un  verd 
foncé  qu'il  cioit.  On  crouvoir ,  fur  ce  verre ,  plulicurs  cryft.iux  blancs 
opaques,  qui  avoient  gcnL-ralcment  la  forme  ci'un  folide ,  vu  de  côte, 
fiZ'  I  i  planche  i  ,  &  p3t  la  bafe^^,  i.  Leur  furface  fe  termine  par  des 
lignes  plutôt  elliptiques  que  citculaires,  difpofces  de  manière  qu'une 
fedion  rranfverfale  du  cryftal  eft  un  hexagone,  reprcfenté^^.  j  &  4, 
dont  U  première  offre  la  vucTaurre  un  plan  de  cette  fecYion.  On  voie 
au  milieu  de  chaque  bafe  du  cr\(bl ,  une  cavité  conique  ^  fig,  i  Se  1.  Les 
lignes citipciques, qui  terminent  la  furface  des  cryftaux  ,  paroiiïenc  for- 
mces  par  les  bords  de  pluficurs  lames  minces ,  rangées  autour  de  l'axe  de 
chaque  cryftal ,  de  l^çon  que  leurs  diamètres  longirudinanx  lui  font  pa- 
rallèles.  U  y  en  a  douze  plus  larges ,  plus  villbles  Se  mieux  dchnies  que 
les  autres,  files  font  placcespar p.iircs ,  à  égale  diftance  l'une  de  l'autre , 
formant  les  fix  angles  delà  fedion&  de  U  bafe  hexagone,  comme  oa 
le  voit/jj'.  1  )  t ,  3  &  4.  Leurs  intervalles  font  remplis  par  de  plus  retires 
lames ,  qui  adlièrenti  leurs  côt^s  ainfi  qu'entre  elles ,  fous  un  an^le  de  (So^, 
&  par  une  fubfbnce  un  peu  moins  opaque,  d'une  couleur  plus  foncée 
que  celle  des  lames.  La  grandeur  des  cryfbux  continus  ou  voi(ïns  les 
uns  des  autres  ,  ne  diifcroit  pas  beaucoup,  quoique  celle  de  ceux  qui  fe 
trouvoient  i  diffcrcntes  profondeurs  du  même  pot,  le  f\z  conlîdcrible- 
nient.  Leur  plus  grand  diamètre  croit  d'environ  ^  de  pouce,  de  forre 
que  iiQS^g.  I  ,  1,  ;  &  4  les  préfcntenc  extrêmement  grofTîs,  Ils  ne  font 
pas  tous  auffi  exaftement  configurés  que  ceux-ci;  mais  la  plupart  ont 
ime  régularité  (i  frappante ,  qu'on  ne  peut  douter  que  la  cryftalliuiion  n« 
foit  parfiiie. 

Le  verre ,  marque  n".  z  ,  offre  une  autre  efpcce  de  cryft.illifation  :  je 
l'ai  pris  au  fond  d'un  por  qui  avoir  été  tiré  du  fourneau  ,  nendanr  que 
le  verre  étoit  rouge.  Il  y  a  deux  forres  de  cryftaux  :  ceux  de  la  /7?.  5  font 
des  colonnes  haute?  d'environ  un  huitième  de  pouce ,  larges  d'un  cin- 
quième de  leur  hauteur,  &  irrégulièrement  cannelces  ou  hllonnces  de 
raijiutes.  Les  autres  j  repréfentés/fff.  (î,  7&  8  ,  ont  leurs  bafes  prefque 
du  mcmc  diamètre  que  les  prctédens^  m.iis  leur  hauteur  efV  beaucoup 
moindre ,  &  ne  fait  qu'environ  un  fixième  de  leur  largeur.  Leurs  bafes 
fe  rerminent  pat  des  lignes  qui  paroi(fent  déchirées  Se  irré^ulières  ;  mais 
plufu'urs  cenaent  à  une  forme  hexagone ,  dont  la  régularité  peut  avoir 
cté  rroublée  par  le  mouvement  du  verre  (bndu,  qui,  en  rîrant  le  poi 
du  fourneau  j  aura  fori:c  &  plié  ces  cryftaux  très  minces,  pendant  qu'ilç 
étoient  chauds  &  Hcxibles. 

Lçs  échantillons ,  n*.  3  ,  foitcnt  d'un  pot  de  verrerie ,  fui  le  côté  du- 
quel 


SVR  VniST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS.     189 

quel  avoit  coule  un  peu  de  verre  fondu,  qui  y  adlicca  allez  long-ceim 

pour  former  drffcrences  fortes  de  cryllaux.  L'inrcricur  de  ces  ccliauti lions 

efl  aurti  couverc  d'un  verre  diffcremmeiu  cryiiilhfc.  Quelques  crylbux 

.  feuiblent  des  deim-colonnes,  qu'on  voie  par  le  côté  plat»jfy.  9.  D'autres, 

-/%■;  lOjparoiireiucompofôs  de  plufieuts  demi-colonnes,  réunies  fur  ua 

iiicme  plan ,  autour  d'un  centre  cummun  ,  comme  les  rayons  d'une 

roue.  Plulieurs  de  ces  niyons  fcniblcnt  s'ccrecir  en  approcliaiu  du  centre 

de  la  roue,  8c  rellemblent  par  conréquent  plus  à  des  feamcnsde  mor- 

cc;iux  de  cônes  coupes  fuïvant  leur  axe,qu'i  des  cyhndres. Mais  peuc- 

.ctre  cette  app.irence  vient-elle  uniquement  de  ce  que  les  demi-colonnes 

.ionc  rangées  près  dp  centre  de  la  roue ,  de  façon  que  le  bord  de  l'une 

XepoCc  fur  celui  de  ù  voinne,  comme  les  rayons  d'un  éventail. 

Lcchandllon  de  verre,  /î".  4,  avoit  coulé  par  la  fente  d'un  pot,  & 
adhéra  alTcz  long-tems  aux  barres  de  la  grille  du  fourneau  pour  cryf- 
rallifer.  Quelques  cryftaux  paroiilenc  oblongs  comme  des  aiguilles^ 
d'autres  globulaires  ou  d'une  figure  approchante.  Plulieurs  de  ceux  qui 
font  en  aiguilles  Ce  joignent  à  un  centre  commun  -,  &  quoique  le  trop 
prompt  refroidi  (Te  ment  du  verre  les  ait  probablement  etnpcchés  de  s'unir 
en  allez  grand  nombre  pour  former  des  cryftaux  globulaites  complets  ,. 
ils  montrent  atrez  comment  ceux  qui  le  font  ont  pu  le  devenir. 

Toutes  les  cryilallifationt  que  je  viens  de  décrire,  ont  écc  obfervécs 
fur  un  verre  X  vitie  d'un  verd  noir, qui  fe  coule  à  Stoiitbridge.  Il  eft 
compofc,  de  fable,  de  rcrre  calcaire  &  de  cendres  de  végétaux  leflîvces. 

Il  y  a  encore  fouvcnr  des  cryUiUirations  dans  le  verre  des  bouteilles 
ordinaires,  dont  les  matériaux  fonr  prefquc  les  mêmes  que  ceux  dont 
je  viens  de  parler,  fauf  des  fcories  de  fer  qu'on  y  njoute  quelqueiots, 
-.Je  mets  ici  l'échantillon,  n**.  s*  Les  cryftaux  n'y  font  pas  cntouts  dans 
un  verre  tranfparent  non  cryltallifc,  mais  faillans  à  la  furhce  de  la 
malTc,  qui  eft  toute  opaque  ôc  cryftallifée.  Us  femblent  une  lame  d'épée 
à  deux  faces ,  tronquée  pat  la  pointe. 

Je  n'ai  pas  vu  tle  ft  parfaits  cryftaux  que  dans  ces  deux  fortes  de  verte  : 
c*e(l  quêtant  plus  fluides  Se  moins  tenaces  que  tout  autre,  quand  on  les 
fond ,  les  particules  qui  conftitucnt  les  cryftaux  fc  l'oignent  plus  aifé- 
tnent  ,&  s'appliquent  le5  unes  aux  autres  avec  moins  de  réHll^nce  de  la 
parc  du  milieu.  Peut-être  aullî  cryftallifent-ils  mieux  parce  qu'ils  coa- 
liennent  plus  de  patries  terreufcs. 

Le  cryûil  o\x  fiint-glafi  ,  tenu  long-tems  rouje  à  un  grand  feu, 
acquiert  un  louche ,  qui  vient  probablement  de  plusieurs  pirticui<^  blan- 
ches cryftallifées,  trop  petites  pour  être  apperçues.  Je  foup^onne  même 
que  la  blancheur  opaque  du  verre ,  où  il  y  a  de  larfenic ,  eft  l'effet  d'une 
cryftallifation  i  laquelle  ce  minéral  difpofe  certaines  efpèces  de  verre; 
car  cette  opacité ,  étant  plus  grande  que  celle  de  l'arfenic  mcme>  ne 
peut  fe  commuuiquet  à  une  plus  grande  propoaion  de  verre  tranfpa- 

TomeXl^j  Part.  Il,  1779.  SEPTEMBRS,        B  b 


ty^       OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

lent,  par  l.i  feule  interpofirion  mcch.inique  de  ceire  fubftance  opaque, 
qui  n*a  quelquefois  qu'une  demi-opacité. 

M.deRcaumura  obfervc  que  quelques  erpcccs  de  verre,  expofceslong- 
tcms  à  certains  degrés  de  feu ,  fe  recouvrent  d'une  croûte  blanche  opa- 
que ,  &  qu'en  coucinuant  la  chaleur ,  tout  le  verre  fe  convenir  à  la  lin 
en  cette  fubftaiice.  C'cft  ce  qu'une  prétendue  reircmhlance  à  de  la  por- 
celaine a  fait  appellcc  porcelaine  de  Réaumur,  qui  n'eft  réellement  que 
du  verre  confufénient  cryllallifé. 

La  crydallifacion  change  conftdcrablemenr  quelques  propriétés  du 
verre.  Elle  dccruit  fa  rranfparence  j  &  lui  donne  une  blancheur  opaque 
ou  demi-opaque.  Elle  augmente  fa  denfitc  \  car  celle  d'un  morceau  de 
verre  cryftalliic  croie  à  celle  de  Teau  comme  HJ76  i  jcoo  :  au  lieu  que  la 
denfité  d'un  morceau  non-cryftallifc,  pris  à  cote  du  premier,  confcquem- 
menc  fait  des  marnes  matériaux  &c  expofé  à  la  même  «.haleur  &  aux  autres 
cîrconflanceSjéroir  à  celle  de  l'eau  comme  xG6x  ï  looojlacrynalli^tiou 
diminue  encore  la  fragilité  du  verre;  car  celui  qui  eft  cryllallifé  ne  fe  fcle 
pas  Htôc  en  p.-itTant  du  chaud  au  froid. 

La  cryftallifacion  eft  toujours  accompagnée  ou  précédée  de  1  cvapora- 
tion  des  parties  les  plus  légères  &  tes  plus  fluides  du  verre.  Un  morceau 
tranfparcuc,  expofé  jofqu'à  ce  qu'il  fut  encicrement  cryft.illifc ,  perdit  un 
ciiiquante-huitiéme  de  fon  poids;  Se  d'autres  expériences  me  donnent  à 
croire  que  le  verre  trop  chargé  de  Bux  falins,  fe  cryftalUfe  plus  difficile- 
ment que  les  .lutres  verres  plus  durs,  jufqu'à  ce  qu'il  en  ait  perdu  le  fu- 
perflu  par  l'évnporatioti.  Ain(î,  il  eft  douteux  que  le  changement  des 
propriétés,  caufc  par  la  cryftallifarion  ,  ne  folt  que  l'effet  du  changement 
de  fa  texture  des  parties  intégrantes  du  verre.  Mais ,  quoique  l'excès  des 
flux  falins  ou  autres  puilTe  empêcher  la  cryftallifarion ,  il  n'en  eft  jjas 
moins  vrai  que  ce  changement  de  propriété  eft  le  principal  ou  le  leul 
effet  du  clïangement  de  texture,  comme  le  prouve  l'obfervation  qui 
fuit  :c'eft  qu'un  morceiu  de  verre  cryftallifé, fournis  à  une  chaleur  beau- 
coup plus  vive  qu'il  ne  faut  pour  le  fondre ,  &  refroidi  enfuite  fubite- 
ment ,  perd  toutes  les  propriétés  qu'il  avoir  acauifes  ,  &  revient  du  verre 
cranfparenr  fragile,  quoique  beaucoup  plus  dur,  plus  dcnfe  &  moins 
fuiible  qu'il  n  croit  avant  la  cryftallifation,  à  caufe  de  l'cvaporation  de 
fes  parties  les  plus  fubtilcs. 

Beaucoup  dexemples  femblablcs  prouvent  combien  les  propriétés  des 
corps  dépendent  uniquement  du  différent  arrangement  de  leurs  parties 
iiuegranres,  ou  de  leur  façon  de  cryftallifer,  C'eft  ainfi  ^ue  le  fer  de 
fonte  ôc  l'acier  ,  refroidis  fubirement  ,  acquièrent  un  gram  beaucoup 
plus  fin,  font  plus  durs,  plus  claftiques,  plus  caffans  &  fonores  que 
quand  on  les  huile ,  ou  qu'ils  refroidillem  lentement.  La  def.rtptïon  de 
mes  cryftaux  vitreux  monrre  des  cryftallifations  fort  varices  dans  la 
même   efpèce    de  maiièce  foumife  i  différentes  circonftanccs  ;  elles 


SUR   VniST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     i^r 

▼arient  mcme  fouvenc  dans  le  mcme  morceau  Ho  verre ,  comme  je  l'ai 
fiic  voir,  quoique  les  circonft.inces  n'ayenc  pas  change.  Peut-être,  Hans 
ce  dernier  cas.  Il  diflFérence  des  crylUux  matque-t-elle  fimplumenc  les 
divers  decrcs  de  U  cryl^alUracion  \  car  ceux  des  /g.  6 ,  7  Se  lî  >  trouvés 
dans  le  mcme  morceau  de  verre  que  ceux  de  la  ^g.  5 ,  dilfcrent  princi- 
patemenc  en  Iiauceur  de  ces  derniers ,  qui  font  pcuc-ctre  eux-mêmes 
compofcs  d'un  certain  nombre  des  premiers,  joinrs  pai-  leurs  bafes.  Les 
cryftaux  en  roue  ^Jtg*  1  o ,  femblent  compofcs  de  ceux  en  demi-colonnes , 
rangés  autour  d'an  centre  commun  »  comme  les  rayons  d'une  roue.  J'ai 
déjà  remarque  que  les  cryftaux  globulaires,  n°.  4  .  font  faits  de  pluficurs  . 
petits  en  forme  d'aiguille ,  convergeans  vers  un  point  central. 
I  Cette  propficic  de  cryftallifer,  découverte  dans  le  vetre,  tend  rrès- 
probable  l'opinion  que  les  haj'alUi  font  le  produit  de  la  cryll.iliifacion 
aune  lave  vitrcufe ,  fondue  pat  le  feu  des  volcans.  Les  contîdcrations 
fuivantes  viennent  à  l'appui  de  cette  idée.  Les  bafaltes  prifmariqucs ,  6c 
autres  de  forme  rcgulicre ,  font  toujours  accompagnes  de  traces  de 
volcans ,  comme  l'ont  rem.irgué  d'habiles  Naturaliites ,  entr 'autres  M. 
Delinareft  (1);  cet  Auteur  allure  qu'il  s'en  voit  mcme  aujourd'hui  parmi 
les  produits  des  volcans  ardens  de  l'Ecna  &  de  l'inc  de  Bourbon;  —  en 
fécond  lieu  ,  la  matière  du  balixlte  eft  généralement  de  mcme  nature  & 
du  mcme  afpcâ  que  la  lave  environnante,  &c  fuivanc  \L  Defmarefl, 
les  bafalres  prifmatiques  d'Auvergne  font  adtuellemeut  une  continua- 
tion  ,  &:  en  général  la  terminaifun  d'un  courant  de  lave. 

Troifièmement,  la  variété  de  la  forme  des  cryftaux  dans  les  mcmes 
efpcces  de  verre ,  ainfi  que  dans  le  même  morceau  ,  montre  afTez  l'in- 
ceaitude  des  conctufions  qu'on  pourroit  tirer  de  la  reffemblance  de 
Ëgure;  il  convient  pourtant  de  remarcmer  l'analogie  qui  e(V  à  cet  égard, 
entre  les  cryïVaux  de  bafalre  &  ceux  de  verre.  Les  baiàlrcs  cryftallifés 
font  ordinairement  en  colonnes  ou  prifmatiques.  C'eft  juftement  b 
forme  des  cryftaux  repréfemés/C'  y  Les  cryftaux  vitreux  en  demi-colon- 
nes, /fjt;.  9,  ren"embîent  aux  demi-colonnes  de  bafaltes,  que  l'Evcque 
Pocock  (i)  a  obfecvées  dans  la  Chaulfée-des-Géans.  M.  Defmareft  a* 
trouve  en  Auvergne  beaucoup  de  concrétions  de  bafaltes  fphétiqucs  ^ 
elUpfoidcs ,  formées  de  colonnes  polygones  plus  pyramidales  que  prif- 
matiques ,  convergeant  de  la  circonférence  au  centre.  Les  concrétions 
vitreufes  globulaires ,  dont  nous  avons  parlé,  montrent  avec  elles  une 
parfaite  analogie.  Cet  Auteut  a  vu, dans  la  mcme  province,  des  tables 
de  bafaltes  régulières ,  dont  les  alfemblages  ctoicnt  accumulés  dans  toutes 


(i)  Mémoire  far  les  Bafaltes  de  liProrincc  d'Auvergne.  Voyci  M^oire  dcl' Aca- 
démie des  Sciences  1771. 

C»)  Tianf.  Pl»iiof.  Vol.  XLVm. 

1779.     SEPTEMBRE.     B  b  1 


t9i        OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

les  direâioiis  :  or ,  les  cryflaiix ,  Jîg.  i ,  i ,  j  &  4 ,  fonc  tcellemenc  des 
alfeirtblages  de  tables ,  rangccs  en  tout  fcns  autour  d'un  axe  commun. 
Enrïn  ,  la  pierre  qui  porte  les  colonnes  de  bafalies  ,  &  qui  !i'cn  trouve 

Îiuelquetois  portée ,  étant  de  la  nature  &  du  cilFu  de.ces  colonnes  mcmes , 
emble  une  maffe  irrégulièrement  crythllifée  ,  comme  les  maiTes  des 
cchantillons  de  verre  ,  h".  1  &  1 ,  qui  l'onr  évidemment  de  la  nature  des 
cryftaux  voiiîns,  &  paroîircnt  formées  d'un  nombte  de  ceux-ci  unis  in- 
diftint"lement  \  car  la  forme  particulière  des  cryftaux  n'eft  ditlin<f>e  que 
lotCqu'ils  font  ifolés  ou  féparcs  les  uns  des  autres  par  un  milieu  tranfpa- 
tent  ou  différemment  coloré.  Tel  eft  le  milieu  interpofé  entre  les 
cryfVaux  vitreux  ,  qui  n'eft  autre  chofequeles  parties  les  plus  fluides  du 
verre,  qui  réfiftcnt  le  plus  à  la  concrétion  ,  &  qui,  en  continuant  U 
chaleur^  n'auroit  iàit,  avec  les  parties  déjà  cryftallifécs,  qu*ane  feule 
fubftance  blanche ,  opaque ,  où  il  n'y  auroit  eu  du  verre  ttanfparent,  ou 
des  cryilaux  diftinâs ,  qu'àrta  furface  comme  dans  I  ahantillon,  n'^*  $» 
où  ils  s'élèvent  fur  la  malle  infumie ,  comme  le$  cryfbJ libations  de  bafal- 
ces  fur  la  lave  c]ui  les  fuppotte. 


EXPÉRIENCES  ÉLECTRIQUES 

Qui  dcmontrcnt  que  l'eau  peut  propager  la  Commotion  j 

Par    M.   HORBERN  BerGMAN. 

I. 

\a  £  A  V ,  femblable  a  Protée ,  s'offre  à  nos  yeux  fous  différentes  formes  ; 
tantôt  folidc  ,  tantôt  Huide ,  tantôt  fous  l'état  de  vapeurs.  Le  froid  en 
fait  un  corps  dur,  la  chaleur  lui  rend  d'abord  fon  état  àc  âuidiié,  & 
Ja  refont  bientôt  en  vapeuts  \  je  ne  me  propofe  point  de  la  confît 
dcret  fous  différens  points  de  vue,  ni  d'cxammer  fies  propriétés  dsiis 
chacun  de  fes   états  j  je   m'attacherai   feulement   à  édairtit  quelques 

f  oints  principaux  de   convenance  &  de  difconvenance  par  rapport  1 
éleâricitc. 

I  l. 

La  glace,  l'eau  6c  les  vapeurs  conviennent  enfemble:  i".  Para  qutUei 
pewtnt  Ttctvoir  i'èUciricitè  des  autrts  corps  &  ^u'tît'cs  la  propagent  facile- 
mcntt  Vil  glaçon   peut   enâammct  l'eiptic-devin  ;  l'eau  en  uqt  «juc 


SUR   rUIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     r^f 

liquide,  eft  un  des  meilleuis  conduâeurs  reconna:  les  vapeurs  c|M' 
s'élèvent  de  l'eau  bouillante ,  d'après  rexpcricnce,  jouilTent  de  U  même 
ptopricté, 

a"*  L'eau  dans  tfuelqueiat  que  ee  foit ,  n'a  pu  encore  produire  par 
éUe^même  dt  l'èUSrk'uè;  ce  qui  doit  paroîcre  étonnant,  puifqu'on  eft 
déjà  venu  i   bout  d'en  tirer  des  métaux  mcme.    Peut-2'tre  cela  vienc-tl 

Îitutôt  de  U  difficulté  &  du  défaut  de  méthode  &  de  moyen ,  que  de 
a  matière. 
3**.  On  n*a  pu  encore  accumuler  &  fixer  dans  VeâBUe  fluide  iiecfrîque 
par  U  moyen  des  chocs  ou  de  t'iùnceUe.  On  ne  peut  douter  cependant 
qu'on  xïGn  vînt  à  bout  en  fe  fervaiit  de  lames  de  glace  d'une  certaine 
cpaiircur,  &  qui  n'auroicnt  point  de  bulles  d'air  ni  de  fentes.  Mais 
je  n'ai  pu  y  tcullir. 

4'''  a  "y  a  que  des  maffes  confldérahUs  qui  tranfmettent  la  cortimotlon. 
L'amas  des  vapeurs  connues  fous  le  nom  de  nuages ,  propagent  la  foudre, 
mais  de  petites  quantités  ne  donnent  point  d'explolion.  Cette  propo- 
fition  a  ci'abord  l'ait  erronné  &  même  fous  plufieurs  afped. ,  mais  les 
expériences  fuivantes  vont  édaircir  tous  les  doutes.  Elle  répugne  aux 
deux  propofitions  luîvantes  :  La  Ccmmotion  iiednqne  Je  propage  p.irfai- 
tcrninc  à  travers  l'eau  ,  6*  un  moruau  de  glace  placé  au  milieu  d'une 
chaîne  èUctrique  ,  arrête  le  pa^agt  de  la  Commotion.  On  a  regardé  pen- 
dant plus  de  douze  ans  la  première  propnllrion  comme  un  axiome. 
Ce  fut  ,  i  ce  que  je  crois,  le  Dodeur  I-tanklin ,  qui  le  premier  dé- 
couvrit la  féconde  \  il  fut  d'autant  plus  furpris  de  cette  propriété  de 
la  glace ,  qu'il  avoir  toujours  regarde  l'eau  comme  un  excellent  milita 
à  la  propagation  de  l'cleàlricité.  J'ai  fût  quantité  dexpéiiences  pour 
éclaitcir  ce  point ,  &  j'ai  trouvé  qu'il  n  v  avoir  pas  autant  de  différence 
entre  l'eau  &  la  glace  que  Ion  croyou  ;  que  ces  propofitions  prifes 
généralement  n'étoicnt  poiut  vraies  ,  mais  feulement  dans  quelques 
circonRances  particulières. 

I  I  I. 

Première  Expérience, 

Chargez  d'éledricîté  une  bouteille  de  Leyde  ou  im  Tableau  magique  ;, 
pour  connoîcre  s'il  y  aura  commotion,  &  quelle  commotion,  &  s'il 
y  a  entre  les  deux  furfaces  une  clrcularion  d'cledricité,  dont  l'eau  pui(Tè7 
faire  partie,  je  me  fers  de  plufîeurs  perfonnes  pour  cette  expérience , 
dont  le  témoignage  puiile  me  donner  quelque  certitude  fur  le  réfultat. 
Suivant  qu'elles  ont  fenti  le  choc  fur  la  poitrine ,  à  la  jointure  du  coude , 
tu  poignet  ou  fimpicmcnt  \  l'extrcmite  des  doigts  ou  bien  nulle  pire, 
je  juge  que  le  paliàgc  du   fluide  électrique    a  été  entier ,  imparfait , 


1J4       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

ou  nul.  Pouc  peu  qu'il  s'en  échappe,  on  éprouve  uiie  commotion 
quelconque.  J'avoue  que  cette  manière  de  mefurer  ne  peut  pas  ccre 
regarJée  comme  abfolumenc  exafte,  puîfqu'elle  varie  fuivanc  la  force  , 
la  foiblelle  &  rintenficc  d'cleitricitc  ;  mais  au  défaut  d'ime  meilleure 
je  m'en  fuis  fervi.  Au  reftc  ,  au  moyen  des  cleftromctres  ordinaires  je 
jugeois  que  Téle^kricité  étoic  aofH  forte  qu'elle  pouvoir  Ictrcôcla  com- 
motion lur  la  poictine  croit  toujours  violente.  D'aptes  cela  ,  voici  les 
expériences  que  j'ai  faites. 

Un  petit  tîl  d^  Itn  ou  de  chanvre  fec  înterrompoit  la  chaîne  y  ic 
les  doigts  fentoient  une  légère  commotion  lorfqu'il  ctoit  mouille. 

l  V. 

11  fuit  de-U,  que  les  corps  propres  à  la  propagation  de  l'éleAricitc 
ne  le  font  pas  pour  cela  de  la  commotion.  Car  ce  61  mouillé  permet 
bi«n  les  attra<5Hous ,  les  étincelles  ôc  les  autres  petits  phénomènes  , 
mais  il  empcchc  la  commotion. 

V. 

Secondt  Expérience. 

A  la  place  du  fil ,  que  l'on  fe  fetve  d'un  tube  de  baromètre  de  crois 
à  quarte  pieds  de  long ,  plein  d'eau  ,  garni  i  fes  deux  extrémités  de 
bouchons  de  liège  craverfcs  par  de  petites  tiges  de  fer  communiquâmes 
avec  l'eau.  Deux  perfonnes  au  milieu  de  la  chaîne ,  tenant  ce  tube 
par  les  tiges  de  ter,  ne  fentironr  aucune  commotion,  ouellenepaf- 
Terapasle  poignet;  la  bouteille  deLeydene  fera  pas  dépouillée,  puilque 
fans  nouvelle  charge  ,  elle  donneca  une  commoùon  aflez  forte  pour 
£cre  fcntie  à  la  poitrine. 


poitrine. 


V  L 

Troijlème  Expérience* 


Çrccédente.  Plus  le  diamètre  du  tube  lera  gt  ,  ^--,  
)eux  ou  rrois  doiets  de  diamètre  peuvent  fu£re.  Alors,  la  commo- 
tion (éra  vive  U  u  bouteille  de  Leyde  fera  prefqu'cntièremeur  dé- 
pouillée. 


SUR  VniST.  NATtTRELLE  ET  LES  ARTS,     195 

V  1  I. 

11  s'enfuie ,  i**.  que  pour  tranfmettre  ïs  commotion  de  Leyde  par  le 
moyen  dp   l'eau,  une  petite  qu.imitc  ne  fi^ffî:  pas. 

t".  Les  métaux tranfpôrtert:  U  commotion  bien  plus  parfaitement  que 
î'ean  ;  car  1  travers  un  cylindre  d'eau  long  de  40  doigts  géométriques , 
&  de  trois  lignes  de  diamètre  ,  ellc.aficdeà  peine  le  poignet  (Exp.  1.); 
tandis  qu'un  fil  de  métal,  ou  fimplement  une  bande  de  papier  doré 
de  m&me  longueur,  la  bouteille  cnargce  de  mcme,  &:  à  la  même  dif- 
lance,  fait  refTeniic  une  commotion  violente  fur  la  poitrine.  Nous  voyons 
aufïî  que  les  condu^euis  métalliques  foutlrcnt  une  plus  grande  quantité 
d'cle^ricicé. 

3*.  La  troifième  expérience  montre  que  la  quantité  d'eau  fuperflue 
ne  nuit  point  i  U  communication  de  Icleftricitc.  On  ^comprend  par- 
la comment  M.  Wiw^/trr,  ProfcfTeur  à  Icypjîck  ,  a  pu  faire  entrer  la  rivière 
de  P/i/f<  dans  la  chaîne  cleârique  (i  *j  comment  M* Le  Monn'ur  q\x  afaic 
autant  du  grand  badin  des  Thuitti'us  ,  dont  ta  fuperficie  a  cent  toifes 
quarrces,&'  x\  pieds  de  profondeur  (i);  comment  M.JaUtthert y  Profef- 
icur  de  Genève,  a  propagé  le  fluide  cledrique  à  travers  le  Rhône  (j); 
comment  enfin  l'illurtre  •Franklin  ,  a  pu  enflammer  de  l'efntit-de-vin 
fur  le  bord  de  la  Skuylkil  j  pat  le  moyen  de  l  cleélticiic  que  1  on  excitoii 
fut  l'autce  (4). 

V  M  I. 

Quairi^nti  Expiritnce, 

Si  on  répète  la  féconde  expérience  avec  un  tube  de  baromètre  qui 
foit  de  moitié  plus  court ,  ou  ce  qui  revient  au  même,  on  fatfe  péné- 
trer une  des  tiges  de  fer  jufqu'à  la  moitié  du  cvlindre  d'eau,  le  réïuUac 
ell  le  même,  &  Ion  n'apper^oit  aucune  difFcrence. 

I  X. 

Ctnquiimt  Expérience, 

RcmpUlfez  d'eau  une  bouteille  de  verre  d'un  demi-pied  de  hauteur 
Se  de  crois  doigts  de  diamètre  ;  armez-là  comme  nous  l'avons  dit  (N.  j.)  ^ 


(0  Sticrkc  de  ElcÛ.  Krafft  Jcs  ValH  inGlaC  GcfjlTcn.  ^,  48. 
Cx)  Mém.  ric  l'Acâd^ra.  des  Sdciic.  aiiotfc  1744 ,  p.  447. 
())  Noilct,  Lcxues  fur  l'Ucâr.  p.  101-104. 
(4)  fnokUn,  L.  c.  ^  19. 


i9(î      OBSERrJTlONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

&ices  la  chaîne»  tirez  rétîncelle  foudroyante  ,  la  commotion  fera  très-; 
forte, 

X. 

Il  fuît  de  ces  deux  dernières  expériences,  que  le  diamètre  înHue  pour 
beaucoup  ,  &  que  la  diminution  de  longueur  ne  produit  aucune  diffé- 
rence, à  moins  que  la  diftancc  ne  devienne  fî  petite  que  1  étincelle 
piiifTe  éclater  immédiatenient  de  l'extrémité  ^qs  aeux  tiges  métalliques. 
Si  on  forme  une  chaîne  dont  quelques  anneaux  foient  très-près  fans 
cependant  fe  toucher ,  la  décharge  fe  fait  fucceflîvement  &  tranquille-, 
ment,  quoique  parfaitement,' 

X  I. 

Ayant  conllaté  ces  vérités  par  rapport  à  Teau,  j'imaginai  bientôt 
que  de  gros  morceaux  de  glace  etoient  plus  propres  àtranfmettre  TéleÛri- 
cité  que  des  petits ,  &  les  eflàis  que  j'ai  faits  ne  m'ont  point  trompé. 

X  I  I. 

Sixième  Expérience. 

Je  pris  un  morceau  de  glace  de  15  doigts  géométriques  de  long , 
I)  de  large,  &  8  depailfeur,  que  j'armai  d'étain  aux  deux  extrémités. 
I^ux  perfonnes  tenant  ce  morceau  de  glace  par  les  bouts  armés ,  &c 
làifant  chaîne  reçurent  la  commotion  jufqu'au  coude.  Je  fuis  perfuadé 
que  la  commotion  eût  été  plus  forte  û  le  morceau  de  glace  eût  été  plus 
çonfîdérable. 

A  volume  égal  la  glace  tranfmet  moins  bien  que  l'eau. 

XIII. 

Septième  Expérience» 

Un  cylindre  de  neige  comprimée  de  i\  doigts  géométriques  de 
long,  &  d'i^de  diamètre,  a  très-bien  tranfmis  la  compreflion. 

Huitième  Expérience, 


SUR  VHIST.   NjtTURElLE  ET  LES  ARTS,     i^i 

primées  L'une  contre  1  autre ,  de  façon  qu  elles  ne  formoient  plus  cju'un 
gros  cylindre  d'un  demi-pied,  la  commotion  aétéjufqu*à  bpoitnne* 

XIV. 

Neuvième  Expérience, 

Faifanc  attention  que  l'eau  différoit  de  la  glace  par  le  feu  &  la  cha- 
leur,  que  Jallahert  avoit  obtenu  une  commotion  plus  forte  avec  de 
l'eau  chaude,  qu'avec  Keau  froide;  connoiflfant  ennn  la^grande  analo- 
gie qu'il  y  a  encre  le  feu  fie  la  matière  éleârique  ,  j'ellàyai  la  féconde 
expérience  avec  de  l'eau  chaude  ,  mais  le  réfulcat  ne  m'a  pas  offett  une 
différence  fenfible. 

XV. 

Telles  font  quelques  expériences  qui  peuvent  jetcer  un  grand  )*our 
&  être  très-utiles  à  la  théorie  de  l'éledncité.  Elles  prouvent  que  les 
corps  qui  la  propagent  facilement  ne  tranfmertent  pas  toujours  le  choc. 
Il  paroîc  nécelTaire  pour  obtenir  cet  effet ,  que  le  corps  déférant  puilTe 
contenir  une  grande  quantité  d'éleâricité.  La  faculté  de  propager  dif- 
fère donc  de  la  faculté  de  communiquer  le  choc*  L'eau,  les  animaux, 
les  métaux  ont  été  placés  par  rous  les  PhyHciens  éleârifans  au  nombre 
des  meilleurs  corps  propageans  ;  mais  perfonne  ,  je  crois ,  n'a  comparé 
par  de  bonnes  expériences,  lequel  de  ces  trois  corps  étoit  le  plus  pro- 
pre i  cet  effet  j  quelques-uns  cependant  n'ont  pas  douté  de  donner 
cette  qualité  à  l'eau.  Certainement  le  Fhyficien  qui  s'occuperoit  à 
clafTer  les  différens  corps  fous  ce  nouveau  point  de  vue  renaroit  un 
très-grand  fervice.  On  trouveroit  peut-être  unç^nouveau  rapport  en- 
tr'eux  ,  &  ce  feroic  la  faculté  de  communiquer  le  choc  éleunque  qui 
l'érabliroit. 


Tome Xiy^ Pan. IL  1779.-  SEPJEMBRE,    C  o* 


*»pB       OBSERFATIONS  SUR^A   PHYSIQUE, 


DESCRIPTION  ET  OBSERFATIONS 

Sur  leTremblcmenr  de  terre  de  Bologne,  en  Italie; 
Par   M,    U    Comtt    Auguste    de     C  h  a  b  o  t^ 


J-t  E  Mardi ,  premier  Juin ,  vers  minuir ,  on  fentic  une  force  fecouffe 
de  trembtemenc  de  terre  ,  c]ui  dura  crois  fécondes ,  &  dans  l'efpAce  de 
z  heures  de  ccms ,  on  en  fentit  deux  autres  de  U  même  force.  Le  rcfte 
de  la  nuir  les  fecouffes  conrinuèrcnc ,  mais  trcs-foiWcmcnr. 

Le  Mercredi ,  r  Juin ,  au  matin  ,  vers  les  6  heures  &  demie  »  il  aniva 
tine  autre  fecoultê  plus  force  que  les  précédentes, &  qui  dura  à  peu-près 
Je  même  cems. 

Du  Mercredi  jufqu'au  Vendredi  4,i  7  heures  &  demie  du  matin, 
on  ne  feiicïtque  de  trcs-pctites  fecoulTes.  Mais  alors,  il  y  en  eut  une  terri- 
ble qui  dura  plus  long-tems  que  les  précédentes,  renverfa  beaucoup  de 
cheminées ,  (  c'efl  à-dire  ,  les  tuiles  qui  couvrent  les  cheminées ,  car  vous 
favex  bien  que  les  cheminées  en  Italie  font  des  bâtimens  )  fit  des  cre- 
▼afTes  dajis  les  bâtimens,  &  d'aurres  effets  qui  remplirent  les  habitans 
dererreur,&  les  fit  tomber  dans  la  plus  grande  conllernation.  On  dit 
que  le  même  jour  il  s'cft  ouvert  une  crevalfe  i  f'arisnans  ,  finie  in 
milles  de  tioloi;ne  j  ce  fait  ncd  cependant  pas  encore  véiifié. 

Le  lendemain  ou  apporta  dans  la  ville  la  M  rjona  ./i  fan  Lnca,  faite  , 
dit-on,  par  ce  Saint ,  &  fitué  .i  j  milles  de  la  ville;  elle  e(l,  comme 

is  favez  ,  fort  en  véuération  dans  le  pays ,  puiiqu'on  a  bâti  des  porti- 


vous 


pays ,  pui{qu  on  a  r^aii  des  porti- 
ques depuis  Bologne  jufqu'en  haut  de  fa  monragne  où  e(l  fituce  TEglife» 
pour  que  les  pèlerins  puilHenc  v  alter  a  couvert  par  tous  les  tems. 

Nous  arrivâmes  le  Dimanche ,  &  nous  vîmes  d  to  ou  1 1  milles  de  la 
ville  des  biraoues  &  des  tentes  fort  balFes ,  bâties  dans  U  campagne,  en 
cas  de  nouvelles  fecoulfes ,  pour  éviter  la  chute  des  maifons.  Les  Eglifes 
étoienc  ouvertes ,  le  Saint- Sacrement  cxpofé ,  &  tout  le  monde  à  genoux 
jufqucs  dans  les  chemins. 

Le  Lundi  7 ,  i  rf  heures  du  foir,  étant  fur  la  Monta;noU,i  la  porte  de 
la  ville ,  quantité  de  perfonnes  appercurent  fur  ta  mnntaone  di  Jan  Mi~ 
chiiel  in  Boj'co  j  une  grande  quanritc  de  globes  lumineux  qui  sVlevoienc 
avec  force  de  la  terre  dans  l'air ,  &  qui  par  Uur  nombre  prodigieux  , 
relTembloienc  i  une  pluie  de  feu  \  jufqu'au  Jeudi  on  ne  fentic  dam  la 
ville  que  des  fecoulles  ciès-légèrcs ,  mais  qui  fiirenc  fendes  plus  vive- 
ment aux  enviions. 


SUR  VHTST.  TC/tTURELlE   ET  LES  ARTS.     199 

Le  Jeudi»  10  Juin  ,  d  9  heures  5  minutes  du  matin,  Taie  étant  fort 
.tranquille  &  le  ciel  nébuleux  ,  nous  fencîmes  cout-a-coup  une  fecoutTe  de 
cremolement  de  terre  allez  violence  pour  me  faire  tomber  fut  une  chaife 
qui  ctoit  auprès  de  moi.  L'ofcillation  qui  fut  très-forte  ctoit  de  l'Orient 
d  l'Occident,  &fut  fuivie  d'une  fecouUe  de  tremblement  rcitcréc,  qui 
£t  battre  avec  violence  les  portes ,  ks  fenêtres  &  les  tuiles  des  toîts.  On 
compta  ,  feulement  dans  notre  rue,  1  5  cheminées  abattues  de  cette  uni- 
que fecoufTe ,  fie  une  maifon  écroulée  prefqu'entièrement  ;  mon  premier 
mouvement  fut  de  croire  que  le  plafond  s'ccrouloit»  &  en  confcquence 
je  courus  vers  la  potte.  Mais  voyant  que  les  jambes  me  trembloient  & 

Sue  la  porte  fiifoi:  grand  bruit,  je  reconnus  que  c ctoit  le  iremblcmcnt 
e  rerre  dont  on  avoit  déji  fenti  de  û  fortes  fecoufles  les  jouts  prccé- 
dens.  Elle  ne  dura  que  5  ou  4  fécondes ,  &  nous  donna  i  peine  le  tems 
d'avoir  peur. 

On  a  obfervé  que  dans  les  momens  qui  préccdoient  les  fecoufles ,  le 
pendule  fiiifoit  des  ofcillations  plus  fréauentes  qu'au  moment  de  la  fe- 
coufTe ,  il  s'arrccoit ,  &  reprenoit  enfuite  Ion  mouvement  naturel. 

On  a  entendu  différentes  fois  dans  l'air  un  bruit  fcmbiablc  à  cdui  que 
fait  l'eau  en  tombant  avec  force  fur  des  arbres  touffus.  i 

Dans  les  tems  circonvoilîns  des  fecoullès  ,  on  a  obfervé  que  l'eau  des 
puits  devenoir  chaude ,  &  bouillante  même  dans  quelques-uns. 

M.  TAbbc  Marie,  qui  avoir  chez  lui  une  boulïole,  a  remarqué  ,  dans 
le  moment  où  il  l'a  regardée  peu  de  tems  après ,  qu'elle  ctoit  déviée  de 
3  degrés,  elle efV cependant  revenue  d'elle-mcme au  point  où  elle  ctoit 
avant  la  fecouffc.  Malgré  routes  les  recherches  que  j'ai  pu  faire ,  pcrfonne 
ne  m'a  pu  dire  iî  \t  tremblement  de  terre  avoit  produit  quelque  change- 
ment dans  la  Kautcut  du  baromètre  &  du  thermomètre. 

On  nous  aflura  au  moment  de  noite  départ ,  que  depuis  la  première 
fccoulTc ,  les  pendules  fufpendus  près  de  rerre  avoient  toujours  dévie 
de  la  perpendiculaire ,  &  en  dévient  encore  continuellement,  &  que  l'on 
A  toujours  TU  tourner  l'eau  dans  un  grand  vafe. 


»77P.  '  SEPTEMBRE.         Ce* 


io6        OBSERf^JTlONS   SUR   lÀ  PHYSIQUE, 


R     É    P      O     N     S     E 

A  la  Lettre  de  Madame  de  V***  contenue  dans  le  Supplément 
au  Journal  dcPhyfique,  page  i8i  ;dans  laquelle  on  trouvera, 
i**.  les  raifons  qui  rendent  probable  le  lyrtêmc  de  l'émilTion 
de  la  Lumière  j  i**.  des  Idées  &  des  Expériences  nouvelles  fur 
la  nature  de  la  Lumière  &:  de  fcs  effets ,  Se  en  particulier  fur 
la  décoloration  des  furfaces  colorées  qui  font  cxpofécsàla 
Lumière,  &  fur  rétiollcmcnt  des  Plantes  j 

Par  M.  jEA/f  Se^ESIER  ,   Bibliothécaire  àt  U  République  dt  Gt/tève  ^ 
ô-  Memhrt  dt  la  Société  HoUandoife  des  Sciences  de  Harlertu 

5  E  vous  paroirrai  »  Madame ,  ou  impoli ,  ou  obftiné  ;  voici  oue  tcponfe 
i  la  Lettre  favante  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'adreifer-Je  le  fais, 
deux  bciux  yeux  comme  les  vôtres  doivent  toujours  avoir  raifon  ,  leur 
éloquence  eft  iriomphante,  comme  leur  femence  eft  fins  appel  :  maïs 
quand  on  joint  à  ces  attraits  réduâeurï,  des  connoiiFances  étendues ,  des 
vues  vaftes ,  un  j;cnie  mâle  ;  quand  on  s'cc^iappe  du  ihcàrre  du  monde 
pour  eutter  dans  le  fandluaire  de  la  A:icnce:  quand  on  prcfcte  Newton 
ou  Euler  i  un  Romaa ,  &  le  langage  fubtime  de  la  Nature  aux  épi- 
gnmmes  des  courtifans,  on  a  une  ame  à  foi ,  on  fait  apprécier  fes  idées 
en  examinant  celles  autres  »  &  faire  la  cenfurc  philofophique  de  leurs 
opinions,  fans  craindre  d'y  ctre  expofc  foi-ir.cme. 

jimicus  P  lato  /4  mica  de  F^**  jek  magis  arnica  vetitas  Voili  ma  pro- 
fcrtion  de  foi ,  malgré  l'admiration  aue  vous  m'avez  infpirée  :  je  me  pco- 
pofe  votre  exemple  pour  jufliher  les  doutes  que  m'a  fait  naître  la  lec- 
ture de  votre  Mémoire ,  6c  Je  vous  prie  de  m'éclairer  avec  le  Public  fur 
la  matière  iniérelfance  que  vous  traitez  (î  agréablement  êc  avec  tant  de 
profondeur. 

Permettez-moi  une  légère  plainte;  c'eft  fans  doute  la  feule  que  ;c  vous 
ferai  jamais.  Vous  m'avez  imputé  une  abfurditc  beaucoup  trop  abfurde  , 
en  me  faifant  dire  que  les  corps  opaques  rcpouffoicnt  la  lumière;  vo- 
tre expérience,  en  lifant  divers  ouvrages  ,  auroit  dû  vous  familiarîfer 
avec  les  fiiutes  d'impteflïon  ,  &  vous  auriez  fuppofé  charitablement 
que  i'avols  écrit  ,  que  les  corps  opaques  reciUm  ta  lumière;  fe  ne  fiil* 
cette  remarque  que  parce  que  je  fuis  jaloux  de  toute  votre  cÀime. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     ipt 

La  divifion  de  votre  Mémoire  fera  celle  de  ma  rcponfe;  j*exami- 
nerai  donc  dans  cette  première  partie ,  les  nifons  qui  vous  font  croire 
flue  la  lumière  ne  fauroit  «re  une  émanation  dicefte  dufolell,  mais 
feulement  reffec  de  la  preflion  de  cet  aftre  fut  un  fluide  cminemmcm  claf- 
tiquc  ^  je  me  bornerai  à  l'examen  général  du  fyflcme  fans  incidentec 
fur  les  accelfoires. 

Dans  la  féconde ,  qui  fera  l'objet  d'une  antre  lettre ,  je  vous  com- 
muniquerai des  expériences  &  des  idées  qui  pourront  peut-être  éclairer 
dans  la  recherche  fur  la  natute  de  la  lumière. 

il  y  a  peu  de  matières  en  Phylîque  qui  foient  audî  importantes  que 
cetle-ci  ;  vous  ctes  digne  ,  Madame,  de  la  traiter  d'une  manière  allor- 
tie  à  fon  importance  ,  &  fi  j'elTaie  de  vous  communiquer  mes  idées,  c'eft 
pour  proHter  des  vôtres ,  &  pour  vous  engager  i  Bire  part  au  Public  des 
expériences  curieufes  que  vous  avez  faites ,  des  idées  utiles  que  votre 
imagination  crée  depuis  long-rems  ,  &  que  votre  pinceau  gracieui 
exprime  avec  élégance. 

§.  I.  Rcpùnfi  à  quelques  ohjeSîorts  contre  U  fyjitmt  de  tim'ijfton  de  la 

Lumïkn, 

La  quefHon  fur  la  caufe  de  la  lumière  a  occupé  dans  tous  les  tcms 
les  plus  grands  Philofophes  ;  mais  ils  ne  font  pas  parvenus  à  la  décider. 
Epicure  &  fes  Dîfciples  regardèrent  U  lumière  comme  l'émanation  de 
quelques  corpufcules  lumineux  qui  sechappoienc  hors  du  corps  édat- 
tmt  :  Newton  s'appropria  cette  idée  par  la  fublimitc  de  fon  génie  » 
îa  fagacitc  de  fes  recherches ,  l'ctonnanie  logique  de  fes  expériences; 
ce  grand  homme  créa  l'optique  &  tit  connoicre  la  lumière. 

Avanr  Defcartes  ,  on  avoit  déjà  foupconnc  que  la  lumière  pouvoic 
^tre  produite  par  la  preHlon  exercée  fur  un  Huîde  cladique^  maïs 
Defcartes  rclTufcira  cette  opinion ,  Huyghens  la  rendit  plus  vrai- 
femblable  ;  enfin  M.  Eul«r ,  ce  profond  Machém^ricien ,  a  adopté  cette 
idée  ,  &  il  en  a  formé  un  fyftème ,  qui  ne  laiHe  rien  A  deurer  pour 
la  clarté  des  idées  &  leur  Itaifon  \  on  peut  s'en  inftruire  dans  deux 
Ouvrages  célèbres  de  ce  grand  Homme  :  Thtona  Li/ch  &  colorum  ; 
Lettres  à  une  Princeffe  d'AlUmagne^  T.L  Si  l'on  veut  voir  une  hypothèfe 
de  phyfique  difcutée  avec  profondeur  ,  fuivie  dans  tous  fes  détails  , 
tevcrue  de  toutes  fes  preuves ,  rendue  intérelfante  par  la  netteté ,  la 
pTCcifîon  &  l'élégance  qui  régnent  dans  l'explication  des  phénomènes, 
li  faut  lire  les  deux  Pièces  de  ce  rival  de  Newton ,  que  je  viens  de  vous 
indiquer.  Enfin,  Madame,  vous  venez  défendre  encore  cette  opinion, 
l'accommoder  à  vos  idées  :  Je  devrois  quitter  le  comhatf  je  l'aurois 
&ir,  fi  je  n'avois  pas  été  fbutenu  quelquefois  par  les  armes  que  Newton 
me  fournie,  pat  celles  r^efA» Melvill  déploie  dans  le  fécond  Volumt 


xox  OBSERVATIONS  SUR  LA  pyrsiQU^j 
dts  Ccmmcntaini  tCEdimboarifj  &  MM.  Hcjmsby  &  Hor\lcy  ^  dans  les 
yoUim^s  LVilî  &  LX  du  Tranjaclions  PhîhJ'ophi^ues,  pavois  auffl  la 
.dans  les  Minoires  de  CyicaAèmic  dt  Btriiny^oMt  1771,  le  Mcmoiie 
far  la  Lumière  de  M.  Bèguelin ,  que  M.  l'Abbc  Rozier  a  foint  à  la 
précieufe  Colle^ion  qu'il  fait,  eu  l'inférant  dans  le  Cahici'  au  mois  de 
Janvier  de  cette  année. 

Non,  Madame  ,  je  ne  vois  rien  de contradidloÎTe  dans  les  idi-cs  des 
Newtonien? .  qui  regardent  dans  le  mcme-tems  le  foleil  comme  le 
centre  des  çraves  de  notre  fyftcme,  &  comme  le  foyer  de  la  lumière 
qui  en  cclairc  toutes  les  parties  par  les  corpufcules  qu'il  lance  fans 
ca^ti  vers  elles  :  Saturne  ne  peut  ctre  éclairé  par  ces  corpufcules  lu- 
mineux, quoiqu'il  lombât  dans  le  foleil  fans  la  force  de  proje^ion 
qui  le  retient  dans  fon  orbite  :  car ,  (\  ces  deux  effets  ctoient  con- 
tradictoires ,  il  faudroit  aufli  pour  que  l'analogie  fe  fourînt ,  qu'on 
ne  pût  détacher  aucuj)  corps  de  la  furface  de  la  terre,  parce  que  U 
terre  l'attlrcroit  avec  une  force  qui  fait  graviter  la  lune  vers  elle, quoi- 
qu'elle en  foie  éloignée  d'environ  90  milles  lieues;  tes  jets  d'eau,  les 
uuts  dos  Danfeurs  de  l'Opéra  feroient  également  abfurdcs  :  mais 
obfervez  •;;  vous  prie  ,  i  ",  que  la  gravite  efl  nroponionnelle  à  la  quan- 
tité de  matière  \  que  C\  \x  moiicagne  coloflàle  de  Chimboraco  .  fait 
dévier  le  Pendule,  les  Taupinières  de  Saint- Valérien  ou  des  Bons- 
Hommes  ne  fauroient  produire  cet  effet  d'une  m^inicre  feniîble  \.x°.  que 
lorfque  l'action  de  la  gravité  fur  les  corpî  eft  la  ■ncme  ,  fes  effets 
font  proportionnels  aux  circonftances  de  ce-;  corps  qu'elle  poulfe;  pen- 
dant qu'un  homme  ne  peut  lancer  un  boulet  de  14,  livres  qu'a  la 
hauteur  de  quelques  pieds  ,  un  canon  lui  ïvr.x  parcourir  plufieur^  toi- 
fes ,  quoique  dans  ces  deux  cas  la  gravité  le  repoulfe  dans  les  mîmes 
hauteurs  avec  la  même  force  vers  le  rentre  de  la  terre.  Si  dune  nous  fop- 
pofons  le  corpufculc  lumineux  extrêmement  petit  &  poulfc  par  une 
force  extrêmement  grande  d^-ns  le  vuidcj  il  pourra  parcourir  avec  uno 
vîrelTe  extrême  un  efpace  bien  plus  grand  que  celu^  du  Soleil  .i  Sarur- 
ne,  malgré  I.1  gravitation  du  Soleil  \  mais  vous  êtes  trop  M.ithcman* 
cienne  pour  ne  pas  fcntir  la  force  de  ces  coiiféquences. 

Il  eft  vrai,  que  Je  ne  crois  pas,  comme  vous  rinlînuez,  que  U  force 
qui  attire,  eil  aulTi  celle  qui  rcpoulTc^  mais  f:ijouie,  que  ii  le  Soleil 
attire  tout  à  lui  en  vertu  de  fa  force  ccntripcte  ,  il  peut  avoir  aulïï 
une  force  particulière  &  furïîfanre  pour  chaRer  au  loin  les  corpufcules 
rrès-légerj  que  le  feu  forme  à  fa  furfàce.,  Se  cette  force  peut  ctre  foi- 
blement  reprcfentce  par  celle  des  corps  brûlans  qui  répandent  au  loin 
lâ  lumière. 

Newton  avoit  fiippofc  que  la  lumière  ctoic  compofce  de  corpufcu- 
Jes  de  dcnfitcs  ditrércntcs;  eccte  idée  n'eft  point  invraifemblablo,  il 
y  a  même    des  exjrériences  qui  la  rendent  ptob^bU  cupime  vouj  1q 


SUR  vnrsT,  NArunniiE  et  ifs  arts,     ioj 

verrez  dans  la  Lettre  fuiv-inre.  Elle  ne  renferme  donc  rien  de  contra- 
diétoire  ,  quoique  Bernouitli  ait  voulu  U  ren-lre  burlefque  dans  fes 
Rechtrchei  jur  U  Pfpu^iitton  de  ia  L"m/cre  :  R<.tucit  dis  Prix  dt  ( Acadl^ 
miedes  Sciences  de  Pt'iSy  ^o^e  Hf  ,Sc  quoique  vous  ayiez  cru  comme 
lui  qu'elle  ctoiï  infomenable;  mais,  ces  raifonnemcnsnÊ  toml>ent  point 
fur  l'opinion  de  M.  de  Mainn  que  j'avois  adoptce  ^  elle  donne  aux 
diffffrens  rayons  une  vîtelTe  différente  ;  je  fais  bien  que  cette  hypothcfe' 
nXt  pas  i  Tabci  des  difbcuUés  ,  mais  elle  me  pacoifToic  en  avoir  le 
moins 

En  regardant  cetre  opinion  comme  vraifcmblable ,  je  n'exclus  point 
celles  qui  font  nufli  vMiltrmblables  qu'elle,  je  ne  prétends  pas  non-plus 
expliquer  comment  les  fept  ditfcrens  rayons  tamifcs  par  le  prifme  & 
réunis  pour  former  la  lumière,  font  lancés  du  foleil  avec  des  vitefles 
différentes  ;  riruiginarion  peut  fournir  mille  explications  de  ce  phéno- 
mène à  l'imagination ,  mais  elles  feront  toutes  fans  preuves  julUâca- 
TÎves.  Sjns  entrer  dans  ces  détails  inutiles  ,  fubfcrve  feulement  que 
la  dtflérente  refrangibiliré  des  fept  rayons  pjffant  d*un  milieu  plus  rare 
dans  un  autre  qui  feroir  plus  denfe ,  indique  qu'ils  n'ont  pas  la  même 
vîtefTe;  en  effet,  ix  les  rayons  rouges  fuivenr  alors  plus  conftammenc 
leur  route  ,  s'ils  fe  courbent  moins  que  les  rayons  violets ,  on  peut 
conclure  après  les  loix  de  la  mcchanique,  que  les  parties  conflituantes 
du  rayon  rouge  ont  une  plus  grande  vîteffe  que  celles  du  rayon  vio- 
let ;  ce  qui  peut  arriver ,  foie  par  une  impulfion  plus  forte  communi- 
quée aux  parties  du  rayon  rouge,  ù  elles  font  égales  i  celles  des  au- 
tres rayons  ^  foit  par  une  vîtcde  femblable  communiquée  à  des  malTes 
plus  denfes  :  mais,  quoiqu'il  en  foie,  chaque  rayon  aura  un  degré  de 
vîtefle  particulier  détermine  par  fon  degré  de  réfrangibiliré  ;  ainfi ,  com- 
me l'analogie  des  effets  mène  i  celle  des  caufes,  la  diftcrence  de  re- 
frangibitirécaraftcrifant  celle  des  rayons,  &  la  méchamguc  apprenant  que 
U  différente  rétrangibilité  d'un  corps  qui  paffe  d'un  milieu  plus  raredans 
uu  plus  denfe  fous  le  même  angle,  eft  l'effet  de  U  différente vîtelTe  avec 
bqucllc  il  le  iraverfe;  il  parotc  qu'on  peut  conclure  avec  probabilité  d'après 
ces  principes  ,  que  la  différente  viteffe  des  différens  rayons  peut  être 
la  caufc  de  leur  différente  rcfrangibitité ,  &  par  confcquent  de  leurs 
différences  couleurs. 

Si  c'eft  une  loi  de  U  nature  ,  d'agir  d'une  manière  analogique  dans 
des  cas  qui  peuvent  fe  reffembler  ,  le  fyftcme  de  la  différente  vireffc 
des  rayons  pour  produire  les  différentes  couleurs ,  peut  ccre  préférable 
à  rout  autre  \  les  fons  aigus  ne  différent  des  tons  graves  que  par  la 
différente  vûeffe  de  leuts  ofciltations  j  de  même  la  différence  des  cou- 
leurs, dépendra  de  la  différence  des  parties  conflituantcs  des  rayons 
qui  les  forment;  &  comme  les  ondes  fonores  ne  fe  mc-lent  pas,  les 
rayons  ne  fe  mcletouc  pas  non-plus  ^  la  différente  vitelTe  de  chacun 


ao4  OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 
&  la  prodigieufc  vîteïTe  de  cous  fuffifenr  pour  fufpendre  leurs  affini- 
tés &  leurs  mélanges.  Cette  analogie  icmble  ctre  auflî  dans  nos  fenfa- 
tions ,  comme  dans  la  nature  :  chaque  ravon  ayant  fon  mouvemcnc 
parclculicc  d'impul^on,  communique  à  lame  une  împrcflion  parti' 
culicre  &  proportionnelle  à  ce  degré  d'impulHon  ;  alors,  le  nert  optî' 
que  diflineuc  la  variété  des  couleurs  comme  le  necf  acoufttque  apprécie 
la  diverfitc  des  fons. 

Enfin,  cette  explication  qui  ne  rend  pas  raifon  de  tout,  quadre  pout- 
tant  avec  divers  phénomènes ,  de  manière  d  en  devenir  plus  prob.ible. 
M.  Mctvill  obferve  qu'en  fuivant  la  théorie  de  Newton  fur  les  réfrac- 
tions, la  vîtefTe  d'un  rayon  qui  efl:  oalfé  d'un  milieu  dans  un  autre, 
étant  à  fa  première  vîtcilc ,  comme  le  iinus  d'incidence  à  celui  de  ce- 
fra<!!ïion ,  il  arriveroit  que  quand  les  rayons  fe  mouveroient  avec  une 
vîtelTe  égale  dans  un  milieu  ,  leur  vîtellc  changcroit  en  entrant  dans  ua 
milieu  plus  denfe  ,  &  que  cette  différence  leroit  en  raifon  inverfe 
de  leur  différent  iinus  de  réfrangibilité  \  aiuiî  quand  on  fuppofe- 
roic  les  rayons  lancés  avec  une  vîtelTe  commune ,  leurs  vîtelTcs  vatie- 
roient  dans  des  miUcu3(  donc  la  faculté  réfringente  feroit  différence 
de  celle  de  l'atmofphèce  folairc,  &  elles  fccoient  à-pcu-prcs  comme 
les  finus  des  rcfr.iâions.  Sî  vous  lifez  l'excellenc  Mcmoire  de  ce  Phi* 
lofophe ,  mort  trop  tôt  pour  les  Sciences,  vous  trouverez  la  détermina- 
tion de  la  vîtcfle  de  la  lumière  dans  chacme  milieu ,  &  ce  qui  mérite 
bien  d'être  remarqué ,  c'eft  que  M.  Mçlvill  détermine  le  tcms  que  la 
lumière  emploie  pour  venir  du  foleil  jufquà  nous  pat  ces  principes, 
&  il  trouve  qu'il  efl,  à  très-peu  de  cbofe  près,  le  mcme  que  celui  que 
Homec  &  Bradlcy  avoicnc  déjà  fixé  par  deux  moyens  différent. 

Puis  donc  que  la  vîtcfle  des  rayons  du  foleil  augmente  lorfqu'ÏIs 
travetfe 


.1   la 


>fphè[ 
furface  de  la  Terre. 


une 

a  une 

du  Soleil   Se  notre  atmofphcre 

Mais,  il  faut  avouer  que  cette  hypochcfe  n'a  poinc  paru  confirmée 
par  quelques  obfervations  propres  i  l'apprécier.  On  fait  Que  le  rems 
employé  pat  le  rayon  violer  pour  fe  mouvoir  dans  un  milieu ,  etl  au 
tems  qu'y  emploie  le  ravon  rouge,  comme  78  à  77J  fi  l'on  obfervç 
donc  Içs  ccliplcs  des  fatcllites  dçjuuiter,  pendant  que  Jupiter  ell  dans 
Tes  quadratures  avec  le  foleil,  la  aernière  lumière  violette  réfléchie 
par  un  facellicc,  doi(  ctre  à  la  dernière  lumière  rouge  refléchie  par  te 
même  fatellite,  comme  78  à  77;  de  forte  que  la  dernière  lumière 
violette  refléchie  pat  le  fatellite  avant  fon  immerfion,  doit  affedcr  l'œil 
après  le  rayon  rouge  réfléchi  le  dernier,  la  foixante-dix-fcptième  partie 
de 41  minutes,  qui  eft  le  tems  employé  par  la  lumière  pour  arriver 
lufqu'à  nous ,  c'çll-i-diiC]  5 1  fecofides^  ainlî  donc  le  iâteUice  yu  de  U 

tcrro 


SUR  VniST,  N.4TURELLE  F.T    LES  ARTS.    105 

fctre  devroît  changer  (a  couleur  plus  diiiic  deuii-minuic  avant  fon 
Immerlîon  tot:ilc  >  en  paHlinc  par  toutes  les  nu:inces  du  hUnc  au  vio- 
Jet;  mais  les  meilleurs  Obfervaceurs  n'ont  jamais  reni.ir<|uc  ce  phéno- 
mène ,  qui  paroît  découler  fi  n.irurellemenf  de  la  théorie  ;  en  conclurons- 
nous  donc  que  la  théorie  eft  faulle,  que  les  ditîcrens  rayons  n'ont  pas 
une  vîtelfe  différente  ;  non  ,  Madame ,  vous  êtes  trop  Philofophe  , 
trop  bon  Obfcrvatcut  pour  ctre  fi  précipitée  dans  votre  jugement  ; 
mais  vous  vous  rappellctczquc  M.  le  Alarquis  de  Courttvrun  qui  avoir 
eu  les  mcmes  idées  que  M.  Melvill  «  &  qui  avoît  entrepris  des  Obfer- 
vations  Aftroaomiqnes  analogues  pour  les  confirmer,  avoit  Tait  des 
calculs  fur  la  dilféreute  vîtctre  des  rayons,  dont  les  rcfultats  éroienc 
très-diÔcrens;  de  forte  qu'on  peut  bien  croire  que  le  tems  déterminé 
par  M.  Melvill  pour  déhgner  celui  qui  doit  s'écouler  entre  le  momenc 
où  l'on  celTe  de  voir  le  rayon  rouge  ,  &  celui  où  difpaioît  le  rayon 
violet,  peut  être  trop  grand:  1°.  Vous  fctcz  attention  que  la  diffctcme 
denfité  de  l'atmofphcre,  &  la  ditfcrentc  qualité  des  matières  qui  la  corn- 
pofent,  peuvent  occafionaec  des  variétés  confidcrables:  j^'.  Vous  foup- 
çonnetez  que  les  rayons  réfléchis  Si  féparés  i  une  fi  grande  dillance 
jie  fuivent  peut-ccre  plus  les  mêmes  loix  que  ceux  de  la  lumière  di- 
reûe:  4''.  Vous  penferez  que  les  vibrations  perpétuelles  de  notre  ac- 
mofphère  réuniHent  peut  ccre  à  nos  yeux  ces  rayons  rcellemert  fépa- 
rés, ou  bien  qu'elles  confondent  les  diffcrens  rayons  de  cette  lumière 
fucceAive ,  ilc  manicce  qu'on  n'apperçoit  que  la  lumière  ordiiuixe ,  com- 
me iorfqu'on  fait   tourner  un  prifme  avec  rapidité. 

Enfin  ,  M.  de  Mairan  remarque  qu'il  fandroic  que  cet  objet  très- 
cloigné  pût  Stre^u  au  moment  qu'il  fe  préfente  a  I'œiI  ,  parce  que 
s'il  ne  peut  être  vu  qu'an  bout  d'un  cett.iin  rems  »  ce  tcniSj  quelque 
court  qu'il  foic^g>cut  futhre  aux  r:iyons  colorés  qui  difiércnc  peu  dans 
Jours  vjteffes  reipe<ilives ,  pour  arriver  enfemble  &  fe  réunir  avant  d'opé- 
rer leur  feufation  individuelle  ;  &  il  eft  certain  ou  un  fatellite  de  Ju- 
piter ne  peut  sappcrcevoit  au  moment  qu'il  fe  prcfcute  i  l'ail ,  puif- 
qu'avec  une  lunette  de  xC  pieds  on  le  voit  trente  fécondes  plutôt 
qu'avec  une  lunette  de  10  pieds. 

Le  fyftcme  de  l'éminion  vous  effraie.  Madame,  vous  craignez  pour 
la  durée  du  foleil  \  il  vous  femble  le  voir  s'en  aller  en  poufiière  Qc 
former  des  amas  embarralfans  fur  notre  terre  ou  dans  l'efpace  ;  ralln- 
rçz-vous^  M.  Horfiey  fournit  des  falutions  cutieufcs  à  ces  diflicultés 
dans  le  Volume  LX  des  Tranfa(5tions  Philofophiques.  En  fuppofanc 
les  molécules  de  lumière  fphcriques ,  leur  diamètre  d'un  million  de 
raillions  de  pouces,  leur  denfité  trois  fois  plus  grande  que  celle  du  fer» 
alors,  il  trouve  que  le  nombre  ^-^C  avec  ^6  zéros  Icruit  celui  des 
fphérulcs  de  umiicre ,  qui  fecoient  une  fphcre  de  fer,  donc  le  diamè- 
tre aurait  un  pied  \  que  la  vîtelTe  de   cette  lumière  feroit    à  celle 

Tome  Xir,  Pan.  Jl,  1779.  SEPTEMBRE,     Dd 


xoS  OSSERrJTIONS  St/R  LA  PHYSIQUE, 
d'un  boule:  lance  par  un  canon  comme  ^{{1091:  1,  &  que  la  quantité 
de  mouvemcnc  dans  U  lumicrc ,  feroic  à  celle  dans  le  boulet  comme 
]  ai  5 1 1 4^4  avec  17  zéros  :  il  obferve  Vnfuire,  avec  raifon  ,  gu  il  n'eft 
point  nccefTàire  que  l'cmiflton  de  la  lumière  foir  maihcmatiquement 
continue,  mais  qu'il  fufTu  que  cluques  molciules  Toitint  à  jocco  lieues 
les  unes  des  autres.  11  trouve  enfuîte  qu'indépendamment  des  rayons 
réfléchis  qui  parviennent  an  foleil,  le  foleil  ne  perdroir  que  tj^T^  de 
fa  malle  en  jSJï  ijo,ocg  ans. 

Il  réfulre  de  ces  calaits»  rendus  probables  par  les  idées  qne  nous 
avons  de  la  divifibilité  de  la  matière,  i'.  que  le  clioc  des  corpufcules 
lumineux  ne  fauruit  détruire  les  corps  les  plus  délicats;  2". que  la  matière 
lancée  par  le  Tolcil  ne  fauroit  caulcr  de  grands  einbams  fur  la  terre 
&  dans  l'efpace  ,  puifqu'elle  eft  fi  rare,  fi  ténue  &  par  conféqucnt  en 
fi  petite  quantité  i  d'ailleurs,  une  partie  de  la  lumière  qui  tombe  fur 
la  terre,  fe  combine  vraifemblablcmeni  d.-.ns  les  corps  :  obrervons 
encore  à  cet  égard,  que  fi  elle  formoit  le  phlogiftiaue,  ou  fiellcétoic 
Je  phlogiftique  lui-même  comme  vous  le  croyez ,  elle  ne  feroit  pas  U 
feizièuie  pacûe  du  foufre  ,  ou  du  corps  qui  paroîi  en  contenir  le 
plus. 

A  l'épard  des  analogies  que  yous  Trouvez  encre  la  lumière  &  le 
fluide   cle<îlrique ,  elles    ne   nie   paroifTcnc   pas  alfez   frappantes  pour 


_,__     „ —  -_- j  ^  ^^^  ^     ,._    _ _      .__    _    _.  —  —  ._     —  ^ _    . -  ^ ^ 

paroit  quand  I  éledricité  etl  plus  vive  ;  elle  paife  au  jaune  &  au  blanc 
quand  elle  a  route  fa  force.  De  nicme  les  rayons  violets  font  ceux 
qui  ont  le  moins  de  vîtetPe  j  les  rayons  rouges  font  les  plus  rapides,. 
éi  la  lumière  blanche  ell  la  plus  éclatante.  ^ 

Enfin  ,  je  ne  vois  pas  comment  on  mectroit  en  doute  ce  qu'on  (aie 
fur  la  quantité  de  la  vîcefTe  de  la  lumière ,  quand  on  e(l  prvenu  i  1» 
détermmec  d'une  manière  i-peu  près  femblable  par  ciots  moyens  lout- 
à-fait  différens  ;  par  les  cclipfcs  cfes  fatellites  de  Jupiter  ,  l'aberration 
de  la  lumière  des  étoiles  fixes ,  &  celui  de  M.  Mulvill  dont  j'ai  par* 
lé.  Faites-y  bien  attention  ,  une  théorie  appuyée  fur  trois  faits  difTérenS 
eft  certainement  probable:  douterons-nous  d'un  fait  que  rrofit  phéno- 
mènes diflcrens  nous  font  appercevoir  de  la  même  manière  ? 

VoiU,  Madame,  les  motifs  qui  m'attachent  au  fyftcme  de  l'émïT- 
fion,&les  rcponfes  qu'on  peut  faire  à  ce  que  vous  obieéVex;  je  fais 
bien  que  tout  ce  que  je  vien^  de  dire  ne  forme  pas  des  demonftraiions , 
mais  je  fais  bien  aullî  que  les  autres  fyftcmes  ne  four  pas  plus  follde- 
ment  érayé*s.  Je  refte  donc  à  cet  égard  dans  mon  opinion  ,  parce  nue 
je  la  crois  encore  la  mieux  fondée  :  i!  f.iut  que  ma  pcrfuafion  foit  bien 
intime  pour  réfifter  i  votre  éloquente  dilTettation. 


SUR  L'H/ST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.    107 

§.  X.  Argumens  contre    Us  Syjlcmes  qui  fuppofent  que  la  Lum'thre  cjl 
ttffct  tTun  Jluidc  éUJlique  comprimé  ou  agite  par  le  Soleil, 

,  Je  me  hôte  de  venir  à  l'examen  du  fyfVême  de  ceux  qui  croient 
<jue  la  lumière  ed  l'etTec  des  ondulations  d'un  lluidc  cminemnienc  claf- 
tiques.  produites  parTagicacion  partielle  de  toutes  les  parties  du  (bleil» 
comme  dans  les  idées  de  M.  Euler,  ou  par  la  prcfTiun  générale  de  d 
tnalTë  comme  dans  les  vôtres. 

£c  d'abord ,  je  commencerai  en  citant  quelques  propofitions  des  Prîn- 
fipes  Mathèrnatiques  de  Newton  ,  que  vous  trouverez  dans  le  fécond 
Livrer  elles  me  paroilTent  fondamentales  &  mentent  toute  votre  acccn* 
don.  I 

Newton  démontre  dans  la  propoCtion  41  i  Que  la  preffton  ne  fe 
propage  point  en  lignes  droites  dans  un  Jluidc  ,  à  moins  que  jes  parties  ac 
foieac  placées  en  ligne  droite.  Cependant ,  vous  n'avez  point  dit  que  vo- 
tre Océan  élaflique  fût  compote  de  parties  placées  relativement  en- 
tr'elles  en  lignes  droites  du  foleîl  à  nous^  quoique  vous  ne  niez  pas 
i&  propagation  de  la  lumiète  en  lignes  droites. 

Il  prouve  enfuite  dans  la  propofition  41  :  Q_ite  tout  mottvement  pro^ 
âgé  dans  unjîuide  s'éloigne  de  la  ligne  droite  dans  des  efpaces  immobiUs» 
A:i\%  vous  n'avez  point  fuppofc  que  votre  Océan  clalHque  fût  fujec 
si  d'autres  mouveniens  qu'à  ceux  que  la  preHioii  du  foleil  peut  y  pro- 
duire ,  car  s'il  s'a{;ittoit  de  l'adian  d'un  corps  vibrant  fur  ce  fluide  claf- 
cique  ,  les  effets  feroienc  diffccens.  U  faut  donc  conclure,  que  comme 
la  lumière  fe  propage  en  lignes  droites  ,  puifqu'elle  eiî  interceptée 
pat  les  corps  opaques»  placés  entre  le  foleil  &  l'oeil  ,  elle  ne  feutoic 
être  produire  pat  une  prefTion  ou  un  mouvement  propage  au  travets 
d'un  âuidc  \  parce  que  les  preflions  ou  les  mouvcmens  communiques 
au  travers  d'un  milieu,  divergent  toujours  de  U  ligne  droite,  &  fe  ré- 
pandent autouc  des  obdacles  qu'ils  rencontrent.  Je  vais  approfondit  ces 
concluions. 

i*'»  Le  mouvement  produit  par  la  preHîon  dans  un  Huide  eft  ondu- 
latoire ,  fur-tout  fi  le  nuide  eft  claftique  \  l'expétience  le  dcmoiïcre; 
elle  apprend  encore  que  la  première  onde  formée  par  le  corps  com- 
primant ell  petite,  que  celle-ci  en  forme  une  plus  grande  qui  e(l  fui- 
vie  par  d'autres ,  jufques  à  ce  qu'il  y  en  aie  une  qui  arrive  aux  bornes 
du  fluide ,  ou  qui  épuife  la  force  communiquée  par  la  prellion  \  en 
traçant  cette  matière  pat  le  fecours  des  Mathématiques ,  il  y  auroic 
bien  des  proportions  curieufes  à  faire  connoîere ,  mais  ce  n'en  efl  pas 
ici  le  lieuî  je  me  borne  donc  si  conclure  de  cette  expérience,  que  la 
prcHion  ne  fauroit  produire  dans  un  fluide,  &  encore  moins  dans  un 
fluide  cminemmem  éialUque,  un  mouvement  en  lignes  droites,  mais 

1779.    SEPTEMBRE,     Ddi 


fe 


io8       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

feulement  en  tout  fens^  ainftjpar  exemple,  s'il  fe  fait  un  bruit  à  ma 
droite  ,  quoique  je  fois  fcparé  ou  lieu  ou  il  commence  par  desobfta' 
clés  fuffifans  pour  m'empccher  de  l'entendre,  il  parviendra  néanmoins 
à  mon  oreille  par  une  fenêtre  placée  à  ma  gauche;  C\  elle  eft  ouverte  » 
le  Ton  entreta  &:  remplira  ma  chambre;  dans  ce  cas  le  fluide  élaftique 

Îirefié  par  le  choc  des  corps  qui  fait  le  bruic ,  ne  fe  reftirue  pas  feu- 
emenr  dans  la  diiretflion  de  la  force  comprimante,  mais  li  pre(Ie 
encore  en  tour  fens  toutes  les  autres  parties  du  fluide;  c'eft  pour  cela 
qu'il  fe  trouve  une  onde  fonore  qui  communique  avec  ma  chambre  par 
la  fenêtre  qui  eft  à  la  gauche  du  bruit  ;  mais  il  n'en  eft  pas  de  même 
pour  la  lumière,  elle  écîaireroit  avec  toute  l'intenfité  imaginable  lemux 
qui  eft  à  ma  droite,  elle  y  mourroit  irrcmifliblement,  fans  me  |>rocu- 
ler  aufune  clarté  par  la  fenêtre  qui  eft  à  ma  gauche. 

Et  l'on  ne  peut  pas  dire  que  le  bruit  foit  propagé  par  le  mur,  car  le 
bruic  diminue  confidérablemenc  des  que  je  terme  avec  foin  cette  fe- 
nêtre de  la  gauche  ;  vous  conclurez  donc  que  le  fon  peut  entrer  au  tra- 
vers des  portes  &  des  fenêtres  placées  dans  routes  les  pcfitions  relati- 
vement à  lui ,  &  il  pAroît  toujours  venir  du  côté  où  l'on  peut  l'enten- 
dre, quoique  ce  ne  foie  pas  celui  où  il  Commence,  &  quoiqu'il  lui 
foit  même  oppofé  ;  mais  vous  ne  douterez  plus  de  la  propagation  du 
fon  en  lignes  droites ,  fi  vous  vous  rappeliez  t]u'il  fe  fortihe  dans  les 
porte-voix.  Se  qu'il  fort  pat  les  tuyaux  recourbés;  ce  qui  ne  peut  arriver 
a  la  lumière. 

Obfervez  d'ailleurs  ,  Madame,  que  fi  plufieurs  preifions  diffcrentes 
agiftent  fur  un  fluide ,  chacune  d'elles  forme  une  roule  d'ondes  circu- 
laires donc  elle  eft  le  centre  ;  mais  fi  toutes  ces  ondes  rencontrent  un 
obftacle,  elles  fe  réfolvent  toutes  en  une  fuite  d'ondes  particulières, 
dont  l'obftacle  devient  enfuite  le  centre  ,  &  qui  anéantiflenr  toutes  les 
premières.  Pourrons-nous  donc  admettre  ficilcment  la  foule  d'ondes  lumi- 
neufes  formées  par  tous  les  corps  qu'on  apperçoit ,  exiftant  cependant 
fans  trouble  ni  confufion  ,  Se  fe  réfolvant  en  une  feule  fuite  d'ondes  ré- 
trogrades après  avoir  rencontré  tant  d'obftades  ?  Mais  comment  ces 
ondes  rétrogrades  ne  changent  -  elles  pas  le  fpeélacle  en  changeant 
la  génération  des  autres  ondes  par  leur  choc,  en  rallentiftanc  leur  mou- 
vement ,  ou  en  les  brouillant?  On  peut  voir  tout  le  ciel  au  travers 
d'un  trou  fait  dans  une  carte  par  une  épingle;  il  vient  donc  une  onde 
élaftique  de  toutes  les  étoiles  dans  le  même  tems,  comment  ne  fe  con- 
fondront-elles pas  dans  ce  trou>  Une  onde  doit  avoir  une  certaine 
étendue,  mais  en  abotdanr  d  ce  trou,  l'expérience  apprend  que  toutes 
CCS  ondes  doivent  fe  confondre,  &  n'en  former  qu'une  rayonnante  de 
l'autre  côté  de  la  carre,  qui  fera  compofée  du  mouvement  de  coures  les 
autres  ondes  ,  qui  ne  devroic  donner  l'idée  que  d'une  lumière  com- 
pofée de  celle  ae  toutes  les  étoiles ,  Se  qui  ne  poucroir  peindre  chaque 


SUR   VHIST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS.     109 

étoile ,  puirqu'il  n'y  auroîi  plus  qu'une  feule  onde  compofée  de  toutes 
les  ondes  de'  chaque  étoile.  C'efl  au  moins  ce  qui  arrive  aux  ondes 
faites  dans  l'eau  qui  communiquent  par  un  trou  au  côté  oppofé  de 
l'obltacle  contre  lequel  les  ondes  origmales  fe  brifeht. 

Outre  cela,  fi  l'on  Aippofe  un  globule  de  fluide  environné  de  plu- 
iieurs  autres  ,  comprimés  fuïvant  différentes  directions,  il  eft  clair  que 
ceux-ci  comprimeront  le  premier  fuivant  toutes  ces  direftions  ;  mais 
afin  que  chaque  rayon  de  lumière  conicrve  fa  dire£tfon ,  il  faudra  que 
le  premier  globule  comprime  tous  les  autres  fuivanc  ces  direâions^ 
ce  qui  eft  impoffible,  parce  qu'elles  fe  réduifent  toutes  à  une  ,  &  le 
globule  comprimé  prefle  fur  toutes  les  directions  qui  peuvent  s'oppo- 
ier  à  fa  premon,  foit  quelles  correfpondent  avec  elle  ou  qu'elles  n'y 
correfpondent  pas. 

Enhn ,  fi  la  lumière  croit  l'effet  d'une  prefllon  opérée  fur  un  fluide 
élaftique,  elle  fe  plieroit  dans  l'ombre;  une  preflion  ne  fauroit  fe  pro- 
pager dans  un  fluide  au  travers  d'un  obftacle ,  parce  que  cet  obflaele 
arrêteroit  fon  effet ,  s'il  fe  faifoit  en  lignes  droites  ;  de  forte  que  C\  le 
mouvement  fe  répand  derrière  l'obftacle  ,  c'eft  parce  que  la  preflion 
agit  en  tout  fens  ,  &  force  le  fluide  à  rejoindre  fon  niveau  j  les  ondes 
donc  retenues  par  un  obftacle ,  fe  plieront  par  degré  vers  la  partie 
tranquille  qui  eft  derrière  ,  au  cas  que  la  communication  foit  libre  :  on 
éprouve  au  moins  ceci  dans  les  vibrations  de  l'air;  c'eft  pour  cela  qu'on 
entendoit  à  Genève  les  coups  de  canon  tirés  au  fiège  de  Turin,  quoi- 
que ces  deux  Villes  foient  féparées  par  les  plus  hautes  montagnes  du 
globe  ;  mais  la  lumière  ne  fuit  jamais  les  routes  tottueufes,  &  fi  elle 
îe  plie ,  ce  n'eft  jamais  vers  l'ombre ,  mais  du  côté  oppofé  &  lorfque. 
le  rayon  patfe  à  l'extrémicé  d'un  corps. 

1".  Le  mouvement  fe  communique  par  le  moyen  des  corps  élafti- 
ques  dans  un  tems  infiniment  court,  de  forte  que  comme  vous  fup- 
pofez  un  fluide  ém'mtmn.ent  élaftique  pour  la  lumière,  il  en  réfulte  que 
dès  cju  il  fera  comprimé,  le  mouvement  fe  communiquera  en  tout  fens, 
&  l'illumination  fera  fur  le  champ  complette,  parce  que.  le  fluide  doit 
tendre  au  niveau  avec  une  fouveraine  vîtelfe,  ce  qui  rend  U  propa- 
gation de  la  lumière  inftantanée  &c  ce  qui  contredit  toutes  les  obser- 
vations, il  faudroit  encore  fuppofer  que  les  parties  compofantes  du 
fluide  font  fphcriques  &  placées  en  lignes  droites,  de  manière  que  les 
fphérules  fe  frappaffent  néce (Taire ment  dans  la  direction  de  leur  cen-  ' 
tre  ;  outre  cela ,  des  fphères  ne  peuvent  fe  combiner  que  de  fix  ma- 
nières ,  enforte  qu'il  ne  pourroit  y  avoir  que  fix  accidens  de  lumiète , 
ou  fix  refleCtions  \  ce  qui  eft  contraire  à  ce  qu'on  obferve  tous  les  jours  j 
d'ailleurs,  concevez-vofts  aifément  cet  arrangement  de  fphères  dans  ce 
fluide  toujours  en  mouvement.  Se  dont  il  doit  fe  combinée  diffécentes 
parties  daâs  cous  les  fens  avec  les  corps  naturels. 


IIP 


OBSERFÀTIONS  SUR   LA   PffYSlQUE^ 

j^.  Si  la  lutiiièce  ctoit  produite  par  un  âuide  cladiquc  comprime, 
alors  la.  compreflîou  originale  ctani  toujours  li  mcmc  dans  voire  fyf- 
'" —      les  objets  devroicnt  ctre  conftammenc  éclaires   d'une  lumière 


terne 


cg.\icmenc  intenfe  >  pa^e  que  les  ondes  lumineufes  devront  Toujours 
ctre  les  mêmes ,  par  touc  &  en  tout  tems  ;  mais  l'illuminatiou  varie 
fuivanc  diverfes  ci[con{l.inces  :  il  faudra  donc  imaginer»  comme  pour 
le  fou,  de§  ondes  plus  ou  moins  rapides,  alors  donc  tout  les  objcis 
auraient  encore  une  illumination  fcmblablemenr  varice  ^d'ailleurs,  com- 
ment imaginer  cette  différence  d'ondes  dans  un  Huide  parfaiiemcnt<!l.ifti- 
que  ôc  dont  la  compreffion  eft  toujours  la  mcme  ? 

4".  La  prelHon  d'un  fluide  claftique  ne  fautoit  fe  faire  en  un  point , 
fans  être  propagée  i  l'inilant  dans  tous  les  points  de  fa  nialFc  ^  l'iiucc- 

PoUtion  d'un  corps  opaque  ne  fauroic  donc  oppofer  aucun  obfladc  i. 
onde  tumineufe^  en -effet ,  fi  dans  une  fplière  creufe  pleine  à'im  fluide 
élaftique  ,  on  ptice  au  centre  un  corps  lolide ,  il  eft  évident  que  tou- 
tes les  parties  du  fluide  en  feroient  également  comprimées,  parce 
qu'elles  fe  fouriennent  toutes  réciproquement ,  &  qu'on  ne  peut  agir 
las  Tune  fans  apt  fur  toutes  les  autres.  Qu'a  tri  vetoic-U  donc  ,  fi  la 
pteflîon  du  folcil  fur  le  fluide  cminem.ment  cladiquc  produifoit  U  lu- 
mière ?  c'ell  C|UC  te  joue  ne  tïniroit  point ,  parce  que  la  prcfl'ion  du 
foleit  fur  le  fluide  feroit  toujouts  conflammenr  la  même:  c'ed  au  moins 
une  conféqucnce  que  la  théorie  du  flux  Se  du  reflux  de  la  mer  nous  pec- 
met  de  tirer. 

5**.  Mais  pour  pouvoir  fe  faire  une  idée  plus  jufte  de  l'aâion  de 
ce  fluide  comprimé  par  le  foleil ,  il  faut  penfer ,  ou  qu'il  eft  naturel- 
lement dans  un  état  de  tendon  ,  alors  il  doit  toujours  tendre  à  s'écliap- 
per  &  faire  eifon  contre  les  parois  de  la  fphèrc  qui  le  contient^  ou 
s'il  n'ed  pas  contenu  de  cette  manière  ,  la  force  gravitante  qui  ne 
peut  détruire  fon  élafliciré,  ne  fauroit  le  contenir  parclle-mcmc  ;  fi 
le  fluide  eft  d.ms  un  état  de  repos,  alors  il  ne  fait  plus  d'ondes  &  il  n'é- 
claire plus  ;  mais  par-li  même  que  le  foleil  le  comprime  toujours,  il 
s'enfuit  qu'il  doit  ccte  toujours  tendu  ,  ôc  par  conféquent  qu'il  doit 
toujours  faire  effort   pour  céder  à  la  preflion  qui  agit  fur  lui. 

6^,  On  fait  manifËUcment  que  les  fluides  tendent  à  l'équilibre  ,  mais 
on  n'a  Jamais  vu  que  la  lumière  le  cherchât. 

7°.  je  ne  faurois  comprendre  comment ,  dans  le  fyftcme  du  Huida 
élaflique  ,  on  peut  expliquer  la  vîtefle  aquifc  par  les  rayons  qui  paflent 
d'un  milieu  plus  rare  dans  un  plus  denfe  i  dans  le  fyftcme  Newtonien  , 
il  e(l  évident  que  le  rayon  eft  attiré  alors  par  le  milieu,  mais  il  doit 
^crc  retardé  dans  fon  paflage  au  travers  de  ce  milieu;  cependant ,  il 
a  toujours  la  mcme  vîtelle  quand  il  en  fotr ,  pour  entrer  dans  un  autre 
d'une  denfité  fembliblc  à  celle  du  premier  milieu  où  il  fe  mouvoir 
avant  la  rcfraâion ,  que  torfqu'U  y  était  entré  j  d'où  il  téfulte  ^u'il  a 


SUR   VffrST.  NJTl/nELlS  ET  LES  ARTS,     iii 

hcccfTaircment  acquis  la  vîtefle  qu'il  n'a  pas  perdue;  au  lieu  que  dans  le 
fyfïcme  du  fluide  cUflique ,  comme  M.  Beguelin  l'obferve ,  /Jcadèmit 
dt  tîerlirj ,  17  i  ^  t*' Journal  de  Pfn/itfue^  Janvier  1779  ,  les  vibrations  de 
ce  fluide  doivent  êcte  néceflàirement  retardées  dans  le  milieu  plus 
dcnfe,  fcs  ondes  doivcnc  &'^  mouvoir  avec  plus  de  lenteur  ,  &  fi  la  lu- 
mière qu'elles  produifenc  a  la  mcme  vîteHe ,  en  forçant  de  ce  milieu 
par  la  féconde  rcfra£Vion,  ou  ne  peut  voir  comment  cette  féconde  té- 
fraAion  remet  les  chofes  dans  leur  premier  ctat ,  puifque  le  rayon  eft 
alors  moins  accîcé. 

8^.  Outre  cela,  Madjme ,  la  rcfraftion  qui  eft  un  effet  néceffairc 
de  l'atiraftion  dans  le  fyftcmc  de  rémirtion ,  n'eft  plus  nccelTaire  dans 
le  fydème  des  ondes;  Il  l'on  peuc  changer  la  diredion  des  corpufcu- 
les  fcparés  pour  les  refléchir,  les  rcfraâer,  les  coiidenfer,  les  écarter 
de  leur  route  ,  on  ne  peut  pas  dans  ce  fens  concentrer  un  fluide  ,  le 
icflcchir,  le  rcfraéter  ;  fes  parties  font  plus  adhérentes  entr'elles,  qu« 
jdcs  corpufculcs  eircntiellement  fêparés  n'adhèrent  entr'eux  j  de  forte 
I  que  (t  ces  eflets  peuvent  avoir  lieu  ,  ils  ne  fauroient  avoir  lieu  aufli 
parfaitement.  Voyex  un  rayon  qui  iraverfe  l'air  ,  il  eft  appeti^u  ;  il  a 
donc  des  particules  icflcxibles  &:  réfléchies  j  mais  Ci  la  lumière  eft 
Tefl^ec  d'une  preflîon  continue ,  cela  ne  fauroit  fe  palier  ainH  ,  lot 
ondes  du  fluide  qui  arriveroienc  fans  celfe  fetoient  un  obl^de  invin- 
cible  au  retout  des  auties.  Je  ne  puis  pas  mieux  expliquer  la  double 
rcfraûion  du  cryftal  d'iflande  \  le  même  fluide  pourroit-it  l'opérer  ?  Vn 
corps  preiïc  dans  un  milieu  unifoimc ,  a  des  mouvcmcns  en  tout  fens 
qui  font  égaux ,  mais  ces  mouvemens  ne  fauioieni  produire  la  double 
réfra<5tion. 

9°.  Enfin  ,  on  a  fait  des  expcticnces  pour  chercher  à  conftater ,  s'il 
^toit  pofllble ,  laquelle  des  deux  opinions  étoit  la  plus  fondée  ;  peut' 
être  fuis-je  entraîné  par  le  préjugé  y  mais  quoique  je  ne  croie  pas  ces 
expériences  concluantes ,  il  me  femble  que  les  indudtions  qu'on  peut 
en  tirer  font  favorables  au  fyftcme  de  l'emiflioni  elles  femblent  même 
indiquer  que  la  lumière  agir  par  impulflon.  Homber»  a  &îr  ofciller 
un  reiTbrt  au  foyer  d'une  Tennlie;  Hattfoeker  ,  du  ray  ,  de  Mairan 
imaginèrent  ditférens  moyens  plus  ou  moins  incertains,  mais  qui  me 
paroilfent  favorables  au  fyftêrae  de  l'émifllon.  ''qy'Ç  Académie  des 
Scie/icei  1 747.  Les  expériences  de  M.  Mitcheit  faites  avec  des  aiguilles 
bien  fufpcndues  ,  font  un  peu  plus  concluantes  parce  qu'elles  font 
mieux  faites  ;  il  en  tire  même  des  confcquences  proptes  à  tranquilli- 
fer  ceux  qui  craignent  l'exiinâion  du  foleil^  tl  établit  qu'un  rayon  de 
lumière  qui  tombe  pendant  une  féconde  fut  un  pied  quarré ,  pcfe  la 
1800  millionième  partie  d'un  grain;  que  la  denlitc  de  ce  rayon  eft  d 
la  furfate  du  foleil  comme  45000  à  1  -,  d'où  il  conclut  qu'il  fort  de 
U  futfacc  du  foleil  dans  l'efpace  d'un  pied  quarré  ,  &  pendant  une 


m        OBSERFATIONS  SUR  LA  PltYSIQVE, 

féconde ,  la  40  millième  partie  d'un  grain ,  ce  qui  fait  un  peu  plus  de 
deux  grains  en  un  jour  ,  ou  C-^o  livres  en  6000  ans^  ce  qui  n'auroic 
diminue  le  diamètre  du  fuleil  que  de  10  pieds  en  fuppofanc  Ùl  madère 
auflî  denfe  que  celle  de  l'eau. 

Voilà ,  Madame ,  quelques  Obfervacions  générales  qui  diminuent  à 
mes  yeux  la  probabiliré  du  iyllème  qui  ctabUroit ,  que  la  lumière  peut 
être  produite  par  la  prefTion  opérée  fur  une  Huide  élaftique.  Il  me  relie 
encore  à  vous  propofcr  .quelques  douces  fur  votre  fyftcme  particulier. 

J'obferve  prcliminairemenc  que  la  fuppoficion  d'un  fluide  élaftique 
eft  tout-à-fait  gratuite  ,  qu'il  n'y  a  point  d'expérience  qui  l'appuie  \  il 
me  fembleroit  même ,  comme  je  l'ai  déjà  infinué,  que  cette  fuppodtion 
e(l  contraire  à  ce  que  nous  avons  dit  de  quelques  propriétés  des  fluides 
ëlaftiques. 

La  lumière  eft  produite ,  dans  votre  hypothèfe,  par  la  preflion  immé- 
diate du  foleil  fur  un  fluide  éminemment  élaftique ,  il  y  produit 
une  onde  qui  en  forme  d'autres ,  &c.  \  on  a  donc  ici  tous  les  inconvc-; 
nieus  quî  rcfuhenc  de  la  compoiîtion  &  décompoflcion  des  ondes, 
comme  je  l'ai  obfecvé  ;  vous  fuppofez  même  que  l'Océan  élaftique  peut 
recevoir  plufieurs  impulsons  aiflerentes  du  ioleil  ,  &  qu'il  en  reçoit 
un  trcs^grand  nombre  ;  mais  vous  n'expliquez  point  comment  chacune 
de  ces  impuldons  qui  doit  produire  une  fenfation  particulière  ne  fe 
confond  pas  avec  toutes  les  autres  qui  ont  lieu  dans  le  mème-tems  , 
en  fuivant  la  loi  obfervée  pour  la  formation  des  ondes  :  z°.  Vous  avez 
voulu  repréfenter  par  le  mot  ^impiUjîon  y  la  preflion  opérée  par  le  fo- 
leil fur  le  fluide  claftique  }  les  mots  font  indifterens  dès  qu'on  peut 
s'entendre  :  eh  bien  donc  ,  1  illumination  produire  par  cette  preflion 
doit  ccre  en  raifon  de  l'énergie  de  la  preflion ,  ainfl  puifque  la  preflion 
fe  fait  fentir  le  plus  fenftblement  fuivant  la  direâion  de  la  ligne  qui 
coupe  perpendiculairement  les  ondes  \  c'eft  alors  que  l'illummation 
doit  être  la  plus  vive  ;  mais  aufli  comme  l'énergie  de  la  preflion  n'eft 

Î>as  la  même  dans  routes  les  parties  du  fluide ,  parce  qu'elle  n'agit  pas 
bmblablement  fur  toutes,  il  en  doit  réfutter  auflî,  ou  que  l'illumi- 
nation variera  fuivant  la  difierente  énergie  de  la  preflion  relativement 
aux  lieux  où  elle  fe  fait  fur-tout  fentir  ,  &  al<frs  les  jours  devroienc 
être  beaucoup  plus  courts  &  leur  illumination  très-différence  dans  les 
différentes  patries  de  leur  brièveté  \  ou  bien ,  comme  le  fluide  que  vous 
employez  eft  éminemment  élaftique ,  le  mouvement  imprimé  à  une 
partie  doit  fe  communiquer  à  toute  la  mafle,  de  forre  qu'il  femble 
qu'il  ne  devroit  point  y  avoir  de  nuit ,  parce  que  la  preflion  eft  con^ 
tmuelle  fur  routes  les  parties  du  fluide.  11  me  femble  que  ces  confé-!- 
auences  qui  peuvent  paroître  d'abord  exagérées ,  font  cependant  fon-»- 
oces  fur  l'analogie  de  la  nature,  qui  nous  offre  notre  atmofphcre  &  les 
eaux  de  U  mer  agitées  fucceflîvement  fuivaot  que  la  litoe  pafle  à  leuç 

inéridieo. 


SUR  rnisT,  NATunniiE  bt  ifs  arts,  uj 

lïit-ridien ,  foit  dans  la  n.irtie  qui  cil  immcdiacement  etpofce  à  fon 
aâion ,  foie  dans  celle  qui  lui  eft  diamctralemenr  oppofce,  &  dont  le 
mouvement  eft  d'aucaiu  plus  grand  ,  que  U  Inné  agir  avec  plus  de  force 
i  caufe  de  fa  proximité  ou  de  fa  combinaifon  d'aâion  avec  le  folei!, 
«  qui  ne  produit  aucune  ditfctence  dans  rilluminarion;  &  fi  le  mouve- 
ment des  eaux  Ti'cft  pas  unïverfel,  c'eft  ï°.  parce  que  le  fluide  n'eft  pas 
éminemment  élaftlque;  i".  dans  l'Occan  une  petite  diffcrence  ne  (au- 
roit  être  apperçuej  enfin,  j".  toutes  les  parties  n'en  font  pas  également 
itrîrces. 

Piiifque  la  lumière  fe  combine  avec  les  autres  corps  &  entre  dans 
leur  fubftance  ,  il  eft  évident  que  fa  malle,  &  par  conféquent  celle  de 
Xa  lumière,  doit  diminuer  en  raifon  de  la  combinaifon;  qucdis-je  , 
l'illumination  diminuera  aulli ,  puifque  dans  ce  cas  la  preflion  fera 
«l'autant  moindre,  que  le  Huidc  aura  été  plus  diminué,  ce  qui  n'arrive 
pas.  U  faut  donc  imaginer  une  fource  de  ce  Buide  claftiquc  pour  ré- 
arer  fes  pertes  continuelles;  mais  il  fnut  anfli  qu'il  foit  toujours  par- 
lieement  homogène ,  également  élaftiquc  ;  il  faut  qu'il  ne  fc  produïfe 
[ue  lorfquc  la  combin-iifon  du  fluide  lumineux  avec  les  corps  l'a  dimi- 
luc  ,  &  qu'on  n'en  aie  prccifcment  que  la  quantité  perdue...  &c. 
'Mais  toutes  ces  conditions  &  une  foule  d'autres  font  également  eftcn- 
tielles  pour  que  Li  lumicere  foie  toujours  femblable  à  elle-même  ; 
tjcependanc,  CCS  conditions  deviennent  des  difticultés  réelles  Se  tics-dif&- 
cilcs  i  réfoudre. 

Vous  regardez ,  Madame,  votre  fluide  claftique  dilRminé  comme  la 

^dufe  de  l'expanfibilité  des  corps  qu'il  étend  en  rempli^Tant  fcs  pores , 

'&  en  agiffant  fut  leurs  parois,  en  raifon  de  I.i  prefTion  plus  ou  moins 

I  forte  que  le  folcil  opère  fur  lui  ;  mais  fi  c'eft  U  feule  caufe  de  l'cxpan- 

^  /ibilité  des  corps  &  de  la  chaleur ,  pourquoi  fiit-il  froid  pendant  l'hi- 

'  ver , quoique  le  folcil  comprime  également  le  fluide  &  peut-être  même 

alors  d'un    douzième  de  plus  ?  Pourquoi  fait-il  encore  chaud  pendant 

les  nuits  d'été,  quoique  le    foleil    fait  abfent?  ou  plutôt  pourquoi  ne 

fkit»il   pas  également   chaud  ,  pnifque  le  foleil  devroit  toujours  agir 

également  fur  le  fluide  oui  agiroic  également  i  fon  tour  fur  le  fluide 

contenu  dans  les  pores  des  corps  ? 

Jepourrois  ajouter  une  foule  d'autres  confidéraitons,  entre  lefqttcltes 
je  clioifis  celles-ci  pour  les  indiquer  ;  elles  font  tirées  de  la  compa- 
raifon  de  la  lumière  avec  les  phofphores  qui  s'imprègnent  de  lumière, 
qui  la  confetveut  longtems,  ou  qui  la  perdent  d'abord  fuivant  les  cit- 
conftances  \  des  diflrrcns  eflets  produits  par  la  lumière  narurelle  & 
l'artificielle  pour  dccoloiet  quelques  corps  j  de  l'immutabihté  du  rayon 
coloré  au  travers  d'un  rayon  d'une  autre  couleur;  de  la  différente  affi- 
nité de  ces  différentes  lumières  avec  les  corps  plogiftiqués  &  avec 
d'autres  ;  de  la  lumière  des  corps  btîilans,  qui  neft  cerramement  pas 
Terne  Xirj  Pan,  IL  177?.  SEPTEMBRE.      E  e 


X14      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

l'effec  d'une  prelfion ,  mais  <i*une  cinination  feniîble  j  des  uches'dn 
foicil  qui  font  variables  ,  &  qui  offrent  des  places  où  le  teu  paroît 
brûler  avec  plus  d'ardeur  quand  elles  font  dillipces:  jt;  m'arrête,  Ma- 
dame  \  votre  vue  perçante  vous  montrera  les  indudlions  que  je  lîre 
de  chacune  de  ces  obftrvations  i  &  je  vais  finie  par  une  renurque 
porciculière  que  vous  avez  faite  fur  ma  manière  d'envifager  le  plilogif- 
tique. 

§,    j.     Obfetvatiom  fur  le  Phiogijii^ue. 

Je  n'im.iginoîs  ps ,  Madame»  m'ctre  explique  atTez  obfcorément  fut 
le  phiogiftique  pout  lailTcr  lieu  i  l'équivoque  i  j'avois  employé  un  Cha- 
pitre entier,  Jour/i.  tît  Phyf(qut^  Tome  IX j  pap^e  98,  pour  faire  con- 
noûre  cet  être  ^  aufH ,  quand  je  me  jfetvois  de  ce  mot  fans  épithcte,  je 
ctoyois  qu'on  lui  doniieroit  la  lîgnîlÎLatiun  que  je  lui  avoîs  alllence  ; 
mais  je  ne  vois  pas  comment  j'ai  pu  faire  foupçonner,  que  le  phiogi(- 
tique  fut  l'air  pUIogiftiquc,  qui  ne  contient  qu'environ  un  quart  de  phlo- 
gi{liquc  ;  îl  eft   vrai  que  le  phlogiftique  ne  peur  puères  fe  foumcttrc 
aux  expériences  que  dans  l'état  oe  combinaifon  ,  mais  l'uniformité  de 
ies  effets»  montre  bientôt  celle  de  la  caufe  ;  obfervez  outre  cela  que 
j'avois  dit  expreffcment,  en  commençant  ce  Chapitre,  que  U pbhpfti- 
gue  alùre  Cuir;  maï^  (\  le  phlogiftique  altère  l'air  en  le  faturant ,  l'ail 
iaturé  de  phlogidique  n'efl  pas  plus  le  phlogifHque,  que  le  nrire  vi^ 
[fiole  n'cfc  l'acide  vicriolique. 

Le  phlogiftique  agit  certainement  fur  tous  les  nerfs  qui  font  expcH 
fés  i  Ton  actiou ,  foit  pat  la  vapeur  du  charbon  ,  l'aîr  inflammable ,  l'air 
phlogiftique,  &c.;  les  animaux  qui  ne  rcfpirent  pas  y  pcriffenc,  touï 
y  perdent  la  fenlîbilitc,  maïs  ils  confervcnt  alors  un  peu  leur  trriubi- 
lice^  je  ne  doute  pas ,  comme  vous  ,  que  les  corps  auxquels  le  phlogifti'^ 
que  eft  uni  ne  modihent  Ton  aCiion  ,  mais  C\  au  milieu  de  toutes  ces 
tnoditlcacions  ,  on  obferve  les  mêmes  effets  conftamment,  il  me  fem- 
ble  impollible  de  mettre  en  doute  l'aétion  qui  lui  eft  propte  ;  ainfi 
je  dirai  sûrement  cjue  le  phlogiftique  rcvivihe  les  chaux  mculÛques, 
qu'il  ôte  la  fcnfibilitc  aux  animaux  ,  qu'il  affefte  Icuts  nerfs  ,  qu'il  les 
tue  i  j'ajouterai  qu'il  eft  le  principe  de  la  vulatilifatiou,  &c.  11  me 
femble  que  dans  tous  ces  cas  Se  dans  une  foute  d'autres  fcmblables, 
l'aitiologic  chymique  eft  auffi  fondée  que  toute  autre. 

Entîn  ,  Madame,  quoique  je  ne  croie  pas  que  la  lumière  foit  le 
phlogiftique  .  &  vous  verrez  mes  raifons  dans  la  Lettre  fuivante ,  je 
regarde  la  lumière  comme  un  des  élémens  du  phlogiftique,  &  comme 
une  matière  déji  compofce.  En  deux  mors  ,  je  crois  la  lumière  plus 
volatile  que  le  phlogiftique  ,  moins  adive  »  ayant  plus  d'aBiniccs  avec 
les  corps  cerreftres ,  &  je  conclus   que   fou  aAion  doit  eue  propoc* 


SUR  l'HIST.  NATURELLE   ET  LES  ARTS,     115 

^tionnce  i  fou  cnemie^  de  force  qu'elle  peut  cbraiiler  le  nerf  optique  , 
Yans  faire  aucune  impreflîon  fur  les  autres  nerfs  dont  la  mobilité  eft 
moins  grande  \  certaniemenr  on  ne  peuc  comparer  les  fibriles  de  la 
'jRcine  ,  avec  jes  houpes  nerveufes  de  la  ttmtquc  fchneiderienne  \  de 
iôite  que  la  lumière  peuc  ébranler  la  rétine  fans  influer  fur  les  nerfs 
du  nez  :  je  puis  me  tromper ,  mais  je  fuis  perfuadc  que  les  odeurs 
n'âgilfcnc  que  fur  les  nerfs  olfa^rifs ,  &c  s'il  y  a  des  odeurs  homicides , 
c'eft  parce  que  le  corps  calleux  tft  tue  par  l'imprertion  qu'a  reçue  le 
iii-rf  olfat^if.  Il  réfulce  donc  de-là  qu'im  nerf  peuc  être  détruit  par  un 
corps  qui   n'agiroit  point  fur  un  autre. 

Mais  pour  réduire  comme  vous  la  queftlon ,  je  dirai  que  quoique 
le  phlogiftiquepur  irrite  roue  le  Ecnre  nerveux,  il  ne  s'enfuit  pas  que 
la  lumière  agilTe  fur  tous  les  nerh ,  parce  qu'elle  ébranle  le  nerf  optir 
que;  car  on  concluroic  auni-bien ,  qu'on  peuc  voir  pat  rorcille,  parce 
Que  la  lumiàe  agit  fur  TcriL  II  me  fcmble  plutôt  que  la  lumière  agic 
fut  le  nctf  optique  ,  parce  que  ce  nerf  cft  en  proportion  avec  Kaâion 
des  corpufcules  lumineux  \  mais  ù.  vous  diminuez  la  ténuité  de  ce 
nerf  &  fon  irritabilité  ,  alors  la  lumière  n'auroicplus  aucune  prife  fut 
lui;  un  brin  de  ch<invre  ell  tendu  par  un  poids  de  quelques  grains., 
mais  il  faut  des  quintaux  pour  tendre  un  gros  cable. 

J'ai  fini  de  vous  adrelTer  quelques-uns  de  mes  doutes  fur  votre 
théorie  &  vos  remarques  ;  mais  je  vous  exhorte  de  nouveau  à'  cond- 
tiuer  vos  recherches.  Les  fyftèmcs  les  meilleurs  n'ont  qu'une  cxiftenc^ 
précaire  ;  ils  font  expofés  à  ctre  remplacés  par  d'autres  ;  la  Phyliquenc 
îera  une  fcience  folide.que  lorfqu'on  verra  tous  les  £iits  s'enchaîocr; 
alors  les  théories  ne  feront  plus  que  l'intuition  des  phénomènes  ,  5c- 
l'on  fixera  vos  expériences  fotides  avec  les  conféquences  judicieufes 
«que  vous  en  aurez  tirées.  Employez-donc  les  reiïburces  de  votre  génie 
a  étendre  les  bornes  du  favoir ,  en  augmentant  le  nombre  des  faits,, 
JU  fans  profcrire  des  hypothèfes  ÎJigénieufes ,  tourmentez,  la  nature  pour 
înftruirc  fes  Contemplateurs  ;  c'eft  le  moyen  d,c  captiver  l'attention 
des  Savans  de  tous  les  âges ,  comme  vous  charmez  l'efpric  &  les  re- 
gards de  vos   contemporains. 

J'ai  l'honneur ,  d'être  avec  une  refpeÛueijfe  confidccation  ,  &c. 


^^ 


"77?. 


SEPTEMBRE, 


£e  a 


ii(î      OBSBRFATIOKS  SUR    lA   PHYSIQUE^ 


EXPÉRIENCES 


Siir  les  Tubes  Capillaires ,  quatrième  Scdlion. 
Par    M,  DvTOVR, 

tt!  mJa  n  s  la  prcccdente  feâion  ,  je  n'ai  fîir.plemcnt  quindïquc  fa 

Îtàn  que  le  plus  ou  moins  d'adhérence  des  Ruides  au  verre ,  peut  avoir  ï 
a  rénftance  qui  les  tient  fuCpendus  dans  Us  tubes  capillaires. 
'    11  eft  conftanc  que  ,  quand  la  cohérence  des  molécules  du  fluide, 
comme  à  l'égard  de  l'eau,  etl  moindre  que  leur  adhérence  au  tube, 
le  fluide  s'y  clévc,  &  s'y  fouiicnc  au-dclfus  du  niveau. 

11  l'eil  auflîque,  quand  la  cohérence  de  Tes  molécules  cil  fupétteurc 
à  fon  adhérence  au  cube,  il  y  efl  retenu  au-delTous  du  niveau  ,  comme 
cela  a  lieu  à  l'égard  du  mercure. 

On  en  peur,  ce  femble ,  inférer  i'*.,qae  les  incenfîccs  de  U  cohérence 
&  de  l'adhérence  étant  égales,  le  fluide  le  mainriendroiit  dans  le  tube  , 
exai^bement  au  niveau;  Se  l'^.^que  moins  la  cohérence  des  molécules  eft 
inférieutc  d  l'adhérence  au  tube ,  &  plus  courte  doit  ctre  la  colonne  qui 
peut  y  cac  foutenue; 

1.  On  conçoit  conféquemment  comment, malgré  régalltc  des  diamè- 
tres des  tubes ,  les  colonnes  rufpcndues  d'un  m&me  fluide  y  feront  iné- 
gales, quajid    les   matières  qui  entrent    dans  leur   compoiîtioa  font 
■fliffcrentes. 

Suppofons  de  plus  que  dans  chacun  des  deux  tubes  C  &  D,  d'égal 
diamètre  &  de  différentes  pâtes,  il  foit  alternativement  introduit  deux 
fluides  diftétens ,  dont  l'un  puilFe  adhérer  plus  rortement  au  premier 
qu'au  fécond ,  &  l'autre  au  contraire  plus  fortement  au  fecona  qu'au 
premier ,  on  concevra  aufli  comment  l'un  de  ces  fluides  pourra  ctre  fuf- 
pendu  plus  haut  dans  le  tube  C  que  dans  le  tube  D ,  tandis  que  l'autre 
fera  foutenu  moins  haut  dans  le  premier  que  dans  le  fécond  \  &  com- 
ment, par  conféqucnt,  il  fera  rendu  raifon  de  la  diversité  des  rapports 
des  hauteurs  des  colonnes  d'efprit-de-nitre ,  de  lait  &  de  vin ,  dont  il  eft 
h}t  mention  au  n^,  41  de  la  feâion  ^ , 

j.  Pour  appliquer  à  ces  nouvelles  obfervations  ce  qui  a  été  dit, 
«".  j  1  &  fuivans ,  fur  la  manière  dont  s'opère  la  rcfiftancc  de  la  tranche 
in/éiteure  de  la  colonne ,  on  peut  y  ajouter  que ,  félon  que  les  molécules 
de  fa  circonféteuce    tiemieut  aux  patois  du  tube  par  une  ptu«  forte 


SUR   VnJST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      117 

adhérence ,  elles  en  /uucienncnt  d'autant  mieux  le  cercle  de  molccntej 
cjiii  leur  font  contigues ,  celui-ci  le  fuivaiu ,  &  ainfi  de  proche  en  proche 
jufqu'à  la  molécule  du  centre  qui  en  oppofc  plus  de  réfiftance;  en  forte 
que ,  par  l'augmentation  de  l'adhérence  au  tuoe  ,  les  chufes  deviennent 
^-peu  prestes  mcnics  que  fi  l'adhérence  n'ayant  pas  augmente  le  diamètre 
du  tube  ccoit  devenu  un  peu  moindre. 

4.  Les  phénomènes  fi  oppofés  de  l'élcvation  de  l'eau  &  de  la  dé* 
preflîon  du  mercure  dans  tes  tubes  capillaires,  tiennent  donc  non-feule- 
ment â  la  cohérence  des  molécules  de  ces  fluides,  mais  encore  à  ce  que 
le  premier  eft  fufceptible  d'adhérer  beaucoup  au  verre,  &  l'autre  non. 
D'après  cela ,  il  m'a  paru  qu'on  pouvoit  appliquer  avantagcufcment  i 
leur  explication  les  principes  qiu  ,  dans  les  auites  ferions ,  ont  ctc 
déduits  des  obfetva.tions ,  &  je  commencerai  ici  par  les  rappcller. 

Premier  principe.  L'adhérence  des  molécules  d'eau  au  verre  eft  fupc- 
rieure  à  leur  cohérence. 

Deuxième  principe.  La  cohérence  des  molécules  de  mercure  remporre 
fur  leur  adhérence  au  verre. 

Troificme  principe.  Les  bonions  du  noyau  de  la  colonne  d'un  fluide 
qui  fe  meuvent  eniemble  dans  le  tube  appliqué  aux  parois  du  tube  de 
verre,  fans  s'avancer  au-delà,  n'éprouvent  aucun  obl\acle  de  la  part  de 
la  cohérence  ( i) ,  &  le  frottement  eft  nul  fi'. 

Quatrième  principe.  La  tranche  inférieure  de  la  colonne  en  fontient 
tout  le  poids ,  &  elle  le  foutient  en  verrn  de  la  cohérence  des  molécules 
qui  la  compofent  (}).  Cette  tranche  ainfi  chargée,  eft  elle-même  fou- 
tenue  à  fon  tour,  ou  pat  fon  adhérence  au  verre,  fi  c'eft  l'eau  [4) ,  on 
par  le  frottement,  fi  c  eft  le  mercure  (5) ,  >dout  les  réfiftances  font  fupc- 
KÏeures  à  l'effort  du  poids  de  la  colonne  (G), 

5.  Suppofons  maintenant  un  tube  capillaire  où  l'eau  puitfe  erre 
fufpendue  à  la  hauteur  ah  ^  &c  bien  dirpofc  d'ailleurs,  c'cft-à-dire , 
humide  par-tout  en  dedans ,  lequel  fuit  appligué  à  la  fuperficie  de  l'eau 
contenue  dans  la  cuvette  P ,  enforte  qu'une  lame  ou  ttanche  d'eau  C , 
aufn  mince  qu'on  peut  l'imaginer,  fe  colle  ï  l'orihce  du  tubci  cette 
tranche  d'eau  a  à  conrrebalancer  la  preflîon  d'une  tranche  quelconque  D, 
auin  mince  de  la  fuperficie  extérieure  de  la  matfe  d'eau.  Pour  qu'en  cet 


(i)  Sc£Uon  1 ,  u*.  44.  Scft.  î-  n«.  15. 
(i)  Scâion  i,  o'.   14,  ii.  Scû.  }  ,  n**.  17. 
(j)  Seftion  Ln".  ji ,  ji,  54  «'fuivans. 
(4)  Sedion  1 ,  n'.  14 ,  44. 
(î)  Sc^on  },n",  ji. 

(<)  Les  Serions  i  3c  j  citées  ici  font  inrérécS  au  treizième  Tome  da  Joarnal  <k 
fhy^guc,   fie  la  picmiércau  Cahier  du  mois  de  Féviiu  1778,  page  117. 


iî8       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

état  l'ccjuilibre  fubfiftâ:  entr*elles,  il  fâudroic  que  la  tr;inche  C,  opposit 
une  téhlUnce  ou  tine  prellîon  vquivâi'ence  i  celle  qu'elle  elTuye  ae  la 

fiart  de  la  tranche  D.Cela  feroic,  iî  l'adhcreuce  de  la  ttanche  D  aux  mo- 
écules  d'eau  dont  elle  efl  entourée,  cc(l-à-dire,n  la  cohérence  des  mo- 
lécules d  eau  ccoit  égale  à  radhérciicc  de  ta  ccaiKhe  C  à  l'oritice  du  tube. 
Mais  celle-ci,  en  vertu  Je  la  fupétioriic  de  Ton  adhéteiue  au  vetre 
/ur  l'adhérence  ou  cohérence  de  l'autte  aux  molécules  d'eau  qui  l'in- 
veftiflent,  cft  mieux  foutenue  (principe  premier)  par  l'anneau  de  verre 
correfpondan: ,  que  l'autre  trancne  D  ne  l'eft  par  le  cercle  de  molécules 
où  elle  e(l  renfermée  ,  &  au.point  de  ne  pas  pcfet  fut  leanqui  c(l  su- 
dcilbus  du  tube  \  elle  n'oppofe   doue  qu'une  réfidancc  infcnuure  >  ou 


— , — f  ~-  -  -  .   _  —  —  j.  —  —  ._ 

lence^nide  la  part  du  frotcemem  (troinème  principe)  elle  doit  obéit 
â  cette  prelTiou  ,  &  s'élever  dans  le  tube  ,  tandis  qu'une  nouvelle 
tranche  qui  la  fuit  prend  la  place  que  cette  première  quitte. 

Si  ces  deux  tranches  réunies  au  bas  du  tube  font  de  même,  en  con- 
féqucnce  des  nifons  ci-dcvanc  déduites  ,  aiîl-z  foutcnues,  en  vertu  de 
la  cohérence  que  les  molécules  de  la  féconde  ont  enir'elles ,  &  de 
l'adhérence  de  celles  de  fa  circonférence  à  l'oriHce  du  tube  ,  pour  n'op- 
pofer  encore  aucune  rcllftance  i  la  prellion  de  la  tranche  D ,  elles  ft- 
ron;  aiifll  dans  le  cas  de  céder  &  Je  donner  place,  en  fe  portant  plus 
haut  dans  le  tube ,  à  une  rroificme  tranche  qui  y  furviendra  \  Se  cela 
fe  répétera,  &  il  s'y  accumulera  d'autres  tranches  ,  jufquà  ce  qnc  la 
colonne  qu'elles  formeront,  devienne  alTez  liante,  pour  que  la  tranche 
inférieure  qui  doic  fupporter  le  poids  de  toutes  les  autres,  &c  éroit 
fuffifammenc  fuppottée  avnnt  par  adhérence  au  tube  (  qiiatticmc  prin- 
cipe) celfe  de  1  ctre  Se  commence  à  oppofer  à  la  prellion  D  une  ré- 
filtance  qui  la  contrebabnce*  Ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  lorfque 
fa  hauteur  fêta  égale  ^  ah  j  puifqu'ifolée  ,  fa  tranche  peut ,  en  vertu 
de  ta  cohérence  de  fes  molécules ,  ëc  de  fon  adhérence  à  l'orihce  du 
cube,  fupporter  le  poids  d'une  colonne  d'eau  de  la  hauteur  o^,  fani 
avoir  belom  d'aucun  autre  appui  qui  la  foutienne. 

6»  On  voit  que  les  principes  que  fournitrcnt  mes  expérience*;, 
font  difparoîrre  la  grande  difficulté  qu'on  trouvolt  a  faire  furmonter 
à  la  colonne  afcendante  le  frottement  contre  le  verre  ,  &  fa  propre 
adhérence  aux  parois  du  tube  qu'elle  mouilloit  déjà, 

U  eft  certain  que  non-feulement  le  froiremem  ,  qui  doic  avoir  lieu 
fur  les  parois  du  tube  ,  moins  lilTes  réellement  qu'ils  ne  le  font  en 
apparence  &  peuc-^tre  fillonnés,  a  l'adhérence  qui  y  attache  les  mo- 
lécules d'eau,  mais  de  plus  la  réiîdance  des  âocon>  d'air ,  qui  peuvent 
trre  appliqués ,  Se  comme  inau(tc&  en  partie  aux  eudiuîcs  nua  encurç 


SUR  VHIST.  NÀTUnELlE   ET  LES  ARTS.       iij 

mouillés  ,  pAroifTent  &  fonr  très-propres  à  cmp&cher  qpe  l'eau  s*y  élevé 
au-delTus  ae  fon  niveau.  Cec  oDlticle  feroît  infurmoncable,  s'ilexif- 
toic  nécelfaircmem  toujours  comme  on  l'a  fuppofc. 

Et  en  effet,  l'eau  ne  s'élève  point  dans  les  tubes  capillaires,  fi  leurs 
parois  ne  font  d'avance  convenabiemenr  dlfpofés:   la  difpofition  con- 
venable contîfte    eu  ce   qu'ils  foiem  revcrus  en-dedans  d'une  couche 
d'humidité  plus  ou  moins  légère. S'ils  en  font  tot.;lcmenr  dépourvus, 
s'ils  font  abfolument  fecs ,  envain  les  plonge-t  on  dans  l'ciu  dans  l'efpé- 
rance    de  l'y    voie  monter  au-delTus   de   fon   niveau.    Les  Phyficiens 
qui  ont  été  dans  te  cas  de  faire  des  expériences  de  ce  genre,  n'ont  pu 
manquer  de  s'apperccvoir  que  quelquefois  l'eau    nallott   pas  dans  le 
tube  au  delà  du    niveau,  &  que  nicme  elle  s'y  tenoii  au-cetfous.  \}xi 
tube  que  l'ai  fait  fcchcr  en  le  tenant  près  du  feu,  a  enfuîte  reftc  appli- 
qué pendant  plus  de  14  heures  à  la  fuperlîcie  de  l'eau ,  où  fon  orifice 
étoic  un  peu  enfoncé,  fans  que  l'eau  y  fût  afpirée.  Au  contraire,  l'eau 
qui  le  baic^noit  cn-dchors  ,  luiu  de  former  autour  un  cordon  uinU' 
laire  qui  furmontât  fa  fupcrticic,  y  prenoit  une  difpofition  bien  opiK>- 
fée  i  on  didinguoit  comme  un  creux  circulaire  dont  il  étoi:  immédia- 
tement environné.  Ce    dernier  réfiUtat  a   lieu  aulU  ,  fi  une  lame   de 
verre    qu'on  a  fj.it  chauffer ,  ou  qui  cft  fuffifamment  sèche  ,  ell  plon- 
gée en  partie  dans  l'eau.  Il  arrive  encore  que  l'eau  ne  s'élève  par  fois 
que  lentement  dans  le  tube  comme   par   fauts  &  à  diverfes  reprifes, 
é<.  fins  p.\rvenir  i  Ja  hauteur  où  elle  s'y  ctoit  portée  on  d'autres  cir- 
conftances  :  c'eft   qu'alors  il   y  a  en-dedans  quelque  humidité ,  mais 
qu'elle    y   cil  mal  dillribuée  fur  les  parois,  &  qu'elle  ne  s  étend  ai 
alPez  haut ,  ni  par-tout  en-bas. 

Mais  veut-on  y  voir  monter  l'eau  rapidement  À  l'inllant  où  on  l'en 
rapproche  ?  Qu'on   commence    pnr   le  reniplir  d'eau  en  l'y  cnfonyint 

'     "  y  reftera 

effet  qu'on 


'PP^   .  ... 

en  entier,  qu'on  l'en  expulfe  enfuite  en   foufflant   dedans.  11 

une  couche  d'humidité  ou  un  rubule  d'eau  qui  procurera  l'ef? 

attend. 

Ce  cubule  d'eau  y  fait  é\ranonir  tous  les  obflacles  qui  s'oppofoienc 
i  l'afcenlion  de  l'eau.  Plus  de  frottement  contre  les  parois  du  tube; 
celui  contre  le  lubule  d'eau  ell  nul.  Plus  de  réiÏÏlance  de  la  parc  des 
Hocons  d'air,  qui  ne  fe  collent  pas  fur  l'eau  comme  fur  le  verre.  Plus 
de  réfiftaïue  non-plus  de  la  part  de  l'adhérence  ou  de  la  cohérence. 
La  caufe  qui  la  produit  ned  aucunement  re(lrainte ,  nî  contrariée 
quand  les  molécules  d'eau  coulent ,  gUlTent  ,  fe  meuvent  les  unes  en- 
tre les  autres  fans  fe  dcfunirj  Si  alors  pour  faire  élever  l'eau  fuccef- 
fjvcment  de  place  en  place,  la  moindre  preliion  fuffit,  comme  nous 
l'avons  du  de  la  prellion  opécée  par  la  tranche  d'eau  0  fuppofée 
prefqu'inhiiiment  mmce. 

7.  Revenons  aux  mêmes  eSists  en  les  confidéranc  fous  un  autre  poinc 


Azo        OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

de  vue.  Soit  iin  fyphon  de  verre  renverfc  STV  compofc  de  deux 
branches»  l'une  capillaire  Se  Tautre  fore  large  j  l'eau  verfce  dans  celle- 
ci,  &  qui  palTe  dans  l'autre,  s'y  élève  aufli  i  une  hauteur  a  E  cç;alo 
â  celle  où  ifotée  elle  pourroit  ctre  fufpendue  dans  ce  cube  capillaire, 
&  fans  doute  en  vertu  des  mêmes  caufes ,  £c  de  la  même  manière 
que  nous  l'avons  vu  dans  le  cas  énoncé  au  n".  f .  Si  on  retire  alors  de  la 
large  btanche  V  du  fyphou  reiivcrfé,  une  certaine  portion  de  l'em  qu'il 
contient ,  enforte  que  la  fuperhcic  y  defcende  bien  au-dcffous  de  la 
ligne  ac  ,  au  niveau,  par  exemple,  de  la  ligne  nn  ,  la  colonne  d'eau 
foutenue  dans  le  tube  C3pilhireS,y  baille,  &  y  doir  en  effet  bailler 
d'autant ,  &  jufqu'à  ce  que  fa  Jiauteur  ng  au-de(ru5  du  niveau  nn  fe 
rende  égale  i  fa  Iieuteut  précédente  a  E  ,  puifque  la  tranche  n  de 
cette  colonne  du  tube  capillaire,  qui  n'eft  plus  contrebalancée  qui?  pat 
un  tranche  cxcrcmement  mince  de  la  fuperficic  de  la  niiir^  dcau 
ainll  réduite,  ne  fauroit  foutcnir  parelle-mcmc  la  trop  longue  colonne 
d'eau  n  E ,  mais  bien  cependant  une  colonne  égale  à  celle  i  E ,  que 
ioutenoic  auparavant  ta  tranche  a ,  les  circonllances  fe  retrouvant  les 
mêmes  à  l'cgird  de  l'une  qu'à  l'égard  de  l'-iutrc. 

8,  I.a  même  théorie  s'appliquera  encore  à  la  dcprefllion  du  mercure. 
Sgit  dans  ce  fyphon  S Tv  verfé  du  mercure  qu'on  fuppoferi  d'abord 
de  niveau  dans  les  deux  branches.  La  colonne  j-'',  de  la  capillaire  aura 
à  contrebalancer  ta  prcflion  d'une  autre  colonne  quelconque  c./,  de  la 
malFe  de  mercure  de  l'autre  branche.  L'équilibre  fabnileruit  entre  les 
deux  colonnes  d'égale  hauteur ,  Ci  r.idlicrencc  de  U  tranche  fupérieuce 
a  de  l'une  au  verre  n'écoit  pas  inférieure  à  l'adhérence  ou  cohérence 
de  la  tranche  fupérieure  c  ,  de  la  colonne  anngonifte  c</,  au  ruyiu  de 
mercure  qui  l'enveloppe  {  deuxième  nrinjpe';  mais  en  conféquence 
de  cette  infériorité  ou  nullité  d'adnérence  ,  la  colonne  id* ,  mieux 
ctayée ,  mieux  foutenue  cjue  la  colonne  antagonille  ah^  n'oppofe  i 
celle-ci  qu'une  réhllance  inférieure  à  la  prellion  qu'elle  efTuie  de  fa 
part.  Et  comme  elle  peut  gHlfet  &  fe  mouvoir  dans  le  tuyau  de  mer- 
cure ambiant,  fanj  éprouver  le  moindtc  frottement  ni  être  gênée  par 
la  cohérence  (  troifîcmc  principe),  elle  doit  obéir  à  l'excès  de  prcflioii 
exercé  par  la  colonne  au  ^  ^  (c  replier  fur  la  m^lfe  de  mercure 
(candis  que  celle-ci  la  pouffe  &  vienc  occuper  la  place  abandonnée, 
en  fe  raccourci  liant  d'autant  dans  la  branche  capillaire]  jufqu'Ji  ce  que 
J'équilibre  foit  eflFechié  entre  les  deux  preflîons.  Ce  qui  ne  doit  avoir 
lieu  que  lorfque  l'e!icè$  cm  de  la  colonne  cJ  fur  la  colonne  raccourcie 
£^  ,  eft  égal  à  la  colonne  de  mercure,  qui  ifotée,  peut  être  fufpendue 
dans  la  branchccapillaire,c'eft-à  dire,  que  lorfque  le  poids  ou  la  pre(lJoii 
de  la  colonne  cm  cil  contrebalancé  complètement  psr  la  rcfillance  qu'eft 
fufceptible  d'oppofcr  la  tianthe  fupérieure  £  de  l'autre  colonne. 

3'  C'eft  ce  que  l'expérience  coulicme.  J'ai  éprouve  avec  des  efpèccs 


SUR  L'ffIST,  KATURELin  ET  LES  ARTS,      ut 

de  fyphons  STV,  tels  que  les  reprcfcnte  la  figure  iz,<)onc  les  dîaniC' 
très  aes  bnnches  capillaires  écoietu  diffcrens],  &  où  j'avoU  mat£|uc  Aie 
ia  branche  capillaire  de  chacun  ,  avec  des  (ils  ou  autrement,  les  nivenux 
a  Se  E,  des  colonnes  du  mercure  de  cette  branche  &  de  l'aurre  plus 
large  ,  j'ai  éprouvé  ,  dis-je  ,  qu'enfuice  on  pouvoit  faire  foutenir  dans 
la  première  une  colonne  de  mercure  ifolée  égale  à  rintervallc  des 
deux  marques,  &  non  une  plus  longue.  Ou  voie  qu'il  ell  néceffiiirc 
pour  obtenir  un  pareil  réfulcac  lur  toute  Ictenduo  du  cube  capillaire, 
qu'il  ait  cxa<5ïemem  le  mcme  diamètre.  Mais,  ne  fut-il  pas  le  même 
par-tout,  on  parviendra  du  moins,  en  ftifaiit  rencontrer  la  colonne 
de  mercure  ilolce  entre  les  deux  marques,  i  y  en  faire  foutenir  une 
oui  en  remplira  Tintervalle ,  &  qui  ne  pourra  être  plus  longue.  Cette 
cgaliic  de  mcfure  entre  la  dépcemon  du  mercure  dans  la  branche  ca- 
pillaire du  fyphon  ,  &  la  hauteur  à  laquelle  il  peut  ,  étant  ifolc ,  y 
refter  fufpenna,ne  fe  laifloic  aucunement  préfumer.  lia  fallu  que  la 
théorie,  employée  pour  l'explication  des  phénomènes ,  1  indiquât.  Cette 
théorie  a  pliflieurs  points  de  conformité  avec  celle  de  M.  Veitbrechr. 

lo.  D'après  les  Obfervattons  précédentes  fur  la  difponcionà  laquelle 
les  tubes  capillaires  de  verre  doivent  la  propriété  qu'ils  acquièrent  d'af- 
pirer  l'eau  où  on  les  plonge  ,  on  peut  dire  que  ce  n'eft  point  dans 
un  rube  de  verre  qu'elle  s'élève,  mais  dans  Tendait  d'humidité  dont 
il  ell  revctu  en-dedans  ,  ou  dans  un  véritable  tube  d'eau,  auquel  le 
cube  de   verre  fert  de  foutien. 

On  fait  que  d'autres  matières  folides  ont  la  même  propriété  de 
lailîer  élever  l'eau  dans  les  pores'ou  interftices  étroits  donc  elles  font 
perforées,  Se  ils  l'ont  fans  doute  de  la  même  f ^on. 

L'adhérence  qu'il  peut  y  avoir  entr'elles  &  l'eau  >  fut-elle  mcme 
trcs-conlîdcrable  ,  ne  fuftit  pas  poiit  la  leur  procurer,  puifque  cVft 
uni^emcnt  félon  que  la  cohérence  des  molécules  d'eau  efl  plus  on 
moins  inférieure  i  fou  adhérence  au  tube  capillaire,  quelle  s'y  élevé 
au-delTus  du  niveau. 

Ainfi ,  le  tube  de  verre  feroit  privé  de  la  proptiécc  d'afplret  l'eau , 
fî  la  cohérence  de  fes  molécules  étoii  fupéricure  ou  feulement  cg^le  à 
fon  adhérence  au  verre.  C'eft  une  prcflion,  conte  foible  qu'elle  foie, 
qui ,  aptes  avoir  opéré  fon  effet ,  fe  reiiouvcllant  encore  fuccelîîvcnient 
jufqu'a  un  certain  terme,  fait  croître  pat  degrés  Se  fouvent  crès-rapide- 
ment  ,  la  colonne  d'eau  qui  excède  le  niveau  ;  &  l'efficacité  de  cette 
fbibjeprenîon  dépend  de  ce  que  dans  le  tube  capillaire,  la  colonne  mieux 
fûutenue  par  l'adhérence  de  la  tranche  de  fa  bafe  i  l'orihce  du  tube ,  que 
lie  l'efl:  la  tranche  antagonifte  de  la  malfe  d'eau  de  la  cuvette,  en  venu 
de  fa  cohérence  avec  les  molécules  d'eau  qui  l'entourent ,  n'oppofe 
d'abord  aucune  rcfiftance  à  cette  preflîon. 

Tome  Xir^  Pan,  If,  1779,  SEPTEMBRE.    Ff 


ft»         OBSERFATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE , 

11.  Dans  le  cas  où  les  intenncés  de  l'incenfité  de  l'une  à  on  tnbe 
d'une  aucre  fubflance  que  le  vcrce,  &  de  la  cohcrence  de  l'autre  .ivec 
\ts  molécules  ambiantes  fcioicnt  égales  ,  le  xiivcsu  de  l'eau  dans  le 
«ube  capilLiire  fcroir  le  même  qu'en  dehors. 

IX.  Dans  celui  où  rinEenlîcé  de  la  cohérence  de  la  rranche  exrc- 
tieure  avec  les  molécules  d'eau  ambianres,  l'empotceroit  Tut  l'adhérence 
de  l'autre  aux  parois  de  ce  rube  d'une  autre  fubftance  ,  l'eau  y  feroit  rcce- 
nuc  au-denbufdu  niveau  ,  comme  il  arrive  au  mercure  dans  un  iub« 
capillaire  de  verre. 

15.  Coiifcqucmmenc  le  fuif,  lacirc,  &  toutes  les  autres  fubtbnces 
auxquelles  l'eau  n'adhère  que  foiblemcnt  ou  même  n'adhère  pas  da- 
vanrage  que  les  molécules  ne  cohérent  enct'elles  ,ne  font  aucunement 
furcepttbfes  d'afpïrer  l'eau  dans  les  intervalles  rétrécis  donc  elles  font 
perlorées.  Aufli  a-t-on  éprouvé  que  l'eau  ne  s'élève  point  au-dclTus  du 
niveau  dans  un  tube  de  verre  dont  les  parois  internes  font  revêtues 
d'une  couche  de  fuif  ,  non-plus  qu'entre  deux  lames  de  verre  aux- 
quelles on  a  donne  un  pareil  enduit  ^  quelcjue  rapprochées  qu'elles 
foient  Tune  de  l'autre  (1).  Cette  obfervation  qui  avoit  été  faite  eu  170$, 
par  M.  Carré  ,  &  qui  a  été  véritiéc  cnfuite  par  plufteurs  PhyfKiens,  a 
été  contcdéc  depuis  peu.  Maii  M.  Cigna  a  dilTipé  les  doutes ,  &  conf- 
taré  le  fait  pat  de  nouvelles  épreuves  (x). 

J'ai  1  au  moment  où  j'écris  ceci,  en  expérience,  i^<  deux  tubes  de 
verre  d'environ  deux  lignes  de  diamètre ,  revécus  tous  deux  en-dedans 
d'une  légère  couche  l'un  de  cire  ,  l'autre  de  fuif ,  qu'on  y  a  étendues 
en  tenant  &  fâifant  tourner  les  tubes  au-de(lu$  de  la  Hamme  d'une 
bougie.  Us  font  plongés  d'environ  quatre  lignes  dans  l'eau,  &  dans  tous 
deux  elle  fe  maintient  au-delTous  du  niveau .  dans  le  piemtet  cepen- 
daJic  moins  bas  que  dans  le  fécond. 

1**.  Un  vafc  de  verre  dont  une  portion  en-dedans  efl  Icgèretnenc 
enduite  de  fuif.  En  regardant  pat  dehors  le  niveau  de  l'eau  qu'on  y 
a  verfée,  on  voit  didinâerncnt  qu'elle  y  cft  moins  élevée  d'environ 
une  ligne  fur  les  parois  couvertes  de  fuif,  que  fur  celles  qui  ne  le  font  pas. 

$^.  Une  lame  de  fuif  coulé  ,  d'environ  deux  lignes  d'cpailTcur,  & 
difpofce  verticalement  courte  les  parois  d'un  autre  pareil  vafe  à  moitié 
plem  d'eau  qui  la  baigne  en  parne.  La  ligne  du  niveau  de  l'eau  fur 
cette  lame  de  fuif  eft  de  plus  d'une  ligne  plus  boife  que  fur  les  parois 
du  vafe. 

4**.  Deux  lames  aufli  enduites  Icgcrcment  de  fuif,  &c  qui  fort  «p- 


(i)  M^m.  Acad^m.  des  Sciences. 

fi)  {ouni.  de  Phyûq.  Tom.  ),  p.  lo;. 


SUR   VHIST,   NATURELLE  ET  LES   ARTS.     ii| 

prochées  l'une  de  l'nutfe  %  fonc  dirpofées  vercicAlemenc  &  plongées  par 
le  bis  feulemenc  clins  l'eatt.  Or,  loit  qa'on  les  regarde  ou  par  Iciirs 
faces ,  ou  prit  leurs  tranchas,  on  rcconnoîc  itfcmenc  que  l'exu,  c^ul  a 
pénécrc  entr'elles,  ne  s'y  eft  pas  élevée  au-dclftK  du  niveau. 

14.  Au  refte  »  d.e  cous  ces  iaiis ,  ou   peut  conclure  feulement  que 
Tâdliérence  de  l'eau  au  fuif  ôc  d  la  cire  ,  cft  muini  forte  que  U  cohé- 


—     —  _.--,  -^  —        , 

elle  n'eft  pas  trop  erolTe  i  &  fi,  récant  tTïJp  ,  elJa  coule»  il  7  en  rcïVe 
au  moins  une  pornon  &  des  veftiges.  J'ai  cjmouvc  de  plus,  qu'une 
colonne  d'eau  d'une  ligne  de  hauteur  que  j'avois  introduire  dans  on 
tube  capilliire  revctu  en-dedans  d'une  couche  de  fuif ,  &  njufbé  i 
l'appareil  décric  an  n*^.  ^6  ,  de  la  deuxième  fc^ion  ,  avoir  foutenit 
une  prellïon  de  zo  lignes  d'eau  avant  d'en  être  débufquiîe  :  comme 
peuc-crre  l'enduit  de  fuif  n  ctoic  pas  bien  uni ,  le  frottement  a  pu  flc 
dû  contribuct  autant  &  plus  que  la  foible  adhérence  i  la  réltitancc 
que  la  preÛîon  a  clTuyée.  Nous  avons  vu,  que  dans  de  pareilles  cir- 
conftances  le  mercuce  peut  foutcnir  de  pareilles  prcdions. 

1 5.  J'ai  éprouve  encore  en  foufHanc  &c  poutlanc  mon  haleine,  tant 
fur  l'enduit  de  fuif  dont  écoit  couverte  une  portion  du  dedans  d'un 
verre  dans  la  féconde  des  eipériences  du  n*.  1 5 ,  que  fur  la  lame  de 
fuif  employée  dans  la  fuivante ,  que  la  liçne  du  nive-iu  de  l'eau  étoit 
encore  plus  balte  fur  l'enduit  &  fur-tout  fur  la  lame  de  fuif,  que  fur 
la  fiufjce  nue  des  verres,  mais  moins  cependant  qu'avant  qu'ils  eu(- 
fent  été  mouillés  par  les  vapeurs  de  mon  hAleine. 

Au  rcfte,  des  particules  falines  qui  fe  rencoiicreroient  fur  la  fur- 
ficc  de  l'enduit ,  ou  la  ponlTicre  qui  s'y  feroic  attachée  ,  pourcoicnt 
fournir  à  Peau  le  moyen  de  s'y  porter  un  peu  au-dcllus  de  fon  niveau  » 
ûti  elle  feroit  cnfuite  artêtée  par  le  frotteivent  ;  &:  c'cll  i  de  pareilles 
cAufcs  étrangères  &c  accidentelles  qu'il  faudrait  attribuer  les  tcïultats 
qui  ne  feroienc  pas  conformes  à,  ceux  des  expériences  de  M.  Carré  &C 
de  M.  Cigna. 

16.  Si  Veau  ne  s'clcve  dans  les  tubçs  capillaires  qu'autant  que  l'ad- 
hérence au  verre  l'emporte  fur  la  cohérence  de  fes  molécules,  il  p.iToî- 
tra  nécedaire  de  fuppofet  que  de  toutes  les  fubflances  où  l'eau  pat* 
vient  à  s'inlinuct  ,  en  montant  d'elle-mcme  au  delfus  du  niveau  , 
il  n'y  en  a  aucune  qui  ne  foit  naturellement  difpofée  i  l'égard  de 
ce  Hutde  comme  l'eft  le  verre,  fi  ce  n'eft  que  l'cvaporation  aduelle 
du  fluide  ne  fuppléîit  au  défaut  de  cette  difoolicion.  Le  tube  .  donc 
il  eft  queftion  au  n".  6 ,  qui  avoit  été  féche  près  du  feu  t<  où  l'eau 
ne  s'ctoit  pas  encore  introduite  au  bout  devingt-quatre  heures,  me  parut 

1775».    SEPTEMBRE.     Ffi    - 


ii4       OSSERFJTIOKS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

le  furlendemain  en  avoir  afpiré  un  peu.  Les  jours  fuivâns  Ton  afcen- 
ilon  devint  plus  fenfible,  mais  elle  s'opéioic  ^  lentemenr,  que  dans 
rincervalle  de  huit  jours  Teau  ne  s'éleva  que  de  cinq  lignes.  On  enrre- 
voic  U  ,  que  les  parois  internes  du  tube  ,  d'abord  trop  feches  pour  ctr& 
acceiTibles  à  l'eau ,  le  devinrent  enfuite ,  en  devenant  humides ,  mais 
peu-àpeu  feulement,  &  de  proche  en  proche  ^  cette  humidité  ne  pro- 
venant que  de  l'évaporation  qui  Te  faifoit  a  la  fuperficie  (\  récrecie  de  la 
colonne  d'eau  qui  etoic  à  l'abri  des  impreflîons  de  l'air  libre.  Âufli ,  la 
lenteur  de  l'opération,  c'e(l-à-dire ,  de  l'afcenfion  de  l'eau,  fut-elle 
alTortie  au  peu  d'énergie  de  la  caufe  qui  la  procuroic. 

17.  Je  remarquerai  en  terminant  cette  feAion ,  que  ces  différences 
iîngu^cres  de  l'afcentîoii  d'un  fluide  ,  6c  de  rabaillèment  d'un  autre 
dans  un  mcnie  tube,  y  font  rappellées  ,  ainfî  que  l'ont  été  aufli  les 
autres  phénomènes  des  tubes  capillaires  aux  mêmes  influences  ,  en 
vertu  defquelles  des  gouttes  d'eau  ou  de  mercure  fimplement  appli- 
quées fur  des  larmes  de  verre  différemment  difpofées,  y  font  retenues, 
ou  gliffenc  delfus,  ou  s'en  détachent(i),  c'efl-â-dire,  à  la  cohérence  du 
fluide ,  à  fon  adhérence  au  verre ,  &  aux  différens  rapports  de  l'un  à 
l'autre;  &  qu'au  refte  je  n'y  confidére,  foit  l'adhérence,  foit  la  cohé- 
rence ,  que  comme  les  effets  d'une  caufe  plus  éloignée  ,  que  je  n'ai  pas 
entendu  fpécifier.  Je  me  bornerai  à  donner  dans  la  fuite  les  détails  de 
quelques  expériences  &  de  quelques  obfetvations  que  j'ai  faites  fut 
ces  difpofîtions  des  fluides. 

(  1  )  Voyex  la  Seaion  1. 


EXTRAIT    D'UNE    LETTRE 


De  M,  MagellAV  ,  Mtmhrt  de  la  Soàctc  Royale  de 
Londres  ,  à  un  de  fis  J^mis  de  Paris. 

JMoN  cher  Docteur,  ôc  très-cher  Refpeûable  Ami , 

Je  vais  vous  annoncer  un  remède  nouveau,  Se  très-fimple,  que  M. 
Mudge ,  Membre  de  la  Sociccé  Royale  de  Londres ,  Chirui^icti  ù  Ply- 
moutn  ,  vient  de  publier.  Ce  remède  gucrtc  iiifaillibli^ment  la  toux 
catharrjle  en  ttès-peu  de  tems,  parciculicremenc  loiftiuVlle  n'eft  pas 
ancienne.  C'eft  d'après  un  grand  nombre  d'obfer varions  rtcs-conlu- 
tces,  que  l'Auteur  parle  fi  pofirivemenc  de  l'efficacirc  de  fon  renicde, 
d  aucaiu  plus  eftiniable  qu'on  en  peut  faire  ufage  dans  tous  les  p:iys  du 
monde ,  prefque  fans  frais,  &  fins  l'atlifiance  de  Mcdscin ,  ou  d'Apo- 
thicaire. Ce  remède  eft  d'ailleurs  fi  innocent  en  lui-même  ,  qu'il  ne 
peut  point  nuire ,  même  en  l'appliquant  avec  peu  de  difcrccion.  Ces  qua- 
lités doivent  le  rendre  on  ne  peut  plus  recommandable  à  tous  ceux,  qui , 
comme  vous ,  ont  fi  fortement  à  cceur  le  bien  &  les  intcrêts  de  1  hti- 
manitc.  Je  fuis  fur  de  vous  faire  un  vrai  plaifir  en  vous  Jç  commu- 
niquant ;&  j'en  juge  d'après  telui  que  j'ai  fenti  moi-mcmé,  lorfque 
l'en  eus  la  première  notice.  Notre  manicrc  de  penfer  &  de  fentir ,  lotf- 
qu'iU  s'agit  du  bien  public  ,  cfb  parfaitement  analogue  :  Se  c'eft  peut-être 
la  fource  unique  de  l'amitic  mtime  donc  vous  m'honorez  depuis  tt 
long- te  m  s. 

M.  Mugde  confidète  avec  la  plus  grande  raifon ,  que  la  toux  catharrale 
n*eft  que  la  fuite  d'une  vraie  inflammation,  du  moins  partiale,  de  la 
membrane  qui  rapilTe  les  organes  de  la  refpiration  :  &,  pour  la  iguérir, 

le  plus  fur; 
ipeur  de  i  eau  médiocrement  chaude,  i'otir  nùcux  réaC- 


il  applique  le  topique  le  plus  fimple  ,  le  plus  innocent ,  3c  le  pfus  fur; 
c'eft-a-dire ,  la  vapeur  de  l'eau  médiocrement  chaude.  Pour  niieux  réuf- 
Bl  dans  cette  application  ,  avec  le  plus  grand  avantage  ,  il  a  invente  un 
ioftrumem,  qu'il  appelle  inhaltr  en  Anglois  ,&  que  je  crois  pouvoir 
refpirattur  ,  à  caufe  de  fon  ulagc.  En  voici  U  defcription  , 
clungemens    <jue    j'y  ai  faits  pour  le  rendre  plus  commode 


nommer 
avec    les 


dans  la  pratir.ie  ,  eu  lui  confervant  dans  le  mcme  tems  tous  les  avan- 
tages dont  cet  inflrumenc  eft  fufceptibic. 

La  figure  4  reprcfentc  le  refpiratcur ,  dans  l'état  où  il  faut  en  faire 
ufage.  a  eft  un  vaiiTeau  cylindrique ,  qu'on  peut  faire ,  fi  Ton  veut ,  d'or 
ou  a'argenc ,  mais  qui ,  étant  d'tcain  3  ou  même  de  fer-blanc ,  eft  cga- 


tiâ       OBSERVATIONS   SUR   LA   PHYSIQUE, 

lemcnc  bon  pour  fon  objer.ll  eft  touc  foudé  i  l'enrour ,  &r  doit  contenir 
environ  une  pince  :  fa  terme  eft  .l-peu-près  comme  celle  d'un  pot  i  faite 
du  thc  ,  ou  comme  un  petit  arrofoir  de  JAtdin  garni  d  une  ou  deux  anfes 
hl>.  On  y  rroLive  un  cuyau  ce  d  y  qui  ell  foudé  an  plan  fiipérï^ur ,  defcend 
an-dcdans,  iufqu  A  la  dittancc  d'un  demt-poucc  du  fond ,  comme  en  le  voie 
marque  par  des  points ,  jufqu'A  d*  Ce  tuyau  a  un  peiir  couvercle  c*, 
avec  des  trous  pour  lûfTtir  entrer  Tait  qu'on  vent  humer.  ïl  y  a  à  coté 
une  autre  embouchure/^ ,  garnie  d 'iin  cwivertlc  pareil  avec  des  trous , 
mais  elle  eft  faite  ,  au- dedans  >  en  entonnoir  :  defotce  qu'en  y  met- 
tant une  petite  boule  ^  de  licgc ,  elle  y  fait  l'office  de  foup:ipe  ,  laif- 
fam  c^happct  l'air  da  dedans  au  dehors  ;  mais  empêchant  qu'il  n'y 
entre.  Les  diamètres  de  l'embouchure  k ,  du  tuyau  c  d  y  bc  du  trou  r , 
doivent  ctre  afîcz  grands  ,  puur  ne  pas  rendie  difficile  le  palTige  de 
la  refpir.uton.  C'eft  atfcz  de  Icuc  donner  environ  quatre  dixicmcs  de 
pouce  Anglois. 

Enfin  L  ï  ^  eft  un  ruyiu  flexible  de  cuir ,  qui  renferme  un  fil  de 
métal ,  couvert  de  foie  ,  en  totme  fpirale  ,  pour  le  rendre  tout-.^  fait 
flexible,  8(.  garni  d'une  embouchure  d'ivoire  k  ,  qu'on  applique  A  la  bou- 
che ,  lorrqu'oa  en  fait  ufage. 

Ma/ticrc  <tcmphytr  le  Refflratcur, 

t  orfque  la  perfonne  aftllg^c  de  la  ronx  catharrale  ,  ou  du  mal  de 
gorge  (  car  il  paroît  que  ce  topique  doit  ctre  aufti  bien  avanr.igeux  dans 
ce  dernier  cas  )  va  fe  coucher ,  on  mettra  de  l'eau  chaude  dans  le  nf- 
ptrattur ,  par  l'embouchure  A  /,  après  en  avoir  ôté  le  tuyau  de  cuir  Li  *. 
On  ne  le  remplira  pas  tout-i  fair  ,  mais  feulement  jufqu'aux  deux 
tiers  ,  ou  environ  :  on  l'enveloppera  dans  une  ferviette  ,  £c  on  le  mctrra 
au  lit  du  malade  près  de  fon  ailfelle  :  il  attendra  jufqu'à  ce  que  l'eau 
foit  un  peu  moin>  chaude ,  pour  qu'il  puiffè  en  humer  la  vapeur,  fans 
fe  brûler.  Cet  inftrnment  agit  de  la  manière  fuivante.  L'air  qui  enue 
par  le  tuyau  c  d  ,  pafle  ï  travers  l'eau  modércment  chaude  ,  %-^  charité 
de  la  vapeur  aqueufc  ,  &:  entre  enfuiic  par  le  tuyau  L  i  ^  ,  dans  les 
imumons  du  malade  ,  qui  peut  jettec  l'expiration  par  le  même  tuyau; 
parce  qu'alors  l'air  fonanc  par  la  foupape  /  ^ ,  avec  quelque  partie  de  la 
vapeur  cluude ,  &  fe  rcpandam  entre  les  draps,  fervira ,  au  bout  de 
quelque  tcms ,  à  cxcitet  le  malade  à  une  tranfpiration  falurairc.  On 
doit  continuer  cette  opération  pendant  to  minutes ,  ou  une  demi- 
heure.  Si  la  roux  eft  récente  ,  on  ne  manque  pas  de  fe  trouver  fou- 
lage ,  &  tout-à-fait  guéri  le  jour  fuivani.  Mais  fi  la  toux  eft  an- 
cienne, alors  il  faudra  continuer  ce  remède  pendant  quelques  nuits 
de  fuite. 

Quand  on  voudra  faire  ufage  du  rcfpirauur  ^  TAuicur  confeille  de 


•>^ 


SUR  VniST.   NATURtllE  ET  LES  ARTS,      iiy 

prendre  quel qii'opî ace  j  d'heure  avant  de  fe  coucher ,  coaime  im  re- 
mctJe  concomitant  pour  obtenir  la  gucrifou  de  la  taux.  Eu  conféqucnce, 
il  prefccit  environ  j  dtagmes  -  ou  )  petites  cuilietécs ,  comme  celles 
qu'on  ufeen  prenant  le  ilic)  de  ViUxir  Parcgoricum  pour  les  adultes;  une 
pour  les  enfans  moins  de  5  ans:  &  deux  pour  ceux  entre  cet  âge  6c  les 
dix  ans. 

Le  titre  du  livre,  dont  j'ai  extrait  cette  relation  ,c([.:  A  radical  &  e.\- 
pédmous  cure  for  a  /tant  tautrrhous  cough  ,  hy  J,  AJtidge ,  F.  R.  5.  &c. 
London^  1778,  in-S.  Le  Ledeur  y  trouvera  un  grand  nombre  des  dif- 
cuflîons  théotiques  fort  ing^mcufes ,  &  des  obfcrvacions  très  -  utiles 
dans  la  pratique.  Entre  les  dernières,  je  ne  puis  omettre  celle  du  lx)n 
effet  qu'il  a  vu  dans  les  crachemcns  de  fan^  ,  ctndans  à  la  fièvre  hé- 
rique,  en  faifant  prendre  au  malade  une  demi-dragmedcnitre  dans  un 
verre  d'eau  ,  deux  ou  trois  fois  par  jour  :  &  daiis  la  toux  sèche  &  fati- 
gante ,  des  pillules  faites  de  gomme  ammoniaque  avec  quelques  gouttes 
de  Laudanum  ,  prifes  avant  aller  coucher,  je  fouluitc  que  ces  remèdes 
ne  foieut  pas  oublies  par  ceux  de  la  Faculté,  encre  les  autres  qu'on 
connoîc  propres  i  ces  maladies  \  parce  que  j'ai  plus  de  conHance  aux 
remèdes  auiotifcs  par  lobfervation  bien  conftarce  ,  qu'à  tous  les  au- 
tres qui  n'unc  en  leur  faveur  que  l'aucoritc  &c  la  théorie  de  ceux  qui 
les  ordunncnc. 

P,  S.  M.  Mudge  parle  d'une  expérience  qu'on  peut  faire  avec  le 
rtfpiratturj  mais  que  je  n'ai  pas  grande  envie  de  repérer,  11  dit  que 
pour  fe  convaincre  que  la  toux  catharrale  provienc  d'avoir  refpiré  uti 
air  froid  &:  humide,  il  n'y  a  qu'à  faire  ulage  du  refffiramtr  avec  de 
l'eau  froide.  Car  on  ne  manquera  pas  d'exciter ,  par  ce  moyen,  cette 
cfpèce  de  toux. 


LETTRE 


Dt  M.  Cbabert  de  VOratotre ,  aux  Auteurs  de  u  Recueil, 

iVlE  promenant  dans  un  jardin  d'une  de  nos  maifons ,  j'apperçus  fur 
une  rofe  que  je  venois  de  cueillir,  une  petite  chenille  ou  un  petit  ver 
blanc.  Rentre  dans  ma  chambre ,  je  mis  ce  petit  ver  fur  une  ibucoupe 
couverte  d'uiv  gobelet:  je  le  confervai  dans  cet  état  pendant  huit  jours, 
en  lui  donnanr  pour  nourriture  des  feuilles  de  rofe.  Au  bout  de  ce 
tems-là  l'animal  difparuc ,  je  ne  fais  comment.  Je  m'avifai  de  jettet 
quelques  goutces  d'eau  fut  ceruins  petite  corps  globuleux  j  &  fcmblaoles  à 


1x9    ' onsEnrATioNS  SUR  la  pnrsiQus, 

des  graines  de  navettes;  j'apperçus  quetqiie-tems  apr^î  une  belle  cou- 
leur de  ciiron.  Ces  petits  corps  me  parurent  ccre  les  excrémens  de 
mon  infeAe.  Faute  d'indrumenc  je  ne  pus  me  procurer  des  con- 
uoilljnces  plus  dct:tillées ,  ni  fut  Tanimal ,  ni  Air  \i  nature  des  coips 
cil  quedion.  Si  mon  obfervation  mcricoit  d'être  fuivic ,  je  fuis  pec- 
fuadc  qu'entre  vos  mains  elle  auroîc  tout  le  Iulccs  puHîblc. 


O  B  s  E  R  r  A   T  I  O  N 

Sur  l'eifet  du  Scarabé    méloé  dans  la  Rage  ; 

Par   M.  RoMME. 

V  oici  un  fait  trcs-bnn  iconnoîcre,  puifqu'll  fait  fentir  la  nccefliic  de 
bien  dofer  le  remède  des  Scarabcs  contre  laRaee  ,  combien  il  eft  im- 
portant de  ne  pas  s  ccarter  de  la  préparation  &  des  dofes  d'un  remède 
vraiment  iutctelTant,  telles  que  l'indique  M.  Audry ,  dans  Tes  recher- 
ches fut  la  Rage.  Ce  fait  eft  extrait  des  Annonces  Littéraires  de  Goet- 
tinguc  4^^.  feuille  du  1 4  Novembre,  Art.  Hanovre.  «>  Le  Scarabé  méloé 
*}  recommande  comme  un  remède  efHcace  contre  la  morfurc  des  chiens 
»  enragés,  pris  en  entier,  pat  un  garçon  de  (\x  ans,  l'a  tué  villblcment^. 

Ce  fait  examiné  âc  conftaté  juridiquement  mérite  d'ctte  connu  dans 
un  plus  grand  détail. 

»>  Cet  infeAe  concatîé  &  mis  dans  de  Teau-de-vie  fut  pris  ainfi  pat 
»  l'enfant,  qui  bientôt  après  fut  attaqué  d'évanouifTemens,  d'angoiCfes  , 
)»  de  colique ,  convuliions ,  Tueurs  froides  &  faignement  de  nez ,  pille- 
»>  ment  de  fang;  l'explotîon  fut  même  fi  générale,  que  le  fang  fortoic 
»  par  les  pores  de  la  peau,  Se  qu'il  en  rendoit  par  les  fellcs  *  tous  ces 
M  accidcns  ont  continué  jufqu'à.  la  mort ,  It  on  en  excepte  l'efpàce  de 
w  ilicur   de  fang.  11  mourut  au  bout  de  huit  jours. 

»»  A  l'ouvcrtiire  du  cadavre  ,  on  trouva ,  outre  plufienrs  altérations 
Il  qui  n'ap[Ait[icnnent  pas  au  cas  préfent ,  de  petites  taches  fanguines  fous 
»  Tcpiderme;  les  reïns  &  toutes  les  voies  urinaires  étoienr  enflammes 
»  &  remplis  d'un  fang  noir,  les  inteftinsprès  des  reins  éioientcgatcment 
n  enHainmés.  On  voit  que  ce  remède  a  une  manière  d'agir  aufli 
Mji^ive  que  les  caucharides  &  â-peu-près  identique  c 


MÈM  OIRE 


SURVUrST.  NjiTfTRELlE  ET  lES  ARJS.    lAjjt 


MÉMOIRE 


-J> 


■t  ■    .      *  1       II \     <:       \i.r     \U 

Sur  la  mC-thodc  fingtiUèrc  de  guérir  plufîcurs  maladies  pa^ 
l'Emphysimc  artificiel; 

Par  M.  G  ALLAS  DAT  y  de  plupturs  Académies  ^  Démonjlrateur  d'Ana-] 
tomie ,  de  C'ilrurgu  6*  dt  l'Art  des  Accouchemcns ,  à  FUjJîague. 

XL/eroît  ^  fouhaifer  qac  le? gens  éclaires  tjmvbyagéht'dansTespay^^ 
étRmgers ,  &  fur-rout  ceux  qui  y  vont  pour  exercer  l'Atc  de  gnerir  , 
fiïîènc  une  attention  prirticuhère  aux  diftcreas  moyens  que  les  cens  du 
pays  mettent  en  ufage  pour  opérer  la  gaciifon  dos  maladies  qui  régnent, 
&  qu'après  en  avoir  acquis  une  connoilfance  exafte ,  ils  en  fifTenr  pan 
au  public.  Ce  fcroit  fuivre  le  confeil  du  père  de  l.i  médecine,  qui  nou$ 
recommande  de  n'avoir  aucune  liante  d'apprendre  des  gens  du  commun , 
des  chofes  aui  peuvent,  quoique  trèsnmples  en  apparence /donner 
Heu  à  faire  des  accouvertes  importantes  dans  l'Art  ae  guérir.  L'Inocu- 
lation de  1.1  petite  vérole ,  dont  nous  fommes  redevables  aux  Circafliens  , 
&  l'ufage  cUi  quinquina  que  nous  avons  appris  des  fauvagesdu  Pérou, 
font  des  preuves  bien  frappantes  de  l'utilité  du  confeil  que  ce  grand 
homme  nous  a  laiiré.  En  cffer ,  la  plupart  des  meilleurs  remèdes  ont 
été  découverts  par  des  j;ens  qui  ignocoient  abfolumcnt  les  règles  5c  la 
théorie  de  l'Art.  Il  ne  faut  pas  s*en  étonner  ;  l'expérience  a  été  6c  fera 
toujours  chez  tous  les  peuples  te  meilleur  des  Maîtres.  La  Vraie  chéo-' 
rie  de  TAct  de  guérir  n'eft ,  dans  bien  des  cas ,  qu'une  conféquence  de 
l'cxpcrience  ;  &  il  eft  trcs-rare  que  la  théorie ,  (ans  l'aide  de  quelque 
expérience  antérieure,  reponde  k  tous  ép.ards  à  la  pratique. 

Je  me  propofe  de  fiirevoir  dans  ce  Mémoire,  qu'il  ne  faut  pas  tou- 
|ours  rcjetterla  m-inière  de  guérit  que  de?  peuplés,  vivant  dans  la  fim- 
pUcicé  &  la  baflefle ,  mettent  en  ufage.  Parmi  les  peuples  que  l'on  ap- 
pelle Sauvasses ,  les  habitans  de  la  Guinée  font  gcnéralem«nc  reconnus 
ftour  tels.  Cependant  la  plupart  des  voyageurs  qui  ont  eu  occafioii  de 
es  voir  de  près ,  atteftent  qu'ils  pofsèdent  nlulieurs  remèdes  falutaires 
qui  nous  font  inconnu?  \  èc  le  Chevalier  des  Marchais  nous  apprend 
<|u  ils  ont  parmi  eux  des  Médecins  &  des  Chirureiens ,  qui ,  fans  cçrc 
fcttrés  ni  gradués,  opèrent  pat  des  remèdes  fort  hmplcs,  dont  ils  ont 

Terne  Xiy,  Paru  IL  1779.  SEPTEMBRE.     Gg 


xj'^     '^^OBSERVATIONS   SUR    LA    PtiYStQUÉ^ 

foindecafclcT  le  ^e-fct>.4.cs^SUi^fi^*îîîî,*î"iP*'**^°*^^  fi\xe  honneur  à 
ncrBÇoRpes  d'Kiirope  (î).  "  "  '-'"  -"'-■*    ~' 

Ayant  nie  plurieurs  voyages  en  Giiintfe  en  qualité  de  Chîrurgien- 
M.ijoc  de  vailîenu, j'ai  eu  occafion  d'y  voir  traiter  pluficurs  maindics 
par  des  remèdes  qui  nous  font  inconnus'.  Celui  que  j'ai  vu  employer 
au  cap  ta  Hou  en    lyjp.cft  certainement  de   ce  nombre  ,  &  mcrirc 
pÈlïÇ-ûtre  autant  par  fa  (iiigularHc  que  par  fa  nouveauté,  l'attenrion 
des  cens  d«  l'Art.  Voici  de  quoi  il  s'agit.  Dans  les  marafmes  ,  hypo- 
condries ,  rhumatifmcs ,  &c.  quand  les  Chirurgiens  du  cap  ta   Hou 
voient  que  les  remèdes  ordinaires  font  admini(lrés  fans  fucccs,  ils  font 
pour'  guérit  leurs  malades ,  une  opération  que  j'appelle  infufîlatïon  ,  ou 
tmphyiimc  amfici'.K  Elle  mérite  ce  nom  à  juftc  titre  ,  puîfqu'ils  font  1 
une,  &  quelquefois  aux  deux  jambes  du  malade  ,  avec  un  inftrumenc 
rçaiichanc^uiTe,  incifion  à  la  peau  qui  pénètre  jufqu'au  riïTu  cellulaire* 
Au  moyen  de  certe  ouverture ,  ils  portent  un  tuyau  dans  le  tilfu  cellubite 
par  lequel ,  en  fouflant  >  ils  infumenc  autant  d'air  que  le  malade  peut  eu 
fupporter,ou  autant  qu'ils  le  jugent  à-propos,  l 'air  introduit  ac  cette 
manière  occasionne  bientôt  un  empjiysème  univcrfcl.  Enfuite  ils  retirent 
le  tuyau  de   la  plaie  ,  &  ils  la  referment  avec  un  emplâtre  agglutt- 
iiatif ,  compofc  de  plufieurs  gommes  &  refines,  &  un  appareil  conve- 
nable. Inimcdiatement  après  cette  opération  ,  ils  donnent  au  malade  une 
forte  dofe  d'une  potion  compofée  de  fucs  de  plantes,  de  jus  de  limons, 
de  poivre  de  Guuice  6c  d'eau-de-vie;  après   quoi  ils  font  courir  le 
malade  autant  qu'il  peut,  &  quand  il  eft  extrêmement  fatigué  ,  ils  le  font 
mettre  au  lit,  où  îl  elTuie  une  fueuc  copieufe.  Us  continuent  à  lui  don- 
ner trois  ou  quatre  fois  par  jour  une  forte  dofe  de  la  potion  fufditc , 
jufqu'i  ce  que  l'enflure  loit  palïce  &  que  le  malade  (c  trouve  guéri. 
L'enBure  ou  le  gonflement  occaiîonné  par  l'air  iniînué  dans  le  iilfu  cel- 
lubire  ,  commence  ordinairement  à  diminuer  le  itoificme  jour;  &  elle 
eft    totalement  dilTîpce  vers  le  neuvième  ,  dixième  &   onzième  jour. 
Quelquefois  le  Chirurgien  eft  oblige  ,  pour  obtenir  la  parfaite  gucrifon 
du  malade ,  de  faire  une  féconde  fois  TopcTaiion  ;  mais  cela  n'arrive  que 
très-raremenc 

Voilà  ce  qui  m'a  été  communiqué  au  fujet  de  cette  opération  fingu- 
lière  pat  un  Chirurgien  nègre ,  qui  l'avoir  fouvent  pratiquée  avec  beau- 
coup de  fucccs  ;  j'ai  vu  une  ncgreffe ,  le  lendemain  qu'il  lui  avoit 
fait  cette  opération ,   dont  tout  le  corps    (  excepte  la  plame  des  pieds 


(ODans  Tes  Voyages  tn  Gu'mit  publiét  pat  It  V.Lahat  ,Totk  I  ,  p.  iji.  Bof* 
mean  Befekryvinge  van  Guinit^  Dtd  »  p.  7,  eft  à-peu-prcs  dfl  infmc  a»is,  &  lo- 
cQmnUDdc  fort  U  rccberchc  de»»  foitcs  de  Kciacdcs. 


^ÇTH  l'TflST.  NATURELLE  ET  LES  JRTS:     iji 

&U  pomme  des  mains.)  écoit  encore  gonflé  pat  l'emphysème  univer- 
fel  :  &  lorfaue  j'en  couchois  quelque  partie,  j'eiiccndois  un  bruit  fem- 
blxble  d  celui  que  fait  un  morceau  de  parchemin  fec  quand  on  le 
prefTe  :  j'ai  parlé  d  plulieurs  nègres  i  qui  l'on  avoic  faic  depuis  lon^ 
rems  cecce  oi^ration.  Se  je  n'en  ai  vu  qu'un  feul  d  qui  on  ravoic^te 
pour  la  féconde  tois.  "^ 

Je  crois  que  cette  opcracion  a  cié  jufqu'à  prcfenc  inconnue  en' Eu- 
rope ,o»  du  moins  quetlen'y  a  jamais  tîtc  pratiquée. pour  guérit  ou 
pour  prévenir  quelque  niabdie.  Ce  crairemeni ,  après  l'opération  ,  % 
quelques  rapports  avec  celui  <lcs  Tanarcs,  fur-roue  la  manière  de  faire 
courir  &  fatiguer  le  malade.  Lorfque  les  Tartaresfe  trouvent  tHcommodc*, 
die  Je  Chevalier  de  Pohgnac,  on  fair  ouvrir  U  voine  à  un  cheval ,  Qc 
on  fait  boité  le  iànt^  tout  cluud  au  nulade  :  énfaite  on  fariguebeau- 
coup  le  makdc  ,  fuic  en  le  faifant  courir  aucanc  ^u'il  efb  potUble ,  ou 
bien  en  le  foifanc  galoppcr  d  cheval.  Locfquc  Chat  les  XU  étoicd  Bendcr, 
les  Sué.'ois  de  ia  fuite  n'ayant  point  de  Chirurgiens  pour  les  fecouric 
dans  leurs  maUdies,  tirenc  ufage  de  ce  remède  èc  s'en  aouvèrent  fort 
bien.        '-■•  -'■■  -■     -  .  ■  ■'-  ■''  ''"  '-  î"''^- 

L'op^cton  que  les  Scythes  avoient  coutume  de  fiire  aux  jumens 
pour  leur  faire  venir  une  plus  grande  quantité  de  lait,  a  beaucoup  de 
rapport  avec  l'emphysème  artmciel  des  nègres.  Hérodote  rapporte  $u 
commencement  de  fon  quatrième  livre,  intitulé  Mdpomtr/je  ^  xysiU 
prenoicnt  des  tuyaux ,  les  introduifoîent  dans  les  parties  génitales  des 
jumens,  $i  înhnuoicnc  l'air  dans  ces  parties  en  founlanc  avec  la  bouche. 
Cette  infuftVition  ,  difem-ilsj  fait  gonHer  les  veines  des  mammelles , 
Ôc  produit  une  fecrécion  abondante  de  lait. 

Qu'on  puitfe  introduire  de  l'air  de  dehors  en  dedans  ,  8c  enBec 
roue  le  tifiii  cellulaire,  c'ell  ce  qu'on  n'iî^nore  pas  :  bien  des  mendiaiis 
fe  font  atnù  des  maladies  effrayantes  par  l  afpect  ,  dans  le  dcllcin  d'atci-. 
rer  les  aumônes  des  palTansi  Hildanus  ,  entr 'autres ,  en  rapporte  un 
exemple  ftngulier,  cent.  111.  Obferv.  i3.  Les  Bouchers  ufent  du  mcme 
ariitice  pour  donner  à  leurs  viandes  un  cOiip  d'rcïl  féduifant.  Les 
payfans ,  au  rapport  de  M.  Maucharr  »  (  i  )  fe  fervent  quelquefois  du 
même  moyen  pour  engraiffer  en  peu  de  rems  les  bœufs  qu'ils  veu- 
lent vendre  ,  ou  pour  tirer  de  leurs  vaches  une  plus  grande  quantité 
de  lait.  Us  font,  comme  il  l'a  appris  d'eux,  une  ouverture  à  U  peau, 
&  cette  ouverture  pénètre  jufqu'au  iiLlu  cellulaire  \  après  y  avoir  infmué  un 


.- 1 


(i)  Di^ertatîo  Meiiîca  it  Èmphyfimau  <juam praJÎJe'Jo.  jifitr.  SchultrePP,  tâe- 
hatur  Car.  Chrifi.  Pufch.  Lignucnjîs.  Hatoe,  menf<  Septensiirî  »  unno  177  j.  Elle  le 
trouve  dam  Hallcr,  CoIIclL  Tire(.  Med.  Chirarg,  Tomi  il ,  Se  dans  Je  mfincOuviage 
réJ'gc  CD  fuD^oU,  Tom.  I ,  p.  171, 

SEPTEMBRE,    Ggi 


1^%      OBSEKrATlONS  St/R  LA  PHYSldUE, 

-peu'idatr,  iU  ki-refermenÉ  eiifuitc.  Les  deux  oa  trois  jours  qui  fut- 
vent  cette  opération  ,  r.mimnl  uft  trifte  &  comme  malade  ;  mais  I& 
gaieté  8c  t'appctit  lui  revieniieuc  ^  en  fix  fcmaiiies  il  engraille  prodîgicu- 
iemenu^  {i)lA  même  opération  faite  i  une  vache  lui  fait  donner  une 
plus  grande  quancitc'  de  lait  :  il  y  a  tout  lieu  de  croire,  dit  M. 
Mauchart,  que  l'air  infinuc  de  cette  façon  ,&  déployant  fon  relTorc, 
«xcite  &.  provoque  les  fccrccloas. 

i  je  conclus  de  ce  que  je  viens  d'alléguer,  i°.Que  quoic)iie  les  Auteurs 
ne  falTènt  pas  mention  de  l'cmphyscmc  anïiiLÎel ,  dans  leurs  traites 
des  opérations  Chirurgicales  ,  il  n'cfl  pouttant  pas  tout-à-fait  inconnu; 
1°.  Que  cette  opération  ncft  pas  fort  aoulouteufc ,  (  i  )  ni  dangereufe , 
piiifqu'il  n'eft  pas  prob;:ble  que  les  mendians  qui  font  ufiige  de  cet 
nniiîce ,  voululleut  fe  foumetitc  ^  de  grandes  douleurs  ;  &  quc.Jî  elle 

fûojci  dangereufe  »  Ic^  payfaiis  n'y  nfqueroienc  pas  leucs,  belltaux.; 
5^!  Qu'elle  eft  d'une  grande  utilité  pour  engrailler  les  bœufs  &  pour 
faire  donner  a^x  vaches  une  plus  taraude  quantité  de  laït^  4".  Que  G 
cette  opération  ell  d'une  grande  utilité  dans  ces  cas  ,  parce  que  l'air 
inHnué  de  cette  façon  ,  en  déployant  fon  relTort,  excite  &  provoque 
Jcî  fécrétionSj  on  a  tout  lieu  de  croire  qu'elle  peut  être  mile  dans 
plufieurs  maladies  qui  attaquent  le  corps  humain  «  &  que  par  confé- 
queoc,  elle  mcciie  l'attention  de  ceux  qui  exercent  l'Art  ae  guctic 
■  On  m'objectera  peut-être  que ,  quoiqu'il  foit  très-aifé  de  concevoir 
la  facilite  que  l'on  a  d'introduire  l'air  infuftlc  dans  les  plus  petites  par- 
ties du  corps,  i  raifou  des  cellules  grailTeufes  qui  répondent  les  unes 
aux  autres,  il  fera  toujours  très- difficile  d'expliquer  comment  cet  air 
introduit  procure  la  gaérifon ,  d'autant  plus  que  les  malades  attaqués 
d'erapKyséme  uiiiverfelvà  l'occsUiain  de  quelque  plaie  au  poumon,  en 
font  ordinairement  motts.  l.'infufflation  ,  au  lieu  d'exciter  &  de  faci- 
liter les  féccétiuns ,  pourra  au  contraire  les  fufpendre.  L'air  introduit 
dans  toutes  les  petites  cellules,  efl  un  corps  étranger  qui  doit  nécef- 
fairement  faire  diminuer  toutes  les  fécrécions  ,  ralentit  la  circulation, 
gêner  toutes  les  fondions,  &  par  conféquent  caufer  ta  mort,  comme 

lOn  peut  le  voir  par  des  obfervations  de  M.  Littce,  inférées  dans  les 


(i)  X7h  de  mes  Am'ts  cpii  n'dl  oi  M^<leein,  ni  Chirurgicti ,  m'a  auffî  a/Tur^  que 
cctrc  mcmc  médiode  d'cngraîflêr  les  bccufs ,  (cpraticjuc  dans  quelques  conirécs  ét^ 
DAuemarck. 

(1)  Elle  cfl  certainement  bien  moins  douloureulc  que  la  cauc^rifadon  8c  l'applica- 
tion du  Moxa  rccommuitt^  coiiirc  les  douleurs  aacicnnet  8c  opiiûàtrcs .  contre  la 
eouite ,  &  auxquelles  rluficiirs  pcrtbitnes  fe  font  foitm<''es.  M.  Poutcau  %  dws  un  livre 
ianculé  Mè/anges  de  ChirurgU ,  a  fon  pt^conifé  cette  tnanicic  ic  brûler  qu'il  vou- 
dtoit  remettre  eu  vogue:  ccnaincmmt  l'emphysème  artificiel  n'cft  aura  pas  les  incoa- 

^  i. 


Sl/R  VNIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     i>^ 

Mcmoires  de  l'Académie  Royale  des  Sciences  de  Paris  ;  par  celles  de 
Bartholin  ,  dius  fcs  Hifiouts  Armai,  rar, ,  &  de  plufieurs  Auteurs 
célèbres. 

Je  reponds  a  cettô  objeftion  fpécieufc ,  que  je  n'ignore  pas  que  les 
grandes  plaies  du  poumon  fonc  abfolumenc  mortelles  ,  quoique  d'un 
autre  côté  on  trouve  aurti  dans  les  Auceurs,  des  obfervations  qui  montreoc 
que  des  plaies  au  poumon  ont  éc^  guéries^  mais  elles  ctoienc,ou  légères» 
ou  i  portée  d'&tre  panfces  par  un  Chirurgien. 

Dire  que  l'empliyscme  univerfel  eft  la  caufe  de  la  mort  de  ces  malades  » 
c*e(l ,  a  je  ne  me  trompe ,  confondre  l'effet  avec  la  caufe  :  car  Temphysèmc 
furvcnu  en  conféqactice  de  quelques  blelfures  au  poumon  ,  ncft  qu'un 
fympcôme  occafioniic  par  la  Icllon  de  cet  organe.  Si  l'oit  veut  fe  donner 


la  peine  de  feuilleter  les  Auteurs ,  on  trouvera  des  cas  de  malades  guéris 
(l\in  emphysème  furvenu  en  confcquence  d'une  plaie  légère  au  poumon, 
&  il  y  a  peu  de  Chirurgiens  d'armée  qui  n'aient  vu  de  pareilles  guéri- 
fonsid'où  il  réfulte  que  ces  malades  ne  font  pas  motcs  de  l'emphysème, 
mais  de  la  plaie  au  poumon.  AulVi  le  favant  M.  Van~SM'tetenAMdM\%  fes 
Commtntains  fur  la  Aphonfmts  de  Boerhawc  :  >»  Lorfqu'à  la  fuite  d'une 
»  plaie  à  la  poitrine  ,  le  malade  meurt,  &  qu'aptes  l'avoir  ouvert,  on 
*i  trouve  le  poumon  blelfé,  on  a  raifon  de  dire  aux  juges  que  cène  plaie 
»  a  été  U  caufe  de  fà  mort,  quoique  des  plaies  au  poumon  aicut  été 
»  quelquefois  guéries". 

Que  l'emphysème  univerfel  &  artificiel,  opéré  fuivant  la  méthode 
des  Nègres ,  ne  foit  pas  mortel ,  c'eft  une  choie  dont  chaque  perfonne 
peut  fe  convaincre  pat  des  expériences  inconteftables  fur  les  animaux: 
je  les  ai  répétées  plus  d'une  fois  en  mon  particulier ,  &  en  préfence  de 
plufieursgensde  l'Art, 8c  je  nefuispaslefeuhundemesamis  fM. Nègre, 
célèbre  Chirurgien  6c  Accoucheur  à  Middelbourg,  )  qui  n'c toit  point 
du  tout  de  mon  opinion  fur  cette  opération ,  en  a  auHi  fait  plulleurs 
expériences  fur  des  chiens ,  &  ce  n'eft  qu'après  des  faits  bien  conlbcés 
qu'il  a  change  d'avis.  Voici  ce  qu'il  me  marque  fur  ce  fujet. 

»  Je  fuis  aduellement  d'un  autre  fentimeiu  que  je  n'étois  avant  que  je 
M  n^eulfe  fait  les  deux  expériences  de  l'infutHatlon  ;  comme  mes  propres 
»  expériences  m'ont  convaincu ,  il  faut  bien  erre  du  vôtre  :  cette  opération 
p  pourra  devenir  utile  au  gente  humain  ;  mais  elle  exige  encore  du  tems 
»  avant  que  d'ctte  en  vogue.  Pour  vous  dire  vrai  ,  dans  le  commence- 
»  ment  je  craignois  fort  pour  la  réuflîte;  mais  aduellemcnt  >  fi  j'avoïs 
ooccaïion  de  la  mettre  en  ufage,  je  n'autols  pas  peur  de  la  propofer  le 
»  premier  «.  Et  dans  une  autre  lettre  :  »  Je  viens  de  faire  pour  la  troi- 
w  fièmc  fois  l'expérience  de  l'infuftUtion  fur  les  chiens,  qui  a  été  le  fufer 
»  d'une  féconde  expérience.  J'ai  fait  la  plaie ,  comme  à  l'ordinaire,  avec 
»>  un  blftoud,  après  quoi  j'y  al  introduit  un  foufflet,  (parce  que  je  nVvois 
pas  atfez  d'air  dans  mes  poumons  pour  pouflèr  l'infufHation  jiifqu'au 


1J4       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 


pour  s'échap- 

»  per ,  &  il  ne  faifotc  aucun  cri.  Le  Teul  lien  donc- je  me  luis  fervi  écoïc 

j»nion  mouchoir  autour  de  fa  cëce  pour  lut  couvrir  les  yeux  \  Tes  pattes 

«ctoient  libres  ;  d'où  il  réfulte  que  rinfufïlacioti  n'eft  pas  douloiitoufe; 
r.  ^ri-  PI..:,    v : i ._  c:- c jtli^ ^i  \ 


—    .-    ,^  --    -.--_ —    —   j j  —  /  r  I 1 

fiOlura  de  la  table  fur  laquelle  je  l'-ivois  mis,  avec  une  viv;icitc  furpre- 
ï>nante.  tl  Il^cIi.i  U  plaie»  après  quoi  je  lui  donnai  une  tranche  de  pain 
»  qu'il  niange.i  dans  rinftanr,&  enfuite  une  ccucllce  de  lait  qu'il  a  d'abord. 
t>  avalée.  Après  tout  cela,  je  l'ai  fait  aller  dans  la  rue,  où  il  couroit,  fans 
i> difficulté,  aprcs  les  autres  chiens,  mais  il  Te  fecouoit  fort  fouvenft 
«ïvoilijcn  abtccéjle  rcfultac  de  cette  expérience  :  je  ferai  charmé  fi 
«  elle  peut  aider  à  juftifiec  cette  opération. 

Apres  le  détail  de  cette  expérience  »  il  feroit  fuperflu  d'en  rapporter 
d'autres.  11  fuffit  de  faire  remarquer  que  dans  toutes  les  épreuves  que 
M.  Nègre  &  moi  avons  faites  fur  dts  chiens,  le  gonflement  occalîonné 
par  la  préfcncc  de  l'air  contenu  dans  le  tiffu  cellulaire  de  tout  le  corps, 
a  commencé  à  diminuer  le  troificme  jour,  &  qu'il  a  été  :out-à-faic 
diOîpé  le  onzième  jour  après  l'opération. 

Quant  i  la  difficulté  d'expliquer  comment  l'air  introduit  par  lin- 
fufflation ,  fuivant  la  méthode  des  Nègres ,  produit  la  guérifon  ,  elle  ne 
me  paroît  pas  grande.  Voici  comme  je  conçois  les  bons  offices  de  cette 
opération.  ////?.  1771.  IL'air  élaftique  infinué  dans  le  tiiru  cellulaire  com- 


fang;  ce  qui  doit  nuffi  provoquer  les  fecrétîons  &:  les  rendre  pins  abon> 
dantes.  Cette  explication  me  paroît  trop  fimple  &  trop  plaulible  pour 
n'être  pas  Li  vraie.  Auffi  n'ai-;e  pas  balancé,  d'après  ce  raifonnemenc 
&  les  expériences  ci-deflus  mentionnées ,  de  confeiller  i  plutîeurs 
Chirargiciis  de  vailTeaux  qui  vont  en  Afrique ,  d'en  faire  des  épreuves 
fur  des  Ncgrcslorfi^ucroccanons'enpréfemeroit;  &  j'atcularatisfjÛion 
d'apprendre  que  cette  opération  a  été  faite  avec  tout  le  fuccès  pcllibte 
iun  Nègre  en  iri^j  ,par  M.  Takkember,  Chirurgien -Major  davailleaa 
de  Chrillophe  >  à  la  rade  de  Malembo ,  fut  la  côte  d'Ans^oia  ,  en  Afrique* 
Voici  le  précis  de  cette  obfervation ,  qui  eft  inférée  dans  les  Mémoires 
de  U  fociété  Hollandoife  des  Sciences  établie  à  Harlem  ,  Tome  VIII. 

p.ut.  n. 

Un  jeune  Nègre ,  âgé  d'environ  dix  ans ,  fe  plaignit  le  itf  Avril  17*3 


SUR  VSiST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      x^ 

d'un  mal  tic  tèce   accompagné  de  toux,  fièvre,  &  dune  refpiration 

cÈncc  \  M.  TakJcemberg  crue  que  le  malade  ctoit  attaqué  »  fino»  d'une 

vraie, au   moins  d'une  fauCTe  pleurcHe.  Il  le  faigna  deux  fois,  &  lui 

adminiflra  les  cemcdes  que  l'An  prefccic  dans  ces  focies  de  maladies , 

qui  firent  diminuer  la  fièvre  >  le  mal  de  côté  &  l'embarras  de  la  poictine; 

mais  le  malade  fe  plaignit  après ,  que  les  douleurs  fe  rcpandoieiic  pat 

tout  le  corps  \  il  lui  fit  faire  ufage  des  remèdes  indiques  en  pareils  cas. 

1^  malade  fut  attaqué  le  troifième  jour  d'un  roidi(rement  contre-nature, 

qui  fe  répandit  Se  fe  fixa  par  tout  le  corps  6c  dans  les  extrémités.  Les 

remèdes  mternes  &  externes  furent  adminilVtés  félon  les  règles  de  l'Art  j 

les  bains,  les  vélîcatoires ,  tes  fripions  &c  les  linimetis  convenables  ne 

furent  pas  oublies,  mais  fans  procurer  le  moindre  foulagement;  au 

contraire ,  !e  toidiiïèment  prit  tellement  le  deifus  Se  augmenta  au  point, 

que  le   malade  ne  pouvoir  plus  faire  ufage  des  remèdes  internes  ^  i 

peine  pouvoit-il  fucer  un  peu  d'eau  entre  les  dents  fermées  j  tout  fou 

corps  devenu   rigide  Se  inflexible,  retTembloit  à  uu  cadavre  gelé; la 

parole  devint  inintelligible  ,  les  lèvres  fe  couvrirent  d'une  croûte  otune, 

ôc  ce  qui  découloîc  ae  fa  bouche  avoit  une  odeur  cadavéreufc. , 

Tel  ctoit  l'état  de  ce  Nègre  le  ap  Avril ,  treizième  jour  de  fa  maladie; 
on  le  crut  perdu  ,  &  le  Capitaine  du  vaiffeau  trouva  fort  ridicule 
lorfque  le  Ciiinirgien  lui  demanda  la  permiition  de  faire  l'épreuve  de 
l'emphysème  artihciel  à  ce  mourant  j  cependant ,  après  lai  avoir  fuit 
obfetver  qu'il  n'y  avoit  rien  à  rifquer,  Se  qu'il  valoir  mieux  employer 
un  remède  incertain  que  de  ne  rien  faire ,  fa  demande  lui  fut  accordée. 
£n  confcqucnce ,  il  fe  fit  d'abord  faire  un  tuyau  de  cuivre  armé  d'une 
embouchure  de  bois  à  un  bout  Se  rondelet  à  l'autre.  Après  avoir  place 
le  malade  (qui  depuis  cinq  jours  n'avoir  rien  pris  qu'un  peu  d'eau) 
d'une  manière  convenable  pour  faire  ropéraûon  ,  il  tir  une  incifion 
proportionnée  au  calibre  du  tuyau ,  dans  la  partie  moyenne  Se  interne 
de  la  jambe  ;  Se  ayant  introduit  te  tuyau  environ  deux  travers  de  doigt 
fous  la  peau ,  dans  te  tilfu  cellulaire  ,  il  commença  â  fouftler  en  ferrant 
en  mcme-tems  les  bords  de  la  plaie,  avec  les  doigts,  pour  empêcher  l'aie 
de  rertbrtir.  On  voyoic  lair  sinfmuer  en  fiifant  de  petites  oofîcs  dans 
lefquelles  on  pouvoit  fentir  Se  remuer  l'air  infufflc.  tn  continuant  à 
^oufflet,il  vint  à  bout  de  faire,  non-feulement  que  la  jambe  jufqu'aux 


emplâtre  ,  une  comprelfe  Se  une  bande  afTez  ferrce  pour  emp&cher  l'aie 
de  fortir.  Une  heure  après  l'opération ,  le  malade  commença  à  revivre; 
il  demanda  un  fi^uit  nommé  Banant ,  qu'il  fuça  entre  (e^  dents ,  &  le 
lendemain  il  fe  trouva  en  état  d'ouvrir  la  bouche.  Comme  il  fe  plai^oit 
d'uae  crudité  de  poitrine,  on  lui  fit  prendre  plufieurs  jours  de  fuite  un 


ijtf      OBSERVATIONS   SUR   LÀ  PHYSIQUE^ 

/i/i^us  ou  /ohoc  pérorai  \  r.ipjrctic  revint ,  la  rigidité  des  membres 
diminua  à  niefure  cjite  rempnyicmc  fc  diflipoit ,  5c  le  malade  reprit 
en  mîime-tenîs ,  au  grand  ^connement  des  gens  de  l'équipage ,  fa  fîînté 
&  fon  embonpoint  ;  il  a  été  vendu  à  Surinam  en  bon  eut  6c  à  bon  prix. 
J'ai  appris  que  ce  Nègre  vivoit  encore  en  1769. 


j'ai  parlé  k  pluHeacs  peifonncs  de  l'équipage  qui   ont   été    témoins 
oculaires. 

Je  fais  AuHî  de  bonne  part ,  que  cette  opération  a  été  faîte  depuis 
ce  temS'U  i  deux  Nègtes  à  bord  du  vailTeau  qui  efl  arrivé  ici  l'an^ 
liée  177 1 ,  mais  je  n'en  ai  pu  avoir  le  détail ,  attendu  nue  le  Chi- 
rurgien qui  l'a  faite  eft  more  quelque  tems  avant  l'arrivée  du 
vain'eau.  Tout  ce  que  j'en  ai  pu  apprendre  des  gens  de  l'équipage, 
ced:  qu'elle  a  très -bien  réudt  à  un  Negtc  attaqué  de  matafme  ,&  que 
le  ftijct  a  qui  on  a  fait  l'autre  opération  cioic  fcorbuiiquc  ,  Se  qu'il  ult 
mort  jquclques  jours  après  l 'iafuHlation. 

Ces  faits  ,  qui  font  autant  de  preuves  décîfives  qui  étabUlTênt  la 
poflîbitité  de  l'opération ,  ne  doivent  cependant  être  regardés  que  comme 
des  matériaux  encore  bruts,  ou  comme  des  maffes  informes  :  des  expé- 
riences multipliées  pourront  feules  fixer  nos  doutes  fur  l'efficacité  de 
cette  nouvelle  méthode  j  ce  n'efl  que  du  tems  qu'elle  peut  attendre  ce 
oui  lui  manque,  comme  par  exemple  de  pouvoir  déterminer  la  quantité 
d'air  qu'il  faut  inlînuer  dans  le  tuTu  cellulaire  .  attendu  qu'il  v  a  toute 
apparence  que  cela  doit  varier  fuivant  la  maladie ,  l'état,  le  tempérament» 
1  iu;e  &  les  forces  du  malade;dViIleurs»il  eftà  préfumer  qu'une  perfonne 
eft'  plus  facile  à  iiifuftler  que  l'autre  \  que  l'exercice ,  après  l'optration  ,.eft 
d'une  grande  utilité ,  &  que  lorfqu'il  ne  peut  pas  avoir  lieu ,  on  pourcoic 
peut-ctte  y  fubftituer  les  friclions  chauaes,  &c. 

Malgré  ces  doutes ,  il  me  femble  que  l'on  peut  conclure  de  tout  ce 
que  je  viens  de  dire  dans  ce  Mémoire ,  que  Vemphysème  aalâciel  ctt 
une  opération  chirurgicale  qui  mérite  l'attention  des  gens  de  l'Art.  C'ell 
une  nouvelle  rcfTource  qu'on  pourroit  employer  en  Europe  dans  pludcurs 
maladies  chroniques ,  &  dans  celles  dont  le  tlifu  cellulaire  eft  le  fiéçô. 
Son  efficacité  dans  le  marafme  femble  ctre  prouvée,  tant  par  l'engraif- 
femenr  des  animaux  à  qui  l'on  a  fait  cette  opération  ,  que  par  le  bon 
fuccès  qu'elle  a  chez  les  Nègre  j  il  y  a  coût  lieu  de  croire  qu'elle  eft 
très-propre  à  guérir  les  a^ecVions  thumacifmales  ,  en  particulier  dans  la 
fciaiique  &  dans  les  cas  où  l'humeur  rhumacifmale  eft  llxéc  dans  quelque 
«udroit:  quoique  cette  humeur  foit  un  fluide  d'une  nature  qui  nous 
eft  encore  inconnue ,  nous  pouvons  préfumer ,  comme  le  remarque 
M.  Pouieau  j  qu'elle  eft  d'un  caraikcte  acre ,  &  même  quelquefois 

cauftique  j 


SUR  VniST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS.     157 

feioftique  ',  il  n'eft  pas  cîoatcux  cju'ell*  eft  hors  des  voies  de  la  cïrculacion, 
piiifcjirelle  refte  hxéc  dans  le  mcme  endroit;  elle  n'eft  pas  dans  les 
vaiileaux  ,  mais  répandue  dans  le  titfu  cellulaire.  Cette  hmiieur  devient 
'plus  acre  lorfqa'elle  eft  fixée  dans  le  même  endroit ,  que  qu»nd  elle 
eil  errante,  tant  par  fa  ftagnation  que  parce  quVIIe  eli  raffemblée  daru 
un  moindre  cfpacc  :  alors ,  fon  impreftion  acrimonieure  irrite  les  hbrilles 
tiervcufes ,  &  caufe  de  cruelles  doulears  ;  cette  même  iniprcftîon  fur  les 
cellules  que  cette  humeur  occupe,  en  affoiblir  la  cantcxture  &:  les  met 
hors  d'crat  de  fe  dcbarrafTer  de  cc  fluide  étranger.  Or ,  dans  ce  cas  , 
l'emphysème  arriHciel  me  paroît  être  un  moyen  eftîcace  pour  aider  la 
nature  i  fe  dcbarraflcr  de  ce  fluide  rhumacifmal,  en  provoquant  les 
fécrétions  par  les  méchanifmes  que  j'at  expliqués  ci-devant^  &  rexpcrience 
faite  par  M,  Takkembtrg  à  ce  Nègre  ,  ï  qui  tous  les  autres  remèdes,  que 
l'Art  prefctît  ont  été  infruftueux ,  fembie  prouver  ce  que  J'avance. 

Puiiîent  de  nouvelles  expériences  diriger  nos  doutes ,  &:  nous  faire 
connoitre  toute  refficacitc  de  cette  nouvelle  méthode. 


EXTRAIT 

Des  Rcgijîrcs  de  V Académie  Royale  des  Sciences 
du  ^o  Juin  tyy^' 

\  /AcAptMTS  nous  a  chargés  Mrs. Motand,  Portai  flc  tnoi  >  de  lui 
rendre  compte  d'un  accident  arrivé  le  16  Avril  dernier,  dans  une 
folîè  d'aifance  i  Narbonne  ,  dont  la  relation  lui  a  été  envoyée  le  j 
Mai  par  M.  de  Marcorelle  ,  fon  Correfpondant. 

Près  du  rempart  de  Narbonne ,  eft  une  maifou  appellée  le  Luxent' 
bour^  ,  où  ,  dans  un  des  angles  d'une  cour ,  croit  une  grande  (o^q 
d'aifance  j  outre  les  matîcccs  cxcrcmcntiticlles  qu'elle  conténoii,on 
y  avoit  jette,  depuis  long-tems ,  toutes  fortes  de  fiibftances  putrides; 
&  l'odeur  qui  s'en  élevoit ,  avoit  rcllement  effraye  les  vuioangcuts  , 
qu'ils  n'avoient  jamais  du  fe  décidera  y  defcendre.  Le  fieur  Faure», 
Propriétaire ,  vu  leur  rems ,  prit  le  parti  de  faire  creufer  une  nouvelle 
forte ,  ce  que  l'on  exécuca  malhenreufemenr  près  de  lancienne.  Déji 
l'excavation  nouvellement  prariquéc  ,  avoir  dix -huit  pieds  de  pro- 
fondeur; à  la  haureurde  iz  pieds,  c'eft  à-dire,  fix-picdsau-deftbusdu 
fol ,  on  avoit  élevé  un  échafFaud  ,  fur  lequel  deux  maçons  travaiUoient, 
&  deux  perfonnes  éioient  au  fond  de  la  nouvelle  fo(le  ,  locfque  le  mur 
qui  la  fcparoit  de  l'ancienne  ,  s'étant  ouvert ,  les  matières  putrides  fot- 

Xome  Xiy,Part,IL  177';.        SEPTEMBRE,      Hh 


ijS       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHTSIQUE,^ 

tirent  touc-j-coup  ,  &  la  remplirenc  à  1a  hauteur  de  trois  pieds.  Un 
des  deux  maçons  pLiccs  fur  l'cchaffaud ,  Tnippé  par  la  v.tpeur  inR^âe  » 
demeura  comme  luftoquc;  1  autre  tomba  au  fond  de  la  rolTe,  6c  linq 
autrc^s  perfonnes  qui  y  dcfcendirent  Aicceflivcment,  éprouvèrent  le 
même  fort  que  les  deux  qui  y  ctoieni  déjà.  Elles  perdirent  connoif- 
fance,  fie  reftèrent  immobiles. 

Après  un  gr.\nd  nombre  de  tentatives,  on  vint  ii  bonc  de  retirer  ces 
malheureux  ,  parmi  lefquels  deux  feulement  offiirenc  quelques  fignes 
de  vie. 

L'un  ayant  été  dépouille  Se  expofc  au  grand  air,  fiit  fiiitionné  par 
tout  le  corps  j  on  lui  fit  ptendre  du  vinaigre  fie  de  lefprif  volatil  de 
corne  de  cerf.  Il  rendir  alors  par  la  bouLhe  des  matières  gluantes  :  deux 
heures  après ,  fi  refpiration  étoit  plus  libre ,  fie  le  pouls  qui  ctoit 
a/ïèz  fort,  donnoit  des  efpcrances  Je  guéri fon  i  on  lui  a  inutilement 
adminillrc  difîérens  remèdes  ;  ce  malheureux  a  fuccombé  peu  de  tems 
après. 

L'autre ,  <^ui  ctoit  refté  fur  1  cchaffàud ,  a  été  rappelle  i  la  vie  ;  il  a 
été  friiftionnc  par  tout  le  corps  avec  des  linges  iinoioés  de  vinaigre  fie 
d'aîkili  volatil.  U  a  été  falgné  au  bras,  deux  heures  après  avoii  été  re- 
tiré de  la  folle.  On  lui  a  appliqué  des  fang-fues  aux  tempes  ,  Sc  deux 
heures  aprèi^  la  faigiiée  ,  il  a  profcrc  quelques  paroles  \  il  jouit  a^uclte* 
ment  d'une  txmne  fanté. 

Le  fait  dont  nous  prcfentons  l'extrait  fidèle  ,  eft  d'une  efpcce,  oui 
depuis  plufieurs  années  fixe  utilement  l'attention  des  Médecins  Sc  des 
Phyficiens  ,  du  Public  fie  du  Gouvernement  ;  il  eft  auffi  très -digne  de 
celle  de  l'Académie  ,  fie  nous  pcnfons  qu'il  mérite  d'être  configné  dans 
fon  Hiftuire.  Quant  aux  réflexions  auxquelles  il  peut  donner  lieu  ,  TAca* 
demie  ayant  paru  dcfirer  que  nous  lui  exponons  l'état  des  connoif- 
fances  à  ce  fujet,  fie  que  nous  donnions  en  mcme-tems  noire  avis  .fuc 
la  conduite  qu'on  doit  tenir  en  pareil  cas,  nous  allons  elfayei  de  remplir 
ion  VŒU. 

Rechercha  fur  les  fecours  à  adminiflrer  aux  JfpkyxUi, 


II  feroit  bien  à  dcfirer  que  le  ventilateur  fur  plus  répandu  dans  les 
provinces,  fie  que  le  travail  de  Mrs.  Cadet  le  jeune  ,  Laborie  Sc  P.ir- 
mentier ,  à  ce  iujer ,  ainfi  que  le  rapport  de  Mrs.  de  Miily,  Lavoihet  fie 
i-ougeroux  fulfent  plus  connus:  alors,  on  iàuroit  qu'au  moyen  d'tin  ca- 
binet de  menuiferie  placé  Se  fcellé  fur  l'ouverture  de  la  fbife ,  Sc  deplu- 
iieurs  tuyères  communiquant  avec  des  foufflets  qui  y  aboutitrent  ,  l'air 
peut  être  renouvelle  fie  chaHé  par  une  des  ouvertures  les  plus  élevées 
de  la  fulTe  d'aifance,  à  laquelle  on  adapte  un  tuyau  qui  s'élève  au- 
deffus  du  toit,  les  autres  commmiications  éunt  préalablement  bouchées: 


SUR  VHrST.  NÂTUREttE  ET  LES  ARTS,     i^» 

on  fauroit  que  le  courant  d'aîr  eft  très-accclcrc ,  fi  l'on  met  un  fourneau 
fur  le  (icge  d'aifance  ,  dont  on  confervc  l'ouverture ,  au-ddfous  du  tuyau 
c]ue  l'on  y  place  j  &  que  l'on  peut  encore  ajouter  à  la  vîteife  avec  laquelle 
l'air  circule  ,  en  fe  fervanc  d'un  fécond  fourneau  affujetti  dans  la  foffe, 
fur  un  trépied,  &  communiquant  parle  moyen  d'un  tuyau  avec  le  pre- 
mier j  on  fauroit  aufli  qu'au  moyen  de  ruy:iux,c:]ui  forcent  du  cabinet 
dont  nous  venons  de  parler ,  on  peut  porter  un  courant  d'air  frais  aux 
travailleurs  ,  ou  de  l'eau  que  Ton  fait  jaillirpar  destrous  perces  en  arro- 
foir;  on  fauroit  enfin,  qu'après  avoir  légèrement  agité  les  matières  con- 
tenues dans  la  fofle,  ce  qui  fouvent  en  dégage  de  l'air  inâammable,  oQ 
diminue  beaucoup  l'aÛivité  des  vapeurs  gazeufes  ,  en  y  jectant  une 
quantité  fuffifanïc  de  chaux  en  pouate.  Cette  épteuve  répétée  en  pré- 
sence des  Commiifaires  de  l'Académie ,  dans  aes  tinettes  qui  conte- 
noient  des  matières  fécales  &  dans  les  folfcs  mêmes,  a  toujours  eu  du 
fuccès  :  Mrs.  les  Commiflaires  ajoutent  mcme  ,  que  ce  procédé  e(l  connu 
depuis  long-tems  dans  quelques  endroits  de  la  France  &  de  l'Allemagne. 
Il  eft  employé  depuis  long-tems  dans  les  mines  de  charbon  de  terre  du 
pays  de  Liège,  èc  on  le  trouve  décrit  avec  foin  dans  l'Art  d'exploiter 
les  mines  de  charbon  de  terre,  par  M,  Morand. 

A  la  vérité  ,  il  eft  prefcjue  impolViblc  de  réunir  tous  ces  moyens  dans 
les  villes  où  cet  appareil  n'eft  point  encore  en  ufagc^  mais  on  peut  tou- 
jours, après  avoir  ouvert  la  fofTe  ,  y  rcpantire  une  certaine  miantité  de 
chaux  ,  &  n'y  defcendre  pour  ttavailler  qu'après  un  tems  fumfant  pour 
que  la  réaâiou  de  ce  mélange  foit  finie.  On  peut  encore  placer  un  four- 
neau dans  l'intérieur  fur  un  trépied  ,  ajufter  fur  le  dôme  de  ce  four- 
neau, des  tuyaux  de  lôle ,  que  l'on  doit  diriger  vers  une  des  ouvertures 
Je  la  fo(ïè  j  il  eit  encore  facile  de  placer  un  tuyau  &  un  fourneau  fur 
i'ouvermre  donr  on  vient  de  parler.  Ces  précautions  qui  peuvent  être 
prifes  par-tout  ,  feroient  d'ime  grande  utilité  pour  les  iravaiileurs. 

Il  n  eft  pas  befoin  de  dire  ,  qu'il  fcroit  rrès-dangereux  de  jener  de  li 
chaux  dans  une  foHe  où  il  y  auroit  une  ou  pluiîeurs  perfonnes  afphi- 


xices. 


Expofons  maintenant  le  genre  de  fccours   qui  convient  i  ces   der* 


mers. 


L'afphixie  eft  regardée  par  tous  les  Auteurs ,  comme  une  maladie 
qui conlifte dans  la  celfation  fubite  du  pouls,  du  fcntiment  te  du  mouve- 
ment. Elle  diifète  de  l'apoplexie  qui  eft  un  affoupilTement  profond 
avec  rondement ,  ou  au  moins  une  refpiration  trcs-élevée.  Dans  l'afphi- 
xie >  les  niouvemcns  vitaux  paroilïent  ctrc  comme  fufpendus  &  arrêtes. 
Hic  enifrt  (  dit  Boerrhaave  )  nulla  tjl  conuptio  j  Jtd  mera  quies  omnium 
partium  motricium  ;  cœterùm  nVùl  mutatum  cjl  (  i }.  Si  l'afphixie  eft  con- 


(0  Dt  fpïr'nibus  Vf  îgnlj  pcratis ,  ( DcMorb, Ncrv.  Tom.  I,pag.iu.) 
1779.     SEPTEMBRE,         Hh  1 


140      OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE^ 

ùiiuée  trop  long-tcms ,  les  vatHl-aux  du  col  ,  de  U  Ficc  &  du  cerveau 
s'engocgcni ,  le  fing  fe  rarchc»  fore  quelquefois  par  diffcrens  émonc- 
coircs  ,  &  le  poumon  qui  efl  alors  fouvcnc  rctrcci  ,  Ce  crouve  rem- 
pli de  faiig.  M-  Troja  (il,  quia  fait  périr  un  grand  nombre  d'anî* 
maux  par  les  vapeurs  méphitiques ,  die  même  y  avoir  remarqué  de 
petites  déchirures.  On  fe  cromperoit  cependant ,  en  regardant  la  Icfion 
de  la  refpiration  ,  comme  la  feule  caufc  des  accidens  qu'éprouvent  les 
afphixics  ;  l'expcrience  fuivante  fcmble  démontrer  le  contraire.  On  fait 
que  les  grenouilles  vivent  quelquefois  une  ou  deux  heures,  après  qu'on 
leur  a  ôtc  te  poumon.  M.  Spalanz^am  en  a  expofc  plusieurs  ,  auxquelles 
il  venoic  de  l'enlever  ,  ï  l'aotiou  d'un  iluide  méphitique  iuua  un  ouLal, 
&  il  les  a  vu  périr  prefque  fur  le  thamp  (  i  ), 

Plulieurs  faits  prouvent  aullî  que  les  perfonnes  tombées  en  arphîxie, 
ont  fouvent  quelciues-uncs  du  leurs  panies  dans  un  état  de  fpafme.  0\\ 
Ut  dans  le  joutnal  de  Phvftque,  cahier  de  Novembre  1776  ,  l'Hiftoire 
de  deux  afphixics,  dont  l'un  ^m  trouve  mordant  l:iutT«  irès-forte- 
menc.  M-  Harmant  £c  pLufîcurs  autres  Médecins  ont  vu  quelquefois 
les  mâchoires  des  perfonnes  afphixiées  très-ferrées  l'une  contre  l'autre. 
Le  fpifnie  doit  fan^  doute  varier,  fuivant  la  Nature  du  gaz  dans  lequel 
le  malade  a  été  plongé.  L'air  inflammable  e(l  celui  de  tous  qui  donne  le 
plus  de  mal-aife  ^  il  occaiîonne  des  convulHons  Si.  même  le  tétanos.  Le 
gaz  acide  de  la  craie ,  eft  celui  qui ,  après  le  gaz  inilamui.vblc  ,  produit 
les  effets  les  plus  fâcheux^  la  vapeur  du  charbon  n'a  pas  tuut-à  nit  au- 
tant d'énergie.  Ces  diifércntes  obfervations  ont  été  faites  avec  la  plus 
grande  exaÂitude  par  M.  Bucquet ,  &  il  les  a  conlîgnces  dans  un  ou- 
vrage dont  il  a  été  h\i  un  rapport  i  TAcadémie. 

Tous  les  effets  de  cette  maladie  paroilTent  donc  devoir  ître  déduits, 
1^.  d'une  force  d'engourdiiTenienc  occalîonné  par  Tadion  des  vapeurs 
méphitiques  fut  les  ner^  ^  2,".  du  dc£uii  de  relpiration  \  }\  des  eugor-^ 
eemens  plus  ou  moins  coniîdcrables ,  qui  en  font  une  iiiice  nêcef- 
tiirc. 

Les  indications  que  Ton  doit  fe  propofcr  en  pareil  cas  ,  nous  paroif- 
fent  être  tes  fuivantcs. 

i*'.  Oétruite  l'cngourdilTement  nerveux  par  quelque  fecouffe  ou 
irritation. 

a".  Rétablir  le  jeu  des  poumons. 

1*.  Prévenir  les  accidens  qui  font  la  fuite  de  rengotBement,  U  y  a 
déji  long-tenis  que  des  Médecins  habiles  ont  mis  en  utage  les  moyens 
néceliaùes  poui  lemplir  ces  indications  j  on  les  trouvera  réunis  dans  les 


(0  Journal   de  Miyrupc  ,  Mart  1778. 

fi)  Spal.  Opufcdl»  de  Phy fique  .  Anim.  8t  Vfg.  Ac  Aiulffc  dci  Fonrtionï  des  Syft<- 
mcs  Dcrvcux  ,  pat  M.  de  la  Roche, Tome  1. 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      141 

nombreux  écrits  qui  ont  paru  à  ce  fujec;  il  itifËca  d'en   prcfenter  un 
court  extraie  à  i'Acftdéniie. 

Cccfalpia  Se  Panarolle  (  1  ),  en.  parlant  des  accïJcns  occallonnés  mi 
la  vapeur  du  charbon, ont  conrcillc  d'exporer  les  malades  qui  eu  avoienr 
été  zacOx^y  à  l'air  frais ,  Se  de  leur  jerrer  de  l'eau  iroide  fur  le  corps.  Le 
dernier  recommande  qu'on  la  dirige  vers  le  vifage,  &  qu'on  place  ua 
loufllec  dans  la  bouche  pourrctablir  le  jeu  des  poumons. 

fioerrhaave  a  donAé  les  mêmes  préceptes.  Vin  vtri^mmiiun  j<im  adefi  ^ 
optimum  rerncdium  tfi  corfïorièus  itejts  atjuam  fri^îdam  afptr^ere  lam  yi« 
uJafo  p:Bon  &  vultui  injtcen  (i).  Il  confirme  l'utilité  de  cette  pratique 
pal  fon  fucccs ,  dans  un  cas  où  plusieurs  ouvriers  qui  avoient  ctc  fuftoqués 
par  la  vapeuc  du  cliarbon ,  furent  ainfi  rappelles  a  In  vie. 

En  17}  i,  Chriflophe  Wagner  guérit  une  perfonne  fuffoquée  de  la 
même  manière  >  en  lui  Êiifanc  refpirer  de  l'efpric  volatil  fuccinc  de  corne 
de  cetf. 

M.  Lorry  a  confeillc  la  méthode  de  Boerrhaave  dans  une  Thèfe  {ôu- 
tenueen  1747. 

M.  Boucher,  Médecin  à  Lille  ,  a  consigne  dans  le  journal  de  Méde- 
cine» année  17^0,  un  Mémoire  très-dctaillé  fur  le  traitement  des  afphy- 
xics,  dans  lequel  il  recommande  tes  afpeilloas  d'eau  froide  fur  tour  te 
corps ,  &  Tufage  du  viniigre  déjà  indiqué  pat  Rammazzini ,  dans  fon 
traité  de  morttt  attijicum  pour  ranimer  Les  mineurs  affeflés  par  la  mof- 
fette.  M.  de  Zeenne  ,  confrère  de  M.  Boucher  à  Lille  ,  a  mis  dans  le 
tnème  tcms  cette  méthode  en  ufage  avec  un  grand  fucccs. 

Le  Dofteur  FothetgiU ,  célèbre  Médecin  de  Londres ,  rappone  qu'un 
particulier  futfoqué  en  lyâi  ,  par  la  v.ipeur  du  charbon  >  fiir  guéri  après 
avoir  été  plonec  dans  un  bain  froid.  Ce  fait  c(l:  consigné  dans  les  Tran- 
fadtions  pkilolophiques.  Le  même  Auteur  annonce  qu'un  Chirurgien , 
nommé  Tolfack,  rappellâ  à  la  vie  une  perfonne  fuffoquée  pn  la  vapeur 
d'une  mine  de  charbon  ,  en  appliquant  fa  bouche  fur  la  lîennc  ,  pour 
introduire  de  l'air  dins  le  poumon  ,  &  en  la  taifani  frotter  par  tout 
Je  corps  &  fecouer  Icgèrement. 

Le  journal  de  Mc;lecine,  année  Jy^i  ,  annonce  la  vertu  du  vinnî:;re 
contre  les  afphvxics ,  d'après  une  obfervation  communiquée  par  M. 
Veiillard  du  Hbert ,  Médecin  au  Mans.  Le  même  journal  npprend  que 


(i)  Voyez  le  Journal  de  Phytique,  Ma»  1778.  Mém.  de  Gaidanc ,  où  la  paitic 
Hirtorique   eft  rtès-cia^e. 

(».^  Ec  il  i\oatc  :  Si  animalia  in  earvtrnis  ventno^j  mortua  injiciantur ,  atjaé  fr't- 
gidâ  fiatim  reff'ufcitantuf  f  homints  h  x'jpo't  ciirhonum  ir.ortui  ,  eodtm  modo 
triiHautur  quant  eitiffinù  »  font  lîiam  refufcnari  poffant,  Tom.  1 ,  Az  Motb.  Ncv. 
page  II  ■( 


M*      OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

M.  Nacher ,  Chirurgien  de  Libn ,  a  employé  hciireiifenienc,  non-feu* 
lement  le  vinaigre  ,  mais  encore  la  limonade  dans  le  même  cas.  M. 
Goulin  a  réuni  ces  diffcrenres  cicacions  d'une  manière  fort  exaâ^e  dans  le 
dtjtit^me  volume  delà  CoUedHon  Académique  commenc<îe  par  Planque, 
&  il  approuve  Kiï-mcme  ce  procédé. 

On  lie  dans  les  mémoires  de  la  Sociccc  d'Amfterdam  ,  en  faveur  des 
Noyés,  qu'en  1770  le  17  Novembre  (i),  un  mareloc  fuffoquc  par  la  va- 
peur du  charbon  ,  fuc  rappelle  à  la  vîe  par  l'application  de  deux  véfica- 
loircs  fur  les  deux  jambes  ,  aidée  d'un  lavement  de  tabac  (i). 

En  173J  ,Ie  II  Oâobre  ,  un  vuidangeur  arphyxic  fîit  guéri  par  le 
procédé  que  l'on  emploie  à  Paris  pour  les  noyés. 

En  i774>  M.  Portai  confeilU  dans  un  ouvrage  qui  a  été  réimprimé 
en  1775  ^'  '77''>  ^"^  ^^  traitement  de  Taf^byiie,  la  faignée  ,  les  afper- 
fions  d'eau  froide  >  le  vinaigre  &  l'infufflalion  dans  la  poitrine.  '■ 

En  177  j  ,  M.  Andry  ,  Dofteur  régent  de  la  Faculté  de  Paris ,  guérit 
par  les  feules  afperfions  d'eau  froide,  un  vuidangeur  attaqué  du  plomb  y 
cette  cote  eft  rapportée  dans  le  TahUau  de^perfonms  noyées  en  1775  (j). 

Dans  la  même  aimée  ,  M.  liarmanc ,  Médecin  de  Nancy  »  publia  ua 
mémoire  fur  les  funetlcs  effets  de  charbon  allumé ,  avec  le  détail  des  gué- 
rifons  opérées  par  le  procédé  qu'il  indique.  Ce  Médecin  confcillc  les 
afpcr/îons  d'eau  froide  jettce  de  loin  fur  le  vifage  ,  à  ta  mcme  manière 
de  Boerrhaave.  Il  décrit  les  fymprômes  de  la  maladie  avec  la  plus  grande 
piécilion,&  il  communique  fix  obfervations  dont  la  première  date  cil 
du  mois  de  1  décembre  1 76  J .  Toutes  font  incontertablcs  par  leur  authen- 
ticité, &  les  fucccs  deM.  Harmanc  étoient  connus  à  Paris  depuisplufieurs 
années ,  lorfque  fon  ouvrage  parut.  Il  recommande  d'être  très-téfervé  fur 
la  faignée,  &  îl  confeille  d'introduire  des  Ilimulans  dans  le  nez  &  même 
dans  la  bouche,  lorfqu'il  eft  pollible. 

M.  Sage  a  publié  en  1  ■^^6 ,  des  expériences  qui  confirment  la  venu 
de  l'alkaii  volaril  déjà  célébré  par  le  Do<^eur  Targioni  Tozetri  dans  le 
traitement  desafphyxies;  il  a  rapporté  des  obfervations  pour  en  démon- 
trer le  fucccs. 

Le  Doreur  Carminati ,  Médecin  Italien  (4) ,  a  publié  dans  le  mcrac 
rems  un  ouvr^^e  considérable  fur  les  cxlulaifons  méphitiques  ,  dans 
lequel  il  alTure  que  leur  effet  eO:  de  détruire  prumpicment  l'irritabilicc  , 


(1)  Deuil  des  fucccs  de  l'établilTcmcnE  que  la  Ville  de  Paris  a  fait  en  favcut  dct 
pcrfoDncs  noyics,  177}.  Imp.  177+ .  F*B*  "^î* 

Ca)  On  employa  lufG  le  fcl  ammoniac  dans  ce  traitement. 

(0  Page  !?• 

(4)  Bafiiani  Carminati ,  de  aaimalium  ex  Mtfftitûit  jÊf  ittxiiî  kalttî&ttt  inttritu 
ejufque  prophriius  catifit*  Uiri  XJII  ^  1777. 


SITR  VffIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS      X45 

fur-touc  celle  du  csur.  Cette  opinion  eft  auflî  celle  de  M.  SpHlanzzani 
&  de  M.  de  h  Roche,  Médecin  de  Genève  (i  ). 

M.  Gardane ,  Ood'keuc  régenc  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris, 
après  avoir  public  fes  idées  fut  le  traitement  qui  convient  aux  afphyxiés» 
en  177s .  *  entièrement  développé  fcs  vues  à  ce  fujei  en  1778  (z).  Son 
dernier  mémoire  contient  une  Hiftoire  exaé^e  des  fccours  adminiArés 
dans  ce  cas  par  les  Médecins  :  il  regarde  la  méthode  de  Pancirolle  &C 
,de  Boerrhaave  qu'il  rapporte  avec  foin  ,  comme  la  meilleure. 

En  1778  , un  de  {))  nousa  confcillc  l'application  de  ces  méthodes  aux 
perfonnes  Aiffbquées  dans  les  cavaux  des  Eglifes ,  &  déjà  M.  Morand 
en  177(5,  avoit  donné  à-peu-prcs  les  mcmcs  confeils  pour  rappcUer  i 
la  vie  les  ouvriers  afphyxies  dans  les  mines  (4}. 

Enfin  ,  dans  cette  même  année,  M.  Bucquet  a  entrepris  d'clfayer  dif- 
fércns  moyens,  coniradicftoires  en  apparence,  pour  ranimer  des  ani- 
maux  afphyxiés  ;  il  a  rcuflî  avec  le  vinaigre  ,  le  fel  du  vinaigre  ,  l'acide 
marin  fumant  &  avec  l'acide  fulphureux  volatil,  aulli  bien  qu'avec  Tal- 
kali  volatil  ,  &  il  a  établi  l'criologie  des  différentes  maladies  daus 
lefquelles  ces  procédés  peuvent  ctre  mis  en  ufage. 

L'infufflation  qui  peut  fe  faire  par  le  nez  ou  par  la  bouche ,  avec  le 
ruyau  décrit  par  M.  i^'ia  (0  »  &  ^*"  pourroit  aufll  fe  pratiquer  de  bouche 
à  bouche  ,  comme  nous  I  .wons  dit  ^  eft  très-utile  aux  enfans  nouveaux- 
nés  ,  qui  font  languifTins  &  afFoiblis.  Smellie  y  a  eu  recouts  avec  fuccès, 
&  il  a  conGgné  ce  fait  daus  fes  écrits  -,  depuis  lui ,  ce  moyeu  cfl:  tiès- 
conniAles  Accoucheurs.  M.  Pia  fait  mention  dans  fon  Recueil  pour  l'an- 
née 177J  (tf)  3  d'un  enfint  ainfi  rappelle  i  la  vie;  la  gazette  de  Man- 
heim  en  a  rapporté  les  circonïlanccs.  M.  Portai  a  eu  occafiun  à'en 
obfcrver  les  bons  effets ,  &  il  en  a  parlé  à  la  fuite  de  fon  ouvrage  fur 
les  afphyxiés  en   '774. 

D'après  les  dérails  hiftoriques  que  nous  venons  d'offrir  i  l'Académie, 
Jie  doit-on  pas  erre  étonné  tjue  le  traitement  des  afphyxiés  ne  foie 
pas  généralement  répandu  ?  11  eft  vrai  que  les  méthodes  employées  ont 
îînguliérement  varie  ,  Se  l'on  eft  furpris  qu'elles  aient  toutes  eu  des 
fuccès.  La  confcquence  qu'on  doit  tirer  de  cette  réflexion  ,  ceft  qu'au- 
cune n'eft  vr.iiment  fpécifique ,  &  que,  malgré  leur  oppafition  appa- 
rente ,  elles  doiveiit  produire»  fous  un  certain  cappoit,  aes  effets  ana- 

(1)  Ouvrage  fur  Ic$  fondions  du  fluide  nccvcux,  Tomci. 

(1)  Journaux  de  Phyficiue,  177J   te  ^^^tt 

(j)  M.  Vicq  a  Aiyt. 

(4I  Rcehcicncs  &  CoafciU  de  Médecine  fur  les  maladies  qui  mettent  en  danger 
la  fanté  &  la  vie  dct  ouvricrî  des  Minent  féconde  Partie  de  l'An  d'cxplaîccr  les 
Mines'  de  Charbon  ,  fcaion  IV,  publiée  en  177*  ,  page  jtjy. 

(  f)  Dcfciipiion  de  la  Boite  d'entrepôt,  poux  le  Iccoun  des  Nuyés.  Plancbc  I  K  ,  0c 
Pbaiibc  1. ,  fîg.  7  &  8. 

(0  Page  III. 


»44  OBSERVATTONi  SUR  LA  PjîTSTQUE, 
\opxt%.  A  la  vérité,  coûtes  font  irminrcs  ,  touces  excitent,  rcveillent,  & 
c'ell-Iil'olijeteiïcntiel. Telle  eft  donc  laraifon  ponr  laquelle  les  aciJcSjIcs 
alkalis,  Icsocteursenipyrcumatiques  6c  fortes,  lesarperfions  cT  eau  Froide, 
partielles  ou  totales,  les  bains  froids,  les  fternutatoires ,  les  iiilufflations 
dans  ta  poitrine,  les  lavemens  de  tabac.  Us  rcaribcanons  mèine,  ont  rap- 
pelle  à  la  vie  les  perfonnes  afphyxiceî. 

Il  y  a  cependant  un  choix  i  faire  parmi  ces  différens  procédés.  Tâ- 
chons de  le  déterminer  &  de  remplir  les  indications  propofées  nlus  haut. 
Le  danger  que  l'on  court ,  en  pénétrant  dans  un  lieu  rempli  cle  vapeurs 
méphitiques,  donc  une  ou  plulïeuts  perfonnes  ont  ctc  frappées,  ell  fou- 
vent  le  premier  obtlacle  que  l'on  trouve  dans  l'adminilUation  des  moyens 
qui  leur  conviennent.  Si  ceux  qui  s'txpofent  pour  les  fecourir  avec  la  pré- 
caution de  fe  faire  paHer  un  lien  fous  les  bras,  fe  trouvent  mal  ou  éprou- 
vent du  mal-aife  ;  (i  une  lumière  que  l'on  plonge  dans  le  lieu  inteilé, 
s'éteint ,  il  faut  fut  le  champ  y  jetcet  abondamment  de  Peau  ttcs-froide, 
&  la  répandre  à  la  manière  des  axrofoirs,  en  ayant  toujours  foin  que  les 
f>erfounes  tombées  en.  afpUyxic,  ne  foient  pas  fubmergécs.  Cette  pra- 
tique utile  a  encore  été  confeillée  par  Boerrhaave ,  qui  s'exprime  à  ce  fujet 
de  la  manière  fuivante(i).  Sidji  e[fL-i  pajfrt  ut  aqua  ad  Uia.  loca  viniat , 
jlaùm  venzmim  abefl  ;  vel  dehent  canffrucn  caminum  aîtum  &  fub  foram'm* 
in  ejus  Ucunari  fa^o  igmm ponert  qui  aerem  fuppojîtum rare  fac'a.  Ce  der- 
nier palïage  annonce  la  manière  d'employer  les  tuyaux ,  &  de  plicer  le 
feu  ,  comme  on  le  tait  dans  plufieurs  mines  ,  Se  comme  les  Auteurs  du 
ventilateur  l'ont  pratiqué. 

Dans  bien  de  cas,  on  pourroit  employer  avec  fucccs  le  moyen  indi- 
qué par  M.  de  Morveau ,  ^  qui  conlifbc  d  répandre  de  l'acide  vitrio- 
lique  fat  du  fel  marin  un  peu  icché  auparavant. 

La  petfonne  futfoquée  par  les  vapeurs  mcphyciqaes ,  étant  une  fois 
tirée  de  l'endroit  infedlé,  il  faut  l'en  éloigner,  fur-tout  H  les  vapeurs 
font  fétides,  comme  celles  des  latrines^  on  la  déslubillera ,  &  on  la 
cranfportcra  dans  un  lieu  valle,  frais  &  bien  acre:  (î  fon  corps  efl  fouillé 
par  quelques  immondices ,  on  Ictendra  par  terre  fur  un  drap  ,  la  tcce 
un  peu  élevée,  &  on  fera  jetrer  deffus  plufieurs  fceaux  d'eau  froide 
avec  force  &  d'un  peu  loini  afin  d'exciter  plus  de  furprife.  Le  corps 
étant  fuffifammcnt  nettoyé  ,  on  alTujcttira  le  malade  fur  un  ficgebas»  où 
il  fera  un  peu  renverfé  en  arrière,  &  plufieurs  perfonnes  feront  occu- 
pées fans  relâche ,  i  lui  jetter  fur  le  vilage  &  fur  la  poirrine  de  t'eau  la 
plus  froide  par  verrécs  &  de  loin.  Si  la  caufe  de  la  fufîocatîon  n'eft  pas 
telle  que  le  corps  fuit  fouillé  de  matières  infeftes ,  on  pourra  com- 
mencer par  ce  genre  de  fecours ,  Se  fi  on  fe  permet  des  afperllons  totales. 


(i)  D<  fpiritibus  tJtfam,  &  de  morh'u  nervorum ,  Tom.  I ,  page  lo;. 


il 


SUR  VnrST.  NATVRntlE  ET  lES  ARTS.  Mf 
îl  faudra  bien  prendre  garde  que  le  malade  ne  coure  les  rîfques  d'acre 
incommodé  pat  la  trop  grande  quantité  d'eau;  il  fcroit  aufli  très-utile 
de  placer  des  morceaux  de  glace  fur  le  fiont  Se  fur  la  poitrine,  G  l'on 
pouvoir  s'en  procurer. 

Inutilement  on  confeilleroîr,^  cette  époque,  des  boiflons  quelconques 
ou  la  faignée.  Les  mâchoires  font,  comme  on  l'a  dit  >  quelquefois  ferrées 
Tiiiie  contre  l'autre  ^  &  quand  bien  même  il  fcroit  poflible,  dans  tou* 
les  cas,  d  ouvrir  la  bouche,  la  dcglutition  n  ayanc  pas  lieu,  les  fluides 
ne  parvicndroicnt  pas  Jufques  à  lefVoaiac  \  d'un  autre  côté,  quand  ta  veine 
feroit  ouverte  ,  le  fang  ne  fortiroit  qu'en  très-petite  qunntitc  a  canfe  de 
J'inaâion  de  tous  les  vaiifcaux.^c  s'il  fortoit  plus  abondamment,  il 
fcroit  bien  à  craindre  qu'un  afïàilïèment  mortel  n'en  fût  la  fuite  :  ainfî» 
îufquU  ce  que  les  mouvemens  viraux  fc  foieni  fait  appercevoir ,  oa  ne 
doit  rien  attendre  que  des  irritans  extérieurs. 

Il  ne  faut  point  oublier  de  (limuler  la  membrane  picuitaïre,  foie 
avec  l'alkAli  volatil  qui  eft  très-adbif ,  foir  avec  le  fel  de  vin,iigre  ,  foie 
avec  iVide  fulnhureux  volatil ,  dégage  du  fouffre  que  l'on  fiiu  brûler 
fie  qu'il  eft  facile  de  fe  procurer  par  -  tout  On  peut  introduire  dans 
le  nez  de  petits  rouleaux  ou  des  pmceaux  pénétrés  de  ces  fluides  ^t). 

Les  fridtons  faites  fur  les  di^érentes  parties  du  corps  avec  des  linges 
imbibés  de  vinaigre ,  procureront  aufU  un  j^rand  avantage. 

Quoique  rinfufïlationde  laîr  dans  la  poitrine  n'aie  pas  étéconfeilléepat 
tous  les  Auteurs  qui  ont  donné  des  préceptes  fur  le  trairemciit  des  perfon- 
ncs  attaques  d'afphyxics,  nous  penfons  cependant  que  ce  fecours  ne  doit 
point  être  négligé  [i  ).  L'Auteur  des  recherches  en  faveur  des  ouvriers 
noyés  ou  fuffbqués  dans  les  mines,  la  recommande  (})j  pour  la  mettre 
en  ufai;e  ,  il  fuffîra  de  placer  un  tuyau  dans  le  nez  ou  dans  la  bouche 
du  malade  en  fermant  celle  de  ces  cavités  qui  fera  rcftce  ouverte,  6c 
d'introduire  par  ce  moyen  une  rrcs-petite  quantité  d'air  qu'on  augmentera 
enfuiie  peu-a-peu.  La  glotte  qui  refte  ouverte  lui  donne  un  libre  pafTage. 
L'inftcument  confcille  par  M.  Pia  a  cet  avantage,  qu'en  le  pinçant, 
on  intercepte  l'air  qui  peut  revenir  du  malade  vers  la  bouche  de  celui 
qui  foufrïe  dans  le  tuyau.  Une  remarque  de  la  première  importance, 
c^eft  que  (i  le  malade  commence  d  refpircr ,  ou  s'il  refpire  enc  «re  un 
peu  ,  il  faut  s'abftenir  de  ce  procédé  qui  ne  pourroit  que  le  fuffoquec 
davantage.  Peuc-ctre  aulK  feroi(-il  jplus  prudent  d'employer  ^veç  beau-r 


(i)  Il  ne  ÎmAkài  pas  s'eipofci  x  boucher  cntièrcnicnt  le  nez,  dans  an  momcat 
où  l'on  en  a  bcfoio  pour  létablir  la  rcfpirauon. 

(i)  Boetbaavc ,  M.  Harmant  &  M.  Gaidane  oc  la  confcillent  pu  dans  le  cas  it'A£- 
phixic. 

(l)  Réflexions  fur  Ici  dïFércns  moyens  conrcillés  dans  l'avis  publié  en  1740  9t  ûu 
leur  admmilirâtion.  Art  d'cxploitci  le  Chaibou  de  terre,  Ariide  1 ,  page  95)6. 

Tome  Xir,  Part.  IL  lyy^,  SEPTEMBRE,      1  i 


Mtf      OBSERFATIOSS  SUR    LA   PHYSIQUE , 

coup  de  modcration  un  fouHlec  pour  cet  uTage ,  à  h  manière  de  Pacicctre; 
on  introduiruic ,  par  ce  mojrt;n,itn  air  plus  frais,  plus  pur  de  moins 
dénaturé  que  celui  qui  a  déjà  été  refpirc. 

I.orfque  le  mouvement  ae  h  poitrine  commencera  i  fe  ranimer ,  on 
Bgiiera  l'air  auprès  du  malade ,  foit  avec  un  chapeau  >  foie  avec  un 
éventail ,  de  manière  d  le  diriger  vers  Ci  bouche ,  on  plicera  encore  dans 
ce  moment  les  vapeurs  Aimulantes  fous  le  nez ,  avec  la  précaution  de 
k$  empêcher  de  pénétrer  dans  la  bouche.  Si  l'on  peut  parvenir  à  le  faite 
ctetnuer,  on  lui  procurera  beaucoup  de  foulagement ,  &  (a  guérifon 
fera  très-avancée.  Aufli-tôt  que  la  déglutition  pourra  s'exécuter ,  même 
folblement ,  on  introduira  dans  la  bouche  quelques  cuillerées  d'eau 
fraîche,  â  laquelleon  aura  ajouté  du  vinaigre  employé  dans  les  mines  de 
Quekna ,  en  Nor wcgc ,  ou  du  fuc  de  citron  ,  ou  de  limon  (  i  ). 

Alors,  les  mouvcmcns  vitaux  commentant  d  fe  rétablir ,  on  doit 
principalement  inllfler  fut  les  fricUons  qui  feront  faites  par  plufieurs 
perfonnes  en  nicme-tems  fur  le  tronc  Se  les  extrémités. 

Au(îî-tôr  que  le  malade  aura  éprouvé  un  tremblement  &  un  failîlfc- 
ment,  qui  font  une  fuite  ncccllaire  du  procédé  indiqué  ci-deifus^on 
l'euveloppera  dans  un  drap  fec  &  méaiocrement  cnaud ,  &  on  le 
tranfportera  dans  fon  lit.  La  chambre  où  on  le  dcpofeta  fera  grande  & 
bien  aérée.  On  ne  doit  pas  difcojitinuer  les  friiflions  ,c'efl alors,  un  ma- 
bde  que  Ton  a  à  traiter.  Se  les  fymptômes  doivent  déterminer  le  genre 
de  remèdes  convenables  qui  doivent  ctrc  variés  fiiivaiu  les  circonllaiices. 

Nous  croyons  que  l'éméiiquc  ne  doit  jamais  ccre  employé  dans  ce 
cas  :  les  vaiifeaux  du  cerveau  font  trop  difpofés  à  l'engorgement  pour 
qu'on  rifque  de  les  furcharger  de  nouveau:  On  pourroir,  tout  au  plus  , 
donner  t'émétîque  en  lavage ,  fi  le  malade  avoit  beaucoup  mangé  avant 
fon  accident. 

a".  On  fe  bornera  aux  potions  acidulés  &  aigrelettes,  les  cordiaux, 
proprement  dits ,  étant ,  fuivant  nous  ,  ttès-dangereux. 

^^.  Si  le  malade  cil  tiès-fanguin  ,  C  en  tombant  it  s'eil  bIeiré,oii 
fi  Us  fymptômes,  qui  annoncent  l'engorgement  four. très-opiniâtres , 
dans  ce  cas ,  la  citcufation  térablie ,  on  fera  une  faignce  au  bras  ,  mais 
on  tirera  peu  de  fang  ^  il  vaudroit  mieux  y  revenir  une  féconde  fois 
(\  ta  circulation  t'exigeoit ,  que  de  faire  d'abord  une  faignce  aop 
abondance. 

4**.  Les  lavemens  un  peu  îrritans  font  nécellàires  5  ceux  que  l'on 
prépare  avec  le  favon  &  le  fel  de  cuifine  conviendront  beaucoup  dans 
ce  cas  -y  ils  iUmuleronc  fuffifammcnt ,  Se  ils  feront  fortir  les  matières 
accumulées. 


(i)Voycz  Méthode  abrégée  pour  fccouiir  les  pcifonucs  fuffbcjuécs  acci^ciucllciiiait. 
An  dXxploiict  les  Minet  oc  Ctuiboii  ik  TcriCj  f^gc  100 j. 


SUR   VnîST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      147 

Nous  finirons  en  aflaranc ,  d'après  les  expériences  multipliées  de  routes 
jîart?,<]u'ileft  crcs-importantd'infifterfurles  Tecours  que  l'onadminillie» 
&  que  fouvenc  un  fuccès  complec  a  ccc  la  rccompenfe  inattendue  d'un 
Travail  de  plutîeuts  heures^  nous  penfons  auiîi  que  cette  méthode ,  qui 
eft  conforme  à  la  méthode  publicc  en  1776  pii  M.  Portai,  peut  être 
paiement  employée  pour  les  peribnnes  Aiifoquces  par  le  counerre ,  pat 
les  vapeurs  des  cuves  en  fermenutton ,  par  celles  du  charbon  ,  ainU  que 
par  les  émanations  des  puits ,  cloaques  &  foifes  d'aifance. 

Nous  jugeons  donc  que  l'extrait  du  fait  condgné  dans  robfervatîou 
de  M.  Marcorelle ,  mérite  d'ctre  infère  dans  l'Hiftoire  de  l'Académie; 
elle  difpofera  comme  elle  jugera  à  propos ,  des  rclîexions  que  nous  y 
avons  ajoutées,  &  qu'elle  nous  a  demandées.  Morahp  jPoiltaL9 

ViCQ   d'Az  YR. 

.  Je  ctrtifie  le  pnfcnt  Extraie   conforme  à  l'original  &   au  jugement  dt 
tAcademie  _,  ce  jo  Juin  1779.  Le  Marquis  de  Cohdorcet. 


BOTANIQUE. 

Plantes  étrangères  dont  la  flcurai/bn  n'avait  pas  encore  paru 

dans  nos  Climats, 


I  J  A  a  B  a  E  qui  étolt  connu  juCqu'i  préfent  dans  les  jardins  de 
Botanique  fous  la  domination  à'jrbor  incognita  Jînarum  (  l'arbre  inconnu 
des  Chinois  ) ,  après  plus  de  trente  ans  de  plantation ,  porte  enfin  des 
fleurs  dans  les  jardins  de  la  Reine  à  Trianon  ,  &;  dans  ceux  de  M.  le 
Maréchal  Duc  de  Noailles^lSt-Germain-en-Laye.  (On  dit  qu'il  a  âeuri 
l'année  dernière  Qn  Kn^Utetxe  y  fed  rumor  taatàm  pervenU  ad  aura). 

C^et  arbre  eft  remarquable  par  fon  port  noble ,  fa  Iiauteur  6c  l'cclac  de 
(on  feuillage ,  les  feuilles  font  alternes ,  Se  ont  i  leucnaillànce  un  reuHe- 
menc  ancéncut  ôc  poftcrieur. 

L'ccorcedu  tronc  eftprefque  unie  ,&:  de  couleur  cendrée  ^fes  rameaux 
font  conftamment  d'un  verd  fonce ,  &  portent  la  môme  teinte  que  celle 
des  feuiiles  j  le  bois  en  eft  caHànc  Ôc  fragile. 

Les  folioles  font  pinnées ,  rangées  fur  un  filet  commun ,  &  terminées 
par  une  impaire;  elles  fout  d'un  verd  fonce  &  luftré  en  dellus ,  fie  d'un 
verd  glanque  en  deftous.  Elles  font  prefqae  toures  oppofces ,  on  en 
remarque  cependant  plufieurs  qui  font  Icgèrement  alternes  ;  elles  font 
oblon^ics ,  ôi  âniifent  en  pointe.  Les  pétioles  font  prefque  felliles. 
1773.      SEPTEMBRE,  \  i  4 


MS        OBSERrÀT!ONS  SUR  LÀ  PHYSIQUE, 

Les  fleurs  font  Icgiimuicufes ,  difporccs  en  p.iniciilcs  &  fubdîvifces  en 
diffcrcnccs  parties  :  elles  iiailTenc  à  re):crL';niEé  du  tatncau  ,  d'un  blinc 
herbacé  :  leur  odeur  cft  peu  fenfible. 

Le  calice  eïl  monophylle ,  pccic ,  en  forme  de  cloclie  >  &  parcage  en 
cinq  cchancrures. 

L'étendard  (  vexUlum  )  e^  grand,  ouvert ,  arrondi ,  échancré  au  fommcc 
en  deux  portions ,  recouvbc  X  fa  partie  fupéiitiurc ,  &c  rabattu  fur  une 
portion  du  calice. 

Les  aîtes  [  aU  )  font  oblongucs ,  ovales  &  accollces  latéralement  fur  U 
nacelle, 

La  nacelle  {ear'.na)  eft:  compofce  de  deux  pièces  prefque  de  la  même 
forme  &  de  la  même  longueur  que  les  aîles  ,  &  renferme  dix  ccamines 
diAint^es  &  fcpatccs  \  il  faut  remarquer  que  le  pciale  droit  fe  croife  fuc 
le  gauche. 

Du  centre  des  filets  des  ctamines  s'clcve  le  piftil ,  compofc  d'un 
embcion  cylindrique  ,  d'un  ftyle  aminci  Se  bli forme  ,  terminé  par  un 
Aigmate  trcspeiiti  fcs  racines  font  pliantes ,  jaunaties  ,  &  ont  le  ntcme 
gour  que  celtes  du  robinU  pftu.h  acacia, 

II  en  refaite  donc  que  ce  bel  arbre  ,  dont  les  fleurs  font  légumineufes; 
doit  ctre  placé  dans  la  feftion  ill.  de  la  vingt- deuxième  clafle  deTourne- 
fort ,  &  dans  la  dicandna  mofio^ynij  de  Linxus. 

P*aprcs  la  première  infpe<5kion  des  parties  fexuelles,  qui  n'étoient 
point  encore  bien  développées ,  &c  d'après  la  compataifou  de  plulieurs 
parties  fimilaires  que  cet  arbre  partaire  avec  le  rohlnia  pjtudo  acacia  ^ 
;*ai  penfé  d'abutd  qu'on  pauvuit  prétimier  que  c'en  étoit  un  j  mais  des 
obfervations  fctupulcufcmcnc  faites  depuis  par  M.  Richard  (  jeune 
homme  d'un  trcs-^rand  niéiire ,  rrcs-eftimable  par  fes  mœurs  ,  par  fcs 
connoilïanccs  muttipliccs ,  &c  profondément  inflruic  de  tous  les  mvftcres 
de  la  Botanique  )  déterminent  fa  vraie  exiftence  ;  je  le  nommerai  donc 
d'après  lui  notre  arèor  incogni'ta  ^fophorajinicj.  Ce  qui  femble  confirmer 
cette  dénomination,  c'eft  qu'indépendamment  des  caradtères  propres 
au  fophora ,  que  nous  venons  de  détailler ,  je  viens  d*obferver  que  le 
rudiment  des  fruits  eft  long,  articulé,  &  aà  articula  noihjum  ,  comme 
dit  Linaeus.  La  fruititication  comptetie  lèvera  toute  efpèce  d'inceniiude. 

Cet  arbre  eft  originaire  de  la  province  de  Pékely.  Le  père  d'Incarville 
en  envoya  des  graines  à  feu  M.  Bernard  de  Juflîeu ,  vers  1747 ,  fous  le 
nom  de  fiouï-t^e  ,  vel  hoa:'-hoa  j  fios  ad  ùculuram  luitam  ,  (  je  tiens  cette 
anecdote  de  M.  le  Monnier , }  elles  furent  fcmées  pour  lors  au  jardin 
du  Roi ,  âc  levèrent  rrès-bien.  L'arbre  qui  eft  dans  les  jardins  de  M.  le 
Maréchal  de  Noailles  en  eft  un. 

M.  le  Chevalier  de  Janflen,  Baronnet  de  la  Grande-Bretagne ,  en 
apporta  quelques  pieds  de  la  pépinière  de  Gordon,  père,  (célèbre  Pcpi- 
nierifte  de  Londres)  il  y  a  près  de  15  ans,  &  en  lit  pcéfent  à  plufieurs 
Amateur;. 


SUR  VHIST,   NATUKniLn  ET  LES  ARTS.     149 
Cet  arbre  eft  très-ruftique ,  vigoureux ,  il  a  très-bien  fupporté  l'hiver 
de  1776  ,  ce  qui  ne  doit  pas  furnreiKire^  pecfonnen'ii;nore  que  l'inteiiHié 
du  froid  eft  encore  plus  grande  &  plus  longue  A  Pckin  qu'à  Paris. 

On  le  multiplie  facilement  par  les  boutures ,  les  marcottes ,  fie  mcme 
par  les  racines.  Nous  avons  tout  lieu  d'efpcrer  que  nous  en  obtiendrons 
des  femences.  Il  eft  à  defiret  qu'on  s'oaupe  à  multiplier  ce  bel  arbre, 
dont  les  Arts  pourront  peut-être ,  p^r  ta  fuite ,  rirer  de  grands  avantages. 


L'AKIS    ÉTOILE    ou   LA    BADIANE. 
Arbrisseau.  llUclum  Ânifatum,  L.  S.  P. 

ETTE  Plante  eft  connue  des  Anglois  fous  le  nom  de  lUicîum 
Fhridannm  y  parce  que  cette  pbnte  leur  eft  venue  de  la  Ilorîdc  ,  où  elle 
croît  ainfi  qu'en  Chine  &  au  Japon.  Depuis  qu'on  cultive  la  Badiane  en 
Europe ,  on  ne  l'avoit  jamais  vu  fleurir ,  &  Von  Linn^-  ne  l'a  décrite  que 
fur  la  foi  de  Kœmpfer^elle  a  fleuri  au  jardin  du  Roi  de  France  en  1778, 
&  nous  avons  été  aflèz  heureux  pour  la  prendre  fur  le  fiûr.  I.a  defctiptïoa 
ne  fera  pas  conforme  i  celle  de  Von  Linné,  mais  elle  l'eft  à  la  nature.  ' 

Cet  arbuftc  s'élève  peu  (  au  moins  en  Europe  ]  \  les  rameaux  font 
alternes  ainlî  que  les  fi.'uillcs;  tes  feuilles  font  entières,  longues,  aiguës, 
fans  découpures ,  portées  pat  de  longs  pétioles  fiUonnés  en-deflus. 

Les  fleurs  nailtent  fohtaires  dans  les  aitlelles  des  jeunes  rameaux  j 
elles  font  foutenvies  par  des  pédicules  longs  ,  cylindriques  3c  foibles  \ 
elles  font  hermaphrodites:  la  corolle  eft  compofée  d'::nviron  dix  p(:tales, 
difpofés  fur  un  r.ing  auront  des  ovaires.  Fntrc  les  pétales  on  trouve  uu 
fécond  rang  .formé  par  environ  dix  neâaires  tabulés,  convexe  d'un 
côte,  lllonnc  de  l'autre.  Au  centre  de  la  fleur  font  les  parties  fcxuelles, 
lesquelles  ,  vues  de  face  ,  offrent  une  figure  radieufe.  L'amas  des  piftîls 
forme  un  grouppc  dans  le  milieu  de  la  corolle;  à  la  bafe  du  grouppe 
les  éramines  font  difpofées  horifonialemeui ,  elles  font  poféft  entre 
les  neâaires  &  les  piftils ,  Se  font  rangées  cifLulairement  autour  des 
piftils.  Le  filet  des  ctamines  eft  très  -  court  ,  &  l'anthère  partagée  en 
deux  loges  :  nous  avons  compté  treize  ftigmates  au  giouppc  des  piftiU, 
&  vingt  étamipes  au  moins.  Chaque  piftil  nous  a  paru  compofc  d'un 
ovaire,  d'un  ftil  &  d'un  ftigmatc  en  ^rme  d'alcne  :  ces  trois  dcriiicrcs 
figures  font  augmentées. 

Comme  cet  arbuftc  n'a  donné  que  deux  fleurs  ,&  pour  la  première 
fois ,  il  n*a  pas  été  poflible  de  les  facrifier  pour  en  hiire  une  defcription 
iaconcelUble  par  rapport  au  nombre  des  parties  \  nous  n'avoiis  pu  U 


z^o       OBSERf^JTIONS  SCTR    LA  PHYSIQUE  , 

coniî Jcrcr  qu'avec  le  fccours  d'une  bonne  loupe ,  mais  nous  garantiffonJ 
le  nombre  des  ftigmatesipour  celui  des  ccanimes  ,  comme  les  anthères 
fonr  doubles ,  &  qu'elles  font  rangces  circulairemenc  ,  nous  avons  eu 
beaucoup  de  peine  d  les  compter  :  après  piufîeurs  reprifes  nous  avons 
toujours  compte  de  vingt  i  vingt  -  deux  ,  c'eft  pourquoi  nous  ofons 
croire  qu'il  y  en  a  au  moins  vingt.  Les  pccales  &  les  ncfSkaiccs  n'étant 
pas  en  nombte  égal  fur  les  deux  fleurs ,  nous  avons  lieu  de  croire  qu'il  n'eft 
p.is  conilaiic  ;  quant  au  calice ,  que  Karmpfct  &  de  célèbres  Botanifles 
réduifent  à  quatre  feuilles ,  il  eft  confiant  que  celui  des  deux  fleurs  que 
nous  avons  peintes  d'après  le  naturel,  avoit  cinq  feuilles, dont  deux 
blanchâtres,  &  oppofces,  ce  calice  eft  caduque.  Le  fruit  qui  fucccde 
à  la  fleur  cil  compofé  de  plufieuts  capfules  réunies  ,  difpofces  en  étoile 
tronquée  :  les  capfules  devtoient  natutellement  être  en  même  nombre 
que  tes  ovaiies,  mais  il  paroïc  qu'une  partie  des  loges  avorte,  s'oblitère 
&  s'efface  i  car  nous  avons  examiné  un  grand  nombre  de  fruits ,  fans  y 
rencontrer  plus^de  huit  capfules.  Ces  capfules  font  réunies  à  un  centre 
commun ,  &  tiennenr  toutes  snfemble  :  chaque  capfule  forme  une  feule 
loge ,  qui  s'ouvre  dans  fa  longueur  &  renferme  une  graine  ,  laquelle 
ell  ovoide  ,  &  tetminée  pat  une  petite  pointe  qui  efî  fouvenc 
recourbée. 

Le  fruit  de  cet  atbufle, appelle  Anis  itoiU^  &c  la  liqueur  appellée 
Badiane  Se  BaJiane  du  Indes ,  étoient  connus  en  Europe  long-tems  avant 
qu'on  ne  l'y  cultivât.  On  appelloit  encore  ce  fruit  Anis  de  Sibérie,  Anis 
de  la  Chine  Ôc  Anis  des  Indes*  On  l'a  appelle  vulgairement  Anis, à  caufe 
de  la  grande  relTemblance  de  fa  faveur,  de  fon  odeur  Se  de  fes  venus 
avec  notre  Anis  y  il  a  même  toutes  fes  qualités  à  un  dé-^ré  plus  éminent 
que  l'autre.  Les  Chinois  &  les  Orientaux  ,  &  les  Hollandois,  à  leur 
exemple ,  en  mettent  dans  le  fotbet  &  dans  le  thé  pour  les  rendre  plus 
agréatilcs.  Ces  deux  plantes  font  gravées  d'après  nature  par  Mad.  Regnault, 
h  connue  déjà  par  La  fuite  des  plantes  de  Bocaniqne  enluminées  ,  donc 
i'entreprife  continuée  avec  fucccs  eft  Ci  bien  accueillie  du  Public, 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES. 

iitSTOiRE  naturelle  du  Froment^  dnns  l2quel!e  on  mite  du  principe 
de  la  fécondité  des  retres ,  du  dcveloppemenc  ilu  germe ,  de  fon  accroi£> 
fement,  de  la  fleucaifon  ,  des  maladies  du  bled  ,  des  parties  confti- 
ruances  de  la  farine ,  des  moulins  »  de  la  mouture ,  du  pain ,  de  Tufàgc 
de  la  farine  dans  les  Arts  &  Métiers ,  enBn  de  la  nuctiiion  ;  par  M. 
V khhc  PonccUc  y  avec  figures.  A  Paris,  chez  jOtf/^«^,  rue  Saint- Jac- 
ques, I779j  I  vol.  ,  irt-îi". 

Quantité  d'Auteurs  ont  écrit  fur  l'Agriculture;  plafieurs  ont  com- 
|>ofé  des  traités  particuliers  fur  certains  objets  ifolcs.  La  cuirure  des 
grains,  celle  des  arbres,  des  fleurs,  &c.  ont  fait  naître  des  ouvrages 
excellens  ,  mais  perfonne  nVvoic  fuivi  la  marche  que  M,  lAbbé 
Poncda  a  tenue  dans  fes  recherches  fur  le  froment.  Le  grand  livre 
de  la  nature,  a  été  le  feul  qu'il  a  voulu  confuUer,&  comme  ce  livje 
eft  ouvert  à  tout  le  monde  ,  &  que  les  Swammerdam  j  les  ttuwcn» 
hûcck,  lus  Duhamel  ^  les  Parmentier  y  IcsMalouin  ^  &c.  &c.  y  ont  lu, 
&  en  ont  expliqué  plufieurs  Chapitres ,  il  u'cfl:  pas  étonnant  qu'il 
Ce  Toit  rencontré  avec  eux.  Sans  livres ,  fans  compagnon  ,  feiil ,  il  i 
laboure  lui-même  le  champ  qu'il  a  enfemencc.  Sans  charrue ,  fans  moulin, 
fon  imagination  indudrieufe ,  aidée  par  les  circonftances  &  excitée  parla 
nécefiité  lui  a  fourni  les  uflenfîles  nécelTaires  à  la  récolte,  i  U  trituration 
de  fon  grain ,  &  à  la  préparation  de  la  farine  6c  du  pain.  Un  excel- 
lent Microfcope  lui  a  découvert  &  développe  les  organes  merveil- 
leux du  germe,  des  parties  de  la  flcuraifon  ,  de  la  fécondation  £<:de 
la  formation  du  grain  de  froment  \  quelques  vailfeaux  chymiques  lui 
ont  fourni  une  analyfe  çxiCtc  :  enlîn  ,  à  l'aide  de  fon  crayon  5c  de 
fes  pinceaux ,  on  retrouve  dans  fon  ouvrage  les  figures  détaillées  de 
Cour  ce  qu'il  a  obfervé. 

On  ne  peur  rien  defirer  du  côté  de  l'exaâitude  fcrupuleufe  dans 
les  différcnres  expériences.  L'Auteur  examine  d'abord  les  qualités  delà 
terre  végétale,  les  plus  propres  au  dcveloppemenr  &  il  la  reproduction 
du  froment.  Ce  développement  &  cet  accroiiîemem  ne  peuvenr  s'exé- 
cuter que  par  la  nutrition  ou  l'addition  fucceffive  des  parties  iïiiiilai- 
res.  Ces  parties  doivent  donc  fe  trouver  réellement  prccxiflanies  dans 
la  rerre  qui  tient  lien  de  nourrice  à  la  plante.  C'efl  aufïî  ce  que  l'ana- 
lyfe  chymique  d'une  terre  médiocrement  fertile ,  comparée  à  celle  du 


151       OBSERrATlONS   SUR   lA   PHYSIQUE^ 

fcomenc  fcmble  confirmer  abfolumenc.  L'Auteur  a  joint  celle  du  fang 
humain  pour  que  le  capprocliemenc  fôt  plus  parfait.  Les  parties  nucri- 
lives  &:  ferrilifantes  rendent  dans  une  elpcce  de  terre folublc  à  l'eau, 
comme  l'avoient  dcii  remarqué  M  M,  Kulbtl  &  Homes.  Voici  la  Table 
de  comparoifoii  celle  qu'on  Ja  trouve  dans  l'ouvrage. 


Ttrre  folublc. 

i*.  Eau  infipide  &  ino- 
dore. 

2.^.  Eau  IcRcccment  mu- 
cilagincuCe  &  chargée 
de  quelques  princi- 
pes. 

j«,  Subftance  huilcufe 
&  faline»  annonçant 
la  prcfence  d'un  fcl 
efTenciel  d'abord  .  & 
enfuite  d'un  Tel  alkali 
volatil. 

4",  Huile  trcs*ténue. 

5*.  Huile  cpaifle. 


6\  Sel  6xe  de  la  tucurc 

des  Tels  neutres» 
y**.  Terre  blanche  &ré- 


Farine, 

1°.  Eau  inodofe. 

1  °.  Eau  douceâtre  ÔC  em- 
pireumacique. 


3  ".  Indices  de  fel  eflen- 
tiel ,  &  enfuitedefel 
alkali  volatil  fous  une 
forme  fluide. 


4*.  Huile  ténue 

j^  Huile  épai(re,a{rez 
femblable  à  de  la 
grailfc  fondue  ,  fort 
brune  &  très-empi- 
reumatique. 

é^.  Sel  Bxe  de  la  nature 
des  Tels  neutres. 

7**,  Terre  blanche  &  rc- 
fraâairq. 


Sang  Humain, 

i'.  Eau  phlegmacique 

inodore. 
i".   Second  phtegme 

chargé  de  quelques 

principes. 

j°.  Sel  alkali  volatil 
fous  forme  concrète* 


^*.  Belle  huile  jaune 

de  ténue, 
s'.  Huile   épaifle  Se 

fort   cmpiteumati- 
que. 


6°.  Sel  fixe  du  genre 

des  Tels  neutres. 
7°.  Terre  blanche  Se 


Les  différens  engrais  propres  i  multiplier  &  renouvellcr  cette  terre 
folubte  >  ce  principe  de  la  fertilité  »  loccupent  enfuire,  ainfi  que  la 
prcpitatioTt  du  fol ,  le  labour  &  les  remailles  :  des  réflexions  juftes 
accompagnent  toujours  ces  détails  de  pratique.  C'cft  d.ins  l'ouvrage 
nicme  qu  il  faut  lire  la  defcripcion  des  parties  organiques  du  grain  de 
froment  ,  le  méchanifme  de  fon  développement ,  la  théorie  de  fon 
accroifTement  ;  c'eft  fur  les  gravures  qu'il  faut  admirer  le  détail  de  la 
Hcuraifon  Se  des  parries  organiques  de  la  fructification.  Depuis  long* 
tcms  on  admet  un  rapport  uoguUet  encre  le  règne  végétal  &  le  règne 

anioul  ^ 


SUR  VHIST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS.    15? 

tnîmal  ;  l'analogie  que  M-  l'Abbc  Ponçtht  trouve  entre  le  germe  dans 
le  grain,  &  le  fétus  des  animaux  dans  la  matrice >  donne  un  nouveau 
jour  &  augmente  les  points  de  rapprochement. 

L'analyCe  imparfiiite  du 'bled  otîroit  en  gênerai  une  fubftance  mn- 
queufe,  nutritive  &  fermencefcibtc,  connue  fous  le  nom  d'Amidon, 
&:  une  autre  fubftancc  finj>uUcre,  relTemblance  à  une  matière  anîmaîe, 
vîiqueufc,  alkaline  &  trcs-dilpolce  à  une  prompte  uutrcfaiHion  ,  dcfi- 
gnce  fous  le  nom  de  fubtlante  glucineufe.  l:n  poufïant  Tes  rccUcrches 
plus  loin,  l'Auteur  a  trouve  que  t.i  rubfUnce  glutineufe  contenoii  une 
vraie  réfine  &  une  vtaie  comme,  qu'il  en  a  extraites  par  refprit-de-vin 
te  l'eau ^  que  l'amidon  ctoit  un  vrai  magma,  dans  lequel  dominoic 
la  Aibdaace  oiuqueufe ,  ou  Tel  elfentiel  fuctc,  uni  i  une  terre  élémen- 
taire prerqu'aum  abondance  \  enfin  ,  que  la  farine  eft  ori;;;inairemcnt 
conipofce  de  terre,  d'eau,  d  aie  ,  de  ^îulieurs  efpèccs  d'huiles,  les  unes 
claires  &  volatiles,  les  autres  plus  cpaifTcs \  de  difcrens  iels ,  l'un  cfTen- 
tict,  l'autre  alkali  volattl ,  &  d'une  très-petite  portion  d'acide;  que 
de  la  combinaifon  un  peu  plus  compliqucc  de  tes  mêmes  principes, 
que  l'on  peut  regarder,  lùion  comme  abfolument  fimplcs ,  du  moins 
comme  parties  con(\ituantes  ,  il  rcfulte  en  outre  une  gomme ,  une 
réfinc,  une  efpèce  de  fucte  ,  &  tx)!ô,\\  un  magma,  connu  fous  le  nom 
d'Amidon. 

Pour  peu  que  l'iinmidité  pénctre  dans  l'inccrieut  des  deux  lobes , 
elle  occafionne  une  vive  fermentation  dans  la  fubïVance  muqueufe  ou 
ûicrée,  dans  U  fubflancc  mucilagineufe  ou  gommcufe  ,  &  paraproxi- 
mation  dans  la  fubflance  rclîneulc.  Ce  mouvement  de  (ermentation 
excire  une  agitation  dans  le  grain,  tout  tend  à  une  dcfunion  prompte 
&  violente;  le  germe  ft;  développe  ,  mais  raccroilTêment  n'ayant  pas 
lîeu  faute  d'une  nourriture  nccellaire ,  Us  parties  conl^ituantcs  &  orga- 
.  niques  violemment  agitées  &  dcfunics ,  ne  tardent  pas  à  s'altérer,  à  ïec- 
Venrcr,  à  changer  de  nature  ,  &  i  donner  pour  dernier  rcfulrat  ce  que 
nous  nommons  la  putrcfaAion.  C'eft  cette  décompofition  à  laquelle 
M.  Ponceta  cherche  i  remédier  en  propofanc  de  fouftraire  le  grain 
itbfolument  à  l'humidité.  On  connoît  fur  cet  objet  les  travaux  de  M. 
Duhiimel^  ôc  de  pluûcurs  autres  Savans  Agricoles.  Voici  la  méthode 
que  l'Auteur  prefcrit  pour  confervet  le  grain  des  fiècles  entiers. 

Dans  un  grenier  dont  le  plancher  fera  bien  folide  6c  bien  carrelé , 
élevez  une  enceinte  en  brique  d'un  bon  pied  d'cpaiifcur  &:  de  frois 
pieds  de  haut;  ménagez  fur  le  rebord  intérieur  une  retraite  ou  feuil- 
lure. Les  cotés  ou  parois  tant  intérieurs  qu'extérieurs,  feront  crépis 
avec  du  bon  cîmem.  L'étendue  &  la  forme  de  cette  enceinte  feront  dé- 
teîmlnécs  par  la  figure  ^■\u  local  Se  I.^  quantité  de  bicd  que  l'on  voudra 
conferver.    Pour    éviter    l'occafion  d  introduite  inutilement  &    même 


Tome  XIP",  Part,  //,177p. 


SEPTEMBRE,        K  k 


aî+,     OBSERrATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

dangereufement  ,  l'ait  ilans  le  bled  renferme  que  l'on  fe  propofe  de 


conlerver 


l 


de  pouvo 

craigiioic  d'y  avoir  recours ,  on  iTicnage 

meuE  des  cafcs  forinces  par  ^utanc  de  divîiions,  ou  de  féparaciun&  cle* 

vces  en  brique,  pareilles  en  couc  au  petic  mur  du  pouicour»  Se  ayant 

chacune  :iti  loniir.ct  une  double  tciraïrc  ou  feuillure. 

Avant  que  de  verfec  le  bled  dans  chaque  café  de  l'encaitfemenc , 
il  faudra  bien  s'aHurer  qu'il  eft  tel  qu'il  doit  titre  pour  pouvoir  ctre 
renfermé  ,  fans  courir  le  moindre  rifque  de  fe  corrompre  ;  c*eft-i-dirc, 
qu'il  doit  être  bien  fec>  exempt  d'ordures  Se  de  poullière  ,&  fur*touc 
>urgé  de  toute  efp^ce  d'infeâcs.  Ainfî  deux  ,  trois  ou  quatre  mois 
cuîcmcnt  après  la  moilTon,  afin  qu'il  ait  tout  le  rems  de  bien  jetter 
fon  feu,  on  commencera  par  le  bat:re  .  le  vanner,  le  cribler,  le  leflîvet 
à  la  méthode  de  M.  HiÙer ,  c'e{l4-dirc ,  dans  ime  leHive  de  cendres 
de  bois  neuf  &  de  chaux  (i)  \  on  le  fera  cnfuitc  bien  fccher  A  une 
chaleur  crès-tempcrce  ,  foit  à  l'étuve  ,  au  four  .iprcs  la  cuilTon  du  pain  , 
ou  tout  autrement ,  comme  on  le  jugera  plus  a  propos. 

Le  froment  ainfi  prépare ,  ou  en  remplira  l'une  des  cafés  ^  on  U 
couvrira  de  planches  proprement  rabotées ,  de  deux  ou  trois  pcmces 
d'épaitreur,  on  en  collera  exactement  toutes  les  jointures  avec  des  ban- 
de:»  de  toile  ,  enduites  de  bonne  colle  de  farine,  dans  laquelle  on  aura 
fair  bouillir  quelques  eoulTcs  d'ail.  On  tînira  par  couvrir  les  phinches 
avec  du  fable  ,  le  plus  icc  qu'il  fera  pcfllble  de  trouver ,  &  jufqu'à  un 
bon  pied  ,  même  quinze  pouces  dVpailteur.  On  remplira  &  garnira 
les  autres  cafés,  avec  la  même  attention  ^  les  mêmes  précautions. Le 
froment  aînfi  renfermé  fera  parfVitc-ment  d  l'abri  de  tout  danger,  des 
foutis ,  des  infedes  &c  parciculicrement  des  injures  du  tenis ,  &  de 
l'intempérie  de  l'air. 

L'amour  du  bien  public  &  le  zèle  que  M.  l'Abbé  Ponctla  mon» 
tre  pour  être  utile  i  fcs  Concitoyens ,  lui  ont  fait  porter  fes  regards 
&  ies  recherches  fur  les  moulins ,  la  mouture  ,  la  confervation  des 
farines ,  l'art  de  faire  le  pain  ,  la  manière  de  préparer  les  levains ,  te 
pétrilTago ,  la  cuilTbn  ,  &  les  ditfcrentes  fortes  ce  pain.  C'cR  dans  lou* 
vrage  mcme  qu'il  faut  Uie  ces  détails.  Les  reBéitons  intcrelTantes  donc 
ils  font  femés ,  réunies  avec  les  rravnux  inlînimenr  utiles  de  M.  Par- 
jTumicr ,  formenr  d  prcfent  une  théorie  complette  fur  la  partie  de  nos 
aliraens,  la  plus  commune  &  la  plus  analogue  à  notre  manière  de  vivre. 


(i)  Cent  livres  décentres,  deux  ccnti  pintes  d'eau,  &  quinze  lîvru  de  chtux« 
^ui  <o  boilTcaai  de  froment. 


SUR   VniST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     tj$ 

Novo  Mciodo  per  coltivare  gli  Ananas  fi'>{p  fuoco  ,  avec  figures , 
Turin^  C'eft  l'ouvrage  du  Jardinier  de  M.  lo  Comte  de  Petcon,  L'Au- 
teur après  bien  des  peines  &  des  foins  >  eft  parvenu  à  trouver  une  force 
de  chaHls  pour  couvrir  les  Ananas»  qui  n'eft  pis  difpendicux  ,  qui  pro- 
cure aux  plantes  tous  les  avantages  qu'elles  peuvent  retirer  de  l'ait  & 
du  foleil>  &  qui  facilite  au  Jardinier  toutes  fcs  opétatiom.  11  a  en  outre 
découvert,  i  force  de  faire  des  épreuves,  que  les  copeaux  tcrmentcuc 
autant  que  le  fumîer  &  le  tan  ,  èc  qu'en  les  employant  par  prcfil-rence 
pour  y  enterrer  les  pots ,  on  épargne  des  frais ,  &  on  évite  beaucoup 
u'mconvéuiens  trcs-nuiCbles  aux  Plantes.  11  en  fait  le  détail  dans  fou 
ouvrage  ,  il  enfeigne  la  façon  de  fe  fervir  des  copeaux ,  &  il  donne 
les  règles  les  plus  sûres  pour  cultivée  l'Ananas  datis  tous  les  climats 
d-pcu-près  fembLibles  à  celui  du  Piémouc.  La  Planche  ,  faite  avec  la 
plus  grande  prccillon  ,  explique  li  faœu  de  conllruire  les  challîs. 

On  efl  perfuadé  que  le  public»  &  fur-tout  les  Amateurs  de  l'Ananas, 
recevront  avec  plailir  ce  petit  ouvrage  qui  les  mettra  i  même  de  fatîT- 
faire  leur  goût  à  très-peu  de  fi:ais. 


TABLE 

DES     ARTICLES 

Contenus  dans  ce  Cahier. 


LtETTKEfur  Us  Feuilles  &  fur  ta  Circulation  de  la  Sève;  de  M.VAsm, 
de  la  Sociéiè  Acadèatitjue  de  Cherbourg  ,  AJfocU  Honorttire  de  la  SocUù 
Royale  d'Agriculture  d'Auch;  à  M.  Fooceroux  de  Bondaroy  ,  de 
f Académie  des  Sciences  ,  Page  17J 

Mémoite  fur  U  fel  qui  fe  forme  par  un  long  repos  fur  le  rèfldu  que  Von 
trouve  au  fond  de  la  cucurbite  ,  après  la  re3if  cation  de  l'ether  vitrioli- 
que;  &  fur  un  autre  Phénomène  objervê  dans  la  dijîillation  du  mime  èther , 
en  employant  un  ef prit- de-vin  Taire  du  mare  de  nos  ratfns  ;  par  M, 
MoNTET  ,  de  la  Société  Rivale  des  Sciences  de  Montpellier  ^  181 

Expériences  èleSrigues  qui  démontrent  que  Ceau  peut  propager  la  Commotion; 
par  M,  Horbsrn-Bergman  ,  i^i 

Defcription  6-  ohfervations  fur  le  Tremblement  de  Une  de  Bologne ,  en 
Italie;  oar  M.  le  Comte  Auguste  de  Chabot  ,  1 98 

Réponfc  a  la  Lettre  de  Madame  de  F***   contenue  dans  le  Supplément 


i^C    OBSERrATlONS  SUR  LÀ  PHYSIQUE, &c: 

au  Journal  de  Phyfique  ,  pa^t  i8i  ;  dans  laquelle  on  trouvera^  i°.  Us 
raifon:-  qui  rendent  probable  y  le  fyjlème  de  rèmij^on  de  la  Lumière^ 
i  " .  du  idées  &  des  Expériences  nouvelles  fur  la  nature  de  la  Lumière 
&  de  fis  'effets ,  &  en  particulier  la  décoloration  des  furfaces  colorées 
qui  fint  expojees  à  la  Lumière ,  &  fur  Cétiolement  des  Plantes  ;  par  M, 
Jean  Senebier  ,  Bibliothécaire  de  la  République  de-Genève  ,  &  Membre 

■  de  la  Société  Hollandoife  des  Sciences  de  Harlem^  loot 
Expériences  fur  les  Tubes  Capillains  j  quatrième  Sehicn;  par  M.  Du- 

'      TOUR,  ll6 

Extrait  d'une  lettre  de  Af.  Magellan  ,  Membre  de  la  Société  Royale  de 

■  Londres  ,  à  un  de  fes  Amis  de  Paris ,  1 1  j 
Lettre  de  ilf.  Chabert  de  l*0,ratoire,aux  Auteurs  de  ce  Recueil^  i%y 
Obfervationfuf  t effet  du  Scarabé  méloé^  dam  là  Rage;  par  M,  Romme  ,  1 1 S 
Mémoire  fur  la  méthode  finguUère  de  guérir  plufiews  maladies  par  CEm^ 

physème  artificiel  ;  par  M.  GallandaT  ,  de  plufieurs  Académies  , 

•   Dimor^rattur  d'Anatomic ,  de  Chirurgie  &  de  l'An  des  Accouchemens , 

.  à  Eleffinguey  115» 

Extrait  des  Regiftres   de  l* Académie  Royale  des  Sciences  y  </»  30  Juin 

Ï779.  ,  .  .  *57 

Botanique.   Plantes  étrangères  dont  la  jleuraifon  n*avoit  pas  encore  para 

dans  nos  Climats  ,  247 

VAnis  étoile  ou  la  Badiane  ^  arbriffèau  ,  249 

Nouvelles  Littéraires ,  151 


APPROBATION. 

J'Ai  lu,  par  ori^rc  de  Moufcigncur  le  Garde  des  Sceaux,  un  Ouvrage  qui  a  pour 
tÎTc:  Olfervatitns  fur  la  P/iyJique ,  fur  t  Hijloire  Naturelle  &  furies  Arts,  &c.y 
par  M.  VÀbht  Ro  z  I  E  R,  &c.  La  Colkûion  de  faits  impottans  qu'il  offre  p^rio- 
diqucmcnc  à  fes  LcAeurs,  mirritc  l'accueil  des  Savant  ;  en  conféquencc.j'cftimetju'oii 
peut  çn  permettre  rimprcffion.  APaxî»,  ce  18  Septembre  1779- 

VALMONT   DE   BOMARE. 


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JOURNAL  DE  PHYSIQUE. 

OCTOBRE     1779. 
RECHERCHES 

Chymiqucs  fur  la  une  des  Pierres  pTécicufes  ou  gemmes  ; 

Par  M.  ToRBERN  Bergman,  ProfelTeur  àt  Chymie,  Chevalier 
de  rOtdte  Royal  de  Wafa. 


Opt/ttons  diverfes  fur  la  terrt  des  P'urrts  priciatfes. 


D 


ANS  les  cems  m&me  les  plus  recules,  l'éclat ,  la  tranfparence  ,  li 
couleuc  &  la  dureté  des  pierres  précieufes  ont  Bxé  l'attention  des  hoiH' 
mes,  au  point  que  non-iculemenc  au  fièclc  de  Thcophrafte,  elles  jouif- 
foîcnt  dcjà  du  nom  de  piètres  prkicufcs  j  mais  dans  le  natte  mcme, 
ce  n'cft  qui  très-gtand  prix  que  l'on  fe  procure  ces  riches  ptoduits 
du  règne  minéral.  Plin**  n  A\r  d'elles .  aver  atmni  t^f*  vt^rirp  nite  d'clé- 
gancc ,  qu'elles  renfctinoient  en  petit  toute  la  majcftc  &  la  iplendeur 
de  la  nature (1);  cependant  la  plupart  des  hommes  s'attachant  plutôt 
à  leur  éclat  extérieur ,  qu'i  leur  principe ,  ne  penfent  nui  en  faire 
l'objet  de  leur  vanité  &  de  leur  luxe,  &  négligent  abfolunient  la  re- 
cherche de  la  caufe  de  leur  perfe^on.  Leur  rareté  Se  leur  chené  fe  font 
oppofces  i  leur  examen.  Combien  de  fois  les  perfonncs  riches  achetant 
de  faud'es  pierres  pour  de  véritables ,  n'ont-elles  bien  paye  la  peine  de 
leur  ignorance  \  mais  la  fulie  &  l'inconddcration  n*accompagnent  que 
trop  louvent  les  richelTes. 

Les  Minéralogifles  les  ont  clafTces  chacun  i  Cz  fa^on  dans  leurs  fyllê- 
mes  )  mais  les  uns  s'arrachant  à  leur  forme  extérieure  j  tes  autres  X 
des  qualités  douteufes  U  incertaines ,  il  n'eft  pas  étonnant  qu'ils  na 


(0  Hiftoite  NamreUe,  L.  XXXVIL 
romtXir.Pan.îLiTj^, 


OCTOBRE.      Ll 


5»       OBSERFATIOSS   SUR   LA  PHYSIQUE, 
pe  trouvent  p.is  d'accord;  &  certainement  ce  n'eût  ^té  que  pat  hafard 
"lu'ils  cufTeut  rencontré  la  vérité,  ignorant  même  fi  leur  baie  terreftre 

ïoit  /impie  &   primitive,  ou  compofée  &  dérivée.  Ceux  qui  les  onc 
[tangces  dans  la  clafle  des  fels  n  ont  confidcrc   <]uc    leur  figure ,  mais 

l'ont  point  fait  attention  que  les  formes  déterminées  &  confiantes  ne 

lépendent    pas    toujours  a  un  caradcre  falin ,  quoique  les  fubïlances 

le  les  autres.  Car 
aftedent  fouvenc 
Jgulictes ,  &  en  général  la  Bcultc  de  cryftallirec 
femblc  appartenir  à  tout  corps  folide,  pourvu  que  fes  molécules ,  ,a(rez 
divifées  &  fufpcndues  dans  un  menftrue  humide  ou  fec ,  puilfcnt  fe 
féunîr  pat  la  force  d'atcraâion  ,  &  aflèâer  un  ordre  fymmétrique. 
Dans  ces  fels,  la  figure  n*eft  déterminée  ni  par  un  acide  ni  par  la  bafe 
qui  lui  eft  jointe.  Les  alkalis  végétal  &  minétal  cryftatllfent  en  cube 
avec  l'acide  matin  ,  mais  ce  même  acide  avec  l'alkali  volatil ,  la 
terre  pefante  ,  l'or ,  la  platine»  le  mercure ,  le  bifmut ,  le  cobolt  &  les 
autres  fubftances,  prend  d'autres  formes.  Si  l'acide  n'influe  pas  dans  ces 
ôrconftances  ,  comment  agira-t-il  dans  des  fnbftances  ou  rien  ne 
démontre  fon  exifteuce  que  la  ftmpic  conjeiHure?  11  faut  en  dire  autant 
de  la  bafe,  le  mcmc  alttali  cryftallife  diverfement  avec  différens  aci- 
des. L'alun  &  le  cobolt  offrent  ordinairement  des  cryftaux  o<iiacdres  , 
quoiqu'ils  n'aient  ni  le  même  œeaftrae,  ni  la  même  bafe.  Que  dirons- 
nous  des  pyrites  qui  dans  leurs  lingulières  cryftallifations  nous  reprcfen- 
lent  des  ligures  géométriaues  régulières,  il  n'eft  pas  befoin,  je  crois, 
d'un  plus  grand  nombre  d'exemples ,  &  j'ai  dcii  démontré  fuffifàm- 
mcnt  dans  un  autre  endroit  que  les  formes  primitives  de  la  même  ma- 
tière   uuuvulcat  cnganJt^r  grand   nomVtrt»  f^p  formes  dérivées    rrès-va- 

riées  n)»  D'après  cela  ,  je  ne  vois  pas  pourquoi  on  affocie  le  diamant  & 
le  rubis  à  l'alun ,  avec  lequel  on  ne  leur  trouve  pas  le  moindre  rap- 
port. Mais  fi  l'on  ne  doit  s'en  rapporter  qu'aux  formes  purement  exté- 
lieuies  ,  on  devtoit  par  conféqucnt  confondre  avec  eux  &  le  cobolc 
^  les  autres  fels  oftacdrcs  \  d'après  la  même  hypothcfe  ,  le  diamant 
cryftallife  en  cube  dcvroit  être  rangé  dans  la  claÂe  des  fels  marins, & 
riiexagone  pcifmariquc  termine  des  deux  côtés  par  trois  rhombcs  parmi 
lesfchoeris. 

Ceux  qui  rangent  les  pierres  gemmes  parmi  les  pierres  virrifiables  ; 
outre  plufieuts  raifons  alTex  foibles ,  s'appuyeut  fur  ce  qu'elles  relfem- 
bloit  au  verre  ,  &  qu'avec  les  alkalis  fixes  elles  fe  fondent  en  une 
mafle   vitteufe  tranfpatente.  La  première  raifon  eft  bien  légère  y  fie 


(I)  N.  Aa.  Upfal.  Vol.  1,  p.  1)0. 


SUR  VniST.  ifATUS.ËLtE  ET  LES  ARTS,     ij, 

qa&nd  U  féconde  feroic  vraie, elle  dénotetoic  feulement  une  <]ualicé 
cirendelle.  Mais  on  verra  dans  la  fuite  ce  que  l'expérience  nous  enfcigne 
fur  cet  article.  La  dureté  n'eft  qu'une  marque  vaine,  car  elle  ne  dépend 
fouvent  uniquement  que  du  degré  d'exiiccacion  »  la  matière  reOant 
toujours  la  même  ;  l'argille  moUe  ou  durcie  au  feu  nous  eu  donne  un 
exemple  frappant.  Quelques  Auteurs  les  nomment  cncoïG  Jticx  vitreux , 
mais  les  noms  ne  changent  point  la  nature  des  chofcsj  &  tous  ceux 
que  je  viens  de  citer  font  également  bons. 

En  compofant  un  fyftôme  minéralogique  ,  lî  la  figure ,  la  rexrure ,  ta 
dureté,  la  couleur,  la  clarté,  la  grandeur  &  toutes  les  autres  qualités 
fuperficielles  fuBifoient  pour  bien  connoîcre  les  lubfVances  minérales  , 
cette  méthode  feroit  peuc-ërre  très*fàcile  pour  les  commençons ,  mais 
ne  feroit  pas  la  meilleure,  puifque  les  qualités  dont  nous  tirons  parti 
dérivent  du  caractère  de  leurs  parties  conlUtuanres  &  rarement  de  leurs 
formes  extérieures.  Tous  ceux  qui  commencent  à  étudier  les  minéraux 
favent  combien  les  caractères  fupertîciels  trompent  ;  il  eft  attaché  à  la 
condition  humaine  de  ue  devenir  fage  &  u  ouvrir  les  yeux  que  très-tard , 
lotfque  l'efpérance  du  fuccès  nous  fait  entreprendre  des  chofes  pref- 
qu'impolUbles. 

Un  des  plus  fameux  fyftèmes  de  minéralogie  eft  celui  que  l'illudrc 
Cronllcdt  a  propofé  avec  fa  modellie  ordinaire  Se  qui  a  retenu  fon 
rx    .-  /i"  f        t  !     ■    __    j  -    f_   r.      juioncdécidé 

les  fubflances 
feul  la  con- 
duit dans  l'erreuc^  Hc  s'il  n'a  pas  toujours  fuivi  le  bon  chemin  ,  il  l'a 
cherché  de  bonne  foi  ôc  l'a  mdiqué  di(lin6tement.  En  marchant  fur 
fes  traces,  je  me  fuis  occupé  pendant  plulîeurs  années  à  l'analyfe  du 
tcgae  minerai  ;  cherchons  a  trouver  les  vr.iis  fondeniens  d'un  lyltçme 
de  la  natute  ,  également  propre  i  perfeâionncf  U  Philofophie  natu- 
relle, &C  i  concourir  à  l'utilité  publique  Se  particulière. 

J'ai  donné  dcji  dans  plufieurs  ouvrages  les  téfultats  de  mes  recher- 
ches, il  ne  fera  ici  queftion  que  des  pierres  gemmes,  parmi  Icfquelles 
on  compte  ordinairement  les  cryftaux  qui  pat  leur  dureté  furpalFcnt 
les  cryflaux  de  coche. 

$.  II. 

SJfai  Jes  pierrei  gtmmts  par  le  thaiamtau  des  EmaWeurs, 

Le  chalumeau  ,  dont  les  Orfèvres  &  d'autres  Ouvriers  fe  fer- 
vent, connu  fous  le  nom  de  chalumeau  des  Emailleurs,  adapté  aux 
techecches  minera  logiques  e(l    d'une   très -grande  utilité  Se  commo^ 

Ï77J.     OCTOBRE,         Ll  » 


1^0      OasERrJTIOP^S  SUR  lA  PtlYStQUE  , 

dicc  (j)^  pcincipalcmenc  dans  l'examen  des  pierres  gemmes,  donc  les 
plus  petites  pACcies  fuffifenc  pour  des  elfai^  qui  par  cux-mcmes  ne  fonc 
rien  moins  que  crcs-coûceux ,  pourvu  que  ces  petites  particules  puilTent 
êcre  f^ilies  par  les  pinces. 

Il  fjur  d abord  diflînguer  le  diamant  des  autres  pierres  gemmes, 
il  les   Turpaiïe  coûtes  par  fa  dureté  ,  &  a  des  carat^rres  bien  diflcrens. 

La  poulUcre  de  diamant  (  z  )  expofce  dans  un  charbon  I  la  flamme 
du  chalumeau  ,  rougit  aulTitôc  au  blanc  ,  mais  ncprouvc  aucun  change- 
menc  fenfible  ,  parce  qu'avec  le  chalumeau  ,  on  peur  difficilement 
appliquer  un  degré  de  feu  tgal ,  conïbnt  &  affez  fuii  pour  la  volaiU 
liier,  &  l'on  ne  peut  éviter  pendant  cette  longue  e.^péricnce  que  l'inc- 
galicé  du  fbuHle  ne  dirperCe  cette  pouinèie.  Les  autres  pierres  gemmes 
font  dans  lë  mcme  cas  que  le  diamant. 

Pour  pouvoir  dilîoudie  tes  minéraux  ,  je  me  fers  fur-rout  d'un  acide , 
d'un  alkali  &c  d'un  fel  neutre.  Je  ne  connois  point  d'autre  acide  qui 
puîHe  Toutenir  le  feu  dans  un  charbon  que  celui  qui  e(l  renferme 
dans  le  fel  microcofmiqne.  Ce  fel  neutre  etl  compofé  de  trois  autres , 
de  l'alkalî  volatil,  de  l'allcili  miner tl  &  de  l'acide  phofphorique. 
L'acide  phofphorique  faturé  du  feul  alkali  volatil  ne  peut  crytlillifer, 
mais  uni  à  une  portion  d'alkali  minera! ,  il  cryftallife  &  forme  un  fel 
connu  fous  le  nom  de  Microcofmique.  Mis  fur  un  charbon ,  il  fe  fond , 
lailfe  échapper  t'alkali  volatil ,  la  portion  d'acide  qui  en  écoic  faturée  de 
même  ànud,&  agit  alors  avec  plus  d'énergie  fur  les  difFcrentesfubftance* 
ou'on  lui  ptcfente.  L'alkalî  dont  Je  me  fers  eft  l'alkali  minerai  rrès- 
dépurc;  le  végctul  à  caufe  de  fa  déliquefcence  n'eft  pas  auffi  propre  d 
ces  expériences.  Enfin  ,  pour  fel  neutre  j'emploie  le  borax  dont  les  deux 
principes  font  fixes  au  feu  »  &  qui  vitrifie  facilemeat  les  fubibnces 
avec  Icrqucllcs  II  elt  unî. 

J'ai  ertayé  Tefiicaciré  de  ces  fels  fur  les  pierres  gemmes.  Te  fel  mi- 
crocofmique les  attaque  diftîcilcmenr  ;  il  les  dillout  cependant ,  mais 
il  faut  du  tems.  Le  diamant  offre  dans  cette  diilolution  un  phénomène 
Singulier  Se  différent  des  autres  piètres  gemmes.  Un  grain  de  pou Hi ère 
de  diamant  mis  dans  un  globule  de  lel  fondu  ,  furnage  cumcôt  Ac 
s'attache  à  la  patrie  fupérieure  de  la  goutte;  d'abord  il  s'échappe  quclK 
ques  bulles  lentement  &  affez  ijnçs ,  elles  celfeuc  durant  U  contiuuA- 


(l)  Tai  expliqué  a/Tez  en  détail  l'ufagc  cTc  cet  îaftnuncat  Jjas  an  Mémoire  que 
M.  Bom  a  fiir  mféict  en  Allemand  dans  les  tiois  Volumes  des  Aâcs  de  l'Acadéinie 
de  Prague. 

Cl)  Cette  poudre  de  diamant  cft  connue  dans  le  coiaraerce  foos  le  nom  ^ igrifft  ^ 
)C  l'cisploixai  daos  la  fuite  de  ce  Mémouc. 


SUR    L'HIST,  NATURKILE  ET  LES  ARTS,     lôt 

non  de  l'opccaïîun.  L'cxcccmîcc  de  la  flamme  coiiflimmcnr  appliquée 
au  peùc  grain  de  poufllèrc  ,  il  diminue  fenliblcmenc  ;  une  partie  efl 
confumce  pac  le  feu  ,  l'autre  efl  ditlipcc  par  le  venc  du  chalumeau , 
&  1.1  petite  portion  qui  tefte  cft  peut-ctre  dîtloute.  Les  autres  pierres 
gemmes  n'encrenc  pomc  en  ciTetverceuce ,  refient  rufpendues  d.inç  le 
iel  en  fiiHoa ,  coumenc  rapidement ,  fonc  actaquces  lentement  &  foc- 
menc  des  petits  globules  vitreux  de  couleur  verte.  Ils  paroitTent  doac 
s'unir  i  ce  feL  par  une  plus  force  atrra^ion  que  le  diatnaiit,  qui  au  con- 
traire femble  en  être  repoulTé. 

L'alkali  minéral  fondu  dans  une  cuiller  d'argent,  f  car  il  eft  abforbé 

p 

les 

tems,  i    peine  les  attaque-t^il.   Cepî 

poulliète ,  mais  réfra^tt^aire.  Le  diamant  paruic  éluder  toute  la  force  de 

l'alkali  minéral ,  comme  on  le  verra  dans  les  expériences  fuivantcs. 

Le  borax  dilTout  les  gemmes  i-peu-prcs  comme  le  fel  microcofmi- 
que  »  cependant  un  peu  plus  vite  Se  fans  effervefcence  ,  mais  il  attaque 
plus  foibicment  le  diamant ,  au  point  que  fon  globule  après  une  longue 
iufion  s'attache  au  chaibon  >  &  la  poulTicte  adhérence  d  la  fupcrficie  fe 
dinïpe  6c  fe  perd. 

11  faut  avoir  foin  d'cpurer  avec  l'eau-forte  ,  régrifce  dont  on  veut 
(c  fccvir.  Car  toute  celle  de  commerce  contient  quantité  de  pasiies 
hétérogènes  comme  on  le  verra  bien  tôt.  (  §.  III,  B.  )  Comme  fe  dia- 
mant lurpalTê  toutes  les  autres  pierres  par  fa  dureté  ,  qu'il  fe  confume 
au  feu  en  répandant  des  vapeurs,  en  un  mot,  qu'il  diffère  par  toutes 
les  qualités  par  Icfquelles  les  autres  fe  conviennent,  je  les  diftinguerai 

dans  les   expcripnrps    riiiw^nt*»»    fpAfit\fmt*rir    Innc  1^   «^ïr»  n*»  fw^fnmff. 

La  manière  dont  le  diamant  fe  comporte  dans  fes  difTolvans  ,  fur- 
tout  dans  l'alkali  minéral  ,  le  différencie  abfolumcnt  du  crylUl  de 
loche*  qui  non-feulement  eft  atuqué  par  l'alkali ,  mais  qui  l'ell  avec 
une  ébullirion  ou  une  effervefcence  très-confidérable.  LeS  pierres  faut 
fes  colorées  ou  non  fe  fondent  très- facilement  Se  fans  addition. 

Il  paroît  delà,  que  le  diamant  &  les  gemmes  forment  deux  genre» 
très-diftinds  du  quartz,  du  fchoerl ,  du  grenat  &  des  autres  pierres. 
Il  refte  toujours  i  favoir  11  leur  bafe  terreufe  eft  primitive  ou  dérivée, 
&  dans  ce  dernier  cas  quels  font  les  principes  &  en  quelle  propor- 
tion ils  conftitucnt  cette  oafe.  La  voie  humide  feule  peut  ^ccUircit  ce« 
^ucftious  a  &  c'eft  ce  que  je  vais^center. 


n?i'      ODSnRrATlONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 


§.     III. 

Difficultés  de  Canatyfe  dis  Ctmmes  &  précautions  quit  faut  tmploye% 

Différens  oWbcles,  que  nous  allons  examiner  chacun  en  particu- 
lier,  s'oppofcnc  à  cet  examen. 

(A)  La  cherté  des  matières  ^  qui  non-feulement  engage,  mais  encore 
force  à.  ne  ttavailUr  que  fut  de  petites  quantités.  Il  nue  bien  prendre 
garde  que  pendant  l'expcrience ,  il  ne  s'cckippe  ou  même  il  ne  s'ajoute 
quelque  porrion  étrangère  qui ,  en  petit ,  produiroit  une  ditfcrence  fea- 
iible ,  tandis  qu'en  erand  on  n'y  f^roir  feulement  pas  attention. 

(B)  Rien  n'eft  fi  difficile  que  de  puivérifer  ces  fubftances»  elles  l'em- 
portent en  dureté  fur  tous  les  autres  corps.  Si  l'on.fAit  rougir  au  feu 
les  gemmes  ôc  qu'on  Us  plonge  autlî-t&t  dans  l'eau  ^oidc ,  elles  de- 
viennent à  peine  fragiles ,  ce  qui  communément  réduit  en  poulBère  les 
cryilaux  de  coche  les  plus  durs.  Ces  petits  grains  frappes  fur  l'enclu- 
me fe  brifeni  quelquefois,  mais  leurs  fragmens  telTautent ,  s'échappent  ÔC 
fe  perdent.  Trcs-fouvent  le  diamant  pénètre  &  le  marteau  &  l'enclu- 
me. L'égrifce  du  commerce  eft  toujours  mêlée  de  parties  hétérogènes. 
L'eau  regale,  même  fans  le  fecours  du  feu>  a  extrait -~V  d'une  poudre 
de  diamant  que  m'avoit  donné  M.  C.  Âlfboemer ,  &c  qui  avoit  été 
apportée  d'Anvers.  Le  menftrue  prie  une  couleur  jaune.  L'alkali  fixe  ea 
irccipita  une  poudre  blanchâtre  ,  qui  au  feul  feu  du  tiiatumeau  fe 
ondit  en  petit  culot  opaque  &  de  forme  métallique.  Dans  le  borax  &C 

Je  fel  microcofmique ,  elle  bouillonne  comme  la  chaux.  Mais  le  fel 
microcofmique  en  fufion ,  charge  d'une  ceruine  quajitité  de  cette  pouf- 
ficre ,  prend  une  couleur  rougearre  en  le  retroidiuant ,  &c  paiîc  dans  ua 
moment  de  la  tranfparence  brillante  du  rubis  i  l'opacité  abfolue.  It 
faut  attribuer  ce  mélange  étranger  aux  inftrumens  dont  on  fe  Cm ,  SC 
il  e(i  caufe  que  l'cgrifée ,  quelque  difficulté  que  l'on  ait  pour  la  ré- 
duire à  cet  état ,  eit  encore  moms  chère  que  les  fragmens  de  diamant 
même  les  plus  petits,  qui  ne  peuvent  fervir  qu'à  U  feule  pulvérifa- 
tion. 

l_.cs  outres  gemmes  fe  pulvérifent  plus  facilement ,  quand  on  fe  ferc 
d'un  mortier  d'agathe  Se  d'un  peu  d'eau.  Lorfque  l'eau  pure  blanchit , 
51  faut  la  décanter  Se  en  remettre  de  nouvelle  jufqu'à  ce  que  la  poudre 
foit  Cï  fine  qu'elle  puifie  refter  fufpendue  dans  leau,  même  quelques 
minutes.  Car,  il  faut  que  la  marière  offre  une  très^grande  fuperncîe 
afin  que  les  menflrues  puilfenr  brifer  plus  facilement  les  chaînes  qui 
lient  les  principes.  Comme  Tagathe  efV  moins  dure, pendant  la  tritura- 
tion il  ie  détache  toujours  quelques  pattics  filiceuies  qui  fe  niêlenc 


l 


SUR  l'HlST.  KATVREtLR  ET  IFS  ARTS,    irf, 

avec  h  poudre  de  diimanc  Se  qu'on  ne  peui  en  fcparer  que  tiLS-dltH- 
citemeni. 

(C)  Les  vafes  propres  i  ces  expériences  par  la  voie  sèche  font  en- 
core une  fouTce  de  clifHcuUcs.  Les  creufers  ordinaires  une  une  futface 
raboceufe  ,  pleine  de  petits    porcs  dans   Icfqucls    il  fe  loge  toujours 
une  quantité    de  matière  afc  confidcrable.   Mais  oe    qui  eft  encore 
plus  incommode,  c'eft  qu'étant  compofcs  de  parties  argilteufes  5c  niU 
ceufes ,  qui  ibnt  attaquables  par  l'alkali  fixe ,  on  ne  peut  obtenir  que 
des  réfultats  incertains  &  douteux.  Pour  connoître  l'effet  dececalkali 
fur  ces  creofets,  voici  l'expérience  que  j'ai  faite.  Ayaut  pris  un  peiit 
creufct  de  HcLFc ,  je  lai  pefé  i  une  balance  exa^e ,  Ton  poids  s'ctl  trouvé 
de  i^}!>5  livres  ducitnal^ïques  (i).  J'y  ai  mis  loo  livres  d'alkali  de  tar- 
tre fec ,  &  l'ai  expofc  pendant  37  minutes  au  feu  de  fuiïon.  Après  te 
refroidilfemenc,  il  ne  pcfoit  que  1(^45  livres.  U  s'étoitdonc  perdu  quar 
ranre  livres  qu'il  faut  aitcibuur  à  l'humidité  ou  du  fel  ou  du  creufec  ^ 
ou  de  tous  les  deux  enfemble ,  ce  qui  eft  plus  croyable.  La  malFe  qui 
étoir  reftée  au  fond  avoir  d'abord  l'air  d'un  verre  en  fuiîon  ,  mais  infen* 
(îblement  elle  devine  opaque  &  atciroit  l'humidité  de  l'air.  Je  la  lavai 
dans  de  l'eau  chaude;  ayant  dccsjicé  la  liqueur,  elle  prit  ta  forme  d'unâ 
gelée;  rclavée  de  nouveau  avec  de  l'acide  vitrioliquo'IR:  de  nouvelle 
eau  chaude,  reféchée  en  fuite  »  elle  me  donna  ti  livres  d'une  terre 


iîon.  En  lavaut  le  creufec ,  il  s'en  détacha  quelques  particules  Se  des 
fragmens  qui, bien  féchés , pefoient  to  livres.  Enfin  le  creufee  lui-mcme 
bien  lavé  &  bien  deiTéchc  s'eft  trouvé  pefer  1594  livres,  poids  biert 
excédant  celui  qu'il  avoK  avjuu  i'expcnence.  Amli,  comme  les  poids 
ix-H?-l-io==:28,  que  M»5— z«=?=Mî7  &  q«  .M9+— MST^jy  , 
il  eft  clair  que  le  fei  alïtiU  petidam  la  fufîon  avoir  diffout  11  livres 
de  terre  vitrifiable,  c'eft-à-dire  ^  de  fon  poids,  6  livres  de  terre  argil- 
leufe»  c'eft-i-dire  ,'g,  &  qu'enfin  le  creufet  avoir  retenu  ^y  livres  de 
fel  alkali,  qui  avoit  incrufté  fon  fond  d'une  matière  vitreufe  indilTo- 
luble  i  l'eau.  D'après  cette  expérience  on  doit  en  conclure  qu'il  ne 
£uic  pas  ttop  fe  fier  aux  creufets  dans  les  expériences  des  décom- 
pofitions  des  terres  par  la  voie  sèche,  parce  qu'ils  fournilfent  ïoujours 
quelques  fubftances  hétérogènes  ou  qu'au  moins  ils  troubleni  les  pcot 
portions  des  principes. 

Il  y  a  déjà  plufieurs  années  que  voulant  travailler  fur  le  quartz,  jo 


(i)  i;8;   gtains. 


►nie  fiùs  fervi  de  cuillers  d6  fer  (i).    On  fait  que  les  bandes  de  fer 

ordûmres   ont    la  forme  d'un  parallélinipcde  dont  deux  furfaccs  fonc 

,>pliu  larges  que  les  autres.  J'ai  pris  du  fer  forge  de  la  meilleure  nature, 

[j'en  ù  laic  couper  un  barccnti  en  morceaux  d'un  pouce  de  longueur, 

ifi:  par  le  moyen  du  tour,  j'y  ai  fait  creufcr  des  petits  fegmens  de  fpScre. 

tC'c£t  dans  cos  perles  trous  c]ue  je  plat^ois  avec  de  I'a)k.ili  les  fubftances 

•que  je  vouloir  traiter  au  feu  ,    &  recouvrois  le  tout  d'un  autre  mor- 

*;ceau  de  fer,  pour  empêcher  les  cendres  6c  le  charbon  àcje  mclcrav»c 

îles  matières.  Je  me  fuis  fervi  encore  d'un  autre   métal ,  de  la  nlacine 

précipitée  de  l'eau  régale  par  !e  fel  ammoniac,  fondue  par  le  lel  mî- 

crocofmique  (  ^  ) ,  &  fai^onnée  enfin  par  le  marteau  en  petit  creufcr. 

Mais  les  portions  confidcrables  de  ce  r^ule  ainH  traité  ^toienc  agiles. 

Se  il  n'y  avoir  que  les  très-petites   qui  fuflenr  allez  bien  fondues  pour 

■jïouvoir  obéit  facilement  au  marteau.  Pat  conféquenc ,  je  ne  pus  avoir 

x}ue  des  efpèccs  de  petits   creufets  qui  ne  contenoient  aue  quelques 

grains  de  matière.  Si  jamais  on  peut  en  faire  d'affez  grands  ,  ils  fcronc 

â'une  très-grande  uiilicé  ,  parce  qu'on  ne  craindra  pas  h  fulion  à  quel- 

Îiue  degré  de  feu  que  ce  foit.  Si  d'abord  on  a  Co\n  de  les  faire  bouillir 
uffifammcnt  dajis  l'acide  du  fel  que  Tort  doic  y  fondre,  ils  ne  tache- 
ront plus  ces  tks*  Bien  plus,  on  peut  les  faire  bouillir  dans  quelque 
menïtrue  acide  que  ce  foit ,  excepte  l'eau  régale. 

Si  l'on  tond  dans  les  petits  creufets  de  fer  des  terres  minérales  par 
le  moyen  de  l'alkali  fixe ,  il  fe  mêlera  du  fer  à  la  fufion ,  ce  qui  rend 
très-difficile  la  fcparation  exaâe  des  principes  que  l'on  cherche  *,  mais 
en  ufant  de  précaution  &  modérant  fagement  le  feu ,  on  pourra  parve- 
nir allez  facilement  au  but  que  Ton  fe  propofe ,  comme  on  le  verra 
par  les  expériences  fuivantcs. 

{L>)  Les  menftrues  qu'il  faut  employer  dans  l'examen  des  pierres 
précicufes  doivent  ctre  plus  purs  que  ceux  que  l'on  emploie  communé- 
ment. L*acide  vitriolique  du  commerce  contient  différentes  fubflanceî 
bétcrogcnes  &  notamment  du  gypfe,&  du  vitriol  qui  occalionncnt  des 
différences  fenfibles  dans  ces  expériences.  On  ne  doit  fe  fcrvir 
de  celui  que  l'on  a  obtenu  par  une  diflillation  très-lente. 

11  faut  auflj  re-flifier  avec  foin  les  autres  acides  ,  pour  les  purger 
de  toutes  fubAances  terreufes  Se  métalliques  ,  qui  dans  l'analyfe 
répandent  de  la  confoUon  &  dans  la  qualité  &  dans  la  quantité  des 
principes.^ 

L'alkali  de  tartre  ordinaire  contient  des  atomes  de  terre  vitrifiable 


que 


(t^  Mém.  fiir  les  Terres  géoponitjua. 
(ft)  Conf.  A^  R.  Acad.  Scockb,  an.  1777. 


qui 


SUR  VniST.  NATURELLE  ET    LES   ARTS,    itfj 

qui  vont  quelquefois  à  j-^-  de  fon  poids.  Les  acides  concentrés  les 
ieparent  ^  la  vente,  mais  tant  qu'ils  (ont  unis  aux  Tels  alkalis  ,  ils  ref- 
tent  iufpendus  avec  eux  dans  leur  dllfolution ,  jufqu'd  ce  que  l'acide 
aérien  répandu  dans  ratinofphère  les  précipite  ,  ce  qui  n'arrive  qu'après 
un  très  long  efpace  de  teins ,  parce  que  cet  acide  n'agit  que  très-lcu- 
reaieuc  (i).  C'eft  pourquoi,  comme  d.ins  cesexp<*riences  il  faut  appor- 
ter la  plus  fcrupuleufe  attention ,  l'alk^li  fixe  dont  je  me  fers  ell  Tal- 
kati  minécal  ou  végétal  dépuré  exaâcmenc  ,  obtenu  de  la  crème  de 
tartre  par  l'eau  didillée,  &  confcrvé  dans  un  flacon  de  cryRal  qui  ne 
peut  iQuinir  aucun  aiûmc  de  terre  viniâable. 

§.    I  V. 

Effets  des  acidts  dans  la  dkompoftiion  des  Gtmmts, 

On  n'a  trouve  jufqu'ici  que  cinqefpcccs  de  terre  fi  ïïmples  par  elles-^ 
mîmes,  que  par  aucun  procédé  on  n'e(V  parvenu  à  les  réduire  à  des 
principes  plus  (impies  encore,  ou  à  les  changée  les  unes  dans  les  au- 
tres, &  que  pat  conréq«cn[,on  peut  appeller  primitives,  avec  raifon  , 
jufqu'd  ce  que  de  nouvelles  expériences  aient  démontre  le  contraire. 
Ces  terres  font  la  terre  pefanre,  la  chaux,  la  magnéne,Ia  tctrcargillcufe. 
&  la  terre  Hliceufe  ou  vitriSable  (i).  On  ne  peut  cependant  niec  , 
qu'il  n'y  aie  une  forte  de  probabilité  dans  l'opinion  qui  les  réduit  a  un 
moindre  nombre  &  les  rend  toutes  une  modiBcation  d'une  feule  terre. 
Mais  dans  la  recherche  &  rétude  de  la  nature  ,  il  ne  faut  pas  que 
les  fyftêmes  purement  imaginaires  l'emiiortent  fur  des  phénomènes 
démontrés  par  des  expériences  fuivies,&  que  rien  encore  n'a  pu  in- 
firmer. Parmi  ces  terres,  il  y  en  a  quatre  de  folubles  dans  les  acides, 
la  cinquième,  C.  D.  la  terre  vttriBable  ,  efl  abfolumcnt  inattaquable, 
excepte  par  celui  que  l'on  obtient  du  fluor  minéral.  Lorfqu'elles  font 
rociees  les  unes  avec  les  autres  ,  l'are  Spa"irique  fait  bien  les  féparer  en 
leur  appliquant  des  mcn(lrues  propres  a  chacun.  La  multiplicité  des 
furfaces  augmentant  les  points  de  contact ,  aide  infiniment  l'aârion  des 
menfttues.  En  conféquence ,  il  faut  avoir  foin  de  broyer  exaAement 
les  matières  que  l'on  veut  éprouver.  La  feule  diviCon  méchanique  ne 
fuflit  pas,  on  doit  encore  avoir  recours  i  la  chymique  ;  <lans  cette 
fuite  d'expériences  elle  s'eîl  opérée  par  la  voie   sèche ,  au  moyen  da 


(i)S.  À^.  Upf.ro/.  II. p.  tioêf  m. 

(i)  Idem.  pag.  ii}-iitf.  te  Dijftrt.  dt  Magnejiâ  alha ,  Upfai.  kah  177J. 

Tome  XIF,  Pan.  II.  1779.  O  CTO  B RE.     M  m 


.  / 


k66       OBSERrJTIONS  SUR  LA    PHYSIQUEf^ 

Cilkali  l'ixe  qui  .itr.iquacc  direi^cmuu  U  cerre  vuriluble,  btifelelien 
des  ilifitrens  priii;ipes. 

(A)  L'acide  vitrioJiquc  n'a  point  atuquc  le  diamant  bien  purgé  des 


Ayanc  verfé  fut  l'cgrifée  des  autres  gemmes  le  double  de  Ton  poids 
d'acide  vicrioliquc  trts-concentrc  ,  &  l'ayant  fait  cvaroret  au  feu  jufqu'à 
uccitc,  j*ii  beaucoup  mieux  réunï  ;  car  le  rclidu  lave  daiis  l'eau  m'a 
donne  une  maticre  niccallique  colorante  ,  &  une  poicïon  de  chsux.  La 
matière  métallique  préfipitce  par  l'aïlcali  phlogiftiquc  a  fourni  un  très- 
beau  bleu  de  Prude.  Il  cft  donc  confiant  par  là  que  la  couleur  rouge  du 
rubis,  la  couleur  bleue  du  faphir,&  le  vert  de  l'émeraude  font  dues 
au  fet  I  dont  j'ai  détermine  la  quantité  par  le  poids  du  précipité  bleu. 
J*ai  démontré  que  iîx  parties  de  précipité  contenoient  une  partie  de 

J'ai  fépatc  U  matière  calcaire  par  l'alkali  f^xe.  Elle  ctoit  (i  pure  ,  que 
craitce  avec  l'acide  vttriulique,  je  n'ai  trouvé  nul  vcftige  de  terre  argil- 
leufe»  excepté  dans  ta  décompoticion  du  fapliîr.  Voici  les  qu.inûiés  de 
terre  calcaire  Se  de  fer  que  J'ai  trouvées  dins  les  gemmes  exprimée» 
par  des  livres  docimafliques. 

Chaux  aérée.       Fer. 

Rubis  d'un  rouge  d'ccarlate,  oriental 9,  ïo. 

Saphir  oriental ,  d'nn  bleu  d'azur 7  ,  !• 

Topaze  de  Sjxe  d'un  jaune  doté B,  6, 

Hyacinthe  orientale  jaunâtre 10,  13. 

Emcraude  orientale  »  d'un  verd  gai S^,  4« 

Ccft  par  ce  procédé  qu'on  peut  facilement  féparcr  des  gemmes,  la 
terre  calcaire  &  le  fec,  comme  on  le  verra  dans  la  fuite. 

(B)  L'acide  nitrcux  couLentré  donne  à-peu-prcs  les  mcraes  réfiilrats 
par  Jadigedion,  J'ai  vcrfc  fur  del'égrifée  des  dtffcrens  gemmes,  S  fois  leur 
çûids  de  cet  acide  j  je  l'ai  tenu  en  digeHion  pendant  deux  jours.  Se  ai 
taitbouillir  le  touidurancune  petite  heure.  Ayant  décante  pruuemment  la 
liqueur,  j'ai  rcverfc  la  mcme  quantité  d'acide,  jVi  digcrc  &  fait  bouil- 
lir comme  la  ptemière  fois  ;  j'ai  répété  deux  fois  cette  opération  juf- 
qu'à  ce  que  la  liqueur  ne  me  parût  plus  chargée  d'extrait. 

Les  liqueurs  mêlées  eufemble&  précipitées,  m'ont  donné àpeu-prcs 


(1)  Dijfert,  Je  txphrandu  mîneru  ferri  vU  fmaûda  t  Upfal,  habita  ,  1777. 


SUR    VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ÀRTS^     167 
les 

uioii 

le  fcours  au  rcu,cicpiiiogiitique  le  rec .  ce  par- 

menr  en    dJlFulution.   Auflî   d.ms    ces    expériences  les  réfîdus  de  fei 

«'croient  que  des  ochres  un  peu  impures. 

Le  diaiiunc  n'eft  poinc  actaquj  pu  ce  menflrue  ,  ni  par  le  précé- 
dent. 

(C)  Je  me  fuis  fervi  de  l'acide  mirin  conrenrré ,  comme  de  l'acide 
iiicreux  Se  avec  le  même  fuccès.  H  excrait  le  Fer  mieur  que  ra*;ide 
vitri  ilique,  cependanc  la  dilféren.e  ne  va  pas  à  —-. 

Nous  voyons  don.  que  par  le  moyen  de  divers  acides  on  peutextraîre 
une  portion  de  chaux  &  de  fer  des  pierres  jremmes  proprement  dites. 
Cet  extrait  n'étant  ja*nais  que-,  &  apréi  Ci  fcp.uicion  le  ccfidu n'ayant 
plui  les  mêmes  caraâèces  qu'aupicavaut,  je  conjecturai  que  cet  extrait 
n'étoit  qu'a^LidentL'l  ,  5c  que  le  r^'iidu  conllicuoic  vraiment  la  terre  pci- 
mirive    J'ai    mcnie  rc'piiidti  cette  opinion  dans  divers  écrits.  Cepen- 
dant, les  veftiues  de  terre  ar^ilteufs  que  j'ai  reiicwitrés  dms  le  faphir, 
èc  qui  quelquefois  exccdoienr  les  7^—,  me  firent  naître  quelques  ft-rupu- 
les.  J'avois  éprouve  fouvent  que,  tndgrc  la  pulvcrifation  la  plus  exaÂe, 
ils  paroilToient  d'abord   inli'ôluhles  ,  mnis  qu'en  les  di(ïolvain  dans 
un  n:}uveau  tnenrirue}  ils  deventtient  ntt;)quable5  par  ceux-là  même  qui 
n'avoient  point  eu  d'effet   fur  eux.   J  elliyn  donc  de  difFcrenies  ma- 
nières d'en  venir  à  bojt  par  l'alkili  tixe.  Une  partie  de  ce  fel  réduit 
deux  parties  de  quartz  oa  de  fiîex  en  un  verie  dur  &  tranfparent.  Plus 
on  augmente  la  proportion  du  fL-l,&  plu^  la  qualité  du  verre  devient 
mauvaifc  ;  au  pomt  que  non- feule  ment    Us  acides  peuvent  le  ditîbu'» 
dre,  mais  même  Ci  la  propjrcion    du  fjl  cft  double  de  la  terre  vitri- 
fiable  ,  le  verre  qui  en  rcfulte  e(l  attaqué  par  l'Iiumidicé  feule  de  l'air. 
On  peut  par  cette  métliode,  fure  un  verre  difloUibIc  dans  l'eau.  On 
n'a  pu  encore  fondre  en  milTè*:  tranfpirentes  les  gemmes  pat  le  fecouts 
de  l'alkilij  &  pour   les    faire    feulement  coaguler,    il  faut   le  qua- 
druple du  poids   de  ce  fel.    Mais  comme  cette    opération    ne  peut 
fe  faire  que  dans  des  vafes  de  fer ,  5f  que  la  matière  non-feulement 
s'attache  fortement  au  vafe ,  mais  encore  pénètre  facilement  le  fer ,  cette 
méthode  entraîne  beauroup  de  difficultés.  A   torce  de   chetcher  ,  j'ai 
trouvé   ou  une  fufion  parfaite  écoit  inuiile  ,  Se  qu'il  fuffifoit  d'ajouter 
ftffez  d'alkali  pour  que  lei  molécules  pulfcnt  fe  coaguler  d  un  fimple  com- 
mencement aefufi^^n;  ce  qui  m*a  .on  Juif  eaUn  à  une  méthode  sûre  pour 
«nalvfer  les  corps  minéraux,  &  que  je    vais  décrire  telle  que  je  l'ai 
employée  dans   celle  des  pierres  prccieufe&- 


<779- 


OCTOBRE. 

s 


M  m  1 


[.       1^8        OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

§.    V. 

Mîtltodc  pour  ixtralrt  facilement  les  principes  prochains  des  Gemmes. 

(A)  Il  (^uc  Us  rcduirc  en  poudre  impalpable,  auOÎ  &ne  qu'on  puîlle 
l'obtenir  p.ir  des  triturations  &  des  lotions  réitérées. 

(fi)  Ay.inr  cictermînc  le  poids  de  cette  poudre,  on  Ii  mêle  avec  te 
double  d'alk:ili  minéral  pue  par  défaillance.  IMus  le  mélange  ell  con- 
£dérable  ^*  plus  les  rcfultats  font  judes. 

(C)  On  mec  ce  mélange  dans  un  petit  vafe  de  fer  bien  net  &  bien 
poli  en-dediins ,  de  peur  que  les  afpcrités  ne  fe  détachent  pendant  11 
calcination,  ne  tombent  dans  ta  maiïè  fondue  &  ne  la  rouillent. 

(D)  On  place  ce  petit  vafe  dans  un  fourneau  ordinaire  fur  un  petit 
rond  de  terre  ;  on  le  couvre  d'un  creufet  rcnverfé  pour  emp&cher  les 
cendres  &  le  charbon  de  tomber  dedans. 

(E)  On  le  tient  dans  le  feu  médiocrement  rouge.  Si  le  coup  de  feu 
eft  trop  fort ,  la  matière  s'attache  aux  parois  duvale.  U  faut  éviter  avec 
foin  de  fe  fervir  de  foufflet ,  parce  que  le  fer  fe  tutuéâeroic  bientôt 
&  fe  fcorifieroit. 

Quand  la  matière  devient  ferme  &  eft  afièz  coagulée,  qu'elle  peut 
fe  féparer  du  fond  du  vafc  fans  corps  lictétogcnes  adhércns ,  c'eft  une 
preuve  que  l'on  a  bien  gouverné  fe  feu.  Deux  ou  trois  expériences 
mdruiront  fuffîfnniment. 

(F)  Cette  maffe  tirée  proprement  du  vafe  de  fer,  on  la  pnlvérife 
dans  un  mortier  d'agathe  ,  &  on  en  extrait  tout  ce  qui  efl  foluble 
p3C  l'acide  marin  à  t'aide  de  la  digeflion. 

On  s'affure  qu'il  n'y  a  plus  de  matière  i  extraire,  par  le  réfidu  qui 
eft  léger  &  d'un  caraÛcre  fpongieux.  On  eft  certain  enfin  que  ce  rélldu 
ne  contient  plus  de  fubflanccs  étrangères,  lorfqu'ayant  verfé  une  nou- 
velle dofe  d'acide  &C  l'ayant  fait  digérer  pendant  plulîeurs  heures,  elle 
ne  dilfout  rien. 

(G)  Après  la  di^olutîon,onrama{Ie  le  réHdu  ,  on  le  lave  bien,  on 
le  sèche  exactement  &  on  le  pèfe.  Le  déchet  du  premier  poids  donne 
celui  de  la  matière  diifoutc. 

(H)  La  diffolucion  jaunit  &.'  annonce  la  prcfence  du  fer.  On  le  con- 
Boît  plus  sûrement  par  une  leflive  alkaline  phlogiftiquce.  Elle  le  pré- 
cipite en  bleu  dtf'PrufTe.  On  ramalTe  exaélement  ce  précipite,  on  le 
lave ,  on  le  sèche  bien ,  S<  la  fixième  partie  de  fon  poids  dénote  la 
quantité  exaÛe  de  fet  qu'il  contient. 

(1)  On  précipite  la  partie  terreufe  de  la  liqueur  purgée  de  toute 
partie  métallique»  avec  de  l'alkali  fixe  qui  ne  contient  fur-tout  point 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LUS  ARTS,    169 

de  terre  vitrifiable.  On  verfe  fur  le  précipite  lave,  fcché  &  pcfô,  du 
vinaigre  diftillc  Ht.  fois  fon  poids.  Au  bouc  dune  petite  heure,  il  dif- 
fout  tout  ce  cjui  Ce  trouve  de  chaux ,  de  magnéfie  &  de  cette  pefaïue; 
mais  ce  n'eft  qu'après  une  longue  digeftîon  qu'il  vient  à  bout  de  fe 
charger  d'une  alfez  grande  quantité  d'argiltc. 

(K)  Après  avoir  filtré  la  liqueur  pat  l'alkali  fixe  acte,  on  pticipite 
du  vinaigte  tout  ce  qu'il  contient  de  tetteux.  On  lave,  on  sèche  8c 
Ton  pèfe  le  nouveau  précipité.  Ce  n'cft  pas  fans  taifon  que  j'emploie 
ici  l'alkali  air'rc,  parce  qu'au  moyen  de  l'attradtion  double  il  s'empare 
de  la  terre  pefante  ,  gui  élude  la  force  de  la  caullicitc  (  1}. 

(L)  Il  faut  examiner  avec  foin  ce  que  l'on  a  précipité  du  vinaigre. 
$i  on  verfe  dellus  de  l'acide  vittiolique  étendu,  il  le  cryllallife  des 
fels.  Car  avec  la  terre  pefante  l'acide  vittiolique  produit  le  fpach  pe^ 
iant  indinbluble  dans  l'eau  chaude»  quelque  grande  que  foie  la  quan- 
tité. Avec  11  terre  catcaîte  ,  il  forme  du  gypfc  qui  n'a  que  tiès-peu  de 
faveur ,  qui  ne  peur  ccrc  dilfout  que  dans  500  fois  fon  poids  d'eau 
chaude;  l'acide  du  fucre  mêlé  à  cette  diïToIution ,  le  change  bientôt  en 
chaux  fucrce.  Avec  la  magnéiie ,  il  donne  le  fel  d'Anglctcirc,  trcs- 
amer,  dilToluble  dans  l'eau  bouillante  Se  dccompofable  par  l'eau  de 
chaux. 

(MJ.C'eft  pat  le  moyen  du  chalumeau  qu'il  faut  examiner  la  nature 
du  rcûdu  de  l'opération  (G).  Comme  il  eli  toujouts  très-confidérable  , 
on  ne  peut  le  traicet  dans  de  grands  vailleaux.  Los  creufets  otdinaites 
ne  conviennent  point  du  tout  quand  on  tr-ivaille  fur  des  matières 
vitrilîablcs  ,  Ôc  les  vaiHcaux  de  fer  font  infuffifans  lorfque  l'opération 
demande  une  fulion  (  §.  111.  C.  ).  Ces  rcfidusindilfolubles  nous  déno- 
tent t  ou  des  molécules  de  pierres  gemmes  qui  ne  font  pas  alfez  dîvi- 
fées,  ou  font  de  nature  de  terre  vitrifiable  ,  car  toutes  les  auttes  terres 
coimucs  Lcdcnt  à  la  force  dillblvame  des  acides. 

VoÎl'Î  la  manière  facile  de  le  traiter  avec  le  chalumeau  d'Eraailleur. 
Dans  une  cuiller  d'argent,  on  fond  un  globule  d'alkali  minéral,  ou 
jette  delTus  une  perite  pottion  du  léfidu ,  on  examine  attentivement  ce 
qui  fe  pafTe.  Si  elle  pénètre  l'alkali  avec  beaucoup  d'effervefcence , 
qu'elle  s*y  ditfolve  ,  ceft  une  preuve  qu'il  eft  de  nature  vitrifiable. 
Mais  fi  elle  le  pénètre  fans  efferveRence ,  &  qu'enfin  elle  foie 
agitée  dans  l'intérieur  de  la  goutte  de  l'alkali  ,  comme  on  l'apperçoit 
facilement  à  caufe  de  ft  tranfparence  ,  on  peut  en  concluie  qu'il  y  a 
encore  Quelques  |>articules  de  matière  gemme. 

(N)  Nous  avons  die  que  le  réfidu  de  l'opération  (  1  )  étoic  de  l'at- 


(1)  N.  Aaa,  UpfaU  Vol.  U.  pag.  t««. 


Ï70      OBXnRyATIONS  SUR   LA!  PHYSIQUE^ 

fuie  ;  pour  le  prouver,  que  l'on  verfe  delTus  trois  fois  fon  potcU 
'acide  vitriolique  concentré  »  C*c  qu'on  falTê  évaporer  I.i  liqueur  nu  feu 
jurau  nccité.  Si  U  malfe  reftante  eft  argilleufe»  elle  fe  dillôudra  dans 
le  double  de  fon  poids  d  eau  chaude  ,  aura  un  goût  aftringent ,  four- 
nira des  cryftaux  otfbcdres,  fera  décompofce  par  l'alkali  voUril  caulti- 
^ue ,  en  un  moc  elle  uffirira  toutes  les  propiictés  de  l'alun. 

§.    V  I. 

Priaçipts  prochains  des  Ctmmfs, 

Tels  font  les  moyens  dont  je  me  fuis  fervi  pour  examiner  &  anajyfer 
les  pierreç  Gemmes.  J'ai  trouvé  que  le  réHdu  (G)  ccoit  purement  de  la 
terre  vitrifiable  :  que  le  prck.ipité  (H)  n'étoit  que  du  bleu  de  Prulle  : 
^ne  le  précipité,  \K)  diflout  par  le  vinai(;re  iliflillc,  étoit  de  la  terre 
calcaire ,  8c  ce  qut  rede  îndilToluble  étoit  de  la  tcrte  argilleufe.  11  ne  me 
refte  donc  plus  aucun  doute  fur  la  qualité  des  principes  des  gemme?.  Mais 
il  rede  encore  beaucoup  d'expériences  à  faire  fur  leur  quantité  Se  fur  leur 
proportion  réciproque,  n'ayant  pu  opérer  que  fur  de  très-petites  portions 

3ui  ne  palloient  pas  un  quintal  docimnllique.  J'ai  fournis  à  l'expérience 
eux  fois  la  matière  du  même  cryftal ,  Se  la  différence  s'cl^  trouvée  i 
Ïieine  d'un  centième  ;  au  contraire ,  des  pierres  de  même  efpèce ,  comme 
ept  rubis,  fur  lefauels  j*ai  opéré,  ont  roujours  différé  les  uns  des  auires. 
Cela  vient,  fans  doute,  de  ce  que  les  proportions  varient  dans  chaque 
individu  entre  certaines  bornes  que  nous  ne  connoiflons  pas  encore. 

D'après  mes  expériences .  voici  les  quantités  moyennes  fourmes  pac 
chaque  quintal  Comme  la  partie  argilteufc  cft  toujours  la  plus  confidé- 
rable,je  l'aimifeib  tcie. 

argîL  un.  vUrL  cale,  fit, 

Emeraude  Orientale  d'un  vetd  gai.   .  .  .  £o  .  •  14  .  .     8  .  .  6, 

Saphir  Oriental  d'un  bel  azur J8..55..     5..  a. 

Topafe  de  Saxe  d'un  jaune  doré.     .     .  .  .  46   .  *   19  .  .     8  .  .  6, 

Hyacinthe  Orientale  jaunâtre 40  .  .  25   .  .  10  .  .  i  f. 

Rubis  Otieutal  d'un  rouge d'écarlate 40  .  .  39  .  «     9  •  •  ^o« 

Par  la  terre  argilleufe,  j'entends  celle  qui  fait  la  bafe  de  l'alun,  &  qui 
dans  routes  les  argilles  fc  trouve  unieâ  la  rerre  vitrifiable  §.  V,  N.  (  par 
la  terre  liliceufe  ou  vitrifiable,  j'entends  celle  qui  conftitue  le  quartz  pur,  le 
cryllal  de  roche  &c  les  filex  t§.VM  .  La  iioifième  colonne  comiem  la 
terre  calcaire acrcc,  c'eft-â- dire,  faturce  de  l'acide  aérien.  Il  clk  en.ore 
douteux  fi  dans  la  compofition  cette  terre  eft  pure  ou  aërce.  Si  c'eft  le 
dernier,  alors  l'union  ttcs-cttoite, la  petite  quautitc,  (qui  n'excède  janaaiS 


1 


SUR  rjilST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS,     xji 

f ,  mais  qui  qaelt^uefois  cft  moindre  que  --.  )  p*ut  s  opvoCâr >  &  à  ta 
dtmitiuùon  de  poitU  au  feu  ,  5c  à  reHreivefcence  fenfible  \14ii5  les  aàties. 
De  plus ,  le  déchet  oui  fe  trouve  plus  confiiimble  qu'il  ne  devroic  «te 
naturellement,  femble  indiquer  un  principe  acrien.  Decencpnmesquctun 
founiec  à  l'anïlyfe,  il  peut  bien  s'en  petdie  une  on  deux  dans  les  difté- 
rences  opérations ,  &  en  acracUer  aux  parois  des  vailleaux  ,  dans  l'cpailïWur  Sc 
fur  les  filtres  &c&c.cequlcxcufc  le  manque  d'exactitude  que  l'on  devtoiï 
exiger  iccupuleufemcnt  daos  la  cable  que  j'ai  donnée.  Mais  quand  oii 
opère  avec  la  plus  grande  précaution ,  il  ne  peut  pas  s'en  perdre  ^ ,  8 ,  Ôc 
encore  moins  1 1  parties ,  ce  qui  arciveroit  ccpepdant  dans  la  décompo- 
sition de  l'hyatintiie,  U  la  tetre  calcaire  ne  contenoit  pas  un  principe 
aérien.  Quoique  j'aie  tenu  les  matières  en  incandefcence  pendant  plufieurs 
heures,  je  n'ai  rien  obfervé  de  volatil;  &  par  le  mclan^e  avec  les  acides, 
tien  ne  s'c-ll  fublimc  ^  les  acides  paJÎoienc  dans  le  récipient  à  l'aide  de  la 
chaleur.  ,\ 

La  dernière  colonne  contient  le  fer  foluble  àans  les  acides  Avec  l'ilkalt 
phlogilliquc  il  donne  un  fcdimem  qui  palTe  du  notr  nu  bleu,   en  aulH 


li  que  h  proportion  de  fer  dans  ces  pierres  cft  un  peu  plus  confidérable 

?|!ie  celle  que  j'ai  exprimée  dans  la  table.  Au  refte,  c'eft  à  ce  métal  que 
jnc  dues  les  diverfcs  couleurs  des  eemmes .  non  en  raifon  de  la  quantité , 
mais  ci\  raifon  de  ta  qualité,  de  la  dofc  de  phlogiftique  qui  ie  trouve 
dans  la  chaux  ,ou  d'autres  modihcations.  ^ 

On  peut  conclure  de  ce  qui  précède  ,  que  toutes  les  pierres  j^emmeft 
conviennent  enfemble  par  les  mêmes  principes,  c*cft-à-dire  qu'elles  font 
compofces  de  terre  argilleufe,qui  en  fait  la  partie  principale,  de  terre. 
vicrinable .  de  terre  calcaire ,  £c  d'une  portion  de  fer.  Les  deux  premiers; 
principes  varient  beaucoup.  En  connoilPant  leur  compofition  ,  leurs  pro- 
pricïés  nous  feront  bien  mieux  connues.  Elles  furpallent  tous  les  autres 
corps  en  dureté,  excepté  feulement  le  diamant  ;  par  l'analyre  nous  avon^ 
trouvé  que  la  terre  argillcufc  entroit  en  plus  grande  proportion  :  quelle 
exiîtcatiou  n'a-t-il  pas  fallu  puut  durcir  ces  matières  au  point  où  nous  les 
voyons!  La  chaleur  qui  tcene  dans  les  contrées  (ttuées  entre  les  tropiques, 
n'cft  pas  fu££intc  ,  il  a  fallu  celle  des  Indes,  &  plus  continuel  plus  vive. 
Lacondenfation  a  fuivi  l'endurciCTcment,  &c  la  gravité  fpécilïque  en  aéré 
augmentée.  Telle  eft  la  caufe  qui  a  donné  à  ces  fubllances  une  dureté 
&  uirt  ptTanreurqui  l'emporte  fur  tous  lesautres.crydaux. 

Les  gemmes  rcfiftent  au  plus  grand  feu ,  excepte  l'cmeraude  &  l'hyacio- 
cbe.  Je  fais  cependant  qu'au  foyer  d'un  miroir  ardent  on  efV  venu  a  bout  de 
UDioIlir  un  rubis.  Il  paroît  confiant ,  pai  l'expérience ,  que  les  tliâereos 


Lu 


%fx        OBSERVATIONS  SUR  lA  PHYSIQUE^ 

dégrés  de  fuGbtlité  dépendent  des  proportions  varices  des  quacre  principes 
conftituans,  L  alkali  hxe  attaque  vivemenr  la  partie  vitriSable ,  mais  il  fc 
combine  difficilement  avec  î'argilleufe  &  la  calcaire.  C'eft  pour  cecre 
raifon  qu'il  a  peine  à  dilToudre  les  gemmes ,  où  la  partie  vitrihable  eft  rrès- 
petite  &  intimement  unie  aux  autres  principes.|Cependaiit,  dans  Icmerau- 
de  j  plus  tendre  que  les  autres  pierres  précieufes,  comme  ces  principes  font 
moins  étroitement  combines.  lalkali  attaque  la  partie  vitrifiable  avec  tantde 
ficilitc,qu'au  chalumeau  elle fcréiouteapouflicrcprerquefur-le-champ.Le 
fel  microcofmiquedinbut  très-bien  h  terre  calcaire  &Ja  terre  argilleufe, 
mais  moins  bien  la  vitritiablc.  Lorfque  cette  dernière  eft  en  penre  pro- 
portion ,  elle  dilîout  bien  les  gemmes ,  mais  lentement.  Enfin  le  borax, 
qui ,  par  la  voie  sèche  dilTont  facilement  toutes  ces  terres  en  particulier , 
(ompt  auflï  leut  aggrégation  plus  facilement  que  les  autres  Tels. 

Si  les  parties  arevlleufes  &  calcaires  arrêtent  l'adion  de  l'alkali  fix© 
fur  ta  partie  viirifiable  »  i  la  voie  sèche ,  cette  même  partie ,  par  Ton  union 
avec  les  autres .  s'oppofe  pareillement  à  l'adHon  des  menilrues  par  la  voie 
humide ,  au  point  qu'ils  ne  peuvent  en  extraire  que  la  partie  calcaire  & 
mécallique ,  à  moins  que  l'on  n'ait  fait  agir  auparavant  l'alkali  tixe. 

§.    VII. 

Mxamtn  des  cryftaux  aaah^uts  aux  PUrres  Gemmes. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire ,  je  ne  crois  pas  que  l'on  doute 
encore  que  les  pierres  gemmes  ne  doivent  être  placées  parmi  Içs  com- 
pofés  argilleux.  Comme  la  nature  dans  Tes  ouvrages  palle  par  Aq3 
degrés  prefque  infcnfibles ,  il  ne  fera  pas  inutile  d'analyTct  les  diverï 
cryftaux  qui  font  analogues  aux  gemmes.  Compofcs  des  mcmes  prin- 
cipes, il  n'en  différent  plus  ou  moins  que  par  une  plus  ou  moins  grande 
proportion  de  terre  vitrifiable.  A  cette  clalTc  appartiennent  pliifieurs 
genres  de  pierres ,  tels  que  le  çrenar ,  le  fchoer! ,  la  zcolithe  &  le  quartz. 
Le  grenat  £c  le  fchoerl,  traites  de  la  mcme  manière  que  les  gemmes, 
m'ont  donné  les  mêmes  principes  ,  excepté  que  la  partie  vitrihable 
remporte  de  beaucoup  fur  I'argilleufe  ,  &  ces  principes  font  fi  érroite- 
mcnc  unis  ,  que  fous  le  briquet  le  grenat  étincelle  prefque  toujours , 
&  le  fchoctl  alVez  fuuvent.  Après  le  fchoerl  vient  la  zcolKhe,dont  la 
cohérence  des  parties  ell  fi  toible ,  que  les  acides  les  ditîblvent  fans 
autre  préparation  que  la  pulvcrifaiion.  Rarement  la  zéolithc  étincelle 
fous  le  briquet.  On  eu  trouve  cependant  quelquefois  d'affez  dure, 
pour  produire  cet  etfet,  dans  la  montagne  de  Moeflebersen  Veftrogo- 
thie.  On  n'en  voit  guère  de  tranfparenie.  J'ai  déji  parlé  de  cette  pierre 
plus  au  long.  Le  quartz  toucnii  I4  fui(e  des  ctyiUux  genuues.  Mai» 

la 


Sl/n   VHISr,   NATURELLE  ET  LES  ARTS,     i7j 

la  partie  vitcifiabie  cft  fi  abondante,  qu'elle  abfotbe  abfolument  tous 
les  autres  pimcipes.  Si  on  le  traite  avec  le  double  de  Ton  poids  d'alkali 
minerai,  il  eil  difficile  de  gouverner  afTez  bien  le  feu  pour  éviter  la 
fulîon  completce.  Pour  éviter  cet  accident,  il  faut  réduire  le  Tel  A}. 

Si  l'on  emploie  après  cela  les  menftrues,  comme  pour  les  gemmes , 
on  obtient  un  peu  de  terre  argilleufe  &  calcaire.  Il  peut  fe  hire  qu'il 
y  air  du  cryttal  de  roche  abfolument  compofc  de  terre  virrilîable ,  je 
ne  (ais  pas  cependant  fi  l'on  en  trouve.  Il  y  a  quelques  années  que 
i'annon^i  que  je  n'avois  point  rencontré  d'atwille  dam  quelques  aua- 
lyfes  que  j'avois  faites ,  mais  j'eus  foin  en  mcme-cems  de  dire  que  je 
regardois  mes  expériences  comme  incompiettes  (i). 

Pour  terminer  ces  obfervations ,  &c  pour  le  profit  de  la  minéralogie, 
je  vais  fpécifiet  les  caractères  particuliers  des  gemmes  que  j'ai  exami- 
nés avec  le  plus  de  foïji  &  en  donner  pour  ainfi  dire  la  généalogie. 

Des  PUrm  G<mmts, 

(  Ânalyft  pat  la  voie  sèche.)  Si  l'on  expofe  fut  un  charbon  à  la  flamme 
d'un  chalumeau  un  morceau  de  pierre  gemme  ,  il  ne  fe  fond  point. 
Cependant  l'hyacinthe  ,  l'émeraude  ,  6c  mcme  l'aiguc  marine,  &  la 
chryfolite  peuvent  s'y  ramollir,  &  y  deviennent  opaques. 

Avec  l'alkali  minéral  tondu  dans  une  cuiller  d'argenr,  on  ne  voit 
aucune  effervefcence ,  nulle  diminution.  L'émeraude  ,  l'aiguë  marine, 
&  la  chryfolite ,  que  l'on  doit  placer  au  dernier  rang  des  pierres 
gemmes,  prefi^u'à  côté  des  fchoerls,  s'y  rcfolvent  en  pouilicre  rcftac-: 
taire  ,  ôc  qui  tournoie  dans  le  globule  de  fel  fans  diminution  fcnfible. 

Avec  le  fel  microcofmique ,  il  fe  dillbut  leiuenieiu  &c  fans  mouve- 
ment. Le  verre  qui  fe  forme  ne  perd  aucune  teinte,  excepté  avec  le 
rubis  foncé,  qui  lui  donne  une  belle  couleur  verte.  Ceux  de  l'hyacin- 
the &  de  l'émeraude  deviennent  opaques  en  refroidiHant. 

Avec  le  borax,  il  difparoît  alfcz  vue.  L'addition  de  la  terre  calcaire 
aide  la  dilloluiion  comme  l'a  remarque  Ruifl,  (a). 

{Par  la  voie  humide.)  Les  acides  après  une  longue  digeftion  entraînent 
on  peu  de  terre  calcaire  &  de  fer.  Si  te  morceau  de  gemme  a  d'abord 
été  traité  avec  l'alkali  fixe ,  il  dilfolvera  encore  la  panie  argilleufe  \  U  ne 
relie  alors  que  la  partie  vittiHable  d'intafle. 

(  Proportion  des  principes,)  En  général  les  gemmes  font  compofées  de 
terre  argilleufe  qui  forme  la  partie  la  plus  confidérable ,  de  terre  vitri- 
fiable ,  i'uDe  portion  de  calcaire ,  &  ae  fec  modifié  diffibemment.  Ce 


(i)  Mém.  fur  les  icrrca  Géoponiqncs ,  177t. 
<>)  Coinin.  10  aâis  Stockh.  176S. 

Tome  XIV»  Pare.  IL  1 775».  OCTOBRE. 


Nn 


^74      OBSERVATIONS  SUR  LÀ  PHYSIQUE^ 

feroit  par  une  fuite  d'expériences  nombreufes  que  l'on  pourroit  parvenit 
d  fixer  iufte  les  proportions  de  ces  utincipes  dans  chaque  cfpèce  de  gcrn- 
mes.  Il  refte  encore  i  favoic  (\  b  aivecncé  des  couleun  ne  dépend  ^int 
de  la  variété  de  ces  mélanges,  La  forme  prifmatique  hexagone  ou  odhcdce 
iudique-t-cilc  conllammenc  la  variété  de  laconipofition  ? 

{Formes  extérieures.)  La  forme  oÛaèdre  appanient  fpccîalement  au  ra- 
bis,  peuc-Stre  quelquefois  aufU  aux  fchoerls.  Niais  l'analyfe  d'un  prifme  en 
particulier  n'a  pas  encore  fpcciHc  fa  comporition. 
On  trouve  du  faphir  cryftaJlifé  comme  du  quartz. 
La  topaze  paipic  affeâer  la  lîgure  cubique  ,  ou  d'un  parallélipipèdr. 
Cependant  rarement  fa  figure  ed  complette ,  mais  par  cïéfaut  ïe  nom-* 
bre  de  fes  côtes  augmente ,  foie  dans  le  prifme  ,  fou  dans  la  pyramide. 
L'émeraude  efl:  communémeuc  un  prilme  hexagone  tronqué  i  angle 
droit. 

J^uoique  les  variccci  Icgcres  dans  les  formes  foicnt  alfez  indifféren- 
ces, cependant  quiconque  s'applique  à  la  Minéralogie  »  ne  doit  pas  les 
iicgli>;er. 

C'eft  par  la  dureté  que  l'on  a  coutume  de  fpccifier  l'efpèce  des 
pierres  gemmes,  car  fouvenc  elles  font  trcs-difformes.  C'eft  aulfi  cette 
qualité  jointe  à  la  tranfparence  qui  en  fait  le  prix.  II  fàu:  cependant 
remarquer  (jue  le  rubis  fpinel  peut  être  entame  non-feulemeiic  par  le 
faphir,  mais  encore  par  la  topaze,  de  mcme  que  la  chryfoiithe  par 
le  cryftal  de  roche.  11  fcmble  donc  que  la  dureté  cft  prutôr  l'effet  du 
degré  de  defscchemonc ,  que  de  la  oivecfc  proportion  des  principes. 
Après  le  diamant,  le  rubis  ell  le  plus  dut  de  tous ,  enfuite  le  faphir , 
puis  la  topaze  ,  après  l'hyacinthe  ,  entin  l'émeraude. 

Autrefois  on  ajoutoîc  beaucoup  de  foi  à  la  couleur  \  mais  la  couleur 
rouge  n'indique  pas  toujours  exaélement  le  rubis,  ni  la  bleue  le  faphir^ 
ni  la  jaune  la  topaze ,  ni  la  verte  l'émeraude. 

La  pefantcur  fpécilique  varie  au  point  que  l'on  ne  peut  tien  con* 
dure  ae  certain  (i).  Cependant  la  ropaze  la  plus  pefance  varie  depuis 
3,44^0  jufquà  4, 1  ^o ^  le  rubis  depuis  5»  180  jufqu'à4,i40  ;  le  faphk 
de  3»6jo  jufqu'l  3,940 j  Se  enfin  l'émeraude  depuis  i,7So  julqu'â 
),7i  I  ;  Se  dans  les  variétés  de  l'émeraude,  la  chryfoiithe  l'emporte fn 
Jes  autres. 

Du  Grenat, 

(  Ânalyft  par  li  votesiche.)  Si  l'on  expofc  à  la  flamme  on  fragment  ^ 
Btenar,  il  fe  fond  en  un  petit  globule  de  vene  cranfpareat  »  mais  leplas 
louvent  en  une  fcorie  noire. 


(0  Tab.  de  M.  Raift. 


SUR  VniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      17$ 

Avec  lalkali  mincriJ»  il  fer^fout  en  poudre  réfraâaire  avec  tant  de 
lenteur,  qu'A  peine  remarque-t-on  la  plus  Icgt^re  effcrvefceuce.  Quand 
le  fer  abonde  dans  le  grenac.la  mafle  aevient  d'un  brun  obfcur. 

Avec  le  Tel  microcorinique «  il  fe  fond,  fans  apparence  de  bulles, 
en  un  vcrd  verdâtre ,  ou  noîcâcre  s'il  connent  beaucoup  de  fer. 

Traite  avec  le  borax  ^  il  fe  comporte  À-peu-prcs  de  même. 

{Par  la  vou  humidt.)  Les  acides  n'en  peuvent  extraire  que  la  partie  cal- 
caire &  ferrugineufe.  Quand  on  l'a  d'abord  traité  avec  l'alluli,  il  s'em- 
pare de  la  panie  argilleufe,  &  laiHe  la  terre  vitriftable  à  nud. 
;  (  Principes.  )  La  terre  vittifiable  forme  la  partie  principale  dans  la  corn- 
poiidon  du  grenat,  enfuitc  la  terre  argilleufe  ^  il  contient  encore  wt\  peu 
de  terre  calcaire.  La  proportion  du  fer  varie  beaucoup  ^  les  cryltaux  tranf- 
parens  en  contiennent  environ  ~^  &c  dans  les  cryflaux  opaques  &  d'un 
rouge  noir  ,  cela  va  quelquefois  jufqu'j  ~^. 

(  Forme  extèr'uure.  )  La  forme  régulière  eft  un  dodécaèdre  compofé 
de  rhombes  égaux.  On  peut  le  conHdérer  comme  un  prifme  hexa- 
gone termine  par  des  pyramides  i  trois  rhombes ,  ou  tricdre  (  1  ) ,  il 
varie  beaucoup  par  rapport  à  la  iîgure.  Sa  texture  intérieure  eft  lameU 
leufe  ,  quoique  quelquefois  il  foie  difficile  de  la  remarquer. 

Le  greiut  cède  en  dureté  à  la  topaze,  mais  il  l'emporte  fur  le  cryftat 
de  rocne. 

La  couleur  des  grenats  tranfparcns  e(l  d'un  rouge  cramoiiî;  quelques- 
uns  approchent  de  la  couleur  jaunâtre  ;  d'autres  ritcnt  fur  le  violet.  Les 
opaques  font  fi  foncés  en  couleur  qu'ils  patoinenc  noirs. 

Sa  pefanteur  fpcciiïque  approche  beaucoup  de  celle  de  la  topaze,  & 
quoiqu'il  contienne  beaucoup  de  fer,  il  ne  l'emporte  jamais.  Sapeûu' 
ceur  vati«  depuis  3,(^00  jufqui  4, 400.  * 

Du  Schoerl  (a). 

(  Analyft  par  la  voie  ièchc.  )  Un  fragment  de  fchoerl  expofc  i  la 
âamme  fe  ramollie  en  fe  bourfouffîant  un  peu ,  mais  rarement  vient- 
on  i  bout  de  le  réduire  en  globule ,  ce  qui  arrive  cependant  à  la  tour- 
maline de  Ceylan^  qui  appartient  à  la  claffe  des  fchoerls ,  &  au  fchoerl 
feuilleté,  dit,  Biende  cornée. 

Avec  l'alkali  minéral,  il  fe  réduit  en  poudre  »  avec  une  légère  cffer- 
vefccnce. 


<->^  Cl)  N.  Aa,  Upfal.  VoL  I.  pag.  ijt.  Tab.  IX.  fîg.  $.  1. 

(1)  Ce  que  M.  Cionflcdt  appelle  bafalie ,  je  le  nomme  ftkoerL 

177Î.     OCTOBRE,        Nu  x 


i.^6      OBSERVATIONS  SUR    LA   PHYSIQUE^ 

Avec  le  fel  microcofmiqae,  il  fediflbutavec  une  petite efFervefceace; 
&  quand  le  globule  fondu  eft  un  peu  gros  ,  il  devient  opaque. 

Avec  le  borax  ,  le  globule  cefle  tranfpacent,  à  moins  qu  il  ne  Toit 
chareé  de  beaucoup  de  fer. 

(  FiiT  la  voie  humide,  )  Après  une  longue  digcHion  les  acides  en 
fcparent  la  partie  calcaire  ,  ta  métallique ,  &  mcmc  une  grande  ponion 
de  la  terre  argilleufe  i  mais  fi  auparavant  le  fchoerl  a  ctc  traité  avec 
l'alkali ,  toutes  ces  difTolucÎQns  sopècenc  plus  vite  &  plus  complecte* 
ment. 

La  eerte  vïtrifiable  y  eft  en  plus  grande  quantité  que  dans  le  grenat; 
enfuite  vient  la  terre  argilleufe  ,  puis  la  calcaire.  Dans  les  cryftaux 
iranfpatens  la  portion  de  fer  va  à  j^^,  &  dans  les  opaques,  fut-toui 
les  noits ,  ^-rzv 

{Forme  extérieure.)  Sa  fotnic  tcgulicre  eft  la  tncine  que  celle  du  gre- 
nat, mais  le  ptifme  eft  beaucoup  plus  allongé  (i),  rarement  trouve- 
i-on  le  fchoerl  cryftallifc  parfaitement  \  deU  vient  que  quelquefois  il 
n'eft  pas  termine  par  une  pyramide  ,  que  fon  prifme  varie  beaucoup 
pour  le  nombre  de  côtés ,  &  que  ces  côtés  forment  fouvent  un  angle 
avec  l'axe  m&rae.  Le  fchoeti,  dit  Bltnde  cornée,  eft  feuillcié-,  il  y  en 
a  une  efpèce ,  quoique  rare ,  qui  affefte  la  forme  du  fpath. 

Il  n'eft  guère  plus  dur  que  le  cryftal  de  roclie.  Souvent  on  peut  en- 
tamer avec  le  couteau  le  fchoerl  prifmatique,  &  toujours  le  feuilleté. 

Les  cryftaux  de  fchoerl  tranfparent  font  de  couleur  rouge,  jaune, 
bleu,  brun,  mais  ordiiuirement  vetdi  les  opaques  font  noits  ouverds 
foncés. 

Sa  pefantetu  fpécîRquc  eft  à-pcu-près  celle  du  grenat,  &  varie  en- 
ae  j,ooo  Se  4,000.  Le  fcKoctl  tiajifparenc  eft  plus  léger. 

Dt  la  Zéollthe, 

(  Analyft  par  la  voie  sèche.)  Un  fragment  de  zéolitbe  expofc  à  la 
flamme  fe  bourfouflfle  comme  le  borax  avec  d'autant  plus  de  force  , 
qu'elle  eft  mieux  cryftallifée.  Il  fe  fond  en  fcorieécumeufe,&  raremenr 
en  vetre  tranfparent.  Quelques  variétés  de  zéolitbe  ne  fc  boutfouftlent  que 
pour  te  moment,  ^  fans  former  de  bulles. 

Avec  l'alkali  minéral  elle  fe  réduit  avec  eftervefcencc  en  pouiTière, 
mais  elle  ne  fe  dilTout  pas  tout-à-fait. 

Avec  le  fel  microcohnique  elle  fe  diftbut  en  fe  bourfouBant ,  cepen- 
dant avec  lenteur ,  Se  le  globule  fondu  rcfte  tranfparent. 


h)  N.  Au.  Vpf.  Vol.  I,  paj.  s«i.  Tab.  IX.  (ig.  1. 


SUR  rniSJ.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     177 

Elle  fe  comporte  de  mcmc  avec  le  borax. 

(  Par  la  voie  humide,  )  Les  acides  en  difTolvenc  tout  ce  qu'il  y  a  de 
difibluble  ,  mais  fans  l'avoir  traire  d'abord  avec  t'alluli  fixe,  &  for- 
ment avec  quelques  variétés  une  efpèce  de  gelée. 

(  Principes  conftttuans.  )  La  partie  principale  de  la  zéolithe  eft  la  terre 
vicrifiable,  enfaite  largilleafe,  &:  la  moindre  eft  la  terre  calcaire.  La 
fec  qui  s'y  rencontre  excède  rarement  y^s  (i). 

{ t'ormcs  cxUricures.  )  Sa  forme  extérieure  eft  rarement  prifmatique  , 
prefque  toujours  pyramidale  &  imparfaite.  Les  pyramides  paroillcnc 
partir  d'un  centre  commun  &  diverger  à  la  circonférence  ;  louvenc  la 
zéolithe  par  cette  cryftaltifaiion  affeâeune  figure  fpKcrique. 

Sa  dureté  n'eft  pas  ordinairement  alTex  coiifidcrablc  pour  ctincelec 
avec  le  briquet  y  peu  de  zcoliche  mcme  eft  en  état  d'entamer  &  de  rayer 
le  verre. 

Sa  couleur  eft  rouge  ou  blanche  »  rarement  tranfparente. 

Sa  pefaiitcur  fpécihque  eft  peu  confidérable,  i  peine  paHe-t-elIe  Zjfoo* 

Il  eft  claie  ,  par  tout  ce  que  nous  venons  de  dire ,  que  le  grenat ,  le 
fthoerl,  &  la  zcolitKc  ont  tant  de  rapport  cnfemble,  qu'on  peut  les 
nommer  congtiihes  ,  avec  autant  de  droit  que  le  rubis,  le  faphir,  la 
topaze  ,  l'hyacinthe  &  l'émeraudc.  Cependant  jufqti'à  prcfent  on  les 
avoir  placés  non-feulement  fous  difit-rens  genres,  mais  même  fous  dif- 
férens  ordres,  La  doretc  femble  augmenter  avec  la  proportion  de  la 
terre  argilleufe,  Se  monter  de  la  zéolithe,  par  le  fchoerl ,  jufqu'au  gre- 
nat. Elle  defcend  au  contraire  par  la  roche  de  corne  ou  trapp ,  jufqu'à 
la  marne,  dont  la  combinaifon  ne  paroît  être  qu'un  mélange  purement 
cncchiniquc. 

Toutes  les  efpcces  d'argille  que  j'ai  pu  examiner  mont  toujonri 
offert  des  molécules  de  terre  vitrifiaole,  plus  ou  moins  gtolTes;  elles 
formoient  toujours  plus  de  la  moitié  de  la  mafTe  totale  ^  fouvcnt  elles 
cxcédoient7~,&  même  j^,Iefets'y  rencontroit  depuis-^  jufqu'i-^V 
Ajoutons-y  un  peu  de  terre  calcaire  ,  &  nous  aurons  la  marne,  faifanc 
effervefcence  avec  les  acides ,  quoique  la  partie  calcaire  n'y  pafte  pas  y^. 
L'analyfe  découvre  dans  le  trapp  les  mcmes  principes  que  dans  les  ûibf- 
cances  dont  j'ai  déjà  parlé  \  ils  n'y  font  pas  cependjnc  dans  un  étar  de 
parfaite  combinaifon  ,  mais  lïinplement  réunis  les  uns  aux  autres  pac 
adhéïîon  &  par  une  cryftallifation  ^rolTicrc  ;  car  à  la  loupe  on  diftin^ue 

"  l'il  fa 


plus  parfaite  des  compolitions  méchaniques  picrreufes,&  il  fervira  de 


(i)  Comm.  de  prodaâis  ignts  /»&  tfrr.  f.tf'(^. 


^ 


178        OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

pnirsge  aux  compofcs  homogènes  &  d'un  grain  H  an ,  que  la  mcttlcute 
loupe  ne  peut  dilUnguer  les  moiccutcs  dont  ils  font  foniiés.  A  ccice  clalTe 
appartiennent  les  gemmes,  le  grenat,  le  fchoetl,  la  zcolithe  SiC  les  auttes 
pierres  que  Cronftedc  a  dcfignt:  fous  le  nom  de  itms, 

je  n'examinerai  pas  ii  les  pierres  gemmes  ont  pu  fe  cryftallifcr  fans  un 
^utre  menllrue  oue  l'eau.  Il  me  lemble  probable  que  tout  véhicule , 
pourvu  qu'il  aie  ccé  âuide  «  quand  mèm«  il  n'aurott  pas  eu  la  qualicc  de 
dilfolvanc  ,  a  été  propre  à  cet  effet.  Il  Aiâîtquc  les  atomes  des  gemmes 
foient  fufpendus  dans  ce  Huide  ,  de  fa^on  qu'ils  puilienc  ohcir  librement 
i  la  force  par  laquelle  ils  s'attirent  mutuellemenr.  Les  plus  petites 
molécules  lupplcene  par  leur  furface  multipliée  à  l'attraction  des  plus 
grolTes.  Il  paroît  confVaiit  qu'il  entre  plus  ou  moins  d'eau  dans  la  forma- 
tion des  cryftaux  pierreux  ,  quoique  le  laps  de  tems»&  une  longuo 
deffication  les  en  privent.  Le  bourfouflement  de  la  zcolithe  au  feu  n'eft 
dii  qu'à  l'ccliappement  de  fon  eau  qui  s'échappe  fous  la  forme  de  vapeurs; 
&  fans  doute  qu'une  quantité  moins  coniidcrablc  d'eau  dans  les  fchoeris, 
e(l  caufe  qu'ils  fe  bourfouflent  moins.  A  peine  en  voit-on  un  léger  indice 
dans  le  grenat.  On  n'en  remarque  aucun  dans  les  gemmes. 

Le  pctro-iîlex  contient  aufU  de  la  terre  vîtrinable,  de  t'argiUcufe  & 
de  lacalcaire  incimement  unies  \  on  peut  fuivre  la  progreHion  des  piettes 
gemmes  dans  les  filex  purs,  par  les  cryftaux  de  roche.  Car  ces  beaux 
cryftaux  de  quartz  du  Jemtland ,  traités  d'abord  avec  ^  d'alkali  minéral 
&  enfuitc  avec  les  .icides  »  m'ont  donné  7-^  de  terre  argilleufe ,  &  ~  de 
terre  calcaire  »  &  ainti  les  mêmes  principes  que  j'avois  trouvés  dans  les 
gemmes.  Si  quelqu'un  penfoit  qu'à  force  de  traiter  avec  l'alkali  le  réfidu 
iiidiiroluble  ,  on  pourroit  l'amener  à  l'érat  d'argitle  &c  de  ccrte  calcaire, 
qu'il  fâche  que  jeVai  eHàyé  pluHcurs  fois ,  mais  en  vain. 

§.    V  I  I  1. 

Du  Diamant, 

Quoique  le  diamaac  foie  regardé  comme  la  première  des  pierres 
précieufeS)  je  n'en  ai  parlé,  jufqu'à  préfent,  que  pour  en  faire  fenrir  la 
différence  avec  ces  mêmes  pierres.  Il  s'en  faut  de  beaucoup  qu'une  parfaite 
atialyfe  m'ait  conduit  i  faillr  tout  ce  qui  conflituc  partairemcnc  cette 
différence.  Cependant ,  il  ne  fera  pas  inutile  de  faire  connoîtrc  tout  ce 
que  j'ai  pu  découvrir.  Cette  opération  eH  très-difïif^e ,  &  par  le  grand 

ftùx  des  matières  qui  empêche  d'en  avoir  des  quantîtcs  fnffif3ntes,-&  par 
a  nature  mcme  de  la  matière.  Mais  afin  d'applanir  la  route ,  Se  de 
didipcr  les  obftacles  qui  pourroicnc  retarder  la  marche  desSavans,  que 
l'ardeur  de  la  Science  &  les  circonftances  portent  d  la  recherche  des 
principes  du  diamant,  je  vais  tracer  le  terme  où  je  fuis  parvenu*  Pourvu 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  j4RTS.      xi^ 

que  le  voile  qui  cache  la  petite  foie  arcaché,  qu'importe  la  main  qui 
l'enlèvera. 


par  fa  lente  déflagration.  Car ,  lorfqu  on  le  poulTe  au  feu ,  non-fcnleDient  il 
diminue  de  volume  ,  mais  il  brûle*,  l'on  apperçoic  une  légère  flamme  au- 
tour de  lui  ,  &  même  traite  dans  des  vaifleaux  clos  on  y  trouve  une 
efpèce  de  fuie.  (O  Enfin  il  diffère  des  cryftaux  gemmes  par  fa  façon  de 
fe  comporter  avec  les  menftrues. 

(  A  )  La  poudre  de  diamant ,  ou  égrifée ,  propre  à  ces  expcrîences,  eft 
Is  pouflière  qui  fe  fotmc  de  deux  diamans  que*  l  on  frotte  fortement  î'ua 
contre  l'autre  ,  mais  dépouilles  entièremcni  de  leur  ccorcc.  Car  on  peut 
douter  encore  fi  cette  ccorce  qui  enveloppe  le  diamant  eft  de  mcmc  nature 

3ue  lui  ,  ou  d'une  nature  difTcteme.  Cette  pulvcrifation  demande 
e  plus  gros  diamans  que  ceux  que  j'ai  pu  me  proaircr  j  j'ai  donc  été 
obligé  d'avoir  recours  à  l'cgrifce  du  commerce.  On  dit  communément 
que  le  diamant  fournit  une  poudre  noire,  6c  l'on  a  raifon,  fi  l'on  entend 
1  égrifée  da  commerce  ,  mats  cette  couleur  ne  lui  eft  point  naturelle  ; 
les  mcnftrues  acides  l'enlèvent  facilement ,  Se  il  ne  refte  plus  que  des 
atomes  grifactes  qui  font  dus  ou  i  l'écorce  du  diamant»  ou  aux  inftrumens 
qu'on  a  employés  pour  les  travailler.  Il  peut  cependant  fe  faire  que  les 
diamans  noirs  ne  pouvant  fervir  i  aucun  ufage  ,  foient  deftinés  i  ccrç 
pulvcrifcs  \  dans  ce  cas  ,  la  couleur  feroit  fixe  &  permanente. 

(B)  L'égrifée  épurée  avec  l'eau  régale  n'eft  point  attaauable  par  les 
autres  acides ,  mais  elle  offre  un  phénomène  fmgulier  avec  l'acide  vitrio- 
lique.  Si  l'on  verfe  de  cet  acide  fur  de  l'égrifée,  S<  qu'on  le  fa/le  évaporer, 
il  dcvienr  noir,  &  dcpofe  des  pellicules  noires  rrès-difficiles  à  deflccher. 
Ces  pellicules,  expo/ces  à  la  flamme,  s'embrâfent  &  fe  confumenc 
prefqu'en  entier ,  &  le  réfidu  blanchârre  eft  fi  peu  de  chofe  ,  que  je  n'ai 
pu  l'examiner.  Ces  pellicules  font-elles  les  veftiges  de  la  matière  gralfe 
que  l'égrifée  paroît  contenit  ?  mais  ie  n'ai  pas  encore  obfetvc  que  les 
vapeurs  qui  s'élèvent  au  feu  de  l'acide  vitriolique ,  fullent  plus  phlogifti- 
quée5&  plus  vives. 

(  C  )  J  ai  traité  l'égrifée  purifiée,  avec  le  triple  d'alkali  minéral ,  par  le 
procédé  dont  j'ai  parlé  §.  V.;  après  l'avoir  tenu  trois  heures  au  feu  ,  les 
grains  rt^paroiifoient  pas  avoir  pris  une  aglurinationfenfible.  J'en  ai  dilfbus 
cnfuitecequej'aipuavecl'aciaede  fel,  avec  l'alkali  végétal  ^  j'ai  obtenu  un 
léger  précipité  de  niaciète  blanche  &  fpougieufe ,  qui  fe  dilfulvoit  dans 
tous  les  acides   minéraux  ',  mais  avec  l'acide  vittioliquc  il  n'a  formé  ni 


(i)  M.  Lavoi£cr , Mém.  de  l'Acad.  de  Faits,  177t. 


jS^      QBSERFAflOKS   SUR   LA   PHYSIQUE, 

fp.irth  pefanc ,  ni  gyps ,  ni  fel  d'Angleterre,  ni  de  l'alun  parfait. Ce 

tjrccipitc  a  donné  des  cryftaux  très- incgulicrs ,  trcs-dilFuIubles  dins 
'eau  f  qui  d'abord  fe  liquéhoîenr  fur  un  charbon  dont  ils  croient  enfuite 
abfortics.  Ils  dcveloppoieut  fur  la  langue  un  ooût  acide  &  au(lère. 

(  D)  J'ai  traite  ae  nouveau  la  poudre  qui  n'avoir  pas  ctc  dinoutc  dans 
l'opération  précédente»  avec  le  double  d'alkali  mii}érali  elle  s'eft  coagulée*, 
ce  qui  marque  quelle  avoir  chance  fenfiblcment  de  nature.  Lavée  avec 
l'acide  de  iel  êc  ptc-cipitce  par  Valkàli  végétal  ,  j'ai  obtenu  un  peu  de 
terre  Temblablc  à  la  précédente.  Mais  le  réHdu  qui  n'avoir  pas  été  dillôutp 
tiageoLt  encore  dans  le  fclmicrocofmique&  le  Dorax  fondu, comme  dans 
le  §.  il.  Il  pénétroit  l'allcali  minéral  avec  une  ttès-petiteeffetvefccnce; 
enfin ,  à  peine  en  écoît-  îl  di(îout.  Au  rcflc ,  j'en  avois  une  tiop  petite 


de  l'alkali ,  indique  aflèz  qu'il  contient  une  terre  vitrifiable,  mais  fingulic- 
rement  mafquée  Si  déguifce  i  les  précipités  ont  donné  une  terre  difloluble 
dans  les  acides  ^  la  déflagration  ,  refpèce  de  fuie  qui  fe  forme  dans  les 
vaiiïeaux  clos ,  les  pellicules  noires , annoncent  la  préfencc  d'une  matière 
inflammable.  Il  poutroit  bien  fe  faire  que  ces  pellicules  noires  fulTent 
ducs  aux  particules  hétérogènes  qui  fe  trouveoc  dans  l'égtifée  du 
commerce. 

(  G  )  Comme  le  fel  microcofmique ,  expofc  fur  un  charbon  à  ime 
longue  fufion  ,  paroilTolt  dlifoudrc  une  ccrtame  quantité  de  l'égriféc,  j'ai 
jette  dans  l'eau  diftilléeplulîeurs  petits  globules  qui  eu  étoîeni  futtifam- 
ment  chargés.  J^efpérois  que  fi  réellement  il  en  avoii  dilTout ,  ce  qui  fe 
feroit  uni  i  l'acide  phofphorique  s'en  fcpareroir  dans  l'eau ,  &  que  je 
le  précipiterois  avec  l'alkali  fixe.  Mes  efpérances  ne  furent  pas  totalement 
frulltées,  car  ces  petits  globules  fe  diffbivoient  facilement  dans  l'eau, 
une  portion  de  l'cgrifée ,  non-dilToure ,  tomboit  «u  fond ,  l'autre  reflott 
fufpendue  dans  U  liqueur  j  l'allcali  l'en  précipitoit,  mais  très- lente  ment 
&  en  très-petite  quantité. 

Tels  font  les  moyens  qui  pourroient  nous  conduire  i  Tanalyfe  com- 
plette  du  diamant ,  G  on  avoit  une  aflez  grande  quantité  de  cette  matière 
précieufe.  Sa  dureté ,  fa  tranfparence,fon  éclat,  nous  la  fait  eflimer  d'un 
prix  lingulier ,  &  en  peu  de  rems ,  avec  un  feu  médiocre ,  elle  fe  dillipe 
&  fe  naturalife  tout  entière ,  tandis  que  le  rubis  &  la  plupart  des  autres 
cryûaux  gemmes  y  réllftcnr. 

Comme  nous  avodi  fu  augmenter  le  ptii  des  chotci  1    Fitn* 


S?* 


MÉMOIRE 


SUR  L'HÏST.  NATUREILE  ET  LES  ARTS,     iSt 


MÉMOIRE 

Sur  les  Attcniflcmcns  des  Cotes  du  Languedoc  î 
Par   M.  PoiGKT. 

V-/N  connoîc  depuis  long-ten\$  "les  atterriffemcns  des  côtes  du  Lan- 
guedoc ;  on  a  fouvenc  rcpctc  que  la  mer  fe  retiroit  des  environs  d'Aigues- 
niorres;  mais  les  l'hyficiens  qui  ont  cite  ces  faits  pour  cwblit  ou  pour 
combattre  quelque  théorie  çcncrale ,  n'ont  pas  izé  k  portée  d'examiner 
en  quoi  conlidoient  véritablement  ces  atterrifTemens ,  &  quelles  font 
les  caufcs  de  leur  formation.  Ces  recherches  très-curieufes  en  elles- 
mêmes  ,  deviennent  maintenant  bien  intcreiîaiires  pour  nous  ,  puiC- 
qu'elles  peuvent  nous  conduire  à  trouver  les  moyens  de  confcrver  la 
fantc  &  la  vie  de  nos  Concitoyens, 

Depuis  un  grand  nombre  de  fièdes  ,  la  nature  prépare  fur  ces  côtes 
un  changement  ciui  va  s'opérer  fous  nos  yeux;  les  vaftes  lagunes  que  des 
bancs  de  fable  feparcnt  ue  la  mer  depuis  plus  de  deux  mille  ans ,  de- 
viendront bientôt  des  terres  que  nos  travaux  rendront  fertiles.  Mais 
les  bienfaits  que  la  nature  accorde  à  cette  Province,  feroient  payes  trop 
chet  fi  on  ne  trouvoit  les  moyens  de  diminuer  les  maux  que  produifcnt 
les  exhalaifons  meurtrières  de  ces  lagunes  devenues  déjà  des  marais ,  ôc 
d'en  hâter  le  defscchement. 

Avant  que  de  s'occuper  de  la  réfolution  de  ce  grand  problême  >  il 
faut  examiner  l'état  de  ces  lagunes  ou  étangs,  chercher  les  caufes  de  leut 
formation  ,  &  les  moyens  que  la  nature  emploie  pour  les  deilccher  , 
ahn  de  la  féconder  (ï  nous  pouvons  y  réuHîr,  Se  abréger  ainfi  l'époque 
de  cette  fermentation  dangereufe,  qui  ^Hcccde  &  prépare  fes  grandes 
•opérations. 

Prefque  tout  !e  tetrein  du  Bas-Languedoc  paroît  être  l'ouvrage  de  U 
mer.  Pans  routesles  plaines  qui  s'étendent  des  bords  du  Rhône  au  pied 
des  Pyrénées ,  on  trouve  des  bancs  &  des  amas  d'huîtres  Se  de  coquilles 
pcrriiîées  ,  débris  de  corps  marins  de  toute  efpcce  ,  de  fable,  de  pierre 
cot^uiltcte  ,  qui  démontrent  que  les  dépôts  de  la  mer  ont  formé  ces 
plaines,  recouvertes  par  ta  végétation,  par  les  dépôts  des  pluies,  6c  par 
d'autres  caufcs  fcmblâbles  de  la  terre  productive,  qui  les  rend  utiles  (i). 


(i)  Il  faat  en  exceprer  qtietqiM  plaiius  baffct ,  coaipoféct  de  [Îrioq,  Se  formée* 

pac  des  rivicrcs  vpiliacsj  d'autres  fîtuccs  auili  fiès  dci  nvicrcs,  convenu  de  gravica 


Tome  Xlf^j  Part,  ij,  17751. 


OCTOBRE,        Oo 


iïi       OÉSF.JirATIONS  SUR  LA  PTIVS TQUS, 

BiciilùC  une  vaflc  étendue  de  icrrein ,  fotince  auflî  mr  l.i  mer,  va  y  être 
ajoutce  :  !.i  caufe  de  tous  ces  dépôts  n'cft  pas  ditticile  à  reconnoitre  , 
c'eft  an  Rhône  que  nous  les  devons  -y  ce  Fleuve  charrie  dans  la  mer  une 
immenfe  quantité  de  fable  ,  de  cailloux  »  de  gravier  ,  de  limon;  il  a, 
comme  le  Nil ,  formé  d'abord  à  fon  embouchure  de  grands  dépôts:  on 
ne  peut  méconnoîcrc  l'origine  des  plaines  de  la  Ciau  Se  de  la  Camar- 

fue;  mais  tous  les  corps  cju'il  entcaînc  ne  fe  font  pas  arrctcs  à  fon  cm- 
ouclmic,  une  partie  acte  portée  dans  la  mer,  &  rcjettce  fut  les  côtes 
par  les  courans. 

Dans  toute  l'étendue  des  côtes  de  la  Méditerranée  on  reconnoîr  uiï 
courant  conftanc  Hc  très  rapide ,  qui  entre  par  le  Détroit  de  Gibraltar, 
&  fait  le  tour  de  cette  met  :  fa  diieâion  eft  de  l'oueft  à  l'cd  fut  les 
côtes  d'Afrique,  Se  de  l'ellà  iouell  fur  celles  d'Europe;  elle  varie  nn 
peu  en  quelques  endcoirs,  &  en  général  ce  courant  fe  tient  prcfquc  pa- 
rallèle aux  côtes;  fa  rapidité  eft  très-grande  dans  le  Golfe  de  Lyon  ,  Â 
l'efl  duquel  le  Rhône  eft  litué.  Après  avoir  parcouru  Icstôtes  de  Piovence, 
il  palTe  devant  les  embouchures  de  ce  Fleuve,  fe  chatce  de  tous  les 
fables  i  graviers  Se  cailloux  qu'il  charrie  dans  la  mer ,  &  les  dépofe  fuc- 
cefiîvemenr  fur  les  côtes  du  (îolfe.  Elles  font  en  effet  formées  en  entier 
du  fable  gris  du  Rhône,  mclé  dans  quelques  endroits  de  cailloux  &  de 
galets;  ces  dépôts  font  d'autant  plus  confidérables  qu'on  fe  rapproche 
ces  embouchures,  mais  en  général  toute  la  côre  en  e(\  couverte,  i 
l'exception  d'un  petit  nombre  de  falaifes,  telles  que  le  Cap  St^Pierre, 
celui  d'Agde ,  celui  de  Sete ,  où  l'agiration  de  la  mer  eft  afTcz  violcnre 
pour  empêcher  l'amas.  On  trouve  même  encote  de  ce  fable  gtis  au-delà 
au  pied  des  Pyrénées,  dans  le  Golfe  de  Rofes  en  Efpagne. 

Ce  font  donc  les  dépôts  du  Rhône  qui  forment  les  attcrrilTcmeus  des 
côtes  du  Languedoc,  Se  ceft  vraifemblablement  à  dépareilles  caufes 
quon  doit  attribuer  la'  formation  de  toutes  les  nouvelles  terres  qui  ont 
xeculc  les  bornes  de  la  mer.  Ces  changemens  fonr  une  fuite  nccelTaite 
du  principe  de  la  circulation  des  eaux  fut  la  furface  du  globe.  La  cha- 
leur du  Soleil  élève  en  vapeurs  les  eaux  de  la  mer ,  elles  retombent 
fous  ta  forme  de  pluie  Se  de  neige  ,  Se  des  lieux  les  plus  élevés ,  revien- 
nent par  un  grand  nombre  de  canaux  ,  fu  réunit  dans  les  mers ,  ces 
grands  réfervoirs  communs  d'où  elles  font  repompces  par  le  Soleil ,  Ôc 
où  elles  retombent  encore.  Cette  circulation  due  i  la  nguce  trrégulière: 


&  de  cailloux  ;  Se  quelques  parties  des  Diocéfcs  d'Agde  8c  de  Bézîers ,  recouvcnes  de 
lave,  fie  d'auucs  pioduâions  volcanique!.  On  duit  d^ftiet  que  les  N^inraliflcs  s'occa- 
pcnt  de  l'examen  lut^tciranc  des  pbines  du  Largacdoc,  Se  qu'ils  nous  falfcnt  contioS> 
fre  cxAflcmcnc  8c  en  détail ,  les  p^iritîcniions  qu'elles  contiennent ,  comme  M.  de  joii- 
.'ben  vient  de  le  foire  pour  une  pattic  de  celles  du  Diocèfe  de  Montpellier, 


SUR  VHIST.   NATURELLE   ET  LES  ARTS,     i8j 

de  la  furfacc  de  le  terre ,  y  entretient  >  comme  dans  les  corps  animes ,  le 
mouvemcuE  &c  U  vie  ,  mais  aullî  elle  contient  en  elle-même,  ainfi  que 
la  ciri:ul;^n  du  fang  dans  les  animaux  ,  un  principe  de  dedmâion  ; 
l'une  &  l'autcc  ufcnc  les  vaîfleaux  deCbiués  au  palfagc  des  HnîHes ,  l'eaa 
entraîne  avec  elle  des  portions  des  corps  fulidcs  fur  lefqiiels  elle  pafîe» 
détache  Â  chaque  inftant  quelque  petite  partie  des  montagnes  où  font 
les  fources  des  rivières ,  ronge  les  bords  &  le  fond  du  lit  de  ces  rivières, 
des  ruilFcaux ,  des  ravins ,  &  enctaîne  tons  ces  débris  dans  la  mer.  Un  des 
«ffecs  du  mouvement  des  eaux^  dû  à  l'inégalité  de  tafurface  de  ta  terre, 
cddoncde  détiuire  cctce  inégalité,  âc  de  réduire  tout  au  niveau, après 
quoi  la  circulation  sVricteroic  d'elle*mcme.  Mais  nous  ne  devons  pas 
craindre  pour  tes  races  futures  un  cvcnemenc  que  des  mitlions  de  (ïècles 
fuffiroient  Ùl  peine  pour  amener.  Sans  doute  quelque  retTorr  fecrct  que 
nous  ne  connoiilons  pas,  eft  deftiné  à  remonter  cette  grande  machine» 
lorCqu'elle  s'afFaitIc  fur  elle-même,  &  peut-être  le  feu  des  volcans,  qui 
prefque  de  nos  jours  a  élevé  Ats  montagnes ,  cil  ce  refTbrc  inconnu. 

Mais  il  ne  fuffit  pas  de  favoir  que  c'eJft  des  débris  des  Alpes,  &  des 
fables  produits  par  le  froaemenc  des  eaux  ,  dans  tous  les  lieux  où 
parlent  le  Rhône  &  les  rivières  qui  s'y  jettent,  ^e  font  formées  nos 
cotes  i  de  connoîttc  la  caufe  gcncrale  de  ces  dépôts  j  il  eft  bien  plus 
intctellanr  &  bien  plu:i  utile  d'examiner  de  quelle  mnnière  ils  fc  font 
formés  ,  de  tâcher  de  découvrit  la  marche  que  fuie  la  nature  pour  pat^ 
venir  à  la  création  de  ces  terres  nouvelles. 

Confidérons  ce  qui  doit  arriver  lorfque  dans  une  mafTe  d'eau ,  fou- 
vent  trajiquille,  telle  que  la  Méditerranée,  qui  n'cft  pas  agitée  conftam- 
ment  d'une  manière  {cnûblc  par  les  marées,  &  qui  ne  l'etb  qu'acciden- 
tellement par  les  vents ,  un  courant  ciiacgc  de  corps  étrangers  vient  frap- 
per fur  une  côte  unie.  Les  cailloux,  le  eravicr  èc  le  fable  enrraînés  par 
ce  courant ,  étant  d'une  pefanteut  fpccihque  beaucoup  plus  grande  que 
l'eau ,  ne  peuvent  y  être  foutenus  qu^au  moyen  du  mouvement  violent 
d'inipulllon  qui  leur  eft  imprime  ,  &  que  la  force  de  la  pefanteur  ne 
peut  vaincre.  U  y  aura  donc  un  dépôt  dès  que  l'eau  fera  en  repos,  ou  que 
Ion  mouvement  ne  fera  plus  fuffifant  pour  empêcher  l'effet  de  la  pefan- 
teur des  corps  entrâmes,  &  même  au  moindre  retardement,  ft  le  courant 
contient  autant  de  fable  ou  de  gravier  qu'il  peut  en  charrier  par  la  fxncje 
de  la  vîteffe  a£hielle,  s'il  en  eft  pour  ainli  dire  chnre;é  jufqucs  i  finira- 
tion  (i).  Lorfque  le  courant  frappe  fur  la  côte  ,  fa  direftion  eft  changée, 


CO  On  peut  préfumet  ^ne  le  coarani  du  golfe  de  Lyon  eft  danf  ce  cat ,  au  moini 
jafqiic^  il  cjuclqucs  liciics  a  t'oucft  Ac%  cinbouchure<t  du  Rhône,  p;ircr  qu'on  ne  rem 
Azai  cette  partie  de  la  côte ,  lui  uppofcr  le  moindre  obflaclc  ,  ni  entreprendre  de  cKan- 
jcr  la  diicûion  d'aucun  de  fcs  fileK ,  fanï  produire  un  Tort  dépôt  de  lablc. 


1779.       OCTO  BRE. 


O 


o  1 


284      OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE^ 

&  il  eft  reHévhi  vers  le  large  dam  une  nouvelle  direAion  dcc^rmin^e  par 
l'angle  d'iiiculctice^  ce  changement  ne  diminue  pas  alFez  le  luouvement 
poiic  produire  un  dépôt  confidcfable  contre  U  côte  mctne  ^niais  les 
tilcts  du  courant  rcflévhi,  dirigés  vers  le  large,  font  croifcs  p^ar  ceux  du 
courant  direct  c]ui  lombcnc  fur  la  côte.  Les  mouvemens  oppofcs  doi- 
vent fe  conibattre ,  s'entre-détruire  ;  &c  l'efTec  de  ce  remous  fera  un 
dcpot  qui  s'crabltra  fur  ta  ligne  où  le  courant  rctlcchi  ell  en  équilibre 
avec  le  courant  direct,  comme  on  voit  dans  les  Ports  ou  dans  les  grands 
BaQins ,  lorfqu'il  y  a  un  peu  de  mouvcmenc ,  les  petits  corps  flortans  fc 
difporer  fur  une  ligne  parallèle  aux  auais,  à  une  petite  didance. 

Il  fe  formera  donc  un  banc  parallèle  à  la  cote  ,  qui  fera  d'autant  plus 
raHemblé  ,  ou  d'autant  plus  étendu  en  largeur ,  que  la  direâion  du 
mouvement  du  courant  fera  plus  ou  moins  tapidc ,  &  que  la  fotmc, 
l'inclinaifon  &  la  nature  du  terrein  de  la  cote,  pcoduiiont  plus  ou  moins 
defroctement,ccqui  déterminera auRi  la  djAsncedu  banc. Tant  qu'il  fen 
au-deiTous  de  la  furface,  il  n'arrêtera  pas  entièrement  le  courant,  mai* 
Je  retardera  »  Se  d'autant  plus  qu'il  fera  plus  élevc^  ce  qui  produira  une 
augmentation  de  dépôt  dans  cet  endroit,  jufqucs  à  ce  que  parvenant  au 
niveau  de  la  mer ,  Àl  oppofe  une  barrière  abfohie  au  paflage  des  eaux. 
JDans  le  Golfe  de  Lyon ,  le  courant  eft  très-rapide  Se  fottchaigc  de  fable; 
£n  frappant  avec  violence  fur  une  cote  unie,  il  a  dii  former  de3  bancs 
qui  lut  fuient  parallèles;  ces  bancs  d'abord  caches  fous  l'eau,  ont  du 
après  piulîeurs  lîccles  s'élever,  former  une  [^agc  ,  qui  a  fcparé  de  U 
met  les  étendues  d'eau  comprifes  entre  le  banc  &c  l'ancienne  côte. 
C'tftce  qui  eft  arrive  en  effet:  une  plage  très-étroite  &  balTe,  atTez  exac- 
tement parallèle  A  l'ancienne  côte,  s'eft  étendue  depuis  les  embouchu- 


tache.  C'cll  ainfi  vraifmnbbblenient  qu'ont  été  formées  les  lagunes  con- 
nues fous  le  nom  d'étangs  d'Aiguçs-niortes,  de  Lor,  de  PatavaSjde  Ma- 
guclonne  ,  de  Crin,  de  Tau  ,  de  Vcndres  ,  de  Sijcan  &c  de  Leucacc, 
toutes  réunies  eutr'elles,  ou  féparées  feulement  pic  quelques  plaines  ma- 
lécagcufes  de  nouvelle  formation. 

La  théorie  ell  ici  d'.iccord  avec  l'obfervation,  de  la  manière  U  plus 
fatisfaifanie  j  mais  il  ed  impoOlble  d'en  préfemer  toutes  les  preuves, 
dans  un  Mémoire  tel  que  celui-vi.  II  faudiou  pour  cela  fuivre  l'eximeii 
de  chaque  lagune  ou  étang  en  particulier,  traite:  en  détail  de  ta  forme 
des  plages,  toujours  dépendante  de  celle  de  l'ancienne  côte,  des  irrégu- 
larités caufées  par  les  Ifles ,  les  Caps  &  les  Rivières,  &  ce  feroit  l'objet 
d'un  ouvrage  confidérable.  En  gcncral  on  obfcrvera  que  toutes  ce* 
plages  font  très  étroites,  fort  b3ircs,&  prcfquc  de  niveau  avec  la  nier, 
excepté  dans  tes  endroits  où  tes  vents  ont  formé  des  dunes  ;  que  pac 


SUR   l'TÎTST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     i8j 

tout  ou  la,  côce  cft  droicc ,  la  plr.i^e  l'cft  auflî ,  &  lui  eft;  parallcle  ;  qu'au 
devant  des  caps  peu  avanci:!.,  elle  forme  des  pointes  &  le  réunit  à  ceux 
qui  font  plus  fiiUans  ;  1.x  mom.igne  de  Scte  couvroit  une  baye  ,  donc 
les  deux  etitrcev  ont  ctc  fermées  par  des  pl.iges ,  ce  qui  forme  aujour- 
d'hui l'ctaiig  de  Tau.  Au-devant  des  filaifts  efcarpces  ,  il  n'y  a  point 
d'eiifablemem,  mais  il  eft  d'autant  pluj  confidcrable  a  quelque  diftance 
à  loueft  auprès  des  digues  ;  les  dépôts  s'crabliifent  toujours  aufli  â  1  oucft. 
£nfiu,  pat-tout  où  il  y  a  du  repos,  dans  tous  les  endroirs  où  la  marche 
du  courant  n'eft  pas  libre,  il  y  a  un  cnfiblcmcnt.  La  pente  des  plages 
ou  de  la  cote  extérieure  vers  le  large  ,  eft  fort  peu  rapide  &  alTez  uni- 
forme j  fur  la  plage  de  Sete,  elle  augmente  rcgulicrement  d'une  brafle 
par  7î  ou  80  ,  jufaues  i  une  dcmi-ïicue  au  latec  environ.  U  en  eft  à- 
peu  près  de  même  lur  toutes  lesaurtes  places  delà  cô:e;cettepente  uni- 
forme eft  Lependant  interrompue  pat  les  nrAillons  dont  nous  parlerons 
ci -après, 

11  eft  împonible  d'aHîgner  l'époque  de  la  formation  des  plages  da 
Languedoc.  Les  defcriprions  que  Strabon  &  lés  autres  jGcoi^raphes 
Grcts  &  Latins  ont  donné  de  ces  côtes,  prouvent  qu'elles  exiftoient  de 
leur  tems ,  à-peu-prcs  de  la  même  manière  qu'aujourd'hui  ;  &  Ci  elle* 
ccoient  aulTÎ-bien  formées  alors  vers  le  premier  fi èc le  de  notre  Ere,  il 
faudroit  faire  remonter  i  un  tems  bien  recule,  le  moment  de  leur  pre- 
mière apparition  au-delfus  du  niveau  de  la  mer.  L'opinion  vulgaire  ftir 
les  attcmiremcns  d'Aigucs>martcs  ,  ne  peut  détruire  ce  fait  conftaté^  iL 
/eroit  aifc  de  prouver  <^ue  la  mec  croit  à-pcu-ptcs  aufli  éloignée  de  cette 
Ville  lors  de  fa  conftrudion  qu'aujourd'hui ,  mais  que  les  Marais  qui  l'en 
féparent  croient  alors  des  étangs  navigables  ;  enfin,  que  Saint  Louis  s'cft 
embarque  à  Aigues-mortes,  comme  on  peut  le  faire  aujourd'hui,  c*eft-à- 
dire  en  allant  fur  un  Canal  de  !a  Ville  a  la  meT(i).     . 

Les  plages  qui  ftparent  les  étangs  de  la  mer ,  exiftent  depuis  un  crand 
nombre  de  fièdes;  mais  l'état  des  étangs  a  beaucoup  changé  ;  iw  ont 
été  pendant  long-teus  très-profonds  ;  les  plages  ne  formoicnc  pas  une 


(>)  On  ne  peut  p.is  ranembler  Smt  tme  note  In  preuves  de  ces  faits,  mais  rhiAoire 
Jcs  ciifablcmens  d'Aigoes-moftcs  ,  &  de  tous  fcï  changrincns  <)u'a  éprouvé  depuis  te 
douziiîmc  (iccle  ,  le  tcrrciii  compris  entre  cette  Viilc  &  la  mer,  pourroicoi  {ttc  l'objet 
d'une  DifTcrtatron  mtércrtaïKc.  Il  patoit  certain  que  le  Canal  norartiiî  la  granoc  Ro- 
bine ,  Se  <^pi  va  dircflcmcnt  d'Aigiies-moncs  à  la  mer ,  n'eiiftoîr  jui  eo  entier  lorfque 
Sailli  Lottis  s'y  cfl  cmbarc]ué.  It  en  fit  counmirc  fculctncnt  la  partie  qui  eft  la  plus 
vtrifîiie  de  la  Ville  ;  qire  fct  Galères  pall'oicnt  delà  dans  l'étang  de  Rcpaujrcc ,  qui  étoic 
navigable ,  8c  qui  communiqtioit  à  la  mer  par  le  Grau  de  la  Cioifadc  ou  d«  U  Ctou- 
iêtte ,  Htué  2  une  alfcz  gtaitiie  drftancc  à  l'oucfl  du  Gra'J  actuel ,  nommé  le  Grau  da 
Roi.  Le  Grau  de  U  Cioulctte  a  fubûfté  long-icms  ,  parce  qu'un  banc  de  roche  caché 
Tous  Icju ,  qui  formoit  une  efpèce  de  rade  aifcz  lûre  pour  des  petits  Navires,  y  rc* 
tzdoic  i*coiâbicmcac< 


iZ6     OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

barrière  continnc,  elles  écoiene  coupces  en  beaucoup  d'endroics  par  <les 
Graux  qui  ctabliflbienc  une  communication  libre  entre  la  mer  Se  les  la- 
gunes. Les  malfes  d'eaa  nui  entroienc  par  cc&  Graux  dans  les  tempêces, 
ou  lorfc]ue  les  vents  de  utd  clevoient  le  niveau  de  la  nter ,  charrioient 
de  grandes  c|uanticésde  Cible  qui  s'y  dépoloienc;  les  (âbles  amoncelés  fuc 
les  plages,  croient  aàffi  emportes  tlans  les  étangs  par  les  venrs  &  parles 
©aux  de  la  mer,  qui,  dans  les  tempcces  ,  couvroient  de  grandes  parties 
de  ces  plages  »  lorfqu'elles  croient  moins  relevées  qu'aujourd'hui.  Le$ 
rivières  ,  rain'eaux  &  ravins  qui  tombent  de  la  côte  dans  ces  mêmes 
étangs  ,  y  eniraînoient  fans  ceffc  du  limon  &  de  la  terre  ;  enfin,  plufieurs 
bras  du  Rhône  entroienr  dans  ces  lagunes  par  l'extrémité  orientale , 
en  traverfant  ce  qui  forme  aAuellemeut  les  étangs  d'Aigucs-mortes  ,& 
y  portoient  immédi.nemeni  le  limon,  le  fable  &  le  gravier  de  ce  Meuve. 
Toutes  ces  caufes  réunies .  ne  pouvoient  manquer  dans  cette  longuo 
fuite  de  fiècles ,  de  les  combler  prefque  en  entier,  &  de  h%  réduire  4 
l'état  oiJ  nous  les  voyons. 

Prefque  tous  les  étangs  font  enfablcs,  fur-tout  du  côte  de  la  mer;  de 
grandes  panies  font  devenues  marccageufes,  &  demeurent  prefque  en- 
tiércmeuc  à  fec  pendant  l'été  ;  dins  toutes  les  autres  il  y  a  fort  peu  d'eau , 
&  on  ne  peut  y  naviguer  même  avec  les  petits  bateaux  i  varangues 
plates  &c  fans  quille,  nommés  vulgairement  JDfV^j,  fans tlfquec d'échouer 


— --  n '      I  i  /  ----      -     I     — .,_._     _ ,  , —   -  —  V 

bords  du  cote  de  la  pUgc  \  mais  tous  les  autres  font  conlîdcrablement 
atterris:  ceux  d'Aicues-mories,  &  pre/que  tous  ceux  qui  bordent  les  cô- 
tes du  Uiocèfc  de  Montpellier  ,  paroillent  difpofés  i  s'aiTcchet  bientôt 
prefque  entièrement;  &  depuis  plufieurs  années,  les  progrès  journa- 
liers de  l'atterrilTemenc  y  font  ttès-fenfibles.  Dans  cet  état,  l'agitation 
caufce  par  les  vents  ne  peut  pas  Être  confidérablej  rimpreOion  Kiite  i 
une  maÎTe  d'eau  qui  n'a  que  cjuelques  pouces  de  profondeur ,  cft  prcf- 

3ue  auflî-tôt  détruite  par  le  frottement  du  fond^  les  bancs  de  vafe  &: 
e  fable  interceptent  la  communication  du  mouvement,  &  les  eaux  font 
pcefque  tlagnanies.  U  eft  atfé  de  concevoir  que  les  Graux  qui  formoient 
la  communication  de  la  mer  aux  lacunes ,  n'ont  pu  fubfifter  plus  long- 
tems.  Dans  ces  canaux  ,  autrefois  larges  &  profonds,  capables  même 
de  recevoir  ^Qi  Navires,  comme  le  Grau  de  Maguclonne,  connu  dans 
nos  HiOoires  fous  le  nom  de  Port  Sarra^n  ,  paHuicnt  des  maHes  d'eau 
conlldcrables,  qui  formoient  des  courans  rapides,  dèï  que  le  niveau 
de  la  mer  s'élevoit  ou  s'abaifToit ,  ou  que  \qS  vents  de  nord  &  de  fud 
chafToient  alternativement  les  eaux  à  la  côte  &  au  Urge.  Ces  courans 
entrant  dans  les  lagunes ,  ne  trouvoient  pas  d'obilacle  qui  les  attctât  Se 
c^ii  dctruistt  leur  mouveu^cnt  dans  ces  Dailms  Vïftes  &  piofunds ,  dout 


SUR  VII JSr,  TfATURniLE  ET  LES  ARTS.      187 

les  eaux  «oient  a^^itt-ci  elles- mêmes  par  l'imptciTîou  direcledu  vent,  5: 

f>ar  la  communication  de  t'agUatton  de  la  mer^  ils  alloieuc  porter  ttès- 
oiu  du  Grau  les  Tables  donc  ils  ctoicnc  chamcs  ;  S:  bien-loin  d'euiablcc 
les  caoaux  ,  ils  les  recreufoienc.  Les  bancs  rotmcs  par  les  dépôts  de  ces 
courans,  fe  font  fucceÛivement  rapproches  des  Graux;  le  mouvement 
des  eruix  qui  cncroicnc  dans  les  lagunes  ,  a  été  plutôt  déctuic  ou  retarde; 
les  licpôcs  fe  font  ccablis  autour  des  embouchures  intérieures,  &  eniin» 
dans  ces  canaux  m&ma  qu'ils  ont  combles.  Il  n'txifte  plus  ai-luellement 
dans  ces  lagunes ,  que  les  Graux  pour  lefquels  les  eaux  d'une  rivière 
palfenc  pour  fe  jetter  i  la  mer ,  que  ce  courant  recrcufe  »  ou  au  moins 
conferve.  Tels  font  ceux  des  ccangs  de  Sijcan  6c  de  Vendces ,  celui  de 
Palivas,  Se  celui  d'Aigues-moites.  Le  Port  de  Scte  eft  un  Grau  à  beau- 
coup d'cgards;  mais  les  courans  qui  entrent  par  ce  Pou  dans  la  grande 
lagune  qu'on  nomme  ctang  de  Tau ,  Se  ceux  qui  en  fot1e.1t,  y  produi- 
fent  du  mouvement;  &  il  y  a  lieu  d'efpéter  qu'au  moins  pendant  pln- 
fieurs  (ïècles,  on  n'y  verra  plus  accumuler  des  dcpùts,  &c  qu'on  le  cnn- 
fervera,  en  continuant  à  enlever  cous  les  ans  la  mt-me  quimitc  de  fable 
qu'on  en  retire  aujourd'hui  (i).  Tous  les  aurtes  Graux  lont  abfolumenc 
comblés  ;  &  l\  la  violence  des  tempêtes  ,  ou  l'clcvation  extraordinaire 
des  eaux  de  la  mer,  les  recreufe  quelquefois ,  ce  n'ell  que  pour  peu  de 
tpms.  Celui  de  Perols ,  ouvert  dans  les  circonllances  les  plus  favorables , 
enrretenu  avec  Coin  ,  avant  âge  ufc  ment  ilcué  ,  exiHe  à  la  vctitc  depuis 
douze  ans  ;  mais  un  canal  étroit,  li  peu  profond  qu'aucun  bateau  n'y 
peut  naviguer»  embarralTc  de  barres  &  de  bani:s  de  fable ,  ne  relfemble 
guère  à  nos  anciens  Graux  qui  fervoient  d'afvie  aux  Navires ,  qui  mê- 
me par-là  devenoienc  dangereux  dans  ces  tems  où  la  foiblefle,  la  non- 
exiftence  de  notre  Marine  alfuroic  l'empire  de  ces  mers  aux  Galioccs 
mal  armées  des  Pirates  Sarraâiis.  On  cravailioit  alors  à  barrer  ces  Gtaux 
devenus  les  retraites  des  £fcadres  de  ces  ennemis  ;  on  n'y  parvènoic 
que  par  des  travaux  8c  des  dépenfcs  conGdcrables  :  aujourd'hui  tes  me- 
mes  travaux ,  Ôc  toutes  tes  rellources  que  peut  procurer  une  fcience  alors 


(0  L'étang  dcTati  a  8  oa  10  lieues  de  tour  ,  Se  ne  commuDÎijiic  à  la  met  que  par 
le  Pott  de  Scte.  Lorfquc  les  vcDts  vienncnc  du  large  ,  les  caaz  de  la  mer  padenc  par 
ce  Port  avec  rapidité  pour  entrer  dans  IVrang;  au  cnnttaire  lorfqQe  tes  vents  font  aa 
Nord  ,  les  eaux  de  IVtang  fc  jciccnt  daus  la  mer ,  eu  fottc  ou'il  y  a  pFcfquc  rQUJouts 
un  courant  afTcz  fore  dans  ce  Poit.  C'cH  la  ptmctpale  caulc  de  fa  confcivation.  La 
difpoArion  favantc  Se  ircs-rcmatquablc  des  jctt^c*  qui  formeat  (on  entrée,  y  contri- 
bue beaucoup  aulTi  i  on  ta  doit  à  M.dc  Nique:,  qui  éttût  Diiccltur  des  Fortifications, 
à  Montpellier ,  lors  de  la  conniuéhon  du  l'orr  de  Sctc.  Je  crois  devoir  obfervcr  que 
les  matées  y  lonr  fcnfiblcs  dans  les  jouis  iiès-calmes ,  non  par  l'clévation  ou  l'abaif^ 
fcmcDt  du  niveau  ,  mais  par  k  chjngdmcnc  de  ditc^ioD  du  courant ,  qtii  porte  à Iccaug 
pcAdaiu  le  Bui ,  8c  à  k  m»  pcodaac  le  rcâux. 


iS8         OBUERrATIONS    SUR    lA   PHYSIQUE^ 

prcfiKtc  inconnue  ,  portée  maintenAnc  i   un  h.nur  degré  de  perfeâion  > 
iutËltnc  à  peine  pour  confi-rver  quclijue  tr.uc  de  ces  Gr.iux. 

La  barrière  qui  fépare  à  jAmau  ces  lagunes  de  la  mer,  eft  donc  enfin 
établie.  I.a  n.iturc  avoic  Héjà  iracc  &  circonfcrit  depuis  un  grand  nom- 
bre de  ficelés,  l'efpate  qu'elle  dévoie  changer  en  terrcsi  mais  nous  tou- 
chons à  ta  dernière  époque  de  cette  révolution  :  nous  puuvons  piévoîc 
que  bientôî  ces  plaines  tertilcs  lempLiceront  ces  Marais ,  &  qu'une  nou- 
velle côce  ,  rallermic  par  le  tems ,  repoulfera  dans  la  mer  les  courans 
&  \&s  fables  donc  ils  font  charges  ,  produira  une  nouvelle  plage  ,  de 
nouvelles  lagunes ,  qui  deviendront  des  terres  d  leur  tour.  Déjà  des  fa- 
raillnns,  des  bancs  cachés  fous  les  eaux,  mais  peu  confidcrables  encore, 
indiquent  la  fiiuation  de  ces  nouvelles  plages,  &  enalTurent  l'exiftence. 
C'cft  amli  qu'ont  été  formées  apparemment  les  plaines  du  Bas-Langue^ 
doci  c'etl  anifi  (]u'eUes  vont  être  augmentées ,  &  qu'jpccs  une  longue 
période  de  lîécles    il  y  en  fera  encore  ajouté  de  nouvelles. 

Cette  théorie  de  l'atterritrcmcnt  de  ces  côtes, qui  paroît  nmple,&  à 
laquelle  l'accord  avec  l'obfeivation  fcmble  donner  un  des  plus  grands 
decrés  de  probabilité  auquel  on  puiTe  atteindre  en  Phyfique,  peur  être 
utile  dans  la  recherche  imporconte  àe^  moyens  d'accélérer  le  defsèche- 
menc,  &  de  le  rendre  en  même  rems  moins  nuifible  aux  Habitans  des 
côtes.  Dans  l'eut  aclucl ,  ces  vaftes  Marais,  ces  eaux  Gagnantes  ,  reçoi- 
vent une  grande  quantité  de  corps  étrangers  cjui  y  fermentent  pendant 
les  étés  longs  &  orûlans  de  ces  Provinces  ;  il  s'en  élève  des  vapeurs 
mal-faifances ,  deî  miafmcs  putrides  &  meurtriers ,  qui  fc  répandent  fur 
]es  Campagnes  voilines,  infcûent  l'air ,  &  portent  le  germe  des  mala- 
dies ,  des  ^c\.Ci  de  fièvre  fur-tout  ,  qui  deviennent  tous  les  jours  plus 
dangereux,  plus  difficiles  i  guérir,  &  qui  dépeuplent  cette  côte.  Tout 
fe  rcunic  pour  accabler  fes  malheureux  Habitans  i  un  des  plus  grands 
bienfaits  que  la  nature  ait  accordé  aux  pays  chauds,  leur  devient  fu- 
neste ^  ces  vents  légers  &  périodiques  oui  tempèrent  la  chaleur,  éloi- 
gnent de  nous,  &  rcnouvcUenc  Tair  orûlani,  épaifll  par  des  vapeurs 
grofijèrcs  ;  ces  vents  d'cft  &  de  fud  connus  dans  cette  Province  fous 
le  nom  de  Garbln ,  dont  la  diteâion  fuit  le  cours  du  foleil ,  &  qui 
roulÏÏcm  allez  régulièrement  tous  les  jours  pendant  les  grandes  cha- 
leurs ,  n'arrivent  fur  la  côte  habitée  qu'après  avoir  paiTé  fur  les  Marais  ; 
ils  entraînent  &  portent  fur  la  terre  les  miafmes  putrides  qui  s'ea 
élèvent  ;  &  leur  fouffle  rafraîchilfant  &  fain  fur  la  plage  ,  devient 
empoifonné  &  mal-faifant  en  traverfant  les  étangs.  L'élévation  de  U 
côte  intérieure  bordée  de  montagnes  en  plufieurs  endroits,  arrête  .ou 
contraire  Us  vents  du  nord ,  &  les  empêche  de  challer  dans  la  mer 
ces  vapeurs  meurtticres.  Déji  un  allez  gr.ind  nombre  de  Villes  &  de 
Bourgs  autrefois  conliiiérabies  ,  ne  contiennent  plus  qu'un  petit  nom- 
bre 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS  285» 
hte  d'habicans  ,  prefque  tous  attaques  de  ces  cruelles  maladies  qaî 
abiégent  leur  vie ,  &  en  empoifonnenc  le  cours,  La  dépopulation  rend 
ies  cultures  plus  difficiles  ,  les  terres  font  ncgligces,  les  richelfes  du 
pays  diminuent  »&  le  défaut  de  moyens  de  fublifler,  de  fecours  lorf- 
qu'ils  deviennent  plus  néceffàires,  rend  la  fituation  de  nos  Concitoyens 
plus  cruelle. 

Les  Etats  de  la  Province  paroilTenc  difpofcs  à  accorder  aux  habitanx 
de  ces  côtes,  tous  les  fecouvs  que  l'humanité  réclame  ,  &  dont  la  po- 
litique prouve  la  ncceflité.  Tous  ceux  qui  ont  confaccc  leurs  veilles 
à  l'étude  des  Sciences  Physiques  ,  doivent  s'emptelTcr  à  concourir  i 
l'exécution  d'un  projet  fi  unie  ,  en  propoCant  les  moyens  de  remédiet 
aux  maux  que  produit  le  dcfscchement  des  étangs.  Il  cft  malheurcu' 
fement  impodtbtc  de  rendre  à  ces  lagunes  leur  ancienne  profondeur, 
6c  d'arrêter  les  progrès  de  t'attcrriirement  j  il  Eue  donc  en  abréger  la 
durée  ,  &  tâvher  de  le  rendre  moins  dangereux,  en  diminuant  la  pro- 
duction ,  ou  corrigeant  tes  funefÏM  effets  des  cxhalaifons.  On  ne  peut 
efpérct  d'y  réufllt  par  une  feule  méthode  également  applicable  à  toH> 
tes  les  parties  de  ces  vaftes  lagunes  ;  îl  eft  par  conféquenc  nccefTàire 
d'examiner  avec  foin  l'état  des  lieux,  afin  dechoilîr  les  remèdes  locaux 
les  plus  convenables. 

Nous  avons  établi  que  les  fables  de  la  mer,  &  les  dépôts  formés 
par  les  eaux  des  rivières  Hc  des  ravins ,  croient  les  caufes  ou  defsèchc- 
ment  des  étangs;  on  peut  donc  y  diftinguer  l'enfablement  de  l'atter- 
rilïcment.  Les  eaux  de  la  met  ne  charrient  fur  cette  côte  que  des  fa- 
bles purs ,  Se  qui  ne  contiennent  aucun  principe  de  fermentation  j  au 
contraire  >  les  débris  des  végétaux  ,  Ce  oeaucoup  d'autres  corps  qui 
font  entraînés  par  les  rivières  ou  par  Iv  e^nx  des  pluies,  font  tres-oif- 

f>ofcs  à  fermenter.  C'cft  donc  aux  arterrilTemens  qu'on  doit  attribuée 
es  maux  que  produit  le  defsèchement  des  étangs  :  ils  formeront  i  U 
vérité  des  terres  plus  aifées  à  fertilifer  que  des  plages  de  fable  ,  mais 
cet  avantage  éloigné  ne  peut  UiKincer  leurs  inconvéniens  ;  &c  lorfque 
les  Gouverncmens  ne  font  pas  aveuglés  par  la  funefte  pa/lîon  des  con- 
quêtes,  on  ne  facritîe  pas  la  vîe  d'un  grand  nombre  d'hommes  ^ 
l'efpérance  éloignée  d'une  augmentation  cle  territoire.  Il  ne  faut  donc 
pas  hélîtet  à  favorifer ,  A  augmenter  l'enfablement  de  nos  étangs ,  & 
a  diminuer,  s'il  cft  poflîble,  l'atterriflémetit.  L'ouverture  des  Ciraux, 
cft  ptefque  le  feul  moyen  qu'on  puiiTe  employer  pour  remplie  le  pre- 
mier objet.  On  parviendra  ,  en  ctabliflant  ainfi  des  communications 
entre  les  lagunes  Se  la  mer,  à  donner  aux  eaux  tout  le  mouvement 
dont  elles  lont  fufceptibles  dans  l'état  a^uel  ^  elles  celferont  d'être 
dans  cet  eut  de  ftagnatiou  Ci  dangereux  j  on  hâtera  le  dcfsèchcment 
des  Alarais  ,  en    y  faifant  porter  par  les  eaux    de  la  mer  de  grandes 

To/ne  Xir,  Part,  IL  1779.  OCTOBRE.      P  p 


i<)0       OnSERP'JTÎONS  SUR  LA  PUTSIQUB, 

<]tunnrés  de  fable; Se  on  rendra  ce dcfscchemenc  bien  moins  dvigereur, 
puirqu'il  feri  produtcpar  des  fables  purs  (i). 

On  ne  peac  point  le  diflimuler  la  difficulcé  de  la  conftruftion  de  ces 
Graux  (  donc  j*ai  tâché  de  donner  U  théorie  dans  le  Mémoire  que  la 
Société  Royale,  dont  je  n'avois  pas  l'honneur  d'être  Membre  alors  , 
jugea  digne  du  Prix  en  17^8.)  Le  peu  de  profondeur  des  étangs, 
ne  permet  pas  d'en  donner  beaucoup  à  ces  canaux ,  qui  s'enfableronc 
très-aifément  \  mais  en  renonçant  à  l'cfrair  de  former  des  Graux  du- 
rables ,  on  peut  en  contlruire  de  trï^s-utiles  à  peu  de  frais.  Des  canaux 
peu  Lirges  ,  peu  profonds  ,  prefqne  de  fimples  fofïcs  crcufcs  au  commen- 
cement Az  l'hiver  dans  les  endroits  de  la  place  qui  paroîtront  les  plus 
convenables  y  deviendront  des  Graux  lorfque  les  eaux  de  la  mer , 
chaHces  par  les  vents  du  large ,  y  auront  paiic  &  les  auront  tecreufés. 
Ces  Graux  feront  \  la  vérité  bientôt  comblés;  mais  pendant  leur  courte 
durée,  ils  auront  mis  tes  eaux  des  éom^s  en  mouvement,  &  y  auront 
fait  entrer  des  fables  qui  les  defstclient ,  fans  nuire  i  la  fantc  des  ha- 
bicans  de  la  côte.  On  pourra  les  remplacer  enfuice  par  d'autres  ;  & 
la  formation  d'un  grand  nombre  de  ces  petits  Oraux  ,  coûtera  moins  , 
&  fera  vraifemblablemenc  plus  utile  que  la  conflruction  d'un  feol» 
dont  ont  cachetait  peuc-cire  inutilement  d'alTurer  la  durée  (1). 


(i)  Cette  vémé  eft  prouvée  pat  l'expérience  fur  cettt  côrc  ,  lorfqoe  la  violence  des 
rcinpé:cs  a  formé  pcaJi'H  t'bivcr  de  pcntt  Giaux  ,  U.  qu*il  c(V  entré  dans  Ici  étaogf  de 
graaJcs  quaniicés  de  Cible  qui  recouvre  le  fond,  l'air  cil  beaucoup  moini  dangereux 
pendant  l'été  fui  vanc ,  &  les  iruUiies  font  moins  de  rjv^i^cs  ;  nuit  l'anoéc  d'après  ,  ce 
tbtuJs  c(V  coure n  de  varech  ou  moulTc  ,  flc  d'autres  placrci  nurincs,  qui  en  coanecnt 
la  future  lotfqu'elles  y  pouiiUrciit .  ftTair  redevient  aufC  mal-fain  qu'an paravanc.  Cela 
pourroit  n'être  pas  également  vrai  fur  toutes  les  côres,  Se  les  defsccbemeiis  produits 
par  les  tables  de  ta  mcx .  dinvent  être  dangereaz  pai  leurs  cxhalaifons  ,  fi  ces  fables 
ne  font  pas  purs  comme  dans  le  golfe  de  Lyon  »  <c  t'ik  font  mêl^s  de  rafc  et.  de 
débris  de  végétaux. 

(1)  M.  Picot  a  déjà  démontré  Tutiliié  de  la  conflraâîoa  des  Graax  dans  leséeaog* 
du  Languedoc  ,  par  un  Mémoire  qai  cft  imprimé  dans  le  vol.  de  l'Académie  des  Scien- 
ces de  l*aris  de  17^^.  Depuis  cette  époque  ils  font  devenus  encore  plus  néceifaire), 
mais  en  mcme-tcms  bien  plus  dii&cilcs  à  confciver.  Il  y  a  quelques  parties  des  érangx 

3u*on  ne  petit  plus  eufablcr  pat  ce  moyen.  C'cl\  la  moitié  de  tous  ceux  qui  s'éteodeni 
epuis  Trontignaa  )uL'qucs  à  l'ctoli  ;  les  dignes  du  Caïul  de  oavtgaaon  qui  les  cravcrre  » 
doivenc  Dé^eluircmcni  ariàei  les  (ables  qui  fc  déporeront  dan<  les  parties  comprifcs 
entre  le  Catul  &  la  pta|*e  ,  S:  point  dans  celles  qui  font  renfermées  enire  le  Canal  Se 
la  terre.  Cependant,  l'ouvcn'jrc  des  Graux  ptocoreroic  quelque  ««antagc  dans  ces  par- 
ties même  en  rafiaîchiïTant  les  eaux  .  &  Ic-Ji  donnant  du  mouvement ,  au  moyen  des 
Ottvcnuret  qu'on  a  faites  dans  les  digoes  du  Canal.  Us  feront  même  plus  utiles  dans  ces 
itangt  que  dans  les  autres,  parce  qu'ils  font  déjà  ttcs-nuréc^cax.  prefque  comMéijqtie 
tes  exhalaifoas  qui  en  fortcnt  foot  fort  danecreufcs  ,  &  de  la  plus  masvaife  qualité, 
C  on  peut  en  juger  par  l'odcDC  tnfeâe  que  répandent  ces  Marais,  Sl  le  grand  nombre 
de  fflal^lici  qu'IIS  coulent  far  cette  paiiic  de  la  côte. 


SUR   VniST.   NATURELLE  ET  LES   ARTS,     i^t 

II  Teroic  utile  de  faire  bêcher  aullî  quelquefois  les  fommecs  des  du- 
nes les  plus  élevées  fur  U  plage  ,  &  de  faite  arracher  les  joncs  qui  y 
croiifenr.  Les  vents  d'eft  ou  de  fud  pourront  emporter  dans  les  ct^ngs 
de  grandes  quantités  du  fable  Hn  qui  compofe  ces  dune&  ,  il  on  l'eai' 
pcche  de  fe  réunit  &  de  former  des  malles  folides. 

II  faadroit  eutin  examiner  les  mi.ifmes  qui  s'élèvent  de  ces  étangs  » 
cacher  de  connuîcrc  leur  nature,  &  de  découvrir  £  ti'eft  A  un  air  hxe 
ou  inflammable  ,  qu'on  doit  attribuée  la  qualité  mal-faifanie  de  ces 
exlulaifons.  On  crouveroit  peut  être  le  moyen  d'abforbcr,  de  neucra- 
lifcr,  ou  de  corriger  de  quelque  autre  manière  ,  le  fluide  qui  caufe 
cous  CCS  maux.  Si  on  découvroit  que  c'eft  un  air  Hxe ,  qui  pût  être 
réduit  pat  la  végétation  à  l'état  d'air  pur,  refpiriblc  &  fnin ,  il  feroJc 
alfc  d'y  parvenir,  en  plantant  fur  les  bords  des  étangs  un  grand  nom- 
bre d'arbres.  Kon-feulement  on  corrigeroit  aînfi  les  miafmes  par  la 
végétation  ,  mais  encore  on  oppoferoic  une  barrière  aux  vents  légers 
d'cté ,  au  garbiu  qui  les  tranfporre  &:  les  tcp^nd  fur  les  terres,  tnlîn, 
on  afTuceruit  l'exiftencc  de  ces  terreins  nouveaux,  &:  on  les  difpofecoic 
i  devenir  utiles,  puifqu'on  a  reconnu  que  la  culture  des  plantes  qui 
peuvent  exifter  fur  ces  plages  ,  eft  le  meifleur  moyen  de  les  rendre  fer- 
riles  ^  fins  doute  parce  quon  parvient  ainlï  à  les  recouvrir  d'une  terre 
végétale.  On  a  rculli  de  cette  manière,  &  par  la  culture  des  kili,à 
changer  fur  ces  c&tes,  des  fables  fecs  &  arides,  en  champs  &  en  vignes 
fertiles^  mais  il  ne  faudroit  elFayer  les  plantations  d'arbres  ,  qu'après 
avoir  bien  reconnu  la  nature  de  l'air  de  ces  Marais,  &  s ctre  com- 
plèwment  afluré  qu'il  peut  ccte  cotrigé  par  la  végétation. 

Cependant ,  cous  ces  moyens  Phvfiques  ne  fumroienc  peut-être  pas 
encore.  On  fait  que  les  préfervaiifs  les  plus  suis  des  maladies  du  genre 
de  celles  que  caufenc  ces  Marais,  font  une  nouctiture  faine  ,  de  Don- 
nes eaux  ,  des  logemens  fecs  &  acres.  La  fagelTe  &  l'humanité  de  ceux 
qui  veillent  au  bonheur  de  cette  Province  ,  leur  in/pireta  fans  doute  les 
moyens  de  proc^cr  aux  habicaus  de  ces  cotes,  les  fecours  que  leur 
situation  exige,  foit  en  diminuant  les  Impôts ,  foit  en  favotifant  l'Indnf- 
trie  Se  le  Commerce,  par  les  encouragemens ,  &  fur-tout  par  la  liberté 
entière ,  en  faifim  réparer  les  fontaines  &  eii  conftruite  de  nouvelles ,  en 
permctunt  la  dellru^on  des  murs  d'enceinte  des  maifons  devenues 
inutiles  par  la  diminution  de  la  population  ,  qui  ne  fervent  aujour- 
d'hui  qu'a  arrêter  la  circulation  de  l'air  dans  ces  anciennesVilles,  y  ren- 
fermer &  y  concentrer  les  vapeurs  putrides  ;  foit  enlin  en  donnant  aux 
habirans ,  lorfque  les  maladies  commenceront  leurs  ravagciK  les  remè' 
des  les  plus  propres  à  les  calmer,  &  les  mecranc  à  portée  de  profiter  des 
lumières  des  favans  Médecins  de  U  Faculté  de  Montpellier.  Tout  ce  qui 
peut  être  utile  doit  cEtcctIayé,lotfqa'unaufn  grand  intérêt  l'exige.  U  s'agit 

177?.     OCTOBRE.     P  p  1 


xçi       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

de  conferver  la  fantc  &  la  vie  d'un  gtand  nombre  de  nos  Concitoyens; 
rur-Eouc  de  ces  hommes  précieux  cjui,  Uvics  aux  pénibles  travaux  de  U 
pcche,  concribuenc  d  notre  fubfiftance  ,  Se  augmciitenr  la  maflTe  des 
produdions  utiles,  qui  ne  quittent  leurs  demeures  que  pour  aller  fer- 
vir  l'Etat  lorfqu'il  a  befoin  de  leurs  bras,  &  donc  les  ^milles  peuvent 
feules  fournir  les  Marelots  ncceifaires  i  la  Marine  commerçante  de 
cette  Province ,  qui  commence  d  peine  i  fe  former. 

Oblige  de  me  renfermer  dans  les  bornes  d'un  Mémoire  Académi- 
que ,  je  n  ai  pu  préfencer  que  des  vues  [générales  ;  mais  fi  une  feule 
eft  utile,  mon  objet  eft  rempli.  U  le  fera  bien  mieux  encore,  C\  mon 
exemple  peut  déterminer  des  Citoyens  aurïl  zélés  &  plus  éclaires 
que  moi ,  à  faite  connoîttc  des  moyens  plus  sûr^  ou  plus  faciles  de 
reniédiet  aux  maux  que  caufenc  le  dcfsècliement  des  étangs. 


S  E  C  O  N  D      MÉMOIRE 

Sur  le  principe  de  l'Inflammabilitc  des  corps  combuftiblcs ,  ou 
Cas  inflammable  huileux  > 

Par  M*    Ne ttET  ,  fils, 

V^u  o  I  Q  o  F.  je  fois  tenté  d'admettre  que  le  gas  des  marais  doit  être 
compofé  le  plus  ordinairement  d'environ  deuï  d  trois  parties  d'aîr  fixe, 
contre  une  leule  d'air  inflammable  huileux  ,  cependant  je  ne  diOimulenix 
pas  que  fi  la  coulent  de  la  flimme  de  ce  mélange,  &  d'autres  rapports 
encore ,  me  déterminent  â  peiifer  ain(î ,  il  y  a  cependant  des  diffé' 
rences  alfez  frappantes  entre  l'ait  des  marais  ,  &  un  autre  air  compofé 
dans  les  proportions  dont  je  le  fuupçonne  tornié.       0 

Car ,  I  **.  l'eau  de  chaux  n'eft  que  Icgctement  précipitée  par  le  gas  dej 
marais ,  &  elle  l'ell  abondamment  par  un  mélange  de  deux  tiers  d'ait  6xe 
&  d'un  tiers  d'air  inHammablc  huileux  :  mais  peut-cire  y  a-t-il  toujours 
peu  de  liaifon  &  d'adhérence  entre  les  molécules  Buides  de  ces  deux 
airs,  d  moins  qu'ils  ne  s'échappent  enfcmble  d'une  fubflance  qui  les 
contient  réunis,  &  fe  trouve-t-it  une  efpcce  de  rapport  entre  lanailTancc 
de  Tait  des  marais  &  la  formation  du  cinabre  ou  du  fublimé  cottofif , 
c'ed-à'direi^e  chacun  de  ces  trois  con>pofés  n'exifleroit  pas  (i  les  fubf- 
tances  qui  doivent  le  former  ne  fe  rencontroiem  enfemble  en  vapeurs  > 
&dc  manière  à  contracter  par  ce  moyen  une  union  plus  intime.  Quoique 
les  liqueurs  vincufes  cient,  avec  l'air  rixci  uiie  atlinitc  très -grande  y 


SUR  VffiST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     195 

cependant  lorfqa'iine  fois  elles  font  dépouillées  de  ce  gas,  elles  refufenC 
obftiiiément  de  le  reprendre  :  ainfi  ce  n'eft  pas  tout,  que  deux  fubft.inces 
aient  entt'elles  de  l'afliiiitc ,  il  faut  encore  poat  qu  elles  s'anilTent  que 
î^toiites  les  conditions  nccertaires  à  leur  liAifon  aient  été  remplies  dans 
l'inflant  où  cette  liaifon  a  pu  le  mieux  avoir  lieu  ôc  de  la  mamèrc  U 
plus  favorable. 

i".  Une  autre  différence  de  l'nir  des  marais  faiUce  avec  le  naturel ,  eft 
celle  qu'il  prcfente  dans  ta  combuftion  de  (on  mclar^e  avec  l'air  armof- 
i-phérigue  \  fa  manière  de  brûler  n'eft  pas  tout-.^-fait  (cmblable  à  celle  de 
*.iaic  d<;s  marais,  mais  cette  différence  peut  tenir  encore  de  fon  peu 
d'union  avec  l'air  fixe  qui  entre  dans  fa  comoofition  :  ce  qui  me  le  fait 
coire ,  c'cft  que  fon  degré  d'inflimmabilité  eit  i-peu-prcs  le  même  ;  car 
«ne  partie  de  ce  eas  faftlce  mélangé  avec  treize  d'air  atmofphérique , 
donnu  encore  une  inflammation  bien  médiocre  à  la  vériré,  mais  cependant 
vilïble ,  &  nous  avons  dit  que  le  jças  des  marais  cefle  de  brûler  lorfqu'il 
eft  mcbngé  de  quatorze  parties  d'aii"  commup. 

En  convenant  donc  qu'il  eft  polTible  que  l'air  des  marais  ne  foit  pas 

toujours  le  même ,  fuivant  les  climats ,  les  végétaux  &  les  animaux  qui 

lui  donnent  naillancc ,  &  mal{>rc  les  différences  lé^cccs  dont  ;'e  viens  de 

fiire  mention  (  dont  il  fcmble  qu'on   peut  rendre  compte    (ans  ctte 

regardé  tomme  voulant  fe  hâter  d'arranger  un  fjftcme  à  cet  égatd  )  je 

.crois  toujours  que  l'air  des  marais  ne  peut  ctre  compofé  que  de  gas 

inrtammable  huileux  &  d'air  fixe,  quelles  qu'en  foient  les  proportions.  En 

effet ,  après  avoir  démomrc  dans  le  premier  mémoire  que  la  diftillacion 

;des  fubftances  animales  &  végétales, peut  produire  un  gas  tout-à-fait 

femblable  i  celui  des  marais ,  il  ne  refte  plus  qu'à  conlidérer  dans  quel 

iiiflant  ce  gas  s'échappe  des  vaiflcaux  dîflillatoires ,  &  quels  font  les  airs 

qui  le  précèdent  ou  le  fuivent.  C'eft  toujours  entre  la  produélion  de  l'ait 

*xe  &  de  ce'  ui  que  j'ai  appelle  air ,  principe  infiammahU  des  corps  comhuJhbUs 

t)u  air  irifiammahU  hniïeux ,  que  paroît  l'air  ou  gas  analogue  à  celui  des 

marais,  &  pendant  quelques  inftans  on  en  obtient  qui  lui  eft  parfaitement 

,  femblable  :  je  dis  feulement  pendant   quelques  inftans,  parce  que  l'ait 

fixe  fe  dégageant  d'abord  ,  &  l'air  inflammable  huileux  vers  la  fin  de 

l'opéracion  ,  les  dernières  portions  d'air  fixe  font  pendant  un  certain  tems 

mélangées  d'air  inflammable  huileux,  dans  les  proportions  qui  conftituent 

l'air  des  marais  ,  &  que  l'air  recueilli  avant  ou  après  cet  mftnnt  eft ,  ou 

'    de  l'air  fixe  ptefque  pur,  ou  de  l'air  inflammable  huileux  aufli  prefque 

pur.  Au  rcfte  ,  on  foupçonne  aifcment  que  ces  produits  aëriformes  do 

la  diftillation  ,  font  fujets  à  d'autant  plus  de  divcrhté,  que  les  in.itîc^res 

dont  ils  font  tirés  font,  ou  plus  plilcgmaiicuics  ou  plus  huileufes. 

Certainement  ce  ncft  pas  non  plus  l'air  atmofphérique  qui  entre 
dans  la  compofition  du  gas  des  marais ,  puifqu'aucunc  partie  de  ce  gas 
u'eft  abfotbc  par  l'ait  nltreux ,  àc  cette  preuve  i'&ïA  uiis  réplique ,  à 


194       OBSERF^TlONS  SUR  L^  PHYSIQUE^ 

moins  qu'on  ne  veuille  objedec  ce  que  j'ai  die  moi-mcme  en  parlant  des 
diffeten  es  de  l'air  des  m.irais  fa(3:iceavec  le  naturel  :  que  Ictroite  union 
de  l'aie  commun  avec  !*air  inri.immable  huileux ,  mer  le  premier  à  couvert 
de  la  voracité  du  gas  nitreuxi  mais  alors  pourquoi  y  a-c-il  une  légère 
prccipitition  de  l'eau  de  chaux  par  l'air  des  marais,  &  comment  fe 
dcgageroic-ildans  les  vailTcaux  dtiUllacoircs  après  la  nailTaiice  di;  l'air  Ëxe« 
un  air  fanblable  à  celui  de  l'atmofphère  ? 

Revenons  à  l'air  principe  de  l'inHammabilité  des  corps. 

Les  huiles  gralïts  >  les  huiles  efTentieltes  ,  la  ccrcbenrhine,la  grailTe 
humaine,  &  celle  des  animaux,  produifent  cgalemeiic  &  fort  abon- 
damment le  gas  inflammable  huileux  ,  mais  il  faut  avoir  anenrion  de 
ménager  beaucoup  le  feu ,  lorfqu'on  emploie  les  huiles  eirentielles , 
parce  que  leur  volatilité  Les  taie  élever  dans  le  cube ,  S<  que  l'on  obcienc 
d'autant  moins  de  gas. 

L'odeur  du  cas  inflammable  huileux  a  un  caraâèrc  qui  lui  elï  particulier, 
quoiqu'il  s'y  joigne  peut-cire  un  peu  aufli  celle  de  laiubdance  dont  il  a  été 
extrait.  En  général ,  cette  odeur  efl^  celle  de  la  fuie, de  l'huile  brûlée,  tenant 
en  outre  quelque  chofe  d'aromatique.  Cette  odeur  eft  fi  torte  ,  que  celle 
du  gas  nitreux  en  eft  détruite.  En  effet ,  (\  vous  mctcz  parties  é^tes  d'air 
inflammable  huileux  &  de  eas  nitreux,  i".  il  n'y  a  pas  d'.-ibforption.  i".  Si 
vous  allumez  enfuite  ce  mélange,  il  btùle  très-bien,  d'une  fljmme  vive  5c 
blanche  &  l'odenr  du  gas  nitreux  ne  fe  fait  point  feniir.  Il  y  a  iti  une 
petite  obfecvation  que  je  crois  utile  à  faire:  pourctre  certain  du  fuccès 
de  la  première  partie  de  cette  expérience  »  c'eft-i-dire  que  le  gas  nitreux 
n'abandonncraaucune  partiedc  l'air  inflammable  huileux,  iUaut  introduire 
le  gas  nitreux  le  premier  dans  la  jauge  &  non  l'air  inflammable,  car  le 
gas  nitreux  ,  en  palTant  à  travers  l'eau  ,  y  rencontre  toujours  quelque  peu 
d'air  commun  qui  régénère  autant  d'eau  forte,  ce  qui  pourrotc  erre  pris 
pour  une  abforption  :  mais  fi  on  commence  par  faire  pafler  une  melure 
de  eas  nitreux  dans  la  jauge  ,  cette  mefure  ne  defcendra  pas  jufqu'i  U 
diviiîon ,  &  il  faudra  ajouter  quelques  bulles  d  air  nitreux  pour  Tuppléer 
  la  quantité  d'acide  régénéré  pat  l'eau ,  ôc  arriver  à  la  ligne  tracée  lue  la 
;auge;  enfin,  il  alors  on  introduit  une  mefure  de  gas  inflammable  huileux, 
elle  sarrctera  précifément  fur  la  marque  de  la  féconde  divition  ,  ce  qui 
ne  kilTera  aucun  doute  que  le  gas  ii^flammable  huileux  n'eft  aucunement 
abforbé  pat  le  gas  nitreux. 

L'élearicité  n'allume  point  le  gas  inflammable  huileux  lorfqu'il  efl 

Pur  ,  mais  qu;md  il  ell  mélangé  avec  égale  partie  d'air  dcphlogilUqtic , 
étincelle  cleétrique  ne  manque  jamais  de  l'enflammer  ,  mais  fans 
détonnations,  &  je  dois  ici  relever  une  erreur  que  j'ai  faite  au  dernier 
article  de  mon  premier  Mémoire  fur  le  ^as  iiiH-immable  huileux,  lorfque 
j'ai  dit  que  l'air  déphlogiftiquc,  mclc  avec  ce  gas  en  quantités  égales» 
produifoit  une  ciès-tbrte  exploiion  :  cet  elTet  n'a  lieu ,  cotnme  nou$  le 


SUKrHTST.  NATURELLE   ET  LES  ARTS.     ij$ 

verrons  toutà-Vhetue,  que  lorfqu'il  y  a  plus  d'air  iJcpblogîfliqué  que  de 
gas  inHnmmabIc  huileux  \  j'ctois  alors  plus  occupa  de  ce  qui  concernoit 
la  naiiïance  &  la  produâion  de  l'air  que  je  vcnois  de  dccouvrîc,  que  des 
diffîfrences  manières  donc  il  pouvoic  être  combiné  avec  d'autres  gas , 
&  j'aurai  Taiu  douce  mis  trop  peu  d'atceucioii  à  U  juAelTe  de  mes 
mefures. 

L'air  inflimmable  des  métaux  a  une  plus  grande  facilité  pour  s'allumer 
que  l'air  intbmmable  huileux  ,  mais  ce  dernier,  li  je  puis  employer  cette 
exprelllon  ,  a  une  pcopriérc  inHammable  bien  plus  coniîaérable.  J'ai 
conftruit  pourmefurer  la  détonuacion  des  airs  inHammables  &:  de  leurs 
diffcrens  mélanges»  une  cpruuvecte  de  compiraifon  que  je  publierai  aufTi-côt 
que  j'y  aurai  fait  quelques  changemens  avantageux  dont  je  la  crois 
lufcepcible.  Cetie  machine  eft  cependant  déjà  aflSz  juftg  peur  qu  il  n'y 
ait  jamais  plus  de  deux  à  trois  degrés  de  diftérence  entre  chaque  dcton- 
nation  d'une  même  efpèce  d'air  mélangé  ,  encore  cela  eft-il  plutôt  dû 
au  plus  ou  moins  de  promptitude  que  l'on  met  d  allumer,  qu'à  un  défaut 
de  l'éprouvette  :  la  manière  dont  cet  inllruiuenc  eft  conftruit  le  tend 
également  propre  i  mefuiet  la  fulmination  de  toute  fubftance  inBamma* 
ble  &  détonnante  »  telle  que  le  gas  des  métaux  mélangé  dans  différentes 
proportions  avec  l'air  atmofphérique  &  l'air  dcphlogiffiqué  »  le  ga« 
inflammable  huileux  étendu  également  par  l'aie  dépnlogiftiqué,  U  poudre 
d  canon  ,  l'or  fulminant,  la  poudre  fulminante,  &c. 

G'eft  avec  U  fecours  de  cette  éptouvette  que  j'ai  conftmic  la  toblc 
fui  vante. 


TABLE  de  Dctonaation  des  dciiiGis  inflainnublcs pat  leur 
mélange  avec  l'aix  dèphlogiftiquc  dans  différentes  propor- 
tions. 


jrfiV  infiammaèU  des  Métaux. 

■i.Mefutes  d'air  des  métaux. 
1.  Air  dcphlogiftiqué. 
Coup  moyen  fur  cinc}* 
13  degrés  i. 


I.  Mcfure  dair  des  mccaui. 


Air  inJlammabU  Huiieux,     t 

I 

a.  Mefures  d'air  inflam.  huileux* 

I .  D'air  déphlogiftiqué. 
Point  de  dctonnation. 

L'air  brûle,  au  conttaire ,  fore 
lentement ,  &  à  peine  apper- 
çoit-on  ia  pcéfenccde  l'ait  d^ 
phlogiffiqué. 

x.Mefure  d'air  influn.  huileux. 


ip6      OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE^ 


Air  irijlammable  des  Métaux; 

I.  D'air  dcphlogifliqur. 
Coup  moyen  fur  cinq. 
10  degrés  \, 

X.  Mefure  d'air  des  métaux. 
1.  D'air  dcphlogifUquc:. 
Coap  moyen  fur  cinq. 
I  j  degrés  {. 
I.  Mefure  d'air  des  mccaux. 
j.  D'air  dépIilogilViqué. 
Coup  moyen  fur  cinq. 
5  degrés. 
I.  Mefure  d'air  des  mccaux. 

4.  D'air  déphiogiftiqué. 
Coup  moyen  fur  cinq. 

j  degrés  {. 
I.  Mefure  d'air  des  mcraux. 

5.  D'air  dcpitlogilliqué. 
Coup  moyen  fur  cinq. 

1  degré  j. 


Air  infiammahU  JltiiUuxi 

I.  D'air  déphiogiftiqué. 

Poinc  de  déioanation. 
Seulement  le  mélange  brule  avec 
rapidicé. 

1.  Mefure  d'air  inflam.  huileux. 

2.  D'air  déphlogtlliqcc. 

Coup  moyen  for  cinq, 
ji  degrés  i, 
I.  Mefure  d'air  îiiflam.  huileux, 
5.  D'air  déphiogiftiqué. 
Coup  moyen  fur  cinq. 
59  degrés. 
I.  Mefure  d'air  inflam.  huileux. 
4.  D'air  déphiogiftiqué. 
Coup  moyen  fur  cinq. 
46  degré;. 
I.  Mefure  d'aii  inflam.  huileux. 
1.  D'air  déphiogiftiqué. 
Coup  moyen  fur  cixiq. 
j4  degrés. 


Je  n'ai  pas  prolonge  davantigc  cette  table ,  parce  que  je  crois  qu'elle 
oflre  cour  ce  qui  peut  iiitérefTer  jufqu'au  point  où  le  cas  inflaiTim.ible 
huileux  fe  trouve  tellement  furchargé  d'air  déphiogiftiqué  ,  qu'il  ne 
puifTe  plus  fournir  de  dctonnacion.   En  e^et  elle  apprend , 

i".  Que  le  mélange  le  plus  .ivanLigeux  de  l'air  inflammable  des 
mét.^ux  avec  l'air  déphiogiftiqué ,  eft  celui  où  t  es  deux  airs  font  raclés  ert 
parties  ^alcs;  combattant  à  cet  égard  le  fentiment  t\GS  Phylîciens  qui 
om  penfc  quela  proportion  la  plus  convenable  pour  une  force dctonnation, 
étoic  de  deux  parties  environ  dair  des  métaux  contre  une  feule  d'air 
déphiogiftiqué ,  5c  G  ces  habites  Obfervateurs  n'ont  eu  d'autre  juge  de 
la  force  de  l'explofion  que  le  bruit  qu'elle  occafioime  ,  il  n'eft  pas 
ctonnoiic  qu'ils  fe  foient  trompés,  d'autant  qu'il  n'y  a  de  différence  entre 
ces  deux  proportions  que  d'à-pen-prcs  un  vmgdème ,  &  que  cette  ditfé- 
rencc  11e  peut  êcre  appréciée  par  l'oreille. 

x**.  Que  la  plus  forre  détonnation  de  l'air  inflammable  huileux  eft  celle 
où  une  feule  mefure  de  ce  gas  eft  mclée  avec  crois  niefures  d'air 
déplilogiftiqué. 

}**.  hnfin,quc  l'explofion  de  ce  mélange,  comparée  à  la  plus  forte  que 
l'flir  inflammable  de&  métaux  fournilleavec  l'air  déphiogiftiqué  ,cll  djoS 
la  proportion  de  59  à  20  |  »  ce  qui  wccorde  au(U  parfaitemcnc  qu'il  eft 

pollible 


SUR  rnrsT.  naturelle  et  les  ^rts.    197 

pofTîble  avec  le  tableau  que  nous  avons  donne  dans  le  premier  Mémoire) 
des  mèljnges  de  l'air  acmofphcrique  avec  les  deux  airs  infljmmableSj 
puifque  l'on  y  voit  le  eas  inHaminable  huileux  l'emporter  aufiî  fur  (on 
concurrent  »  dans  la  mcme  proportion  de  ^o  à  lo.  Ces  deux  tableaux 
fe  fervent  donc  l'un  A  l'autre  de  preuve  &  de  foutien. 

il  paroîtra  confiant  que  l'air  inflammable  huileux  eft  beaucoup  plus 
pefant  que  l'air  des  métaux.  Ci  on  prend  deux  vafes  de  mcme  capacité  Sc 
d'ouverture  femblable,  quon  les  rempliffc  chacun  d'une  forte  de  gas 
inflammable, &  qu'avec  adreile  on  les  pofe  l'un  fur  l'autre  de  manière 
que  les  airs  puiflenc  fe  décanter  mutuellement  :  alors  fi  c'eft  le  vafe  qui 
contient  le  gas  inflammable  des  métaux  que  l'on  a  placés  dcITous,  quelques 
înflans  après  on  trouvera  ces  deux  gas  mélangés,  tandis  que  fi  on  eut  mis 
i  cette  place  l'air  inflammable  huileux,  il  n'y  aurôit  point  eudemclange, 
&  chacun  des  deux  airs  auroit  enfuite  donne  en  brûlant  les  fignes  conic-r 
tériQiques  qui  lui  font  propres. 

Quelques  expériences  nouvelles  fur  l'air  inflammable  huileux  8c  ta 
defcription  de  l'cprouvette  de  compaiaifon  dont  j'ai  padé  plus  haut,  fcxonc 
l'objet  d'un  iroifième  mémoire. 


DISSERTATION 

Sur  la  caufc  Phyfique  d'une  efpècc  d'attratftion  que  les  Chy- 
miftcs  appellent  -affinité  ;  lue  h  la  Séance  de  la  rentrée  de 
rAcadémic  de  Mctz^  le  ii  Novembre  1778; 

Par  Dom  Nicolas  Cakbois^  Principal  du  CoUige  Royal  de  W«ç  , 
dt  la  Société  Royale  des  Arts  6*  Sciences  de  la  même  Fille ,  Ajj'ociê  i 
r  Académie  de  Châlons-fur-Marne  ^  de  la  Sociàé  Patriotique  de  Heûc- 
Hambourg  (1). 

ll*N  1776,  fai  prononcé  un  difcours  dans  la  féance  publique  de  Ta 
St- Louis,  dans  lequel  je  hafardai  quelques  conteâutes  fur  la  caufe  d« 
cette  difpofition  qui  porte  cettaines  fubftances  a  s'unir  entre  elles,  & 
que  les  ChymtUcs  nomment  ajfinué*  Dm  réflexions  fur  les  produdions 


(i)  Voyet  dans  ce  Journal ,  Tome  XII ,  pag  141.  Ao&t  1778.  Lt.  Mémoire  fur  U 
Zlimem  &  les  A^nitis,  pat  M.  de  la  Ci'/frff. 


Tome  XIKi  Paît*  II,  1 77?. 


OCTOBRE,     Q^ 


198        OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSTQVEy 

de  la  Nature  &  de  l'Art  m'avoieiu  conduit  à  ces  conjectures  \  je  voyois 
naître  la  violette  fous  la  douce  température  du  Printems  ,  l'œuf  cdore  à 
la  faveur  de  rincubaclon ,  mille  efpèces  de  corps  prendre  exiftence  fur  le 
fourneau  du  Ciiymifte  :  donc ,  difois- je ,  Talion  du  feu  ou  la  chaleur  eft 
le  principe  aftif  de  la  nature  jc'efl  elle  qui  réunit  les  éténiens,qui  par  des 
combinaifons  infiniment  variées  compofe  des  molécules  de  toute  erpccc , 
&  qui  enfuite  rafïemblanc  des  molécules  de  même  efpèce  ,  en  forme  des 
xnaues  que  nous  appelions  corps.  Mon  fyftcme  n'étoit  quebauché.  Il fal- 
loic  des  principes  certains ,  aes  applications  ckîres  ,  des  couféquences 
juftes ,  je  vais  les  foumettre  à  vos  lumières. 

Pnmier  Principe. 

La  chaleur  eft  une  agitation  en  tout  fens ,  un  mouvemenr  de  vibration 
dans  les  plus  petites  parties  du  corps.  On  voit  cette  ^^itation  dans  la 
flamme  ,  dans  une  goutte  d'eau  jettce  fur  un  fer  rouge  ;  j'ofe  même  dire 
quou  la  fenc  lorfque  nos  organes  en  font  affeâés  à  un  ceruin  degré. 

Sicond  Principe. 

Deux  parties  différentes  en  grandeur ,  en  intenficé  ou  en  figure ,  font 
agitées  différemment  par  un  même  degré  de  chaleur.  J'en  juge  par  la 
raréfaction  des  corps ,  qui  étant  l'effet  de  la  chaleur ,  rend  fciifible  la 
manicre  d'agir  à  un  même  degré  de  chaleur.  L'efprit-de-vin  fe  raréfie 
plus  que  1  eau  ,  l'eau  plus  que  le  mercure ,  &  le  mercure  plus  que  l'or ,  ce 
qui  ne  pourroit  être ,  lî  les  parties  de  ces  corps  étoient  affedces  de  la 
même  manière  par  un  même  degré  de  chaleur.  On  peut  encore  en  juger 


pofe 

il  en  ronge  l'alliage,  il  pénètre  le  creufet,  il  s'évapore.  Quelle  différence 

d'aâion  !  Peut-on  dire  qu'un  même  degré  de  chaleur  agitoit  les  parties 

d'or  de  la  même  manière  qu'il  agitoit  celles  de  plomb?  n'eft-il  pas  clair, 

au  contraire,  que  des  molécules  hétérogènes  ont  chacune  leur  degré  de 

foupleffe  &  de  mobilité, &  qu elles feprciencdiâcremmenc  àl'aâionda 

ièu. 

Troifièmc  Principe, 

La  différence  qui  fe  trouve  dans  Tagitation  des  parties  hcrcrogènes 
n'eft  pas  la  même  pour  tous  les  degrés  de  chaleur;  j'en  juge  par  la  raréfac- 
tion Aes  corps ,  qui  n'eft  que  le  réfultar  de  l'agitation  de  leurs  parties. 
Le  mercure  ,  par  exemple ,  depuis  la  glacë  juKju'à  l'eau  bouillante ,  fe 
raréfie  par  degrés  égaux ,  tandis  que  l'eau  fe  raréfie  par  degrés  inégaux. 


SUR  VHÎST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      19^ 

Vn  degré  de  chaleur  au-detTus  du  terme  de.  l'eau  bouillaïue ,  rédutc 
cecte  eau  en  vapeurs  ,  la  difperfe ,  lui  donne  de  nouvelles  propiiéccs  Se 
fait ,  pour  ainfi  dire ,  un  fluide  d'une  nouvelle  efpècc  ,  tandis  que  le 
mercure  refte  en  maire  &  n'acquiert  qu'un  nouveau  degré  d'agitation. 

Quatrième  Principe* 

Dans  un  mixte ,  hors  le  cas  de  fa  compofition ,  le  feu  n*agite  que  Tes 
parties  intégrantes  ,  c'eft-à-dire  que  dans  un  fel  neutre ,  par  exemple,  le 
feu  n'agite  pas  féparément  l'acide  &  l'alkali  qui  le  compofent  \  mais 
feulement  les  molécules  réfultantes  de  ces  deux  fels.  La  preuve  eft  que 
l'acide  &  l'alkali ,  par  leur  union ,  ont  perdu  leur  propriété  aâive,  &  pac 
conféquent  leur  mouvement  propre.  D'ailleurs ,  les  parties  acides  & 
alkalines  étant  hétérogènes,  ne  pourront  recevoir,  par  l'aâion  du  feu, 
que  des  mouvemens  difFérens,  &  pac  conféquent  inconciliables  avec  leur 
union.  En  effet ,  comment  concevoit  deux  parties  unies ,  dont  l'une  icoit  à 
droite  &  l'autre  à  gauche  ? 

Cinquième  Principe, 

Parmi  les  difFérens  mouvemens  qu'un  même  degré  de  chaleur  donne 
à  des  molécules  hétérogènes,  il  y  en  a  qui  font  réductibles  à  un  mouve- 
ment compofé ,  d'autres  qui  font  irrcduâibles  ;  car  nous  venons  de  dire 
que  les  mouvemens  propres  des  acides  &  alkalis  ont  été  convertis  en 
mouvement  commun  ,  Se  nous  voyons ,  dans  une  goutte  d'eau  Jetiée  fur 
un  fer  rouge ,  qu'une  même  chaleur  imprime  aux  parties  de  fer  &  aux 
parties  d'eau  des  mouvemens  fi  oppofés ,  qu'elles  fe  repouffent  avec  une 
force  incroyable.  Les  mouvemens  réduâibles  à  un  mouvement  compofé, 
je  les  appellerai  concordans  ;  ceux  qui  font  irréduâibles  à  un  mouvement 
compote ,  je  les  appellerai  difcordans.  On  conçoit  que  la  différence  entre 
les  mouvemens  concordans  8c  difcordans ,  ne  peut  venir  que  du  plus  ou 
du  moins  de  grandeur ,  de  fouplefTe,  de  flexibilité  ou  d'élafticicé  dans  les 
parties  qui  font  foUicitées  par  le  feu.. 

Sixième  Principe. 

Deux  molécules ,  animées  d'un  mouvement  conmiun,font  par  cette 
feule  raifon  intimement  unies  entr'elles  \  car  il  efl  évident  qu'elles  ne 
peuvent  être  féparées  que  par  une  force  fupérieure ,  qui  leur  rende  à 
chacune  leur  mouvement  particulier ,  ou"  qui  compofé  ce  mouvement 
avec  celai  d'autres  molécules. 


OCTOBRE,    Qqi 


joo        OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE^ 

Sejftième  Principe, 

Il  n*y  a  point  A\tffin'té  fans  ciialeiir;  il  faut  mcme  que  l'une  au  moins 
des  deux  fubftances  mifcibles,  foit  réduite  par  la  chaleur  à  l  état  defluiditc* 
Ce  prin  ipe  eft  avoué  de  tous  les  Chymiftes. 

Ceft  d'après  cqs  priii.  ipcs  que  j'entreprends  d'expliquer  le  myflcre  des 
affinïtls  çhymi^uts.  Je  commence  par  en  faire  l'application  à  la  mixtion 
des  a-ides  &  des  alkalis:  ces  deux  efpè.es  de  fel,  oppofées  par  leurs 
propriétés ,  ont  cependant  wie  tendance  fingulière  Pune  vers  l'autre.  l*ouc 
peu  qu'elles  fe  touchent ,  elles  contraftent  une  union  fi  intime,  qu'elles 
forment  une  troifième  fubft.înie  q  l'on  appelle  fU  neutre.  Cette  mét^mor- 
phofe  fuppofe  de  la  chaleur.  Ceft  le  feptième  principe  que  nous  venons 
d'étAblir.  Cette  chaleur ,  avant  l'union ,  agitoit  différemment  les  parties 
de  l'aciJe  &  celles  de  l'alkili.  Ceft  mon  fécond  principe.  Ces  deux 


proptÉ 

1iroprié:és  du  tel  neutre.  Cette  compofitionde  mouvement  unit  intimement 
acide  :ve.  r,lk,ili;c'eft  mon  fixienie  principe.  Oonc  le  feu,  en  tant  qu'il 
agite  d'un  mouvement  commun  l'atide  &  l'alkali,  eft  le  principe  mé- 
clianique  de  leur  union. 

On  fent  bien  l^uc  cette  application  peut  fe  faire  à  tout  autre  mélange. 
Donc ,  en  général ,  ra(5tion  du  feu  ou  la  chaleur  eft  la  caufe  phjrfique  «$ 
affinitcs  ou  MtraHions  Chymi^ues, 

Mais ,  direz  vous ,  l'aÂion  ttu  feu  eft  expanfive,  elle  écarte  les  parties 
du  corps;  comment  peut-  elle  leur  faire  conttaéier  une  union  intime? 
Elle  décompofe  le  plomb, par  exemple ,  comment  peut-elle. le  compofer? 

ï  a  difficulté  eft  ficile  à  réfoudre;  une  moindre  répulfion  doit  avoir 
1  apparence  &  l'effet  d'une  attra^ion  ;  un  corps  poulfé  de  toutes  parts  ne 
fe  porte-t-il  pas  né.  effairement  là  où  il  trouve  moins  de  réfiftance?Or> 
nous  avons  vu  que  la  chaleur  étoit  une  agitation  différente  dans  les 
différentes  molécules  qu'elle  anime;  que  quelques-uns  de  fes  mouvemens 
croient  concordim  ou  rèJucii>!i.%  i  un  mouvement  compofé ,  d'autres 
difcordam  ou  imduciLbUs  ^  que  ^affinité  n'avoir  lieu  que  dans  le  premier 
cas. 

Nous  avons  encore  dit  que  la  différence  d*agit3tion  dans  les  molécules 
n'étoit  pas  la  même  pour  tous  Ici  degrés  de  chaleur  ;  il  peut  donc  fe  faire 
qu'une  chaleur  modérée  donne  à  certaines  molécules,  des  mouvemens 
concordai ,  &  qu'une  chaleur  violente  leur  donne  des  mouvemens 
difcordans  ;  voilà  pourquoi  un  degré  de  chaleur  peur  compofer  &  unaurre 
degré  le  décompofer.     * 

Ce  que  j'ai  du  jufqu'ici  ne  regarde  que  r<2^fffVpropreineat  dite  >  celle 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.       joi 

qui  produit  l'union  des  pirties  hctérogènes  ou  la  compontion  des  mixtes. 
11  7.1  une  autre  iijJin'Jé  entre  ics  p.irties  homogènes  des  corps  i  on  l'.ippelle 
a^  ici  d^j^gré^afion  fon  effrt  eft  de  former  une  malTe  pnr  l'affociation 
de  plufîeurs  molécules  femblables.  Des  mol^-jules  d'eau  s'approchent  les 
Uîits  des  autres  i  leur  union  fait  un  fleuve,  un  lac,  une  mer.  Cette 
aygré^a:ion^  cette  efpèted'rf/fr'-'  rc'jS'explÎLjut  encore  très-bien  pnr  l'opération 
du  feu.  Des  molécules  femblables  en  rei,oivent  des  agitations  femblables  5 
quelle  que  foit  la  force  répulfive  de  leur  agitation ,  elle  eft  certainement 
moindre  que  celle  qui  rcuilte  de  l'agitation  de  molécules  diiîemblabies: 
donc,  une  molécule,  en  vertu  de  fon  agitation ,  fe  portera  plutôt  vers  une 
molécule  femblable  que  vêts  une  molécule  dilTemblable.  Faut -il  une 
autre  raifon  de  leur  aiiociation  ?  On  pourroit  objedVer  que  Vucgrhation 
d-js  parties  intcgrintes  des  corps  s'afFoiblit  par  la  chaleur;  l'eau  ,  par 
exemple,  à  un  certain  degré  de  froid  ,  eft  une  maîTe  folide  :  elle  devient 
fluide  à  un  air  tempéré  ;  elle  s'évapote  à  un  air  chaud.  Comment  foutenïr 
que  cette  mcmc  chaleur ,  qui  dillipe  l'eau ,  la  divife  Se  la  difperfe,  ett  le 
principe  de  la  réunion  de  fes  parties  î 

Pour  lever  cette difficultc ,  jobferve  que  le  contaâ:  eft:  une  des  condi- 
tions de  ['aggréruiion  ;  1  accord  ou  le  commerce  des  mouvemens  de  la. 
chaleur  en  eft  le  nœud.  Mais  cet  accord  ne  lie  que  les  parties  qui  fe  touchent, 
il  ne  peur  y  avoir  de  commerce.  &  p.ir  confcquent  de  liaifon  entre  celles 
qui  ne  fe  touchent  pas.  Si  deux  molécules  d'eau  ne  fe  touchent  qu'en  un 
point,  leur  liaifon  eft  la  moindre  pofTible;  elle  fera  la  plus  grande, 
fi  elles  viennent  à  fe  toucher  par  tous  les  points  de  leur  furface. 

J'obferve  encore  que  la  chaleur  a  deux  effets  fur  les  parties  intégrantes 
des  corps ,  elle  les  anime  d'un  mouvement  de  vibration  ,  elle  les  raréfie , 
ou  les  écarte  les  unes  des  autres  ;  par  le  premier  effet,  elle  les  lie  enfem- 
ble,en  établilTant  entr'elles  un  commerce  de  mouvemens;  par  le  fé- 
cond eflPet,  elle  affoiblit  la  liaifon  de  ces  parties  ,  en  les  écartant  de 
manière  qu'elles  ne  fe  touchent  plus  que  par  un  petit  nombre  de  points  : 
voilà  pourquoi  la  liaifon  de  ces  parties  diminue  i  mefure  que  la  cha- 
leur augmente. 

Quant  à  l'évaporatîon,  c*eft  l'effet  d'une  diftribntion  inégale  de  la 
chaleur  dans  la  malle  d'eau;  la  furface  fupérleure  de  l'eau  eft  toujours 
plus  chaude  que  les  lames  inférieures.  Cette  inég.ilitc  de  chaleur  dé- 
truit l'accord  qui  rcgnoit  entre  les  molécules  fupérieures,&  les  molécules 
inférieures  ;  elle  détruit  par  confcquent  leur  liaifoni  d'ailleurs,  il  y  a  de 
Vaffinitc  entre  l'air  &  l'eau  \  l'eau  &  l'aie  fe  mêlant  avec  les  molécules 
d'eau  qui  font  à  la  furface,  les  enlèvent  d'autant  plus  aifément,  que 
leur  grande  dilatation  les  a  ifolées  des  autres  molé<.ules.  En  donnant 
cet  eftai  fur  les  affinités  &  les  formations  des  corps  ,  je  n'ai  rien  fup- 
pofé  dont  on  puifte  comefter  l'exiftence.  L'adion  du  feu  fut  les  plus 
petites  parties  des  corps ,  eft  une  vérité  que  la  natute  elle-même  mec 


5ot        OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE^ 

en  évidence.  J'ai  prouvé  que  cette  aftïon  ,  de  divifée  qu'elle  écoit  dans 
les  moiccules  hétérogènes ,  fe  changeoic ,  à  la  rencontre  dé  certaines  de 
ces  molécules .  en  une  ailion  compofée,  dont  l'effet  devoir  être  l'unioa 
intime  de  ces  molécules.  C'eft  l'explication  de  V'affinité  de  compofîtion, 
J*ai  prouvé  aufiî  que  cette  mcnie  aâion  étant  femblable,  établiffoic 
entr'elles   un  accord  de  mouvement   qui  ne  pouvoic  avoir  lieu  entre 


REMARQUES 

Sur  une  ancienne  Marnièrc  du  Gouvernement  du  Havre,  &  fur 
les  Squelettes  Humains  qu'on  y  a  trouvés  j 

Par  M.  CAbbc  Dicquemare,  de  plujîturs  Sociétés  &  Académies 
Royales  des  Sciences  ,  Belles-Lettres  6»  Arts  y  de  France^  £fp<igrie  ^ 

jilUmagne ,  «S'c 

X^E  Vendredi  5  Juin  1778,  aufoir,  des  Ouvriers  tirant  du  cail- 
lou de  la  côte  de  Maucomble ,  maifon  de  campagne  appartenante  à  M. 
l'Abbé  Aufray  ,  fut  la  paroiire  d'HcrainvilU ,  i  onze  mille  cinq  cens 
loifes  au  nord-eft:  ou  environ  du  Havre  ,  dans  la  Vallée  qui  conduit  de 
Gotjerville  à  Etretat,  trouvèrent  une  ouverture  horifontale  &  la  dczA' 
gèrent;  elle  conduit  dans  une  anciennne  marnière  oij  il  y  avoir  au  moins 
cent  fquelettes  humains.  Le  bruit  s^qtx  répandit  bientôt.  Le  Samedi , 
il  y  entra  un  grand  nombre  de  payfans  &  autres  :  avant  le  Dimanche 
au  foir,il  y  en  étoit  entré  plus  de  mille.  Le  Lundi ,  il  s'y  trouva  plus 
de  quatre  cens  perfonnes.  Je  n'en  fus  averti  au  Havre  que  le  Mardi , 
&  j'y  arrivai  le  Mercredi  à  huit  heures  du  matin. 

La  forme  de  cette  marnière  eft  elliptique  ;  le  plus  grand  diamètre 
s*étend  de  l'eft  d  l'oueft  ;  il  a  quarante  pieds,  &  le  plus  petit  trente  ; 
la  hauteur  moyenne  efl  de  fept.  Pour  former  la  marnière  on  a  rompu 
un  lit  de  caillou  ou  filex  gris  qui  étoit  entre  deux  lits  de  marne.  Les 
lits  de  caillou  qui  forment  le  pavé  &c  le  ciel  y  comme  difent  les  Ou- 
vriers, font  inclinés  vers  l'oueft  d'environ  trente  à  trente-cinq  pouces. 
Du  delfus  d'un  lit  de  caillou  au-dciîus  de  l'autre,  il  y  a  environ  quatre 
pieds ,  de  chaque  lie  de  caillou  a  feize  pouces  dépailLeuc  moyenne.  Le 


SUR  rrirsT  naturelle  et  les  arts.   505 

rcfle  eft:  de  mirne,  &:  le  tour  fuît  dnns  fon  inclinaifon  le  terrein  qui 
cil  nti-cieilus.  Quoique  je  ne  fois  arrive  que  le  Mardi  au  matin  ,  & 
que  les  perfonnes  ciui  y  écoient  entrées  eullent  enlevé  beaucoup  d'os, 
il  ctoic  encore  poflible  de  faifir  les  chofes  les  plus  elfentielles  ,  tant 
par  l'infpeAion  ,  que  par  les  témoins  oculaires  qui  ne  s'étoient  pas 
communiqués  &  n'avoientnul  motif,  nul  intcrt't  pour  tromper.  L'en- 
crée de  cette  mirnière  qui  donne  à- peu-près  vis-à-vis  l'un  des  foyers 
de  1  ellipfe  (  celui  de  l'eft)  étoit  plus  longue  qu'elle  ne  l'eft  aujourd'hui, 

farce  qu'on  a  coupé  une  partie  de  la  nailliînce  de  la  côte  avant  de 
appercevoir.  Il  y  a  huit  pieds  d'épaiircur  depuis  le  délais  de  l'entrée 
jufqu'à  la  furfice  de  la  terre  ;  cette  entrée  a  trois  pieds  fix  pouces  de 
Jiaut  &  autant  de  large  ,  eft  caillée  en  voûte ,  &  s'incline  un  peu  en 
avançant  fous  la  côte.  La  marne  qui  avec  des  cailloux  bouchoit  l'en- 
trée ,  étoit  remplie  de  charbon  partie  pourri ,  partie  aifé  à  reconnoître 
par  les  fils  du  bois.  On  voyoit  les  os  des  fqueleites  difperfés  fur  le 
pavé  autour  des  parois  de  la  carrière,  mais  plus  fréquemment  du  côté 
de  l'oueft  ,  le  plus  éloigne  de  l'entrée;  on  en  remarquoit  auflî  beau- 
coup  fur  un  morceau  de  caillou  qui  efl  refté  dans  cette  marnière ,  & 
en  occupe  prefque  toute  la  partie  méridionale  en  s'élevant  jufqu'à  la 
voûte.  Dans  cette  partie  du  midi ,  on  trouve  un  pilier  qu'on  avoît 
laiiTé  pour  foutenir  une  chambre  voifine  qui  n'a  d'étendue  qu'environ 
le  tiers  de  celle-ci:  on  en  a  dégagé  l'entrée,  cinq  hommes  s'y  font  in- 
finucs  en  rampant  fur  le  ventre  une  chandelle  a  la  main ,  mais  non 
fans  danger ,  &  n'y  ont  tien  apperçu  de  remarquable.  Voyez  pour  tout 
ceci  le  Plan  .  Planche  I ,  fig.  1  ;  la  petite  chambre  n'y  eft  que  poin- 
tillée  parce  que  fa  forme  ne  m'eft  pas  bien  connue. 

Les  os  des  fquclettes  n'étant  plus  joints  enfemble  par  leurs  ligamens, 
ont  tombé  de  côté  &  d'autre,  il  y  a  peut-être  dcji  fort  long-tems. 
On  les  retrouvoit  dans  le  mcme  heu  \  de  forte  qu'un  Chirurgien  en  a 
emporté  ceux  qui  appartenoient  à  un  enfant  de  huit  ans,  Chaaue  tête 
avoit  encore  fa  mâchoire  inférieure.  Tous  ces  os  font  très-rriables , 
le  moindre  effort  les  calTe  \  les  trois  fubftances  s'y  remarquent  &  font 
parfaitement  confetvées  ;  j'ai  vu  une  vertèbre  qui  avoit  été  piquée  de 
vers,  &  une  tête  dont  les  dents  étoient  chargées  de  tartre  :  ils  font  en 
général  d'un  quart  ou  d'un  tiers  plus  légers  que  les  os  les  plus  Ççcs 
qu'on  conferve  dans  les  Cabinets ,  &  ont  la  couleur  de  la  pierre  de 
Saint-Leu  ;  fur  quoi  il  faut  remarquer  que  dans  la  marnière  ,  il  paroît 
que  cette  même  couleur  dont  eft  teinte  la  marne  dans  le  bas  ,  du 
côté  le  plus  incliné ,  eft  due  à  l'eau  qui  s'eft  élevée  jufqu'à  feize  pou- 
ces. Sous  les  os  j'ai  trouvé  une  efpèce  de  terreau  ou  marne  pourrie  ,  un 
peu  graflè  au  toucher ,  qui  femble  préienter  un  refte  de  fétidité.  En 
effet ,  lorfqu'on  entra  dans  ce  lieu  ^  on  fentit  une  odeur  cadavéreufe 
jointe  à  l'otieai:  oïdiuaiie  des  macnières.  Les  Ouvriers  brûlèrent  de 


jo^        OSSERrJTIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

l'encens ,  &  l'un  d'eux  s'étant  étendu  le  ventre  fur  les  cailloux  pour 
tâcher  de  s'afTurer  s'il  exifloic   réellement  une  chambre  voifine ,  com- 


rui  julqu'à  une  heure  après  midi ,  fans  en  être  incommode,  quoique 
j'eufTe  fouvent  le  vifage  proche  les  cailloux  &  que  j'aie  bêché  plufieurs 
fois. 

Quelques-uns  de  ces  os ,  fur-cout  ceux  qui  font  fur  le  tas  de  cailloux, 
font  beaucoup  plus  pefans  que  les  autres  chargés  d'un  matière  mar- 
neufe,  &  d'une  féléniteufe  cryftallifée  en  lames  fort  minces  &  en  peti- 
tes maiTes ,  fans  faveur ,  très-difficile  à  dilfoudre  dans  l'ean  \  pluueurs 
de  ces  derniers  ont  foufïerc  quelque  altération  à  leur  furface  \  on  peut 
les  regarder  comme  des  efpèces  de  pétrifications  j  comme  les  autres, 
ils  s'attachent  fortement  à  la  langue. 

U  eft  difficile  de  dire  au  jufte  le  nombre  des  fquelettes  ,  on  le  fait 
monter  ,  avec  vraifemblance ,  jufqu'à  cent  cinquante  &  même  plus*,  les 
Ouvriers  en  ont  compté  jufqu'à  cent  quatre,  &  n'ont  pas  cru  y  avoir 
tout  compris  \  un  Fermier  du  propriétaire  en  a  compte  le  lendemain 
de  ia  découverte  quatre-vingt-dix  \  le  Fermier  même  de  Maucomble 
ne  compta  plus  le  Dimanche ,  c  eft-â-dire  le  troifième  jour ,  que  qua- 
rante-quatre tctes  entières  j  il  en  reiloit  environ  vingt  le  Mardi  à  midi , 
&  le  1 5  il  n'y  en  avoir  plus  que  deux  ou  ttois  :  ce  détail  pourroic 
paroîrre  fingulier  ;  mais  on  doit  fe  reflbuvenir  que  ces  os  font  trcs-fria- 
ples^  que  peut-être  deux  mille  perfonnes  ont  entré  dans  la  marnière  , 
emporté  un  tcès-gtand  nombre  d'os ,  caffé  la  plupart  de  ces  têtes  pouc 
»yoir  les  dents ,  en  ont  brifé  en  les  laiffant  tomber  &  écrafé  fous  leurs 
pieds.  On  ne  peut  douter  par  le  nombre  de  fragmens  qu'il  n'y  eût  là 
plus  de  fquelettes  qu'on  n'en  a  compté.  Ni  la  vénération ,  ni  la  fuperfti- 
tion  n'ont  eu  aucune  part  à  l'enlèvement  de  ces  os  ;  c'efl  feulement 
pour  les  faire  voir  que  les  payfans  &  autres  les  ont  emporrés. 

Il  fetoit  très-intéreflanr  pour  l'Hiftoire  du  Pays ,  &  même  pour  l'Hif- 
toire  Naturelle,  de  favoir  par  quel  événement  6c  dans  quel  tems  ces 
corps  humains  ont  été  dépofés  dans  cette  marnière  ',  il  ne  m'a  pas  été 
poluble  de  fattsfaire  ma  curiofiré  â  cet  égard.  Je  fuis  réduit  à  àts  con- 


peâion.  Une  marnière  comme  celle-ci  femble  éloigi 
lépulchre ,  âc  ne  paroît  point  être  un  refte  de  la  Léproferie  du  Valmiellé  , 
réunie  avec  beaucoup  d'autres  à  l'Hôpiral  du  Havre ,  à  la  fin  du  fîècle 
dernier  :  il  y  a  lieu  de  croire  qu'on  ne  l'ignoreroir  pas.  Des  Protellans 
ou  des  Catholiques  auroient  pu  être  furpris  &  enfermés  dans  ce  lieu , 
mais   n'y  crouveroit-on  pas  quelque  {neublej  ufteufilç  ,  monnoie , 

bijoux  ^ 


SUR  VlilST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     jo^ 

bijoux  ,  à  moins  qu'ils  n'eulTenc  éié  dépouillas  après  lear  morr.  Un» 
ancienne  retraite  de  brigands  ofFciroit  à-jieu-près  les  mêmes  chofes  fie 
de  plus  des  armes.  Ce  lieu  aucoic-il  fetvi  de  Corpsrde-gardc  dans  les 
guerres  civiles  avanc  la  fin  du  Gouvernement  féodal  ou  des  guerres 
crmngères  ?  Il  rcnfcrmeroit  quelques  fragmens  d'armes  défenlives  ou 
offenfîves.  Seroienc-ce  des  Ouvriers  enfermes  par  quelque  accidenté  ce 

2u'on  ne  peut  foupçonner  pat  le  local  ;  on  y  trouvctoit  des  outtls> 
csvâfesj  &c  d'ailleurs  le  nombre  cil  trop  grand  pour  rcfpace.  J'ai  déjà 
inninic  que  l'état  où  Te  trouvent  les  os  ,  f^it  ptéiumcr  qu'ils  func  fore 
anciens  \  je  ne  crois  cependant  pas  qu'on  doive  remonter  aux  Caletcs, 
quatrième  peuple  de  la  Ligue  des  onze  Cités  de  la  Gaule  Celtique , 
tems  où  l'on  ne  portnit,  â  la  vérité  ,  en  ces  contrées  aucun  ou  prelque 
.aucun  bijoux,  6c  où  l'on  n'»voic  que  des  h:\bics  fort  (Impies-,  a  la  fé- 
conde Lyonnoife  ,  i  la  Neullrie,où  les  udenllles  n'étoient  peuc-icrs 
fias  fi  nombreux  qu'ils  le  font  de  nos  jours.  La  Normandie  a  éré  fouvent 
e  théâtre  des  guerres  étrangères  jufqu'en  1450.  Les  difpofitions  eco- 
graphiques  font  voir  que  les  Campagnes  voifines  font  propres  à  adeoit 
des  Camps,  entr'aurres  la  Campagne  de  V'ongcnfemare  où  Ion  fit  en 
16741a  revue  de  douze  mille  nommes  du  Gouvernement  Général  du 
Havre*  Cette  Campagne  confine  i  EccainviUe.  Ne  pourroic-on  pas  pré- 
fumer  que  U ,  ou  dans  la  Vallée  qui  fépare  ce  beau  plateau  des  antres  (  1  ) 
il  y  aura  eu  quelque  adion ,  entre  des  gens  du  pays  &c  des  croupes 
ennemies;  ces  dernières  fe  feront  fervi  oe  ce  lieu»  ou  pour  y  jetcec 
les  mores  ou  pour  y  renfermer  des  prifonnîers  dépouillés  :  ne  pouvant 
les  porter  ni  les  enlever ,  ils  les  auront  ctoutfés  en  faifanc  du  feu  à 
rentrée.  La  prcfence  du  charbon  ,  la  couleur  noire  qu'on  remarque  à 
la  voûte  de  l'entrée  ,  la  pohtion  des  fquelettcs  aux  lieux  les  plus  éloi- 
gnés de  cette  entrée  fembtent  donner  plus  de  force  à  cette  dernière 
conjcdure ,  appuyée  d'ailleurs  fur  ce  qu'on  n'a  pcefque  rien  trouvé, 
je  dis  prefquc  rien  ,  car  les  Ouvriers  en  cherchant  de  plus  en  plus 
trouvèrent  le  quinze  dans  la  mainière,  une  clef  de  fer  dont  je  joins 
ici  la  figure  1 ,  fur  le  trait  qu'en  a  formé  un  de  mes  Concitoyens  ,  qui 
Avoit  trouvé  le  quatorze  une  autre  partie  de  ctcf&:  une  boucle,  auÛl 
de  fer  ,  donc  il  m'a  fait  préfenc  -y  on  a  mcme  rrouvé  depuis  une  pof- 
rion  d'une  paccIUc  boucle.  Ces  objets  ne  font  pas  tout-à-faic  indiffé- 
f  ens  i  la  clef  figure  1 ,  ^  le  bout  de  clef  figure  3 ,  ne  relfcmblent  pas  aux 
clefs  antiques,  aux  clefs  Romaines;  mais  plutôt  à  nos  anciennes  clefs 
connues  \  le  trou  de  ces  clefs  n'efl  pas  foré  ,  c'eft  du  fer  étendu  âc 


(1)  Voyez  le  détail  île  la  f;ratKle  Carie  de  Trance  ,  par  M.  de  CafTini,  feuille  vîng- 
ième   où   Te  trouve  le  Havre  \   quelques  mcorrcâioos  a'cmpccbenc  pas  au'dtc  œ 


neme 

,4onne  ace  connoilTiticc  ia^fante  du  local. 

Tome  Xiy.  Part,  //.  1779. 


OCTOBRE,    Rc 


}$    .OBSERrATIONS   SUR   LA   PHYSIQUE^ 

reployé  \  quant  ^  U  boucle  Bgure  4  ^  c'eft   une  boucle   enchap^e  1 
Vugc  lie  Sellier,  qu'on  enipluie  encore  ï  U  batce  delioulTe-quin  :  on  y 
-voit  une  partie  de  l'ardillon.  Ces  uft  en  fi  les  8c  rous  autres  qui  n'ont  paf 
A'air  (ittre  places  expiés,  n'indiauenc  p.is  exaftement  le  tems  de  l'évè- 
'nemencî   mais  il  elt  à  propos  de  tes  faifu  d^iis  L'efpcrance  de  tcouvec 
par  la  fuite  quelque  choie  qui  y  ait  apport.  Des  monumcns  d'une  autre 
,  erpèce  Te  prcTenient  &  portent  ^  croire  qu'il  y  auroir  eu  dans  un  tems 
Kre&-ïeculc  quelque  grand,  événement  en  cet  endroit.  Va  Marnicceappar* 
tient  à  la  inaifun  qui  porte  le  nom  de  MauatmbU  ;  ce  nom  cd  com-* 
pofc  de  deux  mots  Mau  ,  adjeâif  vient  de  Malus  mauvais,  &  prcccde 
Touvent  un  fubftantif  comme  dans  Mûuderc  y  en  ufage  fous  Hugues- 
[,Capet  dans  le   neuvième  lïècle  ,   Mauduit ,  Mauconduit  Se   beaucoup 
<l'aurrcs  y  comhU ,  TubAanti^  vient  de  cumulus ,  tas ,  monceau  ,  fin  ,  con- 
cJufion  :  ntnfi  A^aucomble  ,  fera  mauvaife  fin  ,  mauvais  tas.  Ajoutons 
qu'il  n'y  a  pas  loin  de  comble  à  comhe^  ni  pour  la  prononciation  ,  ni  pour 
lortographe  \  combe,  xxioi  ç-iilois,  ngnitic  une  viUée  »  une  groae.  Sans 
nous  écarter  beaucoup  voifà  donc,  mauvaife  vallcc  ,  mauvaife  grotte, 
ce  qui  eft  encore  fbrtihc  par  le  lieu  contigu  vers  l'oucA:  qui  fe  nomme 
ia  f^alUc  de  Misère.  Je  pourrois  ajouter  quelques  conjeârures  fur    le 
nom  deValmicllé,  lieu  qui  confine  du   côte  de   l'efl  &  qu*on  croit 
venir  de  mouei ,  valmoue^  ,  mai»  cela  me  paioît  un  peu  éloigHC.  Ce» 
noms  nous  rappellent  un  tems  fort  reculé.  L'infpcdlion  des  os  démon- 
tre  qu'il  y  a  long-tems  qu'ils  font  reoferracs  dans  cette  marnicre    pAt 
la   forte  de  pctritication  qu'ils  ont  éprouvée i  la  boucle,  les  clefs  (tvn- 
blenr  rapprocher  l'cvcncmenr ,  dont  cependant  on  n'a  point  de  mé- 
moire. Qu'il  me  foit  permis  d'inviter  publiquement  les  Savans  dont  ta 
Congrégation  de  Saint-Maur  cft  remplie  ,&  qui  fe  font  occupés  de 
rHiitoire  de  Normandie  ,  de  jerter  quelques  lumières  fur  cet  objet.  Il 
cil  intéreiTant  de  favoir  combien,  dans  des  circonllances  femblables  \ 
celle-ci,  il  faut  d'années  pour  opérer  ces  changemcns  furies  os  humains^ 
C'eft  ainlî  que  toutes  les  Sciences  fe  prêtent  un  mutuel  fecouts  6c  a'en 
font  pour  ainli  dire  qu'une. 


SUR   VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     337 


LETTRE 

Adrejfée  à  un  Chymïjlty  par  M,  de  la  Foilte  ,  conctr* 
nant  les  réflexions  de  M.  Salmon  ,JUr!cs  Etamages. 

XVIoNsiEUR.,  lorfane  M.  l'Abbc  Roûet  reçoit  quelques  reflexions 
critiques  fur  un  Mémoire  de  fun  Journal,  il  les  tommunique  à  l'Auteur 
du  Mémoire  avaiic  de  les  faire  itnprimcr.  Cccce  honnctccé  de  (1  pan  m'a 
j&ic  connoîcre  l'intécêcque  vous  prenez  aux  obfcrvations  de  M.  Salmon  ^ 
reUtivemenc  à  la  lettre  que  vuus  m'avez:  cccite  à  ce  fujeti  Je  me  âaite 
que  vous  voudrez  bien  prendre  le  même  iaccrct  à  ma.  rcponfe.  Soyez  juge^ 
Montieur  ,  liccidez  fi  les  tcproclics  que  l'on  me  fait  (owi  bien  fond^. 

J'ai  dit  que  l'ctauiage  ordumirc  eft  dangereux  pour  la  fantc ,  parce  qu'il 
contient ,  au  monis ,  une  partie  de  ploinb  fur  deux,  parties  d'ccaiu ,  & 
que  l'étain  lui-mcme  contient  des  portions  arfcnicxlcs. 

D'abord ,  M.  Salniun  garde  le  fdence  fur  l'ufage  dancereiix  du  plomb. 
UnecoDteilcra  pa^ ,  fans  douce»  des  principes  univerfeilemenc  reconnus; 
il  fait  bien  que  les  acides  végétaux  corrodent  le  plomb  ;  ibrmene  ce  qu'on 
appelle  du  blanc  de  plomb,  doue  une  crcs-peuce  quantité , raclée  avec 
les  alimens  »  fuftit  pour  occafitmnec  des  coliques  violentes.  Mais  j'aî 
ajouté  que  lécain  contient  des  portions  arfenicaies  :  voilà  ce  qui  déplaîc 
à  M.  Salmon,  voilà  ce  qui  le  lâche  au  point  de  me  dire  que  je  manquq 
de  modeftie  »  &  qt^unt  pareille  imputaùon  de  ma  part  pcru  une  fitru  atteuJt^ 
à  l'ordre  fôciiiL  ■' 

Ce  n  écoit  pas  mon  projet ,  il  s'en  faut  bien.  Je  o'ai  pas  ptccciidu  , 
d'ailleurs ,  arrêter  fcs  fabrications  de  poteries  ^&  lorfqu'on  n'ajoutera 
point  une  grande  qunniicé  de  plomb  daas  l'érain  pour  en  &ire  des  pots, 
je  picfume  qu'il  n'y  a  pas  de  danger  à  s'en  fervir.,  pourvu  cependant  qu'on 
n'y  laiHe  pas  fcjourncr  trop  long-tems  des  acides  végétaux.  A-lois  lorfqu'il 
fera  queflion  d'un  ^ort  alliée  de  plomb,  lotfqu'u  fera  aueftion  d'un 
ctamagc  compofc  d'une  paccie  de  plomb  fut  deux  patries  d'éuiu,  je 
dirai  que  le  plomb  ell  dat^reux  pour  un  pareil  uf;Lge^  j'ajouterai  que 
le  plomb  étant  plus  fujet  que  l'étain  à  erre  corrodé  par  les  acides  végétaux, 
pourra  faciliter  alor&  la  dilTolution  de  t'cuiuavec  lequel  il  eft:  allié.  Se 
t,oncourir ,  peut-être ,  au  dcveioppeinenc  des  parties  arîenicales. 
.. ,  Je  u'ai  donc  poljuc,  changé  d'avis  fut  i'exiAenceide  ces  parties  arfeiticsdes. 
Ai-je  tort?  C'eft  ce  qu'on  va  voir.  • 

i-M'.  .^.'*i'^(ipfi  A9t^  wc  qu'il  a  obfervc  l'écain  pendant  douze  aunces.  Je' 

J77Ï).     OCT'OBRM.        Rii 


^ 


TJo8        OBSERVATIONS  SUR    LA  PHYSIQUE, 

conviens  qae  cela  e(l  împoranc.  Cepenilaiic,  quel  eft  le  rcfultat  de  Tes 
grandes  obfervatîons?  Le  voici  :  îl  a  rcHuir  de  fcrain  en  poudre  ,  il  l'» 
mis  au  feu  avec  addition  d'un  huitième  d'arfenic,  &  beaucoup  de  fuifj. 
alors  l'arfenic  s*efl  incorporé  avec  l'ccain  fondai  cec  alliage  a  formé  un 
peut  iingot  rejjemhlfint à  unt marcaffue ^2.vti:\e<^\.\ç\  M.  Salmon  eft  parvena 
A  couUr  une  midailie  ;  &  il  conclut  de  cette  expérience  que  l'arfenic  n'a 
point  d'jffinifé  avec  l«ain. 

Que  dircï-vous ,  Monficur,  de  cette  conclufion  ?  Nous  penferions^ 
nous,  que  Triffinitc  del'ctatn  avec  l'arfenic  eft  bienconfidcrable,  puifcue- 
l'étaiii  s'y  combine  au  point  de  fc  minéialifei:  avec  lui  &  d'en  pouvoir 
couler  une  médaille.  M.  Salmon  penfe  le  contraire.  LaitTons-lui  ion 
opinion ,  m.iis  gardons  la  notre.  ' 

Lorfqiï'une  mine  d'étain  n'eft  pas  bien  grillée, c'eft-à-dire,  lorfqu'elle 
conrienc  encore  beaucoup  d'arfenic,  il  fe  forme,  dit  M.  Salmon,  une 
matière  pâceufe  qui  encralYc  te  fourneau  ;  cela  e(l  vrai.  Mais  fjuc  -  il  en 
conclure  que  dès  le  moment  ou  cetencratVcment  n'a  point  lieu  ,  ceft  une 
preuve  certaine  qu'il  ne  rede  plus  dans  la  mine  la  moindre  poniofv 
d'arfenic  ? 

Il  paroîc  donc  ircs-probable  qu  il  refte  encore  dans  rérain ,  après  le 
grillage  de  \x  mine,  des  portions  d'aifdtiii;  plus  intinieincnt  comoinée^ 
avec  le:  métal  que  ne  le  font  les  autres  portions  furabondniues,  &  Ion 
peur  préfumer ,  fans  otFenfcr  M.  Salmon  ,  que  la  nature  a  pu  foire,  k  cet 
égard,  une  combinaifon  plus  intime  que  la  lienne. 

Ajoutez  aifbuellemenc ,  Monûeur ,  i  cette  probabilité ,  tes  expériences 
frappantes  de  M.  Margraf.  Ajuntez  cmore  ladécifion  deM.  Mjc^uir,  fie 
autres  Savans.  Comparez  ces  autorités  aux  liypotKcfcs  de  M.  Salmon,  Se 
jugez  s'il  a  eu  raifon  de  me  dire  que  j'intcrveriilîbis  l'ordre  focial ,  ôc  que 
ft  inanquois  de  modetlic ,  parce  que  j'at  regardé  comme  aHercion  la  dcci- 
lïondes  Auteurs  rcfpc^ablc^. 

PalToDS  à  une  autre  expérience  que  M.  Salmon  contefte.  Il  ne  l'a  point 
répétée, mais  fcs  obfcrvacion-i  de  douze  années  fur  l'ctaîn  le  mettent  , 
ians  doute  ,  à  ponce  de  décider  fans  le  fecours  de  l'expérience. 

Voici  la  noce  de  mon  mémoire  : »»  Ce  n'elt  quaptt-s  une expofïtion  de 
»  trois  jours  fous  te  four  des  byancier5,quefe  fuis  parvenue  priver  l'étain 
j»<ie  Tes  parties  artênicales.  L'érain  en  nature  qui  fe  trouve  alors  fous  la 
19 couche  d'étain  virrihc  eft  très-doux,  &  a  perdu  ce  qu'on  appelle  /<  crr 
m  de  l'étain.  Alors  j'ai  remarqué  dans  cet  ctain  des  veines  de  cuivre ,  9c  fe 
*i  n'en  ai  point  été  furpris»  car  prefque  tourrétain  qui  elV  dans  le  commerce 
«contient  du  cuivre,  &  ce  cuivre  piivé  des  parties  ar^nicale»  repatoîc  ' 
»>  fous  fa  coulcuc  naturelle  «. 

D'abord ,  M.  Salmon  pcceiid  que  l'ccain  ne  fe  virrifle  point  fcul ,  & 
qu'il  ne  peut  fe  vîtrilîer  que  par  l'addition  du  plomb  ou  autre  matière 
viuefcible.  Ce  fcroit  donc  le  cas  d'examiner  fi  les  parrics  arfcnicales  ont 


{^ 


SUR  VVIST.  NATURELLE  ET  LES  JltTS.    joj 

a  concourir  à  la  vitrification  de  l  etain  ,  mais  il  nie  l'exiftence ,  &  de 
arfenic  ,  &  de  la  vitrification.  Ce  qui  me  fait  grand  plaifir,  c'eft  que  je 
ne  ferai  pas  le  feul  qui  profiterai  des  levons  de  M.  Satmon.  M.  Macquec 
a  cru  voir  avant  moi  cette  vitrification  de  l'ciain  put.  Voici  comme  il 
s'exprime  dans  fon  ancien  Se  nouveau  DiAionnaire  de  Chjrmie  i  l'article 
Etain. 

«J'ai  expoft  de  l'étain  très -pur,  toatfeul,i  un  feu  prompt  ,&  auflî 
»  fort  que  celui  de  verrerie.  Ce  feu  a  «itc  foutenu  au  même  degré  pendant 
wdeiix  iieuresj  l'étain  qui  ctoit  fous  une  moufle,  dans  un  t&t  découvert, 
»$'efl  trouvé  après  ceU  couvert  d'une  efpèce  de  chaux  de  la  plus  grande 
»»  blancheur ,  qui  paroilfoit  avoir  formé  une  forte  de  végétation.  Il  y  avoic 
»  fous  cette  matière  Uiie  chaux  rougeâtrc ,  un  vetre  tt.infpacenc  de  couleur 
»  d'hyacinthe ,  Se  un  culot  d'étain  non-alcéré.  Cette  expérience ,  réitérée 
nplulieursfois,  a  toujours  eu  le  mcme  fucccs*'. 

J'ai  donc  répété  cette  expérience  dans  un  creufet  expofé  au  plus  grand 
feu  fous  un  four  de  fayancier,  pendant  foixante  &.  douze  heures  ,  &  j'ai 
obtenu  la  même  vitrification  \  mais  les  obfervatlons  de  douze  années  faites 
par  M.SalmoUjnous  annoncent  une  méprifeconfidérabL*.  11  nous  l'afliire, 
il  donne  fa  décifion;  nous  y  croirons  lorfque  nous  ferons  bien  petfuadcs 
que  la  fpéculation  elï  au-dellus  de  l'expérience. 

Voici  un  autre  objet.  J'ai  apperçu  des  veines  de  cuivre  dans  mon  culoc 
d'ctain.  M.  Salmon  die  que  ce  font  des  nuances  jaunes  à  la  furface:  il 
n'a  point  vu  ce  morceau  d'écain  ;  il  décide  comme  s'il  l'avoit  vu.  Quelle 
pénétration  !  Cependant  je  peififte  à  dire  que  ce  font  des  veines  de  cuivre , 
&  non  des  nuances  jaunes  ;  d'ailleurs ,  que  M.  Salmon  explique  s'il  ic 
veut ,  les  effetsyn  caufHcum  ou  de  Yacidum pingue ,  jene  lui  conteflerai  point 
le  mérite  de  ces  détails  lumineux  ;  mais  je  lui  alfurerai  que  ce  même 
CMÎn  qui  avoit  perdu  fon  cri ,  ayant  été  fondu  pluûeurs  fois ,  ne  l'a  point 
repris. 

M.  Salmon  prétend  enfin  qu'il  n'y  a  point  de  cuivre  dans  l'étain  qui 
fort  des  mines;  il  n'eïl  p.is  queflion  dans  ma  note  d'un  ctain  tel  qu'il 
fort  des  mines  ^  il  eft  quefHon  de  l'étain  tel  qu'il  nous  vient  en  grande 
partie  d'Angleterre ,  &  en  un  mot ,  de  la  majeure  partie  de  t'éram  qui 
txij7t  dans  U  commcrci.  Ce  font  mes  expre^ons  qu'il  ne  faut  pas  changer. 
Autrement,  ce  fcroit  créer  un  fantôme  pour  avoir  le  plaifir  de  le 
combattre. 

C'eft  fur  -  tout  pr  une  eau  régale  très  -  aifoibiie  que  j'ai  foovent 
découvert  ic  cuivre  contenu  dans  de  l'étain  de  différens  pays.  J'ai  répété 
bien  des  fois  ^cette  dilTolution  lorfque  }e  cherchois  à  faire  des  couleurs 
écariates  qui  ne  lofent  point  à  l'air  (  j). 


(i)  Je  trouvai  ce  maj'cn  pu  une  adiiiûon  d'un  peu  de  gaudc  daos  le  piciaici  bouillon 
au  lica  de  tcrra-mcriu. 


,10       OBSERVATIONS   SVR   LA  PHYSIQUE, 

o  ,  Je  voyois  donc  fouvenc  une  poudre  noire  fe  précipiter.  Je  HlrroUU 
difTùlucion  ;  &  la  poudcc  noire,  ou  boue  noiie  qui  leduit  dans  le  âhre» 
ccoit  du  cuivre. 

Il  .&i  je  lailïois  pendant  quelques  jours  cette  poudre  noice  dans  la  com- 
pofition  d'ccarlare  ,  elle  le  remectoic  en  diïloiutïon  avec  l'étaîn  ^  &  je  n'ai 
polnc  remarque  que  Iccarlaie  qui  en  rcfultoir  en  fût  moins  belle,  il  e(l 
vrai  que-U  quanticé  de  cuivre  n  ccoit  p.t3  con^détable.  Je  bifois  aulH  ces 
■écarUtes  dans  des  chaudières  de  cuivre.  Les  couleurs  écoienr  brillantes. 
Cependant  M.  Salmon  nous  aiTure  que  les  chaudières  pour  la  teinture 
écaf lace  doivent  ctre  d  ctain ,  te  d  ctain  pur  ^  fl  cet  étaîn ,  dit-  il ,  comenoie 
une  partie  de  métal  ejtukonque  j  & pari'i<tttiiremeiet  du  cuivre ,  &Jîia  chaudière 
iloit  de  cuivre  ,  la  couleur  perdrait  beaucoup  dcjon  celai  y  ou  ihangeroit  même 
totalement. 

Si  M.  Salmon  ne  vouloit  pas  faire  des  expériences  avant  de  donner  dei 
.ilfettions  aullî  fortes,  il  filloit  au  moins  qu'il  Ce  tranfportât  dans  des 
arteliecs  de  ceinture,  &  fur  cent  teinturiers  im\  font  cette  couleur,  il 
n'en  auroit  pas  trouve  trois  qui  aient  des  chaudières  d'éuin.  U  lesaucoic 
TU  cravaiUer  &  fiire  de  belle  teinture  ccarlate  dans  des  duudicres  de 
cuivre.  Enrtn,s'iln*avoicpaseule  tenis  de  parcourir  les  atteliers,il  auroic 
■m  lire  l'Arr  de  U  teinture  en  laine  de  M.  Hcllot  :  il  y  auroit  trouvé 
l'expcrieuce  dé  comparaifou  faite  dans  une  chaudière  de  cuivre  &  dans 
une  chaudière  d'éiain  ,  &  il  n'aurtiic  point  vu  qu'on  eijt  retiré  de  U 
chaudière  de  cuivre  une  couleur  qui  eût  perdu  beaucoup  dejha  éclat ,  ou 
changé  totalement. 

On  fait  que  de  toutes  les  dilToIutions  de  métaux  ou  demi  -  métaux 
mifes  dans  un  bain  de  cochenille ,  it  n'y  a  que  celle  de  l'ctain  qui  puilVc 
former  la  couleur  ccarlace.  J'oferois  airribuer  en  crande  partie  ce  rcfultac 
à  U  prcfence  des  parties  ntfenicales  contenues  dans  l'ccain.  Ileft  certain 
qu'une  foible  quantité  de  cuivre  mclée  dans  ta  dirïolution  d'étain  u'empc' 
cne  point  la  réullîte  de  cerre  couleur;  mais  cette  mcme  quantité  de  cuivre 
n'étant  pas  dilfoute  avec  Iccain ,  m'a  donné  des  gris  vineux  ou  des  rouges 
bruns  \  Se  lorfque  je  mectois  de  nouveaux  morceaux  d'étoffe  dans  les 
vieux  baios,ils  fe  coloroient  en  verd.  II  eft  donc  fenfible  que  l'alkali 
volatil  de  U  cochenille»  concoure  au  développement  de  la  couleur  verte 
du  cuivre.  Niais  (cûmnie  l'aobfervéM.  Gi</ff  ^Valkali  volatil  ne  développe 
point  la  couleur  du  cuivre  lorfque  l'atfenic  s'y  trouve  combiné.  Je  prcfume 
donc  que  ta  pré(cnce  des  parties  arfenicales  contenues  dans  l'ctain,  cmpc* 
chequ'une  petite  quanticc  de  cuivre  allié  àPétain.  gâte  la  couleur  écarbco* 
Enlin  ,  j'ai  réudâ  à  faire  de  l'écarlAce  en  me  fcrvjmc  d'arfènic  au  lieu  de 
dilTolurion  d'écain.  D'après  cette  eJipétiejice ,  je  penfe  que  mon  opinion  9 
quelque  t^ondemenr. 

Prcfcntement  j'ignoreU' les  ErirfepréneùrJs  des  mines  trouvent  de 
l'avantage  i  oiectre  du  cuivre  dans  l'ctaio ,  5c  lî  le  cuivre  leur  levîeoc  % 


SUR  VMÏSr.  S'ÀTUnEllE  ET  IK^  ARTS.       jii 

•meilleur  marché  que  IV-çaîn  rrès-fin  ,  tel  qu'il  foir  ;  pur  exemple  ,  de  la 
|)remièrc  fonte  des  mines  de  Cornouaille.  Je  fais  qu'il  exille  de  I  ct.iin 

fans  mcbnge  de  cuivre  i  mMs  il  y  en  a  peu,  en  comparaifon  de  la  grande 

quantité  ,  allié  avec  ce  métal  qui  circule  d,\ns  le  commerce.  En  voici, 
|>euc-«re  Jaraifon  Les  l'odets  d'étain  qui  en  font  U  majeure  confomma- 
'  ion,  ne  le  ccouvent-ils  pas  meilïenr  pour  leurs  travaux?  Non-feulemenc 

cet  ctain  allié  avec  le  cuivte  eft  plus  dur ,  mais  il  a'encratTe  pas  i  la  fonte 

A>mme  l'écain  pur. 

Au  rctte ,  M.  Salmon  connolt  mieux  que  moi  les  principes  de  fon  Art  ; 

il  fait  que  s'il  avoir  un  étain  très-pur,  il  y  ajouteruit  au  moins  quatre 
IJivres  de  cuivre  par  quintal ,  avec  environ  livre  &  demie  de  bifmut ,  pour 
Sn  fiiire  de  l'itain  plant. 

S'il  s'agilToit  de  faire  U  métal  de  potier,  il  mettroit  environ  fix  livres 
|de  cuivre  rouée  par  quintal  d  etain,  avec  huit  livres  de  régule  d'antimoine  , 
1&  livre  &c  (Êmiô  de  bifmut.  Enfin ,  s'il  s'agilToit  de  former  de  Céiain 
Commun ,  il  mettroit ,  fur  un  quintal  d'écaiii ,  environ  fiX  livres  de  cuivre 

jaune  Se  quinze  livres  de  plomb  \  [  c'efl  avec  cet  étain  que  l'on  fabrique 
rtouccs  les  vailfellcs  communes  \ 

Je  pourrois  me  permettre  ici  quelques  réflexions.  Je  pourrois  mettre 
!en  queUion  Ci  tous  ces  alliages  font  bien  falubres,mais  je  craindrois  de 
[mériter  de  nouveaux  reprothes  de  la  part  de  M.  Sa.lmon.  U  me  caxeroit 
[encore  d^intervertir  l'ordre  focial.  Ne  nous  occupons  que  des  phénomcncs 
[^u'il  a  obfervcs. 

(/fte  chofi ,  dit  M.  Salmon  ,  qiCon  n*a  peut-être  point  encore  remarquée  , 

tejl  tfue  U  matière  phhgijît^tie  furabondante  donne  de  l' aigreur  ait  métal  ^ 
1  fe*  hrfqa*on  en  a  ahj'olument  dépouillé  U  métal  ^  U  efi  alors  dans  fort  plus  haut 
*  degré  d'txtenjihilité  ,  de  ducîilité  ,  de  ligèrtu, 

M.  Salmon  a  raifon  de  dire  que  voilà  une  chofe  qu'on  n'a  point  encore 
tiemarquée.  En  effet,  elle  eft  très-neuve,  car  elle  eft  contraire  d  l'cxpc- 
^lience  &  à  tous  les  principes  chymiques.  Il  faut  donc  que  les  ouvriers  qui 

travaillent  i,  la  foudure  prennent  bien  garde  aujourd'hui  d'employer 
itrup  de  ré/îne,  car  l'abondance  du  phlogiflique  ôceroit  à  leur  foudure 

i'extenfibilitc  &  la  du<flilité. 

,    Je  rendrai  compte  par  abonda/te ,  dit  M.  Salmon ,  d'une  expérience  que} 
t/'ai/aite,  &  aux  réfultais  de  laquelle  on  ne  s'attend probahUmeKi pa? ^  c'ç/î^ 

la  révivification  de  la  chaux  d'étatn  obtenue  par  la  \oh  humide. 

En  quoi  confiftent  ces  rcfultars  auxquels  on  ne  s'attend  pas  ?  Les  voicf. 

ÏA,  Salmon  a  diffout  de  rétain  dans  l'eau  régale.  U  a  fait  cnfuirc  évaporer 

cette  eau  r^ale  où  il  y  avoir  du  fel  ammoniac ,  (Se  il  nous  obferve  avoir 

iênti  une  forte  odeur  de  fel  ammoniac).  Entîn,  il  a  augmenté  Icfeii, 

«n  ajoutant  du  flux  rcdudlif ,  &  l'ctain   s'cll  réj;énérc.  Voilà  ce  que 

M,  Salmon  appelle  une  réduction  par  U  voie  humide,  un  ccfuUat  auquel 

on  ne  s'attend  pas. 


jlt         OÈSE,B.K4TlONS  SUR   LJ  PHYSIQUE^ 

Que  penfez  -  vous ,  Monfieut ,  de  cette  expérience  ?  Eres  -  vous  bien 
^connc  ?  Mais  ce  aui  furprend  encore  M.  Salmon ,  c'efl  que  l'étnin  n'a 
poiuc  reEciiu  d'aciae  nitceux  &  de  Tel  ammoniac.  Il  e»  conclur  que  les 
portions  oifeiiicales  adhcremes  aux  molécules  de  Ictain,  ont  du  auHIÎ 
s'évaporer  avant  que  l'ccain  eiure  en  Kilîon,  parce  qu'il  décide  toujours 
que  l'arfenic  a  une  ina^nhé  avec  ce  métal ,  &  qu'un  foible  degré  de  feu 
cil  fuflifanc  pour  enlever  à  l'éuin  tout  l'arfenic  qu'il  peut  contenir. 

Je  ne  crois  pas,  Monfieur, qu'un  Chymifte  éclairé,  comme  vouslctes, 
trouve  CCS  conféquences  bien  évidentes. 

Occupons-nous  à  préfent  des  obfervations  fur  le  métal  de  M.  Doucee, 

M.  Salmon  alfurc  qu'ayant  dillout  ce  mccal  dans  l'acide  ni[reux ,  une 
goutte  de  certe  dilfolution  pofce  fur  une  lame  de  fer ,  ne  lui  a  point  fait 
appercevoir  une  couche  cmvrcufc  &  brillante ,  comme  je  l'ai  apperçue» 
mais  une  couche  de  couleur  iaunârre;  en  voici  la  raifon  :  c'eft  qu'il  n*a 
point  allez  affoibli  avec  de  l'eau  là  dilfolution  ,  &  le  fer  s'cft  trouvé  trop 
pcomptement  attaque.  Je  n'ai  pas  été  le  feul  i  examiner  cette  expérience , 

?ui  cîl  bien  fimple ,  &  je  m'ctois  alfurc  par  la  même  épreuve  que  l'eau 
orte  dont  je  mctois  iervi  ne  contenoir  point  de  cuivre. 

Au  furplus,  aurai-je  recours  à  des  autorités  po\ir  combattre  la  nc^tive 
de  M.  Salmon?  Il  avoue,  lui-même,  queyF;ïdrAa/ùr<//«  mitai  de  M.  Doucu 
conunoït  du  cuivre  jce  pourrait  être  par  l'ètatn  ^uon  a  employé  à  fa  compojîtion. 
Or,  comme  je  n*ai  pas  prétendu  qu'il  y  avoir  beaucoup  de  cuivre  dans 
l'alliage  de  M.  Doucct,  nous  voilà  d'accord.  Examinons  une  autre  affercioa 
de  M.  Salmon  ,  qui  me  paroît  plus  frappante  &  plus  polltive. 

Je  n  ai  point  dècompofi  ^  dit- il ,  le  métal  des  nouvellts  caJJerolUs  d$ 
M.  Dtfuctt  ;  une  pratiijue  confiante  &  du  ohfervations  Journalières  m'ont 
donné  ajftr  de  connoiff'ance  fur  t alliage  des  métaux^pourdi/^ingutràla  couleur 
&  au  grain  U  mitai  qui  fait  la  baje  d*une  compofition  ,  &  par  l'ajflniti  uîui 
^ui  y  ejl  aliii. 

Je  ne  trouve  pas  mauvais  que  M.  Salmon  fàlTe  Ini-mîme  fon  apolc^e, 
&  nous  annonce  la  fupérioritc  de  fes  connoilfances.  En  effet ,  il  y  a  peu 
de  Chymiftes  en  état  de  connoître  un  alliage  en  le  voyant.  On  éprouve 
même  des  difficultés  en  faifanr  une  dccomponrion  lorfque  tes  demi-méaux 
font  partie  d'un  alliage.  Mais  M.  Salmon ,  par  fes  obfervations  journalières, 
&  une  pratique  conft.uite  n'a  befoinqueducoup-d'œil  pour  juger.  Quelle 
facilite  !  Ce  coup-d'oril  eftil  couiours  mfailliblc  ?  C'el  ce  que  nous  allons 


vpir. 


M.  Salmon  altucc  qu'il  n*y  »  point  de  zinc  dans  le  méul  de 
M.  Doucct. 

D'abord,  Meilleurs  les  Commiffaires  de  l'Académie  ont  trouvé  du 
linc  dans  cet  alliage.  M.  Dpucei,  Auteur  de  ce  métal,  eft  convenu 
Lui-mcme  qu'il  y  eu  avoic*  J'ai  ans  dans  ]es  chaibom  aidcns  un  morceau 

de 


SVR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,  jij 
de  ce  métal.  Je  !'ai  vu  produire  la  Ramme  brillance  du  zinc,  &c  la  laine 
pliilorophique.  Jugez,  Moiilîeur ,  fi  nous  devons  avoir  plus  de  confiance 
en  la  feule  ïnfpeiiîion  de  M,  Salmon.  11  nous  aflure  encore  que  le  zinc 
n'a  point  d'aftinité  avec  ce  métal,  5c  il  eft  convenu  qu'il  y  a  de  l'étain 
dans  ce  mctal.  Je  vais  donc  lui  objecter  que  j'ai  fondu  du  ïinc  avec 
de  l'écain  en  diverfes  proportions,  qu'il  s'y  eft  très-bien  allié,  que 
l'alliage  qui  en  eft  réfulté  en  le  mettant  environ  à  égale  dofe  eft  plu» 
dur  que  l'étain  _,  &  cependant  très  -  malléable  \  qu'il  s*étend  donc 
ibus  le  marteau  &  fe  plane  fort-bien  ,  que  j'ai  elTàyé  d'en  faire  couler 
des  vafes  chez  un  Potier ,  &  que  j'ai  trouvé  quelques  obftacles  à  la 
rcufllte. 

Je  defirerois  donc  que  M.  Salmon  ,  expert  dans  fon  Art,  puiiïeréufïîc 
ïl  couler  des  vafes  de  cet  alliage.  Quoique  le  zinc  coûte  douze  fols 
la  livre  (  i  )  ,  il  feroic  à  fouhaiter  que  cette  matière  remplaçât  les  fix 
livres  de  cuivre  &  les  1 5  liv.  de  plomb  qu'on  ajoute  au  quintal  d'érain 
pour  en  faire  la  vaiflelle  commune.  Je  prcfcrerois  auflî  ce  demi-métal 
au  régule  d'antimoine  &  au  bifmut  que  les  Potiers  emploient  pour 
faire  leur  mcutl  (1  . 

LTailleurs  je  n'ai  nullement  prétendu  profcrire  le  fer-blanc  ,  comme 
le  fuppofe  M.  Salmon ,  parce  que  c'eft  du  fer  couvert  d'étain.  En  effer  , 
fi  j'avois  trouvé  une  diîncultc  invincible  à  ^inquzr  pour  mon  ufage  , 
les  bonnes  caiTerolles  de  fer  de  U  Fabrique  de  M.  de  Lêtre  ,  de  Paris, 
je  les  aurois  étamées  en  plein  bain  comme  le  fer-blanc  avec  l'écain 
le  plus  pur  qu'il  m'eût  été  poflible  de  trouver,  ou  avec  égales  parties  de 
zinc  &  d'ctain ,  ou  bien  je  me  ferois  déterminé  à  fiire  rougir  mes  caffè- 
rolles  pour  les  tremper  dans  de  l'huile  d'olive,  ce  qui  les  affaîte  fut- 
le-champ,&  les  empêche  de  communiquer  aux  fauiies  un  goût  défa- 
gréable.  En  roue  cas,  il  eft  certain  que  je  ne  les  aurois  jamais  fait  cour 
vrir  d*un  ctamage  ordinaire  où  il  entre  plus  d'un  tiers  de  plomb. 

C'eft  un  ufage,  dira-t-on  ,  qui  eft  établi  depuis  long-tems,  eft-ce 
one  raifon  pour  ne  pas  le  blâmer?  Si  les  portions  de  plomb  que  l'on 
mange  dans  les  fauftes  ne  font  pas  affez  abondances  pour  occafionnec 


(1)  M.  Salmon  prétend  que  M.  Doucct  ne  trouveroit  pas  fon  compte  à  employer 
k  zinc  dans  fa  composition,  parce  qu'il  ne  la  vend  que  xi  fols  la  livre. 

(i)  Autrefois  le  vitriol  de  zinc  ou  gîUa  vîtriolî ,  étoic  un  vomitif  en  ufage.  Les 
malades  en  prcnoient  jufqu'à  71  grains ,  £c  lorfque  le  Pharmacien  avoir  eu  foin  de 
faire  lui  mcmç  ce  viciiol ,  où  il  n'y  avoit  aucun  alliage ,  il  eo  réfultoit  de  bons  effets. 
Souvcnc.  apiés  le  vomilTement,  l'cftomac  prcnoit  plus  de  re(Toxt  qu'il  n'en  avoit  au- 
paravant. Mais  fans  nous  amufet  à  difcuter  fur  les  effets  de  ce  remède ,  je  demande 
quel  eft  le  Tel  métallique ,  excepté  celui  du  Fer ,  dont  on  pouiroit  prendre  impuné- 
ment ^ne  aulfi  forte  dofe  ? 

TomtXm  Pan.  IL  1779.  0  CTO B RE.      S  f 


314       OnSERrATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

lies  maladies  violences  &  carAdtcrifcos  ,  qui  m'alTurera  que  des  mal- 

aifes ,  des  maux  d'eftomac  ,  des  affections  de  nerfs  ne  proviennent  pns 

quetqaerois  de  l.i  pK'par.iiion  de  nos  .ilimens  dans  des  vafes  où  l'acide 

des  giaidcs  bouiilanies,  le  vinaigre  &c  le  fel  ditlblvenc  des  pntcies  de 

plomb. 

Je  voudrois  aufli  que  l'on  diminuât  les  dofes  de  plomb  j  pour  les 
poteries  deftinées  à  mettre  les  boiiTbns  fpiricueufes. 

J'ai  lailTé  féjoarnec  une  demi-once  de  vin  dans  une  chopine  d'étain 
commun.  Le  vin  devenu  acide  a  forme  en  peu  de  tems  une  dilToIutlon 
donc  j'ai  obtenu  crois  grains  de  blanc  de  plomb. 

Ces  évcnemens  font  ttcs-ftcquens  dans  les  Cabarets.  Le  valet  qui 
dlflribue  le  vin  ne  fe  donne  pas  la  peine  de  laver  le  vafe  dVtain  lorf- 
qu'il  n'y  a  eu  précédemment  que  du  vin.  Il  fert  cette  boifîon  ,  &  le 
malheureux  Ouvrier,  qui  fe  dclaiTe  de  Ces  travaux, en  buvant  fa  pince 
de  vin,  avale  ainfi  ^  longs  traies  un  germe  de  maladies. 

Ce  feroic  à  la  vérité  porter  le  fcrupule  i  l'extrême  fi  je  prétendois 
ne  pas  me  fervic  de  fer  olanc ,  parce  que  l'ctaiil  contient  des  portions 
arfénicales  qui  font  d'ailleurs  difficiles  à  excrairc  de  ce  métal  j  ue  pas 
me  fetvir  d'argent ,  parce  que  l'argent  contient  un  alliage  de  cuivre  , 
&  ne  plus  boire  de  l'eau  qui  a  palTc  dans  des  canaux  de  plomb  (i }.  Non, 
je  ne  préfenteraî  pas  ici  des  alTercions  qui  pour  ctre  trop  minutieu- 
«s  deviendroient  ridicules.  Mais  comme ,  aans  les  Cuihnes  &  dans 
les  Bouticjues  ,  on  ne  veille  pas  toujours  exaftement  i  la  propreté  des 
uHcnfîles  ,  je  ferois  charme  qu'après  en  avoir  profcrit  le  cuivre  fuivanc 
les  fages  Règlemens  du  Gouvernement ,  on  diminuât  auflï  les  dangers 
âe$  autres  métaux,  en  diminuant  les  dofes  des  alliages  pernicieux 
qu'on  y  ajoute.  Tel  eft ,  je  crois ,  le  vau  de  rous  les  bons  patriotes. 

M.  Salmon  ne  peur  pas  me  blâmer  d'avoir  répondu  avec  exaditude 
aux  reproches  qu'il  m'a  faits.  Qu'il  foit  bien  perruadé  qufr  je  n'en  ai 
pas  moins  d'ellime  pout  Tes  travaux,  Sc  Tes  bonnes  intentions. 

Je  defîre,  Monfieur,  que  mes  rcponfcs  Se  ma  judiûcation  méritent 
à  leur  tour  votre  fuffr.-ige. 

J'ai  l'honneur  d'ctce,  &c. 


(i)  J'en  excepte  les  «ax  qui  en  réjournant  dans  les  vafcs  de  plomb  les  atuqaeat 
9i  les  cottodcnt.  Voyez  le  Mémoire  de  M.  le  Comte  de  Miliy,  Journal  de  PbytiqtK, 
TéTnei  177?. 


SUR  l'TrrST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     315 


LETTRE 

De  M.  Thomas  West  ^  à  M.  Lase  fur  un  Rocher 

Volcanique ,  prcs  d'invernejf,  en  Ecojfe. 

!  V  o  o  s  flvez  paru  defirer  un  deuil  circonftancié  du  rocher  volcanique 
i  a  produit  la  lave  donc  je  vous  aï  lalifc  un  morceau  à  mon  retour 
J'Ecode ,  je  vous  l'envoie,  lisant  avouer  que  cette  dccouvene  doit 
intéreifer  aucanc  que   caufer  de  l'admiration  ,  puirqu'elle  prouve  faus 

!  aucun  douce  l'exiltence  d'un  ancien  volcan  dans  cette  conrrée. 

Le  rocher  donc  j'ai  détache  le  morceau  de  lave ,  que  j'ai  eu  leplaifir 

''de  vous  offrir,  eft  a  un  mille  &  demi  A'InverncJj';  les  habicans  le 
nomment  Crcck  faurick  ou  rocher  <le  pierre.  On  laboure  le  terrein 
qui  couvre  (a  bafe  ;  h  partie  fupérieure  eft  extrêmenienc  efcarpée , 
raboreufe  &  de  difficile  accès.  Elle  m'a  paru  avoir  tous  les  indices  qui 
annoncent  un  ancien  volcan.  La  plus  cr-mde  partie^du  rocher  femble 
avoir  été  calcinée  Se  mcme  fondue.  Rien  ne  le  prouve  mieux  que  les 
morceaux  que  vous  avez  fous  les  yeux ,  &  que  j  aï  camaHcs  moi-mcme. 
Jai  décaché  les  uns  du  rocher  même  i  coups  de  pioche  \  cela  n'a  pas 

.«é  fans  grande  peine  ,  car  ce  foc  eft  très-dur  ;  j'ai  trouvé  les  autres 
dans  un  trou  de  quatre  pieds  de  profondeur  que  j'avois  Kiit  fut  le  hauc 
du  rocher.  La  terre  que  j'en  ai  retirée  croit  légère  &  noirâtre  :  cxpofée 
<{uelque-cems  i  l'air,  elle  a  pris  une  couleur  cendrée- grisâtre. 

Suc  le  fommec  du  rocher ,  d'où  l'on  a  une  vue  focc  étendue  &  rrè$- 
agrcnble  ,  eft  une  petite  plaine  de  quatre-vingt-dix  pas  de  long,  fur 

\xy  de  large  ,  environnée  de  rochers  de  (îx  i  8  pieds  de  haut ,  com- 

'me  d'un  parâper  extrêmement  efcarpé.  L'accès  pat-dehors  eft  très- 
difficile;  mais  le  milieu  depuis  le  parapet  jufqu'au  centre  eft  couvert 
d'un  gazon  ttès-fin.  Je  penfois  d*abord  que  c'étoit-Ii  le  cratère  i  Tniii- 
formité  de  ce  plateau  me  fit  changer  d'opinion.  En  vain  cherchai-je 
.ibigneufement  les  traces  fur  tous  les  côtés  du  rocher ,  je  n'tn  trouvai 
pas  la  moindre  apparence.  Au  lieu   d'un  feul  cratère,  le  volcan  aura 

fieut-ctre  fait  fes  éruptions  par  plufieurs  petites  ouvertures  placées  vers 
e  haut  du  rocher.  On  y  trouve  auffi  une  petite  fource  éloignée  de  50 
verges  du  fommet ,  mais  clic  ctoit  à  (çc  qur.nd  je  l'ai  vue,  c'cU-à-dire 
vecs  la  fin  de  Juillet.  Telle  eft  la  dcfcription  de  ce  fameux  rocher  t 

3ue  perfonne  n"av».»ic  exin-.,n:'  auparavant  ,  excepte  un  Gentilhomme 
'InvirntJJ^  &  dont  il  n'çaUlou  pom:  de  détail.  Il  n'en  eft  fait  aucune 

i77ij.      OCTOBRE,      Sf  1 


^yg.     OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

mention  dans  IHiftoire,  qiioiau'il  foit  probable  qu'il  a  influé  en  plus 
on  .en -moins  fur  le  pays  qui  t'environne.  Un  Gentilhomme  des  envi- 
rons de  Dir.wjl ,  qui  demeure  à  lo  mille  À'Invcmcff'^  m'.i  allure  que 
près  de  fa  maifon  on  crouvoic  un  monceau  de  pierres  femblables  1 
celles  du  rocher  de  Creck  faurick ,  que  l'on  appclloîr  Fortification  vi'ri- 
fiécy  mais  que  petfonne  jufqua  prcfent  n'en  avoir  donne  ni  le  détail  > 
ny  l'explication. 

La  Sotictc  Royale  de  Londres  ayant  examiné  les  échantillons  en- 
voyés par  l'Antcur  de  cette  lettre ,  &  les  ayanr  compares  avec  les  pro- 
dudions  volcaniques  les  a  reconnus  pour  de  vraies  laves ,  &  elle  croit 
que  fi  tout  le  rocher  en  eft  compoïc  en  partie  ,  c'eft  un  indice  certain 
qu'il  a  été  autrefois  un  volcan. 

P.  S.  Enfin  voilà  des  traces  de  volcan  en  Angleterre.  Il  nVft  prcl- 
que  point  de  latitude  où  l'on  n'en  trouve.  Si  cette  obfervation  favotifc 
le  fynème  de  ceux  qui  prétendent  que  tout  a  été  volcan  ,  ou  produit 
de  volcan ,  elle  ell  bien  oppofce  au  fyllcmc  de  ceux  qui  croient  que 
les  volcans  ne  peuvent  exiger  que  dans  les  hautes  montagnes  >  les  mon- 
tagnes primitives. 


DESCRIPTION 

De  la  Méthode  du  Docteur  Ir^ing  ,  pour  deJfaUr  l'Eau 
de.  la  Mer  par  Dijlillation» 

4-  A  Marine  Royale  de  Londres  a  adopté ,  en  1771 ,  la  méthode  du 
Doifteut  Irviiij;  ,  pour  delfalet  l'eau  de  la  mer  par  diftillation  :  le 
Capitaine  Phippi  ,  dans  fon  voyage  au  Pôle  Boréal ,  s'en  eft  fervi,  Qc 
comme  cette  découverte,  qui  eft  de  la  plus  grande  importance  pour  tous 
les  Navigateurs,  n'a  pas  été  jufqu'à  préfenc  univerfelfemcnt  connue, on 
va  rapporter  ici  une  defcripcion  complette  de  fcs  principes,  de  foa 
appareil  &c  de  fes  avantages,  telle  qu'elle  a  été  donnée  par  le  Docteur 
living,  lui-même. 

11  Avant  de  décrire  cette  nouvelle  méthode  de  delTaler  l'eau  de  la  mer 
»par  diftillation  ,  il  ne  fera  pas  inutile  de  rapporter  en  abrégé  des  expc- 
»riences  qu'on  avoir  faites  avant  moi  fur  cette  matière  ,  &  d'indiquer  en 
>»mème-tems  plusieurs  inconvéniens  de  ces  anciens  procédés,  &  lescaufes 
«générales  qui  ont.empcchc  qu'elles  n'atteignîlTent  le  fuccès  qu'en  aiten- 
udoienc  les  Marins  «. 

»>  Sans  remonter  aux  pscmicres  expériences ,  il  fuftira  de  jettei  un 


SUR  vnrsr.  Naturelle  et  les  aats,    317 

n  coup-d'œil  fur  celles  qui  ont  été  faites  arec  le  plus  H'actencion  tlepuis 
Il  40  ans  *'. 

Gn  trouve  d'abord  le  procédé  de  M.  Appicby,  public  pnr  ordre  des 
Lords  de  l'Amirauté  dans  U  gazette  du  ix  juin  1734;  d'après  ce  qu'on 
y  lit ,  il  wroîc  que  M,  AppUby  mcloic ,  avec  l'eau  de  la  mer  qu'on 
vouloit  dilbller,  une  quantité  coufidémble  de  pierres  i  cautère  &  d'os 
calcines  :  l'eau  qu'on  en  ticoit  étoit  excrcmement  dcfagrcable  ;  il  étoic 
d'ailleurs  fort  difficile,  pour  ne  pas  dire  impoffible,  de  mettre  en  pratique 
cette  mctliode  ,  ce  qui  la  fit  abandonner. 

Le  Oofteur  Buthr  publia  en  outre  un  autre  procédé  pour  rendre  potable 
l'eau  de  la  mer.  Il  propofa  de  fe  fervir  de  la  lemve  des  Savonniers,  au  lieu 
de  pierre  à  cautère  &  d'os  calcines^  mais  quoiqu'il  eûr  un  peu  varié  les 
ingrcdiens  ,  il  n'obtint  pas  une  eau  meilleure ,  &  en  outre,  la  méthode 
ctoir  fujerte  aux  mcmes  inconvcniens  que  celle  d'Appleby.  LeDoifteuc 
Haies  employa  de  la  craie  réduite  en  poudre  ,&  iliniroduifit  la  ventilation 
en  infpiranc ,  au  moyen  d'un  double  foufilet ,  un  courant  d'air  dans  l'eau 
qu'on  dirtilloit.  On  trouva  que  la  quantité  d'eau  dou:e  que  donuoitainlt 
1  appareil  dans  un  tems  déterminé,  étoic  un  peu  plus  grande  que  celle 
qu'on  en  tiroit  en  fuivant  le  procédé  de  M.  Appleby.  Certe  invention  étoic 
cependant  fujette  à  beaucoup  d'inconvéniens.  Le  foufflet  &  la  craie  qui 
étoit  au  fond  de  l'alambic ,  arrctoit  l'aétion  du  feu  fur  l'eau , en  même<tems 
que  la  ventilation  diminuoit  h  chaleur  bouillante  de  cette  eau  j  de  forte 
que  pour  produire  le  même  effet,  il  falloit  plus  du  double  de  matières 
conibudibles  qu'on  n'en  confonimoli  auparavant  \  d'ailleurs,  cette  méthode 
ne  changeoit  rien  au  mauvais  goût  de  l'eau. 

Le  iavant  Doéleut  Lmi  ,  de  Porfmouth ,  fut  le  premier  qui  fit  de 
nouvelles  expériences  aptes  celle-ci.  11  diftilla  l'eau  de  la  mer  fans  y  faire 
entrer  aucun  ingrédient  ;  mais  comme  il  lit  fes  expériences  dans  un  vafe 
qui  ne  contenoit  que  deux  quartes ,  &  qui  avoir  un  récipient  de  verre  ,  la 
marine  ne  put  tirer  aucun  fruit  de  fon  travail.  D'ailleurs ,  les  Chymiftcs 
avoient  déjà  fait  de  pareilles  expériences  dans  leur  laboratoire  plus  d'un 
iïccle  auparavant. 

En  iTÊf  ,  M.  Hoffman  inventa  un  alambic  d'une  nouvelle  con{lru<5Vion, 
&  un  ingrédient  fecret  ^  mais  cette  machine  ayant  7  pieds  5  pouces  de 
long  fut  5  jjteds  8  pouces  de  large,  &  6  pieds  7  pouces  de  hauteur ,  avec 
fon  appareil,  occupoit  un  gtand  t'fpace,cc  qui  la  rendoit  extraordinaire* 
ment  incommode  ;  &  coir-nie  elle  ctoit  d'une  forme  peu  profonde ,  il 
étoit  impollibledes'en  fervït  lorfque  le  vaifleaucprouvoit  quelques  roulis 
confidérables.  L'eau  qu'on  en-tiroit  avoir  également  toutes  les  mauvaifes 
qualités  que  nous  avons  reprochées  à  celle  des  méthodes  précédentes. 

Vers  lemème-tems.on  rit  des  expériences  avec  un  alambic  ordinaire 
&  un  ingrédicnr  de  M.  Do^r.  ("ene  méthode  n'eut  aucun  avantage  fur 
celles  qu'on  avoit  employées  jufqu'alois  j  1  eau  cUfliUée  ctoit  fort  dé^gréa- 


;iS      OBSERFÀTIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

ble,  &  la.  grofTcur  éuocme  de  l'appaceil  qui  occupoit  un  efpice  de  treize 
pieds  fepc  pouces  de  long  fur  lïx  pieds  un  pouce  de  tacgcur,  &  iîx  pieds 
cinq  pouces  de  hauteur  »  la  rendoic  impraticable  fur  les  vailTcaux.  On 
fit  bientôt  après  un  elfai  avec  le  même  alambic  fans  aucun  ingtédient; 
mais  on  n'en  cira  jamais  qu'une  eau  de  fort  mauvais  goût. 

M>  Poi^onnitr  y  Médecin  de  Paris ,  inttoduiiit  auliî  >  il  y  a  quelques 
années ,  dans  la  nuiiiie  de  Erance ,  un  alambic  de  5  pieds  dx  pouces  de 
lon^  ,  de  deux  pieds  de  large,  &  dix-huit  ponces  de  profondeur.  Un© 
partie  de  la  clicmincc  de  la  cui£ue  du  vailTeau  palTûic  à  traveis  la  partie 
Tupciieure  de  l'alambic,  à-peu-prcs  comme  dans  celui  de  M.  Omnan  : 
ces  McHieiirs  ont  cru  par-là  épargner  du  bois  ou  du  chatbon.  L'oiiâce 
de  l'alambic  de  M.  PotHonniera  1  5  pouces  de  large  >  &  on  place  delfus 
une  plaque  d'ctain  ,  criblée  (comme  1  eft  une  païî'oire}  par  57  trous  de  dx. 
lignes  cle  diamètre  chacun;  on  adanre  i  ces  trous  des  tuyaux  d'ciain, 
dont  l'orifice  a  le  même  diamètre, lerqnels  ont  7  pouces  de  long,  & 
qui  aboutifTent  dans  le  chapiteau  de  l'alambic.  On  a  inventé  ces 
tuyaux  6c  ces  trous ,  afin  que  l'eau ,  qui  e(t  dans  l'alambic  ,  ne  palTe 
pas  dans  le  ferpcntin  ,  lorfque  le  vairieau  éprouve  un  roulis  c on fid érable. 

M.  Potjfonnitr  emploie  d'ailleurs  un  chapiteau  j  un  ferpentin  &  fa 
cuve  ,  avec  leur  appareil  ordinaire ,  &  il  mcte  fix  onces  d'alkali  FcAîle, 
avec  l'eau  de  la  mer  i  chaque  diflillacion,  afin  d'empêcher  l'acide  du  Tel 
de  magnélle ,  de  monter  avec  la  vapeur  lorfque  le  fcl  commence  A  fe 
former  au  fond  de  l'alambic.  U  efl  probable  que  dans  l'alambic  de 
}A,  Poiftonnier  ,  qui  a  encore  moins  de  profondeur  que  celui  de 
A1.Hoffmân,une  partie  de  l'eau  peut  «te  jeitce  vers  le  ferpentin  »  & 
dans  ce  cas»  la  plaque  trouée  &  garnie  de  trous  peut  fervir  a  changer  la 
direâion  de  l'eau.  Mais  le  tube  du  Doâeur  Irving  remédie  abfolument 
à  cet  inconvénient:  on  en  a  fait  l'expérience  dans  un  voyage  aux  ifles 
FalJcland ,  pendant  lequel  lems  on  s'en  eft  fervi  chaque  jour  pour  la 
dîflillaiion,  ainfi  que  dans  plalleucs  voyai>es  aux  Indes  Oticntales  ,  6c 
dans  celui-ci ,  comme  on  le  rapporte  dans  le  Journal. 

M.  PoitTonnier,  en  corrigeant  ce  défaut  dans  la  conftruâ^ion -de  Ton 
alambic  ,  en  a  introduit  un  autre  plus  elTenticl  en  diflitlation  \  car  au 
moyen  des  tuyaux  delaf^lToiie,  la  vapeur  éprouvera  plus  de  réfifl.incepout 
s'élever»  ce  qui  retardera  exceflivement  le  progrès  de  la  diftiilaiion  & 
augm  entera  1  uttpynumt  (  1  j. 


(1)  Outic  le?  AuKius  dont  M.  Trving  p«rlc,  il  »ufoit  po  ciwr  enrore  l'ouTiagc 
du  Doreur  Haies ,  intitulé  :  InfiruBians  pour  les  Marinifrâ  ,  eofirenanr  la  maniht 
de  rcndrg  l'eau  de  U  mir  potii&U  ;  IcsTtMnù&iont  PhilorophiqucS  ,  année  l«j  , 
N.  7  ,  qui  d'api»  riinc  eng.igcnt  de  faire  Ëllitr  l'eau  de  U  mer  a  iravcis  dclaciiej 
tiflcr,  LeibniEz  ,  Rcyer .  Haucoo  Se  M.  Gautier,  Médecin  àKantcs  ,  o&c  doBDé  auffi 
éa  piocédct  particaiicrs. 


Sun  vniST.  kjturelle  et  les  arts.    31, 

Il  rcfulte  de  toutes  les  expcriences  dont  on  vient  de  parler,  que  les 
mâhodes  dcccuvcrtes  jufqu'd  préfent  pour  deiTaler  Ttau  de  la  mer,ouc 
tottces  des  inconvénieus  qui  les  rendent  à  peine  fufceptibles  de  quelque 
Utilité. 

Voyez  les  principaux  cliefs  auxquels  on  peut  tcduire  les  inçonvcnîens 
de^es  divcrfes  mâhodes* 

La  petite  quamicc  d'eau,  réduite  par  les  mahodes  ordinaires  de 
diflillation  avec  un  chapiteau  d'alambic  &:  un  ferpentin>ne  (ïourra  jamais 
fuHirc  aux  befoins  des  équipâmes  ,  lors  mcme  qu'un  Teroit  un  uCige 
continuel  de  la  méthode  ;  &  d'ailleurs»  cette  manièrededilHUer  demande 
ane  quantité  de  matictes  corabuflibles,  qui  cauferoient  dans  le  vailTeaa 
plus  d'encombrement  que  l'eau  douce  qu  on  auroit  pu  embarquer. 

2^.  L'eau  que  donne  cette  méthode  de  didilUtion  a  toujours  un  î;uÛc 
d'empyreume;  ellecd  très>dcragrcablc;cllecchautfe&:  excite  la  ioif  lorf- 
qu'on  en  boit  peu  de  tems  .ip:cs  qu'elle  a  été  diflillce. 

5^.  On  ignore  abfoiument  le  tems  où  il  faut  atrcicr  la  dilUllation  \  on 
lailfe  le  fel  fe  former  au  fond  de  la  cucurbite,  ce  qui  brûle  &  ronge  lo 
cuivre,  décompofe  le  Tel  de  nicre  $c  les  Tels  de  magnclîe,  fait  montée 
leurs  acides  avec  la  vapeur,  agit  fur  le  chapiteau  de  l'.nlambic  &  fut 
le  bec:  &:  imprègne  l'eau  de  Tels  métalliques  de  la  plus  pernicieufe 
qualité. 

4''.  L'alambic  Je  chapiteau  &  le  ferpcntin  occupent  un  ficrand  espace, 
que  le  plus  fouvenc  il  cil  impuiriblu  de  s'en  fcrvir  à  burd  des  vailTeaux. 
£n  outre ,  ils  s'ufenc  très- prompte  ment  par  les  caufes  que  nous  avons 
rapportées  plus  haut.  L'appareil  exige  de  grandes  dcpenfes  :  on  craint 
toujours  que  le  chapiteau  ne  foir  enlevé ,  ce  qui  entraineroit  beaucoup 
dinconvéniens, 

■5 ".Quoiqu'on  ait  omis  l'ufaee  des  ingrédiens dans  quelques  expériences 
faites  en  petit ,  cependant  on  les  a  regardés  faulïèment  comme  elléntiels 
pour  deflàler  &  rendre  potable  l'eau  de  la  mer  pat  diftillation. 

6".  L'incommodité  &  l'embarras  d'un  appareil ,  qui  n  eft  defUné  qu'à 
fetvir  pat  Kafard  dans  une  difectc  imprévue  d'eau,  &qui,  cependant, 
occupe:  toujours  fur  un  vailteau  beaucoup  trop  de  place  pour  qu'on  puîlTe 
l'y  mettre  fans  le  gêner. 

Après  avoir  indique  les  principaux  inconvénieus  des  différentes  métho- 
des qu'on  a  propolées  julqu'ici,  pour  rendre  potable  l'eau  de  la  mer, 
nous  allons  examiner ,  en  peu  de  mots,  les  principes  de  la  dillillation 
en  général ,  Se  l'analyfe  chymtque  de  l'eau  de  la  mer ,  &  nous  déve- 
lopperons enfuiie  les  avantages  qu'on  peut  tirer  du  procédé  du  Doreur 
Irving. 

L'eau,  dans  un  récipient,  purgé  d'air,  s'évapore  plus  abondamment 
i  8û  degrés  du  thermomètre  de  Tahrcnheit,  qu'en  plein  air  aux  degtés, 
point  que  Ton  peut  tegatdet  comme  celui  de  l'eau  bouilbnte. 


310       OBSERVATIONS  SUR   LA   PHYSIQUE; 

Il  s'eiiTuit  que  toute  compreflîon  fut  le  fluide  buutllant  empècKâ 
la  vapeur  de  monter, &  diminue,  par  confcquent,  U  quantité  d'citi 
qu'on  en  obtient.  Ceci  Te  démontre  cUiccmcnc  parla  machins  â  feu  ^où  la 
conrommatioad'cau'quifefiiitdans  la  chaudière  eft  très-peu  confîdcrabld 
en  compnraifon  de  ce  qu'elle  feroic ,  fi  on  Aipprimoic  la  compreflîoii 
caufce  par  la  chute  de  leau  froide  ,  &  la  foupape  de  cette  machine ,  & 
qu'on  y  admît  feulement  la  prefiion  de  l'atmofphère.  Mais  pat  U 
réfiftance  de  cette  foupape,  la  vapeur  devient  plus  chaude,  &  la  raté- 
faûion  &  fon  élafticiié  augmentent.  Ces  effets  font  impoccans  au  but 
Qu'on  fe  propore  dans  Tufage  de  cette  machine  \  mais  ils  font  le  contraire 
de  ceux  qui  doivent  avoir  lieu  dans  une  diÛillation  ordinaire.  Car  les 
colonnes  de  vapeurs  dcvroicnt  être  écartées  du  fluide  bouillant  aufli 
promptement  qu'elles  montent,  &  fans  foutTrir  aucune  autre  rédftance 

3ue  celle  de  l'atmofphère,  ce  qu'on  ne  peut  pas  empêcher  dans  ta 
iftillation  ordinaire. 
En  comparant  le  procédé  ordinaire  de  la  diftîllation  avec  les  principes 
&  les  faits  ci-delfus ,  on  reconnoîtra  évidemment  combien  il  eft  défec- 
tueux :  dans  le  procédé  ordinaire  de  la  dîftiUarion ,  toute  la  colonne 
de  vapeur  qui  s'élève  d'un  alambic,  de  quelque  grandeur  qu'il  foit, 
après  avoir  monté  au  chapiteau,  doit  non-feulement  s'ouvrit  un  palTâge 
à  travers  un  tuyau  d'un  pouce  fie  demi  de  diamètre,  mais  encore  contre 
les  loîx  de  fa  gravité  fpécificjue ,  defcendra  en  circonvolutions  fpica- 
les  à  travers  un  air  qui  cft  quinze  fois  moins  pefant  qu'elle  :  cette 
direâioo  etl  û  diamécralemcnt  op|7ofée  i  celle  d'une  vapeur  élafti- 
que  ,  que  fouvent  cette  vapeur ,  échauffée  de  plus  en  plus  &  arrêtée 
par  une  barrière  ,  renvcrfc  le  chapiteau  avec  une  violence  incroya- 
ble. Sur  ces  entrefaites ,  la  furface  extctieure  du  tuyau  communique 
de  la  chaleur  à  Keau  du  réfrigér-int ,  &  la  rend  peu  propre  ^  condenfer  I2 
Tapeur  qui  eft  d.ms  le  fernentin  \  on  appercevra  bien  mienx  encore  la 
vérité  de  ce  que  j'avance  ,  ii  l'on  fait  attention  que  la  fubflancc  du  tuyau 
cft  au  moins  d'un  quart  de  pouce  d'épailTeur. 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire,  il  eft  clair  que  la  quantité  d'eau 
diflillée  diminuera  en  proportion  de  la  réfiftance  qu'éprouve  la  vapeur 
pour  monter  en  même  -  tems  que  la  condenfation  devient  plus  difficile 
par  la  chaleur, &  l'élafticité  plus  grande  qu'acquiert  la  vapeur.  Ces  incoïk- 
véniens  fur  la  manière  de  diflillcr  font  rrès-confidérablcs  j  mais  il  y  en 
a  un  atirrc  encore  plus  important  :  le  fluide  dil^ilté  a  un  goût  nuiftble 
de  btûlc  ou  d'empyreume,  ce  qui  provient  de  la  vapeur  qui  étant  excef- 
fivemcnt  échauffée,  palTe,  avant  oue  d'arriver  dans  le  récipient,  fur  un 
(\  grand  nombre  de  fuvûces  métalliques  fur  cellcb  du  chapiteau,  du  bec 
&  tuyau  de  fix  ou  fcpt  pieds  de  longueur. 

A  la  fuite  de  cette  difculTion  fur  la  diftillation  elle-même,  nous  allons 
pirlet  de  l'analyfe  chymique  àa  l'eau  de  Umct, 

L'eau 


SUR  L'HIST,  NATURELLE  ET    LES   ARTS,     jm 

L'eau  <^ô  11  mer  renferme  principalement  un  fel  neutre  compofé 
d'.ilka.li  fodille  &  d'acide  maim.  Elle  contient  .'uflï  un  Tel  qui  a  U 
magnfifie  pour  bafe  &  le  mcmeacide.  Ces  deux  Tels  iom  mêles  enfemble 
dans  le  fel  ordinaire  d'Angleterre  qui  fe  prépare  en  faifant  bouillit 
promptemcnt  l'eau  de  la  mer.  Mais  lorfquou  fait  le  fel  au  fuleil,  ou 
quon  emploie  pour  cela  une  chaleur  lente,  ces  deux  fels  peuvent  Çq 
recueillir  Icparémcnt  f  celui  qui  a.  l'alkali  foniie  pour  bafe  fc  cryQallyfe 
le  premiet      "      '     "^     '"  t.rr 

conferver 
mère  qui  refte 

qu'on  ^brique  en  grande  quantité  en  Angltterte  fou&  le  nom  de  Jtl 
d'epfotn. 

Outre  ces  fels ,  qui  font  un  objet  de  commerce ,  l'eau  de  la  mer 
contient  encore  de  la  fclcnite,  un  peu  du  véritable  fel  de  Glauber,  fouvent 
un  peu  de  nitre ,  Se  toujours  beaucoup  de  terte  gypfeufe  fufpeudue  au 
moyen  de  l'air  fixe. 

La  gravité  fpcciâque  de  l'eau  de  la  mer  i  celle  de  l'eau  pure  diftillée, 
e(l  alors  comme  loooà  10241  ^\  ^^^^  l'Océan  fepcentrional,  comme 
1000  à  ioaii,oi. 

On  fcparc  difficilement  l'eau  douce  de  U  mer:  torfquon  fait  bouillie 
celle-ci  jufqu'à  ce  qu'elle  forme  une  forte  faumure ,  la  dillillation  fc  fait 
plus  lentement  à  incfure  que  ta  faumure  augmente, de  forte  qu'un  con- 
lomme  une  plus  grande  qu.uiticé  de  charbon  ou  de  bois,  pour  fe  procures 
yxna  plus  perite  portion  d'eau,  &  mcnic  qui  e(l  ^c  mauvaïfe  qualité. 
C'cft  pour  cela  qu'il  eft  ncceiraire  d'ôter  la  faumure  par  le  robinet  de  U 
cucurbite ,  lorfque  la  didillarion  eft  avancée  i  un  cettain  degré  ,  &C 
d'y  ajouter  de  l'eau  de  la  met ,  s'il  en  efl  befoin  ,  pour  continuée  ,U 
diftillation.  î 

Nous  venons  d'indiquer  les  inconvénicns  ^ts  différentes  méthodes 
qu*on  a  propofées  pour  deflàler  l'eau  de  la  mer  :  nous  avons  expofé  les 

Ïirincipes  gcucrauK  de  la  diftillation,  &  examine  par  l'analyfe  chymique 
es  parties  conllitutives  de  cette  même  eau.  U  faut  développer  à  préfenC 
les  avantages  de  la  méthode  qu'a  trouvée  le  Doâeur  Irving  j  on  peut  \^ 
léduire  à  ceux  ci: 

i^.  Cette  méthode  rend  inutiles  tous  les  alambics ,  les  ch.ipiieaux,' 
les  ferpentins  bc  leuts  cuvettes,  qui  OLCupcnt  un  lî  grand  efp.ice,  que 
tout  cet  attirail  cft  abfolumcnt  incompatible  avec  les  autres  meubles 
JïécefTaires  du  vai^ïëau.  On  fc  fervira,  en  place  de  ces  ïnflrumens,  de  U 
chaudière  ou  de  la  marmite  de  l'équipage ,  au  Commet  de  laquelle  oa 
adaptera  un  fimple  tuyau  que  l'on  pourra  ^irc  aifémcnt  en  nier,  en 
emp1oy.\nt  pour  cela  du  fer  b.ittu,  des  douves  de  tonneaux  ,  ou  des 
feudlcs  d'étain  ,  de  forte  que  dans  toutes  les  fituations  priflîbles  où 
fera  le  vaineau.on  aura  àç$  moyens  de  diflilUr  l'eau  de  la  roet* 
Tome  Xir,  Pan.  IL  1779.  OCTOBRE.     T  t 


jii         OBSERFATiOTiS  SVn   IJ    PHYSIQUE^ 

■"'    1**.  D'après  l'cs  principes  dont  on  n  p.irlé  plus  h.iuc  fur  la  diAilUtîon , 

4e  Doreur  Icving  a  découvert  la  manici^  la  plus  fimple  d'obtenir  Ix 

^us   grande  quancitt-  portîble  d'eau  diflillce ,  en  faifam  le  tube  afTcz 

large  pour  recevoir  toute  la  cotonne  de  vapeur ,  &  en  la  plaçant  dans  une 

direilion  prcfqac  horifontale  ,  afin  d'enipether  la  compreOîon  c^u'éprouve 

le  Huide  d'eau  avec  le  ferpentin  ordinaire. 

'  }  ".  On  adopte  la  mcthoile  la  plus  hniple  &  la  plus  efficace  de  condenfer 
h  vapeur-,  car,  dans  la  diftillarion ,  il  faut  fur-rcut  tenir  la  furface  du 
luyau  toujours  moaillce  ;  pour  cela,  un  homme  place  près  de  lui  un 
feau  d'eau,  dans  lequel  il  humeûe  un  linge  qu'il  paffe  fur  la  furface 
«xcéricure  du  tuyau.  Par  cette  opération ,  la  vapeur  conienue  d.ms  le 
tube  le  condcnfc  avec  toute  la  rapidité  imaginable ,  car  en  appliquant 
le  linge  mouille  ,  les  lames  d'eau  fc  rép-indcnt  d'une  maniée  unifomie 
&s*ait.icbent  mé*.haniqntmeni  à  la  furface  du  tube  chaud.  Cette  premicte 
eau  convertie  en  vjpeuts  »  fait  place  i  celle  qu'on  y  rrpand  enfuite  ,  & 
c'eft  ainlî  que  par  Tcvaporation  de  Tenu  froi.le,  qu'on  applique  tunti- 
tiuellcmvnt  fur  le  tirynu  >  on  vient  à  brut  de  diflîper  plus  cfficaccmcnc 
la  chaleur»  qu'en  fuivant  aucune  des  méthodes  connues  jufqu'i  préfenr» 

4".  La  dillillation  fe  fait  fans  aucun  ingrcdienti  une  analyfe  «.hymi- 
que  fott  exade  de  l'e.u  de  la  mer,  nous  a  convaincus  combien  ces 
ingrédiens  font  inutiles  ,  ou  pour  empêcher  un  acide  de  i'exhaler  avec 
la  vapeur ,  on  pour  déctuite  l'huile  buumineufe  Qu'on  fuppofc  exiftcr 
dans  1  eau  de  la  mer, ou  cnBn  peut  ôcet  i  l'eau  dî/lillée  le  çoùc  acre 
6c  mauvais  qnnnc  toutes  les  eaux  tirées  des  alambics  par  les  Autres 
procédés. 

j-*.  On  détermine  la  quantité  d'eau  de  mer  qu'il  faut  diftil!er,&: 
par-li,ou  cmpctlieque  l'eau  iiccomt.u^e  une  qualité  nuilible,  earim- 
prégn:.nt  de  fcis  métalliques,  &  que  le  vafe  ne  foit  ron^é  ou  endom- 
mage de  quelqu'âutre  manière  pnr  les  fels  qui  s'entalfent  au  fond 

(5^.  On  fc  procure  une  eau  douce  Se  très-apréable  au  goût  »  Se  en  aITcï 
grande  quantité  pour  fufTue  à  tous  les  bcfoins  des  équipaî^es. 

7*.  On  prohte  de  la  préparation  des  alimens  de  l'équipaîre ,  noue 
dtftiHer  uhe  grande quamite  d eau, an  moyen  de  la  vaptut  qui  fcroic 
perdue  lÀns  ceb,  &c  il  ncU  pas  néi.e0airÊ  d'augmenter  le  feu. 

Voici  en  peu  de  murs  U  récapitulation  des  avantages  de  cette  mé- 
thode. 

On  fe  feri  d'un  fimple  tube  de  la  conftruftion  la  plus  aifée,  &  qui 
eft  applicable  à  la  chaudière  de  tous  les  vaifleaux.  On  ne  fiiit  ufige 
d'aucun  ingrédient.  On  détermine  la  quantité  d'eau  qu'il  faut  diftiller  ; 
on  épargne  des  matières  combufHbles ,  &  on  conferve  les  chaudières 
ordinaires.  L'eiu  douce  qu'on  enlise  cft  faine  &  agréable,  &  fufiifaiire 
pour  les  befoins  des  équipages  ;  on  ptotite  de  la  vapeur  qui  monte 
dans  U  chaudière ,  pendant  qu'où  f^i  cuiie  les  proviiions  du  vaiilcau. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     J15 

Pour   fe  procurer  cous  ces    Avancagcs  ,  il    ne  faut   au  ad;ipter  lux 

chaudières  ordiniîres  des  équipages  ,  le  iirtiple  tuy.'.u  dont  on  vienc 

de  palier.  Mais  le  Dodleur  Irving  propofe  deux  autces  moyens  de  pec* 

fedionnec  fon  invention. 

Premiècement,  il  veut  employer  un  foyer  ou  poêle  conflruit  de  ma- 
nière que  le  feu  qu'on  cnirecicnc  tout  le  jbur  pour  le  ftrvice  du  vaif- 
fcau  ,  fetve  aulTi  d  la  diditlatton  >  Se  à  1  aide  de  cette  nouvelle  m»< 
chine,  on  fe  procurera  allez  d'eau  pour  les  équipages  ,  Cms  &ire 
prcfque  aucune  augmentation  de  dépeufe  fui  laiùkle  du  bois  &c  du 
charbon. 

Secondement ,  il  a  le  projet  de  fubdituer  même  fur  les  plus  cros 
vailleaux  ,  des  chaudières  de  fer  battu  d'une  conlkucfUoii  nouvelle  , 
eu  la  place  de  celles  de  cuivre. 

Manun  dt  dijlilltr  tEau  dt  Mtu 

Dès  qu'on  aura  mis  l'enn  de  la  mer  dans  la  chaudière  ,  on  adapte» 
le  tuyau  au  fommec  ou  i  l'un  des  bords,  (  &  s'il  en  eft  befoin,  on 
appliquera  un  morceau  de  toile  mouillée  tour  autour,  a6n  qu'il  ne  rede 
aucun  intervalle  encre  ce  tube  &  la  bouche  du  vailfeau  ;  il  fera  inu- 
tile de  le  luter ,  parce  que  c'eft  alors  une  efpcce  d'entonnoir  qui  fufHc 
pour  conduire  la  vapeur. 

Lorfque  l'eau  commence  à  bouillir,  on  doit  laiiTer  pafïer  librement 
Ja  vapeur  l'efpace  d'une  minute,  aân  de  bien  nettoyer  le  tube  &  la 
partie  fupcrieure  de  la  chaudière  i  on  aura  foin  enfuite  de  renir  le  tube 
toujours  mouillé,  en  tiroctanc  fa  furface  extérieure  avec  un  linge  plon- 
gé dans  de  l'eau  de  la  mer.  On  peut  conduire  où  l'on  voudra  l'eau 
3ui  découle  du  Unge  ,  en  plaçant  fous  le  tuyau  une  rigole  en  forme 
'auget. 

On  continuera  la  diftillation  jufqn'i  ce  que  les  trois  quarts  de  l'eau 
foienc  évaporés  ,  &  pas  plus  loin.  Il  fera  hcile  de  déterminer  cette 
quantité ,  eu  plongeant  une  jauee  dans  la  chaudière ,  ou  en  mcfuranc 
leau  dilîillée.  On  en  rite  alors  la  fjumure. 

On  dtdillera  fi  Ton  veut, de  l'eau  de  la  même  luamcre ,  pendant 
qu'on  fait  cuire  les  provifions. 

Si  l'on  i^ic ,  avanr  de  s'embarquer  ,  le  tuyau  dont  on  a  befoin  pour 
cette  didillation,  des  pbques  de  cuivre  bien  minces  font  la  meilleure 
fubdance  qu'on  puilTe  employer  pour  cela  ,  parce  qu'elles  font  plus 
durables  cbns  les  longs  voyages  que  les  pt.^ques  d  étain. 

Au  lieu  de  mouiller  le  tubes  avec  le  linj^e  ,  on  fera,  au  befoin  , 
une  cailfe  de  cuivre  ou  cfpèce  de  réfrigérant  alfez  grand  de  diamètre, 
pour  que  l'eau  froide  puiîTc  circuler  entre  les  parois  &  te  tuyau  .  au 
moyen  d'un  Hlet  de  cuivre  en  fpirale  :  cette  cailfe  aura  i  chacune  de  fes 

1779.     OCTOBRE,    Ti  1 


jM        OBSERrATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

extrémîtis ,  un  tuynu  d'un  pouce  de  diamètre  ^  l'un  fera  defttné  à  reccr 
voir  l'eau  firoide  ,  3c  l'aucre  ^  la  faire  fotcir  quand  cite  eft  cchaufice. 

ExplUaùon  de  la  Figure, 

La  Figure  première  ,  Planche  i ,  reprcfente  en  perfpeAîve  une  fec- 
tion  de  deux  chaudières.  On  voit  dans  la  partie  poftcrieure.  A,  D,  & 
C,des  ouvertures  pour  les  robinets.  Il  y  a  au  iommec  un  tube  dif- 
tilbm ,  A  ,  B,  C  ,  de  cinq  pouces  de  dlamèire  en  A  ,  &  donr  la  grof- 
fear  diminue  jur^u'à  crois  pouces  en  C  j  la  longueur  de  B  à  C,  eft 
de  cinq  pieds  Prcs  de  C  ,  cft  un  rebord  ,  afin  d'empêcher  l'eau  qu'on 
applique  à  la  furface,  de  fe  mcler  avec  t'eaa  diflillce.  Il  y  a  dans  l'in- 
certeuc  du  tube  ,  au-dclïous  de  H,  une  lèvre  ou  un  rebord  afin  que  le 
roulis  du  vailFeau  ne  faite  pas  rentrer  dans  la  cliaudicie  l'eau  diltitlée. 

Dans  la  ^ig^re  i,  d,^,  c  ,  ^,  reprcfcntcnt  une  fcâion  verticale 
d'une  caille  de  cuivre  ,  qui  a  17  pouces  de  long  «  fept  de  large,  onze 
de  hauceni  ,  &  dont  l'intcrieur  eft  ctamc.  On  voit  an  fond  /,  une 
ouverture  qui  a  environ  (îi  pouces  de  diamètre  ,  &  un  anneau  pour 
y  placer  l'alambic  ou  la  chaudière.  l,es  lignes  indiquées,  qui  s'étendent 
prefque  horifontalement^  font  des  vaifTeaux  minces  de  enivre,  ctimés 
en-dehors  ,  de  deux  pieds  de  long  ,  de  fept  de  l^rge  &:  de  trois  quatts 
de  pouces  de  prorondeur.  II  y  a  en  g^,  un  entonnoir  pour  recevoir 
l'eau  froide  r^andue  dans  les  vailfeaux  par  les  tuyciux  de  communi- 
cation .  qui  font  difoofiis  de  fiçon  que  l'eau  circule  d'une  manière 
r.ipide  &  complète  iins  toute  leur  étendue.  Lorfque  l'eau  eft  échaulTce 
par  l'aftion  de  la  vapeur  ,  elle  s'écoule  en  ^  pir  le  conduit  horifonral  :  c, 
eft  un  conduit  par  où  palfent  l'eju  ou  les  efprits  qu'on  diftille  ,  &  <â 
forme  eft  telle ,  que  la  liqueur  qui  en  fort  fait  les  fondions  d'une  fon- 
pape ,  &  empêche  la  vapeur  de  s'cch.ipj»er  de  ce  côté  ;  au  fommec  de  la 
caiilê  en  A  ,  il  y  a  une  foupape  de  sûreté  qui  prévient  les  accideni 
que  pourroient  occafiunner  les  vapeurs  qui  fe  (croient  trop  accumulées, 
parce  qu'on  auroic  manque  d'y  vecfec  de  l'eau  froide  pour  les  cou- 
de nfc  t. 


-^^^ 


SUR  VHIST,  NATURELLE   ET  LES  JRTS.     JI5 


O  B  S  E  R   FA   T  I  O  N  S 

Sur  la  Dent  foiïUc  d'un  animal  inconnu  , 


U 


Par  M.  le  Baron  DE  SerFIERES, 
N  célèbre  Naturalifte,  la  die:  f/7  contemplatîone rjatura  n'thit poufi 


de  ranufTer  des  faits  \  ce  ned  que  de  kuc  ripprocliemenc  &  de 
leur  combinaifon  cju'on  doit  artendce  quelques  lumières  fur  les 
grands  phénomènes  de  l'univers.  Les  obrcrvanons  cranc  les  données 
néceffaires  pouc  la  térolution  des  probUmes  pbylîaues  ,  la  jurtelfe 
de  rexplîciïion  des  phcnomènes  cft  en  railon  airede  du  num- 
brc  des  obfcïvations.  Comme  dans  le  caKul  de  l'orbite  d'une  comète, 
de  petites  quantités  négligées  produifenc  des  erreurs  ccnfulcrables , 
de  CT^uic  dans  la  recherche  des  caufes  naiurelUs,  un  feul  fait  omis  ou 
mal  vu  ruSit  pour  éi^arer  le  Phyfi*;ien.  OMeivons  Uns  relâche,  accu- 
mulons les  faits,  ralTeniblons  les  maccciaux  du  vjlle  éditîce  de  la  fcicnce 
de  lanarure,  &  tatlTons  aux  fiècles  futurs  le  foin  &  la  gloire  de  les 
mettre  en  ordre.  La  notre  doit  fe  borner  à  leur  tracer  &  leur  applanir 
la  route. 

Dans  le  Jouwjtï  dt  Physique  (1)  fe  trouve  la  Difcrîpt'ion  d^unc  dent 
fo(fU.  L'illulhe  M.  de  Moivcau  a  aufli  décrie  dans  ce  même  Recueil  (1) 
ta  dcit  d'un  animal  inconnu.  Ajouter  ï  ces  deux  defaiptions  celle 
d'une  Dent  encore  plus  extraordinaire,  n'tft-ce  pas  contribuer  aux  progrès 
de  laftience? 

La  Figure  j,  repréfente  avec  la  plus  fcrnpuleufeexaâitude  une  den/ 
foffîl* ,  trouvée  à  Pont-a-Mo^ffnn  ,  fous  le  lie  de  la  MoJ'eUf,  Cette 
dent  eft  forte  lourde  ,  parce  qu'elle  s'eft  pétrilîée  en  grande  partie.  Son 
féjour  dans  la  terre  lui  a  fnic  prendre  une  couleur  brune.  \)n  examen 
attentif  m'.i  prouve  que  c'eft  vétitablemenr  ufte  feule  dent,  Lorfquon 
la  liine ,  elle  répand  une  odeur  animale  fort  approdiance  de  celle  de 
la  corne.  Soumile  à  l'atfVion  des  acides,  elle  n'iuroitpas  manqué  d'en- 
trer en  effetvefcenfe.  Si  je  n'ai  pas  tenté  cette  expérience ,  c'eft  parce  que 


(>)  I77J.  Temcl,  page  nf 
(i)  J77».  Tome  Vil,  pjgc  414- 


J&6       OliSERyATIONS  SUR  LÀ  PHYSIQUE, 

je  l'ai  jugée  inutile.  Ce  morceau  curieux  eft  confervé  dans  le  Cabinet 
de  M.  Lucot  d  Hjuurive  ^  Lieutenant  ^de  Marcchauirée  i  S^rs^mmines  ^ 
c*ui  a  eu  la  compUifance  d'en  dcl^ner  lui-nicnic  la  lîgure.  Il  efl  touc- 
à-la-foLS  Arcifle  ingénieux  &  NatuuliRe  habile. 

Longue  de  9  pouces  à  fa  bafc  qui  a  deux  pouces  de  largeur ,  haute 
de  fepc  pouces  jufqu'à  fa  racine  8c  groHe  à  pruporcinn,  cette  ^<fff  ne 
peut  avoir  appjxtcnu  qu'à  un  animal  d'une  grandenr  dcmerurée  (i).  Ici 
lu  prcfentcnt  d'elles-mêmes  deux  queilions  intérefTar.ces  auxquelles  je 
ne  ptnfe  pas  qu'jucun  Naturalise  foit  en  crat  de  repondre  d'une  ma- 
nière pofmvei  1**.  De  quel  animal  cette  dent  taifoit-elie  partie?  l^  Pour- 
Îjuoi  s'eft-elle  crouvce  ibui  le  lie  de  la  àSoJUU.^  Cetti  itngulière  pièce 
emble  autorifer  une  conjecture  qui  ne  me  paroîc  pas  entièrement 
dépourvue  de  vrairemblnnce,fàvoit,quc  dans  les  anciens  cems  ilaexilU 
des  animaux  (fouc  lefpèce  eft  dcciuitc. 


tXi  11  reroir  podible  que  cettt  dent  fût  celle  d'un  él^jtliant  >  car  on  en  voit  plufietirs 
de  tct  animai  au  Cabinet  du  Roi,  qui  ont  à  rca-p:és  Ici  mcmcs  dimcnfions.  Le 
N*.  MXXII ,  offre  une  dent  de  8  pouces  8  lignes  de  longueur,  fur  j  pouces  j  lignes  de 
lai^ctir  &  4  pouces  A  lignci  de  hauteur .  ikpuis  la  baCe  jufqu'au  bout  des  tjcuies  ,  à 
l'ciidroii  de  U  dent  le  plus  haut' qui  td  Ct  partie  pofléiteurc.  Elle  pcfc  6  tirrcs ,  2c 
If  vient  d'un  ^Icpliani  dont  la  Iiautciii  c(l  efliiti^e  avoir  été  de  y  pieds  j  pouces.  I^ 
'  fi"*,  MXXllI,  montre  une  autre  dent  longue  de  $  pouces  lo  lignes,  large  de  ) 
pouces  \  I<g«e>  &  hauce  de  6  pouces  8  lignes.  Elle  pcfc  i  liv.  ~  &  doit  avoir  appancoa 
à  un  élépbaai  haut  de  lopied»  «  pouces.  Sous  le  N".  MXXIV  ,  on  trouve  les  fritg. 
mens  d'une  autre  dent ,  large  de  )  pouces  lo  lignes ,  &  longue  de  I  poucci  i  ligne. 
Ces  crois  morceaux  ont  éU  apporté»  de  Siùérie  par  M.  de  L'I^r.  Le  N<*.  NiXXVlII , 
préfcntc  ttnc  autre  dent  élépliaiiiiue  ,  longue  de  8  pouces ,  épailTc  de  %  pouces  y  li- 
gnes &  haute  de  f  poncer  4  lignes  .  nui  péfe  4  livres  1  )  oaccs  1  gros.  (  Uefcriptiott 
du.  Catinet  du  Rçï ,  par  Dduienton.  Ùurs  tHiJt.  Nat.  de  Oufan.  Cinquième E4itioo  , 
Impr.  Royale  ,  In- li.  Toruc  XXH  ,  page<  m  ,   iij  ,   1*4  &  nj.) 

En  coraparauc  à  ces  quatre  de/tts  mv/airet ,  celte  qui  fait  le  fujet  de  ce  Mémoire  , 
il  paroîi  nafutcl  de  conclure  qu'elle  cA  de  mimz  ci'fccc.  C'cft  néaamotDS  ce  que 
je  me  gardcxat  bien  d'at&rmer. 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES. 

jy  ours ^V  Baromètre  ptrftcîionnè  par  M.  J^jffttr  PaUa,  Après  de 
longues  recherches  &  un  travail  de  plufieurs  années,  M.  Jffîer  Perua 
vient  enfin  de  trouver  un  Baromètre  <\\x\  fuipade  tous  ceux  qui 
font  conniii ,  &  pac  fa  jnHelfe  &  mi  la  facihté  avec  bquelle  on 
peut  s'en  ferrir  pour  connuirre  la  pefantcur  ou  b  Icgcreté  de  l'air,  âc 
niefurer  exaâemenr  ).i  haureur  dcb  montagnes.  Quoique  compofé  de 
plunenrs  tubes,  il  n'etl  pas  muins  commode  que  Je  Baromècie  (împle. 
Des  vis  de  rappel  le  mettent  en  eut  de  iervir  même  loin  des  yeux  de 
rObfervaceur.  En  confcquence,  veut-on  favoir  l'état  de  l'air  dans  des 
ouvertures  profondes  où  l'on  ne  peut  pénétrer,  il  fuffira  d'attacher  l'inf- 
trument  à  une  corde,  le  defccndre  cLin\  cette  ouverture  ,  l'y  lailler  :i{Ç^z 
de  tcms  pour  que  l'effet  de  l'air  foit  bien  marque ,  le  remonter  enfuite  j 
le  mercure  indicjuera  exaifbemenc  ce  qui  s'cft  pafTc. 

Par  rapport  k  la  hauteur  des  montagnes»  nous  nVvons  que  peu  d'ob- 
iciv.i(ions  exaftes  faites  avec  le  EaroniLire  ik  fut  lefqiielles  on  puitr© 
compter 
l'a  pas 
du  mercure 

ije  les  marquent  pas  avec  la  prékifion  quiU  le  dcvroieut ,  comme  on 
va  le  voir   par  les  exemples  (uivans. 

Le  14  Décembre  de  r.innce  i  7S  ,  i  neuf  heures  du  matin  ,  la  co- 
lonne de  mercure  d'un  Baromètre  ordinaire  ctuit  moncée  i  zS  pou- 
ces 7  {  lignes,  tandis  que  celle  du  Baromètre  de  nouvelle  confUuâion 
ëroit  à  18  pouces  \o{  lignes. 

I  e  1 5  du  mcme  mois ,  à  S  heures  du  matin ,  le  premier  éroit  i  x%  pon- 
ces 8  i  lignes  &  le  fécond  \  ap  pouces  fie  \  ligne. 

Cette  différence  de  marche  annonce  que  le  nouveau  Baromètre  a  des 
variations  de  plus  de  deux  pouces;  aulfi,cft-il  gradué  pour  30  &  ^  t 
pouces  i  les  endroits  très-profonds  que  l'on  voudra  mefurer  exigent 
encore  cette  divifion  étendue. 

Une  des  caufes  ptiiuipales ,  ou  pour  mieux  dire,  h  vraie  caufe  de 
la  défcûuofitc  des  Baromètres  ordinaires,  vient  du  changement  de U 
ligne  de  niveau.  Kn  vain  a-t-on  voulu  y  remédier  en  conftruifnnt  d^ 
Baromètres  avec  des  cuvettes  de  1,5,  4,  5,<f,7*8&  même  9 
pouces    de   dumètie  ,   il  n'en  efl  pas  moins  vcai  que  Ci  le  mercure 


tiS       OBSERrJTIOKS  SUR   LA    PHYSIQUE, 

lonteà  I9  pouces,  il  déplace  uii  pouce  de  dedans  la  cuvette ;&  s'il  def- 
cend  à  17  pouces,  il  eu  porte  un  de  plus;  &  fi  ,  en  mcfiitant  de  hau- 
tes muncaeiies ,  le  mercui:e  defcend  À  14  pouces  »il  en  place  tout  d'un 
coup  I  5  dans  la  cuvette  :  il  e!l  iiupollible  d'après  cela  que  cette  va* 
tiacion  de  la  totalitc  du  mercure  dans  le  réfervuir,  n'inHue  fur  la  ligne 
de  niveau  ,  &  dcs-lurs  fut  la  liauccut  réelle  de  la  colonne  La  corirec- 
tion  que  M.  AJJier  P<rica  a  faite  à  cet  inftrumenc,  obvie  tout  i- fait  i 
cet  inconvénient  j  non-feulement  l'clcvaiion  de  la  colonne  de  mercure 
à  jo  &  31  pouces  ne  change  rien  à  la  ligne  de  niveau  ,  mais  même 
fon  abaillement  h.  14  pouces  dans  un  tube  de  cinq  lignes  de  diamtître, 
ne  produiroit  aucun  dérangement. 

On  connoît  fcs  travaux  pour  rendre  les  Baromètres  plus  portatif) 
entre  fes  mains,  ih  le  font  devenus  i  un  tel  point ,  que  fur  met ,  ni  le 
roulis,  ni  le  tangage  ne  peuvent  le  faire  varier.  Dès  1771 ,  l'Académie 
Royale  des  Sciences  approuva  fon  procédé  pour  éviter  le  choc  da 
mercute  contre  le  haut  du  tube-,  en  i77<>,  M.  A/ijJ7<r ,  après  s'ctte 
fervi  de  fes  nouveaux  Thermomètres  pour  connoître  les  difFcrcns  de- 
grés de  froid  de  cette  année  ,  Se  en  avoir  éprouvé  l'exadirude  les  a 
fait  apptûuver  par  la  même  Acadétnie,  comme  ou  le  verra  dans  un 
Mémoire  qui  fera  imprimé  dans  le  Volume  de  l'Académie  qui  p.iroî- 
tra  cette  année.  C'eft  donc  en  vain  qu'un  nommé  Mouffy  Se  la  veuve 
Capy  ,  ont  voulu  réclamer  contre  les  travaux  de  M.  Perica,  dont  l'an- 
tériorité eft  prouvée  pat  les  atteftations  de  l'Académie. 

Comme  l'Auteur  a  été  oblige  de  faire  beaucoup  de  dépenfe  pour 
amener  fon  Baromètre  à  la  perFeéHon  où  il  eft ,  &  que  fon  exécution 
en  entraînera  encore  d'autres,  il  le  propofe  par  foulcripiion.  c'eft-i- 
dire,  qu'il  n'en  délivrera  à  perfonne  qu'il  n'ait  au  moins  cent  foufcrip- 
leurs.  Ses  Baromètres  peuvent  ctre  de  fix  natutes  différentes. 

1".  Les  Baromèctes  qui  tiendtont  un  compte  exaâ  des  révolutions 
du  mercure  à  chaque  infiant  du  jour  &  de  la  nuit ,  garnis  d'une  plaque 
de  cuivre,  6c  un  nontus  qui  marquera  jufqu'à  un  dixième  de  ligne 
d'clèvcment  &  d'abailTemcnt ,  avec  un  nouveau  Thermomètre  ,  le  tout 
enrichi  d'une  moulute  de  cuivre  doté  eu  or  moulu,  le  prix  ctl 
de     ...        * tooo  liv. 

i".  D'autres  en  bois  d'Acajou,  garnis  d'une  plaque  de  cuivre,  mais 
ne  dcfîgnant  pas  la  marche  graduelle  du  mercure  durant  la  nuit ,  le 
prix  efî  de -         •         1 100  liv, 

3*.  D'autter  avec  une  demi-plaque  de  1 5  pouces ,  le  prix  eft  de  600  liv. 

4^.  D'autres  en  bois  de  noyer  avec  une  plaque  de  fept  pouces ,  le 
prix  eft  de         . ^60  liv. 

5".  D'autres  en  bois  de  noyer, &  point  de  Thermomètre, avec  une 

demi -plaque»  le  prix  eft  de itl8  Uv. 

tf*».  D'autres 


SUR  VHTST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      ^19 

(S^,  D'aurres  enfin  en  bois  de  noyer  avec  une  graduation  bien  cxa£te 
(ielTus  ie  même  bois  ôc  bien  peint  à  l'huile,  avec  une  moulure doii'e, 
le  prix   eft  de 1 10  liv. 

M.  Ptrica  prévient  que  les  Baromètres  N*.  5,  n'indiqueront  pas  4 
quelle  Heure  dans  la  nuîc  s'efl  faite  une  rcvolutton  dans  la  colonne  de 
mercure,  mais  on  faura  le  matin  qu'il  s'en  eÛ  fait  une  par  le  moyen 
des  vis  de  rappel.  Plus  exaA  que  tes  Baromètres  communs,  il  mar- 
quera mieux  qu'eux  l'ctac  de  Pair,  le  beau  tems  ou  les  orages. 

Les  Perfonncs  qui  voudront  s'en  procmer  font  priées  de  le  fane 
connoître  à  l'Auteur ,  foit  en  s'adrclfant  à  lui-même,  foit  par  des  let- 
tres dont  le  porc  fora  aiftanchi ,  ahn  que  leurs  noms  foienc  enregiflrés. 
Sa  demeure  cH:  rue  Saint- Antoine,  au  coin  de  celle  de  Geoffroi  l'A  A 
nier ,  au  fécond ,  la  première  porte  en  entrant  dans  la  rue  Geoffroi» 
]'A(aier. 

L'Académie  des  Sciences,  Ëelles-Lettres  &  Arcs  de  Rouen»  propcfe 
pour  fujet  de  Prix  ,  pour  l'année  1780: 

.»  D'artïgncr ,  d'après  une  théorie  ctayée  par  des  Expériences  dccifi- 
iives,  les  différences  entre  la  Craye  ,  la  pierre  d  Chaux,  la  Marnée 
M  la  terre  des  Os  ,  que  la  plupart  des  Cnymiftes  ont  jufqu'à  préfenc 
o  confondu  dans  la  clafTè  dci  terres  Calcaires  «. 

Le  Prix  eft  une  Médaille  d'or,  de  la  valeur  de  trois  cens  livres. 

Les  Aureurs  font  avertis  d'éviter  tout  ce  qui  pourroit  les  faire  con- 
noître ,  &  de  joindre  feulement  à  leur  ouvrage  ,  nn  billet  cacheté  , 
qui  contiendra  la  répétition  de  l'épigraphe .  avec  leur  nom  &  leur  adrcfTe. 

Les  Mémoires, lifiblemenr  écrits  en  François  ou  en  Latin,  feront 
adreflés  ,  franc  déport ,  &  avant  le  premier  jour  de  Juillet  de  Tannée 
prochaine ,  à  M.  l-  A.  Damhoumty ,  Négociant,  Secréuite  perpétuel. 

L'Académie  avoir  demandé  pour  1779: 

»  Par  quels  moyens ,  les  moins  difpendieux ,  on  pourroit  rccépet 
w  fous  l'eau  donc  il  cd  toujours  couvert ,  un  Rocher  qui  interrompt 
•>  ou  inquiète  la  Navigation  de  la  Sànc  auprès  de  QuUi'eheuf? 

Entre  les  14  Mémoires  qui  ont  concouru  ,  la  Compagnie  a  diftin* 
gué  celui  quit  par  fon  ordre  de  Réception,  avoir  été  cotté  N".  7,  fie 
ne  portoit  poinr  d'épigraphe.   Elle  lui  a  décerné  le  Prix,  comme  rem- 

flilTant  toutes  les  conditions  du  Programme,  L'Auteur  eft,  M.  Zïfl»7<^, 
nfpedeur   des   Travaux  publics   du  Languedoc,  Diocèfe  d'Uzès ,  âr 
lélidant  au  Saint-Efprir. 

LAic<Jfît ,  a  été  adjugé  au  Mémoire  cotté  N**.  i,  avec  cette  Epigra- 
phe..,.   Redigtftm  cum  Pulvere  ^'m  Pulvtrem. 

Le  Mémoire  cotté  N".  tf,  dont  l'Epigraphe,  eft...  Improhus  Uhor , 
omnia  vincir;  ££  celui,  cotté  N*.  5)..,.  In  Aquis  ,    ut  irt  terra., ,   ont 
mérite  des  éloges.  U  en  eft  de  mcme  du  Mémoire  imprimé  de  M.  Coulomb , 
Tj     me  Xiy,  Pan,  IL  1 775,  OCTOBRE,      Vv 


«îo      OBSERrjnOKS   SUR   LÀ   PHYSIQUE, 

Capitaine  en  premier  dans  le  Corps  Royal  da  Gcnie ,  quoique  û  pii- 
bltcicc   laie  exclu  du  concours. 

1-e  lo  du  mois  de  Mai ,  la  Société  Royale  d'Agriculture  d'Auch  a 
décerné  dans  une  Séance  publique  le  Prix  d'Honneur  (  c'eft  une  gerbe 
éparfe  d'argent  de  1 5  pouces  de  hauteur)  au  Mémoire  qui  avoir  pour 
Epigraphe  ou  pour  Devife  ces  vers  de  Virgile  adrelTcs ,  au  nom  des  Cul- 
rîvateurs,à  cette  favante  Société  : 

Scmper  fionos  nomcn  que  tuum  iaudes  que  manehunt 
Vt  baccho  Ctrcri  que ,  tibi  Jtc  vota  quoi  annis 
A^ricolet  faùtnt 

On  ne  pouvoit  ^ire  des  queftions  plus  intcrefTantes  &  d  une  appli- 
cation plus  étendue.  Elles  éioient  exprimées  en  ces  termes  : 

Lti  engrais  peuvent-ils  être  fuppUcs  par  de  frêqaens  labours? 
Jufqu'à  quel  point  infiuent-ils  fur  ta  végétation  è 
Pettv<nt-iis  y  fujire  ? 

M.  Gentil  y  Prieur  de  Fontenct ,  Ordre  de  Ctteaux  ,  près  de  Montbar 
en  Bourgogne,  Auteur  de  ce  Mémoire,  &  qui  a  donné  en  1777  na 
Ouvr.ige  ayant  pour  tîcre  :  la  Diététique  générale  des  f^égctaux^  &  j^ppltea* 
tion  de  la  Chymie  à  tylertculiurt ,  a  reçu  dans  deux  Lerrres  de  M.  le 
Marquis  à'Âjirog^  Secrétaire  de  la  Société  Royale  ,  les  éloges  les  plus 
fiatieurs ,  &  a  été  honoré  du  titre  d'Âdocié  Honoraire. 

Le  7  de  Mai  1 779  »  la  Société  Royale  des  Sciences  de  Copenhague  adju- 
gea le  Prix  de  Phy(ique  fur  la  Formation  de  l'Acide  nitreux ,  à  un 
Mémoire  François,  qui  a  pour  Devife  :  In  paucis  muità  jUtinambona, 
dont  l'Auteur  ne  veut  pas  ctre  nommé,  &  quoique  la  qucllion  n'y  foie 
pas  pleinement  réfoluc ,  ce  qu'on  navoit  pas  non-plus  ofc  Te  promettre 
<ians  une  matière  C\  difficile  ,  on  a  pourtant  eu  égard  au  foin  &  à  l'exac- 
titude avec  lefquels  ces  recherches  font  imites. 

Le  Prix  de  Mathématique  fur  Ja  meilleure  difpoficion  d'un  Inïlru- 
menc  propre  à  mefucer  de  petites  difUnces  d'une  feule  (biion ,  fiic 
décerné  a  M.  George  •  Frédéric  Branders  ,  Faifeur  d'Inftrumens,  à 
Aiigsbourg.  Ce  Savani  avoir  aulTÎ  envoyé  à  la  Société  l'indrument  mê- 
me qui  a  été  éprouvé,  &  les  raifons  ac  la  différence  confidcrable  en- 
rre  les  difbmces  trouvées  par  le  moyen  de  cet  Inftrument ,  &  les  diftan- 
ces  efFeâîves  feront  indiquées  i  f'Auteur. 

La  Société  propofe  pour  cetre  année  les  fujcts  fuivans  : 

>?.  Elementa  tabularum   AJlronomi(arum  foUt    &  lunet   ita  ordinart 


SUR  rmST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      $$i 

ut  non  pjîum  ectlpfes  utriufquc  lumînaris  nojïro  ftcuto  obfervats  ea  pretd- 
Jione ,  quam  Mageriance  tabulas  txkîbent  ^  fed  qwnque  antiquijjîmis  tem- 
pOTibui  in  Bahylonia.  6*  Egypto  vïft.  &  c&njlgnau  fine  notabiU  crrorc 
indt  fiipputari  tjueant  ;  Ua  tamtn  ,  ut  aquatioru  feculari  in  calcula  non 
cpus  fit  ? 

a,*.  j4/t  Seminium  yermium  intejlinalium  Ttnia ;  Gordii  ^  Afcarldis^ 
Fafciola  &c.  Animalihus  connatum  ,  an  ab  cxtus  imromiffufft  obferva* 
tionibus  Cr  txpertmentis  probare,  nmediaquc  in  illo  cafu  notare. 

Le  Prix  que  la  Société  décernera  à  celui  qui,  i  fon  jugement,  aura  le 
mieux  traite  chaque  fujet ,  confifte  en  une  Médaille  d'or  de  la  valeur 
de  cent  écus ,  argent  de  Dancmarck. 

Les  Savans ,  tant  étrangers  que  Danois,  exceprc  les  Membres  de  la 
Société,  font  invites  à  concourir  pour  ces  Prix  ,&  voudront  bien  écrire 
leurs  Mémoires  en  François ,  Latin  ,  Danois  ou  Allemand. 

Les  Concurrens  adrelïeront  leurs  Mémoires  ,  franc  de  pott^  À  S.  E. 
M.  de  Hitlmpicrnt^  Chevalier  de  l'Ordre  Royal  de  Dannebnjg,  Con- 
seiller Privé  &  Préfident  de  la  Société  \  aucun  Ecrit  ne  fera  admis 
^VL  Concours  paflé  le  dernier  d*Août  1780. 

Les  Auteurs  fonr  priés  de  ne  fe  point  faire  connoîcre  1  mais  démet- 
tre une  Devife  à  la  tcte  de  l'Ouvrage,  &  d*y  joindre  un  billet  cacheté 
avec  la  xnîme  Devife  qui  contiendra  leur  nom  &  le  lieu  de  leur  cé^ 
dence. 

Ceux  qui  fouhatterouc  que  leurs  Ecrits  qui  ont  concouru  pour  les 
Prix  de  l'année  paffée  ,  leur  fuient  rendus  ,  voudront  bien  s'adrelTer 
pour  cet  effet,  d  S.  E.  M.  dt  H'ulmfiurnt ^  avant  la  fin  de  l'année  cou- 
rante, 

XJn  Chirurgien  Allemand  nommé  /.  Jf,  Htmmans  ,  a  public  der- 
nièrement ,  k  Berlin  ,  un  Ouvrage  intitulé  :  Chirurgifcke  Aufrat:(t  , 
c'eft  à-dire,  Annotations  Midko-ChirurgicnUs ^  parmi  lefquelles  il  y  en 
a  une  qui  confirme  l'efficacité  de  h  Chirurgie  infufoire ,  dans  laquelle 
ce  Chirurgien  donne  l'hiftoire  de  cette  pratique  &  la  manière  de  s'en 
fervir  fans  danger:  il  dit  l'avoir  fait  deux  fois  avec  fuccés.  Savoir, 
une  folution  de  mufc  dans  une  femme  cpilcptîque  ,  &  la  décoâïon  de 
quinquina  dans  une  fièvre  putride.  Cet  article  eft  tiré  d'un  Ouvrage 
périodique  qui  fe  publie,  à  C?orrj/;gu£j  to\x%\Ql\iiGàeGotting.Ah:(eigen^ 
1778.  NO.   145. 

l^ewtonianifme  de  AI.  de  Voltaire ,  on  Entretiens  d'un  Etudiant  avec 
un  DoBeur  Ntwtonien.  Brochure  //ï-iz.  pat  M.  J*...  P.ja  Paris,  chea 
Morin  ,  rue  Saint- Jacques  177c- 

Cette  petite  Brochure  renferme  une  Critique  des  Elcmens  de  la  Phy- 
fiaue  de  IK'iwmn  .  par  M.  de  f^oltaire  ,  d'autant  plus  piquante,  que  le 
fel  en  eft  caché  fous  le  voile  de  la  plus  grar.de  umpliiité.  Les  erreurs 
de  M.  de  l'oUatre  en  Phyfique  y  font  relevées  avsc  beaucoup  d'art  & 

I77J.      OCTOBRE.         Vvi 


ÎJi        OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

<le  vérité.  L'Auteur  ^  eu  l'attention  de  citer  exaAement  les  patTage» 
de  M.</<  yoltatre^Si.  cette  précaution  ctoit  d'autant  plus  ncceiraite  qu'il 
faut  fe  convaincre  par  fes  propres  yeux ,  pour  croire  ce  célèbre  Ecrivim 
capable  de  pareilles  erreurs. 

Plantes  Vinintufts  &  fufptcîts  it  la  France  ^  avec  latrs  antidotes  , 
par  M*  Bulliarii, 

PROSPECTUS. 

Il  eft  bien  étonnant  que  dans  un  (iècle  auflî  éclairé  que  le  nûtre,nous 
n'ayons  pas  fur  les  Plantes  vénéneufes  de  la  France ,  un  feul  Ouvrage  qui 
puifle  nous  mettre  à  l'abri  des  inéptifcs  faules  qui  fcmblcnt  fe  multi- 
plier cous  les  jours»  &  qui  ont  fi  fouvenc  porté  le  trouble  &  la  moïc 
même  datu  lefpéce  humaine. 

^i\  effet,  de  combien  d'accidcns  caufcs  par  des  Plantes  nuifiblcs, 
n'avuns-nous  pas  écé  témoins  ?  A  combien  de  perfonnes  n'en  a-t-il  pas 
coûté  la  vie  pour  avoîi  mangé  ,  par  erreur  »  de  mauvais  Champignons, 
de  la  Ciguë  employée  dans  certams  ragoûts  pour  du  Perfil  aveclequel 
elle  a  quelque  relTemblance  ?  &c.  Eft-il  un  feul  pays  où  fe  foienc  loirté 
ignorer  les  terribles  effets  des  Tithymales ,   avec  lefqaels  on  engage 
ies  enfans,  pour  leur  jouer  pièce,  à  fe  frotter  les  yeux  aân  de  fe  lever 
matin  ?  Combien  de  gens ,  rrompés  par  la  forme  agréable  &  appctif- 
fante  de  certains  fruits,  n'ont-ils  pas  chètement  payé  la  curiofite  qu'ils 
ont  eue  d'en  maneer?Les  uns  ont  traîné  une  vie  languiiTante,  les  autres 
font  morts  fous ,  d'autres  imbécilles  ou  comme  enivres,  d'autres  enlia 
font  tombés  dans    un  aflbupifTemcnt  rebelle    à  tous    les  fecours  dç 
l'Art,  &c.  ôcc.  L'ufage  où  l'on  cft  cncotc  aujourd'hui  dans  nos  cam- 
pagnes ,  de   fe  purger ,  par  économie,  avec  la  Laurcole,  l'hpurge,  I2 
Clcrhatite,  le  Cabaret,  &c.  n'a-t-il  pas  fait  perdre  la  vie  à  mille  gens 
qui  n'avoieiit  pas  Ai  proportionner  la  dofe  de  ces  médicaniens  dan- 
gereux, à  la  force  de  leur  tempérament  ? 

De  toutes  les  parties  de  l'Hil^oire  Naturelle ,  il  n'en  eft  donc  pas  d'aulTi 
importante  que  celle  ci  ;  on  ne  peut  connoitre  trop  tôt  fes  ennemis ,  afin 
de  les  éviter ,  on  du  moins  de  les  combattre.  Les  animaux  en  liberté 
nous  prouvent  que  cette  connoiltance  des  alimens  nuiGbles  cil  une  des 
premières  qu'ils  ont  :  par  inftintft,  ou  par  la  répugnance  qu'éprouve  leur 
odorat  ,  ils  favenc  évirer  de  mander  des  herbes  vénéneufes ,  quelque 
relTemblance  qu'elles  aient  avec  celtes  qui  font  leur  nourriture  ordinaire  ^ 
&:  quand  il  cft  arrivé  que  pK)ur  foumettre  à  difTcrentcs  épreuves  cer- 
tains Animaux  ,  on  les  a  empoifonnés  foit  avec  des  herbes ,  foit  avec 
des  fruits,  &c.  ce  n'a  été  que  par  artifice  ,  &  en  les  for(,ant  a  manger 
des  pâtées  ou  des  préparations  quelconques  ,  dans  lesquelles  on  avoit 
fait  entrer  en  fubltince  les  planres  qui  faifoient  l'objet  des  recherches. 


SUR   rffrST.   NATURELLE  ET  LES  jixKi^. 

Où  en 

'preuves 


5J1 


qiu  onc  ccc 
elles  ferv 
modit(^  fc 


1  fcroit  l'Homme  qui  fe  Hvreroic  aveugUment  aux  témoignages 
ctc  les  fraiis  de  ces  expériences  ?  A  ouoi  soutes  ces  épreuves  onc- 
i  ?  Parce  que  les  Moutons  &c  les  Cncvres  mangent  fans  incom- 
mfible  l'herbe  cie  S.  Chtiftophe  ,  doit-on  croire  qu'elle  n'eft  pas 
mal-fùifante  i  l'Homme  ,  candis  qu'il  eft  prouvé  que  fe$  baies  font  pour 
lui  un  poifon  fubtil  î  Ne  fait-on  pas  en  outre  que  cette  plante, réduite  en 
poudre  ,  eft  employée  fouvent  &  avec  fucccs  pour  faire  mourir  la  ver- 
mine qui  incommode  les  Hommes  &  les  Animaux  ?  La  Jufquiame 
noire,  etl  recherchée  par  le$  Porcs  qui  la  mangent.  Se  à  qui  un  la  croît 
falutaire;  il  eft  cependant  certain  qu'elle  eft  maUfaifanie  à  l'Homme, 
âc  qu'elle  tue  les  Poules ,  les  Canards  ,  &c.  Farce  que  quelques  Ani- 
maux ,  prefTcs  pat  la  faim  ,  ont  mange,  faiis  en  paroitre  incommodés, 
plulîcurs  cfpèces  de  Renoncules  vertes  ,  quoique  très-acres,  des  fleurs 
d'Aconit  ,  des  feuilles  même  du  Bois  gentil ,  pourroit-on  fagemenc 
conclure  que  ces  mêmes  Plantes  ne  feioicnc  pas  nuifiBles  aux  Hommes  ? 
Non.  On  rifquera  toujours  de  fe  tromper ,  quand  on  jugera  des  bonnes 
ou  mauvaifes  qualités  des  Plantes  pour  l'Homme  ,  par  les  effets  qu'elles 
produifent  fur  les  Animaux  i&  rcciproquemcm,  de  celles  pour  les  Ani- 
maux .  par  les  effets  qu'elles  produiront  fut  l'Homme  j  &c  ce  n'eft  que 
d'après  des  expériences  faites  &  répétées  nombre  de  fois ,  que,  l'on 
doit  prononcer  fur  la  falubritc  ou  l'mfalubrité  des  Plantes. 

M.  Balltard  n'a  tien  épargné  pour  le  procurer  toutes  les  Plantes ,  tanc 
vcnéneufes que  fufpecles,  qui  fe  trouvcuten  Francc^^  P''*^^  rendre  intc- 
reffanr  aux  yeux  du  Public  cet  Ouvrage  rant  defiré;  il  a  lui-même  deflinc 
cette  Colleftion  préiieufe  ,  daprès  nature:  il  y  a  peu  deBocaniftes  dans 
la  capitale,  qui  n'aient  été  témoins  de  fes  fcrupuleufcs  recherches.  Depuis 
long-t^mps  il  s'occupe  i  ranullèr  les  niacériaux  d'une  Flore  Frunço! je  ., 
dont  il  annonce  ceâ  comme  un  éthamillon;  &  c'eft  à  fes  frais,  &  fous 
fes  yeux ,  qu'on  grave  les  Plantes  S<.  les  dcfaiprions  qui  doivenc  entrer 
dans  fi  Collediou.  • 

Toutes  les  Plantes  font  gravées  fur  un  format  //1-4*'.  &  femblables  d 
celle  qui  eft  jointe  au  Projpciîuî  ,  ou  qu'on  pourra  voir  chez  ceux  qui 
font  charges  de  fa  diftribution.  Le  papier  fur  «equel  cette  hgiue  eft  im- 
primée .  eft  le  même  qui  fetvira  pour  tous  les  Exemplaires,  excepte  ceux 
qui  feront  peints  ;  ceux-ci  ne  feront  vrais  &  avoués  par  l'Auteur,  qu'au- 
tant qu'ils  feront  imprimés  fur  le  plus  beau  papier  de  Hollande,  qu'on 
appelle  communément  Nom  dt  Jejui\  &  ou'en  outre  on  trouvera  au  dos 
de  chaque  feuille  la  lettre  S  avec  un  paraphe  i  la  plume,  H  n'y  .-ïura  pas 
moins  d'exacVitude  dans  la  defcriprion  cfes  autres  Plantes  qu'il  n'y  en 
a  dans  celle<i  \  toutes  auront  leurs  noms  François ,  tant  anciens  que 
modernes ,  &  leurs  noms  Latins  conformément  au  SptcUs  PU/ttcrum 
du  t^hevalier  linatui.  On  faura  du  premier  coup-d'ocil  dans  quel 
tems  chaque  Plante  âeurit,  &  dans  quels  eOjdpUs  on  la  ccouve  le  plus 


JH  OBSERFATJONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 
communément  ;  on  trouvera  rous  fes  détails  caraftériftiqucs  le  plus  foi* 
eneufemenc  obfervcs  &  tracés  par  la  main  de  l'Auceur  ;  &  une  courte 
aeraipdon  fur  fes  parties  nuinbles ,  Tes  qualités,  Tes  effets,  &  fut  les 
remèdes ,  tant  internes  qu'externes,  qu'on  doit  employer  dans  les  cas 
orgens. 

Si  les  parties  cara£tériftiqucs  de  la  Plante  ne  font  pas  afTez  fenfîbles  i  f» 
vue ,  on  les  indiquera  (  en  notes  )  gravées  i.  la  loupe  ou  au  microfcopc , 
quand  les  cas  le  requenont. 

L'on  donneta  tous  les  trois  mois  un  Cahier  de  dix  Plantes  gravées, 
dont  le  premier  a  paru  au  mois  d'Août ,  &  ainfi  de  fuite  de  trois  en 
trois  mois.  Le  nombre  des  Cahiers  n'excédera  nas  celui  de  dix  ou  onze. 
Le  prix  de  chaque  Cahier  efl  de  5  liv.  ii  fous,  fans  qu'on  foit  obligé  de 
fouie  rire. 

L'on  a  peint  fupérieurcment  fur  la  gravure  les  mêmes  Plantes ,  dont  le 
premier  Cahier  ne  paroîtra  qu'au  mois  de  Janvier  1780^  mais  l'on  ne 
pourra  fe  procurer  cette  Collection  qu'en  foufccivant. 

Les  conditions  de  l'abonnemnt  font  de  donner  iz  livres  en  foufcrï- 
vant.  Il  livres  en  recevant  le  premier  Cahier,  11  liv.  en  recevant  le 
fécond,  &  ainH  de  fuite  iufqu'aa  dernier  qu'on  difhibuera  gratis. 

Le  ptix  de  chaque  Cahiet  peint  fêta  de  1 5  Liv.  pour  ceux  qui  ne  fouf- 
ctifont  pas. 

A    PARIS, 

P.  Fr.  Didot  le  jeune ,  Libraire-Imprimeur  de  MONSIEUR, 
\      quai  des  Auguftins. 
'CbezCDEBURF,  Libraire,  quai  des  AugufUns. 
IBelin,  Libraire,  rue  Saint  Jacques. 
Bazan,  Marchand  d'Eftampes,  rue  &' Hôtel  Serpente. 


Von  trouve  cfiii^   DlDOr  U  jtune  ,  Ctm  4ts    Lihraires  ci'itffus , 
Us  Ouvrages  fuiva/is  du  même  Auteur. 

Flora  Parljîenfs,  ou  Defcriptions  &  Kgures  de  routes  les  Plantes  qui 
croiffentaux  environs  de  Paris ,  fuivant  la  Méthode  fexueUe  àt  Linné ^èc 
les  Dcmonftrations  de  Botanique  du  Jardin  du  Roi.  Paris,  m-S".  177^ 
&  années  fuivantes. 

Cet  Ouvrage  »  dont  les  Plantes  font  deflfînées  de  coloriées  d'après  nature, 
fur  Papier  de  Hollande,  paroîc  régulièrement  tous  les  deux  mois,  par 
Cahier  de  10  Planches:  il  y  en  a  aujourd'hui  aa  Cahiers  qui  fonnent 
440  Planches.  Le  prix  de  Chaque  Cahiei  eft  de  7  liv.  roL^u'onpeuc 


SÛR  VHIST.  NATUREILE  ET  LES  ARTS.       yjj^ 

£e  pTocucec  à  merure»  ou  pat  abonnement,  &  ratfon  dâ  45  Uv.  l'uince» 
çompofce  dt  6  Caliiers  ou  i  lo  Planches. 

L'on  ea  a  ciié  quelques  Exeoipbices  iA-4®. ,  doQC  le  ptix  oft  1 1  Uv. 
le  Cahier. 

IntroduAion  à  U  Flore  des  envîcons  de  Paris ,  fuivast  la  Mécbode 
fexuelle  de  Linné.  Pacis,i77tf,  1/1-8°.  avec  I-i^ures  enluminées  »repré- 
fentanc  les  caraâères  des  Plantes.  BrocKc,  i  liv.  16  f. 

Cette  Brochure  contient  les  premiers  Elcmens  de  la  Botarûque  s  Se 
les  Planches  enluminées  en  ftciliient  I  ctude;  elle  cft  en  outre  ttès-pro- 
pre  i  donner  les  premiers  principes  de  cette  Science  >&  devient  indif- 
penfable  à  ceux  qui  veulent  s,*occuper  de  i'écude  des  Plaujss  ,  &  pai^ 
ticulièrement  des  Plantes  véncneufes. 

Le  mime  Ubralrt  yient  de  recevoir  de  l'Etranger  Us  Livres  fuivans  : 

Sffai  far  ia  Santé  des  FUUs  nuhiUs ,  pat  M. ^Tr^ir*/.. Londres,  (  Paris.  ) 
'■1778  ,1/1-8*'.  prix  i  liv.  4f.  Broché. 

/.  B,  Mofgagni  de  ftdibus  &  caufts  Morborum  per  Ânatomtn  indagaiis, 
Litri  ^uàWfUê ,  prafatus  éfi  à  /).  Ti^ot  j  M.  D.  Ehfodurù  ,  «a  Uelvééd 
1779,  j  vol.  i«-4''.  prix  jo  liv.  Relie. 

Cette  nouvelle  Edition  de  Morgagni ,  qu'on  doit  aux  foins  de  M. 
Ttffot,  eft  très-bien  exécutée. 


TABLE 

DES     ARTICLES 

Contenus  dans  ce  Cahier. 


si- ECHBKC BES  Ckymiques  fur  U  terre  des  Pierres pricîeufes  ou  gent'. 

nus;  par  A/.  Torbirn  Bergman  ,  Proftffeur  de  Chymie ^  Chcvaiier  de 

rOrdre  Royal  de  Wafa  ,  Page  xj7 

Mimoire  fur  Us  Atterrijfemens  des  Côtes  du  Languedoc  ;  par  M.  Povcex  ^ 

iSi 
Second  Mémoire  fur  le  principe  de  Vïnflammahïlïté  des  corps  comhufibies 

ou  Gas  infammabU  huileux  ;  par  A/.  Neret  ,  jf/j,  191 

Dijftrtation  fur  la  caufe  Phyfique  £une  efpèce  d'attraSion  que  les  Ckymif* 

tes  appellent  Affinité  ^lue  â  la  Séance  de  la  Rentrée  de  f  Académie  de 


j^ff    OBSERFATIONS  SUR  LA  PB7SIQVE,&c; 
Meti ,  A  1 1  Novtmire  1778  ;  par  Dom  Nicolas  CarbOis  ,  Priaeipai 
du  Collège  Royal  de  Met[  >  de  la  Société  Royale  des  Arts  6*  Sciences 
de  la  mime  Ville  ,  AJfocU  à  f  Académie  de  Châlons-fur^Marne  ,  de  la 
Société  Patriotique  de  Heffe^Homhourg ,  x^j 

Remarques  fur  une  ancienne  Mamiire  du  Gottvernement  du  "Havre  ^  &Jur 

■  les  Squelettes  Humains  qu'on  a  trouvés  ;  par  M.  tAhhé  DiCQUi- 
VAHB  ,  de  plufieurs  Sociétés  &  Académies  Rcyales  des  Sciences ,  Belles^ 
Lettres  &  Arts^  de  France j  EJpagne  ^  Allemagne^  &e.  ^oz 

lettre  adrepe  à  un  Chymifie ,  par  M,  de  la  Foue  ,  cohcemam  les  réflexions 
de  M,  SALUoVfJur  les  Ètamages  ,  107 

Lettre  de  M,  Thomas  West  >  à  Îh*  Lame  fur  un  Rocher  volcanique  y  pris 
d'Inverneff^y  en  Ecojfe^  315 

Defcription  de  la  Méthode  du  Do3eur  Ix.ting  ,  pour  deffaler  VEau  de  la 
Mer  par  difiiUaticn ,  51^ 

Obfervationsjur  la  Dent  fojple  d'un  animal  inconnu;  par  M,  le  Baron 

DE  SfiRVIERBS,  fl$ 

Nouvelles  Littéraires  ^  517 


APPROBATION. 

J'Ai  la.  vu  ordre  de  Monreigoear  le  Garde  des  Sceaux,  un  Ouvrage  qui  a  poor 
litre  :  ObfervaùoJis  fur  la  Pkyjîque ,  fur  CHîfioire  Naturelle  &fur  Tes  Arti,  (fe.  / 
par  M,  tAhhé  Ro  z  i  mk»  &e.  La  Collcâion  de  faiti  imporians  qu'il  ofFre  përio- 
diquemcnt  à  Tes  Leâeurs ,  mérite  Taccudl  des  Savans  ;  en  confluence ,  j'cftime  qu'où 
fcut  en  permettre  rimprcâwn.  A  Paris,  ce  11  Oâobte  1779. 

VALMONT  DE  BOMARE, 


PL 


Btiiit  Je  ^a  MoTTmre  _^ 


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/rtzmà>  ^jfSi/Trteve  ^itrlaff4ptfi  ^Zan/ééSud- 


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tff&erS^Sl 


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^§5" -^ 


.«iJ^4.4 


JOURNAL   DE  PHYSIQUE. 

NOVEMBRE     1779. 


-rçrH 


EXTRAIT    DUN    MÉMOIRE 


De  M,  Gensaune  ,  fur  U  Deffhujrement  du  Charhon^dc-Terre  &  ftff. 
la  conJlru3ion  dis  Fourneaux  propres  à  cette  opération. 

J\vA}n  que  de  s*ezporer  i  la  dcpenfe  de  U  conflrui^on  de  ces 
fortes  de  tovirneaux  ,  il  eft  bon  d'crrc  prévenu  que  toutes  les  efpcces  de 
Charbon-de- terre  ne  font  pas  propres  a  être  réduites  en  cogkes  ou  cin- 
ders  :  c'eft  ainii  qu'en  Angleterre  on  appelle  les  Charbons-de- terre 
ainti  prépares  ;  nous  leur  donnerons  ici  le  nom  de  Charbons  épures. 

Le  Charbon  nerveux,  c*eft-â-dice ,  qui  fe  trouve  mêlé  avec  une  efpèce 
de  fchifte  noir,  plus  ou  moins  p;irrcmc  de  grains  de  pjrites,  ne  vaut 
Abfolument  rien  pour  être  dciloufrc  ,  parce  qu'il  donne  un  Charbon 
très-terreux  ,  &  plus  nuifibJe  encore  que  s'il  n'avoit  pas  été  épuré. 

Le  Chatbon  jayet  eft  à  peu-prés  dans  le  mcmc  cas  i  il  eft  uni ,  com- 
paâre  »  d'un  oeil  terne  Se  lilfe;  il  n'efl  ptefque  compofé  que  de  bitume 
delTcché,  <5:  ne  hilTe  aptes  Cx  cakination  qu'une  terte  motte  qui  n*eft 
plus  daucun  ufage. 

H  y  a  une  autre  efpècc  de  Chatbon  qu'on  appelle  Charbon  léger^ 
qui  td  très-beau  i  Tail  ;  il  clk  fouvent  orné  de  couleurs  d'iris  ou 
gorge  de  pigeon  j  celui-ci  employé  tout  crud  eft  excellent  pour  les 
ufages  domelUques ,  parce  qu'il  flambe  trcs-bîen ,  &c  rend  peu  d'odeur} 
mais  étant  épure ,  il  ne  donne  qu'un  Charbon  foible  de  peu  de  durée , 
qui  fe  réduit  en  cendres.  U  n'y  a  donc,  à  proprement  parler,  que  le 
Charbon  qu'on  appelle  Charbon  de  Maréchal ,  ou  qui  efV  propre  pour 
les  for«s  des  Maréchaux,  auquel  on  puilTe  taire  fubir  l'opération  du 
dellburrage  avec  fuccès.  U  eft  médiocrement  dur ,  crès-luiianc ,  quel- 
quefois à  grains  cubiques ,  Se  plus  fonvent  à  petites  lames  légèrement 
arrondies.  Quoique  ce  dernier  Chatbon  Toit,  fans  contredit,  le  me  il- 
leur  que  nous  ay ions  ,  il  ne  laîdê  pas  que  de  renfermer,  par  intervalle ^ 
du  nerf  ou  fchifte  fouvent  pyciteux  ,  qu'il  Éiut  avoir  grand  foin  de 
féparer  du  Charbon  avant  que  de  le  mettre  dans  le  fourneau  d'épu* 
ration. 

TomeXiy,  Part.  IL  177,.  NOVEMBRE.        X  x 


j3^       OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

Nous  ajouterons  aux  obftcvAiions  préccdentM ,  qu'on  doit  coujours 
conllruire  ces  Toites  de  foumciux  dans  le  voillna^e  îles  mines  de  Char- 
bons qu'on  fe  propofe  d'cpurec  ,  parce  qu'ils  perdent  confidérablcmene 
de  leur  poids  dans  cette  opéracion;  ce  qui  diminue  d'autant  les  frais 
de  votcute ,  qu'il  convient  d'epatgnec  autant  qu'il  cH  poflible  :  cela 
porc; 

Sur  un  terretn  près  d'une  mine  de  Charbon  ,  formez  une  plate- 
forme de  quatre  toifes  en  quatre  ,  dont  vous  appUnîrez  le  fol  ,  que 
vous  affermirez  &:  mettrez  bien  de  niveau  en  le  batunc  &  l'appLuiif-' 
fane  Avec  la  batte  ou  la  demuifelle. 

Sur  le  milieu  de  cette  plateforme  ,  tracez  un  quarré  »  A,Bj  C,  D 
(  tig.  1^) ,  dont  les  cotes  (oient  de  dix-huit  pieds  de  longueur  ;  coupez 
les  angles  de  ce  quarré  pour  avoir  un  oâogône  tel  que  la  iîguie  te 
reprcfence,  en  donnant  aux  cotes  M  ,  E  »  fix  pieds  de  longueur  >  Se 
neuf  pieds  5c  demi  aux  gnnds  côtés  E ,  F. 

Dans  l'intérieur  de  la  ligne  qui  forme  l'oâogône ,  crcufez  â  un  bon 
«lemi-pied.  de  profondeur  la  fondation  d'un  mur  de  pourtour  de  quinze 
pouces  d*ep.iifleur,  que  vous  élèverez  à  la  hauteur  de  dix  huit  pouves 
au  delfus  du  terrein,  en  obfervaut  de  laiirer  au  milieu  de  chaque  lûté 
&  à  âeur  de  rerre ,  des  trous  ou  ouvertures  a^b^c^d^Ct^  de  nx  bons 
pouces  en  quatre  j  cela  fait,  vous  formerez  diagonalement ,  d'une  ou- 
verture à  l'autre,  des  canaux  ou  rigoles  a,e^  ^«/i  ^'<^.  de  (îx  pouces 
de  largeur,  &  auranc  de  profondeur^  vous  ferez  ces  rigoles  i  pierres 
sèches  avec  des  pierres  de  grès  ou  des  fchilles^un  peu  fortes,  afin  qu'el- 
les aient  une  bonne  aHife,  6c  qu'elles  ne  fe  dérangent  pas  facilement; 
vous  les  couvrirez  enfuice  avec  de  larges  briques  faites  exprès ,  pla- 
cées à  un  pouce  d'intervalle  les  unes  des  autres. 

Cela  fait ,  ayez  du  gros  fable  que  vous  laverez  bien  ,  a£n  de  lui 
oter  toute  la  terre  ,  &  vous  en  remplirez  les  intervalles  N  ,  N  jufqu'i 
fleur  du  dclTus  des  briques  qui  couvrent  les  rigoles  ,  en  uiiiinmi  bien 
le  tout  de  niveau  y  au  moyeu  de  quoi ,  votre  fourneau  fera  préparé  Ôc 
prct  i  fervir. 

Voici  maintenant  pourquoi  il  faut  employer  du  gros  fable  lavé  pour 
remplir  les  inrervalles  qui  fe  trouvent  entre  les  rigoles  »  £c  pourquoi  il 
^ut  du  jour  entre  les  briques  qui  les  couvrent  ;  il  ell  bon  dêire  pré- 
venu ,  que  l'art  d'épurer  &  de  delToufrer  le  Charbon  de-pierre  pour  le 
fendre  propre  à  la  fonte  des  mines,  coniîQe  a  dégager  ce  follile  de  deux 
fubflaiices   éealement  nuifibles   dans  ces  fortes  d'upcrul^ 


•pci 


rions  ,  le 


foufre 


&  le  bitume,  fans  lui  faire  perdre  fa  qualité  combuHible;  &  ce  qu'il 
V  a  de  lîngulier  ,  c'efl  que  le  funfire  ,  quoique  bien  plus  volatil  que 
le  bitume  ,  ne  s'en  fépare  qac  lorfque  la  partie  bitumineufe  s'en  efl 
dégagée  ou  qu'elle  ed  confumét:  par  le  feu  ^  ce  n'efl  ^u'alots  que  ce  Ckai- 
boa  rend  une  vrAïc  odeur  de  fuulre. 


SUR  L'H/ST.    KATUBELLE   ET  IBS  ARTS*     $^9 

Dans  le  gfaiid  nombre  dexpcrîences  que  nous  avons  faites  pouc 
parvenir  1  ce  point  de  vue ,  par  h  mccKode  Angloife  qui  coiiGue  à 
cuire  le  Clurbon,  à-peu-prcs  comme  on  cuïc  celui  du  bois ,  (  ceU  audl 
la  plus  commode  &  la  plus  expéditive)  je  nie  fuis  apperçu  que  les 
couches  fupcrieures  des  cas  fe  cruuvoient  toujours  incomparablement 
mieux  épurées  que  les  couches    intérieures.    Ces  decnièces,  quelque 

firécaucions  que  )c  pnlTe  ,  contenoienc  toujours  un  peu  de  bicume  qui 
es  rendoit  mattes  &  bien  plus  pefances  que  les  premières  ;  j'imaginai 
d'abord  de  faire  des  rigoles  dans  la  cerre,  pour  que  le  bicume  qui  de- 
vJcnc  liquide  dans  le  reu  ,  pûc  s'écouler  par-là  ;  mais  je  compris  en 
mcme-tems  que  celui  qui  fe  tcouveroic  éloigné  de  ces  rigoles, n'aucuic 
pas  cette  ficilîcé  j  d'un  autre  côte ,  je  m'appercevois  que  ce  qui  con- 
tribuoic  beaucoup  à  cet  inconvénient,  étoit  que  ces  couches  infcrieu' 
res  ne  recevoienc  pas  aflez  d'air,  &  par  conféquentjsflezdefeu  pour  que 
cecce  dcpuracion  s  v  fit  exaûement.Cerce  remarque  me  lit  prendre  le  parti 
de  faire  des  rigoles  par  des  rangées  de  piètres  fur  letercein,  comme 
la  Figure  le  fait  voir,  &  de  remplir  les  interv.tlles  angulaires  avec  du 
gros  gravier  bien  lavé  ,  afin  que  le  bitume  ou  huile  de  pétrole  qui 
découle  des  Charbons  pût  s'y  réfugier  &  remuer  dans  les  rigoles. 
C'crt  pour  cecce  raifon  que  j'aiconleilic  de  ne  pas  joindre  exadenient 
les  briques  qui  couvYenc  ces  rigoles ,  avec  lefquclles,  outre  l'évacuation 
de  la  partie  oitumineufe  ,  cette  conftrudion  procure  un  autre  avan- 
tage ,  c'eft  celui  de  fournir  tout  l'air  nécelfaire  pour  entretenir  le  feu 
aux  couches  inférieures  du  cas  de  Charbon  ,  &  de  régler  le  feu  de  ht 
manière  qu'on  veut;  car  ces  rigoles  font  des  efpèces  de  regiftres  pouc 
porter  de  Vair  où  il  eft  uécetTairc,  &:  pour  le  fuppnmet  dans  l'es  endroits 
pu  il  eft  trop  fort^  il  n'y  a  pour  cela  qu'à  fermer  en  dehors  du  four- 
neau ,  les  portes  ou  ouvertures  des  rigoles  d<t  coté  où  le  feu  eft  trop 
fore ,  Se  de  les  ouvtir  du  côté  où  il  eft  trop  foible. 

Il  cil  maimeiiam  connu  de  tout  le  Rovaumc,  que  ces  fourneaux  ont 
tout  le  fuccès  dcHtc  entre  les  mains  des  pecfonnes  à  qui  nous  en  avons 
envoyé  les  plans  &:  les  inftrui5lions  que  nous  venons  de  détailler;  Se 
nhn  de  nous  rendre  plus  intelligibles,  nous  avons  rracc  d^ns  la  deu- 
xième figure  la  coupe  tranfverfale  d'un  de  ces  fourneaux  fur  la  ligne 
G,  C  de  la  première  figure; enfin  ,  la  troihème  figure  reprcfentc  un  de 
ces  fourneaux  en  feu.  Il  s'agît  maimenanc  d'expliquer  de  quelle  mi- 
nière on  doit  conduire  le  travail  à  l'égard  du  Charbon  qu'on  foumuc 
si  cecce  opération. 

Votre  Charbon  étant  forri  de  la  mine  ,  concAlTeZ'le  de  minière 
que  les  plus  gros  morceaux  n'excèdent  pas  la  groflcur  du  poing ,  & 
prenez  fur-tout  garde  qu'il  n'y  ait  du  nerf:  on  donne  ce  nom  1  une 
pierre  noire  ,  grisâtre,  ordinairement  remplie  de  jxjints  brillans.  Cer:c 
piêcrc  eft  uès-commune  dans  les  mines  de  Chacbon-de-tenc,  2c  nuit- 

NOFEMBRE.     Xx  a 


HO      OBSERrATIONS  SUR   LA  PnrSÏQUEi 

benuconp  dans  roas  !cs  emplois  qu'on  fait  de  ce  foflîlc.  A  mefure  que 
votre  Charbon  eft  trie,  .irrmgez  les  plus  gros  morceaux  fut  le  fol  de 
votre  fourneau  pour  en  formée  la  première  couche  i  vous  arrangerez 
par-deilus  les  morceaux  moyens ,  &  vous  confer  vcrex  le  même  ordre  pour 
les  couches  fupérieures  :  difpofez  tout  cela  en  forme  de  meule  ou  de 
dcmi-fphère  applattc.  Je  la  hauteur  environ  de  trois  à  quatre  pieds,  & 
dont  les  pourtours  doivent  fe  terminer  contre  les  murs  des  fourneaux  » 
comme  on  voie  d  la  lîgurc  troifièmc. 

Kn  arrangeant  voire  Charbon  dans  le  fourneau  pour  en  former  le 
cas  dont  nous  venons  de  parler,  vous  aurez  foin  de  lailTer  au  centre 
un.  trou  de  fept  i  hait  pouces  fur  toute  la  hauteur  du  ras ,  que  vous 
remplirez  à  mefure  avec  de  menus  branchages  de  bois  fec  ou  autrej 
matières  combuftibles  \  c'eft  en  allumant  ces  n^aticres  qu'on  met  le  feu 
ftu  fourneau,  comme  nous  le  dirons  dans  la  fuite. 

Après  avoir  chargé  vorrc  fourneau  â-pcu-prcs  de  la  manière  que  Is 
iiguie  troîGcme  le  rcprcfenre  ,  en  fuîvanc  l'ordre  que  nous  venons  de 
prefcrire  pour  U  dilpulition  des  couches  ,  vous  egaliferez  de  votre 
mieux  le  tas  fur  toute  fa  furface  ;  en  fuite,  vous  le  couvrirez  avec  du 
pouflîer  de  Charbon  donc  on  ne  manque  jamais,  (oit  des  débris  des 
cultes  prÂcdentes,  fuit  autour  de  la  minej  car  il  eft  indifférent  que 
le  pouilict  foie  du  Charbon  crud  ou  de  celui  qui  a  été  cuit  ;  le  plus 
Bn  eft  le  meilleur:  vous  ferez  cette  couverture  d'enviton  deux  doigts 
d'épaitrcur  ;  elle  fe  trouve  ordinairement  un  peu  plus  cpaifîe  vers  le 
bas  du  ras ,  ce  qui  n' eft  pas  un  mal  j  vous  calquerez  légèrement  cette 
couverture  avec  1e  plat  d'une  pelle,  pour  que  l'atfkion  du  feu  ne  la 
dérange  pasi  il  fcroic  même  très-bien  de  mouiller  ce  fraiïcr,  &  d*en 
faire  une  efpèce  de  mortier  ,  qu'il  feroit  beaucoup  plus  aifc  d'appli- 
quer Se  d'arranger  fur  le  ras  ,  ce  qui  en  outre  fcroic  une  cfpcce  de 
croûte  ,  en  fe  dclïcchant ,  qui  ne  fe  dérange  plus;  il  eft  vrai  que  cette 
croûte  forme  un  grand  nombre  de  petlres  fentes  j  mais  ces  crevallès 
favorifcnt  admirablement  la  fortie  de  la  fumée  ,  fans  laitier  échappée 
la  flanvne,  ce  qui  eft  elîentiel. 

i^lafait,  prenez  une  pelletée  de  braife  ou  de  ClV.irbon  de  bois  allume  ^ 
&  la  jettez  fur  les  menus  branchages  qui  remplilPent  le  trou  qui  eft 
au  centre  de  la  meule  .  que  vous  aurez  foin  de  ne  pas  couvrir  Je  fir^ 
fier.  Dès  que  vous  vous  appercevrez  que  votre  bois  eft  bien  ajlumc  > 
&  qu'il  torme  de  la  riinime  ,  vous  couvrirez  le  trou  avec  un  gros 
morceau  de  Charbon  ,  qui  lailTèra  alTez  d'air  pour  que  le  bois  contmuc 
de  brûler.  A  mefure  que  le  feu  defcend  en  bnilanc  le  bois  ,  il  allu- 
me le  Charbt>n  de-terre  nui  lui  eft  conrigu  ,  &  qui  alors  commence 
i  brûler  par  le  centre  du  fourneau ,  Se  s'étend  peu-i-peii  X  l'entour  fut 
toute  fa  nautcur. 

La  ptemièce  accemion  qu'il  faut  pour  bien  rcuftic  dans  cette  opération  > 


SUR  VffiST,  KATVREllË  ET  LES  ARTS.     J4t 

c'eft  de  bien  prendre  carde  que  le  fou  ne  gagne  pas  plus  d-'un  côté  que 
de  l'autre ,  &  qu'il  s  cloigne  par-tout  également  du  centre.  I  orfqu'on 
s'apperçoit  qu'il  gagne  d'un  côté  plus  que  de  l'autre  ,  il  faut  fermer  oa 
boui:her  la  porte  de  la  rigole  du  côte  où  le  feu  avance  trop;  ce  qui 
ôte  Tair  de  ce  côte,  &c  arrête  le  progrès  du  feu. 

Si,  pendant  le  travail,  on  s'apperçoit  que  le  feu  devient  trop  vio- 
lent dans  toute  l'étendue  datas,  il  faut  Doucher  toutes  les  ouvertu- 
res des  rigoles  ;  pout-lors ,  le  fourneau  n'ayant  plus  d'air,  le  feu  dimi- 
nue en  trcs-peu  de  rems.  Pour  cet  clfec,  il  faut  que  les  portes  des  rigo- 
les en  dehors  du  fourneau,  foienc  munies  chacune  de  leur  bouchon, 
qu'on  ouvre  ou  qu'on  ferme ,  fuivant  que  les  circonftances  l'cxigenr. 

L'ne  autre  attention  également  importante  ,  c'eft  d'avoir  le  plus 
grand  foin  que  la  fl.\mme  ne  forte  pas  audelTus  du  ras  ;  Qc  lorf- 
qiie  cela  arrive,  il  faut  y  jettcr  une  pelletée  de  frafier  ;  mais  lorfqu'il 
fe  forme  quelques  trous  un  peu  confidcrabtes ,  on  peut  les  couvrir  avec 
quelques  tuileaux ,  ou  mieux  encore  avec  du  fraher  mouillé;  car  on 
peut  être  atTuré  que  toutes  les  fois  que  la  riimme  fc  fait  îles  ilFues  Se 
fort  du  tas ,  il  fe  confomme  du  Charbon  qui  fe  réduit  en  cendres ,  ce  qui 
forme  un  déchet. 

Ou  reconnott  que  le  Charbon  eft  cuit  &  bien  épuré  aux  marques 
fuiviiites.  Ce  n'eft  que  vers  la  fin  de  l'opt-ration  que  l'odeur  du  fou- 
fre  fe  £iic  fencir;  jufques-U,  le  fourneau  jette  une  fumée  noire  Sr  épailTe 
qui  rend  une  forte  odeur  de  bitume  ou  d'afphalce  ,  oui  dure  jufçîu'i 
ce  que  la  partie  bicumineufe  foie  confommée  ;  alors,  la  fumée  devient 
bleuacre  &  cranfparente ,  &  l'odeur  du  foufre  fuccèdc  à  celle  d'af- 
phalte.  A.  mcfurc  que  le  foufre  fe  dilîipe ,  la  fiimée  diminue  &  devient 
blanche  -,  &  des  qu'il  uV  a  plus  d'odeur  de  foufre ,  Se  que  le  cas  ne 
rend  prefque  plus  de  fumée  ,  on  peut  conclure  que  le  Chnrbon  eft 
entièrement  épuré  Se  qu'on  peut  le  retirer.  On  bouche  alors  rous  les 
endroits  par  où  il  fume,  avec  du  fraficr  ,  on  ferme  les  portes  des  rigo- 
les ,  afin  que  le  feu  s'éteigne^  &  au  bout  de  fepr  à  huit  heures  on  le 
retire. 

Il  faut  avoir  pour  cet  effet  des  râteaux  de  ftr  i  longues  dents  vm 
peu  recourbées.  Ces  onrils  fonc  foiT  commodes  pour  ccïte  opération  j 
il  faut  s'en  fervir  légèrement  pour  ne  pas  brifer  les  Charbons  cuirs, 
qui  font  alors  tendres  &  friatles.  A  mefure  qu'on  retire  le  Charbon 
hors  du  fourneau,  on  Pétend  fur  l'aire  qvii  eft  autour,  où  il  s'éteint 
de  lul-mcme  en  très-peu  de  tems;  &  lorfqu'ilcft  parfaitement  refroidi, 
on  le  poneau  magafin.  Cette  opérarion  dure  depuis  trente-fiz  jufqu'i 
quarante  heures  de  feu ,  &  mcme  plus,  fuivant  U  qualité  dcsCnar- 
bons  qu'on  emploie. 

Deux  hommes,  un  de  jour  &  un  de  nuiCi  fuâifcut  pour  conduire 


i4i       OBSEKrATlONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

&  veiller  au  travail  de  trois  fourneaux  ;  mais  il  en  faut  un  croifième 
pour  leur  aider  à  charger  &  décharger  le  fourneau  ,  &  pour  préparer 
le  fralier  &c.  On  peut  charger  dans  le  fourneau  »  tel  que  celui  que 
nous  venons  de  décrire ,  cent  foixance'dix  i  cent  quacre-viiigt  quia' 
taux  de  Charbon  crud,  plus  ou  moins,  fuivam  la  qu.\licc  deCnaroon  , 
&  on  retire  folxAntc  i  loixatitc-dix  quintaux  de  Charbon  cpuic.  On  a 
remarqué  que  ce  folllle  n'cft  par^icemcnt  cpurc,  &c  propre  à  erre  uù- 
Icnienc  employé  dans  les  travaux  des  forges  à  fer,  que  ïorfquil  a  fuhl 
cette  diminution  de  poids.  Mais  il  s'en  uut  de  beaucoup  qu'il  perde 
auunc  de  fon  volume,  car  au  fraïier  près,  on  en  retire  prelque  autant 
de  mefurcs  étant  cuir  qu'on  en  avoït  mis  étant  crud,  éc  i  la  fonte  , 
il  fuifonne  beaucoup  plus  que  le  Chatbon-de-bois.  Telle  eft  la  manière 
de  defioufrer  &  de  préparer  le  Chatbon-de-terre  ,  pour  le  rendre  pro- 
pre à  être  employé  à  différens  ufages  ,  auxquels  il  ne  fauroit  fcrvir 
î.ins  cette  dépuration.  Nous  avertirons  ici  que  toutes  tes  fois  qu'on 
charge  de  nouveau  le  fourneau,  il  convient  d'examiner  fi  les  rigoles 
ne  iont  point  embarraifées ,  ce  qui  eft  facile;  car  il  ne  s'agit  pour  cela 
que  de  lever  quelques-unes  de^  briques  qui  le  couvrent.  11  arrive  auilî 
quelquefois  que  le  fable  devient  humide  Se  huileux  pat  le  bitume  quî 
y  ppiiècrc,  il  faut  alor&  le  changer. 

Si  on  Êïit  bouillir  dans  de  l'eau  le  Tible  quî  a  fervi ,  Se  qui  cil 
imptcj;nc  de  bitume,  on  en  retire,  en  écumant  la  furfa<.e  de  l'eau , 
une  efpcce  de  goudron  qui  efV  excellent  pour  grailTer  les  voitures  ; 
mais  il  faut  le  ratîner  auparavant^  ce  qui  fe  fait  en  le  faifant  bouillir 
i  petit  feu ,  jufqu'à  ce  que  toute  l'eau  qu'il  renferme  foit  évaporée  j  fie 
gu'il  prenne  la  conHlliance  d'une  huile  graife. 

On  nous  demandera  peut-être  pourquoi  on  n'avoir  pas  pu  jcifqu'ici 
paivcnir  à  épurer  alTez  le  Uharbon  ,  pour  l'employer  avec  fuccès  aux 
iravaux  des  forges  à  fer,  qui  ont  toujours  été  le  but  principal  de  ces 
recherches,  puifque  notre  méthode  diffère  très-peu  de  celle  qu'on  em- 
ploie en  Angleterre,  où  l'on  cuit  le  Charbon  à  pcu-pr^s  comme  celui 
de  bois  ,  &:  où  cependant  cette  dépuration  ed  imparfaite;  nous  ré- 
pondrons à  cela  que  la  raifon  en  cil  crcs-lîmple ,  &  nous  l'avons  dcjl 
fait  apperccvoir.  En  faifant  les  meules  de  Cnarbon  tout  fimplcment 
fur  un  terrein  uni ,  comme  on  a  fait  jufqu'ici,  les  couches  inférieures 
ne  peuvenr  point  recevoir  une  chaleur  alfez  forte  pour  en  confumer 
h  partie  bimniinciirc ,  &  moins  encore  pour  dilTiper  la  partie  fulfu- 
reufe  ;  car  il  cH  de  tait  que  le  foultc  ne  s'en  fcpare  qu  après  que  te 
bitume  eft  confumé.  Cette  cltcouftantre  nous  feroit  en  quelque  forte 
foupiçonner  que  la  partie  birumineufe  ne  dcpofe  fon  acide  ,  que 
lurfqu'ellc  efl  entièrement  artcnuécpar  le  feu,  &  qu'alors  cet  acide  fe 
^ijmbinant  avec  la  partie  inBammabfc,  forme  le  foufrc,  qui  ne  peut 


SUR   VHIST,  NÀTVREllE  ET  LES  ARTS,     34, 

point  s'exhaler  qu'après  qu'il  a  ccé  formé;  &  cela  piroît  d'autanc  plus 
vraifeniblable ,  qu'il  ne  hiuc  qu'un  léger  degré  de  reu  pour  dcg.iger  le 
foufte  des  fubft.mces  minérales  qui  le  retcleiir. 

Il  réfulce  de  coures  ces  rciïexions,  que  C3in  qu'il  y  a  du  bicume  d.ins 
les  couches  inférieures  des  tas  qu'on  forme  fur  le  terrein  ,  le-  foufre 
ne  peut  point  s'en  fcparer  6i  que  pir  cette  méthode  on  n'obtien- 
dra jam:iis  du  Charbon  fuffifan:nitiu  cpurc.  a  thofe  eft  en\.'ore  moins 
pollibU*  dans  les  vailleaux  fermés ,  donr  on  fait  ufage  dans  quelques 
cndroirs  de  l'Allemagne  &  en  Ecolîe  ,  où  l'on  proHre  d'une  partie  du 
bitume  &:  de  l'huile  que  le  Ch.nbon  renferme  ,  pAfce  que  le  feu  n'y 
2  jjmais  allez  d'iiuuniîté  pour  confumcr  la  loulité  de  la  pairie  bitu:ni- 
neufe  qui  dottne  lieu  ^  U  formation  du  fuufre;  &  ce  neffe^qu'à  U 
faveur  des  rigoles  que  nous  avon!>  pratiquées  au  delTuus  du  fol  de  notre 
fourneau,  quou  ptut  porter  de  l'air  dans  tout  le  tas  de  Clurbun  qu'il 
renferme ,  Se  y  maintenir  un  feu  partout  égal  ^  &  ce  n'eft  qu'en  mé- 
nageant une  retraite  au  bitume  qui  peut  en  découler  dans  le  fable 
placé  dans  les  intervalles  des  rigoles  ,  qu  on  peut  parvenir  à  épurer 
patfaitcmenc  ce  follite  ,  &  i  le  dépouiller  des  fublunces  qui  nuifenc 
d  la  tonte  des  minéraux. 


EXPERIENCES 

Sur  La  poufliùrc  fcminalc  des  PUntcs, 
Pur  S.  Ch.  E,  de  la  Société  des  Amis  Scrutateurs  de  U  Nature ,  de  BvUni 

J  L  ^  3  environ  it  ans  qu'une  difTercation  du  ProfcfTcur  Rcffners,  in- 
férée dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Hambourg,  fur  la  pouf- 
/ière  féminaJe,  m'avoic  vivement  touche  ,  61:  déterminé  pour  ainn  dire 
d  me  livrer  particulièrement  à  ce  genre  d'étude  ^  je  commençai  mes 
expériences  par  deux  fleurs  de  ditférence  n.uure  ,  connues  fous  le 
nom  de  {Jalappa  mirtibtlts  )  ^  je  les  ai  choifies  préférablemenc  à  t.»ute 
autre  ,  parce  qu'elles  ont  quelque  chofe  de  particulier  ;  le  foir  on  les 
voit  s'ouvrir  aullî-tôr  que  le  foleil  difparoît  âc  le  lendemain  elles  fe 
referment  aux  premiers  rayons  de  cet  aftre  1  en  confcquence  lapouf- 
/îèie  féminale   de  ces  plantes  eft  formée  en  très-peu  de  tems. 

On  en  diltingue  de  deux  erpèces  -y  la  grande,  appellée  (  mirahilis  ht' 
gi/i  Td  )  qui  rcpand  une  odeur  fort  agréable,  fut  jadis  introduite  dans 
nos  jardins  lous  le  nom  de  {jalappa  meri<ana*j  Cette  plante  diffère 


344       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

des  belles-de-nuit  ou  mirabelles,  { Jlos  mirahi/is  ,  )  par  ia  tige  de  iroîs 
ou  quatre  pieds  de  hauteur»  par  fes  feuillcâ  tapiflccs  de  duvec,  gluin- 
tces  &  d'un  vetd  grisâtre. 

Je  couçus  l'idée  de  tranfporter  la  pouflicre  fcminale  d'une  de  ces  fleurs 
fur  une  autre  d'efpcce  différente,  Ljfpécant  eii  obtenir  une  graine  qui 
J'annce  d'enfuite  produiroic  des  mirabilis  d'un  cenre  nouveau.  Comme 
ces  plantes  portent  des  fleurs  qui  jouiflent  a^ii  propriétés  des  deux 
fexes,  la  petite  efpcce  me  fournit  de  la  graine  màlt; ,  6c  la  grande  de  la 
graine  femelle. 

Je  Tuivis  cette  expérience  pendant  plus  de  deux  mois  confécutifs 
avec  la  plus  grande  cxa^ituae,  &  j'obtins  iureniiblcmeiu  quelques 
grains^e  femencequi  croient  parvenus  au  point  de  maturité.  Cette  graine 
avoir  beaucoup  d'analogie  avec  celle  de  la  grande  efpèce.  J'obfervaî 
avec  une  attention  rigoureufe  le  momenr  où  le  calice  de  la  Heur  alloic 
s'ouvrir ,  aHn  de  ne  perdre  aucun  grain  ;  auflî ,  quand  la  fleur  fut 
pafféc,  je  me  trouvai  en  pofleflîon  d'une  douzaine  de  grains  lecueilUs 
iuc  chaque  fleur  ^  j'en  diflcquai  un  par  curioficc  &  j'y  remarquai  d'une 
manière  fenlîblc  le  germe  de  la  plante  déjA  animé. 

Sur  les  onze  grains  que  je  femat  de  chaque  plante ,  j'en  vis  lever 
cinq  y  &i  parmi  ceux-ci  j'en  remarquai  un  pnncîpalemenr  qui  par  Ces 
feuilles  y  les  nuances  de  fa  couleur  &c  fa  erandeur  ,  fembloir  former 
l'efpcce  mitoyenne  que  je  chetchois  i  produire.  Maïs  les  autres  fcm- 
bloient  s'éloigner  un  peu  de  l'efocce  de  la  plante  gcnérativê. 

De  toutes  ces  planres  une  feuic  parviiu  à  la  forme  naturelle.  Elle 
porcoic  le  caraâ:ère  d'une  origine  mélangée.  Elle  étoit  plus  grande , 
mais  moins  couverte  de  feuilles  que  les  mirahiiis  de  la  petite  efpcce» 
plus  petite  &  plus  chargée  de  branches  que  celles  de  la  grande  efpcce. 
1.ÙS  feuilles  &  la  tige  écoient  couvertes  d'un  peu  de  duvcc,  &  la  cou- 
leur approchûit  affez  d'un  vert  brun  teluifanr.  Pendanr  la  croilfancey 
les  feuilles  de  cette  plante  porcageoient  les  attributs  des  plintes  des 
deux  efpcces.  La  queue  de  ces  fleurs  avoir  trois  fois  moins  a'éIcv.ition  ^ 
que  celle  des  grandes  mirabiiis  ;  elles  croient  couleur  de  pourpre , 
mais  pour  la  faveur  &  l'étendue  de  l'ouvcrrutc,  elles  avoiem  beaucoup 
dnnalogie  avec  les  pecircs  mirabilis. 

Non  content  de  cette  expérience  ,  j'en  centiii  une  nouvelle  :  je 
tranfpcrtai  fur  cette  plante  hybride  ta  pouflicre  féminale  de  l'efpcce  » 
qui  l'année  d'auparavant,  m'avoic  procure  la  graine  mâle.  Mais  je  ne 
pourfuivis  point  cette  tentative  avec  affez  de  précautions ,  je  ne  fis  que 
répandre  cette  poutËcre  fémiiialc  fur  différentes  fleurs  iâns  enlever  le 
calice.  L'été  fiit  très-humide  &  j'obtins  rtcs-pcu  de  graine  en  maturité. 
Cependant  parmi  routes  les  fleurs  produires  par  cette  nouvelle  graine, 
j'en  remarquai  Tannée  d'enfuite  d'une  efpèce  encore  toute  différenra 
des  aunes  ^  néanmoins  je  n  ofexois  affurer  que  cette  nouvelle  prodoc- 

hoQ 


SÛR  L'HfST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS,     j4j 

tlon  foie  un  cffêc  de  ma  derincre  combinaîfon  de  graine ,  parce  que  le 
fait  ne  me  paroîc  pas  bien  conftaté.  Quoi  qu'il  en  foir,  quelqu'une 
de  ces  fleurs  avoienc  des  feuilles  très-petites  ,  les  autres  au  contraires 
cxtraordinairement  grandes  \  la  tige  des  unes  étoit  il  petite ,  qu'on  pou- 


»•■    -  —  —  ■  — —  -    —    I -'»  —    -— --  — _•—_.._ 

qui  excita  particulièrement  ma  curiofîtc  \  le  calice  &  les  feuilles  étoient 

)lus  jaunes  que  verts  ;  elle  porcoit  des    fleurs    d'un    jaune  de  fou- 

re ,  éc  le  fcul  grain  de  fenience  que  je  pus  en  retirer ,  ctoic  long , 

rylindrique  &  de  couleur  jaunâtre. J'en appcrçus  cnfuite  une  autre, dont 

la  fleur  par  fa  forme  Se  fa  grandeur  ,  reflembloit  aux  fleurs  connues 

'ibus  le  nom  de  (  quamalitipomea  ), 

J'eus  le  dcfagrément  de  ne  pouvoir  obtenir  aucune  graine  de  ces  dif- 
férentes plantes  ;  &  même  l'efpèce  ordinaire    ne   m'en  fourni:    que 
*trcs-peu  ,  fans  doute  parce  que   l'Eic  Se  l'Automne  avoient  ctc  cxtrc- 
•mement  pluvieux.  C'cft  à  cette  époque  que  je  dois  rappelltr  la  perte 
'de  mes  plantes  hibridoij  parce  que    je  n'avois  pas  pris  la  précaution 
de  les  couvrir  de  fumier ,  &  qu'ayant  donné  au  Jardinier  une  partie 
de  la  graine,  il  la  fema  dans  un  herbage,  où  les  plantes  qui  commen- 
^j;oient  à  fortir  de  terre,  furent  écouflees  par  les  herbes  j  &  s'il  eu  étoic 
reftces  quelques  unes ,  il  n'en  retira  point  dcjgraîne.  ! 

Telle  cfl  l'hifloire  de  mes  expériences  fur  la  pouflicre  ftîmÎDale ,  Sc 
la  nouvelle  cfpéce  de  plantes  d  qui  j'ai  donné  pour  ainfi  dire  l'eicif- 
teiicc.  Ces  obfervations  furent  très-bien  accueillies,  dans  le  tems ,  des 
plus  habiles  Botanides.  Notre  célèbre  ProfelTeur  Gledatfch  me  flt  à 
cette  occafion  un  compliment  trèS'Hatteur ,  &  entreprit  peu  de  rems 


.peu ,  ce  crcs-cxpérunentc  en  iJotanique ,  accompagne 
d'un  rare  mérite,  m'a  fair  fouvent  l'nonneur  de  venir  me  voir ,  pour 
Lonnoïtre  exaftemcnr  le  rcfultat  de  mes  expériences.  Quant  i  moi,  je 
fus  irès-fatis^it  de  l'effet  que  produifit  le  mélange  de  ces  deux  graines 
différentes  \  je  ne  regrette  qu'une  feule  chofe  ,  c'eft  de  ne  pouvoir 
xnoncrec  à  prcfent  ^u'un  échantillon  deflcchc  des  nouvelles  mirabilis^ 


SQt 


Tùtnt  Xir ,  Part,  //.  1 77  9.         A'  0  TE  MB  RE.      Yj 


^4^        OBSERVATIONS   SUR  LA  PHYSIQUE^ 


LE     T    T    R    E 

De  M.  DE  MoRVEAU,  aux  Auteurs  de  ce  Recueil; 

Sur  un  Phénomène  qui  intlrtjfe  t  Art  de  la  Verrerie  &  la  théorie  de  la 
Vicrijîcation  ,  &  fur  le  peu  d'a3'a>n  de  V acide  fhofpboriqué  fur  Us  terres  ^ 
eemme  fondant  vitreux, 

JVJessieurs,  robfervitîon  que  je  crois  devoir  vous  communiquer 
"t  écc  faite  .iu  laboraroire  de  rAcaticmiedeDijoii,ïl  y  a  environ  rrois  mots. 
Onavoirdirtnbui  djns  des  boiueilles  ordinaires  le  refte  d'un  grand  t^acoa 
^'acide  victiolique»  connu  dans  le  commerce^  fous  le  nom  à'huile  de 
vùriol,  qui  venoic  des  Fabriques  de  Rouen  ;  on  vicavet  furprifc  quel- 
ques iourï  après  que  la  furiace  extérieiue  de  auclques-unes  de  ces 
■bouceillcs  écoir  couverrc  d'une  matière  blanche  brillante  ^  cela  donna 
lieu  de  les  examiner;  on  reconnut  bicmût  qu'elles  croient  percces  en 
pluiieuis  endroits ,  de  on  fe  hâta  de  tranfvafer  la  liqueur  dans  d'autres 
vailfeaux. 

Indcpcndammeni  de  la  matière  blanche  qui  fe  rrouvoit  au-dchor$ 
Jes  bouceilles,  nous  remarquâmes  encore  dans  l'intcricur  une  quan- 
ticé  de  petits  cônes  courts,  très- réguliers  &  folidcs ,  fonncs  de  la  mê- 
me fubAaiicc ,  les  uns  ifolcst  les  autrcr  croupes  Se  ferres  de  manière 
à  empiéter  réciproque  mène  fiu  leur  bafc  j  d'autres  enfin  rangés  en  fuites, 
comme  des  grains  de  chapelet  ^  tous  ctoient  très-adhcrens  par  lcur"bnfe, 
&  cette  bafe  plus  ou  moins  convexe,  fui  vaut  que   le  verre  avoir  été 
entimc  plus  ou  moins  profondément  j  quelquefois  mcme  le  verre  croit 
percé  d'un  petit  rrou  au  centre  de  la  partie  rongée  ,  &:  c'ctoit  par  ces 
nous  qu'avoir   paflé  l'acide  qui  avoit  de   mcme  corrodé   en  ditférens 
points  la  furfjce  exccrieure  ,  y  lailfant  feulement  un  enduit  irrcgulier 
6c  qui  n'avoir  nulle  refTemblance  pour  la  forme  avec  les  cônes  de 
l'intcrieur. 

Après  avoir  été  témoin  de  ce  fait,  vous  jugerez  aifémenr,  Meffieurs, 
ce  que  j'ai  dû  penfer  de  la  brillante  hypothcfe  par  laquelle  on  a  cher- 
ché à  expliquer  le  mcme  phénomène  dans  la  correfpondance  minéra- 
logique  de  deux  DoÛeurs;  (Tom.  1.  pae.  207.)  comme  on  avoit  mis 
en  mcme-iems  dans  la  bouteille  qui  a  donné  lieu  d  leur  obfcrvation 
du  bleu  de  PrutTc  avec  Tacide  ,  il  falloir  bien  qu'il  jouât  un  rôle  dans 


SUR  L'HISJ,  NATURELLE  ET  LES  ARTS      ^7 

rexpUcaciou ,  S<  ce  rôle  eft  devenu  !e  principal ,  grâces  ù  la  facilicé  que 
ptctoic  cette  fubfbnce  à  ramener  fur  la  fcène  T'acidc  phofnhorique  : 
ain/î  3  Aiivanc  la  nouvelle  dodcine.  >»  l'acide  vitriolique  a  dû  fournie 
«  afTez  de  phlogiftique  à  l'acide  phorplioriquc  du  bleu  de  Prulîè  pouc 
w  en  dégager  cet  acide  à  rénc  d'acide  phorphorique  volatil  fumanc, 
»  qui  a  uon-feulement  corrode  le  verre  &  produit  par  cette  corroHoa 
»  les  petits  cônes  blanchâtres ,  mais  encote  moditîc  la  terre  abfotbante 
»  de  l'alkali  qui  lui  fervuit  de  bafe  ,  au  jpoint  de  lui  donner  les  pco* 
»*  prictcs  de  la  terre  abfotbante  alumincuA:». 

Tout  cela  paroifToit  fi  naturel  ,  fonde  fur  des  rapports  fi  évidens, 
fur  une  analogie  fi  fubliniej  que  j'ai  vcricablcmeiu  regret  à  vous  annoncer 
que  nous  avons  eu  les  mêmes  effets  fans  employer  de  bleu  de  PrulTe  y 
fie  par  conféquenc ,  fans  l'inrervention  de  ce  merveilleux  agent  auquel 
on  a  donné  le  nom  d'acide  phofphorique  ;  je  nc  m'y  détermine  que 
parce  que  le  fujet  intérelle  un  art  utile,  &  que  c'ell  rendre  fervice  à 
ceux  qui  l'exercent ,  que  de  les  mettre  en  garde  contre  des  fyftcmes  qui 
lie  pourroient  que  les  égarer.  ' 

Ify  a  long-tems  que  l'on  a  reconnu  que  certains  verres  fe  lailluient 
attaquer  par  les  acides  ^  fioyle  rapporte  qu'ayant  confetvé  de  l'cfpric 
de  fel  dans  une  bouteille  ,  il  corroda  le  verre  jufqua  le  rendre  auflî 
mince  que  du  papier ,  &  qu'il  fe  forma  aux  endroits  altérés  une 
croûte  faline  cpailfe  (i)  j  on  trouve  dans  le  Recueil  des  Mémoires  de 
TAcadémie  Royale  des  Sciences  pour  les  années  17x4  &  1717  ,  des 
expériences  de  MM.  Geoffroy  leCadec  &  Dufay,  fur  les  matières  qui 
entroient  dans  la  compofitîon  de  quelques  cfpèces  de  verre ,  Se  qui 
le  rendoient  fufcepcible  d'être  attaqué  ,  même  i  froid,  par  les  acides; 
enfin  il  n'eft  que  trop  ordinaire  de  trouver  encore  aujourd'hui  dans 
le  commerce,  des  bouteilles  de  mauvaife  qualité  qui  gâtent  te  vin  en 
très-peu  de  tems,  en  donnant  prife  à  fon  acide  :  c'efl  ce  qui  engagez 
M.  Maret  à  publier  dans  les  AiSches  de  Bourgogne  ,  du  9  Mars  der- 
nier ,  un  procédé  i  la  portée  de  tout  le  monae  >  pour  s'affurer  de  U 
qualité  des  bouteilles ,  ôc  ce  procédé  c^fifte  tout  fimplement  i  les 
mettre  à  l'épreuve  de  l'avion  des  acid^^  Si  notamment  de  t  acide 
vitriulique  anoibli  qui  rend  l'eft'et  plus  prompt  6:  plus  fcnfible. 

U  importe  donc  de  ne  p.15  lailïer  croire  aux  Verriers  qu'il  n'y  aie 
réellement  que  l'acide  phoiphorinue  qui  puifie  attaquer  le  verre,  quelle 
qu'en  foit  la  compofition  &  la  fabrication;  &  puifque  le  phénomène 
oonc  il  s'agit  me  conduit  à  leur  indiquer  des  principes  plus  vrais» 
plus  génccateraenc  avoués  ,  je  ne  puis  me  difpenfer  de  les  prévenir 


(i)  Dt  eorporaai  folidorum  porojitate  ck.  S. 

1779.      NOVEMBRE, 


Yyi 


)48        OBSERVATIONS  SVR   lA   PHYSIQUE^ 

encore  contre  deux  points  de  théorie  enfeigncs  par  les  mcn>es  Doc- 
teurs ,  l'un  que  l'acide  phofphotique  contient  le  vrai  &  feul  principe 
de  1.1  vitriScarion  ,  l'autre  que  le  verre  devient  attaquable  par  les  aci- 
des lorfqu'il  a  éprouvé  une  trop  longue  cuilfon. 

»**.  11  fêroic  po/lible  que  l'acide  phofpliorique  purfùt  un  très-bon 
difTolvant  des  terres  pr  la  voie  sèche,  fans  qu'il  en  réruUât  feulcmeni 
une  probabilité  que  cec  acide  cft  le  principe  unique  de  la  vitrification  , 
foit  par  lui-incme,  foie  par  fa  difpoiicion  à  palTer  à  lUtni  iTûiiAc  phof- 
phoriijus,  comme  le  difent  nos  Auteurs  j  mais  ce  qu'il  y  a  ici  de  bien 


l'acide  dont  je  me  fervis  avoir  été  retiré  du  phofphore  par  déliquef- 
cenre  ,.  je  l'avois  réduit  par  une  forte  cvâporation  à  une  confiftance 
sèche  &  prefque  folide  ,  je  le  mclai  en  cet  état  avec  le  fable ,  il  fut 
expofc  dans  un  creufec  pendant  deux  heures  au  feu  le  plus  violent  du 
fourneau  de  M.  Macouer ,  &  cependant  il  ne  fut  pas  fondu  ;  on  ne 
trouva  qu'une  maffe  blanche»  poreufe,  opaque  &  tellemant  rcfraâaîrer 
que  partie  du  creufec  qui  avoir  coulé  dellu«  par  la  violence  du  feu, 
en  un  verre  bien  fondu  de  couleur  verte,  n'avoir  pu  par  fon  concaû 
déterminer  la  fufioii. 

Je  ne  m'arrèrer.ii  pas  ^  vous  fiiire  remarquer  que  l'acide  phofpho- 
rique  ne  peut  palfet  i  l'état  de  pho/pkoriquc  ifné  y  fans  perdre  fa  fixité; 
que  dcs-lors  il  ne  peut  erre  après  cette  combinaifon  le  principe  du  U 
vitrification  ;  il  y  auroit  bien  d'autres  clfofes  i  dire  fut  ce  nouveau 
iyftcme  i  robfervarion  que  je  viens  de  r.-^porter  me  paroît  fulïîfinte 
pour  défabufer  ceux  qui  voudront  mettre  un  peu  d'accord  entre  les  faits 
&  les  raifonnemens ,  &  les  ramener  à  une  théorie  moins  con)eâuraIe 
&  plus  (Impie,  fuivanc  laquelle,  c'eft  le  feu  lui  mcme,c'eft-à-dire  la 
chaleur  actuelle  qui  fans  le  fecours  d'ancun  acide  ,  d'aucun  autre  lîuide , 
eft  le  principal  dillôlvant4|ans  coures  les  vitrifications;  qui  vitriiieroit 
tout  s'il  pouvoir  être  atreHonccntré  ;  qui  agît  plus  ou  moins  fur  les 
dilKrcntes  fubftances  fuivant  leurs  affinités  ,  d'où  vient  que  nous  appel- 
ions les  unes  fufiblcs  ,  les  autres  réfra£taires  j  que  nous  employons 
les  premières  comme  fondants  des  derrùètes ,  ou  que  nous  modifions 
leurs  propriétés  par  des  mélanges. 

i".  On  avoit  penfé  jufqu'i  préfcnt  que  Ic  vefte  de  meilleure  qua- 
lité ,  fur-tout  pour  rcfiftcr  aux  acides ,  croit  celui  auquel  on  avoit  fait 
éprouver  une  plus  longue  cuilTon ,  parce  qu'il  y  reftoit  d'autant  nioins 
de  matières  fondantes  &  que  c'êcoit  par  la  volatilifation  de  ces  mê- 
mes matières  qu'il  acquéroit  enfin  une  forte  d'opacité  ;  feroii-il  donc 
vrai  qu'il  fallût  abandoiuiet  ces  principes  de  recomnundcc  aujuiitd  ha 


Sl/R  VffIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     54? 


dor 


faifions 


aux  Faliricans  une  praciqae  dont  nous 
cjuelle  l'cconoinie  dti  tems  Se  du  bois  fembloit  déjà  les  rendre  trop 
enclins  ?  dou-on  rtaindre  en  un  mot,  comme  l'aifurent  les  Auteurs 
du  nouveau  fyftcme,  que  l'alkali  qfti  fert  de  bafe  au  verre  fe  décom- 
pofe  par  une  trop  lonpae  cuilfon ,  pa(îc  i  l'ctat  de  terre  abforbanic  & 
devienne  ainfi  art.iquable  par  les  acides?  L'expérience  fuivantc  va  rc- 
foudre  cette  queftion  trop  importante  pour  la  Uiirer  plus  long-tems 
problématique. 

J'ai  mis  dam  un  creufet  deux  onces  du  verre  de  la  même  bouteil- 
le qui  avoJt  produit  les  cônes  précédemment  décrits,  je  l'ai  tenu  pen- 
dant trois  heures  an  plus  grand  feu  de  vitrification  y  la  matière  après 
celte  opération  n"a  plus  été  attaçince ,  ni  d  froid ,  ni  à  cluud  par  les 
acides,  pas  même  par  l'acide  vitiioltquc,  foit  concentré,  foit  délayé, 
&  quoiqu'elle  y  foit  reftée  plufieurs  jours  de  fuite. 

j**.  Mats  Cl  l'acide  phofp borique  n  a  aucune  part  à  notre  phénomène', 
fi  ce  n'eft  pas  l'excès  de  culllon  qui  peut  tendre  le  verre  attaquable 
par  les  acities,  il  n'cft  pas  moins  important  d'en  rechercher  la  vraie 
caufe,  puifquelie  feule  peut  indiquer  les  moyens  decotrigeruu  dcfauc 
auflî  ellenticl  dans  la  fibricacion. 

M  M.  Geoffroy  le  Cadet  &  Dufay  fo  font  fpécialement  occu- 
pés de  cet  objet  dans  les  Mémoires  que  j'aidéji  eu  occafiori  de  citer  ; 
mais  ils  ne  nie  paro'uTcnt  pas  avoir  mdiqué  les  véritables  caufes  im- 
médiates de  cette  iniperfeclion.  Le  premier  croit  qu'elle  vient  d'un 
principe  alumineux,  c'eft-à-dire  »  fuivanc  lui,  d'une  efpèce  de  terre 
p.irticii-licre  qui  abonde  dans  le  fable  &  dans  les  cendres  dont  on  fait 
ces  mauvais  vertes^  il  fe  fonde  fur  ce  que  fes  expériences  par  l'acide 
du  vitriol  lui  ont  donné  des  cryftaux  d'alun ,  Se  t^a'U  ep  difficile  d* 
nproduin  et  fd  que  de  fa  proptt  terre. 

Le  fécond  ariribue  cette  mauvaife  qualité  exclufivement  à  la  nature 
des  cendres  de  leflîve  Ôc  de  celles  de  vieux  bois ,  qui  ptuvent  avoir 
perdu  in  partie  de  Uurs  fels  Us  plus  propres  à  rendre  te  verre  d'une  tif' 
Cure  phx  forte  y. plus  foUde  &  plus  di^cilc  à  être  pénétrée  par  Us  acides; 
  la  différence  des  cendres  de  branches  vertes  qui  lui  ont  toujours 
donné  un  bon  verre  par  tous  les  mélanges  dans  lefquels  il  les  avoir  faic 
entrer,  en  une  ceruïne  proportion. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  à  reUvcr  ce  qui  a  pu  induire  en.  erfeiK  ces 
Phyficiens,  ni  les  fairs&  les  principes  qui  leur  ont  manque  pour  don- 
ner une  folution  plus  générale  &  plus  iûre  de  ce  problcme  \  on  le 
<omptendta  aifément  par  l'espoûtion  que  je  vais  donner  des  véritables 
caufes  immédiates  de  la  folubilité  du  verre  pat  les  acides. 

Dans  les  Fabriques  de  verre  commun  &  fur-tout  du  verre  de  bot>- 
teilies,  ce  font  les  cendres  de  leilïves  qui  fervent  do  fondant,  non  que 
ces  cendres  aient  plus  de  vetcu  que  le»  cendres  neuves  ^  comme  fêle 


3S0       OnSERK-iTIONS  SUR   LA  PHYSIQUE^ 

perfuaJenc  quelques  ouvriers  qui  n'ont  appris  leur  art  que  par  routine^ 
&  qui  les  jugent  préférables ,  parce  qu'ils  n'en  onr  j.nmais  employé  d'au- 
tres, mais  en  effet  parce  qu'elles  coûtent  moins ,  ioft  qu'on  en  ait  te* 
ciré  le  falin  pour  k's  Manufa<5lures  de  vetre  fin  ,  foit  qu'elles  aient 
fervi  aux  leilivei  domelliques.  Elles  portent  en  plulteurs  endroits  le 
nom  de  Ckarrte. 

Le  fable  victifiable  étant  plus  ou  moins  dur  à  fondre  fuivanr  qu'il 
eft  plus  put  ii.  plus  compaélc  ,  les  proportions  des  fondans  varient  nétef- 
fairementj  fuivant  M.  Dufay  ,  on  employoit  dans  les  Verreries  du 
Nivernois  dont  on  lui  avoit  fourni  les  matières,  fepc  onces  de  cendres 
de  leilivcs  féchées  aux  arches  du  four ,  une  once  de  cendres  du  même 


les  corps  participent  nccerfairement  des  propriétés  des  matières  qui  les 
coinpoiem ,  mais  fur-tout  de  la  propriété  delà  fubftaiice  qui  y  domi- 
ne ^  on  en  a  un  exemple  familier  dans  l'alliage  de  lor  &C  de  l'argent 
qui  devient  foluble  ou  infoluble  par  l'eau -forte  fuivant  les  pro- 
potiions  \  ÔC  il  n*y  a  pas  de  doute  qu'il  n'en  foit  de  même  de  toute 
compolition  virreufe;  cela  eft  prouve  non-fculement  pat  l'expérience 
de  la  liqueur  dies  cailloux  ,  mais  encore  parce  que  fuivant  l'obferva- 
tion  de  M. Cadet  >  le  verre  le  plus  dur,  le  moins  falin  réduit  eu  poudre 
impalpable  etl  décompofé  par  les  acides  minéraux. 

1^.  On  fait  préfentement  que  la  terre  calcaire  exlAe  abondamment 
dans  les  cendres^  pour  en  dérerminer  précifémenc  la  quantité  ,  j'ai  verfé 
de  l'eau  forte  Jufqu'ifacuraEion  fur  quatre  onces  de  cendtes  dont  j'avois 
d'abord  retire  tous  les  fels  par  luiviatîon  ;  la  liqueur  61trce  ,  il 
n  eft  refté  qu'un  gros  dix-fept  grains  de  terre  infoluble ,  &  ayant  ajouté 
dans  la  diliolution  de  l'acide  vitrîolique  ,  jufqu'à  ce  qu'il  n'occalïonnât 
plus  de  précipité,  j'ai  eu  quatre  onceî  quatre  gros  cinquante-un  grains  de 
oetle  félénite,  indépendamment  de  la  terre  de  raagnénequi  eft  demeurée 
didoute  dans  l'acide  vitriolique,  &  qui  n'a  donné  fon  fel  que  par  une 
forte évaporarion.  Ainfi  ,  dans  la  compofition  dont  parle  M.  Dufay,  la 
terre  calcaire  ctoit  dans  une  proportion  plus  que  fextuple  de  la  quan- 
tité de  la  terre  vitrifiable. 

j°.  La  terre  calcaire  en  partant  d  l'état  de  verre  ne  perd  pas  les  carac- 
tères tiui  lui  font  propres,  comme  je  l'ai  établi  (  Tom.  z.  pag.  58  6c 
fuiv.  des  Elémens  de  Chymie  de  l'Académie  de  Dijon,),  &  comme 
Je  prouvetoit  au  befoin  le  fait  même  que  j'examine. 

Aptes  cela,  on  ne  trouvera  fans  doute  plus  rien  d'étonnant  dans  la 
formation  d'une  matière  faline  terreufc ,  très-peu  foluble  dans  une 
bouteille  de  verre  ainfi  préparée;  &  on  ne  fera  pas  tenté  de  recourir 
à  des  fuppoiJtions  peut  -  eue  ingcoieufes  ,  xnzis  uès-gratuites ,  pour 


SUR  VlilST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      jjj 

expliquer  nn  fait  abfolument  concordant  avec  les  principes  les  plus  fa- 
Sniliecs. 

En  mcme-iems  que  les  acides  attaquent  la  terre  calcaire  de  ces  for- 
tes de  verre,  il  s'en  fépare  nccelîâiremenc  une  portion  de  terre  quart- 
zeufe  qui  eft  très-attcnu(fe  &  difpofce  à  former  de  l'altm  tout  de  mê- 
me que  le  cryftal  qui  a  fubi  l'opération  de  la  liqueur  des  cailloux  ;  il 
efl  donc  tout  iîmplc  que  nos  petits  cônes  foîent  formes  en  partie  de 
ce  fcl.  Quand  la  terre  alumincufc  fe  trouve  dans  des  proportions  plus^ 
conlîdcrables  ,  alors  au  lieu  d'une  cryftallifation  aufli  prompte,  aullî 
folide  &  prefque  pierreufe ,  on  a  feulement  une  dilTblution  inuLiIagi- 
jieufe,  ainil  que  l'ont  obfervé  MM.  Geoffroy  &  Dufay  dans  leurs 
ElTais  ,  par  la  raifun  qu'ils  ne  foupçonnoient  pas  encore  que  les 
compofcs  mcme  accifîcicls  de  ces  deux  terres  ont  la  propriété  de  don- 
ner une  gelée  dans  les  acides,  jufqii  à  lc  qu'ils  aient  été  fuHifammenc 
délayés  pour  que  la  rcliftance  des  frotcemens  ne  falTe  plus  obflade  ila 
réparation  delà  partie  terreufe,  diflemince  &  non  dinbure. 

Pour  acquérir  plus  de  certitude  fur  la  vérité  de  cette  explication ,  faî 
hxi  digérer  dans  Veau-forte  un  fragment  du  verre  de  la  mcme  bouteille 
qui  avoir  fourni  les  petits  cônes  falins  \  il  s'ed  couvert  d'une  crotite 
légère,  blanche  &  comme  nacrée  ;  dtmi-once  du  mcme  verre  pulvérifc 
3  perdu  clans  cetce  digedion  70  grains,  la  liqueur  tiltrcc  a  donné  par 
l'addition  de  Talk^li  uu  précipité  abondant.  Se  l'acide  vitriolique  en  a 
précipite  de  la  vraie  félénite. 

Concluons  donc  que  bien-loin  d'effrayer  les  Fabricans  fur  lesefFecs 
de  la  trop  grande  cuitlon  du  verre,  il  faut  les  avertir  de  fe  défier  de 
ces  Coin  polirions  qui  ne  leur  donnent  les  moyens  d'abréger  la  durée 
de  l'opération  du  fourneau  ,  que  par  un  excès  de  fondans  terreux  qui 
en  altèrent  la  qualité  ,  &  que  quand  ils  ont  fait  des  ellâis  de  diâcrcn- 
tes  frittes  pour  concilier  ces  divers  objets  d'économie ,  il  e(l  autant  de 
leur  intércc  que  de  leur  devoir  ,  de  foumettre  au  moins  le  verre  qui  en 
réfulte  à  l'épreuve  de  l'aAion  des  acides ,  avant  que  de  le  mettre  dans 
le  commerce. 

Je  fuis ,  Sic' 


kâiJ 


J51      ODSERVATIOKS  SUR  LA  PHYSIQUE, 


O  B  S  E  R  VA  T  I  O  N  S 

Faites  a  N.irbonnc  pour  connoîtrc  la  diminution  de  la  chaleur 
du  Soleil  pendant  ion  Eclipfc  du  14  Juin  1779. 

Par  M.    DE    AIâRCO  R.E  LIE  ,   Baron  tfSfcaU ,    Concfpondant 

df  C  Académie^ 


X  ouR  connoître  la  diminution  de  li  chaleur  du  fuleil  pendant  fou 
éclipfe  du  14  Juin  1779,  je  plaçai  ce  jouc-Ii,  ainfi  que  les  jours  pré- 
cédcns  &  les  jours  fuivans,  a  un  poteau  expofc  en  plein  air,  5c  i  la 
furface  de  ce  poteau  qui  croit  cclaitce  des  rayons  du  foleil ,  depuis  foti 
lever  jufqu'i  midi ,  un  Thermomètre  à  metcure,  gradué  félon  la  mé- 
liiodc  de  M.  de  Réaumur  \  j'obretvai  de  quatc>d'heuce  en  quart-d'heure , 
chacun  de  ces  jours ,  ce  Thcrraomcccc  qui  étoic  â  dix-neuf  pieds  au- 
dclfus  de  tetrc  &  qui  recevoir  ies  rayons  direâs  du  foleil ,  fans  en 
recevoir  auam  àcs  rcHcchis.  Je  lîs,avecM.  Adanroii,de  TAcadcmiç 
Royale  des  Sciences  de  Paris  ,  qui  étoit  chez  moi  ,  ces  obfervations 
pendant  plulleurs  jours ,  aHn  d'en  rencontrer  au  moins  un  dont  la 
température  pût  ctre  regardée  «omme  la  température  naturelle  da  joue 
de  lédipfe,  û  elle  n'avoir  pas  eu  lieu. Les  variations  de  latmofphcre 
caufces  par  un  orage  qu'il  ht  le  10  Juin  vers  les  trob  heures  un  quarrda 
foir ,  pendant  lequel  le  tonnerre  ^onda  croîs  fuis  de  allez  fort  ,  me 
firent  craindre  de  ne  pouvoir  pas  taire  cette  comparaifon  Cependanr, 
il  me  paroît  qu'on  peut  comparer  les  obfervations  du  14 Juin,  jour  de 
réclipre,aTec  celles  du  lendemain  i  c  :  en  effet,  la  température  de 
ini%  deux  jours  a  été  i-peu-près  la  mcme,  le  mercure  dans  le  Ther- 
momètre a  prefque  fuivi  la  même  marthe  \  il  s'eft  élevé  au  même  point 
dans  le  Baromètte ,  le  vent  de  nord-ouell  a  foufflé  avec  la  mcme  força 
^  le  Ciel  a  été  par  intervalles  également  couvert  de  nuages.  AulÏÏ 
n'cxpofcrai-je  ici  que  le  tableau  des  obfervations  de  ces  deux  jours  i 
où  l'on  verra  les  progrès  de  l'afcenfion  &  de  l'abailfementdu  mercure 
daiu  le  TUermonictre  j  il  fcroit  fupeirïu  de  rapporter  les  autres. 


Oijiryations 


SUR  VHÏST.  NATURELLE  ET    LES  ARTS,     55, 


Oi'Jèn-athns  du  i^  Juin ,  jour 

Ohftrvations   du    1  j    Juin 

de  l'Eclipft  du  SoUil. 

>779* 

Heures 
M  bu  tes. 

Dcffrés 
Thcrmoméc 

Ecac 

d.1 

Ciel. 

Hearcs            DcgrcJ 
«c                     du 

Minutes.      Tiicrmomct. 

Etlt 

du 

Ciel, 

A  tf  H 

UDcgrils.. 

Solcit  toible. 

1 1  Degrés  f . 

Couvert.  .  . 

A(f..if  M. 

Soleil  foible. 

Atf..  mM. 

.  .  .  . 

Couvert.  .  . 

A«.  .  )ù. . 

Soldl  fuible. 

Atf  .  .  jo.  . 

*  .  . 

Soleil  foible. 

A*. .4;.. 

Couvert  .    . 

A«..  4,.. 

•  •  »' 

Soleil .... 

A7 

Soleil  foible. 

A7 

.  •  • 

SoUl  foible. 

A7..15.. 

I, f 

Soleil  .... 

A7  ..  1;.. 

SoleiL  .    .  . 

A?  ..  îû.. 

it f 

Soldl  .... 

A7..  }0.  . 

Soleil  foible. 

A7..4J.. 

Soldl  .... 

A7..  4J.. 

2 

Selcil   .  .  . 

A  8 

Soleil  .... 

A  8 

Soldl  .   .  . 

Nuage.  .  .  . 

A  t..  ij  .. 

11   .  .  .  .^ 

SolcU  .... 

A  8  ..If  .. 

1 

A  8..  jo.. 

Soldl  .... 

A8..  îO.. 

Soldl.  .  .  . 

A  8..4Î.. 

Soleil  .... 

AS..  4;.. 

1 
*   •  »• 

Nuage  .  .  . 

A5 

Soldl  .... 

Couvert  .   . 

L'mfpeAlo»  de  ce  ubleaii  fait  voir  que  les  vatlaeions  de  U  chaleuc 
le  14  ,  ont  fuivi  les  progrès  de  l'cclipre ,  &  que  vers  les  huit  heures , 
lems  à-peu-prcs  de  la  plus  grande  phafe  £c  où  la  diminution  de  la 
chaleur  a  ccc  la  plus  force ,  le  Thermomètre  a  été  d'un  degré  &  demi 
plus  bas  que  ic  x  j  ,  d  la  même  heure  ,  qui  efl  le  jour  le  plus 
voiân  de  celui  de  l'écliprc  qui  puille  lui  être  compare  ;  enforte  que 
]a  (bule  occultation  d'un  doigt  17  miuutes  du  folcil ,  diminue  la  chaleur 
«ie  cet  alUe  par  rapport  à  nous  d'un  jdegic  6c  demi. 

Tome  Xir^Pan,/!.  1779»  NO  y£  MB  RE.    Z  » 


J54        OBSERrATIONS  SUR  LA  Pf/YSIQVE  , 

La  diminution  de  la  chaleur  du  foleil  pendant  (on  ccllpfe  du  15 
JuiUer  1 748  ,  dont  la  grandeur  étoic  de  7  t*  doigts ,  fut  félon  le  Thermo- 
inctre  de  Rcaumut  de  8  degrés  J,  &  feton  le  Thermomètre  de  Lyon 
de  7  degrés;  celle  occafionnce  par  l'cclipfe  du  8  Janvier  1750, grande 
de  7  doigts  3  5  minutes ,  de  4  dettes  fuivanr  leThermomètre  de  Réau- 
mur ,  &  de  5  degrés  (uivant  le  Thermomètre  de  Lyon^  celle  pro- 
duite par  l'éclip/e  du  14  Juin  1778,  de  6  doigts  20  minutes ,  de  5 
degrés  fL-Ion  le  Thermomètre  de  Hcaumur  ,  ôc  la  diminution  de  1.^ 
chaleur  du  Jbleil  caufée  par  l'éclipfe  du  14  Juin  1779,  a  ctc  duu 
dcj»ré  &  demi  félon  le  même  Thermomètre  :  au  moyen  de  fembla- 
bles  obrcrvaiions,  on  pourra  déterminer  d'une  manière  prccifc  la  dimi- 
nution de  la  chaleur  au  foleil  caufée  par  fcs  cclipfes,  &  de  combien  de 
degrés  eft  cette  diminution  pour  tliacjuc  doîgt  é<.lipfé  de  cet  aftre  ; 
mais  pour  cela  il  eft  nécelfaire  d'en  avoir  un  plus  grana  nombre ,  parce 
qu'alors  on  aura  uii  plus  grand  nombre  de  rapports  &  les  tcfuUats  fe- 
ront plus  surs. 

L'air  fe  refroidir  après  Ic-jlipfe  du  foleil  du  14  Juin,  &  le  foir  U 
tomba  une  petite  pluie;  mais  le  froid  fut  plus  fcnfible  les  16  ,  17  & 
iS  du  mcrac  mois;  pendant  ces  jours  le  mercure  du  Thermomètre 
écoit  au  lever  du  foUil  à  1 1  degrés  7.  au-dcflus  de  la  glace,  Ôc  à  a  heu- 
les  après  midi  au  1 9  degré  au-delfus  du  même  terme.  Le  vent  de  nord- 
oucft  fouffloit  avec  violence*  Comme  il  palToit  fur  les  montagnes  des 
Pyrénées  clu-irgées  de  neige  &  cju'il  pcnctroit  aiféinent  les  corps  ,  il 
caufoit  une  impreflion  allez  dcfigrcame  ;  pour  $'tn  garantit  on  fui 
obligé  d  allumer  du  feu  dans  les  appattemens. 

OBSERyATlONSfurU  Baromètre. 

'  Le  14  Juin,  joue  de  Icclipfe,  le  mercure  du  Baromètre  éprouva  quel- 
ques variatiiMis.  Le  matin  il  étoit  à  27  pouces  1  i  lignes  par  un  vent  de 
nord-ouei^.  A  7  heures  ^.  tems  auquel  commença  l'éclipfe ,  il  s'éleva 
de  demi-li^e  &  fut  i  17  pouces  1 1  lignes  &  demie  ;  le  vent  de  notd- 
ouefl:  conimuit  à  fouffler,  mais  avec  plus  de  force;  le  mercure  fut  fta- 
cionnairc  &:  refta  au  mCme  point  pendant  la  durée  de  l'cclipfe  &  juf- 
qu'à  g  heures  qu'elle  finit;  alors  ,  il  defcendit  &  revint  au  degré  où  il 
ctoit  le  matin  ,  à  17  pouces  1 1  lignes  par  un  vent  de  nord-cucll  très- 
violent.  Le  lendemain  de  l'éclipfe  1 5  Juin  ,  le  mercure  du  Baromètre 
defcfndit  A  i?  poucer.  i  o  lignes,  &  le  furltndemain  itf  ,  il  monta  à  1^ 
pouces  une  ligne.  Lèvent  de  nord  oucll  continua  de  fouflflcr  ces  jours- 
li  avec  la  plus  grande  vi^slence.  U  étoit  (1  fort  ^  fi  impémeux  qu'il 
^leva  de  dcflus  terre  M.  Adanfon-,  herborifant  le  foir  fur  la  petite  mon-* 
cagne  d^Ij/uh  di-t'^î''n£fc ^  voifnc  de  la  Ville  de  Narbonnc. 


SUR  L'HfST,  NATURELLE   ET  LES  J RTS.    jj5 


SECONDE     LETTRE 

A  Madame  de  V***,  ou  Mémoire  fur  la  xuturc  de  la  Lumière 
ôc  de  fcs  cfFcts,  fur  la  dccoloracion  des  furfaccs  colorées 
cxpofccs  à  ion  adioa ,  ÔC  fur  rédolcmcnc  des  PUatcs  ; 

Par  M,  J£AS  SenebieRj  Bélloïkccairc  dcLt Rcpuhliquc  dcGtnèvt  6* 
McmBrc  di  la  Société  ffo'ltndotfi  d«5  Sciences  de  Hacrîem. 

XApKÈs  avoir  erre,  Madame,  au  milieu  des  probabiliics  &  des 
vraifemblances  pout  fuup^^uniicc ,  avec  plus  ou  moins  de  fondement ,  It 
la  lui 


quelques  idées  fur  \.\  lumière  ,  propres  à  taire  deviner  la  forme  des 
corpufcules  lumineux ,  &c  peuc-crte  leur  iiacure  \  les  recherches  mie 
vous  filies  m'ont  engage  à  vous  communiquer  les  miennes  avec  celles 
que  je  projecce  î  vous  m'cclairerez  peuc-êcre  de  vos  confeiU,  vous 
corrigez  mes  erreurs  ,  vous  me  dirij^erez  â:iï\^  mes  nouveaux  e^utts, 
au  cas  que  mon  CMvail  foit  entièrement  inutile  au  vôtre ,  &  vous  rom- 
prez peuc-ctre  cet  anonyme  nuilible  i  votre  répuucion  ,  &  pénible  pour 
ceux  c]ui  voudroicnt  profiter  comme  moi  plus  partie idièrement  de  vos 
contioiflances. 

§.   I .  Coryidérations  génèraUs  fur  quelques  propriétés  des  Corpufcules 

lumineux. 

Quand  on  médire  fur  les  phénomènes  des  rayons  de  lumière  réflc- 
■chis  &  réfractes,  on  cft  pUirque  force  de  conclure  que  les  corpufcules 
lumineux  doivent  ctre  fpliériques* 

L'expérience  apprend  qu'une  fphère  A  reffbrr  parfait  fe  réfléchit  tou- 
jours de  dellus  un  plan  inébranlable,  fous  un  angle  égal  ^  celui  de  fon 
incidence  ;  ainll ,  comme  il  n'y  a  que  les  corps  fphcnques  qui  puiifent 
fe  réfléchir  uiiiiormémeut  par  un  angle  égal  à  celui  d'incidente,  quelle 
que  foie  leur  pofition  ,  &  la  direÀion  de  leur  mouvement  i  la  ttnh 
contre  du  plan  ,  il  en  rcfulte  clairement  que  tout  corps  dont  la  réflec^ 
tion  donne  conftammenc  un  angle  égal  à  celui  d'incidence,  doit  ^tt 
fphctique,  ^  comme  la  lumière  aéminemmcnt  cetre  propriété,  c'eft 

177?-    SOV EMBRE»    Zz  i 


3j(f       OBSERVATIOKS  SUR  LA  PTirStQUE^ 

nvec  raifon  que  M.  de  Mairan  conduoic  que  la  lumicte  dévoie  ctre  com- 
pofife  de  corpufcules  fphctiques. 

M.  d'Alembea  fournit  des  condufions  feinblables  dans  fon  traité 
profond  &  fublime  fur  les  fluides  \  il  y  prouve  que  tout  corps  ne 
doit  pas  fe  rompre  en  s'approchant  de  la  perpendiculaire  dans  les  mi- 
lieux qui  lui  rtîliftcni  moins  &  récipToquemeni -,  parce  aue  la  rcfraâion 
d*un  corps  dépend  de  fa  figure  &  de  la  dire<5lion  dans  laquelle  il  entre 
dans  ce  milieu  j  H  un  corps  fphctique  entré  obliquement  d'un  milieu 
dans  un  autre,  il  fe  rompt  toujours  en  s'approchant  eu  s  éloignant  plus 
ou  moins  de  la  perpendiculaire,  fulvant  que  le  milieu  où  il  entre  cft 
plus  ou  moins  rénïtant  que  celui  d'où  il  vient;  mais  tous  les  corps 
n*obfervciic  pas  cette  loi:  un  corps  qui  auroit  la  lîgute  d'un  p.\rallcIo- 

f;rammc  reftangle,  &  qui  frapperoit  la  furface  du  nouveau  milieu  dans 
1  dircdtion  de  fes  diagonales  >  tandis  que  fon  autre  diagonale  feroic 
parallèle  à  ta  furface  du  nouveau  milieu,  ce  corps  ne  fouffrîroîc  alors 
dans  fon  pacage  aucune  réiraétion  .  quoiciu'it  eacrâc  obliquement 
dans  le  milieu ,  &  il  fe  comptoir  en  s'apprucnauc  on  en  s'cloignant  db 
la  perpendiculaire,  félon  que  la  direction  feroit  en  deçà  ou  en  delà  de  fa 
digonale  ,  fott  que  le  milieu  fut  plus  àtn(e  ou  plus  rate  que  celui  d'oà 
il  vient  ;  mais  comme  la  lumière  fe  rompt  toujours  dans  ces  circonf- 
t^Rices,  il  faut  en  conclure  que  les  corpiil^ules  qui  lacompofenc  font 
/"ph  criques. 

Les  corpufcules  lumineux  doivent  être  fouvcrainement  èlaftiques , 
puifqu'ils  fe  n^HcchiUent  avec  la  plus  grande  facilite  &  que  leur  angle 
d'incidence  e(t  toujours  égal  à  celui  de  rcHecHon. 

Us  doivent  ftire  extrêmement  ténus  &  fubtils,  puifqn'îls  pafTent  &t 
repaient  facilement  au  travers  des  corps  les  plus  durs  comme  le 
diamant. 

lis  peuvent  ctre  fort  éloignés  les  uns  des  autres,  paîlqu'ils  doivent 
nécelTâirement  fc  croifcf ,  &. qu'ils  ne  fe  dérangent  point  en  fe  croifbnr  \ 
on  obferve  dans. une  chambre  obfcure  les  rayons  qui  partent  de  tous 
Jes  objets  d'un  grand  payfage,  paifer  fans  confuHuu  au  tiavets  d'un  trou 
iRût  par  ujie  épingle* 

J.  t.  Plan  de  u  Mcmoin  :  première  Rechereht  fur  la  naturt  Jt  la  Lumièrt, 

Avant  d'aHer  plus  loin,  il  nw  paroît  convenable  de  comparer  des 
effers  femblabies  produits  par  des  caufes  e»  apparence  très  dilTcrenres  , 
&  de  recherchée  tous  les  faits  qui  peuvent  avoir  quelque  relation  avec 
ceux  que  U  lumière  préfeme;  nous  ferons  peut-^cre  conduits  par  retrc 
voie  i  des  rcfultats  important*  :  je  crois  cette  manière  de  confulter  la 
nature  intînimenc  utile;  les  expériences  découvrent  Us  eiicts  »  leius 
rapports  dcvoiieac  quelquefois  les  caufes. 


SUR  VHJST.  KJTUREIIE  ET  LES  ARTS.     5J7 

On  ne  peut  s*enipêi:her  de  remarquer  bientôt  en  traitant  ce  fujec, 

qae  le  Fe->,  \3Ll.um1cx: ,  X'EitcinciU  &  le  rh^QpJiitjue  <^ii\  font  des  ccres 

trèï-diftindls  ,  produiltnt  ccpeniknc  des  cfteti  très-analogues  &  tjrcs- 

pcuprcs ,  par  ronTcqucnt  à  faire  foupçonnet  des  rappoit^  bien  fondés. 

Pour  éviter  loutc  équivoque,  je  dirai  que  j'entends  par  le  A-u celui 
qui  fiappe  nos  fens  dans  les  corps  embrafés^  &  qui  ccluuffc  tout  ce 

3ui  l'entoure  \  la  Lumtirt  me  ccpréfente  l'effet  produit  par  la  prcfence 
u  foleil  pour  dinîper  les  ténèbres.  VtUchUitc  me  rappelle  les  phc- 
nomcnes  qui  nailTent  du  frottement  d'un  corps  vitreux  ,  quand  on  en 
foutire,  par  le  moyen  d'un  conduâeur  ,  la  matière  qui  le  manifelle 
alors  par  des  étincelles.  Le  Phlo>ijh<jue  fera  feulement  pour  nous  dans 
ce  moment ,  Se  fins  aucune  confcqucnce  pour  ce  que  je  pourrois  en  dire 
dans  d'autres  occafions  »  la  vapeur  ou  foie  de  foufie  ,ou  ce  qui  s'échappe 
des  métaux  qu'on  calcine,  ou  ce  qu'un  emploie  pour  réduire  les  chaux 
métalliques. 

II  paraît  évident  que  le  feu ,  la  lumière,  l'éleAricité  &  le  phlogif- 
tique  fe  combinent  ptu^  ou  moins  avec  les  corps  expofés  à  Icut  action, 
ou  qu'ils  y  font  contenus  de  manière  qu'on  ne  s'y  doute  pas  de  leur 
préfcnce.  Je  trouve  dans  le  même  métal  le  feu  fixé  ,  démontré  par 
M.  Black  ,  la  lumière  qu'il  lance  quand  il  eft  en  fution  ,  l'élue- 
iricité  qu'il  renferme  èc  qui  le  moditie  ,  quand  il  eft  conducteur  ^  enfin 
le  phlogidique  qui  lui  conferve  fon  brillant  métallique  :  ces  quatre 
agents  produifcnt  de  la  chaleur  dans  de  certaines  ciiconllances ,  ^'élan- 
cent en  flammes  vives  ,  agillènt  comme  le  feu ,  dilatent  les  corps  , 
accélèrent  leur  volatilifation;  enlin  le  feu,  la  lumière  &  l'élcctricHé , 
prcfque  tous  fondent  les  corps  &  les  vitrihent  \  iU  concourent  jurques 
a  un  certain  point  à  la  crydallifation  des  fels  fc  au  développement  de 
cous  les  êtres:  le  phlogiflique  y  joue  fon  tôle  ,  mais  ce  n'efl  peut-ctre 
pas  d'une  manière  aufîi  immédiate. 

Je  ne  diflingue  pas  la  lumière  du  jour  de  celle  qui  e(V  produite  par 
les  rayons  immédiats  du  foleil  \  ces  deux  lumières  varient  peut-être 
feulement  dans  leur  incenfité ,  elles  produifenc  au  moins  quelques  effets 
communs,  mais  proportionnels  i  leur  énergie;  telle  eu  l'impreflion 
fur  l'organe  de  la  vue ,  U  coloration  de  la  lune  couiée ,  l'aâion  fut 
Jc^  vcgéianx  ,  &c.  Mais  je  ne  voudrois  p,is  affurer  que  la  lumière  for- 
mée par  tes  layons  immédiats  du  foleil ,  fTtt  plus  chaude  que  celle  qui 
eft  répandue  par-toiu:  il  eft  peut-ctre  feulement  poflible  que  les  rayons 
immédiats  du  foleil  fufTeut  un  peu  plus  ferres,  plus  adif^,  plus  sapir- 
des,  6c  par  confcqueni  plus  propres  à  fe  combiner  &  à  zpx  avec  effi- 
cace \  n\\\%  je  ne  dirai  pns  que  la  lumière  du  foleil  fut  chaude  pas  elle- 
même  ;  quelques  expériences  me  font  croire  qu'elle  n'occalîonne  deU 
ch.diur  qu'en  fe  combinant  avec  les  coiVs  qu'elle  frappe. 

M.  Uef^uilure,  un  des  Obi'etvaieurs  les  flu^  péutciJii&  &  deïPI^yt 


iS9       OBSERrATlOfTS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

iîciens  les  plus  exacts ,  déshabilla  un  Thcrmomècre  &  rcxpofa  en  Etc  aux 
rayons  les  plus  ardem  du  roleil^ayancfoin  d'éloigner  lous  les  corps  échauffes 

Ï>ar  la  lumière  de  cec  allce,  qui  auroienc  pu  communiquer  leur  chilcuri 
'indrumcnt  ;  alors,  il  ne  vie  ce  Thermomètre  que  deux  degrés  plus 
iuut  qu'un  autre  Thermomètre  pUcé  à  l'ombre  &c  nûs  à  l'abri  de 
l'aâion  de  toute  efpècc  de  lumière.  £n  rcpétani  la  nicmc expérience» 
l'ai  eu  ^-peu-pfcii  les  mcmcs  céfulcats,  mats  j'ai  remarque  quL  la  den^ 
(îté  plu5  ou  moins  grande  des  verres  avec  lefqucls  on  Siit  les  Thermo- 
mètres, leur  cpaitTeur  plus  ou  moins  ions  y  leur  poli  plus  ou  moins  vif, 
les  bulles  plus  on  moins  nombreufes  qu'on  observe  6:{n'i  U  {t>rface  des 
boules,  font  varier  les  obfervations;  j'ai  vu  aufîi  conlbmment,  que  la 
chaleur  indiquée  par  le  Thermomètre  expofé  au  folcil  écoic  plus  grande 
quand  le  verre  ou  Thermomètre  ctoit  plus  denfe,  plus  épais,  moins 
poli ,  quand  la  boule  ctoit  plus  groiTe ,  &  fur-tour,  comme  d  jiuta  l'ont 
remarqué ,  lorfque  la  boule  des  Thermomètres  i  cfprit-de-vin  étoic 
cûiorée  pir  une  liqueur  foncée  ;  mais  ce  que  j'ai  bien  o^fervé  ,  c'cft  ^ 
que  deux  Thermomètres  faits  avec  le  même  cfprit-de-vin, domrunécoit 
colore  en  violet ,  candis  que  l'autre  étott  fans  couleur,  marchoicnt  par.illè- 
lemenr  lorfqa'ils  croient  plongés  dans  l'ciu  chaude,  &  perdoieni  lîur 
parallèlifme  quand  ils  ctoiËnt  expofcs  h  l'aclion  du  folcil ,  qui  faifoic 
monter  davantage  le  Thermomètre  dont  la  boule  éroir  colorée.  Ces 
obfervaiions  qui  prouvent  les  afHnitcs  particulières  de  la  lumièrcj  annon- 
cent de  nouveiux  obllacles  pour  la  perfciSlion  àfis  Thermomètres,  foit 
de  mercure  foie  d'efprit-de-vin. 

L'Hiltoire Naturelle  confirme  ces  expériences;  elle  apprend  quelorf- 
ue  le  foleil  brûle  les  campagnes  pendant  l'Eté  ,  les  neiges  bravent 
on  ardeur  quotidienne  fur  les  glaciers  ;  que  les  Thermomètres  qu'on  y 
cxpofc  d  fon  AClion  immédiate  n'y  montent  pas  plus  haut  que  4  ou 
5  degrés  au-deffus  de  zéro:  on  Giic  le  iroid  atroce  que  les  Efpagnols 
éprouvèrent  fur  les  montagnes  du  Chili  j  enfin  ,  les  neiges  permanentes 
qui  couvrent  la  cime  du  Chembotaço  ,  du  Pic  de  Tcnctint: ,  de  l'iitna 
éc  des  glaciers  de  Suilfc  Bc  de  Savoie ,  démontrent  que  le  foleil  n'y 
échauffe  jamais  l'air  au'dclà  de  5  ^  £  degrés  du  Thermomètre  de  RcaU- 
mut  Ru-dclfus  de  zéro. 

Il  y  A  plus ,  l'obfervation  apprend  encore  que  la  lumière  du  foleil 
n*écha«ffe  les  corps,  qu'autant  qu'elle  les  pénètre  Se  Qu'elle  fe  combine 
«vcc  eux  ;  il  eft  d'abord  rertain  qu'elle  les  échauffe  d'autarttplus  qu'ils 
font  plus  denfes;  il  paroît  même  que  les  corps  s'cthaufferoicnt  plus  au 
foleil  d'Hîvcr  qu'A  celui  d'Lté ,  s'ils  ne  perdoient  pis  une  partie  de  b 
chaleur  qu'ils  acquièrent  ,  à  mefure  qu'ils  la  le^oivent.  Les  miroir» 
tirdens  brôlent  aulli-bien  &  peut-ctre  mieux  en  Hiver  qu'en  Ere  ;  îa 
faculté  rcHcthiirante  des  cor|B  fait  varier  les  imprellions  de  la  chiltur 
produite  par  U  lumière  \  plus  ils  la  repourïcnt  moins  ils  «n  Abfofbenr, 


l 


SUR    VrUST,  NATURFLIE  ET  LES  ARTS,      559 

&  pltu  tard  iU  s'échau^enr.  Les  corps  îlîapluness'échauSenc  de  même 
moins  vîce  que  les  autres  ;  une  lame  du  vurre  mince  comme  du  pa- 
pier, &  bien  polie,  foucient  l'aÛlon  d'un  miroir  ardent  qui  fond  le  fer 
en  quelques  fécondes  ,  tandis  que  des  morceaux  de  verre  plus  épais 
ou  colores ,  ou  plus  denfes,  ou  moins  tranfparensfcfondetu  &  s'échauf- 
fent aflez  vue. 

Les  expériences  aufTi  inircnicufcs  quexaâes  de  M.Defiunure  nelaif- 
fent  aucun  doute  fur  ce  fujet  ^  on  les  trouve  dans  le  ptemiet  Volume 
des  SuppUmcm  à  l'Hifioire  NaturclU  <U  M.  de  Bu^on^  pt^ie  ji  dt  CiJi' 
tion  //i-8.;on  y  voie  qu'un  Thermomètre  place  à  l'air  libre  &  expofc 
au  foleil  ,  monte  moins  haut  que  celui  qui  efl  expofc  d  l'air  lor^u'il 
eft  appliqué  fut  la  glace  de  la  première  caitfe  de  fon  app\reil  ; 
oue  le  Thermomètre  contenu  entre  les  glaces  de  la  première  caifle  & 
de  ta  féconde  monta  encore  plus  haut  ;  mais  que  celui  qui  étoic  fous  la 
cinquième  glace  de  la  cinquième  cailTe ,  &  noyé  dans  le  bois  de  U 
table  c|ui  portoic tout  l'appareil,  monta   au  70  degré.  M.  DcfaulTare  a 

fïerfiîAionnc  cet  appareil  au  point  qu'il  y  a  vu  bouillir  Teau  ,  &  même 
e  Thcrmomcrre  y  eft  monte  Jufques  au  85  degré;  enfin  ,  il  a  rranf- 
portc  cet  appareil  fur  les  montagnL'ï  ,  où  il  offre  les  mêmes  phénomè- 
nes. Je  n'oublierai  pas  un  fiit  capital ,  c'cft  que  le  foyer  d'un  miroic 
ardent  place  dans  l'air  ,  y  caufe  une  chaleur  qui  n'eft  pas ,  à  beaucoup 
près ,  proportionnelle  à  celle  que  ce  foyer  occallonne  quand  on  lui  pré- 
î'enre  des  corps  qu'il  peut  pcuccrer, 

11  me  femble  donc  qu'on  peut  conclure  de  touc  ceci ,  que  la  lumière 
a  fes  affinités  propres,  qu'elle  n'cchauife  les  corps  que  îorfqu'elle  s'v 
Ipge  &  fe  combine  avec  eux  ;  enfiji ,  que  les  différentes  rcriedtions  &  re- 
fraélioos  de  la  lumière  d ms  l'atmofphère ,  peuvent  U  combiner  avec  les 
corp  qui  oompofent  l'^ic  que  nous  reffpicons ,  6c  contribuer  aiuû  i 
l'écluuâ'er  plus  oa  moins* 

$.  ),  Comparaifon  du  Feu  avec  U  Lumière» 

Le  feu  eft  an  fluide  invifible ,  la  luniièi;e  frappe  nos  yeux  \  il  eft  un 
élément  fimple  ,  la  lumicte  eft  fufteptible  de  dccompofition;  le  fisti 
pénètre  tous  les  corps  facilement,  la  lumière  ne  traverte  que  ceux  qui 
font  diaphanes  ^  le  premier  arrive  à  toutes  les  molécules  du  corps  liir 
lequel  il  agit,  la  féconde  fe  tamtfe  tut  un  grand  nombre ,  de  manière 
que  là  elle  laiffe  palfer  quelques-unes  de  fes  parties  conftïtuantcs  pour 
en  rcdçchtr  dautres  ,  &  ici  ce  font  d'antres  parties  réfléchies  &  d'autres 
qui  font  .abCorbces. 

Le  feu  Ce  dirige  en  tout  fens  &  la  lumière  en  lignes  droites;  te 
fru  n'eft  'jiitcfléchi  ni  réfraAt-  comme  la  lumière  ;  1j  lumièie  échire  , 
pacce  <pielie  eft  rcdécbie}  le  feu  ne  ûuroi;  avoir  cccce  ptopriécc  ^  le 


jifo      OBSERrJTÎONS  SUR   LÀ  PHYSIQUE, 

feu  eft  ua  corps  dont  rien  ne  fauroic  arrêter  r,t(^ioi)  auand  il  eft  en 
mouvement,  au  lieu  que  la  lunflcre  peur  être  déviée,  difperfée  ,  raf- 

fcmblcc. 

La  chaleur  eft  l'effec  nature!  du  feu,  on  l'éprouve  par-tout  où  iligif; 
&  il  peut  agir  fans  lumfcre;  la  lumière  peur  c.Iairer  fans  chaleur,  &  U 
chaleur  qu'elle  produit  ne  lui  eft  pas  eirentiellc.  Le  feu  ét-hauffe  tuus  les 
corps  auxquels  il  touche ,  &  la  lumière  n'échauffe  pas  tou[ours  ;  un 
peu  de  feu  peur  occafionner  beaucoup  de  chaleur  ,  m^.is  il  bir  beau- 
coup de  lumière  pour  produire  un  peu  de  chaleur;  la  lumière  n'écliauffe 
pas  le  miroir  ardent,  s^il  n'eft  pas  enduit  de  fuie,  ou  s'il  ne  touche 
pas  un  corps  échauffé. 

Le  feu  îend  toujours  à  l'équilibre,  mais  la  lumière  n'y  tend  jamais; 
c  eft  pcuc-ctre  pour  cela  que  le  feu  ne  fauroit  erre  conceutré  comme 
la  lumière. 

Le  feu  paiïe  &  repaffe  au  travers  des  corps  fans  altérer  leur  ciïla 
fenûblemciit  ,  fi  fou  action  n'cft  pas  forte  ;  mais  la  lumière  change 
toujours  Iciat  d'un  grand  nombre  des  qu'ils  font  expol>^  i  fo.i  adion, 
foii  en  altcrani  leur  couleur,  foit  en  chmgeant  leurs  furl'aces,  ou  en 
EivorifaijE  leur  progrès  &ç  leur  développen)en[. 

Le  feu  paroîc  avoir  une  affinité  égale  pour  tous  les  corps,  au  moins 
(MI  voit  qu'il  les  échauffe  tous  également  dans  le  mèmetems ,  lorf- 
qu'ils  ont  la  même  denHcé  &  le  même  volume;  au  lieu  que  la  lu- 
mière entre  diverfes  affinités  qui  lui  font  particulières,  en  a  qui  font 
bien  décidées  pour  les  corps  fortement  phlogiftiques. 

Le  feu  comme  dilfolvant  fcpare  les  parties  des  corps ,  la  lumière 
contribue  fouvent  i  les  unir. 

L'eau  éteint  le  feu,  mais  elle  n'empêche  ni  les  dails,  ni  les  vers 
luiiàns,  ni  les  diamans  ,  ni  les  autres  pnofphores  de  luire. 

Les  corps  paroilfenr  fe  faturer  de  feu  &  non  de  lumière. 

Tous  les  élémens  peuvent  fe  char:*er  de  feu,  to^s  réfléchilTent  la 
lumière^  l'air  6c  l'eau  la  laîffent  palier  en  paitic  &  la  terre  en  abfotbe 
&  en  rcHéchit  quelques  rayons. 

Il  me  femble  qu'on  peut  augurer  de  11  que  la  lumière  n'eft  pas  le 
hw ,  mais  plutôt  qu'elle  eft  le  feu  combina  avec  une  ba(è  qui  l'appli- 
que aux  corps,  qui  arrête  la  force  de  fes  effets,  &  qui  ne  les  lailTè 
reparoître  que  lorft|ue  quelc]ue  union  particulière  occafionne  fon  dé- 
gagement :  on  ne  fauroit  au  moins  douter  que  la  lumière  ne  foit  uu 
fore  moins  fubtil  que  le  feu ,  puifqu'clle  peut  eue  attirée ,  rcpouilee 
pat  divers  corps  qui  agilfent  iur  elle  ,  tandis  que  le  feu  les  pénctrç 
cous  furlechamp.  ii     >'  ■   t 

Nous  croyons  donc  qu'on  peut  conclurei  i*;.  que  le  feu  &  la  lumière 
^e  font  pas  des  ctces  idenriques ,   puifqu'ils  cm  des  qualités  (t  diffc- 

renies. 


Sun  L'fffST,  KATVRELLE  ET  LES  ARTS.    jCi 

rentes:  i**.  que  le  feu  cft  tuie  fubftance  plus  fubtile  aue  U  lumière ,  puif- 
cju'il  pénètre  cous  tes  coips  qut  lui  foac  impetméaDles ,  qu'il  eft  indi- 
viiible,  rendant  i  l'équilibre,  ayant  des  affinités  avec  tous  èc  s'infi- 
iiuant  dans  tous:  Ç.  que  le  feu  peut  être  un  clément  de  la  lumière, 
qu'il  s'unit  alors   à  une  bafe  qui  diminue  fa  fubiiliic  ;  la  fl.imme  ne 

Jïaroît  dans  les  corps  brûlans  ,  que  lorfque  les  parties  huilcufes  fe  vo- 
atiUfent,&  t'uiûflem  alors  à  l'élément  du  feu.  La  lumière  accumulée 
dans  le  foyer  du  miroir  ardent,  n'y  devient  brûlante  que  parce  que 
fes  ravons  ferres  y  éprouvent  un  frottement  qui  les  fépare  de  leur  bafe 
enchaînante  &  qui  laine  au  feu  toute  fon  aâion  ;  ou  bien  ces  corpuf- 
cule»  lumineux  rapproches  agiifenc  les  uns  fur  les  adirés  en  vertu  de 
leurs  atHnitcs,&  les  parties  ignée*  dégagées  de  leur  bafe,  tendent  avec 
force  i  s'unir  entr'etles;  cela  me  paroît  d'autant  plus  probable»  que  le 
foyer  où  fe  fait  cette  dtcompolition  cetfe  d  ctre  apperçu,  précifément 
parce  que  la  lumière  celle  d'y  être  lumière  pour  n'être  que  le  feu  :  quand 
les  rayons  font  paiallcles  ,  il  n'y  a  point  de  chaleur,  parce  que  la  lu- 
mière ne  fiuroit  fe  décomporer,  fott  parce  qu'il  n'y  a  point  de  frotte- 
«nens  entre  fes  parties ,  foit  p.irt.e  qu'elles  font  hors  de  la  fphère  de  tcuc 
Aitraâion  réciproque. 

§.  4.  Comparaifon  de  la.  Flamme  avec  la  Lumt^fe, 

Si  quelque  chofè  peut  remplacer  a  nos  yenx  la  lumière ,  c'eft  fins 
^oure  la  flamme;  ne  fetoic-il  pas  poïlible  qu'elle  nous  donnât  quel- 
que idée  de  cet  être  qu'elle  repréfentc  i\  bien  ? 

Quoique  la  lumière  de  la  Bammc  foi:  plus  foible  que  celle  du  jour, 
la  premier^  a  comme  la  féconde  la  faculté  d'éclairer  j  fes  rayons  peu* 
vent  ccrc  condenfés  par  un  miroir  ardent  ,  &  l'on  peut  brûler  à  fon 
fo^er  de  la  p.iille  &  au  foin  bien  fecs  :  elle  ell  donc  plus  ai5ltve  que  la  lu- 
mtère  de  In  lune  ,  puifqu'ellc  e(V  alfex  fournie  de  particules  ignées 
pour  échauffer  les  corps  auxquels  elle  fe  combine;  elle  produit  même 
des  effets  encore  plus  forts,  lorfqu elle  eft  plus  fortement  concentrée 
&  appliquée  fur  les  corps  pat  un  chalumeau;  alors ,  fa  lumière  inté- 
rieure eft  d'un  blanc  éclatant ,  Se  elle  fe  trouve  enveloppée  d'une  cfpcce 
d'atmofphère  bleue,  qui  n'eft  que  Icvaporation  du  phloj^illique  ou 
de  la  bafe  enchaînante  du  feu  :  quand  la  Hammc  ,  ou  phu»c  quand  le 
feu  fe  dégage  de  cette  manière  hors  de  fes  entraves,  il  fond  le  verre 
&  les  métaux. 

La  Hamme  échauffe  comme  le  feu  i  une  certaine  diftance,  elle  paroîc 
plus  difpofce  que  la  lumière  i  s'unir  aux  corps  environnans  ;  ne  fe- 
roit-elte  point  fans  chaleur  comme  la  lumière  ,  fi  elle  étoit  au flî  sim- 
ple çju'elle  ï  Le  feu  ne  feroit-il  pas  un  être  fixe  s'il  ii'avoit  pas  nûllo 
^nités  avec  tous  les  corps? 

Tome  XIK  Pan.  JL  iyy^.         NOVEMBRE,     A  a» 


jffi         OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  , 

La  flamme  cft  imprcgnée  des   parties  du  corps  brûlant  ;  elle  n'eft 

Îieut-t-rre  que  le  feu  maiiitellc  pat  \x  chaleur  ,  mais  combiné  avec 
es  patries  huileufes  du  corps  qui  fe  voUtilifc.  En  vain  les  char- 
bons rougilTenc  ,  ils  ne  donnent  aucune  Hamtnc  à  moins  qu'ils 
ne  foient  humcckcs  j  les  mcuux  en  fufion  ne  s'enflamment  j.imais 
à  l'exception  du  zinc ,  dont  le  phlogiftlque  abondant  uni  au  feu ,  forme 
la  flamme  la  plus  vive  qu'il  y  aitj  les  corps  les  plus  combuftibles  ne 
lauroicnt  brûler  dans  des  vaiîïeaux  clos ,  ou  dans  des  airs  gâtes ,  parce 

Îiue  le  phlogiflique  ne  peut  s'y  vapotlier  puut  former  la  flimme  par 
on  union  avec  le  feu^  les  liqueurs  rpicitueufes  ne  s'alluTient  que  lorf> 
qu'elles  commencent  à  être  vaporiCces  par  la  chaleur.  Il  rcfulte  donc 
de  \if  que  la  flamme  ou  fa  lumière  n'ed  pas  l'efîer  de  l'abondance  du 
phlogiftique  ,  mais  qu'il  faut  que  les  matières  phlogiftiquées  foienc 
réduites  en  vapeurs  pour  s'unir  au  feu  ;  on  voit  au  moins  que  lesmc- 
^ux  &  les  pierres  ne  s'enflamment  point ,  parce  qu'ils  fe  volatilifeue 
fieu  y  &  que  le  bois  pourri  qui  c(t  luifant  e(l  aulîi  dans  un  cr:it  de 
clccompofuion  \  la  lumière  puofphorique  des  animaux  eil  une  tranTp!-* 
ration  de  leur  corps,  &  celle  des  phufpKores  e(l  une  émanation  qui 
mbrâfe  à  l'aîr  ;  alors  j  le  feu  qui  s'échappe  s'unit  à  une  partie  plus 


semt 


gfoflière  qui  le  rend  lumineux  Je  dirai  prcfque  que  les  métaux  ne 
ch  ingent  de  couleur  au  feu ,  que  parce  que  le  feu  commence  déjà  à  y 
«cre  dans  un  état  de  combinaiîbn. 

Mais  cts  idées  ne  deviendroienr-clles  pas  plus  probables ,  H  Ton 
confidère  que  les  corps  ne  commencent  i.  luire  qu'.iuxâ;  degré  envi* 
ron  du  Thermomètre  de  Rcaumur?  Il  fiut  cette  chaleur  pour  vola- 
tilifci  les  huiles;  il  n'y  a  point  de  flamme  fans  fiimce ,  c'eft-i-dïre, 
fans  une  volatilifaiion  de  parties  plus  ou  moins  phlogiftiques  du  corps 
embrâfc;  le  phlugtlUque  paroit  fur  les  corps  brùlans  par  la  coideuc 
noire  qu'ils  prennent  &c  par  la  flamme  qui  eft  un  phlogiflique  vola- 
tilifc  \  enhn,  la  flamme  en  dernière  analyfe,  fourniroit  des  parties  hui- 
leufes &  phiogiftiquces,  &  s'il  n'y  a  point  de  rt.nnme  fans  eau  ,  c'eft 
parce  que  cette  eau  cfl  contenue  dans  les  huiles  vaporifces,  ou  plutôc 
parce  qu'elle  ell  v.^porifce  qu.md  les  premières  huiles  s'évaporent ,  & 
parce  que  fon  expaiifibilité  ouvre  aux  matières  &  au  feu  des  ilfues  plus 


leur  qui  lui  eft  particulier  Se  qui  e(l  analogue  au  corps  qui  la  forme. 

En  général ,  plus  les  corps  font  phlogilÙqués  plus  leur  flamme  e(l 
bleue,  comme  celle  du  charbon,  du  foufreide  la  poix  relaie,  des  efprits 
ardens  j  la  lumière  de  U  cire  blanche  efl  brillante,  celle  de  la  cire  jaune 
l'efl  moins;  l'huile  d'olives  bien  pure  donne  une  belle  flamme  >  nuis 
fa  vivacité  dioiinuc  avec  la  pureté  de  l'huile. 


SUR  VHJST,  tJÀTVnELLK  ET  LES  ARTS.    36$ 

Remarquez  encore.  Madame  ,  <^ue  U  lumière  eft  bleue ,  lA  où  la  dc- 
comporitîun  du  corps  brùlanE  commence,  &  par  confcquent  U  où  la 
compofition  du  feu  avec  fa  Kife  s'opère  ^  aufTij  h  flamme  n'a  toute  fa 
vivacité  6c  fa  blancheur  qu'au  centre  où  le  phlogiftique  el^  le  plus 
volatilifé;  elle  eft  cnfuite  envirouncc  des  pirties  phlogifliquées  qui 
s'évaporent  &  qui  ne  fe  combinent  qu'en  partie  \  ce  font  tUcs  qiû 
obfcutciilent  la  tlamme. 

La  lumière  bleue  cft  tionc  plus  cooipcft-e ,  &  la  plus  vive  ou  la  plu* 
blanche  eft  plus  ignée;  que  dis-je  ,  fa  couleur  varie  fuivnnt  les  corps 
brûlés;  ceux  qui  contiennent  du  cuivre  donnent  une  â.imme  verre 
comme  le  phofphore  d'urine  brûlé  fur  les  charbons.  M.  Melvillavoic 
obfcrvé  que  le  rouge,  le  jaune,  le  vctd  S<.  le  bleu  fonttaiiis  par  la 
Hamme  clés  efprits  btûlans;  que  fi  l'on  m^Ie  i  ces  efpritsdu  ftl  ammo- 
niac ou  de  la  potalTe ,  CCS  couleurs  dcvîciuienc  boucufes;  que  le  vcrd 
ne  fc  diflingue  pas  du  bleu  à  la  lumière  d'une  bougie;  il  avoir  trouvé 
de  même  qu'en  mêlant  du  nirre  ou  du  fcl  marin  avec  les  efpritt 
ardens,  la  couleur  rouge  devenoir  boueufeila  verre  brune  olive,  la 
bleue  foncée  noire  ,  la  bleue  claire  brune  ,  U  blanche  jaune  ;  le  vifage 
paroît  9^véreux  au  travers  de  la  Hamme  du  charbon ,  au  lieu  que  dans 
tous  ces  cas  la  lumière  du  foteil  eft  immuable  &  ptcfenre  les  mcmcs 
objets  avec  les  mêmes  couleurs. 

Nous  cuntlufons  donc  que  la  Hammc  n  eft  pas  le  feu,  mais  une  com- 
binaifun  du  feu  avec  une  matière  phlogîQique  qui  a  été  volatilifée ,  Sc 
qu'elle. eft  plus  chargée  de  phlogillique  oue  la  lumière;  elle  eft,  fuivanc 
les  découvertes  curit-ufes  de  M.  Volca,  Tmllimmation  de  l'air  inflamma- 
ble qui  eft  une  compolltion  fortement  phlogiftiquce ,  &  qui  donne  une 
lumière  bleue  ;  j'ai  revivifié  diverfes  ch.-.ux  avec  facilité,  dans  la  par- 
tie obfcure  de  la  flamme;  ce  qu'il  eft  impoflïble  d'opérer  au  feu  qui 
les  calcinetoit  encore  plus ,  de  même  que  la  partie  blanche  de  la  lu- 
mière; la  fuie  qu'elle  lailfe  écliapper  eft  du  phlogïftique  trop  groHIct  qui 
ji'a  pu  fe  combiner  avec  le  feu. 

Laâamme  dift«re  du  feu  à  tous  les  égards  par  lefquels  elle  relTem- 
ble  À  la  lumière*  mais  elle  dîBcre  de  la  lumière ,  parce  quelle  eft  moins 
rnnpte  qu'elle,  &  parce  qu'elle  caufe  plus  de  chaleur. 

§.  5.  Compdraifon  de  tEUSridU  avec  la  Lumière  ^  U  Feu  &  la  Flamme* 

1".  Le  feu  éleiftrique  relTemble  au  feu  par  fon  origine  qui  peut  ctre 
le  frottement  ;  par  fa  manière  de  fe  communiquée,  il  peut  pafler  i 
un  corps  non-frotté  ;  il  femble  mieux  fe  propager  au  travers  des  corps 
denfcs  comme  Us  métaux  ;  mais  aullî  il  s'écoule  fans  chaleur  de  tous 
les  corps ,  lorfqu'il  n'y  eft  pas  Acte  Se  accumulé. 

Le  feu  électrique  U  la  clialcur  fe  confervcnt  mieux  dans  un  air  plus 

1775.    NOVEMBRE,        Aaai 


5^4   *    OBSERVATIONS  SUR    LA  PHYSIQUE, 

dcnfe  &  fe  dirtipenc  plutôt  dans  un  air  humide,  mais  le  fluide  clcAri- 
que  difparoîc  dans  ioqs  les  cas  beaucoup  plutôt. 

Le  feu  cieftriqiic  a  des  alfinircs  particulières  ;  celles  du  feu  font  uni- 
verfellesi  le  premier  répugne  à  pénétrer  les  matières  réfineufes ,  vitreu- 
fes,  S£c.  l'air  même  cjuand  il  eft  fcc  j  le  Tecond  agic  fur  elles  avec  la  » 
plus  grande  tjcilité. 

Le  {fi\i  ciedrique  a  une  atmofphcre  feiifible  &  tcrinince  \  la  fphère 
d'a<fViviié  du  feu  diminue  par  nuances  infcnhbles&  s'étend  fort  loin. 

Le  feu  ne  pcnètte  les  corps  que  pcu-à-peui  réJeâricirc  fur  teihamp; 
elle  ne  dilate  pas  tes  corps  comme  le  feu ,  lans  doute  parce  qu'elle  n'excite 
aucune  chaleur. 

La  tourmaline  s'éleftrife  dans  l'eau  chaude  qui  éteint  le  feu^  réiln- 
celie  cledriqne  gUlTefut  la  furfàcc  de  l'eau,  au  heu  que  le  feu  l'échauffé 
dans  fa  mane. 

Le  ieu  éleâriquc  opère  tous  les  grands  effets  du  feu,  la  funon,U 
calcination;  il  colore  It»  métaux  j  mais  ce  qu'il  ne  fiut  pas  oublier  , 
c^eft  qu'il  revivifie  quelques  chaux  métalliques  comme  le  phk>çiftique. 

1*.  L'éleûriciué  a  quelques  rapports  arec  k  flamme;  le  fluide  élec- 
rrique  luit  comtne  U  flamme ,  xi  otFre  comme  elle  les  coul;a|ts  prrf- 
mattques.il  allume  comme  elle  feule  l'air  inflammable,  ce  qui  me 
fetoit  alfcz  foupçonner  qu'elle  cfl  uncefpècedc  flamme,  puifque  les 
ciîarbons  embrafés  ne  fauroienc  produire  cet  effet  ;  elle  enflamme  de 
même  l'efprit-de-vin;  elle  fuppofe  un  corps  qui  lui  ferr  de  bafe^eiifiti 
l'éle<Sricitc  brûle  par  étincelles,  comme  le  phofjïore  d'urine  &  l'or  ful- 
miiTanc;  elle  a  de  l'odeur,  S<.  elle  luit  dans  un  ait  très- raréfié  où  toute 
autre  flamme  s'éteindroitj  elle  fuit  le  chemin  le  plus  court. 

j**.  Ces  rapports  du  fluide  éleAriqae  avec  le  fèu  &  la  flamme ,  en 
indiquent   dqà  plu(îeurs  avec  la  lumière  que  fe  ne  répctcrxi  pas  ,  tels 

3ue  la  faculté  de  luire  ,  de  produire  les  couleurs  prifmatiques  ,  de  luira 
ans  nn  air  infiniment  rarénc  ,  de  brûler  lorfqu'tl  eft  concentré  :  l'élec- 
tricitc  rend  encore  phofphotiques  rous  les  corps  que  la  lumière  doue 
de  cette  qualité;  mais  aufli  elle  diffère  de  la  lumière,  parce  que  les 
corps  peuvent  facilement  détourner  les  rayons  éleâriques,  Si.  ils  n'agif^ 
fent  que  rtès-peu  fur  le  rayon  luminjux  &  feulement  dans  de  certaines 
circondances.  Le  fluide  éle^rique  pénèirc  encore  les  corps  opaques; 
il  a  Kiwc  odeur  particulière;  il  me  proît  celfer  de  luire  dans  un  vuide 
parfait  ,  ce  qui  n'arrive  pas  à  la  lumière  ;  l'éleétricité  fcmble  encore 
ie  mouvoir  plus  aifémenr  dans  un  corps  denfe,  que  dans  tout  autre; 
elle  ne  perd  pas  fon  éclat,  quelle  que  foit  l'étendue  du  corps  ou  du 
fluide  au  travers  duquel  elle  le  propage  ;  elle  ne  paroît  pas  s'y  dévoyer 
de  fa  route  ,  cependant  la  lumière  a  un  éclat  d'autant  moins  vif 
que  le  milieu  qu'elle  travcrfe  eft  plu^épais ,  quoiqu'il  foit  très-tnnf- 
pareat  quand  les  couches  font  minces  ;  elle  varie  u  vîteffe ,  S<  change 


SUR   L'fffST.  KATUREllE  ET  LES  ARTS,     jtfj 

fon  cours  fuivanc  les  milieux  où  e!le  p.-ifre  \  I  ctincelle  éle^rique  ne 
conferve  pas  fa  couleur  dans  divers  fluides ,  où  U  lumière  rertc  inal- 
térable, elle  eft  plus  touge  dans  t'acide  vitriolique  &  d.ins  l'air  inBam- 
niablc;  peut-être  ces  tluides  diminuent  iU  fon  imenlîtc  en  s'appro- 
priant  i^uelquevuncs  de  fcs  particules  phlogiAit^uécs  ,  qui  lui  funt  moins 
étroitement,  unies  qu'à  la  lumière?  elle  eft  au  moins  blanche  dans  l'air 
fixe  qui  a  moins  ci'affînuc  avec  le  phlogiftique  ;  elle  ne  peut  paroître 
dans  l'alkali  ciuftiquc  &  dans  Tatide  marin.  L'étincelle  cleéh'iquc  di- 
minue cnjoie  Taie  commun  en  le  phlopiftiquant  ,  &  il  ne  paroît  pas 
que  la  lumière  produife  cet  effer.  Entin  l'étincelle  éledrique  n'empc- 
cne  pas  l'ctiolcment  des  plantes  privées  de  l'adion  de  la  lumière,  & 
ù  un  Hl  de  mct.il  eft  plongé  dans  l'eau  qu'on  éleârirc,  le  fluide  élec- 
trique fuir  par  préférence  le  fil  de  métal.  Il  réfulteroic  de  la ,  que  le  fluide 
éleârique  eft  bien  moins  adïif  cuU|^  fcu^  qu'il  a  moins  d'aflînitcs  avec 
ies  corps;  qu'il  n'agir  fentiblo^B  fur  eux  que  lorfqu'il  y  eft  accu* 
uiulc  ;  qu*il  y  a  un  grand  nomnlnJe  corps  qu'il  ne  uuroir  pénétrer; 
ce  qui  pourroit  faire  croire  qu'il  eft  beaucoup  plus  compofé  :  il  me 
fcmblctoic  OK'me  que  l'cleâricité  neutre  que  oans  les  grands  pores 
des  corps,  &  qu'elle  ne  s'inimue  point  dans  les  plus  petits  ;  on  voie 
l'étincelle  glilTèr  fur  la  futtace  des  fluides;  outre  cela,  elle  ne  dilate 
aucun  corps.  Enfin,  la  chaleur  peut  produire  l'cleétricité  comme  dans 
la  courmaiine,  &  dans  la  rélîne  ou  le  foufre  en  fufion;  mais  elle  s'jr 
forme  peut-ctre  alors  en  fe  combinant  dans  fes  molécules  avec  le 
phlogiftique  qui  fe  vaporife. 

L'union  du  fea  avec  fabafc  me  patoîi  plus  étroite  dans  la  matière  élcâr^ 
que  que  dans  la  flamme  ,^puifque  la  première  ne  donne  aucune  cluleur, 
&  qu'elle  fe  manifefte  dans  les  vallieaux  clos  où  la  flamme  s'éteint  par 
le  phlogiftique  qu'elle  Uilfe  échapper,  comme  dans  l'air  raréfié,  où  le 


atuté  de  phlogiftique ,  puifqu'il  ne  paroît  plus  attiré  comme  la  lumière 
par  les  matières  phlogiftiquées  ^u'il  ne  (àuroit  fe  phlogiftiquer  davai>- 
tage. 

11  paroît  deU  que  Icleâricité  eft  plus  compofée  que  la  lumicre, 
puifqu'clle  eft  plus  affeâée  par  une  foule  de  corps  qui  la  modifient» 
&  poifqu'elle  répand  une  odeur  forte.  Il  eft  vrai  qu'elle  relfemble  beau- 
coup i  la  lut^re  dans  fes  effets  ;  auffï ,  il  me  femble  qu'elle  n'en  dif- 
fère dans  fa  compofition,  que  parce  que  le  feu  eft  uni  plus  intime- 
ment à  une  plus  grande  quaiuitc  de  phlogiftique  ou  de  matières  phUn 
giftiquées. 


iC6       OSSERr^TlONS   SVR   IJ  PffYSTQUEj 

§.  <^.  Çomparatfon  du  Phlogiplque  avec  le  Feu,  la  Flamme tl*EUclri(ké 

&  ta  Lttmièrc» 


i".  Avant  d'entrer  en  mailcte  j'obferveraî  qu'il  y  a  quelques  pr<H 
pricccs  communes  ,  à  la  Bainmc  ,  i  I  cleÛricitc  &  à  b  lumière ,  donc 
je  me  propofe  de  parler  d'une  manière  plus  particulière  à  la  an  de 
cette  lettre. 

Le  phloG;tftiaue  par  lui-même  n'eft  pas  chand  &  ne  fauroit  brûler; 
mais  il  facilite  rinfummation, ce  que  le  feu fcul  ne iàuroic  &ire >  corn*, 
me  on  l'obfervc  dans  la  chaux  de  zinc. 

Plus  le  phlogiftique  eft  abondnnt  dam  un  corps, &  moins  fortement 
il  lut  efl  uni ,  plus  fnciiemenc  auHî  il  le  quitte  ^  au  contraire  »  le  feu  telle 
d'autant  plus   long-tems  dans  un  t^iBS   qu'il  y  a  cté  plus  accumulé. 

Les  corps  fe  faturent  de  feu  ^Bc  phlogiflique  ,  mais  ili  peuvent 
Être  dcpouill(is  de  phlogidique  atRBDmc  de  ne  pouvoir  le  reprendre, 
comme  dans  quelques  chaux  mccalllques  ;  il  n'en  eft  pas  de  même  du 
feu  qui  acit  toujours  fcmblablement  fur  les  mcmcs  corps  pour  les  échauf- 
fer, quoiqu'ils  aient  ctc  expofcâ  fouvenr  à  fon  aâion  &  dcpouillés  du 
feu  qu'ils  avoient  acquis. 

Le  feu  par  fon  adion  diGipe  lephlogiftique  des  corps  fut  lefquels 
il  agit,  en  s'umlfant  À  lui ,  <?c  produifanc  par  ce  moyen  la  chaleur;  le 
feu  forme  mcme  ce  phlogiftique  par  (on  union  avec  les  parties  vapo- 
rifces  du  corps  biùlant,  mais  il  s'exhale  &:  abandonne  le  corps  où  il 
fe  développe.  '• 

Le  fcix  dcnntnre  les  corps  en  les  dcrruifant,  ou  en  changeant  leurs 
qualircs;  le  phlogillique  ne  dcrruit  rien,  il  produit  de  nouvelles  cora- 
binaifons  qui  fr.ir>pent  nos  fens,  &  il  rend  i  plusieurs  corps  les  pro- 
priétés que  le  feu  leur  avoic  ôcées  ;  ainfi  le  feu  cakuie  les  niccaux ,  mats  le 
phlogifltaue  les  réduic 

Le  phlogiftique  &  le  feu  ccfTenr  de  brûler  dans  des  vailTeaux  clos. 

La  chaleur  eft  peut-être  l'eftcr  de  la  f-ormatian  du  phlogiftique  pen- 
dant la  combudion  ;  il  n'y  a  point  de  combinaifon  avec  des  matières 
fortement  phlogiftiquces  faiïs  chaleur. 

L'air  ,  qui  a  tant  d'aftinitcs  avec  le  phlogiftique,  ne  feroit-il  pas  Tin- 
termcde  par  le  moyen  duquel  le  feu  fc  combine  avec  les  parties  vapo- 
rtfées  qui  contribuent  à  la  formation  de  la  âamme  &  du  phlogiftique  3 
Il  faut  remarquer  qtic  U  Hamme  qui  eft  une  matrice  ^^  phlogiftique 
formé  par  l'union  du  feu  avec  les  vapeurs  du  corps  brillant ,  diminue 
beaucoup  l'air,  le  rend  irrcfpirablc  &  lui  fait  éteindre  le  feu,  de  mcme 
que  tous  les  procédés  où  le  phlogiftique  fe  forme  ou  s'exhale ,  ce  qui 
prouve  que  l'ail  doit  être  iics-pur  pour  avoir  des  .affinités  avec  le  phlo- 
giftique. 


SUR  vnrsT.  kàtuk^iie  et  les  arts,    ^âf 

I-É  froitemeiic  ne  produit  U  H  imne  &  le  p'ilo^iftique  >  qu'après  avoir 
dcvcloppcle  feu; ou  plutôt  U  frottement  développe  le  feu  &  le  feudoiiue 
nainànce    à  la  Rainmc  S<  au  phlogiflique. 

Le  plilogîdique  ne  palTe  pis  au  travers  de  certains  corps  perméables 
âu  ftu  comme  le  verre;  il  fïut  qu'il  foie  appliqué  immediarement  au 
corps  avec  lequel  on  veut  l'unir  y  ce  qui  ntik  p.is  occenaire  pour  le 

Le  phlogiAiquc  ne  s'unit  pas  à  l'eau  fans  intermède  comme  le  feu; 
mais  ils  fe  comoinent  avec  les  acides  &  les  alktlis;i  la  vérité,  ie<>  effets 
ne  font  pas  les  mcmcs,  le  feu  les  ékhauffi: ,  les  v.iporife;  le  plilogiftique 
adoucit  les  premiers  &  rend  les  féconds  volatils  qunnd  ils  font  fixes. 

Le  phlogiitique  gâte  Tair,  il  le  diminue  >  le  feu  ne  paroîc  pas  ptoduice 
cet  effet. 

Tous  les  deux  donnent  la  couleur  &c  l'opacité  i  ouelgues  corps  ^  maïs 
le  phlos;iftique  ne  leur  communique  ni  chaleur  m  lumicrc. 

Le  feu  &  les  acides  chaficnt  le  pMogiftique  hors  des  métaux  pour 
s*en  charger  »  ou  fe  combiner  avec  lui  ;  le  feu  agit  au  moins  plus 
vigoureuiement  fur  les  corps  phlo§iftiqucs,  pir.e  qu'il  a  plus  d'affinités 
avec  eux;  il  y4n  a  mcme  qui  fe  confument  f\ns  ignitîon  apparente, 
comme  le  foie  de  foufreje  phofphore  d'urine  ;  d'.^urres  font  embiâfcs 
par  une  feule  étincelle  d'un  caillou  »  comme  l'amadou  ôc  l'air  inflam- 
mable* 

Le  phlogiflique  fiit  une  partie  du  poids  du  foufre  ou  des  corps;  le 
feu  n'augmente  pas  leur  pefanteur ,  celle  des  chaux  métalliques  ç^  l'cffec 
d'une  abforption  d'air  fixe. 

Le  phlogiftique,  uni  à  des  corps  folides ,  diminue  leur  dureté  fans  leur 
donner  de  la  âuidîté. 

Le  feu  colore  quelques  corps  lorfqu'ileftvif,  le  phlogiftîque  les  colore 
tous.  Le  feu  pur  efl  fans  luiniècc  ni  odeur,  le  pKlogidiciue  ébranle  les 
nerfs  optiques  par  la  lumière  qu'il  excite  daus  fa  comouHiou ,  &  les 
olfai^tifi  par  fes  cmanarions. 

le  feu  fert  aux  combinaifons  phlogiftlques;  le  charbon  éteint  ne 
rend  pis  fulphureux  l'acide  vitriolique  fans  chaleur;  l'acide  nitreux 
qui  eft  fins  aftion  fur  le  charbon  éteint ,  s'enflamme  dès  qu'on  luipréfente 
un  chirbon  allumé;  l'acide  marin  s'unit  difltàlement  au  phlogidique. 

Le  foie  de  foufre  çâte  l'air  comme  tous  les  procédés  phlogiiliques, 
au  point  que  le  feu  s'éteint ,  parce  qu'il  n'y  a  plus  d'air  affez  pur  pour 
fervîr  d'incermèdc  dans  l'union  du  feu  avec  les  matières  qu'il  vaporifc; 
ils  rernitfeiu  l'argent  Se  le  plomb ,  mais  le  feu  ue  produit  rien  de 
fcmblible. 

Ces  rapports  montrent  que  le  phlogiftique  diiftre  du  feu  par  fa  bafe; 
qu'il  II  perd  en  partie  par  l'aftion  d'un  feu  nouveau  qui  s'en  approprie 
une  panue  j  qu'il  peut  mcme  redevenir  feu  locfqu'il  ç&  expofc  a  un  fet» 


iCt       OnSERrATIOKS  SUR   LA  PHYSIQUE^ 

^YÎoleiit  :  en  un  mot ,  le  phloRiftlquc  diffîrre  du  feu  par  fa  compofition 
►&  fon  inertie ,  c'eft  un  feu  cooibiné,  &  le  feu  eft  le  principe  de  fou  mou- 


vement. 


Le  phlogiftique  r^Juîc  comme  Inflamme  leschaux  méntliqusî,  parce 

que  fa  partie  ubfcurc  cft  une  mine  de  phlogiftiaue  ;  la  fuie  &  l.i  fur.ice 

ne  UilTent  aucun  doute  fur  le  phloeiHic^ue  qu'elle  contient  ;  1a  âamme 

gâte  l'air  comme  les  procèdes  phlogiftiques  j  le  phlogiftique  mis  ea 

tnouvemcnt  produit  la  Hamme,  comme  dans  le  mclangc  formé  avec  du 

foufre,  delà  limaille  de  fer&  del'eau  jmais  il  ne  luit  pasdnsccliaufTer, 

!"&  il  ne  s'enflamme  que  dans  de  certaines  circonftances. 

I     II  paroîc  plus  compofc  que  la  flamme ,  il  ne  pénètre  pas  les  corpi,  â 

'tDoins  qu'il  ne  foit  mis  en  mouvement»  &  quoiqu'il  foit  en  mouvement 

il  y  a  beaucoup  de  corps  qui  lui  font  impctmcables;  il  femble  devoir 

^ute  fon  aAivitc  au  feu  }&  la  flamme  n'eft  peut-être  que  le  phlogiftiquç 

■nu  peu  volatilife,  &  dont  la  bafe  eft  moins  (ixe  ou  moins  confidcrable. 

3".  Le  pMopftique  a  de  même  fes  rapports  avec  le  fluide  cîctfVriquej 

[tous  les  deux  diminuent  l'air  commun,  réduifcnc  les  chaux  métalliques» 

tînt  befoin  de  quelque  force  étrangère  pour  fe  dcvelopMr  ^  quelguefois 

Ptependanc  le  pliloginique  qui  abonde  dans  un  corps  s'eAaIe  en  lilencCt 

Iftnais  le  fluide  électrique  ne  devient  fenlîble  que  lorfqu  il  eft  violenté  ; 

s'annonce  par  des  effets  remarquables ,  tels  que  les  arrraÛions  oa 

u1iîons,il  opère  tous  les  effets  du  feule  plus  ardent;,  le  phlogiftique  « 

lus  paifible  ,  n'opère  aucun  de  ces  effets  ,  mais  auflî  il  eft  incoerciole, 

indis  que  le  fluide  cle£ltique  peur  s'accumuler  dans  de  ceaains  cas , 

agir  alors  fuivant  de  certaines  loix.  Enfin ,  le  phlogiftique  s'empare 

Fde  quelques  corps  avec  une  telle  force  ,  qu'on  ne  peut  les  fcpatctiau 

[lieu  que   les  affinités  éleiflriques  peuvent  fcrre  feciiement  ftifpendues  » 

|ç!érangcc5 ,  &  ne  font  durables  pendant  quelques  -  leras  que  dans  de 

■  ertaines  circonftances. 

Ne  paroîtil  pas  de-là  que  le  fluide  élcârîque  eft  rrefque  auflï  phlogiftique 
que  le  phlogidique ,  puifque  tous  deux  font  également  imperméables  au 
verre  ,  &  puifqu'ils  pcoduifent  tant  d'effets  lemblables  î  Mais  le  fluide 
éle<5trique  ayant  plus  de  mobilité  ,  plus  d*cnerj;ie,  n'annonccroît-il  pas 
auflî  une  combinaifon  plus  intimç  de  (^s  principes  avec  tme  bafc  moins 
fixe? 

4.^.  Enfin  le  plopiftiqiie  refTemble  à  la  lumière ,  parce  qu'il  fe  combine 
comme  elle  avec  les  corps ,  qu'il  a  avec  elle  des  affinités  réciproques, 
puifque  les  rayons  fe  courbent  plus  dans  les  fluides  phlogiftiqucs  qu'ils  ne 
devroient  le  faire  en  fuivant  la  denfité  du  milieu. 

Il  me  paroît  une  lumière  éteinte ,  fi  je  puis  parler  ainfî  'y  il  feroit  peut- 
ctre  la  lumière  ti  l'clénicnt  du  feu  n'etoit  pas  trop  enveloppé,  &  il  le 
devient  fans  doute  dès  que  le  feu  le  volatife;  on  a  la  lumière  toutes 
les  fois  qu'on  combine  le  feu  U  le  phlogiftique. 


SUR  VHÎST.  KATURELIE  ET  LES  ARTS.       jtf, 

La  lumière,  moins  embarr-iffce  par  fa  bafe  <^ue  le  phlogiftique,  eft  , 
[ibne  matière  allumante,  mais  le  phlogiiUque,  moins  libre ,  cli  ftiuUmenC 
'  iflammable. 

lia  lumière  &  le  phlogiftique  font  la  caufe  Hes  couleurs  &  des  odeurs; 
'comme  on  le  voir  dans  l'acide  vitnoliquc  pblogîftiquc  qui  devient  acide 
fulphtiteux ,  &  dans  les  fleurs  ou  les  fruits  prives  de  lumière  ou  qu'on  y 
expofe. 

La  lumière  &  le  phlogiflique  donnent  du  roti  aux  vaiiTcaux  des  pUnceS- 
r&  des  animaux. 

Le  phlogiftique  a  les  plus  grandes  afïinîtcs  avec  les  acides ,  il  ne  paroîc 

Pas  clairement  que  la  lumière  en  ait  avec  eux  \  il  fembleroit  bien  que 
acide  viitioLiqiiedonneaux  pierres  calcaires  leurs  qualités  phofphoriques, 
&  que  la  lune  cornée  5c  d'autres  préparations  mcralliques  doivent  à  l'acide 
marin  la  faculté  de  fe  combiner  avec  la  lumière;  la  lumière  rougit  le  fuc 
idupoilïôn  de  NI.  Duhamel^  elle  peint  les  fleurs,  les  feuilles»  les  végétaux; 
île  phlogiftique  ne  produit  aucun  de  ces  effets,  &  les  plantes  s  étiolent 
Iquand  elles  font  cxpoféesà  fon  aâ:ion,iî  elles  font  privifes  de  la  lumière. 
I     Le  phlogiflique  rend  1'^  meutctier,  &  la  lumière  ne  patott  pas  lui  corn- 
mniquer  une  mauvaife  qualité. 
Le  phlogiftique  forme  le  foufre ,  l'acide  fulphufeux«  mais  la  lumière  ' 
^ne  forme  ras  ces  mixtes  fur-Ie-champcomnje  lui;  cependant",  comme  les 
plantes  étiolées  ne  donnent  aucune  graine,  ni  même  aucune  fleur ,  ne 
pourroit-on  pas  croire  qu'elle  contribue  puilTammem  i  la  formation  des 
ctamines  qui  femblent  une  ^^'phc^  de  foufre  végétal  ?  On  fait  que  le 
lycopode  &  les  ctamines  des  pïns  ^enflamment  aifcment  \  on  cunnoîc 
l'inflammation  des  vapeurs  qui  s'exhalent  de  la  fraxinellc  à  l'approche 
d'une  bougie ,  &  les  étincelles  que  Mademoifelle  Linné  pbfeiva  dans 
jme  capucine. 

La  lumière  ne  s'unit  pas  â  l'eau,  mais  elle  pourroît  peut-ctte  contrafter 
cette  union  comme  le  phIof;iftique  par  le  moyen  d'un  intermède. 

£nfin  la  lumière  n'alkalife  pas  le  falpccre  comme  le  phlogiftique  ,  & 
ne  réduit  pas  toutes  les  chaux  métalliques  comme  lui ,  mais  feulement 
Je  précipite  perfe,1e  précipité  rouge ,  le  turbith  minér.il  ,1a  lune  cornée, 
qui  n'ont  pas  fans  doute  befoin  d'une  grande  quantité  de  phlogiftique 
'pour  être  réduits.  Je  dois  ledire  ici,  les  expériences  de  MM.  Lavoilîer  Se 
^  r  ontani  ne  me  permettent  pas  de  douter  que  ces  trois  préparations  de  mer- 
l" cure  ne  foient  de  vraies  chaux;  n'oublions  pas  que  les  chaux  martiales  expo- 
fées  au  miroir  ardenr,  redeviennent  attirables  par  l'aimant ,  &  par  confé- 
quent  phloglftiquées. 

U  Tclxilte  de  tout  cela,  que  le  phloeiftique  a  les  plus  grandes  analogies 

avec  la  lumière;  mais  il  n'a  ni  fon  aaiviic  ni  fa  faculté  de  luire ,  ni  fon 

efficace  pour  prévenir  l'éiiolement  des  plantes;  il  paroît  beaucoup  plus 

Munpofé  que  la  lumière ,  il  n'agit  que  par  le  moyen  du  feu ,  il  ne  naverfe 

Tome Xiy,  Pau. Il,  1779.       ' ^OyBMBRE.      B  b  b 


i^ù'    onsnRrATioNS  sun  ia  PHTsiQue^ 

pas  Us  yafcs  de  veuç  <\aè  la  lumière  remplir',  &  il  eft  contenu*!  grandes 
tiof&s  dans  difftTCns  corps, où  il  exifteen  filence  comme  dans  le  cnarbon 
&  les  huilesi  il  produic  eptin  ^es  eSecs  (jui  aËfecbeai  rous  les  nerfs ,  tout' 
les  rens,&  qui  àteni  ta  vie,  taudis  que  la  lumière  n'agit  que  fut  la 
vue  par  Ton  éclat ,  ou  fut  les  autres  nciFs  par  la  chaleur  qu'elle  excite. 

i-tt-^'^fP^^  ^^  ^^  i'Umiirt ^ ^t  la  Flamme ^  de  VEùncdU  èlcHrique  & 
du  Pklo^iplqtu  ,  relativement  à  leur  comblnuifin  avec  des  matières  phîà^ 
pJTïijuécs. 

•  '  r 

\lOn  a  pu  dcj^  remarquer  que  la  plupart  des  rapports  de  la  lumière 
avec  la  flamme,  le  fluide  clei^rique  &  le  phloçiftiquc,ctoient  dépendam 
du  pMogirtiquc ,  nu  plutôt  tenoicnc  leurs  relations  de  quelques  propriétés 
çoniiiiuiiLS  nu  pjiloj^idiquc:  je  me  iuis  ab(lenu  de  le  dire,  parce  que  je 
me  prop^fois  de  comparer  de  nouveau  ces  êtres  fous  ce  nouveau  pomc 
de  vue  ,CM  joignant  des  obfcrvations  propres  à  intcreflet  la  curiolîtc. 

On  fait  que  le  phlogîftique  noircit  les  méfcux  blancs  expofcs  à  fyrj 
aftion  >  de  même  que  la  lune  cornée  ,la  dilfolation  d'argent  unie  avec 
n  craie  ou  la  maguéfle  du  nitre  ,  le  maf^iftèce  de  btfmutn ,  le  fucre  dç 
iânirne ,  le  mercure  doux ,  le  blanc  de  plomb  »  la  cérufe.  Le  mercure 
dlfTuus  dans  l'acide  marin  6c  précipité  par  l'alkali  volatil ,  eft  devenu 
jaune, le  fublimé  corrofif  a  jauni»  &  enhn  noirci  j  le  turbiiK  minéral^ 
pris  une  couleur  noirattC  \  les  rubaiu  de  différentes  couleurs  ont  été  aum 
changés,  les  violets»  les  rofei  &  les  bleus  ont  un  peu  blanchi,  les  vettis 
ont  )nuni ,  le  bois  de  fapiii  nouvellement  raboté  y  a  pris  une  couleur 
plus  brune  \  [e  dois  obfervcr  îci  que  le  phloginfiquê  que  j'ai  employé  .a 
été  le  foie  defoufrc  en  liqueur ,  dégagé  par  le  vinaigre,  &  renferme 
avec  lc£  corps  en  expérience  fous  un  récipient  couvert  de  manicce  qu'il 
n'ayoit  aucune  çQtnmunication  avec  la  lumière. 

L'éiliucllc  élcchiquc  a  produit  des  effets  à-peu-près  femblablesjelle;» 
légèrement  teint  en  violet  dans  robfcuiité  la  uine  cornée  ,  la  diniilution 
d'argent  unie  avec  la  craie  ou  la  raagnéde  du  nitre ,  le  tiugi{lcre  de 
bifinuch  ,  le  fucre  de  farurne  &  le  mercure  doux-,  elleti  jauni  le  fapin 
&  blanchi  les  rubans  violets  j  elle  noircie  encore  l'argent,  tevivine  U 


La  fla 


j  x^A  iiamme  ne  cnange  point  la  couleur  de  ces  corps  que  je  viens  de 
nommer  par  fa  lumière ,  ni  même  lurfqu'elle  cfl  concentrée  par  le  moyen 
d'un  miroir  ardent^  mais  elle  opère  ces  effets  lorfque  les  corps  font  expoHI-s 
à  fou  achon  plus  immédiate.,        . ,,     ,. 
La  lumière  produit  abfolumenc  lés  nièmes  ctfèts  que  réiuicelle  élec- 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     371 

trique  &   le  pKIogiftiquû  fur  cous  les  coîps  dont  j'ai  parlé  ;  mais  fon 

'  énergie  eft  moini  efficAce  oue  celle  du  phlooiftique ,  èi  elle  agit  avec 

rplus  de  force  que  le  fluide  c(e<S:rique.  La  lumière  altère  donc  U  couleur 

''ce  ces  corps ,  mais  fes  effets  font  gradués  daiis  la  proportion  que  je  viens 

d'Indiquer.  •■      '        ■'      ■    -:  9-   -  ■    '     -     -  *-•.■:•   Jti 

j     J'ai  fajc  mes  expériences  dans  des  flacons  de  cryftal  minces, trcs- 

,^ranfpar^ns,  &  fermés  avec  des  bouchons  de  cryftal  ;  fi  l'on  y  mec 

dô  la  luhe  Corniic ,  elle  commence' ife  teindre  en  violet  au  boutTdc 

quelques  féconde^  après  une  minute  clic  eft  très -fenfible ment  violette  j 

cette  couleur  ne  pcnctre  pas  au  -  delà  d'une  fuvface  très  -  mince.  Ce 

changement  eft  uniquement  dû  i  l'imprcflion  de  la  lumière ,  puifque 

Ja  lumière  cbrhiîe  ,  eJcpofce  femblablement  S  totis  égards  a  la  cnaleitt , 

au  froid  ,  A  l'humidité  ,  d.ins  uli  air  fôrt  fec  ,  dans  le  vuide ,  d^ns  l'eaiti , 

pourvu  qu'elle  foit  garantie  de  J'impreflîon  d*  h  Inniièrc  &  des  vapeurs 

phlogiftiques ,  Confcrve  fa  blancheur ,' S:  elle  ne  H  perd  jamais  que 

proportionnellement  i  Taftion  de  U  lumière  fut  elle;  iî  elle  étoic,  pat 

exemple,  placée  dans  un  lieu  où  l'illumination  permît  feulement^  lue 

l'écriruce  courante ,  i\  ûudroic  hui(  ou  dix  Jours  pour  qu'il  y  perdît  fa 

blancheur.^       y'    ;      '"    -■^    y-v...;^.^.    ^,r.,.,^,z    ^ 

La.  lumière  réScchic  &  refrappe  produit  les  rricmes  effets  ;  la  lune 
cornée  &  les  précipités  mclésavec  la  craie  8c  la  ma^nénç^u  nitrc  ,  olfrent 
les  mcmes  phénomènes  quand  ils  font  expofés  a  la  lumière. 

MM.  Beccari,  Meycr,  Schuhe  3c  Siheele  avoiem  obfervé  que  la  lune 
cornée  Se  les  précipités  d'argent  pafToient  du  blanc  au  noir  par  l'aciion  de 
la  lumière  ^  ils  avoicnt  vu  que  fi  l'on  place  de  la  tune  cornée  dansim 
vafc  ouvert  Se  qu'on  la  couvre  en  panicavec  des  bandes  de  papier  ,'  la 
partie  couverte  y  change  de  couleur  la  dernière;  mats  pour  rendre  l'expc- 
•  tficncc  plus  décihve  ,  j'ai  couverr  le  vafe  avec  une  plaqne  de  laiton  trouée 
'  de  plulïeurs  rrous' ,  &  il  n'y  a  que  les  portions  de  la  lune  cornée  expofées 
2  (on  aélion  qui  foient  dcvetmes  violettes  ;  le  fond  du  vafe  off^roit  le 
fpedtacle  d'un  fatin  blanc  5  mouches  violettes. 

La  lumière  cKangede  même ,  quoique  avec  plus  de  lenteur, les  préci- 
pités d'argent j  elle  donne  une  couleur  gtïfe,  qiais  foncée,  au  inagiftèrc 
de  bifniutli,  au  merfure  doux  5c  au  précipité  blanc;  elle  rend  ptefque 
blanc  le  foufrc  doré  d'antimoine  Se  \c  turbidt  minéral  ^  de  mSroé  que 
Lalkali  cauftique. 

La  lumière  peint  tous  les  végétaux  ;  elle  colore  les  vitres  auxquelles 
elle  donne  la  couleur  de  l'arc-cn-ciel;  elle  rend  bleus  les  champignons 
'  dans  leiir  partie  fraîchement  foupée ,  comme  M.  Bonnet  la  obfervé. 

I  Elle  change  les  couleurs  Jcs  crofFes  en  jaunilTànt  le  verd ,  blanchiflant 
le  violet  ôi  le  rofe  ,  comme  M,  Bectati  l'a  obrérvé  dans  les.Mcmoîres  de 
rinllitut ,  &  il  a  remarqué  en  mcmc-rems  que  cet  effet  écoit  produit  pat 
U  lumière  indépendamment  de  toute  autre  circonftance.  Ainfi,  Madame, 

J779.    NOVEMBRE,     Bbbi 


)7i     OnSERVATWKS  SUR   LÀ  PHtSIQUE, 

la  Phyllque  n'ell  pas  inutile  pour  le  choix  d'une  robe  ou  d'un  ruban  y 
dont  on  fouhaiteaue  les  couleurs  fe  coniervent;  elle  fertdenicme,cotT>- 
me  vous  avez  pu  le  remarquer  ^jxïur  calculer  l'eftec  que  tes  couleurs  doi- 
vent produire  quand  on  pade  de  la  lumièie  du  jour  i  celle  des 
bougies. 

Enfin  ,  la  lumière  altère  la  couleur  des  bois.  Je  n*entre  pas  dans  de 
plus  grands  détails  fur  cette  partie  de  mes  recherches  >  parce  que  j'y 
reviendrai  dans  quelques  momens. 

Je  cire  feuleineni  cette  confcquence  :  c'eft  que  fi  l'on  peut  conclure 
avec  vraifemblance ,  de  l'analogie  des  e^ets  i  cette  des  caufes,  nous 
dirons  que  comme  le  phlogiftique  &  l'cleâricitc  noirciiTent  quelques 
corps  blancs  ,  la  lumière  produit  fans  doute  le  même  effet  par  le  mê- 
me movenj  mais  ce  moyen  cft  manifeftemcnt  le  principe  phlogilli- 
quant  dans  le  phtogiflique  &  l'cleâricité  :  donc  la  lumière  peut  agic 
auHfi  de  la  même  manière ,  mais  Tes  effets  fout  plus  lents  parce  que 
fon  énergie  cil  moindre. 

5.  S<  Rapftorts  parùculurs  de  la  Lumicrt  &  de  tEUcîr'tcui, 

t^  lumière  &  l'élcâcicitj  ont  la  faculté  commune  de  rendre  plu' 
licurs  corps  pnofphoriques  ,  quand  ils  ont  éprouve  leur  aftion.  Tels 
font  les  diamans,  les  pierres  prccteufes ,  les  cryftaux  ,  les  quartz  ,  les 
agates  ,  les  filex ,  le  verre,  la  porcelaine,  les  fpaths  vitreux  &  fiidble, 
\qs  phofphorcs  de  Bologne  ,  de  Canton ,  le  tarire  vitriole  ,  le  fucte ,  la 
luagnéfie  du  fel  deprom.   le  fiiblimc»  la  terre  des  os,  la  terre  de  l'alun 

Îirccipicée  par  t'alkah  fixe,  ta  craie  de  Briaoçon ,  la  chaux  éteinte  à  l'air» 
a  lune  cornée ,  l'arfcnic  blanc  ,  diverfes  refines.  Entre  ces  matières, 
il  7  en  a  plufieurs  qui  ne  luifent  que  lorfqu'elles  font  échauffées  jore 
remarquera  dans  l'urdrc  que  j'ai  fuivi ,  que  depuis  la  magnéfie  blanche, 
elles  luifcnt  fans  frottement  &  par  la  feule  impreïGon  de  l'étincelle 
cledrique  fur  chacune  d'elles ,  ou  lorfqu'on  les  a  expofces  au  folcil  ^ 
les  autres  ont  été  éprouvées  de  cette  manière  par  Meflieurs  Beccari, 
Canton  èc  Defauflure,£c  luifcnc  par  ces  feuls  moyens. 

Cependant  la  lumière  n'cfl  point  élcéVrique,  &  ces  corps  qni  tuifent 
fans  avoir  éprouvé  Timpreffion  de  l'cledricïté  ,  ne  donnent  aucune 
apparence  d'en  avoir ,  non  plus  que  ceux  qui  luifent  après  avoir  été 
éle^tifcs ,  comme  je  l'ai  observé  plufieurs  fois  fur  la  pierre  de  Bologne 
&  le  fucrc  placés  fur  des  plaques  de  métal  ,  &  féparcs  du  condudeuc 
après  que  l'cleflricité  les  a  eu  rendu  lumineux  ;  outre  cela  ,  plufieurs 
corps  luifeiic  forcement  quand  on  les  plonge  dans  l'eau ,  quoique  leur 
^leÀricicé  dût  être  anéantie  par  cette  immerfion  ,  fi  elle  avoit  tcelle- 
menc  eu  lieu  auparavant*,  on  voit  encore  que  l'éleâricité  n'a  pas  feule 
le  pouvoir  de  lendie  les  corps  lumineux  ^  il  7  a  des  corps  de  incm« 


St/R  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     j7j 

nature  qui  font  plus  lumineux  &  moins  cle<ft[iques  «  tandis  que  d'au- 
tres font  lumineux  Se  plus  éleâriques.  Le  meccure  dans  un  macras  vuidé 
d'aic,  devient  lumineux  Se  électrique  ,  (\  on  le  fcocte  dans  robfcu- 
rité,  mais  il  cfl  feulement  lumineux,  Ç\  Ton  agite  le  nutras;  d'où  il 
téfulcc  que  Icleâncité  exige  quelque  chofc  de  plus  que  la  lumière. 

F.n6n,  M.  Dufay  a  obfcrvé  que  les  pierres  prccicufes  luifentparle 
frottement  ,  l'expolltion  à  la  lumière  &  la  chaleur  »  comme  on  peut 
s'en  alfurer  fur  lamcthyfte ,  l  cmeraude  ,  le  phofphote  de  Bologne  >  le 
diamant  »  le  rubis ,  la  topafe  i  le  faphir  &  le  lapis  bzuli. 

Il  7  a  donc  une  analogie  entre  le  Huide  élt'ârique  &  la  lumière  pour 
rendre  les  corps  lumineux;  peut-ctre  que  ces  deux  fubftances  vapori- 
fenc  l'acide  contenu  dans  les"  oaatictes  phofphoriqucs  pour  développer 
le  feu  &  les  particules  phlogiftiquées  qu'elles^ renferment ,  en  s'appro- 
priant  celles  que  la  lumière  y  apporte  ,  &  qui  y  font  nécelTaires  pour 
opérer  cette  lumière  qui  eft  trcs-roibte  »  &  qui  paroic  formée  par  des 
corps  trop  grolTiers  pour  lui  laitier  tout  fon  écUti  il  eft  au  moins 
certain  que  la  plupart  de  ces  matières  phofphoriques  renferment  uit 
Acide  ou  naturel  ,  ou  artiHciel,  mais  toujours  bien  caraâcrifc^  il  eft 
encore  également  certain  ,  que  le  fluide  cleélrique  ne  rend  les  corps 
phofphoriques  qu'en  les  phlogifïiquant ,  car  on  ne  fauroit  attribuer  cet 
effet  i  fa  chaleur  qui  efl  infenllble ,  à  fa  collilion  qui  efl:  momentanée  ; 
il  n'y  a  que  fon  incorporation  par  fa  décompo(îtion  qui  produife  cet 
effet  ^  on  ne  peut  donner  la  phofphoréitc  que  par  des  étmcelles ,  &  on 
fait  que  l'ciincelle  dccompofe  le  fluide  cleÀrique  ,  comme  il  paroîc 
par  la  réduction  des  métaux  &  la  précipitation  de  l'air  lîxe  qu'il  opère, 
&  qui  ne  font  ptoduires  que  par  le  dégagement  du  phtogiÀique  qu'il 
contient  ;  ainfi  la  lumière  agiroit  encore  de  cette  manière  comme  un 
corps  phtoeidiquant,  ou  plutôt  comme  un  corps  qui  donneroit  au  phof- 

f>hore  le  feu  qui  s'échappe  dans  la  dcconipofition.  Ne  fetoit-il  pas  pof- 
ible  aunTi  que  la  lumière  fût  attirée  pat  l'acide  du  corps  phofphotî' 
que  ,  qu'elle  le  volatilisât  par  fon  union  avec  lui .  &  qu'elle  en  fortîc 
flV%c  fes  vapeurs  chargées  des  particules  de  feu  qu'il  poutroit  dégager  y 
dans  ce  moment  où  il  agiroit  avec  plus  de  force  ?  Mais  ce  nioyen  ne 
peut  pas  s'appliquer  également  i  tous  les  corps  phofphoriques* 

11  ne  faut  pas  oublier  que  toutes  les  combinaifoiis  phlogiftiquées  ne 
font  pas  écalcment  proptes  à  produire  la  lumicie  ^  le  foie  dcfoufre, 
par  exemple ,  ne  produit  que  les  effets  les  plus  grofliers  ,  parce  que  le 
phlogiflique  y  furabonde,  il  s'exhale  fans  luire  ,  &  il  ne  acvient  lumi- 
neux que  lorfque  le  feu  s'empare  d'une  partie  de  ia  bafe  \  il  en  eft 
de  mcme  du  cliarbon  qui  rougit  au  feu,&  qui  ne  fauroit  donner  une 
flamme  vivej  le  feu  trop  enveloppé  ne  peut  y  produire  la  lumière  ;  le 
phlogidique  feul  ne  fauroic  communiquer  aux  corps  cette  faculté  \  mai3 
l'éle^cité  la  déploie  quand  on  l'accumule  &c  quand  on  la  décomr: 


-174      OBSEKrAnONS   SUR   lA   PHYSIQUE^ 

pcfe  en  U  fâiOinr  ctincelcr^  I.i  [tiinicre  plus  igace,  plus  fubcitâ,  agît 
ieiile  &z  Cins  intermède  pour  phorphoriTtr  les  corps  capables  de  cette 
propriété.  Toutes  les  lumières  ont  la  faculté  de  communiquer  à  ces 
corps  la  phofphorcicé  >  mais  elles  n'ont  ce  pouvoir  quen  railon  de  leuc 
intenllic,  &  <le  leuc  fubtiUtc^  ainfi  la  lumière  d  une  bougie  ,  du  bois 
brûlant,  de  la  lune ,  du  ziiic  enHammc,  n'agilTent que  très-foiblemeiit  ^ 
au  bout  (l'un   tcmb.  très-long. 

,  La  lumière  immcdiatc  du  Soleil  brunit  la  lune  cornée  confïdérable- 
ment  plutôt  que  coucc  autre  i  la  lumière  des  bougies  au  bout  d'un 
leois  allez  long, commence  à  la  peindre  d'une  foible  nuance ^cnfin  la 
lune  ne  produit  cec  effet  qu'après  pIuHeurs  nuics  d'action  continuelle^ 
il  en  eft  la  même  chofe  pour  les  phofphores  y  mais  aufTi  quand  Ja  lu- 
mière ell  parvenue  à  un  ceciaûi  degré  aubrt:u[ité,elle  ne  produit  pccf- 
que  plus  aucun  elFec. 

La  lumiète  du  cccpufculc  ,  celle  qui  feroit  nccelTîiirc  pour  lire  ce 
journal  en  venant  d'éprouver  l'aiflion  d'une  lumière  vive  ,  fans  permet- 
tre ta  lecture  d'un  cacadlcce  plus  pecït  à  une  vue  d'une  force  médiocre , 
feroit  fans  aucune  cfHcace  fur  la  lune  cornée, &  toutes  les  aurrcs  ma- 
tiètes  qtie  j'ai  nomniées;  mais  la  matière  clc6Uique  &  le  phlogilli^o 
fonc.de  même  (ans  eâ^c  quand  leur  force  cfl  tcès-a£foiblie. 

§.  p.  Dcioloration  de  divers  Corps  optrêt  par  la  Lumière  au  travtrs  di 
divcrfes  lames  ^  foU  de  v^rrc  y  foit  de  papier. 

11  eft  important  de  ccnfidcrer  l'impreffion  de  la  lumière  fur  diffcrens 
co^ps  au  travers  de  dïverfes  lames ,  foit  de  verre  ,  foit  de  papier.  Voici 
h,  defcripcion  de  l'appareil  dont  je  me  fuis  fervi. 

Soit  une  caifTe  parallclîpipède  dont  la  bafe  a  un  pied  en  quarré|fic 
U  hauteur  dix-huit  pouces  ^  elle  eft  Terminée  de  trois  cotés  par  une 
feuille  de  fer<blanc  \  le  quattième  eft  un  feuillet  de  verre  qui  a  environ 
trois  quarts  de  ligne  d'cpailTeur.  J'ai  inféré  dans  cette  caiiTc,  quatre 
autre  califes  ayant  la  mcme  luuieur ,  faites  avec  le  mcme  verre ,  mÀis 
différant  toutes  par  leur  largeur,  puifquellcs  étoïent  toutes  placées  à 
cinq  lignes  les  unes  des  autres  \  elles  étoient  fixées  par  une  rainure 
faire  dans  la  planche  qui  fervoit    de  bafe  i  la  caKTe,  &  elles  s*y  cn- 

L  châlfoienri  toutes  ces  cailfes  étoienc  recouvertes  par  une  blanche  fem- 
blableàcelle  de  la  bafe,  &c  qui  intercepcoit  tous  les  layons  de  lumière 
qui.auroient  pu  entrer  pat  lefommet  de  la  cailTe. 

J'ai  employé  des  rubans  de  foie  appelles  Annttes  ^  leurs  couleurs 
étoienc  la  violette  pale  ,  la  rofe ,  la  verte  6:  la  bleue  ;  je  ne  parlerai 
^lue  des  premières  couleurs  y  parce  que  l'cSec  de  U  lumière  fur  elld  ï 

..<jé  le  plus  fenûblc, 


SUR  VllJSf.  NATirREllé  ET  lÉS  JRtS,      ^75^ 

Je  jjhÇûis  ces  rubans  de  tDanièrc  qa  une  j>anic  flottoK  à  l'air,  cindis 
(juéraatrecroiten-dedansdela  première  glace»  de  façon  qu'elle  lui  inteiv 
cèproit  l'aftion  immédiate  de  la  lumière;  j'en  pUçai  an  fécond  fur  la- 
ghce  de  la  féconde  caifTe  qui  étoit  la  plus  voifine ,  je  ainfi  un  iroifième^i 
un  quatrième  Se  un  cinquièrfic  C\it  les  glaces  des  caîftes  fuivantes,  en 
obfetvant  que  ces  rubans  ne  s^cclipfafTent  pas  réciproquement  la  lumière; 
je  plaçai  de  mÔme  encore  d'autres  rubans  fur  les  glaces  des  mcmes  càif- 
fes,  de  manière  que  le  fixième  avoir  cinq  glaces  encre  lui  &  la  lumière  ^ 
&c.  Enfin  j'y  placois  des  rubans  ployès  dans  plufîeurs  papiers  &  qui  ne 
pouvoient  tcccvoir  aucune  a^ion  de  la  lumière. 

J'obfervai,  1**.  que  les  rubans  qui  n'avoienc  pu  erre  exnofës  à  l'avion 
immédiate  de  la  lumière ,  n'avoient  point  clwngc  de  couleurs:  i*^.  Que 
fes  rubans  violets  &  rofes  expofcs  immédiatement  à  la  lumière  Ôc  au 
foleil ,  avoient  un  peu  blanchi  rtn  bout  d'une  journée  ;  que  cela  augnienra 
pendant  la  féconde  &  les  fuîvantcs,  cjuoiqae  le  côté  du  ruban  qui  n'étoit 

ftas  expofc  i  la  lumière  eût  confervé  long-tems  fa  couleur;  ce  fut  feu-* 
ement  au  bout  de  trenre-cinq  jours  que  les  deux  côtés  du  ruban  fu- 
rent décolorés:  }*.  Que  la  partie  de  ce  ruban  placée  fur  la  première 


iquante  jours  ,  Ja  lurr.ice  expt 
4".  Que  fix  fomaines  enfaire  les  rnb.ins  violcrs  $c  rofes  avoient  blanchi: 
j**.  Qui  la  fin  des  trois  mois  le  ruban  expofc  fur  h  quatrième  glace 
avoir  commence  de  fe  fiiner.  Enfin,  qu'au  oout  de  fix  mois  les  autres 
'lubans,  dans  les  autres  portions  plus  reculées,  n'avoient  fouffcrt  aucune 
altération  ,  comme  ceux  qui  avoient  été  mîs  au  fond  des  caiifes  après 
avoir  été  ployés  dans  du  papier. 

A  l'expiration  d'un  mois, le  jaune  &  le  bleii  n'avoient  fouffert  aucnfîe 
altération  bien  fenfible ,  après  avoir  été  fcparés  du  contaét  immédiat 
de  la  lumière  par  une  glace;  mais  au  bout  de  quatre  mois  le  jaune  a 
bruni,  le  bleu  a  été  moins  fon^^^é  de  quelques  nuances,  le  cramrfrft  a 
'un  peu  blanchi  ,  le  verd  a  un  peu  jauni;  mats  il  à  fallu  ttôis  fois 
plus  de  rems  pour  leur  fiire  éprouver  ces  changemens ,  lorfqu'îlsrece- 
voient  l'imprcilion  de  ta  lumière  au  travers  d'une  glace,  que  lorfqu'ils 
étoienc  expofés  i  la  lumière. 

Je  dois  remarquer  ici,  n^is  fans  donner  rien  de  précis,  parce  que 
je  n'ai  pu  répéter  alfez  fouvent  mes  expériences ,  que  fi  les  glaces  fe 
touchent ,  il  en  dut  un  plus  grand  nombre  pour  arrêter  les  effets  de  la 
lumière,  que  lorfqu'elles  font  féparées  par  des  couches  d'air,  comme 
dans  les  expériences  que  je  viens  ae  rapporter. 

Enfin,  il  faut  ajouter  que  ces  expériences,  de  même  que  que!<^ues- 
unes  des  fuivantcs ,  varient  beaucoup  félon  les  lieux  où  on  les  fait,i 
caufe  du  féjour  plus  ou  moins  grand  du  foleil ,  de  fes  reflétions,  Sec* 


î 


j7<F       OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

On  peut  cependant  conclure  en  gcnéral ,  que  U  dccoloracion  des 
rubms,  eft  en  raifon  de  la  qunnrirc:  de  la  lumière  oui  les  frappe  ,  du 
moindre  nombre  des  furfaces  interpofces ,  &  des  létradiions  éprouvées 
par  la  lumière  ea  clungeanc  de  milieu:  enfin,  qu'il  y  a  un  nombre  de 
ces  rurfaces  &  de  ces  icfczâiuns  au-aeU  duquel  la  lumière  n'opère 
plus  aucune  décoloration  \  peut-être  que  chaque  paflage  d  un  milieu 
dans  un  autre,  occalîonnant  desicHcdiuns  conlîdcrables  »  diminue  fon 
încenlicc  au  point  qu'elle  n'a  plus  allez  d'énergie  pour  produire  cet 
effet. 

Dans  une  matière  de  cetce  importance  ,  il  ne  faut  rien  négliger; 
Tai  fuivi  l'cfllct  de  la  lumière  fur  la  planche  de  fapin  qui  fervoir  de 
bafe  à  ma  cailU: ,  &  j'ai  remarque ,  i  ".  que  la  partie  inférieure  de  cette 
cailfe,  immédiatement  expo  fée  à  la  lumière,  étoit  jaunie,  &  que  le  jaune 
^loic  brun:  i^.  Que  la  portion  de  fapin  qui  étoïc  derrière  la  premiète 
glace  éroic  prefque  aulli  jaunie  que  celle  qui  étoit  expofce  i  l'air,  & 
que  celles  qui  fuivoient  étoient  d  autant  moins  jaunies  ou  altérées 
par  la  lumière,  quelles  en  avoienr  été  fcparées  par  un  plus  grand  nom- 
bre de  glaces  i  mais  la  partie  du  fapin  qui  écoit  derrière  la  neuvième 
Î;lace ,  ^  qui  croit  placée  à  1 1  pouces  &  demi  de  la  première,  &  fur 
aquclle  la  lumière  agiifoic  immédiatement ,  cette  partie  fi  éloignée  Se 
Ci  garantie  avoir  encore  des  traces  légères  d'altération  ;  enfin ,  l'épaiifeur 
de  ces  taches  étoît  proportionnelle  à  la  force  de  l'impreflion  de  la  lu- 
intère  &  à  fa  durée  ,  elle  m'a  paru  de  -^  de  lignes  dans  la  partie  expo- 
fée  immédiatement  i  la  lumière  ,  &  j'ai  lieu  de  croire  que  cette  colo- 
lacion ,  au  bout  de  quelques  années ,  ne  plTe  pas  une  certaine  épaiHeur, 
comme  je  le  ferai  voir  dans  un  autre  Mémoire.  La  nature  du  bois 
m'a  paru  changée  dans  fa  nature,  elle  efl  devenue  plus  propre  à  la  com- 
buUion  ;  mais  je  renvoie  encore  ce  fujet  curieux  à  un  Mémoire  qui 
fuivra  celui-ci,  de  mcmc  que  des  obfervacions  fur  la  nature  des  buis 
£c  des  fubllances  qui  me  fcmblent  être  les  plus  fujectes  i  ces  variatiptis 
produites  par  la  tiunicre. 

On  ne  fauroit  attribuer  ces  phénomènes,  ni  i  l'air,  ni  à  l'humidité, 
ni  i  la  chaleur;  i^.  Parce  que  les  rubans  &  les  bois  expo fc s  à  la  lu- 
mière ,  fans  éprouver  une  chaleur  plus  forte  que  celle  de  l'atmofphère , 
y  foulFrent  ces  altérations;  tandis  que  ces  bois  &  ces  rubans  placés  i 
côté  dans  des  boîtes  de  bois  épailTes  &  bien  fermées ,  y  confetvent  par- 
faitement leur  couleur  j  outre  cela ,  une  chaleur  de  50  degrés  n'opère 
gucun  changement  fans  lumière  &c  n'empêche  pas  l'effet  que  la  lumière 
produit  fur  eux  quand  elle  agît:  t*.  C«s  décolorations  ont  également' 
Jieu  dans  le  vuide,  comme  M.  Beccari  l'avoir  remarqué,  Mémoire  de 
Cologne,  T.  VI.  )''.  M.  Bonnet  dont  I'œiI  perçant  pénètre  tout  ce 
ou'il  étudie  ,  a  obfervé  dans  U  lome  V  ^  de  Ciduîon  in-^**.  de  fa  (Suvrtj^ 
Ç9^t  U  commeocç  4'enriciiti  Iç  P^blic  ,  pa^e  5  p  ^  qife  les  fçuUlcs  étio- 


SUR  rrnsT.  naturelle  et  ies  arts.   577 

lies  des  liaricocs  avoîenr  reverdi ,  après  avoir  éic  expofces  à  Tadlion 
de  b  lumière  au  travers  d'une  couche  d'eiu  dans  hquellc  ces  plantes 
écoient  plongées  :  4- .  Ma  taiire  a  toujours  ézé  expofce  i  la  même  cein« 
jHTarure,  de  forte  que  l'air  qui  y  cir. uloit  étant  le  même,  l'humidité 
^  la  chaleur  écanc  toujours  J'embUbI»,  ces  ciules  égales  auroieiu  dû 
produite  des  effets  égaux  dans  couCc:>  les  parties  de  la  catlfe^  mais 
comme  la  décoloration  dci  rubans,  &  la  couleur  jaune  du  fipin  dinii- 
autitt  i  mcAirc  que  les  oblUclcs  à  l'aâion  de  la  lumicrc  augmcittcnc, 
il  en  rcfulce  clairemenr,  i^.  que  la  lumière  ed  ta  caufc  de  cesphcnomè- 
Jies^  dailIeurSjOn  voie  tncorc  que  la  planche  fupc'ricure  de  U  caille 
qui  n'a  reçu  que  la  lumière  rédcchiu  eti  intniiment  peu  colorée  :  i*^.  que 
Ja  partie  de  la  cailfe  qui  a  toujours  été  dans  lomore  eft  plus  altérée 
<lan^  fa  couleur  que  la  partie  fupérieuie ,  mais  aulG  on  y  voit  les  bot" 
nés  de  l'ombte  ttatées  par  la  force  de  la  couleur  brune  qui  eft  plus 
grande  par-touc  où  la  lumière  a  agi  toujours  immédiatement. 

J'ai  employé  encore  un  liteau  de  fapin  qui  avoït  trois  pied^  pour 
varier  ces  expériences*,  je  l'ai  partagé  en  dix-fcpt  parties  égales  ;  j'en  ai 
couvert  alternativement  une  avec  une  bande  de  pi^pier  divcrfement 
coloré;  de  manière  qu'une  partie  de  cet  efpace  fût  couvert  de  deux 
papiers,  tandis  que  l'autre  croit  feulemfnt  couvert  par  un;  le  cote  du 
liteau  où  le  papier  avoir  deux  doubles  étoit  le  même  pour  chacune  de 
ces  diviltons;  ces  papiers  étoient  fortement  atracKès  par  les  deux  bouts 
avec  du  til  &  retenus  par  deux  pointes  dV-piogles,  de  forte  qu'onnft 
pourroit   aifcment  imaginer  que  l'air  extérieur  pût  y  jouer. 

Au  bout  d'une  année  le  papier  noir  n'a  fouffert  aucune  altération 
dans  ù.  couleur,  &  le  bois  qu'il  couvroit  a  confervé  fà  première  blanr 
cheur. 

Le  papier  violet  n  perdu  toute  fa  couleur  ,  le  bois^  jauni  par-tout  t 
mais  parti<.ulièrcnicut  U  uù  il  n'y  avoir  qu'une  épaiireui  de  papier. 

I.e  papier  verd  a  conk-ivé  une  patrie  de  fa  couleur  ,  la  partie  recou- 
verte a  ccc  même  \Ln  peu  altérée;  mais  la  couleur  du  bois  a  très-peu 
jauni  dans  la  place  couvene  par  un  double  de  papier ,  Se  point  du  tout 
là  où  il    y  en  avoit  deux. 

Le  papier  Jaune  a  été  entièrement  décolore  dans  la  partie  expofc« 
à  la  lumière  fie  point  dans  l'autre  :  le  bois  couvecr  d'une  feule  epaif» 
feur  de  papier  a  été  altéré  dans  fa  couleur  >  mais  peu  U  où  il  ccoic 
double. 

Le  l^er  rouge  a  foufterr  peu  de  changemens  dans  fa  couleur ,  auflî 
le  bois  n'en  a  prefque  poiuc  éprouvé. 

Le  papier  d'Hollande  ^lanc  Ôc  épais  a  roufTi  dans  fa  partie  extérieure  ; 
le  bois  a  eu  fa  couleur  altérée  là  où  il  n'étoit  couvert  quu  pat  un  dou- 
ble de  ce  papier ,  mais  il  n'a  point  fouffeit  d'altération  U  où  il  y  ea 
avoit  deux. 

Tome  XJr,  Part.IÎ.  1773.  NOr£MBR£.    Ccc 


J78       OBSERVATIONS  SUR    LA   PHYSIQUE, 

Le  p.-pier  hrouiUjrJ gris  «  le  moins  préfervc  la  partie  du  bois  qu'il 
couvroic,  mais  ici  encore  on  trouve  que  la  parrie  la  plus  altccée  ctoic 
celle  qui  n  croie  couverte  que  par  un  feul  papier.  Je  dois  ajouter  que 
les  incervallcs  qui  n'ont  pas  ccc  couverts  ont  tous  b  même  couleur  \ 
mais  ce  qui  efl  capital,  c'ef^  que  la  lumière  a  agi  iion-fculement  fur  la 
partie  qui  n'ctoît  pas  couverte ,  mais  encore  à  une  ligne  au-detlous  de 
la  parrie  couverte. 

J'ai  péfcrc  le  papier  aux  étoffes  dans  ces  expériences ,  parce  que 
j'en  croyois  le  tifTu  plus  ferré  &  plus  continu  ;  mais  rt  ces  expériences 
ne  lailïcnr  aucun  doute  Air  l'efter  de  la  lumière  pour  décolorer  le  bois» 
fi  elles  nous  monnent  que  le  foie  de  foufre  ,  &:  refprit-de-vin  produi* 
fent  les  mcines  effets  ,  comme  je  le  ferai  voir  bientôt  plus  en  détail  , 
elles  inllruifenr  peu  fut  la  décoloration  des  papiers^  les  couleurs  qui 
les  couvrent  font  terreufes,  la  préparation  employée  pour  les  appliquer 
eft  diftcrcme  ,  l'effence  du  papier  n'eft  pas  la  même;  mais  il  m'a  ce- 
pcndanc  paru  que  la  décoloration  a  toujours  été  proportionnelle  à  la 
diminution  de  l'épaiffeur  des  furl^ces  qui  interceptoienc  l'aâion  im- 
médiate de  la  lumière;  je  vais  renouveller  ces  expériences  de  manière 
à  pouvoir  ftatuer  quelque  chofe  de  plus  pofitif  fur  les  altétiitions  eau- 
fées  i  chaque  couleur.  Après  avoir  ramaftc  les  matériaux  de  cette  letrte , 
{*e  les  communiquai,  Maaimet  à  M.  Bonnet ,  que  vous  connoillez  avec 
'Europe  comme  un  grand  l'hylicieii ,  un  parfait  Obfcrvateur  Se  un 
lablime  Métapliyfîcien;  mais  donc  vous  ne  connoillez  pas  comme  moi 
la  grande  bonté;  îl  veut  bien  perdre  fon  tems  à  écouter  ceux  qui  te 
confultent  &  defcendre  jufques  à  eux  pour  les  éclairer  de  fon  avis  ; 
il  daigne  m'Iionorer  ainli  quelquefois  de  fes  confeils  &  de  fes  leçons; 
quand  il  eut  entendu  la  lefture  de  ce  que  je  viens  de  vous  écrire ,  il 
me  montra  fon  Journal  qui  contenoic  pluiîeurs  expériences  du  genre  de 
celles  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  rapporter  fur  la  décoloration  de 
quelques  corps  ;  j'y  vis  avec  plaifir  que  fans  nous  ctre  communiqués 
en  aucune  manicrc  ,  nous  avions  eu  quelques  idées  femblables,  &  que 
nos  expériences  quoique  différentes  pour  la  forme ,  offroient  les  même» 
réfulcats  ;  vous  en  jugerez  mieux  par  rcxccUent  Mémoire  que  le  l*hi- 
lofophe  de  Genthod  publiera  à  ce  fujct,  &c  que  j'annonce  avec  d'ail- 
lant plus  de  plaidr,  qu'il  fera  une  autorité  propre  à  accréditer  les  expé- 
riences que  je  voulois  répandre  ,  &  une  in(lru<flioii  inriniment  utile 
pour  les  Phyficiens. 

Je  n'ai  pas  encore  fini ,  Madame ,  j'ai  des  expériences  ei^^o  plus 
fingulièrcs  à  vous  rapporter,  elles  me  paroiffent  mériter  b  plus  grande 
attention. 

Tai  dit  que  Meflîeurs  Beccari ,  Meyer ,  Schuize  &  Scheele  avoîent 
obfervc  comme  moi ,  que  la  lumière  rendoit  violette  la  lune  cornc^ 
nuis  j'ai  obfervc  de  plus  que  la  lumière  du  jour  ordinaire  quand  le 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      y;<f 

çie\  ii'étoit  pas  fercin ,  n'opcroït  ce  chantrement  qu'au  buut  de  deux 
minutes  j  que  d.tns  un  jour  ferein  ,  il  ne  ialloic  qu'une  inmucc,  inais 
que  U  lumièie  du  foleil  produifoic  cec  ctfec  dans  lîx  i  huîc  fc^undcsy 
que  cecce  lumicre  incerceptce  par  un  papier  n'agifToU  qu'au  bouc  de 
cinq  minutes;  qu'il  lui  en  falloir  dix  quaiid  il  y  avoic  deux  papiers  & 
qu'elle  ccoic  fans  efficace  quand  il  y  en  avoit  trois. 

M.  Tingry  ,  Dcinonflrateur  en  Chymte  ,  de  U  Socicic  des  Artl^ 
aThonnêtecc  duquel  je  duis  toutes  les  ptcparaEÎons  que  j'emploie,  3.voic 
précipité  beaucoup  d'argenc  par  U  dillulacion  du  lui  mariii,  dans  un 
bocal  qui  avoir  tf  pouce!»  de  .haut  fur  4  pouces  de  diamctce;  cous  les 
côtés  du  bocal  où  le  crouvoic  la  lune  cornée  paroifloienc  violets  ;  mais 
le  côte  cxpofé  à  Tai^ion  immédiate  de  la  lumière, éroit  beaucoup  plus 
fonce  j  le  fond  du  vafe  vu  par-delfous  étoic  pai^itemenc  blanc ,  mais 
la  partie  fupérieure  delà  lojie  cornée  fut  ceinte  duoiqu'il  y  eût  7  pou- 
ces d'eau;  le  vaitfeau  agité,  la  lune  cornée  reprit  u  blancheur,  &c  elle 
redevint  violette  quoique  les  rayons  de  lumière  tcavetfailcnc  deux  pou- 
ces d'eau  pour  y  arriver. 

Si  l'un  emploie  une  lentille  pour  porter  une  lumicre  plus  vive  Cax 
cette  lune  cornée,  elle  cft  cliangce  à  l'iiiftanc  mcmei  û  l'on  intercepte 
fes  rayons  par  un  papier  il  faut  une  minute  ,  crois  minutes  lorfqu'il 
y  a  deux  papiers,  10  minutes  avec  crois  papiers  8c  jamais  avec  quatre 
papiers.  Le  papier  que  j'emploie  eft  un  peu  plus  fecré  que  celui  de  ce 
Journal. 

La  lumicre  réRcchie  par  un  mue  blanc  n'agilToic  qu'au  bout  de  ïêp)^ 
à  huit  minutes.  Un  morceau  de  bois  de  noyer  de  ^  ligne  d  cnallleur  em- 
pêche la  qploration  de  la  lune  cornée  loiCqu'il  intercepte  la  lumière  , 
maïs  un  morceau  de  fapin  femblable  ne  produiûc  pas  cet  effet. 

Douze  lames  de  verre  ayant  chacune;  de  ligne  d'cpaiffcur ,  &  qui 
fe  touchoienc  en  couvrant  la  lune  cornée,  n'ont  permis  au  foleil  de  la 
colorer  qu'après  avoir  été  expofce  à  fes  rayons  pendanc  vingc-deux  mxr 
nuces.  Deux  pouces  d'eau  entre  deux  lames  de  verre,  n'ont  arrêté  que 
pendant  trois  minutes  l'adion  de  la  lumière  fur  la  lune  cornée,  elle  efl 
devenue  violette  au  bouc  de  ce  tems-là. 

lîntîn  tes  dilfércns  rayons  pilfmatiqucs  ont  un  pouvoir  diffcrenc  de 
colorer  la  lune  cornée;  le  rayon  violet  change  en  violet  la  lune  cornée 
dans  i^  fécondes,  le  pourpre  dans  1^,  le  bleu  dans  2  9>  le  verd  dans 
J7»  le  jaune  dans  cinq  mniutes  6c  demie ,  l'orangé  dans  11  minutes^ 
&  le  rouge  dans  10  minutes;  ces  crois  dernicrcs  couleurs  commençoienc 
feulemenc  alois  à  l.iiller  une  ceinte  violerce  fur  la  lune  cornée ,  mais 
i«  n'ai  pas  pu  parvenir  2i  la  rendre  auili  force  que  celle  qui  eft  opérée 
par  le  rayon  violet  même  au  bout  de  trois  quarts- d'heiue. 

ÂBn  de  ne  Uiilcr  aucim  douce  fur  cette  expérience  ,  iai  examiné 
ï^m  de  chaque  rayon  féparc  de  tout  autte  fut  la  igJje  corué^ 
,  177?.    NOVEMBRE,        Ceci 


jîo     onsnnrJT/oNS  sur  la  phyxique,'- 

dam  mie  chambre  obfcure.  Enfuîte  j'.ii  appliqué  fur  une  des  Turfaces 
laicratcs  lI'uii  flacûii  une  couche  de  lune  cornée;  j'y  ai  fait  tombée 
Vim^'^e  d'un  pnlme  ,  «Jo  'lunière  qu'elle  OLcupât  toute  la  Lirgenr  de 
l'efpace  couvfcrt  pst  h  lune  cornée  que  j'avois  eu  foin  de  couper  en 
dirigonale,  pour  mieux  juger  limpreflion  de  la  lumière  fur  la  lamelle 
appliquée  immédiatement  au  verte ,  Se  j'ai  obfcrvc  condamment  l'etTec 
particulier  de  chaque  rayon  comme  je  l'p.i  dLjà  décrie -.j'auroi^  pu  muUi' 
plier  ces  expériences  en  les  fslfant  fut  différentes  préparations,  comme 
je  l'ai  déjà  pratiqué  j  mais  cela  n'oiftoic  aucune  vue  nouvelle  pour  ce 
que  je  voulois  aujourd'hui  .faire  connoïtrc,de  fotce  que  je  renvoie  ces 
deuils  utiles  à  d'aurres  circonftinces. 

Il  rcfulte  de  ces  expériences;  i"^.  Que  les  rayons  dont  la  viteflè 
piruic  la  moindre ,  func  ceux  qui  agilfent  le  plus  fortement  fur  la  lune 
cornée  comme  les  rayons  viulers  :  i".  Que  les  rayons  qui  paroiflènc 
les  pi u^  npideis,  oui  font  peut-être  mieux  téricchis  ,&  qui  le  combi- 
nent moms  avec  la  lune  cornée,  font  ceux  qui  agilTent  avec  le  moins 
de  force:  3*'.  Que  les  rayons  violets  agident  prefque  aufli  vite  que 
TOUS  les  fept  rayons  enfemble  :  4**.  Ne  feroii-il  pas  poflible  que  le» 
rayons  violets  fu(îenc  les  feuls  phtogiftiqucs  ,  &  que  les  autres  rayons 
ne  parulTent  l'être  que  parce  qu'ils  ne  font  pas  bien  fcpacés  du  violet? 
J**.  Peut-être  au  moins  les  rayons  violets  font-ils  plus  phlogiftiqués 
que  les  nattes ,  ou  fe  cotnbineiîi-ils  plus  facilement  Se  en  plus  grande 
quantité?  6'^.  Enfin,  pcut-ctte  tous  ces  rayons  font-ils  plilogilliquc» 
différcns  degrés,  puifqu'ils  ont  une  manière  d'agir  commune  quoi- 
le  leur  énergie  particulière  ne  fuit  pas  la  même. 
Oui  ,  Madame  ,  je  ctois  ces  rayons  plUogiftiqncs ,  ou  plutôt  conte- 
nt une  matière  agirtante  comme  le  phlogiftique  j  la  lune  cornée  qui 
eft  ainfi  colorée  en  violet  eft  réduite  ,  elle  peut  fe  dilloudre  dans 
l'eau  forte;  &  fai  eu  le  plailJr  de  la  voir  fous  fon  brillant  métallique 
quand  elle  a  été  expofée  i  l'avion  du  feu.  11  e(l  au  moins  certain  que 
l'acide  marin  cil  chfkffé  de  l'argent ,  puifque  l'eau  dans  laquelle  on  lave 
cette  lune  cornée  noircie ,  eft  acide ,  Si  qu  elle  a  l'acidité  du  fel  marin  , 
puifqu 'clic* précipite  la  dllfûluiion  d'argent,  tandis  que  Peau  qui  lave 
la  lune  cornée  blanche  ne  produit  point  cet  effet  ;  au  reftc,  la  lumière 
n'opère  pas  cette  feule  rédu^ion  ,  on  fait  que  les  acides  calcinent  l'ot 
&  l'argent,  &  qu'ils  leur  otenr  leur  phlogiftique,  piiifqne  leur  diflolu- 
tion  donne  de  t'air  inflammable  ;  mais  la  lumière  du  miroir  ardent 
rcduir  ces  métaux  (ans  addition,  parle  phlogiftique  de  la  lumicte  qui 
fe  dccompofe  fans  doute  au  foyer;  ce  qu'd  y  a  de  certain  ,c*eft  que  Toc 
&  l'argent  donnent  alors  de  l'air  déphlogiltiqué;il  en  eft  de  même  du 

ftrécipitc  perfe,  du  précipité  roage   Se  du  curbich  minéral;  enfio,U 
umière  du  miroir  ardent  rend  les  chaux  de  fer  attirables  à  faimant; 
b  caLcinaùoa  dunn«  aux  (erres  calcaires  U  ficulc^  d'anirei  la  lutuici* 


que 


imnt 


SUR  l'HIST.  KATUREILB  ET  If- S  ARTS.     3S1 

quand  elles  font  imprégnées  d'acide ,  8c  le  pHofjiKoie  de  Bologne  eft 
ftccom|ugné,  pendani  qu'il  luit,  d'une  odeur  de  foie  de  foufre  aécom- 
pofé. 

Puis  donc  que  la  lumicre  rcduic  la  lune  conicc  &  les  chaux  de  quel- 
ques mécaux,  il  pavoît  qu'elle  zziz  comme  une  matiÈre  plilogïïliquance 
ou  phlogiftiquce  \  la  vapeur  du  foie  de  foufre ,  le  charbon  ^  proHuilencau 
moins  des  crt'ets  analogues^  niaîs  je  me  garde  bien  d'airurer  que  la  lumière 
foie  le  phlogiftique  i  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  qu'elle  ne  colore 
que  la  furface  de  la  lune  cornée ,  fie  qu'au  bout  de  plulieurs  Semaines 
la  pcnccratioii  n'eO:  pas  plus  grande  qu'au  bouc  de  quelques  minuccs. 

§.     10.     ConJldifaÙMi  fur  l'Eiiolcment, 

Les  obfervations  que  j'ai  rapportées,  les  confidéra lions  que  j'ai  fjites 
peuvent  nous  nppiochec  du  bl  qui  nous  conduira  à  la  connoillÀnce  de 
î'ctiolemenr. 

Le  feu  ou  la  chaleur  contribue  au  développement  des  plantes»  com- 
me le  fluide  électrique,  mais  ni  l'un  ni  laucre  ne  préviennent  I'ctiole- 
menr ,  Cl  les  plantes  Tout  dans  robfcuritc  \  les  pl3ntes  végètent  fore 
bien  dans  un  air  plogifliqué,  mais  ce  phlogiflique  ne  leur  tient  pas  lieu 
de  la  lumière  ,  elles  y  prennent  bientôt  une  lîgurc  étiolée  >  fi  elles 
font  privées  de  Pinriuence  bienfaifame  du  foleil  ;  il  y  a  même  plus,  U 
lumière  de  la  ri.imme  ne  remplace  pas  celle  du  jour  :  M.  l'Abbé  Corte 
avoir  obfervé  que  la  cremelle  qui  chetchoic  les  rayons  de  la  lumicce 
ne  chetchoic  point  ceux  d'une  bougie. 

On  iait  qu'une  feuille  de  papier  appliquée  fur  les  fruits ,  empêche  leur 
coloration  coram'e  celle  de  la  lune  cornée. 

On  obferve  encore  que  létîolement  fc  répare  trcs-vîte |  d l'on cxpofe 
les  plantes  éciolcos  à  la  lumicre. 

L iiifpeâion  de  la  plante  étiolée  annonce  quelle  c{l  attaquée  d'une 
maladie  qui  fetoit  au  végétal,  ce  que  l'hydropine  produite  par  le  relâ- 
chement eft  à  l'animal;  la  plante  s'allonge,  s'etÏÏle,  blanchit  ;  elle  eft 
fan^  force;  elle  eft  noyée  par  un  fuc  aqueux,  c^n  relâche  toutes  fes  par- 
ties, elle  relTêmble  affez  à  ces  convalefcens  que  le  fcjnur  dans  la  chani' 
bre ,  l'inaction  Se  une  forte  tcanfpiration  alfoi^Ulfent ,  pâlillent  ,  e^ 
lent  &c  boutfoufflenc. 

Les  feuilles  des  plantes  ont  une  partie  rcfïno-exrraÀive,  dïfToIuble 
dans  l'eau  par  fon  adhérence  aux  matières  qui  conipofenc  l'extraie  : 
alors,  la  partie  extradbive  efl  bien  diUoutf,  mais  la  réiîncufe  ell  pccf- 
que  intacte  ;  une  infuHon  de  la  âeur  de  carthame  donne  une  couleur 
jaune,  mais  les  fels  alkalis  en  rirent  la  couleur  rouge  qui  ell  réfineufe , 
&  que  l'eau  feule  n'auroic  pu  extraire  ;  ceci  m'avoi:  fait  pcnfer  que 
comme  Vévapoiacion  paroU  moindre  dans  les  plantes, çiiuicçs»  ilferoit 


jSi       OBSERrjTrON^   SUR   LA   PHYSIQUE  ^ 

poHible  que  b  partie  colorante  fût  di^oute  dans  cette  eau  rurabondante , 
&  noyée  au  point  qu'on  ne  pût  l'appercevoir  ;  mais  les  expcrien^ci  de 
M.  lionnet  prouvent  que  les  plantes  ctioices  qu'on  fubmerge  repaient 
leur  (l'tiulemcnt  ,  (i  elles  font  expofces  à  la  lumière  \  cependant  dans 
cet  ctit  elles  ne  Hiuroienc  tranfpirer  abondamment  ,  puilquV'Ues  font 
environnées  d'cnu  j  d'ailleurs,  l'ciectriùté  &  la  Jialeur  qui  hâtent  l'éva- 

{>oration  n'empcchent  pris  l'étiolement  ;  &  les  plantes  aquatiques  s'ttio- 
ent  fous  l'eau  quind  uUes  font  privées  de  la  lumière. 

il  feroir  peucltrc  plus  prubablc  d  imaginer  une  combinaifon  con- 
tinuelle de  la  Inmiére  avec  le  végétal ,  «qui  favorife  l'évaporation  du 
fuc  aqueux ,  6c   qui  le  combine  de  manière  d  former  cette  partie  réfi- 
neufe  qu'on  obfecve  dans  toutes  les  ccorces,  dans  toutes  les  feuilles 
&  dans  les  parties  des  fleurs  propres  à  la  fécondation;  il  femble  que 
t'ell  dans    ces  dernières  où  les  molci*ules   de  lumière  fe  concentrent 
fur- tout ,   &  où  eïïes  doivent  nccelTaîrement  fe  concentrer;  c'ell  au 
moins  là  que  fe  trouvent  les  parties  les  plus  huilcufcs,  ces exlmlaifons 
fulphureufes  qui    frappent  rodotat  ;  ce  qui  efl  bien  remarquable  ,  les 
plantes  ètiolces  ne  produîfent  aucune  fleur,  &  celtes  qui  font  un  bou' 
ton    pcrident  quand  elles  ne  peuvent  ctre  développées  par  la  lumière» 
eii^.n  les  fleurs  étiolées  ne  font  pas  fécondes.  J'ai  obfetvc  un  fait  aifez 
(îngulier:  des  Cénfiers  &  des  Abricotiers  qui  donnoient  beaucoup  de 
gomme  pendant  qu'ils  ctoient  expofés  au  foleil ,  cefîèrent  d'en  latlFec 
couler,  auni-tôt  qu'un  bâtiment  leur  eut  intercepté  une  partie  de  lac- 
lion  immédiate   de  cet   aftre;  j'avois  dit  encore  dans  mon  Mémoire 
quatrième  fur  le  pMogiAique,  qu'il  écoit  poQîbtc  que  la  lumière  at^îc 
fur  les  plantes    par  fun  intpulfion  ;  maïs  pourroîi-on    douter  qu'elle 
modifie  tes  végétaux ,  quand  on  penfe  que  quelques  phofphores  cxpo- 
fés  à  fon  aéHon  y  perdent  pendant  quefque-rcms  leur  faculc^  de  luice, 
&  qu'ils  la  reprennent  lorfqu'ils  ont  été  expofés  au  tcu  ?  M-  Beccari 
avoir  obfervc  que  le  papier  cnauflï  ctoir  phofphorique,  mais  qu'il  ceffè 
de  laire  s'il  eft  expoié  au  foleil  pendant  quelques  lieures;   les  feuilles 
des  plantes  féchées  éprouvent  le  même  effet    &   l  imprcfiion  de  la  lu- 
mière fur  ce  papier  &  ces  plantes  eft  même  fi  profonde ,  qu  il  faut  les 
tacler  long-tems  avant  qu'ils  reprennent  leur  phofphoréité.  M   Beccafi 
*a  obfervé  encore ,  que  trois  feuilles  de  papier  expofées  au  foleil ,  de 
manière  qu'elles  fulfent  placées  les  unes  mr  les  autres ,  les  deux  pre- 
mières ctoient   trop  altérées  par  la  lumière  pour  ctre  phofphoriques  ; 
c'efl  fans  doute  au  végcul  dont  le  papier  etï  h\i  qu'il  doit  ce  phof- 
phorifme.  Cette  pltofphoréké  dépcndou  donc  de  certaines  parties  déli- 
cates que  la  lumière  dérangeoit ,  mais  la  force  qui  lui  tait  produire  cet 
efl^et  peut  ordonner  auHî  les  lamelles  des  plantes ,  comt>o(er  leur  tilTu , 
s'unir  d  la  terre  pour  les  nourrir  ,  entictcnir  une  circulation  dans  les 
fluides  qui  empcche   cette   hydtopifie  snoitelle  ,  produite  la  coulcuc 


SUR  VHIST,   NATURELLE  ET  LES  ARTS.      585 

comme  fut  nos  r-ip'tns  blanchis  au  rabor ,  fournir  pcut-ctrc  par  fa  com- 
binaifon  la  rcllne  cjuï  concourt  fingiilicrement  à  former  la  psrtie  co- 
lorante des  feuilles  &  des  fleurs,  &  élaborer  la  Beur  elle-ir.cme,-les  fruits 
&  les  graines  ,  qui  otfren:  ruus  beaucoup  de  parties  huileufes. 

Enfin,  ce  gai  donne  de  la  probabilité  à  ces  idées  ,  c'cft  que  toutes 
les  plantes  ^  fuivint  les  expériences  de  M.  Beccari  ,  peuvent  devenir 
phofphoriques  par  la  defllcatiou  :  il  paroîtroir  de  là  Qu'elles  ont  toute 
une  affinité  particulière  avec  les  parties  de  la  lumière*,  mais  comme 
l'humidité  nuit  à  ce  pliofphorifme,  ne  feroit-cc  point  parce  qu'il  dimi- 
nje  l'affinité  de  la  lumière  avec  la  plante  &  par  confcquent  tes  effets? 
Alors,  il  n'y  a  plus  cette  union  intime  qui  produit  la  lumière  ,  mais 
celle  qui  forme  la  partie  phlogiftiquée  dei  plantes,  leurscouleurs  »  odeur$, 
&c.  Dès  que  la  lumière  manque  à  ces  plantes  deflcchées,  elles  ceffent 
bientôt  de  luire  ,  &  quand  elle  manque  aux  plantes  ftaîches  qui  en 
■abforbent  peut-être  plus ,  ou  plutôt  qui  en  combinent  davantage  quand 
elles  y  font  expofées,  elles  celîeni  dette  colorées ,  d'avoir  du  goût;  dans 
les  années  pluvicufes  oà  le  foleil-patoît  moins,  les  plantes  auiîi  font 
moins  colorées,  moins  favoureufes  i  enBn,  une  fimple  feuille  de  papier 
qui  inrercepce  la  lumière  change  U  coloration  des  ftuits,  parce  quelle 
dérange  fans  douce  le  jeu  de  l'affiuité  de  k  lumière. 


§. 


1 1. 


Canjtdtrations  plus  générales  fur  la  Lumihe. 


La  terre  ,  l'eau  Se  les  fels  qui  entrent  dans  la  combinaifon  de  tous 
les  corps,  ne  font  point  lumineux  ni  inflammables  par  eux-mêmes: 
d'oii  reçoivent-ils  cette  propriété?  Seroit-il  impoffible  que  la  lumière 
contiibuât  à  &jtmer  les  huiles,  les  réfines,  les  matières  fulphurcufes , 
inflammables  &  phofphoriques,  foit  en  s'uniiranc  au  feu,  foit  en  le 
développant  ?  Ne  feroit-ce  point  une  caufe  finale  de  la  lumière  ?  Les 
fluides  phlo^iftiqucs  font  les  plus  réfringents  ,  lorfque  les  dcnfirés  font 
égales;  les  fluides  ou  les  corps  qui  réflcchillènt  les  rayons  les  plus  réfran- 
gibles  n'ont-its  pas  cette  qualité,  parce  qu'ils  ont  plus  d'affinité  avec 
les  rayons  qui  font  le  moins  réfrangibics?  Les  feuilles  les  plus  obfcures 
fonr  celles  qui  contiennent  le  plus  de  parties  réfincufes  ;  n'abfotbc- 
roient-elles  pas  plus  de  lumière  ? 

Puifque  le  rayon  violet  eft  réfléchi  par  les  lames  les  moins  denfes, 
Ôc  ïe  rayon  rouge  par  celles  qni  le  font  le  plus,  les  forces  réfl^ives 
Se  réfringentes  fonr  proportionnelles  à  la  denlîté  des  corps  colorés  , 
comme  Tes  expériences  de  M.  Délavai  paroilîent  le  démontrer. 

Ne  feroit-il  pas  podible,  fi  les  rayons  colorés  varient  par  leur  na- 
ture ,  que  l'affinité  plus  ou  moins  grande  de  chacun  d'eux  avec  les 
plans  rcBcchilîans  variât  leurs  nuances  ? 


38+       OBSERVATIONS  SUR   LA   PHYSIQUE, 

Si  la  himtcre  cft  comporce  de  corpuCculcs,  il  n'cfl  pis  imponîbic 
<j«e  cette  fubftance  ait  Ces  .iffinitcs  »  &  qu'elle  forme  le  pMogirtu)ue 
c^ui  cfk  Fxme  des  corps  organifcs  ,  comme  celle  du  Règne  minerai  ; 
le  ch.irbon  des  plantes  ctiolces  femble  ctre  en  plus  petite  qurintïcé 
que  celui  des  plantes  qui  ont  re<u  les  influences  de  la  luinitrc  j  ce 
qui  montreroic  la  fourcc  où  les  corps  puifenc  leur  inflammabilité* 

Le  phlogiftique  qui  fc  formeroit  dans  les  végtfraux  par  U  combinai* 
Ton  de  la  lumière  avec  leurs  principes ,  ne  feroit-il  pas  celui  qui  circule 
dans  les  deux  autres  Règnes  i  ou  du  moins  n'en  leroit-il  pas  la  plus 
grande  partie  ?  U  paroît  que  les  animaux  Se  les  minéraux  fouffrenc 
moins  par  la  privation  de  la  lumière  que  les  plantes. 

Le  feu  piroi'fant  un  ditTolvant,  U  lumière,  Iclediicitc,  le  phlogif- 
(ique  ,  ne  fcroieiic-ils  pas  le  même  dilTolvanc  dans  ditfcicas  degrés  de 
concentration? 

Je  m'artcte.  Madame,  il  vaut  mieux  faire  des  expériences  que  des 
raifonnemens  ;  je  vous  promets  de  profiter  de  cet  Eté  pou t  avan- 
cer autant  que  je  le  pourrai  cette  partie  de  nos  connoiflances  i  vos 
efforts  donneront  de  Icnergie  aux  miens  ;  je  tâcherai  de  vous  fuivre 
il  je  ne  puis  vous  donner  la  main  ^  je  penferai  fouvent  à  vous  en 
voyant  le  foleil.  Pète  de  cette  lumière  dont  vous  étudierez  avec  moi 
la  nature  ,  après  avoir  fervi  peut-être  fouvent  de  coim>araifon  pouc 
peindre  l'éclat  de  vos  chaimes  ,  vous  Lhetchcrez  la  lolidité  de  ces 
rapports  dans  la  fidélité  de  l'analyfc  que  vous  voulez  en  faire  :  pouc 
moi  je  n'en  doute  point.  Se  je  ne  continuerai  mes  rechcrchei  aue  pouc 
mieux  jt^er  les  vôtres  ;  je  vous  promets  leur  réfuUat  à  la  fiii  de  Tannce , 
Ôc  j'ai  l'honneur  d'être  rcfpetlueufement. 


MÉMOIRE; 


'Par   M,  /.  B.  de  Bbui^iB  j  fur  une  maloMe  produite  par  des  Moules 

yènimeufes, 

J-yE  tout  tcms  on  a  obfervé  des  maladies  caufces  par  des  moules 
vt^iimeufes.  Werlhof ,  Cautiones  MedU  ,  dit  qu'un  homme  robufte  ,  im- 
médiatement après  avoir  mangé  des  moules ,  hit  attaqué  d'une  cardial- 
gie,  de  vomiiTemcns  &  d'une  fièvre  pourpre  {purpura*  urtiaria)  Se  qu'il 
efl  mort  le  troifième  jour.  Selon  Baukmanaus ,  une  Dame  de  Mcci- 
Jcclembourg  ,  ayant   mangé  des  mouUs  vcnimeufes,  a  eu,  outre  les 

fymptômes 


Sun  VHIST,  NJTUREll^  ET  lÊS  ARTS,       j8f 

fymptomes  ordmiitcs ,  une  ttcs-grantie  hcraorragie  uccime.  Le  nicme 
Auteur  dît  :  f^idi  cn'tm  non  paucas  matronas  ,  vttgiues  &  injanta  tx 
mytilorum  eju  maie  Je  kahintes ,  Jintientcs  pittcorâtorum  anxiciaic.^ ,  Jii- 
Âons  frigidos  ,  l'tpothymuis  ,  vtntris  ,  facUi  &  extrtmifaium  intumefcttU' 
tiam  y  ita  ut  aSum  de  earum  vita  putajjei.  Eph,  Nat.  Lur.  Dtc.  i  ann» 
Oiiavi  Obf,  48  ,  pag,  m.  A7««(ftf/ ,  ajoute ,  avoir  obfervc  outre  cej 
•fymptomes,  des  convulfions  continuelles.  (ibid,Oh{.  1945,0.498.) 
F  A.  Guldenk  lee  cite  plufieurs  fymptomes  produits  par  des  moules  veni- 
mcufes,  Conf.  Diâ.  Cap.  1 1 ,  page  155./^.  Màbomiits  paile  des  palîîous 
illiaques ,  caufces  par  des  moules  venimeufes. 

Il  y  a  long-cenis  qu'on  coimoît  la  qualité  venimeufe  des  moules , 
mais  la  nature  de  ce  venin  a  été  inconnue  jufqu'à  nos  jours.  Quelques- 
uns  crurent  que  la  fubAancc  de  la  moule  mcme  ctoit  venimeufe  \ 
d'autres ,  qu'elle  contenoit  de  jeunes  crabes,  des  araîgtices ,  6;c.  &c. 
Ainll,  les  opinions  lurent  partagées;  par  la  fuite  du  tcms,  l'on  obfervi 
que  ces  conchyles  nctoient  venimeufes  que  dans  certaines  faifons  j  des 
obfervations  réitérées  ont  donne  lieu  au  proverbe ,  Us  mouUs  font  mal- 
faines dam  Us  mois  ou  Ut  Uttre  R  n'entre  pnint  :  ce  qui  fe  confirme  ré- 
gulièrement tous  les  ans ,  cette  maladie  ne  régnant  que  pendant  les  mois 
de  Mai ,  Juin  ,  Juillet  &  Août. 

Dons  ce  tens  j'ai  ouvert  une  grande  quantité  de  moules  *  pour  dé- 
velopper la  caufe  de  cette  maladie  ;  mais  toutes  mes  rc;;heri:hes  u'ayanc 
pas  reudi,  je  dus  à  la  tin  au  put  haiàida  ce  que  j'avois  chetcbé  en  vain 
pendant  bien  des  années. 

En  171Î9  ,  au  mois  d'Août  ,  un  de  mes  Confrères  étant  empoi- 
Tonné  par  ces  conchyles »&  fe  croyant  prcs  de  fa  fin,me  Ac  apptiUcr  j 
je  lui  ordonnai  un  vomitif  oui  lui  ht  rejener  cet  infecte  nommé 
£roiU-marine y  de  la  grandeur  de  trois  lignes,  &  d'abord  les  fymptomes 
affreux  de  la  mabdie  difparurcnc;  m'imaginant  dès-lors  oue  cet  mfede 
ftvoit  des  qualités  venimeufes,  je  me  tranfportai  fur  les  lieux  ou  bancs 
d*où  l'on  me  les  moules  ;  ma  furptife  fut  cxticmc  d'y  trouver  jpref- 
qu'autant  de  petites  étoiles-marines  que  de  moules;  j'en  ramallai  une 
bonne  quantité,  pour  faire  mes  expériences  projettces  ;  je  queitionnai 
beaucoup  les  Bateliers  fur  l'origine  de  ces  écutlcs;  tout  ce  qu'ils  purent 
me  dire  ,  fut  qu'avant  le  mois  d'Août  ou  n'en  trouve  que  de  grandes , 
&  dans  le  courant  de  ce  mois,  de  petites  qui  p.irvienn&nt  à  leur  gran- 
deur naturelle  vers  le  mois  d'OétoDre,&:  qu'en  plein  hiver  leur  nom- 
bre diminue  coufidérablemcnt  ;  mais  qu'alors ,  par  la  conftruâion  de 
leurs  rayons,  elles  ont  une  lîgure  prefque  fphcnque.  En  maniant  cet 
infectée,  j'eus  les  mains  enSces  ,  engourdies  ^  ennammées  ,  rymptômc 
donc  j'aurai  occafion  de  parler  ci-après. 

De  retour  chez  moi,  je  donnai  trois  de  ces  petites  étoiles-marines, 
enveloppées  d'un  morceau  de  viande  ,  i  un  thicu  de  taille  médiocre  , 
il  en  mourut  dix  heures  après. 

Tom^ XJP"^  Part.  II.  1775.  A  O^E  MB  RE.        D d  d 


iU       OBSERVÂTIOKS   SUR  tJ  PHYSIQUÉ»^  ' 

Je  donnai  de  ces  infeâes  i  un  aucre  chien  ,  il  fut  tf es- malade  ;. 
mais  lui  ayant  faic  avalée  beaucoup  de  vinaigre  ,  il  guétit  ptcirpcement. 

Ces  expériences  plulîeurs  fois  rcpctccs  ,  j'obfecvai  conilammenc , 
que  loifqne  les  chiens  avoiciit  pris  ces  étoiles  tontes  crues  &  ne  les 
rejetcoienc  pas  ,  ils  croient  lott  malades  ,  mais  que  ces  infedies  cianc 
cuits  ,  ou  a^anc  nmplcmem  bouilli ,  bien  que  domiés  en  plus  grande 
quantité  ,  ils  ne  produifoienc  pas  d'effets  dangereux. 

L/expolition  que  nous  venons  de  f\ice  ,  doit  nous  aider  à  porter  nos 
vues  pfus  loin  ,  &'  nous  engager  à  fake  de  nouvelles  recherches  fut 
une  matière  fi  iniére(I.inte  :  Pline,  Aldovrande,  Rondelet  ,  Jonfton  , 
Cipriani ,  Ftifch,  Godard,  l'infatigable  Rcaumur,  Bonnet  &:  plulîeurs 
autres  ont  faic  l'Uidcire  Naturelle  des  Lafc^tes  ,  mais  n'ont  rien  dit  de 
celui-ci ,  ou  ne  font  fis  mention  de  leur  qualité  venlmeufe  ;  c'cft  pour- 
quoi un  Abrégé  d'Hilloice  Naturelle,  tant  des  étoiles- mari  nés  que  des 
moules  ,  ne  fera  point  déplacé  dans  ce  Mémoire. 

IiiJlo':rc  NaturcUe  dt  CEtolU-maùnt* 

L'étoile- ma  ri  ne  eft  une  efpèce  de  poiffbn  ou  d'infeAe  marin  qu'on 
trouve  aux  embouchures  de  plulicurs  rivières,  fur-tout  de  l'Efcaut  ^ 
^  elle  repréfente  par  fa  forme  un  petit  cercle  d'où  fortent  pluficurs  cor- 
nes ou  rayons,  qui  lui  ont  fait  donner  le  nom  d'étoile.  Lotfque  ces 
infeAcs  font  jeunes,  leur  chair  motlalle  reiTembte  ^  la  glue>  mais  à 
itiefurc  qu'ils  grandilTcnt ,  elle  prend  plus  de  conliHiance  :  leur  furface 
fupcrieure  eft  couvene  d'une  pean  calleuCefic  chagrinée;  au  centre, de  la 
fuifiure  inférieure  eft  placée  la  bouche,  garnie  d'un  fucçoit  dont  elle  fe 
iiert  pour  tirer  fa  nourriture  ordinaire  des  coquillages. 

Ces  rayons  trcs*Héxibles  lui  fervent  de  jambes,  &  cliaque  rayon  a 
encore  fur  quatre  double  rangs  plus  de  trois  cents  reflbrts  ou  petites 
arrêtes,  femblable^  a  des  cornes  de  Iima(,-on,  fHifant  l'office  d'autant 
de  jambes  pour  ramper  fur  des  corps  marins;  malgré  ce  grand  nombre 
de  jambes  ,  le  mouvement  progreflif  de  cet  infeâe  eft  rrès-  lenr. 

J'ai  trouvé  des  étoiles  marines  qui  avoient  perdu  quelques-uns  de  leur 
rayons,^  qui  commençoient  à  en  poulTcr  de  nouveaux,  ce  qui  pour- 
loit  faire  ranger  cet  infeâe  dans  la  ctaflè  des  polypes. 

Ces  étoiles  étant  deOcchccs  ne  paroilïenr  plus  qu'un  alfemblage  d'arrê' 
tes  dune  tincirc  &  d'une  ftraclure  admiiable. 

Cet  tJifedte  eft  appelle  par  Aldovrande,  ^itUa  marina;  pat  Sylvaricus 
Crcmoneniis,  mafia  ,  raj/rum  marinum ;  par  Rondelet,  fidus  m^nnum. 
Ces  Auteurscn  comptent  jufqu'à  vingt  diiicrenies  efpêces  ;  mais  Jonfton 
dit  :  M  Tarn  variée  &  muUipiius  fitUantm  formx  conjpuiuntur  y  ut  quartnJi 
n  Êr  contcmpianHi  nuUus  fit  f munis  finis  «.  Ec  quoique  nos  Bateliers  pré- 
tendent en  avoir  trouvé  plusieurs  cfpcces  dans  l'UTcaut,  je  n'en  aijip 
mais  pu  rencontrée  que  de  ceux  i  cinq  rayons^ 


SUR  VniST.    NÀrvn.F.LlE    ET  lËS  ARTS,     587 

"De  U  Hire  ^  Se<Jtleau  croienc ,  mais  ftns  la  moindr-c  [»reuve,  cet 

ànfeile  de  diffcrent  fexe;  mais  d'après  Teftorius,  &  les  plus  célèbres 

Naturaliftes  modernes  ,  j€  le  crois  nennflphrodite ,  de  mcme  que  les 

iiuîtres.  moules  &  aurres ,  qui  fécondent  leurs  propres  œufs. 

Ceft  à  la  fin  d'Avril, ou  au  commencement  de  Mai  ,  (fuivane  les 
chaleurs  plus  ou  moins  précoces)  que  ces  infeûes  frayent;  car  en 
177}  ,  ils  n'ont  &ayé  qu'à  la  fin  de  Mafj  on  voit  fôuvet«  Hoctet 
enrre  deux  cauif  ane  quantité  pcodigioufe  de  ce  frai ,  relVemblant  à 
de  la  gt:l(:e  de  viande,  ou  au  frai  de  grcnnutiles  ^  ce  fiai  appelle  en 
langue  des  Bateliers  Quai ,  ou  f^attrgroey  ,  fait  par  fa  qualité  glutineufe 
précipiter  les  impuretés  de  l'eau  a  tel  point,  quelle  p.-vroît  beaucoup 
plus  claire  &  plus  tranfparencc  qu'en  route  autre  faifon  de  Tannée, 
enforte  qu'il  fait  le  même  effet  que  la  colle  de  poiflbnau  vin  &  à  la 
bière. 

Ce  frai  obfervé  les  premiers  jours  au  microPcope  ,  ne  repréfentë 
qu'une  malTè  motte  Se  informe  de  gelée;  mais  après  quelques  jours  de 
chaleur  elle  paroît  vivante  &  remplie  d'animalcules,  qui  après  leur  dé- 
veloppement, fe  métamprphofent  en  étoiles  matines  très-vifibles,  qui 
fc  précipitent  alors  au  fond  de  l'eau. 

Ce  liai  ^e  voit  ucdinairemcnt  jufqu'au  commencemept  du  mèb 
d.'Août ,  mais  les  grandes  chaleurs  en  développant  plutôt  ces  animalcu- 
les ,  le  font  difpatoître  à  la  mi-Juillet. 

Ce  frai  e(l  fi  venimeux,  fi  cauflique,  qu'il  fait  gonfler  &  enflamme' 
avec  une  démangeaifon  ijirnpporcable  la  main  de  la  pcrfonne  qui  le 
touche  immédiatement,  &  roidit  à  tel  point  cette  partie,  que  quelqu'un 
dénué  d'expérience  croit  que  la  gangrène  va  s'enfuivre ,  mais  cet  accident 
fans  danger  difparoît  d'abord  ,  fur^touE  fî  l'on  fïotte  avec  dit  vinaigre 
l'endroit  qui  eft  attaqué. 

Ce  n'ert  pas  feulement  aux  hommes  Se  aux  quadrupèdes ,  comme  Je 
le  prouverai  bientôt,  que  ce  frai  eflnuifible;  il  l'efl  anfli  i  quelques 
polflons  :  lorfqu'il  n"y  a  point  ou  peu  de  ce  frai  dans  l'Efcaut ,  l'erurgeon 
&  le  faumon  fonc  apportés  ordinairement  pleins  de  vie  i  la  Poifïbn- 
nerie  d'Anvers,  au  Pieu  que  quand  il  y  a  beaucoup  de  ce  frai,  la  plus 
grande  partie  de  ces  poifions  meurt  en  route.  11  ne  patoît  pourtant 
pas  venimeux  aux  moules  auxquelles  il  ferc  peut-ctre  au  contraire  de 
nourriture ,  les  moules  n'étant  jamais  plus  grafTes  que  vers  le  mois  de- 
Juillet  Se  d'Aoîit,  &  on  ne  trouve  pas  plus  de  moules  mortes  dans  U 
faifon  de  ce  frai ,  qu'en  toute  autre. 

Les  huîtres  qu'on  trouve  fur  les  mêmes  bancs  mêlées  avec  les  mouIc$, 
&  qui  ont  comme  elles  les  écailles  cntr'ouvertes ,  devroient  aufli  être 
venimeufes  par  la  même  raifon;  elles  ne  le  font  pourtant  pas,  aticant 
que  j 'ai  pu  le  favoir ,  foit  qu'elles  rejettent  cette  efpèce  de  venin ,  foie  qu»^ 

NOVEMBRE,     Ddd  1 


$go      OBSERFATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

h.  moule  ;  par  conféquenc  cVft  à  tore  qu  on  la  nomme  rcefophage. 

La  bouche  de  h  niuule  eA  ûtuée  vers  l'angle  aigu  de  cec  infe^îe ,  & 
l^rnie  de  quatre  fraiiges  âotcrtiices  eu  forme  de  moullacbts  qui  lui 
ferveiu  de  lèvres. 

Ce  n'etl  pas  la  trompe  ou  la  langue  feule,  donc  la  fIrudVule  foie  fi 
arcifWmeiic  travaillce  \  les  barbes  ou  les  franges  qui  bordent  ptefque 
la  rooitic  de  la  moule  otFrenr  un  nouveau  fpectacle  d'admîtacion  :  ces 
franges  font  un  tilfii  admirable  de  libres  crçules  »  qui  fervent  d'ouies» 
,ou  aotganes  de  la  refpiration  ,  de  vailfeaiix  pour  la  circulation  des 
humeurs  ,  &  vraifemblablement  de  coins  pour  ouvrir  les  écailles  > 
cat  on  ubferve  deux  muf^les  ou  tendons  pour  les  fetmet.  Se  on  cher- 
che envain  leurs  ancagoniftes  ou  ceux  pour  les  ouvrir. 

Lorfque  la  moule  veut  s'ouvrir,  elle  relâche  les  deux  mufcles  ou  ten- 
dons, fait  gonâer  les  franges  qui  fetvciit  de  coins,  &qui  foncccnrter  tes 
écailles  \  du  moins  on  ne  voit  jamais  de  moule  s'ouvrir  qu'elle  ne 
pouHe  les  franges  en-dehors  j  tout  ce  fpet^cte  intcrellanc  aux  yeux  dtt 
Naturalil^e  ne  lui  fait-il  point  concevoir  les  plus  hautes  idées  de  la 
fécondité  de  la  nature  &  de  fon  Créateur?  Nous  pourrions  ajouter  ici 
plulîeuts  autres  particularitcsintéredantes des partiesminiemes, mais  com- 
me dans  ce  Mémoire  notre  bue  principal  e(l  moins  d'exciter  lacuiiolité  » 
que  d'être  utile  à  l'humanité ,  nous  Hnitons  ici  l'hîAoire  naturelle  de 
la  moule.  Vu  que  fes  parties (iuférieutes  Ceroient  inintelligibles  fans  le 
fccours  des  Hgures ,  nous  allons  parler  du  danger  où  l'on  s'expofe  en 
mangeant  les  moules  crues  dans  la  {ailbu  où  le  frai  des  étoiles  mari- 
nes (ou  le  Quai)  ell  dans  les  rivières, 

Oefcnpùon  dt  la  maladie  çaufct  par  dts  Moules  vinhtuufis  avec  feifignet 

diagnojîiqtas. 

Quelques  minutes  après  avoir  mangé  les  moules  vcnimeufes ,  le  ma- 
lade fe  plaint  d'imc  ardeur  dans  la  gorge.  L'œfophagc  &  l'cllomac,  d'a- 
bord les  lèvres,  la  langue  &  la  gorge  s'cnHent  à  un  tel  point ,  qu'après  quel- 
aues  minutes  la  parole  lui  devient  difficile  &  toute  la  tcte  le  gonfle  con- 
iidérablenent  i  puis  les  yeux  deviennent  enflammés  comme  dans  nnç 
grande  ophtalmie  ,  &  patoilTeac  aufli  rouges  &  ctincelans  que  dans 
une  manie  ou  frénéfie.  Enfuite,  toute  la  fùperhcie  du  corps  devientgonflée 
&  enflammée,  &  même  plus  rouge  que  dans  un  ér^Iipèle  ,  à  quoi  fç 
ioint  une  démangcairon  infupportable  &  une  extrême  roidcur  comme  ^3^x1% 
le  catalcplîe  ,  avec  une  respiration  uès-gènée  ,  beaucoup  d'inquiétudes , 
quelquefois  des  convulfions  U  douleurs  épouvantables. 


SUR  VHIST,   NATUREILE  ET  LES  ARTS,     $91 

la  Caufi. 

Nous  avons  prouvé  que  le  fiai  des  étoiles  matines  ou  le  Quaty  appli- 
qué extérieurement  fur  le  corps  humain ,  produit  des  ardeurs  ,  des 
gonfinres,  des  roideurs  ;  en  un  mot,  les  mêmes  fyniprômes  que  les 
moules  venimeufes  prifes  inrifrieuremenr ,  avec  cette  feule  difFitrcnce, 
<]ue  dans  l'application  extérieure  ce  ne  font  que  les  parties  où  TappU* 
cation  a  ccc  hiite  &  les  parties  adjacentes  qui  fouffrent,  au  lieu  que 
quand  le  veniu  eft  pris  intérieurement ,  les  (ymptômes  font  univcrfcis. 

Ce  frai  ou  Quai  donné  dux  chiens  &  aux  chats  ,  produit  les  mcmcs 
effets  que  les  moules  venimeufes,  dans  les  tems  ou  le  frai  des  étoi- 
les marines  fe  trouve  dans  les  rivières  ;  nous  croyons  pouvoir  aflurer 
que  les  moules  ne  font  venimeufes  que  lorfqu'elles  contiennent  ce 
frai  ;  l'on  ne  doit  par  conféqucm  pas  accufer  la  couleur  orangée  des 
moules  ,  leur  corruption  ,  leur  maigreur,  les  phafes  de  la  lune,  ni 
aucune  maUdie  particulière  des  moules,  ni  leurs  puftules,  ni  le  nauplie 
d'Albert  le  Grand,  ni  les  arraignées ,  ni  les  crabes  que  le  vulgaire  croit 
la  caufe  de  cette  crnelle  maladie ,  mais  uniquement  le  frai  des  étoiles 
marines. 

Si  les  fymptames  de  cette  maladie  font  a^reux,  ils  ne  font  pourtant 
pas  auffi  redoutables  qu'on  le  ctoiroic  \  le  malade  en  meurt  rarement, 
Quoiqu'il  y  ait  des  exemples  de  perfonnes  qui  ont  péri  après  avoit 
iouffert  trois  ou  quatre  jours  des  tourmens  horribles^  mais  (\  tes  rcmc' 
ides  appropriés  leur  font  ndminiftrés  à  tems ,  ils  guériifent  en  trois  ou 
quatre  neures ,  quoique  l'engourdi  (Te  ment  fubfifte  quelquefois  pendant 
|>luneuts  jours. 

Cure, 

Le  piemiec  foin  qu*on  doit  portet  an  malade ,  c'eft  de  le  faire  vomir , 
pour  évacuer  au  plutôt  la  matière  venimeufe  ,  mais  fi  le  venin  a  fé' 
joumé  quelques  heures  dans  TefVomac  du  malade .  &  qu'il  foit  plétho- 
lique  ,  ou  fort  agité ,  il  convient,  crainte  dinSamniation ,  de  faire  pré' 
céder  la  faignéc  (i).  Je  me  fuis  toujours  fervi  avec  beaucoup  de  fucr 
ces  de  l'hipcLacuana  pour  vomitif^  je  ne  crois  pourtant  pas  que  ce 
médicament  mérite  quelque   picféreuce  fur  les  autre:»  émcciques. 


(t)  Cette  nubdie  doit  être  plus  fnîcjuenre  îi  AoTcrs  qu'ailleurs,  car  juf^u'aoa 
cnfans  de  tiots  ans  tous  mangcot  dc&  araulcs  crues. 


59X       OBSERrATÏONS  SUR  LA  PHYSIQUE; 


puis 

pîeufemenc  quelque  potion  rafraîchifTAnte;  &  on  lui  donne  par  heure 
crois  onces  de  vinaigre  'Un  peu  délayé  dans  de  l'eau  \  à  mefure  que  le 
malade  commence  à  fuer ,  les  fymptômes  diiparoi{rent,&  au  bout  de 
cinq  à  fix  heures ,  il  fe  trouve  entièrement  rétabli ,  excepté  qu'il  lui  refte 
un  peu  d'engoutdiHement  pendant  quelques  jours. 

Peuc-ècre  le  vinaigre  feul  efl-il  capaole  d'émoufTer  ce  venin ,  car 
en  Hollande  &  en  Zclande ,  où  on  mange  autant  de  moules  crues  que 
dans  nos  Provinces   Autrichiennes ,  cette  redoutable  maladie  y  eft  à 

Eeine  connue.  Ce  font  pourtant  les  mêmes  moules  tirées  des  mêmes 
eux  ^  toute  la  différence  elt  que  dans  ces  deux  Provinces,  on  tes  man- 
ge crues  \  mais  toujours  avec  du  vinaigre  feul  ou  avec  le  vinaigre 
mêlé  d'un  peu  de  poivre  ^.^nH,  il  eft  aifez  apparent  que  le  vinaigre 
émoufTe  le  venin  ^  &  lexpérience  nous  fait  voir  que  l'inflammation  eau- 
fée  par  l'application  externe  du  Quai,  eft  guérie  en  peu  de  minutes  par 
cet  acide. 

Pour  fe  garantir  donc  de  cette  maladie  ,  le  plus  court  fera  de  ne 
pas  manger  de  moules  crues  pendant  les  mois  de  Mai,  Juin,  Juillet 
ôc  Août  \  ou  les  manger  comme  en  Hollande  avec  du  vinaigre  &  da 
poivre  ,  quoique  je  ne  garantilTe   pas  in^illiblement   cette  dernière 

Î^écaution  ^  pour  celles  qui  ont  paflfé  par  le  feu ,  je  crois  qu'on  peut  s'en 
ervir  en  tout  cems,  n'ayant  jamais  vu  ni  entendu  dire  (  quoique  je  m'en 
fois  fcrupuleufement  informé  i  pludeurs  de  mes  Confrères.)  qu'elles 
aient  été  i^uifibles ,  dès  qu'elles  étoient  bouillies ,  rôties  ou  étuvées  » 
excepté  dans  un  feul  cas  qui  ne  m'a  pas  été  fuffifamment  condaté  pouc 
proire  que  les  moules  foieoc  veoimeufe?  lorfqu'elles  font  coites. 


RECHERCHES 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS, 


i9$ 


RECHERCHES 

Sur  les  moyens  d'cxccuter  fous  Tcau  toutes  fortes  de  travaux 
Hydraufiqucs  fans  employer  aucun  épuifcmcnt  j 

Pa(  M.  CoVLOMBj  Capitaine  en  premier  Jans  UCofps  Royal  du  G 'nie  j 
Correfpondant  de  V Académie  Royale  des  Sciences. 

v^  £  McmaicG  écoic  deilinc  pour  le  concours  d'un  prix  propofô  pat 
l'Académie  des  Sciences  &  Belles-Lettres  de  Rouen  ,  &  dune  le  rerme 
eft  tixà  au  mois  d'Âoûr  prochain  j  des  raîfons  particulières  relatives  au 
fervice  du  Roi ,  m'ont  force  d'en  hacer  la  publication.  Je  l'ai  lailfc  fous 
la  Forme  qui  repond  aux  données  de  la  qucilion  ^  mais  l'on  vcua  que  Ie5 
moyens  que  je  propofc ,  quoiqu  appliqués  à  un  exemple  particulier  y 
font  ccncraux  \  qu'ils  répondent  a  tous  les  genres  d'excavation  que  L'on 


maçonneries  que 
profondeurs  de  trente  à  quarante  pieds. 

QUESTION. 

L'on  demande ,  de  rtcèperfous  Peau  dont  il  ejl  toujours  couvert  j  un  rocher 
qui  interrompt  la  navigation  de  la  Seine  auprès  de  QuilUbeuff 

Le  rocher  rejle  fubmtrgê  d'environ  un  pied  dans  Us  plus  Baffes  eaux;  il  efi 
de  foixante  à  quatre-vingts  pieds  de  longueur  fur  trente  à  quarante  dt 
largeur.  Les  Pilotes  dejireroient  ^  qu'il  fût  feulement  recèpé  de  trois  pieds 
dans  fa  fupcrjide. 


Defcription  dun  batiau   à  air,  propre  à  exécuter  fous  C  eau  toutes  fortes 
de  travaux  Hydrauliques^ 

Le  bateau  dont  je  propofe  rufit;c  dans  ce  Mémoire  ,  eft  conftcuic 
d'après  l'idée  qui  a  fait  imaginer  la  cloche  du  plongeur  ;  mais  il  clt 
exempt  des  dcGuts  qui  ont  rendu  cette  cloche  inutile  dans  la  ptacique. 

Tome  Xiy ,  Part.  //.   1 77  *».         MOrEMBRE,     E  e  e 


594      OBSKRr.-iTlOr^S  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

Ce  bateau  a  In  forme  de  trois  caïiTes  jointes  l'une  à  l'autre  ,  faifant  en 
tout  une  longueur  de  vingt-quatre  pieds  fur  neuf  pieds  de  largeur.  La 
ïig.  I.  PlihcKc  \  ,  reptéfenre  ce  bateau  vu  en  (rcrfpedive  \  la  lie.  i. 
feprcfente  fon  plan  \  les  Fig.  3  &  4  font  deux  coupes  vcrcicales  correipon* 
dantes  aux  lignes  délignées  au  plan  :  les  deux  cailles  A  ^B,  <\vl\  formenc 
les  exEtémues  du  bateau ,  ont  neuf  pieds  dans  le  fens  de  la  longueur  du 
batnu  j  celle  du  centre  n'a  que  ftx  pitds  dans  auvre.  Les  caUIes 
A  &c  B  ont  neuf  pieds  ht  pouces  de  hauteur  ;  celle  du  centre  a  onze 
pieds,  &  eft  polcede  manière,  qu'elle dcpaile  (Fig.  j.)lc5  cailfes^^  B 
de  fept  à  huit  pouces  dans  Itur  partie  infcfricure ,  &  â-peu-près  d'un 
pied  dans  la  partie  fupcrtture.  1  a  paitie  inférieure  des  cailles  A  &c'  B 
eft  fermée  par  un  fond  en  madriers ,  en  forte  qu'elles  forment  ponton  ; 
la  caille  du  centre  gui  eft  celle  où  l'air  doit  être  comprime  ,  eft  ou- 
verte eu  entier  d;uis  u  partie  infcricute ,  &c  eft  fermée  par  un  plafond  en 
madriers  dans  fa  partie  Aipéfieure:  ce  plafond  eft  perce  de  crois  itous. 
Le  premier  trou  a  (  Fig.  1.  )  de  dix-huit  à  vmgt  pouces  de  diamètre ,  fe 
fierme  exadtement  au  moyen  d'une  trappe  garnie  de  cuiri  ce  trou  eft 
deftinc  à  introduire  les  cravaillcurs  dans  la  taillé  decompreflion;  au 
centre  de  cette  trappe  ,  l'on  pratique  un  challis  oii  Ion  cimente  avec 
foin  u«c  glace  ircsép.ùlïç  pour  duniicr  dn  jour  dans  l'iuticieur  de  U 
caifTe;  cette  glace  eft  foiitcnue  extérieurement  par  p'.uiîeurs  rrinj^les, 
pour  empêcher  l'air  qni  doit  être  comprimé  dans  la  caJlfe,  de  l'enfon- 
cer Le  iecund  rroa  h  n'a  que  deux  pouces  de  diamètre  ;  il  fe  ferme 
en-det7bus  iwi  une  petite  foupape  à  contrepoids  ,  qui  empêche  l'aie 
comprimé  dans  la  caiile  de  s'cihapperj  ce  ttou  donne  communiirtion 
au  nioven  d'un  tuyau ,  «ntre  la  caiîTe  de  compreQîon  Se  un  fouftlcc 
placé  fur  le  plafond  de  cette  caille  ôc  deftinc  à  y  lenouvellcr  &  .1  y 
comprimer  l'air.  Leiruificme  ttou  J  ^  eft  futmonlc  d'un  tuyau  vertical 
d'un  ou  deux  pieds  de  longueur  ,  garni  à  foik  extrémité  fupéricure  d'un 
lobinet  ouvert  en  partie  pour  évacuer  r.\ir  que  la  refpiration  des  hom- 
mes pourroic  corrompre  ,  &  nul  fera  thalfé  par  l'air  nouveau  que  les 
ibufflets  introduiront  cuntinueUemenr  dans  la  cai£?c  C, 

L'on  voit  (Fig,  j.)  une  coupe  du  fou  Hier  dam  le  fens  de  fi  longueur; 
l'air  entre  dans  ce  fouftlet  au  moyen  d'un  trou  ^  garni  d'une  foupape  j  en 
fermant  le  fouHlet  cette  foupape  fe  ferme  ,  &  l'air  paftint  dans  le  ruyau 
ah  loulève  une  autre  fouf>ape  h ,  &c  entre  dans  la  chambre  de  coin- 
prellîon. 

La  chambre  de  compreftion  eft  doublée  intérieurement  avec  des  lames 
de  plumb  foudces  avec  foin ,  pour  empêcher  l'air  comprimé  de  s'éthappec 
par  les  joints  des  madriers. 

kes  détails  de  la  conlhu^ion  &  liaifon  de  ce  bateau  fon:  faciles  i 
imaginer  d'.^près  nos  figures  i  celui  que  nous  reprcientons  eft  formé  aa 
moyen  d'un  double  bordagc  de  uois  pouces  d'époifteur.  Les  madriers 


SUR  VJfIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      jpj 

pofcs  horirontalcincnt  fuivaiic  la  longueur  du  bateau ,  func  percés  de 
quatre  trojs  pour  recevoir  les  tenons  des  madriers  UorlfonLiux  qui 
forment  la  féparation  des  cailles.  Ces  cenoiis  font  affujettis  pnî  des  clc&. 
Un  fécond  .bordn^e  de  mctdriers  pafcs  verticalement  recroife  à  oncte 
droit  les  madriers  horifonrAUX  contre  lefquels  il  eft  boulonc  &  cheville; 
ce  qui  donne  i  l'enfemble  la  plus  grande  foliditc.  Le  tond  des  pontons 
j4  éc  B  Se  le  plafond  de  la  chambre  de  compreflîon  C,  fonc  artAcKés 
contre  une  lillè  hoiifoncale  que  l'on  voir  à  la  Fig.  ^.  La  foliditc  de  la 
charpente  que  nous  venons  de  décrire  ,  saugmeniecji  facilement  par 
d'autres  moyens  di:  liaifon  ,  que  tout  coûClruiïetic  de  bateau  efl  en 
état  diiuagiuer  &  d'exécuter.  ' 

Manauvre  au  hattau. 

Le  bateau  fera.lefté  de  manière  que  les  pontons  s'enfoncent  de  fept 
pieds  dans  l'eau,  en  forte  que  la  chambre  de  comprellion  aura  fcpt  pieds 
&  demi  de  cirant  d'eau  ,  l'eau  remplillàni  jufqu'i  cette  Hauteur  l'in- 
tcrieur  de  cette  chambre.  Ainiî ,  lorfqu'il  n'y  aura  plus  que  fept  pieds  & 
demi  de  hauteur  d'eau  fur  le  rocher ,  le.  bord  inférieur  de  la  chambre  C 
coiumencera  à  le  roucher.  11  nt^  plus  qucftton  pour  pouvoir  déblaier 
le  rocher,  que  d'introduire  les  rravailleurs  dans  la  caiifc  de  comprellion, 
de  fermer  la  trappe,  &  de  chaiTèr  au  moyen  des  foui^li^ts  ,  coure  l'eau  con- 
cenue  dans  la  cnambre  de  comprenlon ,  en  y  fubllicuont  de  l'aie  i  la 
place.  Par-ti  lorfque  le  bord  inférieur  de  la  caille  de  comprellion  tou- 
chera le  rocher ,  toute  la  partie  renfermée  fous  cette  caille  fe  trouvera 
ifec. 

Je  fuppofc  donc  ,  pour  fixer  rimaglnaion  par  une  opération  par- 
ticulière ,  qui    peut  être  cependant    vatiéc   fuivanc   les   circoiillances 
locales,  que  locfou'il  ne  re(lcra  plus  que  fept  pieds  &  demi  de  hauteur 
d'eau  au-deHîis  de  la  partie  du  rocher  que  l'on  vent  déblaicr ,  quatre 
hommes  s'introduifent  pat  le  trou  a  (  Fig.  i.  ),  dans  la  cailfc  de  com- 
preflîon C  j  où  il  refle  aU'delTus  de  leau  un  emplacement  de  trois 
pieds  &  demi  de  hauteur  :  fi  l'on  ferme  la  trappe  ,  &  que  l'on  falïè 
agir  les  foufflets  ,  l'ait  fc  condenfera  dans  la  cnambre  ,  &  ne  rrou- 
vant  aucune  itiue  pour  s'échapper  >  il  en  chaffera  l'eau.  Mais  l'on  doic 
remarquer,  qu'en  même-tems  que  l'air  en  fe  condenfanc  vuidctA  l'eau 
de  defibas  la  cailTe  ,  il  fera  câorc  par  fa  réaÛion  contre  le  ptah:>nd 
de  cette  même  caiiTe ,  &  il  foulevera  le  bateau  \  en  fotte  que  la  cham- 
bte  de  compreflîon  ,  ayant  lîx  pieds  dans  un  fens,  &  neu^  pieds  dans 
l'autre  ,  &   les  caifles  A  ^  B  {  Fig.  ï.  )  ayant  pour  bafe  un  quarré 
de  neuf  pitd*  de  côté  ,  W  tirant  d'eau  de  la  caifle  C,  qui  çrimirive- 
nient  étoit  dô  fept  pieds  fix  pouces ,  fe  trouvera  réduir ,  lorfque  l'eau 
aura  cré  complerieinent  cluuee  de  dcHôus  la  cailTe ,  à  cinq  piedf  fept 

I77J.      NOVEMBRE,  Eee  » 


jgtf        OBSFRJ^ATÏONS   SUR   l  PHYSIQUE, 

pouces  fix  lignes  (  i  ).  Aînfi ,  après  cette  opération ,  le  bocd  infécîcuc 
de  la  chambre  de  coinprellîon  ne  commencera  à  toucher  le  rocher  que 
locfqu'il  rîe  rcflera  plus  que  cinq  pieds  fcpt  pouces  lîx  lignes  de  hauteuc 
d'eau  au-defTus  j  6c  pour  lots  toute  la  partie  du  rocher  rcnfernice  fous 
la  chambre   de  compreflion  ,  qui  forme  ici  une  furFace  de  cinquanre- 
t]uatre  pieds  quarrcs  ,   fe  trouvera  abfolumenc  à  fec ,  fi  le  rocher  cfl 
horifomal  j  £c  H  le  rocher  eil  incliné  >  il  n'y  aura  que  la  partie  la  plus 
cJevce  du   rocher  qui  fera    découverte  \  dans  la  partie  intérieure  ,  il 
teflera  une  hauteur  d'eau  égale  à  la  pente  du  rocher  fur  neuf  pieds  de 
longueur  ,  qui  e(l  la  plus  grande  dimenfion  de  notre  chambre.  Cette 
iiauteur  au   iurplus  ne  fera  jamais   que   de    quelques    pouces  ,    fi  le 
travail  eft  conduit  avec  intelligence.  Dans  tous  les  cas  les  travailleurs 
renfermés  danslacailTcdceomprcnHon^fe  pourvoiront  de  quelques  pieds 
cubes  d'argiU- ,  pour  pouvoir  boucher  la  jonction  du  rocher  avec  le  bord 
de  la  chambre ,  non-feulement  dans  les  parties  les  p]iis  élevées  ,  mais 
même  dans  ta  plus  grande  patrie  du  contour  ,  s'ils  lé^genc  nécclfairc. 
Ils  formeront  de  plus^  contre  un  des  coins  delà  chambre,  un  petit  baflln 
d'un  pied  de  diamètre  ,  communiquant  avec  l'eau  extcrievire  ,  pour  y 
Vuider  avec  une  pelle  hoIUndoife  ou  qtielque  moyen  équivalent  »  les 
eaux   qui  61treroient  dans  leur  travail  :   dans  le  déblai ,  ils  s'arrafe- 
tont   par   cotKhes  de  niveau  à-peu-près  d'un  pied  d'épailfeur.  Voici 
U  marche  que  Ton  pourra  fuivrc  dans  la  conduite  de  l'ouvrage.  L'on 
coiKunencera  par  reafcimct  fous  la  caille  ,&  par  dcblaier  la  fommité 
du  rocher  que  Ion  enfoncera  feulement  d'un  pied;  cnfiiitc,  l'on  arraferaîL 
ce  niveau  routes  les  parues  voilmes.  Lorfqué  le  ro-her  aura  été  baîiïéd'un 
pied,  l'on  entreprendra  une  féconde  couche  de  la  même  cpai (leur  que 
U  première >  l'on s'arrafera  par-tout  de  niveau;  la  ttoifième  couche  s'en- 
tr&ptcndra  ,  &  s'exécutera  comme  les  deux  autres  :  le  rocher  après  cette- 


*  (t)  Voî"rîIe  calclil  qui  (îétermincra  le  tirdot  d'eau  du  batcao.  0ao«  \a.  Fie.  t,Cl 
lepréfcnte  le  tirant  d'eau  de  la  cliambre  de  comprcflîon  avjnt  que  l'air  foie  coa- 
dcnl2;C;  rcpiélctice  L  liianc  d'eau  de  ceice  mOnic chambre  après  ta condcnfadoa,  & 
que  toute  l'eau  a  été  cbaltéc:  ainlî  la  coodcDration  de  l'atr  lépoui  {lour-Iors  à  une 
colonne  d'une  hauceui  Cy;»  &  par  confi^iiicnt  le  plafond  de  la  chambre  cfl  pre/Hf 
pat  tinc  a£lion  égale  à  utic  colonne  d'eau  de  la  hauteur  C  g.  1>onc  en  fuppofant  t]uc 
o  Toit  égal  à  une  fcilion  horifoniatc  de  la  caific  de  comprcffîon ,  B  multiplié  par  Cj 
expnmera  la  preOion  ijje  l'ait  condcnfc  cicrtc  pour  foulevct  Je  barcau.  Or,  comme 
le  bateau  c^  fuppofé  relevé  de  la  nuatiticé  g/ ,fi  A  c(l  égal  à  U  rurfaLC  honfontolc 
des  deux  pontons  ,  j4.  i  g  fera  la  difTcicncc  det  maflèt  d  eau  déplacées  avant  &:  après 
la  coiidcnfatbD  de  l'air.  AiaGffuivant  les  lois  de  l'équilibre  dc$  fluides ,  nous  aurao* 

A.  a 

réquarioo  A. /g  r=zA(Ci — /g)  ^B,Cgi  d'où  Cg^~    -„  -  En  appliquant 

^  X  if 

cette  formule  3  notre  cicmpic,  l'on  aura  C/=:  'jf*z,A=zi$f^jc^p\B^:i^V.s'*, 
&  par  canlcquait  Cg=s  ff^  jf  iK 


SUR  VffIST.  N^TUREllE  ET  LES  ARTS.      597 

opération ,  fe  ccouvera  bailTé  de  trois  pieds ,  comme  l'exigent  les  don- 
iices  dû  I2  qucftlon. 

Comme  le  rocher  de  Quillebctif  ai-pcu-près  deux  mille  quatre  cens 
pieds  qmaés  de  futface,  fi  l'on  réduit  l'ouvrage  des  quatre  travailleurs 
renfermés  fous  la  caifTe  ,  à  cinquanic  pieds  cubes  par  marée ,  l'on  trou- 
vera qu'il  ne  faudra  que  cent  quarante -quatre  marceS)  ou  foixante-douzc 
jours  pour  déblaier  le  rocher.  Nous  comptons,  que  quatre  hommes 
feront  fuffifans  pour  manœuvrer  les  foufflets:  ainficc  fera  huit  hommes 
employés  tous  les  Jours  fur  notre  bateau.  Doublons  Ci  nous  voûtons 
cette  quantité  ;  ajoutons-y  les  frais  de  la  conftrudion  du  bateau  ,  nui  doi- 
vent cependant  être  dittribucs ,  entre  le  travail  que  nous  propofons,  & 
tous  ceux  du  même  genre  que  l'on  exécutera  dans  le  coûts  de  la  Seine 
&  fur  les  côtes  voihues,  &  l'on  trouvera,  que  ladépenfc  de  cette  opé-- 
ration  fera  fans  nulle  proportion  moins  conddérable  que  celle  qui  téiul- 
teroit  des  moyens  ordmaircs. 

Voici  comme  l'on  pourra  eftimer  le  tcms  nécedaire  aux  quatre 
travailleurs ,  pour  remplir  ta  cailfe  de  compteQion  d'air  condenlé ,  Sc 
pour  cliafTer  toute  l'eau  qui  y  cfl  contenue. 

Suivant  les  expériences  du  Oodlcur  DcfaguiUiers  (1),  un  homme  peut 
élever  avec  une  bonne  machine,  par  un  tuyau  ,  un  muid  ou  huit  pieds 
cubes  d'eau  d  dix  pieds  dans  une  minute  ;  ou,  ce  qui  revient  au  même  , 
un  peu  ptus  de  quatorze  pieds  cubes  à  cmq  pieds  fept  pouces  dx  lignes. 
Gr,  la  comprellion  de  \\\ïr ,  Se  par  conféquent  la  rcaition  de  fa  preflion , 
eft  fuppofce  répondre  à  une  colonne  d'eau  de  cinq  pieds  fept  pouces  fix 
lignes  y  ainfi  ,  en  proportionnant  les  dimenfions  des  foufflets,  de  la  lon- 
gueur des  leviers ,  de  manière  que  les  hommes  puilTent  commodément 
y  employer  leur  force,  un  feul  homme  pourroit  fournir  dans  la  caiffc 
de  compreflîon  quatorze  piedâ  tubes  d'air  par  minute  ,  &  les  quatre 
hommes  en  fourniroient  cinqiuntc-hx  pieds  cubes ,  aufli  par  minute: 
mais  comme  la  caille  de  compreflîon  contient  un  volume  de  cinq  cens 
quatre-vingt-quatorze  pieds  cubes  ,  &  que  l'air  atmofplicriquc  n'y  cïl 
pas  tout-à-faif  comptimc  d'un  cinquième  de  fon  volume ,  il  s'enfuit, 
qu'après  la  compreflioii  ,  il  y  aura  fept  cens  douze  pieds  cubes  d'air 
atmorptiérique  renferme  dans  la  caifie  de  compreflîon.  Mais  av-int  le 
commencement  de  l'opération,  il  rcftoit  dans  la  partie  fupétieure  de 
la  cailfe,  un  efpac©  de  trois  pieds  &  demi  de  haureur  au-delTus  de 
l'eau ,  qui  contenoic  cent  quatre-vingt  neuf  pieds  cubes  d'air;  ôtant  cette 
quantité  de  fept  cens  douze  pieds  que  contient  la  cailTe  après  la  com- 
pteŒon  j  il  en  réfolte  ,  qn'il  faudta  introduire  cinq  cens  vingt-trois  pieds 
cubes  d'air  atmofphérlque  ,   pour  vuidct  toute  l'eau  contenue:  dans  la 


(1)  Couis  de  PbyG(]ue  up^timtaiale ,  trad.  Franc.  Toin,  tl ,  page  ^95. 


39S       OBSERVATIONS   SUR   LA  PHYSIQUE, 

câtlfe  ;  ce  qui,  d'après  les  calculs  qui  pfccMent ,  s'opcrera  facilement 
dans  dix  minutes  par  quatre  Kommes,  puifqu'ils  peuvent  élever  à  ci»q 
pieds  fepc  pouces  lix  lignes  cinq  cens  foixante  pieds  cubes  d'eau  dans  dix 
minutes.  Il  y  auca  i  la  vccicé  une  partie  des  forces  perdue,  parce  qu'il 
faut  qu'avant  de  pouvoir  faire  paiîer  l'air  du  foufflet  dans  la  caUfo  Je 
comprelllon ,  cet  air  fuie  réduit  dans  le  fuulïlet  au  mcme  degré  do  dcii- 
C\xi  o\x  il  fe  trouve  dans  la  cailTc  \  ainlï  >  il  faut  que  le  volume  dVir  ren- 
fermé dans  le  fouAlet ,  foie  dimmué  à-peu-prcs  d'un  cinquième  ,  avant 
que  l'adïlon  des  hommus  foie  employée  utilement  à  faire  paHèr  l'air 
dans  la  cailTe  de  comprcrtïon.  Mais  cette  perte  de  force  ne  peur  guère 
ctre  cftimce  qui  un  dixième  de  la  force  totale ,  parce  que  la  rciîitance 
□u'onpofc  l'air  comprimé  à  l'adion  des  hommes,  eO:  nulle  lorfqne  le 
(oumet  eft  enctèremenc  ouvert ,  &  que  .cette  rcûftance  n'cquiv.\ur  à  une 
colonne  d'eau  de  cinq  pieds  fept  pouces  fix  lignes ,  que  lotfqne  l'air  a 
acquis  le  même  degré  de  dcniité  dans  le  fouÀlet  que  dans  la  caiÛe. 
L'on  doit  faire  la  même  rcRcxion  par  rapport  à  la  (bmme  des  forces 
que  les  hommes  feront  obliges  d'employer  pour  remplir  l.i  caille.  Dans 
le  commencement  de  l'opération  ,  la  denlité  de  l'air  ccant  la  mctne 
dans  la  caille  &  dans  l'atmofphère,  la  rcfiftance  que  les  hommes  éprou- 
vent pour  commencer  à  condenfer  l'air  dans  la  caille  ,  eft  nulle  \  &  ce 
n'cd  que  lorfque  l'eau  e(l  entièrement  chance  de  Li  caille  ,  qu  ils  ont  i 
vaincre  une  télïftance  répondante  i  une  colonne  d'eau  de  cinq  pieds 
fept  pouces  (\x  lignes  ;  en  forte  que  la  rcHdance  moyenne  ne  peut  guère 
ctre  eftiméc  au-deli  d'une  coloinie  d'eau  de  trois  pieds  de  hauteur. 
Ce  qui  d'après  le  calcul  des  machines ,  réduiroit  le  travail  nécelTaire 
pour  vuidcr  cnrièremenc  ta  cailTe  de  comprellion ,  ^  Gx  ou  fept  minutes 
de  tems.  La  confommation  de  l'aU'  refpirc  par  les  hommes  >  eft  eftimée 
par  M.  Dcraguilliers(i) ,  a  un  muid  ou  à  huit  pieds  cubes  d'air  par 
heurci  ainti  ce  ne  fera  qu'une  confommation  de  Hx  ou  fept  pieds  cu- 
bes ail  plus ,  pour  le  tems  qu'il  faudra  aux  quatre  hommes  pour  vuidet 
la  caille.  Doublons  fi  nous  voulons  la  peite  des  forces^  augmentons 
la  confommation  d'air  que  les  hommes  refpirent^  forons  au  défavan- 
tage  de  notre  mactùne ,  tous  les  accidens  qui  poutroient  en  retarder 
l'effet  y  fuppofons  que  pour  puriher  l'air  de  la  caiiTe  ,  l'on  évacue  pat 
minute  quatre  ou  cinq  pieds  cubes  d'air  par  le  tuyau  placé  fur  le  pla- 
fond de  la  cairte  :  nous  ne  pourrons  jamais,  malgré  tous  ces  défavanta- 
ges>  eftimer  d  plus  de  quinine  minutes  »  le  tems  neceQaire  .^  quatre  hom- 
mes, pour  vuiaerla  caillé  &  mettre  le  rocher  i  fec.  Lorfque  l'eau  aura  été 
entictement  ch&flce  de  U  caiûè  de  comptelHon ,  deux  hommes  fufiîront 


(0  Tome  U,pagc  >j<. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     399 

ponr  entretenir  une  circulation ,  qoi  rendra  l'air  renfermé  dans  cène 
caifTe,  p!us  put  que  celui  que  Ton  refpite  dans  nos  falles  de  fpedacle, 
&  dans  ta  plupitt  de  nos  appirtemens. 

S'il  pouvoir  retler  c]uelqucs  douces,  ii  Tuftica  pour  les  difliper,  de  f^irc 
rcRvXion  ,  qu'il  fera  toujours  facile  d'augmentée  le  nombre  des  foutïîcts  , 
&  celui  des  trAvailleuvs  qui  doivent  les  mettre  en  mouvement^  &  que 

3uatre  ou  cinq  manoeuvres  de  plus  n'ïnâueront  jamais  fenGblcment  fur  la 
cpenfe  d'un  pareil  travail. 
Lorfque  l'on  voudra  donner  une  grande  denfitéà  l'air ,  comme  pat 
exemple  le  double  de  la  denfité  atmofphérique  ,  l'on  pourra  Tub^bituer 
des  pompes  aux  fo.ifflets  :  les  pompss  i  piflon  de  mercure  ,  exécutées 
en  Angleterre  &■  décrites  par  Dcûguilliers  (i) ,  me  paroilfenc  préférables 
pour  condcnfcr  l'air ,  à  toutes  celles  que  Ton  trouve  dans  nos  Cabinet* 
de  Piiyfiqac^  mais  nous  troyons  cependant  quelorfqu'il  ne  faudra  con- 
dcufcr  l'air  de  la  caiire  que  d'un  tiers  de  plus  que  la  denHté  atmofphé- 
riqus,  c'til à-dire,  qu'il  faudra  feulement  foutenir  par  la  compredion 
de  l'air,  une  colonne  d'eau  de  dix  ou  onze  pieds  ,  des  foufilcts  feronc 
plus  commodes. 

On  auroit  pu  augmenter  les  dimenfions  de  notre  chambre  &  celles 
des  pontons  à  proportion  \  il  en  Ceroit  réfultc  que  l'on  auroit  pu  y  ren- 
fermer un  plus  grand  nombre  de  travailleurs  ,  &"  embrafTer  i  chaque 
marée  une  plus  grande  furface;  inais  il  nous  a  pnru  que  tout  compen- 
Ic ,  les  dimcnlions  que  nous  adoptons  fuffifuieiit  pour  fatisfatre  à  la 
quefUon  adtaelte.  I.a  nauceur  de  la  chambre  a  été  réglée  de  manière  que 
Jes  hommes  commençnfrent  à  trAvailUr  lorfqu  il  tefteroit  encore  cmq 
pieds  fept  pouces  de  hauteur  d'eau  au-delfus  du  rucher;  mais  d'après  lev 
données  de  la  quellion,  comme  le  rocher  ne  refte  couvert  à  balJe  mer 
que  d'un  pied  de  hauteur  d'eau ,  les  travailleurs  ,  dans  bcaflconp  de 
marées,  auront  plus  de  trois  heures  de  travail  \  tenis  que  nous  croyons 
iuBïfanr  à  quatre  hommes  pour  enlever  cinquante  pieds  de  furfnce  fur 
un  pied  de  profondeur,  quand  nûme  ils  feroient  gcncs  par  huit  ow  neuf 
pouces  de  hr.nceur  d'eau. 

Il  nous  refte  encore  pour  remplir  l'objet  de  ce  Mémoire,  de  chercher 
les  moyens  de  fe  débarralîer  à  chaque  marée,  des  déblais  que  les  travail- 
leurs formeront  fous  la  caifle  de  comprellion.  L'on  voit  (  Tig.  5  ^4,  ) 
dans  riiitcrienr''de  cène  caifîe ,  une  grande  horte  qui  a  cinq  pieds  de 
hauteur  ,  truis  pieds  de  largeur  dans  la  parrie  fupétieure,  &  feulcmeiic 
un  pied  ik  demi  dans  U  partie  inférieure  :  le  fond  qui  fermera  partie 
infcricure  de  cette  hutte ,  etl  attache  à  clurnières  au  côté  de  la  chain* 


(iJTomc  U  ,  page  57*, 


f^^^^^m^ 


400        OBSERVATIONS  S'UR   LA  PHYSIQUE^ 

brc  «  &  ell  fourenu  au  moyen  de  deux  chaînes  liées  au  plafond  de  U 
chambre ,  m.\i5  que  l'on  peut  lâcher  À  volonté  ;  cette  hotte  eft  attachée 
trois  ou  quatre  pieds  phis  haut  que  te  terrein  que  l'on  veut  dcblaicr. 

f>our  que  l'on  puille  travailler  par-delTous;  elle  a  toute  la  longueur  de 
a  chambre ,  &  elle  contiendra  Facilement  les  déblais  que  quatre  tni- 
vailleucs  pourront. fournir  dans  une  marée.  La  hauteur  des  bords  des 

Sontons  au-dellus  de  l'eau  eft  trop  grande,  pour  que  l'on  puiffe  crain- 
re  que  la  charge  de  cinquaiite  pieds  cubes  de  déblai  puilfe  ^aire  couler 
le  bateau  ;  c'eft  de  quoi  l'on  s'alFurcra  facilement  par  le  calcul.  Lorfque 
le  travail  fera  fini ,  &  nue  le  montant  de  la  mer  mettra  le  bateau  à  Hoc, 
on  le  conduira  dans  quelque  partie  de  la  rivière  ,  oi\  les  déblais  que  l'on 
vuidcra  en  lâchant  les  chaînes,  ne  pourront  point  nuire  i  la  navigation. 

Après  tous  les  dét.ûls  dans  lefquels  nous  venons  d'entrer ,  nous 
croyons  qu'il  ne  doit  rcfter  aucun  doute  fut  la  réullitedes  moyens  que 
nous  propofons.  Le  feul  danger  que  l'on  pourroit  peut-être  craindre  , 
fcroic  que  la  condenfation  de  l'ait  ne  nuisît  à  Icconomie  animale  des 
homme?  renfermés  fous  la  cailfe  de  comprelEon  ;  mais  fi  l'on  fiit  atten- 
tion que  l'excédent  de  b  deniîcé  de  notre  air  comprimé  fur  celui  de  l'at- 
morplièrc,  ne  répond  qu'à  une  colonne  d'eau  de  cinq  pieds  &  demi  ^  5c 
qu'en  traverfanc  des  pays  de  montagne»  l'on  c-prouve  quclquet~oi!«  de  par- 
reilles  dilférences  fans  s'en  appercevoir,  l'on  fera  entièrement  taHùré  fut 
c<  danger.  Je  pourrois  rapporter  un  grand  nombre  d'expériences  faites  i 
ce  fujeti  mais  je  me  contenterai  de  citer  celles  de  quelques  Phyficiens 
dont  l'cxattituili:  &  la  fagacité  font  connues. . .  .  M.  Mufchembrock(i) 
dit  «que  les  hommes  fe  trouvent  atïez  bien  fous  l'eau  à  une  profondeuc 
»»  de  trois  cens  pieds ,  jiourvu  que  l'on  y  renouvelle  l'air  &  que  l'on  y 
M  fournilfe  celui  nécelTaire  à  leur  confonimation  «.  Si  une  variation  de 
dcnfitc  répondant  i  une  colonne  d'eau  de  trois  cens  pieds  de  hauteur 
ne  déran|ire  pas  l'économie  animale  ,  celle  qui  répond  à  cinq  ou  (ïx 
pieds  doit  être  abfolument  infenlible.  L'on  trouve  dans  la  l'hyllque 
du  Docteur  Défaguitliers  (a)  ,  que  M.  Edmond  Halley  a  fait  lui-mcme 
plufieurs  expériences  en  s'introduifant  fous  la  cloche  du  plongeur,  où 
il  rcnouvcUoil  l'ait  au  moyen  d'un  tonneau  que  l'on  de(cendoit  de  la 
iurfacc  de  la  mer»  fans  qu'il  lui  foit  jamais  arrive  aucun  accident.  L'on 
trouve  dans  le  même  Ouvrage,  une  lerne  de  M.  Martin  Triewal ,  qui 
tenoit  du  Gouvernement  de  Sucde ,  le  privilège  des  plongeurs  fur  le 
bord  de  U  mer  Baltique.  Il  alTure  avoir  toujours  Fait  avec  fuccès  fes 
opérations  au  moyen  de  la  cloche  du  plongeur  de  M.  Halley  :  il  die 


(0  EAai  de  Phylîc]ue,  trad.  Franf.  prcnùcie  édic  Ton.  U«  page  6S0. 
(iJTtad.  Fran^.  Tonk  U,  page  ijf. 

entr'auttes 


SUR  vniST.  f^ÀTURriin  ft  les  jrts,   401 

tnrç  autres  chofes  remarquables ,  cpi'un  des  plongeurs  dont  il  Ce  fervoic 

^coic  âgé  de  foixoiire  ans.  Se  faifoic  ce  niccier  depuis  l'âge  de  vingt  ans. 

-     En  ccflccbilTiiic  fur  i'alTenion  de  M.  Mufchembroclc  &  fur  les  cxpc- 

liences  rjpporcces  pAr  M.  Dcfagaiiliets ,  il  en  rcfulceroit  qu'il  ny  Auroic 

.«ucune  cfpèce  de  danger  i  craindre  en  faifanc  travailler  les  hommes 

43»s  an  air  condenfc  fous  une  colonne  d'eau   de  treiue  à    quarante 

pieds  dâ  hauteur.  ÂiuG  »  il  paroîc  qu'un  bateau  i  air  pourroic  &cre  de  la 

f>lu$  grande  utiliié  pour  exccucec  fous  l'eau  une  foule  de  travaux  c^ui  » 

Jùfqu'ici,  ont  paru  impolBbles  »  ou  n'ont  été  tentés  qu'avec  des  rrals 

■ëc  des  rifques  énormes.   Le  bateau  que   Ton  delHiieroit  à  de  grandes 

<;on{l[:uâ:ions  >  pourroic  avoir  crcnie  ou  quarante  pieds  de  hauccur  ;  la 

rchambre  de  comprelUon  auroit  quinze  ou  vingt  pieds  de  longueur  ÔC 

•àe  largeur  ,  les  aurres  dîtnenfïons  du  bateau  s'augmeuccroienc  dans  les 

•mêmes  proportions. 

\'  Si  l'on  vouloit  Ce  fervir  d'un  pareil  bateau  pour  fonder  une  maçon- 
nerie dans  la  Mcditerr.ïnce  ou  dans  le  lit  profond  d'une  rivière  ;  après 
avoir  applani  le  terctin  &  y  avoir  ,  lî  on  le  ctoyoic  nécclVaire ,  enfoncé 
des  pilotis  8c  coule  un  grillage,  Ton  renfermeroic  dans  la  chambre  de 
compreflion  ,  les  matériaux  ncccllàires  pour  former  un  érablirtemeuc 
duo  pied  de  hauteur  fur  toute  la  furface  renfermée  fous  la  chambre; 
l'on  metïtoit  enfuice  à  fec  le  delTous  de  la  chambre  par  le  moyen  des 

Îompes  de  comprelHoni  fi  les  fouftlecs  nVtoient  pas  futtiiansj  l'on  cou- 
eroit  le  bateau  ,  &  on  le  meccroit  à  Hot  au  moyen  de  quelques  pieds 
cubes  d'eau  que  Ton  introdulroit  dans  les  poutons  &  que  l'an  vuiaeroic 
à  volonté. 

Pour  rendre  l'ufagc  de  cette  grande  caiffe  plus  commode  ,  pow  pou- 
voir y  renouveller  les  travailleurs  Sc  y  introduire  quand  on  voudra  de» 
matériaux  âc  des  outils  fans  laillcr  remonter  l'eau  dans  la  cailîei  il  faudra 
pratiquer  dans  la  partie  fupcrieure  de  la  chambre  de  compredion  »  un  ou 
oeux  petits  coffres  de  quatre  ou  cinci  pieds  dans  tous  les  fens,  doublés, 
comme  la  chambre,  d'une  lame  de  plomb:  ces  coffres  communiqueront 
au  moyen  de  deux  portes,  d'un  côte,  avec  la  chambte  de  camprclljon, 
de  l'autre ,  avec  l'air  extérieur  ;  pat  ce  moyeu ,  l'on  pourra  former  un 
dépôt  &  introduire  dans  la  chambre  de  comprellîon  tout  ce  que  l'on 
jugera  i  ptopos ,  fans  y  diminuer  l'ctac  de  condenfacion  ncceilàire  pour 
icnîc  à  fec  le  detfons  de  U  caiHe. 

Le  rocher  de  Quillebeuf  ctanr  formé  de  marue ,  mclé  de  lits  de  fil  ex  , 
ia  pioche ,  le  pic  à  roc ,  des  coins  &c  quelques  autres  outils  du  même 
cenre,  fuffitont,  je  crois,  pour  en  entreprendre  le  déblai  j  mais  dans 
les  cas  où  la  dureté  du  locnec  exigeroit  que  l'on  fe  (èrvît  de  poudre, 
voici  comme  ou  pourroic  s'y  prendre.  Suivons  toujours  les  données  de 
;tïotre  exemple.  La  chambre  de  compreflion  ayant  ici  onze  pieds  de  hau- 
Tomc  XlKtParc.II.   \7J^,  NOy£MBHE.    fff 


^1      OBSERrJTIONS  SUR   lA  PHYSIQUS, 

war.  Ton  pourra  fiicilemenc  y  manœuvrer  une  barre  de  mineur.  Apri» 
avoir  perce  le  rocher  à  !a  profondeur  conveitable,  l'on  inrroduiraau  rond 
du  croa  de  l.t  mine  ,  une  pecice  boite  cvUndnaue  de  fer-bUnc  ,  ^peu- 
pres  de  mt'me  diamètre  c]ue  ce  irou  j  elle  aura  la  hauteur  ruf&fanre  pour 
concenir  la  poudre  de  h  charge;  au  couvercle  de  cette  boîcc.  Ion  fon- 
dera un  petit  tuyau  de  fer-blanc  de  deux  ou  trois  lignes  de  diamètre, 
qui  lenfermeri  une  compoficioii  d'artifice  très-folble,  dciliace  à  porter 
J'iuflamtnation  influes  aatu  la  œine*^  le  fommct  du  tuyau  fera  enduit 
de  quelque  matière  gratlIeuCe  ,  &  sVlèvera  au-detlîts  du  nivenu  de  U 
mer  balle;  on  le  {butîendra,  fi  on  le  juge  nccefTaire ,  avec  des  corda- 
ges atr.ichcs  a  des  pointes  enfoncées  dans  les  joints  du  rocher  pourcm- 
f»êcher  les  cootans  de  le  rompre  ;  la  mer  en  montant  ,  menra  à  Hot 
e  bateau  â  ait  qui  couvte  la  mine;  ou  IVloignera ,  lorfque  Ton  bord  infé- 
rieur fe  trouveta  plus  haut  que  rextrcmité  du  tuyau  qui  contient  l'arti- 
fice. Lorfque  le  reBuz  découvrira  enfuite  l'extrémité  cfu  ruyau ,  une  cha- 
loupe viendra  y  mettre  le  feu  ;  la  lenteur  de  l'inflammation  donnera  te 
tcms  j  la  chaloupe  de  s'éloigner  avant  l'explofîon. 

Dans  la  Méditerranée  &  dans  le  lit  des  rivières  où  l'on  n'a  pas  le  fe- 
cours  des  marées ,  l'on  parviendra  à  faite  jouet  les  mines  fuus  l'eau ,  de 
la  manière  fuivanre.  Le  myau  de  fer-blajic  qui  contient  l'artifice  »  ne 
s'élèvera  que  d'un  pied  au-delfus  du  roclier  ,  mais  ii  fera  terminé  pat  ua 
tuyau  de  cuir  enduit  extérieurement  de  quelque  matière  impénétrable  à 
l'eau ,  &  intérieurement  d'un  vernis  incombullible.  Ce  tuyau  de  cuir  fera 
fuucenu  intérieurement  contre  la  prellionde  l'eau  pnr  des  tuyaux  de  fer- 
blanc  ou  des  cercles  de  gros  RI  de  fer  ;  fon  extrémité  fera  fermée  avec 
loin  ;  l'on  y  attachera  un  corps  flottant ,  alîn  que  lorfque  la  mine  fera  dé- 
couverte» Se  que  le  bateau  fera  à  flot ,  l'extrcmiEé  cfu  tuyau  s'élève  à  la 
iurËice  de  l'eau  ;  un  fil  foufré  que  l'on  introduira  dans  le  tuyau ,  ou  quel- 
que moyeu  équivalent ,  portera  TinAammarion  jufques  d^uis  la  mine. 
La  réulhte  de  cette  opération  dépendra  abfolumcnt  du  foin  que  l'on  aura 
pris  de  rendre  le  ruyau  de  cuit  impénétrable. 

Les  objets  donc  nous  nous  fommes  occupés  dans  ce  Mémoire,  paroiflent 
mériter  la  plus  grande  acteniion ,  9c  peuvent  changer  le  fyflicme  de  la 
plupart  de  nos  conflruéHons  hydrauliques.  Le  développement  de  nos 
côtes  nous  offre  d'excellens  barïins,  des  lits  de  rivière  pro^nds  ,  mais 
dont  l'ufage  e(l  interdit  à  nos  vailTeaox  par  des  rochers  couverts  de  cinq 
à  ùx  pieds  d'eau  ,  &c  dom  on  na  pas  tenté  l'extraâion,  parce  quelle 
«xigeroit  des  dcpcnfes  énormes  en  employant  les  moytiu  ordinaires  : 
SOS  pons  principaux  ,  nos  rades,  font  ptefque  tous  gcnés  par  des  rochers 
qui  occahonncnt  tous  les  ans  des  accidens  Rinefles  ^  Us  moyens  que 
nous  propofons  pour  s'en  délivrer  paroilfenr  snrs ,  d'une  exécution 
&cile ,  peu  difpendieufe  ,  &:  nons  ne  croyons  pas  qu'il  y  ait  des  raifons 
qui  puilTeoi  eo  empêcher  re0às. 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  JRTS,    40J 

Cependant,  malgré  la  iimplicitc  des  moyens  qu'exige  ce  nouveau 
gentc  de  travail ,  l'on  nofeuc  crop  recommander  aux  Artifte»*,  qui  lespre- 
miers,  voudront  fiiru  ufage  de  nus  bateaux»  de  ne  négliger  auLunc  cfpèce 
de  précautions  :  dans  leschofes  neuves ,  le  nioindie  événement  ,  facile 
à  prévoir  Se  i  corrij^r,  fait  ccnoncec  pour  long-tems  à  une  idée  utile  :  il 
fituc  aulTî  avoir  foin  d'introduire  contmucUenienc  du  nouvel  aie  dans  la 
caide  de  comptellion ,  tout  le  ccnis  cme  le  travail  duiera^  une  panio 
fervira  i  la  confommacion  des  tcivailleurs ,  &c  l'aurre  cKAlTcca  l'ancien 
air,  qui  s'échappera  entre  les  joints  du  rodier  pnr-delTous  la  caille  5c 
par  le  tuyau  &  le  robinet  placé  au  fomniet  de  la  cailTe  de  compref- 
fton  :  ce  robinet  tera  toujours  oavere  de  manière  à  évacuer  la  moitié 
ou  te  tiers  de  l'ait  que  l'on  introduira  continuel  le  me  tu  au  moyen  de» 
foufllets  ou  des  pompes;  le  rcâe  s'échappera,  couime  nous  venons  de 
le  dire ,  par  le  delfous  de  la  caiiTe. 

Notre  bateau  n'a  de  comtmni  avec  la  cloche  du  plongent ,  que  le 
principe  de  Ta  conflru-^on.  La  cloche  du  plongeur  c(l  toujours  fufptndue 
par  une  corde  &  manœuvrée  par  des  cabellius;  il  on  vent  qu'elle  dé- 
place un  volume  d'eau  un  peu  coniîdétable,  il  £uit  lui  donner  un  poids 
cnorme ,  &  fa  manoeuvre  devient  rtès-diiHciU:,  pour  ne  pas  dire  impolTÏ- 
ble  y  s'il  arrive  an  accident ,  le  Teul  homme  qu'elle  peut  renfermer  ,  eA 
ibuvenr  étouffe  Se  noyé  avant  qu'on  puiiïë  la  litet  de  l'eau  \  mais  avec 
notre  bateau  ,  il  paroit  que  l'on  pourra  mettre  i  fec  au  milieu  des  eaux  , 
[  des  furfaces  de  plus  de  quatre  cens  pieds  quartés  fans  avoir  rien  à 
craindre,  parce  que  la  parue  rupcrieore  de  notre  caiUè  eil  toujours  hors 
de  l'eau  ;  que  les  travadleurs  qui  y  fout  renfermés  peuvent  parler  avec 
ceui  qui  font  dehors  ;  que  l'air  y  cil  renouvelle  par  des  courans  contî^ 
nuels.  I-a  manœuvre  de  notre  bateau  fera  dans  tous  les. cas  de  la  ploi 
grande  facilité^  elle  s'exécute  dans  l'Océau  pat  le  feul  mauvcmcnt  des 
marées  qui  le  coule  &  te  met  à  Ûot  ^  dans  la  MéditcrraJice  Se  dans  Ie$ 
rivières  ,  quelques  pieds  cubes  d'eau  introduits  dans  les  pontons  Si 
vuidcs  avec  des  pompes  j  lemplitout  le  même  objet. 


«77?.    SOVEMBRE.    Ffft 


L 


■ii 


4Ô4      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 


EXTRAIT 

D€  PHiJIoirc  Naturelle  du  Chili ,  traduite  de  l'Italien» 

Plantes. 

X  ■  E  Chili ,  onlfc  nombre  de  plantes  connues  ,  en  produit  qui  lui 
font  pacricuUcfcs ,  telles  font  l'herbe  du  fel,  Iherbe  de  Thnilc,  5:c. 

Htrbc  du  Sei.  L'herbe  du  fel  croît  drtns  les  plaines  ,  clic  s'élève  à 
la  hAUteur  d'enviton  un  pied  :  fes  feuilles  font  cendrées  &  relfem- 
blent  â  celles  du  bafilic.  Cette  plante  fe  couvre,  dans  l'ctc,  de  grains 
d'un  fel  rond  qui  reflemblenti  des  perles.  Les  payfans  pour  ïe  ramâf- 
fer  fccouent  les  feuilles  de  la  plante  ii  s*en  fervent  après  l'avoir  ira- 
,vaillc  comme  du  fel  ordinaire. 

MaM.  Le  madi  eft  une  plante  annuelle  qui  fe  divife  en  fauvage 
&  en  cnltivce.  Le  madi  cultivé  a  une  racine  fibreufe  d'où  partent  pm- 
fteors  tiî;cs  Inutes  de  trois  ou  quatre  pieds,  velues ,  cannelées, chargcet 
de  feuilles  oblongues  ,  velues  comme  les  riges.  Ses  fleurs  nailfcnt  J 
l'excrcniitc  des  tiges,  fe  divifent  en  quatre  ou  cinq  rameaux  ,  font  jau- 
nes Se  en  forme  de  rofes.  Aux  fleurs  fuccèdeilt  certaines  ccics  d'un 
pouce  de  diamètre  divifccs  en  plufieurs  petites  bouches ,  dans  Icfquelles 
im  trouve  plulieurs  femences  noirâtres  ou  blanchâtres ,  convexes  d'unr 
côté  &  couvertes  d'une  légère  pellicule.  On  retire  de  ces  fcmenccs, 
après  les  avoir  pilces  &  ^it  bouillir,  une  huile  anflî  agréable  au  goût 
que  celle  d'olives.  Le  madi  fauvage  s'appelle  communément  metoj'i. 
il  croît  pit-tout  dans  les  ciumps ,  fur  les  montagnes,  il  s'élève  plus 
haut  que  le  cultivé,  mais  on  n'en  fait  aiKUn  ufage. 

Pa/t§U€.  Le  pangue  eft  une  plante  vivace  qui  aime  les  marais  Se 
les  lieux  aquatiques:  ainfi,  quand  on  tV.pperçoit  quelque  part  ,  c'eft 
un  (Igne  ou'il  y  ^  quelque  fource  cachée.  Sa  racine  s'étend  fous  tetre 
d'un  ou  deux  pieds  à  l'eutour.  Elle  eft  brune  ,  pcfantc  ,  rude  au  roo-' 
cher ,  d'une  faveur  acre  &  aHringentc  :  cette  racine  pouife  trois  ou 
quatre  tiges  hautes  d'environ  cinq  pieds  quelquefois  plus ,  félon  la 
qualité  du  lerrein  j  grolTes  de  quatre  à  cinq  pouces ,  revêtues  d'une 
écorce  rude  ,  gnfe  &  velue.  Elles  contïennenr  une  pulpe  blanche  , 
acidulé  &  pleine  d'un  fuc  agréiblc  &  rafratchinant.  On  trouve  dans 
la  pulpe  des  vieux ,  quelques  tilamcns  minces  &  difficiles  i  rompre. 
Les  feuilles  qui  ne  naiffent  qu'd  l'extrémité  des  tiges  font  d'un  vcrd 
foncé,  duces ^  velues ,  dentelées  &  ont  plus  de  trois  piedi  de  diamcuç. 


SUR  VniST.   NATtïKEltS    ET  LES  ARTS.     40$ 

I.a  nrine  du  p.ingtie  eft  excellente  pour  ptcparer  toutes  fortes  de  peaux, 
Vc  qui  en  Fait  ftîre  un  commerce  cou  fi  dé  table.  Ceux  qui  la  pilent  ne 

Îiem'ent  réiîfter  plus  dune  heure  à  ce  travail  X  caufe  de  la  force  de 
bn  odeur.  Son  infiilion  fait  d'exccUeme  encre  2  écrire  Les  Cordon- 
niers en  font  i\QS  formes  qui  durent  fort  long-tems.  Dans  les  lieux 
fablonneux  5:  humides,  il  croît  une  autre  erpè.:e  de  cette  plante  appcl- 
Ice  dinache,  fes  tiges  ne  fortonc  jamais  de  terre;  on  apper(;oit  icule- 
cicnt  un  flocon  de  fleurs  femblaWes  en  tout  i  celles  de  la  première 
cfpil'ce ,  mais  fort  petites.  Cette  lice  eft  grofTe  comme  le  bras ,  haute 
d'un  pied ,  tendre  Se  d'un  goi^t  délicat  Se  a^ré3ble. 

CuU:,  I  c  culli  fe  divife  en  deux  efpèces ,  dont  une  a  les  fleurs  noires 
&  l'autre  jaunes,  l.e  culli  noir  croît  entre  les  gazons  dans  des  lieux 
ombrages,  il  pouffe  une  ttge  de  deux  pieds  remplie  d'un  fuc  rafraîchif- 
ianr.  Le  jaune  fe  trouve  communément  dans  les  lieux  cultives ,  ne 
relfemblc  i  l'autre  que  par  fon  goût  &  fes  effets*  Sa  racine  pft  fibreufe, 
il  en  part  plulieurs  tiges  rampantes  clurgccs  de  petites  fenilles  vertes 
te  pointues    On  pile  l'une  &  l'autre  cfpèce  dont  on  fait  une  ccitaine 

Î'âte.  qui  infufce  dans  l'eau  eft  bonne  d?jis  les  fièvres  ardentes.  On  s'en 
en  aulli  pour  faire   le  forbei.  Se  pour  teindre  en  violet  &  en  jaune. 

Zara/f'o»  (ezipalloj  eft  une  plante  en  tout  femblable  d  celle  qui 
produit  la  citrouille  ,  nuis  fon  fruit  en  diffère  par  certain  mamelon 
qui  termine  fi  pointe,  &  dans  Ci  pulpe  qui  eft  farineufe  &  douce.  On 
le   mange   rûti  ou  cuit. 

Quînua,  La  quinua ,  dont  on  diftingue  une  efpèce  fauvage  &  l'antrt 
cultivc^e  ,  vient  ordinairement  i  la  hauteur  d'un  homme;  fes  feuilles 
relîemblcnr  i  celles  de  la  bette,  fes  fleurs  font  purpurines  Se  fa  femence 
contenue  dans  un  cpi.  Cette  femence  eft  longue  6c  bUnclûtre  &  fe 
mange  comme  du  x'it, 

Reivun,  Le  relvun  eft  une  plante  vivace  qui  croît  dans  les  champs 
fablonneux,  parmi  le  gaïon.  Sa  racine  eft  rongée  ,  fibreufe,  longue  de 
fix  à  fept  pouces  &  groile  d  pvoporrion.  Elle  pouRc  une  ou  plufieurs 
tiges,  hautes  d'un  pied  ,  rondes  Se  garnies  de  feuilles  étroites  &  bru* 
natte».  Cette  racine  fert  à  teindre  en  rouge  toutes  forces  de  laines.  Sa 
couleur,  qui  eft  fort  vive,  fe  conftrve  autant  que  l'étutfe.  Les  payfan'ï 
Ji  récoltent  avec  beaucoup  de  foin  k  1?  vendent  en  petit  paquet. 

Quinchamali.  Le  quinchamali  cfoîi  ordinairement  fuc  le  naut  des 
collines  au  pied  des  acbuftes  ;  fa  racine  eft  longue ,  verdâcre  Se  chargée 
de  fibres  Iczères.  Elle  poufle  crois  ou  quatre  riges  rampantes ,  ornées  de 
petites  feuilles  vertes ,  placées  deux  à  deui;  a  la  cime  de  chacune  de 
ceï  tiges  paroît  une  fleur  femblable  \  celle  du  fafran.  La  décoâion 
de  la  plante  &  de  la  racine  eft  efticacc  pour  le  fang  cxtravaré  inté- 
rieitrement  à  caufe  de  quelque  coup.  Lcftet  en  eft  sût  d'apcès  pluiieatfl 
expcueuces  ^  &  foulage  inftimiancinËUC  le  malade. 


4otf      OBSERVATIONS  SUR  l  PHYSIQUE^ 

Gii.iJaiiguen.  Le  guaHalaguén ,  que  les  Efpagnobont  nommi  l'herbe 
de  Sà'mt-ie^n  ,  Ce  trouve  o^ns  Us  mêmes  lieux  que  le  quinclumali. 
C«cco  plante  ell  petite  ,  Tes  feuilles  fonc  blandies  &  lanugineufes,  Ta 
ûeur  gran<^e  Si  blanche.  On  la  faic  bouillir  louie  cnticre  avec  un 
peu  de  fel  dans  un  vailTeau  de  terre  neuf,  &  pciic  en  (îrop  le  matin  , 
elle  gucrk  les  apoUumes  intnicurcs ,  les  indigeHions  Se  mcme  le  fang 
corrompu. 

HerBe  des  faux.  Vhethc  des  foux  eft  aiiiG  appellée  des  Efpagnols  , 
parce  que  les  chevaux  qut  en  mangent  pai  hafard  deviennenr furieux, 
&  courent  çâ  &  li  comme  des  foux  fans  s'ancrer ,  jufnu'à  ce  que  tout 
le  venin  fe  foit  évaporé.  Certe  plante  eft  annuelle,  elle  croît  dans  les 

EraitieSjdont  on  a  foin  de  l'arracher  à  caufe  du  mal  qu'elle  fait  aux 
elliaux.  Elle  mulTe  plufieurs  ri^es  angulcufes,  hautes  a'enviton  deux 
pied$.  Ses  feuilles  qui  fonc  placccs  deux  3l  deux, font  longues,  ccioices 
ii  cejidrccs, 

TembladtriUa.  La  tembladerilla  eft  urft  autre  herbe  qui  faic  trem- 
bler les  chevaux  quand  ils  en  mangent.  Elle  aime  les  lieux  humides; 
fes  tiges  font  rampantes  i  elles  porcenr  vers  leurs  excrcmités  un  épi  de 
fleurs  couleur  de  curquoife.  L'effet  de  cette  plante  dure  plus  long- 
tcms  que  celui  de  l'herbe  des  foux ,  mais  ni  Vune  ni  l'autre  ne  fon£ 
mortelles. 

Luchc,  Sur  les  rochers  de  la  mec  du  Chili  &  fous  leau ,  croît  une 
herbe  appellcc  loche ,  donc  les  feuilles  fonc  oblongues ,  lilTcs  &  bruncttes. 
Les  naturels  du  pays   les  nungeac  fricces  ou  bouilUes. 

Coehajufu.  IL  iiaïc  encore  dans  les  mêmes  lieux  une  autre  plante  ap- 
pellcc cochajuju.  Sa  racine  tient  aux  mêmes  rochers,  elle  pouffe  une 
cige  jaunâtre,  dont  les  feuilles  longues  de  plus  dcilx  pieds,  font  larges 
de  quatre  à  cinq  pouces ,  épaillès  ,  ipongteufes  &:  couvertes  d'une  pelli- 
cule noitâtrc.  Ces  feuilles  qui  paroiHent  autanc  de  bandes  de  cuir,  étant 
mifes  dellécher  au  feu,  font  un  bruit  iemblablc  à  un  coup  de  fufil, 
enfuitc  on  les  mange  atlâifonnces  de  diverfes  manières. Tons  les  arbuftcs 
4u  CbiU>  excepté  h  mycie  &  la  fauge ,  foru  difTcrens  de  ceux  d'^ropç* 

A    K    B    U    s    T   B    9, 

*Àfhft  Je  ttnetnu  L'arbre  de  l'encens  croît  dans  les  Provinces  fep- 
tentrionales  du  Royaume.  U  s'élève  de  terre  de  trois  ou  quatre  pieds , 
£es  feuilles  font  longues  d'environ  quatre  pouces,  fie  larges  de  deux  014 
ttois,  elles  font  jaunâtres,  cpaiffcs  j!c  roiccs;  {^^  fleurs  fonc  petites  dC 
jaunes  ,  il  diflille  abondamment  pendant  l'été  cette  précieufe  gomme 
appelire  encens.  Ce  fonc  de  pecita  globules  cjui  s'étendent  le  long  du 
(ru)ic  &  des  braiicbes.  0|i  les  récolte  quaad  Içi  feuiUçs  coaus^ct^a^  4 


SVR  VHISTn  KATVRELin  HT  LES  ARTS.  407 
tomber.  Cet  encens  eftauflî  bon  que  celui  d'Oricnc, quoiqu'il  ne  vienne 
pas  du  mcme  arbuile. 

Chifea,  La  chilea  croît  far  les  bords  des  rivières  $c  Aes  ruifleaiue  , 
elle  s'élève  de  fut  à  fept  pieds.  Elle  fe  divife  en  ptufieiirs  tiges  droites» 
couvertes  d'une  écorce  d*un  verdobfLur,&  garnies  de  feuilles  longues, 
étroites  6c  verdâcres.  Il  didille  de  toutes  les  branches  de  cet  arbufte  une 
r^fme  aromatique ,  blanche  d'abord ,  Se  qui  devient  enfutte  jaunâtre. 
Les  habitans  pour  en  tirer  plus  de  prorïttfont  bouillu-enfeinble  lei  bran- 
ches ôc  tes  feuilles,  ce  qui  communique  à  laréilne  une  couleur  brune. 
Ou  remarque  que  la  petite  chilea  qui  croît  auprès  des  eauX  faumatres  j 
fourme  le  plus  de  réhne. 


lamique  &  d'un  parfnm  agréable.  Ses  feuilles  prifes  en  forme  de  thé 
fout  bonnespour  les  pucrcfaÂions  internes  î  infuices  dans  refpric-de-viti 
Se  expofées  au  foleil pendant  vingt  jours,  elles  fourninênt  im  baume 
excellent  pour  les  bletrures  récentes.  Bien  pilées  &  appliquées  chau- 
des, elles  guérirent  en  peu  de  tems  les  contufions.  Elles  l'ont  encore 
bonnes  pour  les  maux  aoreilles.  Voici  la  manière  de  les  préparer  pout 
les  apoplcâiques.  On  met  dans  utte  partie  d'huile  d'olives  le  double 
de  ces  feuilles ,  on  expore  ce  mélange  au  foleil  pendant  dix  jours  de 
fuite,  après  on  les  fait  bouillir  jufqu'i  ce  que  l numiditc  foit  évapo- 
rée y  on  confcrve  ce  qui  telte  dans  un  bocal  bien  bouché  pour  s'en 
fervir  dans  la  circonftance. 

ColUgaa'i.  Le  coUiguai  e(l  commun  dans  tout  le  Royaume.  H  croît 
fut  les  montagnes  comme  dans  les  plaines.  Ses  feuilles  font  d'un  verd 
pâle  >  dures,  &  fe  confcrvent  pendant  l'hiver  celles  rcllembltnt  pour 
la  forme  i  celles  du  pourpier.  Son  fruit  eft  triangulaire-,  il  conïiflre  dans 
une  petite  noix  qui  renferme  ttois  femences  brunes  qui  relfembjenc 
beaucoup  aux  pois  chiches.  Quand  ce  fruit  arrive  i  fa  parfaite  maïu- 
ritc,  il  laiffe  échapper  là  graine  avec  bruit  &  violence,  les  racines  & 
le  tronc  de  cet  acDulle  font  d'un  rouse  obfcur.  Quand  on  les  &it  brû' 
1er  elles  répandent  ujïe  odeuc  de  rôle  nês-fuave.aiais  beaucoup  plus 
pénétrante. 

Murùlla,  La  murtilla  croît  dans  les  ccmtrées  maritimes  &  n'a  que 
trois  ou  quatre  pieds  de  haut.  Ses  feuilles  tellèmblent  à  celles  du  buis. 
Ses  branches  U  chargent  d'une  baie  plus  grande  que  celle  du  myrte, 
dont  la  tîgure  6c  la  couleur  relTemblent  a  ta  grenade  Ce  fruit  eft 
odoranr.  On  en  fait  un  vin  délicat  qui  fc  conferve  &  eft  ftomachiqne. 

Cardon.  Le  cardon  aime  les  lieux  arides.  Il  a  deux  fortes  de  troncs, 
ies  utufoac  tortueux,  gros  comme  la  cuilfe  d'u;i  homme >&  s'élèvent 


408     OBSEnrATions  sun  la  p^ys/qi^Ej 

peu  de  terre  j  les  nutccs  fonfdroÎK  ,  de  quatre  ou  cinq  pouces  de  di>: 
mètre,  8c  luuu  de  cinq  à  (ix  pieds.  Les  premiers  font  revécus  dï'^ail- 
les  cpailTcs  d^  plus  de  deux  ligiiË»,  fpongteufe»,  roulles  &c  enLliàlfccs 
les  nues  d.ins  les  autres.  Ces  écailles  le  brûlent  pendnnc  I  crê  aux  rayons 
du  foleil  &  deviennent  noires  ci->mme  du  charbon.  Les  f<.niilles  qui 
jtaîirenc  autour  de  ces  troncs  ,  font  longues  d'environ  uou  p'tcctss 
larges  de  deux  ou  trois  pouces^  elles  font  dures ,  convexes  &  poin- 
tues. Leur  bord  eft  garni  dcpines  recourbées  comme  un  hameçon  :  les 
troncs  droits  qui  scfcvenc  du  milieu  des  autres ,  font  très  durs  en  de- 
hors ,  &  pleins  en-dedans  d'une  fubftance  fpongieufe  connue  l'ccorctt 
du  licgc,&  qui  Tert  aux  mêmes  ufages.  Les  fommités  de  ces  troncs 
font  terminées  par  une  ccie  fcmblable  à  unartichaux.  Cette  tc-tc  donne 
au  printems  une  Bcur  jaune  ,  compoféc  de  huit  ou  dix  pt-talcs  £c 
pleines  dç  moelle  blanclie,  diflillant  un  mîel  fort  agréable  au  [^oût. 

Romerilh,  Le  rotnerillo  refTemble  beaucoup  au  romarin  d't'uiope. 
C'eft  ce  qui  lui  fait  conferver  le  nom  que  lui  ont  donné  les  Efp.^pnols, 
Il  croît  communément  dans  les  terres  fablonncufes  &  s'élève  a(Tè^hn^^ 
Ses  branches  produifenc  à  l'extrémité  de  la  cime,  des  noifcttes  remplies 
d'une  écume  blanche,  balfamiquc  .  parmi  laquelle  fe  trouve  une  huile 
claire  &  odoriférante,  dont  julqu'i  prcfenc  on  n'a  fait  aucpn  ufage. 
Dans  les  fonderies  de  cuivre  ,  on  prcfëte  le  bois  de  cet  arbufle  i  tous 
les  autres  pat  l'aclivitc  de  fa  Hamme. 

Guiiicuru.  Le  eoaicuru  croît  dans  les  Provinces  {eptcntrïonales.  U 
ii*a  pas  plus  de  deux  pieds  de  haut  j  fes  feuilles  rciTcmbIcnt  à  celles 
du  myrte:  h  racine  qui  eft  rougeâtre  ,  étant  pilée  &  appliquée  fur 
des  blelTurçs- ou  plaies ,  quelques  grandes  qu'elles  foient,  les  guériffenc 
tellement  en  vingt-quatre  heures,  qu'à  peine  y  refte-t-il  une  marque. 
Cette  propriété  a  étc  éprouvée  ptufienrs  fois  par  des  perfonnes  fenféet. 
Les  Indiens  qui  manquent  de  Chirurgiens,  s'en  fervent  avec  fuccès 
dons  leurs  guerres,  5c  ne  vont  jamais  fans  une  ou  deux  de  ces  racines. 

Culcn,  Le  culen  fe  rencontre  dans  tout  le  '^hili  •,  :!  recherche  ordi- 
nairement les  tcrreins  eras  &  humides,  d'où  il  s*^lè>*e  i  une  hauteur 
confidérabic.  On  en  diiVmgue  deux  efpcces  ,  I"  verd  &  le  iaune  ;  le 
verd  eft  le  plus  commun ,  on  en  a  dcfi  appon.*  e:i  Iralie  ,  ou  il  vient 
fort-bien.  Il  perd  fes  feuilles  dans  l'hivec^  elles  font  d'un  verd  lui- 
fant,  odorantes  &  attachées  crois  à  ttots  d  une  l  île  queue;  elles  ont 
la  iïgnrc  du  bafilic  ordinaiie  y  ce  qui  l'a  fait  appelicr  par  les  Efpar^nols 
nihaquilla;  des  ai(rellcs  de  ces  feuilles  uai^cnt  des  fleurs  en  forme 
d'épi,  couleur  de  turquoife,  auxquelles  fuccèdciit  des  firuits  ou  fcmcn- 
ces  qui  relTèmblent  à  un  haricot.  Le  culen  jaune  ne  diffère  du  ptécé- 
dent ,  que  par  la  couleur  Se  dans  la  ânelTe  de  fes  feuilles  qui  Çont 
jaunes^  û  crépues,  que  fe  mêlant  toutes,  elles  forment  i  l'extiémitc 
^e  Uufs  tiges  un  globç  de  plus  d'un  pied  de  di^^mècre ,  ^  ii  peûnt 

^u'il 


SUR   VRIST.  NATUHEILE  ET  LES  ARTS,     469 

<]u*il  les  J^ic  courber;  ces  arbrifleaux  ont  toutes  les  propricrcs  du  thé 
Chinois.  Leur  feuilles  piifcs  en  petite  quanmc  ont  le  mc'me  goût  & 
le  même  parfiim.  Elles  font  flomachïques ,  facilitent  la  digeflion  ,  dé- 
chargent l'eftomac  &  délivrent  des  obftrut^tîon'i.  tlles  font  en  outre 
vulnéraires  &  s'appliquent  avec  fuccès  fur  les  bleOtires.  Toutes  les  pit- 
ties  du  culen  ont  les  mêmes  propriétés.  LVcorce  macérée  avec  un  peu 
de  fcl  chalfe  les  indigeilions  qui  rcfil^ent  l  la  vertu  des  feuilles  \  U 
cendte  de  fa  tacine  pnfe  intérieurement  cd  bonne  pour  les  opilations  : 
en^n,  les  Indiens  ont  tant  de  confiance  dans  cet  atbufte ,  qu'ils  s'ea 
fervent  dans  les  mabdics  tes  plus  graves  &:  le  plus  fouvent  avec 
fucccs. 

Fallut.  I.e  palqui  eil  femblable  au  fureau  \  cependant  fes  feuilles 
&  fes  baies  font  plus  longues.  C'eft  le  meilleur  remède  cju'on  con- 
noifle  contre  les  ncvres  ardentes.  On  donne  à  l>oire  aux  malades  le 
fuc  des  k-uilles  &  de  Técorce  du  palqui.  C'cft  «ne  boiflon  irès-rafraî- 
chilfante.  Les  payfans  difent  que  ces  feuilles  font  un  venin  fi  fiinefte 
pour  les  vaches,  que  quand  elles  en  mangent  parmi  d'autres  herbes» 
elles  meurent  en  quelques  heures.  Cette  propriété  me  piroîr  incroya- 
ble, parce  qu'elle  eft  coniraite  à  U  vertu  conlbnte  qu'elles  ont  pour 
le  corps  humain. 

Rojeau  du  Chili,  On  joint  à  la  clalTc  des  arbuftes  le  rofcau  du  Chili 
&  le  boqut,  efpccc  d'uiier.  Le  rofeau  du  Chili  fc  divife  en  trois 
cfpcces.  La  première  s'appelle  cotea,  la  féconde  k.ila  &:  la  iroilicme 
canne  de  Valdivia  ,  parce  qu'elle  croît  dans  cette  coiictcc.  Toutes  ces 
efpèces  font  folides  &  remplies  intctieurement  d'une  fubftance  ligneufe, 
bien  différente  des  rofeaux  d'turope.  le  coleu  s'élève  de  quinze  à 
feize  pieds,  fon  écorce  eft  lifle  ,  dure  &  j.iunâtre  :  fes  nœuds  l'ont  dif- 
tans  enrr'cux  d'environ  deux  emp.ins  :  les  feuilles  ne  naiirent  qu"A  la 
ibmmité  du  tronc  où  elles  fe  divïTent  en  pluiieurs  petits  rameaux; 
elles  font  longues»  étroites  &  fembliblc*  i  celles  du  Lhiendeni.  11  tfi 
gros  comme  ceux  d'Europe.  La  kila  efl  trois  ou  quatre  foi^  plus  grolfe 
que  le  coleu  ,  &  du  refle  lui  relLemble  en  tout. 

Le  rofeau  de  Valdivia  eft  d'un  jaune  citron  ,  fes  nffuds  font  fort 
près  les  uns  des  autres.  Les  rofeaux  font  trè:>'titiles  aux  habitans.  Le 
coleu  ferc  de  lattes  pour  couvrir  les  maifons  &  y  eft  incorruptible, 
pourvu  qu'il  ne  foit  pas  expofé  i  l'humidité.  La  kiU  fournie  ux  Lfpa- 
gnols  &  aux  Indiens  des  manches  pour  leurs  lances  &  leurs  piques , 
&  le  rofeau  de  Valdivia  fert  en  i^uife  de  canne  &  cft  fort  t:ftimc. 

Boqui.    Le  boqiii  croît  dans  lus  bocages  les    plus  ombrageux  &c  les 

filus  humides,  où  il  ferpente  autour  des  arbres  jufqu*i  l'exErcmitêde 
eut  cime,  dont  il  défend  perpendicuUiremenr  &  remonte  ^^:  def- 
cend  alternativement.  Il  eft  attache  par  un  ril  délie,  (i  flciible  Se  Ci 
dw,  qu'on  ne  peut  l'arracher  qu'avec  des  inftrumtns  tranchons.  Ses 
Tome XiK,  Pan,  11, 1779.  NOf£MBH£,     Ggg 


to      OBSERP^yiTIONS  SUR   LA  FWTSIQtrSj 

remlles  font  loin  Us  unes  àa  autres  <le  plus  de  crois    pieds,  plus  lorr- 

Igues   que   celles  du  lierre   &  nillées  en  rrois  p.Trties;  cHes  font  lilTes 

\Sc  d'un  verd  foncé.  Les  fruits  qui  parceiic  de  I  ailT'clte  des  feuilles  font 

'de  petites  baies  brunes  avant  d'être  mûres  ,  &c  qui  i  leur  macmité 

font  longues  de  cinq  à  dx  pouces ,  grofTes  d'un  pouce  &  demi ,  coine- 

iianc  une  pulpe  blanche  ,  hutireufe  &  agréable  au  goût ,  dins  laquelle 

fe  trouvent  trois  ou  quatre  feniences  feniblable^  à  celle  du  coton  On 

dépouille  ce  fil  de  fun  écorcc  pat  le  moyen  du  feu  ,  fie   on  en  fait 

d'airez  bonnes  cordes.  On  s'en  fcrt  encore  à  d'autres  ufages  domefti- 

ques,  comme  à  faire  des  paniers,  à  lier  des  palilTàdes  ;  il  fe  confetve 

même  dans  l'eau  pendant  nlufieurs  années.  On  y  voir  aulîî  ptiiHeurs 

efpètes  de  lierre  diffcrens  dfe  ceux  d'Europe,   f'e  Royaume  abonde  de 

joncs  parmi  lefuuels  on  en  remarque  un  appelle  tolora. 

Totora.  Le  tolora  eiV  adez  haut  6z  toujours  triangulaire.  Les  Indiens 
s'en  fervent  à  couviir  leurs  cabannes ,  tant  parce  qu'il  dure  plus  long- 
cenis  que  les  autre:;  ,  que  parce  que  le  feu  l'attique  difficilement ,  9C 
que  la  Bamme  y  fait  beaucoup  moins  de  progrès  que  dans  les  autres 
efpèces  de  paille. 

Le  Chili  eft  plein  de  bois  remplis  de  divers  arbres ,  dont  la  plu- 
part confervent  leurs  feuilles  pendant  l'hîver.  Tons  ces  arbres  ,  excep- 
tés le  mûrier  ,  le  cyprès ,  le  laurier  &  le  faule  ,  font  diffcrens  de  ceux 
d'i  urope.  On  les  divife  en  deux  clalfes  \  la  fwemicre  comprend  les 
Arbres  qui  perdent  leurs  feuilles  pendant  l'hiver  ,  &  la  féconde  ceux 
<jui  les  confervent   en   coures  faifons.  On  en  compte  vingt-trois  de  la 

f>remicre  clalfe  Se  foixanie  quatorze  de  la  féconde.   Les  principaux  de 
a  première  claJe  fon  le  killai ,  le  fpino  ,  Je  toble  &  le  maque. 

A  K   D    K   E    s. 


Killai,  Le  killai  aime  les  lieux  monragnenx.  Ses  feuilles  ont  la  cou- 
leur &  l'âprecé  de  celles  du  chcne^  mais  elles  fonc  moins  découpées. 
II  porte  dei)  chuons  en  forme  d'écoilesqui  cenfermenr  quatre  ou  cinq 
petites  femences.  Son  bois  eft  roux  &  dur.  Jamais  îl  ne  fe  fend,  c'efl: 
pourquoi  les  payfans  en  font  leurs  éc^ers.  La  partie  la  plus  piécitufc 
de  cet  arbre  eft  l'écorce  ;  broyée  &  trempée  dans  l'eau ,  elle  ferc  de 
favon.  Elle  fait  de  l'écume  &  enlève  forr-oien  toutes  fortes  de  taches 
fur  la  laine  &  le  61. 

Spino.  Le  fpino  a  reçu  ce  nom  des  £fpagnols,^  caufe  de  la  quantité 
d'épines  <]u'il  porte.  U  vient  par-cou(,al  s'élève  fort  haut,  luc-coac 
dans  les  tcrrems  gras.  Son  tronc  eft  brun  ,  marbré  ,  pefant  &  très- 
duc;  il  efl:  revcca  d'une  écorce  femblable  à  celle  du  mûrier.  Ses  feuilles 
font  trcs-pecites,  découpées  ,  d'un  verd  clair  Se  unies  plusieurs  enfem- 
ble.  Le»  fleurs  dont  fe  couvrent  fes  lameaux  reifemblenc  i  un  boutoo 


SUR  L'ffiST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.  4»» 
de  foie  jaune  ;  elles  exhalent  une  odeuc  aromatique  d'où  on  les  a  3p- 
pellces  ûtoinaces.  Aux  âeurs  fuccèdeiu  des  baies  longues  d'une  paltne, 
gcolfes  comme  le  pouce.  Elles  font  d'abord  veries ,  en  fuite  noires.  Llles 
contiennent  une  moelle  blanche,  pleine  de  graines  brunes,  dont  les 
perroijuets  font  fort  avides  :  le  fpino  e(l  le  bois  de  chauffage  du  pays, 
pn  en  fait  d'excellent  charbon.  Les  K'intnes  fe  fervent  Je  fùs  Hcuts 
pour  parfiimet  leurs  vècemens.  Ses  baies  font  une  encre  aflez  bonne 
pour  eciite. 

HohU.  Le  rohie  croît  dans  les  lieux  maritimes  &  dans  les  Andes.  Il 
s'clÂve  â  une  hauteur  furprenante.  Son  tronc  eft  droit,  d'un  rouge obr- 
cur,  compare,  pefant  &  fe  confetve  Jnta£k  dansTeau.  Ses  feuilfes  ref- 
femblenc  ^  ccUcs  de  i'otmeau.  Il  fe  forme  fur  les  rameaux  tendres 
certaines  excrullfances  prefque   rondes  ,    ayant  quaue  ou  cinq  pouces 


Efpagnols  Tont  appell 
dureté  ,  car  il  ne  reffemble  nullement  à  celui  qui  porte  le  mcme  nom 
en  Europe.  Les  Indiens  l'appellent  pUlia, 

Mjqut.  Le  maque  eft  d  une  grandeur  moyenne.  Ses  feuilles  font 
grandes  ,  douces ,  fibreufV'  >  dcnttrlces ,  ayant  la  hgure  d'un  ccEur.  Les 
fruits  qu'il  porte  relTemblent  aux  baies  du  myrthe.  Elles  ont  une  fa- 
veur agréable  &c  rafraachiflante.  Elles  font  d'un  violet  foncé  qui  teint 
les  mams  &  les  lèvres  de  ceux  qui  les  mangent.  Les  feuilles  de  cec 
acbce,  mâchées ,  font  un  remède  efficace  contre  les  maux  de  gorge. 

Les  arbres  de  la  féconde  clalTe  fc  divifent  en  deux  ordres.  Ceux  dont 
les  ^uits  ne  font  pas  bons  à  manger  &  ceux  dont  Icsfiuits  font  bons. 
On  en  remarque  pluHcurs  parmi  les  premiers ,  Se  nous  parlerons  de 
quelques-uns. 

AUr^e,  L'alcrze  eft  une  elpcce  de  ccdre  rouge  qui  croîr  dans  les 
Andes  &  dans  Tille  de  Chiloc.  Sesfeuilles  refTemblent  à  celles  du  cy- 
près; (on  tronc  eft  C\  haut  &  H  gros,  que  les  Indiens  qui  le  fendent 
avec  des  coins ,  rircnr  d'un  feul ,  fept  ou  huir  cens  planches  longues 
de  dix-huit  pieds  ,  Bc  larges  d'un  pied  &  demi.  Si  .iu  lieu  de  coin  ils 
fe  fcrvoicnt  de  la  fcie ,  ils  en  tireroient  beaucoup  plu5.  Les  planches 
font  eftimées  pat  leur  couleur  d'un  rouge  obfcur ,  par  leur  odeur  & 
leur  incorruptibilité.  On  rencontre  dans  les  tuâmes  lieux  un  cé..re  bbnc 
Qdorant. 

Maiteu,  Le  maiieu  eft  un  des  plus  beaux  arbres  qu'on  voie.  Il  s'élève 
ordinairement  i  quarante  pieds.  Son  bois  eft  dur ,  uni  ,  rouge  niclc 
de  jjune  ,  ce  qui  le  tait  employer  i  des  ouvrages  curieux.  Ses  feuilles 
font  petites  j  dentelées  ,  d'un  beau  verd  luifant  »  &  fî  épaiCes  que  les 
animaux  fe  cachent  defTbus  pendant  la  pluie.  Les  va*  hes  les  aiment 
UnCj<}u'«Ues  abi^idoimenc  les  meilleurs  pâturages  pour  en  manger. 

I77J.    NOVEMBRE,        Gggi 


1^ 


4ït        OBSERVATIONS  SUR    L4  PJJYSIQVE, 

Patagua.  la  p.it?.gua  crou  te  long  des  nvières  6c  dan;:  tous  les  lieux 
.  humides,  hlle  i  élève  fort-haut  ,  &  eft  quelquefois  fi  grollc  qu'A  peine 

3Ufltre  hommes  peuvent  rcmbrafler.  Son  bois  eft  blanc  &  de  peu  de 
urée,  fur-rout  «ant  expofc  à  rhumidité.  Ses  feuilles  font  longues  de 
nois  ou  quatre  pouces ,  un  peu  rudes  ,  &  d'un  verd  brun.  Ses  fleurs 
qui  viennent  en  abondance  ont  la  figure,  la  couleur  &  l'odeur  des 
])S  :  mais  elles  font  des  deux  tiers  plus  pecices  6c  pendent  cn-b:LS, 

Titno.  Il  y  a  deux  efpèi:es  de  temo,  le  blanc&  le  jaune.  Il  vient  pai- 
lout.  Son  tronc  tft  revêtu  d'une  écorce  jaunâtre,  mais  d'un  gris  cen- 
dre inti^rieuremcnt.  U  eft  dur&  aJîèz  compaiVe.  Il  eft  employé  par  les 
Carrolliers.  Ses  feuilles  ont  la  couleur  &  fa  forme  de  celles  du  citron- 
nier ,  &  l'odeut  &  le  goût  de  la  noix  de  nmfcadc.  Les  6curs  qui  dif- 
cinguent  les  deux  efpèces  ,  font  blanches  dans  l'une  &  jaunes  dans 
l'autre.  Elles  font  coirpofce^  de  pluficurs  tîlamens  longs  de  qu-irre 
à  cinq  pouie^.  Ces  fleurs  ont  une  odeur  fuave,  qui  fe  fait  fentiràplu$ 
de  deux  ç%n^  pas  quand  ou  a  le  sent  favorable. 

Xi/r<.  Le  litie  eft  d'une  hauteur  mcdioite,  mais  il  devient  allez  gros  ^ 
fon  bois  eft  fulide  ,  &c  mclc  de  brun  ,  de  jaune  &  de  verd.  Ses  feuilles 
font  rondes,  tudes  »  laies  &  d'un  verd  pâle., L'ombre  de  cet  arbte  eft 
fort  nuifible.  ("eux  qui  paflenr  ou  rvftent  fous  fes  branches ,  font  fur- 
ie-champ couverts  de  puflules  rouges  5c  motdic«nte5 ,  qui  fe  manifef- 
rent  aux  mams  &  au  vifage.  LUes  font  occafioimces  pat  les  vapeurs 
qui  émanent  de  cet  arbre. 

BoiUn  &*  Pa'quiLiugen.  Le  bollen  &  le  patquilaugen  font  deux 
arbres  tiès-garnis  de  bramhes,  hauts»  &  qui  ont  entt'eux  fort  peu  de 
difféEence.  Ils  aiment  les  lieux  montueux,  leur  bois  eft  un  vrai  poifon. 
Alilgrc  cela,  les  nationaux  le  recardent  comme  un  excellent  purgatif 
dans  certaines  maladies.  On  le  donne  en  très-peùtc  dofe.  Il  fait  éva- 
cuer, par  haut  &  par  bas  avec  beaucoup  de  force,  les  humeurs  épaîf- 
fes  6:  les  autres  obft rutilions.  Quand  on  veut  en  arrctcc  l'effet,  il  taut 
boire  un  verre  d'eau  pure.  Leuts  feuilles  re0emblenr  ^  cclles'du  limon  , 
mais  leur  couleur  eft  plus  vive,  principalement  le  bollen  qui  eft  d'un 
verd  luifanr  6c  gai. 

SanàaL  On  trouve  dans  l'iOe  de  Jean  Fernandez ,  trois  efpcccs  de 
£indal  \  le  blanc  ^  le  rouge  &  le  citton.  Cette  dernière  efpèce ,  qui  eft 
fi  recherchée  en  Médecine,-  eft  j  au  dire  d'un  Botanifte  Allemand  , 
beaucoup  meilleure  que  celui  qui  nous  vient  d'Orient. 

Il  fe  ttûuve  encore  dans  les  montagnes  intérieures  des  Andes,  dont 
la  plupart  font  inacceflîbles  ,  des  forêts  immenfes,  où  croilfent  des 
arbres  dont  on  ignore  le  nom.  Il  y  en  a  d'une  grandeur  démefurée. 
Un  Muliiinnaire  6t  avec  le  bois  d'un  feul  arbte,  une  Eghfe  de  plus 
de  fuixanie  pieds^  il  lui  fouciùt  les  poutres,  la  charpente^  le^  Uue&» 


SVR    VflTST.  NATURELLE  ET  LES  JJiTS.    415 

tout  le  bois  néct:n\ice  pour  les  portes  £c  fenctres,  les  Autels  £c  pouc 
deux  ConfeUioniUix. 

Fin  du  Ch  /.  Le  pin  du  CKlli  eft  un  des  plus  finguliers  arbres  qui  y 
croiirent  Les  EfpagnoK  lui  donnèrent  improprement  ce  nom,  car  tl 
ne  relTemble  en  rien  au  pin  d'Europe.  Les  Indiens  !*ûppe!Ieut  pt-guen. 
li  vient  natorcUement  dans  les  Povinces  habitées  par  les  Araucans.  Un 
le  cultive  dans  le  refte  du  RoyAunie.  1)  lui  fauc  un  ccms  conHdcrable^ 
avant  de  parvenir  d  fa  h.iuieur  ordinaire,  qui  eft  de  cinquante  piedï. 
A  mefiire  qu'il  croît,  il  fe  dépouille  de  tous  les  rameaux  Ôc  feuilles 
dont  il  ctoir  couvert  dans  fa  pciittlle.  Quand  il  a  environ  deux  per- 
ches de  haut,  il  commence  à  poulUrr  de  grolfes  branches,  pl.^cccs  ho- 
rifontalement  de.  quatre  en  quatte  à  angles  dioirs.  Les  quatte  qui  fuc- 
cddent  vers  le  haut  fonr  plus  cours  que  ceux  d'en-bas,  &c  vont  ainfî 
en  diminuant  îufqiri  la  cime,  de  manière  que  l'arbre  reprcfenre  une 
pyramide  parfaite.  Toutes  ces  branches  font  garnies  de  tous  les  côtés  , 
o'auties  plus  petites  placées  également  à  angles  droits.  Les  grands  &  pecics 
rameaux  font  totalement  couverts  de  petites  feuille,  enchallécs  les 
unes  dans  les  autres  ,  les  feuilles  font  longues  de  plus  d'un  pouce , 
pointues,  convexes,  lifTes,  d'un  vecd  brillant  &  fi  dures,  qu'elfes  rcf- 
fcmblcnt  à  du  bois.  Les  fruits  fe  trouvent  renfermés  dans  uu  çlobe 
ligneux  de  la  grandeur  de  la  tète  d'un  homme.  Us  font  longs  :ii'cn vu 
ron  deux  pouces,  coniques,  couvens  d'une  gouffe  femblablc  à  celte  d« 
la  châuigne  ,  dont  ils  ont  un  peu  le  goût,  il  font  partages  par  le  mi- 
lieu par  une  membrane  fubtile.  Ces  firuits  fout  allez  noutnllam^  les 
Araucans  >  dans  leurs  expéditions  militaires  ,  ne  portent  ordinairement 
d'autres  vivres  que  la  farine  qu'on  en  retire.  Les  Efpagnols  les  man- 
gent cuits  ou  rôtis  comme  les  lhâtai;>ncs. 

PalmUr.  I  e  palmier  du  Chili  rclTcnible ,  pour  les  feuilles  &  pour  le 
me,  i  ceux  qu'on  voit  en  Europe.  Ses  fruits  n'en  différent  pas  beaur 


ironc 


coup.  Les  habitans  les  appellent  cocos.  Us  font  ronds  ,  plus  gios  qu'une 
noix  commune.  Ils  ont  deux  coques ,  l'une  fpongieufe  &  la  féconde 
ligncufc  comme  celle  des  noifettcs,  m.-tis  plus  duce.  Dans  ta  dernière 
■coque  on  trouve  une  amande  pareillement  ronde  ,  blanche  ,  agréable 
au  goût.  Etant  fraîches ,  elles  conriennent  un  fuc  laiteux  &  ra&aîchif- 
fant.  Ces  cocos  font  étroitement  ait;tchés  à  quatre  grappes  longues  de 

f>lus  de  ttois  pieds ,  qui  pendent  des  quatre  côtés  du  palmier.  Quand. 
es  fruits  commencent  à  fe  former ,  ils  font  couverts  d'une  envi-loppe 
ovale ,  lieneufe  ,  gcife  &  convexç.  A  mefure  qu'ils  appriKheni  de  U 
maturité,  l'enveloppe  s'ouvre  d'elle-même  ,  &  quand  ils  fonr  parfai- 
lemenc  mûrs,  elle  fe  fend  en  deux  parties  qui  pendent  de  ihaque 
côté  des  gtappes.  Chaque  erappe  Bfl^e  plus  de  mille  cocos.  Les  natu- 
rels du  pays ,  outre  d'excellentes  confimres ,  en  cirent  de  fore  bonne 
huile.  Ils  retiieat  aufE  des  bioaches  nouvelles  &  cendres,  un  miel 


414       OnSERFATIOSS  SUR  lA  PffïSfQVE  , 

plus  agréable  que  celui  de  la  canne  i  fucre.  Ces  palmiers  croifTènt  ni* 
turellemenc ,  on  en  rencontre  des  bois  entiers. 

D.im  le^  bob  voinns  de  ta  mer,  on  voit  un  autre  arbre  reffemblant 
de  loin  au  palmier.  Ses  fi^uillcs  font  longues  de  cinq  à  fix  ptetlsj  lar- 
ges d'environ  deux  palmes  ,  recourbées  en  bas  ,  lillcs  &  d'un  verd 
gai.  Son  tronc  eft  gros  comme  la  cuïHèdun  homme  ,&  couvert  dVcor- 
ccs  ccailleufes.  Des  quarre  côtés  du  tronc  de  cet  arbre  ,  pendent  quatre 
grappes  cliargécs  de  grains  qui  reirembleiit  en  tour  ,iu  ratfin  noir.  L'Au- 
teur trouva  cec  arbre,  mois  comme  il  ignoroit  la  qu:tlicc  de  Tes  fruits, 
il  n'ofa  en  manger. 

Lucuma.  La  lucuma  croîc  naturellement  dans  les  Provinces  Scpten- 
-crionales,  rptrcialcment  dans  le  territoire  de  Coquimbo.  On  le  cultive 
idans  les  contrées  Auftrales.  Elle  relTcmble  beaucoup  au  laurier.  Ses 
iruiis  font  de  la  grotreur  d'une  pci.lic  ;  \\%  font  couverts  d'une  peau 
^'abord  verdàtre  ,  enfuite  brune,  mclcc  d'une  psu  de  jaune.  Leur  pulpe 
e&  blanche  ,  bucireufe  &  agréable  au  goût  :  elle  renferme  deux  ou 
trois  noifetces  dures,  liiTes ,  d'un  rouge   brun  luifant. 

Kt.uif.  Le  keule  s'clcve  de  plus  de  foixanre  piedv.  Ses  feuilles  font 
plus  longues  Se  plus  larges  que  la  main  \  elles  font  lilTes  ,  cendres  SC 
d'un  verd  brillant.  Ses  fruits  relTembUnt  i  ceux  de  la  lucuma,  maît 
ils  font  plus  longs.  Us  font  jaunes  inicfieuremeat  :  la  pulpe  en  cft 
oaâueufe  Se  douce. 

Ptumo,  Les  feuilles  du  peumo  font  odorantes»  épaiiTes  &  d'an  verd 
foncé.  Leur  figure  &  leiu  grandeur  eft  comme  celle  du  mûrier.  Les 
fruits  relTcmblcnt  aux  jujubes,  mais  elles  ont  ta  peau  plus  roucc,  quel- 
quefois blanche ,  d'autre  fois  cendrée.  Ces  fruits  qui  font  alTez  buiiceux 
éc  d'une  faveur  agréable  ,  fc  mangent  cuits  dans  l'eau  tiède.  Leurs 
iioyaux  font  fragiles  j  étant  piles,  on  en  retire  de  bonne  jiuile  dune 
jufqu'i  ptcfenc  on  n'a  point  fait  d'ufi^e. 

Bnldo.  Le  boldo  eft  un  arbre  tout  acom.itique.  le  bois  ,  l'écorce,  les 
feuilles  ,  les  fruits  répandent  une  odeur  crès-agréable.  Ses  feuilles  font 
grandes  ,  brunâtres,  rudes  5c  vifqueufes  Ses  fruits  font  ronds  .  jaunes, 
aoux  &  plus  gros  que  les  baies  du  myrte.  Leurs  noyaux  font  forts  durs  , 
on  en  k.\z  des  chapelets  qui  deviennent  beaux  i  l'user.  Léc^c^  de  cec 
aibre  dounc  au  vm  un  pacfiim  agréable. 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.      415 


DESCRIPTION 

D'un  Rouet  qui  fih  &  met  en  icheveau  par  le  même 

mouvement* 


L  eft  des  inventions  H  fimples,  qu'on   a  Toujours  lieu  de  s'étonner 
riqu'eilcs  u'aieîïc  pas  été  trouvées  depuis  lone-rems.  S:  qu'elles  ne  mérU; 
tent  de  confîdécaiion ,  que  relativement  au  oien  public  qu  elles  pc-uveni: 
procurer. 

C'efl;  Tous  ce  point  de  vue  que  doit  ctte  regardée  celle  qui  fait  le 
Tujet  de  cet  article,  de  laqi.ellc  nous  allons  donner  la  deft.ripnon. 

Il  eft  de  F;iit  &  tecoimu  par  expérience ,  qu'un  ouvrier  qui  file  route 
la  femaine  emploie  en  une  ou  plulicurs  fois  un  demi  jour  à  mettre  le 
|£l  en  ccheveau  >  manoeuvre  d  autant  plus  nécelTaice  ,  que  le  lîl  des 
rbobines  étant  mouille  ,  jamais  celui  qui  eft  proche  de  la  bobine  ne  fe 
liccheioit»  &  qu'il  scchaufferoit  &  saltcreroic  rtcs-promptemcnc  ii  on 
!  le  liiffbic  en  cet  état. 

Cette  opération  emporte,  comme  on  voit ,  un  douzième  du  rems  des 
ouvriers.  Fournir  un  moyen  de  la  leur  faire  faire  en  mcme-tems  qu'ils 
1, filent  &  pat  le  mcme  mouvement  »  eft  en  quelque  forte  les  multiplier» 
puifque  n'ayant  plus  ce  retardement ,  ils  produiront  un  douzième  d'où- 
'  vrage  de  plus ,  enforte  que  dans  un  endroit  où  l'on  compte  1 100  fileurs, 
i^ce  fera  la  mcme  chofe  que  fi  l'on  en  avoir  ijoo,  excepté  que  ce  der- 
nier cenr  n*Êxiï*e  ni  falaire,  ni  nourtiturCj  ni  logement.  Voici  le  moyen 
d'opérer  cet  cuet. 

Soit  un  rouet  A  B ,  planche  H ,  figure  1  »  de  la  confttuÛîon  ordinaire. 
Sur  rextrcmité  de  Taxe  de  la  grande  roue  CD^quipaHè  au-dehors 
du  pilier  EF,  on  place  une  puulie  G  d'un  pouce  de  diamètre  ;  cette 
poulie  au  moyen  d'une  cotdc  fans  fin  G  H  1  K  ,  communique  le  mou- 
ment  à  une  autre  poulie  H  K,  de  neuf  pouces  de  diamètre, qui  roule  fur 


bre  de  bois  tourne  L,  fixé  environ,  aux  trois  quarts  de  la  longueur 
planche  du  rouet  ;  cette  dernière  poulie  i  quatre  bras  reprclencés 


un  arbre 
de  la  . 

par  les  lignes  M,  N  ,  O  &  P  attachés  fiir  foo  plan^  &  qui 
portent  chacun  i  égale  diftance  du  centre  L ,  une  cheville  dont  une  doit 
fc  pouvoir  ôtec  &  remettre  à  volonté.  Cette  partie  eft  le  dévidoir  pro- 
prement dir. 

On  voit  aifcmcnt  que  la  grande  roue  étant  mife  en  mouvemenr» 
tUe  en  communiquera  à  la  poulie  du  dévidoir  dans  U  raifon  de  neu^ 


4^5         OBSERrÂTIONS  SUR   LA  PHYSIQUE , 

i  un,  ce  qui  U  fera  tourner  elle  &  fcs  bras  avec  affez  de  lencenr^poac 
ne  pis  callec  le  fil;  inconvénient  oui  arrive  fouvent  avec  les  dcvidoirj 
ordinaires  j  par  U  vîceflè  avec  laquelle  on  les  tourne  pour  abréger  ropè- 

larion. 

Ce  fil  qui  fe  dévide  n'eft  pas  celui  qu'on  file  aduellemem  ,  ccft 
celui  d'une  bobine  prétcdemment  filée.  Ow  la  place  pour  »ct  cfFcc 
fur  une  broche  R ,  fixée  dans  l'cpallTeur  de  la  planche  du  rouet  AB, 
comme  on  le  peut  voir  eu  R,  ou  elle  efl  repcéfentée  comme  vue  pi^ 
un  (xil  pbcc  au  bout  du  rouet.  Une  ficelle  TS,  eft  arrachée  en  T, 
fur  le  bord  de  la  phnche  &  apr^  avoir  palTc  fous  la  poulie  de  la  bo- 
bine ,  va  Te  rouler  fur  une  cheville  de  violon  ,  qui  encre  &  tourne  2 
frottemeut  dans  un  trou  fait  dans  ta  même  cpaifTëur  ;  fette  cheville 
procure  le  moyen  de  modérer  à  volonté  U  (acilirc  de  tourner  qu'a  U 
oobine.afin  de  tenir  toujours  le  fil  aifez  tendu  pour  s'appliquer  fur  le 
dévidoir  fans  fe  mêler-,  Se  pour  alliirer  encore  mieux  cet  effet ,  le  fil 
au  fortir  di:  la  bobine  palTe  pour  fe  rendre  au  dévidoir  par  une  efpèce 
dVpinglier  U  ,  forme  d'un  pciic  bâton  sitathc  fous  la  planche  &  garni 
de  quatre  crochets  de  fil  de  laiton  j  le  fil  p.ilTc  d.ms  ces  cto<hets  affcz 
près  du  dévidoir ,  y  va  occuper  la  place  qu  on  délire  ,  &  l'on  peut  en  le 
changeant  de  crochet  de  tcms  en  tems,  rendre  réchevciu  plus  oa 
moins  larges  ta  cheville,  la  bobine  &  l'épinglier  font  reprcfentcs  vus 
de  Icxtrémitc  A  du  ruucc  dans  les  figures  /j  r^u. 

Il  efl  aifc  de  voir  d'aptes  cette  dclcription,  que  te  fil  fera  toujours 
lire  par  le  dévîdoic  avec  un  mouvement  doux  &  égal ,  S<  que  la  ten- 
Hon  qu'il  éprouve  fera  toujours  à-peu-prcs  In  mcme  ,  fur-tout  (î  on 
obfcrve  de  lâcher  une  ou  deux  fois  un  peu  la  ficelle  T  S ,  à  mefure 
que  le  dévidaj^e  de  la  bobine  s'avance  ,  parce  qu'elle  tourne  alors  avec 
plus  de  rapidité,  ce  qui  rendta  le  fil  bien  moins  fujet  i  fe  rompre  ou 
d  fe  mcler  qu'il  ne  l'eft  avec  les  dévidoirs  ordiiuires. 

La  feule  nifpedtion  de  la  figure  fuHit  pom  f^iie  voir  que  cette  petite 
méchanique  (é  peut  aifément  appliquer  aux  rouets  aûuellement  faits, 
te  qu'a  Icgnid  de  ceux  qu'on  condruira  de  nouvenu  ,  elle  ne  doit  pas 
augmenter  leur  prix  de  plus  d'uu  tiers  de  leur  valeur,  du  moins  pour 
les  rouers  communs. 

Quelque  lenteur  que  nous  ayons  donnée  au  mouvement  du  dévidoir» 
il  aura  cependant  t<iujour$  dévidé  une  bobine  dans  le  tiers  du  rems 
ncceiTaire  pour  en  hier  une:  il  fuHîroit  donc  que  dans  une  fabrique, 
il  y  eût  d-ptu-piés  le  tiers  des  rouets  garnis  de  cette  maihine»ils 
fumroienc  pour  dévider  le  fil  de  tous  les  autres»  fur-roue  en  ne  les  ron- 
6ant  qu'aux  ouvriers  les  plus  capables  de  les  bien  conduire  ^  quant  aux 
£leurs  fulitaire^ ,  ils  en  Urront  quittes  pour  interrompre  le  niouvemeac 
de  leur  dévidoir ,  quand  ils  ne  s'en  ferviront  pas  en  faifant  fortir  de 
^a  poulie  U  coxde  uns  dn  qui  le  lui  communique.  La  même  mécha- 
nique 


SUR    VîilST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     417 

nique  peut  auflî,  ^vcc  quelques  légers  changement ,  s'Appliquer  aux 
rouets  qui  vont  pac  le  moyen  du  pied  ,  &  i  ceux  qui  16  poreiu  fur 
une  rable  ou  fur  les  genouils ,  &  l'Aurcuc  fc  fera  toujours -uu  plailîc 
de  diriger  les  ouvriers  qui  voudroicm  en  encreprendrc  de  cette  erpccc 


LETTRE 

-i4  l'AuUur  de  ce  Recueil ,  fur  un  Crép'ijfage  de  murs, 

3  E  vous  envoie ,  Mm  '^  manière  de  faire  les  cr^pi^^gcs  de  murs  donc 
je  vous  ai  pirlc  ,  Se  qiii  par  fa  foliditc^dc  fon  coup  d'oeil  agréable» 
me  paroîr  aiîez  intcretrante  pour  mériter  une  place  dans  votre  Journal. 
Son  exécution  cil  des  plus  fimptes,  tl  faut  prendre  auraiu  de  chaux 
maigre  que  de  chaux  gtalTe ,  les  faire  diitoudre  &  fuTeravcc  de  l'eau  dans 
laquelle  on  a  fait  bouillir  des  pommes  de  fjpin  en  ailèz  bonne  quantité. 
Quand  le  mortier  ell  clair ,  on  l'applique  fur  les  murs  avec  un  ballet , 
au  moyen  duquel  on  le  difperfe  de  maiiière  à  couvrir  tout  le  mur 
pariâiiemeiir ,  &  on  l.iilfe  fccher  le  crcpilla^e  coût  rabotteùx  qu  il  cil , 
lâns  le  polir  avec  la  cruelle.  Jamais  il  ne  tend  m  fc  détache,  il  prend 
au  contraire  une  dureté  S<  conIttUnce  Cupértcnres  a  tous  autres  crépif- 
fages.  Le  Château  de  Burlînel  ,  qui  eft  dans  une  des  plus  belles  fuua' 
^ons  des  bords  du  lac  de  Genève  >  a  été  crépi  de  cette  matiète  il  y 
a  1 8  ans  ,  &  p.uoît  l'avoir  été  de  l'année  ,  &  n'a  pas  encore  de  place 
défcâueuf^.  M.  de  Sacconcn  ,  propriétaire  de  ce  Château ,  a  un  goûc 
inexprimable  pour  l'arrangemenr  utile  Se  économique  de  Tes  po(Iêr< 
fions.  Il  a  établi  autour  de  fon  Château ,  des  prairies  fupetbes,  p^r  l'arc 
avec  lequel  il  a  fu  ramalFer  les  eaux  de  fes  fumiers  »  &  de  fes  cours 
pour  les  diflribucr  au  moyeu  d'un  bon  nivellement  dans  tout  fon  ter- 
rein  \  au  moyen  à\\n  tronc  d'arbre  creufé  &  rejivcrfc,  il  établit  fur 
ces  petits  canaux,  des  ponts  fur  lefquels  les  plus  gros  chai riots  paC- 
fcnt  fans  incon veulent,  mais  jamais  il  uc  laillc  aller  les  beiUaux  d.ins 
les  prcs^  toute  l'aiinéc  il  les  nourrir  dans  l'écurie  avec  Hieibc  rr;ui.he 
qu'il  leur  fait  faucher. 

Ses  granges  dans  lefquelles  il  fait  battre  fon  bled,  n'ont  qu'un  plan- 
cher fait  avec  de  la  gbife  bien  battuej  ils  durent  plus  que  s'ils  étoîenc 
de  bois,  &  ne  coiîtent  point  d'entretien  \  s'il  s'y  forme  un  trou  ,  Ibii 
domedique  le  répare  auni-tot  avec  un  peu  de  terre  graife  délayée ,  Se 
fam  dépeiife  ^  ou  monte  fur  fes  amas  de  bL*ds  6c  de  fuin  par  le  moyen 

Tome Xir^  Part, IL  1773.         I^Of^EMBRE,       H  hh 


4\t        OBSERVATIONS  SUR  lA  PurSIQUE, 

<ïcchelles  de  bois,  appliquées  contre  les  colonnes  de  fcs  granges,  Se 
qui  ne  font  qu'une  pièce  de  bois  craverfcc  par  des  morceaux  de  liois  qui 
forcent  de  Cvt  pouces  de  chaqtie  coté ,  &  font  plus  folidcs  Si  moins  cm- 
birralTans  que  les  échelles  ordinaires.  (  Planche  II ,  fig.  i.  )  Tout  dans  le 
Château  annonce  t'aiCâncc  ,  riiitellipence  Se  refprit  d'cconomie  &  d'or- 
dre du  pcopriécairc.  Il  feroit  à  dcilrcr  que  l'un  eût  des  defcriptions 
dctaitlées  Se  bien  faites  fur  la  mannieniion  des  domnines  qui  font 
ioif^ncs  avec  autant   d'attencion  ,  pour  fetvir  de  leçons  i  tint  de  pro- 

f>riét.^ires  qui  négligent  &  ne  favent  ôrer  aucun  pani  avantageux  de 
curs  polTcilîoas. 


LETTRE 

De  M.  Gardane,  Doclenr-Régenc  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Paris,  Ccnfcur  R-oyal,  AfTocié  6c  Corrcfpondaiit  de  plu- 
ficurs  Académies , 

A  Miffliurs  les  Auteurs  du  Journal  de  Phyfiqut» 

Messieurs, 

Je  vous  demande  une  place  dans  votre  Journal  pour  les  détails  fui- 
vans;  ils  intcreîrenr  l'humanité.  C:  titre  méfait  efpérer  que  vous  vou- 
drez les  y  inférer  le  plutôt  polTiblc. 

Occupe  depuis  quelques  année?  de  la  recherche  de  la  caufe  des 
morts  appirentcs  &  fubitcs,  &  des  moyens  d'y  remédier,  je  n'ai  rien 
négligé  pour  arriver  à  ce  but  Pour  cet  effet ,  je  publiai  en  1775.  tui 
Avis  au  Peuple  ,  dans  lequel  ,  fans  m'atrcier  à  la,  recherche  de  U 
caufe  de  ce  genre  d'accident ,  îe  recueillis  les  moyens  reconnus  les  plus 
Qiites  &  les  plus  stirs^  que  je  prcfencai  d'une  manière  Hniple  &:  populaire, 
afin  que  le  premier  venu  pîic  avec  ce  livre  fecourir  les  Afphyxiques 
dans  i'abfence  des  gens  de  lArr ,  ce  qui  arrive  trè.-fouvenc. 

Defiram  enfuite  juftilîer  ce  choix  aux  yeux  des  Savons,  je  lus  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  un  Mémoire  fur  la  caufe  de  l'Afphyxie  des  noyés, 
&  fur  les  moyens  d'y  remédier.  Ce  Mémoire  divilc  en  deux  parties 
indépendantes  l'une  de  l'autre,  contredifoit  le  fyftcme  de  M.  Portai, 
fur-tout  d.iiis  U  féconde  partie  ,  où  il  s'agillbit  des  fecours.  crette  fé- 
conde partie  fut  accueillie  £c  approuvée  pac  l'Âcadcinie  j  la  ptemicre 


S(/R  VHIST.  NÀTI/RELIE  ET  LES  j4KTS.     419 

mérita  aulli  fou  aKcmion  ;  mais  M  M.  les  CommifTAÏres  ayanc  répété 
mes  expériences.  Se  le  réfulcai  leur  ayaiu  paru  ditfcrent,  je  ta  rcclrai 
pour  chercher  dans  de  nouveaux  cirais  la  caufe  de  cette  dî^crcnce. 
Aiais  comme  en  voulant  avoir  copie  du  rnpport  ^iii  croit  favorable 
à  la  féconde  pnrtic  de  mon  Mémoire,  j  éprouvai  quelc]ucs  dilHculrés 
de  la  part  de  M.  le  Secrétaire,  à  caufe  que  le  fyfteme  de  'V'.  Portai 
y  était  contredit ,  je  craignis  de  dépLiire  à  cette  Compagnie  ,  en 
ayant  l'air  de  pourfuivre  un  de  fes  Membres  jufques  dans  ion  fein  ; 
(k.  renonçant!  ce  rapport,  je  publiai  le  tout  par  la  voie  de  votre  Journal» 
avec  augmentation  prefque  du  double,  de  nouvelles  recherches  fut 
les  Afphyxies  cauféés  par  les  moffeces, 

Jl  cd,  je  crois,  inutile  de  cappellerici  que  dans  ces  recherches,  fe 
prouvois  par  les  autorites,    les  oLfervations  &c  les  faits ,  oue  les  Afphy- 
xiques  n'ctoient  point  Apopleâiques  ,  commo  M.  Portai  le  prétcnouit  j 
que  cette  opinion  ancienne  &  rajeunie ,  étoit  appuyée /ur  la  théorie 
de  ta  dilaration  &  de  l'affaitTement  alteniatifs  de  la  poitrine  &  du  cer- 
veau ,  empruntée   par  cet  Académicien    des   \1cmoires  de  M  M.  de  U 
Mure  Se  Halter ,  mat-;i-propos  appliquée  au  cas  préfent  \  que  les  Afphy- 
xiqucs  de  toutes  les  clalfes  »   ctoient  dans  une  fufpenfion  de  mouve- 
ment fans  Ié(îûn  d'organe  ,  occafionnée  ou  par  un    faiiilfcment  fpaf- 
modique  ,  ou  par  une  Hupeur  ,  qui  faîfoit  cellér  tout  d-coup  les  fono> 
rions  de  la  vie  j  que  pour  les  fecourit  eâicacement ,  il  ne  f^lloit  pas  re- 
courir i  la  faignée  ,  ni  introduire  aucun  liquide  dans  la  bouche  ,  en- 
core moins  pratiquer  aucune  inciiion  à  la  trachée- artère  ,  trois  moyens 
que  M.  Portai  avoir  exprelTcment  confeillés  ;  que  ces  moyens  étotent 
Cous  les  tfbis  intiiiles  6c  dangereux  j  que  la  f'iignée  caufant  laïFaiire- 
ment  des  vailleaux  ,  paroiffoit   plutôt  capable  d'empêcher  le  retour  à 
^'ia  vie  j  que  l'introduàion  d'un   liquide  quelconque  dans  la  bouche, 
tant  que  le  malade  n'avoit  pas  relpirc ,  devenoii   difficile  à  caufe  de 
la  conftriclion  rrcs-fréquenre  des  mâchoires  ,  &  dangereufi;  pat  la  polli- 
bilité  de  voir  ce  liquide  attiré  dans  la  poiicine  à  la  première:  inspira- 
tion; qu'entin  la  fedion  de  la  trachée -artère  lalifant  ét.happec  l'air  ren- 
fermé dans  l'écume  des  bronches  ,  &   y  facilitant  ainu  la  chute  du 
4iquide  contenu  dans  U  bouche  mcme  avant  le  retour  de  la  refpiratîon  , 
,  ^toit  fujette  «au   même  inconvénient,    fans    compter    ceux    auxquels 
■l'ignorance  &  la  mcchanceic  pouvaient  donner  lieu  dans  lesX^ampapncs. 
Dans  le  choix  des  fecour;.  j'mlîUois  cnluitc  fur  les  irritans  de  tous  ies 
genres,  quoique  oppofés  en  apparence  ,  comme  l'allcali  vulatil ,  6c  te» 
ivapeurs  acides  &  pénétrantes.  Je  confci!h)i:>  00  dicigsr  leiif  imprelliuii 
:vers  les  narrines,  comme  fur  la  partie  du  corpj  la  plus  fenlîble,  atîii 
de  combattre  promptement  la  llupeur  6c  le  fpjïme:  je  re.ommanJuls, 
9vec  tous  les  Auteurs ,  d'éduuSvr  les  noyé^  6c   de  répmdte  d.-  leau 

>775.    NOrEMBiiE.    iUh  i 


^xo      OBSERVATIONS  StTR   l  PHYSIQUE^ 

fraîche  fur  le  vifage  &  fur  le  corps  des  Afphyxiques,  ou  d'y  applîaiicf 
de  1.1  glace,  aprcs  l'avoir  auparavant  mis  i  nud ,  &  place  a  l'air  libre 
(làz  le  carreau,  la  terre  ou  le  g-izon y  fuîvant  en  cela  les  coiifeils  ôc 
Tcxpérience  de  CiGlpin  ,  Panarde,  Boerchave,  Delauite,  l'outher. 
Lorry,  Hantiaiu&  de  la  Gazette  deSanté,  où  rafperfion  de  l'eau  froide, 
en  pareil  cas ,  avoit  été  conreillée  avant  que  M.  Poital  publiât  le  fecuucs 
qu'il  lui  a  plu  d'appcUer  fa  niétliode. 

Ce  n'eft  donc  pas  fans  fatisr^ction.  MM.  ,  qu'en  lifant  l'extrait  des 
Regiftrcs  de  l'Atadâiiie  Royale  des  Sticnces  du  30  Juin  1779,  infcté 

Eage  X37  de  votre  dernier  Journal  de  Septembre^  j'ai  vu  que  MM. 
'.s  CommifTàires  nommés  par  cette  Compagnie  ,  confirmant  mon 
choix  j  &  donnant  l'excUiiion  aux  moyens  de  M.  Portai,  croient  de 
mon  avis  »  aupoim  d'employer  les  ntcmes  raifons  te  quelquefois  les 
mêmes  expremons  ,  &  que  penfant  comme  moi ,  que  l'Afphyxique 
cioit  dans  un  état  deftupeur,  ils  avoient  également  trouvé  d.>.ns  cette 
manière  d'euvifager  cet  accident,  an  moyen  de  cojKllier  certaines  rac- 
ihûdes  oppofces  en  apparence ,  par  ces  exprellîons  tclna^quablL■$:7V/f- 
/«  l'ont  irritantes ,iouUitxà(int tUvàlUnt ^  u  qui  ejî  Cobict  tJJeniic/^T:ivoue 
qu'oxcedivement  flatté  de  la  mention  honorable  que  MM.  Icb  Coin- 
ininâîres  avoient  bien  voulu  faire  de  mes  recherches  dans  la  partie  de 
ces  extraits,  où  il  s'agllToit  de  )'expo(itian  du  femimenr  des  Auteurs, 
je  m'atrendois  i  me  voir  cité  auffi  dans  ce  qui  concerne  la  pratique, 

ruifqu'il  cft  vrai  que  je  m'ccois  autant  étendu  fur  cet  objet  que  dans 
autre ,  &  que  mcme  j'avois  eu  le  bonheur  de  prévenir  l'opinion  & 
le  jugement  de  l'Académie  daiis  mes  recherches.  • 

Mais  ce  qui  m'a  le  plus  étonné ,  c'ed  qu'après  avoir  rejette  la  £ûgnée 
Se  les  boiilons,  { inutilement  on  confeilleroit  i  cette  époque  les  boiÇ- 
ions  quelconques  &  tes  faignées.  )  &c  gardé  le  plus  profond  filencp*^ 
Tut  la  feclion  de  la  trachée-artère  ,  ce  qui  contredit  ouvertement  \ç 
fydcme  &  les  moyens  principaux  de  M.  Portai,  MM.  le^  Commif- 
iaires  penfent  néanmoins  ,  Qu£  ieur  AUthodc  cfî  conforme  à  /a  Mctkode 
puHiee  en  \yj6  p^f  M.  Portai,  Une  pareille  contradidion  ne  peuc 
s'expliquer  que  par  une  erreur  du  CopiÙe  ,  ou  de  Typographie.  Il  faur 
au  contraire ,  eu  égard  à  la  redembUnte  de  ma  Méthodi^  avec  celle  de 
M  M.  les  Commillaues,  &  l'oppoliiion  de  cette  dernière  à  celle  de  M. 
Porul,  lire  pluiùt  que  ces  Mx\l.  penfent ,  que  Uur  MiiAodi  tji  conjorrm  à 
cclU  que  M.  (iardane  a  puhUce  en   1775  6*  1778. 

Pour  ne  laifTer  aucun  doure  fur  cette  erreur ,  &  fur  ta  juftice  de  cène 
téclomacion,  daignez  MM.,  jetcer  un  coup-d'ocii  fut  le  ubleau  fuivanc;, 


SVR  ri/IST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      411 


MtTHODK  PI  Kl.  Portai. 

La  raij;n>!c  xi^iiit.  {quel- 
qnis  faigfUtJ,  ) 

L'mîr  HJriftioo  du  cioaigrc 
djns  la  hoache. 

La  fcâioa  de  la  ttacbéc. 
anérc. 


MÉTMODI  oc  L'ACAD£MtE.      MitHODE  p£  GaKD^UC. 


Poim  de  faiwnrfc  [anr  <^uc 
le  fujct  cft  d4n«  rAfphyxic, 
elle  cU  iiiiitile  Ce.  d«iigcieu- 

II  en  eft  Je  mf me  Jcs  boiC 
fons  de  de  la  fcdioa  de  la 
trach^c*anirc. 


Inutilement  on  confeilU- 
roic  la  fa'gnre  ,  contre  l'Af- 
phyiic  ,  il  ferait  à  craindre 
qu'un  affaiffement  mortel 
n'en  fût  la  fuite. 

Inutiltitunt  on  ionfttîle* 
roit  Ui  hoijfons  à  cette  ipo' 
que. 

L'Académie  -ne  coofeille 
point  la  fcâion  de  la  trachée 
aticre. 

Cependant  MM.  s'il  n'avoic  écc  queftioo  que  <3e  moi  dkns  cette 
affaire,  quoiqu'il  foit  permis  i  chacun  de  revendiquée  ce  qui  lut  appar- 
tient, j'..Ufoi5  attendu  de  l'Acadcmic  &  fur-tout  de  M.  Portai  qui  eft 
l'un  des  crois  CommilTaires,  la  rétractation  que  la  vccitc  exigeoit,  fie 
que  j'avois  lieu  d'efpcrer.  Mais  comme  il  peut  réfulter  de  très-gcavos 
accidens  de  cette  mcprife,  j'ai  cru  quen  attendant  qu^elle  fut  rccou' 
tiuc ,  il  étoit  de  mon  devoir  de  la  publier. 

Voici  MM.  les  accidens  auxquels  elle  peut  donner  lieu.  M.  Portai 
X  coofcillé  lafitigne'c  ,  i  introduction  du  liquide  dans  la  bouche  Jcs  AJphy' 
xiques  &  la  fiction  de  ieur  trachit-artère.  Moyens  inuriles  ou  dangereux. 
Les  imprimes  dans  lefquels  ce  conCell  ed  donne,  ont  été  publics  plu- 
sieurs fois,  ou  aux  frais  de  M.  Portai,  ou  P<if  ordre  du  Gouvernemenr, 
iSc  de  manière  ou  d'autre  ,  on  les  a  répandus  avec  profiifion  dans  Paris 
&  dans  les  Provinces  \  le  rapjrorc  de  MM.  les  CommiiTaires  attcftant' 
que  la  méthode  ado|Kée  par  l'Académie  eft  U  même  que  celle  de  M. 
Portai ,  &  le  rapport  de  l'Académie  n'éunr  point  aufïïbcile  à  l*e  pro- 
curer que  l'Imprimé  de  M.  Portai,  ceuic  qui  ont  l'Imprimé  le  confer- 
veront  précieufement  pour  le  fuivre  avec  plus  d'exaélitude,  Se  ceux 
qui  ne  l'ont  pas  Te  le  procuretont.  Alors,  les  trois  moyens  profcrics  par 
rAcadcmie  feront  employés  plus  que  jamais  ,  &  par  une  méprifc  Typo- 
eraphique  ^  le  bien  que  cette  favantc  Compagnie  fe  propoioit  défaire 
fera  remplacé  par  des  accidcns  funellcs. 

Vous  voyez,  MM. ,  que  les  fuites  d'une  pareille  mcprife  étoient  faites 
pour  réveiller  les  craintes  &c  l'atrention  de  tout  Citoyen  ^  &  trop  j^raves 
pour  ne  pas  fe  hâter  de  les  prcvenii  en  les  relevanu 

J'ai  l'honneur  d'eue  MM.  j&c* 


S^ 


412      OBSERf^ATlONS   SUR   LA   PHYSIQUE, 


:^^^= 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES. 

JXtFLEXî o N s  Critiques,  en  forme  de  Lettres,  fur  la  caufe  de 
l'Accouchement,  pat  M.  Capmas  ^  Mi^dccin  penrioniié  de  la  Ville  de 
Montauban  ,  6f  Infneifleur  des  Eaux  Minérales  de  fa  Généralité  j  &  Mé- 
decin Confultanc  de  Madame  la  Comtelle  d'Anoîs. 

En  1775 ,  M.  Capmas  adreilâ  à  M.  Koux ,  une  lettre  far  un  nou- 
veau fyftcme  de  la  caufe  de  rAccouchemenc,  où  il  détouvroit  la  faof- 
fetc  &  le  danger  de  la  thtorie  que  M.  y^j/aa/c^  avoir  imaginée  au  fujec 
d'une  obfervation  curieufc  qu'un  Médecin  de  Cliâtillon .  avoit  taie 
înfcrer  dans  le  Journal  de  Médecine.  Cette  Critique  ne  ccfta  pas  fans 
réplique, &  les  reflexions  critiques  que  nuus  annoni^ons  font  la  reponfe 
à  cette  réplique.  Le  ton  d'honnêteté  qui  y  rcgnc  ,  joint  à  l'cvidence 
des  raifons  que  M.  Capmai  apporte  ,  peut  ctrc  regarde  comme  un 
modèle  de  difculHoii  polémique  en  tout  genre. 

Découvertes  de  A/.  M-irat ^  Doâ«ur  en  Médecine,  furie  feu  »  l'élec* 
tticitc  &  la  lumière,  condatces  par  une  fuite  d'expériences  nouvellei; 
Paris,  1779. 

M.  Marai  par  le  moyen  d'un  microfcope  folaire ,  a  cru  découvrir  5c 
rendre  fenfibfes  les  particules  mcme  du  feu ,  ce  fluide  fi  fubtil.  D'après 
l'expofc  même  des  iitf  expériences  que  l'Auteur  cite  en  fa  faveur, 
il  eft  bien  à  craindre  que  ce  ne  foient  que  les  émanations  feules  des  corpi 
échauffés  fournis  aux  expériences ,  qui  paroiffeni  !^élever  &  voltiger. 

Le  Grand  (Euvre  de  Vj^grkulturc  ,  ou  VAn  de  Hègénêrer  tes  Jwfacei 
&  les  trcs-fo/ids;  accompagné  de  découvertes  intérelTantes  fut  l'Agricul- 
ture Se  la  Guerre^  par  M.  iMo/ttagne  ,  Marquis  de  Poncins  ,  ancien 
Officier  aux  Gardes  rran^oifcs  ,avcc  cette  épigraphe  :  Et  renovahiif-,:ttm 
terra,  Lyon,  chez  Faucheux ^  quai  des  Céleflius.  Paris ,  veuve  Duchtjhe 
17-79. 

Des  expériences  multipliées  ,  des  obfervations  faites  durant  une  lon- 

fue  fuite  d'années ,  un  fuLtès  obtenu  conftamment,  prouvent  en  faveur 
u  iVftêmc  que  M.  le  Marquis  de  foncins  adopte  en  Agriculture.  Il 
eft  sur  que  lorfqu  on  pourra  créer  &  transformer  de  nouveaux  fols  par 
l'exportation  des  terres  des  fo(fcs,  ou  prifes  dans  d'autres  endroits  voi- 
fins  ,  on  multipliera  les  furfaces  produifantes  &  l'on  diminuera  les 
terreins  incultes  Se  inutiles.  Mais  ces  tranfports  doivent  néceifairemenc 
être  teftrcints  par  les  circonftances  des  lieux  ,•  des  chemins  »  des  terres 
diffccenuneat  iicuécs.  Dms  le  cas  où,  le  tiuiiporc  deviendroi;  ou  trop 


SUR  VniST.  NATUREllE  ET  LES  JRTS,  41, 
difficile  ou  ïrop  difpendieux  ,  l'Auteur  propofe  de  d(îfoncer  avec  une 
bêche  de  i  S  pouces  de  hauteur  les  tetrcins  qui  en  feront  fufccji cibles. 
Une  récolte  plus  riche  &  plus  abondante  .1  couronne  cet  etCan.  Il  eft 
des  caufes  locales  de  la  dégradation  de  l'erpèce  humaine ,  de  ces  ma- 
Udics  continuelles  «  du  défjuc  de  population  dans  certaines  provinces, 
auxquelles  on  ne  fait  pas  d'attention.  Dans  le  torez ,  théâtre  des  tra- 
vaux  de  M.  le  Marquis  de  Poncim,  la  vieillertc  commence  à  45  ans,' 
la  décrépitude  à  5  ;  :,  &  très-peu  vont  à  60.  L'efpcce  des  Cultivateurs, 
fans  force  Se  fins  vigueur,  ie  trouve  moilfonnée  de  bonne  heure,  & 
les  races  étrangères  de  colons  qui  defccndenc  à  chaque  inftant  des  mon- 
tagnes qui  environnent  cette  plaine  ,  ne  font  pas  long-icms  à  s'abârar- 
dir.  Les  brouillards  épws  qui  couvrent  cène  petite  province ,  fur-tout 
dans  les  mois  d'Août ,  Septembre  &  Octobre ,  y  caufent  &  entretien- 
nent des  maladies  continuelles»  des  fièvres  rierces  Se  quartes.  Ceft  à 
la  multiplicité  Se  à  Ictendue  des  étangs  de  des  marais  qu'il  faut  atctU 
buer  cette  défolation  générale.  Ce  feroit  donc  un  très-grand  bonheuc 
qu'on  en  diminuât  le  nombre  ,  qu'on  en  reftreignît  l'étendue ,  fur-tout 
quand  il  paruît  prefque  démontré  que  le  profit  local  réfultant  d*un  ptc 
anificlel  ,  dans  lequel  on  auroir  converti  un  étang  ,  feroit  au  moins 
aufli  grand  en  foin  Se  en  bétail ,  dans  les  années  en  pré ,  qu'il  pour- 
Toir  It^ire  en  poilfons  dans  les  mêmes  années  en  eau.  Enfuite  dans 
les  années  fubicquences  en  femaillej  on  obtiendra  autant  de  récolte, 
de  fuite.  Se  aulU  abondantes,  après  l'occupation  en  ptés  artificiels, 
qu'après  l'occupation  en  eau;  mais  avec  cette  difréren<:e,  que  dans  le 
lems  en  pré  on  gagneroît  fur  celui  de  la  tenue  en  étang,  beaucoup  d'ex- 
cellens  fumiers  ,  le  fervice  du  bétail  ,  le  lait ,  le  beurre  ,  &  de  plus ,  la 
falubricc  de  l'air,  8c  par  conféquent  l'économie  de  la  fanté  Se  de  la  vie 
desCitoyens&  desCultivateurs,cconûmie  certainement  au-dellusdetout. 


£    R  R   A   T  J, 

Dans  le  Cahier  d'Aoâc  de  cette  année ,  page  97»  à  la  place  de  ces  mots:  le  fictti 
Oclportc  nourrie  fon  uoupcau  >  &c.  /ife[  M.  Dïubcotoa  ooartit ,  icc. 


TABLE 

DES     A  R  T  I  tf>I  E  S 

Contenus  dans  ce  Cahier. 
£1  Xr RdiT  J'ttn  Mémoire  de  M,  CiasAHUz  ^  fur  U  Defoufremtnc 


du  Charbon- di'Tem  3 


Page^)7 


•414     OBSERFÀTIONS   SUR   LÀ  PHYSIQUE, &c. 

Expiriences  fur  U  pouj^rc  ft/ninale  des  Plantes  ;  par  S.  Ck.  £.  de  la 
Société  des  jimis  Scrutateurs  de  la  Nature ,  de  Berlin ,  34} 

Lettre  dt  M.  db  Morveau  ,  aux  Auteurs  de  ce  Recueil  ^  fur  un  Phé- 
nomène ifui  intéreffc  CArt  de  la  f-'errerïe  &  la  théorie  de  la  f^arifcauon , 
6*  fur  le  peu  tfaàton  de  f  acide  phojphorique  fur  Us  terres ^  comme  fondant 
viereax ,  j  45 

Ohfervations  faites  a  Niirhonne  poitr  coiwoitre  la  diminution  de  la  chaleur 
du  Soleil  pendant  fon  Eclïpfe  du  \^3uin  1773;  par  M.vt  Marco- 
RELLE ,  Baron  £Efcale  ,  Correjpondant  de  l'Académie ,  j  5  i 

Seconde  Lettre  à  Madame  de  y^**  ou  Mémoire  fur  la  nature  de  la  /,«- 
mi^re  6f  àefes  tffeu^fur  la  décoloration  des  furfaces  colorées  txpnpes 
à  fon  a3ion  ,  &  fur  téiioUmeat  des  Plantes;  par  M,  Jean  Senebier  » 
Bibliothécaire  de  la.  Rèpuhli'jue  de  Genève  &  Membre  de  la  Société  Hvl- 
landoife  des  Sciences  de  Haerlem  j  j  j  j 

Mémoire  ^  par  M,  J.  B.  PS  Beunie  ,  fur  une  maladie  produite  par  les 
Moules  venimeufes  ^  3S4 

Recherches  fur  les  moyens  SexeLUter  fous  l'eau  toutes  fortes  de  travaux 
Hydrauliques  faiu  employer  aucun  épuijèment ;  par  M.  Coulomb, 
Capitaine  en  premier  dans  le  Corps  Royai  du  Génie  ,  Correjpondant  di 
f  Académie  Royale  des  Sciences,  jjj 

Extrait  de  l'Hifloire  Naturelle  du  Chili  y  traduite  de  l'Italien  ,  404 

Defcription  d'un  Rouet  qui  fU  6*  met  en  ècluvtau  par  le  même  mouvi" 
ment ,  415 

Lettre  à  C  Auteur  dt  te  Recueil  ^  fur  un  Crépiffage  de  murs  y  417 

Lettre  de  M,  Gardane  ,  Do3eur-Ré§ent  de  la  Faculté  de  Médecine  de 
Paris  y  Cenfeur  Royal  ,  Ajfocié  &  Correjpondant  dt  plufiturs  Acadè" 
mies  ,  à  Meffieurs  les  Auteurs  du  Journal  de  Phyjique ,  41 S 

Annonces  Littéraires  y  41 1 


APPROBATION, 


J'A  I  lu ,  par  ordre  de  Monfcignear  le  Garde  des  Sceaut ,  on  Oavrage  qai  a  roar 
titre  :  Obfirvationj  fur  la  PAyJîque  »  fur  l'Hifloire  SaturtlU  &  fur  les  Ant,  Oc.  / 
par  M.  l'Abbé  RorrtM,  &c.  La  Collcflion  de  fiûis  iniportans  qu'il  offre  pénfl- 
diqaenicnE  à  Tes  Lcâeurs ,  méiîtc  l'accueil  des  Savant}  en  conréquencc,i'cfUme4u'<ni 
peut  en  permettre  l'impicÂîon.  A  Paris,  ce  11  Novembre  1779- 

^  VALMONT  DE   BOMARE. 


Pin. 


/ 


Jfapemin' j99fi . 


\Mj^ 


■MMMHHMg. 


^§3e^^ 


JOURNAL  DE  PHYSIQUE. 

DÉCEMBRE     1779. 


"FT 


OBSERVATIONS 

Sur  le  Pipa  ou  Crapaud  de  Surinam. 

Par  M.  BoffS ET  y  de  divcrfis  Académies, 

.IjE  pipa  ou  crApaud  de  Surinam  eft  un  de  ces  animaux  trèî-ïîngu- 
Hers  qui  n'ouï  poinc  encore  d'analugucs  connus,  &  qui  femblent  fur' 
mer  (euls  un  genre  i  part.  Le  cclcbre  Ruyfch  eft ,  je  crois,  le  preraiec 
qui  aie  fait  mention  de  la  parcicularîcc  (\  remin^uable  qui  caraâcrilis 
ce  crapaud  :  je  parle  des  cellules  ou  matrices  qui  fe  crouvenc  en  grand 
nombre  fur  Ton  dos, &  qui  renfermenc  tantôt  des  ccufs  &  tantôt  de 
petits  crapauds  tout  formés.  Mais  le  Nacuralifle  HoUandoisnc  dit  qu'un 
mot  de  tout  cela  dans  Ton  Tréjor  des  Animaux  ,  Tome  1 ,  page  9 ,  de 
l'cdition  in-8^.  de  I7i5>  &  l'actînlc  entier  fé  réduit  à  quinze  lignes 
que  je  ttanfcriral  ici  : 

BufoniJùniU  Americanum  animai,  pedthus  poptrioribus  anftrinis  pipti 
&  pipaîy  incolis  Zurinamcnfibus  ,  diSum  ,  in  cujus  dorfo  plurima  vifun» 
sur  ovuia  ^Jcparaûm  in  fuis  ccltuUsy  ceu  utriculis  recondita,  equibus  tan» 
dem  fistus  emtrgire  in  confejfo  ejl.  In  hoc  objecta  dor/um  à  mt  effi  apcrtum , 
m  txpifcartr ,  an  ova  ex  abdomine  emergant ,  6*  in  dorjo  tantum  appa^ 
rcant  &  propuUulent  ;  contrarium  autan  in  hoc  animali  liquei  :  in  illiâ 
€nim  nuUam  communicationem  rcperin  potui  cum  partibus  internis  abdomi- 
nis  ;  cutis  dorfi.  vero  ,  plurimis  celluits  ceu  utriculis  donaia ,  ova  contimt  ^ 
idquejub  operculo  Jeu  fcuttUa  duriujcuta  ,  quâ  ablatâ,  ova  nuda  appa^ 
rent.  Sunt  miki  varia  ejujmodi  objeSa ,  ex  utraque  Ind'ut  allaia  ,  alia 
ênirn  in  dorfo  funt  cinerei^  aiia  pulii  ac  nigri  coloris  ,  nonnulla  ovulis  ri" 
ferta ,  varia  m  dorfo  fatibus  onufla. 

Cependant,  quoique  Ruyrch  n'eue  point  détaillé  fon  obfcrvatioa^ 
j'avois  ceu  que  la  manière  donc  s'cxpcimoit  ce  grand  Obfcrvatcur  , 
étoit  afTez  exprefîe  pour  m'autotifet  à  parler  principalement  d'après  lui 
<3es  cellules  ou  matrices  du  pipa  comme  de  chofes  trcs-réelles.  Je  n'avois 
donc  pas  Ucûcc  à  faire  ufage  au  coun  cécit  de  Ruyfch ,  dans  mon  manufcm 

Tome  XIKj  Part,  IL  lyy^,  D  É  CE  MB  RE,     1  il 


4itf      OBSERFÀThONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

original  des  Conjîdirations  fur  Us  Corps  or^aniféu  J'y  joignois  le  t^moî- 
^nsge  de  MM.  tolkcs&  Backer  cjtu  avoieiu  aufti  obrervé  les  cellules 
'  t  il  s'at^ic.  Mais,  M.  Altamand,  favanc  Profeifeuc  de  philofophie 
s  rL-inverHcc  de  Leydc,  à  qui  j'avois  envoyé  mon  tnanufcrit  pour 


don 
dans 


l 


paud,  6c  à  lut  lubltituer  une  oDlervation  qui 
oit  ce  qu'il  jugeoit  n'circ  qu'un  faux  merveilleux ,  &  qui  ramcnott  U 
génération  du  pipa  aux  loix  ordinaires  de  celle  des  crapauds  les  plus 
connus.  Voyez  l'Art,  cccxxvii.  des  Corps  orgarj. 

Dès-lors,  n'avanc  point  rencontré  d'obfervatlons  aflez  sûres  ni  afle» 
circontlanciûs  Jur  Us  matrices  dorfales  du  pipa  ,  je  n'avois  fait  aucun 
change  ment*  m  on  tÈxie  dans  les  éditions  poftéiieuresdes  Cot»!  <n-r>anifîs; 
&  je  m'ctois  borné  dans  la  dernière  ,  Tome  lll ,  de  la  fi^r.inde  édition 
de  mes  (tiuvret  ,  d  rapporter  dans  une  Nore  additionnelle  le  précis 
qu'un  Journalide  nous  adonné  des  nouvelles  recherches  de  M.  Fermin» 
en  y  joignant  quelques  réflexions  ou  quelques  doutes  qu'elles  m'avoicnt 
fait  naître.  On  a  pu  voir  dans  cetre  note,  que  M.  Fermin  allure, que 
les  cellules  obfervces  par  Ruyfch  font  nés- réelles. 

J'en  étois  demeuré-là  fur  le  crapaud  de  Surinam ,  lorfqu'une  hea* 
reufe  circondance  a  mis  fous  mes  yeux  ces  famcufcs^  cellules  donc 
M.  Allamand  m'avoit  rendu  l'cxidence  plus  que  doureufe.  Dans  uno 
vifite  que  M.  l'Abbé  .Spallanzani  a  bien  voulu  me  faire  cet  tté 
dans  ma  retraite  champcrre ,  la  convcrfarioti  tomba  un  jour  fur  l.i  lîn- 
fiularirc  qu'oflre  le  pipa.  Un  de  mes  fav.uis  Ci^mpatriotes  qui  éïoii  pré- 
lent  i  notre  entrerien ,  nous  propofa  de  décider  pat  nous-mêmes  la 
quellion  de  la  téatité  des  cellules,  en  dilTéquant  un  pipa  femelle  qu'il 
■voit  fous  la  main,  &  que  l'on  conicrvoit  depuis  bien  des  années (i) 
dans  une  liqueur  fpiritucufe.  Nous  n'hélitâmes  pas  à  nous  ptévaloic 
d'une  occallon  aulTÎ  favorable  de  fatisfàire  notre  curiofué  \  &  c'cd  c« 
pipa  qui  fera  le  principal  fujet  de  ce  Mémoire.  J'ajourerai,  que  mon 
lUuIlre  ami ,  M.  Trembley  ,  a  vu  avec  nous  la  plus  grande  partie  des 
^its  que  je  vais  expofer. 

J'ai  dit  que  le  pipa  qui  nous  avoit  été  remis ,  avoir  été  confervc 
pendant  bien  des  années  dans  une  liqueur  fpitîtueufe  :  toutes  fes  par- 
ues croient  donc  plus  ou  moins  raccomies  ;  mais  ce  raccotnifîenienc 
n'empcchoit  point  qu'on  n'en  diftinguâc  nettement  la  poiîtion  ,  \.\  for- 
me &  les  proportions.  Les  couleurs  croient ,  fans  doute»  ce  qui  avoic 
k  plus  ibuâcrt  du  long  féjour  dans  la  liqueur  (a). 


(t)  Euriron   t8  ant. 

^1)  ]c  M  deopc  pas  ici  la  6gurc  de  t'animai  coûcr.,  farce  (|u*il  dc  nous  éfoir  pas 


StTR  rffrST.   NATURELLE  ET  LES  ARTS.    417 

Le  pipi  efl  im  crapaud  de  U  plus  grinde  efpèce.  Celui  dont  il  s'agît 
ici  avoit  Çix  pouces  de  longueur  depuis  l'extrcmlcc  du  mufcau  jufqu'au 
derrière,  &  environ  crois  pouces  de  largeur  d'un  côte  i  l'aucre. 

Les  p.ittes  antérieures  avoieiit  crois  ponces  &  demi  de  longueur , 
depuis  leur  origine  juTt^u'aux  extrémicés  des  doigts.  La  longueur  des 
poflérieures  étoit  d'environ  quitte  pouces. 

Les  doigts  des  pirtc^  anrccieutes  ccuicnc  affez  effilés  &  au  nombre 
oe  quatre.  Ils  nctoienc  point  unis  par  des  membranes,  &  leur  lon- 
gueur croit  inégale.  Le  troilicme  ,  qui  ctoide  pUw  long,  avoit  cnvlroa 
.quatorze  lignes,  ils  fe  tecminoienc  par  quatre  efpèces  de  crochets  atf» 
mous .  garnis  eux-mêmes  de  crochecs  plus  petite, 
.  ^  Planche  t.  La  figure  i ,  rcprérence  au  naturel  une  des  pattes  ancé- 
Heures  garnie  de  fes  crochecs  ce  ce.  On  peut  y  remarquer,  que  routes 
les  articulations  ny  font  pis  appzrentes  \  il  faut  en  excepcec  celle  qui 
e(l  en  aa  j  qui  cioic  très-l'enlible  à  la  vue,  Se  qui  t  ccoic  plus  encore 
au  toucher. 

La  âgure  a .  reprcfente  le  bout  d'un  des  doigts  trcs-gtofTi  an  mirrofcopc  : 
cccc  les  crochecs  ,  qui  font  eux-mêmes  pourvus  de  crochecs  plus  petits 
au  nombre  de  crois  à  quatre  ;  mais  donc  il  ny  en  a  que  crois  qi4 
foienc  bien  diftinds.  Je  u'oferois  même  alîurer  qu'il  y  en  aitquacre.    • 

La  figure  j  eft  celle  du  bouc  de  la  parte  précédente,  beaucoup  plu* 
gtoffi  au  mic^rofLope,  &  où  les  crochets  font  bien  plus  apparens.  On 
peut  y  reconnoître  qu'ils  ne  fe  cermincnc  pas  en  pointe  aiguë. 

Au  rede,  ces  crochets  principaux  &:  fecondaires  qui  terminent  les 
doigts  des  nattes  antérieures ,  font  des  patries  fi  petites ,  qu'une  légère 
alceration  doit  fufEre  à  en  changer  la  forme  ou  l'afpeûi  &  l'on  con- 
voie alFez  que  le  long  fcjour  de  l'animal  dans  la  liqueur  fpirirueufe, 
devoir  avoir  altéré  plus  ou  moins  ces  petits  organes ,  &  ne  permecrre 
point  d'acquérir  une  connoiilance  aHez  exaâe  de  leur  forme  >  de  leurs 
proportions  &  de  leur  pofitîon  refpe£Hve< 

Les  doigts  des  pattes  poftécieuces  font  au  nombre  de  cinq ,  &  ums 
par  des  membranes  ou  nageoires  qui  s'ccendent  jufqu'aux  extrémités 
des  doigts.  J'ai  très-bien  diftinguc  à  l'œil  nud  daais  ces  membranes, 
des  ramifications  de  vaiffcaux  fanguins ,  que  je  ne  pouvois  mécon- 
noître.  Ces  doigts  ne  fonc  peine  rermînés  par  des  crochecs,  comme 
ceux  des  pactes  ancérieures,  &  leurs  articulations  font  très  marquées. 
On  diftinguoic  neccemenc  dans  le  plus  long  ou  le  troifième  quatre  pha- 
langes. Ce  ttoUième  doigt  avoir  vingt-trois  lignes  de  longueur.  Le  plus 


Tcnu  en  pcnféc  de  le  fiire  dctTîner  STant  de  Ec  dilTifqJCr  :  raait  on  peut  confulter  Ij 
ftgurt  1 ,  de  la  Planche  xxvi  du  fixicmc  Votunie  des  PUocbes  de  VEacyclûpiii*  de 
Paiis,  qui  eft  û  général  alTcz  exaéte. 

177J.        DÉCEMBRE.       .lii» 


■^iS        OBSERrJTIOTTS   SUR   LA  PHYSIQUE  ^ 

coure  n'en  avoic  que  treize.  Les  panes  podérieures  font  beaucoup  plus 
^rolïcs  que  les  ancéricures. 

La  figure  4,  e(l  celle  du  bouc  d'une  des  pattes  poftcrieures  vue  au 
Ti-A^wxe\\ddddd  tes  doigts  au  nombre  de  cinq.  Les  phalanges  ou  arti- 
culations font  trcs-marquces  j  &  d'autant  plus  nombieufes  que  le  doigt 
eft  plus  long.  AinG  ,  on  en  voie  diflin£teirent  quatre  au  doigt  le  plus 
^o"g»  ï  >  i.  î  ï  4*  î-65  deux  plus  courts  ne  montrent  que  deux  articu- 
lations, 1  ,  1  \mmmm  font  les  membranes  qui  unilTent  les  doigts, 0c 
qui  imitent  très-bien  ceU&|  qu'on  voit  aux  pieds  du  canard.  On  peut 
remarquer  qu'elles  fe  prolongent,  comme  je  l'ai  dit,  jufqua  Textrc- 
xnicé  des  doigts. 

Ruyfch  dit  fimplement ,  que  les  pieds  poftcrieurs  da  pîpa  rcïTem- 
blenc  à  ceux  du  canard  j  mais  il  ne  dit  rien  des  uicds  de  devant.  Its 
ibnt  pourtant  repicfenrcs  dans  la  figure  qu'il  a  donnée  du  pipa  ,  & 
ils  y  font  très-mal  repréfentcs.  Us  s'y  terminent  en  pointe  aiguë  comme 
une  aiguille ,  A:  on  n'y  apper^oïc  aucune  trace  des  crochets  dont  j'ai  parlé. 
La  figure  de  VEncychpid'u  de  Paris  eft  meilleure.  Les  doigts  de» 
pattes  antérieurs  y  four  dcITînés  plus  exadement  :  on  y  voie  les  quarre 
crothcts  \  mats  comme  la  figure  nQ^  pas  grofltc  au  microfcope>on  n'y 
trouve  point'  les  petits  crochets  donc  les  principaux  crochets  font  garnis. 
L'Ëncyclopcdifle  en  roucKant  aux  partes  antcrieutes  du  pipa,  fe  burne  i 
dire  ,  qu'elUs  font  menues  6*  terminus  par  cjuatrc  do/gn  tçn^s  ifui  ont  dé 
puits  ongUs.  Cette  dcfcription  eft  ,  comme  l'on  voit,  bien  imparfiiice- 
La  bouche  étoic  très -grande.  Elle  avoir  deux  pouces  de  largeur,  à 
fon  ouverture  croie  au  moins  dé  quiiue  lignes.  On  ne  voyoie  à  la 
place  de  dents  qu'un  rebord  applatcl,  un  peu  épais  ,  decoulcuf  brune, 
&  d'environ  deux  lignes  de  largeur.  Les  mâchoires  fbrmoicnt  une 
£iillie  fur  le  devant  de  la  bouche  en  forme  d'angle  un  peu  obtus.  La 
jnichoirc  inférieure  ctoic  un  peu  plus  courte  que  la  fupcneure.  Celle- 
ci  montroit  a  l'endroit  de  la  faillie  deux  petits  entonnoirs  bordés  de 
crénelures ,  comme  certains  calices  dés  fleurs.  Une  épingle  que  j'ai  in- 
troduite dans  ces  entonnoirs  y  a  pénétré  de  plufieurs  lignes.  Ils  fonc 
apparemment  des  narines. 

En  parlant  de  la  bouche  du  pipa,  Seba  s'exprime  ainfi ,  T.  I,p.  iti. 
Riclu  ampto ,  &  laie  diduSo^  anterius  in  acutum  convergente  ,  injiar  oris 
taipt  jimbria  quafi  rejlexo  :  unde  innotejcit ,  illud  animal ,  poreorum  in 
modum  ,  terram  fodicando  ,  pahulum  fuum  quarere.  Je  ne  vois  pas 
trop  commenc  Seba  a  pu  comparer  le  mufeau  du  pipa  i  celui  de  la 
taupe;  car  le  mufeau  Je  la  taupe  eft  conftruit  fur  des  proportions  bien 
dtfrérenres  :  il  eft  fur-touc  beaucoup  plus  allongé  &  n'eft  pas  applaci 
comme  celui  du  pipa. 

Une  membrane  jaunâtre  &  très-ridée  garniftoit  tout  l'intciieux  d< 
la  bouche ,  dont  la  cavité  ctoit  très-ample. 


SUR  VHIST,  NÀTUREllE  ET  LES  ARTS,    ^i^ 

tz  figure  5  montre  au  naturel  cette  bouche ,  qui  eft  iâ  encr'ouvcrte* 
s  La  mâchoire  fupicicare  :  i  U  itiâchoire  infcrieucc.  r  Le  rebord  de 
couleur  brune  qui  garnit  la  mâchoire  inférieure  &  qui  occupe  la  place 
des  dents.  11  y  en  a  un  pareil  à  la  mâchoire  fupcrieure.  On  voie  dans 
le  milieu  de  chaque  mâchoire  la  faillie  dont  j'ai  patlc,  &  qui  femble 
former  une  forte  de  mufeau.  et  Efpèccs  de  très-petits  appendices  ou 
tubercules  ,  qu'on  obfervoic  au  bord  de  la  mâchoire  iupétieure ,  6c 
qui  étoient  au  nombre  de  quatre  :  ils  font  tous  rcméfentcs  dans  la 
figure,  «e  Les  ouvertures  en  entonnoir  qui  paroiflent  être  des  narines. 
oo  Les  yeux  a(Tez  petits  &  de  figure  tonde. 

Je  ne  parle  point  d'une  multitude  de  très -petits  tubercules  donc 
le  corps  eft  parfemé  »  &  que  Seba  dit  rclTembler  à  des  perles  fuc 
l'animal  vivant.  On  les  retrouve  Tui  les  pipas  logés  dans  les  cellules. 
Ils  font  exprimes  dans  la  figure  6» 

Mais  je  me  hâte  d'en  revenir  à  la  particularité  la  plus  intérefTante 
qu'offre  le  pipi  :  on  voit  bien  que  je  veux  pAtler  des  cellules  ou  ma- 
trices de  Ruyfch.  Çà  donc  cré  au  dos  de  l'animal  que  nous  avons  donné 
le  plus  d'attention,  M  M.  Spallanzani ,  Trembiey  &  moi. 

Un  fimpie  coup-d  œil  jerrc  fur  le  dos  du  pipa  que  nous  examinions 
a  fuffi  pour  nous  convaincre  de  l'exifteucc  des  cellules.  Il  y  en  avoit 
an  grand  nombre  &  elles  étoient  fort  rapprochées.  Les  unes  étoieoc 
ouvertes,  les  autres  fermées.  L'ouverture  étoit  circulaire  dans  tes  unes 
ôc  ovale  dans  les  auttes. 

On  voyoit  à  l'entrée  de  la  plupart  des  cellules  ouvertes  un  petit 
corps  brun  ,  qu'on  reconnoilfoic  bientôt  pour  un  petit  cr.ipaud  tout 
forme.  En  le  laififlant  avec  une  pince,  on  le  tiroit  facilcmenr  en  entiec 
hors  de  la  cellule  ,  6c  il  paroiifoit  auHi  parfait  dans  fa  petite  taille 
que  le  crapaud-mère  :  feulement,  n'appercevoic-on  Ùu  foa  dos  aucun 
vertige  de  cellules.  ■'^''      -p 

La  ligure  6  teprcfcnce  au  naturel  une  portion  du  dos  du  pipa  oà 
Ton  voit  très -diftinde ment  les  cellules  dont  il  s'agit.  Quatre  font  fer- 
mées////.- quatre  autres  font  ouvertes.  On  appei^oit  dans  les  cellules 
oo  une  portion  du  corps  du  petit  crapaud  qui  y  eft  logé.  Une  des  pat- 
tes d'un  de  ces  crapauds,  qui  eft  très  en  vue,  fixe  agréablement  ratten> 
lion  de  l'Obfervateur. 

La  fieure  7  montre  de  grandeur  naturelle  un  des  petits  crapauds 
extrait  de  fa  cellule  Ôc  deHinc  du  coté  du  dos.  On  voit  qu'il  ne  lui 
manque  rien  pour  reiTeiubler  parfaitement  en  petit  aux  grands  cra- 
pauds de  fon  efpèce. 

La  fîguic  8  montre  au  naturel  la  coupe  longitudinale  d'une  cellule, 
pour  mettre  en  vue  le  petit  crapaud  qui  y  eft  logé  de  fon  long.  On  voie 
en  p  une  des  pattes  poftérieutes  ptoptement  repliée  fur  le  corps,  & 
£11  h  U  bouche  qui  eft  fermée. 


4^o      OBSERr/iTIONS  SUR    LA  PHYSIQUE, 

.  .J*ai  mefurc  fluGeurs  cellules, &  leur  ai  trouve  depuis  qtutre  juC- 
<la*àcinq  lignes  de  pcofondcur,  fur  deux  lignes  ou  deux  lignes  ^  demie 
«l'ouverture.  Mais  j'ai  des  raifons  de  croire  f]ue  ces  dimenfions  vari«nc 
ftlTez  en  plus  &  en  moins. 

Ces  cellules  font  formées  d'une  membrane  mince.  liHe,  jaunâtre» 
qui  a.  une   fbcco  de  demi-  ttanfpareuce  ,  &  dans  bquelle  nous  n'a- 
vons pu  rcconnojtre  des  traces  de  v.iifTeaux.  J'ai  feulemenc  apperçu  ça 
i^  M  dans  le  fond  de  pluHeuts  cellules  des  iraiu  bleuâtres  &  tamilîés, 
.quÀ  croient  orobablcmcnt  des  vaîlTeaux ,  qui  autoienc  ccc ,  fans  doute  , 
plus  reconnoiirables  dans  l'anîmal  frais.  Toute  cette  membrane  eft  pat- 
'ibmi^e  de  itès-peiits  points  qui  jic  font  vilibles  qu'avec  le  fccours  des 
.verres. 

,, ,  Je  viens  de  dire  ,  que  la  cellule  eft  formée  d'une  membrine  lifle  : 
le  petit  crapaud  y  eft,  en  effet,  logé  comme  ÎI  le  fcroit  dans  un  étui* 
•Jilt  n'^  adliétc  pat  aucun  ligament ,  ni  par  aucun  vailfeau.  C'eft  ce  dont 
il  nou5  a  toujours  é[c  aifé  de  nous  alfurer  pendant  que  nous  tictons  les 
crapauds  hors  de  leur  logette.  Us  en  fortoicnt  précifémenr  comme  de 
l'intérieur  d'un  crui ,  &  roufours  parfaitement  bien  formés  »  &  tels 
que  les  crapauds  de  leur  erpècc  »  a  la  taille  près.  Nous  n'avons  pas 
«pper^u  de  diftïiience  bien  feuhble  dans  les  dimenfions  de  ces  petits 
|>ipas. 

La  partie  antérieure  du  crapaud  nous  a  toujours  pru  tournée  vers 
rouvercurc  de  la  cellule.  Parmi  le  grand  nombre  de  cellules  que  nous 
avions  fous  les  yeux ,  il  y  en  nyoît  donc  les  petits  pipas  fortoient  en 
grande  partie  hors  de  la  cellule:  d'autres ,  n'avoient  au-dphors  que  U 
moitié  ou  le  quart  de  I«ur  corps  ;  d'autres  »  ne  monttoieiu  que  le  bout 
<1u  mufe^u  i  d'autres  »  une  pcte  poftécieure  ou  une  patte  aiitétieure  « 
*c,'  . 

Mais  ce  qu'il  nous  împortoit  le  plus  de  découvrir ,  c'éioît  s'il  n'y 
avoit  point  ue  communication  fccrette  entre  les  cellules  &  l'intérieur 
de  l'animal.  Ruyfch  avoit  dit  qu'il ,  n'avoit  pu  parveoir  i  en  dccou* 
vrir  aucune  :  In  iliis  taim  nullam  communicatloncm  rtptrirc  potu't  cum 
parùhus  inrernis  abdomtnii.  Pour  procéder  sûrement  dans  cette  recher- 
che «  M.SpalUnuni  a  enlevé  proprement  avec  un  inftrument  tranchant, 
coûte  la  partie  du  dos  qui  contenoît  les  cellules  :  il  a  mis  ainfi  à  dé^ 
couvert  1  intérieur  de  l'animal ,  ^  de  tiès-beaut  plans  de  mufcUs  ie 
font  otferrs  alors  à  nos  yeux  ;  mais  nous  n'avons  pas  apperçu  uu 
feul  vaiÛeaii  qui  partît  de  l'iotéiieur  pour  fe. tendre  aux  cellules.  La 
portion  cellulaire  du  dos  paroilfoit  ne  faire  qut  repofèr  fimp'emenç 
fut  les  mufcles.  En  un  mor ,  nous  n'avons  pu  dccouvnr  aucune  forte  dQ 
çpmmunicatipn  entre  Les  cellules  &  rinccrieur  de  l'abdomen. 

L'habile  Deflinateur  a  tâché  de  rendre  bien  dans  la  ksfivs  9 ,  cett« 
poccioQ  celluloiie  du  dos  i^ul  avoir  été  enlcvôe  par  M .  SpalUioam.  Ella 


SUKVfilST.  NJTURElin  ET  ItS  ARTS,    4M 

f'fcft  reprcCemée  ici  aa  naturel  »  &  vue  pat-deflous.   Elle  éioit  formée 

^d'ane  membrane  Ulfe  &  punâcrc,  fut  laauellc  pacoifibienc  un  peu  en 
relief  le  fond  &  une  panîe  des  cocés  des  cellules.  Cela  produifoit 
des  él^vitions  ovales,  donc  plulîenrs  prcfcntoient  des  tat:hes  oleuâtres^ 
qui  écoiem  dues  à  la  couleur  brune  du  crapaud  qui  peT(,'oic  plus  oa 
moins  à  travers  l'épaifTeuc  de  la  membrane.  Les  élévations  quele  Def» 

r  fmaceur  a  le  plus  ombrées  font  celles  qui  moniroienc  ces  caches  bleuâ^ 
très,  dd  Sont  deux  cellules  <^ti€  nous  avions  ouvertes  par-detfuus  pour 
merrre  Â  découvert  le  petit  pipa  ,  &  montrer  avec  quel  arc  ces  petict 
membres  font  repliés  fur  le  corps  pour  occuper  dans  la  logecte  lemoina 
d'efpace  qu'il  eft  poifible.  Dans  la  cellule  lupcrieure  on  apperçoit  dif- 
tîndemeuc  une  des  pattes  poftérieures  couchée  fur  le  corps  &  dont 
les  doigts  rrès-bien  formes  Â:  crès-1>ien  arrangés,  ne  laifièiu  enrc'eux 
aucun  inrervalte.  D.ins  la  cellule  uifcrieure  ,  on  voit  avec  la  mcmc  dif- 
lindliun  la  partie  postérieure  du  penc  pipa,  fan  derrière  &  les  pattes 
podérieures  repliées  adroitement  fur  les  côtés  du  corps. 

Les  opercules  qui  ferment  les  cellules  niéritoienc  bien  de  nous  oc- 
cuper à  leur  tour  :  nous  les  avons  donc  obfcrvcs  avec  le  plus  grand 
fom.  Ils  nous  ont  paru  formés  d'une  membrane  très-différence  de  celle 
qui  compofe  le  fond  &  les  patois  des  cellules.  La  membrane  des  oper- 
cules étoïc  de  couleur  grisâtre  8c  fcnlîblcment  plus  mince  &  plustranf- 
p.ircnte  que  celle  dont  la  cellule  ell  formes.  L'opercule  s'enlevoit  h.- 
cilement  avec  la  pointe  d'une  aiguille  ou  di^calpel  ;  Se  tandis  qu'il  ' 
ëtoit  encore  applique  à  l'ouveruirede  la  ccIWé,  il  rappelloit  i  l'cf* 
prit  ces  alvéoles  d'abeilles,  fermes  d*un  (Joiivercle  plat. 

Rien   n'eft   plus  apparent  dans  le  pipa  que  L'opercule  de  chaque  ceU 

'Iule  :  il  fe  &tt  d'abord  remarquer  par  fa  figure  &  par  fa  couleur.  Il 
nous  a  p.iru  /împtemenc  appliqué  i  l'ouverture  de  1*  cellule  &  collé 
exaâemenc  autour  des  bords.  Nous  n'avons  pu  nous  alUucr  fî  la  mem-4 
linne  donc  il  eft' formé,  efl  cuncinue  avec  la  peau  du  dos,  ^onc  elUL 
difï^re  beaucoiifj'ou  (ï  elle  en  ell  trés-dïfUnéïe.  Nous  ne  fommes  point 
parvenus  non-plus  i  découvrir,  comment  cet  opercule  adhère  aucouc 
des  bocds  de  rouverrure  »  quHl  ell  deftiné  i  boucher.  On  juge  bien 
qu'une  pareille  recherche  ne  fauroit  hxe  laite  avec  exadïitude  que  fuc 


pipi 


que  fuè 


vivant  ou  roorc  récemment. 


•  J  ajouterai  feulement  »  <]tt*ea  preHùnc  par  delTbus  h  portion  ccll»£ 
fatire  du  dos  déuchée  de  l'aniinal*  &  qiii  eil  rcptéfcncce  dans  la  figure- 
5»  »  nous  avons  vu  ttcs-diftindcmcnc  M.  Spallanzani  &  moi, la  liqueur 
fpiritueufe  donc  cette  portion  cellulatte  ctoic  encore  imbibée,  fuincer 
loue  autour  des  bords  de  l'ouverture  ,  c'eftà-dire ,  entre  ces  bords  fie 
l'opercule  qui  ctoit  appliqué  immédiatement.  Cette  petite  cxpérienc» 
fembleroit  donc  indiquer,  que  l'opercule  n'cft  que  collé  fut  les  bords,' 
ic  qu'il  n'y  -ftdhéie  pa^  bien  furcement.  Mai»,  j«  vCoU^wt  tegarded 


4}i       OnsnKFÀTïOKS  SUR  LA  PHYSIQUE, 

cène  conféqaence  comme  jufVe  »  i  cauFe  de  l'altéraùon  que  l'animer 
dévoie  avoir  éprouvé  par  fon  fëjour  dajis  la  liqueur,  Ôc  encore  parce 
que  nous  pouvions  avoir  dérangé  par  nos  manîputations  l'opercule  6c 
les  parties  voifines.  Au  refte ,  cet  opercule  cft  fi  mince  &  u  rranfpa- 
rent»  qu'il  reffemble  plus  à  un  cpiderme  qu'i  une  peau.  Nous  n'avons 
pu  y  découvrir  aucune  rrace  de  hbrcs  ou  de  vaifTeaux. 

En  pénétrant  dans  l'abdomen  du  pipa,  M.  Spillanzam  a  reconnu 
l'ovaire.  Nous  avons  vu  au  moins  très-nettement  un  canal  qui  paroif- 
foir  lui  appartenir  Si  qui  cEoic  ouvert  à  {on  extrcmitc  iiifétieure  pour 
procurer  la  fonie  des  œufs. 

Que  de  queftions  intcrelTantes  ne  prcfente  point  le  pipa  !  ce  font 
auunt  de  problèmes  que  la  nature  nous  donne  à  réfoudre  ,  Sc 
qui  ne  pourront  cire  bien  tcfolus  que  par  un  habile  Naturalifte  qui 
ira  étudier  cet  animal  fingulier  dans  fon  pays  natal.  Peut-être  ncan-< 
moins  qu'il  ne  feroic  pas  impoinble  de  parvenir  à  l'clevec  dans  nos 
contrées.  , 

Entre  les  différentes  qucftïons  qu*il  fait  naître,  la  plus  intcrefTanre 
cfl ,  fans  contredit ,  celle  qui  concerne  les  perits  crapauds  logés  dans 
les  cellules.  Commenr  fe  trouvent-ils  !i  ?  Comment  y  paroi (fent- ils 
tout  formés!  s'y  trouvent-ils  d'abord  fous  la  forme  d'un  oeuf?  y  fubif- 
lênt-ils  les  cfpèces  de  transformations  que  Swammerdani  a  fi  bien  fui- 
■vies  dans  la  grenouille?  Ruyfch  Se  Seba  parlent  dœufs  &  de  cellules; 
mais  la  manière  dont  ^  s'expriment  pourroit  faire  douter  s'ils  n*onc 
poinr  confondu  les  celnles  avec  les  œufs ,  Se  s'ils  n'ont  point  regardé 
ta.  cellule  comme  une  forte  d'œuf.  M.  Fcrmin  qui  a  plus  approfondi 
que  ces  Naturalises  l'Iiiiloire  du  pipa  ,  nous  .iflure;  ■>  qu'il  a  vu  les 
m  œufs  dans  l'ovaire  ,  &  qu'ils  fortcnt  de  la  matrice  interne  de  Tanimat 
»  pour  pafTer  fui  fon  dos  &  y  ctrc  fécondé  dans  les  cellules  «.  Mais, 
comme  je  n'ai  pu  me  procurer  encore  l'écrit  de  M.  Fermin ,  &  que  le 
Joumalifte  dont  je  tire  le  fait  ,  ne  l'a  poinr  affez  détaillé ,  j'ignore  le 
degré  de  confiance  que  mérite  l'obfervation  de  l'Hiftorien  du  pipa,  i 
laquelle  je  reviendrai  bientôt.   Je  poutfuis  mes  queflions. 

Dans  quel  tcms  les  cellules  commencent-elfes  à  paroitre  ou  à  (e 
développer  fur  le  dos  de  U  femelle ,  car  je  me  fuis  bien  affuré  que  le 
dos  des  petits  pipas  ne  montre  aucun  vcÏUpc  de  cellule  ,  pas  même 
ou  mifcrocope.  Je  puis  dire  plus:  je  le^ai  cherchées  inutilement  fous 
la  peau  du  dos  de  ces  jeunes  pipas ,  que  j'avois  enlevée  délicatement 
avec  le  icalpel. 

Comment  les  œufs  arrivent-ils  dans  les  cellules  ,  puifqu  on  ne  dé- 
couvre aucune  communication  entre  celles-ci  Se  l'incérieu:  de  l'abdo- 
men  ?  M*  Fermin  nous  apprend ,  qu^d  a  vu  la  fimeiU  eramponnce  con- 
//«  ttrrt  /i  dihatraJI'er  dt  Jcs  ceufs  aprtf  h'ten  des  efforts^  Il  faur  donc  que 

ksLff^^ie.puvUanci^c  doas  Ui  cellules  que  pac  dehois.  Mais  corn* 

peat 


SUR  VffrST,  KÀTOREllE  ET  LES  ARTS.     45} 

meot  y  parviennent- il  s  ?  comment  y  fonc-ils  crinfporccs  &  loges  ?  Ce 

3uc4bl.  rennin  nous  raconte  fur  ce  fujec  eft  bien  lînguUcc:  ùmilc  , 
ic-il  ,  accourut  auffi-iàt ,  prit  Us  ocufi  de  Jts  pattci  de  dcrriè'C  ,  &  ici 
zranfporta  fur  ic  dos  dcfafcmtlU,  Nous  favions  cjue  chez  les  crapauds 
d'Europe  ,  le  mâle  ferc  d'accoucheur  \  Ta  femelle  ,  &  c^u'il  s'acquitte 
de  cette  pénible  fundlion  avec  beaucoup  de  dexccriré.  Il  paroîc  par 
le  récit  de  M.  Fermin  ,  que  le  mâle  pipa  n'eft  pis  chargé  de  la  nîcmc 
fonâion  ,  &  que  celle  qu'il  a  à  remplir  conlitle  uniquement  A  trauf- 
portec  les  oeufs  fur  le  dos  de  ia  femelle.  Le  Journalil^e  ne  nous  die 
point ,  s'il  fe  botne  A  tranfportct  A  ta  fois  un  certain  nombre  d'oeufs, 
ou  s'il  iÂic  les  prendre  un  A  un  &  loger  ainfi  chaque  oeuf  dans  fa 
cellule. 

Ici  je  ne  puis  m'empêclicr  de. relever  une  erreur  étrange  ou'a  com- 
mis l'Aureur  de  VExpUcaiion  des  Figura  dt  C Encyclopédu  de  Paris  ,  & 
dont  Je  n'entrevois  pas  I  origine,  »  La  femelle  du  pipa ,  dit-U ,  pond  » 
»>  comme  l'on  fait  >  fes  crufs  fur  le  dos  du  mâle  dans  de  petites  cavités 
Il  dans  lefquelles  les  petits  éclofent  «.Cçs  exprelllous  pond ,  comme  ton  fait 
fur  U  dos  du  mdlt  »  lailîetoient  croire  que  ceci  eft  la  choie  du  monde 
Ja  mieux  confhtée  j  undis  qull  eft  démontré ,  au  contraire  ,  que  ce 
n'efl  que  fur  le  dos  de  la  femelle  que  fe  trouvent  les  cellules  defli* 
nées  a  recevoir  les  crufs.  J'ai  examiné  moi-mcme  le  dos  du  mâle,&: 
je  puis  alTurer  qu'il  ne  s'y  trouve  pas  la  mo'mdrc  apparence  de  cellule. 
Le  uiaie  cfl  moins  gt^nd  que  la  femelle.  Celui  que  j'ai  mefuré  & 
qui  avoit  été  renfermé  daas  le  mcrae  bocal  avec  le  pipa-fcmÈlle  qui 
fait  l'objet  de  ce  Mémoire  ,  n'avoit  que  quatre  pouces  de  longueur 
^puis  le  mufcau  au  derrière  ,  fur  une  largeur  de  deux  pouces.  Ses 

faties  antérieures  ri'avoicnt  gucrè  que  deux  pouces  de  long  depuis 
épaule  jufqua  l'extrémité  du  plus  long  doigt:  les  poUérieures  avoienc 
un  peu  plus  de  trois  pouces^'  La  largeur  de  la  boucne  cCoit  d'un  poucs 
quatre 'lignes. 

Comment  &  où  les  oeufs  foht-ils  fécondes  ?  M.  Fermin  XacoJlte  » 
u  qu'après  que  le  mâle  dut  tranfpotté  les  oeufs  fur  le  dos  dé  fa  femelle , 
»  il  fe  renvetfa  fiir  elle  dos  contre  dos ,  ta  qu'aptes  quelques  légères 
»9  commotions ,  il  deTcendit,  regagna  l'eau  voimiCj  d'où  il  tevint  bien- 
•»tôt  A  fi  compagne  demeurée  immobile,  p-ur  faire  fur  fon  dos  une 
ï» ^opération  diffctente  de  la  preihière.  llfembla  cette  fois  ne  ia  toucher 
w  que  de  fes  quatre  pattes  :  deux  fôîs  il  s'aciia  vivement  pbur  fécon-" 


»  der ,  fansMoute ,  les  âufs  dépofés  dans  leurs  cellules  ;  cnfuite  il  lâcha 
,»  prife,  &  tous  deux  fe  jettcrent  dans  l'eau  avec  une  agilité  ,  qui  étoit 
I)  comme  l'exprénion  He  leur  fatisfàikion  mutuelle  «.  Mon  le^eur  fent  • 
comme  rtioi  >  tout  ce  oui  manque  A  ce  dirieux  détail,  qui  cft  affuré- 
pienc  bien  plus  propre  a  piquer  la  c^itiofité  qu'A  la  Satisfaire.  Je  feroij; 

'Jçm  X/f ,  Paru  IL  1773.        DtCEMBRU,     K  tfc 


414      OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE^ 

tenté  de  foupçonner,  que  lorfque  le  mâle  fe  renvcrfoic  far  fa  femelle 
dos  contre  dos,  &  qu'il  fe  donnoit  des  commoriuns,  c'étoît  ponr  faite 
pcnctrer  les  crofs  dans  les  cellules.  Je  crois  appercevoir  encore  dans  le 
trop  court  rcctt  du  Joarnalifte  ,  que  les  (rtm  ne  font  fécondes  qu'i' 
près  qu'ils  ont  été  tr:infpor:cs  fur  le  dos  Si  pouffes  dans  les  cellules. 
Mais  rObfervateur  n'auroit  il  point  vu  le  mâle  les  arrofer  de  fon  fper- 
me?  Seba  affure,  fans  néanmomsen  donner  aucune  preuve,  «  que  la. 
M  femencc  du  mâle  s'infinue  par  certains  pores  à  travers  la  peau  olfeufe 
>»  du  dos  fie  parvient  ainfi  dans  les  petites  niarrices  pour  y  fécondée 
»  les  <rufs  <*.  Mais  on  fait  que  cet  tcrivam  éroit  plus  amateur  quob- 
feivateur ,  &  le  peu  qu'il <lit  du  pipa  eft  bien  vague,  &çà  fie  là,  inexaft 
fie  obfcac.  Au  teftc  ,  il  ne  faut  pas  s'imaginer  que  la  glaire  dont  tes 
Œufi  font  environnes  d  leur  furcie  du  ventre,  foit  un  obftacle  à  la  fé- 
condation. M.  Spallanzani  a  démontré  pir  des  expétiences  très-cnrieu- 
fes,que  te  fperrae  agit  ï  travers  cette  glaire  dans  les  crapauds  de  nos 
contrées ,  &  ces  expériences  frint  d'autant  plus  remarquables ,  qu'elles 
prouvent  en  môme-tems  que  tes  œufs  du  crapaud  peuvent  cire  fécon- 
des par  art.  J'en  ai  donné  un  précis  dans  mes  Œuvres  Tome  lll,de 
l'édition  in-4'.  page  440  ,  féconde  note.  Il  faudroit  tenter  les  mêmes 
expériences  fur  les  o:ufs  du  pipa  :  il  y  a  lieu  de  préfumer  que  les  rcful- 
tats  en  feroient  plus  intérefuns  encore. 

Quel  eft  le  rems  où  l'opercule  fe  forme  ?  comment  fe  forme  t-it? 
comment  eftil  appliqxié  li  proptcmcnt  de  ù  exactement  autour  des 
burds  de  la  cellule  !  on  voit  a(Iez  que  les  "cellules  doivent  ctrc  ouver- 
tes lorfque    les  <rufs  y  pénètrent  :    la  formation  de  l'opercule  feroîc 

"ne 
■ironne 
^épendroit-ellc  d'un 
prolongement  en  tout  fens  de  l 'épidémie  du  dos  ou  de  quelqu*autre 
membrane  voiHne  i  Si  l'on  pouvoir  &'en  rapporcer  à  ce  que  dit  la-deffus 
■l'Auteur  de  Y  Explication  ties  Figura  Jt  i' Encyclopidie  de  Paris ,  la 
quedion  ferait  décidée  :  il  avance  exprcffcmenii  »>  que  les  œufs  ei>- 
■■  foncés  dans  les  cavités  du  dos  ,  font  recouverts  par  une  membrane 
»  formée  par  l'épailîini^mcnt  de  la  matière  vifqueufe  qui  entoure  le  frai 
»  de  ces  animaux  .• .  Une  chofe  pourroit  favorifer  cette  opinion  ;  c'eft 
que  nous  n'avons  apperçu  ni  à  la  vue  Hmple  ni  avec  le  fecours  des 
verres  aucun  vailTeau  qui  ferpcutât  dans  tctte  fine  membrane  :  nous 
n'y  avons  pas  même  apperi^u  la  moindre  fibrille.  Tour  nous  y  a  para 
irés-anifotfne.  Mais  on  fait  que  l'épidecme  ne  moocre  ni  viiiïeaux  m 
fibrilles. 

Quel  tcms  s'écoule- t-il  dcpiis  la  fécondation  des  œufs  jufqu'au 
moment  où  les  petits  crapauds  commencent  i  cclone  ,  ou  plutôt  i  fe 


SUR  VttIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      4^5 
ilévelopper }  M.  Fcrinin  die  ;  *>  que  le  quitre  -  vingt  -  aoiûcmc  jour ,  a 


pirle  coujours  d'après 
cccxxvii,   des   Corjfs  or^anrfés ,  Tome  Ul  ,  de  mes  Œuvres  de  l'cdi-. 
lion  //1-4*'. 

Comment  les  pecic5  pipas  fonc-ils  alimentés  dans  leurs  cellules  ;cat 
ils  y  prennenc  un  accruillemenc  airez  conlidcrable  ?  Nous  avons  vuci- 
delîus  qu'ils  eii  fortenr  parfaitemcm  bien  formes,  &  qu'ils  ont  alors 
au  moins  cinq  i  Cx  lignes  de  longueur  fur  une  groilcur  propoicïonnce* 
La  peiice  pprcion  de  ginire  qui  peut  t-ire  entrée  dans  la  cellule  au 
momenc  que  le  mâle  y  a  fait  pénétrer  l'cenf ,  ne  pacok  pas  fulfire  1 
opérer  un  pareil  accroilfcmenr.  Il  femble  donc  qu'il  faille  que  les 
petits  crapauds  reçoivent  une  certaine  nourriture  de  la  mère.  Quelld 
efl  cette  nourriture?  Comment  parvient-elle  dans  la  cellule?  Comment 
pafle-t-elle  enfuite  dans  le  crapaud?  Je  ne  formerai  U-delfus  aucune 
conjeilure,  parce  que  je  n'ai  rien  obfervc  dans  notre  pipa  qui  puille 
fcpandre  quelque  jour  iut  ce^  t^uellions.  J'ai  fait  remarquer  plus  liauc. 
que  les  petits  pipas  ne  font  pomc  adhérens  à  leurs  cellules  ,  &  qu'ils 
y  fout  Simplement  loges  comme  dans  des  étuis ,  qu'ili»  rempliireuc  eu 
entier j  &  que  lorfqu'on  les  en  retire,  ils  Ce  montrent  à  nud  avec  tous 
leurs  membres  i  £c  ne  font  revêtus  d'aucun  tégument. 

Eïl-il  certain,  que  dans  l'animal  vivant  uu  mort  rccemuienr>  on  ne 
puilTe  découvrir  aucune  communication  entre  les  cellules  &  Tintétieui 
de  l'abdomen  ? 

Les  cellules  font-elles  abfolument  ncceffaires  aux  premiers  accroif- 
femens  des  pipas ,  Se  ne  pourroient-ils  fe  développée  jufqu* à  on  cct^ 
cain  point  fans  ce  fecours? 

Le  nombre  de  cellules   rcpond-U  à- peu-près  i  celui  des  œufs  ?  Se 
nV  a-c-il  jamais  qu'un  feul  œuf  ou  qu'un  feul  embrion   daju  chaque 
[cellule?  Qu'arriveroit-il   s'il  s'en  cencomroit  deux?  Comment  encore 

l'y  a-c-il  qu'un  feul  embrion  dans  chaque  cellule,  car  l'ouverture  de 
[celle-ci  femble  alTez  grande  pour  admettre  deux  œufs  ?  Le  mâle  ne 
[dcpofcroit-il  jamais  qu'un  feul  truf  dans  chaque  cellule  ?  Je  laifonne 
[ici  d'après  l'obfervation  de  M.  Fermin. 

Le  petit  crapaud  refpire-t-il  tandis  qu'il  eft  renfermé  dans  fa  cellule? 
|&  s'il  refpire,  comment  l'air  extérieur  communique-t-il  dans  l'intéiieut 

^e  la  logeiic  ? 

Quel  e(l  en  général  le  rems  qui  s'éc<nite  depuis  la  foriie  du  crapaud 

hors  de  fa  cellule ,  iufqu'i  celui   où  il  atteint  la  grandeur  propre  i 

l'efpèce. 

Fourroic-on  en  bouchant  par  diâérens  moyens  l'ouverture  des  cellules^ 
J77J.     DÉCEMBRE,  K  kk  1 


Xî^        OBSEtirJTIONS   SUR  LA  PnTSlQVS, 

Tecarder  plus  ou  moins  la  forcie  ou  tccfonoii  des  petits  pip^s  faiis  îir^ 
trreffer  leur  vie  1  I.e  pipa  z ,  pour  aiiilï  dire  ,  à  mitre  deux  fois ,  &  k 
cet  égard,  il  a  quelque  fcgère  analogie  avec  X'oppoffunu  11  feroit  curieux 
<k  lavoir  jur^u'à  quel  point  on  poutroîc  retardée  la  féconde  naiHance 
du  prpa. 

Quoique  gous  ayons  tiché  inutilement  M.  Spalfanzani  &  mot  de 
dccouvtif  ,  s'il  n'y  avoir  point  quelque  forte  de  régularité  dans  l,i  dif- 
rribucioii  des  cellules  fur  le  dos  de  notre  pipa  .  eft-il  bien  sûr  ncao» 
moins  que  cette  diftribution  ne  re<.He  rien  de  régulier  ?  Je  noferoir 
l'alTurer:  combien  de  fois  n^eft-il  pas  arrivé  qu'un  examen  plus  appro* 
Ibndi  a  manifeftc  de  l'ordre  ou  ae  b  rceutarité  dans  des  chofes  oè 
Von  n'avoit  appcrçu  d'abord  qu'irrégularité  êc  confulîon  }  Seba  dit  » 
que  les  cellules  ,  qu'il  nomme  des  yeux ,  font  fituées  a  pai-pth  à  è^alt 
dijiance  les  unes  des  autres  :  cet  Auteur  n'y  avoir  pas  apparemment 
regardé  de  bien  près.  J'ai  apperçu  â  cet  é^ard  bien  des  inégalirés  dans 
le  pipa  qui  a  fait  le  fujet  de  nres  obfervations.  j'ai  vu  des  cdlulcs  qut 
£:  tuucliuient  prefquc ,  &  j'en  ai  vu  d'autres  qui  croient  diflintes  de 
leurs  voilines  de  pKis  de  deux  lignes.  On  peut  en  juger  par  linfpe<5lion 
de  la  âgute  6. 

Je  ne  terminerai  pM  ce  Mémoire  fans  faire  remarquer ,  que  mon 
objet  n'i  point  été  de  donner  une  defcription  ex-ifte  du /^a  ■  je  n'ai 
voulu  que  conftjter  l'exiftence  de  ces  cellules  ou  de  ces  mirrices  dor- 
Éiles  qu  on  avoir  révoquée  en  douce  ,  &  contirnier  ainfi  ce  que  divers 
Auteurs  avoient  avance  fur  la  génération  de  ce  fameux  crapiud  Sc  fur 
la  manière  rm^ilicre  donc  fes  petits  prennent  leurs  premiers  accroif- 
femens.  Les  mfferences  quelliuns  qu'il  m'a  donné  lieu  de  propofer 
ne  fecoAt  peuc-ccre  pu  iiHicilcs  au  perfe^ionnemenc  de  fon  iuïboue. 


SUR  VHIST.  NATÏ/RELIE  ET  LES  ARTS.      4^7 


MÉMOIRE 

Sur  la  Crydallifation  du  Fer; 
Par   M.  Pa2VM0Ts 


Lit  obrervAiions  furies  cryfliUifaclons  mcrilliques  ont  completfe^ 
meiu  conlirmé  ce  point  de  théorie  a  van -.c  en  1771,  par  M  de  Mor- 
Teiu  dans  fes  digrellîuns  acadcmicjues  .  p.ige  170  »  »  que  le  feu  eft  au* 
M  métaux  pour  leur  ctyfl;.illtfation ,  ce  que  l'eau  tH  aux  feU  ».  Ce  fa- 
vait  Se  laborieux  Cliytuide  eft  celui  qui  :>*eft  occupé  davantage  de 
prouver  Ton  alfciiion  en  étendant  fe>  travaux  Car  les  cryl^atliUtions 
métalliques  Ac  fur  celtes  de  pluHeurs  deini-mécaux  (1).  11  p^roitcepen- 
d.int  que  l'on  eft  encore  trop  peu  aran-c  dans  ce  genre  Je  connoif- 
iJiiKes  pour  qu'il  ne  foît  pas  trè:>-inl;ieirant  de  s'en  occuper  avec  at- 
tention y  .tlin  de-pouvoir  aj^acec  quelques  ujuvclles  ubfervauon>  i  cecte 
partie  de  l'hilloire  narurelle. 

Des  eHais  de  fonte  de  la  for^e  de  CoicAnnoSy  en  Bretagne,  près 
Bellin-j-en-terre  j  m'ayaiK  été  envoyés  aiîn  de  pouvoir  coanoître  il 
cette  fonte  ne  conienou  que  du  fer  pur,  ces  morceaux  ouc  mérite 
toute  mon  attention  \  d'autant  plus  qu'en  les  comparant,  je  croi5  r 
avoir  reconnu  la  gradation  de  la  ctytV.tUifation  décidée  du  fer.  C'e/c 
de  cette  cryllalliration  dont  je  vais  m'occuper  dans  ce  Mémoire. 

Afin  de  pouvoir  y  procéder  avec  quelque  méthode,  je  crors  devoir 
prcfenter  en  abrégé  ce  que  M-  de  Morveau  &  M.  Gri^non  ont  écrie 
fur  cette  matière.  Us  font  les  feuls  dont  nous  puiflions  citec  les  obfer- 
vations. 

M.  Grignon  a  diftinguc  deux  efpèces  de  cryllalliOttions,  celle  de  U 
fjntc  Se  celle  du  fer.  Il  dit  dans  Ton  Mémoire  fur  tes  méMmorpho-* 
fes  du  ferla) ,  page  71  ,  cjue  >»  U  fonte  grife  dans  fon  degré  dfepef- 
H  fedion  donne  une  cryllillifation  très-réi^ulière  .  chaque  cryftal  /t.inf 
M  diftindl  &  îfùlé  ;  que  c'eft  une  efpcce  de  pyramide  dont  la  bafe  eft 
t*  un  thombe ,  le  long  de  chaque  race  de  laquelle  font   appliquées  h 


(1)  Jminul  (te  Pbylique  ,  Novembre  177',  8c  Féviicr  X77g« 
(l)  Mcmatrcs  de  Pbyfit^ac  ,  f/i-4°'. 


l 


4j8   •     OBSERVATIONS  SUR  t  PHYSIQUE^ 

>»  angle  droit ,  &  continucmenc  d'ancres  pyramides  donc  la  baCe  e(l 
>i  égale  au  poinc  d'incidence  de  ta  pyramide  pcincipale  à  laquelle  ils 
»  fonr  atcacnés  ;  &  comme  les  diamètres  diminuent  fuLcertivement  ^ 
»  les  pyramides  du  bas  font  plus  grolTcs  &  plus  longues,  celles  den- 
«  haut  plus  counes  ^  plus  délices ,  y  ayant  une  jufte  proportion  entre 
»  le  diamètre  de  la  bafe  &  la  longueur  de  la  colonne ,  &c.  &c."> 

Cette  defcriplion  que  M.  Grienon  a  préfcnccc  fous  une  forme  un 
eu  variée,  à  la  page  47<î  />«,  au  mcmc  ouvrage  dans  le  Mcmoire 
ur  les  cryÂallifations  métalliques ,  ne  convient  qu'il  i>  ces  arbrillëaux 
•»  reïTemblans  i  de  petits  fapins  à  branches  quaternes  oppofées ,  qui 
»  (  p3ge  71.]  forment  des  amas  de  ces  ccyftaux  qui  offrent  a  l'œil, aimé 
>*  dune  loupe,  le  fpc^fbàclc  d'une  petite  foret  métallique <>.  Dan>  cette 
féconde  dcfcription,  p.ige  47a  bis  ,  M.  Grignon  die ,  que  »  le  ptemiec 
«  élément  de  chaque  cryftal  cft  un  rhombe  qui  eft  furmontc  en  ligne 
»  perpendiculaire  d'autres  rhombes  articulés  qui  vont  toujours  en  dé- 
11  croiflant  jufqua  former  une  pyramide  à  bafe  chomboïdale  a. 

Tels  font  les  cryflaux  que  M.  Gtlgnon  rcconnoït  pour  être  ceux  de 
la  fonce  grife.  Quant  à  ceux  de  la  fonte  blaticlic ,  M.  Grignon  leur 
nllîgne  la  torme  rhomboïdale ,  &  il  dit ,  p.ige  7  5 ,  que  "  lorfquc  la  fonre 
»»  refte  long-tems  en  bain  fous  une  couche  de  matière  cipable  d'emjièchec 

M  la  perce  de  fes  principes  elïentiels la  fonte  pour-  lors  (a  con- 

»  denfe  en  une  matière  compa^le,  dure,  brillante-  argenté»,  cryft.illi- 
«fée  en  rhombe  exacdre ,  en  cube, en  parallélipipèdes,  compofcs  d'un 
»»  tiilii   de  couches  appliquées  les  unes  fur  les  autres  qui    fe  rompent 

ï»  rhomboïdale  ment  •<,  L'Auteur  ajoute ,  que  >>  cette  crvrtallifacion 

>»  ordinairement  confufe ,  tient  le  milieu  encre  l'écar  de  fonte  Se  celui 
w  du  fer  :  que  c'cft  proprement  fon  régule  qui  ell  très-peu  malléable  «. 

A  la  page  ^76  i>b  ,  M.  Grignon  dit,  que  le  morceau  qu'il  décric 
contient  »  deux  cryftaux  cubiques  de  régule  de  fer»;  &  ^  la  page  477, 
il  ajoute,  »  je  me  fuis  procuré  des  crytlaux  de  régule  de  fei  qui  func 
■>  des  tétraèdres,  ou  des  cubes,  ou  des  parallélipipMes  ». 

De  cette  courte  analyfe  des  obfervations  de  M.  Grignon  fur  lescryf- 
talliûtions  fettugineufes ,  il  s'enfuit  qu'il  admet  la  fonne  dendrite 
compofée  de  rhombes  articulés,  oour  la  cryflaltifation  de  lafonte  grifc; 
la  forme  rhomboïdale  pour  celle  de  la  fonte  bl.tnchc  ;  5c  que  les 
cryilaux  du  icgule  n'ont  aucune  forme  fixement  déterminée  puifqu'ïls 
font  ou  rhombes  exaëdres  ,  ou  tccracdrcs ,  ou  cubes  ^  ou  paiallclipi- 
pèdes. 

M.  de  Morveau,fuis  diftinguer  les  cryftnux  de  fonte  de  ceux  du 
régule,  ne  s'cll  occupe  que  des  derniers;  Con  principal  but  ctuit  do 
découvrir  un  moyen  d'en  obtenir  i  volonté  aHn  de  pouvoir  prouvet 
fa  théorie»  San«  avoir  afiîgnc  les  formes  propres  dç  ces  çryftim ,  il 


SUR  VniST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     459 

»*eft  contente  de  dcfigner(i)  ce  qae  fon  culot  lui  a  offert  par  Jes 
tt^nes  entrecoupée  rip.tt^Tzmeni  cn-umc  un:  kucf'urt  :  ^  néanmoins  il 
avoit  cité  ï'obrecvation  de  Zaniwhcllus,  dans  Swcmbour;»  »  que  le  fer 
■>  fondu  Se  refroidi  montre  de  petites  particules  pyramidales  à  cjuaire 
»  c&tés  ". 

M.  le  Baron  de  Dietrii'îi  a  employé  les  mêmes  exprcffions  de  M. 
6e  Morveau,  8c  îl  penfe  que  cetie  crylUlUfation  conCfte  dans  une 
applicarioii  de  laines  les  unes  fur  les  .iutres(i\ 

D'après  cet  exp  'fc  je  vais  décrire  les  formes  de  cryflalliGitions  des  diffc- 
reus  morceaux  que  j'ai. 

i*.  La  crvfValiifation  principale,  c'eft-à-dire,  la  plus  générale,  la 
plus  mulripliée  Sc  celle  qui  préfente  en  mcme-tcms  une  plus  grande 
réunion  de  cryft-iux  .  montre  au  premier  afpeÛ  une  multitude  de  filets , 
fîtucs  en  tout  fens ,  compofcs  de  petits  corps  globuleux  ,  tous  implantés 
les  uns  fiTT  les  autres  y  terminés  pir  un  folide  pjreil  plus  détaché  de  la 
file  ,  plus  élancé  Se  qui  offre  cmrôt  une  pointe  très-aiguë,  Se  laïuôt  une 
pointe  un  peu  monde  &  arrondie. 

i".  En  confidéranc  dans  les  cavités  ,  on  remarque  des  petites  pyra- 
mides trèsélancées  formées  pir  une  pyramide  principile  ,  garnie  du 
bas  en-haut  de  petits  corps  pyramidaux  implantés  latcralemeut  &  per- 
pendiculairement i  la  pyramide  principale.  L'enfemble  repréfente  à. 
merveille  uti  petit  if  caillé  pyramidalement.  Ccft  en  petit  les  fapins  de 
M.  Grignoiu 

\  "',  Lorfque  la  cavité  eft  un  peu  dégagée ,  on  y  découvre  ces  ifs  plus 
élances  ,  plus  proportionnés,  il  parfaitement  bien  conformés  >  que  M. 
Grignon  a  eu  railon  de  les  nommer  Jes  Japins.  Ils  font  géiicralemenc 
à  branches  quateines  oppofces,  quelquefois  à  crois  branches  feulement, 
&  il  y  en  a  en  affez  grande  quantité  les  uns  i  côté  des  autres ,  pour 
pouvoir  dire  qu'ils  offrent  réellement  la  vue  d'une  paltt  forêt  mltalli- 
qui.  Dans  ceux  que  mes  morceaux  m'ont  offerts,  j'ai  vu  que  la  tige 
eft  d'un  feul  jet  aultî-bien  que  les  branches ,  &  je  n'ai  poinr  appcrçu 
que  la  tige  principale  fut  compofce  de  corps  articulés,  ni  que  les  oran- 
cnes  latérales  portaflent  d'autres  fur-branches, 

4".  Dans  d'autres  cavités  moins  vuides,  l'on  obfecve  une  autre  forme 
plus  grolTe  U  dont  il  eft  plus  aifc  de  diftinguer  l'enfemble.  On  y  voie 
très  diftînftement  une  efpèce  de  végétation  compofce  d'une  tige  prin- 
cipale articulée  dans  fon  fommet ,  i  laquelle  font  implantés  fatcrale- 
meut  Bc  perpendiculairement  des  rameaux  également  articulés  ,  qui 


(1)  Journal  de  Pbyfiqac  ,  Tome  VHI ,  page  j  50, 

(l)  Jouioal  de  PhyU^ae  ,  Tome  XI ,  Mai  1778^  pagci  4I7  &  ^is. 


'440      OBSERVATIONS  SUR  LA   PHYSIQUE, 

comme  une  branche  portent  à  leur  tour,  fur  leurs  cotes,  des  corps  clxn- 
césc]ui  les  eatnillcnt  dsns  toute  leur  Iont;ucur,  comme  des  teui lies  laté- 
rales qui  leroienc  perpendiculaires  à  leur  tige.  Souvent  ces  bran.hes 
ne  font  compofces  que  d'un  feul  corps  élance,  fans  qu'il  porte  d'au- 
rres  corps  fur  fes  côtés}  tous  ces  corps  que  je  compare  i  des  brant-hes 
èc  i  des  feuilles,  p.iroillenc  fe  terminer  en  pointe  ,  mais  vus  avec  \\ 
plus  grande  atetntion  ,  on  découvre  qu'ils  font  prefqiie  tous  termines 
par  une  forme  convexe,  &  les  articulations  paroillem  formées  de  corpi 
globuleux. 

j".  Enfin,  dans  la  cryfVaUiration  principale  du  numéro  premier ,  l'on 
découvre  pat-tout  des  groupes  foluaires ,  élancés  de  la  malle  cryftalli' 
fée  ,  compofés  de  corps  anguleux  qui  furmcnt  une  fuite  d'artiiula- 
tions ,  donc  le  corps  le  plus  élancé,  montre  didindleraeiu  un  fommec 
en  pointe  Se  des  angles  fur  les  côtés.  Cette  cinquicinj  obfervacioti 
lentre  jufqu'ici  dans  la  ptemîcre.  Ce  qui  va  cependant  la  diffl'rem  ier 
c'cft  que  le  dernier  corps,  qui  montre  l'angle  de  fon  fummct ,  offre 
des  faces  pyramidales  diflincles ,  &  prcfence  un  cétracdre  exaâ.  VoiU 
]a  confirmation  de  lobfervation  de  Zanichellus  :  mais  en  continuanc 
d'obferver  avec  attention  ,  on  apperi^OÎt  de  plus  ,  que  plulieurs  de  ces 
tctracdtes  font  a(Tez  détaches  cle  leur  tige  piïncipale  ,  pour  laifTer  ap- 
percevoît  un  autre  léiratfdre  oppofc  an  premier  par  fa  bafe  &  adhérent 
au  groupe  par  fa  pointe  inféiieure.  Voilà  alors  la  formç  cryftalline 
complette  &  décidée  oêîsiJrt, 

De  ces  cinq  efpéccs  différente*  de  forme  de  cryflalUfacion ,  il  n*y  a 
que  la  dernière  qui  foit  la  feule  vtaie  &  exaâe.  La  première  &  \% 
quatrième  me  paroiffenc  être  de  ces  cryftauVochpdres  dont  lesajigles 
n'ont  pu  être  formés  a  caufe  de  la  trop  grandt>aâi/ité  du  feu  ,  ou  qui 
après  avoir  été  fotmés  ont  ^cé  émoufies  par  ta  continuité  de  Uqui^ 
fadion.  Les  ifs  &  les  fapins  me  patoilTent  n'circ  qu'une  forme  appco- 
cliée  decrydallifation,  d'autajit  plus  que  les  fummet^  des  br.-)n>-h^^  laté- 
rales font ,  pour  U  plus  grande  partie ,  tous  arrondis  &  ne  fe  tçrminenc 
point  eu  pointe  aiguë  comme  M*  Grignon  les  a  fait  deffmer  ^ 
graver. 

Jç  remarquerai  que  toui  ces  cryflaux  jouifTent  parfaitement  bien  de 

_.  I i^ii i.lxr. -  _.:i_ /■_ :__Li__  î  i.  : _    ._ 


qu'i 

&  conféquemment  qu'ils  font  tous   cryftau»  dç  régule,  piïifquiU  en 
jéuniffent  tous  les  caraÀèrcs. 

En  faifant  quelques  réflexions  fur  ces  cryUntlifations ,  on  cft  nani- 
rellement  conduit  i  tes  comparer  avec  celles  de  l'aigent,  commues  fous 
Je  nom  d'argent  vierge  en  vfgéfaiion.  Tous  les  cryftaux  ne  poroiffene  pas 
(l'abord  parfaitement  décidés  dans  cçt^c  derf^cre.  11  n'y  a  que  celui  da 

ibnimec 


SUR  VnrST.  NATURELIE  et    les  arts.     40' 

fommec  de  chaque  nmeau  qui ,  lorfqu'il  eft  un  peu  gros ,  lailfe  voie 
dîRtnétenicuc  qu'il  eil  oâacdre  comptcc  :  &  âpres  avoir  obfcrvc  etiruite 
acceniivemcnc,  on  remarque  que  chaque  curps  qui  forme  les  articu- 
lations dus  br-iutlies  eft  un  oitactirc  apptnci ,  comme  ceux  de  l'nUin, 
La  Teule  dillcrence  qui  fe  trouve  entre  cerre  cTyrt^iHifacion  de  l'atgent 
&  celle  du  1er  que  je  viens  de  décrire  ,  c'tft  que  les  corps  articulés  de 
cette  dernière  (ont  tous  globuleux  ,  rindis  que  ceux  m  l'argent  font 
tous  anguleux.  Mais  cette  différence  ne  doit  point  arrêter  tout  Obfer- 
vateur  éclairé.  La  cryftallifation  de  l'argent  ù  tait  tranquillement  dans 
Jes  entrailles  de  la  terre  ,  pat  l'attion  d'une  chuleur  douce.  Celle  du 
fer  érint  hite  au  centre  du  feu  ,  il  n'eft  pas  étonnant  que  l'aAivitc  de 
cet  élément  aie  mutilé  les  angles  des  rryftnux  du  fer  ou  tes  aitempêclic 
de  fe  produite  ,  comme  j'e  viens  de  le  dire  plus  haut. 

Jt  faut  donc  conclure  que  la  forme  exa^e  de  la  cryflallifarion  du 
•fer  en  rci;ule  cil  l'odiacdre. 

Il  eft  bon  d  obfcrver  que  cette  crydallificion  du  r'gule ,  du  fer  eft 

■  en  parfaite  an.ilogie  avec  celle  de  fa  mine  quand  elle  eft  régulière.  Tout 

le  monde  connoir  cette  mine  de  l'Ifle  de  Corfe  ,  atcirable  à  l'aimant, 

diiféminée  dans  un  fchifte  gris  &  qui  eft  oéticdre.  La  mine  du  ruilTeau 

d'Efpaiilv,  prés  du  Puy>  en  Velay,  avec  laquelle  on  trouve  des  hya- 

■cintcs ,  des  fApliirs,  des  grenats ,  des  cryfolires  ,  Bec.  eft  encore  ocfcacdre, 

rXa  mine   fpécuîaire  du  Mont  Dor ,  en  Auvergne ,  quoiqu'on  ne  la 

trouve  prefque  qu'en  lames  trcs-polies,  &  très- rcfplencfilTanteSj  qui  af- 

fecîlent  une  forme  cxagone  à  bords  en  bifeau,  eft  cependant  odiacdre 

quand  les  cryllaux   ont  pu  fe  former  régulicremenr.  Je  puis  en  fournie 

la  preuve  p^r  des  morceaux  que  j'ai.  Enfin  y  les   pyrites    martiales  qui 

par  leur  décompofition  naturelle  ,  foit  dans  l'eau  ,  foit  dans  la  terre 

lumidc  ,  deviennent  mines  de  fer  ^  cryftallifcnt  encore  en  oâacdre  :  & 

ipuifque  les  principes  métallilans  affectent  cette  forme  régulière  drns  la 

mine»  ils  doivent  la  conferver quand  ils palTcnt  i  1  état  de  régule. 

Je  m'attends  que  l'on  objcaera  que  les  pyrites  ne  cryftallifenr  pas 
feulement  en  oâacdre,  &  que  rien  n'eft  plus  commun  que  les  pyrites 
cubiques  Se  do^^dëdres.  Mais  je  répondrai ,  d'après  les  principes  de 
la  favantc  cryftaTlographie  de  M.  Rome  Delifle,  que  le  cube  &  le 
<îodécacdrfr  ne  font  que  i'oilacdre  donc  la  -forme  eft  modifiée  par  acci- 
'denr. 

De  ce  que  je  viens  de  dite  ,  il  me  paroîr  fuivre'nftturellement  que 
le  culot  de  fer  dont  M.  de  Motveau  a  fait  graver  la  figure  dans  le 
Journal  de  Phyfique,  Tome  Vlll ,  planche  1,  l])»ure  i  ,  ne  préfcnre  au 

firemier   coup-d'cril  que  de£    indications  de  crynallifation  ;   que  vu  d 
a  loupe,  ainfi  qu'il  eft  gravé  à   la  figure  i,   il  offre  une  crylVilHfa- 
lion  plus  marquée  qui  approche  de  celle  que  j'ai  décrite,  numéros  i 
tomt  Kiy»  Part,  IL  1775.  DÈCEMBUE.     L  11 


441      OBSERFATIONS  SUR  LA  PffTSIQUE, 

Zc  4,  mais  qui  cft  encore  trop  confufe  &  trop  peu  décidée  pour  que 
l'on  doive  la  regarder  comme  une  vraie  &  cxaftc  cryftaHifatiuii.  Il 
faut  cependant  convenir  ,  &  ccÛ  une  juflice  à  rendre  à  M.  de  Moc- 
veau ,  c^uc  les  crytlallifacions  de  Ces  culors  ,  ainfî  que  les  cinq  varincions 
que  j'ai  décrites,  font  des  effets  rout-à  fa.it  compUts ,  effets  de  mcnic 
efpéce  &  d'une  mcme  catiTe  ,  mais  dans  des  circonftances  plus  ou  moins 
favorables  U  }^  l'exacte  crydalUration. 

*I1  me  patoît  rcfulcer  en  fécond  lieu  ,  que  M.  Grignon  n'auroic  pas 
dû  diflinguer  les  cryflaux  de  fonte  de  ceux  du  régule  ,  puifque  cous 
ceux  que  j'ai  &  qui  foiic  très- analogues  à  ceux  de  M.  Grignon,  font 
réeulc.Mais  il  convient  d'examiner  ici,  s'il  y  auroit  une  forme  de crytlal- 
lilàtion  difTcrente  pour  le  régule  ou  pour  la  fonte. 

Après  avoir  prouve  que  l'exadte  cryftallifation  du  régule  cil  l'oâac- 
dre ,  on  pourrou  penfer  qu'à  raifon  du  principe  mincralifatcur  &  des 
matières  hétérogènes  que  la  fonte  peut  contenir  en  plus  ou  moins 
grande  auanticc ,  elle  pourroic  peut-ctrc  affecter  une  forme  de  cryftal- 
lifation  diffcrenie  de  celle  du  rcgule.  Cependant ,  il  me  parou  certain 
que  l'exacte  cryflallifation  de  la  t^onte  doit  erre,  comme  celle  du  ré- 
gule, au  moins  un  odacdre.  Je  puis  en  doanet  une  preuve  dcmonf- 
trarive  par  des  morceaux  qui  viennent  des  Forges  d'acier  de  Rives ,  en 
Dauphiné ,  6c  qui  m'ont  été  donnés  par  M.  Faujas  de  Saint-l'ond  , 
connu  pat  fon  magnïtique  Ouvrage  fur  les  Volcans  éteints  du  Velay 
&  du  Vivarais.  On  y  recoiuioit  aifément  une  fonte  ,  cryllallifce  à  la 
vérité,  mais  de  très-mauvaife  qualité  ,  peu  attirable  à  l'aimant  ,  qui 
eft  moins  une  vraie  fonce  qu'un  récrémcnc  de  forge ,  à  caufe  des  par- 
ties hcictogcnes  du  laiciet  intimement  mclces  &  confondues  avec  le 
métal  -y  mais  comme  cette  mauvaife  fonte  eft  toute  chargée  de 
'  crylbux  ,  Ci  on  les  examine  pour  en  reconnoîtte  la  forme ,  on  voie  fans 
peine  qu'ils  font  tous  ocbcdres  j  les  uns  parfaits.  Se  les  autres  plus  ou 
moins  réguliers. 

M.  Grignon  a  fait  encore  mention  d'une  crjftalliCition  du  fer ,  en 
parlant  des  portions  du  métal  qui  coulenc  par  le  chta  du  fourneau  flc 
de  celles  qui  s'échappent  lorfque  la  chaude  crcveUous  le  marteau ,  & 
que  les  Ouvriers  appellent  ^mmiilons»  11  die ,  page  8o  ,  que  •>  ces  cryC- 
*>  taux  de  fer  fonc  rarement  bien  réguliers ,  parce  que  le  feu  qui  leur 
a>  donne  nailfancc  les  foudu  enfemble  ,  mutile  leurs  angles....  &  que 
M  les  plus  réguliers  lui  ont  paru  erre  des  polygones  hexaèdres  formés  de 
p  philieurs  rhomboïdaux  unis  par  kur  grande  face  «. 


\i)  Journal  Je  Phylîguc  »  Icvricr  1775, 


SUR  VHIST.  NATUREllE   ET  LES  JRIS.    44, 

La  forge  de  Coac-Annos  m*a  fourni  des  morceaux  de  cette  cfpcce 
qui  ont  éxc  trouvés  dans  des  crous  du  fourneau.  C'eft  du  régule  fore 
cpurif ,  ttcs-atrirable  k  raimanc,tcès-mallcable,  &  qui  jouit  de  tout  Icclac 
méraJIique.  Ces  morceaux  font  exa^ement  formés  d'un  aHèmblage  de 
cryllaux  foudés  enicmblc  pat  l'adtiou  trop  vive  du  feu:  m.iis  en  obfet- 
▼anc  leur  forme  atîn  de  pouvoir  La  déterminer  prccifcmem ,  l'on  re- 
connoit  que  ce  n'eft  qu'un  alfemblage  de  cubes  irrcgulicrs ,  parmi  lef- 
quels  on  en  trouve  qui  font  exactement  conformés.  Je  crois  d'auunc 
moins  me  tromper  dans  cette  allèrtion  ,  que  je  puis  montrer  un  de 
ces  morceaux  dans  lequel  on  voie  trois  cryftaux  cubiques  trcs-pronon- 
ccs;  deux  font  à  coté  l'un  de  l'autre.  lU  font  élancés  &  décidés  très- 
neTtemcnc.  Us  ont  environ  une  demi-ligne  de  gcolfeur,  &  il  ne  faut 
point  de  loupe  pour  les  reconnoiire.  Le  troilième  cube,  voilin  des 
deux  autres»  ell  engage  dans  la  maÏÏe  de  laquelle  il  ne  fort  qu'au 
tiers.  J'.ii  fait  voir  cc^  crydaux  d  plullcurs  favans  mlnéralogiftes  àc  bons 
obfervatcurs  ,  entt'atitres  à  M.  DeliHe  dont  la  décirioii  cryllallographi- 
que  cd  du  plus  grand  poids;  &  ces  cubes  tièi-décidés  lui  ont  fait  grand 
plaiïîr. 

Je  n'ai  point  omis  de  citer  que  M.  Grignon  a  dit,  page  47^  bis ^ 
que  Ton  morceau  de  fonte  griïe  contient  i>  deux  cryllaux  cubiques 
»t  de  régule  de  fer".  Ainfi  voilà  cette  forme  crvftalline  ircs-dccidcc  par 
le  morceau  de  M.  Grignon,  aiulï  que  par  les  miens. 

Il  me  refte  i  conclure  en  dernier  lieu,  que  l'exadle  cryfblUration 
du  fer,  foit  en  mine,  foit  en  fonte»  foit  en  régule,  eft  dchnitivemenc 
l'oéVacdre  ou  le  cube  qui  ne  font  qu'une  même  forme  idcûcique  feu- 
lement  modifiée,  mais  invcrfe  l'une  de  l'autre (1), 

Je  terminerai  cet   article  pat  trois  obfcrvations. 

La  première  ,  c'eft  que  ces  cryftaux  étant  un  vériratle  régule ,  ainfî 
que  je  l'ai  die,  il  faut  en  conclure  que  la  dudilité  du  fer  vient  du 
rapprochement  de  fes  parties  intégrantes  fait  parle  feu;  que  la  maU 
Ication  ne  fert  qu'à  purger  le  fer  des  parties  hétérogènes  qui ,  t^ns  la 
fonte,  fépareut  fes  molccules  métalliques,  &  qu'alors  le  matte.iu  ne 
fait  que  perfe^ionner  la  duâilitc.  De  plus  j  les  ditfércns  morceaux 
que  j'ai,  montrent  aHcz  l'ackion  du  cifeau  qui  les  a  entames  &  qui  prouve 
une  duâiilîtc  qui  n'a  pu  venir  de  la  malléation. 

La  fccunde  obfi^rvation  ,  c'cll  qu'en  frappant  ces  morceaux  fur  un 
papier»  il  s'en  décache  une  abondante  quantité  d'une  poudre  noiro 
crès-fine,  provenante  de  Tenduit  ou  première  couche  qui  recouvre  la 


(1^  CryfUllographic  de  M.  Roni<£  Dcliflc  :  le  cube  a  <  fjccs  &  S  aagics.  L'oAa*:<Jre 
a  S  faces  £c  6  aitgics, 

1773.     DÉCEMBRE.     LU  4 


OBSERVATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE  ^ 

fuperficiefupcneure&  inférieure  du  métal.  Cette  poudre  noire  étant  trcs- 
attitable  à.  l'aim.int  eft  un  véritable  éthiops  martiAl. 

La  croifième  obfervâiion,  c'eft  que  le  printipal  morceau  que  j'ai 
décrit  n".  t.  coniicnc  dans  fcs  cavités  ,  des  globules  de  cette  chaux 
métallique  &   Coycufe  que  M.  Grignon  a  nommée  amianthe  de  fer. 

Après  ces  oblcrvations,  je  crois  devoir  en  ajouter  quelques  autres 
fur  ta  ctyllallifation  en  général,  ainlî  que  fur  quelques  cryUalliiàcions 
métalliques  &  rcini-métalliques. 

Il  paroir  que  l'on  nç  peut  pas  admettre  pour  cryftallifntioni  vraies  Se 
décidées,  celles  qm  Je  montrent  à  la  furlâce  des  fublUnccs  métalli- 
ques ,  &  que  ce  ne  peut  ttre  que  dans  les  cavités  ou  dans  l'intérieur 
que  fe  trouvera  Texaûe  cryftallifatioii.  Les  furfaces  extérieures  ne  pré- 
ientent  prcfque  toujours  que  des  ramifications  qui  ne  iont  que  des 
ébauches  de  cryftallirarions.  Si  pat  le  terme  cryjialiijktioa  ['on  ne  veut 
entendre  qiTune  forme  déterminée  quelconque  ,  alors  tout  nidimenc 
quelconque  fera  crylLilliracion,  S<  toute  molécule  quelconque  feracryf- 
ul  :  mais  le  terme  de  cryl^allifation  emportant  avec  lui  l'idée  nécef- 
iaire  d'un  folide  conformé  à  l'extérieur  légulicrement  par  des  angles 
it  des  faces,  Ce  avec  cette  fvmmétrie  régulière  dt  cryftal  mr  laquelle  l'on 
n'a  aucune  ambiguïté  ,  il  faut  donc  que  la  cryftallifation  foit  une  for- 
me téguHctement  fymmétriquc  &  comprife  extérieurement  pir  des 
faces  Se  des  angles.  Tel  cik  le  grand  or>irc,  ou  grand  principe  de  la 
nature,  qui,  à  quelques  exceptions  près  qui  font  des  modifications  , 
produit  toujours  les  cryllaux  fous  une  mcme  Hgurc  folide,  régulière  Sc 
uniforme  à  l'excérieuc. 

De-là  ,  il  fuit  que  route  forme  dcndrite  ne  peut  être  une  cryllalliTa' 
EÎon  ,  &  conféquemment ,  que  tout  crydal  qui  a  des  angles  renirans 
n'eft  point  un  fîul  cryftal ,  mais  un  groupe  de  cryftsux  :  c'eft  un  fé- 
cond ordre  ou    fécond  principe  di;  la   nature  véritié  par  des  obferva- 
lions  (i  conftanres  qu'il  eft  impoftible  de  ne  pa^  l'admettre. 
:  Cet  deux  principes  conduifenc  nacuretlcmcnc  a  conclure  d'abord , 
ue  les  figures  extérieures  ne  doivent  rien  décider  quand    les  formes 
es  folides  ne  font  point  exaâement  prononcées.  En  fécond  lieu,  que 
la  vraie  cryftallifation  ditfére  trcs-réeltemenc  alors  de  la  camitication 
extérieure,  A:  que  car  confcquenc  l'étoile  fupethcielle  de  l'antimoine, 
ainli  que  les  ramibcations  extérieures    de   létain ,  du  plomb,  du  bif- 
muth}  de  l'arfenicj&c.  ne  font  point  des  cryftallifations ,  mais  feu- 
iemeuc  des  clémens  de  cryftalliiàtion.  Je  puis  eu  joindre  ici  la  preuve 
fuivance. 

te  culoc  de  plomb  donc  M.  de  Morveau  a  public  la  figure  dans  le 
Journ^il  de  Phyfique(i),  n'offre  que  deJ  lincaniens  avec  quelques  ctoi- 


l 


(!)  Février  i77y,Pl.I,  fig.  to. 


SUR  VniST.  NJTUREllE  £T  LES  ARTS,     445 

Icî  A  fix  branches.  U  ne  m'eft  pis  difficile  de  reconnoîirc  quecertecon- 
fic;ur.icion  excciicure  montre  une  face  de  gronppes  d'odk.\cdres ,  puce 
que  j'ai  un  morceau  de  plomb  que  j'.ii  obtenu  cryUallifc  en  le  couUnc 
au  coin  de  ma  cheminée  >  &  qui  prcfente  dans  (a  cavité  des  offlacdres 
ircs-confotmcs  ,avec  des  grouppes  compofcs  d  odVacdres  applaris,  placés 
les  uns  fut  les  sucres.  Mais  aaucres  culors  du  mcme  plontb  &  coules 
en  même-tëins ,  n'offrent  à  leur  furface  qu'une  ramification  qui  diffèie 
de  ma  ccydallifaciuii  ituérieure  &  de  l'extéiieure  du  culoc  de  M.  de 
Morvcau.  A  en  juger  par  ces  culors,  on  prononceroit  ouc  la  crydilli- 
faiion  du  plomb  elt  une  ccoile  X  qu.itrc  brin:hcs  ramifiées  en  fougère; 
&  cepcndanc ,  il  ed  certain  que  fa  vraia<ry(lalltfa[ion  cO:  roii^iëdre  , 
comme  je  l'ai  obcenu, ou  bien  le  cubc^âc  il  eft  très-vrai  que  les  ramifi- 
cations extcrieutes  ne  peuvent  rien  indiquer  au  fujct  de  l'o^acdre  ou 
du  cube  y  (\  ce  n'cfl  par  inducttua  &  en  taifant  coinparaifon  de  la  dif- 
polition  des  Itacamens  extérieurs  avec  des  morceaux  cryftallifés  rrès- 
diAînélemenc. 

J'étendrai  cette  preuve  par  l'examen  de  l'inrérieur  d'une  pyrice(ï), 
qui  préfente  parfjitcmenc  Uien  à  l'extérieur  la  cryftalliGtion  oâ:,icdre. 
Cette  pyrite,  »yanc  été  tranchée  à-pcu-près  dans  la  ligne  des  deux  poin- 
tes des  ocbcdres  ,  l'intérieur  montre  des  figures  dendrites  formées 
par  des  efpcces  de  branches  qui  partent  preftiue  perpendiculairemenc 
àss  rayons  pyriteux  qui  font  le  rameau  principal.  Or  ces  dendrites  ne 
peuvent  rien  indiquer  relativement  d  1  oâacdre  qui  ell  la  cryfbllifatioii 
décidée  ;  &c  cette  ramification  n  ell  formée  que  par  des  linéamcns 
defqueU  on  ne  peut  rien  conclure.  Mais  voici  encore  une  preuve  de 
plus  dans  une  autre  efpcce  métallique. 

Le  bifmuth  offie  à  fa  futfâcc  extérieure  une  forme  ctoilce  qui  n*în- 
dique  rîcn.  Mais  la  vr.iie  cryflallifaiion  de  ce  demi-métal  efl  encore 
l'odLicdre  ou  le  cube.  M.  Btongniart  ,  Déni  ond  rat  eut  de  Chymie  au 
Jardin  Royal  des  Plantes,  vient  de  cryllallifcc  cette  fubdance  femi- 
métallique.  Il  a  obtenu  des  cubes  trc&-exa<itement  conformes.  U  en  fera 
de  même  de  l'étain.  Le  zinc  &  l'antimoine  cryftal  h  feront  de  m&me» 
ainfi  que  toutes  les  fubftances  métalliques ,  ou  bien  en  oâacdres  qui , 
comme  je  r.ii  obfervé  ,  ne  font  rien  à  la  forme  cryllalliuef  puifque 
cube  ,  ocl^fcare  &  même  tlodècaêdrt  ne  font  que  la  même  forme  avec 
des  modifications  accidentelles. 


Paris ,  Juillu  1779. 


PASUMOT,  Ingénieur  du  Roi. 


(i)  Cette  pyiitc  vient  de  Condat  au  pied  des  Pywéuécs  où  on  en  trouve  beaucoup. 
Elles  font  engagées  ilans  une  pierre  crayeufc  ,  &  elles  font  toutes  cryftaUifécs  en  oc- 
taïidics  avec  tjucl^ucs  formes  cubiques. 


44*        ODSnnyATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 


EXAMEN     CHYMIQUE 

DE    DIFFÉRENTES    P  I  E  R  R  E  S. 

QUATRIÈME        PARTIE. 

Contcnatu   celui  du  Porphyre ,  de  l'Ophite  ,  du  Granit  & 
autres  Pierres  de  la  CUflc  des  Vitrcfcibks  Mixtes. 

Par    M,    Bat  EN, 

J-jA  pierre  vîttefcible  qu'on  défigiie  aufTÎ  fous  le  nom  de  filex  dm 
de  pierre  à  fuGl  ,  fe  préwmc  fous  diverfes  formes  \  fes  couleurs  ne 
font  pas  moins  variées  que  celles  des  marbres  calcaires  ;  elle  efl  taritôC 
plus ,  cancôc  moins  cranfpareDCe  ;  quelquefois  même  elle  ell  opaque.  Ici , 
elle  cft  en  cryftaux  réguliers ,  U ,  en  malTcs  informes  ;  fouvcnt  on  la 
rencontre  en  baucs  continus ,  mais  fouvcnt  aulli  on  la  trouve  au  mi- 
lieu de  pierres  calcaires  8c  argilleufes  en  blocs  ifolés.  Que  de  va- 
tîétés  dans  fa  contcxtuce  !  Tantôr  elle  forme  des  bancs  d'une  crcn- 
due  immenfe  de  ^rcs  ou  pierres  de  fable  de  diverfes  efpèces ,  tantôt 
des  bancs  de  granits  qui  diff^renc  les  uns  des  antres  par  la  couleur, 
par  la  groHeur ,  par  la  cohérence  $<.  quelquefois  m^me  par  ta  nature 
des  grams  qui  les  compofent  ■,  enfin  ,  U  pierre  vitrefcible  eft  fouvent 
mélangée,  je  ditois  prefque,  combinée  avec  les  pierres  calcaires  ÔC 
argilleufes  en  des  proportions  qui  la  rendent  méconnoilTàble. 

Cette  partie  de  la  Lithologie  eft  donc  irès-écendue,  &  les  moyens 
employés  Jufquici  pour  connoître  les  pierres  font  trop  incertains 
pour  ofer  fe  promettre  d'en  donner  des  catalogues  raifomiés  Se  ex.idh  ; 
il  nous  manque  trop  de  faits,  &  pou^  tout  dire  en  un  mot,  la  Chy- 
mie  cft  bien  éloignée  davoir  rempli  fur  cet  objet  la  tâche  qui  lui  cft 
naturellement  impofce. 

Pott,  en  publiant  fa  Lithogéognofie ,  rendit  fans  doute  un  grand 
fervice  à  l'Art  \  ce  célèbre  Chymifte  en  cxpofant  à  Paâion  d'un  feu 
violent,  un  grand  nombre  de  pierres,  nous  fit  connoître  celles  qui 
fe  fondoient  Se  celles  qui  ne  fe  fondoient  pas  :  il  alla  plus  loin  ,  Se 
ce  fut  une  vccitable  découverte.  Il  uous  ^pric  que  des  pierres  >  qui 
traitées  fépacément  ,  n'enctoicnc  point  eu  mfiou»  fe  fondoient  pour- 
tant Avec  facilité ,  l^fque  réunies  ,  il  les  expofoit  au  feu  de  fou  fout'. 
neau. 


SUR  l'ffiST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.    447 

Oete 
fins  cont 

elle  nous  a  tau  decouvric  nas  raies  intcreiians  ,  ce  n cic  qu< 
I2  nature,  lorfqu'irritce  &  pouc  ainfi  dire  en  convulfion  ,  elle  opcre  par 
Uvoie  des  volcans. 

Qu  cft-ce ,  en  effet ,  que  cetce  rivière  de  feu  qui  découle  des  bou- 
ches  du  vcfuve  ?  Qu'eft-ce  que  cette   matière  auirefois  fondue  qu'on 


—  —  i- ,  . —    ___._.  j    _..       ^  ,        ^_.    .-_     __._.___  — 

mois.  Ellayons  toutefois  de  nous  inUcuice  en  imiianc  la  nature  même 
dans  ce  que  nous  prenons  pouc  Tes  écarts^  expofons  au  feu  une  de  ces 
pierres  qui  entrent  en  fiinon  fans  intermède  ,  par  exemple ,  du  por- 
phyre .  ou  de  l'ophite  \  qu'obtenons- nous?  Une  fubftance  vitriforme , 
une  force  de  laitier  qui  imite  à  bien  des  égards  la  lave  des  volcans  j 
mais  la  fonte  dans  un  creufct  n'étant  pas  même  un  commencement 
d'analyfe ,  le  porphyre  &  l'ophite  n*en  font  pas  pour  cela  mieux  con- 
nus ^  6c  dans  l'imponîbitite  de  leur  alTignet  la  place  qu'ils  doivent 
occuper  en  Lirholocie  >  le  Naturaliste  eft  toujours  en  droit  d'exiger  des 
Chymifles  de  lui  aire  ce  que  c'ell  que  le  porpbyie,  ce  que  c'ed  que 
l'ophire. 

Je  vais  ertàyer  de  répondre  à  cette  quellion  ,  &  pont  y  parvenir  je 
m'appuyerai  fiu:  des  expériences  analytiques  qui  ,  réunies  à  celles  que 
j'ai  publiées  fur  les  marbres ,  ferviront  peuc-crre  à  augmenter  le  jour 
déjà  répandu  fur  la  Liihogiogno/u  ^  par  Poit  ,6c  par  ceux  des  Chymif- 
ces  qui  ont  fuivi  fa  Médiodc 

EXPÉRIENCES 

Faites  fur  U  Porphyre  antique  rouge ^entnmélê  de  petits  cryjlaux  Bia/t^  (i}. 

On  a  dit  avec  raifon  que  le  porphyre  &  lophire  étoient  des  pierres 
faCbles  par  elles*mcines(j},  &  ailez  dures  pouc  donner  des  étincelles 


(1)  Quoique  Ton  célcbrc  Auteur  aie  prétendu  que  le  tncUIeut  de  tons  les  analyses 
jtoit  le  feu. 

(1)  Ce  porphyre  vcnoic  ics  ruines  de  l'aocicn  Autun, 

(0  De  toutes  le«  Sciences,  la  Chytnie  cfl ,  (ans  contredit,  celle  qui  a  la  oo- 
mcntUture  la  moins  eiadlc.  Ses  ex^rcltiont  font  prcfque  iCMitcs  équivoques.  On  en- 
tend tous  I»  jouts  confondre  la  Tktcfcibilicé  avec  I2  fufîbilir^  ;  Ia  àiffircn^t  eft 
cependant  tré«-^rjndc.  Les  pierres  vittcfciblcs  ou  vitiiBablcs  Tooi  infulîblcs  par  elles- 
nèmcs ,  mail  joidecs  aux  tels  alkalis  Se  eux  duux  de  plomb ,  elle  Te  foudcut  ic 
fotmcat  Aocic  beau  vcric  ,  noue  beau  ciyllal.  Les  picixcs  juiJbks  foot  (cIUs  qù 


44?        OBSEUf^ÂTlONS   SUR    LA^  PJÎYSIQVE , 

quand  on   lc5  ftappoit  avec   le  briquet;  nuisons'cft  trompe  lotfqu'on 
a  ajouié  qu'elles  rcûrtoiciu  i  l'aclioii  Hcs  acides. 

A  U  vérité ,  Û ,  comme  il  n'efl.  que  trop  ordinaire ,  on  fe  rontcnce 
de  jctter  quelques  gouttes  d'eau  -  Forte  lut  l'une  ou  l'sucrc  de  ces 
pierres,  on  n'apperçoît  point  d'elTervercence  ;  mais  d'aprci  une  expé- 
rience aurtî  icgcrement  faite,  peut-on  conclure  qu'elles  réliftent  aux 
acides  ?  Non  ,  fans  douce  \  car  fi  on  mec  dans  un  matras  quatre  ou 
cinq  gros  de  porphyre  concalFc  ou  pulvcTifé  ^  &  qu'on  verfe  delîus 
i-peu-près  autnnr  d'acide  nicreux  de  moyenne  force  >  on  obtiendra 
après  cinq  ou  fix  mois  de  digeftion  fiite  i  froid»  une  liqueur  (aturée, 
qui  aura  la  propriété  de  teindre  en  noir  l'infulion  de  galle,  &  donc 
1  alkali  fixe  précipitera  du  fer ,  de  la  terre  calcaire ,  de  la  terre  alumi- 
neufe ,  &  de  cette  autre  terre  qui  fetc  de  bafe  au  fel  de  Sedlitz.  EnHa 
le  porphyre  employé  aura  perdu  à-peu-prcs  le  huitième  de  Ton  poids. 

Niais  II  on  veut  fe  procurer  d'une  manière  bien  marquée  les  produits 
^onc  je  viens  de  parler,  c'dl  à  la  vittiolifation  qu'il  faut  avoir  iccouisj 
en  voici  un  exemple: 

Que  l'on  pulvcrifc  grofllîcrement  une  certaine  quanrité  de  porphyre, 
qu'on  le  mette  dans  une  capfule  de  verre  ,  &:  qu'on  l'arrofe  d'acide 
vicriolique  (i)  j  on  verra  en  moins  d'ua  mois  les  petits  fragmens  fe 
couvrir  d'efflorefcences  :  dès  qu'on  s'apperçoic  que  l'acide  n'y  domine 
pas  ,  ou  les  enlevé  par  un  lavage  fait  avec  l'eau  dilhllée  ,  Se  fut  le 
champ  on  réitère  l'acrofement  d'acide  vicriolique;  oh  conrinuc  la  tnf- 
jne  mantcuvre  jufqu'à  ce  qu'on  ait  des  preuves  que  le  dillblvant  celle  de 
irouver  dans  la  pierre  des  fubïlanccs  auxquelles  il  peut  s'unir ,  &  oa 

f)rocéde   alors  i  la  crytUUifacion  des  difl'crens  fcis   contenus  dans  U 
iqueur  qu'on  a  eu  foin  de  mâcire  en  rcfcrve. 
Ayant  traité  ainïî  deux  onces  de  porphyre ,  j'en  ai  retiré: 
1^.  1  Grains  environ,  de  fer  fous  la  forme  d'ochre. 
»*.  Il  Grains  de  fcicnite  gypfeufe. 
j*'.  1  Gros  15  grains  de  Sel  de  Sedlitz. 
4**.  1  Gros  3  grains  d'alun. 
5*.  tf  Graiiis  de  vitriol  martial. 
€''.  \i  e(l  relié  un  peu  d'eau  mère  vittioLique. 
Les  deux  onces  de  porphyre  employées  ,  fe  font  trouvées  réduites  i 


n'exigent  point  d'intermcJe  pour  entrer  en  fonte;  elles  foTmcnt  alors  un  laitier,  une 
fcone  qui  n'a  jamais  le  diapnaac ,  le  triafpatcnt  davcirc.  avec  Ictjucl  on  ne  doit 
iaxnais  confondre  une  pareille  matiètc. 

(1)  En  vctGni  cet  acide  fur  du  porphyre  d'Aatun  ,  il  s'en  cft  élevé  fur-te-cbamp 
une  odeur  de  foie  de  foufrc  qui  n'avoir   ccpcndiDi  pas  li  ptoptiét^  de  aoicir  l'argcnc. 
Je  ne  fais  fi'tout  porpUyre  donncroii  une  pjieilic  moAcite ,  je  n'avois  pas  de  por- 
'f^ytc  d'Italie,  je  a'u  pu  confUtcr  U  panri  ou  la  diâcccue. 


SUR  VHIST.  NATVREllE  ET  LES  \4RTS.      449 

me  once  fix  gros  vingc-quacie  grains ,  enforce  qu'elles  avoienc  foiinû 
m  gros  4S  gcaitis  de  oifferentes  fubdances  qui ,  combinées  avec  l'acide 
bricriolique,  om  formé  les  Tels  donc  je  viens  de  faire  rénumcracion  , 
&  qui ,  comme  on  le  faic,  prennent  tous  ,  à  l'exception  de  la  fclénite» 
la  moitié  de  leur  poids  d'eau  de  crydallifation  j  or.  Il  nous  retranchoni 
encore  de  chacun  de  ces  fels ,  confidcrcs  dans  nn  ccar  de  defliccacion 
patfaice,  la  moitié  de  leur  poids  pour  l'acide  virriolique  encré  dr.ns  leur 
compoliriun  ,  nous  aurons  a  crcs-peu  de  chofe  près,  la  quanricc  déterres 
refpedlives  qui  ont  concouru  A  les  former. 

Quant  à  la  fubflance  infoluble  ,  c'eft  un  mcbngc  de  pierre  vitref- 
cible  ,  &  de  pierre  argilieufe  dont  les  proportions  ne  peuvent  erre 
lictccminces  i  tout  ce  qu'on  peut  dire  ,  c  eft  que  la  pierre  vicrefcible  , 
ou  filiceufe  y  domine  ,  Se  que  c'efl  à  la  quantité  furabondante  de 
cette  dernière  qu'on  doit  rapporter  la  dureté  du  porphyre  &  de  l'ophite , 
dont  l'e   vais  parler  dans  un  inftant  (  1}. 

Il  eft  également  impolTible  de  déterminer  la  quantité  de  fer  con- 
tenu dans  le  porphyre.  Ce  métal  y  étant  fous  la  forme  de  cliaux  info- 
luble, la  Chymie  fe  trouve  encore  ici  en  défiut,  car  je  doute,  qu'en 
traitant  cette  pierre  avec  le  fel  ammoniac,  on  puiffe  ,  au  moyen  de  la 
fublimation  ,  en  extraire  couc  te  fer  qui  la  colore  en  rouge. 

J'ai  cru  devoir  traiter  aufli  deux  onces  de  ce  porphyre  dans  un  vaif- 
feau  diftillacoire  &  pneumatique  :  il  ne  s'en  eil  point  dé);agc  d'air  , 
mais  il  a  paJlé  dix  i  douze  gouttes  d'eau  dans  le  cécipicnc 

MÊMES     EXPÉRIENCES, 

Répétées  fur   l'Oph'tte  antique* 

AyAnt  mis  dans  un  marras  cinq  gros  de  cerce  pierre  concaflce,  & 
autant  d'acide  ntcrenx  foible,  il  ne  parut  aucune  effervefcence  ^  mais 
après  un  mois  de  digeftton  faite  à  froid  ,  on  pouvoir  s'appercevoir  que 
l'acide  avoir  déji  commencé  à  agir  ,  &  après  un  an  révolu,  il  fe  trouva 
prefque  fituré  ;  j'en  précipitai  alors  de  la  terre  calcaire ,  de  la  terre 
alumineufe  &c  du  fer ,  mais  il  ne  me  fur  pas  pofliblc  d'y  découvrir 
p.ir  ce  procédé  h  terre  qui  fcrt  de  bafe  au  fel  de  fedlitz.  Les  cinq  gros 
d'onhiie  étoient  réduits  à  quatre  gros,  onze  grains,  &  fa  couleur  vcite 
avoïc  difparu. 


(1)  Je  préfume  que  le  ficc  concourt  aiiffi  i  donocr  de  U  diucii  à  cette  pierre, 
ainfi  oii'i  beaucoup  d'auties  ,  lorf^u'il  entre  dans  leur  compofiiijn  en  pcitc  quantité. 
On  fait  qa'il  cft  employé  dans  Ici  ciincns  j  3£  l'expérience  piouve  qui!»  en  devien- 
nent plus  d>irs,  ou  ce  qui  cfl  h  même  diofe,  que  leurs  parties  acquiéicui  CQii'cllcs 
plus  de  cohéJion. 

Tome  Xir,  Part,  II.  1779,        DÉCEMBRE,     M  m  m 


,4Jo       X>B.SF.B.r.4r!0NS   SVK    LA   PHTSÎQVt, 

Ayant  aurti  traite  par  l'acide  vicrioUqae  dl<F<ircns  morceaux  d'ophire, 
les  produits  om  été  les  mêmes-,  ces  éLhantilloni  donc  les  uns  avoiem 
été  apportés  dltilie,  les  atitreî  d'Autim ,  étoieiu  d'ailleurs  (\  cetrem- 
blans  p.ir  toutes  leurs  qualités  exréticures ,  que  je  les  «oi*  originaire- 
ment fortis  de  U  même  carrière. 

Une  onire  de  ces  pierres  foumife  i  la  vitriolifation  a  donné  : 

ï*.  s  Grains  environ  de  fer  fous  la  forme  d'ochre. 

Ji".  Un  peu  de  {cIcniTc, 

j".  1  Gros  5^  grains  d'alun. 

é^.  6j  Grains  de  viiiiol  martial. 

5",  4  ou  î  Grains  de  fel  de  fediitz. 

U  eft  refté  un  peu  d'eau-mire  vicriolique. Enfin»  l'once dophite  em- 
ployée avuit  perdu  1  gros  i)  grains  de  fou  poids. 

MÊMES       EXPÉRIENCES, 

Faitts  fur  une  forte  de  GraniulU  verd  de  U  J^allh  £Âfpt^  dans  Us 

PyrMtti* 

Ht 

M.  l'Abbé  de  Palb 
un  zcle  peu  commun 

nées,  me  remit,  dans  le  coûtant  de  l'année  lyyj.un  morceau  <l*a ne 
pierre  ciu'il  foupconnoit  être  leTr.ipp  des  Suédois  :  deux  Chymiftes  de 
réputation  ,  i  qui  il  avoit  demande  des  cclaitciifemens  fnr  cette  même 
pierre»  l'avoient  l'un  &  l'autre  traitée  fuivant  la  Méthode  de  Porc, 
&  cl  l'aide  d'un  feu  vif,  ils  étoient  parvenus  à  la  faire  encrer  en  fii- 
fion  fans  aucun  intermède. 

Cette  pierre  qui  eft  fbtt  dure,  fiiit  feu  avec  le  briquet.  Ce  Iorfqn*on 
lui  a  donné  le  beau  poli  dont  elle  eft  fufceptible ,  elle  préfente  deux 
couleurs,  l'une  d'un  verd  clair,  l'autre  d'un  verd  obfcur. 

Ces  qualités  me  la  firent  regarder  d'abord  comme  un  ophicc,  dont 
en  effet  elle  ne  diffère  point  elTentietlement,  puifqu'en  ayant  fournis 
deux  onces  à  la  vitriolifarion  ,  oui  s'opcteplus  vite  que  celle  de  l'ophite 
anciquc,  il  en  a  été  retiré  de  la  fclénite,  de  l'alun  ,  du  vitriol  martial, 
&  du  fel  de  fcdlitz  qui  s'y  eft  trouve  en  plus  grande  abondance  que 
dans  la  vitriolifation  de  l'opbice  antique  j  l'alun  ,  le  vitriol  martial  Sc 
la  félénite  étoient  d'ailleurs ,  i-pcu-près,  dans  les  mêmes  proportions. 

Cette  pierte  qui  doit  aufll  être  regardée  d'après  fes  caractères  exté- 
rieurs ,  comme  une  de  celles  que  les  Italiens  appellenc  granUiUi  , 
&  dont  le  nôrre  ne  diffcreroit  que  pat  fa  couleur  verre  ,  ne  pour- 
roic  -  elle  pas  remplacer  dans  nos  cdiAccs  ,  l'ophite  ou  porphyre 
verd  cane  recherché  des  Grecs  &  des  Romains  ?  On  en  pourroïc  ouvrir 


llaffeau  qui  ,  avec  des  connoiCmccs  profondes  Se 
, ,  travaille  à  la  Lithographie  de  la  chaîne  des  Pyré- 


SUR   VhJST.  NATl/RELLE  ET  LES  ARTS.     4|i. 

une  carrière  iinmenfe;  fa  benuc^ ,  fa  duieté  &  »  ce  qui  eu  eft  un«  fuite, 
ix  foiiditc,  doiveiu  la  faire  préférer  i  cous  nos  marbres  vtiidsqui  & 
dcgradtfiic  aifcincnCi  les  frais  qu'où  fccoit  oblige  de  faire  pour  l'expor- 
canon  de  cette  belle  pierre  ,  ii«  scleveroiem  p.is  plus  haut  que  ceux 
qu'on  fît  autrefois ,  pour  le  procurer  le  aurbre  oe  b  Vallée  de  Ci/rpi^, 
qui  eft  nicme  beaucoup  plus  éloignée  de  Bayonne  que  celle  H',  '//"  * 
c'eft  aux  Amateurs  des  Beaux  Arts  ,  c'eft  fur-tout  aux  Atchiteiies  char- 
gés d'clevcr  les  grands  cdiBces  de  la  Naiiun,!  jugCf  û  les  v<cux  que 
je  Bùs  ici  font  bien  ou  mal-fondés. 

EXPÉRIENCES 


Fuîtes  fur  des  Granits  Je  CancUn  Autan  ,  6*  fut  ctlm  qui  fi  trouve  fouê 
lu  y)Ue  di  Simur^  en  Auxois, 

11  m'avoic  été  envoyé  d'Autun  trois  échantillons  de  eca nies  antique* 
qui  différoieut  eutr'eux  par  la  couleur  &c  la  grofleur  dés  grains.  -'  ■  l 

Le  premier  ed  un  amas  de  grains  de  quartz,  les  uus  d'un  blanc  lai<^' 
ceuxj  c'eft,  dît-on,  le  fcldfpatK  des  NaturaliUes  \  les  autres  gris  d'épine, 
le  tout  cncrcmclc  de  cryfUux  d'un  rect  très-foncé  ou  prelquc  noir. 

Le  fécond ,  d'un  grain  plus  ttn ,  eft  un  uiêlanae  de  quarts  blanc  ,  da 
feldfpatb  &  d'une  maticic  verte  qui  en  futmc  le  ciment. 

Le  troiiîcme  ne  me  paroît  dïnctet  du  fécond  qu'en  un  ftui  point. 
Dans  celui-ci  ,  les  fragmens  de  quartz ,  ou  Ci  l'on  veut ,  de  teldfpacii 
font  blancs  ,  candis  que  dans  le  troiûcmc  ces  nicmes  fragmens  onc  uns 
teinte  verte. 

Ces  trois  granits  calTcs  par  petits  morceaux  onc  été  expofés  i  l'at^ioii 
de  l'acide  vitriolique ,  ôc  après  un  mois  révolu  ,  ils  ont  cominencé  à 
fe  couvrir  d'efilorefcences  ,  &  au  moyen  de  nouvel  acide  que  l'on 
fournitlbic,  i  mcfure  que  la  fatucation  p.uvenoit  à  fon  point,  la  vitrio- 
liiâcion  fut  complecte  dans  Tefpace  d'une  année  révolue. 

En  examinant  chacune  des  efHorefcences  retirées  de  ces  trois  efpè* 
ces  de  granit  ,  le  réfultat  a  été  .  que  les  deux  onces  du  premier  échan- 
tillon ,  bien  lavces  &  bien  fcchées,  avoicnt  perdu  un  gros  ttente-trois 
grains  de  diverfcs  (ublbnces  qui ,  unies  i  l'acide,  avoicuc  formé  les  fcis 
luivans,  favoir: 

Sélénlte  gypfeufe. 17  grains» 

Alun.     . j  gros  38  grain^. 

Vitijql  vçff. 1  gros  4  gtain^> 

Sel  fediitz r     *.      9  grains. 

'  '   '      ■'  Total.     .     .     .     .     .     .         4gToJ   tfSgraiiis. 

1779.     DÉCEMBRE.         MmmL 


4^1      OBsr.nrÀTTONs  Sun  i^  pnrsîQVE, 

les  efflorefcences  des  deux  autres  ccKintillons ont  également  drtnné 
de  1.1  fclénite,  de  l'alun,  du  vîtriol,  du  ftl  de  fedliîz  ,  &  à  quelque 
chofe  près,  dans  les  mêmes  proporrions. 

Le  i»rnnic  de  Semur  s'cft  ^fllcmcnt  irouvc  fufceptihie  de  virtiolifa- 
rioh  ,  &  a  donné  les  mêmes  fcls,à  l'exception  de  celui  dcfcdlitxquc 
je  n'y  ai  pas  découvert. 

Enfin,  cous  ces  granits  ctanr  traites  au  feu  dans  les  vaiffeaux  fermés, 
tournilîènt  quatre  à  cinq  gouttes  d'ciu  psr  once. 

Il  réfulte  des  expériences  dont  je  viens  de  rendre  compte  >  que  rophi-^ 
te  &  le  porphyre  font  des  efpèces  de  brèches  ,  dans  la  compoiition  dcf- 
quellcs  la  n.iture  a  fait  entrer  U  terre  vitieftiblc  &  uue  teae  argiW 
ieufe  qui  contenoit  elle-même  du  fer,  de  la  terre  calcaire,  «le  U 
terre    alumùieufe  ,  &   de  -la   teir«  alkaline  ,   bafe  du  fel  de    fed» 

litZ.  ■-:',■■■...■.■  •.  \ 

La  préfente  de  ta  terre  vitreftlbie,  ou  fi  l'on  veut  de  U  pierre  i 
fufil,  eft  avouée  de  toui  lesN-ituraliftes:  en. effet,  les  yeux  feuls  en  fe 
promenant  fur  la  fur&ce  de  l'ophite  &  du  porphyre  I:ivent  la  dirtin- 
guer  ï  mais  il  ne  faut  p.is  s'y  tromper,  les  cryftaux  blancs  dans  ceîui-ci  , 
te  les  cryftaux  verds  dans  celui  U,  neconftiiucnt  pas  feuls  la  totalité 
dé  U'terre  vitrefcible  renfermée  dans  ces  deux  piencsi  U  terre at^il- 
icufe  en  a  retenu  une  portion  avec  laquelle  elfe   s'eft  combinée,  au 

ryirtt  de  former  une  fubftance  alfez  dure  pout  donner  du  feu  avec  le 
riqact .  &  devenir  fufceprible  d'un  beau  poli  ;  propriérés  qu'elle  n'a 
pas  naturellement,  mcnie  lorfqu'elle  a  fubi  la  hpiaiticniion. 

Le  porphyre  &  l'ophice  font  donc  des  pierres  qui  ne  diffèrent  en- 
if'elles  que  par  la  couleur  j  dans  l'un  ,  les  cryftaux  de  quartz  font  blancs 
&  le  ciment  rouge  j  dans  l'autre  ,  ces  mêmes  cryftaux  font  d'un  verd 
tendre  5c  le  ciment  d'un  verd  obfcur;  miis  cette  différence,  quelque 
grande  qu'elle  puinlfc,  n'eft  pas  effemielle  ,  &  le  Chymifte  n'en  eft 
pas  furpris ,  parce  qu'il  fait  que  ces  deux  couleurs  peuvent  être  &  font 
en  effet ,  félon  les  tirconftances ,  produites  par  le  fer. 

Dans  la  partit;  rou;;e  du  porphyre,  dans  celle  qne  i'appcHe  le  ciment, 
ïe  fer  fe  trouve  fous  la  forme  de  chaux  ou  de  colcornar  :  dc-là .  fon 
peu  de  folubilitc  dans  les  acides,  &  le  peu  de  vitriol  maccial  obtenu 
par  la  vitriotifation  de  cette  pierre. 

Or ,  dans  cer  cnr,  le  fer  ne  fe  combine  pas  ;  rcMuit  en  chaux  extrê- 
mement divifée,  il  refte  interpofé  entre  les  parties  de  la  terre  argilleuTe 
&  la  fait  piroîcre  rouge.  Enfin,  fi  les  petits  cryft.iux  de  quarrr  ont  gatdé 
leur  blancheur  naturelle  ,  c'eft  encore  à  lent  d'infolubihic  ,  à  l'état  de 
chaux  où  s'eft  trouvé  le  fer,  lors  de  la  lapidiâcatioii,  qu'il  en  faut  rap- 
porter  la  canfe. 

I>jns  l'ophice ,  au  contraire ,  ce  métal  étoit  en  dîffolution  ,  ou  du 
eioins  dans  un  état  propre  à  La  didolution ,  au  moment  où  la  pétrid- 


SUR   VHIST.  NATURELLE  ET  LES  jiRTS.     45} 

ration  s'opcroic  :  fufcepnblâ  atu»  de  combinatfon,  il  s'eft  uni  à  U 
terre  arçillcufe ,  &  par  une  fuite  de  la  propctitc  qu'il  a  dans  certaines 
circonft.intcs ,  il  l'a  colorce  en  vetd  fonce;  ajjiiTïint  aufTi ,  nuis  plus 
foiblement,  fur  la  terre  vitrefcible,  il  ne  lui  a  communiauc  ^ue  cette 
teinte  légère  qui  fe  fait  remarqvicr  dans  les  crylbux  ptimiatiqucs  d« 
Jophice. 

Mais  fi  les  connoilfanccs  que  nous  avons  acquifes  fut  les  ophites  & 
les  porphyres ,  nous  permettent  de  dire  quelque  chofe  de  vraifembla- 
ble  fut  leur  formation  ,  elles  ont  encore  un  avantage  non  moins  pré- 
cieux, je  veux  dire  celui  de  nous  mettre  en  crac  d'affigner  h  %éiitable 
caufe  de  la  fufibilitc  de  ces  pierres. 

luftruics  pat  Pott  des  effets  du  feu  fur  des  mclaiiges  de  divsrfes  ter- 
res ,  &  nommément  fur  celui  de  la  terre  argilleu(e  avec  U  terre  cal- 
caire &:  le  fable,  nous  pouvons  conclure  avec  certitude  que  le  porphyre 
&  l'ophite  des  Cirées  ,  l'ophice  ou  gt^nitelle  verd  de  la  Vallée  d'Afpe , 
&  en  gcnénl  tmis  les  granits  ne  doivent  leur  fiifîbilité  qu'à  leur  com* 
pofiiion  qui  appioJie  très-fort  des  mélanges  anirtciels  de  fott,  fi  peut- 
être  elle  n'ell  la  même  (i)- 

Le  iroificme  avantage  que  nous  procure  l'analyfc  des  opliitcs  &  de> 
porphyres ,  eft  celui  de  mettre  le  Naturalille  à  portée  de  fixer  la  place 
qu'ils  doivent  occuper  dans  la  férlc  des  connoilfanccs  que  nous  cher- 
chons d  acquérir  dans  l'Hilloire  Naturelle. 

L'expérience  prouve ,  en  effet ,  que  dans  la  fabrique  des  trois  princl*, 
paies  terres  qui  forment  la  couche  fupérieure  de  notre  globe»  la  nature 
va  toujours  du  Iim pie  au  compofc.  Nous  avons  dcji  reconnu  cet  ordre, 
cette  nurche ,  dans  les  marbres  calcaites ,  &  nous  ne  l'obfervons  pas 
moins  dans  les  pierres  virrefcibles. 

Les  pierres  de  ce  genre  qui  doivent  occuper  la  première  place  dans  nos 
Catfinecsou  dans  nos Otafogues, font  le  ayftal  de  roche  ,  le  quartz,  le 
l)Iex  binnc  ,  c'cft-à-dire,  celles  que  nous  reconnoiffons  pour  être  les 
plus  putes.  De-là,  on  pûlTèroit  i  ces  mêmes  pierres  teintes  de  diffcrenres 
couleurs,  depuis  la  pierre  d  fufil  grife  ou  noire  la  plus  commune,  jurqu'd 
l'agathe  que  nous  enchâfTons  dans  J'or.  Le5Jafpes,&  les  autres  pierres 
opaques  que  leur  beauté  rend  prét^ieufes  ,  quand  on  aura  découvert  le 


(i)  Pott  voulant  rendre  raifnn  Je  la  fuCbilicé  du  poipbyrc  5c  de  lopliirc,  Tinn- 
buoit  au  fri  qu'il  avoK  dccouvcrt  ou  loup^onnc  «tins  cet  pierres ,  cii  il  n'cnue 
è^M  aiKtin  dtltatl  fur  cet  obict  ;  mais  une  once  de  ptcric  à  fulil  0c  q'icltiuci  craint 
de  fct  formeroiciit-ils  on  mcUngc  fufiblc  î  Je  ne  le  crois  pas  »  ou  du  rooiin  je  fui* 
port^  a  croire  <\\.iz  ,  s'tl  en  ôit  cipole  un  de  cette  uacurc  au  fej  de  foa  Iburtfau,  it 
ne  iêtoic  p»  picvcnu  à  le  faire  cctrct  en  fonic 


454       OBSERFATIONS   SUR   LA   PHYSIQUE^ 

degré  de  leur  componcion»  crouveronc  peuc-^tre  ici  leur  place  ;vicn- 
drnienc  eiifuitc  te^  pierres  grainces,  tels  cjue  les  grès,  les  ennics  lîm- 
pics ,  les  gr^inits  mélangés  ,  &  compotes  de  matières  différences  ;  on 
nnicoit  par  les  ophites  &  tes  porphyres  qui ,  d'après  l'aiulyfe  »  Tondes 
pierres  Jcs  plus  compoRes  de  toute  cette  clatTe. 

SUPPLÉMENT. 

Le  Mémoire  qu  on  vient  de  lire  étoit  fait ,  &  quoique  je  n  culTe 
tenté  luainc  expérience  fur  le  j.ifpe  vcrd,  j'zvois  cependant  allîgnc  la  pUce 
qu'il  dcvolc  occuper  dans  la  Ictie  de  nos  connotffances  Lichologiques. 
M.  Daubenton  m'excita  à  le  traiter  comme  les  pierres,  &  même  k 
foumetttc  aux  mêmes  opcrSicions  le  jafpe  rouge  >  le  jade  &:  le  feldfpaih^ 
il  eue  même  la  bonté  de  me  procurer  des  échantillons  bien  carattéri» 
i*cs  de  ces  difFérences  pierres,  fur  lefquelles  j'ai  6iit  des  expériences 
dont  les  rcfulrats  onr  compictté  le  travail  que  j'avois  entrepru  fur  le» 
pierres  vicrefcibles  mixtes. 

Effet  d<  Cacide  vtmoiique  fur  les  Jafpes  verJ  &  rouge,  fur  UJade  6*  U 


Un 

fourni 


1  morceau  de  jafpe  verd  pefant  cinq  gros  douze  grains, ayant  été 
is  à  l'avion  de  l'acide  vicriolique  foiole,  donc  U  fut  fculemcnc 
mouillé  ,  refta  en  cet  état  près  de  trois  mois ,  fans  qu'il  parût  à  fa 
furfûce  aucune  efflorefcence.  Les  trois  mois  étanc  révolus ,  on  commença 
à  appeccevuir  quelques  poincs  d'une  boue  jaunâtre  qui ,  augment.mc 
peu-d-pcu  en  grolleur  &  en  nombre ,  couvrirent  vers  le  (îzième  mois 
e  la  furface  de  réchantillon;  il  fe  forma  autTî ,  vers  cette  époque* 


toute 


fept  petits  cryft.iux  d'alun  qui  avoienc  tous  les  caraûcres  propres  a  ce 
Tel  j  vers  le  huitième  mois ,  un  en  découvrit  plulieurs  autres  qui  s  croient 
formés  dans  la  capfule.  Les  points  de  boue  jaunâtre  >  donc  j'ai  parle  , 
n'avoienc  pris  aucun  accroifTcment  depuis  le  lîxicme  mois  ;  c'ctoit  au 
refte  du  virriol  martial  avec  excès  d'acide. 

Le  jafpe  verd  étant  une  pierre  très-dure  5c  très-compafte  ,  l'acide 
dont  on  le  mouille  ne  peut  agir  que  fur  fa  furface  ,  fans  jamais  péné- 
trer au-deli;  aulTi  le  morceau  qui  faifoic  le  fujet  de  l'expérience  n'a- 
c-il  éprouvé  aucune  aUératiou  dans  fa  forme  ,  m  efluyé  aucune  gerçure. 

Deux  morceaux  de  jafpe  rouge .  qui  pefoienc  enfemble  quarte  gros 
quatorze  crains  ,  ont  écc  pareillemeni  arrofés  d'acide  vicriolique  au 
même  inlunt  que  le  jafpe  verd;  mais  ils  n'ont  pas  été  actaqués,  8C 
rien  de  virriolique  ou  d'atumineux,  rien  entîn  de  filïn  ne  s'elc  iiuni- 
feitc  >  même  après  plus  de  dix-huit  mois  d'expérience. 


SUR  L'ffisr,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     4J5 

11  ea  a  i^tc  de  mcme  d'un  morceau  de  jade  dont  l'acîde  vunolîque 
n'a  pu  rien  extraire  dans  !e  mcme  efpace  de  tems. 

Le  feldfpath  ,  au  contraire,  fournis  à  la  môme  épreuve,»  donné  quel- 
ques crydaux  d'alun  \  d'où  l'on  peut  conclure  que  U  couleur  légèrement 
latteufe  de  cette  dernière  pierre  ,  doir  Ôtre  attribuée  à  cette  portion  de 
terre  alumineufe  qui,  diitcminée  dans  toure  la  malTe ,  lui  communi- 
que de  l'opacité  ;  un  peut  auftl  ,  i  ce  que  je  crois,  préfamer  que  les 
cafPures  régulières  ,  qu'a  naturetlemenc  le  feldfpath  ,  font  encore  un 
eflFet  de  la  terre  aluiiiincufe  qui  ,  par  fon  mélange  avec  la  pierre 
quartzeufe  ou  vitrcfcîblc  ,  en  clian^e  la  contexturc ,  accident  qui  a  en- 
gage les  Naturaliftes  i  donner  un  nom  diftindlif  i  cette  pierri;  qui  n'Ml 
OAiiS  le  vrai  qu'un  quartz  mélange  d'un  peu  de  terre  a  alun.  Us  l'onc 
appelle  feldfpath,  dénomination  peu  propre  à  exprimer  fa  narure,  mê- 
me pour  ceux  qui  entendent  la  langue  Allemande  ,  le  nom  de  Spaih 
fcinùHtint  que  lui  donnerK  quelques  Nacuralilles, exprimant  une  de  fes 
propriétés,  nie  paroîtplus  convenable. 

Le  jafpe  rouge  &  !e  jade  ont  l'un  &  l'autre  téiîftc  h  l'acide  virrioli- 
que  ,  quoique  cous  deux  colore:»  par  le  fer ,  ce  qui  n'ctonitera  pas  ,  (i 
à  l'égard  du  jafpe  rouge,  on  veut  Wn  fe  r.ippeller  ce  qui  a  c:é  dit  fur 
la  chaux  marciate  ,  qui  colore  en  rouge  le  niatbre  de  Canipan  &  le 
porphyre  antique. 

A  l'égard  du  jade,  on  ne  ||Fur  pas  employer  le  mcme  moyen  pour 
expliquer  fa  rélillance  à  l'acide  de  vitriol  j  mais  ne  peut-on  pas  l'attri- 
buer non-feulement  à  la  très-  petite  quantité  de  fer  qui  le  colore, 
mais  encore  à  ta  iiianière  intime  dont  ce  fer  efb  combine  ^vec  la  pieccc 
vitrefcible  ,  qui  >  couvrant  la  matière  colorante  en  tout  fens,  l'empcche 
de  fe  prctet  a  l'aâion  des  acides  ? 

Le  jafpe  verd  contient  de  la  terre  d'alun.,  d«  l'argille  &  du  fct,qui 
en  tenant  les  parties  de  la  pierre  vitrefcible  ,  écartées  les  unes  des  au- 
tres ,  donnent  à  l'acide  vitnolique,  le  moyen  de  s'unir  à  tout  ce  qui 
ell  foluble  &  de  former  de  l'alun  &  du  vitriol  de  Mars ,  car  il  eft  bon 
de  noter  que  fi  dans  la  vïcriolifation  du  jafpe  verd,  rapportée  ci-delTus, 
je  n'ai  obtenu  qu'une  très-petite  quantité  de  ces  deux  fels  ,  on  en  doit 
attribuer  la  caufu  à  ce  que  l'échantillon  ayant  été  employé  en  un  feul 
morceau,  ne  nrcfenioit  à  l'acide  que  le  moins  de  fut£ice  pollrble.  Si 
donc  on  vouloit  poulTer  la  virriolifation  de  cette  pierre  aullî-loin 
quelle  pouvroit  aller,  je  confcilletois  de  la  réduite  en  poudre  hue, 
alors  les  furtaces  multipliées  offriroient  le  nioyen  d'en  retirer  tout  le 
fet  &  toute  la  terre  alumineufe  qui  peuvent  y  être  contenus. 


t5ff       OBSERVATIONS  SUR  IJ  PHYSIQUE  , 

EXAMEN  dt  diux  Pierres  nouvtlUmcnt  envoyées  des  Montagnes  du 
Oauph'mè  par   M*  yiilar. 

J'ai  déjà  donné  dans  mon  deuxième  Mémoire  l'anatyfe  de  deux 
marbres  mélangés  de  fchifte  &  de  pierre  vicrefcibki  je  vais  encore  en 
cicer  deux  pour  exemple,  dont  l'un  fur-tout  a  un  rapuorc  immédiat 
avec  les  pierres  donc  il  eft  queflion  dans  ce  <]uaïricme  Mémoire. 
C'eft  encore  M.  Daubenron  qui  m'a  procuré  \^s  échantillons  fur  lef- 
qucls  je  fais  mes  expériences  ,  &  c'eft  i  M.yillar ,  Boranifte  très-connu , 
que  les  Naturaliftes  font  redevables  de  la  découverte  de  ces  deux  pier- 
res qui ,  par  la  luigularicé  de  leur  compolîtion  ,  ne  peuvent  manquer 
d'intérclfcr  ceux  qui  s'occupent  de  Lithogêognojte. 

Le  travail  que  j'ai  commencé  fur  ces  pierres  n'ed  pas  encore  porcc 
si  Ta  fin ,  mais  il  efl  oHez  avancé  pour  pouvoir  prononcer  fur  leur 
compudrion. 

La  première  e(l  un  marbre  mixte  qui  a  une  difpofition  fmgulière 
à  fc  fendre  en  long  ^  la  manière  du  bois ,  ce  qut  pourrait  la  faire  pren- 
dre pour  du  bois  pctritié  Ci  un  ne  t'obfervoit  que  Icgcremcnr  :  un  de 
ces  morceaux  poli,  dans  toute  la  longueur, offre  aux  yeux  un  marbre  rayé 
de  blanc  &  de  cris. 

Les  bandes  blanches  font  du  marbre  blanc  qui  contient  quelques 
fragmens  de  quattz;  les  bandes  grifesffont  compofées  de  fchifte,  de 
pierre  calcaire  Se  de  menus  cryftaux  de  quartz  \  le  fer  ne  m'a  paru  juf- 
qu'ici  s'y  trouver ,  les  crylbux  de  quartz  fonr  d'ailleurs  en  lî  grande 
abondanceidans  la  partie  fchifteufe  ,  qu'avant  le  poli  on  la  prendruic  à 
l'œil  &  au  uâ ,  pour  un  grès. 

Si  on  frappe  les  bandes  grifes  avec  le  briquet ,  on  en  tire  fréquem- 
m£nc  des  étincelles ,  mais  il  n'en  e(l  pas  de  même  des  bandes  blan- 
ches ,  d  moins  que  le  hafacd  ne  falfe  rencontrer  quelque  portion  de 
qturcz. 

Les  acides  de  nitre  &  de  fcl  marin  attaquent  cette  pierre  avec  viva- 
cité,  &c  bientôt  les  bandes  blanches  font  détruites;  les  grifcï,  au  con- 
traire ,  quoiqu'elles  aient  foutfeit  l'aiition  de  l'acide  ,  paroiffent  fub- 
ilfler  dans  leur  entier  j  mais  Ci  on  les  touche  ,  elles  le  brifent  en  fe 
ccduifant  partie  en  poudre,  partie  en  Tablon  ircï'lîn.  Si,  au  contraire) 
on  opère  avec  précaurion  &  qu'on  ait  expofé  a  l'acide  un  morceau  de 
cette  pierre  pefant  au  moin^  une  once  ,  on  s'appcrtevra  d'un  effet 
aifez  remarquable  de  la  terre  fchilteufe  fur  le  fciuelctte  de  cette  pierre  qui 
quoique  privée  de  toute  la  terre  calcaire  dont  elle  étoit  accompagnée,  con- 
ierve  cependant  la  forme  d'aiguille  jufque  dans  fes  plus  petites  divitions. 

La  partie  qui  conllitue  les  bandes  grifes  a  ,  comme  on  le  voit,  foufferc 

un 


SUR  VHïST.  NATVREtlB  ET  LES  ARTS.     4$7 

ua  dérangement  confîdécabie  dans  Ton  aggrégadoa,  l'acide  y  ayant 
trouvé  de  la  terre  cîlc.iire  difliïminée  encce  les  grains  de  quartz  éc  le 
fchiAc,  en  a  fait  la  diirolucion(i)  &c  il  n'eflteftc  d'incaâ:  que  les  deux 
dcrni^e^  fubftances  qui  foiblement  unies  l'une  à  l'autre  coiilcrvoient  en- 
core la  propriété  de  le  fendre  en  long  ,  que  nous  avons  obfervée  dans 
la  pierre  avant  que  Ton  aggrcgation  ait  été  dérangée  par  l'acide  dont 
Taâion  tumultueufe  a  aulTi  produit  le  déplacement  de  l'air  &c  de  l'eau, 
que  nous  favons  être  l'un  éc  l'autre  la  principale  caufe  de  toute  lapi- 
ailication  calcaire. 

La  féconde  pierre,  quoique  tirée  dans  Je  voîfinagc  de  la  première , 
en  diffère  cependant  à  oien  des  éeards.  Nous  avons  obfervé  que  la  pre- 
mière fe  fcndoii  avec  facilité  en  longues  aiguilles;  l'autre  au  contraire 
a  de  la  difpodtion  i  fe  divifer  par  lames;  la  première  pour  tout  dire 
en  un  mot,  cft  un  marbre  mixte  «tandis  que  la  féconde.  ^  en  jusi^er  d'après 
les  écluncillons  que  j'ai  fous  la  main,  cfl  d'une  compolltion  fi  compli- 
quée, que  je  ne  crois  pas  qu'on  puille  l'appellet  marbre:  à  la  vériré  elle 
contient  dans  quelques-unes  de  les  parties,  plus  de  la  moirié  de  fon  poids 
de  pierre  calcaire  ,  mais  auflî  ,  it  en  cil  tant  d'autres  où  les  grains 
quartzeux,  mclcs  de  fchoeil  noir  ,  de  fchocrl  vert&  d'un  peu  de  mica, 
s'y  rencontrent  en  d  grande  abondance,  qu'ils  mafquent  le  peu  de  terre 
calcaire  qui  y  ell  dilleminée  ,  au  poinr  de  ne  permenre  pas  i  I'œU  de 
l'Gbfcrvateur,  de  faire  foupçonner  qu'elle  y  foit  recelée. 

Le  mélange  des  ditfccenres  matières  dont  cette  pierre  eft  compofée 
n'cft  donc  pas  uniforme  ;  là ,  le  fchoerl  noir  fe  rencontre  abondam- 
mem  ;  ici,  la  loitpe  n'en  lailfe  appercevoir  que  quelques  parcelles  ; 
tantôt,  le  fchucrl  verd  eft  le  dominant ,  tantôt ,  c'ell  le  nuir;  la  mcmc 
variété  fe  rencontre  dans  les  grains  quartzeux.  Quant  ï  la  terre  calcaire, 
elle  eft  quelquefois  répandue  dans  la  pierre  en  cryftaux  fpathiques  » 
quelquefois  aufïi  elle  y  cft  ralfcmblée  en  malTe  continue ,  enfermée 
entre  deux  couches  du  mélatige  précédent.  Un  cchanrillon  d'environ 
trpis  pouces  de  long,  fur  un  pouce  &  demi  de  largeur,  étoit  traverfé 
dans  fon  milieu  par  une  bande  de  marbre  fpathique  d'environ  trois 
lignes  d'cpaitleur:  on  voir  dans  cette  ponion  vraiment  calcaire  &  colo- 
rée en  rouge  très-léger ,  quelques  petits  cryftaux  de  fchoerl  verd  ré- 
pandus çà  &  là  entre  les  cryftaux  fpathiques, qui  eft  la  forme  fous  U- 
quelle  la  terre  calcaire  fe  rencontre  conftamment  dans  le  morceau  donc 
je  parle, 

,    Au  refte,  cette  pierre  fe  prête  facilement  à  Taiulyfe,  &  l'acide  de 
une  ou  de  fcl  marin  en  dilTulvaut  la   terre  calcaire  ,  le  fur ,  (  cac 


(t)  D'apics  une   cipéncace  conftatite ,  oo  vcot  foupçonner  dans  ce  rchiftc,dclt 
Mii$  li'aloii  fie  de  fel  de  Scdliiz  qui  autout  également  iii  diiToutes. 

Tom<  XIK^  Paiu  IL  ly/y.        D  É  CE  MB  RE,      N  n  a 


45«      OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE, 

celle-ci  en  contient  )  &  les  autres  fiibltinces  fut  Icrqtiellcs  il  peuc  agir  » 
fcpare  les  grains  de  quarcï ,  les  fchoerh,  &  le  mica ,  ce  qui ,  fans  atten- 
dre lie  nouvelles  expériences  fur  U  nature  des  autres  terres  cjue  l'acide 
viirtuliquc  nous  Fera  connoître ,  futHc  pour  nous  prouver  qu'il  y  a  dans 
le  globe  des  mélanges  où  les  detritui  de  granit  font  conJFoudus  avec 
la  terre  calcaire  &  ta  terre  argilleufe. 


CONCLUSION, 


En  analyfanc  ,  par  la  voie  des  combinaifons ,  les  pierres  vitrefcibles 
iixces>  nous  les  voyons    compofccs  de   t(tfre  vitrefcible  proprement 


dite,  de  terre  argilleufe  ,  de  terre  d'alun  ,  db  terre  de  fel  de  Sedlicz  » 
d'un  peu  de  fer  ,  &  de  terre  cnlcnire.  Ce  m(!'Iange ,  divetdHé  par 
les  proportions  dc'clucune  des  fubftances  que  je  viens  de  nommer, 
forme  les  porphyres  »  les  onhitcs,  &c. 

Les  granits,  quoique  fort  durs .  font  cependant  plus  fragiles  que  l'ophice 
&  le  porphyre  ;  la  raifon  en  eft  bien  fimple,  cette  pierre  qui  ne  contienc 
que  peu ,  uu  point  d'aigille  fe  rapproche  des  grès  par  fa  manière  d'être 
agglomérée^  les  crytlaux  de  quaiu,  de  fetdfpath,  de  fchoerl,  les  pail- 
lettes de    mica  dont  elle  efl  cumpafcâ  ,  ne  fe  trouvant  pas  enfermés 
dans  un  ciment  lapîditic  ,  n'ont  point  cntr'euic    cette  cohérence  que 
l'on  remarque  en:re  les  parties  conuituantes  de  l'opliite  Se  du  porphyre: 
audi  voyons-nous  le*  granits  fubit  une  détouipolition  fponranée  beau- 
coup plus  prompte  que  celte  des  deux  autres  pierres  (i). 
.   £n  effet,  dans  le  porphyre  ,  dans  l'cphiie  antique  ,  &  dans  le  çra- 
nîielle  de  la  Vallée  (i'Afpe  ,  les  portions  de  quAra,de  feldfparh  ^ont 
entourées  d'un  ciment  de  terre  vitrefcible  &  de  terre  argilleufe  >  qui 
en  fe  cumbmant  Tune  avec  l'autre  ,  ont  pris  une  forte  conlilUnce.  ce 
qui  a  donné  à  la  malTe  ce  plein  &  cettf  cohérence  de  parties  qui  f^ 
ront  toujours   didtnguer  ces  pierres  d'avec  les  granits. 

la  matière  que  ['appelle  le  ciment  de  l'ophite  ^  du  porphyr»^ 
a  nn  rapport  trts-fenliblc  avec  le  jalpe  verd  ,  qui ,  s'il  croit  parfemcdc 
cryfVaux  de  quartz  ou  de  feldfpach,  rormeroit  un  poiphyre  verd  ou  un 
ppliîte. 


(i)  Ccixe  déeampoGtîon  aara  écé  appcrçue  <Ie  tous  ceux  miî  auront  parcouru 
des  banJci  Je  {^Tjmts.  Loif^^u'oa  cntic  d^ot  U  chaîne  des  Pyrénées,  Jk.  qu'cm  s^ 
pioche  dcî  nioiiu^ne^g'anitcurc*;,  on  rencontre  fréqiK-mment  dans  le  ftind  des  Vjllées 
An  malfci  ifclccs  de  grinic ,  «Icvenu  Ç\  friable»  tju'ou  peut ,  en  un  iuA^u  .  à  l'aifir 
duo  codtcaj  ou  même  dun  bâton,  y  fïire  un  troo  de  plulicuis  pieJi  de  dumétrc , 
H:  dont  \»  profondeur  ne  fera  letnuaée  <^%  la  rcnconnc  du  no^au  central  qui  n'a 
|ias  ciKOïc  éprouvé  d'altétaiion. 


SUR  VNIST.  NATURELLE  ET  LES  ^RTS.     459 

Je  l'ai  déjà  die,  les  Pyréuées  (i)  ne  fonc  ea  gcncral  formifcs  que 
de  crois  pierres,  fchtfte  ou  pierre  acgiUcufc,  marbre  ou  terre  calcaire  , 
granit  ou  rerre  vitrefcible.  Les  deux  premières,  le  (chifte  (1)  &  le 
marbre  forment  alcernacivement  des  couches  qui  m'ont  paru ,  i  l'égard 
du  marbre,  avoir  quelquefois  pluî  dune  demi-  lieue  dcpaiireur. 

Or ,  quelle  fera  la  partie  de  cette  épaifleur  où  on  poutra  trouvée 
les  marbres  que  j'ai  appelles  mixtes ,  tels  que  les  Cipolins ,  les  Aman- 
dolins,  le  Caropaii,  &c,  ?  Ce  ne  fera  ordinairement  pas  vers  le  cen- 
tre qui  eft  prefque  toujours  un  marbre  fimple  ou  blanc  ,  ou  foiblemenc 
coloré  y  mais  on  fera  sûr  de  les  rencontrer  vers  le  lieu  où  les  futfaces 
des  deux  couches  font  en  contact  ;  c'eft  U  que  fe  font  fait  les  mélan- 
ges qui,  pat  la  fucceflion  des  lems  ,  ayant  pris  la  confiftance  Ôc  la 
dureté  que  nous  connoilTons  aux  marbres  mixtes  ,  ont ,  pour  ainfi  dire  , 
fait  une  foudure  qui  unit  en  beaucoup  d'endroirs  la  couche  de  ichîfle 
avec  la  couche  de  marbre. 

A  l'égard  des  granJts ,  je  ne  crois  pas  qu'on  puifTe  leur  appliquer 
ce  qui  vient  d'être  dit  :  tout  femble  prouver  que  dans  les  l'yrcnces 
cette  pierre  ti\  la  bafe  fur  laquelle  les  couches  de  marbre  Se  de  fcbiHe 
fe  font  formées. 

Il  n'ed  cependant  pas  rare  de  rencontrer  des  mélanges  de  granic 
6c  de  fchiftei  on  trouve  ,  en  cfTeCj-dans  les  couches  de  cette  d^ntère 
pierre,  des  malfes  fchifteufes  parfemces  de  grains  de  quartz,  de  mica, 
&,peut-crre  aufii,  de  tcldfpath.  Les  ophires  antiques  ,  le  granicelled© 
U  Vallée   d'Afpe  ,  fur -tout ,  font    des  pierres  dans   la  coropofition 


(1)  C'efl  toujours  dons  ces  montagnes  que  je  vais  chciclici  tncr  preuves  i  j'aî 
moins  bien  obfcrvé  les  Alpes  Framoifes,  la  Hati te- Auvergne  ,  le  Roucrguc,  le  Haut- 
limoulia,  les  C^veoocs,  que  la  Pyrénées,  pour  Icfqucllcs  ;'ai  toujours  eu  une  piédi« 
Icâion  qui  me  fera  pardonnéc  niccnc  par  ceux  qui  n'aucoui  fait  que  les  appcrccvotr. 
D'aillcuts ,  ccccc  chaîr^c  otfVc  au  Nacuialiftc  un  oiurccau  ,  pcui>ccie  unique  dans  le 
globe,  en  ce  qi<e  dans  une  étendue  de  plus  quatre-vingt  lieues  &  une  épailTcur  de 
vinf,t ,  fur  une  élévation  de  plus  de  quinze  ccac  toifes  ,  oa  ne  rencontre  pas  le  moin- 
dre vcfligc  de  volcan.  Ce  qu'on  n'y  voit  point  de  ces  éoormcfi  alî'aiircmcns  qui  bou- 
levcrrcnt  tout ,  Se  ne  lailTcni  à  l'Obrcrvarcnr  que  te  ttifle  foc^acle  d'un  cabos  où 
il  ne  peut  tien  appicndrc  fur  la  formation  du  grand  édifîvc  dont  il  ne  voie  plus  nue 
les  décumbics.  Je  le  répète  cncoïc  j  tzik  dans  le  chaîne  des  Pyténccs  qu'il  faut 
aller  prendre  des  Icçdns  fur  U  formation  des  montagnes}  &  peut-être  qu'après  les 
avoir  bien  étudiées ,  00  fcca  tenté  d'attttbucr  leur  inclinaifon  à  une  toute  autre  caaft 
^quc  celle  qui  paroîr  aujourd'hui  généralement  adoptée  par  les  Naïutaliflcs. 

.  {1)  On  entend  communément  par  le  fchiftc ,  toute  jicne  qui  a  la  propriété  de  & 
{codie  en  lames  ou  rcu.îltes,  par  exemple .  les  ardoifcs.  Je  généralifc  davantage  ce 
Doni,  je  le  donne  à  toutes  les  pierres  at^illcufes ,  foit  qu'elles  fc  fendent  en  lames  . 
Toit  qu'elles  fe  fendent  en  priTmes,  ou  Tous  toute  autre  tortue,  pourvu  qu'elles  aient 
UQc  régulaiité  conltattce  dans  leurs  ftaâurcs. 

1779.    DÉCEMBRE.    Nnn  1 


4tfo      OBSERVATIONS  SUR   LA  PHTSIQUE^ 

defquelles  on  retrouve  les  mimes  ctyf^aux  ;  mais  ces  mctan^es  ir'onc 
rien  de  rurpreiLint  ,  quand  on  cond^éxc  que  la  mer  ,  en  dccruifanc 
les  rojhers  gr.mitcux  qu'elle  cuuvruitt  en  dctachoit  coiinmicllemcnt  Us 
grnins  dont  ils  fouE  compofcSj  fc  en  formoït  une  forte  de  fable  on 
menu  gravier  qiù  ne  tamolc  pas  a  fe  fixer  dans  ta  boue  argilleufe  dc- 
pofce  au  pied  Se  fur  le  talus  des  montagnes  de  granit. 

On  trouve  aulTî  quelquefois  de  la  pierre  calcaire  dans  les  mcbnges 
de  fcliifte  &  de  pierre  vittcfctblc  ;  des  Jetrùus  de  granits  ont  érc  portés 
dans  des  boues  argillcufes  Sc  calcaires  ,  ce  qui ,  par  fucceflïon  de  tems, 
a  forme  des  marbres  compcfcs  de  crois  fubflances  :  j'ai  cite  dans  mon 
fecohd  Mémoire  fur  les  pierres ,  pour  exemple  ,  un  cipolin  de  l'an- 
cien Aurun  ,  un  marbre  polizone  d'Italie  ,  pireil  à  celui  donc  font  fai- 
tes les  colonnes  qui  décorent  le  Maître- Autel  de  l'Hglife  de  S.Tint- 
Germain-desPrcsi  j'ai  ijouré  dans  ce  quatrième  Mémoire  deux  antres 
exemples ,  l'un  d'un  marbre  fcliifteux  dans  lequel  il  fe  ccncontrc 
beaucoup  de  petits  cryftiux  quartzeux  ,  l'autre  d'un  marbre  couipofc 
de  grains   de  quartz ,  de  fclioerlj  de  terre  calcaire  ,  &c.  ' 

Ces  diifcrentcs  pierres, ainlî  que  les  porphyres,  les  ophites antiques, 
legranitelle  de  la  Vallée  d'Afpi.»  foni  des  pierres  de  féconde  Se  peut- 
ctce  racme  de  croificms  formation  ;  ce  ne  lune  que  des  mélanges  faits, 
en  des  proportions  ditTJrentcs,  de  toazes  les  matières  dépofées  pat  U 
mec  dans  les  parties  de  fon  vafle  ballîn  ,  que  des  cirtonftances  avolenr 
rendues  propres  A  les  tixei. 

La  mer,  quelle  que  foie  fon  agitation ,  ne  fait  dans  fon  fond  que  gîifTec 
iiir  les  dépôts  terreux  que  même  elle  an~crmic  pat  fon  poids ,  tandis 
qu'elle  paroîc  aux  yeux  de  celui  qui  la  contemple,  employer  rouies  fei 
Kjrces  contre  les  rochers  qui  s'oppofcnt  à  Ces  courante  \  elle  dcraclu 
donc  des  blocs  de  grarrit  qui,  roularK  à  travers  les  ondes  fur  le  taluft 
de  la  montagne  donc  ils  faifoienc  partie  un  inftant  auparavant,  alloienc 
s'enfoncer  dans  des  dcpors  qui  nous  paroilTënr  aujourahui  très  éloignes 
des  pics  graniteux.  Or ,  ces  blocs  donc  qusiques-nns  font  d'une  grof- 
feur  énurme  ,  ionc  ceux  que  nous  rcnc^uitrons  enfermé»  dans  I&î  cou- 
ches fchifteufes,  titntin  plus,  tantôt  moins  proKjndémenc  en  rairondfr 
répoquede  leur  duite  (i). 

Je  finis  pir  une  cédcxion  fur  les  granits  proprement  dits ,  regardes 
coimne  pierre  de  première  formation ,  Ôc  comme  faifim  La  baie  da 
globe. 


{i)  J'ai  eu  ocrafioo  de  voie  de  cet  blocs  cafcrméf  daus  le  fctûlU  à  des  profondcais 
de  ucis  i  i^uatic  cent  totfts. 


SVR   VniST.  NÀTURBllE  ET  LES  ARTS.     ^€i- 

On  a  dû  être  bien  moins  étonne  de  trouver  dans  les  granits  analyfcs, 
le- fer  &  les  terres  qui  fervent  de  bafe  à  l'alun  &  au  fel  de  Sedlicz ,  <^q 
d'y  rencontrer  la  terre  calcaire  ,  qai  par  fa  préfence  femble  contredire 
le  fyftcme  adopté  fur  l'origine  d»  cette  même  terre ,  ou  du  moins  ce- 
lui qu'on  a  étaoli  fur  la  formation  du  granit. 

J'avoue  que  les  expériences  qui  m'ont  fait  reconnoître  la  terre  cal- 
caire dans  ce  genre  de  pierres ,  demandent  i  être  répétées  fur  d'autres 
échantillons.  Ceux  que  j'ai  examinés  provenoient  des  ruines  de  Tan- 
cien  Autun.  Employés  par  les  Romains  à  la  décoration  de  leur^andi 
édifices  ,  ils  ont  été  fixés  aux  autres  pierres  par  un  ciment  fait  avec  la 
chaux  \  d'ailleurs ,  enfoui%|^ndant  une  douzaine  de  fiècles  fous  des 
décombres ,  ils  ont  pu  s'imprégner  de  quelques  portions  de  terre  cal- 
caire qui  fe  feront  introduites  dans  des  gerçures. 

A  l'égard  de  celui  de  Semur  qui  a  aulTi  donné  un  peu  de  félénitCi 
on  doit  également  avoir  quelques  doutes  fur  fa  pureté.  Le  morceau 
qui  m'a  été  donné  pouvoit  avoir  refté  long-tems  à  la  fuperîîcic  de  U 
terre»  &  avoir  reçu  de  l'atmofplière  quelque  fubftance  calcaire j  que 
faiton  ?  En  fait  d'expériences,  il  faut  toujours  fe  tenir  fur  fes  gardes. 
Combien  de  procédé?  ont  réuffi  une,  deux  &  trois  fois  ,  qui  n'ont  eu 
aucun  fuccès  à  ta  quatrième,  que  dis-je,  à  la  dixième  Zc  pat  conféqueiit 
qu'il  a  fallu  regarder  comme  nuls. 

Il  eft,  fans  doute,  intérelfant  pour  l'hifloire  naturelle,  de  conflatet 
n  tous  les  granits  contiennent  delà  terre  calcaire,  ou  n'en  contiens- 
nent  pas.  Je  fouhaite  que  des  Chymiftes  verfés  dans  le  manuel ,  veuil- 
lent concourir  à  vérifier  l'affirmative  ou  la  négative  ;  je  vais  de%ôn 
côté  me  procurer  des  échantillons  qu'on  ne  pourra  pas  fufpeâ^r  ^ 
&  faite  tous  mes  etForis  pour  découvrir  la  vérité  d'un  pareil  fait  (i). 


(i)  Dans  ce  M<!moirc  j'ai  parlé  du  fcliocrl  «  fanfi  rien  dire  de  fa  compofition  ;  mais 
piiifqae  l'cccafinn  s'en  pr^fcote  ,  je  crois  devoir  annoncer  qu'ayant  ezpofé  à  l'iâion 
lie  l'acide  viiîtolique,  deux  onces  d'un  fchoerl  du  Limoulin  qui  cfl  d'une  couleur 
noire  fgncéc,  en  maire  pleine  &  parrcméc  de  quartz  blanc,  la  vitriolifaiion  s' eft  faite 
très-aifément ,  Se  q'jc  par  ce  moyen ,  il  a  étà  retiré  fept  gros  &  demi  d'alun  fàli  par 
un  peu  d'ochre  ,  cnf.nte  qie  dî-jx  onces  de  ce  fchoerl  contiennent  prés  de  deux  gros 
<ie  terre  alumir.ejfc  £c  une  tics^fctits  portion  de  fer. 


4^1       OBSERrAflOKS   SUR   LA   PHYSIQUE, 


MÉMOIRE 

Sur  une  nouvelle  caufc  de  la  Pluie  ^ 

Par  M.  Bertholon  de  Saint-LaZARe  ^  Je  t Académie  des  Sc'un* 
ces  de  Marfe'tiU^  Béliers,  Montpellier ,  î^on j  Dijon ^  Nifmes^  ToU' 
huft  j  Bordeaux  y  &c.  ^4k 

JTarmi  Us  câuTes  de  la  pluie  ,  fur-couc  de  celle  qui  rcfulce  d'une 
nuce  oragctife ,  il  en  eA  une  qu'on  paroic  avoic  oubliée,  c'efl  ta  rcpui- 
iion  cledirique.  Pour  pcouver  cctce  alTertion ,  je  vais  rappcllei  quelques 
principes  certains  que  Vcxpéiieiice  &  l'obfervation  nou^  ont  appris.  Les 
nuages  orageux  foiic  cleâiiqucs ,  puifqu'ils  portent  la  foudre  qui  efl 
elle-même  un  plicnomène  d'cleâricité.  ÂufTi,  leur  prcfence  eft-clle  an- 
noncée par  des  étincelles  cleitriques  ,  qu'on  tire  des  condudeurs 
élevés  pour  foutirer  l'électricité  acmofphcrique.  Les  corps  cle^rifés  fe 
repDulTent  mutuellement ,  Se  cette  rcpulfion  eft  proportionnelle  i  li 
force  de  l'éleclcicitc  dont  ils  font  doués.  Une  aigrette  de  verre  qu'on 
cleéïrife  offre  un  joli  fpeâacle  \  tous  les  filets  dont  elle  eH  compofée 
deviennent  diver^ens ,  &  leut  écartement  refpe^if  eft  en  rapport  avec 
J 'énergie  de  l'éleàricité  aâuelie.  Tous  les  corps  légers  dont  la  furfacc 
d'un  corps  quelconque  cleAtifé  peut  ctre  patfemée, étant  eux-mêmes 
éleéhifés  ,  font  repoufTcs  de  ce  corps ^  ainlî,  du  tabac» du  fon,  répandus 
'fur  le  conduÛeur  éleârique  font  difperfés  en  un  inftant. 

De  ces  principes  inconteilables,  il  téfulte  nécelTà  ire  ment  qu'un  nuage 
orageux  étant  dans  un  état  actuel  d'cleûricitc  trcs-puifTante ,  les  par- 
ticules aqueufes  dont  il  eft  compofcy  fur  tout  celles  qui  font  à  fa  fur- 
face,  doivent  tcrc  foumifes  i  la  rcpulfion  éleÔrique.  tltes  {eront  donc 
difperfées  en  tout  fens  ,  &  produiront  par* là  même  une  efpcce  de 
bruine  y  donc  les  gouttes  augmentant  fuccelEvemeiit,  foit  par  leur  ren- 
contre fottuite  avec  d'autres  gouttes  ,  foit  par  l'actelTîon  des  vapeurs 
aqueufes  répandues  dans  l'atmolphcrc,  tomberont  fur  la  terre  fous  tbc- 
me  de  pluie  ,  parce  qu'elles  font  alors  fpéciBquemcnt  plus  pefantes 
qu'un  égal  volume  d'air.  Leur  chûie  fera  encore  accélérée  par  l'attrac- 
tion éte^que  qui  régne  encc*eUes  &  la  terre  :  voili  ce  qui  arrive  aux 
particules  aqucules  qui  font  aux  eûtes  &  i  la  furface  inférieure  du 
nuage  éleûnco-orageux.  Celles  qui  font  au-deifus  ,  par  les  mêmes  cau- 
fes  fe  réuniront  &  lecomberouc  dans  le  nuage  ,  ^  dt>U  ,  dans  k  balle 


SUR   VHiST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS,      4^, 

fcgion.  Mais  après  cecre  dirperdon  des  particules  aqueufes  de  la  Airface, 
les  nouvelles  molccutcs  a^ueufcs  qui  formeront  la  fupcriicie  tocalc  da 
nuage,  fe  trouvant  dans  les  mcmes  circonlbuKcs  que  celles  qui  ont  été 
évaporées  ,  ou  plutôt  repoulTées,  éprouveront  le  même  fort  que  les  pre- 
mtr^res  ;  &  ainù  de  fuite  jufqu'à  la  réfolution  complette  de  tout  le 
AU^e  en  pluie,  ou  jufquU  ce  que  la  vertu  cle^iquefoit  entlèremenc 
éteinte. 

Les  gouttes  de  pluie,  dans  leur  cliûte ,  communiqueront  IcIeÛricité 
du  nuage  orageux  aux  particules  aqueufes,  répandues  dans  la  baffe  ré- 
gion de  l'air  qu'elles  parcourront  en  tombant  fur  la  terre  ;  c'eft  par  cette 
caufe  que  l'ait  paroîtta  cUchiquc,  en  donnant  tous  les  (igne^  les  plus 
marques  d'éleftricitc.  Ces  gouttes  de  pluie  éleârifccs,  qui  tombent  fuc- 
ceflivement  du  nuage  orageux,  communiquent  leur  feu  éle^riquc  en 
iraverfinc  ratmofpKère,  non  à  l'air  qui  n'ell  pas  conducteur,  mais  ans 
molécules  aqueufes  qu'il  tient  en  dillblution  ,  Se  qui  de  cette  manière 
font  cleârifccs  par  communication,  l  a  tranfmi(Iion  du  fluide  éled^rique 
fe  fart  de  proche  eu  ptoclie»  &  mcme  avec  une  très-grande  vîiclle; 
puifquc  f  Iclon  des  expériences  trèscondAntes ,  la  ctanfuii/lion  delà 
matière  électrique  s'opère  dans  un  indant  indifceinable  :  auni,  les  con- 
ducteurs élevés  pour  recevoir  l'éleftricité  naturelle  de  rannofplîcre ,  no 
d^nnent-iU  jamais  de  plus  ibnes  étincelles  que  peu  avant  ou  dans  le 
reras  de  la  réfolution  du  nuage  orageux  en  pluie.  Je  ne  nie  point  que 
l'air  ne  devienne  cleétrique  par  frottement  ou  par  mille  autres  caufes, 
mais  je  crois  qu'il  el>  impolGbIe,  d'après  toutes  les  expériences  &  les 
obfervations  faites  par  le>  modernes,  qu'il  foit  pat  lut-mcme  un  vrai 
conduâenr  d'éle^ricité. 


-—■   -— — -  — — .- o f   —         —        r . —-*.,•■  , 

elles  fe  touchent  3c  forment  un  condudleuc  continu  jufqu'à  la  terre,  & 
alors  l'éleâiicité  ,  communiquée  par  l'air  de  la  moyenne  région  ,  fe 
dilllpe  en  fc  répandant  dans  notre  globe.  C'eft  ce  qui  n'arrive  point  lorf- 
que  lait  eft  plus  fec  ou  moins  humide^ les  v.ipeurs  aqueufes  font  dans 
ce  cas  plus  rares  ,  plus  dîfperfées,  &  chaque  molécule  conferve  fon 
attnofphère  électrique.  L'oblervation  confirme  cette  théorie  :  tandis  que 
certains  vents  humides,  les  vents  de  mer,  par  exemple,  régnent,  Uir- 
tout  dans  les  pays  maritimes,  il  n'y  a  aucune  électricité  fcnfible  dans 
l'atmofphère  ,  mais  elle  patoît  avec  force  lurfque  les  vents  du  nord 
exercent  leur  empire.  I  a  raifon  en  ert  évidente  d'après  les  principes  que 
je  viens  de  rapporter-,  les  vents  de  mer  fouillant  &  tr.mfport3nt  une 
quintité  ptodigieufè^de  particules  aqueufes  qui  fe  touchent  >  il  y  a  dans 
J'air  un  condufteur  continu  jufqu'à  la  terre.  Tandis  que  les  vents  du 
nord  ont  lieu ,  le  nombre  des  molécules  aqueufes  difféminées  cutxe  les 


4fi4        OBSERrATlONS  SUR  1.4  PHYSIQUE^ 

parties  de  l'air  dl  beaucoup  moindre;  &  nul  conduûeiic  continu  n'étant 
étibli  encre  la  baife  cégton  de  l'atmorphèie  &  la  ceixe ,  l'élcâ^rictcé  aérienne 
n'eft  point  diiîipce. 

Lorfciue  les  nuages  font cleftrifcs  négativement,  &  la  terre  dans  un 
érac  d'éleftricité  pofirivc,  les  phcnomàies  doivent  ctre  fembLbles  à  ceux 
qui  arrivent  dans  le  cas  où  ils  font  doues  d'une  cleâricitc  poiitive , 


qu  us  lont  attires  par  ceux  en  qui  règne  iciectncuc  par 
pluie  tombera  également  du  nuage.  Cette  pluie  qui  tombe  fur  la  fupct- 
ficie  de  la  terre,  peut  être  appellée  avec  jufte  raifon  dej'cenJantt.  Mais 
des  que  la  maffe  de  l'aimofphère  eft  éleârifce  négativement ,  la  terre 
étant  éleârîque  par  condenfationou  pofîtivement ,  les  particules  aqueu- 
fes  renfermées  dans  la  terre  près  de  fa  furface ,  feront  foumifcs  à  la  vertu 
éle^rico-répulfîve  de  la  terre  >  &  à  la  force  attraélive  de  la  maOe  de  l'ait 
atmofphérique ,  &  confcquemmenc  s'élèveront  dans  l'air.  Cette  pluie 
crcs-âne ,  &  fouvent  imperceptible  ,  mérite  d'être  nommée  pluie  Jfcen- 
4anu  j  comme  réle(Slcicué  qui  s'échappe  de  la  terre.  Telle  cil  l'origine 
de  la  rofce  qui  s'élève  de  la  terre  ou  ae  la  rofée  afctndante  j  des  brouil- 
lards &c  des  autres  météores  aqueux  >  dont  la  diredion  efl  de  bas  en 
haut.  Cet  effet  fera  encore  le  même  dans  le  cas  où  la  terte ,  chargée  de 
particules  aqueufcs  à  fa  fupetficie,  fcroit  élcârifée  par  ratéfa^iou  ou  pac 
d.cfaut,  l'acmofphcre  étant  dans  la  même  circonftancc  cleûrifce  pofitive- 
men^  Les  loix  de  l'équilibre  propre  à  cmis  les  Auîdcs  &  particulièremeuc 
à  celui  de  l'éleéiricitc,  exigent  cette  communication  réciproque  &  alter- 
native entre  notre  globe  Se  l'acmofphcre^  &, comme  je  le  difois  dans 
mon  Mémoire  fur  la  foudu  afcendame  &  fur  un  nouveau  par.t-fonncrre  , 
des  obfervacions  aufli  multipliées  que  confiantes  nous  ont  forcés  à  ne 
pas  méconnoitre  ce  commerce  réciproque  qui  exifte  entte  la  terre  &  les 
cîeux. 

En  bonne  Phyfîque  ,  comme  en  Chymic,  il  faut  produire  les  phéno* 
nicnes  qu'on  veut  expliquer,  en  employant  feulement  les  caufes  allî- 
gnces  ;  aunî  aî-je  cherché  d  m'allurer  par  l'expérience  de  la  julletre  de 
rapplicacion  des  principes  expofés  précédemment,  au  fujet  dont  il  eft 
ici  queflion.  Au-denbus  du  conduâeur  de  la  machine  éle<5hique ,  j'ai 
fufpendu  une  platine  de  fer  dont  tous  les  bords  &  les  angles  avoient  été 
arrondis  \  j'avois  eu  foin  auparavant  de  parfemet  la  furface  inférieure  de 
cette  platine  de  très-petites  gouttelettes  d'eau.  Lotfque  la  machine  ctec*- 
trique  fut  mife  en  jeu ,  on  vit  ces  gouttelettes  s'élancer  vers  la  uble  qui 
repréfemoit  la  terre,  &c  donner  le  joli  fpedacle  d'une  pluie  éledrique, 
dont  la  caufe  étoit  la  répulHon  produite  par  l'éleâricité.  l.a  force  de 
cette  pluie  ou  la  rapidité  de  la  chute  de  ces  gouttes  étoit  d'autant  plus 
grande,  que  la  vertu  éleâtique  étoit  plus  forte  j&  la  diftancede  la  plaque 

de 


SUR  vnrsT.  naturelle  et  les  ^rts.     4^5 

Je  fer  i  la  table  ccoicniini  tulative  à  icnergie  de  rclcftricité.  Pour  re- 

prcfenter  la  pluie  aftendante  ou  la  rofce  ;  je  mets  fur  Le  conduAcur  une 

pbque  métallique  fembiablc  d  li  préccdciue  y  m.iis  donc  la  furface  fupé- 

heute  eft  atrofee  d'un  grand  nombre  de  crès-perites  gourtelettes  d'eau. 

A  une  dillance  convenable  de  cette  platine  ,  je  place  un  cotps  quelcon- 

<]ue  par-delius    pourvu  qu'il  foie  londudeuc  ;  6i  »  lotfqu'on  éiectrife  la 

première  phque ,  on  voie  ftrnfiHleineni  la  pluie  s  clevcr  en  l'air ,  &  donnée 

.une  image  de  la  pluie  arcendautc  ,  de  la  rufcc,  dei;  brouillards >  &  de 

l'évaporation  de  l'eau  répandue  fur  le  globe  de  la  terre  (  i  ).  • 

L attraction  électrique  peut  aullî  quelquefois  ctrc  caufe  de  la  pluie, 

comme  la  répuliîoti  électrique  t'cft  dans  des  litconllances  oppofées;  car 

X\  la  tecre  cft  cleârlfée  pofîtivcmeni  &  les  nuages  ncgaiivemenc ,  comme 

on  l'obrecve  Touvent,  on  verra  naître  une  pluie  éleârique  qui  réfultera 


(i)  L'idée  tngjnicufc  de  l'Auteur  de  ce  Mémoire  fur  une  des  cjufcit  de  la  pluie  « 
convicTit-cllc  cxachmcnt  à  l'afcenfion  jc  à  la  ciiûce  de  la  rd(?c  ?  C'cA  ce  que  des 
-expériences  cxaAcs  dcvroient  démontrer.  Tous  les  Phyliciens  connotlTcnt  les  belles 
•cipciicnccs  qui  ont  été  faiccs  dam  U  Hctlc,  par  le  célcbic  Gercfen  ;  a  Uire-:hc,  par 
Mufftmhrotki  à  Paris,  pat  M.  Dufuy  (ut  la  roftfc  11  parolt  conftant  d'après  les 
obCcfvatiuiis  de  cç%  trois  Savans,  ^u'au  moins  daos  ces  pay^ .  la  rufffc  ne  tonibc  pas 
indiftinflcmcnt  Sî  en  même  quantité  fur  lous  les  corps.  Ctnfen  rcmaïqueou'cUc  ac 
tombe  point  fur  ceux  qui  root  places  fur  des  lames  ou  fur  d«  ubics  de  métal. 
MujfemhrotV  $'appcr^uc  qu'elle  ne  tombe  point  fur  l'or,  l'argcac,  l'étain ,  le  cuivre» 
le  Hmiloi ,  le  fer  polt ,  le  plomb,  le  bifmiitli ,  le  zinc  &  le  mercutc,  tandis  qu'elle 
couvre  la  furface  du  fer  bnin  »  du  fer  peine  ,  du  fer  blanc  ,  des  plaorhes,  du  vcric  , 
4tle  la' porcelaine  ,  du  talc  .  des  élotFcs  de  (bic  ou  de  laine,  dcc.  &c.  M.  Du^y  obl'erra 
'à-peu-ptèl  les  méracs  phénomènes  ,  &  de  plus  ,  qu'une  futffice  d'étatn  vcritilTéc  ,  ramaf^ 
fou  à  la  véiité  de  la  tofée  ,  mais  urc  quantité  fous^oublc  de  celle  que  ramaHa  une 
fembtable  furface  de  verre.  Si  les  matictcs  dont  font  compofés  les  corps  fur  Icfq'jcls 
la  rofce  tombe  influe  par  attraOion  ou  répuli'ion  ,  la  couleur  de  ces  mêmes  corps  joue 
Un  rrés-grand  rôle  dans  ce  phénomène.  Muffcmitroek  ayant  cxpofé  pendant  la  nutc 
des  botics  de  bois  parfaitement  égales  ,  peintes  en  différentes  couleurs  ,  trouva  au  bouc 
de  deux  heures  que  celle  qui  n'étoii  point  peinte  avoît  ramaOÏ  14.40)  grains  deroféc. 
Celle  qui  étoic  pcmic  avec  du  vcrd  décris.   .     .     .     ij.ixT 

du  noir  de  filmée.     .     lajn 
du  bleu  de  Berlin.     .      i  o,  j  84. 
.  d'orpiment.    .     .     .       !l>)io 
du  cinabre.    .     .     .       7*<!i9 
de  millicot.    ...       6,9 \\ 
de  la  laque  de  Florence.  «,141 
Qu'on  ne   croîc  cependant  pas   que   cette  lingularité  fort   confiante  pour  tons  les 
pays.  Il  cft  des  endroits ,  Se  sûrement  le  plus  grand  nombre  ,  où  la  luféc  tombe  indif- 
ciniflcment   fur  tous  tes  corps. 

Il  nous  fcmblc  donc  tiue  pour  que  M.  Bcrtholon  démontrât  jufqu'à  l'évidence  (es 
principes  ,  il  dcvtoic  fatre  des  expériences  élcéltïques  analogues  à  celles  de  MM. 
Ctrtftn  ,  Mujfemhroek  (f  Dufay  :  fi  les  réfultats  fc  troutoîent  conformes  a  ceux  que 
lui  off^riroit  la  chiite  de  ta  roféc  dans  fon  pays ,  qui  poucroit  fc  rcfafer  â  l'évidcacc  ? 


Tome  Xiy,  Pau,  //.  1779- 


VÈCEMBRE.        Ooo 


,466        OBSERyjTlONS  SUR   LA   PHYSIQUE^ 

Àt  ratrraAîon  clcârîque  de  la  terre.  Les  moiccules  aqueufes  de  U  Tuf 
face  des  nuages  qui  font  dans  h  bafle  région  de  racmofphère  ,  feront 
alors  attirées ,  &  la  pluie  loinbeca.  Si  les  nuages  font  cle^rtfés  poficive- 
^enc  èc  la  terre  neeativement ,  ain^  que  les  obfervacions  le  prouvent 
également  \  alors  y  les  molécules  d'eau  ,  rcpanducs  fur  la  fuiface  des 
nuages,  feront  attirées  par  le  globe  de  la  terre,  &  on  aura  encore  une 
pluie  cleftrique    Un  tube  cleiirifé  &  prcfenrc  à  la  furface   inférieure 
<i  une  platine  de  métal  .  arrofce  de  quelque  liqueur  que  ce  foir,  d'eau 
ou  d'efprit  de-vin  ,  par  exemple  ,  donnera   une  repréfen ration   de  Ix 
pluie  éte^riciue  par  attradion  »  la  terre  éunc  cleârifée.  (3e  tube  dans  le 
même  état  acle^Vricité ,  étant  placé  i  une  jufte  di(Unce  de  la  furface 
fupcrieure  de  la.platine  également  arroféc ,  offrira  encore  une  image  de 
la  pluie  électrique  afcendante,  dans  l'hypotlitTeoù  les  nuages  font  élec- 
trifé^  par  cxccs. 

Dans  les  divers  phénomènes  de  la  nature  qui  dépendent  de  l'éleftri- 
citc ,  l'atcra^on  clet^nque  exilée  en  mcmc-tems  que  la  répulfîon  éleâri- 
que,&:  ces  deux  caufes  concourent  à  la  produâion  des  mêmes  elfecs. 
On  peut  donc  dire  en  général  que  la  pluie  d'orage  fur-tout, dépend  de 
rattr.iCtion  &  de  la  répulfîon  élecUiques ,  combinées  enfemble  ou  conC- 
pirant  au  même  but.  Ln  effet,  il  n'eft  perfonne  qui  ue  voie  aue  les  nuages 
étant  éltârifcs  par  excès ,  &  les  particules  a^ueufes  de  leurs  furfaces 
différentes  éunt  repoullées  du  nuage  ,  elles  font  eu  nicmc-ieius  attirées 
pat  ta  tetre,  &  que  l'atcradlion  &c  laicpuKiun  cledVriquescoufpiceuià 
produire  le  mîme  effet.  Je  fupDofe  ici  que  l'attcaiiUun  &  la  rcouUîon 
cleûriques  font  deux  propriétés ,  car  il  n  eft  pas  probable  t^ue  dans  la 
réalité  ellçs  n'en  conlÛtucnt  qu'une  feule  ;  cette  idée  ell  bien  dam  U 
natttce  qui  eil  aoflî  iîniple  dans  £es  mcgrens  que  dans  fa  £xi. 


SUR  VHIST.  NATUREllS  ET  LES   ARTS.     4^7 


OBSERVATIONS 

De  M'  MuLLBR,  de  la  Société  des  Amis  de  la  Nature, 

de  Berlin. 

Sur  une  îxplofion  particulière  qu'on  remarque  dans  quelques 
cfpèces  de  Clavaires ,  (  Clavaria,  Lin.  )  &c  de  Lycopcrdon. 

Dans  cettt  étude ,  U  faut  fouvcnt  ofer  ignatv^ 
tr  ne  pas  rougir  de  l'aveu,  Caylus. 

J-'ES  cUvnîces  ont  eu  de  tout  cems  des  droits  à  l'admîmcion  Se  aux 
recherches  des  amis  de  U  Nature  ;  cependant  cette  étude  fi  intéreiraiite 
n'a  été  que  trop  négligée,  &  mépcif:^  très-injuftemenr.  En  effet ,  11  on 
les  conudcre  avec  anention,  on  leur  tiouvcta  une  defrination  pafticu* 
Uère  ;  les  foins  des  Obretvateurs  fetont  couronnés,  par  de  nouvelle* 
connoifrances ,  &  des  phénomènes  dignes  de  piquer  la  curiofité  desNatu- 
laliftes  -,  la  découverte  d'une  explolîon  que  j'ai  obfervée  dans  les  clavaires 
parvenues  à  l'état  de  maturité,  eft  une  preuve  bien  évidente  de  ce  que 
j'avance.  Je  ne  pcnfe  pas  que  cette  explofion  produite  par  l'açitatiou  de 
l'air ,  ou  pat  l'attouchement  de  quelques  corps  écrangers ,  ou  par  un 
mouvement  propre  &  très-élaftique ,  ie  faiTe  fans  aucun  delfein  &  pat 
ha  fard. 

M.  Micheii ,  Naturalifte  Italien  ,  MM.  le  Baron  de  Haller  &  le  Con- 
feillet  Glcditfch  &  autres ,  ont  obfervc  dans  certaines  efpèces  de  clavai- 
res,une  éruption  ou  une  exhalaifon  forEclaftique*,c'eft  ce  que  j'ai  eu  heu 
de  remarquer  moi-mcme  plufienrs  fois,&  même  dans  les  clavaires  rou- 
geâttes ,  ce  qui  a  échappé  jufqu'Â  préfent  aux  recherches  des  Botaiiiftes , 
&  qui  va  faire  le  fujet  de  cette  diliertacion.  Je  parlerai  très  futcinde- 
menc  de  quelques  phénomènes  que  l'un  connoilloit  en  partie  avant  que 
je  n'entrepriife  mes  expériences  ,  pour  démontrer  la  diflcrence  qu'il  y  a 
encre  ces  apparentes ,  &  celles  que  je  me  propofe  de  décrire. 

Si  quelqu'un  porte  la  main  avec  prccauiion  fur  cette  efpècc  de  cla- 
vaire, il  appetçoit  aulïi-tôt  une  légère  vapeur  qui  s'émane  de  la  fuper- 
ficie,  &  qui  s'épaipille  dans  l'air  comme  la  fumée,  t.'cfl  ce  que  j'ai 
fêmarqué  plufieurs  fois  dans  les  clavaires  que  décrit  le  célèbre  Cheffers  \ 
cabl.  1 4S  ,  1  jo  ,  1  ç  +  ,  1 5  «;  ,  1 56 ,  ^:  après  la  première  fortie  de  cette 
pûuOIère  »  une  £;;cunde  émanation  iie  paroît  qu'au  bout  d'un  cenaiu  tems* 

DÉCEMBRE.     Ooo» 


468        Onsr.KP^ÂTlOSS  SUR   L/f   PHYSIQUE, 

L'cfpè.e  de  clavaires  dont  j'ai  démontre  les  propriiîtis  ,  &  l'ufage 
qu'on  pourroit  en  faire  à  l'Académie  Rovile  des  Sciences  de  Suède , 
forme  un  nu;ige  de  poitlVièrc  qui  fart  de  1a  fuperbcie  de  la  pUnte.  Le 
Dofteur  Cheffèrs  la  défîgne  fuus  le  nom  D ,  ei.^  t/-'  puUa ,  ub.  i  j  8.  M. 
Geder ,  d'après  M.  Zxgi,  l'appelle  dauf  fon  Traité,  «/;  flo-a  Dantcâ  ^ 
{  PeTi'ti  pohmvrpha  ).  La  v.iriclc  de  ces  clavaires  dépend  uniquement  de 
leur  â^e  plus  ou  moin^  avancé  ,  de  mcme  que  la  difiettnce  c)uc  Ton 
peut  remarquer  entre  les  clavaires  dont  parle  Cheffcrs  Se  les  miennes  , 
provient  de  Ictat  de  la  plante  vctte  on  deiréchce. 

,  Une  efpèce  de  clavaires  plillces  fur  Us  bords  ôc  d'une  nature  différente 
des  autres ,  dont  les  propriétés  n'ont  pas  encore  été  démontrées,  a  ceci 
de  particulier .  que  la  vapeur  s  clève  Je  deiîous  les  plis  du  chapiteau ,  qui 
cft  par-tout  égal  &  poli  jla  tige  cft  fort  élevée ,  &  ta  plante  eft  de  cou-, 
leur  cendrée. 

D'autres  répandent  leur  graine  avec  un  duvet  très-fin  auquel  la  graine 
eft  attachée  C  eft  ce  qui  arrive  à  pluftcurs  efpcces  de  clavaires  qui  appar- 
tiennent d  la  trichia  de  M.  le  Baron  de  Haller.  J'ai  vu  ces  efpèces  de 
petites  plumes  s'agiter  ,  &  jetter  la  graine  avec  affez  de  force. 

Le  Citrpnbolui  de  Micheli ,  qu'on  devroit  plutôt  appellet  moriUr ,  n'ap- 
partient p,i5  à  cette  clilfe  de  ch.mipignons ,  quoiqu'il  y  ait  été  inféré  par 
M,  Archiater ,  le  Chevalier  de  Linné ,  MM.  de  Haller  &  le  Confeillec 
Gleditf.h.  Cette  efpèce  furprename  de  clavaires,  qui  mérite  àts  atten- 
tions particulières ,  s'ouvre  dans  des  lems  humides  &  pluvieux  &  bnce 
une  balle  de  couleur  livide  qui  parcourt  une  parabole  ,  comme  Micheli 
l'a  remarqué  i  la  table  cent  unième.  L'on  a  cru  tort  long-tems  que  cette 
obferv.uion  de  Micheli  étoit  un  eftet  de  fon  imaginanon,mais  à  tore; 
car  j'ai  vu  fouvent  pendant  la  pluie  ceschampignonsa  mor/^Vr  (  i  ^  jettor  des 
balles, accomp;ignces  d'un  bruit  femblable  à  celui  d'une  chiquenaude, 
talifom.  Ce  phénomène  a  même  eu  Heu  dans  ma  chambre.  Ceux  qui 
ont  été  témoins  avant  moi  de  ce  charmant  fpeâade  de  la  nature,  cell 
Alichvli  &  borshaal. 

.La  poudJère  qui  s'exhale  des  clavaires  rougeâtres ,  a  quelqu'analogîe 
avec  celle  qui  s'évapore  des  clavaires  plilïces ,  avec  cette  dinérenre  ce- 
pendant, que  cette  exhalaifun  fe  fait  remarquer  dans  celles-ci  pendant 
un  long  intt^rvulle  de  tems,  ik  que  dans  le^  autres  au  contraire  elle  fe  fait 
par  fccoufPc  &  par  interruption. 

les  clavaires  rougeâttes  &  celles  qui  s'ouvrent  naturellement  appar^ 
tiennent  i  la  clalfe  Qts  plantes  les  plus  curieufes  de  l'Univers.  La  pre- 
mière de  ces  deux  efpèces  a  été  découverte  par  Vaillant,  &  aptes  lui,  par 
GucLtaid  ,  d'Alibard,  Burbûum  ,  &  par  les  Botaniftes  modernes  de  Daoe- 


(i)  Aioli  appelle  parce  qu'il  fait  l'oficc  du  moxtiu  gui  laoce  éa  bombes. 


SURtHfST,    NATURELLE    ET  LES  ARTS.    4^9 
marrk  y  dans  ta  Zélande ,  en  Judée ,  dans  les  environs  de  Paris  &  de: 
Conftantinople.  Mais  la  dernière  efpèce  n'a  été  connue  que  de  M.  Chef-^ 
fers  6c  de  nnoi.  J'ai  déinom[é  dans  mon  elTai  de  Botanique  y  intitulé 
F^ora  FmiricfisJaluia ,  que  la  clavaire  rouge  croilToit  dans  la  vallée  de 
Fridtich  ,  où  j'en  ai  trouvé  pour  la  première  fois  dans  l'automne  de 
l'annce  1^60  ^  Se  depuis  j'ai  euoccafion  d  en  voir  plufieurs  pbntes  dans 
les  bois.  Le  lieu  de  fenr  naiffance  cfl:  ordinaiteinenc  un  gazon  ép.js  qui 
croît  fur  les  bords  de^  puits  ou  des  fulTes  ;  mais  une  chofe  bien  remat' 
<]u.  b!i:,  &  qui  n'a  point  été  appetçue  de  Vaillant,  c'cft  que  leur  origine 
eft  due  à  un  infe<5te  putréfié.  Si  l'on  veut  s'en  convaincre  par  l'expérience, 
il  fuffit  d'arracher  ces  clavaires  avec  un  couteau ,  &  non  avec  la  main  ,  &C 
retirer  avec  précaution  la  terre  cjui  enveloppe  la  racine  &  i'infcâe.  Pat 
ce  moyen  ,  j'ai  découvert  que  cette  efpèce  de  clavaires  ou  lycoperdons  ^[ 
étûir  ie  produit  d'infeétes  tombés  en  purréfaélion.  Vaillant ,  dans  fa' 
fiotanique  de  Paris,  tome  premier,  page  5  ,  a  donné  la  figure  de  ce 
lycoperdon,  mais  Burbaum  en  a  donné  une  plus  partaite,  qui  repré- 
fente  la  plante  avec  linfeélc  d'où  elle  eft  fortie.  Dans  mon  Traite  de 
Muftâ  v^ttamt  En/opeâ  ,  inféré  dans  le  quatrième  volume  des  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Amis  fcrutateurs  de  la  Nature,  j'ai  démontre 
comment  cette  merveille  ,  annoncée  par  les  Botaniftes  François ,  s'opère  ; 
&  qu'il  écoit  inutile  d'aller  chercher  dans  le  nouveau  monde  de$inlè<5bes 
végétatifs,  puifqu'on  en  trouve  alTez  fouvent  dans  le  Danemarck  &  la 
France  ;  j'ai  donné  enfuite  la  figure  &  la  defctiption  de  l'infecte  putréfié 
&  de  la  plante  qui  en  c(i  le  réfultat.  Ce  lycoperdon  s'eft  enfin  préfencé 
à  mes  yeux ,  après  en  avoir  cherché  pendant  plufieurs  années  dans  les 
forets, &  cela  dans  un  bûcher,  où  je  chctchois  depuis  plufieurs  années 
des  champignons ,  lorfqne  le  rems  y  étoît  favorable.  Cette  plante  digne 
de  piquer  la  curiolîté  des  Naturalises  autant  par  fa  beauté  que  par  Ca. 
rareté,  prend  naiiîance  fur  les  feuilles  pourries  du  bois  de  hcrre^  M.  le 
Dodleur  Chefl'ers  etl  le  premier  Se  le  fcul  qui  en  air  (ait  mention.  Mais 
ftiivant  l'opinion  commune,  c'eft  M.  Haller  qui  le  premier  en  a  fait  Ix 
découverte;  il  l'a  confondu   avec  fon  agaric   izûy,  &  avec  ceux  de 
Vaillanr  Sc  de  Micheli  ,  quoique  la  defctiption  Sc  la  forme  y  fullenc 
tout-d-fait  oppofces.  C'cft  une  nouvelle  efpèce  de  champignons  qui  n'eft 
pas  encore  connue ,  Sc  dont  la  première  découverre  eft  due  au  travail  Sc 
aux  recherches  du  célèbre  Haller ,  ce  que  je  puis  gar.mrir  avec  affurance , 
puifque  je  l'ai  trouvé  tel  qu'il  a  été  décrit  pat  ce  gr.^nd  homme. 

Ce  lycoperdon  eft  connu  depuis  lone-tems  en  France ,  en  Angleterre , 
en  Allemagne  ,  dans  la  SuifTe  Sc  en  Italie.  Je  l'ai  très-fouvcnt  rencontré  ^^ 
Sc  principaleme'it  dans  des  endroits  humides  &  marécageux.  Vaillant  en 
a  aonné  une  fort  belle  defctiption  dans  fa  Botanique  de  Pari^ ,  de  même 
que  Micheli,  tome  tl?  i  page  4,  nuis  pesfoone  n'a  remarqué  dans  cetre 


47»       OBSERVATIONS  SUR   lA  PHTSTQUB, 

p1.\ntc ,  de  même  que  cUiu  les  clavaires  donc  |*ai  parle  ci-deHiu ,  ce  que 

i'ii  eu  iieo  d'y  obferver. 

Il  eft  facile  de  fe  perfuader  que  la  tête  ou  le  chapeau  des  clavaires 
rougeâcres  e(l  capillce  de  pences  cellules  remplies  de  vers  \  lî  on  coupa 
la  plante  en  deux  patries,  on  voir  auflî-tôt  que  toute  la  fupr  '^-'      '^ 
form^  Que  d'une  intinicé  de  petites  cellules  unies  les  unes  au 
fus  faili  d'admiration  d  Tafpeâ  d'un  fi  beau  Ipeftacle. 

Par  le  fccoiirs  du  mictofcopc,  je  découvris  une  infinité  de  petits  ani* 
maux  tout  blancs ,  femblables  à  de  petites  fibres  qui  fbituienr  de  leurs 
cellules ,  qui  Te  mouvoienc  en  ferpentant ,  &  tetomboicnc  en  arrière  fuc 


erficic  n'eft 
aux  aucies ,  je 


:quii  que  quelques-uns  de  cei  animalcules  ccoient  pouî 
hors  de  leurs  cellules ^  que  les  autres  étoient  étendus,  &  ne  donnoienc 
aucun  Hgne  de  vie ,  qu'enAn  il  y  en  avoit  qui  fe  remuoicnt  de  tous  les 
côtes,  &  par  ce  mouvement  de  droite  à  gauche,  fe  dcbarralfoient  de 
leurs  cetUiles.  En  attendant  quel  feroit  le  fort  de  ceux  qui  ctoîent  retenus 
i  l'ouverture  de  leurs  petites  cellules ,  je  remarquois  une  nouvoUe  forcie 
de  ces  petits  animaux ,  qui  grimpoient  les  uns  fur  les  autres^  je  fiis  ptef-* 
qu'une  demi-iournce  attache  i  cette  obfcrvacion. 

Il  çftvraifemblable  que  ces  petits  animaux  tardent  plus  long-tems  1 
quitter  leur  demeure  quand  le  champignon  refle  en  repos  au  lieu  de  fa 
naiiïance  :  ces  animakutes  fembloient  scloigner  de  la  plante,  d'un  pouce 
jufqu'àun  pouce  &  demi.  J'ai  rcpctccettCexpcricnceavec  8  champignons 
que  j'avois  trouvés  dans  le  mois  d'Oélobre  1 7^9.  Celui  qui  a  la  fatisfâc- 
tion  de  trouver  un  champignon  de  cette  efpèce  en  maturiré ,  peut  fe 
procurer  cet  amflfementi  il  fuftit  de  le  placer  bien  horifontalemcm  à  la 
lumière  ,  &  de  le  regarder  i  travers  le  microfcope,  &  auûi-tôt  ces  petitt 
animalcules  parotttont  fortirde  leurs  cellules. 

Pour  examiner  ces  animalcules  plus  attentivement ,  il  me  vinr  dans 
l'idée  de  les  pofer  fur  un  verre  blanc  bien  puli ,  &  de  les  foumettre  en- 
suite au  microfcone.  Je  vis  en  peu  de  tems  quelques-uns  de  ces  petits 
fils  en  forme  de  ferpent  qui  étoient  étendus  fur  le  verre  fans  produire 
aucun  mouvement.  Pour  en  amaifer  une  plus  grande  quanticc  ,  je  remis 
fur  le  même  verre  le  chapiteau  du  champignon  ,  &  au  bout  de  quelques 
minutes,  il  fut  entièrement  couvert  de  ces  petits  Hlamens  animes  ;  ce 
n'ctoîent  plus  des  filets  tortueux /ans  adion ,  mais  une  quantité  prodi* 
gieufc  de  lones  filets  attaches  les  uns  aux  auties.  Cet  allcmolage  ,  ce  tifla 
devient  fenfible  à  la  vue ,  quand  il  efl  expolé  au  grand  jour  ,  Se  reHèmble 
dune  filure  des  plus  ânes,&i  travers  le  mik:rofcope  il  a  beaucoup  d'analogie 
avec  du  coton  très-fin.  Le  microfcope  nous  apprend  encore  cjuc  ce  n« 
font  point  de  petits  filets  à  U  fuite  les  uns  des  autres ,  mais  des  fi  la  mens 


SUR  VniSr.  HArUREltE  et  les  JRTS.     471 

longs,  gros&  découpés  qui  fe  croifent  dans  tous  les  fens  poiïîbles.  Ils 
ne  (onc  ni  creux  ni  rranfpâcens ,  mais  épais  &  opaques  ^  ni  tendus ,  maïs 
lâches  &c  un  peu  ridés  dans  certains  endroits. 

Je  dcfireroii  favoit  par  quel  moyen  ces  petits  fils  peuvent  repré- 
senter des  Blamens  tiès-longs ,  &  ane  toile  pacTaite.  Je  m'imagine  que 
CCS  petits  Als ,  pat  leur  réunion ,  forment  des  filets  d'une  certaine  lon- 

fueuf)  parce  que  leur  point  de  réunion  devîenc  imperceptible  à  caufe  de 
extrême  finctle  de  leurs  parties  con (Situantes. 
J'ai  remarqué  précédemment  qu'une  grande  partie  de  ces  Animalcules 
rctoraboit  en  arrière  fur  la  clavaire,  &  tormoit  d'abord  une  étendue 
blanchâtre ,  fembUble  à  la  toile  des  mites  ;  mnis  bientôt  elle  fin  tapinée 
d'un  duvet  blanc  comme  la  neige.  Un  habile  fcruuteut  de  la  ^Iatu^c 
auroit  pris  ce  tilTu  pout  la  toile  d'une  araignée ,  ou  pour  l'enveloppe  de 
qu^qu'mfed^e  ,  ou  enfin  pour  une  pure  illuiîon.  Je  le  regardai  long- 
tems  de  même, Se  j'autois  periifté  dans  cette  opinion,  (î  je  n'avois  vu 
cette  toile  naître  ,  fe  développer  &  fe  former  fous  mes  yeux. 

Le  lycopeivlon ,  ou  comnie  le  DoAeur  Chettcrs  les  appelle,  clumpî- 
gnonspliiïcs  (l),  forme  un  véritable  état  mitoyen  entre  les  clavaires  i 
chapeau  &  les  clavaires  plitTces  \  il  diffère  de  ces  deux  efpèces ,  en  ce  que 
le  ibmmet  de  cette  plante  ne  paroîc  avoir  aucune  proportion  avec  un 
chapeau  >  &  fbrme  une  furfice  plane  qui  a  une  incilion  remplie  par  la 
tige,  &  fa  direction  eft  abfolument  perpendiculaire^  enfin,  une  autre 
différence  affea  marquée ,  c'eft  que  la  rige  &  fon  chapeau  ne  portent  pas 
fur  le  même  point  d'appui  ;  le  ftylet  eft  pointu ,  long  ,  arrondi ,  plein  de 
lides  &  blanchâtre,  au  licuque  la clavaireeft  jaune,  plate&trcs-ferrée, 
&  gagne  en  largeur  à  mefure  qu'elle  s'éloigne  de  fa  bafe. 

Parle  fecoursdu  microfcope,  je  lemarquoîs  des  petits  points  blancs 
qui  forioienidu  chapeau  de  la  clavaicc.  Avec  cet  inftiument  ,on  peut  les 
comparer  aux  tîlets  prefque  formés  de  la  clavaire  rougeâtre  j  c'eft  aiuii 
que  je  les  ai  dépeints ,  à  la  C5  8  table  de  Flt^râ  Danicâ, 

Quoique  la  Clavaire  fcTpentinc  ait  été  décrite  rrès-fouvent  par  les  fcru- 
cateurs  de  ta  N'Ature ,  cependant  aucun  n*a  obfervé  que  b  icce  de  cette 
plante  eft  upilfée  extérieurement  d'une  inBnité  de  petits  trous  iuviGblcs 


0)  tes  Naiuraliflcs  oai  plac^  cette  fXfhce.  tic  champignons  dans  diflcrcni  gentes 
fiùvant  les  diifirens  p(»nn  de  vue  fous  Icfaucls  ils  les  obfctvoiciit.  U  fcioïc  plus 
naturel  de  laiHer  dans  la  mûne  ctalTc  ccui  Haut  U  panie  inféncurc  du  chapeau  eft 
plane  &  polk ,  puîfcju'on  détermine  les  différentes  clafljcs  des  clavaires  ou  lycopei- 
don ,  par  la  forme  de  li  partie  inférieare  du  chapeau.  Et  on  n'aurotr  plir;  la  peine 
de  chercher  ccue  claiTc  dans  ks  diffiércns  Eenics  déciics  parles  Nacuralrftes  -,  fc  pour- 
Tots  ajoutera  cette  efpéce  de  clavaires  plilTécs  Cous  les  boidt  du  chapitcaa,  deux 
autres  que  j'ai  dccouvetrsi  i'éié  dernier.  £Ues  paioitroni  dans  moo*OuvTage4  «^ 
^hrâ  Danicâ, 


^71       OBSERVATÏOÎTS   SVR^ZJ  PîîYSTQVE, 

à  la  vue  fiinple ,  &:  que  ces  ouvertures  offrent  autant  de  petits  cnniux  qui 
compofenc  couce  ja  (eicture  de  la  ruperficie.  Ces  pttïts  uous  examinô  au 
mictofcopc ,  ont  la  figure  de  piquure  d'aiguille  \  &  en  fàifant  une  incilton 
àla  pallie  fupêiieU'C ,  on  obfctve  à  la  vue  (impie  tou>  ces  petits  cimux. 

Çeuc  plante  m'a  procucé  un  fpedacle  des  plus  curieux ^  auffî-tôi  quô 
la  çonAÏEutiou  iiitcine  «.-iTuycit  quelque  ihangemeut,  ces  petits  corpuf- 
culc^  qui  fottoient  à  la  fuptirâLÎL-,  rprouvoiLut  les  mêmes  modilïcatiuns. 
Sî  on  l'airujctilTuit  au  grand  jour,  on  tcmatquoit aveu  U  mie roftopc  une 
grande quancirc  de  brillantes  étincelles  quiï'ctevuientde  la  ruperfitie,&  (e 
portotent  dans  riiir,&  comme  unefT.iîndcmouihcsdanâ  une foiréc d'été. 
Te  répaiidoienc  de  rouii  les  côiés,  de  en^n  rcrotnl^oi&nc  en  gr.:nde  partie 
fur  la  plnnte.  Dans  leur  fortie  ,  le  microfcope  les  reprcfcnroir  comme  des 
atomes  fort  agités.  \  orfqueccs  corpufcules  font  retombes  fur  cette  cla- 
vaire, ils  rellcmbleiu  i  des  globules  de  neige  ».  extrêmement  dcli^^  & 
deviennent  bientôt  infeniibles. 

Placés  fur  un  verre  bien  poli  &  expofés  i  la  lumière,  ils  paroiflènt  for- 
mer une  poulTîère  ttcs-Hne ,  maïs  par  le  fecours  du  microfcope ,  ils  de- 
venoîent  fort  longs  &:  ttCd-brillants;  leur  longueur  ell  cinq  ou  fix  fois 
plus  grande  que  leur  largeur.  Us  ont  la  même  forme  ,  la  mcuie grandeur  > 
ils  font  opaques  &  découpes  aux  deux  extrcmiccs.  ^ 

Le:  microlcope  nous  apprend  qu  intérieurement  ils  font  tranfparens  » 
&  à  l'extérieur  opaques  j  &  ceux  qui  paroident  gros,  font  formés  de 
plulleurs  appliques  les  uns  fur  les  aurres.  Us  font  plus  petits  »  mais  plus 
gros  que  les  iîls  de  quelques  clavaires,  fermes,  (ans  rides  >  ils  ne  font 
point  abfolumenc  droits,  mais  un  peu  courbes.  Us  s'attachent  au  vetre, 
mais  confervanc  toujours  leur  forme  ordinaire ,  ils  ne  forment  point  une 
texture  continue.  Sur  un  nombre  afTez  con(îdérable  de  clavaires  ferpen- 
tineSyi'en  trouvai  feulement  quatre,  dont  la  pointe  étoit  couverte  d'une 
^corceblamhe&  rude, comme  de  petites  écailles.  Je  m'imagine  que  cela, 
vientd'un  allemblage  de  filamens  collés  les  uns  fur  les  autres. 

Je  tes  tcnfermois  dans  di^érens  vafes ,  j'y  verfois  de  l'eau ,  ce  que  [e 
tcpétois  quelques  jours  après ,  te  /ans  qu'ils  cprouvallent  aucun  change- 
ncnt.  Plufiturs  de  ces  BU  quitièrent  le  fond  du  vafc  pour  gagner  la  fu- 


perBcîe,  fans  donner  aucun  ligne  de  vie.  Mais  une  chofe  bien  remar- 
iquable ,  c'efl  qu'ils  fe  diflipoient  avec  les  vapeurs ,  quoiqu'ils  fullt 


lent  cou- 


ipeurs,  quoiquiis  t 
verts  d'eau  (  il  eil  propable  que  l'eau  les  avoir  mis  en  diHolution  )  j  &  les 
tiges  des  plantes  navoient  fouffert  aucun  changement,  même  après  que 
l'eau  fut  évaporée  \  en  feccnd  lieu  »  re.iu  que  javois  veriée  fur  les  fibres 
membraneufes  fe  cryUallîfe  en  molécules  de  différentes  groffeurs,  l'eau 
3U  coDcraiie  des  tiges  reluifantes  s'évapore  fans  fe  cr>ftalliler. 

Je  ne  doute  pas  que  la  clavaire  de  coujeur  jaune  ne  produife  un  fpeAa- 
cle  particulier  &  iiuérefFant.  J'en  ai  trouvé  fouvent  dans  un  vallon  appelle 
9aiÙt  de  Fridérick  j  Se  dans  les  for&cs ,  mais  depuis  quelques  années  elle 

s'eft 


SUR  VniST,    NATUnELtE  ET  LES  ARTS.     47, 

s'cft  fouftraite  i  mes  recherches.  Avant  moi ,  Brcyn  l'avoit  dccouveirc" 
c'cft  de  iui  que  Mitheli  l'.i  empruntée.  Touics  les  obfervntions  que  j'ai 
faites  fur  cette  matière ,  donnent  nccelTairement  occalîon  à  bien  det 
queftiuns qu i)  efl  alTez  difHiile  de  réfoudre.  Savoir:  Qne  figniHent  ces 
atomes,  ces  fils  délicats,  ces  corpufcules  étincelans  qui  paroiirent  fortic 
de  ces  plantes  ?  Eft-ce  de  h  pouluère  »  de  U  graine  ,  ou  une  collection  de 
petites  plantes?  le  microfcope  11e  nous  apprend  rien  de  polîiif  là-deffiu, 
ce  que  l'on  peut  cependant  connoître  très-parfaitement  à  l.i  vue  fimple 
dans  toute  autre  efpèce  de  plante.  Sont-ce  des  vers  ou  des  animalcules 
<l'une  niturc  inconnue?  Peut-on  attribuer  à  une  végétation  des  plus  attHvcs 
la  mctamorphofe  de  ces  atomes  en  tils  d'une  cert.-iîne  longueur ,  ou  à  des 
animahulesqui  fe  développent  extraordinairement  en  peu  de  tems? 
.  D'oii  vient  que  ces  atomes  fortis  des  clavaires  rougcâtres ,  forment 
une  loile  cotonneufe  dans  leur  rechute, &  pourquoi  ces  corpufculescranf- 
p.itens  ne  font-ils  fujets^  aucun  chanç;ement?&  quand  ces  fils  tombent 
'     '  '      '  rdc  1      -        . 


paroUtcnt  aujourn  iiui  rciuuu[<:  ics  uiiiiluhcï,  ic  nctruucnt  le  joue 
d'enruite  par  de  nouvelles  obfctvations. 

XJne  grmde  partie  de  tous  ces  filets  qu'on  a  pris  jufqu\Upréfenr  pour  les 
tacmcs  de  la  plante ,  Si  qui  s'étendent  Quelquefois  confidérablement ,  en 
dcttuifant  tout  cequi  feroit  dans  le  cas  de  s'oppofer  à  leur  développement, 
ont  beaucoup  d'analogie  .avec  ces  lîlamens  qui  fe  croifent  dam  tous  les 
fens ,  Se  dojit  j'ai  déjà  parlé.  Que  m*obje£teroit-on ,  iï  j'avaiiçois  que  ces 
fibres  doiv,ent  leur  origine  aux  molécules  animées,  (dont  j*ai  parlé  dans 
cette  dilTertn[ion)qui.  après  s'être  multipliées  dans  une  terre  chaude  Se 
humide,  Se  après  avoir  acquis  alfez  de  matière  pour  fe  développer, 
fonncnt  çniin  une  efpèce  de  champignon  ;  &  comme  les  phcnoincnes 

,<]ne  prclentcnt  les  lycoperdons  dont  je  viens  de  parler  font  abfolumçnc 
oitTcrens  des  obfervations  du  Baron  de  Muncfùiaufcn ,  ces  deux  efpèces 
exigent  une  théorie  bien  différente  dans  leur  création ,  de  celle  qu'on  leur 

laallignéejufqu'àpréfent.  Mais  dans  l'étude  de  la  Nature,  on  peut  nous 
comparer  À  de  petits  enfans  qui  commencent  i  ouvrir  leurs  yeux  :  cous 
voulojis  parler  beaucoup ,  Se  nous  ne  ^ifons  que  bégayer. 


^•V^ 

^!% 


Tcmt  Xiy,  Part.  n.  ijyr,.         DÉCEMBRE.      P  pj> 


'474        OBSERVATIONS  SUR   LA  PHYSIQUE^ 


SUITE     DE    L' EXTRAIT 

De  CHifioïre  Naturelle  du   Chili 

POISSONS. 

3—ik  mer  du  Chili  abonde  en  poifTons  qui  fonda  plupart  difi<^rens  de 
ceux  d'Europe. 

Polpo,  Lepolpo  efV  d'une  figure  fi  fingulière  ,  que  quand  on  l'apper- 
çoit  immobile ,  il  relTemble  à  une  branche  d'arbre  couverte  d'une  cl  orce 
femblable  i  celle  du  chàraignier.  \\  n'efl  pas  plus  gros  que  le  petir  doigc , 
long  de  crois  pouces,  ileft  diviféen  40U  )  articulations  qui  vont  en  di- 
minuant du  coté  delà  queue,  qui  comme  la  tctc  rcncmbie  à  l'extrcmiié 
d'une  branche.  Quand  il  déploie  (es  6  jambes  qu'il  tient  couchées  du 
côté  de  la  tcce ,  elles  rellemblem  à  autant  de  racines ,  &  la  icte  à  un  pîvoe 
brifc^lîon  te  prend  dans  la  main,  il  lengourdic  pour  un  inftant,  fans  faire 
d'aurre  mal.  On  trouve  dans  ce  poilTon  une  petite  vellie  pleine  d'une 
liqueur  noire  qui  ferc  d'encre. 

Diaphane,  Le  poiiron  diaphane  fc  trouve  vers  l'embouchure  du 
fleuve  Tolten.  Il  cft  petit ,  ovale ,  &  d'une  faveur  agréable.  Ce  poilTon  eft 
tranrparenc  comme  le  CT)'ftal ,  Se  quoiqu'on  en  mette  pluheurs  les  uns 
fur  les  autres,  ils  confervenc  leur  traiilparence.  On  trouve  auili  la  tor- 
pede  dans  cette  mer. 

Coif.  Le  poifTon  coq  eft  fans  écailles  &  long  de  1  ou  5  pieds.  Il 
tiie  fou  nom  d'une  crcte  rouge  qu'il  a  fur  la  tctc. 

'  Tolh.  Sur  les  bords  de  l'ifle  de  Jean  Fernandcs ,  on  trouve  un  poif- 
fbn  nomme  tolh.  Chacune  des  deux  nageoires  qu'il  a  fur  le  dos  eft 
armée  d'un  aiguillon  brillant ,  triangulaire  ,  aigu  &  recourbé  un  peu 
vers  la  pointe.  U  eft  dur  comme  de  l'iveite ,  long  de  deux  pouces  & 
demi ,  &  large  de  quatre  ou  cinq  lignes.  Cet  aiguillon  eft  efficace  contre 
le  mal  de  dent.  Si  un  l'applique  fut  la  dent  malade  ,  il  engourdit  b 
joue ,  &  la  douleut  fe  palfe  dans  une  demi-heure.  Il  endort  fouvcnt  > 
&  d  fon  réveil ,  on  fe  trouve  guéri.  Tant  que  l'os  eft  dans  ta  bouche» 
on  obferve  que  la  partie  fjxjncieufe  de  fa  racine  fe  gonfle  peu-i-peu. 
Ce  phénomène  ne  peut  s'.ittribuer  uniquement  à  la  lalive  ,  puifque  la 

farne  de  l'aiguillon  ,  feule  partie  qui  touche  la  dent ,  eft  ,  comme  on 
a  dit  ,  fort  dure.    On  pourroic  en  conclure  qu'il  a  qucIqu'attraAion 
avec  Uumeui  morbif^c  ,  &  qu'il  la  communique  i  U  partie  fpon- 


gieufe 


h 


SUR  L'MIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     47$ 

I      Iksectes.  Outre  les  infeâes  d'Hurope,  il  s'en  trouve  de  particuliers 
en  Chili  qui  incricent  l'attention  des  Vhilofophes. 

Sur  le  fommec  de  la  bifnaga  ou  herbe  à  nettoyer  les  dents,  on  trouve 
un  colcoptère  a  deux  aîlcs ,  qui  (érable  èite  forme  de  l'or  le  plu*  bcil- 
ixtic. 

Parmi  les  infcdes  tuirans  on  diflingue  plulleurs  efpcces ,  les  uns  font 
ailés,  Se  les  autres  fans  ailes.  P.umi  les  premiers  ,  il  i'cn  trouve  uu 
grand  comme  un  papillon  onlinaire,  qui  paroît  !a  nuit  un  brafict  vo- 
lant. Dans  les  campagnes  ,  on  trouve  en  certains  trous  qui  fe  font  en 
terre ,  une  araignée  velue  ,  grife  ,  groire  comme  le  poing  ,  donc  les 
pieds-font  longs  de  trois  à  quatre  pouces.  Elle  a  eu  outre  de  oetites 
dents,  &  deux  dents  canines  alfez  proéminentes  auxquelles  quelques- 
uns  accribuenr  des  vertus  médicinales.  Cct:e  araignée  n'eft  ni  veniaieufe 
ni  nuifible. 

Oiseaux.  Les  oifeauJt,  tant  aquatiques  que  terreftres ,  y  font  fort 
multiplies.  On  en  compte  quatre-vingt-douze  efpèces  dont  beaucoup 
relTemblent  à  ceux  d'Europe.  D'autres  eu  diffèrent  en  quelque  chofc, 
.d'autres  enfin  font  particulières  à  ce  pays, 

Cy^ne,  Le  cys^ne  du  Chili  diffère  de  celui  d'Europe  pat  fa  tcte  qui 
eft  noire.  Les  tourterelles  de  montagne  ont  les  ailes  noires. 

Pinquen.  Le  pinquen  eft  plus  grand  &  plus  gtos  qu'une  oie  :  il  a  le  dos 
mclc  de  blanc  &  de  gris ,  &  le  ventre  tout  blanc  :  fa  chait  eft  blanche , 
délicate  &  de  bon  goiîr.  Cet  oifeau  aime  la  plaine  où  il  fe  nourrit 
d'herbe  &  d'infectes  j  on  l'apprivoife  facilement. 

Âlcatra^.  L'alcatraz  eft  une  cfpète  de  pélican.  Il  eft  moins  gros  qu'un 
coq-d'Inde,  mais  fcs  jambes  ont  plus  de  deux  pieds  de  haut.  Son  bec 
eft^arge  de  crois  pouces  &:  long  d'un  pied  \  vers  te  milieu  il  eft  garni 
i  11  partie  inférieure  ,  comme  à  la  fupt'rieure ,  de  petites  dents  alîez 
trancliantes  ,  arrangées  en  forme  de  fcie.  Il  lui  pend  un  fac  fur  l'efto- 
mac  ,  qui  eft  attaché  à  de  petits  hlamcns,  afin  qu'il  ne  divague  nî  à. 
droite  ni  \  gauche.  Ce  fac  eft  compofc  d'une  membrane  épaiflc  &  ^ralTe, 
alTez  charnue.  Il  fe  plie  comme  un  cuir ,  &  eft  recouvert  d'un  petit  poil 
£n  &  douillet  comme  du  facin;  Quand  ce  fac  eft  vuide  ,  il  ne  paroîc 
prefque  pas  \  mais  quand  l'alcatraz  trouve  une  pcchc  abondante  ,  dont 
tl  fait  fa  nourriture,  il  eft  furprcnant  de  voir  la  quantité  de  grands  & 
de  petits  poiffons  qu'il  fait  entrer  dedans  ,  foit  pour  le  confcrver  pour 
lui ,  ibic  pour  le  porter  à  fes  petits.  Cet  oifeau  eft  brun  \  fes  plumes 
valent  mieux  pour  écrire  que  celles  d'oie.  Les  naturels  du  P'ays  fe  fer- 
vent de  {on  fac  bien  tanné  pour  faire  des  lanternes.  L'alcatraz  paroîc 
allez  délicat  ;  car  dans  le  pays  ,  on  en  trouve  fouvent  de  morts  mi  les 
rochers  voilîns  de  la  mer. 

Pux^ro-ninnuo.  Le  paxato-ntnnuo  reffcmble  de  loin  à  un  enfant  en 
maillot,  il  vit  dans  la  met  j  il  eft  de  la  grolfeuc  d'un  poulet-d'Inde; 
1775.     DÉCEMBRE.  Ppp  1 


47^  OïiSF.RVATÏOl^S  SUR  LÀ  PHYSIQUE, 
il  a  les  plumes  du  dos  noires ,  &  celles  du  vencre  blanches  :  il  a  le, 
cou  ovale ,  gros  &:  g:irni  d'un  iroUier  de  plumes  blanches  :  fa  peau  eft 
cpaiire  comme  celle  d'un  cochon  ,  &  peut  fe  détacher  cmicremeiu  de 
fa  chair.  11  lui  pend  de  t.h;ique  cote,  au  lieu  d'ailes  »  deux  bandes  de 
peau  C]u!  relTemblenc  à  de  petits  bras.  Ces  cfpciCi  d'ailes  font  cou- 
vertes en  haut  de  plumes  blarithes  mclccs  de  hoires  très-courtes  êi  trcs- 
ctroîtes  \  elles  lui  fervent  pour  nager  &  iamais  pour  voler.  Il  fait  fon 
nid  fur  les  rivages  dans  des  trous  nlfcz  profonds  qui  fe  trouvent  dans 
le  fable ,  &  y  dépofe  trois  ou  quatre  o^uf^  tachetés  de  noir.  Son 
bec  eft  étroit  &  plus  grand  que  celui  d'un  corbeau  j  fa  queue  eft  ourte, 
fes  pieds  font  nuits  «  plais  6c  garnis  d'une  membrane  comme  ceur 
de  Poie.  li  marche  le  corps  liaut  &  dioic  ,  laillànc  pendre  fes  efpcces 
d'ailes  de  chaque  cntôi  On  dit  que  fa  chair  n'a  point  la  m^uvaifc  odeur 
.  ordinaire  de  celle  des  oifeaux  de  met  ,  &'  qu'tUc  cft  allez  bunnc  À 
manger.    . 

Thrfguet  ou  Ktttnv*  Lç  keltreu  eft  de  la  grolTeur  d'un  pigeon  ,  mais 
fes  jambes  ont  le  double  de  hauteur.  Les  plumeS  de  fon  dos  font  cen- 
drées ,  mêlées  de  noir ,  &  celles  du  ventre  blanches ,  partagées  lon- 
gicudinalemenc  par  le  milieu  d'une  raie  noire.  Il  a  au  nii  de  fes  ailes 
un  os  long  d'un  piiuce ,  gros  de  quatre  ou  cinq  lignes  ,  dur  &  aigu  \  îl 
s'en  fert  à  combattre  contre  les  autres  oifcaux ,  mcme  contre  les  quadru- 
pèdes qui  approchent  de  fon  nid  qu'il  hit  dans  les  trous  qu'il  rencontre 
par  halard  en  terre.  H  pond  trois  œufs  gris,  tachetés  de  noir,  qui  font 
bons  à  manger.  Quand  Je  keltreu  voit  arriver  un  homme  ,  il  (e  retire 
de  fon  nid  ,  &  ne  crie  que  quand  il  en  eft  i  une  diftance  confidcrable, 
de  peur  qu'on  ne  trouve  fes  aufs.  Ils  vivent  dans  les  plaines  \  jamais  ort 
.  Jie  trouve  enfemble  plus  de  mâles  que  de  femelles ,  comme  jamais 
ils  Jie  fe  perchent  fur  les  arbres. 

Trcnca,  La  trenca  eft  d'un  gris  ccndir  ,  elle  eft  de  la  groH'eur  d'une 
grive  à  laquelle  elle  rclfemble  encore  par  le  bec,  la  tcte  &  les  pieds.  Elle 
a  les  ailes  ôc  la  queue  plus  lonques  &  plus  larges.  Cet  oileau  chante 
agréablement  %  il  varie  fa  voix  comme  le  rofiîgnol ,  &  a  le  calenr  d'imi- 
ter alîcz  bien  le  chant  des  autres  oifeaux.  Il  eft  très  vif  »  &  ne  peut  fe 
tenir  long-tems  dans  un  même  endroit  \  il  fautille  toujouri»  quoic^u'il 
chance. 

Kiveu,  Le  Jceveu  ,  que  les  Efpagnols  ont  appelle  grive  improprc- 
xnent ,  eft  un  peu  plus  gros  que  la  trenca.  Il  a  la  chair,  les  plumes,  \q$ 
yeux ,  te  bec  &  les  jambes  noires.  Il  apprend  i  p  rter  comme  le  per- 


roquer,  quoique  fontec  foir  mince  &  un  peu  plus  lon^  cjue  la  gnve 

l'apprivoife  facilement.  Son  chint  eft  continua 

très- mélodieux.  Il  pourfuir  les  petits  oifeaux  ,  &  leur  mange  la  cer- 


ptopremenc  dite  ;  on  W 


vclle.  Il  fait  fon  nid  fur  les  arbres.  Il  le  compofe  de  fin^e  qu'il  apporte 
avec  fou  bec ,  fes  pieds ,  &  £l  queue  qui  lui  feit  de  ciuelie. 


Sun  vnisr.  kjturelie  et  les  arts.   477 

f  Le  Cluli  n'eft  pis  fi  atwn  lant  en  quaJrupcJcs  &:  eu  vivipares  indi- 
gènes que  les  autres  parties  de  rAmcriquci  cependant,  il  s'en  iruuve 
uelques-un>  d'inccreilims;  on  les  divife  en  aquatiques  &:  en  tcrrcftrcs. 
es  aquatiques  font  la  Kiteine  ,  le  lion-niArin  ,  le  loup ,  le  cheval ,  le 
lue ,  le  p,uillin  &:  le  coipu.   Les  terreftres  font  le  lion  ,  l'huanaco  ,  le 
hilibucque  ,  le  ^ucmul  ,  l.i  vigogne  ,  le  renard  ,  U  guign.-»  ,Ie  daim, 
le  lièvre  ,  la  vifL\n:ha  ,  le  chinne  ,"lc  k  ki  ,  larda  &  le  piguchen. 
ViviPAiifes  AQUATIQUES.  B.ticm-.  Lc'»  baleincT,  dont  b  mer  du  Chili  eft 
cdinniremenr  couverte»  n'ont  que  quelques  lépcres  différences  avec  celles 
u  Groenland.  On  trouve  quelquefois  de  ces  inonftrueux  nnimausc  morts 
ur  les  rivages.  Leur  plus  çrmd  ennemi  eft  le  poi'ron-épce;  il  porte  ce 
'nom  A  caufe  d'une  lame  ollcufe,  pleine  &  pyramidale,  longue  de  trois  X 
uatre  pieds  qu'il  porte  fur  la  tcte.  Ce  poifTon  eft  long  de  dix  à  douze 
teds  ,  &  d'une  agilité  étonnante  ;  il  a  les  mâchoires  armées  de  petites 
ents  pointues.  Il  y  en  a  une  autre  efpèce  qui  ne  difîïre  de  la  première 
ue  par  fon  cpée  qui  eft  dentelée  de  chaque  côté  comme  un  peigne, 
armi  les  b.-ilemes  qui  fe  ttouvcnt  mortes  Tur  le  rivage  ,  on  en  len' 
Dntre  de  prodigieuies.    L'auteur  qjc  je  traduis  ,  dit  avoir  vu  la  côte 
'un  de  ces  énormes  poilTons  ,  qui  ctoit  longue  de  quinze  pïeds  ^  large 
"un  pied  &  demi ,  èc  épaifle  de  cinq  doigts. 
Cuiilin.   Le  guiUin  eft  un  animal  ^{Xar  commun  qui  vît  dans  les 
es,  dans  les  neuves  ou  d.ins  les  rivières.   Il  fc  nourrit  de  poitrons 
u  de  l'herbe  qui  croît  fur  les  bords  des  lieux  qu'il  h.ibite.  11  eft  de 
taille  d'un  chien  ordinaire  \  il  eft  couvert  de  deux  erjgpces  de  pulls , 
fies  uns  longs  .  les  autres  courts.  Le  poil  court  eft  (ïn  &  fort  épais.  U 
h'eft  jamais  plus  long  d'un  pouce  ,  éc  feri  à  conferver  la  chaleur  de 
Vanioiul.  Le  long  eft  plus  rude,  d'un  brun  obfcur  fur  le  dos  &  blan- 
:hâtie  fous  le  ventre.  C'.t  animal  a  U  tcte  prcfque  ronde,  les  oreilles 
mdes  &:  courtes  ,  ^c  Tes  yeux  petits  ;  fa  bouche  eft  armée  de  quatre 
lents  longues  &  pointues ,  deux  en  haut  Se  deux  en  bas.  Sa  queue  eft 
Lirge  ,  (çs  pieds  hc  fes  mains  font  membraneux   &  piaf;  ;  fa  peau  eft 
«ftimée ,  on  en  fait  d'atrcz  bons  chapeaux  y  il  parolt  ijlie  c'eft  une  efpè^-e 
.de  caftor. 

Col'iu.  Le  colpu  eft  plus  petit  que  le  guilHa  auquel  il  relTemble  pat 
la  figure  &  par  la  manière  de  vivre.  Sa  peau  eft  noire  &  garnie  de 
Ldeux  efpèces  de  poils  donc  l'intciieur  eft  allez  doux.  Quoique  ce  petit 
animal  foit  amphibie  ,  on  l'élève  dans  les  maifons ,  &  il  s'.npprivoife 
comme  un  chien.  On  trouve  cnjore  des  loutres  d.in$  TiHe  de  Chiloé 
qui  ne  diffèrent  point  de  ceux  d'Europe. 

,  Qu A DRupàoES  TEaRESTREs  Legnanacojle  Chilibuéque,  legtiémul& 
lia  vigogne  font  des  efpèces  fubalternes  du  genre  des  chameaux  ,  dout 
ÏU  diffèrent  principalement  par  la  privation  de  la  bollè. 
'     Guaadco.  Le  guanaco  eft  long  de  fix  à  fepc  pieds  i  &  haut  d«  qu.i(ce 


47»  ORSERrJTfONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 
i  cinq.  11  reflemble  prefque  au  chame.'i»  pir  b  tîrc,  le  cou  ,  par  la  lèvre 
Aipcneure  qui  elt  fendue  &  £ins  denc  :  il  lui  rellembte  encore  par  ta 
queue  &  p.ir  les  parties  nuurelles  ,  mais  fon  dos  eft  i.\ws  belle.  Ses 
pieds  fonc  ^ucchus  Se  armés  d'ongles  gros  &  pointus  :  le  poil  de  fon 
dos  e(l  gris-brun  ,  celui  du  ventre  blancliâcre  ;  il  efl  fore  doux  &  ferc 
à  faire  des  ihapeaux.  Cet  animal  n'a  d'autre  dctenfe  que  la  Icgcretc  de 
fcs  pieds  avec  lef  quels  il  Te  tient  fur  les  rochers  les  plus  rapides  II  vit 
ordinairement  fur  les  montagnes  des  Andes  i  il  eft  cependant  alîez  doux  , 
s'appcivoife  facilcmenr.  Si  on  t'irrire  >  il  crache  à  la  ligure  de  ceux 
qui  l'attaquent.  Sa  chair  ,  félon  les  habitaus  du  pays ,  eft  bonne  â 
mauger ,  Se  cft  peu  infcticure  à  celle  du  mouton.  Le  guanaco  fournie 
le  plus  beau  bczoard. 

ChUihtiijtit,  Le  ciiilibuçque  tient  du  guanaco  &  du  mouton  d'Europe. 
11  a  la  tcte  >  le  cou  &  la  queue  du  guanaco  ,  &  le  rcfte  du  mouton 
qu'il  furpaffe  du  double  en  grandeur.  C'eft  de-là  que  les  tfpagnols  l'ont 
nomme  brebis  du  piys  .  &  les  Indiens  »  chilibucque  ,  qui  veut  dire, 
mouton  du  Chili,  pour  le  diftinguer  des  lam.is.du  mouton  du  Pérou. 
Le  chitibuéque  eft  un  animal  domcftique  ,  fort  cftimc  des  Indiens.; 
dans  leurs  cérémonies  religieufcs  &  dans  leurs  traites  de  paix,  on  en 
facritic  en  figne  d'alliance*  Sa  chair  eft  aulll  bonne  que  celle  du  mou- 
ton. Sa  laiue  ell  excellente.  On  en  trouve  de  blancs  ,  de  {rrit ,  de  noirs 
&  de  cendrés.  Cet  animal  fc  multiplie  peu  par  la  diffi'  ulté  qu'a  la 
femelle  de  concevoir  y  il  faut  la  ioutcuir ,  pour  qu'elle  ret,oive  w 
mâle.  . 

GuemuL  l!t  gdémul  eft  de  ta  forme  &  de  la  caille  d'un  chilibucque , 
â  l'exception  de  (a  queue  qui  rdrcmble  à  celle  d'un  cerf,  il  tli  plus 
fauvage  ciue  le  guanaco  \  il  habite  prefque  toujours  les  lieux  les  plus 
efcarpcs  des  .\ndcs. 

f''>gog/ie.  La  vigogne  eft  de  la  grandeur  d'une  chèvre ,  &  reffèmbto 
beaucoup  au  guanaco.  Sa  laine  eft  couleur  de  café  ,  tine  &  mocUenfe. 
On  en  porte  beaucoup  en  Europe.  Sa  chair  eft  bonne  i  mani^er.  La 
vigogne  vit  dans  Tbs  pays  les  plus  tempérés  du  rovaume  ,  d.in>  lev  pro- 
vinces de  Copiapo  &  de  Coquinbo.  Il  faut  qu'elle  foit  fort  fccjnde , 
parce  que,  malgré  le  maftacre  continuel  qu'on  en  fait  tous  tes  an^ ,  il 
s'en  trouve  Toujours  beaucoup.  Cet  animal  eft  fort  timide  ;  on  l'arrcte 
d.ins  fa  courfe  avec  une  corde  où  pendent  plulîeurs  Rovons  de  l.ime. 
Si  on  l'élève  ,  il  s'apprivoife  comme  un  mouton  \  cependant  les  h.ibi- 
cans  du  pays,  qui  pourroicnt  en  tirer  un  grand  paici ,  ont  la  négligence 
de  ne  pas  les  nourrir. 

yifca^uc.  La  vifcaquc  cft  de  ta  grofteur  &  prefque  de  la  figure  d'un 
grand  lapin ,  quoiqu'elle  ait  les  jambes  plu^  courtes.  Son  poil  cft  doux 
&  mclc  qe  gris  &  de  noir.  Sa  queue  ,  qui  reifemble  à  celle  du  renard  ,  cft 
garnie  de  ioies  li  diues>  qu'elles  rellemblenc  i  des  épines,  li  fe  défend 


SUR  VHÏST.  K.4rURELlE  ET  LES  ARTS,     479 

de  fes  ennemis  en  agiunc  fa  queue.  -Si  ch.iit  eft  bonne  i  manger.  U 
,vir  dans  des  terriers  qu'il  fe  forme.  Il  piiTe  la  nuit  i  porter  à  l'entrée 
fàt  (on  trou  coût  ce  qu'il  trouve  dans  U  campagne.  QuAnd  les  voyageurs 
ont  perJu  quelque  chofe  ,  ils  vont  le  cKercher  i  l'entrée  des  cerrlcrs 
des  vifcaques ,  &  font  prefque  toujours  sûrs  de  Py  crouver. 

Chinne  Le  chinne  eft  encore  de  li  gro.Teur  d'un  lapin  \  mais  il  rcC* 
femble  plutôt  pat  UBgureàun  petit  chien.  Sa  peau  eft  tl'un  bleu  obfcur. 
il  a  fur  le  dos ,  depuis  U  tcte  jufqo  a  l'extrcmité  de  U  queue  ,  une 
lûye  compolcc  de  pmtiencs  anneaux  blancs.  Sa  queue  eft  crès-ga||iie  de 

?'oil ,  rejourbce  en  bas  ver&  Ton  extrémité  ,  où  elle  eft  auflî  rude  &  aulli 
errce  que  celle  d'un  paon.  Ce  petit  animal  tft  doux,  il  aime  Ici  hommes 
qu'il  cherche  p-ir-tout;  il  entre  dans  les  maifons,  fnr-tonr  à  U  camp.-ignej 
jiX  mange  ce  qu'il  rencontre  ;  il  fe  promène  eu  route  liberrc  parmi  les  chiens 
c|ui  ne  lui  difputcnc  rien  non  plus  que  les  hommes;  tous  le  refpeftent  &  le 
craignent,  quoiqu'il  ne  falfe  mal  ni  avec  les  dents  ni  avec  les  oncles.  Ce 
qui  lui  vaut  ce  fauf -conduit ,  eft  une  petite  vetlîe  qu'il  a  placée  auprès 
de  l'anus ,  à  la  nailTance  de  la  queue.  Cette  vellie  contient  une  liqueur 
huilcufc  y   différenre  de  l'urine ,  dont  l'odcuc  eft  û  puante  ^  H  fufTo- 
quante  ,  qu'on  peut  h  peine  trouver  dans  la  nature  quelque  chofe  i  lui 
comparer.  Cette  odeur  en  outre  eft  lî  tenace,  qu'il  lui  faut  un  tems  confi-  - 
^«Icraole  pour  fe  dillipet.  Quand  cer  animal  fc  voit  attaqué  »  il  allonge 
les  pieds  de  derrière  ,  6c  lançant  cette  liqueur  fur  fon  agrcifeur ,  il  fe 
délivre  du  danger  par  ce  moyen.  On  ne  peut  plus  fe  fervîr  d'un  habit' 
fur  lequel  elle  eft  tombée  ,  à  moins  qu'on  ne  le  mette  4  plullcurs  lef- 
"ives  très-forces.  Le  lieu  refte  inhabitable  pendant  beaucoup  de  tems  j 
»n  ne  trouve  ni  mufc  ni  aromate  qui  puifte  furpalfer  cette  odeur.  Lesi 
îhiens  qui  en  ont  reçu  en  font  tout  étourdis  \  ils  fe  roulent  dans  le  fable^ 
&  dans  la  fange  ;  ils  fe  plongent  fouvem  dans  l'eau  ;  ils  courent  la' 
campagne  en  hurlant  comme  des  furieux  \  ils  maigriftènt  beaucoup  ,i 
parce  que  tant  que  cela  dure  .  ils  ne  mangent  pcefquc  point.   Us  fe' 
gardent  bien  enfuiie  d'attaquer  un  pareil  animal.  Le  chinne  n*a  d'au- 
tres dcfenfes  que  cette  liqueur  qu'il  lance  fur  tous  les  animaux  qui 
l'attaquent  ,  excepté  fur  ceux  de  fon  efpcce  ,  quoiqu'ils  aient  fouvenc' 
des  querelles  enfemble.   On  ne  s'apperçoit  de  cette  mauvaife  odeur 
lue  quand  il  la  tance.  Sa  peau  &c  fa  chair  en  font  exemptes.  Les  In- 
tiens ,  pour  l'empêcher  de  lancer  cette  liqueur  »  le  prennent  par  U" 
fueue,  &  tirant  avec  elle  le  nerf  de  la  véncule,  ils  en  ferment  lou- 
:rture.  On  fait  avec  fon  poil,  qui  eft  fort  doux  ,  de  fort  belles  cou- 
rejtures  de  Ht  > 

Kiki-  Le  kiki  eft  de  fit  grandeur  d'un  renard  auquel  il  reffemble 
par  la  queue  ,  &  par  le  refte  du  corps  au  crocodile.  Il  eft  d'un  gris 
cendré ,  tacheté  de  tlanc  \  fes  jambes  font  courtes  &  fon  poil  fin  \  il 
eft  uès-féroce  »  &  n'a  pu  s'apprivoifer  jofqu'à  picfent. 


480       OBSERVJTIONS  SUR   LA    PHYSIQUE, 

.  ArJa,  L'acda  efl  une  efpcce  de  inuloc  uu  de  campagnol  dâ  U  grof- 
leùc  d'un  cbat  ^tii  ne  fc  trouve  que  dans  la  province  de  Copi.ipo. 
Ccc  aninul  e(l  allez  do'^ilc  ,  il  eft  couvert  d'une  laine  cendrée  ,  cpaille 
&  délicate  comme  le  meilleur  coton. 

Pi^ucnift.  Le  pi^ucheii  ell  l'animal  le  plus  cuiicux  du  Chili.  Il  eft 
AU  fois  aile  ^  cjuidrupcde,  il  eft  de  la  grandeur  d'un  lapin  ordinaire, 
lirge  du  derrière  Se  cttoït  du  devajit.  U  ell  couvert  d  un  duv£c  fin  de 
couleur  de  canelle  foncce.  Son  niufeaii  crt  pointu ,  fus  yeux  grands  , 
ronds  Je  brillans.  A  peine  appercoit-on  Tes  oreilles;  Tes  ailes  font  mem- 
brancuïcs  comme  cvlles  de  la  chauve-fonris  j  Tes' jambes  font  cources 
Se  fembUbles  à  celles  du  Iczatd  ;  fa  queue  ,  ronde  dans  fou  origine  , 
sclir^tt  enluiie  comme  celle  d'un  poii'bu  \  il  lîfTIe  comme  les  cou- 
leuvres Hc  vole  comme  les  perdrix  ;  il  fe  r^rire  dans  les  trous  des  ar- 
bte>  ,  d'où  il  II?  fort  que  pendant  la  ituic  11  ne  taîc  mal  à  pcrfoime» 
On  ignore  quelle  ejt  fa  nourriture.  Je  n'aî Jamais  pu  obferver  cec  ani*. 
mal;  mais  des  pcrfonnes  dignes  de  foi  fc  font  toutes  accordées  à  m'en 
cionner  cette  dcfcription. 

..  MirAux.  On  trouve  dans  le  Chili  des  mines  de  tous  les  métaux , 
4e(ni-métaux  &  minéraux  connus  ;  l'or  fur-tout  y  eft  très-commun, 
oni.n'çn  tire  que  du  p.iys  appucenant  aux  Efpienols. 

L'or.  U  y  a  deux  manières  de  retirée  l'or  de  (a  mine,  ou  en  femianC' 
avec  des  p1cs  de  ter  les  rochers  qui  en  contiennent ,  ou  en  liv.mi  lo' 
fable  des  fleuves  qui  en  roulent  dans  leur  lit-  La  pr^mi^re  eft  ptéfé- 
rabjc  par  l'avautape  qu'on  en  retire  ;  elle  eft  cependant  .ilfcz  dilpen- 
dieufc.  Ourre  h  fatigue,  elle  exige  pluHeurs  machines ,  &  un  moulin 
particulier  pour  réduire  en  poudre  les  pierres  mccdliqucs.   Ce  m'.'ulin 
^-appelle 'rj/7/cÀ<  ;  il  eft  compofc  de  deux  meules  pi.  cecs  comme  ccllel 
4'lin  moulin  ^  huile  :  un  grand  canal  d'eau  fait  tourner  la  meule  fu- 
périeute  dans  une  grande  caifle  circulaire  où  on  met  le  métal.  Un  auire 
petit  canal   introduit  dans  cerre  cailfe  de  l'eau  qui  ,   baignant  comU 
,  nuellemcnt  le  minerai ,  en  hâte  la  mouture ,  Ô<  on  conduit  les  partie» 
les  plus-  broyées  dans  cettiins  puits  appelles  m.iriiju.\  ,  par  une  ou- 
verture  pratiquée  i  U  caille.   Lç  minerai  étant  tout  pulvcrifc  ,  ua  fi 
jette  du  mercure  qui  ralfemble  toutes  les  particules  d'or  qu'il  renLontreâi 
formant  avec  elles  un  globe  bUnchâcte  ,  auquel  le  feu  reftitue  fa  diueié, 
5f  une  belle  couleur  jaune.  u 

La  féconde  manière  d"ex(>loitet  Tor  «'abandonne  ordinairement  4- 
cegx  qui  n'ont  pas  aftea  de  fonds  pour  faire  les  dcpenfes  qu'exige  U. 
manière  précédente.  Ceux-là  mettent  le  fable  dms  une  efpcce  de  n*- 
vetfê  de  corne,  qu'ils  appeitenc.  4»'N^''*>i  ^1^  1%  Uvent  bien  ,  3c  ranial- 
fenc  les  grains  d'oie  que  leut  p^^n^iir  f^t  reftcr  au  toad  ;  mais  codim»^ 
ils  ne  fe  fervent  peine  de  mercure  ,  ils  en  perdent  plus  48  U  moiii^y^lei 
rtofit  en  eft  cepentJAnt  alfcz  cpoiiilé table.  .,  .  .  i  .    :> 

L'argent 


SUR  UniST.  NATUREILE  ET  LES  ARTS,      4S1 

L'argent.  On  trouve  auffi    des  mines  d'argent  ;  mais   comme  elles 
ibnt  fatigantes   &  plus    dirpendieufcs  à  tirer  que  celles  d'or,  on  Us 


^u'il  en  dilfcre  un  peu  par  (a  confltuûnon.     i**.   On    crible   enfuite 

cette  poudre  dans  une  cipcce  de  tamis  de  fil  de  fer  très-mince.    Oa 

le  mile  avec  du  mercure  ,  du  fel  ,    de   U  boue  putccfice ,  &  on  l'e^j- 

ferme  dnns  un  cuir  de  vache  >  en  y  vetfant  de  l'eau  ;  il  fe  fait  une 

'mall'c  qui  pendant  l'efpace  de  huit  i  dix  jours  fe  bac ,  fe  fuulc  aux  pieds,, 

}éc  fe  retourne  deux  fois  uit  jour.  Ttotûèmcmcnt,  on  mec  cette  mafTe  , 

capràs  les  opéraûous  précédentes ,  dans  une  auge  de  pierre ,  on  vetfe  de 

'l'eau  delfiis  ,  cette  eau  entraîne  le  niincrat  avec  elle  dans  des  puirs 

"creufés  au  pied    de  l'augç  où   ramalgamc  d'argent  &  de  mercure  fc 

'précipite  en  un  globe  blanchâtte.  Quatrièmement,  on  retire  le  globe  j 

^bn  le  met  dans  un  fac  de  toile  que  l'on  prelTe  fortement  afin  de  faire 

"fortir  le  mercure.  Cinquièmement,  les  ouvriers  donnent  À  cette  ma(re, 

^ui  eft  aufli  molle  que  de  la  pâte  de  farine ,  différentes  formes  ,  felcni 

l|eurs  caprices,  ou  d'oifeaux  ou  d'animaux  ,  &c.  Une  grande  partie  du 

hercure  qui  y  cft  contenu ,  s*échappe  par  les  trous  pratiqués  aux  moules. 

Sixièmement  >  comme  le  mercure ,  malgré  toutes  ces  prefiions ,  n'a  pas 

iiout-à-faic  abandonné  l'argent  ,  on  jette  la  mafle  dans  un  fourneau 

nen  allumé  j  le  mercure  le  volacilife  ,  &  l'argent  telle  pur,  blanc  & 

folide. 

Cuivre.  Les  mines  de  cuivre  ne  font  pas  plus  rares  dans  ce  pays 
'que  celles  d'or  avec  lequel  on  le  trouve  mêlé.  On  n'exploite  que  celles 
^qui  font  fort  riches.  On  fe  fen  des  opérations  fuivantes  pour  avoir  le 
pcuîvre  pur.  i".  On  fait  une  foïlè  profonde  pavée  d'un  mélange  de 
fplatre  Se  d'os  calcinés  ,  bien  pulvérifés  i  cette  pâte  refte  -au  feu ,  fie 
[il  ne  s'y  fait  aucune  gerçure  par  laquelle  ce  mctal  puilTe  s'échapper. 
^Des  quatre  cotés  de  la  folï'e  s'élèvent  ciuatre  murs  qui,  au  fortir  de  terre, 
fe  courbant  en  voûte,  forment  une  efpcce  de  four.  On  laUTe  une  fcnctre 
à.  la  partie  fupérieute  pour  mettre  le  métal ,  &  pour  obfervcr  l'état  de 
[|a  fulion  i  on  Uiffe  en  outre  quelques  ouvertures  pour  donner  ilFuc  à  la 
[iiunée.  Secondement ,  pour  rendre  le  feu  plus  vif,  on  fe  fert  de  grands 
libufTIets  que  l'eau  fait  marcher.  TroiCcmemenc ,  on  échauffe  le  fourneau 
tpluneuts  jours  avant  d'y  mettre  le  métal  ,  &  alors  qu'on  l'y  jette,  on 
[sjouie  en  mcmc-icms  beaucoup  de  gros  bois.  Quatrièmement, quand  on 
|,Voit  le  métal  dans  une  belle  tufion  ,  on  ouvre  une  porte  pratiquée  au 
r%a5  du  fourneau  par  où  le  cuivre  coule  comme  un  torrent  de  reu ,  Ce 
iiemplit  des  moules  que  Ion  a  mis  pour  les  recevoir.  Le  fer ,  quoiqu'a- 
boudant ,  ne  s'exploite  point. 

Tome XIK Part.  II.  1779.  DÉCEMBRE.     Q  qq 


48*        OBSERVATIONS   SUR  LA  PHYSIQUE^ 

Fokans.  Le  Chili  eft  un  royaume  de  l'Amcnque  maidïoiule  ,  fituc 
{ur  les  bords  de  la  mer  Pacifique ,  entre  le  Z4  &  le  4{  degri:  de  latitude 
auftra.le,  &  cntte  les  504  &  }o8  dcgcés  de  loneiiude»en  prenant  le  premier 
méridien  à  Tille  de  Fci.  Sa  longueur  du  nord  au  midi  efl  de  400  lieues  > 
&  fa  largeur  de  l'eft  à  l'oucft  cil  d'environ  So  ,  en  comprenant  la  mon- 
tagne des  Andes.  Il  eft  borné  à  l'oueft  par  la  mer  Pacifique ,  au  nord 
pat  le  Pérou ,  i  Teft  par  le  Tucumant ,  &  au  midi  par  les  Terres  Ma- 
ccllaniqucs.  Il  eft  réparé  de  toutes  ces  régions  ou  par  lui-même  ou  pat  les 
Andes. 

Ce  royaume  eft  un  des  meilleurs  de  l'Amétique*,  fon  climat  eft  Ci- 
lubre  &:  tempéré  \  le  ciel  y  eft  pur ,  &  le  fol  fertile.  Les  faifous  y  foqt 
régulières  \  le  printems  commence  en  Septembre,  l'été  en  Décembre» 
l'automne  en  Mars ,  &  l'iiivcr  en  Juin.  11  pleut  abondamment  au  com- 
menccmenc  du  printems  -y  mais  point,  ou  rarement  dans  les  autres  fat- 
ions.  L'été  eft  feiein ,  fans  tempàes  &  fans  orages.  Ce  défaut  de  pluie 


y  lerou  prodigieulcmçnt  chaud,  Ulairnetoit  ratraicni  par 
un  vent  de  mer  &  par  celui  qui  vient  des  Andes  donc  le  fommet  eft 
toujours  couvert  de  neige.  Le  froid  de  l'hiver  eft  trés-modéié  \  on  na 
jamais  vu  tomber  de  neigedans  les  provijices  maritimes ,  &  l'on  n'en  voit 
que  de  cinq  ans  en  cinq  ans  dans  les  provinces  voilînes  des  Andes.  Suc  U 
partie  la  plus  élevée  de  ces  montagnes ,  font  quatorze  grands  volcans 
enflammés ,  outre  pluHeurs  autres  petits  qui  n  ont  point  encore  fiit  de 
tore  aux  pays  circonvoiniis.  La  quantité  de  matière  fulphureufc  que  reufec' 
ment  ces  cavernes  eft  la  fource  des  fréqaens  tremblemens  de  terre 
qu'on  éprouve  .iu  Chili. Cependant,  ils  font  moins  violens  &  moins  im- 
prévus qu'autrefois  ,  ce  ^ui  donne  aux  habiians  le  tems  de  s'échapper- 
l.es  volcans  ro^ie  paroilTent  avoir  ralleuti  la  promptitude  de  leutt 
effets. 


lii 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     48J 


SUITE    DES    EXTRAITS 

Du  Pone  -Feuille  de  M.  TAbbé  DicqtJEMARK. 

Porte-Iris,  ficonde  tfpUe, 

l^  JjE  itS  Juin  1779 ,  je  trouvai  fur  le  fable  (  au  rivage  du  Havre  )  ane 
pecice  glaire  oui  ne  m'ctoic  pas  bien  connue  ;  elle  avoir  affez  l'air  li'un 
morceau  d'orcic  marine  ;  cependant  je  jugeai  que  ce  pouvoit  être  un 
tout>&  d'un  animal  plus  long  que  ne  feroir  une  tics-pente  oriiej  îd 
la  plongeai  dans  un  vale  ,  &c  j'eus  la  farisfacHon  d'y  rcconnoure  non- 
I'  feulement  un  animal  encief ,  mais  même  un  porte  -  iris  différent  de 
«lui  que  j'avois  découvert  en  177X  ,  Se  dont  la  figure  &  la  dcfcrip- 
tion  parurent  dans  les  Obfcrvat'tons  fur  la  Phylia".* ,  i'Htfloirt  N^turelU 
6-  Ui  Ans  j  rom.  VI  ,  Oftobre  1775 ,  pag,  ^n  &:  fuiv.  ,  où  il  eft 
utile  de  recourir.  Je  regarde  donc  celui-ci  comme  un  porte-îris  de  la 
féconde  efpèce,  &  je  m'explique.  Tout  animal  qui  offrira ,  non- feule- 
ment les  couleurs  de  l'iris  ,  mais  la  forme  de  l'arc- en-ciel ,  fera  un 
pcriè-irîsj  c'eft  ce  qui  me  ht  donner  ce  nom  au  premier.  Celui-ci  a 
le  même  caractère  générique ,  &  a  pour  attributs  (pécifiques  fa  forme 
'  différente.  Je  préfente  de  nouveau  ici  le  premier  porte-iris  ,  fig.  j , 
avec  le  développement  de  fes  queues  ou  membres ,  comme  je  viens 
de  le  découvrir,/?/.  //,  &  le  fécond  par  la  //i;.  4.  Celui-ci  n'eft  donc 
point  formé  comme  le  premier.  C'eO:  nne  efpîce  de  fac  arrondi  par  le 
fond  &  ouvert  dans  la  partie  que  j'ai  toujours  vue  précéder  Taurre 
d.ins  les  mouvcmens  de  l'animal.  Cette  efpcce  de  cylinate  tranfparent , 
comme  du  verre  blanc  ,  eft  creux  &  orné  à  l'extérieur  de  huit  rangï 
de  très-petits  ailerons  difpofés  félon  fa  longueur  »  placés  comme  entre 
deux  petits  rubans  chiffonnés  d'un  rouge  un  peu  violer-  Ces  ailcronï  , 
inclinés  vers  la  partie  arrondie  ou  po(lcrieure ,  font  cependant  avancer 
l'animal  dans  un  fens  oppofc  au  porte-iris  de  la  première  cfpèce ,  Se 
donnent  aulli  de  irès-jolis  iris  en  arc;  il  offre  même  quelquefois  les 
couleurs  de  l'iris  fur  fa  peau.  Je  n'ai  pu  appercevoir  dans  l'incrieur 
que  quelques  fibrilles  tres-déliées  &  de  petits  points  blanchâtres;  L*a- 
nimal  me  parut  avoir  deux  membranei ,  l'une  extérieure,  l'amie  intér 
rieure  »  dont  Tintervale  eft  rempli  par  une  matière  gélatineufe ,  fem- 
blable  à  'celle  des  oities  marines  ,  &  je  crois  qu'au  centre  du  bout 
ationdi  qui  ell  garni  de  petits  membres  ou  poils,  il  pourroit  y  avoir 

1779,     D  ÈCEMBRE,    Qqqi 


484       OBSFRrjTJOKS  SUR   lA    PHYSIQUE, 

une  ouverture  qui  communique  ^  cette  duplicatiire.  Je  ioupçonne  que 
je  poutrois  cire  cronipé  fur  la  manière  de  fe  mouvoir  de  l'animal , 
parce  qu'il  écoic  blelTc  au  côcc  \  cependant  cette  blelTure  n'influe  ni 
fat  la  ngure,  ni  fur  la  defcripcion.  Le  45  il  croit  encore  vivant ,  mais 
diminuoit  de  grofTeur  comme  les  porte-iris  de  la  première  efpètc  que 
j'ai  gardes  dans  ma  petite  ménagecic  marine. 

Ver   long   ou    iNTESTii)on.ME. 

En  parlant  des  vers  à  tuyau  &  de  leurs  produûions  par  la  fec- 
tion  {\)  y  j'ai  fait  fentir  qu'il  nous  efl  imérelTant  de  connoitre  les  vers 
marins.  L'inventaire  de  la  nature  ne  fera  peut-être  jamais  complet  , 
&  la  mer  efl:  certainement  la  partie  dans  laquelle  il  cfl  le  moins  avan- 
ce, cependant,  elle  recelie  dans  les  trois  règnes  des  cliofcs  dont  la  con- 
noifTartce  peut  devenir  très-utile  ;  j'y  comprends  nicme  celle  de  nos 
ennemis.   La  terre  ,  qui  n'eft   pas  culiiviïe  par  tm  travail   laborieux  » 

f>roduit  desronccs  3c  des  épines,  &  une  multitude  d'animaux  nuiHbleSy 
a  mer ,  quoiqu'avec  le  même  inconvénient  ,  offre  au  contraire  pen- 
dant toute  l'annce  une  abondante  récolte  où  l'on  n'a  rien  femé.  J'aime 
il  me  pcrfiiader  qu'un  jour  on  rcconnoîtra  Puiilité  d'une  ménagerie 
marine,  comme  je  l'ai  propofc  (1)  \  en  attendant  ,  je  continuerai  de 
préfcntcr  aux  amateurs  la  hgute  &  la  dcfcription  de  quelau'ctre  in- 
connu que  j'aurai  découvert ,  6c  vu  manœuvrer  pendant  quelque  tems 
dans  ta  mienne. 

Il  fe  trouve  dans  les  rades  du  Havre  un  ver  nud  cylindrique  d'envi- 
ron douze  pieds  de  long ,  Se  de  la  giotTeur  d'une  petite  plume  i  écrire , 
P^'  i  I  f'S'  !•  Je  l'ai  prcfque  toujours  vu  tortillé  fut  lui-mcme ,  gon- 
Hant  quc-lques-unes  de  fc^  parties  ,  &  rcprcfentant  allez  bien  un  pa- 
quet ti'inceilins  d  où  j'ai  tire  le  nom  à'inuJîiform<,  Ce  ver  e(l  brun , 


-j — ^ — j —  -j —  —  — I —  ^_.,^  —  I ^ — ,.,_  ——_.,.,».. j 

mais  elle  peut  ctre  bouchée  par  une  matière  vifqueufe  qui  fort  de 
l'animal  loçfqu'on  le  coupe  ,  &  qui  paroît  être  compoiée  en  plus 
grande  partie  de  globules  très-dclics.  J'ai  vu  des  natiies  confidératles 
de  ce  ver  s'alonger' quatre  fois  plus  qu'elles  ne  Vctoienr  dans  l'état 
ordinaire  ;  de  forte  que  fi  l'animal  s'ctoit  alongé  par-tout  en  mtme- 
rems ,  ce  qui  ne  paroît  ps  impoflible  ,  il  auroit  eu  foixante  pieds  de 
long.  On  fait  qu'il  y  a  des  unia  en  comparaifon  dcfquels  notre  vec 
marin  feroit  court -,  mais  auffi  il  paroît  long, comparé  aux  vers  tes  plus 
ordinnres  &  les  mieux  connus.  Voyez-en  la  figure  ,  je  t'ai  delluiéc 
d'après  nature,  fg.  I.  Comme  je  n'ai  eu  qu'un  Individu ,  &  qu'il  étoït 

(1)  Dans  c«  Recueil. 

(t^  Dani  ce  Kccucil  &  co  particulier. 


SUR  LHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.       485 

lans  un  mouvemem  cominuâl»  ie  Hellin  3.  pris  fur  letems  que  j'aurols 
liu  doiuicr  A  l'obrecvatton.  Lorfqu'on  e(l  prerque  toujours  ,  comme  j^ 
S  fuis  ,  le  pccheur  »  le  dire^eur  ,  I  obfervateur,  le  deflîruireur  Se  llnf- 
][icn  ,  n  a-c-on  pas  quelque  droit  d  la  confiance  ^  X  l'indulgence  pu- 

[^blique. 


OBSERf^ATIONS 

Sur  les  Moules  j 
Pat   MaiUmo'tfeiU  Le  AUssonLe-Colpt. 

»A  découverte  des  reprodu<ftîons  animales  eft  peut-être  l'obiet  le 
'plus  piquant,  le  plus  lumineux  qu'aie  offert,  dans  notre  ficelé,  la  cul- 
[iure  des  fciences.  On  éprouve  encore  l'agrcable  furprife  que  caufe 
^clle  des  polypes  d'eau  douce  par  M.  Treniblai ,  Se  l'admiration  dont 
pous  failit  le  rcfultat  des  expériences  du  Doâeur  Spalanzanf  fur  les 
[limaçons ,  les  Salamandres ,  &c.  (t).  Quel  apperçu,  quelle  conviction 
|tie  mivit  pas  celles  de  M.  l'Abbé  Dicquemare  fur  les  anémones  de 
Ejner  Ôc  autres  (i)  1 1.e  premier  de  ces  iavans  a  dirigé  nos  yeux  vers 
)è  phénomène  le  moins  foup^onné  j  le  fécond  en  a  fait  voir  reten- 
due ;  le  troifième  a  fixé  les  limites  des  rcgnes  de  la  nature ,  &  a  ré- 


les  premières  reprodudions  annoncées  pat  MM.  Tremblay  &:Spalanzani! 
Mais  les  nuages  fe  font  difllpés ,  &  la  fétcnité  invite  à  obferver  de 
nouveau.  On  ne  me  foupçomiera  certainement  pas  de  vouloir  patticiper 
aux  contradictions  honorables  qu'ont  efluyé  ces  hommes  célèbres,  encore 
moins  i  la  gloire  qui  leur  eft  acquire,  puifque  je  ne  vais  prcfenter  que 
'des  icproductions  de  parties  fans  fuites  qui  ont  refté  dans  l'oubli  pendant 
plusieurs  années  ,  Se  n'auroient  jamais  patu  fans  les  invitations  obli- 
geantes de  MM.  l'Abbé  Rozier  &  Mongez. 


(1)  Voyez,  cequ'cna  pablié  M^  Bonact  dans  ce  Journal. 

(1)  Audi  dans  et  Journal  5c  daas  les  Tranfa^ions  Philofbpluqucs  At  la  Société  Roya]« 
\êt  Loiidics. 

(î)  PifTcitaiion  fur  Ict  Limites  du  Rcgncsde  U  Naïute  ,  Novembre  1776,  p*  J7I« 
M^nouc  iiiila  ScoUbiUïé,  Avril  1778*  page  }  18. 


^U       OBSnRr.4TIONS  SUR  LA  PUTSIQt/E, 

Après  quelques  ledhires ,  je  deitrai  voir  filer  Jes  moules.  On 
permet  fans  doute  cette  curiolit^-  à  une  iiecfonne  du  fexe.  En  eft  -  il 
de  mcme  de  celle  qui  fuivit  ?  Je  ne  fais  fut  quoi  j'imagin.ii  que  ft 
par  quelque  accidenfune  moule  vcnoit  à  perdre  une  chofe  aufli  efTen- 
tielle  que  ce  membre  ,  cette  efpèce  de  lant;uette  par  le  moyen  de  la- 
quelle elle  change  de  lieu  ,  &  s'ancre  fondement ,  elle  pourroit  en 
recouvrer  une  nouvelle.  Pour  m'en  aflurer ,  je  coupai  cette  languette 
à  une  moule  de  mer  \  le  morceau  retranche  conferva  fon  mouvement 
pendant  8  i  3  minutes  (  c'ctoït  le  1 5  Décembre  177}  ).  Une  nouvelle 
faneuette  reparut  le  1 1  Mars  de  l'année  fuivantc  à  9  heures  du  foir  , 
&  la  moule  Hla  \  mais  s'ctant  fctmce  jufqu'au  t6  ,  la  languette  aug- 
menta ,  &  reprit  fa  couleur  naturelle.  Je  lavis  alors  filer  jufqu'au  to 
Mai  A  7  heures  un  quart  du  foir  ,  où  je  coupai  la  lanc^uecte  pour  la 
féconde  fois.  Le  i  j  du  même  mois ,  à  10  heures  du  foir,  j'apperçus 
une  féconde  languette  forte  en  couleur,  mais  petite.  Le  16  à  5  heures 
du  matin  ,  la  moule aiucha un  fil ,  &  le  lendemain  ,  à  pareille  heure, 
un  fécond  ;  elle  a  reftc  fermée  jufqu'au  7  Juin  à  4  heures  un  quart  du 
matin  j  la  lai^uette  étoit  alors  aui£  longue  ,  plus  cpaifTe  ,  &  d'une 
couleur  plus  fontée  quelle  n  etoit  dans  fon  premier  état ,  ce  qui  indiaue 
une  reproduction  parfiiice  \  cependant  les  nouveaux  fils  étoienr  plus 
menus.  Le  9  Août,  le  bout  de  la  Unguette ,  ou  la  hlicre  de  la  moule  . 
fiiE  coupée  j  il  s'efl  de  nouveau  reproduit ,  Se  a  filé.  La  moule  moucut 
le  1 5. 

Le  14  Mars  177+ ,  i  10  heures  du  foir,  je  coupai  la  languette  d'une 
autre  moule  fur  laquelle  j'avois  &it  depuis  plufieurs  mois  d'autres  ex- 
périences. Le  17  Avril  ,  à  ;  heures  du  matin  t  j*apper<^us  une  nouvelle 
nlière  qui  à  peine  pouvoic  filer  ,  tant  elle  ctoit  petite  \  elle  attacha 
deux  bis ,  &  fu  referma  pendant  quatre  jouis.  Le  quatrième  à  9  heures 
&  demie  du  foir  ,  la  lan^ierte  me  parut  à-peu-près  un  tiers  de  la  giati'* 
deur  naturelle ,  forma  plufieurs  fils  ,  le  lendemain  fit  la  même  ma- 
nœuvre ,  continua  d'augmenter  en  longueur  ,  6c  de  fe  colorer.  Le  x6 
Mai,  je  coupai  pour  la  féconde  fois  ce  membre»  qui  reparut  le  14 
Juillet ,  mais  blanc ,  £c  ians  former  de  fils.  La  moule  mourut  le  1 1 
Août. 

Je  ne  rapporterai  pas  ici  les  obfervations  qui  avoient  précédé ,  ic 
dont  l'objet  ctoit  le  retablilTement  des  coquilles  btifées ,  ni  celles  de  U 
tcinfmi^ation  des  moules  de  mer  dans  Teau-doucc  ,  parce  que  je  crois 
qu'elles  font  connues  ;  mais  j'ajouterai  que  dani  le  mcme  tems  Je  coupai 
lescorncsaux  petits  limaçons  de  mer  à  coquille  noire  &  épaiife  quon 
uonime  au  Havre  vignots ,  ^.'  qu'elles  ont  repouQc.    Il   ne  m'a   pas  été 

f»ofTible  de   leur  couper  U  tcre  ,  tant  ils  font  prêts  à  la    retirer  ,  ou 
atfque  je  lai  fiiit ,  cette  fe'flioii  étoit  accompagnée  d'une  elfufion  de 
fang  Ik  de  circonllances  qui  ne  mont  pas  permis  de  conclure. 


SUR  VHIST,   NATURELLE  ET  LES   ARTS.     487 


EXPLICATION 

)c  la  caufc  des  Vuidcs  que  l'on  obftrve  (bus  les  glaçons 
des  chemins  raboteux  ; 

Par  M,  U  DocÎKur  GODARD, 

«ORSQv'iL  gcle  après  que  les  pUûes  ont  rompu  les  chemins  j  les  pas 

[-.des  chevaux ,  les  oinicces  des  voitures  «  les  petites  inégalités  du  tercein 

^offrent  auaiuicc  de  glanons  que  l'on  ell  Aupris  de  crouvet  appliqués  fur 

autant  de  vuidcs  ,  parce  que  l'eau  qui  rempHlToic  b  veillo  tous  ces 

iflicux ,  ctoic  trop  aboudanie  pour  s'être  cvapotée  en  une  nuit ,  &  que 

le  fond  qui  la  contenoît  les  jours  antérieurs ,  femble  devoir  la  retenir 

lencore  nijeux ,  étant  condenfé  par  le  froid. 

,     Ce  phénomène  a  pique  ma  curiofité;  j'ai  été  tenté  d'en  connoîtie  L» 
.^caufe  j  SiC  une  expérience  Bien  fîmplc  me  l'a  dévoilée,  ! 

Un  jour  qu'il  alloic  geler  la  nuit,  après  avoir  plu  les  prôccd^ns  >  je 
^pratiquai  dans  la  terre  répandue  fur  une  tcrrallê  de  plomb  ,  dil^crei^s 
,  enfoncemens  que  je  remplis  d'eau.  ., 

Ayant  levé  le  matin  les  glaçons  que  la  gelée  de  la  nuit  avoir  pro- 
-^duits  fur  tous  les  creux  »  je  trouvai  que  l'eau  avoir  enticcemeiit  dif- 
,  paruj  mais  à  proportion  que  le  foleil  échau^a  l'atmorphcre,  je  vi^  cette 
i,^u  y  revenir  ,  &  remplit  à-peu-nrcs  toutes  les  excavatiuns. 
\  La  nuit  fuîvante ,  nouveaux  glaçons  fur  les  mares  également  vuidev, 
)  &  qui  fc  remplirent  en  partie  »  lorfque  i'allre  du  joue  parue  Air  l'H^o- 
.  fifon,  &:  fe  fit  fcniir. 

La  canfc  de  ce  retour  de  Teau  m'apprit  celle  de  Ton  dépare  \  je  com- 
pris que  la  condeufation  de  l'aîr ,  rcntermé  dans  les  pores  de  \^  rerre» 
permeitoit  à  l'armorphère  de  pou^er  par  C^tn  poids  ,  l'eau  dans  les 
places  abandonnées  ,  ce  qui  la  rairgic  diiparoîcre  t  &  que  la  raréfa^oa 
de  ce  mcme  air  rcpoufToit  à  fon  tour  ,  ce  qui  la  faifoit  reparoitre. 

Ce  jeu  ihermo-bariniictriquc  des  ruy.iux  delà  terre  m'ofhoit  la,folû- 
'  ,  don  d'une  aM^^^  bifarrerie  qui  m'avoit  fouvent  furpris  \  favoii,  que  la 
terre,  dans  les  tcms  de  gelées  durables ,  eft  scche  .  poudreufe,,  refte 
telle  quoique  préfentée  au  feu  >  &c  que  cependant  elle  dcvienc  houenfe 
dès  que  le  foleii  commence  i  échaufler  le  tertèin  :  l'abforption  de.l'c^u 
dans  les  lies  inférieurs  de  la  terre  par  le  hoid  ;  fa  réputùon  ^  ver»  les 
Tupéiicurs  par  la  chaleuc>  donnent  une  raifon  évidente  de  ce  phéuo-. 
mené. 


^S3      OBSERrATîONS  SVR  LA  PNYSIQ^VE 


Maii 


îvenir  aux  vuides  de  nos  glaçons  »  il  eft  d 


qpe 


1  rcmarquci 
toutes  fortes  Ue  froidures  ne  font  pas  propres  i  les  oroduirc. 

Une  gelée  brufque  &  trop  forte  ,  faifir  à  l'irAjnt  toute  la  furface 
de  la  ccrvc ,  &  incerrompc  la  communication  entre  les  deux  airs  nif. 
ccBaires  à  la  formation  de  ces  vuides. 

Une  gglce  lente  &  trop  fuible  ne  pénètre  pas  a(7ez  la  terre ,  pour  en 
reflerret  l'air  ^  ou  elle  ne  le  contraftc  qu'après  avoir  recouvert  le  faboc , 
ou  la  mare  ,  d'une  manière  oui  arrête  l'etfet  de  l'atmofphère. 

11  faut  donc  ,  pour  la  proau^ion  de  notre  phénomène  >  une  gelcc 
médiocre  ,  d'entre  quatre  &  huit  degrés  au  tnermomètrc  de  NU  de 
Réaumur ,  qui  ne  foit  ni  ttop  brufque ,  ni  trop  lente  ;  c'cll*à-dire ,  qni 
foit  telle,  qu'elle  rcfroidiiTe  l'air  contenu  dans  les  |»otes  ou  tuyaux  de 
ïx  terre  ,  après  avoir  formé  ,  ou  en  fornianr  des  rsyons  de  glace  Cur 
la  furfue  de  Teau ,  H  avant  d'avoir  fermé  ou  affermi  les  efpaces  d'encre- 
<lcuT.  Je  m'explique. 

Monfieur  de  Mairan  a  découvert  que  les  clémens  de  Ja  glace  font  de* 
rayons  écartés  les  uns  des  autres  par  une  divergence  de  foixance  degrés, 
&  des  cordes  qui  fomendent  des  arcs  de  cent  vingt  degrés  î*pat  confé- 
quent,  l'eau  qui  fe  gèle  par  un  froid  médiocre  ,  ne  fe  fige  pas  tout  k 
la  fois^  mais  elle  commence  par  tracer  des  aiguilles  qui  lallleni  entre 
elles  des  tntervales  non^gelés,  ou  dont  les  glaces  font  d'auc-mt  plus  min- 
ces ,  que  l'eau  baiffe  davantage  pendant  la  formation  des  aiguilles  ;  ce 
qui  eli  également  vrai  des  lunules  comprifcs  entre  Ifrs  cordes ,   &  les 
arcs  qui  font  partie  des  bords  des  mares  en  qucdion  :  or ,  cela  pofé  , 
il  cft  évident ,  que  fi  le  froid  cft  allée  petçanc ,  pour  condenfer  Tair 
renfermé  dans  les  pores  de  la  terre  dans  le  icms  qu'il  géle  la  fupccticie 
de  l'eau  contenue  dans  les  enfoncemens ,  il  arrivera  que  quelques  in- 
lervaUes  des  derniers  gelés  ,  quelques-unes  des  lunules  ne  fc  formeront 
pt9  entictement,  ou  feront  boucnées  par  des  glaçons  qui  n'auront  pas 
allez  de  force  pour  foutenir  le  poids  de  l'atmofphère  ,  qui  les  preïTe 
d'Autant  plus ,  que  l'air  intérieur  fe  condenfe  davantage  dans  les  tuyaux 
ou  finuodtés  de  ta  terre.  Ces  endroits  feront  donc  enfoncés,  &  encre- 
riendront  une  libre  communication  entre  l'eau  de  dctious,  la  glace  & 
l'acmorphcre  ,  Je  poids  de  laquelle  pôufTera,  cette  eau  dans  les  interf- 
tices  de  la  terre  jnfqu'i  l'entier  rétabliUemenc  de  l'équilibre  entre  l'air 
intérieur  &c  l'air  extérieur. 

Le  vuide  fera  parfait ,  fi  l'eau  employée  à  ce  rétabli/Tement  eft  d'un 
moindre  volume  ou  d'un  volume  égal  aux  places  abandonnées  par  l'ait 
intérieur  ;  il  fera  imparfait ,  fi  la  auancité  d'eau  eft  plus  que  funifante  , 
&  alors  it  fe  formera  une  féconde  glace  fous  la  prcmicie  ,  s'il  gèle 
alfcz  fort  pour  cela.  Cette  féconde  glace  pourra  même  taptlTer  le  fond 
des  mares ,  fi  le  tems  de  fa  formation  coJnddc  avec  celui  de  t'abforp- 
rion  totale  de  l'eau* 

Le. 


■ 


SUR  VBIST,  Î^ATURELLE  ET  LES  ARTS.   4$^' 

Les  trous  de  communication  entre  l'air  externe  &  l'air  interne  font 

ordinairement  ircs-fenliblûs  \  ce  font  des  pièces  uimgulaires ,  empor- 

téçs  du  difque  de  la  glace ,  des  cfpôces  de  digitatiom  ,  qui  atteignent 

fa  circonférence,  des  éthancrures  niirout  de  fçs  bords;  c'eft  fouveat  la 

flace  cUe-mctiie ,  qui  ,  A  l'exception  de  quelques  rayons ,  a  étc  toiicç 
cpiimce,  ou  qui  ,  vu  l'abaitremenr  trop  loadain  de  l'eau,  ne  s'cft  pas 
formée  en  lame  ,  ou  s'efl  btifée  en  poudre  glaciale  dans  fa  clutce  rtop 
précipirce.  Mais  quelquefois  il  n'eft  pas  pollible  de  découvrir  les  ou- 
vertures ,  cela  arrive  lorfque  la  gelée  ctanc  modérée  dans  fun  commen- 
cement ,  la  glace  a  eu  le  tems  d'élargir  fcs  rayons  ou  aiguilles ,  de 
I  retenir  les  efpaces  qui  les  fépareni ,  avant  que  l'eau  fût  arpirie  ,  ou 
^'qu'étant  devenue  plus  rude  après  cette  afplration  ,  elle  a  bourfoufflc 
telleraent  les  rayons  Se  les  bords  des  mares ,  que  toutes  les  fentes  onc 
ité  bouchées. 

Cette  obferva[ion  fett  i  expliquer  Técoulement  périodique  de  cer- 
taines fontaines  qui  coulent  de  jour  &  tarîlTent  la  nuit  :  on  y  trouve 
la  caufe  de  raccroiiremcnt  des  niilfeaux  le  matin ,  &  de  leur  décroif- 
fement  le  foir.  Elle  fournit  une  raifon  très- naturelle  des  vents  qui  s'é- 
lèvent avec  la  fonte  des  neiges  8c  les  dégels  fubits  :  elle  répand  aufli 
quelque  jour  fur  la  caufe  des  eaux  de  Mars  Se  des  bourafques  d'au- 
tomne. L'ait  foftanc  de  h  terre  ,  &  y  rentrant ,  eft  alfuténicnt  Tagent 
principal  de  tous  ces  effets. 


LETTRE 

De  M>  DE  LatoVRRETTE  ,  aux  Auteurs  de  ce  Journal ,  concernant  Us 
Ohfervations  de  M,  Sage  fur  /a  mine  rougi  de  Cuivre, 

Vous  avez  publié ,  Meflieurs ,  dans  votre  Journal  du  mois  d'Août 
derniet  ,  des  Obfervations  de  M.  Sage  ,  auxquelles  a  donné  lieu  la  dé- 
couverte que  je  fis  au  mois  de  Novembre  1777»  de  plulîeurs  pro- 
duâions  iniéreiîantcs  que  préfentoit  ,  dans  fes  ctlfurcs,  le  fragment 
antique  d'une  jambe  de  cheval,  en  cuivre  dore,  qu'on  venoit  de  trou- 
ver i  Lyon  ,  Se  qu'avpit  acquis  M.  Rigod  de  Terrcbaffe, 

Les  Obfervations  de  M.  Srige  deviennent  une  démonftration  de  fa 
théorie  &  de  celle  de  MM.  Cronfted  &  de  l'ifle,  fur  la  formation 
delà  mine  rouge  de  cuivre,  par  la  décompofition  de  ce  métal.  Mais  il 
s'eft  glilTc  une  erreur  de  fait ,  involontaire,  dans  la  narration  de  M,  Sage. 
Je  crois  devoir  la  relever,  parce  qu'elle  peut  tirer  à  conféquence,  fi  l'on 

'Tome  XIKPatt.  Il,  1779.  DÉCEMBRE,    R  rr 


490      OBSERVATIONS  SUR   LÀ  PHYSIQUE^ 

veut  chercher  X  reconnoîcre  U  manière  d'opérer,  que  fait  îti  la  lucare, 
&  les  agem  qu'elle  emploie  dans  fou  proccdé. 

U  paroîc  pat  fon  récit»  i**.  qu'il  a  vu  de  la  chaux  rouge  de  cuivre , 
fotts  h  patine  f  formée  à  la  furface  des  fti^ens  d'une  jambe  Je  chtva/, 
de  cuivre  doré  y  trouvée  dans  la  Saône  ,  à  Lyon  ,  en  tyôC  j  Se  des  cryf- 
taux  rouges  de  cuivre,  qui  tapilîbienc  les  cavités  de  ces  fnginens; 
i".  qu'il  a  obierrc  de  pareils  cryfliux ,  dans  les  fragmens  d'une  autre 
jambe  de  cheval ,  de  même  métal ,  trouvée  à  Lyon,  en  1^7. 

Il  y  a  eu  ,  en  effet,  deux  morceaux  antioues  8c  conHdcrables  ,  deux 
fragmens  de  jambe  de  cheval  ,  en  cuivre  ,  l'une  de  grandeur  naturelle, 
l'autre  de  taîlle  hîro-iiue^  trouvées  dans  cette  Ville,  aux  époques  ci-defTus, 
mais  je  n'ai  envoyé,  à  M.  Sage,  &  il  n'a  été  dans  le  cas  d'examiner, 
que  les  fragmens  de  ta  féconde,  La  première,  qui  m'appartenoit  &: 
que  j'ai  donnée  ,  depuis  à  notre  Académie  ,  pour  ctre  jointe  aux 
autres  patties  du  monument, fi jamais  on  le  découvre,  n'a  point  été 
dorée  »  &c  je  n'en  ai  dcuché  ,  m  laiflc  détacher  aucun  fragment.  Elle 
c(l ,  â  la  véiité ,  recouverte  d'une  patine  très-fine  ;  mais  on  ne  découvte , 
dans  l'épailTcur  du  cuivre,  aucune  apparence  d'altération,  aucune  dé- 
compoHtion  \  le  plomb,  donc  le  cuivre  cil  intétieutemcnt  revctu ,  mon- 
tre d  peine  quelques  vetllgcs  de  cérufc  à  fa  furface. 

Tous  les  fragmens  que  M.  Sage  a  pu  examiner,  onc  été  certainement 
fcparés  de  la  jambe  trouvée  au  mots  de  Novembre  1777.  Je  rendis 
compte  ,  peu  de  tems  après,  à  notre  Académie,  de  cette  découverte 
&  des  divetfcs  productions  accidentelles ,  celles  que  le  bleu  &  le  verd 
de  montagne,  la  malachite,  les  fleurs  de  cuivre,  la  chiux  rouge,  les 
cryftaux  ronges  &  blancs ,  ficc.  que  j'avois  reconnus  fous  la  dorure 
altérée  ou  dans  les  cavités  qui  le  font  formées  dans  l'épaifTeur  du 
cuivre  depuis  le  jec  en  fonte  \  c'eft  ce  qui  paroit  par  mon  rapport  do 
1 5  du  mcme  mois  ,  qui  ell  tombé  entre  vos  mains ,  MelTieurs ,  &  donc 
vous  avez  donné  un  extrait  dans  la  note  jointe  au  mémoire  de  M. 
Sage. 

Ce  fut  d  la  mcme  époque,  que  je  crus  devoir  en  adreHet  quelques 
fragmens  d  ce  célèbre  Académicien,  en  forme  d'hommage,  &  comme 
venant  particulièrement  d  l'appui  de  fa  théorie  j  ce  qu'il  eut  la  bomf 
de  confirmer  dans  fa  rcjx)nfe.  Mais,  je  le  répète,  ces  morceaux  &:  ceux 
qu'il  peut  avoir  eu  d'ailleurs ,  proviennent  uniqucmcnr  de  cette  jambe 
de  cuivre  trouvée  en  1777,  qui  efl  dorée ,  comme  il  le  dit. 

J'inH^e  fur  ce  fiit ,  parce  que  lautre  jambe  fut  prifc  dans  ta  Saône, 
plongée  dans  l'eau  au  milieu  d'un  tas  de  pierres  depuis  un  tenu  itxuûé- 
monal;  &  que  la  féconde,  très-antique  également,  a  été  découverte, 
crès-lûin  dc-ià  ,  enfouie  dans  la  terre ,  à  plulieurs  pieds  de  profondeur  ;  ce 
qui  met  IcPhy^cicnfurla  voie  de  b  nature ,  &  facilite  l'explication  quo» 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  J RTS,     491 

i>eut  donner  de  la  dccompofition  du  cuivre ,  &  des  nouvelles  coni' 
nituiroMs  qu'il  a  éprouvées;  décompoTicioiu  fc  coinbiaaifoQS»  qui  vrù- 
femblabiemenc  Jie  [>ourroieiit  pas  avoir  lieu  fur  du  cuivre  plonge 
dans  leau ,  &  dans  uu  eau  courante  ',  (quoique  l'eau^  fotc  fans  doute, 
un  des  agens  qai  y  coopère  dans  le  Cein  de  la  terre. 

J'ai  l'honneur  d'être,  &c.  &c. 


LETTRE 

Z>«  M.  U  Baron  dt  Stavi^aEs  j  à  V Auteur  diL  Journal  diPhyp^m^  can^ 
tenant  la  virïtabU  recette  du  frémis  Anglois  ,  pour  Us  ouvrages  dt 
Cuivre, 

'\^UAND  vous  publiâtes,  Monfiear,(i)  une  recette  &  la  manière 
d'employer  le  vernis  jaune  Anglois  pour  les  ouvrages  de  cuivre  ,  vous 
priâtes  ceux  qui  pourroicnt  avoir  la  véritable  recette  des  Anglois,  qui  en 
Font  un  fccrct ,  de  vous  la  communiquer.  Aujourd'hui  je  me  trouve  en 
^tac  de  vous  facisfaire  à  cet  égard  &  de  fcivic  utilement  le  public.  La 
recette  que  je  vais  vous  donner  »  je  U  tiens  d'un  de  mes  amis ,  homme 
d'un  rare  mérite  ,  qui ,  par  modcllie  >  ne  veut  pas  ècre  nommé.  Il  a  eu 
cette  recette  à  Londres,  &  l'a  donnée,  à  Vienne  en  Autriche,  à  un  Horlo- 
ger François  qui  s'en  cft  fervi  utilement ,  &  l'a  employée  pour  boîtes 
de  pendule.  Voici  cette  recette. 

Gomme  laque ,  .  .  .  .  1  onces. 
Katabc ,  fuccin  ou  ambre  jaune ,  i.  onces. 
Sang-de*dragon  en  larmes ,   40  grains. 

Satran , 7  g^^> 

Efprit-de-vin  reâilîc>  .     .     40  onces. 

Faites  infufet  &  digérer  le  tout  X  la  manière  ordinaire  ;  puis  pafTeS- 
1e  par  un  linge. 

Lorfqa'on  veut  employer  ce  vernis ^  il  faut  feire  chauffer  la  pièce, 
avant  de  l'appliquer  deHos.  Par  ce  moyen  elle  prend  une  couleur  d'or 
qu'on  nettoyé ,  quand. elle  eft  fale  ,  avec  un  peu  d'eau  tiède. 


/ 


(1)  Voyrz  Tome  lU,  de  ce  RccudI ,  pag.  £1  &  1)7. 

1779.    DÉCEMBRE,     Rrr  i 


4yi      OBSERyATîONS  SUR.  LA  PHYSIQ^UÊ  , 


RAPPORT 

D<  Miffuurs  Ui  Commijfaircs  nommés  par  la  facultl  it  MéJecînetîi  Patîs^ 
far  ta  CaJftroUs  du  fitur  Doucit  »  Fondeur  Artijîc  de  la  yUU  dt  VÂi^lc 

en  Normandie. 


JLE  1   Août  dernier,  MM.  Bertrand  ,  Darcet ,  Sallin,  de  Villiers, 
Alphonfe  U  Roy ,  &  de  la  Pbnche ,  ont  rendu  compte  des  expériences 
qu'ils  ont  faites  avec  les  calîeroles  du  fieuc  Doucer ,  Fondeur  a  l'Aiglc- 
Comme  ces  calTeroles  &  les  autres  udenfiles  que  le  fieur  Doiiccr  propofe 
pour  l'uri^^e  de  1^  cuidne  ,  font  principalement  compofés  de  zinc  ,  que 
,|>Iu(ieurs  personnes  regardent  encore  aujourd'hui  comme  dangereux  ,  l'at- 
tention des  ComniifTaires  s'eft  fixée  fpcciaienient  fur  les  altérations  que  ce 
"demi-mccal  reçoit  de  l'avion  desaciJes,&  des  Aibftances  aigres  que  l'oit 
emploie  dans  la  préparatton  des  alimens.  Toutes  ces  fubftances  ont  ctc 
^eflayces  lour-i-tour,  &  il  eft  demeuré poui  coiiftant,que  toutes  fc'jour- 
*iunt  quelque  temps  fut  le  zinc,  en  cotrodoieut  ou  dillolvoient  une  par- 
fûe,  oue  l'on  a  reconnue  &  traitée  par  comparaifon  avec  de  la  chaux  ou 
du  fel  acéceiix  de  ce  demi-métal.   Pour  eftimec  fi  cette  chaux  ou  ce  fel 
pris  même  à  une  dufc  pluf  forte  que  n'c-n  peut  contenir  l'aliment  pic- 
païc  avcL  les  acides  los  plus  focts  ,  mais  cependant  ulttés  en  cuiiîne ,  on 
ne  s'ell  pas  contenté  de  iioutiir  pendant  40  jours  quatre  animaux  ,  deux 
lapins  ,  une  chienne  &  fou  petit  j  avec  leurs  alimL-ns  ordinaires  ^  dans 
lefqucls 
obtenu 
fouille  qui 

teux  du  zinci  mais  M.  de  la  Planche,  l'un  des  commilTàires,  après  avoîc 
mangé  des  alimens  ptcpirés  dans  les  calfcroles  du  licur  Doucct,  a  pris 
encore,  à  des  dofes  graduées,  pendant  onze  jours,  lix  gros  de  vinaigrt 
bien  faiiuc  de  cet  allia^^e,  1^  ces  iîx  gros  fourniflent  un  gros  de  imticre 
falinc  :  cette  quantité  tft  lî  confidcrable,  que  quand  on  prépareroic  ea 
onze  jours  onze  fauces  piquantes  avec  des  acides,  il  feioic  prefqn'im- 
pofnble  que  celui  qui  les  mangeroit  toutes  en  prît  autant.  M.  de  la  Plan- 
che n'en  a  éprouvé  aucun  dérangement  dans  fa  fanté ,  ni  même  aucun 
efTer  fenfible.  Le  feul  dcfigrémenc  a  été  dans  la  faveur  âpre ,  llyptique 
&  naufcabonde  qu'a  ce  vinaigre  ,  &  le  fel  de  zinc,  étendu  mcme  dans 
de  l'eau  fraîche.  Les  quatre  animaux  non-feulement  fe  font  bien  por- 
tés ,  mais  ont  pris  de  k  force  &c  de  l'embonpoint.  Ces  expériences  ont 


SUR  L'HIST.  NATURELLE   ET  LES  ARTS.    45J 

pami  la  Faculté  dévoie  ranurer  contre  les  craintes  que  pouvoir  infpirer 
la  petite  portion  de  chaux  ou  de  Tel  de  zinc  dont  quelques  alimens  fe 
chargenr  dans  l'alliage  du  fieur  Douccr.  AufU  la  Faculté  a  prononcé  que 
les  caiTeroles  faites  de  cet  alliage  nccoient  point  préjudiciables  i  U 
fantc  des  Citoyens. 


■d: 


.\\\\   gfy>»U.>i; 


NOUVELLES    LITTÉRAIRES. 

i-^ous  n*avons  parlé  que  très  -  fnccinûement  d'un  établilfement  qui 
donne  en  France  ^  comme  au  centre  de  l'Europe ,  aux  hommes  de  tous 
les  pays, un  agent  gratuit  pour  rous  les  objets  relatifs  aux  Sciences  &  aux 
Arrs.NoB5  avons  attendu,  pour  en  publier  le  Plan,  que  Ti  confiftance  fut 
prife...  U  eft  tems  d'inllruire  le  Public  des  détails  de  tous  les  avanciees 
qu^il  trouve  dans  cette  in(litu[iun,quL  crée  M.  de  la  Blanchcrie,  Ion 
Auteur  ,  y^^ent'Général  de  Correfpondance  pour  tes  Sciences  &  les  Ans, 

La  Correfpondanu-Cènèraîe  fur  Us  Sciences  &  Us  Arts  eft  coinpofce 
de  deux  parties.  La  première  cft  VAJfemèUe  ordinaire  des  Savans  Cr  des 
^tiijles, 

La  deuxième  eft  l'Ouvrage  Périodique  ayant  pour  titre  :  Souveiles 
de  U  République  des  Lettres  6-  des  Ans, 

L'AlTcinblce  a  trois  objets ,  le  premier  de  fervir  de  rendei-voits  ^  de 
point  de  réunion  8c  de  communication  d  tous  les  Savans,  les  Gens  de 
Lettres,  les  Arciftes,  les  Amateurs  &  Jes  Voyageurs  Nationaux  ou 
Etrangers  qui  fe  trouvent  dans  cette  Capitale. 

Le  fécond ,  de  réunir  fous  les  yeux  les  livres ,  les  tableaux ,  les  pièces 
de  méchanique,  les  morceaux  d'hiftoire  naturelle,  les  mudèlcs  de  fculp- 
ture.  Se  enfin  toutes  fortes  d'Ouvrages ,  anciens  ou  modcmes,  dont  on 
voudra  faire  connoîtrc  ou  apprendre  promptementl'exiftcnce,  la  valeur 
ou  l'Auccui. 

Le  troisième  enfin ,  de  procuret  les  moyens  d'étendre  une  correfpon- 
dance ôc  des  relations  dans  toutes  les  parties  du  monde  &  fut  tous  Uf 
•bjcts  des  Sciences  &  des  Arts. 

Rendci-vcus. 

Le  rendez-vous  a  lieu  chez  M.  de  la  BlancKcric  le  Mercredi  de  cha- 
que femainc.  Lorfque  le  Mercredi  cl\  fctc,  le  rcndez-vous  eft  remis  au 
Ifindemain. 


494       OBSERrJTiONS    SUR    LA    PHYSfQUE, 

Le  bue  de  l'Alfemblée  indique  affez  quelles  fonr  les  perfonnes  qui 
doivent  I2  tiéquencer:  cotis  Us  hommes  connus,  par  leur  rang,  leurs 
dignicés  Se  par  la  profedîon  publique  des  Sciences  &  des  Âru.  Nul  nucre 
n'eft  reçu  s'il  n'eit  prcfentc  par  des  perfonncs  ci-dc(ïus  dciignces  ou 
annonce  par  une  lettre  de  leur  main  dont  il  eft  porteur. 

Lés  Etransersôc  les  Voyageurs  ne  font  admis  qu'autant  qu'ils  font  revenu 
d'un  caradète  public ,  ou  prcfentés,ou  annonces  de  la  manière  qui  vient 
d'être  déûgnée  (  1  ). 

On  annonce  dans  le  bullccin  des  AlTemblces,  dontil  fera  p.irlc  ci-après, 
les  Savans,  les  Gens  de  Lettres  &  les  Atiiftes  Etrangers  Jcu.'ement ,  qui 
font  venus  au  rendez  -  vous ,  après  avoir  pris  fur  cela  leur  coiifeucement. 
L'avis  qui  e(l  donne  ainfi  de  leur  féjuur  aans  cette  Capitale  a  produit  des 
effets  utiles. 

Expojttion, 

L«  même  jour  ^  (le  mercredi )  depuis  huit  heures  jufqu'à  midi}  les 
Articles  ou  les  Particuliers  qui  onr  un  intccct  quelconque  à  mettre  fous 
les  yeux  de  l'AlTerablc  des  Ouvrages  en  diffcrens  genres,  foit  qu'ils  en 
foienc  Auteurs  ou  Propriétaires  feulement,  foit  pour  eu  faire  jouir  le 
Public  *  foie  pour  s'en  procurer  le  débit  j  peuvent  dtfpofcr  des  iatles 
dellinées  à  cet  ufagc  pour  les  y  placer  d'une  manière  avjntagcufc.  On 
n'y  reçoit  que  des  livres  approuvés  >&  eu  fait  de  Peinture  &  de  Stulptuce 
que  des  Ouvrages  de  ta  plus  grande  décence. 

Comme  Us  femmes  ne  fonc  poinr  admifes  au  rendez-vous ,  elles  (ont 
reçues  depuis  midi  jufqu'à  trois  heures^  elles  ont  ce  tems  qui  acte  demandé 
ar  des  Dames  de  la  plus  haute  conndcranon,pour  facisfaire  leur  curioficc 

l'occaiion  des  objets  expofés,  que  leur  réunion  8c  leur  utilité  rcndciu 
également  intcrellàns  pour  elles. 

Le  Muficien  qui  veut  faire  connoitre  fes  calenspoutun  inftrumenc  eil 
admis  pour  en  jouer  foir  &  matin. 

On  peut  de  même  y  répéter  une  expérience  quelconque  de  PhyHque^ 
par  exemple ,  fur  laquelle  on  defirc  avisir  l'avis  de  pluficurs  Phyiîaens. 

Moyens  de  Correjpondanci, 

L' Agent-Général  de  correfpondance  pour  les  Sciences  &  les  Arts  eft 


\ 


(t)  L'Agcttt  g^n^ral  de  corrtfpondancc  ,  ne  fc  charge  de  rjîrcauciinc  lecommanifa- 
tian  en  faveur  de  qui  que  ce  (oit  .  s'il  ne  lut  cA  connu  ou  priffcnti!  de  la  mcnic 
manière.  Il  ne  nêsligc  rien  fioui  faciliter  aux  Savans  ,  AitiHc^  8c  Amateurs  dlûingués  , 
les  moycot  de  voyager  facilcmuic  &:  agr^ahlcnient  l'oit  en  fiance ,  foir  dan-^  les  payi 
éttangcis.  MM.  les  Officiers  Municipaux  des  Villes  de  France  ou  des  pays  £1  rangers, 
qui  lui  atlrcffcm  des  fujccs  afin  d'être  placés  de  maniéie  à  acqi^rir  ou  perfcâionncx 
icilif  ntcQts,  doivcoc  avoir  foin  qu'ils  foicnt  porteais  de  Ccniâcats  de  bocutcnururs. 


SUR   Vff/ST.   NATURELLE  ET  LES  JRTS.    49$ 

donc  aux  ordies  de  tous  les  Gens  de  Lettres ,  Ârcifles ,  Ânuceurs  Nario- 
naux  Se  Etrangers  qui  s'adrefTenc  à  lui  pour  prendre  des  rcnreignemem 
relatifs  i  leucs  travaux  ou  à  leurs  goûts ,  ou  pour  connoitre  des  perfonnes 
qui  lesintérefTent.  Ainfi,il  leur  eft  utile,  foie  qu'ils  voyagent ,  foit  qu'ils 
relient  dans  les  lieux  de  leur  rcGdence  ordinaire.  U  remplit  les  m&mes 
devoirs  envers  toutes  les  Compagnies  Littéraires  ,&  il  eft  d'autant  plus 
en  état  de  fubvenir  aux  obligations  qui  font  énoncées  ci-delFus ,  que 
par  les  fetvices  qu'il  rend  à  chaque  paniculier ,  il  acquiert  le  droit  de  lui 
en  demander ,  ayant  foin ,  fur-tout,  de  ne  faire  jamais  acquiter  les  fieiis.  Et 
c'eft  pour  riudemnifet  des  dépenfes  que  toutes  les  patries  de  cet  éiablif- 
fement  entraînent ,  qu'eft  pcopofée  lafoufcciprion  de  la  feuille  hebdoma- 
daire dont  il  va  être  quefliou  Se  donc  le  produit  lui  cH:  actcibuc.  On  feiic 
de  quelle  reflburce  eft  à  l'Agent  -  Général  de  Corrcfpundance  un  point 
de  réunion  qui  le  met  à  mcme  de  faire  une  intiniré  de  connoirtances 
propres  à  étendce ,  entretenir ,  protéger  &  alliircr  fcs  relations  ,  &cc.  âCC. 

Nouvelles  dt  la  Répuhliqut  4ts  Lettres  6"  Jes  Arts, 

Les  Nouvelles  de  la  République  des  Lettres  paroifTent  fous  le  formai 
i/î-4'.  quelques  jours  après  chaque  Affemhlée.  Elles  offrent  d'abord  ta 
notice  des  différens  Ouvrages  qui  viennent  dette  publiés,  ou  qui  font  fur 
le  point  de  Tètrc  dans  les  différences  parties  du  monde  \  des  tlécouvettes 
intéreffantes  pour  les  Arts  ;  des  jugemens  des  Académies  fur  ces  décou- 
venes  ;  des  fcances  de  ces  mêmes  Académies ,  les  Anecdotes  fur  la  vi« 
des  Savans  &  des  Artiftes ,  Sec. 

La  feuille  eft  terminée  par  un  refumé  de  tous  les  objets  qui  doivent 
£tfe  expofés  à  rAfTemblée. 

L'objet  de  ces  nouvelles  n'eft  point  de  faire  aucmie  efpJce  de  critique 
des  objets  qui  y  font  annoncés  ,  l'unique  but  eft  ti'inftruirc  les  Savans , 
les  Gens  de  Lettres,  les  Artiftes  &  les  Amateurs  du  fujct  des  Ouvrages 
prcts  ^  paroître  de  l'époque  de  leur  publication, &  de  l'impreflion  qu'ils 
ont  faite  dans  les  différentes  Nations  ]  enforce  qu'il  eft  parlé  de  ces 
Ouvrages  â  trois  différentes  époques  fans  qu'il  fou  porté  jamais  aucun 
jugement  petfonnel ,  gente  de  plan  qui  rend  la  partialité  impolîîble. 

On  porte  la  précaution  plus  loin  :  chaque  notice  palTe  d'abord  fous 
les  yeux  du  Miinftre  de  la  Nation  d'où  elle  eft  parvenue,  alîn  de  prévenir 
tout  ce  qui  pourroit  bteftct  les  vues  du  Gouvernement  qu'il  repréfenre» 
&  avant  d'être  inférée  dans  les  nouvelles  ,  elle  eft  revue  par  ta  partie 
Littéraire,  par  trois  Savans  ou  Artiftes  du  ^enre  qu'elle  annonce. 

Toutes  perfonnes  qui,  ayant  des  conelpondances ,  fur- tour  dans  les 

rays   étrangers ,  en    ront    palier    habituetlcmenc  des   déuiU  utiles  â. 
Ouvrage ,  reçoivent  un  exemplaire ,  gratis ,  &  font  nommées  fi  elles  le 
permettent. 


\9^       OBSERy^iTIONS  SUR    LA    PHYSIQUE» 

Le  prix  de  la  foufcriptloif  eft  de  14  liv.  pour  Paris  Si  %o  liv.  jufqu'aui 
foncières.  On  s'abonne  tous  les  jours  au  Bureau  de  Ijt  Corrcfp^ndjuce, 
rue  de  Tournon ^vciiÀÇon.  neuve.  Les  paquets  (  1  ")  &  envois  doivent  tous 
erre  Trancs  déport  &  àradrefTe  de  M.  de  la  PLinchene,  Ag'.'ht-Géiitral 
de  Correfponaance  ,  &c. ,  rue  de  Tournon  ,  on  lui  écrit  en  hcan^ois ,  en 
Allemand,  eu  Ângtois,  en  Eipagnol  èc  en  Italien. 

Lt  Roi  6*  la  H  une  y  Monjuur ,  Myr  U  Cornu  £ÂttftU  ,  Mndame^ 
M.idame  ta  Comttffs  tTÂrtoti  tf  Madame ,  faur  du  fini  ^  ont  daigné  auto- 
fifet  &  cncoutagec  cet  établincment  en  prenant  chacun  plulïcurs 
foufL-riptions. 

Des  Miniftres  &  une  "randc  pattie  de  la  Cour  ontirairécct  exemple. 
Un  grand  nombre  de  Citoyens  do  cette  Capitale  ne  fe  font  pas  moins 
eniprefrcs  ù  applaudir  i  ces  vues  Se  en  faciliter  l'exécution. 

LesArrîftes  mcmcde  toutes  les  c!alTcs,ont  concouru  avec  leplusgr.ind 
dvfintcrertement  à  U  difpofition  &.  à  rornement  des  lieux  deltinc^  aux 
Afrcmblces. 

U  eft  certain  que  cette  entreprife,  aufll  utile  aux  Etrangers  qu'aux 
François  ,  continuera  d'avoir  les  mêmes  fuccc*.  Il  eft  à  délirer  que  Us 
Cours  ttrançèrcs,  A  l'exemple  de  U  Famille  Royale  de  France,  y  con- 
tribucnr  par  leurs  foufcriptions  ;  c'cft  ainfi  que  les  Savans  Si  les  Arriftes 
rcccvroicnt  une  rccompcnfe  fluteufe  de  leurs  rravaux  ,  étant  allures  que 
leurs  Ouvrages  étant  annonces  dans  les  Nouvelles,  autoi^m  fur-le-thamp 
pour  Juges  les  hommes  les  plus  faits  pour  les  connoître  &  les 
protéger. 

La  reprife  des  AlTemblces ,  après  les  vacances  d^automnCi  a  eu  lieu  i 
h  maifon  neuve ,  rue  de  Tournon ,  le  14  Novembre. 

ÊxftdU  dis  RegiJIrts  di  l'Académit  Royale  dis  Sciences  du  10  Mai  1 778, 

L'AcAD-ÉMiE  nous  ayant  nommés  M.  Franklin ,  M.  le  Roy  ,  M.  le 
Marquis  de  Condorcet  &  moi ,  pour  lui  rendre  conipre  du  projet  de 
W.  de  U  lilancherie  ,  pour  une  correfpondance  générale  fur  les  Sciences, 
)a  Littérature  &  les  Ans,  &  la  vie  des  Gens  de  Lettres  &  des  Actiftes 
de  tous  les  pays ,  dont  les  détails  doivent  être  dorénavant  publics  tous 
les  huit  jours  fous  le  titre  de  Nouvelles  de  la  République  As&  Lettres  & 
des  Arrs;  nous  avons  pris  une  connoiOance  plus  dctaillée  du  Plan  qu'il  a 
formé  &  des  mouvemensd'exévUtion  qu'il  s'efl  procurés;  nous  ayons  allîïlc 
àfes Airemb!ceshebdoniadaice5,nouâ  yavons  vu  desSavans^des  ArtilUs 


Cl)  Lw  pet'nnnes  qui  autont  à  envoyer  des  Province!  ,  00  de*  f^ys  étrangers,  des 
Tablf«\iii  ,  Mâcliiues  uiilcs  ou  cuneurcs  ,  ou  auttci  ouv»gct  ilcs  Ans  pouf  eue 
cxpofifs  ,  voudront  bien  les  aitclTcr  à  quelqu'un  de  confiance ,  chargé  de  les  ccccvoir» 
d'ca  rcpoaJrc  Se  d'eo  acq'iïticx  toas  les  fiais. 


& 


SUR  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     497 

8^  des  Amareufs  de  prefque  toutes  les  parties  de  l'Europe ,  nous  avons  vu 
dans  fes  Rcgifties  une  correfpondance  qu'il  n*a  pu  former  qu'avec 
beaucoup  de  teras  &  de  peines ,  &  nous  avons  été  témoins  d'une  activité 
&  d'un  zèle  qui  Tont  rrcs-rarcs  &  qui  ne  peuvent  être  que  très- utiles  au 
progrès  des  Sciences  &  de?  Arts.  Cette  Alfembléc,  ouverte  tous  les 
niercredis  à  rous  les  Voyageurs  diflingut-s,  à  tous  les  Savxns,  les  Getif 
<3c  Lettres,  les  Artiftes  &  les  Amateurs  dignes  de  ce  nom ,  prcfente  un 
point  de  réunion  &  de  communication  qui  cft  imcrelTant.  Les  uns  y 
trouvent  les  moyens  de  tirer  de  leurs  vovages ,  foit  à  Paris  &  en  France^ 
foit  dans  les  autres  pa)'s  où  M.  de  la  filancherie  établit  des  correfpon- 
d«nces,  toute  rutilîtc  &  tout  l'agcémeni  qu'ils  peuvent  dcfircr.  Les  autres 
ont  l'avantaee  d'étendre  leurs  connoilfances  fur  l'eut  des  Sciences  &  des 
Ans  dans  les  pays  crrangers  foit  par  les  V^oyageurs  avec  lefquels  ils  fit 


«xpolcs  lucceMivement  lous  les  yeu3 

dilcuHîons  également  profitables  en  même  -  icms   qu'ils  iàtisfx^nt  U 

curiofité. 

On  doit  rendre  cette  juftice  à  M.  de  la  BîancKerîe,  qne  devenanr  >  félon 
fon  Plan ,  rAgent-Général  des  Savons ,  des  Gens  de  Lettres ,  des  Artiftes 
&  des  Etrangers  diftingués ,  il  a  déjà  eu  plufîeurs  occa(îons  de  mécicer 
JeUr  reconnoiïTance. 

Plus  il  fera  cncouracé ,  plus  il  deviendra  utile ,  foit  aux  François ,  ibit 
aux  Etrangers ,  à  qui  il  veut  épargner  tes  embarras  d'une  correfpondance 
â  laquelle  oeaucoup  de  Gens  de  Lettres  font  très-peu  propres,  qui  farigue 
beaucoup  les  autres ,  &  qui  leur  fait  perdre  beaucoup  de  tems  fAUtc  d'avoir 
à  leur  portée  les  moyens ,  les  relarions  &  les  lecours  que  W.  de  U 
Blancherie  a  fu  fe  prooirer.  On  ne  fauroic  trop  favorifer  les  correfpon- 
dances  qui  font  un  des  grands  moyens  d'accélérer  les  progrès  des  con- 
noilTances  humaines;  en  confcquence,  nous  croyons  que  le  projet  de 
M.  de  la  Blancherie  mérite  d'ctre  encourage  ,  &  que  l'Acaocmie  ne 
pourra  voir  qu'avec  plailîr  le  fuccès  de  cet  établiifemont. 

F  A I T  à  Paris,  dans  l'Aflemblée  de  l'Académie  Roy-alc  des  Sciences,  le 
ié  Mai  1778. 

J/^/î<' Franklin,  le  Roy,  le  Marquis  de  C0NDORCtt,delaLAhfDE. 
Je  certifie  le  prcfent  Extrait  conforme  i  l'Original  &  au  jugement  de 
rAcadémie.  A  Paris  le  io  Mai  1 778. 

5^VW,  le  Marquis  deCokdorcht. 


Tome  Xiy^  Part.  IL  1779.  DÉCEMBRE.    Sff 


4s>5       OSSEUrATlONS  SUR    LA    PHYSIQUE , 

Du  Déplacement  des  Mers  ,  grand  in-S\  ,  88  pages,  Genève y^\tc 
figures ,  aiiiH  que  tous  les  cahiers  fuivans. 

On  donne  dans  ce  petit  Mémoîic  les  caufes  qui  clcvenc  ou  abaiiïènc 
le  niveau  fut  ies  diverles  régions  des  mers.  £n  forte  qu'indépendamment 
des  faits  qui  conflatenc  ces  révolutions ,  on  peut  les  déduire  a  priori  des 
loix  primitives  avec  l'évidence  réfervée  aux  vérités  mathématiques. 

D  abord  ,  on  établit  un  principe,  que  la  pofiiion  du  centre  de  arivit^, 
déterminée  par  celle  de  toutes  les  paiiics  du  globe,  détermine  lui-mcme 
Ja  Htuation  du  niveau.  (  Pour  plus  grande  clarté  on  n'a  en  vue  »  dau5  les 
premiers  Chapitres,  que  les  globes  homo^cncs  ).  Quelle  que  puilTe 
devenir  la  lituaiion  du  centre,  tous  ces  pomts,  d'un  même  niveau, en 
feront  également  éloignés.  Le  ventre  ne  peut  donc  bougée  fans  que  les 
parties  du  globe  s'efforcent  de  fe  cranfporter  à  mefure.  Mais  les  p.irties 
iolides  étant  immobiles ,  c'cft  aux  feuls  fluides  à  marquer  fes  vatutions 
par  leur  afcendon  &  leur  abailT^nient.  ,,, 

Toute  cnufe  qui  ô||raàunhémifphcrcqaorqncportionaâ  fàfiibftance, 
rompra  néceirairement  l'équilibre  général.  Lt  centre,  moins  attire  vers 
cet  ncraifphère,  defcendra  vers  I  hcmifphttrc  oppofc.  Le  niveau  &  les 
j&ets  baifleront  donc  fur  le  premier  pour  s'étever  d'autant  fur  l'autre. 
ij.Or  ,  les  pluies  emportent  tous  les  ans  dans  la  mer  une  certaine 
quantité  de  terre  qui  y  déplace  un  volume  dViucgal  au  ficn.  Cette  eau 
déplacée,  s'étend  lui"  l'Océan  en  forme  de  lame  fplicrique,  trcs-minçei; 
elle  manque  à  fon  hémirpli«re  primitif  qui ,  attirant  moins  le  centre,  le 
iai0*e  defcendre  jufqu'au  point  de  l'équiliore. 

Si  les  mers  étoient  antipodes  à  des  mers  égales,  fcmblablcs ,  &  fem- 
blablemenc  difpofée;: , les  pluies  ne  dépIai.etoient  point  le  centre,  parce 
qu'elles  agiroicnt  cgaknient  par-tout ,  &  il  y  auroic  compenGcion.  Mais 
i«s  pluies  ne  pouvant  débby«i  la  mer  ,  dcphccront  le  centre  ii  elle  a  des 
terres  pour  antipodes. 

L'Auteur  rapporte  une  évaluation  par  laquelle  on  pourroit  établir,  que 
les  pays  du  Rhoue  baiflent  d'un  pouce  par  fiècle,  route  compenfation  faite, 
évatuacion  quil  ne  garantie  point  >  uuûs  qui  indique  i&$  cicmcm  de- 
ce  calcul. 

'  ■  Deuxième  catife.  Les  parties  les  plus  foKdes  de  la  terre  font  exposes 
i  l'iiiHuencc  des  menflrues  aliiens  qui  diminuent  toujours  la  malTè  cles- 
cocps,c]auique  d'une  quantité  imperceptible.  Ce  que  l'cvapotacion  ôte 
aux  folides  le  difpcrfc  dans  ratmofpbère,  &  retombls  en  partie  dans  la 
mer.  C'eft  nne  perte  pour  leur  ancien  local ,  qui ,  artiranr  d'autant, 
moins  le  centre  ,  le  laiflc  def<.endre  vers  rhcmifphùrc  antipode. 

Troilicme  caufe.  La  merellle  dcpot  d'une  infinité  de  coquillages,  de 
madrépores  ,  qui  s'y  cntalfent ,  augmentent  la  maiïe  de  leur  hcmifphèic 
dif  tout  l'excès  de  leur  dcuticé  fur  celle  de  l'eau ,  &  attirent  d'autant  plus 


ligue.  C'cft 


Sl/R  VmST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS.  4^3' 
le  ceiître  vers  eux.  Plus  un  hémifphère  a  de  mers ,  plus  il  (ûîr  des  acquit- 
tions fcinblftbles ,  ce  qui  élève  à  mefure  les  mers  au-defïus  de  Ini. 

On  ne  faic  prefquc  point  d'artention  aux  dcpôrs  de  rorganifation 
terreftce  qui  s'évaporent  afTez  vite ,  candis  que  ceux  des  mers  fubfifteut 
pendant  une  durée  comme  intinte. 

Ces  trois  caufes  concourent  à  éloigner  de  l'hémifphérc  terreftre  le 
centre  de  gravité  pour  le  rapprocher  de  riicmirphèrc  aqueux.  Quelques 
foibles  qu'elles  paroifTent ,  elles  func  unies  &  ont  un  cffcc  étonnant  au 
bouc  de  plufieurs  llccles. 

Quatrième  caufe,  L'Océan  pénètre  dans  des  pays  plus  bas  que  fon 
niveau.  L'eau  qui  les  remplit  eft  un  ajouté  à  la  raatTe  de  leur  hémifphcre. 
Le  centre  monte  vers  lui,  &  la  furfàce  des  mers  voifines  monte  d'au- 
lant.  En  formant  ainfi  ta  Méditerranée,  l'Océan  fubmergea  l'Atlantide, 
qui  fe  ctouva  plus  balte  que  fon  niveau.  11  ne  rcfte  aujourd'hui  au-detTus 
de  ces  mers  que  les  fommecs  des  anciennes  montagnes. 

Certains  amas  d'eau  s'épuifent  après  avoir  rompu  leur  dij 
une  perte  pour  leur  hcmifphère ,  &  le  niveau  bailTe. 

Cinquième  caafe.  Le  mouvement  diurne  renfle  les  mers  équinoxiales 
en  bailTant  les  mers  Polaires.  Mais  le  frottement  de  l'air  libre  ralentir 
toujours  ce  mouvement ,  &  rapproche  toujours  de  la  forme  fphérique  la 
figure  ellipfoïdiquc  que  la  planète  tient  de  la  rotation.  Les  terres  Equi- 
noxiales gagnent  en  hauteur,  candis  que  la  met,  en  s'clevant  fur  lei 
pôles,  les  abailfe.  Âu(Ti  les  montagnes  de  ces  climats  noâurnes  fonc- 
clles  en  général  très-inférieures  à  celles  de  la  Torride.  Les  îles  fe  multi- 
plient entre  les  tropic|ues ,  &  s'étendent  en  fortant  des  mers,  candis  que 
celles  des  régions  polaires  fubmergent  en  s'élevant  les  îÛes  qui  s'y 
trouvent. 

L'Auteur  ne  s'arrcte  point  aux  obfcrvations ,  aux  relations ,  la  pluparc 
contradiiftoires  ;  il  conlidcre  ces  cinq  caufes  d'une  manière  purement 
abftraite  &  géométrique.  M.  de  SauITure,  Profeffcur  de  Philofophic  à 
Genève,  fait  imprimer  à  fon  infu  un  recueil  d'obfervations  qu'il  a  faites 
lui-mcme,  elles  ne  feront  donc  point  fufpet>esi  elles  feront  l'édifice 
donc  l'Auteur  conftruit  lëchafiaudage.  L'Ouvrage  de  M.  de  Sauffurc  c(l 
immenfc. 

L'Auteur  fe  propofede  donner  d'autres  combinaifons  purement  théo- 
riques 3c  également  démontrées  par  l'Ailronomie  Phvllque.  Il  fe  promet 
de  ne  rien  donner  au  Public  qui  loit  venu  à  fa  connoifTince.  11  ne  vouloic 
pasfe  nommer,  m.-ûs  on  lui  a  faic  voir  que  c'ctoit  inévitable. 

Il  publiera  tous  les  mois  .nu  moins  un  volume  pareil  à  celui  qu'on 
an^lyie  ici.  Le  prix  fera  de  30  livres  de  France,  franc  de  port.  On 
s'adreiîera  dans  cnaque  ville  aux  principaux  Libraires, qui  recevront  les 
avances  qu'ils  voudront  fiiirc  pour  un  cahier,  pour  plufieurs,  pour  tous. 
On  s'adreflera  fi  l'on  veut  à  lui-même,  (  M.  Ducarla  )  à  Genève. 
1779.      DÉCEMBRE.         Sff  1 


"S 


joo        OBSERP'ATIONS    SUR    LA  PHYSIQVÈ, 

M.  Ducarla  fe  flatte  d'avoir  fourni  ccrcc  carrière  dans  moins  de  deai 
ans.  \\  eft  vrai  que  fa  micière  femble  fe  multiplier  en  la  rravaillaïu.  Mais 
U  crnit  être  afturé  de  ne  pas  fournir  plus  de  treme-fix  Mémoires. 

QuoiauiU  roulcnc  cous  fur  l'Hidoire  Naturelle  du  monde,  ch.-icun  fe 
fufHfa  à  lui-mcme.  lis  fe  ptcteronc  uu  appui  mutuel  fajis  avoir  befoin  de 
s'cnu'expljquer.  Il  a  fiiit  tous  fes  efforts  pour  les  mettre  à  portée  dti 
commun  des  Gens  de  Letties  \  peu  de  Géométrie ,  pref(]ue  point  d'AU 
gèbre,  &  toujours  des  principes  purement  clcmencaixes.^ 

Dans  le  fécond  cahier  il  s'agira  des  Comètes. 

Bifioift  GènirûU  Cr  Economique  des  trois  Règnes  de  la  Nature. 

PROSPECTUS. 

Rien  n'cflplus  întéreflàntd  l'homme  que  deconnoîrre  les  produâions 
de  la  nature  \  mais  i  quoi  peut  lui  fervit  cette  connoiflance,  s'il  ignore 
les  avantages  qu'il  en  peut  terirei  pour  fes  befoins?  Les  Natucaliftes» 
les  Bocaniftes  nous  donnent  journellement  des  nomenclarares,  des 
defcripcions,  des  fyftcmes  ,  Se  il  ne  s'en  trouve  prefque  aucun  qui 
traite  des  diderents  ècrcsqui  nous  environnenc.  Connoître  uii  minéral, 
une  plante  ,  un  animal ,  ne  futHt  pas,  il  faut  encore  en  approfondie 
les  piopEictcs:  c'ell  ce  qui  a  cnga^  l'Auteur  à  rruttcr  dans  cet  Ouvrage 
iHirtmre  Naturelle  d'une  façon  c*:onoiniciue.  Il  la  divifc  en  trois  parties 
qui  répondeiu  au  règn«  aninNi,  au  vcgaal ,  Se  au  minerai. 

La  premicie  partie  ell  fubdivïféc  en  deux  crattés  :  le  premier  eft 
dediac  à  l'homme.  On  l'y  conlidèrc  dans  l'ctat  de  fanté  &  dans  celui 
de  maLidie  ;  on  y  donne  fuccin^emcnt  fa  defcription  anatomique;  oir 
y  explique  t'uCige  phyiique  de  fes  fondions ,  le  mcchaniiaie  des  dif- 
Êfreiues  parties  qui  leconiUtuenr,  lorfqu'il  eft  on  fancc;  on  faitenfuice 
un  cxpofc  très-dét^itlé  des  alimens  qui  lui  font  plus  favorables  :  on 
palTe  ae*là  au  déraugcmeiu  de  cet  individu  ft  admirable;  on  traite  en 
conféqticnce  de  tout^'S  les  ditfcrcmes  maladies  Iruituines  ;  on  en  donne 
les  caufes,  les  fyniptômes,  les  diagnolVics,  les  pcognolUcs  &  les  diffë* 
rcns  traitemcns;  on  joint  à  chaque  maladie  plulicurs  obfervations  de 
pcaiique  j  on  termine  enHa  ce  premier  traite  par  l'indication  â^ 
remèdes  qu'on  peut  tirer  de  l'homme,  tant  avant  qu  après  fâ  mort  >  pour 
la  gucrifon  de  (c%  fembhbles. 

Le  fécond  rraitc  comprend  les  animaux.  Il  traite  des  quadrupèdes, 
des  oife-inx ,  des  amphibies ,  des  poiffons ,  des  infedes ,  des  vcrmlf- 
fcau\.  Dans  chaque  article  on  commence  par  donnée  une  defcription 
générique  &  aoacomique  de  chaque  aniQ:uLl  ^  on  eu  décrit  enfuiic  les 
efpcces^  on  en  rapporte  les  diffétens  noms,  tant  triviaux  que  fcien- 
ùhquci ,  un  indique  les  altmeus  qui  leur   convicuucnt,  on  fait  cc^ 


SUR  rniST,  J^^TUREILE  ET  LES  ^RTS.  501 
Doître  leurs  m(FUrs  ,  kui  cata^cie  »  k  inûhode  de  les  clevet  &  do 
Us  traittc  dans  leurs  nwladies,  iorfqu'ils  font  de  I2  nature  des  animaux 
domelliques  ;  &c  quand  ils  Tonc  (auvages,  les  diticrcnccs  façons  de  les 
atcrapper  :  on  fait  aufli  mention  des  animaux  qui  leur  Cont  emieinis  , 
£<  de  la  manière  donc  ils  fe  défendent  les  uns  comrc  les  auices^  ou 
cxpofe  en  outre  les  ditfcrens  avajitages  que  cliacun  d'eux  peut  nous 
procurer,  ibic  pour  les  alimens ,  les  médicamem,  foit  pouc  Il's  arcj 
&  l'cconomie  champt-ttL-  ;  enfin ,  on  7  fait  mention  des  diifcrentes  cha0ès 
&  pêches  pratiquées  chez  les  divers  Peuples  de  Li  Terre. 

La  féconde  panie  concerne  les  végétaux.  On  y  donne  Icnuméracioa 
de  toutes  les  plantes,  rangées  fuivant  le  Tyllème  de  M.  le  Chevaliec 
de  Linné.  On  n'y  traitera  que  de  ce  oui  fe  trouvera  omis  daii$ 
VHi/hire  UmvtrJdU  JuR^i^m  t't^étal ^  oui  le  publie  actuellement,  &: 
dont  le  treizième  volume  de  difcours  elt  fut  le  point  de  paroure,  avec 
douze  cents  planches  gravées.  Cette  féconde  partie  en  fera,  en  quelque 
façon  le  fupplcmem  ;  on  y  câctitîeia  les  eueuts  dans  lefqaelles  on 
aura  pa  tomber.  La  tioiltème  partie  a  pouc  ob/ec  les  minéraux:  eU« 
cH  fubdivifée,  de  même  que  la  premicre,  en  deux  craiccs»  d^Hit  ta 
premier  comprend  uniquement  les  miimauif.  On  y  donne  la  d*fctip- 
cion  de  chaque  mine ,  ioilîie,  fluor,  cryftallifatjon ,  fable  ,  terre,  cail- 
lou. On  en  rapporte  l'analyLe  cliymique;  on  y  cxpofe  la  manière  d'ex- 
ploiter les  niineSt  la  pratique  la  plus  accréditée  dans  la  fonce  des  miné- 
raux j  on  explique  leur  ufage  dans  la  matière  Médicale,  daus les  Arts, 
^  pour  la  Société  civile;  oa  indique  en  outre  les  dilFcren^  eiidroics 
de  la  Terre  où  on  les  trouve. 

Le  fécond  ccairc  elt  deltiné  à  l'Hydrologie  ou  à  Li  recherche  des 
fontaines  minéiales.  Ou  en  examine  b  nature  ,  les  endroits  où  elles 
Se  trouvent,  leurs  principes  cliymiqucs,  leurs  propriétés  dans  b  Mé- 
decine, la  manière  d'en  faire  ufâge  comme  mcdicamens.  L'Âuuur 
jécend  fcs  recherches  à  toutes  les  fources  connues  de  rUniv«rs. 

Par  cet  expofé  oit  peut  fe  convaincre  que  cette  Uilioiu  Générait  Çr 
Economique  des  trois  Règnes  fera  la  plus  complette  &  la  plus  étendue 
qui  ait  jamais  patu.  On  y  trouvera  ralfemblc  par  ordre  &  par  choix 
fout  ce  qui  fe  trouve  cpars  d,-ins  les  ditférens  Ouvrage  de  M.  iiuc'uoz^ 
avec  des  additions  inhnies.  Les  diiférentes  planches  que  M.  Buchoz 

Fublic   depuis    crès-Ion2;-tems ,    pourront  concourir  à  l'oroemeuc  &  à 
intelligence  de    cet  Ouvrage,    fans  néanmoins  en  ctie  une  dépendance 
nécelTaire. 

On  ne  peut  déterminer  le  nouïbre  de  voîumcs  que  renfermera  cette 
Hiftoire  Naturelle  &  Economique.  On  la  diftribue  par  cahiers  de  lo 
feuilles  chacun,  foit  in-foÛo^  foit/a-S^.,  à  la  voloiicc  des  Soufctipteurs. 
11  faudra  200  feuilles  pour  former  le  premier  volume  if-fo/io^  &  pareîHo 
i^aauicc  pouc  Lâs  ciu^  premiec^  volumes  ^j-&^'.  Le  prix  pouf  la  fou^ 


joi      OnSERfAnONS   SUR   LA   PHYSIQUE^ 

cription  du  volume  in-foiiooa  des  cinq  volumes  i/ï-8". ,  fêta  de  48  livres 
franc  de  porc  d  Paris  &  par  toute  la  France,  qu'on  paiera  en  recevant 
les  quatre  premiers  cahiers  qui  piroiirent  ad  ue  Ile  m  en  t.  Le  dernier  volume 
in-folio  ne  fe  paiera  que  1+  Uv. ,  ainfi  &  de  même  que  les  cinq  derniers 
volumes  //ï-8*'.,  aulîï  franc  de  port.  On  ne  délivrera  de  ces  cahiers 
qu'aux  feuls  Soufcripteurs.  Ceux  qui  n'auront  pas  foufcric  ,.ne  pourront 
acquérir  l'Ouvrage  qu'après  qu'il  fera  âni ,  &  à  un  plus  haut  prix. 

ColU3îon  dt  Pianchts  enluminées  5*  non  xnliiminéa ,  repriftntant  au 
naturel  ce  qui  je  trouve  de  plus  intérejfant  6*  de  plus  cuneux  parmi  Us 
animaux  ^  les  végétaux  &  Us  minéraux ,  pour  fervir  à  CinulUgenct  dt 
VHiJioirt  Générale  &  Eeonomijue  des  trois  Règnes  de  la  Nature, 

Cette  CoUeâion  qui  a  commence  a  patoîtrc  au  mois  de  Janvier 
'775  *  P**^  cahiers,  de  trois  mois  en  trois  mois,  en  renferme  aâuel- 
lement  feize  »  qui  ont  mcritc  l'approbatioil  des  Curieux.  Le  premier, 
le  quatrième,  le  feptième,  le  dixième  de  la  première  Centurie,  &  le 
premier  Se  le  quatrième  de  la  féconde ,  reprcfentent  des  animaux  ^  le 
fécond,  le  cinquième  Se  le  huitième  de  la  première  Centurie,  de 
mcme  que  le  fécond  &  le  troilicmc  cahiers  de  la  féconde,  des  végé- 
taux i  &  le  troifième,  le  fixième,  le  neuvième  de  la  première  Cen- 
turie, le  troifième  Se  le  fixième  de  la  féconde,  des  minéraux.  Dans 
le  cahier  des  animaux,  on  y  entremêle  des  quadrupèdes  ,desoifeaux, 
des  Œufs,  des  infeâes,  des  p oi lions  ,  des  ferpens  ,  des  coquillages, 
des  madrépores.  Les  cahiers  devinés  aux  végétaux  ne  reprcfentent  que 
les  plantes  botaniques  Se  médicinales  de  la  Chine ,  de  forte  que  ces 
4.ahiers  réunis  i  ceux  dont  nous  parlerons  ci  après,  formeront  la  plus 
belle  ColleAion  que  l'on  puille  avoir  en  Europe  du  Règne  Végétal  de 
cet  Empire.  Les  cahiers  des  minôraux  offriront  tour-à-tour  des  mines 
&  des  foÛTiles.  Chaque  cahier  comprend  >i  feuilles,  dont  une  de  titre, 
une  d'explication,  dix  enluminées  Se  dix  oui  ne  le  font  pas,  toutes 
tirées  fur  papier  au  nom  de  Jcfus,  Se  brochées  en  papier  bleu.  Le 
prix  de  chaque  cahier  eft  de  jo  livres  j  la  Collcdlion  qui  en  paroît 
achiellement  fe  monte  i  480  liv.  Cet  Ouvrage  fe  diflribue  par  parties 
pour  en  Biciliter  l'acquifition  aux  Amateurs.  On  peut  très-bien  le 
qualïHer  de  Glanures  d'HiJhire  SaturelU, 

Collection  précuufe  &  enluminée  desjleurs  Us  plus  helUs  &  Us  plus  curîtujès 
^ui  Je  cultivent^  tant  dans  Us  Jardins  de  la  Chine  ^  que  dans  ceux  de 
i' Europe  t  pour  fervir  à  CinuU'igence  de  tHijloire  Génirâu  tr  Eeçnomiaut 
des  trois  Règnes. 

Cet  Ouvrage,  un  des  plus  précieux  qui  paroîlfent  dans  ce  ^ècle, 
fconic  en  mcine  lems  tout  le  luérite  de  U  no^vea^té.  11  peut  ctT«:  cjc 


4 


Sl^R  VHIST,  NATURELLE  ET  LES  ARTS.     50J 

la  plus  j;r.inde  utilicc  aux  Naturalîftes,  aux  Peintres,  aux  Defliiuteurs  1 
aux  Dircéleurs  <Ic  m.inufaftures  en  porcelaines,  en  fayance,  en  étoffes 
de  foie,  de  laine,  de  coton,  en  papiers  peines,  &c  aux  autres  Atnftes. 
La  plupart  de^  fleurs  de  la  Chine  dont  on  a  public  Jufqu'i  préfent 
les  dcl]ms  peines,  ctoient  fuppofées.  Celles-ci  ont  l'avantage  decre 
peintes  d'après  nature  ,  &  font  entièrement  conformes  i  celles  qu'oit 
cultive  dans  les  Jardins  de  Pékin:  on  en  peut  même  juger  pat  quel- 
ques plantes  qui  fo  trouvent  dans  ce  Recueil,  fc  qu'on  cït  parvenu  1 
luturaiifer  depms  quelque  cems  dans  la  France.  On  diftribue  cet 
Ouvrage  par  cahiers.  Chaque  cahier  eft  de  dix  feuilles ,  cicepiî-  le  premier 
&c  le  onzième  qui  en  ont  onze  à  taufc  des  titres,  &  e(l  tue  en  papier 
d'Hollande.  On  ne  néglige  n\  les  foins  ni  la  dcpenfe  pour  colorier  ces 
fteurs.  La  première  partie  de  ce  Recueil  &  les  cinq  premiers  cahiers 
du  fécond  patoitTeni  actuellement  au  nombre  de  qumzc.  Le  prix  de 
chaque  cahier  eft  de  i-t  livres.  Ce  qui  en  paroît  coiite  par  confcqucnc 
^60  livres. 

UïJioiTt  tiatuftlh  delà.  France  ^fiprifenUc  tt  ^rnvir  es  ^  rangi'e  fuivanf 
h  fyjîèmt  de  Unnaus  &  dlvipc  par  parties  ^  pour  fervlr  à  CHiJloire  Gc'né' 
raU  &  £conomiq:u  d*s  trois  Kîigncs, 

Depuis  près  de  25  ans,  M.  Buc'noz  ctavaillc  i  l'Hiftoire  Naturelle 
èvi  Royaume.  Il  a  parcouru  pour  cet  effet  laborieufement  la  plus  grande 
paaie  des  Provinces  de  la  rtance,  pour  en  connoître  les  différentes 
produ^ions.  Ce  font  ces  pvodudions  qui  fe  ttouvenr  gravées  dans  ce 
Recueil.  Les  planches  y  doivent  êtte  rangées  fuivanc  le  fyffcme  de 
LinnaruSj  &  font  divifccs  en  pUtfîeurs  parties.  La  première  contient 
^o  planches,  dont  la  première  fett  de  titre,  fi:  la  dernière  indique 
ï'arrangement  de  chacune  de  ces  planches ,  qui  font  toutes  dcIUnces 
anx  quadrupèdes  de  la  Irancc.  La  féconde  partie  rcptéfcmera  1er 
oifeaut  du  Royaume  j  la  troiGcme,  les  poiHonsj  la  quatrième  ^  les 
amphibies;  la  cinquième,  les  infeéles;  la  iîxième,  les  vermilfeaux  fie 
les  coquillage?;  la  feptième,  les  plantes  dont  le  premier  cahier  va 
paroîtte  incclfanirrent,  &  .iiiifi  de  fuite  de  Règne  en  Règne.  Le» 
planches  font  fonnat  tti-fnlio,  dont  les  deux  tiers  offrent  les  différent 
objets  donc  il  s'agît,  &  dans  l'autte  tiers  fe  trouve  gravée  l'explica* 
ùon.  Cette  Cotte^ion  fera  fuivic  des  différentes  cartes  de  chaque 
Province,  pourpouvoiidérernnner  les  heux  où  fe  trouvent  les  différentes 
fubffances  qui  ioni  tepiéfentces  dans  cette  Collcdlion.  V^^  trois  premiers 
cahiers  paroiffcnt  aÛucllement  :  ils  renferment  jo  planches,  y  compris 
le  titre.  Le  prix  de  chaque  cahier  cil  de  \q  liv. 


j*4       OBSERr^iTIONS   SUR   LA  PHYSIQUE ^^h 

Hifloire  GlniraU  4ts  trois  Règnes  ^  rcptlfentU  en  grayures^  &  ranoèt 
Juivant  le  fyfi'f^^  àt  Linaans  »  pour  fèfvtr  4  t'tnttVigenct  de  CHiJloirt 
Cénèralc  &  Eionomique  des  trois  Règnes, 

Cet  Ouvrage  joint  aux  rrois  Recueils  prcccdens,  forme»  une  Col- 
leûion  complétée  en  gravures  des  diifcrentes  fubftances  Qui  formenc 
THiftoice  Naturelle.  On  commence  par  le  Règne  animal  ;  on  fait . 
prccciler  les  coftuiîies  de  l'Européen,  de  l'Afiarique,  de  l'Africain  &t 
de  rÂmciicaiii^  on  palle  de-lA  aux  quadrupèdes  érrangers  à  la  France , 
après  quoi  aux  Oifeaux ,  &  ainfi  de  fuîce  de  Rè^ne  eu  Règne.  Le 
premier  cahier  concernsnc  les  plantes  paroîtra  inceflammenc.  Les  crois 
premiers  cahiers  font  aduellemcnc  au  jour.  Le  prix  de  chaque  cahier , 
qui  renferme  lo  planches,  eft  de  lo  livres.  On  luit  pour  rarrangcmciic 
le  fyficme  de  Linnxus.  A  la  en  de  chaque  dalTe  fe  trouvera  uoe  expli* 
f:acion  gravée. 

Plantes  nouvellement  découvertes ,  récemment  dénommées  &  chffées  ^  repré- 
fentèesen  gravures ,  avec  leurs  dejcriptions ^pourjervir  d'intelligence  à  flff- 
toire  Générale  &  Economique  des  trois  Règnes. 

Cette  Colleûion  eft  touc-à-faic  nouvelle  &  par&itemenc  gravée , 
accompagnée  de  la  dcfcription  qui  fe  trouve  vis-à-vis  de  chaque  plante  : 
on  n'y  a  représenté  que  des  plantes  récemment  découvertes  ou  peu  connues. 
Ce  Recueil  renferme  déjà  deux  cahiers  de  to  planches  chaque  colùec^ 
le  prix  eft  de   15  livres  par  cahier. 

Les  Dons  merveilleux  &  diverfement  coloriés  de  U  Nature  d4ns  le  R^gnt 
végétal  t  avec  Difeours,  pour  fetvir  d'intelligence  à  l^HiJloire  Générale  fi" 
Economique  des  trois  Règnes, 

Ce  nouveau  Recueil  renferme  indiftinAement  toutes  fortes  de  plantes , 
avec  les  détails  de  chacune  d'elles ,  pour  en  faire  counoître  les  caradctcs 
boLinîqnes  ;  elles  font  parfaitement  enluminées.  Il  en  patoît  aâuellcmeni 
deux  cahiers .,  le  prix  de  cliaquc  cahier  eft  de  14  livres. 

Nota.  On  venu  décachés  lescahicrs  de  chaque  CollctfHonj  ^  toutes 
les  Collections  font  indépendantes  les  unes  des  autres,  &  mcme  de 
l'fiiftoire  Générale  &  Economique  des  crois  Règnes,  quoiqu'elles  paroif- 
fcnt  en  ccre  les  accelfoires. 

Ohfervation  fur  la  Guérifon  d'une  Pluijîe-  Pulmonaire ,  dvec  des  remarques 
fur  cette  maladie;  par  M.  Daffy  d'ArpaJcan ,DoÙc\it  en  Médecine^ 
Fontainebleau»  A  Laufaane ,  &  fc  trouve  à  Paris  chez  Méquignon  l'aîné , 
JJbraire ,  rue  des  Cordetiers ,  1/7-1 1 ,  prix  ,  broché,  1 5  liv. 

Lefix'àme  Cahier  du  Suplément  à  la  Botanique  mife  à  la  parUe  de  tout  le 
monde  yen  10  planches  coloriées  jfuivies  de  leur  de/cription.  l.cs  20  Plantes 
décrites  font  le  Sebeftier ,  ta  Morgeline ,  le  Rocou,  le  Tcrébinrhe,  le 

Bouleau  , 


SUR  VHIST.  I^ATURBllE  ET  LES  ARTS,      joj 

Bouleau  ;  le  TAliâron ,  U  Berce ,  la  Perficaire ,  le  Pruneliec ,  l'Hermo- 

(iai5le,  le  Fenouil  de  Porc,  l'Alléluia,  le  Tamarin,  U  SoManetlc.U 

Prcle,  le  Câprier  ,1e Riz,  ta  Vanille,  le  Cacaotier,  eiitin  l'Anis  Lcoilé. 

Il  doicparoîcre encore  deux  cahiers  environ  pour  terminer  ce^te coUe^tioa 

inréreiîante ,  qui  forme  la  première  partie  de  l'Ouvrage  de  M.  Zc  Mad, 

Regnaulc.  Cette  première  partie  coniiem  les  Plantes  &:  Arbres  d'ufage 

dans  la  Médecine  ,  dans  les  Alimens  &  dans  les  Arts, en  4f*o  planches 

coloriées ,  accompagnées  de  Notices  in(lruâ;ives  fur  le  lieu  originaire  des 

-Plantes,  leur  culture  ,  le  rang  qu'elles  oct:upenc  dans   les  principaux 

/yftcmes  ;  fur  leur  vertu,  leur  emploi ,  les  dofes auxquetlcs  on  les  dunno 

«omme  remède  ,  les  dangers  auxquels  expofenr  les  Plantes  venimeufcs, 

l'avantage  que  l'on  tire  d  un  grand  nombre  dans  les  alimens  S<  dans  les 

Arts.  JLes  dilfeâions  des  différentes  Parues,  des  Fleurs  &  des  Fruits, 

démontrent  ficilemenc  à  quelle  claife  ou  Famille  chacune  appartient* 

On  a  mis  au  commencement  de  l'Ouvrage  un  Oiâionnaire  abrégé  des 

mots  Techniques  ,  avec  j  Planches  de  Bgiires  pour  les  rendre  fcndbles. 

Le  format  etl  grand  'm-fol,^Sc  le  prix,  à  raifon  de    i   livres  ^  fols  pac 

Pbflche. 

La  féconde  Partie  fuccédera  immédiatement  i.  la  première,  elle  en 
era  abfolument  indcpendanre  ,  néanmoins  elle   pourra  y  Fiire    fuite 
d'autant  qu'elle  fera  du  m^me  Format.  Elle  fera  compofée  des  Plantes 

Î|ai  ne  peuveuc  pas  être  confervées  en  herbier  comme  les  Plantes  gralTes, 
es  Champignons ,  &c.  On  la  publiera  par  décades  ou  cahien  de  lo  PI» 
chacgn. 

La  difficulté  d'entretenir  ces  Plantes  en  végétation  ,  fans  le  fecours 
des  ferres  chaudes  ,  &  1  impollîbiliié  de  les  confciver  en  herbier  à  caufc 
de  leur  forme ,  rendent  cette  nouvelle  coUeéïiou  importante  pour  les 
progrès  de  la  fcience  &  pour  la  fatisfa£lion  des  Savans  :  c'cA  à  leur  folli- 
(itation  que  les  Auteurs  fe  font  livrés  à  ce  nouveau  travail  pour  enrichie 
la  Botanique  de  cette  branche  delirée  &  trop  peu  connue  ;  les  matériaux 

3u'ils  ont  dc)Â  préparés  leur  Font  efpérer  aullî  qu'ils  feronr  au(Û  exadl;!>  dan^  U 
iftriburion  de  cetre  deuxième  Partie  que  dans  celle  de  la  première^  oa 
y  joindra  les  Plantes  nouvelles  ôc  celles  qui  font  ciès-raies  u  c'ed  le  vœu 
des  Soufcripteurs. 

On  tirera  des  Exemplaires  en  papier  d'Hollande  pour  les  Amateurs 
qui  le  demanderont.  Les  autres  feront  en  papier  de  France,  ainfi  que  la 
première  Partie.  Comme  on  n'imprimera  que  peu  d'exemplaires  au-deU 
du  nombre  des  Soufcripcions ,  les  Auteurs  invitent  ceux  qui  voudront 
fe  procurer  cette  nouvelle  Cotle^ion  à  fe  Faire  infcrire  pour  aHurer  leuc 
rang  dans  la  dilktibution  des  Epreuves.  A  Paris  ^  chez  K/gnault ,  Peintre 
&  Graveur ,  rue  Croix-des-Petits-Cliamps.  On  aura  la  bonté  d'aîFranchir 
les  ports  de  lettres. 
X,es  principaux  Libraires  de  l'Europe  fe  chargent  au(C  de  procurer  lei 

TomeXiy^PatuIL  1779.         DÉCEMBRE.        T  tt 


if«6      OBSERyATlOSS  SUR  LÀ  PHYSIQUE, 

ditfiïrens  Ouvnges  d'Hifloirc  Naturelle  aalli  coloriés  qu'ils  ont  d^jl 
(Aibliés»  tels  qae  In  Colle£hon  des  Plantes  H'ufage  ci-defTus  énoncées, 
les  Ecarcs  de  la  Nature  \  les  Quadrupèdes  pour  l'CEuvre  de  M.  de 
Boifoii ,  &c. 

n  The  Univerfat  Gotdtntr  and  Botanîfl  j  &c.  Le  Jardinier  &  Botanifte 
M  Univetfel,  ou  DiâionnaireUniverfel  de  Jardinage  Se  de  Bocaiiique  ; 
*i  où  l'on  trouve  dans  l'oidre  de  Linnens  tous  les  Arbres ,  ArbnlTeaux  8c 
u  Plantes  herbacées  qui  métitenE  la  culture  à.  titre  dutilité  ,  d  ornemenc 
»  ou  de  curiolîtc  j  avec  des  règles  pratiques  pour  les  différentes  opcra- 
»>  lions  mcchnniques  du  Jardinage  en  général  ^  par  M-  Thomas  Ma-we  ^ 
rt  Jardinier  du  Duc  de  Léed^  &  M.Jean  Abercromhie ,  Auteur  de  l'Ouvrage 
»  intitulé  :  Chaque  Hommtjon  propre  Jardinier  y  6*<<  :  ^•4'*.  Londres ,  che* 
M  Robinfon  «s 

Prcfaue  toutes  les  Narions,  fur-  tout  la  France,  l'Angleterre  &  U 
Hollande  >  ont  fixé  tes  yeux  fur  cette  partie  de  l'Agriculture  long-tem< 
négligée  ,  le  Jardinage;  de  rous  côrés  nailTent  de  nouveaux  Traités  fut 
cet  objet  elTbntiel ,  mais  en  mcine-tems  naitîent  de  nouvelles  etreurt 
dans  la  pratique.  Chaque  Auteur  peut  créer ,  &  la  Nature  ne  fe  croit 
pas  obligée  d'obéir  toujours  aux  loix  que  prefcrivenrdcs  Ecrivains  qui 
n'ont  fouvent  que  le  titre  d'Agronomes ,  fans  en  pollcder  l'expérience. 
L'Ouvrage  de  MM.  Mawt  Se  Abcrcrombu,  eil  deÛiné  à  faite  connoître 
les  erreurs ,  i  tes  corriger  &  â  fupplcer  aux  omiirions  des  EcrÏTainf 
qui  les  ont  précédés. 

M  j4ri  Ejjay  on  tht  CuTe  0/  yièfceffeSy&c.  EiTài  fur  la  Cure  des  Abftès 
9»  par  les  Caudiques  ,  &  fur  le  Traicennent  des  fileiïures  Se  des  Ulcères  ^ 
M  avec  des  Obfervations  fur  quelques  Innovations  avantaeeufes  en  Chi-* 
o  rurgie  «•  ;   par  M.  CUrty  Chirurgien  :  t/î-S".  Londres  ,  cnez  CadtU, 

L'Obfervation  la  plus  curienfe  de  ce  Traité  eft  une  nouvelle  méthodç 
d'introduire  le  Mercure  dans  la  circulation  Pour  la  core  des  Maladies 
Vénériennes.  Elle  confifte  à  délayer  fur  le  oout  du  doigt  dans  de  U 
iàlive  ,  crois  ou  quatre  grains  de  mercure  ,  ?c  à  en  frottée  U  joue  du 
Malade.  M.  C/nrv  s'eft  convaincu,  par  fa  propre  expérience,  que  cette 
méthode  étoir  particulière ,  &  pour  la  faire  accueillir  plus  fâvorablGmeiit 
par  le  Public  >  il  a  ajouté  i.  fes  propres  Obfcrvacions  quelques  remarques 
de  M.  le  Doâeuc  Hunttr^  fur  les  avantages  qu'on  peut  raifonnablement 
en  attendre. 

s»  Erfahruf^fm^ffige  akhandtun^  von  d<n  x-tnekk  dentn  ,  &e,  &c  Traité 
ti  des  différentes  Maladies  du  Bétail ,  cie  leurs  caufes ,  de  leurs  fignes , 
»  des  préfervatifs  Se  de  leurs  remèdes  j  par  l'Auteur  des  M6tBoif«s 
»  à^(S.con(miit  Champêtre.  A  Berlin  ^  chez  Pan/i ,  iT7'9:M-fl'', 

La  répuration  juftement  oïéritce  de  l'Auteur  des  Mémoires  dXEct>- 
nomie  Clumpcire  nous  fait  augurer  en  faveur  de  ce  nouvel  Ouvrage 
que  nous  ne  connoillbiu  encore  que  de  nom. 


SUR  V7ÎIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,  yû? 
_  I*  Pomona  Francorica  ,  ou  DiÛionnaire  des  inÊilleures  efpèces  d'At- 
''<m  bres  Fniiciers  &"  de  leurs  Fruits.  Par  M.  Mayzr  ,  Jardinier  du  Priacc- 
1»  Evêque  de  Wurtzbourg.  A  Nuremberg ,  chez  Winurfchmidt  :  3  64  pages 
Il  Sf  17  planches ,  où  les  truies  fonr  peines  avec  leurs  couleurs  uacurelles. 
Elève  du  fameux  AbW  Ro^ir  Schaboi  ^  M.  Mayrr  expofc  dans  cQtïc 
féconde  Partie  les  fuccès  que  les  préceptes  de  Ton  Maître  ont  cq  «a 
Allemagne.  Pat  Ces  foins  la  caille  des  pêchers  à  U  Moiitreuil  fc  tiouvo 
tranfplantcc  dans  ce  pays.  L'expérience  l'a  conduit  à  adûpccr  des  maximes 
claires  Se  prccifcs  qu'on  pourroit  adoptée  en  France  &  qui  ne  mauque- 
roieat  d'y  rcuflirr 

»»  Dttla  f^ûlU  f^alcanico- Marina  di  RoncÀ  ,  &c.  Mémoire  Otirogr»- 
1*  phiaue  fur  ta  vallée  Volcanique  Marine  de  Ron^i,  dans  le  territoire 
**  de  Vérone  \  par  M.  l'Abbc  fortit ,  &c,  :  in  -  4^*  «  avec  des  gravures. 
f^cnife  ,  de  l'Imprimerie  de  CharUs  l^aUfi  ;  &  fe  trouve  à  Rot/u  cher 
Ongoire  Sttarie. 

Il  etl  peu  de  pays  plus  étudie  depuis  quelques-rems  que  l'Italie  ,  9c 
ceiraînement  plus  fait  pour  l'être.  De  tout  côté  la  Nature  offre  des  monu- 
mens  Hnguliers,  montagnes,  rochers  >  volcans  ,  bafaltes  .  courans  de 
laves,  pierres  calcaiccs,  er-inices,  ferpencincs,  pierres  oUaires,  tout  eib 
confoudu ,  coût  a  été  bouleverfé  par  une  révolution  terrible  Se  étonnante. 
Depuis  les  pieds  des  Alpes Ftançoifes  jufqu'à  la  pointe  la  plus  méridionale 
de  la  Sicile  ,  à  chaque  pas  rObfervateut  iiiflruit  eft  fr.ippé  pat  des  mec- 
veilles  qui  démenteuc  &C  détruifenc  fouvciit  des  fyllcmcs  magnifiques 
auxquels  l'imagination  feule  avoic  donné  l'exiAence.  ZfiWr^  ^  dans  (à 
Protogcc  ,  &  d'autres  Savans ,  aptes  lui ,  avoient  avancé  que  la  terre  avoit 
brûlé  après  l'inondation  univucfellç.  M.  l'Abbé  Fonis  rapporte  dans  ce 
Mémoire  des  obfervations  bien  concradiâoires.  Les  couches  de  la  vallée 
de  Roncà  ôc  de  la  montagne  l'-i/Kjri/iij  ,  offrent  une  difpolîtion  toute 
oppofée.  Les  traces  que  le  feu  a  laillc  fut  fon  palFage  font  recouvertes 


par  les  dépôts  de  la  mer*  Mais  ce  qui  e(ï  encore  plus  frappant,  fur  les 
bafaltes  de  la  montagne  de  VA^vttrina  s'élùve  une  couche  épailTe  d'un 
pied  Ôc  demi  de  terre  graflc  argilleufe,  noire ,  toute  remplie  de  telUcées 


marins  pétriHés  >  de  forme  très-vatice  &  très-tare  pour  la  plupart,  ou 
même  inconnus,  entre  lefquels  il  a  dilUngué  ui:e  variété  de  la  leur 
de  la  Chine  {  torricelU  chinenfe  )  une  conque  fclériforme,  décrite  par 
GuaUtri  &c  par  /idanfon  ,  <lans  fon  Traité  des  Tcftacées  du  Sénégal* 
La  couche  iofcrteuce  &  borifonrale  du  petit  torrent ,  nommé  GarinUia^ 
renferme  des  Cochieœ  patfaiienoent  fembUbles  i  celle  de  U  Chine  ^/é 
JÛargenville  a  fait  dcfiiner  (  Tab.  !X,  B.  ).  Après  c^  obfervations  cuiicufos 
&  pfufieurs  antres  que  l'Abbé  Fortis  a  faites  dans  cette  vilU'c ,  on  ne;  peut 
nier  que  les  flots  de  la  mer  n'ayem  tecouveic  ces  débris  de  volcans. 
Syftèmes  ,  que  devenez-vous  ? 

1775.    DÉCEMBRE.     Ttc  1 


5o8      OBSEnyjfiONS  Sl/R   lÀ  PHYSIQUE^ 

De  Monti  Colonnariy  fir.  Mf^moire  fur  les  Monts  Colomna'nes  Se  d'au- 
tres l^hcnomènes  volcaniques;  par  M.Strar.ge : i/t'^^ . Milan  y  1778  ,cUeas 
JoJ'cph  Martin  y  Ce  fe  trouve  a  Florence  chez  Corliari, 

Pendant  que  M.  Hamilton  faiCoit  Tes  pbfervaiîons  fur  les  Volcans 
des  environs  de  Naples  >  M.  Stran^e  s'occupoit  des  mêmes  recherches 
fur  les  Monts  Cohmnairts  {  bafaltiques)  &  volcaniques  de  l'Etat  de 
Venife ,  du  Viennois ,  du  Vicentin ,  &  du  tetritoire  de  Padoue.  Ainfi 
ces  deux  Savans  ,  tous  deux  envoyés  de  leur  Souverain  auprès  de  diffc- 
rentcs  Cours ,  ont  fu  entremêler  aux  foins  pénibles  des  affaires  donc 
ils  croient  chargés, les  délaflemens  fi agréables  &  fi  fatisfaifans  qu'offse 
l'étude  de  la  Nature.  Si  leur  Patrie  feni  le  prix  de  leurs  foins  &  de 
leur  2èle  pour  fes  affiiires  ,  toute  la  République  des  Sciences  leur  doit 
tin  tribut  de  reconnoi (Tance  pour  les  meilleurs  Ouvrages  quelle  doit  à 
leur  recherche  &  à  leurs  obfervations. 

Dijcoun  fur  la  vir'uabU  gloire  eu  Chirurgien  ,  prononcé  aux  Ecoles 
de  Médecine  pour  l'ouvemire  foleronellc  des  Ecoles  de  Chirurgie,  le  19 
Novembre  1778  ;  par  M.  Groffin  du  Haume ,  Do dlc ut- Régent  &  ancien 
Profefleut  des  Inftituts  de  Médecine  en  l'Univerficc  de  Paris ,  PïofclTcor 
ftéVuel  de  Chirurgie  hrancoife,&  Médecin  de  l'Hôtel- Dieu.  ^  Parij^ 
chez  A'Houry  ,  rue  de  la  Bouderie  :  in-^°.  PuilTe  ce  Difcours ,  correâc- 
mcnt  ccrir ,  ^ver  dans  iHme  des  Chirurgiens  &  Médecins  qui  le  litonc 
les  fages  préceptes  qu'il  renferme. 

Elemcm  de  thymity  rédigés  d'apùi  les  découvertes  modernes;  Ou  précb 
des  Leçons  publiques  de  la  Société  Royale  des  Sciences  Se  des  Arts  de 
Met2  ;  pat  M.  Michel  du  Tenneiar  ,  Confeiller  &  Médecin  ordinaire  da 
Roi,  Profelfeur  Royal,  &c.  A  Mciz, chtz  Guerlacke:  in-i  i  de  x8o  pages. 
Ce  Précis  fera  trés-utilc  pour  des  Elèves  oui  faivent  les  leçons  publiques 
l'elle  a  établies.  L'exemple  donné  par  l'Académie  de  Dijon 


£c  gratuites  qu' 


tme  !  Quand 


••commence  donc  i  influer  fur  quelques  Académies  du  Royaun 
l'efpric  Patriotique ,  l'efprit  d'Inflrudtion  aura-t'ii  influé  fui  toutes  les 
autres.  Les  noms  de  MM.  de  Morveau ,  Maret ,  Ourande  j  Tennetary  fe- 
ront placés,  à  jufle  titre  ,  parmiceux  des Bienfaitcursdc leurs  Provinces. 

De  la  Çùnno'tffanu  de  l'/iomme  Moral  par  l  Homme  Phyjitjue  f  par 
W.  l'Abbé  Pernetty.  Â  Berlin  j  Se  à  Paris  ,  che2  Bruuec ,  Libraire, 
a  voLi/i-S". 

Carte  du  Cours  </tî  Fleuves  du  Sénégal  &  Gamhie ,  dédiée  Si.  préfentée 
^  M.  le  Duc  de  Lauzun  y  Gouvemeut  du  Sénégal  \  pat  M.  Lon^ehamp , 
fils,  Ingénieur-Géographe.  A  Paris ,  chez  l'Auteur ,  rue  Si  Collège  des 
Cholets.  La  defcription  Sx.  Ihiftorique  de  certe  Carte  font  tracés  fur  les 
côtés  de  ta  Carte,  de  même  que  le  Plan  &  vue  de  l'Ille  de  Gorée  y  les 
forts  St-Louis ,  St- Jofeph  Se  James. 

Cette  Cane  mérite  d'être  accueillie ,  fie  dans  ce  moment ,  fur-coot , 
elle  devient  uis-intérellàn&ti.. 


SUR  vnrsT.  n'^tvreile  et  les  jrts.   509 

CoUcijone  di  cafi  Chirnrgic'r,  i&c.  Collerions  des  cas  Chirurgicaux, 
mis  en  ordre  Se  écUircis  par  des  Nores  ;  par  M.  Jofeph  Cavailini  de  Ctvoli  , 
Profedeur  &  Hifturiographe  de  l'Uopiul  Royal  de  Sainte -Marie  de 

.Florence.  Tome  111,  Partie  deuxième:  /n-8'.  Flonnct ^  ^77 9  t  de  lltn- 
primerie  de  Jofeph  yanni. 

Après  une  favante  dirtertatlon  fur  la  Suppuration,  qui  fert  comme 
d'introdud^ion  préliminaire  i  cette  partie  du  grand  Ouvrage  de  M.  Ca- 
vallini  de  CcvoU y  on  lie  57  Obfervations  fur  des  plaies  de  nature  &  de 
caraâère  diffcrens.  Une  Table  Hiftorique  des  Malades  enterrés  &  foctis 
de  l'HopiuI  de  Sce-Marîe  termine  ce  volume.  Le  réfultar  de  ce  Tableau 

:eft  trop  inccrefTant  pour  faire  connoître  d'un  coup-d  œil  les  foins  avec 
lefquels  les  malades  y  font  traités ,  pour  que  nous  le  pâfTions  fous  itlence. 

:En  177^  il  eft  entré  i  l'Hôpital  Je  Sainte-Marie  4147  malades ,  il  en 
eft  forti  5597,  &  il  en  eft  more  fCi,  En  1777  il  en  eft  entré  4101 ,  U 
en  eft  forti  5419,  il  en  eft  mort  640.  En  1778  il  eu  eft  entré  4101  , 
font  1 5  49 ,  &  mort  5oi.  On  difpute  depuis  long-tems  for  l'avantage  oo 
le  dcfavaiuage  des  grands  Hôpitaux  \  le  peuple  en  géncraf,  les 
redoute  finguliî^remenc  \  il  regarde  fon  cranfport  ï  l'Hôpital  comme  fon 
Arrêt  de  mort.  Ce  feroic  par  un  balancement  exaâ  des  Malades  qui  y 
périffenc  ou  qui  en  fortenr  guéris  ,  que  l'on  pourroic  décider  cette  mté- 
relTante  qucftion.  En  général  ce  n'eft  pas  dans  les  Hôpitaux  les  plus  valles 
que  les  Malades  font  mieux  foigncs.  Chez  les  Nations  qui  nous  envi- 
ronnent ,  les  Hôpitaux  ,  plus  multipliés,  font  plus  propres,  &  par  confé- 
qucnc  plus  faciles  à  tenir  propres  &  iâins. 

infiru^ione  Medico-Praùchc  y  &c.  n  Inftcudlîon  Mcdico- Pratique  fttC 
»  l'Art  Vétérinaire  ;  par  M.  Jofeph  Ovus ,  ProfefTcur  &  Diredteur  du 
»  Collège  Public  de  Médecine  Vétérinaire.  A  Padoue ,  chez  Lomini^ 

•n  Libraire  ,  1779  "• 

I  '    Le  Sénat  de  Venife  a  établi  à  Padoue  une  Ecole  Publique  de  Méde* 

,c)ne  Vétérinaire,  fous  Tinfpe^on  des  Magiftrats  députés  pour  lesterreins 
incultes.  M.  Ovus,  qui  en  eft  le  Profefleur ,  fait  imprimer  l'Ouvrage 
que  nous  annonçons  i  l'ufage  de  fes  Elèves.  Il  contiendra  l'Hiftoire  Se 
b  defcription  des  Maladies  du  Cheval ,  du  Boeuf,  du  menu  Bétail ,  &c.^ 

.  &  les  moyens  de  les  guérir.  Cet  Ouvrage  propofc  par  foufcription  fera 
en  deux  volunies  d'environ  vingt  feuilles  chacun.  Le  premier  traitera 
dc5  Maladies  internes  générales  &  particulières  de  la  tcte,  de  la  poitrine 
&  du  ventre  j  &  te  fécond  des  Maladies  extérieures ,  générales  &  parti- 
culières ,  de  la  tète,  du  corps ,  àts  extrémités ,  &  de  la  peau.  La  foufcrip- 
tion eft  de  40  livres  pour  cnaque  volume,  fomme  qu'on  ne  payera  qu'en 
le  recevant.  On  peut  foufcrire  chez  les  principaux  Libraires  d'Italie,  Se 
parciculièrement  i  Ftonncc  ,  chez  Amoine  Jojtpk  Patjutri, 

Rtmarks  on  That  Kind  of  Palfy  ,  &c.  »  Remarques  fur  le  genre  de 
V  PaialyGe  dans  les  membres  inférieurs ,  qtù  accompagne  fouvent  une 


^ 


510  OBSERrATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, 
Il  courbure  de  l'épine ,  fie  qu  on  ruppcfc  caufce  par  cette  courbure,  avec  les 
»•  moyens  de  la  guérir.  A  quoi  on  a  ajouté  desobfervattons  fur  U  oéceOité 
»  de  l'Amputation  dans  certains  cas  &  ccnaines  circonftances  «  j  par 
M.  Ptfctvat  Pat ,  <'  hirurgien  de  l'Hôpital  de  Saint-Barthelenù  :  ûi-S*. 
Londres  ,  1779  ,  chez  Johnfon, 

La  rcpaution  que  M.  PerciVa!  s'cft  déjà  aqaife  par  fes  différens 
Ouvrages ,  répond  de  la  boncé  de  celui-ci.  Ce  ieroit  des  Ouvrages  de 
cette  unliic  &  de  cei  intctct  dont  nos  Savans  Traduileurs  devroieni  nous 
enriclùr.  M.  le  Doâeur  Caineton  &  M.  Jeffteys  de  ^X'^orcefter  avoient 
déji  prefcrir  une  méthode  pour  traiter  cette  cruelle  Maladie^  celle  que 
donne  l'Auceur  de  cet  excellent  Traité  femble  devoir  effc^ucr  la  cure 
Avec  plus  de  Tucccs.  Voici  en  deux  mots  eu  quoi  elle  conlUle.  11  £iut 
appliquet  des  deux  côtés  au-dedous  de  la  courbure  de  rcpine,an  peric 
'  cauftique ,  tel  cependant  qu'il  puilTc  tenir  une  grolTu  fcve  dans  la  plaie. 
Tous  les  ttois  ou  quatre  jours  on  répand  delius  un  peu  de  poudre  de 
Cantharides,  &  on  maintient  ainfi  la  fuppucation  jufqu'à  ce  que  le 
Malade  ait  parfaitement  tecouvrc  l'ulagc  des  membres  inférieurs  donc 
ia  Paralyiie  provenoit  de  cette  courbure.  Le  fécond  Traité  n'efl  qu'une 
«dditiun  i  ce  que  l'Auteur  a  déjà  dit  dans  fes  Traités  prccédens  ,  6c 
{iir-tout  dans  fes  remarques  fur  les  fcaâutes ,  compofces  de  l'indifpenfa- 
ble  ncceflltc  de  l'amputaiioD  daiis  certains  cas ,  &  du  danger  de  la 
■diâerer. 

^nA<cou>itoftkefcaTUcFtrer,&c»uV)^Çf:x\^x\onàe\x  Fièvre  rouge» 
»  accompagnée  de  mal  de  gorge  ou  ScarUàna  angiaofa  ;  celle  ,  fur-tout, 
M  qu'elle  a  paru  i  Birftùsgkam  l'an  1778  j  par  M.GuUîaufnc  VTithcring^ 
JDoûkeur  en  Médecine  :  w-V .  Londres,  1779  ,  cher  CadtU» 

(ïîj^e  cruelle  Maladie  fit  des  ravages  k  Birmingham  l'été  &  l'automne 
de  l'année  dernière.  Semblable  ,  d'abord  ,  i  la  fcattaùna  f^brts ,  elle  en 
dilTéroit  par  un  caraâèie  de  malignité  que  i  on  n'obferve  point  dans  la 
l-ièvre  rouge  commune.  D'après  les  remarques  de  M.  Withering-» 
M»  Kavier  a  détruit  en  France  une  Fièvre  rouge  maligne  qui ,  à  plulîeurs 
igardt ,  lui  correfpond.  Le  remède  qui  eut  le  fucccs  le  plus  grand  Sc 
ie  plus  condanc,  fut  un  putiîani  vomitif  adminiftrc  À  pluueurs  reprifej; 
^onné  même  au  commencement  de  bt  maladie  il  en  prévenoit  toutes 
Jes  fuites. 

Traité  dt  la  Confervation  des  Enfans  ,  ou  moyens  de  les  forùjur  ,  de  Us 
■pféfirv4r  &  de  Us  guérir  dans  leurs  diffi:rcMiei  maladies,  par  M.  RatUia  ^ 
Doâeur  en  Médecine  »  8cc.  ;  féconde  Edition.  A  Paris ,  chez  SaugraiJt  & 
Lamy  y  quai  des  Auguftins,  au  coin  de  la  rue  Pavée,  1779. 

L'accueil  mérite  que  le  Public  a  fait  i  la  première  Edition  de  cet 
Ouvrajge ,  en  ailure  un  pareil  i  celle-ci  ;  Ton  utilité ,  &  £1  néceflité  mèa^ 
encre  ks  mains  des  métes  de  f;inûlles  &  des  petfonnesqui  fe  chargent 
d«  U  prcnucte  cducatioji  des  enfans  ,  en  font  de  fùxs  gaiancst 


SUR  VHIST.  NATURELLE  ET  LES  ARTS,     pi 

Pf€cis  fur  la  nature  des  Maladies  proJuius  par  U  vice  des  humeurs  Lyrr^ 
phatiijues ,  leurs  difftremes  efpiccs  ,  &  le  traitement  qui  leur  convient  ;  par 
AL  AW»  Membre  du  Collège  éc  de  TAcadcniie  Royale  de  Chirurgie 
de  Paris  :  z  volume  ifl-S**.  Paris  »  chez  Didot ,  le  jeune,  quai  des  Augu(- 

Ces  deux  volumes  ne  doivent  làire  que  la  féconde  partie  de  la  Chi- 
nirgie  Médicale^  mais  comme  il  y  avoic  d^)â  Quelque  tems  qy'fis  avoienc 
été  misÂrimpccluon,  on  les  fait  paroître  avant  les  deux  premiers  volumes 
oui  formeront  la  pfemièrc  Partie  de  la  Chirurgie  McdicaU  ,  aonoacce 
dans  le  Profpeâus ,  fous  le  titre  de  Chirurgie  Médicale  ,  ou  de  l'utilité 
de  la  Chirurgie  »  &  dans  la  théorie  &  la  pratique  de  tArt  de  Guérir  ,  &c. 
Voyez  ce  que  nous  avons  dit  de  cet  Ouvrage  en  l'annonçant  dans  U  mois 
de  Mai  I77 9  y P^8^  i-J9* 


TABLE 

DES      ARTICLES 


Contenus  dans  ce  Cahier. 

kJ  BSEKVâTî  0}f  s  fut  h  Pipa  ou  Crapaud  de  Surinam  ;  par  Af, 
Bonnet  ,  de  diverfes  Académies,  Page  41  j 

Mémoire  fur  la  Cryjîallifation  du  Fer  ;  par  M.  Pazumot  ,  457 

Examen  Ckymique  de  différentes  Pierres.  IK  Partie.  Contenant  cUut  du 
Porphyre  >  de  fOphite  ,  du  Granit  &  autres  Pierres  de  la  C/ajft  des 
yitrefcihles  mixtes  ;  par  M»  Bayenj  44*? 

Mémoire  fur  une  nouvelle  caufc  de  la  Pluie  ;  par  M.  B^KmaLOs^  de  Saint- 
Lazare  j  de  l'Académie  des  Sciences  de  Marfeîlle,  Béliers,  Montpel- 
lier, Dijon  f  Nifmes^  Touloufe  ,  Bordeaux,  &c,  481 
Ohfervations  de  M.  Moller  ,  de  la  Société  des  Amis  delà  Nature  dt 
Berlin  •  fur    une  Exptofîon  particulière  quon  remarque  dans  quelques 
efpéces  de  Clavaires  ,  (  Clavaria ,  Lin.  )  &  de  Lycoperdon ,  4^7 
Suite  de  V extrait  de  VHifoire  NaturtUe  du  Chili  y                                474 
Suite  des  extraits  du  Pone-FeuilU  de  M.  CAbbl  Dicquemare,  485 
Ohfervations  fur  les  MouUs  ;par  MademoiJelU  Le  Masson-le-Golpt,  48  5 
Explication  de   la  cauje  des  fluides  que  l'on  obferve  fous  Us  glaçons  des 
chemins  raboteux  ;  par  M,  U  Doélcur  GoDASiO ,  487 
Lettre  de  M.  Latourrette,  aux  Auteurs  de  ce  journal,  concernant  les 
Ohfervations  de  M,  Sage  far  la  miru  rouge  de  Cuivre  ,  489 


'511     OBSERrATIONS  SUR  LA  PHYSIQUE, ^ct 

Lettre  de  M.  U  Baron  dt  SERViâRSS ,  à  C Auteur  du  Journal  de  Phyfiquei 
contenaru  la  véritahU  recette  du  frémis  Anglais  ,  pour  Ut  ouvrants  dt 
Cuivre,  49! 

Rapport  de  Mejpewrs  Us  Commijfaires  nommés  par  la  FaUulté  de  Médecine 
de  Paris  y  fur  Us  Çajferoles  dufitur  DoucBT ,  Fondear-Artijle  de  la  f^ilU 
de  VAi^  en  Normandie  ,  491 

Annonces  Littéraires ,  49  j 


APPROBATION 

J'Ai  ta,  pu  ordre  de  MonfeigacDr  le  Garde  des  Sceibz»  acOmmee  ml  a  pou 
tir-re  :  Oèfervathns  fur  la  Pkypque ,  fur  CHifioire  Naturelle  &  fur  us  Aru,  Cfe,  / 
par  M.  tAhié  Rozibr^  &e.  La  Colleâion  de  faits  importans  qu'il  offre  pério- 
di^nemeat  À  (es  Lcâeiin ,  mérite  l'accueil  des  Savjtns  i  pn  coofiqucDce ,  j'eftime  4U*oii 
pcuc  en  pcrmcnte  l'impreflioD.  AParis ,  ce  11  Novembre  1779. 

VALMONT  DE  BOMARE. 


TABLE 


-.la 
TABLE     GENERALE 

DES     ARTICLES     . 

CONTENUS    DANS    CE     VOLUME 


PHYSIQUE. 

X^  o  N  S I D  ÈRAT I  o  H  S  fur  Its  ConduStufs  en  gc/Ural  ^  far  M-  Bah.» 

aiER  DO  TiNAN,  (^         ,;,  ^j    Page  jy  . 

^(tnoin  fur  la  force  d'ïmpuljion  des  Torreru ;  par  M,  Av9VJY  ^  IrJgênieur 

en  chef  des  Ponts  &  Chauffées  de  Bnjfe  ,  &c,  xpl 

Jâémoirt  fur  un  Para  -  Trembiemtnt  di  urre    fr  un  Para-Volcan  ;  j>ar 

M.  Bertholon  j   DE  SAir4T- Lazare  ,  des  jicadèmUs  Royales  des 

_     Sciences  de  Monfptliier,  Bqjtrt,   Lyon  ^  MarftUie  ^  Dijon  ,  Nifmes^ 

^    Touloufe ,  Bordeaux  ,  &c,  m 

.JDefcription  d*un  nouvel  Eudiomctre  ;par  M.  Gattay.  1 5^ 

£.^atfur  les  moyeni  de  rendre  la  Navigation  du  Canal  de  Languedoc  plus 

aijee^  par  M.  GeoïFAOY,  Direcleur  du  Canal,  6*  de  tAcadem'u  des 
.    Sciences  de  Béliers.  140 

expériences  éleSnques  qui  démontrent  que  Ceau  peut  propager  la  Commotion^ 

par  M,  Horbern-Bercmak  ,  ipt 

JDefcription  &  ohfervations  fur  le  Tremblement  dt ^uiTê  dfi  Bfilo^ne ,  tft 

.    Italie  ;  oar  M.  le  Comte  Auguste  de  Chabot  ,  i  j8 

Répoafe  a  la  Lettre  de  Madame  de  V*  *  *  par  M*  ScNEBiEa  >  Bihlioihi' 

caire  de  la  République  de  Genève ,  iop 

[Seconde  Lettre  à  Madame  de  ^  *  *  ♦  ;  par  M»  Senebier  ,  555 

^Expériences  fur  les  Tubes  Capillaires  ,  quatriime  SeBion  ;  par  M.  Du- 

ïOhfcrvaiions  faites  à  Narbonne  pour  connaître  la  diminution  de  la  chaleur 

du  Soleil  pendant  fin  Eclipft  du  1 4  Juin  1779  \  far  M>  de  Marco- 

RELLE,  Baron  d'Efcale  ,  Correfpondam  de  l  Académie  ^  J5i 

JAimolfje  fut  une  nouvelle  caufi  de  la  Pluie  ;  par  M.  Bertholo»  ,  482 

'•xplication  de  la  caufe  des  Fiiides  que  Von  obferve  fous  les  glaçons  des 

chemins  raboteux;  par  M,  Godart,  4S7 

\^j:omé  XIV,  Pm.  //.  1779.        D  É  CE  MB  RE.     V  vv 


5  M 


TABLE     GÉNÉRALE 


HISTOIRE    NATURELLE. 

O  ÛITE  d<s  extraits  du  Porte-FcuUU  de  M,  /'^VW/Dicquemare  ,  page  5  4 

Second  Mcmo/re  concernant  des  ExpirUncis  fa'aes  par  M,  le  Marquts  db 

NiELLE  ,y«r  la  muitipiication  des  Animaux  étrangers  par  It  moyen  d'une 

chaleur  artificielUj  lu  à  l'AcadimU  Bj^aU  des  Sciencts,  le  19  Juùt  2779  ^ 

par  Af.  le  Comte  oe  Milly.  '  '    J  ■    1  j  j 

JUttre  à  Monjîeur  r  AhU  RoziEfL ,  Auteur  du  Journal  de  Vkyjtque  ;  par  M, 

~^tB  ÇamoSj  Afem^  jrfej  Académies^de  Lyon  &  de  Dijon,  1J7 

Lettre  fur  les   Feuilles  &  fur  la  Ctrcutaiion  de  la  Sève;  de  M.  Vastel, 

à   M.  FoUGEROUX  DE   BONDAAOY  ,  17^ 

lettre  de  W/Chabert  de  l'Oratoire  ^  aux  Auteurs  de  ce  Recueil ,  xiy 
Plantes   étrangères    dont  la  Jleuraijbn   n'avoit  pas  encore  paru  dans  rtvs 

•■      Climats  f  147 

*^3tié^ifc  fur  Us  AueMffemens  des  Cotes  du  Languedoc;  pcr'M,  PooctT, 
lumiiuRk ,  vj-sv  A.  .V.  y  ^gj 

^émarjjues  fur  une  ancienne  Marmère  du  Gou\em:ment  du  Havre  j  &  fur 
Us  SqueUites  Tiumatns  qu^an  a  trouvés  ;  par  M.  l'Abbè  X)\c^w~ 
MAKf.  ,  50L 

'lettre  de  M,  TtioMAS  \t^EST  »  à  A/.  Lawe  fur  un  Rocker  vo/cantqne ,près 

d'Inverncffy  en  BcoOe ,  5 1  j 

Obfervations  fur  la  Dknt  foffile  éCun  animal  inconnu  ;  par  Aî,  le  Bat  on 

Ot  SsRVltRM  ,  JI5 

''JBxpériences  fur  la  -pott^rt  fSmtncle  des  Plantes  ;  par  S.  CA-  £,  de  la 

Société'  des  Amis  Scrutateurs  de  la  Nature  y  de  Berlin  ^  }4| 

Extrait  de  l'Hifloirt  Naturelle  du  Chili ,  traduire  de  tlralien  ,  40^ 

Suite  de  l'Extrait  de  l'HiJloire  Naturelle  du  Chili  y  474. 

'Obfervations   de  M.  MuttER ,  fur  une  Exphfîon  particulière  quon  remah* 

que  dans  (juclques  efpècts  de  Clavaires  &•  de  Lycoperdon  ,  467 

Ohfervatiorts  fur  le  Pipa  ou  Crapand  de  Surinam;  par  M,  Bonnet,  41'y 
Offervations  fur  les  Moules  ;  par  MademoifelU  Li  MassonLe-Gomt, 

485 


C    H     Y     M     I     E. 

Mr  R  E  M  lE  Jt  MêiTtobtfue  une  nouvelle  efpèee  de  gas  infiammable;  par  Hf. 

'     Neret t  Fils ,  page  iitf 

Second  Mémoire  fur  le  principe  de  tlrtfiammaBîlité  des  corps  comhujHtUs 

ou  Gas  mjUmmaUe  huileux  j  par  AS.  Nbi£T>^«>  ^$x 


D  E  y-A  R  T  I  C  L  E  s.  >5 

uUfar  U  ProbUmt  ât  Ia  iranfmutation  dt  tcau  tn  tcrn;  par  M.  Wa- 

•     SELTON.  ijî 

Ohftrvaùons  fur  la  Mine  rottg*  dt  Cuivre;  par  M.  Sage.  155 

Lettre  de  M.  Latourrette  ,  aux  auteurs  de  ce  Joumai  y   contenant  les 

Obfervations  de  M,  Sage  fur  ia  mine  rouge  de  Cuivre  ,  489 

Mémoire  fur  le  fel  qui  fe  forme  par  un  long  repos  fur  U  rêftdu  que  l'on 

trouve  au  fond  de  la  cucurbiie  ,  apris  la  reclîjtcation  de  l'cther  vUrioU- 

que;  &  fur  un  autre  Phénomène  oéjervé  dans  la  diflillation  du  mémeèrher^ 

en  employant  un  efpr'U'de-vin  retiré  du  marc  de  nos  raifins  ;  par  A7* 

MoNTET  ,  de  la  Société  Royale  des  Scienus  de  Monipellicr  ,  182. 

Dtfcription   des    Cryjlallifarions  obfervées  fur  U  Ferre;  par  M,  Jam&s 

-   Ktifk.  j  Eeuyer  i  187 

Mtckerches  Chymiques  fuf  la  terre  des  Pierres  prècUufei  ou  getnmes  ;  par  M» , 

Bergman,  157 

Dijjertation  fur  la  caufe  Phyfque  d'une  efpèce  d'attradîon  que  les  Chymif 
tes  appellent  Affinité;  par  DomCARvois,  197 

Lettre  de  M,  de  Morysav  ,  aux  Auteurs  de  ce  Recueil  ^  fur  un  Phi* 
nomcne  qui  imérejje  l'Art  de  la  Verrerie  &  la  théorie  de  la  fit.-ijîcatton  , 
&fur  le  peu  d'aHion  de  l'acide  pbojphorique  fur  les  terres^  comme  fondant 

•  vitreux  y  545 
Examen  Chymîque  de  différentes  Pierres  ,  Jy.  Partie.  Conunanc  celui  du 

Porphyre  ,  de  l'OphitOy  du  Granit  &  autres  Pierres  de  la  Clajje  des 

•  y'UrefcibUs  Mixtes  ;  par  M,  Bayen,  445* 
Mémoire  fur  la  Cryfiallifaiion  ;  par  M.  Pazuuot«  4  37, 


MÉDECINE. 

JJ ESCRiPTiùs  de  trois  Enfans  monjlrutux  jpar  Af.  dePestalozzi*; 
Dotleur  en  Médecine.  iii 

De  tAcîion  de  l'EUctriciU  far  U  Corps  humain ,  &  de  fon  ufage  dans  les 
Paraiyfies;  par  M.  Gerhard.  14^ 

Extrait  d'une  lettre  de  M,  Macellaî^  ,  Memhe  d*  la  Société  Royale  de 
Londres  ,  à  un  de  fes  jimis  de  Paris ,  ne 

Ohftryation  fur  l'effet  du  Scarabè méloé^  dans  la  Rage; par M.KoWMt ,  11 H 

Mémoire  fur  la  méthode  flngulière  de  guérir  plufeurs  maladies  par  tEm- 
phyième  artificiel  ;  par  M.  Gallandat  ,  de  placeurs  Académies  , 
Démonjlraieur  d' Anatomie  y  de  Chirurgie  &  de  l'Art  des  Accouc/umens, 
à  FUffingue  ,  tl? 

Extrait  des  RogtprêS   de  l* Académie  Royak  des  Stiencts ,  du  jû  Juin 

Lettre  df  M,  Gardan£>  Docttur-Regent  de  la  faculté  de  Médecine  de 


5f«    TABLE    GÉNÉRALE     DES    ARTICLES. 

Paris  ,  Cenftur  Royal ,  AffocU  &  Comfpondant  de  plujùurs  Acadl^ 
mies ,  â  Mcffîcurs  Us  Auteurs  du  Journal  de  Phyfique  ,  418 

Mémoire  ,  par  M.  J.  B.  be  Bevnie  ,  fur  une  maladie  produite  par  Us 
MouUs  venimeufes  ,  ^84 

Rapport  de  la  Faculté  de  Médecint  de  Paris ,  fur  Us  CafferoUs  de  ^bt[ ,  du. 
fiem  DoucET,  491 


R 


ARTS. 


èFEXlOffsfurles  Expériences  deM.dela  Folie^  concernant  la Caffe- 

roU*  6»  où  on  fuppofe  la  préfence  du  attvre  &  de  farfentc  dans  tétain^ 

page  158 
Ltart  adrtffée  à  un  Ckymijîe ,  par  M.  DE  la  Folie  ,  concernant  Us  réflexions 

de   M.  Salmon  ,  fur  Us  Ecamages  ,  J07 

Vefcrtption  de  la  Méthode  du  Do3eur  \kvwq  ,  peur  deffaUr  rEau  de  la 

Mer  par  diflUaiion ,  5 1  tf 

Extrait  d'un  Mémoire  de  M.  GiHSANNl  ^fur  U  Dejfoufremmt  du  Char" 

hon'de-Tcrre^  Jj7 

Recherches  fur  Us  moyens  d'exicuur  fous  teau  toutes  fortes  de  travaux 

Hydrauliques  fans   employer  aucun  ipuifement  ;  par  M,  Coulomb  y 

Defcription  d^un  Rouet  ^ui  file  &  mu  en  ieheveau  par  U  mime  mouve- 
ment,  .  415 
Ltttre  à  F  Auteur  de  ce  Recueil  ^  fur  un  Crépi£age  de  murs^  ^Ay 
Lettre  de  M.   U   Baron  de  SeaViiREs ,  eontenant  la  véritable  recette  du 
Fernis  Anpois ,  pour  Us  ouvrage  de  Cuivre  ;  49 1 


AGRICULTURE. 


Mi 


.BMOIKE  fur  l'importation  du  Giroflier  des   Moluques  aux  Ifles  dé 

France ,  de  Bourbon  ,  &c.  &  de  ces  Ijles  à  Cayenne  ;  par  M.  CJbb* 

Temier  ,  page  47 

Mémoire  far  t Education  des   Troupeau^:  &  la  culture  du  Laines  ;  par 

M.R.D.L  57 

^uite  du  Mémoire  fur  t  éducation  de*  Troupeaux  &  la  <ttUurt  des  Laines; 

■     par  M.R,D.  L.  .         -  89 

NoKvelUs  Littéraires  ,  74  ,  ifltf,   15  i  ,  317  ,  4tz  &  4fyf 

Précis  de   l'Eloge  de  M.  de  LiHNij^or  M,  U  iMarjuis  deQoiiDOK<ET  » 

Seerétaira  perpétuel  de  f  Académie  ^  4* 


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